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Dorothée Reignier
Dans Revue française de droit constitutionnel 2013/2 (n° 94), pages 415 à 436
Éditions Presses Universitaires de France
ISSN 1151-2385
ISBN 9782130618423
DOI 10.3917/rfdc.094.0415
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DOROTHÉE REIGNIER
dans laquelle sont automatiquement inscrits les sénateurs qui ont choisi
de n’appartenir à aucun groupe : la RASNAG12. Grâce à cette structure,
les sénateurs non inscrits bénéficient de droits comparables à ceux réservés
aux membres des groupes13. Malgré cette proximité, la RASNAG n’est
pas un groupe parlementaire, statut réservé aux structures créées par les
parlementaires afin de réaliser ensemble l’idéal politique qui les anime et
pour lequel ils se sont organisés.
Si les dispositions des règlements des assemblées constituent le cadre
général dans lequel les groupes exercent leur activité, les dispositions
réglant les rapports entre les parlementaires d’un même groupe et entre
cette structure et chaque élu sont fixées par les statuts des groupes.
Tous n’ont pas choisi de se doter d’un règlement intérieur : les struc-
tures centristes préfèrent fonctionner grâce à des règles coutumières.
Les structures communistes, elles, s’en remettent aux statuts du parti
qui règlent la question des rapports entre les parlementaires, la struc-
ture partisane et son émanation parlementaire. Les groupes des Partis
Socialiste et UMP ont, quant à eux, choisi d’adopter, au sein de chaque
Assemblée, un corpus de règles écrites précisant quels sont les droits des
parlementaires et quelles sont leurs obligations à l’égard de la structure
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16. Ainsi, les statuts du groupe UMP de l’Assemblée nationale prévoient que lorsque le
groupe décide de s’imposer la discipline de vote, cette décision doit être adoptée par vote,
à la majorité des membres, apparentés compris (article 5, alinéa 3). De même, une lecture
combinée des articles 2 et 16 des statuts du groupe SRC démontre que le groupe adopte par
principe ses décisions grâce au vote.
La numérotation retenue par cette étude est, s’agissant du groupe SRC, celle des statuts de
la treizième législature. Les principes qui y sont consacrés étant traditionnels, leur formulation
ne devrait pas être significativement modifiée ; peut-être seulement leur ordonnancement à
l’intérieur des statuts (à l’image des modifications minimes apportées par le groupe UMP de
la quatorzième législature aux statuts adoptés en 2007).
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24. Certains documents indépendants de ces dossiers sont intitulés argumentaires. Pour une
illustration, voir : http://deputes.lessocialistes.fr/sites/default/files/ArguLoiBancaire.pdf
25. Tous les collaborateurs n’ont pas une tâche politique. Certains sont chargés de gérer
les questions administratives : réservation de salles pour les réunions de groupe, celles d’un
groupe de travail ou de certains parlementaires, gestion des places de parking... Ceux-ci facili-
tent l’exercice du mandat en permettant aux élus de se concentrer sur leur mission politique.
26. Expérience rapidement mise à profit puisque M. Carrillon-Couvreur, chef de file du
groupe d’études, est devenue vice-présidente de la commission des affaires sociales et a rap-
porté, pour avis, au nom de cette commission, le PFL 2013. Rapport intitulé : Solidarité,
insertion et égalité des chances : handicap et dépendance.
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30. Les autres groupes parlementaires disposent également de groupes d’études perma-
nents. Toutefois, ceux-ci ne bénéficient pas des mêmes moyens que les groupes principaux et
leurs groupes d’études permanents se limitent à deux ou trois parlementaires, assistés par un
ou deux collaborateurs du groupe.
31. Article 7 e. Les statuts du groupe UMP de l’Assemblée nationale reconnaissent indi-
rectement l’existence de ces groupes de travail en évoquant la manière dont le chef de file est
désigné par le bureau, sur proposition du président (article 9 h).
32. Les statuts du groupe socialiste du Sénat excluent cette automaticité (article 15).
33. Même si l’article 10 des statuts dispose : « Le bureau […] distribue le travail entre les
membres du groupe. » Les commissaires sont donc appelés à valider le choix du bureau et du
président.
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1 – La composition
Siègent au bureau des groupes parlementaires, outre le président du
groupe, qui préside également les réunions du bureau, différentes caté-
gories de membres. Des membres élus, des membres de droit et des
membres ès qualités.
Les membres élus sont, habituellement, le président du groupe, les
premiers vice-présidents qui sont chargés de l’assister et de le suppléer en
36. Voir les anciens présidents de la République. Ainsi, au cours de la onzième législature
(1997-2002), V. Giscard d’Estaing était-il membre de droit du bureau du groupe UDF de
l’Assemblée nationale.
37. Les statuts du groupe UMP de l’Assemblée nationale les qualifient de membres ès qua-
lités. Dénomination qui atteste la porosité des catégories statutaires.
38. Chaque groupe désigne au sein de chaque commission un parlementaire spécialement
chargé de faire respecter la consigne de vote adoptée par le groupe au cours de ses réunions. Ce
parlementaire est habituellement appelé whip et joue un rôle similaire à celui du whip anglais.
Voir infra.
39. Le secrétaire général peut également siéger à cette tribune ou derrière le président qu’il
assiste.
40. Les réunions de groupe se déroulent selon un rituel identique.
41. Conformément aux statuts, ceux-ci ont été élus séparément.
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42. Partage des responsabilités particulièrement remarquable au sein du collège des membres
élus, représentation équitablement partagée entre les partisans des deux candidats à la prési-
dence du parti, et quelques non-alignés.
43. Articles 8 et 9 des statuts du groupe socialiste du Sénat.
44. Articles 11-1 et 11-3 des statuts du groupe UMP de l’Assemblée nationale.
45. Article 8 des statuts du groupe SRC. En pratique, si le bureau est bien renouvelé chaque
année en début de session, le président est lui confirmé à son poste par une consultation for-
melle. Composition actuelle du bureau du groupe SRC : http://deputes.lessocialistes.fr/sites/
default/files/Bureaugroupe130912.pdf
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Le bureau est chargé de préparer les décisions que le groupe sera amené
à adopter au cours de la réunion subséquente (1). Il est également chargé
de se substituer à lui et de défendre l’intérêt supérieur du groupe, au
besoin en l’imposant à ses membres (2).
46. Les députés UNR ont ainsi choisi, en 1960, de porter à la présidence du groupe
R. Schmittlein, alors qu’A. Valabregue était le candidat officiel.
47. Si les statuts prennent soin de préciser que plusieurs tours de scrutin peuvent être
organisés, cette hypothèse est assez rare. Ainsi, même si les membres de la Droite populaire,
et notamment L. Luca, ont, en juin 2012, publiquement critiqué la composition du bureau
du groupe UMP de l’Assemblée nationale, qui, selon eux, n’assurait pas une représentation
suffisante de leur courant, celle-ci a été entérinée par le groupe.
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1 – Un organe de préparation
En qualité d’organe exécutif, le bureau est chargé de préparer les déli-
bérations du groupe. Ainsi, les dispositions du règlement intérieur du
groupe socialiste du Sénat prévoient : « Le bureau […] prépare les pro-
positions à soumettre au groupe48. » Il appartient au président de fixer
l’ordre du jour de ces réunions et de recevoir, à cette fin, les initiatives
parlementaires : proposition de loi, d’amendements, de questions. Les
statuts communs aux groupes socialistes de l’Assemblée nationale et du
Sénat disposent d’ailleurs : « L’ordre du jour doit, autant que possible,
être établi à l’avance et diffusé49. » En conséquence, « les membres du
groupe qui veulent faire inscrire une question à l’ordre du jour doivent en
saisir le président avant l’ouverture de la séance50 ». Il revient également
au président de fixer l’ordre du jour de la réunion du bureau, en tenant
compte de l’avancée des examens menés par les chefs de file. Ceux-ci
seront, en effet, auditionnés par les instances dirigeantes afin de pou-
voir, avant même la réunion du groupe, résoudre les problèmes soulevés
et opérer les arbitrages qui seront ensuite présentés, pour validation, au
groupe51. Les statuts du groupe SRC organisent ainsi une hiérarchisation
des tâches : les parlementaires qui sont à l’initiative d’un amendement,
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2 – Un organe d’impulsion
62. Ainsi le feuilleton du groupe SRC (voir infra) signalait-il particulièrement, le 3 juillet
2012, la déclaration de politique générale et l’heure approximative du vote, en soulignant :
« La présence de tous est indispensable pour accorder à notre Gouvernement la confiance la
plus large possible. »
63. Au Sénat, le président du groupe, ou sur délégation, le sénateur responsable du texte,
ou celui dont la présence a été prévue en séance par le whip, détient les bulletins de vote de
l’ensemble des parlementaires de son groupe. Ce vote pour autrui amène régulièrement le
Gouvernement à solliciter une nouvelle délibération, suite à une mécompréhension de l’enjeu
du vote par l’un des parlementaires détenteurs des bulletins de tout son groupe. Une telle
erreur s’est produite le 26 juillet 2012, lors de l’examen du projet de loi de finances rectifica-
tive pour 2012, lorsqu’un sénateur écologiste a oublié de voter pour tout son groupe. Oubli
qui a entraîné, du fait de la courte majorité sénatoriale, l’adoption de l’amendement, déposé
par l’opposition, visant à supprimer l’article alourdissant les droits de succession.
64. Chaque semaine, le groupe SRC distribue un feuilleton à ses membres, employant un
code couleur spécifique de manière à leur permettre d’assister aux réunions qui les concer-
nent : en vert, les séances publiques ; en bleu, les séances des commissions ; en rouge, les
réunions propres au groupe SRC (audition, réunion des com-soc avant le bureau ou la réunion
de la commission, réunion des groupes de travail…).
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65. Le prochain dépôt d’une motion de censure devrait permettre au groupe de manifester
son unité et d’attester qu’il est parvenu à se ranger en ordre de bataille.
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LE
PRÉSIDENT
LE BUREAU DU GROUPE
Le président et ses deux premiers vice-présidents
(élus par le groupe sur proposition du président),
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LE GROUPE
Outil de collectivisation ou de taylorisme du travail parlementaire.
Composé des parlementaires du groupe (membres à part entière, apparentés ou
rattachés) et divisé en groupes de travail et d’études, permanents ou ad hoc,
dirigés par un élu reconnu pour ses compétences dans le domaine étudié.
Réunions hebdomadaires afin de déterminer l’action collective. Adoption,
sous le patronage du président, des décisions qui seront défendues par le groupe
(PPL, amendements, consignes de vote).
Secondé par une équipe administrative chargée de donner forme aux initiatives
parlementaires et de nourrir leur réflexion grâce à des revues de presse et à la
fourniture de données brutes transformées ensuite par le chef de file.