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LE RÉGIME CONVENTIONNEL DU MANDAT DE PROTECTION

Les critères et les modalités d’ouverture d’une demande en homologation d’un mandat de
protection
Art. 258, 270, 2131, 2166 CcQ

Art. 2131 CcQ : Le mandat peut aussi avoir pour objet les actes destinés à assurer, en prévision
de l’inaptitude du mandant à prendre soin de lui-même ou à administrer ses biens, la protection
de sa personne, l’administration, en tout ou en partie, de son patrimoine et, en général, son
bien-être moral et matériel.
 La notion de besoin est évacué alors qu’il s’agit d’un élément essentiel des 3 régimes
légaux de protection. Ainsi, nul n’aura à se prononcer sur le besoin du majeur d’être
représenté.

Art 2166 ss. CcQ : Le mandat de protection donné en prévision de l’inaptitude du majeur
demeure, comme son nom l’indique, un mandat. Il est donc soumis aux règles générales du
mandat, compte tenu des adaptations nécessaires qui résultent de l’application des dispositions
particulières qui le régissent

Particularité du régime de mandat de protection : Elle résulte des volontés de la personne


représentée, volontés qui ont été exprimées alors qu’elle était apte. Le mandat de protection
donné en prévision de l’inaptitude permet à une personne de désigner ses représentants, que ce
soit relativement à la protection de sa personne, de ses biens ou les deux. Il sert aussi à orienter, à
titre d’expression de sa volonté, les décisions qui seront prises à son égard.

Ce type de régime s’ouvre suite à une demande en homologation :


 Art. 2166.al.2 CcQ : En effet, l’entrée en vigueur du mandat est tributaire à la survenance
de l’inaptitude et à l’homologation par le tribunal.
o La demande doit être fait par le mandataire désigné dans l’acte SLM. En effet,
puisqu’il s’agit d’une forme de contrat, c’est le mandaté qui va demander à ce
qu’on lui a donné comme responsabilité soit reconnu par le tribunal.
o Causes d’inaptitude : Puisqu’il s’agit d’une des causes importantes pour donner
un mandat de protection, on va se référer à l’art. 258 CcQ qui énumère les raisons
expliquant l’ouverture d’un régime de protection. Notamment, cela sera
nécessaire si le majeur est inapte à rendre soin de lui-même ou à administrer ses
biens (on couvre par-là les cas de prodigalité aussi).
o Capacité du mandataire à accepter sa charge : Le mandataire doit aussi avoir la
capacité de contracter et être apte à représenter une autre personne. L’évaluation
des conditions relatives au mandataire aura lieu non pas au moment où le mandat
est donné, mais lors de l’entrée en fonction du mandataire, c’est-à-dire lors de
l’homologation du mandat, puis tout au long de son exécution

Il est possible d’avoir plus d’un mandataire.

Art. 270 CcQ : Lorsqu’un majeur, qui reçoit des soins ou des services d’un établissement de
santé ou de services sociaux, a besoin d’être assisté ou représenté dans l’exercice de ses droits
civils en raison de son isolement, de la durée prévisible de son inaptitude, de la nature ou de
l’état de ses affaires ou en raison du fait qu’aucun mandataire désigné par lui n’assure déjà une
assistance ou une représentation adéquate, le directeur général de l’établissement en fait
rapport au curateur public, transmet une copie de ce rapport au majeur et en informe un des
proches de ce majeur.

Le rapport est constitué, entre autres, de l’évaluation médicale et psychosociale de celui


qui a examiné le majeur; il porte sur la nature et le degré d’inaptitude du majeur, l’étendue de
ses besoins et les autres circonstances de sa condition, ainsi que sur l’opportunité d’ouvrir à son
égard un régime de protection. Il mentionne également, s’ils sont connus, les noms des
personnes qui ont qualité pour demander l’ouverture du régime de protection.

Le processus juridique et les pouvoirs du tribunal


Art. 268, 272 ss., 2166, 2167, 2169, 2177 CcQ + Art. 44, 49, 73, 121, 306, 308, 309 ss. Cpc

Mandat de protection : Il s’agit d’un contrat dans lequel le mandant prévoit la personne
(mandataire) qui s’occupera de lui lorsqu’il deviendra inapte.
 D’où le fait qu’on doit se soumettre au régime contractuel.
 D’où le fait qu’il n’y aura pas d’Assemblée de parents ; il y a déjà une désignation.

Rappel - Art. 2166.al.2 CcQ : L’entrée en vigueur du mandat est tributaire à la survenance de
l’inaptitude ET à l’homologation par le tribunal.

Les étapes de la procédure d’ouverture d’un régime conventionnel de mandat de protection :

1. La demande est introduite devant le juge du district où le majeur à son domicile ou sa


résidence (art. 44, 121, 303, 306, 308, 393 et 404 Cpc).
a. Art. 393.al.1 Cpc : Le majeur ou le mineur de 14 ans et plus doit recevoir
signification en main propre d’une telle demande. Le titulaire de l’autorité
parentale et le tuteur du mineur doivent également en recevoir signification
b. Art. 404.al.1 Cpc : La demande pour le régime de protection du majeur est
notifiée à son conjoint, à ses père et mère et à ses enfants majeurs. À défaut, elle
est notifiée à minimum 2 personnes qui démontrent pour le majeur un intérêt
particulier.
c. Lorsque la demande n’est pas contestée, elle peut être présentée devant le greffier
(art. 69, 73 et 74 Cpc) ou devant un notaire (art. 312, 313, 394 Cpc).
d. Art. 308 Cpc : La présentation de la demande ne peut être fixée à moins de 10
jours ni à plus de deux mois après la notification de l’avis de présentation.
2. La demande présentée devant le tribunal ou le greffier doit être accompagnée de
l’évaluation médicale et psychosociale afin de permettre au tribunal d’évaluer le degré
d’inaptitude de la personne (art. 276 et 288 CcQ).
a. L’absence de l’évaluation ou d’une partie de celle-ci n’empêche toutefois pas le
tribunal d’ordonner l’ouverture d’un régime de protection.
b. Art. 394.al.1 CcQ : On doit notifier au Curateur public l’évaluation médicale et
psychosociale, afin que ce dernier puisse prendre connaissance de la demande et
des pièces au soutien. Cela lui permettra de décider s’il intervient dans le dossier.
3. Le tribunal saisi de la demande prendra alors l’avis des personnes susceptibles de former
le conseil de tutelle et considérera les volontés du majeur (art. 276 CcQ.) Voici les divers
éléments que le tribunal prendra en compte :
a. Les preuves médicales et psychosociales
b. Le degré d’autonomie de la personne pour laquelle on demande l’ouverture du
régime (proportionnalité).
c. Le majeur concerné par la demande d’ouverture du régime doit, dans tous les cas,
être entendu, à moins qu’il soit déraisonnable de l’interroger compte tenu de son
état de santé (art. 276, al. 2 CcQ. et art. 315, 391 Cpc.).
i. Art. 392.al.2 Cpc : Possibilité que la majeur soit entendu dans un autre
distinct. Ainsi, le tribunal peut déléguer à un juge ou à un greffier du
district du lieu où la personne réside ou encore, aux frais des parties, à un
notaire exerçant dans ce district, la responsabilité d’entendre le majeur. Le
tout sera inscrit dans un procès-verbal.
ii. Art. 314 Cpc : L’interrogatoire doit nécessairement être transcrit dans un
procès-verbal, car elle doit être remise à l’Assemblée de parents qui
devront en prendre connaissance.
iii. Art. 392.al.3 Cpc : Dans la mesure où l’interrogatoire du majeur est
primordiale selon la jurisprudence, on devra absolument indiqué dans le
jugement du tribunal les motifs qui ont justifiés l’absence d’interrogatoire,
le cas échéant.
4. Jugement : Art. 336.al.1 Cpc : Le jugement devra être notifié au majeur.
a. S’il s’agit d’un révocation, on devra notifié le Curateur public (art. 394.al.1 Cpc),
le mandant et le mandataire (art. 393.al.1 Cpc).

Contestation de l’homologation du mandat de protection : Causes :


1. La cause la plus répandue est l’inaptitude de mandant lors de la signature du mandat 
invalidité du mandat de protection.
2. Le mandataire désigné est incapable de remplir sa charge.
3. Toutes autres motifs sérieux
 Ces motifs de contestation peuvent être utilisés postérieurement à l’homologation.
 Art. 2177 CcQ : Toute personne intéressée, y compris le curateur public, peut, si le mandat
n’est pas fidèlement exécuté, si le mandant est inapte ou pour un autre motif sérieux,
demander au tribunal de révoquer le mandat, d’ordonner la reddition de compte du
mandataire et d’ouvrir un régime de protection à l’égard du mandant.

 Refus d’homologation pour cause d’inaptitude : Si la mandat est trop lourd par rapport à
l’état d’inaptitude du majeur, le tribunal n’homologuera pas le mandat, car ce serait ne pas
respecter l’autonomie du majeur. Toutefois, le tribunal va, comme alternative, ouvrir un
régime légal de protection. Ce pouvoir de transformer la demande provient de l’art. 49 Cpc.
o Pour ce faire, le tribunal, suite à la transformation de la demande, suspendra
l’instance, convoquera une Assemblée de parent le cas échéant, et continuera les
procédure du nouveau régime.
o Il semble alors plus approprié de demander l’ouverture d’un régime de protection
qui sera mieux adapté aux circonstances du mandant, tout en tenant compte des
volontés exprimées dans le mandat (art. 276, al. 1 CcQ).
Pouvoir du tribunal : Art. 2167.1, al. 1 CcQ : Le tribunal peut, au cours de l’instance
d’homologation du mandat ou même avant si une demande d’homologation est imminente et
qu’il y a lieu d’agir pour éviter au mandant un préjudice sérieux, rendre toute ordonnance qu’il
estime nécessaire pour assurer la protection de la personne du mandant, sa représentation dans
l’exercice de ses droits civils ou l’administration de ses biens.

Survie du mandat durant l’instance : Art. 2167.1, al.2 CcQ : L’acte par lequel le mandant a déjà
chargé une autre personne de l’administration de ses biens continue de produire ses effets
malgré l’instance, à moins que, pour un motif sérieux, cet acte ne soit révoqué par le tribunal.

Coexistence des régimes de protection : Art. 2169.al.1 CcQ : Il est possible d’homologuer un
mandat qui porte uniquement sur la personne du majeur, et ouvrir ensuite un régime de curatelle
ou de telle sur les biens du majeur.

Modification de mandat après homologation : C’est impossible : K.S. c. Curateur public du


Québec, 2017 QCCA 59 : Le mandat existe en lui-même et il est impossible d’ajouter ou de
retirer du contenu.

Compétences du notaires : (art. 312 à 320 Cpc)


 Art. 312 Cpc : Le notaire n’a pas de pouvoir décisionnel dans ce genre de demande, pcq
elle est non contentieuse. Son rôle est plutôt de faire certains démarches, avant que le
tribunal en vienne à une décision.
 Il pourra, entre autres, convoquer et tenir l’Assemblée de parents (art. 314 Cpc), faire
l’interrogatoire du majeur (art. 315 Cpc), il dresse un procès-verbal de ses opérations et
de ses conclusions qui sera déposé au greffe pour approbation du tribunal (art. 318 Cpc).
 Art. 315 Cpc : Le notaire devra avoir en sa possession les évaluations médicales et
psychosociales, car ce sera à lui de vérifier l’inaptitude du majeur.

Art. 304.al.2 Cpc : Si la demande est contestée, on devra automatiquement quitter ces articles et
retourner voir les règles générales de la procédure contentieuse prévues au Cpc.

L’exercice de la charge du mandataire, les effets, la révision et la fin du régime


conventionnel
Art. 2169, 2170, 2172, 2174 CcQ + Art. 336 Cpc

Exercice de la charge du mandataire

Principe : Le mandat seul prévoit ce que le mandataire peut faire. En effet, l’art. 2131 CcQ
prévoit que la mandat détermine les actes destinés à assurer, en prévision de l’inaptitude du
mandant à prendre soin de lui-même ou à administrer ses biens, la protection de sa personne,
l’administration, en tout ou en partie, de son patrimoine et, en général, son bien-être moral et
matériel
Rappel – Coexistence des régimes de protection :
Art. 2169.al.1 CcQ : Lorsque le mandat ne permet pas d’assurer pleinement les soins de la
personne ou l’administration de ses biens, un régime de protection peut être établi pour le
compléter; le mandataire poursuit alors l’exécution de son mandat et fait rapport, sur demande
et au moins une fois l’an, au tuteur ou au curateur et, à la fin du mandat, il leur rend compte.
Le mandataire n’est tenu à ces obligations qu’à l’égard du tuteur ou curateur à la
personne. S’il assure lui-même la protection de la personne, le tuteur ou le curateur aux biens
est tenu aux mêmes obligations envers le mandataire.

Renonciation à la charge : Art. 2174 CcQ : Il s’agit d’une règle impérative. Malgré ce qui
pourrait être inscrit au mandat de protection, le mandataire ne peut renoncer à sa charge sans
avoir, au préalable pourvu à son remplacement si le mandat y pourvoit, ou sans avoir demandé
l’ouverture d’un régime de protection à l’égard du mandant.

Effet du régime conventionnel du mandat de protection

Sanction aux actes fait par le majeur seul alors que c’est au mandataire de les faire :
 Art. 2170 CcQ : Pour les actes antérieurs au mandat de protection, ceux-ci seront
annulables ou les obligations qui en découlent réduites SLM sur la preuve que
l’inaptitude était notoire / connu du cocontractant au moment de l’acte.

Révision et fin du régime

Rien n’est prévu quant à la vérification du mandat de protection à travers les années pour assurer
qu’il soit encore proportionnel à la capacité résiduel du majeur.

Art. 2172 CcQ : Le mandat cesse d’avoir effet lorsque le tribunal constate que le mandant est
redevenu apte; ce dernier peut alors, s’il le considère approprié, révoquer son mandat.

Art. 336.al.1 Cpc : Lorsqu’on fait une demande pour mettre fin au mandat de protection, on
devra notifier le majeur et le mandataire.

Art. 2173 CcQ : S’il constate que le mandant est redevenu apte, le directeur général de
l’établissement de santé ou de services sociaux qui prodigue des soins ou procure des services
au mandant doit attester cette aptitude dans un rapport qu’il dépose au greffe du tribunal. Ce
rapport est constitué, entre autres, de l’évaluation médicale et psychosociale.
Le greffier avise de ce dépôt le mandataire, le mandant et les personnes habilitées à
intervenir à une demande d’ouverture de régime de protection. À défaut d’opposition dans les
30 jours, la constatation de l’aptitude du mandant par le tribunal est présumée et le greffier doit
transmettre un avis de la cessation des effets du mandat, sans délai, au mandant, au mandataire
et au curateur public.

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