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UNIVERSITE DE LUBUMBASHI
FACULTE DE DROIT
DEPARTEMENT DE DROIT ECONOMIQUE ET SOCIAL
B.P 1825
LUBUMBASHI
JUILLET 2019
II
EPIGRAPHE
Matthieu 22 :21
III
IN MEMORIUM
Imminente aurait été ma joie de célébrer cet évènement avec vous, que ce modeste
travail réalise à jamais la flamme des moments inoubliables passés ensemble sur cette terre des
humains. Que vos âmes reposent en paix chère mère et grande sœur, nous nous reverrons au
jour de l’Eternel.
ILUNGA-JEPHTE
IV
DEDICACE
La réalisation de ce mémoire a été possible grâce au concours de plusieurs
personnes à qui nous voulons témoigner toute notre gratitude dans les lignes qui suivent mais
avant cela, précisons que ce travail est dédié à tous ceux qui croient aux impôts et plus
précisément à (au) :
ILUNGA-JEPHTE
VI
Par une suite logique, nous sommes porté à croire qu’en RDC certaines personnes
naissent, grandissent et meurent sans avoir un seul jour payé l’impôt de la fiscalité provinciale
et si l’on en croit certains assujettis, le refus de payer s’est transformé en une sorte de jeu du
chat et de la souris.
Ainsi donc, la fraude et l’évasion fiscale constituent les deux facettes principales de
la résistance à l’impôt, problème faisant l’objet de nos présentes analyses.
Vue tout ce qui précède, c’est ainsi que nous avons intitulé le sujet de notre travail :
« De la résistance à l’impôt en RDC : causes, conséquences et propositions de solutions.» ;
nous voulons dans ce travail cerner les formes, les causes, les conséquences et les aspects de la
résistance aux impôts de la fiscalité provinciale ( précisons ici que nous traiterons uniquement
de l’impôt sur les véhicules et de l’impôt sur les revenus locatifs) en rapport avec le
comportement économique de l’Etat et des contribuables.
1
BARILARI A. et DRAPPE R., lexique fiscal, Dalloz, Paris, 1992, page 182.
2
Adalbert KITOPI KIMPINDE, Des comportements économiques et manifestation de la résistance à l’impôt et
de la nécessité des réformes fiscales et économiques en R.D.C, Thèse de Doctorat en Droit, Université de
Lubumbashi, 2010, page 21.
3
Ibidem, page 21.
2
a. Intérêt scientifique
Sur le plan scientifique, le présent travail se veut être une modeste contribution à
l’enrichissement de l’enseignement sur l’évasion et la fraude fiscale, les deux grandes facettes
de la résistance à l’impôt.
b. Intérêt social
Sur le plan social, nous estimons que cette analyse intéressera l’Etat Congolais, les
administrations fiscales, les collectivités locales ou entités territoriales décentralisées (ETD),
les opérateurs économiques ainsi que la population Congolaise tout entière car elle sera une
contribution positive sur les procédures et techniques à mettre en œuvre pour assurer la meilleur
mobilisation des ressources internes nécessaires pour le financement des différents programmes
de reconstruction nationale et le développement du pays.
Dans le même ordre d’idée, les analyses faites dans ce travail permettront de
comprendre d’où provient notamment la baisse du rendement fiscal provincial.
3
3. ETAT DE LA QUESTION
Nous n’avons pas la prétention d’avoir lu tous les ouvrages que contiennent toutes
les bibliothèques de la ville de Lubumbashi ou encore tous les travaux antérieurement élaborés
dans ce domaine.
Le premier examine la possible de trouver une solution à deux impôts qui touchent
beaucoup plus les petits et moyens contribuables, en essayant de les simplifier par la fusion en
un impôt simple et à faible taux. Il s’agit de l’impôt foncier et l’impôt sur les revenus locatifs.
4
Victor KALUNGA TSHIKALA, rédaction des mémoires en droit : Guide pratique, Université de Lubumbashi,
2012, page 21.
5
NGOY NDJIDU Laurent, De l’apport de l’analyse économique du Droit dans le recouvrement de l’impôt : cas
de l’impôt foncier et de l’impôt sur les revenus locatifs dans la province du Katanga, Thèse de Doctorat en
Droit, Université de Lubumbashi, 2014-2015.
6
KITOPI KIMPINDE Adalbert, Des comportements économiques et manifestations de la résistance à l’impôt et
de la nécessité des réformes fiscales et économiques en R.D.C, Thèse de Doctorat en Droit, Université de
Lubumbashi, 2010.
7
KITOPI KIMPINDE Adalbert, Quelques réflexions sur l’évasion fiscale en matière de propriété industrielle en
République Démocratique du Congo, dans la revue In Justitia, volumeⅠn°1, Mai 1998.
4
Il ajoute aussi que la fusion de ces deux impôts en un seul impôt prendrait en compte le
minimum vital des contribuables.
Par rapport à la résistance à l’impôt, l’auteur souligne que comme l’impôt par
définition est l’expression d’une contrainte, la tentation est grande dans le chef du contribuable
de résister à toute contrainte. Outre cela, NGOY NDJIBU L. précise également que la fuite
devant l’impôt est parfois ornée d’une justification politique, que le pouvoir en place abuserait
de sa position et pour ce faire, deux méthodes sont appliquées en matière de résistance fiscal :
la grève de l’impôt et l’évitement de l’impôt (l’évasion fiscale et la fraude fiscale). Pour notre
part, nous examinons les formes, les causes et les conséquences de la résistance à l’impôt sur
les revenus locatifs et à l’impôt sur les véhicules.
Dans ses conclusions, KITOPI KIMPINDE préconise une réforme globale et institutionnelle au
niveau du pays tout entier et qui impliquerait tous les contribuables, du sommet à la base ; en
outre, il a suggéré d’induire une culture fiscale efficace, à partir du sommet (dans le chef des
dirigeants) jusqu’à la base (simples citoyens). Quant à nous, tout en sachant que la manifestation
et l’intensité de la résistance à l’impôt varient d’une période à une autre, d’une province à une
autre, d’une ville à une autre, en fonction de divers facteurs qui entrent en ligne de compte, tels
que le poids du régime fiscal en vigueur, la mentalité, etc. ; nous examinons en détail les formes,
les causes et les conséquences de la résistance à l’impôt :
Le troisième met en évidence, à partir des cas concrets, l’évasion fiscale qui s’opère
dans le domaine de la propriété industrielle et précise que cette évasion est favorisée par les
lacunes de la loi qui constituent les mailles au travers desquelles les professionnels libéraux en
5
propriété industrielle échappent à leurs obligations envers le fisc. L’auteur a conclu par une
série de mesures proposées pour faire échec à ce type d’évasion. De notre part, nous allons
analyser avec détail les impôts de la fiscalité provinciale (uniquement l’impôt sur les revenus
locatifs et l’impôt sur les véhicules automoteurs) pour connaitre les formes, les causes de la
résistance à l’impôt que les contribuables utilisent et ensuite nous montrerons les conséquences
que cela produit sur la société et nous chuterons par donner quelques pistes de solutions en vue
d’améliorer les recettes fiscales provinciales.
Pour marquer la démarcation avec tous les auteurs cités ci-haut, dans notre travail,
nous allons cerner les formes, les causes, les conséquences et les aspects de la résistance à
l’impôt sur les revenus locatifs et à l’impôt sur les véhicules (perçus par la DRHKAT : Direction
des Recettes du Haut-Katanga de la ville de Lubumbashi) en rapport avec les comportements
économiques de l’Etat et des contribuables pourvue de proposer de pistes de solutions à la
résistance à l’impôt, lesquelles solutions permettra à l’administration fiscale de maximiser les
recettes fiscales car nous estimons de notre part que les impôts sont des couteaux à double
tranchants, dès qu’ils sont mal organisés et mal gérés, les impôts deviennent des barrières au
développement national.
4. PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES
4.1. Problématique
Comme dans tous les pays du monde, la R.D.C aspire au développement, pour y
arriver, elle a besoin des ressources et pourtant dans le domaine fiscal, tel que connu des tous,
les impôts sont établis par la loi et la contribution aux charges publiques, constitue un devoir
pour toute personne physique ou morale vivant en République Démocratique du Congo10.
8
Victor KALUNGA TSHIKALA, op.cit., page 9.
9
Ipo ABELELA, cours de méthode de recherche scientifique, G1 Sciences Economiques et des Gestions,
Université de Lubumbashi, 2010-2011, page 15, inédit.
10
Article 174 de la Constitution de la R.D.C telle que modifiée et complétée à ce jour.
6
l’une des raisons de cette pauvreté multiforme dans un pays considéré comme plus riche du
monde en potentialité de développement est sans doute l’incivisme fiscal.
Par ailleurs, débordé par de multiples problèmes, l’Etat se voit encore dérober le
peu qui doit entrer dans ses caisses, d’où l’urgence s’impose de mettre en place des mécanismes
solides afin de contrer et de sanctionner les auteurs de toutes ces pratiques qui ont pour but
d’éviter le fisc.
Telle est la question de fond auquel nos analyses tenteront de répondre tout au long de cette
dissertation.
4.2 Hypothèses
L’hypothèse est, au bas mot, une réponse provisoire à la question de la
problématique11.
11
Victor KALUNGA TSHIKALA, op.cit., page 9.
7
Au regard de ce travail, nous nous sommes posé une question dont quelques idées
à priori ne nous manquent.
Notre hypothèse de travail dans la présente dissertation est celle qui prend en charge
la résistance à l’impôt comme un fait social qui énerve la loi fiscale.
De notre part, nous estimons que les contribuables résistent pour s’acquitter
loyalement de leurs impôts parce que :
5. METHODE ET TECHNIQUES
5.1. Méthode
D’une manière générale, on peut dire que la méthode est une manière de conduire
la pensée13.
Pour saisir les différents aspects de l’objet de nos recherches, nous utiliserons une
seule méthode à savoir : la méthode juridique.
La méthode juridique
Elle nous permet de nous référer aux sources du Droit, principalement la loi fiscale,
à l’observance de laquelle la société Congolaise à travers le fisc, contraint les assujettis à payer
l’impôt et que par conséquent les contribuables cherchent à y échapper par voie d’évasion et/ou
de fraude fiscale.
12
Victor KALUNGA TSHIKALA, op.cit., page 9.
13
Simplice NKWANDA MUZINGA, cours d’initiation à la recherche scientifique, G2 Droit, Université de
Lubumbashi, 2015-2016, page 54, inédit.
8
Cette méthode nous a permis d’analyser certains textes légaux relatifs aux impôts
de la fiscalité provinciale notamment l’ordonnance-loi N°13/001 du 23 février 2013 fixant la
nomenclature des impôts, droits, taxes et redevances des provinces et des entités territoriales
décentralisées ainsi que leurs modalités de répartition, l’ordonnance-loi N°69-006 du 10 février
1969 telle que modifiée et complétée à ce jour relative aux impôts réels, etc.
a. La technique documentaire
b. La technique d’observation
L’observation directe est celle qui met l’enquêteur en face de son informateur sans
passer par un intermédiaire14. Elle est basée sur une observation visuelle qui consiste à recueillir
les comportements au moment où ils sont produits sans intermédiaire d’un document ou d’un
témoignage15.
Elle nous a permis d’entrer en contact avec les contribuables de l’impôt sur les véhicules
et de l’impôt sur les revenus locatifs afin d’observer leurs attitudes face à ces impôts d’une part,
et d’autre part, avec les agents de la DRHKAT.
c. La technique de la statistique
14
Simplice NKWANDA MUZINGA, op.cit., Page 50.
15
Ibidem, page 50.
9
égards les tenants et les aboutissants de la résistance à l’impôt. Dans le cas d’espèce, il s’agit
des tableaux des données statistiques des recettes prévues et réalisées.
6. DELIMITATION DU SUJET
Tout travail scientifique doit respecter une exigence fondamentale qui veut que les
contours de l’objet de la recherche soient clairement circonscrits et perçu, dans le temps et dans
l’espace. Cette étude ne fait pas exception à cette règle. Ainsi dans l’espace, notre travail reste
focalisé sur la ville de Lubumbashi où nous analyserons uniquement les impôts de la fiscalité
provinciale cités ci-haut. Dans le temps, nous retenons juste la période de 2016 et de 2017.
7. SUBDIVISION DU TRAVAIL
PLAN DU TRAVAIL
INTRODUCTION GENERALE
1. Objet d’étude
2. Choix et intérêt du sujet
2.1 Choix
2.2 Intérêt
3. Etat de la question
4. Problématique et hypothèses
4.1 Problématique
4.2 Hypothèses
5. Méthode et techniques
5.1 Méthode
5.2 Techniques
6. Délimitation du sujet
7. Subdivision du travail
INTRODUCTION
a. La taxe et la redevance
b. La parafiscalité
a. La fonction financière
b. La fonction économique
c. La fonction sociale
a. L’impôt direct
b. L’impôt indirect
a. La déclaration contrôlée
b. La méthode forfaitaire
c. La méthode indiciaire
d. L’évaluation par l’administration fiscale
INTRODUCTION
§.3: Aperçu sur l’impôt sur les véhicules et la taxe spéciale de circulation routière
INTRODUCTION
Il est question dans ce chapitre de passer en revue différentes notions relatives aux
impôts de la RDC. Nous aborderons six sections pour essayer de rendre la notion d’impôts
beaucoup plus clairs.
Sans parti pris aucun, nous retenons de toutes ces définitions, celle de BARILARI
& DRAPE, qui considèrent l’impôt comme un prélèvement, en général pécuniaire, effectué
d’autorité, à titre définitif et sans contrepartie immédiate afin de couvrir les charges publiques
et plus accessoirement de servir d’instrument d’intervention économique et sociale17.
C’est ainsi que pour permettre aux habitants d’un pays, comme la République
Démocratique du Congo, de remplir adéquatement leur obligation civique de contribuer aux
charges publiques, le législateur a institué l’impôt qui est considéré comme le procédé de
répartition des charges budgétaires entre les individus en fonction de leurs facultés
contributives18.
16
Gaston Jeze, traité des sciences des finances : budget, PUF, paris, 1980.
17
BARILARI A. & DRAPE R., op.cit., page 100.
18
Ibidem, page 100.
14
Dans ses modalités, l’impôt est bien en principe un prélèvement sous forme
pécuniaire et ce contrairement aux modalités de règlement en nature qui ont pu exister dans
un passé lointain.
L’impôt est une ressource définitive pour les collectivités publiques qui en
bénéficient, c’est-à-dire l’Etat, les collectivités territoriales. Contrairement à l’emprunt, il n’a
pas à être restitué lorsqu’il est versé au trésor public.
19
Michel BOUVIER, introduction au Droit Fiscal générale et à la théorie de l’impôt, 8ème Edition, LGDJ, Paris,
2007, page 22.
15
L’impôt est un prélèvement opéré par puissance publique, mais il n’est pas le seul.
Il convient donc de le situer parmi les prélèvements, forcés ou non, et de le distinguer des
notions voisines, car des règles juridiques différentes s’appliquent à chaque catégorie de
prélèvement outre l’impôt, les prélèvements comprennent le prix, la taxe, la redevance, les
taxes aux redevances parafiscales20.
Du point de vue juridique les prélèvements fiscaux autre que l’impôt ont un
régime juridique variable, alors que l’impôt proprement dit est du domaine exclusif de la loi.
1. La taxe et la redevance
La Taxe, d’un strict point de vue, est quant à elle réservée aux prélèvements
obligatoires qui sont levés lors de la fourniture d’un service. Si elles ressemblent
formellement aux redevances, puisqu’elles sont comme ces dernières liées à l’offre d’une
prestation, elle s’en distinguent toutefois sur le fait de l’équivalence entre service rendu et prix
à payer n’est pas requise. Enfin ces taxes ont un caractère obligatoire22.
La redevance est le prix d’un service rendu. Elle n’est due normalement que par
ceux qui demandent que ce service soit fourni.
20
Jalel BERREBEH, Fiscalité : la théorie générale de l’impôt, http://www.fsegn.rnu.tn/documents/Cours-
Theorie-impot-Ifcompt.pdf, page 14. (Page consultée le 30-Novembre-2018).
21
Ibidem, page 14.
22
Michel BOUVIER, op.cit., Page 25.
16
La taxe et la redevance sont, donc, des prélèvements opérés par voie de contrainte
sur certains individus au profit des personnes morales de droit public à l’occasion du
fonctionnement d’un service public, sans corrélation nécessaire avec le coût du service s’il
s’agit d’une taxe, en corrélation avec ce coût s’il s’agit d’une redevance.
Le législateur, distingue entre les deux notions, à partir d’un critère tiré de
l’existence ou de l’absence de rapport entre le montant du prélèvement et la valeur du service
rendu :
2. La parafiscalité
23
Michel BOUVIER, op.cit., Page 25.
24
Jalel BERREBEH, op.cit., page 14.
17
1. La fonction financière
L’impôt sert d’abord à couvrir les dépenses de l’Etat. Si la seule raison d’imposer
des impôts est de transférer du secteur privé au secteur public les ressources nécessaires pour
couvrir les dépenses et les frais de fonctionnement du gouvernement, le niveau de taxation et
la distribution du fardeau fiscal parmi les contribuables doivent être établis de manière à créer
le moins de distorsions possibles26.
En clair, l’impôt est seul procédé permettant de couvrir les dépenses des services
publics qui ne peuvent être vendus : défense nationale, administration générale…
2. La fonction économique
3. La fonction sociale
L’impôt est prélevé selon la capacité contributive des contribuables. C’est ainsi
que la loi fiscale, instrument par excellence de la politique de l’Etat en matière économique,
doit tendre dans son principe comme dans son application vers la justice sociale et l’équité
afin que l’impôt ne puisse pas frapper aveuglement les riches et pauvres, salariés et paysans,
25
Jalel BERREBEH, op.cit., page 15.
26
Ibidem, Page 15.
18
ménages sans enfant et familles nombreuses, valides et invalides… bref l’impôt est un outil de
la politique sociale et de l’équité entre citoyen27.
Plusieurs critères peuvent être retenus pour catégoriser les impôts. Dans ce travail
nous retenons juste : l’impôt direct et l’impôt indirect.
1. L’impôt direct
L’impôt direct est celui dont la charge demeure définitivement supportée par celui
qui en est assujetti c’est-à-dire le contribuable. Dans le système fiscal Congolais, les impôts
directs désignent les impôts qui sont supportés par les personnes (contribuables) détenteurs ou
bénéficiaires de la matière imposable (patrimoines ou revenus) mais versés ou trésor public
par les redevables ou les personnes désignées par la loi comme devant en rendre compte28.
Dans le système fiscal Congolais, les impôts sur les revenus locatifs, les impôts
sur les patrimoines (IV, IF, ISCM, ainsi que l’ISCF sont des impôts directs).
2. L’impôt indirect
L’impôt indirect, par contre, est celui dont la charge est répercutée sur autrui, le
contribuable réel ; les impôts indirect sont supportés par certains agents et versés au fisc par
d’autres agents29.
27
Jalel BERREBEH, op.cit., page 15.
28
Adalbert KITOPI KIMPINDE, Cours de Droit Fiscal, L1 Droit, Université de Lubumbashi, 2017-2018, inédit,
page 9.
29
Capul Jean-Yves et Garnier Olivier, Dictionnaire d’économie et de sciences sociales, nouvelle édition Hatier,
Paris, 2011, page 237.
19
Selon lequel l’impôt n’est légitime que pour autant qu’il est indispensable pour
couvrir les besoins publics, ce que, en vertu de l’article 14 de la déclaration des droits de
l’homme et du citoyen de 1789 (DDHC), tous les citoyens ont le droit de constater, par eux-
mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir
librement, d’en suivre l’emploi, et d’en déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la
durée32.
30
Article 174, alinéa 2 de la Constitution du 18 février 2006 telle que modifiée et complétée à ce jour.
31
Franck Wassermann, les Finances Publiques, 8ème Edition, découverte de la vie Publique, Paris 2016, page 38.
32
Article 14 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789.
20
Au terme de ce principe en effet, le contribuable dont les déclarations sont contrôlées doit
avoir à tout moment la possibilité de se défendre, de répondre aux éventuelles notifications
que l’Administration se propose de lui adresser, ainsi que de dialoguer avec l’agent chargé du
contrôle, en étant éventuellement assisté s’il le souhaite d’un conseil de son choix.
33
Article 13 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.
34
Michel BOUVIER, introduction au Droit Fiscal général et à la théorie de l’impôt, 13ème Edition, LGDJ, 2016,
Paris, page 47.
35
Ibidem, Page 48.
36
Ibidem, Page 50.
21
Pour pouvoir établir un impôt, il faut avant tout choisir et cerner la matière
imposable, c’est-à-dire l’élément sur lequel est assis l’impôt39. En d’autres termes, il s’agit de
cerner ce qui peut être imposé, assujetti à l’impôt.
La matière imposable peut être identifié en adoptant l’un des deux procèdes
suivants :
1. Le procédé de recensement
2. Le procédé de la déclaration
37
Michel BOUVIER, op.cit., Page 51.
38
Jalel BERREBEH, op.cit., page 19.
39
BARILARIA A. et DRAPE R., op.cit., page 113.
40
Jalel BERREBEH, op.cit., page 19.
22
La base imposable peut être définit comme étant le montant chiffré relatif à l’élément sur
lequel repose l’impôt (exemple : un bien meuble étant la matière imposable à la TVA, la base
imposable étant le prix de vente).
La personne imposable est la personne sur laquelle pèse la charge fiscale et qui
procède au paiement de l’impôt44.
La personne imposable de droit est celle qui est définit expressément par le
législateur.
La personne imposable de fait est celle qui supporte effectivement l’impôt.
Le collecteur d’impôt est la personne qui procède à la collecte de l’impôt à la
place de l’administration et qu’elle verse par la suite.
41
Jalel BERREBEH, op.cit., page 19.
42
Ibidem, page 19.
43
Adalbert KITOPI KIMPINDE, op.cit., page 45.
44
Jolel BERREBEH, op.cit., page 20.
45
Ibidem, page 20.
23
En RDC, la perception des droits, redevance, taxe est confiée, au niveau national à trois régies
financières à savoir :
Il est à noter que notre travail ne porte pas sur les impôts de la fiscalité nationale.
46
Jalel BERREBEH, op.cit., page 20.
47
Art 204 de la Constitution de la RDC du 18 février 2006 telle que modifiée et complétée à ce jour.
24
Nous devons préciser également qu’il y a que les deux premiers impôts qui feront
objet d’étude dans notre travail et nous donnerons une recherche et un développement
détaillé(e) pour chaque impôt dans le deuxième chapitre.
La technique de l’impôt est l’ensemble des opérations par lesquelles l’impôt est
établi et perçu. C’est donc une description des différentes opérations d’établissement et de
perception de l’impôt.
48
Adalbert KITOPI KIMPINDE, op.cit., page 29.
25
Pour pouvoir établir un impôt, il faut avant tout choisir et cerner la matière
imposable, c’est-à-dire « l’élément sur lequel est assis l’impôt »49. En d’autres termes, il s’agit
de cerner ce qui peut être imposé ou assujetti à l’impôt.
Une fois définie, la matière imposable doit être évaluée, c’est-à-dire on doit en
évaluer la quantité, en déterminer la quantité par un calcul.
En effet, asseoir l’impôt c’est déterminer les matières imposables et mesurer dans
chaque cas la quantité de matière imposable à laquelle doit s’appliquer l’impôt50.
La déclaration contrôlée ;
La méthode forfaitaire ;
La méthode indiciaire ;
L’évaluation par l’Administration fiscale.
49
BARILARI A. et DRAPE R., op.cit., page 113.
50
Duverger M., Finances publiques, 11eme Ed., PUF, Paris, 1988, page 376.
51
Adalbert KITOPI KIMPINDE, op.cit., page 30.
52
BARILARI A. et DRAPE R., op.cit., page 109.
26
Ainsi donc, pour liquider un impôt, il faut réunir les deux préalables que sont le
fait générateur et les modalités de taxation.
1. Le fait générateur
Il désigne l’évènement qui crée la dette fiscale. Il s’agit soit d’un fait matériel soit
un acte juridique ou encore d’une situation économique qui donne naissance à la dette
d’impôt54.
Lorsque le choix de la matière imposable a été fait, que celui-ci a été évaluée et
l’impôt calculé, l’administration concernée doit procéder à son recouvrement. Ce dernier est,
en réalité, l’ensemble des opérations qui concourent à la perception de l’impôt une fois que
celui-ci est liquidé56.
53
Michel BOUVIER, op.cit., page 33.
54
BARILARI A. et DRAPE R., op.cit., page 83.
55
Ibidem, page 170.
56
Ibidem, page 145.
27
Dans les points qui suivent, nous rappellerons d’abord les procédures normales de
recouvrement et ensuite les procédures exceptionnelles de recouvrement.
Les délais de paiement des impôts sont impératifs et doivent être rigoureusement
respectés parce qu’il faut assurer aux dirigeants une régularité des ressources fiscales dans le
temps.
Ainsi, les procédures sont notamment celles de paiement dans le délai légal, qu’il
s’agisse des paiements au comptant ou spontanés.
Pour la DGI par exemple, cette procédure commence par la mise en demeure,
passe par le commandement puis par la saisie pour finir par la vente publique aux enchères.
La loi fiscale, comme toute autre loi, s’applique dans le temps et dans l’espace.
A ce sujet, Bienvenu Jean-Jacques et Lambert Thierry soulignent que les dispositions de ces
deux types de lois restent en vigueur tant qu’elles n’ont pas été expressément abrogées. En
revanche, à la fin de chaque année civile ou budgétaire expire la compétence rationne
temporis des agents du fisc pour exécuter les lois d’impôts58.
Le principe de la territorialité de la loi fiscale rend cette loi exécutoire sur tout le
territoire. La loi oblige tous ceux qui habitent sur le territoire et régie tous les biens meubles et
immeubles qui se trouve sur le territoire de l’Etat59. L’application de la loi fiscale s’arrête
donc à la frontière de l’Etat.
57
Jalel BERREBEH, op.cit., page 33.
58
Bienvenu Jean-Jacques et Lambert Thierry, Droit Fiscal, PUF, Paris, 2010, page 45.
59
Jalel BERREBEH, op.cit., page 32.
29
INTRODUCTION
60
NGOY NDJIBU Laurent, op.cit., page 279.
61
Article 171 de la Constitution de la RDC telle que modifiée et complétée à ce jour.
62
Article 1er de l’arrêté Provincial N°2016/00014/Haut-Katanga du 18 Février 2016 portant création,
organisation et fonctionnement de la Direction des Recettes du Haut-Katanga, DRHKAT en sigle.
30
Outre cela, la DRHKAT vient aussi en appui aux entités territoriales décentralisées
dans le cadre de la mobilisation des recettes de leurs compétences.
Par une suite logique, nous disons que la DRHKAT gère les impôts ci-après :
63
BIFUMANU NSOMPI, la spiritualité de l’impôt, Editions CADICEC, Kinshasa, 2009.
64
NGOY NDJIBU Laurent, op.cit., page 280.
31
Comme dit supra (chapitre 1, section 4), nous analyserons uniquement les deux
premiers impôts dans notre travail.
Ainsi, la Division de Gestion des Impôts provinciaux et locaux est chargée de toutes
les missions et prérogatives concernant l’assiette et le contrôle des impôts qui relèvent de la
compétence exclusive de la Province du Haut-Katanga tandis que la Division de Recouvrement
est chargée, elle, du recouvrement.
Précisons ici que dans cette section, nous traiterons uniquement des problèmes liés
à l’administration fiscale, les problèmes liés au contribuable nous le traiterons à la section trois,
au paragraphe deux (les comportements économiques des contribuables).
Comme le note G. Ardent, « l’on a trop souvent tendance à oublier que le système
fiscal le mieux conçu ne vaut que par l’Administration qui le met en œuvre ». L’Administration
fiscale joue un rôle de premier rang dans la matérialisation de tout système fiscal. Or dans les
65
NGOY NDJIBU Laurent, op.cit., page 280.
66
Ibidem, page 279.
32
pays en voie de développement, les impôts existent sur le papier de code, mais, moins dans la
réalité financière67.
De ce fait, il faut noter que malgré les efforts fournis par le pouvoir public, la
DRHKAT connait encore dans son effectivité par rapport au recouvrement des réels problèmes
et à cet effet, C. MWANDO NSIMBA relève plusieurs contraintes qu’affronte la DRHKAT
dans l’accomplissement de ses missions de mobilisation et de maximisation des recettes du
Haut-Katanga68 :
67
ARDANT G., Théorie sociologique de l’impôt, S.E.V.P.E.N, Paris 1965, page 849. Cité par NGOY NDJIBU
Laurent, op.cit., page 279.
68
MWANDO NSIMBA C., cité par NGOY NDJIBU Laurent, op.cit., page 283.
33
De même, la circulation des véhicules sur la voie publique, construite avec les fonds
du trésor, provoque une dégradation qui appelle réparation et entretien régulier.
C’est le fondement même de cet impôt sur les véhicules (ou vignette automobile) ainsi que la
taxe spéciale de circulation routière (TSCR).
1. La base légale
C’est l’ordonnance-loi N°69-006 du 10 février 1969 relative aux impôts réels telle
que modifiée et complétée à ce jour.
2. La matière imposable
L’impôt sur les véhicules ou vignette automobile est une taxe différentielle annuelle
qui frappe tous les véhicules à moteur, sous réserve de certaines exceptions.
Le terme véhicule est utilisé dans le sens le plus large possible puisqu’il ne désigne pas
uniquement les véhicules automobiles mais aussi, tout moyen de transport par terre et par eau
et ce, quel que soit le mode de propulsion utilisé69.
3. La base d’imposition
Elle peut être :
Soit la puissance du moteur exprimée en cheval-vapeur (CV) ;
Soit la capacité ou le jaugeage (exprimé en M3) ;
le poids du véhicule (exprimée en kg ou en tonnes).
4. Le fait générateur
C’est l’immatriculation ou la mise en circulation du véhicule.
5. Les exonérations
Les exonérations à ces deux impositions sont accordées en fonction de plusieurs
critères notamment70:
69
Adalbert KITOPI KIMPINDE, op.cit., page 106.
70
Article 39 de l’Ordonnance-loi n°69-006 du 10 Février 1969 relative aux impôts réels telle que modifiée et
complétée à ce jour.
34
6. Les taux
Prévus à l’article 41 de l’ordonnance-loi N°69-006 du 10 février 1969, ces taux sont
fixés en fonction de la qualité du propriétaire (personne physique ou morale), de la puissance
du moteur, de la catégorie et du poids du véhicule ou encore en fonction du jaugeage (capacité)
de l’engin de navigation.
71
Article 39 de l’Ordonnance-loi n°69-006 du 10 Février 1969 relative aux impôts réels telle que modifiée et
complétée à ce jour.
72
Article 40 de l’Ordonnance-loi précitée.
35
8. L’échéance
La vignette automobile est généralement acquittée au moment de la déclaration du
véhicule lorsque celui-ci est mis en service pour la première fois en RDC. Par la suite, la
vignette est payée lors des différentes campagnes de recouvrement de cet impôt73.
Remarque : la taxe spéciale de circulation routière est acquittée au même moment que l’impôt
sur les véhicules. Mais toutefois, la déréférence entre l’impôt sur les véhicules et la taxe spécial
de circulation routière est que la première ne concerne que les véhicule admis à circuler sur le
réseau routier public, tandis que l’impôt sur les véhicules est assis sur tout moyen de transport
par terre et par eau, quel que soit le mode de propulsion utilisé74.
2. La base légale
L’Ordonnance-loi n°69/009 du 10 Février 1969 relative aux impôts sur les revenus
telle que modifiée et complétée à ce jour et l’ordonnance-loi N°13/001 du 13 février 2013 fixant
la nomenclature des impôts, droits, taxes et redevances des provinces et des entités territoriales
décentralisées ainsi que leurs modalités et répartition. Cette dernière a reconnue cet impôt aux
provinces en application du prescrit constitutionnel contenu dans son article 204 point 16.
3. La matière imposable
L’impôt sur les revenus locatifs est établi sur le revenu brut de l’année civile antérieure ou sur
toute somme proportionnellement équivalente pour les périodes inferieurs à un an75.
La matière imposables à l’impôt sur les revenus locatifs est donc constituée de76 :
73
Adalbert KITOPI KIMPINDE, op.cit., page 107.
74
Ibidem, page 107.
75
Article 6 de l’Ordonnance-loi n°69/009 du 10 Février 1969 relative aux impôts sur les revenus telle que
modifiée et complétée à ce jour.
76
Article 4 de l’Ordonnance-loi précitée.
36
4. La base imposable
En ce qui concerne l’assiette de l’impôt, la loi considère le revenu brut des
bâtiments et terrains donnés en location ou le profit brut de la sous-location totale ou partielle
des mêmes propriétés.
5. Le fait générateur
C’est la location et la sous location des immeubles.
77
Article 8 de l’Ordonnance-loi n°69/009 du 10 Février 1969 relative aux impôts sur les revenus telle que
modifiée et complétée à ce jour.
78
Article 10 de l’Ordonnance-loi précitée.
37
Le taux de l’impôt est fixé à 22% du revenu brut de la location ou du profit brut de
la sous-location79.
La déclaration doit être souscrite au plus tard le 10 janvier de l’année qui suit celle
de la réalisation des revenus locatifs.
Apres avoir donné l’aperçu sur l’impôt sur les véhicules et sur l’impôt sur les
revenus locatifs, dans le paragraphe suivant nous donnerons les prévisions et les réalisations
des recettes pour notre période d’étude.
79
Article 11 de l’Ordonnance-loi n°69/009 du 10 Février 1969 relative aux impôts sur les revenus telle que
modifiée et complétée à ce jour.
80
Article 12 de l’Ordonnance-loi précitée.
38
L’on comprend dès lors que si la perception de l’impôt et son rendement, voire
son efficience, sont compromis, la conduite de tout programme de développement
économique national ou local devient aléatoire.
La résistance passive à l’impôt se matérialise ainsi de diverses façons. Les attitudes des
contribuables restent occultes, ne recherchant nullement à alerter ou, mieux, à attirer
l’attention des autorités fiscale sur les imperfections de la loi ou les lacunes exploitées.
Elle débouche entre autres sur l’évasion fiscale, laquelle se réalise lorsque le
contribuable d’un impôt ne le paie pas sans que la charge de celui-ci soit reportée sur un tiers,
entrainant ainsi un manque à gagner pour le trésor83.
81
Adalbert KITOPI KIMPINDE, op.cit., page 88.
82
Ibidem, page 89.
83
Duverger M., op.cit., page 396.
40
Une autre attitude des contribuables qui traduit la résistance active à l’impôt est le
refus de l’impôt ou la désobéissance totale et manifeste à l’Administration fiscale. Les
contribuables s’opposent soit au système politique en place, soit à un Gouvernement établi et
pour ce faire, ils mènent carrément une rébellion à l’impôt.
Dans les développements qui suivent, nous allons examiner successivement la
résistance passive et active à l’impôt sur les véhicules et à l’impôt sur les revenus locatifs.
84
Adalbert KITOPI KIMPINDE, op.cit., page 89.
85
Ibidem, page 93.
41
A. Les exemptions
Sur le pied de cette disposition légale, les véhicules de maintes associations sont
admis à porter les plaques d’immatriculation de l’administration, lesquelles sont gérées, au
niveau central par le ministère des travaux publics et infrastructures (plaques portant des
chiffres précèdes de la lettre A, inscrits en noir sur fond blanc) et dans les provinces par la
division provinciale des travaux publics et infrastructures (pour le cas de la province du Haut-
Katanga), ces plaques portent les lettres AKT suivies d’un numéro de série, pointes en couleur
noir sur fond blanc86.
Les abus constatés dans ce secteur sont nombreux et cela constitue une perte
financière pour le trésor public.
Ainsi, s’agissant des ASBL, nous pensons que ne pourraient logiquement être
concernés par les exemptions, au sens strict du terme que seuls les véhicules affectés à un
service public, les ambulances et les tracteurs agricoles87.
L’impression tardive des vignettes automobiles et même leur non impression sont
des facteurs favorisant la résistance passive à l’impôt. En effet, la mise à disposition de ces
imprimés de valeur était encore jusqu’il y a peu, une prérogative du gouvernement central qui
ne s’en soucie guère, privant ainsi les provinces et les EAD (entité administrative),
cessionnaires de cet impôt, de jouir de cette source des recettes.
Par ailleurs, l’étendue des ressorts fiscaux dans les milieux ruraux fait que les
redevables ne sont pas disposés à parcourir d’énormes distances pour aller s’acquitter de leurs
86
Adalbert KITOPI KIMPINDE, op.cit., page 313.
87
BUABUA WA KAYEMBE, Op.cit., page 60.
42
obligations fiscales, le coût du déplacement sur des mauvaises routes dépassant largement le
montant de la dette d’impôt (cout des carburante et lubrifiants, amortissement du véhicule,
frais déboursés à l’occasion des tracasseries administratives et politiques tout au long du
voyage vers le bureau du ressort fiscal …)
D. Le système laissez-passer
Au cours de la période couverte par notre travail, nous avons assez vu les
messages affichés sur les pare-brise de certains véhicules « Laissez-passer » et certains
véhicules portent des attributs beaucoup plus menaçant pour dire qu’il est inutile de prendre
des risques en les stoppant : « Laisser-passer député provincial », ou encore « Laisser-passer
cabinet de … » et d’autres, sont légers : « Laisser-passer Mairie » ou « Laisser-passer Radio-
Télévision » etc.
A ce sujet, nous constatons que le message est simple : on est Avocat, Magistrat
ou député, bref, on a le pouvoir, donc on ne paie pas de taxes ni d’impôts, on a le droit de
violer les règles, comme conduire une auto sans permis de conduire d’ailleurs plusieurs se
promènent sans documents de bords, sans la vignette. Face à cela, nous nous demandons qui
va payer réellement les impôts.
Une autre pratique est pourtant courante à Lubumbashi, c’est que, les plus forts,
même à la police parrainent des véhicules et sont payés en retour.
Outre cela, nous avons constaté également que la citoyenneté est divisée en deux :
De première et de seconde zone. Dans la première, baignent les heureux élus exemptés des
taxes et des impôts. Quoi qu’il en coûte, leur proximité avec les milieux du pouvoir les sauve.
43
Dans la seconde zone, il y a le reste des citoyens, qui servent uniquement à payer les impôts et
les taxes, et quelques fois à danser lors des accueils populistes et des fêtes88.
En résumé et pour conclure, nous estimons que la loi, les impôts à Lubumbashi
c’est pour les faibles (les pauvres et les petits), les puissants et les forts s’en fichent et ils se
vengent s’ils le veulent. Tel est leurs manières de résister à l’impôt sur les véhicules et à la
taxe spéciale de circulation routière.
88
DOMINIQUE KAHANGA, Impôts et Taxes : le citoyen et le développement national, éd. CRP, Kinshasa,
2003, page 23.
44
Article 4 de l’Ordonnance-loi n°69/009 du 10 Février 1969 relative aux impôts sur les revenus telle que
89
En outre, l’assujetti se réfugie dans des activités non officielles, échappant ainsi à
l’accomplissement de certaines formalités d’usage, qui le conduirait forcement à se faire
connaitre aux services publics, à se soumettre aux règles de Droit fiscal et à payer l’IRL.
Dans le cadre de l’impôt sur les revenus locatifs, les propriétaires des maisons
jouent sur la loi de l’offre et de la demande. La République Démocratique du Congo n’ayant
pas mis en place et appliqué une politique cohérente et rationnelle en matière d’habitat, un
déséquilibre important s’est créé, depuis plusieurs décennies, entre la croissance
démographique assez élevée, particulièrement dans les centres urbains, et l’offre de plus en plus
insuffisante de maisons90.
La conséquence inévitable est qu’en cas de taxation, la base de calcul ne reflète pas
la réalité.
90
Adalbert KITOPI KIMPINDE, op.cit., page 316.
46
Dans les lignes qui suivent nous parlerons des comportements économiques de
l’Etat Congolais (§.1) et des comportements des contribuables Congolais (§.2)
91
LUNDA BULULU V., Conduire la première transition au Congo Zaïre, Coll. Mémoires Africains,
L’harmattan, 2003, page 278.
92
Adalbert KITOPI KIMPINDE, op.cit., page 270.
47
Voilà une liste de faits, non limitative ni exhaustive, qui ne pouvaient laisser
indiffèrent le contribuable d’impôt manifestement incivique du point de vue fiscal.
De cette manière, les comportements de l’Etat ont incité, mieux poussé, les contribuables
d’impôts à développer des attitudes de résistance à l’impôt. Ainsi, cette attitude négative des
contribuables d’impôts a eu un impact négatif sur le rendement des impôts.
Outre ce qui est dit ci-haut, soulignons aussi l’apathie (la paresse) et
l’irresponsabilité des citoyens Congolais face au développement. Certes l’esprit de créativité et
le sens de l’engagement doit caractériser chaque citoyen94.
93
DOMINIQUE KAHANGA, op.cit., page 45.
94
Ibidem, page 50.
95
Ibidem, page 50.
48
fisc, laquelle pression pousse ce dernier à commettre des actes immoraux, illégaux et contraire
à leur déontologie.
En peu de mots, le Congolais veut un pays plus beau qu’avant, mais il ne veut pas en payer le
prix, il ne veut pas payer ses impôts.
Voilà quelques éléments qui sont en rapport avec les comportements économiques
des contribuables.
96
NGOY NDJIBU Laurent, op.cit., page 292.
97
Ibidem, page 291.
49
Après avoir détaillé les différentes techniques développées par les contribuables
pour éviter le choc des créances fiscales c’est-à-dire ne pas payer les impôts. Il nous semble
maintenant opportun de tenter de décrypter les causes qui justifieraient ces différents types de
comportements, d’y trouver des explications pertinentes, et surtout de dégager les
implications d’ordre économique et financier.
Dans les lignes qui suivent, nous allons tenter d’énumérer les causes qui ont
favorisé la résistance à l’impôt sur les véhicules et à l’impôt sur les revenus locatifs perçus
dans la ville de Lubumbashi sous la période de notre étude.
Se soucier de ses contribuables comme une poule se soucie de ses œufs et doit en
même temps créer des services publics de qualité ;
Faire de l’impôt un élément de la vie quotidienne de chaque citoyen ou un fait social à
intérioriser, à défendre, à respecter et à planifier au même titre, par exemple, que
l’enseignement (éducation), la santé et la communication98 ;
Renforcer les pénalités fiscales là où il le faut ;
Veiller à ce que les gouvernants se comportent plus comme des serviteurs du
souverain primaire plutôt que comme des patrons à qui les contribuables doivent tout
sans rien attendre en retour ;
Rendre également palpable sur le terrain l’utilisation qui est faite de la recette des
impôts notamment l’amélioration des conditions de vie du citoyen Congolais (bonnes
infrastructures et services sociaux de base, sécurité collective, écoles, hôpitaux, police,
assainissement du milieu etc.) ;
Soumettre les opérateurs politiques aux déclarations de leurs revenus imposables et
paiements corrects des impôts correspondants ;
98
BIFUMANU NSOMPI, op.cit., page 70.
52
Assurer un minimum d’équité fiscale, en plaçant tous les assujettis sur un même pied
(principe d’égalité de tous les citoyens devant l’impôt) au regard du prescrit
constitutionnel selon lequel : « la contribution aux charges publiques (par le paiement
de l’impôt) constitue un devoir pour toute personne vivant en RDC »99 ;
Donc opérer une grande cure comportementale en jouant sur le changement des
mentalités et en faisant en sorte que tous, gouvernants et gouvernés, soient sous la
rigueur de la loi.
99
Article 174 alinéa 2 de la Constitution de la RDC telle que modifiée et complétée à ce jour.
53
CONCLUSION
En somme, lorsque nous avons abordé l’examen du sujet de notre travail, nous
avons souligné à titre d’objet d’étude qu’en RDC il y a aucun prélèvement obligatoire qui
n’échappe au phénomène de la résistance à l’impôt et par conséquent il y a certaines
personnes qui naissent, grandissent et meurent sans avoir un seul jour payé l’impôt de la
fiscalité provinciale et nous voulions dans ce travail cerner les formes, les causes et les
conséquences de la résistance à l’impôt en rapport avec les comportements économique de
l’Etat et des contribuables. Pour ce faire, nous avons posé comme problématique : « Pourquoi
les contribuables Congolais résistent-ils pour s’acquitter loyalement de leurs impôts ? »
En tout et pour tout, c’est donc en ces termes que nous mettons fin à notre travail
scientifique tout en espérant être complétés par d’autres chercheurs en la matière étant donné
qu’à nous seuls nous ne saurons épuiser complètement le sujet et nous tenons par la même
occasion à demander l’indulgence à tous ceux qui, aléatoirement d’une manière ou d’une
autre ont été offusqués et lésés par notre façon d’appréhender, de juger et de critiquer les faits.
55
BIBLIOGRAPHIE
A. TEXTES LEGAUX
1. La Constitution de la RDC du 18 Février 2006 telle que modifiée et complétée à ce
jour.
2. La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789.
3. La loi n°004/2003 du 13 Mars 2003 portant réforme des procédures fiscales telle
que modifiée et complétée à ce jour.
4. L’Ordonnance-loi n°69-006 du 10 Février 1969 relative aux impôts réels telle que
modifiée et complétée à ce jour.
5. L’Ordonnance-loi n°69/009 du 10 Février 1969 relative aux impôts sur les revenus
telle que modifiée et complétée à ce jour.
6. L’Ordonnance-loi n°13/001 du 23 Février 2013 fixant la nomenclature des impôts,
droits, taxes et redevances des Provinces et des Entités Territoriales Décentralisées
ainsi que leurs modalités de répartition.
7. L’Arrêté Provincial N°2016/00014/Haut-Katanga du 18 Février 2016 portant
création, organisation et fonctionnement de la Direction des Recettes du Haut-
Katanga, D.R.H.KAT en sigle.
B. OUVRAGES
1. BARILARI A. et DRAPPE R., lexique fiscal, Dalloz, Paris, 1992.
2. BUABUA WA KAYEMBE, traité de droit fiscal Zaïrois : constats et propositions
sur les contributions et la douane, P.U.Z, Kinshasa, 1993.
3. Bienvenu Jean-Jacques et Lambert Thierry, Droit Fiscal, PUF, Paris, 2010.
4. BIFUMANU NSOMPI D., la Spiritualité de l’impôt, Editions CADICEC, Kinshasa,
2009.
5. CAPUL Jean-Yves et GARNIER Olivier, Dictionnaire d’économie et de sciences
sociales, nouvelle édition Hatier, Paris, 2011.
6. DOMINIQUE KAHANGA, Impôts et Taxes : le citoyen et le développement national,
éd. CRP, Kinshasa, 2003.
7. DUVERGER M., Finances publiques, 11eme Ed., PUF, Paris, 1988.
8. Franck WASERMAN, les finances publiques, découverte de la vie publique, 8eme
édition, Paris, 2016.
56
9. Gaston JEZE, traité des sciences des finances : budget, PUF, Paris, 2003.
10. Michel BOUVIER, introduction au Droit Fiscal générale et à la théorie de l’impôt,
8ème Edition, LGDJ, collection systèmes, Paris, 2007.
11. Michel BOUVIER, introduction au Droit Fiscal général et à la théorie de l’impôt,
13ème Edition, LGDJ, Paris, 2016.
12. LUNDA BULULU V., Conduire la première transition au Congo Zaïre, Coll.
Mémoires Africains, L’harmattan, 2003.
13. Victor KALUNGA TSHIKALA, Rédaction des mémoires en droit : Guide pratique,
Université de Lubumbashi, 2012.
D. NOTES DE COURS
1. Adalbert KITOPI KIMPINDE, Cours de Droit Fiscal, L1 Droit, Université de
Lubumbashi, 2017-2018, inédit.
2. Ipo ABELELA, Cours de méthode de recherche scientifique, G1 Sciences
Economiques et des Gestions, Université de Lubumbashi, 2010-2011, inédit.
3. Simplice NKWANDA MUZINGA, Cours d’initiation à la recherche scientifique, G2
Droit, Université de Lubumbashi, 2015-2016, inédit.
E. WEBOGRAPHIE
1. Jalel BERREBEH, Fiscalité : la théorie générale de l’impôt,
http://www.fsegn.rnu.tn/documents/Cours-Theorie-impot-Ifcompt.pdf, (page
consultée le 30-Novembre-2018).
57
INTRODUCTION .................................................................................................................................. I
1. OBJET D’ETUDE ......................................................................................................................... 1
2. CHOIX ET INTERET DU SUJET .............................................................................................. 2
2 .1. Choix du sujet .......................................................................................................................... 2
2.2. Intérêt du sujet........................................................................................................................ 2
a. Intérêt scientifique ................................................................................................................. 2
b. Intérêt social ........................................................................................................................... 2
3. ETAT DE LA QUESTION ........................................................................................................... 3
4. PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES ................................................................................... 5
4.1. Problématique............................................................................................................................. 5
4.2 Hypothèses ................................................................................................................................... 6
5. METHODE ET TECHNIQUES .................................................................................................. 7
5.1. Méthode ....................................................................................................................................... 7
5.2. Les techniques ............................................................................................................................. 8
a. La technique documentaire .................................................................................................. 8
b. La technique d’observation .................................................................................................. 8
c. La technique de la statistique ............................................................................................... 8
6. DELIMITATION DU SUJET ...................................................................................................... 9
7. SUBDIVISION DU TRAVAIL .................................................................................................... 9
PLAN DU TRAVAIL .......................................................................................................................... 10
CHAPITRE I : LES GENERALITES SUR L’IMPOT ................................................................... 13
INTRODUCTION ........................................................................................................................... 13
SECTION 1 : LA NOTION D’IMPOTS ....................................................................................... 13
§.1. Définition de l’impôt............................................................................................................. 13
§.2. Les caractéristiques de l’impôt............................................................................................ 14
§.3. L’impôt et les autres prélèvements : taxe, redevance, parafiscalité................................. 15
§.4. Rôles ou fonctions de l’impôt............................................................................................... 17
§.5. Les Sortes d’impôts .............................................................................................................. 18
SECTION 2 : LES PRINCIPES D’IMPOSITIONS .................................................................... 19
§.1. Le principe de légalité : ........................................................................................................ 19
§.2. Le principe de l’annualité : .................................................................................................. 19
§.3. Le principe de nécessité : ..................................................................................................... 19
§.4. Le principe d’égalité : .......................................................................................................... 20
58