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La Pédocratie
à la française
La chute des intouchables
10 années d’enquêtes
Collections chez le même éditeur
Éditions FABERT
79, avenue de Ségur
75015 Paris – France
Jacques Thomet
La Pédocratie à la française
La chute des intouchables
DIFFUSION/DISTRIBUTION
CEDIF / Pollen
COMPTOIRS DE VENTE :
Éditions Fabert (ouverts du lundi au samedi de 9 h 30 à 18 h)
79 avenue de Ségur, 75015 Paris.
Tél. : 33 (0)1 47 05 32 68
Chapitre I
Les élites, gangrène de l’innocence............................... 15
A/ Sartre – Beauvoir, diables sans bon Dieu..........................15
B/ Le cloaque de l’après-mai 68.............................................19
C/ Paris 2021 : bienvenue à Pédoland...................................21
D/ Les nourritures terrestres de Matzneff..............................23
E/ Quand la pédophilie scatologique s’invite à la direction
du Monde.................................................................................23
F/ Les troubles amitiés de François Mitterrand.....................26
G/ Les rubans et les ordres font désordre...............................27
H/ Les « vérités » de Christophe Girard..................................28
I/ La complicité du monde littéraire.......................................29
J/ L’omerta dans la presse........................................................31
K/ Les lenteurs de la justice et de la police............................32
L/ Un Coral sans ko.................................................................33
M/ Une exception culturelle : Jack Lang.................................36
N/ Jack Lang à table… avec Jeffrey Epstein...........................42
O/ Zandvoort : une Formule 1 de la pédocriminalité.............43
P/ De Zandvoort à Toulouse...................................................47
Q/ L’idole de 68, Dany le Rouge, vert pédophile...................48
R/ Frédéric Mitterrand : un touriste sexuel ministre
de Sarkozy...............................................................................50
S/ Hamilton : la défloration de nymphettes,
principal objectif.....................................................................52
T/ La plume jette le masque...................................................53
U/ Le prince des arts casse un diamant..................................57
V/ L’héritage négatif de Freud.................................................57
W/ L’héritier de Freud : un Sir violeur....................................58
6 La Pédocratie à la française
Chapitre II
La pédophilie, cactus intouchable................................. 61
A/ 0,3 % des viols d’enfants devant la justice........................61
B/ 50 % de tentatives de suicide............................................62
C/ Les petits pas du pouvoir...................................................62
D/ Les craintifs disciples d’Hippocrate..................................64
E/ Haro sur l’Église…..............................................................67
F/… Et omerta pour école.......................................................68
G/ Une justice souvent complice............................................72
H/ Le scandale du Mur des Cons.............................................74
I/ Un inspecteur de l’enfance accusé de viol mais libre.........75
J/ Le sursis du général Germanos...........................................76
K/ Un SAP pour saper la vérité des victimes.........................76
L/ Le procès en hérésie de Martine Bouillon.........................78
M/ Une presse porte-parole de la pédophilie.........................79
Chapitre III
Outreau, « Hiroshima de l’enfance ».............................. 87
A/ Un non-lieu pour cinq crimes présumés d’enfants............89
B/ L’« erreur judiciaire » n’en était pas une.............................90
C/ L’ex-avocat général jette le doute sur neuf acquittés.........92
D/ Un accablant rapport de l’IGAS........................................93
E/ Un docteur et l’infirmière passent entre les gouttes..........94
F/ L’aveu oublié d’Alain Marécaux.........................................95
G/ Le pouvoir bâillonne les vérités d’Outreau.......................96
H/ L’Europe étouffe le cri d’un enfant d’Outreau............... 101
I/ « Tous coupables »............................................................. 103
Chapitre IV
Lolita en France........................................................... 105
Chapitre V
La pédocratie à la française : les pédophiles se cachent
à la vue de tous........................................................... 113
Sommaire 7
Épilogue...................................................................... 121
Annexe I
La 121e journée de Sodome........................................ 127
1 – Sabine, victime de réseaux en Europe........................... 128
2 – Les tunnels de Nina....................................................... 136
3 – Clémence, en laisse........................................................ 143
Annexe II
Dysfonctionnements : 13 ans de calvaire judiciaire
pour Séverine Moulin................................................. 149
Annexe III
Le « blanc » des Renseignements généraux
sur Jack Lang.............................................................. 157
Annexe IV
Quand une psychothérapeute terrasse
l’avocat Dupond-Moretti............................................ 159
Bibliographie.............................................................. 163
Joseph Ancel
PROLOGUE
1. Galster Ingrid, Beauvoir dans tous ses états, Paris, Tallandier, 2007.
Les élites, gangrène de l’innocence 19
B/ Le cloaque de l’après-mai 68
dans des pinces, et enfin violé, à plat ventre sur un banc, par
les deux hommes. « Alors, ils urinaient sur moi », révèle l’auteur,
désormais expatrié au Québec.
Le trio se rendait souvent à Marrakech. Bergé et le couturier
avaient acheté le Jardin Majorelle et deux maisons, baptisées
Villa Oasis. Ils y reçurent le gratin des arts et de la musique
(Andy Warhol, les Rolling Stones, Catherine Deneuve, et bien
d’autres). « Cette ville était à l’époque le bordel de l’Europe
pour des gens très riches, avec un tourisme sexuel tourné vers
les mineurs », m’a indiqué Fabrice Thomas. Dans son livre,
il relate l’impensable : une scène de fellation qu’il aperçut
entre un enfant et l’intendant de la Villa Majorelle en pleine
place publique, sans que Yves Saint-Laurent ne réagisse à un
tel dévoiement. Mais le couturier, soumis aux bacchanales
du milliardaire rose, ne touchait pas, lui, aux mineurs, m’a
assuré l’auteur.
Ce n’était pas le cas pour l’homme d’affaires : « Yves Saint-
Laurent m’a dit et répété que Pierre Bergé se tapait des gamins
au Maroc. Il était très attiré par les prépubères », m’a affirmé
Fabrice Thomas. L’ex-patron du Monde s’en est ouvert, sous
une forme de démenti qui n’en est pas un, dans un entretien à
Marrakech en 2016 avec Léa Salamé sur France 2 : « À l’époque,
les mœurs étaient plus libres qu’aujourd’hui, dit-il, spéciale-
ment au Maroc. La sexualité était plus débridée, et on y faisait
moins attention. Quand on dit que je faisais des partouzes à
Marrakech avec Jack Lang et des petits garçons, j’aurais même
pas voulu car j’aime pas les petits garçons. »
Puis, interrogé sur un extrait d’une de ses Lettres à Yves
à propos des « rapports qui ne sentaient ni l’argent ni la
vulgarité » avec des garçons marocains « gentils et beaux », au
« corps musclé », Bergé confirme : « C’est vrai, j’en ai connu
beaucoup, on avait de très agréables relations, on buvait du
thé à la menthe, ils nous invitaient à déjeuner dans leurs
familles » […] « Il n’y avait aucune prostitution. Il y avait
probablement de la prostitution, mais moi je n’ai pas un
grand goût pour le tourisme sexuel. C’était juste une manière
de vivre sa sexualité. »
Chacun peut décoder comme il l’entend ces commentaires,
même s’ils paraissent dépourvus du moindre sous-entendu.
26 La Pédocratie à la française
1. Communiqué à l’AFP.
30 La Pédocratie à la française
Springora pour que cet éditeur l’accepte enfin. Ses lettres y ont
été publiées par Matzneff sans son autorisation. Certaines sont
aussi utilisées dans Les moins de seize ans, un plaidoyer pédo-
phile, sans accord non plus de la victime.
En 2004, Francesca Gee avait écrit un manuscrit sur sa
relation avec l’écrivain, y pointant un « cataclysme qui s’était
abattu sur moi à 15 ans, et qui devait changer le cours de mon
existence », et la laissant « honteuse, amère, confuse ».
Aucun des éditeurs contactés n’avait accepté de le publier,
soit Albin Michel, Bayard et… Grasset, la maison qui a édité
Le consentement. Les directeurs de collection interrogés par
le New York Times ont évoqué la puissance de Matzneff dans
l’élite comme contre-feu à toute tentative de l’attaquer via
un tel ouvrage. Dans son entretien à Europe1 déjà cité, Pierre
Lassus a révélé qu’une de ses patientes, également victime de
Matzneff, avait renoncé à publier son histoire sous les menaces
de l’écrivain.
Francesca Gee révèle aussi que l’auteur l’emmenait chez une
gynécologue, Michèle Barzach, pour obtenir une prescription
de pilules contraceptives, alors que le faire sans autorisation
parentale était alors illégal. Mme Barzach fut ministre de la
Santé de Jacques Chirac sous la présidence Mitterrand de 1986
à 1988. « Dans ses autres journaux, M. Matzneff écrit que le
Dr Barzach devint la gynécologue chez qui, après sa rupture
avec Mme Gee en 1976, il a continué pendant des années à
emmener des jeunes mineures », note le New York Times.
L/ Un Coral sans ko
P/ De Zandvoort à Toulouse
écrit aussi : « Mon flirt permanent avec tous les gosses prenait
vite des formes d’érotisme. Je sentais vraiment que les petites
filles, à cinq ans, avaient déjà appris comment m’emmener en
bateau, me draguer. C’est incroyable. La plupart du temps,
j’étais désarmé. »
À l’époque, signe de ces temps obscurs hostiles à tous les
interdits jusqu’à l’abjection, aucun critique français n’avait
trouvé quoi que ce fût à redire sur ces jeux pour le moins aven-
tureux d’un révolutionnaire devenu député européen pour le
parti des Verts. Il fallut attendre… vingt-six ans, pour que cet
extrait soit mis sur la place publique en 2001, et en Allemagne,
par Bettina, la fille de la terroriste de la Fraction armée rouge
(FAR), Ulrike Meinhof, décédée en 1976 par suicide dans sa
prison de Stuttgart-Stammheim.
La reprise du texte dans de nombreux médias déclencha
une violente polémique en Europe, et notamment en France,
marquée par sinon le soutien, du moins une tolérance encore
solide dans l’intelligentsia parisienne. Comme tous les trans-
gresseurs de ces années-là, Cohn-Bendit invoquera, auprès
de l’hebdomadaire français L’Express, « l’humeur du temps,
(qui) était à la révolution sexuelle ». Même s’il y reconnaît son
« inconscience insoutenable », et qu’il se prenait pour le « carre-
four du gauchisme » à lui tout seul, il tempère son propos par le
fait qu’il aurait « raconté ça par pure provocation, pour épater
le bourgeois », mais finit par un aveu : « Sachant tout ce que je
sais aujourd’hui des abus sexuels, j’ai des remords d’avoir écrit
tout cela. »
Pour de nombreux observateurs de la vie politique fran-
çaise, cette épine a infecté sa biographie au point de gangrener
des ambitions supérieures à celles de député des Verts, ce qu’il
fut en France (1994-1999) puis en Allemagne (1999-2014).
Pendant la campagne des élections européennes en 2009, Fran-
çois Bayrou, président du MoDem, avait attaqué Cohn-Bendit :
« Je trouve ignoble, moi, d’avoir poussé et justifié des actes à
l’égard des enfants que je ne peux pas accepter. »
Cette offensive se poursuivit avec intensité en 2013. En
Pologne, le député dut renoncer en avril à participer à un
colloque à Wroclaw pour éviter une confrontation avec des
manifestants hostiles.
50 La Pédocratie à la française
autre ville après avoir purgé leur peine, sans même que leur
casier judiciaire ne soit transmis à l’Éducation nationale.
Cette aberration a été dénoncée par Ségolène Royal le
3 janvier 2020 au micro de BFM-TV. Ministre de l’Enseigne-
ment scolaire de 1997 à 2000, elle a évoqué une complaisance
à l’égard des prédateurs, et « cette période de souffrance lors
des premières instructions contre la pédophilie dans le milieu
scolaire. C’était un tabou. Avant, on mutait discrètement les
pédophiles, si possible outre-mer, comme ça c’était loin, on
n’en entendait plus parler ». Elle avait évoqué par la suite
d’autres mutations en milieu rural isolé.
Interrogé à son tour, Jean-Michel Blanquer, à son poste
aujourd’hui, a étrangement démenti son ex-collègue, dans
une méconnaissance démontrée des dossiers antérieurs : « Je
pense que tout ceci n’a pas de fondement », dit-il.
Pourtant, Mme Royal avait été la première dans les milieux
politiques à combattre ce fléau. Son Instruction de 1997
concernant les violences sexuelles, a rappelé Libération, réitérait
l’obligation de signalement aux recteurs, inspecteurs et plus
généralement à toute la communauté scolaire, en cas de remon-
tées de faits pouvant s’apparenter à de la pédocriminalité.
En 2001, l’ex-ministre avait même mis en cause une « loi du
silence » autour des violences sexuelles sur des enfants dans des
établissements scolaires : « Dès notre arrivée rue de Grenelle,
nous avons confié à l’inspection générale une enquête. Elle
a confirmé l’existence d’une véritable “culture de l’étouffe-
ment”. » Un rapport commandé par elle la même année, mais
resté secret et publié en partie par Libération le 12 février
2020, révélait l’existence à l’époque de « vingt-deux muta-
tions pour agressions sexuelles ou pédophilie ». Ce terrible
aveu n’a pas provoqué le moindre remue-ménage dans l’Édu-
cation nationale.
La petite ville de Villefontaine (Isère) a été le cadre en
mars 2015 du plus grand scandale connu de pédocrimina-
lité dans l’Éducation nationale. Un professeur et directeur
de l’école primaire locale, Romain Farina, est arrêté, mis en
examen pour viols aggravés et détention d’images pédoporno-
graphiques, puis incarcéré après les révélations de deux fillettes
de six ans. Il sera par la suite radié de l’Éducation nationale.
70 La Pédocratie à la française
ont été laissés chez des gens qui leur ont fait du mal, et que ce
sont aujourd’hui des bombes qui courent le risque de devenir,
une fois adultes, eux-mêmes des abuseurs. Frank Lavier, c’est
sûr, sa femme ? Et les deux parents Brunet », relève le rapport.
I/ « Tous coupables »
Lolita en France
et en Grande-Bretagne
La pédocratie à la française :
les pédophiles se cachent à la vue de tous
1. Psychiatre.
2. Retour à Outreau. Contre-enquête sur une manipulation pédocrimi-
nelle, Kontre Kulture, 2013, 334 p.
124 La Pédocratie à la française
Gérard Lopez
ANNEXE I
La 121e journée de Sodome
[Avertissement au lecteur
Compte tenu de ses révélations effrayantes, touchant à
l’insoutenable, il est recommandé à ceux qui ne sont pas prêts
à supporter les effets de sa lecture d’ignorer cette Annexe. Loin
de correspondre à un doute sur l’authenticité de son contenu,
cette mise en garde s’arrime à la certitude que de tels faits se
sont bien produits, à partir des dossiers judiciaires et médicaux
en possession de l’auteur. Last but note least, les atrocités ici
décrites ne sont pas des cas uniques, comme l’ont confirmé des
juges et des psychiatres à l’auteur.]
Dès ses premiers pas dans cette nouvelle maison, son père
a des gestes bizarres lorsqu’il se lave avec elle. Un an plus
tard, il lui caresse régulièrement le sexe, l’anus avec ses doigts
ou sa langue, raconte-t-elle dans son mémoire. « Il m’apprend
à manger des sucettes d’une façon très particulière. Il me
demande de lui faire des “fellations” (il me dit “mange la
sucette de papa comme le bonbon, ça va me faire très plaisir et
ça va me guérir”). J’ai donc cru pendant de nombreuses années
qu’il était gravement malade. Alors je m’exécutais afin qu’il
guérisse, car s’il mourait ce serait de ma faute. »
Elle vit dans l’horreur et devient énurétique. La violence
contre elle commence. Ses parents la frappent à coups de
martinet et l’obligent chaque matin à laver ses draps à la main
dans une bassine d’eau froide, avant d’aller à l’école. Elle est
toujours en retard en classe, car son père abuse d’elle à son
lever. Sa mère, institutrice, invoque son refus de s’habiller
comme excuse. « Aucune enseignante ne s’aperçoit de mon
calvaire », écrit la jeune femme. « Parfois, je dois dormir dans la
baignoire sans pyjama ni couverture. » Sa sœur, elle, est épar-
gnée par le couple maudit, et participera bientôt aux cérémo-
nies criminelles sans jamais épargner sa cadette.
Elle a 8 ans quand son père lui impose son premier viol par
pénétration, suivi d’une « intense douleur dans le ventre ». C’est
l’été. On l’envoie chez la demi-sœur du père et son compagnon.
Pendant 15 jours, elle est violée par deux bourreaux supplé-
mentaires. Ils la louent à des amis, qui paieront une coquette
somme aux parents adoptifs à son retour.
Un an plus tard commencent avec d’autres enfants des soirées
de viols collectifs et orgies sexuelles, filmées et photographiées.
Les futures autres victimes sont choisies dans un « catalogue de
photos qui circule au sein du réseau et de la secte ».
Le couple adopte un troisième enfant en 1991. Philippe a
huit mois. Lui aussi deviendra leur victime.
La curée
presque des dieux pour moi. Nous avons appris à faire notre
première fellation ; bien sûr pour moi c’était normal, mais
interdit de le dire à maman. À cette époque je la détestais, je la
prenais pour ma rivale.
« Ils ont commencé à filmer les séances sexuelles avec le
caméscope de mon grand-père. E., elle aussi sodomisée, avait
quatre ans. M. fut violée et sodomisée à la fois par son père
et A., JL. vendait les K7. Il avait un carnet avec les adresses et
téléphones de ses clients.
« Un jour, mon père m’a fait découvrir un grand secret : une
cave dans l’un des nombreux souterrains sous le village. Des
enfants y étaient gardés dans des cages. Je leur portais à manger
à la demande de mon père. Je suis devenue sa complice.
« Ces enfants pleuraient et criaient tout le temps, entre
tortures et viols avant leur mort. Mon père et d’autres hommes
venaient un jour de violer une petite fille, Nadia. J’étais un peu
jalouse, mais ensuite j’ai été satisfaite car j’ai pu assister à la céré-
monie. Au lieu d’être seulement abusée, je pouvais participer aux
viols. A. m’a dit que “les lois étaient fausses et qu’il ne fallait pas
les croire, car ceux qui les avaient faites étaient des cons”.
« Ils m’ont ordonné de faire bouillir de l’eau et de la verser
sur l’enfant. Ils l’ont frappée avec des ceintures, des bouts de
bois, et l’ont brûlée avec des cigarettes allumées.
« Ensuite ils m’ont ordonné de couper le clitoris de la fillette.
Je ne savais pas ce que c’était. Ils m’ont montré, et m’ont dit :
“coupe ici”. Je l’ai coupé. J’ai aussi coupé le sexe d’un petit garçon
brun. Dès que les enfants étaient évanouis, inanimés, le docteur
X. prélevait des organes : des yeux, mains, doigts, cœur, foie, et
les mettait dans des bocaux. Ils ont enterré les enfants dans la
nature. Nadia, ils l’ont mise dans une caisse en bois qu’avait faite
mon père. JL., M. et A. mangeaient de la chair humaine. »
Une dizaine de meurtres d’enfants ont été exécutés en un
an, selon Nina. Elle a montré avec précision le plan des souter-
rains sur une carte, dans le documentaire télévisé déjà cité. J’en
ai obtenu copie auprès de l’ONG suisse où s’était réfugiée la
mère de Nina en 1997 avec ses enfants, après le rejet de leurs
plaintes par la justice française.
ANNEXE I 139
1. Le CIDE. Lausanne.
ANNEXE I 143
3 – Clémence, en laisse
nom. Je peux vous dessiner la maison, elle est gravée dans mon
esprit. Mais je ne puis vous dire où elle se trouvait, car on m’y
emmenait en voiture. Ma mère me jetait dans le coffre. Je vivais
totalement nue chez le dresseur, avec un collier de chien au
cou, attachée à un radiateur. Avec moi il y avait un petit garçon
qu’on appelait mon jumeau, Michel. Il vivait chez le dresseur.
« Michel est décédé après une soirée de tortures où l’on
nous a martyrisés avec des poinçons puis enterrés vifs. Nous
portions des aubes. J’ai survécu, pas lui. Ça s’est passé pendant
la nuit de la Saint-Jean. J’ai survécu car j’ai fermé la bouche.
Je me souviens du goût de la terre. On nous a déterrés. Michel
était mort, et il me hante.
« Nous avions sept ans, on nous imposait des rituels. Nous
étions traités comme des bêtes. Le dressage consistait à savoir
satisfaire le client et à résister à la douleur extrême, car dans
ces soirées il y avait des rituels ésotériques à tendance sata-
nistes, comme celui de la Vierge ou des Gémeaux. Gloire à
Satan ! était répété sans cesse pendant qu’on nous torturait.
J’ai dû apprendre à faire le signe de la croix à l’envers, avec ma
main gauche alors que je suis droitière. Je devais cracher sur un
crucifix. On m’a tellement forcée à écrire de la main gauche que
je suis désormais ambidextre.
« Dans la maison du dresseur, je devais faire mes besoins à
heure fixe, dans le jardin, attachée à une longue laisse qu’il tenait
dans sa main. J’étais pire qu’une bête. Il tartinait mon sexe de
nourriture pour animaux, et le chien me léchait. Il me forçait
à manger dans la gamelle de son Malinois. J’ai dû copuler avec
des animaux. Mon tortionnaire m’imposait de l’appeler maître.
Il refusait que nous le regardions en face dans les yeux. Nous
avons été filmés, des cassettes ont été faites, avec des meurtres
d’enfants, ce qu’on appelle des snuff-movies. L’homme utili-
sait aussi une muselière adaptée pour les enfants, une espèce
de harnais que l’on enfile sur la tête avec une boule dans la
bouche. Dans mes flashes, les caméras et appareils me semblent
nombreux. C’est brumeux dans ma tête, mais je sais que je suis
allée dans d’autres endroits avec des adultes très bien habillés.
« Le ministre gaulliste déjà cité est souvent présent dans
mes souvenirs, plus souvent spectateur qu’acteur. Je l’ai vu
dans ces soirées jusqu’à mon suicide manqué à l’âge de huit
ANNEXE I 147
« Je ne sais plus à quelle occasion, je lui avais dit que les
papas qui aiment leur fille ne leur font pas de telles choses.
Il m’avait alors répondu que je n’en savais rien car mon papa
était souvent absent. Il avait ajouté que de toute façon même
si je racontais cela à mes parents, ils penseraient que je raconte
n’importe quoi.
« Je me souviens d’une autre fois où je me trouvais chez lui.
Je me brossais les dents dans la salle de bains. Mes souvenirs
sont flous. Je pense que là aussi, il y a eu pénétration. Je me
rappelle que pendant qu’il faisait ses choses, j’avais du denti-
frice plein la bouche.
« Une fois encore, j’ai dormi dans leur lit. Je pensais qu’il
ne ferait rien à cet endroit. C’est peut-être moi qui ai demandé
à dormir avec eux, pensant être à l’abri car sa femme était
présente. Je me trouvais de dos sur sa gauche. Sa femme se
trouvait sur sa droite, elle ronflait. Il a mis sa main sur ma
bouche et a tenté une pénétration anale. Je serrais les fesses.
N’y parvenant pas, il a effectué une pénétration vaginale.
En même temps, il me caressait partout. Il m’a demandé de
l’embrasser et de me retourner mais j’ai refusé. J’avais un
caleçon rouge à pois blancs, qu’il avait glissé. Sa femme avait
un bandeau sur les yeux.
« Il m’a dit qu’elle n’entendait rien, peut-être avait-elle des
boules Quiès. Les draps de lit étaient bleu marine, il y avait un
palmier dessus. Sur la fenêtre, il y avait un store en bambou.
« Je sais qu’à un moment sa femme a bougé. Je ne sais pas si
elle s’est doutée de quelque chose.
« À la mer, il me faisait passer entre ses jambes sous l’eau et
je le voyais se tripoter. Il répétait qu’il m’aimait. Je pense qu’il
m’aimait réellement mais je ne trouvais pas ça normal. Moi
je ne l’aimais pas, ce qu’il me faisait me déplaisait. Pendant
ses actes, j’étais ailleurs, j’étais absente physiquement. Je ne
ressentais plus rien, je subissais. Je me disais que si c’était ça
aimer, et bien je n’aimerais jamais.
« Je ne peux dire combien de fois cela s’est produit, que ce
soient des pénétrations ou des attouchements.
« Nous sommes rentrés en France en 1988 et nous nous
sommes installés dans le Sud. La famille R. est arrivée à Paris
vers les années 1989-1990. Marcel a téléphoné à ma mère pour
152 La Pédocratie à la française
Hélène Romano
Docteur en psychopathologie, en droit privé et Sciences
criminelles. Psychothérapeute spécialisée dans la prise en
charge des blessés psychiques.
BIBLIOGRAPHIE
Livres
Revues
Télévision
Films
Sites internet
– www.pedopolis.com
– www.dondevamos.canalbog.com
PRINCIPALES ASSOCIATIONS
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