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2019-2020

LICENCE FASCICULE DE METHODOLOGIE


DROIT JURIDIQUE GENERALE

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA | 1


SOMMAIRE

PRESENTATION ........................................................................................................................................................ 4

I – Appréhender la logique juridique ........................................................................................................... 5

NOTIONS GENERALES DE METHODOLOGIE ............................................................................................................ 6

LA PRISE DE NOTES.................................................................................................................................................. 9

LE RAISONNEMENT JURIDIQUE ............................................................................................................................. 14

ERREURS A EVITER ................................................................................................................................................ 17

II – Méthode des exercices juridiques ........................................................................................................ 19

METHODE DU CAS PRATIQUE ............................................................................................................................... 20

POUR S’EXERCER….. ...................................................................................................................................... 27

LES PARTICULARITES DU CAS PRATIQUE EN DROIT PUBLIC .................................................................................. 28

METHODE DE LECTURE D’UN ARRET DE LA COUR DE CASSATION ET DE FICHE D’ARRET .................................... 30

METHODE DU COMMENTAIRE D’ARRET ............................................................................................................... 39

EXEMPLE D'ARRET A COMMENTER……..……………………………………………………………………………………………..46

METHODE DE LA DISSERTATION ........................................................................................................................... 50

POUR S’EXERCER … ....................................................................................................................................... 56

METHODE DU COMMENTAIRE DE TEXTE .............................................................................................................. 57

TEXTE A COMMENTER................................................................................................................................... 63

LE CAS PARTICULIER DU TEXTE A ERREURS........................................................................................................... 64

POUR S’EXERCER ........................................................................................................................................... 66

METHODOLOGIE DE LA QRC ................................................................................................................................. 67

POUR S’EXERCER …. ...................................................................................................................................... 69

ENCORE PLUS D’EXERCICES…. ....................................................................................................................... 69

III - Annexes .................................................................................................................................................... 70

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CORRIGE DU COMMENTAIRE D’ARRET – VOIR PAGE 85 (FIN DE DOCUMENT) ............................................ 71

EXEMPLES DE CORRIGES DE DISSERTATION ................................................................................................. 71

CORRIGE DE COMMENTAIRE DE TEXTE ........................................................................................................ 73

CORRIGES DU TEXTE A ERREURS ................................................................................................................... 78

EXEMPLES DE CORRIGES DE Q.R.C. ............................................................................................................... 79

PETIT LEXIQUE DES TERMES JURIDIQUES ............................................................................................................. 84

SCHEMA : LE DEROULEMENT D'UNE INSTANCE JUDICIAIRE…………………………………………………………………………….86

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 3


PRESENTATION

Chers étudiants,

Au nom de tous vos enseignants, je tiens vous souhaiter la bienvenue au sein de la faculté SJE.

Vous entrez aujourd'hui dans un univers nouveau qui a ses règles qu'il va vous falloir rapidement
assimiler. Nous allons tous vous donner quelques conseils pour maîtriser ces codes.

Le premier d'entre eux est de travailler, ne pas vous contenter du cours qui vous sera fourni, mais
d'approfondir vos connaissances grâce aux manuels et revues, de préparer soigneusement vos fiches de TD. Ce
fascicule contient les indications méthodologiques qui vous seront utiles JUSQU'A LA FIN DE VOS ETUDES.
Conservez-le soigneusement, vous y trouverez toujours une aide précieuse. Considérez-le donc comme un
« livre de chevet », un mémento dont vous ne devez jamais vous départir. C'est que, contrairement à l'idée
reçue, les études de droit ne reposent pas sur l'apprentissage « par cœur ». Au contraire, il vous sera toujours
demandé une réflexion, une mise en perspective de vos connaissances pour traiter le sujet. Cela demande de
l'entraînement et l'assimilation des règles de ce fascicule.

Vos enseignements sont prévus pour cela : vos cours d'amphithéâtre sont, pour les plus importants,
assortis de TD qui vous permettront d'insister sur les connaissances importantes Vous avez également la
chance de pouvoir suivre des enseignements de méthodologie pour vous donner les grandes orientations, et
en TD pour approfondir les entraînements.

VOUS NE DEVEZ DONC PAS CONCEVOIR LA METHODOLOGIE COMME UN ENSEIGNEMENT A PART,


ELLE FAIT CORPS AVEC L'ENSEMBLE DES COURS DISPENSES ET VOUS AIDERA A AFFRONTER TOUS LES TYPES
D'EXERCICES ET A REUSSIR VOS ETUDES.

C'est ce que tous vos enseignants vous souhaitent.

Quelques soient les difficultés que vous pourriez rencontrer, elles ne seront que passagères dès lors que vous
persévérez et garderez à l’esprit cette maxime du poète latin Virgile : « On se lasse de tout, sauf d’apprendre ».

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I – APPREHENDER LA LOGIQUE JURIDIQUE

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NOTIONS GENERALES DE METHODOLOGIE

A. QU’EST-CE QUE LA METHODOLOGIE ?

La méthodologie se définit comme la « science de la méthode » ce qui désigne :

- d’un point de vue général, l’ensemble des méthodes et des techniques d’un domaine
scientifique particulier
- et spécifiquement, la partie d’une science qui étudie les méthodes sur lesquelles cette
discipline s’appuie.

Ainsi, l’étude de la méthodologie juridique implique tout d’abord que le droit est une science - on
parle des sciences juridiques - et d’autre part, que la mise en œuvre de cette science repose sur des
techniques, des procédés et des méthodes particuliers.

Conséquemment, l’apprentissage des matières juridiques requiert également :

 l’apprentissage des techniques permettant la mise en œuvre des connaissances = méthode


des exercices juridiques
 l’apprentissage de la logique juridique

NB : la méthodologie n’est pas une matière « à part », elle irradie touts les domaines du droit et
en constitue le socle. Elle fournit au juriste des méthodes précises pour appréhender le droit et les
exercices juridiques.

B. UN OUTIL POUR APPRENDRE LE DROIT

Comment appréhender et comprendre le droit ?

1° ACQUERIR LES METHODES ET TECHNIQUES SPECIFIQUES DU DROIT

 La méthodologie permet d’acquérir les techniques régissant la logique propre à chaque type
d’exercice juridique ; c’est donc à la fois un procédé permettant d’acquérir une technicité et la
logique intellectuelle afférente.

 Cette logique intellectuelle constitue « l’esprit juridique » c’est-à-dire le raisonnement


intellectuel particulier que le droit met en œuvre afin de résoudre (traiter) des situations de
faits en leur appliquant des règles de droit (normes). Cette logique repose :
 sur la capacité à démontrer et argumenter (raisonnement ou syllogisme
juridique),

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 sur la capacité à formuler une pensée claire, cohérente et structurée – en
d’autres termes, cela suppose de maîtriser l’art de la rhétorique ( éloquence,
procédés et techniques réglant l’art de s’exprimer).

2° MAITRISER L’EXPRESSION (ORALE ET ET ECRITE) DES IDEES

L’apprentissage du droit requiert de la part de l’étudiant :

 une bonne maîtrise de la langue française : vocabulaire, syntaxe, grammaire… afin d’éviter les
fautes qui amoindrissent la qualité du travail fourni.
o Il faut donc par tous les moyens enrichir son vocabulaire et améliorer son style
rédactionnel : user et abuser du dictionnaire (langue française) – l’emploi des termes
doit être précis car il n’y a pas d’ « à peu près » en droit ; lire la presse écrite, des
revues de qualité, des ouvrages juridiques ou non (littérature française, étrangère)

 la maîtrise du vocabulaire juridique (la langue du droit) - user d’un lexique juridique (V.
mini lexique intégré dans ce fascicule)

3° SAVOIR APPRENDRE ET COMPRENDRE

 apprendre : litt. « aller vers des connaissances et les saisir » c’est à dire

 décortiquer, analyser, questionner le sens de ce que l’on apprend

 déceler les notions-clés qu’il faut mémoriser pour déclencher le raisonnement


juridique

 comprendre : litt. « prendre avec soi » c’est-à-dire

 concevoir, saisir le sens

 pouvoir reformuler dans ses propres termes les notions apprises pour en
vérifier la bonne analyse

Ces 2 opérations intellectuelles sont indissociables et s’effectuent concomitamment : pour apprendre


(mémoriser), il faut comprendre (se questionner, vérifier le vocabulaire, chercher des exemples
illustrant la notion que l’on apprend…).

Se pose alors une question fondamentale : faut-il apprendre par cœur ?

 D’abord, il faut TOUT apprendre – appréhension complétive : pas seulement


l’essentiel, ce qui est important mais aussi les conditions, les exceptions, dérogations à
l’application de la règle de droit (1ère initiation à l’acquisition du raisonnement
juridique)

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Exemple : certaines définitions/notions nécessitent d’être apprises par cœur car elles comportement les
éléments-clés et déterminants de la mise en œuvre de la règle de droit.

 Mais surtout, il faut apprendre de manière structurée et structurante

Exemple : le plan (cours, manuel) est l’expression de la logique dans la mise en œuvre du droit.

 Enfin, il faut COMPRENDRE ce que l’on apprend

Règles d’Or en matière d’apprentissage :

 Apprendre intelligemment (usage des dictionnaires) et précisément

 Apprendre logiquement (structuration des idées)

 Apprendre régulièrement (accumulation des connaissances et non bachotage)

 Apprendre de manière active et critique : se questionner…

 Sur la « ratio » de la règle de droit : raison d’être, fin poursuivie, moyens mis en
œuvre pour parvenir à cette fin, adéquation entre moyens et fin

 Sur les liens entre cette règle de droit et d’autres règles ou principes, ou comparer le
mécanisme de cette règle avec d’autres mis en place dans le passé ou dans d’autres
pays

 Comprendre l’utilité et la pertinence de la règle de droit car celle-ci est l’expression


d’une norme sociale

 qu’adviendrait-il si la règle n’existait pas ou avait un contenu différent ?

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LA PRISE DE NOTES

Les cours dispensés à l’Université étant « magistraux », ils excluent toute « dictée » aux étudiants et
requièrent de ceux-ci l’aptitude à pouvoir synthétiser et retranscrire les informations orales.

Vous serez donc conduit à prendre des notes tant lors des cours magistraux que des travaux dirigés
(explications complémentaires, éclaircissements dispensés...), à l'occasion de la lecture d'un ouvrage
ou manuel, durant une conférence, etc.

Savoir prendre des notes est indispensable à la réussite de votre cursus universitaire car écrire favorise
la mémorisation et la compréhension. Cela permet également de fixer l'attention et de ne pas se
disperser.

N.B : Il n'existe pas de recette unique pour prendre des notes. A chacun de trouver sa propre méthode,
son style, sa stratégie pour optimiser sa prise de notes.

Toutefois, pour parvenir à construite votre méthode personnelle, voici quelques règles basiques à
mettre en œuvre1.

I – Pourquoi prendre des notes ?

La prise de notes poursuit deux finalités :

 assimiler des idées


 s'approprier des savoirs

Conséquemment, vos notes doivent revêtir une véritable utilité pratique c'est à dire être utiles,
utilisables et utilisées.

notes utiles : lorsqu'elles sont correctement prises, vos notes vous permettent
d'apprendre et de retenir et ainsi, elles peuvent servir plusieurs mois (voire années!!).

notes utilisables : vous devez pouvoir vous relire sans difficulté (gain de temps dans
l'apprentissage et les révisions). Donc la codification personnelle que vous allez
instaurer doit avoir du sens – c’est-à-dire être intelligible pour vous – et être
uniformisée : mise en page, abréviations et codes couleurs identiques pour toutes vos
notes.

1
Voir http://www.reussir-en-universite.fr/methodologie-du-travail-universitaire/prendre-des-notes1.html.

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notes utilisées : les notes sont des supports d'apprentissage. Ces supports doivent
être effectivement utilisés et, si nécessaire, vous pouvez les compléter facilement à
l'occasion de lectures (ouvrages, manuels) ou de travaux dirigés (explications
complémentaires).

CONSEILS PRATIQUES : Inutile de noter tout ce qui est dit mais seulement les éléments importants de
l'intervention (prise de notes sélective et rapide).

Pour cela, vous devez réaliser plusieurs tâches simultanément : écouter + comprendre + déterminer
ce qui est important + écrire.

IMPORTANT : faire preuve d’écoute attentive et constante ; ne pas se laisser distraire par
l’entourage ni rêvasser.

Quelques erreurs à ne pas commettre :

 ne pas prendre assez de notes voire pas du tout est risqué car il est impossible de retenir une
intervention orale en écoutant uniquement

 il n'est pas conseillé d'enregistrer un cours sans avoir recueilli l'accord préalable de l'intervenant
(atteinte potentielle au droit à l'image incluant tout enregistrement vocal non consenti et au droit
d’auteur) ; de surcroît, cette option est souvent contre-productive car il faut ensuite trouver le
temps et l'envie de retranscrire cet enregistrement.

II – Comment prendre des notes ?

 1ERE CONSIGNE : NOTER LE PLAN

Lors d’un cours, d’une présentation, d’une intervention,… très souvent l’intervenant vous annoncera
son plan en introduction ou bien tout au long de son exposé. Notez ce plan !!
 cela permet de repérer la structuration de l’intervention et sa logique
 cela facilite l’organisation de la prise de notes et l’apprentissage ultérieur

 2EME CONSIGNE : NOTER LES PHRASES-CLES ET LES RELATIONS LOGIQUES

Vous serez amené à noter tout en écoutant la suite de l’intervention. Donc la prise de notes doit être
sélective c’est-à-dire porter sur les informations essentielles (indispensables à la compréhension des
informations dispensées).

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 Essayez de repérer la phrase clé qui résume une pensée : l’intervenant insiste souvent sur
l’essentiel.
 Repérez certains mots qui marquent les relations logiques entre les idées ou les étapes :
« d’abord, ensuite, premièrement, deuxièmement, passons à… »

 3EME CONSIGNE : NOTER DU "SENS" ET NON DU "SON"

 Ecrivez avec vos mots. L’essentiel est de comprendre le contenu et d’être capable de le
restituer.
 Notez les définitions importantes et/ou bien les références bibliographiques des définitions.
 Notez les mots techniques importants.
 Ecrivez lisiblement en respectant la ponctuation (afin d’éviter les erreurs de sens).

Attention : Si vous ne comprenez pas une idée (formulation, contenu…), n’hésitez pas à
demander des éclaircissements à l'enseignant.

 4EME CONSIGNE : CREER DES ABREVIATIONS, UTILISER DES SIGNES

Pour gagner du temps dans votre prise de notes vous devez mettre au point un système d’abréviations.
Voici quelques règles communément utilisées :
 Supprimer les mots inutiles tels que
les articles, certains adjectifs, certains verbes.
Exemple : L’eau est bonne pour la santé devient : Eau bonne pr santé.

 Utiliser des symboles mathématiques : flèches, +, =…

 Abréger la fin des mots :


– tion est remplacé par ° (abréviation = abrévia°)
– ement, -ment, -ent, -ant sont remplacés par t minuscule exposant (évidemment = évidemt)
– que est remplacé par q (despotique = despotiq)

 Supprimer les voyelles :


Exemple : précédemment devient () prcdt

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CONSEILS PRATIQUES :

• Ecrivez les mots techniques que vous utilisez pour la première fois
• Lorsque vous décidez d’une abréviation, notez-la en marge de votre feuille
• Utilisez toujours les mêmes abréviations, respectez votre propre code

 5EME CONSIGNE : CONNAITRE SON MODE D’APPRENTISSAGE

Chacun dispose de moyens mnémotechniques différents. Pour apprendre certains doivent répéter à
l’oral, d’autres réécrire, d’autres lire… Il est donc important que vous déterminiez quels sont les
procédés de mémorisation qui vous conviennent pour retenir vos notes.

CONSEILS PRATIQUES :
 Utiliser des codes couleurs pour les titres, les définitions, les exemples…
 Faire des schémas, des flèches, des dessins…
 Noter précisément les exemples donnés par l’enseignant, ou les anecdotes si cela vous aide à
faire un lien entre la théorie et la pratique.

 6EME CONSIGNE : CHOISIR LA MISE EN PAGE QUI VOUS CONVIENT

Ci-dessous 5 points que vous devez essayer de respecter pour optimiser la prise de notes :
 Ecrire sur papier et non sur ordinateur. Il est plus facile de barrer, souligner, mettre en couleur,
créer des abréviations et une mise en page personnalisée sur papier. Vous ne risquez pas de
tout effacer en cas de mauvaise manipulation.
 Aérer les lignes (si vous choisissez des feuilles à petits carreaux, écrivez une ligne sur deux)
 Numéroter les pages (en chiffres arabes)
 Inscrire la date du cours (dans la marge)
 Inscrire le nom du cours et le nom de l’enseignant (en entête ou pied-de-page)

Piochez dans les points suivants pour construire le type de mise en page qui vous convient :
Ecrire sur le recto des feuilles uniquement
Les titres : souligner, surligner, écrire en couleur, écrire en majuscule, hiérarchiser
visuellement sur la feuille, numéroter (I, II, III, 1 , 2, 3 ou A, B, C, a, b, c….)
Prévoir une marge importante (à droite ou à gauche) pour : noter les références
bibliographiques, les exemples, compléter vos notes, noter vos nouvelles abréviations, vos
observations personnelles, les questions à poser, les renvois à d’autres notes, les définitions…
Encadrer en couleur ou non les références bibliographiques, les exemples, vos observations
personnelles, les questions à poser, les renvois à d’autres notes, les définitions…

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Utiliser des flèches, des puces pour les corrélations et les énumérations en y ajoutant un
décalage de votre texte sur votre feuille.

LES ABREVIATIONS COURANTES

Source : Méthodologie du travail universitaire, FCU sur www.reussir-en-universite.fr/methodologie-du-travail-


universitaire

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LE RAISONNEMENT JURIDIQUE

Pour appliquer le droit, tout juriste, quelque soit sa profession, met en œuvre un mécanisme
intellectuel spécifique. Il s’agit d’une logique formelle fondée sur le raisonnement par déduction.

I/ LE RAISONNEMENT JURIDIQUE (v. infra, Le cas pratique)

Ce raisonnement est appelé « syllogisme juridique » et consiste à confronter deux propositions


connues pour en déduire une 3e, la conclusion :

la majeure : règle de droit ou norme c'est-à-dire la règle de conduite (norme, règle de droit)
susceptible de s’appliquer

la mineure : la situation d’espèce (les faits pertinents) confrontée aux éléments constitutifs de
la règle :

La confrontation : il s’agit de comparer les faits de l’espèce avec éléments de la règle
de droit pour déterminer si la situation d’espèce est bien régie par la norme en vigueur (on vérifie
que les éléments de la règle de droit – conditions – sont présentes ou pas dans la situation
d’espèce).

la conclusion juridique (déduction) : application ou non application de la règle de droit selon


que les éléments de la règle de droit soient présents ou pas dans les circonstances d’espèce

Exemple : 1) la loi prévoit que tout voleur doit être puni = la majeure
2) M. X est un voleur = la mineure
3) conclusion : M. X doit être puni

Donc, l’art du juriste consiste finalement à appliquer déductivement des énoncés généraux et
impersonnels préétablis (la règle de droit) à des cas particuliers (Doyen Carbonnier).

O, il existe plusieurs sources du droit. En effet, la règle de droit trouve ses sources dans un texte (loi,
règlement, décret…), la jurisprudence, la coutume, et la doctrine.

On constate donc que tout raisonnement juridique (ou toute application du droit) part donc d’une règle
de droit, mais encore faut-il trouver la bonne règle de droit applicable (ou pas) !

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II/ LA DETERMINATION DE LA REGLE DE DROIT APPLICABLE

Pour cela, le juriste recourt à deux techniques intellectuelles : la qualification juridique et


l’interprétation. Ces deux techniques lui permettent de faire la démonstration de ce qu’il affirme. Or,
tout exercice juridique doit être démontré !

A. LA QUALIFICATION JURIDIQUE

 Définition : Qualifier, c’est faire entrer une situation de fait (telle qu’elle est présentée) dans
l’exacte catégorie que le droit lui destine. La qualification juridique va déterminer la
« catégorie juridique », c’est à dire le domaine du droit auquel se rattache les faits.

Cette opération se fonde aussi sur un syllogisme. Il s’agit de ranger un élément donné dans une classe
du droit. La qualification juridique va permettre d’identifier, de déterminer la règle de droit à priori
applicable à la situation de fait donnée. (La démarche est de reconnaître, identifier des éléments de
droit à partir d’éléments de faits.)

Exemple :

1) la vente est le contrat qui oblige l’un à livrer une chose et l’autre à la payer (art. 1582 C. civ.)
2) il a été convenu que M. X reçoive de M Y un vélo, en échange de 150 euros.
3) conclusion et qualification juridique : le contrat conclu entre M. X et Y constitue un contrat de vente.

En revanche, si on change les faits (la mineure), la qualification est également modifiée :

2) il a été convenu que M. X reçoive de M.Y un vélo, en échange d’un autre bien ;
3) Conclusion : il s’agit alors d’un contrat d’échange et non d’un contrat de vente.

Attention : parfois, certaines situations ne sont pas aussi claires et les qualifications
juridiques sont difficiles à trouver.

NB : puisque la qualification juridique détermine la règle de droit applicable, il importe de porter une
grande attention à cette opération, laquelle repose sur une analyse scrupuleuse des circonstances de
l’espèce et sur l’emploi du vocabulaire juridique adéquat (cf. Lexique).

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 Intérêt de la qualification juridique ? : opération essentielle car de la qualification va permettre
d’identifier, de déterminer le régime juridique, c'est-à-dire l’ensemble des règles de droit a
priori applicables à la situation de fait donnée

Donc la qualification juridique est une technique intellectuelle que tout juriste utilise (cas pratique,
rédaction des décisions de justice…).

B. L’INTERPRÉTATION

 Notion : l’interprétation consiste à rechercher le sens d’un texte normatif (texte source de droit
– loi, règlement, traité) qui s’avère obscur, ambigu, contradictoire ou lacunaire. « C’est
l’interprétation générale du texte ».

Interpréter un texte est d’ailleurs une des missions du juge, chaque fois que cela est nécessaire pour
appliquer la règle de droit. Cette activité d’interprétation donne lieu à ce que l’on appelle la
jurisprudence.

Attention : un texte dont l’énoncé est clair et précis, n’a pas à être interprété  application
littérale du texte.

 Finalité de l’interprétation de la règle de droit par le juge : préciser sa signification, son


domaine, sa portée.

Se pose alors la question de savoir comment le juge a-t-il interprété la règle de droit ? En effet, les
juges ont recours à divers procédés d’interprétation (v. infra, La méthode du commentaire d’arrêt)

Ces différentes notions - le syllogisme, la qualification juridique, les interprétations - sont des
éléments de base pour bien comprendre le droit et surtout fonder votre démonstration juridique, que
celle-ci prenne la forme d’un cas pratique, d’un commentaire d’arrêt, d’une dissertation juridique…car
tout exercice juridique impose une démonstration juridique !!

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RECOMMANDATIONS GENERALES DE PRESENTATION DES COPIES - ERREURS A EVITER

Il s’agit ici d’indiquer quelques recommandations générales relatives à la rédaction des exercices
juridiques et à la présentation des copies. Vous vous référerez, pour davantage précisions, aux règles et
recommandations particulières propres à chaque exercice.

❶ RECOMMANDATIONS RELATIVES A LA FORME


- La copie doit être agréable à lire :
o l’écriture doit être lisible – le correcteur ne doit pas avoir à déchiffrer voire
décrypter votre écriture
o la présentation doit être aérée :
 Faites un saut de ligne avant et après les titres (surtout les I et II)
 Allez à la ligne à chaque idée nouvelle – mais pas à chaque fin de phrase.
Vous constituerez ainsi des petits paragraphes rassemblant un
enchaînement logique d’idées
- Votre logique doit être visible (apparente) en particulier dans le cadre des exercices
nécessitant l’élaboration d’un plan (commentaire, dissertation). Donc les intitulés doivent
être mis en relief :
 Numérotez les intitulés des parties conformément aux canons
rédactionnels avec des chiffres (I/II, 1/2) et des lettres (A/B, a/b)
 Mettez en valeur vos intitulés en les soulignant (I, II). Il est possible
d’user de couleurs mais en veillant à ne pas utiliser du rouge – couleur
réservée à la correction – et à ne pas remettre une copie « arc-en-ciel ».
- Votre style rédactionnel doit être correct – voire soutenu – car « on n’écrit pas comme
on parle » :
 Vous porterez une attention particulière à la syntaxe, l’orthographe, la
grammaire, la ponctuation. Tous ces éléments sont appréciés par le
correcteur pour évaluer le devoir
 Vous userez des figures de style, conjonctions de coordination et
subordination, termes de liaison, adverbes, etc pour exposer votre
raisonnement. Exemples : et, ainsi, donc, car, or, mais, cependant,
toutefois, néanmoins, par conséquent/conséquemment, au contraire/a
contrario…

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 Il est nécessaire de toujours réserver du temps pour une relecture attentive
avant remise de la copie.

❷ RECOMMANDATIONS RELATIVES AU FOND


- Lorsque l’enseignant corrige une copie, il regarde d'abord la problématique et le plan. Il
faut donc soigner particulièrement ceux-ci :
 Il faut, notamment éviter les erreurs de syntaxe dans la formulation de la
forme interrogative.
Exemple : «la question qui se pose à nous est de savoir - formulation en elle-même peu convenable- si
l'article xx est-il » : pas 2 formes interrogatives dans une phrase et a fortiori dans une problématique.
- Pour les titres, et sauf indication contraire de votre enseignant, ils ne doivent contenir
AUCUN VERBE CONJUGUE. Un titre ne doit en effet pas être une phrase, il doit
contenir votre idée directrice et vous éloigner de la description
- DE MANIERE GENERALE, ne jamais employer le "JE" dans une copie.
- Vous rappeler que seul le contrat « stipule » (pas la loi, ni le code !!).

QUELQUES PASSAGE DE COPIES DE PREMIERE ANNEE (FAUTES COMPRISES).

- Définition du sexe : "c'est ce qui permet de différencier un homme avec une femme"

- Le transsexualisme : "c'est : des hommes qui et transformes en femme"

- La vie privée "c'est quand tu es libre de faire se que tu veux sans que personne te dise rien. C'est une vie qui est
secrète et qui appartient qu'à toi"

- Changement de sexe : "la vie privée entretient un changement de sexe puisque c'est la personne qui pourra
décider si veut changer de sexe. L'avis des autres ne comptera pas à ses yeux... il a le droit de changer de sexe si
son sexe ne lui plait pas"

- Une discrimination : "c'est quelqu'un dit des propos racistes, des insultes »

- Le système de la preuve dans le divorce : « Au système plédoirique, la preuve, dans le divorce est soumise ».

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II – METHODE DES EXERCICES JURIDIQUES

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 19


METHODE DU CAS PRATIQUE

Le cas pratique sert à vérifier l’aptitude de l’étudiant à apporter une réponse, issue d’un
raisonnement argumenté, aux différents problèmes juridiques que suscitent les faits proposés.

Cela requiert plusieurs qualités :

- la maîtrise des connaissances acquises en cours et en travaux dirigés ;


- la capacité à qualifier une situation de fait en termes juridiques ;
- l’aptitude à mener un raisonnement juridique (syllogisme)
- apporter une solution à une situation donnée.

Il convient donc de s’exprimer de façon claire et logique en gardant à l’esprit les objectifs
du cas pratique : c’est une « consultation » faite par le profane auprès du spécialiste de droit. A cette
fin, il est nécessaire de définir les concepts utiles à la démonstration et d’argumenter la réponse
proposée en étayant les affirmations avancées.

Rien ne doit être considéré comme évident ! Il faut faire preuve de pédagogie. Une réponse
sans motivation ne vaut rien ! Voici quelques repères pour gagner en clarté :

- Le raisonnement conduisant à la résolution du cas constitue l’élément de réponse le plus


important.
- Les éléments de motivation sont d’ordre juridique (normes textuelles, jurisprudentielles) et
d’ordre factuel (vous devez préciser les circonstances du cas qui étayent vos propos). En
cela réside l’exercice de confrontation de la règle de droit aux faits.

I/ PREPARATION DU CAS PRATIQUE

Il convient de respecter chacune des étapes suivantes du raisonnement juridique et de les


retranscrire dans la consultation.

1° LA LECTURE ET L’ANALYSE DES FAITS

Il faut tout d’abord réaliser une lecture attentive des faits (les faits doivent être examinés à la
loupe). Pour cela, il est conseillé d’effectuer une première lecture (« prise de contact ») puis de réaliser

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une ou plusieurs autres lectures plus approfondies afin de faire le tri entre ce qui est utile et superflu.
Cette méthode doit permettre d’isoler les faits pertinents pour laisser de côté les faits secondaires.
Cette phase est essentielle car ce sont les faits qui permettent de repérer les problèmes juridiques que
soulève le cas.

NB : isoler les faits pertinents ne consiste pas à recopier quelques phrases de l’énoncé du cas pratique.

Cela consiste à résumer en quelques phrases la situation factuelle exposée dans le cas.

2° LA QUALIFICATION JURIDIQUE DES FAITS

Cette phase consiste à qualifier les faits c’est-à-dire à les traduire dans un vocabulaire
juridique.

Exemples :

- LES FAITS : « En voulant effectuer un dépassement sur l’autoroute, Mr X percute violemment


le véhicule de Mr Z. Mr Z est grièvement blessé à la tête et au thorax. Mr X sort indemne de ce
choc ».

- LA TRADUCTION JURIDIQUE : Le cas porte sur un accident de la circulation qui met en


cause deux véhicules terrestre à moteur ainsi que leurs conducteurs respectifs ; ce qui
occasionne plusieurs préjudices.

NB : la phase de qualification juridique suppose nécessairement d’acquérir et maîtriser ce vocabulaire


particulier (V. Annexes - Petit lexique des termes juridiques qui fournit, de manière non exhaustive,
quelques-uns des termes les plus usités).

3° RECHERCHE ET ENONCE DU PROBLEME JURIDIQUE

Il faut ensuite déterminer la question de droit. L’énoncé du cas pratique pose un ou plusieurs
problèmes juridiques ou questions de droit, il faudra donc les déterminer. On procède à l’opération de
qualification juridique. Pour cela, il est possible de partir d’une question concrète qui est posée en
l’espèce et la traduire juridiquement. C’est une étape décisive. C’est l’opération la plus délicate ; il
faut donc la réaliser avec le plus grand soin ! Trois hypothèses peuvent être envisagées :

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 21


 Soit l’énoncé pose une question précise et déjà formulée en termes juridiques

Il suffit alors d’y répondre. Elle peut être ouverte ou fermée et revient à déterminer « qui veut
quoi ? » ou « qui peut craindre quoi ? ».

Exemples : Puis-je annuler le contrat ? ; Qui est responsable des préjudices ?

Soit la question est énoncée en langage courant et de façon imprécise ou générale

Exemple. : M. X vient vous consulter ou Que puis-je faire ?

Dans ce cas, Il faudra alors traduire la question en termes plus précis et plus juridiques, c’est
l’opération de qualification juridique.

Exemple : « La question centrale consiste à déterminer qui est responsable des préjudices
matériels et du préjudice corporel consécutifs à cet accident ».

Soit aucune question ne figure dans l’énoncé. Il convient d’abord de se les poser soi-même avec
rigueur et discernement en prenant compte les faits pertinents qui ont été isolés lors de la lecture
de l’énoncé. On procédera ensuite également à l’opération de qualification juridique.

Formuler avec discernement et précision un/des problème(s) juridique(s) suppose de maîtriser les
connaissances figurant dans le cours, dans les manuels ainsi que dans les documents distribués en
travaux dirigés.

 Attention : toutes les problématiques en droit relevées au sein du cas pratique doivent être
posées sous peine de ne traiter que partiellement le cas pratique.

4° RECHERCHE DE LA SOLUTION :

C’est le corps du devoir. C’EST L’ETAPE LA PLUS IMPORTANTE CAR C’EST LA QUE L’ON VA VERIFIER
L’APTITUDE DE L’ETUDIANT A FAIRE UNE APPLICATION PRATIQUE DES REGLES JURIDIQUES.

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 22


Lors de cette étape, on applique le syllogisme c’est-à-dire que l’on va confronter la règle de droit aux
faits.

- La majeure : Une fois posée la problématique en droit, il convient de rechercher la règle de droit
qui doit être appliquée. (Il faut donc faire appel à vos connaissances juridiques : cours, TD et
documents du TD, jurisprudence, doctrine…)

Il est essentiel d’identifier la règle de droit de façon précise :

 identifier sa source (textes de loi, jurisprudence, etc.),


 déterminer son champ d’application et ses conditions d’application ce, tant en ce qui
concerne le principe que ses éventuelles exceptions.

Voici le schéma à suivre :

champ conditions
PRINCIPE exposé source
d'application d'application

champ conditions
EXCEPTION exposé source
d'application d'application

 Attention : dans l’hypothèse où plusieurs règles de droit sont sélectionnées, il faut vérifier
si chacune d’entre elles est susceptible de s’appliquer aux faits.

- La mineure : Il convient ensuite d’appliquer la règle de droit aux faits de l’espèce. Il faut alors
vérifier que les faits de l’espèce entrent dans le champ d’application de la règle de droit identifiée et
qu’ils répondent à ses conditions d’application (= confrontation de la règle de droit aux faits de
l’espèce). On détermine donc si la règle de droit est oui ou non applicable.

Deux hypothèses peuvent être envisagées :

o soit la mineure correspond à la majeure : la règle de droit s’applique. Si cette règle n’est pas
respectée, la sanction prévue peut être mise en œuvre ;

o soit la mineure ne correspond pas à la majeure : la règle de droit ne trouve pas à s’appliquer.

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 23


5° LA SOLUTION (DEDUCTION)

C’est l’aboutissement du syllogisme. Cette étape consiste à déduire toutes les conséquences
juridiques de l’application ou de la non-application de la règle de droit aux faits, la possibilité ou non
de mettre en œuvre la sanction (i.e. mesure juridique, d’ordre civil, pénal ou administratif, qui frappe
l’auteur d’un manquement à la loi).

II/ PRESENTATION DU CAS PRATIQUE

La présentation du cas doit permettre de suivre le raisonnement juridique conduisant à la solution


proposée. Vous devez toujours structurer votre raisonnement. Lorsque plusieurs questions ont été
identifiées dans le cas, il est plus simple de les traiter les unes à la suite des autres (I : première
question, II : 2ème question, etc.) en structurant votre raisonnement à l’intérieur de chaque question.

Afin de faire apparaître le raisonnement, différents éléments doivent être présentés :

1° RESUME DES FAITS

Il est inutile de recopier l’énoncé des faits. Il convient au contraire de rappeler la chronologie des
faits en les synthétisant, c’est-à-dire en ne mentionnant que les faits pertinents :

- Soit dans une introduction générale (si l’introduction est exigée par l’enseignant)
- Soit seulement au fur et mesure des questions à résoudre

2° LA QUESTION DE DROIT (OU LE PROBLEME JURIDIQUE)

Il s’agit de poser le problème juridique. (Voir plus haut : recherche et énoncé du problème juridique).

Cela permet de fixer le cadre du cas pratique.

Si plusieurs questions sont posées, il convient de les traiter les unes à la suite des autres,
distinctement. Il faut toujours structurer votre raisonnement.

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 24


La réponse à la question posée doit être présentée sous la forme du syllogisme telle que préalablement
exposée :

3° EXPOSE DE LA REGLE DE DROIT

Il convient de rappeler la règle de droit applicable ce, de façon rigoureuse et précise. Pour cela, il est
nécessaire de définir les concepts utilisés, de citer expressément la source (texte, jurisprudence –
particulièrement celle étudiée en cours et en TD, etc.), de rappeler le champ d’application, les
conditions d’application de la règle de droit et les éventuelles exceptions.

Par exemple, il conviendra d’exposer le principe général édicté par un texte du code civil (ex.
de formulation « Selon l’article 2 du Code civil… ») avant de rappeler la jurisprudence sur la
question ainsi que les précisions ou les tempéraments apportés lors de l’application voire de
l’interprétation du texte par les juges.

Si plusieurs solutions jurisprudentielles s’affrontent (ex. conflit entre deux chambres de la Cour de
cassation), il conviendra d’en faire état et d’exposer les deux solutions ; il est également possible de
justifier en quoi l’une des deux solutions doit prévaloir.

 Attention : c’est l’état du droit positif qui doit ici être exposé, tout en rappelant aussi

l’évolution jurisprudentielle sur la question.

Il ne s’agit pas de rappeler l’ensemble du cours sur une question donnée mais bien de chercher des
éléments de solution à soumettre à un tribunal s’il était saisi de la question. Dès lors, si la loi ou la
jurisprudence applicables paraissent critiquables, il ne faudra pas insister sur cette critique (ce,
contrairement au commentaire d’arrêt).

On pourra éventuellement envisager un éventuel revirement de jurisprudence mais en soulignant qu’il


paraît hypothétique et que, par conséquent, c’est la solution déduite de la jurisprudence dominante,
fût-elle regrettable, qui sera très certainement retenue par un tribunal.

4° APPLICATION AUX FAITS DE L’ESPECE

Il convient de reprendre les différents éléments d’application de la règle aux faits de l’espèce,
notamment chacune de ses conditions d’application, sans oublier d’appliquer les éventuelles
exceptions.

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 25


Si les faits ne sont pas suffisamment complets pour apporter une réponse définitive à la question
posée, il faut alors envisager les différentes hypothèses possibles.

L’ensemble des conséquences juridiques doivent être exposées.

En général, la formulation sera « En l’espèce, … ».

5° CONCLUSION

Le raisonnement doit être mené jusqu’à son terme. Il convient donc d’apporter une réponse concrète
à la question posée.

Si plusieurs questions ont été traitées, une conclusion générale peut synthétiser l’ensemble des
réponses proposées.

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 26


POUR S’EXERCER…..

CAS PRATIQUES A RESOUDRE

Exemple 1:

Sophie a rencontré Tom lors d’une croisière dans les Caraïbes. Fous amoureux, ils se sont alors mariés en 2009.
Malheureusement, depuis quelques mois, Tom s’est éloigné de Sophie. Il a, en effet, revu il y a huit mois sa
petite amie d’enfance, Caroline, lors d’une fête chez la cousine de Sophie. Tom et Caroline se sont revus
secrètement et sont devenus amants peu de temps après. Lors d’un après-midi, la meilleure amie de Sophie a
surpris Tom et Caroline enlacés au restaurant d’un hôtel. Elle a donc très vite mis au courant Sophie qui le soir
même a demandé des explications à Tom. Ce dernier n’a pas tenté de nier sa relation avec Caroline, il est
même parti le soir même vivre chez cette dernière. Très vite, Sophie a proposé le divorce à Tom mais celui-ci lui
répond qu’il ne sait plus où il en est, cela n’est peut-être qu’une passade et il ne souhaite pas divorcer. Sophie,
profondément blessée, désire fermement divorcer. Désemparée, elle vient vous consulter.

Exemple 2 :

En août 2017, Amandine, trentenaire carriériste fait la connaissance de François lors d’une fête organisée chez
des amis communs. Le caractère enjoué et la simplicité naïve du jeune homme de 22 ans la distraient de ses
préoccupations professionnelles. Dès la semaine suivante, une liaison s’établit entre eux en dépit du fait que
François, en raison d’une légère déficience intellectuelle, soit placé sous curatelle simple. Le jeune homme, fou
amoureux, ne cesse de poster sur les réseaux sociaux des messages d’amour à Amandine et d’afficher les
photographies de leurs sorties communes. Fin novembre, les joies se succèdent dans le couple avec d’abord, la
découverte de la grossesse d’Amandine puis l’annonce d’un important héritage attribué à François. Amandine
convainc François de quitter le domicile de ses parents et de partager le minuscule appartement qu’elle occupe
en attendant l’arrivée de leur fille Précieuse qui naît en juillet 2018. Père très attentionné, François est
cependant malheureux car Amandine n’a pas voulu qu’il reconnaisse leur petite fille.

Sur ces entrefaites, la mesure de curatelle arrivant à échéance, Amandine souhaite être désormais désignée
curatrice de François. En outre, elle a convaincu son amoureux de lui offrir comme cadeau de naissance de leur
fille une magnifique villa dont l’acquisition engloutira la totalité du montant de l’héritage perçu par François.
Très inquiet, Victor, père et curateur de François, vous consulte sur l’établissement de la filiation de Précieuse,
le projet d’acquisition immobilière au bénéfice d’Amandine ainsi que la possible désignation de celle-ci comme
curatrice.

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LES PARTICULARITES DU CAS PRATIQUE EN DROIT PUBLIC

Il s’agit ici d’une mise en situation : vous devez vous mettre dans la peau d’un conseiller du
Président de la République, du Premier Ministre, du Président d’une des Assemblées… et apporter une
réponse argumentée à la question qu’il vous pose, ou corriger le texte qu’il vous présente en lui
expliquant en quoi il s’est trompé.

L’objectif est de juger vos qualités d’analyse, d’argumentation et votre capacité à


comprendre la tactique juridiquo-politique dans laquelle baigne le droit constitutionnel. Vous
devez apporter une réponse argumentée et donc organiser vos idées. Impossible d’apporter une
réponse pertinente si vous devez faire de constants retours en arrière.

Là encore, vous devrez suivre différentes étapes :

❶ La première étape est de lire complètement l’énoncé puis d’identifier les éléments
matériels qui permettent de bien comprendre de quoi il retourne : qui est votre interlocuteur, quelle est
la date de la sollicitation, quelle est la situation institutionnelle et politique … n’oubliez pas que « le
diable est dans les détails » et c’est souvent le cas dans un cas pratique. Une fois les faits et les
problèmes identifiés, vous pourrez envisager la réponse.

❷ Seconde étape : au brouillon (ou directement sur votre copie pour mieux gérer votre
temps), vous devez rappeler succinctement les faits, puis reformuler la question qui vous est posée.
Parfois, c’est à vous de dégager le problème de droit contenu dans l’énoncé.

❸ La troisième étape est de formuler l’ensemble des solutions possibles. Une même
situation, un même problème de droit, peuvent être envisagés de différentes manières grâce aux
différentes solutions apportées par la Constitution. Vous devez mettre votre interlocuteur en mesure de
connaître toutes les voies qui s’offrent à lui.

La dernière étape consiste à fournir à cet interlocuteur la solution qui vous semble être la

meilleure. Vous devrez ici bien entendu argumenter votre choix, en vous fondant notamment sur des
exemples tirés de l’histoire constitutionnelle, française, voire étrangère.

Chaque étape vous apporte des points et si vous justifiez correctement votre choix final, vous
pourrez gagner des points, même si ce n’était pas la solution que le correcteur attendait.

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 28


L’important est donc ici encore votre rédaction, votre capacité de construire une
argumentation capable d’emporter la conviction de votre interlocuteur.

Ici encore, il vous appartient de soigner la présentation et d’aérer et votre travail. De même,
vous devez VOUS RELIRE afin de vérifier le fond et la forme.

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 29


METHODE DE LECTURE D’UN ARRET DE LA COUR DE CASSATION ET DE FICHE D’ARRET

I- PRESENTATION DE LA STRUCTURE DES ARRETS DE LA COUR DE CASSATION

A- REMARQUES PRELIMINAIRES : PRESENTATION DE LA COUR DE CASSATION

L’organisation judiciaire assure le respect de la règle de droit et sa bonne application au cas


litigieux. Le principe est celui du double degré de juridictions : cela signifie que le justiciable a droit à
ce que sa cause soit entendue à deux reprises par des juridictions distinctes, qui se situent à des
niveaux distincts dans la hiérarchie judiciaire ; ainsi on distingue :

- les juridictions du premier degré (celles qui sont appelées à connaître pour la première fois
du litige, 1er ressort) = Tribunal de grande instance et tribunaux d’exception.
 Ces juridictions rendent des jugements.
- des juridictions du second degré (celles qui connaissent du litige si l’une des parties souhaite
voir ce litige jugé à nouveau, 2ème ressort)= Cour d’appel.
Les juridictions du second degré rendent des arrêts.

Le rôle de la Cour de cassation - juridiction unique placée en haut de la hiérarchie judiciaire - est
d’assurer l’unité dans l’interprétation et l’application de la règle de droit. Elle a donc plusieurs
missions :

- Elle juge de la bonne ou de la mauvaise application de la règle de droit par les juges du fond,
veillant ainsi au respect de la règle de droit par les juridictions inférieures.

- Elle unifie l’application et l’interprétation de la règle de droit. Il s’agit d’éviter que les mêmes
textes soient interprétés de façon différente selon les juridictions. Ces arrêts ont vocation à
« faire jurisprudence » (la règle d’imitation prévaut malgré l’interdiction des arrêts de
règlement).

Attention : la Cour de cassation n’est pas un 3ème degré de juridiction ! Elle juge en droit et non
en fait. Autrement dit, la Cour de cassation n’a pas pour mission de procéder à un nouvel examen des

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 30


faits, leur appréciation relevant de la souveraineté des juges du fond (les faits sont tenus pour
« constants »).

La mission de la Cour de cassation consiste à vérifier si, dans le cas d’espèce, la règle de droit a bien
été appliquée. Pour cette raison, le pourvoi ne peut attaquer la décision qu’au regard d’une éventuelle
violation de la règle de droit. Chacune de ces violations constitue un « moyen de cassation », chaque
moyen étant fondé sur un cas d’ouverture à cassation.

Il existe 5 cas d’ouverture à cassation :

1° La violation de la loi : la Cour de cassation censure le non-respect de la règle de droit,


c’est-à-dire qu’elle contrôle si toutes les phases du raisonnement juridique conduisant à la décision de
la Cour d’appel ont correctement été mises en œuvre. Il y a violation de la loi en cas de fausse
qualification des faits (mauvaise traduction juridique des faits), en cas de fausse application ou de
refus d’application de la règle de droit (mauvaise détermination du champ d’application ou des
conditions d’application de la règle) et en cas de fausse interprétation de la règle de droit.

2° Le défaut de base légale : la Cour de cassation sanctionne l’insuffisance d’éléments de


motivation permettant de contrôler la décision de la Cour d’appel. Par exemple, les juges n’ont pas
suffisamment constaté les éléments de faits sur lesquels ils fondent leur décision. Ils peuvent
également se voir reprocher d’être restés trop vagues quant à l’énoncé de la règle de droit appliquée ou
encore de ne pas avoir vérifié que les conditions d’application de la règle de droit étaient bien réunies
en l’espèce.

3° Le défaut ou contradiction de motifs : la Cour de cassation dénonce une grave irrégularité


dans la justification de la décision rendue par la Cour d’appel. Il s’agit soit d’une véritable absence
de toute justification en droit et/ou en fait de la décision (défaut de motifs), soit d’une contradiction
entre différents faits retenus par la Cour d’appel (contradiction de motifs).

4° Le défaut de réponse à conclusions : la Cour de cassation sanctionne la décision de la Cour


d’appel qui ne répond pas aux problèmes de droit soulevés par les conclusions des parties. Toutefois,
la Cour de cassation peut elle-même apporter une solution par un motif purement juridique permettant
de justifier la décision attaquée et ainsi s’abstenir de casser la décision attaquée.

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 31


5°) la dénaturation : la Cour de cassation se réserve la faculté d’intervenir chaque fois qu’aura
été dénaturé le sens clair et précis d’une clause d’un écrit (un contrat, un testament, rapport
d’expertise, loi étrangère…)

La procédure est particulière. La Cour de cassation est saisie par un pourvoi qui critique la décision
de la Cour d’appel (ou des 1ers juges si le jugement rendu en première instance n’est pas susceptible
d’appel). La Cour de cassation examine le pourvoi ; elle a ensuite le choix entre deux alternatives :

- Soit elle décide de rejeter le pourvoi – elle confirme alors l’arrêt (et non le jugement) de la
Cour d’appel et la décision devient inattaquable. Elle rend donc un arrêt de rejet.
- Soit elle casse l’arrêt d’appel en accueillant les arguments du pourvoi ; la décision est alors
anéantie totalement ou partiellement. Elle rend alors un arrêt de cassation.
o Cependant, la Cour de cassation ne pouvant trancher le litige, elle le renvoie devant
une autre juridiction appelée la « juridiction de renvoi ». La juridiction de renvoi doit
alors examiner une nouvelle fois le litige en fait et en droit et n’est pas liée par
l’interprétation de la Cour de cassation.

Si la Cour de renvoi ne se conforme pas à la décision de la Cour de cassation, un second pourvoi peut
être formé. L’affaire est alors jugée devant l’Assemblée plénière.

 L’Assemblée plénière peut soit donner raison aux juges du fond en rejetant le pourvoi
(la décision de la Cour de renvoi devient irrévocable) soit maintenir la décision prise
par l’arrêt de cassation et condamner la résistance des juges du fond ; elle casse alors
la décision de la Cour d’appel de renvoie et renvoie l’affaire devant une autre
juridiction de renvoi.
 Cette nouvelle juridiction de renvoi devra alors se conformer à la décision de
l’Assemblée plénière : on met ainsi un point final à la divergence
d’interprétation en l’espèce ; attention toutefois : en principe, cette
interprétation ne s’impose pas dans le cadre d’une autre espèce
(conformément à la prohibition des arrêts de règlement).

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 32


B- CONSTRUCTION DES ARRETS DE LA COUR DE CASSATION

Il convient de remarquer au préalable que la lecture de l’arrêt commence par celle de la date et de la
formation qui a rendu la décision :

la date permet de fixer l’arrêt dans l’évolution du droit positif (avant ou après une réforme
législative, un revirement de jurisprudence, etc.) ;

la formation quant à elle permet de déceler l’importance de la décision (pour les arrêts
rendus par l’assemblée plénière notamment) ou sa spécificité (les chambres civiles n’ont pas toujours
les mêmes analyses que la chambre sociale, criminelle ou commerciale).

RAPPEL : la Cour de cassation se compose de 5 chambres civiles (trois chambres de droit


commun, une commerciale et une sociale) et d’une chambre criminelle. Elle peut également statuer en
chambre mixte (lorsque le litige relève de la compétence de plusieurs chambres ou lorsque l’affaire a
reçu ou est susceptible de recevoir des solutions divergentes) ou en assemblée plénière (formation
représentant toutes les chambres qui est saisie sur second pourvoi ou dès le premier pourvoi s’il
apparaît nécessaire de fixer rapidement la jurisprudence.

1) Les arrêts en motivation traditionnelle

Les arrêts de la Cour de cassation, dans leur forme traditionnelle, présentent un style rédactionnel
spécifique caractérisé par une phrase unique, introduite par des attendus.

La Cour de cassation rend deux types d’arrêt (de cassation ou de rejet) ayant chacun une forme
caractéristique. Cela facilite la lecture de ces arrêts. Durant cette lecture, il faudra prendre garde à ne
pas confondre la décision de la Cour d’appel, les arguments du pourvoi et la décision de la Cour de
cassation.

a. Structure des arrêts de cassation :

Le plus souvent, les arrêts de cassation se composent de 5 parties :

1° Le visa : la Cour de cassation vise le texte de loi (textes législatifs ou réglementaires, traités
internationaux, principes généraux du droit) sur lequel la cassation est fondée (« Vu… »). Il est
possible d’avoir ensuite, après le visa :

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 33


2° L’attendu de principe ou chapeau (car surmonte les motifs) : il s’agit de la lecture de la règle de
droit qui fonde la décision ; cela peut constituer en la reprise du texte ou de l’interprétation que la Cour
de cassation en retient (« Attendu que … »).

3° Les éléments de faits et de procédure qui ont conduit à la décision de la Cour d’appel : la Cour de
cassation ne jugeant pas en fait, elle rappelle les faits constatés par les juges du fond (« Selon l’arrêt
attaqué… »).

4° Contenu de la décision attaquée

5° La décision de la Cour de cassation : Sont ici indiquées les raisons de droit pour lesquelles l’arrêt
attaqué encourt la cassation en ce qu’il a méconnu le principe rappelé en tête de l’arrêt (« Qu’en
statuant ainsi, alors que…). Ces raisons de droit sont ensuite suivies du dispositif (Par ces motifs :
casse et annule l’arrêt rendu par la Cour d’appel de … ; remet en conséquence les parties en l’état où
elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d’appel de …»).

b. Structure des arrêts de rejet

L’arrêt de rejet ne comporte ni visa ni chapeau, ce qui le distingue d’un arrêt de cassation.

Attention toutefois : certains arrêts de rejet peuvent contenir un « chapeau interne » ou « attendu
de principe », que l’on retrouve énoncé avant la solution de la Cour de cassation et que l’on identifie
grâce à la formulation générale de la règle de droit appliquée ensuite au cas d’espèce. Cela permet de
qualifier la décision d’arrêt de principe (qualification possible même s’il s’agit d’un arrêt de rejet).

L’arrêt de rejet est composé de plusieurs parties :

1° Le rappel des éléments de fait et de procédure (« Attendu que… »).

2° La critique que le pourvoi adresse à la décision attaquée : on retrouve donc les éléments de l’arrêt
d’appel (contestés ou critiqués par le pourvoi), ainsi que le moyen de cassation c’est-à-dire de la
critique adressée à l’arrêt d’appel. (« alors que.. »).

3° Le raisonnement de la Cour de cassation divergeant de celui du pourvoi (« Mais attendu que…),


suivi du dispositif (Par ces motifs : rejette le pourvoi »).C’est la réponse au moyen. Partie essentielle
de l’arrêt de rejet.

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 34


2) Les nouveaux styles de rédaction des arrêts de cassation

La Cour de cassation a initié, depuis 2014, une large réflexion au sein de ses Chambres sur la
rédaction et la motivation de ses décisions. La commission créée à cet effet en mars 2017 a achevé ses
travaux à la mi-décembre 2018. Elle a formulé des préconisations concrètes en matière de règles
rédactionnelles des arrêts. La réforme adoptée comprend deux aspects principaux : d’autre part,
l’introduction de la motivation développée et d’autre part, la modification du style rédactionnel de tous
les arrêts.

OBJECTIFS DE LA REFORME

- Permettre un accès au droit plus précis et mieux informé

- Faciliter la compréhension de la décision (mise en évidence de la progression du


raisonnement juridique retenu) – aspect pédagogique

- Faciliter l’intégration de la décision par les parties : la décision étant davantage intelligible
dans ses termes, les parties peuvent mieux l’accepter

- Faciliter la diffusion du droit français dans le champ juridique international : la simplicité du


style rédactionnel adopté rend plus aisée la traduction

a) Les nouvelles règles rédactionnelles générales

A partir du 1er octobre 2019, la rédaction traditionnelle sous forme d’une phrase unique introduite par
des « attendus » sera remplacée par l’usage du style direct et de paragraphes numérotés assortis de
titres de niveaux différents.

Tous les arrêts, qu’ils comportent ou non une motivation enrichie, devront comporter trois parties
distinctes identifiées comme suit :

1. faits et procédure
2. examen des moyens du pourvoi (critique de la décision attaquée)
3. dispositif de l’arrêt (décision).

b) Les arrêts en motivation développée

 CONTENU

Les arrêts en motivation « développée » ou enrichie feront apparaître :

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 35


- des explications sur la méthode d’interprétation des textes retenue par la Cour de cassation
- la mention des solutions alternatives non retenues (lorsqu’elles ont fait l’objet de
discussions sérieuses au cours du délibéré) et l’indication des raisons pour lesquelles ces
solutions ont été écartées
- des informations sur les études d’incidence (lorsqu’elles existent et ont joué un rôle
conséquent dans le choix de la solution retenue)
- En cas de cassation partielle avec renvoi, les motifs de l’arrêt mentionnent toutes les
précisions utiles sur ce qui reste à juger
- En cas de revirement de jurisprudence, les « précédents » seront mentionnés.

 CHAMP D’APPLICATION

La motivation en forme développée ne s’appliquent qu’aux décisions qui le justifient


particulièrement, notamment les arrêts qui :

 opèrent un revirement de jurisprudence


 tranchent une question de principe ou présentent un intérêt marqué pour le développement
du droit
 procèdent à l’interprétation d’un texte nouveau
 présentent un intérêt pour l’unité de la jurisprudence
 mettent en jeu la garantie d’un droit fondamental
 tranchent une demande de renvoi préjudiciel à la Cour de justice de l’Union européenne
ou une demande d’avis consultatif à la Cour européenne des droits de l’Homme.

II- ELABORATION DE LA FICHE D’ARRET

La fiche d’arrêt permet de retranscrire les différentes étapes qui ont conduit à la solution retenue par la
décision à étudier.

 1ère étape : les faits

Il s’agit de retranscrire fidèlement la chronologie des faits qui ont donné naissance au litige. Il est
toutefois nécessaire de synthétiser les faits, pour ne retenir que ceux qui sont pertinents au regard de
la solution.

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 36


 2ème étape : la procédure

Il s’agit là de retranscrire le déroulement de la procédure c’est-à-dire l’évolution du litige jusqu’à la


décision à étudier. Pour cela, il convient de rappeler :

1° qui sont les demandeurs (qui assigne en justice ?) et défendeurs ;

2° la nature de l’action intentée ;

3° quelles sont les décisions des juges (ont-ils fait droit à la demande ?): décision du juge de première
instance si elle est connue, décision de la Cour d’appel ; il s’agit là de présenter brièvement la solution
retenue et les motifs qui ont conduit les juges à retenir cette solution ;

4° qui forme le pourvoi ? Préciser son auteur (attention : ceci n’apparaît que dans un arrêt de rejet).

 3ème étape : les prétentions des parties

Quels sont les arguments de chaque partie au litige ?

Présenter les prétentions de chaque partie :

- demandeurs
- défendeurs

Ou si arrêt de la cour de cassation :

- arguments de la cour d’appel


- arguments du pourvoi

 4ème étape : la question de droit

La décision étudiée répond à une ou plusieurs questions de droit résultant d’une difficulté lors de
l’application de la règle de droit à la situation de fait ayant donné naissance au litige. Il convient donc
d’identifier la/les question(s) précise(s) posée(s) aux juges en l’espèce, par exemple à la Cour de
cassation pour un arrêt de cassation.

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 37


La question de droit doit être formulée de façon abstraite et générale ; les qualités des parties doivent
être précisées.

 5ème étape : la solution de la juridiction

Il s’agit enfin d’exposer la solution donnée par le juge à la question de droit. Pour cela, il convient de
repérer l’attendu principal en le retranscrivant fidèlement (citer en ouvrant les guillemets).

Pour un arrêt de la Cour de cassation, il conviendra aussi de rappeler le moyen de cassation ainsi que
les textes visés.

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 38


METHODE DU COMMENTAIRE D’ARRET

Réaliser l’exercice du commentaire d’arrêt suppose d’abord de comprendre la structure et la portée des
arrêts selon leur nature (I), puis de savoir analyser et appréciation la décision rendue (II) ceci
permettant d’aboutir à l’élaboration du commentaire (III).

I/ TABLEAU SUR LA STRUCTURE DES ARRETS ET PORTEE DE L’ARRET

Tableau résumant la structure (ou typologie) des arrêts de la Cour de Cassation et de la Cour d’appel

NATURE DE L’ARRÊT

Arrêt de la Cour d’Appel Arrêt de la Cour de Cassation

Arrêt confirmatif Arrêt infirmatif Arrêt de cassation Arrêt de rejet

= la C.A confirme la décision = la C.A réforme la décision = la C.C casse la décision de = la C.C rejette le pourvoi
des juges du premier degré des juges du premier degré justice rendue par : formé par le demandeur

* une juridiction d’appel - la C.C estime que la


(Arrêt) décision contestée par le
- rejette l’appel / la - accepte l’appel / la demandeur ne viole pas la
demande de l’appelant demande de l’appelant ou loi : il y a eu bonne
application du droit
* une juridiction statuant en
premier et dernier ressort - « Mais attendu que… par
- « Par ces motifs..confirme - « Par ces motifs (jugement) ces motifs …rejette le
sur le fond … » …infirme…»
pourvoi »
- Cassation avec ou sans
renvoi / Cassation totale ou
partielle

-la C.C fait droit au pourvoi


formé par le demandeur - Structure :

-« Casse et annule … » +faits –procédure

- Structure : +éléments de l’appel

+visa « Vu » +Raisonnement de la Cour


de Cassation
+ attendu de principe ou
chapeau + « Mais attendu que… par
ces motifs …rejette le
+ faits –procédure pourvoi »
©Barbara Tacite
+ « Casse et annule… »

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 39


PORTÉE DE L’ARRÊT

(L’impact de l’arrêt, l’intérêt de l’arrêt)

Arrêt de Principe Arrêt d’Espèce

- a vocation à faire Jurisprudence -s’applique au cas du litige, à l’espèce donnée, application


au cas particulier donné
- énonce une règle de droit en des termes généraux et
abstraits

- Intérêt = La solution retenue à une application générale - Intérêt = La formation de la juridiction qui a rendu l’arrêt

©Barbara Tacite

II/ METHODE D’ANALYSE ET D’APPRECIATION DE LA DECISION

L’analyse de l’arrêt permet de comprendre la décision à étudier. Elle suppose de la rigueur dans la
lecture de l’arrêt et impose de suivre la démarche suivante, afin de reconstruire le raisonnement de la
Cour de cassation et d’en faire une juste appréciation.

A - PHASE DE DISSECTION DE LA DECISION : RECONSTRUIRE LE RAISONNEMENT DE LA COUR DE


CASSATION

Il s’agit d’une phase essentielle. Il faut donc consacrer à cette étape une attention toute particulière, en
relisant plusieurs fois l’arrêt.

Pour comprendre et reconstruire le raisonnement de la Cour de cassation, il faut disséquer la


décision. Il s’agit de reconstruire « l’histoire » du litige et de comprendre le syllogisme des juges.
Pour cela, il faut se poser et répondre à plusieurs questions :

1. Que s’est-il passé ? Il convient de comprendre les faits qui ont conduit à la naissance du
litige.

2. Qui est qui ? Il faut déterminer :

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 40


 qui est demandeur et défendeur à l’instance.

 si possible qui est l’appelant et qui est l’intimé

 qui est l’auteur du pourvoi

3. Qui veut quoi ? Il faut déterminer

 l’objet de la demande, autrement dit le résultat réclamé (par ex. l’annulation


du contrat),

 son fondement juridique, c’est-à-dire la règle de droit dont la mise en œuvre


permet d’atteindre le résultat recherché,

 l’argumentation des parties.

4. A qui le juge donne raison ?

Remarque : lorsqu’aucune indication n’est donnée sur la décision de première instance, un mot
permet de l’identifier : lorsque l’arrêt d’appel est « confirmatif », cela signifie que la Cour d’appel
a statué dans le même sens que les juges de 1ère instance ; inversement si l’arrêt est « infirmatif ».

C’est à l’issue de cette phase de dissection que l’on pourra réaliser la fiche d’arrêt (v. méthode dans le
fascicule 1).

B - PHASE D’ANALYSE DE LA DECISION

L’analyse de l’arrêt suppose d’étudier la qualification, l’interprétation et l’application. Ceci afin de


comprendre le raisonnement qui a conduit les juges à adopter la solution envisagée.

Lors de chacune de ces phases, vous devrez vous poser les questions mentionnées ci-après.

a. Phase de qualification

1. Quelle est la règle de droit utilisée par le juge ?

2. Quelle est la source de cette règle ? (légale, jurisprudentielle, coutumière, etc.)

3. Quel est son champ d’application ? ses conditions d’application ? l’élément normatif ? sa
sanction ?

4. Quel est l’objectif, la ratio legis de la règle ?

5. Quelle est l’histoire de cette règle : long fleuve tranquille ou tumultueux ?

6. Est-ce une bonne ou une mauvaise la règle ?

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 41


7. Quel est le futur de la règle ? (confirmation, réforme)

b. Phase d’interprétation

1. Comment le juge a-t-il interprété la règle de droit ?

2. De quel type d’interprétation s’agit-il ?

Il faut ici analyser la méthode d’interprétation utilisée par le juge. Pour mémoire :

- application littérale : le texte est appliqué en l’état ; lorsque la loi est claire, pas
d’interprétation possible ;

- interprétation exégétique : la loi, rien que la loi ; le juge recherche l’esprit du texte, par
exemple à l’aide des travaux préparatoires ou aux articles préliminaires en plein essor ;

- analogie (a pari) : extension de la solution existant à une hypothèse ayant la même raison
d’être (les mêmes causes produisent les mêmes effets) ;

- argument a contrario : lorsqu’un texte dit quelque chose, il est censé nier le contraire ;

- argument a fortiori : extension à un autre cas car les motifs s’y retrouvent avec plus de force.

La véritable question est en réalité de savoir si le juge n’est que la bouche de la loi ou si la décision
révèle son rôle créateur.

3. Est-ce une interprétation classique ou originale ?

Cela suppose déjà de connaître la jurisprudence sur la question. Il faut donc comparer la décision
avec les autres décisions connues (vues en cours ou en TD).

4. Pourquoi une telle interprétation ? (quels sont les objectifs poursuivis par le juge ?).

5. Quelles en sont les conséquences ? (intensifier ou raréfier l’application de la règle de droit).

c. Phase d’application

1. Comment le juge a-t-il appliqué la règle de droit ? (quelle est la décision ?)

2. De quel type d’application s’agit-il ? (sévère ou légère ?)

3. Est-ce une application classique ou originale ?

4. Pourquoi une telle application ?

5. Quelles en sont les conséquences ?

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 42


C - PHASE D’APPRECIATION DE LA DECISION

a. Appréciation du poids de la décision

1. Place de la décision dans la chaîne jurisprudentielle ?

Il faut déterminer si la décision va dans le sens de la jurisprudence sur la question, si elle constitue
un revirement de jurisprudence ou si elle confirme un revirement antérieur, éventuellement si la
divergence de solution s’explique uniquement par la spécificité de l’espèce, etc. Pour ce faire, il
faudra porter une attention particulière à la date à laquelle l’arrêt a été rendu.

2. Portée de la décision ?

Il s’agit de qualifier la décision d’arrêt de principe ou d’arrêt d’espèce (Cf. tableau portée de
la décision, partie I) :

- Les arrêts de principe posent un nouveau principe et, en cela, ont vocation à « faire
jurisprudence ». On peut les identifier grâce à la présence d’un « attendu de principe » c’est-à-
dire de l’énoncé d’une règle en des termes généraux et abstraits. Dans les arrêts de cassation,
l’attendu de principe suit généralement le visa ; dans les arrêts de rejet – qui ne comportent pas
de visa –, l’attendu de principe introduit le raisonnement de la Cour de cassation (il suit le
« Mais attendu que… ») ; on parle alors de « chapeau interne ».

- Quant aux arrêts d’espèce, leur solution n’a pas vocation à s’étendre à d’autres litiges dans la
mesure où elle reprend une solution établie ou bien parce qu’elle s’explique par la particularité
des faits ayant donné lieu au litige.

Afin d’apprécier l’importance de la décision, il convient également de noter la formation qui a


rendu l’arrêt puisque la jurisprudence peut varier selon les différentes chambres (chambres civiles
de droit commun, chambre sociale, commerciale ou criminelle). Cela est essentiel pour un arrêt
d’Assemblée plénière ou de Chambre mixte.

b. le jugement de la décision (analyse critique)

1. Que faut-il penser de la décision au regard des considérations juridiques ? (au regard de
la règle de droit, de sa lettre, de sa place, de son objectif, de sa stabilité, etc.)

2. Que faut-il penser de la décision au regard des considérations extra- juridiques ? (équité,
morale, justice, économie, bon sens, conviction religieuse, etc.).

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 43


III/ ELABORATION DU COMMENTAIRE D’ARRET

Exigences de l’exercice : le commentaire d’arrêt suppose :

1) d’exposer la solution commentée

2) de l’expliquer, en rappeler les fondements

3) de la replacer dans le droit positif en rappelant l’évolution de la jurisprudence.

4) d’en réaliser une analyse critique.

Il s’agit donc de commenter la décision proposée aux vues des connaissances acquises à l’occasion des
cours et des séances travaux dirigés. Cela suppose de suivre deux étapes :

1° découvrir le syllogisme c’est-à-dire le raisonnement des juges grâce à une lecture attentive de la
décision et en réalisant une véritable fiche d’arrêt (v. élaboration de la fiche d’arrêt) ;

2° comparer la décision avec les solutions connues (principe, exceptions, texte et jurisprudence
antérieure et postérieure) puis en faire en appréciation critique. Cela suppose donc de faire preuve
d’esprit de synthèse et d’esprit critique.

Chacune de ces étapes doit être impérativement respectée au risque de faire de la seule paraphrase de
l’arrêt ou au contraire une simple dissertation, ce qui n’est pas l’exercice demandé. Ce sont les deux
écueils à éviter !

Réaliser un commentaire suppose ainsi de répondre à l’ensemble des questions posées dans la
présentation de la « méthode d’analyse et d’appréciation de la décision » en organisant les réponses
grâce à un plan logique et clair afin que le lecteur du commentaire puisse comprendre le
raisonnement des juges et en apprécier la pertinence.

La présentation du commentaire d’arrêt doit répondre à certaines exigences de formes, qu’il s’agisse
de l’introduction, du plan ou encore des développements composant le corps du commentaire. Les
voici :

A- L’INTRODUCTION

L’introduction doit être composée de plusieurs éléments qui permettent au lecteur de connaître
l’essentiel de la décision étudiée. Elle s’élabore en général à partir de la fiche d’arrêt.

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 44


1° La phrase d’accroche : il convient d’évoquer dans une première phrase la question générale posée
par l’arrêt afin de souligner l’intérêt de son étude.

2° Le rappel des faits : v. la fiche d’arrêt (« En l’espèce… »).

3° le rappel de la procédure : v. la fiche d’arrêt

4° La question de droit : v. la fiche d’arrêt

5° La solution de la Cour de cassation : repérez et recopier l’attendu de principe. v. la fiche


d’arrêt

6° L’annonce de plan : il convient d’annoncer exactement les intitulés du plan, dans une même
phrase, en partant toujours de la décision à commenter

Exemple : « Il faudra donc en premier lieu étudier le principe confirmé par la Cour de cassation
selon lequel… (I) ce qui permettra de comprendre en quoi… (II) » ou « Compte tenu de la solution
affirmée par la Cour de cassation selon laquelle…, il convient d’envisager... (I) avant d’analyser ….
(II) »).

B- LE PLAN

Compte tenu des réponses aux questions préalablement envisagées, il faut réfléchir à un plan
permettant de les organiser, celui-ci comprenant généralement deux parties (I/II) divisées en deux
sous-parties (A/B) qui apparaîtront expressément.

CONSEILS PRATIQUES :

- Le plan doit être simple ;


- il doit « coller » à l’analyse de la décision ;
- il doit permettre d’envisager tous les éléments dans un ordre logique, sans donner lieu à des
répétitions au sein des différentes sous parties (revenir sur ce qui a été dit préalablement révèle
que le plan en mauvais) ;
- chaque idée doit apparaître avec netteté, être traitée distinctement et entièrement. Tout dépend
donc de la décision !

Deux hypothèses peuvent être envisagées :

- soit l’arrêt tranche plusieurs problèmes juridiques : chaque question peut être traitée séparément
(question 1 : Ière partie ; question 2 : IIème partie)

- soit l’arrêt porte sur une seule question, celle-ci doit alors être divisée en deux sous-idées.

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 45


Quelques erreurs à ne pas commettre :

 le plan doit permettre d’analyser la décision de la Cour de cassation dès la première partie
du commentaire ; la première partie ne doit pas être un prétexte pour disserter sur le thème de
la décision.

 les plans fondés sur une opposition Cour d'appel ou pourvoi / Cour ne sont pas acceptés.

 Les intitulés de parties et sous-parties doivent être concis et propres à la décision (les intitulés trop
généraux qui pourraient s’appliquer à n’importe quelle décision sont à éviter : un bon intitulé doit
refléter l’analyse du raisonnement des juges en l’espèce).

 En outre, les intitulés doivent correspondre aux développements qu’ils annoncent (un peu comme
une étiquette sur un tiroir). Il faut également préciser que les phrases verbales sont à proscrire tout
comme les termes inappropriés ou confus ainsi que les formes interrogatives (acceptées uniquement
pour le II/B).

C- LA REDACTION DES DEVELOPPEMENTS

a. Les transitions

Les intitulés des deux parties (I/II) doivent être suivis d’un « chapeau » c’est-à-dire d’une phrase
introduisant les intitulés des deux sous-parties (A/B). Pour éviter tout risque de dissertation, il est bon
de rappeler que les idées développées viennent servir l’analyse de l’arrêt en s’y référant
expressément !!

CONSEILS PRATIQUES: commencer la phrase par « La décision commentée… », « en l’espèce, … ».

Le passage d’une partie à une autre partie doit être réalisé à l’aide d’une transition : il s’agit d’une
phrase rappelant brièvement le propos précédant et le lien avec les développements suivants.

b. Le corps des développements :

Les développements doivent permettre de rappeler la décision puis de l’analyser. Cela suppose
de :

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 46


1° garder toujours contact avec l’arrêt : il ne faut jamais oublier qu’il s’agit d’un commentaire
de « texte » et non d’une dissertation.

CONSEILS PRATIQUES : Pour éviter tout risque de « dissertation », il est possible de commencer
un paragraphe par « En l’espèce, la Cour de cassation énonce » en citant expressément l’arrêt ou
en reformulant le raisonnement des juges pour montrer qu’il est effectivement compris et analysé.
Autres formules possibles : « Selon l’arrêt étudié… », « ainsi que l’admet l’arrêt étudié… »,
« C’est d’ailleurs en ce sens que s’est prononcé l’arrêt commenté… », « Contrairement à la
solution retenue en l’espèce… ».

Attention toutefois : Il ne s’agit pas de « recopier » l’arrêt ni de le paraphraser.

Une fois le raisonnement des juges rappelé, il doit être analysé.

2° ne jamais oublier d’analyser l’arrêt: le rappel du raisonnement des juges doit être
systématiquement suivi d’une analyse.

Pour cela, il convient tout d’abord de rappeler les principes (définition des notions, explications,
conditions d’application, etc.), les exceptions, les textes et la jurisprudence étudiée (Exposer
l’essentiel, ne pas se contenter de la citer). Tout cela suppose de connaître les arrêts cités en cours et
surtout en TD.

Il faut ensuite les confronter à la décision étudiée. Cela permet d’expliquer le raisonnement des juges
(en rappelant les fondements, d’en noter l’originalité voire les éventuelles incohérences). L’étude de
l’arrêt doit en effet comporter une part d’analyse critique consistant à expliquer en quoi la solution doit
être approuvée ou contestée ; s’il est possible de donner son avis, il conviendra toujours de le faire en
partant du droit positif et/ou des controverses doctrinales afin d’asseoir l’argumentation.

c. Le style

Tout au long de la rédaction, le style doit être soigné ; il faut ainsi être attentif au vocabulaire employé
et à la rigueur de la démonstration. Sans oublier la relecture afin d’éviter un trop grand nombre de
fautes d’orthographe et de grammaire…

NB : Il peut exister certaines nuances dans la méthode liées à la spécificité de la matière. Il


appartiendra à chaque enseignant de vous les indiquer et aux étudiants de s’y adapter !

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 47


EXEMPLE D’ARRET A COMMENTER – Voir corrigé en annexes

Cassation

REPUBLIQUE FRANCAISE

AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

LA COUR DE CASSATION, TROISIÈME CHAMBRE CIVILE, a rendu l’arrêt suivant :

Sur le premier moyen :

Vu l’article 1134 du code civil ;

Attendu, selon l’arrêt attaqué (Pau, 17 octobre 2005), que par acte du 24 juin 2000, Mme X... a
signé, par l’intermédiaire d’un agent immobilier, une proposition d’achat d’un immeuble
appartenant aux consorts Y..., avec remise d’un dépôt de garantie ; qu’elle a retiré son offre d’achat
le 26 juin, tandis que l’agent immobilier lui adressait le 27 juin un courrier l’informant de
l’acceptation de cette offre par les consorts Y... ; que Mme X... a assigné ces derniers en restitution
de la somme versée et en paiement de dommages-intérêts ;

Attendu que pour accueillir cette demande, l’arrêt retient la validité de la rétractation de son offre
d’achat par Mme X..., celle-ci étant intervenue par lettre recommandée expédiée le 26 juin 2000,
antérieurement à l’émission, par les consorts Y..., de leur acceptation par lettre recommandée
expédiée le 27 juin 2000 ;

Qu’en statuant ainsi, alors que si une offre d’achat ou de vente peut en principe être rétractée tant
qu’elle n’a pas été acceptée, il en est autrement au cas où celui de qui elle émane s’est engagé à ne
pas la retirer avant une certaine époque, et alors qu’elle avait constaté que les consorts Y...
disposaient d’un délai jusqu’au 27 juin 2000 pour donner leur accord, et qu’il en résultait que Mme
X... s’était engagée à maintenir son offre jusqu’à cette date, la cour d’appel a violé le texte susvisé ;

PAR CES MOTIFS, et sans qu’il y ait lieu de statuer sur le second moyen :

CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l’arrêt rendu le 17 octobre 2005, entre les parties,
par la cour d’appel de Pau ; remet, en conséquence, la cause et les parties dans l’état où elles se
trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d’appel de Pau,
autrement composée ;

Condamne, ensemble, Mme X... et M. Z... aux dépens ;

Dit que sur les diligences du procureur général près la Cour de cassation, le présent arrêt sera
transmis pour être transcrit en marge ou à la suite de l’arrêt cassé ;

Ainsi fait et jugé par la Cour de Cassation, troisième chambre civile, et prononcé à l’audience
publique du sept mai deux mille huit, par M. Cachelot, conseiller le plus ancien faisant fonction de
président, conformément à l’article 452 du code de procédure civile.

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 48


Publication : Bulletin 2008, III, N° 79

Décision attaquée : Cour d’appel de Pau du 17 octobre 2005

Titrages et résumés : VENTE - Offre - Acceptation - Délai - Rétractation antérieure à l’expiration du


délai - Effet

Viole l’article 1134 du code civil la cour d’appel qui retient qu’une offre a été valablement rétractée
avant la date impartie au destinataire pour donner son accord, alors que l’existence de ce délai
impliquait que l’auteur de l’offre s’était engagé à la maintenir jusqu’à cette date

Précédents jurisprudentiels : Dans le même sens que : 3e Civ., 10 mai 1968, pourvois n° 66-13.187 et
66-13.186, Bull. 1968, III, n° 209 (1) (arrêts n° 1 et 2)

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 49


METHODE DE LA DISSERTATION

Particularités de l’exercice :
- l’objectif est de mobiliser vos connaissances afin de les mettre au service d’une
démonstration.
- Le sujet posé présente un intérêt qu’il vous appartient de déterminer et de mettre en
valeur dans vos développements.
- Le sujet, même s’il n’est pas formulé sous forme de question, vous invite à dégager
une problématique. C’est le centre de la dissertation juridique : tout exposé, toute
démonstration suppose que l’on sache où l’on veut aller et la problématique est là
pour guider votre réflexion.
Exigences de l’exercice : si les connaissances sont nécessaires pour parvenir à exposer de
véritables arguments, juridiquement fondés, elles ne sont pas suffisantes puisqu’elles devront
s’intégrer à une véritable réflexion (analyse, démonstration).

I. LE TRAVAIL PREPARATOIRE

Ce travail préparatoire s’articule autour de deux grandes étapes : la compréhension préalable du sujet
puis la détermination des connaissances utiles à son traitement.

A) LA COMPRÉHENSION DU SUJET

 Afin d’éviter les hors sujet (HS), il convient d’abord de bien lire le sujet pour s’assurer de
bien le comprendre.

 Il faut ensuite délimiter le sujet : il s’agit ici autant d’éviter le HS que de ne pas perdre de
temps dans l’étape fondamentale qui suivra : l’exposé des connaissances nécessaires au
traitement du sujet.

Pour cela, il vous appartient de définir les termes du sujet, cela vous donnera une première
délimitation. Ensuite, vous délimiterez historiquement, géographiquement et matériellement le sujet.
Cette étape est essentielle pour éviter de passer 3h à développer un sujet qui n’était pas celui posé.

Exemple : si le sujet est « Le Président de la République », vous ne pouvez vous contenter de traiter du
Président de la République sous la Ve. De même, si le sujet est « Le Président de la République sous la
Ve », vous ne pourrez consacrer une partie ou une sous-partie aux Présidents des Républiques
précédentes.

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 50


B) L’EXPOSÉ DES CONNAISSANCES

Une fois cette 1ere étape terminée, jetez sur votre brouillon l’ensemble des connaissances
utiles au traitement du sujet. Il s’agit de réaliser un inventaire précis et exhaustif des idées,
notions, concepts à exposer. Les connaissances à mobiliser relèvent tout autant du cours magistral, des
apports complémentaires fournis en TD ou lors de vos recherches.

Essayez d’adopter une approche dynamique, qui vous permettra déjà de percevoir l’intérêt
du sujet. Cela facilitera la formulation d’une problématique.

Cette approche dynamique peut prendre la forme d’une arborescence :

Idée première → élément permettant de la développer →illustration-exemple

→ 2e argument en lien avec le 1er

→conclusion à laquelle ces 2 arguments permettent d’aboutir

Cette présentation vous aidera à ordonner vos idées et à avoir une vision qui facilitera la construction
d’une argumentation et donc la détermination d’une problématique.

II. LA CONSTRUCTION DU DEVOIR

Une fois l’ensemble des connaissances répertoriées, l’étape suivante consiste à construire le devoir.
Cette étape requiert la mise en évidence d’une problématique laquelle sous-tend la structuration du
plan.

A) LA DETERMINATION DE LA PROBLEMATIQUE

Exigences de l’exercice : Ce que l’on attend de vous, face à une dissertation, ça n’est pas de
réciter le cours, mais de mettre vos connaissances au service d’une démonstration.
o Dissertation ≠ récitation de cours

Pour cela, vous devez dégager une problématique c’est-à-dire dégager l’intérêt du sujet,
percevoir le problème sous-jacent dans l’intitulé de celui-ci.

Il ne s’agit pas seulement d’une question, sinon la démarche risque être descriptive alors que
l’on attend de vous de l’analyse.

Attention : Il sera très difficile de dégager la problématique si les connaissances sont insuffisantes
ou mal assimilées, parce qu’alors vous ne pourrez percevoir l’intérêt du sujet.

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 51


Il est donc impératif d’être régulièrement à jour de ses cours (et si nécessaire de les approfondir :
recherches en bibliothèque, lecture de la presse spécialisée, suivi de l’actualité juridique, politique,
sociétale, etc.

La problématique doit être formulée le plus clairement possible : si vous n’avez pas une idée claire
de ce que vous voulez démontrer, vous allez peiner à construire un plan et à mener une argumentation
convaincante.

B) LE PLAN

Exigences de l’exercice : le plan est une structure permettant d’articuler de manière


cohérente et démonstrative les idées
 le plan ne traite que le sujet, tout le sujet et rien que celui-ci (pas de hors-sujet)

Grâce à la problématique, vous avez déterminé l’intérêt du sujet et avez formulé le problème qu’il
vous invitait à traiter sous forme interrogative. Le plan constitue la réponse que vous apportez à ce
problème ; réponse qui doit être structurée dans un plan en 2 parties, chacune comprenant deux sous-
parties.

 L’élaboration du plan
Vous avez constaté, lors de l’exposé des connaissances que certaines idées permettaient de traiter une
partie du sujet. Vous pourrez les regrouper à l’intérieur d’une partie ou d’une sous-partie, et l’idée
directrice que vous créez ainsi, se retrouvera dans le titre.

Il vous appartient, à ce stade, et toujours au brouillon, de ne pas vous contenter d’un squelette,
n’indiquant que les titres des I), A)-B). Vous devez détailler votre plan en précisant les arguments qui
vous permettront de développer votre idée directrice et d’apporter une réponse partielle, mais
argumentée, au problème dégagé.

Architecture générale d’un plan :

a)
1)
A)... b)
I/ ... 2)
B)...
problématique
A)..
II/ ...
B)...

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 52


Vous allez donc établir une grille de plan en indiquant dans vos subdivisions les idées/notions
qui seront développées. Ceci permet d’éviter, au cours de la rédaction, les contradictions et les
répétitions qui traduisent un défaut dans le raisonnement.

Illustration : processus de construction du plan traitant de « la législation royale sous l’Ancien


Régime » (V. Annexes)

1ère idée : le pouvoir du monarque français est d'essence divine donc absolue.Il se traduit
d'abord d'un point de vue chronologique par l'exercice du pouvoir judiciaire et législatif puis
par l'instauration progressive d'un pouvoir administratif qui permet à l'administration royale
de supplanter le système féodal
 2 sous-idées :
- caractère divin du pouvoir royal assorti du pouvoir d'administration du royaume
- pouvoir de légiférer détenu par le monarque
Intitulé synthétisant ces 2 idées : I / Le roi, souverain législateur

A. 1ère sous-idée : le pouvoir du souverain est d'essence B. 2e sous-idée : le pouvoir


divine et comprend le pouvoir d'administrer le royaume par législatif du roi prend
le biais de la législation plusieurs formes et
s'effectue avec le concours
intitulé : Pouvoir de droit divin et centralisme étatique d'agents spécialisés

2e développement (2) :
1er développement (1) :
1er développement (1) : utilisation du pouvoir
formes des actes royaux,
notion, contenus du pouvoir législatif pour réformer
champ d'application,
monarchique de droit divin : l'Etat féodal , organiser une
distinction par rapport aux
rendre la justice et légiférer administration royale
lois fondamentales
centralisée...

Faites figurer au brouillon au moins deux idées sous forme de 1) ou a), sans avoir à formuler
un titre puisque ces subdivisions n’auront pas à apparaître sur votre copie. Il vous suffit d’indiquer
l’idée que vous voulez développer. Cela vous permet de vérifier l’équilibre de votre travail, si vous ne
parvenez pas à définir un 1) et un 2) pour traiter une sous-partie, c’est que vous avez mis en avant une
idée qui n’était pas suffisamment importante, il faut revenir sur votre plan et sur l’exposé des
connaissances.

Vous aurez ainsi établi un plan détaillé. Ces détails sont nécessaires et vous aideront à ne pas
vous perdre dans les développements. Ils permettront à votre travail d’être équilibré et faciliteront la
bonne gestion du temps. Songez que lorsque vous arriverez au II-B), il y aura plus d’une heure que
vous aurez établi votre plan et, si vous n’avez pas à ce stade fourni un minimum de détail, vous aurez
oublié ce que vous vouliez développer.

 Les intitulés du plan


Les titres des subdivisions doivent être rédigés, mais il ne peut s’agir de phrases. Les verbes conjugués
sont donc interdits et vous devez privilégier les titres courts. Les termes doivent être choisis avec soin.

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 53


 La lecture des intitulés doit permettre d’appréhender votre raisonnement, les
différentes articulations de la dissertation.

 Dernier élément du plan détaillé : les chapeaux introductifs et les transitions.


 les chapeaux introductifs permettent d’indiquer aux lecteurs comment vous avez subdivisé votre
argumentation en deux temps.

 les transitions constituent une sorte de conclusion à votre sous-partie ou à votre partie, elles vous
permettent de rattacher vos développements au sujet. Les transitions permettent de montrer au lecteur
que vous aviez gardé à l’esprit le sujet et que tous les éléments que vous avez exposés permettent
d’apporter un argument permettant de résoudre le problème, d’éclairer le sujet.

L’idéal serait de le faire dans les développements, mais vous allez être emportés par votre volonté de
bien faire et de tout dire, qui va vous entraîner à réciter le cours et non à créer une démonstration.

CONSEILS PRATIQUES : Pour vous assurer de ne pas oublier ces éléments essentiels, vous pouvez, au
brouillon et non pas sur la copie, les faire figurer dans une couleur différente. Ainsi vous vous rendrez
compte instantanément de l’oubli et pourrez le corriger rapidement.

NB : C’est un tel plan détaillé qui vous sera demandé lors des séances de TD et que vous devrez
construire lors du Devoir sur Table en milieu de semestre.

III. LA PHASE REDACTIONNELLE

A) L’INTRODUCTION

Parce qu’il faut soigner l’introduction, qui est la première chose que lira le correcteur, vous la
rédigerez d’abord au brouillon. L’introduction doit prendre la forme d’un entonnoir parce qu’elle
doit amener le lecteur, étape après étape, à la compréhension du sujet et du déroulement prévisible de
la démonstration.

Ces étapes sont :

L’accroche : une ou plusieurs phrases sur le thème du sujet, permettant d’accrocher l’attention
du lecteur. Différents éléments peuvent être utilisés pour attirer l’attention du lecteur : une
citation, un fait d’actualité, un fait historique…

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 54


Il faut éviter les accroches trop générales : ex : « De tout temps, les hommes ont cherché à
s’organiser... ». Si vous utilisez une citation, n’oubliez pas de la rattacher au sujet (et de
mentionner son auteur).

La définition des termes du sujet : Il vous appartient de vous réapproprier les termes et les
définitions. Si un même terme à plusieurs sens, choisissez toujours le sens juridique.

Erreurs à éviter : énumérer une succession de définitions issues du dictionnaire.

La délimitation du sujet : afin de vous assurer que vous n’êtes pas hors sujet,, vous pouvez,
dans un premier temps, opérer une délimitation positive (voilà ce que le sujet nous invite à
traiter) et une délimitation négative (il ne sera pas question, dans ce devoir, de …). Lors de la
délimitation du sujet, vous présenterez le contexte (historique, politique, social, géopolitique,
économique, doctrinal, jurisprudentiel…) et exposerez les questions englobées par le sujet.

Puis, progressivement lorsque vous serez plus aguerri, passez la délimitation négative qui alourdit
votre introduction.

La reformulation du sujet : d’abord en exposant son intérêt, puis en formulant votre


problématique. Le fait d’exposer l’intérêt du sujet, vous permet d’intégrer votre problématique
dans une phrase plus large, qui doit vous conduire à éviter une démarche descriptive. La
problématique doit prendre la forme d’une seule question, elle doit être formulée de manière
claire. On le répète, impossible de mener une démonstration correcte si vous n’avez pas une
idée claire de ce que vous voulez démontrer.

L’annonce du plan : puisque le plan répond à votre problématique, il est logique qu’il se situe
juste après celle-ci et comme nous sommes arrivés au bas de l’entonnoir, l’introduction se
termine sur cette annonce de plan.

Ne doivent être formulés que les titres des I et II. Soignez la formulation, il ne doit pas s’agir d’un
copier coller des titres. Vous devez intégrer les idées directrices à l’intérieur d’une ou de deux phrases.
Il existe un lien entre vos deux parties, à vous d’utiliser les ressorts de la langue française pour
montrer ce lien : opposition, complémentarité…

Erreurs à éviter : Évitez les annonces de plan ainsi formulées : « nous étudierons dans un grand I »,
« nous envisageons dans une seconde partie (II) », et toute formule équivalente.

Exemple : « S’il est vrai que le Président apparaît comme la clé de voûte du régime (I), son pouvoir se
résume, comme le souligne Michel Debré, à un pouvoir de sollicitation (II) ».

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 55


B) LA RÉDACTION

Il doit maintenant vous rester 1h30 environ pour rédiger totalement votre rédaction.

La copie n’est pas notée au kilo, mais à la qualité des développements.

Veillez à la clarté de vos propos, à la précision des termes employés (privilégiez l’usage des termes
juridiques) et à la rigueur de votre raisonnement (démonstration).

Veillez à soigner la présentation, à mettre les titres en valeur (surtout pour un plan détaillé). Vous
pouvez les souligner à condition d’éviter la « copie arc en ciel », restez sobre.

RAPPEL : Procédez toujours à une RELECTURE

La relecture n’est pas une étape optionnelle, les fautes sont préjudiciables à la bonne
compréhension de la copie et vous éloignent de la moyenne.

CONSEILS PRATIQUES : Ménagez-vous du temps pour vous relire et corriger syntaxe, style et
orthographe.

Dans tous les cas, si vous devez barrer sur votre copie, faites le proprement (à l’aide d’une règle), cela
vous évitera de changer de copie en cours d’examen. Si vous utilisez un effaceur, attention à ce qu’il
n’efface pas également l’autre face de la copie.

POUR S’EXERCER …

Sujet ❶ – H.D.I (S2) : La législation royale sous l’Ancien Régime

Sujet ❷ – Droit des personnes (S2) : L’altérité sexuelle en droit français

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 56


METHODE DU COMMENTAIRE DE TEXTE

Le support de ce type d’exercice peut être varié : articles de la Constitution, extraits de loi ou de textes
divers (article de presse, de doctrine…), extraits de mémoire, d’une missive royale, etc.

Particularités de l’exercice :
- Il s’agit ici de commenter, d’expliquer la pensée d’un auteur.
- La difficulté de l’exercice consiste à éviter la paraphrase.
- les étudiants ayant peu révisé ou peu compris la matière ont tendance à répétez la
pensée de l’auteur, souvent de manière moins claire et pertinente. Or, en répétant,
vous n’expliquez pas, vous ne répondez pas aux consignes de l’exercice.
Exigences de l’exercice :
- mettre en exergue votre esprit d’analyse et de synthèse
- mobiliser de manière concrète les connaissances acquises

I. APPRÉHENSION ET COMPRÉHENSION DU TEXTE

A) LECTURE ET COMPREHENSION GENERALES DU TEXTE

Procéder à plusieurs lectures du texte :

Lors de la première étape vous devez lire, relire, re-relire le texte soumis. Si le texte est court, vous
devez, à la fin de l’exercice le connaitre par cœur à force de l’avoir étudié…

- Pour la 1ère lecture n’utilisez ni stabilo, ni crayon : il s ‘agit de prendre connaissance du texte,
d’en saisir l’objet, le contexte, l’intérêt…
- Si tout est souligné, surligné… cela deviendra illisible et vous ne pourrez pas mener
un bon travail.
- Lors des lectures suivantes (2e, 3e lecture, etc), vous utiliserez un stabilo ou un crayon afin de
repérez les éléments d’information principaux :
- Identifiez l’auteur,
- identifiez la période d’écriture, la nature du texte,
- Repérez les mots clés, concepts, principes, les termes à définir
- Identifiez les grandes idées et leurs développements (sous-parties, paragraphes,
alinéas…).

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 57


Une fois ceci fait, il convient de procéder à une analyse approfondie du texte.

B) ETUDE DU TEXTE

L’étude approfondie du texte doit permettre de se garder de deux écueils : la paraphrase et la récitation
du cours ou d’un manuel.

 Pour bien comprendre de quoi il retourne, vous pouvez afin de décortiquer le texte, répondre
aux questions basiques : Qui ? Quoi ? Quand ? Comment ? Dans quel but ?...

CONSEILS PRATIQUES : cette technique est d’une grande utilité en particulier pour l’analyse des
articles de la Constitution, d’un extrait de loi voire encore d’un texte à caractère administratif,
institutionnel ou historico-juridique, parce que ce sont des textes qui imposent un comportement,
listent les limites au pouvoir accordé à telle institution…

En répondant à ces différentes questions, vous aurez identifié les acteurs de la procédure, l’objectif de
celle-ci, le titulaire d’un pouvoir, les cas dans lesquels il peut utiliser celui-ci… (voir la démarche de G.
CARCASSONNE dans sa Constitution commentée).

Pour répondre à ces questions, vous allez devoir définir précisément les noms propres,
termes techniques, noms d’institutions, dater le texte et les faits relatés, les localiser dans
l’espace.

 Ensuite, pour comprendre au mieux le cheminement intellectuel de l’auteur, il vous appartient


de « dérouler la chaine des pourquoi ». L’auteur évoque cela, le texte soumis a prévu telle
procédure. Pourquoi ? Votre réponse pourra être tirée de l’Histoire, d’autres articles de la
Constitution, de la volonté des auteurs…

Cette étape du commentaire vise à expliciter le texte. Concrètement, vous devez éclairer les aspects
auxquels le texte se réfère ou qu’il évoque de manière allusive. Cependant, il faudra éviter toute
digression excessive en exposant des informations sans lien réel avec le texte.

Lorsque vous aurez apporté toutes les réponses à ces pourquoi, vous aurez suffisamment de matière
pour commenter le texte. Cela exige donc que vous preniez un peu de recul par rapport au texte, ce
qui ne sera possible que si vous avez suffisamment de connaissances.

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 58


 Vous pouvez également suivre le texte afin de déterminer son objet et sa portée.

NB : En aucun cas vous ne pourrez vous contenter d’un commentaire linéaire - qui suit le
cheminement du texte - parce que vous passeriez à côté de l’analyse.

Il faudra, si vous choisissez cette option, porter une attention particulière à la date de rédaction du
texte, parce que vous devez intégrer à votre commentaire toutes les évolutions qui auront altéré le texte
depuis sa rédaction. C’est particulièrement vrai pour un texte juridique puisqu’il se crée un décalage
entre le texte et sa pratique.

 Dans tous les cas, cette étude doit vous aider à confronter la pensée de l’auteur avec vos
connaissances (en cours, ou en TD, on a vu ça, mais on a aussi ajouté ça ; on a dit l’inverse en
cours et en TD, il doit y avoir une raison, pourquoi, qui faut-il croire, pourquoi…), c’est ainsi
que vous expliquerez le texte.

Ici, vous vous attacherez à apprécier le texte de manière objective. L’objectivité exclue le ton
polémique, agressif, les affirmations péremptoires.

Là encore, essayez de mener une étude dynamique, cela vous aidera à déterminer la
problématique, puis à construire le plan.

C) LA PROBLÉMATIQUE

Avant de rédiger son texte, et même s’il s’agit d’un article de la Constitution, l’auteur a
dégagé une problématique. Comme vous, il a été confronté à un problème et a essayé d’apporter une
réponse à celui-ci

Exemple : comment définit-on l’Etat ? Comment empêcher un abus du pouvoir par son
titulaire ? Quelles conditions poser pour assurer l’équilibre des pouvoirs ?

Vous pouvez suivre la problématique de l’auteur ou essayer de dégager votre problématique,


notamment si vous développez une vision critique du texte.

NB : la critique doit être juridiquement fondée et être défendue grâce à des moyens juridiques.
Dans tous les cas évitez les arguments sortis d’une discussion que vous auriez tenue avec vos
amis au café du coin.

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 59


 Attention : évitez les problématiques descriptives et portez une attention particulière à la
formulation : la problématique doit être claire, sinon vous allez peiner à construire un commentaire
pertinent.

II. CONSTRUCTION DU COMMENTAIRE

A) LE PLAN

 Structuration du plan

Comme dans l’exercice précédent (dissertation), il vous appartient d’ordonner vos arguments dans
un plan en 2 parties, 2 sous-parties, qui constitueront une réponse à la problématique que vous aurez
dégagée.

CONSEILS PRATIQUES : la simple lecture de la problématique puis des intitulés du plan doivent
éclairer le correcteur sur la démonstration logique (raisonnement) que vous allez suivre. Donc le plan
doit « raconter une histoire » c'est-à-dire que chaque développement doit être cohérent et articulé avec
le précédent et le suivant.

Pour construire les subdivisions du plan de commentaire de texte, vous procéderez – de manière
similaire à la méthode de la dissertation - en présentant et explicitant les idées directrices (thèmes)
relevées durant l’analyse détaillée du texte.

chaque idée directrice du texte devra donner lieu à une division du plan selon son
importance et les développements qui y sont attachés (I ou A).

les développements détaillés rattachés à ces idées principales sont regroupés ensemble selon
leur cohérence interne afin de constituer les subdivisions du plan (1, a).

 Rédaction de la copie

Lors de la rédaction, le plan retenu doit être apparent : les intitulés des parties (I/II) et sous-parties
(A/B) doivent être indiqués. Les consignes exposées dans le I) sont valables ici.

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 60


B) L’INTRODUCTION

Ici encore, c’est une étape essentielle. La méthode est la même que celle exposée pour la dissertation,
à une exception près :

Exception : après l’accroche, vous devez replacer le texte dans son contexte (auteur, période, nature
et sujet du texte…). N’oubliez pas de présenter le texte que vous commentez. Il est le centre de votre
réflexion, on doit le comprendre dès votre introduction. Vous pouvez même, s’il n’est pas trop long, le
citer dès l’introduction.

Récapitulatif - l’introduction du commentaire comprend :

 l’accroche
 la contextualisation du texte :
o nature du texte : extrait d’ouvrage, texte de loi, recueil…
o datation du document : contexte historique, institutionnel, politique ou géopolitique…
o présentation du/des auteur(s) – éléments biographiques, courant de pensée auquel
appartient l’auteur…
 la présentation du texte : son objet et l’intérêt qu’il présente
 l’annonce du plan : énoncé des grandes idées du texte autour desquels l’exposé sera construit

Essayez d’adopter une rédaction souple et fluide dans le style pour que l’introduction soit agréable à
lire (pensez toujours à éviter d’être LA dernière copie, celle que l’on n’a pas du tout envie de corriger)

C) LA RÉDACTION

C’est une étape difficile : vous avez souvent fait consciencieusement tout votre travail en
gardant le texte à l’esprit. Mais dès que vous posez votre crayon sur le papier, vous êtes emportés par
la volonté de tout dire et oubliez le texte. Ce faisant, vous vous éloignez du commentaire pour tomber
dans la dissertation, ce qui n’est pas l’exercice et vous coûtera des points (impossible d’espérer la
moyenne si vous ne répondez pas aux consignes).

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 61


CONSEILS PRATIQUES :

- obligez-vous à faire des citations du texte, à illustrer vos développements avec les propos de
l’auteur. Vous montrerez ainsi au correcteur que vous n’avez pas oublié le texte, qu’il reste le
centre de votre préoccupation.
- les citations permettent d’éviter la paraphrase : si en relisant votre développement et la
citation, vous vous rendez compte que vous vous contentez de reformuler la pensée de l’auteur
sans l’expliquer, vous ne répondez pas à l’exercice.

En dernier lieu, procédez à une relecture de votre rédaction en veillant à corriger les éventuelles
fautes (grammaire, syntaxe, style) et à pallier à tout oubli ou insuffisance dans les explications
fournies (auquel cas, vous indiqueriez, en annotation, ces compléments de commentaire soit dans la
marge de la copie soit en pied de page).

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 62


TEXTE A COMMENTER

Article premier de la Constitution du 4 octobre 1958 (modifié par les lois constitutionnelles
du 5 aout 1995, du 29 mars 2003 et du 23 juillet 2008) :

« La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi
de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son
organisation est décentralisée.

La loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, ainsi
qu’aux responsabilités professionnelles et sociales. »

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 63


LE CAS PARTICULIER DU TEXTE A ERREURS

1° PARTICULARITES DE L’EXERCICE

Le cas pratique peut prendre la forme d'un texte que l'auteur vous soumet afin que vous corrigiez ses
erreurs. Là encore il s'agit d'une mise en situation, donc d'un cas pratique.

Cet exercice est utile à double titre : il permet d’une part, de vérifier votre capacité d’analyse critique
d’un texte et d’autre part, il permet de mesurer tant vos connaissances que votre aptitude à les restituer
de manière argumentée.

2° EXIGENCES

Savoir procéder à une lecture critique d’un document (mise en perspective et confrontation des
connaissances acquises avec la teneur du texte)
Identifier précisément et correctement toutes les erreurs (erreurs grossières, contresens,
inexactitudes, pièges…)
Expliquer en quoi l’affirmation contenue dans le texte constitue une erreur (ceci suppose une
maîtrise des connaissances et une capacité d’argumentation).

3° METHODE

Il est ici inutile de recopier le texte, mais prenez bien garde de bien identifier toutes les erreurs.
Ne vous armez donc pas trop vite de votre stabilo.

 1ère étape : Procéder à plusieurs lectures du texte :


o lisez d'abord une fois le texte sans rien écrire dessus pour en comprendre le sens
général ;
o lisez une seconde fois pour repérer les erreurs les plus grossières : vous pouvez alors
utiliser un stabilo, crayon, marqueur pour mettre en exergue ces erreurs ;
o lisez une, deux ou plusieurs fois supplémentaires (selon la longueur ou la complexité
du texte) pour identifier les pièges et erreurs plus subtiles qui vous seront tendus dans
l'énoncé (contresens, inexactitudes).

CONSEILS PRATIQUES : A l’issue de ces multiples lectures, vous pouvez par exemple numéroter – sur
le document - les erreurs relevées afin de vous assurer de toutes les traiter.

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 64


 2ème étape : Analyser et expliciter l’erreur

Une fois ce travail préalable effectué, il faudra expliquer pourquoi selon vous il s'agit d'une erreur et
comment vous corrigeriez l'énoncé. Effectivement, il ne suffit pas d'identifier les erreurs car vous serez
jugés sur votre capacité à expliquer pourquoi l'affirmation est fausse et à la corriger.

CONSEILS PRATIQUES : votre réponse doit être formulée de la manière suivante….

Exemple :

- Erreur n° 1 (ligne x, paragraphe x) : citation du texte « …… » ;


- Ce propos/cette affirmation constituent une erreur/une inexactitude/un contresens… car
(énoncé de la correction que vous apporteriez).

Concrètement, la rédaction de votre réponse corrigée doit satisfaire aux exigences classiques de la
logique et de l’argumentation. En ce sens, la réponse apportée peut être construite en se référant aux
étapes 2 et 3 de la méthode de la QRC (v. infra).

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 65


POUR S’EXERCER
e
(Sujet de méthodologie L1S2, 2016-2017, 2 semestre)

Relevez et expliquez les erreurs qui se sont glissées dans le texte suivant :

Le contrôle de constitutionnalité des lois est exercé par le Conseil d’Etat. Celui-ci peut être saisi uniquement
par le Président de la République pour contrôler la constitutionnalité d’une norme législative avant sa
promulgation.

Certains textes législatifs sont soumis à ce contrôle de constitutionnalité a priori en vertu de l’article 55 de la
Constitution. Lorsque la loi est déclarée conforme à la Constitution, celle-ci est automatiquement abrogée.
Dans le cas contraire, elle est promulguée et publiée au Journal « Le Monde ».

En octobre 1958, un article 61bis a été inséré dans la Constitution et prévoit la possibilité de saisir le juge
constitutionnel à l’occasion d’une instance en cours devant une juridiction. Cette procédure, dénommée «
question prioritaire de conformité », ne s’applique que lorsqu’une loi porte atteinte aux droits et libertés que la
Constitution garantit et ce, même si elle ne s’applique pas directement au litige.

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 66


METHODOLOGIE DE LA QRC

Vous allez être confrontés, en travaux dirigés lors des interrogations écrites et dans la plupart
des examens sanctionnant les matières non assorties de travaux dirigés, à un exercice particulier : les
Questions à Réponse Courte.

Une fois encore, il ne s'agit pas de réciter votre cours, même si une connaissance
pointue de celui-ci est nécessaire, mais de répondre à la question posée qui
impose souvent une réflexion.

1° PARTICULARITES DE L’EXERCICE

L'exercice est complexe dans la mesure où vous allez devoir ordonner vos connaissances pour apporter
une réponse argumentée dans un espace délimité : en général une vingtaine de lignes (mais il faudra
vous référer aux consignes de l'enseignant).

Ici encore, on attend de vous une démonstration. Mais contrairement à la dissertation, le plan
n'a pas à être apparent dans cet exercice.

 Attention : Absence de plan apparent ne signifie toutefois pas absence d'organisation. Il va


vous falloir apporter une réponse cohérente et éviter les retours en arrière… en sachant que
vous n'aurez pas le temps de rédiger votre réponse au préalable au brouillon, puisque lors des
examens vous aurez une heure pour répondre à trois ou quatre questions.

2° EXIGENCES

Produire une réponse argumentée et pertinente :


 Ceci suppose de produire une réponse assise sur des connaissances sérieuses
 La réponse doit être construite c’est -à-dire logique et cohérente
Faire preuve de capacité de synthèse, de logique et de démonstration ; donc cela suppose :
 une connaissance approfondie du cours résultant d’un apprentissage régulier et
progressif afin d’assimiler les connaissances cours après cours ;
 l’exclusion de tout bachotage ;
 l’exclusion de toute impasse dans l’apprentissage du cours.

Sont à éviter :

 l’exposé de connaissances trop générales


 l’exposé de connaissances sans rapport avec la question
 un exposé qui laisse sans réponse la question posée.

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 67


3° METHODE

Vous devrez donc vous contenter au brouillon de construire la structure de votre réponse.

Pour ce faire, il vous faut organiser de manière méthodique votre réflexion en suivant le cheminement
suivant :

 1ère étape : comprendre les termes de la question (définitions, concepts, champ matériel,
contexte temporel ou géographique…).
o Cette première étape permet de cerner le cadre général de la question / du sujet.

 2ème étape : recenser les différentes connaissances utiles pour « traiter » la question c’est-à-
dire y répondre.
o Il s’agit là de faire la part entre les connaissances indispensables à la formulation
d’une solution (réponse précise), celles connexes pouvant être simplement évoquées et
celles totalement accessoires pouvant être écartées. V. supra – Erreurs à éviter.

 3ème étape : organiser de manière logique ces idées afin de présenter une argumentation
permettant de répondre précisément à la question (démonstration).

CONSEILS PRATIQUES : A ce stade de votre réflexion, vous pouvez …

 soit numéroter les différents éléments de réponse déjà annotés sur votre brouillon pour
établir un fil logique ;
 soit, sur une autre feuille de brouillon, reprendre de manière synthétique et ordonnée
ces éléments selon l’ordre démonstratif que vous souhaitez leur donner.

Comme pour les autres exercices, l’important ici est d’assimiler les connaissances et d’être capable de
les mettre au service d'une démonstration.

 4ème étape : rédaction de la réponse en respectant le nombre de lignes maximum indiqué dans
les consignes (ou s’il n’est pas précisé, la réponse doit comporter au plus une vingtaine de
lignes).

 Attention : Tout ce qui excède le nombre de lignes imposé ne sera pas corrigé. Il vous est
donc conseillé de prendre, discrètement, des repères sur votre copie. Cela vous permettra d'avoir une
idée physique de l'espace dans lequel vous devez apporter votre réponse.

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 68


Concrètement, la réponse attendue doit comporter, comme pour une introduction, une définition des
termes importants de la question posée, une explication logique du sujet qui vous permettra de donner
une direction à votre exposé tout en délimitant clairement le cadre de votre réponse.

POUR S’EXERCER ….

Sujet ❶ - Droit constitutionnel : Le référendum

Sujet ❷ - Droit constitutionnel : Pourquoi estime-t-on que le Président est, sous la Troisième République, un
"manchot constitutionnel"?

ENCORE PLUS D’EXERCICES….

Exemples de QRC données par vos enseignants :

 Droit constitutionnel (S1 et S2)


 Le régime présidentiel
 Comment le Parlement peut-il mettre en jeu la responsabilité du Gouvernement sous la Vé
République ?

 Introduction au droit privé (S1) :


 Les caractères de la règle de droit
 L’inviolabilité du corps humain : les atteintes au corps / les opérations chirurgicales

 Institutions Administratives (S2) :


 Les compétences du Conseil économique, social et environnemental
 La séparation des autorités administratives et judiciaires : origines et effets sur l’organisation
de la justice française.

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 69


III - ANNEXES

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 70


CORRIGE DU COMMENTAIRE D’ARRET - voir page 87

EXEMPLES DE CORRIGES DE DISSERTATION

Sujet ❶ : La législation royale sous l’Ancien Régime (réponse construite par Gaëlle COMPPER)

Délimitation du sujet – recensement des éléments d’analyse :


 cadrage temporel : période de l’Ancien Régime (fin du 16e s. à la Révolution de 1789) –
période caractérisée par la construction de l’absolutisme monarchique, c'est-à-dire la
centralisation progressive de l’exercice du pouvoir. L’outil législatif devient un moyen par
lequel le pouvoir royal se consolide (ex : rédaction des coutumes, formulation des grandes
ordonnances du royaume).
 cadrage juridique :
o définir la notion de législation royale (« lois du roi ») par opposition aux « lois du
royaume » ou lois fondamentales (sorte de constitution coutumière)
o recenser les formes d’actes royaux : ordonnance, édit, déclaration ; distinction
formelle entre lettres patentes (prises en Conseil, signées du roi et scellées) et arrêts du
conseil (dépourvus du sceau royal et dispensés d’enregistrement)
o identifier le processus législatif :
- en principe, ce pouvoir est entièrement détenu par le roi seul qui décide en Conseil mais la
complexité des affaires et le développement de l’appareil d’Etat conduisent à ce que la
rédaction des « projets » soit confiée aux ministres, secrétaires d’Etat, chancelier ou
Contrôleur général des Finances - le chancelier vérifie et scelle le texte validé en Conseil ; il
acquière force exécutoire
- mais il y a parfois des tentatives de partage du pouvoir législatif
- le chancelier peut refuser de sceller les actes royaux ;
- les Etats généraux lors des ordonnances de réformation (1575-77) ont prétendu que
leurs décisions pouvaient avoir force de lois irrévocables – refus de la royauté et
suspension de la réunion des Etats entre 1614 et 1789 ;
- les cours souveraines (parlements) disposent d’un pouvoir de remontrances à
l’occasion de l’enregistrement et de la publication des actes royaux ; l’opposition des
parlementaires crée parfois des conflits avec le pouvoir royal (lettres de jussion,
itératives remontrances, tenue d’un lit de justice par le monarque) – limitation du droit
de remontrances (1667), suppression des remontrances préalables (1673), mais
réapparition en 1715 (sous Louis XV).
-

Exemple de plan :

Introduction :
 phrase d’accroche

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 71


 délimitation temporelle et juridique : 16e-18e siècles ; distinction par rapport aux lois
fondamentales
 intérêt du sujet : comprendre l’exercice du pouvoir législatif dans un régime monarchique et
les ferments de sa contestation/réformation en 1789

Problématique : sous l’Ancien Régime, le pouvoir législatif du monarque s’exerce-t-il de manière


absolue ?

Annonce du plan : bien que considéré comme l’une des expressions de l’absolutisme du monarque (I),
le pouvoir législatif sous l’Ancien Régime souffre de tentatives de partage (II).

I. Le roi, souverain législateur


A. Pouvoir monarchique de droit divin et centralisme étatique
 pouvoir monarchique de droit divin : notion, contenu (pouvoir législatif,
judiciaire, administratif)
 utilisation du pouvoir de faire les lois pour réformer l’état féodal et asseoir
l’absolutisme monarchique (centralisme) : rédaction des coutumes,
ordonnances de réformation, affaiblissement du poids de la législation
canonique, organisation de l’administration (justice, police, finances, droit de
la famille…)
B. La rédaction des lois du roi, œuvre des grands commis de l’Etat
 forme des actes royaux, champs d’application – distinction par rapport aux
lois du royaume
 modalités de rédaction des lois du roi, force exécutoire
II. Les tentatives de partage du pouvoir législatif
A. Le pouvoir de contrôle du Chancelier
 grand officier du royaume ; charge inamovible ; devoir de conseil permet la
possibilité de s’opposer à l’enregistrement des actes royaux par refus de
scellement – contournement de ce risque par la nomination d’un Garde des
Sceaux par le roi uniquement chargé de procéder au scellement des actes
B. Les frondes des corps constitués
 Etats Généraux : au 16e s., volonté d’apparaître comme un contre-pouvoir
s’imposant au monarque ; bras-de-fer politique, dissolution des Etats
 les parlements et cours souveraines : indépendance fondée sur le statut
juridique des parlementaires (majoritairement titulaires d’offices vénaux) –
pouvoir de remontrances issus du devoir de conseiller le monarque
(conception médiévale) – transformation en velléités de contribution à
l’exercice du pouvoir législatif à partir du 17e s ; explication du processus des
remontrances ; frondes parlementaires ; tenue de lits de justice par le roi
(réaffirmation du pouvoir exclusif du monarque) ; restrictions temporaires du
droit de remontrances par le roi (Louis XIV, Louis XV)

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 72


CORRIGE DE COMMENTAIRE DE TEXTE

Article premier de la Constitution du 4 octobre 1958 (modifié par les lois constitutionnelles
du 5 aout 1995, du 29 mars 2003 et du 23 juillet 2008) – (réponse construite par D. REIGNER)

« La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi
de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son
organisation est décentralisée.

La loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, ainsi
qu’aux responsabilités professionnelles et sociales. »

PREMIERE ETAPE : Analyse contextuelle :


Il faut recueillir le plus d’éléments sur le texte, en dehors de son contenu :

 Son auteur,

 La période d’écriture ?

 Le type de texte : texte juridique et lequel : loi, Constitution, décision de justice..., article
d’une revue juridique, article de presse,...

 Un ensemble de données physiques sur le texte : le nombre d’alinéas, de phrases, la place de


l’extrait dans le texte, un éventuel déséquilibre entre les alinéas ou différentes parties du texte
...

Ici : c’est le 1er article la Constitution de 1958

La Constitution est l’acte fondateur de l’Etat, qui organise la séparation des pouvoirs (exécutif
législatif et judiciaire) et les relations que les titulaires (chef d’Etat, Parlement...) vont entretenir.

Plus précisément ici, c’est la Constitution de la Ve République, adoptée par le peuple français
par referendum. C’est donc le premier article de la norme suprême, située au sommet de la pyramide
des normes.

L’énoncé nous apprend que le texte a été modifié2.

Physiquement, le texte s’organise autour de deux alinéas et il faudra s’interroger sur cette
présentation. S’il y a séparation c’est que constituant a voulu, au sein d’un même article, consacrer
deux principes différents, qui sont souvent complémentaires (on a souvent l’affirmation d’un principe

2
Vous trouverez les anciennes version de ce texte sur :
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexteArticle.do;jsessionid=C4F86A9C1905A560FC31C975B83CC656.tpdjo1
3v_3?idArticle=LEGIARTI000006527448&cidTexte=JORFTEXT000000571356&categorieLien=id&dateTexte=199
50804

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 73


dans le premier alinéa, puis l’exception. Ici ce n’est pas le cas, le constituant a consacré le deuxième
alinéa au principe de parité, qu’il a mis en valeur en le séparant de l’énumération de l’alinéa 1).

DEUXIEME ETAPE : Analyse du fond :


Ici il faut lire et relire le texte

1) Premier alinéa

Première remarque : on a une logique énumérative « la France est » : ... Et on a ensuite un


ensemble de caractères de la France

On va suivre la liste et confronter chaque affirmation à nos connaissances et c’est comme cela
qu’on expliquera le texte (ensuite, le commentaire consistera à organiser ces explications dans un plan
en 2 parties, 2 sous-parties)

Analyse :

 « La France est une République » : la France n’est donc pas une monarchie une oligarchie…,
mais un État où la chose publique est l’affaire de tous

 « La France est une République indivisible » : la France est un Etat unitaire et non pas un Etat
fédéral comme les Etats-Unis, le Brésil ou l’Allemagne. Seul l’Etat dispose de la puissance
législative.

 « La France est une République ... laïque » : la République ne reconnaît, ne salarie, ni ne


subventionne aucun culte. Il n’y a pas de religion d’Etat en France.

 « La France est une République … démocratique » : le pouvoir provient du peuple, est exercé
par le peuple dans l’intérêt du peuple (cf. la définition de la démocratie donnée par LINCOLN
: « Le gouvernement du peuple, par le peuple pour le peuple »)

La France n’est donc ni une République populaire, ni une tyrannie, les décisions sont prises par le
peuple ou ses représentants au nom du peuple.

Mais une affirmation de principe ne peut suffire (les tyrannies se présentent également comme des
Etats démocratiques), il faut compléter cette affirmation par d’autres caractéristiques de « l’Etat
démocratique », c’est l’objet de la suite de l’al. 1er

 « La France est une République... sociale » : elle met en œuvre les principes sociaux dégagés
par le Préambule de la Constitution de 1946 (ce que le texte appelle les Principes
Particulièrement Nécessaires à notre Temps – les PPNT - : le droit à la subsistance, le droit au
travail, le droit de grève, liberté syndicales...).

 « La France … assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de
race ou de religion ». Cette République veille à l’égalité. Egalité qui est un des trois éléments
de la devise de la République : « liberté, égalité, fraternité ». La République s’interdit toute
discrimination fondée sur l’origine, la race ou la religion.

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 74


 « La France ... respecte toutes les croyances ». Cette phrase complète le dernier élément de la
phrase précédente. Le caractère laïc de l’Etat signifie que, dans le respect de l’ordre public,
celui-ci garantit à chacun la liberté de croire. Cette liberté de conscience dépasse la liberté
religieuse puisqu’elle peut être aussi politique, philosophique...

 « Son organisation est décentralisée ». C’est ici l’affirmation du caractère indivisible de la


République qui est complétée : la France est un État unitaire, qui reconnaît un pouvoir de
décision au profit de ses collectivités locales, sans toutefois aller jusqu’à leur permettre
d’adopter des lois.

Après l’affirmation des GRANDES VALEURS DE LA REPUBLIQUE, cette phrase est un peu
fade. Pour mener à bien le commentaire, il faut pousser l’analyse, ne pas s’arrêter à ce constat
(« dérouler la chaine des pourquoi »). Il faut s’interroger sur les raisons du constituant : pourquoi clore
ce 1er al. par une phrase lapidaire, qui frappe moins l’esprit que les grandes affirmations précédentes,
symboles de la République française depuis le 19e siècle. C’est qu’en fait cette phrase est le résultat de
la révision du 29 mars 2003- acte 2 de la décentralisation- et que le Premier Ministre de l’époque
tenait à ce que ce principe figure au rang des principes de la Ve République. C’est donc une rédaction
d’opportunité qui aggrave l’impression de catalogue (ce que vous vous devrez toujours éviter dans vos
travaux juridiques).

2) Deuxième alinéa

On remarque tout d’abord, et avec évidence, que cet alinéa est plus court que le 1er.

Le principe ici affirmé est celui de l’égalité hommes-femmes ; il prend la forme de la parité.

Toutefois la rédaction nous indique que la tache du législateur n’est plus seulement d’éviter les
discriminations, ici le constituant fixe un objectif au législateur : « la loi favorise ». C’est l’objectif de
parité qui s’impose au législateur.

Cela a d’abord été la parité en politique (par exemple l’obligation pour les partis politiques de
présenter autant de candidats que de candidates lors des élections, cf les élections municipales de
2014) et plus récemment dans le milieu professionnel (loi du 4 aout 2014 pour l’égalité réelle entre les
hommes et les femmes).

Cet alinéa est le résultat des révisions de 1999 (le principe figurait à l’article 3 de la Constitution) et
2008 (ajout des termes : « ainsi qu’aux responsabilités professionnelles et sociales »).

On l’a dit plus haut, il faut s’interroger : pourquoi consacrer un alinéa nouveau à ce principe ? D’abord
pour le mettre en valeur. Ensuite afin de montrer la différence juridique entre les valeurs
traditionnelles et l’objectif qui s’impose au législateur.

Au final : LE TEXTE CONSACRE LES VALEURS DE LA REPUBLIQUE.

C’est l’objet du texte et donc le sujet de votre commentaire.

Pour construire celui-ci, on peut opter pour la facilité : 2 alinéas qui constitueront l’objet d’études de
nos deux parties.

ATTENTION

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 75


Il y a d’abord un risque de déséquilibre : n’a-t-on pas plus de choses à dire sur le premier alinéa que
sur le deuxième, dont on a déjà pu remarquer qu’il était plus court. Il ne faut pas que le choix
déséquilibre notre commentaire, sinon celui-ci ne sera pas bon.

Deuxième risque : comment doit aller vers l’analyse, suivre la structure du texte peut vous entrainer
vers une étude linéaire, souvent peu satisfaisante

On va ici choisir la facilité, mais vos connaissances doivent être suffisantes pour éviter les 2
risques rencontrés.

I) alinéa 1

II) alinéa 2

On ne pourra pas se contenter de cette approche descriptive, il faudra formuler des titres
traduisant une idée directrice3.

Il faut maintenant chercher à construire ces parties.

Pour l’alinéa 1, on a retenu huit caractéristiques, mais il est impossible de constituer 8 sous-parties. Il
va donc falloir regrouper les huit caractéristiques en 2 sous-parties. La difficulté consiste ici à faire des
recoupements.

Nous avons déjà pu faire certains rapprochements au cours de l’analyse, certains principes venant en
compléter d’autres :

cf. le caractère indivisible de la République et son organisation décentralisée

cf. encore la République laïque, la protection de la liberté de conscience et l’interdiction de


discrimination fondée sur les croyances.

On voit donc que l’on a à la fois des principes politiques : la France est une République, plus encore,
une démocratie ; le caractère indivisible et l’organisation décentralisée de la République.

L’article permet aussi de définir une République protectrice liberté (conformément à la définition de
la Constitution donnée par l’article 16 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen :
« Toute Société dans laquelle la garantie des Droits n’est pas assurée, ni la séparation des Pouvoirs
déterminée, n’a point de Constitution »).

On pourrait donc formuler les titres suivants :

A) Les valeurs guidant l’organisation politique de la République française

B) Une République protectrice des libertés

ATTENTION
3
I/ Une réaffirmation des valeurs traditionnelles de la République

II/ Des valeurs renouvelées : le principe de parité

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 76


Il s’agit d’un squelette et il conviendra lors des exercices de plan détaillé de préciser les idées
que vous voulez développer et donc en quoi il y a ici le principe d’une organisation politique (le
caractère démocratique, l’organisation territoriale...) et comment l’organisation philosophique de la
République la présente comme une organisation protectrice liberté.

Pour le II, la construction doit d’abord permettre d’expliquer la différence de nature qui existe
entre les principes de l’alinéa 1 et l’objectif de l’alinéa 2, pour ensuite s’intéresser aux deux
dimensions de l’objectif de parité : politique puis dans le milieu professionnel.

A) Une protection approfondie du principe d’égalité

B) La parité, une exigence politique et sociale.

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 77


CORRIGES DU TEXTE A ERREURS

Sujet de méthodologie L1, 2016-2017, 2e semestre (réponse construite par Caroline MAMILLONE)

NB : pour plus de commodités, le texte a été directement corrigé avec des notes en pied de page. Pour la mise en forme
dans le cadre d’une épreuve, se référer aux conseils mentionnés dans l’exposé de la méthode.

Le contrôle de constitutionnalité des lois est exercé par le Conseil d’Etat4. Celui-ci peut être saisi uniquement par
le Président de la République 5pour contrôler la constitutionnalité d’une norme législative avant sa promulgation.

Certains textes législatifs sont soumis à ce contrôle de constitutionnalité a priori en vertu de l’article 55 de la
Constitution6. Lorsque la loi est déclarée conforme à la Constitution, celle-ci est automatiquement abrogée. Dans
le cas contraire, elle est promulguée et publiée au Journal « Le Monde »7.

En octobre 19588, un article 61bis 9a été inséré dans la Constitution et prévoit la possibilité de saisir le juge
constitutionnel à l’occasion d’une instance en cours devant une juridiction. Cette procédure, dénommée «
question prioritaire de conformité 10», ne s’applique que lorsqu’une loi porte atteinte aux droits et libertés que la
Constitution garantit et ce, même si elle ne s’applique pas directement au litige. 11

4
Ceci est de la compétence du Conseil Constitutionnel.
5
En vertu de l’alinéa 2 de l’article 61 de la Constitution du 4 octobre 1958, cette initiative du contrôle de
constitutionnalité des lois ne revient pas qu’au Chef de l’Etat, mais aussi au Premier Ministre, au Président de
l’Assemblée Nationale, au Président du Sénat, 60 députés et/ou 60 sénateurs.
6
L’article 55 de la Constitution n’est pas le bon article ici. Celui-ci traite en effet de la supériorité des traités
régulièrement ratifiés et approuvés par rapport aux lois. Ici, la disposition visée est l’article 61 de la
Constitution.
7
Justement, c’est le contraire : lorsque la disposition est conforme, elle est promulguée par le Chef de l’Etat
puis publiée au Journal non pas « Le Monde », mais au Journal Officiel. Dans le cas contraire, elle est
automatiquement abrogée.
8 ème
« Octobre 1958 » correspond au moi et à l’année de l’adoption de la Constitution qui régit la V République.
La date qui est attendue ici est celle de la dernière révision constitutionnelle : la loi constitutionnelle du 23
juillet 2008.
9
La Constitution de 1958 ne contient pas dans ses dispositions d’article 61bis. La révision constitutionnelle
susmentionnée a en revanche inséré une nouvelle disposition au texte constitutionnel : il s’agit de l’article 61-
1.
10
Simple erreur insérée dans l’expression. Il s’agit en effet de la question prioritaire de constitutionnalité et
non pas de la « question prioritaire de conformité ».
11
Les juges administratifs en font une condition sine qua non pour statuer positivement sur le renvoi d’une
QPC devant le Conseil Constitutionnel : la disposition législative dont la non-conformité à la Constitution est
présumée doit s’appliquer directement au litige porté devant les juges du fond.

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 78


EXEMPLES DE CORRIGES DE Q.R.C.

Sujet ❶: Le référendum (50 lignes max)

« Toute loi que le peuple en personne n'a pas ratifiée est nulle ; ce n'est point une loi ». Ainsi,
J. J. ROUSSEAU exprime-t-il sa faveur pour le référendum. Pour l'auteur du Contrat Social (1762),
chaque citoyen détenant en propre une part de souveraineté, doit pouvoir participer à la formation de la
loi, qui n'est autre que l'expression de la volonté générale. Il conçoit toutefois que la démocratie directe
ne saurait être mise en œuvre dans les Etats modernes et entend pouvoir concilier les exigences de la
souveraineté populaire avec le recours inexorable aux représentants. Ces principes sont consacrés aux
articles 6 de la DDHC (« La Loi est l'expression de la volonté générale. Tous les Citoyens ont droit de
concourir personnellement, ou par leurs Représentants, à sa formation ») et 3 de la Constitution de
1958 (« La souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants et par la
voie du référendum »). Ces formulations traduisent autant la foi des rédacteurs en l'idéal démocratique
que leur méfiance à l'égard du peuple qui ne doit rester que le « député d'un jour » (Ch. DE
GAULLE). Les gouvernants n'apprécient, en effet, pas d'être dépouillés de l'un de leurs pouvoirs.
Ainsi, alors qu'en 1958 la consécration du référendum législatif visait à mettre un terme à la
souveraineté parlementaire, on ne dénombre que 7 lois d'origine référendaire sur les quelques 10.000
en vigueur.
Si la plupart des Etats consacrent aujourd'hui le référendum, peu l'ont développé comme la Suisse qui
peut ici servir de modèle. Alors que les autres Etats Fédéraux rechignent à reconnaitre le référendum
qui peut démontrer le caractère factice de leur unité, la Suisse en fait un mode habituel de
gouvernement, conformément à la nature consociative de sa démocratie (A. LIJPHART) fondée sur
l'association et le consensus. En conséquence, en Suisse, le peuple doit accepter les modifications de
la Constitution, qu'il peut d'ailleurs initier, ou s'opposer à la mise en application d'une loi.
Ce détour par la Suisse illustre la diversité des expériences référendaires. Le référendum peut, en effet,
viser l'adoption ou la modification de la Constitution. On parle alors de référendum constituant, en
France cette procédure est aujourd'hui régie par l'article 89 de la Constitution. Il peut également avoir
pour objet l'adoption d'une loi. On évoque, dans ce cas, le référendum législatif, encadré sous la Ve
République par l'article 11.
Le référendum qui peut être national ou local, peut également être qualifié eu égard à son objet. Il peut
s'agir d'une simple consultation du peuple, dont l'avis ne liera pas les représentants. Le plus souvent, il
s'agira de demander au peuple d'adopter le texte soumis, le référendum devient décisionnel et les
gouvernants sont liés par le résultat. Le peuple peut également grâce au référendum être amené à
ratifier un texte dont les termes ont été fixés par les représentants. Cette fois, il s'agit d'un référendum
de ratification nécessaire à l'entrée en vigueur du texte. En France, cette procédure est une des voix
d'adoption définitive d'une loi constitutionnelle. En Suisse, elle permet au peuple de contester une loi
qui vient d'être adoptée par les représentants. Enfin, on peut demander au peuple s'il souhaite qu'une
disposition déjà en vigueur soit abrogée. Il s'agira alors d'un référendum abrogatif puisque l'objet de la
consultation est d'extirper de l'ordonnancement juridique une disposition qui disconvient au souverain.
La Constitution italienne reconnait ce pouvoir aux citoyens, en soumettant l'adoption du referendum à
une condition de quorum. Pour que le résultat de la consultation lie les gouvernants il faut que la

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 79


moitié du corps électoral, au moins, ait participé à la votation. Si le quorum n'est pas atteint, le résultat
est sans valeur juridique.
Dans la plupart des Etats, le recours au référendum est facultatif : ce sont les représentants qui
décident si le droit sera modifié directement par le peuple. Seuls certains Etats, comme la Suisse en
matière constitutionnelle, consacrent l'existence d'un référendum obligatoire. Quelle que soit la
volonté des gouvernants, toute modification de la Constitution doit être soumise au peuple. Les Etats
peuvent encore reconnaitre au peuple un droit d'initier la consultation. Une fois encore, la Suisse est
l'exemple type, mais n'est pas la seule illustration des référendums d'initiative populaire ou RIP.
L'Italie reconnait également ce pouvoir à ses citoyens puisque 500.000 électeurs peuvent initier un
référendum constituant. La France a longtemps préféré laisser la maîtrise du référendum aux
représentants. Elle a récemment introduit une procédure de référendum d'initiative partagée qui, si elle
offre un pouvoir supplémentaire au peuple, continue de trahir la méfiance des représentants à l'égard
des représentés, qui ne peuvent seuls modifier l'état du droit.

D. Reignier in A. BAUDU,
Droit constitutionnel et institutions politiques,
Annales corrigées, GUALINO, Ed. 2016

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Sujet ❷ : Pourquoi estime-t-on que le Président est, sous la Troisième République, un


"manchot constitutionnel"? (réponse construite par D. REIGNER)

Là encore, le sujet impose une comparaison, mais surtout une réponse construite de manière
chronologique et logique. Il va s'agir de cerner la notion de manchot constitutionnel, ce qui doit
amener l'étudiant à mettre en évidence l'idée d'incapacité, d'inaptitude, d'impuissance engendrée par
la Constitution, telle qu'elle est écrite et telle qu'elle est appliquée. Il s'agit donc, in fine, de
déterminer l'étendue et la réalité des pouvoirs du Président de la République sous la Troisième.
Vous pouvez déjà essayer de leur faire trouver le point de départ de l'architecture de la réponse.
Celle-ci suppose des connaissances sur le texte et sur la pratique. Des connaissances précises, les
étudiants ont trop souvent l'impression de connaître les choses parce qu'ils se souviennent des faits
ou parce qu'ils en ont vaguement entendu parler. Il faut essayer d'insister sur le fait que leurs
connaissances doivent être précises.

Voici les éléments qui permettent de traiter de sujets. Tous n'ont pas apparaître dans la QRC,
mais j'ai détaillé au maximum pour vous aider à bien cerner la réponse attendue.

Tout d'abord, le sujet impose un rappel historique même si ce n'est pas le cœur du sujet donc il
faut aller vite sur ce point.
La IIIe République est consacrée par trois 3 lois constitutionnelles : celle du 24 février 1875 relative au
Sénat, celle du 25 février 1875 relative à l'organisation des pouvoirs publics et celle du 16 juillet 1875
relative aux rapports entre les pouvoirs publics.

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 80


Il s'agit de 3 lois de compromis puisque l'assemblée élue par les Français en 1871 est majoritairement
monarchiste, mais que les monarchistes sont divisés en deux branches : les légitimistes qui veulent que
le roi soit le comte de Chambord, descendant de Charles X et la branche orléaniste qui veut que le roi
sur le comte de Paris, descendant de Louis Philippe d'Orléans.
En attendant de trouver une solution, on temporise (c'est la période où le pouvoir exécutif est confié à
Adolphe THIERS) et finalement on se résout à la République (C'est ce qu'on a appelé la conjonction
des centres, qui a permis l'adoption de l'amendement WALLON qui institutionnalise la fonction
présidentielle qui jusqu'alors n'été qu'un titre accordé à une personne et fait entrer la France dans la
République). Les monarchistes se résolvent à la République à condition que les pouvoirs accordés au
Président de la République soient équivalents à ceux d'un roi. Ils entendent, dès que la querelle des
drapeaux (c'est ainsi que l'on qualifie l'opposition entre monarchistes et légitimistes, le comte de
Chambord, sur qui les suffrages des deux branches se sont ralliés, refusant de devenir le roi d'un Etat
qui n'est pas une monarchie absolue d'ancien régime et symbolisant cela par son attachement au
drapeau blanc, symbole de cette monarchie, de son ancêtre Henri IV) sera résolue (en fait par la mort
du comte de Chambord, dont la durée de vie est estimée à 7 ans, ce qui est l'origine du septennat,
durée du mandat présidentiel et de la loi du septennat adoptée en 1873 : on confie le titre de Président
de la République à Mac Mahon pour 7 ans. A la mort du comte de Chambord, c'est le comte de Paris,
orléaniste, qui est appelé à devenir roi) réviser la Constitution pour passer de la République à la
monarchie.
En conséquence, en apparence, le Président de la République a des pouvoirs forts : il nomme les
ministres et va choisir celui qui sera appelé à être Président du Conseil, il convoque les chambres, a -
avec les parlementaires- l'initiative de la loi, de la révision de la constitution, détient le pouvoir de
nomination…12

12
Loi constitutionnelle du 25 février 1875 relative à l'organisation des pouvoirs publics :
Article 2. - Le Président de la République est élu à la majorité absolue des suffrages par le Sénat et par la
Chambre des députés réunis en Assemblée nationale. Il est nommé pour sept ans. Il est rééligible.

Article 3. - Le président de la République a l'initiative des lois, concurremment avec les membres des deux
chambres. Il promulgue les lois lorsqu'elles ont été votées par les deux chambres ; il en surveille et en assure
l'exécution. - Il a le droit de faire grâce ; les amnisties ne peuvent être accordées que par une loi. - Il dispose de
la force armée. - Il nomme à tous les emplois civils et militaires. - Il préside aux solennités nationales ; les
envoyés et les ambassadeurs des puissances étrangères sont accrédités auprès de lui. - Chacun des actes du
président de la République doit être contresigné par un ministre.

Article 4. - Au fur et à mesure des vacances qui se produiront à partir de la promulgation de la présente loi, le
président de la République nomme, en Conseil des ministres, les conseillers d'Etat en service ordinaire. - Les
conseillers d'Etat ainsi nommés ne pourront être révoqués que par décret rendu en Conseil des ministres. - Les
conseillers d'Etat nommés en vertu de la loi du 24 mai 1872 ne pourront, jusqu'à l'expiration de leurs pouvoirs,
être révoqués que dans la forme déterminée par cette loi. - Après la séparation de l'Assemblée nationale, la
révocation ne pourra être prononcée que par une résolution du Sénat.

Article 5. - Le Président de la République peut, sur l'avis conforme du Sénat, dissoudre la Chambre des députés
avant l'expiration légale de son mandat. - En ce cas, les collèges électoraux sont convoqués pour de nouvelles
élections dans le délai de trois mois.

Article 6. - Les ministres sont solidairement responsables devant les chambres de la politique générale du
Gouvernement, et individuellement de leurs actes personnels. - Le Président de la République n'est
responsable que dans le cas de haute trahison.

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 81


Il dispose du droit de dissolution, sur avis conforme (qui équivaut à un accord, l'avis conforme est
doublement obligatoire : il doit le solliciter et il doit le suivre) du Sénat. Mais c'est la seule condition,
l'article 5 de la loi constitutionnelle du 25 février 1875 ne prévoyant aucune autre condition pour
opérer la dissolution.
Au vu de tout cela, on comprend mal pourquoi le Président serait sous la IIIe République un manchot
constitutionnel. C'est la pratique qui va dévoyer la Constitution. Suite à la crise du 16 mai 187713, le
Président est privé de la réalité de ses pouvoirs qui ne sont que nominaux : il n'a pas l'initiative de
l'utilisation de ses pouvoirs qui lui a échappé au profit du Président du Conseil.
La crise du 16 mai : le Président de la République est Mac Mahon, royaliste choisis par l'assemblée
monarchiste parce qu'on sait que contrairement à son prédécesseur, Adolphe Thiers, il ne se
prononcera pas pour la République et laissera la place dès que le comte de Paris pourra monter sur le
trône.
Le Président du Conseil Jules SIMON, est un républicain modéré, conformément à la couleur de la
chambre.
Le 16 mai, Mac-Mahon envoie une lettre à Jules Simon pour dénoncer son action du jour à la chambre
: la veille Président de la République et Président du Conseil s'étaient entendus sur l'action à tenir et le
16 mai, Jules Simon n'a pas défendu l'Eglise comme Mac Mahon s'y attendait.
Jules Simon s'estime désavoué et démissionne.
Mac Mahon accepte la démission et choisit de nommer de BROGLIE (attention, ça se prononce de
Breuil) Président du Conseil. C'est aussi un modéré (centre), mais côté monarchiste.
Ce faisant, Mac-Mahon opère une lecture dualiste des institutions (régime parlementaire dualiste) : le
Gouvernement et donc le Président du Conseil doivent certes avoir la confiance de la chambre, base du
régime parlementaire, et ne peuvent subsister si celle-ci la leur retire, par exemple en votant une
motion de censure, mais ils doivent également jouir de la confiance du chef de l'Etat. (Ici, le nomme
présent dans la Constitution devient non plus seulement une validation juridique, mais un acte
volontaire, un choix).
Ce que les événements de la crise du 16 mai vont condamner.
Les chambres refusent d'entrer en rapport avec le nouveau cabinet constitué.
Mac Mahon décide de prononcer la vacance pour un mois (conformément aux pouvoirs reconnus par
la Constitution).

Article 7. - En cas de vacance par décès ou pour toute autre cause, les deux chambres procèdent
immédiatement à l'élection d'un nouveau Président. - Dans l'intervalle, le Conseil des ministres est investi du
pouvoir exécutif.

Article 8. - Les chambres auront le droit, par délibérations séparées prises dans chacune à la majorité absolue
des voix, soit spontanément, soit sur la demande du Président de la République, de déclarer qu'il y a lieu de
réviser les lois constitutionnelles. - Après que chacune des deux chambres aura pris cette résolution, elles se
réuniront en Assemblée nationale pour procéder à la révision. - Les délibérations portant révision des lois
constitutionnelles, en tout ou en partie, devront être prises à la majorité absolue des membres composant
l'Assemblée nationale. - Toutefois, pendant la durée des pouvoirs conférés par la loi du 20 novembre 1873 à M.
le maréchal de Mac-Mahon, cette révision ne peut avoir lieu que sur proposition du Président de la République.
13
Vous pouvez insister sur le fait que ce sujet était le sujet du rattrapage de l'année dernière pour les étudiants
qui ont pris la matière en TD et qui n'ont pas réussi à valider au premier semestre.

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 82


Au retour, les parlementaires n'ont pas plus intention d'accepter un cabinet qui ne correspond pas leur
orientation politique.
Mac Mahon, encore soutenu par le Sénat, majoritairement monarchiste, prononce alors dissolution de
la chambre des députés. Pendant la campagne pour les législatives (chaque dissolution est suivie
d'élections législatives pour renouveler la chambre dont les membres ont perdu, de manière anticipée,
leur mandat) Gambetta, leader de la majorité républicaine affirme que quand le pays aura fait entendre
sa voix (sous-entendu, quand il aura conforté la majorité républicaine), Mac-Mahon n'aura qu'une
alternative : se soumettre ou se démettre.
Mais Mac Mahon va résister quand le peuple renvoie une majorité républicaine, Mac-Mahon choisi un
Président du Conseil encore plus à droite que de Broglie : DE ROCHEBOUET (un ultra), la rumeur
dit même qu'il aurait rechercher le soutien du Sénat afin de prononcer la dissolution de la chambre
nouvellement élue (contrairement à l'adage « dissolution sur dissolution ne vaut », adage né des trois
glorieuses en juillet 1830 après les ordonnances scélérates de Charles X).
Il se résout enfin à appeler un républicain modéré et accepte de se soumettre (attention il ne
démissionne que plus tard, en 1879 lorsque le Sénat deviendra également républicain).

Cette crise affaiblit doublement le Président (et ce sont ces leçons institutionnelles qu'il faut
retenir au-delà des faits, ce qui manque le plus souvent dans les copies) : la consécration de la lecture
moniste tout d'abord selon laquelle le cabinet pour exister n'a besoin que de la confiance du
Parlement, le Président ne faisant que ratifier un choix opéré en dehors de lui. Mais comme les
élections ne permettent pas de faire émerger une majorité claire, on assiste à une valse des ministères :
dès que la confiance s'effrite, le Gouvernement démissionne, il ne peut plus trouver de soutien auprès
du Président de la République.
Deuxième affaiblissement à cause de la désuétude du droit de dissolution. Par son utilisation de la
dissolution comme un coup de force contre le législatif, Mac-Mahon a discrédité le droit de
dissolution, celui-ci va tomber en désuétude (continue donc d'être prévu par les textes, mais n'est plus
utilisé) à la suite du message de son successeur à la présidence de la République appelée Constitution
GREVY : « Soumis avec sincérité à la grande loi du régime parlementaire, je n’entrerai jamais en
lutte contre la volonté nationale, exprimée par ses organes constitutionnels ».
Cette intervention va priver tous les Présidents de la possibilité d'établir « l'équilibre de la terreur »
qu'est le régime parlementaire : la dissolution est un point d'équilibre permettant de menacer la
chambre basse et d'obtenir qu'elle se discipline et ne reverse pas les Gouvernements à la moindre
occasion.

À la suite des événements, la réalité du pouvoir exécutif a glissé des mains du Président de la
République à celles du Président du Conseil… Voire à celles de l'assemblée puisque celle-ci
entend, en le soumettant ses volontés, gouverner la place du Gouvernement. Raison pour laquelle,
Raymond POINCARE comparera le Président de la Troisième (fonction qu'il exerce alors) à un
manchot constitutionnel, de manière à évoquer l'impuissance du chef de l'État.

Rédacteur : G. COMPPER, MCFA 83


UNIVERSITÉ DES ANTIL LES

PETIT LEXIQUE DES TERMES JURIDIQUES


METHODOLOGIE JURIDIQUE

Gaëlle COMPPER
2019-2020

Avertissement : Ce document présente les principaux termes juridiques usités dans le cours et les travaux
dirigés de méthodologie et de droit en L1. Il ne dispense pas de l’utilisation d’un lexique juridique plus complet.

Sources : Lexique de termes juridiques, S. GUINCHARD et G. MONTAGNIER, Dalloz, 2005 - Dictionnaire du droit
privé, S. BRAUDO et A. BAUMANN in www.dictionnaire-juridique.com
PETIT LEXIQUE DES TERMES JURIDIQUES 2018-
2019

LA REGLE DE DROIT L’INSTANCE

a
ajeure [dr. gén]: c’est la règle de droit ppelant [pr. civ.] : nom du demandeur en

m
applicable. Pour déterminer la règle appel
applicable, il convient d’identifier sa
source (textes de loi, jurisprudence, etc),  intimé
son champ et ses conditions
 l’expression « interjeter appel » signifie faire
d’application, tant en ce qui concerne le appel. Elle s’emploie pour désigner l’action
principe que ses éventuelles exceptions. d’introduire un recours pour l’appelant.

mineure [dr. gén.]: ce sont les faits de l’espèce.

éfendeur [pr. civ.] : personne contre

q d
laquelle un procès est engagé par le
ualification juridique des faits [dr. gén.] :
demandeur.
opération intellectuelle consistant à rattacher
un acte, un fait, une situation juridique à une  demandeur
notion juridique pré-existante (concept
juridique, catégorie de normes).

demande en justice [pr. gén.] : acte par lequel une


personne soumet au tribunal une prétention. Elle émane

r
ègle de droit (ou règle juridique) [dr. gén.] : règle normalement du demandeur.
de conduite dans les rapports sociaux, de nature
générale, abstraite et obligatoire dont la sanction  demande additionnelle, en intervention, initiale, incidente,
reconventionnelle
est assurée par la puissance publique.

Les règles de droit se répartissent comme suit : le


principe, l’exception et le tempérament.
demande initiale [pr. civ.] : acte par lequel une
prétention est soumise au juge et déclenche l’instance.
Elle délimitant l’objet du litige, la demande initiale
yllogisme juridique : raisonnement juridique circonscrit l’office du juge et commande la recevabilité
des demandes incidentes.

s
permettant de déterminer sous quelle
qualification juridique une situation de fait doit
être appréhendée.
demande reconventionnelle [pr. civ.] : demande
Deux hypothèses sont à envisager : soit la
formulée par le défendeur, qui en sus de ses moyens de
mineure correspond à la majeure alors la règle
défense, attaque à son tour en soumettant au tribunal
s’applique avec les sanctions afférentes à ses
un chef de demande.
éventuelles violations ; soit la mineure ne correspond
pas à la majeure et la règle de droit ne trouve pas à
s’appliquer.
demandeur [pr. civ.] : personne qui prend l’initiative de
l’introduction de l’instance et qui, en cette qualité,
supporte la triple charge de l’allégation des faits, de leur
pertinence et de leur preuve.

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PETIT LEXIQUE DES TERMES JURIDIQUES 2018-
2019

procès [pr. adm. / pr. civ. / pr. pén.] : difficulté de fait ou

e
de droit soumise à l’examen d’un juge ou d’un arbitre.
ster en justice [pr. civ.]: participer comme
demandeur, défendeur ou tiers à l’exercice
d’une action judiciaire (instance civile, procès
pénal).

LES JURIDICTIONS

i nstance [pr. civ.] : suite d’actes de procédure,


allant de la demande en justice jusqu’au jugement.

intimé [pr. civ.] : nom donné à celui contre lequel un c


our [pr. gén.] : nom attribué aux juridictions qui
jugent les affaires en cause d’appel (cours
d’appel) et à celle qui connaît des pourvois en
cassation (cour de cassation).

 tribunal
appel est formé

 appelant

uges du fond [pr. gén.] : juges des juridictions du

j
introduction de l’instance [pr. civ.] : l’instance est premier et second degré.
entamée par une demande initiale émanant
normalement du demandeur. Cette expression signifie que ces magistrats
jugent en fait et en droit, ce qui les distingue des
[dr. adm.] : l’instance est introduite par le dépôt d’un juges de la Cour de cassation qui statuent
mémoire dirigé contre une décision préalable de uniquement en droit.
l’Administration.
 juridiction du premier degré, du second degré
 demande initiale

juridiction [pr. gén.] : synonyme de tribunal. On

l
distingue l’ordre administratif (tribunaux administratifs)
et l’ordre judiciaire (tribunaux répressifs, tribunaux
itige [pr. gén.] : contexte dans lequel une personne civils). Une juridiction doit toujours être située par le
ne peut obtenir amiablement la reconnaissance degré qu’elle occupe dans la hiérarchie judiciaire.
d’une prérogative qu’elle croit avoir et envisage de
saisir un tribunal pour lui soumettre sa prétention.  juridiction de droit commun, d’exception, de premier degré,
Terme large synonyme de procès. de second degré

p arties [pr. civ.] : nom donné à l’une et à l’autre


des personnes engagées dans un procès civil.

 demandeur, défendeur
juridiction de droit commun [pr:. gén.] : tribunal
normalement compétent, sauf lorsqu’un texte spécial
exclut expressément cette compétence.

Les juridictions civiles de droit commun sont le tribunal


de grande instance et la cour d’appel.

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Les juridictions pénales de droit commun sont le tribunal ribunal [pr.gén.] : vocable juridique employé pour
de police, le tribunal correctionnel, la cour d’appel et la
cour d’assises.

juridictions d’exception [pr. gén.] : juridictions du


premier degré dont la compétence d’attribution est
t désigner toute formation juridictionnelle ayant
pour fonction d’apporter une solution à un litige.

Par exception, la juridiction qui juge les conflits


individuels du travail se dénomme « conseil »
(conseil des prud’hommes).

déterminée par un texte spécial.

Ce sont le tribunal paritaire des baux ruraux, le conseil


des prud’hommes, le tribunal aux affaires sociales, etc.
LES VOIES DE RECOURS

juridictions du premier degré [pr. gén.] : juridictions

a
dont les décisions (jugements) sont rendues en fait et en ppel [pr. gén.] : voie de recours de droit
droit. commun (ordinaire) de réformation ou
d’annulation par laquelle un plaideur porte le
Les juridictions du premier degré statuent soit en procès devant une juridiction du degré
premier ressort, leurs décisions sont alors susceptibles supérieur voire devant la même juridiction
d’appel, soit elles statuent en premier et dernier ressort autrement composée (appel des décisions rendues par la
auquel cas, leurs décisions sont insusceptibles d’appel et cour d’assises en premier ressort).
ne peuvent faire l’objet que d’un pourvoi.

ourvoi en cassation [pr. civ. / pr. pén.] :

p
juridictions du second degré [pr. gén.] : juridictions dont
recours contre une décision, rendue en
les décisions (arrêts) sont rendues en fait et en droit.
dernier ressort, porté devant la Cour de
Les juridictions du second degré sont les cours d’appel, cassation et fondé sur la violation de la loi,
les cours d’assises d’appel, les cours administratives l’excès de pouvoir, l’incompétence,
d’appel. l’inobservation des formes, le manque de
base légale, la contrariété de jugements ou la perte de
fondement juridique.

o
rdre de juridictions (ordre juridictionnel) [pr. [dr. adm.] : recours contre une décision rendue en
gén.] : ensemble de tribunaux placés sous le dernier ressort par une juridiction administrative et
contrôle de cassation d’une même juridiction porté devant le Conseil d’Etat. Ce pourvoi peut être
supérieure. On distingue l’ordre judiciaire fondé sur l’un des quatre cas d’ouverture du recours
(civil ou pénal) couronné par la Cour de pour excès de pouvoir à l’exception du détournement de
cassation et l’ordre administratif, couronné par le pouvoir.
Conseil d’Etat.
 l’expression « se pourvoir en cassation » désigne
l’introduction d’un recours en cassation par l’une des parties
au procès (demandeur au pourvoi).

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PETIT LEXIQUE DES TERMES JURIDIQUES 2018-
2019

r ecours administratif [dr. adm.] : recours porté


devant l’administration elle-même en vue de faire
annuler l’un de ses actes prétendu illégal ou de
demander une réparation pécuniaire. Les recours
administratifs se divisent en recours gracieux et
en recours hiérarchiques.
administratifs.

 jugement

arrêt confirmatif [pr.civ. / pr. pén.] : « confirmatif »


qualifie l’arrêt d’une cour d’appel rejetant le recours de
 recours pour excès de pouvoir, recours de pleine juridiction
l’appelant contre un jugement de première instance et
maintenant la décision des premiers juges.

recours en cassation [pr. civ. / pr. pén.] :

 pourvoi en cassation arrêt de cassation [pr.civ. / pr. pén.] : la Cour de


cassation fait droit au pourvoi présenté par le requérant
et casse (annule) la décision d’appel querellée.

v
oies de recours [pr. gén.] : moyens mis à la
disposition des plaideurs pour leur permettre
d’obtenir un nouvel examen du procès (ou arrêt de cassation avec renvoi [pr.civ. / pr. pén.] :
d’une partie de celui-ci) ou de faire valoir les décision de la Cour de cassation annulant tout ou partie
irrégularités observées dans le déroulement de d’une décision (jugement rendu en dernier ressort, arrêt
la procédure. de cour d’appel) et renvoie la cause (l’affaire) devant
une juridiction de même degré (juridiction de renvoi)
 voies de recours ordinaires, extraordinaires, voies de que celle dont la décision a été cassée. La juridiction de
réformation, voies de rétractation renvoi doit alors juger de nouveau l’affaire en fait et en
droit.

voies de recours ordinaires ([pr. civ.] : ce sont


l’opposition et l’appel. arrêt d’espèce [pr. gén.] : par opposition à l’arrêt de
principe, l’arrêt d’espèce est celui dont la décision est
 appel
fondée sur l’application objective des règles de droit aux
circonstances particulières de la cause (faits).

voies de recours extraordinaires [pr. civ.] : ce sont la Dans les motifs de la décision, la référence à ces
tierce opposition, le recours en révision et le pourvoi en circonstances particulières est identifiée par l’expression
cassation « et attendu en l’espèce… ».

 pourvoi en cassation

arrêt infirmatif [pr. gén.] : qualifie la décision rendue par


une cour d’appel réformant (annulant) partiellement ou
LES DECISIONS JUDICIAIRES totalement le jugement rendu en première instance.

a
rrêt [pr. gén.] : décision de justice rendue, soit arrêt de rejet [pr. gén.] : qualifie l’arrêt rendu par la Cour
par une cour d’appel, soit par la Cour de de cassation lorsque le pourvoi est rejeté.
cassation, soit par les juridictions
administratives autres que les tribunaux

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PETIT LEXIQUE DES TERMES JURIDIQUES 2018-
2019

arrêt de principe [dr. gén.] : arrêt émanant d’une haute ugement [pr. gén.] : terme général pour désigner
juridiction, spécialement du Conseil d’Etat ou de la Cour
de cassation, qui énonce ou rappel une règle de droit ou
un principe juridique.

D’un point de vue rédactionnel, la structuration de


l’arrêt de principe fait apparaître un visa et un chapeau
j toute décision prise par un collège de magistrats
ou par un magistrat statuant comme juge
unique. Désigne plus spécialement les décisions
rendues par les juridictions de droit commun
(tribunal d’instance, tribunal de grande instance)
ou les juridictions spécialisées de l’ordre judiciaire
(énoncé du principe dont la juridiction va faire usage). (tribunal de commerce, conseil des prud’hommes, etc)
ainsi que les décisions rendues, dans l’ordre
administratif, par le tribunal administratif.

 arrêt

d écision [pr. gén.] : terme général utilisé en


procédure pour désigner les actes émanant
d’une juridiction collégiale ou d’un magistrat
unique. Ce terme s’applique également aux
actes juridictionnels émanant du Conseil
constitutionnel.
jurisprudence [dr. gén.] : solution suggérée par un
ensemble de décisions suffisamment concordantes
rendues par les juridictions sur une question de droit.

[dr. const.] : nom officiel des décisions prises (sans


contreseing ministériel) par le président de la evirement (de jurisprudence) [dr. gén.] :

r
République en vertu de l’article 16 de la Constitution. changement d’interprétation du droit jusque là
appliqué qu’opère une juridiction, et en
particulier la Cour de cassation.

dispositif du jugement [pr. civ.] : partie du jugement


contenant la solution du litige et à laquelle est attachée
l’autorité de la chose jugée.

v
isa [pr. gén.] : texte juridique sur lequel
s’appuie la décision ou l’acte de procédure qui
ait(s) [dr. gén.] : évènements ayant joué un rôle lui sert de support.

f
dans la naissance et le développement du litige
dont la juridiction est saisie. Les parties doivent Le visa est reconnaissable en ce que l’énoncé de
énoncer et prouver les circonstances de fait chacun des textes de référence est précédé de
qu’elles allèguent comme fondement de leur la locution « vu… »
prétention.
[pr. civ.] : dans les décisions rendues par la Cour de
Par opposition au « juge du droit » qu’est la Cour cassation, le visa permet d’identifier cet arrêt comme
de cassation, les tribunaux d’instance, de grande étant un arrêt de cassation.
instance, les juridictions spécialisées et les cours d’appel
sont « juges du fait » ou « juges du fond ».

 juges du fond

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e
Licence Droit 1 ANNEE LE DEROULEMENT D’UNE INSTANCE JUDICIAIRE (CIVILE, PENALE) Méthodologie juridique

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