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RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET UNIVERSITAIRE

LEADERSHIP ACADEMIA UNIVERSITY


Kinshasa

TROISIÈME LICENCE ADMINISTRATION DES AFFAIRES

COURS DE
FISCALITÉ ET GESTION DE L’ENTREPRISE

Par
Trésor-Gauthier M. KALONJI
Doctorat/Ph.D en droit fiscal, Université de Neuchâtel (Suisse)
Executive Master/LL.M en droit européen et international, Université de Genève (Suisse)
Master en Droit public, Université de Rouen-Normandie (France)
Licence en Droit économique et social, Université de Lubumbashi (R.D. Congo)
Email : tgk720@gmail.com

ANNÉE ACADÉMIQUE 2020-2021

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Introduction générale
I. Finalité du cours

Les théories générales sur la fiscalité renseignent que cette dernière est l’ensemble de
la législation et de la réglementation en matière fiscale, en vigueur dans un pays. Au
fait, c’est l’ensemble de mesures et pratiques relatives à l’administration fiscale (fisc),
aux prélèvements fiscaux (impôts) et aux autres prélèvements obligatoires. Elle joue
un rôle important permettant ainsi à l’Etat et ses collectivités, de se procurer des
ressources financières nécessaires au financement des dépenses publiques et autres
besoins d’intérêt général.

Perçue de cette manière, la fiscalité se rattache au secteur juridique. Elle apparait


comme un domaine consacré à la science juridique, dont le contenu s’appréhende en
termes de « Droit fiscal ». Le « Droit » étant défini comme l’ensemble de règles de
conduite socialement édictées et sanctionnées, qui s’imposent aux membres de la
société, il appartient à chaque pays, par le truchement des organes attitrés, d’édicter
lesdites règles en matière fiscale, qui puissent s’appliquer sur son territoire. La
République Démocratique du Congo n’a pas dérogé à ce postulat —attribut de la
souveraineté nationale— et a édicté, dans les limites de son territoire, des règles
fiscales, regroupées dans ce qu’il convient de qualifier de « droit fiscal congolais » ou
« fiscalité congolaise ».

Par ailleurs, la fiscalité est une composante majeure de l’entreprise dont elle régit en
grande partie la vie. Mieux comprendre les principes fondamentaux en matière
fiscale permet au chef d’entreprise d’optimiser ses choix et de définir les contraintes
de gestion qui en résulteront. Ainsi, la fiscalité de l’entreprise est une préoccupation
majeure du chef d’entreprise, compte tenu de la diversité des impôts et taxes
existants et de la complexité de la législation fiscale.

Le présent cours a pour objectif de permettre aux « étudiants »1 la compréhension


des mécanismes et règles applicables aux impôts, droits, taxes et redevances en
vigueur en RD Congo. Il permet, par ricochet, d’appréhender la fiscalité des
entreprises, en vue de permettre aux chefs d’entreprises (actuels et en puissance), de
mieux optimiser leur charge fiscale, car « celui qui ne pratique aucune planification
fiscale gaspille ses ressources », admet-on. En effet, il est tout à fait loisible et légitime
d’organiser son patrimoine et ses affaires de manière à réaliser une économie d’impôt
et ce, dans les limites autorisées par la loi. Dans cette veine, la planification fiscale ou
l’optimisation fiscale désigne l’ensemble des montages fiscaux permettant à un

1Tel qu’évoqué dans le cadre de ce cours, le terme « étudiants » est générique et désigne les deux
genres (hommes et femmes).

1
contribuable —personne physique ou morale— de payer le moins d’impôt possible
tout en respectant les dispositions légales, règlementaires ou conventionnelles.

Dans un autre registre, ce cours s’intéresse aux modes de financement d’une


entreprise. En effet, lors de sa création, puis au cours de son développement,
l’entreprise doit —au moment opportun— détenir les ressources financières
nécessaires pour faire face à ses échéances, et utiliser au mieux les moyens dont elle
dispose. Pour exercer son activité, l’entreprise doit d’abord engager des dépenses
avant de percevoir des recettes : réalisation des investissements matériels (terrains,
installations, constructions, etc.) ; achat des matières et fournitures ; prévision de la
rémunération de la main d’œuvre ; etc. Ce n’est qu’ultérieurement, à l’issue de la
production et de la commercialisation, que des recettes seront encaissées après la
réalisation des ventes. Il y a donc un décalage dans le temps entre les paiements et les
encaissements concernant aussi bien les investissements que l’exploitation. Ce
décalage crée des besoins de financements que l’entreprise devra couvrir en se
procurant des fonds selon différentes modalités.

De ce fait, le présent cours esquisse à l’attention des étudiants —chefs d’entreprise


actuels et en puissance— quelques modalités de financement d’une entreprise, afin
de leur permettre d’assurer la pérennité de leurs entités économiques, en choisissant
des moyens de financement idoines.

II. Plan général du cours

L’architecture principale du présent cours est la suivante :

 Partie I : Théories générales sur la fiscalité

 Partie II : Système fiscal congolais

 Partie III : Financement de l’entreprise

III. Méthodologie d’enseignement et d’évaluation du cours

Cet enseignement est direct, interactif et pratique :

 Le cours est direct dans la mesure où il est dispensé en présentiel, au contact


direct entre l’enseignant et les apprenants (étudiants). Pour ce faire, un syllabus
gratuit est mis à la disposition des étudiants pour leur permettre de mieux
assimiler les explications fournies par l’enseignant ;

2
 Le cours est interactif, car, au-delà du caractère magistral, un échange direct
(questions-réponses) entre l’enseignement et les étudiants permet d’approfondir
des éventuelles « zones d’ombre » sur les matières traitées et de garantir ainsi une
meilleure assimilation du cours ;

 Le cours est pratique, dans la mesure où il est prévu quelques études de cas ou
scénarios basés sur des situations de la vie réelle et auxquels on demandera aux
étudiants de réagir.

Par ailleurs, l’évaluation de l’enseignement en pourcentage sera disséquée comme ci-


après :

 Présences : 20% (liste de présence journalière obligatoire) ;


 Évaluation (examen) : 80% (5 questions, dont 3 sur la théorie générale du cours et
2 portant sur des études de cas).

IV. Éléments bibliographiques

Dans l’optique de permettre aux étudiants d’approfondir les notions abordées dans
le cadre du présent enseignement, il leur est recommandé de consulter librement les
ouvrages généraux ci-après :

ALBERT JEAN-LUC/ PIERRE JEAN-LUC/ RICHER DANIEL (éds.), Dictionnaire de droit fiscal et
douanier, Paris, éditions Ellipses, 2007, 598 pages ;

ALBERT JEAN-LUC/ SAÏDJ LUC, Finances Publiques, Paris, éditions Dalloz, 2015, 874 pages ;

BAKANDEJA WA MPUNGU GRÉGOIRE/KALONJI TRESOR-GAUTHIER/AMISI MATONGO


JOSEPH/ALUMBA VINCENT DE PAUL, Les finances publiques en République démocratique du Congo - La
longue croisade pour une gouvernance financière débarrassée des démons de la corruption et du détournement
des deniers publics, Bruxelles, éditions Bruylant, 2020, 330 pages ;

BOUVIER MICHEL, Introduction au droit fiscal général et à la théorie de l’impôt, Paris, LGDJ, 2016, 272
pages ;

BOUVIER MICHEL/ ESCLASSAN MARIE-CHRISTINE/ LASSALE JEAN-PIERRE, Finances Publiques,


Paris, éditions LGDJ, 2014, 903 pages ;

BUABUA WA KAYEMBE MATHIAS, Droit fiscal congolais. Législation fiscale et douanière en vigueur en
RDC, Kinshasa, Editions Universitaires Africaines, 2006, 264 pages ;

BUABUA WA KAYEMBE MATHIAS, Traité de droit fiscal zaïrois. Constats et propositions sur les
contributions et la douane, Kinshasa, Presses Universitaires du Zaïre, 1993, 278 pages ;

BUABUA WA KAYEMBE MATHIAS, Les Finances Publiques Congolaises. Pouvoir central – Provinces -
Entités Territoriales Décentralisées, Kinshasa, Editions Universitaires Africaines, 2013, 263 pages ;

CABRILLAC RÉMY (éd.), Dictionnaire du vocabulaire juridique 2018, Paris, éditions LexisNexis, 2017, 530
pages ;

3
CASTAGNÈDE BERNARD, Précis de fiscalité internationale, Paris, Presses Universitaires de France,
2015, 708 pages ;

CAUSSADE THOMAS, La stratégie fiscale de l’entreprise : entre optimisation et fraude, Thèse de doctorat
en droit, Université Toulouse Capitole, 2017, 771 pages ;

CERRADA KARINE/ DE RONGÉ YVES/ DE WOLF MICHEL/ GATZ MICHEL, Comptabilité et


analyse des états financiers. Principes et applications, Louvain-la-Neuve, éditions De Boeck, 2014, 344
pages ;

CHADEFAUX MARTIAL/COZIAN MAURICE/ DEBOISSY FLORENCE, Précis de fiscalité des


entreprises, Paris, éditions LITEC, 2019, 1054 pages ;

CHARDONNENS JEAN-PIERRE, Comptabilité générale, Hünenberg See, Adoc Edition, 2011, 367
pages ;

COURNAC ANNA, La responsabilité sociale de l’entreprise multinationale à l’égard de ses territoires


d’implantation, Thèse de doctorat en Gestion et management, Université de Pau et des Pays de l’Adour,
2013, 396 pages ;

DEDEURWAERDER GILLES, Théorie de l’interprétation et droit fiscal, Paris, éditions Dalloz, 2010, 486
pages ;

DE VRIES REILINGH DANIEL, Manuel de droit fiscal international. Introduction aux Conventions de double
imposition (CDI) sur la base du Modèle de Convention fiscale concernant le revenu et la fortune de l’OCDE,
Berne, éditions Weblaw, 2014, 302 pages ;

DISLE CHARLOTTE/ MAÉSO ROBERT/ MÉAU MICHEL, Introduction à la comptabilité. Manuel et


applications, Paris, éditions Dunod, 2012, 584 pages ;

GAUDEMET PAUL-MARIE/ MOLINIER JOËL, Finances publiques, Paris, éditions Montchrestien, 1996,
577 pages ;

GOUTHIÈRE BRUNO, Les impôts dans les affaires internationales. 30 études pratiques, Paris, éditions
Francis Lefebvre, 2016, 1533 pages ;

GUEZ JULIEN, L’interprétation en droit fiscal, Paris, éditions LGDJ, 2007, 376 pages ;

GUINCHARD SERGE/ DEBARD THIERRY (éd.), Lexique des termes juridiques 2017-2018, Paris,
éditions Dalloz, 2017, 1214 pages ;

KALONJI TRÉSOR-GAUTHIER M., Budget de l’Etat et nouvelle gouvernance financière publique. La


performance au cœur de la gestion publique en République Démocratique du Congo, Sarrebruck, Éditions
Universitaires Européennes, 2017, 189 pages ;

KALONJI TRÉSOR-GAUTHIER M., Droit budgétaire congolais. Pluriannualité budgétaire et budgétisation


programmatique à l’aune de la réforme des finances publiques, Sarrebruck, Éditions Universitaires
Européennes, 2015, 221 pages ;

KALONJI TRÉSOR-GAUTHIER M., Précis de droit fiscal congolais, Sarrebruck, Éditions Universitaires
Européennes, 2014, 234 pages ;

KIRKPATRICK JOHN/ GARABEDIAN DANIEL, Le régime fiscal des sociétés en Belgique, Bruxelles,
éditions Bruylant, 2003, 608 pages ;

MAHOUI KARIM, Cours de Gestion de l’entreprise, Licence en sciences commerciales et sciences de


gestion, Université Abderrahmane Mira – Bejaïa, 2016-2017, 166 pages ;

MALGOYRE ANTOINE, Montages juridiques et habileté fiscale, Paris, éditions Gualino, 2017, 240 pages ;

4
MALHERBE PHILIPPE, Éléments de droit fiscal international, Bruxelles, éditions Bruylant, 2015, 219
pages ;

MBOKO DJ’ANDIMA JEAN-MARIE, Code général des impôts, Kinshasa, Presses Universitaires du
Congo, 2007, 482 pages ;

OBERSON XAVIER, Droit fiscal suisse, Genève, éditions Helbing Lichtenhahn, 2012, 621 pages ;

OBRIST THIERRY, Introduction au droit fiscal suisse, Bâle, éditions Helbing Lichtenhahn, 2018, 461
pages ;

ORSONI GILBERT, Finances publiques – Dictionnaire encyclopédique, Paris, éditions Economica, 2017, 983
pages ;

RASSAT PATRICK/ LAMORLETTE THIERRY/ CAMELLI THIBAULT, Stratégies fiscales


internationales : optimisation fiscale internationale pour les entreprises : mondialisation et fiscalité la fin des
paradis fiscaux? nouvelles opportunités, Paris, éditions Maxima, 2010, 325 pages ;

THAMBWE MWAMBA ALEXIS, Droit douanier zaïrois, Kinshasa, Presses Universitaires du Zaïre, 1996,
191 pages ;

TIBERGHIEN ALBERT (éd.), Manuel de droit fiscal, Alphen aan den Rijn, éditions Wolters Kluwer,
2014, 1980 pages ;

TRAVERSA EDOARDO, Droit fiscal général, Cours de Master en droit, Université Catholique de
Louvain, 2018-2019, 234 pages ;

VERNIMEN PIERRE/ QUIRY PASCAL/ LE FUR YANN, Finance d’entreprise 2020, Paris, éditions
Dalloz, 2019, 1198 pages.

5
Partie I :
Théories générales sur la fiscalité :
droit fiscal et impôt

La fiscalité est un domaine d’intervention des pouvoirs publics dont l’importance


politique, sociale et économique n’est plus à démontrer. Aussi bien dans les
démocraties occidentales que dans celles en pleine émergence au Sud, caractérisées
par la reconnaissance effective des libertés individuelles (qu’il s’agisse des droits
civils et politiques ou des droits économiques et sociaux) ainsi que par la prise en
charge par l’Etat d’un nombre considérable de fonctions de régulation de la vie
collective, l’impôt est un instrument dont le principe est largement accepté. L’impôt
peut donc être considéré consubstantiel à l’Etat.

Sûrement, en démocratie, la sauvegarde des libertés individuelles ne peut être


dissociée de l’organisation des institutions publiques chargées de réguler la vie
collective. Les institutions publiques donnent non seulement corps à l’idée même de
société, mais offrent forme et consistance aux droits des citoyens. Comme l’exprime
justement le Professeur E. Traversa (Université Catholique de Louvain), « les droits
privés engendrent des coûts publics ». Ces coûts sont, pour leur plus grande partie,
pris en charge par la collectivité à travers l’impôt. L’impôt représente ainsi, dans son
principe, une condition nécessaire de l’exercice des droits individuels. Sa mise en
œuvre peut, cependant, être constitutive d’une atteinte à ces mêmes droits. Le droit
fiscal trouve donc son fondement dans les interstices qui existent entre ce risque et
cette nécessité

En effet, il n’est, d’une part, pas possible que les institutions publiques mettent en
œuvre les missions qui leur sont confiées, telles, par exemple, l’enseignement, la
justice, la sécurité, la santé et la protection sociale, sans disposer des moyens
financiers nécessaires. La plus grande partie des ressources publiques provient ainsi
du produit des différents impôts que l’Etat et les autres collectivités politiques
perçoivent.

D’autre part, l’établissement et la perception d’impôts de la part des autorités


publiques constituent dans le chef des citoyens une potentielle atteinte à leurs droits
individuels. L’on songe bien entendu au droit de propriété, mais l’impôt peut aussi,
dans son application, heurter d’autres prérogatives reconnues par la Constitution
aux citoyens, comme le droit à la vie privée, dans le cas de contrôles fiscaux opérés
par l’administration, le droit à la vie familiale, en cas de discrimination de certaines
formes de cohabitation, ou encore de droits économiques, comme la liberté de

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commerce et d’industrie, en cas d’obstacles fiscaux injustifiés à la poursuite
d’activités économiques par les citoyens.

Cette première partie du cours passe en revue quelques théories générales de la


fiscalité, en l’occurrence quelques notions relatives au droit fiscal (chap. 1) ainsi qu’à
l’impôt (chap. 2).

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Chapitre 1 : Notion du droit fiscal
Section 1. Définition du droit fiscal

A en croire ALBERT/PIERRE/RICHER, le concept de « fiscalité » tire son origine du


latin « fiscus » qui signifie « panier », que les romains employaient pour recevoir de
l’argent ou un trésor. Il a donné également naissance au « fisc » qui désigne
couramment l’ensemble des Administrations publiques qui ont en charge l’impôt.
Sous Rome, le fisc ou fiscus désignait aussi le Trésor du principe ou le domaine de la
couronne, du souverain. Selon les mêmes auteurs, de nos jours la fiscalité désigne
l’ensemble des impositions, contributions et taxes prélevées par l’ensemble des
collectivités publiques, et les règles et mécanismes qui régissent leur fonctionnement.
La notion n’inclut pas les prélèvements obligatoires qui ne constituent pas des
impôts (prélèvements sociaux notamment) et les redevances ou prix perçus en
contrepartie de services.

Au regard de ce qui précède, la fiscalité se rattache logiquement au secteur


juridique ; elle renvoie au « droit fiscal ». Ce dernier est perçu comme étant
l’ensemble des règles juridiques qui régissent l’établissement et la perception des
impôts auxquels sont assujettis les membres d’une collectivité étatique. En d’autres
termes, le droit fiscal est la branche du droit régissant les impôts quant à leur assiette,
leur liquidation et leur recouvrement (dans ce sens, voir G. Orsoni).

Le professeur E. Traversa l’appréhende comme étant « l’ensemble des règles relatives à


l’établissement, la perception et la contestation des impôts, qui déterminent la nature et
l’étendue, d’une part, des pouvoirs d’imposition des autorités publiques (Etat et collectivités
territoriales) et, d’autre part, des obligations des contribuables, et dont l’objectif principal
mais non exclusif est de répartir les coûts du financement des institutions et des politiques
publiques, sur la base de critères rationnels inspirés notamment par l’équité, l’efficacité ou la
cohérence avec d’autres domaines de l’action publique ».

Cela dit, nous pouvons retenir que la fiscalité est l’ensemble des lois, règlements,
procédures et pratiques administratives relatives à l’impôt et autres prélèvements
obligatoires. Elle joue un rôle important, permettant ainsi à l’Etat ainsi que ses
collectivités de se procurer des ressources financières nécessaires à l’action publique.

La fiscalité est généralement subdivisée en fiscalité directe et fiscalité indirecte :

• La fiscalité directe touche le contribuable nommément, et est assise sur une assiette
constante (revenu, capital, etc.).
• La fiscalité indirecte est celle qui touche une matière imposable quel que soit le
contribuable. Elle repose sur une assiette irrégulière, intermittente, tout au long
de l’année. En d’autres termes, la fiscalité indirecte est celle dont la charge est

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répercutée sur autrui. Elle fait intervenir trois personnes : l’Administration fiscale,
le redevable légal et le contribuable réel.
 L’ « Administration fiscale » s’entend de toute personne morale de droit public à
qui les pouvoirs publics ont attribué des prérogatives de percevoir ou collecter
l’impôt, pour le compte de l’Etat. C’est le « fisc » que nous avons évoqué
précédemment ;

 Le « redevable légal » ou « redevable » tout simplement, est toute personne


physique ou morale qui a l’obligation, vis-à-vis de l’Administration fiscale, de
payer l’impôt pour le compte d’une tierce personne qui est le contribuable réel ;

 Le « contribuable réel » ou « contribuable » tout simplement, est la personne qui


paie effectivement l’impôt et sur qui repose la charge fiscale.

Par ailleurs, il importe de relever que la fiscalité indirecte fait intervenir le


mécanisme de la « translation », par laquelle la charge fiscale qui pèse sur le
contribuable est répercutée à travers le prix de la marchandise ou du service rendu
par le redevable.

La translation n’est pas à confondre avec la notion d’ « incidence », qui est le point de
chute finale de l’impôt. Elle est directe lorsque celui qui paie l’impôt le supporte ; elle
est indirecte s’il y a répercussion.

Section 2. Nature et particularisme du droit fiscal

En tant que branche juridique destinée à régler les relations fiscales entre les
pouvoirs publics et les contribuables, le droit fiscal relève du droit public (T. Obrist).

En effet, la conception romano-germanique du droit distingue généralement trois


branches, à savoir le droit public, le droit privé et le droit économique :

• Le droit public est la branche du droit qui étudie les règles de l’organisation de
l’Etat, la situation juridique des pouvoirs et des personnes publiques ainsi que
leurs rapports avec les particuliers, c'est-à-dire des gouvernés, considérés comme
sujets de l’Etat ;

• Le droit privé est l’ensemble des règles qui régissent les rapports entre
les personnes physiques ou morales ;

• Le Droit économique est la branche du droit qui englobe divers textes inspirés
par le souci commun d’organiser harmonieusement la vie économique d’une
nation. Tous ces textes visent aussi à créer des structures juridiques susceptibles
d’encadrer les activités économiques.

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Cela précisé, selon les auteurs qui rattachent le droit fiscal au droit public
(notamment Gaudemet/Molinier), le premier est l’un des composants des « finances
publiques », aux côtés des autres disciplines, à savoir : législation financière, droit
budgétaire, droit financier, science financière… qui constituent les « finances
publiques », une branche du droit public. Les finances publiques complètent ainsi la
subdivision traditionnelle du droit public, à savoir le droit administratif et le droit
constitutionnel.

Summa divisio : Grande subdivision du droit

Droit public Droit privé Droit économique

Droit constitutionnel

Droit administratif
 Droit fiscal ;
 Droit budgétaire ;
 Législation financière ;
Finances publiques  Science financière ;
(Droit financier public)  Etc.

Du fait de son appartenance au droit public, le droit fiscal confère à l’Administration


fiscale, dans son mode de fonctionnement (création et gestion), un pouvoir exorbitant
du droit commun, en termes de prérogatives de puissance publique (privilège du
préalable ; préemption ; etc.).

Par ailleurs, cette branche juridique (droit fiscal) entretient une large accointance
avec le droit privé, dans la mesure où il intervient dans les relations privées
génératrices de flux économiques. Ce qui nous fait dire que « le droit fiscal est une
matière de droit public baignant dans les eaux du droit privé ».

Ce postulat ne dénie tout de même pas au droit fiscal une autonomie par rapport aux
autres branches du droit public ainsi que celles du droit privé. Le débat sur
l’autonomie du droit fiscal a opposé notamment en France, dans la première moitié

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du siècle dernier, TROTABAS à GÉNY, le premier affirmant l’autonomie du droit
fiscal comme branche à part entière du droit et le second déniant toute quelconque
autonomie au droit fiscal, préférant l’idée d’un droit spécial. Dans le cadre du
présent cours, sans marquer le pas sur les débats houleux des juristes au sujet de
l’idée d’une éventuelle autonomie du droit fiscal, nous pouvons admettre que cette
discipline est une partie indépendante de l’ordre juridique à l’instar du droit public
et du droit privé, et ne se trouve donc pas dans un rapport de subordination avec
ceux-ci.

Étymologiquement, le concept d’autonomie a une double racine latine, en


l’occurrence « autos » (soi-même) et « nomos » (norme, loi, règle). Il désigne
logiquement le pouvoir de se déterminer soi-même ; la capacité de doter à soi-même
sa propre norme, loi ou règle. Dès lors, une discipline juridique est dite autonome
lorsqu’elle a ses finalités, ses sources et ses techniques propres, distinctes de celles
des autres disciplines. A cela s’ajoute l’existence d’un jargon ou d’une terminologie
propre ; ce qui fait de la discipline autonome un corpus de règles spéciales,
particulières, spécifiques.

Selon la doctrine, la notion d’autonomie d’une branche juridique peut révéler deux
conceptions : d’une part, la branche autonome se défait complètement du droit
commun en se suffisant à elle-même, et rejette toute confluence avec une autre
branche juridique (« ostracisme ») ; d’autre part, la branche autonome procède par
une sélection de règles du droit commun et n’accueille que celles qui concordent avec
sa propre logique ainsi que ses objectifs (« particularisme »). De ce fait, la branche
autonome devient un droit spécial avec notamment pour conséquence que le juge
peut se permettre, en cas de mutisme de la loi spéciale, de se rapprocher du droit
commun pour trouver une solution nécessaire. C’est cette seconde conception —à
savoir celle qui conçoit une branche juridique autonome comme étant simplement un
droit spécial— à laquelle nous faisons allusion, en parlant de l’autonomie du droit
fiscal.

En effet, ce dernier n’est pas en autarcie vis-à-vis du droit commun. Tout en


affirmant sa spécificité inhérente aux objectifs qu’il poursuit ainsi qu’à la logique de
laquelle il répond, le droit fiscal fait souvent incursion dans d’autres disciplines
relevant du droit public ou du droit privé, pour y puiser certaines interprétations et
qualifications déjà clairement définies, pour le besoin de l’accomplissement de ses
objectifs, à savoir l’application des lois fiscales. C’est dans cette optique que le droit
fiscal est qualifié de droit de « superposition », qu’il est malaisé de subsumer
exclusivement sous le droit public ou le droit privé.

Les exemples de superposition du droit fiscal sur les autres disciplines sont légion,
notamment en ce qui concerne les définitions relatives aux notions de « personnalité

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morale », « salaire », « établissement public », « donation », « solidarité »,
« substitution », etc., pour lesquelles tout renvoi de la loi fiscale —vers une autre
discipline juridique mieux outillée— tient généralement en lisière le juge ou l’autorité
fiscale qui ne s’en écarte que très rarement.

Malgré sa posture extravertie aux allures intempestives, le droit fiscal sait très bien
adapter à sa propre logique les définitions et qualifications qu’il emprunte, en leur
conférant un contenu plus ou moins différent de celui qu’elles avaient dans les
disciplines originelles. Aussi est-il que le droit fiscal adopte parfois des
interprétations qui s’écartent de celles du droit administratif, du droit civil, du droit
commercial, etc. Ainsi, il qualifie certains meubles d’immeubles ; il considère comme
revenu ce que l’on appelle capital dans les rapports régis par le code civil ; il entend
les notions de domicile et de résidence ainsi que la nationalité de manière différente.
Ces différentes conceptions propres au droit fiscal confirment le caractère autonome
de celui-ci, qui se distingue ainsi des autres disciplines juridiques.

Section 3. Sources du Droit fiscal congolais

De manière générale, Il existe deux catégories de sources du droit fiscal : les sources
matérielles et les sources formelles. Les premières sont des faits qui ont incité les
pouvoirs publics à organiser ou à réglementer la fiscalité. Les secondes sont, en
revanche, les procédés par lesquels les règles relatives à la fiscalité sont élaborées.

Les sources formelles du droit fiscal congolais sont principalement : la Constitution ;


la Loi ; le Règlement ; la Jurisprudence ; et la Doctrine. A ceux-ci, nous pouvons
ajouter les Conventions internationales qui constituent une source formelle externe.

§1. La constitution

La Constitution est une norme juridique supérieure qui définit les structures de l’Etat
et détermine les modes d’exercice du pouvoir.

De ce fait, elle est la source fondamentale du Droit fiscal. Elle donne à l’impôt son
fondement juridique et désigne les autorités habilitées à consentir l’impôt et celles
compétentes pour l’exécuter.

En droit congolais, le Constituant a toujours, tout au long de l’évolution historique


de son activité, pris en considération les préoccupations fiscales. C’est le cas de la
Constitution de la RDC du 18 février 2006, telle que révisée par la Loi n° 11/002 du
20 janvier 2011, dont l’article 174 dispose : « Il ne peut être établi d'impôts que par la loi.
La contribution aux charges publiques constitue un devoir pour toute personne vivant en
République Démocratique du Congo. Il ne peut être établi d'exemption ou d'allègement fiscal
qu'en vertu de la loi ».

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§2. La loi

La loi est la principale source de référence du droit fiscal, dans la mesure où elle
autorise —conformément à la Constitution— le Gouvernement à prélever les impôts,
fixe les règles relatives à l’assiette, aux taux et aux modalités de recouvrement des
différents impôts.

Ainsi donc, le droit fiscal congolais est principalement constitué des textes de lois et
autres textes de l’Exécutif central, ayant force de loi par le mécanisme de
l’habilitation. Tous ces textes sont publiés au Journal Officiel de la République
Démocratique du Congo. Il s'agit notamment de : ordonnance-loi n°69-006 du 10
février 1969 relative à l'impôt réel ; ordonnance-loi n°69-009 du 10 février 1969
relative aux impôts cédulaires sur les revenus ; ordonnance-loi n° 10/001 du 20 aout
2010 portant institution de la Taxe sur la Valeur Ajoutée ; ordonnance-loi n° 13/001
du 23 février 2013 fixant la nomenclature des impôts, droits, taxes et redevances des
provinces et des ETDs ainsi que leurs modalités de répartition ; ordonnance-loi
n°13/005 du 23 février 2013 modifiant et complétant certaines dispositions de la loi
n° 004/2003 du 13 mars 2003 portant réforme des procédures fiscales, etc.

Par ailleurs, il importe de relever que les provinces ne disposent pas, par voie d'édit,
du pouvoir créatif d’impôts.

§3. Le règlement

Ce sont les actes qui émanent du pouvoir exécutif, ayant pour fonction de préciser les
modalités d’application de la loi fiscale. Ce sont notamment les décrets, les arrêtés et
surtout les instructions administratives intervenant dans le domaine fiscal. Destinées
à préciser le sens de la loi fiscale, les dispositions règlementaires, jouent un rôle
déterminant dans le calcul de l’impôt.

La réglementation congolaise en matière fiscale est très abondante. Nous pouvons


citer, à titre illustratif, les textes ci-après tirés au hasard : Arrêté Ministériel n°55 du
29 mars 1969 portant mesures d'exécution de l’impôt réel ; Arrêté Départemental
81/070 du 4 juillet 1981 fixant l’obligation pour les sociétés d’État, offices, régies,
établissements publics, organismes parastataux, services publics de l’État et
associations sans but lucratif de déclarer, à l’exclusion des salaires, toutes les sommes
versées à des tiers ; Arrêté Ministériel n° 12/CAB/MIN/FINANCES 2006 du 10 mai
2006 portant mesures d'exécution du Décret n° 05/184 du 31 décembre 2005
abrogeant les dispositions du Décret n° 068 du 2 avril 1998 portant création du Franc
fiscal ; Arrêté Ministériel n° CAB/MIN/FINANCES/2013/113 du 04 février 2013
fixant les modalités de remboursement des crédits de taxe sur la valeur ajoutée ; etc.

13
§4. La jurisprudence

Elle est l’ensemble des décisions rendues par les cours et tribunaux à l’occasion des
conflits qui sont portés devant eux et par lesquelles ils y apportent de manière
réitérée une solution de justice et d’ordre. C’est dans cette optique que les juristes
estiment que « les palais de justice sont des hôpitaux du droit malade ».

Par leurs décisions, les cours et tribunaux appliquent les règles de droit.
L’interprétation de celles-ci revêt une autorité et constitue l’expression du droit
applicable.

De surcroit, les juridictions comblent les lacunes de la loi en se référant au droit


comparé. Il arrive souvent qu’elles rendent de mauvaises décisions. Au reste, elle est
lente dans son évolution.

En droit fiscal congolais, la jurisprudence a la même portée qu’en droit privé, sauf
que l’Administration ne s’estime pas systématiquement liée par la jurisprudence.
Ainsi, lorsqu’une décision aura été rendue dans un litige entre l’Administration et un
contribuable, la solution jurisprudentielle ne s’appliquera pas systématiquement aux
autres litiges de même nature survenant entre l’Administration et d’autres
contribuables : si ceux-ci entendent se prévaloir de la première solution
jurisprudentielle, ils devront invoquer cette solution dans leur litige personnel,
jusqu’à ce que le juge leur donne satisfaction.

§5. La doctrine

La doctrine est l’ensemble d’écrits consacrés aux matières scientifiques et juridiques.


Elle comprend les traités, les précis, les mémentos, les manuels et les monographies.
Elle avise le juge de l’évolution de la jurisprudence, son étendue et ses contradictions.
Elle est également susceptible de donner naissance à un mouvement juridique.

La doctrine congolaise consacrée aux impôts a une autorité et incite le législateur, par
les commentaires qu’elle comporte, à améliorer des textes ambigus, incomplets ou
inadaptés.

Il importe de relever que la doctrine fiscale congolaise est « étique » ou « famélique ».


Au fait, elle est embryonnaire. Il en existe seulement quelques ouvrages, thèses,
mémoires, monographies et articles, rarement disponibles dans les bibliothèques et
librairies congolaises.

§6. Les Conventions internationales

La « convention » est un nom générique donné, au sein des actes juridiques, à tout
accord de volonté entre deux ou plusieurs personnes destiné à produire un effet de
droit quelconque. Sur le plan international, c’est un accord entre sujets de Droit
14
international. C’est un terme parfois préféré, sans conséquences juridiques, à celui de
« traité », pour désigner des accords conclus sous les auspices ou dans le cadre
d’organisations internationales, ainsi que des accords à caractère technique.

Les conventions internationales constituent ce qu’il convient d’appeler ici « sources


formelles externes ou étrangères » du droit fiscal congolais, comparativement aux
sources précédentes qui, elles, sont des sources formelles internes.

La République Démocratique du Congo a ratifié quelques accords, traités et


conventions internationales qui touchent à la fiscalité. Parmi eux, nous pouvons
citer :

• la « Convention en vue d'éviter la double imposition et de prévenir la fraude et


l'évasion fiscales en matière d'impôt sur le revenu et sur la fortune », signée à
Bruxelles, le 23 mai 2007, entre la République Démocratique du Congo et le
Royaume de Belgique. Cette Convention a été ratifiée par la Loi n° 11/021 24
décembre 2011 ;

• la « Convention en vue d'éviter la double imposition et de prévenir l'évasion


fiscale en matière d'impôts sur le revenu », signée à Pretoria le 29 avril 2005, entre
le Gouvernement de la République Démocratique du Congo et le Gouvernement
de la République d'Afrique du Sud. Cette convention a été ratifiée par la Loi n°
11/019 du 15 septembre 2011.

Il sied d’indiquer que les conventions, accords et traités internationaux ont primauté
sur les règles du Droit fiscal congolais, en vertu du principe de « supériorité des
règles du droit conventionnel par rapport aux règles de droit interne » qui est
consacré par la Constitution de la RDC du 18 février 2006.

15
Chapitre 2 : Notion de l’impôt
Section 1. Définition et variantes de l’impôt

§1. Définition de l’impôt

Selon ALBERT/PIERRE/RICHER, le concept d’impôt est ancien et tiré du latin


« Impost » ou « Impositum » qui signifie « chose exigée comme obligatoire ».

De nos jours, l’impôt est donc une prestation pécuniaire requise des personnes
physiques ou morales par voies d’autorité, à titre définitif et sans contrepartie, en vue
de la couverture des charges politiques et permettre à l’Etat d’effectuer certaines
interventions dans le domaine économique et social.

On retiendra également la définition proposée par la Direction Générale des Impôts


de France, selon laquelle les impôts sont des prestations pécuniaires mises à la charge
des personnes physiques et morales en fonction de leurs capacités contributives et
sans contrepartie déterminée, en vue de la couverture des dépenses publiques et de
la réalisation d’objectifs économiques et sociaux fixés par la puissance publique.

Cette dernière définition repose sur le principe de l’égalité devant l’impôt. Elle
exprime l’idée de solidarité et d’égalité réelle face aux charges publiques et justifie la
contribution des citoyens aux dépenses, indépendamment des avantages reçus.

§2. Variantes de l’impôt

Fondamentalement, le concept d’impôt se différencie légèrement de la taxe, du droit,


de la redevance et de la parafiscalité :

• Une « taxe » est toute somme perçue par l’Etat lors de la fourniture d’un service
comme rétribution. C’est la différence essentielle avec l’impôt qui est sans
contrepartie.

Il sied cependant de noter que certains impôts portent la dénomination « taxe ».


C’est le cas de la Taxe sur la Valeur Ajoutée.

• Un « droit » est un prélèvement obligatoire exigible par une Administration ou


Service public dans une situation prédéterminée.

Les droits sont des sommes d’argent payées par les citoyens ou entreprises à
l’Etat dans son pouvoir de commandement, qui parfois ont la même signification
que l’impôt (droits de douane, droits de consommation) ou à l’occasion de la
vérification et du contrôle de certains actes posés par les intéressés.

16
Ainsi, on ne peut pas dire qu’il s’agit dans ce cas nécessairement de la
rémunération des services rendus par l’Etat à un usager, mais plutôt de la
facturation des actes que l’Etat pose dans son pouvoir de commandement.

• Une « redevance » est une rémunération pour service rendu, s’apparentant à un


prix. Aussi fait-elle l’objet d’une contrepartie, telle que l’usage d’un ouvrage ou la
prestation d’un service public.

Par ailleurs, le montant de la redevance et la valeur du service rendu doivent être


équivalents. Enfin, son produit doit être affecté au Service qui a fourni la
prestation.

Le terme « redevance » est tiré du Moyen-âge français où les Rois soumettaient les
paysans à toutes sortes de corvées, notamment la construction des routes, le fait
de moudre son blé au moulin seigneurial, de faire cuire son pain au four
seigneurial contre paiement d’une lourde redevance, est plus proche du domaine
de l’impôt que la taxe.

• Enfin, une « parafiscalité » s’entend d’un prélèvement obligatoire, recevant une


affectation déterminée, institués par voie d’autorité, généralement dans un but
d’ordre économique, professionnel ou social, et échappant en totalité ou en partie
aux règles de la législation budgétaire et fiscale en ce qui concerne les conditions
de création de la recette, de détermination de son assiette et de son taux, de la
procédure de recouvrement ou de contrôle de son emploi.

La grande différence qui existe entre la parafiscalité et l’impôt réside dans le fait
que le revenu de celui-ci est destiné à être versé au Trésor Public, pour la
couverture des charges d’intérêt général non spécifiquement déterminées, tandis
que le revenu de la parafiscalité (ou taxes parafiscales) est destiné à entre dans
des caisses particulières, où il sert des dépenses particulières, bien que celles-ci
soient considérées comme d’intérêt public.

Section 2. Caractéristiques et principes de l’impôt

§1. Eléments caractéristiques de l’impôt


De définitions précédentes sur l’impôt, nous pouvons relever ce qui suit :

• L'impôt est avant tout une prestation, un transfert de moyen de paiement à l'Etat
ou aux autres collectivités publiques.

• L'impôt est une prestation pécuniaire, il est exclusivement une prestation


pécuniaire, en argent et non en nature. Cette prestation en argent est adaptée à la
nature même du fonctionnement des Etats modernes (…).

17
• L’impôt a une destination d’utilité publique, en vue de la couverture des
charges publiques, il constitue donc la source principale des recettes de l'Etat lui
permettant de faire face aux dépenses publiques.

• L’impôt est essentiellement un paiement à caractère forcé. Ce caractère provient


de l’étymologie même de l'impôt qui vient du verbe imposer. Il est donc une
obligation légale exigée de chaque citoyen.

Il s’agit d'un prélèvement imposé par l’Etat au moyen de son pouvoir de


contrainte et non d'un prélèvement volontaire ou d'une faveur qu'on accorde à
l'Etat. Le droit de lever l'impôt est donc un attribut de la puissance publique, une
manifestation de l'imperium de l'Etat.
En outre, il est une contrainte, car il trouve son sens dans la souveraineté de l'Etat,
ce qui justifie pour le contribuable l'appellation d'assujettis.
Ce caractère forcé se manifeste surtout par le fait que son tarif est fixé
unilatéralement et, en cas de besoin, son recouvrement est opéré par la force.
Le caractère forcé de l’impôt est exprimé par le professeur Buabua en termes de
prestation perçue d’autorité. En effet, selon lui, le fait que l’impôt soit établi par la
loi, justifie le rattachement de la fiscalité au secteur juridique. Tant dans son
essence, dans les principes de son établissement que dans ceux de son
recouvrement, l’impôt fait appel à la contrainte.
Au Congo, certains opérateurs hostiles à l’impôt parlent de « terrorisme fiscal »
chaque fois qu’ils sont abordés par les agents du fisc. Bien qu’objet
d’appauvrissement des sociétés privées et des ménages, l’impôt n’est pas à
confondre avec le terrorisme, qui est une force sauvage, brutale et non organisée.
L’impôt est, à l’instar de toutes les lois, une force librement consentie par les
citoyens, organisée, dotée de nombreux garde-fous.
• L’impôt est sans contrepartie, son paiement n'est pas suivi d'une contrepartie
directe de la part de l'Etat et c'est d'ailleurs cet aspect qui le différencie avec
certaines notions voisines, mais cela n'exclut pas le fait qu'il ait une contrepartie.
Il n'y a aucune corrélation visible et bien déterminée entre l'impôt et les services
de l'Etat dont bénéficie le contribuable.

• L’impôt est établi et mis en recouvrement d’après des règles établis par le
pouvoir public. Nous pouvons certainement nous référer ici à l'arsenal juridique
de la République Démocratique du Congo pour affirmer ce pont à partir de la
constitution ainsi que d'autres lois.

• L’impôt est requis des membres de la collectivité, il est dû par les individus en
raison du fait qu'ils font partie d'une communauté organisée.

18
En tant que reflet de la solidarité nationale, l’impôt traduit la volonté des
membres d’une collectivité nationale d’améliorer leur milieu ambiant par un
effort commun.
• L’impôt est perçu à titre définitif, le paiement de l'impôt ne peut faire l'objet d'un
remboursement. Donc quoi qu'il arrive, le contribuable ne se verra jamais être
restitué l'argent de l'impôt exceptionnellement dans le cas de double imposition
et d'erreur matérielle.

• L’impôt est sans affectation préalable, on ne peut déterminer par avance à quoi
servira cet impôt payé.

§2. Principes de l’impôt

L’impôt est régi par certains principes juridiques, notamment la légalité, l’égalité, la
liberté, la nécessité, l’annualité et l’universalité.

Essayons de disséquer ces principes dans l’ordre normatif congolais, tout en les
étayant par quelques commentaires tirés de la doctrine :

• La légalité de l’impôt :

En droit positif congolais, l’impôt est une matière constitutionnellement réservée au


domaine de la loi. L’article 122 de la même Constitution dispose que « la loi fixe les
règles concernant, notamment : Les finances publiques ; l’assiette, le taux et les
modalités de recouvrement des impositions de toute nature, le régime d’émission de
la monnaie ; les emprunts et les engagements financiers de l’Etat ».

Par ailleurs, le principe de légalité fiscale peut donner une perspective erronée de ses
sources, puisque la loi n’est pas la seule à l’origine des textes en matière fiscale. La
représentation des sources du droit fiscal a été constamment faussée par
l’attachement à la valeur de la source législative. Un observateur non averti pourrait
à tort en déduire que les sources réglementaires, pourtant fort importantes, ne jouent
qu’un rôle secondaire, alors qu’une approche plus fine permet de faire ressortir la
longue et patiente édification d’un Droit fiscal à part entière au travers d’une
dialectique faisant intervenir non seulement les textes législatifs et réglementaires,
mais aussi l’important apport de la jurisprudence.

• L’égalité de l’impôt :

Le principe de l’égalité fiscale s’entend comme l’égalité devant la loi fiscale, et ce


indépendamment de tout idéal de justice. Elle s’enracine dans le principe général et
fondamental d’égalité devant la loi, repris aux articles 11, 12 et 13 de la Constitution
de la RDC.

19
Le principe de l’égalité de l’impôt, dit encore de « non-discrimination », s’oppose à
toute différence de traitement fiscal et notamment à celle qui serait liée à la
nationalité des personnes physiques ou morales.

Toutefois, pour être juste, l’impôt doit être établi selon la faculté contributive, la
capacité contributive ou les possibilités de chacun. Il n’est donc pas question, au nom
de l’égalité fiscale, de frapper aveuglement riches et pauvres, salariés et paysans,
ménages sans enfants et familles nombreuses, valides et invalides, etc.

• La liberté ou le principe de la liberté de l’impôt :

Le principe de la liberté en matière fiscale s’entend tant de la liberté individuelle que


de la liberté du commerce et de l’industrie.

Il est à la base de beaucoup de procédure du Droit fiscal, alors même que l’impôt
constitue le premier facteur de limitation des libertés individuelles. De toute façon, le
droit fiscal ne porte pas atteinte à la liberté de gestion de l’Entreprise en ce sens que
l’entrepreneur est libre de sa gestion et que les frais qu’il expose sont déductibles.

Le principe de la liberté a été repris par la Constitution de la RDC, à l’article 11 qui


dispose que « tous les êtres humains naissent libres (…) ».

• La nécessité ou le principe de la nécessité de l’impôt :

Le principe de la nécessité de l’impôt se retrouve dans la Constitution, notamment


par la combinaison des articles 65 et 174. En effet, le premier dispose que « tout
Congolais est tenu de remplir loyalement ses obligations vis-à-vis de l'Etat. Il a, en
outre, le devoir de s'acquitter de ses impôts et taxes » ; et le second dispose que « la
contribution aux charges publiques constitue un devoir pour toute personne vivant
en République Démocratique du Congo ».

Le principe sous examen fonde à la fois la légitimité du contrôle fiscal et de la


répression de la fraude, laquelle ne saurait se justifier au nom de la liberté
individuelle. Le principe de la liberté ne peut être pour autant remis en cause au nom
du principe de nécessité de l’impôt.

• L’annualité ou le principe de l’annualité de l’impôt :

Fiscalement, ce principe signifie que le contribuable paye une fois pour toutes un
type bien déterminé d’impôt durant une année. A cet effet, si un individu payait
deux fois sur la même matière imposable, cela constituerait un double emploi et
violerait le principe « non bis in idem ». Cependant, ce principe ne s’oppose pas au
fait que de manière pratique, un impôt supposé être payé en une fois, soit payé par

20
parts successives ou fractions sur plusieurs mois durant l’année (…) ou que des
acomptes provisionnels soient versés durant l’année (…) ».

Par ailleurs, le principe de l’annualité de l’impôt procède du principe de l’annualité


budgétaire.

En effet, en droit congolais, la perception des impôts est autorisée pour une année,
l’année civile, par le Budget ou la loi de finances. Ceci ressort de l’article 172 de la
Constitution de la RDC du 18 février 2006 qui dispose que « L'exercice budgétaire
commence le premier janvier et se termine le 31 décembre ».

Le budget est un état de prévoyance des recettes et des dépenses pendant une
période déterminée, un tableau évaluatif des recettes à réaliser et des dépenses à
effectuer ; c’est, en outre, une autorisation ou une injonction donnée par les pouvoirs
compétents à faire ces dépenses et à réaliser ces recettes.

Le budget est donc un acte politique revêtant la forme d’une loi. La loi de finances de
l’année, modifiée et complétée éventuellement par les lois de finances rectificatives,
se présente pour l’essentiel comme une série d’autorisations données par le législatif
à l’exécutif d’effectuer des opérations de recettes et de dépenses. Le budget relève
donc de la compétence exclusive du législateur, sauf exceptions prévues par la
Constitution.

Cependant, si le budget de l’Etat prend la forme d’une loi, cette loi se distingue de
plusieurs façons d’une loi ordinaire. Les différences sont d’ordre formel et
concernent la procédure : la loi de finances est préparée, discutée, votée selon des
modalités particulièrement restrictives. Mais elles sont aussi d’ordre matériel, et
concernent le contenu aussi bien que les effets de l’acte législatif. Le budget, en effet,
n’est pas constitué, pour l’essentiel, par un ensemble de dispositions générales et
impersonnelles qui s’appliqueraient sans limitation de temps (ce qui est la définition
de la loi au sens matériel). Les autorisations qu’il contient portent sur des opérations
nettement individualisées, dont la durée de validité est limitée. Il faut ajouter
cependant que certaines dispositions peuvent être incluses dans la loi de finances,
revêtir un caractère législatif, au double sens, formel et matériel du terme. Il en est
ainsi, par exemple, lorsque le législateur introduit dans le Budget des dispositions
modifiant le régime de la fiscalité, ou concernant le contrôle des finances publiques.

Le budget se distingue aussi d’une loi ordinaire par ses effets. Le champ
d’application de l’autorisation budgétaire est en effet limité, parce qu’elle définit des
rapports d’ordre interne entre Parlement et Gouvernement. Elle permet à l’Exécutif
d’effectuer une recette ou d’exécuter une dépense, mais elle ne peut avoir pour effet
de modifier les situations juridiques et les règles de droit en vigueur.

21
Enfin, il sied de mentionner que le contenu du Budget est double : le contenu
juridique qui consiste à en définir le périmètre et le contenu financier réservé aux
chiffres essentiels. Ces deux dimensions sont indissociables.

• L’universalité ou le principe de l’universalité de l’impôt :

L’article 174 alinéa 2 de la Constitution de la RDC du 18 février 2006, dispose que « la


contribution aux charges publiques constitue un devoir pour toute personne vivant en
République Démocratique du Congo ».

Le principe de l’universalité fiscale, ou encore de généralité, signifie que chacun doit


s’acquitter de sa dette fiscale et qu’il ne saurait y avoir d’exception. Il faut voir dans
ce principe une réaction contre la fiscalité des anciens régimes et la volonté de faire
que les hommes soient égaux en droits et en devoirs. Par voie de conséquence, le
principe de l’universalité, au même titre que celui de nécessité, justifie la légitimité
du contrôle fiscal, comme l’interdiction de discrimination.

22
Partie II :
Système fiscal congolais

23
Chapitre 1 : Régime fiscal commun
Le régime fiscal commun en vigueur en République Démocratique du Congo, est
constitué d’impôts réels, d’impôts sur les revenus et d’un impôt sur les biens et
services.

Section 1. Les impôts réels


§1. Remarques introductives

Il sied de rappeler ici qu’un impôt réel est celui auquel sont soumis un certain
nombre de biens physiques. Il frappe ce que le contribuable possède, contrairement
aux impôts sur les revenus qui frappent ce qu’il gagne.

Dans l’état actuel de l’ordre normatif congolais, les impôts réels trouvent
essentiellement leur fondement dans l’Ordonnance-loi n°69-006 du 10 février 1969,
telle que modifiée et complétée ultérieurement.

Ces impôts réels sont : l’impôt foncier, l’impôt sur les véhicules et taxe spéciale de
circulation routière et l’impôt sur la superficie des concessions minières et
d’hydrocarbures.

Aux termes de la Constitution de la RDC du 18 février 2006 ainsi que l’ordonnance-


loi n°13/001 du 23 février 2013 fixant la nomenclature des impôts, droits, taxes et
redevances des provinces et des ETDs ainsi que leurs modalités de répartition,
certains impôts relèvent désormais de la compétence exclusive des Provinces. Il s’agit
de l’impôt foncier, de l’impôt sur les véhicules automoteurs, de l’impôt sur les
revenus locatifs, de l’impôt sur la superficie de concessions minières et
d’hydrocarbures.

§2. L’impôt foncier

A. Définition et matière imposable

Par définition, l’impôt foncier est un impôt réel qui frappe la superficie des
propriétés foncières bâties et non bâties, comme la Taxe foncière en France.

En droit congolais, c’est un impôt direct qui concerne les propriétés bâties et non
bâties suivant la nature des immeubles et le rang des localités. Il est actuellement taxé
sur base d’une superficie et —conformément à l’article 204 prérappelé de la
Constitution de notre pays— relève de la compétence exclusive des provinces.

Les redevables de l’impôt foncier sont les titulaires du droit de propriété, de


possession et d’emphytéose, de superficie, de cession, de concession ou d’usufruit
des biens imposables ainsi que des personnes occupant, en vertu d’un bail, des biens

24
immobiliers faisant partie du domaine privé de l’Etat. Il n’est pas son intérêt, pour les
étudiants, de rappeler la définition des concepts sus en gras, tels que définis en droit
civil :

• Le « droit de propriété » est le type le plus achevé de droit réel (droit sur un
bien) ; il comporte le pouvoir d’user, de jouir et de disposer d’une chose d’une
manière exclusive.

La théorie de la propriété est une ancienne théorie fiscale en vertu de laquelle,


pour la perception des droits, l’administration peut s’en tenir aux situations
apparentes sans avoir à rechercher les intentions véritables des parties.

• Le « droit de possession » est le pouvoir de fait consistant à exercer sur une


chose des prérogatives correspondant à un droit réel autre que la propriété (à
titre d’exemple, à se comporter en usufruitier ou en bénéficiaire d’une
servitude) avec l’intention de s’affirmer titulaire de ce droit.

• Le « droit d’emphytéose » est le droit réel sur un immeuble corporel


(ordinairement ou, mais non nécessairement, rural) né d’un bail
emphytéotique et caractérisé par sa longue durée, la modicité de la redevance,
le droit de céder et d’hypothéquer.

• Le « droit de superficie » est le droit de propriété portant sur les


constructions, plantations et autres superficies dans le cas où la propriété de
ces choses est dissociée de la propriété du sol.

• La « cession » est la transmission entre vifs du cédant au cessionnaire, d’un


droit réel ou personnel, à titre onéreux ou gratuit.

• La « concession » est l’acte juridique bilatéral ou unilatéral en vertu duquel


une personne, le concédant, accorde à une autre, le concessionnaire, la
jouissance d’un droit réel ou d’un avantage particulier.

• L’« usufruit » est un droit réel, viager en vertu duquel son titulaire
(l’usufruitier) a le pouvoir d’user et de jouir de biens corporels ou incorporels
appartenant à une autre personne (nu-propriétaire), tout comme celle-ci en
jouirait, mais à charge d’en conserver la substance.

B. Taux de l’impôt

Les taux de l’impôt foncier varient suivant la nature des immeubles, le rang des
localités et, en ce qui concerne les villas, en fonction de la superficie bâtie.

25
La superficie imposable est celle qui est déterminée par les parois extérieures du
bâtiment ou de la construction. Elle comprend également la superficie des vérandas,
des perrons, des galeries, des balcons, des terrasses, les caves, rez-de-chaussée,
étages, combles.

Par contre, en ce qui concerne les terrains non bâtis, seuls sont imposables ceux sis
dans les circonscriptions urbaines.

C. Exemptions et exonérations de l’impôt foncier

D’emblée, il convient de différencier une fois pour toutes, ces deux concepts qui ont,
chacun, une portée différente.

En effet, une exemption est une dispense d’une charge fiscale concernant des actes,
des opérations, des situations ou des événements pour des motifs le plus souvent
juridiques. En clair, celui qui est exempté est dispensé de toute obligation fiscale. Par
contre, une exonération est une dispense totale ou partielle d’impôt. Celui qui est
exonéré d’impôt remplit toutes les autres obligations fiscales (déclaration de la
matière imposable, etc.), mais il est seulement dispensé de payer l’impôt, totalement
ou partiellement.

 Les exemptions :

Sont exemptés de l’impôt foncier, notamment les propriétés appartenant à (aux) :

 L’Etat, les Provinces, les entités territoriales décentralisées ainsi que les offices et
autres établissements publics de droit congolais n’ayant d’autres ressources que
celles provenant de subventions budgétaires ;

 Les associations sans but lucratif, confessionnels ou non confessionnels, ainsi que
les établissements d’utilité publique créées conformément à la loi n° 04/2001 du
20 juillet 2001 portant dispositions applicables aux associations sans but lucratif
et aux établissements d’utilité publique ;

 Les Etats étrangers et affectés exclusivement à l’usage de bureaux d’Ambassades


ou de Consulats ou au logement d’agents ayant le statut d’agents diplomatiques
ou consulaires (sous réserve de réciprocité).

Sont également exemptées, pour l’immeuble ou l’un des immeubles affectés à


l’habitation principale, les personnes qui, au 1er janvier de l’année d’imposition, sont
âgées de plus de 55 ans et les veuves à la triple condition :

 Qu’elles occupent leur habitation principale seules ou avec des personnes à


charge ou avec toute autre personne de même condition d’âge ou de situation ;

26
 Que leurs revenus imposables à l’impôt cédulaires sur leurs revenus soient égaux
ou inférieurs au plafond de la 8e [?] tranche du barème IPR ;

 Qu’elles souscrivent chaque année leurs déclarations fiscales.

 Les exonérations :

L’exonération est consentie aux immeubles ou parties d’immeubles :

 affectés par le propriétaire, exclusivement à l’agriculture ou à l’élevage, y


compris les bâtiments ou parties de bâtiments servant à la préparation de
produits agricoles ou d’élevage provenant de l’exploitation du contribuable ;

 qu’un propriétaire, ne poursuivant aucun but lucratif, aura affecté :

 à l’exercice d’un culte public, à l’enseignement, à la recherche scientifique,


à l’installation de centres hospitaliers, médicaux, sociaux ou d’œuvres de
bienfaisance ;

 à l’activité normale de chambres de commerce personnalisées ;

 à l’activité sociale des sociétés mutualistes et des unions professionnelles


personnalisées.

L’impôt foncier n’est pas non plus établi en ce qui concerne la superficie des terrains
qu’un propriétaire, sans aucun but lucratif, aura affecté à l’une des fins visées ci-haut.

Enfin, les exonérations à l’impôt foncier peuvent également être accordées en vertu
des dispositions du code des investissements ou par les conventions spéciales.

§3. L’impôt sur les véhicules et la taxe spéciale de circulation routière

A. Définition et matière imposable

La circulation des véhicules des privés sur la voie publique, construite avec les fonds
du trésor public, provoque une dégradation qui appelle réparation et entretien. C’est
au fait le fondement de cette double imposition réelle.

En ce qui concernant l’impôt sur les véhicules ou « vignette automobile », c’est une
taxe différentielle annuelle qui frappe tous les véhicules à moteur, sous réserve de
certaines exceptions.

Le terme « véhicule » est utilisé dans le sens le plus large possible puisqu’il ne
désigne pas uniquement les véhicules automobiles, mais aussi tout moyen de
transport par terre et par eau et ce, quel que soit le mode de propulsion utilisé.

27
Quant à la taxe spéciale de circulation routière, c’est un droit de péage annuel créé
par l’Ordonnance-loi n°88-029 du 15 juillet 1988 au profit du trésor public, et qui est
assis sur tous les véhicules admis à circuler sur le réseau routier public, quelle que
soit la qualité du propriétaire.

En parlant des véhicules admis à circuler sur le réseau routier public, Tshizanga
Mutshipangu en donne cette précision définitionnelle : Il s’agit de tout véhicule
circulant sur le sol, c'est-à-dire sur les routes en terre ou macadamisées, et
fonctionnant à l’aide d’une force mécanique. Sont ainsi concernés, les voitures, les
camions, les bus et les autocars, les motocyclettes et les vélomoteurs.

La taxe spéciale de circulation routière s’apparente à la « taxe à l’essieu » qui, en droit


français, est une taxe spéciale sur certains véhicules routiers, perçue par
l’administration douanière et destinée à compenser les dépenses d’entretien des
routes imputables aux véhicules d’un certain poids transportant des marchandises.

Par ailleurs, la différence entre les deux impôts sous analyse, est que la taxe spéciale
de circulation routière ne concerne que les véhicules admis à circuler sur le réseau
routier public, tandis que l’impôt sur les véhicules est assis sur tout moyen de
transport par terre et par eau, quel que soit le mode de propulsion utilisé.

L’impôt sur les véhicules est dû par l’utilisateur, tandis que la taxe spéciale de
circulation routière est acquittée par les propriétaires des véhicules assujettis. Mais,
en pratique, les deux impôts sont acquittés concomitamment par la personne qui
paye la dette d’impôt, propriétaire ou simple utilisateur. Buabua wa Kayembe estime
que c’est pour des raisons de commodité que les deux impôts sont perçus en même
temps.

B. Taux des impôts

Les taux de ces deux impôts sont fixés en fonction de la qualité du propriétaire
(personne physique ou morale), de la puissance du moteur, de la catégorie et du
poids du véhicule ou encore en fonction du jaugeage (capacité) de l’engin.

C. Exemptions et exonérations

Les exemptions et exonérations à ces deux impositions sont accordées à certaines


catégories de véhicules, en fonction de plusieurs critères, notamment :

 La qualité du propriétaire : Etat et ses subdivisions administratives ;

 L’application des conventions internationales : Ambassades, Consulats,


Organismes internationaux ;

28
 Leur utilisation spécifique dans un cadre limité (engins de manutention dans les
gares, ports et aéroports) ;

 Leur utilité sociale : ambulances, véhicules anti-incendie, véhicules pour


personnes handicapés (invalides et infirmes) ;

 Leur utilisation aux opérations de dépannage : les dépanneuses et les machines-


outils ;

 L’inexistence ou l’insignifiance de la puissance imposable : cyclomoteurs de


moins de 50 cm3 et véhicules à traction ou à propulsion humaine ou animale ;

 Véhicules à l’essai et véhicules des touristes étrangers en visite en RDC ;

 L’absence de moteur et l’évolution habituelle hors du territoire national : voiliers,


navires de haute mer ou de grand cabotage.

§4. L’impôt sur la superficie des concessions minières et d’hydrocarbures

A. Notion et matière imposable

Cet impôt réel porte sur les terrains concédés par l’Etat soit pour l’exploitation, soit
pour la recherche à titre exclusif. Le fait générateur est l’acte matériel de recherche ou
d’exploitation.

Il ressort de ce qui précède que les redevables de cet impôt sont les titulaires d’un
permis de recherche ou d’un permis d’exploitation. Généralement, ce sont les
personnes morales qui en sont redevables en droit congolais. Ceci s’expliquerait par
le fait que les activités minières et celles d’hydrocarbures sont majoritairement
exercées par des grandes Entreprises, notamment les sociétés des capitaux, capables
de mobiliser d’importants capitaux que requièrent lesdites activités.

B. Taux de l’impôt

Le taux de cet impôt est fixé en fonction de la superficie par hectare de concession
suivant qu’il s’agit de l’exploitation de mines ou d’hydrocarbures. Il dépend donc
des législations minières et d’hydrocarbures en vigueur.

29
Section 2. Les impôts cédulaires sur le revenu ou impôts sur le
revenu
§1. Remarques introductives

Le concept de « revenu » renvoie à toutes les ressources périodiques d’une personne


physique ou morale, issues de son travail (gains, salaires, traitements,
rémunérations) ou de son capital ; tandis que celui de « cédule » —tiré du latin
« schedula »— signifie « feuillet ».

Les impôts cédulaires sur le revenu sont donc des impôts subdivisés en feuillets et
frappent toutes les ressources tirées d’un travail ou d’un capital. Ils sont répartis en
trois feuillets (catégories) donnant lieu, chacun, à une imposition spécifique : (i)
impôt sur les revenus locatifs ou impôt locatif ; (ii) impôt mobilier sur les revenus des
capitaux mobiliers ou impôt mobilier ; (iii) impôt sur les revenus professionnels ou
impôt professionnel ; et (iv) impôt exceptionnel sur les rémunérations des expatriés.

§2. L’impôt sur les revenus locatifs ou l’impôt locatif

A. Base légale et matière imposable

C’est la loi n° 83-004 du 23 février 1983 modifiant certaines dispositions de


l’Ordonnance-loi n° 69-009 prérappelée, qui constitue la base légale de l’impôt locatif.

Au regard des articles 4 et 5 de ladite loi, la matière imposable à l’impôt locatif est
constituée, d’une part, des revenus provenant de la location des bâtiments et des
terrains situés en République Démocratique du Congo, quel que soit le pays du
domicile ou de la résidence des bénéficiaires ; d’autre part, des indemnités de
logement accordées à des rémunérés occupant leur propre habitation ou celle de
leurs épouses, des bâtiments et terrains en faveur d’une Entreprise ou de toute autre
personne morale, pour usage professionnel.

L’impôt locatif est établi sur le revenu brut de l’année civile antérieure ou sur toute
somme proportionnellement équivalente pour les périodes inférieures à un an.

Ce revenu brut s’entend du montant cumulé :

 du loyer ;

 des impôts de toute nature acquittés par le locataire à la décharge du bailleur


(par exemple, l’impôt foncier, la taxe parcellaire…) ;

 des charges autres que les réparations locatives supportées par le locataire
pour compte du bailleur, et résultant ou non des conditions mises par le

30
second à la location de l’immeuble (cas de frais engagés pour les grosses
réparations).

Il ressort de ce qui précède et de l’article 3 de l’ordonnance-loi n°71/086 du 23


décembre 1973, modifiant la loi n° 69-009, que les redevables de l’impôt locatif sont,
d’une part, les propriétaires, les possesseurs ou les titulaires d’un droit réel
immobilier ; d’autre part, les bénéficiaires du profit brut de la sous-location des
bâtiments et terrains. Dans ce dernier cas, les revenus des époux sont cumulés, quel
que soit le régime matrimonial adopté, et l’impôt est établi au nom du mari.

L’on pourrait, non sans intérêt, s’interroger sur les raisons qui ont poussé le
législateur à décider, comme indiqué ci-haut, que l’impôt soit établi au nom du
mari ?

B. Taux de l’impôt

Le taux de l’impôt locatif est fixé à 22% du revenu brut de la location ou du profit
brut de la sous-location. Le mode de perception est la retenue à la source par le
locataire, à chaque terme, de 20% du loyer, et versement à l’administration fiscale au
nom et pour le compte du bailleur. Celui-ci ne paie que le solde éventuel au moment
du dépôt de la déclaration.

Enfin, il n’est sans intérêt d’indiquer, dans les termes de Buabua wa Kayembe, que
« c’est un impôt qui peut rapporter de nombreuses recettes, nonobstant la fraude
importante qui y est attachée ».

C. Exemptions

Bénéficient des exemptions, c’est-à-dire ni déclaration ni paiement de l’impôt, les


revenus locatifs de :

 L’Etat, les provinces et les entités territoriales décentralisées ainsi que les offices
et autres établissements publics de droit congolais n’ayant d’autres ressources
que celles provenant de subventions budgétaires ou qui assurent, sous la
garantie de l’Etat, la gestion d’assurances sociales (cas de la CNSS) ;

 Les associations sans but lucratif confessionnelles et non confessionnelles et les


établissements d’utilité publique ;

 Les organismes internationaux ;

 Les propriétaires des immeubles nouvellement construits, à partir du 1er janvier


1968, dans les provinces Orientale, Nord-Kivu, Sud-Kivu et Maniema jusqu’au 31

31
décembre de la cinquième année qui suit celle de l’achèvement de la
construction.

Cette disposition nécessite une mise à jour, compte tenu de l’évolution de la


subdivision administrative du pays. En effet, cette disposition a été édictée dans
l’intérêt notamment de faciliter le développement des provinces issue du
découpage de l’ancienne province du Kivu (grand Kivu). A ce jour, le dernier
regroupement territorial du pays a donné naissance à d’autres nouvelles
provinces pour le développement desquels des mesures d’incitation fiscale
devraient être prises.

§3. L’impôt sur les revenus mobiliers ou l’impôt mobilier

A. Base légale et matière imposable

L’impôt mobilier est aussi un impôt réel, car il vise à atteindre un élément
économique sans considération de la situation personnelle du contribuable.

Au regard de l’article 13 de l’Ordonnance-loi n° 69/009 prérappelée, l’impôt mobilier


ne frappe que les revenus produits par des capitaux mobiliers investis en République
Démocratique du Congo. En d’autres termes, les revenus générés par des capitaux
investis à l’étranger ne sont pas imposables.

Aux termes dudit article, la matière imposable de l’impôt mobilier est constituée des :

 Revenus des parts sociales ou d’actions des associés : En droit de sociétés


commerciales, une « part sociale » désigne un apport fait auprès d’une société
des personnes; tandis qu’une « action » renvoie à celui fait auprès d’une
société de capitaux.

 Intérêts d’obligations : une « obligation » est un « titre négociable, nominatif


ou au porteur, remis par une société commerciale ou une collectivité publique
à ceux qui lui prêtent des capitaux et dont la valeur nominale, lors de
l’émission, correspond à une division du montant global de l’emprunt ».

 Intérêts des capitaux empruntés à des fins professionnelles : le terme de


« capital » peut être appréhendé ici comme « l’ensemble des biens frugifères
d’une personne, des biens productifs qui lui rapportent des fruits ou lui
fournissent des produits ».

 Tantièmes : Un tantième est une « quote-part des bénéfices nets de l’exercice


et des réserves distribués, allouée aux membres du conseil d’administration

32
ou du conseil de surveillance d’une société anonyme, en rémunération de
leurs fonctions ».

 Redevances : Une redevance est une « rémunération de toute nature payée


pour l’usage ou la concession de l’usage d’un droit d’auteur ou d’un droit
connexe ».

Aux termes de l’article 13 point 8 de l’ordonnance-loi n° 69-009 prérappelée, une


redevance désigne une rémunération de toute nature payée pour l’usage ou la
concession de l’usage d’un droit d’auteur sur une œuvre littéraire, artistique ou
scientifique, y compris les films cinématographiques, d’un brevet, d’une marque de
fabrique ou de commerce, d’un dessin ou d’un modèle, d’un plan, d’une formule ou
d’un procédé secret ainsi que pour l’usage ou la concession de l’usage d’un
équipement industriel, commercial ou scientifique et pour des informations ayant
trait à une expérience acquise dans le domaine industriel, commercial ou scientifique.

De ce qui précède, l’on peut simplement déduire que les contribuables de l’impôt
mobilier sont les actionnaires et associés des sociétés commerciales, les obligataires et
les débiteurs sur intérêt, les administrateurs des sociétés commerciales ainsi que les
détenteurs des droits sur les œuvres de l’esprit et des droits voisins.

B. Taux de l’impôt et modalités de perception

En ce qui concerne le taux de l’impôt sous examen, il ressort de l’article 26 de


l’Ordonnance-loi n° 69-009, qu’il est de 20% établis en deux ordres distincts : en ce
qui concerne les redevances, il s’agit de 20% tirés de 70% de leurs montants totaux ;
tandis qu’il s’agit tout simplement de 20% du montant total pour les autres matières
imposables suscitées.

Enfin, la retenue à la source et le reversement au fisc des montants retenus


constituent les modalités de paiement de l’impôt mobilier. La déclaration et le
reversement s’effectuent dans les 10 jours qui suivent le mois pendant lequel les
revenus ont été payés au bénéficiaire, mis à sa disposition ou inscrits au compte
ouvert à son profit. L’impôt à charge des sociétés étrangères est reversé au plus tard
le 31 mars de l’année qui suit celle de la réalisation des revenus.

L’impôt mobilier est déclaré auprès du service gestionnaire du dossier fiscal du


redevable et reversé au compte du Receveur des Impôts auprès d’une banque agréée
ou de la CADECO.

33
§4. L’impôt sur les bénéfices et profits

A. Base légale et matière imposable

L’impôt sur les bénéfices des entreprises frappe les bénéfices réalisés par les
entreprises industrielles, commerciales, artisanales, agricoles ou immobilières, y
compris les libéralités et avantages quelconques accordés aux associés non-actifs
dans les sociétés autres que par actions.

Un bénéfice, en droit commercial, est tout gain pécuniaire ou gain matériel qui
s’ajouterait à la fortune des associés. Il n’est donc pas nécessaire que le gain soit
pécuniaire, pourvu qu’il soit appréciable en argent ; mais il doit consister en un
enrichissement positif, et non pas simplement en une économie d’une dépense.

Aux termes de l’article 30 de l’Ordonnance-loi n° 69-009 prérappelée, la matière


imposable de cet impôt est constituée de tous les bénéfices réalisés par une
entreprise, provenant de toutes les opérations traitées par ses établissements en
République Démocratique du Congo ainsi que tous accroissements des avoirs
investis en vue des susdites activités, y compris les accroissements résultant de plus-
value ou de moins-values, soit réalisées, soit exprimées dans les comptes ou
inventaires du redevable. Les concepts de « plus-value » et de « moins-value »
correspondent à la différence entre la valeur d’un bien à un moment donné et sa
valeur comptable, c'est-à-dire celle qui figure dans la comptabilité de l’Entreprise.

Il y a lieu de faire remarquer, par ailleurs, que l’impôt sous examen s’applique
également aux bénéfices obtenus, d’une part, soit par la vente, la cession ou l’apport
d’éléments d’actif quelconques affectés à l’exercice de la profession, de fonds de
commerce, contrats, brevets d’invention, marques de fabrique, procédés ou formules
de fabrication, études ou connaissances commerciales, droits de vente, de façonnage,
de fabrication ou autres analogues ; d’autre part, soit en contrepartie de la cessation
totale ou partielle de l’activité, de l’annulation d’un contrat d’achat ou de fourniture
ou de l’abstention de l’exercice de certains droits, et tout cela même en fin
d’exploitation ou après cessation de celle-ci.

Au regard de l’article 13 de la loi n° 004/2003 du 13 mars 2003 portant réformes des


procédures fiscales, les redevables de l’impôt sur les bénéfices sont les entreprises qui
réalisent des bénéfices et qui sont soumises au régime d’imposition de droit
commun, c’est-à-dire celui qui impose la déclaration fiscale des bénéfices, appuyée
par les documents réglementaires, à savoir le bilan, le tableau de formation du
résultat et du tableau économique, fiscal et financier complet, conformes aux modèles
diffusés par le Conseil Permanent de la Comptabilité au Congo.

34
Sont également redevables de l’IPB, les Petites Entreprises. En effet, l’article 5 de
l’ordonnance-loi n° 13/006 du 23 février 2013 portant régime fiscal applicable aux
entreprises de petite taille en matière d’impôt sur les bénéfices et profits, dispose que
« les Petites Entreprises sont imposées, en matière d’impôt sur les bénéfices et profits,
sur le chiffre d’affaires annuel réalisé ou à raison de toute somme
proportionnellement équivalente pour les périodes inférieures à un an ».

B. Taux de l’impôt et modalités de perception

En ce qui concerne le taux de l’impôt sur les bénéfices, jadis fixé à 35% du revenu net
des sociétés soumises au régime de droit commun2, c’est seulement récemment qu’il
a été ramené à 30% par la loi de finances de l’exercice 20193.

Quant au régime dérogatoire des entreprises de petite taille, le taux de l’impôt est
fixé, d’une part à charge des petites entreprises à concurrence de 1% pour les
activités de vente et 2% pour celles de prestation de services4, et d’autre part à charge
des micro-entreprises fixé à un forfait de 50 000 francs congolais par année5. Par
ailleurs, pour ce qui est des entreprises dont les revenus imposables sont constitués
totalement ou partiellement des bénéfices, et qui ne relèvent pas du régime
d’imposition des entreprises de petite taille, elles sont assujetties à un impôt
minimum fixé à concurrence de 1% du chiffre d’affaires déclaré, lorsque les résultats
sont déficitaires ou bénéficiaires mais susceptibles de donner lieu à une imposition
inférieure à ce montant 6 . Cette catégorie d’entreprises concerne notamment les
nouvelles entreprises innovantes (« startups ») qui, dotées d’un fort potentiel
de croissance économique, sont fréquemment à la recherche d’importantes levées
de fonds d’investissement et de spéculation financière sur leurs valeurs à venir.
Généralement, avant d’atteindre leur phase commerciale, les startups sont
caractérisées par un long cycle de recherche et de développement de leurs activités

2Article 83 de l’Ordonnance-loi n° 69/009 précitée.


3Article 17 de la Loi de finances n° 18/025 du 13 décembre 2018 pour l’exercice 2019.
4Article 6 de l’Ordonnance-loi n° 69/009 précitée. Par ailleurs, cette disposition précise que, dans

l’optique où la petite entreprise exerce simultanément les activités de vente et de service, les chiffres
d’affaires respectifs sont cumulés et imposés suivant l’activité principale.
5Article 11, alinéa 1er, de l’Ordonnance-loi n° 69/009 précitée.
6Voy. Article 92, litera 1), de l’Ordonnance-loi n° 69/009 précitée. Par ailleurs, les literas 2) et 3) du

même article disposent respectivement que « les personnes physiques ou morales en activité, qui ne réalisent
pas un chiffre d’affaires au cours d’une année, sont soumises au paiement d’un impôt forfaitaire au titre de
l’impôt sur les bénéfices et profits de : 2 500 000 francs congolais pour les grandes entreprises ; 750 000 francs
congolais pour les moyennes entreprises ; 30 000 francs congolais pour les entreprises de petite taille » et « les
personnes physiques ou morales en cessation d’activités, sans s’être fait radier, selon le cas, au registre du
commerce et du crédit mobilier conformément à l’article 97 de l’Acte uniforme de l’OHADA du 17 avril 1997
relatif au droit des sociétés commerciales et du regroupement d’intérêt économique ou de l’ordre de la
corporation, sont soumises au paiement d’un impôt forfaitaire fixé à : 500 000 francs congolais pour les grandes
entreprises ; 250 000 francs congolais pour les moyennes entreprises ; 30 000 francs congolais pour les
entreprises de petite taille.[…] ».

35
(produit innovant, test d’idée, validation de technologie ou de modèle économique,
etc.), avec pour effet d’avoir un niveau de risque d’échec très supérieur à celui
d’autres entreprises.

Quant aux modalités de paiement de l’impôt sur le bénéfice, elles sont déterminées
par la Loi n° 006/03 du 13 mars 2003 fixant les modalités de calcul et de perception
des acomptes et précomptes provisionnels de l’IPB, telle que modifiée et complétée
par l’ordonnance-loi n° 13/004 du 23 février 2013. En effet, le recouvrement de cet
impôt est effectué par voie d’ « acompte provisionnel». Le montant de l’impôt est
déclaré au titre de l’exercice précédent, augmenté des suppléments éventuels établis
par la DGI.

Les échéances sont d’un acompte avant le 1er août et un autre avant le 1er décembre
de l’année de réalisation des revenus imposables. Les deux versements sont à
déduire de l’impôt dû par le contribuable pour l’exercice fiscal considéré. Le solde de
l’impôt est versé au moment du dépôt de la déclaration y afférente.

Si les acomptes provisionnels versés sont supérieurs à l’impôt dû pour la même


année par le contribuable, les crédits constatés à son compte courant fiscal, peuvent,
à sa demande, servir au paiement d’autres impôts et droits dus.

C. Exemptions, exonérations et déductions

Le législateur fiscal a néanmoins prévu un certain nombre d’immunités, exonérations


et déductions en marge de l’impôt sur les bénéfices des entreprises. Sous certaines
conditions, les immunités concernent notamment les accroissements résultant des
plus-values non réalisées mais que le redevable a exprimées dans ses comptes ou
inventaires, sans aucunement les traiter comme bénéfices, à l’exception des
accroissements résultant de plus-values réalisées sur immeubles, outillage, matériel
mobilier, participations et valeurs de portefeuille, pour autant que le prix de
réalisation dépasse le prix d’acquisition ou de revient, tout en déduisant le montant
des amortissements déjà admis sur le plan fiscal.

Pour ce qui est des exonérations, elles concernent —sous réserve de réciprocité— les
bénéfices qu’une entreprise établie dans une juridiction étrangère retire dans
l’exploitation de navires ou aéronefs qu’elle détient en propriété ou en tant
qu’affréteur et qui font escale sur le territoire congolais pour le besoin de chargement
des cargaisons ou des personnes. Il en est de même des bénéfices qu’une entreprise
non-résidente ou non établie sur le territoire congolais retire en contrepartie d’une
souscription aux bons et obligations du trésor public. D’autres exonérations sont
également possibles en vertu du Code des investissements ou des lois particulières.

36
Quant aux déductions imputables sur l’impôt sous examen, elles concernent, sous
certaines conditions, notamment les pertes professionnelles d’un exercice comptable
—dont le cumul avec des exercices antérieurs (report des pertes limité à 5 exercices)
ne peut dépasser 60% du bénéfice fiscal avant imputations des toutes pertes— ainsi
qu’un certain nombre de charges professionnelles. En revanche, les provisions pour
faire face à des pertes, à des charges ou à des dépréciations d’éléments de l’actif, font
parties des dépenses non déductibles des revenus imposables, à moins qu’elles aient
été formées notamment pour reconstitution des gisements miniers ou si elles
cristallisent des provisions pour créances douteuses constituées par les
établissements de crédit (bancaires et autres institutions financières).

§5. L’impôt sur les revenus professionnels ou l’impôt professionnel sur les
rémunérations (IPR)

A. Remarques préliminaires

L’IPR est un Impôt cédulaire sur les revenus qui peut, en droit congolais, être
subdivisé en quatre parties, à savoir :

 L’impôt professionnel sur les rémunérations des salariés ;

 L’impôt professionnel sur les rémunérations des expatriés ;

 L’impôt professionnel sur les rémunérations des prestations libérales ou


l’impôt sur les professions libérales ; et

 L’impôt professionnel sur les bénéfices et profits des sociétés.

Dans les lignes qui suivent, les trois premières catégories de cet impôt professionnel
seront développées, l’IPB ayant déjà été développé au paragraphe précédent.

B. L’Impôt professionnel sur les rémunérations des salariés.

L’impôt professionnel sur les rémunérations (IPR) est un impôt retenu à la source,
qui est assis essentiellement sur les revenus ci-après, y compris certains avantages en
nature comptés pour leur valeur réelle :

(i) les rémunérations des personnes rétribuées par un tiers, de droit public ou de
droit privé, sans être liées par un contrat d’entreprise ainsi que celles des
associés actifs dans les sociétés autres que par actions comprenant notamment
les traitements, les salaires, les émoluments, les indemnités qui ne
représentent pas le remboursement des dépenses professionnelles effectives,
les gratifications, primes et toutes autres rétributions fixes ou variables, quelle
que soit leur qualification ;

37
(ii) les traitements des administrateurs, gérants, commissaires, liquidateurs des
sociétés, gouverneurs, régents, censeurs, et toutes personnes exerçant des
fonctions analogues ;
(iii) les traitements et jetons de présence des présidents délégués généraux, des
administrateurs et commissaires des entreprises publiques et sociétés
d’économie mixte, les traitements, salaires et avantages octroyés aux membres
des institutions publiques et aux agents de carrière des services publics ;
(iv) les traitements, salaires et avantages accordés aux membres des cabinets
politiques, les pensions de toute nature, quelles que soient les circonstances ou
les modalités qui en conditionnent l’octroi, ainsi que les sommes payées par
l’employeur ou le mandant, contractuellement ou non par suite de cessation
de travail ou de rupture de contrat d’emploi ou en louage de service ;
(v) la rémunération que l’exploitant d’une entreprise individuelle s’attribue ou
attribue aux membres de sa famille pour leur travail.

Sont donc considérés comme redevables de l’IPR, les personnes suivantes :

 Les travailleurs, employés ou salariés : personnes liées par un contrat de


travail, verbal ou écrit, contrat qui crée une situation de subordination du
bénéficiaire des revenus imposables vis-à-vis de son employeur.
 Les personnels politiques : Membres des cabinets politiques.
 Les mandataires publics : Administrateurs Délégués Généraux,
Administrateurs et Commissaires aux comptes des Entreprises étatiques et
sociétés d’économie mixte.
 Les mandataires sociaux dans les sociétés (Administrateurs, Gérants,
Commissaires aux Comptes, Liquidateurs).
 Les engagés locaux des missions diplomatiques.
 Les membres des Institutions publiques et agents de carrière des services
publics.
 Le travailleur occasionnel.

Ce sont les bénéficiaires des rémunérations qui sont contribuables réels de l’IPR ;
tandis que leurs employeurs en sont des redevables légaux.

Concernant le taux de cet impôt, il est calculé suivant un barème annuel à taux
progressif ci-après :7

• 3% pour la tranche de revenus de 0,00 FC à 1.944.000,00 FC ;


• 15% pour la tranche de revenus de 1.944.001,00 FC à 21.600.000,00 FC ;
• 30% pour la tranche de revenus de 21.600.001,00 FC à 43.200.000,00 FC ;
• 40% pour les revenus supérieurs à 43.200.000,00 FC.

7 Article 18 de la Loi de finances 2019.

38
A cet effet, le législateur énonce qu’en aucune manière, l’impôt dû ne peut excéder 30
% du revenu imposable. Il y a lieu de préciser que le revenu imposable est le revenu
brut après imputation des cotisations sociales et des déductions fiscalement
autorisées, telles que reprises dans la section précédente. C’est ce revenu imposable
qui sert de base au calcul des impôts à payer.

L’impôt établi en fonction du barème progressif ci-avant, est réduit d’une quotité de
2% pour chacun des membres de la famille à charge, avec un plafonnement fixé à 9
personnes. Les personnes considérées comme des membres de la famille à charge
sont (i) l’épouse, (ii) les enfants célibataires nés d’un ou de plusieurs mariages ou
hors mariage mais reconnus, ainsi que les enfants sous tutelle, (iii) les ascendants des
deux conjoints, à la condition qu’ils fassent partie du ménage du redevable.
Toutefois, les enfants célibataires et les ascendants ne sont considérés comme étant à
charge que pour autant qu’ils n’aient pas bénéficié personnellement pendant l’année
précédant celle de la réalisation des revenus, des ressources nettes ne dépassant pas
les revenus de la première tranche du barème progressif ci-avant. Au cas contraire,
ils feraient l’objet d’un foyer fiscal autonome.

Par ailleurs, les rémunérations versées au personnel domestique et aux salariés


relevant des Micro-entreprises sont imposées suivant les taux forfaitaires fixés par
voie d’Arrêté du Ministre ayant les Finances dans ses attributions. L’impôt
professionnel individuel y afférent est reversé par quotités trimestrielles. Dans cette
veine, l’article 2 de l’Arrêté ministériel n° CAB/MIN/FINANCES/2017/020 du 12
août 2017 fixant les taux forfaitaires de l’impôt professionnel sur les rémunérations
versées au personnel domestique et aux salariés relevant des micro-entreprises8, fixe
les taux à l’équivalent en francs congolais de 24 « dollars américains » pour un salarié
domestique et de 36 dollars américains pour un salarié d’une micro-entreprise.

Ne font pas l’objet de l’imposition (exonérations):

 les indemnités ou allocations familiales réellement accordées aux employés et


salariés dans la mesure où elles ne dépassent pas les taux légaux ;

 les pensions, rentes et indemnités accordées en vertu des lois qui régissent les
pensions de vieillesse, l'octroi de secours en cas d'invalidité prématurée ou de
décès ; les pensions aux invalides, aux veuves, orphelins et ascendants de
combattants, aux victimes d'accidents du travail ou de maladies professionnelles
et aux estropiés congénitaux ; les pensions alimentaires ;

8Texte non publié au Journal Officiel (jusqu’à ce jour), mais disponible sur le portail web de l’administration
fiscale : http://www.dgi.gouv.cd/documentation/arretes/407-arrete-ministeriel-n-cab-min-finances-020-du-12-
aout-2017.html (ressource consultée le 13 mars 2018).

39
 les indemnités et avantages en nature concernant le logement, le transport et les
frais médicaux pour autant que :
 l’indemnité de logement ne dépasse 30% du traitement brut ;
 l’indemnité journalière de transport soit égale au coût du billet pratiqué
localement avec un maximum de quatre courses de taxi pour les cadres et
quatre courses de bus pour les autres membres du personnel. Dans tous les
cas, la réalité et la nécessité du transport alloué à l'employé doivent être
démontrées ;
 les frais médicaux ne revêtent pas un caractère exagéré.

La déclaration de l’impôt dûment remplie, datée et signée, est souscrite chaque mois,
dans les dix jours qui suivent le mois au cours duquel les rémunérations ont été
versées ou mises à la disposition des bénéficiaires.

Ces impôts sont reversés au moment du dépôt de la déclaration. Celle-ci est effectuée
auprès du service gestionnaire du dossier fiscal du redevable et la dette de l’impôt
reversée au compte du Receveur des impôts auprès d’une banque agréée ou de la
CADECO.

Illustration 1 :

Soit un salaire mensuel net imposable de FC 21 600 000,00 payé au mois de juillet 2019 à un employé
ayant 4 personnes à sa charge (épouse et 3 enfants). Avant réduction pour charges de famille, l’impôt
professionnel sur la rémunération correspondant à un salaire mensuel net imposable de FC 21 600 000,00
est de FC 3 240 000,00, selon le barème légal progressif tel que précisé ci-après :

N° Taux Tranche de revenus


(en (En CDF)
%)
1 3 De 0,00 À 1 944 000,00
2 15 De 1 944 001,00 À 21 600 000,00
3 30 De 21 600 001,00 À 43 200 000,00
4 40 De 43 200 001,00 À plus

Reprenons notre exemple en y appliquant la réduction pour charges de famille correspondante, soit pour 4
personnes, et la situation se présentera comme ci-après :

 Réduction : 2 % x 4 personnes à charge = 8 % de FC 3 240 000,00 = FC 259 200,00


 Calcul de l’impôt dû : FC 3 240 000,00 - FC 259 200,00 = FC 2 980 800,00
 Conclusion : l’IPR pour salaire mensuel net imposable de FC 21 600 000,00 avec 4 personnes à
charge vaut effectivement FC 2 980 800,00.

Exercices pour étudiants :

 Soit un salaire mensuel net imposable de FC 23 350 000,00 payé au mois d’avril 2019 à un employé
ayant 3 personnes à sa charge (épouse et 2 enfants). Quid de l’impôt à payer effectivement ?
 Soit un salaire mensuel net imposable de FC 35 410 000,00 payé au mois de janvier 2020 à un employé
ayant 8 personnes à sa charge (épouse, 5 enfants et 2 parents). Quid de l’impôt à payer effectivement ?

40
C. L’impôt professionnel sur les rémunérations des expatriés

Par Ordonnance-loi n°69-007 du 10 février 1969, le législateur fiscal congolais a


institué un impôt exceptionnel sur les rémunérations du personnel expatrié.

Cet impôt a été institué dans le but de favoriser l’embauchage de la main-d’œuvre


nationale en décourageant celui des étrangers. C’est la raison pour laquelle cet impôt
ne peut être mis à la charge du bénéficiaire des rémunérations mais doit être
supporté par l’employeur lui-même, personne physique ou morale.

A la lecture des articles 2, 4 et 5 de l’Ordonnance-loi n°69-007 prérappelée, cet impôt


est assis sur le montant brut des rémunérations payées par l’employeur à son
personnel expatrié. Les employeurs en sont à la fois contribuables et redevables.

Le taux de cet impôt est de 25%. Il est acquitté mensuellement dans les mêmes
conditions et délais que l’impôt professionnel sur les rémunérations.

Enfin, les modalités de perception de cette imposition sont les mêmes que celles de
l’IPR. Les exemptions concernent :

• L’Etat et ses entités déconcentrées ou décentralisées ;

• Les ASBL et les établissements d’utilité publique ;

• Les organismes internationaux ;

• Les missions diplomatiques et consulaires, sous réserve de réciprocité.

D. L’impôt professionnel sur les rémunérations des prestations libérales ou


l’impôt sur les professions libérales

Par « professions libérales », on entend les professions exercées librement par les
membres des ordres (organismes professionnels) bénéficiant du monopôle pour
l’exercice desdites professions dans le territoire national et dont l’adhésion est
obligatoire au tableau de l’ordre.

Une profession libérale est celle où l’activité intellectuelle joue le rôle principal, qui
consiste dans la pratique personnelle d’une science ou d’un art, et dans laquelle il y a
absence d’un lien de subordination à un superviseur hiérarchique. C’est le cas des
professions d’Avocat, de Médecin, de vétérinaire, d’Architecte, d’Ingénieur-conseil,
d’Ecrivain, d’Artiste, etc.

Aux termes de l’article 27 points 3 et 4 de l’ordonnance-loi n° 69-009 précitée, l’impôt


professionnel atteint les profits, quelle que soit leur dénomination, des professions

41
libérales, charges ou offices, ainsi que les profits, quelle qu’en soit la nature, des
occupations lucratives.

Le régime d’imposition de l’impôt professionnel sur les rémunérations des


prestations libérales, charges ou offices et occupations lucratives, est déterminé par
l’Arrêté Ministériel n° 021/CAB/MIN/FIN/97 du 8 octobre 1997. Les bases
forfaitaires minima varient, selon les professions et activités visées, d’USD 40 à USD
1000, payables en équivalent en CDF. Ces bases minima subissent les abattements
suivants, lorsque la profession est exercée :

• A Kinshasa : 20% pour tous les contribuables exerçant leurs activités


imposables dans les localités de 3ème et 4ème rangs, c'est-à-dire tous les
quartiers des communes de Kalamu, Kasa-Vubu, Bandalungwa, Kinshasa,
Ngiri-Ngiri, Kintambo (exceptés le quartier Jamaïque et le Centre
Commercial), Lemba (Exceptés les quartiers Gombele, Camp Riche et
Salongo), Barumbu (Excepté le quartier Bon Marché), Lingwala (Exceptés les
quartiers Boyata et Golf), Matete (Excepté le quartier des Marais), Masina
(excepté le quartier Sans Fil), Ndjili (excepté les quartiers 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7 et 12)
et enfin Mont-Ngafula (exceptés les quartiers Maman Yemo et Maman
Mobutu).

• En provinces : 25% dans les villes et 50% dans les autres localités.

Section 3. L’impôt sur les biens et services : la TVA


§1. Remarques introductives

La TVA est l’impôt indirect sur la dépense que la plupart des pays ont intégré dans
leur législation, compte tenu de sa neutralité économique et de sa relative simplicité.
Mise en place en France en 1954, elle est devenue peu à peu l'impôt sur la
consommation dans plusieurs pays du monde (pratiquement 150 pays) y compris la
RDC depuis le 1er Janvier 2012, conformément à l’Ordonnance-loi n° 10/001 du 20
août 2010 portant institution de la Taxe sur la Valeur Ajourée, en remplacement de
l’Impôt sur le Chiffre d’Affaires institué par Ordonnance-loi n° 69-058 du 5 décembre
1969.
Il ressort de l’Ordonnance-loi n°10/001 du 20 août 2010 précitée ainsi que des
différents textes légaux et règlementaires y relatifs, que la TVA vise les buts et/ou
objectifs suivants :
• Moderniser le système d’imposition indirecte en palliant les faiblesses de
l’ICA (caractère cumulatif et étroitesse de la base d’imposition) ;

42
• Améliorer la compétitivité des produits de fabrication locale par rapport à
ceux importés ;
• Améliorer la rentabilité du système fiscal congolais ;
• Améliorer l’attractivité du pays à l’investissement ;
• Faciliter l’intégration de la RDC dans les regroupements économiques sous
régionaux.
La TVA est donc un impôt général sur la consommation qui frappe tous les biens et
services. Elle est un impôt unique. En effet, alors que l’ICA était un impôt cumulatif qui
frappe toute vente de produits à chaque fois qu’elle survient, augmente d’autant plus le
prix facturé au consommateur final que le nombre d’intermédiaire ; la TVA elle, quelle
que soit la longueur du circuit de distribution, toutes les fois qu’un opérateur
économique achète des biens ou des services, il peut déduire la TVA payée à ses
fournisseurs de la TVA qu’il facture à ses clients. La TVA pour lui ne constitue pas un
coût à incorporer dans le prix de revient du bien ou service.
De manière un peu particulière par rapport aux autres impôts que nous avons
analysés précédemment, en ce qui concerne la TVA nous seront légèrement très
explicite, étant donné qu’elle constitue une innovation en droit fiscal congolais. Dans
les lignes qui suivent, nous passerons en revue tour à tour : le champ d’application et
les exonérations (§2) ; les modalités du fait générateur et d’exigibilité (§3) ; la base
d’imposition et le taux (§4) ; le régime des déductions (§5) ; les obligations
administratives, déclaratives et contributives des redevables (§6) ; la liquidation, le
recouvrement et le remboursement (§7) ; enfin, les procédures et les pénalités (§8).

§2. Champ d’application et exonérations

Au regard des dispositions de l’article 3 de l’Ordonnance-loi n° 10/001 déjà citée,


sont soumises à la TVA, les opérations relevant d’une activité économique et
effectuées à titre onéreux par un assujetti agissant en tant que tel. Lesdites
opérations sont soumises à la TVA, lorsqu’elles sont réalisées en RDC. Les activités
économiques correspondent aux livraisons des biens et aux prestations des services.
Ces activités sont industrielles, commerciales, agricoles, agro-industrielles,
extractives, artisanales et celles de profession libérale ou assimilées.

Sont assujettis à la TVA, les personnes physiques ou morales, y compris l’Etat, les
provinces, les ETD et les organismes de droit public qui effectuent de manière
indépendante, à titre habituel et occasionnel, des opérations économiques.
Sont exclus :
• les salariés ;
• personnes liées par un contrat de travail ;
• personnes concernées par tout autre rapport juridique créant un lien de
subordination.
43
Il importe de relever, pour les personnes physiques ou morales, que pour être
assujettis, il est tenu en compte le chiffre d’affaires annuel. En effet, les personnes
physiques ou morales sont assujetties à la TVA lorsqu’elles réalisent un chiffre
d’affaires annuel égal ou supérieur à un montant fixé par le Ministre ayant les
finances dans ses attributions. Lorsque le chiffre d’affaires annuel devient inférieur
au seuil, l’assujetti conserve cette qualité les deux années suivant celle de la
constatation de la diminution du chiffre d’affaires. Lorsque le chiffre d’affaires réalisé
par un assujetti devient inférieur au seuil fixé, la personne conserve sa qualité les
deux années suivant celle de la constatation de la diminution du chiffre d’affaires.
Notons qu’il existe aussi des cas particuliers des personnes morales de droit public
qui sont assujetties à la TVA. Précisons vite qu’elles ne sont pas assujetties à la TVA
pour l’activité de leurs services administratifs, sociaux, éducatifs, culturels et
sportifs, seulement lorsque leur non assujettissement n’entraine pas de distorsions
dans les conditions de la concurrence.
Par ailleurs, il est prévu une liste des exonérations limitativement établie par
l’Ordonnance-loi n° 10/001 précitée. Ces exonérations sont uniquement justifiées
par des considérations d’ordre social, fiscal (éviter la double imposition) et
diplomatique. Il est ainsi interdit de faire une interprétation par analogie ou
similitude ainsi que d’accorder d’autres exonérations par des lois spécifiques ou des
conventions particulières.
§3. Modalités du fait générateur et d’exigibilité

Le fait générateur de la TVA est constitué notamment du (de la) :


• Livraison, mise en consommation, pour les ventes de biens meubles corporels ;
• Exécution de services pour les PS et travaux immobiliers ;
• Franchissement des frontières lors de l’importation ou sortie des zones
franches ;
• Mutation de propriété pour les travaux immobiliers ;
• Encaissement du prix ou d’acompte pour les prestations de services.
La dette fiscale de la TVA est exigible :
• Lors de la réalisation du fait générateur, pour les livraisons de biens ;
• A l’encaissement pour les prestations des services et les travaux immobiliers ;
• Au moment de l’enregistrement de la mise à la consommation en RDC pour
les biens importés ou sortis de zone franche ;
• A l’échéance en cas d’escompte de l’effet de commerce ;
• A l’échéance des intérêts ;
• A la date de mutation pour les biens immobiliers.

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§4. Détermination de la base d’imposition et du taux

La base d’imposition de la TVA est constituée de toutes les sommes, valeurs, biens
ou services perçus en contrepartie de l’opération, y compris les subventions ainsi que
tous les frais, impôts, droits et taxes de toute nature y afférente, à l’exclusion de la
TVA elle-même.
Les impôts, droits et taxes concernés sont ceux constituant des charges d’exploitation
pour les redevables.
Le taux de la TVA est unique et est fixé à 16%. Un taux de 0% est applicable pour les
exportations, dans le but de maintenir les entreprises exportatrices dans le champ de
la déductibilité, en vue de garantir la compétitivité de leur production.

§5. Régime des déductions

La TVA payée ou supportée en amont, lors des importations ou des opérations


effectuées à l’intérieur, est déduite de celle collectée, le solde étant reversé au fisc.

A cet effet, au fond, le droit à déduction prend naissance lorsque la taxe devient
exigible chez le fournisseur assujetti aussi, c’est-à-dire lorsque ce dernier commence
lui-même à collecter la TVA. Le droit à déduction est exercé jusqu’à la fin du
premier exercice fiscal qui suit au cours duquel la taxe est devenue exigible.
L’assujetti dispose de deux ans pour commencer à opérer cette déduction, sinon ce
droit est perdu et la taxe collectée devient totalement acquise au Trésor. Par contre,
lorsque l’on a commencé à opérer la déduction dans le délai, celle-ci continuera à être
effectuée indéfiniment.

La déduction de la TVA supportée lors des achats de biens et services s’effectue par
application d’un prorata pour les entreprises qui réalisent aussi bien les opérations
taxables (dans le champ) que les opérations non taxables (hors champ ou exonérées).
Ce prorata est le rapport entre le chiffre d’affaires annuel relatif aux opérations
ouvrant droit à déduction et le chiffre d’affaires total.
Dans la forme, pour être déductible, la TVA doit figurer sur une facture délivrée par
un assujetti immatriculé et mentionnant son « Numéro Impôt » ainsi que son code
d’enregistrement.

Par ailleurs, les modalités de régularisation s’effectuent par le reversement partiel ou


total de la TVA déduite en cas de sortie de l’actif immobilisé, en cas de ventes à perte,
ventes annulées ou factures impayées. Les biens amortissables sont calculés hors
taxe.

45
Enfin, le crédit de TVA dégagé au cours d’un mois est à imputer sur la déclaration du
mois suivant ou sur les déclarations des mois suivants jusqu’à épuisement. Ce crédit
ne peut pas être cédé.
Le crédit de TVA n’est remboursable que pour : les entreprises exportatrices ; les
entreprises en cessation d’activités ; les entreprises ayant perdu la qualité d’assujetti ;
les entreprises qui réalisent les investissements lourds et dont les projets, agréés au
régime général du Code des investissements, dépassent un montant équivalent à
USD 200.000.

§6. Obligations administratives, déclaratives et contributives des redevables

Tout redevable de la TVA est tenu de souscrire chaque mois, au plus tard le 15 du
mois qui suit celui de la réalisation des opérations, une déclaration en double
exemplaire, accompagnée du paiement de la TVA.
Toutefois, la déclaration doit être souscrite même si aucune opération imposable n’a
été réalisée au cours du mois concerné. Dans ce cas, elle est revêtue de la mention «
Néant ».
Toute personne assujettie à la TVA doit tenir une comptabilité régulière comportant
notamment un livre-journal, une balance des comptes, un journal de ventes, un
journal d’achats, un livre d’inventaire et un livre des immobilisations.
Par ailleurs, tout redevable de la TVA doit délivrer une facture ou un document en
tenant lieu pour les biens livrés ou les services rendus à un autre redevable.
La facture est donc indispensable car pour, être déductible, la TVA doit figurer sur
une facture ou un document en tenant lieu dûment délivré par un assujetti. En cas
d’importation, la TVA doit figurer sur la déclaration de mise à la consommation
établie par les services de douanes.
Au regard du caractère obligatoire des mentions qui doivent figurer dans la
facture, qu’adviendrait-il en cas d’erreur de bonne foi sur la facture et en cas des
factures fictives ?
Un assujetti peut effectuer des erreurs sur la facture, de bonne foi. Dans ce cas, le
législateur a prévu des mécanismes de correction si la bonne foi de l’émettrice de la
facture erronée est démontrée. En effet, les assujettis peuvent émettre une facture
rectificative qui leur permettra de rétablir la vérité des opérations effectuées.
Mais pour les cas de mauvaise foi, la situation est autre. En effet, il est tentant de
créer des factures fictives permettant d'alléger la charge fiscale, voire de se créer des
créances de TVA.

46
Concernant l’émetteur de la facture, l’Ordonnance-loi n° 10/001 du 20 aout 2010 déjà
citée, prévoit un certain nombre de règles qui sont exclusivement destinées à
combattre la fraude :
• Toute personne mentionnant la TVA sur une facture est redevable de cette
TVA du seul fait de sa facturation ;
• Lorsque la facture ne correspond pas à la livraison d'une marchandise ou à
l'exécution d'une prestation de service ou lorsque la facture fait état d'un prix
qui n'est pas celui effectivement acquitté par l'acheteur, la taxe est due par la
personne qui l'a facturée : pour les factures fictives ou celle avec un montant
surévalué, l'auteur supportera la TVA.
Concernant le destinataire de la facture, la règle générale consiste à ce que la TVA qui
ressort de cette facture ne pourra pas être déduite par le destinataire de la facture.
Enfin, l’obligation de reversement n’exclut pas l’application des sanctions liées à la
facturation illégale de la TVA prévue par la Loi.

§7. Liquidation, recouvrement et remboursement de la TVA

La TVA est mensuellement et obligatoirement déclarée à la DGI en double


exemplaire accompagnée du paiement souscrit au plus tard le 15 de chaque mois.
Elle est liquidée sur déduction de la TVA payée en amont ou mention « néant » en
cas d’absence d’opérations.

La TVA à l’importation est perçue par l’Administration des douanes. Les


exportateurs sont tenus d’annexer à la déclaration mensuelle, les documents
douaniers et les documents d’exports du mois précédent. Le remboursement de TVA
est calculé sur le montant des exportations.

§8. Régime des pénalités

L’Ordonnance-loi n° 10/001 prévoit, outre les pénalités fiscales prévues par la Loi n°
004/2003 du 13 mars 2003 portant réforme des procédures fiscales, d’autres pénalités
spécifiques en matière de TVA pour sanctionner notamment: l’absence de déclaration
d’assujettissement dans le délai ; la mention abusive de la TVA sur une facture ou un
document en tenant lieu; l’émission d’une fausse facture comprenant la TVA; la
falsification d’une facture présentée en justification d’une déduction; l’absence de
facture ou de document en tenant lieu; l’utilisation d’une fausse facture pour le
remboursement du crédit de la TVA; toute déduction effectuée et ne correspondant
pas, en partie ou en totalité, à une acquisition de biens ou à une prestation de
services.

47
Section 4. Autres impôts indirects : droits des douanes et
droits d’accises
D’emblée, il convient de noter que l’étude des droits des douanes et ceux d’accises ou
de consommation, relève en principe du cours de « Droit douanier », « Législation
douanière » ou « Gestion douanière », selon la dénomination propre à chaque
université.

Cependant, dans le cadre de ce cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise, nous


allons relever les grandes lignes de ces impositions indirectes, telles que conçues par
le législateur congolais au travers notamment de l’ordonnance-loi n° 10/002 du 20
août 2010 portant code des douanes et l’Ordonnance-loi n° 18-002 du 13 mars 2018
portant Code des accises. Nous n’allons pas nous intéresser aux procédures ainsi
qu’aux contentieux douaniers, qui relèvent strictement des disciplines prérappelées.

§1. Droits de douane

A. Considérations générales sur les droits de douane

Le droit de douane est un impôt prélevé sur une marchandise importée lors de son
passage à la frontière. Ces droits peuvent être forfaitaires ou représenter un
pourcentage du prix (droits « ad valorem »).
En rendant plus chers les produits étrangers, cette pratique cherche à en décourager
la consommation et à favoriser les industries locales. C'est pourquoi le droit de
douane constitue l'un des principaux instruments du protectionnisme.
Historiquement, ce mécanisme de taxation des flux de marchandises est très ancien.
On le retrouve dans l’histoire de la fiscalité dans l'Antiquité, en Égypte, en Grèce, à
Rome, au Moyen-Orient et dans l'Europe du Moyen Âge. Les droits de douane
désignent les taxes perçues par l'administration douanière dans le cadre de ses
activités.
Les droits de douanes ne sont payés, en principe, qu'à l'importation. Dans certains
pays, des droits de douane existent cependant à l’exportation. C’est le cas, en
Afrique, pour des matières premières comme le bois par exemple. Une taxation est
aussi possible à la réexportation de produits importés en suspension.
Pour connaître le montant des droits à payer, l’administration se base sur quatre
éléments distincts, tels qu’indiqués dans ce tableau :

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ÉLEMENT COMMENTAIRES

Généralement, la douane retient la valeur transactionnelle, la valeur


Valeur de la de la marchandise au lieu d'introduction. Elle est souvent différente
marchandise de la valeur commerciale, l'écart venant du coût transport pris en
compte.

C'est la nature du produit importé. Une nomenclature internationale


est utilisée, le système harmonisé (6 chiffres) de l’Organisation
Espèce tarifaire Mondiale des Douanes (OMD). L’Union européenne rajoute deux
chiffres pour constituer la nomenclature combinée. Par exemple, NC
3102 30 10 désigne le "nitrate d'ammonium en solution aqueuse", etc.

À ne pas confondre avec la provenance. Le certificat d’origine est le


Origine de la
document nécessaire pour la prouver. Il permet de bénéficier de
marchandise
préférences tarifaires.

À l’importation, le coût du transport jusqu'à l'entrée dans le pays,


Prix du
supporté par l'acheteur selon l'incoterm de vente, entre dans
transport
l'assiette (Assiette fiscale) du calcul des droits de douane.

Certains droits de douane peuvent être réduits (par exemple, le système de


préférence généralisé - SPG), nuls (tels que les accords bilatéraux entre l'union
européenne et d'autres pays ou groupes de pays) ou augmentés temporairement
(comme les droits anti-dumping). Le régime de la destination particulière permet de
bénéficier de la réduction ou des suspensions de droits si la marchandise est affectée
à une destination réglementaire prévue.

Les droits de douane doivent être distingués des taxes nationales, comme la TVA,
que l'importateur doit également payer. On peut préciser que l'assiette de calcul de la
TVA est la valeur de la marchandise (droits de douanes inclus).

B. Le régime douanier congolais

En République Démocratique du Congo, les droits de douanes sont dus tant à


l'importation qu'à l'exportation pour ce qui concerne certains produits.

1) Droit de douane à l'importation


Les droits de douane à l'importation sont assis sur la valeur CAF des marchandises.
Le tarif douanier à l'importation est le suivant :

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TAUX EXEMPLE DE BIENS
Produits chimiques
5% Machines - outils
Matériel de transport de marchandises
Farines
10 % Agrégats
Essence, gasoil, kérosène
Vêtements
20 % Mobilier
cigarettes

Les biens importés sont également soumis lors du passage du cordon douanier aux
taxes suivantes :
 La TVA à l'importation ;
 Pour certains, les droits de consommation et d'accises ;
 Diverses taxes parafiscales.
La règlementation douanière prévoit également certains suspensifs tels que
l'admission temporaire.

2) Droit de douane à l'exportation

Les droits de douane à l'exportation s'appliquent à certaines catégories de


marchandises de production locale, lesquelles sont :
 Le café vert ;
 Le courant électrique ;
 Les produits minéraux et leurs concentrés ;
 Les huiles minérales ;
 Le bois en grume ;
 Les mitrailles.

La valeur en douane à l'exportation desdites marchandises est fixée soit par Arrêté
ministériel sur proposition de l'administration des douanes, soit, à défaut d'Arrêté,
par référence à la valeur que les marchandises ont au moment où elles quittent la
RDC.
Les taux des droits de douane à l'exportation sont les suivants :

50
TAUX EXEMPLE DE BIENS
Café
1%
Energie électrique
Diamant d'exploitation artisanale
1,5 %
Or d'exploitation artisanale
Diamant d'exploitation industrielle
3%
Or d'exploitation industrielle
5 % Minerais (cuivre, nickel, plomb,...)
6 % Bois brut
Argent
10 % platine

§1. Droits d’accise ou de consommation

A. Considérations générales

Le droit d’accise est un impôt indirect perçu sur la consommation, parfois aussi le
seul commerce de certains produits, en particulier le tabac, l’alcool et le pétrole et ses
dérivés.

L’accise est une taxe qui porte sur une quantité et non sur une valeur : ainsi la taxe
sur les alcools consiste à prélever n euros/dollars/franc par hectolitre d'alcool
vendu. Au contraire, une taxe ad valorem porte sur la valeur d’un bien ou d'un
service, comme la TVA. Le terme accise provient d'un impôt britannique, l'excise
prélevé sur les boissons en 1650, lui-même dérivé du terme néerlandais accijns, un
impôt sur la consommation. Il s'agit donc d’un droit à acquitter pour accéder à la
consommation de certains produits. Dans certaines régions de l'ouest de la France
par exemple, on connaît plus communément cette taxe sous le terme « acquis ».

En général, cette taxe frappe l'alcool et les boissons alcoolisées, les tabacs fabriqués
(cigares, cigarettes, etc.), les produits énergétiques (pétrole, gaz, etc.), les véhicules ou
les produits dits « de luxe ». Le but recherché par le législateur est de dissuader la
consommation de produits qu'il considère comme ayant une externalité négative ;
mais parfois aussi l’accise frappe le thé ou le café (bien que leur justification sur ces
produits soit aujourd'hui contestée car le but n'est pas d'en dissuader la
consommation).

Plus récemment, l'accise a été introduite sur certaines formes de transports


considérés comme polluants (comme le transport aérien) ou sur la consommation de
produits générateurs de déchets polluants peu ou pas recyclés, ou nuisibles à la
protection de l’environnement (comme les produits électroniques, certains
emballages plastiques, etc.).

51
Il s’agit de plus anciennes sources de revenu des gouvernements du monde entier.

Les droits de douane, quand ils existent, s’appliquent en sus aux produits importés
(sauf dans les unions fiscales et douanières comme l’Union européenne). En
revanche, les droits et taxes d'accise sont prélevés même sur des produits fabriqués
localement, en particulier tabac et alcool, et peuvent être prélevés indépendamment
de leur origine (que ces produits soient importés ou non).

B. Matières imposables, faits générateurs et taux

Sont concernés par les droits de consommation et d’accises, les biens suivants :
 Les alcools et les boissons alcooliques ;
 Les boissons gazeuses ;
 Les huiles minérales (essence, pétrole, jet A1, gasoil...) ;
 Les tabacs ;
 Les sucres ;
 Les ciments hydrauliques ;
 Les allumettes ;
 Les parfums liquides alcooliques.
Le fait générateur des droits de consommation et d’accises est :
 La production en République Démocratique du Congo des biens de
consommation soumis aux droits ;
 L'importation desdits produits en RDC ;

Les droits de consommation et d’accises se cumulent à l’importation avec les droits


de douane et la TVA à l’importation.
A l’importation, l’assiette des droits de consommation et d’accises est la valeur CIF
augmentée des droits de douanes, à l’exception des huiles minérales dont l’assiette
est le Prix Moyen Frontière fiscal.

Les taux des droits de consommation et d'accises varient de 5 % à 40 % selon les


produits concernés.

52
Chapitre 2 : Les régimes d’imposition exceptionnelle

Dans ce chapitre, il sera question d’analyser successivement quelques régimes


d’imposition exceptionnels. Ils sont ainsi qualifiés, car ils s’écartent en général des
principes généraux applicables au régime de droit commun. Il s’agit notamment de :

• La fiscalité pétrolière,
• La fiscalité minière ;
• La fiscalité forestière ;
• La fiscalité des investissements ;
• La fiscalité des services publics et d’établissements publics;
• La fiscalité des entreprises publiques ou services publics transformées en
sociétés commerciales ;
• La fiscalité des Associations Sans But Lucratif (ASBL) ;
• La fiscalité des Entreprises de petite taille, et
• Le régime fiscal et non fiscal applicable aux conventions de collaboration et
aux projets de coopération.

Section 1. La fiscalité pétrolière


§1. Fondement juridique

Les sociétés concessionnaires d’hydrocarbures sont soumises exclusivement au


régime d’imposition conventionnelle. Elles sont régies par deux conventions
particulières et les différents avenants y relatifs, à savoir :

• la Convention du 9 août 1969 entre la RDC et le groupe CHEVRON ;


• la Convention du 11 août 1969 entre la RDC et le groupe PERENCO REP.

§2. Caractéristiques du régime

Le régime des hydrocarbures est « conventionnel », c’est-à-dire, c’est la convention


entre l’Etat congolais et une société pétrolière qui détermine les droits et les
obligations fiscales applicables à cette dernière.

Il convient de noter que les pétroliers producteurs sont soumis tous aux mêmes
obligations, et ce, conformément à l’article 12 des conventions originaires qui dispose
que « l’Etat garantit aux sociétés le bénéfice de toutes dispositions législatives ou
réglementaires plus favorables qui seraient accordées à une autre entreprise exerçant
une activité similaire dans la République Démocratique du Congo ».

53
§3. Bénéficiaires et conditions d’éligibilité

Les sociétés pétrolières qui acceptent d’exploiter le pétrole en RDC, sont les
bénéficiaires de ce régime d’imposition.

Par ailleurs, il n’y a pas de conditions spéciales. La société qui accepte de mener des
recherches et d’exploiter le pétrole en RDC doit signer une convention avec l’Etat
congolais, laquelle déterminera les droits et les obligations des parties.

§4. Avantages du régime

Les sociétés concessionnaires d’hydrocarbures bénéficient, pour leurs activités en


RDC, des exemptions d’impôts suivantes prévues par l’article 93 de l’Ordonnance-
Loi n° 67-231 du 11 mai 1967 portant législation générale sur les mines et
hydrocarbures:

1°) l’impôt sur le revenu ;


2°) l’impôt mobilier ;
3°) l’impôt personnel ;
4°) l’impôt sur le chiffre d’affaires à l’exportation ;
5°) l’impôt sur les concessions minières et d’hydrocarbures ;
6°) l’impôt sur les véhicules.

§5. Obligations et sanction

A. Obligations

Les sociétés pétrolières payent à l’Etat des obligations fiscales suivantes :

1) Une royaltie ou royalty


Une royaltie est un « ensemble de redevances dues, en échange d'un droit
d'exploitation ou de passage, au propriétaire d'un terrain, au gouvernement d'un
pays étranger par la société qui exploite un gisement (pétrolifère en particulier) sur
ce terrain, dans ce pays ou qui y fait passer un oléoduc, un gazoduc ».

Au début, l’article 6 des conventions originaires prévoyait un prélèvement au profit


de l’Etat au taux de 10% de la valeur à la tête de puits des hydrocarbures liquides
produits ou gazeux vendus.

Mais, depuis la signature d’avenants n° 1 des deux conventions de base, ce


prélèvement au profit de l’Etat en terme de royaltie est passé de 10% à 12,5% de la
valeur de la production au point d’exportation, c’est-à-dire, le prix FOB au jour de
ventes déduit des frais de passage et de stockage dans le « terminal MIOC ou
CHEVRON ».

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2) Un impôt spécial forfaitaire sur les bénéfices
L’article 6 des conventions de base prévoyait un impôt spécial forfaitaire au taux de
50% sur les bénéfices nets imposables. Cependant, sous les avenants n° 5 du 08
janvier 1982 pour CHEVRON et n° 8 du 17 novembre 2001 pour PERENCO REP, cet
impôt est rabattu au taux de 40%.

3) Des impôts pour lesquels elles sont redevables légales, c’est-à-dire, des
simples collectrices d’impôts notamment

 L’impôt professionnel sur les rémunérations des nationaux et des expatriés ;


 la retenue locative ;
 Le précompte BIC sur les prestations de services et sur travaux immobiliers
lorsqu’elles sont bénéficiaires des services ou des travaux effectués par les
entreprises ne relevant pas de la compétence de la DGE et de celle des Centres des
Impôts.

En dehors de la redevance et des impôts énumérés ci-haut, aucune autre taxe, impôt,
droit, redevable de quelque nature que ce soit, nationale, provinciale ou communale,
présente ou future ne sera supportée par les sociétés pétrolières ni par leurs
actionnaires et leurs acheteurs à l’exportation sur leurs revenus et leurs activités en
RDC.

B. Sanction : la déchéance

L’Etat peut prononcer la déchéance des sociétés titulaires des droits sur les
hydrocarbures au cas où celles-ci, après avoir été régulièrement mise en demeure,
n’auraient pas remédié dans les six mois à l’inexécution de leurs obligations.

Par exception, la déchéance ne peut être prononcée :

• s’il y a contestation entre la société et l’Etat à la suite d’une infraction ;

• si la société a entamé la procédure d’arbitrage dans le délai de deux mois suivant


la mise en demeure.

Les différends nés de l’application ou de l’interprétation des conventions de base


sont tranchés, en dernier ressort, à Paris (France) suivant le Règlement de
conciliations et d’arbitrage de la Chambre de Commerce Internationale.

55
Section 2. La fiscalité minière
§1. Fondement juridique

A l’instar de la fiscalité pétrolière, il y a deux textes de base qui réglementent la


fiscalité minière :

• Loi n° 007/2002 du 11 juillet 2002 portant Code minier, telle que modifiée et
complétée par la loi n° 18/001 du 9 mars 2018 ;

• Décret n° 038/2003 du 26 mars 2003 portant Règlement Minier, tel que


modifié et complété par le décret n° 18/024 du 08 juin 2018.

§2. Caractéristiques du régime

Il importe de noter que le régime fiscal et douanier institué par le Code Minier est
Unique pour tous les exploitants miniers. C’est ce qui ressort des articles 219 et 220.

Le Code Minier a mis en place un régime fiscal et douanier unique applicable à tous
les exploitants miniers en ce sens que toutes les activités minières réalisées sur le
territoire national sont soumises uniquement au Régime fiscal et douanier défini par
le Titre IX du Code Minier.

Ce régime est :

• Fondé sur le principe de non exonération : Les avantages fiscaux accordés par le
Code Minier se limitent principalement au rabattement du taux d’imposition.
• Exhaustif : Le Code Minier présente l’avantage d’énumérer et de régir tous les
impôts perçus par la DGI et tous les droits perçus par la DGDA et la DGRAD.
• Exclusif : Le caractère exclusif signifie que seuls les impôts et droits de douane
prévus dans le Code Minier s’appliquent au titulaire des titres miniers à
l’exclusion de toutes autres formes d’impositions présentes et à venir.
• Extensif : Le Code Minier étend les avantages fiscaux du titulaire des titres
miniers aux sous-traitants et aux sociétés affiliées.
• Stable : Le Code Minier assure la stabilité du régime fiscal à travers certaines de
ses dispositions, en l’occurrence les dispositions des articles 221 et 276 qui
prévoient notamment que « l’Etat garantit que les dispositions du présent code
ne peuvent être modifiées que si, et seulement si, le présent code fait lui-même
l’objet d’une modification législative adoptée par le Parlement ».
§3. Bénéficiaires

Les bénéficiaires du régime fiscal et douanier du Code Minier sont :

56
• le titulaire des titres miniers, ses sociétés affiliées et les sous- traitants ;
• le détenteur d’une carte d’exploitant artisanal ;
• le détenteur d’une carte de négociant ;
• les comptoirs agréés.
§4. Conditions d’éligibilité

• Pour les droits miniers et de carrières

 Être personne physique majeure de nationalité congolaise ou personne


morale de droit congolais ;
 Avoir son siège social et administratif dans le Territoire National ;
 L’objet social doit porter sur les activités minières.

• Pour les droits miniers et de carrière de recherches

 Être personne physique majeure de nationalité étrangère ou personne


morale de droit étranger et d’élire domicile auprès d’un mandataire en
mines et carrières établi dans le territoire congolais et d’agir par son
intermédiaire ;
 Être un organisme à vocation scientifique.

• Pour l’exploitation artisanale

 Être une personne physique majeure de nationalité congolaise ;


 Acquérir et détenir la carte d’exploitant artisanal et la carte de négociant.

Peuvent être éligibles au titre de comptoir :

 Toute personne physique majeure de nationalité congolaise ;


 Toute personne physique majeure de nationalité étrangère ayant un
domicile dans le Territoire Congolais ;
 Toute personne morale de droit congolais ayant son siège social et
administratif dans le Territoire Congolais ;

Il doit s’agir des personnes poursuivant comme objet social l’achat et la vente
des substances minérales d’exploitation artisanale

§5. Avantages du régime

A. Pour l’exploitant minier industriel

Il jouit des exonérations et des abattements fiscaux :

57
 Exonérations :

1°) de l’impôt foncier pour les immeubles situés à l’intérieur de la superficie des
concessions minières assujetties à l’impôt réel y afférent.

2°) de l’impôt sur les véhicules de transport de personnes ou de matériaux, de


manutention ou de traction et de la taxe spéciale de circulation routière, pour les
véhicules qui sont utilisés exclusivement dans l’enceinte du projet minier.

3°) de l’impôt mobilier sur les intérêts payés par le Titulaire en vertu des emprunts
contractés en devises à l’étranger sous réserve du respect des conditions requises
quant à ce.

4°) de l’impôt sur le chiffre d’affaire à l’intérieur sur les produits vendus à une entité
de transformation située sur le Territoire National.

 Rabattement des taux :

1°) de l’impôt sur la superficie des concessions minières et d’hydrocarbures ;

2°) de l’impôt mobilier sur les dividendes et autres distributions versés par le
titulaire ;

3°) de l’impôt sur les bénéfices et profits ;

4°) de la TVA ; et

5°) de l’impôt exceptionnel sur les rémunérations des expatriés.

B. Pour l’exploitant minier à petite échelle

• La libre option du régime imposable

L’exploitant de la petite mine peut opter soit de demeurer dans le régime de taxation
unique soit d’être régi par les dispositions du Titre IX du Code Minier. Cependant,
l’option ainsi faite devient irrévocable.

• Du régime de taxation unique ou d’imposition forfaitaire

Le taux de l’imposition unique pour les activités d’exploitation minière à petite


échelle est de 10% du chiffre d’affaires résultant de la valeur de vente des produits
marchands.

Le paiement de l’impôt forfaitaire exempte le titulaire du paiement des droits ci-


après :

58
1°) la redevance minière ;
2°) l’impôt mobilier ;
3°) l’impôt sur les bénéfices et profits ;
4°) l’impôt exceptionnel sur les rémunérations des expatriés ;
5°) l’impôt sur le chiffre d’affaires à l’intérieur.

C. Pour l’exploitation artisanale

L’article 261 du Code minier prévoit que le régime fiscal de cette catégorie
d’exploitants est régi par voie réglementaire conformément aux modalités fixées par
le Règlement Minier.

En ce qui concerne les impôts, le Règlement Minier énonce comme principe dans son
article 538 que cette catégorie d’exploitants n’est pas soustraite des obligations
fiscales et du paiement des autres impôts ; et détermine de façon lacunaire, en son
article 537, la nature d’impôts sur lesquels ce régime fiscal doit porter.

En ce qui concerne aussi bien le taux d’assiette et les modalités de perception que les
sanctions applicables en cas de contravention, l’article 537 alinéa 3 prévoit que ceux-
ci sont conjointement fixés par voie d’Arrêté Interministériel des Ministres ayant les
Mines et les Finances dans leurs attributions.

Il importe de relever qu’il existe encore un vide juridique au sujet des textes
réglementaires appelés à régir le régime fiscal de cette catégorie d’exploitants. C’est
en définitive les dispositions du droit commun en matière des PME telles que
définies par le Code des Impôts qui sont d’application en vertu de l’article 538 du
Règlement Minier.

• Autres avantages

Le titulaire d’un droit minier est bénéficiaire d’un crédit d’impôt égal à un tiers de la
redevance minière payée sur les produits vendus à une entité de transformation
établie sur le territoire congolais.

Au jour de l’octroi d’un Permis d’exploitation, le montant des dépenses de


recherches et de développement réalisées par le Titulaire d’un droit minier, autres
que celles liées à l’acquisition d’immobilisation, est actualisé et est amorti par la
société d’exploitation pendant les deux exercices suivants en raison de 50% l’an.

La perte professionnelle d’un exercice comptable résultant de l’application des


dispositions de l’alinéa précédent est reportée sans limitation dans le temps sur les
exercices subséquents.

Le Titulaire est autorisé à constituer, en franchise d’impôt professionnel sur les


bénéfices, une provision pour reconstitution de gisement dont le montant maximal

59
est égal à 0,5% du bénéfice imposable au titre de l’exercice au cours duquel elle est
constituée.

Cette provision doit être utilisée avant l’expiration d’un délai de trois ans à compter
de la clôture de l’exercice au cours duquel la provision a été constituée, soit dans les
activités de recherche sur le territoire national soit dans des participations au capital
des sociétés qui détiennent exclusivement un ou plusieurs permis de recherche sur le
territoire national. Faute d’avoir été employée dans les conditions définies à l’alinéa
précédent, la provision pour reconstitution du gisement est réintégrée dans le
bénéfice imposable au titre du quatrième exercice suivant celui au cours duquel elle a
été constituée.

Le titulaire est tenu de constituer, en franchise de l’impôt professionnel sur les


bénéfices, une provision pour réhabilitation du site sur lequel sont conduites les
opérations minières.

Le montant maximal de la dotation au titre de cette provision est de 0,5% du chiffre


d’affaires au titre de l’exercice au cours duquel elle est effectuée.

Si le titulaire est tenu de constituer une provision ou de remplir d’autres obligations


financières en application de la réglementation sur la protection de l’environnement,
le montant de cette seconde provision ou de ces obligations, est déduit du montant
maximal autorisé pour la dotation au titre de provision pour la réhabilitation du site.

La provision est à utiliser avant l’expiration d’un délai de dix ans.


A la onzième année, le solde non utilisé de cette provision est réintégré dans les
bénéfices imposables.

§6. Obligations et sanctions

A. Obligations

Outre les obligations relatives à la validité du droit minier et de carrières ainsi que
celles relatives à la protection de l’environnement, les obligations d’ordre fiscal
incombant aux opérateurs miniers sont celles prévues par les dispositions de droit
commun contenues dans le Code des impôts et ses actes subséquents :

 Obligation de payer la redevance minière ;


 Obligation d’immobiliser les dépenses de recherche et de développement
réalisées ;
 Obligation de constituer une provision pour reconstitution du gisement et de
l’utiliser dans un délai de trois ans ;
 Obligation de constituer une provision pour réhabilitation du site.

60
B. Sanctions

Il existe des sanctions spécifiques au Code minier et celles communes à la législation


fiscale.

Parmi les sanctions spécifiques au Code Minier, nous pouvons énumérer :

 Réintégration dans le bénéfice imposable de la provision pour reconstitution de


gisement non utilisée, au quatrième exercice suivant celui au cours duquel elle a
été constituée ;
 Réintégration dans le bénéfice imposable du solde non utilisé de la provision
pour réhabilitation du site au onzième exercice suivant celui au cours duquel
ladite provision a été constituée.

Par ailleurs, le Code minier prévoit à l’encontre de l’opérateur minier défaillant un


certain nombre de sanctions à caractère administratif telles que la déchéance des
droits miniers et de carrières, l’annulation des droits miniers et de carrières,
l’interdiction, la suspension, la confiscation de la provision pour réhabilitation du site
et les amendes.

Enfin, les pénalités fiscales de droit commun prévues au Titre IV de la Loi n°


004/2003 du 13 mars 2003 portant reformes des procédures fiscales, s’appliquent
aussi aux contribuables du secteur minier.

Section 3. La fiscalité forestière


§1. Fondement juridique

Le principal texte est la Loi n° 011/2002 du 29 août 2002 portant Code forestier.

§2. Caractéristiques et taux d’imposition

Le Code forestier dispose d’un régime fiscal spécial par rapport à celui de droit
commun et à ceux sous analyse dans le présent chapitre. En effet, en son article 120, il
dispose : « aucun exploitant forestier, aucun exportateur ni transformateur des produits
forestiers ne peut, quel que soit le régime fiscal auquel il est soumis, être exonéré du paiement
des droits, taxes et redevances prévues par la présente loi ou ses mesures d'exécution ».

A première vue, on est tenté de penser que cet article est en contradiction avec la loi
n°004/2002 du 21 février 2002 portant code des investissements dont l’article 16. Il ne
s’agit pas du tout d’une contradiction. D’abord, il se n’agit non pas d’une concession
foncière, mais d’une concession forestière et les deux sont réglées par des lois
différentes. Ensuite, quelle que soit l'interprétation qu’on veut en faire, le code
forestier étant postérieur au code des investissements, le législateur d'une manière

61
expresse n’exonère pas le concessionnaire forestier des taxes et redevances prévues
par la loi.

Les droits, taxes et redevances dont il est question ci-haut sont imposables de
manière ci-après :

• Redevance de superficie concédée dont :

 60% au Trésor Public ;


 25% à la Province ;
 15% à l’ETD de base concernée.

• Taxe d’abattage :

 50% au Fonds Forestier national;


 50% au Trésor Public.

• Taxe à l’exportation : 100% au Trésor Public.

• Taxe de déboisement :

 50% au Trésor Public ;


 50% au Fonds Forestier National.

• Taxe de reboisement : 100% au Trésor Public.

Enfin, il sied de relever que les taux des taxes et redevances sont fixés par Arrêté
Interministériel des Ministres ayant respectivement les forêts et les finances dans
leurs attributions, selon les modalités ci-après :

• redevance de superficie concédée : le taux-plancher fixé par l'administration


est augmenté de l'offre supplémentaire proposée par le concessionnaire au
moment de l'adjudication ;

• taxe d'abattage : le taux varie selon les classes des essences forestières et les
zones de prélèvement ;

• taxes à l'exportation : les taux de taxes à l'exportation des produits bruts sont
supérieurs à ceux des taxes à l'exportation des produits transformés ;

• taxes de déboisement : le taux correspond au coût du reboisement l'hectare ;

• taxe de reboisement : le taux correspond à 10% du coût de reboisement à


l'hectare.

62
Section 4. La fiscalité des investissements
§1. Fondement juridique et caractéristiques du régime

C’est la Loi n° 004/2002 du 21 février 2002 portant Code des Investissements qui
détermine principalement le régime fiscal applicable au secteur des investissements.

Cette loi organise un régime unique, à savoir le « régime général » avec quelques
dispositions particulières concernant les PME et PMI.

§2. Bénéficiaires et conditions d’admission

Les bénéficiaires du régime sous analyse sont :

• les titulaires des investissements directs, nationaux et étrangers réalisés


en RDC dans les secteurs qui ne sont pas expressément réservés à l’Etat par la
Loi et qui ne sont pas exclus par la liste négative figurant dans le même Code
des Investissements ;

• les investisseurs agréés selon la procédure instituée par la Loi portant Code
des investissements. Cette procédure est décrite aux articles 5 à 7.

Par ailleurs, il existe des conditions de fond et de forme pour être éligibles au régime
fiscal du Code des investissements.

Les conditions de fond sont essentiellement fixées à l’article 8 dudit Code :

• Être une entité économique de droit congolais ;


• Porter sur un montant minimum équivalent à USD 200.000 ;
• Pour les PME & PMI, ce montant est fixé au minimum à l’équivalent de USD
10.000 et au maximum à l’équivalent de USD 200.000 ;
• S’engager à respecter la réglementation en matière de protection de
l’environnement et de la conservation de la nature ;
• S’engager à former le personnel national aux fonctions techniques spécialisées
et aux fonctions d’encadrement et de responsabilité ;
• Garantir un taux de la valeur ajoutée égal ou supérieur à 35%.

Les conditions de forme, quant à elles, sont déterminées aux articles 5 à 7 du même
Code. La demande d’agrément par l’investisseur doit être introduite en un
exemplaire, conformément aux formalités requises aux articles 5 et 6, auprès de
l’ANAPI qui, après examen, transmet la demande aux Ministres ayant le Plan et les
Finances dans leurs attributions pour approbation par Arrêté Interministériel.

63
§3. Avantages du régime

Il en existe de deux ordres : ceux liés au régime général et ceux particuliers aux PME
et PMI :
A. Avantages liés au Régime Général :

Outre les avantages relevant du domaine de la douane et de la parafiscalité, les


entreprises agréées au régime du code des investissements sont exonérées de :

 l’impôt professionnel sur les revenus

L’investisseur est exonéré totalement de l’impôt sur les bénéfices et profits au


titre IV de l’Ordonnance-Loi n° 69/009 du 10 février 1969 telle que modifiée à
ce jour, à condition qu’il s’agisse des investissements nouveaux agréés.

 l’impôt sur la superficie des concessions foncières et des propriétés bâties

Les entreprises agréées sont exonérées de l’impôt foncier uniquement pour les
superficies liées au projet d’investissement agréé.

 La TVA

Les entreprises agréées sont exonérées de la TVA pour certaines opérations de


livraison de biens et d’importation.

Par ailleurs, ces avantages sont accordés, une seule fois, pour une durée de :

 Trois (3) ans lorsqu’ils sont réalisés dans la Région économique A (Kinshasa) ;

 Quatre (4) ans lorsqu’ils sont réalisés dans la Région économique B (Bas-
Congo, Villes de Lubumbashi, de Likasi, de Kolwezi) ;

 Cinq (5) ans lorsqu’ils sont réalisés dans la Région économique C (Bandundu,
Equateur, Kasaï-Oriental, Kasaï-Occidental, Maniema, Nord Kivu, Sud Kivu,
Province-Orientale, Katanga)

Les entreprises agréées bénéficient également de l’application des règles


d’amortissement dégressif sur les investissements en infrastructures socio-
économiques réalisés en sus des projets agréés telles que les écoles, hôpitaux,
infrastructures sportives et routes.

B. Avantages particuliers aux PME et PMI

Les PME et les PMI bénéficient également des exonérations prévues par le Régime
Général.

64
En outre, du point de vue comptable, elles ont l’avantage de déduire de leur bénéfice
imposable, les sommes dépensées au titre de formation, de perfectionnement du chef
d’entreprise ou de son personnel, de protection ou conservation de la nature d’une
part, et d’autre part, à calculer leurs amortissements selon un mode dégressif.

§4. Obligations et sanctions

A. Obligations

Les entreprises agréées sont tenues au respect des obligations suivantes :

 Réaliser le programme agréé au régime du code selon la description et dans les


délais convenus par l’Arrêté ;

 Tenir une comptabilité régulière conforme au Plan Comptable Général


Congolais ;

 Accepter tout contrôle de l’Administration compétente ;

 Assurer la formation et la promotion du personnel, conformément au


programme agréée ;

 Respecter la réglementation en matière de change, de la protection de


l’environnement et de la conservation de la nature ;

 Transmettre semestriellement à l’ANAPI les données significatives, relatives au


degré de réalisation de l’investissement et de l’exploitation pendant que
l’entreprise est sous le régime du code ;

 Respecter la réglementation en vigueur en matière d’emploi notamment, à


compétence égale, employer en priorité les nationaux ;

 Se conformer aux normes de qualité nationale et internationales applicables aux


biens et services produits.

B. Sanctions

Les sanctions au régime fiscal du Code des investissements sont essentiellement le


retrait de l’agrément avec une mise en demeure préalable et le retrait d’office de
l’agrément :

• Le retrait de l’agrément avec une mise en demeure préalable

Cette sanction est prononcée par voie d’Arrêté Interministériel des Ministres ayant le
Plan et les Finances dans leurs attributions, sur proposition de l’ANAPI, lorsqu’une
entreprise agréée commet un manquement aux engagements souscrits ou viole les
dispositions légales.

65
La décision du retrait doit avoir été précédée d’une mise en demeure préalable à
laquelle l’entreprise n’a pu donner une suite favorable dans les délais et conditions
fixés à l’article 34 du Code sous examen.

• Le retrait d’office de l’agrément

Dans ce cas, l’entreprise perd le bénéfice de mise en demeure préalable. C’est le cas
lorsque le programme d’investissement de l’entreprise n’a pas reçu un début
d’exécution dans un délai d’un an, à compter de la date de début de réalisation
stipulée dans l’Arrêté Interministériel d’agrément et que le promoteur du projet n’a
pas pu fournir des motifs valables justifiant le retard dans la réalisation du
programme d’investissement, le retrait est alors prononcé d’office par les Ministres
ayant le Plan et les Finances dans leurs attributions après avis de l’ANAPI.

Une fois le retrait opéré, l’entreprise rentre dans le régime de droit commun et perd
le bénéfice des exonérations lui accordées jadis, et ce, à partir du moment où prend
effet le retrait de l’agrément.

Le paiement des impôts, taxes et pénalités auxquels l’entreprise était soustraite, du


fait de l’agrément, devient immédiatement exigible sans préjudice d’éventuelles
poursuites judiciaires et sanctions encourues.

Section 5. Le régime fiscal des services publics et des


établissements publics
§1. Notion définitionnelle de service public et d’établissement public

Le législateur congolais entend par « service public », tout organisme ou toute


activité d’intérêt général relevant de l’administration publique.

Il y a amphibologie de l’expression « service public » ; ce dernier pouvant être pris au


sens matériel (activité) ou au sens organique (institution, organisme administratif).

Prenant en compte cette ambivalence du concept de « service public », nous


appréhendons ce dernier comme toute activité d’intérêt général gérée par une
personne morale ou physique de droit public ou de droit privé. Dans cette
occurrence, nous pouvons citer les activités d’assurances, de constructions des routes
et ponts, de transports des personnes et des biens, etc. au sens large, l’expression
« service public » désigne l’organisme même qui gère cette activité.

Quant à l’ « établissement public », l’article 2 de la loi n° 08/007 du 7 juillet 2008 sus


évoquée dispose qu’il s’agit de « toute personne morale de droit public créée par
l’Etat en vue de remplir une mission de service public(…)».

66
L’ « établissement public » constitue l’un des trois modes classiques de gestion d’un
service public, aux côtés de la régie et la concession de service public. Martine
Lombard l’appréhende comme un service public doté de la personnalité juridique et
doté de l’autonomie financière, pouvant être créé par l’Etat ou par une collectivité
territoriale, autre que l’Etat, auquel il est par conséquent attaché.

§2. Caractéristique de ce régime fiscal

Le régime fiscal applicable aux Etablissements publics et Services publics, est défini
dans les statuts de chaque Etablissements publics et Services publics respectifs.

Néanmoins, tous les Etablissements publics et Services publics sont soumis au droit
commun pour les opérations qu’ils effectuent et, conformément à leurs statuts, ils
bénéficient d’un régime fiscal particulier.

L’Etablissement public a l’obligation de collecter les impôts, droits et taxes dont il est
redevable légal et de les reverser auprès de son service gestionnaire.

Toutefois, les Etablissements Publics et les Services Publics, peuvent bénéficier des
exonérations et exemptions de paiement d’impôts, droits et taxes, en vertu des textes
particuliers.

Section 6. Le régime fiscal des entreprises publiques ou


services publics transformées en sociétés
commerciales
§1. Notion d’Entreprises publiques transformées en sociétés commerciales

Dans l’état actuel du droit positif congolais, le concept d’ « entreprise publique »


n’est plus de mise depuis l’avènement de l’arsenal législatif du 7 juillet 2008 qui a
abrogé la loi n° 78-002 du 06 janvier 1978 portant dispositions générales applicables
aux Entreprises publiques.

Il s’agit des lois ci-après :

• Loi n° 08/007 du 7 juillet 2008 portant dispositions générales relatives à la


transformation des Entreprises publiques ;
• Loi n° 08/008 du 7 juillet 2008 portant dispositions générales relatives au
désengagement de l’Etat des Entreprises du portefeuille ;
• Loi n° 08/009 du 7 juillet 2008 portant dispositions générales applicables aux
Etablissements publics ;
• Loi n° 08/010 du 7 juillet 2008 fixant les règles relatives à l’organisation et à la
gestion du portefeuille de l’Etat.

67
Pour ne parler que de la première loi n° 08/007, elle concerne la transformation des
Entreprises publiques en sociétés commerciales unipersonnelles dans lesquelles l’Etat
sera l’actionnaire unique ou en établissements publics administratifs, techniques,
scientifiques, culturels ou sociaux. Elle a prévu aussi la dissolution des entreprises
publiques en cessation de paiement ou dont l’activité économique est injustifiée. Au
total, ladite loi consacre la disparition du concept d’Entreprise publique dans
l’ordonnancement juridique congolais et la création des sociétés commerciales
unipersonnelles à capital public.

Il n’est pas sans intérêt d’indiquer qu’en application de l’article 13 de la loi n°08/007
prérappelée, un décret du Premier Ministre a été signé en date du 24 avril 2009,
établissant la liste d’Entreprises publiques transformées en Sociétés commerciales,
Etablissements publics et Services publics . Au total, 20 (vingt) Entreprises publiques
ont subi cette métamorphose.

§2. Caractéristique de ce régime fiscal

Les statuts des Entreprises publiques ou Services publics transformées en sociétés


commerciales ne prévoient pas des dispositions particulières.

Toutefois, le Titre VII, relatif à l’élection de domicile, droit commun et arbitrage des
statuts de ces sociétés stipule à l’article 53 que : « pour tout ce qui n’est pas prévu au
présent statuts, les parties entendent se conformer entièrement à la législation en vigueur en
République Démocratique du Congo et, en conséquence, les dispositions de cette législation
auxquelles il n’est pas dérogé licitement sont réputées inscrites dans les statuts et les autres
clauses qui seraient contraires aux dispositions impératives de cette législation sont réputées
non écrites ».

Section 7. Le régime fiscal applicable aux Associations Sans


But Lucratif (ASBL)
§1. Fondement juridique

Le texte de base est la Loi n°004/2001 du 20 juillet 2001 portant dispositions


générales applicables aux associations sans but lucratif et aux établissements d’utilité
publique.

§2. Bénéficiaires et conditions d’éligibilité

Au regard des dispositions de la Loi n° 004/2001 du 20 juillet 2001 suscitée, ce sont


les ASBL légalement constituées de droit national et/ou étranger (ONG, Association
Confessionnelle) et les Etablissements d’Utilité Publique qui sont bénéficiaire du
régime fiscal sous analyse.

68
L’obtention d’un Arrêté Interministériel des Ministres ayant les Finances et le Plan
dans leurs attributions, portant octroi de certaines facilités à caractère administratif,
technique, financier après avis préalable des Ministres compétents concernés, est
nécessaire à l’éligibilité.

§3. Avantages de ce régime fiscal

Ils sont généralement constitués d’exemptions et exonérations aux impôts ci-après :

A. Les impôts Réels :


 Impôt foncier ;
 Impôts sur les véhicules ;
 Taxe spéciale de circulation routière.

B. Les impôts Cédulaires sur les revenus :


 Impôt sur les revenus locatifs ;
 Impôt mobilier;
 Impôt sur les bénéfices et profits.

Il est à remarquer que ces exonérations ne visent que les associations ou institutions
qui s’occupent d’œuvres religieuses, scientifiques ou philanthropiques et qui sont
dotées de la personnalité civile.

§4. Obligations

Il est prévu des obligations fiscales et plus d’autres (administratives, comptables,


etc.).

A. Obligations fiscales

L’ASBL doit se faire connaître auprès de l’Administration Fiscale dans les quinze
jours qui suivent le début de ses activités en formulant une demande de numéro
impôt.

Elle doit également faire la déclaration des impôts collectés et les reverser dans les
délais.

B. Autres Obligations
 La tenue d’une comptabilité conforme aux dispositions du Plan Comptable
Général Congolais (PCGC) ;
 Le non procuration aux membres de l’ASBL d’un gain matériel ;
 La déclaration par écrit au Ministre de la Justice avec copie au Ministre des
Finances, dans un délai de 3 mois à compter de la date de l’acte de réalisation,
les acquisitions et les aliénations d’immeuble ainsi que toute opération en

69
conférant l’usage ou la jouissance ou en entraînant la perte de l’usage ou de la
jouissance. Le prix d’acquisition ou d’aliénation doit être indiqué dans la
déclaration.

§5. Les pénalités

• En cas d’absence de l’Arrêté Interministériel, l’ASBL ou l’Etablissement


d’Utilité Publique est traité conformément aux dispositions du droit
commun ;

• L’inexécution de ses obligations déclaratives, de payement dans les conditions


requises par la législation fiscale en vigueur, expose l’ASBL à des pénalités
prévues au Titre IV de la Loi n° 004/2003 du 13 mars 2003 telle que modifiée
et complétée à ce jour.

Section 8. La fiscalité des missions diplomatiques et


consulaires
§1. Fondement juridique

Le principal texte juridique est la Convention de Vienne du 18 avril 1961 sur les
relations diplomatiques, telle que complétée en 1963 par la Convention de Vienne sur
les relations consulaires.

§2. Bénéficiaires

Les bénéficiaires de ce régime fiscal sont :

• Les chefs des missions diplomatiques ;


• Les membres des missions diplomatiques ;
• Les membres du personnel des missions diplomatiques ;
• Les agents diplomatiques ;
• Les membres du personnel administratif et technique ;
• Les membres du personnel de service ;
• Le domestique privé, y compris les locaux de la mission.
§3. Avantages de ce régime fiscal

Ils concernent essentiellement les impôts réels, les impôts cédulaires sur les revenus
et l’impôt sur les biens et services :

70
A. En matière d’impôts réels

• Impôt foncier

Sont exemptés de l’impôt foncier les propriétés appartenant aux Etats affectés
exclusivement à l’usage de bureau d’ambassade ou de consulats, ou au logement
d’agents ayant le statut d’agent diplomatique ou consulaires. Cette exemption n’est
accordée que sous réserve de réciprocité.

• Impôt sur les véhicules et taxe spéciale de circulation routière

Sont exemptés de l’impôt sur les véhicules appartenant aux Etats étrangers et affectés
exclusivement à l’usage d’agent ayant le statut d’agent diplomatique sous réserve de
réciprocité, les véhicules appartenant aux membres du corps diplomatique étranger
de même qu’aux consuls et agents consulaires accrédités en République
Démocratique du Congo à la triple condition :

 qu’ils soient sujets de l’Etat qu’il représente ;


 que le Gouvernement dont ils sont mandataires accordent la même
immunité aux agents diplomatiques et consulaires congolais ;
 qu’en ce qui concerne les agents consulaires, ils n’exercent aucune autre
activité professionnelle.

B. En matière d’impôts sur les revenus

• Impôt professionnel sur les Rémunérations

Sont exemptés de l’impôt professionnel sur les rémunérations, les diplomates et


agents diplomatiques, les consuls et agents consulaires accrédités en République
Démocratique du Congo, pour les rémunérations et profits touchés par eux en leur
qualité officielle lorsqu’ils sont de l’Etat qu’ils représentent.

• Impôt Exceptionnel sur les rémunérations des Expatriés

Sont exemptés de l’Impôt Exceptionnel sur les Rémunérations des Expatriés, les
diplomates et agents diplomatiques, les consuls et agents consulaires accrédités en
République Démocratique du Congo pour les rémunérations payées aux employés
des organismes internationaux, des ambassades, consulats et mission diplomatiques.

C. En matière d’impôts sur les biens et services

Sont exemptés de la TVA, sous réserve de réciprocité et selon des quotas fixés par
arrêté conjoint des ministres ayant les Finances et les Affaires étrangères dans leurs
attributions, les biens et services destinés à l'usage officiel des missions
diplomatiques étrangères ainsi que des organisations internationales et dont la liste

71
est transmise au Gouvernement par le chef de mission. Toutefois, en application de
différentes conventions internationales en vigueur, les fonctionnaires internationaux,
les agents diplomatiques et assimilés en poste en République Démocratique du
Congo sont soumis à la TVA incorporée dans le prix des marchandises ou des
services.

Section 9. La fiscalité des entreprises de petite taille


§1. Fondement juridique

• Ordonnance-loi n° 69/009 du 10 février 1969 relative aux impôts cédulaires


sur les revenus, telle que modifiée et complétée à ce jour ;
• Ordonnance-loi n° 13/006 du 23 février 2013 portant régime fiscal applicable
aux entreprises de petite taille en matière d’impôt sur les bénéfices et profits.

§2. Bénéficiaires

Les bénéficiaires du régime sous étude, sont les entreprises de petite taille.

Aux termes de l’Ordonnance-loi n° 13/006 précitée, il faut entendre par Entreprise de


petite taille, constituée en Micro-Entreprise ou Petite Entreprise, toute entreprise,
quelle que soit sa forme juridique, qui réalise un chiffre d’affaires annuel inférieur à
CDF 80.000.000,00. La Micro-Entreprise est toute entreprise qui réalise un chiffre
d’affaires annuel ne dépassant pas CDF 10.000.000,00; tandis que la Petite Entreprise
est celle qui réalise un chiffre d’affaires annuel supérieur à CDF 10.000.000,00 et
inferieur à CDF 80.000.000,00.

Les professions libérales et les professions constituées en charges ou offices dont le


chiffre d’affaires est inférieur à CDF 80.000.000,00 sont considérées comme Micro-
Entreprises et Petites Entreprises suivant les conditions sus-définies.

§3. Avantages de ce régime fiscal

Ils concernent l’IBP et différent, selon qu’il s’agit des Petites Entreprises ou de Micro-
Entreprises :

A. Pour la Petite Entreprise :

Les Petites Entreprises sont imposées, en matière d’impôt sur les bénéfices et profits,
sur le chiffre d’affaires annuel réalisé ou à raison de toute somme
proportionnellement équivalente pour les périodes inférieures à un an.

72
Le taux de l’impôt sur les bénéfices et profits à charge des Petites Entreprises est de :
• 1% pour les activités de vente ;
• 2% pour les activités de prestation de services.

Lorsqu’un contribuable exerce à la fois les activités de vente et de service, les chiffres
d’affaires respectifs sont cumulés et imposés suivant l’activité principale.

L’impôt fixé ci-dessus est payé en deux quotités :


• 60% représentant l’acompte ;
• 40% au titre de solde.

L’acompte dont question ci-haut est versé à l’aide d’un bordereau de versement
d’acompte, au plus tard le 31 janvier de l’année qui suit celle de la réalisation des
revenus. Le solde est acquitté à la souscription de la déclaration auto-liquidative, au
plus tard le 31 mai de la même année.

Par ailleurs, les Petites Entreprises dont le chiffre d’affaires vient à dépasser, au cours
de deux années successives, la limite de CDF 80.000.000,00, accèdent, sur décision de
l’Administration des Impôts, au régime de droit commun. En cas de minoration
avérée dans le chef de la Petite Entreprise ayant faussé sa catégorisation, celle-ci est
reclassée et imposée conformément au régime de droit commun, sans préjudice des
pénalités prévues par la Loi n° 004/2003 du 13 mars 2003 portant réforme des
procédures fiscales.

Enfin, les Petites Entreprises peuvent opter pour l’imposition selon le régime de droit
commun, à condition de formuler par écrit cette option avant le 1er février de l’année
de réalisation des revenus, et de remplir toutes les obligations fiscales et comptables
prévues par ce régime. Cette option est définitive et irrévocable.

B. Pour la Micro-Entreprise

Les Micro-Entreprises acquittent un impôt forfaitaire annuel de CDF 50.000, au


moyen d’une déclaration auto-liquidative conforme au modèle défini par
l’Administration des Impôts, au plus tard le 1er mars de l’année qui suit celle de la
réalisation des revenus.

Par ailleurs, elles ne sont pas soumises à la vérification de comptabilité. Les activités
de l’Administration des Impôts se limitent au recensement, à l’immatriculation, à
l’éducation, à l’évaluation du chiffre d’affaires et à la facilitation en vue du paiement
de l’impôt forfaitaire.

73
Enfin, les Petites Entreprises dont le chiffre d’affaires vient à dépasser, au cours de
deux années successives, la limite de CDF 80.000.000,00, accèdent, sur décision de
l’Administration des Impôts, au régime de droit commun. En cas de minoration
avérée dans le chef de la Petite Entreprise ayant faussé sa catégorisation, celle-ci est
reclassée et imposée conformément au régime de droit commun, sans préjudice des
pénalités prévues par la Loi n° 004/2003 du 13 mars 2003 portant réforme des
procédures fiscales.

Section 10. Les régimes fiscal et non fiscal applicable aux


conventions de collaboration et aux projets de
coopération
§1. Fondement juridique

Il s’agit de la récente loi n° 13/005 du 11 février 2014 portant régime fiscal, douanier,
parafiscal, des recettes non fiscales et de change applicables aux conventions de
collaboration et aux projets de coopération.

§2. Bénéficiaires

Les bénéficiaires de ce régime fiscal sont : les entreprises, groupements d’entreprises,


sociétés et/ou établissements ayant conclu des conventions de collaboration avec le
Gouvernement ainsi qu’aux entreprises créées en vertu des conventions de
collaboration ou sociétés communes, aux sous-traitants liés par un contrat de sous-
traitance et utilement communiqué aux administrations fiscales et non fiscales ainsi
qu’aux autres services intervenants et aux administrations fiscales provinciales.

§3. Avantages de ce régime fiscal

Ce sont les exonérations des impôts, droits, taxes, droits de douanes, redevances au
niveau national, provincial et municipal, directs ou indirects, à l’intérieur, à l’import
ou à l’export, payables en République Démocratique du Congo, pour autant qu’ils
soient strictement liés à la convention de collaboration et aux projets de coopération.

Toutefois, les exonérations ne s’appliquent pas aux impôts, droits, redevances et


taxes ci-après :

• Redevances pour les services rendus ;


• Redevance informatique ;
• Taxe de circulation routière ;
• Impôt sur le véhicule à l’exception des véhicules utilisés à l’exécution des
travaux relatifs à la convention de collaboration et aux projets de coopération ;
• Impôt sur les bénéfices et profits à la fin du remboursement des financements ;

74
• Impôt exceptionnel sur les rémunérations du personnel expatrié ;
• Impôt sur les revenus locatifs ;
• Impôt sur les revenus mobiliers à l’exception de celui frappant les intérêts des
capitaux empruntés à des fins professionnelles en faveur des tiers prêteurs ;
• Taxe sur la valeur ajoutée ;
• Impôt professionnel sur les rémunérations ;
• Droits superficiaires ;
• Redevance minière ;
• Frais et paiements relatifs à la demande, à l’octroi, au transfert et à la cession
des droits et titres miniers ;
• Royalties ;
• Droits d’accises ;
• Marge distribuable ;
• Droit de participation de l’Etat ;
• Bonus prévus dans les secteurs des hydrocarbures et des mines ;
• Profit oil ;
• Pas de porte ;
• Redevances routières ;
• Droits, redevances et taxes des secteurs de la forêt, de l’eau et de l’électricité ;
• Droits, redevances et taxes du secteur de la télécommunication;
• Droits, redevances et taxes relatifs à la protection de l’environnement ;
• Taxe pour l’obtention de la carte de travail pour étranger.

Par ailleurs, les entreprises, groupements d’entreprises, sociétés, établissements ou


entreprises créées en vertu des conventions de collaboration ou entreprises
communes bénéficiant de l’exonération de ce régime fiscal, demeurent redevables
légaux de tous impôts et taxes pour lesquels ils ne sont que simples collecteurs.

75
Chapitre 3 : LES DROITS, TAXES ET REDEVANCES
EN DROIT CONGOLAIS

Dans ce chapitre, nous passerons en revue les droits, taxes et redevances en vigueur
en droit congolais. Il sied de relever que les droits dont il est question dans cet
ouvrage, ne sont pas à confondre avec les droits de douane et les droits de
consommation ou d’accise, déjà analysés dans le deuxième chapitre.

Deux sections subdivisent ce chapitre :

• Droits, taxes et redevances à percevoir, à l’initiative des administrations et


services d’assiette, au profit du Gouvernement central ;
• droits, taxes et redevances à percevoir, à l’initiative des administrations et
services d’assiette, au profit des Provinces et des Entités territoriales
décentralisées.

Section 1 : Droits, taxes et redevances à percevoir, à l’initiative


des administrations et services d’assiette, au profit
du Gouvernement central
Les droits, taxes et redevances sous étude sont inscrits, dans la Loi de Finances de
chaque exercice annuel, dans la rubrique « recettes non fiscales ». Ils sont perçus à
l’initiative des Ministères et services d’assiette et encadrés par la DGRAD.

Dans cette section, nous verrons, tour à tour :

• le fondement légal ; et
• les services d’assiette, les taux et la rétrocession;

§1. Fondement légal

Actuellement, il y a principalement deux textes qui régissent les recettes non fiscales
du pouvoir central. Il s’agit de :

• L’Ordonnance-loi n° 18/003 du 13 mars 2018 fixant la nomenclature des


droits, taxes et redevances du pouvoir central, ; et
 L’Ordonnance-loi n° 13/003 du 23 février 2013 portant réforme des
procédures relatives à l’assiette, au Contrôle et aux modalités de
recouvrement des Recettes non fiscales.

76
§2. Services d’assiette, taux et rétrocession

En règle générale, ce sont les différents ministères qui forment le Gouvernement


central, ainsi que les services sous leurs tutelles, qui constituent des services
d’assiette des droits, taxes et redevances sous analyse. Ces derniers sont répertoriés à
l’annexe de l’ordonnance-loi n° 18/003 précitée.

A cet effet, l’article 5 de la même Ordonnance-loi dispose qu’ « il ne peut être institué
d’autres droits, taxes et redevances au profit du Pouvoir central qu’en vertu d’une loi, après
avis préalable des ministres ayant le budget et les finances dans leurs attributions ».

Il s’agit là du principe de la légalité de l’impôt, entendu comme terme générique


impliquant aussi la légalité des droit, taxe et redevance, que nous avons
précédemment analysé dans la première partie de cet ouvrage.

Par ailleurs, l’assiette des droits, taxes et redevances sous analyse est fixée par chaque
ministère ; tandis que les taux le sont par Arrêté Interministériel du ministre ayant
les finances dans ses attributions et de celui qui constitue le service d’assiette. C’est ce
qui ressort de l’article 4 de l’Ordonnance-loi n° 18/003 prérappelée qui dispose que
« l’assiette des droits, taxes et redevances relevant du Pouvoir Central ainsi que les
procédures de sa constatation sont fixées par des législations sectorielles.

Les taux ainsi que la période de paiement des droits, taxes et redevances sont fixés
par arrêté conjoint du ministre ayant les finances dans ses attributions et celui dont
l’administration les constate et les liquide, conformément aux dispositions légales et
réglementaires en vigueur en la matière ».

Enfin, il ressort des articles 3 et 6 de l’Ordonnance-loi 18/003 précitée que les droits,
taxes et redevances du pouvoir central ne peuvent nullement faire l’objet d’une
quelconque perception au profit des Provinces et des ETDs. Toutes les recettes qui en
sont collectées sont versées intégralement au compte du Trésor public.

Cette rétrocession est de 10% et est allouée à la DGRAD et aux services d’assiette
comme suit :
• DGRAD : 5 % sur toutes les recettes réalisées ;
• Administrations et services d’assiette : 5 % au prorata des recettes réalisées.

77
Section 2. Droits, taxes et redevances à percevoir, à l’initiative
des administrations et services d’assiette, au profit
des Provinces et des ETDs
Les droits, taxes et redevances au profit des Provinces et des ETDs sont perçus par
les administrations fiscales et non fiscales qui relèvent de leurs tutelles et que nous
examinerons ultérieurement.

Trois points architecturent cette section :

• le fondement légal ;
• la nomenclature ; et
• la répartition par Administration.

§1. Fondement légal

A ce jour, c’est L’Ordonnance-loi n° 18/004 du 13 mars 2018 fixant la nomenclature


des impôts, droits, taxes et redevances de la Province et de l’entité territoriale
décentralisée ainsi que les modalités de leur répartition.

§2. Nomenclature

La nomenclature des droits, taxes et redevances à percevoir, à l’initiative des


administrations et services d’assiette, au profit des Provinces et des ETDs, est fixée à
l’annexe de l’ordonnance-loi n° 18/004 précitée.

Elle comprend :

• les impôts et droits provinciaux et locaux;


• les taxes et redevances d’intérêt commun;
• les taxes spécifiques à chaque Province et ETD.

Toutefois, les taxes spécifiques à chaque Province sont prélevées sur les matières
locales non imposées par le Pouvoir central. Elles sont soit, rémunératoires, soit
fiscales conformément à la législation sur la nomenclature des taxes et droits
provinciaux.

§3. Répartition par Administration

L’ordonnance-loi n° 18/004 précitée, répartit les droits, taxes et redevances


provinciaux et locaux en trois catégories :

78
• Les impôts et taxes provinciaux et locaux d’intérêt commun qui comprennent
d’une part les impôts et, d’autre part, les taxes :
 Les impôts sont:
 l’impôt sur la superficie des propriétés bâties et non bâties;
 l’impôt sur les véhicules automoteurs;
 l’impôt sur les revenus locatifs;
 l’impôt personnel minimum.
Ces impôts ont déjà été analysés précédemment, et nous avions bel et bien
relevé qu’ils rentraient dans la compétence des provinces et ETDs. Ils leurs
sont communs.
 Les taxes, quant à elles, comprennent notamment :
 la taxe spéciale de circulation routière;
 la taxe annuelle pour la délivrance de la patente;
 la taxe de consommation sur la bière, l’alcool, le spiritueux et le tabac;
 la taxe de superficie sur les concessions forestières;
 la taxe de superficie sur les concessions minières;
 la taxe sur les ventes des matières précieuses de production artisanale;
 Toutes autres taxes ou redevances instituées par la loi.

• Les taxes spécifiques:


Elles sont propres, soit à la province, soit à la Ville, soit à la Commune, soit enfin
au Secteur et à la Chefferie.
Elles sont prélevées sur les matières locales non imposées par le Pouvoir Central.
Elles sont soit rémunératoires, soit fiscales.

Enfin, en ce qui concerne les modalités de répartition, la part des recettes d’intérêt
commun allouée aux Entités Territoriales Décentralisées est établie à 40%. La
répartition des ressources entre les ETDs est fonction des critères de capacité de
production, de la superficie et de la population. L’édit en détermine le mécanisme de
répartition.

79
Chapitre 4 : PROCEDURES FISCALES

Dans le présent chapitre du cours, nous essayerons de décrire, à la lumière de la


législation fiscale congolaise, les procédures de : Constatation (i), liquidation et
ordonnancement (ii), recouvrement (iii), contrôle fiscal (iv), et régimes de pénalités (v).

Section 1 : Constatation des impôts

La constatation a pour objet d’identifier et d’évaluer la matière imposable. C’est


l’opération administrative qui consiste à identifier et évaluer la matière imposable
sur base de l’existence juridique d’une créance de l’Etat.

Dans le système fiscal congolais, il existe deux sortes de constations des impôts,
droits, taxes et redevances :

 La « constatation consécutive à une déclaration spontanée » écrite du


requérant d’un document administratif ou d’une autorisation d’exercer ou
d’exploiter une activité auprès du service d’assiette compétent, et
 La « constatation consécutive à une enquête ou une mission de contrôle »
faite d’office par un Officier de Police Judiciaire des Services d’assiette, qui,
dans l’accomplissement d’un Ordre de service ou de mission, identifie la
matière imposable qui n’a pas été portée à la connaissance du Service
d’assiette.

Pour garantir la maximisation des recettes publiques, il serait mieux indiqué, pour le
fisc congolais, de recourir très souvent à la deuxième méthode, car le contribuable ou
le redevable a toujours tendance à dissimuler la matière imposable. Ainsi, dans
l’optique d’une bonne gouvernance financière publique, la constatation consécutive à
une enquête (…) serait la règle, tandis que celle consécutive à une déclaration
spontanée (…), l’exception.

Lors de l’examen des différents impôts, nous avons relevé leurs modalités
spécifiques de constatation et il n’est pas opportun de les décrire à nouveau dans ce
chapitre.

80
Section 2 : Liquidation et ordonnancement des impôts
§1. Remarques préliminaires

La liquidation de l’impôt est l’opération qui consiste à calculer la dette fiscale du


contribuable, par application d’un taux ou d’un tarif à la base imposable, après prise
en compte, le cas échéant, de réduction ou de majoration portant sur l’impôt brut.

De ce qui précède, il ressort que liquider un impôt, c’est calculer le montant exact de
la dette d’impôt à payer par le contribuable, définir le fait générateur, ainsi que les
modalités de taxation.

Le « fait générateur » est l’événement qui crée la dette fiscale. Il s’agit, soit d’un fait
matériel, soit d’un acte juridique, soit encore d’une situation économique qui donne
naissance à la dette.

La procédure fiscale congolaise est déclarative. Ainsi donc, tous les contribuables
sont tenus de souscrire dans les conditions et délais prévus par la loi, des
déclarations selon le modèle fourni par l’Administration des impôts. Elles
déterminent, dans ces déclarations et sous leur responsabilité, les bases d’imposition
et le montant des impôts et autres droits dus, conformément aux dispositions légales.
Les déclarations, dûment remplies, datées et signées par les redevables ou leurs
représentants, sont déposées auprès des services compétents de l’Administration des
impôts.

Les impôts et autres droits établis par les redevables dans leurs déclarations doivent
être payés au moment du dépôt de celles-ci. Elles sont auto liquidatives.

Les déclarations doivent être souscrites même si le redevable est exonéré. C’est ce qui
ressort de l’article 1 de la loi n° 004/2003 du 13 mars 2003 portant réforme des
procédures fiscales qui dispose que « toute personne physique ou morale, exonérée
ou non, redevable d’impôts, droits taxes, acomptes ou précomptes perçus par
l’Administration des Impôts est tenue de se faire connaître, dans les quinze jours qui
suivent le début de ses activités, formulant une demande de numéro conforme au
modèle fixé par l’Administration des Impôts après certification de la localisation
effective du contribuable ».
Par ailleurs, le redevable de l’impôt qui n’aurait pas reçu le formulaire de déclaration
ne peut se prévaloir de cette omission pour se soustraire à l’obligation de déclaration
dans les délais impartis. Il est tenu, dans ce cas, de demander le formulaire auprès de
l’Administration des Impôts.

Tout redevable qui s’est abstenu de souscrire sa déclaration dans le délai fait l’objet
d’une lettre de relance valant mise en demeure de déclarer. Dans ce cas, il dispose

81
d’un délai de cinq jours à compter de la réception de la lettre de relance pour
régulariser sa situation, le cachet de la poste ou le bordereau de remise faisant foi.
Cette disposition ne s’applique pas en cas de récidive. Toutefois, en ce qui concerne
les missions diplomatiques et les organismes internationaux, la lettre de relance
valant mise en demeure de déclarer est adressée directement à leurs engagés locaux.
Voici à présent les modalités de déclaration spécifiques à chaque type d’impôt :

§2. Déclaration de l’impôt foncier


Le redevable de l’impôt foncier est tenu chaque année de souscrire une déclaration
au plus tard le 1er février.
Cette déclaration est accompagnée d’un état énonçant tous les éléments imposables
ou non imposables dont le redevable est propriétaire ou concessionnaire au 1er
janvier.
Toutefois, sauf notification contraire du redevable avant le 1er janvier de l’exercice,
l’état le plus récent est valable pour les années suivantes.
§3. Déclaration de l’impôt sur les véhicules

Le redevable de l’impôt sur les véhicules souscrit une déclaration par véhicule,
préalablement à la mise en usage. Il lui est délivré un certificat d’immatriculation.
En cas de vente, de cession, de remplacement, de modification ou de mise hors
d’usage temporaire ou définitive d’un véhicule imposable, le redevable doit, dans les
trente jours de la survenance de l’événement, en faire la déclaration.
Le certificat d’immatriculation visé ci-dessus sert au paiement de l’impôt annuel sur
les véhicules et de la taxe spéciale de circulation routière.
§4. Déclaration de l’impôt sur la superficie des concessions minières et
d’hydrocarbures

Tout redevable de l’impôt sur la superficie des concessions minières et


d’hydrocarbures est tenu de souscrire chaque année une déclaration au plus tard le
1er février de l’exercice, pour les déclarations initiales est accompagnée des copies
certifiées conformes des titres miniers ou autres documents attestant lesdits droits.
§5. Déclaration de l’impôt sur les revenus locatifs

Le redevable de l’impôt sur les revenus locatifs suscrit chaque année une déclaration
au plus tard le 1er février de l’année qui suit celle de la réalisation des revenus.

82
§6. Déclaration de l’impôt sur les bénéfices et profits

Toute personne physique ou morale redevable de l’impôt sur les bénéfices et profits
est tenue de souscrire chaque année qui suit celle de réalisation des revenus, une
déclaration de ses revenus.
Sous réserve des dispositions particulières applicables aux petites et moyennes
entreprises, la déclaration doit être appuyée du bilan, du tableau de formation du
résultat et du tableau économique, fiscal et financier complet conformes aux modèles
diffusés par le Conseil Permanent de la Comptabilité au Congo, de la déclaration
spéciale des résultats de la réévaluation, pour les entreprises procédant à la
réévaluation, ainsi que toutes autres pièces justificatives que le contribuable jugerait
nécessaires. Elle est contresignée par le conseil ou le comptable du redevable.
Il est également joint à la déclaration, un relevé récapitulatif des ventes réelles
effectuées au cours de l’année précédente à des personnes physiques ou morales
réputées « commerçants » ou « fabricants ».
Les personnes morales devront aussi fournir une copie des procès-verbaux notariés
des assemblées générales ordinaires et extraordinaires approuvant les états financiers
joints à la déclaration fiscale ou ayant entraîné la modification des statuts.
Les documents et pièces justificatives visés ci-dessus certifiés exacts par le redevable
ou son représentant et contresignés par son comptable ou son conseil. Ils doivent être
présentés dans la langue officielle.
La déclaration doit être souscrite même si le redevable estime qu’il a subi des pertes
ou qu’il n’a pas réalisé des revenus imposables.
En cas de dissolution, de liquidation de société ou de cessation d’affaires, la
déclaration doit être remise dans le mois et, en tout cas, avant que le dirigeant ne
quitte la République Démocratique du Congo.

§7. Déclaration de l’impôt professionnel sur les rémunérations et de l’impôt


exceptionnel sur les rémunérations du personnel expatrié

Toute personne physique ou morale, redevable de l’impôt professionnel sur les


rémunérations et de l’impôt exceptionnel sur les rémunérations du personnel
expatrié, est tenue de souscrire une déclaration chaque mois, dans les dix jours qui
suivent le mois au cours duquel les rémunérations ont été versées ou mises à la
disposition des bénéficiaires. Cette déclaration doit être souscrite même si les
rémunérations ne sont pas versées. Dans ce cas, elle porte la mention « Néant » en ce
qui concerne les rémunérations versées et l’impôt correspondant.

83
Il est joint à la déclaration afférente au dernier mois de l’année un état récapitulatif de
tous les éléments imposables de l’exercice, une fiche individuelle pour chacun des
rémunérés et un relevé nominatif récapitulant l’ensemble des fiches individuelles.
Ces fiches sont classées par province et par ordre alphabétique.
Les fiches individuelles ainsi que le relevé nominatif à l’alinéa premier du présent
article sont conformes aux modèles fixés par l’Administration des Impôts.
§8. Déclaration de l’impôt mobilier

Les personnes physiques ou morales redevables de l’impôt mobilier sont tenues de


souscrire une déclaration, dans les dix jours qui suivent le mois au cours duquel les
revenus ont été payés ou mis à la disposition des bénéficiaires.
Les sociétés étrangères redevables de l’impôt mobilier souscrivent une déclaration au
plus tard le 31 mars de l’année qui suit celle de la réalisation des revenus.
§9. Déclaration de la TVA

La TVA est à charge des consommateurs de produits ou bénéficiaires de services. Elle


est collectée et acquittée par les personnes effectuant les opérations imposables.
Toute personne assujettie à la taxe sur la valeur ajoutée doit souscrire une déclaration
d'assujettissement auprès de l'Administration des impôts, avant le début de ses
activités.
Toute personne morale ou physique, dont le chiffre d'affaires cumulé atteint en cours
d'année le seuil d'assujettissement légalement prévu et qui devient de ce fait,
redevable de la taxe sur la valeur ajoutée, doit souscrire une déclaration
d'assujettissement auprès de l'Administration des impôts avant le quinze du mois
qui suit celui au cours duquel ce seuil a été dépassé.
Au demeurant, le législateur soumet tous les redevables de l’impôt sur les bénéfices
et profits ainsi que ceux de la TVA, à l’obligation, pour chaque transaction effectuée,
de délivrer une facture ou un document en tenant lieu dont les mentions sont
déterminées par voie réglementaire.
Avant de clore ce point réservé à la liquidation de l’impôt, il importe de relever que
la méthode déclarative reste insuffisante pour permettre au fisc congolais de détecter
tous les contribuables ou redevables. Il serait pertinent d’y joindre efficacement la
méthode forfaitaire qui « consiste à évaluer la matière imposable sans pour autant se
soumettre à l’aval ou l’accord du contribuable, dès lors qu’une évaluation exacte
apparaît comme pratiquement impossible, trop difficile, trop compliquée ; ou encore
lorsqu’une donnée moyenne est plus adaptée qu’une évaluation moyenne ».

Dans l’état actuel de l’économie congolaise, caractérisée par une prolifération de


petites activités artisanales, de petit commerce, etc., le forfait s’y adapte le mieux et

84
convient comme technique de fiscalisation des petites activités qui évoluent dans le
secteur informel. Mais, cette méthode doit être utilisée dans une perspective
d’amélioration progressive, car elle risquerait de déboucher sur de graves injustices
fiscales entre contribuables.

Le secteur informel s’entend de toute activité économique entreprise en dehors des


exigences légales et qui échappe aux mécanismes de contrôle de l’Etat.

Section 3 : Recouvrement de l’impôt


§1. Remarques introductives

Le recouvrement est l’ensemble d’opérations qui concourent à la perception de


l’impôt, une fois que celui-ci est liquidé et ordonnancé.

Autrement dit, le recouvrement est la perception de sommes d’argent dues et par


extension l’ensemble d’opérations tendant à obtenir le paiement d’une dette fiscale.
C’est le transfert de l’impôt du patrimoine du contribuable à la caisse de l’Etat.

Le législateur congolais a consacré une procédure de recouvrement qui différencie


les modalités de paiement de l’action en recouvrement :

§2. Modalités de paiement

Les impôts et autres droits établis par les redevables dans leurs déclarations doivent
être payés au moment du dépôt de celles-ci.
Les acomptes provisionnels sur l’impôt sur les bénéfices et profits sont versés aux
échéances fixées par loi, à l’aide d’un bordereau de paiement conforme au modèle
fixé par l’Administration des Impôts.
La retenue sur loyers est versée dans les dix jours du mois qui suit celui du paiement
de loyer, à l’aide d’un relevé conforme au modèle fixé par l’Administration des
Impôts.
Les impôts, suppléments d’impôts et autres droits établis par l’Administration des
Impôts sont recouvrés par l’émission d’un avis de mise en recouvrement.
L’avis de mise en recouvrement est signé par le Receveur des Impôts compétent et
doit contenir les mentions obligatoires clairement déterminées à l’article 59 de la loi
n° 004/2003 du 13 mars 2003 portant réforme des procédures fiscales, telle que
modifiée et complétée à date.
Cet avis est envoyé au redevable sous pli recommandé avec accusé de réception ou
remis en mains propres sous bordereau de décharge.
Les redevables sont tenus d’acquitter les montants dus dans un délai de quinze jours
à compter de la réception de l’avis de mise en recouvrement.

85
Les factures émises par le Gouvernement, les Entreprises et Services Publics et
rendues exigibles par l’Administration des Impôts sont recouvrées conformément
aux dispositions du présent Titre.
La prise en compte de tout paiement d’un impôt ou autre droit effectué
conformément aux dispositions de la présente Loi donne lieu à une quittance établie
par l’Administration des Impôts.
§3. Action en recouvrement

Le législateur fiscal congolais a déterminé les modalités des poursuites et établi


quelques garanties du Trésor Public :

A. Modalités d’exercice des poursuites

Les poursuites s’exercent en vertu des contraintes décernées par le Receveur des
Impôts.

En cas de déclaration sans paiement ou avec un paiement insuffisant, le redevable


fait l’objet d’une mise en demeure l’invitant à payer dans un délai de huit jours. A
l’expiration de ce délai ou celui de quinze jours prévu à l’article 60 de la loi n°
004/2003, selon le cas, un commandement est signifié au redevable lui enjoignant de
payer dans les huit jours, sous peine d’exécution des mesures de poursuite.
Le commandement est signifié par l’Agent de l’Administration des Impôts muni
d’une commission d’huissier signé par le Ministre de la justice et porteur de
contraintes à la requête du Receveur des Impôts.
Les mesures de poursuites comprennent : les Avis à Tiers Détenteurs ; les saisies
mobilières, immobilières et les ventes qui en découlent ; la fermeture provisoire des
établissements par l’apposition de scellés.

Par ailleurs, tous fermiers, locataires, receveurs, agents, économes, banquiers,


notaires, avocats, huissiers, greffiers, curateurs de revenus sommes, valeurs ou
meubles, affectés au privilège du trésor public, sont tenus, sur demande du Receveur
des Impôts, de payer à l’acquit des redevables et sur le montant des fonds ou valeurs
qu’ils doivent ou qui sont entre leurs mains jusqu’à concurrence de tout ou partie des
impôts dus par ces derniers. Ladite demande est faite par pli recommandé avec
accusé de réception ou remis en mains propres sous bordereau de décharge. Le
redevable en est dûment informé par les soins du receveur des impôts.
Le tiers-détenteur, saisi par le Receveur des Impôts, informe ce dernier de la situation
de fonds ou du patrimoine du redevable qu’il détient.

86
A défaut, pour ces tiers-détenteurs de satisfaire à cette demande dans un délai de
huit jours à dater de la réception de la demande, ceux-ci sont poursuivis comme s’ils
étaient débiteurs directs.
Le paiement ne peut toutefois être exigé des fermiers ou locataires qu’à mesure de
l’échéance des loyers ou fermages, mais il n’est pas nécessaire de renouveler la
demande aussi longtemps que les impôts et autres droits, objets de ladite demande,
restent couverts par le privilège du Trésor et n’ont pas été intégralement acquittés
avec les pénalités et frais y afférents.
Lorsque les sommes, revenus ou valeurs en mains de tiers-détenteurs ne sont pas
affectés au privilège du trésor, ces détenteurs ne sont pas obligés personnellement et
il est procédé contre eux par voie de saisie-arrêt. Celle-ci s’effectue en suivant les
formalités prescrites par les articles 105 à 119 du Code de Procédure Civile.
Après expiration du délai fixé dans le commandement, le Receveur des Impôts
procédera la saisie des biens mobiliers et immobiliers du débiteur.
L’huissier, après avoir effectué l’inventaire des biens saisissables, dresse procès-
verbal de saisie selon les formes prescrites par la Loi.
Huit jours au moins après la signification au contribuable du procès-verbal de saisie,
l’huissier procède à la vente des biens mobiliers saisis jusqu’à concurrence des
sommes dues et des frais. Les ventes des biens immobiliers saisis sont faites par le
notaire.
Si aucun adjudicataire ne se présente ou si l’adjudication ne peut se faire qu’à vil
prix, l’huissier ou le notaire peut s’abstenir d’adjuger ; il dresse, dans ce cas un
procès-verbal de non-adjudication, et la vente est ajournée à une date ultérieure. Il
pourra y avoir plusieurs ajournements successifs.
Le produit brut de la vente est versé au compte du Receveur des Impôts, lequel,
après avoir prélevé les sommes dues, tient le surplus à la disposition de l’intéressé
pendant un délai de deux ans à l’expiration duquel les sommes non réclamées sont
acquises au trésor.
Les dispositions en vigueur quant aux saisies et aux ventes par l’autorité de justice,
en matière civile et commerciale sont applications aux saisies et vente opérées pour le
recouvrement des impositions dues, mais seulement entant qu’il n’y est pas dérogé
par les dispositions de la présente Loi.
Toutefois, le Receveur des Impôts peut, dans tous les cas où les intérêts du trésor
sont en péril, faire saisir de manière conservatoire, avec l’autorisation du Directeur
des Impôts compétent, les objets mobiliers du redevable.
La saisie conservatoire visée à l’alinéa précédent est convertie en saisie-exécution par
décision de ce fonctionnaire. Ladite décision doit intervenir dans un délai de deux
mois prenant cours à partir de la date de la saisie conservatoire.
87
Les héritiers d’un redevable décédé sont tenus, à concurrence de leurs parts
héréditaires, au paiement des impôts dues par le de cujus.
Toutes les contestations relatives au paiement des cotisations et aux poursuites sont
instruites par le Receveur des Impôts. En cas de contestation au sujet de la validité et
de la forme des actes de poursuites, l’opposition suspend l’exécution de la saisie
jusqu’à la décision judiciaire. Celle-ci doit être rendue dans un délai de trente jours à
dater de la saisine du tribunal. A défaut, la suspension de l’exécution de la saisie est
levée.
Il y a prescription pour le recouvrement des impôts et autres droits dus après quinze
ans à compter du dépôt de la déclaration ou de l’émission de l’avis de mise en
recouvrement.
Ce délai peut être interrompu de la manière prévue aux articles 636 et suivants du
Code Civil Livre III et par renonciation au temps couru de la prescription. En cas
d’interruption de la même manière, est acquise quinze ans après le dernier acte
interruptif de la précédente prescription s’il y a instance en justice.
Lorsque le débiteur n’est pas en mesure de payer une dette fiscale, compte tenu de
l’état de sa trésorerie, une suspension des poursuites peut être consentie par le
Directeur compétent ou son délégué, en contrepartie de l’engagement du débiteur
d’acquitter sa dette majorée des pénalités selon un plan échelonné.
Le délai d’échelonnement du paiement des sommes dues visé ci-dessus ne peut
excéder six mois.
La suspension des poursuites peut être révoquée en cas de non-respect d’un délai
d’échelonnement.
B. Garanties du Trésor Public

Le législateur congolais a prévu quatre garanties ou cautions en faveur au Trésor


Public en matière de recouvrement des impôts. Il s’agit de : (i) Privilège du Trésor ;
(ii) hypothèque du Trésor ; (iii) solidarité ; et (iv) Autorisation de sortie :
I. Privilège du Trésor
Pour le recouvrement des impôts, factures émises par le Gouvernement et rendues
exigibles par l’Administration des impôts, et autres droits dus ainsi que des pénalités
et frais y afférents, le Trésor a privilège général sur tous les biens meubles et
immeubles du redevable en quelque lieu qu’ils se trouvent.
Ce privilège grève également les biens meubles et immeubles du (de la) conjoint(e)
du (de la) redevable dans la mesure où le recouvrement des impositions peut être
poursuivi sur lesdits biens, à moins que ce (cette) conjoint(e) prouve qu’il (elle)
possédait ces biens avant son mariage ou que lesdits biens ou les fonds au moyen

88
desquels ils ont été acquis proviennent de succession, de donation par des personnes
autres que son (sa) conjoint(e) ou de ses revenus personnels.
Ce privilège s’exerce avant tout autre et pendant deux ans à compter de la date de
dépôt de la déclaration ou de l’émission de l’avis de mise en recouvrement.
La saisie des biens, avant l’expiration de ce délai, conserve le privilège jusqu’à leur
réalisation. Est assimilée à la saisie, la demande du Receveur des Impôts adressée aux
tiers-détenteurs des biens des redevables.
II. Hypothèque du Trésor
En droit civil des biens, l’hypothèque est un « droit réel sur un immeuble affecté à
l’acquittement d’une obligation ».
Pour le recouvrement des impôts, factures, et autres droits ainsi que des pénalités et
frais de poursuite, le Trésor a également droit d’hypothèque légale sur les immeubles
du redevable.
L’hypothèque grève également les biens meubles et immeubles du (de la) conjoint(e)
du (de la) redevable dans la mesure où le recouvrement des impositions peut être
poursuivi sur lesdits biens, à moins que ce (cette) conjoint(e) prouve qu’il (elle)
possédait ces biens avant son mariage ou que lesdits biens ou les fonds au moyen
desquels ils ont été acquis proviennent de succession, de donation par des personnes
autres que son (sa) conjoint(e) ou de ses revenus personnels.
Le Trésor peut exercer ce droit dès le moment où les droits deviennent exigibles et ce,
au plus tard le 31 décembre de l’année qui suit celle de l’exigibilité des sommes dues.
Le Receveur des Impôts requiert l’inscription et accorde la levée des hypothèses
légales ou conventionnelles garantissant paiement des sommes dues.
Pour autant qu’il n’y soit pas dérogé par le présent article, les dispositions générales
relatives aux hypothèses restent applicables en matière des impôts, factures, et autres
droits ainsi que pénalités et frais de poursuites.
III. Solidarité
Le recouvrement de l’impôt établi à charge de la personne qui effectue les prestations
d’assistance peut être poursuivi sur tous les biens, meubles et immeubles, du
bénéficiaire desdites prestations, lequel est solidairement responsable de l’impôt
éludé.
Les sociétés étrangères, de même que les redevables qui, sans avoir au Congo leur
domicile ou leur résidence, y possèdent un ou plusieurs établissements quelconques,
doivent avoir un représentant au Congo qui est tenu solidairement avec eux au
paiement des impôts, des pénalités et frais de poursuites.
En cas de cessions complète de l’ensemble des éléments d’actif de l’ensemble ou d’un
secteur d’activité pouvant être considéré comme constituant une exploitation

89
autonome, le cédant et le cessionnaire sont tenus d’en aviser l’Administration des
Impôts. Il en est de même de dissolution ou de liquidation de société dont le
liquidateur est tenu d’en aviser le fisc. A cet effet, l’article 2 de la Loi n° 004/2003 déjà
citée, dispose que « toutes les modifications relatives à l’identité, à la direction, à
l’adresse ou affectant un élément imposable ou l’exploitation, ou y mettant un terme,
feront l’objet d’une déclaration auprès de l’administration des Impôts, dans les
quinze jours de la survenance de l’événement ».
A défaut de notification par le cessionnaire ou le liquidateur, celui-ci est tenu au
paiement des impôts et autres droits dus, solidairement avec le cédant ou la société.
Le recouvrement de l’impôt établi à charge du mari, peut être poursuivi sur les biens,
meubles et immeubles de la femme, à moins qu’elle prouve qu’elle possédait ces
biens avant son mariage ou que lesdits biens ou les fonds au moyen desquels ils ont
été acquis proviennent de succession, de donation par des personnes autres que son
mari ou de ses revenus personnels.
IV. Autorisation de sortie
Pour protéger le fisc contre certaines fraudes fiscales, le législateur a subordonné la
sortie du territoire national de tout contribuable ou redevable à la présentation, au
service de la sûreté de l’Etat, d’un document délivré par le Receveur des Impôts,
attestant que le redevable est quitte des impôts en République Démocratique du
Congo.

Section 4 : Contrôle fiscal


§1. Remarques préliminaires

La loi n° 004/2003 déjà citée ne définit pas expressément le contrôle, mais son article
29 dispose que « les opérations de vérification consistent à confronter la comptabilité
présentée à certaines données de fait ou matérielles afin de contrôler la sincérité des
déclarations souscrites et de procéder le cas échéant, à l’établissement des impôts ou autres
droits éludés. Le contrôle peu également consister en l’examen de la cohérence entre éléments
déclarés et la situation du patrimoine, la situation de trésorerie et/ou autres indices d’où
résulte une aisance supérieure à ces éléments ».
Le contrôle fiscal constitue la contrepartie normale de l’obligation faite aux
contribuables de produire des déclarations sincères et exactes de la matière
imposable. Il permet à l’Administration de s’assurer du respect de cette obligation et
de pouvoir procéder le cas échéant aux rectifications des bases d’imposition
nécessaires.
Le contrôle fiscal est, au regard de la Loi n° 004/2003 telle que modifiée et complétée
par la Loi n° 005 / 2012 du 21 septembre 2012, constitué par : le droit de contrôle, le
droit de communication, le droit d’enquête et le droit de visite et de saisie :

90
§2. Droit de contrôle

L’Administration des impôts a le pouvoir exclusif de vérifier sur pièces ou sur place,
l’exactitude des déclarations de tous les impôts et autres droits dus par les
redevables, conformément aux dispositions légales en vigueur.

En guise de précision, le contrôle sur pièces est celui qu’effectue l’administration, sur
la base des dossiers dont elle dispose ou des éléments d’information qu’elle a pu
recueillir, mais sans procéder à des investigations sur place. Très souvent, le contrôle
fiscal sur pièces se déroule sans que le contribuable soit informé. D’ailleurs, moins le
contribuable est informé de ce type de contrôle, mieux il se porte : si l’administration
fiscale ne prend pas contact avec lui, c’est qu’elle n’a décelé aucune anomalie qui
justifierait des investigations complémentaires.

L’Administration des Impôts peut inviter tout redevable à fournir verbalement ou


par écrit des explications, éclaircissements ou justifications et, en outre, s’il a
l’obligation de tenir des livres, carnets et journaux, à communiquer sans
déplacement, ses écritures et documents comptables, aux fins de permettre de
vérifier les renseignements demandés ou fournis. Le redevable a, à cet effet, vingt
jours pour y répondre.
Le législateur n’est pas très explicite sur ce délai de 20 jours, mais nous estimons qu’il
s’agit d’un délai franc, c'est-à-dire pour lequel le premier jour et le dernier jour ne
sont pas comptés.
Les demandes d’explications, d’éclaircissements, de justifications et de
renseignements peuvent porter sur toutes les opérations auxquelles le redevable a été
partie et les informations recueillies peuvent également être invoquées en vue de
l’imposition des tiers.
L’Administration des Impôts établit d’office les impôts et autres droit dus par les
redevables dans les cas ci-après :
• l’absence de déclaration ;
• l’absence de comptabilité ;
• le défaut de remise des pièces justificatives, des renseignements demandés ou
de réponse dans les délais fixés par la loi ;
• le rejet d’une comptabilité considérée par l’Administration des Impôts comme
irrégulière ;
• l’opposition au contrôle fiscal.
Par ailleurs, en ce qui concerne les modalités d’exercice du contrôle, elles consistent
de la part des Agents de l’Administration des Impôts, munis d’un Ordre de

91
vérification signé par le fonctionnaire compétent, de pouvoir vérifier, sur place,
l’exactitude des déclarations souscrites par les redevables.

La vérification peut être générale ou ponctuelle. La première porte sur tous les
impôts et taxes sur toute la période non prescrite ; tandis que la seconde consiste au
contrôle d’un seul impôt sur une période inférieure à un exercice fiscal.

La vérification s’exerce au siège de l’entreprise ou au lieu de son principal


établissement, pendant les heures de service. Dans l’hypothèse où, pour des raisons
objectives, le contrôle ne peut s’effectuer en ces lieux, le redevable doit expressément
demander qu’il se déroule, soit dans les bureaux de son comptable, soit dans les
locaux de l’Administration des Impôts.
L’Agent de l’Administration des Impôts adresse un avis de vérification aux
redevables, au moins huit jours avant la date de la première intervention. Cet avis
informe le redevable notamment de son droit de se faire assister d’un conseil de son
choix et précise la nature des impôts ou autres droits ainsi que la période soumise au
contrôle.
Le redevable peut solliciter le report de la date de la première intervention, en
formulant par écrit et en motivant sa demande dans les quarante-huit heures de la
réception de l’avis. Ce report, qui ne peut dépasser quinze jours, doit être
expressément accepté par l’Agent visé à l’alinéa premier du présent article.
Lorsque les intérêts du Trésor risquent d’être compromis, l’Administration des
Impôts peut procéder sans délai à une vérification inopinée. Dans ce cas, l’avis de
vérification est remis en mains propres au contribuable lors de la première
intervention. Au cours de cette première intervention, les opérations doivent se
limiter à des constatations matérielles concernant notamment les inventaires, les
relevés de prix et les contrôles de l’existence des pièces comptables obligatoires.

Le contrôle proprement dit ne pourra commencer que dans les conditions et délai
prévus à l’article précédent, afin que le contribuable puisse se faire assister par un
conseil de son choix.

La vérification inopinée peut également porter sur l’impôt professionnel sur les
rémunérations et l’impôt exceptionnel sur les rémunérations du personnel expatrié,
en cas de dissimulation d’éléments imposables devant servir mensuellement de base
de calcul de ces impôts.
Lorsque l’ordre de vérification ne comporte pas de précision sur les impôts ou autres
droits ou l’indication des années ou périodes années ou périodes soumises à la
vérification, l’Agent de l’Administration des Impôts peut vérifier l’ensemble des

92
impôts et droits dont le contribuable est redevable au titre des exercices non encore
vérifiés, sans préjudice du droit pour le fisc de rappeler les impôts ou suppléments
d’impôts dus par les redevables au titre de l’exercice en cours et de cinq années
précédentes.
En cas d’insuffisances, inexactitudes ou omissions constatées, l’Administration des
Impôts qui estime devoir rectifier les éléments servant de base au calcul des impôts et
autres droit dus, notifie les redressements chiffrés qu’elle se propose d’effectuer dans
le cadre de la procédure contradictoire, en indiquant les motifs de la rectification.
Dans ce cas, la charge de la preuve incombe à l’Administration.
Au terme du contrôle, les redressements effectués sont notifiés au redevable sous
forme d’avis de redressement, envoyé sous pli recommandé avec accusé de réception
ou remis en mains propres sous bordereau de décharge. Le redevable est invité à
faire à l’Administration des Impôts, dans un délai de vingt jours, soit sa
confirmation, soit ses observations motivées. Le défaut de réponse dans le délai vaut
acceptation et les suppléments d’impôts et autres droits ainsi notifiés sont mis en
recouvrement.
Il s’agit ici d’un cas typique de l’application du principe de Droit civil « qui ne dit
mot consent ».
Toute opération conclue sous forme de contrats ou d’actes juridiques quelconques
dissimulant une réalisation ou un transfert d’éléments imposables effectué
directement ou par personnes interposées n’est pas opposable à l’Administration des
Impôts. Celle-ci dispose du droit de restituer à l’opération son véritable caractère et
de déterminer en conséquence les bases imposables des impôts et autres droits dus
par des personnes physiques ou morales.
En ce qui concerne les impôts ou suppléments d’impôts dus par les redevables au
titre de l’exercice en cours et de cinq années précédentes, le législateur accorde au fisc
le droit de rappeler. Ce délai est interrompu par la notification de redressement, par
la déclaration ou tout autre acte comportant reconnaissance de l’impôt de la part du
redevable ou la notification d’un procès-verbal de constat d’infraction fiscale. Il cour
à compter de l’existence de fraudes à incidence fiscale révélée par une instance civile,
commerciale ou pénale ou toute administration.
En outre, lorsqu’une imposition a été annulée pour n’avoir pas été établie
conformément à une règle légale, le fisc peut établir à charge du même redevable,
une nouvelle cotisation à raison de tout ou partie des mêmes éléments d’imposition,
dans les six mois soit de la date de la décision administrative, soit de la décision
judiciaire coulée en force de chose jugée.
Enfin, il ne peut être procédé à une nouvelle vérification portant sur un même impôt
au titre d’un exercice déjà contrôlé, sauf en cas d’agissements frauduleux révélés

93
dans le cadre d’une instance sanctionnée par une décision judiciaire ou suite à une
enquête destinée à établir la réalité des faits dénoncés. Toutefois, cette disposition ne
s’applique pas lorsque le contrôle a porté sur un impôt au titre d’une période
inférieure à un exercice fiscal ou s’est limité à un groupe d’opérations.

§3. Droit de communication

Le droit de communication, en droit fiscal, peut être appréhendé comme le « droit


conféré à certains agents de diverses administrations fiscales de prendre
connaissance de documents concernant les contribuables auprès des intéressés eux-
mêmes ou auprès de tiers ».
Le législateur fiscal congolais octroie aux agents du fisc ayant qualité, le droit général
d’obtenir, des personnes physiques ou morales, publiques ou privées communication
de toutes pièces ou documents nécessaires à l’établissement des impôts et autres
droits dus par les redevables.
A cet effet, les entreprises publiques, les services publics, les entités administratives
décentralisées, les établissements publics, les organismes semi-publics, les
associations sans but lucratif et les établissements d’utilité publique sont tenus
d’adresser à l’Administration des Impôts, dans les dix jours qui suivent la fin de
chaque trimestre, un relevé de toutes les sommes versées à des tiers, à quelque titre
que ce soit, à l’exclusion des salaires. Il en est de même des banques intervenant dans
les opérations d’exportation ; elles disposent d’un délai de dix jours suivant le mois
de réalisation desdites opérations pour déposer un relevé des celles effectuées par les
entreprises ainsi que les volets des licences réservés à l’Administration des Impôts,
conformément à la Réglementation de change. Toutes ces institutions ne peuvent
opposer le secret professionnel au fisc.
Toujours dans la même optique, l’autorité judiciaire doit donner connaissance à
l’Administration des Impôts de toute indication qu’elle peut recueillir, de nature à
faire présumer une fraude commise en matière fiscale ou une manœuvre quelconque
ayant pour objet ou résultat de frauder ou de compromettre un impôt, qu’il s’agisse
d’une instance civile, commerciale ou pénale, même terminée par un non-lieu. Dans
les quinze jours qui suivent le prononcé de toute décision judiciaire, les pièces restent
déposées au greffe à la disposition de l’Administration des Impôts.
Enfin, Toute personne dont l’activité entre dans le champ d’application des impôts
est tenue de fournir, dans les vingt jours, à l’Administration des Impôts les
renseignements qui lui sont demandés et de présenter à toute réquisition des agents
du fisc, les livres dont la tenue est prescrite par la réglementation en matière
d’impôts, ainsi que les pièces et documents annexes.

94
§4. Droit d’enquête

L’enquête en droit pénal est l’ensemble d’opérations de la Police Judiciaire, ayant


pour but la découverte du coupable et qui visent à rassembler les preuves de sa
culpabilité. L’enquête comporte à cet effet, des investigations matérielles ainsi que les
collectes de dépositions.

De ce qui précède, nous pouvons déduire que le droit d’enquête fiscale est la
prérogative reconnue au fisc de découvrir le contribuable coupable d’une infraction
fiscale ; de rassembler les preuves de sa culpabilité, notamment en posant tous les
actes nécessaires quant à ce.

Selon la procédure fixée par le législateur fiscal congolais, les agents des impôts,
munis d’un ordre de mission, peuvent se faire présenter et prendre copies des
factures ainsi que des livres, registres et documents professionnels pouvant se
rapporter à des opérations ayant donné lieu ou devant donner lieu à facturation. Ils
peuvent également se faire présenter et prendre copies de tous les documents
douaniers justifiant la perception de la taxe sur la valeur ajoutée à l’importation, la
réalité d’une exportation ou l’application d’un régime suspensif.

A l’exception des locaux affectés au domicile privé, ils peuvent, à cet effet, avoir
accès, durant les heures d’activité professionnelle, aux locaux à usage professionnel,
aux terrains, aux entrepôts, aux moyens de transport à usage professionnel et à leur
chargement, et procéder à la constatation matérielle des éléments physiques de
l’exploitation.

Ils peuvent recueillir sur place, des renseignements ou justifications relatifs aux
opérations visées ci-dessus.

Ils peuvent, s’il échait, procéder à l’audition du contribuable ou de toute personne


afin d’obtenir des renseignements ou des justifications sur la facture reçue ou émise
par l’entreprise.

Lors de la première intervention, une copie de l’ordre de mission est remise à l’une
des personnes suivantes : en ce qui concerne les personnes physiques (soit au
contribuable ; soit aux employés ; ou à toute autre personne travaillant avec le
contribuable) ; en ce qui concerne les personnes morales (soit au gérant ; soit au
représentant légal ; soit aux employés ; ou à toute personne travaillant avec le
contribuable).

95
En cas de refus d’accuser réception, mention en est faite au procès-verbal établi sur le
champ, dont une copie est remise à la personne trouvée sur place.

Par ailleurs, chaque intervention fait l’objet d’un procès-verbal relatant les opérations
effectuées. A l’issue de l’enquête, un procès-verbal consignant les manquements
constatés ou l’absence de tels manquements est établi. La liste des pièces ayant
permis la constatation des infractions est, le cas échéant, annexée au procès-verbal.
Le procès-verbal est signé par les agents ayant participé à l’intervention et par le
contribuable ou son représentant. Mention est faite de son éventuel refus de signer.

Le droit d’enquête ne peut en lui-même donner lieu à une notification de


redressement. Les constatations du procès-verbal ne peuvent être opposées au
contribuable ainsi qu’aux tiers impliqués que dans le cadre des procédures de
contrôle fiscal.

§5. Droit de visite et de saisie

En droit pénal, la perquisition (visite) et la saisie sont les pouvoirs par lesquelles un
Officier de Police Judiciaire, sur permission du Ministère public, peut se transporter
dans un domicile privé pour se saisir des preuves d’un suspect ou des preuves d’une
infraction.

Ainsi donc, en ce qui concerne le droit de visite fiscal, le législateur congolais a prévu
que le fisc peut saisir le Procureur de la République territorialement compétent pour
l’autoriser à effectuer des visites en tous lieux, même privés, où les pièces et
documents nécessaires à ses investigations sont susceptibles d’être détenus, et
procéder à leur saisie, quel que soit le support, lorsqu’elle estime qu’il existe des
présomptions qu’un contribuable se soustrait à l’établissement ou au paiement des
impôts, droits et taxes.

Le Procureur de la République doit vérifier de manière concrète que la demande


d’autorisation qui lui est soumise est bien fondée. Il motive son autorisation en
indiquant les éléments de fait et de droit qu’il retient et qui laissent présumer, en
l’espèce, l’existence des agissements frauduleux dont la preuve est recherchée.

Seuls les Agents des Impôts revêtus de la qualité d’officier de police judicaire
peuvent procéder à la recherche de la preuve des actes poursuivis.

La visite et la saisie des pièces et documents s’effectuent sous l’autorité et la


responsabilité de l’Administration fiscale. L’autorisation du Magistrat parquetier est
notifiée sur place au moment de la visite, à l’occupant des lieux ou à son représentant

96
qui en reçoit copie intégrale contre récépissé. En leur absence, l’autorisation est
notifiée, après la visite et, le cas échéant, la saisie, par lettre recommandée avec
accusé de réception, par remise en mains propres contre bordereau de décharge. Le
refus de prendre copie est mentionné dans un procès-verbal établi à cet effet.

L’autorisation du Procureur de la République est susceptible de recours devant le


Tribunal de Grande Instance. Ce recours n’est pas suspensif des opérations de visite
et de saisie. Les délais et modalités des voies de recours sont mentionnés sur les actes
de notification.

Il importe de relever qu’en droit congolais, les visites domiciliaires et les


perquisitions ne peuvent être effectuées qu’au-delà de 21 h et avant 5 heures du
matin, sauf cas de flagrance.

C’est dans cette logique que l’article 56 quarto G de la loi n° 004/2003 telle que
complétée par la Loi n° 005 / 2012 du 21 septembre 2012, dispose qu’en cas
d’urgence laissée à l’appréciation de l’Administration, le Procureur de la République
peut autoriser les visites et saisies avant six heures du matin et après vingt et une
heures.

Les Agents des Impôts habilités, l’occupant des lieux ou son représentant peuvent
seuls prendre connaissance des pièces et documents avant leur saisie.

Par ailleurs, un procès-verbal relatant les modalités et le déroulement de l’opération


et consignant les constatations effectuées est dressé sur le champ par les agents des
impôts. Un inventaire des pièces et documents saisis y est annexé s’il y a lieu.

Les originaux du procès-verbal et de l’inventaire sont, dès qu’ils ont été établis,
adressés à l’Administration des Impôts ; une copie de ces mêmes documents est
remise à l’occupant des lieux ou à son représentant ainsi qu’au Procureur de la
République qui a autorisé la visite.

Section 5 : Régimes de pénalités


Nous allons successivement passer en revue les différentes sortes de pénalités
fiscales ainsi que leurs taux :

§1. Portée des pénalités fiscales

Le législateur fiscal congolais distingue, au regard de l’article 83 de la Loi n°


004/2003, les pénalités d’assiette ou majorations, les pénalités de recouvrement ou

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intérêts moratoires, les astreintes, les amendes administratives et les sanctions
pénales.
L’article 84 de la même Loi entend par :

• Pénalités d’assiette : les pénalités qui sanctionnent le défaut des déclarations au


regard des délais légaux, les déclarations inexactes, incomplètes ou fausses ;
• Pénalités de recouvrement : celles qui sanctionnent le retard dans le paiement des
impôts et autres droits dus ;
• Astreinte : une sanction pécuniaire frappant les personnes mises en demeure par
pli recommandé avec accusé de réception ou remis en mains propres sous
bordereau de décharge pour n’avoir pas donné suite, dans le délai, à une demande
de renseignement de l’Administration des Impôts dans le cadre du droit de
communication ;
• Amendes administratives : les sanctions qui répriment le non-respect des
formalités comptables et fiscales ainsi que le mauvais comportement du
contribuable, du redevable ou de toute autre personne, tendant à faire perdre au
Trésor Public les droits dus, soit par le contribuable ou le redevable légal, soit par
des tiers.

§2. Taux des pénalités

A. Pénalités d’assiette :

En cas de taxation d’office pour absence de déclaration servant au calcul de tout


impôt ou accompagnant le paiement d’un droit, il appliqué une majoration égales à
50 % du montant de l’impôt dû. En cas de récidive, la majoration est de 100% du
même montant.
Au regard de l’article 84 de la loi n° 004/2013 précitée, la récidive est « le fait de
commettre une même infraction déjà sanctionnée, dans un délai de deux ans ou de
six mois en ce qui concerne respectivement les impôts annuels et les autres impôts. »
Lorsque le redevable défaillant régularise sa situation dans le délai fixé à l’article 5 de
la présente Loi, la majoration applicable est de 25 %.
En cas de taxation d’office pour absence de déclaration servant au calcul de tout
impôt ou accompagnant le paiement d’un droit, il est appliqué une majoration égale
à 50 % du montant de l’impôt dû.
En cas de récidive, la majoration est de 100 % du même montant.

98
Dans les autres cas de taxation d’office, l’impôt dû est majoré de 25 %. En cas de
récidive, l’impôt est majoré de 50 %.
En cas de redressement, il est mis à charge du contribuable une majoration égale à 20
% du montant de l’impôt éludé.
En cas de récidive, la majoration est de 40 % du même montant.
B. Pénalités de recouvrement :

Tout retard dans le paiement de tout ou partie des impôts et autres droits donne lieu
à l’application d’un intérêt moratoire égal à 4 % par mois de retard.
L’intérêt moratoire est décompté du premier jour du mois au cours duquel l’impôt
aurait dû être payé au jour du mois du paiement effectif, tout mois commencé étant
compté intégralement.
Le Ministre ayant les Finances dans ses attributions est habilité à modifier le taux
repris à l’alinéa 1er du présent article par voie réglementaire.
C. Astreintes

En dehors de toute procédure de contrôle, le refus de répondre, dans le délai légal, à


une demande de renseignements, est sanctionné d’une astreinte fiscale égale à CDF
100.000 pour les personnes morales et CDF 25.000 pour les personnes physiques, par
jour de retard, jusqu’au jour où les informations demandées seront communiquées.
L’astreinte est établie par le service ayant demandé les renseignements et réclamée
par voie d’avis de mise en recouvrement.
D. Amendes

L’absence d’annexes à la déclaration de l’impôt sur les bénéfices et profits est


sanctionnée par une amende de CDF 100.000 par annexe.
En cas de récidive, cette amende est portée à CDF 200.000.
L’absence d’une déclaration ne servant pas au calcul de l’impôt est sanctionnée par
une amende de CDF 500.000 pour les personnes morales et de CDF 250.000 pour les
personnes physiques.
Il faut entendre notamment par déclaration ne servant pas au calcul de l’impôt : le
relevé trimestriel des sommes versées aux tiers ; le relevé mensuel des précomptes.
Le défaut de paiement du précompte, résultant du fait qu’il n’a pas été retenu au
moment des opérations, est sanctionné par une amende égale au montant du
précompte reconstitué et ce, à charge du redevable légal.
Le défaut ou l’insuffisance de reversement du précompte collecté donne lieu au
paiement, en plus du principal, d’une amende égale au montant du précompte dû.

99
Le défaut de retenue sur les loyers ou de reversement de celle-ci est sanctionné d’une
amende égale au montant de la retenue due.
Dans les conditions prévues pour l’astreinte, la communication de faux
renseignements est sanctionnée par une amende de CDF 1.500.000 pour les
personnes morales et de CDF 250.000 pour les personnes physiques.
Toute omission d’une mention obligatoire constatée dans une facture ou document
en tenant lieu entraîne l’application d’une amende de CDF 750.000 pour les
personnes morales et de CDF 250.000 pour les personnes physiques, par omission.
L’opposition au droit d’enquête ou au contrôle inopiné est sanctionnée par une
amende de CDF 1.000.000. En cas de récidive, cette amende est doublée.
La communication de renseignements incomplets est sanctionnée par une amende de
CDF 750.000 pour les personnes morales et de CDF 125.000 pour les personnes
physiques.
Toute omission d’une mention obligatoire constatée dans une facture ou document
en tenant lieu entraîne l’application d’une amende de CDF 750.000 pour les
personnes morales et de CDF 250.000 pour les personnes physiques, par omission.
L’opposition au droit d’enquête ou au contrôle inopiné est sanctionnée par une
amende de CDF 1.000.000. En cas de récidive, elle est doublée.
L’exercice d’une activité soumise à l’impôt sans au préalable remplir les formalités
légales ou réglementaires, est sanctionné par la fermeture provisoire ainsi que par
une amende de CDF 1.000.000 pour les personnes morales, de CDF 100.000 pour les
personnes physiques exerçant le commerce ou une profession libérale et de CDF
50.000 pour les personnes physiques bénéficiaires de revenus locatifs.
L’amende dont question à l’alinéa précédent est établie et recouvrée lors de la
réouverture de l’établissement qui intervient après attribution du Numéro Impôt.
En sus de la fermeture provisoire, la situation fiscale du contribuable défaillant est
régularisée d’office par la structure en charge de sa gestion, conformément au droit
de rappel prévu à l’article 43 de la législation sous analyse.
Les mêmes sanctions sont applicables en cas d’absence d’indication, sur la facture, du
numéro impôt de la partie contractante à une transaction entre professionnels.
Le défaut de paiement de l’acompte provisionnel donne lieu à l’application d’une
amende égale à 50 % du montant de l’acompte non versé.
Lorsque les circonstances l’exigent, le Ministre ayant les Finances dans ses
attributions peut, par voie d’arrêté, modifier les montants des pénalités sus-repris.
Les pénalités prévues par la présente loi sont établies et recouvrées selon les mêmes
modalités et sous les mêmes garanties que les droits auxquels elles se rapportent.

100
Partie III :
Financement de l’entreprise

Dans les deux précédentes parties de ce cours, nous nous sommes intéressés à la
fiscalité en général et celle congolaise en particulier, ce qui a permis notamment de
déceler les impôts, droits, taxes et redevances applicables aux entreprises (fiscalité de
l’entreprise). Dans cette dernière partie, l’accent est mis sur le financement de
l’entreprise, en vue de permettre aux étudiants —chefs d’entreprises actuels et en
puissance— d’appréhender quelques mécanismes d’optimisation financière, qui rime
évidemment avec l’optimisation fiscale.
Lors de sa création, puis au cours de son développement, l’entreprise doit —au
moment opportun— détenir les ressources financières nécessaires pour faire face à
ses échéances, et utiliser au mieux les moyens dont elle dispose. Pour exercer son
activité, l’entreprise doit d’abord engager des dépenses avant de percevoir des
recettes : réalisation des investissements matériels (terrains, installations,
constructions) ; achats des matières et fournitures ; prévision de la rémunération de
la main d’œuvre ; etc. Ce n’est qu’ultérieurement, à l’issue de la production et de la
commercialisation, que des recettes seront encaissées après la réalisation des ventes.
Il y a donc un décalage dans le temps entre les paiements et les encaissements
concernant aussi bien les investissements que l’exploitation. Ce décalage crée des
besoins de financements que l’entreprise devra couvrir en se procurant des fonds
selon différentes modalités.
En partant du fait que l’entreprise est une entité économique combinant les facteurs
de production (capital, travail, matières premières) dans le but de produire des biens
et services destinés à être vendus sur un marché solvable, le financement peut être
défini comme lui permettant de disposer des ressources qui lui sont nécessaires sur le
plan pécuniaire. Ce financement conditionne la survie de l’entreprise.

Cette partie du cours est constituée de deux chapitres :


- Chapitre 1er : Quelques généralités sur l’entreprise ;
- Chapitre 2e : Quelques moyens de financement de l’entreprise.

101
Chapitre 1 : QUELQUES GENERALITES SUR
L’ENTREPRISE

Section 1 : Notion de l’entreprise


§1. Remarques préliminaires :

Dans l’histoire économique, on trouve de nombreuses définitions du concept


d’entreprise. Il est important de noter que chaque définition est marquée par son
époque : elle dépend à la fois des formes d’organisation du travail et de la production
qu’une époque s’est donnée et des analyses théoriques que les hommes ont fait de
l’activité économique de cette époque.
§2. Définition :

L’entreprise peut être définie comme étant une « unité économique qui implique la
mise en œuvre de moyens humains et matériels de production ou de distribution des
richesses reposant sur une organisation préétablie » (GUINCHARD et DEBARD).

C’est aussi l’ensemble des « établissements réunissant, sous une direction commune,
des moyens tant humains que matériels en vue de l’accomplissement d’activités
économiques, commerciales, industrielles ou de services » (CABRILLAC).

§3. Caractéristiques :

L’entreprise est à la fois :

 Une organisation technique : elle produit des biens et services à partir d’une
combinaison de moyens (capital sous différentes formes, compétences) ;
 Une organisation économique : la création et la répartition de la valeur est une
finalité centrale de l’entreprise ;
 Une organisation sociale, une cellule sociale et humaine : l’entreprise est
composée de 3 acteurs principaux, à savoir les Apporteurs de capitaux, les
Dirigeants et les Salariés. Ces 3 acteurs ont des objectifs et des stratégies
individuelles différentes ;
 Un centre de décision relativement autonome : calcul économique, gestion et
décisions.

§4. Partenaires de l’entreprise :

Pour fonctionner et atteindre ses objectifs, l’entreprise entreprend des relations avec
plusieurs parties qui —elles aussi— s’intéressent au fonctionnement de l’entreprise et
à son efficacité. Il s’agit notamment de :

102
 Clients : le marché de l’entreprise dépend des ventes qu’elle réalise donc des
achats de ses clients (ménages, administrations, autres entreprises, banques…). Le
client peut être qualifié de « pilier de l’affaire dans la mesure où il est le seul à
donner du travail à l’entreprise ». De ce fait, le seul but de l’entreprise est de
satisfaire les besoins du client et à travers lui les besoins de la société toute
entière.

 Autres entreprises : Elles peuvent être des fournisseurs dont le prix d’achats des
matières premières, prix d’énergie fournie, installations, services… conditionnent
le prix de vente des produits de l’entreprise. Elles peuvent également être des
concurrents que l’entreprise prend en compte (prix appliqués par les concurrents,
caractéristiques de leurs produits).

 Salariés (syndicats) : La charge salariale représente un élément important du prix


de revient du produit de l’entreprise mais aussi la qualité du travail et la
productivité de ses salariés. Les salariés et leurs syndicats suivent de près le
développement de l’entreprise et les décisions prises par cette dernière.
L’entreprise doit concilier exigences des salariés et coût qui permet d’être
compétitive.

 Banques et institutions de crédit : l’entreprise obtient des crédits auprès des


banques et verse des intérêts qui représentent un élément de coût.

 Administrations : Etat et les collectivités locales qui lui réclament des impôts et
des taxes ainsi que les organismes sociaux à qui elle doit verser des cotisations
sociales. Mais elle s’adresse à ces administrations pour obtenir des aides ou
utiliser des biens et services collectifs que ces administrations créent et
entretiennent.

 Autres acteurs: investisseurs, public, associations (protection de l’environnement,


associations culturelles …)

§5. Précisions sémantiques :

Dans l’optique de mieux appréhender la notion de l’entreprise, il n’est pas sans


intérêt de distinguer cette dernière avec d’autres entités connexes, notamment :

A. Organisation et Entreprise :

L’Organisation est définie comme étant une unité sociale mise en place pour
atteindre certains objectifs. Elle suppose un but formel, une division des tâches et une
attribution des rôles, un système de communication, un mécanisme de prise de

103
décisions, un ensemble de règles d’évaluation de l’activité. Cette définition
s’applique aux administrations, clubs, associations, partis politiques, entreprises …

Donc, toutes les entreprises sont des organisations mais pas l’inverse. L’entreprise est
une organisation mettant en œuvre différents moyens dans le but de produire et
commercialiser des biens et services. Elle est finalement une organisation capable de
s’adapter à l’évolution de l’environnement en changeant les procédures. Donc
l’entreprise est dynamique elle évolue en permanence elle détient un système ouvert.

B. Établissement et Entreprise :

Un établissement peut être une usine, une agence commerciale, un laboratoire, un


entrepôt… qui ne constituent pas à eux seuls des entreprises mais de simples unités
techniques. L’entreprise regroupe plutôt l’ensemble de ces établissements.

C. Administration et Entreprise :

L’entreprise réalise une production marchande, les administrations publiques


(ministères, collectivités locales, services publics, etc.) et les administrations privées
(association, syndicats) produisent des services non marchands.

Section 3 : But et rôle de l’entreprise


L’entreprise est aussi une réalité sociétale qui influence la société (communauté). Sa
contribution économique se manifeste sous forme de création d’emplois, de produits,
de valeurs, de revenus, de ressources pour les collectivités publiques, d’innovation et
de la diffusion du progrès technique.

Dans ce cas, l’entreprise joue deux rôles principaux : un rôle économique et un rôle
social. Avant d’esquisser ces deux rôles, il convient de dire un mot sur le but et
finalité de l’entreprise, de manière globale :

§1. But et finalité de l’entreprise :

Le but de l’entreprise est la raison pour laquelle elle a été créée. Son objectif varie
selon la type d’entreprise et le système social dans lequel elle exerce son activité. Un
but est un objectif à atteindre dans l’accomplissement d’une activité donnée. Il
exprime le résultat qu’un individu ou une entité doit s’efforcer d’obtenir dans la
réalisation des opérations qu’ils ont pour mission d’effectuer ou de diriger.

La finalité c’est l’ensemble des raisons d’être d’une organisation —implicites ou


explicites— vis-à-vis des différents partenaires (salariés, investisseurs, clients,
Etat…). Ces finalités peuvent être différentes d’une organisation à l’autre de types
différents et même dans des organisations du même type. C’est notamment :

104
 Réaliser des profits, satisfaire le consommateur et pérennité pour les
entreprises privées ;
 Satisfaire les usagers/clients et mettre en place les missions du services
publiques (Etat, collectivités locales et entreprises publiques) ;
 Partager un loisir entre les membres (Club) ;
 Exercer un rôle humanitaire (ONG ; association caritative) ;
 Promouvoir l’expression et la diffusion d’idées politiques, culturelles ou
religieuses (parti politique, association culturelle).

§2. Autres aspects :

Le profit n’est pas le seul objectif des entreprises. Malgré l’importance de la notion
du profit (elle représente le moyen principal pour assurer la survie et la pérennité de
l’entreprise), il ne peut être considéré comme seul et premier objectif des firmes.

La définition des objectifs de l’entreprise est un domaine de l’économie qui a souvent


fait l’objet de débats et il est peu de sujets ayant donné l’occasion à des opinions aussi
contradictoires. La simplification et la norme que représente la recherche de
maximisation des profits ont été fortement remises en cause parce qu’elles ne
décrivent pas exactement ce qui se passe ou parce qu’elles ne seraient pas
pratiquement réalisables.

Les principales critiques apportées à l’hypothèse de maximisation des profits


peuvent être résumés dans ce qui suit :

 La maximisation des profits ne peut être repérée. C’est en analysant les


objectifs et les pratiques du « pricing » dans les grandes entreprises et dans les
PME que certains auteurs en sont venus à la conclusion que la règle du coût
marginal et de la recette marginale n’est pas utilisée dans les faits. D’ailleurs, il
peut être fort difficile de repérer une recette marginale et un coût marginal
dans les entreprises diversifiées ou lorsque les opérations de production sont
très sophistiquées.

 D’autres critiques ont été faites à l’hypothèses de maximisation des profits sur
la base de la constatation que l’entreprise ne vit pas un avenir certain. Cette
incertitude ou cette incapacité à maitriser suffisamment l’évolution des
marchés et l’environnement est suffisante pour empêcher l’entrepreneur de
maximisation ses profits.

 Pour arriver à maximiser les profits, il serait nécessaire —dans une grande
entreprise moderne— que toutes ses composantes soient tendues vers un but
unique. Il faudrait qu’aucune erreur ne soit commise, que l’information
105
venant de la direction soit parfaitement transmise, comprise et acceptée. La
réalité tend à montrer que la complexité de l’entreprise rend un tel modèle de
fonctionnement impossible.

 Le souci de perfection technique pousse les ingénieurs et techniciens à adopter


des normes de qualité, des modes de fabrication et à choisir des technologies
qui ne reflètent nullement le désir de rechercher un profit maximal. Les
priorités accordées aux problèmes de sécurité au travail et la protection de
l’environnement seraient également des éléments qui éloigneraient de la
maximisation des profits.

 La théorie financière établit que lors d’une décision d’investissement, il est


toujours nécessaire de faire l’arbitrage entre rendement et risque. Dès lors,
maximiser les profits supposerait que l’on accepte de maximiser le risque. Or,
on peut constater en règle générale que les investisseurs —comme la plupart
des individus— ont une forte aversion à l’égard du risque.

 Pour certains, on ne peut retenir l’hypothèse de maximisation des profits, car


une telle attitude serait immorale. On ne peut nier que les dirigeants
d’entreprises doivent se préoccuper des conséquences de leurs actes et
ménager le milieu dans lequel ils sont amenés à opérer.

 Du fait de la dissociation entre la possession et le contrôle du capital —et donc


de la relative autonomie des dirigeants face aux actionnaires—, les objectifs de
l’entreprise reflètent beaucoup plus les priorités de ceux qui dirigent que de
ceux qui sont les propriétaires. Les priorités des dirigeants peuvent aller dans
un sens contraire à la volonté de maximisation des profits. Ces priorités
peuvent être :

 Le pouvoir et l’ambition personnelle, qui les poussent à augmenter le


contrôle exercé sur d’autres compagnies et augmenter le chiffre d’affaire
même si cela se fait au détriment du profit.
 La sécurité et le maintien de leur position : ils auront comme priorité leur
propre survie. Certains Managers préfèrent négliger des possibilités
d’affaires ayant un fort potentiel mais assez risquées pour se contenter de
réalisations moins brillantes mais dont les résultats sont assurés.
 Les besoins et avantages liés à la position du manager : ils seraient plus
intéresser à bénéficier des avantages que leur procure leur poste. Il en
résulterait des dépenses qui ne sont pas indispensables et qui viennent
diminuer les profits présentés aux actionnaires.

106
§2. Rôle économique de l’entreprise :

A. Remarque préliminaire :

Ce rôle économique de l’entreprise consiste en :

 Un rôle de production de bien et de services : l’entreprise doit combiner au


mieux les différents facteurs de production par rapport à un niveau de
production donnée et pour un moindre coût.

 Un rôle d’innovation et ce, pour lutter contre la concurrence : L’entreprise doit


constamment améliorer ses méthodes de production et chercher à découvrir
de nouveaux biens et services. Elle est le moteur essentiel du progrès
technique. Elle joue un rôle de créateur de richesses.

 Un rôle de répartition : L’entreprise met en évidence les liens de l’entreprise


avec les autres agents économiques (ménages, etc.).

Pour bien comprendre ce lien, il serait pertinent de définir la notion de la valeur


ajoutée :

B. Définition de la valeur ajoutée (VA)

Lorsque l’entreprise vend la production, elle réalise la valeur qu’elle a créée par son
activité en transformant différents produits semi-finis.

Valeur ajoutée = valeur des biens et services produits − valeur des consommations
intermédiaires + marges commerciales (valeur des ventes de marchandises
revendues en l'état moins leur valeur d'achat)

 La valeur ajoutée dans une entreprise commerciale est la différence entre la


marge commerciale et les consommations intermédiaires.
 La marge commerciale est la différence entre le montant des ventes de
marchandises et le coût d’achat des marchandises vendues.

C. Calcul de la valeur ajoutée (VA)

La valeur ajoutée de la production correspond au chiffre d’affaire (ventes) corrigé de


la variation des stocks de produits finis. On tient aussi compte du fait qu’une partie
de la production réalisée pendant la période a pu être stockée au lieu d’être vendue
ou qu’inversement une partie des ventes réalisées correspond à une réduction des
stocks, la production de la période étant avérée insuffisante.

107
Exemple :

A B C sont trois entreprises qui crée de la valeur ajoutée :


- L’entreprise A s’occupe de l’abatage et vend son bois à 800. 000 FC à l’entreprise B ;
- L’entreprise B est une scierie et s’occupe de transformer le bois en planche. Elle
vend son produit à 1. 400. 000 FC à l’entreprise C.
La richesse supplémentaire créée par cette entreprise B est de :
1.400.000 FC – 800.000 FC = 600. 000 FC
- L’entreprise C fabrique de meubles et les vend à 3.000.000 FC.
La richesse créée par l’entreprise C = 3.000.000 FC – 1.400.000 FC = 1.600.000 FC
 La valeur ajoutée = valeur de la production – consommation intermédiaire
 La consommation intermédiaire : toutes les matières et fournitures utilisées
pour la production d’un bien ou d’un service
Dans ce cas et selon notre exemple :
- L’entreprise B a produit 1.400.000 FC en consommant 800.000 FC de matière
première. La richesse est de 600.000 FC.
- L’entreprise C a produit 3.000.000 FC en consommant 1.400.000 FC de matière
première (intermédiaire). La richesse est de 1.600.000 FC.
- En conclusion, la valeur ajoutée est : abatage 800.000 FC ; scierie 600.000 FC ;
meubles 1.600.000 FC, soit pour un total de 3.000.000 FC.

Exercice pour étudiants :

Soit trois entreprises qui exercent des activités ci-après :

- L’entreprise congolaise Ted Mining Sa s’occupe de l’exploitation du Columbo-


Tantalite (Coltan) dans le Nord-Kivu, en RDC, et vend sa production à 10.000 USD ;
- L’entreprise Mining Africa Corporation achète cette production et transporte sa
cargaison jusqu’aux Etats-Unis d’Amérique où il la revend à 40.000 USD ;
- L’entreprise américaine Tel World Ltd achète ladite cargaison pour l’utiliser dans la
fabrication des téléphones portables. Néanmoins, en dehors du Coltan ( 40.000 USD), la
composition des téléphones contient également les matières ci-après :
 Cuivre d’une valeur de 2.000 USD ;
 Verre d’une valeur de 1.000 USD ;
 Cobalt d’une valeur de 1.500 USD ;
 Autres matières d’une valeur de 5.000 USD.

Les téléphones ainsi fabriqués sont vendus à un montant global de 100.000 USD.

Quelle serait la valeur ajoutée générée respectivement par les trois entreprises
sous examen ?

108
§3. Rôle social de l’entreprise :

L’entreprise assure plusieurs rôles dans la société (communautés), parmi lesquels


nous pouvons citer :

A. Progrès social :

L’entreprise est une source du progrès technique qui conditionne la vie des êtres
humains. Elle s’investie également dans des missions de lutte contre l’exclusion et
participe à des compagnes d’intérêt national (financement d’associations,
construction d’écoles, aides aux familles et catégories nécessiteuses, forages de puits
et ouvertures de pistes dans des régions isolées).

En République Démocratique du Congo par exemple, le code minier oblige les


entreprises du secteur minier de contribuer au développement des communautés
dans lesquelles elles exercent leurs activités, notamment en construisant les écoles,
les hôpitaux et autres édifices à caractère social.

B. Éducation :

L’entreprise joue un rôle important dans l’éducation. il faut savoir que l’individu
passe un temps considérable de sa vie au travail. De ce fait, il reçoit de l’entreprise
qui l’emploi l’éducation par la formation professionnelle et les promotions. Mais
aussi l’accueil de stagiaires, visites d’écoliers et parrainage.
L’entreprise influence également l’état d’esprit (habitudes et mentalités) de certains
employés, dans ce sens qu’en passant beaucoup plus de temps avec les autres, il est
fort probable qu’on s’approprie leurs modes de vie.

C. Autres activités sociales :

L’entreprise contribue également à l’épanouissement des activités de sponsoring des


clubs sportifs, activités scientifiques, organisation des festivals, célébrations et autres
activités sociales, aide aux associations, etc.

Quant aux consommateurs ils adoptent de bonnes habitudes à travers la publicité.


Par exemple la publicité et la promotion des produits comme les dentifrices renforce
l’hygiène chez les consommateurs.

109
Chapitre 2 : QUELQUES MOYENS DE
FINANCEMENT DE L’ENTREPRISE

Dans une première section, nous aborderons les différents financements possibles
pour une entreprise puis, dans un deuxième temps (section), nous nous intéresserons
avec détails à l’un des moyens de financement actuellement très prisé par les jeunes
entreprises, en l’occurrence le « financement participatif » (Crowdfunding).

Section 1 : Différents financements


Sous ce titre, il convient de distinguer le cycle d’investissement (§1) du cycle
d’exploitation (§2) :

§1. Financement du cycle d’investissement :

Le cycle d’investissement concerne l’acquisition et l’utilisation des immobilisations


nécessaires à l’activité de l’entreprise (machines, moyens de transports, matériel
informatique) qui constituent ses outils de travail. Ce cycle est long (plusieurs
années). Il démarre dès la constitution de l’entreprise.

Voyons les besoins (A) puis les moyens (B) de financements de l’investissement.

A. Besoins de financement du cycle d’investissement

A sa création, l’entreprise doit se procurer un ensemble de biens destinés à rester


dans la firme pour plusieurs années. Il en va de même chaque année, l’entreprise
devant réaliser des investissements de nature variée correspondant à des objectifs
multiples en vue d’assurer sa survie (par le renouvellement et l’adaptation de ses
matériels) et son développement (par l’accroissement de ses installations).

 Investissements corporels (terrains, locaux, équipements, installations)

Ils répondent à des objectifs variés :


 Création d’une capacité de production compte tenu de la demande prévue
lors de la constitution de l’entreprise ;
 Maintien de la capacité par le renouvellement des immobilisations au terme
de la durée de vie : investissement de remplacement ;
 Accroissement de la capacité pour assurer le développement : investissement
de capacité ;
 Orientation vers de nouvelles activités : investissement de modernisation ;
 Réalisation de gain de productivité afin de réduire les coûts, accroître les
marges, la compétitivité : investissement de productivité.

110
 Investissements incorporels :

Les investissements incorporels sont complémentaires des investissements matériels


qu’ils précèdent, accompagnent ou suivent.

Ainsi les investissements de recherche précèdent les investissements matériels


lorsqu'ils aboutissent à améliorer, adapter ou imaginer des procédés et matériels
nouveaux.

Les investissements en formation accompagnent les investissements matériels dont


ils permettent l'usage efficace par l'adaptation des qualifications des utilisateurs.

Les investissements en logiciels se poursuivent au-delà de l'acquisition des matériels


informatiques et, de même, les investissements dans l'action commerciale se
poursuivent après la mise en fabrication du produit.

 Investissements financiers :

Les investissements financiers sont les acquisitions de titres de participation, de


titres immobilisés qui donnent le droit de propriété ou de créances.

Ces investissements tendent à se développer dans les grandes entreprises (ex.


holding mixte) qui a simultanément des activités d'exploitation industrielles et
commerciales, et des activités de gestion et de contrôle de ses filiales et participations
ou la société mère qui abandonne à des filiales toutes ses activités d'exploitation et
devient une société de portefeuille ou holding pure. Les immobilisations financières
constituent alors l'essentiel de son bilan.

Ses revenus sont constitués de produits financiers et ne proviennent plus de ses


ventes.

En résumé les investissements corporels, incorporels et financiers sont


complémentaires. Ils représentent les moyens de mise en œuvre de la stratégie de
l'entreprise dont ils constituent les éléments du développement futur.

B. Moyens de financement du cycle d’investissement

L’entreprise peut financer ses investissements par ses propres ressources (fonds
propres) ou par des ressources extérieures (ressources étrangères) :

 Financement des investissements par fonds propres :

Il existe trois moyens de financement de fonds propres :

111
 L’autofinancement :

C’est la forme préférée de financement des entreprises, en effet, c’est la plus facile à
mettre en œuvre car il n’y a pas à obtenir l’accord des personnes extérieures à
l’entreprise et qu’elle n’entraîne pas de frais. Toutes les entreprises l’utilisent y
compris les plus grandes.

L’autofinancement est le financement des investissements par les moyens propres de


l’entreprise, c’est la ressource qui provient de l’activité de l’entreprise et conservée
par elle.

L’autofinancement a pour avantage d’assurer à l’entreprise son indépendance.

Autofinancement = CAF - Dividendes.


Ressource interne disponible après rémunération des associés.

 L’augmentation de capital :

Ce mode de financement est plus rare car il est plus difficile de trouver de nouveaux
apporteurs de fonds que de puiser dans ses propres ressources.(capital risque : pour
des PME en forte croissance grâce à des innovations technologiques).

Elle permet de financer le développement de l’entreprise (investissements nouveaux)


ou en cas de perte, rétablir une situation financière saine (émission de titres,
introduction en bourse), capital risque (organisme financier).

 Les cessions d’éléments d’actifs :

Elles peuvent résulter d’un renouvellement normal des immobilisations, de la


nécessite d’utiliser ce procédé pour obtenir des capitaux, ou de la mise en œuvre
d’une stratégie de recentrage (cessions des participations ou filiales marginales par
rapport aux métiers dominant qu’elle exerce).

 Le financement des investissements par ressources étrangères :

Les fonds propres sont le plus souvent, insuffisants pour financer la totalité des
investissements. L’entreprise doit donc recourir à des sources de financement
externe, notamment :

 Les emprunts à long ou moyen terme :

Le recours à ce mode de financement augmente son endettement et réduit sa capacité


d’emprunt. Les 2 types sont les emprunts obligataires et les emprunts indivis.

112
 Le crédit-bail :

Contrat de location où la société de crédit-bail reste propriétaire du matériel jusqu’à


la fin du contrat pour une valeur résiduelle.
Contrairement à l’emprunt, le crédit ne demande pas d’apport personnel. C’est un
procédé rapide et simple.
A l’aspect du financement de l’investissement vient s’ajouter l’aspect du financement
de l’exploitation, que nous verrons dans les lignes qui suivent.
§2. Financement du cycle d’exploitation :

Indépendamment des investissements que nous venons d’étudier, l’exploitation


engendre des besoins financiers.

Ici également, il convient d’esquisser les besoins (A) puis les moyens (B) de
financements de l’exploitation de l’entreprise.

A. Besoins du financement du cycle d’exploitation :

L’importance des besoins issus de l’exploitation dépend essentiellement de la durée


du cycle de fabrication, de la gestion des stocks, de la politique de crédit consenti aux
clients et des délais de paiement obtenus des fournisseurs :

 Besoin en Fonds de Roulement

Le fonds de roulement est défini comme l'excédent de capitaux stables, par rapport
aux emplois durables, utilisé pour financer une partie des actifs circulants.

Le Besoin en Fonds de Roulement correspond à la somme dont dispose l’entreprise


pour payer ses fournisseurs, ses employés, et l’ensemble de ses charges de
fonctionnement, en attendant ses encaissements clients. Connaître son fonds de
roulement permet de piloter son entreprise de manière efficace en connaissant la
capacité de l'entreprise à couvrir ses dépenses sans avoir recours à un emprunt. Le
fonds de roulement permet ainsi de financer les investissements nécessaires à
l'activité sur plusieurs années.
Fonds de roulement = Capitaux permanents - Actifs immobilisés

 La trésorerie

L’exploitation engendre des besoins temporaires de trésorerie. Faire face aux


échéances des règlements exige des liquidités qui ne sont pas toujours disponible. En
cas d’insuffisance, l’entreprise doit s’en procurer à l’extérieur et des ajustements de
court terme sont nécessaires.

113
B. Moyens du financement du cycle d’exploitation :

 Fonds de roulement, financement stable :

Excédent des ressources stables sur les immobilisations, il résulte de la politique


financière de l’entreprise et est destiné à couvrir le besoin de financement permanent
qu’exige l’exploitation.

 Crédit consenti par les fournisseurs :

Il s’agit de l’octroi de délais de paiement. Les délais de règlement accordés par les
fournisseurs constituent une forme de crédit inter-entreprises qui permet le
financement des stocks immobilisés et d’une partie des délais de paiement accordés
aux clients.

 Mobilisation de créances :

Pour se procurer des liquidités l’entreprise qui a accordé des délais de paiements
peut mobiliser ses créances sans attendre leur échéance : Escompte d’effets de
commerce ; Loi DAILLY ; l’affacturage ; etc.

 Crédits de trésorerie :

C’est une avance d’argent consentie par la banque pour financer des déficits de
trésorerie. Ils sont destinés à faire face aux difficultés temporaires de trésorerie :
 Découvert bancaire ;
 Facilité de caisse ;
 Crédits relais ;
 Crédit de campagne.

Section 2 : Financement participatif ou « Crowdfunding »


§1. Remarques préliminaires

Dans la première section du chapitre sous examen, nous avons relevé que les fonds
propres sont le plus souvent insuffisants pour financer la totalité des investissements,
et que l’entreprise est parfois tenue de recourir à des sources de financement externe
(ressources étrangères), parmi lesquelles : les emprunts à long ou moyen
terme (emprunts obligataires et emprunts indivis) et le crédit-bail. En dehors de ces
moyens traditionnels, un nouveau type de financement est de plus en plus en vogue
et connait un grand succès auprès de jeunes entreprises (start-up). Il s’agit du
financement participatif.

114
Cette pratique se fait essentiellement par le biais d’internet et a d’ailleurs connu un
essor grâce aux réseaux sociaux.

Ainsi, ce mode de financement s’inscrit dans un processus de désintermédiation et la


contribution peut se faire par des particuliers ou des entreprises, quel que soit le
domaine d’activité. Les banques n’étant plus les seules maîtresses des fonds et des
capitaux, le projet est à-même d’être réalisé librement.

En somme, le crowdfunding est un ensemble de techniques et de méthodes pour


« lever des fonds », dans le but de réaliser un projet, notamment un projet de création
d’une entreprise.

§2. Notion et historique

A. Financement par foule, financement participatif ou sociofinancement ?

Littéralement, Crowdfunding signifie “financement par la foule”. C'est


généralement le terme le plus employé pour faire référence à cette pratique
financière, mais il est aussi appelé “financement participatif” ou
“sociofinancement” au Canada.

Des porteurs de projets (particuliers, associations ou entreprises) font appel à la


participation du public afin de financer leurs idées, programmes ou produits.
Aujourd'hui, ces levées de fonds ou collectes passent par des plateformes web. Ces
dernières sont le support pour mettre en relation d'un côté un investisseur et de
l'autre un projet dont la réalisation rencontre des obstacles de fonds propres. Les
transactions sont donc totalement dématérialisées et désintermédiées.

Il convient de faire remarquer que le Crowdfunding ne remplace bien sûr pas les
solutions traditionnelles de souscription ni même d'investissements, mais il participe
à une nouvelle forme de diversification en termes d'épargne et de placements
rentables. Plus largement, on peut voir dans le développement du Crowdfunding une
tendance naturelle et légitime dans un contexte mondial où la consommation
collaborative et la production participative jouent un rôle de plus en plus important.

B. Historique et évolutions du Crowdfunding

La forme de financement la plus ancienne est souvent assimilée à celle des business
angels, ou investisseurs providentiels. Les premières bribes de financement
participatif apparaissent dès le 18ème siècle, sous un aspect communautaire et
concernent le plus souvent des actions de charité.

Le véritable point de départ de cette pratique est généralement assimilé à la première


collecte de fonds menée en 1875 par Auguste Bartholdi, concepteur de la statue de la

115
Liberté. Comme souvent, ce sont donc les américains qui ont été les premiers à
introduire un tel concept. Ce sont alors plus de 160 000 contributeurs de toute
condition et tous âges, français et américains, qui financent la construction de la
statue symbolisant la liberté bien sûr, mais également l'amitié entre les États-Unis et
la France.

À la même époque à Barcelone, en 1885, c'est la Sagrada Familia, Église expiatoire,


imaginée par l'architecte catalan Gaudi, qui bénéficie uniquement de l'aumône et des
dons de très nombreux donateurs anonymes pour sa construction. Celle-ci n'étant
toujours pas achevée, elle est financée par l'entrée des visiteurs actuels.

Avec l'apparition d'internet dans les années 1990, le financement participatif se


multiplie et touche de plus en plus de secteurs. C'est l'univers de la musique et des
labels musicaux qui ouvre la marche avec la campagne de financement participatif
organisée en 1997 par les fans du groupe de rock anglais Marillion pour financer une
tournée aux États-Unis. Ces investissements collectifs se multiplient et les premières
plateformes dédiées apparaissent. C'est la naissance notamment de My Major
Company, label participatif qui produira Grégoire. Les domaines se diversifient
également avec la création de Indiegogo (2008) ou Kickstarter (2009) qui propose de
financer des projets qui n'en sont qu'au stade d'idée en échange de récompense.

En 2008, Barack Obama utilise la collecte de fonds pour financer une partie de sa
campagne présidentielle qui le mènera à la Maison Blanche. En 2011, il réitère
l'opération dans la course au bureau ovale. Il récolte ainsi sur son propre site environ
118 000 000$ avec 49% de ses donateurs ayant apporté des sommes de 200$ ou moins.
Un an plus tard, Obama met en place le JOBS Act (Jumpstart Our Business Startups
Act) afin d'établir un premier cadre légal à cette méthode de financement
désintermédiée. Une distinction est notamment établie entre le financement
participatif dans une optique caritative et celui qui implique un retour sur
investissement.

Depuis, le nombre de plateformes a explosé avec pour chacune des domaines de


spécialisations et des modes de fonctionnement bien spécifiques.

C. Besoins susceptibles d’être financés au moyen du crowdfunding

Même si le crowdfunding permettait à l’origine de financer plutôt les projets culturels


tels que des films ou encore des albums musicaux, il s’est depuis diversifié.

Les projets personnels des particuliers peuvent être financés par l’intermédiaire du
prêt entre particuliers (Younited Credit) ou encore par l’intermédiaire des plateformes
de micro-crédit ou de finance solidaire.

116
Les entreprises sont aussi des utilisateurs de cette forme de financement idéale pour
tester de nouveaux produits, communiquer autour de leur projet ou encore financer
des développements non couverts par les banques traditionnelles.

Le crowdfunding immobilier permet par exemple de financer la promotion


immobilière sur des durées d’environ 18 mois.

Le financement participatif peut aussi permettre de financer la transition


énergétique. Certaines plateformes se sont donc spécialisées dans les énergies
renouvelables : solaire, éolienne, …

§3. Formes de financement participatif

Plusieurs formes de crowdfunding existent. Dans le cadre de cet enseignement, nous


nous limiterons à en esquisser 6 :

A. Le don :

Le premier type de Crowdfunding —et le plus ancien— est celui du don dit sans
contrepartie. Les anglo-saxons parlent aussi de Crowdgiving. Le principe est simple,
une personne physique ou morale (entreprise) fait don d'une certaine somme pour
financer un projet ou produit sans rien attendre en retour. Cette pratique s'applique
le plus souvent aux domaines associatifs ou personnels. Certaines plateformes se
sont spécialisées dans la collecte de dons pour les associations. Mais en soi, chaque
association lançant des campagnes de dons, est finalement un acteur du
Crowdfunding.

Il existe aussi des plateformes qui fonctionnent sur le principe du don avec
contrepartie, mais non financières. Dans ce modèle, une personne (physique ou
morale) donne une somme au porteur de projet en échange d'une récompense. Celle-
ci peut prendre 2 formes :

 Pré-achat : Souvent les donateurs sont prévenus que le produit ne sera créé et
reçu que si une certaine somme est atteinte.
 Cadeau : Un simple cadeau de remerciement pour le geste.

B. La récompense, aussi appelée don avec contrepartie :

La personne physique ou morale va ainsi participer à la hauteur de son choix, mais


recevra quelque chose en retour. Cette « récompense » ou « contrepartie » est une
forme de troc, qui peut se manifester matériellement (offre de cadeaux, d’objets
promotionnels) ou de façon plus symbolique (en nature, en temps accordé, en
publicité).

117
C. Le prêt ou crowdlending :

Ici, on fait référence aux plateformes de prêts, spécialement conçues pour le


crowdfunding.

L’emprunteur s’adresse, par le biais d’une plateforme web, à une multitude de


prêteurs qui vont participer à hauteur de leurs moyens. la somme se doit d’être
remboursée dans des temps impartis, avec ou sans intérêts (cela dépend de la
plateforme et des accords prédéfinis).

Ce système est encore appelé « crowdlending » ou « lending crowdfunding ».

D. L’investissement en capital ou equity :

C’est une forme de crowdfunding où les particuliers participant à l’effort collectif


deviennent actionnaires du projet (souvent, il s’agit de monter une entreprise). Ces
capitaux sont détenus par ces « petits actionnaires », leur donnant un droit de regard,
un droit de vote mais également à une partie des bénéfices futurs.

Ce mode de financement est encore appelé « equity crowdfunding »

E. La production communautaire

C’est lorsque les investisseurs sont aussi coproducteurs. A ce titre, ils vont percevoir
des royalties sur les ventes à venir (parfois, cela peut être plus symbolique et ne
consister qu’en des invitations ou cadeaux promotionnels). Mais dans tous les cas, il
y a contrepartie.

F. Le microcrédit ou microcrédit solidaire

Il est souvent utile dans le cadre de microprojets : les internautes donnent de petites
sommes afin de favoriser l’essor de l’activité concernée. On retrouve beaucoup cela
dans les pays en développement.

§4. Avantages et inconvénients pour une entreprise de recourir au financement


participatif

A. Avantages :

On peut relever les avantages ci-après :

 D’une part, il permet de financer un projet en se passant des banques et dans des
délais relativement courts pour les petits projets.

118
 D’autre part, cette stratégie de collaboration communautaire, au-delà de la simple
participation financière, permet de fédérer et se faire entourer pour accompagner
son projet, ce qui est idéal pour des associations ou jeunes créateurs d’entreprises.
 Cette pratique s’appuie sur un critère autre que la simple recherche du profit
(comme le ferait une banque) : on a ici une relation de personne physique à
personne physique, d’où cette désintermédiation avec les banques et acteurs
traditionnels de financement.
 Enfin le crowdfunding permet indirectement de réaliser une étude de marché. En
effet les donateurs ou prêteurs peuvent donner leur opinion sur le projet. Si la
campagne de « levée de fonds » échoue, il conviendra de déterminer pourquoi et
d’en tirer les leçons. Si elle réussit, les participants deviendront de véritables
ambassadeurs.

B. Inconvénients

Faire appel à une plateforme de crowdfunding a un coût non négligeable puisqu’elle


prélève généralement des commissions pouvant atteindre 4 à 12 % du financement
obtenu.

Que conclure au terme de ce cours ?

(Tâche réservée aux étudiants)

119
Table des matières

INTRODUCTION GENERALE .......................................................................................................................... 1

I. FINALITE DU COURS ................................................................................................................................... 1


II. PLAN GENERAL DU COURS ......................................................................................................................... 2
III. METHODOLOGIE D’ENSEIGNEMENT ET D’EVALUATION DU COURS .............................................................................. 2
IV. ÉLEMENTS BIBLIOGRAPHIQUES .................................................................................................................. 3

PARTIE I : THEORIES GENERALES SUR LA FISCALITE : DROIT FISCAL ET IMPOT ....................... 6

CHAPITRE 1 : NOTION DU DROIT FISCAL ....................................................................................................................... 8


Section 1. Définition du droit fiscal ........................................................................................................... 8
Section 2. Nature et particularisme du droit fiscal ................................................................................. 9
§1. La constitution ................................................................................................................................................... 12
§2. La loi ................................................................................................................................................................... 13
§3. Le règlement ...................................................................................................................................................... 13
§4. La jurisprudence ............................................................................................................................................... 14
§5. La doctrine ......................................................................................................................................................... 14
§6. Les Conventions internationales ..................................................................................................................... 14
CHAPITRE 2 : NOTION DE L’IMPOT .................................................................................................................. 16
Section 1. Définition et variantes de l’impôt ......................................................................................... 16
§1. Définition de l’impôt ........................................................................................................................................ 16
§2. Variantes de l’impôt ......................................................................................................................................... 16
Section 2. Caractéristiques et principes de l’impôt ............................................................................... 17
§1. Eléments caractéristiques de l’impôt .............................................................................................................. 17
§2. Principes de l’impôt .......................................................................................................................................... 19

PARTIE II : SYSTEME FISCAL CONGOLAIS .............................................................................................. 23

CHAPITRE 1 : REGIME FISCAL COMMUN ..................................................................................................................... 24


Section 1. Les impôts réels ........................................................................................................................ 24
§1. Remarques introductives ................................................................................................................................. 24
§2. L’impôt foncier .................................................................................................................................................. 24
A. Définition et matière imposable ............................................................................................................. 24
B. Taux de l’impôt ......................................................................................................................................... 25
C. Exemptions et exonérations de l’impôt foncier .................................................................................... 26
§3. L’impôt sur les véhicules et la taxe spéciale de circulation routière .......................................................... 27
A. Définition et matière imposable ............................................................................................................. 27
B. Taux des impôts ........................................................................................................................................ 28
C. Exemptions et exonérations .................................................................................................................... 28
§4. L’impôt sur la superficie des concessions minières et d’hydrocarbures.................................................... 29
A. Notion et matière imposable ................................................................................................................... 29
B. Taux de l’impôt ......................................................................................................................................... 29
Section 2. Les impôts cédulaires sur le revenu ou impôts sur le revenu ........................................... 30
§1. Remarques introductives ................................................................................................................................. 30
§2. L’impôt sur les revenus locatifs ou l’impôt locatif ....................................................................................... 30
A. Base légale et matière imposable ............................................................................................................ 30
B. Taux de l’impôt ......................................................................................................................................... 31
C. Exemptions ................................................................................................................................................ 31
§3. L’impôt sur les revenus mobiliers ou l’impôt mobilier................................................................................ 32
A. Base légale et matière imposable ............................................................................................................ 32
B. Taux de l’impôt et modalités de perception ......................................................................................... 33

120
§4. L’impôt sur les bénéfices et profits ................................................................................................................. 34
A. Base légale et matière imposable ............................................................................................................ 34
B. Taux de l’impôt et modalités de perception ......................................................................................... 35
C. Exemptions, exonérations et déductions ............................................................................................... 36
§5. L’impôt sur les revenus professionnels ou l’impôt professionnel sur les rémunérations (IPR) ............. 37
A. Remarques préliminaires......................................................................................................................... 37
B. L’Impôt professionnel sur les rémunérations des salariés. ................................................................. 37
C. L’impôt professionnel sur les rémunérations des expatriés ............................................................... 41
D. L’impôt professionnel sur les rémunérations des prestations libérales ou l’impôt sur les
professions libérales........................................................................................................................................... 41
Section 3. L’impôt sur les biens et services : la TVA ............................................................................. 42
§1. Remarques introductives ................................................................................................................................. 42
§2. Champ d’application et exonérations............................................................................................................. 43
§3. Modalités du fait générateur et d’exigibilité ................................................................................................. 44
§4. Détermination de la base d’imposition et du taux........................................................................................ 45
§5. Régime des déductions .................................................................................................................................... 45
§6. Obligations administratives, déclaratives et contributives des redevables ............................................... 46
§7. Liquidation, recouvrement et remboursement de la TVA........................................................................... 47
§8. Régime des pénalités ........................................................................................................................................ 47
Section 4. Autres impôts indirects : droits des douanes et droits d’accises ....................................... 48
§1. Droits de douane ............................................................................................................................................... 48
A. Considérations générales sur les droits de douane.............................................................................. 48
B. Le régime douanier congolais ................................................................................................................. 49
1) Droit de douane à l'importation ........................................................................................................ 49
2) Droit de douane à l'exportation ......................................................................................................... 50
§1. Droits d’accise ou de consommation .............................................................................................................. 51
A. Considérations générales......................................................................................................................... 51
B. Matières imposables, faits générateurs et taux ..................................................................................... 52
CHAPITRE 2 : LES REGIMES D’IMPOSITION EXCEPTIONNELLE ........................................................................................... 53
Section 1. La fiscalité pétrolière ............................................................................................................... 53
§1. Fondement juridique ........................................................................................................................................ 53
§2. Caractéristiques du régime .............................................................................................................................. 53
§3. Bénéficiaires et conditions d’éligibilité ........................................................................................................... 54
§4. Avantages du régime........................................................................................................................................ 54
§5. Obligations et sanction ..................................................................................................................................... 54
A. Obligations ................................................................................................................................................ 54
1) Une royaltie ou royalty ....................................................................................................................... 54
2) Un impôt spécial forfaitaire sur les bénéfices .................................................................................. 55
3) Des impôts pour lesquels elles sont redevables légales, c’est-à-dire, des simples collectrices
d’impôts notamment :................................................................................................................................... 55
B. Sanction : la déchéance ............................................................................................................................ 55
Section 2. La fiscalité minière ................................................................................................................... 56
§1. Fondement juridique ........................................................................................................................................ 56
§2. Caractéristiques du régime .............................................................................................................................. 56
§3. Bénéficiaires ....................................................................................................................................................... 56
§4. Conditions d’éligibilité ..................................................................................................................................... 57
§5. Avantages du régime........................................................................................................................................ 57
A. Pour l’exploitant minier industriel ......................................................................................................... 57
B. Pour l’exploitant minier à petite échelle ................................................................................................ 58
C. Pour l’exploitation artisanale .................................................................................................................. 59
§6. Obligations et sanctions ................................................................................................................................... 60
A. Obligations ................................................................................................................................................ 60
B. Sanctions .................................................................................................................................................... 61

121
Section 3. La fiscalité forestière ................................................................................................................ 61
§1. Fondement juridique ........................................................................................................................................ 61
§2. Caractéristiques et taux d’imposition ............................................................................................................. 61
Section 4. La fiscalité des investissements.............................................................................................. 63
§1. Fondement juridique et caractéristiques du régime ..................................................................................... 63
§2. Bénéficiaires et conditions d’admission ......................................................................................................... 63
§3. Avantages du régime........................................................................................................................................ 64
A. Avantages liés au Régime Général : ....................................................................................................... 64
B. Avantages particuliers aux PME et PMI................................................................................................ 64
§4. Obligations et sanctions ................................................................................................................................... 65
A. Obligations ................................................................................................................................................ 65
B. Sanctions .................................................................................................................................................... 65
Section 5. Le régime fiscal des services publics et des établissements publics ................................. 66
§1. Notion définitionnelle de service public et d’établissement public ........................................................... 66
§2. Caractéristique de ce régime fiscal ................................................................................................................. 67
Section 6. Le régime fiscal des entreprises publiques ou services publics transformées en sociétés
commerciales .............................................................................................................................................. 67
§1. Notion d’Entreprises publiques transformées en sociétés commerciales .................................................. 67
§2. Caractéristique de ce régime fiscal ................................................................................................................. 68
Section 7. Le régime fiscal applicable aux Associations Sans But Lucratif (ASBL) .......................... 68
§1. Fondement juridique ........................................................................................................................................ 68
§2. Bénéficiaires et conditions d’éligibilité ........................................................................................................... 68
§3. Avantages de ce régime fiscal ......................................................................................................................... 69
A. Les impôts Réels : ..................................................................................................................................... 69
B. Les impôts Cédulaires sur les revenus : ................................................................................................ 69
§4. Obligations ......................................................................................................................................................... 69
A. Obligations fiscales................................................................................................................................... 69
B. Autres Obligations ................................................................................................................................... 69
§5. Les pénalités ...................................................................................................................................................... 70
Section 8. La fiscalité des missions diplomatiques et consulaires....................................................... 70
§1. Fondement juridique ........................................................................................................................................ 70
§2. Bénéficiaires ....................................................................................................................................................... 70
§3. Avantages de ce régime fiscal ......................................................................................................................... 70
A. En matière d’impôts réels ........................................................................................................................ 71
B. En matière d’impôts sur les revenus ...................................................................................................... 71
C. En matière d’impôts sur les biens et services........................................................................................ 71
Section 9. La fiscalité des Entreprises de petite taille............................................................................ 72
§1. Fondement juridique ........................................................................................................................................ 72
§2. Bénéficiaires ....................................................................................................................................................... 72
§3. Avantages de ce régime fiscal ......................................................................................................................... 72
A. Pour la Petite Entreprise : ........................................................................................................................ 72
B. Pour la Micro-Entreprise ......................................................................................................................... 73
Section 10. Les régimes fiscal et non fiscal applicable aux conventions de collaboration et aux
projets de coopération............................................................................................................................... 74
§1. Fondement juridique ........................................................................................................................................ 74
§2. Bénéficiaires ....................................................................................................................................................... 74
§3. Avantages de ce régime fiscal ......................................................................................................................... 74
CHAPITRE 3 : LES DROITS, TAXES ET REDEVANCES EN DROIT CONGOLAIS ........................................................... 76
Section 1 : Droits, taxes et redevances à percevoir, à l’initiative des administrations et services
d’assiette, au profit du Gouvernement central ...................................................................................... 76
§1. Fondement légal ................................................................................................................................................ 76
§2. Services d’assiette, taux et rétrocession .......................................................................................................... 77

122
Section 2. Droits, taxes et redevances à percevoir, à l’initiative des administrations et services
d’assiette, au profit des Provinces et des ETDs ..................................................................................... 78
§1. Fondement légal ................................................................................................................................................ 78
§2. Nomenclature .................................................................................................................................................... 78
§3. Répartition par Administration ...................................................................................................................... 78
CHAPITRE 4 : PROCEDURES FISCALES...................................................................................................... 80
Section 1 : Constatation des impôts ........................................................................................................ 80
Section 2 : Liquidation et ordonnancement des impôts ....................................................................... 81
§1. Remarques préliminaires ................................................................................................................................. 81
§2. Déclaration de l’impôt foncier ......................................................................................................................... 82
§3. Déclaration de l’impôt sur les véhicules ........................................................................................................ 82
§4. Déclaration de l’impôt sur la superficie des concessions minières et d’hydrocarbures .......................... 82
§5. Déclaration de l’impôt sur les revenus locatifs ............................................................................................. 82
§6. Déclaration de l’impôt sur les bénéfices et profits ........................................................................................ 83
§7. Déclaration de l’impôt professionnel sur les rémunérations et de l’impôt exceptionnel sur les
rémunérations du personnel expatrié .................................................................................................................. 83
§8. Déclaration de l’impôt mobilier ...................................................................................................................... 84
§9. Déclaration de la TVA ...................................................................................................................................... 84
Section 3 : Recouvrement de l’impôt ...................................................................................................... 85
§1. Remarques introductives ................................................................................................................................. 85
§2. Modalités de paiement ..................................................................................................................................... 85
§3. Action en recouvrement ................................................................................................................................... 86
A. Modalités d’exercice des poursuites ...................................................................................................... 86
B. Garanties du Trésor Public ...................................................................................................................... 88
I. Privilège du Trésor .............................................................................................................................. 88
II. Hypothèque du Trésor ........................................................................................................................ 89
III. Solidarité .......................................................................................................................................... 89
IV. Autorisation de sortie ..................................................................................................................... 90
Section 4 : Contrôle fiscal ......................................................................................................................... 90
§1. Remarques préliminaires ................................................................................................................................. 90
§2. Droit de contrôle ............................................................................................................................................... 91
§3. Droit de communication .................................................................................................................................. 94
§4. Droit d’enquête.................................................................................................................................................. 95
§5. Droit de visite et de saisie ................................................................................................................................ 96
Section 5 : Régimes de pénalités .............................................................................................................. 97
§1. Portée des pénalités fiscales ............................................................................................................................. 97
§2. Taux des pénalités............................................................................................................................................. 98
A. Pénalités d’assiette :.................................................................................................................................. 98
B. Pénalités de recouvrement : .................................................................................................................... 99
C. Astreintes ................................................................................................................................................... 99
D. Amendes .................................................................................................................................................... 99

PARTIE III : FINANCEMENT DE L’ENTREPRISE .................................................................................... 101

CHAPITRE 1 : QUELQUES GENERALITES SUR L’ENTREPRISE ............................................................................... 102


Section 1 : Notion de l’entreprise .......................................................................................................... 102
§1. Remarques préliminaires : ............................................................................................................................. 102
§2. Définition : ....................................................................................................................................................... 102
§3. Caractéristiques : ............................................................................................................................................. 102
§4. Partenaires de l’ entreprise : .......................................................................................................................... 102
§5. Précisions sémantiques :................................................................................................................................. 103
A. Organisation et Entreprise : .................................................................................................................. 103
B. Établissement et Entreprise : ................................................................................................................. 104
C. Administration et Entreprise : .............................................................................................................. 104

123
Section 3 : But et rôle de l’entreprise ..................................................................................................... 104
§1. But et finalité de l’entreprise :........................................................................................................................ 104
§1. Autres aspects :................................................................................................................................................ 105
§2. Rôle économique de l’entreprise : ................................................................................................................. 107
A. Remarque préliminaire : ........................................................................................................................ 107
B. Définition de la valeur ajoutée (VA) .................................................................................................... 107
C. Calcul de la valeur ajoutée (VA) ........................................................................................................... 107
§3. Rôle social de l’entreprise : ............................................................................................................................ 109
A. Progrès social : ........................................................................................................................................ 109
B. Éducation : ............................................................................................................................................... 109
C. Autres activités sociales : ....................................................................................................................... 109
CHAPITRE 2 : QUELQUES MOYENS DE FINANCEMENT DE L’ENTREPRISE ........................................................... 110
Section 1 : Différents financements ....................................................................................................... 110
§1. Financement du cycle d’investissement : ..................................................................................................... 110
A. Besoins de financement du cycle d’investissement ........................................................................... 110
B. Moyens de financement du cycle d’investissement ........................................................................... 111
§2. Financement du cycle d’exploitation : .......................................................................................................... 113
A. Besoins du financement du cycle d’exploitation : .............................................................................. 113
B. Moyens du financement du cycle d’exploitation : ............................................................................. 114
Section 2 : Financements participatif ou « Crowdfunding » ............................................................. 114
§1. Remarques préliminaires ............................................................................................................................... 114
§2. Notion et historique ........................................................................................................................................ 115
A. Financement par foule, financement participatif ou sociofinancement ?........................................ 115
B. Historique et évolutions du Crowdfunding ....................................................................................... 115
C. Besoins susceptibles d’être financés au moyen du crowdfunding ..................................................... 116
§3. Formes de financement participatif .............................................................................................................. 117
A. Le don : .................................................................................................................................................... 117
B. La récompense, aussi appelée don avec contrepartie : ...................................................................... 117
C. Le prêt ou crowdlending : ........................................................................................................................ 118
D. L’investissement en capital ou equity : ................................................................................................. 118
E. La production communautaire ............................................................................................................. 118
F. Le microcrédit ou microcrédit solidaire .............................................................................................. 118
§4. Avantages et inconvénients pour une entreprise de recourir au financement participatif ................... 118
A. Avantages : .............................................................................................................................................. 118
B. Inconvénients .......................................................................................................................................... 119

TABLE DES MATIERES .......................................................................................................................... 120

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