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Faculté de Droit
Cours
de
FINANCES PUBLIQUES
2ème année de Licence LMD
Par
OBJET DU COURS
2
Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU Cours de Finances Publiques G2 Droit
SYNTHESE DU COURS
« Les finances publiques sont régulièrement au cœur de
l’actualité politique et économique, et ce n’est pas nouveau :
l’Etat n’a cessé de rechercher les moyens de financer son
action en levant l’impôt et en organisant ses dépenses. Mais
en ce début de XXI siècle, les finances publiques Congolaises
comme celle de la plupart des Etats sont en pleine mutation et
doivent relever de nombreux défis. Défi de l’orthodoxie
budgétaire et de la maîtrise des dépenses publiques, crise
économique et financière oblige. Défi de la « soutenabilité »
de la dette en dépit de l’atteinte du point d’achèvement de
l’initiative des pays pauvres très endettés (IPPTE). Défi de la
transparence aussi, dans la gestion publique et vis-à-vis des
citoyens, défi de la corruption et des détournements de
deniers publics auquel le vote de la loi n°11/011 du 13 juillet
2011 relative aux finances publiques tente d’apporter des
éléments de réponse ».
INTRODUCTION
Les finances publiques apparaissent souvent à beaucoup comme une matière qui traite peu des
préoccupations quotidiennes de chacun d'entre nous. La matière est réputée difficile et complexe. La
matière, il faut le reconnaître, ne jouit pas d’une très bonne image dans le public en général, chez les
étudiants en particulier, étant trop souvent pour beaucoup synonyme d’aridité, de techniques compliquées.
Les finances publiques traitent cependant des problèmes familiers intéressant notre vie quotidienne ; l’on
pense ici aux actes que nous posons en rapport notamment avec le paiement des impôts, les souscriptions
aux emprunts et aux certificats du Trésor, l’envoi du courrier, l’introduction d’une action en justice, la
perception des prestations sociales, qui relèvent indiscutablement des finances publiques.
D’emblée, il faut préciser que dans le domaine des Finances Publiques, l’histoire, la politique et
l’économie sont liées. Historiquement, les finances publiques « modernes » ont succédé aux finances
publiques « classiques », modifiant les conceptions économiques et la répartition du pouvoir budgétaire 1.
On a souvent tendance à confondre les finances publiques avec les institutions financières. Celles-
ci sont en fait des structures mises en place pour gérer les affaires financières.
Cependant, pour clarifier la notion de Finances publiques, il faut partir du terme « finance ». Le mot
« finance » a toute une histoire et revêt un sens ambivalent. Au sens ancien, finance dérive du verbe finer
qui signifie payer. Finance a ainsi pour synonyme paiement et désignait ressource pécuniaire. Au sens
moderne, la signification dépend de l’utilisation du mot et varie selon que l’article est au singulier ou au
pluriel. La finance (au singulier) désigne la bourse des valeurs. La bourse des valeurs est le lieu où
s’échangent, par l’intermédiaire des sociétés en bourse, des valeurs mobilières (actions et obligations). Les
finances (au pluriel) désignent l’ensemble des ressources et dépenses de l’Etat. Autrement dit, il s’agit des
activités de l’Etat dans le domaine de l’argent. Par ailleurs, c’est aussi la science régissant cette activité.
Si le mot finance désigne les affaires d’argent, de paiement, l’expression « institutions financières »
serait plus vaste que celle de finances publiques car elle englobe l’ensemble des mécanismes de
financement public et privé des activités économiques.
Il faut signaler que le terme finance a un sens plus profond chez les anglo-saxons.
1
CHANTAIL (C) : Finances Publiques, Paris, Edition Paradigme. Centre de publications universitaires, Manuel 2004-
2005, 6e édition, 2004.
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« Fine » en anglais veut dire, couramment, « beau », notamment en parlant du temps qu’il fait. Il veut
aussi dire « une pénalité », c’est-à-dire « une amende » payée à la suite d’une contravention ou infraction à
une loi.
Par extension, l’ensemble de « fines » ou « finance » a désigné l’ensemble du butin pris par un
conquérant sur un ennemi et donc par un souverain sur les vassaux soumis. Le mot anglais « finance » est
repris en français avec le sens noble qu’il a aujourd’hui. C’est ainsi que le verbe « financer » a pris la place
de l’ancien verbe « finer », qui n’était rien d’autre qu’une altération de « finir ».
2) Finances publiques
Pendant longtemps, l’enseignement des finances publiques a été exclusivement juridique. Il
s’agissait d’étudier les règles administratives et constitutionnelles auxquelles doivent se plier l’Etat et les
autres personnes publiques. Les Finances regroupaient le droit budgétaire (règles d’élaboration et de vote
du Budget), le droit de la comptabilité publique (règles d’exécution des dépenses et recettes publiques), le
droit fiscal (règles d’établissement, de recouvrement et de contrôle de l’impôt), enfin le droit applicable à
l’émission d’un emprunt.
Au fur et à mesure que le budget deviendra un outil d’intervention en matière économique et sociale,
la conception purement juridique des finances publiques s’avèrera insuffisante. Ainsi une place de plus en
plus importante est accordée à ses aspects économiques. On s’intéresse notamment à l’impact des
finances publiques en matière économique, par exemple l’effet productif ou improductif des dépenses
publiques, l’utilisation du déficit budgétaire, les effets de la fiscalité sur le comportement des agents
économiques 2. Aujourd’hui l’enseignement des finances publiques revêt à la fois un aspect juridique très
important, en raison de la constitutionnalisation du droit budgétaire et du développement des contraintes
internationales, et aussi un aspect économique considérable compte tenu de l’importance des
prélèvements publics constatés dans la plupart des pays.
Les finances publiques désignent ainsi une double réalité : c’est à la fois un secteur de la réalité de
la vie sociale et une discipline scientifique.
Dans le domaine des finances, l’histoire, la politique et l’économie sont liées. Historiquement, les
finances publiques « modernes » ont succédé aux finances publiques « classiques », modifiant les
conceptions économiques et la répartition institutionnelle du pouvoir budgétaire. Le glissement de la
période classique à la période moderne date de l’entre-deux-guerres. Il correspond au passage d’un
système libéral, où le budget est économiquement neutre et la procédure budgétaire dominée par le
Parlement, à un système interventionniste, dans lequel le budget influence l’économie et la matière
budgétaire est contrôlée par l’exécutif.
2
Bertoni (P.) : Finances Publiques – L’essentiel du Cours, Paris, Librairie Vuibert, 2001, op. cit. p.4.
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Comme on peut le constater, les finances publiques comme discipline scientifique ont pour objet
l’étude des moyens et techniques dont disposent les personnes morales publiques pour se doter des
ressources destinées à couvrir les dépenses nécessaires au fonctionnement de l’Administration de l’Etat et
à l’accomplissement de ses missions.
Le domaine des finances publiques n’est pas aisé à circonscrire. Pendant longtemps, l’étude des
finances publiques s’est limitée aux problèmes financiers des personnes publiques. Parmi celles-ci, l’Etat
occupait, et occupe encore, la place centrale.
Cependant, il ne faut pas confondre les finances publiques ni avec les finances de l’Etat, ni même
avec les finances des personnes publiques. Elles s’intéressent certes à l’Etat, mais également aux
collectivités territoriales, aux établissements publics et aux organismes internationaux et de plus en plus à
des organismes privés chargés des missions de service public tels les ONG. Ce sont, en effet, la notion de
service public et celle connexe de prérogatives de puissance publique qui donnent à la matière sa raison
d’être et son unité.
Pour délimiter le domaine des finances publiques, il faut en comprendre la logique et les distinguer
des finances des personnes purement privées. La logique des finances publiques a évolué suivant les
époques.
Pour assurer le fonctionnement de l’Etat, des dépenses sont nécessaires : il faut payer les
fonctionnaires et les fournisseurs, entretenir les locaux et le matériel, distribuer des subventions et des
secours. Comment l’Etat va-t-il couvrir ces dépenses ? La réponse à cette question forme l’objet même de
la science des finances publiques dans sa conception traditionnelle. En la cherchant, on s’aperçoit
immédiatement que les ressources de l’Etat sont toujours tirées d’un prélèvement sur les citoyens. La
science des finances consiste donc, en dernière analyse, à répartir entre ceux-ci le poids des dépenses
publiques. La portion supportée par chacun s’appelle charge publique.
Dans la notion classique, la définition complète des finances publiques est donc la suivante :
« Science des moyens par lesquels l’Etat et les autres collectivités publiques se procurent et utilisent les
ressources nécessaires à la couverture des dépenses publiques, par la répartition entre individus des
charges qui en résultent ».
Cette définition correspond à la conception classique du domaine des finances publiques. En effet,
l’étude de la science des finances publiques est liée à l’ensemble de la philosophie politique dominante de
l’époque classique. Dans la conception classique, l’Etat devait avoir un rôle limité au maintien de l’ordre :
sécurité intérieure et extérieure, police, justice, défense nationale. Il devait s’occuper des tâches purement
administratives, car on estimait que la meilleure manière d’assurer le profit économique de la société
3
Pour plus de détails, voir M. DUVERGER, Finances Publiques, Paris, P.U.F., Coll. Thémis, 11e édition 1988, p, 14 à
15.
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consistait à privilégier l’initiative privée, la concurrence économique, l’Etat devant s’abstenir de toute activité
économique propre. La conséquence sur le plan financier est la limitation de l’objet de la science financière.
4
DUVERGER (M.) : op. cit. p.18
5
Ib. : op. cit. p.18
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Les financiers classiques s’ingéniaient à trouver des méthodes susceptibles de garantir les
dépenses administratives. Ils inventèrent à cet effet un certain nombre de procédés visant un double
objectif :
- d’une part, trouver suffisamment de ressources pour couvrir les dépenses ;
- d’autre part, trouver un ensemble des moyens équilibrés de dépenses.
Les phénomènes financiers publics sont toujours des phénomènes complexes; l’on entend par-là
qu’ils sont le produit d’interactions de tous ordres, faisant intervenir une grande variété de structures et
d’acteurs, ce qui les rend très sensibles aux transformations qui s’opèrent au sein des sociétés. Une telle
hétérogénéité et une telle complexité qui exigeraient une appréhension globale et la mise en œuvre d’une
grande variété de savoir, impliqueraient un travail commun de chercheurs appartenant aux disciplines les
plus diverses. C’est aussi là un des obstacles au développement d’une science financière autonome. En
effet, plusieurs disciplines concourent à la constitution d’une science des finances publiques, ce qui a fait
dire à certains auteurs qu’il s’agit d’une discipline carrefour, un point de rencontre où viennent se retrouver
d’autres sciences.
Partant de l’évolution même des finances publiques, on peut facilement déceler un nombre
important de disciplines ayant des rapports ou concourant à la réalisation de la science des finances
publiques :
L’histoire : celle-ci a une place particulière en raison des résistances que les administrations
financières ont toujours opposé aux changements et également de la lenteur avec laquelle les
systèmes fiscaux évoluent. De plus, le conflit entre finances classiques et modernes montre les
étapes de la réflexion en la matière.
La sociologie : l’apport de la sociologie principalement la sociologie politique a permis de préciser
certaines notions financières, telle que celle de dépense publique. Les finances publiques sont
adaptées à l’environnement social, politique et économique.
La psychologie : celle-ci permet notamment l’analyse du phénomène de confiance, essentiel en
matière de crédit public (l’emprunt d’Etat n’est possible que si les citoyens font confiance à
l’emprunteur qui est l’Etat à travers ses dirigeants) et la compréhension des réactions du contribuable
devant les prélèvements fiscaux.
La statistique: elle permet une meilleure vue des phénomènes financiers, ceux-ci se traduisant, pour
la plupart, par des chiffres. En effet, l’établissement des prévisions financières se fonde sur l’étude
des statistiques.
Les relations internationales et le droit international. Aujourd’hui, il est un fait accepté par tous : les
finances internationales influencent fortement les finances internes et, parfois, les règles
internationales se substituent aux lacunes du droit interne.
Mais outre ces disciplines, il en est trois qui tiennent une place particulièrement importante : le droit,
l’économie et la science politique. Ces trois disciplines se chevauchent.
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D’emblée, il faut préciser que les finances publiques se situent au centre des enseignements de
Droit public. Les liens entre les finances publiques et le droit public sont tellement étroits que, pendant
longtemps, ils empêchèrent les finances publiques de se constituer en une discipline autonome. Les
Finances publiques étaient considérées comme une branche du droit public, d’où l’expression « législation
financière ». Progressivement, elles se sont dégagées de l’emprise du droit public à travers ses deux
branches principales, le droit constitutionnel et le droit administratif.
Les liens entre les finances publiques et le droit constitutionnel apparaissent tantôt par la soumission
des mécanismes financiers aux règles constitutionnelles (la perception de l’impôt doit faire l’objet d’une
autorisation législative annuelle, institution de la procédure du vote des lois de finances, bases de la
répartition des impôts dans les Etats à structures fédérales), tantôt par l’influence exercée par les
phénomènes financiers sur l’équilibre constitutionnel (les considérations financières jouent fortement sur la
répartition des pouvoirs entre l’Etat fédéral et les Etats fédérés). De même l’équilibre entre l’exécutif et le
législatif est commandé par la répartition financière entre ces deux pouvoirs. De façon générale, les
pouvoirs du Parlement dans les régimes parlementaires de type britannique sont dus à sa maîtrise sur le
budget.
Pour les financiers classiques, les finances publiques étaient essentiellement de nature
administrative et comptable. Elles posaient surtout des problèmes juridiques d’aménagement des pouvoirs
6
BIBOMBE, ( M.), Eléments de Finances Publiques, Kinshasa, Ed. BIOMETRIX, 1993, p.56.
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des autorités de l’Etat, et des problèmes techniques d’organisation des impôts et de tenue de la
comptabilité.
Pour les financiers modernes, les finances publiques ont un caractère différent et leur objet est plus
vaste ; elles sont à la fois une branche de la science économique et une branche de la science politique.
aménagements spéciaux du pouvoir de l’Etat; pouvoir et autorité qui sont les objets mêmes de la science
politique8.
Les Finances Publiques sont ainsi une branche de la Science Politique : c’est sous cet angle qu’on
peut les appréhender dans leur totalité, et non pas en saisir seulement un aspect particulier.
En définitive, les Finances publiques sont ainsi à la fois une discipline juridique, une discipline
économique et politique. Cependant, il faut admettre que c’est une discipline autonome qui emprunte à
d’autres sciences.
8
DUVERGER (M.), Sociologie Politique, Paris, P.U.F., Coll. « Thémis », 1973, p.23-26 et surtout 163-193.
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L’Etat occupe une place centrale en finances publiques. Cette place est justifiée
par sa prépondérance dans l’organisation institutionnelle. Ensuite viennent les
collectivités territoriales bénéficiant de l’autonomie financière telles que les provinces et
les entités territoriales décentralisées.
L’Etat et les collectivités territoriales ont créé des structures administratives
chargées de la perception des recettes. Il s’agit des régies financières.
Le système fiscal congolais est placé sous l’autorité du ministre des finances ; il
est organisé en trois administrations financières.
Cette Régie financière a été créée par l'ordonnance n°88/039 du 10 mars 1988,
modifiée et complétée par le décret n° 17/2003 du 02 mars 2003 et le décret n° 11/43
du 22 novembre 2011. Elle a pour mission la gestion, le recouvrement et le contrôle des
impôts cédulaires sur les revenus (impôts sur les revenus locatifs, impôts sur les
revenus mobiliers, impôts sur les rémunérations, impôts sur les bénéfices et profits), de
l’impôt sur le chiffre d’affaire (TVA) à l’intérieur, des impôts réels (impôts sur les
propriétés bâties et non bâties, sur les véhicules, sur les concessions minières et
d’hydrocarbures).
Cette régie a été instituée par Décret n° 09/43 du 03 décembre 2009 portant
création et organisation de la Direction Générale des Douanes et Accises, en sigle «
D.G.D.A. » en remplacement de l’ancien Office des Douanes et Accises, « OFIDA » en
sigle. Son cadre organique est fixé par le Décret n° 11/06 du 25 janvier 2011. Elleest
chargée de la gestion, du recouvrement et du contrôle des droits de douane, de l’impôt
sur le chiffre d’affaires (TVA) aux frontières et sur les importations et des droits
d’accises.
redevances minières et forestières, 40% sont déjà ventilés à hauteur de 25% pour la
province et 15% au profit de l’entité où se réalise l’exploitation.
Elles ont été créées, de manière informelle, par les exécutifs provinciaux dans le
cadre de la décentralisation fiscale. Leurs dénominations sont diverses : Direction
Générale des Recettes de Kinshasa, « DGRK » ; Direction Générale des Recettes du
Kasaï Occidental, « DGRKOC » ; Direction Générale des Recettes du Katanga,
« DGRKAT » ; Régie Provinciale d'Encadrement et de Recouvrement des Recettes de la
Province du Kongo-Central, « REPERE » ; Direction Générale des Recettes du Maniema,
« DIREMA » ; Direction Générale des Recettes du Nord-Kivu, « DGR-NK » ; etc.
Par acteurs, il faut faire ici la distinction entre les acteurs de l’exécution
budgétaire et les responsabilités encourues.
A. L’ordonnateur
B. Le comptable
Le comptable est autant une fonction qu’un statut. Les comptables publics sont
des agents de droit public. Leurs missions sont : maniement, comptabilisation et
contrôle des fonds et valeurs.
Ces acteurs publics sont soumis à des responsabilités particulières. Dès lors que
les comptables et les ordonnateurs exercent des fonctions différentes, ils sont soumis à
des régimes juridiques différents. Au-delà des principes des rigorismes affichés, la
responsabilité personnelle et pécuniaires des comptables autant que la responsabilité
des ordonnateurs présentent des limites à l’heure actuelle.
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Le droit public financier est ancré au sein du droit public. Les différentes
constitutions de la République posent des principes fondateurs, mais aussi, un corpus
juridique figurant dans des lois organiques. Ce corpus est complété par des dispositions
législatives.
Les dépenses publiques ont pour but d’assurer la marche des services publics et
l’existence même de l’Etat.
La dépense publique est avant tout une intervention publique au sens large : il
s’agit de la prise en charge financière d’une politique initiée par une personne publique.
Il peut s’agir de construire des écoles, des routes, des hôpitaux et, également,
d’accorder des subventions à des organismes publics ou privés.
La notion de dépenses publiques a évolué avec la conception des finances
publiques. Si le principe fondamental de l’équilibre budgétaire tend à être aujourd’hui
abandonné au profit soit du déficit soit de l’excédent budgétaire (on y reviendra plus
loin), c’est en grande partie à cause de la conception nouvelle qu’on se fait des
dépenses publiques, dans leur définition externe (par rapport aux dépenses privées) et
surtout dans leur nature interne qu’il faudra préciser et leurs implications au plan
économique.
On peut définir juridiquement la dépense publique comme étant celle réalisée par
une personne morale publique dans le cadre du pouvoir de commandement. Cette
définition présente néanmoins des limites car certaines dépenses réalisées par des
personnes privées peuvent revêtir le caractère public en raison de la pluralité des
bénéficiaires de la dépense. Par exemple, la réalisation des travaux sur une avenue par
rassemblement des cotisations des résidents.
En définitive, la définition juridique est complétée par l’approche socio-politique et
principalement de la sociologie politique qui distingue dans une société les gouvernés
des gouvernants.
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A. Contenu de la définition
Pour les financiers classiques, les dépenses publiques sont les dépenses des
collectivités publiques. Par collectivités publiques, on désigne l’Etat et les collectivités
locales dotées de la personnalité morale.
Autrement dit, ce qui donne à une dépense le caractère public, c’est la qualité
juridique de l’auteur de la dépense, le fait qu’il s’agit d’un organe ou d’une institution
publique. Le vocable de collectivité publique est synonyme en somme du terme
« personne morale publique ». Toutes les dépenses des collectivités publiques sont des
dépenses publiques, tandis que toutes les dépenses des particuliers et des collectivités
privées (association, société etc.,) sont des dépenses privées. C’est donc la nature
juridique d’une collectivité, son caractère de personne morale publique, qui définit la
dépense publique.
B. Limite de la définition
Les administrations publiques centrales qui sont définies par une composante
nationale, c’est-à-dire l’Etat et ce qu’on appelle les ODAC – organismes divers
d’administration centrale – qui sont soit des établissements publics, soit des
établissements privés, financés majoritairement par des taxes affectées ou des
subventions de l’Etat.
Les administrations publiques locales qui comprennent les collectivités locales, les
établissements publics locaux et ce qu’on appelle les ODAL – organismes divers
d’administration locale – qui produisent des services non marchands (centres
communaux d’action sociale, etc.).
C’est ici qu’intervient l’apport de la sociologie politique qui opère une distinction
dans la société politique entre les gouvernants et les gouvernés. Les rapports entre ces
deux partenaires sont ceux de commandement pour les premiers et d’obéissance pour
les seconds. Les relations de commandement se présentent sous la forme d’actes
unilatéraux alors que les rapports entre gouvernés sont des relations de coopération. La
définition actuelle dérive de cette observation.
1) Définition sociojuridique
a) Principe : les dépenses publiques sont uniquement celles effectuées par les pouvoirs
publics et les collectivités publiques dans l’exercice de leur pouvoir de
commandement ;
b) Conséquences du principe : toutes les dépenses des collectivités publiques ne sont
plus des dépenses publiques. Il suffit qu’elles ne dérivent pas des pouvoirs publics. Il
en est ainsi de l’Etat industriel, agriculteur, commerçant ou d’une commune
commerçante.
La notion de dépenses publiques appelle, par ailleurs, une distinction entre plusieurs
types de dépenses, dont l’importance respective, la composition et l’origine contribuent à définir
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Ici encore, deux conceptions s’opposent: l’une développée par les auteurs
classiques, l’autre par les modernes. Les classiques estimaient que, du point de vue
économique, les dépenses publiques étaient les dépenses de consommation. Les
modernes, quant à eux, voient dans l’interventionnisme de l’Etat un moyen pour celui-ci
(Etat) de jouer son rôle de distributeur.
Au 19e siècle, les activités proprement productives de l’Etat étaient rares. Les
fonctions de l’Etat étaient réduites à des tâches purement administratives. Les dépenses
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Celle-ci est l’œuvre des financiers modernes qui estiment que les dépenses
publiques ne sont pas une simple destruction des richesses mais d’éventuels facteurs de
progrès économique et social. Les dépenses publiques sont au service de l’équilibre
économique pour assurer l’expansion économique grâce à la redistribution. C’est la
conception moderne de l’Etat redistributeur.
Les dépenses des collectivités publiques peuvent être considérées comme des
dépenses des personnes physiques. Ainsi, ces dépenses sont renvoyées dans le circuit
économique. L’Etat est consommateur et distributeur parce qu’il (l’Etat) prélève ici et
réserve là-bas. L’Etat apparaît comme un intermédiaire.
B. Originalité de la redistribution
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EUVRARD (F.) : « La redistribution des revenus par la fiscalité », projet, février 1952, cité par DUVERGER (M) : Op.Cit., p.73.
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Les actes des collectivités publiques dans leur gestion privée n’ont pas une
caractéristique propre.
Utilité indirecte :
Exemples :
Utilité directe :
Certaines dépenses publiques ont une utilité directe. Malgré le poids des thèses
classiques, l’histoire économique a prouvé que certaines dépenses sont productives. La
thèse de l’Etat déficitaire n’est donc pas prouvée.
L’intervention de l’Etat est plus ou moins efficace selon la nature des dépenses.
Plusieurs types de classification ont été proposés : les classifications économiques
l’emportent sur les classifications juridiques ou formelles. Elles varient cependant d’un
pays à un autre.
A. Classifications organiques.
Leur structure est administrative. La définition est basée sur les structures
étatiques: dépenses de l’Etat (Ministères), dépenses communales (municipales),
dépenses provinciales, dépenses des districts.
10
COLSON (J.P.) : Droit public économique, Paris, LGDJ, 1995. Voir aussi P.M. GAUDEMET, J. DE LEUSE, Y. ROLLAND ET PILLOT : Finances
publiques, Paris, 1987.
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1° Les dépenses de fonctionnement ont pour objet d’assurer la vie normale des
services. Ces dépenses n’ont pas pour but de déclencher les dépenses
publiques, ni d’augmenter le capital social ou privé. Il s’agit tout au plus de
maintenir le niveau attendu.
2° Les dépenses d’investissement visent à transformer le capital public ou privé,
pour accroître l’efficacité de la production privée ou publique des biens et
services. L’investissement de l’Etat se définit comme comprenant: la
participation de l’Etat aux investissements publics effectués par les entreprises
d’Etat (contributions budgétaires au programme d’investissement ou
participation au capital d’organismes tels que les Banques de développement :
cas de l’ex Société Financière de Développement - SOFIDE) ; les
investissements directs d’infrastructures et services publics ; les dépenses
d’exploitation et d’entretien des administrations publiques et autres organismes
extérieurs contractées par les entreprises d’Etat. L’investissement de l’Etat
inclut souvent les dépenses ordinaires de salaires, de transport, d’études et
autres frais de fonctionnement.
Sur le plan économique, la différence est grande car, dans les dépenses
effectives, l’Etat prélève une partie de la substance économique, ce qui peut avoir pour
conséquence d’entraîner la rareté des biens et services. Dans le cas des dépenses de
transfert, l’Etat ne prélève rien, il se contente d’agir sur le pouvoir d’achat (en le
modifiant) et laisse aux autres agents économiques les moyens d’intervenir sur les biens
de consommation. Le premier moyen peut être le renforcement de l’inflation
économique.
A. Principe
B. Mise en œuvre
Elle découle de la loi n° 11/011 du 13 juillet 2011 relative aux finances publiques
a finalement procédé à la classification des dépenses publiques dans les dispositions de
l’article 37. Cette classification vient formaliser la pratique dans l’objectif de
rationalisation et de contrôle des dépenses de l’Etat suivant le plan de modernisation de
finances publiques amorcé en début de l’année 2002.
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Celle-ci comprend :
La dette intérieure
La dette extérieure
Elles comprennent :
La rémunération des membres des institutions politiques et coutumières
(traitement du Chef de l’Etat, des membres du Gouvernement, du Parlement, des
cabinets et services de la Présidence, de tous les autres cabinets, des
Commissariats Généraux, des Gouvernorats, des hauts magistrats, des chefs
coutumiers).
La rémunération du personnel actif de l’Etat : traitement de base des
fonctionnaires du régime général, traitement du personnel contractuel relevant des
organismes auxiliaires (budgets annexes), traitement des enseignants de l’EPSP,
ESURS, ATG , des professionnels de la santé, des professionnels de l’agriculture et
du développement rural, des militaires (salaires du personnel militaire,
fonctionnaire de l’Etat, prévus par la loi sur le budget avec assignation spécifique,
des policiers, du personnel diplomatique, rémunération du corps diplomatique et
consulaire accrédité à l’extérieur, traitement des magistrats civils et militaires (non
compris les hauts magistrats), des agents des services de sécurité.
Les dépenses accessoires de personnel, celles-ci concernent :
- le transport du personnel (le transport régulier collectif de personnel de l’Etat ;
l’indemnité de logement, l’indemnité de transport, l’indemnité kilométrique,
l’indemnité de rapatriement, de mutation et d’installation (les rapatriements et
mutations ; concerne aussi les dépenses relatives à l’installation d’un cadre ou
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Il s’agit de :
- L’alimentation (achat de nourriture, aliments, lait, et boissons alcoolisées ou non
pour : personnel civil toutes catégories, personnel militaire, étudiants, incarcérés
dans des lieux de détention, asiles ou centre de correction, malades hospitalisés) ;
- Les produits agro-alimentaires (Produits agro-alimentaires, aliments pour animaux,
sel marin, chlorure de sodium pur) ;
- La vaisselle et ustensiles de cuisine (achat de vaisselle, thermos, et bouilloire,
d’ustensiles pour cantines, cuisines et résidences officielles) ;
Les textiles, insignes et habillement
- Les tissus (achat de drapeaux, fanions, tapis rouge, moquette, tissus, textiles,
fibres synthétiques, moustiquaires, serviettes, nappes, rideaux et draps) ;
- L’habillement (Uniformes, habillement du personnel civil et militaire, y compris
vêtements sportifs. Vêtements, chaussures et accessoires, y compris musette et
sacoche) ;
- Le matériel de campement militaire (toiles de tentes, bâches, lit de campagne,
nattes) ;
- Les insignes et distinctions (insignes, médailles et distinctions honorifiques, à titre
civil, sportif ou militaire) ;
Elles concernent :
F. Transferts et interventions
A. Equipements
Il s’agit de :
Equipements et mobiliers :
Equipement de santé :
Equipement éducatif, culturel et sportif.
Equipement agro-sylvo-pastoral et industriel :
Equipement de construction et de transport :
Equipements de communication :
Equipements militaires :
Contrat d’études :
Il s’agit de :
Construction d’ouvrage et d’édifice
Réhabilitation, réfection et addition d’ouvrages et d’édifices
Acquisition de terrains
Acquisition de bâtiments
C. Le masque monétaire
Lorsqu’on compare les budgets successifs sur une longue période, on peut vite se
rendre compte, partant du cours de la monnaie, que les différents chiffres ne révèlent
pas une situation correcte des choses, la valeur de la monnaie ayant varié à plusieurs
reprises. C’est ce qu’on appelle « le phénomène global de dépréciation monétaire ». Il
faut donc procéder à la correction monétaire. Il s’agit d’exprimer les différents chiffres
en monnaie constante. Autrement dit, pour chaque année, soustraire le montant des
dépenses dues à la marge de dépréciation monétaire et ajouter à la masse due à une
déflation, le montant de déflation.
D. Perturbations techniques
2) Le volume de la population
3) L’étendue du territoire
Dans un pays peu étendu, les dépenses publiques sont davantage concentrées
dans l’espace et les effets économiques sont différents. Exemple : les problèmes
d’infrastructures entre le Congo Démocratique et le Congo Brazzaville : l’étendue du
territoire de la République Démocratique du Congo impose plus de sacrifices aux
80.000.000 de Congolais alors qu’il pourrait en être autrement sur une étendue
représentant 7 à 10 fois la République Démocratique du Congo. Une population vivant
sur un vaste territoire ressentira moins les effets des dépenses publiques, tellement les
problèmes sont multiples.
Mais, cette technique est critiquée et la base de cette critique se fonde sur
l’inégale efficacité des services statistiques dans certains pays.
Un constat s’impose cependant: les dépenses publiques n’ont cessé d’accroître et
c’est là un phénomène universel.
La dépense publique, sous toutes ses formes, fait l’objet de nombreuses critiques.
Si celles-ci sont souvent justifiées, elles tendent cependant à sous-estimer les effets
positifs que ces dépenses comportent.
Même s’il est difficile, il y a un problème qui a été posé par les classiques
consistant à ne pas accroître considérablement les dépenses publiques. On arrive
finalement à une attitude relative.
Ses détracteurs en premier lieu, les financiers classiques, soulignent toutes les
conséquences économiques négatives qu’un excès de dépenses publiques entraîne, et
ceci à 3 points de vues différentes : elles pèsent sur le développement économique, ont
des effets pervers sur la formation du capital et ne contribuent pas nécessairement à la
solution des problèmes auxquels elles sont censées apporter une réponse 11.
Elles peuvent, en effet, freiner la croissance en favorisant une allocation moins
productive des ressources de la collectivité. Un système monopolistique, faute de la
contrainte des coûts et de la concurrence, est toujours moins efficace qu’un système
animé par la compétition. Toute augmentation de la dépense publique risque donc
d’empêcher un emploi plus productif des ressources disponibles, c’est-à-dire de
constituer un obstacle au développement économique.
Par ailleurs, l’excès de dépenses publiques constitue aussi un handicap parce
qu’elles pèsent sur la formation du capital. Toute dépense supplémentaire doit être, en
effet, financée, soit par de nouveaux prélèvements, soit par l’emprunt. Dans le premier
cas, la capacité d’épargne des ménages et des entreprises est amputée ; dans le second
cas, une partie de l’épargne privée, déjà constituée et en quête d’emploi, sera captée
par la puissance publique. C’est ce qu’on appelle l’effet d’éviction 12.
11
BOUVIER (M.), ESCLASSAN (J.C.) & LASSALE (J.P.):op. cit. 60.
12
Idem : op. cit. 60.
34
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A l’inverse, les partisans d’une politique active de dépenses publiques font valoir
des arguments de sens contraire.
Les dépenses publiques permettent de soutenir la demande et elles ont un effet
contra cyclique en période de stagnation ou de régression de la demande privée,
interne ou externe. La consommation collective a une fonction de substitution et de
régulation.
La critique portant sur le caractère, par nature improductif, de ces dépenses, et
notamment des dépenses de fonctionnement, est loi d’être toujours convaincante,
car nombre de ces dépenses – par exemple, celles qui concerne la prévention
sociale, l’éducation, la santé, la recherche etc. sont, en réalité, des investissements
immatériels, indispensables pour assurer l’avenir. Le rôle productif de certains
types de dépenses publiques a été mis en évidence par les théories de la
croissance endogène. Un surplus de dépenses publiques peut, dans des secteurs
stratégiques, contribuer à améliorer la productivité des entreprises privées. Mais
cette rentabilité différée de la dépense publique est difficile à mesurer, puisqu’elle
résulte d’effets favorables qui sont exercés sur les autres agents économiques (ce
qu’on appelle les externalité).
Enfin, l’existence d’un système social avancé, même financé par des transferts, ne
constitue pas fatalement un handicap pour l’économie. Ce qui fait problème, c’est
moins la réponse publique destinée à renforcer une solidarité sociale que les
modalités d’une redistribution qui, se voulant quasi-universelle, est nécessairement
coûteuse, trop lourde à gérer, parfois inefficace ou s’accompagnant même d’effets
pervers.
35
Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU Cours de Finances Publiques G2 Droit
On peut retenir qu’il n’y a pas une limite absolue des dépenses publiques. Il est
conseillé d’éliminer les dépenses économiquement inutiles c’est-à-dire improductives.
Il existe des dépenses publiques politiquement utiles et inutiles. Rien n’empêche
l’Etat de considérer que, politiquement, il assure l’ensemble des activités économiques.
C’est une question de choix politique à faire. Le problème de fond, c’est que dans ce
débat apparemment technique de la limite des dépenses publiques, se greffe un
problème d’idéologie politique: c’est le vieux débat entre le socialisme et le capitalisme,
le socialisme prône l’interventionnisme étatique au nom de la justice sociale, le
capitalisme a pour devise le laisser-faire. Mais, on admet aujourd’hui que l’Etat puisse
intervenir. S’il ne le fait pas directement, il exerce un contrôle.
Ceci étant, on doit s’interroger sur les causes de l’accroissement des dépenses
publiques.
Pour exécuter le budget, l’Etat doit posséder des ressources suffisantes. Pour
cela, il dispose principalement du produit de l’impôt qui est la principale ressource
publique.
L’impôt est la principale ressource publique de l’Etat. Il peut être défini, à la suite
de GASTON JÈZE, comme « une prestation pécuniaire, requise des particuliers par voie
d’autorité, à titre définitif et sans contrepartie en vue de la couverture des charges
publiques »13.
D’autres définitions ont été données par la doctrine et la jurisprudence. Toutes
mettent en évidence les trois éléments stables contenus dans la définition de Jèze :
13
JÈZE (G), cité par DUVERGER (M) : Op.Cit., p.29
38
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B. L’interventionnisme
L’impôt est —ou peut-être— employé pour des aides diverses, pour réduire les
injustices sociales, de façon ponctuelle (personnes âgées, titulaires de revenus
modestes) ou plus générale (nivellement des revenus ou des fortunes), voire pour
assurer à tous les citoyens un minimum de ressources (théorie de l’impôt négatif dont
l’application partielle est faite dans la législation française actuelle avec le revenu
minimum d’insertion).
Le niveau des transferts de revenus, dans le budget de l’Etat notamment,
témoigne de l’importance de cette fonction.
40
Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU Cours de Finances Publiques G2 Droit
Les impôts contribuent de manière variable à alimenter les recettes budgétaires de l’Etat
ou des collectivités publiques. La diversité des prélèvements a donné naissance à
différentes classifications des impôts et taxes ; les plus pertinentes sont les suivantes :
A. L’assiette de l’impôt
C’est l’ensemble des opérations administratives qui ont pour but de rechercher et
d’évaluer la matière imposable. Ainsi, asseoir l’impôt aboutit à déterminer la base
d’imposition. Il arrive donc que le terme d’assiette soit utilisé comme un synonyme de
base imposable.
Trois méthodes peuvent être utilisées pour déterminer les bases d’imposition des
contribuables : l’évaluation indiciaire, l’évaluation forfaitaire et l’évaluation réelle, dite
« déclaration contrôlée ».
L’évaluation indiciaire
Elle consiste à évaluer les bases d’imposition d’un redevable à partir de signes
extérieurs ou indices, facilement dénombrables et difficiles à dissimuler.
42
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L’évaluation forfaitaire
Forfait signifie étymologiquement « à pris fait ».
Le forfait fiscal n’est jamais un contrat, pas toujours un accord, mais on
retrouve dans l’évaluation forfaitaire en matière fiscale l’élément d’approximation,
d’aléa, qui caractérise tout forfait.
Le forfait fiscal est un moyen relativement simple pour évaluer les bases
d’imposition d’un contribuable. Bien qu’il tende à disparaître dans les systèmes fiscaux
modernes au profit de l’évaluation réelle, il joue encore dans notre pays un rôle non
négligeable. A titre indicatif, la plupart des commerçants et artisans sont imposés sur
base du forfait
L’évaluation forfaitaire peut être collective et objective, l’administration
répartissant entre chaque redevable les bases d’imposition (v. forfait collectif agricole).
Elle peut être individuelle et subjective, chaque contribuable débattant avec le fisc le
montant de son revenu imposable (v. forfait individuel en matière de bénéfices
industriels et commerciaux).
Cette méthode d’évaluation quasi indiciaire facilitera l’évaluation des bénéfices
des petites entreprises individuelles et permettra à l’administration de consacrer
davantage d’effectifs aux tâches de contrôle.
B. La liquidation de l’impôt
1) Le fait générateur
Fait matériel ou acte juridique qui donne naissance à la dette fiscale, le fait
générateur de l’impôt détermine les éléments de l’imposition, le régime applicable
à la liquidation et le point de départ de certaines prescriptions.
Absolument discrétionnaire pour le législateur, la fixation du fait générateur est
soumise pour l’exécutif, aux règles générales du droit administratif et tout
particulièrement aux principes relatifs à l’application des lois et règlements dans le
temps.
Exemple de faits générateurs :
- Droits de mutation : date de la mutation
- Droits de succession : décès (date de décès)
- Revenus : clôture de la période de réalisation des revenus.
- Bénéfices des sociétés : clôture de la période de réalisation des bénéfices.
44
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- Dans l’impôt de quotité, le législateur ne fixe pas le produit définitif de l’impôt mais
le taux et les modalités de la taxation. Ce système laisse inconnu le montant exact
de l’impôt ; mais s’il ne permet qu’une évaluation approximative et n’exclue pas les
moins-values, il permet aussi les plus-values. Il permet surtout de fixer le taux de
façon à obtenir le maximum de rendement tout en donnant aux contribuables la
garantie d’un système d’imposition rigoureusement égal à tous.
- L’impôt réel est calculé à partir de la seule matière imposable et sans prendre en
considération la situation personnelle du contribuable. Simple, adapté à certains
prélèvements (droits de douane, droit de mutation), il est le plus souvent injuste
(impôt sur le revenu, impôt général sur la dépense, droit de succession).
Impôt proportionnel
Impôt
Revenu
b) La progressivité :
Technique générale :
Dans l’impôt progressif, le taux lui-même varie; il est d’autant plus élevé que la
matière imposable est plus importante. Ainsi, ce n’est pas seulement la charge fiscale
qui augmente avec la matière imposable mais aussi la proportion de cette matière
imposable qui est prélevée par l’impôt.
La mise en œuvre de la progressivité suppose la fixation de seuils de matière
imposable au-delà desquels le taux s’élève. Cette matière doit donc être divisée en
plusieurs niveaux pour lesquels des taux différents sont édictés.
Ainsi définie, la progressivité peut être appliquée de deux manières:
Progressivité globale :
La division de la matière imposable peut déterminer des classes de contribuables :
le taux prévu pour la catégorie où se trouve le contribuable sera alors appliqué à la
totalité de son revenu. C’est la progressivité globale.
On peut citer pour exemples, les revenus provenant du domaine public et privé
de l’Etat, les revenus tirés des participations de l’Etat dans le capital des entreprises
publiques et privées (dividendes), les frais de justice, les recettes administratives qui
sont recouvrés aujourd’hui par la Direction Générale des Recettes Administratives,
Domaniales, Judiciaires et de Participations (DGRAD).
A ces revenus s’ajoutent les cotisations sociales versées à la caisse nationale de
sécurité sociale.
§3. La parafiscalité
La parafiscalité est une notion floue qui a pris un grand développement ces
dernières années. Il s’agit d’une institution intermédiaire entre celle de taxe
administrative et celle de l’impôt.
On peut dire que la parafiscalité est presque un impôt sans l’être. Elle n’est
nullement une taxe administrative, celle-ci étant facultative avec contrepartie
immédiate.
Elle est presque un impôt parce qu’elle est obligatoire. Sa différence d’avec
l’impôt provient du fait que les prélèvements opérés le sont au profit de certains
organismes publics ou semi-publics, économiques ou sociaux, en vue d’assurer leur
financement autonome. Il en est ainsi par exemple des cotisations obligatoires versées à
l’Institut National de Sécurité Sociale. Mais, il existe bien d’autres organismes
bénéficiaires de ces taxes: chambres professionnelles, Comités.
Par ailleurs, il n’y a pas de proportionnalité entre la redevance payée et la
contrepartie obtenue: les avantages sociaux ne sont pas donnés en fonction des
cotisations qu’on a payées, mais au besoin qu’on a.
47
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Son rôle est d'assurer la distribution des fonds dans l'espace et dans le temps. Il
faut s’assurer qu’à chaque point du Territoire et à chaque instant, les différents postes
comptables sont en mesure de faire face aux paiements exigés par les créanciers de
l’Etat. D’où la nécessité d’une meilleure organisation du mouvement des fonds pour
approvisionner les différentes caisses des comptables. La question est résolue dans les
pays où circule bien la monnaie scripturale. Dans notre pays, seule la réforme du
système financier et bancaire permettra de résoudre ce problème épineux.
La trésorerie consiste à aménager les ressources dans le temps, de façon à les
faire correspondre aux dépenses: par des emprunts, on anticipe des ressources futures
pour faire face immédiatement à des dépenses; par des épargnes, on conserve des
ressources passées pour faire face à des dépenses futures.
Enfin, il faut signaler que lorsque l’utilisation du compte courant et l’émission
d’emprunt ne suffisent pas à assurer la Trésorerie, ils ont recouru aux avances de la
Banque Centrale (voir infra : création monétaire).
Il faut préciser que le Trésor public a par ailleurs une fonction bancaire très
importante. En effet, étant donné la masse des deniers collectés par le Trésor, celui-ci a
la possibilité de les utiliser à d’autres fins que le paiement des dépenses publiques. Le
Trésor agit comme un banquier en fournissant des capitaux ou en octroyant des
avantages à des entreprises dont ils vont assurer le développement.
49
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Les emprunts publics sont des charges pour l’Etat qui y recourt. Autrement dit, ils
constituent la dette publique intérieure.
Les emprunts d’Etat sont prévus dans la loi de finances alors que ceux du trésor
ont lieu sous la seule initiative de l’administration des finances. Cette transformation
justifie le recours à l’emprunt d’Etat moderne.
L’emprunt public recouvre des caractères juridiques et économiques distincts des
autres catégories. C’est une manifestation de l’interventionnisme de l’Etat.
A. Finalité de l'emprunt
C'est le Parlement qui est l'organe de l'Etat compétent pour autoriser le recours à
l'emprunt.
L'emprunt engage les finances de l'Etat et influence pour l'avenir le montant de
l'impôt. Il faudra bien financer le remboursement et les intérêts par l'impôt. Le
Parlement vote l'impôt, il est donc logique qu'il consente également à l'emprunt.
L'emprunt est un contrat administratif (d'adhésion) entre l'Etat et le souscripteur,
bénéfique pour chacune des parties. Il offre pour le souscripteur un intérêt de la
sécurité et constitue souvent une valeur refuge. Il est remboursé par l'Etat aux taux
convenus dans le contrat. L'emprunt pose le problème de la dette publique intérieure.
Notre pay recourt rarement à l’emprunt. Des tentatives sporadiques sont néanmoins
menées pour des opérations à court terme par le truchement de la Banque Centrale :
émission de bons de Trésor, Certificat de Dépôts, etc.
L’emprunt public, à la différence de l’impôt, est un contrat; il est basé sur l’accord
du souscripteur; mais ce contrat, à la différence des contrats privés, est limité par le
poids et la position de la puissance publique.
1) Contenu du contrat
Deux composantes: - un accord de volonté ; - une contrepartie.
a) Accord de volonté
51
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La souscription est tout à fait libre. En principe, l’Etat ne négocie pas les termes
du contrat avec chaque souscripteur. Il s’agit donc d’un contrat d’adhésion. C’est la
différence avec l’impôt. Le prélèvement n’est pour l’emprunt nullement un prix. Il en
résulte des conséquences sociales et psychologiques. Seule une certaine couche sociale
participe à l’emprunt, celle disposant d’une épargne suffisante. Malgré la
démocratisation de l’emprunt public dans de nombreux pays, ce sont les citoyens riches
qui participent à l’emprunt, et certaines couches privées et même publiques. La
conséquence politique de cette liberté est que l’épargne peut ne pas choisir de s’investir
au secteur public. Les gens ne prêtent qu’à un gouvernement en qui ils ont confiance.
Une autre raison est économique, c’est que les souscripteurs n’accordent leur épargne à
l’Etat que s’ils ne peuvent trouver mieux ailleurs d’où l’importance du taux d’intérêts. Par
ailleurs, c’est le caractère pacifique de l’emprunt qui permet d’amortir le jeu social: l’Etat
peut intervenir dans une conjoncture de mécontentement à propos des taxes et des
impôts et ainsi éviter les tensions sociales. L’emprunt qui suppose le libre consentement
peut aussi revêtir un caractère obligatoire pour équilibrer les taxes.
b) La contrepartie
L’argent de l’emprunt n’est pas perdu comme c’est le cas pour l’impôt. Non
seulement la totalité de la somme sera remboursée sauf dans le cas de l’emprunt
perpétuel, mais le souscripteur recevra les intérêts en paiement pour les services
rendus. C’est là une autre différence avec l’impôt et les autres ressources publiques.
16
Cette mobilisation se fait par le biais du marché financier dans l’un de ses compartiments appelé Bourses des valeurs. Pour plus de
détails, consultez les ouvrages de Droit financier dont notamment celui de Bakandeja wa Mpungu, précité.
17
Dictionnaire d’Economie et des Sciences sociales, 6e Edition, sous la direction de ECHAUDEMAISON (C.D), p. 477.
53
Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU Cours de Finances Publiques G2 Droit
Ainsi, la crainte des financiers classiques de voir l’Etat dilapider les ressources
s’estompe, encore faut-il qu’il s’agisse d’un Etat normal, c’est-à-dire démocratique et
respectueux des engagements qu’il prend envers ses bailleurs tant au niveau interne
qu’envers l’étranger.
1) La possibilité de l’emprunt18
Pour recourir à l’emprunt, il faut qu’il soit techniquement possible, c’est-à-dire
que l’Etat trouve des prêteurs. Cela suppose deux choses :
1° qu’il existe une épargne disponible ;
2° que cette épargne soit disposée à s’orienter vers l’emprunt public.
18
DUVERGER (M.) : Finances publiques, op. cit. p.169.
19
L’ensemble de ces opérations se jouent sur le marché financier à travers la bourse. Voir à cet égard:
* STRENS (A. ), Monnaie et Finances, De Boeck Université, Bruxelles, 1988
* Le DUFF (R.), Economie Financière, Dalloz, Paris, 1982
* BAKANDEJA wa MPUNGU (G.), Manuel de Droit Financier, Op. Cit.
54
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On peut retenir que le recours à l’emprunt n’est possible en principe que dans les
périodes de stabilité monétaire (signe de bonne conduite des affaires de l’Etat):
l’inflation ou la peur de l’inflation est un obstacle fondamental à l’émission d’emprunts.
On peut y ajouter aussi l’instabilité politique.
2) L’opportunité de l’emprunt
Supposons qu’il existe une épargne disponible et disposée à s’investir en fonds
publics. Convient-il de recourir de préférence à l’emprunt ou de préférence à l’impôt ?
La réponse est variable dans chaque cas concret.
Le problème est essentiellement un problème de répartition des prélèvements
publics, non pas entre générations comme le croyaient les financiers classiques, mais
entre catégories sociales et individus à l’intérieur de chaque génération. Il faut
considérer la répartition au moment de l’émission et la répartition des charges de la
dette.
* La légèreté de l’emprunt
L’emprunt est un procédé plus doux que l’impôt, parce qu’il ne prive pas
définitivement le contribuable de son argent. On peut donc plus facilement demander de
très grosses sommes d’emprunt à un contribuable que de très grosses sommes
d’impôts20.
20
DUVERGER (M.):Finances Publiques, op. cit. p. 174.
55
Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU Cours de Finances Publiques G2 Droit
La dette publique n’est pas une charge pour les générations futures, considérées
globalement. Elle n’est qu’un transfert. Mais, ce transfert est obligatoire pour l’Etat, qui
se trouve lié par les engagements pris vis-à-vis des prêteurs.
L’emprunt aboutit donc à imposer dans le futur des transactions au détriment des
contribuables et au profit des prêteurs. Sur le plan économique, de tels transferts ne
sont regrettables que dans le cas où les contribuables, qui supportent les impôts
nécessités par la charge de la dette, auraient fait de leur argent un emploi plus utile que
les prêteurs qui reçoivent intérêts et remboursement. Tel n’est pas nécessairement le
cas. En effet, il est d’ailleurs possible qu’aucune augmentation d’impôt ne se produise,
l’accroissement régulier du revenu national et de la population suffisant à faire face au
service de la dette publique.
L’emprunt est une opération en deux phases. L’Etat reçoit d’abord l’argent des
souscripteurs : c’est la phase de l’émission. Ensuite, il doit tenir les promesses qu’il a
faites à ces souscripteurs concernant le service des intérêts et le remboursement
éventuel du capital : c’est la phase dite du service de la dette publique. On se bornera à
les décrire successivement, sans rentrer dans les détails.
A. L’émission de l’emprunt
On l’a dit ci-avant, les émissions d’emprunt sont autorisées par la loi de finances.
En dehors de cette autorisation, c’est le pouvoir réglementaire qui est entièrement
compétent dans ce domaine.
Sur le plan technique, l’emprunt pose deux séries de problèmes aux pouvoirs
publics (gouvernement). Le premier problème concerne la détermination des conditions
faites aux souscripteurs éventuels, c’est-à-dire les avantages à consentir aux prêteurs;
le second est relatif au placement des titres.
a) L’intérêt de l’emprunt
21
DUVERGER, (M.) p. 178 et 180, Précité. Sur la technique de l’emprunt, outre cet ouvrage, on consultera G. JEZE, La technique du crédit
public (cours de finances publiques professé à la faculté de Droit de Paris),1923, 1924, 1926, 1935 et 1936
56
Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU Cours de Finances Publiques G2 Droit
préférera, à taux égal, confier son argent à des emprunteurs privés plutôt qu’à l’Etat:
celui-ci sera donc obligé d’emprunter à un taux supérieur à celui du marché.
Une fois déterminée les conditions de l’emprunt et les avantages consentis aux
prêteurs, il s’agit de placer les titres dans le public.
Trois procédés sont alors possibles :
* la souscription publique : Elle se fait par la campagne de publicité annonçant les
dates d’ouverture et de clôture de l’émission. Les titres peuvent être achetés dans les
guichets de l’Etat, auprès des comptables du trésor, et des PTT ou aux guichets des
établissements financiers publics ou privés (banques, institutions financières non
bancaires etc.).
* La vente directe en bourse (sur le marché boursier) 22 : Les bourses de valeurs
sont des marchés où s’achètent et se vendent les valeurs mobilières, actions et
obligations des sociétés privées et emprunts publics.
* La vente aux banques : Les banques interviennent dans la souscription publique en
prêtant ou plutôt en louant leurs guichets. Les opérations qu’elles font alors sont
seulement des opérations de commission. Mais, une intervention plus directe est
possible: des banques groupées en syndicats de banquiers achètent l’emprunt en
quelque sorte, pour le revendre à leurs clients. On dit qu’elles le « prennent ferme ».
Techniquement, cette vente de l’emprunt aux banques peut se faire de gré à gré, par
accord direct entre le Ministère des Finances et les banques ou par adjudication à la
banque la plus offrante.
Le recours aux banques, présente l’avantage de procurer à l’Etat de l’argent
immédiatement, le circuit étant court, la clientèle limitée.
Par contre, la vente des titres en bourse présente l’avantage de la discrétion, le
souscripteur ignorant si son titre est ancien ou nouveau.
B. La dette publique23
L’emprunt ne crée pas une charge pour les générations futures considérées
globalement. Mais, il crée une obligation juridique pour l’Etat de prélever les sommes
nécessaires au service de la dette (intérêts et remboursement) sur l’ensemble des
citoyens. L’emprunt ne crée pas de charges publiques, au sens précis de ce terme; mais
il entraîne des dépenses publiques de transfert et les dépenses de la dette. L’emprunt
assure le financement du solde budgétaire, c’est-à-dire du déficit budgétaire ; ce solde
22
Sur les mécanismes boursiers, se rapporter aux ouvrages spécialisés de Droit financier précités.
23
HANSMEJER (K.H.), « La dette publique comme moyen de reporter les charges sur les générations futures », Revue de science
financière, 1963, pp.544 et suiv. ; M. DUVERGER : Finances publiques, précité, p. 192 à 204.
59
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représente l’excédent des charges sur les recettes, pour l’ensemble des opérations du
budget général et des comptes spéciaux du Trésor.
Ces dépenses, l’Etat va chercher naturellement à les reproduire et à les aménager
de la façon la plus commode pour lui: c’est vers cette optique de l’allégement des
charges qu’est surtout orientée la politique de la dette. Le moyen le plus direct à cet
égard consiste à diminuer le capital de la dette ; c’est ce qu’on appelle
« l’amortissement ». Mais il est possible aussi, sans toucher au capital, de diminuer les
intérêts ; ce qui allège les charges de gestion de la dette.
a) Dette et emprunt
L’emprunt et la dette sont des composantes majeures de l’histoire financière dans
beaucoup de pays. Ils représentent un enjeu cardinal pour les finances publiques. Si
pendant plusieurs décennies ils n’ont pas posé de problèmes pour notre pays, ils
constituent aujourd’hui un casse-tête pour le Gouvernement qui, tant sur le plan interne
que sur le plan international n’est plus en mesure de supporter le poids de
l’endettement consécutif aux engagements financiers non honorés vis-à-vis de ses
créanciers (publics et privés).
La notion d’emprunt a été examinée précédemment. Elle se confond souvent
avec celle de la dette. Il est donc nécessaire de préciser les contours de la notion de la
dette publique pour une meilleure compréhension.
En effet, la dette est une notion plus large que l’emprunt. Elle comprend
généralement :
- la dette à terme (ou dette consolidée) composée elle-même du montant des
emprunts contractés directement par l’Etat à l’intérieur ou à l’extérieur du pays ;
- la dette viagère, née indépendamment de tout emprunt (pensions, retraites) ;
- la dette flottante qui est composée de :
* certificats et bons du trésor ;
* titres à long terme échus (dette exigible) ;
60
Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU Cours de Finances Publiques G2 Droit
2) L’amortissement de la dette 24
24
L’amortissement de la dette publique (travaux de l’Institut International des Finances publiques), 1939 ; voir également
DUVERGER (M.): p.199.
62
Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU Cours de Finances Publiques G2 Droit
25
Voir à cet égard : DUVERGER (M), p. 227 à 234 ; GAUDEMET (P.M.) et MOLINIER (J.), Finances publiques, Budget et Trésor,
Précité.
63
Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU Cours de Finances Publiques G2 Droit
26
Notre pays a une dette extérieure évaluée à 13,9 milliards de dollars américains. Cette dette est un problème
colossal qui handicape le développement du pays en raison de l’incapacité de l’Etat à honorer ses engagements vis-à-
vis des bailleurs de fonds. La dette extérieure elle-même comprend :
- le principal : 20% de l’ardoise
- les intérêts et encours, 10%
- les pénalités pour non-respect des échéanciers, 70%.
66
Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU Cours de Finances Publiques G2 Droit
L’Etat est une personne morale. Il est un être social déterminé à se maintenir en
vie jusqu’à la fin des temps et de faire vivre le pays en paix, moyennant son
assentiment. Dans cette vocation, il a des droits et des obligations.
Toutefois, l’Etat n’a pas le droit à l’arbitraire. Il n’est pas non plus tenu à
l’impossible. Il est encadré par des lois. Il est tenu de les respecter et celles-ci le
protègent.
Ces lois régissent les prélèvements fiscaux, la création monétaire et les dépenses
publiques. Visant divers équilibres, elles s’imposent à tous et dictent le comportement à
tous, y compris l’Etat.
Les dites lois sont d’autant respectées qu’elles cristallisent des équilibres sur
lesquels sont fondés des consensus qui sont le socle de la paix sociale et le ciment de la
cohésion nationale.
Ainsi :
o il n’est de taxe fiscale que prévue par la loi ; l’arbitraire n’est pas de mise ;
o il est admis que, d’une année à l’autre, les prélèvements fiscaux diminuent alors
que la richesse du pays croît. Le contraire fait problème, vivre de l’endettement
étant une expérimentation de l’agonie ;
o il est admis qu’au cours d’une période donnée, les dépenses publiques s’élèvent
au plus, à la hauteur des recettes fiscales tandis que l’inverse fait problèmes :
tant au niveau global qu’au niveau d’un programme ou d’une ligne budgétaire ;
67
Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU Cours de Finances Publiques G2 Droit
o il est établi l’unicité de la caisse des recettes fiscales ainsi que l’unicité du centre
d’ordonnancement des paiements tandis que la multiplicité desdits organes fait
désordre, le pire étant la privatisation du fisc ;
o il est impératif, pour la comptabilité publique, de retracer le moindre flux financier
et d’avoir une structure de ventilation des flux financiers selon des critères
variés : par programme, par nature, par région, etc. Toute occultation ou toute
omission du moindre quantum financier participe à l’opacité qui fait gros
problème.
Les ressources et les dépenses constituent donc les deux principaux moyens
d’actions financiers de l’Etat. Les ressources du budget général sont principalement
fiscales et doivent être recouvrées pour répondre aux missions de l’Etat. Les ressources
non-fiscales représentent environ 4% de recettes, ce qui pose un problème sérieux dans
la gestion financière publique. Le montant brut des recettes est toutefois amputé, pour
plus du tiers, de divers prélèvements et remboursements au profit des bénéficiaires
autres que l’Etat (entités administratives décentralisées, services administratifs
d’assiette). Les dépenses du budget général sont supérieures aux recettes et le
financement de cet écart est assuré par l’emprunt. Les marges de manœuvre budgétaire
dont dispose l’Etat pour ses dépenses devraient être limitées par la rigidité de certaines
dépenses qui se caractérisent par une inertie et une croissance spontanée. Cette
propension à la dépense devrait justifier une rationalisation des choix budgétaires.
Les finances étatiques sont fondées sur une dualité que la loi n° 11/011 du 13
juillet 2011 relative aux finances publiques a réaffirmée. Alors que la loi de finances est
un texte de synthèse qui regroupe les grandes masses des ressources et des charges de
l’Etat, le budget est « constitué par l’ensemble des comptes qui décrivent toutes les
ressources et charges permanentes ». Il comprend la partie descriptive et comptable de
la loi de finances.
Le budget retrace les ressources et charges budgétaires de l’Etat sous forme de
recettes et des dépenses. Le budget est une description des ressources et charges de
l’Etat.
Les finances de l’Etat apparaissent dans le budget à travers les quatre (4) phases
de l’élaboration, du vote, de l’exécution et du contrôle.
69
Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU Cours de Finances Publiques G2 Droit
Cinq principes budgétaires sont consacrés par la loi des finances publiques,
auxquels peuvent s’ajouter d’autres liés à la gestion financière.
Les budgets annexes et les comptes spéciaux, qui sont rassemblés avec le budget
général dans la loi de finances, constituent des aménagements au principe d’unité.
Quatre comptes spéciaux peuvent être cités ici :
- les comptes d’affectation spéciale qui retracent les opérations budgétaires
financées au moyen de recettes particulières qui sont, par nature, en relation
avec les dépenses concernées ;
- les comptes de commerce qui retracent des opérations à caractère commercial et
industriel effectuées à titre accessoire, par des services de l’Etat non dotés de la
personnalité morale ;
- les comptes d’opération monétaire qui retracent les dépenses et les recettes de
caractère monétaire ;
- et les comptes de concours financiers qui retracent les avances et prêts consentis
par l’Etat.
L’universalité budgétaire veut que l’ensemble des recettes finance l’ensemble des
dépenses et se décline sous deux formes : l’absence de contraction entre recettes et
dépenses et la non-affectation des recettes aux dépenses.
Il est repris dans les dispositions de l’article 7 de la loi relative aux finances
publiques, qui dispose : « Le montant intégral des produits est enregistré sans
contraction entre les recettes et les dépenses et, par conséquent, entre les dettes et les
créances. L’ensemble de recettes assure l’exécution de l’ensemble de dépenses sans
aucune affectation de leur produit à des dépenses particulières ».
73
Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU Cours de Finances Publiques G2 Droit
L’article 8 de la loi relative aux finances publiques énonce : « Les crédits sont
spécialisés par grande nature de dépenses ou titres tel que précisé à l’article 37 de la
présente loi et par source de financement. Ils sont regroupés par programme. Les
programmes peuvent être regroupés par fonction.
La spécialité et le détail des crédits doivent être conformes à la nomenclature
budgétaire des dépenses en vigueur. Dans le cadre d’un budget programme, la
présentation des crédits par subdivision de la nomenclature budgétaire, chapitre, article
et littera est indicative ».
Ce principe est énoncé dans les dispositions des articles 9 et 10 de la loi relative
aux finances publiques.
C. Le Président de la République
A la faveur de l’article 77 de la Constitution, qui prévoit la collaboration entre les
deux chefs de l’exécutif, l’influence du Président de la République sur la politique
budgétaire est évidente compte tenu de la place éminente qu’occupe l’institution
Président de la République et que le Gouvernement issu des élections doit
nécessairement appliquer le programme du Président de la République élu au suffrage
universel.
Ils concernent les procédés employés pour évaluer les recettes et les dépenses
inscrites dans le projet de budget.
Les méthodes d’évaluation des dépenses et des recettes qui ont beaucoup évolué
conservent un caractère administratif ; c’est-à-dire qu’elles se font dans le cadre des
services publics, d’après la nature des dépenses et des recettes.
Cependant, cette règle présente de grandes faiblesses. Les principales sont d'ordre
économique. La règle de la pénultième année ignore le phénomène de cycles
économiques marqué par le niveau économique selon la conjoncture. D'où son
abandon en France depuis 1938.
79
Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU Cours de Finances Publiques G2 Droit
gouvernementales. Qui invite le ministre ayant le budget dans ses attributions à rendre
compte des perspectives budgétaires pour l’année à venir. A l’issue de ce débat
d’orientation du Gouvernement, sont arrêtés les grands objectifs de la politique
budgétaire. Enfin, des instructions dans une lettre de cadrage sont adressées à
l’ensemble de ministres.
Elle passe par la détermination des recettes. Dans le même temps, les prévisions
des recettes sont affinées car les perspectives économiques sont mieux connues en
juillet-août, même si celles-ci restent éminemment aléatoires.
Après examen et adoption en Conseil des Ministres, le projet est déposé dans la
seconde moitié de septembre sur le bureau de l’Assemblée Nationale.
Les prévisions des dépenses et des recettes permettent de définir une première
esquisse budgétaire permettant au directeur de la préparation et du suivi budgétaire
d'élaborer une stratégie budgétaire à soumettre au Ministre concerné au mois de mars.
En cas d'acceptation de l'ébauche par ce Ministre, une instruction y relative est diffusée.
Lorsque des modifications sont demandées, l’esquisse est soumise à une
commission pour réexamen.
L’expérience révèle qu’en RDC, depuis 2006, le Parlement n’a pas su user des
pouvoirs importants lui conférés par le législateur pour influer sur la gestion des
finances publiques par le gouvernement.
leur adoption a pour conséquence, soit une diminution des recettes, soit un
accroissement des dépenses, à moins qu’ils ne soient assortis de propositions
compensatoires ».
Ces contraintes juridiques ont amené les parlementaires à rechercher les moyens
pour agir, d’où la tentative de fait de sauvegarder leurs prérogatives. Ces tentatives
varient selon les régimes politiques.
Dans les régimes à système partisan (comme la Grande-Bretagne), le rôle du
Gouvernement est capital. Mais dans le système partisan souple, le Parlement dispose
d’une influence certaine de fait et d’une capacité de mise en œuvre qui lui permet de
manifester son désaccord par deux techniques. Il s’agit de :
la réduction indicative des crédits : ne pouvant augmenter une dépense qu’il
désire, le Parlement manifestera son mécontentement en le diminuant de
manière explicite. Le Gouvernement averti, procède par lettre de rectification à
l’augmentation souhaitée par le Parlement ;
le refus de discuter les crédits : dans ce cas, le Parlement refuse de discuter la
partie contestée du budget tant qu’elle n’est pas modifiée par le Gouvernement
dans le sens souhaité par les députés. En régime parlementaire, c’est la motion
de censure qui constitue une épée de Damoclès pour le Gouvernement qui est
obligé de reculer. A noter que cette possibilité est écartée par notre constitution
de la Transition. En effet, l’article 95 alinéa 2 dispose que pendant toute la durée
de la Transition, l’Assemblée nationale ne peut renverser le Gouvernement ni par
le rejet d’une question de confiance, ni par l’adoption d’une motion de censure.
Le régime politique congolais présente des particularités propres par rapport aux
régimes classiques (parlementaire et présidentiel).
S’agissant précisément des techniques d’affaiblissement du pouvoir budgétaire du
Parlement, l’article 126 de la Constitution du 18 février 2006 prévoit, dans ses alinéas 8
et 9, les mécanismes suivants :
- Dans le cas où l’Assemblée nationale ne se prononce pas dans les 15 jours sur
l’ouverture de crédits provisoires, les dispositions du projet prévoyant ces crédits
sont mises en vigueur par le Président de la République sur proposition du
Gouvernement délibérée en Conseil des Ministres (alinéa 8) ;
- Si, compte tenu de la procédure ci-dessus prévue, la loi de finances n’a pu être mise
en vigueur au premier jour du mois de février de l’exercice budgétaire, le Président
de la République, sur proposition du Gouvernement délibérée en Conseil des
85
Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU Cours de Finances Publiques G2 Droit
Il s’agit de :
A. Les ordonnateurs
L’ordonnateur est, selon la conception héritée du droit franco-belge, un agent
d’autorité, administrateur élu ou nommé, qui, placé à la tête d’un ministère, d’une
collectivité, d’un établissement, d’un service, est amené à exercer, en sus de ses
fonctions administratives principales, des attributions financières en recettes ou en
dépenses. C’est donc seulement en sa qualité de décideur ou de chef de service qu’il est
doté de celle d’ordonnateur ; en d’autres termes, la fonction d’ordonnateur n’est jamais
que l’accessoire d’une mission d’administration exercée à titre principal.
Le comptable est l’agent qui assume, sous l’autorité du ministre des finances, les
tâches suivantes :
1°) L’engagement est l’acte par lequel un organisme public crée ou constate à son
encontre une obligation d’où résultera une charge. C’est l’acte qui va rendre l’Etat
débiteur. L’engagement est un fait générateur de la dépense.
2°) La liquidation consiste à vérifier la réalité de la dette et à arrêter le montant de
la dépense. Elle implique la vérification du service fait. La liquidation a pour effet
de rendre les dettes certaines dans leur principe et dans leur montant. Le
processus de liquidation englobe deux aspects, en premier lieu celui de la
constatation ou vérification de la dette, en second lieu, son calcul proprement dit.
L’obligation de constatation de la réalité de la dette repose sur une règle ancienne,
celle du service fait au terme de laquelle le paiement des dettes des organismes
publics est subordonné à l’exécution matérielle intégrale des prestations par le
créancier et à leur exécution conformément aux stipulations initiales. Ce n’est
qu’ensuite que peut intervenir la liquidation au sein strict du terme, qui consiste à
calculer ou vérifier le montant de la dette.
3°) L’ordonnancement est l’acte donnant l’ordre au comptable de payer la dépense.
Cet ordre de payer est cette fois de la compétence exclusive de l’ordonnateur.
La Direction Générale des Douanes et Accises recouvre diverses taxes sur les
marchandises, les produits pétroliers.
27
BOUVIER (M), ESCLASSAN (M.C.), LASSALE (J.P.) : Finances Publiques, précité, p. 409.
90
Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU Cours de Finances Publiques G2 Droit
L'exécution des lois de finances fait l'objet d'un encadrement et d'une surveillance
approfondis de la part de différents services et corps administratifs relevant des
ministères ayant les finances et/ou le budget dans leurs attributions.
Les contrôles administratifs sont des contrôles internes, réalisés a priori par
certains corps, agents ou instances spécialisées de l’Etat et portant à la fois sur les
ordonnateurs principaux ou secondaires et sur les comptables. La direction du contrôle
budgétaire et la Direction de Trésorerie exercent les contrôles internes à l’administration
avant le paiement de la dépense.
Les contrôles administratifs, variés, relèvent soit du pouvoir hiérarchique au sein
d’une même administration, soit du rôle spécial joué par le ministre des Finances et son
administration.
28
BERTONI (P) : Finances Publiques, préc. p.50.
91
Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU Cours de Finances Publiques G2 Droit
Ces contrôles sont réalisés par le Ministre des Finances, les comptables publics et
l’Inspection Générale des Finances.
1) Le ministre ayant les Finances et/ou le Budget dans ses attributions exerce
directement en personne ou par l’intermédiaire des contrôleurs financiers, une
surveillance permanente sur les opérations d’exécution du budget effectuées par
les ministres (visa, comptabilité administrative) et même sur leur activité
réglementaire (contreseing).
S’agissant du contrôle de l’engagement, il est entendu que le contrôleur examine la
régularité des opérations d’engagement qui sont effectuées par l’Ordonnateur. Il
vérifie tous les actes qui se traduisent par une dépense immédiate ou future. Toute
proposition d’engagement doit être soumise au contrôleur avec pièces justificatives
sauf en cas d’engagement automatique pour les dépenses de personnel, pour les
effectifs existants. Il doit s’assurer de l’imputation de la dépense, de la disponibilité
des crédits, de l’exactitude de l’évolution de la dépense.
2) Les comptables vérifient, au moment de régler les dépenses et les recettes, la
régularité budgétaire des opérations qui leur sont ordonnées.
92
Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU Cours de Finances Publiques G2 Droit
L’Inspection Générale des Finances est placée, depuis plus d’une dizaine, sous
l’autorité directe du Président de la République.
29
Ordonnance n°87-323 du 15/09/1987 portant création de l’Inspection Générale des Finances, telle que modifiée et complétée à
ce jour.
93
Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU Cours de Finances Publiques G2 Droit
l'année ou une loi rectificative. Il faut noter qu’en général, le projet de loi de règlement
est voté sans discussion au fond alors qu’il aurait dû faire l’objet d’un contrôle efficace.
De façon générale, l’autorité financière du Parlement ne peut être garantie que
dans la mesure où les assemblées elles-mêmes disposent de pouvoirs de contrôle en
cours d’exécution et lorsque le budget est exécuté.
Il est réalisé par la Cour des Comptes conformément aux dispositions de l’article
178 de la Constitution du 18 février 2006 telle que modifiée à ce jour. Elle relève de
l’Assemblée Nationale. C'est une juridiction composée en principe, des magistrats
inamovibles recrutés principalement par la voie de concours.
L’auteur d’une faute de gestion n'est passible d'aucune sanction s'il est établi qu'il
a reçu un ordre écrit, pour autant qu’il ne soit pas manifestement illégal, de sa
hiérarchie ou d'une personne légalement habilitée à donner pareil ordre, après un
rapport circonstancié fait par lui à ce sujet.
L'ordre ou l'autorisation est joint aux pièces ayant fait l'objet du contrôle. Dans ce
cas, la responsabilité du donneur d’ordre, supérieur hiérarchique ou de la personne
légalement habilitée, se substitue à celle de son subordonné.
Aux termes de l’article 34, la Cour des comptes assiste le Parlement, l’Assemblée
provinciale, l’organe délibérant de l’entité territoriale décentralisée, le Gouvernement, le
Gouvernement provincial et l’exécutif de l’entité territoriale décentralisée dans le
97
Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU Cours de Finances Publiques G2 Droit
contrôle de l’exécution des lois de finances, des édits budgétaires et des décisions
budgétaires.
Comme on peut le constater, il s’agit d’un pouvoir est général et permanent. Les
matières à contrôler ne connaissent aucune limitation légale.
A titre indicatif, on peut citer :
Le Compte Général du Trésor
Les Comptes des Comptables Publics ;
Les Comptes des Etablissements Publics ;
Les fautes de gestion en matière de discipline budgétaire et financière ;
Les Comptes d’emploi des organismes privés bénéficiaires du concours de
l’Etat, des Entités administratives décentralisées ou de tout autre
organisme public ;
Les Comptes relatifs aux sommes dues à l’Etat au titre de prêts et de
garantie d’emprunts ;
Le service de la dette publique ;
Les Comptes des organismes des budgets annexes…
Le contrôle de la Cour des Comptes porte essentiellement d’une part sur
l’exactitude, la légalité, la régularité pour les opérations budgétaires et comptables et
d’autre part sur l’efficacité, l’efficience et l’économie pour les opérations de gestion des
Entreprises Publiques.
Les justiciables de la Cour sont notamment :
Les comptables publics ;
Le caissier de l’Etat ;
Les comptables de fait ;
Les fonctionnaires et agents de l’Etat ou des entités administratives
décentralisées ;
Les responsables ou agents des établissements publics et organismes
privés subventionnés ;
Les autorités adjudicatrices.
3) Mécanisme de contrôle
La régularité du compte est appréciée à partir de l’examen de toutes les
opérations effectuées par le comptable et des pièces justificatives produites à l’appui de
ces opérations.
4) Résultat du contrôle
A l’issue du contrôle, la Cour peut prendre comme décision, selon les cas :
- soit un arrêt de décharge lorsque les comptes sont réguliers ;
100
Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU Cours de Finances Publiques G2 Droit
CONCLUSION
(Tirée de l’ouvrage de Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU, « Les finances publiques ».
Pour une meilleure gouvernance économique et financière en République Démocratique du Congo,
Bruxelles, éd. Larcier, 2006)
Les développements précédents nous ont permis d’avoir une vue d’ensemble sur la gestion des finances
publiques et de mesurer la profondeur de la crise économique et financière qui perdure depuis plus de trois
décennies. En dépit des efforts entrepris au cours de 4 dernières années, la gestion des finances publiques a été et
reste encore à la limite de l’orthodoxie, ce qui montre la dimension de la tâche en vue d’une meilleure gouvernance
devant permettre de relever les défis du développement.
Avant de se pencher sur les pistes à explorer pour retrouver les standards universels en matière de gestion
financière, il y a lieu de cerner les contenus et les contours de la gouvernance.
Qu’entend-on par gouvernance économique et financière pour les pays en développement ?
La gouvernance peut être entendue comme un mode de contrôle, d’organisation et de régulation s’exerçant
au sein d’entités économiques ou géopolitiques complexes plus ou moins étendues 30.
Rappelons que c’est à la fin des années 80 que, face aux mauvais résultats économiques des pays en
développement, les bailleurs de fonds multinationaux et en particulier la Banque Mondiale, ont suggéré aux pays
concernés de procéder à l’ajustement de leurs politiques économiques, notamment par l’assainissement de leurs
finances publiques en vue de résoudre les problèmes de leur endettement. Un rapport de la Banque Mondiale de
1989 soulignait que le redressement économique dans les pays en développement nécessite un « good
governance ». Depuis lors, ces bailleurs exigent des Etats concernés d’améliorer la gestion de leurs finances
publiques par une bonne gouvernance, celle-ci devenant une conditionnalité.
Trois conceptions de la gouvernance doivent être relevées ici :
1° La « bonne gouvernance » prescrite alors aux pays en développement est d’inspiration libérale et se traduit par
la nécessité d’opter pour l’équilibre budgétaire dans la gestion budgétaire (réforme fiscales, réduction des
dépenses publiques, suppression des subventions, libéralisation des échanges extérieurs (marchandises et
capitaux), privatisation des entreprises du secteur public, déréglementation, transparence des organes de
décisions, lutte prioritaire contre l’inflation). Telle est la 1re conception.
2° La deuxième conception de la gouvernance peut être qualifiée d’institutionnaliste. La réforme de l’Etat, de ses
capacités et de ses fonctions est considérée comme la condition du succès économique. Il faut également
accroître les capacités de toutes les institutions qui permettent de promouvoir des processus, des normes et
valeurs favorables au développement.
3° Une troisième conception de la gouvernance – pays tente d’analyser les rapports entre le marché et la
démocratie, afin de déterminer si ces rapports et les arrangements institutionnels qui les caractérisent évoluent
dans un sens favorable au développement, à l’équité et à la justice sociale. C’est dans ce cadre que l’on parle de
la facilité pour la croissance et la réduction de la pauvreté.
30
On distingue principalement la gouvernance globale (au niveau de l’économie mondiale), la gouvernance – pays (au niveau des
Etats-Nations) et la gouvernance – entreprise (même si d’autres niveaux ou domaine de gouvernance sont à mentionner :
gouvernance urbaine, gouvernance de l’internet.
102
Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU Cours de Finances Publiques G2 Droit
Ces prémisses étant rappelées, la question se pose de savoir comment atteindre une gouvernance
économique et financière favorable au développement, au regard de la persistance des pratiques de mauvaise
gestion (détournements de deniers publics, corruption, concussion, etc.).
Sur la base des données financières examinées ci-avant, lesquelles sont marquées par la gabegie
financière, la corruption et les détournements des deniers publics, les pouvoirs publics congolais se sont engagés,
dès 2001, à mettre de l’ordre dans la gestion des finances publiques, étape nécessaire et condition pour renouer le
dialogue avec les institutions multilatérales de financement du développement.
Pour atteindre cet objectif, des préalables tant au niveau du cadre juridique et institutionnel que de la
programmation de la gestion et du contrôle budgétaire devront être levés.
I. Nécessité d’une adaptation du cadre juridique et institutionnel aux exigences d’une gestion rationnelle
A la lumière des développements précédents, il apparaît évident que le cadre juridique et institutionnel
actuel n’est pas adapté à la gestion des finances publiques modernes, laquelle implique des méthodes de gestion
financière plus élaborées. En effet, la loi relative aux finances de l’Etat qui date des années 1983, modifiée en 1987
constitue encore le texte de référence quand bien même certaines de ses dispositions ne sont plus appliquées. Elle
est devenue obsolète et ne permet pas la transparence des opérations budgétaires ainsi que la fluidité de ces mêmes
opérations. De plus, les administrations méconnaissent le Règlement Général de la Comptabilité Publique « RGCP »,
lui-même datant de plus d’une cinquantaine d’années.
Au niveau des structures d’exécution des finances publiques, il est constaté une quasi-absence des
moyens matériels alliés à l’insuffisance de ressources humaines. On sait que la Fonction Publique congolaise n’attire
pas les jeunes cadres universitaires à la suite de la modicité et la précarité de la rémunération. De plus, l’inflation
réglementaire ne facilite pas la tâche des administrations qui se disputent les attributions (Budget-finances) rendues
difficiles depuis la scission du Ministère des finances et budget en deux départements distincts, l’un chargé des
finances, l’autre du budget. Ce chevauchement des compétences contribue à la perturbation des mécanismes de
gestion..
la tenue et le traitement des écritures comptables tenues sur les opérations et la vérification des modalités
d’exécution par la Banque des ordres de paiement ou d’encaissement lui transmis. Ce service appelé Bureau du
Caissier de l’Etat, est un Agent comptable juridiquement coresponsable avec la Banque Centrale de la validité et
l’exactitude des opérations et écritures comptables tenues sur les opérations exécutées en banque, spécialement
devant l’Ordonnateur Délégué. Cependant, la pratique est toute autre depuis plus de trois décennies. Sous le
prétexte d’efficacité, il a été décidé le détachement de la Division de l’Ordonnancement de la Comptabilité Publique
de services de l’ordonnateur délégué, alors que ce service dispose de toutes les structures de suivi et de contrôle tant
en écritures que sur les espèces, au profit de la Direction de la Trésorerie Générale et des questions monétaires avec
laquelle travaille depuis lors la Banque Centrale. Il s’agit là d’une vision erronée de la fonction Comptable s’agissant
particulièrement des opérations réalisées en banque pour le compte des pouvoirs publics. D’où l’intérêt d’une
meilleure programmation en vue d’une gestion efficace.
La Banque Centrale du Congo, caissier de l’Etat, est pratiquement placée en ce qui concerne les
ressources de l’Etat sous la supervision des régies financières. Concernant les dépenses, elle est entre les mains de
la Direction du Trésor et de l’ordonnancement. Or, il est admis que l’ordonnancement ne fait pas partie de cette
Direction. Par le passé, la Direction du Trésor et de l’ordonnancement s’occupait plus des problèmes monétaires et
bancaires de l’Etat et des questions financières spécifiques (Portefeuille, dette publique). On semble faire de
l’amalgame. L’ordonnancement avec le Trésor forme la Direction du Trésor et s’occupe des paiements quotidiens à
charge du Trésor dans le cadre de l’exécution du budget, en lieu et place de la Direction de la Comptabilité publique.
Ce transfert des compétences entraîne plusieurs conséquences :
l’absence d’assujettissement véritablement contraignant de la Banque Centrale du Congo aux ordres de
l’Ordonnateur tant des recettes que des dépenses de l’Etat ;
le grippage des mécanismes de la responsabilité comptable des fonctionnaires du Ministère des Finances
opérant dans la tenue des écritures sur les opérations du caissier de l’Etat aux côtés des Ordonnateurs
recourant à la voie bancaire.
la mise à l’écart de la Direction de la Comptabilité Publique dans la surveillance, l’organisation et le contrôle des
écritures comptables ainsi que les mouvements de fonds dans les circuits bancaires concernant l’Etat en général
et le caissier de l’Etat en particulier ;
le changement irrégulier des missions traditionnelles de la Direction de la Trésorerie Générale et des Questions
monétaires, à savoir : la surveillance, la mobilisation et la rentabilisation bancaire et économique de toutes les
ressources financières et monétaires de provenance budgétaire ou non constituant le gage essentiel de la
prospérité de toute nation et justifie l’appellation universelle de Trésor Public.
Le Conseil Permanent de la Comptabilité au Congo (CPCC) a une mission de conception et de gestion du
système comptable, de régulation de la profession comptable, de centralisation de l’information comptable et surtout
de conseil du gouvernement sur toutes les questions se rattachant à la comptabilité.
L’Inspection Générale des Finances(IGF) a pour mission d’auditer l’ensemble des administrations
financières ainsi que toutes les entreprises qui bénéficient, à un titre ou à un autre, de financement de l’Etat.
2. Le Ministère du Budget
Le Ministère du Budget est chargé d’assurer l’élaboration, le suivi et le contrôle de l’exécution du budget
de l’Etat, le règlement définitif du budget de l’Etat, l’encadrement des dépenses publiques et le contrôle de la paie.
104
Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU Cours de Finances Publiques G2 Droit
Dans l’accomplissement de leurs tâches respectives, les Ministère des Finances et du Budget sont
appuyés par une cellule technique.
La cellule informatique interministérielle(CII) est un service interministériel mais conjointement à la
disposition du Ministère des Finances et du Ministère du Budget avec autonomie technique et indépendante de
différents services en charge de l’exécution du budget.
3. Le Ministère du Portefeuille
Le Ministère du Portefeuille n’intervient pas dans le circuit de la dépense publique. Son rôle, en tant
qu’autorité de tutelle sur les entreprises du Portefeuille de l’Etat (entreprises publiques et d’économie mixte) est de
veiller à la rentabilité économique et financière de ces entreprises. Il intervient dans la mobilisation des recettes de
l’Etat, principalement les dividendes attendus lorsque ces entreprises présentent des résultats bilantaires positifs. Ce
qui n’est plus le cas depuis plus d’une vingtaine d’années.
Le Conseil Supérieur du Portefeuille, cellule technique, placé sous sa responsabilité, est chargé d’assister
le gouvernement dans le suivi et le contrôle des entreprises publiques ainsi que la gestion des participations de l’Etat
dans les sociétés d’économie mixte. Cette structure ne nous semble pas à la hauteur des attentes. Au lieu de
contribuer au redressement des entreprises du Portefeuille, le Conseil Supérieur du Portefeuille, fonctionnant sans
moyens matériel et financier, vit aux mamelles de ces dernières en termes de collation pour les séminaires, prise en
charge de ses agents pour les missions à l’extérieur et dans le pays.
4.L’intervention du Parlement
Conformément aux dispositions constitutionnelles, le Parlement assure la mission de contrôle du
gouvernement en matière financière par le moyen du vote de la loi annuelle des finances et des lois de règlement. La
Commission Economique et Financière de l’Assemblée Nationale est chargée d’examiner les projets de loi de nature
financière et d’interroger les membres du gouvernement et les autorités administratives sur la manière dont sont
gérées les finances de la République. Une fois la loi de finances définitivement votée, il appartient au Gouvernement
d’en assurer l’exécution. Les crédits ouverts par les lois de finances sont mis à la disposition des Ministres, une mise
à disposition qui se fait par décrets de répartition pris en Conseil des Ministres.
L’autorisation parlementaire qui découle du vote de lois des finances n’est pas figée et c’est pour deux
raisons. En premier lieu, la nature des différents crédits visés dans la loi des finances permet des variations. En
second lieu, l’autorisation peut faire l’objet de modification de la part du Gouvernement ou du Parlement dans les
conditions fixées par la loi organique. Si ces principes peuvent être maintenus, les conditions de modification doivent
être soumises à un contrôle afin d’une part de renforcer l’efficacité de la gestion publique et d’autre part, améliorer le
contrôle parlementaire. Dès lors, il faut s’interroger sur la portée de cette autorisation. En évoquant la portée de cette
autorisation, on sous-entend que la loi de finances n’est pas une loi impérative, ce qui pourrait constituer un
paradoxe. Cependant, ces termes signifient que les dispositions qu’elle édite sont susceptibles de variations ou d’une
application souple. A condition que l’on n’en fasse pas un usage abusif.
L’expérience au cours de deux dernières années révèle que le Parlement n’a pas su jouer pleinement son
rôle principalement en ce qui concerne les modifications apportées par l’Exécutif dans le domaine de la gestion
financière de dépenses de l’Etat.
105
Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU Cours de Finances Publiques G2 Droit
La Cour des Comptes exerce, on l’a vu, un pouvoir général et permanent de contrôle juridictionnel sur la
gestion des finances publiques en assurant la transparence de l’emploi des deniers publics, en éclairant le Parlement,
le Gouvernement et les citoyens sur la gestion publique. Pendant plus d’une vingtaine d’années, elle n’a pas été mise
à contribution pour assurer la transparence dans la gestion des finances publiques.
L’expérience révèle que la préparation de la loi des finances de l’année ou loi budgétaire ne fait pas l’objet
d’une attention soutenue de la part des administrations préposées à cette tâche.
On l’a vu, la préparation du budget est lancée au mois de mai avec la diffusion de la circulaire budgétaire.
Il n’existe pas de calendrier formel pour la préparation du budget de l’Etat. Ce qui pose le problème de fiabilité des
données. Les Conférences budgétaires qui devaient être les lieux de discussion et d’échanges entre l’Administration
du Budget et les administrations sectorielles sont rarement organisées. De façon générale, l’administration du budget
ne semble pas prendre à cœur cette étape de discussion. Les raisons sont ailleurs. En effet, très peu de cadres
administratifs comprennent les mécanismes et font plus de la routine que de la réflexion. De plus, le Budget Général
de l’Etat ne présente pas globalement l’ensemble des budgets de la sphère financière. Certains financements
extérieurs destinés aux projets d’investissement gérés par des structures spécialisées ne sont parfois pas repris dans
les documents budgétaires. Par ailleurs, certaines ressources propres des budgets annexes et budgets pour ordre et
les dépenses correspondantes, ne sont pas intégrées ou consolidées dans le budget de l’Etat et les rapports
budgétaires.
Une constante est observée dans le cycle d’élaboration des budgets depuis près d’une décennie : le non
respect du calendrier.
Parfois les prévisions budgétaires sont élaborées sans concertation avec les ministères sectoriels.
Globalement, la nature inefficace de la communication entre la Direction de la Préparation et de Suivi Budgétaire et
les ministères sectoriels dans cette phase limitent l’implication des ministères et des administrations et conduit à la
déresponsabilisation de ces administrations dans l’exécution du budget.
B. L’exécution budgétaire : Celle-ci commence avec la promulgation de la loi des finances et la diffusion
aux administrations de la « Circulaire avec instructions d’exécution du budget de l’Etat » pour l’exercice budgétaire de
l’année en cours. Dans la pratique, l’exécution est différée de deux à trois mois. Les administrations s’en plaignent
puisqu’elles accèdent avec beaucoup de retard aux crédits budgétaires. Les dépenses sur ressources internes sont
exécutées suivant les procédures établies dans le Manuel de procédure de la dépense publique rendu public en 2003
qui décrit les procédures « standard » et les procédures de dépenses par exception. Ce Manuel reprend un circuit de
la dépense classique telle que prévu par le Règlement général de la comptabilité publique à savoir : l’engagement, la
liquidation, l’ordonnancement et le paiement.
Les retards récurrents dans la préparation du budget et sur son exécution entraîne comme conséquence
une accumulation des engagements des dépenses en fin d’année budgétaire, ce qui, bien entendu, conduit à un fort
décaissement de fonds préjudiciables au Trésor. Une situation qui favorise l’inflation en perturbant certains
paramètres macro-économiques. L’incapacité d’absorption de ressources est devenue une gangrène en dépit des
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progrès réalisés au cours de ces 3 dernières années. L’insuffisance des informations sur le service fait, le non-
respect de la réglementation concernant le paiement et le fait que le Ministère des Finances n’est pas connecté au
système informatisé de la chaîne de la dépense introduit des retards dans la phase ordonnancement du circuit de la
dépense.
On déplore la forte tentation à l’utilisation des procédures exceptionnelles et le dépassement devenus
monnaie courante dans le chef de certaines administrations dépendant des ministères de souveraineté (Défense
Nationale, Affaires Etrangères, Intérieures et Sécurité, etc.). Il est à noter que les recours fréquents aux procédures
exceptionnelles (dépenses d’urgence, mise à disposition des fonds) ne permettent pas une bonne traçabilité sur la
nature des dépenses réalisées et affaiblissent le contrôle budgétaire. L’utilisation de ces procédures pose ainsi un
problème structurel à la gestion normale des dépenses budgétaires et constitue un risque majeur de non
transparence dans l’exécution budgétaire.
C. La reddition des comptes : C’est l’une des faiblesses du système de gestion des finances publiques. En
effet, depuis plus de trois décennies, les gouvernements de la République ont pris le plaisir de ne pas se conformer à
cette norme élémentaire de gestion des finances publiques. A la demande des Institutions de Bretton Wood, le
gouvernement a présenté les comptes de 2003 au mois de novembre 2004 sur pression de l’Assemblée Nationale.
Mais ces comptes n’ont pas fait l’objet de discussion au Parlement.
La responsabilité pour la reddition des comptes et l’élaboration de la loi de règlement sont confiées à la
Direction de la Reddition Générale des Comptes. Conformément aux dispositions des articles 162 et 163 de la
Constitution de la Transition et des articles 25, 27, 44 et 45 de la loi financière de 1983, le Gouvernement a rendu
compte en 2005, de l’exécution du Budget de l’Etat du dernier exercice clos en présentant les réalisations des
recettes et l’exécution des dépenses. Dans ses observations relatives au projet de loi portant Arrêt des Comptes et
Règlement définitif du Budget de l’Etat pour l’exercice 2003, la Cour des Comptes émet des doutes sur la fiabilité des
données de la reddition des comptes en raison de discordances entre les données de la Direction des Comptes et
celles fournies par la Direction du Trésor et de l’ordonnancement, de l’OFIDA et de la DGRAD.
D. La gestion de la Trésorerie : Elle est assurée par la Banque Centrale du Congo en tant que Caissier de
l’Etat sous la surveillance de la Direction du Trésor du Ministère des Finances. En matière de dépenses, la Direction
du Trésor réalise toutes les mises en paiement par le biais du système informatisé de la chaîne de la dépense. Le
Compte Général du Trésor, avec huit sous comptes, centralise normalement toutes les opérations financières de
l’Etat tant en recettes qu’en dépenses avec les anomalies signalées dans la comptabilisation. En définitive la Banque
Centrale du Congo n’assure que la consolidation partielle des comptes bancaires qui portent uniquement sur ceux
ouverts à son siège, ce qui bien entendu conduit à des situations nettes négatives du Compte Général du Trésor.
Les autres comptes, nombreux (plus de 700) ouverts auprès des banques commerciales, parfois sans
autorisation du Ministère des Finances, continuaient à être opérationnels jusqu’à la dernière recommandation du
Fonds Monétaire Internationale en 2004 proposant leur suppression dans le cadre de la bonne gouvernance.
L’utilisation des fonds qui se trouvaient dans lesdits comptes n’a pas fait l’objet d’un audit et n’a pas été intégrée dans
le tableau des opérations financières de l’Etat. On peut désormais s’attendre à une rationalisation de la gestion de
ces comptes dans le cadre de la politique d’assainissement des finances publiques.
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E. Les contrôles administratifs : Ils sont ou devraient être organisés par des organes ou organismes
spécialisés de l’Etat. La Direction de la comptabilité & budget (DCB) et la Direction du Trésor et de l’ordonnancement
exercent les contrôles internes à l’administration avant le paiement de la dépense. Or, on a vu que certaines missions
de la Direction de la Comptabilité sont exercées, en matière des dépenses par la Direction de la Trésorerie. Des
contrôles internes sont aussi exercés après le paiement de la dépense par l’Inspection Général des Finances (IGF) le
service d’audit supérieur du Gouvernement sous la tutelle du Ministère des Finances.
Le contrôle de l’inspection Générale, sous la forme d’audit interne, est exercé par l’Inspection des
Finances qui consiste à auditer l’ensemble des administrations financières ainsi que toutes les entreprises qui
bénéficient, à un titre ou un autre, de financement de l’Etat. Il est tatillon. L’IGF ne dispose pas de programme
structuré et détaillé des vérifications ou d’audits à réaliser. Ses missions se limitent à des constats de mauvaise
gestion, non suivis pour la plupart de temps des sanctions. Ses missions sont ponctuelles en réponse à des
demandes exprimées par le Ministère des Finances ou autres. Si depuis 2004 on constate une amélioration sensible
des audits réalisés par l’IGF, il reste à les ramener aux procédures standards de la dépense. Une harmonisation des
contrôles entre le Cabinet du Ministère du Budget et celui du Ministère des Finances s’avère nécessaire. C’est une
conséquence du démembrement des attributions de Ministère des Finances consécutif au partage du pouvoir entre
les composantes politiques qui dirigent actuellement le pays.
Par ailleurs, se pose le problème des capacités des agents de l’Inspection Générale des Finances qu’il
faut renforcer. De même qu’il est urgent de planifier le rajeunissement du personnel pour plus d’efficacité.
F. Le contrôle juridictionnel, celui-ci est assuré par la Cour des Comptes. Elle exerce un pouvoir général et
permanent de contrôle juridictionnel sur la gestion des finances publiques ; elle relève désormais de l’Assemblée
Nationale. Pendant près de deux décennies, la Cour des Comptes n’a pas été en mesure d’exercer son pouvoir de
contrôle sur la gestion des finances publiques, faute de moyens à la fois financier et matériel. Ses contrôles
sporadiques ont été plus pédagogiques qu’administratifs. Depuis 2004, le Gouvernement et les bailleurs de fonds
multilatéraux lui ont accordé d’importantes subventions pour la rendre opérationnelle et efficace dans la réalisation de
ses missions. La Cour a cependant réalisé des rapports montrant certains dysfonctionnements sur la fiabilité des
données, l’absence de contrôle de l’effectivité de la dépense et d’importants dépassements de crédit au niveau de
certains services de l’Etat / Gouvernement – Banque Centrale notamment).
dépenses qu’en recettes. Le gouvernement doit favoriser un appui en ressources humaines et le renforcement des
relations entre le Parlement et la Cour des Comptes pour les assister dans leur mission de contrôle.
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