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Christophe de BERNARDINIS
Maître de conférences de droit public
Université de Lorraine
IRENEE - EA 7303
La Cour des comptes est, dès l’origine, une institution plus que déconcertante.
Lors de sa création en 18071, on a d’abord et longtemps parlé de « rétablissement »
et non de « création à proprement dite » de l’institution2. Le statut, les pouvoirs,
les membres, qui sont nommés à vie et inamovibles, tout, jusqu’à l’appellation
de l’institution, l’amène à être l’héritière des « chambres des comptes » de
l’Ancien-Régime3. Si ces dernières se sont progressivement mises en place4,
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1 Loi du 16 septembre 1807 relative à l’organisation de la Cour des Comptes. Voir pour un
exemplaire de la loi : https://www.napoleon.org
2 En ce sens, G. ANDRÉANI, « La Cour des comptes et la séparation des pouvoirs », Commentaire
SA 1986, n°1, n° 33, p. 93 et suiv.
3 Voir, par ex., D. Le PAGE (dir.), Contrôler les finances sous l’Ancien Régime. Regards d’aujourd’hui
sur les Chambres des comptes, Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la
France, 2011 ou O. MATTÉONI, « Vérifier, corriger, juger. Les Chambres des comptes et le contrôle
des officiers », in Institutions et pouvoirs en France, Paris, Editions Picard, 2010, p. 123 et suiv.
4 Dans la mise en place progressive de ces chambres des comptes, il faut souligner le rôle moteur
joué par la Chambre des comptes royale de Paris dont l’ordonnance du Vivier-en-Brie en février
1320 est le 1er texte réglementaire établissant son fonctionnement. La Chambre des comptes
du Roi de France constitue le modèle auquel les princes du Royaume de France se sont référés
lorsqu’ils ont créé, à leur tour, au cours du XIVe siècle, leur propre institution. Cf. Pour un exem-
plaire de l’ordonnance promulguée par Philippe V : E. LALOU, « La Chambre des comptes du
Roi de France », in P. CONTAMINE et O. MATTÉONI (dir.), Les Chambres des comptes en France
aux XIVe et XVe siècles, Paris, Institut de la gestion publique et du développement économique,
Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 1998, p. 1 et suiv. et H. JASSEMIN,
La Chambre des comptes de Paris au XVe siècle, précédé d’une étude sur ses origines, Paris,
Picard, 1933.
5 Le contrôle et la juridiction des Chambres des comptes s’exerçaient sur tous les officiers chargés
d’administrer les biens du Roi, d’en percevoir les revenus et d’acquitter les dépenses publiques.
Les Chambres des comptes avaient vocation à contrôler l’ensemble des comptes des officiers,
qu’il s’agisse des comptes relatifs aux revenus domaniaux ou des comptes d’impôt.
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au long des XIVe et XVe siècles6. Du contrôle des comptes, son rôle premier, les
Chambres en sont venues, assez logiquement, au contrôle administratif7. Puis, à
cette époque, comme toute administration implique nécessairement juridiction,
elles ont aussi statué sur les affaires concernant la monnaie et les litiges à propos
de la liquidation des comptes.
Rigoureuse et stricte dans ses principes, leur procédure a été définie, dès
l’origine, comme une procédure fondamentalement judiciaire ou juridictionnelle
mentionnant que « les comptes de deniers publics [doivent être] rendus
immédiatement à un juge, alors même qu’il n’existe pas de contentieux »8.
Ces Chambres des comptes, compétentes en matière de finances ordinaires,
engageaient même des poursuites contre les comptables de deniers publics qui
se rendaient coupables de malversations et jouaient ainsi le rôle du juge pénal
ou de la Cour de discipline budgétaire et financière (CDBF) actuelle. A ce sujet,
le fait que les Chambres des comptes soient aussi des cours de justice à part
entière provoque, dès l’origine, des conflits de compétence avec les Parlements
d’ancien régime en raison de limites juridictionnelles mal définies au moment
de la mise en place des deux institutions. Les Parlements n’admettant pas que
les Chambres des comptes soient considérées comme des cours de justice dont
on ne pourrait faire appel des décisions, en somme qu’elles soient des cours
souveraines. Les Parlements défendant le principe qu’ils sont les seuls à prononcer
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6 Comme le montrent les nombreuses ordonnances émises sur ce point au cours de la période :
on peut citer, par exemple, les ordonnances de Charles V du 1er mars 1388 et de Charles VI de
mars 1408, qui résument l’état de la législation à cette époque.
7 Elle confirme, ratifie les actes tels que les affranchissements, les fondations, les achats et les
ventes du roi et de ses officiers, les accords en tout genre, et les inscrits sur ses registres. De
même, elle doit entériner les donations et grâces diverses émanant du souverain et de son
Conseil, car celles-ci touchent à la fortune dont elle a la gérance.
8 J. MAGNET, « La juridiction des comptes dans la perspective historique », in P. CONTAMINE et
O. MATTÉONI (dir.), La France des principautés. Les Chambres des comptes, XIVe et XVe siècles,
Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 1996, propos introductifs.
9 Cf. S. DAUBRESSE, « La Chambre des comptes et le Parlement de Paris sous Charles IX »,
in D. Le PAGE (dir.), Contrôler les finances sous l’Ancien Régime. Regards d’aujourd’hui sur les
Chambres des comptes, Paris, Institut de la gestion publique et du développement économique,
Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 2011, p. 489 et suiv.
10 Voir, pour l’ensemble des remarques, S. FLIZOT, « Aux origines de la loi du 16 septembre 1807
créant la Cour des comptes : le contrôle des comptes publics de 1790 à 1807 », in P. BEZES,
F. DESCAMPS, S. KOTT et L. TALLINEAU (dir.) L’invention de la gestion des finances publiques,
Élaborations et pratiques du droit budgétaire et comptable au XIXè siècle (1815-1914),
Paris, Institut de la gestion publique et du développement économique, Comité pour l’histoire
économique et financière de la France, 2010, p. 129 et suiv.
Le juge des comptes et les conséquences de la nouvelle subjectivisation ... 97
11 Le décret des 6 et 7 septembre 1790 pose, en l’article 12 de son titre XIV, le principe de la sup-
pression des chambres dès qu’un « nouveau régime de comptabilité » aura été mis en place. Un
décret du 4 juillet 1791 rend effective la suppression des chambres à la date où il serait notifié
et prescrit l’apposition des scellés sur les greffes, dépôts et archives des chambres. Un dernier
décret du 17 septembre 1791 met en place le nouveau régime de la comptabilité publique.
12 En accord avec les dispositions de l’article 14 DDHC en vertu duquel « Tous les citoyens ont le
droit de constater par eux-mêmes ou par leurs représentants la nécessité de la contribution
publique, de la consentir librement, d’en suivre l’emploi ».
13 N. OCHOA, « La Cour des comptes, autorité administrative indépendante. Pour une lecture
administrativiste du droit de la comptabilité publique », RFDA, 2015, p. 831 et suiv., pour qui,
si la Cour des comptes avait été créée à la fin du XXe siècle, elle serait formellement considérée
comme une AAI, ce qu’elle est sur le plan matériel des fonctions qu’elle effectue.
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Par tradition, l’office du juge des comptes a toujours eu une nature objective.
La responsabilité du comptable est, en principe, engagée par le seul constat
par la juridiction financière d’une irrégularité affectant les comptes et donc
d’un manquement objectif du comptable20. Ni le comportement personnel du
comptable ni les circonstances n’ont vocation à être pris en compte à ce stade.
En ce sens, et comme décrit précédemment, il n’est pas indispensable que
l’institution, qui contrôle le bon accomplissement par les comptables de leurs
obligations statutaires, soit une autorité ayant un statut juridictionnel. Pour
autant, toute l’évolution est allée en ce sens, la procédure, jadis tant décrié
devant le juge des comptes21, s’est « juridictionnalisée » (A). Si cela n’a pas fait
disparaitre le côté « objectif » du contentieux, cela a permis, progressivement,
au juge, de développer un côté de plus en plus subjectif dans son office et donc,
19 D. MIGAUD, « Entretien avec Didier Migaud, Premier président de la Cour des comptes », op. cit.
20 On peut citer, par exemple, le cas d’une dépense irrégulière, d’une recette non recouvrée
ou encore d’un déficit en fin d’exercice. Pour une liste complète, il faut se référer au décret
n° 2012-1246 du 7 novembre 2012 (JO, 10 novembre 2012, p. 17713) relatif à la gestion
budgétaire et comptable publique.
21 Voir, par exemple, N. BAVEREZ, « La Cour des comptes, juridiction introuvable ? », Rec. Dalloz,
1992, p. 173 et suiv.
100 Christophe de BERNARDINIS
des comptes. On peut citer, par exemple, la mise en place du droit à audition
devant la formation de délibéré24 ou l’institution de l’audience publique en
matière d’amende25. Sous la pression de la jurisprudence du juge européen26, la
loi du 28 octobre 200827 a, ensuite, mis en place des procédures juridictionnelles
homogènes s’appliquant dans les mêmes conditions devant la Cour et devant
les chambres régionales des comptes. Elle a supprimé la règle du double arrêt28
et a institué une séparation stricte des fonctions de poursuite, d’instruction et
de jugement. Les institutions financières sont ainsi passées de juridictions
« introuvables »29 à juridictions « retrouvées »30.
Après la réforme de procédure de 2008, une question restait à traiter, celle
relative à l’existence, toujours manifeste, dans le champ du contentieux financier
public, de l’équivalent d’une justice retenue ou de ce que l’on pourrait appeler
la « théorie du ministre juge »31. Les comptables, dont la responsabilité avait
été engagée par le juge des comptes, pouvaient obtenir du ministre du budget,
en cas de force majeure, la décharge totale ou partielle de leur responsabilité,
ou en dehors de cette circonstance, la remise gracieuse des sommes laissées
à leur charge32. Il y avait là une atteinte manifeste au principe de séparation
des pouvoirs et d’indépendance de la justice. Cette atteinte a été quelque peu
corrigée. Le législateur a, ainsi, donné compétence au juge des comptes pour
prendre en considération l’existence de circonstances constitutives de la force
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24 Loi n° 93-122 du 29 janvier 1993 (JO, 30 janvier 1993, p. 1588) relative à la prévention de la
corruption et à la transparence de la vie économique et des procédures publiques.
25 Décret n°95-945 du 23 août 1995 (JO, 27 août 1995, p. 12713) relatif aux chambres régionales
des comptes.
26 CourEDH, GC, 12 avril 2006, Martinie contre France, req. n°58675/00 et CourEDH,
12 décembre 2006, Siffre, Ecoffet et Bernardini contre France, req. n° 49699/99, 49700/99
et 49701/99.
27 Loi n° 2008-1091 du 28 octobre 2008 (JO, 29 octobre 2008, p. 16416) relative à la Cour des
comptes et aux chambres régionales des comptes ; décret en Conseil d’État n° 2008-1397
et décret simple n° 2008-1398 du 19 décembre 2008 (JO, 26 décembre 2008, p. 19997 et
p. 19989) portant réforme des procédures juridictionnelles devant la Cour des comptes, les
chambres régionales des comptes et la chambre territoriale des comptes de Nouvelle-Calédonie
28 Le caractère contradictoire étant notamment assuré par la publicité de l’audience dès lors que
des charges ont été retenues.
29 N. BAVEREZ, « La Cour des comptes, juridiction introuvable ? », op. cit.
30 A. LEYAT, « La Cour des comptes, juridiction retrouvée ? », AJDA, 2009, p. 2313.
31 Cf. Par ex., Y.-G.-D. KAMDOM, « La théorie du « ministre juge » dans le champ du contentieux
financier public : état des lieux et perspectives d’évolution », Gestion et finances publiques, 2019,
n°5, p. 70 et suiv.
32 95 % des décisions rendues par le juge des comptes se trouvaient ainsi remises en cause par
l’usage, par le ministre du budget, de son pouvoir de remise gracieuse.
33 Loi n°2006-1771 du 30 décembre 2006 (JO, 31 décembre 2006, p. 20228) de finances
rectificative pour 2006.
34 Décret n° 2008-228 du 5 mars 2008 (JO, 7 mars 2008, p. 4265) relatif à la constatation et
102 Christophe de BERNARDINIS
49 Projet de loi portant réforme des juridictions financières n° 2001 (A.N., XIIIe lég.). Pour une
présentation détaillée, voir S. DAMAREY, « La réforme des juridictions financières, entre
perspectives et incertitudes », JCP, 2009, A, act., n°1176 et, du même auteur, « Le projet de
réforme des juridictions financières : portée, évidences et insuffisances d’un texte », JCP, 2010,
A, n°2041.
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50 Constitué en fait de trois lois : la loi de finances rectificative du 29 juillet 2011 (JO, 30 juillet
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équivalente comme des conflits sociaux, des pressions, des violences. Alors que la CDBF a
plutôt tendance à trouver là une atténuation de la responsabilité de ceux qui en sont victimes,
quand bien même ils auraient commis des irrégularités, le juge des comptes n’y voit pas matière
à décharger ou atténuer la responsabilité des comptables. Cf. O. VILLEMAGNE et P. GRIMAUD,
« Responsabilités des comptables et des ordonnateurs : quel impact des pressions subies ? »,
AJDA, 2015, p. 2069 et suiv.
58 Cf. en ce sens, par ex., L. PEYEN, « Pour une véritable éthique financière : le renforcement de la
Cour de discipline budgétaire et financière », Gestion et Finances Publiques, 2017, n° 6, p. 25 et
suiv.
59 La Cour des comptes a depuis longtemps développé une jurisprudence qui permet au
comptable, en cas de non-recouvrement d’une recette, de dégager sa responsabilité s’il prouve
qu’il a mis en oeuvre des « diligences adéquates, complètes et rapides pour le recouvrement »
(Cour des comptes, 27 février et 19 mars 1964, Dupis, receveur municipal de la commune
d’Igny-le-Jard, Rec. CE, p. 91). Après quelques moments de doutes, le Conseil d’Etat a
définitivement confirmé cette jurisprudence de la Cour (CE, Ass., 27 octobre 2000, Mme. Desvigne,
req. n° 196046, GAJFin., n° 28, RFDA, 2001, p. 737, concl. A. SEBAN). En revanche,
s’agissant des dépenses, le juge des comptes ne peut faire reposer ses décisions sur aucun
élément d’appréciation : il ne lui est pas possible, en particulier, de fonder une décision de
décharge au motif que l’irrégularité constatée n’aurait entraîné aucun manquant dans la caisse
publique.
60 D. MIGAUD, « La responsabilité des gestionnaires publics », op. cit.
61 Sauf pour le cas de force majeure où l’article 146 de la loi de finances rectificative pour 2006
du 30 décembre 2006 attribue désormais compétence au juge des comptes pour apprécier
dans quelle mesure des « circonstances » de force majeure peuvent avoir une influence sur la
responsabilité encourue par le comptable public.
62 Principe posé, implicitement, dans l’arrêt CE, 12 juillet 1907, Ministre des finances contre
Nicolle, req. n°23933, Rec. CE, p. 656 puis, explicitement, dans l’arrêt CE, Ass.,
20 novembre 1981, Ministre du budget contre Rispail, req. n°18402, Rec. CE, p. 434.
108 Christophe de BERNARDINIS
63 Des remises gracieuses totales sont accordées à moins de 7 % des demandes : Cf. Rapport
public annuel 2019 de la Cour des comptes, Paris, Documentation française, p. 34.
64 Voir, notamment, M. COLLET, « Le contrôle juridictionnel des comptes publics : réformer ou
supprimer ? », RFDA, 2014, p. 1015.
65 Plusieurs réformes récentes (en dernier lieu l’article 14 de l’ordonnance n°2016-1360 du
13 octobre 2016 (JO, 14 octobre 2016, texte n°2) modifiant la partie législative du code des
juridictions financières, disposition codifiée à l’art. L. 211-2 CJF) ont substitué une procédure dite
d’« apurement administratif » des comptes (conduite par les services du ministère des finances)
à la traditionnelle procédure d’apurement juridictionnel pour les comptes des petites communes,
des petits EPCI, des associations syndicales, des associations foncières de remembrement ou
encore des établissements publics locaux d’enseignement.
66 Au-delà de l’impact significatif des observations et rapports publics de la Cour et des chambres
(impact médiatique mais aussi impact pratique sur la gestion administrative), c’est le
développement considérable de leurs compétences d’audit qui a consacré la place éminente du
juge des comptes au sein des institutions de la République.
67 J.-L. ALBERT et T. LAMBERT, La Cour des comptes, un pouvoir rédempteur ?, Paris, LGDJ, 2017.
68 Ibid.
69 Ibid.
Le juge des comptes et les conséquences de la nouvelle subjectivisation ... 109
autre que politique et parce qu’ils disposent d’un pouvoir discrétionnaire qui n’est
pas enserré dans des règles juridiques précises. Mais, la Cour des comptes, par
l’intermédiaire de son premier président, a, elle-même, mis en avant le fait que
« le régime actuel de responsabilité des ordonnateurs n’est pas satisfaisant. Ainsi, si la
responsabilité de l’ordonnateur peut être mise en œuvre devant la Cour de discipline
budgétaire et financière (CDBF), cette juridiction au périmètre trop limité voit
échapper à sa compétence un grand nombre de gestionnaires publics, en particulier
les ordonnateurs locaux, ce qui est de moins compréhensible aux yeux de nos
concitoyens »76.
76 D. MIGAUD, « Entretien avec Didier Migaud, Premier président de la Cour des comptes », op. cit.
77 J.-L. NADAL, Renouer la confiance publique. Rapport au Président de la République sur
l’exemplarité des responsables publics, Paris, La documentation française, 2015, p. 119 et suiv.
78 S. THEBAULT, « Le pas de plus vers la responsabilité pour faute du comptable ou comment tout
changer en préservant l’essentiel », RFFP, 2013, n° 121, p. 233 et suiv.
79 En ce sens, S. DAMAREY, « Le devenir du principe de séparation des ordonnateurs et des
comptables », op. cit.
80 En ce sens, N. BAVEREZ, « La Cour des comptes, juridiction introuvable ? », op. cit.
Le juge des comptes et les conséquences de la nouvelle subjectivisation ... 111
Résumé
La Cour des comptes a conservé une part des particularités procédant de son
histoire. Ses fonctions restent davantage administratives que juridictionnelles.
Son office étant en outre, non de régler des litiges mais de sanctionner les
erreurs commises par les comptables publics, le juge des comptes emprunte les
traits d’une commission administrative paritaire ou d’un conseil de discipline. Il
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Abstract
The Court of Audit has preserved many of the specificities resulting from its
history. Its functions are still more administrative than judicial. Furthermore, as
its office is not to settle disputes but rather to sanction errors committed by public
accountants, its judges have come to resemble a joint administrative committee
or disciplinary council. Nevertheless, its “judicial” independence is guaranteed
legally and statutorily. Hence, the Court has arrived at a turning point in its history
insofar as its influence, the powers and the procedure developed therefrom assign
it the role of counter-power. Although the Court of Audit must fulfil its status as a
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financial court that judges accountants, the current trend sees it developing the
same office with regard to all public managers. A more subjective approach is
leading it to play down accountants’ responsibility. And this will correspondingly
result in its broadening of the responsibility of authorising officers, which will
necessarily require its being granted unlimited jurisdiction.
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