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Promotion Léopold Sédar

SENGHOR« 2002-2004 »

Cycle International Long


Master en Administration Publique

Le nouveau processus d’intégration monétaire de


la Communauté Economique Des Etats de
l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO): pertinence et
scénarios alternatifs
Mémoire présenté par

M.SOW Thierno Maadjou


Sous la direction de :
M. Francis KERN
Doyen de la faculté des Sciences Economiques et de Gestion
Université Luis Pasteur de Strasbourg
et
M. Gilles MORISSON
Responsable du pôle formation Afrique Sub-Saharienne, Bulgarie et Roumanie
Institut Bancaire et Financier International
Banque de France

FEVRIER 2004
SOMMAIRE

REMERCIEMENTS............................................................................................................................. 5

LISTE DES ABREVIATIONS ............................................................................................................ 6

INTRODUCTION................................................................................................................................. 7

1 RAISONS THEORIQUES ET PRATIQUES DE L’INTEGRATION MONETAIRE


ET LE PROCESSUS ENTREPRIS PAR LA CEDEAO ................................................10
1.1 Raisons théoriques et pratiques de l’intégration monétaire ....................................10
1.1.1 Les enseignements de la théorie de la Zone Monétaire Optimale (ZMO)....10
1.1.1 Les bénéfices et coûts d’une union monétaire.................................................12
1.1.2.1 Bénéfices de l’union monétaire ....................................................................13
1.1.2.2 Les coûts de l’union monétaire.....................................................................14
1.2 L’expérience monétaire des pays africains membres de la CEDEAO ....................16
1.2.1 L’expérience des pays membres de la zone franc...........................................16
1.2.1.2 Origine de la zone franc................................................................................16
1.2.1.2 Fonctionnement de la zone franc..................................................................17
1.2.1.3 La zone CFA après le passage à l’euro ........................................................19
1.2.2 L’expérience des autres pays membres de la CEDEAO ................................20
1.2.2.1 Le système de parité discrétionnaire ............................................................20
1.2.2.2 Le système du marché interbancaire ............................................................20
1.2.2.3 Le système des enchères administrées..........................................................21
1.3 Le processus d’intégration monétaire entrepris par la CEDEAO ...........................21
1.3.1 Le projet d’union monétaire au sein de la CEDEAO n’est pas récent.........22
1.3.1.1 La création de la Chambre de compensation de l’Afrique de l’Ouest..........23
1.3.1.2 Programme de coopération monétaire..........................................................23
1.3.2 La nouvelle initiative de seconde zone monétaire envisagé au sein de la
CEDEAO .....................................................................................................................24
1.3.2.1 Les raisons de la mise en place d’ une Seconde zone monétaire .................25
1.3.2.2 Objectifs poursuivis par la CEDEAO...........................................................26
1.3.2.3 Les institutions de la ZMAO ........................................................................27
1.3.2.4 Rôle particulier de l'Institut Monétaire de l'Afrique de l'Ouest....................29

2
2 LIMITES DU PROCESSUS D’INTEGRATION MONETAIRE DES PAYS DE LA
CEDEAO ET SCENARIOS ALTERNATIFS .................................................................31
2.1 Les limites du processus d’intégration monétaire et nécessité de solutions
alternatives. ......................................................................................................................31
2.1.1 Le processus entrepris par la CEDEAO présente des limites .......................31
2.1.1.1 Le respect des critères de convergence économique à l’horizon 2005.........31
2.1.1.2 La soutenabilité économique des critères de convergence...........................33
2.1.1.3 Le coût de la création d’une banque centrale commune ..............................34
2.1.1.4 La problématique de l’indépendance de la future BCEAO..........................34
2.1.2 Nécessité de solutions alternatives ...................................................................37
2.2 Les scénarios alternatifs ............................................................................................39
2.2.1 Le conseil d’Emission ou currency board.........................................................39
2.2.1.1 La notion de conseil d’Emission et les expériences étrangères....................39
2.2.1.2 Les principes du conseil d’émission.............................................................40
2.2.14 Les avantages du conseil d’Emission ............................................................41
2.2.1.4 Les coûts du Currency board ou Conseil d’Emission...................................42
2.3 L’élargissement de la Zone CFA aux autres pays de la CEDEAO .........................44
2.3.1 Avantages potentiels ..........................................................................................46
2.3.2 Contraintes .........................................................................................................46
2.3 .3 Choix de l’ancrage de la future monnaie unique de le CEDEAO................47

CONCLUSION.................................................................................................................................... 49

BIBLIOGRAPHIE .............................................................................................................................. 52

ANNEXE 1 : STATUTS DE L'INSTITUT MONETAIRE DE L’AFRIQUE DE L'OUEST


(IMAO)................................................................................................................................................. 55

ANNEXE 2 : TRAITE CONSTITUANT L'UNION MONETAIRE OUEST AFRICAINE ........ 64

APPENDICE 1 : UNION ECONOMIQUE ET MONETAIRE OUEST-AFRICAINE................ 71

APPENDICE 2 : LES OBJECTIFS DE LA CEDEAO ................................................................... 72

PRINCIPALES DONNEES ECONOMIQUE ET DEMOGRAPHIQUE DES PAYS DE LA


CEDEAO.............................................................................................................................................. 74

FIGURE 1 : CARTE DES PAYS MEMBRES DE LA CEDEAO ................................................. 79

FIGURE 2 : CARTE DES PAYS MEMBRES DE L’UEMAO ...................................................... 80

3
« Construire un monde plus humain parce que complémentaire dans sa
diversité »

Léopold Sédar SENGHOR

4
REMERCIEMENTS

Mes sincères remerciements à M.KERN et M.MORISSON pour leurs remarques


pertinentes et leur conseils constructifs durant toute la phase de rédaction de
cette étude.

A M.DORANDEU pour ses conseils précieux et son assistance dans le cadre de


ce Master en Administration Publique.

A tout le personnel de l’ENA, notamment celui des Centres de documentation


de Strasbourg et de Paris pour leur disponibilité et leur compréhension.

A toutes celles et tous ceux, nombreux, qui ont apporté leur contribution à la
réalisation de cette étude.

5
LISTE DES ABREVIATIONS

BCAO : Banque Centrale de l’Afrique de l’Ouest (future Banque centrale de la CEDEAO)

BCEAO : Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest.

CCAO : Chambre de Compensation de l’Afrique de l’Ouest

CEDEAO: Communauté Economique des Etats de l’Afrique

DTS : Droits de Tirage Spéciaux

IMAO: Institut Monétaire de l’Afrique de l’Ouest

UMOA: Union Monétaire Ouest Africaine

UEMOA: Union Economique Monétaire Ouest Africaine

ZMO: Zone Monétaire Optimale

ZMAO: Zone Monétaire de l’Afrique de l’Ouest

6
INTRODUCTION

A l’instar des pays membres de l’union économique et monétaire européen, les pays
membres de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest souhaitent mettre
en place une monnaie unique.

La communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest ou CEDEAO a été créée en


1975 pour promouvoir une plus grande intégration dans tous les domaines de l’activité
économique, notamment l’industrie, les transports, les télécommunications, l’énergie, les
ressources naturelles, le commerce, les questions monétaires et financières, les questions
sociales et culturelles ; et ce pour mieux tirer avantage d’un marché potentiel d’environ 250
millions d’habitants

Depuis sa création, la CEDEAO a ainsi initié de nombreux programmes de coopération et


d’intégration dans plusieurs domaines. Toutefois, les résultats n’ont pas toujours été à la
hauteur des ambitions affichées car la plupart des décisions prises par les instances politiques
n’ont pas été appliquées.

Avec l’avènement de la monnaie unique en Europe, les vertus de l’intégration économique et


monétaire semblent plus que jamais admises : accroissement des investissements, meilleure
répartition des ressources, accroissement de l’épargne intérieure et une intermédiation
financière renforcée ainsi qu’une croissance des échanges internationaux. Sur le plan
strictement financier, elle permet une plus grande stabilité de la monnaie, des réserves en
devises importantes et une plus grande liberté de choix entre les biens, services et créances
extérieures et intérieures.

Tirant les leçons de cette expérience européenne et pour mieux faire face aux enjeux et défis
de la mondialisation, les chefs d'Etat et de gouvernement de la CEDEAO, réunis en
décembre 1999 lors 22ème sommet de l'organisation à Lomé, au Togo, ont réaffirmé leur
volonté politique de renforcer l’intégration économique à travers la mise en place d’une
union économique et monétaire au sein de la CEDEAO. C’est dans ce cadre qu’ils ont mis en
place une nouvelle approche consistant à créer dans un premier temps une «seconde zone
monétaire » pour les Etats non-membres de la zone CFA en 2003 puis dans un second temps
fusionner cette zone avec la zone CFA en 2004.

7
Le principe de la création de cette zone a pour objectif à terme la mise en place de la zone
monétaire unique de la CEDEAO, ce qui devrait permettre aux pays non-membres de
l'UEMOA, essentiellement anglophones, sauf la Guinée, de créer ensemble une deuxième
zone monétaire qui devrait fusionner avec la zone CFA.

Pour atteindre ce but, des critères de convergence ont été définis, dont l’objectif est de
réduire au maximum les différences entre certaines variables macro-économiques, plus
précisément les taux d’inflations et les déficits budgétaires, et renforcer les performances des
Etats en matière politiques économiques et financières, notamment, en terme de croissance
économique.

Sur le plan institutionnel, les Etats membres de la seconde zone monétaire qui utilisent

différente monnaies , à savoir : le Cédi au Ghana, le Dalasi en Gambie, le Dollar au Libéria,

le Leone en Sierra Leone, le Franc guinéen en Guinée (Conakry), et le Naira au Nigeria ; ont
créé l’Institut monétaire de l’Afrique de l’Ouest (IMAO) dont les membres sont les Banques
centrales des Etats membres (Banques centrales nationales)

L’IMAO doit assurer en collaboration avec le comité technique, la gestion des phases de mise
en oeuvre de la ZMAO jusqu’à la réalisation des conditions nécessaires au passage à la phase
de lancement de la Banque Centrale de l’Afrique de l’Ouest (BCAO)

Le lancement de la future monnaie unique de la CEDEAO, l'Eco, prévu initialement à la fin


2003-début 2004 est ajourné à 2005, aucun des Etats membres de la seconde zone n'ayant
rempli de manière soutenable, l'ensemble des critères de convergence.

La mise en place d’une monnaie unique en Afrique de l’ouest est censée faciliter la libre
circulation des capitaux et une plus grande intégration des économies de la région en un
marché unique de près 250 millions d’habitants. Nombre de pays de cette sous région étant
des petits pays en terme de population et de PIB, l’union monétaire est perçue comme un
moyen de réaliser l’intégration économique des pays de la CEDEAO et promouvoir la

coopération et le développement dans tous les domaines.

Si la création d’une monnaie unique et la mise en place d’une zone monétaire commune sont
aujourd’hui largement souhaitées en Afrique de l’Ouest en raison des avantages attendus, il

8
importe de s’interroger sur la pertinence du nouveau processus d’intégration monétaire
envisagé par la CEDEAO.

L’objet de cette étude est justement de montrer les limites de l’approche retenue pour
atteindre les objectifs fixés et suggérer des recommandations en guise de solutions
alternatives.

Pour ce faire, nous examinerons en premier lieu les raisons théoriques et pratiques de
l’intégration monétaire avant de présenter le processus d’intégration monétaire entrepris par la
CEDEAO (Première partie).

Ensuite nous nous interrogerons sur les limites de l’approche retenue par la CEDEAO et
proposerons des scénarios alternatifs ( Deuxième partie).

9
1 RAISONS THEORIQUES ET PRATIQUES DE L’INTEGRATION MONETAIRE ET
LE PROCESSUS ENTREPRIS PAR LA CEDEAO

1.1 Raisons théoriques et pratiques de l’intégration monétaire

1.1.1 Les enseignements de la théorie de la Zone Monétaire Optimale (ZMO)

Les pays qui mettent en place une zone monétaire renoncent à utiliser entre eux le taux de
change comme instrument de politique économique, soit en fixant leur taux de façon
irréversible, soit en adoptant une monnaie commune ; les relations avec le reste du monde
continuant de s’effectuer à des taux variables.

C’est l’économiste Robert Mundell1 qui a élaboré le premier la théorie sur les zones monétaires
optimales en 1961 pour choisir entre les régimes de changes fixes et changes flexibles dans un
contexte où le débat était essentiellement centré sur la supériorité d’un régime par rapport à
l’autre.

La question fondamentale était alors de savoir à partir de quel moment deux pays ont intérêt à
se lier entre eux par un système de changes fixes. Par la suite, les arguments développés dans ce
débat ont largement inspiré la phase préalable à la mise en place d’une monnaie unique en
Europe.

Robert Mundell s’intéresse particulièrement aux conditions permettant de minimiser le coût du


renoncement à l’utilisation du taux de changes en matière politique économique. Il va
déterminer les conditions pour que les bénéfices réels pour les pays de renoncer à l’utilisation de
cet instrument soient supérieurs aux coûts réels.

Une zone monétaire est qualifiée d’optimale lorsque les pays qui la composent peuvent renoncer
au taux de change comme moyen de politique économique d’ajustement des chocs
conjoncturels.

Cette théorie a permis ainsi de mettre en évidence les bénéfices et les coûts de la mise en place
d’une monnaie unique dans un espace économique où les pays membres sont confrontés à des

1
Robert Mundell, « Théorie des zones monétaires optimales », Revue Economique Américaine,1961.

10
situations économiques différentes2 Pour Mundell, une union monétaire n’est concevable de
manière optimale que pour des régions affectées par des chocs symétriques et qui disposent face
à des chocs asymétriques de mécanismes d’ajustement automatiques.

Soient deux économies, A et B, liées par un processus d’intégration, mais touchées


différemment soit par un choc externe, soit par un choc interne, tel que la demande dans le pays
A se réoriente vers les produits du pays B. Les conséquences pour le pays A sont : une baisse de
la production qui se traduit par une augmentation du niveau du chômage et probablement par un
déficit de sa balance commerciale. Les conséquences pour le pays B sont inverses :
augmentation de la production, tensions inflationnistes, excédent commercial.

Selon Mundell, comme l’unification monétaire fait disparaître le premier instrument de


correction des déséquilibres à savoir la dévaluation de la monnaies du pays en récession, seules
les économies ayant une forte mobilité des facteurs et/ou une forte flexibilité des prix et des
salaires peuvent prétendre constituer une ZMO.

Les facteurs d’ajustement sont les mouvements des prix et de salaires ainsi que ceux de la main
d’œuvre ou des capitaux qui permettent d’ajuster les différentiels de compétitivités ou de
productivité.

D’autres économistes privilégient d’autres facteurs tels que : la forte ouverture des économies,
la nature de la spécialisation des économies et le degré d’intégration financière (mobilité des
capitaux) et fiscale (budget centralisé). Il s’agit notamment de :

Mac Kinnon (1963) qui met l’accent sur le degré d’ouverture des économies. Les coûts liés à
l’abandon du taux de change comme instrument de politique économique diminue avec le degré
d’ouverture sur l’extérieur. Des économies très ouvertes, et donc fortement interdépendante, ont
intérêt à mettre en place une zone monétaire , qui remplit les critères d’optimalité.

Kenen (1969) qui identifie comme critère la nature de la spécialisation. Pour lui, moins les
économies sont spécialisées ( production diversifiée), moins elles sont sensibles aux chocs. En
effet, si la demande pour un produit décline, les conséquences du choc sur la production et sur
l’emploi sont bien moins étendues que s’il s’agit d’une pays non diversifié (mono production).

2
Monnaie et politique monétaire en Europe. Cahiers français n°297
11
Les pays diversifiées peuvent plus facilement adopter des changes fixes et s’intégrer à une zone
monétaire que celles qui ne le sont pas.

Ingram et Johnson ( 1969), pour qui une zone monétaire ne peut fonctionner, et à plus forte
raison être optimale, sans une mobilité totale des capitaux et une libéralisation de l’offre des
services financiers. Une zone monétaire optimale est une zone financière totalement intégrée, de
sorte que les déficits éventuels sont financés sans pressions, ni sur les taux de change, ni sur les
taux d’intérêt. A cela s’ajoute la coassurance régionale apportée par le système fiscal intégré et
par un budget centralisé.

En résumé une zone monétaire optimale traduit donc une zone dont les régions sont affectées
principalement par des chocs symétriques et qui disposent face à des chocs asymétriques des
mécanismes d’ajustement automatiques. Les critères fondamentaux de la réussite d’une telle
zone sont notamment : la mobilité des facteurs, le degré d’ouverture des économies, la
diversification des économies, la mobilité des capitaux et la libéralisation de l’offre financière.

1.1.1 Les bénéfices et coûts d’une union monétaire

Les enseignements de l’histoire de l’union économique et monétaire en Europe, montre que la


mise en place d’une union monétaire entraîne des avantages et des coûts pour les pays candidats.

Pour les pays en développement comme ceux de la CEDEAO (Figure 1) , la question qui se
pose est surtout de savoir si les Etats, dont les structures économiques sont très protégées,
trouveront acceptables les coûts inévitables liés à l’intégration économique, monétaire et
financière.

En effet, les coûts d’une telle aventure ne sauraient être sous estimés et sont essentiellement liés
à des contraintes qu’une telle intégration impose quant à la poursuite de leurs propres politiques
nationales financières, monétaires et de taux de change. Ceci est d’autant plus déterminant que
les avantages potentiels d’une telle intégration prennent généralement un temps considérable à
se réaliser, les coûts étant supportés dans l’immédiat.

Par ailleurs, les avantages potentiels, ne sont pas perçus avec le même intérêt, du moins à court
terme, par tous les participants pendant la période de mise en œuvre du projet, même si à terme
ces avantages se propagent de manière uniforme et profitent à tout le monde (Dadzie,1990)

12
1.1.2.1 Bénéfices de l’union monétaire

Le plus grand bénéfice de l’union monétaire par rapport à la flexibilité des taux est sans doute la
rigueur qui peut découler de la fermeté des engagements institutionnels pris au niveau
supranational, ce qui renforce la crédibilité de la zone et réduit les coûts d’information et de
transaction tout en permettant d’éviter les déséquilibres macro-économiques.

Le fait de disposer d’une monnaie commune est par ailleurs censé favoriser la croissance
économique de la zone monétaire tout en consolidant l’intégration économique grâce aux
économies d’échelle en production et en commerce qui résultent de la spécialisation des pays
membres. En effet, le développement d’un système de paiement efficace à travers une monnaie
crédible est de nature à faciliter le processus d’intégration commerciale.

Certains économistes ont essayé de justifier la mise en place d’une union monétaire par les
avantages qu’elle procure aux pays en développement confrontés selon eux à deux séries de
difficultés (Ojo, 1983) :

 la première est la mobilisation des ressources humaines et financières adaptées à leurs


économies respectives et nécessaires pour leur développement. Les Etats africains, qui
souffrent d’un manque de confiance de la part de la communauté financière
internationale, ont besoin de fournir des efforts substantiels et soutenus pour mobiliser
leurs énergies collectives à travers une coopération régionale et sous régionale.

 la deuxième difficulté réside dans la faiblesse des capacités de négociation des pays en
voie de développement avec des pays industrialisés. La coopération en matière
monétaire pourrait permettre de renforcer cette capacité de négociation collective
notamment dans le domaine de la fixation des prix des matières premières et des produits
finis dans un marché régional intégré, grâce à la stabilité monétaire et à la certitude du
taux de change qui résulte de l’union monétaire. Les effets attendus sont essentiellement
la réduction considérable des risques liés à la volatilité des taux de change ce qui permet
d’éviter la fuite des capitaux et attire les investisseurs étrangers vers les Etats membres
où le taux de change est stable et ce d’autant plus qu’il n’existera plus de risque de pertes
qu’engendre souvent la fluctuation des taux de changes.

13
D’autres économistes soutiennent l’idée que l’intégration monétaire contribue d’une part à une
meilleure allocation des ressources tout en limitant les risques de spéculation, et d’autre part,
qu’elle est une source potentielle de bonne gestion des réserves issues des échanges extérieurs.
En effet, une monnaie commune et des réserves extérieures communes permettraient une
allocation optimale des quantités de réserves disponibles et une meilleure régulation des écarts
par rapport à la position d’équilibre macro-économique conjoncturelle des balances de paiement
des différents pays membres.

De ce qui précède on peut donc retenir les avantages suivant :

 l’élimination des coûts de conversion, ce qui favorise le commerce, la maîtrise des flux
de capitaux spéculatifs, la libre circulation des facteurs de production,
 l’absence d’ajustement de taux de change compétitif entraînant un accroissement des
échanges et des flux d’investissements au sein de l’union,
 l’allocation optimale des ressources à partir de la constitution des réserves issues des
échanges extérieurs,
 la centralisation de la politique monétaire et l’effet de synergie résultant d’une plus
grande interaction économique et monétaire.

Toutefois pour les pays de la CEDEAO, ces avantages doivent donc être mis en balance avec les
coûts pour mieux apprécier la viabilité du projet et ses chances d’aboutir.

1.1.2.2 Les coûts de l’union monétaire

Le coût le plus significatif est la perte d’autonomie en matière monétaire. En effet , les pays
n’ont plus la possibilité de définir et mettre en oeuvre leur politique monétaire pour résoudre les
problèmes économiques intérieurs.

De plus, les taux de change entre les Etats ne peuvent plus s’ajuster en réponse aux problèmes
régionaux, le changement de parité étant interdit , la souplesse de la régulation lors des chocs
asymétriques devient faible.

Par ailleurs l’application d’un tarif externe commun aux tiers et la suppression des tarifs internes
se traduit par une perte de revenu pour les pays dépendants principalement des revenus issus des
droits de douane.
14
Pour les pays d’Afrique de l’Ouest3, les coûts liés à la perte d’autonomie en matière de politique
monétaire seraient encore plus élevés. En effet, en dépit des politiques de déréglementation et de
libéralisation poursuivies par presque tous les Etats de la sous région ouest africaine, il existe
encore plusieurs barrières aux flux internationaux de capitaux, barrières qui ont créé des
marchés financiers non-compétitifs par pays .

Par conséquent, il existe des différences substantielles dans le coût des emprunts (taux
d’intérêt) dans les différents pays même si les taux de change sont maintenus stables entre les
pays membres de la zone franc. Le taux d’intérêt de la zone serait déterminé par la politique
monétaire de la banque centrale commune ce qui aurait comme conséquence pour les pays de la
zone l’impossibilité à réduire leur taux d’intérêt durant les récessions sans recourir à une
dévaluation tant redoutée.

A ces coûts objectifs s’ajoute l’incertitude sur « la réalité de l’indépendance de la politique


commune, en particulier monétaire, nécessaire à la stabilité des taux de change nominaux, avec
un risque sur la praticabilité de l’ajustement budgétaire dès lors que les déséquilibres macro-
économiques deviennent durables »4.

La mise place d’une union monétaire entraîne donc des avantages et coûts inhérents au
processus d’intégration monétaire. Les pays membres de la CEDEAO doivent ainsi adopter des
stratégies qui maximisent les avantages et réduisent les coûts pour parvenir à réaliser le projet de
création d’une monnaie commune.

3
Journal de l’IMAO
4
« Intégration et développement : bilan et perspective » Alain BECART
15
1.2 L’expérience monétaire des pays africains membres de la CEDEAO

1.2.1 L’expérience des pays membres de la zone franc

1.2.1.2 Origine de la zone franc

La zone franc est un exemple unique de coopération institutionnalisée entre un pays développé
et des Etats en développement, elle rassemble aujourd’hui la France et quinze pays africains et
est issue de l’évolution et des transformations de l’ancien Empire colonial français.( Figure 2 )

A la veille des indépendances, la zone franc apparaît comme un ensemble fortement centralisé,
qui se distingue par un règlement des changes unique, la mise en commun des réserves de
change et par la libre convertibilité, à des parités fixes, des différentes monnaies de l’ensemble5

Après l’accession à l’indépendance, la plupart des nouveaux Etats ont choissi de rester dans un
ensemble homogène, dont le cadre institutionnel est rénové et structuré par un système de
change commun6.

C’est ainsi qu’en avril 1959, six Etats nouvellement indépendants d’Afrique occidentale à savoir
la Côte d’Ivoire, le Dahomey (actuel Bénin), la Haute-Volta (actuel Burkina Fasso), la
Mauritanie, le Niger et le Sénégal auxquels se joindra le Togo (1963) , se sont associé au sein de
la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) pour gérer leur monnaie
commune, le franc CFA (Franc de la communauté financière africaine).

En Afrique centrale, cinq autres Etats, le Cameroun, la République centrafricaine, le Congo, le


Gabon et le Tchad ont créé en 1959 la Banque centrale des Etats de l’Afrique équatoriale et du
Cameroun( BCEAEC), qui s’est substituée à l’Institut d’émission de l’Afrique équatoriale et du
Cameroun. Elle a pour mission de gérer l’émission du franc CFA (franc de la coopération
financière en Afrique Centrale) dont la parité avec le franc français est identique à celle de la
monnaie Ouest-africaine. Comme pour la BCEAO, un compte d’opération est ouvert sur les
livres du Trésor français au nom de la BCEAEC.

5
Note d’information n°127 Banque de France
6
Se sont retirés de la zone franche : le Liban (1948), le Maroc, la Tunisie et l’Algérie (entre 1956 et 1962), la
Guinée en 1958.Les Etats de l’ancienne Indochine ont été dotés d’une monnaie propre aux termes des conventions
de décembre 1954.
16
En 1962, les pays de l’Afrique de l’Ouest membres de la zone CFA décidèrent de créer l’Union
Monétaire Ouest Africaine (UMOA)7 . Les dispositions du traité portent, essentiellement, sur les
règles de l’émission monétaire, la centralisation des réserves de change, la libre circulation des
signes monétaires ainsi que la liberté des transferts à l’intérieur de l’Union.

Afin de permettre aux banques centrales des deux zones d’émission, de participer pleinement au
développement économique des nouveaux Etats, la France et ses partenaires ont signé de
nouveaux accords de coopération monétaire en 1972-1973 qui ont renforcé les pouvoirs des
conseils d’administration, en matière de distribution du crédit, notamment en ce qui concerne les
crédits consentis aux Etats et les crédits à moyen et long terme à l’économie.

La parité du franc CFA restera inchangé jusqu’en janvier 1994 date à laquelle intervient sa
dévaluation de 50% par rapport au franc français (1franc CFA = 0,010 FRF au lieu de 0,020
FRF)Le rattachement du FRF à l’Euro le 1er janvier 1999, n’a pas modifié ces parités et le taux
de conversion irrévocable entre l’Euro et le franc français fixé par le conseil de l’Union
Européenne8 à 1 EUR=6,55957 FRF détermine automatiquement la valeur de l’Euro en franc
CFA et en franc comorien.

Ainsi comme le franc CFA s’échangeait en franc français au taux de 100 CFA pour un 1 FRF, la
parité du franc CFA est désormais de 1 EUR=655,957 CFA
De la même façon, puisque le franc comorien s’échangeait à un taux de 75 FC pour 1 FRF, sa
parité est désormais de 1 EUR= 491,96775 FC.

1.2.1.2 Fonctionnement de la zone franc

La zone franc constitue une zone monétaire particulière qui regroupe 14 pays africains
politiquement indépendants autour de la France et qui est régie par des accords signés depuis les
indépendances et reformés en 1972-19739.

Le fonctionnement de la zone repose essentiellement sur la garantie de convertibilité illimitée du


franc CFA en franc français et aujourd’hui en euro avec l’entrée de la France dans la zone euro,

7
Voir annexe 2 Traité instituant l’UMOA
8
Le conseil de l’Union européenne, par une décision du 23 novembre 1998, a confirmé que la France pouvait
« maintenir les accords sur des questions de change qui la lient actuellement à l’UEMOA, à la CEMAC et aux
Comores » art 1er de la décision du conseil.
9
1972 Traité instituant la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) et 1973 pour
l’union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMAO)
17
accordée par l’Etat français, résultant de conventions monétaires signées entre la France et les
pays Africains. « Les créanciers des banques centrales africaines sont couverts contre tout risque
d’insolvabilité et payés en monnaie convertible. Parallèlement, le Trésor public français a
l’obligation d’assurer la fourniture de fonds en franc français10 dont les banques centrales ont
besoin pour assurer leurs règlements internes et externes en devises. »En contrepartie les pays
membres sont tenus de respecter :

 la libre circulation des fonds dans la zone franc11 ;


 l’harmonisation de leur règlement des changes avec les règles françaises12 ;
 la participation de la France aux organes de décisions des institut d’émission13 ;
 la fixité de la parité du franc CFA par rapport au franc français est garantie la Banque de
France ;
 Les Banques centrales centralisent l’ensemble des avoirs des pays membres de l’Union
et gèrent les orientations de politique monétaire de la sous zone concernée ; cette
centralisation des réserves de change des pays membres de la zone d’émission permet de
compenser au mieux les déficits des uns par apport éventuel de ressources des autres
pays membres ;
 le dépôt auprès du Trésor public français de 65% des réserves de leurs avoirs extérieurs .

La garantie monétaire accordée par l’Etat français aux pays africains de la zone est gérée par le
Trésor Public et comptabilisée dans un compte d’opérations tenu à la Banque de France. Cette
coopération monétaire relève par conséquent de la gestion française, à travers le Trésor Public,
et affecte la trésorerie de l’Etat français14

Le fonctionnement des comptes d’opérations repose fondamentalement sur l’obligation de


centralisation des réserves extérieures des banques centrales de la zone auprès du Trésor public
français. Celles-ci doivent maintenir sur ce compte au moins 65% de leurs avoirs extérieurs (à

10
En euro depuis 1999
11
Ce principe sera toute fois encadré à partir de 1994 suite à la dévaluation du FCA par l’adoption des mesures
relatives à l’inconvertibilité du franc CFA en dehors des zones d’émission pour éviter le risque de détournement de
l’épargne en effet la libre transférabilité constituait une condition permissive du rapatriement des bénéfices et de la
fuite fiscale.
12
Il faut noter l’alourdissement du contrôle des changes depuis la détérioration des paiements extérieurs des pays de
la zone franc, avant la dévaluation, sans grande unification à l’intérieur même de la zone ( N.Bonneau )
13
Cette situation a évolué avec l’africanisation des banques centrales.
14
N.Bonneau, « L’avenir de la zone CFA » CODESRIA –KARTHALA.

18
l’exclusion de leurs réserves d’or, de leur position de réserve auprès du FMI et de leurs avoirs en
DTS) .

1.2.1.3 La zone CFA après le passage à l’euro

Avec l’avènement de l’euro , la coopération monétaire des pays Africains et la France n’est pas
remise en cause tant en ce qui concerne les mécanismes de fonctionnement du compte
d’opération que de la parité entre les monnaies.

Ceci s’explique par le fait que la zone franc est fondée sur un accord de nature budgétaire entre
la France et les pays africains géré par le Trésor public français et non la Banque de France. Le
traité de Maastricht (article 234) stipule en effet que : les droits et obligations résultant de
conventions conclues antérieurement à l’entrée en vigueur du traité ne sont pas affectés par les
dispositions du traité.

Dans ces conditions, le passage à l’euro, maintient inchangés les liens de coopération monétaire
existants avec une conversion automatique de la parité CFA/EURO sur la base FRF/EUR ce qui
doit se traduire par un simple changement numéraire.

La nouvelle zone CFA/EURO est régie par l’article 109-3 du traité de Maastricht et tout
changement de parité ou éventuelle adhésion d’un nouveau membre nécessitent un accord
commun entre les pays africains et la majorité qualifié du Conseil des Ministres des Finances de
l’Union sur recommandation de la commission et après consultation de la Banque centrale
européenne.

Ainsi après le passage à l’euro, le Trésor public garde sa compétence en matière de gestion de
la coopération monétaire puisque la politique budgétaire relève du domaine exclusif des Etats
membres de l’Union.

Par ailleurs, il convient de noter que le fonctionnement du compte d’opérations s’avère d’un
poids relatif très faible pour les finances publiques françaises compte tenue de la faible
importance économique et financière relative des Africains de la zone et les montants des soldes
sur le compte d’opération sont marginaux en valeur relative pour le Trésor public ce qui ne peut
avoir de conséquence sur la valeur de l’Euro.

19
1.2.2 L’expérience des autres pays membres de la CEDEAO

Dans la plupart des autres pays membres de la CEDEAO qui n’appartiennent pas à la zone
franc, les régimes cambiaires ont évolué dans le temps. Après la crise monétaire internationale
de 197115, la plupart des pays africains ont préféré préserver un rattachement de leur monnaie à
une monnaie d’intervention unique, le dollar se substituant souvent à la livre sterling dans les
pays anciennement sous domination britannique.

Progressivement un certain nombre pays ont préféré le rattachement de leur monnaie par rapport
au DTS ou par rapport à un panier composé des monnaies de leurs propres partenaires
commerciaux. Aucun pays n’a véritablement expérimenté la formule du flottement libre de sa
monnaie , à l’exception du Nigeria et de la Tanzanie pour une brève période.

Trois systèmes de fixation du taux de change, existent dans les pays hors zone franc où le rôle
de la Banque centrale reste toujours prééminent.

1.2.2.1 Le système de parité discrétionnaire

La Banque Centrale fixe souverainement les taux de change bilatéraux sans aucune référence
formelle à un mécanisme de marché16. Le critère principal de détermination du taux est le taux
de change effectif réel. Ce critère est implicite quand intervient l’offre effective de moyens de
paiement mis à la disposition des opérateurs comme facteur déterminant dans la formation du
taux de change. Cette offre étant elle-même étroitement liée aux réserves de change de la
Banque Centrale.

1.2.2.2 Le système du marché interbancaire

Dans ce système, les participants au marché sont les banques primaires et les opérateurs
économiques bénéficiant d’une licence d’importation. Toutes les recettes d’exportations doivent
être domiciliées dans les banques à l’exception de celles gérées directement par la Banque
centrale.

15
La nouvelle politique économique en Afrique (Pierre Jacquemont, Marc Raffinot, 1993)
16
La Guinée entre 1963 et 1984 a eu recours à ce système pour fixé la parité du Sily au temps de l’ancien régime de
Sekou Touré
20
Le taux de change est déterminé après des négociations entre la banque commerciale et ses
clients et après des transactions préalables entre les banques elles-mêmes. Le taux de change est,
en principe , totalement libre et peut varier quotidiennement. Toutefois les fluctuations sont
limitées en hausse ou en baisse par les avoirs en devises des banques primaires, eux-mêmes
déterminés par la politique de la Banque Centrale. L’intervention régulatrice de cette dernière
peut, en outre , s’effectuer par le biais de réunions périodiques (fixing session ), en général
hebdomadaires, entre les banques commerciales à l’occasion desquelles un taux directeur est
établi pour les transactions prévues dans le courant de la semaine.

1.2.2.3 Le système des enchères administrées

La Banque centrale conduit le marché des changes. Elle décide du montant des devises mises
sur le marché –hebdomadaire au Ghana et en Guinée, et fixe le prix en deçà duquel elle
n’acceptera pas de soumission. Tous les demandeurs doivent provisionner leur soumission d’un
montant le plus souvent égal à la contre-valeur en monnaie locale de leur demande. Les
soumissions mises aux enchères sont ensuite examinées jusqu’à épuisement des demandes les
plus fortes en fonction de l’offre de la banque centrale. Le taux définitif pour la semaine en
cours est, en général, le taux marginal des demandes les plus fortes, sauf en Guinée où les
banques achètent au taux effectivement proposé par la Banque centrale. Les avances sur
soumissions des demandeurs non satisfaits sont restituées, mais les soumissions restent
enregistrées jusqu’à la prochaine mise aux enchères. Ce système revient à créer un marché
artificiel des changes. Ainsi, avant que le Nigeria n’abandonne ce système en mars 1992 pour
adopter le marché interbancaire, l’échange de devises au cours parallèle s’effectuait avec une
décote du Naira de 80% .

1.3 Le processus d’intégration monétaire entrepris par la CEDEAO

En Afrique de l’Ouest, les programmes d’intégration régionale ont été revitalisés dans les
années 1990 en réponse aux tendances existantes en Europe et dans d’autres parties du monde.
L’Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA) a été renforcée par la création d’une Union
Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), alors que la CEDEAO a lancé son
programme de coopération monétaire (PCMC) en 1987 en vue de réaliser l’objectif d’une
monnaie unique en 1994. Le délai accordé au PCMC a été prolongé jusqu’à 2003.

21
Vers la fin de l’année 1990, il est apparu évident que la CEDEAO ne pourrait pas réaliser bon
nombre de ses objectifs : l’union monétaire n’avait pas été réalisée alors qu’ils se dressaient de
nombreux obstacles à la promotion du commerce intra-régional et à la libre circulation des
personnes et des biens.

C’est ainsi qu’en décembre 1999, une nouvelle initiative a été lancée par la CEDEAO à
l’initiative du Ghana, du Nigeria et de la Guinée dont l’objectif principal est la création en
200317 d’une deuxième zone monétaire en Afrique de l’Ouest , la première zone étant
l’UEMOA

1.3.1 Le projet d’union monétaire au sein de la CEDEAO n’est pas récent

Il convient de rappeler que l’idée d’une monnaie commune pour l’ensemble des pays de la
CEDEAO n’est pas neuve. « La proposition visant à la création d’une zone monétaire unique de
la CEDEAO » fut lancée pour la première en mai 1983, lors de la conférence des chefs d’Etat et
de Gouvernement à Conakry, Guinée.

Cette volonté fut réaffirmée par la même instance qui , en 1987, proposa la mise en place d’un
« Programme de coopération de la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest »
qui visait à long terme la création d’une zone monétaire unique ayant notamment une Banque
Centrale et une monnaie communes, la mutualisation des réserves de change, une politique
monétaire commune et un accord sur la garantie de convertibilité. Des mesures furent
envisagées pour atteindre :

• A court terme, il s’agit de redynamiser la Chambre de compensation de l’Afrique de


l’Ouest, grâce à un apurement des arriérés, une coordination des activités de la chambre
et de celles similaires du secrétariat exécutif de la CEDEAO, l’élargissement des
transactions éligibles au mécanisme de compensation, et enfin la mise en place d’un
système de crédit

• A moyen et long terme, les Etats devaient rendre effective la libération totale des
produits éligibles au mécanisme de compensation, aligner et harmoniser leur taux de
change sur un délai transitoire de cinq ans, de 1988 à 1992, et adopter des règles de

17
Cette date a été une nouvelle fois reportée à 2005.
22
prudence en matière de financement des trésors publics nationaux. Il était enfin convenu
de mettre en place un comité intérimaire de coordination.

De ce programme, la seule réalisation importante fut la transformation de la chambre de


compensation en Agence spécialisée de la CEDEAO, qui a permis une meilleure gestion de la
coopération monétaire régionale. Les autres points du calendrier sont restés lettre morte.

Cet échec a conduit la conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement réunie à Abuja les 28 et
29 août 1997 à mettre en place un comité ad hoc de suivi de la création d’une zone monétaire à
l’horizon 2000. Ce comité était composé des chefs d’Etat de la Côte d’Ivoire, du Togo, du
Ghana , du Mali et du Nigeria.

1.3.1.1 La création de la Chambre de compensation de l’Afrique de l’Ouest

La création de la Chambre de compensation de l’Afrique de l’Ouest (CCAO) en 1975 par les


Gouverneurs des Banques Centrales et l’adoption du programme de coopération monétaire de la
CEDEAO par le conseil des chefs d’Etat et de Gouvernement en 1987 représentent des efforts
concrets tendant à la coopération et à l’intégration monétaire de la sous-région.

La Chambre de compensation de l’Afrique de l’Ouest avait notamment pour objectif


d’encourager, l’utilisation des monnaies nationales dans les échanges sous-régionaux et de
promouvoir la coopération monétaire au sein de la sous-région.

Cette institution n’a pas pu atteindre ses objectifs et sa mauvaise performance s’explique
essentiellement, au-delà de la multiplicité des monnaies et la création de zones de règlement au
sein du système, par l’existence des régimes de change restrictifs, des barrières tarifaires et non-
tarifaires. et l’asymétrie des échanges. Certains pays sont structurellement débiteurs et d’autres
toujours créditeurs.

1.3.1.2 Programme de coopération monétaire

En réaction au ralentissement du projet d’intégration monétaire , le conseil des chefs d’Etat et de


gouvernement ont mis en place le Programme de coopération monétaire de la CEDEAO auquel
est assigné trois objectifs majeurs :

23
 l’amélioration et le renforcement du système de paiements intra-régionaux, notamment
la CCAO ,
 la réalisation de la convertibilité des monnaies régionales,
 et la création d’une zone monétaire unique. Parallèlement, une période de transition
(1982-2000) avait été prévue pour la faisabilité du cadre juridique et institutionnel
nécessaire à la réalisations des objectifs définis.

Ce programme va être marqué par de nombreux reports des dates initialement fixées pour la
mise en œuvre de ses éléments essentiels, ce qui traduisait le faible engagement des pays
membres. La mise en place de l’UEMOA18 en 1994 par les pays membre de la zone CFA aurait
également freiné les avancées du programme de coopération monétaire de la CEDEAO.

Ainsi « les péripéties qu’a connu le projet de zone monétaire unique CEDEAO, depuis une
quinzaine d’années que ce projet est lancé officiellement, témoigne si besoin en est de l’ampleur
de la tâche. »19 Il est sans doute politiquement difficile pour ces pays d’abandonner aussi
facilement l’attribut de souveraineté que symbolise le pouvoir de battre leur monnaie.

1.3.2 La nouvelle initiative de seconde zone monétaire envisagé au sein de la CEDEAO

Avec le succès de l’Union Européenne dans la réalisation de son objectif de monnaie commune
en 1999, l’intégration économique régionale en Afrique de l’Ouest a été relancée avec
davantage de détermination politique .20

C’est ainsi qu’en décembre 1999, une nouvelle initiative a été prise par la CEDEAO sous
l’impulsion du Ghana, du Nigeria et de la Guinée dont l’objectif principal était la création en
2003 d’une deuxième zone monétaire en Afrique de l’Ouest; la première zone étant l’UEMOA
Suite à la décision du 22ème Sommet de la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement de
la CEDEAO, le Ghana et le Nigeria se sont concertés les 19 et 20 décembre 1999 pour débattre
des stratégies et des modalités de réexamen de l'objectif.

Au terme de la réunion, deux comités techniques ont été créés, l'un sur le commerce et l'autre
sur les questions monétaires - chargés d'identifier des voies et moyens d'accélérer les

18
Union économique et monétaire des Etats de l’Afrique de l’Ouest
19
L’exemple européen du serpent monétaire à l’Euro, en passant par l’Ecu et le système monétaire européen est
éloquent à cet égard : les échéances ont souvent été reportées.
20
Compte rendu du Séminaire sur LA COOPERATION MONETAIRE EN AFRIQUE DE L'OUEST, tenu à Banjul, Gambie les 15 et 16 mai
2001.
24
programmes de chaque secteur. Le comité technique chargé des questions monétaires a tenu sa
première réunion à Accra, au Ghana, du 24 au 26 janvier 2000, lors de laquelle des modèles
d'intégration monétaire et des expériences par pays ont fait l'objet de débat.

En outre, les critères de convergence macro-économiques ont été mis en place avec un
programme d'action devant permettre la création d'une seconde zone monétaire.
Suite aux consultations avec les Gouvernements de Gambie, de Guinée, du Libéria et de Sierra
Leone sur le sujet, un mini-sommet de la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement de
six pays s'est tenu à Accra, au Ghana, le 20 Avril 2000, lors duquel la déclaration d'Accra sur la
création de la Seconde Zone Monétaire a été signée.

La réunion a également permis la création d’un comité technique chargé de travailler sur le
processus devant déboucher sur la création de l'Institut Monétaire de l'Afrique de l'Ouest
(IMAO). L'accomplissement de la mission confiée à ce comité, la Conférence des Chefs d'Etat
des pays membres de la seconde zone monétaire, a porté sur la création de l'IMAO21 lors de sa
réunion à Bamako, au Mali, en décembre 2000. L'IMAO devrait être le précurseur de la Banque
Centrale Commune

1.3.2.1 Les raisons de la mise en place d’ une Seconde zone monétaire

Avec le lancement de la Zone Monétaire de l’Afrique de l’Ouest (ZMAO) comprenant la


Gambie, le Ghana, la Guinée, le Nigeria et la Sierra Leone, l’objectif général était de créer une
union monétaire en 2003 qui aboutirait en fin de compte à deux unions monétaires majeures de
la sous-région ouest africaine, à savoir la zone CFA et la ZMAO.

La nécessité de créer la seconde union monétaire est dû principalement au manque de volonté


politique adéquate permettant de mettre en place une intégration monétaire forte entre la zone
CFA et celle hors CFA sous l’égide du programme de Coopération Monétaire de la CEDEAO
(PCMC).

L’émergence de la ZMAO en tant qu’union monétaire viable pourrait probablement empêcher


l’effondrement total du PCMC et faciliter effectivement le mouvement vers une zone monétaire
unique de la sous région dans la mesure où les négociations s’effectueront finalement entre les

21
IMAO : Institut monétaire de l’Afrique de l’ouest regroupe les six membres de la seconde zone monétaire à savoir
le Nigeria, le Ghana, la Guinée, le Liberia la Sierra Leone et la Gambie
25
deux groupes de pays, contrairement à la situation actuelle caractérisée par des incertitudes
relatives au processus d’intégration de la sous-région. Il est assez clair que le PCMC ne serait
relancé que si les membres de la zone hors CFA initiaient leur propre action.

Cette nouvelle initiative des Etats membres de la ZMAO, non membres de la zone CFA, a du
chemin à parcourir pour réaliser l’objectif global du Programme de Coopération Monétaire de la
CEDEAO. Même si la fusion finale des deux zones monétaires prendra plus de temps à se
réaliser , les négociations entre les deux groupes s’annonceront moins difficiles puisque les
décalages entre les visions pour une zone monétaire unique seront minimes.

1.3.2.2 Objectifs poursuivis par la CEDEAO

Les objectifs fondamentaux de la mise en place de cette zone monétaire de l’Afrique de l’Ouest
peuvent se résumer comme suit:

 assurer la stabilité des prix, des conditions budgétaires et monétaires performantes et la


viabilité de la balance des paiements des Etats membres. Pour ce faire, la ZMAO doit
garantir une bonne coordination des politiques économiques des Etats membres et conduire
la politique économique régionale dans un environnement économique libéral. Plus
précisément, elle doit concevoir et exécuter une politique monétaire et une politique de
taux de change pour toute la zone ;

 guider les Etats membres dans la formulation et la conduite de leurs politiques


économiques En vue d’assumer cette fonction, les institutions clés de la ZMAO, à savoir,
le Conseil de Convergence, le Comité Technique, l’Institut Monétaire de l’Afrique de
l’Ouest et la Banque Centrale de l’Afrique de l’Ouest (BCAO) doivent formuler les
grandes lignes directrices afin de concevoir les politiques économiques des Etats
membres ;

 mettre sur pied un système de surveillance multilatérale pour assurer une coordination
étroite des politiques économiques des Etats membres et une convergence durable des
indicateurs économiques des Etats membres Pour un bon fonctionnement de ce système les
Etats membres doivent fournir régulièrement des informations sur l’évolution de leur
situation macroéconomique l’Institut Monétaire de Afrique de l’Ouest et à la Banque
Centrale de l’Afrique de l’Ouest

26
1.3.2.3 Les institutions de la ZMAO

L’accord de la ZMAO22 a mis en place des institutions qui doivent lui permettre d’atteindre les
objectifs définis ci dessus, il s’agit notamment de :

La Conférence des Chefs d’Etats et de Gouvernement qui représente l’organe politique et


suprême de la ZMAO. Elle est dotée de la responsabilité générale de réaliser tous les objectifs
de la ZMAO et surtout de trancher tous les contentieux qui lui seront adressés par le Conseil de
Convergence.

Le Conseil de Convergence est l’autorité ministérielle qui contrôle la ZMAO et ses institutions.
Avant la création de la Banque Centrale de l’Afrique de l’Ouest, le Conseil comptera parmi ses
membres des Ministres des Affaires étrangères, des finances, du commerce, du plan et de
l’intégration et des gouverneurs des banques centrales des Etats membres. Le conseil de
convergence sera transformé en conseil de direction quand la BCAO sera créée et comprendra
des Ministres des Finances et d’autres Ministres de chacun des Etats membres.

Le Comité Technique est composé de cadres techniques des Etats membres, du Secrétariat de
la CEDEAO et de la BCAO lorsque cette dernière sera créée, dont la responsabilité est d’assister
le conseil de convergence et contrôler en particulier la cohérence des politiques économiques
des Etats membres, d’examiner leurs performances économiques surtout selon les critères de
convergence et de collaborer avec l’IMAO/BCAO afin de faciliter le processus d’intégration de
la ZMAO.

Suivant l’Accord de la ZMAO renforcé par des statuts correspondants, la Banque Centrale de
l’Afrique de l’Ouest deviendra la banque centrale commune de la zone, tandis que les Banques
Centrales Nationales conduiront leurs opérations selon la politique monétaire de la BCAO
prévue pour la zone. Ces opérations font référence à la gestion monétaire, la distribution et le
retrait, la gestion des systèmes de paiements et des systèmes de règlements, les prestations de
services bancaires aux institutions gouvernementales et financières, le contrôle prudent des

22
D’après le journal de l’Institut Monétaire Ouest Africain
27
institutions financières, la conduite des opérations des institutions financières et la conduite des
opérations de change.

Pour sa part, la future Banque centrale de l’Afrique de l’Ouest BCAO, aura comme mission
principale le maintien de la stabilité des prix .Tout en poursuivant cet objectif primaire, elle
contribuera à la réalisation d’autres objectifs en matière de coopération et d’intégration
économique des pays de la zone.

En vue de réaliser ses objectifs primaires, la BCAO devra émettre une monnaie unique
convertible, élaborer et de diriger la mise en oeuvre de sa politique monétaire, procéder aux
opérations de change, détenir et gérer les réserves en devises étrangères et collaborer avec les
banques centrales nationales afin de promouvoir le développement des systèmes de paiements et
de réaliser un contrôle efficace des autres institutions financières.

La BCAO est autorisée dans le cadre de ses fonctions fondamentales à collecter directement et
indirectement des informations statistiques nécessaires . De plus, elle s’assurera que les
informations statistiques sont comparables en procédant à l’harmonisation des règles et des
pratiques régissant la collecte, la compilation et la transmission des statistiques financières.

L’Accord de la ZMAO accorde une importance particulière à la convergence des politiques


économiques et à la performance économique des Etats membres au regard ces critères. Bien
que la gestion du processus soit de la responsabilité des Etats membres , l’Accord prévoit un
soutien régional aux pays qui rencontrent des déséquilibres susceptibles retarder le processus
d’intégration.

Ainsi, l’Accord prévoit un fonds de stabilisation et de coopération (FSC) qui a été créé pour
offrir une assistance aux Etats membres qui connaîtraient des déséquilibres temporaires de leurs
balance des paiements. Le montant du Fonds est de l’ordre de 100 millions USD dont la moitié
provient de la contribution des Etats membres et l’autre moitié de 50 millions USD d’autres
donateurs.

Le Fonds est déboursé soit comme un prêt de stabilisation à court terme pour pallier les
distorsions temporaires relatives à la position des paiements externes, soit sous forme de prêt de

28
stabilisation à moyen terme pour pallier les distorsions de balance des paiements causées par des
situations extraordinaires et inattendues.

Les Etats membres désireux de bénéficier des prêts de stabilisation doivent cependant adopter
des programmes et politiques destinés à corriger leurs déséquilibres économiques.

1.3.2.4 Rôle particulier de l'Institut Monétaire de l'Afrique de l'Ouest

C’est une institution de transition qui prépare le terrain pour la création de la Banque Centrale
de l'Afrique de l'Ouest vers la fin de l'année 2005. Elle a notamment pour fonctions :

 le contrôle et l'évaluation du programme de convergence des politiques économiques et


monétaires qui comporte le respect du ratio déficit budgétaire sur Produit Intérieur Brut; le
taux d'inflation, le plafonnement sur le Crédit bancaire à l'Etat et les réserves extérieures
pour la couverture des importations; La mise en place des modalités devant régir la
désignation du Siège de la BCAO, et le nom de la monnaie commune ;

 la finalisation des activités opérationnelles, notamment les mécanismes de change , les


modalités de désignation des responsables principaux de la BCAO; la mise en place de
stratégies visant à renforcer la coopération entre les banques centrales nationales;

 le renforcement de la coordination des politiques et pratiques monétaires des pays


membres; la publicité et la sensibilisation du public et des autres parties intéressés par la
monnaie commune; la promotion des consultations, des débats et des rencontres sur des
questions relevant de la compétence des Banques Centrales et influant sur les
établissements et marchés financiers des Etats membres;

 l'encouragement du développement et du bon fonctionnement du système des paiements ;

 la mise en place d'une base de données macro-économiques; la mise en place de règles


harmonisées de recueil, de composition et de distribution de données statistiques des Etats
membres relatives au contrôle du fonctionnement d'une politique monétaire commune; le
contrôle de tous les aspects du programme de la ZMAO (cf. annexe 1).

29
L'IMAO collabore avec les Banques Centrales Nationales existantes à travers huit comités de
travail sur: l'harmonisation et la méthodologie statistique, les procédures comptables et
budgétaires, la politique monétaire, la politique de change, les systèmes de paiements et de
règlements, a monnaie, les règlements et la surveillance bancaires, et les questions d'ordre
juridique et institutionnel.

Ces missions de l’IMAO sont effectuées à travers des consultations actives avec les pays
membres tout en maintenant son indépendance dans les questions professionnelles et
techniques. Par conséquent, l'institut n’accepte aucune instruction des institutions ou organes
de la zone ou des gouvernements des Etats membres dans l'exécution de ses fonctions.

Les institutions et organes de la zone ainsi que les gouvernements des Etats membres ont
convenu de respecter ce principe et de ne pas chercher à influencer la Direction de l'IMAO
dans l'exécution de ses fonctions.

L’ensemble de ces institutions est censé permettre à la CEDEAO d’atteindre les objectifs du
programme de coopération monétaire en Afrique de l’Ouest qui vise à créer une monnaie
commune pour les pays membres de la CEDEAO. Il convient de noter que la CEDEAO a
adopté ce programme en 1987 afin de faciliter le commerce régional et les transactions
transfrontalières, de réaliser la convertibilité de la monnaie régionale en vue d’introduire une
monnaie unique 2003. Le projet n’ayant pu aboutir , la date prévue a été repoussée pour la
deuxième fois en 2005.

Aujourd’hui, suite à l’échec des diverses tentatives entreprises par la CEDEAO depuis sa
création en 1975 en matière d’intégration monétaire, une nouvelle approche dite accélérée a été
ainsi mise en place pour relever le défi de l’intégration monétaire dans la sous-région .

Cette démarche procède de l’engagement politique du Nigeria et du Ghana depuis décembre


1999 suivi et approuvé par la Gambie, la Guinée , la Sierra Leone et le Liberia.

Nous examinerons dans la partie qui suit la pertinence de cette approche, ses limites , avant de
proposer des scénarios alternatifs.

30
2 LIMITES DU PROCESSUS D’INTEGRATION MONETAIRE DES PAYS DE LA
CEDEAO ET SCENARIOS ALTERNATIFS

2.1 Les limites du processus d’intégration monétaire et nécessité de solutions


alternatives.

2.1.1 Le processus entrepris par la CEDEAO présente des limites

L’approche accélérée qui est celle entreprise par la CEDEAO et qui consiste à mettre en
place une seconde zone monétaire au sein du groupe des pays de l’Afrique de Ouest à côté de
la zone CFA regroupant : le Nigeria, le Ghana, la Guinée, la Gambie, le Liberia et la Sierra
Leone, présente plusieurs limites. Au nombre de ces limites on peut citer :

2.1.1.1 Le respect des critères de convergence économique à l’horizon 2005

La monnaie unique en Afrique est prévue en 2005, après le report récent de la date
initialement fixée à la fin 2003. Les économies des pays membres sont censés mettre en place
des programmes économiques pour respecter un ensemble de critères économiques dits de
convergence dont l’objectif est de réduire les dysfonctionnements et déséquilibres
macroéconomiques entre les pays candidats. Au nombre de ces critères figurent:

 un taux d'inflation inférieur à 5%


 des réserves brutes pour couvrir au moins trois mois d'importation
 limiter le financement du déficit budgétaire de la banque centrale à 10% des recettes
fiscales de l'année précédente
 le ratio déficit budgétaire/produit intérieur brut ne doit pas être supérieur à 5%

A côté de ces critères dits primaires , une autre série de conditions, sous forme de critères
secondaires, se décompose comme suit:

 interdiction de nouveaux arriérés et apurement des arriérés existants;


 le ratio recettes fiscales/PIB doit être égal ou inférieur à 20 %
 le ratio masse salariale/recettes fiscales totales doit être égal ou inférieur à 35 %
 le ratio investissements public /recettes fiscales doit être égal ou supérieur à 20 %
 le maintien de la stabilité de change par chaque Etat;
 le maintien de taux d'intérêt réels positifs.

31
Le calendrier arrêté pour mettre en application ces mesures a été plusieurs fois différé car
aucun des pays n’est parvenu à réaliser les objectifs fixés. Certains économistes émettent
d’ailleurs des doutes quant à la capacité des pays candidats à pouvoir satisfaire dans les délais
prévus l’ensemble des critères nécessaires pour la mise en place de la ZMAO.

Une évaluation du niveau atteint par les pays de la CEDEAO au regard des critères a été
23
conduite par Masson et Pattillo en 1999. Elle montre la mauvaise performance
macroéconomique des pays candidats au regard des critères de convergence. Le tableau ci-
dessous montre la position le niveau atteint par chaque pays candidats en fin 1999.

Position des pays de la seconde zone monétaire par rapport aux critères de convergence

Taux Réserve Avances de la Déficit budgétaire


d’inflation Officielles Banque Centrale global (en % du
(%) brutes (mois (en % des recettes PIB)
d’importation) fiscales)
Situation à la fin de 1999

Gambie 1,7 5,7 32,0 4,8

Ghana 13,8 1,5 8,2 8,2

Guinée 4,6 2,6 29,6 5,1

Liberia 4,0 0,0 0,0 0,4

Nigeria 6,6 4,5 55,0 7,7

Sierra Leone 34,1 2,0 70,9 14,9

Critère de convergence < 10 >3 …. <5


pour fin 2000

Critère de convergence
pour fin 2003 <5 >6 <10 <4

Source : estimation des services du FMI

23
Economistes au Fonds Monétaire International, ils ont mené une étude relative aux les politiques fiscales
dans le cadre de l’union monétaire ouest africain intitulé « Monetary Union in west Africa : Agency of Restraint
for Fiscal Policies »
32
Selon ces économistes, le défi majeur à relever est sans doute la maîtrise par tous les Etats
membres de leurs emprunts auprès de leurs banques centrales . En effet, il ressort des études
empiriques que sur les quatre critères primaires, le financement du déficit budgétaire de l'Etat
par la banque centrale est le plus essentiel et ce d'autant plus qu'il influe directement sur le
niveau d'inflation et sur le ratio déficit fiscal/PIB.

Les pays membres doivent ainsi mettre en place des politiques et programmes qui leur
permettront de respecter les critères de convergence.

2.1.1.2 La soutenabilité économique des critères de convergence

Au-delà du respect des critères de convergence, la question fondamentale qui se pose est la
capacité des pays candidats à soutenir les contraintes qu’impose la future gestion d’une
monnaie unique.

Au regard des performances économiques réalisés par les pays en 2000, on peut déduire que
les pays de la sous région seront confrontés à un problème réel de respect des critères de
convergence en 2005. A la fin de 2000, seuls deux pays, la Gambie et le Nigeria respectaient
tous les critères tandis que la Sierra Leone en a réalisé deux. La Guinée en a respecté un
tandis que le Ghana n’a atteint aucun des quatre critères.

Ceci montre que le respect des critères de convergence devant permettre la mise en place de
la monnaie constitue un défi majeur pour ces pays. Pour atteindre le taux d’inflation cible,
ces pays doivent ainsi adopter des politiques budgétaires et monétaires plus rigoureuses que
celles mises en place dans le cadre des PAS, programmes que seul le Ghana avait respecté, ce
qui lui avait valu le qualificatif de bon élève du FMI.

La réalisation de cet objectif passe par une réduction des déficits budgétaires et une limitation
du recours au financement du budget de l’Etat par la banque centrale. Ce qui conditionne la
viabilité du projet et permet de démontrer, au-delà des déclarations d’intention, la volonté
réelle des gouvernements des pays candidats de mettre en place une monnaie commune.

Il convient de noter que ces pays ont globalement repris à leur compte les principales
dispositions du traité de Maastricht, ce qui fut le cas en premier lieu de la Zone UEMAO en
1994 avec la mise en place du processus de coordination des politiques budgétaires incluant
33
entre autres l’instauration d’un tarif extérieur commun et l’adoption d’une série de critères de
convergence.

Comme le souligne à juste titre Célestin Monga24 , ces critères de convergences choisis pour
parvenir à cette convergence, outre le fait qu’ils ne soient pas toujours clairement justifiés ,
posent un véritable problème de fond qui est celui de l’efficacité des décisions. selon lui, la
faiblesse des mécanismes de mise en œuvre et de sanction prévus par les différents textes
régissant l’UEMOA prive la zone de crédibilité.

2.1.1.3 Le coût de la création d’une banque centrale commune

La création de la seconde zone monétaire engendre des coûts de gestion du projet qui
constituent de par leur ampleur un autre défi auquel les pays candidats doivent faire face.
Quand on constate le nombre de projet de la CEDEAO non aboutis à cause de la défaillance
financière des pays membres il est légitime d’émettre des réserves quant à la capacité des
Etat candidats à parvenir à réaliser les objectifs arrêtés compte tenu des difficultés financières
et économiques que connaissent bon nombre des pays membres dans le contexte actuel.

Certains pays ont déjà de sérieuses difficultés à apporter leur contribution à la réalisation du
capital de la future banque centrale estimé à 100 millions de dollars, même si le Nigeria se dit
prêt à financer le capital de cette institution. Cela montre le degré d’implication des pays et
les difficultés réelles au-delà, de leur volonté politique, à honorer leurs engagements initiaux

2.1.1.4 La problématique de l’indépendance de la future BCEAO

2.1.1.4.1 La notion d’indépendance d’une Banque centrale

Pour mieux apprécier cette notion d’indépendance25, il convient de distinguer deux types
d’indépendance : l’indépendance politique et l’indépendance économique

2.1.1.4.1.1 Indépendance politique

Le concept d’indépendance politique peut être défini comme la capacité d’une banque
centrale à prendre des décisions sans subir d’interférence de la part des gouvernements.

24
Economiste à la Banque Mondiale
25
Robert ELGIE, Responsabilité Démocratique et indépendance de la Banque Centrale.
34
Cette indépendance politique se mesure à travers deux catégorie de critères :

• Dans la première catégorie d’évaluation on trouve les éléments suivants : modalité


de désignation du gouverneur, des sous-gouverneurs et des membres du conseil ;
modalités de sélection des candidats et exigences de qualification professionnelle ;
durée de leurs mandats ; possibilité de les démettre sommairement ou de les
reconduire dans leurs fonctions ; possibilités pour les intéressés de cumuler
plusieurs fonctions ; présence de représentants du gouvernement au sein du
conseil.

• Les critères de la seconde catégorie concernent les éléments suivants : caractère


collégial des décisions du conseil ; droit d’instruction du gouvernement, existence
d’un droit de veto des représentants du gouvernement; rôle du gouvernement dans
la fixation des salaires des membres du conseil ; obligation pour la banque de
rapporter périodiquement au corps législatif ; et, enfin , nature privée ou publique
du capital de la banque. Ces indicateurs permettent d’affirmer qu’une banque
centrale est d’autant plus indépendance du pouvoir politique que le degré
d’ingérence gouvernementale est faible.

2.1.1.4.1.2 Indépendance économique

Elle se définit comme la capacité de la Banque à utiliser tous les instruments de politique
monétaire à sa disposition sans se voir soumise par le gouvernement à des instructions26.Les
indicateurs d’indépendance économique sont les suivants :

 la présence ou absence d’une mission prépondérante comme la garantie de la stabilité


des prix ;
 la capacité de la banque à contrôler les fluctuations des taux d’intérêt, la parité des
taux de change et la politique monétaire en général ;
 l’obligation ou interdiction faite à la banque de prêter au gouvernement ; intervention
ou influence de la banque dans le processus budgétaire ;
 le rôle de la banque dans la régulation du secteur bancaire commercial.

26
D’après une étude réalisée par Alesina (Alberto) et Summers (Lawrence H.), intitulé« Central Bank
Independence and Macroeconomic Performance : “Some Comparative Evidence” Revue Monnaie et
Banque,n°254 1993 p 153
35
Il en résulte qu’une Banque centrale est d’autant plus indépendante économiquement du
gouvernement qu’elle dispose d’un large éventail d’instrument monétaires et qu’elle peut en
faire usage sans restrictions.

Pour Robert ELGIE , cette double classification fournit les critères nécessaires et suffisants
pour juger de l’indépendance d’une banque centrale. Ainsi une Banque centrale totalement
indépendante serait affranchie de toute ingérence de l’Etat, disposerait de tous les instruments
de la politique monétaire et serait à même de les utiliser sans restriction gouvernementale.

Inversement, une banque centrale totalement dépendante serait soumise à une intervention
illimitée du gouvernement sur tous les indicateurs, ou que des restrictions gouvernementales
absolues l’empêchent de recourir à tous ceux dont elle disposerait. Il est bien évident que
l’indice d’indépendance d’une banque centrale se situe entre ces deux extrêmes .

Le niveau global d’indépendance d’une banque centrale serait ainsi fonction du degré
d’intervention du gouvernement, du nombre d’instruments monétaires dont elle dispose , et
de l’ampleur des restrictions imposées par le gouvernement sur l’usage de ces instruments.

Pour ce qui de la gestion de la Banque centrale la question qui se pose est surtout de savoir si
la future institution sera suffisamment indépendante pour assurer la stabilité des prix au sein
de la zone et le maintien de la viabilité des soldes externes des pays participants. La capacité
à respecter les statuts de la banque qui garantissent l'indépendance totale de cette institution
constitue en soi un défi ultérieur.

En effet, pour que la zone monétaire commune soit une zone crédible, il est indispensable
qu’elle dispose d’Institutions crédibles et indépendantes qui soit en mesure de défendre la
valeur interne et externe de la future monnaie. En effet des études empiriques récentes
montrent qu’il s’agit là d’une importante condition à la stabilité macroéconomique,
notamment dans les pays en développement. Le degré d’indépendance et les fonctions
précises que doit assumer la future banque centrale serait un important facteur de désaccord
entre les pays membres. Les grands pays tels que le Nigeria voudront sans doute s’assurer du
contrôle de la future Banque Centrale .

36
2.1.1.5 Le problème de la coordination des politiques économiques

Comme le montre l’exemple de la zone euro, l’intégration économique et monétaire suppose


une étroite coordination des politiques macro-économiques entre les pays membres de
l’union monétaire. Or un autre défi pour les pays africains concerne la convergence de leur
politique budgétaire et ce en dépit des discours politiques de leurs dirigeants depuis des
décennies. L’évolution du déficit budgétaire en pourcentage du PIB sur une période assez
longue pour les pays de la zone UEMOA montre que les performances de ces pays ne
semblent pas converger vers les objectifs de stabilité attendus. (cf. tableau 5)

Ces pays exercent depuis plusieurs années une surveillance mutuelle de leurs politiques
respectives et ont récemment révisé leurs critères de convergence.

Ces nombreuses limites conduisent à s’interroger sur la pertinence de l’approche retenue


actuellement par ces pays et leur réelle capacité à faire aboutir le projet. En même temps, ils
invitent à penser à des scénarios de substitution ou des solution alternatives.

2.1.2 Nécessité de solutions alternatives

La plupart des pays de la deuxième zone monétaire sont confrontés à une série de problèmes
dont entre autres : le faible taux de croissance, le niveau d’épargne et d’investissement
insuffisant, des déficits de balance des paiements récurrent, des taux de chômage élevés, un
environnement économique international non favorable, et une mauvaise mise en œuvre des
politiques publiques.

A ces problèmes d’ordre macro-économique s’ajoute la dépréciation continue des monnaies


locales sur le marché des changes . Ces difficultés ne sont pas de nature à favoriser le respect,
dans les délais, de l’ensemble des critère de convergence nécessaires pour la mise en place de
la seconde zone monétaire qui doit fusionner à terme avec la zone CFA existante pour créer
finalement un monnaie unique au sein de la CEDEAO selon le schéma de l’approche
actuelle.

37
Cette initiative d’approche accélérée exige en outre que les pays convergent en termes
d’inflation, de ratio déficit budgétaire/ Produit National Brut (PIB), de financement de déficit
budgétaire par la Banque Centrale, de réserves en devises étrangères.

De récentes analyses des performances macro-économiques ont montré que la plupart des
pays ont des difficultés à remplir les critères de convergence. Ces difficultés se traduisent par
l’incapacité à maîtriser l’inflation et à stabiliser la valeur de la monnaie au regard des
contraintes politiques en matière de gestion des économies.

Ces facteurs expliquent en grande partie le fait que les politiques économiques dans la plupart
des pays de la deuxième zone monétaire manquent de crédibilité

Certaines analyses estiment que ces problèmes peuvent être isolés du système monétaire à
travers l’adoption de règles plus rigides en matière monétaire à savoir : une dollarisation
totale de l’économie comme dans le cas de l’Argentine ou tout simplement l’adoption d’un
système de Currency Board ou Conseil d’Emission.

Le Conseil d’Emission semble de leur point de vue plus avantageux en ce sens qu’il permet
de surmonter les difficultés rencontrées par l’approche accélérée mise en œuvre par la
CEDEAO .

Une étude comparative entre le Conseil d’Emission et le régime change flexible a permis
d’établir que le Conseil d’Emission présente l’avantage à la fois de réduire la volatilité de la
croissance de la production et l’inflation (Kwan & Lui,1996)

Nous allons montrer dans ce qui suit que même si ce scénario présente de nombreux
avantages, il ne saurait s’appliquer pour ces pays déjà confrontés à de sérieuses difficultés de
croissance économique qu’il risque d’ailleurs d’aggraver car les conditions économiques de
sa mise en œuvre ne sont pas réunies .

L’élargissement de la Zone CFA actuelle semble être une solution envisageable avec plus de
réalisme car ces pays non membres pourraient y adhérer et bénéficier des avantages qu’offre
cette zone en terme de stabilité monétaire du fait de son ancrage à une monnaie stable et
crédible, à savoir l’euro.

38
2.2 Les scénarios alternatifs

2.2.1 Le conseil d’Emission ou currency board

2.2.1.1 La notion de conseil d’Emission et les expériences étrangères

Un Conseil d’Emission ou currency board est chargé uniquement de défendre la valeur de la


monnaie d’un pays, et est investi du pouvoir nécessaire pour accomplir cette tâche.
Le Conseil d’Emission comme institution qui s’appuie sur trois éléments de base : un taux de
change fixe en fonction d’une monnaie de référence, une convertibilité automatique d’une
monnaie nationale par rapport à une monnaie de référence à un taux spécifique de change et
un engagement à long terme à soutenir l’arrangement. (Enoch et Gulde, 1998)27
Dans un système de currency board, les autorités monétaires sont limitées dans leurs actions.
Cela réduit leur capacité à dévaluer la monnaie, cette décision revient en effet aux pouvoirs
politiques : les Parlements ou les Chefs d’Etat. Le Conseil d’Emission réduit ainsi l’aptitude
de la Banque Centrale à mener une politique monétaire indépendante.

Récemment, les Conseils d’Emission ont été utilisés comme moyen de stabilisation des taux
de change en période de crise économique et financière. Cette mesure a été expérimentée
dans plusieurs pays comme : Bermudes, Hong Kong, Estonie (juin 1992), Argentine (mars
1991), Brunei, Djibouti, la Banque Centrale Est Caribéenne et la Bulgarie (juillet 1997).

Tous ces pays ont réussi à atteindre un taux d’inflation faible grâce à ce système. Dans ces
pays, les taux d’intérêt ont convergé vers ceux en vigueur dans les pays de la monnaie de
référence.

Les Conseils d’Emission ont donc réussi à maintenir l’inflation à un niveau bas et aussi à
créer des conditions macroéconomiques plus stables.

27
Charles Enoch, Assistant division de la supervision et de la régulation bancaires. Fonds Monétaire
International

Anne-Marie Gulde, économiste senior division de la politique monétaire et de changes. Fonds Monétaire
International.

39
2.2.1.2 Les principes du conseil d’émission

2.2.1.2 .1 Les règles de garantie ou promesse de convertibilité

Le Conseil d’Emission engage les autorités à échanger la monnaie locale contre une devise
étrangère bien spécifiée et à un taux de change fixe. La masse d’argent en circulation est donc
garantie par un montant équivalent en monnaie de réserve ( avoirs étrangers).

Dans sa forme classique , la monnaie augmentera et variera en fonction des fluctuations au


niveau des avoirs étrangers des Banques centrales. Le fonctionnement d’un Conseil
d’Emission est techniquement équivalent à un régime de taux de change fixe dans lequel l’or
est la monnaie de référence. La masse monétaire varie en fonction du niveau des réserves
internationales.

Dans certains cas les règles rigides de garantie financière peuvent être assouplies comme c’est
le cas dans la zone CFA par exemple où la convertibilité du franc CFA est garantie par un
compte d’opérations tenu au Trésor français. Actuellement, la règle de garantie de la zone
CFA exige que les réserves de la BCEAO à l’étranger ne doivent pas être de moins de 20%
des obligations réelles. En Argentine, en Estonie, et en Lituanie, les Conseils d’Emission ont
garanti les dépôts détenus par les banques commerciales auprès des banques centrales
représentant 100% de garantie de la monnaie de base.

2.2.1.2.2 La fixité du taux de change

En pratique, le système de Conseil d’Emission fixe le taux de change par rapport une devise
de référence. L’ajustement par le taux de change n’est donc pas envisageable étant donnée la
relation de parité fixe.
Bien que ce système apporte des avantages en terme de stabilité, il impose des coûts de
compétitivité sur les autres partenaires commerciaux et pays autres que le pays de la monnaie
de référence.

40
2.2.14 Les avantages du conseil d’Emission

2.2.1.3.1 Renforcement de la crédibilité de la politique monétaire et fiscale

Les conseils d’émission sont réellement utiles dans les pays où le manque de crédibilité
contraint l’efficacité des politiques monétaire et budgétaire.

Dans bien de pays de la deuxième zone monétaire, ce manque de crédibilité s’explique


aujourd’hui par le fait que ces pays n’ont jamais pu atteindre les objectifs macro-économiques
définis dans le cadre des programmes d’ajustement structurel.

Ce manque de crédibilité est sans doute coûteux sur les marchés financiers où les taux
d’inflation ou de dépréciation prévus de la monnaie locale entraînent des primes de risques
élevées.

Le Conseil d’Emission est à même de renforcer la crédibilité du pays ou de la zone concernée


en limitant la propension des autorités monétaires à financer les déficits budgétaires par la
création monétaire de la Banque centrale.

2.2.1.3.2 Simplicité administrative et financière

Un second avantage des Conseils d’Emission vient du fait que les règles opérationnelles sont
simples, transparentes et mieux comprises par le public. Ce dernier, disposant des
informations nécessaires, peut suivre plus facilement le marché des changes. Cette
transparence des opérations améliore la crédibilité et renforce l’efficacité des politiques
économiques.

2.2.1.3.3 Stabilité de la monnaie

La fixité du taux de change et l’arrimage à une monnaie stable et crédible offre au pays ou à la
zone en question, tous les avantages de stabilité d’une monnaie. Principalement , il permet
d’espérer des investissements à long terme au lieu de capitaux à court terme. L’absence
d’incertitude sur la fluctuation du taux de change permet de faire des projections à long terme
sans risque de change, ce qui encourage l’investissement et augmente le niveau de production
intérieure au sein de l’économie et donc l’emploi.

41
Au contraire, dans une situation d’instabilité des taux de change, la tentation de détenir une
monnaie stable et sûre ou une devise forte par exemple se traduit par une dégradation continue
de la valeur de la monnaie du pays ce qui engendre une situation d’instabilité et de crise
économique si des mesures adéquates ne sont pas prises.

2.2.1.4 Les coûts du Currency board ou Conseil d’Emission

Si le scénario de la mise en place d’un conseil d’Emission présente l’avantage de permettre


d’atteindre plus rapidement les objectifs définis dans le cadre du programme de convergence
des économies de la seconde zone monétaire, sa mise en œuvre entraîne aussi des coûts pour
les économies concernées.

Le plus grand handicap serait sans doute la perte des avantages relatifs à une politique de taux
de change flexible qui aiderait à maintenir la compétitivité de la deuxième zone monétaire de
l’Afrique de l’Ouest.

Un autre handicap est lié à l’affaiblissement du rôle d’une banque centrale en tant que prêteur
en dernier ressort rendant le système bancaire vulnérable. En effet, en plus des contraintes de
liquidité exacerbée qu’elle fait peser sur le système bancaire, les règles du currency board ou
conseil d’émission instaurent les bases d’une croissance faible en rendant la dynamique de
financement de la production largement tributaire de la capacité de l’économie à dégager des
entrées nettes de monnaie de réserve28.

Ainsi comme le montre l’exemple de la Bulgarie, si les conditions ne sont pas réunies, le
conseil d’Emission peut conduire à la stagnation. Les pays de l’Afrique de l’Ouest membre de
la CEDEAO étant tous dans des situations d’insuffisance chronique de réserve en devises à
l’exception des pays comme le Nigeria qui exporte du pétrole, ne pourrait tenter cette
expérience avec succès.

En plus la rigidité monétaire qu’impose le currency board nécessite de la flexibilité de


l’économie réelle. Ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui des pays de l’Afrique de l’Ouest.

28
Jean François PONSOT (LATEC CNRS- Université de Bourgogne)
42
Par ailleurs, comme le montre l’exemple de l’Argentine, qui a expérimenté ce système dans
un contexte de croissance instable et de chômage élevé, adopter ce système dans un
environnement international non favorable, peut entraîner des coûts d’ajustement élevés.

C’est pour ces différentes raisons que ce scénario ne semble pas pertinent pour les pays de la
CEDEAO, dont les économies dépendent fortement du prix des matières premières.

43
2.3 L’élargissement de la Zone CFA aux autres pays de la CEDEAO

Les difficultés macro-économiques évoquées plus haut concernant le processus de création


d’une seconde zone pour les six pays de la CEDEAO non-membres de la zone CFA actuelle
conduit à envisager un scénario qui, au-delà de la mise en place d’un conseil d’Emission sans
doute difficile à instaurer dans les conditions politiques et économiques de ces pays, privilégie
l’élargissement de la zone franc.

L’élargissement de la zone CFA à des pays non-membres, excepté le Nigeria, à savoir la


Guinée, le Ghana la Sierra Leone, la Gambie et le Liberia pourrait être une alternative
sérieuse compte tenue de l’expérience de la zone en matière de coopération monétaire. Cette
zone peut servir ainsi de modèle.

La mise à l’écart du Nigeria dans une première étape de ce scénario d’élargissement pourrait
se justifier par le poids économique et financier de ce pays qui risquerait d’entraîner une
remise en cause des accords coopération monétaire entre la France et les pays africains et un
éclatement de la zone CFA.

Cette alternative semble pertinente car elle a l’avantage de s’articuler autour d’un modèle
reposant sur plusieurs années d’expérience en matière d’intégration monétaire à savoir
l’UEMOA.

Ce scénario pourrait s’envisager en trois temps :

 mise en place d’un mécanisme de change commun en vue d’un alignement des
monnaies des pays candidats sur l’euro qui servirait de monnaie de référence ;

 adoption d’un régime de change unifié de contrôle des changes vis à vis des
pays tiers ;

 mise en commun des réserves de change et intégration définitive au sein de la


zone euro .

44
L’élargissement de la zone CFA constituerait un changement profond pour ces pays dont les
monnaies flottent, dans la mesure où il consacrera pour eux le retour aux changes fixes.

La réalisation de ce scénario exige des pays africains liés à la zone euro une discipline plus
stricte et pour y arriver trois mécanismes sont possibles :

 Le mécanisme fondé sur le marché à savoir l’alourdissement du coût des emprunts


pour les Etats confrontés à des déficits budgétaire excessifs.

 Les mécanisme réglementaires avec obligation de maintenir le budget en équilibre ou


le plafonnement du déficit par rapport au PIB

 Les mécanismes discrétionnaires par lesquels le suivi des performances


macroéconomiques est assuré par un organe indépendant ou supranational.

Parmi ces trois possibilité le mécanisme par le marché est sans doute le plus difficile à mettre
en œuvre à causse de l’étroitesse du marché et essentiellement de celui des capitaux. C’est
pourquoi certains économistes comme Devarajan (1994) proposent :

 que la règle de la limitation des avances faites au trésor public à 20% des recettes
fiscales de l’année précédente, principe essentiel dans la zone franc, soit étendu à
toutes les sources de financement

 de limiter les emprunts extérieurs des Etats . Ce qui ferait jouer un rôle plus important
à la communauté internationale des bailleurs de fonds

Il s’agit en tout état de cause d’éviter que les pays qui sont incapables de se conformer aux
règles édictées ne soient tentés de quitter la zone et pour cela deux solutions pourraient être
envisagés selon :

 la crédibilité de la zone, qui seule pourrait dissuader les pays d’en sortir , en raison
précisément des avantages que confèrent la stabilité des prix et la convertibilité totale
de leur monnaie ;

 l’octroi des ressources internationales en fonction des performances économiques des


pays membres de la zone.

45
2.3.1 Avantages potentiels

L’élargissement de cette zone CFA sera pour ces pays non-membres un meilleur gage de
stabilité grâce au système de parité de fixe avec l’euro.

Ce scénario qui préserve les acquis de la zone CFA peut avoir pour les pays membres
plusieurs avantages :

 une plus grande stabilité de leur monnaie en raison de la limitation du risque de


change,
 le possibilité de diversifier davantage leurs partenaires commerciaux et de privilégier
par la même occasion l’aide multilatérale au détriment l’aide bilatérale souvent
contraignante,
 une plus grande facilité de mobilisation des ressources, en effet l’appartenance
commune à une zone lié à l’euro peut être l’élément moteur d’une politique de relance
des investissements étrangers dans le cadre des projets régionaux,
 Une possibilité d’intégration accrue par la coordination des politiques économiques.

2.3.2 Contraintes

Ce scénario, malgré ses avantages comporte toutefois les contraints suivantes :

 avec l’avènement d’une monnaie unique liée à l’euro, il faut s’attendre à des
contraintes plus fortes en matière de politiques économiques notamment en terme de
gestion monétaire, d’équilibre budgétaire et d’équilibre extérieur.

 l’appartenance à une zone lié à l’euro exige indéniablement des performances


économiques en termes de croissance, d’inflation et de déficit public conformes aux
normes européennes telles que définies par le pacte de stabilité.

 Une discipline monétaire plus rigoureuse interdisant tout financement important des
déficits budgétaires ou toute avance aux trésors nationaux.

46
2.3 .3 Choix de l’ancrage de la future monnaie unique de le CEDEAO

Le scénario de l’élargissement de la zone CFA que nous venons de suggérer constitue sans
doute une alternative rationnelle à court terme par rapport à l’approche actuelle qui consiste
créer une seconde zone monétaire qui est censée fusionner par la suite avec la zone CFA.

Toute fois, il importante de préciser que l’avenir monétaire des pays de la CEDEAO doit bien
être envisagé dans une perspective d’indépendance totale par rapport aux liens de
coopérations monétaires avec la France.

D’ailleurs la projet de la CEDEAO de mettre en place une monnaie unique risque de se


traduire par une remise en cause profonde de ces accords de coopérations monétaires . Si
cette perspective arrive donc à se réaliser, elle imposerait aux futures institutions de la
CEDEAO chargés de la gestion de la future monnaie commune de nouvelles contraintes en
terme d’ancrage monétaire
La théorie des zones monétaires optimales enseigne la monnaie d’encrage pour une zone
devrait être la monnaie de l’économie la plus forte, en l’occurrence le Naira du Nigeria pour
les pays de la CEDEAO (cf. Tableau 2 )

En Europe, le système monétaire européen a fonctionné autour de la monnaie allemande le


deutschemark, qui jouait le rôle de monnaie d’ancrage à cause de la forte crédibilité de la
politique anti-inflationniste de la Bundesbank et de l’importance de l’économie allemande.

Le naira ne remplit pas le même rôle et les échanges bilatéraux entre les pays de la CEDEAO
sont moins développé (environ 10% de leurs exportations et importations) ce qui s’explique
par le faible niveau de revenu par habitant et l’exiguïté des économies. Le naira ne peut ainsi
constituer une monnaie d’encrage pour la CEDEAO

En revanche, les Etats membres de la CEDEAO réalisent environ 40% de leurs échanges
internationaux avec l’Union Européenne. L’ancrage sur l’euro pourrait ainsi garantir la
stabilité du taux de change pour plus de 50% des échanges internationaux de ces pays. selon
une étude du FMI réalisée par Paul Masson et Patillo en 2001

Toutefois ce rattachement risque de pénaliser les économies des pays membres de la


CEDEAO, si le taux de change vis-à-vis de l’euro ne peut être modifié, cela peut avoir des
47
effets déflationnistes, comme c’est fut le cas pour l’UEMOA entre 1986 et 1993. En outre
toute variation du taux de change euro/dollars US , comme c’est le cas d’ailleurs
actuellement avec un taux de change aux environs de 1.30 au premier trimestre 2004, en
faveur de l’euro, affecterait considérablement les exportations de la CEDEAO constituées
notamment de pétrole, de cacao, de café et de coton.

Pour contourner ce handicap , il serait souhaitable de rattacher la futur monnaie unique à un


panier de monnaie le DTS par exemple composé à la fois de l’euro, du dollar et du yen .Au
sein de ce panier l’euro pourrait représenter une pondération forte pour refléter l’importance
relative des échanges avec l’Europe par rapport au commerce avec les Etats unis et de l’Asie.

48
CONCLUSION
La création d’une monnaie unique entre les pays membres de la CEDEAO, à l’image des pays
l’union européen, est sans doute un objectif louable qui est motivé par le désir ardent de
mettre en place un grand espace économiquement viable pour mieux de répondre aux enjeux
qu’impose la mondialisation.

De ce fait, cette initiative s’inscrit en droite ligne dans le Nouveau Partenariat pour le
Développement de l’Afrique (NEPAD) dont l’objectif est de favoriser la coopération et
l’intégration économique régionale du continent pour améliorer la compétitivité des pays sur
le plan international.

Cette étude a souligné justement les avantages nombreux que les pays africains membres de la
CEDEAO peuvent tirer de la mise en place d’un espace économique fortement intégré avec
une monnaie unique pour l’ensemble de la sous région.

Certes ces bénéfices ne vont pas sans coûts, mais aujourd’hui l’expérience de l’union
monétaire européenne montre que les inconvénients de la mise en place d’une monnaie
unique sont largement moindres pour les pays participants par rapport aux avantages qu’ils
peuvent en espérer.

Pour les pays membres de la CEDEAO cette perspective, si elle se concrétisait, pourrait
favoriser sans doute la création d’un vaste marché unique avec une population de près de 250
millions d’habitants.

Si les avantages attendus semblent incontestables pour des raisons tant théoriques que
pratiques liés au processus de l’intégration monétaire, la démarche entreprise cependant
suscite des incertitudes quant à la pertinence de l’ approche envisagée.

Nous avons ainsi montré les limites de cette approche de la CEDEAO, à travers plusieurs
facteurs qui remettent en cause aujourd’hui les respect dans les délais impartis les objectifs de
création d’une seconde monétaire et d’une fusion future de celle-ci avec la zone CFA.

Face aux difficultés macroéconomiques faisant obstacle à la réalisation des objectifs de


convergences économiques rencontrés par les pays de la seconde zone monétaire, certains ont

49
envisagé la mise en place d’un currency board ou conseil d’émission pour permettre ces pays
de réaliser les conditions économiques nécessaires à la mise en place de la zone monétaire
souhaitée. Ce scénario, bien qu’ayant fait ses preuves ailleurs comme en Argentine, nous a
paru inadapté à la situation économique des pays de la seconde zone car il risque d’aggraver
les déséquilibres macroéconomiques des pays concernés.

Nous avons suggéré l’élargissement de la zone CFA actuelle comme alternative pertinente. En
effet, ce scénario est fondé d’une part sur une expérience d’intégration monétaire de près de
quarante ans , qui regroupe 8 pays membres de la CEDEAO autour de la France, et d’autre
part sur la similitude des structures économiques des pays de la seconde zone, excepté le
Nigeria, aux autres pays membres de la zone CFA.

Si cette solution présente l’avantage d’éviter les coûts qu’engendre la création de nouvelles
institutions provisoires pour la seconde zone monétaire , l’objectif à terme étant la fusion avec
la zone CFA, il convient cependant de souligner que la mise en place au sein de la CEDEAO
d’une future monnaie unique ne va pas sans soulever la problématique de la continuité des
accords de coopérations monétaire avec la France.

En effet, le fonctionnement de la zone CFA à travers le compte d’opération du Trésor français


sera d’autant plus difficile à garantir par la France que la future zone monétaire de la
CEDEAO régionale intégrera des pays comme le Nigeria, géant économique de la sous région
tant par sa population que par son poids économique, mais aussi un pays qui doit beaucoup
faire en terme d’assainissement de sa situation financière, de lutte contre la corruption, de
bonne gouvernance. Par ailleurs il faut préciser toute extension de la Zone CFA doit être
avalisée par les autres pays européens et la Banque centrale européenne.

Ainsi, si pour la Guinée et le Ghana l’élargissement s’y prête aisément, à condition que ces
pays le souhaitent, il reste à savoir si le Trésor public français acceptera l’entrée dans la zone
UEMOA des pays comme le Liberia et la Sierra Leone politiquement très instables et qui
reviennent d’une longue période de guerre civile.

Par ailleurs, la perspective de la création d’une monnaie unique indépendante soulève pour
les pays membres de la CEDEAO la question de savoir à quelle monnaie forte et stable
s’arrimera la future politique monétaire des pays africains de la CEDEAO. Le choix d’un

50
panier de devises, dont les composantes seront pondérées en fonction de l’importance
respective des échanges commerciaux entre ces pays et leurs partenaires commerciaux, nous
semble être une politique d’encrage rationnelle.

51
BIBLIOGRAPHIE

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l’Ouest. Leçons de la Communauté Européenne”. Conférence Internationale sur
l’Intégration de l’Afrique de l’Ouest, IDRC et CEDEAO, Dakar, Janvier 11-15

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54
ANNEXE 1 : STATUTS DE L'INSTITUT MONETAIRE DE L’AFRIQUE DE L'OUEST
(IMAO)

LES HAUTES PARTIES CONTRACTANTES ;


Désireuses de mettre en place l’Institut monétaire de l’Afrique de l’ouest (IMAO) tel que prévu dans
l’Accord portant création de la Zone monétaire de l’Afrique de l’Ouest.
Conviennent des dispositions suivantes, dans la perspective de la création de l’Institut Monétaire de
l’Afrique de l’Ouest.
CHAPITRE PREMIER
DÉFINITIONS
Article 1
Aux fins du présent Accord, on entend par :
• "Conférence" la Conférence des chefs d’Etat et de Gouvernement des pays membres de la
Zone monétaire de l’Afrique de l’ouest.
• "Conseil" le Conseil de Convergence de la Zone monétaire de l’Afrique de l’ouest.
• "Cour de Justice" la Cour de Justice de la CEDEAO créée aux termes de l’Article 56 du
Traité.
• "CEDEAO" la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’ouest créée aux termes
de l’article 2 du Traité.
• "Etat(s) Membre(s)" un ou des Etat(s) membres de la ZMAO.
• "BCN" Banque centrale nationale
• "Secrétariat" le Secrétariat exécutif de la CEDEAO créé aux termes de l’article 8, paragraphe
1 du Traité.
• "Comité technique" le Comité technique visé à l’article 6.1 de l’accord portant création de la
ZMAO.
• "Pays tiers" un pays non-membre de la ZMAO.
• " Traité" le Traité Révisé de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’ouest
signé à Cotonou le 24 juillet 1993.
• "BCAO" la Banque Centrale de l’Afrique de l’Ouest.
• "IMAO" l’Institut Monétaire de l’Afrique de l’Ouest.
• "ZMAO" la Zone Monétaire de l’Afrique de l’Ouest.

55
CHAPITRE II
CREATION, PRINCIPES GENERAUX, OBJECTIFS ET FONCTIONS DE L’IMAO
Article 2
Création
2.1 L’Institut Monétaire de l’Afrique de l’ouest (IMAO) créé conformément aux dispositions de
l’Accord portant création de la Zone Monétaire de l’Afrique de l’Ouest, exécute ses tâches et remplit
ses fonctions conformément à l’Accord relatif à la ZMAO et aux présents Statuts.
2.2 Les membres de L’IMAO sont les Banques centrales des Etats membres (Banques centrales
nationales).
Article 3
Principes généraux
3.1 En tant que mesure transitoire, l’Institut monétaire de l’Afrique de l’ouest (IMAO) exécutera des
tâches devant conduire à la création de la BCAO sans préjudice à la responsabilité dévolue aux
autorités compétentes des Etats membres de conduire leurs politiques monétaires.
Article 4
Objectifs
4.1 L’IMAO assurera en collaboration avec le comité technique, la gestion des phases de mise en
oeuvre de la ZMAO jusqu’à la réalisation des conditions nécessaires au passage à la phase de
lancement de la BCAO. Il devra en particulier :
i) entreprendre toutes les activités devant mener à la création de la Banque centrale de l’Afrique de
l’ouest (BCAO);
ii) suivre et évaluer la mise en oeuvre des critères de convergence ;
iii) adopter comme objectif principal la stabilité des prix et renforcer la coordination des politiques
monétaires en vue d’atteindre cet objectif;
iv) prendre toutes les dispositions nécessaires à la conduite d’une politique monétaire unique;
entreprendre toutes les tâches devant mener à l’émission d’une monnaie commune;
superviser le développement d’un mécanisme de taux de change et d’une unité monétaire de l’Afrique
de l’ouest pour les règlements au sein de la zone.
Article 5
Fonctions
5.1 L’IMAO entreprendra l’exécution des tâches décrites aux articles 5, 6 et 7 sur une période de deux
ans.
Période de janvier à décembre 2001
5.1.1 Au cours de cette période, L’IMAO entreprendra les tâches suivantes :
i) le suivi et l’évaluation du programme de convergence de la politique économique et monétaire qui
comprendra le respect des critères portant sur les ratios du déficit budgétaire par rapport au produit
intérieur brut, le taux d’inflation, le plafond du crédit de la banque centrale à l’Etat et la réserve pour
couvrir les importations ;
56
ii) les négociations sur le cadre institutionnel, administratif et juridique de la Banque centrale de
l’Afrique de l’ouest ;
iii) les modalités de désignation de son siège et du nom de la monnaie commune ;
iv) la finalisation des activités opérationnelles parmi lesquelles :
a) le mécanisme du taux de change ;
b) les modalités de désignation des hauts cadres de la BCAO;
c) le développement de stratégies pour renforcer la coopération entre les Banques centrales nationales ;
d) le renforcement de la coordination des politiques et pratiques monétaires des Etats membres;
e) la campagne de publicité et de sensibilisation du public sur la monnaie commune ;
f) le suivi de tous les aspects du programme de la ZMAO ;
g) l’organisation de consultations, de discussions et de réunions sur des questions relevant de la
compétence des banques centrales et qui affectent les institutions financières et les marchés dans les
Etats membres ;
h) la promotion du développement et du bon fonctionnement du système de paiements;
i) le développement d’une base de données macro-économiques ; et
j) l’établissement de règles harmonisées pour la collecte, la compilation et la diffusion des statistiques
auprès des Etats membres et relatives au suivi du fonctionnement de la politique monétaire commune.
5.2 Période de janvier à décembre 2002
5.2.1 Au cours de cette période, l’IMAO devra entreprendre les tâches suivantes destinées à la
préparation des documents et procédures de mise en oeuvre de la ZMAO :
i) achever la préparation des instruments et procédures requises pour mener à bien la politique
monétaire commune ;
ii) établir les règles pour les procédures et opérations à entreprendre au niveau des banques centrales
nationales dans le cadre de la ZMAO ;
iii) améliorer l’efficience du système des paiements de la Zone ;
iv) préciser le cadre réglementaire, organisationnel et logistique permettant à la BCAO de démarrer
ses activités y compris la supervision de l’établissement technique de la banque centrale commune et
la préparation technique des billets de banque de la monnaie commune ;
v) faire une évaluation finale pour déterminer l’éligibilité des pays à la Zone conformément aux
critères de convergence définis.
5.2.2 Les chefs d’Etat et de Gouvernement, instance suprême de la ZMAO, sur recommandation du
Conseil de Convergence, confirmeront, par une décision prise à l’unanimité les Etats membres qui
remplissent les conditions nécessaires et suffisantes pour l’adoption d’une monnaie commune. Ils
confirmeront en même temps la date de démarrage de l’utilisation de cette monnaie.

57
Article 6
Fonctions consultatives
6.1 Le Conseil de gestion de l’IMAO peut faire des recommandations ou formuler des avis sur la
politique monétaire et la politique de taux de change ainsi que sur des mesures connexes concernant
chaque Etat membre.
6.2 L’IMAO peut faire des recommandations ou formuler des avis à l’intention des Gouvernements
des Etats membres et du Conseil de Convergence sur les politiques qui pourraient affecter la situation
monétaire intérieure ou extérieure de la Zone et qui sont susceptibles d’affecter négativement le
programme de la ZMAO et le système du taux de change de la Zone.
6.3 Le Conseil de gestion de l’IMAO peut également faire des recommandations aux autorités
monétaires des Etats membres concernant la conduite de leurs politiques monétaires.
6.4 Les Etats membres et leurs autorités consulteront l’IMAO sur tout projet de loi ou législation
connexe se rapportant aux domaines de compétence de l’IMAO.
Article 7
Suivi et autres tâches
7.1 L’IMAO soumettra tous les trois mois au Conseil un rapport sur l’état d’avancement des tâches
prescrites à l’étape en cours.
7.2 L’IMAO présentera deux fois par an au Conseil de Convergence un rapport sur le niveau général
des dispositions préparatoires devant mener à l’introduction de la monnaie commune. Ce rapport
portera sur :
i) une évaluation des progrès accomplis concernant les indicateurs de convergence;
ii) les progrès réalisés par les institutions monétaires sur l’adoption des instruments monétaires
destinés à assurer l’harmonisation monétaire ;
iii) la préparation et l’adoption par les Etats membres et leurs autorités monétaires des procédures
nécessaires à l’application d’une politique monétaire commune ;
iv) la préparation et l’adoption de toutes les dispositions légales devant permettre aux banques
centrales d’adhérer à la ZMAO.

CHAPITRE III
ORGANISATION DE L’IMAO
Article 8
Pouvoirs et Composition
8.1 L’IMAO est dirigé par un Conseil de gestion.
8.2 Le Conseil de gestion est composé d’un Directeur général et de Directeurs de Départements.
8.3 Le Directeur général est nommé par la Conférence sur recommandation du Conseil. Le Directeur
général est choisi parmi des personnes ayant des qualifications et une expérience professionnelles
reconnues dans les domaines monétaires, financiers et bancaires. Le Directeur général de l’IMAO est

58
obligatoirement ressortissant de l’un des Etats membres. Le mandat du Directeur général est de deux
ans.
8.4 Le Directeur général accomplit à plein temps les tâches qui lui sont confiées. Il n’est pas habilité à
exercer d’autres occupations lucratives.
8.5 Le Directeur général est responsable de la gestion quotidienne de l’IMAO. Il prépare et préside les
réunions du Conseil de gestion de l’IMAO. A l’intérieur et à l’extérieur de la Zone, il présente et
défend les positions de l’IMAO.
8.6 En l’absence du Directeur général, ses fonctions sont assumées par l’un des Directeurs désigné par
lui.
8.7 Les conditions d’emploi du Directeur général, concernant en particulier son salaire, et autres
avantages seront déterminées dans un contrat passé avec l’IMAO et fixées par le Conseil.
8.8 Si le Directeur général est dans l’incapacité de remplir les conditions requises pour l’exécution de
ses tâches ou s’il s’est rendu coupable de faute grave, le Conseil peut recommander à la Conférence de
mettre immédiatement fin à ses fonctions.
8.9 Le Conseil de gestion de l’MAO adoptera les Règles de Procédure de l’IMAO.

Article 9
Indépendance
9.1 L’IMAO doit agir en fonction de ses propres responsabilités sous réserve de l’article 8.1 de
l’Accord portant création de la ZMAO les membres du Conseil exécutif de l’IMAO ne devront
prendre ou recevoir des instructions d’aucune institution ni d’aucun organe de la zone ou
gouvernement des Etats membres dans l’exercice de leurs fonctions au sein de l’IMAO. Les
institutions ou organes de la Zone ainsi que les gouvernements des Etats membres s’engagent à
respecter ce principe et à ne jamais chercher à influencer les membres du Conseil Exécutif de l’IMAO
dans l’accomplissement de leurs tâches.

Article 10
Réunions du Conseil de gestion de l’IMAO
10.1 Le Conseil de gestion se réunit au siège de l’IMAO ou à tout autre lieu décidé par le Conseil.
10.2 Le Conseil de gestion se réunit au moins une fois par mois ou aussi régulièrement que nécessaire
ou à l’initiative du Directeur général de l’IMAO. Les délibérations du Conseil Exécutif revêtent un
caractère confidentiel.

Article 11
Administration
11.1 Au début de ses travaux, le Conseil examinera et approuvera l’organisation administrative de
l’IMAO soumise auparavant par le Comité technique.

59
11.2 Le Conseil de Convergence fixera les conditions d’emploi du Directeur-général et les Directeurs
de l’IMAO.

Article 12
Loyauté
12.1 Dans l’exercice de leurs fonctions, le Directeur général et les autres dirigeants et agents de
l’IMAO doivent allégeance et dévouement à l’IMAO. Chaque Etat Membre devra respecter le
caractère international de cette loyauté et fidélité et s’abstiendra de chercher à influencer le Directeur
général ou tout dirigeant ou agent dans l’accomplissement de ses tâches.

Article 13
Budget
13.1 Un budget sera établi pour l’IMAO pour chaque exercice.
13.2 Le Conseil de gestion examinera le projet de budget préparé pour chaque exercice et soumis par
le Directeur général pour approbation.
13.3 Les ressources budgétaires proviendront des contributions annuelles des Etats membres et
d’autres sources approuvées par le Conseil.
13.4 Les contributions au budget de l’IMAO seront déterminées conformément à la clef de répartition
des contributions de la CEDEAO.
13.5 Tous les investissements et toutes les dépenses extra budgétaires seront opérés par les Etats
membres selon les ratios indiqués à l’article 13.4.
13.6 L’exercice financier de l’IMAO commence le 1er janvier et prend fin le 31 décembre.

Article 14
14.1 Le Directeur Général veillera à la tenue de tous les comptes et à l’enregistrement correct de toutes
les activités de l’IMAO. Ces comptes se rapportant à chaque exercice financier seront audités par des
commissaires aux comptes externes nommés par le Conseil.
14.2 Le Directeur Général préparera et soumettra au Conseil un rapport annuel contenant les états
financiers vérifiés.
14.3 Le Directeur Général soumettra au Conseil tous les rapports, recommandations et propositions du
Conseil de Direction.
15.1 L’IMAO sera régi par le Règlement financier interne approuvé par le Conseil d’Administration.

60
CHAPITRE IV
RELATIONS AVEC LE SECRETARIAT EXECUTIF DE LA CEDEAO ET LES
AUTRES ORGANISATIONS INTERNATIONALES

Article 16
16.1 Les rapports de l’IMAO avec le Secrétariat Exécutif sont régis par les dispositions des présents
statuts et s’inscrivent dans le cadre de l’intégration économique et monétaire de la CEDEAO.
16.2 Le Secrétariat et l’IMAO peuvent s’inviter mutuellement à leurs réunions respectives.
16.3 Le Secrétariat et l’IMAO peuvent proposer l’inclusion de points dans le projet d’ordre du jour des
réunions de l’un et de l’autre.
16.4 Le Secrétariat et l’IMAO échangeront régulièrement des rapports sur les activités de leurs
institutions respectives.
Relations avec les autres organisations et organismes internationaux
17.1 L’IMAO établira des relations et coopérera avec toutes autres organisations internationales avec
lesquelles l’établissement d’une coopération est souhaitable. Tout accord à conclure entre l’IMAO et
ces organisations sera soumis à l’approbation du Conseil.

DISPOSITIONS FINALES ET GÉNÉRALES


Article 18
18.1 La Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement, sur recommandation du Conseil de
Convergence décidera du lieu du Siège de l’IMAO.
19.1 Les langues de travail de l’IMAO sont le français et l’anglais.
20.1 L’IMAO, en sa qualité de précurseur de la BCAO est doté de la personnalité morale. Sur
l’étendue du territoire de chaque Etat membre il jouira :
i) de la capacité légale nécessaire à l’accomplissement de ses tâches en vertu des présents Statuts ;
ii) de pouvoirs pour acquérir, détenir et disposer de biens mobiliers et immobiliers.
20.2 Dans la jouissance de sa personnalité morale, l’IMAO sera représenté par son Directeur général.
20.3 Sur l’étendue de leurs territoires respectifs, les Etats membres accorderont aux fonctionnaires et
aux biens de l’IMAO, les privilèges et immunités tels qu’accordés aux fonctionnaires et aux biens de
la CEDEAO conformément à la Convention Générale sur les Privilèges et Immunités de la
Communauté contenue à l’article 88 du Traité.
21.1 Le Conseil peut, par vote unanime, d’une recommandation du Conseil Exécutif, proposera tout
amendement aux présents Statuts.
21.2 Les amendements sont adoptés par la Conférence et entrent en vigueur conformément aux
dispositions de l’article 24 des présents statuts.

61
22.1 Tous différends résultant de l’interprétation ou de l’application des dispositions des présents
statuts seront réglés à l’amiable, sans préjudice des dispositions du Traité et de l’Accord portant
création de la ZMAO.
22.2 En cas d’échec de la procédure, chaque partie ou le Comité Exécutif ou tout Etat membre peut
soumettre le différend à la Cour de Justice de la CEDEAO dont le jugement sera exécutoire et sans
appel.

Article 23
Liquidation de l’IMAO
23.1 Dès le démarrage de la BCAO, le Directeur-Général de l’IMAO se dessaisit de ses fonctions et la
BCAO procède à la liquidation de l’IMAO.
24.1 Les présents Statuts entreront en vigueur après signature par au moins deux Etats membres.
24.2 Les présents Statuts seront déposés auprès du Secrétariat exécutif qui en transmettra les copies
certifiées conformes à l’ensemble des Etats membres, les informant des dates auxquelles les
instruments ont été déposés.
24.3 Les présents statuts seront annexés à l’Accord portant création de la ZMAO dont ils feront partie
intégrante.
En foi de quoi, Nous Chefs d’Etat et de Gouvernement des Etats membres de la Zone Monétaire de
l’Afrique de l’Ouest (ZMAO) avons signé les présents statuts, le 15 décembre 2000, en un seul
original Anglais et Français, les deux textes faisant également foi.
--------------------------------------------------
Pour la République de Gambie
Son Excellence Mme Njie SADY
Pour Son Excellence le Colonel (à la retraite)
Alhaji Dr. Yahya A. J. J. JAMMEH
Président de la République de Gambie
--------------------------------------------------
Pour la République du Ghana
Son Excellence le Capitaine d’Aviation
Jerry John RAWLINGS
Président de la République du Ghana
--------------------------------------------------
Pour la République de Guinée
Son Excellence le Général Lansana CONTE
Président de la République de Guinée
--------------------------------------------------
Pour la République du Libéria

62
Son Excellence Dahkpanah Dr. Charles Ghankey TAYLOR
Président de la République du Libéria
--------------------------------------------------
Pour la République Fédérale du Nigéria
Son Excellence Olusegun OBASANJO
Président, Commandant-en-Chef des Forces Armées
de la République Fédérale du Nigéria
--------------------------------------------------
Pour la République de Sierra Léone
Son Excellence Ahmad Tejan KABBAH
Président de la République de Sierra Léone
--------------------------------------------------
Pour la CEDEAO
Son Excellence Alpha Oumar KONARE
Président en exercice de la Conférence des
Chefs d’Etat et de Gouvernement
Président de la République du Mali

63
ANNEXE 2 : TRAITE CONSTITUANT L'UNION MONETAIRE OUEST AFRICAINE

Le Gouvernement de la République de Côte d'Ivoire,


Le Gouvernement de la République du Dahomey,
Le Gouvernement de la République de Haute Volta,
Le Gouvernement de la République du Niger,
Le Gouvernement de la République du Sénégal,
Le Gouvernement de la République Togolaise,

conscients de la profonde solidarité de leurs Etats,

persuadés qu'elle constitue l'un des moyens essentiels d'un développement rapide en même temps
qu'harmonisé de leurs économies nationales,

estimant qu'il est de l'intérêt propre de leur pays et de leur intérêt commun de demeurer en union
monétaire et de maintenir, afin d'en assurer le fonctionnement, un institut d'émission commun,

soucieux cependant de veiller, chacun en ce qui le concerne, à la bonne affectation des ressources
monétaires nationales au développement de leurs économies,

persuadés qu'une définition et une observation rigoureuse des droits et obligations des partisans d'une
union monétaire ainsi conçue peuvent en assurer le fonctionnement dans l'intérêt commun, comme
dans l'intérêt propre de chacun de ses membres,

sont convenus des dispositions ci-après :

TITRE I
DISPOSITIONS GENERALES

Article 1er - L'Union Monétaire Ouest Africaine constituée entre les Etats signataires du présent Traité
se caractérise par la reconnaissance d'une même unité monétaire dont l'émission est confiée à un
institut d'émission commun prêtant son concours aux économies nationales, sous le contrôle des
Gouvernements, dans les conditions définies ci-après.

Le Traité constituant l'Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA) est complété par le Traité de
l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), ci-après dénommé Traité de l'UEMOA.

Article 2 - Tout Etat ouest africain peut, sur demande adressée à la Conférence des Chefs d'Etat de
l'Union, être admis à l'Union Monétaire Ouest Africaine.

Les modalités d'admission sont arrêtées selon la procédure prévue à l'article 103 du Traité de
l'UEMOA.

Article 3 - Tout Etat membre de l'Union peut s'en retirer.

Sa décision doit être notifiée à la Conférence des Chefs d'Etat de l'Union. Elle entre en vigueur de
plein droit 180 jours après sa notification. Ce délai peut, cependant, être abrégé d'accord parties.

Les modalités de transfert du service de l'émission sont fixées par convention entre le Gouvernement
de l'Etat se retirant et l'institut d'émission de l'Union agissant pour le compte et dans les conditions
fixées par le Conseil des Ministres de l'Union.

64
Cette convention fixe également la part des positions négatives que pourrait présenter le poste
"disponibilités extérieures" de la situation de certains autres Etats de l'Union devant être prise en
charge par l'Etat se retirant du fait de sa participation solidaire à la gestion antérieure de la monnaie
commune.

Article 4 - Les Etats membres s'engagent, sous peine d'exclusion automatique de l'Union, à respecter
les dispositions du présent Traité, du Traité de l'UEMOA et des textes pris pour leur application,
notamment en ce qui concerne :

(i) les règles génératrices de l'émission,

(ii) la centralisation des réserves monétaires,

(iii) la libre circulation des signes monétaires et la liberté des transferts entre Etats de l'Union,

(iv) les dispositions des articles ci-après.

Conformément à la procédure prévue à l'article 6 du protocole additionnel n°1, la Cour de Justice de


l'Union est compétente pour connaître des manquements des Etats membres aux obligations qui leur
incombent en vertu du Traité de l'Union.

Si l'Etat membre qui n'a pas respecté ses engagements ne s'est pas exécuté suite à l'invitation prévue à
l'article 6 dudit protocole, la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement constatera, à l'unanimité
des Chefs d'Etat et de Gouvernement des autres Etats membres de l'Union, le retrait de cet Etat.
L'article 107 alinéa 3 du Traité de l'UEMOA s'applique par analogie.

En outre, le Conseil, statuant à l'unanimité de ses membres, peut prendre les mesures qui
s'imposeraient pour la sauvegarde des intérêts de l'Union.

TITRE II
DE LA CONFERENCE DES CHEFS D'ETAT

Article 5 - Les Chefs des Etats membres de l'Union réunis en Conférence constituent l'autorité
suprême de l'Union.

La Conférence des Chefs décide de l'adhésion de nouveaux membres, prend acte du retrait et de
l'exclusion des membres de l'Union et fixe le siège de son institut d'émission.

La Conférence des Chefs d'Etat tranche toute question n'ayant pu trouver une solution par accord
unanime du Conseil des Ministres de l'Union et que celui-ci soumet à sa décision.

Les décisions de la Conférence, dénommées "actes de la Conférence", sont prises à l'unanimité.

La Conférence siège pendant une année civile dans chacun des Etats de l'Union à tour de rôle dans
l'ordre alphabétique de leur désignation.

Elle se réunit au moins une fois l'an et aussi souvent que nécessaire, à l'initiative du Président en
exercice ou à la demande d'un ou plusieurs des Chefs d'Etat membre de l'Union.

La présidence de la Conférence est assurée par le Chef de l'Etat membre dans lequel siège la
Conférence.

65
Le Président en exercice fixe les dates et les lieux des réunions et arrête l'ordre du jour des travaux.

En cas d'urgence, le Président en exercice peut consulter à domicile les autres Chefs d'Etat de l'Union
par une procédure écrite.

Le Président de la Commission, le Gouverneur de la BCEAO et le Président de la BOAD peuvent


assister aux réunions de la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement pour exprimer les points
de vue de leur institution sur les points de l'ordre du jour qui les concernent.

TITRE III
DU CONSEIL DES MINISTRES DE L'UNION

Article 6 - La direction de l'Union Monétaire est assurée par le Conseil des Ministres de l'Union
Monétaire.

Chacun des Etats est représenté au Conseil par deux ministres et n'y dispose que d'une voix exprimée
par son Ministre des Finances

Chacun des Ministres membres désigne un suppléant qui l'assiste aux réunions du Conseil et le
remplace en cas d'absence.

Article 7- Le Conseil choisit l'un des Ministres des Finances de l'Union pour présider ses travaux.

Cette élection faite ès qualité doit appeler les Ministres des Finances de l'Union à présider à tour de
rôle le Conseil.

La durée du mandat du Président est de deux ans.

Le Président du Conseil des Ministres convoque et préside les réunions du Conseil. Il veille à la
préparation des rapports et des propositions de décisions qui lui sont soumis et à la suite qui leur est
donnée.

Le Conseil peut inviter la Commission, la BCEAO et la BOAD à lui soumettre des rapports et à
prendre toute initiative utile à la réalisation des objectifs de l'Union. La Commission, la BCEAO et la
BOAD pourvoient à l'organisation des séances du Conseil des Ministres et à son secrétariat.

Article 8 - Le Président de la Commission ou un membre de celle-ci ainsi que le Gouverneur de la


BCEAO et le Président de la BOAD assistent aux réunions du Conseil. Ils peuvent demander à être
entendus par ce dernier. Ils peuvent se faire assister par ceux de leurs collaborateurs dont ils estiment
le concours nécessaire.

Article 9 - Le Conseil des Ministres de l'Union peut convier à participer, avec voix consultative, à des
travaux ou délibérations, les représentants dûment accrédités des institutions internationales ou des
Etats avec lesquels un accord de coopération aurait été conclu par les Gouvernements des Etats de
l'Union, et selon les modalités fixées par cet accord.

Article 10 - Le Conseil des Ministres se réunit au moins deux fois l'an sur convocation de son
Président, soit à l'initiative de celui-ci, soit à la demande des Ministres représentant un Etat membre,
soit à celle du Gouverneur de l'institut d'émission de l'Union.

Article 11- Le Conseil des Ministres arrête à l'unanimité les décisions dans les matières dévolues à sa
compétence par les dispositions du présent Traité et des Statuts de l'institut d'émission commun qui lui

66
sont annexés, ainsi que de toutes celles que les Gouvernements des Etats membres de l'Union
conviendraient de soumettre à son examen ou de remettre à sa décision. Ces décisions doivent
respecter les engagements internationaux contractés par les Etats membres de l'Union.

Article 12- Le Conseil des Ministres de l'Union définit la politique monétaire et de crédit de l'Union
afin d'assurer la sauvegarde de la monnaie commune et de pourvoir au financement de l'activité et du
développement économique des Etats de l'Union.

Afin de permettre au Conseil des Ministres d'exercer ses attributions, les Gouvernements des Etats
membres de l'Union le tiendront informé de leur situation économique et financière, des perspectives
d'évolution de celle-ci, ainsi que de leurs décisions et projets dont la connaissance paraîtrait nécessaire
au Conseil.

Article 13- Le Conseil des Ministres approuve tout accord ou convention, comportant obligation ou
engagement de l'institut d'émission commun, à conclure avec les Gouvernements et instituts
d'émission étrangers ou les institutions internationales.

Il approuve notamment les accords de compensation et de paiement entre l'institut d'émission commun
et les instituts d'émission étrangers destinés à faciliter à faciliter les règlements extérieurs des Etats de
l'Union Monétaire.

Il peut donner, à son Président ou au Gouverneur de l'institut d'émission, mandat de signer en son nom
ces accords et conventions.

TITRE IV
DE L'UNITE MONETAIRE COMMUNE

Article 14 -L'unité monétaire légale des Etats membres de l'Union est le franc de la Communauté
Financière Africaine (F.CFA).

La définition du Franc de la Communauté Financière Africaine est celle en vigueur à la signature du


présent Traité.

La dénomination et la définition de l'unité monétaire de l'Union pourront être modifiées par décision
du Conseil des Ministres, sous réserve de respecter les engagements internationaux contractés par les
Etats membres de l'Union.

TITRE V
DE L'INSTITUT D'EMISSION COMMUN

Article 15- Sur le territoire des Etats signataires, le pouvoir exclusif d'émission monétaire est confié à
un institut d'émission commun, la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest, ci-après
dénommée la "Banque Centrale".

Article 16 - La Banque Centrale est régie par les Statuts annexés au présent Traité. Les dispositions de
ces Statuts pourront être modifiés par le Conseil des Ministres de l'Union, selon l'avis unanimement
exprimé par le Conseil d'Administration de la Banque Centrale.

Article 17 - En vue de permettre à la Banque Centrale de remplir les fonctions qui lui sont confiées, les
immunités et privilèges habituellement reconnus aux institutions financières internationales lui seront

67
concédés sur le territoire de chacun des Etats membres de l'Union dans les conditions précisées par ses
Statuts.

Article 18 - Les signes monétaires émis dans chacun des Etats de l'Union par la Banque Centrale ont
pouvoir libératoire sur tout le territoire des Etats de l'Union.

Les billets émis par la Banque Centrale seront identifiés par une lettre spéciale à chaque Etat,
incorporée dans leur numérotation.

Dans chaque Etat, les caisses de la Banque Centrale, les caisses publiques et les banques domiciliées
au siège d'une agence ou d'une sous-agence de la Banque Centrale ne pourront mettre en circulation
que les billets portant la marque d'identification de l'Etat.

Article 19 - La Banque Centrale établira pour chaque Etat de l'Union une situation distincte de
l'émission monétaire et de ses contreparties.

Article 20 - La Banque Centrale tiendra une situation :

des disponibilités extérieures des Trésors publics, établissements, entreprises et collectivités publics
des Etats de l'Union,

de la part des disponibilités extérieures, correspondant à leur activité dans l'Union, des banques et
établissements de crédit qui y sont établis.

En cas d'épuisement de ses disponibilités extérieures, la Banque Centrale demandera cession à son
profit, contre monnaie de son émission, des disponibilités extérieures en francs français ou autres
devises détenues par tous organismes publics ou privés ressortissant des Etats de l'Union.

En proportion des besoins prévisibles, elle pourra limiter cet appel aux seuls organismes publics et
banques et y procéder en priorité dans les Etats dont la situation de l'émission monétaire, dressée en
application de l'article 19 ci-dessus, ferait apparaître une position négative du poste des disponibilités
extérieures.

Article 21 - La Banque Centrale tiendra informés le Conseil des Ministres et les Ministres des
Finances des Etats membres du flux des mouvements financiers et de l'évolution des créances et dettes
entre ces Etats et l'extérieur.

A cette fin, elle pourra requérir, soit directement, soit par l'intermédiaire des banques, des
établissements financiers, de l'Administration des Postes et des notaires, toutes informations sur les
transactions extérieures des administrations publiques, des personnes physiques ou morales, publiques
ou privées ayant leur résidence ou leur siège dans l'Union, ainsi que des personnes ayant leur résidence
ou leur siège à l'étranger pour leurs transactions relatives à leur séjour ou activité dans l'Union.

TITRE VI
DE L'HARMONISATION DES LEGISLATIONS MONETAIRE ET BANCAIRE

Article 22 - Afin de permettre la pleine application des principes d'union monétaire définis ci-dessus,
les Gouvernements des Etats membres conviennent d'adopter une réglementation uniforme dont les
dispositions seront arrêtées par le Conseil des Ministres de l'Union concernant notamment :

l'exécution et le contrôle de leurs relations financières avec les pays n'appartenant pas à l'Union,

68
l'organisation générale de la distribution et du contrôle du crédit,

les règles générales d'exercice de la profession bancaire et des activités s'y rattachant,

les effets de commerce,

la répression de la falsification des signes monétaires et de l'usage des signes falsifiés.

Le Conseil des Ministres de l'Union pourra autoriser des dérogations aux dispositions convenues, n'en
affectant pas les principes, qui lui paraîtraient justifiées par les conditions et besoins propres d'un Etat
membre de l'Union.

TITRE VII
DES INSTITUTIONS COMMUNES DE FINANCEMENT DU DEVELOPPEMENT

Article 23 - Le Conseil des Ministres de l'Union pourra décider de la création par la Banque Centrale
ou de la participation de celle-ci à la constitution de tout fonds spécial, organisation ou institution
ayant pour objet, dans l'intérêt du développement harmonisé et de l'intégration des Etats membres de
l'Union, notamment :

a) l'assistance des Etats membres dans la coordination de leurs plans de développement en vue d'un
meilleur emploi de leurs ressources, d'une plus grande complémentarité de leurs productions et d'un
développement de leurs échanges extérieurs, particulièrement de leurs échanges entre eux ;

b) la collecte de capitaux extérieurs;

c) la recherche de capitaux extérieurs;

d) l'organisation d'un marché monétaire et celle d'un marché financier;

e) l'octroi de concours financiers directs par participation, prêts, avals ou bonification d'intérêt, à des
investissements ou activités d'intérêt commun;

f) l'octroi de concours financiers complémentaires par participation, prêts, avals ou bonification


d'intérêt à des Etats de l'Union ou à des organismes nationaux de développement;

g) l'enseignement des techniques bancaires et la formation de personnel des banques et établissements


de crédit.

Le Conseil des Ministres détermine les statuts et les modalités de constitution du capital ou de la
dotation des institutions communes de l'Union dont il décide la création.

TITRE VIII
DISPOSITIONS DIVERSES

Article 24 - Les dispositions du présent Traité se substituent de plein droit à celles du Traité instituant
l'Union Monétaire Ouest Africaine conclu le 12 mai 1962.

69
Les droits et obligations de la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest à l'égard des tiers ne
seront pas affectés par cette substitution.

Article 25 - Le présent Traité entrera en application, après notification de sa ratification par les Etats
signataires à la République de l'Etat où sera établi le siège de la Banque Centrale des Etats de l'Afrique
de l'Ouest, à une date qui sera fixée d'accord parties par les Gouvernements signataires.

En foi de quoi, ont apposé leur signature au bas du présent Traité, le 14 novembre 1973,

Le Président de la République de Côte d'Ivoire Pour la République du Dahomey


Félix HOUPHOUET BOIGNY Le Ministre des Affaires Etrangères
Michel ALLADAYE
Le Président de la République de Haute-Volta Le Président de la République du Niger
Sangoulé LAMIZANA DIORI HAMANI
Le Président de la République du Sénégal Le Président de la République Togolaise
Léopold Sédar SENGHOR Etienne Gnassingbé EYADEMA

70
APPENDICE 1 : UNION ECONOMIQUE ET MONETAIRE OUEST-AFRICAINE

La création en janvier 1994 de l'UEMOA, qui a coïncidé avec la dévaluation du franc CFA, s’est très
largement inspirée des principes de l'Union européenne. Plus qu'une simple union douanière,
l'UEMOA vise la convergence des politiques économiques et une véritable intégration des économies
des pays membres.

L'UEMOA a constitué un puissant levier de changement et de modernisation. Les bailleurs ont


d'ailleurs souvent joué du caractère supranational du traité, dans certains cas à l'excès, pour inciter aux
réformes.

L'UEMOA est sans conteste aujourd’hui le processus d'intégration économique le plus abouti en
Afrique sub-saharienne, en raison de son assise monétaire et de certains atouts spécifiques :
homogénéité administrative et culturelle, importance des échanges migratoires, stabilité politique et
progrès de la démocratie ). C'est aussi le processus dans lequel les bailleurs de fonds ont le plus investi
au cours des dernières années.

Les divers chantiers mis en œuvre dans le cadre de l’UEMOA ont avancé selon un calendrier rapide :
union douanière entrée en vigueur le 1er janvier 2000, harmonisation accélérée du cadre réglementaire
et administratif en matière de finances publiques et mise en place d'un système de convergence macro-
économique et budgétaire destiné à consolider les acquis de l'union monétaire.
La définition d'un cadre harmonisé concerne des domaines très divers qui dépassent dans certains cas
le cadre de l'UEMOA :

- financier (douanes, fiscalité, finances publiques) ;


- économique (code des investissements, procédure du guichet unique) ;
- monétaire (BCEAO, aménagement de la réglementation des changes et du crédit) ;
- statistique (AFRISTAT, élaboration des comptes nationaux) ;
- comptable (SYSCOA) ;- judiciaire (Cour de justice, Cour des Comptes , OHADA) ;
- assurance (CIMA) ;
- création d'une bourse de valeurs régionales (BRVM) à Abidjan ;
- prévoyance sociale (CIPRES).

71
APPENDICE 2 : LES OBJECTIFS DE LA CEDEAO

La Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), créée en 1975, par seize Etats, est le
regroupement le plus représentatif de la sous-région. La CEDEAO a été initialement établie pour
promouvoir la coopération économique et l’intégration en Afrique de l’Ouest, mais plus tard, sa
mission a été élargie au-delà de la coopération économique et couvre d’autres domaines comme la
résolution des conflits. Le traité établissant la CEDEAO a été révisé en 1993 pour réorganiser et
renforcer la communauté dans le but d’élargir et d’enraciner le processus d’intégration régionale. Le
traité révisé de 1993 a nommé en fin de compte la CEDEAO comme étant la seule communauté
économique régionale de l’Afrique de l’Ouest dotée de pouvoirs supra-nationaux et d’un mécanisme
d’autonomie de financement (CEDEAO 2001). Ses objectifs sont spécifiquement entre autres :

• La promotion de la coopération et de l’intégration conduisant à la mise en place d’une union


économique en Afrique de l’Ouest ;

• Le maintien et l’amélioration de la stabilité économique ;

• La stimulation des relations entre les Etats membres; et

• La contribution au progrès et au développement du continent africain.

Afin de réaliser ces objectifs, la CEDEAO a reçu mandat d’assurer l’harmonisation et la coordination
des politiques nationales et la promotion des programmes d’intégration, des projets et activités. Elle
devrait établir un marché commun à travers la libéralisation du commerce, l’adoption d’un tarif
extérieur commun et d’une politique commerciale commune vis-à-vis des Etats tiers et d’une
suppression des obstacles à la libre circulation des personnes, des biens, des services et des capitaux
entre les Etats membres. Il paraissait très important que la CEDEAO devrait créer une union
monétaire et établir une union économique à travers l’adoption de politiques économiques et
financières communes.

Depuis sa création, la CEDEAO a remporté certains succès spécialement dans les domaines de la paix
et de la sécurité dans la sous-région, le développement d’infrastructures intra-régionales et le
renforcement institutionnel. La formation du groupe chargé du maintien de la paix de la CEDEAO
(ECOMOG), le premier du genre composé d’un corps régional qui a contribué à la résolution des
conflits au Libéria, au processus de paix en Sierra Léone et en Guinée Bissau. Des protocoles de
facilitation ont été adoptés pour s’assurer d’un usage efficace du mécanisme de la CEDEAO pour la
prévention, la gestion et la résolution des conflits.

Dans le domaine de la libéralisation du commerce, plusieurs protocoles ont été signés pour s’assurer
d’une plus grande liberté de commerce et d’une amélioration des relations commerciales entre les pays
membres. Ils impliquent la suppression des barrières tarifaires et non tarifaires afin de favoriser la
circulation des personnes et des biens. En 1999, l’Afrique de l’Ouest est en principe devenue une

72
zone de libre échange pour tous les produits qui sont en accord avec les règles d’origine de la
CEDEAO (CEDEAO 2001). La CEDEAO s’est engagée dans plusieurs activités promotionnelles afin
d’encourager le commerce régional telles que les foires commerciales dont les première et deuxième
se sont tenues respectivement à Dakar et à Accra. La suppression des exigences de visa aux citoyens
de la sous-région est aussi un succès notable.

Un progrès a été aussi accompli dans l’amélioration des infrastructures de la sous-région. Les
systèmes de réseaux routiers ont été améliorés avec la réalisation des projets d’autoroutes intra-
régionales qui ont été exécutés à plus de 70% en 1997. Les capitales des pays membres ont été
interconnectées dans le cadre du premier programme de télécommunication (INTELCOM I), achevé
en 1995. Ceci a préparé le terrain pour l’adoption d’un deuxième programme ; INTELCOM II en
1997. La deuxième phase a pour but la modernisation et l’extension du réseau existant pour s’assurer
de la compatibilité avec le développement rapide des technologies de télécommunication. D’autres
activités de développement d’infrastructures sont en cours dans le secteur de l’énergie, notamment un
projet qui vise la connexion des réseaux électriques des Etats membres, et un autre dont l’objectif est
la construction d’un gazoduc ouest africain qui reliera quatre pays de la sous-région.

Le développement d’un système de paiement acceptable pour la sous-région fait partie intégrante du
programme d’intégration de la CEDEAO. Ainsi, la Chambre de Compensation Ouest Africaine a été
créée en 1975, pour être par la suite remplacée par l’Agence Monétaire de l’Afrique de l’Ouest
(AMAO) en 1994 avec un mandat élargi d’œuvrer en faveur d’une monnaie unique de la sous région.
Des critères de convergence macroéconomiques ont été retenus par les Etats membres comme moyen
de coordination et d’harmonisation

73
PRINCIPALES DONNEES ECONOMIQUE ET DEMOGRAPHIQUE DES PAYS DE LA
CEDEAO
(ces chiffres ont été tirés du journal de l’IMOA)

Tableau 1

POPULATION, TERRITOIRE ET QUALITE DE VIE

Population Zone IDH IPH


(million d’hbts) (en millier Classement -174 Classement -85
De Km2)

Benin 5,88 133 157 74


Burkina Faso 11,40 274 172 84
Côte d’Ivoire 14,57 323 154 72
Guinée-Bissau 1,14 36 169 78
Mali 11,83 1240 165 81
Niger 10,12 1267 173 85
Sénégal 9,00 196 155 73
Togo 4,43 57 145 63
UEMOA 63,98 3506 … …
Cap Vert 0,42 4 105 37
Gambie 1,19 11 161 75
Ghana 18,56 239 129 59
Guinée 7,67 246 162 RAS
Liberia 2,75 111 RAS RAS
Nigeria 121,77 924 151 62
Sierra Léone 4,58 72 174 RAS
ZMAO 156,94 1607 … …

Population Zone IDH IPH


( en million (en millier Classement –174 Classement –85
d’hbts) de Km2)

CEDEAO 220,92 5113 … …

…= Non estimé ; ND = Non Disponible ; IDH = Index de Développement Humain ;


IPH = Index de Pauvreté Humaine
Source : Rapport sur le Développement Mondial, 2000/2001

74
Tableau 2

PRODUCTION INTERIEURE ET SA DISTRIBUTION SECTORIELLE (1999)

PIB1) PIB
(en Million par capital PRIMAIRE SECONDAIRE SERVICES
$US) $US

Benin 2771 471 38 17 45


Burkina Fasso 3768 331 36 34 30
Côte d’Ivoire 12170 835 25 22 53
Guinée Bissau 371 325 52 55 43
Mali 3315 280 56 15 29
Niger 2935 290 44 16 40
Sénégal 7588 843 21 32 47
Togo 1761 398 28 27 45
UEMOA 34079 532 38 21 41

PIB1) PIB
(en Million par capital PRIMAIRE SECONDAIRE SERVICES
$US) $US

Cape Vert 505 1202 26 26 48


Gambie 383 322 24 14 62
Ghana 9916 534 52 18 30
Guinée 4049 528 23 35 42
Liberia 1684 612 24 31 45
Nigeria 44236 363 33 39 28
Sierra Léone 573 125 50 22 28
ZMAO 61346 391 33 26 40

PIB1) PIB
(en Million par capital PRIMAIRE SECONDAIRE SERVICES
$US) $US

CEDEAO 96025 434 36 24 40

1) Aux prix de 1990


Source : Conseil Economique et Social de l’ONU ECA (SRDC- WA) – Rapport sur
les Conditions Economiques et sociales en Afrique de l’Ouest (2001)

75
Tableau 3

EPARGNE, INVESTISSEMENT ET ASSISTANCE AU DEVELOPPEMENT OFFICIEL (1998)


(POURCENTAGE DU PIB)

GNB(1) IIB(2) ADO(3) ADO/IIB

Benin 14 19 9 53
Burkina Faso 21 26 16 54
Côte d’Ivoire 14 18 8 40
Guinée Bissau 12 26 50 411
Mali 25 26 13 62
Niger 10 13 14 136
Sénégal 13 18 11 55
Togo 14 18 9 60
UEMOA 15 21 16 109

ENB(1) IIB(2) ADO(3) ADO/IIB

Cape Vert 29 39 20 42
Gambie 16 19 9 41
Ghana 14 18 38 41
Guinée 20 22 10 47
Liberia 12 13 10 100
Nigeria 8 15 1 3
Sierra Léone 1 16 17 202
ZMAO 14 20 15 68

ENB(1) IIB(2) ADO(3) ADO/IIB

CEDEAO 15 20 16 90

(1) ENB = Epargne Nationale Brute


(2) IIB = Investissement Intérieur Brut
(3) ADO = Assistance au Développement Officiel
Sources : (i) Idem Annexe 2
(ii) Rapport sur le Développement Mondial, 2000/2001

76
Tableau 4

COMMERCE EXTERIEUR, RESERVES ET DETTES EN 1999


( EN MILLION $US)

RESERVES DETTES
EXPORTATIONS IMPORTATIONS EXTERIEURES EXTERIEURES
BRUTES (1)

Bénin 522 841 400 1647


Burkina Fasso 315 783 295 1399
Côte d’Ivoire 5026 4095 632 14852
Guinée Bissau RAS RAS RAS RAS
Mali 618 899 350 3202
Niger 298 479 39 1659
Sénégal 1294 1627 404 3861
Togo 344 823 122 1243
UEMOA 8417 9547 2242 27863

RESERVES DETTES
EXPORTATIONS IMPORTATIONS EXTERIEURES EXTERIEURES
BRUTES (1)
Cape Vert ND ND ND ND
Gambie 102 162 107 ND
Ghana 2117 3228 454 6884
Guinée 940 1134 122 3546
Liberia ND ND ND ND
Nigeria 12924 9375 6485 30315
Sierra Léone 175 161 39 1243
ZMAO 16258 14060 7207 41988

RESERVES DETTES
EXPORTATIONS IMPORTATIONS EXTERIEURES EXTERIEURES
BRUTES (1)

CEDEAO 24675 23607 9449 69851

(1) 1998 ; ND = Non Disponible


Source Rapport sur le Développement Mondial, 2000/2001

77
Tableau 5 :

INDICATEURS MACROECONOMIQUES DES PAYS DE LA CEDEAO


1975-79 1980-85 1986-89 1990-93 1994-98
29
Pays membres de l’UEMOA

Croissance du PIB réel 5,9 1,2 2,8 0,4 5,0


Croissance du PIB réel par habitant 2,8 1,9 -0,2 -2,7 1,9
Croissance des exportations en volume 6,7 -2,7 3,9 2,2 7,3
Croissance des importations en volume 9,6 -4,2 0,5 0,7 6,2
Inflation 14,8 7,4 1,9 0,4 10,6

Solde budgétaire de l’administration


publique30 … -5,5 -6,1 -6,7 -2,4
Epargne nationale brute 17,0 10,7 6,7 5,7 12,9
Formation brute de capital fixe 18,6 15,9 13,9 13,0 16,4

Pays non-membres de l’UEMOA31

Croissance du PIB réel 0,3 0,6 3,3 4,3 3,0


Croissance du PIB réel par habitant -2,4 -2,4 0,5 1,4 0,0
Croissance des exportations en volume 6,7 -2,2 7,5 4,5 6,8
Croissance des importations en volume 23,5 -0,7 -5,1 8,9 5,2
Inflation 29,2 31,0 28,2 27,1 30,4

Solde budgétaire de l’administration


publique …. -1,7 -0,7 -0,2 -3,5
Epargne nationale brute 48,5 11,6 13,3 17,7 16,6
Formation brute de capital fixe 20,5 15,6 18,2 19,7 18,4

Source : Département Afrique du FMI, base de données des perspectives de l’économie


mondiale du FMI

29
Guinée Bissau non compris
30
Dons Compris
31
Cap-vert, Gambie, Ghana, Guinée , Guinée Bissau, Liberia, Nigeria et Sierra Leone
78
FIGURE 1 : CARTE DES PAYS MEMBRES DE LA CEDEAO
(en blanc sur la carte)

79
FIGURE 2 : CARTE DES PAYS MEMBRES DE L’UEMAO
( en blanc sur la carte)

80

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