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MÉTHODOLOGIE DE LA DISSERTATION JURIDIQUE

Travaux Dirigés/ Cours de droit constitutionnel


Dr. Bouchra hakem

La méthodologie de la dissertation juridique

La dissertation est un exercice que les étudiants croient connaître lorsqu’ils commencent des
études de droit. Elle est répandue dans l’enseignement secondaire, notamment dans les filières
de l’enseignent général. Pourtant, la dissertation juridique est très différente de la dissertation
du secondaire. Elle s’en distingue à la fois par son objectif et par sa construction.
Il est donc indispensable pour les étudiants en droit d’acquérir au plus vite cette méthode qui
servira tout au long de leur cursus universitaire.

L’objectif de la dissertation

La dissertation juridique est une démonstration argumentée. L’objectif de celle-ci est de


proposer une réflexion autour d’un sujet grâce à la mobilisation des connaissances acquises en
cours et en travaux dirigés.
La dissertation juridique ne doit pas consister en une simple récitation du cours ou d’une
partie de celui-ci. Elle nécessite une véritable réflexion personnelle sur le sujet. Attention,
cela ne veut pas dire qu’il faut donner un avis péremptoire sur la question ! Il convient de
l’appréhender, dans son contexte, à partir des éléments du cours et de construire ainsi une
démonstration argumentée qui répond pleinement au sujet.

Le travail préparatoire

L’erreur classique qui est commise par de nombreux étudiants, est la suivante : lorsque ceux-
ci découvrent le sujet, ils pensent l’avoir compris et passent immédiatement à la construction
d’un plan ou même à la rédaction ! La dissertation juridique nécessite un travail bien plus
conséquent avant de se lancer dans ces phases ultérieures.
Le travail préparatoire de la dissertation juridique est ainsi primordial. Tout se joue dans les
premières minutes après la distribution du sujet.
La première étape de cette préparation est la lecture attentive du sujet. Cette lecture doit
permettre d’identifier chacun des termes du sujet, les notions clés mais également les petits
mots (conjonctions et articles) : « et » ; « ou » ; « les » ou « la » ; « un » ou « des »…
Après étude de ces termes, il convient de commencer à interroger le sujet : pourquoi cette
formulation et pas une autre ? Que sous-entend le sujet ? Certains termes imposent-ils une
limite de temps ou d’espace dans le sujet.
Cette phase d’interrogation du sujet aboutit à une première délimitation du sujet. Cette étape,
cruciale, permet d’éviter une autre erreur classique de la dissertation : le hors-sujet. Il s’agit
ici de cerner les limites du sujet, ce qui se trouve dans le sujet et ce qui en est un peu plus
éloigné.
Vient ensuite l’étape de mobilisation des connaissances. Au brouillon, il convient de noter
l’ensemble des idées relatives au sujet, proches ou plus éloignées. Ce recensement exhaustif
se fait dans un premier temps. Il est nécessaire de consacrer un certain temps à ce travail afin
de ne pas oublier les idées importantes.
Il faut enfin commencer à classer, à regrouper les différentes idées par grand thème afin de
préparer l’étape suivante, la construction du plan de la dissertation. Les idées regroupées par
thème prendront place au sein du plan de la dissertation. Les éléments qui apparaissent à la
limite du sujet mais pas totalement dans celui-ci ne seront pas oubliés : ils seront intégrés au
sein de l’introduction et permettront d’étoffer celle-ci.

La construction de la problématique et du plan

Le plan d’une dissertation juridique a toujours pour objectif de répondre à la problématique


élaborée à partir du sujet.
Qu’est-ce qu’une problématique ? Il s’agit de la question qui oriente la dissertation. La
dissertation n’étant pas une récitation de connaissances, il est nécessaire de problématiser
celle-ci, c’est-à-dire de dégager la question centrale posée par le sujet. La problématique est le
fil rouge de la copie, « l’angle d’attaque » du sujet.
Cette étape de formulation de la problématique est une des plus importantes de la méthode de
la dissertation juridique. En effet, l’ensemble des développements de la copie a pour objectif
de répondre à la problématique dégagée. Il ne faut donc pas négliger la phase de réflexion qui
aboutit à la formulation de cette question. Elle prendra place au sein de l’introduction.
Vient ensuite la construction du plan à proprement parler. Élaborer un plan n’a de sens que si
la problématique a été identifiée : parce qu’il répond à la question, il ne peut être préalable à
celle-ci. Le plan de la dissertation juridique se présente traditionnellement en deux parties,
deux sous-parties :

I- Première partie
A) Première sous-partie
B) Deuxième sous-partie
II. Deuxième partie
A) Première sous-partie
B) Deuxième sous-partie

Le plan doit répondre à la problématique posée et constitue le support de l’argumentation, de


la démonstration. Il permet de dérouler la thèse, l’idée centrale de la copie.
On distingue classiquement les plans d’idées et les plans-types. Les plans d’idées sont ceux
qui se déduisent du sujet et de la problématique trouvée et sont généralement à préférer aux
plans-types : ils s’appuient sur une très bonne compréhension du sujet et des notions mises en
jeu. Ces plans se construisent naturellement lorsque le travail de délimitation du sujet et de
formulation de la problématique a été mené efficacement.
Il peut toutefois arriver, notamment lors des premières années en droit, qu’un tel plan d’idées
soit difficile à dégager. Il est alors possible de recourir à un plan-type, dans la mesure où
celui-ci répond à la problématique dégagée. Ces plans-types sont issus des grandes
distinctions juridiques. On peut citer, comme exemples, ces plans classiques :
I. Texte / II. Pratique ;
I. Nature juridique / II. Régime juridique ;
I. Principe / II. Exceptions ;
I. Points communs / II. Différences.
Il en existe de nombreux autres. Dans le cas d’un recours à un tel plan-type, il convient
d’habiller, de formuler les titres des parties et des sous-parties afin de montrer au correcteur
qu’un réel travail a été mené sur la construction du plan, malgré le recours à une formulation
classique.
Quelques remarques sur les intitulés du plan :
Les titres doivent refléter le contenu de la partie ou de la sous-partie.
Ils doivent être soignés et qualifiés (emploi d’adjectifs et d’adverbes).
Ils ne doivent pas contenir de verbes conjugués.
Il faut essayer de reprendre au maximum les termes du sujet dans les intitulés : c’est le signe
que vous traitez bien le sujet et que vous évitez le hors-sujet.
L’introduction

Une fois la problématique et le plan définis, vient la phase d’élaboration de l’introduction.


Elle est un autre élément primordial de la dissertation. C’est en effet la première impression
donnée au correcteur, il est donc recommandé de ne pas la négliger. En droit, l’introduction
doit occuper une bonne partie du devoir (entre 1/4 et 1/3). Il est conseillé de la rédiger au
préalable au brouillon, si le temps le permet.
L’introduction débute par une accroche : il s’agit d’une ou deux phrases, percutantes, en lien
avec le sujet. Il peut notamment s’agir d’une citation ou d’une idée forte. Attention à ne pas
donner une mauvaise image dès cette première phrase : il faut éviter à tout prix les fautes
d’orthographe ou une erreur grossière dans l’accroche.
Vient ensuite la définition des termes du sujet. Celle-ci oriente le traitement du sujet. La
définition permet de montrer au correcteur l’étendue du sujet. Traditionnellement, on explique
que l’introduction de la dissertation est construite en forme d’entonnoir, d’une acception large
du sujet vers une acception plus restrictive, qui va être effectivement traitée dans les
développements du devoir. Dès lors, les définitions doivent être les plus larges possibles,
puisqu’elles constituent la « partie haute » de cet entonnoir.
Après ces définitions, on retrouve les éléments mis de côté lors de la phase de mobilisation et
de classement des connaissances. Il peut s’agir d’éléments très divers : aspects de droit
comparé ou plus historiques sur la notion en jeu, éléments d’actualité, précisions théoriques…
Le point commun de ces éléments est qu’ils sont à la limite du sujet : s’ils ne trouvent pas leur
place dans les développements ultérieurs (parce qu’ils ne permettent pas réellement de
répondre à la problématique), ils doivent être mentionnés en introduction car ils sont liés au
sujet.
Ensuite l’énoncé de la problématique. Celle-ci peut être formulée comme une
question directe ou indirecte. Elle ne doit pas être déconnectée des éléments précédents : au
contraire, ceux-ci doivent y conduire naturellement.
La problématique est suivit par l’intérêt (scientifique et pratique) du sujet.
Enfin, vient l’annonce du plan. Il s’agit ici de n’annoncer que les parties (I. et II.) et non les
sous-parties (A. et B.). Cette annonce est meilleure lorsqu’elle est faite sous forme d’une
longue phrase plutôt que de manière artificielle. Il vaut mieux éviter les intitulés classiques du
type « Nous verrons dans une première partie (…) puis nous aborderons dans une seconde
partie (…) » et construire une phrase où les deux intitulés des parties du plan se répondent.
La rédaction
La copie se présente sous la forme suivante :
Introduction
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………..
I. Titre
Chapeau qui annonce le plan du I. en expliquant quels seront le A. et le B.
A. Titre
Rédaction en plusieurs paragraphes.
Transition entre A. et B.
B. Titre
Rédaction en plusieurs paragraphes.
Transition entre I. et II.
II. Titre
Chapeau qui annonce le plan du II. En expliquant quels seront le A et le B.
A. Titre
Rédaction en plusieurs paragraphes.
Transition entre A. et B.
B. Titre
Rédaction en plusieurs paragraphes.

Traditionnellement, la dissertation juridique ne doit pas comprendre de conclusion. Celle-ci


est superflue car toutes les idées sur le sujet doivent avoir été abordées dans les
développements.
Enfin, il est important de porter un soin particulier à l’orthographe, la grammaire, le
vocabulaire et le style (éviter à tout prix les tournures de phrases familières !). Si des points ne
leur sont que rarement réservés, les correcteurs n’hésitent pas à sanctionner les copies
remplies de fautes d’orthographes ou qui présentent de nombreuses erreurs de syntaxe. Il faut
donc essayer, dans la mesure du possible, de consacrer les 5 dernières minutes de l’examen à
se relire pour éviter ces fautes d’inattention.

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