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REVUE SCIENTIFIQUE

ANNALES
DE L’UNIVERSITE DE PARAKOU

SERIE

(LASH)

Revue Semestrielle Pluridisciplinaire


AnnAles de l’Universite de PArAkoU
SERIE
"LETTRES, ARTS ET SCIENCES HUMAINES"
(LASH)

COMITE D’EDITION
Président : Prof. GANDAHO Prosper
Vice-Président : Dr. MCA, FATIGBA O. Holden
Membres : Prof. ALKOIRET TRAORE lbrahim
Dr. MC, GOMEZ C. Ansèque
Dr. GANDONOU Diane

COMITE DE PUBLICATION
Directeur: Dr. MC, KISSIRA Aboubakar
Secrétaire: Dr. MC, GNELE José Edgard
Membres :
Dr. MC, HADONOU Comlan Julien
Dr. MA, AGUESSY Constant Y.
Dr. MA, DAKO-KPACHA Sabine M.
COMITE DE LECTURE
Les évaluateurs (referees) sont des scientifiques choisis selon leurs domaines et spécialités.
COMITE SCIENTIFIQUE
Prof. HOUSSOU Christophe S. (Géographie, Bénin) Prof. BOKO Michel (Géographie, Bénin)
Prof. ALOKO N’Gessan Jérôme (Géographie, RCI) Prof. N’BESSA Benoît (Géographie, Bénin)
Prof. MENGHO Bonaventure (Géographie, Congo) Prof. HOUNDENOU Constant (Géographie, Bénin)
Prof. TCHAMIE Thiou, Université de Lomé (Togo) Prof. TENTE Brice (Géographie, Bénin)

Prof. ZOUNGRANNA T. Pierre (Géographie, B. Faso) Prof. DOSSOU-GUEDEGBE Odile (Géographie, Bénin)
Prof. OGOUWALE Euloge (Géographie, Bénin) Prof. CLEDJO Placide (Géographie, Bénin)
Prof. VISSIN Expédit W. (Géographie, Bénin) Prof. TOHOZIN Antoine (Géographie, Bénin)
Prof. AMADOU Boureïma (Géographie, Niger) Prof. SOKEMAHOU Yves (Géographie, Togo)
Prof. BIO BIGOU Bani Léon (Géographie, Bénin) Prof. KOUMAKPAÏ Taofiki (Anglais, Bénin)

Prof. AÏNAMON Augustin (Anglais, Bénin) Prof. KOUSSOUHON Léonard (Anglais, Bénin)
Prof. MEDEGAN Ambroise (Anglais, Bénin) Prof. KOUDJO Bienvenu (Lettres Modernes, Bénin)
Prof. TOSSOU Okry Pascal (Lettres Modernes, Bénin) Prof. ZANOU Clémence (Anglais, Bénin)
Prof. AMOUZOUVI Dodji (Sociologie, Bénin) Prof. IGUE Mamoud (Langues, Bénin)
Prof. TINGBE-AZALOU Albert (Sociologie, Bénin) Prof. KPATCHAVI Adolphe (Sociologie, Bénin)
Prof. SANNI AMADOU Mouftaou (Démographie, Bénin)

ISSN : 1840-9539 eISSN : 1840-9547

AnnAles de l’Université de PArAkoU – Série Lettres, Arts et Sciences Humaines i


AnnAles de l’Universite de PArAkoU
SERIE
"LETTRES, ARTS ET SCIENCES HUMAINES"
(LASH)

1 - Conditions de publication :
Annales de l’Université de Parakou Série « Lettres, Arts et Sciences Humaines » publient
des articles originaux, rédigés en français ou en anglais. C’est une revue ouverte à tous les
spécialistes des Lettres et Sciences Humaines. Dans cette vision pluridisciplinaire, les thèmes
abordés doivent être obligatoirement en lien avec l’espace, l’environnement, la société, la
population, les langues et le développement.

Présentation du manuscrit : Tout manuscrit soumis à examen doit être saisi dans le logiciel
Word, police Times New Roman, taille 12, interligne 1 (simple). Sa longueur totale doit être
comprise entre 13 et 18 pages environ. Il doit respecter les normes usuelles de l’écriture
scientifique et comporter les éléments suivants :
 un titre, écrit en majuscule, court et très explicite ;
 un ou des nom(s) d’auteur(s) dont le nom en majuscule et les initiaux du ou des
prénoms en majuscule ; Ex : SOSSOU Koffi Laurent, suivis des affiliations (noms et
adresse des institutions). Le nom de l’auteur répondant doit être identifié par un
astérisque (*) et son adresse électronique ;
 un résumé en français et en anglais (250 mots maximum) rédigé en trois paragraphes
concis (justification, méthodologie, principaux résultats chiffrés) et des mots clés (key
words) (4 ou 5 au plus) ;
 une introduction qui fait le point de la littérature récente sur le sujet et soulève de
façon précise la problématique de la recherche ;
 une méthodologie, décrivant clairement les méthodes de collecte et de traitement des
données et celles d’analyse des résultats obtenus avec les références si nécessaire ;
 les résultats dont les titres sont alignés à gauche en numérotation décimale : titre de
niveau 1 en gras (12 pts avant, 6 pts après) ; titre de niveau 2 en gras et italique (6 pts
avant, 6 pts après) ; titre de niveau 3 en italique non gras (6 pts avant, 6 pts après) ; Les
illustrations (tableaux, figures et photos) doivent être claires et facile à reproduire, annoncées
et commentées puis bien insérées dans le texte à la bonne place.
Les tableaux sont numérotés en chiffres romains et leurs titres (en corps 10 et 6 pts après)
sont placés en haut. Ceux de grandes dimensions et de format paysage sont à éviter.
Quant aux autres illustrations comportant une légende courte et explicite, elles sont
numérotées en chiffres arabes et leurs titres (en corps 10 et 6 pts après) sont placés en bas.
Les photos peuvent être en couleur pour la version électronique et leurs titres sont portés en
bas suivis de leurs sources / auteurs (Prise de vue : H. Soglohoun, mai 2014).
 une discussion : tout en apportant les interprétations approfondies des résultats, on
montre aussi les liens de l’étude avec les travaux récents et similaires ;
 une conclusion

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 les références bibliographiques : cette rubrique est transcrite en Times New Roman,
corps 10, minuscule, interligne simple avec un espace de 6 pts après. Elle doit
respecter les normes couramment admises dans les revues internationales et indiquer
le nom de tous les auteurs. La liste des références doit exclusivement comporter les
auteurs cités dans le texte dans l’ordre alphabétique. A cet effet, il faut distinguer les
cas suivants :
o Dans le corps du manuscrit, on peut citer un ou deux noms (A. Dansou, 2014,
p. 31) ou selon les travaux de A. Dansou (2014, p. 31). A partir de trois
auteurs, on utilise « et al. » ; (G. BONI et al., 2017, p. 8) ou selon les travaux
de G. BONI et al. (2017, p. 8). Pour un même auteur avec plus d’une référence
par année, il faut préciser (E. SOSSOU, 2015a, 2015b).
o Dans les références bibliographiques, les auteurs cités doivent être présentés
comme ci-après.
 Pour les ouvrages, Ex : IGUE O. John, 1995, Le territoire et l’Etat en
Afrique, les dimensions spatiales du développement, Editions Karthala,
Paris, 270 p.
 Pour les articles, Ex : LAVIGNE DELVILLE Philippe, OUEDRAOGO
Hubert et TOULMIN Camilla, 2002, Dynamiques foncières et
interventions publiques : enjeux, débats actuels et expériences en cours
sur les politiques foncières en Afrique de l’Ouest in Pour une
sécurisation foncière des producteurs ruraux. Actes de séminaire
international, GRAF/GRET/IIED, pp.17-35.
 Pour les informations extraites d’un site web, Ex : VEZIN-LE-
COQUET, 2000, Suivi et réduction des pesticides en milieu urbain,
http://www.audiar.org/environ, 52 p. Consulté le 23/03/2008 à 11h
GMT
NB :
 Seuls les textes rédigés conformément à ces instructions seront acceptés à
l’évaluation.
 Vos manuscrits peuvent être envoyés à l’adresse : annalesuplash@gmail.com

Pour toutes informations, prière contacter :


 Dr. KISSIRA Aboubakar, Maître de Conférences et Directeur de Publication
o Tél. : (229) 97 53 02 99 / 95 95 21 19 ; aboubakarkissira@gmail.com
 Dr. GNELE José Edgard, Maître de Conférences et Secrétaire de Publication
o Tél. : (229) 95 97 20 27 / 66 28 43 23 ; josedgnele@gmail.com

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AnnAles de l’Universite de PArAkoU
SERIE
"LETTRES, ARTS ET SCIENCES HUMAINES"
(LASH)

N° Titres et auteurs Pages


1 La commune rurale de Nanoro au Burkina Faso à l’épreuve de la 1
décentralisation
*SODORE Abdoul Azise, OUEDRAOGO Blaise, KARAMBIRI Sheila Médina
2 Caractéristiques et performance financière des entreprises agricoles dans 13
les communes de Djidja et Za-Kpota (Bénin, Afrique de l’ouest)
*DJESSONOU Franco-Néo Camus, DADJO Moreno, AHODAKIN Natacha,
PLAGBETO Hermann et OGOUWALE Euloge
3 Caractérisation des aléas d’inondation dans la commune de Ouinhi (Bénin) 29
*AGNANTOMEY Nonvignon Landry, KODJA Domiho Japhet, AMOUSSOU
Ernest et TOTIN VODOUNON Henri Sourou
4 L’état et le paradoxe de la gestion des forêts classées ivoiriennes : le cas de 39
la forêt de rapides Grah
WADJA Jean-Bérenger
5 Problématique de l’assainissement dans ville de Bantè en République du 50
Bénin
GOMEZ COAMI Ansèque
6 L’habitat SICOGI-Ahougnansou à Bouaké (Côte d’Ivoire) : entre adaptation 62
aux besoins des habitants et mutations socio-spatiales
*KOUAKOU Bah, DJAH Armand Josué, ASSUE Yao Jean-Aimé et KOFFI
Brou Émile
7 Politique de regroupement de villages et mutations de l’habitat : le pays 76
Nzebi à l’épreuve du dessein colonial (1930- 1950)
MBOYI BONGO Serge
8 Fonctions et signification des prénoms et surnoms chez les songhay-zarma 93
du Niger avant et après leur islamisation
SOUMANA Abdoul-Wahab
9 L’enseignement technique et professionnel à l’épreuve des orientations de 107
développement : l’exemple de l’enseignement agricole au Bénin
AGUIA-DAHO Jacques E. C.
10 Facteurs limitant la pleine participation des populations aux projets de 117

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développement sur les terres de barre du plateau d’Abomey au Bénin
*ALOKPAÏ Nestor et MONGBO Roch Lambert
11 Analyse du rôle des valeurs dans le développement professionnel des 135
enseignants du primaire au Burkina Faso
KABORÉ-OUÉDRAOGO Juliette
12 L’enseignement de l’ignorance à l’université : nécessité de redéfinir le rôle 151
de l’intellectuel universitaire africain
LAWANI Ayouba
13 Crise de la démocratie dans le monde : quelles stratégies pour sortir le 164
système des soins intensifs ?
DEGUE Henri Joël
14 Islam et violence au regard du coran et de la sunna du prophète 175
Muhammad
*MAMA ZAKARI Mama Djima et DENDABADOU S. Célestin
15 Symbolic manipulation of consciousness in yaw Asare’s Ananse in the land 190
of idiots
AGUESSY Yélian Constant

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Ann UP-S/LASH ; Vol. 3 ; n° 2, Déc. 2020 ; Sodoré et al. ; pp. 1-12

LA COMMUNE RURALE DE NANORO AU BURKINA FASO A L’EPREUVE DE


LA DECENTRALISATION
*SODORE Abdoul Azise, OUEDRAOGO Blaise, KARAMBIRI Sheila Médina
sodoreaziz@gmail.com

RESUME
La reforme politico-administrative induite par la décentralisation a permis à la localité de Nanoro
d’être érigée en commune rurale. Depuis les élections municipales du 23 avril 2006, un conseil
municipal assure la maîtrise d’ouvrage du développement local. Des transferts progressifs de
compétences dans les domaines de l’éducation, de la santé et de l’hygiène, de l’eau potable et de la
jeunesse, sports et loisirs sont effectifs et nécessitent une participation réelle de tous les acteurs locaux
pour les assumer. Cependant, le fonctionnement des organes exécutif et délibérant y est sujet à des
difficultés qui impactent négativement la saine organisation de la mise en œuvre du plan communal de
développement et la participation citoyenne.
Cette recherche entend analyser le fonctionnement des organes, la gestion des compétences transférées
et le niveau de participation citoyenne aux actions du conseil municipal. Pour ce faire, l’approche
méthodologique prend appui sur une recherche documentaire, l’analyse de contenu, les entretiens,
l’observation de terrain, l’administration de fiches d’enquêtes et de guide d’entretien.
Les résultats montrent que des tensions existent entre le maire et ses adjoints et au sein du conseil
municipal entravant le bon fonctionnement des deux organes de la décentralisation. La gestion des
compétences au niveau de l’éducation et de la santé s’effectue avec plus ou moins de réussite. Si des
réalisations sont visibles sur le terrain, les responsables de l’éducation relèvent des retards dans la
livraison des fournitures scolaires ainsi que leurs insuffisances, le déficit des infrastructures et dans
leurs entretiens. Concernant le domaine de la santé, il y a des difficultés dans l’approvisionnement en
gaz, la prise en charge du personnel contractuel, l’entretien des bâtiments et la disponibilité de l’eau.
S’agissant de la participation citoyenne, elle demeure faible aux sessions du conseil municipal. Par
ailleurs, seulement 36 % des personnes enquêtées attestent payer régulièrement les taxes et impôts.
Cette situation s’explique en partie par la quasi-inexistence de séances de redevabilité dans les
différentes localités de la commune. Toutefois, la participation a été notable pendant la réalisation du
Plan communal de développement. La gestion de la maîtrise d’ouvrage du développement communal
exige une synergie d’actions de tous les acteurs et le conseil municipal doit en être le facilitateur. C’est
pourquoi, à Nanoro, il est impératif de trouver une solution à la crise qui mine le fonctionnement du
conseil municipal.
Mots clés : conseil municipal, gestion, participation citoyenne, Nanoro, Burkina Faso

ABSTRACT
The political and administrative reform brought by decentralization has enabled the locality of Nanoro
to become a rural commune. Since the municipal elections of April 2006, a municipal council has been
in charge of local development. Progressive transfers of competences in the fields of education, health
and hygiene, drinking water and youth, sports and leisure are effective and require the effective
participation of all local actors to assume them. However, the functioning of the executive and
deliberative organs is subject to difficulties that affect the sound organization of the implementation of
the municipal development plan and citizen participation.
This research aims to analyze the functioning of the executive and deliberative organs, the
management of transferred competencies and the level of citizen participation in the actions of the
municipal council. For that, the methodological approach is based on documentary research, content
analysis, the interview, the field observation, the administration of survey sheets and interview guides.

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Ann UP-S/LASH ; Vol. 3 ; n° 2, Déc. 2020 ; Sodoré et al. ; pp. 1-12

The results show that tensions exist between the mayor and his deputies and within the municipal
council, hindering the smooth functioning of the two decentralization bodies. The management of
competences in education and health is carried out with varying degrees of success. While
achievements are visible in the field on the ground, education officials point to delays in the delivery
of school supplies as well as their inadequacies, the lack of infrastructure and maintenance. In the area
of health, there are difficulties in the supply of gas, the care of contract staff, the maintenance of
buildings and the availability of water. Participation in municipal council sessions remains low. In
addition, only 36 % of those surveyed attest to paying taxes regularly. This is partly explained by the
virtual non-existence of accountability sessions in the different localities of the commune. However,
participation was notable during the implementation of the Communal Development Plan. The
management of the project management of communal development requires synergy of action by all
the actors and the municipal council must be the facilitator. This is why, in Nanoro, it is imperative to
find a solution to the crisis that is undermining the functioning of the municipal council.
Keywords: municipal council, decentralization, transferred competences management, citizen
participation, Nanoro, Nanoro, Burkina Faso

Introduction
Le processus de la décentralisation dans le monde bien que se présentant sous diverses
formes, reste intimement lié aux contextes politico-administratifs nationaux. Il s’agit avant
tout de la reconnaissance du rôle des acteurs locaux dans les processus de développement. En
Afrique, la décentralisation apparaît dans une situation d’essoufflement de la gestion
centralisée, de crise de gouvernance et sous la pression des partenaires internationaux. De
plus, un autre effet déclencheur demeure le processus de la démocratisation et de la
globalisation au cours des années 1990 amenant les Etats africains à adopter une
décentralisation politique et administrative (PNUD, 2000, p. 25 in E. I. Edoun et M. Jahed,
2009, p. 3).
Au Burkina Faso, c’est la constitution de 1991 qui stipule en son article 143 que le territoire
national est organisé en collectivités territoriales. A partir de cet instant, une série de corpus
juridiques sera adoptée et des élections se tiendront régulièrement jusqu’aux élections
municipales générales de 2006 où toutes les communes seront dotées d’un conseil municipal.
Les premières expériences de cette gestion des affaires locales présenteront un bilan contrasté.
A cet effet, le Centre pour la gouvernance démocratique au Burkina Faso (CGD, 2009, p. 1)
note la faible ouverture des conseils municipaux pour favoriser une participation transparente
des populations, l’implication insuffisante des organisations de la société civile (OSC) et des
organisations communautaires. Et pour illustrer les difficultés des conseils municipaux à
assumer la maîtrise d’ouvrage du développement local, the International Institute for the
Environnent and Development (IIED, 2011, p. 15 ) révèle que bien qu’il y ait eu des avancées
significatives dans la mise en œuvre de la décentralisation et dans l’appropriation de la
gouvernance locale, des difficultés majeures subsistent et sont relatives aux problèmes de
transferts de compétences et de viabilité financière des collectivités territoriales, à la faible
capacité des élus et des acteurs au niveau local et à l’insuffisante participation des femmes.
Malgré donc des avancées notables dans la conduite de la démocratie locale dans de
nombreuses communes au Burkina Faso, il reste que le grand espoir suscité par le processus
n’arrive pas sur certains territoires à produire les effets escomptés (A. A. Sodoré, 2017, p.
211).
Dans la commune rurale de Nanoro, le 1er conseil municipal a été mis en place en 2006 et
depuis lors jusqu’à la dissolution des conseils municipaux en fin 2014 et puis la reprise des

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élections municipales en 2016, les élus locaux sont à l’œuvre dans la conduite du
développement communal. Sur les 11 domaines de compétences qui devront être transférées,
4 sont effectivement assumées. Il s’agit des domaines du préscolaire, de l’enseignement
primaire et de l’alphabétisation, de la santé, de la culture, de la jeunesse, des sports et loisirs
et de l’eau et de l’assainissement.
La gestion de secteurs effectivement transférés s’effectue sur la base des ressources octroyées
par l’Etat, les ressources propres de la commune et celles des partenaires. Aussi, la
participation citoyenne apparait-elle comme un enjeu pour l’atteinte des objectifs des
initiatives du conseil municipal. Le constat à Nanoro révèle non seulement des insuffisances
dans la gestion des compétences transférées mais également, des difficultés dans la
mobilisation sociale autour des actions du conseil municipal du fait des mésententes entre les
élus municipaux. C’est pourquoi, cet article se fixe pour objectif d’analyser d’une part la
gestion du secteur de l’éducation et de la santé et d’autre par la participation citoyenne à la
décentralisation.
Il est organisé en cinq parties qui portent respectivement sur le cadre géographique et
méthodologique, le fonctionnement des organes de la commune, la gestion des compétences
transférées, la participation citoyenne et la crise de gouvernance.

1. Cadres géographique et méthodologique

1.1. Cadre géographique


La commune rurale de Nanoro est l’une des quinze communes de la province du Boulkiemdé
située dans la région du Centre Ouest. Elle couvre une superficie de 356 Km2.
La commune de Nanoro est située à 75 km de Koudougou, chef-lieu de province et de la
région du Centre Ouest et à 90 km de Ouagadougou suivant l’axe Ouagadougou-Yako à
environ 35 km de Boussé (province du Kourwéogo). Elle est traversée par la Route Régionale
n°13 qui la relie à la commune de Kordié (province du Sanguié) et à celle de Boussé. La
commune de Nanoro est limitée :
 au nord par les communes rurales de Pilimpikou et Arbolé ;
 au nord-ouest par la commune rurale de Samba ;
 au nord-est par la commune rurale de Niou ;
 à l’est par la commune urbaine de Boussé et la commune rurale de Siglé ;
 à l’ouest par la commune rurale de Kordié ;
 au sud par les communes rurales de Pella et Saow (Figure 1).
Le climat de la commune, à l’image de celle de la province est de type tropical avec
l’alternance d’une courte saison pluvieuse et d’une longue saison sèche. La caractéristique du
climat y impacte la pratique de l’agriculture et de l’élevage, principales activités
économiques.
L’agriculture comme l’élevage subissent les effets de l’inégale répartition spatio-temporelle
des précipitations, du faible niveau d’équipements des producteurs, la réduction des aires de
pâture face à l’avancée du front agricole. De plus, les acteurs font face à un problème
d’écoulement des produits maraîchers aggravé par l’insuffisante capacité de stockage des
produits frais.

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Afin de minimiser les effets des aléas sur les activités agro-pastorales, de nombreuses
personnes s’investissent dans l’exercice du petit commerce, la transformation des produits
forestiers non ligneux et l’artisanat.
La population constituée majoritairement de Mossi a été estimée en 2006 à 32 695 habitants
avec 55 % de femmes et 45 % d’hommes. Selon, les projections, le nombre d’habitants
devrait atteindre 39 638 en 2017 (Commune Rurale de Nanoro, 2014, p. 14).

Figure 1 : situation géographique de la Commune rurale de Nanoro

1.2. Méthodologie
Dans le but de cerner la gestion des compétences transférées dans les domaines de
l’éducation, de la santé et de l’eau potable et la participation citoyenne aux actions du conseil
municipal une approche méthodologique a été adoptée. Elle combine l’analyse de contenu,
l’administration de guide d’entretien et de fiches d’enquête et l’observation de terrain.
Les entretiens ont été effectués avec le 1er adjoint au maire, le Secrétaire général de la mairie,
le Préfet du département, le chef de circonscription de l’éducation de base. A ceux-ci
s’ajoutent, un médecin du district sanitaire de Nanoro, un infirmier chef de poste, 4
conseillers municipaux sur un total de 30 et 6 conseillers villageois de développement soit
respectivement 25, 33, 13 et 10 % des effectifs cibles. Les fiches d’enquêtes ont été
administrées à 100 individus choisis de manière aléatoire dans la commune.
Les données recueillies par le biais des fiches ont été traitées grâce au logiciel Sphinx et Excel
tandis les informations issues des entretiens ont fait l’objet d’un dépouillement manuel. Les
données ont ensuite été classées selon les ressemblances et des différences.

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2. Fonctionnement des organes


Dans la commune de Nanoro, il existe deux institutions dédiées à la mise en œuvre de la
décentralisation, il s’agit de l’organe exécutif et de l’organe délibérant.
L’exécutif municipal est constitué du maire, président du conseil municipal, élu en session du
conseil municipal. L’organe délibérant est le conseil municipal constitué par les conseillers
représentants chacun des villages de la commune. Si le maire demeure le représentant de la
commune pour toutes questions officielles, il est assisté de deux adjoints ayant reçu chacun
une délégation de pouvoir par arrêté du maire conformément aux dispositions du Code
général des collectivités territoriales (CGCT, Article 219). Le conseil municipal dispose quant
à lui de quatre commissions permanentes :
- la commission « affaires générales, sociales et culturelles »,
- la commission « affaires économiques et financières »,
- la commission « aménagement et gestion foncière »,
- la commission « environnement et développement local ».
Dans le cas de la commune de Nanoro, ce dispositif est conforme à la structure du conseil
municipal de la commune. Ainsi, selon les textes, l’ensemble des conditions sont donc réunies
pour un fonctionnement normal et une bonne gestion des affaires locales.
Cependant, le constat et les entretiens réalisés ont mis en exergue des dissensions au sein des
deux organes de la commune. Il existe un différend entre le maire et ses adjoints et quasiment
la moitié des 31 conseillers sont des « frondeurs ». Aussi, la tenue des sessions du conseil
municipal reste-t-elle hypothétique. Plusieurs sessions n’ont pu être conduites à leur termes au
regard des tensions qui ont prévalu. Pourtant, le bon fonctionnement des institutions
municipales est un impératif important dans la gestion de la maitrise d’ouvrage communale
(A. A. Sodoré, 2017, p. 90). A cet effet, l’IIED (2011, p. 11) affirmait que : « l’un des enjeux
pour les années à venir concerne l’effectivité et l’efficience du fonctionnement des
collectivités territoriales en lien avec les questions de transfert des compétences et des
ressources ».
Dans la commune de Nanoro, cette situation impacte négativement la cohésion des acteurs
chargés de la conduite des affaires locales obligeant le secrétaire général de la mairie a joué le
rôle de « pompier » pour garder une sereine atmosphère de travail au sein de l’institution
municipale. En effet, le secrétaire général est un agent de l’État qui est mis à la disposition de
la mairie pour appuyer son fonctionnement. Ce poste non électif permet de passer outre les
difficultés de fonctionnement qui peuvent survenir entre les organes délibérants et exécutifs
de la commune. Parmi les difficultés de fonctionnement, 50 % des responsables administratifs
de la commune le ressentent à travers la tenue irrégulière des sessions du conseil municipal.
Quant aux populations, elles mettent en exergue l’absence chronique du personnel de la
mairie, la crise au sein du conseil municipal, l’insuffisance des équipements des services, le
nombre très réduit du personnel de la mairie et le non-respect des délais de délivrance des
documents administratifs.

3. Compétences transférées et gestion municipale


Parmi les 11 blocs de compétences dont le Code général de collectivités territoriales (CGCT)
prévoit le transfert, seulement 04 le sont effectivement et leur gestion est sujette à de
nombreuses critiques.
5

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3.1. Compétences transférées


Depuis l’érection de Nanoro en commune rurale, le transfert des compétences se fait suivant
le principe de la progressivité. Ainsi, ce sont les domaines de compétences relatifs à
l’éducation notamment le préscolaire, primaire et l’alphabétisation, la santé et l’hygiène,
l’approvisionnement en eau potable et l’assainissement et la culture, la jeunesse, les sports et
les loisirs qui ont été transférés pour le moment.
Le secteur de l’éducation a été le premier à être transféré. Ainsi, entre 2009 et 2018, les
charges de gestion du secteur de l’éducation ont été progressivement transférées.
 En 2009 quatre charges ont été transférées permettant d’assurer la construction et la
réhabilitation des infrastructures scolaires et d’alphabétisation, la dotation de cartables
minimum (en moyenne 2.500 francs par élève) et la prise en charge du fonctionnement
courant des écoles (en moyenne 20.000 francs par salle de classe pour l’année 2018).
Les items concernés par la prise en charge du fonctionnement sont : craie, ardoise,
règle plate, compas, rapporteur, équerre, rame de papier.
 Ensuite, en 2016, le transfert va concerner la prise en compte de l’éducation non
formelle (ENF) et le post primaire pour les constructions d’infrastructures.
 En 2017, on note l’acquisition des vivres pour le primaire (cantine scolaire) et la prise
en compte de l’enseignement secondaire pour les nouvelles constructions.
 En 2018, c’est la prise en compte du préscolaire pour les vivres de la cantine scolaire
qui sera transféré dans le secteur de l’éducation.
Pour le domaine de la santé et de l’hygiène, le décret n°2014-934 précise les charges à
assumer par les communes rurales comme Nanoro. Il s’agit de :
 la construction et la gestion des formations sanitaires de base ;
 l’organisation de l’approvisionnement pharmaceutique et la prise de mesures relatives
à la prévention des maladies ;
 la prise de mesures d’hygiène et de salubrité dans leur ressort territorial ;
 le contrôle de l’application des règlements sanitaires ;
 la participation à la résolution des problèmes de santé ;
 la participation à l’établissement de la tranche communale de la carte sanitaire
nationale.
Le transfert de ces charges va accroître les difficultés du conseil municipal déjà évidentes sur
le secteur de l’éducation.
3.2. Gestion municipale des domaines transférés
Dans les pratiques de gestion des domaines transférés, la marie s’occupe des réalisations ou
réhabilitation d’infrastructures, la cantine scolaire, les fournitures scolaires, la construction et
la réhabilitation des logements pour enseignants, l’organisation des examens de fin d’années.
Pendant les sessions des examens du Certificat d’étude primaire élémentaire (CEPE), les
déplacements du personnel des Circonscriptions d’éducation de base (CEB), la prise en
charges des enseignants et la restauration des candidats sont à la charge de la mairie. Entre
2014 et 2015, trois nouvelles écoles ont été réalisées. De plus, 600 tables-bancs ont été mises
à la disposition des CEB.

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Dans le cadre de cette gestion du secteur de l’éducation, la mairie bénéficie du soutien de


l’Etat, de l’appui des Associations des parents d’élève (APE) et des partenaires de la
commune. Malgré ces efforts, les acteurs du domaine révèlent l’insuffisance des
infrastructures et le manque d’infrastructures de protection des écoles notamment les murs de
sécurisation, des retards dans la fourniture des manuels scolaires et parfois leur mise à
disposition en nombre insuffisant.
Au sujet du secteur de la santé, les actions de l’institution municipale concernent la
construction des infrastructures, des logements, l’approvisionnement en gaz pour la chaine du
froid, la réparation de l’ambulance. La responsabilité de la municipalité porte surtout sur des
aspects administratifs, le volet technique étant du ressort du district sanitaire.
Dans le dispositif sanitaire, on note la présence des Comités de gestion (COGES) chargés de
l’approvisionnement des dépôts des Médicaments essentiels génériques (MEG). Le COGES
est animé par des citoyens volontaires, qui acceptent contribuer à l’amélioration des
conditions de vie des populations.
Les principales difficultés résident dans la lourdeur administrative affectant
l’approvisionnement continu de la chaîne du froid, les ruptures de stock des Médicaments
Essentiels Génériques (MEG) surtout depuis l’augmentation de la demande avec l’avènement
de la gratuité des soins de santé des enfants jusqu’à l’âge de 5 ans et des femmes enceintes.
De plus, les responsables des services de santé mentionnent le faible entretien des toilettes,
l’état dégradé de certaines infrastructures et le problème d’eau du CSPS de Nanoro centre. À
ces difficultés s’ajoutent l’incapacité de la mairie à suppléer au paiement des salaires des
agents contractuels face au déficit des COGES.

4. Participation citoyenne
L’appréhension de la participation des citoyens met l’accent dans cette recherche sur les
relations entre le citoyen, le maire et la mairie, la présence aux sessions du conseil municipal,
le paiement des taxes, la contribution à l’élaboration du Plan communal de développement
(PCD) et la redevabilité.
4.1. Connaissance de l’exécutif et de l’institution municipale
La majorité des personnes interrogées (70 %) ont affirmé connaître le maire bien que celui-ci
ne résident pas dans la commune. Cependant, le taux est plus important dans le chef-lieu de la
commune que dans les autres villages. Au-delà du maire, dans les villages, les conseillers
municipaux et les conseillers villageois de développement sont bien connus des populations
du fait de la proximité sociale et la forte interrelation qui existe entre les habitants. Ce même
constat a été établi dans la commune rurale de Toussiana (A. A. Sodoré, 2013, p. 61).
Quant à la mairie, elle est connue par 88 % des enquêtées ; cela se justifie du fait que
l’institution municipale est le lieu de délivrance de divers actes : extraits de naissance,
certificats de résidence et de décès et le lieu de célébration des mariages. De plus, de
nombreux partenaires de la commune y rencontrent les groupements et associations et parfois
les populations bénéficiaires de projets ou de dons.

4.2. Présence aux sessions du conseil municipal


Si la participation des conseillers aux sessions est obligatoire en l’absence de justificatifs et
passible de sanction (CGCT, article 239), celle du citoyen d’une commune peut être appréciée

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comme un indicateur de l’appropriation du processus de la décentralisation même si elle est


publique (CGCT, article 214).
Dans la commune rurale de Nanoro, le degré de participation des acteurs locaux aux sessions
du conseil municipal est faible selon les investigations qui y ont été menées. De plus depuis la
mise en place du conseil municipal en 2016, aucune des quatre sessions n’a pu réunir tous les
31 conseillers municipaux de la commune même si le quorum qui est la moitié plus un des
conseillers municipaux est respecté à chaque session. La moitié des individus interviewés
affirment n’avoir pas connaissance des informations annonçant la tenue des sessions. Ce
faisant, la participation des citoyens aux sessions du conseil municipal dans la commune de
Nanoro est faible. En effet sur 54 % des enquêtés ayant affirmé avoir reçu l’information de la
tenue des sessions, seulement 26 % y ont effectivement pris part. Ce niveau de participation
est similaire à ceux de la commune de Toussiana (A. A. Sodoré, 2013, p. 59) et Komsilga,
Koubri et Saaba où la mobilisation sociale autour des actions des différents conseils
municipaux reste encore très faible (A. A. Sodoré, 2017, p. 170). Le taux de participation issu
de l’échantillonnage élargi au total de la population peut paraître faible. Toutefois, il y a lieu
de relativiser en tenant à la fois compte de la jeunesse du processus de la décentralisation et
du contexte local marqué par des tensions entre les acteurs locaux.
4.3. Paiement des taxes
La mobilisation des ressources propres est une préoccupation majeure des conseils
municipaux depuis l’avènement de la communalisation intégrale au Burkina Faso. A cet effet,
des efforts sont consentis pour un élargissement de l’assiette fiscale face à l’insuffisance des
transferts des ressources financières de la part de l’Etat central. La mobilisation des ressources
fiscales constitue à la fois un indicateur de participation aux financements du développement
local et un moyen d’appréciation de l’ancrage de la démocratie et de la gouvernance locale.
A Nanoro, seulement 36 % des personnes enquêtées s’efforcent de payer leur taxe
régulièrement. Cet acte se justifie par le besoin de participer aux actions de financement du
développement mais aussi par les effets de la sensibilisation. Ceux qui ne s’acquittent pas de
leurs obligations affirment être dans l’incapacité de subvenir convenablement à leurs besoins
quotidiens et par conséquent ne disposent pas de ressources financières pour le paiement de
taxes et impôts. L’état des lieux du civisme fiscal de la commune de Nanoro est comparable à
celui de Komsilga, Koubri et Saaba où les citoyens ne s’acquittent point automatiquement de
leur devoir de paiements de taxes ou impôts (A. A. Sodoré, 2017, p. 170). Par contre, à
Kiembara et Niou, les efforts de sensibilisation et de redevabilité des conseillers municipaux
ont permis d’atteinte un taux de civisme fiscal satisfaisant (PACT, COPEGOL, 2011, p. 12).
Le civisme fiscal apparaît comme un travail de mise en confiance des citoyens face à l’action
publique portée par les élus locaux, empreinte de transparence, de redevabilité et structurée
autour d’une bonne stratégie de communication utilisant des supports multiples et accessibles.
4.4. Participation à la réalisation du PCD
Le principal document de planification du développement communal demeure le PCD dont un
guide d’élaboration a été édité par le Ministère en charge de la décentralisation. Son
financement est le plus souvent le fait d’un partenaire et sa réalisation est effectuée par un
bureau d’étude. Une équipe pluridisciplinaire est chargée du diagnostic territorial et aide à la
planification et la budgétisation. Il en découle que l’ensemble des préoccupations et des
ambitions de développement de toutes les localités doivent être examinées et priorisées afin
d’aboutir à l’exécution de Plans annuels d’investissement (PAI) qui traduisent au mieux les
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attentes des populations. A Nanoro, le dernier PCD date de 2014 au moment de la collecte des
données sur le terrain.
A l’issue de la mise en place d’une commission ad’hoc, les conseillers ont été chargés de la
mobilisation des populations dans les villages en collaboration avec le bureau du conseil
villageois de développement. Une circulaire d’information a été adressée à tous les
responsables des services techniques et des forces de sécurité. La quasi-totalité des
responsables administratifs relève leur contribution au PCD. Il en est de même pour les
personnes enquêtées qui reconnaissent soit avoir entendu parler du passage des consultants ou
été présentes aux assemblées villageoises de diagnostic.
L’effort du conseil municipal d’engager l’ensemble des acteurs locaux dans la réalisation du
PCD ouvre de bonnes perspectives pour le développement local. En effet, les projets qui sont
issus du plan peuvent être considérés comme des projets collectifs. Or la capacité d’auto-
organisation et la densité des projets collectifs sont des fondamentaux du développement local
(A. A. Sodoré, 2013, p. 86). Leur existence sur un territoire présage de la présence d’un
potentiel pour mobiliser des initiatives afin d’envisager le futur souhaitable (G. Dematteis et
F. Governa, 2005, p. 8 ; M. Bertoncin et al., 2009, p. 7).
4.5. Redevabilité des conseillers municipaux
Le devoir de rendre compte de sa gestion est un axe fondamental de la gouvernance locale.
C’est pourquoi, les conseillers municipaux dans un souci de crédibilité auprès des citoyens
qui les ont choisis, doivent régulièrement communiquer sur les activités menées et les
engagements pris avec les partenaires de la commune. Aussi, la redevabilité renforce-t-elle la
volonté de participation des populations aux actions entreprises par le conseil municipal.
Dans la commune de Nanoro, 66 % des personnes interrogées n’ont pas eu connaissance
d’une quelconque séance de redevabilité dans leur localité. De plus, les entretiens réalisés
avec quelques conseillers municipaux confirment ces propos. Il en était de même dans la
commune de Toussiana où aucun conseiller municipal n’avait organisé de sa propre initiative
une séance d’information aussi bien sur sa fonction que sur le travail de l’organe délibérant
(A. A. Sodoré, 2013, p. 66).
Cette insuffisance dans l’action des élus locaux impacte l’implication des citoyens dans les
initiatives développées au sein de la commune. Ainsi, 52 % des personnes enquêtées ne se
sentent pas concernés par les actions engagées par la mairie car n’ayant pas d’informations de
la part de leurs représentants. Or, la redevabilité comme l’imputabilité est une exigence de la
décentralisation qui ne devrait pas se limiter uniquement à un travail effectué à la mairie ou au
chef lieu de la commune mais couvrir également des activités menées dans les secteurs et les
villages afin d’informer le maximum de citoyens. Cette réalité ne pourrait apparaître sans un
engagement véritable des conseillers. C’est pourquoi, il est important que l’élu local ait une
bonne connaissance de son rôle dans l’enracinement du processus de la décentralisation. Cela
est d’autant plus nécessaire que la mobilisation sociale et le civisme fiscal ont été le fruit d’un
travail de sensibilisation des populations par les conseils municipaux des communes de
Kiembara et Niou (PACT, COPECOL, 2011, p. 21) qui sont citées en exemple dans ce
registre.
La participation apparait comme une action collective pour l’exercice du pouvoir et de
l’autorité (A. Dubresson et S. Jaglin, 2002, p. 72 ; G. Blundo et P. Y. Le Meur, 2009, p. 2 in J.
P. Olivier De Sardan, 2009, p. 4), facteur important de réussite de la gouvernance locale.
C’est pourquoi Y. Bertacchini (2004, p. 18) insiste sur la nécessité de mettre en place une
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culture de la participation qui renverrait à la dimension managériale et transversale du projet


de territoire, à des approches pluridisciplinaires et à plusieurs prérequis utiles à associer dans
le cadre d’un développement local. Il reste de ce fait, une déclinaison de la capacité
managériale et du leadership de l’organe dirigeant. Il s’agit également d’un indicateur majeur
de l’appropriation du processus de la décentralisation à la fois pour l’organe exécutif
municipal, les autres conseillers municipaux et les conseillers villageois de développement et
les citoyens fortement influencée par la transparence dans la gestion des affaires locales.
5. Découverte d’une crise à désamorcer
La mise en place des organes de la décentralisation dans une commune constitue une étape
majeure dans l’exercice de la démocratie locale et l’apprentissage de la gouvernance locale.
En effet, le conseil municipal doit travailler sous le leadership du maire afin d’assurer de
manière efficiente et efficace le développement du territoire communal. Ce faisant, tout
dysfonctionnement ou mésentente impacte la conduite des affaires locales rendant
hypothétique la mise en œuvre des plans annuels d’investissement et partant du PCD.
La tension bien que contenue à Nanoro reste visible entre le maire et son 1er adjoint, par
ailleurs tous deux ne résidant pas régulièrement dans la commune. Il s’agit d’une opposition
politique, doublée d’un conflit de leadership. Cette mésentente affecte le conseil municipal
qui à son tour reste divisé en deux camps. Cette situation du difficile fonctionnement du
conseil municipal est relevée par le 1er responsable du département et par une partie 52 % des
populations enquêtées.
L’appréhension du rôle du maire selon le CGCT (article 258) permet de cerner un certain
nombre d’enjeux. Il est chargé, sous le contrôle du conseil municipal de conserver et
administrer les propriétés de la commune, d’exercer la maîtrise d’ouvrage des travaux de la
commune, de prendre les mesures relatives à la voirie municipale et de représenter la
commune dans les actes de la vie civile et en justice. De plus, il doit veiller à l’exécution des
programmes de développement, à la protection de l’environnement, en prenant d’une part, des
mesures propres à empêcher ou à supprimer les atteintes au cadre de vie et d’autre part, à
améliorer ce cadre de vie et à assurer la conservation et la gestion durable des ressources
naturelles renouvelables de la commune. De plus, il assure la fonction d’officier de l’Etat
civil, de police judiciaire, de police municipale, de police de routes et l’ordonnateur du budget
communal (CGCT, Articles 259 à 263). Quant aux adjoints, ils assurent seulement la fonction
d’officier d’Etat civil et de police judiciaire. Ils reçoivent une délégation de pouvoir par arrêté
et assurent l’intérim du maire dans l’ordre de leur énumération. Le 1er adjoint a l’obligation de
résider dans la commune (Articles 265 à 268).
Il apparaît clairement que de par leurs attributions, le leadership du maire et des ses deux
adjoint est déterminant pour l’ancrage du processus de la décentralisation. C’est sur cette base
que A. A. Sodoré (2017, p. 142) affirmait : « ce sont eux qui peuvent inspirer chez les autres
la confiance et créer l’envie de se surpasser aussi bien chez le citoyen anonyme, les groupes
socioprofessionnels que chez le secteur privé. Ils ont l’obligation d’influencer très
positivement les collaborateurs et communiquer avec eux afin que chacun libère son potentiel
le plus élevé dans la construction du patrimoine communal ».
La crise est bien réelle, le moyen le plus efficace pour sa résolution est l’instauration d’une
bonne communication et cela doit être de l’initiative du maire, président du conseil municipal.
En effet, la communication régulière permet de maintenir la confiance, la transparence et
l’authenticité des informations pour créer et maintenir des relations saines et dynamiques (P.
Herbaux & Y. Bertacchini, 2003, p. 6). Aussi, tout refus de communiquer accroitrait-il les
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différends. Le constat sur le terrain concernant cet aspect est assez révélateur. Tous les acteurs
rencontrés évoquent la discorde sans formuler de solution avant la fin du mandat des actuels
conseillers municipaux. Ces oppositions politiques qui se sont invitées dans le champ de la
gouvernance locale constituent un handicap pour la gestion efficiente des compétences
transférées et la participation citoyenne.

Conclusion
L’expérience du processus de la décentralisation en cours dans la commune rurale de Nanoro
a montré quelques-unes des péripéties d’un apprentissage de la démocratie à la base et
l’exercice de la gouvernance locale fondée sur le fonctionnement des organes exécutif et
délibérant.
Confronté à une crise, le conseil municipal éprouve des difficultés dans la gestion des
compétences transférées notamment dans les domaines de l’éducation et de la santé, objet de
la présente recherche. Or l’exercice du pouvoir dans les collectivités territoriales requiert aussi
bien la possession d'aptitudes techniques et administratives par les nouvelles équipes
dirigeantes que la disponibilité des moyens financiers et matériels conséquents pour répondre
aux grandes attentes des populations, conditions que peu d'entités territoriales décentralisées
seraient en mesure de réunir. Aussi, la mobilisation sociale et le civisme fiscal sont-ils encore
à améliorer dans le cadre de la mise en place d’un mécanisme redevabilité. C’est peut être à
ce prix que l’unité d’action pourrait être une réalité autour du conseil municipal.

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