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REVUE SCIENTIFIQUE

ANNALES
DE L’UNIVERSITE DE PARAKOU

SERIE

(LASH)

Revue Semestrielle Pluridisciplinaire


AnnAles de l’Universite de PArAkoU
SERIE
"LETTRES, ARTS ET SCIENCES HUMAINES"
(LASH)

COMITE D’EDITION
Président : Prof. SOGBOSSI BOCCO Bertrand
Vice-Président : Prof. BACO Mohamed Nasser
Membres : Prof. ALODE SALAKO Alexandre
Prof. ONIBON DOUBOGAN Yvette
Dr. GANDONOU Diane
COMITE DE PUBLICATION
Directeur: Prof. GNELE José Edgard
Secrétaire: Dr. MC, AFFO Fabien
Membres : Prof. ABOUDOU YACOUBOU MAMA Ramanou Aboudou
Dr. MC, AGUESSY Yélian Constant
Dr. MA, ADJAGBO Kintossou Armand

COMITE DE LECTURE
Les évaluateurs (referees) sont des scientifiques choisis selon leurs domaines et spécialités.

COMITE SCIENTIFIQUE
Prof. HOUSSOU Christophe S. (Géographie, Bénin) Prof. IMOROU Abou-Bakari (Sociologie, Bénin)
Prof. HOUNDENOU Constant (Géographie, Bénin) Prof. KISSIRA Aboubakar (Géographie, Bénin)
Prof. DOSSOU-GUEDEGBE Odile (Géographie, Bénin) Prof. GNELE José Edgard (Géographie, Bénin)
Prof. CLEDJO Placide (Géographie, Bénin) Prof. VIGNINOU Toussaint (Géographie, Bénin)
Prof. TENTE Brice (Géographie, Bénin) Prof. GIBIGAYE Moussa (Géographie, Bénin)
Prof. OGOUWALE Euloge (Géographie, Bénin) Prof. KAKPO Mahugnon (Lettres Modernes, Bénin)
Prof. VISSIN Expédit W. (Géographie, Bénin) Prof. EDINAM Kola (Géographie, Togo)
Prof. OREKAN Vincent O. A. (Géographie-SIG, Bénin) Prof. GOMEZ C. Ansèque (Géographie, Bénin)
Prof. TOSSOU Okry Pascal (Lettres Modernes, Bénin) Prof. HOUNGNIHIN Rock (Sociologie, Bénin)
Prof. AMOUZOUVI Dodji (Sociologie, Bénin) Prof. AMOUSSOU Ernest (Géographie, Bénin)
Prof. BACO Mohamed Nasser (Agro-Sociologie, Bénin) Prof. TOHOZIN Antoine (Géographie, Bénin)
Prof. BIKPO KOFFIE Céline Y. (Géographie, RCI) Prof. TOKO Ismaël (Géographie, Bénin)
Prof. AMADOU Boureima (Géographie, Niger) Prof. TOTIN V. Henri Sourou (Géographie, Bénin)
Prof. SANNI AMADOU Mouftaou (Démographie, Bénin) Prof. ALE AGBACHI Gorges (Géographie, Bénin)
Prof. SOKEMAHOU Yves (Géographie, Togo) Prof. NOUATIN S. Guy (Agro-Sociologie, Bénin)
Prof. MOUMOUNI M. IsmaÎl (Agro-Sociologie, Bénin) Prof. AROUNA Ousséni (Géographie, Bénin)
Prof. ABOUDOU Y. M. A. Ramanou (Géographie, Bénin) Prof. AFOUDA S. Alix (Géographie, Bénin)
Prof. ZOUNGRANA T. Pierre (Géographie, Burkina Faso) Prof. VISSOH Sylvain (Géographie, Bénin)
Prof. VODOUNOU Jean Bosco K. (Géographie, Bénin) Prof. ETENE Cyr Gervais (Géographie, Bénin)
Prof. ONIBON DOUBOGAN Yvette (Sociologie, Bénin) Prof. KOUTCHADE S. Innocent (Anglais, Bénin)
Prof. ABDOULAYE Abdoul-Ramane (Géographie, Bénin) Prof. DOSSOU-YOVO Adrien (Géographie, Bénin)
Prof. EFOUEME-BERTON Yolande (Géographie, Congo) Prof. SOUGOU Omar (Anglais, UGB, Sénégal)
Prof. KONÉ Issiaka (Sociologie, UPGCK-RCI) Prof. PEWESSI Atafei (Anglais, Togo)
Prof. GOMIS Souleymane (Sociologie, UCAD-Sénégal) Prof. AMOUZOUN Akoété (Anglais, Kara-Togo)
Prof. ESSIZEWA Komlan Essowê (Anglais, Lomé-Togo) Prof. AINAMON Augustin (Anglais, Bénin)
Prof. NUBUKPO Komla Messan

AnnAles de l’Université de PArAkoU – Série Lettres, Arts et Sciences Humaines i


AnnAles de l’Universite de PArAkoU
SERIE
"LETTRES, ARTS ET SCIENCES HUMAINES"
(LASH)

I - De la Revue « Série Lettres, Arts et Sciences Humaines » (S/LASH)


La Revue ‶Lettres, Arts et Sciences Humaines‶ (LASH) est l’une des cinq (05) séries de
‶Annales de l’Université de Parakou‶. C’est un semestriel scientifique qui publie des articles
originaux, rédigés en français ou en anglais. Elle est ouverte à tous les spécialistes des Lettres,
Langues, Sciences Humaines et Sociales. Dans cette vision pluridisciplinaire, les thèmes
abordés doivent être obligatoirement en lien avec l’espace, l’environnement, la société, la
population et le développement.

II - Présentation du manuscrit
Tout manuscrit soumis à examen doit être saisi dans le logiciel Word, police Times New
Roman, taille 12, interligne simple (1). Sa longueur totale doit être comprise entre 13 et 18
pages (normales) environ. Il doit respecter les normes usuelles de l’écriture scientifique et
comporter les éléments suivants :
 un titre, écrit en majuscule, court et très explicite ;
 un ou des nom(s) d’auteur(s) dont le nom en majuscule et les initiaux du ou des
prénoms en majuscule ; Ex : SOSSOU Koffi Laurent, suivis des affiliations (noms et
adresse des institutions). Le nom de l’auteur répondant doit être identifié par un
astérisque (*) et son adresse électronique ;
 un résumé en français et en anglais (250 mots maximum) rédigé en trois paragraphes
concis (justification, méthodologie, principaux résultats chiffrés) et des mots clés (key
words) (4 ou 5 au plus) ;
 une introduction qui fait le point de la littérature récente sur le sujet et soulève de
façon précise la problématique de la recherche ;
 une méthodologie, décrivant clairement les méthodes de collecte et de traitement des
données et celles d’analyse des résultats obtenus avec les références si nécessaire ;
 les résultats dont les titres sont alignés à gauche en numérotation décimale : titre de
niveau 1 en gras (12 pts avant, 6 pts après) ; titre de niveau 2 en gras et italique (6 pts
avant, 6 pts après) ; titre de niveau 3 en italique non gras (6 pts avant, 6 pts après) ; Les
illustrations (tableaux, figures et photos) doivent être claires et facile à reproduire, annoncées
et commentées puis bien insérées dans le texte à la bonne place.
Les tableaux sont numérotés en chiffres romains et leurs titres ( en corps 10 et 6 pts après)
sont placés en haut. Ceux de grandes dimensions et de format paysage sont à éviter.
Quant aux autres illustrations comportant une légende courte et explicite, elles sont
numérotées en chiffres arabes et leurs titres (en corps 10 et 6 pts après) sont placés en bas.
Les photos peuvent être en couleur pour la version électronique et leurs titres sont portés en
bas suivis de leurs sources / auteurs (Prise de vue : H. Soglohoun, mai 2014).
 une discussion : tout en apportant les interprétations approfondies des résultats, on
montre aussi les liens de l’étude avec les travaux récents et similaires ;

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 une conclusion
 les références bibliographiques : cette rubrique est transcrite en Times New Roman,
corps 10, minuscule, interligne simple avec un espace de 6 pts après. Elle doit
respecter les normes couramment admises dans les revues internationales et indiquer
le nom de tous les auteurs. La liste des références doit exclusivement comporter les
auteurs cités dans le texte dans l’ordre alphabétique. A cet effet, il faut distinguer les
cas suivants :
o Dans le corps du manuscrit, on peut citer un ou deux noms (A. Dansou, 2014,
p. 31) ou selon les travaux de A. Dansou (2014, p. 31). A partir de trois
auteurs, on utilise « et al. » ; (G. Boni et al., 2017, p. 8) ou selon les travaux de
G. Boni et al. (2017, p. 8). Pour un même auteur avec plus d’une référence par
année, il faut préciser (E. Sossou, 2015a, p. 17 ; 2015b, p. 112).
o Dans les références bibliographiques, les auteurs cités doivent être présentés
comme ci-après.
 Pour les ouvrages, Ex : IGUE O. John, 1995, Le territoire et l’Etat en
Afrique, les dimensions spatiales du développement, Editions Karthala,
Paris, 270 p.
 Pour les articles, Ex : LAVIGNE DELVILLE Philippe, OUEDRAOGO
Hubert et TOULMIN Camilla, 2002, Dynamiques foncières et
interventions publiques : enjeux, débats actuels et expériences en cours
sur les politiques foncières en Afrique de l’Ouest in Pour une
sécurisation foncière des producteurs ruraux. Actes de séminaire
international, GRAF/GRET/IIED, pp. 17-35.
 Pour les informations extraites d’un site web, Ex : VEZIN-LE-
COQUET, 2000, Suivi et réduction des pesticides en milieu urbain,
http://www.audiar.org/environ, 52 p. Consulté le 23/03/2021 à 11h
GMT.
NB :
 Seuls les textes rédigés conformément à ces instructions seront acceptés à
l’évaluation.
 Vos manuscrits peuvent être envoyés à l’adresse : annalesuplash@gmail.com

III - Renseignements et contacts :


 Monsieur GNELE José Edgard, Professeur Titulaire et Directeur de Publication
o Tél. : (229) 95 97 20 27 / 66 28 43 23 ; josedgnele@gmail.com
 Monsieur AFFO Fabien, Maître de Conférences et Secrétaire de Publication
o Tél. : (229) 61 48 21 22 ; affofabien2000@yahoo.fr

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annales de l’Universite de ParakoU
SERIE
"LETTRES, ARTS ET SCIENCES HUMAINES"
(LASH)

N° Titres et auteurs Pages


1 Aménagement du réseau routier du massif de Lama au nord-est de la 1
Préfecture de la Kozah (Togo) et ses effets structurants
*KPATCHAA Simplice Essognim, NANOINI Damitonou et GUEZERE Assogba
2 Les déterminants de la mutation résidentielle à Marcory et Koumassi Remblais 16
à Abidjan (Côte d’Ivoire)
MEMEL Frédéric Armel
3 Croissance de la ville de Pointe-Noire et problématiques urbaines d’un 32
aménagement mal maitrisé
*MIZHAIRE Hilarion Bagel et MOUTHOU Jean-Luc
4 Importances et formes d’usages ethnozoologigues des organes des tortues 50
marines au Bénin (Afrique de l’Ouest)
GBENOU Vidjannagni Victorin et *LOUGBEGNON O. Toussaint
5 Densités rurales et déforestation : cas du département de Tiassalé (Sud-Est de 64
la Côte d’Ivoire)
ODO Jacques et *KANGAH Armand
6 Histoire, langue et culture Bisa 78
*BATIONO Zomenassir Armand, DABONE Alain et CONGO Aoua Carole
7 Les politiques de l'Union Africaine (UA) et l’implication de la société civile et de 91
la femme à la Reconstruction Post Conflit (RDPC) au Mali et en Centrafrique
NZE BEKALE Ladislas
8 Perceptions des populations des attaques terroristes des infrastructures 107
hydrauliques à Barsalogho dans la région du Centre-Nord au Burkina Faso
*OUEDRAOGO Touwendé Jean Parfait, NAKOULMA Goama et DAHANI Dramane
9 Regard actuel sur la femme orpailleuse chez les Lobi, Birifor et Dagara du Sud- 122
Ouest Burkinabé
*DAH Nonna Anne, SOW Jacqueline et TOÉ Patrice
10 Effets des pratiques de conservation du maïs (Zea mays) et du niébé (Vigna 136
unguiculata) sur l’environnement et la santé à Parakou au Bénin
ADJOVI Ingrid Sonya Mawussi
11 Critical interpretation of wealthiness and wickedness in Charles Dickens' great 150
expectations
ABODOHOUI Orerien Olivier

Annales de l’Université de ParakoU – Série Lettres, Arts et Sciences Humaines iv


12 Littérature et société à la renaissance : l’exemple des Amours de Diane (1573) 165
de Philippe Desportes
DIEYE Oumar
13 L’usage du complément d’objet dans la parlure congolaise 178
*OTSIEMA GUELLELY Ferdinand, MACKET Sincère Gisela et NGAMOUNTSIKA
Edouard
14 Etude exploratoire des journalistes reporters de violence terroriste au Burkina 191
Faso
YAMÉOGO Lassané
15 Fondements des violences faites aux femmes et aux filles au Sud du Bénin 205
TCHANTIPO Sai Sotima

Dépôt Légal : N° 15629 du 22/01/2024

Annales de l’Université de ParakoU – Série Lettres, Arts et Sciences Humaines v


Ann UP ; S/LASH ; Vol. 6 ; n° 2, Déc. 2023; Ouédraogo T. J. P. et al. ; pp. 107-121

PERCEPTIONS DES POPULATIONS DES ATTAQUES TERRORISTES DES


INFRASTRUCTURES HYDRAULIQUES À BARSALOGHO DANS LA RÉGION DU
CENTRE-NORD AU BURKINA FASO
*OUEDRAOGO Touwendé Jean Parfait, NAKOULMA Goama et DAHANI Dramane
perfectionkbs@gmail.com ; ngoama@yahoo.fr ; dramanedahani@yahoo.fr
Date de réception : 30/09/2023 Date d’acceptation : 04/01/2024

Résumé
Le contexte sécuritaire pose d’énormes défis d’accès à l’eau potable aux populations. L’une des préoccupations
majeures est la vulnérabilité des infrastructures hydrauliques en situation de crise sécuritaire. En effet, la capacité
du service d’eau potable à satisfaire les besoins des populations est dépendante de la fonctionnalité des
infrastructures. Ce caractère vital et indispensable de l’eau place désormais les infrastructures d’eau au cœur des
stratégies de conflits. Cette étude a été réalisée pour comprendre les enjeux stratégiques des infrastructures d’eau
dans la crise sécuritaire. La méthodologie adoptée a consisté d’abord à une recherche documentaire ensuite à un
travail de terrain qui a permis de collecter les données quantitatives et qualitatives auprès de 150 ménages et enfin
à une phase de dépouillement, de traitement et d'analyse des données. Les résultats de cette étude montrent une
évolution croissante du nombre d’attaques touchant les points d’eau au Burkina Faso. Près de 38 attaques ont été
enregistrées au cours de l’année 2022 à l’échelle nationale. Les résultats montrent dans un premier temps que pour
30 % des ménages enquêtés et résidant toujours à Barsalogho une zone en conflit, la destruction des points d’eau
a provoqué de fortes pressions sur les points d’eau potable encore fonctionnels et a dégradé davantage les
conditions de vie des populations de cette localité. Dans un second temps, la recherche a révélé que la détérioration
des conditions d’accès à l’eau potable constitue la cause première de déplacement de près de 18 % des ménages
déplacés de Barsalogho résidant dans la ville de Kaya.
Mots clés : Insécurité sociétale, pression, eau, perception, stratégies de conflit, Barsalogho/Burkina Faso

Abstract
The security context poses enormous challenges to access to drinking water for populations. One of the major
concerns is the vulnerability of water infrastructure in a security crisis. Indeed, the capacity of the drinking water
service to meet the needs of populations is dependent on the functionality of the infrastructure. This vital and
indispensable nature of water now places water infrastructure at the heart of conflict strategies. This study was
conducted to understand the strategic issues of water infrastructure in the security crisis. This study was conducted
to understand the strategic issues of water infrastructure in the security crisis. The methodology adopted consisted
first of a literature search, then of a fieldwork which made it possible to collect quantitative and qualitative data
from 150 households and finally a phase of data processing and analysis. The results of this study show an
increasing trend in the number of attacks on water points in Burkina Faso. Nearly 38 attacks were recorded in 2022
nationwide. The results show initially that for 30% of the households surveyed and still residing in Barsalogho a
conflict zone, the destruction of the water points has caused great pressure on the drinking water points still
functional and has further degraded the living conditions of the populations of this locality. Secondly, the research
revealed that the deterioration of the conditions of access to drinking water is the main cause of displacement of
nearly 18% of displaced households in Barsalogho residing in the city of Kaya.
Keywords: Insecurity, pressure, water, perception, conflict strategies, Barsalogho/Burkina Faso

Introduction
À l’instar des autres pays de la bande sahélienne de l’Afrique de l’Ouest, le Burkina Faso est
confronté aux problèmes sécuritaires graves depuis 2016. Leur avènement a engendré une crise
humanitaire sans précédent dans plusieurs régions du Burkina Faso. De nombreuses
populations vulnérables des régions en proie à l’insécurité se sont déplacées vers les villes. L’un
des effets majeurs de l’insécurité est son incidence sur les services sociaux de base, dont les
infrastructures en eau. Dans les zones de départ des personnes déplacées internes (PDI), elle se
traduit par une dégradation des conditions d’accès aux infrastructures socio-collectives dans les
zones d’accueil, par une forte pression d’exploitation des infrastructures existantes. Avec plus
de 2 062 534 de déplacés internes enregistrés en mars 2023 par le Conseil National de Secours

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d’Urgence et de Réhabilitation (CONASUR, 2023, p. 1), les localités d’accueil de ces déplacés
connaissent désormais un véritable problème de gestion de cette urbanisation de crise (M. A.
Pérouse de Montclos, 2010, p. 14). Pourtant, les villes ne cessent de croître sous l’effet des
personnes déplacées internes. La principale difficulté est celle de l’insuffisance des
infrastructures socio-collectives. En effet, le rythme de la croissance urbaine est plus rapide que
celle de la réalisation des infrastructures qui l’accompagnent (T. R. Malthus, 1798, p. 9). Selon
G. A. Nakoulma (2015, p. 5), cette inadéquation entre la croissance des villes et le degré de
réalisation des infrastructures vulnérabilise davantage les populations. L’accès à l’eau potable
et à l’assainissement figurant parmi les besoins essentiels de la population, constitue un
problème crucial.
En effet, la question de l’accès à l’eau potable dans ce contexte de crise sécuritaire évoque d’une
part des enjeux vitaux pour la population et d’autre part s’affiche pour les belligérants comme
un instrument de combat (I. C. Ngueuleu Djeuga, 2015, p. 582). Ainsi, les infrastructures d’eau
potable sont au cœur du conflit en tant que points stratégiques. Elles sont indispensables pour
assurer les besoins des populations affectées par la crise, mais sont également exploitées comme
un moyen de pression dans cette crise sécuritaire. Le double usage des ouvrages hydrauliques
c’est-à-dire comme un moyen de satisfaction de besoins vitaux et comme un instrument de
guerre pose d’énormes problèmes comme la perturbation du service, la pression d’accès au
service par les usagers et l’accentuation de mobilité des populations. Ainsi, les communes
situées au cœur de la crise comme Barsalogho font face aux multiples enjeux relatifs à l’accès
à l’eau potable. Cette situation résulte de plusieurs facteurs dont le plus récurrent est la
multiplication des attaques portant sur les infrastructures d’eau potable. Au regard de ce
contexte, une interrogation se pose : quels sont les enjeux des attaques des points d’eau ?
L’objectif de cette recherche scientifique étant d’analyser à travers l’expérience de la Commune
de Barsalogho, la problématique relative aux attaques ciblées des ouvrages hydrauliques dans
les conflits liés au terrorisme. L’hypothèse émise dans le cadre de cette recherche stipule que
les attaques visant des infrastructures hydrauliques constituent un facteur aggravant de la crise
humanitaire. Pour atteindre les objectifs fixés dans le cadre de cette recherche, une démarche
méthodologique fondée sur la recherche documentaire, les enquêtes de terrain, le traitement et
l’analyse des données a été adoptée.

1 - Approche méthodologique de la recherche


La méthodologie scientifique constitue l’épine dorsale de toute recherche en sciences sociales
visant à produire des connaissances ou aspirant à observer et à comprendre les changements
sociaux et politiques (F. E. Stiftung, 2016, p. 3). Selon H. Gumuchian et C. Marois (2000, p.
63), « La méthodologie scientifique confère aux résultats un fondement légitime ». Pour cette
recherche, la démarche adoptée a consisté d’abord à une recherche documentaire sur la
thématique, ensuite à une collecte de données quantitative et qualitative suivant un
échantillonnage démographique et enfin à un traitement et une analyse des données.
1.1-La recherche documentaire
Pour mieux aborder cette thématique, il a été impératif d’effectuer une revue de littérature afin
de faire le point des connaissances sur les travaux préalablement réalisés sur le sujet. À ce titre,
des documents scientifiques notamment des ouvrages, des thèses, des mémoires et des articles
traitant de l’accès à l’eau potable en situation de crise humanitaire, des conflits touchant le
secteur de l’eau ont été exploités. Par ailleurs, des ouvrages traitant du rôle stratégique des
infrastructures d’eau dans les conflits comme ceux de A. Vishwanath (2015, p. 1) et de I. C. N.
Ngeuleu Djeuga (2015, p. 584) ont été consultés. Ces ouvrages traitent spécifiquement des
risques d’attaques qu’encourent les ouvrages hydrauliques en temps de guerre. Ils ont permis

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de mieux cerner les contours de la problématique des attaques de points d’eau et de comprendre
les enjeux y relatifs.
1.2-La présentation du cadre géographique de l’étude
Pour G. F. Dumont (2012, p. 23), « L’étape préalable au diagnostic territorial consiste à
chercher l’échelle géographique appropriée. » La définition de cette échelle doit être fondée et
examinée selon divers critères prenant en compte des aspects tels que : la dimension spatiale,
la situation dans l’armature territoriale, l’homogénéité, l’économique, l’administratif ou les
orientations de l’étude. Ces travaux de recherche se sont déroulés dans la commune de
Barsalogho située dans la partie septentrionale de la région du Centre Nord à 45 km de la ville
de Kaya qui est le chef de lieu de la région. Elle est limitée de part et d’autre au Nord-Ouest par
la Commune de Dablo ; à l’Ouest par Namissiguima ; au Sud par Kaya et Pissila et au Nord par
les Communes d’Arbinda et Tongomayel dans région du sahel. En termes de superficie
territoriale, la Commune de Barsalogho s’étale sur 1 720 km2. La figure 1 ci-dessous présente
la situation géographique de Commune de Barsalogho.

Figure 1 : Localisation de la commune de Barsalogho


Source : T. J. P. Ouédraogo, enquêtes de terrain, mai 2023
Le phénomène des attaques des points d’eau est très fréquent dans les Communes situées dans
la partie nord de région. La position géographique de la Commune de Barsalogho (Figure 1)
fait d’elle une zone privilégiée pour cette recherche. Le choix de la Commune de Barsalogho
comme zone d’étude pour cette recherche est lié au fait qu’elle est un lieu de transit entre les
communes très affectées par l’insécurité (Dablo, Pensa, plus au nord de la région) et la
commune la moins touchée à savoir Kaya chef-lieu de la région du Nord situé un plus au sud
de la région. Dans un premier temps, cette commune s’est illustrée comme une zone d’accueil
des déplacés internes puis dans un second temps une zone de départ avec la dégradation
sécuritaire et la destruction des services sociaux de base dont les infrastructures d’eau potable.
1.3- L’échantillonnage démographique
Pour la collecte de données, l’échantillon d’étude a été déterminé à travers un choix raisonné
afin de garantir une fiabilité des données à collecter et de traduire au mieux la réalité sur les
perceptions des populations. Ce choix raisonné a permis de distinguer les deux groupes de
ménages à enquêter. Le premier groupe concerne des ménages résidant sur place dans la
Commune de Barsalogho et le second groupe rassemble des ménages de la Commune

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Barsalogho ayant effectué un déplacement interne vers la Commune de Kaya. L’identification


des ménages à enquêter à l’intérieur chaque groupe a été fait suivant la technique « boule de
neige ». On identifie un ménage à l’intérieur de chaque groupe auquel on soumet le
questionnaire puis ce dernier identifie d’autres ménages ayant les mêmes caractéristiques et
appartenant au même groupe pour la suite de la collecte. La technique d’échantillonnage adopté
est celle à caractère standard. La logique de cet échantillonnage voudrait que l'on enquête un
nombre de personnes défini par localité. Ainsi, la collecte de données a concerné 150 ménages
dont 100 ménages de Barsalogho parmi les PDI installés dans la Commune de Kaya et 50
ménages non déplacés présents dans la commune de Barsalogho. Le choix du nombre de
ménages à enquêter s’est fait suivant un raisonnement basé sur le principe de la triangulation
des points de vue et celui de la saturation théorique (M. Miles et M. Huberman, 2003, p. 121).
En effet, le premier a l’avantage de combiner diverses techniques de collecte. Cependant, le
second prône qu’après un certain nombre d’entrevues, les nouvelles données n’ajoutent rien à
la catégorie générale.
Tableau I : Nombre de ménages de Barsalogho enquêtés

Répartition par sexe


Types de ménages enquêtés Total
Femmes Hommes
Ménages de Barsalogho déplacés à Kaya 100 60 40
Ménages de Barsalogho non déplacés 50 30 20
Total 150 90 60
Source : T. J. P. Ouédraogo, enquêtes de terrain, décembre 2022

Compte tenu de l’inaccessibilité périodique de la Commune Barsalogho, les 50 ménages ont


été enquêtés par l’intermédiaire des enquêteurs locaux et des organisations à base
communautaire toujours opérationnelles dans cette zone. Des fiches de collecte ont été utilisées
par ces derniers pour les enquêtes. Ces fiches ont été par la suite digitalisées. Quant aux 100
ménages résidants dans la ville de Kaya ayant comme zone départ Barsalogho, un questionnaire
digitalisé sur l’application Kobocollect leur a été administré.
1.4- Le traitement et l’analyse des données
Le traitement et l’analyse des données ont nécessité l’utilisation d’outils associés à des
méthodes statistiques. Ainsi, dans le cadre de cette recherche, différents logiciels ont été
exploités.
 Configuration du questionnaire et Traitement des données collecté
Pour mener les enquêtes au niveau des ménages, le questionnaire d’enquête a été programmé
et codifié sur le logiciel Microsoft Excel sous le format XLSForm. Cette programmation a été
par la suite hébergée sur une plateforme d’enquête dénommée « Kobotoolbox ». À partir de
cette plateforme, le questionnaire d’enquête a été déployé sur des tablettes munies de
l’application « Kobocollect » pour être administré aux enquêtés. La connexion entre les
tablettes et le serveur d’hébergement s’est fait à travers un lien configuration. Les données de
chaque questionnaire administré ont été directement envoyées sur la plateforme pour
compilation. Le traitement des données collectées a consisté d’abord à télécharger la base des
données des enquêtes précédemment compilées sur le serveur Kobotoolbox, ensuite de
transférer cette base sur le logiciel Microsoft Excel pour un prétraitement axé uniquement sur
la vérification de la cohérence et de la qualité des données. Enfin, le traitement s’est fait à
travers l’affectation des scores relatifs à chaque question et la mise en relation des modalités
des questions.

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 Analyse des données collectées


L’analyse des données collectées a consisté à la réalisation d’une série de croisements des
données des enquêtes. Cette analyse s’est effectuée en tenant compte des modalités de chaque
question. Pour les questions fermées à choix unique ou à choix multiples, l’analyse s’est fait
directement grâce à des tableaux dynamiques croisés (TCD) permettant de faire des
croisements, des liaisons et des mises en relation des réponses. Pour les questions ouvertures,
nous avons fait une analyse de contenu en prenant en compte les tendances des réponses des
enquêtes. Une catégorisation et un regroupement des différentes tendances ont été effectués en
analysant les liens existants entre les modalités de réponses.

2-Présentation et analyse des résultats de la recherche


2.1-Approche théorique des attaques sur les infrastructures hydrauliques
La thématique de l’eau en période de conflits armés et dans les autres types de crises a été un
sujet d’intérêt dans de nombreux travaux de recherche (C. Baron et A. Bannaissieu, 2013, D.
Dahani, 2018, A. Hubert et L. A. Go, 2022). Ainsi, de multiples analyses ont été menées sur
des aspects diversifiés de la question et dans des zones géographiques différentes. Les résultats
de la recherche documentaire montrent plusieurs tendances dans l’analyse du sujet. L’eau est
donc analysée comme un facteur à l’origine des conflits, comme un secteur, dont les ouvrages
sont très vulnérables aux crises avec une forte incidence sur les conditions de vie.
 La raréfaction de la ressource en eau, un facteur déclencheur de conflits d’usage
Selon K. Martin (2005, p. 335), trois principaux courants de pensée se dégagent lorsqu'on traite
des conflits liés à l’eau. Ils s’articulent autour de la pensée néo-malthusienne, la pensée
cornucopienne et l’approche politique. L’approche néo-malthusienne développée par T.
Malthus1 s’inscrit dans une logique selon laquelle la pénurie de ressources causée par une forte
démographie conduit inévitablement à la guerre (T. R. Malthus, 1798, p. 9). Cette approche met
l’accent sur l’analyse de conséquences conflictuelles liées aux stress hydriques. L. Baechler
(2012, p. 3) se positionne dans ce même courant de pensée en précisant que la rareté de l’eau
fait d’elle la ressource la plus convoitée parmi tant d’autres. Il porte donc son analyse sur la
capacité de cette ressource, par sa disponibilité à participer au développement et par sa rareté,
de maintenir des populations entières dans des trappes de pauvreté et d’alimenter des tensions
politiques pouvant aboutir à d’éventuels conflits armés avec de graves conséquences
humanitaires. En effet, les conflits d’usage opposent le plus souvent les cultivateurs, les
éleveurs et les pêcheurs (C. Bouquet, 2011, p. 350). Mais, en fonction de la fréquence et
l’intensité, ces conflits d’usage se transforment quelquefois en de véritables guerres très
nuisibles. De nombreux conflits de nature et d’intensité diverses ont été déjà enregistrés sur le
continent africain. En 1979 et 1991, des conflits autour du Nil ont opposé l’Égypte et l’Éthiopie.
En 1989, des violences autour du fleuve Sénégal ont entraîné l’exode des populations noires de
la Mauritanie vers le Sénégal (ibid., p. 342). Un autre conflit a opposé la Namibie et le Botswana
autour de l’Okavango de 1989 à 1993 conduisant ainsi à la mise en place de la Commission
mixte du bassin (ibid., p. 343). D’autres conflits relatifs à l’accès à l’eau ont été également
enregistrés à la frontière Mauritanie-Mali en 1999, autour du fleuve Tana Kenya en 2001. Au
cours de la période de 2004 et 2006, des conflits autour des puits dans la région d’El Bur, au
nord de Mogadiscio (Somalie) ont provoqué plus de 250 morts (ibid.). Face à cette
considération néo-malthusienne pour laquelle l’insuffisance de la ressource constitue le
principal facteur susceptible de provoquer l’avènement des conflits d’usage, C. Baron et A.
Bannaissieu (2011, p. 7) se penchent sur le sujet à travers un autre angle d’analyse assez

1
Auteur de l’Essay on the Principle of Population (1798),

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différent. Ils stipulent que « la corrélation entre la faible disponibilité de la ressource et les
conflits d’usage n’est pas systématique ». Pour ces derniers, même dans les régions où les
ressources sont abondantes des conflits apparaissent. Cette analyse presque contradictoire
permet de voir que les conflits autour de l’eau sont d’origines diverses. Dans cette seconde
considération, les conflits sont liés à la question de l’inégalité d’accès et aux problèmes de
gestion des infrastructures. Ainsi, l’analyse des questions relatives aux conflits d’usage fait
appel à une réflexion sur le mode de gestion de la ressource et des infrastructures. Face à ces
multiples signes dont des auteurs désignent comme précurseur de la guerre de l’eau, A. Wolf et
al. (2003, p. 1111) apportent une analyse contradictoire. Pour eux, la menace liée à la pénurie
d’eau conduit plutôt les États à la coopération qu’à l’affrontement. En effet, cette affirmation
vient d’une argumentation fondée sur l’analyse des données dans le Journal de l'American
Water Ressources Association (JAWRA) sur des conflits d’usage dans le monde (ibd., p. 1113).
Selon les résultats, durant ces 50 dernières années, les désaccords sur la gestion transfrontalière
de l’eau ont causé 37 cas de conflits violents contre 157 traités de coopération négociés et 1228
cas de désaccords résolus sans violence (A. Houdret, 2005, p. 287). La coopération se présente
comme un mécanisme efficace pour la résolution des conflits d’usage et pour la gestion intégrée
des ressources en eau.
En ce qui concerne la pensée cornucopienne, elle affiche une vision assez différente de
l’approche néo-malthusienne (S. Quentin, 2022, p. 38). Elle considère que la rareté des
ressources naturelles et environnementales ne constitue pas la cause fondamentale des conflits
armés. Les progrès techniques et scientifiques, les mécanismes d’échange et de marché sont
capables de résoudre la question de l’insuffisance des ressources qui mènent aux conflits. Cette
réflexion considère que les conflits émanent généralement de l’expansion territoriale et non de
l’insuffisance des ressources. Pour K. Martin (2005, p. 335), cette pensée cornucopienne est à
l’origine des concepts technocratiques de la gestion des ressources hydrauliques comme la
Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE) et la modélisation mathématique de la gestion
des bassins. Dans cette logique de pensée, les progrès scientifiques et particulièrement celui de
la révolution technologique numérique permettent de mettre en place des solutions innovantes
pour la préservation et la gestion de la ressource en eau (S. Negre, 2021, p. 1). Quant à
l’approche politique, elle reste pessimiste par rapport à l’alternative par la solution
technologique dans la gestion des ressources en eau. Selon cette conception, certains problèmes
de gestion de l’eau relèvent d’une affaire internationale et de la diplomatie. En se penchant sur
le cas des cours d’eau transfrontaliers, l’on aperçoit plus la complexité de la gestion de la
ressource. Même les institutions politiques sont parfois incapables de résoudre certains conflits
de gestion de cours d’eau entre les pays en aval et en amont. Pour des questions d’intérêts
particuliers, les pays développent parfois des politiques unilatérales au détriment de la
coopération.
Les différents points de vue laissent apparaître que l’analyse du problème d’accès et de gestion
de la ressource en eau soulève des questions d’ordre social, politique, économique,
environnemental et technique (P. A. Roche, 2003, p. 39). Ainsi, les conflits d’usage sont
persistants et demeurent un enjeu. Cette recherche tout en s’appuyant sur les travaux précédents
dégage des pistes d’analyse sur la gestion des infrastructures d’eau dans un contexte de crise
humanitaire. Les différentes interrogations s’articulent autour des capacités des collectivités à
gérer les énormes besoins en eau potable des millions de déplacées internes tout en préservant
la cohésion sociale déjà fragilisée.
 Vulnérabilité des infrastructures d’eau potable en situation de crise sécuritaire
Évoquer la question des infrastructures en situation de conflits, laisse voir des prises de position
différentes entre les chercheurs. La première pensée considère les zones affectées par les crises

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humanitaires comme celles connaissant à priori tous les problèmes d’accès aux services sociaux
de base (M. Rama, 2020, p. 2). Les conflits armés sont des situations contribuant à la destruction
des infrastructures d’eau potable (G. Ackerman et al., 2007, p. 170). L’examen de certains
conflits passés (au nord du Vietnam et en Namibie) montre que la destruction des infrastructures
d’eau a été souvent utilisée comme une stratégie de guerre en vue de nuire à l’ennemi. Dans ses
recherches P. Boulanger (2013, p. 156) a montré que Yves Lacoste mettait en garde et dénonçait
ces réalités des attaques infrastructures hydrauliques depuis les années 1976. En effet, il évoque
un bombardement opéré par les Américains sur les digues du fleuve rouge dans le Nord-
Vietnamien en vue de provoquer l’inondation de tout un pays et de noyer des milliers de civils.
Dans d’autres contextes, les belligérants ont procédé à l’empoisonnement de la ressource en
eau. L’exemple le plus illustratif est celui du conflit ayant opposé les Allemands et les Herrero
en Namibie en 1904 (Y. Jurovics, 2011, p. 49). Ce conflit a conduit à l’empoisonnement des
puits provoquant près de 65 000 morts (Ibid., p. 50).
La destruction des infrastructures sociales de base notamment celles de l’eau potable et de
l’assainissement en temps de guerre plonge les usagers dans une grande précarité qui se traduit
très souvent par la consommation des eaux de sources non potables (M. Rama, 2023, p. 2).
Dans ses travaux, T. P. Zoungrana (2007, p. 27) a montré que face aux contraintes d’accès aux
infrastructures d’eau, des familles rizicoles à Bamako (Mali) se rabattaient sur la consommation
de l’eau non potable des canaux d’irrigation, de la rivière ou de la marre. Cette considération
que les ouvrages hydrauliques constituent des cibles lors des conflits armés corrobore celle de
I. C. Ngueuleu. Djeuga (2015, p. 584). Il souligne que l’eau est victime des conflits, car elle est
utilisée comme moyen et méthode de guerre. Les conflits freinent donc le développement. Ils
menacent la production, la réalisation des infrastructures sociales, économiques et matérielles.
En outre, les déplacements en contexte de crise entraînent une surexploitation des ouvrages
dans les localités d’accueil des migrants. Selon la seconde pensée, les contextes de crise font
appel à de nouveaux acteurs humanitaires qui à travers leurs dynamismes et leurs interventions
apportent un appui considérable au secteur de l’eau. D’après C. Castellanet et al. (2012, p. 2),
les organisations non gouvernementales (ONG) d’urgence humanitaire ont pour valeur morale
la nécessité de sauver le maximum de vies humaines en contexte de crise. Ce mandat les oblige
à effectuer des opérations de distribution gratuite de l’eau, à assurer la maintenance et la
réalisation d'infrastructures d’eau et d’assainissement pour satisfaire les besoins des
populations affectées par les crises humanitaires. En contexte de crise, la mobilisation des
acteurs humanitaires est très impressionnante. Ils développent de multiples interventions pour
répondre aux différents besoins des populations. Cette diversité des acteurs aux
professionnalismes très inégaux entraîne parallèlement des problèmes de coordination entre les
acteurs sur le plan de l'analyse des situations des besoins et sur l’orientation vers des territoires
prioritaires en matière d’appui (F. Grünewald, 2010, p. 27). Le caractère indispensable des
infrastructures hydrauliques pour garantir un meilleur accès au service d’eau potable et une
amélioration des conditions de vie des populations, interpelle sur la nécessité de réfléchir les
mécanismes de protection de ces ouvrages en contexte de crise sécuritaire.
2.2-L’expansion territoriale des attaques des points d’eau : Évolution de la fréquence des
incidents et perceptions de la population de Barsalogho sur les acteurs impliqués
L’analyse des données collectées auprès des ménages montre que l’incidence de crise
sécuritaire dans le domaine de l’eau potable se traduit par des manifestations telles que les
attaques récurrentes sur les infrastructures d’eau, les menaces et les interdictions d’accès des
usagers au niveau des points d’eau. Des pratiques mettant en péril les conditions d’accès à l’eau
potable des populations. De manière globale, les incidents portant sur les points d’eau et les
moyens de distribution d’eau potable se sont amplifiés à l’échelle nationale. Les données
recueillies auprès du cluster WASH montrent qu’entre 2020 et 2022, les attaques visant les

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points d’eau sont de plus en plus nombreuses avec des impacts de plus en plus grands (WASH,
2022, p. 1). Les types d’incidents enregistrés sont entre autres la destruction et la contamination
des points d’eau, le sabotage de réseau de distribution, la destruction de camions de distribution
de d’eau, les menaces des usagers et la destruction de récipients de collecte et de stockage d’eau.
Les ouvrages d’eau sont désormais vus comme des points stratégiques pour les groupes en
conflit (A. Vishwanath, 2015, p. 1). La figure 2 suivante présente la dynamique spatiale des
incidents ayant touché les infrastructures et équipements d’eau.

Figure 2 : Distribution spatiale des attaques portant sur les points d’eau entre en 2020 et 2022
Source: HDX, UNICEF (WASH), Septembre2022
Selon les données recueillies auprès du cluster WASH (Water, Sanitation and Hygiene) et
matérialisé dans la figure 2 ci-dessus, près de 38 attaques portant sur des infrastructures d’eau
ont été enregistrées dans 21 localités en fin 2022. Les communes ayant les villages les plus
touchés par les attaques des points d’eau sont les Communes de Djibo (6 localités touchées) et
Barsalogho (8 localités touchées). À la suite des attaques, les infrastructures connaissent
généralement des saccages, un vandalisme entraînant une rupture du service. En marge des
attaques directes sur les ouvrages se trouvent les attaques aux pylônes électriques susceptibles
de perturber les centres de production et de distribution d’eau.
Les travaux de collecte de données opérée sur le terrain ont permis d’aboutir à des résultats.
Selon ces résultats, la responsabilité de la destruction des ouvrages et équipements d’eau
potable se situe à plusieurs niveaux. Trois principaux acteurs ont été identifiés lors des
recherches. Ce sont les groupes terroristes, les forces de défense et de sécurité (FDS) et les
individus non identifiés ou inconnus. La figure 3 ci-dessous présente la perception des ménages
quant au niveau d’implication de ces différents acteurs dans la destruction des points d’eau.

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Figure 3 : Perception des populations sur les personnes responsables de la destruction des points d’eau
Source : T. J. P. Ouédraogo, enquêtes de terrain, mai 2023
De l’analyse de la figure 3, il ressort que la destruction des ouvrages est principalement l’œuvre
des groupes armés terroristes. En effet, 81,33 % des personnes enquêtées pensent que les
terroristes sont responsables des multiples actes de vandalisme sur des points d’eau. En effet,
selon les enquêtés, les terroristes détruisent les forages afin de créer des pressions en termes de
besoins en eau et pour contraindre les populations au déplacement. Cependant, 7,33 % des
ménages enquêtés affirment que ces pratiques émanent parfois des interventions des forces des
défenses et de sécurité (FDS). Ils déclarent que dans certains cas surtout dans les zones
dépeuplées, l’armée détruit les points d’eau pour ne pas permettre aux groupes armés terroristes
de s’approvisionner. Cette stratégie vise à affaiblir les circuits d’approvisionnement en eau
vitale des groupes terroristes afin réduire leur capacité de progresser rapidement vers d’autres
localités. Pour 11,33 % des ménages enquêtés, les responsables des actes de sabotage des
ouvrages hydrauliques ne sont jamais identifiés. En général, les populations ne constatent que
les dégâts causés après l’incident.
2.3-L’analyse corrélationnelle entre la destruction des points d’eau potable et le déplacement
interne de la population de Barsalogho
L’analyse des données des enquêtes démontre que la dégradation des conditions d’accès aux
services sociaux de base figure parmi les causes fondamentales du déplacement des populations
de Barsalogho. Une relation cause à effet peut être établie. Les résultats issus des enquêtes
menées auprès des cent (100) ménages déplacés de Barsalogho et résidants à Kaya montrent
que 69 % de ces ménages se sont déplacés de leurs villages à cause de la dégradation sécuritaire
et à cause de la peur relative aux représailles. Cependant, 13 % d’entre eux se sont déplacés à
cause la quasi-absence d’assistance humanitaire dans les villages et 18 % pour la forte
dégradation des services sociaux comme celui de l’eau potable rendant les conditions de vie
très difficiles. La figure 4 illustre des données sur les principaux motifs de déplacement des
populations.
De l’analyse de la figure 4, il ressort que les dégradations des conditions d’accès aux services
comme l’eau potable, l’assainissement, la santé et l’éducation dans leurs localités d’origine
constituent l’une des causes des mouvements des populations de la Commune de Barsalogho.
En évoquant, les causes de leur déplacement, un chef de ménage affirme que : « Ce ne sont pas
tous les villages qui ont été attaqués, certains se sont déplacés, car il n’avait plus le minimum
pour vivre, tous les services de santé, d’éducation n’étaient plus fonctionnels, les
infrastructures d’eau en panne et toutes les activités bloquées ».Cette déclaration confirme que
la détérioration du niveau d’accès aux services sociaux de base dans la Commune de Barsalogho
a été à l’origine de la mobilité d’une partie de la population.

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Figure 4 : Principales raisons du déplacement des populations de leur village (%)


Source : T. J. P. Ouédraogo, enquêtes de terrain, mai 2023
Pour ce qui concerne l’accès à l’eau, les déplacés internes révèlent que l’accès à l’eau potable
était devenu très difficile dans leurs localités d’origine. En effet, les forages étaient parfois
vandalisés, détruits par des armes ou surexploités par les multiples usagers (voir photos 1 et 2
de la planche 1). Ainsi, lorsqu’un forage tombe en panne dans ce contexte d’insécurité, il était
très difficile de trouver des artisans réparateurs ou techniciens pour assurer les réparations. Par
ailleurs, la précarité de la population s’accroit davantage face à la mauvaise gestion et entretien
des ouvrages hydrauliques par les usagers eux-mêmes. Pourtant, le contexte de l’insécurité ne
favorise pas une intervention efficace des acteurs pour assurer un renforcement de capacités en
matière de gouvernance des ouvrages et aussi un appui significatif en termes de réhabilitation
des infrastructures.

Photo 1 : Attaque ciblée d’une pompe manuelle Photo 2 : Impacts de balles sur le piédestal
Planche 1 : Une pompe à motricité humaine perforée par les balles dans le secteur 3 de Barsalogho
Prise de vues : T. J. P. Ouédraogo, mars 2023
Les modes de destruction des forages rendent parfois très complexe leur réparation. Il est très
difficile pour les techniciens de réparer ou de faire la maintenance d’un forage ayant reçu de
multiples impacts de balles comme le montre la planche photographique (planche 1). Cette
destruction fréquente des ouvrages hydrauliques dans la commune de Barsalogho affecte
gravement le quotidien des ménages. Les conséquences des attaques des points d’eau dans cette
situation sont ressenties et vécues par les populations. Parfois, elles doivent être
approvisionnées à travers des convois de citernes (S. Dunja, 2022, p. 2).
2.4-L’incidence des attaques de points d’eau sur les conditions d’accès à l’eau potable des
populations de Barsalogho
Une destruction des infrastructures d’eau potable entraîne des répercussions sur les services
d’eau potable (UNICEF, 2022, p. 1). Elle se traduit par une diminution drastique de la
disponibilité d’eau potable et la psychose liée aux menaces au sein de la population (E.
Kpadonou, 2022, p. 1). Pour la Commune de Barsalogho connaissant à priori des problèmes
d’eau à cause de la pression exercée par les déplacés internes, la destruction d’un point d’eau

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se révèle être une catastrophe majeure. En effet, elle exacerbe considérablement le problème
d’eau de la ville. Pourtant dans ce contexte, la probabilité de pouvoir bénéficier d’une réparation
ces ouvrages détruits est très faible. En effet, les dispositifs locaux de maintenances à travers
les artisans réparateurs sont non fonctionnels. Cette situation est liée d’une part à la dislocation
des structures de gestion par suite des déplacements de certains membres et d’autre part à la
faible réactivité des ONG venant en appui aux populations à travers la réhabilitation et la
réalisation des ouvrages à cause de l’inaccessibilité de la zone. Les multiples contraintes
relatives à l’accès à l’eau potable se manifestent par : les temps d’attente très longue au niveau
des points d’eau pouvant aller quelques fois au-delà de 24 heures, longue distance à parcourir
pour s’approvisionner (parfois supérieur à 1km), les longues périodes de pénurie pour les
quartiers subissant des destructions de forages, la fréquence des pannes, la forte pression au
niveau des points d’eau et les conflits d’usage (M. Rama, 2020, p. 2). L’enquête menée auprès
des cinquante (50) ménages résidants toujours dans la Commune de Barsalogho montre que la
principale contrainte à l’accès à l’eau potable est la forte pression au niveau des points d’eau.
Cette variable influence parallèlement les longues files d’attente et augmente la probabilité de
survenu des conflits d’exploitation.
Selon 30 % des ménages enquêtés, la destruction des points d’eau engendre davantage la forte
pression d’exploitation au niveau des points toujours fonctionnels (figure 5). Cette pression est
susceptible de durée pendant des jours accentuant la précarité des populations.

Figure 5 : Principales contraintes d’accès exprimées par les populations (%)


Source : T. J. P. Ouédraogo, enquêtes de terrain, mai 2023
Les données représentées dans la figure 5 montrent que 24 % des ménages enquêtés considèrent
la longue durée de pénurie comme la principale contrainte d’accès. En effet, la crise a aggravé
le dysfonctionnement des structures de gestion (absence de fond de maintenance et de
compétences) des ouvrages. Ce qui prolonge la durée des pénuries en eau en cas de panne
d’ouvrage. En outre, la restriction de l’accessibilité de la zone limite l’intervention des acteurs
humanitaires et de développement susceptible d’apporter un appui dans le secteur.

3-Discussion
La réflexion menée dans le cadre de cette présente recherche permet de mieux comprendre le
phénomène des attaques des ouvrages hydrauliques. Elle est partie d’une interrogation relative
aux enjeux des attaques des points d’eau. L’objectif étant d’analyser à travers l’expérience de
la commune de Barsalogho la problématique relative aux attaques ciblées des ouvrages
hydrauliques dans les conflits liés au terrorisme.
3.1-L’usage de la destruction des points d’eau comme une « arme » pour déplacer les
populations de Barsalogho
Ce travail de recherche a abouti aux résultats selon lesquels les attaques des points d’eau
connaissent une multiplication territoriale caractérisée par une augmentation du nombre

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d’incidents enregistrés. En outre, il ressort l’existence d’une corrélation entre les attaques des
ouvrages hydrauliques et le phénomène de déplacement interne des populations de Barsalogho.
Les attaques sur les ouvrages hydrauliques sont perçues comme une conséquence directe de la
crise sécuritaire. Cette recrudescence des incidents visant les points d’eau abordés dans cette
recherche corrobore avec les résultats obtenus dans d’autres explorations scientifiques. Dans
ses travaux A. Vishwanath (2015, p. 1) a montré qu’entre 2013 et 2015, l’'État islamique en
Irak et au Levant (EIIL) a mené près de 20 grandes attaques sur d’importantes infrastructures
d’eau en Syrie et en Iraq. Ce dernier appui l’idée selon laquelle les attaques des points d’eau
constituent une stratégie de guerre. Selon son analyse l’'État islamique en Irak et au Levant
(EIIL) a détruit les infrastructures d’eau et fermé les grands barrages afin de créer des
interruptions et perturbations de l’approvisionnement en eau. Cette considération est également
soutenue par des chercheurs comme P. Boulanger (2013, p. 156) et I. C. Ngueuleu Djeuga
(2015, p. 582). Ces chercheurs dans leurs analyses ont mis au jour la vulnérabilité des
infrastructures d’eau en situation de crise sécuritaire. Ils qualifient la destruction des ouvrages
comme une stratégie de guerre à double portée, car ayant pour objectif premier de nuire à
l’adversaire et créer ensuite une pression sur les populations locales. Le but de cette pression
étant de contraindre les populations aux déplacements. Ces résultats sont similaires à ceux de
cette recherche qui relèvent l’existence d’une corrélation entre la destruction des points d’eau
et la mobilité interne de la population. Ces précédents auteurs analysent également la crise de
la République centrafricaine (RCA) pendant laquelle certains ouvrages comme les puits étaient
inexploitables, car ils étaient utilisés pour se débarrasser des cadavres humains, mais aussi pour
cacher des armes. Pendant les périodes de conflits, l’on assiste parfois à un détournement de
l’usage premier des ouvrages hydrauliques. G. Ackerman et al. (2007, p. 170) approfondissent
cette réflexion en analysant les causes de ces attaques ciblées. Ainsi, ils arrivent à la conclusion
que les infrastructures sont des cibles pour les groupes armés terroristes à cause de trois
principales raisons :
- ces cibles sont intéressantes en raison de leur valeur stratégique et symbolique pour les
sociétés ;
- ces infrastructures sont ciblées pour démontrer l’impuissance des
institutions étatiques ;
- la volonté pour les terroristes d’atteindre un haut niveau de propagande en s’appuyant
sur ces ouvrages offrant une visibilité.
3.2-Le défi d’accès au service d’eau potable dans le contexte d’une « guerre de l’eau »
De cette recherche, il ressort que la crise sécuritaire impacte les conditions d’accès à l’eau
potable des populations. Les incidents visant les points d’eau constituent un facteur aggravant
les problèmes d’approvisionnement en eau dans la commune de Barsalogho. Ces résultats
obtenus sont similaires aux travaux de F. Grünewald et al. (2019, p. 9). Dans ces analyses, il
met un accent sur l’enjeu crucial que revêt la problématique d’eau potable en situation de crise
sécuritaire. Il souligne que « Les gens peuvent survivre quelques semaines sans nourriture,
quelques semaines sans abri, plusieurs années sans éducation, mais sans eau, ils ne survivront
que quelques jours ». Cette considération démontre à quel point les populations peuvent être
plongées dans une situation de vulnérabilité lorsque les services d’eau sont interrompus. En
plus dans un contexte où les forages sont des cibles pour les terroristes, les usagers de ces
différents points d’eau sont systématiquement très exposés à différents risques à savoir les
menaces, les déguerpissements et les attaques armées. C’est dans ce sens également, S. Dunja
(2022, p. 1) dans son article évoque la problématique des attaques des points d’eau à Djibo en
la qualifiant de la "guerre de l'eau". Il dépeint une situation dans laquelle les individus non
identifiés sabotent les installations hydrauliques, polluent les points d'eau de manière ciblée et
attaquent les citernes transports d’eau. Une situation touchant plus de 250 000 personnes

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au Burkina Faso qui subissent les multiples contraints d’accès à l’eau. Au-delà, des
conséquences visibles de la crise sur les réalisations en termes d’infrastructures d’eau, il y’a
l’impact de la crise sur le mécanisme de gouvernance et de gestion des ouvrages hydrauliques.
Les nombreux déplacements des populations entraînent une réduction, voire la disparition, des
membres dans les comités de gestion des infrastructures précédemment mise en place dans la
localité. Cette analyse corrobore avec les résultats des travaux de J. Patinet (2015, p. 9). Il
démontre par ces recherches que la crise sécuritaire déconstruit parallèlement les structures
sociales de gestion des infrastructures. Les conséquences des attaques des infrastructures d’eau
potable en situation de crise sont multi-dimensionnelles.
Cette exploration scientifique a permis de constater que la problématique de la gestion et de la
protection des infrastructures d’eau se pose dans la plupart des conflits ou guerres. Malgré
l’existence de conventions et de principes internationaux comme « la liste de Genève des
principes relatifs à la protection des infrastructures hydrauliques à la protection des
infrastructures » (Geneva Water Hub, 2020, p. 12), le phénomène des attaques des points d’eau
est quasi-permanent dans les crises liées au terrorisme. Si le fléau semble persistant malgré
l’existence de textes réglementaires nationaux et internationaux, des interrogations quant à la
nécessité pour chaque État de prendre des dispositions et d’entrevoir des stratégies pour une
meilleure protection de ses ouvrages et équipements hydrauliques se posent.

Conclusion
En somme, la crise sécuritaire à une forte incidence sur le secteur de l’eau potable. Ces impacts
peuvent être directs lorsque les ouvrages hydrauliques sont visés et détruits par les belligérants
ou être indirects lorsque les populations ne sont pas en mesure d’avoir accès à l’eau pour des
raisons physique, économique, culturelle et technique. Tout compte fait, les dégâts sont
énormes, car ces situations amplifient les besoins humanitaires d’où la vulnérabilité accrue des
populations. Cette présente recherche a permis d’analyser la problématique des attaques portant
sur les ouvrages hydrauliques. Pour aboutir aux différents résultats, une hypothèse a été émise.
Elle stipule que les attaques visant des infrastructures hydrauliques constituent un facteur
aggravant de la crise humanitaire. Les résultats issus de cette étude révèlent que le phénomène
des attaques portant sur les ouvrages d’eau prend de l’ampleur au Burkina Faso avec des enjeux
énormes. La destruction des points d’eau complique les conditions de vie des populations, car
elles sont confrontées aux problèmes d’accès à l’eau se traduisant par de longues files d’attente
au niveau des forages avant de fortes probabilités de survenues des conflits d’exploitation.
L’étude montre également qu’il existe une corrélation entre la multiplication des attaques des
points d’eau et les vagues de déplacement des populations. En effet, la dégradation du niveau
des services sociaux comme l’eau contraint les populations au déplacement, car leur survie est
engagée. La question de l’accès à l’eau en situation de crise est une préoccupation centrale au
Burkina Faso avec la crise sécuritaire. Elle prend une double facette. Les zones de départs de
déplacés internes connaissent de multiples attaques des points d’eau tandis que les zones
d’accueil sont confrontées à une forte pression d’utilisation des infrastructures hydrauliques
avec l’arrivée massive des déplacés internes. Ces constats confirment la nécessité de mener des
réflexions sur l’élaboration d’une stratégie de sauvegarde et de protection des ouvrages
hydrauliques en situation de crise.

Références bibliographiques
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