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Éléments de correction

Séance 2
Analyse document 3 :

Sens :

La rectification de la mention du sexe à l’Etat civil repose sur une double exigence probatoire : preuve
du syndrome transsexuel et démonstration de l’irréversibilité de la transformation. Conditions non
discriminatoires et non attentatoires à la protection de la vie privée et au respect du corps humain car
reposant sur un juste équilibre entre les intérêts en présence.

Valeur :

Absence de textes sur le changement de sexe à l’époque

L’arrêt s’inscrit dans le prolongement de l’évolution jurisprudentielle :

- Avant 1992 : refus de la Ccass.

- 25/03/1992 : condamnation Cour EDH

- Ass. Plén. 11/12/1992 : revirement Ccass. avec conditions restrictives

- 2012 : allègement des exigences réduites à 2 conditions médicales (ici reprises dans l’arrêt à
analyser)

Décision rendue à l’aune des exigences européennes (non discrimination et protection VP) en
confrontant le principe de l’indisponibilité de l’état des personnes et de la sécurité juridique au respect
de la VP et du corps humain. On peut regretter que la Ccass. soit si lapidaire concernant le contrôle de
proportionnalité.

Ccass. se veut gardienne du principe de l’indisponibilité de l’état des personnes en refusant de laisser
une part trop importante à l’autonomie de la volonté.

Portée :

Solution sans apport juridique puisque reprenant mot pour mot l’ attendu de principe des arrêt du 7
juin 2012 et désormais obsolète du fait de l’évolution législative du 18 nov. 2016 (art. 61-5 à 61-8 CC)
libéralisant le changement de sexe. Les 2 conditions médicales posées par la Cour de cassation ont
disparu car contraires à la protection de la vie privée englobant le droit à la préservation d el’identité
privée et notamment sexuelle mais aussi le droit à l’épanouissement personnel et à l’intégrité physique
et morale (Cour EDH 10 mars 2015, arrêt Y.Y. contre Turquie et 6 avril 2017, arrêt A.P., Garçon et Nicot
contre France)

Cas pratique :

I. La mère peut-elle agir ? (ces éléments sont abordés dans le chapitre suivant donc non
attendus à ce stade)

Majeure : art. 388 CC : mineur= individu de moins de 18 ans

Art. 414 CC : majorité = fixée à 18 ans accomplis, à cet âge chacun est capable d’exercer les droits dont
il a la jouissance

Art. 371-1 CC : Autorité parentale (AP) concerne la protection de la personne de l’enfant (acte
extrapatrimoniaux) tandis que administration légale concerne les biens du mineur (actes
patrimoniaux)

Art. 373-1 CC si l’un des père et mère décède l’autre parent exerce seul l’AP

II. Changement de sexe à l’état civil

Majeure : art. 61-5 CC et 61-6 CC = conditions et procédure

• Nécessité de démontrer par une réunion suffisante de faits que la mention relative au sexe
dans les actes de l’état civil ne correspond pas à celui dans lequel l’intéressé se présente et
dans lequel il est connu (tel, notamment, le fait de se présenter publiquement comme
appartenant au sexe revendiqué, d’être connu sous le sexe revendiqué par l’entourage familial,
amical ou professionnel, d’avoir changé de prénom afin qu’il corresponde au sexe revendiqué)
= Preuve par tous moyens
• Demande présentée devant le Tribunal judiciaire en produisant tous les éléments au soutien
de la demande
• Requérant doit être l’intéressé, personne majeure ou mineure émancipée
• !!! CA Chambéry 25 janvier 2022 jugeant recevable l’action menée par les représentants légaux
du mineur et ayant admis sur le fond le changement de sexe pour un mineur non émancipé
remplissant les critères de l’art. 61-5 CC: La CA a opéré un contrôle de proportionnalité et jugé
que l'interdiction pour les mineurs non émancipés d'agir en modification de l'état civil telle que
découlant des dispositions de l'article 61-5 du code civil ne permet pas de garantir en l'espèce
le droit au respect de la vie privée au sens de l'article 8 de la convention européenne des droits
de 1'homme car = une atteinte disproportionnée à ses droits en l'obligeant à révéler son
parcours personnel particulier du fait notamment de la mention de son genre qui sera portée
sur ses diplômes sanctionnant la fin de sa scolarité + prise en considération par les juges de
l’âge du mineur (17 ans), de la constance de sa démarche dans le changement de son sexe, des
actions déjà mises en oeuvre tant sur le plan juridique (changement de prénom), que
psychologique et médical et le fait que les parents le soutiennent dans sa démarche.
!!!Possible d’évoquer comme autre hypothèse la demande d’émancipation sur justes motifs par la
mère (art. 413-2 CC et 413-6 CC) (mais pas encore abordé à ce stade du cours)

III. Changement nom de famille ?

A. Procédure simplifiée de changement de nom ?

Majeure : art. 61-3-1 CC (loi du 2 mars 2022 EV le 1er juillet 2022) possibilité de changer de nom aux
fins d’adjonction ou substitution du nom de l’autre parent= compétence de l’officier d’état civil et
procédure réservée à l’intéressé, personne majeure. Les parents titulaires de l’exercice de l’AP ne
peuvent recourir à cette procédure pour demander le changement de nom de leur enfant mineur.

B. Procédure administrative en cas d’intérêt légitime ?

Majeure : art. 61 CC Toute personne qui justifie d’un intérêt légitime peut demander à changer de
nom. Le changement est autorisé par décret. Le parent exerçant l’AP peut faire la demande pour un
enfant mineur et si ce dernier a plus de 13 ans son accord est nécessaire (art. 61-3 CC al. 1).

Selon la jurisprudence, des motifs d’ordre affectif peuvent dans des circonstances exceptionnelles
caractériser l’intérêt légitime requis par l’art. 61 CC (Conseil d’Etat, 31 janvier 2014 : enfants
abandonnés par leur père ayant quitté le domicile conjugal et ayant coupé tout lien)

C. Autre proposition envisageable ?

= article 311-24-2 al. 2 CC prévoyant qu’à l’égard des enfants mineurs, le parent exerçant seul l’AP peut
mettre en œuvre la possibilité pour son enfant de porter à titre d’usage le nom du parent qui n’a pas
été attribué avec consentement personnel du mineur si âgé de plus de 13 ans (alternative possible à
la procédure administrative qui peut être longue et dont l’issue est incertaine car appréciation
souveraine de l’intérêt légitime par le Garde des sceaux en attendant que Paolo ait atteint la majorité
et puisse faire jouer la procédure simplifiée de changement de nom)

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