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NINA LE BONNIEC
dans le sens d’une extension de son contrôle au-delà du cadre fixé par le
texte même de la Convention. La Cour l’a d’ailleurs clairement souligné :
La Convention « ne fait aucune distinction quant au type de normes
ou de mesures en cause et ne soustrait aucune partie de la “juridiction”
des États membres à l’empire de la Convention. C’est donc par l’en-
semble de leur “juridiction” – laquelle, souvent, s’exerce d’abord à tra-
vers la Constitution – que lesdits États répondent de leur respect de la
Convention8 ».
La mise en place d’un contrôle de la « justice constitutionnelle9 »
semble cohérente dans une « logique internationaliste10 » reposant sur
l’unité de l’État. En revanche, l’emprise du juge européen sur certains
principes constitutionnels à la base de l’organisation institutionnelle et
constitutionnelle des États membres du Conseil de l’Europe paraît, quant
à elle, beaucoup plus surprenante. Pourtant, la Cour européenne n’a pas
entendu laisser ces principes, et en particulier le principe de la séparation
des pouvoirs11, en dehors du champ conventionnel. Bien que ce prin-
cipe ne soit contenu dans aucun article de la CEDH, la Cour mentionne
expressément en 2002 « la notion de séparation des pouvoirs exécutif et
judiciaire » et estime même que c’est une « notion qui a pris une impor-
tance grandissante dans la jurisprudence de la Cour »12.
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8. Cour EDH, Grande Chambre, 30 janvier 1998, Parti communiste unifié de Turquie et autres
c. Turquie, req. n° 19392/92, § 29 (GACEDH n° 6).
9. J.-F. Renucci, Droit européen des droits de l’homme, op. cit., spéc. p. 60.
10. J.-F. Flauss, « Droit constitutionnel et Convention européenne des droits de l’homme.
Le droit constitutionnel national devant la Cour européenne des droits de l’homme (Actualité
jurisprudentielle 1997-1998-1999-2000) », op. cit., spéc. p. 843.
11. Sur la base de l’article 16 de la DDHC, le Conseil constitutionnel français qualifie
la séparation des pouvoirs de « principe constitutionnel » (A. Roblot-Troizier, « Un concept
moderne : séparation des pouvoirs et contrôle de la loi », Pouvoirs, 2012/4, n° 143, pp. 89-103,
spéc. p. 90).
12. Cour EDH, Grande Chambre, 28 mai 2002, Stafford c. Royaume-Uni, req. n° 46295/99,
§ 78 (JCP G, 2002, I, 157, n° 7, chron. F. Sudre).
13. J. Locke, Traité du Gouvernement civil, traduction de D. Mazel, Paris, Garnier-Flammarion,
1992, 2e éd., 381 p.
14. Montesquieu (C.-L. de Secondat), L’esprit des lois, Paris, Classiques Garnier, 2011, 753 p.
15. S. Goyard-Fabre, L’État : figure moderne de la politique, Armand Colin, 1999, 186 p. La
théorie de Montesquieu aboutit à une séparation organique des pouvoirs mais laisse la place à
une collaboration fonctionnelle des pouvoirs, en effet, « les différents organes ne peuvent pas
fonctionner indépendamment les uns des autres, de sorte que leur complémentarité fonction-
nelle est le corollaire indispensable de leur distinction organique » (spéc. pp. 56 sq.). Voir aussi :
M. Barberis, « Le futur passé de la séparation des pouvoirs », Pouvoirs, 2012/4, n° 143, pp. 5-15.
16. CC, décis. n° 79-104 DC, du 23 mai 1979, Loi modifiant les modes d’élection de l’Assemblée
parlementaire territoriale et du Conseil de gouvernement du territoire de la Nouvelle-Calédonie et dépen-
dances et définissant les règles générales de l’aide technique et financière contractuelle de l’État, JO du
25 mai 1979, Rec. p. 27, cons. 9.
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29. X. Souvignet, La prééminence du droit dans le droit de la Convention européenne des droits de
l’homme, op. cit., spéc. p. 351.
30. Idem.
31. Cour EDH, 9 décembre 1994, Raffineries grecques Stran et Stratis Andreadis c. Grèce,
A. 301B, § 49.
32. Voir infra le I, B, 2.
33. X. Souvignet, La prééminence du droit dans le droit de la Convention européenne des droits de
l’homme, op. cit., spéc. p. 352.
34. M. Levinet, « Vers un infléchissement de l’autolimitation du juge européen des droits
de l’homme en matière d’exercice des droits politiques », RTDH, 2000, n° 41, pp. 54 sq.,
spéc. p. 57.
35. En ce sens, X. Souvignet, La prééminence du droit dans le droit de la Convention européenne des
droits de l’homme, op. cit., spéc. pp. 352-353.
36. Cour EDH, Grande Chambre, 28 mai 2002, Stafford c. Royaume-Uni, préc., § 78. Pour
un exemple plus récent : Cour EDH, Grande Chambre, 18 juillet 2013, Maktouf et Damjanovic
c. Bosnie-Herzégovine, req. n° 2312/08, 34179/08, § 49.
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37. Dans deux affaires datant du 16 décembre 1999, la Cour européenne des droits de
l’homme avait déjà constaté une violation de l’article 6 § 1 de la Convention dans la mesure
où le ministre de l’Intérieur, qui avait fixé la période punitive n’était pas indépendant de
l’exécutif (CEDH, Grande Chambre, 16 décembre 1999, T. c. Royaume-Uni, req. n° 24724/94,
§ 113 ; CEDH, Grande Chambre, 16 décembre 1999, V. c. Royaume-Uni, req. n° 24888/94,
§ 114). Voir sur ce point, J.-P. Costa, « Concepts juridiques dans la jurisprudence de la Cour
européenne des droits de l’homme : de l’influence de différentes traditions nationales »,
RTDH, 57/2004, pp. 101-110, spéc. p. 105.
38. Ibidem, § 78.
39. A. Duffy, La protection des droits et libertés au Royaume-Uni, LGDJ, Fondation Varenne,
coll. Des Thèses, 2007, 636 p., spéc. p. 11.
40. CEDH, Grande Chambre, 28 mai 2002, Stafford c. Royaume-Uni, préc., § 78.
41. Ibidem, § 68.
42. F. Sudre, Droit européen et international des droits de l’homme, op. cit., spec. p. 233.
43. CEDH, Grande Chambre, 28 mai 2002, Stafford c. Royaume-Uni, préc., §§. 68-69.
44. CEDH, 17 décembre 2002, A. c. Royaume-Uni, req. n° 35373/97, § 77.
45. En ce sens, X. Souvignet, La prééminence du droit dans le droit de la Convention européenne des
droits de l’homme, op. cit., spéc. p. 352. En effet, selon la clause d’ordre public présente au § 2 des
articles 8 à 11 de la Convention, pour être reconnue comme conventionnelle, l’ingérence doit
respecter trois conditions : elle doit être « prévue par la loi », « viser un but légitime » et être
« nécessaire dans une société démocratique » (F. Sudre, Droit européen et international des droits de
l’homme, op. cit., spéc. pp. 203 sq.). Concernant la notion de « but légitime », si la Convention
semble prévoir une liste exhaustive, en réalité, les notions employées sont particulièrement
larges et laissent place à une grande interprétation.
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46. CEDH, 17 décembre 2002, A. c. Royaume-Uni, préc., § 77. En ce sens également :
CEDH, Grande Chambre, 3 décembre 2009, Kart c. Turquie, req. 8917/05, § 81 ; CEDH,
24 mai 2011, Onorato c. Italie, req. n° 26218/06, § 48. En France, cette liberté d’expression au
Parlement est expressément protégée par l’article 26 de la Constitution.
47. Le Conseil constitutionnel français garantit l’indépendance de la justice contre les
immixtions du législateur ou du gouvernement depuis sa décision du 22 juillet 1980 (CC,
décis. n° 80-119 DC, du 22 juillet 1980, Loi portant validation d’actes administratifs, Rec. p. 46,
cons. 6 ; voir aussi CC, décis. n° 89-271 DC, du 11 janvier 1990, Loi relative à la limitation
des dépenses électorales et à la clarification du financement des activités politiques, Rec. p. 21, cons. 6).
48. CEDH, 26 août 2003, Filippini c. Saint-Martin, req. n° 10256/02.
49. CEDH, Grande Chambre, 28 octobre 1999, Brumarescu c. Roumanie, req. n° 28342/95,
§ 61.
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50. Il doit néanmoins être précisé que la base juridique dans le cadre du contentieux des
lois de validation peut varier d’une affaire à l’autre, la Cour pouvant se placer sous l’angle
du droit d’accès à un tribunal (CEDH, 23 octobre 1997, National & Provincial Building
Society et a. c. Royaume-Uni, Rec. 1997-VIII), sous l’angle de l’équité de la procédure de façon
plus générale (CEDH, Grande Chambre, 28 octobre 1999, Zielinski et Pradal & Gonzalez et
autres c. France, Rec. 1999-VII, § 57 (GACEDH n° 28)), sous l’angle de l’égalité des armes
(CEDH, 9 décembre 1994, Raffineries grecques Stran et Stratis Andreadis c. Grèce, préc.) ou encore
sous l’angle de l’article 1 du Protocole 1 garantissant le droit de propriété (CEDH, Grande
Chambre, 6 octobre 2005, Draon c. France, req. n° 1513/03). Voir sur ce point, F. Sudre, Droit
européen et international des droits de l’homme, op. cit., pp. 556 sq.
51. Voir par exemple l’affaire CEDH, 9 décembre 1994, Raffineries grecques Stran et Stratis
Andreadis c. Grèce, préc.
52. Ibidem, § 49.
53. CEDH, 23 octobre 1997, National & Provincial Building Society et a. c. Royaume-Uni,
préc., § 112.
54. Voir infra le I, B, 2 : le juge utilise les mêmes critères pour juger de l’indépendance du
pouvoir judiciaire à l’égard du pouvoir exécutif ou du pouvoir législatif (voir par exemple,
CEDH, déc., 26 août 2003, Filippini c. Saint-Martin, req. n° 10256/02 : « pour établir si un
tribunal peut passer pour “indépendant” il faut prendre en compte, notamment, le mode de
désignation et la durée du mandat de ses membres, l’existence d’une protection contre les
pressions extérieures et le point de savoir s’il y a ou non apparence d’indépendance »).
55. F. Sudre, Droit européen et international des droits de l’homme, op. cit., pp. 556 sq.
56. CEDH, Grande Chambre, 6 octobre 2005, Draon c. France, préc. et Maurice c. France, req.
n° 11810/03 (JCP G, 2006, 109, n° 16, chron. F. Sudre).
57. CEDH, 14 février 2006, Lecarpentier c. France, req. n° 67847/01 (violation de l’ar-
ticle 1 du Protocole 1) ; CEDH, 11 avril 2006, Cabourdin c. France, req. n° 60796/00 (violation
de l’article 6 § 1).
58. CEDH, Grande Chambre, 28 octobre 1999, Zielinski et Pradal & Gonzalez et autres c.
France, prec. § 57.
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66. Idem.
67. Par exemple : CEDH, 1 octobre 1982, Piersack c. Belgique, A. 53, § 27 ; CEDH, Grande
Chambre, 18 juillet 2013, Maktouf et Damjanovic c. Bosnie-Herzégovine, préc., § 49.
68. CEDH, 25 février 1997, Findlay c. Royaume-Uni, req. n° 22107/93, § 79.
69. CEDH, Cour plénière, 22 octobre 1984, Sramek c. Autriche, A. 84, § 38 : « Si la nomi-
nation des membres – sauf le magistrat – incombe au gouvernement du Land, cela ne suffit
pas non plus pour jeter un doute sur leur indépendance et leur impartialité : ils sont dési-
gnés pour siéger à titre individuel et la loi interdit aux pouvoirs publics de leur donner des
instructions ».
70. CEDH, 22 mai 1998, Vasilescu c. Roumanie, req. n° 27053/95, §§ 40-41.
71. CEDH, 6 septembre 2005, Salov c. Ukraine, req. n° 65518/01, § 86.
72. CEDH, 28 juin 1984, Campbell et Fell c. Royaume-Uni, A. 80, § 80 ; CEDH, 26 février
2006, Morris c. Royaume-Uni, req. n° 38784/97, § 68.
73. Le Conseil constitutionnel français protège également ce principe d’impartialité, voir
par exemple : CC, décis. n° 2002-461 DC, du 29 août 2002, Loi d’orientation et de programma-
tion pour la justice, Rec. p. 204, cons. 15).
74. CEDH, 1 octobre 1982, Piersack c. Belgique, préc., § 30.
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75. CEDH, Grande Chambre, 15 décembre 2005, Kyprianou c. Grèce, req. n° 73797/01,
§ 126 (partialité de la cour d’assises).
76. CEDH, 25 février 1997, Findlay c. Royaume-Uni, préc. Le Royaume-Uni avait ainsi
adopté une nouvelle législation en 1996 dont la Cour avait souligné les insuffisances (CEDH,
26 février 2002, Morris c. Royaume-Uni, req. n° 38784/97) avant de conclure à une non viola-
tion dans la mesure où l’État avait précisé que les membres de la Cour martiale ne pouvaient
pas faire l’objet d’un rapport quant à leurs décisions judiciaires (CEDH, Grande Chambre,
16 décembre 2003, Cooper c. Royaume-Uni, req. n° 48843/99). Sur ce point, voir L. Milano, Le
droit à un tribunal au sens de la Convention européenne des droits de l'homme, op. cit., spéc. p. 399 sq.
77. Par exemple, CEDH, 12 mars 2003, Ocalan c. Turquie, req. n° 46221/99 (constat de
violation de l’article 6 § 1 de la CEDH).
78. Y. Ben Achour, « Au service du droit démocratique et du droit constitutionnel inter-
national. Une Cour constitutionnelle internationale », op. cit. (à propos plus généralement des
relations entre les droits de l’homme et le droit constitutionnel).
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92. X. Souvignet, La prééminence du droit dans le droit de la Convention européenne des droits de
l’homme, op. cit., spéc. p. 353.
93. G. Cohen-Jonathan, « La fonction quasi constitutionnelle de la Cour européenne des
droits de l’homme », in Mélanges en l’honneur de L. Favoreu, Renouveau du droit constitutionnel,
Paris, Dalloz, 2007, 1783 p., pp. 1127-1153, spéc. p. 1135.
94. Le Conseil constitutionnel a élargi le bloc de constitutionnalité par les décisions n° 71-44
DC du 16 juillet 1971, Liberté d’association (Rec. p. 29) et n° 73-51 DC, du 27 décembre 1973,
Loi de finances pour 1974 (Rec. p. 25).
95. CC, décis. n° 2003-466 DC, du 20 février 2003, Loi organique relative aux juges de proxi-
mité, Rec. p. 156, cons. 23. Sur ce point, voir : R. Fraisse, « L’article 16 de la Déclaration, clef
de voûte des droits et libertés », Les Nouveaux Cahiers du Conseil constitutionnel, 2014/3, n° 44,
pp. 9-21 ; A. Roblot-Troizier, « Un concept moderne : séparation des pouvoirs et contrôle de
la loi », op. cit., spéc. p. 100.
96. CC, décis. n° 89-260 DC, du 28 juillet 1989, Loi relative à la sécurité et à la transparence
du marché financier. Sur ce point : J.-P. Feldman, « La séparation des pouvoirs et le constitu-
tionnalisme. Mythes et réalités d’une doctrine et de ses critiques », RFDC, 2010/3, n° 83,
pp. 483-496 ; A. Roblot-Troizier, « Un concept moderne : séparation des pouvoirs et contrôle
de la loi », op. cit., spéc. pp. 92 sq.
97. A. Pariente, « Le Conseil constitutionnel et la théorie de la séparation des pouvoirs »,
op. cit., spéc. pp. 72-73.
98. Ibidem, spéc. p. 66.
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tion, de « juge ou […] autre magistrat habilité par la loi à exercer des
fonctions judiciaires »105 en raison tant de sa subordination hiérarchique
à l’exécutif106 que de son absence d’impartialité fonctionnelle107, alors
que le Conseil constitutionnel avait qualifié108 et continue de qualifier le
magistrat du parquet d’« autorité judiciaire » au sens de l’article 66 de
la Constitution109, même après cette condamnation européenne110. Si la
loi n° 2011-392 du 14 avril 2011 relative à la garde à vue et le Conseil
constitutionnel semblent prévoir davantage de garanties au profit des
justiciables111 et que des réflexions sur le statut du parquet ont été enga-
gées112, la question n’est toutefois pas réglée. Dans deux affaires récentes
datant du 4 décembre 2014, la Cour européenne est venue, à nouveau,
souligner l’impossibilité de qualifier le procureur de la République de
« magistrat » au sens de l’article 5 § 3 dans deux arrêts relatifs à des
arrestations d’auteurs d’actes de piraterie en Haute mer113.
Le parquet français n’est d’ailleurs pas le seul à s’être vu refuser le
statut de « magistrat » par la juridiction strasbourgeoise, cette dernière
105. CEDH, 23 novembre 2010, Moulin c. France, req. n° 37104/06, § 59 (JCP G, 2010,
act. 1206, F. Sudre ; D. 2011, 277, note J.-F. Renucci). Dans le même sens : CEDH, Grande
Chambre, 29 mars 2010, Medvedyev et autres c. France, req. n° 3394/03, § 124 (D. 2010,
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114. F. Sudre, « Le rôle du parquet en question », JCP G, n° 16, 19 avril 2010, doctr. 454.
115. CEDH, 4 juillet 2000, Niedbala c. Pologne, req. n° 27915/95, § 52.
116. CEDH, 5 avril 2001, H. B. c. Suisse, req. n° 26899/95, §§ 63-64.
117. CEDH, 3 juin 2003, Pantea c. Roumanie, req. n° 33343/96, § 238 (Rec. Dalloz, 2003,
n° 33, p. 2268, J.-F. Renucci).
118. Recommandation 2000 (19) du Comité des Ministres du Conseil de l’Europe aux
États membres sur le rôle du ministère public dans le système de justice pénale, adoptée le
6 octobre 2000.
119. CEDH, Grande Chambre, 6 mai 2003, Kleyn et autres c. Pays-Bas, req. n° 39343/98,
§ 193 (RTDH, 2004, 365, obs. G. Gonzalez) ; CEDH, 22 juin 2004, Pabla Ky c. Finlande, req.
n° 47221/99, § 29 ; CEDH, 9 novembre 2006, Sacilor Lormines c. France, req. n° 65411/01, § 71
(JCP G, n° 4, 24 janvier 2007, I, 106, chron F. Sudre ; RFDA, 2007, 342, obs. J.-L. Autin et
F. Sudre) ; CEDH, 9 janvier 2013, Oleksandr Volkov c. Ukraine, req. n° 21722/11, § 103.
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être soulignée de nombreuses fois par la doctrine120, il n’en reste pas moins
qu’à l’heure actuelle le juge européen n’est pas un juge constitutionnel121.
Néanmoins, la présence et la garantie du principe de la séparation des pou-
voirs dans la jurisprudence européenne relancent le débat sur le devenir de
cette Cour et sur l’orientation future de son office au vu notamment des
missions de nature constitutionnelle qu’elle a tendance à s’attribuer.
À ce titre, le constat de la participation du juge européen à la « reconfi-
guration des fonctions dans l’ordre interne122 » par l’intermédiaire du
contrôle de la séparation des pouvoirs ne peut que s’imposer, renforçant
l’impression d’une possible confusion des rôles. Ce sentiment est encore
confirmé par l’observation qu’outre la participation à la réorganisation
des fonctions étatiques, la Cour n’hésite pas à empiéter sur certains de
ces pouvoirs. Ceci est particulièrement visible à propos du pouvoir légis-
latif où, dans plusieurs affaires, la Cour semble se substituer à ce der-
nier. Se comportant tantôt comme un juge « aiguilleur123 » en indiquant
aux autorités étatiques quelle est la nature de la législation qui doit être
adoptée au regard des droits conventionnels concernés124, tantôt comme
120. Sur ce point, voir : I. Cameron, « Protocol 11 to the European Convention on Human
Rights – The European Court of Human Rights as a constitutional court ? », Yearbook of European
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125. À ce titre, comme a pu le relever le Professeur E. Dubout, dans une affaire Hirst
c. Royaume-Uni (n° 2) (CEDH, Grande Chambre, 6 octobre 2005, Hirst c. Royaume-Uni
(n° 2), req. n° 74025/01, AJDA, 2006, 475, chron. J.-F. Flauss), la Cour « s’intéresse aux
modalités d’édiction d’une législation nationale et souligne les faiblesses des débats, notam-
ment parlementaires » (E. Dubout, « Procéduralisation et subsidiarité du contrôle de la
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