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La reforme juridique

de délais de paiement
au Maroc : Analyse des
dispositions et impact
sur les contrats
commerciaux

Introduction :

Le droit commercial, une composante importante du droit des affaires,


englobe l'ensemble des règles juridiques du droit privé applicables aux
commerçants, aux actes de commerce et à l'activité commerciale en général. La
Loi 15.95, qui régit cette matière, se divise en 5 livres traitant du commerce,
des actes commerciaux, des effets de commerce, des procédures des
entreprises en difficulté et des contrats commerciaux.

En juin 2023, une nouvelle ère a débuté pour le monde des affaires au
Maroc avec la publication de la Loi 69-21, une modification de la Loi 15-95
formant le Code du Commerce. Cette loi a profondément impacté les délais de
paiement dans le royaume, visant à établir une culture de paiement
transparente et équitable. La réforme introduit un délai légal de 60 jours pour
le règlement des dettes fournisseurs et impose une déclaration trimestrielle
des factures impayées, assortie d'une amende en cas de paiement spontané.
Cette déclaration doit être certifiée par un professionnel indépendant des
chiffres pour assurer la transparence du processus.

La Loi 69-21 établit des délais de paiement stricts entre les entreprises et
leurs fournisseurs, avec des pénalités sévères en cas de non-respect. Ces
mesures sont conçues pour protéger les créanciers tout en favorisant la fluidité
des transactions commerciales.

Ainsi, la question se pose : quelles sont les principales dispositions de


cette loi et quel est son impact sur les contrats commerciaux ?

Chapitre 1: le champs d’application et les


délais de paiement :
Les délais de paiement, au sein d'un environnement
commercial, revêtent une importance cruciale, se définissant comme
la période convenue entre la livraison ou la facturation d'un bien ou
d'un service par un fournisseur ou prestataire, et le règlement effectif
par le client. Cette dimension temporelle est strictement
réglementée par la législation en vigueur et exerce un impact
significatif sur la santé financière des entreprises, un non-respect
pouvant entraîner l'application de sanctions.

La variété des délais de paiement est notable, comprenant des


modalités telles que le paiement comptant, le paiement à 30 jours, le
paiement à 45 jours fin de mois, ou le paiement à 60 jours, chacun
correspondant à des accords spécifiques entre les parties impliquées.
La maîtrise de ces échéances temporelles revêt une importance
stratégique, contribuant à garantir une gestion optimale de la
trésorerie, un aspect vital dans la stabilité financière d'une
entreprise. Par ailleurs, la gestion adéquate des délais de paiement
contribue également à la préservation des relations commerciales,
étant un élément clé de la confiance mutuelle entre les acteurs
économiques. Ainsi, la compréhension et la gestion judicieuse de ces
délais s'avèrent essentielles pour assurer la pérennité et le
dynamisme des entreprises dans le paysage commercial.

Section 1 : l’importance des délais de paiement et le champs


d’application de la loi 69/21 :
1/ l’importance des délais de paiement :
Les délais de paiement occupent une place cruciale au sein du
monde des affaires, constituant un paramètre stratégique aux
multiples ramifications. Leur impact direct sur la santé financière des
entreprises ne saurait être sous-estimé. Tout manquement aux
échéances convenues ou tout retard de paiement peut générer des
embarras financiers, pouvant même conduire à la faillite pour les
entreprises les plus vulnérables. Ces délais revêtent ainsi une
dimension bien au-delà du simple aspect administratif, émergeant
comme des éléments déterminants de la pérennité économique des
entreprises.

Parallèlement, les délais de paiement jouent un rôle crucial


dans la préservation des relations commerciales. Leur respect
scrupuleux est essentiel pour nourrir et consolider la confiance entre
les acteurs économiques, constituant un socle fondamental pour la
pérennité des partenariats. La confiance et la réputation des
entreprises sont directement tributaires de leur capacité à respecter
les engagements financiers convenus, créant un cercle vertueux où la
fiabilité dans les transactions renforce la crédibilité et la stabilité dans
le secteur commercial.

En outre, le non-respect des délais de paiement expose les


entreprises à des sanctions financières, renforçant ainsi l'importance
stratégique de leur gestion rigoureuse. Ces sanctions ne sont pas
seulement des mesures dissuasives, mais également des garde-fous
visant à préserver l'équité dans les transactions commerciales.

En somme, les délais de paiement émergent comme un enjeu


majeur pour les entreprises, transcendant les sphères financières
pour s'étendre à la préservation des relations commerciales. Leur
maîtrise revêt une dimension double, assurant à la fois la stabilité
financière des entreprises et la consolidation des liens de confiance
au sein du tissu économique. Ainsi, l'attention portée à ces délais
s'inscrit au cœur des préoccupations stratégiques des entreprises,
façonnant leur trajectoire tant sur le plan financier que relationnel.
2 / Le champs d’application de la loi 69/21 :
La loi 69-21, fraîchement promulguée au Maroc et publiée dans
le Bulletin Officiel du 15 juin 2023, apporte des changements
significatifs en matière de délais de paiement. Découvrez ce que cela
signifie pour les entreprises marocaines et comment cela peut vous
affecter.
Toute entité de droit privé, tout délégataire en charge de la
gestion d'un service public, de même que les établissements publics
engagés de manière régulière dans des transactions à caractère
commercial, sont assujettis aux dispositions de cette loi. Les
personnes morales et physiques dont le chiffre d'affaires est inférieur
à 2 millions de DH HT sont toutefois exemptées de cette obligation.

A : Les personnes soumis à la loi 69/21 :


1) Les commerçants qui disposent d’un siège social au Maroc ;
2) Les personnes qui disposent d’une résidence fiscale au
Maroc ;
3) Les personnes qui disposent d’un établissement au Maroc ;
4) Les personnes de droit privé délégataire de la gestion d’un
service public ;
5) Les établissements publics qui exercent d’une façon
habituelle ou professionnelle des actes de commerce ;

De manière alternative, les dispositions de la loi sur les délais de


paiement s'appliquent aux entités répondant aux critères suivants :

1/ Entités ayant un chiffre d'affaires dépassant les 2 millions de


DH hors taxes.
2/ Entités ayant leur siège social ou domicile fiscal au Maroc.
3/ Entreprises privées délégataires de la gestion d'un service
public.
4/ Établissements publics exerçant des activités commerciales
de manière habituelle ou professionnelle.

Ces entités sont tenues de spécifier, dans tout document


attestant la mise en place du service, les conditions de paiement
appliquées à leurs clients. Conformément à l'article 78-2 de la loi 15-
95, le délai maximal de paiement par défaut est de 60 jours à partir
de la date d'émission de la facture, avec une limite fixée à 120 jours.
Pour les institutions publiques concernées, les délais débutent à la
date d'établissement d'une prestation de service.

L'article 78-2 de la loi 15-95 stipule que le délai de paiement des


sommes dues est de soixante jours à compter de la réception des
marchandises ou de l'exécution de la prestation demandée, en
l'absence d'accord préalable entre les parties. Lorsqu'un délai est
convenu, il ne peut excéder quatre-vingt-dix jours à partir de la date
de réception des marchandises ou de l'exécution de la prestation
demandée.
B : les personnes hors champs d’application de la loi 69/21 :
Une modification importante concerne la portée de la loi, qui
s'applique dorénavant aux fournisseurs, qu'ils soient des personnes
morales ou physiques, dès lors que leur chiffre d'affaires annuel
dépasse les 2 millions de DH hors taxes. En-deçà de ce seuil, les
acteurs économiques ne sont pas inclus dans le champ d'application
de cette loi. Autrement dit, les personnes physiques ou morales
réalisant un chiffre d'affaires annuel hors taxes inférieur à 2 millions
de dirhams ne sont pas soumises aux dispositions de cette loi.

2 : les délais de paiement :


La loi numéro 69-21 a instauré des obligations quant au respect
des délais de paiement, se déclinant comme suit :

-En l'absence d'un accord préalable entre les parties, le délai de


paiement est fixé à 60 jours à partir de la date de facturation.
-Lorsqu'un délai de paiement est convenu entre les parties,
celui-ci ne peut excéder 120 jours à compter de la date de
facturation.
-Exceptionnellement, un délai maximal de 180 jours peut être
établi par décret pour les professionnels opérant dans certains
secteurs présentant un caractère spécifique ou saisonnier.

A : les personnes relevant du droit prive :


1. Délai légal : Le délai légal de paiement est établi à 60 jours à
partir de la date d'émission de la facture.
2. Délai conventionnel : Les parties contractantes ont la
possibilité de convenir d'un délai supérieur au délai légal, avec une
limite fixée à 120 jours à compter de la date d'émission de la facture.

B : les entités relevant du droit public :


-Délai légal : Le délai légal de paiement est établi à 60 jours à
compter de la constatation du service effectué.
-Délai conventionnel : Les contractants peuvent convenir d'un
délai supérieur au délai légal, avec une limite fixée à 120 jours à
compter de la constatation du service effectué.
Il est impératif pour le fournisseur, le prestataire ou
l'entrepreneur d'établir la facture au plus tard le dernier jour de la
livraison, de la réalisation de la prestation, ou du travail accompli.
Quant à l'article 78-2, il détermine les délais de paiement des
sommes dues comme suit :
Le délai de paiement des sommes dues sur les opérations réalisées
est fixé à 60 jours à compter de la date d'émission de la facture, en
l'absence d'un accord préalable entre les parties. Si le délai de
paiement est convenu entre les parties, il ne peut dépasser 120 jours
à compter de la date d'émission de la facture.
Pour les établissements publics mentionnés à l'article 78-1, les deux
délais susmentionnés débutent à partir de la date de la constatation
du service effectué, conforme aux dispositions réglementaires en
vigueur.
-En dérogation aux dispositions de l'article, et compte tenu de la
spécificité et/ou de la saisonnalité de certains secteurs, un décret,
pris après avis du Conseil de la Concurrence, peut fixer un délai ne
pouvant excéder 180 jours pour les professionnels de ces secteurs.
Cette dérogation est établie sur la base d'accords conclus par les
organisations professionnelles de ces secteurs, fondés sur des études
objectives analysant les données propres à chacun d'eux.
*L'article 78-1 du code de commerce spécifie que les personnes
de droit privé délégataires de la gestion d'un service public et les
établissements publics exerçant de manière habituelle ou
professionnelle des activités commerciales mentionnées dans cette
loi sont soumises aux dispositions du présent chapitre.

C- L’entrée en vigueur progressive :


Les dispositions de cette loi entrent en vigueur selon les
échéances suivantes pour les factures émises :

*À partir du 1er juillet 2023, pour les personnes physiques et


morales ayant réalisé un chiffre d’affaires supérieur à 50 millions de
dirhams hors TVA au cours du dernier exercice clos.
*À partir du 1er janvier 2024, pour les personnes physiques et
morales ayant réalisé un chiffre d’affaires inférieur ou égal à 50
millions de dirhams et supérieur à 10 millions de dirhams hors TVA au
cours du dernier exercice clos.
*À partir du 1er janvier 2025, pour les personnes physiques et
morales ayant réalisé un chiffre d’affaires inférieur ou égal à 10
millions de dirhams et supérieur à 2 millions de dirhams hors TVA au
cours du dernier exercice clos.
-En ce qui concerne le calcul des délais de paiement, ces
derniers débutent à partir de la date d'émission de la facture. La
facture doit être établie au plus tard à la fin du mois de la livraison
des biens, de l'exécution des travaux ou des prestations de services.
Si la facture n'a pas été émise dans ce délai, le calcul démarre à la fin
du mois de la livraison ou de l'exécution.

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