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LES DROITS SUBJECTIFS

1. La définition des droits subjectifs

Définition :

- Dictionnaire de droit privé, 2e édition, 1991, p. 214 : Droit subjectif :

« [...] pouvoir reconnu et consacré par le droit objectif, le droit subjectif se définit comme un
intérêt légitime ou encore [...] comme un «intérêt juridiquement protégé» (Gérard Cornu,
Introduction, no. 38, p.26).

Remarque : Le droit subjectif se comprend par opposition au «droit objectif», qui consiste de
l’ordre juridique vu dans sa totalité cohérente (Gérard Cornu, Introduction, no. 10, p.17)

- Dictionnaire de droit privé et lexiques bilingues – Les obligations, 2003, p. 134 : Droit
subjectif :

«Prérogative juridique que le titulaire exerce dans son propre intérêt.».

Remarque : «Le terme même de «droit subjectif» ne date que du XIXe siècle. Mais la notion de
droit conçu comme l’attribut d’un sujet (subjectum juris) et qui n’existerait qu’à l’avantage de ce
sujet, remonte pour le moins au XIVe siècle. Elle était déjà distinguée chez Guillaume d’Occam,
fondateur de la ‘voie nouvelle’» (Villey, Philosophie du droit, t. 1, no. 80, p. 134)

Nous pouvons retenir de ce qui précède que le droit subjectif correspond à une prérogative
donnée à une personne par le droit objectif. Ex. : le droit de propriété.

Caractéristiques :

Les droits subjectifs ne sont pas absolus car ils sont limités par la nécessité de respecter les droits
des autres personnes et les intérêts de la société en général. Songeons ici au fait que nul ne peut
exercer son droit (ex. de propriété) de manière excessive et déraisonnable, sinon il en résulte un
abus de droit (art. 7 C.c.Q.).

Il ne s’agit pas non plus de «droits naturels» puisque les droits subjectifs n'existent qu’à
l’intérieur des limites tracées par le droit positif et suivant les conditions prévues par celui-ci. Les
droits subjectifs sont limités par la nécessité d'ordre social (art. 9 C.c.Q.). Ex. : le droit de
propriété immobilière entre «voisins» est limité par les conditions d'exercice fixées par la loi (art.
976 C.c.Q.)

Ils sont subordonnés au droit objectif. Cette subordination peut aller jusqu'à la suppression du
droit subjectif. Ex.: expropriation du propriétaire d’un immeuble pour fins d'utilité publique (art
952 C.c.Q.).

2. La notion de patrimoine Le patrimoine :


Le patrimoine constitue l’ensemble des droits et des obligations d'une personne en rapport avec
des biens, lesquels comportent une valeur pécuniaire appréciable en argent. Il se compose d'un
actif (i.e. la valeur économique des droits portant sur ses biens corporels et incorporels) et d'un
passif (i.e. le montant de ses dettes, c’est-à-dire ses obligations envers autrui).

Les autres droits subjectifs dont une personne est titulaire et qui ne font pas partie du patrimoine
(puisque la loi ne leur accorde aucune valeur économique intrinsèque) sont dits
«extrapatrimoniaux». Ex. : le droit de vote, le droit au nom, le droit à l'honneur ainsi que le droit
de paternité. Les droits et libertés fondamentales entrent dans cette catégorie.

En somme, par fiction juridique, le patrimoine correspond à un contenant qui renferme tous les
rapports juridiques d'une personne (actif et passif) susceptibles d'une évaluation monétaire. Il
varie selon les rapports juridiques du sujet de droit. Au total, il peut être positif ou négatif (ex.
aucun bien). Il constitue un attribut de la personnalité juridique d’une personne, qu’elle soit
physique ou morale. Ainsi, toute personne possède un patrimoine, même s'il est de valeur
négative au plan comptable.

Une personne n'a qu'un seul patrimoine qui est lié à sa personnalité juridique (théorie
subjectiviste). Toutefois, le code reconnaît maintenant qu'un patrimoine d'affectation (i.e. un
ensemble de biens ayant une destination particulière, ex. fiducie ou fondation) puisse exister
indépendamment du patrimoine personnel d’un individu (art. 2, 1256, 1260 C.c.Q.).

Utilité du patrimoine :

Un inventaire des biens détermine l’actif (les droits sur des biens estimés suivant leur valeur
marchande) et le passif (obligations résultant des dettes) d'un individu. À la mort d’une personne
physique, son patrimoine est dévolu à ses héritiers tandis que, de son vivant, il constitue le gage
commun de ses créanciers (art. 613, 619, 625, alinéas 1 et 2, 653, 703, 2645 et 2646 C.c.Q.).

a) La distinction entre les droits patrimoniaux et des droits extrapatrimoniaux


Les droits patrimoniaux : Il s’agit des droits ayant une valeur économique. Ex. : la valeur d’un

immeuble, les droits d’auteur, et le reste.

Les droits extrapatrimoniaux : Ils se rapportent aux droits n’ayant aucune valeur pécuniaire
intrinsèque puisqu’ils se situent à l’extérieur du patrimoine. Ex. les droits politiques (droit de
vote, éligibilité); les droits rattachés à la famille (droit de garde, de surveillance et d’éducation
des parents); les droits de la personnalité (intégrité physique, honneur, respect de la vie privée).

Le Code civil du Québec parle des droits de la personnalité (art. 3 C.c.Q.) pour désigner les
«droits extrapatrimoniaux». En fait, il nous faut distinguer d’une part les droits de la
personnalité et, d’autre part, les droits de la personne.

Les premiers relèvent du droit privé en ce sens qu'ils gèrent les rapports entre les particuliers. À
l'origine, on a reconnu les droits de la personnalité en fonction des principes de responsabilité
civile puis des notions ayant trait aux bonnes mœurs et à l'ordre public.
Les seconds gèrent les rapports entre les particuliers et l'État. Le droit public québécois et
canadien a reconnu certains droits de la personne. En 1976, de manière quasi-constitutionnelle, le
législateur québécois a élevé plusieurs droits de la personnalité au rang de «droits
fondamentaux», par ex. le droit à la vie et à l’intégrité corporelle (Charte des droits et libertés de
la personne, art. 1). En 1982, la Charte canadienne a enchâssé certains droits de la personne (ex.
droit à la vie, à la liberté, à la sécurité, à la protection contre les fouilles, les perquisitions et les
saisies abusives) dans la Constitution. Il faut également ajouter à cette liste les libertés
fondamentales (ex. conscience, religion, pensée, croyance d'opinion, d’expression, liberté de
presse, d'association, de réunion pacifique).

En somme, pour fin de précision du vocabulaire juridique, on parle de «droits de la personnalité»


en droit privé et de «droits de la personne» en droit public.

Les droits de la personnalité protègent les attributs physiques et moraux de la personne. Ces
droits sont : généraux (toute personne en est titulaire);

absolus (s'imposent à tous, sous réserve de l'abus de droit); extrapatrimoniaux (n'ont pas de
valeur pécuniaire intrinsèque).

Comme ils ont un caractère extrapatrimonial, ils sont :

incessibles (ne peuvent faire l'objet d'une transmission entre vifs : art. 3 et 1610 C.c.Q.);
insaisissables (ne peuvent faire l'objet d'une saisie);
intransmissibles (en principe, du moins. Si l’atteinte au droit s’est produit avant le décès de la
victime, le droit de recours est transmissible à ses héritiers (art. 619, 625 et 1610 C.c.Q.);
imprescriptibles (le seul écoulement du temps n'entraîne pas la perte du droit de la personnalité,
mais les actions qui résultent d'une atteinte sont soumises aux règles de la prescription : art.
2922, 2925, 2926, 2929, 2930 C.c.Q.).

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