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Sciences Economiques et Gestion

Semestre 4

Finances Publiques
Cours, Questions de Réflexion, Exercices et
Sujets des Examens Corrigés

Professeur Abderrahim FARACHA 1


Sciences Economiques et Gestion

Semestre 4

Contenu
I- Introduction
1. Notion de Finances Publiques
2. Histoire du système des Finances Publiques
3. Politique Budgétaire
4. Recherche de la Performance
5. Cadre Juridique des Finances Publiques
6. Les Différentes Branches des Finances Publiques
II- Composantes des Finances Publiques
1. Impôts, Principales ressources publiques
2. Charges publiques
3. Déficit Public
4. Dette Publique
III- Principes du Droit Budgétaire
1. Principe de l’Annualité Budgétaire
2. Principe de l’Unité Budgétaire
3. Principe de l’Universalité Budgétaire
4. Principe de la Spécialité Budgétaire
5. Principe de l’Equilibre Budgétaire
6. Principe de la Transparence Budgétaire
IV- Lois de Finances et Budget de l’Etat
1. Lois de Finances
2. Budget et Nomenclature Budgétaire
V- Elaboration et Vote de la Loi de Finances et du Budget
1. Préparation du Projet de la Loi de Finances et du Budget
2. Vote de la Loi de Finances et du Budget
VI- Exécution du Budget
1. Cadre de l’Autorisation Budgétaire
2. Régularité des Opérations Budgétaire
3. Règles Comptables
4. Exécution des Dépenses et des Recettes Publiques
5. Marchés Publics
VII- Contrôle de l’Exécution du Budget
1. Contrôles Internes (Contrôles Administratifs)
2. Contrôles Juridictionnels
3. Contrôles Parlementaire (Contrôles Politiques)

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VIII- Outils de Programmation et de Budgétisation


1. Niveaux d’Objectifs et d’exécution des Politiques Publiques
2. Stratégie Globale, Stratégies Sectorielles, plan d’action
1. Cadre de Dépenses à Moyen Terme : Généralités
2. Cadre de Dépenses à Moyen Terme : Méthodologie d’Elaboration
IX-Gestion des finances publiques axée sur la Performance
1. Gestion axée sur les Résultats
2. Gestion intégrée de la Dépense Publique
3. Evaluation de la Dépense publique et Responsabilité Financière (Public
Expenditure And Financial Accountability. PEFA)
4. Principes de l’Audit de Performance

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I- Introduction

Le concept Finance vient du mot latin finis qui signifie le terme. En français du
XIIIe siècle, le verbe finer veut d'abord dire finir une transaction et donc payer son
prix. Par la suite, le mot évolue pour désigner des ressources financières et à partir
du XVIe siècle des affaires d'argent

Il ne faut pas confondre la finance et l’argent (c’est la ressource pécuniaire). Cet


argent n’est qu’un pour payer le prix d’une transaction.

L’adjectif « Publique » elle regroupe :


- L’Etat ;
- Les organismes divers de l’administration centrale ;
- Les organismes de sécurité sociale ;
- Les collectivités territoriales.

La finance recouvre un domaine d'activité (financement) qui consiste à procurer


l’argent nécessaire à la réalisation d'une dépense. Ce domaine concerne aussi bien
les individus, les ménages que les entreprises publiques ou privées, mais aussi les
États et les collectivités territoriales.

Le cours traite les finances de l’Etat, des organismes divers d’administration


centrale et des collectivités territoriales. On parle des finances publiques

1. Notion de Finances Publiques

Il existe plusieurs définitions des finances publiques. Ces définitions diffèrent


en fonction de l’approche adoptée par leurs auteurs : classique ou moderne.
Pour Gaston Jèze1, qui a adopté une approche classique, les finances publiques sont
la discipline ou la science qui consiste à étudier les moyens par lesquels l’Etat, les
organismes divers d’administration centrale, les collectivités territoriales et les
organismes de sécurité sociale se procurent les ressources nécessaires à la

1
Gaston Jèze , né à Toulouse 2 mars 1869 et a décédé à Deauville 5 août 1953, est
un professeur de droit public français, président de l'Institut de droit international,
fondateur et directeur de la Revue de science et de législation financière (à partir de
1903), directeur de la Revue de droit public (de 1904 à 1953). Gaston Jèze fut l'un des
principaux promoteurs de la science financière comme enseignement autonome.

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couverture des dépenses publiques et en répartissent la charge entre tous les


citoyens. Cette qui considère les finances publiques comme un instrument pour
permettre la réalisation de l’activité publique.
En adoptant une approche moderne, Pierre La Lumière2 définit les finances
publiques comme étant l’étude des moyens par lesquels l’Etat cherche à réaliser des
interventions dans le domaine économique et social. Il découle de cette approche
que les finances publiques ne sont pas neutres, mais elles agissent dans la vie des
citoyens. On n’est plus dans l’Etat gendarme, mais bien dans l’Etat providence.
Les néo-libéraux justifient l’extension de l’intervention de l’Etat parce que
l’Etat est considéré comme le garant du bon fonctionnement du marché. C’est l’Etat
doit assurer les conditions pour que s’exerce la meilleure concurrence.

Pratiquement, les finances publiques sont définies comme l’étude des


aspects juridiques, politiques et économiques des recettes et des dépenses des
budgets des administrations publiques.

2. Histoire du système des Finances Publiques3

Le système des finances publiques au Maroc a été mis en place dès la période
du protectorat. Cependant, son acception moderne, n’a vu le jour qu’après la
promulgation de la première constitution le 17 Rajab 1382 (14 décembre 1962).
L’histoire du droit et des institutions au Maroc, atteste de l’existence d’une
corrélation systématique entre les révisions constitutionnelles et la refonte des lois
organiques régissant le budget de l’Etat. En fait, cette corrélation est tributaire de
l’effet d’impulsion qu’exercent les mutations et les changements des contextes
politique, économique et social sur l’évolution des lois organiques relatives à la loi
de finances.

2
Pierre La lumière, né le 7 septembre 1930 à Caudéran (Gironde) et mort
le 21 janvier 1996, est un juriste et homme politique français. Pierre La lumière est
d'origine très modeste, jeune orphelin de père, sa mère est maraîchère et tient un banc
au marché des Capucins à Bordeaux. Après avoir obtenu sa licence en droit
à Bordeaux, il entre dans l'Administration et devient inspecteur-adjoint des impôts.
Reprenant ses études de droit, toujours à la Faculté de droit de Bordeaux, il devient
docteur en droit en 1956, puis obtient son agrégation en 1958 à l’âgé de 29 ans.
Il devient professeur de droit public à la faculté de droit de Bordeaux, puis à la faculté
de droit de Paris à partir de 1969. Il enseigne également à l'Ecole Nationale
d’Administration, les finances publiques.
3
http://lof.finances.gov.ma/fr/lof/genese (Genèse et évolution des lois organiques)

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2-1- Le cadre juridique aux temps du Protectorat et aux lendemains de


l’indépendance

Au cours de cette période, les modalités de préparation et de l’exécution du


budget étaient régies par deux textes fondamentaux :

 le Dahir du 18 Chaâbane 1335 (9 juin 1917) portant règlement de


la comptabilité publique. Il s’agit d’ailleurs du premier texte juridique
adopté au Maroc pour l’organisation des finances publiques sur des bases
modernes ;
 le Dahir du 29 Moharrem 1378 (6 août 1958) portant règlement sur
la comptabilité publique du Royaume. Il a constitué le premier texte
législatif promulgué dans ce domaine au lendemain de l’Indépendance. Ce
texte a, par ailleurs, introduit les modifications nécessaires au nouveau statut
politique du Maroc, passé du régime du protectorat à celui de
l’indépendance.
Ces deux textes ne se limitaient pas exclusivement aux aspects budgétaires. Ils
traitaient à la fois de la comptabilité publique et de la réglementation des marchés
publics intégrée au chapitre relatif à la "liquidation des dépenses". Avant 1962 et
compte tenu de l’absence d’une assemblée représentative pour examiner et voter le
budget de l’Etat, le budget du Maroc indépendant était approuvé par le Conseil du
cabinet et le Conseil des ministres

2-2- Les lois organiques relatives à la loi de finances de 1970 et de 1972

La déclaration de l’Etat d’exception en 1965 a entrainé la suspension de


l’institution parlementaire. Les budgets de l’Etat sans autorisation parlementaire
sont réapparus durant ladite période. L’adoption des constitutions de 1970 et
de 1972, a induit celles des lois organiques relatives à la loi de finances du 1er
Chaâbane 1390 (3 Octobre 1970) et du 9 Chaâbane 1392 (18 Septembre 1972).
Elles furent, néanmoins, accompagnées de nouvelles modalités de vote de la
loi de finances. Une loi de règlement unique et définitive du budget au lieu d’un
règlement provisoire suivi d’un règlement définitif a été mise, également, en
vigueur. En somme, la loi organique relative à la loi de finances de 1970 a remédié
à la carence du dispositif relatif au traitement réservé aux recettes de l’Etat en cas de
refus d’approbation ou de refus de promulgation du budget dans les délais
réglementaires. Pour ce qui est de celle de 1972, l’année budgétaire est différente de
l’année civile, elle commence le 1er juillet de chaque année et se termine le 30 juin
de l’année suivante. Ces deux lois organiques ainsi que les amendements qui leur
ont été conférés, ont été adoptées en l’absence du Parlement.
+

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2-3- La loi organique relative à la loi de finances de 1998

Durant les années 1990, les mutations tant sur le plan politique, économique
que social ont induit une dynamique de l’environnement national. La mise en place
de la constitution révisée du 7 octobre 1996 et l’institution du bicaméralisme en
furent la résultante directe. Les principales mutations sont :

 La prise en considération de la décision en date du 6 Moharrem 1412 (19


juillet 1991) du Conseil Constitutionnel qui a été appelé à se prononcer sur
le caractère législatif ou réglementaire de certaines dispositions de la loi
organique relative à la loi de finances et du Décret Royal portant sur
l’application des dispositions de la loi organique relative à la loi de finances;
 L’élévation de la Cour des comptes au rang d’institution constitutionnelle
par la constitution de 1996 ;
 L’adoption de la loi du 2 avril 1997 relative à la région ;
 L’accord d’association avec l’Union Européenne de 1996 ;
 La préservation et la consolidation des acquis du programme d’ajustement
structurel ;
 Le renforcement de la libéralisation de l’économie et le développement des
opérations de privatisation ;
 Les dialogues politiques, en préparation de l’avènement d’un gouvernement
d’alternance.
En définitif, la loi organique relative à la loi de finances de 1998 a aligné le
dispositif des finances de l’Etat sur le nouveau dispositif constitutionnel de 1996.
Ceci ayant trait à la planification et le retour au bicaméralisme parlementaire, sans
toutefois, une rupture avec la logique budgétaire amorcée depuis l’indépendance.
Par rapport aux précédentes lois organiques, le Parlement a été impliquée pour
la mise au point du Dahir du 7 Chaâbane 1419 (26 Novembre 1998)portant
promulgation de la loi organique n° 7-98 relative à la loi de finances. En 2000, la loi
organique n° 7-98 relative à la loi de finances a été amendée pour instituer, par
le dahir n° 1-00-195 du 19 avril 2000 portant promulgation de la loi organique n°
14-00, le chapitre 3 bis concernant les services de l'Etat gérés de manière autonome.
Les principales nouvelles dispositions de la loi organique relative à la loi de
finances de 1998 et 2000 ont porté sur :

 Le rétablissement du concept du plan après sa réhabilitation par la


Constitution et sa substitution au programme économique et social intégré ;
 L’adaptation, au contexte bicaméral, des délais de dépôt et d’examen, par le
Parlement, de la loi de finances ainsi que de la procédure de son vote ;
 la suppression des budgets annexes ;
 l’intégration des services de l’Etat gérés de manière autonome dans la loi de
finances de l’année ;

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 la réduction du nombre de catégories de comptes spéciaux du Trésor de neuf


à six catégories ;
 l’élargissement des prérogatives du Gouvernement en matière d’ouverture
de crédits supplémentaires en cours d’année «en cas de nécessité impérieuse
d’intérêt national» ou en contrepartie de fonds versés par des personnes
morales ou physiques appelés «fonds de concours» et ce, pour couvrir des
dépenses d’intérêt public; -sursis de l’exécution de certaines dépenses; -
redéploiement des postes budgétaires entre les ministères et la possibilité
d’en geler l’utilisation ;
 Les restrictions apportées aux initiatives gouvernementales concernant les
modalités de report des crédits d’une année à l’autre ;
 La clarification des principes des finances publiques : annualité, universalité,
unité, spécialité budgétaire.

2-4- La loi organique 130-13 de 2015 : l’expérimentation de la réforme


budgétaire axée sur les résultats

La réforme budgétaire au Maroc, lancée à partir de 2001 s’inscrit au cœur


d’un vaste programme de modernisation de l’administration publique. Elle vise
essentiellement à renforcer la performance de l’action publique, à améliorer la
qualité des prestations du service public et à accroitre l’impact des politiques
publiques sur les populations bénéficiaires.

3. Politique Budgétaire

La politique budgétaire constitue, avec la politique monétaire, l'un des


principaux leviers de la politique économique4 de l'État. Elle consiste à utiliser

4
La politique économique est un ensemble d’actions entreprises par le gouvernement. Elle se
traduit par la fixation d'objectifs économiques et sociaux et la mise en œuvre des moyens nécessaires
pour les atteindre. Les objectifs sont au nombre de quatre :
- la croissance du PIB et l'amélioration du niveau de vie ;
- l'équilibre des échanges extérieurs ;
- la stabilité des prix ;
- le plein emploi des facteurs de production.
La réalisation simultanée des objectifs est limitée par certaines contradictions. C'est le cas
par exemple de la relation entre la croissance économique et la stabilité des prix : Toutes les mesures
visant à relancer la croissance tendent souvent à favoriser l'inflation. Pratiquement ces objectifs ne
pouvant pas être réalisés simultanément et le gouvernement doit fixer un ordre de priorités en tenant
compte de la situation économique.

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certains instruments budgétaires (dépenses publiques, endettement public,


prélèvements fiscaux) pour influer sur la conjoncture économique.

La politique budgétaire consiste à utiliser le budget de l’État comme un


instrument de régulation conjoncturel. Elle peut servir à freiner l’activité en cas de
déséquilibre des échanges extérieurs et d’inflation.

La politique budgétaire est un instrument de la politique économique.


L’intérêt attribué à cet instrument dépend étroitement du rôle que l’on assigne à
l’Etat dans l’économie. En effet, on peut attribuer à L’Etat l’un des rôles
économiques suivants :

- agir de manière à permettre aux mécanismes de marché d’assurer la


meilleure allocation des ressources ;

- ou pallier les insuffisances du marché.

4. Recherche de la Performance : La loi organique 130-13

La gestion des finances publiques désigne la collecte, la gestion et la dépense


des finances publiques dans une économie. L'objectif principal de la gestion des
finances publiques est d'améliorer la vie des citoyens grâce à une meilleure gestion
des ressources publiques constituées principalement par l’impôt pays les différends
contribuables.

Aujourd’hui, avec la rareté des ressources financières, l’implantation des


processus et des systèmes de gestion des finances publiques performants sont
essentiels pour une prestation des services publics de grande qualité, des finances
publiques transparentes et la confiance entre le gouvernement et les citoyens.

La recherche de la performance nécessité le changement de la manière de


gestion adoptée jusqu’à ce jour par certains haut fonctionnaire de l’administration
publique. En effet, avec les nouvelles exigences de développement on ne doit plus
établir des différences entre gestion publique et gestion privée. Dans ce cadre, la
gestion publique, en adoptant le modèle de l'entreprise, est conduite à établir un
rapport client fournisseur entre les citoyens et l'Etat.

Cette logique entraine des transformations fondamentales au sein des


mentalités de l’administration, ainsi que dans les rapports qu'entretiennent les
administrations et leurs administrés. Les citoyens ou les usagers en viennent à se
considérer comme des clients. C'est par exemple le cas aux USA.

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Dans ce nouveau modèle de management des finances publiques, les


gestionnaires sont de plus en plus responsabilisés et autonomes pour réaliser les
objectifs qui leur sont fixés.

5. Cadre Juridique des Finances Publiques

5-1- La constitution 2011

Selon l’Article 76 : « Le gouvernement soumet annuellement au Parlement une loi


de règlement de la loi de finances au cours du deuxième exercice qui suit celui de
l’exécution de ladite loi de finances. Cette loi inclut le bilan des budgets
d’investissement dont la durée est arrivée à échéance. »

Selon l’Article 77 : « Le Parlement et le gouvernement veillent à la préservation de


l’équilibre des finances de l’Etat. Le gouvernement peut opposer, de manière
motivée, l’irrecevabilité à toute proposition ou amendement formulés par les
membres du Parlement lorsque leur adoption aurait pour conséquence, par rapport à
la loi de finances, soit une diminution des ressources publiques, soit la création ou
l’aggravation des charges publiques. »

5-2- La loi organique 130-13


La loi organique n°130-13 relative à la loi de finances promulguée en 2015 devrait
transformer en profondeur les modalités de gestion des ressources publiques, en
faisant de la performance la cible des décisions de l’Etat. Les nouvelles dispositions
ont pour vocation de changer profondément le sens des lois de finances, le budget
de l’Etat devant regrouper désormais des crédits selon des objectifs assortis
d’indicateurs permettant d’évaluer la performance de la dépense publique.
Les principaux objectifs stratégiques assignés aux nouvelles dispositions sont les
suivants :

 l’adaptation de la loi de finances aux nouvelles dispositions de la


constitution dans le domaine des finances publiques ;
 le renforcement du rôle de la loi de finances comme principal outil de mise
en œuvre des politiques publiques et des stratégies sectorielles ;
 le renforcement de l’efficacité, l’efficience et la cohérence des politiques
publiques ;
 l’amélioration de l’équilibre financier et le renforcement des principes de la
transparence des finances publiques.

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La loi de finances doit viser en outre à mieux assurer l’exercice du pouvoir


budgétaire du Parlement, en restaurant la portée de l’autorisation budgétaire qu’il
accorde, en accroissant la lisibilité et la sincérité des documents budgétaires pour
permettre un meilleur contrôle et en établissant un calendrier favorisant l’exercice
de la fonction budgétaire du Parlement tout au long de l’année.

6. Les Différentes Branches des Finances Publiques


Elles sont une discipline du droit public, et plus précisément du droit public
financier. Et peuvent être réparties en trois branches :

- le droit fiscal ;
- le droit de la comptabilité publique ;
- et le droit budgétaire.

6-1- Droit fiscal s’intéresse à la question des ressources publiques, et plus


spécifiquement aux règles techniques de détermination et de perception des recettes
fiscales (impôts).

6-2- Comptabilité publique est l’ensemble des règles régissant l’encaissement


et le décaissement de l’argent public, la tenue des comptes publics, et, d’une façon
générale, les techniques de gestion publique.

6-3- Droit budgétaire est l’ensemble des règles encadrant l’adoption et la mise
en œuvre du budget, c’est-à-dire l’acte de prévision et d’autorisation financière pour
l’exercice à venir.

II- Composantes des Finances Publiques

Le champ des finances publiques ne couvre pas uniquement le budget de l’État,


mais l’ensemble des administrations publiques, qui s’organisent en quatre secteurs :
l’État, les organismes divers d’administration centrale, les collectivités territoriales
et les administrations de sécurité sociale et. Ce champ est généralement défini à
partir de quatre composantes :
1- Les recettes : impôts constitue la principale ressource financière
2- Les dépenses ;
3- Le solde, c’est-à-dire la différence entre les recettes et les dépenses (on utilise
de manière équivalente le terme de déficit, lorsque la différence entre les
dépenses et les recettes génère un solde négatif) ;
4- La dette, c’est la partie de l’engagement financier restant dû.

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Chacune de ces composantes peut être déclinée par sous-secteur : ainsi, parle-
t-on des dépenses de l’Etat, des recettes des collectivités territoriales ou de la dette
des administrations de la sécurité sociale.
Recettes publiques = Recettes de l’Etat + Recettes des organismes divers de
l’administration centrale + Recettes des collectivités territoriales + Recettes des
administrations de la sécurité sociale.
Ces composantes peuvent être exprimées en DH ou en pourcentage du produit
intérieur brut (PIB). On étudie aussi leur évolution en termes réels (soit « en volume
», c'est-à-dire en tenant compte de l'inflation (soit la hausse des prix : un DH
d'aujourd'hui équivaut à plus qu'un DH de demain).

1- L’impôt : Principale ressources budgétaire

1-1- Définition de l’impôt et règles d’un bon système fiscal

1-1-1- Définition

Définition ancienne Gaston JEZE : «L'impôt est une prestation pécuniaire,


requise des particuliers par voie d'autorité, à titre définitif et sans contrepartie, en
vue de la couverture des charges publiques. »

Cette définition indique :


- Le paiement, le caractère obligatoire (opposition à l'emprunt ou à une
contribution volontaire) ;
- l'absence de lien direct entre l'impôt et les prestations de l'Etat à l'égard du
contribuable (différence avec le prix) ;
- le caractère définitif de l'impôt (ici également différence fondamentale avec
l'emprunt qui, lui, est remboursable) ;
- la contribution à la couverture des charges publiques.

 L'impôt est une prestation pécuniaire


Il s'agit d'un prélèvement en argent, ce qui le distingue de la réquisition des
personnes et des biens. Il existait en effet jadis des impôts en nature représentés
généralement par la fourniture d'une partie de la récolte par les contribuables. Ce
type d'impôt injuste et incommode est pratiquement abandonné dans les Etats
modernes. Aujourd’hui il faudrait dire "une prestation pécuniaire directe" pour faire
ressortir le caractère de contribution par le contribuable même lorsqu’il s'agit d'un
impôt indirect qui est quand même payé à l'Etat.

 Le caractère obligatoire et définitif de l'impôt


L'impôt est établi et ensuite recouvré par voie d'autorité ou de contrainte. Par
contrainte il faut entendre le fait d'obliger le contribuable à payer son impôt par des
voies administratives. Il s'oppose dans ce cas à l'emprunt qui, lui, est un acte

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volontaire. On n'oblige pas en effet quelqu'un à souscrire un emprunt. Par contre


l'Administration oblige le contribuable à s'acquitter de sa dette fiscale.

 La notion de charges publiques

Dans l'Etat libéral les charges publiques signifient les dépenses que l'Etat
engage pour assurer le fonctionnement de son administration et des services de
sécurité (armée, police, justice, affaires étrangères).

Mais la notion utilisée par Gaston JEZE est incomplète et en tout cas
inadaptée à l'Etat moderne qui, lui, intervient dans le domaine économique et social.
Et parfois l'impôt ne joue pas uniquement le rôle de pourvoyeur de la Trésorerie
Générale du Royaume mais aussi celui de promouvoir l'investissement. D’où
l’importance de la nouvelle définition de Lucien MEHL.

Définition contemporaine de Lucien MEHL A : «l'impôt est une prestation


pécuniaire, requise des personnes physiques ou morales de droit privé et,
éventuellement, de droit public, d'après leurs facultés contributives, par voie
d'autorité, à titre définitif et sans contrepartie déterminée, en vue de la couverture
des charges publiques de l'Etat et des autres collectivités territoriales ou de
l'intervention de la puissance publique.»

Il y a des notions qui sont, bien sûr, reprises telles quelles. En revanche M. Lucien
MEHL en a ajouté d'autres qui sont, tout d’abord « les personnes physiques ou
morales de droit privé et éventuellement de droit public» en lieu et place des
particuliers, ensuite « d’après leurs facultés contributives, sans contrepartie
déterminée » et enfin pour les charges publiques il a jouté « l’Etat et les collectivités
territoriales ou intervention de la puissance publique».

1-1-2- Les Maximes d’un bon système fiscal selon Adam Smith5

Adam SMITH, lors de ses recherches pour des conditions générales d'un bon
système fiscal, a établi quatre règles. Ces règles, à l'exception de la première, visent
surtout, les conditions extérieures de l'impôt, les relations entre l'Etat et le
contribuable à l'occasion de l'établissement de l'assiette, de l'émission de l'impôt et
de son recouvrement.

 Première Maxime (Règle de justice)


« Les sujets de chaque Etat doivent contribuer aux dépenses du Gouvernement
autant que possible en raison de leurs facultés respectives, c'est-à-dire en proportion
du revenu dont ils jouissent sous la protection de l'Etat.

5
Adam Smith (1776) Recherche sur la nature et les causes de la Richesse des Nations. Édition complétée le 26
février 2002 à Chicoutimi, Québec. Pages 214 - 222

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La dépense du Gouvernement est, à l'égard des individus d'une même nation,


comme les frais de régie sont à l'égard des propriétaires d'un grand domaine, qui
sont obligés tous de contribuer à ces frais en proportion de l'intérêt qu'ils ont
respectivement dans ce domaine ».

 Deuxième Maxime (Règle de certitude ou de fixité de l'impôt)

"La taxe ou portion d'impôt que chaque individu est tenu de payer doit être certaine
et non arbitraire. L'époque, le mode, la quotité du paiement, tout doit être clair et
précis, tant pour le contribuable que pour l’Administration".

 Troisième Maxime (Règle de commodité)

« Tout impôt doit être perçu à l'époque et selon le mode que l'on peut présumer les
plus convenables pour le contribuable ».

 Quatrième Maxime (Règle d'économie)

« Tout impôt doit être perçu de manière à ce qu'il fasse sortir des mains du peuple le
moins d'argent possible au- delà de ce qu'il faut faire rentrer dans le Trésor de
l'Etat ».

En résumé ces règles permettent :

- l'égalité devant l'impôt (règle de justice)


- que l'impôt soit certain et non arbitraire (règle de certitude)
- que l'impôt soit perçu à l'époque et selon le mode que l'on peut (règle de
commodité)
- de faire rentrer les ressources qu'il faut pour le Trésor, éviter donc de faire
sortir plus d'argent des mains des contribuables (règles d'économie).

1-2- Rôles et fonctions de l'impôt

L'impôt a trois rôles dans un Etat :


- le rôle financier
- le rôle économique
- le rôle social et politique.

1-2-1- Le rôle financier


L'impôt sert à la couverture des dépenses publiques de la communauté ou société,
c'est le rôle original de l'impôt.

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1-2-2- Le rôle économique

L'impôt sert de régulation économique c'est-à-dire l'impôt joue un rôle permettant


au gouvernement par l'entremise du parlement de surtaxer les domaines ne devant
pas faire l'objet d'un effort et en détaxant ceux devant faire objet d'une promotion.

1-2-3- Le rôle social

Selon la capacité contributive des contribuables l'impôt est prélevé, c'est l'équité
fiscale qui est obtenue par la progressivité d'imposition contrairement à la
proportionnalité d'imposition. C'est ainsi que la loi fiscale, instrument par
excellence de la politique de l'Etat en matière économique, doit tendre « dans son
principe comme dans son application » vers la justice sociale et l'équité afin que
l'impôt ne puisse pas frapper aveuglement les riches et pauvres, salariés et paysans,
ménage sans enfant et familles nombreuses, valides et invalides.

1-3- Les fonctions de l’impôt

La problématique du système fiscal s'articule aujourd'hui autour des fonctions


suivantes :
- une fonction financière
- une fonction sociale ou de redistribution
- une fonction économique ou de régulation économique

1-3-1- La fonction financière

Elle consiste à procurer des recettes à l'Etat et aux collectivités locales afin de
leur permettre de financer les actions qui leur sont dévolues. La fonction financière
de l'impôt fut la seule à exister autrefois puisque dans l'Etat libéral l'impôt avait
pour seule finalité de financer les dépenses de l'Etat liées à la sécurité, à la justice, à
la défense nationale et aux activités diplomatiques. Cette fonction demeure valable
encore de nos jours, mais avec le changement de la nature de l'Etat qui est devenu
"interventionniste" l'impôt a en outre une fonction économique et une fonction
sociale assez importantes.

1-3-2- La fonction sociale ou de redistribution

C'est l’objectif de justice fiscale vers lequel il faut nécessairement tendre pour
pouvoir répartir équitablement, dans la mesure du possible, la charge fiscale entre
tous les contribuables. Dans ce cadre les réformes fiscales doivent mettre en place
des impôts en tenant compte des facultés contributives des différentes catégories
sociales.

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1-3-3- La fonction économique ou de régulation économique

La fiscalité n’est pas et ne doit pas être neutre. Elle constitue un levier au
même titre que les autres leviers économiques. A cette fin, elle doit avoir un certain
rôle à jouer dans l'orientation des activités économiques et de la consommation en
privilégiant soit l'impôt direct, soit l'impôt indirect. Elle doit en tout cas parvenir à :
- une meilleure maîtrise des revenus et notamment non-salariaux.
- une meilleure utilisation de l'épargne dans les investissements productifs par,
en particulier, l'octroi d'incitations fiscales ;
- une meilleure utilisation des droits de douane pour protéger la production
nationale, bien qu’aujourd’hui avec la libéralisation du commerce extérieur,
de l’entrée des pays dans l’O.M.C et enfin de la mondialisation de
l’économie, le concept de protection de la production nationale n’a plus de
sens ;
- une meilleure orientation du capital pour lutter contre la thésaurisation.

2- Les Recettes

2-1- Les recettes de l’Etat (Art 11 de la loi organique 130-13 relative à


la loi de finances)

Les ressources de l'Etat comprennent :


 les impôts et taxes ;
 le produit des amendes ;
 les rémunérations de services rendus et les redevances ;
 les fonds de concours, dons et legs ;
 les revenus du domaine de l'Etat ;
 le produit de cession des biens meubles et immeubles ;
 le produit des exploitations, les redevances et les parts de bénéfices ainsi que
les ressources et les contributions financières provenant des établissements
et entreprises publics ;
 les remboursements de prêts et avances et les intérêts y afférents ;
 le produit des emprunts ;
 les produits divers.
 La rémunération des services rendus par l'Etat est instituée par décret pris sur
proposition du ministre intéressé et du ministre chargé des finances.

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2-2- Les recettes des administrations locales

Selon la loi 47-06 relatives à la fiscalité des collectivités locales

Article 2 : Taxes au profit des communes urbaines et rurales


Sont instituées au profit des communes urbaines et rurales, les taxes suivantes :
 taxe professionnelle ;
 taxe d'habitation ;
 taxe de services communaux ;
 taxe sur les terrains urbains non bâtis ;
 taxe sur les opérations de construction ;
 taxe sur les opérations de lotissement ;
 taxe sur les débits de boissons ;
 taxe de séjour ;
 taxe sur les eaux minérales et de table ;
 taxe sur le transport public de voyageurs ;
 taxe sur l'extraction des produits de carrières.

Toutefois, en ce qui concerne les communes rurales et par dérogation aux


dispositions de l'alinéa précédent :
 la taxe d'habitation, la taxe de services communaux et la taxe sur les
opérations de lotissement ne sont dues que dans les centres délimités, les
zones périphériques des communes urbaines ainsi que dans les stations
estivales, hivernales et thermales dont le périmètre de taxation est
délimité par voie réglementaire.
 la taxe sur les terrains urbains non bâtis n'est due que dans les centres
délimités disposant d'un document d'urbanisme.

Article 3 : Taxes au profit des préfectures et provinces

Sont instituées au profit des préfectures et provinces, les taxes suivantes :


 taxe sur les permis de conduire :
 taxe sur les véhicules automobiles soumis à la visite technique ;
 taxe sur la vente des produits forestiers.

Article 4 : Taxes au profit des régions

Sont instituées au profit des régions les taxes suivantes :


 taxe sur les permis de chasse ;
 taxe sur les exploitations minières ;
 taxe sur les services portuaires.

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2-3- Recettes des administrations de sécurité sociale (CNSS)

Selon la Loi n° 1-72-184 relative au régime de sécurité sociale


Article 18 : Les ressources de la Caisse nationale de sécurité sociale sont
constituées par :
 Les cotisations, majorations et astreintes dues en application du présent
dahir ;
 Le produit du placement des fonds prévu conformément à l'article 30 ;
 Les dons et legs ;
 Toutes autres ressources à elle attribuées par une législation ou une
réglementation particulière.

3- Dépenses de l’Etat

Article 12 de la loi organique 130-13 relatives à la loi de finances, les charges de


l'Etat comprennent :
 les dépenses du budget général ;
 les dépenses des budgets des services de l'Etat gérés de manière autonome ;
 les dépenses des comptes spéciaux du Trésor.

Article 21 :
Constituent des services de l'Etat gérés de manière autonome, les services de l'Etat,
non dotés de la personnalité morale, dont certaines dépenses, non imputées sur les
crédits du budget général, sont couvertes par des ressources propres. L'activité de
ces services doit tendre essentiellement à produire des biens ou à rendre des services
donnant lieu à rémunération.
Les services de l'Etat gérés de manière autonome sont créés par la loi de finances.
Cette loi prévoit les recettes de ces services et fixe le montant maximum des
dépenses qui peuvent être imputées sur les budgets desdits services.

Article 25
Les comptes spéciaux du Trésor ont pour objet :
 soit de décrire des opérations qui, en raison de leur spécialisation ou d'un
lien de cause à effet réciproque entre la recette et la dépense, ne peuvent être
cornmodément incluses dans le cadre du budget général ;
 soit de décrire des opérations en conservant leur spécificité et en assurant
leur continuité d'une année budgétaire sur l'autre ;
 soit de garder trace, sans distinction d'année budgétaire, d'opérations qui se
poursuivent pendant plus d'une année.

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Semestre 4

Ces opérations comptables sont liées à l'application d'une législation, d'une


réglementation ou d'obligations contractuelles de l'Etat, précédant la création du
compte.
La création d'un service de l'Etat géré de manière autonome est conditionnée par la
justification de l'existence de ressources propres provenant de la rémunération de
biens ou de services rendus.

 Dépenses du Budget Général

Article 13 :
Le budget général comporte deux parties : la première partie concerne les ressources
et la seconde est relative aux charges.
Les ressources du budget général comprennent les ressources visées à l'article 11 ci-
dessus. Les charges du budget général comprennent :
 les dépenses de fonctionnement,
 les dépenses d'investissement
 et les dépenses relatives au service de la dette publique.
Article 14 :
Les dépenses de fonctionnement comprennent :
 les dotations des pouvoirs publics ;
 les dépenses de personnel et du matériel afférentes au fonctionnement des
services publics ;
 les dépenses diverses relatives à l'intervention de l'Etat notamment en
matière administrative, économique, sociale et culturelle et
environnementale ;
 les dépenses relatives à l'exécution des arrêts et décisions judiciaires
prononcés à l'encontre de l'Etat ;
 les dépenses de la dette viagère ;
 les dépenses relatives aux charges communes ;
 les dépenses relatives aux remboursements,
 dégrèvements et restitutions, fiscaux ;
 les dépenses imprévues et les dotations provisionnelles.

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Article 15 :

Les dépenses de personnel comprennent :


 les traitements, salaires et indemnités,
 et les cotisations de l'Etat au titre de la prévoyance sociale et de la retraite.

Article 16 :

Les crédits ouverts au titre des dépenses de fonctionnement sont annuels.


Les dépenses de fonctionnement du budget général ne peuvent faire l'objet
d'autorisations d'engagement par anticipation.

Article 17 :
Les dépenses d'investissement sont destinées principalement à la réalisation des
plans de développement stratégiques et des programmes pluriannuels en vue de la
préservation, la reconstitution ou l'accroissement du patrimoine national.
Elles ne peuvent comprendre des dépenses de personnel ou du matériel afférentes au
fonctionnement des services publics.

Article 18 :
Les crédits relatifs aux dépenses d'investissement comprennent les crédits de
paiement et les crédits d'engagement qui constituent la limite supérieure des
dépenses que les ordonnateurs sont autorisés à engager pour l'exécution des
investissements prévus.

4- Déficits

- Le budget de l’Etat est déficitaire lorsque les dépenses de l’Etat sont


supérieures aux recettes de l’Etat. On parle alors de déficit budgétaire.

- L’Etat n’est pas la seule administration publique utilisant l’argent public. Il


y a également les collectivités territoriales, les administrations de
sécurité sociale et les organismes divers de de l’administration centrale
(Universités …). Lorsque les recettes des administrations publiques sont
inférieures à leurs dépenses, le budget public est en déficit, on parle de
déficit public

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Semestre 4

Pour financer son déficit, l’État est obligé d’emprunter.

5- La dette publique

La dette publique est la somme des engagements financiers encore dû par l’Etat, les
collectivités territoriales, les organismes divers de l’administration centrale et les
administrations de sécurité sociale.

Le déficit budgétaire est un flux, c’est-à-dire une grandeur économique


mesurée au cours d’une période donnée (ex : un an), alors que la dette est un stock,
à savoir une grandeur économique mesurée à un moment donné.

Ces deux données, bien que différentes, sont liées : le flux du déficit
budgétaire vient alimenter l’encours de dette, qui en retour agit sur le niveau de
déficit par l’augmentation des intérêts versés, qui sont une charge (dépense)
budgétaire

La succession des déficits favorise l’apparition de nouveaux déficits. En effet,


en gonflant la dette, elle peut provoquer un effet "boule de neige". La dette des
administrations publiques s’accroît ainsi selon un processus auto-entretenu, la
charge d’intérêt qu’elle produit conduisant à augmenter le déficit et donc à accroître
encore l’endettement de l’État, et la charge des intérêts.

La dette augmente chaque fois qu’un déficit public est financé par un emprunt.

Les dettes publiques actuelles sont donc l’accumulation sur une longue période
des déficits publics annuels

Au sein de la dette publique, on distingue la dette publique intérieure détenue


par les agents économiques résidents au Maroc et la dette publique extérieure
détenue par les prêteurs non-résidents.

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III- Principes du Droit Budgétaire

1- Principe de l’Annualité Budgétaire

C’est un principe général de durée qui précise quand l’autorisation budgétaire


doit être donnée et utilisée. Admis dès le XVIIème siècle en Angleterre, il a acquis
de nos jours un caractère universel.

L’article 1 de la loi 130-13 du 2 juin 2015 relative à la loi de finances précise


que : « La loi de finances détermine, pour chaque année budgétaire, la nature, le
montant et l'affectation de l'ensemble des ressources et des charges de l'Etat, ainsi
que l'équilibre budgétaire et financier qui en résulte. Elle tient compte de la
conjoncture économique et sociale qui prévaut au moment de sa préparation, ainsi
que des objectifs et des résultats des programmes qu'elle détermine. »

La règle de l’annualité budgétaire signifie que :


- la loi de finances de l’année doit être présentée avant le début de chaque
année (Règle de l’antériorité) ;
- elle est votée pour une période d’un an ;
- elle est exécutée sur cette même période d’une année.

1-1- Règle e de l’antériorité

Le premier aspect correspond règle de l’antériorité. Puisque le le budget est un


acte de prévision, il doit être présenté avant le début de l’année.

1-2- Vote annuel de la loi de finances

1-2-1- Le principe

Le caractère temporaire de l’autorisation budgétaire vaut essentiellement pour


les opérations ordinaires, l’équivalent des dépenses de fonctionnement et
d’intervention. Ainsi l’article 16 de la loi organique du 02 Juin 2015 précise :
«Les crédits ouverts au titre des dépenses de fonctionnement sont annuels.
Les dépenses de fonctionnement du budget général ne peuvent faire l’objet
d’autorisations d’engagement par anticipation.»

Aucune dépense ne peut être considérée comme acquise. C’est la notion de

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budget base zéro qui constitue un instrument central du contrôle de gestion.

1-2-2- Les exceptions

Par exception, des crédits peuvent présenter un caractère pluriannuel au sens de


l’article 18 de la loi organique du 02 juin 2015 :

Article «Les crédits relatifs aux dépenses d'investissement comprennent les crédits de
paiement et les crédits d'engagement qui constituent la limite supérieure des dépenses
que les ordonnateurs sont autorisés à engager pour l'exécution des investissements
prévus. »

Article 58 : « Les crédits ouverts sont limitatifs. Les dépenses ne peuvent être
engagées, ordonnancées et payées que dans la limite des crédits ouverts.

Pour les dépenses de personnel, elles ne peuvent être engagées, ordonnancées


et payées que dans la limite des crédits ouverts au titre du chapitre.

Toutefois, les crédits relatifs aux dépenses se rapportant à la dette publique et à la


dette viagère et aux remboursements, dégrèvements et restitutions, fiscaux, ont un
caractère évaluatif. Ces dépenses peuvent s'imputer au-delà des dotations inscrites aux
rubriques qui les concernent. »

Article 63 : « Les crédits ouverts au budget général au titre d'une année budgétaire
donnée ne peuvent être reportés sur l'année suivante.

Toutefois, les crédits de paiement ouverts au titre des dépenses d'investissement du


budget général et les reliquats d'engagement, visés et non ordonnancés, sont reportés,
sauf dispositions contraires prévues par la loi de finances, dans la limite d'un plafond de
trente pour cent (30%) des crédits de paiement ouverts au titre du budget
d'investissement pour chaque département ministériel ou institution au titre de l'année
budgétaire.
Les modalités de report sont fixées par voie réglementaire.
Le plafond précité peut être revu à la baisse en vertu d'une loi de finances.
Les crédits reportés s'ajoutent aux crédits de paiement ouverts par la loi de finances de
l'année. »

La pluriannualité visait seulement les opérations d’investissement sous le vocable


d’autorisations de programme. La procédure des autorisations de programme
permettait d’engager des opérations d’investissement dont l’exécution ne peut être

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Semestre 4

engagée que d’une manière pluriannuelle. Afin de couvrir ces autorisations de


programme, chaque année, des crédits de paiement (CP) doivent être ouverts.

D’autres dérogations au principe de l’annualité ont une portée infra-


annuelle. C’est le cas du voté d’une loi de finances rectificative. L’article 4 de la loi
organique 130-13 du 02 juin 2015 précise : « Seules des lois de finances rectificatives
peuvent en cours d'année modifier les dispositions de la loi de finances de l'année.

1-4- Exécution annuelle de la loi de finances


1-4-1- Le principe

L’exécution des dépenses et des recettes de l’État intervient dans l’année,


entre le 1er janvier et le 31 décembre.
Le respect de la règle de l’annualité imposerait le rattachement des dépenses et
des recettes à l’exercice budgétaire qui les a autorisées, quelle que soit la date du
paiement effectif. C’est le système dit de l’exercice (Comptabilité des Engagements et
principe de la spécialisation des exercices applicable à la comptabilité générale).
L’autre solution consiste à rattacher toutes les dépenses à l’année de leur
exécution, quelle que soit la date de leur autorisation. C’est le système dit de la gestion
ou de la trésorerie (Comptabilité de caisse)
1-4-2- Les exceptions
En principe, la comptabilité d’exécution du budget est close le 31 décembre.
Mais pour permettre des opérations de régularisation, cette date peut être dépassée
par les ministres et les comptables. Pour régulariser un engagement antérieur, les
ministres peuvent engager des dépenses ordinaires autres que de personnel

2- Principe de l’Unité Budgétaire

L’article 8 de la loi organique du 02 juin 2015 réaffirme le principe de l’unité


budgétaire :

« Il est fait recette du montant intégral des produits, sans contraction entre les recettes et
les dépenses, l'ensemble des recettes assurant l'exécution de l'ensemble des dépenses.

Toutes les recettes et toutes les dépenses sont imputées au budget général. »

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2-1- Contenu du principe et Justification

Il consiste à fondre dans une même masse l’ensemble des ressources et à


imputer l’ensemble des dépenses publiques sur cette masse.

Le principe de l’unité implique que :


– le projet de budget soumis au Parlement regroupe la totalité des
opérations financières de l’État ;
– ces opérations figurent dans une seule loi de finances.
Le principe de l’unité permet :
– au Parlement d’avoir une vue d’ensemble du budget et d’exercer son contrôle
efficacement ;
– de présenter la situation financière du pays selon une règle d’ordre et
de clarté.

2-2- Aménagements au principe de l’unité budgétaire

2-2-1- Aménagements compatibles avec le principe de l’unité


budgétaire
Le droit budgétaire autorise le regroupement de plusieurs comptes dans le
cadre de la loi de finances. Ainsi, ce document unique contient trois catégories de
comptes :
- Budget général ;
- Budget des services de l’Etat gérés de manière autonome ;
- Comptes Spéciaux du Trésor.

2-2-2- Aménagement dérogeant au principe de l’unité budgétaire

Les principales dérogations sont :

- Les comptes spéciaux du Trésor qui ont pour objet selon l’article 25 de la loi
organique 130-13 du 02 Juin 2015 :
o « soit de décrire des opérations qui, en raison de leur spécialisation ou
d'un lien de cause à effet réciproque entre la recette et la dépense, ne
peuvent être cornmodément incluses dans le cadre du budget général ;
o soit de décrire des opérations en conservant leur spécificité et en
assurant leur continuité d'une année budgétaire sur l'autre ;

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o soit de garder trace, sans distinction d'année budgétaire, d'opérations


qui se poursuivent pendant plus d'une année.

Ces opérations comptables sont liées à l'application d'une législation, d'une


réglementation ou d'obligations contractuelles de l'Etat, précédant la création du
compte. »

L’article 26 de la même loi précise que les comptes spéciaux du Trésor sont
créés par la loi de finances à l'intérieur de l'une des catégories visées à l'article 27 de
la loi organique 130-13. Cette loi de finances prévoit les recettes et les dépenses de
ces comptes et fixe le montant maximum des dépenses qui peuvent être imputées sur
ceux-ci.

3- Principe de l’Universalité Budgétaire

Le budget décrit, pour une année, l’ensemble des recettes et des dépenses
budgétaires de l’État. Il est fait recette du montant intégral des produits, sans
contraction entre les recettes et les dépenses.»

Le principe de l’universalité signifie que toutes les recettes et toutes les


dépenses publiques doivent figurer dans le budget de l’État sans possibilité
d’opérer des compensations ou des contractions entre ces recettes et ces
dépenses.

3-1- La règle de la non contraction

La règle de non contraction ou du produit brut veut que les recettes ou les
dépenses soient inscrites dans le budget pour leur masse totale. Les
compensations entre recettes et dépenses sont interdites.

3-2- La règle de non-affectation et ses atténuations

La règle de non-affectation empêche que certaines recettes servent à


couvrir certaines dépenses.

4- Principe de la Spécialité Budgétaire

Le principe de la spécialité budgétaire n’est pas sans rapport avec la


présentation du budget. Il a trait aux inscriptions budgétaires, plus particulièrement

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aux crédits budgétaires ; indique surtout comment les crédits budgétaires doivent
être utilisés ; précise l’objet, la nature ou la destination des dépenses.

Le principe de spécialité budgétaire signifie que les crédits doivent être


subdivisés en unités relativement précises et affectés à des dépenses données. Ces
crédits destinés à réaliser une action ou un ensemble cohérent d’actions relevant
d’un même ministère sont regroupés sous la forme d’un programme. Ces actions sont
associées ou participent à des objectifs définis selon des finalités d’intérêt
général. Et les résultats obtenus sont évalués au moyen d’indicateurs de
performance.

Avec la loi organique 130-13 du 02 juin 2015, budgets sont présentés


par objectif et non plus par nature de dépenses : la performance de la
dépense publique est au premier plan. La gestion axée sur la performance devrait
permettre de mesurer l’utilité de la dépense dès lors qu’elle ne dépend plus de la
nature des crédits alloués mais d’objectifs définis et de résultats attendus.

5- Principe de l’Equilibre Budgétaire

L’équilibre budgétaire est la situation d’un budget qui prévoit et autorise, pour
un exercice, des charges et des ressources d’un même montant.
L’équilibre budgétaire répond :
– au souci d’assurer une saine gestion financière. Les dépenses publiques sont
financées par des procédés non inflationnistes. Il s’agit aussi d’éviter
l’endettement excessif de l’État ;
– à la volonté de désengager l’État de l’activité économique nationale, en
évitant un financement massif des investissements de l’État. Ce serait
l’affirmation du néolibéralisme, forme moderne du libéralisme, qui laisse
place à une intervention limitée de l’État.

L’équilibre budgétaire est un idéal vers lequel devrait tendre toute politique
budgétaire classique. L’idée est qu’une saine gestion des affaires publiques doit
limiter les dépenses au montant des ressources. À partir du moment où l’État est
intervenu de plus en plus en l’économie, il a été admis que l’équilibre pouvait être
obtenu, raisonnablement, par l’endettement (limites de durée et de montant).

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6- Principe de la sincérité Budgétaire

La sincérité se caractérise par l’absence d’intention de fausser les grandes


lignes de l’équilibre déterminé par la loi de finances

L’article 10 de la loi organique 130-13 du 02 juin 2015 stipule que : « Les lois
de finances présentent de façon sincère l'ensemble des ressources et des charges de
l'État. La sincérité des ressources et des charges s'apprécie compte tenu des
informations disponibles au moment de leur établissement et des prévisions qui
peuvent en découler. »

Le principe de la sincérité budgétaire est à la fois un principe comptable et


budgétaire. En effet, il résulte d’une transposition dans la gestion publique d’une
règle du droit comptable privé.

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IV- Lois de Finances et Budget de l’Etat

1. Lois de Finances

L’article 1 de la loi organique 130-13 du 02 juin 2015 stipule que : « La loi de


finances détermine, pour chaque année budgétaire, la nature, le montant et
l'affectation de l'ensemble des ressources et des charges de l'Etat, ainsi que
l'équilibre budgétaire et financier qui en résulte. Elle tient compte de la conjoncture
économique et sociale qui prévaut au moment de sa préparation, ainsi que des
objectifs et des résultats des programmes qu'elle détermine. »

L’article 1 de la même loi distingue trois catégories de lois de finances :

- la loi de finances de l'année ;


- les lois de finances rectificatives ;
- la loi de règlement de la loi de finances.

1-1- La loi de finances de l’année

Article 3 :
« La loi de finances de l'année prévoit, évalue, énonce et autorise, pour chaque
année budgétaire, l'ensemble des ressources-et des charges de l'Etat, par référence à
la programmation budgétaire prévue à l'article 5 ci-dessous.
er
L'année budgétaire commence le 1 janvier et se termine le 31 décembre de la
même année. »
1-2- Les lois de finances rectificatives

Article 4 :
« Seules des lois de finances rectificatives peuvent en cours d'année modifier les
dispositions de la loi de finances de l'année. »

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1-3- La loi de règlement de la loi de finances

Article 64 : Définition de la loi de règlement


« La loi de règlement de la loi de finances constate et arrête le montant définitif des
recettes encaissées, des dépenses dont les ordonnances sont visées, se rapportant à
une même année budgétaire, et arrête le compte de résultat de l'année.
Elle approuve le compte de résultat de l'exercice de l'année concernée, établi à
partir des recettes et dépenses constatées conformément aux dispositions de l'article
32 de la loi organique 130-13. Elle affecte au bilan le résultat comptable de
l'exercice.
Le cas échéant, la loi de règlement de la loi de finances :

- ratifie les crédits supplémentaires ouverts conformément aux dispositions de


J'article 60 ci-dessus ;
- constate et autorise à titre de régularisation les dépassements des crédits
ouverts et ouvre les crédits nécessaires pour les régulariser tout en donnant
les justificatifs nécessaires ;
- et constate l'annulation des crédits n'ayant pas été consommés.

Article 65 :
« Conformément à l'article 76 de la Constitution, le projet de loi de
règlement de la loi de finances est déposé annuellement, en priorité, sur le bureau de
la Chambre des représentants, au plus tard, à la fin du premier trimestre du
deuxième exercice qui suit celui de l'exécution de la loi de finances concernée. »
Article 66
« Le projet de loi de règlement de la loi de finances est accompagné :
1) du compte général de l'Etat appuyé du bilan et des autres états financiers
ainsi que d'une évaluation des engagements hors bilan ;
2) d'une annexe relative aux crédits supplémentaires ouverts, accompagnée de
tous les justificatifs nécessaires, le cas échéant ;
3) du rapport annuel de performance élaboré par le ministère chargé des
finances. Ce rapport constitue la synthèse et la consolidation des rapports de
performance élaborés par les départements ministériels et institutions ;
4) du rapport sur les ressources affectées aux collectivités territoriales ;
5) et du rapport d'audit de performance.

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Semestre 4

Le rapport sur l'exécution de la loi de finances et la déclaration générale de


conformité entre les comptes individuels des comptables et le compte général du
Royaume sont communiqués par la Cour des comptes au Parlement. Copie en est
transmise au Gouvernement. »
2. Budget et Nomenclature Budgétaire

2-1- Définition du Budget

Le budget est constitué par l’ensemble des comptes qui décrivent pour une
année financière toutes les ressources et les charges de l’Etat. Il est un simple
document comptable.

2-2- Nomenclature Budgétaire6

La loi organique n°130-13 du 02 juin 2015 relative à la loi de finances a


pour objet :

- d’introduire une nomenclature budgétaire par destination des crédits


(programmes et projets/actions) et par région en plus de la nomenclature par
nature de dépenses (lignes budgétaires),

- et de distinguer ainsi la nomenclature budgétaire de programmation


présentée dans les morasses transmises au Parlement à l’occasion de
l’examen du projet de loi de finances, de la nomenclature budgétaire
d’exécution qui comprend la ligne budgétaire et accompagne le projet de loi
de règlement au Parlement.

Article 5 : Budget par programme

« La loi de finances de l'année est élaborée par référence à une


programmation budgétaire triennale actualisée chaque année en vue de l'adapter à
l'évolution de la conjoncture financière, économique et sociale du pays.
Cette programmation vise notamment à définir, en fonction d'hypothèses
économiques et financières réalistes et justifiées, l'évolution sur trois ans de
l'ensemble des ressources et des charges de l'Etat.
Le contenu et les modalités d'élaboration de cette programmation sont fixés par
voie réglementaire. »
6
Voir Guide de la nomenclature budgétaire marocaine
(http://lof.finances.gov.ma/sites/default/files/guide_nbm_18072017-15h00.pdf)

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Semestre 4

V- Elaboration7 et Vote de la Loi de Finances et du Budget

1. Préparation du Projet de la Loi de Finances et du Budget

La préparation du budget relève de la compétence exclusive du pouvoir exécutif.


En effet, le budget de l’État est le reflet de la politique gouvernementale.

La préparation du Projet de la loi de finances et du budget est décrite en


articles 46, 47, 48

Article 46 :

« Sous l'autorité du Chef du Gouvernement, le ministre chargé des finances


prépare les projets de lois de finances conformément aux orientations générales ayant
fait l'objet de délibérations au Conseil des ministres conformément à l'article 49 de la
Constitution. »

Article 47 :
« Le ministre chargé des finances expose aux commissions des finances du
Parlement, avant le 31 juillet, le cadre général de préparation du projet de loi de
finances de l'année suivante. Cet exposé comporte :
- L’évolution de J'économie nationale ;

- l'état d'avancement de l'exécution de la loi de finances en cours à la date du 30


juin ;

- les données relatives à la politique économique et financière ;

- la programmation budgétaire triennale globale. Ledit exposé donne lieu à un


débat sans vote. »

Article 48 :

« Le projet de loi de finances de l'année est déposé sur le bureau de la Chambre


des représentants, au plus tard le 20 octobre de l'année budgétaire en cours.
Il est accompagné des documents suivants :

7
Décret n° 2-15-426 du 28 ramadan 1436 (15 juillet 2015) relatif à l’élaboration et à l’exécution des
lois de finances tel qu’il modifié et complété.

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Semestre 4

1) note de présentation de la loi de finances comportant des données concernant les


investissements du budget général ainsi que les impacts financiers et
économiques des dispositions fiscales et douanières proposées ;
2) rapport économique et financier ;
3) rapport sur les établissements et entreprises publics ;
4) rapport sur les services de l'Etat gérés de manière autonome ;
5) rapport sur les comptes spéciaux du Trésor ;
6) rapport sur les dépenses fiscales ;
7) rapport sur la dette publique ;
8) rapport sur le budget axé sur les résultats tenant compte de l'aspect genre ;
9) rapport sur les ressources humaines ;
10) rapport sur la compensation ;
11) note sur les dépenses relatives aux charges communes ;
12) rapport sur le foncier public mobilisé pour l'investissement ;
13) note sur la répartition régionale de l'investissement.

Le projet de loi de finances de l'année peut être également accompagné d'un


rapport sur les comptes consolidés du secteur public.

Il est immédiatement soumis à l'examen de la commission chargée des finances


de la Chambre des représentants.

La programmation pluriannuelle des départements ministériels ou institutions,


ainsi que celle des établissements et entreprises publics soumis à leur tutelle et
bénéficiant de ressources affectées ou de subventions de l'Etat, est présentée, pour
information, aux commissions parlementaires concernées en accompagnement des
projets de budgets desdits départements ministériels ou institutions. »

2. Vote8 de la Loi de Finances et du Budget

L’autorisation budgétaire est une compétence parlementaire. En effet, la loi de


finances est adoptée au terme de débats dont le déroulement est strictement
réglementé.

8
Voir l’essentiel de la loi organique N° 130-13 relative à la loi de finances (www.
http://lof.finances.gov.ma/sites/default/files/depliant_lof_130-13_fr_-avril_2016-.pdf)

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2-1- Examen de la loi de finances

Article 49 :
« La Chambre des représentants se prononce sur le projet de loi de finances de
l'année dans un délai de trente (30) jours suivant la date de son dépôt.
Dès le vote du projet ou à l'expiration du délai prévu à l'alinéa précédent, le
Gouvernement saisit la Chambre des conseillers du texte adopté ou du texte qu'il a
initialement présenté, modifié, le cas échéant, par les amendements votés par la
Chambre des représentants et acceptés par lui.
La Chambre des conseillers se prononce sur le projet dans un délai de vingt-
deux (22) jours suivant sa saisine.

La Chambre des représentants examine les amendements votés par la


Chambre des conseillers et adopte en dernier ressort le projet de loi de finances dans
un délai n'excédant pas six (6) jours. »

Article 50 :
« Conformément à l'article 75 de la Constitution, si au 31 décembre, la loi de
finances de l'année n'est pas votée ou n'est pas promulguée en raison de sa
soumission à la Cour Constitutionnelle, le gouvernement ouvre, par décret, les
crédits nécessaires à la marche des services publics et à l'exercice de leur mission,
en fonction des propositions budgétaires soumises à approbation.
Dans ce cas, les recettes continuent à être perçues conformément aux
dispositions législatives et réglementaires en vigueur les concernant à l'exception,
toutefois, des recettes dont la suppression est proposée dans le projet de loi de
finances. Quant à celles pour lesquelles ledit projet prévoit une diminution de taux,
elles seront perçues au nouveau taux proposé.
Pour l'application de l'alinéa précédent, les dispositions relatives aux recettes
dont la suppression est proposée dans le projet de loi de finances ainsi que celles
pour lesquelles ledit projet prévoit une diminution de taux sont reprises dans un
décret.
Il est mis fin à l'application desdits décrets dès l'entrée en vigueur de la loi de
finances.»

Article 51 :
« Le projet de loi de finances rectificative est voté par le Parlement dans un
délai n'excédant pas quinze (15) jours après son dépôt par le Gouvernement sur le
bureau de la Chambre des représentants.
La Chambre des représentants se prononce sur le projet de loi de finances
rectificative dans un délai de huit (8) jours suivant la date de son dépôt.
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Dès le vote dudit projet ou à l'expiration du délai prévu à l'alinéa précédent, le


Gouvernement saisit la Chambre des conseillers du texte adopté ou du texte qu'il a
initialement présenté, modifié, le cas échéant, par les amendements votés par la
Chambre des représentants et acceptés par lui.
La Chambre des conseillers se prononce sur le projet dans un délai de quatre
(4) jours suivant sa saisine.
La Chambre des représentants examine les amendements votés par la Chambre
des conseillers et adopte en dernier ressort le projet de loi de finances rectificative
dans un délai n'excédant pas trois (3) jours. »

2-2- Votre de la loi de finances

Article 52 :
« La seconde partie du projet de loi de finances de l'année ne peut être
soumise au vote de l'une des deux Chambres du Parlement avant le vote de la
première partie.

Dans le cas où la première partie est rejetée, la seconde partie ne peut être
soumise au vote. Le rejet de la première partie par l'une des deux Chambres du
Parlement est considéré comme rejet du projet dans son ensemble par la même
Chambre.
En cas de rejet du projet par la Chambre des conseillers, la Chambre des
représentants est saisie pour examen, dans le cadre de la deuxième lecture, du texte
rejeté par la Chambre des conseillers. »
Article 53 :
« Les dispositions de la loi de finances sont votées article par article.
Toutefois, l'une des deux Chambres du Parlement peut procéder au vote d'ensemble
de la deuxième partie à la demande du Gouvernement ou du bureau de la Chambre
concernée. »
Article 54 :
« Les évaluations de recettes font l'objet d'un vote d'ensemble pour le budget
général et les budgets des services de l'Etat gérés de manière autonome et d'un vote
par catégorie pour les comptes spéciaux du Trésor. »
Article 55 :
« Les dépenses du budget général font l'objet d'un vote par titre et à
l'intérieur d'un même titre par chapitre.
Les dépenses des budgets des services de l'Etat gérés de manière autonome font
l'objet d'un vote d'ensemble par département ministériel ou institution auquel ils
sont rattachés.
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Les dépenses des comptes spéciaux du Trésor sont votées par catégorie de
comptes spéciaux. »

Article 56 :
« Conformément au 2ème alinéa de l'article 77 de la Constitution, le
Gouvernement peut opposer, de manière motivée, l'irrecevabilité à des articles
additionnels ou amendements ayant pour objet soit une diminution de ressources
publiques, soit la création ou l'aggravation d'une charge publique.
S'agissant des articles additionnels ou amendements, la charge publique
s'entend des crédits ouverts au titre du chapitre.
A l'intérieur d'un même chapitre, des articles additionnels ou amendements,
qui doivent être justifiés et accompagnés des ajustements nécessaires aux objectifs
et indicateurs relatifs aux programmes concernés, peuvent augmenter ou diminuer
les crédits afférents à un programme, dans la limite des crédits prévus au titre dudit
chapitre.
Les amendements non conformes aux dispositions de la présente loi
organique sont irrecevables.
Tout autre article additionnel ou amendement doit être justifié. »
Article 57 :
« Les lois de finances rectificatives sont présentées et votées dans les mêmes
formes que la loi de finances de l'année sous réserve de l'article 51 ci-dessus. »

VI- Exécution du Budget

1. Principes généraux de la comptabilité publique


1-1- Le principe de la séparation des ordonnateurs et des comptables

Ce principe domine l’organisation des finances publiques. L’adoption de cette


séparation, qui constitue un principe de contrôle interne, peut être justifiée par trois
raisons :
- le contrôle mutuel ;
- la division du travail ;
- l’unité d’action financière.

Dans la mesure où cette gestion est confiée à deux catégories distinctes de


fonctionnaires ou même d’élus locaux, soumis à des hiérarchies distinctes, un
contrôle mutuel est institué :
- les ordonnateurs ordonnancent les recettes et les dépenses ;
- les comptables exécutent ces ordres tout en contrôlant leur régularité
extrinsèque dans le cadre du contrôle de légalité externe.

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De même la séparation des fonctions entre ordonnateur et comptable répond à la


division du travail : chaque catégorie d’agents se spécialise d’après ses aptitudes.

Tous les comptables publics dépendent du ministère de l’économie et des


finances. Cela correspond à la volonté d’assurer une unité d’action financière.

Le principe de la séparation des ordonnateurs et des comptables est


solidement ancré dans les finances publiques, c’est peut-être en raison de la
responsabilité qui l’accompagne, notamment celle qui vise les comptables publics.

1-2- Principe de l’unité de trésorerie

Le principe de l’unité de trésorerie signifie que :


- La Trésorerie Général du Royaume est le seul banquier possible pour toutes
les personnes publiques ;
- ce banquier officiel ne peut accorder un découvert comme le ferait un
banquier ordinaire vis-à-vis de ses clients ;
- les collectivités Territoriales ne peuvent pas placer leurs disponibilités
excédentaires.

2. Agents d’exécution du budget : ordonnateurs et comptables

Selon l’article 3 du décret Royal n° 330-66 (10 moharrem 1387) portant


règlement général de comptabilité publique (B.O. 26 avril 1967). (Version janvier
2019) : « Les opérations financières publiques incombent aux ordonnateurs et aux
comptables publics. »

2-1- Différentes catégories de comptables publics


2-2- Différentes catégories d’ordonnateurs
3. Période d’exécution du budget

3-1- Système de l’exercice

Le respect de la règle de l’annualité imposerait le rattachement des dépenses


et des recettes à l’exercice budgétaire qui les a autorisées, quelle que soit la date du
paiement effectif. C’est le système dit de l’exercice. Ce système présente
l’inconvénient de ne jamais clore un exercice.

3-2- Système de la gestion

Ce Système consiste à rattacher toutes les dépenses et les recettes à l’année de


leur exécution, quelle que soit la date de leur autorisation. C’est le système de la
gestion ou de la trésorerie (comptabilité de caisse).

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4. Procédure d’exécution du budget

4-1- Etapes des Dépenses

La réalisation d’une dépense publique suit les quatre phases suivantes :


- L’engagement ;
- L’ordonnancement ;
- La liquidation ;
- Le paiement.

Les Phases de l’engagement, l’ordonnancement, la liquidation sont des phases


administratives sous la responsabilité de l’ordonnateur.
La phase de paiement est une phase comptable sous la responsabilité du
comptable public.

4-1-1- L'engagement
On distingue deux types d’engagement :
- l’engagement comptable ;
- et l’engagement juridique.
 l’Engagement comptable : s’effectue par l’enregistrement du montant de la
dépense prévue dans la comptabilité du contrôleur des engagements : les
crédits sont engagés dans la comptabilité. Il doit être réalisé avant que
l’obligation ne soit contractée ou, au moins, précéder l’ordonnancement de
la dépense.
 L’engagement juridique : aura lieu, en général, lorsqu’un ordonnateur
prend une décision impliquant l’utilisation ultérieure de crédits budgétaire
(Bon de commande ou contrat signés et envoyés aux fournisseurs).
4-1-2- La liquidation
La liquidation d'une dépense est la décision formelle par laquelle le montant
justifié des droits acquis par le créancier est fixé et imputé aux crédits budgétaires
appropriés et suffisants.
4-1-3- L'ordonnancement
L’ordonnancement l'ordre de paiement, en faveur des créanciers de l’Etat,
donné au caissier via le comptable centralisateur (Trésorerie) à l'issue de la
liquidation par l'ordonnateur. Le principe de l'ordonnancement garde sa raison d'être
en ce qu'il correspond à l'établissement d’un ordre de paiement. Cet ordre de
paiement, le maillon entre une dépense liquidée et imputée au budget et son
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paiement, est nécessaire pour permettre, sur le plan matériel, la transmission d'une
dépense contractée par ordonnateur à un comptable, qui intervient sous l'autorité du
Ministre de l’économie et des Finances.
4-1-4- Le paiement
Le paiement est effectué par le trésorier payeur sur l’ordre donné par
l’ordonnateur.

4-2- Etapes de recettes

Le recouvrement des recettes publiques passent par quatre phases :

- Constatation des créances ;


- Liquidation ;
- Ordonnancement ;
- Recouvrement.

L’ordonnateur est chargé de trois opérations : La constatation des créances ; la


liquidation et l’ordonnancement.

Le comptable est un chargé d’une seule phase : le recouvrement.

4-2-1 La constatation des créances de l’Etat : vérifier l’existence d’un


droit au profit de l’Etat. Il est à noter que l’ordonnateur ne crée pas la
recette, dans la mesure où celle-ci résulte de l'application du droit.

4-2-2- La liquidation : l’ordonnateur détermine le montant de la créance de


l’Etat

4-2-3- L’ordonnancement : l’émission de l’ordre de recettes en vertu


duquel le comptable pourra recouvrer la créance. Cet ordre doit indiquer les
bases de la liquidation.

4-2-4- Le recouvrement Le comptable est, ensuite, chargé de la prise en


charge et du recouvrement des ordres de recettes qui lui sont remis par les
ordonnateurs. Avant la mise en recouvrement, le comptable doit procéder au
contrôle de la régularité de ceux-ci, en vérifiant notamment l'existence de de
crédit budgétaire suffisant.

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VII- Contrôle de l’Exécution du Budget

1. Contrôles Internes (Contrôles Administratifs)9

Le contrôle administratif, réalisés a priori par certains corps, agents ou


instances spécialisés de l‘État, concerne :

- les ordonnateurs principaux ou secondaires ;


- et les comptables.

Les différentes autorités qui pratiquent les contrôles internes lors de l’exécution
budgétaire relèvent toutes du ministre des finances. L’on trouve ainsi : le contrôleur
budgétaire, les comptables publics, l’Inspection générale des Finances, le contrôle
économique et financier et divers services chargés de missions d’audit.
2. Contrôles Juridictionnels

Les contrôles juridictionnels sont effectués par la Cour des comptes qui est l’assistante
du gouvernement et du Parlement.

La cour des comptes a quatre missions :

- contrôler : La Cour des comptes vérifie sur pièces et sur place la régularité
des recettes et des dépenses décrites dans les comptabilités publiques et
s’assure du bon emploi des crédits, fonds et valeurs gérés par les services de
l’État. Elle effectue trois types de contrôle : le contrôle de régularité ; la
mesure de l’efficience de la gestion, qui rapporte les moyens à l’activité ;
l’appréciation de l’efficacité, qui recouvre l’évaluation des résultats obtenus
au regard des objectifs poursuivis ;

- juger : La Cour des comptes juge les comptes des comptables publics. Cette
activité juridictionnelle peut conduire à mettre en jeu la responsabilité
personnelle et pécuniaire des comptables publics et fait partie des missions
les plus anciennes de la Cour. Elle vérifie la régularité des recettes et des
dépenses publiques ainsi que les conditions de tenue de la comptabilité des
organismes publics ;

9
Voir le Décret n° 2-07-1235 du 5 kaada 1429 (4 novembre 2008) relatif au contrôle des dépenses
de l'Etat. Bulletin Officiel n° 5684 du Jeudi 20 Novembre 2008

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- évaluer : cette mission a été assignée assez récemment à la Cour des


comptes. Elle assiste le Parlement et le gouvernement dans l’évaluation des
politiques publiques. L’évaluation part d’un a priori neutre et cherche autant
à valoriser les aspects positifs qu’à critiquer les aspects négatifs d’une
politique publique ;

- certifier : La certification donne l’assurance que les comptes sont conformes


aux règles comptables consignées dans le Recueil des normes comptables de
l’État.

Au-delà de ces quatre grandes missions, la Cour des comptes participe à une
mission globale d’information. Elle intervient de façon majeure à l’occasion de la
loi de règlement.

La Cour fournit des informations sur la manière dont a été exécutée la loi de
finances, produit un rapport général qui étudie l’action du gouvernement
(modifications opérées sur le montant des crédits, annulations, dépassements,
nouvelles répartitions…) et une déclaration générale de conformité à finalité
comptable.

Au-delà de son rôle d’information du Parlement et du gouvernement, la Cour


présente aussi chaque année un rapport public qui est l’occasion pour elle de
dénoncer certaines pratiques présentant un problème de légalité ou d’efficacité.

3. Contrôles Parlementaire (Contrôles Politiques)

Le contrôle politique est exercé par le Parlement en cours d’exécution


budgétaire et après celle-ci.

Au cours de l’exécution du budget, les parlementaires peuvent user de leurs


pouvoirs classiques de contrôle : questions écrites ou orales, création de
commissions d’enquête. Par contre après l’exécution budgétaire, Le contrôle
politique se manifeste par l’adoption d’une loi de règlement qui va effectuer le bilan
financier de l’exercice.

VIII- Gestion des finances publiques axée sur la Performance 10


1. Gestion axée sur les Résultats
2. Gestion intégrée de la Dépense Publique
3. Evaluation de la Dépense publique et Responsabilité Financière (Public
Expenditure And Financial Accountability. PEFA)
4. Principes de l’Audit de Performance

10
Voir la présentation PPT

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5. Faire pour comprendre


Sujet 1
Questions

1) Différence entre l’Impôt et l’Emprunt à court terme

2) Lors de ses recherches pour les conditions générales d’un bon système
fiscal,

3) Adam SMITH a établi quatre règles. Citez et expliquez ces quatre règles

4) Citez les rôles de l’impôt

5) Pour lutter contre la pratique des budgets de reconduction, trois


méthodes ont été employées. Quelles sont ces méthodes

6) Quand un Budget peut être qualifié de relance ?

7) Limites de la politique budgétaire

7) Citez les principes du Droit Budgétaire

8) Quelles sont les catégories de dépenses composant le budget de l’Etat ?

9) Expliquez brièvement les différentes catégories de lois de finances

10) Citez les Phases composant le processus d’élaboration et d’adoption du


projet de loi de finances (conformément aux dispositions de la LOF n°
130 – 13)

11) Objectifs de la gestion axée sur les performances et les résultats

Exercice 1 : Budget de l’Etat (PLF 2018) en milliards de Dirhams

Dépenses Recettes
284,060 227,720

1) Qualifiez la situation du budget de l’Etat en 2018.

2) Comment l’Etat peut-il financer ce déséquilibre ?

3) Quelles conséquences cette solution peut-elle avoir sur les dépenses


futures ?

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Exercice 2 : Dans un Etat la situation des recettes et des dépenses de l’année N,


en milliards est la suivante :
- Recettes de l’IS : 228
- Recettes de la Taxe sur les terrains urbains non bâtis : 420
- Recettes de l’IR : 448
- Recettes de la Taxe sur les opérations de lotissement : 210
- Recette de la Taxe de Séjour : 150
- Dividendes reçu par l’Etat : 210
- Recettes de TVA : 525
- Recettes de Droits de douanes : 305
- Cotisations encaissées par la CNSS : 78
- Encaissement des rémunérations de services rendus et des redevances : 250
- Recettes de la taxe sur les permis de conduire : 320
- Dépenses relatives à l’exécution des arrêts et décisions judiciaires prononcés
à l’encontre de l’Etat : 450
- Rémunération des fonctionnaires des ministères : 540
- Dépense d’investissements réalisés les administrations centrales : 720
- Rémunération des employés de la CNSS : 300
- Dépenses de fonctionnement des communes : 240

1) Qualifiez la situation du Budget de l’Etat


2) Qualifiez la situation du Budget public

Sujet 2 :

Questions

1) Expliquez brièvement les branches composant les finances publiques

2) L’adoption du budget de l’Etat, et son exécution sont encadrés par ce


qu’on appelle les principes budgétaires. Quels sont ces principes ?
expliquez le principe d’unité budgétaire.

3) Le principe de séparation de l’ordonnateur et du comptable public.

4) La perception du déficit budgétaire par les différents courants de la


pensée économique (Expliquez brièvement)

5) Quelles sont les conséquences et les exceptions pratiques du principe


de l’annualité budgétaire ?

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6) « La diversité des disciplines qui concourent à la connaissance des


finances publiques, tout en bénéficiant des enseignements de la science
financière, donne aux finances publiques le caractère d’une « science
de carrefour » (Paul-Marie Gaudement, Joël Molinier, Finances
publiques, Montechrestien, 7e edition, 1996, tome 1, p. 20). Pourquoi
qualifie-t-on les finances publiques de discipline – Carrefour ?

Exercice
Au Maroc, on suppose que les opérations citées ci-après sont réalisées au cours
de l’année 2017 :

- Encaissement des recettes relatives à la taxe sur les terrains urbains non
bâtis : 25.000.000 DHS
- Encaissement des recettes relatives aux droits d’enregistrement : 45.000.000
DHS
- Paiement des salaires des fonctionnaires : 52.000.000 DHS
- Règlement des achats des fournitures et des investissements des différents
ministères : 32.000.000 DHS
- Encaissement des recettes relatives à la taxe sur le transport public des
voyageurs : 32.400.000 DHS
- Encaissement des recettes relatives aux droits de douanes : 24.000.000 DHS
- Paiement des salaires des employées des communes : 42.000.000 DHS
- Règlement des autres dépenses de fonctionnement et de dépenses
d’investissement des communes : 35.000.000 DHS
- Encaissement des cotisations d’adhésion par organismes de protection
sociale (OPS) : 62.000.000 DHS
- Encaissement des revenus des placements par les organismes de protection
sociale : 20.200.000 DHS
- Paiement des salaires des employés des OPS : 50.000.000 DHS
- Pensions de retraite versées par les OPS : 30.000.000 DHS
- Règlement des autres dépenses de fonctionnement et de dépenses
d’investissement des (OPS) : 35.600.000 DHS.

1- Déterminez le montant du déficit budgétaire de l’exercice 2017

2- Déterminez le déficit des administrations publiques locales

3- Déterminez le déficit des organismes de protection sociale

4- Calculez la part, en pourcentage, du déficit de l’Etat dans le déficit


public et commentez le résultat sachant qu’en 2016 cette part est de
72%

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Sujet 3

Répondez, dans l’ordre, à toutes les Questions

1- Qu’est-ce que le déficit budgétaire ?

2- Qu’est-ce qu’un « stabilisateur budgétaire automatique » ?

3- Qu’est-ce que le « multiplicateur keynésien » ?

4- Quelles sont les orientations principales données à la politique budgétaire ?

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Correction des Sujets

Sujet 1

Questions

8) Différence entre l’Impôt et l’Emprunt à court terme


- L’impôt est un prélèvement obligatoire et non remboursable
- Le recours à l’emprunt est volontaire
- L’emprunt est remboursable

9) Lors de ses recherches pour les conditions générales d’un bon système
fiscal, Adam SMITH a établi quatre règles. Citez et expliquez ces quatre
maximes
- Maxime 1 : Règle de la justice.
- Maxime 2 : Règle de certitude ou de fixité de l’impôt.
- Maxime 3 : Règle de commodité.
- Maxime 4 : Règle d’économie.

10) Citez les rôles de l’impôt


- Rôle financier
- Rôle économique
- Rôle sociale et politique.

11) Pour lutter contre la pratique des budgets de reconduction, trois


méthodes ont été employées. Quelles sont ces méthodes
- Planning Programming Budgeting System.
- Rationalisation des Choix Budgétaire.
- Budget Programme.

12) Quand un Budget peut être qualifié de relance ?


Le budget peut être qualifié de relance lorsqu’il tend à ranimer l’activité
économique par une augmentation des dépenses.

13) Limites de la politique budgétaire


- Volonté de maîtriser les dépenses publiques, l’intention des gouvernements
est soit de limiter la proportion des dépenses à la production nationale, soit
de les réduire afin d’accroitre la part du secteur privé.
- La rigidité budgétaire : certaines dépenses comme celles de personnel d’aide
sociale sont irréductibles.

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12) Citez les principes du Droit Budgétaire


- Principe de l’annualité budgétaire.
- Principe de l’unité budgétaire.
- Principes de l’universalité.
- Principe de l’équilibre
- Principe de la sincérité budgétaire (Transparence budgétaire)

13) Quelles sont les catégories de dépenses composant le budget de l’Etat ?


- Dépenses de fonctionnement.
- Dépenses d’investissement.
- Dépenses relatives au service de la dette publique.

14) Expliquez brièvement les différentes catégories de lois de finances


- La loi de finances de l’année (initiale) : prévoit, évalue, énonce et autorise
pour chaque année budgétaire l’ensemble des ressources et des charges de
l’Etat, par référence à des programmes budgétaire.
- Les lois de finances rectificatives : sont des lois qui modifient, au cours de
l’année les dispositions de la loi de finances de l’année.
- La loi de règlement : la loi qui arrête les montants définitifs des dépenses et
des recettes de l’Etat, elle rectifie les opérations réglementaires ayant affecté
l’exécution du budget, fixe le résultat budgétaire et décrit les opérations de
trésorerie.

15) Citez les Phases composant le processus d’élaboration et d’adoption du


projet de loi de finances (conformément aux dispositions de la LOF n°
130 – 13)
- Phase de programmation
- Phase de consultation
- Phase d’élaboration et d’arbitrage
- Phase d’adoption.

16) Objectifs de la gestion axée sur les performances et les résultats


- Clarifier les priorités et aligner les programmes et les projets en fonction de ces
priorités allouer les ressources en conséquence (Stratégie : objectifs – moyens)
- Fournier une approche de management public qui précise les rôles des uns et des
autres dans l’organisation du travail pour atteindre les cibles retenues (les
résultats ou les performances escomptés)

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Exercice 1 : Budget de l’Etat (PLF 2018) en milliards de Dirhams

Dépenses Recettes
284,060 227,720

1- Qualifiez la situation du budget de l’Etat en 2018.


La situation du budget de l’Etat en 2018 est déficitaire de 56,34 milliards de DHS

2- Comment l’Etat peut-il financer ce déséquilibre ?

Le déficit budgétaire peut être financé par la création monétaire (avances de la


Banque centrale) ou par des ressources d’épargne (émission d’emprunts).

- Les avances monétaires de la Banque centrale sont aujourd’hui interdites par


le traité de Maastricht parce que génératrices d’inflation : en empruntant à
court terme à la Banque centrale, l’Etat contribue à créer de la monnaie sans
contrepartie économique réelle.

- Le déficit budgétaire ne peut donc être couvert, aujourd’hui, que par


l’émission d’emprunts d’Etat à long et court termes faisant appel à l’épargne
publique nationale et étrangère sur le marché financier. Cette solution se
traduit par une augmentation de la dette publique.

L’Emprunt constitue la dette ou l’endettement de l’Etat

3- Quelles conséquences cette solution peut-elle avoir sur les dépenses


futures ?
Le remboursement de l’emprunt et le paiement des intérêts augmentent des
dépenses futures de l’Etat.

Exercice 2 : Dans un Etat la situation des recettes et des dépenses de l’année


N, en milliards est la suivante :
- Recettes de l’IS : 228
- Recettes de la Taxe sur les terrains urbains non bâtis : 420
- Recettes de l’IR : 448
- Recettes de la Taxe sur les opérations de lotissement : 210
- Recette de la Taxe de Séjour : 150
- Dividendes reçu par l’Etat : 210
- Recettes de TVA : 525
- Recettes de Droits de douanes : 305
- Cotisations encaissées par la CNSS : 78
- Encaissement des rémunérations de services rendus et des redevances : 250
- Recettes de la taxe sur les permis de conduire : 320
- Dépenses relatives à l’exécution des arrêts et décisions judiciaires prononcés
à l’encontre de l’Etat : 450
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- Rémunération des fonctionnaires des ministères : 540


- Dépense d’investissements réalisés les administrations centrales : 720
- Rémunération des employés de la CNSS : 300
- Dépenses de fonctionnement des communes : 240

1) Qualifiez la situation du Budget de l’Etat


- Recette de l’Etat = 228+448+210+525+305+250
= 1.966
- Dépenses de l’Etat = 450+540+720
= 1.710
- Excèdent Budgétaire = 256 Milliards de DHS

La Situation Budget de l’Etat en 2018 est excédentaire de 256 milliards de dirhams

2) Qualifiez la situation du Budget public


- Recettes publiques = 1.966 + 210+150+78+320
= 2.724
- Dépenses publiques = 1.710+300+240
= 2.250
- Excédent public = 474

La situation du budget public en 2018 est excédentaire de 474 milliards de DHS

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Sciences Economiques et Gestion

Semestre 4

Sujet 2 :
Questions

1- Expliquez brièvement les branches composant les finances publiques


- Droit fiscal : s’intéresse à la question des ressources publique et plus
spécifiquement aux règles techniques de détermination et de la perception des
recettes fiscales.
- Comptabilité Publique : est l’ensemble des règles régissant l’encaissement et le
décaissement de l’argent public, la tenue des comptes publics et d’une façon
générale les techniques de gestion publique
- Droit budgétaire : est l’ensemble des règles encadrant l’adoption et la mise en
œuvre du budget, c’est-à-dire l’acte de précision et d’autorisation financière
pour l’exercice à venir.

2- L’adoption du budget de l’Etat, et son exécution sont encadrés par ce qu’on


appelle les principes budgétaires. Quels sont ces principes ? expliquez le
principe d’unité budgétaire.
- Principe de l’annualité budgétaire.
- Principe de l’unité budgétaire.
- Principes de l’universalité.
- Principe de l’équilibre
- Principe de la sincérité budgétaire (Transparence budgétaire)

Principe de l’unité budgétaire : découle du principe de l’unité de l’Etat. Il se


prolonge sur le plan comptable par le principe de l’unité de trésorerie
publique ou unité de caisse.

3- Le principe de séparation de l’ordonnateur et du comptable public.

Les ordonnateurs et les comptables sont les agents d’exécution du budget. Afin
d’assurer une exécution conforme de la loi de finances, le décret portant règlement
général sur la comptabilité publique prévoie une séparation de ceux qui ordonnent la
dépense (les ordonnateurs) avec ceux qui l’effectuent (les comptables). Cette règle
de séparation est une traduction de la théorie de la séparation des pouvoirs : elle doit
permettre d’éviter les conflits d’intérêt.
« Les fonctions d’ordonnateur et de comptable sont incompatibles » et que « les
conjoints des ordonnateurs ne peuvent être comptables des organismes publics
auprès desquels lesdits ordonnateurs exercent leurs fonctions ».
« Les ordonnateurs prescrivent l’exécution des recettes et des dépenses”, et “à cet
effet, ils constatent les droits des organismes publics, liquident les recettes,
engagent et liquident les dépenses »

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Semestre 4

L’ordonnateur est donc un décideur :

- en matière de dépenses : il est l’autorité administrative qui en fixe le montant


et en ordonne le paiement. Il dispose pour cela d’un pouvoir discrétionnaire
qui lui permet de décider de l’opportunité de la dépense dans la limite de son
enveloppe budgétaire ;

- en matière de recettes : il constate l’existence de créances, en fixe le montant


et en ordonne le recouvrement.

Les comptables sont des fonctionnaires spécialisés dans le maniement des fonds
publics (recouvrement des recettes et paiement des dépenses, qui sont nommés par
le ministre des Finances. Ils ont qualité pour exercer les opérations de dépenses, de
recettes, de maniement de titres, soit au moyen de fonds et de valeurs dont ils ont la
garde, soit par virements internes, soit par l’intermédiaire d’autres comptables
publics.

4- La perception du déficit budgétaire par les différents courants de la pensée


économique (Expliquez brièvement)

La politique budgétaire consiste à utiliser certains instruments budgétaires


(dépenses publiques, endettement public, prélèvements fiscaux) pour influer
sur la conjoncture économique.
- La fiscalité peut être utilisée pour relancer un secteur économique ou
orienter les dépenses des agents économiques vers un domaine souhaité. En
diminuant le niveau des impôts (IR, IS…) et des taxes (TVA, IRPP..), l’Etat
accorde un pouvoir d’achat supplémentaire susceptible de relancer la
consommation, l’investissement et donc l’emploi.
- L’augmentation des dépenses publiques et, au sein de celles-ci, les dépenses
à fort effet d’entraînement sur l’économie (infrastructures, BTP…) est
souvent engagée afin d’accélérer l’activité économique.

Le budget peut donc être utilisé pour relancer la croissance, lutter contre l’inflation
ou poursuivre un objectif de cohésion sociale. Le budget permet au gouvernement
d’agir rapidement sur les variables économiques (consommation des ménages,
investissement des entreprises, emploi…). Cependant, son utilisation fait l’objet de
controverses entre économistes11 :
 Selon la doctrine libérale, le budget doit être équilibré pour ne pas entraver
le bon fonctionnement des marchés ; l’Etat doit supprimer ou réduire le
déficit budgétaire. Les libéraux insistent sur les effets néfastes de
l’accroissement de la dette publique. Ils recommandent une pratique de la
politique budgétaire basée sur des règles strictes.

11
La réponse à la question 4

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Semestre 4

 A contrario, la doctrine keynésienne considère le déficit budgétaire comme


un moyen de soutien à l’activité économique. Pour John Maynard Keynes, le
déficit budgétaire peut stimuler la croissance et l’emploi dans une économie
en récession. Il préconise en conséquence une politique budgétaire
discrétionnaire, modifiable selon les besoins de la conjoncture économique.

Jusqu’à la crise des années 1930, le volume des dépenses de l’État n’était alors pas
considéré comme une variable susceptible d’influencer le niveau d’activité de
l’économie. L’analyse de Keynes a modifié cette conception en soulignant l’impact
de la politique budgétaire sur le niveau d’activité économique d’un pays.

Par conséquent, la plupart des pays développés ont mené depuis les années 1930 des
politiques de relance budgétaire lors des périodes de récession ou de moindre
croissance.

À compter de la crise consécutive au choc pétrolier de 1973, les économistes


libéraux (théoriciens néoclassiques) ont cependant souligné les limites de la
politique budgétaire et notamment les effets néfastes des déficits et de la dette
publique. Depuis lors, les politiques budgétaires dans les pays développés ont visé
en priorité l’équilibre budgétaire et la stabilité des prix pour juguler durablement
l’inflation.

Aujourd’hui, par exemple, le traité de Maastricht12 et le pacte de stabilité et de


croissance limitent l’utilisation de la politique budgétaire en fixant un seuil maximal
de déficit des administrations publiques à 3 % du PIB en cas de ralentissement de la
croissance.

5- Quelles sont les conséquences et les exceptions pratiques du principe de


l’annualité budgétaire13 ?

Conséquences :
- Un vote parlementaire autorisant le gouvernement à percevoir les recettes et à
réaliser les dépenses prévues
- Une autorisation parlementaire en matière de recettes et de dépenses est, en
principe valable pour une seule année
- Une exécution du budget doit s’effectuer en une seule année.

12
Traité sur l'Union européenne signé à Maastricht le 7 février 1992 et entré en vigueur le 1er
novembre 1993

13
Consultez les pages 22 à 24 du cours

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Semestre 4

Exceptions :
- Continuité des services publics
- Dépenses de développement (Dépenses d’investissement

6- « La diversité des disciplines qui concourent à la connaissance des finances


publiques, tout en bénéficiant des enseignements de la science financière,
donne aux finances publiques le caractère d’une « science de carrefour »
(Paul-Marie Gaudement, Joël Molinier, Finances publiques, Montechrestien, 7e
edition, 1996, tome 1, p. 20). Pourquoi qualifie-t-on les finances publiques de
discipline – Carrefour ?

Finances publiques est une discipline de carrefour, car du fait des conditions mêmes
de ses origines intellectuelle, elle traverse les champs du droit, de l’économie de la
science politique et aussi de la philosophie.

Exercice : Au Maroc, on suppose que les opérations citées ci-après sont


réalisées au cours de l’année 2017 :

- Encaissement des recettes relatives à la taxe sur les terrains urbains non
bâtis : 25.000.000 DHS
- Encaissement des recettes relatives aux droits d’enregistrement : 45.000.000
DHS
- Paiement des salaires des fonctionnaires : 52.000.000 DHS
- Règlement des achats des fournitures et des investissements des différents
ministères : 32.000.000 DHS
- Encaissement des recettes relatives à la taxe sur le transport public des
voyageurs : 32.400.000 DHS
- Encaissement des recettes relatives aux droits de douanes : 24.000.000 DHS
- Paiement des salaires des employées des communes : 42.000.000 DHS
- Règlement des autres dépenses de fonctionnement et de dépenses
d’investissement des communes : 35.000.000 DHS
- Encaissement des cotisations d’adhésion par organismes de protection
sociale (OPS) : 62.000.000 DHS
- Encaissement des revenus des placements par les organismes de protection
sociale : 20.200.000 DHS
- Paiement des salaires des employés des OPS : 50.000.000 DHS
- Pensions de retraite versées par les OPS : 30.000.000 DHS
- Règlement des autres dépenses de fonctionnement et de dépenses
d’investissement des (OPS) : 35.600.000 DHS.

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Semestre 4

1- Déterminez le montant du déficit budgétaire de l’exercice 2017

Recettes de l’Etat = 45.000.000+24.000.000


= 69.000.000
Dépenses de l’Etat = 52.000.000+32.000.000
= 84.000.000
Déficit Budgétaire = 15.000.000

2- Déterminez le déficit des administrations publiques locales

Recette de l’administration publiques locales = 25.000.000+32.400.000


= 57.400.000
Dépenses de l’administration publiques locales =42.000.000+35.000.000
= 77.000.000
Déficit Budgétaire 19.600.000

3- Déterminez le déficit des organismes de protection sociale

Recettes Organismes Protection de Sociale = 62.000.000+20.200.000


= 82.200.000
Dépenses Organismes de Protection Sociale = 50.000.000+30.000.000+35.600.000
= 115.600.000
Déficit Budgétaire = 33.400.000

4- Calculez la part, en pourcentage, du déficit de l’Etat dans le déficit


public et commentez le résultat sachant qu’en 2016 cette part est de
72%

Déficit Budgétaire = 15.000.000+19.600.000+33.400.000


= 68.000.000

Part du Déficit de l’Etat dans le Déficit Public = 15.000.000 x100/68.000.00


= 22,00%

On constate que la part du Déficit de l’Etat dans le Déficit Public a fortement baissé
entre 2016 et 2017, puisqu’il a passé de 72% en 2016 à 22% en 2017.

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Semestre 4

Sujet 3

1- Qu’est-ce que le déficit budgétaire ?


Le déficit budgétaire est la situation dans laquelle les recettes de l’État (hors
remboursement d’emprunt) sont inférieures à ses dépenses (hors emprunt) au
cours d’une année. C’est donc un solde négatif.

Il se différencie du déficit public, car il n’englobe pas le solde des recettes et des
dépenses des autres administrations publiques (collectivités territoriales et
organismes de sécurité sociale notamment).

Le déficit budgétaire se traduit par des emprunts nouveaux que l’État doit
contracter au cours de l’année. Si l’État doit emprunter pour se procurer des
liquidités nécessaires pour couvrir les emprunts antérieurs arrivés à échéance, on
parle alors d’effet "boule de neige".

Selon les économistes, le déficit budgétaire peut jouer différents rôles. Pour
Keynes, il peut stimuler la croissance et l’emploi dans une économie en récession.
En revanche, les libéraux insistent sur les effets néfastes de l’accroissement de la
dette publique.

2- Qu’est-ce qu’un « stabilisateur budgétaire automatique » ?

Certaines dépenses et certaines recettes publiques dépendent des variations à court


terme de l’activité économique. Par exemple, si la croissance économique
augmente, les recettes fiscales sont plus importantes (ayant plus de revenus, les
agents économiques versent plus d’impôts) et certaines dépenses diminuent
naturellement (prestations sociales, aides aux entreprises…), ce qui agit
positivement sur le solde budgétaire. A contrario, si la croissance ralentit, les
recettes fiscales diminuent et les revenus de transferts sont plus importants, ce qui
provoque une détérioration du solde budgétaire.

Ces variations spontanées et automatiques du solde budgétaire sont appelées


« stabilisateurs automatiques » car elles contribuent à amortir les variations
conjoncturelles de l’activité économique.

Pour les économistes libéraux, la politique budgétaire doit relever uniquement de ce


pilotage automatique.

3- Qu’est-ce que le « multiplicateur keynésien » ?

Depuis Keynes, le déficit budgétaire est considéré comme un moyen de relancer


l’activité économique et de rétablir le plein emploi, en augmentant la demande

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Semestre 4

globale (investissement et consommation) pour pallier l’insuffisance de


l’investissement privé.

En augmentant ses dépenses et/ou en réduisant les impôts, l’Etat accroit la demande
globale par le mécanisme du multiplicateur : une dépense supplémentaire
d’investissement détermine une hausse du revenu national supérieure à la dépense
initiale d’investissement.

En cas de forte dégradation de la conjoncture économique, Keynes préconise une


politique budgétaire volontariste et une augmentation des dépenses publiques à fort
effet d’entraînement sur l’économie (bâtiments et travaux publics….). Une telle
politique permet de compenser la faiblesse des dépenses privées et d’engendrer un
effet bénéfique sur la croissance.
En effet, l’augmentation des dépenses publiques engendre des revenus
supplémentaires qui sont pour partie consommés, pour partie épargnés et pour partie
récupérés par les administrations publiques sous la forme d’impôts et de cotisations
sociales. Or, la partie de ces revenus supplémentaires qui est consommée vient
nourrir la demande adressée aux entreprises. Ces dernières peuvent dès lors
augmenter leurs investissements, leurs emplois, et distribuer des revenus
supplémentaires.

Le surcroît de dépenses publiques provoque par conséquent un effet multiplicateur


qui stimule d’autant plus l’activité économique que les revenus sont peu épargnés,
peu imposés et que la demande de consommation s’adresse principalement aux
entreprises nationales. La croissance qui en résulte, va contribuer, en retour, à
augmenter les recettes fiscales et diminuer le déficit budgétaire.

4- Quelles sont les orientations principales données à la politique


budgétaire ?

Trois orientations principales peuvent être données à la politique budgétaire :

- une politique expansionniste,


- une politique de rigueur budgétaire
- ou la poursuite d’un objectif de cohésion sociale.

Politique budgétaire expansionniste : en cas de croissance faible et de chômage


élevé, les pouvoirs publics peuvent mettre en œuvre une politique de relance
budgétaire afin d’accélérer l’activité économique. D’inspiration keynésienne, cette
politique utilise les dépenses publiques pour soutenir la croissance économique.
Dans ce cas, les moyens de la politique budgétaire sont : la hausse des dépenses
publiques, la baisse des impôts, le creusement du déficit budgétaire et l’aide aux
secteurs d’activité qui subissent une crise par des subventions ou des allégements
fiscaux.

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Semestre 4

La politique budgétaire expansionniste vise à contrôler la demande globale (somme


de toutes les demandes de biens et services dans un pays à un moment donné) en
intervenant à court terme sur une ou plusieurs composantes : la consommation
globale, l’investissement global des agents économiques ainsi que les exportations.

Politique budgétaire de rigueur : d’inspiration libérale, cette politique préconise


de restreindre la demande globale afin de diminuer les tensions inflationnistes. Elle
vise à maîtriser les déficits et assainir les finances publiques. Dans ce cas, les
moyens de la politique budgétaire sont : la réduction des dépenses publiques, la
hausse des prélèvements obligatoires et la limitation de l’endettement public.

Politique de cohésion sociale : la politique budgétaire peut également poursuivre


un objectif de cohésion sociale en utilisant la fiscalité, la redistribution, et les
services publics. La mise en place d’une politique fiscale favorable aux
contribuables à faibles revenus contribue à la cohésion sociale. La redistribution des
revenus en faveur des ménages à faibles revenus et forte propension à consommer,
permet de soutenir la demande globale. L’offre de services publics permet aux
ménages à faibles revenus d’accéder à des services essentiels : santé, éducation…

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Semestre 4

Annexes

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