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FINANCES PUBLIQUES
Par
Mai 2023
T.-G. Kalonji
Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
REMARQUES PRELIMINAIRES
I. Finalité du module
Les finances publiques, qui apparaissent comme l’un des principaux leviers de l’action
publique, sont constamment au cœur de l’actualité. Elles ont profondément évolué avec la
transformation du rôle de l’Etat.
Ce module a pour ambition de présenter aux auditeurs, de façon synthétique et pratique, ces
finances publiques que l’on définit habituellement comme l’ensemble des règles gouvernant
les recettes et les dépenses des administrations publiques.
Les finances publiques seront donc étudiées ici dans leur globalité en tenant compte de leur
pluridisciplinarité, au carrefour de phénomènes juridiques, politiques, économiques et
sociétaux.
Le module est construit autour de la problématique générale des interventions financières de
l’Etat et autres personnes morales publiques (collectivités publiques) par les moyens classiques
(fiscalité et parafiscalité) et modernes (trésorerie, emprunt, dépenses publiques), et leur
planification dans le temps à travers le budget (processus d’élaboration, d’exécution et de
contrôle de l’utilisation des deniers publiques).
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Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
Le cours est direct dans la mesure où il est dispensé en présentiel, au contact direct entre le
formateur et les auditeurs. Pour ce faire, un syllabus est mis à la disposition des auditeurs
pour leur permettre de mieux assimiler les explications fournies par l’enseignant ;
Le cours est interactif car, au-delà du caractère magistral, un échange direct (questions-
réponses) entre l’enseignement et les étudiants permet d’approfondir des éventuelles
« zones d’ombre » sur les matières traitées et de garantir ainsi une meilleure assimilation du
cours ;
Le cours est pratique, dans la mesure où il est prévu quelques études de cas ou scénarios
basés sur des situations de la vie réelle et auxquels on demandera aux étudiants de réagir.
Dans l’optique de permettre aux étudiants d’approfondir les notions abordées dans le cadre du
présent enseignement, il leur est recommandé de consulter librement les ouvrages généraux ci-
après :
ABOLIA (J.M.), Finances et comptabilité en République Démocratique du Congo – Principes
– Pratiques et perspectives, Kinshasa, B.E.S.I.F., 2005.
ADAM (F.), FERRAND (O.) et RIOUX (R.), Finances Publiques, Paris, Presses de Sciences
Politiques et Dalloz, 2003.
AIME (C) et ROCHEDY (M), Droit fiscal 2019, Paris, Sirey, 2019.
AZAMA LANA, Droit fiscal zaïrois, Kinshasa, Editions Cadicec, 1986.
BAKANDEJA WA MPUNGU,
- Droit des Finances publiques, Kinshasa, Ed. NORAF, 1997.
- Les Finances Publiques. Pour une meilleure Gouvernance économique et
financière en République Démocratique du Congo, Bruxelles – Paris – Kinshasa,
Ed. Larcier et Afrique Edition, 2006.
- Droit minier et des Hydrocarbures en Afrique Centrale. Pour une gestion
rationnelle, formelle et transparente des ressources naturelles, Bruxelles, Larcier,
2009.
- Manuel de droit financier, Kinshasa, éditions universitaires africaines, 1997.
BAKANDEJA WA MPUNGU/KALONJI TRESOR-GAUTHIER/AMISI MATONGO
JOSEPH/ALUMBA VINCENT DE PAUL, Les finances publiques en République
démocratique du Congo - La longue croisade pour une gouvernance financière débarrassée
des démons de la corruption et du détournement des deniers publics, Bruxelles, Bruylant,
2020.
BAZIADOLY (S.), Les finances publiques, Paris, PUF, Collection Que sais-je ? 2008.
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Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
BEKOLO EBE (B.), MAMA TOUMA, FOUDA (M.) dir., Dynamiques de développement du 21e
siècle (Mélanges en l’honneur de Georges Walter NGANGO), Collection Grands colloques,
Paris, Montchrestien, 2003.
BERTONI (P.), Finances Publiques, l’essentiel du cours, Paris, Vuibert, 3e édition, 2001.
BOOTE (A.R.) et THUGGE (K.), Allègement de la dette des pays à faible revenu ; l’initiative
en faveur des pays pauvres très endettés, Washington DC, Série de Brochure FMI, 2001.
BOUVIER (M), ESCLASSAN (M.C.) et LASSALE (J.P), Finances Publiques, Paris, L.G.D.J., 14e
éd., 2014.
CATTEAU (D.), Droit budgétaire. Comptabilité publique, 2019 – 2020, Paris, Hachette, 6ème
édition, 2020.
CHAMBAS (G.) dir., Afrique au Sud du SAHARA : Mobiliser des ressources fiscales pour le
développement, Paris, Economica, 2005.
CHATAIL (C), Finances Publiques, Orléans, Ed. Paradigme, Publications Universitaires,
Année universitaire 2004-2005, 6e édition.
CHOUVEL (F.), L’essentiel des Finances publiques, Paris, Gualino éditeur, 6e édition, 2005.
CHOUVEL (F.), Finances publiques 2018, Paris, FAC Universités Mémentos LMD, Gualino
Lextenso, 21ème édition, 2018.
CLOSON (F.L) et FILIPPI (J), L'économie et les Finances : Le Ministre, L'Administration, Les
Services, Paris, 1968.
COLSON (J.P.), Droit public économique, Paris, LGDJ., 1995.
DERUEL (F), Finances publiques, Droit fiscal, Paris, Mémentos Dalloz, 1995.
DE VILLIERS (M.) et DE BERRANGER (TH.), Droit public général. Institutions politiques,
administratives et européennes - Droit administratif – Finances publiques, Paris,
LexisNexis, 5e édition, 2011.
Direction des Etudes et Planification/Finances-RDC, Condensé des statistiques des finances
publiques, N° 002 (2000-2018), Février 2020,
DUFOUR (A.C), KOTT (S), MONIOLLE (C), Finances Publiques, Paris, Ellipses, 3ème édition,
2020.
DUVERGER (M), Finances publiques, Paris, PUF, Coll. Thémis Science politique, 1988.
ECHAUDEMAISON (C.D) : Dictionnaire d’Economie et des Sciences sociales, 6e édition,
Paris, éditions Nathan, 2004.
GAUDEMET (P.M), MOLINIER (J), Finances publiques, Tome I, Politique financière, Budget
et Trésor, Paris, Montchrestien, 6e éd. 1992.
GICQUEL (J), Droit constitutionnel et institutions politiques, Paris, Montchrestien, 15e
édition, 1997.
GRANDGUILLOT (B et F), L’essentiel du Droit fiscal, Paris, Gualino, Lextenso, 2019.
GROSCLAUDE (J.) et MARCHESSOU (PH.), Droit Fiscal général, Paris, Dalloz, 4e édition,
2003.
GUITIAN (M) : La conditionnalité au Fonds Monétaire International : Evolution des
principes et des pratiques, Washington DC, Série des brochures FMI, 1981.
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KALONJI TRÉSOR-GAUTHIER :
- Budget de l’Etat et nouvelle gouvernance financière publique. La performance au cœur de
la gestion publique en République Démocratique du Congo, Sarrebruck, Éditions
Universitaires Européennes, 2017.
- Droit budgétaire congolais. Pluriannualité budgétaire et budgétisation programmatique à
l’aune de la réforme des finances publiques, Sarrebruck, Éditions Universitaires
Européennes, 2015.
- L’impact des actions de l’OCDE et de l’UE contre l’évasion fiscale internationale sur les
systèmes fiscaux des pays en développement – Quelques contributions à l’amélioration de
la fiscalité congolaise des entreprises à la lumière des expériences suisses et belge, Bâle,
Helbing Lichtenhahn, 2020.
- Précis de droit fiscal congolais, Sarrebruck, Éditions Universitaires Européennes, 2014.
LAFERRERE (A), Finances Publiques, les notices, Paris, Ed. Biadec, 2000.
LLAU (P.), Economie financière, Paris, P.U.F., Coll. Thémis, 1995.
MEKHANTAR (J), Finances publiques, le Budget de l'Etat, Paris, Hachette, 2e éd., 1996.
MORDACQ (F), Les Finances Publiques, Paris, PUF, Que sais-je, 2011.
SAÏDJ (L), Finances publiques, Paris, Dalloz, 4ème édition 2003
SAUVAGEOT (G), CHAMILLARD (S.), LEVEAU (P-A), La fiscalité, Retenir l’essentiel, Paris,
Nathan, 2018.
TROTABAS (L) et COTTERET (J.H.), Droit budgétaire et comptabilité publique, Paris, Dalloz,
5e éd., 1992.
ZARKA (J.C), Finances Publiques, 2019-2020, Paris, Gualiano, Lextenso, 2019.
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Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
INTRODUCTION GENERALE
Les finances publiques apparaissent souvent à beaucoup comme une matière qui traite peu des
préoccupations quotidiennes de chacun d’entre nous. La matière est réputée difficile et
complexe. La matière, il faut le reconnaître, ne jouit pas d’une très bonne image dans le public
en général, chez les étudiants en particulier, étant trop souvent pour beaucoup synonyme
d’aridité, de techniques compliquées. Les finances publiques traitent cependant des problèmes
familiers intéressant notre vie quotidienne ; l’on pense ici aux actes que nous posons en rapport
notamment avec le paiement des impôts, les souscriptions aux emprunts et aux certificats du
Trésor, l’envoi du courrier, l’introduction d’une action en justice, la perception des prestations
sociales, qui relèvent indiscutablement des finances publiques.
Les Finances publiques ont pour objet l’étude des problèmes financiers qui se posent aux
organismes publics.
D’emblée, il faut préciser que dans le domaine des Finances Publiques, l’histoire, la politique
et l’économie sont liées. Historiquement, les finances publiques « modernes » ont succédé aux
finances publiques « classiques », modifiant les conceptions économiques et la répartition du
pouvoir budgétaire.
On a souvent tendance à confondre les finances publiques avec les institutions financières.
Celles-ci sont en fait des structures mises en place pour gérer les affaires financières.
Cependant, pour clarifier la notion de Finances publiques, il faut partir du terme « finance ». Le
mot « finance » a toute une histoire et revêt un sens ambivalent. Au sens ancien, finance dérive
du verbe « finer » qui signifie payer. Finance a ainsi pour synonyme paiement et désignait
« ressource pécuniaire ». Au sens moderne, la signification dépend de l’utilisation du mot et
varie selon que l’article est au singulier ou au pluriel. La finance (au singulier) désigne la bourse
des valeurs. La bourse des valeurs est le lieu où s’échangent, par l’intermédiaire des sociétés en
bourse, des valeurs mobilières (actions et obligations). Les finances (au pluriel) désignent
l’ensemble des ressources et dépenses de l’Etat. Autrement dit, il s’agit des activités de l’Etat
dans le domaine de l’argent. Par ailleurs, c’est aussi la science régissant cette activité.
Si le mot finance désigne les affaires d’argent, de paiement, l’expression « institutions
financières » serait plus vaste que celle de finances publiques car elle englobe l’ensemble des
mécanismes de financement public et privé des activités économiques.
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Il faut signaler que le terme finance a un sens plus profond chez les anglo-saxons.
« Fine » en anglais veut dire couramment « beau », notamment en parlant du temps qu’il fait.
Il veut aussi dire « une pénalité », c’est-à-dire « une amende » payée à la suite d’une
contravention ou infraction à une loi.
Par extension, l’ensemble de « fines » ou « finance » a désigné l’ensemble du butin pris par un
conquérant sur un ennemi et donc par un souverain sur les vassaux soumis. Le mot anglais
« finance » est repris en français avec le sens noble qu’il a aujourd’hui. C’est ainsi que le verbe
« financer » a pris la place de l’ancien verbe « finer », qui n’était rien d’autre qu’une altération
de « finir ».
2) Finances Publiques
Dans le domaine des finances, l’histoire, la politique et l’économie sont liées. Historiquement,
les finances publiques « modernes » ont succédé aux finances publiques « classiques »,
modifiant les conceptions économiques et la répartition institutionnelle du pouvoir budgétaire.
Le glissement de la période classique à la période moderne date de l’entre-deux-guerres. Il
correspond au passage d’un système libéral, où le budget est économiquement neutre et la
procédure budgétaire dominée par le Parlement, à un système interventionniste, dans lequel le
budget influence l’économie et la matière budgétaire est contrôlée par l’exécutif.
Comme on peut le constater, les finances publiques comme discipline scientifique ont pour
objet l’étude des moyens et techniques dont disposent les personnes morales publiques pour se
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Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
Pour assurer le fonctionnement de l’Etat, des dépenses sont nécessaires : il faut payer les
fonctionnaires et les fournisseurs, entretenir les locaux et le matériel, distribuer des subventions
et des secours. Comment l’Etat va-t-il couvrir ces dépenses ? La réponse à cette question forme
l’objet même de la science des finances publiques dans sa conception traditionnelle. En la
cherchant, on s’aperçoit immédiatement que les ressources de l’Etat sont toujours tirées d’un
prélèvement sur les citoyens. La science des finances consiste donc, en dernière analyse, à
répartir entre les citoyens le poids des dépenses publiques. La portion supportée par chacun
s’appelle charge publique.
Dans la notion classique, la définition complète des finances publiques est donc la suivante :
« Science des moyens par lesquels l’Etat et les autres collectivités publiques se procurent et
utilisent les ressources nécessaires à la couverture des dépenses publiques, par la répartition
entre individus des charges qui en résultent ».
Cette définition correspond à la conception classique du domaine des finances publiques. En
effet, l’étude de la science des finances publiques est liée à l’ensemble de la philosophie
politique dominante de l’époque classique. Dans la conception classique, l’Etat devait avoir un
rôle limité au maintien de l’ordre : sécurité intérieure et extérieure, police, justice, défense
nationale. Il devait s’occuper des tâches purement administratives, car on estimait que la
meilleure manière d’assurer le profit économique de la société consistait à privilégier l’initiative
privée, la concurrence économique, l’Etat devant s’abstenir de toute activité économique
propre. La conséquence sur le plan financier est la limitation de l’objet de la science financière.
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Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
Les phénomènes financiers publics sont toujours des phénomènes complexes ; l’on entend par-
là qu’ils sont le produit d’interactions de tous ordres, faisant intervenir une grande variété de
structures et d’acteurs, ce qui les rend très sensibles aux transformations qui s’opèrent au sein
des sociétés. Une telle hétérogénéité et une telle complexité qui exigeraient une appréhension
globale et la mise en œuvre d’une grande variété de savoir, impliqueraient un travail commun
de chercheurs appartenant aux disciplines les plus diverses. C’est aussi là un des obstacles au
développement d’une science financière autonome. En effet, plusieurs disciplines concourent à
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la constitution d’une science des finances publiques, ce qui a fait dire à certains auteurs qu’il
s’agit d’une discipline carrefour, un point de rencontre où viennent se retrouver d’autres
sciences.
Partant de l’évolution même des finances publiques, on peut facilement déceler un nombre
important de disciplines ayant des rapports ou concourant à la réalisation de la science des
finances publiques :
L’histoire : celle-ci a une place particulière en raison des résistances que les
administrations financières ont toujours opposé aux changements et également de la
lenteur avec laquelle les systèmes fiscaux évoluent. De plus, le conflit entre finances
classiques et modernes montre les étapes de la réflexion en la matière.
La statistique: elle permet une meilleure vue des phénomènes financiers, ceux-ci se
traduisant, pour la plupart, par des chiffres. En effet, l’établissement des prévisions
financières se fonde sur l’étude des statistiques.
Mais outre ces disciplines, il en est trois qui tiennent une place particulièrement importante : le
droit, l’économie et la science politique. Ces trois disciplines se chevauchent, tel que précisé
ci-après.
D’emblée, il faut préciser que les finances publiques se situent au centre des enseignements de
Droit public. Les liens entre les finances publiques et le droit public sont tellement étroits que,
pendant longtemps, ils empêchèrent les finances publiques de se constituer en une discipline
autonome. Les Finances publiques étaient considérées comme une branche du droit public, d’où
l’expression « législation financière ». Progressivement, elles se sont dégagées de l’emprise du
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droit public à travers ses deux branches principales, le droit constitutionnel et le droit
administratif.
Les liens entre les finances publiques et le droit constitutionnel apparaissent tantôt par la
soumission des mécanismes financiers aux règles constitutionnelles (la perception de l’impôt
doit faire l’objet d’une autorisation législative annuelle, institution de la procédure du vote des
lois de finances, bases de la répartition des impôts dans les Etats à structures fédérales), tantôt
par l’influence exercée par les phénomènes financiers sur l’équilibre constitutionnel (les
considérations financières jouent fortement sur la répartition des pouvoirs entre l’Etat fédéral
et les Etats fédérés). De même l’équilibre entre l’exécutif et le législatif est commandé par la
répartition financière entre ces deux pouvoirs. De façon générale, les pouvoirs du Parlement
dans les régimes parlementaires de type britannique sont dus à sa maîtrise sur le budget.
Du 19e au milieu du 20e siècle, les finances publiques constituaient encore un chapitre du droit
administratif tel que le révèlent les écrits de Sarigny publiés en 1954.
Quand bien même aujourd’hui, les finances publiques auraient acquis une indépendance par
rapport au droit administratif, elles gardent encore des liens étroits avec le droit administratif
qui se manifestent particulièrement du fait de :
l’emprunt des règles du droit administratif, par exemple les règles en matière de
contentieux fiscal ;
Pour les financiers classiques, les finances publiques étaient essentiellement de nature
administrative et comptable. Elles posaient surtout des problèmes juridiques d’aménagement
des pouvoirs des autorités de l’Etat, et des problèmes techniques d’organisation des impôts et
de tenue de la comptabilité.
Pour les financiers modernes, les finances publiques ont un caractère différent et leur objet est
plus vaste : elles sont à la fois une branche de la science économique et une branche de la
science politique.
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Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
Les moyens financiers sont essentiellement employés par l’Etat pour réaliser des interventions
dans le domaine économique : régulation de la production et des échanges, équilibre des prix,
égalité dans la distribution, maintien du pouvoir d’achat de la monnaie… Ils sont intégrés dans
les mécanismes de l’économie et aménagés en fonction de ceux-ci. Les finances publiques
tendent à devenir ainsi, sous un certain aspect, une branche de l’économie financière.
L’économie financière aurait ainsi absorbé entièrement la science des finances.
Mais, si étroits que soient les liens qui unissent ces deux disciplines, on ne saurait les confondre,
leurs objectifs étant différents :
L’économie financière étudie les phénomènes financiers sous leur aspect global : elle
analyse les « flux financiers ». Ainsi, recherche-t-elle les effets du prélèvement fiscal
sur l’économie ou les conséquences du déséquilibre budgétaire sur la conjoncture
économique ou encore les répercussions des dépenses publiques d’investissement sur la
croissance économique.
Les finances publiques, au contraire, étudient le mécanisme des opérations financières
individuelles, recherchent les règles suivant lesquelles doit être assis un impôt,
déterminent les voies de recours ouvertes à un contribuable et définissent les techniques
de contrôle d’une opération de dépenses. On l’a dit ci-avant, les règles juridiques y
tiennent une large place. Cependant, ces opérations financières ne pourraient être bien
comprises si elles n’étaient replacées dans leur environnement économique qui, seul,
peut leur donner pleine signification.
Ainsi, les liens entre l’économie et les finances demeurent étroits ; il est impossible de les
séparer totalement. Ici encore, on doit constater que les données économiques conditionnent les
opérations financières mais aussi que les opérations financières influent sur l’économie. Si la
science économique est, comme on l’a affirmé parfois, la science de la richesse, il est normal
que les finances publiques, qui constituent une fraction de cette richesse, soient conditionnées
par l’économie.
On ne peut réduire cependant les finances publiques modernes à cet aspect économique, si
important soit-il. Tout d’abord, ce n’est pas seulement dans le domaine économique que se
produisent les interventions de l’Etat au moyen des techniques financières : on les rencontre
aussi dans le domaine social (égalisation des revenus), familial (aide à la natalité), intellectuel
(subventions aux activités artistiques ou éducatives) et même très spécifiquement politique
(fonds secrets). Ensuite, même dans le domaine économique, l’Etat ne poursuit pas seulement
des objectifs économiques : il agit en fonction du bien-être et du développement de la
communauté nationale dans son ensemble, dont le développement économique n’est qu’un
aspect.
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Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
Les Finances Publiques sont ainsi une branche de la Science Politique : c’est sous cet angle
qu’on peut les appréhender dans leur totalité, et non pas en saisir seulement un aspect
particulier.
En définitive, les Finances publiques sont ainsi à la fois une discipline juridique, une discipline
économique et politique. Cependant, il faut admettre que c’est une discipline autonome qui
emprunte à d’autres sciences.
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PARTIE I :
NOTION DU BUDGET ET SES PRINCIPAUX
SUPPORTS JURIDIQUES
Il convient d’évoquer, d’une part, les notions du budget (chap. 1), et de s’intéresser, d’autre
part, aux principaux supports juridiques du budget (chap. 2).
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Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
BOUVIER et Al. notent que la notion de Budget est ambiguë, parce que c’est un instrument
financier et comptable, auquel il faut donner une forme juridique.
LEROY-BEAULIEU définit le Budget comme étant un état de prévoyance des recettes et des
dépenses pendant une période déterminée, un tableau évaluatif des recettes à réaliser et des
dépenses à effectuer ; c’est, en outre, une autorisation ou une injonction donnée par les pouvoirs
compétents à faire ces dépenses et à réaliser ces recettes.
Les notions de Loi de Finances et de Budget sont distinctes. La Loi de Finances est un acte
juridique d’autorisation, alors que le Budget consiste en un document comptable de prévision.
En effet, aux termes de l’article 3 point 30 de la loi n° 11/011 du 13 juillet 2011 relative aux
finances publiques (LOFIP), la Loi de Finances est « l’acte par lequel sont prévues et
autorisées, par le Parlement, les ressources et les charges du pouvoir central pour un exercice
budgétaire donné. La loi en détermine, dans le respect de l'équilibre budgétaire et financier, la
nature, le montant et l'affectation. Elle est la traduction financière annuelle du programme
d'action du Gouvernement de la République ».
Il ressort donc de cette disposition légale que le concept de Loi de Finances est exclusivement
réservé au Budget du pouvoir central, à l’exclusion des budgets provinciaux et des ETDs, dont
les supports juridiques sont respectivement l’édit budgétaire et la décision budgétaire.
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Dans le langage courant, les deux concepts de budget et de Loi de Finances sont souvent
confondus : Le budget est la partie comptable de la Loi de Finances, alors que cette dernière,
en elle-même, en est le support juridique. C’est la Loi de Finances qui va déterminer les
dépenses et les recettes publiques, alors que le budget décrit comment elles vont l’être. En
d’autres termes, le budget, document comptable, prévoit le budget de l’année à venir et
comprend les crédits ayant une incidence sur l’équilibre de l’année à venir ; tandis que la Loi
de Finances est l’acte juridique adopté par le Parlement, autorisant le Gouvernement (Pouvoir
central) à prélever les recettes au moyen de l’impôt ainsi que l’exécution des dépenses
publiques. Le contenu de la Loi de Finances est plus large que celui du Budget, entité
comptable. Néanmoins, les deux dimensions sont indissociables. Ce qui précède vaut mutatis
mutandis pour l’édit ou la décision budgétaire.
Dans le cadre de ce cours, il est fait alternativement usage de deux concepts, sans aucune
distinction ; autrement dit, Budget du gouvernement central et Loi de Finances sont usités
comme des synonymes.
Il n’est tout de même sans intérêt de relever les trois sens que le législateur congolais apporte
dans la terminologie du concept du Budget, à savoir « Budget de l’Etat », « Budget provincial »
et « Budget de la province » :
Le Budget de l’Etat est un document contenant les prévisions des recettes et des
dépenses du pouvoir central consolidées avec celles des provinces (Article 3 point 4 de
la LOFIP) ;
Le Budget provincial, c’est un document contenant les prévisions des recettes et des
dépenses des ETDs intégrées dans celles de la province (Article 3 point 5 de la LOFIP) ;
Le Budget de la province est, quant à lui, un document contenant les prévisions des
recettes et des dépenses de la province (Article 3 point 6 de la LOFIP).
Le choix budgétaire de l’État est un choix politique. Elu sur un programme politique, le
Gouvernement souhaite concrétiser les engagements qu'il a pris. Ces engagements se traduisent
par une affectation des recettes à certaines dépenses. Le budget constitue l’intermédiaire
obligatoire pour atteindre des objectifs.
C’est la caractéristique première du budget. Il est le reflet financier de la politique
gouvernementale, provinciale ou encore locale, puisque quelque soit le programme politique,
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il aura nécessairement des conséquences sur les recettes et sur les dépenses. Il est d’ailleurs
voté par des élus politiques.
Reflet d’une vision politique, le budget est également un enjeu de pouvoir, car c’est par son
biais qu’ont pu apparaître les régimes parlementaires démocratiques.
Les effets d’une Loi de Finances se distinguent nettement d’une loi ordinaire puisque
les autorisations budgétaires ne sont pas créatrices de droits au profit des particuliers.
Autrement dit, il est impossible à un requérant de les invoquer en justice sous prétexte
qu’elles ont créé à son profit des droits nouveaux.
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Par ailleurs, aux termes de l’article 36 de la LOFIP, les charges budgétaires sont classées par
programme, administration, nature économique telles que définies par la nomenclature en
vigueur ou suivant toute autre classification présentant un intérêt pour leur analyse, suivi et
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évaluation. Elles comprennent les dépenses courantes, les dépenses en capital ainsi que les prêts
et avances (Art. 37 de la LOFIP) :
Les dépenses courantes sont groupées sous six titres ou grandes natures, à savoir :
Titre 1er: Dette publique en capital. Ce sont les dépenses couvrant la dette intérieure1
et la dette extérieure2 ;
Titre II : Frais financiers. Ils concernent notamment les commissions bancaires, les
frais de licence d'importation, les montants des intérêts à devoir aux institutions
financières internationales et autres bailleurs des fonds ainsi que les montants des
arriérés sur frais financiers consolidés ;
Titre III: Dépenses de personnel. Elles permettent de prendre en charge notamment la
rémunération du personnel actif de l'Etat, des membres des institutions politiques, les
dépenses accessoires de Personnels;
Titre IV : Biens et matériels. Ce sont notamment les dépenses liées aux fournitures et
petits matériels, pièces de rechange pour équipements, produits alimentaires,
agroalimentaires et accessoires ;
Titre V : Dépenses de prestations. Ces dépenses couvrent, entre autres, les publicités,
communiqués, impressions, reproductions, reliures ;
Titre VI : Transferts et interventions. Il s’agit des dépenses de subventions,
contributions internationales, charges sociales, etc.
Les dépenses en capital sont groupées sous deux titres ou grandes natures, à savoir :
Titre VII : Equipements. Ces dépenses visent à couvrir, notamment, les équipements
éducatifs, culturels et sportifs, les équipements de communication, les contrats
d'études ;
Les dépenses des prêts et avances forment un titre ou grande nature à savoir :
Titre IX : Prêts et avances. Ces dépenses concernent notamment des fonds que le pays
met à la disposition d’autres pays au titre de prêt. Dans l’état actuel de l’économie
nationale congolaise, ces dépenses sont inexistantes au Budget national.
1
Constituée des arriérés sur les dépenses du Personnel en Franc Congolais ; de la dette envers les fournisseurs de
biens et prestations et les entrepreneurs des travaux publics ; des certificats des dépôts en Franc Congolais ; des
bons du trésor et des billets de trésorerie ; des avances consenties par des tiers à l'Etat ; des arriérés des loyers ;
des arriérés sur les dépenses de Personnel en devises ; des arriérés de remboursement des intérêts débiteurs
considérés BCC.
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Constituée des montants des capitaux empruntés par le gouvernement du pays envers les différents bailleurs des
fonds dans le cadre des aides et dons bilatéraux et multilatéraux : les clubs (Kinshasa, Londres et Paris), les
institutions financières Internationales (FMI, Banque Mondiale, BAD) et autres (Pays et Multinationales).
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Les recettes publiques sont l’ensemble des recettes perçues par les administrations publiques.
Elles se constituent essentiellement des impôts, droits et taxes. Les recettes publiques
contribuent avec les emprunts publics au financement des dépenses publiques. Elles sont
l’ensemble des sources de financement qui alimentent les Budgets publics.
Aux termes de l’article 34 de la LOFIP, les ressources budgétaires sont regroupées sous un
même titre. Elles comprennent les ressources internes et les ressources extérieures.
Quant aux ressources extérieures, elles sont composées de recettes exceptionnelles qui sont :
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Il ressort de cette disposition que les prévisions du montant des dépenses publiques annuelles
doivent égaler celles du montant global des recettes. C’est alors que le budget est dit en
équilibre. D’où l’expression consacrée dans l’exposé des motifs des lois de finances
congolaises, à savoir « la Loi de finances de l’exercice X est présentée en équilibre, en recettes
et en dépenses, à X milliards de FC, … » ou « le budget de l’exercice X a été arrêté en équilibre
à CDF X milliards, en recettes et en dépenses ».
Le principe de l’équilibre budgétaire est la clé de voûte des finances publiques classiques. Il est
profondément enraciné par ailleurs dans l’opinion publique à cause de l’analogie avec les
finances privées : ne pas dépenser plus que ses revenus, équilibrer ses ressources et ses
dépenses, n’est-ce pas la règle d’or de la sagesse privée ?
Ce principe est l’égalité mathématique entre le résultat de chaque colonne, celle des ressources
et celle des charges. Le Budget équilibré, celui dont le solde est nul, est l’idéal.
Lorsqu’il n’y a pas égalité entre les dépenses publiques et les recettes publiques, le budget de
l'État est en déséquilibre et, dans cette optique, deux hypothèses se dessinent :
Soit, les dépenses publiques sont supérieures aux ressources (recettes) publiques, et on
parle du « déficit budgétaire ». Celui-ci peut être compensé :
par l’emprunt (ce qui déplace le problème dans le temps, suppose
la confiance des créanciers, et a de toute façon un coût puisqu'il faut payer
des intérêts) ;
par le recours à des réserves préalablement accumulées à partir d'excédents
budgétaires réalisés les années antérieures ;
par des hausses d'impôts, à supposer qu'elles n'atteignent pas le point de rupture où
elles détruisent le gisement fiscal, ou par des baisses d'impôts, qui peuvent
éventuellement augmenter les rentrées fiscales ;
par une émission monétaire (« planche à billets »), qui ne déplace pas la difficulté
dans le temps, mais en change la nature en modifiant la valeur de la monnaie. Cette
méthode n'est plus utilisée depuis des décennies dans les pays développés , elle est
même impossible dans les États qui ont confié la gestion de la monnaie à une banque
centrale indépendante ;
par une réduction des dépenses publiques.
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T.-G. Kalonji
Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
Soit, les dépenses publiques sont inférieures aux recettes publiques, et on parle de
« surplus ou excédent budgétaire ».
L’excédent budgétaire d’un exercice précédent peut être reporté à l’exercice suivant aux
fins de couvrir notamment un éventuel déficit budgétaire.
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T.-G. Kalonji
Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
En effet, dans le chapitre précédent, il est relevé que le budget est l’expression financière de la
politique gouvernementale, la partie chiffrée de la Loi de Finances, de l’édit budgétaire ou de
la décision budgétaire. Ces trois instruments constituent donc des supports juridiques du budget.
Aux termes de l’article 3 point 30 de la LOFIP, la Loi de finances est définie comme étant
« l’acte par lequel sont prévues et autorisées, par le parlement, les ressources et les charges
du pouvoir central pour un exercice budgétaire donné. La loi en détermine, dans le respect de
l'équilibre budgétaire et financier, la nature, le montant et l'affectation. Elle est la traduction
financière annuelle du programme d'action du Gouvernement de la République ».
Il ressort de ce qui précède que la Loi de Finances est l’expression juridique du budget du
pouvoir central de l’Etat.
Aux termes de l’article 17 de la LOFIP, les lois de finances déterminent, pour un exercice, la
nature, le montant et l’affectation des ressources et des charges de l’Etat compte tenu d’un
équilibre économique et financier qu’elles définissent.
Elles tiennent compte des priorités du Gouvernement inscrites dans son programme de
développement économique et social contenu dans son plan d’actions ainsi que son évaluation
en termes d’objectifs et de résultats attendus.
§3. Différentes lois de finances et de leurs contenus respectifs
22
T.-G. Kalonji
Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
unique appelé budget du pouvoir central, le plan d’actions du Gouvernement, ainsi que son
évaluation en termes d’objectifs et de résultats attendus.
Le Budget du pouvoir central comprend le budget général, les budgets annexes et les comptes
spéciaux (Articles 20 à 25 de la LOFIP).
La Loi de finances de l’année comporte des dispositions relatives à la perception des recettes
internes et externes ainsi que celles relatives aux ressources qui affectent l’équilibre budgétaire. Elle
comporte aussi toutes dispositions relatives aux affectations de recettes au sein du budget du
pouvoir central. Elle comprend l’évaluation de chaque nature de recettes budgétaires.
Par ailleurs, la Loi de finances de l’année autorise l’octroi des garanties de l’Etat et en fixe les
conditions. Elle autorise le pouvoir central à prendre en charge les dettes de tiers, à constituer
tout autre engagement correspondant à une reconnaissance unilatérale des dettes, et fixe le
régime de cette prise en charge ou de cet engagement. Elle fixe les plafonds des charges du
budget général et de chaque budget annexe, les plafonds des charges de chaque catégorie de
comptes spéciaux ainsi que le plafond d’autorisation des emplois rémunérés par le pouvoir
central. Elle arrête les données générales de l’équilibre budgétaire et fixe globalement la
dotation de 40% des recettes à caractère national allouées aux provinces conformément à la
Constitution.
En effet, aux termes de l’article 175 alinéa 2 de la Constitution du 18 février 2006, la part des
recettes à caractère national allouées aux provinces est établie à 40%. Elle est retenue à la
source.
23
T.-G. Kalonji
Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
Deux types de raisons justifient le recours aux lois de finances rectificatives, à savoir les raisons
économiques, dans la mesure où, à la suite d’un retournement de conjoncture, les prévisions
doivent être modifiées, et les raisons politiques, lorsqu’il y’a alternance en cours d’année et que
l’ancienne Loi de Finances initiale votée par l’ancienne majorité politique doit être modifiée.
En RDC, la Loi de Finances rectificative contient les modifications des dispositions de la loi
initiale présentée en partie ou en totalité dans les mêmes formes que la Loi de finances de
l’année ; c’est-à-dire, elle est la seule qui peut, en cours d’année, modifier certaines dispositions
de la Loi de finances de l’année. Cependant, il existe quelques exceptions à ce principe,
notamment :
Des transferts de crédits peuvent être opérés entre les programmes d’un même ministère
ou d’une même Institution. Ils concernent les titres de même nature repris dans chacun
des programmes. Le montant cumulé des transferts de crédits effectués sous cette forme
au cours d’une même année, est fixé par décret du Premier Ministre délibéré en Conseil
des Ministres sur proposition du Ministre ayant le Budget dans ses attributions (Article
48 de la LOFIP).
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T.-G. Kalonji
Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
Les autorisations d’engagement pluriannuelles ainsi que les crédits de paiement non
consommés à la fin de l’exercice sur un programme et un titre déterminés, sont reportés
sur l‘exercice suivant sur le même programme et le même titre ou, lorsqu’il s’agit de
cas exceptionnels dûment justifiés, sur le même titre d’un programme poursuivant les
mêmes objectifs. Les arrêtés de report, pris conjointement par le Ministre ayant le
Budget dans ses attributions et le ministre ou le responsable de l’institution intéressé
interviennent au plus tard le 31 mars de l’année suivant celle à la fin de laquelle la
disponibilité des autorisations d’engagement pluri annuelles et des crédits de paiement
a été constatée (Article 53 de la LOFIP).
Si, en cours d’année, les recettes effectives des comptes d’affectation spéciale sont
supérieures aux évaluations des lois de finances, des crédits supplémentaires peuvent
être ouverts dans la limite de cet excédent conformément à l’article 129 de la
Constitution. Ils sont ratifiés dans la prochaine Loi de Finances rectificative (Article 64
de la LOFIP). Ce article 129 de la Constitution fait référence à la possibilité pour le
Parlement, durant ses vacances, d’habiliter le Gouvernement à décider dans certaines
matières qui relèvent normalement de la Loi, aux fins de l’exécution urgente du
Programme d’action gouvernementale. Ce mécanisme fait intervenir trois textes
juridiques, à savoir : la loi d’habilitation ; l’ordonnance-loi délibérée en Conseil des
Ministres; et la loi de ratification qui entérine l’action du Gouvernement.
Les fonds de concours sont constitués, d’une part, par des fonds à caractère non fiscal
versés par des personnes morales ou physiques pour concourir à des dépenses d’intérêt
public et, d’autre part, par les produits de legs et donations attribués au pouvoir central.
Ils sont directement portés en recettes au Budget général, au Budget annexe ou au
compte spécial considéré. Des crédits supplémentaires de même montant sont ouverts
sur la dotation concernée par arrêté du Ministre ayant le Budget dans ses attributions
(Article 70 de la LOFIP).
Les parties des crédits disponibles à la fin de l’année budgétaire, destinées à couvrir des
dépenses résultant d’obligations existant à charge du pouvoir central à la date du 31
octobre et qui n’ont pu être ordonnancées et payées au 31 décembre, peuvent être
reportées à l’année suivante. Ces parties des crédits sont ajoutées aux crédits de
paiement correspondant du Budget de ladite année (Article 93 de la LOFIP).
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T.-G. Kalonji
Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
Les articles et les montants des dépenses courantes auxquels cette procédure est
applicable, sont énumérés dans un état approuvé par ordonnance-loi du Président de la
République, prise sur proposition conjointe des Ministres ayant les Finances et le
Budget dans leurs attributions, dans les deux mois qui suivent la fin de l’année
budgétaire. Ils font l’objet d’un arrêté du Ministre ayant le Budget dans ses attributions
et sont ratifiés dans la prochaine Loi de Finances (Article 94 de la LOFIP).
Ainsi, dans l’exécution de la Loi de finances annuelle, le Gouvernement n’a pas besoin d’une
autorisation parlementaire pour effectuer toutes les opérations définies dans les hypothèses sus-
énumérées.
En effet, toute bonne gestion financière exige de faire le point de la situation à un moment
donné, pour se rendre compte du résultat obtenu et s’inspirer de ce résultat pour l’action future.
C’est ainsi que les entreprises commerciales ou industrielles établissent les bilans de leurs
activités en fin d’exercice. Il en est de même pour un Etat qui veut assurer une bonne gestion
des finances publiques. Outre ce souci de bonne gestion, le pouvoir exécutif doit rendre compte
au pouvoir législatif de l’exécution du Budget.
La loi portant reddition des comptes, dont le projet est supervisé par le Ministre ayant les
Finances dans ses attributions, est présentée dans les mêmes formes que la Loi de finances de
l’exercice clos auquel elle se rapporte. Elle constate les résultats définitifs de l’exécution de la
Loi de Finances de l’année à laquelle elle se rapporte et approuve les différences entre les
résultats et les prévisions de ladite loi complétée, le cas échéant, par les lois de finances
rectificatives.
Chaque année, la loi portant reddition des comptes arrête le compte général du pouvoir central
et règle définitivement le budget de l’exercice précédent. Elle constate le montant des
encaissements des recettes et des dépenses payées se rapportant à une même année. Elle ratifie,
le cas échéant, les crédits ouverts par Ordonnance-loi du Président de la République et
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T.-G. Kalonji
Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
approuve, par le vote des crédits complémentaires, les dépassements de crédits résultant des cas
de force majeure. Elle annule la différence entre le montant des crédits ouverts par le budget
et le montant de dépenses payées au 31 décembre augmenté de celui des crédits reportés
conformément aux articles 53 et 93 de la LOFIP.3
Par ailleurs, la loi portant reddition des comptes établit le compte de résultats qui comprend :
Enfin, loi portant reddition des comptes autorise l’inscription des résultats définitifs des
opérations au compte consolidé destiné à l’enregistrement des soldes positifs ou négatifs
obtenus au cours des différentes gestions budgétaires.
Le Gouvernement n’a pas déposé, en temps utile, le projet de Loi de Finances de l’année
pour être promulgué avant le début de l’exercice;
Le projet de Loi de Finances voté en temps utile par le Parlement et transmis pour
promulgation avant l’ouverture du nouvel exercice budgétaire fait l’objet d’un renvoi
au Parlement par le Président de la République.
3
Les articles évoqués disposent, respectivement, ce qui suit :
Article 53 : « Les autorisations d’engagement pluri annuelles ainsi que les crédits de paiement non consommés
à la fin de l’exercice sur un programme et un titre déterminés sont reportés sur l‘exercice suivant sur le même
programme et le même titre ou, lorsqu’il s’agit de cas exceptionnels dûment justifiés, sur le même titre d’un
programme poursuivant les mêmes objectifs. Les arrêtés de report, pris conjointement par le ministre ayant le
Budget dans ses attributions et le ministre ou le responsable de l’institution intéressé interviennent au plus
tard le 31 mars de l’année suivant celle à la fin de laquelle la disponibilité des pluri annuelles et des crédits
de paiement a été constatée. »
Article 93 : « Les parties des crédits disponibles à la fin de l’année budgétaire, destinées à couvrir des dépenses
résultant d’obligations existant à charge du pouvoir central à la date du 31 octobre et qui n’ont pu être
ordonnancées et payées au 31 décembre, peuvent être reportées à l’année suivante. Ces parties des crédits
sont ajoutées aux crédits de paiement correspondant du Budget de ladite année. »
27
T.-G. Kalonji
Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
A défaut de vote, dans les quinze (15) jours du dépôt, le projet de loi portant ouverture de crédits
provisoires est mis en vigueur le premier jour de l’exercice budgétaire par ordonnance-loi du
Président de la République délibérée en Conseil des Ministres.
Si le Gouvernement est réputé démissionnaire, la loi portant ouverture de crédits provisoires est
mise en exécution jusqu’au vote de la Loi de Finances de l’année.
« Une Assemblée Provinciale ne peut légiférer sur les matières de la compétence exclusive du
pouvoir central. Réciproquement, l'Assemblée Nationale et le Sénat ne peuvent légiférer sur les
matières de la compétence exclusive d'une province. Toutefois, l'Assemblée Nationale et le Sénat
peuvent, par une loi, habiliter une Assemblée provinciale à prendre des édits sur des matières de la
compétence exclusive du pouvoir central. (…) Dans les matières relevant de la compétence
concurrente du pouvoir central et des provinces, tout édit provincial incompatible avec les lois et
règlements d'exécution nationaux est nul et abrogé de plein droit, dans la mesure où il y a
incompatibilité. La législation nationale prime sur l'édit provincial ».
De ces dispositions constitutionnelles, il ressort qu’en RDC les finances publiques des
provinces sont réglementées par les édits budgétaires. Qu’en est-il alors de la réglementation
des finances publiques des ETDs ? En d’autres termes, l’on serait tenté de s’interroger sur
l’existence juridique de décisions budgétaires, étant donné que le constituant de 2006 ne les a
pas expressément citées.
En effet, la réponse à ce questionnement est indirectement contenue dans l’article 3 de la même
Constitution qui reconnait l’existence, la personnalité juridique et l’autonomie administrative
et financière des ETDs en ces termes : « Les provinces et les ETDs de la République
Démocratique du Congo sont dotées dé la personnalité juridique et sont gérées par les organes
locaux. Ces ETDs sont la ville, la commune, le secteur et la chefferie. Elles jouissent de la libre
administration et de l'autonomie de gestion de leurs ressources économiques, humaines,
financières et techniques ».
Cette disposition a été reprise, à quelque différence près, par l’article 5 alinéa premier de la Loi
n°08/012 du 31 juillet 2008 portant principes fondamentaux relatifs à la libre administration
des provinces ainsi que l’article 5 alinéa deuxième de la Loi organique n°08/016 du 07 octobre
28
T.-G. Kalonji
Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
2008 portant composition, organisation et fonctionnement des ETDs et leurs rapports avec l'Etat
et les Provinces.
Il ressort donc de ces dispositions que les ETDs, dotées de la personnalité juridique et de
l’autonomie financière, ont droit à la gestion de leurs ressources propres, en vue de garantir leur
fonctionnement et leur développement. A cet effet, ce sont leurs organes délibérants, à savoir
le Conseil Urbain4, le Conseil Communal5, et le Conseil de Secteur ou de Chefferie6 qui ont le
pouvoir de décider, dans les limites de leurs compétences, sur les Budgets des leurs entités
respectives.
Par ailleurs, les décisions budgétaires trouvent leur existence juridique dans la « constitution
financière » de la République Démocratique du Congo qu’est la Loi n° 11/011 du 13 juillet
2011relative aux Finances Publiques (LOFIP) déjà évoquée.
§2. Définition de l’édit budgétaire et de la décision budgétaire
Aux termes de l’article 3 point 18 de la LOFIP, la décision budgétaire est « l’acte par lequel
sont prévues et autorisées, par les organes délibérants des ETDs, les ressources et les charges
locales d’un exercice budgétaire. Il en détermine, dans le respect de l’équilibre budgétaire et
financier, la nature, le montant et l’affectation. Il est la traduction financière annuelle du
programme d’action de développement de l’entité concernée ».
Quant à l’édit budgétaire, c’est « l’acte par lequel sont prévues et autorisées, par l’Assemblée
Provinciale, les ressources et les charges provinciales d’un exercice budgétaire. Il en
détermine, dans le respect de l’équilibre budgétaire et financier, la nature, le montant et
l’affectation. Il est la traduction financière annuelle du programme d’action de développement
de la province » (Article 3 point 19 de la LOFIP).
Le point 20 du même article 3 de la LOFIP définit l’édit d’intégration budgétaire comme étant
« l’acte par lequel est présenté le budget provincial, obtenu par l’intégration des budgets des
ETDs dans celui de la province ».
Par ailleurs, l’article 132 de la LOFIP renforce les définitions sus relevées, en disposant que
« l’édit budgétaire et la décision budgétaire sont des actes par lesquels sont prévus et autorisés,
par les organes délibérants respectifs, les ressources et les charges provinciales et locales d’un
exercice budgétaire. Ils en déterminent, dans le respect de l’équilibre budgétaire et financier,
la nature, le montant et l’affectation. Ils sont la traduction financière annuelle du programme
d’action de développement de l’entité concernée ».
Aux termes de l’article 133 de la LOFIP, l’édit budgétaire concerne les finances de la province.
La décision budgétaire concerne les finances des ETD, à savoir la ville, la commune, le secteur
4
Aux termes des articles 8 et 12 de la Loi organique n° 08/016 du 07 octobre 2008 portant composition,
organisation et fonctionnement des ETDs et leurs rapports avec l'Etat et les Provinces, le Conseil urbain est l'organe
délibérant de la ville. Il adopte le projet de Budget de la ville.
5
Voir l’article 48 de la Loi organique n°08/016 sus citée.
6
Voir l’article 70 de la Loi organique n°08/016 sus citée.
29
T.-G. Kalonji
Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
A l’instar des lois des finances, il existe quatre (4) sortes d’édits ou décisions budgétaires, à
savoir (Article 134 de la LOFIP) :
On peut nettement apercevoir dans ce qui précède, quelques principes budgétaires déjà
examinés, à savoir l’annualité ou l’annalité (année civile), l’universalité (toutes les ressources
et toutes les charges) et l’unité de caisse (document unique).
Chaque budget comprend le budget général de la province ou de l’ETD concernée et, le cas
échéant, les budgets annexes.
Par ailleurs, l’édit budgétaire ou la décision budgétaire de l’année comporte des dispositions
relatives à la perception des recettes de toute nature conformément aux articles 147 à 149 de la
LOFIP et celles relatives aux ressources qui affectent l’équilibre budgétaire.
L’édit budgétaire ou la décision budgétaire de l’année comporte aussi toutes les dispositions
relatives aux affectations de recettes au sein du budget général de la province ou de l’ETD.
Il/elle en comprend l’évaluation de chaque nature de recettes budgétaires.
Il/elle fixe pour le budget de la province ou pour celui de l’ETD, par programme, le montant
des autorisations d’engagement et des crédits de paiement. Il/elle fixe, par Ministère et
Institution au niveau provincial ou par organe et service au niveau local et par Budget annexe,
les plafonds des autorisations d’emplois rémunérés, le montant des autorisations d’engagement
et des crédits de paiement ouverts.
30
T.-G. Kalonji
Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
L’édit budgétaire ou la décision budgétaire de l’année fixe les plafonds des charges du Budget
général de la province ou de l’ETD et de chaque Budget annexe, ainsi que le plafond des
autorisations des emplois rémunérés. Il/elle arrête les données générales de l’équilibre
budgétaire. Toutefois, l’édit budgétaire fixe globalement la dotation, en termes de recettes à
caractère national et d’intérêt commun, destinée aux ressources des ETD qui en dépendent,
conformément aux dispositions de la LOFIP. Enfin, il/elle peut, le cas échéant :
31
T.-G. Kalonji
Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
cas exceptionnels dûment justifiés, sur le même titre d’un programme poursuivant les
mêmes objectifs. Les arrêtés de report, pris conjointement par le ministre provincial ou
l’échevin ayant le budget dans ses attributions et le ministre provincial ou l’échevin
concerné interviennent au plus tard le 31 mars de l’année suivant celle à la fin de laquelle
la disponibilité des autorisations d’engagement pluriannuelles et des crédits de paiement
a été constatée (Article 166 de la LOFIP).
4) Enfin, les engagements de dépenses effectuées par les ordonnateurs restent dans la limite
des crédits budgétaires correspondants et demeurent subordonnées aux autorisations, avis
ou visas prévus par les lois et règlements en vigueur. Les engagements de dépenses, autres
que celles de personnel, se rapportant aux autorisations d’engagement annuelles ne peuvent
intervenir après le 31 octobre de chaque année. Les parties des crédits disponibles à la fin
de l’année budgétaire, destinées à couvrir des dépenses résultant d’obligations existant à
charge de la province ou de l’ETD à la date du 31 octobre et qui n’ont pu être ordonnancées
et payées au 31 décembre, peuvent être reportées à l’année suivante. Ces parties des crédits
sont ajoutées aux crédits de paiement correspondant au Budget de ladite année (Article 194
de la LOFIP).
La définition de la loi portant reddition des comptes que nous avons précédemment évoquée,
s’applique mutatis mutandis à l’édit ou la décision portant reddition des comptes.
En effet, l’édit ou la décision portant reddition des comptes, dont l’élaboration est supervisée par le
Ministre provincial ou l’Echevin ayant les Finances dans ses attributions, constate les résultats
définitifs d’exécution de l’édit ou de la décision budgétaire de l’année à laquelle il se rapporte. Il
approuve les différences entre les résultats et les prévisions dudit édit ou de ladite décision de l’année
complétée, le cas échéant, par ses édits budgétaires ou décisions budgétaires rectificatives.
A cet effet, l’édit ou la décision portant reddition des comptes est présenté dans les mêmes
formes que l’édit budgétaire ou la décision budgétaire de l’exercice clos auquel il se rapporte.
Chaque année, il/elle arrête le compte général de la province ou de l’ETD et règle
définitivement le budget de l’exercice précédent. A ce titre, il/elle constate le montant des
encaissements des recettes et des dépenses payées se rapportant à une même année. Il/elle
approuve, par le vote des crédits complémentaires, les dépassements de crédits résultant des cas
de force majeure. Il/elle annule la différence entre le montant des crédits ouverts par le Budget
et le montant de dépenses payées au 31 décembre augmenté de celui des crédits reportés
conformément aux articles 166 et 194 de la LOFIP.
Enfin, l’édit ou la décision portant reddition des comptes du budget de la province ou de l’ETD
établit le compte de résultats qui comprend :
le déficit ou l’excédent résultant de la différence entre les recettes et les dépenses du
Budget général et des budgets annexes ;
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T.-G. Kalonji
Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
L’édit ou la décision portant reddition des comptes autorise l’inscription des résultats définitifs
des opérations au compte consolidé destiné à l’enregistrement des soldes positifs ou négatifs
obtenus au cours des différentes gestions budgétaires.
En effet, si l’Assemblée provinciale n’adopte pas le projet d’édit budgétaire de l’année déposé
en bonne et due forme avant le 15 décembre, les dispositions dudit projet sont confirmées par
arrêté du Gouverneur de Province, délibéré en Conseil Provincial des Ministres, pour entrer en
vigueur le 1er janvier de l’année de son exécution. Si 10 jours après le vote conjoint du projet
de Loi de Finances par l’Assemblée nationale et le Senat, le Gouvernement provincial ne dépose
pas le projet d’édit budgétaire sur le bureau de l’Assemblée provinciale, il est réputé
démissionnaire.
33
T.-G. Kalonji
Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
PARTIE II :
ELABORATION, ADOPTION ET EXECUTION DU
BUDGET
Le processus budgétaire renvoie aux étapes par lesquelles les différents supports du budget, tels
qu’analysés dans la première partie de cet enseignement, sont mis en place à tous les échelons
du pouvoir, à savoir au niveau de l’Etat (lois de finances), des Provinces ainsi que des ETDs
(édits budgétaires et décisions budgétaires).
Ces étapes constituent donc ce qu’il conviendrait de dénommer « droit procédural budgétaire»
et sont au nombre de trois, à savoir : l’élaboration du budget par l’exécutif ; le dépôt du budget
par ce dernier devant l’organe délibérant (y compris la procédure d’adoption et de promulgation
par le Président de la République, Chef de l’Etat) ; et l’exécution du budget par l’exécutif.
Dans le cadre de ce cours, nous ne nous intéresserons qu’au seul processus budgétaire du
pouvoir central, dans la mesure où il vaut mutatis mutandis aux niveaux provincial et local.
Pour une meilleure étude, il convient d’analyser, d’une part, le processus d’élaboration et
d’adoption de la loi de finances (chapitre 3) et, d’autre part, le procéssus d’exécution de la loi
de finances (chapitre 4).
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T.-G. Kalonji
Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
B. Premier Ministre
L’article 91 de la Constitution dispose : « Le Gouvernement définit, en concertation avec le
Président de la République, la politique de la nation et en assure la responsabilité ».
L’article 77 de la loi n° 11/011 du 13 juillet 2011 relative aux finances publiques dispose :
« Sous l’autorité du 1er Ministre, le Ministre ayant le Budget dans ses attributions prépare le
projet de loi de finances de l’année qui est présenté au Gouvernement pour approbation avant
sa transmission à l’Assemblée Nationale ». Le Premier Ministre n’intervient pas dans le
35
T.-G. Kalonji
Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
processus technique et administratif de préparation du budget, mais c’est lui qui fixe la
stratégie budgétaire, à partir des grands choix qui lui sont proposés par le Ministre du Budget
et lui qui rend les arbitrages sur les différends pouvant opposer le Ministre du Budget aux
« Ministres dépensiers ».
C. Président de la République
A la faveur de l’article 77 de la Constitution, qui prévoit la collaboration entre les deux chefs
de l’exécutif, l’influence du Président de la République sur la politique budgétaire est évidente
compte tenu de la place éminente qu’occupe l’institution Président de la République et que le
Gouvernement issu des élections doit nécessairement appliquer le programme du Président de
la République élu au suffrage universel.
Ceux-ci ont trait aux techniques d’évaluation des dépenses et des recettes. Il s’agit en fait de
présenter les méthodes administratives d’évaluation des recettes et des dépenses, tâche délicate.
Autrement dit, comment sont déterminés les chiffres inscrits dans le projet de budget et sur
quelles bases se fait la prévision budgétaire ? C’est poser le problème de l’évaluation des
masses budgétaires de l’Etat.
Dans l’ensemble, les méthodes d’évaluation des dépenses et des recettes qui ont beaucoup
évolué conservent un caractère administratif ; c’est-à-dire qu’elles se font dans le cadre des
services publics, d’après la nature des dépenses et des recettes.
36
T.-G. Kalonji
Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
C’est une règle classique qui a été inaugurée en France par Villèle en 1823. Il s’agit d'une
évaluation forfaitaire des recettes, sur la base des résultats du dernier budget exécuté au moment
où l’on prépare le projet budgétaire. Comme cette préparation intervient pendant l’application
du budget de l’exercice précédent, c’est l’avant dernier budget qui sert ainsi de base aux
évaluations, le budget de la « pénultième » par rapport à l’année de budget qu’on élabore. A
titre indicatif, dans le projet de loi budgétaire de 1998, qui se prépare dans le courant de 1997,
on prendrait comme base les résultats du budget de 1996, on prendrait aussi comme base les
résultats du budget de 1995. On recule ainsi de deux ans. Cette technique d’évaluation est
corrigée par le recours à la règle des « tantièmes de majoration ». Le système consistait à ajouter
aux recettes de la pénultième année la moyenne des accroissements qui se sont produits d’une
année à l’autre pendant les cinq années précédentes. Il consiste en définitive à appliquer aux
résultats du dernier exercice connu des correctifs arithmétiques justifiés par les modifications
apportées aux tarifs fiscaux qui tiennent compte des éléments de la conjoncture économique et
aussi des tantièmes de majoration ou de réduction destinés à corriger l’automatisme trop absolu
de la méthode.
Cependant, cette règle présente de grandes faiblesses. Les principales sont d'ordre économique.
La règle de la pénultième année ignore le phénomène de cycles économiques marqué par le
niveau économique selon la conjoncture. D'où son abandon en France depuis 1938.
Ce système repose sur une analyse aussi précise que possible de la conjoncture économique et
sociale. Il s’agit d’un dépassement de la règle de la pénultième année en fonction du progrès et
37
T.-G. Kalonji
Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
du succès des services de la statistique. Ce progrès permet de tenir compte des flux et reflux
économiques. Le calcul de recette se fait ainsi sur la base de la conjoncture économique
immédiate, ce qui n’exclut pas de recourir au passé.
Concrètement, on évalue les recettes et les dépenses à partir des réalisations des douze derniers
mois connus, ce qui est facilité par les données statistiques et les études économétriques fondées
sur les perspectives économiques, à la réalisation desquelles sont associés les experts des
certaines administrations et organismes spécialisés dans les questions économiques et
financières (Secrétariat Général au Budget ; Secrétariat Général aux Finances ; Direction
Générale des Impôts ; Direction Générale des Douanes et Accises, Direction Générale des
Recettes Administratives, Domaniales, Judiciaires et de Participations ; Banque Centrale ;
Inspection Générale des finances ; Direction Générale de la Dette Publique).
Les deux premiers mois de l’année sont consacrés par la Direction de la Préparation et du Suivi
du Budget à un exercice interne de définition des perspectives budgétaires qui permettront à la
Direction de proposer au Ministre un certain nombre de grandes options s’inscrivant dans la
politique gouvernementale. Il s’agit en fait de l’élaboration des programmes et l’estimation des
coûts par le gouvernement.
Cet avant-projet est soumis au gouvernement pour examen et approbation. En cas
d’approbation, le projet du budget est élaboré suivant les orientations du gouvernement
consignées dans l’exposé des motifs.
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Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
Il s’agit de la mise au point définitive du projet budgétaire. A cet effet, le travail est réalisé
comme suit :
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Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
Le vote du budget est une prérogative essentielle du Parlement dans un régime démocratique.
Le pouvoir législatif est exercé par l'Assemblée Nationale et le Sénat. Le Parlement bénéficie
sur ce point d’un pouvoir protégé par la constitution. Mais depuis un certain temps, on assiste
impuissant à la restriction du rôle du Parlement. On explique que ce sont les raisons politiques
et économiques qui justifient les limitations des pouvoirs du Parlement en matière budgétaire.
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T.-G. Kalonji
Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
A propos des Commissions des finances, il faut préciser que leur rôle est variable et plus ou
moins important selon les pays et selon les époques. En tenant compte de la variation dans
l’espace, on distingue deux systèmes : le système anglais et le système franco-américain. En
France et aux U.S.A., le budget est d’abord discuté, parfois modifié par la Commission avant
d’être présenté au Parlement.
2) Débats en commission
Le système congolais s’inspire du système franco-américain, (avec ses particularités, justifiées
par la nature des régimes politiques institués). Depuis la promulgation de la Constitution du 18
février 2006, les Commissions économique et financière de deux chambres avec les sous-
commissions instituées, participent activement à l’analyse de projets budgétaires. C’est devant
ces sous-commissions que passaient les responsables des services et organismes publics pour
la défense de leurs prévisions.
Parfois certaines des prérogatives du Parlement sont décapitées et c’est le projet du
Gouvernement qui est présenté en séance plénière, la Commission se bornant à porter des
critiques et amendements dans un document. Malgré tout, la Commission des Finances comme
le Ministre des Finances et budget garde toujours une grande influence.
L’histoire parlementaire en République Démocratique du Congo nous enseigne que pendant
plusieurs décennies, la commission économique et financière de l’Assemblée monocamérale
n’a pas eu à jouer pleinement son rôle en matière budgétaire du fait qu’elle était un organe du
Parti-Etat pendant la IIe République. Et même au cours de la longue transition politique comme
après l’adoption de la Constitution de la 3ème République, le Parlement n’a pas su récupérer son
pouvoir budgétaire, se contentant de critiquer le projet du gouvernement suite au système des
parties dominantes ou de majorité parlementaire. Ainsi, les budgets votés ont plus été des
indicateurs de gestion que de véritables instruments de contrôle de la gestion de finances
publiques.
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T.-G. Kalonji
Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
Comme tout projet ou proposition de loi, le projet de loi de finances de l’année, fait tout d'abord
l’objet d’un débat général, dans lequel interviennent le Premier Ministre qui doit présenter
l’économie générale du projet et les Ministres du budget et des finances, les groupes politiques
du Parlement ainsi que les députés et sénateurs.
La première partie de la loi de finances de l’année doit ensuite être discutée et adoptée.
Lors de la discussion de la seconde partie de la loi de finances qui porte sur les crédits
ministériels, chaque ministre dont les crédits sont soumis à l'examen doit être présent à la
chambre pour expliquer sa gestion et débattre avec les parlementaires du contenu de son budget
; à ce stade, les ministres n'ont plus en face d'eux que les spécialistes de la question : le
rapporteur général et les rapporteurs spéciaux de la Commission et les experts des bureaux
d’études du Parlement.
En définitive, c’est cette décision du Parlement qui a été adoptée par la plénière (Loi budgétaire
de l’exercice 1996). De même, l’Assemblée Constituante Parlement de Transition a modifié à
la hausse le projet de budget de l'exercice 2003, proposé à une sanction par le dernier
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T.-G. Kalonji
Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
gouvernement avant la mise en place des Institutions issues de l’Accord global et inclusif de
Sun City en juillet 2003. Le budget a dû faire l’objet d’un réaménagement pour tenir compte de
la nouvelle donne politique. Le collectif budgétaire soumis à la discussion au niveau de deux
Chambres législatives a été adopté tel quel sans grand débat.
Au cours de deux dernières législatures (2006 - 2011 et 2011 - 2018), le Parlement n’a pas su
user des pouvoirs importants lui conférés par le législateur pour influer sur la gestion des
finances publiques par le gouvernement.
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T.-G. Kalonji
Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
l’ordre du jour de la dernière session d’avril 2005 et constitue un arriéré législatif. En attendant,
on se réfère au régime antérieur.
Le dernier mot revient au Parlement en matière budgétaire. Que les parlementaires aient ou non
la possibilité de modifier le projet gouvernemental, ce sont eux normalement qui lui donnent
force de loi par leur vote.
Sur ce point aussi, on constate que le Parlement a perdu beaucoup de son influence.
Ces techniques sont nombreuses, certaines ayant été institutionnalisées. A titre indicatif, dans
les régimes présidentiels, l’exécutif peut décider en matière budgétaire à la place du Parlement
dans deux circonstances :
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T.-G. Kalonji
Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
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T.-G. Kalonji
Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
D’emblée, il convient de préciser que les principales étapes du processus budgétaire en RDC
sont : l’élaboration du projet de budget par l’exécutif ; le dépôt du projet de budget par ce
dernier devant l’organe délibérant ; l’adoption du projet de budget par ce dernier ; la
promulgation du budget (loi de finances ; édit ou décision budgétaire) par le Président de la
République, le Gouverneur de province ou l’autorité locale, selon le cas ; et l’exécution du
budget (loi de finances ; édit ou décision budgétaire) par l’exécutif.
Sous cette section, il convient de s’intéresser à la dernière étape ci-dessus, en l’occurrence
l’exécution du budget. Il s’agit uniquement de la loi de finances, dans la mesure où les principes
sont les mêmes que pour les édits et décisions budgétaires.
L’exécution de la loi de finances est l’ensemble des opérations qui consistent à mettre en œuvre
ses dispositions, telles que votées par le Parlement et promulguées par le Chef de l’Etat. Cette
exécution commence, en principe, à partir de l’entrée en vigueur de ladite loi de finances, c’est-
à-dire à dater du 1er janvier, jusqu’au 31 décembre de la même année.
Cette phase d’exécution a longtemps été tenue, à tort, pour secondaire et d’un intérêt
relativement mineur par rapport à la phase d’élaboration et de vote du budget. Il n’en est plus
ainsi aujourd’hui du fait de la problématique générale de maîtrise de finances publiques à
laquelle sont confrontés les Etats contemporains. Au surplus, compte tenu de la progression de
l’approche comptable dans le droit budgétaire actuel, ce qui compte désormais ce sont les
résultats et non plus les objectifs affichés. Dans ce contexte, la phase d’exécution a donc été
inévitablement amenée à prendre une importance capitale.
§1. Ordonnateur
L’ordonnateur a le pouvoir, dans la limite des crédits budgétaires qui lui sont accordés par les
lois de finances, d’engager, de liquider et d’ordonnancer les dépenses nécessaires au
fonctionnement de son institution ou ministère, ou service déconcentré, ou budget annexe
rattaché. Il le fait dans le respect des lois, règlements et instructions qui régissent la matière, et
sous réserve du pouvoir de régulation des crédits budgétaires du ministre ayant le budget dans
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T.-G. Kalonji
Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
ses attributions et du pouvoir de gestion de la trésorerie du ministre ayant les finances dans ses
attributions (article 103 LOFIP).
A cet effet, il est reconnu à tout Ordonnateur en tant que gestionnaire des crédits, la faculté de
définir la destination et la nature des dépenses lors de l’exécution du programme pour en
optimiser la mise en œuvre. C’est le principe de la « fongibilité des crédits » consacré
notamment par l’article 45 de la LOFIP, relatif aux mouvements des crédits ouverts au sein
d’un programme, lesquels sont fongibles à l’intérieur du titre et de la source de financement.
Cette fongibilité est « asymétrique » du fait que les crédits du personnel peuvent être utilisés
pour d’autres natures de dépenses, à savoir l’intervention et l’investissement, tandis que
l’inverse est interdit (Article 3 point 28 de la LOFIP).
Le ministre ayant le budget dans ses attributions est, en sus de sa qualité d’ordonnateur du
budget de son ministère, ordonnateur des charges communes et contrôleur général du budget
du pouvoir central par le truchement des contrôleurs budgétaires qui relèvent de son autorité. Il
délègue tout ou partie de ses pouvoirs à des fonctionnaires qualifiés (article 105 LOFIP).
Le ministre ayant les finances dans ses attributions est, en sus de sa qualité d’ordonnateur du
budget de son ministère, ordonnateur général de toutes les recettes du pouvoir central. A ce
titre, il constate, liquide et ordonnance lesdites recettes. Il est le régulateur de la trésorerie. Il
désigne les comptables publics. Il délègue tout ou partie de ses pouvoirs à des fonctionnaires
qualifiés (article 106 LOFIP).
Tout projet de loi, toute décision ou convention quelconque pouvant avoir une répercussion
immédiate ou future, tant sur les recettes que sur les dépenses ainsi que tout acte
d’administration portant création d’emploi, extension des cadres organiques, ou modification
du statut pécuniaire des agents de carrière des services publics du pouvoir central, doivent être
soumis à l’avis préalable du ministre ayant le budget dans ses attributions et, le cas échéant, du
ministre ayant les finances dans ses attributions comme prévu à l’article 108 de la présente loi
(article 107 LOFIP).
Les opérations financières du pouvoir central, sous la forme notamment d’emprunts, de prêts,
de garanties, de subventions ou de prises de participations sont conclues par le ministre ayant
les finances dans ses attributions après avis du ministre ayant le budget dans ses attributions.
Elles ne peuvent entrer en vigueur que si une loi les autorise.
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T.-G. Kalonji
Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
Est comptable public, tout agent ayant qualité pour exécuter, au nom et pour compte du
pouvoir central, des opérations de recettes et de dépenses, de maniement de fonds et de valeurs
qu’il détient ainsi que les opérations se rapportant aux biens publics.
La fonction de Comptable public est régie par le décret n° 13/054 du 11 novembre 2013 portant
règlement d’administration applicable aux Comptables publics (« RAACP »).
Tout Comptable Public Principal est tenu de transmettre chaque trimestre, à la Cour des
Comptes, ses comptabilités mensuelles ainsi que les pièces justificatives y afférentes. Il répond
des responsabilités administratives, pénales, civiles et disciplinaires, devant les instances
compétentes pour des fautes commises dans l’exécution de ses fonctions. Toutefois, sa
responsabilité pécuniaire est établie par la Cour des Comptes et le Ministre ayant les Finances
dans ses attributions.
C’est donc à la suite de cette responsabilité personnelle et pécuniaire que les Comptables
publics ne sont pas tenus, tant en droit français qu’en droit congolais, de déferrer aux ordres
contraires aux lois, règlements et instructions régissant la fonction de Comptable public qui
engageraient leur responsabilité (Articles 39 du RGCP et 40 du RAACP). Dès lors, si un
Ordonnateur réquisitionne un Comptable pour poser un acte que ce dernier estime
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T.-G. Kalonji
Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
juridiquement irrégulier (par exemple régler une dépense irrégulière), il y’aura donc
endossement de la responsabilité personnelle et pécuniaire du Comptable par l’Ordonnateur.
Par ailleurs, les Comptables publics sont aidés ou appuyés, dans l’exercice de leurs fonctions,
par des Régisseurs (article 54 du RGCP) et des Mandataires comptables (article 56 du RGCP)
qui rendent compte aux Comptables Publics Principaux auprès desquels ils sont accrédités. Dès
lors, ils sont fondés à manier les deniers publics, en lieu et place du Comptable compétent, dans
les conditions strictement encadrées.
Comme déjà exposé ci-dessus, aux termes des articles 102 de la LOFIP et 4 du RGCP, sont
compétents en matière d’exécution de la loi de finances, l’Ordonnateur et le Comptable public.
Dans plusieurs Etats, notamment en France, les deux fonctions sont séparées et incompatibles
(principe de la séparation de l’Ordonnateur et du Comptable public). Il s’agit essentiellement
de dissocier pour l’exécution et la comptabilisation des opérations, celui qui gère les crédits,
l’Ordonnateur, et celui qui manie les fonds publics et procède aux opérations matérielles, le
Comptable. Du coup, cela implique une dualité de fonctions : celui qui décide, à savoir
l’Ordonnateur, ne manie pas les fonds (en matière de dépenses, il ne gère que des crédits) ; celui
qui manie les fonds, à savoir le Comptable, ne décide pas mais contrôle, sous sa responsabilité,
la régularité financière de l’opération.
Pour sa part, le législateur congolais est strict quant à l’application de cette séparation de
fonctions, dans la mesure où elle interdit notamment aux conjoints, ascendants et descendants
des Ordonnateurs, d’être Comptables des organismes auprès desquels ces Ordonnateurs
exercent leurs fonctions (Article 5 du RGCP). Malheureusement, en pratique, cette disposition
souffre de quelques transgressions,qui une fois detectées doivent être corrigées.
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T.-G. Kalonji
Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
Ce point passe en revue les types de comptabilités de l’Etat consacrés RDC, tout en déterminant
les compétences et les responsabilités des acteurs y impliqués, à savoir les Ordonnateurs et les
Comptables Publics.
Par définition, la comptabilité publique est la comptabilité que tiennent les Administrations et
les collectivités publiques d’un pays pour enregistrer leurs opérations des recettes, des dépenses
et du patrimoine. Elle a donc pour objectif primordial de permettre au pouvoir et à son
administration de suivre l’exécution des autorisations des recettes et des dépenses.
- D’une part, toutes les opérations rattachées au budget de l’année concernée, jusqu’à la date
de clôture de ce budget, et
- D’autre part, toutes les opérations de trésorerie et du patrimoine faites au cours de l’année
ainsi que les opérations de régularisation (Article 113 du RGCP).
Somme toute, la comptabilité publique est un bon outil de gestion, la garantie d’une régularité
des opérations financières de l’Etat.
Aux termes de l’article 95 de la LOFIP, il est tenu, au sein des Administrations, une
« comptabilité administrative », une « comptabilité budgétaire », une « comptabilité des
matières » et une « comptabilité générale ».
L’article 112 al. 2 du RGCP rajoute que l’Etat tient également une « comptabilité d’analyse
des coûts » de différentes actions engagées dans le cadre des programmes budgétaires. Elle ne
devrait pas être confondue avec la « comptabilité analytique ». Elle est plutôt destinée à
compléter l’information du Parlement sur les moyens budgétaires affectés à la réalisation des
actions prévues au sein des programmes.
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T.-G. Kalonji
Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
Dans chaque Institution, Ministère et budget annexe, il est tenu une comptabilité administrative
qui concerne l’établissement et la mise en recouvrement des recettes ainsi que l’engagement et
l’ordonnancement des dépenses.
La comptabilité administrative est tenue en « partie simple » et en « partie double » et elle est
l’apanage des Ordonnateurs (plus loin, nous préciserons cette notion d’ordonnateur).
La comptabilité budgétaire retrace les recettes encaissées ainsi que les dépenses payées par le
Comptable public. Elle dégage un résultat correspondant à la différence entre ces recettes et
dépenses. Elle détermine donc la situation de caisse du Gouvernement.
Toutefois, dans les conditions fixées par décret du Premier Ministre, délibéré en Conseil des
Ministres, sur proposition des Ministres ayant le Budget et les Finances dans leurs attributions
respectives, les recettes et les dépenses budgétaires peuvent être comptabilisées au cours d’une
période complémentaire à l’année civile, dont la durée ne peut excéder le 31 janvier de l’année
suivante. En outre, lorsqu’une loi de finances rectificative est promulguée au cours du dernier
mois de l’année civile, les opérations de recettes et de dépenses qu’elle prévoit peuvent être
exécutées au cours de cette période complémentaire.
La comptabilité des matières a pour objet la description des existants et des mouvements
concernant les biens meubles et immeubles, les stocks de toute catégorie, les titres et valeurs.
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T.-G. Kalonji
Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
Elle permet un suivi des immobilisations incorporelles, des immobilisations corporelles, des
actifs financiers et des stocks. Elle concerne également la comptabilité des valeurs inactives :
titres, formules, tickets, timbres et vignettes.
Elle peut être tenue en partie simple ou en partie double, selon que la nomenclature des matières
comptables existe ou non. Des inventaires et comptes d’emplois sont établis à dates fixes et à
l’occasion des contrôles effectués par les organes habilités.
C’est une transposition en droit public financier du droit comptable des entreprises, tout en
prenant en compte les spécificités liées aux prérogatives de puissance publique.
Cette comptabilité permet d’enregistrer les opérations relatives aux recettes et aux dépenses
budgétaires, à la trésorerie, au patrimoine et aux valeurs d’exploitation, selon les normes
arrêtées par le Ministre des Finances.
Il s’agit d’une comptabilité d’exercice ou comptabilité en droits constatés dans laquelle les
opérations sont prises en compte au titre de l’exercice auquel elles se rattachent,
indépendamment de leur date d’encaissement ou de paiement.
Elle permet de dégager des situations périodiques, les états financiers (comptes des résultats,
bilan, tableau de flux de trésorerie, état annexé), les restes à payer et à recouvrer, ainsi que le
résultat de fin d’exercice.
Elle est tenue suivant la règle de la partie double et le principe de la constatation des droits et
obligations. Elle peut ainsi d’une part, comparer les réalisations actuelles par rapport aux
résultats antérieurs et d’autre part, permettre de faire des projections notamment en matière
d’élaboration de la loi de finances tant en recettes qu’en dépenses.
Les notions de comptabilité en partie simple et en partie double renvoient aux méthodes
d’enregistrement des opérations financières. Alors que la comptabilité en partie simple donne
lieu à l’inscription de la transaction dans un seul compte ; la comptabilité en partie double donne
lieu à l’inscription de la même transaction dans au moins deux comptes, dont l’un est débité et
l’autre est crédité pour le même montant.
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T.-G. Kalonji
Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
L’opération sera comptabilisée dans un seul compte, le compte fournisseur. S’agissant d’un
achat à crédit, ce compte sera donc crédité du montant de la transaction. Au moment du
paiement, le même compte sera débité.
L’opération sera comptabilisée dans au moins deux comptes, au crédit du compte fournisseur
et au débit du compte des valeurs d’exploitation ou compte matières premières. Au moment du
paiement, l’écriture inverse sera enregistrée dans les deux comptes.
En comparant les deux méthodes, la comptabilité en partie double présente deux avantages
majeurs par rapport à la méthode en partie simple, à savoir :
Elle permet d’enregistrer des opérations différées dans le temps, tels les emprunts, les
provisions, etc.
Elle permet, de par le principe de dualité des flux, de vérifier l’équilibre de la balance
des comptes matérialisée par l’égalité entre les soldes créditeurs et les soldes débiteurs.
Somme toute, ces notions sont à approfondir et à illustrer de manière détaillée dans un module
consacré à la tenue de la comptabilité.
L’exercice budgétaire étant compris du 1 janvier au 31 décembre, les crédits sont en principe
ouverts par la loi de finances. La mise à disposition des crédits aux Ordonnateurs, par Arrêté
du Ministre ayant le Budget dans ses attributions, est opérée par programme et détaillée par titre
et par source de financement correspondant aux dotations ouvertes pour chaque action. Elle est
conforme à la répartition des crédits par programme figurant dans la loi de finances de l’année,
telle que votée par le Parlement (Article 88 de la LOFIP).
Aux termes de l’article 32 de la LOFIP, les ressources et les charges de l’Etat comprennent les
ressources et les charges budgétaires ainsi que les ressources et les charges de trésorerie. Mais
dans le cadre de ce module, il convient d’exposer successivement les procédures de réalisation
des recettes publiques (§1) ainsi que celles d’exécution des dépenses publiques (§2).
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T.-G. Kalonji
Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
Les opérations de réalisation des recettes publiques sont au nombre de quatre, à savoir la
« constatation », la « liquidation », « l’ordonnancement », et le « recouvrement ». Ces quatre
opérations peuvent être regroupées en deux phases : La phase administrative constituée de trois
premières opérations ainsi que la phase comptable qui ne concerne que l’opération de
recouvrement. Ce regroupement a pour intérêt de séparer les responsabilités de l’Ordonnateur
et celles du Comptable Public.
En droit budgétaire congolais, il existe deux sortes de constations des impôts, droits, taxes et
redevances : la « constatation consécutive à une déclaration spontanée » écrite du requérant
d’un document administratif ou d’une autorisation d’exercer ou d’exploiter une activité auprès
du service d’assiette compétent, et la « constatation consécutive à une enquête ou une mission
de contrôle » faite d’office par un Officier de Police Judiciaire des Services d’assiette, qui, dans
l’accomplissement d’un Ordre de service ou de mission, identifie la matière imposable qui n’a
pas été portée à la connaissance du Service d’assiette.
Pour garantir la maximisation des recettes publiques, il serait mieux indiqué pour le fisc
congolais, de recourir très souvent à la deuxième méthode, car le contribuable ou le redevable
a toujours tendance à dissimuler la matière imposable. Ainsi, dans l’optique d’une bonne
gouvernance financière publique, la constatation consécutive à une enquête […] serait la règle,
tandis que celle consécutive à une déclaration spontanée […], l’exception.
En d’autres termes, c’est l’opération qui consiste à calculer la dette fiscale du contribuable, par
application d’un taux ou d’un tarif à la base imposable, après prise en compte, le cas échéant,
de réduction ou de majoration portant sur l’impôt brut.
En droit fiscal congolais, la liquidation des recettes publiques est opérée par les services fiscaux
et douaniers, en confrontant la matière imposable constatée aux taux et tarifs en vigueur.
Aux termes des articles 91 de la LOFIP, toute recette régulièrement constatée par les services
générateurs des recettes fait l’objet, préalablement à son recouvrement, d’une liquidation et
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T.-G. Kalonji
Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
d’un ordonnancement. Toute recette perçue au comptant fait l’objet, après son encaissement,
d’un ordonnancement pour régularisation.
Autrement dit, le recouvrement est la perception de sommes d’argent dues et par extension
l’ensemble d’opérations tendant à obtenir le paiement d’une dette fiscale. C’est le transfert de
l’impôt du patrimoine du contribuable à la caisse de l’Etat.
En droit congolais, les impôts et autres droits établis par les redevables dans leurs déclarations
doivent être payés au moment du dépôt de celles-ci. Les règlements s’opèrent par versement
d’espèces, par remise de chèques ou effets bancaires, par virements ou par tout autre moyen
moderne d’encaissement autorisé par les lois et règlements.
Par ailleurs, les débiteurs de l’Etat ne peuvent pas se prévaloir de leurs éventuelles créances
vis-à-vis de l’Etat pour s’opposer au paiement de leurs dettes.
D’emblée, il convient de relever que l’engagement de la dépense publique est l’acte ou le fait
juridique faisant naître à l’encontre d’une personne publique une obligation génératrice d’une
charge budgétaire. En d’autres termes, c’est l’acte par lequel un organisme public crée ou
constate à son encontre une obligation de laquelle résultera une charge. Il est donc le fait
générateur de la dépense ; c’est l’acte qui va rendre l’Etat débiteur.
En RDC, l’engagement juridique de la dépense publique est l’acte par lequel l’Etat crée ou
constate à l’encontre du trésor public, une obligation de laquelle résultera une charge. Bien
qu’étant un acte de nature politique, c'est-à-dire qui relève de la compétence de l’autorité
politique, l’engagement d’une dépense publique est un acte administratif conforme au cadre
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T.-G. Kalonji
Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
budgétaire et demeure subordonné aux autorisations, visas et formalités diverses prévues à cet
effet par les lois, les règlements, les décisions et instructions en vigueur qui régissent ces
matières.
Aux termes de l’article 92 alinéa 3 de la LOFIP, les engagements de dépenses, autres que celles
du personnel, se rapportant aux autorisations d’engagement annuelles ne peuvent intervenir
après le 31 octobre de chaque année.
Selon la pratique encore en vigueur en droit congolais, la liquidation est effectuée par le
Ministre ayant le Budget dans ses attributions. Elle est confirmée à la Direction du Contrôle
Budgétaire par l’émission de la « vignette de liquidation ».
Ainsi, le Ministre du Budget peut refuser de liquider une dépense publique déjà engagée,
notamment pour illégalité, pour insuffisance des crédits ou pour tout autre motif qu’il jugerait
fondé par les textes légaux ou règlementaires.
L’ordonnancement est l’acte par lequel, conformément aux résultats des calculs de la
liquidation, l’ordre est donné au caissier concerné de payer la dette de l’Etat. Il s’agit donc de
la signature du titre de paiement et non pas de l’ordre de transfert des titres de paiement à la
Banque Centrale du Congo.
En droit français, le concept « ordonnancement » rime avec celui de « mandatement » qui, lui,
fait allusion à l’ordre de payer donné par les Ordonnateurs autres que les Ministres (qui, seuls,
émettent des « ordonnances » de paiement ou de délégation de crédits), tels que ceux des
collectivités locales qui effectuent un « mandatement », par l’intermédiaire d’un « mandat de
paiement » ou, lorsqu’il s’agit de dépenses non budgétaires, d’un « ordre de paiement »
nécessairement accompagné de pièces justificatives.
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Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
Le paiement est le versement de l’argent entre les mains du créancier de l’Etat. Il se fait par une
autorité distincte de celle qui a ordonnancé : le Comptable public.
C’est donc l’acte par lequel l’Etat se libère de sa dette. Matériellement, cette opération est
effectuée par la Banque Centrale du Congo ou le Comptable Public des dépenses.
Sous réserve des exceptions prévues par les lois ou les règlements, les paiements ne peuvent
intervenir avant l’échéance de la dette, l’exécution du service, et la décision individuelle
d’attribution des subventions ou allocations.
Toutefois, des acomptes et des avances peuvent être consentis au personnel, aux entrepreneurs,
aux fournisseurs, aux prestataires des services conformément aux lois et règlements en vigueur.
Ces étapes d’exécution des recettes et des dépenses sont encore effectuées conformément aux
textes et procédures de mise avant la LOFIP étant donné que celle-ci n’est pas encore
intégralement d’application notamment les principes de la déconcentration de
l’ordonnancement des dépenses.
Ainsi, c’est la chaîne de la dépense publique a été mise en place en 2003 suivant la Circulaire
interministériel (Ministre des Finances et Ministre du Budget) n°0446/CAB/MIN/FIN &
BUD/AC/2003 du 7 juin 2003 et le Manuel des Procédures et du Circuit de la Dépense Publique,
dans sa version de 2010 dite « circuit rationalisé » qui sont encore d’application. L’objectif
poursuivi était de rendre : fluide le circuit de l’exécution de la dépense publique par
l’élimination des points de stationnement sans valeur ajoutée ; transparente la procédure ; aisée
l’édition des outils concourant à la prise des décisions ; responsables de leurs actes les
intervenants. Les dépenses sont engagées, liquidées et ordonnancées avant d’être payées, c’est
le circuit simplifié de la dépense publique. Toutefois, certaines dépenses limitativement
énumérées peuvent, dans les conditions prévues par les textes en vigueur, être payées sans
ordonnancement préalable et faire l’objet d’une régularisation. Elles constituent les procédures
d’exception dans le circuit de la dépense publique.
Malheureusement, bon nombre de dépenses publiques sont exécutées par la procédure
d’urgence, alors qu’elles ne revêtent aucunement un caractère exceptionnel .
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Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
la bonne gestion des finances publique, avec comme objectifs : la maitrise des effectifs, la
maitrise de la masse salariale, et le renforcement de la gestion des dépenses publiques.
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Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
PARTIE III :
CONTROLES DE L’EXECUTION DU BUDGET
Avec la LOFIP, la gestion des finances publiques n’est pas jugée uniquement à l’aune du respect
de la procédure, mais aussi et surtout dans une perspective de la gestion axée sur les résultats.
Soumise à un certain nombre d’évaluations, cette nouvelle gouvernance des comptes publics
permet de déterminer si les objectifs fixés ont été atteints au regard des indicateurs des résultats
préalablement déterminés. La LOFIP diffuse ainsi la culture et la pratique de la performance,
en même temps qu’elle révèle les préférences étatiques, tout en visant l’efficacité et la
démocratie. En renforçant la responsabilité des gestionnaires, à travers la variété des
mouvements des crédits, la LOFIP exige des ordonnateurs et comptables une plus grande
transparence, une amélioration de l’information destinée au parlement et un contrôle renforcé
de ce dernier sur l’exécution des finances publiques.
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Le contrôle administratif des finances publiques est, par définition, la surveillance approfondie
du budget, de la part de différents services et corps administratifs de contrôle, dont la
caractéristique première est de relever, tous, des Ministères ayant en charge les Finances et le
Budget.
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Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
La qualité de l’ordonnateur ;
La conformité de l’ordonnancement aux résultats de la liquidation ;
La régularité des titres de paiement émis par l’ordonnateur
Dans l’un ou l’autre cas, le contrôleur doit motiver son rejet en indiquant les conditions dans
lesquelles il pourra ultérieurement donner son accord.
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Les comptables publics assignataires sont accrédités auprès des ordonnateurs avec pour
missions principales : la vérification de l’authenticité de la signature de ces derniers et la
vérification de la qualité des pièces justificatives. Le comptable public peut refuser de payer,
s’il est persuadé que l’ordonnateur principal ou son délégué sont incompétents pour engager ou
liquider une dépense. Il doit vérifier si la dépense est assignée sur sa caisse plutôt que sur celle
d’un autre comptable, un tel contrôle permet de garantir les droits d’autres créanciers de l’Etat.
Destiné à protéger les deniers publics contre la dilapidation, le principe du paiement après
service fait a pour but de s’assurer que la dette publique est réelle. Ainsi les paiements ne
peuvent être effectués ni avant l’échéance de la dette, ni avant l’exécution du service, encore
moins avant la décision individuelle d’attribution de subventions et d’allocations. Le principe
de justification du service fait comme préalable au paiement de la dette publique est une
condition d’exigibilité de celle-ci. En effet, née avec l’engagement, la dette publique produit
ses effets juridiques sur base de la vérification de l’effectivité du service fait. Seul le service
réellement effectué oblige l’Etat à s’acquitter de ses obligations. C’est aux services de
l’ordonnateur de réaliser l’effectivité du service fait.
Le principe de justification du service fait aide les entités publiques à obliger leurs créanciers,
prestataires de service et des travaux, à respecter les engagements conformément aux cahiers
de charge. Car, payer d’avance serait s’exposer en cas de trop payé, à ne pas obtenir le
remboursement à raison de l’insolvabilité ou de la mauvaise volonté des parties prenantes. Pour
donner droit au paiement correspondant par le comptable public, la justification du service fait
doit résulter de la certification délivrée par l’ordonnateur. Faute de produire cette certification,
le comptable peut opposer son refus de payer, sauf à recourir à la procédure de réquisition.
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La vérification des pièces justificatives doit se faire en recourant à la nomenclature des pièces
justificatives établie par voie règlementaire. Ni l’ordonnateur ni le comptable public ne dispose
des pouvoirs discrétionnaires pour apprécier librement la qualité des pièces justificatives. Le
contrôle exercé par le comptable public est un contrôle sur pièces et non un contrôle sur place.
En effet, le comptable public ne doit pas se borner à vérifier l’existence des certifications et
non leur origine.
La responsabilité personnelle du comptable public est engagée dès lors que le paiement effectué
est basé sur des pièces justificatives fausses. En effet, les pièces justificatives présentées par
l’ordonnateur doivent non seulement obéir aux prescriptions de la nomenclature établie par le
ministère des finances, mais elles doivent surtout être produites par les personnes ou les organes
habilités : en d’autres termes, elles doivent revêtir le caractère exécutoire figurant sur l’acte lui-
même ou attesté par la signature de l’ordonnateur, seul responsable des certifications requises
par la nomenclature. En l’absence de ces conditions, le comptable public ne peut effectuer le
paiement, sauf à demander les pièces justificatives absentes ou des informations
complémentaires auprès de l’ordonnateur.
Les pièces justifiées délivrées par l’ordonnateur doivent répondre aux critères de clarté, de
précision, de cohérence et d’exhaustivité. Ainsi le comptable de l’Assemblée nationale ne doit
pas payer sur base de la nomenclature des pièces justificatives destinées aux établissements
hospitaliers, sauf lorsque la nomenclature n’a pas prévu les pièces justificatives. Dans ce dernier
cas, le comptable public doit déduire par analogie avec les opérations les plus proches de celles
qui doivent lui être produites .
Les pièces justificatives doivent exister au moment du paiement et non pas être confectionnées
a posteriori par le comptable. Les pièces justificatives entachées des contradictions manifestes
ne doivent pas faire l’objet d’un paiement. Le comptable qui paierait malgré la nature
contradictoire des pièces engage sa propre responsabilité.
Il importe que les pièces justificatives produites soient présentées en originales et non des
copies. En cas de la perte des pièces originales (contrats, actes de nomination, décisions
d’attribution de marché), le comptable doit s’assurer que les copies sont conformes aux
originales, qu’aucun paiement n’est intervenu entre temps et qu’elles n’ont pas été altérées ou
falsifiées. Le comptable ne peut payer lorsqu’il lui est présenté un simple décompte sur papier
libre ne comportant ni date ni signature et sur lequel n’est pas mentionné le nom du responsable
et de l’organisme bénéficiaire.
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Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
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public, l’ordre de paiement doit revêtir un caractère exécutoire, à moins que l’ordonnateur
certifie sous sa responsabilité sur la validité de l’ordre par lui émis.
Le refus de paiement du comptable public n’est pas susceptible de recours. Le créancier qui
s’estime lésé par le refus du comptable ne peut que se référer auprès de l’ordonnateur pour
bénéficier du pouvoir de réquisition. Acte administratif, le pouvoir de réquisition ou plutôt
l’ordre qui en émane ne peut faire l’objet d’un contentieux devant le juge administratif. Car le
refus de paiement, simple mesure d’ordre intérieur, ne peut être regardé comme un acte faisant
grief.
En tout état de cause, le comptable public ne doit aucunement payer lorsque les crédits ne sont
pas disponibles ou en l’absence de justification du service fait. Il lui est autorisé de persister à
opposer son refus chaque fois que l’ordonnancement n’a pas d’imputation exacte de la dépense
ou lorsque le caractère libératoire du règlement fait défaut. De même qu’est motivé le refus de
payer du comptable fondé sur l’absence de l’ordre de réquisition de l’ordonnateur, en d’autres
termes si ce dernier n’a pas soumis son ordre de réquisition au représentant de l’Etat.
Sur recommandation des Institutions de Bretton Woods, l’IGF a été créée par l’ordonnance n°
87-323 du 17 septembre 1987, telle que modifiée et complétée par l’Ordonnance n° 91-018 du
6 mars 1991 ainsi que plusieurs autres textes successifs. L’IGF est un service public disposant
d’une compétence générale en matière de contrôle supérieur des finances et des biens publics
sur toute l’étendue du territoire national. En tant que service public, elle ne dispose pas de
personnalité juridique et reste placée sous la responsabilité de l’autorité hiérarchique à laquelle
elle est rattachée (tutelle).
Ce modèle de gouvernance est resté identique même lors des modifications et compléments
apportés à l’ordonnance n° 87-323 précitée, par le décret n° 034-B/2003 du 18 mars 2003. En
effet, à cette époque, le pays était régi par le décret-loi constitutionnel n° 003 du 27 mai 1997
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Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
Il convient de faire remarquer que le changement de paradigme dans la tutelle de l’IGF, n’était
pas dicté par l’évolution du système politique du pays. En effet, le 04 avril 2003, la RDC s’était
dotée d’une Constitution de la Transition, qui ne prévoyait pourtant pas les fonctions de Premier
Ministre. Le Gouvernement était composé du Président de la République, des Vice-présidents,
des Ministres et Vice-ministres (article 89).
Ce caractère « nomade » de l’IGF n’a pas été définitivement clôturé par l’Ordonnance de 2009
précitée, car la LOFIP de 2011 est encore revenue sur cette question, en disposant que :
« Les missions de l’Inspection générale des finances sont ordonnées, selon un programme
d’action annuel ou ponctuel approuvé par le ministre ayant les finances dans ses attributions,
par l’inspecteur général des finances-chef de service, soit sur instruction du Premier ministre,
soit sur réquisition des autorités politiques, administratives et judiciaires ou sur dénonciation
des tiers. L’Inspection générale des finances a pour mission de veiller à l’application des lois
et règlements qui régissent les finances publiques et à l’uniformisation des méthodes de
travail » (Article 122 de la LOFIP).
Au regard de ce qui précède, il y a lieu de retenir que l’IGF est en principe un service censé être
sous la tutelle du Ministère des Finances, quand bien même la pratique actuelle fait état de la
7
Voir article 90 de la Constitution de la RDC du 18 février 2006, telle que modifiée et complétée en 2011.
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Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
Sous d’autres cieux, comme en France, l’IGF est également placée sous la tutelle du
Gouvernement, à savoir l’autorité conjointe des Ministères des finances et de l’économie. Elle
conseille ces derniers dans le cadre des taches variées, notamment la représentation auprès des
conseils d’administration des entreprises publiques. Elle ne peut être saisie que par le Premier
ministre ou les Ministres, membres du Gouvernement.
Ce modèle français, qui a vraisemblablement inspiré le modèle congolais, est aussi de mise
dans plusieurs autres systèmes juridiques de la famille romano-germanique, telles qu’en
République du Congo, en Côte d’Ivoires, en Haïti, etc. Dans tous ces pays, l’IGF est un service
sous l’autorité du Gouvernement et non du Président de la République.
Conformément à son cadre juridique créatif, tel que modifié au fil du temps, l’IGF a pour
mission d’auditer, aussi bien en dépenses qu’en recettes, l’ensemble des administrations
financières ainsi que toutes les entreprises, et autres structures bénéficiant, à un titre ou à un
autre, d’un financement de la part de l’État ou des autres collectivités publiques.
En tant que service d’audit supérieur du Gouvernement, l’IGF peut procéder à toute mission de
contre-vérification, au second degré, de toutes les situations douanières, fiscales ou parafiscales
des contribuables ou redevable d’impôts, droits, taxes ou redevances, soit en cas de découverte
d’une fraude lors de l’exécution d’une mission de contrôle ou de contre-vérification, soit sur
une réquisition des autorités politiques et administratives, soit sur une réquisition des autorités
judiciaires, soit par une dénonciation de tiers. Ce type de contrôle est dit supérieur parce qu’il
met tout autre contrôle administratif en état, excepté ceux de l’Assemblée Nationale et de la
Cour des Comptes8. C’est-à-dire, lorsque les Inspecteurs des finances commencent un contrôle
dans un service donné, tout autre contrôle en cours s’arrête sans autre forme de procès.
L’étendue de la mission de l’IGF, telle que sus déclinée, est également reprise par l’article 121
de la LOFIP ainsi que l’article 138 du RGCP.
Il convient de préciser que, dans son essence, cette mission d’audit de l’IGF ne porte que sur la gestion
des deniers et biens publics. Il s’agit donc d’un contrôle de gestion de l’argent et du patrimoine de
l’Etat, des provinces et des entités territoriales décentralisées. A l’issue de ce contrôle, l’IGF élabore
des rapports – dans le respect du principe du contradictoire – qui permettent de s’assurer de
l’efficacité, de l’efficience et de la régularité des services contrôlés (article 140 alinéa 3 du RGCP).
Ainsi, l’autorité qui a commandité l’audit peut sanctionner positivement ou négativement les
gestionnaires audités. Le service audité peut également engager des changements proposés dans le
rapport, tout en capitalisant sur les forces de gestion constatées. Il est aussi possible que les rapports
de l’IGF donnent lieu à des poursuites judiciaires devant l’autorité judiciaire compétente, surtout que
8
Voir articles 2 et 2 bis de l’ordonnance n°87-323 du 15/9/1987, telle que modifiée par l’Ordonnance n°91 – 018
du 6 mars 1991, ainsi que l’article 2 bis du décret n°034-B/2003 du 18 mars 2003.
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Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
les Inspecteurs des finances sont d’office des Officiers de Police Judiciaire (OPJ) à compétence
restreinte ou spéciale. Dans la même optique, l’Inspecteur des finances qui serait complice de
corruption passive de la part d’un gestionnaire public audité, s’expose ipso facto à des poursuites
pénales pour infraction de corruption, conformément au code pénal.
La mégestion des deniers et biens publics pourrait être involontaire (résultat d’une négligence
ou d’une inaptitude professionnelle en termes des capacités intellectuelles de travail) ou
involontaire (résultat d’une fraude ou intention malveillance). Dans l’hypothèse d’une
mégestion consécutive à une intention malicieuse, l’IGF peut se saisir d’office en cas de
découverte d’une fraude lors de l’exécution normale d’une mission de contrôle ou de
vérification ou en cas de fraude dénoncée par une tierce personne (Article 122 de la LOFIP).
Par ailleurs, il convient de faire remarquer que le fait pour le législateur congolais d’avoir limité
la mission de l’IGF au seul contrôle ou audit de gestion des deniers et biens publics, est
réducteur. Sous d’autres cieux, comme en France, l’IGF dispose de larges compétences qui vont
au-delà d’un simple contrôle de gestion. Selon un décret du 4 octobre 2006, l’IGF française
assure une mission de contrôle, d’audit, d’étude, de conseil et d’évaluation en matière
administrative, économique et financière. Ainsi, les études effectuées par l’IGF française
peuvent aboutir à des propositions de réforme des politiques publiques.
Les contrôles exercés par l’IGF sont des contrôles administratifs. Ils peuvent être a priori ou a
posteriori, sur pièces et sur place, ils peuvent être aussi concomitants. Les contrôles sont
sanctionnés par un rapport en respectant les principes du contradictoire, c’est-à-dire en
requérant la position et les arguments du responsable de l’entité contrôlée.
Ces contrôles peuvent prendre la forme des missions de vérification, des missions d’audit et de
conseil, des missions d’assistance ou des missions d’enquêtes. La vérification permet de poser
un diagnostic complet sur le fonctionnement d’un service, en vue de proposer des améliorations
éventuelles. Le diagnostic est établi en confrontant le fonctionnement des services vérifiés aux
prescriptions légales et règlementaires. Ce diagnostic permet aussi de tester l’efficacité de la
gestion des finances publiques.
À la demande du ministre chargé des finances et du ministre concerné, l’IGF peut effectuer des
missions d’audit et de conseil dont le but principal est de conseiller les services audités sur les
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méthodes managériales, les procédures ou la réforme des structures. L’audit peut porter aussi
bien sur la communication du ministère de l’économie, la gestion des tribunaux de paix que sur
l’impôt (TVA par exemple) ou une redevance.
A travers les missions d’enquêtes diverses, l’IGF peut proposer des reformes. Les enquêtes peuvent
être effectuées à l’étranger pour y étudier les institutions similaires. L’IGF peut donner son
assistance à une administration. Toutes ces missions requièrent que soient réunies les conditions
d’indépendance, d’impartialité, de redevabilité, de conscience professionnelle par une attitude
diligente et avisée, d’objectivité dans les conclusions, de fiabilité de la preuve, conditions
indispensables à l’efficacité de la mission de contrôle.
Il est donc nécessaire de disposer d’un manuel de procédures pour la réalisation des missions.
Ce manuel, véritable référentiel en la matière, pourra déterminer les champs d’intervention ainsi
que les modalités spécifiques à chaque intervention. Ce référentiel pourra définir les contenus
d’une mission d’enquête, d’une mission d’opinion et avis, d’une mission d’analyse systémique,
d’une mission d’évaluation de politique publique et d’une mission de suivi d’un rapport de
mission. Le référentiel devra définir les types d’audit, l’approche méthodologique et les
procédures propres à chaque mission. Il importe de préciser que les Inspecteurs des finances
ont une responsabilité personnelle sur les rapports de missions qu’ils effectuent. En
conséquence, l’Inspecteur des finances, auteur d’un rapport ne peut être obligé de modifier le
contenu d’un rapport de contrôle sur injonction d’une autorité ou du destinataire final, lequel
est libre de juger de l’opportunité de la suite à donner au rapport.
Plusieurs conséquences peuvent être attachées aux rapports de l’IGF. Il y a d’abord des suites
administratives réservées aux rapports par le ministre chargé des finances ou le Président de la
République. Ce dernier peut sanctionner positivement ou négativement les gestionnaires
audités. L’entité contrôlée peut également engager des changements proposés dans le rapport,
tout en tirant profit des forces de sa gestion. Mais les effets les plus redoutés et les plus
redoutables ont trait aux conséquences juridictionnelles ou judiciaires, pénales et disciplinaires.
Aussi tout inspecteur qui serait complice de corruption passive de la part d’une personne
contrôlée s’expose en même temps que celle-ci à des poursuites pénales.
En vue de doter l’Inspection générale des finances des moyens d’action conséuent et prévenir
les infractions de corruption dans le chef des Inspecteurs des finances, l’article 5 de
l’ordonnance n°87-323 portant création de l’IGF dispose que celle-ci « dispose pour son
fonctionnement et la motivation de son personnel, d’une allocation budgétaire émargeant aux
budgets annexes de l’Etat et au moins égale à 1% des recettes assignées aux régies financières
de l’Etat ainsi que d’une allocation de 40% des pénalités douanières, fiscales et parafiscales
recouvrées à la suite de ses redressements d’impôts, droits, taxes ou redevances éludées ».
Malgré les garanties financières accordées à l’IGF par le législateur, il est impérieux que
l’éthique, la conscience professionnelle et une formation continue adéquates parviennent à avoir
raison des velléités de corruption. A cela, il faut ajouter des sanctions disciplinaires et pénales
sévères à l’encontre des inspecteurs des finances contrevenant aux lois et règlements en matière
de contrôle des finances publiques.
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Section 1. Géneralités
§1. Historique de la Cour des comptes en RDC
Le contrôle de l’exécution des finances publiques par la cour des comptes date de l’époque de
la charte coloniale (Article 13 de la charte coloniale). Cependant, c’est à la cour des comptes
de la Belgique que revenait cette mission jusqu’à l’accession de la RDC à la souveraineté
internationale. Encore que, malgré l’institution d’une Cour des comptes par la loi fondamentale
du 19 mai 1960 (article 243 de la loi fondamentale), le contrôle des finances publiques de la
RDC était exercé par la cour des comptes de la Belgique conformément à l’article 253 de la loi
fondamentale, en attendant la création d’une cour des comptes congolaise. Celle-ci interviendra
le 16 Avril 1963, avant d’être supprimée dans la foulée du coup d’Etat du 24 novembre 1965
et rétablie par la constitution du 24 Juin 1967 en son article 107.
Le recours à des concepts habituellement utilisés par la plupart des Cours des comptes
et des organisations internationales de contrôle des finances et biens publics ;
L’installation des Chambres des comptes déconcentrées au niveau provincial ;
La formation de l’inter-chambre comme institution d’appel pour statuer sur les voies de
recours contre les arrêts définitifs rendus en premier jugement des comptes et de
discipline budgétaire et financière ;
La consécration de la suprématie de la Cour des comptes sur les autres organes de
contrôle en matière de contrôle des finances publiques.
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Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
plus généralement tous les organismes bénéficiant des fonds publics (Article 123 de la LOFIP).
La portée du contrôle de l’exécution des finances publiques par la cour des comptes a une triple
vocation : informative, normative et opérationnelle.
En effet, d’abord par sa mission informative, la cour met à la disposition des assemblées
délibérantes les données fiables relatives à l’exécution du budget, tout en informant également
l’opinion publique sur sa gestion. Ensuite, à travers sa vocation normative la cour des comptes
cherche à s’assurer que les règles du droit budgétaire sont respectées par les ordonnateurs et les
comptables. Enfin, la fonction opérationnelle de la cour se traduit par la formulation des
recommandations destinées à améliorer la gestion des finances publiques. Il s’agit de parvenir,
à travers le contrôleur juridictionnel, en un équilibre entre sanction, dissuasion et prévention,
ce qui implique d’identifier les risques et les enjeux financiers.
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Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
Seuls les organes politiques compétents sont habilités à exiger des comptes auprès des
ordonnateurs responsables du Parlement, des Assemblées provinciales, des organes délibérants
des ETD, des membres du gouvernement et des gouvernements provinciaux ainsi que des
organes délibérants des ETD.
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Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
considérant la régularité des comptes tenus par les Comptables publics. Certes, les circonstances
à la base des opérations irrégulières peuvent servir comme moyen de défense au soutènement
des intérêts du comptable public mis en cause ; toutefois, le juge des comptes ne saurait
s’appuyer sur ces circonstances en s’abstenant de constater le manquant.
Il est utile de préciser que le contenu du contrôle juridictionnel de la Cour des comptes a pour
base l’article 90 de la loi organique n° 18/024 prérappelée. En effet, cet article spécifie que
« dans l’exercice de son pouvoir juridictionnel, la Cour des comptes juge les comptes des
Comptables publics principaux assignataires de recettes et de dépenses, déclare et apure les
gestions de fait, statue sur les fautes de gestion et prononce les condamnations. Elle statue aussi
sur les recours en appel formés contre les arrêts définitifs rendus en premier ressort. Elle statue
enfin sur les recours en révision et en rétractation, ainsi que sur les renvois après cassation ».
Selon le RGCP, tout Comptable est personnellement et pécuniairement responsable de la
justification des opérations ainsi que de l’exacte concordance entre les résultats de ses
opérations et la position de ses postes comptables. Il en résulte que toute confusion entretenue
par le Comptable entre les fonds et valeurs qu’il détient en sa qualité de comptable et ceux
qu’il possède à titre personnel le fait présumer coupable de malversation. L’article 91, alinéa
1er , de la loi organique n° 18/024 précitée dispose que « tout Comptable public assignataire
des recettes et des dépenses ainsi que toute personne déclarée Comptable de fait doit rendre
compte de sa gestion ».
La responsabilité du Comptable public est engagée à l’égard du juge des comptes s’il s’est
rendu coupable personnellement, ou l’un des agents placés sous sa responsabilité, des
détournements ou des malversations. Il est utile de rappeler que les comptables publics engagent
leur responsabilité pécuniaire et personnelle non seulement pour l’exécution des recettes et des
dépenses mais aussi pour les contrôles qu’ils sont tenus d’effectuer sur les ordonnateurs.
Le comptable public assignataire est tenu responsable des opérations effectuées par les agents
du poste comptable. Ces derniers sont de simples agents subordonnés placés sous la hiérarchie
du comptable chef de poste. Le comptable ne saurait se soustraire de sa responsabilité en
arguant que les opérations comptables litigieuses ont été réalisées à son insu par les agents
comptables commis à son poste à la demande de l’ordonnateur pendant son absence du poste,
y compris pendant un congé régulièrement obtenu.
De même, des erreurs informatiques commises par les agents commis au poste comptable ne
sauraient exonérer le comptable public, chef de poste. A fortiori, lorsque les manquants
constatés résultent d’une désorganisation systématique du service comptable, la responsabilité
du comptable public, chef de poste, se trouve aggravée.
Il peut y avoir une mise en débets in solidum de plusieurs comptables successifs dans le cadre
du recouvrement des créances. C’est pourquoi, lors de la remise et reprise, la présence de deux
comptables entrant et sortant est indispensable, sauf si ils ont obtenu l’autorisation de se faire
représenter par un mandataire.
Le comptable en fonction sera tenu responsable des opérations des dépenses litigieuses payées
après sa prise de fonction. Toutefois, en cas de double paiement, c’est le comptable sortant qui
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Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
doit être mis en cause, sauf s’il avait bénéficié d’une décision de décharge ou de quitus. Deux
comptables successifs doivent être tenu responsables des paiements indus chacun à concurrence
de trop payé décaissé.
Le comptable entrant sera tenu responsable des recettes non recouvrées par son prédécesseur
dans l’hypothèse où il n’avait pas émis des réserves sur la gestion de son prédécesseur lors de
son entrée en fonction. Cette responsabilité est également mise à la charge du comptable entrant
si la recette litigieuse n’était pas devenue irrécouvrable. Le comptable entrant doit faire les
diligences nécessaires lors de son entrée en fonction, en exigeant notamment l’état récapitulatif
des opérations effectuées par son prédécesseur.
Les réserves émises par le Comptable entrant les déchargent de toute responsabilité sur les
opérations comptables effectuées par son prédécesseur. A contrario, en l’absence des réserves,
le comptable entrant engage sa responsabilité. Les réserves doivent être écrites et motivées,
aussi les réserves générales portant notamment sur l’état de désordre du poste comptable laissé
par son prédécesseur ne saurait constituer une cause d’exonération du comptable entrant. Ce
dernier doit formuler des réserves précises lors de son entrée en fonction. C’est la raison pour
laquelle un délai – généralement de six mois – est accordé au Comptable entrant pour disposer
du temps nécessaire pour formuler avec précision ses réserves. Lorsque le Comptable est resté
pendant une courte période qui ne lui a pas permis de formuler des réserves sur les comptes de
son prédécesseur, il ne peut être tenu responsable de sa gestion. En cas de décès d’un Comptable
sortant et devant la difficulté de formuler des réserves, le Comptable entrant doit signer
contradictoirement un procès-verbal mentionnant ses réserves avec les ayant droit du comptable
sortant décéder.
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Finances Publiques – Master Audit et Contrôle de Gestion
Le débet est une décision qui consiste à faire débiteur le comptable public mis en cause dans le
détournement, la malversation ou le manquant des deniers, droits et valeurs publics. L’article 7 point
6 de la loi organique n° 18/024 précitée définit le débet comme étant « l’acte par lequel la Cour des
comptes déclare les comptes du comptable public principal assignataire sont non conformes et décide
d’engager sa responsabilité personnelle et pécuniaire ».
En mettant à la charge du comptable public principal assignataire le montant du déficit, le débet
ne « constitue pas à proprement parler une sanction », il a pour but de « rétablir les comptes
dans l’état qu’ils devraient avoir si le comptable n’avait pas manqué à ses obligations »
(PICARD, 2017 : 281). Le débet doit être proportionnel au montant payé de manière irrégulière
par le comptable ou à la somme non recouvrée par lui, en y ajoutant les intérêts au taux fixé par
la loi, sans préjudice des amendes pour faute de gestion fixée par la LOFIP en ses articles 129
et 134. Le débet est engagé aussi lorsque par « la faute du comptable public, l’Etat a dû procéder
à l’indemnisation d’un tiers » (Article 36 du RGCP). C’est à l’entité ayant enregistré le
manquant que le débet doit être versée.
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personne publique ou privée dans laquelle le comptable à un intérêt (article 44 du RGCP). C’est
au receveur général central qu’incombe la responsabilité de recouvrer les arrêtés de débet.
Le débet juridictionnel est une décision prise par le juge des comptes à l’encontre du
comptable public mis en cause pour motifs d’irrégularité dans l’exercice de ses missions ayant
abouti aux manquant, détournements ou malversations. Il s’agit d’un acte juridictionnel qui
rend débiteur le comptable défaillant vis-à-vis du trésor public. La mise en débet peut
sanctionner l’irrégularité de la dépense, le non recouvrement de la recette, le paiement indu
résultant d’un double paiement ou des calculs erronés de liquidation ou encore des paiements
fondés sur de mauvaises bases juridiques ou de fausses factures.
Lorsque la Cour des comptes est saisie, son Premier président désigne un magistrat-rapporteur
qui instruit sur pièces et sur place, en requérant, éventuellement, les forces de l’ordre pour
assurer l’accomplissement de sa mission. L’instruction sur place signifie que « les
ordonnateurs, les comptables publics ainsi que les autorités hiérarchiques ou de tutelle et tout
vautre responsable concerné ont l’obligation de communiquer, à la demande des magistrats de
la Cour des comptes, tout document et de fournir tout renseignement relatifs à la gestion des
services et organismes publics et privés soumis au contrôle de la Cour des comptes » (Article
98, al. 3 de la loi organique n° 18/024 précitée). Le contrôle sur place implique que « les
magistrats et les fonctionnaires ou experts, assistant à la vérification à la Cour des comptes en
mission de vérification ont le pouvoir de se rendre dans les services des ordonnateurs et des
comptables publics » (Article 99 al. 1 de loi organique n°18/024 précitée).
L’instruction du magistrat-rapporteur se clôture par des observations et propositions qui
déterminent le suite à réserver au dossier. Ces observations et propositions sont communiquées
au Comptable public principal assignataire. Ce dernier dispose d’un délai d’un mois pour
présenter ses moyens de défense par écrit. Après le délai d’un mois, le magistrat-rapporteur
transmet au président de la chambre son rapport accompagné des pièces justificatives et des
réponses du comptable public principal assignataire.
En attendant la saisine du procureur, le magistrat-rapporteur peut proposer un certain nombre
de mesures conservatoires s’il s’avère que les graves irrégularités ont été actées à l’occasion
des contrôles. Prises à l’encontre de l’auteur des irrégularités, ces mesures peuvent porter
notamment sur la suspension ou la destitution des fonctions, le blocage des comptes bancaires,
l’interdiction de sortir du territoire national et l’obligation de se tenir à la disposition de la Cour
des comptes jusqu’à la clôture du dossier, l’interdiction d’accomplir certains actes de gestion,
la proposition de nomination d’un intérimaire (article 39 de la loi organique n°18/024 précitée).
Dans un délai de 5 jours francs de la saisine, l’autorité saisie est appelée à communiquer à la
Cour des comptes les suites données aux propositions. Le président de la chambre peut désigner
un magistrat contre-rapporteur « pour vérifier le travail du magistrat rapporteur » (Article 106,
al. 4 de la loi organique n°18/024 précitée).
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subordonnée à celle de la chose jugée. En d’autres termes, le débet juridictionnel rend sans
conséquence l’économie interne du débet administratif. Il en est ainsi lorsque le juge des
comptes accorde un quitus au comptable public, c’est-à-dire le décharge de toute responsabilité.
Face à une telle hypothèse, le Ministre des finances doit se conformer au point de vue de la
Cour des comptes. Par conséquent, il doit s’abstenir de prendre un arrêté de débet administratif.
La loi lui donne la possibilité de contester la décision juridictionnelle en introduisant un recours
en révision. C’est en ce sens qu’il faut comprendre l’article 115 de la loi organique n°18/024
précitée, qui dispose que « le débet fait obstacle à la décharge ou au quitus du comptable public
assignataire aussi longtemps qu’il n’a pas été apuré ».
Qu’il soit administratif ou juridictionnel, le débet entraine le prélèvement du cautionnement à
l’initiative du payeur général si le comptable avait déposé un cautionnement en numéraire ou
en valeur. Si le cautionnement est solidaire, l’initiative de son prélèvement appartient au
Ministre du gouvernement central ayant les finances dans ses attributions qui notifie à
l’association des comptables le débet constaté à charge du comptable public et dont le
versement incombe à l’association.
C’est au receveur général central qu’il appartient de procéder au recouvrement du débet par
« toutes les voies de droit sur l’intéressé ou sur toute personne publique ou privée dans laquelle
le comptable public a un intérêt » (Article 44 du RGCP). Le pouvoir central peut avancer les
fonds en vue de rétablir immédiatement l’équilibre de l’entité publique préjudiciée par les
irrégularités du comptable public.
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Cependant, le paiement effectué par l’entité créancière sur base de ses lignes budgétaires ou des
titres de recouvrement émis pour compenser les manques à gagner n’est pas autorisé. Les débets
étant susceptibles de produire les intérêts doivent être payés à titre définitif en principal et en
intérêts. Le remboursement des montants concernés par la décision de débet décharge le
comptable public qui bénéficie alors d’une décision de décharge ou quitus. Le comptable peut
se trouver subroger les autres personnes ayant bénéficié du manquant, c’est-à-dire qu’il peut
réclamer auprès des personnes ayant encaissé les trop payés de lui rembourser au moins
l’équivalent des montants qu’il a versés en débet. La juridiction financière devra aussi
rembourser le montant des débets versés par le comptable dans l’hypothèse où les autres
débiteurs se seraient acquittés de leurs dettes.
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Le non-lieu ;
L’ordonnance ;
Le déféré ;
La déclaration de gestion de fait ;
La déclaration de faute de gestion ;
La décharge ;
Le quitus ;
Le débet ;
L’amende.
La cour des comptes peut donner, soit des injonctions et formuler des réserves, soit ordonner
des amendes à l’encontre du Comptable public mis en cause.
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Les injonctions fermes font suite aux arrêts de débets provisoires aux termes desquels le juge
des comptes donne l’ordre au comptable poursuivi pour irrégularités à présenter des motifs
exonératoires de sa responsabilité. A peine de nullité, les injonctions faites au comptable
doivent être suffisamment motivées.
La cour des comptes peut aussi émettre des réserves. Celles-ci constituent en quelque sorte une
cause suspensive de la responsabilité du comptable public mis en cause en attendant que soient
réunis certains éléments susceptibles d’éclairer la religion du juge des comptes. On peut
comparer des réserves à des décisions avant dire droit, en ce qu’elles n’enjoignent pas au
comptable de produire des justifications comme c’est le cas pour les injonctions fermes. Les
réserves consistent en la suspension de la mise en jeu de la responsabilité du comptable public,
en attendant la suite d’autres procédures connexes. À s’en tenir à ce qu’en pense la loi, « les
réserves ont pour effet de différer l’admission des recettes ou des dépenses dont l’omission,
l’irrégularité ou l’incidence d’un fait connexe sont susceptibles d’engager la responsabilité en
attendant l’aboutissement d’autres procédures » (Article 110, al. 4 de la loi organique
n°18/024 précitée).
A côté des injonctions fermes et des réserves, le juge des comptes peut donner des injonctions
pour l’avenir. Ces dernières sont des avertissements adressés au comptable public visant à
attirer son attention sur certains comportements dont la répétition pourrait engager à l’avenir sa
responsabilité. Les injonctions pour l’avenir peuvent se référer aussi aux actes du comptable en
fonction qu’à ceux de ses prédécesseurs. Les injonctions pour l’avenir déchargent
immédiatement le comptable public de toute responsabilité, elles peuvent également faire
l’objet de débet. La Cour peut inscrire aussi les mentions qui constatent l’accomplissement de
certaines formalités requises ou l’exécution de certaines opérations.
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notification, les arrêts de la Cour des comptes sont exécutoires sur le patrimoine de la personne
condamnée, ou en cas d’absence, de disparition ou de décès de celui-ci, sur la masse
successorale » (Articles 174 et 175 de la loi organique n°18/024 précitée).
Les décisions prises sous la forme administrative par la Cour des comptes sont notamment : la
note du Premier président de la Cour des comptes, le référé et l’insertion au rapport annuel.
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mêmes obligations qui incombent aux comptables publics patents, en rendant compte des
opérations effectuées. La mise en débet contre les comptables de fait intervient après cette
opération.
La gestion de fait est considérée de brève main si elle procède des actes accomplis
irrégulièrement par les personnes qui ont reçu pouvoir d’agir en matière de gestion des comptes
publics. Certes, les gestionnaires de fait de brève main sont compétents pour poser des actes de
maniement des deniers publics, mais violent les règles de la comptabilité publique. La gestion
de fait est considérée de longue main si le maniement des comptes a été l’œuvre de ceux qui
sont investis de l’autorité hiérarchique, et qui, abusant de leur autorité ont pu donner l’ordre de
manier ou de soustraire irrégulièrement les fonds publics. La qualification de maniement de
longue main s’applique également aux supérieurs hiérarchiques qui n’ont pas pu empêcher les
irrégularités ou ont fait preuve de négligence pour y mettre fin. Peuvent également tomber sous
la qualification de gestion de fait de longue main les actes de gestion accomplis par les
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personnes qui n’ont jamais détenu matériellement les deniers publics. Tel est notamment le cas
d’un chef de service agissant par délégation de signature. En général, la gestion de fait est dite
de longue main s’il s’agit des ordres donnés dans le but de vider les attributions reconnues aux
comptables publics.
Pour recevoir la qualification de gestionnaire de fait de longue main, la Cour des comptes pourra
tenir compte de :
La personne qui n’a exécuté que les ordres d’un comptable de fait ne peut être mis en cause
pour gestion de fait, si elle démontre que les actes posés par elle ont été en exécution des ordres
d’un comptable de fait. Ainsi, si les commettants peuvent échapper, dans les limites des critères
ci-dessus, en revanche les supérieurs hiérarchiques qui ont été au courant des opérations mises
en cause et les ont tolérées ou ordonnées doivent être déclarés comptables de fait. Les supérieurs
hiérarchiques doivent également compter devant la Cour pour les encouragements, les
facilitations, les approbations ou les simples tolérances des opérations tombant sous le coup de
gestion de fait. En général, la qualification de gestionnaire de fait de longue main s’applique
aux ordonnateurs à l’occasion de certifications de service fait frauduleuses. Doivent ainsi
compter devant le juge des comptes, les ministres ayant ordonné des opérations fictives ou
frauduleuses à leurs subordonnés. Pour échapper à la qualification des gestionnaires de fait de
longue main, les supérieurs hiérarchiques doivent prouver d’une part que, quoiqu’étant au
courant des opérations mises en cause, ils ont été dans l’impossibilité d’empêcher leur
exécution/opérations et d’autre part qu’ils ont tiré profit des opérations mises en cause sans en
connaître l’origine. Ainsi, un simple manque de surveillance du supérieur hiérarchique ne fait
de lui un gestionnaire de fait de longue main.
Dans quels cas les comptables patents peuvent être déclarés gestionnaires de fait ? Dans les
hypothèses générales ci-après :
participation active aux opérations considérées comme gestions de fait ;
tolérance des opérations irrégulières ;
prise de connaissance des opérations irrégulières ;
opérations irrégulières exécutées par les régisseurs ;
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S’il refuse de compter entre les mains du comptable public assignataire, le régisseur peut faire
l’objet d’une déclaration en comptabilité de fait. Il en va ainsi aussi pour les régisseurs qui ont
dépassé les attributions qui leur ont été assignées dans l’acte constitutif de la régie. Sont aussi
susceptibles d’être déclarés gestionnaires de fait, les régisseurs qui ont toléré des opérations
irrégulières constitutives de gestion de fait. Les régisseurs qui ont agi sans titre ni qualité comme
ceux qui auront détourné rentrent sous le coup de la gestion de fait et de ce fait, peuvent faire
l’objet d’une déclaration de gestion de fait.
Qu’elle soit de nationalité congolaise ou étrangère, qu’elle soit dotée de la personnalité juridique
ou non, qu’elle soit transparente ou réelle, une personne morale qui s’ingère de manière irrégulière
dans les comptes publics peut faire l’objet d’une déclaration de fait. À cet égard, pour apprécier si
une association est responsable de gestion de fait, le juge des comptes devra vérifier le degré
d’autonomie d’une telle association par rapport à un organisme public. En effet, les personnes
physiques revêtues de la qualité d’agents publics de l’État créent souvent de personnes morales de
droit public dans le but de soustraire frauduleusement les fonds publics. De ce fait, l’absence
d’autonomie d’une association et par conséquent sa totale dépendance à l’égard des agents publics
constitue un indice sérieux de gestion de fait. Au surplus, une association composée essentiellement
des agents de l’administration au sens large (assemblée provinciale, fonctionnaires de l’État) dans
le but de tirer bénéfice des subventions versées par l’État donne la preuve suffisante pouvant donner
lieu à une déclaration en gestion de fait par les juges des comptes. Les personnes morales ainsi que
leurs dirigeants peuvent être en cause solidairement.
Lorsque les dépositaires des fonds publics font usage des fonds publics en violation de la
volonté des déposants, ils encourent une mise en cause pour gestion de fait et a fortiori
lorsqu’une banque viole la réglementation bancaire, elle est susceptible de faire l’objet d’une
déclaration de fait. De même un notaire qui a reçu mission de vendre les biens publics, et qui
se fait payer les honoraires sur les recettes issues de cette vente, peut être mis en cause pour
gestion de fait.
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Cette utilité publique doit être recherchée au regard du contenu des lois de finances (loi de
finances de l’année, loi de finances rectificative ou loi de règlement). La décision de la cour des
comptes sur la gestion de fait peut aboutir soit à un acquittement faute des preuves
d’irrégularités, soit à des amendes, en tenant comptes dans ce dernier cas des circonstances
aggravantes et atténuantes. Les décisions rendues par la cour des comptes sont susceptibles de
recours, soit devant la même Cour au second degré, soit au moyen d’un pourvoi en cassation
devant le conseil d’Etat.
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La Cour des comptes de la RDC note que « l’exhaustivité et la fiabilité des statistiques
financières demeurent un défi majeur à relever pour les finances publiques de la République
démocratique du Congo ». En effet, la non exhaustivité et la non fiabilité des statistiques
s’observent en partie à travers les disparités existant entre les informations provenant des
directions chargées de collecter et de traiter les informations relatives aux dépenses engagées,
liquidées, ordonnancées et payées.
Selon que les informations transmises à la Cour des comptes proviennent de la Cellule
informatique Interministérielle - CII, de la Direction Générale des Politiques et Programmation
Budgétaires - DGPPB) et de la Direction de Préparation de la Reddition des Comptes - DPRC,
les écarts sont révélateurs du caractère non-exhaustif et peu fiable des données budgétaires
(Cour des comptes, 2018 : 35). Pour ces différents motifs, la Cour des comptes est fondée à
certifier les comptes des Administrations publiques en émettant des réserves, s’il échait.
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Le mandat d’un contrôle de l’exécutif confié au législatif par l’electorat en vertu du contrat
constitutionnel implique une délegation supplémenttaire des responsabilités par laquelle le
legislatif délegue à l’exécutif la tache de réaliser le budget que le premier a autorisé. Si le
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peuple (electorat) est le principal par rapport au legislatif (agent), ce dernier devient à son tour
principal à l’endroit de l’exécutif qui revet alors le statut d’agent.
Comme dans toutes les relations entre le principal et l’agent, il existe des assymétries
d’information et de conflit d’intérêt qui rendent légitimes le contrôle du principal sur l’agent.
La lisibilité de la gouvernance, mesurée à l’aune de la reddition des comptes par les
gouvernants, a donné ses lettres de noblesse à la modernité politique. Tenir des comptes et
rendre des comptes procèdent de la même racine du mot anglais « accountability ». Le contrôle
de la représentation nationale sur le gouvernement est une institution qui donne à la
représentativité toute sa valeur. C’est grâce à « l’œil du parlement sur le gouvernement » qu’il
est possible que le peuple garde son « œil sur ses élus », en sorte que la « lisibilité et la visibilité
politique » rendent possible le passage d’une simple « démocratie d’expression » à une
« démocratie d’appropriation ».
Dans le but de rendre effective cette démocratie d’appropriation, la LOFIP dispose que « le
parlement veille au cours de la gestion annuelle à la bonne exécution de la loi de finances »
(Article 127, al.2, de la LOFIP). Le contrôle parlementaire a deux dimensions : le contrôle a
priori de la bonne exécution de la loi de finances de l’année d’une part et le contrôle a posteriori
s’exerçant à l’occasion de l’examen du vote du projet de loi portant reddition de comptes.
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finances de l’assemblée : rapports des missions d’informations, les annexes accompagnants les
projets des lois de règlement des exercices antérieurs, rapports de la cour de comptes.
§2. Conditions d’éfficacité du contrôle parlémentaire des finances publiques par les
commissions de finances
L’éfficacité du contrôle parlémentaire des finances publiques repose fondamentalement sur les
commissions permanentes des finances (Commission ECOFIN) des assemblées délibérantes.
Mais, le travail de ces commissions doit se faire en respectant un certain nombre des standards.
L’indépendance des commissions des finances par rapport à l’éxecutif détermine sensiblement
la qualité du contrôle. Une commission dont les membres sont désignés de façon formelle ou
informelle par l’exécutif aura tendance à exercer un contrôle faible sur ce dernier.
Lorsqu’elles tirent leurs mandats de la constitution plutôt que de la loi ou des règlements des
assemblées, les commissions des Finances exercent plus éfficacement leur contrôle sur
l’exécutif.
La publicité des débats des commissions parlémentaires des finances, leur liberté à fixer le
calendrier des travaux, le recours aux témoins, les règles de quorrum, les règles d’élaboration
et de suivi de rappport, la qualité et la quantité des ressources fiancières et humaines à la
disposition des commissions parlémentaires des finances, la formation des membres et le
recours à l’expertise externe constituent aussi des critères concourant à l’éfficacité du contrôle
parlémentaire des finances publiques.
§3. Rôle de la plénière dans le contrôle de l’exécution des finances publiques : le controle
des projets de lois de finances rectificatives et le contrôle de loi de réglement
Le travail effectué par les commissions des finances est destiné à être lu par les rapporteurs en
séances plénières. A cette occasion, la plénière, qualifiée de souveraine dans le langage
parlementaire, engage le débat sur le rapport présenté par les commissions de finances. De
même, lorsqu’ils sont soumis à l’autorisation parlementaire, les projets de lois de finances
rectificatives sont confiés aux commissions des finances pour approfondissement.
Souvent négligés par les parlementaires au profit du contrôle de la bonne exécution de la loi de
finances initiale, les projets de loi de règlement font souvent l’objet d’un examen précipité par
les commissions des finances des assemblées délibérantes. La raison généralement avancée
pour justifier ce fréquent bachotage est le manque de temps. Les documents transmis aux
commissions des finances étant remis dans un court délai ne permettant pas d’examiner aussi
bien les projets de loi de finances de l’année et le projet de règlement. Pourtant, l’examen du
projet de loi de règlement est une étape préalable à l’adoption des projets des lois de finances
de l’année.
C’est à travers la reddition des comptes que l’on peut aisément retracer la responsabilité des
gestionnaires publics. Or, la tradition parlementaire, figée dans la logique partisane des
antagonismes majorité-opposition, semble donner plus d’importance aux autres types de
contrôle. Est-ce parce que les chambres ne disposent pas de beaucoup d’experts en la matière ?
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Le contrôle du projet de loi de règlement conduit à arrêter définitivement les recettes et les
dépenses du budget de l’exercice précédent, c’est-à-dire à la fois le résultat de l’examen des
ressources et des charges sur base desquelles a été réalisé l’équilibre financier. Le contrôle a
pour finalité de constater et au besoin d’ajuster l’équilibre financier réalisé. Le parlement peut
décharger éventuellement les ordonnateurs. Il est important de souligner qu’en vertu de l’article
127 de la LOFIP, les informations que le parlement demande ou les investigations sur pièces
ou sur place qu’il entend conduire, ne peuvent lui être refusées.
En substance, le contrôle politique présente un réel intérêt pour la démocratie en ce qu’il traduit
la nécessité du contrôle des élus sur les gestionnaires. Cependant, son efficacité reste tributaire
de plusieurs facteurs. En effet, l’appropriation des résultats des contrôles ne peut être possible
en l’absence d’une bonne éducation de l’opinion. Car, une bonne compréhension des
mécanismes économiques est un bien public que les médias et les chercheurs doivent chercher
à répandre, pour éviter que, face à l’opacité de la gouvernance des comptes publics, les
populismes et les extrémismes de tout bord ne prennent en otage le débat public.
Outre l’exigence de lisibilité, de vulgarisation et d’appropriation des résultats des contrôles
budgétaires, indispensables à la refondation de la légitimité démocratique, le réaménagement
de l’agenda budgétaire du parlement est nécessaire. En effet, le calendrier budgétaire dans les
différentes chambres devra être raccourci pour redonner davantage du temps à l’Assemblée
nationale, désormais investie du monopole de l’examen de la loi de finances de l’année et du
contrôle de la bonne exécution des finances publiques, tandis qu’au Sénat reviendrait
l’exclusivité du contrôle de la loi de règlement.
Dans ce cas, la loi de règlement ne serait pas expédiée en quelques heures en séance publique
comme elle est souvent à l’heure actuelle. Un investissement de l’institution sénatoriale dans le
contrôle budgétaire a posteriori permettrait, non seulement de remédier à une lacune profonde
du contrôle parlementaire, mais aussi d’assurer la complémentarité des deux chambres, vertu
principale du bicamérisme.
Ces recommandations peuvent valoir aussi de lege ferenda pour les réformes constitutionnelles
et législatives à entreprendre en République Démocratique du Congo. En effet, encore peu
exploité en RDC, l’exercice de la reddition des comptes est souvent réduit à une simple
formalité sans rapport avec les données réelles de l’exécution budgétaire, en dépit des
institutions chargées de contrôler l’exécution du budget de l’Etat. C’est qu’à l’absence d’une
culture de reddition des comptes respectueuse des standards en la matière, se joint un déficit
communicationnel des décideurs sur leur gestion. Or, la vitalité démocratique et institutionnelle
est à ce prix.
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En effet, comme l’a écrit avec lucidité Pierre P. Tremblay, sur une question aussi fondamentale
que les questions budgétaires, les parlémentaires doivent suivre une ligne de parti, car la
politique qui y est exposée engage le gouvernement. Le vote du budget n’est pas un vote libre.
C’est avant tout un vote partisan. Si une loi de crédits lui est refusée, un gouvernement perd de
facto sa légitimité et, selon la logique politique courante, il doit démissionner. Le parti au
pouvoir a aussi tout intérêt à rappeler ses parlémentaires à l’ordre afin que la majorité vote en
bloc pour le budget proposé. L’élu qui refuserait la discipline du parti prend le risque, bien réel,
d’être exclu du caucus et de devoir siéger en tant qu’indépendant. On ne saurait donner un
meilleur contenu aux limites du contrôle parlémentaire des finances publiques.
CONCLUSION GENERALE
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