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Le Maroc dispose à compter du 1er juillet 2023 d’une nouvelle loi qui a
introduit un délai légal de 60 jours pour le paiement des dettes
fournisseurs.
Le même dispositif législatif a instauré une obligation de déclaration
trimestrielle des factures impayées après l’arrivée de l’échéance assortie
du paiement spontané d’une amende, et afin d’assurer plus de
transparence dans ce processus, la déclaration doit être certifiée par un
professionnel indépendant des chiffres.
C) Délais de paiements.
Personnes du droit privé.
1. Délai légal : le délai légal de paiement est fixé à 60 jours à compter de
la date d’émission de la facture
2. Délai conventionnel : les contractants peuvent convenir un délai
supérieur au délai légal dont la limite de 120 jours à compter de la date
d’émission de la facture.
Personnes du droit public.
1. Délai légal : le délai légal de paiement est fixé à 60 jours à compter de
la date la constatation du service fait
2. Délai conventionnel : les contractants peuvent convenir un délai
supérieur au délai légal dont la limite de 120 jours à compter de la date
la constatation du service fait.
Le fournisseur, le prestataire ou l’entrepreneur doit être établir la
facture au plus tard le dernier jour de la livraison ou de la réalisation de
la prestation ou du travail.
E) Les sanctions.
Les sanctions prévues par la nouvelle loi sont, nous semble-t-il, divisé en
deux catégories avec des objectifs convergentes.
La première catégorie des sanctions vise à incriminer l’acte de paiement
en retard, le montant de l’amende est basé sur le montant de la facture
impayée totalement ou partiellement malgré l’arrivé de l’échéance, et ne
faisant pas l’objet d’un recours judiciaire.
L’amende est prévue en faveur du trésor public, elle est fixée comme
suit :
1. Le taux directeur de Bank Al Maghreb applicable à la fin du premier
mois de retard
2. 0,85% pour chaque mois ou fraction de mois de retard supplémentaire
Quant à la deuxième catégorie des sanctions, elle vise assurer la
conformité des déclarations produites par les opérateurs économiques et
sanctionner tous comportements dilatoires.
Les infractions prévues dans cette catégorie sont détaillées comme suit :
1. Le défaut de déclaration
2. Le retard dans le dépôt de la déclaration
3. Le défaut de production des annexes à la déclaration
4. Le défaut du paiement spontané de l’amende
5. Le retard dans le paiement de l’amende
6. La production de déclaration incomplète ou contradictoire.
Les infractions de 1 à 5 sont passibles des sanctions pécuniaires fixées
comme suit :
1. 5.000,00 dirhams si le chiffre d’affaires réalisé au titre de l’exercice
comptable précédent est inférieur à 10 Millions de dirhams hors taxes
2. 12.500,00 dirhams si le chiffre d’affaires réalisé au titre de l’exercice
comptable précédent est inférieur à 50 Millions de dirhams hors taxes
3. 50.000,00 dirhams si le chiffre d’affaires réalisé au titre de l’exercice
comptable précédent est inférieur à 200 Millions de dirhams hors taxes
4. 125.000,00 dirhams si le chiffre d’affaires réalisé au titre de l’exercice
comptable précédent est inférieur à 500 Millions de dirhams hors taxes
5. 250.000,00 dirhams si le chiffre d’affaires réalisé au titre de l’exercice
comptable précédent est supérieur à 500 Millions de dirhams hors taxes.
Par ailleurs, et en plus des sanctions forfaitaires susvisées, la production
de déclaration incomplète ou insuffisante est passible d’une sanction à
hauteur de 5000,00 dirhams par facture manquante ou contradictoire.
L’amende pécuniaire et les autres sanctions, non payées spontanément
par les contrevenants, sont émises par voie de titre de recettes, et sont
mises en recouvrement conformément aux dispositions de la loi 17/97
formant Code de recouvrement des créances publiques.
Les personnes morales ou physiques dont le chiffre d’affaires au titre du
dernier exercice comptable est inférieur ou égal à 50 Millions de
dirhams doivent produire une déclaration annuelle au titre des exercices
2024 et 2025 conformément à l’article 78-4 du Code de commerce.
Le défaut de production de cette déclaration annuelle, le retard de sa
production, le défaut de paiement ou le retard dans le paiement de
l’amende est passible des sanctions suivantes :
1. 20.000,00 dirhams si le chiffre d’affaires réalisé par « l’entreprise » au
titre de l’exercice comptable précédent est inférieur à 10 Millions de
dirhams hors taxes
2. 50.000,00 dirhams si le chiffre d’affaires réalisé par « l’entreprise » au
titre de l’exercice comptable précédent est inférieur ou égal à 50
Millions de dirhams hors taxes.
L’analyse sommaire de la loi 69/21 nous conduit à faire les observations
suivantes :
1. La loi est très contraignante tant pour les fournisseurs que pour les
clients
2. La création d’un coût administratif supplémentaire pour les petites
structures notamment pour la certification des déclarations mensuelles
3. La formulation relative à la certification des déclarations mensuelle
par « le commissaire aux comptes » pour les personnes réalisant un
chiffre d’affaires supérieur à 50 millions laisse comprendre que certaines
formes juridiques doivent recourir aux services d’un expert-comptable
ou un comptable agrée bien qu’elles ont un ou plusieurs commissaires
aux comptes
4. La mise à charge des professionnels des chiffres une obligation de
résultat pour la certification des déclarations mensuelles.
Aussi, nous pensons que cette loi devrait attribuer le caractère de « titre
de paiement exécutoire » aux factures déclarées impayées hors délais
légal ou conventionnel suivant le cas, et permettre en conséquence
d’agir en référé pour le recouvrement des dites créances.