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A MADAGASCAR
A MADAGASCAR
Tableau 1 : Pourcentage des ménages pauvres dans les différents types de crédit p.47
Tableau 2 : Répartition des différents types de crédit par catégories de paysans p.49
Tableau 3 : Rationnement de crédit suivant refus de crédit et différence entre montant p.51
Tableau 4 : Evaluation du rôle joué par les CECAM dans l’évolution de la vulnérabilité p.51
Page
INTRODUCTION 1
PARTIE 2 : Analyse de l’efficacité des IMF dans les milieux ruraux à Madagascar :
Cas du réseau CECAM………………………………………………… 27
Chapitre 1 : Les IMF dans les milieux ruraux et leurs efficacités……………………….. 27
Section 1 : Le financement rural………………………………………………….. 27
1.1- La demande et l’offre de financement rural à Madagascar………………….. 27
1.2- Source de financement de la microfinance rurale à Madagascar…………… 31
Section 2 : Les limites de la microfinance……………………………………… 37
Chapitre 2 : L’efficacité du réseau CECAM…………………………………………… 39
Section 1 : Présentation du réseau CECAM……………………………………. 39
1.1- Fonctionnement d’une CECAM………………………………………………. 39
1.2- Structure du réseau CECAM………………………………………………….. 40
1.3- Les services du réseau…………………………………………………………. 41
Section 2 : Analyse économique de l’activité du réseau CECAM…………….. 45
2.1- L’efficacité du réseau CECAM………………………………………………… 45
2.2- Les limites du réseau CECAM…………………………………………………. 48
CONCLUSION 53
INTRODUCTION
1
PAS : Programme d’Ajustement Structurel
DSRP : Document Stratégique pour la Réduction de la Pauvreté, Axe stratégique n°2, Développement rural,
Financement du monde rural, p.85
MAP : Madagascar Action Plan, Engagement n°4 sur le Développement rural, p.13
1
Aussi large que cette problématique puisse paraître, l’analyse comportera dans son contenu,
toutes les hypothèses qui permettraient de l’étancher sus toutes les coutures, depuis les
caractéristiques du monde rural à Madagascar jusqu’aux qualités intrinsèques des IMF, en
insistant sur l’efficacité de ces dernières.
C’est dans cette optique que le plan va se présenter en deux parties complémentaires :
- la première partie s’étalera sur le cadre théorique de la microfinance et la situation des
IMF à Madagascar dans laquelle l’efficacité d’une IMF sera théoriquement exposée,
puis,
- la seconde partie traitera de l’analyse de l’efficacité des IMF dans les milieux ruraux et
démontera, en cas pratique, l’efficacité d’une IMF implantée en milieu rural à
Madagascar.
2
PARTIE 1 :
CADRE THEORIQUE ET SITUATION DES INSTITUIONS DE MICROFINANCE A
MADAGASCAR
1.1-La microfinance
« La microfinance est un produit financier qui sert essentiellement à aider les
personnes pauvres par le financement de leurs activités ou de certains investissements en vue
de leur permettre d’avoir leur autonomie financière dans le futur »2. Une IMF se distingue
ainsi des autres institutions financières comme la banque de par son objectif même (une
2
Razafindramanana H. M., Razafitsoa R. S., Razafy A. Z., Razanakolona A. M., Rivoarison R., 2010. « La
microfinance », Séminaire d’initiation à la recherche, Département Economie, Fac DEGS, Université
d’Antananarivo, p.4
3
banque ne prêtant qu’aux personnes qu’elle estime solvables), l’important étant pour une
banque de tirer bénéfice des crédits qu’elle accorde sans aucune considération de politique
sociale et d’équité.
La microfinance ne concerne pas seulement le financement mais inclue également
l’épargne, et même les services d’assurance et le transfert d’argent.
1.2-Asymétries d’information
Elles découlent des transactions économiques conclues entre des agents économiques. Ces
transactions contiennent des incertitudes que les organismes de microfinance doivent tenir
compte.
Les incertitudes sont de deux sortes, notamment :
• La sélection adverse.
« Elle consiste à recourir ou à ne pas recourir à l’assurance en fonction
d’informations détenues par l’agent et inconnues de l’assureur »3.
C’est l’auteur Akerloff4 qui a évoqué le premier type de sélection adverse. Cette
dernière porte sur les caractéristiques cachées des voitures d’occasion qui sont
vendues dans un parc. Seul le vendeur connait les caractéristiques de chaque voiture;
quant à l’acheteur, il peut aussi bien tomber sur une bonne voiture que sur une
mauvaise.
3
Définition du dictionnaire d’économie, Edition Nathan, p.22
4
Akerloff G., 1970. The market for lemons
4
Un autre type de sélection adverse est celle évoquée par Spence5. L’exemple qu’il a
pris concerne le marché du travail. Il stipule qu’un recruteur ne peut savoir les
compétences du candidat qui se présente devant lui, lors d’une entrevue.
Le dernier type de sélection adverse a été tiré au clair par Stiglitz6, il s’agit du
rationnement de crédit. Ce type d’asymétrie intéresse particulièrement les institutions
financières du fait que la source même de leurs revenus (c’est-à-dire les intérêts
qu’elles retirent des emprunts) découle du crédit qu’ils décident d’octroyer ou pas.
• L’aléa moral.
« On parle d’aléa moral lorsque l’incertitude porte sur les actions cachées de
certains agents économiques »7. Ce concept est particulièrement important en
microfinance car il concerne les motifs de non paiement probables des clients qui
pourraient éventuellement tirer profit de certaines circonstances pour ne pas
rembourser. Ce qui pourrait sérieusement nuire à l’activité même des IMF car leurs
ressources dépendent essentiellement des dépôts des membres et des fonds obtenus
auprès des bailleurs.
Quelque soit le type d’asymétrie d’information, les IMF se doivent de passer outre ces
incertitudes puisqu’elles ont pour principale mission de porter assistance, en termes de
financement, aux personnes les plus défavorisées qui ont été exclues du système bancaire du
fait de leur supposée non solvabilité. Ceci ne signifie pas forcément que toute demande de
crédit soit sanctionnée par un octroi, mais seulement que les conditions requises pour le
demande soient fixées ai strict minimum (c'est-à-dire différencie les IMF des banques qui
fixent des conditions ou exigences ou garanties trop importantes pour une personne pauvre)
5
Spence, Job market signaling
6
Stiglitz J., 1982. Rationnement de crédit
7
Ravelomanana M., 2010. Cours de politique économique, introduction, , Département Economie, Fac DEGS,
Université d’Antananarivo
5
• L’épargne
« L’épargne est la part de revenu non consommée ». Elle peut être considérée comme une
renonciation, pour un individu, à une consommation immédiate en vue de pouvoir améliorer
son revenu futur et par la même occasion sa consommation future.
L'épargne est un élément fondamental dans l'économie : elle est la contrepartie de
l'investissement, lequel permet à la croissance de se maintenir et de progresser. En principe,
plus le niveau d'épargne est élevé, plus les entreprises peuvent avoir accès à des financements
bon marché qui leurs servent à augmenter leurs capacités de production et à produire
davantage en distribuant ainsi plus de revenus à leurs salariés et à la collectivité.8
Elle est importante pour les IMF puisque la plupart d’entres elles utilisent les dépôts (i.e.
épargnes) de leurs membres pour financer les activités des demandeurs de crédit.
• Le crédit
« C’est un mécanisme par lequel un débiteur obtient un bien ou de la monnaie d’un
créancier en échange de la promesse d’un paiement différé de la contrepartie, majoré d’un
intérêt »9.
Dans notre cas, les besoins en services financiers des exploitations agricoles portent sur
différents types de crédits :
Crédit de court terme : quand les financements portent sur le stockage, la campagne
agricole, la première transformation des produits agricoles.
Crédit de moyen terme : lorsque le financement porte sur l’équipement agricole.
Crédit de long terme : on a généralement recours à ce type de crédit pour financer
l’acquisition d’équipements lourds, l’achat de foncier dans certains contextes.
• Le financement
« C’est l’action de fournir l’argent nécessaire à la réalisation d’une opération
économique »10.
Les organismes qui obtiennent des ressources financières d'un prêteur pour les fournir à
un emprunteur sont appelés intermédiaires financiers, c’est le cas des IMF.
Dans notre cas, il s’agit de financement des activités génératrices de revenus des
personnes pauvres, en vue d’une amélioration de leurs conditions de vie, par les IMF.
8
Microsoft Encarta 2008. Etudes, Sciences Economiques
9
Dictionnaire d’économie et de sciences sociales, Op. cit., p.100
10
Dictionnaire d’économie et de sciences sociales, Op. cit., p.189
6
• L’assurance
« C’est une opération consistant pour une institution à percevoir une cotisation (ou
prime), et à s’engager en contrepartie à prendre en charge les dommages éventuels survenus
à un agent lors de la réalisation d’un risque. Il s’opère ainsi une mutualisation des risques,
une transformation des risques individuels en risques collectifs. »11
Cette notion d’assurance tient son importance en matière de microfinance du fait que
les IMF s’exposent à un risque de non paiement de la part des personnes auprès desquelles
elles oeuvrent, c’est exactement pour cette raison que le système bancaire classique ne leur a
pas accordé de crédit.
« De manière générale, en raison de la spécificité de la clientèle, les crédits à moyen
terme apparaissent plus risqués car la probabilité que des événements défavorables
surviennent au cours de l’amortissement du crédit s’accroît avec la durée de celui-ci.
Sur une durée de cinq années, la probabilité d’une mauvaise récolte ou d’une mauvaise
conjoncture devient très élevée »12.
Ce qui montre la nécessité de se couvrir contre les risques par le biais de l’assurance.
Après avoir vu les théories sur lesquelles s’appuie la microfinance, et qui constitue ses
bases théoriques, continuons ce chapitre avec la notion d’efficacité.
11
Dictionnaire d’économie et de sciences sociales, Op. cit., p.22
12
Fraslin J-H., Andriantsilavina U., 2001. Les CECAM de Madagascar : La location vente mutualiste, p.5
7
2.1- L’efficacité d’une IMF
Œuvrer auprès des populations pauvres, en les finançant, en vue d’améliorer leurs
conditions de vie, voilà en quoi consiste la mission origine d’une IMF. Nous disons alors que
les IMF poursuivent un objectif de politique sociale et d’équité. Cependant, les IMF doivent
insister sur la nécessité d’une gestion efficace de leurs ressources afin de fonctionner sur une
base soutenable pour permettre un accès durable des populations pauvres au crédit.
En d’autres termes, insister sur l’efficacité intrinsèque des IMF, voilà sur quoi va se
concentrer cette sous-section.
A- Notion d’efficacité
En premier lieu, apprécier l’efficacité d’une IMF dépend de l’optique suivant laquelle
on veut l’apprécier13. On peut donc approcher l’efficacité aussi bien de manière technique
qu’allocative.
• Efficacité technique et efficacité allocative
L’efficacité technique consiste en la poursuite d’une efficacité qui résulterait d’une
considération plutôt technique (i.e. IMF efficace par la technique qu’elle utilise).
Ainsi, dans un contexte d’approche par la production (puisqu’effectivement, une IMF
et une unité productive d’épargne et/ou de crédit ou encore outputs), l’efficacité
technique permet à l’IMF de produire le maximum d’outputs avec une quantité donnée
de dépôt ou de ressource appelé encore inputs.
L’efficacité allocative, quant à elle, consiste en une optimisation de la
production d’outptus sous la contrainte des coûts. C'est-à-dire, en vue de la
production, l’efficacité allocative permet de choisir la meilleure combinaison
productive d’inputs compte tenu de leurs prix14.
Cette distinction entre efficacité technique et allocative est due à Farrell15.
13
Soulama.S., 2008. Efficacité technique et inefficience à l’échelle des institutions de microfinance au Burkina
Faso, UFR /SEG, Université de Ouagadougou, p.3
14
Razafindramanana H. M. et al., 2010. Op. cit, p.21
15
Farrell M.J., 1957. The Mesurement of the Productive Efficiency
8
« On peut dire que l’efficacité allocative est discutable de par le seul fait qu’elle se réfère à
l’optique d’optimisation du profit (c'est-à-dire calcul économique de l’efficacité orienté vers
coût et avantage produit par le choix d’inputs).
Quant à l’efficacité technique, elle est moins discutable, car même en cas d’inefficacité
technique, on peut clairement justifier cette inefficacité. De façon plus claire, il est
impensable que les IMF renoncent à la recherche de l’efficacité technique au risque de ne
pouvoir soutenir durablement leurs actions en faveur des catégories pauvres »16.
Pour le cas des IMF à Madagascar alors, retenir l’efficacité technique comme mesure
appropriée de performance est plus convenable que de retenir l’efficacité allocative.
• L’approche
Une autre distinction, qu’on doit impérativement faire, porte sur l’approche suivant
laquelle il convient d’estimer l’efficacité.
Il existe deux types d’approches : approche frontière et approche financière
Par souci de continuité du raisonnement, on ne traitera ici que l’approche frontière et on ne
verra l’approche financière que dans la sous-section qui va suivre (sous-section 2.2, p.8)
(L’évaluation financière est une pratique plus courante que la mesure par les frontières
d’efficacité).
L’approche frontière : Il s’agit ici de définir une frontière de production PP’ à partir de
laquelle on va juger de l’efficacité d’une IMF17.
C’est Farrell qui a mis au clair la distinction entre l’efficacité technique et l’efficacité
allocative grâce à son approche par la frontière de production18.
Le graphique ci-dessous nous éclaircit sur les notions d’approche frontière, efficacité
technique et efficacité allocative, dans lequel19 :
PP’ : la frontière de production
tt’ : rapport du prix des inputs définissant la contrainte des coûts.
rr’ : coût théorique que doit supporter l’IMF
Point O : origine
Point B : niveau de production théorique correspondant à une IMF techniquement efficace
Point D : point où devrait se trouver une IMF techniquement et allocativement efficace
16
Soulama S., 2008. Op. cit, p.4
17
Soulama S., 2008. Op. cit, p.3
18
Soulama S., 2008. Op. cit, p.3
19
Razafindramanana H. M. et al., 2010. Op. cit, p.24
9
Au point A :
- inefficacité technique = OA/OB<1 car OA<OB
- inefficacité allocative = OB/OC avec OB<OC
OC : coût que supporte l’IMF qui se trouve en A
t’
O P’
20
Source : Farrell, 1957, Coelli , 1996
Les études effectuées sur les IMF situées dans des PVD montrent qu’il convient de
retenir :
• l’efficacité technique comme méthode de mesure de performance appropriée puisque
l’efficacité allocative se réfère plus à l’optimisation du profit que vers l’objectif
premier des IMF
• que l’approche frontière présente un avantage certain sur l’approche financière car
cette dernière échoue dès lors qu’on veuille chercher un indicateur synthétique de
l’efficacité. C’est la raison pour laquelle la tendance dans les dernières années est à la
mesure de l’efficacité par la méthode des frontières21.
Maintenant que nous avons éclairci ce qu’on entend par efficacité, voyons comment peut-
on procéder à la mesure de cette efficacité.
20
Coelli T.J., 1996. Aguide to DEAP Version : A Data Envelopment Analysis
21
Soulama S., 2008. Op.cit, p.4-5
10
B- Mesure de l’efficacité : Approche paramétrique ou approche non paramétrique
Il a été tiré au clair dans la section précédente que l’approche par les frontières est
préférable à l’approche financière et l’efficacité technique sur l’efficacité allocative. Il
importe alors de savoir lesquelles des méthodes d’estimation, paramétrique ou non
paramétrique, doit – on retenir lorsqu’on veut évaluer l’efficacité d’une IMF à l’aide d’un
indicateur synthétique.
On peut distinguer deux principaux types d’approches suivant que l’on ait recours à
des paramètres ou non22.
• L’approche paramétrique
Les approches paramétriques peuvent être regroupées en deux catégories :
- si tout écart observé est uniquement dû à l’inefficacité (la méthode d’estimation de la
frontière est inférentielle avec recours aux Moindres Carrées Ordinaires), la frontière de
production est dite déterministe.
- si, en plus de la défaillance, on prend en compte un autre terme aléatoire qui englobe les
erreurs23 qui peuvent influencer la production, la frontière devient alors stochastique.
22
Soulama S., 2008. Op. cit, p.6
23
Les erreurs éventuelles de mesure, les erreurs de la mauvaise spécification du modèle, l’omission de certaines
variables explicatives et la considération des évènements ( politique, prix des intrants…)
11
relatifs à l’IMF24. (Cette section traitera aussi de l’efficacité financière que l’on a
volontairement omis de mentionner dans la sous-section 2.1)
24
Ledgerwood J., 1999. Manuel de microfinance, Une perspective institutionnelle et financière, Banque
Mondiale, p.215
25
Ledgerwood J., 1999. Op.cit, p.215
26
Ledgerwood J., 1999. Op.cit, p.215
12
de retraiter les états financiers et de procéder à l’amortissement de chaque immobilisation, en
se fondant sur le nombre d’années découlées depuis leur acquisition par l’institution.27
Les intérêts comptabilisés d’avance (ICA) et charge d’intérêts comptabilisés d’avance
(CICA)28
ICA : On parle d’ICA lorsque l’on enregistre des intérêts qui n’ont pas encore été reçus. On se
fond sur l’hypothèse que les intérêts seront perçus à une détermination ultérieure, et on les
enregistre comme produits et comme actifs sous ICA ou intérêt à recevoir.
CICA : A la fin de l’exercice comptable, le bilan doit donner une image fidèle de la situation
financière que l’institution verse périodiquement. A la fin de l’exercice, il est probable que
l’institution doive des intérêts sur les fonds empruntés pour la période allant du dernier
remboursement à la date de clôture de l’exercice. Les états financiers doivent par conséquent
être ajustés de façon à refléter ces charges de financement qui sont dues mais pas encore
payées. On parle alors de charges d’intérêts comptabilisés d’avance.
27
Ledgerwood J., 1999. Op.cit, p.215
28
Ledgerwood J., 1999. Op.cit, p.215
29
Ledgerwood J., 1999. Op.cit, p.224
13
Pour effectuer le retraitement au titre des subventions, la première étape consiste à déterminer
la valeur des subventions, puis à passer les écritures comptables. En ce qui concerne les
crédits concessionnels et les dotations en capital, il est également nécessaire de déterminer le
coût des ressources approprié à appliquer aux subventions.
B- Indicateurs de performance
« Il n’y a pas de gestion financière efficace sans analyse périodique des performances
financières. Les indicateurs de performance se fondent sur les données financières et les
restituent sous une forme appropriée pour fournir des informations utiles sur les
performances financières de l’institution. Le calcul des indicateurs de performance permet
aux bailleurs de fonds, aux opérateurs et aux consultants de déterminer l’efficacité, la
viabilité et la portée des activités de l’institution »31.
30
Ledgerwood J., 1999. Op.cit, p.227
31
Ledgerwood J., 1999. Op.cit, p.235
14
Les indicateurs de performance présentés ici sont regroupés en cinq domaines : la qualité du
portefeuille, la productivité et l’efficacité, la viabilité financière, la rentabilité et l’effet de
levier et adéquation des fonds propres.
Qualité du portefeuille
Les ratios de qualité du portefeuille fournissent des informations sur le pourcentage d’actifs
non productifs qui réduisent les revenus de l’institution et ont un impact négatif sur sa
situation de trésorerie. De nombreux ratios sont utilisés pour mesurer la qualité du portefeuille
et obtenir d’autres informations sur le portefeuille (même si tous sont qualifiés ici de ratios de
« qualité du portefeuille »)32. Ces ratios sont de trois types :
i. Taux de remboursement
ii. Ratios de qualité de portefeuille
iii. Ratios d’abandon de créances
Productivité et efficacité
Les ratios de productivité et d’efficacité renseignent sur le niveau de génération de revenus
par l’institution, par rapport aux charges à couvrir. Calculer régulièrement ces ratios et suivre
leur évolution dans le temps permettent aux institutions de déterminer si elles utilisent leurs
ressources de manière optimale. La productivité désigne le volume d’activités générées
(output) pour une ressource ou un actif non donné (input). L’efficacité désigne le coût par
unité produite33.
Viabilité financière
« La viabilité financière désigne la capacité de l’institution à couvrir ses charges avec les
produits qu’elle génère. Si elle veut être financièrement viable, une institution ne peut pas
dépendre des ressources des bailleurs de fonds pour subventionner ses activités. Pour
mesurer la viabilité financière, on calcule des indications d’autosuffisance. On distingue
généralement deux niveaux d’autosuffisance pour les IMF : l’autosuffisance opérationnelle et
l’autosuffisance financière. Lorsqu’une institution n’est pas financièrement suffisante, on peut
calculer l’indice de dépendance aux subventions pour déterminer de combien le taux d’intérêt
32
Ledgerwood J., 1999. Op.cit, p.236
33
Ledgerwood J., 1999. Op.cit, p.243
15
de l’institution devrait être augmenté de façon à couvrir le même niveau de charges avec la
même base de revenus (le portefeuille de crédit) »34.
Rentabilité
Les ratios de rentabilité mesurent le résultat net de l’institution par rapport à la structure de
son bilan. Les ratios de rentabilité aident les investisseurs et les dirigeants déterminer si le
rendement sur les investissements effectués dans l’institution est correct.
34
Ledgerwood J., 1999. Op.cit, p.246
35
Rakotoasimbola T., 2006. Etude d’impact de la microfinance du point de vue de la réduction de la pauvreté:
Cas d’entreprendre à Madagascar, Grand Mémoire, Département Economie, Fac DEGS, Université
d’Antananarivo, Bibliothèque Universitaire, réf. ECO 261, p.16
16
• Autonomie financière
On parle d’autonomie financière d’une IMF lorsqu’au sein de cette dernière les produits
couvrent les charges mais aussi lorsqu’elle génère assez de fonds pour pouvoir financer sur le
long terme indépendamment des bailleurs.
• Autonomie organisationnelle
Elle représente la capacité d’une IMF à être gérée localement après le retrait d’une éventuelle
assistance technique extérieure. Ce qui signifie que les IMF doivent fonctionner par elles-
mêmes, ce qui nécessite une répartition claire des fonctions (direction, opérations, audit,
ressources humaines,…)36.
• Autonomie institutionnelle et sociale
Un facteur clé de la gouvernance de l’institution est la répartition du pouvoir au sein de
l’organisation entre salariés et propriétaires. Les administrateurs sont les garants de l’intégrité
du système, ils doivent être capables de détecter les risques encourus par l’institution, de
garantir sur la durée et le respect de la vocation sociale de l’IMF37.
On a vu tout au long de ce chapitre que de nombreuses théories ont déjà fait référence
à la microfinance ou l’ont introduite. De même, on a vu que l’efficacité d’une IMF peut être
décrite de façon intrinsèque, par la mesure de sa performance et en référence à sa viabilité.
Pour compléter cette première partie de notre sujet, nous allons retracer l’histoire de la
microfinance depuis son apparition jusqu’à la situation actuelle des IMF à Madagasca
36
Rakotoasimbola T., 2006. Op.cit, p.18
37
Rakotoasimbola T., 2006. Op.cit, p.18-19
17
Chapitre 2 : La microfinance et le contexte actuel des IMF à Madagascar
On va entamer ce chapitre par l’historique de la microfinance (apparition dans le
monde et historique à Madagascar), puis on traitera le contexte actuel des IMF à Madagascar.
38
www.madafinance.com
39
Boyé S., Hajdenberg J., Poursat C., 2006. Le guide de la microfinance, Eyrolles, p.19
40
Helms B., 2006. Building Inclusive Financial systèms, The World Bank, Washington
18
remboursent leurs crédits, mais qu’ils peuvent payer des intérêts élevés et que l’institution
peut donc couvrir ses propres coûts41.
A la fin des années 1980, les initiatives se multiplient. En Amérique latine, des
institutions accordant des crédits en milieu urbain commencent à couvrir leur frais sans
subvention. L’ONG bolivienne PRODEM créée en 1986 décide de filialiser ses activités de
microfinance sous forme de banque en créant la Banco Solario SA, plus connue sous le nom
de Bancosol. C’est l’émergence d’une « industrie de la microfinance »42.
Beaucoup de progrès ont été effectués, mais tous les problèmes n’ont pas été résolus,
et la grande majorité de la population qui gagne moins d’un euro par jour, spécialement dans
les zones rurales, ne bénéficie toujours d’aucun accès au secteur financier normal. Le secteur
de la microfinance a connu une croissance régulière jusqu’à atteindre en 2007 25 milliards de
dollars pour l’ensemble des crédits relevant de la microfinance43. Il en faudrait dix fois plus
pour fournir aux populations pauvres le capital dont elles ont besoin. Le secteur de la
microfinance a connu une forte croissance, au point qu’on a pu se demander s’il n’y avait pas
un risque à laisser filer autant de capitaux vers un secteur qui n’était pas forcément géré
correctement.
41
Boyé S. et al., 2006. p.20
42
Boyé S. et al., 2006. p.21
43
Microfinance: An emerging investment opportunity. Deutsche Bank Dec 2007
44
www.madamicrofinance.mg
45
http://www.madamicrofinance.mg/historique.htm
19
1990 - 1995 : phase d'émergence des IMFs :
L'émergence des IMFs a été surtout favorisée par la conjugaison des interventions de
trois entités46 :
i. les Bailleurs de fonds (Banque Mondiale, Union Européenne, Agence Française de
Développement, Coopération Allemande, Inter-coopération Suisse, ...)
ii. le gouvernement au travers de sa politique en faveur de ce secteur avec le concours du
financement de la Banque Mondiale à travers :
le projet d’exécution Projet d’Assistance Technique aux Finances
Rurales / Association pour le Développement du Mouvement
Mutualiste d’Epargne et de Crédit (PATFR/ADMMEC) jusqu’en
1997
puis le Projet Micro Finance (PMF) pour une phase de deux ans
1998-1999
et l’AGEPMF : gestion du Programme Micro Finance planifié sur
quinze ans dont le démarrage officiel a débuté en juin 1999.
iii. Les Agences d'Implantation et de Développement ou opérateurs techniques spécialisés
et qui ont assuré l'encadrement technique des IMF. Il s'agit entre autres de
Développement International Desjardins (DID), Formation pour l’Epanouissement et
le Renouveau de la Terre (FERT), Institut de Recherche et d’Application des
Méthodes de Développement (IRAM), Centre International de Développement et de
Recherche (CIDR).
Au cours de cette période, de nombreuses IMF mutualistes (Caisse d’épargne et de
crédit mutuels, initié par la Formation pour l’épanouissement et le renouveau de la terre ou
CECAM/FERT, Ombona Tahiry Ifampisamborana Vola ou OTIV, Association des caisses
d’épargne et de crédit autogérées initié par le Centre international de développement et de
recherche ou AECA/CIDR, Action pour le Développement et le Financement des
Microentreprises ou ADéFI, Tahiry ifamonjena amin’ny vola initié par le world council of
credit unions ou TIAVO/WOCCU) et non mutualistes (Société d’Investissement pour la
Promotion des Entreprises à Madagascar ou SIPEM, VOLA MAHASOA/CIDR, Association
pour la Promotion de l’Entreprise à Madagascar ou APEM, Entreprendre à Madagascar ou
EAM et Caisse d’Epargne de Madagascar ou CEM) se sont créées à Madagascar.
46
www.madamicrofinance.mg
20
A partir de 1996 : Phase de développement et de croissance :
Cette phase a été marquée par :
i. L’extension géographique et la consolidation des réseaux préexistants
ii. La création de nouvelles structures de la microfinance
Il s'agit principalement des Pré-Institutions de microfinance qui se sont créées mais
qui n'appartiennent ni aux IMF mutualistes ni aux IMF non mutualistes et qui ne sont pas
encore suffisamment structurées en tant que IMF.
iii. La mise en place de la Cellule de Coordination Nationale de la Micro Finance et
l'élaboration du Document de Stratégie Nationale de Micro Finance (DSNMF) :
De concert avec tous les acteurs et intervenants du secteur, la Cellule de
Coordination Nationale de Micro Finance ou CNMF (Entité rattachée au Ministère de
l'Economie, des Finances et du Budget, mise en place en décembre 2003) a validé lors d'un
atelier en Avril 2004 le Document de Stratégie Nationale de Micro Finance à Madagascar. Ce
document a eu l'approbation du Gouvernement en juin 200447.
Le secteur de la micro finance à Madagascar est dominé par les institutions
mutualistes. Ainsi, en 2001, les institutions de micro finance (IMF) mutualistes ont touché
près de 86% des clients contre seulement 14% pour les IMF non mutualistes. A la fin de 2001,
les IMF mutualistes avaient 118,740 adhérents (37% des femmes) contre les IMF non-
mutualistes qui n’avaient que 19,194 clients.
47
www.madamicrofinance.mg
21
• Le taux de pénétration
Au plan national, les IMF mutualistes et non mutualistes regroupent au 31 Décembre 2009
plus de 580000 membres environ dont plus de 40% de femmes. En terme de pénétration de
marché, environ 14% des familles malgaches sont actuellement bénéficiaires des services
financiers offerts par ces institutions de microfinance contre moins de 1% avant 1990.
• Le nombre de membres
De 1998 à Décembre 2009, le nombre des membres (pour les Institutions Mutualistes) a
presque été multiplié par 9 passant de 47 472 à près de 441 500. Pour les Non Mutualistes, le
nombre de bénéficiaires de crédit a atteint plus de 108 000 au 31 Décembre 2009.
• Le volume d’épargne collectée
Dans la même période, les encours d’épargne des Mutualistes sont passés de 1,3 milliards
d’Ariary à 62,7 milliards d’Ariary. Certaines catégories d’Institutions Non Mutualistes
commencent à collecter de l’épargne dont l’encours s’élève à plus de 23,8 milliards d’Ariary.
• Le crédit distribué
Toujours de 1998 à décembre 2009, les encours des crédits se sont accrus de 3,3 milliards
d’Ariary à plus de 143,7 milliards d’Ariary.
48
http://www.madamicrofinance.mg/les_acteurs.htm
22
L’APIFM a été créée en mars 1998 par les principaux réseaux mutualistes à Madagascar
(CECAM, OTIV, TIAVO, AECA, ADEFI) pour constituer une structure de représentation
professionnelle et de défense de leurs intérêts. Elle est dotée d’un secrétariat général pour
renforcer son efficacité et mettre en oeuvre ses services.
23
• Un cadre de libre marché
Le gouvernement a décidé de permettre le développement des IMF dans un cadre de
libre marché sans imposer de contraintes particulières sur la fixation des taux d’intérêt. Les
programmes d’assistance des Bailleurs sont harmonisés afin d’éviter les dédoublements et
assurer la présence des divers éléments nécessaires au développement de la Microfinance. Des
réflexions ont alors été engagées concernant l’appui à la professionnalisation des IMF, la
régulation de leur développement sur tout le territoire et la définition d’un cadre sécurisant et
favorisant l’accès au refinancement.
49
http://www.madamicrofinance.mg/cadre_légal.htm
24
La loi bancaire a créé la CSBF (la Commission de Supervision Bancaire et Financière) qui
est l'autorité de supervision et de contrôle de toutes les catégories d'établissement de crédit,
dont les institutions de microfinance »50.
« Devant les limites de ce cadre légal qui restreignait l'exercice de la microfinance aux
institutions de type mutualiste, la loi 96-020 a été abrogée et une nouvelle loi, spécifique à la
microfinance a été adoptée en 2005, loi 2005-016 du 29 Septembre 2005 ».51
Cette nouvelle loi régit l'ensemble des systèmes de microfinance malgache. Elle a notamment
apporté une définition des activités de microfinance et introduit les institutions de
microfinance comme nouvelle catégorie d’établissement de crédit.
Elle a fait l’objet de deux décrets d’application (N°2007-012 et 013) et sept instructions dont
les dernières ont été adoptées fin 2007. Les deux décrets portent sur la fixation du capital
minimum des établissements de crédit et de la valeur nominale des titres de participation et
fixent les formes juridiques des institutions de microfinance ainsi que les modalités de leur
immatriculation au Registre du Commerce et des sociétés. Les sept instructions sont relatives
aux opérations des IMF, à leurs classifications, à leur agrément et licence, à la définition de la
maturité des crédits qu’elles octroient et à leurs modes d’organisation et de contrôle52.
Cette loi distingue trois niveaux d'IMF, progressifs en fonction de la taille, de la
complexité et du volume des opérations et selon qu'elles collectent ou non les dépôts de leurs
membres ou du public. Aux différents niveaux d'IMF et des risques afférents est prévu d’être
adossé un dispositif de contrôle adapté.
Les IMF de niveau 1 sont soumises à la “surveillance” de la CSBF par délégation
(reconnaissance d'un dispositif de contrôle interne en phase avec la portée des risques) tandis
que les IMF de niveau 2 et 3 sont soumises à la “supervision” de le CSBF et au respect de
normes prudentielles et de règles de gestion.
Jusqu’au premier trimestre 2008, aucune IMF n’a obtenu d’agrément ou de licence
correspondant à cette nouvelle classification. Les IMF mutualistes doivent également faire
une nouvelle demande d'agrément.
50
http://www.madamicrofinance.mg/cadre_légal.htm
51
http://www.madamicrofinance.mg/loi 2005016.pdf
52
http://www.madamicrofinance.mg/loi décret_forme.pdf
25
un cadre légal, réglementaire et institutionnel favorables au développement du secteur. Cet
engagement s’est traduit à travers une Déclaration de Politique de Développement de la
Microfinance (DPDM) 53. Elle recherche en priorité à étendre les services de microfinance à
l’ensemble du territoire malgache. La fixation des taux d’intérêt, la formation, la
réglementation, l’assistance technique, le refinancement et la coordination nationale figurent
parmis les principes à la base de cette politique
Cette politique est concrétisée par:
- l’exercice de la tutelle de l’Etat à travers le MFB qui assure la coordination nationale
de la politique générale du gouvernement en matière de microfinance ;
- l’implication du Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche qui intervient
dans la promotion et le développement des systèmes financiers décentralisés de
proximité pour le financement du monde rural ;
- la création de la coordination nationale de microfinance, rattachée au Ministère des
Finances, pour coordonner l’ensemble des interventions dans le secteur ;
- l’assistance de la Banque Mondiale à travers le financement de l’Agence d’Exécution
de Projet Microfinance (AGEPMF) qui a pris la relève du Projet d’Assistance
Technique au Financement Rural ;
- la concrétisation de la SNMF. La mise à jour de cette politique a notamment fait
ressortir la nécessité de fusionner les deux associations professionnelles en une
association unique.
La SNMF est articulée autour de trois axes stratégiques à savoir :
o L’offre viable et pérenne de produits et services adaptés, diversifiés et en
augmentation, notamment dans les zones non encore couvertes par des IMF
professionnelles,
o L’organisation du cadre institutionnel de manière à permettre une bonne
structuration du secteur,
o Une coordination efficace du secteur et une conduite efficiente de la SNMF.
La notion de microfinance possède des bases théoriques très variées mais qui
convergent en la microfinance. A Madagascar, tout l’environnement de la microfinance a été
établi de façon à permettre l’épanouissement du secteur et à promouvoir les institutions de
53
www.madamicrofinance
26
microfinance. Mais nous avons relevé dans cette partie la question de l’efficacité des IMF. En
premier lieu, nous avons parlé de l’efficacité intrinsèque des IMF en soutenant que cette
efficacité peut être mesurable, nous n’avons traité fait que citer les diverses optiques suivant
lesquelles cette efficacité pourrait être déterminé. On procède à une approche par la frontière
de production lorsqu’on veut estimer l’efficacité d’une IMF par le biais de score d’efficacité
et on se réfère à la situation financière de l’IMF lorsqu’on recherche l’efficacité financière.
27
PARTIE 2 :
ANALYSE DE L’EFFICACITE DES IMF DANS LES MILIEUX RURAUX A
MADAGASCAR
Nous allons dans cette seconde partie, nous attacher à analyser de façon plus détaillée
l’efficacité des IMF afin qu’elle puisse servir d’instruments pour le développement des
milieux ruraux à Madagascar. C’est dans cette optique qu’on présentera dans un premier
temps les IMF dans les milieux ruraux à Madagascar ainsi que leurs efficacités, puis en
second lieu on exposera l’efficacité de l’agence CECAM54 qui servira d’exemple concret à
travers lequel on pourrait effectivement affirmer que des IMF plus efficaces contribueraient à
développement rural durable à Madagascar.
54
CECAM : Caisse d’Epargne et de Crédit Agricole Mutuelle.
55
http://www.lamicrofinance.org/ressource_centers/finrur
28
mais aussi écoles, systèmes de formation, centres de santé…Les besoins de
financement afférents portent sur des volumes importants. Ces financements sont
assurés à travers des fonds spécifiques et alimentés par différentes sources.
• Le financement des unités économiques rurales : familles, ménages, entreprises,
organisations ayant des activités économiques qui dégagent une rentabilité directe.
Cette catégorie de besoins de financement relève de services financiers que sont le
crédit rural, l’épargne et les assurances.
Il est à remarquer qu’au sein de ses unités économiques rurales, la plupart ne
répondent pas aux critères d’accès aux banques (petites activités, souvent informelles, faible
dotation en capital ne permettant pas de fournir des garanties matérielles,…). C’est à cette
catégorie d’acteurs économiques que s’adresse la microfinance rurale.
Les besoins de financement de cette catégorie d’unités économiques, ainsi que les
difficultés qu’ils peuvent rencontrer pour la gestion du crédit et de l’épargne varient en
fonction de la diversité des situations rurales. Ainsi la densité de la population, le degré de
développement de l’activité économique, des marchés, la diversité des activités, la part de
l’agriculture dans les activités rurales, la nature de l’activité agricole insérée ou non au
marché, vont influer sur les besoins de financement des populations rurales.
Quatre principaux types d’activités sont pratiquées et souvent combinées en milieu
rural : les activités du secteur primaire (agriculture, élevage, pêche, foresterie), l’artisanat à
l’échelle de l’individu ou de l’entreprise de taille variable, le commerce et les services.
« De façon globale, on observe aujourd’hui un début de complexification croissante
des pratiques financières des ménages ruraux et des unités économiques rurales, renforcée
par l’insertion croissante des populations rurales dans le marché, par la diversification des
activités économiques, la multiplication des institutions financières et l’ouverture d’une
gamme large de crédits »56.
56
http://www.lamicrofinance.org/ressource_centers/finrur/specificitedemande
29
mécanismes de sécurisation habituellement utilisés par la microfinance (caution solidaire de
proximité).
A ces risques pesant sur l’activité agricole, se conjuguent des risques moins
spécifiques, liés à l’emprunteur : défaillance pour décès ou maladie, mentalité dégradée par
rapport au crédit dans bon nombre de zones rurales où les expériences de crédit faciles se sont
succédées, ou encore défaillance pour cause d’endettement non maîtrisé.
En particulier, le financement des Organisations Paysannes (OP) présente un degré de
risque élevé. Ce risque résulte de facteurs externes aux OP (instabilité des marchés agricoles,
politique des prix…), mais aussi internes (faible structuration des organisations, capacités et
outils de gestion insuffisants, faible capitalisation…). Les OP ont par ailleurs souvent à porter
le poids d’une histoire longue et difficile en matière de crédit (impayés, endettement) qui peut
compromettre durablement leur crédibilité auprès des institutions de financement.
57
http://www.lamicrofinance.org/ressource_centers/finrur/specificitedemande
30
B- L’offre de financement rural à Madagascar
Dans cette partie, on va s’entacher à voir les diverses formes organisationnelles qui
permettent de répondre aux spécificités de la demande de financement rural à Madagascar.
58
http://www.lamicrofinance.org/ressource_centers/finrur/organisationsoffres
59
Tontine : « association dans laquelle chaque associée verse une somme pour constituer un capital qui sera
réparti à une époque déterminée entre les survivants », Larousse de poche 2006, p.816
31
Les banques commerciales : utilisent souvent en milieu rural les mêmes outils qu’en
milieu urbain (services fournis au guichet, produits financés standardisés, garanties
matérielles,…). Or, ces outils sont peu adaptés dans de nombreux milieux ruraux, c’est
pour cela qu’on assiste à un faible développement des banques commerciales dans la
plupart des zones rurales à Madagascar.
La microfinance : elle a développé des principes et des pratiques innovantes pour faire
face aux défis du monde rural. Les formes d’organisation de la microfinance sont
diverses mais elles partagent quand même des principes communs et s’appuient sur :
- la proximité avec le monde rural qui est à la fois géographique, économique et
sociale.
- la participation des bénéficiaires qui est mobilisée pour favoriser l’adéquation de
l’offre à la demande réelle des ménages, réduire les coûts de transaction, gérer le
risque et sécuriser les services financiers,….Cette participation est vue comme un
levier de changement social.
- des degrés variés de décentralisation de la décision et de la gestion.
- des degrés variés d’innovation en matière de garantie, avec principalement
l’utilisation de la caution solidaire grâce à laquelle un groupe se porte garant pour
ses membres.
- la recherche de la durabilité du service financier (assurer autonomie et sa pérennité
financière).
60
www.madafinance.mg
32
crédit alimentant la microfinance ou des fonds de garantie qui lui permettront d’avoir accès
aux ressources bancaires.
61
Razafindramanana H. M. et al., 2010. Op. cit, p.18
33
bancaire, jouant le rôle de caisse centrale et apporteur d’appui technique, agréé en Décembre
2005). Les CECAM sont regroupées URCECAM (unité régionale des CECAM).
62
http://www.lamicrofinance.org/ressource_centers/acteurs
63
http://www.lamicrofinance.org/ressource_centers/acteurs
64
Razafindramanana H. M. et al., 2010. Op. cit, p.15
34
• ADéFi (Action pour le Développement et le Financement des micro-entreprises).
ADéFI est une institution de micro-finance mutualiste privée spécialisée dans le
financement des très petites entreprises urbaines. Il est le premier organisme à avoir été agréé
en qualité d’Institution Financière Mutualiste par la Commission de Supervision Bancaire et
Financière de la Banque Centrale de Madagascar. ADéFi vise à faciliter l’accès au crédit des
micro-entreprises exclues du crédit bancaire traditionnel. Ces crédits servent à financer du
fonds de roulement du petit matériel ou l’amélioration des locaux65.
Il est important de remarquer que ce sont surtout les trois premières IMF que nous
venons de citer qui exercent essentiellement en milieu rural à savoir la CECAM, l’OTIV et
TIAVO.
Les IMF non mutualistes qui suivent n’exercent pas en milieu rural mais il importe de les
citer à titre d’information :
-SIPEM (Société d’Investissement pour la Promotion des Entreprises à Madagascar)
La SIPEM est une IMF de type bancaire. Elle a eu son été créée en tant
qu’établissement financier en 2004. Elle opère essentiellement dans les milieux urbains. Son
public est composé de microentrepreneurs ou prestataires de services voulant développer leurs
activités67.
65
Razafindramanana H. M. et al., 2010. Op. cit, p.16
66
http://www.lamicrofinance.org/ressource_centers/acteurs
67
Razafindramanana H. M. et al., 2010. Op. cit, p.16
35
-VOLA MAHASOA
Vola Mahasoa a été créé en 1993. C’est une IMF de niveau 2, c'est-à-dire qu’elle ne
peut collecter d’épargne, ce qui fait qu’elle collabore avec la Caisse d’Epargne de Madagascar
pour collecter l’épargne de sa clientèle en milieu urbain. Elle finance les activités agricoles
ainsi que les petits commerces à faible revenu moyen dans le Sud Ouest de Madagascar. Elle
propose une gamme de crédit de fonds de roulement commerciaux, de crédit pour
l’agriculture été le stockage d produits agricoles et du crédit d’équipement. Elle exerce aussi
en milieu urbain en ciblant les femmes qui font du petit commerce68.
-Microcred Madagascar S.A. est une IMF dotée du statut de société anonyme et agréée
comme Etablissement financier le 13 octobre 2006. Ses clients sont des micros et petits
entrepreneurs résidant en milieu urbain. Elle offre des crédits aux très petites entreprises et
aux petites et moyennes entreprises.
36
domaines de l’agriculture, du commerce, de la production et des services, en termes
d’investissement et de fond de roulement. Le public peut présenter des demandes de crédit en
groupe ou individuellement.
70
http://www.lamicrofinance.org/ressource_centers/acteurs
37
IMF, il sert à financer les activités des jeunes et femmes démunies formées par le
programme VATSI au sein dudit Ministère.
• Banque Mondiale/AGEPMF
L’Agence d’Exécution du Programme MicroFinance (AGEPMF) est financée par la
Banque Mondiale. L’objectif est de rendre plus performantes les IMF à Madagascar. 5 sur les
6 réseaux des OTIV ont été appuyés en plus de TIAVO. Il a été conçu avec un programme
évolutif qui comprend trois phases s’étendant sur une période de 15 ans et visant :
- l’amélioration du cadre juridique, judiciaire et réglementaire des IMF
- la mise en place de six réseaux régionaux d’IMF
- le renforcement des capacités de microfinance, dont la formation71.
71
http://www.lamicrofinance.org/ressource_centers/acteurs
72
On parle d’externalité ou effet externe lorsque l’action d’un agent influe sur l’action d’un autre agent sans
donner lieu à un mouvement de compensation. L’externalité est négative quand elle cause des dommages ou
pertes.
73
Richard B., 2010. Cours d’économie publique, Département Economie, Fac DEGS, Université d’Antananarivo
38
• Le travail des enfants
Dans la plupart des PVD, l’activité de nombreuses micro-entreprises repose avant tout sur la
main d’œuvre familiale et donc partiellement sur celle des enfants. Il ne s’agit pas de la forme
la plus dégradante de travail et dans le nombreux cas, rien ne permet même de dire que ce
travail puisse être considéré comme de l’exploitation.
39
Chapitre 2 : L’efficacité du réseau CECAM
Dans ce chapitre, nous allons traiter les autres déterminants de l’efficacité. Pour ce
faire, nous allons considérer une situation concrète qui concernera le cas du CECAM. Le
choix du réseau CECAM pour illustrer notre étude est d’autant plus justifié que c’est une IMF
qui est essentiellement implantée en zone rural et qui comprend un grand nombre d’adhérents.
Nous allons donc dans ce chapitre faire une présentation du réseau CECAM, en rappelant son
fonctionnement, son organisation, ses types de produits et intervenir ensuite pour pouvoir
cerner le sujet en faisant une étude d’impact de tous ces facteurs.
74
Agence 67 Ha, Document de présentation du réseau CECAM, p.4
40
personnalité juridique et elle constitue une section mutualiste de la mutuelle régionale
(URCECAM). Chaque CECAM est administrée par un comité de gestion élu par l’assemblée
des membres, par délégation du Conseil d’Administration de l’URCECAM. Ce comité gère
les activités d’épargne et de crédit de la caisse, fait appliquer le Règlement Intérieur élaboré
par les membres, agrée ou non les demandes d’adhésion et gère les relations avec les
sociétaires. 75
Le Comité de Gestion est assisté par deux salariés, un conseiller et un caissier que
l’URCECAM met à sa disposition. De plus, c’est l’unité régionale qui fournit les services de
formation, de comptabilité et d’analyse des crédits. Enfin, toutes les opérations sont
contrôlées par un comité de contrôle également élu par l’assemblée et assisté par un
inspecteur itinérant rattaché à l’organe central. Toute personne physique (ayant obtenu
l’accord du comité de gestion du CECAM) ou morale (juridiquement constituée et ayant eu
avis favorable du conseil d’administration ou du comité de gestion) peut adhérer aux
CECAM.
UNIC
ECAM
INTERC
ECAM
♀ ♀ ♀ ♀ ♀ ♀ ♀ ♀ ♀ ♀ ♀ ♀ ♀ ♀ ♀ ♀ ♀ ♀
Source : Agence CECAM 67Ha, Document de présentation du réseau CECAM, p.2
75
Fraslin J-H et al., 2001. Op. cit, p.8
41
C’est en 1996 que les caisses se sont regroupées en URCECAM ou unités régionales
des CECAM. En 2000, le réseau CECAM a été agréé par la Comité de Supervision Bancaire
et Financière ou CSBF et ses caisses se sont réunies en UNICECAM suite à une nécessité
d’institutionnalisation ressentie par les acteurs en vue de mener le réseau vers une autonomie
complète et un niveau de performance technique76.
Le plan épargne :
Il donne accès au crédit et permet de réaliser d’importants investissements à moyen terme.
Ce type de dépôt permet de faciliter un investissement important (capacité
d’autofinancement et priorité à l’accès au crédit LVM ou autre investissements).
D’une durée de 1 à 3 ans, ce plan consiste en un dépôt régulier d’un montant fixe qui
donne droit à un intérêt de 9% par an.
Le dépôt à terme :
Ce dépôt consiste en un placement de patrimoine d’au moins trois mois. Ce dépôt est
avantageux sur le plan financier pour toutes les catégories (paysans, grande entreprise,
institutions religieuses, collectivités locales). La durée minimum est de 1 mois. Le
membre ne peut disposer du montant déposé qu’une fois le délai convenu expiré. Le taux
d’intérêt annuel y est très attractif :
76
Expost, Série Evalluation et Capitalisation n° 13, 2008. « Evaluation d’Institution de microfinance en milieu
rural à Madagascar »
77
D’après entretien auprès de l’agence CECAM 67 Ha
78
Agence 67 Ha, Op. cit, p.5
42
- Pour un dépôt de moins de 10 millions d’ariary, le taux est de 6,50%,
- 7% si le montant est inférieur à 20 millions,
- 7,50% si inférieur à 40 millions,
- 8% si inférieur à 100 millions,
- Et 8,50% par an si le montant du dépôt s’élève à plus de 100millions
d’ariary.
• Le crédit
A la différence de nombreuses institutions de microfinance rurale qui se concentrent
plutôt sur les secteurs non agricoles et se caractérisent par une certaine standardisation de leur
offre financière, les CECAM ont développé dès les premières années d’opération une gamme
diversifiée de produits de crédit avec une orientation agricole79.
Le réseau CECAM se distingue surtout des autres IMF qui opèrent à Madagascar par les
différents types de crédits qu’il offre. Actuellement, la CECAM propose 13 sortes de crédits
qui sont détaillés comme suit80 :
- Le crédit Productif : pour produire davantage
Il sert au financement des dépenses de culture ou d’élevage et s’étale sur une durée de 4 à 10
mois.
- Le crédit Location Vente Mutualiste : pour s’équiper en matériel
Inspiré du crédit-bail, ce type de crédit permet l’acquisition de petit matériel agricole ou de
biens d’équipements domestiques ou encore d’équipements pour les artisans et les
commerçants. Le bien acquis par l’URCECAM reste la propriété de cette dernière tant que
l’emprunteur n’a pas acquitté de la totalité des loyers correspondants à son achat. Il dure 18 à
36 mois.
- Le crédit Dépannage ou Social : en cas d’imprévue
C’est un crédit à très court terme (2 à 4 mois) et de faible montant, qui permet au paysan
d’éviter le recours à l’usurier lorsqu’il est confronté à une dépense imprévue.
- Le crédit Greniers Communs Villageois : pour mieux valoriser les récoltes
Ce type de crédit permet de financer le stockage en commun par les paysans des produits de
leur récolte, entre la période de récolte et la période de soudure.
79
., Wampfler B., Ralison E., Bouquet E., Roesch M., 2007. Trajectoire de crédit et vulnérabilité des ménages
ruraux : le cas des sociétaires des Cecam de Madagascar, p.6
80
Agence CECAM 67Ha, Op.cit, p.3
43
Ces quatres premiers types de crédit sont ceux qui ont été originairement instaurés par la
CECAM. Ils ont été élaborés en concertation avec les agriculteurs, répondent aux besoins de
ces derniers notamment en termes de durée des crédits et d’échelonnement des échéances,
cohérents avec la durée des cycles de production agricole81.
Actuellement, le réseau CECAM propose aussi les produits de crédits suivants 82:
- Crédit aux personnes morales
- Crédit Commercial Individuel ou COI
- Construction Immobilière ou CTR
- Entretien et Réparation Matériels ou ERM
- Entretien et Réparation Immobilier ou ERI
- Crédit pour financer les cultures pérennes ou CLP
- Crédit de transformation des produits locaux ou TRF
- Achat de terrain (pour les terrains titrés) : à batir (ATB) ou cultivable (ATC)
- Crédit avec éducation (Bongolava)
Nous n’oublions pas de remarquer pour conclure cette présentation du réseau CECAM que le
réseau n’a cessé de voir le nombre de ses membres s’accroitre au cours de l’existence du
réseau. Le tableau ci-après résume cette croissance et par la même occasion nous montre que
la proportion de femmes qui y a adhérée a aussi connu une nette augmentation.
Source : Agence CECAM 67Ha, Document de présentation du réseau CECAM, Activités, p.2
81
Fraslin J-H., 2001. Op.cit, p.3
82
D’après entretien auprès du CECAM 67Ha
44
Le tableau ci-dessus ne mentionne que le résultat concernant une période allant de 2006 à
2009 mais il est important de signaler que cet accroissement du volume de sociétaires a
toujours été effectif depuis la création même du réseau en 1993.
Parallèlement à cet accroissement du nombre d’adhérents, le volume de crédit a aussi connu
une évolution considérable jusqu’à atteindre en 2009 un niveau égal à 42,74 milliards
d’Ariary contre 21 milliards en 2006 où le réseau ne comptait que 94000 sociétaires. Le
tableau qui suit donne une idée de cette évolution des crédits octroyés.
Source : Agence CECAM 67Ha, Document de présentation du réseau CECAM, Activités, p.2
45
Section 2 : Etude d’impact du réseau CECAM
Depuis le début de ce travail, nous nous sommes toujours efforcés de déterminer tout
ce qui serait relatif à l’efficacité des IMF. Cette section se propose d’offrir une toute autre
perception de cette notion d’efficacité. Pour cela, on va procéder à une étude d’impact des
activités du réseau CECAM et en faire ressortir quelques facteurs qui contribuent largement à
l’efficacité du réseau et ceux qui la limitent.
83
CIRAD/FOFIFA, 2007. Extrait du colloque scientifique portant sur les dynamiques rurales à Madagascar :
Perspectives sociales, économiques et démographiques., étude d’impact du réseau CECAM, synthèse des
résultats 2003, p.16
84
Wampfler B. et al., 2007. Op.cit, ,p.2
46
De par son orientation donc, le réseau CECAM constitue un moyen efficace pour promouvoir
le développement dans le monde rural. De plus, le réseau CECAM constitue actuellement la
deuxième plus grande IMF opérant à Madagascar, en termes de nombre d’adhérents85.
85
L’OTIV est le premier IMF en nombre d’adhérents avec 146639 adhérents en 2006.
86
Wampfler B. et al., 2007. Op.cit, p.2
87
Wampfler B. et al., 2007. Op.cit, p.6
47
développé une formule originale de financement des équipements agricoles, inspiré du crédit-
bail, c’est la location vente mutualiste »88.
Elle a permis une reprise des financements à moyen terme des investissements
agricoles pour lesquels il n’existait plus aucune autre offre de crédit, ni formelle ni informelle.
Nous parlons de reprise puisque la BTM (banque chargée de l’agriculture) était la seule
institution qui proposait une telle offre, or ses services se révélaient inaccessibles aux petits
paysans, ce qui fait qu’elle s’est tournée vers le milieu urbain89.
La location vente mutualiste représente un avantage certain pour le réseau par rapport à tous
les autres IMF. La LVM représente un facteur d’efficacité pour le réseau puisque cette
politique de crédit de moyen terme rentre par la même occasion dans une politique de
développement rural délibérée.
88
Fraslin J-H., 2001. Op.cit, p.6
89
Fraslin J-H., 2001. Op.cit, p.9
90
Wamfler B. et al, 2007. Op.cit, p.9
48
Nous pouvons en déduire que les ménages pauvres sont bien représentés dans les
demandes des divers types de crédits.
Cependant, nous ne saurons nous satisfaire de ces conclusions sur l’impact des
activités du réseau CECAM car bien que le réseau présente les qualités telles que définies
jusqu’ici, des critiques sont encore formulables à son égard.
• La garantie :
C’est cette nécessité de garantie qui pousse la plupart des non sociétaires aux CECAM à
s’auto-exclure. Certains paysans déclarent que le réseau CECAM est fait pour ceux qui ont
des biens (à mettre en guise de garantie), d’autres ont tout simplement peur du crédit du fait
qu’en cas d’incapacité à rembourser on ne vienne saisir leurs biens92.
L’exemple de Mme Clarrisse illustre bien ce problème de garantie : « Je pense que le crédit
CECAM est très difficile car il faut disposer des garanties qui sont saisis s’il existe un
problème de remboursement. »93
• L’extrême pauvreté :
Beaucoup de gens pensent qu’ils sont tellement pauvres que leurs emplois ne suffisent pas
pour rembourser des crédits CECAM.
91
Wampfler B. et al., 2007. Op.cit, p.17
92
Wampfler B. et al., 2007. Op.cit, p.18-19
93
Wampfler B. et al., 2007. Op.cit, p.21
49
Cette affirmation est d’autant plus justifiée que l’étude d’impact des crédits CECAM réalisés
en 2003 et 2006 a montré les résultats suivants :
Tableau 2 : Répartition des différents types de crédit par catégories de paysans
Crédits Aisé Moyen Pauvre Total Nb obs
Productif 22% 48% 31% 100% 1041
GCV 25% 44% 31% 100% 735
Social 21% 49% 30% 100% 338
LVM 37% 41% 22% 100% 130
Total crédits 23% 46% 30% 100% 2244
Total 27% 42% 30% 100% 305
Sociétaires
Source : Wampfler B. et al., 2007. Op.cit., p.994
L’analyse de ce tableau nous amène à préciser ce que nous avons admis dans la sous-section
précédente : les crédits CECAM atteignent les catégories pauvres mais ils servent avant tout
la classe moyenne paysanne et dans le cas de la LVM, le crédit sert principalement à financer
les investissements des ruraux moyen et aisé.
• L’auto exclusion :
« Je connais la Cecam,…, je suis très prudent par rapport à tous les groupes. Je ne veux
m’engager ni dans une coopérative, ni par du crédit. Je préfère progresser doucement, mais
ne dépendre que de lui-même. » déclare Mr Ary95.
L’auto exclusion illustre le fait que bien des gens s’estiment trop pauvres pour oser contracter
des crédits, et craignent qu’en cas de non remboursement on ne vienne saisir ce qu’il leur
reste de biens.
94
Regards sur l’impact du réseau CECAM
95
Wampfler B. et al., 2007. Op.cit, p.19
50
pauvres. Cela dit, les CECAM parviennent à toucher un sociétariat composé à 31% de
ménages pauvres. »96
Toutefois, malgré ces limites, et pour conclure le cas du réseau CECAM, il est
important de remarquer que l’efficacité du réseau CECAM réside essentiellement dans le fait
que les activités du réseau ont permis, généralement, de réduire la vulnérabilité des ménages
pauvres qui ont adhéré au réseau. C’est ce qu’illustre le tableau 4.
Tableau 4 : Evaluation du rôle joué par les CECAM dans l’évolution de la vulnérabilité
Evaluation Total Aisés Moyens Pauvres
Rôle positif 56% 62% 53% 56%
Rôle négatif 19% 17% 22% 17%
Rôle neutre 25% 21% 24% 28%
Total 100% 100% 100% 100%
Nb. observation 222 52 98 72
Source : Wampfler B. et al. 2007. Op.cit. p.7
« L’évolution de la vulnérabilité pouvant être imputable à de nombreux facteurs, un
indicateur complémentaire porte sur la perception par les sociétaires du rôle des CECAM
dans cette évolution :
96
Wampfler B. et al., 2007. Op.cit, p.6
51
56% des sociétaires ayant déclaré une modification de leur niveau de vulnérabilité considère
que le fait d’être sociétaire CECAM a influé positivement dans cette évolution,
25% considère que le rôle de la CECAM a été neutre,
19% considère que le fait d’être sociétaire CECAM a influé de manière négative, ce qui
suggère que le crédit peut dans certains cas s’avérer source de risque. »
Cette dernière est importante dans la mesure où elle synthétise à la fois l’efficacité et
le limite du réseau CECAM dans la recherche d’un développement rural durable.
97
Fraslin J-H.et al., 2001. Op.cit, p.15
52
CONCLUSION GENERALE
En bref, l’efficacité du réseau CECAM réside dans le fait que ce réseau a été institué, non
suite à des politiques délibérées de l’Etat mais suivant des intentions personnifiées des
véritables acteurs du développement rural qui sont les paysans.
On retient essentiellement de cet exemple du réseau CECAM que la recherche d’une
efficacité des IMF implantées en milieu rural, en y intégrant des politiques de financement à
moyen terme (cas du crédit LVM) est la clé d’un développement rural durable.
53
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages :
1. Boyé S., Hajdenberg J., Pursat C., 2006. Le guide de la microfinance, Eyrolles
2. Coelli T. J., 1996. Aguide to DEAP version : A Data Envelopment Analysis
3. Farrell M. J., 1957. The Measurement of the Productive Efficiency
4. Ledgerwood J., 1999. Manuel de microfinance, Une perspective institutionnelle et
financière, Banque Mondiale, pp.308
Articles :
1. CIRAD/FOFIFA, 2007. Colloque scientifique portant sur les dynamiques rurales à
Madagascar : Perspectives sociales, économiques et démographiques, µEtude
d’impact du réseau CECAM, synthèse des résultats 2003, pp.12
2. Fraslin J-H, Andriantsilavina U., 2001. Les CECAM de Madagascar: La location
vente mutualiste, pp.34
3. Soulama S., 2008. Efficacité technique et inefficience à l’échelle des institutions de
microfinance au Burkina Faso, UFR/SEG, Université de Ouagadougou, pp.28
4. Wampfler B., Ralison E., Bouquet E., Roesch M., 2007. Trajectoire de crédit et
vulnérabilité des ménages ruraux : le cas des sociétaires des Cecam de Madagascar,
pp.46
Dicionnaires :
1. Dictionnaire d’économie et de sciences sociales, Edition Nathan, pp.256
2. Dictionnaire Larousse, 2006. Pp.927
Mémoires :
1. Razafindramanana H. M., Razafitsoa R. S., Razafy A. Z., Razanakolona A. M.,
Rivoarison R. N. A., 201. « La microfinance », Séminaire d’initiation à la recherche,
Département Economie, Fac DEGS, Université d’Antananarivo, pp.28
2. Rakotoasimbola T., 2006. Etude d’impactde la microfinance eu point de vue de la
réduction de la pauvreté : cas d’Entreprendre à Madagascar, Bibliothèque
Universitaire, réf. ECO 261, pp.56
Cours :
1. Ravelomanana M., 2010. Cours de Politique Economique, Département Economie,
Fac DEGS, Université d’Antananarivo
2. Richard B., cours d’Economie Publique, Département Economie, Fac DEGS,
Université d’Antananarivo
3. Rakoto D., cours de Théories Economiques, Département Economie, Fac DEGS,
Université d’Antananarivo
Autre document :
Document de présentation du réseau CECAM, 2010, pp.7
SITOGRAPHIE
1. www.lamicrofinance.org
2. www.madamicrofinance.org
ANNEXES
31/12/2009
Nombre de points de services 640
Nombre de bénéficiaires 581204
Nombre d’emplois créés 2808
Encours de crédit 143730 millions Ar 71.8 millions Ar
Encours d’épargne 86600 millions Ar 43.3 millions Ar
Annexe 2 : Evolution des activités des IMF mutualistes de 1998 au 31 décembre 2009
Source : APIFM
Annexe 3 : Activités des IMF non mutualistes
Source : AIM-CNMF
PARTIE 2 : Analyse de l’efficacité des IMF dans les milieux ruraux à Madagascar :
Cas du réseau CECAM……………………………………………………………..… 27
Chapitre 1 : Les IMF dans les milieux ruraux et leurs efficacités……………………….. 27
Section 1 : Le financement rural……………………………………………………….. 27
1.3- La demande et l’offre de financement rural à Madagascar………………….. 27
La demande de financement rural à Mcar………………………………………………. 27
Les besoins en matière de financement rural…………………………………………. . 27
Les spécificités du risque du financement rural et agricol………………………………. 28
Comment analyser les besoins…………………………………………………………… 29
L’offre de financement rural…………………………………………………………… 30
Financement informel…………………………………………………………………… 30
Projets de développement………………………………………………………………. 30
Banques de développement…………………………………………………………….. 30
Banques commerciales………………………………………………………………… 31
La microfinance………………………………………………………………………… 31
1.4- Source de financement de la microfinance rurale à Madagascar…………… 31
A-Les principales sources de financement de la microfinance rurale……………… 31
L’aide extérieure……………………………………………………………………….. 31
La collecte d’épargne…………………………………………………………………… 32
Le refinancement bancaire……………………………………………………………….. 32
La constitution d’un capital propre……………………………………………………. 32
B-Les IMF à Mcar……………………………………………………………………….. 32
CECAM……………………………………………………………………………….. 32
OTIV…………………………………………………………………………………… 33
TIAVO…………………………………………………………………………………… 33
AECA………………………………………………………………………………… 33
ADéFI………………………………………………………………………………….. 34
MAHAVOTSE objectif sud………………………………………………………….. 34
SIPEM………………………………………………………………………………… 34
VOLA MAHASOA……………………………………………………………………. 35
APEM………………………………………………………………………………….. 35
EAM……………………………………………………………………………………… 35
CEM…………………………………………………………………………………….. 35
Microcréd……………………………………………………………………………… 35
PAMF………………………………………………………………………………….. 35
AFD……………………………………………………………………………………. 36
PNUD/FENU…………………………………………………………………………… 36
Section 2 : Les limites de la microfinance……………………………………….…… 37
Endettement des agents…………………………………………………………………. 37
Nouvelle forme de domination………………………………………………………… 37
Travail des enfants……………………………………………………………………….. 38
Chapitre 2 : L’efficacité du réseau CECAM…………………………………………… 39
Section 1 : Présentation du réseau CECAM………………………………………..…. 39
1.4- Fonctionnement d’une CECAM………………………………………………. 39
1.5- Structure du réseau CECAM………………………………………………….. 40
1.6- Les services du réseau…………………………………………………………. 41
A-L’épargne……………………………………………………………………………… 41
Le dépôt à vue…………………………………………………………………………… 41
Le plan épargne……………………………………………………………………….. 41
Le dépôt à terme ……………………………………………………………………… 41
B-Le crédit……………………………………………………………………………. 42
Le crédit productif…………………………………………………………………… 42
Le crédit dépannage ou social………………………………………………………… 42
Le GCV………………………………………………………………………………… 42
La LVM………………………………………………………………………………… 42
Section 2 : Etude d’impact du réseau CECAM………………………………….….. 45
2.3- L’efficacité du réseau CECAM………………………………………………… 45
Orientation rurale……………………………………………………………………….. 45
Offre de services adaptés au besoin des ruraux………………………………………… 46
Politique de crédit de moyen terme…………………………………………………… 46
Réseau qui touche les pauvres………………………………………………………….. 47
2.4- Les limites du réseau CECAM…………………………………………………. 48
Le taux d’intérêt…………………………………………………………………………. 48
La garantie……………………………………………………………………………… 48
L’extrème pauvreté …………………………………………………………………….. 48
CONCLUSION 53
Nom et prénoms : RAZANAKOLONA Andriniaina Michel
Titre du mémoire : L’efficacité des IMF au service d’un développement rural
durable à Madagascar
Nombre de pages : 53
Nombre de tableaux : 4
Nombre de figures : 4
Résumé
Les institutions de microfinance se fixent comme principale mission de porter
assistance aux populations les plus pauvres exclues du système bancaire. De ce fait, celles qui
œuvrent en milieu rural entrent logiquement dans le cadre des politiques de développement
rural, ce qui a été le cas à Madagascar ces quinze dernières années.
Cependant, même étant dotées d’une mission aussi noble, les IMF se doivent de
fonctionner de manière efficace pour pouvoir réellement contribuer à un développement rural
durable. Le réseau CECAM a été volontairement pris comme référence ici du fait qu’il
regroupe un grand nombre d’adhérents et qu’il opère essentiellement en milieu rural.
L’efficacité des IMF est d’autant plus importante qu’elle soit observée sous tous les angles : a
priori par l’efficacité intrinsèque et a posteriori par les différentes mesures de performance.
Toutefois, à part ces deux considérations, le réseau CECAM illustre le fait que bien d’autres
facteurs peuvent contribuer à accentuer cette efficacité ; facteurs qu’on peut assez aisément
déterminer en ayant fait une étude d’impact des activités du réseau CECAM.
Il se révèle alors qu’entre autres le ciblage des bénéficiaires et la mise à dispositions
des crédits les plus appropriés relèvent le degré d’efficacité d’une IMF.
Adresse de l’auteur : Lot IPA 157 B Anosimasina Bemasoandro Itaosy, Tanà 102