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UNIVERSITE D’ANTANANARIVO

Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie


Département Economie
2nd Cycle : Promotion Sortante
Option : Macroéconomie et Modélisation

Mémoire en vue de l’obtention d’un diplôme de Maitrise en Sciences Economiques

L’EFFICACITE DES INSTITUTIONS

DE MICROFINANCE AU SERVICE D’UN

DEVELOPPEMENT RURAL DURABLE

A MADAGASCAR

Par : RAZANAKOLONA Andriniaina Michel

Encadreur : RANDRIANALIJAONA Tiana Mahefasoa

Soutenu le 08 Octobre 2010


UNIVERSITE D’ANTANANARIVO
Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie
Département Economie
2nd Cycle : Promotion Sortante
Option : Macroéconomie et Modélisation

Mémoire en vue de l’obtention d’un diplôme de Maitrise en Sciences Economiques

L’EFFICACITE DES INSTITUTIONS

DE MICROFINANCE AU SERVICE D’UN

DEVELOPPEMENT RURAL DURABLE

A MADAGASCAR

Par : RAZANAKOLONA Andriniaina Michel

Encadreur : RANDRIANALIJAONA Tiana Mahefasoa

Soutenu le 08 Octobre 2010


ACRONYMES

ADEFI : Action pour le Développement et le Financement des Microentreprises


ADMMEC : Association pour le développement du mouvement mutualiste d’Epargne et de
Crédit
AECA : Association des Caisses et de Crédit Autogérées
AFD : Agence Française de Développement
AGEPMF : Agence d’Exécution du Programme Microfinance
AIM : Association Professionnelle des IMF non mutualiste
APEM : Association pour la Promotion de l’Entreprise à Madagascar
APIFM : Association Professionnelle des Institutions Financières Mutualistes
BIT : Bureau International du Travail
BOA : Bank Of Africa
BTM : Bankin’ny Tantsaha Mpamokatra
CAE : Crédit Avec Education
CECAM : Caisse d’Epargne et de Crédit Agricole Mutuels
CEM : Caisse d’Epargne de Madagascar
CICA : Charges d’Intérêts Comptabilisés d’Avance
CIDR : Centre International de Développement et de Recherche
CNMF : Cellule de Coordination Nationale de la Microfinance
CSBF : Commission de Supervision Bancaire et Financière
DCP : Document Cadre de Partenariat
DID : Développement International Desjardins
DPDM : Déclaration de Politique de Développement de la Microfinance
DSNM : Document de Stratégie Nationale de Microfinance
DSRP : Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté
EAM : Entreprendre à Madagascar
FERT : Formation pour l’Epanouissement et le Renouveau de la Terre
FIREF/VATSI : Fonds d’Insertion et de Réinsertion à l’Emploi Formel / Voy Asa
Tsimialonjafy
FRIF : Fonds de Renforcement Institutionnel et Financière
GCV : Grenier Commun Villageois
ICA : Intérêt Comptabilisés d’Avance
IFM : Institution Financière Mutualiste
IMF : Institution de Microfinance
IRAM : Institut de Recherche et d’Application des Méthodes de Développement
LVM : Location Vente Mutualiste
MAP : Madagascar Action Plan
MCO : Moindres Carrées Ordinaires
MFB : Ministère des Finances et du Budget
ONG : Organisation Non Gouvernementale
OP : Organisation Paysanne
OTIV : Ombona Tahiry Ifampisamborana Vola
PAMF : Première Agence de Microfinance
PAS : Programme d’Ajustement Structurel
PATFR : Projet d’Assistance Technique aux Finances Rurales
PCD : Pertes sur Créances Douteuses
PCI : Pertes sur Créances Irrécouvrables
PMF : Projet de Microfinance
PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement
PVD : Pays en Voie de Développement
SA : Société Anonyme
SIPEM : Société d’Investissement pour la Promotion des Entreprises à Madagascar
SNMF : Stratégie Nationale de Microfinance
TIAVO : Tahiry Ifamonjene Amin’ny Vola
UNICECAM : Union des CECAM
URCECAM : Union Régionale des CECAM
WOCCU : World Council of Credit Unions
REMERCIEMENTS

Je tiens particulièrement à adresser mes vifs remerciements:


- A Dieu notre Père qui, dans sa grandeur, a personnellement veillé sur ma personne et
m’a permis de mener à bien mes études et le présent mémoire.
- A Monsieur le Chef de Département Economie et à tout le personnel du Département
qui m’ont permis de réaliser mes études durant toutes ces années, ainsi qu’à tous les
professeurs du département pour leurs précieux enseignements.
- A Monsieur RANDRIANALIJAONA Tiana Mahefasoa qui n’a pas ménagé son temps
et ses conseils précieux, pour la patience et la souplesse dont il a fait preuve dans
l’encadrement de ce travail et qui s’est largement impliqué dans son élaboration.
- Au personnel de la CECAM 67Ha qui a bien voulu me fournir les informations
indispensables pour la réalisation de la seconde partie de ce travail.
- Sans oublier mes proches et toute ma famille pour leur soutien moral et
particulièrement mon oncle.
LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Pourcentage des ménages pauvres dans les différents types de crédit p.47

Tableau 2 : Répartition des différents types de crédit par catégories de paysans p.49

Tableau 3 : Rationnement de crédit suivant refus de crédit et différence entre montant p.51

Tableau 4 : Evaluation du rôle joué par les CECAM dans l’évolution de la vulnérabilité p.51

LISTE DES GRAPIQUES

Graphique 1 : Représentation graphique de l’efficacité technique et de l’efficacité


allocative p.10

Graphique 2 : Structure du réseau CECAM de type mutualiste p.41

Graphique 3 : Evolution du nombre de sociétaires p.44

Graphique 4 : Evolution des octrois de crédit p.45


SOMMAIRE

Page
INTRODUCTION 1

PARTIE 1 : Cadre théorique et situation des IMF à Madagascar………………………. 3


Chapitre 1 : Cadre théorique de la microfinance et notion d’efficacité………………… 3
Section 1 : Les théories applicables à la microfinance………………………….. 3
1.1- La microfinance…………………………………………………………………. 3
1.2- Asymétrie d’information………………………………………………………... 4
1.3- Les théories qui introduisent la microfinance…………………………………… 5
Section 2 : Notion d’efficacité et de performance d’une IMF………………….. 7
2.1- L’efficacité d’une IMF………………………………………………………….. 8
2.2- Mesure de performance d’une IMF…………………………………………….. 11
2.3- Pérennité des IMF………………………………………………………………. 16
Chapitre 2 : La microfinance et le contexte actuel des IMF à Madagascar…................. 18
Section 1 : Historique de la microfinance………………………………………. 18
1.1- Origine de la microfinance……………………………………………………… 18
1.2- Historique de la microfinance à Madagascar…………………………………… 19
Section 2 : Le contexte malagasy……………………………………………….. 22
2.1- Structuration de la profession et les principaux acteurs…………………………. 22
2.2- L’environnement de la microfinance à Madagascar…………………………….. 23
2.3- Cadre légal et réglementaire…………………………………………………… 24
2.4- Politique nationale……………………………………………………………….. 25

PARTIE 2 : Analyse de l’efficacité des IMF dans les milieux ruraux à Madagascar :
Cas du réseau CECAM………………………………………………… 27
Chapitre 1 : Les IMF dans les milieux ruraux et leurs efficacités……………………….. 27
Section 1 : Le financement rural………………………………………………….. 27
1.1- La demande et l’offre de financement rural à Madagascar………………….. 27
1.2- Source de financement de la microfinance rurale à Madagascar…………… 31
Section 2 : Les limites de la microfinance……………………………………… 37
Chapitre 2 : L’efficacité du réseau CECAM…………………………………………… 39
Section 1 : Présentation du réseau CECAM……………………………………. 39
1.1- Fonctionnement d’une CECAM………………………………………………. 39
1.2- Structure du réseau CECAM………………………………………………….. 40
1.3- Les services du réseau…………………………………………………………. 41
Section 2 : Analyse économique de l’activité du réseau CECAM…………….. 45
2.1- L’efficacité du réseau CECAM………………………………………………… 45
2.2- Les limites du réseau CECAM…………………………………………………. 48

CONCLUSION 53
INTRODUCTION

Près d’un demi-siècle après la décolonisation, le temps est actuellement à celui du


sous-développement pour les pays pauvres. Comme si ces pays avaient quitté une forme de
dépendance pour retomber dans une autre. Cependant, on constate que, depuis ces deux
dernières décennies, la majorité des pays dits pauvres réclament leur droit au développement.
Pour chacun de ces pays, nombreuses ont été les initiatives prises qui visaient le
développement économique, et voilà que tous s’accordent à dire que le développement
économique passe par le développement rural (vue que la majorité de leurs populations vivent
en milieu rural). Pour le cas de Madagascar, les gouvernements qui se sont succédé ces 15
dernières années ont tous mis en avant des politiques de développement rural et qui ne se
différenciaient que par leurs noms (PAS, DSRP, MAP…)1 mais de contenu sensiblement
égal. Parallèlement à tous ces faits cités, le phénomène « microfinance » a pris de
l’importance au sein des PVD. Aussi bien les gouvernements que les bailleurs de fonds ont
pris conscience de cette montée en puissance de la microfinance qui, originellement,
embrassait une politique sociale et d’équité. A vrai dire, la microfinance cherche avant tout à
agir auprès des populations pauvres en vue d’améliorer leur condition de vie. Pour
Madagascar, la microfinance a commencée à être intégrée dans les divers projets de
développement vers la fin des années 90 ; et aujourd’hui on assiste à un net développement de
la microfinance et à une diversification des institutions de microfinance. Ce développement se
caractérise par un mouvement depuis les milieux ruraux vers les milieux urbains.
On est alors amené à se demander, sur le fait que depuis moins d’une décennie de
pratique de la microfinance en milieu rural, pourquoi la microfinance n’arrive-t-elle pas à
influencer de manière significative le développement de ce milieu. Certes, le recours aux
services des IMF est devenu une pratique courante en milieu rural, mais aucune étude ou
analyse ne mentionne jusqu’à présent qu’un développement qui soit réellement palpable se
produit dans les zones rurales à Madagascar.
Notre travail mettra l’accent sur la contribution que devrait apporter les IMF pour
pouvoir contribuer à un développement rural durable. A cette fin, cette analyse va soutenir la
nécessité d’une « efficacité des IMF pour un développement rural durable à Madagascar ».

1
PAS : Programme d’Ajustement Structurel
DSRP : Document Stratégique pour la Réduction de la Pauvreté, Axe stratégique n°2, Développement rural,
Financement du monde rural, p.85
MAP : Madagascar Action Plan, Engagement n°4 sur le Développement rural, p.13

1
Aussi large que cette problématique puisse paraître, l’analyse comportera dans son contenu,
toutes les hypothèses qui permettraient de l’étancher sus toutes les coutures, depuis les
caractéristiques du monde rural à Madagascar jusqu’aux qualités intrinsèques des IMF, en
insistant sur l’efficacité de ces dernières.
C’est dans cette optique que le plan va se présenter en deux parties complémentaires :
- la première partie s’étalera sur le cadre théorique de la microfinance et la situation des
IMF à Madagascar dans laquelle l’efficacité d’une IMF sera théoriquement exposée,
puis,
- la seconde partie traitera de l’analyse de l’efficacité des IMF dans les milieux ruraux et
démontera, en cas pratique, l’efficacité d’une IMF implantée en milieu rural à
Madagascar.

2
PARTIE 1 :
CADRE THEORIQUE ET SITUATION DES INSTITUIONS DE MICROFINANCE A
MADAGASCAR

Il est nécessaire, en premier lieu, de parler du cadre théorique de la microfinance c'est-


à-dire toutes notions ou théories avec lesquelles on pourrait comprendre ce qu’on entend par
microfinance, ou plus précisément tout concept qui permet d’introduire la notion de
microfinance. Puis, ce n’est qu’une fois ce cadre théorique présenté, qu’on parlera de la
situation des IMF à Madagascar.

Chapitre 1 : Cadre théorique de la microfinance et notion d’efficacité


Ce chapitre comprend essentiellement les théories qui ont fait référence à la
microfinance et introduira par la suite la notion d’efficacité.

Section 1 : Les théories applicables à la microfinance


La microfinance, bien qu’étant une notion bien connue dans les pays en voie de
développement actuellement, n’a pas été le fruit d’une application pratique d’une théorie déjà
énoncée auparavant. Au contraire, elle a été en quelque sorte le résultat d’une volonté,
concrétisée par le Professeur Muhammad Yunus, de trouver une solution à la misère des
habitants pauvres du Bengladesh en pourvoyant directement en monnaie les gens dans le
besoin ou ayant besoin d’argent pour financer leurs activités bien qu’ils n’étaient pas
solvables aux yeux des institutions financières. On pourrait même dire que ce sont plusieurs
théories qui l’ont introduit grâce aux problématiques que chacune d’entre elles soulevaient.
On va essayer dans cette première section de synthétiser celles qui sont applicables à la
microfinance.

1.1-La microfinance
« La microfinance est un produit financier qui sert essentiellement à aider les
personnes pauvres par le financement de leurs activités ou de certains investissements en vue
de leur permettre d’avoir leur autonomie financière dans le futur »2. Une IMF se distingue
ainsi des autres institutions financières comme la banque de par son objectif même (une

2
Razafindramanana H. M., Razafitsoa R. S., Razafy A. Z., Razanakolona A. M., Rivoarison R., 2010. « La
microfinance », Séminaire d’initiation à la recherche, Département Economie, Fac DEGS, Université
d’Antananarivo, p.4

3
banque ne prêtant qu’aux personnes qu’elle estime solvables), l’important étant pour une
banque de tirer bénéfice des crédits qu’elle accorde sans aucune considération de politique
sociale et d’équité.
La microfinance ne concerne pas seulement le financement mais inclue également
l’épargne, et même les services d’assurance et le transfert d’argent.

La microfinance a essentiellement deux fonctions :


• Intermédiation financière : c’est la fonction primordiale de la microfinance. Elle
consiste à transférer les capitaux ou les liquidités de ceux qui en possèdent en excès à
ceux qui n’en détiennent pas suffisamment. L’IMF est ainsi un lieu de rencontre entre
offreurs et demandeurs de capitaux (ou de liquidité).
• Intermédiation sociale : l’intermédiation financière réussit souvent lorsqu’elle
s’accompagne d’une intermédiation sociale. Elle prépare les groupes ou personnes
marginalisés à établir les relations d’affaires solides avec les institutions de
microfinance. En d’autres termes, l’intermédiation sociale est la construction du
capital humain et social nécessaire à une intermédiation financière pérenne destinée
aux agents économiques de faible revenu.

1.2-Asymétries d’information
Elles découlent des transactions économiques conclues entre des agents économiques. Ces
transactions contiennent des incertitudes que les organismes de microfinance doivent tenir
compte.
Les incertitudes sont de deux sortes, notamment :
• La sélection adverse.
« Elle consiste à recourir ou à ne pas recourir à l’assurance en fonction
d’informations détenues par l’agent et inconnues de l’assureur »3.
 C’est l’auteur Akerloff4 qui a évoqué le premier type de sélection adverse. Cette
dernière porte sur les caractéristiques cachées des voitures d’occasion qui sont
vendues dans un parc. Seul le vendeur connait les caractéristiques de chaque voiture;
quant à l’acheteur, il peut aussi bien tomber sur une bonne voiture que sur une
mauvaise.

3
Définition du dictionnaire d’économie, Edition Nathan, p.22
4
Akerloff G., 1970. The market for lemons

4
 Un autre type de sélection adverse est celle évoquée par Spence5. L’exemple qu’il a
pris concerne le marché du travail. Il stipule qu’un recruteur ne peut savoir les
compétences du candidat qui se présente devant lui, lors d’une entrevue.
 Le dernier type de sélection adverse a été tiré au clair par Stiglitz6, il s’agit du
rationnement de crédit. Ce type d’asymétrie intéresse particulièrement les institutions
financières du fait que la source même de leurs revenus (c’est-à-dire les intérêts
qu’elles retirent des emprunts) découle du crédit qu’ils décident d’octroyer ou pas.

• L’aléa moral.
« On parle d’aléa moral lorsque l’incertitude porte sur les actions cachées de
certains agents économiques »7. Ce concept est particulièrement important en
microfinance car il concerne les motifs de non paiement probables des clients qui
pourraient éventuellement tirer profit de certaines circonstances pour ne pas
rembourser. Ce qui pourrait sérieusement nuire à l’activité même des IMF car leurs
ressources dépendent essentiellement des dépôts des membres et des fonds obtenus
auprès des bailleurs.

Quelque soit le type d’asymétrie d’information, les IMF se doivent de passer outre ces
incertitudes puisqu’elles ont pour principale mission de porter assistance, en termes de
financement, aux personnes les plus défavorisées qui ont été exclues du système bancaire du
fait de leur supposée non solvabilité. Ceci ne signifie pas forcément que toute demande de
crédit soit sanctionnée par un octroi, mais seulement que les conditions requises pour le
demande soient fixées ai strict minimum (c'est-à-dire différencie les IMF des banques qui
fixent des conditions ou exigences ou garanties trop importantes pour une personne pauvre)

1.3-Les théories qui introduisent la microfinance


Quatre notions, de par leur importance dans la microfinance, l’introduisent également. Ce
sont l’épargne, le crédit, le financement et l’assurance.

5
Spence, Job market signaling
6
Stiglitz J., 1982. Rationnement de crédit
7
Ravelomanana M., 2010. Cours de politique économique, introduction, , Département Economie, Fac DEGS,
Université d’Antananarivo

5
• L’épargne
« L’épargne est la part de revenu non consommée ». Elle peut être considérée comme une
renonciation, pour un individu, à une consommation immédiate en vue de pouvoir améliorer
son revenu futur et par la même occasion sa consommation future.
L'épargne est un élément fondamental dans l'économie : elle est la contrepartie de
l'investissement, lequel permet à la croissance de se maintenir et de progresser. En principe,
plus le niveau d'épargne est élevé, plus les entreprises peuvent avoir accès à des financements
bon marché qui leurs servent à augmenter leurs capacités de production et à produire
davantage en distribuant ainsi plus de revenus à leurs salariés et à la collectivité.8
Elle est importante pour les IMF puisque la plupart d’entres elles utilisent les dépôts (i.e.
épargnes) de leurs membres pour financer les activités des demandeurs de crédit.

• Le crédit
« C’est un mécanisme par lequel un débiteur obtient un bien ou de la monnaie d’un
créancier en échange de la promesse d’un paiement différé de la contrepartie, majoré d’un
intérêt »9.
Dans notre cas, les besoins en services financiers des exploitations agricoles portent sur
différents types de crédits :
 Crédit de court terme : quand les financements portent sur le stockage, la campagne
agricole, la première transformation des produits agricoles.
 Crédit de moyen terme : lorsque le financement porte sur l’équipement agricole.
 Crédit de long terme : on a généralement recours à ce type de crédit pour financer
l’acquisition d’équipements lourds, l’achat de foncier dans certains contextes.

• Le financement
« C’est l’action de fournir l’argent nécessaire à la réalisation d’une opération
économique »10.
Les organismes qui obtiennent des ressources financières d'un prêteur pour les fournir à
un emprunteur sont appelés intermédiaires financiers, c’est le cas des IMF.
Dans notre cas, il s’agit de financement des activités génératrices de revenus des
personnes pauvres, en vue d’une amélioration de leurs conditions de vie, par les IMF.

8
Microsoft Encarta 2008. Etudes, Sciences Economiques
9
Dictionnaire d’économie et de sciences sociales, Op. cit., p.100
10
Dictionnaire d’économie et de sciences sociales, Op. cit., p.189

6
• L’assurance
« C’est une opération consistant pour une institution à percevoir une cotisation (ou
prime), et à s’engager en contrepartie à prendre en charge les dommages éventuels survenus
à un agent lors de la réalisation d’un risque. Il s’opère ainsi une mutualisation des risques,
une transformation des risques individuels en risques collectifs. »11
Cette notion d’assurance tient son importance en matière de microfinance du fait que
les IMF s’exposent à un risque de non paiement de la part des personnes auprès desquelles
elles oeuvrent, c’est exactement pour cette raison que le système bancaire classique ne leur a
pas accordé de crédit.
« De manière générale, en raison de la spécificité de la clientèle, les crédits à moyen
terme apparaissent plus risqués car la probabilité que des événements défavorables
surviennent au cours de l’amortissement du crédit s’accroît avec la durée de celui-ci.
Sur une durée de cinq années, la probabilité d’une mauvaise récolte ou d’une mauvaise
conjoncture devient très élevée »12.
Ce qui montre la nécessité de se couvrir contre les risques par le biais de l’assurance.

Après avoir vu les théories sur lesquelles s’appuie la microfinance, et qui constitue ses
bases théoriques, continuons ce chapitre avec la notion d’efficacité.

Section 2 : Notion d’efficacité et de performance d’une IMF


A posteriori, on pourrait analyser les impacts des activités d’une IMF pour pouvoir
porter un jugement sur son fonctionnement. Toutefois, on peut apprécier ce dernier, a priori,
en voyant de près l’efficacité de cette IMF. Contrairement à l’efficacité, la performance d’une
IMF ne peut être évaluée qu’à partir des données concernant celle-ci.
En fait, l’efficacité doit être la principale qualité des IMF pour pouvoir contribuer de
manière significative à un développement rural durable à Madagascar. Dans cette section,
nous traiterons de l’efficacité d’une IMF, mais nous n’oublierons pas pour autant de traiter
des autres critères sur lesquelles les IMF exerçant à Madagascar devront porter une attention
particulière à savoir la performance, la pérennité et la viabilité.

11
Dictionnaire d’économie et de sciences sociales, Op. cit., p.22
12
Fraslin J-H., Andriantsilavina U., 2001. Les CECAM de Madagascar : La location vente mutualiste, p.5

7
2.1- L’efficacité d’une IMF
Œuvrer auprès des populations pauvres, en les finançant, en vue d’améliorer leurs
conditions de vie, voilà en quoi consiste la mission origine d’une IMF. Nous disons alors que
les IMF poursuivent un objectif de politique sociale et d’équité. Cependant, les IMF doivent
insister sur la nécessité d’une gestion efficace de leurs ressources afin de fonctionner sur une
base soutenable pour permettre un accès durable des populations pauvres au crédit.
En d’autres termes, insister sur l’efficacité intrinsèque des IMF, voilà sur quoi va se
concentrer cette sous-section.

A- Notion d’efficacité
En premier lieu, apprécier l’efficacité d’une IMF dépend de l’optique suivant laquelle
on veut l’apprécier13. On peut donc approcher l’efficacité aussi bien de manière technique
qu’allocative.
• Efficacité technique et efficacité allocative
 L’efficacité technique consiste en la poursuite d’une efficacité qui résulterait d’une
considération plutôt technique (i.e. IMF efficace par la technique qu’elle utilise).
Ainsi, dans un contexte d’approche par la production (puisqu’effectivement, une IMF
et une unité productive d’épargne et/ou de crédit ou encore outputs), l’efficacité
technique permet à l’IMF de produire le maximum d’outputs avec une quantité donnée
de dépôt ou de ressource appelé encore inputs.
 L’efficacité allocative, quant à elle, consiste en une optimisation de la
production d’outptus sous la contrainte des coûts. C'est-à-dire, en vue de la
production, l’efficacité allocative permet de choisir la meilleure combinaison
productive d’inputs compte tenu de leurs prix14.
Cette distinction entre efficacité technique et allocative est due à Farrell15.

Nous sommes amenés à nous demander laquelle de l’efficacité technique et de l’efficacité


allocative convient le mieux à la situation des IMF situées en zone rurale à Madagascar. Pour
répondre à cette question, nous allons voir jusqu’à quel point chacune de ces deux efficacités
sont discutables.

13
Soulama.S., 2008. Efficacité technique et inefficience à l’échelle des institutions de microfinance au Burkina
Faso, UFR /SEG, Université de Ouagadougou, p.3
14
Razafindramanana H. M. et al., 2010. Op. cit, p.21
15
Farrell M.J., 1957. The Mesurement of the Productive Efficiency

8
« On peut dire que l’efficacité allocative est discutable de par le seul fait qu’elle se réfère à
l’optique d’optimisation du profit (c'est-à-dire calcul économique de l’efficacité orienté vers
coût et avantage produit par le choix d’inputs).
Quant à l’efficacité technique, elle est moins discutable, car même en cas d’inefficacité
technique, on peut clairement justifier cette inefficacité. De façon plus claire, il est
impensable que les IMF renoncent à la recherche de l’efficacité technique au risque de ne
pouvoir soutenir durablement leurs actions en faveur des catégories pauvres »16.
Pour le cas des IMF à Madagascar alors, retenir l’efficacité technique comme mesure
appropriée de performance est plus convenable que de retenir l’efficacité allocative.

• L’approche
Une autre distinction, qu’on doit impérativement faire, porte sur l’approche suivant
laquelle il convient d’estimer l’efficacité.
Il existe deux types d’approches : approche frontière et approche financière
Par souci de continuité du raisonnement, on ne traitera ici que l’approche frontière et on ne
verra l’approche financière que dans la sous-section qui va suivre (sous-section 2.2, p.8)
(L’évaluation financière est une pratique plus courante que la mesure par les frontières
d’efficacité).
L’approche frontière : Il s’agit ici de définir une frontière de production PP’ à partir de
laquelle on va juger de l’efficacité d’une IMF17.
C’est Farrell qui a mis au clair la distinction entre l’efficacité technique et l’efficacité
allocative grâce à son approche par la frontière de production18.
Le graphique ci-dessous nous éclaircit sur les notions d’approche frontière, efficacité
technique et efficacité allocative, dans lequel19 :
PP’ : la frontière de production
tt’ : rapport du prix des inputs définissant la contrainte des coûts.
rr’ : coût théorique que doit supporter l’IMF
Point O : origine
Point B : niveau de production théorique correspondant à une IMF techniquement efficace
Point D : point où devrait se trouver une IMF techniquement et allocativement efficace
16
Soulama S., 2008. Op. cit, p.4
17
Soulama S., 2008. Op. cit, p.3
18
Soulama S., 2008. Op. cit, p.3
19
Razafindramanana H. M. et al., 2010. Op. cit, p.24

9
Au point A :
- inefficacité technique = OA/OB<1 car OA<OB
- inefficacité allocative = OB/OC avec OB<OC
OC : coût que supporte l’IMF qui se trouve en A

Graphique 1 : Représentation graphique de l’efficacité technique et de l’efficacité allocative


t
P r C
B
r’
A

t’
O P’
20
Source : Farrell, 1957, Coelli , 1996

Les études effectuées sur les IMF situées dans des PVD montrent qu’il convient de
retenir :
• l’efficacité technique comme méthode de mesure de performance appropriée puisque
l’efficacité allocative se réfère plus à l’optimisation du profit que vers l’objectif
premier des IMF
• que l’approche frontière présente un avantage certain sur l’approche financière car
cette dernière échoue dès lors qu’on veuille chercher un indicateur synthétique de
l’efficacité. C’est la raison pour laquelle la tendance dans les dernières années est à la
mesure de l’efficacité par la méthode des frontières21.
Maintenant que nous avons éclairci ce qu’on entend par efficacité, voyons comment peut-
on procéder à la mesure de cette efficacité.

20
Coelli T.J., 1996. Aguide to DEAP Version : A Data Envelopment Analysis
21
Soulama S., 2008. Op.cit, p.4-5

10
B- Mesure de l’efficacité : Approche paramétrique ou approche non paramétrique
Il a été tiré au clair dans la section précédente que l’approche par les frontières est
préférable à l’approche financière et l’efficacité technique sur l’efficacité allocative. Il
importe alors de savoir lesquelles des méthodes d’estimation, paramétrique ou non
paramétrique, doit – on retenir lorsqu’on veut évaluer l’efficacité d’une IMF à l’aide d’un
indicateur synthétique.
On peut distinguer deux principaux types d’approches suivant que l’on ait recours à
des paramètres ou non22.
• L’approche paramétrique
Les approches paramétriques peuvent être regroupées en deux catégories :
- si tout écart observé est uniquement dû à l’inefficacité (la méthode d’estimation de la
frontière est inférentielle avec recours aux Moindres Carrées Ordinaires), la frontière de
production est dite déterministe.
- si, en plus de la défaillance, on prend en compte un autre terme aléatoire qui englobe les
erreurs23 qui peuvent influencer la production, la frontière devient alors stochastique.

• L’approche non paramétrique


Le choix de la méthode non paramétrique est conseillé lorsqu’on n’a aucune indication sur la
forme fonctionnelle de la fonction à maximiser ou à minimiser, lorsqu’on est en présence de
plusieurs outputs et inputs, ou lorsqu’on présume que les facteurs aléatoires ont un effet peu
significatif sur la mesure de l’efficacité.
L’efficacité d’une IMF correspond donc à ce qu’on vient de décrire jusqu’ici. Cependant, on a
l’habitude de juger de l’efficacité d’une IMF de par sa performance. C’est ce dont parlera la
section qui suit.

2.2- Mesure de performance


La performance d’une IMF est souvent déduite à partir de sa situation financière. Plus
précisément la mesure de la performance d’une IMF passe par plusieurs retraitements de ses
états financiers, et ce n’est qu’ensuite qu’on pourra obtenir des indicateurs de performance

22
Soulama S., 2008. Op. cit, p.6
23
Les erreurs éventuelles de mesure, les erreurs de la mauvaise spécification du modèle, l’omission de certaines
variables explicatives et la considération des évènements ( politique, prix des intrants…)

11
relatifs à l’IMF24. (Cette section traitera aussi de l’efficacité financière que l’on a
volontairement omis de mentionner dans la sous-section 2.1)

A- Retraitements des états financiers


Ces retraitements concernent les retraitements comptables et les retraitements au titre
de l’inflation et de subvention
• Retraitements comptables : ces retraitements sont au nombre de quatre à savoir :
 Pertes sur créances irrécouvrables (PCI)
La prise en charge des PCI est un élément important de la gestion financière d’une IMF et
aussi l’un des plus mal gérés. Pour obtenir une image fidèle de la performance financière de
l’institution, il est nécessaire de déterminer quelle proportion de son portefeuille génère
effectivement des revenus et quelle proportion est susceptible d’être irrécouvrable. Ceci peut
être fait en examinant la qualité du portefeuille de crédits, en constituant une provocation des
créances douteuses et en procédant à des abandons de créances régulières.25

 Provisions pour créances douteuses (PCD)


Le compte PCD correspond au montant du capital restant dû que l’institution pense ne plus
pouvoir recouvrir. C’est un montant destiné à couvrir les pertes sur le portefeuille de crédits.
Les PCD sont enregistrées comme actifs négatifs au bilan. Elles viennent en réduction de
l’encours net de crédits. Le montant des PCD est déterminé à partir des données historiques
d’impayés et la durée des retards. En matière de remboursement, les performances passées
sont les meilleurs indicateurs des performances futures.26

 Traitement de l’amortissement des immobilisations


De nombreuses IMF procèdent à l’amortissement de leurs immobilisations conformement aux
principes comptables généralement reconnus. Cependant, toutes ne le font pas. Si l’analyse
des états financiers d’une institution révèle qu’une inexistence de compte d’exploitation
appelé « amortissement » sur le compte de résultat, ou si la taille de ce compte semble
inappropriée par rapport au montant des immobilisations portées sur le bilan, il est nécessaire

24
Ledgerwood J., 1999. Manuel de microfinance, Une perspective institutionnelle et financière, Banque
Mondiale, p.215
25
Ledgerwood J., 1999. Op.cit, p.215
26
Ledgerwood J., 1999. Op.cit, p.215

12
de retraiter les états financiers et de procéder à l’amortissement de chaque immobilisation, en
se fondant sur le nombre d’années découlées depuis leur acquisition par l’institution.27
 Les intérêts comptabilisés d’avance (ICA) et charge d’intérêts comptabilisés d’avance
(CICA)28
ICA : On parle d’ICA lorsque l’on enregistre des intérêts qui n’ont pas encore été reçus. On se
fond sur l’hypothèse que les intérêts seront perçus à une détermination ultérieure, et on les
enregistre comme produits et comme actifs sous ICA ou intérêt à recevoir.
CICA : A la fin de l’exercice comptable, le bilan doit donner une image fidèle de la situation
financière que l’institution verse périodiquement. A la fin de l’exercice, il est probable que
l’institution doive des intérêts sur les fonds empruntés pour la période allant du dernier
remboursement à la date de clôture de l’exercice. Les états financiers doivent par conséquent
être ajustés de façon à refléter ces charges de financement qui sont dues mais pas encore
payées. On parle alors de charges d’intérêts comptabilisés d’avance.

• Retraitement au titre de subvention et de l’inflation


Contrairement aux quatre retraitements que l’on vient de décrire, ces deux derniers
types de retraitements ne sont pas toujours dictés par les normes comptables.
Les retraitements au titre des subventions et de l’inflation doivent être effectués pour faire
apparaitre la viabilité financière réelle de l’institution.
 Retraitement au titre des subventions
De nombreuses IMF financent leurs portefeuilles de crédit essentiellement à l’aide de
dotations en capital ou d’emprunts concessionnels. Les crédits concessionnels, les
subventions d’exploitation et les dotations en capital sont tous considérés comme des
subventions accordées aux IMF. Il est nécessaire de distinguer les subventions et de retraiter
les états financiers, de façon à déterminer les performances financières de l’institution comme
si elle se finançait par dettes et par fonds propres plutôt que par fonds subventionnés29.
Il existe trois grands types de subventions accordés habituellement aux IMF :
i. Les subventions destinées à couvrir les charges d’exploitation et les subventions en
nature
ii. Les crédits concessionnels
iii. Les dotations en capital

27
Ledgerwood J., 1999. Op.cit, p.215
28
Ledgerwood J., 1999. Op.cit, p.215
29
Ledgerwood J., 1999. Op.cit, p.224

13
Pour effectuer le retraitement au titre des subventions, la première étape consiste à déterminer
la valeur des subventions, puis à passer les écritures comptables. En ce qui concerne les
crédits concessionnels et les dotations en capital, il est également nécessaire de déterminer le
coût des ressources approprié à appliquer aux subventions.

 Retraitement au titre de l’inflation


L’inflation se définit comme une augmentation substantielle des prix et de la masse
monétaire, ayant pour conséquence une diminution de la valeur de l’argent30.
Pour effectuer ce retraitement, on considère :
- La réévaluation des actifs non financiers
- Le coût de l’inflation sur la valeur réelle des fonds propres.
Les actifs non financiers comprennent les immobilisations telles que les terrains, les
constructions et l’équipement. La valeur des immobilisations, en particuliers des terrains et
des constructions, est supposée augmenter avec l’inflation. Cependant, cette augmentation
n’est habituellement pas enregistrée dans les états financiers des IMF. Ainsi leur valeur réelle
peut être sous-estimée.
Etant donné que la plupart des IMF financent leurs actifs principalement avec leurs
fonds propres, les fonds propres doivent augmenter suivant un taux au moins égal au taux
d’inflation pour que l’institution puisse continuer à financer son portefeuille.
Des retraitements, comme détaillés ci-dessus, doivent alors être effectués avant de
mesurer la performance d’une IMF, mais cette mesure se fait en ayant recours aux indicateurs
de performance.

B- Indicateurs de performance
« Il n’y a pas de gestion financière efficace sans analyse périodique des performances
financières. Les indicateurs de performance se fondent sur les données financières et les
restituent sous une forme appropriée pour fournir des informations utiles sur les
performances financières de l’institution. Le calcul des indicateurs de performance permet
aux bailleurs de fonds, aux opérateurs et aux consultants de déterminer l’efficacité, la
viabilité et la portée des activités de l’institution »31.

30
Ledgerwood J., 1999. Op.cit, p.227
31
Ledgerwood J., 1999. Op.cit, p.235

14
Les indicateurs de performance présentés ici sont regroupés en cinq domaines : la qualité du
portefeuille, la productivité et l’efficacité, la viabilité financière, la rentabilité et l’effet de
levier et adéquation des fonds propres.

 Qualité du portefeuille
Les ratios de qualité du portefeuille fournissent des informations sur le pourcentage d’actifs
non productifs qui réduisent les revenus de l’institution et ont un impact négatif sur sa
situation de trésorerie. De nombreux ratios sont utilisés pour mesurer la qualité du portefeuille
et obtenir d’autres informations sur le portefeuille (même si tous sont qualifiés ici de ratios de
« qualité du portefeuille »)32. Ces ratios sont de trois types :
i. Taux de remboursement
ii. Ratios de qualité de portefeuille
iii. Ratios d’abandon de créances

 Productivité et efficacité
Les ratios de productivité et d’efficacité renseignent sur le niveau de génération de revenus
par l’institution, par rapport aux charges à couvrir. Calculer régulièrement ces ratios et suivre
leur évolution dans le temps permettent aux institutions de déterminer si elles utilisent leurs
ressources de manière optimale. La productivité désigne le volume d’activités générées
(output) pour une ressource ou un actif non donné (input). L’efficacité désigne le coût par
unité produite33.

 Viabilité financière
« La viabilité financière désigne la capacité de l’institution à couvrir ses charges avec les
produits qu’elle génère. Si elle veut être financièrement viable, une institution ne peut pas
dépendre des ressources des bailleurs de fonds pour subventionner ses activités. Pour
mesurer la viabilité financière, on calcule des indications d’autosuffisance. On distingue
généralement deux niveaux d’autosuffisance pour les IMF : l’autosuffisance opérationnelle et
l’autosuffisance financière. Lorsqu’une institution n’est pas financièrement suffisante, on peut
calculer l’indice de dépendance aux subventions pour déterminer de combien le taux d’intérêt

32
Ledgerwood J., 1999. Op.cit, p.236
33
Ledgerwood J., 1999. Op.cit, p.243

15
de l’institution devrait être augmenté de façon à couvrir le même niveau de charges avec la
même base de revenus (le portefeuille de crédit) »34.

 Rentabilité
Les ratios de rentabilité mesurent le résultat net de l’institution par rapport à la structure de
son bilan. Les ratios de rentabilité aident les investisseurs et les dirigeants déterminer si le
rendement sur les investissements effectués dans l’institution est correct.

 Effet de levier et adéquation des fonds propres


Le levier financier indique quelle est la proportion de fonds empruntés par l’institution par
rapport au montant de ses fonds propres. Le levier financier indique la proportion de
financement par dettes plutôt que par fonds propres.
L’adéquation des fonds propres renvoie au montant de fonds propres qu’une institution
détient par rapport au montant de ses actifs. Elle se réfère au levier financier en termes
d’adéquation de la structure de financement de l’institution.
Pour les institutions financières, on distingue généralement trois catégories de fonds
propres :
- Capitaux investis, y compris les actions des membres, les effets à payer et les
investissements de personnes extérieures
- Les capitaux de l’institution, dont les reports à nouveau et les provisions (c'est-à-dire
un montant spécifique que l’institution doit mettre de côté conformément aux
prescriptions des instances de réglementation bancaire ou du gouvernement)
- Les dettes, dont les dettes subordonnées et les crédits de la Banque centrale

2.3- Pérennité des IMF


Toutes les IMF recherchent la pérennité financière. Quand une IMF est financièrement
pérenne, elle est capable d’avoir recours à d’autres sources de financement autres que les
fonds octroyés par les bailleurs dont elle dépend. La pérennité renvoie à l’idée que les IMF
octroient des crédits qui vont permettre de mettre en place des institutions viables35.
Sont qualifiées de pérennes les IMF qui ont leurs autonomies sur le plan financier, social,
technique.

34
Ledgerwood J., 1999. Op.cit, p.246
35
Rakotoasimbola T., 2006. Etude d’impact de la microfinance du point de vue de la réduction de la pauvreté:
Cas d’entreprendre à Madagascar, Grand Mémoire, Département Economie, Fac DEGS, Université
d’Antananarivo, Bibliothèque Universitaire, réf. ECO 261, p.16

16
• Autonomie financière
On parle d’autonomie financière d’une IMF lorsqu’au sein de cette dernière les produits
couvrent les charges mais aussi lorsqu’elle génère assez de fonds pour pouvoir financer sur le
long terme indépendamment des bailleurs.
• Autonomie organisationnelle
Elle représente la capacité d’une IMF à être gérée localement après le retrait d’une éventuelle
assistance technique extérieure. Ce qui signifie que les IMF doivent fonctionner par elles-
mêmes, ce qui nécessite une répartition claire des fonctions (direction, opérations, audit,
ressources humaines,…)36.
• Autonomie institutionnelle et sociale
Un facteur clé de la gouvernance de l’institution est la répartition du pouvoir au sein de
l’organisation entre salariés et propriétaires. Les administrateurs sont les garants de l’intégrité
du système, ils doivent être capables de détecter les risques encourus par l’institution, de
garantir sur la durée et le respect de la vocation sociale de l’IMF37.

On a vu tout au long de ce chapitre que de nombreuses théories ont déjà fait référence
à la microfinance ou l’ont introduite. De même, on a vu que l’efficacité d’une IMF peut être
décrite de façon intrinsèque, par la mesure de sa performance et en référence à sa viabilité.
Pour compléter cette première partie de notre sujet, nous allons retracer l’histoire de la
microfinance depuis son apparition jusqu’à la situation actuelle des IMF à Madagasca

36
Rakotoasimbola T., 2006. Op.cit, p.18
37
Rakotoasimbola T., 2006. Op.cit, p.18-19

17
Chapitre 2 : La microfinance et le contexte actuel des IMF à Madagascar
On va entamer ce chapitre par l’historique de la microfinance (apparition dans le
monde et historique à Madagascar), puis on traitera le contexte actuel des IMF à Madagascar.

Section 1 : Historique de la microfinance


Pour mieux introduire la situation actuelle des IMF à Madagascar on va d’abord
revenir sur l’origine de la microfinance depuis son apparition dans le monde et son historique
à Madagascar.
1.1- Origine de la microfinance
Dans le passé, les pratiques visionnaires de certains moines franciscains qui avaient
fondé au XVe siècle des mots de piété présentaient des orientations communautaires.
Toujours en Europe, en 1849, un bourgmestre prussien Friedrich Wilhelm Raiffeisen, fonde
en Rhénanie la première société coopérative d’épargne et de crédit, une institution qui offre
des services d’épargne aux populations ouvrières pauvres et exclues des banques classiques38.
L’épargne collectée permet de consentir des crédits à d’autres clients. Ces organismes sont
dits mutualistes. Le mutualisme y compris financier connaît à partir de 1941, un
développement assez exceptionnel au Pays basque espagnol autour des coopératives de
Mondragon. Mis à part le cas de Mondragon, les organismes et les institutions qui se
développent sur cette base en Europe et en Amérique du Nord, puis, après la Seconde Guerre
mondiale dans les pays du Sud se focalisant sur l’épargne et offrent peu de services de
crédit39.
Dans les années 1970, avec la Grameen Bank, Muhammad Yunus développe le
microcrédit au Bangladesh et ouvre la voie à de nombreuses autres expériences menées dans
le monde entier. Des institutions sont créées pour fournir aux pauvres des moyens de créer
leur gagne-pain et les outils pour gérer le risque associé, c'est-à-dire les services financiers
normaux qui sont proposés aux catégories plus riches40. Le succès de la Grameen Bank qui
compte maintenant comme clients plus de 7 millions de pauvres au Bengladesh, a connu un
écho dans le monde entier, dans la pratique, il s’est avéré difficile de recopier cette
expérience. Dans les pays où les densités de population sont plus faibles, il est beaucoup plus
problématique de réunir les conditions de rentabilité pour créer des services et commerces de
proximité. Il n’empêche que la Grameen a démontré que non seulement les pauvres

38
www.madafinance.com
39
Boyé S., Hajdenberg J., Poursat C., 2006. Le guide de la microfinance, Eyrolles, p.19
40
Helms B., 2006. Building Inclusive Financial systèms, The World Bank, Washington

18
remboursent leurs crédits, mais qu’ils peuvent payer des intérêts élevés et que l’institution
peut donc couvrir ses propres coûts41.
A la fin des années 1980, les initiatives se multiplient. En Amérique latine, des
institutions accordant des crédits en milieu urbain commencent à couvrir leur frais sans
subvention. L’ONG bolivienne PRODEM créée en 1986 décide de filialiser ses activités de
microfinance sous forme de banque en créant la Banco Solario SA, plus connue sous le nom
de Bancosol. C’est l’émergence d’une « industrie de la microfinance »42.
Beaucoup de progrès ont été effectués, mais tous les problèmes n’ont pas été résolus,
et la grande majorité de la population qui gagne moins d’un euro par jour, spécialement dans
les zones rurales, ne bénéficie toujours d’aucun accès au secteur financier normal. Le secteur
de la microfinance a connu une croissance régulière jusqu’à atteindre en 2007 25 milliards de
dollars pour l’ensemble des crédits relevant de la microfinance43. Il en faudrait dix fois plus
pour fournir aux populations pauvres le capital dont elles ont besoin. Le secteur de la
microfinance a connu une forte croissance, au point qu’on a pu se demander s’il n’y avait pas
un risque à laisser filer autant de capitaux vers un secteur qui n’était pas forcément géré
correctement.

1.2- Historique de la microfinance à Madagascar


L'histoire de la Micro Finance comporte trois périodes distinctes44 : avant 1990, de
1990 à 1995 et 1996 à nos jours. Ainsi, l'origine de la Micro Finance à Madagascar remonte à
une vingtaine d'années. Les défaillances du système bancaire en milieu rural ont favorisé la
création des Institutions de Micro Finance (IMF) à partir de 1990 à Madagascar.
 Avant 1990 :
« Aucune Institution de Micro Finance n'existait encore à cette époque. Néanmoins,
la Bankin’ny Tantsaha Mpamoatra (BTM), Banque Nationale depuis 1976 et reprise en 1999
par la Bank Of Africa (BOA) dans le cadre de sa privatisation, était la seule banque qui
intervenait dans le secteur de la Micro Finance »45. Mais, ses activités dans ce domaine
étaient limitées à l'octroi de crédit au paysannat et n'atteignaient qu'une frange limitée de la
population rurale. L'intervention de cette banque en faveur du secteur de la Micro Finance
s'est toutefois maintenue après sa privatisation.

41
Boyé S. et al., 2006. p.20
42
Boyé S. et al., 2006. p.21
43
Microfinance: An emerging investment opportunity. Deutsche Bank Dec 2007
44
www.madamicrofinance.mg
45
http://www.madamicrofinance.mg/historique.htm

19
 1990 - 1995 : phase d'émergence des IMFs :
L'émergence des IMFs a été surtout favorisée par la conjugaison des interventions de
trois entités46 :
i. les Bailleurs de fonds (Banque Mondiale, Union Européenne, Agence Française de
Développement, Coopération Allemande, Inter-coopération Suisse, ...)
ii. le gouvernement au travers de sa politique en faveur de ce secteur avec le concours du
financement de la Banque Mondiale à travers :
 le projet d’exécution Projet d’Assistance Technique aux Finances
Rurales / Association pour le Développement du Mouvement
Mutualiste d’Epargne et de Crédit (PATFR/ADMMEC) jusqu’en
1997
 puis le Projet Micro Finance (PMF) pour une phase de deux ans
1998-1999
 et l’AGEPMF : gestion du Programme Micro Finance planifié sur
quinze ans dont le démarrage officiel a débuté en juin 1999.
iii. Les Agences d'Implantation et de Développement ou opérateurs techniques spécialisés
et qui ont assuré l'encadrement technique des IMF. Il s'agit entre autres de
Développement International Desjardins (DID), Formation pour l’Epanouissement et
le Renouveau de la Terre (FERT), Institut de Recherche et d’Application des
Méthodes de Développement (IRAM), Centre International de Développement et de
Recherche (CIDR).
Au cours de cette période, de nombreuses IMF mutualistes (Caisse d’épargne et de
crédit mutuels, initié par la Formation pour l’épanouissement et le renouveau de la terre ou
CECAM/FERT, Ombona Tahiry Ifampisamborana Vola ou OTIV, Association des caisses
d’épargne et de crédit autogérées initié par le Centre international de développement et de
recherche ou AECA/CIDR, Action pour le Développement et le Financement des
Microentreprises ou ADéFI, Tahiry ifamonjena amin’ny vola initié par le world council of
credit unions ou TIAVO/WOCCU) et non mutualistes (Société d’Investissement pour la
Promotion des Entreprises à Madagascar ou SIPEM, VOLA MAHASOA/CIDR, Association
pour la Promotion de l’Entreprise à Madagascar ou APEM, Entreprendre à Madagascar ou
EAM et Caisse d’Epargne de Madagascar ou CEM) se sont créées à Madagascar.

46
www.madamicrofinance.mg

20
 A partir de 1996 : Phase de développement et de croissance :
Cette phase a été marquée par :
i. L’extension géographique et la consolidation des réseaux préexistants
ii. La création de nouvelles structures de la microfinance
Il s'agit principalement des Pré-Institutions de microfinance qui se sont créées mais
qui n'appartiennent ni aux IMF mutualistes ni aux IMF non mutualistes et qui ne sont pas
encore suffisamment structurées en tant que IMF.
iii. La mise en place de la Cellule de Coordination Nationale de la Micro Finance et
l'élaboration du Document de Stratégie Nationale de Micro Finance (DSNMF) :
De concert avec tous les acteurs et intervenants du secteur, la Cellule de
Coordination Nationale de Micro Finance ou CNMF (Entité rattachée au Ministère de
l'Economie, des Finances et du Budget, mise en place en décembre 2003) a validé lors d'un
atelier en Avril 2004 le Document de Stratégie Nationale de Micro Finance à Madagascar. Ce
document a eu l'approbation du Gouvernement en juin 200447.
Le secteur de la micro finance à Madagascar est dominé par les institutions
mutualistes. Ainsi, en 2001, les institutions de micro finance (IMF) mutualistes ont touché
près de 86% des clients contre seulement 14% pour les IMF non mutualistes. A la fin de 2001,
les IMF mutualistes avaient 118,740 adhérents (37% des femmes) contre les IMF non-
mutualistes qui n’avaient que 19,194 clients.

On ne saurait apprécier la situation des IMF à Madagascar sans avoir idée de


l’évolution du secteur.
Données sur l’évolution du secteur microfinance à Madagascar
Depuis les dix dernières années, le secteur de la microfinance a connu une évolution
considérable à Madagascar telle que définie ci-dessous.
Très rapides et soutenus, la croissance et le développement des activités des IMF se sont
traduits par :
- l’extension de la couverture territoriale tant en milieu rural qu’en milieu urbain,
- l’augmentation du taux de pénétration,
- le développement des activités : nombre de membres et de clients touchés, volume des
dépôts collectés auprès de la clientèle, volume des crédits distribués.

47
www.madamicrofinance.mg

21
• Le taux de pénétration
Au plan national, les IMF mutualistes et non mutualistes regroupent au 31 Décembre 2009
plus de 580000 membres environ dont plus de 40% de femmes. En terme de pénétration de
marché, environ 14% des familles malgaches sont actuellement bénéficiaires des services
financiers offerts par ces institutions de microfinance contre moins de 1% avant 1990.
• Le nombre de membres
De 1998 à Décembre 2009, le nombre des membres (pour les Institutions Mutualistes) a
presque été multiplié par 9 passant de 47 472 à près de 441 500. Pour les Non Mutualistes, le
nombre de bénéficiaires de crédit a atteint plus de 108 000 au 31 Décembre 2009.
• Le volume d’épargne collectée
Dans la même période, les encours d’épargne des Mutualistes sont passés de 1,3 milliards
d’Ariary à 62,7 milliards d’Ariary. Certaines catégories d’Institutions Non Mutualistes
commencent à collecter de l’épargne dont l’encours s’élève à plus de 23,8 milliards d’Ariary.
• Le crédit distribué
Toujours de 1998 à décembre 2009, les encours des crédits se sont accrus de 3,3 milliards
d’Ariary à plus de 143,7 milliards d’Ariary.

Section 2 : Le contexte malagasy


Le contexte actuel des IMF à Madagascar peut être comprise après avoir défini
l’environnement de la microfinance, les principaux acteurs, le cadre légal et réglementaire et
la politique nationale. 48
21- Structuration de la profession et les principaux acteurs
Les IMF opérant à Madagascar sont essentiellement regroupées dans deux associations
professionnelles à savoir :
• L’Association professionnelle des IMF non mutualistes (AIM)
C’est une structure de représentation et de défense des intérêts collectifs des IMF membres.
Elle met en œuvre des services d’intérêt commun et contribue à la capitalisation des
expériences par la diffusion des pratiques optimales et la promotion de la transparence en
microfinance. Elle compte 9 membres au 1er trimestre 2008.

• L’Association Professionnelle des institutions financières mutualistes (APIFM)

48
http://www.madamicrofinance.mg/les_acteurs.htm

22
L’APIFM a été créée en mars 1998 par les principaux réseaux mutualistes à Madagascar
(CECAM, OTIV, TIAVO, AECA, ADEFI) pour constituer une structure de représentation
professionnelle et de défense de leurs intérêts. Elle est dotée d’un secrétariat général pour
renforcer son efficacité et mettre en oeuvre ses services.

22- L’environnement de la Microfinance à Madagascar


C’est l’environnement de la Microfinance qui conditionne la vie des institutions de
microfinance et permet toute initiative d’amélioration en matière de microfinance. Définir
l’environnement de la microfinance à Madagascar revient à éclaircir les actions du
gouvernement, un cadre de marché libre et les responsabilités des acteurs.
• Les actions du gouvernement
C’est à travers les actions du gouvernement que l’on peut apprécier sa volonté à
vouloir développer le secteur de la microfinance.
Pour ce faire, le gouvernement a conçu, en matière de microfinance, une politique qui
concerne sa régulation et permet son développement. Cette politique met en avant
essentiellement les points suivants :
- des politiques de reforme du secteur foncier
- la modernisation de la législation bancaire
- la privatisation des banques d’Etat
- la coordination du développement de la microfinance avec les intervenants sous la
responsabilité du Ministère des Finances et du Budget, par le biais de la Coordination
Nationale de la MicroFinance.
- la responsabilisation auprès de la Commission de Supervision Bancaire et Financière
(CSBF) de la surveillance du secteur, du suivi de l’application des normes prudentielles et
règles, et des autorisations des agréments.
Dans la poursuite de cette politique, le gouvernement a approuvé un juin 2004 le
Document de Stratégie Nationale de Microfinance (DSNM) élaboré en avril 2004 suite à un
processus participatif de tous les acteurs et intervenants du secteur. Un atelier s’est tenu en
octobre 2007 suite à l’évaluation à mi-parcours de la Stratégie Nationale de MicroFinance
(SNMF) et dont l’objet était d’aligner le contenu de la SNMF aux objectifs du gouvernement
de cet époque, et qui est encore en vigueur à l’heure actuelle.

23
• Un cadre de libre marché
Le gouvernement a décidé de permettre le développement des IMF dans un cadre de
libre marché sans imposer de contraintes particulières sur la fixation des taux d’intérêt. Les
programmes d’assistance des Bailleurs sont harmonisés afin d’éviter les dédoublements et
assurer la présence des divers éléments nécessaires au développement de la Microfinance. Des
réflexions ont alors été engagées concernant l’appui à la professionnalisation des IMF, la
régulation de leur développement sur tout le territoire et la définition d’un cadre sécurisant et
favorisant l’accès au refinancement.

• Responsabilités des acteurs


Les responsabilités des différents acteurs du secteur ont été définies par le DSNM
comme suit :
- les IMF et leurs associations s’engagent à promouvoir une intermédiation financière viable
et pérenne
- le gouvernement crée un environnement favorisant l’efficacité des marchés financiers et
aidant les IMF développer leurs offres
- les autres intermédiaires financiers tels que les banques et établissements financiers agissent
en tant que grossistes envers les IMF ou mettent en œuvre directement des programmes de
microfinance conformément à la réglementation en vigueur
- les ONG et autres structures d’appui apportent une assistance technique en favorisant les
relations entre la clientèle et les IMF.
- les bailleurs de fonds fournissent davantage d’appui technique aux IMF et en cas de besoin,
des ressources financières, sur la base des plans d’affaire des IMF notamment.

23- Cadre légal et réglementaire


« De 1995 à 2005, le cadre légal et réglementaire de la microfinance s'intégrait au
dispositif global applicable aux banques et établissements financiers à Madagascar. Ce
dispositif faisait référence à la loi bancaire n°95-030 du 25 février 1995 qui instituait 5
catégories d'établissements de crédits, dont les Institutions Financières Mutualistes
(IFM) ».49
« La loi 96-020 du 04/09/96 précisait les dispositions de cette loi bancaire, pour ce qui
concernait les activités et l'organisation des institutions mutualistes.

49
http://www.madamicrofinance.mg/cadre_légal.htm

24
La loi bancaire a créé la CSBF (la Commission de Supervision Bancaire et Financière) qui
est l'autorité de supervision et de contrôle de toutes les catégories d'établissement de crédit,
dont les institutions de microfinance »50.
« Devant les limites de ce cadre légal qui restreignait l'exercice de la microfinance aux
institutions de type mutualiste, la loi 96-020 a été abrogée et une nouvelle loi, spécifique à la
microfinance a été adoptée en 2005, loi 2005-016 du 29 Septembre 2005 ».51
Cette nouvelle loi régit l'ensemble des systèmes de microfinance malgache. Elle a notamment
apporté une définition des activités de microfinance et introduit les institutions de
microfinance comme nouvelle catégorie d’établissement de crédit.
Elle a fait l’objet de deux décrets d’application (N°2007-012 et 013) et sept instructions dont
les dernières ont été adoptées fin 2007. Les deux décrets portent sur la fixation du capital
minimum des établissements de crédit et de la valeur nominale des titres de participation et
fixent les formes juridiques des institutions de microfinance ainsi que les modalités de leur
immatriculation au Registre du Commerce et des sociétés. Les sept instructions sont relatives
aux opérations des IMF, à leurs classifications, à leur agrément et licence, à la définition de la
maturité des crédits qu’elles octroient et à leurs modes d’organisation et de contrôle52.
Cette loi distingue trois niveaux d'IMF, progressifs en fonction de la taille, de la
complexité et du volume des opérations et selon qu'elles collectent ou non les dépôts de leurs
membres ou du public. Aux différents niveaux d'IMF et des risques afférents est prévu d’être
adossé un dispositif de contrôle adapté.
Les IMF de niveau 1 sont soumises à la “surveillance” de la CSBF par délégation
(reconnaissance d'un dispositif de contrôle interne en phase avec la portée des risques) tandis
que les IMF de niveau 2 et 3 sont soumises à la “supervision” de le CSBF et au respect de
normes prudentielles et de règles de gestion.
Jusqu’au premier trimestre 2008, aucune IMF n’a obtenu d’agrément ou de licence
correspondant à cette nouvelle classification. Les IMF mutualistes doivent également faire
une nouvelle demande d'agrément.

24- Politique nationale


C’est à partir de 1999 que le gouvernement s’est engagé à ne pas exécuter directement
les programmes de microfinance et à maintenir un environnement macroéconomique stable,

50
http://www.madamicrofinance.mg/cadre_légal.htm
51
http://www.madamicrofinance.mg/loi 2005016.pdf
52
http://www.madamicrofinance.mg/loi décret_forme.pdf

25
un cadre légal, réglementaire et institutionnel favorables au développement du secteur. Cet
engagement s’est traduit à travers une Déclaration de Politique de Développement de la
Microfinance (DPDM) 53. Elle recherche en priorité à étendre les services de microfinance à
l’ensemble du territoire malgache. La fixation des taux d’intérêt, la formation, la
réglementation, l’assistance technique, le refinancement et la coordination nationale figurent
parmis les principes à la base de cette politique
Cette politique est concrétisée par:
- l’exercice de la tutelle de l’Etat à travers le MFB qui assure la coordination nationale
de la politique générale du gouvernement en matière de microfinance ;
- l’implication du Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche qui intervient
dans la promotion et le développement des systèmes financiers décentralisés de
proximité pour le financement du monde rural ;
- la création de la coordination nationale de microfinance, rattachée au Ministère des
Finances, pour coordonner l’ensemble des interventions dans le secteur ;
- l’assistance de la Banque Mondiale à travers le financement de l’Agence d’Exécution
de Projet Microfinance (AGEPMF) qui a pris la relève du Projet d’Assistance
Technique au Financement Rural ;
- la concrétisation de la SNMF. La mise à jour de cette politique a notamment fait
ressortir la nécessité de fusionner les deux associations professionnelles en une
association unique.
La SNMF est articulée autour de trois axes stratégiques à savoir :
o L’offre viable et pérenne de produits et services adaptés, diversifiés et en
augmentation, notamment dans les zones non encore couvertes par des IMF
professionnelles,
o L’organisation du cadre institutionnel de manière à permettre une bonne
structuration du secteur,
o Une coordination efficace du secteur et une conduite efficiente de la SNMF.

La notion de microfinance possède des bases théoriques très variées mais qui
convergent en la microfinance. A Madagascar, tout l’environnement de la microfinance a été
établi de façon à permettre l’épanouissement du secteur et à promouvoir les institutions de

53
www.madamicrofinance

26
microfinance. Mais nous avons relevé dans cette partie la question de l’efficacité des IMF. En
premier lieu, nous avons parlé de l’efficacité intrinsèque des IMF en soutenant que cette
efficacité peut être mesurable, nous n’avons traité fait que citer les diverses optiques suivant
lesquelles cette efficacité pourrait être déterminé. On procède à une approche par la frontière
de production lorsqu’on veut estimer l’efficacité d’une IMF par le biais de score d’efficacité
et on se réfère à la situation financière de l’IMF lorsqu’on recherche l’efficacité financière.

27
PARTIE 2 :
ANALYSE DE L’EFFICACITE DES IMF DANS LES MILIEUX RURAUX A
MADAGASCAR

Nous allons dans cette seconde partie, nous attacher à analyser de façon plus détaillée
l’efficacité des IMF afin qu’elle puisse servir d’instruments pour le développement des
milieux ruraux à Madagascar. C’est dans cette optique qu’on présentera dans un premier
temps les IMF dans les milieux ruraux à Madagascar ainsi que leurs efficacités, puis en
second lieu on exposera l’efficacité de l’agence CECAM54 qui servira d’exemple concret à
travers lequel on pourrait effectivement affirmer que des IMF plus efficaces contribueraient à
développement rural durable à Madagascar.

Chapitre 1 : La microfinance dans les milieux ruraux


Il est évident que pour pouvoir entamer cette analyse on doit d’abord commencer par
voir le mécanisme de financement en milieu rural et ce n’est qu’ensuite qu’on traitera
l’analyse en question.

Section 1 : Le financement en milieu rural


Parler du financement en milieu rural à Madagascar, c’est traiter successivement
l’offre et la demande de financements ruraux et les sources de financement de la microfinance
rural.
1.1- La demande et l’offre de financement rural à Madagascar
A- La demande de financement rural à Madagascar
A Madagascar, la demande de financement rural concerne principalement
l’agriculture. En vue de présenter les principales caractéristiques de la demande en matière de
finance rural et agricole, on verra les spécificités des besoins de financement de l’agriculture,
puis les spécificités du risque du financement rural et agricole, et enfin les méthodes et les
outils pour analyser les besoins.
A.1- Les besoins en matière de financement rural
Les besoins de financement rural peuvent être divisés en deux grandes catégories55 :
• Le financement du développement rural qui porte sur les infrastructures économiques
et sociales dont le monde rural a besoin pour se moderniser : routes, aménagements,

54
CECAM : Caisse d’Epargne et de Crédit Agricole Mutuelle.
55
http://www.lamicrofinance.org/ressource_centers/finrur

28
mais aussi écoles, systèmes de formation, centres de santé…Les besoins de
financement afférents portent sur des volumes importants. Ces financements sont
assurés à travers des fonds spécifiques et alimentés par différentes sources.
• Le financement des unités économiques rurales : familles, ménages, entreprises,
organisations ayant des activités économiques qui dégagent une rentabilité directe.
Cette catégorie de besoins de financement relève de services financiers que sont le
crédit rural, l’épargne et les assurances.
Il est à remarquer qu’au sein de ses unités économiques rurales, la plupart ne
répondent pas aux critères d’accès aux banques (petites activités, souvent informelles, faible
dotation en capital ne permettant pas de fournir des garanties matérielles,…). C’est à cette
catégorie d’acteurs économiques que s’adresse la microfinance rurale.
Les besoins de financement de cette catégorie d’unités économiques, ainsi que les
difficultés qu’ils peuvent rencontrer pour la gestion du crédit et de l’épargne varient en
fonction de la diversité des situations rurales. Ainsi la densité de la population, le degré de
développement de l’activité économique, des marchés, la diversité des activités, la part de
l’agriculture dans les activités rurales, la nature de l’activité agricole insérée ou non au
marché, vont influer sur les besoins de financement des populations rurales.
Quatre principaux types d’activités sont pratiquées et souvent combinées en milieu
rural : les activités du secteur primaire (agriculture, élevage, pêche, foresterie), l’artisanat à
l’échelle de l’individu ou de l’entreprise de taille variable, le commerce et les services.
« De façon globale, on observe aujourd’hui un début de complexification croissante
des pratiques financières des ménages ruraux et des unités économiques rurales, renforcée
par l’insertion croissante des populations rurales dans le marché, par la diversification des
activités économiques, la multiplication des institutions financières et l’ouverture d’une
gamme large de crédits »56.

A.2- Les spécificités du risque du financement rural et agricole


Le financement rural à Madagascar et celui de l’agriculture en particulier, est
caractérisé par un degré élevé de risques, de différente nature : climatique, sanitaire,
économique (variation de prix, problème de débouchés…).
Ces risques pèsent sur l’ensemble des emprunteurs d’une zone donnée (sécheresse,
inondations…) au même moment. Ils sont plus difficiles à mutualiser et désamorcent les

56
http://www.lamicrofinance.org/ressource_centers/finrur/specificitedemande

29
mécanismes de sécurisation habituellement utilisés par la microfinance (caution solidaire de
proximité).
A ces risques pesant sur l’activité agricole, se conjuguent des risques moins
spécifiques, liés à l’emprunteur : défaillance pour décès ou maladie, mentalité dégradée par
rapport au crédit dans bon nombre de zones rurales où les expériences de crédit faciles se sont
succédées, ou encore défaillance pour cause d’endettement non maîtrisé.
En particulier, le financement des Organisations Paysannes (OP) présente un degré de
risque élevé. Ce risque résulte de facteurs externes aux OP (instabilité des marchés agricoles,
politique des prix…), mais aussi internes (faible structuration des organisations, capacités et
outils de gestion insuffisants, faible capitalisation…). Les OP ont par ailleurs souvent à porter
le poids d’une histoire longue et difficile en matière de crédit (impayés, endettement) qui peut
compromettre durablement leur crédibilité auprès des institutions de financement.

A.3- Comment analyser les besoins ?


Le diagnostic des besoins de financement ruraux peut être abordé selon différentes
unités (ménages, entreprises, OP…) et à différentes échelles (village, région…).
Le diagnostic des besoins de financement d’une zone rurale et agricole à Madagascar
doit rendre compte de l’organisation économique générale de cette zone, mais aussi de la
complexité des besoins et des contraintes des différentes catégories d’acteurs économiques. Il
doit permettre de comprendre comment la gestion économique est insérée dans les pratiques
sociales. Il doit aussi apporter un regard sur l’histoire économique et l’histoire du crédit dans
la zone.
En premier lieu, le diagnostic doit caractériser l’environnement économique de la zone
étudiée, le degré d’intégration dans l’économie de marché, l’étendue des marchés ; les risques
afférents à l’activité économique sont à identifier.
Ensuite le diagnostic analyse les systèmes d’activités, les budgets annuels de chaque
catégorie d’acteurs et leurs pratiques de financement actuelles.
« Il faut cependant observer les caractéristiques sociales de la zone étudiée pour évaluer la
capacité des populations à s’impliquer durablement dans un système de financement
participatif, à savoir : les formes d’organisation sociales traditionnelles, la place
qu’occupent les valeurs de solidarité, d’honneur, d’intégrité…dans la culture et les pratiques
locales »57.

57
http://www.lamicrofinance.org/ressource_centers/finrur/specificitedemande

30
B- L’offre de financement rural à Madagascar
Dans cette partie, on va s’entacher à voir les diverses formes organisationnelles qui
permettent de répondre aux spécificités de la demande de financement rural à Madagascar.

En milieu rural, les IMF ont à relever six défis à savoir :


- toucher les populations les plus vulnérables,
- concevoir des services financiers qui sont adaptés aux activités économiques de ces
dernières,
- élaborer des formes de garanties adaptées à des situations fortement risquées,
- minimiser les coûts de transactions liés à ces différentes contraintes,
- trouver les ressources financières nécessaires,
- élaborer une forme d’organisation qui ait une portée suffisante par rapport à l’ampleur
des besoins de financement de la population rurale.

Il existe diverses formes organisationnelles pour répondre aux spécificités de la demande


de financement rural58 :
 Financement informel : il existe à peu près partout et a généralement une portée
limitée à l’échelle locale. On a tendance à penser que le financement informel est une
pratique marginale qui tend à disparaître à mesure que la finance formelle se
développe. Bien au contraire, nombreuses études montrent que c’est une pratique
fortement développée, proposant différents types de services financiers et qui peut très
bien se combiner avec des formes de financement plus modernes.
Le financement informel peut prendre différentes formes comme les tontines59, crédit
des prêteurs privés, épargne informelle (confiée à des banquiers ambulants par
exemple).
 Les projets de développement : le crédit est ici utilisé pour soutenir l’action de projet
(introduction de techniques ou d’activités nouvelles…). Il est géré par la structure de
projet, le plus souvent sans référence à des principes bancaires, et par des agents qui
n’ont pas de compétences spécifiques de gestion financière.
 Les banques de développement : ce sont des banques financées par la puissance
publique pour assurer le financement de développement et des activités rurales.

58
http://www.lamicrofinance.org/ressource_centers/finrur/organisationsoffres
59
Tontine : « association dans laquelle chaque associée verse une somme pour constituer un capital qui sera
réparti à une époque déterminée entre les survivants », Larousse de poche 2006, p.816

31
 Les banques commerciales : utilisent souvent en milieu rural les mêmes outils qu’en
milieu urbain (services fournis au guichet, produits financés standardisés, garanties
matérielles,…). Or, ces outils sont peu adaptés dans de nombreux milieux ruraux, c’est
pour cela qu’on assiste à un faible développement des banques commerciales dans la
plupart des zones rurales à Madagascar.
 La microfinance : elle a développé des principes et des pratiques innovantes pour faire
face aux défis du monde rural. Les formes d’organisation de la microfinance sont
diverses mais elles partagent quand même des principes communs et s’appuient sur :
- la proximité avec le monde rural qui est à la fois géographique, économique et
sociale.
- la participation des bénéficiaires qui est mobilisée pour favoriser l’adéquation de
l’offre à la demande réelle des ménages, réduire les coûts de transaction, gérer le
risque et sécuriser les services financiers,….Cette participation est vue comme un
levier de changement social.
- des degrés variés de décentralisation de la décision et de la gestion.
- des degrés variés d’innovation en matière de garantie, avec principalement
l’utilisation de la caution solidaire grâce à laquelle un groupe se porte garant pour
ses membres.
- la recherche de la durabilité du service financier (assurer autonomie et sa pérennité
financière).

1.2- Source de financement de la microfinance rurale à Madagascar


Dans cette sous-section, on va d’abord voir les principales sources de financement de
la microfinance, et ce n’est qu’après qu’on va faire l’inventaire des différents IMF qui opèrent
dans le secteur rural à Madagascar et qui constituent ensemble les sources de financement de
la microfinance rurale à Madagascar60.
A- Les principales sources de financement de la microfinance
La microfinance rurale a aujourd’hui quatre principales sources de financement à savoir :
A.1-L’aide extérieure
Elle reste une source non négligeable mais si elle tend continuellement à diminuer.
C’est grâce à l’aide extérieure que les IMF peuvent acquérir leurs moyens de fonctionnement
pendant la période d’élaboration de ces organisations. Souvent, elle fournie aussi des lignes de

60
www.madafinance.mg

32
crédit alimentant la microfinance ou des fonds de garantie qui lui permettront d’avoir accès
aux ressources bancaires.

A.2-La collecte d’épargne


C’est une ressource croissante de la microfinance, bien qu’en milieu rural l’épargne est
souvent difficile à collecter. Par exemple, pour les ménages qui ont une capacité à dégager des
surplus financiers, ils préfèreront investir dans des activités économiques ou utiliser des
formes traditionnelles d’épargne plutôt que de les déposer auprès des IMF qui existent dans
leur région.

A.3-La constitution d’un capital propre


Cela est fait à partir des contributions des membres de l’institution. Certaines d’entre
elles à base de membres (surtout les mutuelles) constituent un capital propre à partir de la
cotisation des membres. Ce capital va être partiellement utilisé pour faire du crédit.

A.4-Le refinancement bancaire


Une IMF choisit d’emprunter auprès du système bancaire lorsque ses ressources
propres sont insuffisantes pour couvrir la demande en crédit et ses besoins de développement :
c’est une relation de refinancement. On remarque que cette relation de refinancement peut
être facilitée par un fond de garantie constitué par l’IMF avec d’éventuels appuis extérieurs.

B- Les IMF opérant en milieu rural à Madagascar


C’est dans cette sous section qu’on va identifier les différentes institutions de microfinance
qui opèrent en milieu rural à Madagascar.

Les IMF mutualistes


• CECAM (Caisse d’Epargne et de Crédit Agricole Mutuels)
Le réseau CECAM intervient essentiellement en milieu rural à l’exception de quelques
caisses. Son public est composé de personnes exerçant des activités génératrices de revenus
rentables dans leur milieu61.
Ce réseau est organisé en deux entités : l’UNICECAM (fédération des caisses de type
coopérative, agréé en Juin 2001) et l’INTERCECAM (établissement financier, IMF de type

61
Razafindramanana H. M. et al., 2010. Op. cit, p.18

33
bancaire, jouant le rôle de caisse centrale et apporteur d’appui technique, agréé en Décembre
2005). Les CECAM sont regroupées URCECAM (unité régionale des CECAM).

• OTIV (Ombina Tahiry Ifampisamborana Vola) Antananarivo


Le réseau OTIV Antananarivo est un réseau de type coopératif, appuyé par
Développement International Desjardins (DID). Il a eu son agrément au mois d’août 2001 et
intervient à la fois en milieu rural et urbain. Son public est composé d’agriculteurs ou
commerçants ou de personnes se lançant dans des activités de service62.

• TIAVO (Tahiry Ifamonjena Amin’ny Vola) Fianarantsoa


Créé en 1996 et a eu son agrément auprès de la CSBF en Février 2001.Elle est
composé de 11 mutuelles fédérées dans l’Union MITIA. Elle propose des gammes de produits
financiers destinés à un public d’agriculteurs, de petits commerçants, de microentrepreneurs
ou de ménages en milieu rural et urbain. Ses produits de crédit sont de type investissement
(crédits d’équipement, construction d’habitat,…), de type fonds de roulement (crédits
commerciaux, de transport,…), de type agricole (crédit pour les greniers communautaires
villageois, pour la production agricole ou d’élevage), ou de type social (crédit de
consommation)63.

• AECA (Association des Caisses d’Épargne et de Crédit Autogérées).


Le réseau des AECA (Association des Caisses d'Épargne et de Crédit Autogérées) est
constitué de deux unions implantées dans la seule province de Mahajanga. Avec l’appui du
CIDR, ce réseau a introduit le système d'autogestion auprès de ses membres. Cependant, les
performances des deux unions demeurent modestes et la viabilité de leurs opérations très
aléatoire. Dans l’ensemble, l'épargne collectée par ce réseau, tributaire du niveau de
développement économique de la région, reste à un niveau faible et ne représente que 0,3% du
total de l’encours de crédit. L’accès des membres du réseau au crédit est essentiellement
favorisé par le refinancement bancaire64.

62
http://www.lamicrofinance.org/ressource_centers/acteurs
63
http://www.lamicrofinance.org/ressource_centers/acteurs
64
Razafindramanana H. M. et al., 2010. Op. cit, p.15

34
• ADéFi (Action pour le Développement et le Financement des micro-entreprises).
ADéFI est une institution de micro-finance mutualiste privée spécialisée dans le
financement des très petites entreprises urbaines. Il est le premier organisme à avoir été agréé
en qualité d’Institution Financière Mutualiste par la Commission de Supervision Bancaire et
Financière de la Banque Centrale de Madagascar. ADéFi vise à faciliter l’accès au crédit des
micro-entreprises exclues du crédit bancaire traditionnel. Ces crédits servent à financer du
fonds de roulement du petit matériel ou l’amélioration des locaux65.

Il est important de remarquer que ce sont surtout les trois premières IMF que nous
venons de citer qui exercent essentiellement en milieu rural à savoir la CECAM, l’OTIV et
TIAVO.

Les IMF non mutualistes


• MAHAVOTSE Objectif Sud Androy
Elle a été créée en janvier 2003 comme étant un volet microfinance du Projet Objectif
Sud financé par l’Union Européenne et le Ministre des Affaires Etrangères français. C’est
l’Agence Française pour le Développement (AFD) qui a pris en charge son financement à
partir de 2006. Elle se transforme en une société anonyme en 2008. Elle offre des services
financiers de crédit de type solidaire pour financer les activités agricoles et d’élevage, de petit
commerce et de crédit individuel66.

Les IMF non mutualistes qui suivent n’exercent pas en milieu rural mais il importe de les
citer à titre d’information :
-SIPEM (Société d’Investissement pour la Promotion des Entreprises à Madagascar)
La SIPEM est une IMF de type bancaire. Elle a eu son été créée en tant
qu’établissement financier en 2004. Elle opère essentiellement dans les milieux urbains. Son
public est composé de microentrepreneurs ou prestataires de services voulant développer leurs
activités67.

65
Razafindramanana H. M. et al., 2010. Op. cit, p.16
66
http://www.lamicrofinance.org/ressource_centers/acteurs
67
Razafindramanana H. M. et al., 2010. Op. cit, p.16

35
-VOLA MAHASOA
Vola Mahasoa a été créé en 1993. C’est une IMF de niveau 2, c'est-à-dire qu’elle ne
peut collecter d’épargne, ce qui fait qu’elle collabore avec la Caisse d’Epargne de Madagascar
pour collecter l’épargne de sa clientèle en milieu urbain. Elle finance les activités agricoles
ainsi que les petits commerces à faible revenu moyen dans le Sud Ouest de Madagascar. Elle
propose une gamme de crédit de fonds de roulement commerciaux, de crédit pour
l’agriculture été le stockage d produits agricoles et du crédit d’équipement. Elle exerce aussi
en milieu urbain en ciblant les femmes qui font du petit commerce68.

-APEM (Association pour la Promotion de l’Entreprise à Madagascar). L’APEM


cofondateur de référence de la SIPEM et maître d’ouvrage de Vola Mahasoa intervient
directement dans le financement des groupes vulnérables principalement à travers PAIQ,
l'Association Foi et Progrès, Avitech69.

-EAM (Entreprendre à Madagascar)

-CEM (Caisse d’Epargne de Madagascar)

-Mahavotse : Elle touche un public défavorisé de faible revenu en milieu urbain et


rural dans la région de l'Androy. Elle offre des services financiers de crédit de type solidaire
pour financer les activités agricoles, de petit commerce et d’élevage ainsi que du crédit
individuel.

-Microcred Madagascar S.A. est une IMF dotée du statut de société anonyme et agréée
comme Etablissement financier le 13 octobre 2006. Ses clients sont des micros et petits
entrepreneurs résidant en milieu urbain. Elle offre des crédits aux très petites entreprises et
aux petites et moyennes entreprises.

IMF de type bancaire


PAMF (Première Agence de Microfinance)
La PAMF est un établissement financier ayant eu son agrément auprès de la CSBF en
Décembre 2006. Sa mission est de fournir des services financiers adaptés et de proximité aux
populations les plus démunies afin de diminuer leur vulnérabilité, d’accroître leurs revenus et
d’atténuer leur exclusion sociale et économique. Elle finance les activités touchant les
68
Razafindramanana H. M. et al., 2010. Op. cit, p.17
69
Razafindramanana H. M. et al., 2010. Op. cit, p.17

36
domaines de l’agriculture, du commerce, de la production et des services, en termes
d’investissement et de fond de roulement. Le public peut présenter des demandes de crédit en
groupe ou individuellement.

Pour bien situer les différentes sources de financement de la microfinance en milieu


rural à Madagascar, on va citer les différents bailleurs de fonds qui appuient ou soutiennent
les IMF dans le cadre de leurs activités.
• Agence Française de Développement (AFD)
L’AFD apporte un appui financier à différents types d’IMF dans le cadre du DCP
(Document Cadre de Partenariat) qui définit les orientations de la coopération française à
Madagascar. En 2007, l’AFD soutenait 4 réseaux d’IMF : ADéFI, CECAM, Vola Mahasoa,
Mahavotse.
Les instruments financiers de l’AFD pour la microfinance sont les suivants : financement en
subventions, accès à la « facilité microfinance » (prêt concessionnel à long terme), ou encore
accès au fonds de garantie ARIZ, qui permet à des IMF d’accéder à du refinancement
bancaire.

• PNUD/FENU (Programme des Nations Unies pour le Développement)


Le PNUD s’aligne avec le FENU pour promouvoir la microfinance à Madagascar depuis
2006. Avant 2002, le PNUD/FENU comptait trois projets : le Projet d’Appui à la
Microfinance, le Projet de mise en place d’un système financier décentralisé dans la région
d’Ambato Boeni, le Programme MicroStart70.
Mais après, il s’est repositionné sur les projets suivants en matière de microfinance :
- le FRIF (Fonds de Renforcement Institutionnel et Financier) : le PNUD y apporte un
concours de 1.000.000 de dollars US pour renforcer les IMF agréées
- Le CAE (Crédit Avec Education) : c’est un produit phare pour promouvoir et intégrer
les femmes démunies dans la vie économique active et dans la culture financière à
Madagascar.
- Le FIREF/VATSI (Fonds d’Insertion et de Réinsertion à l’Emploi Formel dans le
cadre du programme Voy Asa Tsimialonjafy) : c’est un fonds mobilisé avec le
Ministère des Fonctions Publiques, du Travail et des Lois Sociales. Transitant aux

70
http://www.lamicrofinance.org/ressource_centers/acteurs

37
IMF, il sert à financer les activités des jeunes et femmes démunies formées par le
programme VATSI au sein dudit Ministère.

• Banque Mondiale/AGEPMF
L’Agence d’Exécution du Programme MicroFinance (AGEPMF) est financée par la
Banque Mondiale. L’objectif est de rendre plus performantes les IMF à Madagascar. 5 sur les
6 réseaux des OTIV ont été appuyés en plus de TIAVO. Il a été conçu avec un programme
évolutif qui comprend trois phases s’étendant sur une période de 15 ans et visant :
- l’amélioration du cadre juridique, judiciaire et réglementaire des IMF
- la mise en place de six réseaux régionaux d’IMF
- le renforcement des capacités de microfinance, dont la formation71.

Section 2 : Les limites de la microfinance


Le principal facteur qui constitue la limite de la microfinance reste l’externalité
négative72. On parle d’externalité ou effet externe lorsque l’action d’un agent influe sur
l’action d’un autre agent sans donner lieu à un mouvement de compensation. L’externalité est
négative quand elle cause des dommages ou pertes73. Dans le cas de la microfinance, le
premier agent correspond à l’IMF et le second à son client.
Comme exemples de ces effets non désirés, on peut citer :
• L’endettement des agents
L’endettement dont on parle ici est l’endettement dû au fait que les clients d’une IMF peuvent
obtenir de l’argent sans considération des usages réels qu’ils vont en faire. L’endettement peut
constituer une externalité négative si l’IMF octroie des crédits dont l’utilisation peut être non
conforme et non productive ; ce qui peut nuire à un demandeur.

• Une nouvelle forme de domination


L’utilisation des mécanismes basés sur des garanties solidaires (où les membres d’un groupe
se portent mutuellement caution) a engendré une pression élevée sur les femmes et de
nouvelles formes de domination.

71
http://www.lamicrofinance.org/ressource_centers/acteurs
72
On parle d’externalité ou effet externe lorsque l’action d’un agent influe sur l’action d’un autre agent sans
donner lieu à un mouvement de compensation. L’externalité est négative quand elle cause des dommages ou
pertes.
73
Richard B., 2010. Cours d’économie publique, Département Economie, Fac DEGS, Université d’Antananarivo

38
• Le travail des enfants
Dans la plupart des PVD, l’activité de nombreuses micro-entreprises repose avant tout sur la
main d’œuvre familiale et donc partiellement sur celle des enfants. Il ne s’agit pas de la forme
la plus dégradante de travail et dans le nombreux cas, rien ne permet même de dire que ce
travail puisse être considéré comme de l’exploitation.

Nous avons vu tout au long de ce chapitre les détails du fonctionnement global du


financement en milieu rural. Effectivement, notre étude porte essentiellement sur les IMF
comme étant des intermédiaires au service d’un réel développement du milieu rural malgache,
par la population rurale. Nous avons pour cela identifié les limites de la microfinance rurale.
Nous soutenons aussi que ce développement rural durable requiert fondamentalement de la
part des IMF leur efficacité. Cette efficacité des IMF qui n’a été jusqu’ici décrite que de
façon purement théorique. Cependant, d’autres facteurs contribuent de manière très
significative à son obtention, d’où le chapitre suivant.

39
Chapitre 2 : L’efficacité du réseau CECAM

Dans ce chapitre, nous allons traiter les autres déterminants de l’efficacité. Pour ce
faire, nous allons considérer une situation concrète qui concernera le cas du CECAM. Le
choix du réseau CECAM pour illustrer notre étude est d’autant plus justifié que c’est une IMF
qui est essentiellement implantée en zone rural et qui comprend un grand nombre d’adhérents.
Nous allons donc dans ce chapitre faire une présentation du réseau CECAM, en rappelant son
fonctionnement, son organisation, ses types de produits et intervenir ensuite pour pouvoir
cerner le sujet en faisant une étude d’impact de tous ces facteurs.

Section1 : Présentation du réseau CECAM


Les Caisses d’Epargne et de Crédit Agricole Mutuels ou CECAM sont des IMF de
type mutualiste. Elles sont nées de l’initiative des paysans des hautes terres (Vakinankaratra)
désireux de trouver une solution à leurs problèmes financiers. Chaque membre souscrit, lors
de son adhésion, des parts sociales fixes libérables sur 3 à 5 ans et qui sont augmentées par la
suite de parts sociales variables proportionnelles au montant des crédits qui lui sont octroyés.
En 1986, des agriculteurs français de la Formation pour l’Epanouissement et le
Renouveau de la Terre ou FERT sont venus en appui à des agriculteurs et éleveurs et lancent
une expérience pilote de crédit rural. Plus tard, on assiste à la création de l’association
professionnelle agricole FIFATA qui devait assurer l’approvisionnement en entrants, la
collecte des produits agricoles et le crédit rural, géré dans des caisses villageoises. En 1993,
les caisses villageoises deviennent les CECAM avec l’appui du Bureau International du
Travail (BIT) et du Ministère de l’Agriculture. L’INTERCECAM qui est une équipe de
cadres nationaux est mise en place pour assurer la formation et l’appui technique aux
CECAM.
Le réseau CECAM est présent dans 9 Régions administratives à savoir :
Vakinankaratra, Amoron’i Mania, Haute Matsiatra, Bongolava, Itasy, Sofia, Analamanga,
Menabe et Alaotra Mangoro74.

1.1- Le fonctionnement d’une CECAM


La CECAM constitue l’unité de base du réseau CECAM, c’est le lieu d’adhésion,
d’information et d’animation des sociétaires et guichet d’opération. Elle ne dispose pas de la

74
Agence 67 Ha, Document de présentation du réseau CECAM, p.4

40
personnalité juridique et elle constitue une section mutualiste de la mutuelle régionale
(URCECAM). Chaque CECAM est administrée par un comité de gestion élu par l’assemblée
des membres, par délégation du Conseil d’Administration de l’URCECAM. Ce comité gère
les activités d’épargne et de crédit de la caisse, fait appliquer le Règlement Intérieur élaboré
par les membres, agrée ou non les demandes d’adhésion et gère les relations avec les
sociétaires. 75
Le Comité de Gestion est assisté par deux salariés, un conseiller et un caissier que
l’URCECAM met à sa disposition. De plus, c’est l’unité régionale qui fournit les services de
formation, de comptabilité et d’analyse des crédits. Enfin, toutes les opérations sont
contrôlées par un comité de contrôle également élu par l’assemblée et assisté par un
inspecteur itinérant rattaché à l’organe central. Toute personne physique (ayant obtenu
l’accord du comité de gestion du CECAM) ou morale (juridiquement constituée et ayant eu
avis favorable du conseil d’administration ou du comité de gestion) peut adhérer aux
CECAM.

1.2- Structure du réseau CECAM


La structure du réseau CECAM peut être représentée de manière simplifiée par le
graphique qui suit.
Graphique 2 : Structure du réseau CECAM de type mutualiste

UNIC
ECAM
INTERC
ECAM

URCECA URCECA URCECA


M M M

CECAM CECAM CECAM CECAM CECAM CECAM

♀ ♀ ♀ ♀ ♀ ♀ ♀ ♀ ♀ ♀ ♀ ♀ ♀ ♀ ♀ ♀ ♀ ♀
Source : Agence CECAM 67Ha, Document de présentation du réseau CECAM, p.2

75
Fraslin J-H et al., 2001. Op. cit, p.8

41
C’est en 1996 que les caisses se sont regroupées en URCECAM ou unités régionales
des CECAM. En 2000, le réseau CECAM a été agréé par la Comité de Supervision Bancaire
et Financière ou CSBF et ses caisses se sont réunies en UNICECAM suite à une nécessité
d’institutionnalisation ressentie par les acteurs en vue de mener le réseau vers une autonomie
complète et un niveau de performance technique76.

1.3- Les services du réseau CECAM :


Le réseau CECAM offre deux types de services bien distincts à savoir l’épargne et le crédit
• L’épargne
On peut distinguer trois sortes d’épargne auxquelles on peut recourir auprès de n’importe quel
agence CECAM77 :
 Le dépôt à vue :
Il permet à un membre de garder en toute sécurité son argent auprès d’une agence
CECAM. Le montant du dépôt n’est pas fixé et le membre peut le retirer à tout moment si
le montant ne dépasse pas les 40000 Ar auquel cas le membre se doit d’aviser la caisse
plusieurs jours auparavant. Ce premier type de dépôt n’est pas rémunérer et le réseau n’y
prélève pas de frais de tenue de compte78.

 Le plan épargne :
Il donne accès au crédit et permet de réaliser d’importants investissements à moyen terme.
Ce type de dépôt permet de faciliter un investissement important (capacité
d’autofinancement et priorité à l’accès au crédit LVM ou autre investissements).
D’une durée de 1 à 3 ans, ce plan consiste en un dépôt régulier d’un montant fixe qui
donne droit à un intérêt de 9% par an.

 Le dépôt à terme :
Ce dépôt consiste en un placement de patrimoine d’au moins trois mois. Ce dépôt est
avantageux sur le plan financier pour toutes les catégories (paysans, grande entreprise,
institutions religieuses, collectivités locales). La durée minimum est de 1 mois. Le
membre ne peut disposer du montant déposé qu’une fois le délai convenu expiré. Le taux
d’intérêt annuel y est très attractif :

76
Expost, Série Evalluation et Capitalisation n° 13, 2008. « Evaluation d’Institution de microfinance en milieu
rural à Madagascar »
77
D’après entretien auprès de l’agence CECAM 67 Ha
78
Agence 67 Ha, Op. cit, p.5

42
- Pour un dépôt de moins de 10 millions d’ariary, le taux est de 6,50%,
- 7% si le montant est inférieur à 20 millions,
- 7,50% si inférieur à 40 millions,
- 8% si inférieur à 100 millions,
- Et 8,50% par an si le montant du dépôt s’élève à plus de 100millions
d’ariary.

• Le crédit
A la différence de nombreuses institutions de microfinance rurale qui se concentrent
plutôt sur les secteurs non agricoles et se caractérisent par une certaine standardisation de leur
offre financière, les CECAM ont développé dès les premières années d’opération une gamme
diversifiée de produits de crédit avec une orientation agricole79.
Le réseau CECAM se distingue surtout des autres IMF qui opèrent à Madagascar par les
différents types de crédits qu’il offre. Actuellement, la CECAM propose 13 sortes de crédits
qui sont détaillés comme suit80 :
- Le crédit Productif : pour produire davantage
Il sert au financement des dépenses de culture ou d’élevage et s’étale sur une durée de 4 à 10
mois.
- Le crédit Location Vente Mutualiste : pour s’équiper en matériel
Inspiré du crédit-bail, ce type de crédit permet l’acquisition de petit matériel agricole ou de
biens d’équipements domestiques ou encore d’équipements pour les artisans et les
commerçants. Le bien acquis par l’URCECAM reste la propriété de cette dernière tant que
l’emprunteur n’a pas acquitté de la totalité des loyers correspondants à son achat. Il dure 18 à
36 mois.
- Le crédit Dépannage ou Social : en cas d’imprévue
C’est un crédit à très court terme (2 à 4 mois) et de faible montant, qui permet au paysan
d’éviter le recours à l’usurier lorsqu’il est confronté à une dépense imprévue.
- Le crédit Greniers Communs Villageois : pour mieux valoriser les récoltes
Ce type de crédit permet de financer le stockage en commun par les paysans des produits de
leur récolte, entre la période de récolte et la période de soudure.

79
., Wampfler B., Ralison E., Bouquet E., Roesch M., 2007. Trajectoire de crédit et vulnérabilité des ménages
ruraux : le cas des sociétaires des Cecam de Madagascar, p.6
80
Agence CECAM 67Ha, Op.cit, p.3

43
Ces quatres premiers types de crédit sont ceux qui ont été originairement instaurés par la
CECAM. Ils ont été élaborés en concertation avec les agriculteurs, répondent aux besoins de
ces derniers notamment en termes de durée des crédits et d’échelonnement des échéances,
cohérents avec la durée des cycles de production agricole81.

Actuellement, le réseau CECAM propose aussi les produits de crédits suivants 82:
- Crédit aux personnes morales
- Crédit Commercial Individuel ou COI
- Construction Immobilière ou CTR
- Entretien et Réparation Matériels ou ERM
- Entretien et Réparation Immobilier ou ERI
- Crédit pour financer les cultures pérennes ou CLP
- Crédit de transformation des produits locaux ou TRF
- Achat de terrain (pour les terrains titrés) : à batir (ATB) ou cultivable (ATC)
- Crédit avec éducation (Bongolava)

Nous n’oublions pas de remarquer pour conclure cette présentation du réseau CECAM que le
réseau n’a cessé de voir le nombre de ses membres s’accroitre au cours de l’existence du
réseau. Le tableau ci-après résume cette croissance et par la même occasion nous montre que
la proportion de femmes qui y a adhérée a aussi connu une nette augmentation.

Graphique 3 : Evolution du nombre de sociétaires

Source : Agence CECAM 67Ha, Document de présentation du réseau CECAM, Activités, p.2

81
Fraslin J-H., 2001. Op.cit, p.3
82
D’après entretien auprès du CECAM 67Ha

44
Le tableau ci-dessus ne mentionne que le résultat concernant une période allant de 2006 à
2009 mais il est important de signaler que cet accroissement du volume de sociétaires a
toujours été effectif depuis la création même du réseau en 1993.
Parallèlement à cet accroissement du nombre d’adhérents, le volume de crédit a aussi connu
une évolution considérable jusqu’à atteindre en 2009 un niveau égal à 42,74 milliards
d’Ariary contre 21 milliards en 2006 où le réseau ne comptait que 94000 sociétaires. Le
tableau qui suit donne une idée de cette évolution des crédits octroyés.

Graphique 4 : Evolution des octrois de crédit (en milliards d’Ariary)

Source : Agence CECAM 67Ha, Document de présentation du réseau CECAM, Activités, p.2

Nous constatons de ce graphique que le volume d’octroi de crédit a considérablement


augmenté entre 2006 et 2007, une hausse à peu près égale a été observée durant l’année 2008.
Quant à l’année 2009, la faible augmentation enregistrée par rapport aux deux années
précédentes peut être en partie expliquée par la crise politique qui a secoué le pays.

Cette section concernant la présentation du réseau CECAM nous donne un premier


aperçu de sa particularité. C’est principalement à partir de cette présentation que l’on va
procéder à une analyse d’impact des activités du réseau CECAM et identifier par la suite
certains facteurs qui contribuent à l’efficacité du réseau.

45
Section 2 : Etude d’impact du réseau CECAM

Depuis le début de ce travail, nous nous sommes toujours efforcés de déterminer tout
ce qui serait relatif à l’efficacité des IMF. Cette section se propose d’offrir une toute autre
perception de cette notion d’efficacité. Pour cela, on va procéder à une étude d’impact des
activités du réseau CECAM et en faire ressortir quelques facteurs qui contribuent largement à
l’efficacité du réseau et ceux qui la limitent.

2.1- Les éléments qui contribuent à l’efficacité du réseau CECAM


Pour pouvoir identifier ces éléments, on va se référer à une conclusion qui est ressortie
d’un colloque scientifique organisé à Antananarivo en 2007. En particulier, en ayant procédé
à une analyse d’impact du réseau CECAM, ce colloque a fait la synthèse suivante :

« Les CECAM, un réseau de microfinance qui se distingue par :


Une orientation agricole et rurale forte
Une gamme de crédit large et diversifiée
Qui intègre le financement de moyen terme
Qui parvient à toucher les pauvres »83

Ces éléments caractéristiques du réseau CECAM sont donc à l’origine de son


effiicacité en tant qu’IMF œuvrant pour la promotion du développement rural durable à
Madagascar.
Procédons à une analyse de tous ces éléments que nous venons d’identifier.
Commençons par le premier élément qui caractérise le réseau CECAM.

• L’orientation rurale du réseau CECAM


« L’originalité du réseau CECAM dans le monde de la microfinance est d’avoir préservé
tout au long de ces quinze années de développement, une vocation agricole et rurale
forte,… »84.

83
CIRAD/FOFIFA, 2007. Extrait du colloque scientifique portant sur les dynamiques rurales à Madagascar :
Perspectives sociales, économiques et démographiques., étude d’impact du réseau CECAM, synthèse des
résultats 2003, p.16
84
Wampfler B. et al., 2007. Op.cit, ,p.2

46
De par son orientation donc, le réseau CECAM constitue un moyen efficace pour promouvoir
le développement dans le monde rural. De plus, le réseau CECAM constitue actuellement la
deuxième plus grande IMF opérant à Madagascar, en termes de nombre d’adhérents85.

• Une offre de services adaptée aux besoins des ruraux


« Son originalité…et d’avoir proposé des innovations adaptées à l’agriculture et aux
activités économiques rurales : crédit de stockage, crédit bail pour l’équipement, crédit pour
l’achat de foncier…L’impact de ces innovations est aujourd’hui particulièrement questionné
dans un contexte où, à l’échelle planétaire des pays du Sud, on s’interroge sur les voies et
moyens de financer l’agriculture familiale et les activités rurales »86.
En effet, comme on l’a déjà mentionné auparavant, le réseau CECAM a
originairement conçu seulement quelques types de services à savoir le crédit social, le crédit
productif, le crédit grenier commun villageois, le crédit location vente mutualiste et des
crédits commerciaux, mais ce sont les quatre premiers qui répondent le plus aux besoins des
agriculteurs. Ces mêmes crédits ayant été élaborés sur concertation avec des agriculteurs.
Nous pouvons donc dire que la structure mutualiste du réseau CECAM ainsi que
l’historique de son élaboration (formation des agriculteurs et éleveurs cf p.35) ont largement
contribué à répondre aux besoins ruraux.
L’efficacité du réseau CECAM vient entre autres raisons su fait qu’il propose une
offre de services qui contribue à stimuler les activités économiques dans les milieux ruraux et
par la même occasion leur développement.
Particulièrement, le crédit grenier commun villageois (GCV) vise à aider le producteur
agricole à commercialiser ses produits à un moment où les prix lui seront favorables ; de
même, le crédit location vente mutualiste (LVM) est un produit qui traduit l’attention
particulière que le réseau accorde au financement de l’investissement agricole87.

• Une politique de crédit de moyen terme


« De toutes les IMF qui oeuvrent en milieu rural, les CECAM apparaissent comme
étant les plus significativement engagées dans le financement de l’agriculture. Elles ont

85
L’OTIV est le premier IMF en nombre d’adhérents avec 146639 adhérents en 2006.
86
Wampfler B. et al., 2007. Op.cit, p.2
87
Wampfler B. et al., 2007. Op.cit, p.6

47
développé une formule originale de financement des équipements agricoles, inspiré du crédit-
bail, c’est la location vente mutualiste »88.
Elle a permis une reprise des financements à moyen terme des investissements
agricoles pour lesquels il n’existait plus aucune autre offre de crédit, ni formelle ni informelle.
Nous parlons de reprise puisque la BTM (banque chargée de l’agriculture) était la seule
institution qui proposait une telle offre, or ses services se révélaient inaccessibles aux petits
paysans, ce qui fait qu’elle s’est tournée vers le milieu urbain89.
La location vente mutualiste représente un avantage certain pour le réseau par rapport à tous
les autres IMF. La LVM représente un facteur d’efficacité pour le réseau puisque cette
politique de crédit de moyen terme rentre par la même occasion dans une politique de
développement rural délibérée.

• Un réseau qui parvient à toucher les pauvres


De par sa nature d’IMF, le réseau CECAM cherche continuellement à œuvrer auprès
des populations pauvres. C’est exactement de cette manière que le réseau pourra contribuer au
développement du milieu rural. Mais le réseau finance toutes les catégories de population
rurale, y compris les femmes. Grâce à ses différents types de services, le réseau CECAM
parvient à toucher toutes les catégories de personnes.
Les enquêtes de panel effectuées en 2003 et 2006 sur 305 ménages sociétaires du
réseau CECAM montrent que 30% du sociétariat du réseau est composé de ménages pauvres
et que sur ce même panel, l’accès des ménages pauvres aux différents types de crédits est
résumé comme suit90 :
Tableau 1 : Pourcentage des ménages pauvres dans les différents types de crédit
Type de crédits Ménages pauvres
Productif 31%
GCV 31%
Social 30%
LVM 22%
Total crédits 30%
Total sociétaire 30%
Source : Wampfler B. et al. 2007. Op cit. p.8

88
Fraslin J-H., 2001. Op.cit, p.6
89
Fraslin J-H., 2001. Op.cit, p.9
90
Wamfler B. et al, 2007. Op.cit, p.9

48
Nous pouvons en déduire que les ménages pauvres sont bien représentés dans les
demandes des divers types de crédits.

Cependant, nous ne saurons nous satisfaire de ces conclusions sur l’impact des
activités du réseau CECAM car bien que le réseau présente les qualités telles que définies
jusqu’ici, des critiques sont encore formulables à son égard.

2.2- Limites du réseau CECAM


Il existe un bon nombre de critiques que l’on pourrait citer à l’encontre du réseau
CECAM. Nous allons voir dans cette dernière sous-section les raisons qui limitent les
activités du réseau CECAM.
Ces critiques sont issues du fonctionnement même du réseau.
• Le taux d’intérêt :
Bien que les taux d’intérêt pratiqués par le réseau CECAM soient très attractifs car moins
élevés que ceux des usuriers, certains paysans pensent qu’ils peuvent les supporter. « J’estime
que le cumul des parts sociales variables et du taux d’intérêt représente un coût de crédit trop
important »91, déclare Mr Jean Eloi, agriculteur aisé qui déclare ne pas avoir besoin de la
CECAM.

• La garantie :
C’est cette nécessité de garantie qui pousse la plupart des non sociétaires aux CECAM à
s’auto-exclure. Certains paysans déclarent que le réseau CECAM est fait pour ceux qui ont
des biens (à mettre en guise de garantie), d’autres ont tout simplement peur du crédit du fait
qu’en cas d’incapacité à rembourser on ne vienne saisir leurs biens92.
L’exemple de Mme Clarrisse illustre bien ce problème de garantie : « Je pense que le crédit
CECAM est très difficile car il faut disposer des garanties qui sont saisis s’il existe un
problème de remboursement. »93

• L’extrême pauvreté :
Beaucoup de gens pensent qu’ils sont tellement pauvres que leurs emplois ne suffisent pas
pour rembourser des crédits CECAM.

91
Wampfler B. et al., 2007. Op.cit, p.17
92
Wampfler B. et al., 2007. Op.cit, p.18-19
93
Wampfler B. et al., 2007. Op.cit, p.21

49
Cette affirmation est d’autant plus justifiée que l’étude d’impact des crédits CECAM réalisés
en 2003 et 2006 a montré les résultats suivants :
Tableau 2 : Répartition des différents types de crédit par catégories de paysans
Crédits Aisé Moyen Pauvre Total Nb obs
Productif 22% 48% 31% 100% 1041
GCV 25% 44% 31% 100% 735
Social 21% 49% 30% 100% 338
LVM 37% 41% 22% 100% 130
Total crédits 23% 46% 30% 100% 2244
Total 27% 42% 30% 100% 305
Sociétaires
Source : Wampfler B. et al., 2007. Op.cit., p.994

L’analyse de ce tableau nous amène à préciser ce que nous avons admis dans la sous-section
précédente : les crédits CECAM atteignent les catégories pauvres mais ils servent avant tout
la classe moyenne paysanne et dans le cas de la LVM, le crédit sert principalement à financer
les investissements des ruraux moyen et aisé.

• L’auto exclusion :

« Je connais la Cecam,…, je suis très prudent par rapport à tous les groupes. Je ne veux
m’engager ni dans une coopérative, ni par du crédit. Je préfère progresser doucement, mais
ne dépendre que de lui-même. » déclare Mr Ary95.
L’auto exclusion illustre le fait que bien des gens s’estiment trop pauvres pour oser contracter
des crédits, et craignent qu’en cas de non remboursement on ne vienne saisir ce qu’il leur
reste de biens.

« Même si la microfinance se fixe comme objectif de réduire le niveau d’exclusion vis-


à-vis des produits financiers, elle n’est pas souvent exempte de problèmes de rationnement de
crédit notamment à l’encontre des ménages les plus pauvres. Le sociétariat des Cecam
présente lui-même un biais en faveur des ménages aisés et moyens au détriment des ménages

94
Regards sur l’impact du réseau CECAM
95
Wampfler B. et al., 2007. Op.cit, p.19

50
pauvres. Cela dit, les CECAM parviennent à toucher un sociétariat composé à 31% de
ménages pauvres. »96

Tableau 3 : Rationnement de crédit suivant refus de crédit et différence entre montant


aisé moyen pauvre total Observation
Différence de
montant
Oui 28% 43% 29% 100% 72
Non 23% 47% 30% 100% 233
Refus de crédit
Oui 25% 41% 35% 100% 69
non 28% 43% 29% 100% 236

Source : Wampfler B. et al., 2007. Op.cit, p.7


Ce tableau illustre le fait que le rationnement sur les crédits peut être apprégendé plus
directement à travers deux critères indicateurs : le refus de crédit et une différence entre
montant demandé et montant obtenu, et ce, indépendamment du niveau de richesse des
ménages.

Toutefois, malgré ces limites, et pour conclure le cas du réseau CECAM, il est
important de remarquer que l’efficacité du réseau CECAM réside essentiellement dans le fait
que les activités du réseau ont permis, généralement, de réduire la vulnérabilité des ménages
pauvres qui ont adhéré au réseau. C’est ce qu’illustre le tableau 4.
Tableau 4 : Evaluation du rôle joué par les CECAM dans l’évolution de la vulnérabilité
Evaluation Total Aisés Moyens Pauvres
Rôle positif 56% 62% 53% 56%
Rôle négatif 19% 17% 22% 17%
Rôle neutre 25% 21% 24% 28%
Total 100% 100% 100% 100%
Nb. observation 222 52 98 72
Source : Wampfler B. et al. 2007. Op.cit. p.7
« L’évolution de la vulnérabilité pouvant être imputable à de nombreux facteurs, un
indicateur complémentaire porte sur la perception par les sociétaires du rôle des CECAM
dans cette évolution :

96
Wampfler B. et al., 2007. Op.cit, p.6

51
56% des sociétaires ayant déclaré une modification de leur niveau de vulnérabilité considère
que le fait d’être sociétaire CECAM a influé positivement dans cette évolution,
25% considère que le rôle de la CECAM a été neutre,
19% considère que le fait d’être sociétaire CECAM a influé de manière négative, ce qui
suggère que le crédit peut dans certains cas s’avérer source de risque. »
Cette dernière est importante dans la mesure où elle synthétise à la fois l’efficacité et
le limite du réseau CECAM dans la recherche d’un développement rural durable.

Le secteur de la microfinance est actuellement bien implanté en milieu rural à


Madagascar même si aucune IMF n’arrive à couvrir la totalité du territoire de Madagascar. Il
a été détaillé au début de ce chapitre toutes les spécificités de la finance rurale à Madagascar,
ainsi pour pouvoir cerner le sujet de cette seconde partie, le second chapitre s’est étalé sur
l’étude d’impact du réseau CECAM. On retient de ce second chapitre que le réseau CECAM
se différencie des autres IMF à la fois par son orientation essentiellement agricole, ses types
de services qui permettent de répondre aux divers besoins des agriculteurs, son offre de crédit
à moyen terme et sa capacité à atteindre les populations pauvres. Ces éléments qu’on vient de
citer constituent autant de facteurs qui contribuent à l’efficacité du réseau CECAM.
Cependant, des critiques sont encore formulables quant à l’activité du réseau mais elles sont
d’une importance moindre comparées aux apports du réseau CECAM pour la promotion du
monde rural puisqu’une certaine tranche de la population peut toujours être exclue les crédits
CECAM pour les diverses raisons que nous avons déjà cité. Pour conclure, notre analyse du
réseau CECAM, nous nous joignons au point de vue suivant concernant le réseau CECAM :
« Beaucoup parle de réduire la pauvreté mais avec la LVM des CECAM on peut parler
d’augmenter notre richesse. C’est l’espoir d’un vrai développement »97.

97
Fraslin J-H.et al., 2001. Op.cit, p.15

52
CONCLUSION GENERALE

La microfinance s’avère être un instrument efficace pour promouvoir le


développement rural, c’est du moins ce que pensent les décideurs politiques du pays et les
bailleurs de fonds. Depuis les années 90, l’environnement de la microfinance à Madagascar
s’est considérablement développé, c’est vers cette période que sont apparues la plupart des
IMF exerçant à Madagascar. Les IMF œuvrant à Madagascar sont de natures diverses et les
premières d’entre elles sont nées en milieu rural.
Tout au long de ce travail, nous avons soutenu que l’efficacité peut conduire à un
développement durable du monde rural de la manière suivante :
- De façon théorique, nous avons souligné que la détermination d’un indicateur
synthétique de l’efficacité d’une IMF (pour permettre la comparaison par rapport aux
autres IMF), aisi que la détermination de sa performance et la recherche de sa
pérennité sont d’excellents moyens pour évaluer l’efficacité d’une IMF insister sur ces
trois facteurs de façon significative conduit à un accroissement de l’efficacité de
n’importe quelle IMF.
- Concrètement, et pour éclaircir le rôle des IMF dans le développemnt rural, nous
avons pris l’exemple du réseau CECAM pour sa proximité vis-à-vis du monde rural. Il
en est ressorti que biens des facteurs spécifiques au réseau font de lui une référence en
matière de promotion du développement rural. En effet, nous avons montré qu’aussi
bien l’organisation du réseau CECAM que son orientation rurale et sa capacité à
toucher les pauvres font que le réseau CECAM arrive à satisfaire une grande partie des
besoins du monde rural. Mais le réseau est surtout capable à hauteur de 56% de ses
adhérents, de réduire la vulnérabilité de ces derniers et par la même occasion à
améliorer leur condition de vie. C’est cette dernière spécificité du réseau CECAM qui
nous permet d’affirmer que le réseau CECAM est efficace.

En bref, l’efficacité du réseau CECAM réside dans le fait que ce réseau a été institué, non
suite à des politiques délibérées de l’Etat mais suivant des intentions personnifiées des
véritables acteurs du développement rural qui sont les paysans.
On retient essentiellement de cet exemple du réseau CECAM que la recherche d’une
efficacité des IMF implantées en milieu rural, en y intégrant des politiques de financement à
moyen terme (cas du crédit LVM) est la clé d’un développement rural durable.

53
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages :
1. Boyé S., Hajdenberg J., Pursat C., 2006. Le guide de la microfinance, Eyrolles
2. Coelli T. J., 1996. Aguide to DEAP version : A Data Envelopment Analysis
3. Farrell M. J., 1957. The Measurement of the Productive Efficiency
4. Ledgerwood J., 1999. Manuel de microfinance, Une perspective institutionnelle et
financière, Banque Mondiale, pp.308

Articles :
1. CIRAD/FOFIFA, 2007. Colloque scientifique portant sur les dynamiques rurales à
Madagascar : Perspectives sociales, économiques et démographiques, µEtude
d’impact du réseau CECAM, synthèse des résultats 2003, pp.12
2. Fraslin J-H, Andriantsilavina U., 2001. Les CECAM de Madagascar: La location
vente mutualiste, pp.34
3. Soulama S., 2008. Efficacité technique et inefficience à l’échelle des institutions de
microfinance au Burkina Faso, UFR/SEG, Université de Ouagadougou, pp.28
4. Wampfler B., Ralison E., Bouquet E., Roesch M., 2007. Trajectoire de crédit et
vulnérabilité des ménages ruraux : le cas des sociétaires des Cecam de Madagascar,
pp.46

Dicionnaires :
1. Dictionnaire d’économie et de sciences sociales, Edition Nathan, pp.256
2. Dictionnaire Larousse, 2006. Pp.927

Mémoires :
1. Razafindramanana H. M., Razafitsoa R. S., Razafy A. Z., Razanakolona A. M.,
Rivoarison R. N. A., 201. « La microfinance », Séminaire d’initiation à la recherche,
Département Economie, Fac DEGS, Université d’Antananarivo, pp.28
2. Rakotoasimbola T., 2006. Etude d’impactde la microfinance eu point de vue de la
réduction de la pauvreté : cas d’Entreprendre à Madagascar, Bibliothèque
Universitaire, réf. ECO 261, pp.56
Cours :
1. Ravelomanana M., 2010. Cours de Politique Economique, Département Economie,
Fac DEGS, Université d’Antananarivo
2. Richard B., cours d’Economie Publique, Département Economie, Fac DEGS,
Université d’Antananarivo
3. Rakoto D., cours de Théories Economiques, Département Economie, Fac DEGS,
Université d’Antananarivo

Autre document :
Document de présentation du réseau CECAM, 2010, pp.7

SITOGRAPHIE
1. www.lamicrofinance.org
2. www.madamicrofinance.org
ANNEXES

Annexe 1 : Statistiques nationales consolidées au 31/12/2009

31/12/2009
Nombre de points de services 640
Nombre de bénéficiaires 581204
Nombre d’emplois créés 2808
Encours de crédit 143730 millions Ar 71.8 millions Ar
Encours d’épargne 86600 millions Ar 43.3 millions Ar

Annexe 2 : Evolution des activités des IMF mutualistes de 1998 au 31 décembre 2009

Année Nombre de Nombre de Encours d’épargne Encours de crédit


caisses membres (en millions d’Ar) (en millions d’Ar)
1998 248 47472 1280 3316
1999 271 60775 1919 4703
2000 336 92946 7416 7562
2001 353 116977 11150 9620
2002 338 135305 10372 11212
2003 380 179399 18992 19519
2004 380 198912 21803 25382
2005 394 232347 25510 36235
2006 413 289508 31317 32190
2007 428 322675 32190 53248
2008 653 453310 50619 80300
2009 462 489125 62692 71573

Source : APIFM
Annexe 3 : Activités des IMF non mutualistes

2002 2003 2004 2005


Nombre de clients 8474 10991 17245 8150
Encours de crédit (millions Ar) 1555 1820 2634 2928
2006 2007 2008 2009
Encours de crédit (millions Ar) 4353 16845 32922 72158
Montant crédit octroyé (millions Ar) 8303 nd
Nombre de crédits octroyés 5725 nd
Encours d’épargne (millions Ar) - 4940 12684 23887
Nombre de points de services - 60 160 178
Nombre de clients 14669 38038 107335 92079

Source : AIM-CNMF

Annexe 4 : Impact des services CECAM sur les ménages

Groupe Effectif % de l’éch Membres Non RDB/ménages


membres (millions fmg)
Agri rur aisés 87 17 21 10 22,3
Agri spé aisés 24 5 6 2 21,1
Ruraux aisés 13 3 3 2 18,7
Agri rur moyens 95 19 21 14 6,39
Agri spé moyens 66 13 16 7 6,4
Rur moyens 10 2 3 1 6,4
Agri rur pauvres 86 17 15 20 2,57
Agri spé pauvres 107 21 13 37 2,41
Rur pauvres 15 3 2 6 1,87
TABLE DES MATIERES
Page
INTRODUCTION 1

PARTIE 1 : Cadre théorique et situation des IMF à Madagascar………………………. 3


Chapitre 1 : Cadre théorique de la microfinance et notion d’efficacité………………… 3
Section 1 : Les théories applicables à la microfinance…………………………………. 3
1.4- La microfinance…………………………………………………………………. 3
1.5- Asymétrie d’information………………………………………………………... 4
La selection adverse…………………………………………………………………… 4
L’aléa moral…………………………………………………………………………… 5
1.6- Les théories qui introduisent la microfinance…………………………………… 5
L’épargne ……………………………………………………………………………….. 5
Le crédit………………………………………………………………………………… 6
Le financement…………………………………………………………………………. 6
L’assurance……………………………………………………………………………… 7
Section 2 : Notion d’efficacité et de performance d’une IMF…………………………… 7
2.1- L’efficacité d’une IMF………………………………………………………….. 8
A- Notion d’efficacité……………………………………………………………………. 8
Efficacité technique et efficacité allocative……………………………………………… 8
L’efficacité technique…………………………………………………………………… 8
L’efficacité allocative……………………………………………………………………. 8
L’approche…………………………………………………………………………….. 9
L’approche frontière…………………………………………………………………… 9
B- Mesure de l’efficacité………………………………………………………………… 11
Approche non paramétrique ……………………………………………………………. 11
Approche paramétrique…………………………………………………………………... 11
2.2- Mesure de performance d’une IMF…………………………………………….. 11
A- Retraitement des états financiers…………………………………………………… 12
A1-Retraitements comptables………………………………………………………… 12
Provision pour créances douteuses…………………………………………………… 12
Traitement de l’amortissement………………………………………………………… 12
Intérêts comptabilisés d’avance et charges d’intérêts comptabilisés d’avance……….. 13
A2-Retraitement au titre de l’inflation et de subvention …………………………….. 13
Au titre de subvention……………………………………………………………….. 13
Au titre de l’inflation………………………………………………………………….. 14
B-Indicateur de performance…………………………………………………………….. 14
Qualité de portefeuille…………………………………………………………………… 15
Viabilité financière………………………………………………………………………. 15
Productivité et efficacité…………………………………………………………………. 15
Rentabilité……………………………………………………………………………….. 16
Effet levier et adéquation……………………………………………………………….. 16
2.3- Pérennité des IMF………………………………………………………………. 16
Autonomie financière……………………………………………………………………. 17
Autonomie Organisationnelle……………………………………………………………. 17
Autonomie Institutionnelle et sociale…………………………………………………… 17
Chapitre 2 : La microfinance et le contexte actuel des IMF à Madagascar…................. 18
Section 1 : Historique de la microfinance………………………………………. 18
1.3- Origine de la microfinance……………………………………………………… 18
1.4- Historique de la microfinance à Madagascar…………………………………… 19
Avant 1990……………………………………………………………………………… 19
1990-1995……………………………………………………………………………… 20
A partir de 1996…………………………………………………………………………. 21
Données sur l’évolution de la microfinance ) Madagascar……………………………. 21
Section 2 : Le contexte malagasy……………………………………………………….. 22
2.5- Structuration de la profession et les principaux acteurs…………………………. 22
APIFM…………………………………………………………………………………… 22
AIM……………………………………………………………………………………. 22
2.6- L’environnement de la microfinance à Madagascar…………………………….. 23
Les actions du gouvernement…………………………………………………………… 23
Cadre de libre marché…………………………………………………………………… 23
Responsabilité des acteurs………………………………………………………………. 24
2.7- Cadre légal et réglementaire…………………………………………………… 24
2.8- Politique nationale……………………………………………………………….. 25

PARTIE 2 : Analyse de l’efficacité des IMF dans les milieux ruraux à Madagascar :
Cas du réseau CECAM……………………………………………………………..… 27
Chapitre 1 : Les IMF dans les milieux ruraux et leurs efficacités……………………….. 27
Section 1 : Le financement rural……………………………………………………….. 27
1.3- La demande et l’offre de financement rural à Madagascar………………….. 27
La demande de financement rural à Mcar………………………………………………. 27
Les besoins en matière de financement rural…………………………………………. . 27
Les spécificités du risque du financement rural et agricol………………………………. 28
Comment analyser les besoins…………………………………………………………… 29
L’offre de financement rural…………………………………………………………… 30
Financement informel…………………………………………………………………… 30
Projets de développement………………………………………………………………. 30
Banques de développement…………………………………………………………….. 30
Banques commerciales………………………………………………………………… 31
La microfinance………………………………………………………………………… 31
1.4- Source de financement de la microfinance rurale à Madagascar…………… 31
A-Les principales sources de financement de la microfinance rurale……………… 31
L’aide extérieure……………………………………………………………………….. 31
La collecte d’épargne…………………………………………………………………… 32
Le refinancement bancaire……………………………………………………………….. 32
La constitution d’un capital propre……………………………………………………. 32
B-Les IMF à Mcar……………………………………………………………………….. 32
CECAM……………………………………………………………………………….. 32
OTIV…………………………………………………………………………………… 33
TIAVO…………………………………………………………………………………… 33
AECA………………………………………………………………………………… 33
ADéFI………………………………………………………………………………….. 34
MAHAVOTSE objectif sud………………………………………………………….. 34
SIPEM………………………………………………………………………………… 34
VOLA MAHASOA……………………………………………………………………. 35
APEM………………………………………………………………………………….. 35
EAM……………………………………………………………………………………… 35
CEM…………………………………………………………………………………….. 35
Microcréd……………………………………………………………………………… 35
PAMF………………………………………………………………………………….. 35
AFD……………………………………………………………………………………. 36
PNUD/FENU…………………………………………………………………………… 36
Section 2 : Les limites de la microfinance……………………………………….…… 37
Endettement des agents…………………………………………………………………. 37
Nouvelle forme de domination………………………………………………………… 37
Travail des enfants……………………………………………………………………….. 38
Chapitre 2 : L’efficacité du réseau CECAM…………………………………………… 39
Section 1 : Présentation du réseau CECAM………………………………………..…. 39
1.4- Fonctionnement d’une CECAM………………………………………………. 39
1.5- Structure du réseau CECAM………………………………………………….. 40
1.6- Les services du réseau…………………………………………………………. 41
A-L’épargne……………………………………………………………………………… 41
Le dépôt à vue…………………………………………………………………………… 41
Le plan épargne……………………………………………………………………….. 41
Le dépôt à terme ……………………………………………………………………… 41
B-Le crédit……………………………………………………………………………. 42
Le crédit productif…………………………………………………………………… 42
Le crédit dépannage ou social………………………………………………………… 42
Le GCV………………………………………………………………………………… 42
La LVM………………………………………………………………………………… 42
Section 2 : Etude d’impact du réseau CECAM………………………………….….. 45
2.3- L’efficacité du réseau CECAM………………………………………………… 45
Orientation rurale……………………………………………………………………….. 45
Offre de services adaptés au besoin des ruraux………………………………………… 46
Politique de crédit de moyen terme…………………………………………………… 46
Réseau qui touche les pauvres………………………………………………………….. 47
2.4- Les limites du réseau CECAM…………………………………………………. 48
Le taux d’intérêt…………………………………………………………………………. 48
La garantie……………………………………………………………………………… 48
L’extrème pauvreté …………………………………………………………………….. 48

CONCLUSION 53
Nom et prénoms : RAZANAKOLONA Andriniaina Michel
Titre du mémoire : L’efficacité des IMF au service d’un développement rural
durable à Madagascar
Nombre de pages : 53
Nombre de tableaux : 4
Nombre de figures : 4

Résumé
Les institutions de microfinance se fixent comme principale mission de porter
assistance aux populations les plus pauvres exclues du système bancaire. De ce fait, celles qui
œuvrent en milieu rural entrent logiquement dans le cadre des politiques de développement
rural, ce qui a été le cas à Madagascar ces quinze dernières années.
Cependant, même étant dotées d’une mission aussi noble, les IMF se doivent de
fonctionner de manière efficace pour pouvoir réellement contribuer à un développement rural
durable. Le réseau CECAM a été volontairement pris comme référence ici du fait qu’il
regroupe un grand nombre d’adhérents et qu’il opère essentiellement en milieu rural.
L’efficacité des IMF est d’autant plus importante qu’elle soit observée sous tous les angles : a
priori par l’efficacité intrinsèque et a posteriori par les différentes mesures de performance.
Toutefois, à part ces deux considérations, le réseau CECAM illustre le fait que bien d’autres
facteurs peuvent contribuer à accentuer cette efficacité ; facteurs qu’on peut assez aisément
déterminer en ayant fait une étude d’impact des activités du réseau CECAM.
Il se révèle alors qu’entre autres le ciblage des bénéficiaires et la mise à dispositions
des crédits les plus appropriés relèvent le degré d’efficacité d’une IMF.

Mots clés : institutions de microfinance, efficacité technique, efficacité allocative,


performance, développement rural, étude d’impact

Encadreur : Mr. RANDRIANALIJAONA Tiana Mahefasoa

Adresse de l’auteur : Lot IPA 157 B Anosimasina Bemasoandro Itaosy, Tanà 102

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