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L'art de tirer les cartes, avec

toutes les explications


anciennes et modernes des
cartomanciens les plus
célèbres : [...]

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


Magus, Antonio (18..-18..?). Auteur du texte. L'art de tirer les
cartes, avec toutes les explications anciennes et modernes des
cartomanciens les plus célèbres : précédé d'un dictionnaire
abrégé des sciences divinatoires / par Antonio Magus. 1875.

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L'ART

DE TIRER LES CARTES


la i n
E

TIRER LES CARTES


-w»
A V E <; l'OU'rE-l LES KXl'LI ^ A 1' IU N >

A N I EN N E5 ET M 0 1) E li N E S

DES CARTOMANCIENS LES PLUS CÉLÈBRES

l'HÉcÉDÉ u'u:\

DICTIO.NiNAIUE ABRÈCË DES SCIENCES DIVINATOIRES

G\RNlER FRÈRES, LIBRAIRES- ÉDITEURS


4
6. HUE DES SAINTS-PÈRES. .,

1875
PREMIÈRE PARTIE

LES SCIENCES DIVINATOIRES

De tout temps, depuis l'antiquité la plus re-


culée jusqu'à nos jours, l'homme a constam-
ment et irrémédiablement été porté à plonger
des regards inquiets dans l'avenir, à chercher
les moyens de pénétrer au. delà des sphères
du présent.
Il semble que ce soit une aspiration inhé-
rente à la nature humaine, car on trouve des
pratiques de sorcellerie, de magie, de divina-
tion établies chez tous les peuples sauvages.
Le métier de devin y est un des plus lucratifs
et souvent un des plus honorés. Partout on voit -
que le premier besoin de l'homme, après avoir
pourvu à sa nourriture, à ses premières et plus
impérieuses nécessités matérielles, est decher-
cher, dans la prescience du futur, une espérance
d'un sort meilleur.
On conçoit, dès lors, que pour des esprits in-
cultes, pour des âmes naïves, la magie, la sor-
cellerie tiennent lieu de "religion ou soient elles-
mêmes une religion.

II

Chez les anciens, la divination devint une


véritable science, un art muni de ses règles, de
ses préceptes, établi sur des bases mysté-
rieuses, étroitement lié avec la religion, plus
ou moins perfectionné, plus ou moins adroit et
ingénieux, selon le degré d'intelligence et de
civilisation du peuple chez lequel on l'exerçait.
Certains hommes se prétendirent en posses-
sion exclusive des secrets de la divination,
liés aux puissances surnaturelles par des chaî-
nes inaccessibles au vulgaire. Ces devins, —
astrologues, augures, sorciers, peu importe le
nom sous léquel on les qualifie, — étaient-ils
-tous de bonne foi? Cela paraît excessivement
douteux. Mais ce qu'il y a de certain, c'est que
les croyants étaient nombreux et que ce n'é-
taient pas seules les classes ignorantes et
déshéritées qui en fournissaient le contingent.
Si l'homme pauvre et malheureux est poussé
à chercher une consolation à ses
maux dans
l'espérance, l'homme riche et heureux est
souvent doué de trop peu de sagesse pour se
contenter du présent et en jouir avec tranquil-
lité. Dévoré d'ambition, de curiosité, d'inquié-
tude, l esprit humain est impatient de connaître
le secret du lendemain, et l'on voit, à toutes les
époques de l'histoire, les plus grands, les plus
puissants parmi leurs contemporains demander
Ù la science des devins, des faiseurs
de pré-
dictions, de leur ouvrir les
arcanes du grand
livre de la destinée.
Combien de grands hommes, tout
ou au moins
d'hommes signalés par l'énergie de leur
^

carac-
tère, n'a-t-on pas vu croire aux présages, à
l influence des astres,
aux rapports mystérieux
de certains individus avec
un monde supérieur
et invisible ?

nI
Sans remonter aux époques reculées du
ganisme, à la foi d'Agamemnon dans les pa-
cles, à la crédulité de César et de la plupart
ora-
des
héros de Rome, ne voyons-nous pas dans les
temps modernes et dans notre propre histoire
deux grands hommes' de caractères bien diffú-
rents, mais doués tous deux- d'une égale éner-
gie, demander des conseils, des inspirations,
aux oracles que comportent les mœurs de leur
époque?
Louis XI consultait peut-être encore plus
souvent son astrologue que son médecin, et il
les redoutait plus tous les deux, à coup sûr,
que sa bonne Notre-Dame d'Embrun.
Napoléon Ier croyait à son étoile, et toutes
-les traditions, tous les témoignages, s'accor-
dent à affirmer qu'il se faisait tirer les cartes
par mademoiselle Lenormand.
Le xvi" siècle, plus que tous les autres, a été
fécond en illustres adeptes de la magie.
Sans égaler Louis XI et Napoléon, CaLherine
de Médicis peut assurément être comptée
parmi les personnages politiques les plus fermes
et les plus énergiques. Non-seulement nous
avons des preuves écrites et imprimées de son
goût et de sa foi pour l'astrologie, mais encore
elle nous en a laissé un témoignage monumen-
tal au cœur même de Paris ; c'est la colonne
en pierre élevée dans l'ancien hôtel de Soissons
pour servir d'observatoire astrologique à Cosme
Huggicri, et qu'on peut voir encore adossée à
la rotonde de la Halle au blé.
Le xviie siècle nous offre encore parmi les
célèbres croyants le pieux roi Louis XIII, qui
aimait tant à se faire faire des horoscopes. C'est
à peu près de la mème époque que date le
fameux talisman de Wallenstein, conservé dans
le trésor impérial de Vienne.
Au XVIIIe siècle, le scepticisme général de la
noblesse et de la haute bourgeoisie n'empècha
pas les gens qui se disaient les plus philoso-
phes de s'affoler du baquet magnétique de Mes-
mer et des convulsionnaires de Saint-Médard,
des enchantements de Cagliostro, qui faisait
souper le cardinal de Rohan avec hl reine Cléo-
pâtre, et du miracle de longévité du comte de
Saint-Germain.
Enfin, en plein xixe siècle, sans compter
les chiromanciens, les nécromanciens, les ti-
reuses et les tireurs de cartes, les diseuses
de bonne aventure de toute sorte, n'avons-
nous pas vu tout récemment encore la vogue du
magnétisme, des consultations somnambuliques,
du spiritisme, de la seconde vue, des tables
tournantes, des évocations des morts, le succès
de M. Home, le fameux médium, et la popula-
rité du zouave guérisseur?
IV

Il y a deux sortes de divinations ; la divina-


tion naturelle, qui est celle des prophètes
inspirés, qui, par une sorte d'intuition, d'illu-
mination intérieure, d'hallucination mentale,
prétendent voir l'avenir sans avoir besoin de
se servir d'aucun moyen matériel, de consulter
aucun signe physique ou extérieur; — et la di-
vination en quelque sorte artificielle qui, par
une sorte d'art ou de science, tire des pronos-
tics ou des inductions de l'examen de certains
objets ou des personnes mêmes qu'elle inté-
resse.
On compte près de cent modes ou dénomina-
tions de modes de divinations articielles. Nous
allons énumérer et analyser les principaux,
succinctement pour la plupart, seulement à titre
de curiosité.
N'est-il pas curieux en effet d'avoir un
aperçu des divers procédés employés à diffé-
rentes époques par l'homme pour découvrir la
clef mystérieuse des portes de l'avenir?
Nous ferons remarquer d'abord une singula-
rité assez bizarre de l'étymologie de la plupart
des dénominations données à ces sciences di-
verses.
Presque tous les noms se terminent par ces
deux syllabes : man-cie, du mot grec ¡~J-rxv't"EtC<
qui signifie présage, divination, lequel est dérivé
de ~[/.avriç, devin, dont la racine primitive est
le verbe ~¡J-rxLVo:J.rxl, je suis en délire. Cette
expression s'explique par cette circonstance
que les devins en Grèce ne parlaient que sous
l'influence d'une exaltation, d'un égarement,
d'une hallucination prophétique.
Cet état de folie divinatoire passait pour sacré
chez les anciens et était l'objet d'un grand res-
pect.

AEROMANCIE.

C'était l'art de prédire l'avenir par l'inspec-


tion de l'air.
Le devin s'étendait une ample couverture
sur la tête, et venait se placer en plein air au-
dessus d'un grand vase rempli d'eau. Dans cette
position, il énonçait ses questions à voix très-
basse, de façon à ne pas être entendu de l'as-
sistance.
Si l'air, interrogé par lui, faisait frissonner
l'eau du vase, l'oracle était favorable, et il y
avait tout lieu de bien augurer de l'entreprise
sur laquelle on l'avait consulté.
Si l'eau ne bougeait pas, c'est qu'il y avait à
douter du succès.
On le voit, c'était une sorte de réussite par
l'air et l'eau.
Suivant François de la Torre-Blanca, juris-
consulte espagnol, auteur d'un livre curieux
sur les crimes des sorciers, l'aeromancie con-
sisterait à deviner l'avenir en faisant apparaître
des spectres dans les airs, ou en représentant,
avec l'aide des démons, les événements futurs
dans les nuages, comme dans une lanterne ma-
gique.

VI

AIGOMANCIE.

chèvre, au génitif ~afyo;.) C'était l'art de


(Aie,
prédire l'avenir par l'observation des mouve-
ments ou du bêlement d'une chèvre.
VII

ALECTRYOMANCIE.

~CA)'EXTfU6W,coq.) C'était l'art de prédire en se


servant d'un coq.
Le devin traçait un cercle qu'il divisait en
vingt-cinq cases. Dans chacune de ces cases,
affectée à une lettre de l'alphabet, il mettait un
grain de blé.
Le coq était ensuite introduit dans le cercle,
et l'on suivait ses mouvements en observant
l'ordre dans lequel il mangeait les grains de
blé. On plaçait les lettres de chaque case dans
le même ordre, et l'on composait ainsi des mots.
C'était du sens de ces mots, souvent du sens
approximatif, qu'on tirait des pronostics pour
l'avenir.
On raconte que le philosophe et astrologue
Jamblique, qui vivait au ive siècle de notre
ère, sous le règne de l'empereur Valens, em-
ploya l'alectryomancie pour connaître le nom
du successeur de ce souverain.
Le coq mangea les grains de blé des cases
correspondant aux lettres t, h, e, o, d.
L'empereur ayant eu connaissance de ce fait,
condamna à mort plusieurs des curieux qui
avaient assisté à l'expérience.
L'historien Zonaras prétend même qu'il fit
périr tous les personnages de quelque impor-
tance dont le nom commençait par les lettres
t h e o d... Ce qui n'empêcha point Valons d'a-
voir pour successeur Théodose le Grand.

VIII

ALEUROMANCIE.

("AÀwpov, farine). Ce mot grec, qui signifie


par excellence la farine de froment, donne lieu
de penser que cette farine seule était employée
dans la divination par l'aleuromancie. Apollon,
qui présidait à ce mode de magie, est appelé
quelquefois par les écrivains Aleuromantès.
La pratique consistait à placer des billets
variés dans un monceau de farine mouillée, qu'on
roulait. On partageait la galette ainsi obtenue
entre les consultants, et chacun d'eux déduisait
son horoscope' des mots écrits sur le billet qui
lui était échu.
IX

ALPHITOMANCIE.

, polenta ou farine d'orge et peut-ètre


~("AÀqll't"OV

de maïs.)
Ce mot s'appliquait plus particulièrement au
même genre de divination quand on y em-
ployait de la farine d'orge.
On se servait aussi de l'alphitomancie comme
moyen de magie judiciaire, en faisant manger
à l'accusé un morceau de gâteau de farine
d'orge. S'il était innocent, il l'avalait aisément,
mais, s'il était coupable, il ne pouvait réussir à
le digérer.
L'alphitomancie était encore pratiquée d'une
autre façon et pour un autre objet dans un bois
sacré, situé près de Lacinium.
Il y avait dans une caverne placée au fond de
ce bois un dragon ou un serpent. Lors des
jours consacrés, les jeunes filles prenaient
chacune un gâteau de farine d'orge et de miel
et allaient, les yeux bandés, le porter au mons-
tre. « Le diable, dit Delrio, dans son célèbre
livre, les Recherches magiques, traduit en
français en 1611, les conduisait leur droit che-
min. Celle dont le serpent refusait de manger
le gâteau n'était pas sans reproche. »

ANÉMOSCOP1E.

vent.) Système de divination par l'ins-


~("AVEfJOÇ,

pection des vents.

XI

ANTIIRACOMANCIE.

charbon.) Pratique divinatoire exé-


~("AvOpa^

cutée au moyen du charbon.

XII

ANTHROPOMANCIE.

homme.) Divination par l'examen


("Av0pw7roç,
des entrailles d'hommes ou de femmes qu'on
égorgeait.
Cette horrible pratique a été fort usitée chez
plusieurs peuples, notamment chez les Scythes,
et, suivant Strabon, on la trouve aussi chez les
Lusitaniens (Portugais).
Les Grecs l'employaient volontiers, car on lit
dans Hérodote que Ménélas, jeté par une tem-
pête sur les côtes d'Égypte, égorgea deux en-
fants pour demander à leurs entrailles le se-
-

cret de sa destinée.
Parmi les Romains, on cite Héliogabale, le
monstrueux empereur, comme ayant employé
ce féroce procédé. Enfin, suivant Cedrenus et
Théodorat, Julien l'Apostat faisait tuer dans
ses opérations magiques et ses sacrifices noc-
turnes un grand nombre d'enfants pour consul-
ter leurs entrailles. On raconte même que ce
barbare empereur se trouvant à Carva, en Mé-
sopotamie, lors de sa dernière expédition, s'en-
ferma dans le temple de la Lune pour se livrer
à ses pratiques magiques. En sortant il eut soin
de faire sceller les portes et d'y placer une
garde qui ne devait être réélevée qu'à son re-
tour de la campagne qu'il entreprenait contre
les Perses. Comme il fut tué peu de temps
après dans une bataille, les portes furent dé-
foncées, et l'on trouva dans le temple le cadavre
d'une femme suspendue par les cheveux, les
mains étendues comme celles d'un crucifié, le
ventre ouvert, et le foie arraché.
XIII

ARITHMOMANCIE OU ARITHMANCIE.

~("Apiôjxoç,nombre.) Divination au moyen du


calcul des nombres et des chiffres.
L'arithmomancie fut.très-usitée chez les Grecs
et chez -les Chaldéens.
Chez-les Grecs, pour pronostiquer, par exem-
ple, quel serait le vainqueur de deux combat-
tants adverses, on calculait le nombre et la va-
leur des lettres dont se composait le nom de
chacun des deux combattants. Celui dont le nom
présentait la plus grande somme de valeurs
d'après ce calcul était présumé devoir triompher
de l'autre.-
Chez les Chaldéens, l'alphabet était divisé en
décades, dans lesquelles certaines lettres étaient
répétées plusieurs fois. Pour tirer l'horoscope
d'un consultant, on changeait les lettres de son.
nom en lettres numérales ; on en formait ainsi
des nombres de plusieurs chiffrer qu'on
rap-
portait au nombre-représentant les planètes, et
de l'inspection de ces planètes on déduisait des
pronostics pour l'avenir.
Les pythagoriciens et les platoniciens prati-
quèrent beaucoup l'arithmomancie.
Du reste, les nombres ont toujours exercé une
grande influence sur les esprits enclins à la su-
perstition. L'unité marquait le caractère sublime
de la Divinité. Les nombres impairs, et entre
autres le nombre trois, étaient en grande véné-
ration chez les anciens; ils étaient consacrés aux
choses divines : numéro Deus impare gaudet
(Dieu est favorable au nombre impair). Un grand
nombre de dieux et demi-dieux du paganisme
sont groupés par trois; les trois juges des en-
fers, les trois Grâces, les trois Parques, etc.
Le nombre trois, dans le christianisme, a
fourni la trinité; dans la franc-maçonnerie il
donne le triangle, et le philosophe Pierre Le-
roux en a fait la base de sa triade.
Le nombre quatre était regardé par les pytha-
goriciens comme la figure de la perfection ; et il
est remarquable qu'en la plupart des langues,
excepté en italien et en anglais, le nom de
Dieu est formé de quatre lettres.
Le nombre sept était un nombre sacré chez
les Hébreux, et, pour beaucoup de praticiens
modernes de la divination, sept est un nombre
fatidique dans un sens favorable.
Le nombre treize, au contraire, est fatidique
dans un sens mauvais et néfaste. Combien ne
voit-on pas, de notre temps même, d'esprits
distingués à qui le nombre treize inspire une
profonde terreur!

C'est Pythagore qui fut le créateur de cette


mystagogie numérique qui s'étendait à la plu-
part des nombres : on a pensé toutefois que
les chiffres n'étaient pour lui que des sym-
boles énigmatiques sous lesquels il dissimulait
sa doctrine, comme les diplomates dissimulent
leurs communications sous les correspondances
chiffrées.
La science, tout en protestant contre la va-
leur fatidique des nombres, n'a pas laissé que
de signaler dans certains nombres des proprié-
tés singulières; c'est ainsi qu'elle a observé,
par rapport au nombre 9, que tous les multi-
ples de ce nombre sont composés de chiffres
dont la somme fait toujours 9 (2 X 9 = 18, or
1 --f- 8 = 9; 9 X 9 = 8 1
81, or + = 9; 13
X 9 = 117, or 1 + 1 7 = 9). Une autre
particularité de nombre 9, c'est que si l'on ren-
verse l'ordre des chiffres qui expriment un
nombre quelconque, la différence du nombre
direct et du nombre renversé est toujours un
multiple de 9; par exemple 53 35 = 18 ou

9X2; 4781
— 1874 = 2907 ou 9 X 329.
combinaison de nombres qui a lait
C'est une
naître l'idée de ce qu'on appelle les carrés ma-
giques.
Ce carré est formé de plusieurs carrés par-
lesquels les termes d une
tiels dans on range
progression arithmétique, en leur assignant une
position telle les nombres compris dans
que
verticale horizontale, étant
chaque colonne ou
additionnés, produisent respectivement la mème
l'addition de ceux de chaque bande
somme que
diagonale s'étendant d'un angle quelconque de
la figure à l'angle opposé.
Un exemple fera comprendre parfaitement
Si, conformément à la règle
cette définition.
prescrite, vous distribuez plusieurs termes
progression différence, tels que 1, 2,
d'une par
3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 0, dans les cases du carré
ci-dessous,
~ ~
5 10 3

4 G 8

9 2 7

il est aisé de reconnaître que vous obtenez


5 +10+ 3 = 4+ 6 8 + =
9-[-2 + 7 ::~-- 5 + .
4+ 9 = 10+ 6 + 2 = 3+8 + 7= 9 + 6 + 3
= 7 + 6 + 5.
C'est Manuel Moschopule, arithméticlon
grec du xiv° siècle, qui fut conduit le premier,
par l'usage des progressions, à la découverte de
ces carrés, qu'il appela magiques, à cause de
leurs propriétés singulières ; il chercha et par-
vint à trouver une règle pour les former.
Le célèbre Corneille Agrippa s'exerça sur le
même sujet, et crut apercevoir dans les carrés
des sept nombres compris entre 2 et 10 une
analogie mystérieuse avec les sept planètes
connues de son temps.
Plus tard, Bachet de Méziriac, membre de
l'Académie française, étudia la construction
des carrés magiques et découvrit une méthode
pour former ceux dont la racine est impaire.
Frenicle, Poignard, La Hire, Ozanam, se si-
gnalèrent successivement dans le même genre
et perfectionnèrent cette théorie, qui est sur-
tout une curiosité bizarre et amusante.
C'est aussi au moyen de combinaisons de
chiffres et d'une sorte d'arithmomancie que
des calculateurs ont prétendu avoir prédit l'an-
née de la chute de Louis-Philippe et l'année de
la déchéance de Napoléon III.
Les calculs présentaient cette physionomie :
Louis Philippe naît en 1773.
Additionnez ainsi : 1
7
7
3
Époque de l'avènement 1830
Vous trouvez au total l'année de la dé-
chéance 1848
La reine Marie-Amélie était née en
1782 1 mariée en 1809 1
7 8
8 -
0
2 9
1830 1830
Total, année de la
chute 1848 1848
Napoléon III était
né en 1808
.. 1
8
0
8
Il était marié en 1853
Total, année de
la chute
...
L'impératrice Eu-
18ïO

génie est née


en 1826 ... 1
8
mariée en 1853 1
8
2 5
6 ' 3
Année de son
mariage.... 1853 1853
Total, année de
la chute... 1870 1870
Napoléon III, né en 1808 1


8
0
1
fait signer le traité de Paris et est Il
l'apogée de sa puissance en 185r)
Il meurt en ..........
XIV
1873

AflUSPICINE.

Pratique des aruspices, devins de l'antiquité


qui jouirent longtemps d'un grand crédit à
Rome, surtout en raison de ce qu'il fallait un
certain degré de noblesse pour être admis à
exercer cette fonction.
Ils tiraient leurs présages de l'examen des
entrailles des victimes qu'ils immolaient. Cepen-
dant ils se bornaient quelquefois à l'étude sur
victimes..
nature vivante

L'examen se
des êtres désignés

faisait,
pour

quand
être

la victime
entrailles au mo-
était
tuée, d'abord sur l'état des
ouvertes, puis sur le
ment où elles étaient
plus ou moins d'intensité de la flamme que pro-
combustion. Si la flamme était
duisait leur
si elle montait droite vers le
vive et claire,
était favorable; si au contraire
ciel, le présage
épaisse, devait en mal

augurer;
elle était vacillante et
quand
se tordait en
la
brûlant,
queue
il y
de
avait
on
l'animal
lieu
immolé
de prévoir
de graves obstacles.
des indices sinistres dans
On trouvait encore
et surtout dans la fuite des vic-
la résistance
la maigreur du cœur, dans la con-
times, dans
formation irrégulière du foie.
rapporte que deux bœufs ayant été
L'histoire
le jour même où César fut as-
immolés à Rome
les deux cœurs de
sassiné, il fut constaté que
manquaient absolument.
ces animaux
XV

ASPIDOM AN CIE.

particulier aux Indes


Mode de divination
démonographe français
qui, selon le savant
des xvic et siècles Pierre Delancre, se
XVII°
pratiquait au moyen du bouclier,
sur lequel
le devin s'asseyait au milieu d'un cercle
pour
se livrer à toutes sortes de conjurations et de
contorsions, jusqu'à ce que l'inspiration extati-
que lui révélât les destinées ultérieures.

XVI

ASTRAGALOMANCIE.

nuque, vertèbre du cou.) Divina-


~(AO''tpIÍ'(ctÀoç,

tion au moyen d'osselets de vertèbres. Sur


une
face de ces osselets étaient inscrites les diverses
lettres de l 'alphabet. On les jetait au hasard, et
l 'on formait avec les lettres sorties
en vue des
mots qui indiquaient la réponse à faire au con-
sultant.
Suivant Pausanias, c'est par ce procédé qu'on
consultait dans sa caverne Hercule Buraique
et Géryon à la fontaine d'Apone.
Quand on se servait de dés au lieu d'osselets,
ce système de divination s'appelait CUBOMANCIE.
On pratique encore l'astragalomancio
en in-
scrivant sur une face des dés, au lieu de let-
tres, des chiffres qui représentent douze lettres
de l 'alphabet. On écrit la question qu'on pré-
tend faire au destin sur du papier noirci à la
fumée de bois de genévrier ; on place le papier à
l'envers et l'on jette les dés dessus. La combi-
naison des chiffres en vue doit vous donner la
réponse.
XVII

ASTROMANCIE OU ASTROLOGIE.

étoile.) L'astrologie commençapar être


~('AffTTip,

la science des astres. Mais on comprend que,


dès le début, les hommes, en observant l'in-
lluence des astres sur les saisons, sur la tempé-
rature, sur les variations de l'atmosphère, aient
été tentés de penser que les astres avaient aussi
une influence sur les destinées de chacun des
mortels.
Les Égyptiens, dit-on, et particulièrement
les habitants de Thèbes, en Afrique, furent les
premiers qui s'occupèrent des secrètes relations
qui pouvaient exister entre le mouvement des
astres et les événements à venir. Cependant
quelques auteurs indiquent Babylone ou la
Chaldée comme le berceau de cette science;
Quelques-uns donnent même à tous les astro-
logues le nom de Chaldéens et aussi celui de
généthliariens.
Plus tard, lorsqué les astrologues, à. force
d'abuser de la crédulité publique et de semer
des erreurs et des mensonges, eurent fait tom-
ber l'astrologie dans le discrédit, les praticiens
de cet- art prirent le nom de mathématiciens,
nom sous lequel ils furent désignés généralement
pendant presque toute la durée de l'empire ro-
main. Leurs manœuvres occasionnèrent tant de
troubles dans l'État, que le gouvernement de
Tibère crut devoir les bannir de Rome. Toute-
fois, la loi édictée contre eux fait une distinction
entre les mathématiciens et les géomètres.
Il est incontestable que l'étude de l'astrologie,
surtout chez les Arabes, contribua puissamment
aux progrès de l'astronomie.
L'astrologie jouit d'une grande vogue au
moyen âge en Europe, et particulièrement en
France. Ce fut en vain que Pic de la Mirandtle
la combattit énergiquementvers la fin du xv8 siè-
cle. Les rois et les princes ne continuèrent pas
moins de la tenir en très-grand honneur. Cathe-
rine de Médicis, aussi bien que Louis XI,
croyait sa destinée écrite dans les astres.
Plus de mille traités d'astrologie ont été écrits
dans les diverses langues, et cette science a
compté des adeptes au xvi" et au XVIIe siècle,
même parmi les savants les plus distingués,
tels que Cardan, Kepler et Cassini, qui, avant
de devenir un astronome et un géographe émi-
nent, fut un studieux astrologue.
Dans l'Inde et dans l'extrême Orient, l'astro-
logie joue encore un rôle très-important.
« Rien ne se fait ici, dit Tavernier dans son
Voyage Ù. Ispahan, que de l'avis des astrologues.
Ils sont plus puissants et plus redoutés que le
roi, qui en a toujours quatre attachés à ses pas.
Il les consulte sans cesse, et ils l'avertissent du
temps où il doit se promener, de l'heure où il
doit s'enfermer dans son palais, se purger,
se vètir de ses habits royaux, prendre ou quitter
le sceptre, etc. Ils sont si respectés dans cette
cour, que le roi Schah-Sophi étant accablé
depuis plusieurs années d'infirmités que l'art
ne pouvait guérir, les médecins jugèrent qu'il
n'était tombé dans cet état de dépérissement
que par la faute des astrologues, qui avaient mal
pris l'heure à laquelle il devait être élevé sur le
trône. Les astrologues reconnurent leur er-
reur ; ils s'assemblèrent de nouveau avec les,
médecins, cherchèrent de nouveau dans le ciel
la véritable heure propice, ne manquèrent pas
de la trouver, et la cérémonie du couronne-
ment fut renouvelée, à la grande satisfaction de
Schah-Sophi, qui mourutquelques jours après. »
Au Japon et en Chine, l'astrologie est encore
en pleine pratique.
Voici quelles sont les principes généraux de
l'astrologie :
Cette science ne reconnaît aujourd'hui en-
core, malgré les découvertes de l'astronomie,
que sept planètes, avec douze constellations du
zodiaque.
Chacun de ces corps célestes a une influence
sur chacune des parties de notre individu. j

Le soleil gouverne la tête, la lune commande i


au bras droit, Vénus dirige le bras gauche, Ju-
piter préside à l'estomac, Mars dicte des lois aux
organes de la génération, Mercure fait agir le j

pied droit, et Saturne met en mouvement le :


pied gauche.
Il y a bien à ces principes quelques variantes, v
suivant les doctrines des divers savants. J

Quant aux constellations, voici comment se ;


répartit leur action. Le verseau agit sur les jam- |
bes ; — les poissons sur les pieds ; — le bélier f
sur la tête ; — le taureau sur le cou ; — les
gémeaux sur les bras et les épaules ; — récre- *

visse sur la poitrine et le cœur ; — le lion sur |


l'estomac; — la vierge sur le ventre ; — laba- f
lance sur les reins et les fesses ; — le scorpion ;
sur les organes génitaux ; — le sagittaire sur
les cuisses ; — le capricorne sur les genoux.
Suivant Hermès, les sept ouvertures de la tête
humaine correspondent aux sept planètes : les
deux yeux au soleil et à la lune, les deux oreilles
à Jupiter et à Saturne, les deux narines à Mars
et à Vénus, et la bouche à Mercure.
On lit dans la Philosophie d'amour de Léon
l'Hébreu, traduite par Dupare : « Le soleil pré-
side à l'œil droit, et la lune à l'œil gauche, parce
qu'ils sont les deux yeux du ciel; Jupiter gou-
verne l'oreille gauche, Saturne la droite, Mars
le pertuis droit du nez. Vénus le pertuis gau-
che, et Mercure la bouche, parce qu'il préside
à la parole. »
Fort bien : en ce qui concerne le soleil, la
lune et Mercure, l'explication est satifaisante ;
mais pourquoi l'auteur s'abstient-il à l'égard
des autres?
D'après le livre des Admirables Secrets d'Al-
bert le Grand, les diverses planètes ont les at-
tributions suivantes : Saturne a dans son res-
sort la vie, les changements, les édifices et les
sciences; Jupiter régit l'honneur, les souhaits,
les richesses et la propreté des habits ; Mars
préside à la guerre, aux prisons, aux mariages,
aux haines ; le soleil règne sur l'espérance, le
bonheur, le gain, les héritages ; Vénus a dans
ses domaines les amitiés et les amours; Mercure
a dans les siens les maladies, les pertes, les
dettes, la concurrence et la crainte ; enfin il reste
à la lune les plaies, les songes et les larcins.
Dans l'astrologie, les planètes, à qui sont con-
sacrés chacun des jours de la semaine ainsi que
l'indiquent les noms qu'ils portent encore au-
jourd'hui : lundi: lunæ dies, etc., ont aussi des
correspondances mystérieuses avec les couleurs,
avec les métaux, avec les différentes situations
de l'athmosphère, enfin avec les divers carac-
tères de l'âme humaine ; ainsi le soleil est favo-
rable et bienfaisant, Saturne, triste, froid et
morose; Jupiter, bénin et tempéré, Mars ardent,
Vénus bienveillante, Mercure inconstant, la
lune mélancolique.
Nous ne croyons pas devoir entrer, à l'égard
de la déduction des horoscopes et de la divina-
tion astrologique, dans des détails de pratique
que notre sujet ne comporte pas ; nous laissons
donc de côté les divers aspects des constella-
tions ; la maison céleste avec ses différents
angles et ses portes variées, les conjonctions
et les rencontres des astres, les luttes des in-
,
fluences. Nous croyons être plus agréable au
lecteur en citant quelques anecdotes qui se
rapportent à l'histoire de l'astrologie.
-s
1
L'horoscope d'Eschyle, le grand poëte grec,
annonçait qu'il serait tué par la chute d'une
maison. Pour échapper à cette destinée, il alla,
à l'époque fatale, se camper au milieu d'un
champ. Mais un aigle, qui tenait une tortue
dans ses serres, la laissa tomber juste au-dessus
de la tete d'Eschyle, qui fut tué du coup. Les
astrologues virent là une vérification de l'horos-
cope, la carapace d'une tortue étant une véri-
table maison.
Le Grand Mogol Schah-Ghéan avait quatre
fils. Darah, l'un de ces quatre fils, qui avait la
confiance la plus absolue dans l'étude des astres,
alla consulter un astrologue. Celui-ci lui prédit
qu'il monterait bientôt sur le trône ; et comme
le prince demandait une affirmation positive,
le devin jura qu'il pouvait répondre sur sa tète
de la vérité de la prédiction. Un des assistants,
demeuré seul avec l'astrologue, parut étonné
qu'il eût osé engager sa vie sur un événement
aussi douteux. — Je suis bien sûr, répondit le
magicien, qu'excité par ma prédiction, Darah
fera la guerre pour s'assurer le trône. Or, s'il
est vainqueur, ma fortune sera faite, s'il est
vaincu, il sera mis à mort, et je n'ai rien à
craindre de lui.
L'empereur Frédéric Barberousse, après
avoir pris d'assaut la ville de Vicence, s'apprê-
tait à en sortir. Il voulut mystifier le principal
astrologue de la ville, un homme qui passait
pour infaillible ; il le fit venir, et le mit au défi
de désigner à l'avance la porte par laquelle il
sortirait. Le devin accepta le défi et remit à
l'empereur un billet cacheté en le priant de ne
l'ouvrir que quand il serait dehors, en lui an-
nonçant qu'il trouverait sous ce pli le nom de
la porte par laquelle il serait sorti. Pendant la
nuit, Frédéric fit faire à un des murs une
brèche par laquelle il passa. Le billet ayant été
ouvert, il y lut ces mots : « L'empereur sortira
par la porte neuve. » — Barberousse jugea dès
lors qu'il pouvait y avoir à compter avec l'as-
trologie et les astrologues.
On raconte qu'un riche bourgeois de Lyon
ayant consulté un astrologue et ayant appris
de lui qu'il n'avait plus qu'un certain nombre
d'années à vivre, se fit un plaisir de ne pas
laisser un sou vaillant à ses collatéraux ,
dont il avait à se plaindre, et qui étaient ses
seuls héritiers; en conséquence il s'arrangea
de façon à mangée largement toute sa for-
tune avant le moment fatal. Cet homme, qui
n'avait pas voulu être surpris par la mort, fut
surpris parla vie, et se trouva en parfaite santé,
mais complètement ruiné, à l'époque prédite par
l'astrologue, et même réduit à demander l'au-
mône, ce qu'il faisait en ces termes :
Hélas! disait-il en tendant la main, assis-

tez un pauvre homme qui vit plus longtemps
qu'il ne croyait.
Le pape Jean XXI avait passé une partie de
sa vie à étudier l'astrologie, et croyait fermement
aux pronostics obtenus par cette science. Or
tous ses horoscopes concordaient pour lui pro-
mettre une longue existence. Il aimait à se
vanter de cette faveur du ciel. Un jour qu'il en
parlait encore en examinant des travaux qu'il
faisait faire à son palais de Viterbe, une voûte
s'écroula au-dessus de sa tète et le blessa si
grièvement qu'il en mourut six jours après.
Les femmes qui font métier de sorcellerie
ne se bornent pas toujours à tirer [les cartes, à
expliquer les songes, ou à lire dans le marc de
café ; il en est aussi qui ont la prétention de
demander les secrets de l'avenir aux calculs as-
trologiques.
Au moins telle était une vieille femme qui
courait la province il y a quelques années.
Un jour qu'elle était de passage à Bordeaux,
deux dames fort riches eurent la fantaisie de se
faire faire leur horoscope astrologique. Elles se
rendirent à l'hôtel où était descendue la magi-
cienne en très-grande toilette, couvertes de
dentelles et parées de leurs diamants et de leurs
plus riches bijoux, à l'heure même où elles
étaient censées aller au spectacle.
— Mesdames, leur dit la vieille femme, si
vous avez réellement l'intention de fouiller dans
l'avenir, il faut vous munir de courage : tous
les êtres humains ont une planète, une étoile
familière, sur laquelle sont inscrites leurs des-
tinées, mais qui ne descend à portée de leur
vue que si elle y est contrainte par une volonté
énergique, une puissance supérieure. Cette
puissance je la possède, et je ne demande pas
mieux que de la mettre à votre service, en vous
faisant voir de près à chacune votre astre fami-
lier et protecteur, en vous mettant à même de
savoir en quelques minutes tout ce qui peut
vous intéresser sur le présent et l'avenir. Tou-
fois, il est certaines conditions indispensables
pour faire réussir mon évocation.
— Quelles sont ces conditions? Parlez vite,
quelles qu'elles soient nous nous y soumettrons.
Nous avons hâte de connaitre nos étoiles, de les
voir, de leur demander... Mais il n'y a pas de
danger au moins ?
—Non, assurément, aucun danger. Les astres
isolément ont toujours une influence bienfai-
sante. Ce sont les obstacles semés par les mau-
vais esprits, ou les rencontres d'étoiles oppo-
sées qui les gênent, les contrarient parfois dans
leur marche et dérangent le cours des desti-
nées. Seulement il faudra peut-être un peu de
temps pour les soumettre à mes ordres, mais ils
n'y résisteront pas.
C'est bien! dit une des dames, vous allez

commencer. Mais, ajouta-t-elle en s'adressant
à son amie, si cela doit être long, nous ferons
bien d'envoyer nos carrosses au théâtre, où ils
nous attendront, nous nous y rendrons à pied.
En effet, ordre fut donné aux cochers d'em-
mener les deux voitures à la porte du théâtre.
Eh bien, dit la dame à la sorcière, êtes-

vousprête? Parlez maintenant, que faut-il faire
encore ?
— Il faut, dit la vieille femme, pour que votre
étoile puisse vous reconnaître, et, sur mon ordre,
se manifester à vos yeux, il faut que vous
soyez dépouillées de tous ces vains ornements
qui vous font ressembler à tant d'autres femmes
vètues et parées comme vous, de tout ce qui
déguise votre corps et votre esprit, et annonce
chez vous la préoccupation de la coquetterie
et des choses matérielles; que vous soyez vrai-
ment dans l'état qui vous rapproche le plus du
pur esprit, dans l'état enfin où étaient Adam et
Ève quand ils étaient en communication directe
avec les astres et les esprits.
— Comment! dit une des dames, nues? Vous
voulez que nous nous mettions dans le costume
d'Ève... nues, absolument nues?... Mais c'est
impossible... inconvenant!... Nous ne pouvons...
Que craignez-vous ? dit la vieille ; les re-

gards d'une étoile, d'une planète peut-être...
Croyez-vous donc que les astres sont indiscrets ?
Du reste, il n'y a pas à discuter, la condition est
absolue.
— Enfin, soit! dit la dame.
Nos deux élégantes se déshabillèrent donc,
tout en se communiquant leurs réflexions sur
cette étrange exigence de leur étoile.
Lorsqu'elles eurent tout quitté, jusqu'à leur
vêtement le plus intime, la vieille les fit passer
chacune dans un cabinet séparé et non éclairé,
dont elle ferma la porte à clef, pendant qu'elle
demeurait dans le salon pour préparer les évo-
cations et les enchantements.
Les deux dames, si pressées de connaître
leur avenir, commencèrent à s'impatienter au
bout de quelques minutes. Cependant, comme
on leur avait recommandé le silence, elles ron-
gèrent leur frein et surent se contenir. Une
demi-heure, une heure, deux heures se passè-
rent ainsi, sans que rien se montrât ou se fit
entendre à elles.
Alors, exaspérées, au paroxysme de la fureur,
elles se mirent presque simultanément à pous-
ser des cris de rage, à heurter les portes avec
violence.
Elles firent tant de bruit, que des voisins fini-
rent par entendre, par accourir et par appeler
les maîtres de l'hôtel, qui, ne sachant pas ce que
signifiait ce tumulte et n'ayant pas les clefs que
la vieille avait emportées, envoyèrent chercher
un commissaire de police.
Celui-ci arriva accompagné de ses agents, et,
en présence d'une foule considérable fit forcer
,
les portes des deux cabinets, où l'on trouva les
deux grandes dames évanouies, et dans un ap-
pareil encore plus simple que l'appareil dont
parle Racine :
D'une jeune beauté qu'on arrache au sommeil.
De quelle honte ne furent-elles pas saisies
quand elles revinrent à elles en présence de
tant de témoins, et quand elles apprirent que la
vieille était partie depuis plus de deux heures
et avait dû quitter la ville en emportant leurs
vètements et leurs bijoux.
On leur prêta des robes pour regagner leur
domicile.
Elles supplièrent les assistants de ne point
parler de cette aventure, mais ce fut en vain ;
elles devinrent bientôt la fable de toute la ville
-et, se virent contraintes de s'exiler pendant
quelque temps.
Bien entendu, elles ne revirent jamais la
prétendue sorcière, qui était allée ailleurs cher-
cher d'autres dupes.
Il va sans dire que, quant à elles, elles furent
dégoûtées pour toujours de l'astrologie.

XVIII

AXINOMANCIE.

CASH hache.) Moyen de divination judi-


ci-aire, employé pour désigner les auteurs d'un
vol en se servant d'une hache ou d'une cognée.
On plaçait une hache dans un équilibre par-
fait sur un bâton court. Après quelques invoca-
tions et quelques prières, on appelait un à un
les noms de tous les gens soupçonnés d'avoir
commis le vol. Si la hache tombait à l'appel de
certains noms, les porteurs de ces noms étaient
déclarés coupables.
L'axinomancie s'appliquait aussi dans l'an-
tiquité et s'applique encore maintenant, dit-on,
dans quelques pays du Nord, à la découverte
des trésors et à la divination judiciaire en ma-
tière de vol.
Pour découvrir un trésor, on fait rougir au
feu le fer d'une hache ; on le place de telle
façon que le tranchant soit bien verticalement
en l'air ; on pose sur ce tranchant une pierre
d'agate aussi parfaitement ronde qu'on peut la
trouver. Lorsque la pierre peut demeurer en
équilibre sur le tranchant, on doit en conclure
qu'il n'y a pas de trésor à l'endroit où se fait
l'expérience ; mais si la pierre tombe, il faut
recommencer deux autres fois la conjuration,
et, dans le cas où elle roule trois fois de suite
du même côté, on est fondé à croire qu'un tré-
sor existe près du point où elle a roulé.
En ce qui concerne la découverte des voleurs,
voici comment on pratique : on pose la hache
par terre, le haut du fer sur le sol, et le man-
che dressé en l'air ; puis on danse en rond au-
tour de cette sorte de petit poteau jusqu'à ce
que la hache tombe couchée : la direction dans
laquelle se trouve le manche indique le chemin
qu'il faut prendre pour trouver les voleurs.
XIX.

BACTROMANCIE OU RHABDOMANCIE.


~('PaéSoç,baguette ou bâton.) Système de divi-
I

nation pratiqué au moyen de baguettes, de


verges ou de bâtons.
Suivant Hérodote, les femmes des Scythes
cherchaient et ramassaient les baguettes les plus
droites pour les employer à cette superstition.
Les mages, si l'on en croit Strabon, se ser-
vaient pour la rhabdomancie de branches de
laurier, de myrrhe et de brins de bruyère. Les
Scythes employaient des baguettes de saule.
Les Tatars et les Algériens ont eu aussi une
sorte de rhabdomancie.
Tacite, parle de celle des Germains, et Am-
mien Marcellin de'celle des Alains.
On peut rapporter à ce système de divination
la fameuse flèche d'or donnée à Abaris par
Apollon, et sur laquelle les écrivains anciens
racontent tant de fables si invraisemblables,
qu'Hérodote lui-même n'ose pas les vérifier et
les rapporter.
Suivant d'autres écrivains moins scrupuleux,
Abaris chevauchait à travers les airs sur sa
flèche d'or, passait ainsi les fleuves, les mers,
et visitait tous les lieux inaccessibles aux au-
tres mortels. — Cette flèche n'est pas sans
quelque analogie avec le manche à balai des
sorcières du Blocksberg. — Les Grecs avaient
surnommé Abaris Yaérohate, et prétendaient
qu'il avait été le maître de Py thagore. Ils lui prè- »

taient aussi la puissance de dissiper les orages,


de chasser la peste et la faculté de prédire l'a-
venir ; enfin on assurait que, par ses sortiléges,
il avait trouvé le moyen de vivre sans manger
ni boire. On dit encore que c'est lui qui fabriqua
avec les os de Pélops une figure de Minerve,
qu'il vendit aux Troyens comme un talisman
divin dont la vertu rendrait à tout jamais la
ville de Troie imprenable. C'était le fameux Pal-
ladium.
De tout temps on a attribué au bâton ou à
certaines baguettes un grand nombre de pro-
priétés miraculeuses. L'ancien dicton virgula
divina, baguette divine ou magique, la phrase
proverbiale le tour du bâton; l'expression fami-
lière des sorciers et diseurs de bonne aventure
populaire, par la vertu de ma petite baguette,
semblent tirer leur origine du rôle important
que la tradition fait jouer au bâton dans les
sortilèges i
Quelles vertus n'attribuait-on pas à la ba-
guette de Mercure devenue le caducée ? Minerve
avait aussi un bâton magique dont elle usait
pour, faire paraître les gens jeunes ou vieux,
suivant les circonstances. Circé, d'un seul coup
de baguette, transformait les hommes en betes
et les bêtes en hommes. On sait qu'aux miracles
accomplis par les prêtres de Pharaon avec
leurs baguettes, Moïse opposa ceux qu'il opéra
avec le bâton qu'il portait.
Les brahmanes portaient toujours un anneau
et un bâton qu'on prétendait doués des plus mi-
raculeuses vertus.
Au moyen âge, les alchimistes et les devins
de tout genre et de tout ordre avaient parmi leur
outillage de sorcellerie une baguette au moyen
de laquelle, disaient-ils, on pouvait découvrir
les mines souterraines d'or, d'argent, de mer-
cure, etc. ; le jésuite Kirches, dans son Mundus
subterraneus, décrit le moyen de préparer ces
sortes de.baguettes, soit en bois poreux, comme
le coudrier, soit en y introduisant des métaux
capables, par leur affinité, d'attirer leurs ana-
logues.
Jusqu'au XVIIe siècle, on n'avait employé la
baguette divinatoire que pour la recherche des
mines métallurgiques; mais, vers la fin de ce f
siècle, Jacques Aimar, paysan de Saint-Véran,
près de Saint-Marcellin, prétendit découvrir, à
l'aide de sa baguette de coudrier, les sources
d'eau souterraines, les métaux enfouis profon-
dément dans la terre, les maléfices, les voleurs
et les assassins.
Le bruit de ses miracles s'étant répandu dans
toute la France, il fut appelé à Lyon, en 1G92,
pour contribuer à la recherche d'assassins qui
avaient échappé jusque-là à toutes les investi-
gations de la justice.
On le conduit sur le lieu même où le crime
a été commis; à l'aide de sa baguette, à ce
qu'il prétend, il suit la piste des coupables,
longe le Rhône, arrive à Beaucaire, découvre
et fait arrêter l'un des auteurs du crime qui
avoue sa culpabilité, est condamné à mort et
subit sa peine.
D'autres expériences, plus ou moins couron-
nées de succès, ajoutent à la curiosité qu'in-
spire le paysan de Saint-Véran, qui devient le
lion, comme on dit aujourd'hui, de son époque.
Les savants dissertent sur le principe qui peut
donner à cette baguette des propriétés si mer-
veilleuses. Les théologiens prétendent grave-
ment que, s'il n'y a point de supercherie de la
part des personnes dans les mains desquelles
la baguette tourne, il faut qu'il y ait là très-cer-
tainement un pacte avec les démons. Les physi-
ciens et les chimistes allèguent les crépuscules, j
les vapeurs, les émanations qui s'exhalent des
diverses substances, et la science en reste là.
Un siècle plus tard, Bletton renouvelait à *
Paris les prodiges de la baguette divinatoire
appliquée à la recherche des sources et des mé-
taux. En France, en Allemagne, en Italie, des
médecins, des savants, firent de ce qu'ils appe-
laient l'électricité souterraine une science con-
jecturale, et la rhabdomancie se réduisit à peu
près à la découverte des sources. ;
Voici encore ce que. rapportait, il y a quel-
ques années, un recueil anglais, le Qunrterly
Magazine, au sujet de la baguette divinatoire :
«
La baguette divinatoire n'est plus em-
ployée à la découverte des trésors, mais on dit |
dans les mains de certaines personnes, elle ?
que,
peut indiquer les sources d'eau vive. Il y a cin- ]
lady Newark trou- !
quante ans environ, se
vait en Provence dans un château dont le pro- *

priétaire, ayant besoin d'une source pour 1 'u- i


sage de sa maison, envoya chercher un paysan £

qui promettait d'en faire jaillir une avec une ^


branche de coudrier : lady Newark rit beau- j
coup de l'idée de son hôte et de l'assurance du |
1
paysan; mais,non moins curieuse qu'incrédule,
elle voulut tout au moins assister à l'expé-
rience ainsi que d'autres voyageurs anglais,
,
tout aussi sceptiques qu'elle.
«
Le paysan ne se laissa pas déconcerter par
les sourires moqueurs de ces étrangers ; il se
mit en marche suivi de toute la société, puis tout
à coup, s'arrêtant il déclara qu'on pouvait
,
creuser la terre.
«
On creusa. La source annoncée jaillit, et
elle coule encore.
«
Cet homme était un' vrai paysan, sans édu-
cation ; il ne pouvait expliquer quelle était la
faculté dont il était doué, ni la vertu du talis-
man ; mais il assurait modestement qu'il n'était
pas la seule personne à qui la nature avait oc-
troyé le pouvoir de s'en servir. Les Anglais
présents essayèrent sans succès. Quand vint le
tour de lady Newark, elle fut bien surprise de
se trouver aussi sorcière que le paysan pro-
vençal.
« en Angleterre, elle n'osa faire
A son retour
usage de la baguette divinatoire qu'en secret,
de peur d'être tournée en ridicule. Mais,
en 1803, lorsque le docteur Hulton publia les
Recherches d'Ozanam, où ce prodige est traité
d'absurdité, lady Newark lui adressa une lettre
signée X. Y. Z., pour lui faire part des faits qui
étaient à sa connaissance.
« Le docteur répondit en
demandant de nou-
veaux renseignements à son correspondant .

anonyme.
« Lady Newark le
satisfit, et alors le docteur
désira être mis en rapport avec elle. Lady
Newark alla le voir à Woolwich, et, sous ses
yeux, elle découvrit Úlle source dans un terrain
où il faisait. bâtir une résidence d'été.
«
C'est ce même terrain que le docteur Hulton
a vendu depuis au' collège de Woolwich, avec
un bénéfice considérable à cause de la source.
« Le docteur ne put
résister à l'évidence lors-
qu'il vit, àl'approche de l'apparition de l'eau, la
baguette s'animer tout à coup, pour ainsi dire,
s'agiter, se ployer, et même se briser dans les
mains de lady Newark. »
La baguette de coudrier est encore employée
pour la découverte des sources dans diverses
provinces de France.
On se rappelle enfin les prodiges qu'accom-
plissait, il y a peu d'années, l'abbé Paramelle,
dans un grand nombre de localités, pour la
divination des eaux souterraines.
XX

BÉLOMANCIE.

~(Be'Xoç,flèche.) Divination par le moyen des


flèches. Cette sorte de divination fut pratiquée
par un grand nombre de peuples orientaux, et
surtout par les Arabes, qui l'appelaient alazlam.
Quelquefois on mettait dans un sac des flèches
marquées de différents augures, puis on en tirait
au hasard un nombre déterminé, et l'on dédui-
sait des marques qu'elles portaient le plus ou
moins de succès des entreprises projetées.
Le plus souvent on ne se servait que de trois
flèches. Sur l'une on écrivait : Dieu me For-
donne; sur la seconde, Dieu me le défend;
la troisième ne portait pas d'inscription. On
les plaçait dans un carquois, et l'on en tirait
une.
Si c'était la première qui sortait, on se lan-
çait hardiment dans l'entreprise ; si c'était la
seconde, on y renonçait; si c'était la troisième,
l'épreuve était à recommencer.
Les Chaldéens, les Scythes, les Slaves, les
Germains, et, selon quelques écrivains, les
Tatars pratiquèrent aussi cette divination.
XXI

BIBLIOMANCIE.

Divination en usage chez les Juifs et au


moyen âge. Elle se pratiquait en ouvrant la
Bible au hasard avec une épingle, et en dédui-
sant du premier mot de la page ouverte ou du
sujet traité dans cette page la destinée qu'on
voulait connaître.
Souvent encore des personnes superstitieuses
et irrésolues prennent un livre quelconque, et
l'ouvrant au hasard, se décident à tenter une
entreprise ou à y renoncer suivant que la
première lettre du premier mot est une voyelle
ou une consonne, ou bien porte un numéro pair
ou impair dans l'alphabet. C'est une sorte de
bibliomancie.
On a jadis employé la bibliomancie à titre
d'épreuve pour reconnaître la culpabilité des
gens soupçonnés de sorcellerie. On plaçait l'in-
dividu suspect dans un des plateaux d'une
balance et une Bible dans l'autre plateau. Si
le plateau où était placé l'inculpé l'emportait,
celui-ci était jugé coupable; si le contraire
arrivait, il était jugé innocent. Il faut convenir
que les balances de cette justice étaient d'une
équité plus que douteuse. On devait, avec ce
système de pesée, trouver bien peu d'inno-
cents.

XXII

BOSTRYCHOMANCIE.

(BocrpuS,cheveu.) Mode de divination pratiqué


au moyen de l'inspection des cheveux, soit
vivants et" sur la tête des consultants, soit
coupés et appartenant à une personne absente.
Les cheveux ont été l'objet de nombreuses
superstitions, telles que, dans Albert le Grand,
la formation des serpents par les cheveux de
femme, la tendresse des mauvais anges pour les
cheveux de femme, etc. On connaît l'histoire de
la transformation de ia chevelure de Bérénice
en constellation.

XXIII

BOTANOMANCIE.

Divination pratiquée c-hez les anciens au


moyen de l'examen des plantes et particulière-
ment des feuilles.
On écrivait sur des feuilles exposées au vent
les noms et les questions des consultants. Au
bout d'un certain temps, on regardait les feuilles
que le vent n'avait pas emportées, et par la com-
binaison des mots et des lettres inscrits sur ces
fquilles on formait des réponses.
Les végétaux le plus souvent employés à
cette divination étaient la bruyère, consacrée à
Apollon, qui présidait aux oracles; le figuier,
qui donna son nom (sucomancie) à une espèce
de botanomancie ; la verveine, la sauge, etc.
Quels mots pouvait-on écrire sur le feuillage
si grêle de la bruyère?
On a aussi prédit l'avenir en examinant la
direction et lajuxtaposilion des feuilles tombées
naturellement des arbres, pendant la nuit.

XXIV

CAPNOMANCIE.
(Kcnrvo;, fumée.) Divination au moyen de la
fumée.
On jetait au feu des graines de sésam-e ou de
pavot, et on observait la fumée qui en sortait. Si
cette fumée s'élevait légère et transparente ver-
ticalement vers le ciel, c'était un signe favorable ;
si elle se- répandait épaisse autour de l'autel,
c'était d'un fâcheux augure. On tirait aussi des
inductions des lignes ou des figures que dessi-
naient les méandres capricieux de la fumée en
montant dans les airs. La verveine et les autres
plantes sacrées étaient aussi en usage dans la
capnomancie.
Enfin l'on consultait encore la fumée des vic-
times brûlées dans les sacrifices. Le devin as-
pirait cette fumée et prétendait trouver par cette
absorption des extases, des hallucinations et
des inspirations surnaturelles et prophétiques.

XXV

CARTOMANCIE OU CHARTOMANCIE.

Divination par les cartes ou les papiers. Ce


mode de divination étant le principal objet de
ce livre, nous nous bornons à en indiquer le
à
nom son ordre alphabétique, pour y revenir
amplement un peu plus loin.
XXVI

CATOPTROMANCIE.

miroir. ) Divination au moyen


~(KatoicTpov,
d'un miroir, dans lequel les devins lisaient ou
faisaient lire les événements à venir.
La catoptromancie se pratiquait chez les
anciens de deux manières. Spartien rapporte
que Didius Julianus,qui acheta l'empire après la
mort de Pertinax, consultait les magiciens dans
les circonstances importantes de sa vie. Une
fois entre autres, après toutes sortes d'enchante-
ments et de sacrifices magiques, trouvant que
ces divers modes de divination ne lui suffisaient
pas, il voulut se servir d'un miroir merveilleux
qu'onprésenta, non devant la face, mais derrière
la tête d'un enfant à qui l'on avait bandé les
yeux. On raconte, dit l'auteur, que l'enfant vit
distinctement dans ce miroir Didius descen-
dant du trône et Sévère y montant.
La catoptromancie dont parle Pausnnias ne
s'appliquait qu'à la santé. Il y avait, dit-il, à Pa-
tras, devant le temple de Cérès, une fontaine
séparée du temple par une muraille ; là était
un oracle véridique, non pour tous les événe-
ments, mais seulement pour les maladies. Les
malades faisaient descendre dans la fontaine
un miroir suspendu à un fil, de telle sorte qu'il
ne touchât que par sa base la surface de l'eau.
Après avoir prié la déesse et brûlé des par-
fums, ils se regardaient dans ce miroir ainsi
suspendu, et, selon qu'ils se voyaient le visage
hâve et défiguré ou la face grasse et vermeille,
ils concluaient que la maladie était mortelle ou
qu'ils en guériraient.
Au xvie siècle, il a été souvent question de
miroirs magiques ou diaboliques. De nos jours
encore, les sorciers des foires et des fètes de
village font lire le passé, le présent et l'avenir
dans des miroirs à des sujets qu'ils font entrer
dans des chambres obscures et à qui ils ban-
dent les yeux. Une catoptromancie qui réussit
bien auprès des jeunes villageoises, c'est celle
qui leur promet de leur faire voir dans le mi-
roir magique la figure de l'homme qu'elles doi-
vent aimer ou épouser.

XXVII

CÉROMANCIE OU CIROMANCIE.

Divination au moyen de la cire. Elle se pra-


tiquait en faisant fondre de la cire et en la ver-
sant goutte à goutte et à trois reprises dans un
vase rempli d'eau. La forme, la figuration que
prenaient les gouttes en se coagulant à la sur-
face de l'eau servaient d'indices pour combiner
des présages.
On croit que ce système de magie fut connu
des anciens; cependant on n'en signale-aucune
mention dans les auteurs grecs et latins. Elle
parait avoir eu son origine en Turquie; Car-
dan, le célèbre astrologue italien du XVIe siècle,
qui se suicida à soixante-quinze ans pour
prouver l'exactitude de l'horoscope qu'il s'était
tiré, Cardan assure que la ciromancie fut im-
portée de son vivant seulement de Turquie en
Europe. Les Turcs se servaient particulière-
ment de ce procédé pour découvrir les crimes,
les vols et leurs auteurs.
Delrio, jésuite flamand de la fin du xvie siè-
cle, auteur d'un savant livre latin de recher-
ches sur la magie, désigne, sous le nom de cé-
romande, une pratique usitée de son temps
en Alsace.
« Si quelqu'un est malade, dit-il, et si les
bonnes femmes veulent découvrir quel saint lui
a envoyé sa maladie, elles prennent autant de
cierges de même poids qu'elles soupçonnent de
saints, en allument un en l'honneur de chacun,
et celui dont le cierge est le premier consumé
passe dans leur esprit pour l'auteur du mal. »
Delrio ne nous dit pas ce que l'on conclut et
ce qui se fait lorsque, ainsi que la chose doit
advenir parfois, tous les cierges étant du même
poids, les divers cierges se trouvent consumés
exactement en même temps.
XXVIII

CHIROMANCIE.

(Xdp, paume de la main.) Art de préjuger


le tempérament, les inclinations et la destinée
des êtres humains par l'inspection de la main.
Les principaux auteurs qui ont écrit sur cette
science divinatoire sont Artémidon, Fludd, Jo-
hannès de Indagine, Taisneven, Cureau de la
Chambre et tout récemment Desbarolles.
Suivant Cureau de la Chambre, les linéaments
que forment les plis de la peau fournissent des in-
dices probables sur les inclinations des hommes
en raison des rapports qui existent entre les
diverses parties de la main et les organes in-
ternes de l'homme, tels que le foie, le cœur, etc.,
organes desquels dépendent le plus souvent,
dit-il, les caractères et les inclinations des
individus.
Le jésuite Delrio distinguait deux sortes de
chiromancie : l'une physique, l'autre astrolo-
gique ; il pensait que la première était permise,
parce qu'elle se borne, selon lui, à connaître
par les lignes de la main le tempérament du
corps, et que du tempérament elle infère par
conjecture les inclinations de l'âme, ce qui n'a
rien que de fort naturel.
Quant à la seconde, il la condamnait comme
vaine, illicite et indigne du nom de science, en
raison du rapport qu'elle prétend établir entre
telles et telles lignes de la main et telles ou tel-
les planètes, et de l'influence de ces mêmes pla-
nètes sur les événements moraux et le ca-
ractère des hommes.
Delrio regardait encore comme une espèce de
chiromancie la pratique qui consiste à exami-
ner les taches blanches ou noires qui se trouvent
semées sur les ongles, et desquelles on prétend
tirer des- présages de santé ou de maladie, ce
qu'il ne désapprouvait pas absolument ; mais il
traitait cette pratique de superstitieuse dès
qu'on s'en servait pour prédire des événements
futurs qui dépendent de la volonté et du libre
arbitre de l'homme.
Ces subtilités ne rappellent-elles pas le fa-
meux Distinguo du Malade imaginaire?
La chiromancie, tant physique qu'astrolo-
gique, a été fort pratiquée chez tous les peuples
depuis les temps les plus reculés. Aristote
la regardait comme une science certaine. Les
Chaldéens, les Égyptiens en faisaient grand
cas. Au moyen âge, la sorcellerie reposait,
pour une notable partie, sur la chiromancie :
toutes les sorcières, toutes les fées, toutes les
bohémiennes, disaient la bonne aventure en
examinant le creux de la main.
En ce qui concerne l'état* présent et la pra-
tique actuelle de cette science jusqu'à un cer-
tain point physiologique, nous ne saurions
mieux faire que de renvoyer le lecteur au livre
excellent et si complet de Desbarolles, les Mys-
tères de la main.

XXIX

CLÉDONISMANCIE.

Système de divination qui consistait à don-


ner telle ou telle interprétation à des mots ou à
des phrases prononcées et entendues en cer-
taines circonstances. Cette pratique fut particu-
lièrement en usage à Smyrne, où il y avait un
temple dont les oracles se rendaient par ce
procédé. Il suffisait parfois de la signification
étymologique d'un nom pour indiquer si l'augure
était ou non favorable.
On conte que Léotychide, écoutant un jour
un Samien qui l'engageait vivement à entre-
prendre une guerre contre les Perses, lui de-
manda son nom : apprenant que ce Samien s'ap-
pelait Hégésistrate, c'est-à-dire conducteur
d'armée, il s'écria : « C'est bien! j'accepte l'au-
gure de ce nom, Hégésistrate ! »

XXX

CLÉIDOMANCIE OU CLÉDONOMANCIE.

Divination du moyen âge pratiquée au moyen


y

d'une clef. Suivant Delrio et Delancre, ce pro-


cédé servait surtout pour découvrir les auteurs
d'un vol ou de tout autre crime.
On inscrivait sur un papier les noms des in-
dividus qu'on soupçonnait; on tortillait ce
papier autour de la tige d'une clef, qu'on atta-
chait à une bible placée sur las mains d'une
* jeune vierge ; le magicien nommait à v.ix
basse les noms des gens soupçonnés ; lorsqu'on
voyait le papier remuer sensiblement et se tor-
dre autour de la clef, c'est que le devin avait
nommé le coupable.
Il y avait encore un autre mode d'application
de la cléidomancie. La clef était attachée soli-
dement sur la première page d'un livre ; on fer-
mait le livre et on le liait avec une corde, en
ayant soin de laisser l'anneau de la clef en de-
hors de la tranche ;
la personne intéressée à
vérifier une supposition quelconque passait son
doigt dans l'anneau de la clef, en murmurant
soit la chose supposée, soit le nom d'une per-
soupçonnée si la supposition, si le soup-
sonne ;

étaient fondés, la clef s agitait et tournait si


çon
vivement, qu'elle brisait le lien qui attachait le
livre ; si c'était le contraire, la clef restait im-
mobile. Nous avons vu bien des effets analo-
gues en France, il y a quelques années, à l 'é-
où les tables tournantes étaient à la mode
poque
et où les amateurs de spiritisme en profitaient
faire tourner toutes sortes de choses.
pour
Les Russes pratiquent encore assez souvent
de divination, en mettant la clef de
ce genre
champ et non à plat, en sorte que la compres.
sion suffit déjà pour la faire tourner; ils deman-
dent à cet oracle, quand ils sont en voyage, des
nouvelles de leurs parents, et, dans leur pays,
la direction qu'ils doivent prendre pour trou-
des trésors. Lors des invasions de '18'14 et
ver
1815, les Cosaques envahisseurs de la France
interrogeaient souvent sur la santé de leurs
familles une clef placée dans l'Évangile selon
saint Jean.
XXXI

CLÉROMANCIE.

(KX^poç, sort.) Divination qui se faisait par


le tirage au sort de lots, de dés, ou autres objets.
Ce système de divination changeait de nom,
suivant l'espèce des objets employés à le pra-
tiquer : fèves blanches ou noires, petits mor-
ceaux de terre durcis, cailloux, dés ou osselets :
psépliomancie, cubomancie, astragalomancie,
pessomancie, etc. Toutefois, si l'on se servait
d'osselets, il fallait, s'il faut en croire Delancre,
que ces osselets fussent tirés d'animaux tués
pour des sacrifices religieux.
On jetait les lots pêle-mêle dans une urne,
et, après des prières aux dieux, on les tirait,
et, suivant l'ordre de sortie et le caractère de
chaque lot, on déduisait des présages pour
l'avenir. Chez les Grecs, tous les lots étaient
consacrés à Mercure, qui présidait à ce genre
de divination : aussi les Grecs, pour obtenir une
bonne chance, plaçaient-ils parmi les lots le lot
de Mercure, ordinairement une feuille d'olivier ;
on avait soin de tirer ce lot le premier.
Quelquefois les lots n'étaient pointjetés dans

4
des vases, mais sur des tables spécialement
consacrées à cet usage.
On raconte qu'il Bura, en Achaïe,il y avait un
oracle d'Hercule qui se rendait au moyen de dés
jetés sur un tablier. Le consultant, après avoir
prié, jetait quatre dés; le prètre du dieu étudiait
la position de ces dés et en déduisait sa prédic-
tion.
Les Grecs attribuaient l'invention de ce sys-
tème divinatoire aux Thrise, trois nymphes
élevées par Apollon.
Il y avait encore en Grèce un autre mode de
cléromancie. Celui qui voulait interroger le
destin s'approvisionnait d'un certain nombre
de lots distingués par un caractère particulier
ou par des inscriptions ; il allait se promener
sur un chemin fréquenté et invitait le premier
enfant qu'il rencontrait à choisir un de ces lots.
Si l'objet choisi par l'enfant était le même au-
quel il avait lui-mème pensé, il en concluait
que la signification de ce lot donnait une pré-
diction infaillible.
Souvent, sur les places publiques, dans les
marchés, un enfant ou un homme portait
devant lui un petit tableau sur lequel étaient
inscrits des vers fatidiques : on agitait un dé,
on le jetait sur le tableau, et levers sur lequel il
tombait était considéré comme l'arrêt du destin.
Quelquefois, au lieu de tableaux, c'étaient des
urnes qu'on promenait, et desquelles un enfant
extrayait pour chaque consultant les vers fati-
diques.
De nos jours, on voit encore dans les foires,
dans les marchés, des vendeurs de bonne
aventure qui étalent des noix dorées dans les-
quelles se trouve un petit papier indiquant la
destinée de l'acheteur. Dans les villages, en
donne aux jeunes filles, pour un sou, -leur bonne
aventure imprimée, par-dessus le marché, en
leur vendant des aiguilles, des passe-lacets eu
des cure-dents. Il y a quarante ans, chaque
décret du destin était suivi de la liste des nu-
méros qui devaient gagner à la loterie. C'est là
de la cléromancie élémentaire.

XXXII

COSCINOMANCIE OU COSQUINOMANCIE.

crible.) Divination qui se prati-


~(KÓaxtvov,
quait au moyen d'un crible ou d'un tamis, et
servait généralement d'épreuve judiciaire pour
faire découvrir les voleurs. On suspendait le
crible à un fil ; on .priait les dieux de vouloir
bien intervenir pour faire connaître le cou-
pable ; puis on appelait successivement les noms
des individus soupçonnés. Quand le nom du
coupable était prononcé, le crible s'agitait et
tournait.
En Bretagne, d'après ce que rapporte
M. Cambry, on a encore recours à cette divi-
nation en plaçant un sas sur un pivot ; c'est
ce qu'on appelle faire tourner le sas.

XXXIII

CRANIOMANCIE , CRANIOSC.OPIE , PHRÉNOLOGIE OU


PHYSIOGNOMONIE.

Nous plaçons ici ces quatre termes, bien


qu'ils ne soient pas synonymes, mais parce qu'ils
sont les quatre termes de sciences il peu près
analogues.
La physiognomonie, qui juge les hommes
d'après les traits de leur visage, remonte à la
plus haute antiquité et a été véritablement une
science divinatoire. Aristote en parle longue-
ment et pose des règles d'induction bien plutôt
sur le caractère et le tempérament des hommes
que sur les événements de leur vie. Mais les de-
vins, par extension, prétendaient préjuger les
destinées d'après les caractères et les passions.
Depuis, Albert le Grand, Porta et bien d'au-
tres ont écrit de gros livres sur cette matière ;
mais l'homme qui en a fait réellement une
science est Lavater, bien que ses déductions
soient souvent forcées et trop absolues, surtout
en ce qui concerne les femmes.
Nous ne voulons point aborder les principes
de la physiognomonie, non'plus que ceux de la
phrénologie et de la cranioscopie, sciences très-
compliquées, et qui sont chacune l'objet de traités
spéciaux.
Ces sciences ont été, il diverses reprises,
fort à la mode, notamment la cranioscopie,
à l'époque où le docteur Gall et son élève
Spurzheim en ont, pour ainsi dire, codifié les
lois.
Depuis, la cranioscopie s'est classée comme
science d'induction servant à juger les pen-
chants, les aptitudes, les tendances des hommes
d'après la conformation du crâne, mais absolu-
ment impuissante à faire préjuger de leurs des-
tinées. Elle a été souvent utile dans certaines
investigations où la justice fait intervenir la mé-
decine légale.
XXXIV

CRIST ALLOMANCIE.
0
Divination qui s'opérait à l'aide de cristaux
enchantés sur lesquels les devins prétendaient
voir se refléter les événements futurs. On dit
le roi Childéric lisait l'avenir dans les pris-
que
mes d'un globe de cristal.
On a aussi donné le nom de cristallomancie
à des divinations par le miroir, qui sont du do-
maine de la catoptromancie (voir ce mot) :
témoin cette anecdote de paysan champenois,
qui ne remonte pas plus haut que 1807.
Il s'avisa d'aller demander à un sorcier de
Sézanne de lui faire retrouver de l'argent qu'on
lui avait volé. Celui-ci commença par se faire
octroyer douze francs, après quoi il lui banda
les yeux avec trois mouchoirs et lui dit de re-
garder dans un miroir magique où il allait faire
venir le diable et le voleur.
Eh bien! lui dit-il, qu'est-ce que vous

voyez?
Rien du tout, répondit le volé.

Parfait, dit le devin.

Puis il se mit à débiter un tas de sornettes
entremêlées de latin maraconique, comme Sga-
narelle dans le Médecin malgré lui, et conclut
en enjoignant, à son client de bien songer à
l'homme qu'il devait soupçonner du vol, et de
faire en sorte de" se représenter les choses telles
qu'elles avaient dû se passer au moment de
l'action. Il l'impressionna si bien qu'il lui fit
passer par la tête une hallucination, et que
celui-ci, en regardant derechef, déclara qu'il
voyait passer un homme coiffé d'un grand cha-
peau et vêtu d'un sarrau bleu ; enfin il crut
reconnaître son voleur.
Alors le sorcier lui ordonna de préparer une
abominable mixture composée d'un cœur de
bœuf piqué de soixante-trois clous à latte
fichés en forme de croix, d'un crapaud et d'une
feuille d'oseille, et de faire bouillir le tout dans
un pot neuf, lui assurant que, trois jours après,
le voleur viendrait lui rapporter son argent, à
moins qu'il ne fût ensorcelé.
Le villageois ayant exécuté ponctuellement
toutes les prescriptions, et n'ayant pas vu venir
le voleur, en conclut logiquement qu'il était
ensorcelé.
XXXV

CYAMOMANCIE.

fève.) Divination pratiquée ancienne-


~(Ku«;xo;,

ment au moyen de fèves ; apparemment un des


procédés de la cléromancie.

XXXVI

DACTYLOMANCIE OU DACTYLIOMANCIE.

doigt.) Divination qui se pratiquait


~(dcÍX't"uÀoç,

avec des bagues enchantées ou fabriquées en


harmonie avec la position des corps célestes.
Les Grecs attribuaient l'origine de cette divi-
nation à Hélène, femme de Ménélas, cause de
la guerre de Troie. On a assuré aussi que c'était
au moyen d'un de ces anneaux enchantés que
Gygès se rendait invisible.
Suivant Ammien Marcellin, la pratique con-
sistait à promener un anneau suspendu par un
fil au-dessus d'une table ronde portanten relief
les vingt-cinq lettres de l'alphabet grec, et à
grouper les lettres dans l'ordre où l'anneau s'était
arrèté sur quelques-unes, de façon à former
des mots qui indiquaient les présages.
XXXVII

DAPHNOMANCIE.

~(Aâcpvv), laurier.) Divination au moyen du


laurier. Elle consistait à jeter dans le feu une
branche de laurier. Le bois petillait-il en brlÎ-
lant? on pouvait compter sur le succès. Brûlait-
il silencieusement? on avait tout lieu de re-
douter la mauvaise chance.

XXXVIII

DENDROMANCIE.

arbre.) Divination par. l'inspection


~(ÃÉvafov,

des arbres, sur la pratique de laquelle les his-


toriens ne donnent pas de détails. -

' XXXIX

GASTROM ANCIE.

partie du milieu d'un vase, et


~FacTpcc,
ventre.) Divination qui se pratiquait de deux
manières :
1° Par des oracles rendus sans remuer les
lèvres, c'est-à-dire au moyen de la ventrilo-
quie. On comprend que les premiers ventrilo-
ques durent abuser de l 'étrangeté des sons
qu'ils émettaient pour donner à leurs paroles
une portée magique et divinatoire. Les anciens
attribuaient la ventriloquie à la présence des
démons. C'est ce qui fit dire à Photius, patriar-
che de Gonstantinople : « On a entendu le malin
esprit parler dans le ventre d'une personne ;
il mérite bien d'avoir l'ordure pour logis. »
2° De la manière suivante : on remplissait
d'eau claire un certain nombre de vases ronds
en verre, autour desquels on disposait des tor-
ches allumées. On invoquait ensuite le dieu
d'une voix basse et presque inarticulée, et on
lui posait les questions du consultant. Un jeune
garçon ou une femme enceinte devait observer
avec l'attention la plus scrupuleuse les change-
ments qui s'effectuaient dans l'apparence des
vases. On évoquait alors les démons ou un
démon en les conjurant de donner une réponse,
qu'on trouvait pour ainsi dire écrite en images
par les formes fantastiques que dessinait la ré-
fraction de la lumière sur la surface des eaux.
Chaque devin interprétait ces images à sa façon
et y voyait la représentation des événements à
venir.
XL

GÉOMANCIE.

(H), terre.) Divination par l'observation de


la terre. Ellese pratiquait de diverses manières:
Tantôt on traçait par terre des lignes ou des
cercles sur lesquels on était censé lire des ré-
ponses à des questions posées ;
Tantôt on semait au hasard de la fantaisie,
par terre ou sur des feuilles d'ivoire ou de papy-
rus, des multitudes de points; on étudiait ensuite
les figures plus ou moins bizarres que formaient
ces groupes de *points, et l'on tirait de leurs ana-
logies avec les objets ou les êtres connus des
inductions sur les destinées futures ;
Tantôt on scrutait les fentes et les crevasses
qui se font naturellement à la surface de la
terre ; on disait qu'il en sortait des exhalaisons
prophétiques comme celles de l'antre de Del-
phes ;
Tantôt enfin on semait au hasard des poi-
gnées de terre et de sable sur une table, et l'on
prétendait trouver des présages pour l'avenir
dans les figures étranges que dessinait cette
poussière.
XLI

GOÉTIE.

Divination par l'intermédiaire des esprits


infernaux. Elle se pratiquait la nuit autour des
tombeaux, au moyen d'évocations, de conjura-
tions, de talismans, de formules mystérieuses.
La scène de Bertrand avec les nonnes dans les
ruines du cloître, au troisième acte de Robert
le Diable, est de la goétie au premier chef.

XLII

GYBOMANCIE.

~(rúroç,cercle.) Divination au moyen de la


danse en rond. On tournait et on marchait en
rond autour d'un cercle, sur lequel étaient
tracées soit des lettres, soit des figures ayant un
sens significatif. A force de tourner, on s 'étour-
dissait au point de tomber. L'assemblage des
lettres ou des figures que couvrait le corps au
moment de la chute indiquait des présages pour
l'avenir.
Ce genre de divination a quelque analogie
avec les prophéties orientales des derviches
tourneurs.
XLIII

HÉMOMANCIE.

sang.) Divination par l'inspection du


~(Aï,u«,

sang, soit du sang des victimes, soit du sang


même du consultant. Il y a eu au moyen âge
des sorciers qui ont prétendu lire l'avenir dans
le sang qu'ils tiraient des veines d'un jeune
enfant.
' XLIV

HÉPATOSCOPIE.

~("Iluapgénitif, ~vj7raro,-, foie.) Divination par


l'inspection spéciale du foie. L'hépatoscopie
était un mode particulier du système général
appelé :

XL Y

IIIÉROMANCIE OU HIÉROSCOPIE.

Divination au moyen des sacrifices religieux.


Religieux s'entend ici seulement de l'antiquité.
Cette divination était de deux sortes distinc-
tes :


La première s'établissait sur les conjectures
tirées d'abord de l'intérieur de la victime et de
ses divers mouvements ;
puis de l'observation
des entrailles, de la rapidité avec laquelle la
flamme les consumait; des gâteaux et de la
farine, du vin, de l'eau et de tous les objets
employés dans la cérémonie. On donnait aux
observations recueillies sur la manière de frap-
per et de dépecer la victime le nom de~OuT«d) et

~wucpàSoXa. Si la victime opposait quelque résis-

tance à l'approche de l'autel, si élle tentait de


fuir et de se dérober au coup fatal, si elle expi-
rait dans une longue et douloureuse agonie ; ou
bien si, frappée de mort soudaine et sous l'im-
pression d'une légitime terreur, elle tombait
avant d'avoir été atteinte par le couteau, ces
divers symptômes, ainsi que tous ceux qui s 'é-
cartaient de la règle ordinaire des sacrifices,
passaient pour autant de présages fâcheux, de
nature à mal disposer la divinité. — Les dieux,
au contraire, étaient tenus pour favorables et
parfaitement disposés Il bien accueillir l'hom-
mage qu'on leur rendait, lorsque la victime
marchait sans contrainte et comme spontané-
ment Il l'autel, recevait le coup mortel avec ré-
signation et expirait sans pousser le moindre
gémissement. Et) comme les sacrificateurs ne
dédaignaient pas une petite tricherie pour ob-
tenir des présages heureux, on allait jusqu'à
verser de l'eau dans l'oreille de l'animal sacrifié,
pour provoquer de sa part un mouvement de
tète qui était censé exprimer son consentement.
On observait aussi les mouvements de la queue,
et, à cet effet, on déchirait avec un couteau le
corps de la victime dans toute sa longueur,
depuis la tête jusqu'à la queue. La queue, lors-
qu'elle était sur le brasier, se recourbait-elle,
se tortillait-elle par suite des convulsions cau-
sées par la chaleur, c'était un signe déplorable;
pendait-elle ou s'étendait-elle horizontalement,
c'était un pronostic de chute; se dressait-elle
verticalement en l'air, c'était un présage de
victoire et de bonheur.
Après cet examen préalable et pour ainsi dire
interne, on procédait au second mode, à la se-
sonde sorte de hiéromancie : on ouvrait les
plaies de la victime, et l'on passait à l'observa-
tion des entrailles, que l'on jetait toujours au
milieu des flammes. On supposait, pour expli-
quer l'origine de cette méthode, qu'à la mort de
la sibylle de Delphes, les esprits animaux pous-
sèrent dans les plantes qui servaient de nourri-
ture aux bestiaux, et communiquèrent ainsi aux
animaux le don de prophétie.
On attribuait de même aux parcelles atoma-
tiques du corps de la prophètesse répandues
dans l'air le don des présages au moyen des
sons.
Pour en revenir à l'examen interne des vic-
times, et aux interprétations auxquelles il don-
nait lieu, les entrailles entières, saines, bien
placées, d'une belle couleur et d'une juste pro-
portion, étaient jugées comme un signe favo-
rable. Dans le cas contraire, on en tirait un
présage funeste.
Des entrailles palpitantes n'annonçaient rien
que de fâcheux. La partie principale à observer
était le foie. S'il était corrompu, on croyait le
reste du corps affecté de cette souillure et l'on
renonçait à poursuivre l'examen : c'était cette
opération qu'on nommait hépaloscopie.
Si le foie était naturellement rouge, s'il était
sain et sans tache, si sa tète était grosse, s'il
avait deux tètes ou s'il y avait deux foies, si les
poches étaient tournées en dedans, c'étaient
autant de signes de succès et de prospérité. Au
contraire, on avait à redouter des périls, des
désappointements et des revers, s'il y avait
trop de sécheresse ou un nœud entre les deux
parties du foie, s'il était sans lobe ou s'il man-
quait tout à fait ; s'il était rétréci, mince, dur,
décoloré, rempli d'humeurs viciées ou corrom-
pues ; s'il était déplacé, si, en le faisant bouillir,
il ne se détachait pas d'une manière sensible
du reste des entrailles, ou enfin s'il s'amollis-
sait. Un foie resserré ou enveloppé annonçait
un prochain malheur.
Le sacrificateur procédait ensuite à l'examen
du cœur. Un cœur petit, maigre, et dont les
palpitations étaient fréquentes, était d'un triste
présage ; l'absence totale du cœur annonçait un
événement des plus terribles.
Après le cœur venaient le fiel, la rate, les
poumons et les membranes dans lesquelles les
entrailles étaient enveloppées. La rencontre de
deux fiels ou d'un fiel volumineux et facile à se
déborder annonçait des débats violents, des
combats sanglants, mais dont l'issue serait fa-
vorable.
La rencontre de la rate dans sa place ordi-
naire, mais pure, saine et dans sa couleur natu--
relle, était un signe de succès.
Si les entrailles glissaient dans les mains du
sacrificateur, si elles se présentaient tachetées
de sang ou d'une couleur livide, souillées de
pustules, déchirées, desséchées, comme des
corps en putréfaction ou déjà attaqués par les
vers, c'était un signe de calamité.
Des poumons fendus indiquaient qu'il fallait
suspendre toute entreprise commencée ; des
poumons sains et intacts invitaient à se confier
à la fortune.
Les autres parties de la victime portaient
autant de signes, soit heureux, soit funestes,
surtout lorsqu'une de ces parties se présentait
conformée d'une manière extraordinaire et qui
semblait s'écarter des lois de la nature.
Nous n'avons fait qu'ébaucher la matière,
qui suffirait à remplir les pages d'un gros livre ;
nous pensons toutefois que ces quelques lignes
suffiront pour satisfaire la curiosité du lecteur
et lui donner une idée de la façon dont se pra-
tiquait la principale science divinatoire des
anciens.

XL VI

HOROSCOPIE.

heure;
~('!2pCt; examen.) Divination qui se
pratiquait par l'examen de l'heure de la nais-
sance d'un enfant et en déduisait des présages
pour toute la durée de sa vie. C'était l'astrologie
qui servait généralement de moyen à l'horos-
copie.
La science de l'horoscopie remonte aux temps
les plus reculés ; les prêtres chaldéens, ceux de
l'ancienne Égypte, furent de grands faiseurs
d'horoscopes. Les Grecs leur empruntèrent ce
mode de divination et le transmirent aux Pio-
mains. Ceux-ci lui donnèrent le nom d'as-
cendant, parce que la base principale de ses
opérations était chez eux l'observation de l'as-
tre qui montait, qui faisait son ascension sur
l'horizon à l'heure de la naissance du sujet.
C'est de là qu'est venue l'application du
mot ascendant pris dans le sens d'influence.
On subissait l'ascendant d'un astre; on a
dit, par extension, l'ascendant d'une per-
sonne.
Chose digne de remarque, la mode des horo-
scopes avait fini par ne plus inspirer de confiance
sous le règne des empereurs romains ; on con-
naît le mot profond de Vespasien que des cour-
tisans cherchaient à mettre en défiance contre
un certain Mélius, sous prétexte que l'horoscope
de ce Mélius lui promettait la couronne impé-
riale! « S'il doit un jour, dit le sceptique empe-
reur, monter au rang que j'occupe, il est pru-
dent de m'assurer des droits à sa reconnais-
sance : » et il le nomma consul.
Cette décadence ne fut que momentanée, et
l'on vil la mode des horoscopes reparaître au
moyen âge avec l'astrologie.
En France, ce fut une véritable fureur à partir
de la seconde moitié du xvie siècle. Les bons et
les mauvais exemples venant, comme on l'a dit,
d'en haut, la manie horoscopique de Catherine
de Médicis gagna toutes les classes de la société,
si bien qu'au xvii" siècle cette divination con-
servait encore un caractère officiel. A la nais-
sance de Louis XIV, son horoscope fut dressé
avec la plus grande solennité. Ne fut-ce pas
aussi vers le même temps qu'un forcené tireur
d'horoscopes a imaginé de compléter le recueil
des horoscopes des princes nés par les horos-
copes des princes à naître et dressé le calcul des
destinées des Louis, rois de France, depuis le
chiffre XVI jusqu'au chiffre XX, horoscopes
curieux qu'on peut lire dans la belle collection
des manuscrits de la bibliothèque de l'Arsenal,
à Paris? Inutile de vous dire que le prophète
n'a prévu ni. la Révolution française, ni ce qui
s'en est suivi.
Quoi qu'il en soit, l'horoscopie fut si fort
à la mode au XVIIe siècle que deux sa-
vants illustres et sérieux , Kepler et Ozanam ,
se virent contraints de faire des horoscope?,
l'un pour gagner sa vie , l'autre pour ne
pas mécontenter ses protecteurs puissants.
Ozanam eut toutefois l'avantage de pouvoir
désabuser plus tard un de ceux de qui il avait
involontairement exploité l'impérieuse con-
fiance. Voici comment :
Un comte allemand lui avait demandé son
horoscope sans lui dire qu'il le faisait tirer en
même temps par un médecin de la cour. Le
docteur, qui était de très-bonne foi, y procéda
suivant toutes les règles de l'astrologie ; quant
à Ozanam, sa complaisance se mit en frais d'i-
magination, et il écrivit au hasard à peu près
tout ce qui lui passa par la tête de logique et
de quelque peu vraisemblable ; naturellement
les prédictions des deux devins furent loin de
concorder.
Au bout de vingt ans, le comte annonça à
Ozanam que toutes ses prédictions s'étaient réa-
lisées, tandis que celles du docteur s'étaient
trouvées absolument fausses. Quelle ne fut pas
la surprise de l'illustre savant en apprenant ce
résultat quelle ne fut pas aussi la surprise du
!

gentilhomme quand le savant lui révéla que la


science avait été complétement étrangère à ses
prophéties !
C'est encore au XVIIe siècle que le père Yves,
capucin, publia les horoscopes de divers États
l'Europe les deux siècles suivants. Ce
rie pour
livre, aujourd'hui presque introuvable , pro-
duisit une telle sensation, que plusieurs gouver-
nements, se croyant fondés à se plaindre des
destinées qu'il leur prédisait, demandèrent et
oblinrent des rectifications sur les éditions pos-
térieures à la première.
Mais il n'est pas besoin de remonter si haut
trouver des personnages illustres disposés
pour
à croire à l'horoscopie. On sait qu'il se fit pas
mal d'horoscopes au XVIIIe siècle, à cette époque
de scepticisme qui fut en même temps l époque
de Voltaire, de Diderot, de J.-J. Rousseau et
l'époque de Cagliostro, du comte de Saint-Ger-
main et de Cazotte.
Quant au xixe siècle il compte au premier rang
des croyants à l'horoscopie, Napoléon Ier en per-
sonne; il avait foi en son étoile; plusieurs pas-
sages des mémoires contemporains et diverses
pages du Mémorial de Sainte-Hélène en té-
moignent clairement.
Nous pourrions citer quelques noms encore
plus contemporains, mais il faut respecter la
foi de chacun, pour avoir le droit de faire res-
pecter soi-mème ses croyances.
Parmi les mystifications comiques en ma-
tière d'horoscopes, il faut citer l'histoire de ce
.duc de Mantoue, au xvie siècle, je crois, qui,
ayant dans ses écuries une jument qui venait
de mettre bas un mulet, envoya aussitôt
aux
plus célèbres astrologues d'Italie l'heure de la
naissance de cet animal, en les invitant à lui
faire l'horoscope d'un bâtard né dans son palais.
Les devins, persuadés qu'il s'agissait d'un bâ-
tard du prince,,firent lés horoscopes les plus
enguirlandés de vertus, d'honneurs et de di-
gnités ; les uns prophétisaient qu'il serait
général d'armée, d'autres grand savant,'tous
personnage illustre et éminent.
L'étude des signes du zodiaque au point de
vue astrologique a suggéré dès longtemps, aux
devins, l'idée de préparer à l'avance des horos-
copes tout faits à l usage de tous les individus
qui naissent sous l ascendant de tel om tel signe.
Dès -le XIIIe siècle, l'astrologue napolitain
Thomas-Joseph Moult donnait ses prédictions
perpétuelles, annonçant les événements impor-
tants et les conditions générales des saisons
pour toutes les années,depuis 1269 jusqu'à 2024,
ouvrage-qui a été imprimé à toutes les époques
et tout récemment encore, avec un Traité fort
curieux de la bonne ou mauvaise fortune des
enfants sur les douze signes duzodiaque.
Depuis, presque tous les livres de divination
et de prophéties ont publié de ces horoscopes,
vraisemblablement écrits au hasard et suivant
les inspirations de la fantaisie de l'auteur, car
ils varient sur presque tous les points, selon les
auteurs.
Il en est' de même des horoscopes tout faits
que les bateleurs débitent sur les places pu-
bliques aux personnes qui veulent bien les ho-
norer de leur confiance et de leurs deux sous.

XLVII

HYDROMANCIE.

~croC/)p,eau.) Divination au moyen de l'eau.


On l'appelait hydatoscopie quand elle s'opérait
par l'inspection de la pluie, et pégormancie
lorsqu'on employait de l'eau de source.
Elle consistait généralement à observer la
façon dont l'eau affectait les couleurs et les
images qu'on mettait en rapport avec elle.
Voulait-on, par exemple, se renseigner sur
les conséquences d'une maladie, on plongeait
un miroir dans une fontaine, et on interrogeait
la surface.
Quelquefois on suspendait dans l'intérieur
d'un vase rempli d'eau un anneau placé à égale
distance des bords, et attaché par un fil au
doigt du consultant ; on demandait aux dieux
par une invocation succincte de l'éclairer sur
telle ou telle question. Si les conjectures for-
mées à l'avance devaient se réaliser, l'anneau
venait de lui-même frapper plusieurs fois les
parois du vase.
Parfois aussi on jetait trois pierres dans
l'eau ; l'on étudiait les détours qu'elles faisaient
dans leur chute et l'on en déduisait des pré-
sages.
Chez les Perses, qui ont passé pour les in-
venteurs de ce mode de divination, on prati-
quait des cérémonies magiques,, à )a suite des-
quelles on prétendait voir écrits à rebours sur
la surface de l'eau les événements futurs ou les
noms des personnes qu'on tenait à connaître.
Chez les Siciliens et les Eubéens, l'hydro-
mancie se pratiquait en examinant les mouve-
ments et les fluctuations de la mer.
A Rome, c'était à la couleur de l'eau et aux
figures qu'on prétendait voir s'y refléter qu'on
demandait des indices sur l'avenir. Ce procédé,
si l'on en croit Varron, révéla à l'avance les
résultats dela guerre contre Mithridate.
Les Gaulois avaient recours à l'hydromancie
pour vérifier leurs soupçons sur la fidélité des
femmes : ils plaçaient sur un bouclier les en-
fants qui venaient de naître et confiaient le tout
aux flots du Rhin :
si l'enfant surnageait, il était
accepté comme légitime ; s'il faisait le plongeon,
il était renié impitoyablement.
Une autre incantation hydromancienne con-
sistait à remplir d'eau une coupe et à essayer
de la faire bouillonner et passer par-dessus les
bords en prononçant quelques paroles magi-
ques.
Ailleurs, un bassin de verre étant rempli
d'eau, on y laissait tomber une goutte d'huile,
et l'on cherchait des pronostics dans les méan-
dres que l'huile dessinait à la surface.
Les femmes de Germanie scrutaient les
gouffres et les tourbillons des fleuves et des tor-
rents, et leur demandaient des révélations.
Enfin, dans l'Italie moderne, on a longtemps
appliqué une sorte d'hydromancie à la décou-
verte des voleurs. Elle se pratiquait en inscri-
vant sur des cailloux les noms des individus
soupçonnés, et en plongeant ces cailloux dans
l'eau. Les noms des coupables ne s'effaçaient
pas.
XLViII

ICHTY OMANCIE.

~("ï/>ç, poisson.) Divination


par l'examen des
entrailles des poissons.
On opérait sur ces victimes aquatiques à
peu
près de la même façon que sur les autres. Sui-
vant Athénée, il y avait en Lycie, près de la
mer, une fontaine consacrée à Apollon, où les
personnes qui voulaient consulter. l'oracle des
dieux offraient aux poissons qui venaient de la
mer les prémices des victimes attachées à des
broches de bois; un prêtre assis étudiait atten-
tivement ce qui se passait à la suite de cette
offrande, et en déduisait des augures.
Athénée dit encore qu'on croyait trouver des
présages dans la nature, la forme, le mouve-
ment et la nourriture des poissons de la fontaine
Phellus.
Si l'on en croit. Pline, à Myra, en Lycie,
on jouait de la- flûte à trois reprises pour faire
approcher du bord les poissons de la fontaine
d'Apollon; ils ne manquaient jamais d'ac-
courir à ce triple appel ; alors, selon qu'ils man-
geaient la viande qu'on leur offrait, ou qu'ils la
repoussaient dédaigneusement, l'oracle était
considéré comme favorable ou défavorable.

XLIX

KÉPHÀLONOMANCIE.

(KsçaXoç, tête, ovo;, âne.) Divination au moyen


d'une tète d'àne. Chez les anciens, cette divina-
tion faisait parlie de la magie judiciaire. On la
pratiquait en plaçant la tète d 'un âne sur des
charbons ardents, en récitant des formules et
prononçant successivement les noms de
en
tous les individus qu'on soupçonnait d'un
crime. Les mâchoires de l'âne venaient-elles
à se rapprocher par l'effet de la chaleur en
faisant entendre un craquement, c'est qu 'on
venait d'articuler le nom du coupable.
Les Germains attribuèrent aussi à une tète
d'âne cuite une puissance de divination. Les
Lombards remplacèrent la tète d âne par une
tète de chèvre. Suivant Delrio, c'est en raison
de la pratique de la képhalonomancie chez
les Juifs infidèles qu'on les accusa d'adorer un
âne.
L
«
KÉRAUNOSCOPIE.

foudre.) Divination qui se pratiquait


(Képauvoç,
chez les anciens par l'observation des figures
que décrivaient dans les nuages les sillons do
la foudre.
LI

LAMPADOMANCIE OU LYCHNOMANClE.

lampe; ~Mt.vlJ:', .lumière.) Divination


~(àûciatox;,
qui s'opérait par l'observation des mouvements
divers et des variétés de coloration do la lu-
mière, soit d une lampe; soit d'un flambeau, et
dans lesquels on se flattait de lire des présages
pour l'avenir.. v

LU

LÉCANOMANCIE.

bassin.) Divination .à peu près ana-


~(AexmvTj,

logue à l'hyclromancie, et qui se pratiquait


au
moyen d'un bassin rempli d'eau. Elle paraît.
avoir-été connue originairement des Chaldéens,
des Assyriens et des Égyptiens. Les Grecs
l'employaient à l'époque de la guerre de Troie.
On cite plusieurs modes de lécanomancie :
1° On inscrivait certains signes sur les pois-
sons plongés dans l'eau, puis l'on interrogeait
le dieu, et ses réponses se faisaient entendre
dans un sifflement ou un murmure sortant de
l'eau, dont les augures savaient interpréter le
sens ; c'est par ce moyen, assure Glycas, que
le roi d'Égypte Nectanébus apprit à l'avance
qu'il serait détrôné ; Delrio, qui est mort au
commencement du XVIIe siècle, assure que cette
divination se pratiquait encore de son temps
en Turquie.
2° Une vierge, en regardant la surface de
l'eau dans laquelle on avait plongé des lames
de cuivre couvertes d'inscriptions magiques, y
lisait des oracles.
Sur la surface d'un bassin d'argent rempli
d'eau, pendant un clair de lune brillant, on fai-
sait miroiter la lumière d'une lampe ou d'un
flambeau reflétée par la lame d'un couteau ; les
dessins bizarres que formaient ces reflets indi-
quaient des prédictions.
4° Enfin, suivant Végenève, on pénétrait
aussi les mystères en jetant du plomb fondu
dans un bassin rempli d'eau et en observant les
figures qui se formaient au fond de l'eau.
]
LUI
I

LITHOMANCIE. j

(Ai'Ooç, pierre.) Divination au moyen des


pierres.
La pratique consistait à laver pendant la nuit,
dans de l'eau de source et "à la clarté des flam-
beaux, certaines pierres précieuses, appelées
siderites. Toutefois, la personne qui consultait
devait être nette de toute souillure et avoir le
visage couvert. On récitait alors des formules, on
plaçait des caractères dans un ordre déterminé
et l'on attendait la réponse de la pierre, qui de-
vait s'agiter d'elle-même et rendre, des sons
doux et faibles, mais significatifs. C'est, ont dit
des historiens, par ce système de divination
qu'Hélénus sut prédire la prise de Troie.
Dans ce qui nous reste des oracles de Zo-
roastre, il est question d'une pierre que Pline
nomme astroïte, et qu'il faut offrir en sacrifice
lorsqu'on voit un démon terrestre s'approcher.
Delrio et Psellus appellent cette pierre mizouris
miuzouris et miusuris, et prétendent qu'elle
avait la vertu d'évoquer les génies etde leur faire
donner des réponses aux questions qu'on leur
posait.
Les Chananéens et les Phéniciens consul-
taient, dit-on, les pierres comme des oracles,
et ces pierres, ainsi divinisées, étaient connues
dans toute l'antiquité sous le nom de hétiles ou
pierres animées, qui rendaient des oracles.
On a longtemps cru, et bien des personnes
croient encore, que l'améthyste, cette belle
pierre précieuse d'un violet foncé, qui était la
neuvième en ordre sur le pectoral du grand
prètre des Juifs, possède la vertu singulière de
faire voir l'avenir en songe à ceux qui la por-
tent.

LIV

LOGAIUTHMOMANCIE.

Divination par l'inspection des nombres, déjà


expliquée il l'arithomomancie.

LV

MARC DE CAFÉ.

Ici point d'étymologiegrecque, bien entendu.


Les anciens ne connaissaient point ie café ; la
divination de l'avenir par l'observation du marc
de café est un art tout moderne, et, bien que le
café soit originaire de l'Arabie, on ne pense pas
que les Arabes aient jamais eu l'idée de se ser-
vir du marc comme moyen de divination.
Cette pratique ne doit pas remonter au delà
du xvii® siècle, 'époque où l'usage du café se ré-
pandit en Europe. « Madame de Sévigné, a
écrit Racine, passera comme le café. » Le café
et le bon goût litéraire ont donné un démenti à sa
prédiction. Si, par suite de quelque aberration,
la délicieuse infusion orientale venait à tomber
en désuétude, il est probable que l'application
du marc à la découverte des choses futures en
ferait survivre l'emploi à toutes les transforma-
tions gastronomiques, car la lecture dans le
marc de café n'est pas moins enracinée dans
les mœurs que l'art de tirer les cartes.
Voici, du reste, comment on procède.
On attend que le marc déposé dans la cafe-
tière soit à peu près sec. Vous le mélangez avec
un verre d'eau, vous faites chauffer jusqu'à
délayage, et vous versez cette mixture sur une
assiette de porcelaine ou de faïence parfaitement
essuyée, en ayant soin de remuer à mesure que
vous versez. L'assiette remplie à peu près à moi-
tié, vous la balancez légèrement, de façon à éga-
liser à peu près la couche de liquide sur toute
la surface. Après un instant de repos, vous
assiette doucement et avec pré-
gouttez votre
de manière à ne garder sur l émail
caution,
particules de café, qui y forment alors
(lue des
une multitude de dessins bizarres.
Les diseurs et les diseuses de bonne aven-
l'habitude de murmurer quelques
ture ont
phrases de mauvais latin en préparant le marc;
mais les érudits en science divinatoire assurent
conjurations verbales sont absolument
que ces
inutiles, et n'ont d'autre objet que de donner
satisfaction à certains consultants, qui ne
croient à l'efficacité des pratiques que si elles
accompagnées d'une certaine mise en
sont
scène.
donc votre marc de café
Vous examinez
ainsi étendu dans l'assiette, et vous cherchez à
bien compte des figures que des-
vous rendre
sinent les méandres formés par l eau et les
grains de poudre brune ;
voici la signification
(les divers contours que vous y observez le plus
fréquemment.
Une tète ou une silhouette de chien à côté
d'un profil humain vous êtes à peu près
; —

sûr d'avoir un ami.


Trois figures à côté l'une de l autre ; vous
êtes en droit d'espérer un bon emploi.
Un bouquet composé de plus de quatre fleurs ;
— comptez en toutes choses sur les chances les 1
plus heureuses.
^
Un cavalier monté sur un cheval, sur un
chameau, voire même sur un âne ; — tenez pour
certain qu'un personnage influent fait pour
vous 'de sérieuses démàrches.
Une couronne de triangles ou de carrés ; —
vous avez à redouter prochainement la mort
d'une proche parente.
Si c'est une couronne de croix ; c'est un

de vos parents qui est menacé de mort pro-
chaine.
Voyez-vous dans votre marc l'image d'une
maison voisine d'un cercle ? — Concluez que
vous deviendrez propriétaire.
S'il se trouve la forme d'un X à peu de
distance, votre maison sera dans une ville,
tandis qu'il y a gros à parier qu'elle sera à la
campagne si vous apercevez une végétation
quelconque aux alentours.
Si des triangles sont aux abords de la maison,
c'est qu'elle ne doit pas vous coûter cher, puis-
que vous la recevrez par héritage ou donation.
Pour peu que le pignon soit surmonté d'une
croix, vous avez tout lieu de penser que vous
mourrez dans cette maison.
Y a-t-il des formes de poissons dans votre
assiette? — C'est que vous serez invite a taIre
un bon diner. couronne? —
Voyez-voUS la forme d'une
destiné à avoir des succès à la cour.
Vous êtes
d'un oiseau? Présage de féli-
La forme —
cité.
Celle d'un quadrupède? Adversité et

chagrins.
L'oiseau est-il retenu par les mailles d 'un
filet ? — C'est un procès qu'il vous annonce.
Un serpent vous apparaît-il? — Craignez
une trahison.
Une rose? Vous avez de la santé pour

longtemps.
Un buisson d'épines? Vous devez craindre

des retards dans vos affaires.
pleureur? Craignez des accès de
Un saule —
spleen.
Des séries de carrés juxtaposés, comme un
vitrage de fenêtre? Vous pourriez bien ètre

volé.
Si, au lieu de carrés, vous voyez une certaine
quantité de ronds; c'est que vous avez de

l'argent à recevoir.
En général la prospérité financière des con-
sultants sera en raison directe du nombre des
ronds qui manifesteront dans l 'assiette.
se
Des carrés semés çà et là dans la surface
promettent plus ou moins de contrariétés.
Des ovales sont un signe favorable, surtout
en ce qui concerne les entreprises.
Les lignes saillantes et multipliées, particu-
lièrement les lignes prolongées et à
peu près
droites, vous permettent d'espérer
une vieillesse
agréable.
Si les lignes sont tortueuses,
— votre exis-
tence sera panachée de bonheurs et de misères.
Trois croix se dessinent-elles au milieu de la
surface couverte de marc? De grands hon-

neurs vous sont réservés.
Les croix sont-elles plus nombreuses? C'est

que vous êtes destiné, après avoir été ballotté
par la tempête des passions, à rentrer dans le
giron de l'Église.
Y a-t-il une seule croix? Vous êtes certain

d'une mort calme et douce.
Un triangle? — C'est un emploi.
Plusieurs triangles? Toutes sortes de

bonnes chances.
Une forme représentant distinctement une II ?
;— Un empoisonnement.
Un parallélogramme allongé? Des dicordes;

Un rond, dans lequel sont semés quatre
points, vous promet un enfant.
Deux ronds ainsi illustrés ; — deux enfants.
Autant d'enfants que de ronds pointillés.
Enfin un sillon bien tracé dans la surface
prévient que vous ferez un voyage dont
vous
la longueur raison de l étendue du
sera en
sillon, et la facilité, en raison de sa netteté.
Autant de grains de poudre brune épars dans
le sillon, autant vous rencontrerez d'obstacles.'
Tels sont les principaux éléments de cette
pratique. On comprend que ces règles som-
maires ouvrent un champ très-vaste à l 'ima-ina-
tion de l'interprète, et qu'il est facile d édifier
données les romans les plus accidentés.
sur ces

LVI

MÉTÉOROMANCIE OU METÉOROSCOPlE4

~(MeTswpoç, élevé en l'air.) Divination au moyen


de l'observation des météores. Cette science divi-
natoire, fort en honneur chezles peuples anciens,
qui regardaient les phénomènes météorolo-
giques comme des miracles et des avertisse-
ments des dieux, paraît avoir été pratiquée chez
les Chaldéens, puis chez les Grecs et chez les
Étrusques, qui la transmirent aux Romains.
C'étaient surtout les météores ignés,tels que le
tonnerre, le feu Saint-Elme, les feux-follets, les
"étoiles filantes, les bolides, et des météores
lumineux, tels que l'arc-en-ciel, les halos, les au-
rores boréales, la lumière zodiacale, lespar-
hélies 'et les parasélénies, dont les augures ti-
raient des présages sur les événements à venir.
Aujourd'hui,que les lois et les effets de la
* plupart des phénomènes météorologiques ont été
étudiés, la science tire de leurs observations
des inductions sur les mouvements atmosphé-
riques, souvent très-utiles à l'agriculture. On
voit cependant encore dans les campagnes de
prétendus sorciers qui pratiquent une' sorte
de. météoromancie rudimentaire.

LVII

MOLYBDOMANC1E.

plomb.) Divination qui se prati-


~(Mo'Xuêîoç,

que par l'observation des mouvements que


faisait et des figures que dessinait le plomb en
fusion. On en a vu un exemple dans la lécano-
mancie.
LVIII

MYOMANCIE.

(Mo;, rat, souris.) Divination au moyen


~jjiuoç,
des rats et des souris. Certains auteurs pré-
tendent que la myomancie est la plus ancienne
des sciences divinatoires, et que c'est pour
cette cause qu'Isaïe compte les souris parmi
les abominations des idolàtres.
Ce qu'il y a de certain, c'est que les rats et
les souris jouaient un rôle important dans le
système général de la divination chez les
Romains ; que la nature de leurs cris, le degré
de leur voracité servaient d'indices aux présa-
ges heureux ou funestes.
Le cri aigre d'une souris, dit Élien, déter-
mina Fabius Maximus à se démettre de la dic-
tature. Varron affirme qu'après avoir entendu
un cri de souris particulièrement désagréable,
Cassius Flaminius renonça à la charge impor-
tante de général de la cavalerie. D'après Plutar-
que, on conçut une fâcheuse idée de la dernière
campagne de Marcellus, parce que des rats
s'étaient permis de ronger quelques dorures
sage, attachait, quant à lui, moins d'impor-
tance aux faits et gestes des sinistres rongeurs.
Un Romain étant venu un jour tout effaré le
consulter en lui demandant ce qu'il devait
penser de ce que les rats avaient mangé un
de ses souliers, Caton lui répondit en riant
que
ce serait un prodige bien plus étrange si c'était
le soulier qui eût mangé le rat.

LIX

NÉCROMANCIE.

(Nsxpod,mort.) Divination au moyen de l'évo-


cation des morts.
La pratique de la nécromancie remonte aux
temps les plus reculés. Il en est parlé dansl'An-
cien Testament, où Moïse interdit aux Hébreux
ces pratiques superstitieuses. On voit, dans le
livre III des Rois que la pythonisse d'Endor
fait apparaître Samuel devant Saùl. Dans le
livre XI de Y Odyssée, Homère représente
Ulysse évoquant l'ombre de Tirésias. La des-
cente d'Orphée aux enfers pourrait bien aussi
n'être qu'un acte de nécromancie; en disant
que certains héros étaient descendus aux enfers,
il est possible qu'on entendit parla qu'ils avaient
consulté quelques oracles des morts.
grande partie de la Grèce, la
Dans la plus
nécromancie était exercée dans les temples
des prêtres elle faisait, pour ainsi dire,
par ;
des
partie de la religion. En Thessalie, c'étaient
spéciaux qui étaient chargés. On
ministres en
(évocateurs d'esprits). Ils
les appelait
employaient peur cette divination des pratiques
magiques que les Romains imitèrent plus tard.
Ces pratiques, en dégénérant, devinrent horri-
bles et repoussantes.
Quelques nécromanciens de l'antiquité se
contentaient d'évoquer l'àme des morts par des
D'autres soumettaient eux-mèmes à
prières. se
l'exorcisme.
Cette divination changeait de nom, suivant la
forme sous laquelle le mort apparaissait ; si
c'était sous une forme aérienne, la pratique
s'appelait sciomanoie et psychomancie.
Les nécromanciens s entouraient d 'un appa-
d'une mise en scène qui fût de
reil imposant,
nature à frapper les imaginations ; on peut s 'eli
faire une idée d'après l admirable description
qui se trouve dans le Visionnaire, de Schiller.
La nécromancie fut acceptée par les mysti-
de l'école néoplatonicienne, qui la trans-
ques
mirent au moyen âge, où elle ne joua pas
un
moins grand rôle que dans l'antiquité, surtout
en Espagne. La grande Isabelle, pour supprimer
les écoles publiques de nécromancie de Tolède,
de Séville et de Salamanque, dut faire
murer
les entrées des cavernes où elles
se tenaient.
Au xix" siècle, nous avons vu une sorte de
résurrection de la nécromancie dans les prati-
ques du spiritisme au moyen des tables tour-
nantes, dans lesquelles venaient se placer les
esprits des morts évoqués, pour répondre
par
des frappements magiques aux questions qu'on
leur posait.

LX

NÉPHÉLÉMANCIE.

nuage.) Divination par l'observation


~(NecpsXïi,

des nuages, de leurs formes, de leur direction


et des divers phénomènes qui se produisent
dans leur marche.

LXI

NIGROMANCIE.

Divination par l'examen des choses situées


dans les endroits obscurs et souterrains, tels
que les cavernes, les mines les carrières.
,
C'était particulièrement la nuit, en évoquant
les démons, pour leur demandèr la révélation
des trésors enfouis, que les nigromanciens opé-
raient.

LXII

NOMANCIE OU ONOMANCIE OU ONOMAMANCIE OU


ONOMATOMANCIE.

(Nomen, en latin, ou ~ovoua, en grec, nom.)


Divination par l'étude des noms.
Les pythagoriciens prétendaient que les ca-
ractères, les actions et les succès des hommes
étaient conformes à leur destin, à leur génie et
à leur nom. Platon paraît incliner aussi vers
cette opinion, qui se trouve également expri-
mée à diverses reprises dans les poésies d'Au-
sone.
Une des règles de cette science parmi les
pythagoriciens était qu'un nombre pair de
voyelles dans le nom d'une personne signifiait
quelque imperfection dans le côté gauche, et
qu'un nombre impair signifiait une défectuosité
du côté droit. Ils estimaient aussi que, de deux
personnes, celle-là était destinée à être la plus
heureuse dans le nom de laquelle la
somme des
lettres numérales additionnées ensemble
(sui-
vaut. le numéro d'ordre qu'elles portent dans
l 'alphabqt) donnait le chiffre le plus
élevé.
Pour tirer des inductions des
noms, l'ono-
mancie décomposait les noms soit lettre à lettre,
soit en en faisant des anagrammes.
On cite deux modèles d'anagrammes
prophé.
tiques dans l'histoire de France l'anagramme
:
du nom de l'assassin d'Henri III, Frère,
dit
Jacques Clément, où l'on trouve c'est l'enfer
:
qui m'a créé.
L anagramme de Louis quatorzième,
roi de
7 armée qui
-
France et de Navarre, va, Dieu confondra
osera te visiter.
^ On trouve dans l'histoire quelques,
exemples
singuliers d'onomancie, et l'on enregistré
a dans
les annales de divers pays la fatalité qui
ble s'attacher à certains sem-
noms de souverains,
tels que c.elui d'Auguste dans l'empire
romain
d 'Occiclent,. Constantin dans l'empire
romain
d 'Orient, celui de Henri
en France, etc.
LXIII

OCULOMANCIE.

Divination particulièrement appliquée à la


magie judiciaire, et qui consistait à examiner le
mouvement d'yeux des gens accusés de vol,
après qu'on les avait soumis à certaines incan-
talions magiques.
LXIV

ŒNOMANCIE OU OÏNOMANCIE.

(Oïvoç, vin.) Divination qui se pratiquait en


étudiant la couleur et la saveur du vin destiné
libations sacrées. Les Perses furent sur-
aux
tout très-attachés à ce mode de divination.

LXV

OMOMANCIE.

Divination par l'examen des épaules chez les


rabbins. Les Arabes la pratiquent en étudiant
les épaules de mouton les points dont elles
sur
sont marqués, lesquels représentent diverses
figures de géomancie.
LXVI

OLOLYGMANCIE.

Divination pratiquée en observant le hurle-


ment des chiens. On cite dans l'antiquité
un
fait remarquable à propos d'ololygmancie. Le roi
des Messéniens, Aristodème, ayant appris
au
moment de la guerre contre les Lacédémoniens
que les chiens hurlaient comme des loups et
que du chiendent avait poussé autour d'un
autel, fut en proie à un tel accès de désespoir
en présence de ces sinistres présages, bien
qu'il eût déjà sacrifié sa fille pour apaiser les
dieux, qu'il se donna lui-mème la mort.
Aujourd 'hui encore, dans les campagnes, les
aboiements nocturnes des chiens, particulière-
ment les aboiements à la lune, sont regardés
comme les indices de la mort prochaine do
quelqu'un du voisinage.

LXVII

OMPHALOMANCIE.

Divination par l'examen du nombril. Au


mo-
ment du premier accouchement, les sages-
femmes prédisaient le nombre d'enfants que la
mère était destinée à avoir, en étudiant les
nœuds inhérents au nombril du premier né.

LXVIII

ONEIHOMANCIE, ONEIROCRITIQUE, ONEIROSCOPIE.

("Ovatpoç, songe.) Divination au moyen de


l'interprétation des songes, dont l'usage remonte
à une antiquité très-reculée. L'Écriture sainte
parle divers endroits tout le monde
en en :

connaît le songe de Pharaon et l'explication


donnée par Joseph, ainsi que l interprétation
par Daniel des songes de Nabuchodonosor.
Les Grecs et les Romains pratiquèrent réguliè-
rement l'oneiromancie, et il existait vraisembla-
blement chez eux des traités sur cette science,
qui ont servi à Arthémidor d 'Éphèse au
ne siècle pour composer son grand ouvrage,
Oneirocritiaa; on connaît même un petit re-
cueil de Valère Maxime, contemporain de
Tibère, écrit le même sujet, dans lequel se
sur
trouve racontée en détail la fameuse histoire des
deux Arcadiens, déjà mentionnée par Cicéron.
Deux Arcadiens étant arrivés ensemble à
Mégase, l'un alla coucher dans une hôtellerie,
l'autre qui avait un ami dans la ville, alla lui 1
demander l'hospitalité. |
A peine endormi, ce dernier eut un songe 1
horrible ; il vit son compagnon de voyage qui 1
lui demandait aide et assistance contre l'auber-
giste qui le menaçait. j

Éveillé en sursaut par ce rêve, et obéissant


à son premier mouvement, il se lève, s'habille
rapidemment et court du côté de l'hôtellerie.
En route, il réfléchit, considère ce que la dé-
marche qu'il va faire au beau milieu de la nuit
peut avoir de ridicule, se gourmande lui-mème
de sa facilité à aller réveiller les gens sur la
foi d'un songe, et, tout pesé, se décide à revenir
sur ses pas et à se recoucher.
Aussitôt qu'il est rendormi, il revoit son nmi
blessé, ensanglanté, mourant, et il l'entend lui
crier : « Coupable ami, puisque tu as négligé de
• me porter secours de mon vivant, ne refuse
pas du moins de venger ma mort. J'ai péri sous
les coups du misérable aubergiste, et, pour
cacher son forfait, il a enfoui mon corps, coupé
.
en morceaux, au fond d'un tombereau de fumier
qu'il va jeter à la porte de la ville. »
Frappé de ce deuxième songe, plus terribie
encore que le premier, l'Arcadien saute à bas
de son lit, se précipite vers la porte de la ville,
où il trouve la vérification de sa vision en dé-
couvrant les restes de son ami au milieu du fu-
mier versé par le tombereau. Il s'empresse de
livrer l'assassin à la justice.
Combien ne voyons-nous pas de songes dans
Ilomère qui témoignent de la croyance des
anciens! Mais Homère est unpoëte, et l'inter-
prétation des songes favorise la poésie. On peut
cire fondé à qualifier de fables ses admirables
récits.
Hippocrate, lui, est le maître de la science,
et il écrit traité sur les songes dans lequel
un
il donne presque à entendre qu'il ne reconnaî-
trait pas pour un médecin achevé celui qui ne
saurait point interpréter un songe.
Combien d'hommes célèbres ont cru aux son-
César tout le premier, Mithridate, Domi-
ges !

tien, Marc-Aurèle, etc.


La croyance aux songes fut un article de foi
religieuse chez les Romains, témoin ce disti-
que de Properce :
Nrc tu sperne piis venientia somma portas.
Quum pia vcncrunt somnia, pondus habont.
Ne dédaignez pas les songes qui vous arri-
«

vent par les portes pieuses :


lorsque vous
viennent les songes pieux, ils ont leur poids. »

Qu'ils sont nombreux les exemples de songes


prophétiques, et combien de tragédies, d'anec-
dotes comiques, de vaudevilles et de sujets
d'opérettes ne fourniraient-ils pas?
Écoutez ce que raconte Aristote.
Vers le milieu du IVe siècle avant Jésus-
Christ, il y avait à Phères en Thessalie un tyran
nommé Alexandre, qui s'exerçait l'imagination
à reculer les limites de la cruauté humaine et à
inventer des supplices nouveaux à l'usage de
ceux de ses sujets qui lui déplaisaient : un jour
il les faisait enterrer vivants, un autre jour il en
faisait travestir en ours ou en sangliers, lançait
à leur poursuite des chiens de chasse féroces
qui les déchiraient à belles dents, pendant que
lui-même les perçait à coups de flèches.
Un ami d'Aristote. Eudemus, de Chypre,
étant tombé gravement malade et ayant été
obligé de s'arrêter à Phères, vit apparaître en
songe, une nuit, un jeune homme d'une beauté
merveilleuse qui lui prédit sa guérison ; il lui
annonça, comme garantie de la véracité de sa
prophétie, que le tyran Alexandre n'avait plus
que peu de jours à vivre.
En effet, le surlendemain de ce rêve, Eudemus
fut éveillé par les cris de-joie de la population
qui célébrait avec ivresse la mort du tyran.
C'était sa femme Thébé qui, pour se venger
de ce qu'il avait tué un jeune Thessalien qu'elle
aimait, s'était entendu avec les trois frères de
celui-ci pour faire assassiner son mari.
Sylla vit en songe une Parque qui l'appelait.
Aussitôt éveillé, il fit son testament; le lende-
main, il fut emporté par un violent accès de
fièvre.
La femme de César, Calpurnia, rêva qu'on
égorgeait son mari; elle le supplia vainement
de ne point sortir, mais, sur les plaisanteries
de Brutus, qui lui fit sentir combien il était
ridicule de régler sa conduite d'après les songes
d'une femme, il se décida à se rendre au sénat,
où il fut poignardé. Telle est la légende.
Citons maintenant des songes et des événe-
ments plus modernes :
La mère de Bertrand.Duguesclin rèva, peu
de jours après son mariage, qu'elle avait à la
main un écrin dans lequel elle voyait son por-
trait et celui de son mari. Sur le couvercle de
cet écrin était un caillou brut, le dessous de la
boite était orné de trois diamants et de trois
perles. Son rève se poursuivant, elle se vit
commandant à un lapidaire d'arracher cette
pierre brute, à quoi celui-ci répondait en s'y
refusant et en lui conseillant de nettoyer elle-
même cette pierre, supérieure en valeur à tous
les diamants du monde ; ce qu'elle fit avec
un
entier succès.
Peu de temps après, elle raconta ce songe à
une religieuse, qui l'interpréta ainsi :
« L'écrin contenant votre portrait et celui de
votre mari représente votre maison et vos en-
fants. La pierre brute devenant le plus précieux
des diamants, c'est votre fils aîné. Les trois
diamants sont vos trois autres fils, et les trois
perles vos trois filles. »
La mère de Duguesclin eut en effet quatre fils
et trois filles.
On assure que Henri III avait été prévenu à
l 'avance, par un songe, des calamités et des
crimes qui devaient signaler son règne. En
effet, il avait rêvé que la ménagerie d'ani-
maux féroces, lions, ours, etc., qu'il entretenait
à grands frais au château de Madrid,
au bois de
Boulogne, avait brisé ses cages, et
que les
fauves échappés avaient voulu le dévorer. Il
les fit tous tuer, et les remplaça
par ces petits
chiens, de Lyon qui devinrent aussi à la mode
que les boucles d'oreille pour les hommes et le
jeu de bilboquet;
— ce qui n'empêcha pas le
règne de ce prince dépravé d'être semé de cala-
mités, et quelque peu honteux.
Mademoiselle de Fontanges s'en alla
un jour
trouver un père franciscain et lui raconta le
rêve étrange qu'elle avait fait. Elle s était vue
cheminant dans une plaine aride et sablon-
neuse, lorsque soudain une montagne haute et
escarpée dresse devant elle ses roches abruptes
et presque impraticables. Néanmoins la vision-
naire la gravit résolûment. Arrivée au point
culminant, elle se voit, ainsi que la montagne,
enveloppée d'une atmosphère lumineuse, qui
tout à coup est envahie par un nuage épais et
d'une odeur nauséabonde et asphyxiante. C'est
cette impression que mademoiselle de Fon-
sous
tanges s'était éveillée.
Le franciscain expliqua ainsi qu'il suit ce
allégorique. Cette montagne est la cour:
songe «
arriverez, et vous y occuperez avec éclat
vous y
place importante, mais cet éclat sera de peu
une
de durée abandonnerez les voies de Dieu
; vous

et vous tomberez dans d'affreuses misères. »

Si mademoiselle de Fontanges avait ajouté foi


à la vérité de cette interprétation, son rève
aurait pu lui servir d'avertissement et la mettre
garde contre les séductions de la cour.
en
Rétif de La Bretonne, dans Ici Vio de M. Ni-
colas, cite un exemple frappant d 'un avis salu-
taire donné par un songe à un homme qui sut
en profiter :
« Un écrivain composait un ouvrage contre
le gouvernement ; il avançait
sa besogne avec
une grande anxiété ; l'ouvrage touchait à sa fin,
iorsqu'une nuit, celle où il venait de le terminera
il rêva dans son premier somme
que d'Hénery,
l'exempt de police, entrait dans sa chambre à
une heure après minuit, et lui ordonnait, de la
part du roi", de le suivre chez le lieutenant
général de police. Le rêveur, effrayé, suait à
grosses gouttes. Il s'éveilia en sursaut, et n'était
pas bien sûr que ce fût un rêve. Il était si épou-
vanté, quoiqu'il ne crût pas aux songes, qu'il
se leva, fit du feu et brûla son manuscrit tout
entier ; il eut même la précaution de disperser
les cendres, pour qu'on ne vit
pas qu'il avait
brûlé du papier. Il fit plus, il écrivit
une page
où il louait la police, Sartines et d'Hénery. Le
lendemain, il passa la journée à se repentir de
ce qu 'il avait fait, et se coucha fort tranquille.
A minuit et demi, on frappe à
sa porte, on l'é-
veille. Il se lève, ouvre ; c'était d'Hénery qui,
au lieu de lui dire de le suivre, se met à tout
visiter. L'auteur, sûr de son fait, répond
avec
assurance. D'Hénery lui montre un morceau de
brouillon qu'il avait laissé tomber de poche,
sa
au coin de la rue Richelieu, en sortant du café
à l'angle de la rue Saint-Honoré, le jour qui
avait précédé son rève. Ce morceau contenait
une liste d'abus, sans réflexions, mais c'était
ceux de la police!... — Oui, dit l'auteur, ce
papier est de mon écriture ; je l'ai cherché pour
faire ce que vous voyez ici, c'est une réponse à
ces prétendus abus. Et il montra la page
écrite la veille. D'Hénery, tout rusé qu'il était,
fut fort étonné. Cependant il conduisit son
homme chez le lieutenant général de police. On
produisit les deux papiers. L'auteur reçut des
compliments du renard et du furet ; on l'en-
gagea à faire quelque bon ouvrage en faveur de
la police, en lui promettant une pension sur le
Mercure de Franco. L'auteur le fit, donna le
manuscrit à M. de Sartines, et reçut une pension
au lieu de Bicétre. Cet auteur était Brissot de
"YVarville. »
Nous laissons au fécond et ingénieux Rétif
l'entière responsabilité 'de cette anecdote, en tout
cas très-piquante, et du style un peu négligé
dans lequel elle est contée.
Empruntons encore au même auteur deux
anecdotes qui se rapportent à notre sujet.
« Madame de Cauchan, écrit-il dans sa 169e
des Nuits de Piwis, madame de Cauchan, veuve
de messire Armand de \Valk; comte de Dam-
pierre, domiciliée à Chàlons-sur-Marne, rêva,
le 12 février 1772, qu'elle mourrait le 17 du
même mois. Elle avait alors G5 ans, et n'avait
d'autre incommodité que la pesanteur de son
âge.. Cette dame avait souvent rèvé, toujours
constaté ses songes, et remarqué qu'ils se réa-
lisaient ; elle fut donc singulièrement frappée
de celui-ci, et toute sa maison en prit l'alarme.
Notre comtesse chercha, mais en vain, un abri
contre la mort prochaine dont elle était mena-
cée dans la grande expérience du docteur Au-
bert; elle expira le 17 février, le jour même
marqué par son rêve. »
Le mème Rétif de La Bretonne raconte encore
que lui-même rèva, dans la nuit du 6 au 7 mars
1773, qu'il voyait son père expirant au milieu
d'une famille éplorée. Le lendemain soir, un de
ses frères venait lui confirmer la terrible coïn-
cidence de l'événement avec sa vision. Un autre
de ses frères, éloigné de trois lieues du lieu où
résidait son père, fut saisi à son réveil, le 7 mars
au matin, d'un frisson violent et d'un tremble-
ment de tous ses membres qui le forcèrent à
s'arracher du lit, en s'écriant involontairement
« Hélas! mon père est mort! »
On n'en finirait pas si l'on voulait reproduire
les milliers de récits relatifs tant à la réalisation
qu'à l'interprétation des songes dont fourmil-
lent les mémoires des personnages célèbres et
les recueils d'anecdotes.
En ce qui concerne l'interprétation, nous ne
voulons pas entreprendre ici un cours d'onei-
romancie, qui sera mieux placé dans un vo-
lume spécial. Nous nous bornerons donc à citer
quelques-unes des principales significations at-
tribuées, par les écrivains les plus compétents
sur la matière, aux ètres et aux objets vus en
songe.
Il n'est généralement pas bon de voir un âne
en songe : s'il court, c'est un présage de mal-
heur ; s'il demeure en place, redoutez des mé-
disances et des propos fâcheux; s'il brait, atten-
dez-vous à des tracasseries.
Rêver qu'on trouve de l'argent est mauvais
signe, rêver qu'on en perd est au contraire un
signe excellent.
Manger des champignons en songe présage
une longue existence.
Il ne fait pas bon rèver qu'on est enterré vi-
vant, ce songe annonce de la misère ; mais si
l'on se voit suivant l'enterrement de quelqu'un,
on a droit de compter sur un riche ma-
riage.
Voir des femmes en songe n'est généralement
pas d'un bon augure, à moins que ce ne soit une
seule femme très-blanche, ce qui est parfois
favorable.
La vision d'un homme vètu de blanc est un
bon pronostic, surtout si c'est la vision d'un
homme assassiné ; mais si l'homme est vêtu de
noir, mauvais signe.
Rêver de lapins a des significations lrès-di-
verses. Si les lapins sont noirs, adversité; s'ils
sont blancs, prospérité; si l'on tue un lapin,
trahison et ruine; si on le mange, santé excel-
lente.
Parfois, les principes de l'interprétation des
songes ont des allures épigrammatiques : ainsi
voir un limaçon, le plus rampant et le plus
gluant des êtres animés, annonce qu'on obtien-
dra des dignités et des honneurs; et encore
rèver qu'on voit des oies signifie qu'on se trou-
vera en bonne position à la cour.
Mais il est inutile de nous étendre sur sujet,
ce
et nous ne saurions mieux faire que derenvoyer
ceux de nos lecteurs qui voudraient être plus
complétement édifiés sur la clef des songes, au
Grand Interprète des songes, par le dernier .

descendant de Cagliostro (1).

(1) Paris, Garnier frères, éditeurs.


LXIX

ONOMANCIE, ONOMAMANCIE, ONOMATOMANCIE.

nom.) Divination au moyen des noms,


~CÛvo:J.oc,

qui consistait à présager, par l'examen des let-


tres dont se composait le nom d'une personne,
le bien et le mal qui devaient lui arriver.
Suivant les pythagoriciens, les caractères, les
actions et les succès des hommes étaient con-
formes à leur destin, à leur génie et à leur nom.
Platon sembla incliner vers cette opinion, qui
est aussi exprimée dans divers passages des
poésies d'Ausone.
Uh des principes de l'onomancie pythagori-
cienne était qu'un nombre pair de voyelles dans
le nom d'une personne signifiai t.quelque imper-
fection du côté gauche, tandis qu'un nombre im-
pair de voyelles signifiait quelque défectuosité
; au côté droit. Dans le même système, on jugeait
que.de deux personnes, celle qui était destinée
à étre la plus heureuse était celle dans le nom
de laquelle les lettres numérales additionnées
ensemble donnaient le total le plus élevé.
Les anciens et les modernes, soit en vertu de
ce principe, soit par d'autres calculs d'onoman-
cie, ont attribué à certains noms de princes
une
singulière fatalité. Tels sont ceux d'Auguste,
dans l'Empire romain d'Occident, de Constan-
tin, dans l'Empire romain d'Orient, celui d'Henri
en France, etc.
C'est ainsi que des onomanciens contempo-
rains, appliquant la règle des pythagoriciens,
ont prétendu, à l'époque de la prospérité du se-
cond Empire, qu'en France les règnes les plus
heureux avaient été ceux des Napoléon, dont
le nom donne par l addition des lettres numé-
rales un total de 92; qu'ensuite venaient les
Philippe, fournissant un total de 91 ; puis les
Louis, total de 76; les Charles, de GG; et enfin
en dernier les Henri : Henri I"', règne agité
par de nombreuses révoltes et guerres civiles;
Henri II, tué dans un tournoi ; Henri III et
Henri IV, tous deux assassinés.
Laissons ces tours de force historiques aux
fatalistes, à qui la fin du second Empire est
venue donner du reste un si cruel démenti.
On a tiré aussi des indices prophétiques des
noms propres en les décomposant en ana-
grammes.
Noël, dans son Dictionnaire de 1/1 Fable,
cite, d'après Cœlius Rhodiginus, un bizarre spé-
cimen d'onomancie. Le roi des Goths, Théodat,
ayant conçu le dessein de faire la guerre aux
Romains, consulta un devin juif pour savoir
quelle serait l'issue de cette guerre. Celui-ci
lui conseilla de faire enfermer un certain nom-
bre de cochons dans de petites étables, en ayant
soin d'en marquer la moitié de noms goths et de
les laisser ainsi pendant un espace de temps
déterminé. Le temps écoulé, en ouvrit les éta-
bles et l'on trouva morts tous les cochons por-
tant des goths. Le devin en conclut que
noms
les Goths étaient destinés à être vaincus. Théo-
dat renonça à la guerre projetée.

LXX

ONYCHOMANCIE.

Divination au moyen de l'inspection des on-


gles. On frottait, soit avec de l'huile, soit avec
de la cire, les ongles d'un
de la suie, soit avec
examinait aux rayons du so-
enfant, puis on les
l'avenir dans les figures bizar-
leil, afin de lire
dessinaient sur les ongles ainsi pré-
res qui se
parés.
LXXI

OOMANCIE, OOSCOPIE.

('Ûov, œuf.) Divination par les signes ou les


figures qui se voient dans les œufs. Suivant
Suidas, Orphée aurait composé un livre
sur
cette pratique divinatoire.
On lit dans Cicéron qu'un homme ayant rêvé
qu 'il mangeait un œuf frais, alla consulter un
devin sur la signification de ce songe. Celui-ci
lui annonça que le blanc de l'œuf présageait de
l'argent, et que le jaune promettait de l'or. Le
rêveur recueillit en effet une succession dans
laquelle il y avait de l'or et de l'argent. Il alla
conter son bonheur au devin et lui donna une
pièce d'argent. C'est bien pour le blanc, lui

dit celui-ci, mais pour lé jaune, vous
ne me
donnez rien?
Les anciens attribuaient aux œufs une grande
importance magique, particulièrement les Ro-
mains. Julie, fille d'Auguste, étant enceinte,
désirait vivement avoir un fils. Pour savoir à
l'avance quel serait le sexe de son enfant, elle
prit un œuf et le couva pour ainsi. dire,
en le
tenant constamment à la chaleur de sa poitrine.
Si elle était parfois obligée de s'en séparer, elle
le faisait garder sur le sein d'une nourrice. Pline
ajoute que l'augure fut favorable : de son œuf
sortit un coq, et, en effet, elle accoucha d 'un
fils. Ce fils fut Tibère.
Le grand Grimoire d'Agrippa donne une re-
cette pour deviner l'avenir en cassant un œuf
tout frais d'une poule noire, en en tirant le
germe, qu'on met dans un grand verre d'eau

claire, en remuant avec le doigt, en disant des


conjurations qui font se produire dans l'eau
certaines figures représentant les signes de
l'avenir.
C'est de procédés analogues que se servaient
récemment mademoiselle Lenormand, madame
Clément et les autres devineresses, chez qui
l'on voyait l'indispensable poule noire. Il en
est qui jettent le blanc de l'œuf dans l eau bouil-
lante et l'étaient ensuite à demi coagulé sur une
assiette pour lire dans les figures dessinées
comme dans le marc de café.
LXXII

OPHIOMANCIE.

("O,nç, serpent.) Divination par l'examen des


mouvements que faisaient les serpents. Elle
était très-usitée chez les anciens.
On lit dans l'Histoire du Ciel, de Pluche, que
« le serpent, symbole de vie et de santé, si or-
dinaire dans les figures sacrées, faisant si sou-
vent partie de la coiffure d'Isis, toujours attaché
au bâton de Mercure et d'Eaculape, inséparable
du coffre qui contenait les mystères, et éternelle-
ment ramené dans le cérémonial, passa pour un
des grands moyens de connaître la volonté des
dieux. Il ajoute qu'on avait tant de foi aux ser-
pents et à leurs prophéties, qu'on en nourrissait
exprès pour cet emploi, et qu'en les rendant
familiers on était à portée des prophètes et des
prédictions.
-
C'était une sorte de pratique d'ophiomancie
qui avait fait adopter par les Psylles, char-
meurs de serpents, qui avaient aussi le don de
guérir leurs morsures, l'usage d'exposer leurs
enfants nouveau-nés, pour juger s'ils étaient
légitimes ou non d'après la façon dont les ser-
pents se comportaient avec eux.

LXXIII

ORNITHOMANCIE.

~("oeVt;, oiseau, génitif, ~opviOo;.) Divination par


l'examen du vol des oiseaux et l'observation de
leurs chants.
L'oiseau est une des merveilles de la nature.
Comment l'homme n'aurait-il pas été,dès l'abord,
tenté de chercher un don surnaturel dans ces
ètres privilégiés du ciel, qui est leur domaine,
espèces d'astres ailés et mélodieux, qui ne
ces
se bornent pas à charmer l'homme, mais savent
aussi devenir ses auxiliaires etle seconder dans
ses travaux?
Aussi l'ornithomancie remonte-t-elle à la plus
haute antiquité. Elle fut pratiquée chez les Chal-
déens, qui en transmirent l'usage aux Grecs, à
qui les Romains l'empruntèrent.
Si on ne la trouve pas chez les Hébreux, c est
que le Lévitique la leur interdit en même temps
que la consultation des Augures.
Quant aux Romains, ils y avaient la foi la plus
entière, même les soldats. Lorsqu'on vint dire
à Glaudius Pulcher, au moment où il allait li-
vrer bataille aux' Carthaginois, que les poulets
sacrés refusaient de manger : « Qu'on les jette à
la mer! s-'écria-t-il, s'ils ne mangent pas, ils
boiront-au moins ! u L'armée, disent les histo-
riens, fut tellement indignée de ce sacrilége et
en fut si défavorablement impressionnée, qu'elle
manqua d'énergie et que la bataille fut perdue.
A chaque instant on voit dans les écrivains,
dans'les poètes latins, apparaître l'oiseau de bon
ou de. mauvais augure.

Sœpè sinistra cavâ pracdixit ab ilice cornix!

dit Virgile. (Souvent la corneille néfaste m'a


prédit ce malheur, du haut d'un chêne creux.)
La corneille est restée un oiseau de mauvais
augure dans l'ornithomancie du moyen âge.
Selon Cardan, quand une corneille vole devant
vous en croassant, elle vous présage un malheur
à venir; si elle vole à droite, c'est un malheur
présent ; si elle vole à gauche, le malheur qu'elle
présage peut être évité en prenant des précau-
tions ; si enfin elle vole au-dessus de votre tête,
c'est la mort.
Les gens de la campagne, dans los provinces
de la France et dans une grande partie de l'Eu-
attribuent encore aujourd'hui une signi-
rope,
fication au vol et au chant des oiseaux. Les
principes de celte ornithomancie varient suivant
les contrées. Cependant en général il est à re-
les oiseaux de proie et les oiseaux
marquer que
nuisibles sont néfastes, tandis que les oiseaux
utiles sont favorables.
Ainsi le cri de la chouette annonce la mort;
les chants insupportables des pies pronostiquent
des malheurs ou des orages ; le chant du rossi-
gnol annonce de la joie et du bonheur; enfin
celui du coucou est un signe d'argent.

LXXIV

PETCIIIMANCIE.

Divination par les brosses et les vergettes.


Lorsque la poussière sort difficilement d'un tissu
qu'on brosse, on peut en conclure que le temps
va devenir pluvieux.
Nous ne trouvons pas trace d'autres prophé-
ties basés cette divination, probablement
sur
toute moderne.
LXXV

PETTIMANCIE.

Divination par le jet des dés. Cette pratique


ne diffère pas essentiellement de l'astragalo-
mancie.

LXXVI

PHILLORHODOMANCIE.

Divination au moyen des feuilles de


roses.
Pratique usitée chez les Grecs, à titre de réus-
site pour un objet déterminé. On ployait
une
feuille de rose en quatre et on faisait claquer
sur
le front ou sur la main le petit ballon ainsi
formé. Suivant la nature du bruii produit
par
ce claquement, on augurait bien ou mal du
succès d'une entreprise.

LXXVII

PHYSIOGNOMONIE.

Science moderne, dont on veut faire, à tort,


une science divinatoire. On peut très-certaine-
ment tirer de la physionomie, des traits prin-
cipaux de la figure d'un homme ou d'une femme,
quelques inductions sur son tempérament, sur
son caractère, sur ses penchants ; par exten-
sion, certains physionomistes ont la prétention
de préjuger l'avenir. Mais on ne peut réelle-
ment compter la physiognomonie,malgré l'usage
qu'en font certains devins, au nombre des
sciences divinatoires.
Quant aux principes, il faut toujours en reve-
nir à Lavater.

LXXVIII

PSYCIIOMANCIE.

Divination par l'évocation des esprits. Dans


l'antiquité et au moyen âge, cette science se
confondait à peu près avec là nécromancie.
Dans les temps modernes et contemporains, les
doctrines et les pratiques du spiritisme et de la
double vue peuvent être considérées comme
étant du ressort de la psychomancie.
LXXIX

PTAnMOSCOPIE.

éternument.) Divination par l'exa-


~(n-rotpaoç,

men des effets de l'éternument. On a beau-


coup écrit, chez les anciens surtout, sur les
causes, les phénomènes et les effets de l'éter-
nument, ainsi que sur l'origine de l'usage où
l'on est de formuler des souhaits pour la per-
sonne qui éternue, ou tout au moins de la
saluer.
Suivant Aristote, c'est au cerveau, siège de
l'esprit, que s'adresse le salut. Jadis, selon d'au-
tres, l'éternument était un présage de la mort ;
mais Jacob ayant demandé à Dieu de changer
cet état de choses, il obtint que l'éternument
resterait sans effet funeste pour ceux qui au-
raient la bénédiction du Seigneur ; de là le tra-
ditionnel : Dieu vous bénisse!
L'explication la plus plausible est celle qui
fait remonter cet usage à l'époque d'une épi-
démie qui régnait en Italie sous le pontificat de
saint Georges le Grand et se manifestait par
des éternuments : tous ceux qui éternuaient
étant regardés comme menacés de la peste, on
l'habitude de les recommander à Dieu.
prit
Dans l'antiquité, l'éternument était consi-
les circonstances, comme un bon
déré, suivant
mauvais présage; de midi à mi-
ou comme un
nuit et entendu à droite, il était favorable; en
et entendu à gauche, désas-
un autre temps
influence variait aussi selon les
treux ; son
signes du zodiaque.
peuples, l'éternument du sou-
Chez certains
verain était un fait considérable.
Au Monomotapa, lorsque l'empereur éter-
sujets de ses États en étaient
nuait, tous les
avertis des signaux spéciaux, et ils
aussitôt par
devaient manifester la part qu ils prenaient à
de bruyantes acclamations.
cet événement par
du roi de Sennaar saluaient
Les courtisans
l'éternument de leur maître en lui tournant
donnant chacun une claque sur
le dos et en se
la fesse droite.
Il est bien entendu que l'éternument a cessé
fait anormal et pour un signe
de passer pour un
depuis l'usage de la poudre ster-
du destin, que
l'a si singulièrement multiplie.
nutatoire du tabac
LXXX

PYROMANCIE.

(Ilup, feu.) Divination par le feu. Ce fut une


des sciences divinatoires les plus importantes
de l 'antiquité. On y avait surtout
recours en
temps de guerre.
On connaissait deux sortes de pratiques, l'une
qui se bornait à l observation de la flamme de
flambeaux de poix, l'autre qui s'attachait à
l examen du feu des sacrifices. Suivant
que le
feu brûlait plus ou moins aisément,
que la
flamme était plus ou moins tourmentée, les
présages étaient considérés comme favorables
ou funestes.
Suivant Delrio, on pratiquait en Lithuanie
au xvi0 siècle une sorte de pyromancie parti-
culière. Pour savoir ce qu'on devait augurer
de l état d 'un malade, on le plaçait devant
un
grand feu ; si l'ombre portée de son corps se
montrait nette et droite du côté opposé au feu,
on avait lieu d'espérer sa guérison ; si l'ombre
se portait de côté et vacillait, on estimait qu'il y
avait de grandes chances de mort;
LXXXI

RAGALOMANCIE.

Divination au moyen de bassinets, de petits


morceaux de bois peint, d'osselets, de bulles,
dont il est fait mention dans Delancre, sans
autre explication, et qui devait avoir quelque
analogie avec l'astragalomancie.

LXXXII

RHAPSODOMANCIE.

~CPCl'fb)èloe, poëme.) Divination au moyen d un


poëme. Elle se pratiquait, chez les anciens, en
ouvrant au hasard un poëme célèbre et en con-
sidérant comme signifiant l'arrêt de la destinée
le premier passage qui apparaissait. On choi-
sissait ordinairement Homère ou Virgile. Ra-
belais parle des sorts Virgiiianes que Panurge
va consulter sur son mariage.
Ce genre de divination fut adopté chez les
peuples chrétiens, mais ils cherchèrent la dé-
cision du destin dans les livres sacrés. Saint
Augustin ne parait désapprouver cette pratique
qu'en ce qui concerne les aff-aires du siècle. Gré-
goire de Tours expose lui-même laiaçon dont il
s'y prenait pour se servir personnellement de
ce procédé de divination.
Parfois on écrivait des sentences d'un livre
ou quelques vers détachés d'un poëte sur des
fiches de bois que l'on mettait dans une urne
en les mélangeant. La sentence ou le vers
qu'on extrayait de l'urne indiquait la destinée.
*
Ou bien enfin on inscrivait des sentences en
vers sur une planchette, et l'on y jetait des dés
au hasard. L'arrêt du sort était contenu dans
les inscriptions sur lesquelles les dés étaient
tombés.

LXXXIII

SCIAMANCIE OU SCIOMANC1E.

ombre.) Divination au moyen de l'évo-


~(2xia,
cation de l'ombre d'une personne déterminée.
-
Cette science divinatoire a une certaine analo-
gie avec -la nécromancie et la psychomancie ;
toutefois, elle s'en distingue en ce qu'elle ne fai-
' sait apparaître ni le corps, comme la première,
ni l'àme, comme la seconde, mais bien le spectre,
la représentation, l'effigie de la personne morte.
Elle diffère aussi de la divination moderne
pratiquée par les spirites.

LXXXIV

SPODOMANCIE OU SPODANOMANCIE.

Divination par les cendres des sacrifices, pra-


tiquée chez les anciens.
On avait, tout récemment encore, conservé
en Allemagne quelques traditions de spodo-
mancie. On prétendait, en écrivant, le soir, du
bout du doigt, des questions sur un cercle de
cendres, et en les laissant ainsi à l'air toute la
nuit, deviner l'avenir par l'inspection des lettres
demeurées intactes.

LXXXV

STERNOMANCIE.

Divination pratiquée en interrogeant le ventre.


C'était ordinairement au ventre d'un possédé
qu'on adressait des questions; si, au moyen
de conjurations, On pouvait Jorcer le démon
enfermé dans les entrailles de ce possédé à ré-
pondre à ces questions, ses réponses étaient
considérées comme oracles. Il suffisait pour
que
le démon parlât que le prétendu possédé fût
ventriloque.

LXXXVI

STICHOMANCIE.

~(!..ix,oû, vers.)
Divination au moyen des vers.
On ne se servit longtemps que des vers de la
sibylle pour cet usage. La pratique différait peu
de celle de la rhapsodomancie.

LXXXVII

SYCOMANCIE.

Divination au moyen de feuilles de figuier,


pratiquée chez les anciens. Les questions ou les
vœux qu'on' voulait adresser au destin étaient
inscrits sur des feuilles de figuier, qu'on lais-
sait exposées à l'air. Si les feuilles se dessé-
chaient immédiatement de façon à faire dispa-
raître les inscriptions, on augurait mal de la
chose ;
si elles séchaient lentement, on croyait
pouvoir espérer du succès.

LXXXYIII

URANOSCOPIE.

Divination par l'examen du firmament, qui


se confond aisément avec l'astronomie et l'as-
trologie.

L XXXIX

CIIEIRSCOPIE.

Science imaginée, il y a quelques années, par


docteur allemand d'Iéna, M. Sargenkœnig,
un
qui a écrit sur ce sujet un .long traité dans le-
quel il prétend établir la supériorité de la cheir-
scopie, c'est-à-dire l examen de l anatomie de
la main, non-seulement sur la chiromancie,
mais aussi sur la crânioscopie ; c'est de la dis-
position, de la saillie des muscles de la main,
le savant Teuton tire des inductions sur le
que
tempérament et sur le caractère des hommes.
xc

XILOMANCIE.

Divination nu moyen de l'examen du bois,


pratiquée en Esclavonie. Elle consistait à obser-
ver la juste position des fragments de bois qu'on
rencontrait parterre en chemin et à déduire des
présages des figures bizarres qu'ils formaient.
L'arrangement des bûches dans le foyer et les
façons diverses dont s'opère la combustion sont
aussi l'objet d'observations divinatoires.

FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE.


DEUXIÈME PARTIR.

LES CARTES.

Qui est-ce qui a inventé les cartes, tant les


cartes à jouer, que les cartes à prédire l 'ave-
nir?
On a beaucoup écrit sur ce sujet. Archéolo-
historiens s'en sont donné à cœur joie,
gues et
il n'y guère d'invention sur laquelle
et, comme a
ait des données moins certaines, on a dû se
on
borner à des hypothèses.
La tradition française veut que ce soit Jac-
quemin Gringonneur qui ait imaginé de peindre
des petits cartons plus ou moins allégoriques,
1392, amuser la folie du roi de France
en pour
Charles VI.
On s'est basé, pour accréditer cette version,
la mention faite dans les comptes de Pou-
sur
pard, argentier du roi, d une somme de cm—
quante-six sous parisispayée pour prix des trois
jeux à or et à diverses devises, fournis
au sei-
gneur roy pour son esbotement, par Jacquemine
Gringonneur,
Mais il paraît bien certain que les Italiens et
les Espagnols eurent des cartes bien avant
nous.
On croit qu'elles furent apportées à Florence et
à Venise par les Grecs émigrés de Constanti-
nople. D 'Italie elles passèrent en Espagne, puis
en France.
Les Grecs eux-mêmes avaient dû les tirer de
copies du fameux livre de Thot s'il faut
; en
croire un écrivain suisse, cet insensé Court de
Gébelin, auteur d'un ouvrage
en neuf volumes
in-4 intitulé le Monde primitif, qui
poussa la
folie du magnétisme jusqu'à
se tuer lui-même
en se magnétisant en 1784, et un autre exalté,
Alliette, connu sous le nom anagrammatique
d'Etteilla (le grand Etteilla), qui a tenté d'élever
la cartomancie à la hauteur d'une science
cer-
taine, le livre de Thot, qui contenait le résumé de
toutes les sciences chez les Égyptiens et formait
surtout la base de la magie ou science divina-
toire, serait le seul ouvrage échappé à la des-
truction de la bibliothèque d'Alexandrie,
or-
donnée par le farouche Omar.
Ce livre de Thot,
comme on le verra plus
tard, se composait de soixante-dix-huit lames
de métal sur lesquelles étaient tracés des hiéro-
glyphes se rapportant à toutes les choses de la
nature, du passé, du présent et de l'avenir. Mais,
s'il est vrai que c'est de là que furent imitées
les cartes importées en Europe, il paraîtrait que
les Grecs en perdirent quelques-unes en route,
car lejeu italien se composait de cinquante cartes
seulement, divisées en cinq séries. On y voyait
sept planètes, hase du système céleste; — la
vertu, principe de toute morale; -les sciences,
notions que seul l'homme est capable d acquérir
et dont la possession l'élève au-dessus des ani-
les muses, qui président aux arts et
maux; —
dont le commerce, en éclairant, en animant l 'es-
prit, fait le charme de la vie ; — enfin une
échelle des diverses situations sociales où
l'homme peut se trouver, depuis la plus infime
la plus affreuse, la misère, jusqu 'à la plus
et
' élevée, la souveraineté pontificale, qui était alors
l'expression la plus haute de la puissance hu-
maine, puisque les papes avaient le droit de
déposer les rois.
Il y a tout lieu de penser que les jeux de car-
tes italiens, qu'on appelait Naibi (jeu d 'enfan[),
et qu'en Espagne on appelle encore Naipi, ne-
furent d'abord considérés que comme des moyens
d'enseignement amusant. L'abbé Zani cite à
l'appui de cette interprétation deux témoignages
assez singuliers :
Le premier se trouve dans la Vie du duc
Philippe-Marie Visconti, par Decembrio, pu-
bliée à Milan en 1G30, où l'on lit que ce prince,
né en 1392, s'exerçait dans sa jeunesse au palet,
au ballon, souvent « au jeu où l'on se sert de
figures peintes » (évidemment les cartes), et
qu'il y prenait tant de plaisir qu'il paya quinze
cents écus d'or le jeu qui lui fut fait par son
secrétaire Marziano.
L'autre est tiré de la chronique de Jean Mo-
relli, écrite à Florence en 1393 et publiée en
1728. Le chroniqueur, en parlant des dangers
auxquels un jeune homme est exposé, dit en
propres termes : « Ne joue pas aux jeux de
hasard, ni à aucun jeu de dés, mais joue aux
jeux des enfants, tels que les osselets, la toupie,
les fers, les naibi » (les cartes).
Donc, les cartes ne furent pas en Italie, à
cette époque, un jeu de hasard, un jeu de com-
binaisons, mais seulement un jeu instructif et
amusant, qui ne comprenait que des ligures et
point du tout de cartes numérales.
Il est probable que tels furent aussi les jeux
.
fournis à Charles VI par Jacquemin Gringon-
Comment supposer que le monarque dé-
nour.
de raison aurait pu trouver quelque
pourvu
distraction à compter et à combiner des nom-
bres ?
Un peu plus tard on voulut faire des cartes
des emblèmes militaires et aussi des allégories
de la fortune. Alors aussi l'on s'en servit pour
combiner des jeux de hasard. Il en était ainsi
dès la fin du xve siècle, car en 1491, la synode
de Bamberg, au titre XVI, émit l interdiction
suivante : Ludosque taxillorum et chartarum
et his similes, in locis publicis (de jouer aux
dés, aux carles et autres jeux semblables dans
les lieux publics).
En Espagne, elles avaient été prohibées, dès
1332, par un édit du roi Alphonse XI.
Les cartes numérales représentaient d abord
des soldats ; il y en avait huit, du nombre deux
nombre neuf à la tête de ces soldats, il y
au ;

avait un roi, une reine, un écuyer et un varlet,


outre l'as. Plus tard, on supprima l'écuyer,
en
et on le remplaça par le dix.
Quant à la signification militaire des couleurs,
lieu de penser que le cœur représentait la
on a
le
bravoure ; carreau et le pique, les armes le
;

trèfle, les fourrages indispensables à toute ar-


mée en campagne ; l'as, nom d'une ancienne
monnaie romaine, était le symbole de l'argent,
qui fut toujours la nerf de la guerre.
Comme les dénominations des cartes
en
France datent du règne de Charles VII, on com-
prend que la plupart des figures se rapportèrent
à des personnages du temps, sauf toutefois les
rois.
Le roi de cœur (Charles) représente l'empe-
reur Charlemagne ; — le roi de carreau (César),
Jules ou Auguste César;
— le roi de trèfle
(Alexandre), Alexandre le Grand;
— le roi de
pique (David), soit David, roi des Hébreux, soit
Charles VII lui-même, contraint, comme David,
de lutter contre son fils rebelle.
La dame de trèfle (Argine), anagramme de rc-
gina, représente la reine Marie d'Anjou, femme
de Charles VII;
— la dame de cœur (Judith),
la reine Isabeau de Bavière, femme de Char-
les VI, princesse très-galante et fort infâme,
qui vendit et livra la France aux Anglais ;
— la
dame de carreau (Rachel), Agnes Sorel, maî-
tresse de Charles VII ; — la dame de pique
' (Pallas), Jeanne d'Arc, la Pucelle d'Orléans.

Le valet de cœur (Lahire) représente le


vaillant capitaine du temps de Charles VII dont
il porte le nom ; — de même le valet de car-
reau (Hector) porte le nom d'Hector de Galard,
capitaine également distingué du xve siècle.
Le valet de trèfle (Lancelot) et le valet de
pique (Ilogier) portent les noms de deux célè-
bres paladins du temps de Charlemagne.
Le grade de valet ou varlet était le premier
degré de l'échelle de la noblesse, il préparait
grade de chevalier; aussi regardait-on les
au
quatre valets comme représentant la noblesse.
Les autres cartes, sauf l'as (l'argent), étaient
les soldats.

II

LA CARTOMANCIE EN FRANCE.

Nous ne trouvons pas trace, dans l'histoire


de France, de praticiens notables de la carto-
mancie avant le règne de Louis XIV, bien que
la plupart des auteurs qui ont écrit sur ce sujet
s'accordent à affirmer que l'art de tirer les cartes
doit remonter à la fin du xve ou au commence-
ment du xviR siècle.
Ce qui est certain c'est que, sous Louis XIV,
les gens de la plus haute noblesse eux-mèmes
s'adonnèrent à la cartomancie. Pour n 'en citer
qu'un exemple, on lit dans les Mémoires de
Saint-Simon que madame de Clérembeau, fille
du secrétaire d'Etat Chavigny, se lit remarquer
par la façon dont elle tirait les cartes pour pré-
dire l'avenir. 1

A la même époque une tireuse de cartes, Ma-


rie Ambruget, acquit une grande célébrité,
qu'elle dut surtout à la consultation dont le grand
roi daigna l'honorer. Elle eut le singulier bon-
heur de lui prédire la victoire de Denain, que
devait remporter le maréchal de Villars.
Lorsque le résultat de cette journée fut an- j
noncé à Versailles, le roi s'empressa de récom- j

penser la cartomancienne, il lui fit donner }

6,000 livres. Mais, ce qui valut encore mieux ?

pour elle, il raconta et fit raconter la prédiction j


si précise et si curieuse de Marie Ambruget..?
On comprend que la renommée de la devine- 4
resse prit dès lors des proportions colossales. >

Gens de cour, gens de robe, gens de finance,


riches étrangers, tout le monde accourut chez j
elle de tous côtés; il fallut s'inscrire à l'avance j
pour avoir la faveur de la consulter ; si bien !
qu'en très-peu d'années elle devint assez riche i 1

pour pouvoir acheter la terre du Mesnil près *


Saint-Germain-en-Laye. La fortune considérable
qu'elle laissa à ses neveux leur permit d'acheter
des charges de conseillers au Parlement de Nor-
mandie.
A quelque temps de là florissait le cartoman-
cien Fiasson, dont on contait merveilles à la
ville et à la cour.
Un beau jour, le duc Philippe d'Orléans, ,
qui aimait assez à faire de petites escapades
incognito en joyeuse compagnie, eut la fantaisie
d'aller voir Fiasson. Il emmena avec lui le che-
valier de Brivazac et une certaine petite Ma-
riette, danseuse de l'Opéra.
Ce fut Mariette qui eut l'étrenne de la bonne
aventure, et elle n'eut pas à s'en louer : Fiasson
lui annonça, sur la foi des cartes, qu'elle mour-
rait, avant l'âge de trente ans, d'une maladie
qu'il devait s'abstenir de qualifier.
Le chevalier, qui lui succéda sur la sellette
de consultant, ne fut guère plus favorisé, car le
devin lui prédit qu'il serait mangé.
Cette étrange prophétie fit beaucoup rire les
trois visiteurs, surtout le prince, qui s'écria
gaiement :
Il parait que les cartes ne sont pas de bonne

humeur aujourd'hui. Eh bien ! et moi, est-ce
que je n'aurai pas meilleure chance que mes
deux compagnons?
Nous allons voir, dit Fiasson.

Il prit les cartes, les battit, fit couper le con-
sultant, étala ses paquets, les consulta ateenti-
vement à plusieurs reprises avec des mouve-
ments d'étonnement, puis, se levant et saluant
avec respect son interlocuteur :
— Vous! lui dit-il, vous serez roi !...
Le duc fit un geste de protestation. Fiasson
regarda encore une fois les cartes et reprit :
— Roi, ou peu s'en faut.
— Est-ce que vous me connaissez ? demanda
le duc un peu ému, vous qui osez me dire une
pareille chose ?
— Moi, dit Fiasson, en aucune façon.
— Cependant, reprit le prince, je croyais être
un personnage assez connu dans le monde.
— C'est possible, dit le cartomancien; mais,
quant à moi, j'ignore absolument qui vous pou-
vez être, je ne vous avais jamais vu.
— Et, demanda le noble consultant, vous n'a-
vez jamais vu, non plus, le duc d'Orléans ?
Jamais! s'écria Fiasson.

— Jamais? demanda le prince, vous en êtes
bien sûr? Eh bien, regardez, vous le voyez de-
vant vous, c'est moi.
— Monseigneur! protesta Fiasson en se pros-
ternant, pardonnez-moi si... les cartes...
— Je n'ai rien à vous pardonner, dit le duc
avec hauteur ; car tout ceci n'est pas sérieux.
Cependant je compte que vous ne parlerez à per-
sonne de cette visite et de cette prédiction ; vous

m'entendez.
Et il lui jeta, en s'en allant, une bourse pleine
de louis.
Une année ne s'était pas écoulée depuis la
visite à Fiasson, qu'un premier événement ve-
nait réaliser une des prédictions du cartoman-
cien. Louis XIV mourait, et la régence était con-
férée au duc Philippe d'Orléans.
Un peu plus tard, Mariette mourait à l'Hôtel-
Dieu d'une maladie honteuse.
Dix ans après, le chevalier de Brivazac, ruiné
prodigalités et par le système de Law,
par ses
allait chercher à refaire sa fortune aux Indes
Orientales, où il se trouvait pris par un parti de
cannibales qui avait notoirement l habitude ag-
sez peu plaisante de manger ses prisonniers.
Sous Louis XV la cartomancie fut assez à la
mode; mais l'histoire ne nous a conservé le nom
d'aucune célébrité, pas même le nom du tireur
de cartes qui, d'après les mémoires du temps,
ayant été mandé près du roi par madame de
Pompadour, dit au monarque :
- Sire, votre règne sera très-heureux,
le règne qui suivra sera rempli de désastres et
mais

finira par une horrible catastrophe.


Ce règne (celui de Louis XVI) vit la carto-
mancie s'élever, pour ainsi dire, à la hauteur
d'une science, par suite de l'impulsion que lui
donna Alliette, qui prit pour pseudonyme l'ana-
gramme de son nom Etteilla,— le grand Etteilla,
comme disent tous les cartomanciens sincère-
ment pénétrés de la foi, qui le regardent comme
un prophète.
Cet Alliette, —inspiré sans doute par un pas-
sage du Monde primitif de Court de Géuelin,
où celui-ci déplore l'ignorance de ses contempo-
rains à l'égard du Livre de Thot et émet le vœu
qu'un savant vienne enfin donner au monde une
explication lucide et complète du sens mysté-
rieux de ce monument sacré de la science divi-
natoire des Égyptiens, — cet Alliette ne fut
point un sorcier ordinaire, il entreprit avec au-
tant de conviction que de résolution de traduire
le fameux livre, et, pour subvenir aux dépenses
que nécessitait ce travail, il se prépara à la gloire
de l'écrivain en faisant sa fortune comme carto-
mancien.
De 1780 à 1790 Etteilla, installé dans un hôtel
splendide, conquit une immense renommée et
vit accourir à ses consultations les hommes les
plus opulents et surtout les plus grandes dames.
Son principal livre, intitulé Collection sur les
hautes sciences, ou traité théorique et pratique
de la sage magie des anciens peuples, qui con-
tient toutes sortes de considérations plus ou
moins historiques et mystagogiques sur la phi-
losophie hermétique sur les sciences divina-
toires et particulièrement sur l'art de tirer les
cartes, contribua énormément à son succès. Au-
jourd'hui c'est un livre très-rare et qui monte,
dans les ventes, à un prix fort élevé.
Quand éclata la Révolution, Etteilla était à
l'apogée de sa gloire et de sa fortune. Mais ce
n'était plus aux combinaisons des cartes que les
hommes d'alors demandaient le secret des des-
tinées futures ; c'était au mouvement des esprits,
à la passion bouillante des cœurs et des cer-
veaux. Etteilla, sa renommée, ses livres, ses
brochures, ses cartes, tout disparut dans la tour-
mente révolutionnaire.
Cependant, dès que l'orage parut apaisé,
qu'un vent de réaction souffla sur la société, la
cartomancie reparut sur l'eau et atteignit bien-
tôt son plus haut degré de prospérité avec
mademoiselle Lenormand, dont le cabinet reçut
la visite de toutes les notabilités politiques,
administratives, militaires, financières, civiles,
industrielles du Directoire.
A cette époque la célèbre tireuse de cartes
fut aussi à la mode que le grasseyement parmi
les muscadins et les merveilleuses. On parlait
d'elle et de ses prédictions à tout propos dans
les salons en vogue, et il n'était pas plus permis
à, des gens du bel air de ce temps-là de
ne pas
avoir consulté « mademoiselle Lenômand,
»
comme on disait, que de ne pas avoir entendu
«
Gâat. »
Mademoiselle Lenormand était née à Alençnn,
dit-on, dans cette féconde année 17G8 qui donna
^
au monde Napoléon, Cuvier, Chateaubrianc¥et •
Walter-Scott. Orpheline dès l'enfance, élevée
par le second mari de sa mère, lequel, bientôt
veuf lui-même, épousa une seconde femme, elle
chercha à se créer des moyens d'existence
indépendants. Tout en tenant la plume dans
le comptoir d'une maison de commerce de
Paris où elle s'était placée après avoir émigré
d'Alençon, elle se prit à étudier les sciences
divinatoires et particulièrement la cartoman-
cie, en prenant probablement pour guide les
publications d'Etteilla qui venaient de pa-
raître.
S'il faut en croire les mémorialistes, elle au-
rait ouvert son cabinet de pythonisse dès l'âge
de vingt-un ans, car ils prétendent que Hoche
et Lefebvre la consultèrent peu de jours après
la prise de la Bastille, alors qu'ils n'étaient en-
core que simples soldats dans le régiment des
gardes françaises.
On a dit aussi et imprimé qu'elle avait vu
passer dans son cabinet Camille Desmoulins,
Danton, Robespierre, Saint-Just, Barrère et la
plupart des notabilités de la première Répu-
blique. Vraie ou fausse, cette assertion prouve
au moins que la cartomancie commença à rede-
venir à la mode dès l'époque de la Terreur.
Il paraît même que mademoiselle Lenormand
fut arrêtée peu de temps avant le 9 thermidor
et emprisonnée au Luxembourg, où elle prédit
les événements prochains avec une sûreté et
une précision qui ne contribuèrent pas peu à lui
faire une réputation de devineresse presque
infaillible.
Aussi sa mise en liberté après la journée
mémorable où Robespierre fut renversé avec le
Comité du salut public fut-elle un véritable
triomphe pour elle. Elle vit venir à ses consul-
tations non-seulement les célébrités politiques
du jour, telles que Barras, Tallien et sa femme,
et toute leur société, particulièrement leur amie
madame veuve Joséphine de Beauharnais, mais
encore les conspirateurs royalistes de la jeu-
nesse dorée.
Mademoiselle Lenormand inspirait, dit-on,
la plus grande confiance à Joséphine, qui, lors-
qu'elle fut devenue la femme de Napoléon, sul.
faire partager cette confiance à
son mari. On
assure qu'elle a prédit la plupart des grands
événements de cette époque féconde en choses
imprévues.
Dès l'automne de 1813, écrit un contempo-
rain, un ami de l'impératrice Joséphine, répu-
diée mais toujours attachée à la destinée de
Napoléon, étant entré dans
son boudoir, la
trouva tout en larmes.
Qu'avez-vous'? lui dit-il. Quel malheur?...
— Ce n'est pas sur moi, répondit-elle, que
je pleure, c'est sur LUI. Avant-hier, une femme
qui ne m'a jamais trompée est venue
me prédire
la fin de sa gloire, de son bonheur,
sa chute
enfin pour 1814.
On lui demanda avec instance le
nom de la
prophétesse de malheur.

Ce n'est pas, s'empressa-t-elle de répon-
dre, ce n'est pas mademoiselle Lenormand.
Elle voulait lui éviter les désagréments qu'au-
rait pu lui occasionner cette prédiction sinistre.
Mais on sut plus tard que c'était bien la célèbre
tireuse dé cartes qui avait averti l'ex-impéra-
trice.
Lors des deux invasions de 1811 et de 1815,
souverains alliés et généraux anglais, russes,
prussiens, autrichiens affluèrent dans le cabinet
de mademoiselle Lenormand.
On assure que Louis XVIII la fit mander plu-
sieurs fois aux Tuileries. Ce n est pas que le roi
philosophe eût une foi absolue dans la carto-
mancie; mais il était fort curieux et aimait sans
doute à se faire dire par la sorcière favorite de
la cour et de la ville les noms de ses visiteurs
et raconter les questions qu'ils lui posaient.
Toutefois le scepticisme de Louis XVIII, en
matière de cartes, avait dû être quelque peu
ébranlé par une certaine prédiction qui lui avait
été faite par un de ses officiers, alors qu 'il
n'était encore que MONSIEUR, comte de Pro-
plus beau moment du règne de son
vence, au
frère Louis XVI.
Cet officier, qui s'appelait le comte de Mo-
dène, séduit sans doute par la science d Alliette,
avait voulu devenir et était devenu l 'Etteilla de
la cour et de toute la noblesse de Paris et de
Versailles. On ne parlait au petit et au grand
lever que de la bizarrerie, de l étrangeté spiri-
tuelle des prophéties que le comte de Modènc
lisait couramment dans les jeux de cartes. Plu-
sieurs de ses prédictions à courte échéance
s'étaient mème, affirmait-on, déjà réalisées.
Un soir, dans une réunion intime au Luxem-
bourg, le comte de Provence, s'adressant au
noble tireur de cartes :
— Ah çà, Modène, lui dit-il, j'entends parler
chaque jour de vos aimables sorcelleries, il
paraît que vous êtes un augure de première
force, que vous dites la bonne aventure il tout
le monde avec un succès inouï... N'y aura-t-il
donc que moi dans toute ma petite cour à qui
vous n'aurez pas prédit sa destinée?
— Monseigneur, répondit le comte, je suis
aux ordres de Votre Altesse.
Des cartes furent apportées. Le comte de
Modène les battit, fit couper le prince de la
main gauche et commença à extraire du jeu les
cartes utiles.
Quand il les eut classées et comptées il s'ar-
rêta et fit un geste de stupéfaction, puis se
reprit à compter.
— Qu'est-ce donc? demanda le prince, qui le
sentait embarrassé.
— C'est que... c'est que, répondit le magi-
cien gentilhomme, les cartes m'annoncent que
vous serez roi de France.
MONSIEUR se prit à rire, ainsi que toute l'as-
sistance composée d'une douzaine de familiers.
Quelle apparence en effet que la couronne
1
dût jamais être placée sur le front du comte de
Provence? Son frère Louis XVI, plein de force,
de santé et de jeunesse, n'était son aîné que de
d'années et avait d'ailleurs deux fils, le
peu
Dauphin et le duc de Normandie, qui parais-
saient ne demander qu'à vivre.
Le comte de Modène, qui était un homme
d'esprit, se mit lui-même du côté des rieurs et
prit à railler l'impertinence des cartes. Puis,
se
ayant continué ses dénombrements, il se mit
tout à coup il rire de plus belle, en s'écriant :
Par exemple, ceci est trop fort !

Quoi donc encore? demanda MONSIEUR.
Monseigneur, répondit le comte, il n'y a
— rési-
il faut Votre Altesse se
pas là à dire, que
gne, les cartes veulent absolument que vous
de Franc3, mais elles veulent aussi
soyez roi
que vous ne soyez jamais sacré.
Cette contradiction dans les prophéties des
cartes fit éclater de nouveaux rires dont le prince
donna le premier l'exemple. Le noble carto.
mancien s'en tint là ; et s 'il avait eu jusqu à ce
moment quelque foi dans la science d 'Etteilla,
les invraisemblances de cette séance le rendi-
rent désormais tout à fait incrédule.
On sait par suite de quel enchaînement d'évé-
nements la première partie de la prédiction du
comte de Modène se réalisa au bout de plus de
trente ans. La plupart des survivants de cette
soirée avaient oublié sans doute les deux pro-
phéties. Louis XVIII s'en souvint lorsque di-
vers incidents politiques firent ajourner d'année
en année la cérémonie de son sacre.
C'est ce souvenir qui explique les paroles
énigmatiques qu'on lui entendait prononcer
quelquefois; tantôt : « Modène avait tort, tan-
»
tôt : « Modène avait raison. »
Était-il décidé qu 'on allait s'occuper des pré-
paratifs du sacre, fixer la date de la solennité?
— Modène avait tort murmurait Louis XVIII.
!

Une complication, un événement venait-il


nécessiter un ajournement de la consécration
religieuse ?
— Allons, Modène avait raison se disait le
!

monarque.
On assure qu'une des dernières paroles de
l'auguste podagre sur son lit de mort fut
celle-ci :
— Décidément, Modène a eu raison.
On a dit que mademoiselle Lenormand avait
prédit la révolution de juillet 1830 et i'avéne-
ment de Louis-Philippe au trône. Mais il
n'existe pas de témoignage précis à cet égard.
Ce qu'il y a de certain c'est que sa réputation,
sinon sa grande vogue, a survécu quelque temps
à ces événements et que les vrais croyants à
la cartomancie se rendaient à son cabinet de
la rue de Tournon plus volontiers que chez
tout autre praticien de cet art, plus difficile qu'on
ne croit à exercer de façon à satisfaire le public
et à respecter toutes les convenances.
Avec quelle réserve et avec quelle défiance
le cartomancien ne doit-il pas accueillir les pré-
sages néfastes qu'il lit dans les combinaisons
des cartes De quelle délicatesse, de quels mé-
!

nagements ne doit-il pas user pour mettre, s'il


est possible, le consultant en garde contre les
dangers que la destinée, suivant les indications
des cartes, semble lui réserver, et cela sans
l'alarmer, sans frapper son imagination !

Mademoiselle Lenormand possédait, parait-


il, surtout cet esprit, ce tact fin qui lui faisait
deviner, d'après le caractère et la situation de
ses clients, ce qu'elle pouvait dire et ce qu'elle
devait garder pour elle.
Et ce qu'elle jugeait à propos de révéler au
consultant, elle savait l'exprimer en termes
choisis et mesurés, au besoin même un peu
équivoques, lorsque la circonstance le comman-
dait.
Du reste, mademoiselle Lenormand, de même
que la plupart des cartomanciens distingués de
l'époque moderne, ne se bornait pas à deman-
der aux cartes seules le secret des destinées
futures de ses clients. Elle avait étudié la plu-
part des sciences divinatoires modernes, telles
que la cranioscopie, la phrénologie, la physio-
gnomonie, la chiromancie. L'examen de la phy-
sionomie d'un consultant ou d'une consultante,
appuyé d'un quart d'heure de conversation, la
mettait au courant de ce que chacun pouvait
supporter de vérité ou de probabilité prophéti-
que. Aussi était-il fort rare, tout en ne dissi-
mulant pas absolument les présages sinistres,
qu'elle ne renvoyât point ses clients à peu près
satisfaits.
C'est l'esprit dont mademoiselle Lenormand
a si souvent donné des preuves pendant sa lon-
gue et lucrative carrière de devineresse (elle a
exercé pendant plus de quarante ans) qui a
fait regretter qu'elle n'ait point écrit de mé-
moires, ou si elle en a écrit, que ses héritiers,
à qui elle a laissé une fortune considérable,
n'aient pas jugé à propos de les publier.
Cette femme si extraordinaire, si bien douée,
si merveilleusement équilibrée, comme on dit
aujourd'hui, pour la profession qu'elle a exercée,
avait traversé en plein Paris los époques les
plus intéressantes, les plus tourmentées de no-
tre, histoire, depuis 1789 jusqu'après 1830. Elle
avait vu de près les personnages les plus no-
tables de ces temps troublés, elle avait causé
été consultée par eux, reçu les confi-
avec eux,
dences de plusieurs d'entre eux, étudié leurs
physionomies, leurs caractères, deviné leurs
secrètes ambitions, scruté leurs faiblesses in-
times. Quelques lignes d'elle auraient donné la
clef de bien des événements restés mystérieux
et inexpliqués.
Des mémoires de mademoiselle Lenormand
auraient ouvert la porte de ce monde intitne des
détails qui, suivant Napoléon, reste encore à
connaître.
Ces mémoires manquent à l'histoire moderne
tout aussi bien que ceux de Talleyrand.

III

LA CARTOMANCIE CONTEMPORAINE.

Les successeurs de mademoiselle Lenormand


n'ont été, comme les successeurs d'Alexandre
le Grand, que la monnaie de cette femme ex-
ceptionnelle. En vain, femmes ou hommes, se
sont-ils entourés d'un appareil de charlata-
nisme, ont-ils prodigué la publicité, les ré-
clames, .les livres, les articles de journaux, au-
cun d eux n 'a pu atteindre qu'à une renommée
fort limitée.
Les plus connues parmi les prétendues élèves
de mademoiselle Lenormand furent madame
Clément, la femme au corbeau sanglant, qui
a
eu son cabinet aussi rue de Tournon, mademoi-
selle Lelièvre, mademoiselle Julia Orsini.
Un seul cartomancien a joui d'une véritable
célébrité, de 1860 à 1867 ou 1868, Edmond, le
fameux Edmond qui avait établi le temple où
il rendait ses oracles sur les hauteurs du
quar-
tier Bréda, ce qui lui avait attiré d'abord une
clientèle féminine d'une certaine catégorie,
mais ce qui n'empêcha pas la haute bourgeoisie
des quartiers financiers et même l'aristocratie
du faubourg Saint-Germain d'aller lui faire de
nombreuses visites.
A côté de ces cartomanciens de la bonne
so-
ciété, gens d'esprit, pourvus d'une certaine in-
struction et même d'une certaine éducation, qui
parlent à peu près français, il n'y a que le menu
fretin de diseurs et diseuses de bonne aventure
de tous les étages sociaux, depuis la femme
voilée, aux allures mystérieuses, qui se glisse
dans les maisons bourgeoises à la faveur des
femmes de chambre ou des marchandes à la
toilette et à qui les cartes servent souvent de
prétexte pour couvrir une industrie moins
avouable, —jusqu'au sorcier forain, qui court
lesl places publiques et les fêtes de village,
escorté de son pître et parfois d'un hibou ou de
tout autre oiseau bizarre.
Vous connaissez ce genre de sorcier qui s'in-
stalle sur une place avec une petite table à X,
qu'il pose sur un tapis avec deux ou trois caisses
de bois remplies de petits paquets de marchan-
dises quelconques.
Ostensiblement le sorcier forain est négociant
en onguent pour les cors, en poudre insecticide,
en pâte céramique pour raccommoder la por-
celaine.
Homme d'esprit déclassé, commis-voyageur
sans emploi,ce Barnum de bas étage commence
par administrer quelques coups de pied à son
pître, qu'il appelle Jean-Jean, Jocrisse ou
Frise-Poulet, histoire d'attirer et de grouper
les passants autour de son étalage et d'avoir des
auditeurs pour son boniment. Puis il demande
à son pître d'où il vient, lui fait dire trois ou
quatre coq-à-l'âne, quelques calembourgs qui
ont trente ans d'almanach, offre et étale la
marchandise qui lui sert de pavillon, après quoi
il invite le susdit pître à raconter son histoire à
l'aimable société qui l'environne.
Pendant que maître Jocrisse s'escrime à ré-
péter qu'on l'a envoyé chercher « quatre sous
d'onguent pour sa mère qui est malade dans un
petit pot, » et autres facéties du même style, le
maître fait le tour du rond et offre aux assistants,
en même temps que ses paquets ou ses bâtons
de marchandise, une carte à prendre au hasard
dans un jeu, en disant à ceux qui acceptent la
carte qu'il les appellera à mesure que leur tour
arrivera.
Bientôt en effet il va s'asseoir dans un cabi-
net du marchand de vin le plus proche, en com-
pagnie de la première carte sortie, valet de
carreau, huit de cœur ou toute autre. Il entre-
tient le consultant cinq minutes, après lui avoir
fait payer deux sous pour le paquet, deux sous
pour la carte, plus, s'il est bon enfant, une
chopine de vin.
Les consultants se succèdent ainsi chez le
mastroquet, comme on dit en argot, jusqu'à
épuisement des cartes prises,' pendant que le
pître continue à débiter ses fariboles.
Ces sorciers en plein vent étaient assez nom-
breux à Paris, il y a une quarantaine d'années.
On les voyait à la place de la Bastille, sur le
boulevard du Temple, sur la petite place du
musée du Louvre, sur les quais, sur les boule-
vards extérieurs. Ils pullulaient à la fête de
Montmartre, à celles de Saint-Cloud et de Saint-
Denis. Aujourd'hui on en rencontre moins, ils
sont remplacés dans les fêtes foraines par les
somnambules extra-lucides qu'on exhibe dans
un chariot vert, derrière un rideau de calicot à
carreaux.
On trouve un type parfaitement vrai de ce
tireur de cartes ambulant dans un amusant
vaudeville en cinq actes, Victorine ou la nuit
porte conseil, qui eut, vers 1830, un immense
succès au théâtre de la Porte-Saint-Martin. Le
rôle du tireur de cartes, M. de Saint-Alexandre,
était excellemment joué par Serres, l'ancien
Bertrand du Robert-Macaire représenté par
Frédérick Lemaître.
C'est dans ce vaudeville que le tireur de
cartes chantait ce couplet devenu fameux :
Vous me parlez d'un' demoisell' Julie,

...............
J'ai deviné qu' vous étiez amoureux

En vous voyant sous l'habit militaire,


J'ai deviné que vous étiez soldat.

Il y a encore, en fait de tireurs et de tireuses


de cartes ambulants, ceux et celles qui hantent
les tables d'hôtes, particulièrement les soi-
disant pensions bourgeoises de la ci-devant
banlieue de Paris.
Mais pour ceux-ci et celles-là, ainsi
que pour
bien d'autres, la bonne aventure n'est
que le
prétexte honnête qui couvre un ignoble cour-
tage de galanterie. Hommes et femmes ne sau-
raient trop s'en défier.
Quelquefois, par contre, il peut arriver
que
le tireur de cartes fasse servir, sinon science,
sa
du moins son prestige, à remettre dans la bonne
voie des esprits ou des cœurs égarés. On cite
des diseurs de bonne aventure qui, loin d'abu-
ser de la confiance qu'ils inspirent à leurs
clients pour surexciter leurs passions
en les
flattant par des prédictions d'un optimisme
fastueux, s'étudient au contraire à atténuer, s'il
y a lieu, la signification trop bienveillante dos
cartes, afin de les détourner autant que pos-
sible des ambitions cupides et des témérités
galantes, périlleuses pour leur raison et
pour
leur honneur.
Parfois aussi le sorcier a urf intérêt direct à
la bonne action qu'il commet. Il y gagne
non-
seulement de riches honoraires, mais encore la
réputation d'un devin ,de premier ordre, ainsi
qu'il arriva à un tireur de cartes dont le célèbre
Alfred de Gaston a raconté la curieuse aven-
ture. Cette histoire ne contribua pas peu à le
mettre à la mode dans le faubourg Saint-Ger-
main, il y a quelques années. La voici dans
toute sa simplicité.

IV

UN AMOUR DANS LE GRAND MONDE.

M. le comte Philippe-Henri-Gontran de T...


habitait, dans la rue de Grenelle-Saint-Ger-
main, un hôtel que ses nobles ancêtres avaient
fait bâtir au commencement du règne de
S. M. le roi Louis XV, alors que cette autre
majesté, le roi Voltaire, 'partait pour l exil et
allait demander l'hospitalité à la capitale de
l'Angleterre.
Possesseur d'une fortune princière, grand
protecteur des arts, marié à une charmante
femme qui était l'une des reines du noble fau-
bourg, tout semblait sourire à M. le comte Gon-
tran de T...
et
Il était resté jeune d'esprit
-

de corps, mal-
gré ses cinquante ans bien sonnés, et tout en
ayant fort voyagé et goûté tous les plaisirs plus
ou moins défendus, il avait eu l'intelligence de
se garder une poire pour la soif de sa seconde
jeunesse.
Son bonheur paraissait donc aussi assuré
qu'un bonheur peut l'être ici-bas, quand
un
événement imprévu faillit apporter le désespoir
et le déshonneur dans sa maison.
Un beau jour, le comte Gontran vit arriver
de Bretagne un parent éloigné, qui lui était
chaudement recommandé par sa tante, la
mar-
quise douairière de K...
Le baron de L... avait vingt-trois ans,
une
de ces belles figures franches et sympathiques
qui gagnent tous les cœurs à première
vue. Le
comte l accueillit comme un jeune frère et lui
offrit cette amitié protectrice que pratiquaient
si noblement les grands seigneurs des deux
derniers siècles.
Le baron de L... devint le commensal de
l'hôtel; il eut le talent de plaire à la comtesse,
et fut bientôt pour elle unirai cavalier servant.
Quand le comte était retenu chez lui ou dé-
sirait disposer librement de sa soirée, le baron
de L... accompagnait l'éblouissante comtesse
dans le monde, ou il la conduisait au théâtre
;
il lui rendait ces mille petits services qu'une
femme qui se respecte un peu. n'accepte que
d'un homme qui possède toute la confiance de
son mari.
Le comte Gontran de T... n'était pas un mari
jaloux. Du reste, marié depuis douze ans, ja-
mais rien dans la conduite de la comtesse ne
lui avait donné prétexte à le devenir, et ce loyal
gentilhomme se serait reproché, comme un
crime, un doute injurieux sur l'honneur du
petit cousin, à qui il voulait créer une position,
en le faisant attacher à quelque ambassade.
Cependant il arriva une chose facile à pré-
voir : le jeune et timide Breton, à peine lancé
dans le tourbillon de la vie parisienne, fut
ébloui par la royale beauté de la comtesse.
Il n'aurait osé, même en rêve, déposer un
baiser sur ses adorables épaules. Il la vénérait
comme on vénère les saints dans leurs châsses,
mais il n'en devint pas moins amoureux fou de
son idole.
Quant à la comtesse, elle s'aperçut bien de
l'effet qu'elle produisait sur le cousin de son
mari : mais elle n avait pas trente ans et elle
était femme, et quelle femme n 'eût pas été fière
d'inspirer un amour aussi respectueux à un
beau jeune homme de vingt-trois ans?
Elle crut donc pouvoir jouer impunément
avec le feu, comptant sur son esprit pour arrê-
ter le jeu, s'il devenait jamais trop brûlant.
En effet, pendant tout un hiver, les choses
se passèrent de la sorte, et tout alla pour le
mieux dans l'hôtel de la rue de Grenelle-Saint-
Germain.
L été arriva; le comte Gontran avait, depuis
deux mois, obtenu la place qu'il sollicitait
pour
son parent. Le baron dut faire un voyage d'adieu
en Bretagne. Il partit emportant son amour
dans son cœur. Mais, dès son arrivée
au châ-
teau de sa tante, il écrivit une lettre à la
com-
tesse. Le papier est complaisant, il reçoit toutes
les confessions. Ce que le baron n'eût osé
avouer pour un empire, il l'écrivit longue-
ment. La comtesse répondit d'abord par
une
lettre assez courroucée ; puis elle s'apaisa
un
peu pour donner des conseils et des consola-
tions à ce cœur désespéré.
Le baron revint à Paris.
Le lendemain du jour de sa rentrée dans
la capitale, il reçut un mot de la comtesse
qui lui disait de passer immédiatement à
son
hôtel.
Il arriva en toute hâte ; un domestique l'in-
troduisit dans un petit salon, où il trouva
son
idole tout en larmes et affolée de terreur...
— Mon ami, lui dit-elle en le voyant en-
trer, nous sommes perdus; Gontran sait tout.
Que faire?
La situation du jeune baron était affreuse.
Il avait suivi les impulsions de son cœur sans
trop regarder en avant ou en arrière ; il avait
aimé pour aimer, rien de plus, et il se trouvait
puni avant la faute. Comme la comtesse, il ne
trouvait à dire qu'une chose :
Que faut-il faire?

Tout en entremèlant son récit de sanglots, la
comtesse lui expliqua ce qui lui était arrivé.
Elle avait eu l'impardonnable imprudence de
garder dans un coffret, au lieu de les jeter au
feu comme elles le méritaient, les lettres insen-
sées qu'il lui avait adressées de Bretagne... Eh
bien, ce malin, en ouvrant le coffret, elle l'avait
trouvé vide..
Il ne fallait pas songer à soupçonner la femme
de chambre, qui était sa sœur de lait. Seul,
son mari pouvait entrer dans ses appartements.
C'était donc lui qui avait volé les lettres.
La pauvre comtesse était d autant plus ef-
frayée, que le comte sortait de chez elle et que,
contre son habitude, il avait passé une heure à
parler de la pluie et du beau temps.
Ge sang-froid. dans une pareille circonstance,
était cent fois plus effrayant que l'explosion
d'une juste colère.
On ne peut prévenir une tempête quand
on
ne sait de quel côté elle doit éclater.
Pendant que le baron restait atterré en écou-
tant la belle éplorée, la tapisserie du fond s'ou-
vrit,/ et Jeanne, la femme de chambre de la
comtesse, entra dans le salon en mettant un
doigt sur sa bouche.
Sa maîtresse ne put retenir un cri en la
voyant.
— Malheureuse ! lui dit-elle, tu nous écou-
tais.
— Oui, ma chère maîtresse, pour vous
sauver. Involontairement j'ai tout entendu. Ce
matin vous aviez les yeux rouges, le regard
-
inquiet; cela m'a fait beaucoup de peine. Je
sais tout à présent. Il ne faut pas désespérer.
Je suis certaine que M. le comte ne se doute do
rien. Vous connaissez sa franchise, il n'aurait
pu dissimuler de la sorte ce matin. Quelqu'un
doit avoir pris ces malheureuses lettres ; j'ignore
dans quel but, mais je- connais un homrre (lui
vous le dira. Une de mes amies avait perdu
un objet auquel elle tenait beaucoup ; il lui
a tout de suite indiqué le moyen de le re-
trouver.

Où demeure cet homme? demanda le
baron.
— Rue Fontaine-Saint-Georges, tel numéro.
Que fait-il? comment s'appelle-t-il?

M. E..., c'est un homme savant qui tire

la bonne aventure.
La comtesse ne put s'empêcher de sourire à
travers ses larmes.
Le baron, en sa qualité de Breton, était bien
un peu superstitieux, mais cela n'allait pas jus-
qu'à croire aux tireurs de cartes. Cependant il
fallait se décider promptement, le comte pouvait
rentrer d'une minute à l'autre. Nous l'avons
dit, le jeune Breton était humilié, honteux, dé-
sespéré de la tournure que prenaient les choses
et de la situation qui lui était faite. Il se sentait
incapable de soutenir les regards de son pa-
rent, et certes il eût de grand cœur donné dix
années de sa vie pour trouver un moyen hono-
rable de sortir de cette horrible position.
Se battre avec le comte qui l'avait accueilli
et protégé comme un frère bienveillant, c'était
ajouter un crime à une trahison. Partir, se sau-
ver devant le danger, c'était une lâcheté. Mais
abandonner une femme qu'il avait compromise,
c'était commettre une lâcheté plus grande en-
core.
Les deux coupables cherchaient vainement
sans rien trouver, et les deux mots : Que faire?
revenaient chaque fois que l'un des deux avait,
démontré à l'autre l'extravagance de ses pro-
positions.
La femme de chambre était du conseil elle
;

en revenait toujours à son idée fixe, aller con-


sulter l'homme de la rue Fontaine-Saint-
Georges.
— Qui sait? disait-elle, si vous ne trouvez
pas un sorcier, vous trouverez peut-être un bon
conseil...
Le malheureux qui fait naufrage se rattache
à tout, comme à une planche de salut.
L'idée de Jeanne, d'abord repoussée comme
la plus grande des extravagances, finit par leur
paraître une chose à tenter. Que risquait-on?
Tout n'était-il pas perdu?
Une heure plus tard, un homme et une jeune
femme, dont les traits étaient cachés sous un
voile épais, descendaient d'une voiture de re-
mise sur la place Saint-Georges. Ils montèrent
à pied la rue Notre-Dame-de-Lorette. Le ca-
yalier. s'orienta un instant, puis entraîna sa
compagne..dans la rue Fontaine-Saint-Georges.
Cijiq minutes après, il sonnait à la porte du
devin du quartier des folles pécheresses.
Los deux visiteurs furent introduits dans un
grand salon tout tendu de noir, comme les an-
ciennes chambres ardentes.
Les meubles en étaient sévères et peu nom-
breux, et éclairés par une lumière habilement
distribuée.
A l'entrée de cette pièce on voyait un petit
guéridon sur lequel se trouvait un plateau con-
tenant quelques pièces d'or.
Deux. fauteuils et quatre chaises étaient dis-
posés pour recevoir les visiteurs.
En outre, le magicien, par précaution, avait
eu la galanterie de faire ajoutera ces sièges un
canapé, destiné aux dames qui se trouveraient
mal par suite d'une émotion trop violente.
Au bout de quelques instants qui parurent
dix siècles aux deux personnes qui attendaient,
un coup de timbre annonça l'entrée du sorcier.
Le lecteur n'est pas sans avoir deviné que le
cavalier et la dame n'étaient autres que le ba-
ron de L... et la comtesse de T...
Ce fut le baron qui prit le premier la parole.
Monsieur, dit-il en s'avançant, on nous

a parlé de votre tnlent. J'avoue que madame et
moi nous n'avons qu'une foi bien limitée dans
la sorcellerie et la cabale. Cependant, si vous
nous dites quel est le motif qui nous a conduits
chez vous, nous aurons toute confiance
en votre
science.
— Je ne sais rien par moi-même, répondit
M. E..., je vais préparer les cartes;
vous juge-
rez si elles disent la vérité.
M. E... prit un jeu de tarots, le mêla et pria
la dame de bien vouloir couper les cartes de la
main gauche. La pauvre comtesse tremblait
comme une feuille battue par l'aquilon ; elle
faillit se trouver mal en se levant
pour couper
le jeu.
Le devin arrangea ses cartes avec
une grande
symétrie, puis il les regarda l'une après l'autre
avec la plus scrupuleuse attention ; enfin, après
avoir passé deux ou trois fois sa main
sur son
front, il rompit le silence.
— Madame, dit-il, vous êtes sous le coup
d'une émotion violente, votre ligne de vie à
tous deux est interrompue, vous redoutez les
plus grands malheurs, le tout au sujet de lettres
qui vous ont été volées. Pourtant vous n'êtes
pas coupable, bien que je voie dans ces cartes
entraînement, coquetterie, ingratitude.
Vous craignez que certaines lettres
« ne tom-
bent entre les mains du roi de carreau, qui doit
être le mari. Rassurez-vous, vous pouvez en-
core tout sauver.
Voici carte qui veut dire route. Il faut
« une
le valet de cœur parte tout de suite pour
que
endroit où il doit être attendu depuis long-
un
temps.
Je ne puis vous en dire davantage, c'est
«
tout ce que je vois dans les cartes. Jugez si
elle disent vrai, et agissez en conséquence. »
La comtesse de T... était presque morte de
les paroles du nécromant résonnaient à
peur ;
oreilles comme les trompettes du jugement
ses
dernier'. Quant au baron, il n'était guère plus
rassuré que la comtesse. Pourtant il y avait là
femme qu'il fallait sauver à tout prix. Le
une
Breton jeta un billet de cent francs au magicien
et partit sans lui adresser. aucune autre ques-
tion.
Une demi-heure après, il déposait la com-
tesse devant la porte de son hôtel.
Le jour même, le baron de L..., qui s 'excu-
sait de n'avoir pu trouver le comte Gontran
de T..., prenait par lettre congé de son protec-
teur et parent.
Le soir le train express de nuit l'enmenait
Baden-Baden où se trouvait alors, au mi-
vers
lieu des représentants de l aristocratie et de la
diplomatie universelle, l'ambassadeur auquel, le
ministère des affaires étrangères l'avait attaché.
La comtesse, en rentrant, trouva
sur un fan- j
teuil de sa chambre à coucher le paquet de lct- 1

très dont la disparition l'avait tant effrayée. Elle '


jeta sur cette fatale correspondance
un regard '
avide; les six lettres étaient rangées dans l'or-
dre où elle les avait laissées. On eût juré
qu elles sortaient du coffret sans avoir été ou-
vertes. Quelle était la main mystérieuse qui
s en était emparée et les avait généreusement
rendues?
C est un problème que la comtesse n'a jamais
pu résoudre, et ce problème insoluble fut la
seule punition de sa coquetterie.
Le comte Gontran rompit une de
ces liaisons.
malheureusement trop nombreuses, qui le rete-
naient souvent hors de son hôtel, et, avant la fin
de' la semaine, il emmena
sa femme faire un
voyage d'agrément à travers les villes d'eaux à
la mode.
En vrai gentilhomme qui sait braver le dan-
ger, il la conduisit d abord sur les bords char-
mants de la Lahn. Ils passèrent près d'un mois
à Ems, à cinquante lieues de Bade d'Ems, ils
;
descendirent en Belgique, séjournèrent Spa
a
le temps des courses et partirent
pour les bains j
de mer d'Ostende.
Vers le 15 septembre, s'armant tous deux
ils traversèrent toute la
d'un beau courage,
France sans s'arrèter à Paris, et vinrent ter-
miner la belle saison à Biarritz.
Je ne sais si ce fut le comte ou la comtesse
le premier la proposition, mais ils dé-
qui en fit
cidèrent à l'unanimité des voix de poursuivre
si bien commencé.
un voyage
Ils passèrent l'hiver en Italie, et au printemps
ils eurent la folle idée de visiter l'Orient en
commençant Bucharest, Jassy, Odessa et
par
Constantinople, pour rentrer en France par
Alexandrie, après avoir parcouru l'Egypte des
Pharaons et des de Lesseps.
Leur voyage avait duré,onze mois.
Marseille, grand événement
En arrivant à un
s'accomplit.
Gontran faillit devenir fou de
Le comte
joie.
treize qu'il était marié,
Il y avait près de ans
il avait dû renoncer à la
et depuis longtemps
douce espérance d'avoir un héritier.
Eh bien ô bonheur
!
d'autant plus grand qu 'il

était moins attendu! était-ce l'effet des eaux


d'Ems ou un bienfait de la Providence? la
le jour à un charmant baby (les
comtesse donna
bébés sont tous charmants), qui fut inscrit à
l'hôtel de ville de la vieille cité phocéenne sous
les noms de Philippe-Marie-Henri-Auguste
de T...
Le comte était désormais certain de
son bon-
heur; il pensait rentrer à Paris. Pour égayer
l'hôtel de la rue de Grenelle-Saint-Germain, il
ramenait de son lointain voyage un jeune vi-
comte, à qui ses ancêtres allaient envoyer des
sourires du haut de leurs cadres blasonnés.
Maintenant, si le lecteur
a encore besoin
d une explication, nous lui dirons
que le comte
s était aperçu juste à temps de l'orage qui me-
naçait sa tête. Possesseur des lettres du baron
de L..., il avait entendu les confidences de
sa
femme et la proposition de la suivante.
Brave comme l'épée de son grand oncle tué
à Fontenoy, ayant vingt fois fait
ses preuves,
il avait cherché dans son esprit et surtout dans
son cœur s 'il ne pouvait rien faire de mieux que
de tuer un enfant de vingt-trois
ans qui n'était,
après tout, coupable que d'un crime qu'il avait
dix fois commis lui-même dans
sa longue car-
rière d'homme à bonnes fortunes.
Une inspiration lui vint d'en haut. Il jeta
se
dans un remise. Un louis donné cocher
au ren-
dit au cheval ses jambes de sept
ans, et, en dix
minutes, la voiture arriva rue Fontainc-Saint-
Georges.
de que le comte allait demander au devin
n'était pas une chose facile à présenter; mais
il était homme d'esprit et de tête. Il formula
nettement sa proposition.
Monsieur, dit-il, voulez-vous gagner deux

cents louis et faire une bonne action?
«
Il ne s'agit pas ici de faire appel à votre art
divinatoire.
Voici cent louis d'arrhes, vous recevrez les
«
cent autres si vous exécutez nos conven-
tions.
Un jeune homme et une jeune dame vont
«
venir vous consulter. Il leur manque un paquet
de lettres, et les malheureux croient que ces
lettres sont entre les mains du mari de la dame.
Ils se trompent, puisque les voici. Le jeune
homme doit faire un voyage, engagez-le à par-
tir sur-le-champ, il y va de son honneur. La
jeune femme ne saura peut-être que faire. Dites-
lui de rentrer son à hôtel, il y va de son bon-
heur. Je vous donne .ma parole qu elle aura ses
lettres ce soir et que son mari ne saura rien de

ce qui s'est passé. »


Le lecteur sait le reste.

Voilà certes, sinon un petit roman parfaite-


mont imaginé, tout au moins une anecdote pré-
cieuse et merveilleusement faite pour mettre en
honneur la profession de sorcier et de tireur
de cartes.
Néanmoins, sauf le cas particulier de M. le
comte Gontran de T... agrémenté de son opu-
lente fortune, on conviendra qu'en général les
diseurs de bonne aventure sont gens dont l'in-
tervention dans nos destinées n'a rien de parti-
culièrement séduisant, et qu'il vaut infiniment
mieux se mettre en état de se passer d'eux en
s'initiant aux secrets de leur science, en appre-
nant à se tirer les cartes soi-même ou à se les
faire tirer par un ami, que d'être dans la néces-
sité d'invoquer leur concours, souvent peu digne
de confiance, et parfois périlleux.
C'est en conséquence ce (lue nous allons tÙ-;
cher de vous enseigner de la façon la plus sim-
ple et cependant la plus complète.

LES RÉUSSITES.

La meilleure méthode d'enseignement de


toutes les sciences, aussi bien de la science des
cartes que des autres, nous paraissant être
celle qui conduit l'esprit de l'élève du simple
au compliqué, nous commencerons par les
réussites.
Les réussites sont de deux sortes :
1° Réussites déterminées, c'est-à-dire ayant
pour objet un désir, un vœu, une entreprise
fixe et définie ;
2° Réussites indéterminées ou concernant la
marche générale de vos affaires, ce qui constitue
le succès, la chance, le bonheur dans la vie.

§ 1er

Réussites déterminées.

Vous voulez demander aux cartes si vous


réussirez dans une entreprise commerciale, une
opération financière ou industrielle, dans une
démarche, dans un voyage, dans une associa-
tion, dans un mariage, dans une campagne
amoureuse, etc., etc.
Vous vous posez la question, clairement et eu
termes précis, soit à vous, soit à la personne
pour le compte de qui vous préparez la réussite.
Puis vous prenez un jeu de piquet de trente-
deux cartes ; vous le battez, vous coupez ou
vous faites couper la personne intéressée, de la
main gauche.
Ensuite vous appelez successivement les huit
cartes dont se compose chaque couleur par
ordre de valeur : sept, huit, neuf, dix, valet,
dame, roi et as, en retournant les cartes une à
une et vous recommencez.
Chaque fois que vous retournez une carte de
la valeur de celle que vous avez appelée, vous
la tirez du jeu et la mettez à part.
Quand vous avez fini vos trente-deux cartes
vous recommencez avec celles qui vous restent
en continuant à faire sortir les diverses cartes
à mesure qu'elles correspondent à la valeur
appelée, et cela jusqu'à épuisement du jeu.
Si vous arrivez à épuiser complétement votre
jeu, c'est-à-dire à faire sortir successivement
les trente-deux cartes, ce qui n'arrive parfois
qu'après douze ou quinze tours, félicitez -vous,
les cartes vous sont favorables, il y a quelque
chance d'espérer que le succès répondra à vos
vœux.
Lorsque quelques tournées se sont faites sans
résultat, c'est-à-dire sans qu'aucune carte soit
sortie, si vous vous apercevez que vous revenez
au même point, que vous recommencez la tour-
née en appelant la même carte, vous pouvez en
conclure qu'aucune carte ne sortira plus et re-
noncer à votre reussite; elle est manquée.

§ 2

Après avoir battu les cartes, vous les distri-


buez en huit paquets que vous placez sur deux
lignes horizontales, la face contre le tapis.
Vous retournez la carte placée sur chacun
des paquets, et vous assemblez deux par deux
celles qui ont la même valeur, deux as, deux
huit, deux dix, etc., tant qu'il s'en trouve deux
semblables.
A mesure que vous avez dégarni un paquet
de la carte retournée, vous retournez la sui-
vante, toujours en enlevant deux par deux les
cartes équivalentes, tant qu'il s 'en trouve.
Si vous parvenez ainsi à épuiser les huit pa-
quets, la réussite est bonne ;
si, au contraire,
il arrive un moment où il ne se trouve plus deux
cartes semblables retournées, la réussite est
manquée.
§ 3

Disposez les trente-deux cartes


par ordre de
valeur en commençant par la plus forte
: as, roi,
dame, valet, dix, etc., les quatre couleurs l'une
après l'autre.
Puis, sans battre les cartes, coupez
vous-
même sept fois de suite de la main gauche
ou
faites couper la personne, intéressée à la réus-
site.
Puis vous retournez les cartes deux
par deux
telles qu'elles se trouvent ; elles doivent venir
constamment par deux équivalentes, deux neuf,
deux rois, deux valets, etc., et alors la réussite
est complète ; sinon elle est manquée.

§ 4

Réussite progressive.
\
Les cartes battues, vous coupez ou faites
couper de la main gauche, puis vous retournez
les treize premières cartes et vous distrayez de
ces treize cartes les as qui s'y trouvent, et vous
les mettez de côté.
Vous reprenez votre jeu, moins les as écartés,
vous le rebattez, vous recoupez et vous re-
tournez encore les treize premières cartes des-
quelles vous distrayez encore l'as ou les as.
Enfin vous recommencez une troisième fois
votre opération de la même manière.
Si en ces trois tirages de treize cartes vous
avez fait sortir les quatre as, la réussite est
bonne; autrement elle est manquée.
Si les quatre as sortent en deux tirages, le
succès est encore plus certain et sera plus ra-
pide; enfin s'ils sortent du premier coup, c'est
que le succès promet d'être éclatant. Voilà pour-
quoi l'on appelle cette réussite progressive.
Ainsi que lo mnlhour la chanco a ses degrés!

§ 5

Réussites diverses.

Enfin, nous trouvons dans un petit livre bien


curieux, publié en 1809 par Bonsergent, Égyp-
tien ou soi-disant tel, et portant l'indication de
Memphis, en Egypte, une série de réussites
pour divers objets déterminés. Les voici :
Pour un mariage et autre sujet. — Battez les
cartes d'un jeu de piquet et puis coupez ou faites
couper trois fois.
S'il s'agit d'un mariage, vous retenez deux
cartes, celles qui représentent le monsieur et
la dame de qui il s'agit, cœur ou carreau pour
les blonds, trèfle ou pique pour les bruns.
Après quoi vous tirez les autres trois cartes
par trois, en ayant soin, chaque fois qu'il s'en
trouve deux de la même couleur, de prendre la
plus forte et de la mettre à part à côté de celle
qui figure le consultant ou la consultante ; si
toutes les trois sont de la même couleur, vous
les rejetez toutes les trois. Le jeu épuisé, vous
recommencerez avec les cartes restantes, après
avoir battu et fait couper. Vous allez ainsi jus-
qu'à ce qu'il soit sorti quinze cartes.
Si le consultant est un garçon brun, pour
que son mariage réussisse, il faut qu'il se
trouve dans ses quinze cartes la tierce au roi de
trèfle.
S'il s'agit d'une jeune fille brune, il faut éga-
lement la tierce au roi de trèfle, plus l'as de
pique renversé (1).
f
(1)Renverse. Signifie carte qui se présente la tête en bas;
droit veut dire carte venant dans son sens naturel. On doit
toujours se servir pour tirer les cartes d'un jeu ayant haut
et bas et non de cartes à deux têtes.
/
Si le consultant homme ou femme est blond,
il faut que la tierce soit en cœur ou en carreau.
Si le mariage doit se faire à la campagne, de
nécessité il importe que la tierce soit en
toute
carreau.
Enfin, s'il s'agit du mariage d'un veuf ou
d'une veuve, il est indispensable que les cartes
fournissent la tierce au roi de pique et
sorties
l'as de cœur.
Pour un héritage. La présence de l'as de

présentant droit indique profit par
pique se
c'est-à-dire succession ou
suite d'une mort,
petits trèfles, sept, huit,
legs; s'il y a quatre
accompagnant l'as, c'est que l 'hé-
neuf et dix,
ritage produira beaucoup d 'argent.
Pour un procès.
chances d'un procès
-
par
On
les
ne peut
cartes que
juger
si le
des
roi
sort. S'il sert à former la quinte ma-
de pique
il est à craindre que le procès
jeure de pique,
mais s'il est accompagné des
ne vaille rien, blanches,
quatre dix ou bien de toutes cartes
les chances sont excellentes.
Veut-on savoir si l'on dé-
Pour un vol. —
d'un vol, la présence dans le
couvrira l'auteur
valets est nécessaire si le huit
jeu des quatre ;

roi de pique sortent, c'est que le


de pique et le
prison l'as de pique se met-il de
voleur est en ;
la partie ! le prisonnier serà en danger de mort ;
voit-on venir le roi de trèfle, la dame de errur
et l'as de trèfle : on peut espérer qu'il resti-
tuera les objets volés; enfin si la couleur du
carreau domine parmi les cartes sorties, il y a
lieu de penser que le voleur a été arrêté pour
une affaire autre que celle qui vous occupe.
Pour-une personne qui est en prison. —
Voulez-vous demander aux cartes si une per-
sonne retenue en prison a quelque chance d'être
bientôt délivrée ? Après avoir opéré comme il
est dit ci-dessus, regardez les cartes sorties; si
parmi elles se trouvent la dame de cœur, le
valet de trèfle, le neuf de trèfle et les quatre
as, espérez un élargissement prochain et fa-
cile. Si ces cartes ne sont pas sorties, la libé-
ration sera ajournée, et si le jeu donne le roi
de pique, le valet de carreau, le neuf de car-
reau, le neuf et le huit de pique, la mise en li-
berté ne sera obtenue qu'après beaucoup d'obs-
tacles et de difficultés.
Pour les voyageurs. — Si vous êtes tenté
d'interroger les cartes au sujet de personnes
qui sont en voyage, cherchez dans le jeu sorti
l'as de carreau, l'as de cœur et le dix de car-
reau ; leur présence vous annonce des nouvelles
probables ; si le sept de carreau survient, vous
êtes certain de recevoir des nouvelles ; si le dix
de pique se trouve en regard de la carte qui
représente l'absent, craignez qu'il ne soit ma-
lade ; si c'est l'as de pique qui se trouve là ren-
versé, c'est que l'absent est en danger. S'il doit
réussir dans son entreprise, il est escorté du
neuf de cœur, de l 'as et du dix de trèfle. Enfin
si le huit de carreau se trouve en regard de sa
carte, c'est qu'il est sur le point de revenir.
En général, dans ces réussites, qui peuvent
se faire, soit en tirant quinze cartes, soit en en
tirant vingt et une, le prétendu Egyptien Bon-
sergent assure que la sortie d'un grand nombre -

de cartes blanches annonce de grands succès


pour la. personne en vue de qui se fait la con-
sultation ; les cinq basses cartes de cœur et de
carreau, as, sept, huit, neuf et dix, annoncent
nouvelle dont on aura à se réjouir; les cinq
une
basses cartes de trèfle promettent le gain d 'un
procès ou un bon numéro à la loterie (aujour-
d'hui un gros lot d'une obligation de la ville de
Paris ou du Crédit Foncier) ; enfin les cinq
basses cartes de pique pronostiquent la nou-
velle de la mort d'un parent ou d'un ami.
§ 6.
Réussite indéterminée.
Après avoir battu et fait couper de la main i

gauche, vous tirez les cartes trois par trois


en
ayant soin de prendre, dans chaque groupe où
il se trouve deux cartes de même couleur, la
plus élevée en valeur; si les trois cartes sont de
la même couleur, vous les prenez toutes les
trois, soit trois piques, trois cœurs, trois trè-
fles, trois carreaux.
Vous recommencerez avec les cartes
res-
tantes jusqu 'à ce que vous ayez obtenu treize
cartes au moins ou dix-neuf au plus. Si vous
obteniez un nombre pair vous feriez tirer
une
carte au hasard pour compléter votre tableau
en nombre impair.
Vous étalez votre jeu en éventail, et prenant
pour point de départ la carte qui représente
soit vous, soit le consultant, vous comptez ainsi
:
une, deux, trois, quatre et cinq, de gauche à
droite, en interprétant le sens de la cinquième
carte sur laquelle vous vous arrêtez ; vous re-
prenez cette carte pour point de départ d'une
nouvelle marche de cinq, et ainsi de suite, en
revenant de la dernière carte de droite à la 1

première carte de gauche pour poursuivre


I
I
lectures interprétatives de cinq
votre série de
cinq, et cela jusqu'à ce que cette marche vous
on
ramène sur la carte du premier point de départ.
terminée, vous relevez les
Cette lecture
de servir en en dis-
cartes qui viennent vous
hasard que vous tournez la face
trayant six au
contre le tapis.
Vous remettez les vingt-six cartes restantes
successivement sur chacune de ces
une à une opérez
six cartes pour fournir six tas, et vous
six tas ainsi qu'il a été dit au paragra-
sur ces de
phe 2, en relevant les cartes similaires va-
leur deux par deux.
réussite soit parfaite et corrige
Pour que la
succès définitif les petits incidents con-
par un la lecture
trariants qui ont pu se produire dans
des cartes de cinq en cinq, il faut que vous
arriviez à épuiser ainsi le jeu tout entier par
couples de cartes d'égale valeur.
Voici maintenant, pour vous guider dans
interprétative, la signification at-
votre lecture
des trente-deux cartes, cela,
tribuée à chacune
bien entendu, indépendamment de la concor-
signification de ces cartes avec les
dance de
du livre de Thot, dont l'expli-
lames ou tarots
cation sera donnée plus loin.
Carreaux. — As, lettre ou nouvelles pro-
chaînes ; roi, amitié, et mariage s'il est suivi
de la dame ; s'il est renversé, obstacles
; —
dame, femme de campagne, blonde
et médi-
sante; renversée, plus directement malfaisante
pour le consultant; valet, facteur, militaire
ou postillon, porteur de nouvelles, bonnes s'il
est droit, mauvaises s'il est renversé; dix,
grande joie, déplacement, partie de |
campagne
— neuf, retard et ajournement, mais non in-
succès ; huit, homme d'affaires ou jeune né-
gociant qui fait des démarches
pour le consul-
tant ; — sept, bonne nouvelle, surtout si l'as
l'accompagne.
Cœurs. As, joie, contentement, et s'il
est
accompagné de plusieurs figures,
noces et fes-
tins en aimable compagnie
; — roi, homme ri-
che ou banquier, disposé à
vous obliger ; ren-
versé, avare et difficultueux
;- dame, femme
honnête, franche et obligeante; renversée,
obs-
tacle à un mariage projeté
; - valet, militaire
ou jeune homme qui vous veut, du bien et est
destiné à jouer un rôle dans votre vie à s'al-
et
lier à vous, soit de la main droite, soit de la
main gauche; dix, surprise, le plus souvent
agréable et avantageuse au consultant
concorde ;
; - neuf,
huit, bonheur de famille, réussite
-
dans les entreprises; sept, si le consultant
nst une demoiselle, annonce qu'elle se mariera
et n'aura que des filles; si c'est un garçon, qu'il
fera un riche et heureux mariage.
Piques. — As, s'il est suivi du dix et du
neuf, mort, deuil, tristesse, trahison et peut-
être vol ; — roi, magistrat ou homme de loi de
qui l'intervention pourra être désagréable ;
renversé, perte de procès ou dérangement dans
les affaires ; — dame, femme chagrine, veuve
et gênée peut-être ; renversée, désireuse secrè-
tement de se remarier à l'insu de sa famille ; —
valet, disgrâces menaçantes pour la tranquillité
et peut-être même pour la liberté du consul-
tant ; renversé, graves complications pour le
consultant homme, trahison d'amour pour la
femme consultante ; — dix, suivi de l'as et du
roi, prison pour un homme; pour une femme,
maladie ; — neuf, retard et obstacles dans les
affaires ; suivi du neuf de carreau et de l'as de
trèfle, ajournement dans la réception d'argent
attendu ; —huit,arrivéed'une personne qui vous
apprendra de fàcheuses nouvelles ; suivi du sept
de carreau et voisin d'une figure, roi, dame ou
vnlet,pleurs,discordes,destitution ou perte d'em-
ploi;— sept, querelles, inquiétudes ; amendé
par l'entourage de quelques cœurs, il annonce
sûreté, indépendance, soulagement moral.
Trèfles. — As, surtout suivi du sept de car-
reau et du sept de trèfle, avantages, bénéfices
commerciaux, industriels et de toute nature,
recouvrements faciles, prospérité sans mé-
lange ; — roi, personnage puissant, équitable
et bienveillant pour le consultant, à qui il rendra
d'éminents services; renversé, ce personnage
pourra éprouver quelques difficultés dans ses
démarches et avoir à craindre même de ne pas
réussir ; — dame, femme brune, rivalité, con-
currence ; voisine d'une carte représentant un .
homme, elle a une préférence pour cet homme ;
voisine d'une dame, elle a de la sympathie pour
le consultant ; renversée, elle est fort convoitée,
jalouse et encline à l'infidélité ; — valet, amou-
reux, jeune homme comme il faut qui fait la
cour à une demoiselle; placé à côté d'une dame,
il a de grandes chances de réussir ; placé à
côté d'un homme, il y a lieu d'espérer que cet
homme fera des démarches pour lui et facili-
tera son succès, à moins que cet homme soit le
valet de cœur, qui annonce une rivalité dange-
reuse ; renversé, il a à craindre de la part de
ses parents une opposition à son mariage ; —
dix, prospérités, bonnes fortunes de toute sorte;
cependant, suivi du neuf de carreau, il annonce
un retard dens une rentrée d'argent, et suivi du
neuf de pique, insuccès ; en cas de procès, perte
probable; — neuf, réussite en amour ; pour un
célibataire ou pour une demoiselle, prochain
mariage ; pour une veuve, secondes noces ; —
huit, questions d'argent ou d'affaires, le consul-
tant a lieu d'espérer une conclusion favorable ;
— sept, anxiétés occasionnées par des amou-
rettes ; suivi du sept de carreau et du neuf de
trèfle, abondance de biens et riches héritages
de famille.

VI

PETIT JEU AVEC LES TRENTE-DEUX CARTES.

Maintenant que vous êtes édifié sur la plu-


part des divers modes de réussites et sur la
signification des trente-deux cartes du jeu de
piquet, exposons succinctement la méthode
simple et française usitée pour le petit jeu.
Cartes battues, coupées et assemblées, vous
en faites deux tas à peu près égaux ; vous de-
mandez au consultant de choisir le tas dont il
désire que vous fassiez usage. Vous en retirez
la première carte et la mettez de côté comme
carte de réserve , puis vous retournez le reste
du paquet choisi et vous en lisez l'explication
d'après le sens indiqué ci-dessus.
Précisons cette méthode par une hypothèse.

Hypothèses.

Supposons que le tas choisi par le consultant


se compose de quinze cartes, qui soient : l'as
de cœur, — le neuf de trèfle, —le roi de cœur,
— le dix de carreau, — le neuf de cœur, — le
huit de cœur, — le huit de carreau, le sept de

trèfle, — le sept de carreau, — le sept de coeur ;
— le huit de trèfle étant la carte de réserve.
Première solution. Les sept premières
cartes, as de cœur suivi du neuf de trèfle, du
roi de cœur, du dix de carreau, du neuf de
cœur, du huit de cœur et de l'as de carreau,
signifient prospérité en affaires. Les huit au-
tres, valet de carreau, dame de pique, as de
trèfle, neuf de carreau, sept de trèfle, sept de
carreau, sept de cœur, la huitième étant le huit
de trèfle, carte dé réserve, annoncent une sur-
prise pour un militaire, campagne heureuse,
avancement ; pour personnes civiles et bour-
geoises opérations avantageuses.
Deuxième solution. Reprenant vos quinze
cartes vous les rebattez et vous les distribuez
en trois tas, après avoir mis encore à part une
carte de réserve, soit la première, soit la der-
nière du paquet. Vous demandez au consultant
lequel des trois tas il choisit pour lui.
Supposons que dans ce tas se trouvent le
neuf et le dix de carreau, le roi de cœur, le
sept de trèfle et l'as de carreau, vous pouvez
lui annoncer qu'un homme qui se propose
d'aller à la campagne pour son service lui ap-
portera une bonne nouvelle. Supposons encore
que dans le second tas, qui est consacré à la
maison, se trouvent le sept de carreau, le neuf
de trèfle, l'as de cœur, l'as de trèfle et le valet
de carreau, concluez à l'intervention d'un
homme bienveillant dans l'intérêt de la maison
du consultant et accomplissement de tous ses
vœux. Le troisième tas, dévolu à ce que l'on
n'attend pas, se trouvant composé du sept de
cœur et de la dame de pique, le consultant doit
s'attendre à faire un héritage considérable
.
Enfin la carte de réserve ou de surprise étant
le huit de cœur, il y a lieu de fonder toutes
sortes d'espérances sur l'avenir.
Deuxième hypothèse.
Que le tas choisi pour lui par le consultant
se compose du roi de cœur, du sept de car-
reau, du neuf de trèfle et du valet de carreau,
cet ensemble lui pronostiquera une riche suc-
cession à recueillir ; que dans le second tas se
rencontrent le sept de trèfle, l'as de cœur, la
dame de pique, le huit de trèfle et le huit de
cœur, vous pourrez lui annoncer qu'il aura à
encaisser les bénéfices d'opérations heureu-
ses, de fortes primes ou un gros lot d'obli-
gations ; que le troisième tas, pour ce que l'on
n'attend pas, contienne le neuf de carreau, le
dix de carreau l'as de carreau, le sept de
,
cœur, le neuf de cœur, il sera fondé à croire
qu'on retient une lettre qui lui est destinée,
lettre importante et favorable à ses desseins,
qui finira par lui parvenir au bout d'une. hui-
taine de jours ; enfin, que la carte de réserve
soit l'as de trèfle, cette carte lui annoncera un
cadeau ou un don pécuniaire.
Troisième hypothèse.
Si le premier tas choisi par le consultant
réunit le huit de trèfle, le sept de carreau, l'as
de cœur, le dix de carreau et le sept de trèfle,
c'est encore pour lui le présage de bonnes
affaires d'argent et de propositions d'une aima-
ble partie de campagne; si le' second tas, con-
sacré à la maison, groupe le valet de car-
reau, l'as de carreau, le sept de cœur et le
huit de cœur, il devra s'attendre à voir prochai-
nement arriver un militaire qui lui apportera
une heureuse nouvelle ; si le tas représen-
tant ce que l'on n'attend pas contient le neuf
de cœur, le neuf de carreau, le roi de cœur
renversé, l'as de trèfle et la dame de pique, il
saura qu'il y a parmi les personnes de sa con-
naissance une dame fort affligée du départ pour
la campagne d'un homme qui vient de faire une
grande perte ; si enfin la carte de surprise est
le neuf de trèfle, vous avez à lui annoncer qu'il
recevra de l'argent sur lequel il ne compte pas.
Nous pourrions ainsi multiplier les hypothèses
et les combinaisons des groupes de cartes for-
mant les divers tas ; mais nous pensons que
ces trois exemples suffiront amplement au lec-
teur pour le mettre au courant des présages
qu'il peut tirer pour le consultant de ce mode
de divination par quinze cartes au moyen du
jeu de piquet.

Manière de tirer les cartes par vingt-une.

Après avoir battu les cartes, fait couper et


rebattu encore votre jeu de piquet, vous retirez
onze cartes, ce qui vous en laisse vingt et une.
Vous rebattez encore ces vingt et
une cartes,
vous faites recouper et vous prenez au hasard
une carte que vous mettez de côté comme carte
de surprise.
Supposons maintenant que ces vingt et
une
cartes soient la dame de trèfle, le huit de car-
reau, le huit de pique, le huit de trèfle, le dix
de carreau, le roi de trèfle, le valet de cœur, le
sept de cœur, le valet de pique, la dame de
cœur, le huit de cœur, le roi de carreau, le
neuf de piquet l'as de pique, le dix de pique, le
sept de trèfle, le sept de carreau, le valet de
trèfle, la dame de carreau, l'as de cœur et l'as
de carreau pour la surprise, vous pouvez résu-
mer ainsi la première impressiou produite par
cet ensemble :
Le consultant doit s'attendre à voir s'accom-
plir prochainement un grand mariage qui le
touche de près; il apprendra prochainemont
qu'un jeune homme à qui il s'intéresse se trou-
vera en passe de subir un emprisonnement à
cause d'une femme blonde ; un cultivateur ou un
bourgeois campagnard qu'il connaît beaucoup
éprouvera une perte considérable ; enfin la carte
de surprise, l'as de carreau, présage que le
consultant ne tardera pas à recevoir une lettre
qui l'étonnera beaucoup.
Relevant ensuite vos vingt et une cartes, vous
en faites trois tas qui sont désignés comme pré-
cédemment, l'un pour le consultant, l'autre pour
la maison, le troisième pour ce qu'on n'attend
pas ; enfin vous mettez à part, comme toujours,
une carte de surprise.
Supposons que dans le premier tas vous
trouvez le dix de pique, le sept de trèfle, l'as de
carreau, le huit de carreau, le valet de pique,
le huit de pique, le huit de trèfle, vous pouvez
l'interpréter ainsi : le consultant aura un de ses
proches ou un de ses amis malade ; les inquié-
tudes que lui fera éprouver cet événement se-
ront très-probablement compliquées d'une perte
d'argent.
Supposons ensuite que dans le second tas
releviez le roi de trèfle, l'as de pique, le
vous
sept de carreau, le valet de trèfle, la dame de
la dame de carreau et l 'as de cœur,
cœur,
tout lieu de penser qu 'il est question
vous avez
d'un mariage auquel le consultant doit s 'inté-
vivement les passions et les inté-
resser assez ;

rèts sont en jeu à propos de ce mariage, des


intrigues se nouent, des trames s 'ourdissent; il
rival excessivement jaloux, qui suscite
y a un
des obstacles ; la chose tournera-t-elle au drame
restera-t-elle dans les limites de la comédie?
ou
c'est ce que les cartes ne vous permettent
pas
encore de démêler.
Vous étalez le troisième tas, dans lequel
vous
découvrez le dix de carreau, le neuf de pique, la
dame de trèfle, le roi de carreau, le sept de.
cœur et le valet de coeur : ces cartes indiquent
encore bien des luttes, des velléités de perfidie,
des tentatives de conciliation, mais finalement
une brouille, une séparation d'amis, peut-être
même la rupture du mariage.
Cependant la carte de surprise, le huit de
cœur indique soit une réunion soit une retraite
à la campagne ; choisissez.
Voulez-vous chercher une seconde combinai-
son ? Admettez qu après avoir rebattu les cartes
vous trouviez dans le tas choisi pour lui par le
consultant le huit de trèfle, l'as de pique, le
valet de cœur, la dame de cœur et le neuf de
carreau, vous êtes fondé à y lire tous les symp-
tômes d'un mariage, lequel toutefois est
en-
travé par les manœuvres d'un jeune homme
blond. Dans le tas consacré à la maison
se ren-
contrent, entre autres cartes, le neuf de pique,
le sept de cœur, le roi de trèfle, le dix de
car-
reau et le roi de carreau : la situation se rem-
brunit, il y a dispute à propos d'une femme
blonde qui en éprouve un violent chagrin
; ce-
pendant les conseils et l'intervention d'hommes
et prudents permettent d'espérer que la
sages
paix se rétablira. Vous retournez le troisième
tas, réservé à ce que l'on n'attend pas ; il vous
offre l'as de carreau, le huit de pique, le huit de
cœur, l'as de coeur , le huit de carreau et la
dame de trèfle, cartes de très-bon augure qui
annoncent de grandes prospérités, un change-
ment de maison ou de situation, peut-être un
projet d'établissement à la campagne. Enfin
vous retournez la carte de surprise : c'est la
dame de carreau. Il faut que le consultant se
tienne en défiance, tout n'est pas résolu, il
pourrait bien y avoir une femme blonde et per-
fide qui cherche à lui jouer de vilains tours.
Si vous êtes curieux d'une troisième épreuve
des trois tas, nous allons vous l'offrir. Cette
fois, le tas choisi par le consultant contient le
valet de pique, le huit de cœur, l'as de carreau,
le dix de carreau, le sept de trèfle et l'as de
pique, cartes dont la réunion paraît annoncer
le succès d'une spéculation importante produi-
sant des bénéfices considérables, puis la ré-
ception d'une lettre de province dont on ne peut
déterminer le sens. Le deuxième tas, celui de
la maison, groupe la dame de carreau, le neuf
de pique, le huit de pique, le roi de carreau, le
dix de pique, la dame de cœur et le
sept du
cœur, combinaison qui ne laisse pas que d'être
inquiétante au point de vue des affaires de senti-
ment, car elle présage des drames intimes
dans la maison du consultant, drames qui
au-
ront pour acteur soit lui, soit quelqu'un de
ses
proches : la jalousie d'un homme à
propos de
la tendresse d une femme affectera si profon-
dément une autre femme qu'elle
en fera une
maladie. Le troisième tas, pour la chose qu'on
n attend pas, comprenant le huit de carreau, le
valet de cœur, le sept de carreau, le valet de
trèfle, l'as de cœur et le huit de trèfle,
a uno
signification sanglante et déplorablement si-
nistre; il pronostique une discussion,
une rixe
et finalement une bataille de plusieurs hommes,
et non pas pour une de ces causes chevaleres-
ques, pour une de ces passions fières et hautes
dont la noblesse ennoblit pour ainsi dire la colère,
la vengeance et le meurtre, mais
pour une vi-
laine et sordide cupidité d'argent. Mais la carte
de surprise se trouve être le roi de trèfle et
vous permet de faire espérer au consultant l'in-
tervention imprévue d'un homme équitable et
qui sait se faire écouter, laquelle intervention
pourra rétablir le bon accord et faire oublier
les incidents fâcheux qui se sont produits.
Ces exemples suffiront, croyons-nous, pour
permettre à toute personne, si inexpérimentée
qu'elle soit en cartomancie, de préparer des réus-
sites et de tirer les cartes, soit pour elle-même
soit pour d'autres, en se servant du simple jeu
de piquet de trente-deux cartes.
Nous compléterons toutefois cette instruction
par une sommaire interprétation des rencon-
tres des cartes similaires en valeur par deux,
trois et quatre, soit dans l'ensemble du jeu
tiré pour le consultant, soit dans les divers tas
groupés séparément.
Ainsi les quatre as, surtout quand ils se
trouvent dans le jeu avec les quatre dix, annon-
cent des succès pécuniaires, des héritages, des
gains au jeu ou dans les spéculations aléatoires ;
les quatre rois, avancement dans les em-

plois dignités, décorations ; — les quatre
,
dames, bavardages indiscrets et malveillants
contre
,le consultant; — les quatre valets,
tercations disputes et bataille entre divers
hommes ; — quatre dix, légèreté, inconstance ;
al-

quatre neuf, bienfaits et conduite méritoire;



quatre huit, contrariétés et déceptions ;

quatre sept, manœuvres plus ou moins per-
fides ; — trois as, commencement de réussite ;
trois rois, prospérité ; — trois dames, réu-

nions de bonne compagnie;
discordes et querelles;
- - trois valets,
trois dix, belles
chances pour un avenir prochain;
— trois neuf
succès limités; -trois huit, alliances
heu-
reuses; — trois sept, appui et concours d'in-
fluents patronages;
— deux as, envie, jalousie,
antipathie;
— deux rois, sages avis; — deux
dames, affection et sympathie
- ; - deux valets,
bonne harmonie ; deux dix, satisfaction
deux neuf, opulence, rentrée de fonds, ; -
grandes
acquisitions; - deux huit, demi-fortune;
deux sept, nouvelles agréables. -
Vil

LE GRAND JEU.

On appelle grand jeu la consultation


des
cartes qui se fait à l'aide du jeu de tarots
ou
grand livre de Thot, composé suivant la tradi-
tion égyptienne.
Néanmoins on peut aussi, à la grande
rigueur,
faire une sorte de grand jeu
avec les cinquante-
deux cartes du jeu de whist
ou de boslon,
connu sous le nom de cartes entières. Nous
conseillons toutefois aux personnes qui tiennent
à avoir des consultations complètes, de préférer
le système des soixante-dix huit cartes, appuyé
sur les principes et les règles de la cartomancie
d'Etteilla et de ses successeurs, aux combinai-
sons approximatives qu'on peut former à l'aide
des cinquante-deux cartes seules, c'est-à-dire
en se privant des vingt et un tarots qui précè-
dent les séries des quatre couleurs, des quatre
chevaliers, portant les numéros 24, 38, 52, 66,
et de la Folie portant le numéro 78. Ces vingt-
six tarots ont des significations trop impor-
tantes dans le langage des oracles de la carto-
mancie et jouent un trop grand rôle dans cette
science, pour que leur absence dans les combi-
naisons du grand jeu ne fasse pas un vide
considérable et ne modifie pas d'une façon sen-
sible l'ordre des pronostics qu'on peut en tirer.
Rien n'est plus facile, du reste, si l'on ne veut
pas faire la dépense d'un jeu de tarots, qui coûte
assez cher, et que d'ailleurs on ne trouve pas
aisément dans les petites localités, ni même
dans tous les quartiers des grandes villes, que
de compléter le livre de Thot en prenant un jeu
de cinquante-deux cartes et en y ajoutant les
vingt-six cartes en question au moyen de
feuilles de papier collées sur des cartes ordi-
naires et portant les numéros indicateurs des
tarots et au besoin leur désignation et leur sens
prophétique, ainsi qu'il suit, par exemple :

On peut encore, ce qui serait préférable, dé-


couper des morceaux de carton glacé de la
méme consistance que celui qui sert à fabriquer
les cartes à jouer, et faire sur ces
morceaux, de
forme pareille à celle des cartes,
ses vingt-
six tarots supplémentaires. Quant aux cin-
quante-deux cartes du jeu entier, on en trou-
vera l équivalence indiquée dans la série des
soixante-dix-huit pages à gravures qu'on
va
voir ci-après.
Enfin, au moyen des numéros indiquant
l 'ordre, la valeur et la signification de chaque
carte, on peut même se passer do jeu de cartes
et se fabriquer soi-même un jeu de tarots avec
soixante-dix-huit fragments de carton, de pa-
pier de Bristol ou de lamelles de bois blanc,
sur lesquelles il suffit, à la rigueur, d'inscrire
le numéro d'ordre.
Pour la commodité de ceux de nos lecteurs
qui sont curieux de se tirer les cartes à eux-
mêmes ou de les tirer aux personnes de leur
connaissance, nous avons fait dessiner et gra-
ver les figurations des soixante-dix-huit tarots,
sans toutefois nous attacher à copier servile-
ment les images naïves et grossières des car-
tons traditionnels, mais en ayant soin d'en
exprimer le sens par des compositions d'un
style plus artistique et plus moderne, et nous
avons pris soin d'imprimer à côté, sur la même
page, d'une part les explications afférentes à
chaque tarot; d'autre part, lorsqu'il y a eu lieu,
la figuration des cartes du jeu français absolu-
ment équivalentes.
Nous ne saurions trop engager les personnes
qui voudraient s'essayer dans ce genre de di-
vination, soit à titre de science prophétique,
soit à titre de simple exercice d'esprit et d'amu-
sement de société, à lire et à étudier attentive-
ment et minutieusement ces soixante-dix-huit
pages ; elles y trouveront la clef de toutes les ré-
vélations du passé et du présent et de toutes
les interprétations de l'avenir que peut fournir
la cartomancie. Ettoilla, mademoiselle Lenor-
mand, madame Julia Orsini, madame Clément,
mademoiselle Lelièvre, M. Edmond, les plus
habiles et les plus renommés cartomanciens,
ne
se sont point servi d'autres données. Seule-
ment il faut demeurer bien convaincu que
ces
sortes de lexiques des cartes ne sont que des
thèmes sur lesquels l'esprit d'observation et
l'imagination du cartomancien savent broder
des variations en rapport avec le tempérament,
le caractère, les mœurs, l'état social, le passé,
les tendances et les aspirations du consultant
ou
de la consultante.
Car, il est bon qu'on le sache, l'observation
joue un très-grand rôle dans l'art du cartoman-
cien. Pour peu qu'il soit habile, il sait, tout
en
préparant son jeu, examiner le sujet, le faire
causer, deviner d'après son costume, sa tenue,
ses manières, ses paroles, la sphère sociale à
laquelle il appartient et le principal et secret
objet de sa consultation.
En ayant soin de commencer par quelques
phrases banales, quelques aperçus prophéti-
ques un peu vagues, il reconnaît, iiu bout de
peu d 'instants, s 'il a affaire à un croyant ou à
un sceptique, si ses préoccupations se portent
plus volontiers sur des questions d'intérêt
ou
sur des questions d'amour, s'il est anime par
des espérances ou par des appréhensions, s 'il
est timide ou audacieux et entreprenant, si l'on
peut tout lui dire ou s'il faut lui ménager les
doses de pronostics, tant heureux que fàcheux ;
si la prudence ne commande pas de se borner
à lui débiter quelques présages énigmatiques
et même contradictoires enveloppés dans de
sages conseils.
C'est en effet là la portée morale possible de
cette profession, de cet art dans lequel l esprit
du devin a une bien plus grande part que la
magie et l'antique cabale : se servir de l'in-
fluence momentanée qu'on exerce sur un esprit
souvent faible, inquiet et hésitant, pour le dé-
tourner des mauvaises voies au moyen de quel-
avis prudemment formulés, et le ramener
ques
sentiment du juste et à la pratique du bien.
au
Ces considérations n'ont du reste qu une im-
portance secondaire pour nos lecteurs, qui vrai-
semblablement ne cherchent pas à s'initier à la
science de la cartomancie pour s 'en faire une
profession, mais simplement par curiosité et
distraction, un jeu de so-
pour y trouver une
ciété. Soit qu'ils se tirent les cartes pour eux-
mêmes, soit qu'ils les tirent à des amis, ils
connaissent généralement assez bien le consul-
tant pour pouvoir se dispenser de étudier ot
1

de l'observer au préalable. L'application de la


signification des tarots à son caractère, à
son
passé, à ses idées, à ses inclinations, ne leur
en sera que plus facile.
Cela dit, examinez bien les soixante-dix-huit
pages du grand livre de Thot avec ses cin-
quante-deux correspondants équivalents du jeu
de cartes français. Les voici :
2L7 si voisine ou
s'at
d'autant affaires

surtout
important,

carte,
;
annonce
l'argent.
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consultant
sembleront
ses

négligé

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cette
qu'elle
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qu'elle
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prolongation

cartomancier

débrouiller.
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conçues.

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toujours

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la pires. maligne

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encore

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C'est bûches Avec Avec Avec
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Le sant.
que
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vieille

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signification. une
question

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prison, de
torture

regrettable

trouble
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CARTES
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misère, guère politique.

le
conséquence
jette succès

temps n'améliore
LES
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TIRER
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qui délit

un
naufrage.

discorde
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c'est signifie
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que autres
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L'ART 15,
pires
flétrit une c'est elle
suprême une
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c'est 59,
maux
c'est
23, du
qui
11° côté n°
au 62,
tyrannie des de 10, du
néfaste

pas
voisinage
11°

du
Rapprochée
à côté
Renversée,
du
une
sont-elles
côté
du à
religieuses.

Enfin,
Lame
amitié. Près

sous Le A
232 se succès accrois- pour en fâcheux

Qu'il bonheur;

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tarots.
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fonctionnaire,

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vrai
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tous renommée
le
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CARTES le est
fortune,

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s'il influence
avantageux

signe,
avancement bonne la
LES considération.
que
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toujours
si précieux
bonne

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d'une

le dignités,
la l'avoisinent.

d'améliorer
est est de jouit plus
DE
20 il même

richesses,
carte de
L'ART no renversé,

chose
ce et qui
cette vertu
Incontestablement bien-être
cartes
quelque
ou sortes,
mieux, la
dro:t
a des

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promettre
présente
toutes
a présages

sement
y outre,

de
Il
233 que- manquer qui toute à gens
l'invite

liaison
graves des
de
peuvent
défier
et catégorie

d'une
consultant,
de
toujours vous
ne rupture
famille. la
CARTES
qui dans

dissentiments
devez
le
sinon
la de chez classé

redouter vous
brouilles

âpreté
LES annonce,
définitivement

que

TIHER ces àa prévient des


certaine

elle de elle
l'existence. pronostique

quelques-uns

car dame, une


DE rester

vous

désobligeante,
indique

L'ART
une
elle pas
dans elle
veut
est
moins 67, aléatoire.
56, 21
trouble
consultant
no
coeur.
no) ne vivre.
no
au
le s'il
assez
du du
tout le au
Voisine
opération
Auprès
Renversé,

s'amender à
difficiles
jeter tient
Carte
relles,
le
Si
de lui
234

Oracle.

Ammon.

Jupiter

d'or.

Lame

22.

,No
'233

Claros.

de
l'oracle

est elle abon- beaucoup cam- elle impor. faite. indique or- penser de dans

de carte Droite,
l'honneur
empêchent

de 34,
à
voudrait
sera
récoltes secrètes.
Pythie une
elle
partie donne
cette
no
encore

augure.
du 37, vous
15,
qu'on
que obstacles

des une
néfaste.
no no Renversée,elIe
elle-même tenir
— bien Auprès libéralité
intérêt.

d'argent.
bon prédit
ou
à du du

Voisine
relations

de
ce
tout
plaisir côté
des
d'assez devient
dantes pagne. donne
votre
En vous
A tante faire
des que
de

Lame

23.

No
236 voyage, fautes heu- vos fonds' prévient manqué.

de
pas
des de
et un la
soit près
il
placements
mésintelligences,
départ pour
voisinage.

consulte,

ne peu
femme.

fortune

CARTES
non-seulement tarot

ses
à
comme

le qui
ce sa de
de dans
par
de fille
défier
des revers considéré
s'éloigner
trouve
LES annoncé
jeune
fâcheux,
signifie se
un
TIRER se
de
une

va pronostique capitaliste être


voyage carte
motifs
elle c'est
qui

DE ;
24 des le mari
votre
si
doit

elle
que le renversé,

L'ART numéro
pour d'un î4 si avertit
malséants. vous-même
par
craindre

s'agit

ce
séparation
le il
projeté

apparaît

20, 71,
carte,
s'il
même

propos
dun* no mariage
pour
surtout

Mauvaise
encore
du s'il
peut
Auprès
proches, côté
des Enfin
le
On reux,
mais
A que
ou
237

l'enchanteur.

con. de mauvaises. les c'est en allez sur- at- mauvaises po- 18, est dans

excellentes;

Odin, mettre renversée, n°


prochaine proche, cette révolution
mariage produire
au voisin, vous
du

dajs côté
annonce
vous

— ou 15, de

à si, à
est est
d'un se
est
bonnes seront n°
l'arrivée
devez
est qu'une de voisin.
d'or.
carte 57 S le avis carte
et point
tendez-vous

n° no elle

;
c'est nouvelles
nouvelles nouvelles
qui
Lame
le le recevoir prenant.
la État
Cette
sultant
route
sition
croyez le
Si Si vous
Si Si sur
un

25.

No
238

Songes.

Les

Août.

Thot.

Sommeil.

Le

26.

N"
239

L'Affliction.

Septembre.

généralementmau- cause, des lorsqu'elle car que l'étranger; puisqu'elle retrou- 13, promp- perdre

et 26, espérer

assez du allez
— de retards
n° vous avisez

Paophi. état
toutefois
du
fait
à 17, objet*perdu.

voisine
vous
relations.

fortune que
est comme
des côté 30,

tout vous
du n°
carte annonce
sauf à ferez côté
annonce
est
soignez-vous.

du
sinon

En trouve
elle
belles

regardée
un elle
Suivie
ennuis, tement,
Cette

Rire.
vaise.

elle
alors vous à vous
verez
Si
se ou de

le
ou

Momus

27.


240

Parques.

Les

Octobre.

pro-
agréa
le carte aura ga- voi- (un accom- denier campagne la car six, de de
si de d'épée
de renversée,
as point
cartes
campagne d'une elle huit,
— sera consultant,
rien
charme
est
de
et
Athyr. cœur); de n'a
près neuf, deux
carte des carte 28 disons
cartes
partie carte
ennuyeuse. carte
certain no
de cette
trouve l'une
une dix,
bas.
(de le trois,
le
— partie
si la ne la la de
pour coupe un est Si de de les
par se
Hespérides. lanterie
pique).
(trèfle), Nous quatre,
carreau,
ni
28 même pagné valeur
La mise sines
sera pour haut
ble de

Les

28.


241

sabbat.

du
Jour

Yum-el-Effabt.

Terre.

La

29.


2i2

d'assemblée.

jour

—Vendredi,

Yum-el-Dgioumaa.

Monts.

—Les

d'argent.

Lame

30.

No
243

Jeudi.

Yum-el-Khamis.

ciel.

le
ou

Uranus

d'or.

Lame

31.

V
244

Mercredi.

Yum-el-Arbaa.

L'Océan.

d'or.

Lame

32.


215

Mardi.

Yum-el-Thaleth.

Tartare.

Le

d'argent.

Lame

33.

No
246

Lundi.

Yum-el-Thani.

que courra un n° fa- 31 indique 19, heu- surprise

le nu d'amour.

— annonce
dans
si
numéro
et
cher
le il 17
surprise

Chaos.
échappera 59
est fille
dangers

chagrins
50,
n°*
et
vous
d'un
vous
no 54
jeune
des et n'"
Le carte qui y voisin du jalousie.
louloureuse.

il hangement


Cette
uelqu'un
grands

;
roynge est
vorable.
une
des Précédé
Précédé
des

;
d'argent.
crédit
la euse

A
le 34 le

Lame

:n.

\n
217

Dimanche.

Yum-el-Ahad.

tarot re- Moïse fa- au- votre toutes est et si une terribles re- nais- postérité

48,
le -
comme

de
d'un
Pourquoi
dans
de
Ceci
défaites

no
pour à renversée,
11.
— sont
Égyptiens
baguette être piéges n°
présence
menace-t-elle
calamités?
du tirées nombreuse

L'Amour. regardé 19, du


honneur
auprès
pour
augure. n° des est
voisine
sont

la sa du
les était
mystère. demoiselle,
carte
passait
présentant
de Auprès
captivité; cartes son et est
jourd'hui
vous
— Chez
35 vorable

sortes
douter.
la sance elle
pour Si
jeu les
d'argent. no et un si

Lame

35.

.No
248

Pharaon.

de
magicien

cette prêtre, in- annonce veut vous voi- suivi voisin pronos- chan- son voisi- 47, favorable.

une fécondité.

est mais
41,
Thot,
puissant
36
Membrès, grand indique
hypocrite

mariage,
des le
carte
Elle 36 fille, par.
32,
position, rendent

de et
le et supérieure.
personnage

annonce cette 7,
jeune pertes modifié

jeu représente Un le no'


Moïse, 18. signifie

si Renversée,
la
le nuire. une de des

no qui
de
desservira
il des
gements
est
Dans
d'or. fluence
du Pour
48 63; sinage
77,
qu'un
carte
rival vous tique
sens
sin de de ou

Lame

36.

iNo
119
2

d'Ëphèse.

fa- re- femme équivoque, est 38, pronos- grands du à intempérance.aux de


hommes

Diane suivie
dames,
généralement lorsqu'elle
26, rêver.
présage
sexes

une plus
19, elle
ou deux
les puisse les
-- aux
quelquefois
métier 17, 75,
femme
49 toute elle
invite
mariages.
d'or. surtout n"'
particulièrement n° no des
carte, qu'elle

un
du du de
Renversée,
des
une elle consultants
50. Auprès garder
Lame côté
Cette
vorable,
présente exerçant
voisine
ou
à
tique
succès 63, riches

A
43 n° se

37.

iN°
250 ami ac- opération triche-

est
d'un

38 c'est
magistrat.
visite
no d'une

H,
le plaisir.
emprunt.
n*
la si provenant

recevra mais
du
d'un
voisine
de

7t,
;
inespérée
qu'un pouvoir

richesse
parties

entraves;
mobile
no
Memphis. de de
du
d'argent
abus
de projets
voisine
d'autre

accroissement
et
un fourberie

vos
présage
de est somme n'aura

dans

palais carte
pronostique

une visite
38 gêne
un
cette no

du
apporter
la le c'est
c'est

30,
surintendant
si 50,
68, elle 30,
consultant, no
lui

no aléatoire.
du Renversée, n°
du
viendra
du
compagné
Auprès
du
Suivi
et
Le
très rie,
qui
Le

38.


251

d'Arcadie.

l'oracle

Pan,

d'or.

Lame

39.

fto
252

Nuit.

La
-
Novembre.

Choeac.

L'Erèbe.

'argent.

d
Lame

40.


25:}

Jour.

Le

Décembre.

Tybi.

L'Éther.

d'or.

Lame

41.


251

Destin.

Le

Janvier.

sur
qui car mariage est nombreuse bonnes jeunes prospé- il un person- im- que est numéros.

Méchir. quand
annonce lorsqu'il
blondes, gain
d'élite,
consultants s'il promet

aux

un et, 4e grandes
particulièrement
grand
20,
et 41. bons

carte
femmes annonce blonde
une
aussi ami,
il no ne surtout

— n° 21, un
63, du de
Hasard. une
les d'un
plus du
no avec
jeu. il
voisin par
n° promet
Renversé, satisfaction,

pour les 42 une


escorté
du au
Encore nouvelles
du les différend
aroisiné

aiment ligl:ée. Suivi portant


n° nage;
rités,

Le
tout avec suivi
Il filles
est
le

d'argent.

Lame

42.


*?5

Grèce.

la
de
sages

sept

des

l'un

Chilon,

d'argent.

Lame

43.

N,l
^50

Grèce.

la
de
sages

sept

des

l'un

Pittacus,

d'argent.

Lame

44.


257

Grèce.

la
de
sages

sept

des

l'un

Milet,

de
Thalès

d'or.

Lame

15.

X"
258

Grèce.

la
de
sages

sept

des

l'un

Cléobule,

d'argent.

Lame

46.


-29

Grèce.

la
de
sages

sept

des

l'un

Périandre,

d'argent.

Lame

47.


2r,n

Grèce.

la
de
sages

sept

des

l'un

Bias,

d'or.

Lame

.i8.


261

sages

sept

des

l'un

législateur,

grand

d'Athènes,
Grèce.

la
de
l'archonte

Solon,

d'or.

Lame

49.


262

Juifs.

des

roi
cette garder avocats, de personnes est est annonce fera ce se la conseille dange- il pIé-
Salomon,
sortir doit qui renversé,
gens qui 50 lui les
qui brune.

se quelqu'un oo brun procès


no magistrat
les autres
lui voit
redouter

pour les no vous


doit
avec
trahir. le il homme
71 personne

de parmi qui du
si 22, un n°
consultant
tirée et société honnête
justice. côté il à
vous.

du de
père relations le Cependant no
femme

a
y à
Renversé,

à
renoncer
avoués d'un
avise
est du pour Précédé
d'une
courtise.

Il sa
disposé

voisin
qu'un
rendre
Une
numéro

défier
David, Le carte
reux vous

de les loi. de de ges

50.

i\°
263

déesse

lune.

Typhon,

la
Isis,

de
à
sœur opposé

Nephthys,

Génie


louve.

égyptienne.

une

par

Religion
représentée

d'argent.

malfaisante

Lame

51.

'No
264 on digne- en mili- aurez femme

sort militaire

le aimé.
vous

il militaires.
sera

que
une

quand

en le annoncer
militaire qui
à
de imbécile,

que
Cependant
des
et parents

action craindre d'un


cavalerie. avec

semble un
nouvelles
de
rapport belle avec

précis.
àest et
arrivée

dispute triomphera.
une

la bien
en
il sens
des prochaine

est fera
-if,
de de recevoir une
sens
consultant
ami no change
surintendant elle
un
du la homme

votre

avoir
escorté
prisonnier. va signale qui
52
le militaire numéro
qu'elle

un
de
pas que
est tous
à annonce
rivale

parait prédit
s'il
ou
penser

blessé. ce
fait
il une
qu'un 38,
récompensé;
HI
ne
être
il nu
n' il
contre
basilicogrammate
de daine
pourrait
numéro annonce soit du tlti louer.
Ilenversé,
lieu
Aupré; lutte
Voisin une
question

tout vous

Ce
Il ment taire
A line

a il

Le

52.

*
26o

figuré

malfaisant,

soleil.
principe

le
Osiris,
Typhon,

à
— opposé

égyptienne.

Génie

Religion

crocodile.

d'argent. le
par

Lame

53.

\o
266

Némésis.

Février.

Phaménoth.

divines.

peines

Les

d'argent.

Lame

54.


267

Discorde.

La

Mars.

Pharmouti.

L'Amitié.

d'argent.

Lame

55.

X"
268

L'Oubli.

Avril.

Pachon.

bon les des


devient une pré- s'il mé- sur le pa- du 24,
lui savoir,
voisin
assez annonce vous surprenants.
de tenus pronostique
vos accompagné 110

- de il que de du précipité.

Fatigue. d'un auprès


mais
est il fait
46,
été
d'un voisin
44,
36; vous
s'il 34. il no
ont

est
a ou ou
no
rêves
dame
du propos
il départ
est est sera

56 s'il et
mystification
du compte.
Renversé,
20 19 s'il s'il
La n° côté une
auprès
départ
augure 13, critique 18, des
prochain

Ce
chants
rents,
78;
-
nos n°s
A dit
A est son
no ce
d'argent.

Lame

56.

Xo
269

fléau

le
Orchus,

capitaux.

Longue-Main.

péchés
regardé très-fa- d'épée annonce il la une ne jouissance diflicultés. pronostique, ren- un 57 sera dont tort

carte. faite,
à prédit on 63
bientôt
no
le
vous
d'Artaxerxès rentes ce conseils,

sept était comme sept


bonne
il fortune dont n probablement

il en longues
le lui-même,

qu'il
sept le commerçant,
ses
71,
succession
entrer
il lui
aura
profiter.

des assez daine, sages


anciens
aussi sa n° de
qu'elle prévient
nombre de
du
un une
fois
vivre
campagne. à de côté
Renversé

de aurez
pas
fils unc

à
Voisin
vorable; réussira qu'après
les qu'une enfant.
versé, donné
ne
Gourmandise,
Le
par
est-il Au riche
a
A s'il vous vous
l'Égypte, ira de

de
La

d'or.

Lame

57.


270

fon-

Nabopolassar,

Babylone.

à
— Ninive

capitaux.

réunit

péchés
sa qui prédit agréable; 4, attaqué un d'in- à de il tante à que pour peut avez le soit
20, légataire;
qui généralement nO
signale
soit
de
cartes mal
tient


vieille
dire
retard il vous
2*2
vous du vous, affaire;
risquez
nn
assyrien, d'être
pas du veut
le
sept voyage
auprès
il vous si
il 9, à auprès
qu'une
son
un que
des
lui-même
causera
il d'une
que,
vous
58.
tire risquerez
voleurs.
n° soit qui faire
27, éprouverez
moins
des est aussi
prochain apprend
signification
l'avoisinent. du n°
empire 58 qui Renversé no procès,

un 110
s'il
des
Voisin
quiétude,
quelqu'un vous

du
solution

signifier
à du
perdre,
procès
Par voisin
Ce mais vous près. vous veut côté vous
L'Envie,
un par
second
la un


du
d'argent.
dateur

Lame

58.


2il

fondateur

Sparton,

capitaux.

'Inachus.

péchés

d
petit-fils

sept

des

Sparte,
un

L'Avarice,

de

d'argent.-

Lame

59.


272

de

indigne

fils Suez.

Phéron,

de
l'isthme

capitaux.

fortifier

dans un
mauvaise première, pourriez annonce péril. accolé espérer
délaissement. faire du désordre un si- suivi une

péchés
c'est
prison.
vous
auprès
prenez prudent.
il
fit entrer
en 60 21, et, pronostique

elle fait
qui la vous
51, du
à
sont no
assez no pourra
est bavardages,

56, 14, vous et et du


sept
sort entraîné
no le présage
s'il
déliez-vous

égyptien, que intérêts


n° affaires honnête
no
une
elle monastère.

du du du
dame,
il l'économie

Mais,
escorté

il
Henversé,
des prédit 17,
Encore Si être Auprès
vos
côté Voisine
une
6 réussir. Enfin,
des
querelle.
caissier
vos
11° 19, no
un carte.

elle bien que A exil.


A que
gnale

roi un au n° de du
Paresse,

grand

La le
Sésostris,

d'or.

Lame

GO.

No
27:1

meur-

le
Pygmalion,


Didon.

capitaux.

sœur

escorté vous votre bien ta- pré- homme annonce aimée; voi- pro- que personne com- légè-

péchés ce
sa pourrait
13, le être
prévient

que d'avoir fâcheuses


fille
est de un personne
dans
no
de vous
doit une
avise jeune
lorsqu'il
d'abuser du épousera
est
septmari
qu'elle
suivi
pas. il retour
vous regrettez
rencontrerez

3, 78 de
des
vous
une
n'aime
no
d'une
no il
61, par
le tort et A
est
qu'elle du le le
Renversé,

20, départ vous

un
Sichée,
no
chance
changer.
s'il
qu'elle
Suivi si sinage,
promise

no chain. retés.
Le avez
vot,
mais vous
que
Colère,
du dit
le

de
La
trier

d'argent.

Lame

61.


Cyrus,

Jérusalem.

de
fils

Cambyse, de
temple


le
capitaux.
reconstruire

L
passable, pro- de des mais, 55, vous en ren- on ré-
péchés

annonce
présage
n° vous 19 une
la 62
d'y influents.
amis;
du que
no
solliciteur cadeaux.

quoi du
et assez voisinage pronostique
perfidie.

sept faux espérer le


il vous

Palestine
62, de à cultivateur accompagné

des
un
gens dame

agréables
il avec le
bientôt
leur
médiocre.

numéro
Renversé, fait

un
à de
une
rapports
par
sur
56,
promet tection corrigé
vous
saurez
un
versé, no
en Ce
L'Orgueil, A fort
tenir
A colte

retourner
il du

de
d'argent.

Juifs

aux

Lame
permit

62. qui

No
[texte_manquant]

au cepen- donnent signifie, extrême extrême. que foudre. que ;


impitoyablement

créanciers
pro- intervention jeune oc- lai pronosti- grossesse

légèreté mariage.
propos
accolé annonce
présage tout une

la
à
obscur,

qu'il
commentaires
circonstances,

misère
par
il une
est méchants
48,
extrême il vos puissante
prédit
une un

assez
penser
vous
ruiné 4
no
47
manquer
no dame

ou serez
par n° sauvera. il par
du
mot
prospérité
il serez
du
le
Renversé,
de une prochaine.
est les poursuivi
une
casionnés Auprès
les de Voisin
si que

Ce 63 dant
selon
Souvent

vous vous mais


che, vous
feront à
lieu fille que
no
27f;

Babylone.

de
fondateur

la du 62, que homme votre homme In moins ren- de ce an- de sinistre s'ega- mau-
craindre,

dont pour
souvent et sens
mari«,
prédit voyage
57
mais
59
un
toute

consultant,
craindre
a iv le 110 est
de
de
n." ménage,
faire
Nemrod, par doit
un voyage,
dn
a
modifier
dépend vous du Ci
des prochain
carte, trompé
qui
A côté 11°
de rencontres.
voisinage On
prédiction.

61 doit et
Mauvaise
signilication
Accompagné

brun
le
son
vienne
à ce
généralement. un
ronte
voisinage. numéro serez placé cours.
Renverse,

— femme, fait
confiance.
un
ou Marie,
de
'or. le versé nonce
l'on en vaises
vous tarol,
noir paix cette

d ce ou
flue long

si ter

Lame

64.


277

Babylone.

fit
l'Orient,

de qu'une des prédit, jeu, ;- jeune il ex- roquet- prétentieuse;


immédia- d'espérer im- maladie. 21, raccom-

trè renversé,

reine faire son e.t donation



et une
annonce
il dans très-riche
on des du 18,

la
vous homme avec

69 :
favorable victime
suit lieu

une
une
suivi

premier femme

va mariage n° 45 tout c'est


Sémiramis, vous du
ou
du ou
riche jeunc
un brune.

être
no a Renversé,
auprès

(ij teriesd'une
on héritage

le fera Précédé moins le Précédé


modement.

à
cadeaux,
no parente un
sort heureux

femme
si tement, prévue.

duel;
Le
A s'il
qu'il
est
posé mais

un

d'or.

Lame

65.

lXo
2i8 il in- 33
le flanqué pro-

cela no
que
sûrement

; du
utiles. bonne

généralement pour
paix voisin

découvertes une
mais
plus la
annonce à et
mari,
est dli renverse

croit
l'avancement

d'insouciance
son
On des 74. lui
par 66 caractère.

faire placé,
l'Égypte. 66. no
no
faits du
le
no

ce
à lui-même
ainsi de
destiné
utiles
et promet
consulte,
son
précise,
paresse 66,
de de
cadeaux no
est lui l'étourderie

gouverneur
suivi
le qui
bien
jeu de militaire, il demoiselle

7t, signification
renversé,

son
des
signification

no
dans prédit du de
est
également
suivi jeune défier

ministre l'a il sa
consultant

de qui dame
soit une se
pas Renversé,

consultant

une
qu'il 3-2 c'e>t
il
n'a diquée. le tection.
l'engage

no
Joseph,
Il A faut Si Si
du

66.


279

d'Athènes.

fondateur

67 annonce femme, pas qui de contre manifestée elle victo- 67, qu'un montrera mais, elle pas a con- follement est 59.
no

ce
même 61
no
vertu

défendre
;
brun
lutte,
numéro

prédit
elle;
34, n'être
qu'elle

au
lorsqu'il n°

73 sa du
le marié,
le la n° présage

à prend
se
l'homme dépensera

du à
no c'est 67, passion homme ou
Cécrops, cour ce premier,
pour surtout

homme du n'y no se
cette séduisant résigner t5
du à
si dame,
voisin
il
côté la qu'elle mais aura violente jeune aimable par no
de le
Renversé, qu'il
fortune,
fait voisin du

un à garde;
dame
un sortira rieuse.
une
sort
garçon
est se
comprise
distingué.

sultant auprès
placé qu'on
A mais
est une A fort doit
d'or. par s'il s'il
la sa

Lame

67.


280

Douleurs.

Les

L'Arche.


pas et à révèle la 49, d'ar- 40 fait va sans

valeur
Mai. lui, dans len° débiteurs

n'a no vous

qui à sa
escorte.
il trésor
du
jeu. recette

voisin
non

propre
— 31, G8 payer,

numéro
suivi au
toute vos

Payni.
21 pmir n°
no considérable

est d'un importante.


de
signification
et 11" bienheureux vous

du
un
emprunte

il l'existence
Renversé
du
ayant
qu'un

dont

Encore Auprès ité par
maison.
Enfin

c savoir peine.
Faim.
qui
ceux gain A gent linir
de ce

La

d'or.

Lame

68.

No
_'81

Meurtres.

L3S

Juin.

Épiphi.
ne ef- indiquées 33 vous fi- amour- n'entamera aussi que de quel- prêté

droit rapide

voisins.
nos

des
que
indigne

votre
i
n07
savoir
raisons

de avez

prévient
— arrivant
le prédictions
du
fait fortes
loyauté

d'une qu'elle
rapproché blessera vous
annoncer auprès d'argent.
Disputes.
numéros vous

de la
numéro vous
menacé fortune. qui
qui
plus versé,
il aurez
de
qu'à
des les Ainsi, il louterie
propre
renversé,

douter
à beaucoup

51, lien
qu'un
Les Ce êtes
votre vous
sert
fet par et

d'argent.

Lame

69.


282

d'hommes.

destructions

Les

Juillet.—

au d'une affaires; fille voisins. noble; mé- du bonne une auprès que est est doit que compromiscommedu com- comme 54

toujours

cette

est
18,
suivi
à assure
s'il
question
on querelles.pronostique précédé
comme
le
l'intervention
une ou 70 mais
7; Ji,
d'usure:

numéros no
70 brune. droit,
Mésori.— ses
de elle marié no
no no no
signale le pronostique co:iliance;
sera

dans
caractère le le renversé
en est 8; le le
75, folle; une 21 des
garçon, homme mariée,
brune
no
il consultant
affaire

s'il
110
c'est
c'est

70 brune
des n°
etc.
avec

du
à Itenversé,
du
si
59.

Batailles.— n°
consultant
le *78, 41 de s'attendre
une coupable,
si
le dépend chante, un fortune un femme fllle ou victime, no
Est-ce 73 no proche

Le
fille
mais
n'"
A A
digne
dans
1 plice, le
le no du la le n° ou

Les

d'argent.—

Lame

70.


28:3

Éthiopiens.

des

et
occidentaux

Arabes votre du quefaire numéro


importante. fu- as- 45, ou le est s'a- 42 pas vous gar- renver- consultantsoucis.

que
gain no
voisin
signifie
son bien ou prendre craignez 45,
dans de position
qu'on
31 un dit du
point ce que prochainement.
no carte quelques

des
premier est
fortune
20,
rentrée, il auprès
du le
d'argent fille fille
70, annonce
doit ne l'argent

il nos auprèsbien. cette


père
s n°
le
sur
jeune une jeune
sa

voir et renversé,
que

à
71, dcs

Cham,
le
Arrivant
11°
du

ou
êtes
perte
une
placé pas
Auprès
une

prédit
héritage.

une
qu'elle

à méliorer
Renversé
prêter ;
demande
général annonce
dcz-vous-en proie

le t8 n'a
destiné
en
aussi En
jeu,
vous
une A
ainsi sise.
A mari sée est
tur de
de
n° il un

fils

d'argent.—Chus,

71.-Lame

\0
2t"i

Persans.

ou

Ëlamites

des
pour car,signifie le pré- vous et elle
consultante homme le homme est à échec du des- es- signifiepoint

père sur 8 Si
7
marier

flanqué
vous no 20, lettre
désillusionner;
fait illusions; que d'elle. no
dont

Sem,
il le et qu'un cet le la
un
vous
n'est

il
;
triompher.
absolu, compter
pas suivre

76, lille
12
s'occupe
si veut
prédit une

n'e.<t
difficultés

n°*
proche,
l'épouser; ambition
il passion

de ies no
conclure
annonce

65, retour.

sens
jeunenuméro

les
il il
fils 72 encourager
doit du
à placé est
voisin, Renversé,
vous
uo
votre

Élam,
no
son
ne Auprès
présent.
des
réussirez une

ce
précéder
peut
compte
autre.
votre il a du de
qu'on fi7 25, payée
Ce tinée corté
dans
Si voit haut plus que
dit en no un no

d'or.

Lame

i2.

No
283

Hébreux.

des

père

Sem,

73 ma- soit vos arcomp:- le suivi sera indique vous désagré- quelques le déter- l'inter- sera

de que
que
no
brillant manqué de est vous

petit-fils
le
un
prédit
s'il
mariage

numéro
d'ordre

grands
moins vous
à
aussi
34, est recours
qui
qu'un
sera
par
s'il il
et
lieu, ce
manque
à
d'amour,
ü2
ami
n° prédit no
ce de
soit 13, que
Mais,
Héber, du annonce
projeté aura
très-heureux.
occasionnera du avoir
d'un
Renversé,

no utile.
20, votre vous voisinage
Escorté vous,
parents.
du mariage

no
ments.
chagrins
à vention

mine


vous
riage
par gné que Il fort
du
d'argent.

Lame

73.

N,
286

Grecs.

ou

Ioniens

des

père

Japhet,

nu- ca- voisin que conces- vous con- à espé- s'il ami qu'on peut- la
présents

ce des savoir
pour
de 61, que
vous
vous
annonce,qu'un

obstacles,
pronostique
prix;
annonce une
cadeau. ire.
fils
no fait très-importante il dont 40,
judiciaires,

affa
36, des
Jon,
du grand
vous
obtenir
il
protection. no
d'une
no d'envoyer influent un
Accompagne
vous damc des
du
du il
ou
d'un il allez flanqué
faire
Renversé,
rencontrera
même
71 66 sollicitez. côté
conclusion

l'homme une
lui
Javan méro
deaux nO
seille la
du
vous
sion
A rez
A est
doit être

d'argent.

Lame

7i.

287

Celtes.

ou

Gallois

Galates,

des
ce étran- sur- du du ou escorté qu'elle chute, dis- s'il sera 7, égale-premier
annonce, rap- sera

père 2).

no qu'un
suivie
protégera,
suivi titre
honorilique.

homme pronostique,
qu'elle
110

du 32
; enfant

très-heureux

une
est savoir son

Japhet,
du
est et un
à côté
protégée.
il n° cet
s'il d'un
63, que
prédit carte militaire,
annonce du
homme
fortune
34,
il du à
auprès
vous récompense fait no

de vous
puissant
cette
dame,

il
l'appui

Renversé,
; sera
tourmentée
voisin
renversé,

sera

du
il 35,
sa côté

fils Placé
si 68. un
47,
une
à un
est proché
illustre.

à
tingué. qu'elle enfant
75 n° devra grâce
mcnt

ger
tout A une A est
A s'il
Gomer,
n° n° no du

d'or.

Lame

75.

fto
288 -

Ténèbres.
prin-

Bon


Les

mages.

Ahriman.
des

religion

magisme,
principe.
vous par de présence à cartes, vous espé- le soit d'un ou insidieux, sou- d'avoués, de
engage

par prédit ami. ignorance


plutôt gens
important
que les en
des
toujours
plus

que un
signifie
sa vous souvent consoleront il le actes autres

du Mauvais troublé, pour


réalités;
imagination

jeu
moins 16


procès
est :
présapre
contrats

anonymes,

grand-prêtre
plus
soit il ou
et
76
agité, au du Renversé, lettres
L'Amour. votre

n° sérieuses consulter vous


donnant
Voisin
d'un
vous,
,
injustice
d'huissiers

mauvais
rances.

— lettres
Ce êtes
votre
dans pour robe.
yain vent
qui
Lumière.


Zoroastre,

Mithras.

La


- —

or. Oromage.
médiateur.

d
Lame

-
cipe. Grand

No
Ij
289

nom

le
donna

qui

Pyrrha,

Thessaliens.

toutes signe Égyp- ap- te- rien de mauvaises du mariage que une propriétaire être recherches, 41, con- 26,

s'en
vertu proche
annonce
no 19,
de voyaient demandaient dans pourra
fera voisin.

de un Les

jeu, la un
du
i,
et favorable
est
bonheur. des
l'entourent.

et part
vos
côté se n°s

le
pronostique
Le ne
Deucalion
77 leur
même
13
vous

à
découvert,malgré
il des
trouve

trouvé
aux
no ils sens

votre trouvaille.

ne il est mais

le dans
a l'un

d'Hellènes plus cartes,


de
éclatant
quand
et

Il le
plus. modifier
qui
du
côté
il heureux.
Renversé,

avez trésor
77

; si
71
se
70
paraître
naient cartes 20, ou naître ou
de La
tiens,
A vous
riche
le
les lie nu du si 47 3i
fils

Hellen,

d'or.

Lame

77.
290 quel- de une du est événementsindé-

ou côté 27
commettre

folie, génie circonstances



à
est
le
la du si
de J'excès
de s'il ;
l'entraînement
des

prédire
toujours
point l'éviter;
l'idiotisme.
des
de
tenant le nous à
indique
dus
sur de
raison.

noble,
à êtes vous à peut toujours
logique.

touche soustraire
78
vous de 79
no la plus toute

ce à qui que
dépend

le

seront

l'Alchimiste.
présente,
et folie
de
folie vous
augure
sens avertit
et

bon
line
la
qu'il
à fortuits

raisonnement

peine
c'est
annoncer vous bon
se mais tard.
au
qu'il succès

ou
contraire
renversé,
il extravagance,
la
trop
de
57, de cartes
façon
semble
ces tout
déjà

;
Folie no
aurez

niais
quelque
de du
l'imaginatioii
est
de de

La chose il Flanqué
vous

il Entoure pendantes
heureux,
Droit,
grande
11, voisin,
— De
que
no
78.


VIII

SYNONYMES DE LA SIGNIFICATION DES CARTES.

Nous avons pensé qu'il ne serait pas inutile,


afin d'élargir pour le praticien le champ de l'in-
terprétation, de lui indiquer quelques syno-
nymes de la signification attribuée à chacune
des cartes du grand livre de Thot. Dans une
science aussi conjecturale que eelle de la car-
tomancie, il faut laisser le moins de place pos-
sible à l'absolu.
N° 1. Droit : ETTEILLA, Dieu, le consultant,
l'idée, l'idéal, l'immatériel, l'esprit.
Renversé, LE CONSULTANT, le savoir, la sa-
gesse, la philosophie.
N°2. Droit, ÉCLAIRCISSEMENT, analyse, luci-
dité, lumière, feu, firmament, splendeur.
Renversé, FEU, calorique, incendie, fluides
atmosphériques, foudre, feu au figuré, passion,
ardeur morale ou physique, discussion, colère,
esprits enflammés.
N" 3. Droit, PROPOS, méchancetés, mauvaises
intentions, diatribes, insinuations malveillantes,
indiscrétions, calomnies.
Renversé, EAU, humidité, pluies torrentielles,
mare, lavage, inondation, élément ou objet li-
IIuide. •

N° 4. Droit, DÉPOUILLEMENT, choix, discerne-


ment, débrouillement, spoliation, enlèvement, j
vol de toute espèce.
Renversé, AIR, tout ce qui est du domaine de
l'air, phénomènes atmosphériques, volatiles,
gaz au figuré, apparences, ton, manière d'être,
Taux semblants, hypocrisie, air de musique,
son, propos sans consistance, allégations lé-
gères et étourdies.
N° 5. Droit, VOYAGES, changement de rési-
dence, déplacement, courses, démarches, luitc,
émigration, faux-fuyant.
Renversé, TERRE, tout ce qui Lient à la terre,
substance matérielle, propriété foncière, cultures1

de toutè sorte, placidité, constance, immobi-


lité, rives et côtes, animaux qui peuplent la
terre.
N° 6. Droit, LA NUIT, ombre, mystère, voile,
sens énigmatique, mystique, parabolique ou
allégorique d'une chose ou d'un écrit; monde el
sciences occultes, voies détournées, aveugle-
ment, inintelligence.
Renversé, LE JOUR, lumière au propre ou lu-
mière au figuré, c'est-à-dire notion, savoir,
manifestation, mise au jour, édition, promul-
galion, divulgation, réjouissances publiques.
illuminations.
N° 7. Drojt, APPUI, base, socle, piédestal,
fondation, assises, certitude, confiance, con-
cours.
Iîcnversé, PROTECTION, toutes les variétés de
secours, d'assistance morale, intellectuelle,
matérielle, dans les épreuves de la vie.
N° 8. Droit, ETTEILLA, ensemble de la na-
ture, placidité, retraite, immobilité, vie céno-
bitique, taciturnité.
Renversé, LA CONSULTANTE , imitation , pa-
radis, fermentation,
N"9. Droit, LA JUSTICE, équité, haute raison,
droit, le livre de Thot.
Renversé, LE LÉGISTE, législation, lois, édits,
décrets, ordonnances, arrêtés de toute nature,
lois physiques, lois naturelles, lois religieuses,
lois morales, lois internationales, lois logiques,
de tempérament, de caractère, de complexiou.
N° 10. Droit, LA TEMPÉRANCE, continence, ré-
serve, chasteté, sobriété, ménagement, transac-
tion, conciliation, transition musicale, atmos-
phère tempérée, climat modéré.
Renversé, LE PRÊTRE, clergé, église, pas-
teur, rabbin, ministres d'un culte quelconque.
N" 11. Droit, LA FORCE, force physique, va-
leur morale, bravoure, grandeur d'âme, pou-
voir, influence, autorité matérielle ou morale,
patience.
Renversé, LE SOUVERAIN, chef du pouvoir
dans une monarchie, un empire, une républi-
que ; despotisme, arbitraire, souveraineté, na-
tion, général, gouverneur, protecteur.
N° 12. Droit, LA PRUDENCE, haute sagesse,
supériorité de vues, prévoyance, intuition, di-
vination, prophétie.
Renversé, LE PEUPLE, la collectivité des ci-
toyens d'une nation, l'ensemble d'un corps po-
litique ou d'une génération.
N° 13. Droit, MARIAGE, contrat, alliance,
vœu, liaison intime, accouplement, asservisse-
ment, esclavage.
Renversé, UNION, association, relations ga-
lantes, concubinage, adultère, promiscuité, con-
corde, bons rapports, raccommodement.
N° 14. Droit, FORCE MAJEURE, puissance su-
périeure, soit physique soit intellectuelle ou
morale, génie, violence, action irrésistible.
Renversé, FORCE MINEURE, faiblesse physique,
intellectuelle ou morale, affaissement, abandon
de soi-même, laisser-aller, péché, faute, sa-
crilège.
N" 15. Droit, MALADIE, trouble de la santé du
corps ou de l'âme, infirmité, poison, épidémie,
souffrance, perte, chagrin, adversité, catas-
trophe.
Renversé , MALADIE , indisposition légère ,
difficultés de situation, embarras, anxiété, dé-
convenue, tristesse, médecine, remèdes empy-
riques.
N° 16. Droit-, LE JUGEMENT, sens compré-
,
hension des choses plus ou moins juste et raison-
nable, manière de voir, opinion, esprit, aperçu,
argumentation, examen, dialectique, logique,
sentiment, jugement dernier.
Renversé, LE JUGEMENT, solution formulée
d'une question, décision, arrêt, résolution arbi-
trale, infirmité de jugement, de raisonnement
ou d'esprit, aliénation mentale, nullité, bêtise,
niaiserie, idiotisme.
N° 17. Droit, MORTALITÉ, mort naturelle ou
accidentelle, suicide , meurtre , empoisonne-
ment, massacre, décomposition du corps hu-
main.
Renversé, NÉANT, sommeil, syncope, para-
lysie, léthargie, anesthésie, catalepsie, som-
nambulisme.
N° 18. Droit, TRAITRE, menteur, imposteur,
tartufe de tout genre, suborneur, duplicité,
perfidie, fanatisme, abus de confiance.
Renversé, FAUX DÉVOT, cénobite, solitaire, dis-
simulé, diplomate, roué.
N° 19. Droit, MISÈRE, gêne, pauvreté, indi-
gence, pénurie, détresse, calamité, ennui, cha-
grin, soucis, désolation, châtiment, expiation,
rigueur du sort.
Renversé, PRISON, arrestation, réclusion, cap-
tivité, déportation, oppression, tyrannie, servi-
tude, esclavage.
N° 20. Droit, FORTUNE, prospérité, opulence,
profits, faveurs, aventure agréable, bonne for-
tune.
Renversé, AUGMENTATION, développement do
bien-être, abondance, superflu, végétation, pro-
duction.
N° 21. Droit, DISSENSION, complot, conjura-
tion, émeute, insurrection, guerre civile, ba-
taille, duel, audace colère orgueil, vell-
, ,
geance.
-
Renversé,ARROGANCE, discussion,altercation,
dispute, querelle, rixe bruyante.
N° 22. Droit, HOMME DE CAMPAGNE, honnête
bourgeois de village, agronome, cultivateur,
paysan, probité consciencieuse.
Renversé, HOMME BON ET sÉvÈRE, justice in- 1

dulgente, austérité tolérante.


NO23. Droit, FEMME
,

DE CAMPAGNE, bonne mé-

i
lingère, honnêteté, vertu simple et sans faste,
politesse, prévenance.
Renversé, BONNE FEMME, obligeante, prête à
rendre service, dévouée,, bienfaisante.
N° 24. Droit, DÉPART, changement de rési-
dence, absence, fuite, désertion, émigration,
transportation, évasion.
Renversé, DÉSUNION, désaccord, rupture, que-
relle, dissolution de société, partage, séparation,
division de partis, solution de continuité, frac-
ture.
N°2G. Droit, ISON HTRANGEn, bizarre, inconnu,
excentrique, inaccoutumé, prodigieux, merveil-
leux, miracle, digression, anonyme.
Renversé, NOUVELLE, lettre, dépeche, avis,
rumeur, conte, anecdote, chronique.
N" 2G. Droit, TRAHISON, ruse, duplicité, im-
posture.
Renversé, OBSTACLE, traverses, difficultés,
opposition, écueil, clôture, rempart, redoute.
N° 27. Droit, RETARD, ajournement, remise,
suspension.
Renversé, TRAVERSES, obstacle, difficulté, en-
traves, adversité, malheur, calamité.
N° 28. Droit, PARTIE DE CAMPAGNE, jardin,
villa, chalet, paysage, agriculteur, plai-
parc,
sirs champêtres, tranquillité agreste.
Renversé, DISPUTES INTESTINES, désunion, re-
grets, agitation, indécision.
N° 29. Droit, POURPARLERS, négociations
ver-
bales, discussions amiables, parole, langage,
grammaire, prononciation, lexicographie, pa-
tois, glossaire, idiome, transaction, marché,
commerce, causerie, propos, bavardage.
Renversé, INDÉCISION, hésitation, perplexité,
mobilité, versatilité.
N° 30. Droit, DOMESTIQUE, serviteur à
gages,
esclave, courrier, commissionnaire, message,
dépèche, lettre d'avis.
Renversé, ATTENTE, espoir, confiance, crainte,
appréhension.
N"31. Droit, OR, opulence, luxe, splendeur,
surabondance de bien.
Renversé, PROCÈS, échéance, démèlés, affaires
contentieuses.
N° 32. Droit, SOCIÉTÉ, association commer-
ciale, financière ou industrielle, commandite,
confédération, église, groupe, société secrète,
armée, collectivité d'intérêts.
Renversé, PROSPÉRITÉ, développement de for-
tune, promotions, succès, embellissement.
N° 33. Droit, ENTREPRISES, initiative, audace,
usurpation, coup d'Etat, imprudence.
Renversé, PEINES A LEUR FIN, cessation ou
suspension d'adversité, de chagrins ou de travail.
N° 34. Droit, CHAGRIN, douleur, affliction,
spleen.
Renversé, SURPRISE, tromperie, abus de con-
fiance, émotion imprévue, terreur, joie ines-
pérée, admiration, phénomène, miracle.
N° 35. Droit, CHUTE, cascade, amoindrisse-
ment, décadence, faillite, ruine, anéantissement,
faute, affaissement, précipice, mésalliance, dé-
classement, dérogation.
Renversé, NAISSANCE, principe, origine,
source, race, famille, cause première.
N° 36. Droit, HOMME BLOND, modèle de pro-
bité, sciences, littérature, arts.
Renversé, HOMME EN PLACE, aristocrate,
homme malhonnête, escroquerie, concussion,
injustice, dilapidation, brigand.
N° 37. Droit, FEMME BLONDE, femme honnête,
sagesse, vertu.
Renversé, FEMME D'UN HOMME EN PLACE, femme
d'un rang élevé, femme perverse, vice, corrup-
tion, mœurs scandaleuses.
No 38. Droit, ARRIVÉE, approche, accueil, avé-
llement, affluence.
Renversé, FRIPONNERIE, astuce, tricherie,
escroquerie, subtilité.
N° 39. Droit, GARÇON BLOND, étude, travail,
considération, savoir, occupation, emploi,
pro-
fession.
.Renversé, PENCHANT, inclination, tendance,
goût, aptitude,passion, amitié, sympathie,
cœur,
affinité, désir, séduction, flatterie, courtisane-
rie, attraction irrésistible comme celle du chant
des sirènes.
N° 40. Droit, LA VILLE, patrie,
pays, cité, lo-
calité, domicile, citoyens.
Renversé, COURROUX, agitation, colère,fureur,
violence, rage, aversion, vengeance, péril, af-
front, invectives, tempête, férocité,
N°41. Droit, VICTOIRE, réussite, gain, triom-
phe, mise en scène, appareil pompeux.
Renversé, SINCÉRITÉ, vérité, candeur, liberté,
hardiesse.
N° 42. Droit, FILLE BLONDE, fille honnête, fille
chaste, pudeur, timidité, modestie, douceur.
Renversé, SATISFACTION, bonheur; gaieté, plai-
jour de fète, rétractation, excuse, réparation
par les armes.
N° 43. Droit, LA PENSÉE, idéal, àme, esprit,
intelligence, facultés intellectuelles,méditation,
raisonnement, opinion.
Renversé, PROJETS, intention, désir, plan,
conception, esquisse.
N°U-. Droit, LE PASSÉ, étiolé, flétri, déco-
loré, jadis, vieillesse, décrépitude, antiquité.
Renversé, L'AVENIR, plus tard, bientôt, prévi-
sion, ultérieurement.
N° 45. Droit, HÉRITAGE, succession, donation,
legs, dotation, douaire, patrimoine, testament,
vertus et qualités de famille.
Renversé, PARENTS, famille, aïeux, père,
mère, frère, sœur, etc., premiers parents,
alliance, liaison.
N° 4G. Droit, ENNUI, dégoût,mécontentement,
aversion, chagrins imaginaires, choses fâ-
cheuses, déplaisantes.
Renversé, NOUVELLES CONNAISSANCES, nou-
documents, nouveaux indices, nouvelles
veaux
relations, présage, pressentiment, prophétie,
précision, nouveauté.
N° 47. Droit, RÉUSSITE, marche favorable,
heureux dénoûment, triomphe, guérison, sou-
lagement, perfection.
Renversé, EXPÉDITION D'AFFAIRES, dépêches,
conclusion, achèvement.
N° 48. Droit, AMOUR, sympathie, affinité, in-
clination, tendresse, passion, amitié, goût,
liaison, galanterie.
Renversé, DÉSIR, ardeur, convoitise, envie,
jalousie, appétit.
N" 49. Droit, TABLE, repas, bombance, con-
vives, invitation, hôtel, auberge, restaurant,
café, brasserie, caboulot, tablettes, agenda, bu-
reau, tables de la loi, catalogue, table des ma-
tières, table d'harmonie, sainte table.
Renversé, CHANGEMENT, mutation, permuta-
tion, vicissitude, mobilité, instabilité, échange,
marché, transaction, métamorphose, renver-
sement, révolution, traduction, interpréta-
tion.
N° 50. Droit, HOMME DE ROBE, magistrat,
homme d'affaires, avoué, huissier, avocat, doc-
teur, médecin, jurisconsulte.
Renversé, HOMME MÉCHANT, malveillance, mé-
chanceté, perversité, cruauté, barbarie.
N° 51. Droit, YEUVAGE, veuve, veuf, priva-
tion, absence, stérilité, pauvreté, indigence.
Renversé, MÉCHANTE FEMME, espiéglerie, ma-
lice, malfaisance, rouerie, bigoterie, super-
cherie.
N°. 52. Droit, MILITAIRE, maître d'armes, duel-
liste, chasseur, guerre, combat, défense, des-
truction, inimitié, bravoure, colère.
Renversé, IGNORANCE, inaptitude, incapacité,
sottise, stupidité, impertinence, nullité, créti-
nisme.
N° 53. Droit, ESPION, observateur, curieux,
contrôleur, intendant, vérifications, remarques.
Renversé, IMPRÉVOYANCE, chose imprévue,
subite, fortuitement.
N° 54. Droit, PLEURS, soupirs, plaintes, lar-
lamentations, chagrin, tristesse, affliction.
mes,
Renversé, AVANTAGE, bénéfices, lucre, succès,
faveurs, dignités, pouvoir, autorité, usurpation.
N° 55. Droit, ECCLÉSIASTIQUE, pape, cardinal,
évèque, prètre, moine, religieux, église, cha-
pelle, monastère, chanoine, couvent, culte, dé-
votion, consécration, vœux, cénobite, reclus,
claustrations.
Renversé, JUSTE DÉFIANCE, doute justifié,
soupçon fondé, scrupule, alarmes de con-
science, timidité, pudeur.
N° 56. Droit, CRITIQUE, situation délicate,
époque critique, moment décisif, crise, examen,
analyse, censure, contrôle, condamnation.
Renversé, INCIDENT, objection imprévue,
chicane, aventure, fatalité, disgràce, symptôme.
N° 57. Droit, ESPÉRANCE, désir, attente,
souhait, caprice.
Renversé, SAGES AVIS, conseils salutaires,
nouvelles, consultations.
N° 58. Droit, ROUTE, marche, chemin, dé-
marche, moyen, expédient, courrier, prome-
nade, commissionnaire.
Renversé, DÉCLARATION, promulgation, divul-
gation, publicité, notoriété, révélation, aveu,
protestation, autorisation.
N° 59. Droit, PERTE, préjudice, dommage,
échec, déroute, ruine, vol, enlèvement, honte,
corruption,dépravation, libertinage.
Renversé, DEUIL, tristesse, regret, peine,
affliction, obsèques, sépulture.
No GO. Droit, SOLITUDE, retraite, exil, isole-
ment, tombeau.
Renversé, ÉCONOMIE administration pru-
,
dente, prévoyance, épargne, ordre, avarice,
arrangement, disposition, concordance, har-
monie, classement, précaution.
N"61. Droit, ÉLOIGNEMENT, absence, disper-
sion, retard, répulsion, opposition, séparation,
misanthropie, rupture.
Renversé, ÉGAREMENT, aliénation mentale,
distraction, erreur, perte, écart, mécompte,
détour, dispersion.
N° 62. Droit, AMITIÉ, bienveillance, sympa-
thie, affinité, affection, intimité,correspondance,
conformité.
Renversé, FAUX, déloyauté, mensonge, su-
percherie, escroquerie.
N° 63. Droit, EXTRÊME, vaste, exagéré, flJ-
rieux, violence, colère, bornes, limites, extré-
mités, instant suprème, brouillerie.
Renversé, GROS&ESSE, conception, gestation,
accouchement, fécondation, accroissement, mul-
tiplication.
N° 64. Droit, HOMME BRUN, industriel, com-
merçant , financier, calculateur, professeur ,
mathématiques, science
Renversé, HOMME VICIEUX, faiblesse, défaut,
vice, imperfection, difformité, laideur; perver-
sité, puanteur.
N° 65. Droit, FEMME BRUNE, magnificence,
faste, richesse, assurance, aplomb, sécurité,
franchise, liberté.
Renversé, MAL CERTAIN, doute, irrésolution,
perplexité, timidité, appréhension.
N° 66. Droit, UTILITÉ, bénéfice, avantage,
intérêt, obligeant.
Renversé, INACTION, quiétude, inertie, tran-
quillité, placidité, insoucianc3, désœuvrement,
oisiveté, indolence, loisir, paresse, décourage-
ment..
N° 67. Droit, GARÇON BRUN, savoir, applica-
tion, travail, écolier, élève, apprenti.
Renversé, PRODIGALITÉ, dissipation, luxe,
somptuosité, superfluité, libéralité, bienfaisance,
multitude, pillage.
N° 68. Droit, LA MAISON, l'intérieur, le logis,
le ménage, économie domestique, palais, châ-
teau, hôtel, maison meublée, auberge, taverne,
bàtiment, vaisseau, vase, monastère, cloître,
couvent, tente, chaumière, tombeau, dernier
asile, famille, race antérieure et ultérieure.
Renversé, JEU DE HASARD, lot, fortune, béné-
fice aléatoire, destin, fatalité, dot, part légitime,
partage, don, pension, occasion.
N° 69. Droit, EFFET, conséquence, événe-
ment, objets, biens mobiliers ou immobiliers,
billet.
Renversé, DUPERIE, surprise, fraude, ruse,
escamotage, excès de confiance.
N° 70. Droit, FILLE BRUNE, fille honnête, bon
accueil, courtoisie, facilité, simplicité,
mœurs,
caractère, naturel.
Renversé, USURE, intérèt, surabondance,
exaction, cupidité, morgue, hauteur, vanité.
N° 71. Droit, ARGENT, capital, espèces,
monnaie, argenterie, candeur, ingénuité, lune,
purification.
Renversé, INQUIÉTUDE, anxiété, angoisse,
chagrin, affliction, soin, application.
N° 72. Droit, LE PRÉSENT, actuellement,
séance tenante, soudainement, contemporain.
Renversé, AMBITION, souhait, désir, cupidité,
jalousie, aspiration.
N° 73. Droit, AMANT OU AMANTE, amoureux,
prétendu, prétendue, fiancé, galant,
amoureuse,
mari, femme, ami, maîtresse, concordance,
rapports, convenance.
Renversé, MANQUE D'ORDRE, inconduite, dé-
règlement, confusion, dégâts, dissipation, liber-
tinage, discorde.
N° 74. Droit, UN PRÉSENT, libéralité, cadeau,
service, couleur blanche, médecine lunaire,
pierre précieuse.
Renversé, CLOTURE, limite, barrière, enceinte,
circonscription, obstruction, cloître, couvent,
emprisonnement, arrestation, déterminé, dé-
finitif, cloison, barricades, murailles, obstacle,
suspension, retard, opposition.
N° 75. DrOit, NOBLE, aristocratie , vaste,
étendu, élevé, renommé, glorieux, considéra-
tion, magnanimité, étiquette, grandes manières.
Renversé, ENFANT, puérilité, frivolité, affai-
blissement, diminution, petitesse, minutie,
poltronnerie, humble, chétif, abjection.
N° 7G. DrOit, EMBARRAS, gène, obstacle,
trouble, émotion.
Renversé, LETTRE , écrit, Écriture sainte,
texte, lettre de la loi, littérature, livre, compo-
sition, alphabet, principes, billet, effet de com-
merce.
N°77. Droit, PARFAIT CONTENTEMENT, bon-
heur, félicité, joie complète, extaso, couleur
rouge, médecine solaire, médecine parfaite,
prière exaucée.
Renversé, BOURSE D'ARGENT, capital, espèces,
somme, trésor, opulence, rare, précieux, cher.
N°78. Droit, FOLIE, aliénation mentale, éga-
rement, délire, transport, aveuglement, frénésie,
insanité, simplicité, niaiserie.
Renversé, FOLIE incapacité insouciance,
,
ineptie, bêtise, idiotisme, nullité,, néant.

IX

PRATIQUE DU GRAND JEU.

Nous vous avons initié aussi complétement


que nous avons pu à l'alphabet, au dictionnaire,
au glossaire de cette langue prophétique des
cartes. Il ne nous reste plus maintenant qu'à
vous en enseigner la grammaire et la rhétorique,
c'est-à-dire à vous mettre à même de lire et de
traduire couramment dans le jeu en formulant
les interprétations et en les reliant ensemble
-suivant les lois de la logique de la vie humaine.
Grand jvu avec quarante-deux ciirtcs.

Après avoir bien battu les cartes et fait couper


le consultant de la main gauche, vous comp-
par jeu
quarante-deux premières cartes du
tez les
et vous les répartissez en six tas de sept cartes
chacun dans l'ordre que voici de droite a gauche.
(i
__
5 - - - -
4 3 2
Vous relevez ensuite le tas n" 1 et vous en
1

étalez les sept cartes, encore de droite a


gauche :

Vous
7 — (i
opérez de
--- -
r>

la même
-4 ÎÎ
façon

avec
'1

le tas n" 2,
puis avec le tas n° 3, et ainsi de suite jusqu'au
sixième, en ayant soin de superposer les cartes
à mesure que vous les rele-\ ez sur chacune
des sept du premier tas. Vous obtenez ainsi
sept nouveaux tas de six cartes chacun.
Vous relevez la première carte de chacun do
sept las, vous battez ces sept cartes et, en
ces
les retournant, vous les distribuez sur une ligne
horizontale de droite à gauche.
Vous retournez ensuite deux cartes de chaque
tas, vous les battez et vous formez avec ces
quatorze cartes deux lignes de sept
cartes au-
dessous de la première ligne.
Enfin vous battez le reste des cartes
compo-
sant les sept tas réduits chacun à trois cartes,
soit vingt et une ; vous battez
ces vingt et une
cartes, et vous les distribuez à
mesure qu'elles
se présentent en trois autres lignes horizontales
au-dessous des trois lignes précédentes.
Vous obtenez ainsi
un tableau formant un
parallélogramme composé de six rangées hori-
zontales composées de sept cartes chacune.
Avant de commencer la lecture de
ces cartes,
vous cherchez la carte n° 1, qui doit représenter
le consultant, ou le n° 8, si c'est
une femme qui
consulte.
Si ce numéro n'est pas parmi les
quarante-
deux cartes du tableau, vous le cherchez parmi
les 36 cartes restantes ; s'il fait partie du tableau,
vous l'en détachez pour le placer en dehors, et
en tète du jeu, et vous le remplacez dans le ta-
bleau par une carte tirée au hasard des trente-
six cartes restantesf lesquelles se trouvent ainsi
dans tous les cas réduites à trente-cinq.
Enfin vous commencez votre lecture interpré-
tative par la première ligne en allant de droite
à gauche et en appliquant à chacune des cartes
le sens indiqué dans nos 78
pages à gravures,
et se servant des synonymes pour faciliter l 'ap-
propriation de l'oracle au sexe, à l'âge, à la con-
dition sociale, à la sensibilité, à la confiance, a
la susceptibilité de la personne qui consulte.
Il va sans dire que vous êtes physionomiste,
observateur, que vous êtes au courant de ce
qu'est le sujet, de ce qu'il veut savoir, des divers
objets de ses espérances, de ses désirs, de ses
appréhensions. C'est en tenant compte de toutes
données que vous lisez d'abord la première
ces
ligne et successivement toutes les autres, en
n'en formulant toutefois que les prédictions qui
ont un rapport logique avec le sexe, l âge et la
situation de votre consultant. Vous remarquerez
du reste que la multiplicité des synonymes et
des significations accessoires de chaque carte
offrent à votre esprit et à votre imagination une
grande latitude.
Après cette revue des quarante-deux cartes
(quarante-trois avec la carte représentant le con-
sultant ou la consultante), vous pouvez, si vous
le voulez, compléter ou contrôler ces premiers
oracles par une seconde épreuve à l aide du pa-
quet de trente-cinq cartes qui est resté inactif.
g2

Complément du grand jeu avec les trente-cinq


cartes.
Vous battez les trente-cinq cartes et laites
couper de la main gauche, puis vous les divise/,
en six tas, de droite à gauche, dans lesquels
elles sont réparties par nombres inégaux, ainsi
qu'il suit:
Ge, 11 c. 51, 2 c. — 4 c) — 5", •; c. — 2P, (le. — 1er tns, 7 cartes.
Le premier tas est consacré à la'maison, C'est-
à-dire à la famille du consultant ;— le deuxième,
à une tierce personne qui l'aura demandé
; —
le troisième, aux choses et aux personnes exté-
rieures ; — le quatrième sera considéré comme
une surprise ; — le cinquième pourra, à titre
de consolation, adoucir les présages fâcheux
contenus dans les quatre précédents ;
— enfin
le sixième sera tenu comme sans importance, à
moins toutefois qu'il faille lui demander la con-
clusion dé quelques oracles énigmatiqiies four-
nis par les autres'.
Pour liiie ces cartes de complément, vous les
retournez en les étalant en six lignes inégales :
la première de sept,
— la seconde de six, —
la troisième de cinq, — la quatrième de qua-
tre, — la cinquième de deux, — eL la sixième
de onze cartes,, et vous faites votre lecture,
toujours de droite à gauche.

f. 3.

Les rencontres.

Si, dans l'un ou l'autre tableau, vous ren-


contrez sur la même ligne plusieurs cartes de
bâton (carreau), vous en conclurez que le con-
sultant doit entreprendre un voyage plus ou
moins prochainement, suivant le nombre de
cartes de cette nature ;
Si ce sont plusieurs cartes de coupe (cœur),
il sera invité à plusieurs grands repas ;
Si plusieurs d'épée (pique), il prendra part
il quelque bataille ou à quelque rixe.
Si plusieurs de denier (trèfle), vous pouvez
lui annoncer des opérations lucratives ou des
rentrées d'argent.
Plusieurs cartes de la même valeur, rois,
reines, dix, huit, etc., et plusieurs cartes de la
même espèce, bâton, coupe, etc., dans la même
ligne, s'annihilent si l'ensemble de ces simi-
laires se compose d'un nombre égal de cartes
droites et de cartes renversées ; dans le cas con-
traire, on tient compte seulement du sens dans
lequel elles sont lé plus nombreuses. Ainsi
supposons que vous ayez dans une ligne deux
rois, dont un droit et l'autre renversé, c'est
comme s'il n'y avait pas de roi ; dans une au-
tre trois bâtons, dont deux droits et un ren-
versé, comptez deux cartes de bâton droites
et ne prenez pas garde au bâton renversé ; dans
une troisième, trois reines, dont. une droite et
l'autre renversée, c'est comme s'il n'y en avait
que deux renversées, la reine droite reste
non avenue.
Dans ces rencontres, voici la signification
affectée à la réunion en ligne des cartes de
même valeur :
Quatre rois : — droits : grand honneur— renversés ! célérité
Trois — — consultation — commerce
Deux — — petit conseil — projets
Quatre reines — grand pourparler — mauvaise société
Trois — — romperie de femme — gourmandise
Deux — — amis sincères — ouvrage
Quatre cavaliers — affaires sérieuses — alliance
Trois — —
débats animés — duel
Deux — — *-
intimité — susceptibilité
Quatre valets — ' maladie grave — privation
Trois — — dispute — paresse
Deux — ' — inquiétude — société
Quatre dix — contradiction —
événement
Trois — * — nouvel état — désappointement
Deux — —
.chau¡ement — attente justifiée
bon ami renversés usure
Quatre neuf droits :
:
imprudence
Trois - —
réussite —
Deux - -
Quatre huit

recette
revers

-
petit profits
erreur
Trois
Deux
- —
mariage
nouv. connaissance


spectacle
traverses

Quatre sept

- intrigues - quereleurs
Trois - - infirmité - joie
Deux - —
nouvelle —
-
petites dames

Quatre six - abondance


-
aisance
satisfaction
l'vois _ - succès
irritabilité —
chute
Deux —
Quatre cinq

- régularité - ordre.
Trois - —
détermination —
hésitation
Deux - —
veilles —
-
revers
Quatre quatre - voyage prochain
promenade

Trois - - sujet de réliexion —


inquiétude

Deux -
Quatre trois
, .
- insomnie
pi ogres


dispute
grande
s
réussite
'£rois -

- unité - sérénité
Deux - - calme - salut
Quatre deux - démêlé - rapprochement
Trois - sécurité - appréhension

Deux - accord ' - dér,mce


Quatre as
—'
hasard favorable - déshonneur
Trois -


petite réussite - inconduite
ennemis.
Deux - —
duperie —

§ 4.

Exemple d'interprétation des quarante-deux


cartes.

Et maintenant, pour joindre l'exemple au pré-


cepte, nous allons donner un simple spécimen
d'interprétation de ({uarante-doux cartes tirées
.
au hasard et placées d'après les données qui
précèdent.
Nous pensons que ce seul exemple suffira à
nos lecteurs pour les mettre à même de lire el.
d'interpréter toutes les autres combinaisons qui
pourront se présenter.
C'est un jeune homme de vingt-quatre
ans,
employé de commerce à Paris qui consulte cl
qui a coupé.
Nous avons fait successivement nos sept tas
de six cartes, nos six tas de sept cartes, ainsi
qu'il est dit au g 1"' de ce chapitre, et nous avons
obtenu,en étalant nos cartes, le tableau ci-après,
en marge duquel nous avons pincé le n° I, carie
du consultant.
il ti. -
d. — m il,
-22
-
r, r.
- d. -
d. 11)
25 d.
It't d.
— Cl l'. — r. — 2S d. -
11 (1.

— 7i r. — [d d — ri!) r. — (¡:! r. - 4
— 77 d. — :!0 r.
27 _
d.
78 d.
— 55 r. — 63 r. — 48 r. — 7-2 (1. -
29 r. — 56 d.
— H d. — r.ri r. — Ij7 ri, — 'ii; d. — 75 d. — 'Ji
57 d. -76 d. — 43 r. — liÍ d. — 71 r. — V.) r. — 711 r.
Nous lisons ainsi successivement chacune
de nos six lignes de droite à gauche.
Première ligne : La rencontre de trois cinq
droits dans cette ligne nous indique que )c con-
sultant a, en ce moment, une détermination ini-
!ll [J. signifie droit; r. signifie renversé
portante à prendre; le n° 59 (le 5 d'épée )
donne Ù penser qu'il craint d'avoir été
nous .
ou d'être volé dans une affaire, probablement
une affaire de succession, si nous on croyons
la présence du n° 15 (5 de coupe); cependant
le n° G renversé nous annonce que la lumière
fera sur cotte affaire, et le n° 31 droit (5 de
se
bâton), nous fait espérer de grandes richesses,
grâce à l'intervention de l'honnête homme do
campagne représenté par le n° 22 (roi de bâ-
ton), qui, malgré les méchancetés el les calom-
nies pronostiquées par le n° 3, fera triompher
la justice, ainsi que le promet le n° 9 renversé.
Deuxième ligne : Nous remarquons sur l'en-
semble de cette ligne que le six et le trois de
bâton renversés annulent le huit cft le valet de
bâton droits, mais que les deux trois renversés
sont un indice favorable de salut ; puis nous lisons
le n° 30 renversé (G de bâton) présage un
que
espoir qui, le n° 77 droit nousl attirme, aboutira
â une félicité parfaite ; le n° Al (9 de coupe)
droit ne peut (pie nous affermir dans cette heu-
conviction, et le n° c28 (8 de bâton), éga-
reuse
lement droit, semble présager que ce sera â la
campagne, dans une retraite agreste, que notre
consultant goûtera cette tranquillité, d'autant
mieux assurée que le n° 33 (3 de bâton) si-
gnale la cessation de toutes peines. Cependant
voici le n° 61 renversé (3 d'épée) qui va jeter
quelque trouble dans cette douce quiétude.
Jeunehomme, vous avez été léger, étourdi,
vous avez compromis, pe'ut-ctre égaré une
femme ; vous allez la rencontrer, et vous re-
gretterez peut-être amèrement votre faute, sur-
tout en raison de l'événement bizarre, presque
merveilleux, que présage le n° 25 droit (valet
de bâton), et dont nous trouverons peut-être
l'explication dans la ligne suivante.
Troisième ligne : La rencontre de deux six
annonce une certaine disposition à l'irritabilité,
peut-être chez votre victime ; le n° 27 (9 de bâ-
ton) ne présage qu'un retard, mais le n° 4, sur-
tout corroboré par le .n° 62 (2 d'épée) renversé,
signale de l'hypocrisie et des perfidies, et le
n° 39 (valet de coupe) renversé, des manœu-
vres séduisantes, mais de la part de qui? C'est
ce que ne nous dit pas encore clairement le n°58
(6 d'épée) qui ne nous parle que de voyage, non
plus que le n° 74 (4 de denier) renversé, qui
présage un empêchement ; pourtant le n° 44 (6 de
.coupe) s'obstine à affirmer que vous êtes tour-
ment é par un souvenir ou un remords du passé.
-
Quatrième ligne : Ici noustrouvons deux huit
qui présagent d'une façon certaine une nouvelle
connaissance ; mais j'avoue que mon embarras
grand, je sais comment vous dire ce que
est ne
je lis dans cette ligne. Le n° 56 annonce que
dans une situation critique,
vous vous trouverez
le n" 2'J renversé que vous serez dans une
et
terrible perplexité dont vous auriez, d après le
pressentiment dès à présent. Le n 48
n° 72 le
,
renversé vous montre entrainé par un désir,
uneconvoitise, dont le n° 63, aussi renversé,nous
clairement les conséquences, puis-
raconte trop
qu'il signifie cette explication est du
grossesse ;
pleinement confirmée par le n055 renversé,
reste
qui nous révèle la juste défiance que vous ins-
jeune fille blonde représentée par le
piriez à la
probablement mise à mal.
n" 40, que vous aurez
Cinquième ligne : Mais voici qui est singu-
lier ; le n° 47 renversé me donne à penser que
(s'agit-il de vos affaires d amour?)
vos affaires
seront expédiées très-rapidement, peut-être à
l'intervention d'un personnage noble
cause de
pronostiquée par le n" 75 le n° 46
ou puissant ;

de l'ennui, de la lassitude ; est-ce chez


annonce
chez votre amie ? et le n° 67 fait entre-
vous ou
voir un garçon brun, presque un écolier ; se-

rait-ce un rival? Enfin le n° 11 vous montre


dominé par la force majeure,et len î8 fait crain-
dre que votre esprit ne s exalte outre mesure.
Sixième ligne : Qu'est-ce donc? Voici dans
cette ligne trois sept, dont deux renversés, qui
me donnent à penser que ce n'est pas votre es-
prit seulement qui s'est exalté, et que.
vous
pourriez bien être quelque peu libertin. Cette
rencontre de deux sept renversés me parle des
petites dames... Quoi, ce serait là le couronne-
ment de vos fredaines!... Voyons un peu. Si
je m'en rapporte au n° 70 renversé, vous avez

tamorphose annoncée par le n° 49 renversé lè;


l'air de tourner à la cupidité; ce serait la mé-

n° 71 renversé aussi fait augurer que cette nou-


velle et peu noble passion vous cause quelques
angoisses, et le n° 64 vous montre en rapport
avec un financier qui pourrait bien vous exploi-
ter ou vous faire faire quelque sottise. Est-ce
leplan d'une entreprise combinée avec lui qu'an-
nonce le n° 43 renversé? Prenez-y garde, le
n° 76 vous présage des embarras et le n° 57 des
espérances ; si vous vous lancez dans la société
des petites, dames et des boursiers, le demi-
monde vous occasionnera des embarras et la
Bourse ne vous donnera que des espérances.
Cet exemple d'interprétation doit suffire pour
TABLE

Première partie.

IV.
\
- Aéromancie
7
. —
8
VI. —
•'
VII. —
10
VIII. — Aleuromancie
11
IX. —
\. — Anémoscopie 1->
XI. — Anthracomancie
XII. — Anthropopomance...
XIII. — Arithm orna h cie r ou Arithmancie
XIV. — Aruspicine
. •
.... 1

rti)
'

.
XV. -
XVI. — Astrapalomancie
Ot

XVII. — Astromancie ou Astrologie


XVIII. -- Axinomancie 36
Xix. — Bactromancie ou Rhabdomancie ....
XX. -
XXI. — Bibliomancin
11
46

"
XXII. — Bostrycho inancî
XXIII. - ............ "
Piges.
XXIV. — Capnomanoie
XXV. — Cartomancie ou Charlomancio..... 49
XXVI. — Catortromancie 49
XXVII. — Céromancie ou Ciromancic 51
XXVIII. — Chiromancie ; - 53
XXIX. -
Cledonismancie 55
XXX. — Cléidomancie ou Cledonomancie,
XXXI. — (Jléromancle
... 56
58
XXXII. — Goscinomancie ou Cosquinoinancie
..
XXXIII. — Craniomancie, Cranioscopie, Phrénolotrie
(j0

ou Physiognomoni« 61
XXXIV. — Cristallomancie Gïl
XXXV. — Cyanomancie 65
XXXVI. — Dàctylomancie ou Dactyliomancie
XXXVII. — Daphnomancie
... 65
GG

XXXVIII. — Dendromancic 66
XXXIX. — Gastromancie G8
XL. -
Géomancie
XLI. — Goétie
.. Cî
GU

XLII. -
Gyromancie
XLIII. — Hémomancie
G9
70
XLIV. — Hépatoscopie 76
XLV. — Hiéromancic ou Hiéi-oscopie 70
XLVI. — Horoscopie Du
XLVII.
XLVIII.
- Hydromancie 81
— Ichtyomancie 84
XLIX. — Képhalonomancie 85
L. — Kéraunoscopie.... * 86
LI. — Lampadomancie ou Lyclinoniancie... 86
LU. -
Lécanomancie .
LIII. — Litliomancie
86
88
LIV. — Loganthmoniancie... 89
LV. Marc de café - 89
LVI.
— Météoromancie ou Météoroscopie ... 95
l'agcs.
LVII.
..
-
Molybdomancie. 95
— Myo mande
LVIU. 97
LIX. — Nécromancie
'98
— Néphél6mande
LX. 100
LXI.
LXII.
-
Nipromancio
— Nomancie,ou Onomancio, ou Onomaman-
100

cie, ou Qnomatomancie 101


LXIII. 103
— Oculomancie *

LXIV. — Œnomancie ou
Oïnomancie 103
LXV. Omomancie 103

LXVI. Ololygmancie 104

104
LXVII. — Omphalomancic
LXVIII. — Oneïromancio,
Oncïrocritiquc, Onùros-
copie 105
LXIX. — Onomancie, Onomamancie, Onomatoman-
cie ....
LXX. — Onychomancic

117
119
LXXI. — Oomancie, ooscopie 120
LXXII. — Ophiomaocie 1i2
LXXIII. — Ornithomancie 1903

LXXIV. — Petchiraande 125


LXXV. — Pettimancic 12U
LXXVI. — Phillorhodomanoio 12g
LXX VII. — Physiognomonie 126
LXXVIII. — Psychomancie 127
LXXIX. — Ptarmoscopie 128
LXXX. — Py romande 130
LXXXI. — Ragalomancie 131
LXXXII. — Rhapsodomancie 131
LXXXIII. — Sciamancie ou Sciomancie 132
LXXXIY. — Spodomancie on Spodanomancie.... 133
LXXXV. — Slernomancie 133
LXXXVI. -
Stichomancie
LXXXV II. — Sycomancie ...............
134
134
LXXXN III. - Urnnoniancie jj;,
LA' X XlX.
-
XC. — XHo)));u)f'i):
Xeiroseopie

Dcuxirnic jtni /ic.


I. — Lis caries
Il. — La cartomancie en France 1Í,:
~* La cartomancie contemporaine ]r>'t

• — l » amour dans le jjraiid monde.... )r,5


\ — LI:" réussites

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progressives IHÍ
'i rL lieiissites <)ivcrso |,s;,
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2 Ii. Ii' iissitrs indéterminées |;t()
VI- — l'dil jeu avec les tr'-nt''-f]('u\ ,',II''''', ID.»
Hypothèses ; H;

Manière de tirer les carte- par vill;.rl et une. Uni


VII, -
Le irrand jeu
Si^nilii'at'on des 78 tarots du jeu d"
«()(;

Tliul o|;5
VIII. Synonymes de la si^nilicalion des

caries 2:/1
IX. — l'raliipie dll L:rnnd jeu ,'JOS
g Ie"'. (irand jeu avec ipiaranle-deux
r.u'-
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j! ( .Olllplel il 111 s II Lllalld jeu ...'il.!

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