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RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET UNIVERSITAIRE

LEADERSHIP ACADEMIA UNIVERSITY


Kinshasa

TROISIÈME LICENCE ADMINISTRATION DES AFFAIRES

COURS DE
FISCALITÉ ET GESTION DE L’ENTREPRISE

Par
Prof. Trésor-Gauthier M. KALONJI
Doctorat/Ph.D en droit fiscal, Université de Neuchâtel (Suisse)
Executive Master/LL.M en droit européen et international, Université de Genève (Suisse)
Master en Droit public, Université de Rouen-Normandie (France)
Licence en Droit économique et social, Université de Lubumbashi (R.D. Congo)
Email : tgk720@gmail.com

ANNÉE ACADÉMIQUE 2022-2023


Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

Introduction générale
I. Finalité du cours
[1]- Les théories générales sur la fiscalité renseignent que cette dernière est l’ensemble de la
législation et de la réglementation en matière fiscale, en vigueur dans un pays. Au fait, c’est
l’ensemble de mesures et procédures applicables à l’administration fiscale ainsi qu’aux prélè-
vements fiscaux, non fiscaux et douaniers en vigueur dans une juridiction. Elle joue un rôle
important permettant ainsi à l’Etat et les collectivités publiques, de se procurer des ressources
financières nécessaires au financement des dépenses publiques et autres besoins d’intérêt gé-
néral.

[2]- La fiscalité rythme la vie des entreprises. Pour les dirigeants de ces dernières, il est im-
portant de bien comprendre les principes fondamentaux régissant chaque impôt et taxe. Les
différentes échéances doivent être anticipées, et les choix fiscaux correctement réfléchis. Il en
découle que la fiscalité est une composante majeure de l’entreprise dont elle régit en grande
partie la vie. Mieux comprendre les principes fondamentaux en matière fiscale permet au chef
d’entreprise d’optimiser ses choix et de définir les contraintes de gestion qui en résulteront.
Ainsi, la fiscalité de l’entreprise est une préoccupation majeure pour un dirigeant d’entreprise,
compte tenu de la diversité des impôts et taxes existants et de la complexité de la législation
fiscale.

[3]- Le présent cours a pour objectif de faciliter aux lecteurs la compréhension des méca-
nismes et règles applicables aux impôts, droits, taxes et redevances en vigueur en République
Démocratique du Congo (RDC). Il permet, singulièrement, d’appréhender la fiscalité des en-
treprises, en vue de permettre aux dirigeants de mieux optimiser leur charge fiscale, car celui
qui ne pratique aucune planification fiscale gaspille ses ressources. En effet, il est tout à fait
loisible et légitime d’organiser son patrimoine et ses affaires de manière à réaliser une éco-
nomie d’impôt et ce, dans les limites autorisées par la loi. Dans cette veine, la planification
fiscale ou l’optimisation fiscale désigne l’ensemble des montages fiscaux permettant à un
contribuable – personne physique ou morale – de payer le moins d’impôt possible tout en res-
pectant les dispositions légales, règlementaires ou conventionnelles.

[4]- Dans un autre registre, ce cours s’intéresse à la gestion des entreprises. En effet, ces der-
nières doivent faire en permanence des choix stratégiques pour survivre. Dans cette veine, la
« gestion » elle-même est définie comme étant la « science des choix » et elle est une consti-
tuante intrinsèque vitale de toute organisation, quelle que soit son activité, quelle que soit sa
taille, quel que soit son objectif. Les multiples décisions qui sont prises à tous les niveaux de
l’organisation au sein de toutes les fonctions constituent la gestion même de l’entreprise ou
son pilotage.

[5]- Parmi les choix à opérer par une entreprise figurent les modes de son financement, c’est-
à-dire la mise en œuvre d’une politique de financement de l’entreprise. En effet, lors de sa
création, puis au cours de son développement, l’entreprise doit – au moment opportun – déte-

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nir les ressources financières nécessaires pour faire face à ses échéances, et utiliser au mieux
les moyens dont elle dispose. Pour exercer son activité, l’entreprise doit d’abord engager des
dépenses avant de percevoir des recettes. Ce n’est qu’ultérieurement, à l’issue de la produc-
tion et de la commercialisation (des biens ou services), que des recettes seront encaissées. Il y
a donc un décalage dans le temps entre les paiements et les encaissements concernant aussi
bien les investissements que l’exploitation. Ce décalage crée des besoins de financements que
l’entreprise devra couvrir en se procurant des fonds selon différentes modalités.

[6]- Le présent cours esquisse à l’attention des lecteurs – étudiants, chercheurs, chefs
d’entreprises, etc.– quelques modalités de financement d’une entreprise, nécessaires à sa pé-
rennité. Certes, l’entreprise peut compter sur ses propres moyens, notamment ceux mis à sa
disposition par les associés/actionnaires et ceux dégagés par son activité, mais il est également
fréquent, pour des impératifs de survie ou d’accroissement, de recourir au financement exté-
rieur. Cela procède en principe des choix financiers de l’entreprise, c’est-à-dire sa politique de
financement.

II. Plan général du cours


[7]- L’architecture principale du présent cours est la suivante :

 Partie I : Eléments d’etude de l’entreprise

 Partie II : Eléments de fiscalite d’entreprise : theories et principaux prelevements


fiscaux, douaniers et non fiscaux

 Partie III : Eléments de gestion d’entreprise : la politique de financement

III. Méthodologie d’enseignement et d’évaluation du cours


[8]- Cet enseignement est direct, interactif et pratique :

 Le cours est direct dans la mesure où il est dispensé en présentiel, au contact direct entre
l’enseignant et les apprenants (étudiants). Pour ce faire, un syllabus gratuit est mis à la
disposition des étudiants pour leur permettre de mieux assimiler les explications four-
nies par l’enseignant ;

 Le cours est interactif, car, au-delà du caractère magistral, un échange direct (questions-
réponses) entre l’enseignement et les étudiants permet d’approfondir des éventuelles
« zones d’ombre » sur les matières traitées et de garantir ainsi une meilleure assimilation
du cours ;

 Le cours est pratique, dans la mesure où il est prévu quelques études de cas ou scénarios
basés sur des situations de la vie réelle et auxquels on demandera aux étudiants de réa-
gir.

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Par ailleurs, l’évaluation de l’enseignement en pourcentage sera disséquée comme ci-après :

 Présences : 20% (liste de présence journalière obligatoire) ;


 Évaluation (examen) : 80% (5 questions, dont 3 sur la théorie générale du cours et 2
portant sur des études de cas).

IV. Éléments bibliographiques


Dans l’optique de permettre aux étudiants d’approfondir les notions abordées dans le cadre
du présent enseignement, il leur est recommandé de consulter librement les ouvrages géné-
raux ci-après :

ALBERT JEAN-LUC/ PIERRE JEAN-LUC/ RICHER DANIEL (éds.), Dictionnaire de droit fiscal et doua-
nier, Paris, éditions Ellipses, 2007, 598 pages ;

ALBERT JEAN-LUC/ SAÏDJ LUC, Finances Publiques, Paris, éditions Dalloz, 2015, 874 pages ;

BAKANDEJA WA MPUNGU GRÉGOIRE/KALONJI TRESOR-GAUTHIER/AMISI MATONGO JO-


SEPH/ALUMBA VINCENT DE PAUL, Les finances publiques en République démocratique du Congo - La
longue croisade pour une gouvernance financière débarrassée des démons de la corruption et du détourne-
ment des deniers publics, Bruxelles, éditions Bruylant, 2020, 330 pages ;

BOUVIER MICHEL, Introduction au droit fiscal général et à la théorie de l’impôt, Paris, LGDJ, 2016, 272
pages ;

BOUVIER MICHEL/ ESCLASSAN MARIE-CHRISTINE/ LASSALE JEAN-PIERRE, Finances Publiques,


Paris, éditions LGDJ, 2014, 903 pages ;

BUABUA WA KAYEMBE MATHIAS, Droit fiscal congolais. Législation fiscale et douanière en vigueur en
RDC, Kinshasa, Editions Universitaires Africaines, 2006, 264 pages ;

BUABUA WA KAYEMBE MATHIAS, Traité de droit fiscal zaïrois. Constats et propositions sur les contri-
butions et la douane, Kinshasa, Presses Universitaires du Zaïre, 1993, 278 pages ;

BUABUA WA KAYEMBE MATHIAS, Les Finances Publiques Congolaises. Pouvoir central – Provinces -
Entités Territoriales Décentralisées, Kinshasa, Editions Universitaires Africaines, 2013, 263 pages ;

CABRILLAC RÉMY (éd.), Dictionnaire du vocabulaire juridique 2018, Paris, éditions LexisNexis, 2017, 530
pages ;

CASTAGNÈDE BERNARD, Précis de fiscalité internationale, Paris, Presses Universitaires de France, 2015,
708 pages ;

CAUSSADE THOMAS, La stratégie fiscale de l’entreprise : entre optimisation et fraude, Thèse de doctorat
en droit, Université Toulouse Capitole, 2017, 771 pages ;

CERRADA KARINE/ DE RONGÉ YVES/ DE WOLF MICHEL/ GATZ MICHEL, Comptabilité et analyse
des états financiers. Principes et applications, Louvain-la-Neuve, éditions De Boeck, 2014, 344 pages ;

CHADEFAUX MARTIAL/COZIAN MAURICE/ DEBOISSY FLORENCE, Précis de fiscalité des entre-


prises, Paris, éditions LITEC, 2019, 1054 pages ;

CHARDONNENS JEAN-PIERRE, Comptabilité générale, Hünenberg See, Adoc Edition, 2011, 367 pages ;

COURNAC ANNA, La responsabilité sociale de l’entreprise multinationale à l’égard de ses territoires


d’implantation, Thèse de doctorat en Gestion et management, Université de Pau et des Pays de l’Adour, 2013,
396 pages ;

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DEDEURWAERDER GILLES, Théorie de l’interprétation et droit fiscal, Paris, éditions Dalloz, 2010, 486
pages ;

DE VRIES REILINGH DANIEL, Manuel de droit fiscal international. Introduction aux Conventions de
double imposition (CDI) sur la base du Modèle de Convention fiscale concernant le revenu et la fortune de
l’OCDE, Berne, éditions Weblaw, 2014, 302 pages ;

DISLE CHARLOTTE/ MAÉSO ROBERT/ MÉAU MICHEL, Introduction à la comptabilité. Manuel et appli-
cations, Paris, éditions Dunod, 2012, 584 pages ;

GAUDEMET PAUL-MARIE/ MOLINIER JOËL, Finances publiques, Paris, éditions Montchrestien, 1996,
577 pages ;

GOUTHIÈRE BRUNO, Les impôts dans les affaires internationales. 30 études pratiques, Paris, éditions Fran-
cis Lefebvre, 2016, 1533 pages ;

GUEZ JULIEN, L’interprétation en droit fiscal, Paris, éditions LGDJ, 2007, 376 pages ;

GUINCHARD SERGE/ DEBARD THIERRY (éd.), Lexique des termes juridiques 2017-2018, Paris, éditions
Dalloz, 2017, 1214 pages ;

KALONJI TRÉSOR-GAUTHIER M., Budget de l’Etat et nouvelle gouvernance financière publique. La per-
formance au cœur de la gestion publique en République Démocratique du Congo, Sarrebruck, Éditions Uni-
versitaires Européennes, 2017, 189 pages ;

KALONJI TRÉSOR-GAUTHIER M., Droit budgétaire congolais. Pluriannualité budgétaire et budgétisation


programmatique à l’aune de la réforme des finances publiques, Sarrebruck, Éditions Universitaires Euro-
péennes, 2015, 221 pages ;

KALONJI TRÉSOR-GAUTHIER M., Manuel de fiscalité et financement des entreprises – Avec une référence
spécifique au droit congolais et au droit OHADA, Saint-Ouen, Editions du Net, 2021, 395 pages ;

KALONJI TRÉSOR-GAUTHIER M., Précis de droit fiscal congolais, Sarrebruck, Éditions Universitaires
Européennes, 2014, 234 pages ;

KIRKPATRICK JOHN/ GARABEDIAN DANIEL, Le régime fiscal des sociétés en Belgique, Bruxelles,
éditions Bruylant, 2003, 608 pages ;

MAHOUI KARIM, Cours de Gestion de l’entreprise, Licence en sciences commerciales et sciences de ges-
tion, Université Abderrahmane Mira – Bejaïa, 2016-2017, 166 pages ;

MALGOYRE ANTOINE, Montages juridiques et habileté fiscale, Paris, éditions Gualino, 2017, 240 pages ;

MALHERBE PHILIPPE, Éléments de droit fiscal international, Bruxelles, éditions Bruylant, 2015, 219
pages ;

MBOKO DJ’ANDIMA JEAN-MARIE, Code général des impôts, Kinshasa, Presses Universitaires du Congo,
2007, 482 pages ;

OBERSON XAVIER, Droit fiscal suisse, Genève, éditions Helbing Lichtenhahn, 2012, 621 pages ;

OBRIST THIERRY, Introduction au droit fiscal suisse, Bâle, éditions Helbing Lichtenhahn, 2018, 461 pages ;

ORSONI GILBERT, Finances publiques – Dictionnaire encyclopédique, Paris, éditions Economica, 2017, 983
pages ;

RASSAT PATRICK/ LAMORLETTE THIERRY/ CAMELLI THIBAULT, Stratégies fiscales internationales


: optimisation fiscale internationale pour les entreprises : mondialisation et fiscalité la fin des paradis fis-
caux? nouvelles opportunités, Paris, éditions Maxima, 2010, 325 pages ;

THAMBWE MWAMBA ALEXIS, Droit douanier zaïrois, Kinshasa, Presses Universitaires du Zaïre, 1996,
191 pages ;

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TIBERGHIEN ALBERT (éd.), Manuel de droit fiscal, Alphen aan den Rijn, éditions Wolters Kluwer, 2014,
1980 pages ;

TRAVERSA EDOARDO, Droit fiscal général, Cours de Master en droit, Université Catholique de Louvain,
2018-2019, 234 pages ;

VERNIMEN PIERRE/ QUIRY PASCAL/ LE FUR YANN, Finance d’entreprise 2020, Paris, éditions Dalloz,
2019, 1198 pages.

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Partie I :
Eléments d’étude de l’entreprise

[9]- Lancer sa propre entreprise est un défi énorme. Il faut tout d’abord avoir une idée por-
teuse, puis en réussir l’exécution de manière optimale. Bien souvent, au moment de lancer son
affaire, un entrepreneur est amené à se poser la question de la forme juridique à choisir afin de
pouvoir exercer son activité. Cette question est importante, car de sa réponse dépend l’avenir
même de l’activité qui sera poursuivie. Entre la micro-activité et la multinationale, ni les
moyens, ni les besoins ne sont identiques. Faut-il créer son « entreprise » ou monter
sa « société » ? Une entreprise individuelle, appelée aussi affaire personnelle ou entreprise en
nom propre, ne forme qu’une seule et même personne avec son créateur. A l’inverse, une so-
ciété est une entité complètement distincte de la personne qui la crée, et on parle dans ce cas
de « personne morale ». Aussi est-il évident qu’en règle générale, les formalités de création
sont plus légères pour une entreprise individuelle que pour une société, dans la mesure où,
dans ce dernier cas, il est nécessaire d’établir des statuts et procéder à des formalités complé-
mentaires strictes.

[10]-Dans le jargon courant, l’on assimile les deux notions d’entreprise et de société. Elles
servent à désigner indistinctement la même chose, à savoir l’activité d’un ou plusieurs acteurs
mettant leurs atouts en commun dans un but partagé au sein d’une même structure. Le mot
« entreprise » revêt cependant un sens plus englobant et est employé plus généralement que
celui de « société ». Cela s’explique par le fait que la « société » est définie légalement et
donc précisément, mais pas l’« entreprise », qui est plutôt une réalité socio-économique. Pour
le langage commun, toute société est donc une entreprise. La réalité est plus compliquée,
puisque les sociétés civiles par exemple ne sont pas nécessairement des entreprises.

[11]-Toujours sous l’angle dichotomique, l’entreprise « fait référence à la forme juridique de


l’unité productive, sa personnalité morale », alors que la société « désigne sa réalité écono-
mique et organisationnelle. Les limites de l’entité juridique ne se superposent pas nécessaire-
ment à celles de l’entité économique ». L’entreprise est dans l’ensemble une structure de
plus petite taille que la société. Elle est dirigée par une seule personne qui est seule décision-
naire. Sa création est plus simple à mettre en œuvre, de même que les coûts de création qui
s’imposent. La société délimite généralement plus clairement le patrimoine de l’associé et
celui de la société, alors que l’entreprise assimile les deux. Cette différence tient principale-
ment de la notion de personne morale. Les sociétés – étant dotées d’une voilure plus impor-
tante – ont un potentiel de développement généralement plus important que celui des entre-
prises, ainsi qu’une plus grande souplesse en cas de changement de statut juridique. La fiscali-
té des sociétés se joue entre les mains de la société, alors que celle des entreprises se joue
entre les mains de l’entrepreneur lui-même, même si une certaine souplesse existe en la ma-
tière. Enfin, en cas d’échec, il est plus facile et moins onéreux de mettre fin à une entreprise.

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[12]-
Dans cette première partie de l’ouvrage, il convient de passer en revue succinctement,
d’une part, la notion générale d’entreprise (chap. 1) et, d’autre part, celle spécifique de société
commerciale et de groupement d’intérêt économique (chap. 2).

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Chapitre 1. Concept, fondement et formes d’entreprises

[13]-L’entreprise est un instrument de mise en commun des ressources à des fins de produc-
tion et de distribution des biens et services, dont la réalisation nécessite le concours d’autres
acteurs externes (section 1.1). Certes son but ultime est de dégager des bénéfices au profit des
apporteurs des capitaux, mais d’autres considérations d’ordre typiquement social peuvent la
caractériser (section 1.2). Elle peut revêtir diverses formes, notamment celles dictées par la
classification juridique, qui distingue globalement les entreprises du secteur public des entre-
prises privées (section 1.3).

1.1. Notions générales


1.1.1. Définition et caractéristiques

[14]-Dans l’histoire économique, on trouve de nombreuses définitions du concept d’entreprise.


Il est important de noter que chaque définition est marquée par son époque : elle dépend à la
fois des formes d’organisation du travail et de la production qu’une époque s’est donnée et
des analyses théoriques que les hommes ont fait de l’activité économique de cette époque.

[15]-L’entreprise peut être définie comme étant une « unité économique qui implique la mise
en œuvre de moyens humains et matériels de production ou de distribution des richesses repo-
sant sur une organisation préétablie ». C’est aussi l’ensemble des « établissements réunissant,
sous une direction commune, des moyens tant humains que matériels en vue de
l’accomplissement d’activités économiques, commerciales, industrielles ou de services ».

[16]-Cette définition est typiquement juridique. Examinée plutôt sous l’aspect économique,
l’entreprise est « une organisation dont l’objet est de pourvoir à la production, à l’échange ou
à la circulation de biens et de service ». Somme toute, c’est « l’entité économique produisant
des biens et des services pour d’autres acteurs en dégageant des bénéfices ».

[17]- Il découle de ce qui précède que l’entreprise est à la fois :

 Une organisation technique, car elle produit des biens et services à partir d’une com-
binaison de moyens : capitaux, compétences, stratégies, etc. ;
 Une organisation économique, pour autant que la création et la répartition de la valeur
est une finalité topique de l’entreprise ;
 Une organisation sociale, c’est-à-dire une cellule sociale et humaine, qui met en relief
principalement trois types d’acteurs ayant des objectifs et des stratégies personnelles
distincts : apporteurs de capitaux ; dirigeants ; et Salariés.
 Un centre d’impulsion relativement autonome, qui permet d’opérer notamment un
« calcul économique », une gestion quotidienne et une prise des décisions nécessaires.

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1.1.2. Autres précisions sémantiques

[18]-Dans l’optique de mieux appréhender la notion d’entreprise, il n’est sans intérêt de dis-
tinguer cette dernière d’avec d’autres entités connexes, notamment l’organisation,
l’établissement, et l’Administration.

1.1.2.1. Organisation et Entreprise

[19]-
L’Organisation est définie comme étant un ensemble structuré de moyens et d’acteurs
coopérant pour atteindre des objectifs. Elle suppose un but formel, une division des tâches et
une attribution des rôles, un système de communication, un mécanisme de prise de décisions,
un ensemble de règles d’évaluation de l’activité. Globalement, une organisation dispose de
cinq parties, à savoir le centre opérationnel, le sommet stratégique, la ligne hiérarchique, la
technostructure et les fonctions logistiques.

[20]-Cette conception d’organisation s’applique aux clubs, associations (ASBL notamment),


partis politiques, entreprises, etc.

[21]-Donc, toutes les entreprises sont des organisations mais pas l’inverse. L’entreprise est une
organisation mettant en œuvre différents moyens dans le but de produire et commercialiser
des biens et services. Elle est finalement une organisation capable de s’adapter à l’évolution
de l’environnement en changeant les procédures. Donc l’entreprise est dynamique, évolue en
permanence, et détient un système ouvert.

1.1.2.2. Établissement et Entreprise

[22]-Le terme « établissement » désigne la réunion des moyens humains et de biens en vue
d’exercer, de manière durable, une activité économique. C’est une unité technique de produc-
tion, correspondant à une subdivision de l’entreprise, et constituant un périmètre possible de
mise en place des institutions représentatives du personnel ou d’implantation syndicale, de
même qu’un cadre, à certaines conditions, pour des négociations au sein de l’entreprise.

[23]-
Ainsi, un établissement peut être une usine, une agence commerciale, un laboratoire, un
entrepôt… qui ne constituent pas à eux seuls des entreprises mais de simples unités tech-
niques. L’entreprise regroupe plutôt l’ensemble de ces établissements.

1.1.2.3. Administration et Entreprise

[24]-Selon le dictionnaire français Le Robert, le terme « administration » est « l’action de gé-


rer un bien, un ensemble de biens ».

[25]-
Par ailleurs, avec une minuscule, le terme « administration » désigne le fait ou l’activité
d’administrer. Avec une majuscule, il devient synonyme de service public au sens formel du
terme et, par extension, synonyme de la puissance publique.

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[26]-Ainsi, l’entreprise réalise une production marchande, les administrations publiques (mi-
nistères, collectivités locales, services publics, etc.) et les administrations privées (association,
syndicats) produisent des services non marchands.

1.1.3. Partenaires de l’entreprise

[27]-Pour fonctionner et atteindre ses objectifs, l’entreprise nouent des relations avec plusieurs
parties qui – elles aussi – s’intéressent au fonctionnement de l’entreprise et à son efficacité. Il
s’agit notamment de clients (1.1.3.1), de salariés (1.1.3.2), d’autres entreprises (1.1.3.3), de
banques et institutions de crédit (1.1.3.4), d’administrations publiques (1.1.3.5), et autres di-
vers acteurs (1.1.3.6).

1.1.3.1. Clients

[28]-
Un client est une personne qui achète ou qui requiert des services moyennant rétribution.
Ainsi, la « clientèle » est un ensemble des personnes (clients) qui sont en relations d’affaires
avec un professionnel, commercial, artisanal, libéral. Au sens objectif, la clientèle est consti-
tuée des éléments attractifs, corporels ou incorporels, des clients, des relations d’affaires.
C’est, somme toute, un fonds de commerce, artisanal ou libéral.

[29]- Le marché de l’entreprise dépend des ventes qu’elle réalise, donc des achats de ses clients
(ménages, administrations, autres entreprises, banques…). Le client peut être qualifié de «
pilier de l’affaire dans la mesure où il est le seul à donner du travail à l’entreprise ». De ce
fait, le seul but de l’entreprise est de satisfaire les besoins du client et, à travers lui, les besoins
de la communauté toute entière.

1.1.3.2. Salariés ou travailleurs

[30]-Les salariés, employeurs ou travailleurs de l’entreprise sont les personnes qui sont liées à
celle-ci par un contrat de travail assorti d’un lien de subordination.

[31]-Pour sa part, le code congolais du travail définit le travailleur comme « toute personne
physique en âge de contracter, quels que soient son sexe, son état civil et sa nationalité, qui
s’est engagée à mettre son activité professionnelle, moyennant rémunération, sous la direc-
tion et l’autorité d’une personne physique ou morale, publique ou privée, dans les liens d’un
contrat de travail ».

[32]-Il ressort de ce qui précède que les salariés/travailleurs ne sont pas dans l’entreprise,
c’est-à-dire qu’ils ne sont pas, en principe, parties au contrat de société. Cela peut sembler
surprenant puisque les salariés travaillent dans l’entreprise, à la réussite et à l’enrichissement
de celle-ci, mais ils ont une autre relation juridique, qui est le contrat de travail. Ce dernier
comporte un risque moindre, dans la mesure où le salarié sera toujours payé, alors que
l’associé n’est rémunéré que si l’entreprise réalise un bénéfice.

[33]-Cela dit, la charge salariale représente non seulement un élément important du prix de
revient du produit de l’entreprise, mais aussi la qualité du travail et la productivité de ses sala-
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riés. Les salariés et leurs syndicats suivent de près le développement de l’entreprise et les dé-
cisions prises par cette dernière. L’entreprise doit concilier exigences des salariés et coût qui
permet d’être compétitive.

1.1.3.3. Autres entreprises

[34]-Les autres entreprises peuvent être des fournisseurs dont les prix utilisés pour les transac-
tions notamment des matières premières, de l’énergie fournie, des installations, des services,
conditionnent le prix de vente des produits de l’entreprise. Elles peuvent également être des
concurrents que l’entreprise prend en compte pour la structuration de sa politique des prix. En
effet, le prix doit permettre de positionner l’offre par rapport à celles de ses concurrents. La
compétitivité prix permet d’assurer les parts de marché de l’entreprise et ainsi sa rentabilité.

[35]-Il n’est pas sans intérêt de préciser que les entreprises qui vendent des biens et services à
d’autres entreprises (« marché business-to-business ») sont souvent confrontées à des ache-
teurs professionnels formés, informés et habitués à comparer des offres concurrentes. Ils achè-
tent les produits pour leur capacité à contribuer à la fabrication ou à la vente de leurs propres
produits. Il faut donc leur démontrer de quelle manière ce qu’ils acquièrent leur permettra
d’atteindre leurs objectifs.

1.1.3.4. Banques et institutions de crédit

[36]-
Les banques et les institutions de crédit sont des sociétés financières qui gèrent les dépôts
des services, collectent l’épargne des clients, accordent des prêts, et offrent des services fi-
nanciers.

[37]-
L’entreprise est souvent tenue de solliciter des crédits auprès des banques et institutions
de crédit, et de verser des intérêts sur lesdits crédits. Ces intérêts représentent un élément de
coût de l’activité de l’entreprise, dont il faut tenir compte particulièrement dans la politique
commerciale de l’entreprise. Ils peuvent ainsi influencer le devenir de l’entreprise.

1.1.3.5. Administrations

[38]-
Il s’agit ici des administrations publiques. En effet, sauf exception, l’entreprise est sou-
vent en relation avec l’État et les autres collectivités publiques, qui peuvent lui réclamer des
impôts, taxes et redevances notamment. Il peut aussi s’agir des organismes sociaux auprès
desquels l’entreprise doit verser des cotisations sociales. Aussi est-il que l’entreprise peut
s’adresser à ces administrations publiques pour obtenir des aides ou utiliser des biens et ser-
vices collectifs.

1.1.3.6. Autres acteurs

[39]-Il existe une gamme variée d’autres partenaires de l’entreprise dont les actions ou activi-
tés sont à prendre en compte dans le déploiement des activités de l’entreprise. C’est le cas
notamment des investisseurs qui (ré)injectent leurs capitaux dans l’entreprise, le public et les

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associations qui peuvent contrarier ou encourager l’activité de l’entreprise (protection de


l’environnement, …).

1.2. But et fonctions de l’entreprise


[40]-
Le but est un objectif à atteindre dans l’accomplissement d’une activité donnée. Il ex-
prime le résultat qu’un individu ou une entité doit s’efforcer d’obtenir dans la réalisation des
opérations qu’il a pour mission d’effectuer ou de diriger. Le but de l’entreprise est la raison
pour laquelle elle a été créée. Cet objectif varie selon le type d’activité et le système social
dans lequel l’entreprise exerce son activité (1.2.1).

[41]-
Par ailleurs, l’entreprise est un acteur majeur du fonctionnement de l’économie tant na-
tionale qu’internationale. Sa contribution économique se manifeste sous forme de création
d’emplois, de produits, de valeurs, de revenus, de ressources pour les collectivités publiques,
d’innovation et de diffusion du progrès technique (1.2.2).

[42]-
Enfin, l’entreprise joue aussi un rôle typiquement social, en influençant aussi bien la
communauté dans laquelle elle est installée que les personnes qui travaillent en son sein et
pour elle (1.2.3).

1.2.1. But et finalité de l’entreprise

[43]-
Le but de l’entreprise peut être appréhendé en termes de finalités, c’est-à-dire l’ensemble
des raisons d’être – implicites ou explicites – d’une entreprise vis-à-vis des titulaires de ses
capitaux et de différents partenaires déjà évoqués. Ces finalités peuvent être différentes d’une
entreprise à l’autre, selon le segment d’activités exercées.

[44]-Cependant, quelle que soit sa taille ou son activité, la finalité primordiale d’une entre-
prise, dans le système capitaliste, consiste à générer des profits (bénéfices) au maximum. Le
bénéfice de l’entreprise sert avant tout à rémunérer le capital investi. Dans les entreprises de
petite taille (PME et PMI), le chef d’entreprise doit dégager un résultat suffisant pour lui per-
mettre de survivre. Dans les grandes entreprises, le management doit dégager un bénéfice
pour pouvoir distribuer des dividendes aux actionnaires.

[45]- En dehors du profit, les autres finalités de l’entreprise peuvent consister à :

 Satisfaire le consommateur et garantir la pérennité de l’entreprise,


 Satisfaire les usagers/clients et mettre en place les missions de service public (Etat,
collectivités locales et entreprises publiques) ;
 Garantir la loyauté et la durabilité des relations avec les fournisseurs et les sous-
traitants ;
 Maintenir l’emploi et protéger l’environnement pour satisfaire la société civile ;
 Partager un loisir entre les membres (club) ;
 Exercer un rôle humanitaire ou philanthropique (association sans but lucratif ou carita-
tive, etc.) ;

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Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

 Promouvoir l’expression et la diffusion d’idées politiques, culturelles ou religieuses


(parti politique, association confessionnelle ou culturelle, etc.).

1.2.2. Rôle économique de l’entreprise

1.2.2.1. Considérations générales

[46]- D’entrée de jeu, notons avec BLAISE et DESGORCES, que l’entreprise est d’abord une
réalité du monde économique. Une réalité qui se présente sous les formes les plus diverses :
entreprise artisanale, commerce de détail, PME, grande entreprise industrielle, entreprise pu-
blique, groupe international de sociétés, mais aussi entreprise agricole, profession libérale,
coopérative ou association. Pour les économistes, l’entreprise constitue, en dépit de cette ex-
traordinaire variété de formes et de moyens, une notion essentielle de la science économique.
Ils l’étudient plus spécialement sous deux angles. En premier lieu comme unité de production,
c’est-à-dire moyen de fourniture de biens ou de services. L’entreprise est alors considérée
comme un agent économique, qui intervient sur un marché et entretient des échanges avec
d’autres entreprises ou avec des consommateurs. En second lieu, l’entreprise est considérée
comme une organisation, un système social complexe.

[47]-Cela dit, les entreprises sont vitales pour l’économie d’un pays. Elles jouent
un rôle essentiel dans le développement économique et la richesse d’un pays. La réussite des
entreprises peut être le moteur de la réussite de tout un pays, notamment par le biais des con-
tributions au produit intérieur brut (PIB) d’une nation, ce qui a une incidence sur leur position
dans le monde. La réussite des entreprises se traduit par le bien-être économique d’une société
et de ses résidents grâce à la création d’emplois et à l’amélioration de la qualité de vie des
citoyens du pays. En d’autres termes, les entreprises sont directement liées à la santé écono-
mique et au bien-être des citoyens de la ville, de la région, de l’État ou du pays dans lequel
elles sont actives. Les entreprises rentables sont le moteur de la santé économique, qui se tra-
duit par une meilleure qualité de vie pour les citoyens.

[48]- Somme toute, le rôle économique de l’entreprise consiste en :

 La production de biens et de services : l’entreprise doit combiner au mieux les diffé-


rents facteurs de production par rapport à un niveau de production donnée et pour un
moindre coût ;

 L’innovation : pour faire face à la concurrence, l’entreprise doit constamment amélio-


rer ses méthodes de production et chercher à découvrir de nouveaux biens et services.
L’innovation est d’ailleurs le moteur essentiel du progrès technique et joue un rôle de
créateur de richesses.

 La création des richesses, en mettant en évidence les liens internes avec ceux des
autres agents économiques (ménages, etc.).

13
Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

[49]-Pour mesurer la richesse créée par une entreprise, on peut calculer le chiffre d’affaires,
qui correspond à la somme des ventes ou le bénéfice, c’est-à-dire la différence entre les re-
cettes totales et les dépenses totales. Certes, le chiffre d’affaires d’une entreprise est le mon-
tant total qui provient de la vente de ses biens et services, mais il ne reflète pas la richesse que
crée l’entreprise. Pour comprendre quelle valeur l’entreprise a réellement créée, il est préfé-
rable d’utiliser la valeur ajoutée : la richesse créée est égale à la valeur de la production de
l’entreprise à laquelle on soustrait les consommations intermédiaires (ce qui est produit par
d’autres).

1.2.2.2. Notion de valeur ajoutée (VA)

[50]-La valeur ajoutée est un indicateur économique qui mesure la valeur ou la richesse créée
par une entreprise, un secteur d’activité ou un agent économique au cours d’une période don-
née.

[51]-Elle est définie comme la différence entre la valeur finale de la production (valorisée par
le chiffre d'affaires) et la valeur des biens qui ont été consommés par le processus de produc-
tion (consommations intermédiaires, comme les matières premières). Elle quantifie
l’accroissement de valeur que l’entreprise apporte du fait de son activité aux biens et services
intermédiaires qui proviennent de tiers (ses fournisseurs). En d’autres termes, elle représente
donc la richesse dégagée par l’entreprise et permet de mesurer l’efficacité des moyens de pro-
duction (force de travail et outils de production).

[52]-Lorsque l’entreprise vend la production, elle réalise la valeur qu’elle a créée par son acti-
vité en transformant différents produits semi-finis.

 La valeur ajoutée dans une entreprise commerciale est la différence entre la marge
commerciale et les consommations intermédiaires.
 La marge commerciale est la différence entre le montant des ventes de marchandises
et le coût d’achat des marchandises vendues.

1.2.2.3. Calcul de la valeur ajoutée (VA)

[53]-
La Valeur Ajoutée est calculée pour une période donnée. Elle fait partie des indicateurs
évalués dans les comptes annuels. Plusieurs formules de calcul sont proposées pour calculer la
Valeur Ajoutée, notamment à partir de la marge commerciale et de la production ou à partir
du résultat net.

 Calcul de la Valeur Ajoutée à partir de la marge commerciale

[54]- A partir de la marge commerciale, la valeur ajoutée se calcule de la manière ci-après :

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Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

Valeur Ajoutée (VA) = Marge commerciale + Production de l’exercice – Achats


d’approvisionnements ± Variation des stocks d’approvisionnements – Frais acces-
soires d’achat d’approvisionnements + Rabais, remise et ristournes sur achats
d’approvisionnements – Autres charges externes.

[55]- De manière simplifiée, on pourrait utiliser la formule ci-après :

Valeur Ajoutée (VA) = Marge commerciale + Production de l’exercice – Con-


sommations de l’exercice en provenance de tiers.

 Calcul de la Valeur Ajoutée à partir du résultat net :

[56]- A partir du résultat net, la valeur ajoutée se calcule de la manière ci-après :

Valeur Ajoutée (VA) = Résultat net + Charges exceptionnelles – Produits excep-


tionnels + Charges financières – Produits financiers + Autres charges – Autres
produits + Charges de personnel + Impôts, taxes et versements assimilés + dota-
tions aux amortissements et aux provisions – Reprises sur amortissements et pro-
visions + Impôt sur les bénéfices.

 Illustration :

[57]- A B C sont trois entreprises qui créent de la valeur ajoutée :

- L’entreprise A s’occupe de l’abatage du bois et le vend à 800. 000 FC à l’entreprise B


;
- L’entreprise B est une scierie et s’occupe de transformer le bois en planche. Elle vend
son produit à 1. 400. 000 FC à l’entreprise C.
La richesse supplémentaire créée par cette entreprise B est de :
1.400.000 FC – 800.000 FC = 600. 000 FC
- L’entreprise C fabrique des meubles et les vend à 3.000.000 FC.
La richesse créée par l’entreprise C = 3.000.000 FC – 1.400.000 FC = 1.600.000 FC

 La valeur ajoutée = valeur de la production – consommation intermédiaire


 La consommation intermédiaire : toutes les matières et fournitures utilisées pour la
production d’un bien ou d’un service

Dans ce cas et selon notre exemple :


- L’entreprise B a produit 1.400.000 FC en consommant 800.000 FC de matière pre-
mière. La richesse est de 600.000 FC.
- L’entreprise C a produit 3.000.000 FC en consommant 1.400.000 FC de matière pre-
mière (intermédiaire). La richesse est de 1.600.000 FC.

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- En conclusion, la valeur ajoutée est : abatage 800.000 FC ; scierie 600.000 FC ;


meubles 1.600.000 FC, soit pour un total de 3.000.000 FC.

 Exercice pour le lecteur :

[58]- Soit trois entreprises qui exercent des activités ci-après :

- L’entreprise congolaise Ted Mining SARL s’occupe de l’exploitation du Columbo-


Tantalite (Coltan) dans le Nord-Kivu, en RDC, et vend sa production à 10.000 USD ;
- L’entreprise Mining Africa Corporation achète cette production et transporte sa car-
gaison jusqu’aux Etats-Unis d’Amérique où il la revend à 40.000 USD ;
- L’entreprise américaine Tel World Ltd achète ladite cargaison pour l’utiliser dans la
fabrication des téléphones portables. Néanmoins, en dehors du Coltan (40.000 USD),
la composition des téléphones contient également les matières ci-après :
 Cuivre d’une valeur de 2.000 USD ;
 Verre d’une valeur de 1.000 USD ;
 Cobalt d’une valeur de 1.500 USD ;
 Autres matières d’une valeur de 5.000 USD.
Les téléphones ainsi fabriqués sont vendus à un montant global de 100.000 USD.

Quelle serait la valeur ajoutée générée respectivement par les trois entreprises sous exa-
men ?

1.2.3. Rôle social de l’entreprise


1.2.3.1. Considérations préliminaires

[59]-En dehors du rôle économique, l’entreprise assure également plusieurs rôles à caractère
typiquement social au profit de la communauté dans laquelle elle est implantée. Dans ce sens,
on parle souvent d’« entreprise sociale » que l’on oppose à l’« entreprise capitaliste ». Celle-là
est une « activité commerciale (business) ayant essentiellement des objectifs sociaux et dont
les surplus sont principalement investis en fonction de ses finalités dans cette activité ou dans
la communauté, plutôt que d’être guidés par le besoin de maximiser les profits pour des ac-
tionnaires ou des propriétaires ».

[60]-Ces dernières années, un autre concept est en vogue et permet d’exprimer le rôle social de
l’entreprise : responsabilité sociale de l’entreprise (RSE). Sans prétendre cerner la portée ex-
haustive de cette notion, dans le cadre de cet ouvrage, il y a lieu de retenir que la RSE désigne
« les initiatives corporatives d’intérêt général allant au-delà des exigences minimales légales
ainsi que l’établissement d’un dialogue de l’entreprise avec ses parties prenantes ». Dans un
Livre vert publié en 2001, la Commission européenne a estimé que la RSE est « l’intégration
volontaire par les entreprises de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités
commerciales et leurs relations avec leurs parties prenantes ». Selon la Commission euro-
péenne, la RSE doit concerner trois domaines : l’environnement, l’économie et le social :

16
Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

 Dans le domaine environnemental : l’entreprise doit étudier l’ensemble de ses processus


de production afin de les repenser dans le sens du développement durable. Celui-ci doit
répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à
répondre aux leurs.

 Dans le domaine économique : la réalisation d’investissements socialement responsables


(ISR) doit être une priorité pour l’entreprise. L’ISR est un investissement associant des
critères sociaux et/ou environnementaux aux objectifs financiers.

 Dans le domaine social : l’entreprise s’attachera à avoir de bonnes relations avec les par-
tenaires sociaux et les salariés. Elle s’assurera également des conditions sociales de tra-
vail de ses partenaires extérieurs fournisseurs et sous-traitants. Les salariés et les diri-
geants de l’entreprise doivent adopter une bonne conduite et respecter les valeurs morales
et l’éthique.

[61]-Somme toute, la notion de RSE est liée à l’application aux entreprises du concept de dé-
veloppement durable. Cela signifie qu’une entreprise doit non seulement se soucier de sa ren-
tabilité et de sa croissance, mais aussi de ses impacts environnementaux et sociaux. Elle doit
aussi être plus attentive aux préoccupations de ses parties prenantes (stakeholders) : salariés,
actionnaires, clients, fournisseurs et société civile dont les ONG sont les porte-paroles.

[62]-
Au regard de ce qui précède, le rôle social de l’entreprise peut se matérialiser notamment
par la contribution au progrès social, à la formation ou l’éducation, à la protection de
l’environnement, etc.

1.2.3.2. Progrès social

[63]-L’entreprise est une source du progrès technique qui conditionne la vie des êtres humains.
Elle s’investie également dans des missions de lutte contre l’exclusion et participe à des com-
pagnes d’intérêt national. C’est bien le cas notamment du financement d’associations, de la
construction d’écoles, des aides aux familles et catégories nécessiteuses, des forages de puits
et des ouvertures de pistes dans des régions isolées.

[64]-En République Démocratique du Congo par exemple, le code minier oblige les entre-
prises du secteur minier de contribuer au développement des communautés dans lesquelles
elles exercent leurs activités, notamment en construisant les écoles, les hôpitaux et autres édi-
fices à caractère social. Dans cette veine, l’article 285sexies dispose que « le titulaire des
droits miniers d’exploitation et de l’autorisation d’exploitation de carrières permanentes est
tenu de contribuer, durant la période de son projet, à la définition et à la réalisation des pro-
jets de développement socio‐économiques et industriels des communautés locales affectées
par les activités du projet sur la base d’un cahier des charges pour l’amélioration des condi-
tions de vie desdites communautés ». La portée et l’étendue de ce cahier des charges sont pré-
cisées dans l’article 285septies du même Code. Il en ressort notamment que « le cahier des
charges a pour objet d’orienter et d’organiser la mise en œuvre des engagements des titu-

17
Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

laires de droits miniers d’exploitation ou de l’autorisation d’exploitation de carrière perma-


nente relatifs à la réalisation des infrastructures socioéconomiques et services sociaux au
profit des communautés locales affectées par ses activités minières. Il vise également à servir
de cadre d’accord devant permettre la concrétisation des actions du développement durable
visant à améliorer le bien‐être économique, social et culturel des populations locales affec-
tées par les activités minières des titulaires de droits miniers d’exploitation ou de
l’autorisation d’exploitation de carrière permanente pendant et après l’exploitation ». Au
regard du principe de la transparence dans l’industrie minière, une dotation minimale de 0,3
% du chiffre d’affaires pour contribution aux projets de développement communautaire est
mise à disposition et gérée par une entité juridique comprenant les représentants du titulaire et
des communautés locales environnantes directement concernées par le projet.

[65]-
Last but not least, l’entreprise peut également contribuer au progrès social en luttant
contre le chômage. Ce dernier constitue le problème économique et social de premier rang
dans le monde, en particulier dans les pays en développement. Ainsi, la communauté attend
beaucoup de l’entreprise, en particulier que celle-ci assure des emplois. Les entreprises sont
tenues de présenter des plans sociaux sérieux visant à créer des emplois et à limiter les licen-
ciements. Pour cela, diverses méthodes existent : investissements pour créer des postes
d’emploi ; reconversion professionnelle des individus exerçant une activité qui disparaît (no-
tamment à l’ère de la pandémie de COVID-19) ; reclassement au sein de l’entreprise dans un
autre poste de travail, voire dans d’autres entreprises ; versement d’indemnité importante de
départ ; etc.

1.2.3.3. Éducation ou formation

[66]- Dans plusieurs Etats du globe, la formation initiale (éducation scolaire et universitaire)
revient à l’Etat, mais la formation professionnelle et continue est assurée en grande partie par
les entreprises. La formation professionnelle est un processus d’apprentissage visant à acqué-
rir les connaissances, compétences et les savoir-faire indispensables à l’exercice d’une activité
professionnelle ou d’une profession dans un certain secteur d’activité. Ce processus
d’apprentissage peut s’articuler autour de différents dispositifs tels que les stages de forma-
tion, les alternances (entreprise-université/haute école), des congés pour formation ou des
plans de formation mis en place par l’entreprise.

[67]-L’entreprise joue un rôle important dans l’éducation. Il convient de garder à l’esprit que
l’individu passe un temps considérable de sa vie au travail. De ce fait, il reçoit de l’entreprise
qui l’emploie l’éducation par la formation professionnelle et les promotions. Mais aussi
l’accueil de stagiaires, visites d’écoliers et parrainage constituent des formes de contribution
de l’entreprise à l’éducation.

[68]-Au reste, l’entreprise influence également les comportements (habitudes et mentalités) de


certains employés, dans ce sens qu’en passant beaucoup plus de temps avec les autres col-
lègues, il est fort probable qu’on s’approprie leurs modes de vie. Il s’agit là d’une contribution
indirecte de l’entreprise.

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1.2.3.4. Protection de l’environnement écologique

[69]-De nos jours, le respect de l’environnement est un souci majeur et constant des entre-
prises. En effet, toutes les activités économiques ont un double impact sur l’environnement :
elles y puisent des ressources naturelles (matières premières, énergie, eau, sol, etc.) dont elles
ont besoin pour fonctionner et y rejettent des déchets (eaux usées, fumées, poussières, etc.).
De cette manière, elles contribuent à la dégradation de l’environnement. C’est pourquoi, il est
indispensable d’adopter une stratégie de développement durable plus consciencieuse. Il peut
s’agir de réduire la consommation de ressources naturelles ou de les utiliser de façon respon-
sable. L’intérêt est double : l’amélioration de l’impact sur l’environnement écologique permet
aux générations futures de profiter d’une biodiversité riche ; elle permet également aux entre-
prises de faire des économies financières. Si les matières premières ne sont pas rares, leurs
prix seront réduits.

[70]-La mise en place d’un management environnemental est l’un des traits caractéristiques de
l’écologisme d’entreprise. Aucune firme décidant de s’inscrire dans cet axe stratégique ne
peut en faire l’économie. Il découle de la représentation selon laquelle si l’entreprise pollue,
c’est parce qu’elle n’est pas assez efficace. Ce qui revient à dire que la pollution et la généra-
tion de déchets sont essentiellement des problèmes d’efficacité. L’instauration d’un manage-
ment environnemental doit alors aider à découvrir les sources d’inefficacité au sein de
l’entreprise et, sous conditions de compétence et de coût, à les résorber, qu’elles soient situées
dans la production même (usage des matériaux et de l’énergie) ou dans l’organisation.

[71]-De plus en plus, la prise en compte des exigences écologiques apparait, non plus comme
une faculté, mais bien plus une obligation pour les entreprises, une responsabilité qui leur
incombe. En ce qui concerne par exemple les entreprises du secteur minier, cette responsabili-
té a été renforcée dans plusieurs pays du globe. En effet, l’exploitation des mines entraîne
beaucoup de préjudices à l’égard des communautés locales et nationales situées près des car-
rières minières et de l’environnement, c’est-à-dire dans les espaces qui accueillent les projets
d’investissement. Les sociétés minières doivent dès lors adopter des pratiques efficaces en
matière de responsabilité industrielle et sociale d’entreprise afin de conserver leurs privilèges
d’exploitation.

[72]-En République Démocratique du Congo, le code minier de 2002 – tel que modifié et
complété en 2018 – prévoit un principe de responsabilité industrielle à l’endroit des entre-
prises minières. En effet, la responsabilité industrielle du titulaire d’un droit minier et/ou des
carrières est prévue pour réparer les dommages causés aux personnes, aux biens et à
l’environnement, du fait de ses activités minières, selon le principe du « Pollueur-Payeur »
(contaminations, pollutions, maladies). Dans ce sens, l’article 285bis dispose notamment que
« tout titulaire d’un droit minier et/ou des carrières est responsable des dommages causés
aux personnes, aux biens et à l’environnement du fait de ses activités minières, même en
l’absence de toute faute ou négligence. Il est tenu à les réparer. Il ne peut être exonéré que
s’il apporte la preuve que ces dommages proviennent d’une cause étrangère à son activité
minière ». Par ailleurs, les actions en revendication par suite des dommages causés par les

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activités minières sur l’homme et l’environnement sont imprescriptibles (article 285 quin-
quies).

1.2.3.5. Autres activités sociales

[73]-L’entreprise contribue également à l’épanouissement des activités de sponsoring des


clubs sportifs (le football en particulier), des activités scientifiques (concours d’éloquence
notamment), organisation des festivals, célébrations et autres activités sociales, aide aux asso-
ciations, etc.

1.3. Formes ou classification des entreprises


1.3.1. Remarques préliminaires

[74]- Il existe plusieurs critères de classification des entreprises, notamment :

- Classification par secteur économique (déterminé par leur activité principale) ;


- Classification par taille et impact économique ;
- Classification par secteur d’activité ;
- Classification par branche d’activité ;
- Classification [par statut] juridique.

[75]-Dans le cadre de cet ouvrage, nous ne nous intéresserons qu’à la classification juridique,
qui servira de transition à l’analyse de la forme sociétale de l’entreprise. En effet, en fonction
de la personne qui détient le capital et des objectifs retenus par l’entreprise, on distingue deux
types d’entreprises, en l’occurrence les entreprises du secteur public (1.3.2) et les entreprises
privées (1.3.3).

1.3.2. Entreprises du secteur public

[76]-Les entreprises du secteur public peuvent être catégorisées en deux, à savoir les entre-
prises publiques (1.3.2.1) et les entreprises semi-publiques (1.3.2.2).

1.3.2.1. Entreprises publiques

[77]-
Par définition, une entreprise publique est une entreprise qui appartient en totalité ou
en majorité à l’Etat ou à des collectivités territoriales (provinces, régions ou communautés
locales) et sur laquelle ils peuvent exercer une influence dominante ou prépondérante. Ce type
d’influence est présumée lorsque les pouvoirs publics détiennent – directement ou indirecte-
ment à l’égard de l’entreprise – la majorité du capital, dispose de la majorité des voix dans les
organes de décision, peuvent désigner plus de la moitié des membres de l’organe de direction,
d’administration ou de surveillance de l’entreprise.

[78]-
Une entreprise publique est une organisation hybride. C’est un organisme public qui doit
mettre en œuvre des politiques publiques et qui, en même temps, réalise des opérations de
nature commerciale en vendant des biens et des services. Les politiques à mettre en œuvre
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sont, par exemple, celles du développement économique régional, de la mise en valeur de


ressources naturelles ou du contrôle de secteurs, comme celui des loteries, ou encore des ob-
jectifs de développement durable et de responsabilité sociale. C’est normalement le type
d’organisme public dont le fonctionnement est le plus proche de celui du secteur privé en rai-
son de ses activités commerciales qui distinguent l’entreprise publique des autres types
d’organisations du secteur public où, traditionnellement, on s’occupe de biens publics.

[79]-Il convient de préciser que le concept « entreprise publique » n’existe plus juridiquement
en République Démocratique du Congo, depuis l’avènement de l’arsenal législatif du 7 juillet
2008 relatif à la réforme des entreprises publiques, qui a abrogé à cet effet la loi n°78-002 du
06 janvier 1978 portant dispositions générales applicables aux entreprises publiques. Il ressort
de ladite législation que les entreprises du portefeuille de l’Etat considérées
comme « entreprises publiques » ont été : soit transformées en sociétés commerciales par dé-
rogation aux dispositions légales en vigueur sur les sociétés commerciales, dans lesquelles
soit l’Etat est actionnaire unique, soit l’Etat ou toute personne morale publique détient une
participation ; soit transformées en établissements publics ; soit encore dissoutes et liquidées
tout simplement, dans la mesure où elles étaient en cessation de payement ou leur activité ne
se justifiait plus. Aussi est-il qu’en application de l’article 13 de la loi n° 08/007 du 7 juillet
2008 portant dispositions générales relatives à la transformation des entreprises publiques,
une série de Décrets ont été signés en date du 28 avril 2009 portant transformation des entre-
prises publiques en sociétés commerciales et établissements publics, intégration de certains
établissements publics aux Ministères, et dissolution de certains établissements et entreprises
publics. Aux termes de ces décrets, vingt entreprises publiques ont été transformées en socié-
tés commerciales, vingt en établissements publics, cinq en services publics et intégrés aux
Ministères, et enfin, cinq autres ont été carrément dissoutes. Cette transfiguration juridique
visait à insuffler une nouvelle dynamique et une compétitivité aux entreprises du portefeuille
de l’Etat qui se sont avérées être des « canards boiteux ». La modernisation du cadre juridique
et institutionnel constituait donc un point de départ de toute réforme visant ces entités pu-
bliques.

1.3.2.2. Entreprises semi-publiques

[80]-Egalement appelée « entreprise mixte » ou « entreprise d’économie mixte », une entre-


prise semi-publique est celle dont les capitaux appartiennent pour partie à des capitalistes pri-
vés, pour partie à des personnes publiques (Etat, collectivités publiques, organismes publics,
etc.) qui se trouvent de ce fait associées à sa gestion. Au fait, les pouvoirs publics gardent le
contrôle de l’entreprise, notamment en termes de choix des investissements, de niveau de
prix, de politique de l’emploi, etc. Néanmoins, des personnes privées participent au finance-
ment et/ou à la gestion.

[81]-C’est pourquoi, le plus souvent, l’État – lorsqu’il souscrit des actions, et a fortiori des
obligations, lesquelles ne confèrent aucun droit en matière de gestion – exige que lui soit ré-
servé, au conseil d’administration, un certain nombre de sièges que le jeu du droit commun –
et du principe majoritaire – ne lui garantirait pas. Cette participation au conseil des représen-

21
Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

tants de l’État est obligatoire dès que son apport atteint un certain niveau du capital, et
s’accroît proportionnellement à cet apport. L’entreprise d’économie mixte peut également
résulter d’une décision de l’autorité publique, qui la crée de toutes pièces en réservant une
part au capital privé, ou en réintroduisant du capital privé dans une société publique.

1.3.3. Entreprises privées

[82]-Les entreprises privées peuvent également être subdivisées en entreprises individuelles


(1.3.3.1) et en sociétés (1.3.3.2).

1.3.3.1. Entreprises individuelles ou unipersonnelles

[83]-Une entreprise individuelle ou unipersonnelle appartient en totalité à une seule personne


qui assure la gestion et la direction. Les entreprises individuelles constituent la majorité des
entreprises dans le monde. Bien que la responsabilité du propriétaire soit totale, les entreprises
individuelles présentent l’avantage d’être des structures simples à créer. Cette forme juridique
est le plus souvent retenue par des artisans commerçants, exploitants agricoles et les petites
entreprises industrielles.

[84]-L’entreprise individuelle repose sur un seul pilier, à savoir l’entrepreneur. Celui-ci ap-
porte lui-même les éléments nécessaires à la création et au fonctionnement de l’entreprise :
capital, travail et direction. Il peut les apporter directement, en finançant l’entreprise par ses
propres moyens, en y travaillant seul et la dirigeant. Il peut aussi le faire indirectement, en se
procurant auprès de tiers, contre rémunération (en général indépendante du résultat de
l’entreprise), les éléments qu’il peut apporter lui-même. Il détient seul le pouvoir sur
l’entreprise et décide les investissements nouveaux, les réorientations d’activités, les engage-
ments de personnel, les licenciements ou la cessation des activités de l’entreprise. Selon la
forme juridique de l’organisation de l’entreprise, l’entrepreneur assume seul la responsabilité
pour les dettes de l’entreprise à l’égard des créanciers de celle-ci ou ne l’assume pas du tout.
Il récolte seul le résultat (profit ou bénéfice) de l’entreprise et supporte seul la perte. Somme
toute, l’entrepreneur fait corps avec l’entreprise. Il se confond avec elle : si l’entreprise pros-
père, l’entrepreneur prospère ; si l’entreprise périclite, l’entrepreneur périclite ; si l’entreprise
sombre, l’entrepreneur sombre.

1.3.3.2. Sociétés ou entreprises pluripersonnelles

[85]-Juridiquement, la « société » est considérée comme un contrat par lequel deux ou plu-
sieurs personnes conviennent de mettre en commun leurs biens ou leur travail ou les deux à la
fois en vue de partager le bénéfice qui pourra en résulter. C’est un échange de manifestations
de volontés concordantes visant à produire l’effet juridique correspondant à l’accord. Ainsi,
les sociétés permettent de regrouper les apports de plusieurs associés, pour l’exploitation
d’une entreprise. En d’autres termes, à la différence de l’entreprise individuelle, celle pluri-
personnelle repose sur plusieurs piliers, à savoir les associés. Ceux-ci participent à la création
et au fonctionnement de l’entreprise : capital, travail et direction. Ils se partagent le pouvoir
sur l’entreprise, selon les critères qui varient d’une forme juridique d’entreprise à l’autre,

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voire d’une entreprise à l’autre dans le cadre de la même forme juridique. Ils se partagent éga-
lement la responsabilité pour les dettes de l’entreprise à l’égard des créanciers de celle-ci.
Enfin, ils se partagent le résultat (bénéfice ou perte) de l’entreprise, mais ne font pas corps
avec celle-ci : les associés ne se confondent pas avec l’entreprise.

[86]-Une société est, au plan juridique, une fiction légale conférant la personnalité juridique à
une entité économique formée de plusieurs personnes qui mettent en commun des biens,
des droits, des capitaux ou des services en vue d’un objet que leurs conventions déterminent.
La société peut avoir un objet civil ou un objet commercial. La forme des sociétés commer-
ciale, leur mode de constitution, la formation, la nature et les modifications apportées à leur
capital social, le mode de gestion et d’administration des sociétés, leur durée et les règles de
liquidation et de partage, sont fixés par la loi (ou l’acte uniforme en droit Ohada) et par le
contrat dit aussi « statuts ».

[87]-
Tout compte fait, la société est « une forme juridique d’organisation de l’entreprise qui
confère à l’entreprise une certaine autonomie par rapport à l’entrepreneur ».

[88]-Dans le prochain chapitre, il sera question d’analyser la configuration sociétale de


l’entreprise à la lumière du droit Ohada, ce qui permettra également de distinguer les diffé-
rentes formes consacrées.

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Chapitre 2. Forme sociétale de l’entreprise : sociétés


commerciales et groupement d’intérêt
économique

[89]-La société commerciale et le groupement d’intérêt économique (GIE) sont des entreprises
constituées sous la forme de personne morale, c’est-à-dire qu’en règle générale ils sont dotés
d’une personnalité juridique qui les distingue de leur créateur. Telle que définie par le droit, la
société peut rassembler plusieurs personnes qui décident de lui faire des apports (en nature,
industrie ou numéraire) et de partager les bénéfices et pertes qui en résulteront. Il existe
d’autres formes de sociétés qui n’exercent pas d’activité commerciale, cela étant le cas des
« sociétés civiles », qui ne sont pas examinées dans cet ouvrage. Par société civile, on entend
l’ensemble des individus et des groupes, organisés ou non, qui agissent de manière concertée
dans les domaines social, politique et économique, et auxquels s’appliquent des règles et des
lois formelles ou informelles. Somme toute, les sociétés civiles sont « celles dont l’objet ne
constitue pas un acte de commerce ».

[90]-L’utilité de la forme sociétaire, pour l’exploitation d’une entreprise, réside notamment


dans la réalisation de projets ambitieux en matière d’investissement, de force de travail et/ou
de direction, grâce à la répartition des efforts et des risques, dans certains cas à la limitation
des risques. La forme sociétale peut aussi présenter des avantages pour les tiers (notamment la
stabilité et la responsabilité pour les dettes).

[91]-Ainsi, deux types d’intérêts fondent le recours à la forme sociétale pour l’exercice des
activités économiques :

 Intérêts financiers : si l’activité et les ressources d’un seul individu peuvent suffire
pour créer une entreprise ne nécessitant pas au départ de gros investissements, son dé-
veloppement passe nécessairement – et très vite – par une augmentation des sommes
engagées et par un recours au crédit bancaire ; et
 Intérêts juridiques : la création d’une société dotée d’un patrimoine propre, distinct de
celui de ses associés présente de nombreux avantages.
[92]-Dans le présent chapitre, il convient d’analyser les sociétés commerciales et groupements
d’intérêt économique, en se fondant essentiellement sur les dispositions du droit OHADA.
Néanmoins, quelques commentaires de doctrine globale sont esquissés en vue de permettre
une meilleure compréhension au lecteur. Ainsi, il est question, d’abord, de passer en revue les
cadre juridique et notion de société commerciale et GIE (2.1) ; ensuite, d’esquisser les diffé-
rentes formes des sociétés commerciales (2.2) ; et enfin, de s’intéresser à l’internationalisation
et ramification des sociétés commerciales (2.3).

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2.1. Cadre juridique et notion de société commerciale et groupe-


ment d’intérêt économique
2.1.1. Remarques préliminaires
[93]-L’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (Ohada) est
une structure intergouvernementale d’intégration juridique, instituée par le traité de Port-
Louis (Île Maurice) signé le 17 octobre 1993, tel que révisé le 17 octobre 2008 à Québec (Ca-
nada). C’est le plus grand espace juridique et judiciaire africain et l’une des plus fortes avan-
cées d’uniformisation juridique au monde, avec pour mission d’harmoniser le droit des Af-
faires en Afrique aux fins de garantir, au niveau de ses États membres, une sécurité juridique
et judiciaire pour les investisseurs et les entreprises. En d’autres termes, l’Ohada entend favo-
riser l’intégration régionale et promouvoir l’amélioration de l’environnement des affaires en
misant sur la sécurité juridique et judiciaire. Sa méthodologie consiste à harmoniser le droit
des affaires par des règles simples, modernes et adaptées à la situation des économies des
Etats parties. Aussi, elle encourage l’arbitrage comme mode de règlement des différends con-
tractuels ainsi que la formation des acteurs de justice.

[94]- Il convient de préciser que l’harmonisation du droit des affaires dont il est question au
sein de l’Ohada, est matérialisée par la rédaction des normes communes sous forme d’actes
uniformes. Ces derniers – dotés d’un effet direct similaire aux règlements de l’Union
Européenne – contiennent des règles de droit matériel qui, une fois adoptées, s’appliquent à
l’identique dans l’ensemble des États membres et l’emportent sur toute législation interne
contraire, conformément à l’article 10 du Traité Ohada qui dispose que « les actes uniformes
sont directement applicables et obligatoires dans les Etats Parties, nonobstant toute disposi-
tion contraire de droit interne, antérieure ou postérieure ». A ce jour, l’arsenal normatif de
l’Ohada dispose de 10 actes uniformes, en l’occurrence sur : (i) le droit commercial général ;
(ii) le droit des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt économique, qui nous inté-
resse particulièrement dans ce chapitre ; (iii) le droit des sociétés coopératives ; (iv) le droit
des sûretés ; (v) le droit des procédures simplifiées de recouvrement et les voies d’exécution ;
(vi) le droit des procédures collectives d’apurement du passif ; (vii) le droit comptable; (viii)
le droit du transport des marchandises par route ; (ix) le droit de l’arbitrage ; et (x) le droit de
la médiation.

[95]-En outre, par Décision N° 0011/2011/CM/OHADA du 17 juin 2011, modifiée par celle
N° 02/2013/CM/OHADA du 14 juin 2013, le Conseil des Ministres de l’Ohada avait instruit
le Secrétaire Permanent de conduire des études à l’effet d’évaluer la faisabilité et
l’opportunité d’extension du droit OHADA aux matières ci-après : affacturage, crédit-bail,
franchise, sous-traitance, coentreprise, médiation, contrats de partenariat public-privé, règle-
ment des conflits de lois et circulation des actes publics. Réunie à Ouagadougou (Burkina
Faso) le 13 octobre 2013, la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement avait, par ail-
leurs, prescrit l’édiction d’Actes uniformes dans les nouvelles matières visées, ce qui a permis
à ce jour l’adoption de l’Acte uniforme relatif à la médiation en 2017. Un autre processus a
déjà été engagé pour l’élaboration d’un Acte uniforme relatif au droit du travail.
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[96]-La République Démocratique du Congo a finalement adhéré à l’Ohada en 2012, après


près de dix ans de préparation. D’ores et déjà, les règles juridiques congolaises applicables
dans les domaines déjà harmonisés par l’Ohada étaient de jure abrogées. C’est évidemment le
cas dans le domaine du droit des sociétés commerciales, où le Décret du Roi-Souverain du 27
février 1887 relatif aux Sociétés commerciales a été remplacé par l’Acte uniforme relatif au
droit des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt économique (AUSCGIE). Ce der-
nier est complété, dans certaines occurrences, par l’Acte uniforme relatif au droit commercial
général (AUDCG).

2.1.2. Interaction entre AUSCGIE et AUDCG


[97]-L’Acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt
économique (AUSCGIE) a été adopté le 17 avril 1997. Cette version initiale a été abrogée et
remplacée par un nouveau texte du 30 janvier 2014, actuellement en vigueur. Aussi bien dans
sa version initiale que dans celle actuellement en vigueur, l’AUSCGIE est doté de 920 ar-
ticles, regroupés en quatre parties et dont chacune est saucissonnée en plusieurs livres, titres,
sous-titres, chapitres et sections.

[98]-Il ressort dudit texte qu’il s’applique à toute société commerciale, y compris celle dans
laquelle un Etat ou une personne morale de droit public est associé, dont le siège social est
situé sur le territoire de l’un des Etats parties au Traité Ohada. Il en est de même de tout GIE.
Néanmoins, les lois internes à chaque Etat partie au Traité restent d’application, dans leurs
dispositions non contraires à l’AUSCGIE. Aussi, aucun statut d’une société commerciale ou
d’un GIE ne peut déroger aux dispositions de l’AUSCGIE, sauf si ce dernier autorise expres-
sément l’associé unique ou les associés, soit à substituer des clauses statutaires auxdites dis-
positions, soit à les compléter par des clauses statutaires.

[99]-Par ailleurs, en dehors de l’AUSCGIE, certains aspects applicables aux sociétés commer-
ciales et GIE sont précisés par l’Acte uniforme relatif au droit commercial général (AUDCG).
En effet, ce dernier fixe les règles applicables à tout commerçant, personne physique ou mo-
rale y compris toutes sociétés commerciales dans lesquelles un État ou toute autre personne de
droit public est associé, ainsi que tout groupement d’intérêt économique, dont l’établissement
ou le siège social est situé sur le territoire de l’un des Etats Parties au Traité.

[100]- Somme toute, l’AUSCGIE fixe les grandes règles applicables aux sociétés commerciales
et GIE, tandis que l’AUDCG apporte des précisions sur certains actes que posent – ou doivent
poser – les sociétés commerciales et GIE.

2.1.3. Définition et considérations générales sur la société commerciale et le


GIE
[101]- Le
législateur Ohada fait une nette différence entre une société commerciale (2.1.3.1) et
un GIE (2.1.3.2), quand bien même les deux entités juridiques sont régies par un même texte.

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2.1.3.1. Société commerciale


[102]- Selon
la littérature, une société commerciale est une société qui a soit pour objet de réali-
ser des actes de commerce, soit une forme juridique que la loi reconnaît être une forme com-
merciale. Et par acte de commerce, il convient de comprendre un acte juridique ou fait juri-
dique soumis aux règles du droit commercial, en raison de sa nature (tel que l’achat pour
vendre), de sa forme (par exemple la lettre de change), ou en raison de la qualité de commer-
çant de son auteur.

[103]- Pour sa part, l’AUSCGIE OHADA appréhende la société commerciale comme


celle « créée par deux (2) ou plusieurs personnes qui conviennent, par un contrat, d’affecter à
une activité des biens en numéraire ou en nature, ou de l’industrie, dans le but de partager le
bénéfice ou de profiter de l’économie qui peut en résulter. Les associés s’engagent à contri-
buer aux pertes dans les conditions prévues par le présent Acte uniforme. La société commer-
ciale est créée dans l’intérêt des associés ».

[104]- Il
ressort de cette définition notamment qu’en principe, la validité de l’existence d’une
société commerciale est liée à la présence de plus ou moins deux associés, dont les apports
sont en numéraire, en nature ou en industrie. Néanmoins, le législateur OHADA a tempéré
cette exigence, en admettant dans certains cas la validité d’une société commerciale créée par
une seule personne, dénommée « associé unique », par un acte écrit.

[105]- Par
ailleurs, l’acte de s’unir par les liens d’une société doit être constaté par un contrat.
Ce dernier est, en droit commun, toute convention par laquelle une ou plusieurs personnes
s’obligent à donner, à faire ou à ne pas faire quelque-chose vis-à-vis de quelqu’un. C’est un
engagement ou une convention qui crée des obligations entre deux ou plusieurs personnes. Le
contrat de société est matérialisé par l’existence des statuts. Ces derniers ne sont pas définis
par le législateur Ohada, qui ne se limite qu’à en prescrire la forme et le contenu – mentions
obligatoires. En pratique, les statuts de société constituent un acte juridique obligatoire pour
n’importe quelle société. C’est la concrétisation formelle de la volonté d’entreprendre des
associés, et définissent juridiquement l’ensemble des règles qui régissent les rapports entre les
associés et également les rapports à l’égard des tiers. Somme toute, les statuts d’une société
sont le document phare de la création d’une entreprise.

[106]- La
création d’une société procède de l’objectif de partager le bénéfice ou de profiter de
l’économie qui peut en résulter. Cela constitue le but ultime de toute société commerciale,
quand bien même il se peut que la société fasse un bilan « blanc » à la fin d’un exercice
comptable, dans lequel cas les associés doivent « contribuer aux pertes », selon l’expression
prérappelée du législateur Ohada. Ce dernier fait usage du concept de « bénéfice », sans pour
autant en préciser le sens. Néanmoins, l’article 143 AUSCGIE précise que le « bénéfice dis-
tribuable » est « le résultat de l’exercice, augmenté du report bénéficiaire et diminué des
pertes antérieures, des dividendes partiels régulièrement distribués ainsi que des sommes
portées en réserve en application de la loi ou des statuts ».

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[107]- Dansla doctrine, on retient que le bénéfice en droit commercial est un résultat comptable
positif dégagé par une entreprise sur un exercice comptable. Lorsque la différence entre les
produits et les charges d’une société est positive, son résultat net affiche un bénéfice. Quand
cette différence est négative, on parle de déficit ou de perte. Le bénéfice est aussi tout gain
pécuniaire ou matériel qui s’ajouterait à la fortune des associés. Il n’est pas nécessaire que le
gain soit pécuniaire – pourvu qu’il soit appréciable en argent –, mais il doit consister en un
enrichissement positif, et non pas simplement en une économie d’une dépense. Ainsi, le béné-
fice d’une entreprise est calculé sur un exercice comptable de 12 mois, du 1er janvier au 31
décembre de chaque année. On distingue le bénéfice brut du bénéfice net : le premier corres-
pond au profit dégagé avant impôt. Le second, quant à lui, correspond au profit après impôt. Il
tient compte de toutes les activités de l’entreprise : activité opérationnelle, activité financière
(placements, emprunts…) et activité exceptionnelle (vente de matériel, subventions…) :

 Bénéfice brut = prix de vente du produit ou service - coût de revient


 Bénéfice net = bénéfice brut - (charges + amortissement de l’actif + provi-
sions) - impôt
[108]-
En guise d’illustration : une société se procure du matériel informatique d’une valeur de
1.000.000 CDF auprès de son fournisseur. Elle prévoit de revendre ce matériel à 2.000.000
CDF à un client. Le matériel venant d’Allemagne, la société doit régler les frais de port
(50.000 CDF) et les impôts (60.000 CDF). La société doit aussi répercuter les coûts liés à son
activité sur cette opération : location de l’entrepôt, amortissement du véhicule, salaire du
chauffeur, etc. (la répercussion revient ici à 200.000 CDF) :

– Bénéfice brut = 2.000.000 - (1.000.000 + 50.000 + 60.000) = 890.000 CDF


– Bénéfice net = 890.000 – 200.000 = 690.000 CDF
[109]- La
société dégage un bénéfice commercial net de 690.000 CDF sur cette opération. Cal-
culer en amont le bénéfice commercial qu’une société espère dégager lors d’une vente, permet
de déterminer quel est le prix minimum auquel son service/produit doit être vendu pour être
au moins en équilibre. Au-delà de ce prix, ladite société générerait des bénéfices.

[110]- Dureste, toute société commerciale doit détenir une dénomination sociale, un objet social
et un siège social. En effet, la « dénomination sociale » est le nom porté par une société. Elle
permet de distinguer la société du nom des associés qui la constituent. Toute société est dési-
gnée par une dénomination sociale qui est mentionnée dans ses statuts. Sauf disposition con-
traire de l’AUSCGIE, le nom d’un ou plusieurs associés ou anciens associés peut être inclus
dans la dénomination sociale. Il n’est pas permis à une société de prendre la dénomination
sociale d’une autre société déjà reconnue juridiquement. Quant à l’objet social, c’est le type
d’activité économique qu’une société commerciale est appelée à exercer. C’est ce qui ressort
de l’article 9 AUSCGIE, qui dispose que « toute société a un objet qui est constitué par
l’activité qu’elle entreprend et qui doit être déterminée et décrite dans ses statuts ». Le légi-
slateur Ohada précise également que « toute société doit avoir un objet licite ». Ainsi, toute

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société commerciale dont l’activité économique serait illicite au regard des dispositions natio-
nales en vigueur, pourrait être dissoute. Enfin, toute société commerciale doit disposer d’un
siège social, qui est le lieu de réalisation de ses activités. Il s’agit, soit du lieu du principal
établissement de la société, soit de son centre de direction administrative et financière. Ce
siège doit être fixé au choix par les associés et doit être mentionné dans les statuts de la socié-
té.

2.1.3.2. Groupement d’intérêt économique versus groupement d’intérêt public et so-


ciété coopérative
[111]- Legroupement d’intérêt économique (GIE) est une création d’origine française, qui re-
monte vers l’année 1967 et a inspiré d’autres systèmes juridiques comme ceux de la Belgique
et de l’Ohada. Selon la doctrine, il s’agit d’une modalité de collaboration entre personnes
physiques et/ou personnes morales y compris les personnes exerçant une profession libérale
soumise à un statut législatif ou réglementaire ou dont le titre est protégé. Il a pour but exclu-
sif de mettre en œuvre, pour une durée déterminée, tous les moyens propres à faciliter ou à
développer l’activité économique de ses membres, à améliorer ou à accroître les résultats de
cette activité, tout en maintenant l’individualité et l’autonomie juridique et économique de ses
membres. Il peut s’agir de la communautarisation des moyens ci-après : comptoirs de vente,
services d’importation ou d’exportation, laboratoire de recherches, etc.

[112]- Selonle législateur Ohada, deux (2) ou plusieurs personnes physiques ou morales peu-
vent constituer entre elles un GIE, y compris les personnes exerçant une profession libérale
soumise à un statut législatif ou règlementaire ou dont le titre est protégé. Dans cette veine, le
GIE a pour but exclusif de mettre en œuvre, pour une durée déterminée, tous les moyens
propres à faciliter ou à développer l’activité économique de ses membres, à améliorer ou à
accroitre les résultats de cette activité. Ainsi donc, son activité doit se rattacher à l’activité
économique de ses membres et ne peut avoir qu’un caractère auxiliaire par rapport à celle-ci.
Il peut être constitué sans capital et ne donne pas lieu par lui-même à réalisation et partage
des bénéfices. En revanche, ses membres sont tenus, sauf exception, des dettes du groupement
sur leur patrimoine propre. Ils sont donc solidaires du paiement des dettes du groupement,
sauf convention contraire avec le tiers cocontractant.

[113]- Le
GIE jouit de la personnalité morale et de la pleine capacité à compter de son immatri-
culation au « registre du commerce et du crédit mobilier » (RCCM). Il est administré par une
ou plusieurs personnes physiques ou morales, sous réserve – si c’est une personne morale –
qu’elle désigne un représentant permanent, qui encourt les mêmes responsabilités civiles et
pénales que s’il était administrateur en son nom propre. Ses contrôles de la gestion et des états
financiers de synthèse sont exercés dans les conditions prévues par le contrat. Il peut être
transformé en sociétés commerciales particulières, sans donner lieu à dissolution ni à création
d’une personne morale nouvelle. Enfin, il peut être dissout par : l’arrivée du terme ; la réalisa-
tion ou l’extinction de son objet ; la décision de ses membres ; décision judiciaire, pour justes
motifs ; décès d’une personne physique ou dissolution d’une personne morale membre du
GIE, sauf clause contraire du contrat.

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[114]- Au
regard de ce qui précède, il y a lieu de retenir que le GIE n’est pas une forme de so-
ciété commerciale ; mais il peut être assimilé – dans une certaine mesure – à une entreprise,
selon que cette dernière est parfois appréhendée comme une « unité économique qui implique
la mise en œuvre de moyens humains et matériels de production ou de distribution des ri-
chesses reposant sur une organisation préétablie ».

[115]- Par
ailleurs, le GIE n’est pas à confondre avec le groupement d’intérêt public (GIP). En
France notamment, ce dernier est plutôt une personne morale sui generis, de droit public ou
privé, dotée de l’autonomie administrative et financière, exerçant des activités d’intérêt géné-
ral à but non lucratif par la mise en commun de moyens. Il est constitué par convention ap-
prouvée par l’État soit entre plusieurs personnes morales de droit public, ou au moins l’une
d’elles et une ou plusieurs personnes morales de droit privé. L’avantage de la formule est sa
souplesse de gestion, notamment dans les domaines de la recherche, l’action sanitaire et so-
ciale, voire l’administration locale (gestion en commun d’équipements informatiques, no-
tamment).

[116]- LeGIE n’est pas non plus à confondre avec une « société coopérative », quand bien
même leurs objets se rapprochent. En effet, selon le législateur Ohada, la société coopérative
« est un groupement autonome de personnes volontairement réunies pour satisfaire leurs as-
pirations et besoins économiques, sociaux et culturels communs, au moyen d’une entreprise
dont la propriété et la gestion sont collectives et où le pouvoir est exercé démocratiquement et
selon les principes coopératifs. La société coopérative peut, en plus de ses coopérateurs qui
en sont les principaux usagers, traiter avec des usagers non coopérateurs dans les limites que
fixent les statuts ». Comme on peut le constater, les sociétés coopératives « exercent leur ac-
tion dans toutes les branches de l’activité humaine », de telle sorte que « toute personne phy-
sique ou morale peut être coopérateur d’une société coopérative lorsqu’elle ne fait l’objet
d’aucune incapacité juridique conformément aux dispositions de la loi nationale de chaque
Etat Partie ».

2.2. Différentes formes des sociétés commerciales


2.2.1. Remarques préliminaires
[117]- Le
caractère commercial d’une société est déterminé par sa forme ou par son objet. Selon
l’AUSCGIE, sont considérées d’office comme des sociétés commerciales a raison de leur
forme – et quel que soit leur objet– les sociétés en nom collectif, les sociétés en commandite
simple, les sociétés à responsabilité limitée, les sociétés anonymes et les sociétés par actions
simplifiées. Il en découle que les autres types de sociétés non énumérées ne sont commer-
ciales que sur base de leur objet, c’est-à-dire en posant les actes de commerce par nature. A ce
propos, l’art. 3 de l’AUDCG donne la précision ci-après :

« L’acte de commerce par nature est celui par lequel une personne s’entremet dans la cir-
culation des biens qu’elle produit ou achète ou par lequel elle fournit des prestations de
service avec l’intention d’en tirer un profit pécuniaire. Ont, notamment, le caractère

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d’actes de commerce par nature : l’achat de biens, meubles ou immeubles, en vue de leur
revente ; les opérations de banque, de bourse, de change, de courtage, d’assurance et de
transit ; les contrats entre commerçants pour les besoins de leur commerce ; l’exploitation
industrielle des mines, carrières et de tout gisement de ressources naturelles ; les opéra-
tions de location de meubles ; les opérations de manufacture, de transport et de télécom-
munication ; les opérations des intermédiaires de commerce, telles que la commission, le
courtage, l’agence, ainsi que les opérations d’intermédiaire pour l’achat, la souscription,
la vente ou la location d’immeubles, de fonds de commerce, d’actions ou de parts de so-
ciété commerciale ou immobilière ; les actes effectués par les sociétés commerciales ».

[118]- Dansles lignes qui suivent, il convient de passer en revue, de manière laconique, les
formes des sociétés commerciales précitées. D’emblée, il n’est pas sans intérêt de préciser
qu’en dehors de la société anonyme, qui constitue la seule « société des capitaux », toutes les
autres formes des sociétés sont des « sociétés des personnes » :

– Sociétés de personnes : dite aussi « société par intérêts », une société des personnes est
celle dans laquelle les associés se connaissent et se font confiance. Elle est dominée par
l’ « intuitu personnae », avec pour conséquence que les parts ne sont cessibles qu’avec le
consentement de tous les autres associés, et le décès ou l’incapacité d’un associé met en
principe fin à la société. Cette société se caractérise par la prépondérance de
l’engagement personnel des associés, de telle sorte que « tout procède des associés et
converge vers les associés ». Le critère de solution de la plupart des problèmes qui se po-
sent est la personne des associés. Ces derniers sont responsables sur leurs patrimoines
propres, des dettes de la société en échange de leurs apports. En d’autres termes, les asso-
ciés sont indéfiniment et parfois solidairement tenus des dettes de la société.

– Sociétés de capitaux : elles se caractérisent par la prépondérance des moyens mis à la


disposition de la société, et « tout procède des moyens matériels et converge vers les
moyens matériels ». Le critère de solution de la plupart des problèmes qui se posent est la
participation matérielle, financière des associés. Ces derniers ne valent que par leur parti-
cipation matérielle, financière. Ainsi, la responsabilité des associés est limitée au montant
de leurs apports, et les titres remis aux actionnaires sont des actions librement cessibles.
Autrement dit, chaque associé reçoit une action qu’il peut transmettre sans l’accord des
coassociés et en utilisant la technique de la négociation qui est plus simple et plus effi-
cace que la cession de créance. Somme toute, ce type de société se caractérise par la dis-
sociation entre la propriété, la gestion et la responsabilité.

[119]- Au
reste, il n’est pas sans intérêt d’indiquer qu’en dehors de ces formes de sociétés for-
melles, il existe également des sociétés créées de fait ou société de fait. A la lumière de
l’AUSCGIE, il y a société créée de fait lorsque deux ou plusieurs personnes physiques ou
morales se comportent comme des associés sans avoir constitué entre elles l’une des sociétés
reconnues par l’AUSCGIE. Lorsque deux ou plusieurs personnes physiques ou morales ont
constitué entre elles une société reconnue par le législateur OHADA, mais qui comporte un
vice de formation non régularisé, ou ont constitué entre elles une société non reconnue par

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ledit législateur, il y a société de fait. Ainsi, il est possible pour toute personne intéressée de
demander, à la juridiction compétente, la reconnaissance de la société créée de fait entre deux
ou plusieurs personnes, mais avec l’obligation d’en apporter l’identité ou la dénomination
sociale. Par ailleurs, l’existence d’une société créée de fait ou société de fait est prouvée par
tout moyen de droit. Aussi est-il que, lorsque l’existence d’une telle société est reconnue par
le juge, les règles de la société en nom collectif sont applicables aux associés.

2.2.2. Sociétés des personnes

2.2.2.1. Société en nom collectif (SNC)


[120]- LaSNC est celle dans laquelle tous les associés sont commerçants et répondent indéfini-
ment et solidairement des dettes sociales. Le capital social est divisé en parts sociales de
même valeur nominale et elles ne peuvent être cédées qu’à l’unanimité des associés. Sans
capital minimum, cette forme de société est rarement utilisée car elle a pour caractéristique de
ne pas protéger le patrimoine des associés. Ces derniers peuvent désigner un ou plusieurs gé-
rants, associés ou non, personnes physiques ou morales, ou en prévoir la désignation dans un
acte ultérieur. À défaut d’organisation de la gérance par les statuts, tous les associés sont répu-
tés être gérants.

[121]- De manière générale, voici les principales caractéristiques de la SNC:

– Elle ne peut exercer certaines activités telles que les banques et les assurances ;
– Tous les associés (2 au minimum) ont la qualité de commerçant ;
– Les associés s’engagent indéfiniment et solidairement sur leur patrimoine personnel au
paiement des dettes de la société ;
– La loi ne fixe aucun capital minimum ;
– Le capital social est divisé en parts sociales, de même valeur, qui ne peuvent être cé-
dées qu’avec le consentement de tous les associés ;
– La société est désignée par une dénomination sociale qui doit être immédiatement pré-
cédée ou suivie en caractères lisibles des mots « société en nom collectif » ou du sigle
« SNC » ;
– Le décès d’un associé entraîne en principe la dissolution de la société. Cependant les
statuts peuvent prévoir la continuation avec les héritiers ou entre survivants, après
remboursement des héritiers ;
– Le conjoint ne peut participer à la même SNC que son époux/se, afin d’éviter que les
deux soient indéfiniment et solidairement responsables ;
– La gestion est assurée par un ou plusieurs gérants, associés ou non ;
– La rémunération du gérant est fixée par l’acte de nomination. Son rôle est de représen-
ter la société dans ses rapports avec les tiers, mais il doit tenir les associés au courant
de ses divers faits et gestes d’une façon permanente ;
– Les associés ont le pouvoir de délibérer pour prendre toutes les décisions au-delà des
pouvoirs du gérant, notamment l’approbation des comptes ;

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Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

– La part de chaque associé dans les bénéfices ou sa contribution aux pertes est propor-
tionnelle à son apport ;
– Les apports en industrie n’entrent pas dans le montant du capital, puisqu’ils ne sont
pas réalisables et qu’ils ne donnent droit qu’à l’attribution d’un pourcentage des pro-
fits.

2.2.2.2. Société en commandite simple (SCS)


[122]- La
SCS est celle dans laquelle coexistent un ou plusieurs associés indéfiniment et solidai-
rement responsables des dettes sociales dénommés « associés commandités », avec un ou plu-
sieurs associés responsables des dettes sociales dans la limite de leurs apports dénommés «
associés commanditaires » ou « associés en commandite », et dont le capital est divisé en
parts sociales. Sans capital minimum, et ayant presque le même régime juridique que la SNC,
cette forme de société est aussi rarement utilisée à cause de la complexité des règles qui
l’encadrent. Comme le cas de la SNC, elle n’offre aucune protection au patrimoine des asso-
ciés qui sont en effet responsables indéfiniment et solidairement des dettes sociales sur leurs
biens personnels. Elle est gérée par tous les associés commandités, sauf clause contraire des
statuts qui peuvent désigner un ou plusieurs gérants, parmi les associés commandités, ou en
prévoir la désignation par un acte ultérieur, dans les mêmes conditions et avec les mêmes
pouvoirs que dans une société en nom collectif.

[123]- Cette
forme de société a pour avantage topique la consécration de la responsabilité indé-
finie et solidaire des commandités, qui constitue pour les créanciers une garantie importante.
Aussi, les fondateurs ont une grande liberté pour organiser dans les statuts le fonctionnement
de la société. Avec ces particularités, la SCS convient aux héritiers qui ne veulent pas suppor-
ter une responsabilité indéfinie et solidaire dans une SNC dont ils ont hérité les parts: ils peu-
vent devenir des associés commanditaires.

2.2.2.3. Société à responsabilité limitée (SARL)


[124]- LaSARL est une société dans laquelle les associés ne sont responsables des dettes so-
ciales qu’à concurrence de leurs apports et dont les droits sont représentés par des parts so-
ciales. Elle est dirigée par un ou plusieurs gérants associés ou non et les statuts organisent
librement la cession des parts. Elle est le premier choix des créateurs d’entreprise, car elle
offre l’avantage de limiter la responsabilité des associés à la hauteur de leurs apports.
L’apport peut être fait en numéraire. Sauf dispositions nationales contraires, le capital social
doit être d’un million (1.000.000) de francs CFA au moins pour le législateur OHADA. Il est
divisé en parts sociales égales dont la valeur nominale ne peut être inférieure à cinq mille
(5.000) francs CFA. La RDC a donc choisi de ne pas fixer le capital social pour les SARL,
mais de le laisser être librement fixé par les associés.

[125]- La
SARL est la forme de société qui permet d’éluder à la fois les inconvénients des socié-
tés de personnes et ceux des sociétés par actions : ses associés n’ont en effet à craindre ni la
responsabilité indéfinie aux dettes, caractéristique propre des sociétés en nom collectif, ni la

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négociation des parts sociales à des personnes indésirables. En outre, la SARL obéit à des
formalités peu contraignantes.

2.2.2.4. Société en participation (SEP)


[126]- LaSEP est celle dans laquelle les associés conviennent qu’elle n’est pas immatriculée au
registre du commerce et du crédit mobilier. Elle n’a pas la personnalité morale et n’est pas
soumise à publicité. Son existence peut être prouvée par tous moyens. Cette forme de société
est libre et ne pose pas de formalisme particulier pour sa formation. Chaque associé contracte
en son nom et est seul engagé à l’égard des tiers. Toutefois, si les associés agissent expressé-
ment en leur qualité d’associé auprès des tiers, chacun de ceux qui ont agi est tenu par les en-
gagements des autres. Les obligations souscrites dans ces conditions les engagent indéfini-
ment et solidairement. Il en est de même de l’associé qui, par son immixtion, a laissé croire au
cocontractant qu’il entendait s’engager à son égard et dont il est prouvé que l’engagement a
tourné à son profit.

[127]- La
SEP n’a pas de capital minimum et peut être dirigé par un gérant à la disposition du-
quel sont mis les biens nécessaires à l’activité sociale. Toutefois, chaque associé reste proprié-
taire des biens qu’il met à la disposition de la société.

2.2.2.5. Société par actions simplifiée (SPAS)


[128]- LaSPAS est une société créée par un ou plusieurs associés et qui se caractérise par la
liberté quant à son organisation et son fonctionnement, sous réserve des règles impératives
telles que l’obligation d’avoir un Président. Les titulaires d’actions sont appelés des associés
et ils ne sont responsables des dettes sociales qu’à concurrence de leur apport.

[129]- Cette
société par actions qui est venue mettre fin à la longue solitude de la SA laisse une
grande place à la liberté contractuelle et répond parfaitement aux investisseurs qui cherchent
de plus en plus d’instruments ou de véhicules souples et sécurisés.

2.2.5. Sociétés des capitaux : société anonyme (SA)


[130]- La
SA est une société dans laquelle les actionnaires ne sont responsables des dettes so-
ciales qu’à concurrence de leurs apports et dont les droits des actionnaires sont représentés par
des actions. Elle est réservée à des projets d’une certaine ampleur. La responsabilité des ac-
tionnaires est limitée à la proportion de leurs apports. Elle est soit dirigé par un administrateur
général, soit par un conseil d’administration. La gestion des affaires de ce type de société est
empreinte d’un formalisme très lourd qui nécessitent de la minutie et de l’expertise des asso-
ciés.

[131]- Le
principal avantage de la SA est qu’elle est un gage de sécurité par les investisseurs et
les banquiers. Ses principales caractéristiques sont les suivantes :

– Elle peut être constituée que par un seul actionnaire ;

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– L’engagement des membres se limite au montant de leur apport. C’est pourquoi le ca-
pital qui constitue le crédit de la société doit être indiqué dans tous les documents ;
– De même, le droit des membres est proportionnel au montant de leurs apports repré-
sentés par des titres négociables ;
– La constitution de la société est soumise à l’accomplissement de nombreuses formali-
tés, lesquelles sont relativement complexes lorsqu’il est fait appel public à l’épargne
(souci de protection de l’épargne publique) ;
– Le minimum de capital social est de 200.000 USD en cas d’appel public à l’épargne,
20.000 USD dans le cas contraire ;
– Le capital social peut être augmenté en cours de vie sociale soit par des apports nou-
veaux, soit par une incorporation des réserves. De même en cas de perte, le capital so-
cial peut être réduit.

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Partie II :
Eléments de fiscalité d’entreprise : théories et
principaux prélèvements fiscaux, douaniers et
non fiscaux

[132]- Lafiscalité est un domaine d’intervention des pouvoirs publics dont l’importance poli-
tique, sociale et économique n’est plus à démontrer, aussi bien dans les démocraties occiden-
tales que dans celles en pleine émergence au Sud. Considéré comme consubstantiel à l’Etat,
l’impôt est un instrument dont le principe est largement accepté. En démocratie, la sauvegarde
des libertés individuelles ne peut être dissociée de l’organisation des institutions publiques
chargées de réguler la vie collective. Les institutions publiques matérialisent non seulement
l’idée même de société, mais offrent forme et consistance aux droits des citoyens. Ainsi, les
droits privés engendrent des coûts publics, qui sont en grande partie pris en charge par l’Etat
et les collectivités publiques à travers l’impôt, celui-ci représentant dans son essence une con-
dition nécessaire de l’exercice des droits individuels. Néanmoins, la mise en œuvre de l’impôt
peut être constitutive d’une atteinte à ces mêmes droits. Le droit fiscal trouve donc « son fon-
dement dans les interstices qui existent entre ce risque et cette nécessité ».

[133]- Du point de vue des pouvoirs publics, la fiscalité joue un rôle déterminant dans
l’économie d’un pays. Elle participe en effet au financement des besoins de ce dernier et est à
l’origine des dépenses publiques. En effet, il n’est pas possible que les institutions publiques
mettent en œuvre les missions qui leur sont confiées (notamment l’enseignement, la justice, la
sécurité, la santé et la protection sociale) sans disposer des moyens financiers nécessaires. La
plus grande partie des ressources publiques provient ainsi du produit des différents impôts que
l’Etat et les autres collectivités politiques perçoivent.

[134]- Ducôté des entreprises et des individus, la fiscalité permet à l’État de suivre chaque so-
ciété et chaque individu dans ses activités. La richesse d’un État est mesurée à travers le reve-
nu de chaque individu et les bénéfices que les sociétés acquièrent. À travers ces déductions,
l’État contrôle les différents secteurs d’activité et limite l’exploitation abusive des ressources
avec des impôts particuliers, tels que pour l’exploitation des matières premières (minerais,
pétrole, etc.). Les différentes caractéristiques d’un système fiscal national peuvent également
induire les acteurs économiques à investir dans certains domaines délaissés, certaines activités
étant affectées par plus d’impôts et d’autres l’étant moins. Ainsi, la fiscalité instaure un équi-
libre au niveau des différents secteurs économiques par leur prolifération.

[135]- Du reste, la fiscalité est aussi un instrument de la politique de l’entreprise – qui a ses
propres objectifs et sa propre rationalité – en introduisant des distorsions dans les choix de
gestion. Longtemps considérée comme une contrainte qu’il convenait de subir passivement, la
fiscalité est devenue, de nos jours, un paramètre nécessaire de la gestion de toute entreprise.
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Dès lors, il est important de bien comprendre les principes fondamentaux régissant chaque
impôt et taxe. Les différentes échéances doivent être anticipées, et les choix fiscaux correcte-
ment réfléchis, avant notamment de lancer une nouvelle activité au sein d’une entreprise ou
société.

[136]- Cette
deuxième partie de l’ouvrage permet de passer en revue quelques considérations
préliminaires sur les notions de fiscalité et d’impôt (chap. 3), avant d’analyser progressive-
ment les différents types d’impôts consacrés dans le système fiscal congolais, susceptibles de
frapper l’exercice d’une activité économique. Il s’agit uniquement du régime commun
d’imposition, à l’exception des régimes d’imposition exceptionnels. Il s’agit exactement des
impôts réels (chap. 4), des impôts cédulaires sur les revenus en général (chap. 5), et singuliè-
rement de l’impôt sur les sociétés (chap. 6), des impôts sur la dépense (chap. 7), et des autres
droits, taxes et redevances (chap. 8). Enfin, un mot laconique sera dit sur les procédures fis-
cales, qui déterminent les autorités fiscales compétentes, les modalités de paiement des prélè-
vements fiscaux, le contrôle de ce paiement, le contentieux qui pourrait en découler, etc.
(chap. 9).

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Chapitre 3. Considérations préliminaires sur les notions


de fiscalité et d’impôt

[137]- Sousce chapitre, il sera question d’aborder quelques fondamentaux préalables à la com-
préhension de tout système fiscal, à savoir les notions de fiscalité (section 3.1) et d’impôt
(section 3.2). Dans la même veine, seront examinées quelques situations marginales à
l’application de la fiscalité ainsi que l’impôt (section 3.3). Enfin, on énoncera les grands seg-
ments du système fiscal congolais (section 3.4), avant la revue détaillée de quelques prélève-
ments fiscaux, douaniers et non fiscaux.

3.1. Concept de fiscalité


3.1.1. Origine et notion

[138]- Lafiscalité structurée serait née au moyen-âge. L’émergence de la fiscalité est intime-
ment liée à la constitution des Etats modernes. La centralisation progressive des finances pu-
bliques au Moyen-Age modifie la nature du lien politique unissant le peuple et son souverain :
le principe de la représentation nationale prend corps avec l’impôt.

[139]- Le
concept de « fiscalité » tire son origine du latin « fiscus » qui signifie « panier », que
les romains employaient pour recevoir de l’argent ou un trésor. Il a donné également nais-
sance au « fisc » qui désigne couramment l’ensemble des Administrations publiques qui sont
chargées de l’impôt. Sous Rome, le fisc ou fiscus désignait aussi le Trésor du Prince ou le
domaine de la Couronne, du Suzerain. De nos jours, la fiscalité désigne l’ensemble des impo-
sitions ou contributions prélevées par les collectivités publiques, et les règles et mécanismes
qui régissent leur fonctionnement. La notion n’inclut pas les prélèvements obligatoires qui ne
constituent pas des impôts (prélèvements sociaux notamment) et les redevances ou prix per-
çus en contrepartie de services.

[140]- Au
regard de ce qui précède, la fiscalité se rattache logiquement au secteur juridique ; elle
renvoie au « droit fiscal ». Ce dernier est perçu comme étant l’ensemble des règles juridiques
qui régissent l’établissement et la perception des impôts auxquels sont assujettis les membres

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d’une collectivité étatique. En d’autres termes, le droit fiscal est la branche du droit régissant
les impôts quant à leur assiette, leur liquidation et leur recouvrement.

[141]- Ainsi,
nous pouvons retenir que la fiscalité est l’ensemble des lois, règlements, procé-
dures et pratiques administratives relatifs à l’impôt et autres prélèvements fiscaux. Elle joue
un rôle important, permettant à l’Etat ainsi qu’aux collectivités publiques de se procurer des
ressources financières nécessaires à l’action publique.

3.1.2. Fonctions de la fiscalité


[142]- Plusieurs auteurs ont, à travers l’histoire de la fiscalité, tenté de décrire les fonctions de
cette dernière. Il en existe autant de théories qu’il existe des auteurs. En se basant sur la théo-
rie de MUSGRAVE, on peut décomposer l’intervention de la fiscalité dans l’activité publique
à partir de quatre fonctions, à savoir le financement des dépenses publiques (3.1.2.1), la redis-
tribution des richesses (3.1.2.2), la régulation de l’activité économique et stabilisation
(3.1.2.3), et l’incitation à l’activité économique par l’octroi des facilités fiscales (3.1.2.4).

3.1.2.1. Financement des dépenses publiques (fonction financière)


[143]- Lefinancement des dépenses publiques est habituellement considéré comme la principale
fonction des prélèvements fiscaux. Dans la tradition originelle issue de Locke, la protection de
la propriété est la principale fonction dévolue à l’Etat. En conséquence, la fiscalité doit cor-
respondre aux services rendus, c’est-à-dire au paiement de l’Etat pour la protection des droits
qu’il dispense. On est ici à l’origine de la doctrine du bénéfice selon laquelle il doit y avoir
équivalence entre l’utilité que retirent les citoyens des services publics qu’ils consomment et
le « prix » fiscal qu’ils acquittent.

[144]- Avecle développement des fonctions de l’Etat, justifié soit par la nécessité de pallier les
échecs du marché, soit pour assurer un développement harmonieux du capitalisme industriel,
les dépenses publiques se sont accrues, en particulier les dépenses d’infrastructures et
d’éducation, réclamant ainsi une extension du rôle de l’impôt. Enfin, l’épanouissement de
l’Etat-providence a vu la croissance […] d’une nouvelle catégorie de contribution, se distin-
guant principalement des impôts au plan juridique par l’absence d’autorisation législative de
prélèvement, en l’occurrence les cotisations sociales.

[145]- Commentant cette fonction de financement des dépenses publiques, OBRIST la qualifie
également de « fonction fiscale » et note avec congruence que « lorsque l’unique but d’un
impôt est de financer les activités générales de l’Etat, il est appelé impôt fiscal […]. Si ce
terme peut paraitre quelque peu tautologique tant le concept d’impôt est lié à celui de fiscalité,
il met en évidence le fait que la fiscalité n’a pas pour seul objectif de remplir les caisses de
l’Etat […] ».

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Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

3.1.2.2. Redistribution des revenus et des richesses (fonction sociale)


[146]- Lorsqu’une contribution publique vise à réduire ou atténuer des inégalités sociales ou
économiques, ou lorsqu’elle met à disposition de l’Etat des moyens financiers pour
l’accomplissement de buts sociaux, la fiscalité remplit une fonction redistributive. La redis-
tribution vise à corriger les inégalités de la répartition des revenus et des richesses. Elle peut
prendre une forme monétaire ou non monétaire. Traditionnellement, on distingue deux dimen-
sions de la redistribution : horizontale et verticale.

[147]- La
redistribution horizontale opère des transferts qui ne sont pas motivés par la hiérarchie
des revenus. Il s’agit donc soit d’opérations intervenant entre ménages situés dans la même
strate de revenus, soit d’opérations fondées sur d’autres critères que le revenu. La protection
sociale répond le plus souvent à ce type de problématique puisqu’elle vise à effectuer des
transferts de ressources au profit de personnes exposées à un risque social : maladie, materni-
té, famille...

[148]- Quant à la redistribution verticale, elle prend en compte la hiérarchie des revenus et
cherche à en réduire les inégalités. Dans ce cadre, l’objectif de la redistribution fiscale est le
resserrement de l’éventail des revenus, et son instrument privilégié est l’impôt progressif sur
le revenu. On dit d’un impôt qu’il est progressif lorsque le taux moyen d’imposition croît plus
vite que le revenu, ce qui signifie que l’élasticité du rendement de l’impôt est supérieure à 1.
Il s’ensuit que la progressivité peut être entendue comme une déviation positive par rapport à
un prélèvement proportionnel au revenu. De fait, la progressivité peut s’analyser comme la
structure d’un prélèvement, c’est-à-dire la répartition d’un montant d’impôt entre les contri-
buables classés selon leur position dans l’éventail des revenus, tandis que les effets redistribu-
tifs mesurent l’ampleur des variations introduites par ce prélèvement dans la distribution des
revenus. A distribution primaire des revenus donnée, l’ampleur de ces effets redistributifs
dépend à la fois du degré de progressivité et du taux moyen d’imposition, c’est-à-dire de la
masse des revenus effectivement prélevée. En d’autres termes, la variation d’inégalité résul-
tant d’un prélèvement peut être exprimée comme le produit de sa progressivité par le taux
moyen d’imposition.

[149]- Comme nous le verrons ultérieurement, en droit congolais, l’imposition des rémunéra-
tions garantit cette fonction de redistribution des revenus, d’autant qu’elle applique un taux
barémique progressif.

3.1.2.3. Régulation de l’activité économique et stabilisation (fonction éco-


nomique)
[150]- Pour
contrôler l’équilibre macroéconomique, assurer la croissance et tendre vers le plein
emploi, on distingue habituellement les politiques centrées sur la demande visant au soutien
ou à la relance de l’activité économique, des politiques privilégiant l’offre, plus restrictives,
favorables à l’épargne et/ou cherchant à améliorer la compétitivité des entreprises.

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Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

[151]- Selonl’analyse keynésienne, l’impact positif sur la croissance et l’emploi des politiques
budgétaires est le résultat du multiplicateur. Toutefois, pour les keynésiens, une hausse des
dépenses publiques n’est pas équivalente à une diminution des recettes. En effet, le multipli-
cateur des dépenses budgétaires est supérieur au multiplicateur fiscal en raison des délais plus
lents de réaction des revenus individuels et donc de la consommation, aux modifications de la
fiscalité.

[152]- Pourleur part, les économistes de l’offre ne croient pas en l’effectivité du multiplicateur
et critiquent ce qu’ils appellent les « dégâts du keynésianisme », en particulier la mauvaise
allocation des capacités productives au sein de l’économie qui serait engendrée par les distor-
sions que provoquent les prélèvements obligatoires et les dépenses publiques. C’est la raison
pour laquelle ils soutiennent que la baisse des charges fiscales est l’instrument de la réduction
des dépenses publiques dont il devrait résulter une relance de l’investissement et de l’activité
permettant à terme de combler les déficits publics.

[153]- Par
ailleurs, il faut également tenir compte de l’effet contra-cyclique de la plupart des
activités publiques, notamment les prélèvements obligatoires. Ces activités présentent une
certaine inertie par rapport à la conjoncture et agissent comme des stabilisateurs automatiques.
En particulier, les prélèvements obligatoires et singulièrement l’impôt sur le revenu des per-
sonnes physiques augmentent en période d’expansion et diminuent durant les récessions. Les
variations sont d’autant plus importantes que les prélèvements présentent un profil progressif.
A cet égard, il y a lieu de soutenir que les politiques fiscales s’attaquant à la progressivité des
prélèvements remettent en cause la capacité des budgets à atténuer spontanément l’impact des
chocs conjoncturels.

3.1.2.4. Incitation à l’activité économique par l’octroi des facilités fiscales


(fonction d’interventionnisme)
[154]- Les
incitations fiscales visant à manipuler les comportements des agents économiques,
occupent une place de plus en plus importante dans les politiques fiscales. En effet, la fiscalité
a une fonction incitative lorsqu’elle cherche à orienter le comportement du contribuable ou
que le système fiscal est organisé de façon à privilégier fiscalement les contribuables adoptant
le comportement voulu. Cette fonction est remplie par le biais de contribution incitative (inci-
tation négative) ou par l’octroi de déductions fiscales (incitation positive).

[155]- L’interventionnismefiscal est pratiqué, de manière massive, depuis très longtemps, mais
il avait surtout une vocation économique et sociale. Dans la période récente les incitations
fiscales sont de plus en plus utilisées pour décourager les activités nuisibles (avec une exter-
nalité négative) ou encourager les activités socialement appréciées de manière positive.

[156]- Le
mécanisme par lequel procèdent les incitations fiscales peut être décrit en partant de
l’impact d’un prélèvement sur un marché quelconque. La présence d’un impôt provoque dans
une transaction quelconque une disjonction entre le prix payé par l’acheteur et le prix encaissé
par le vendeur. Cette différence entre le prix toutes taxes et/ou toutes charges sociales com-

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Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

prises et le prix hors taxes, collectée par les administrations publiques et sociales, est appelée
« coin fiscal ». Selon les économistes, le coût en bien-être de l’impôt est supérieur à cette
seule ponction de valeur monétaire, car en modifiant le système des prix relatifs, l’impôt mo-
difie également les comportements économiques. Si l’on distingue l’effet de revenu qui ré-
sulte directement du prélèvement opéré sur les ressources des agents de l’effet de substitution
qui provient des nouveaux arbitrages ou des réaffectations de ressources qui apparaissent
après la modification du signal transmis par les prix, l’excès de charge fiscale correspond à ce
dernier effet de substitution. C’est la raison pour laquelle l’une des conditions d’une fiscalité
efficace est qu’elle minimise l’excès de charge fiscale.

[157]- Plusieursraisons peuvent expliquer que l’on n’atteigne pas cette situation idéale
d’efficacité fiscale. Les instruments fiscaux indispensables peuvent n’être pas disponibles.
Surtout, les marchés peuvent eux-mêmes n’être pas efficaces. Cela pose bien sûr le problème
de la concurrence imparfaite mais surtout celui de la présence d’externalités. Il y a externalité
lorsque l’action d’un agent économique influe positivement ou négativement sur l’utilité d’au
moins un autre agent, sans que cette interaction transite par le mécanisme des prix. Par
exemple, la pollution (ou le tabagisme) peut être considérée comme une externalité négative
que les économistes proposent d’internaliser, afin que les acteurs économiques prennent en
charge tous les coûts engendrés par leurs activités. Dans ce cadre, le recours à la fiscalité doit
permettre l’internalisation du coût de la pollution car elle corrige la perception qu’ont les
agents économiques du prix ou du coût de leurs activités.

3.2. Concept d’impôt


3.2.1. Définition et traits caractéristiques de l’impôt
[158]- Le
concept d’impôt est ancien et tiré du latin « Impost » ou « Impositum » qui signifie
« chose exigée comme obligatoire ».

[159]- En
Afrique – et particulièrement en RDC – les empereurs, les rois, les chefs coutumiers et
autres chefs de terre, avaient toujours exigé un tribut de la part des personnes sur qui
s’exerçait leur imperium, et ils ont généralement disposé d’un personnel préposé à la collecte
du tribut (du latin « tributum », qui signifie « contribution », terme désignant une contribution
périodique qu’une partie fait à une autre en signe de soumission ou d’allégeance.

[160]- De
nos jours, l’impôt est une prestation pécuniaire requise des personnes physiques ou
morales par voies d’autorité, à titre définitif et sans contrepartie, en vue de la couverture des
charges politiques et permettre à l’Etat d’effectuer certaines interventions dans le domaine
économique et social.

[161]-
De ces définitions, nous pouvons relever les traits caractéristiques ci-après :

– L’impôt est avant tout une prestation : c’est un transfert de moyen de paiement à l’Etat
ou aux autres collectivités publiques ;

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Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

– L’impôt est une prestation pécuniaire : il est exclusivement une prestation pécuniaire,
en argent et non en nature. Cette prestation en argent est adaptée à la nature même du
fonctionnement des Etats modernes ;

– L’impôt a une destination d’utilité publique : en vue de la couverture des charges pu-
bliques, l’impôt constitue la source principale des recettes de l’Etat lui permettant de faire
face aux dépenses publiques ;

– L’impôt est essentiellement un paiement à caractère forcé : ce caractère provient de


l’étymologie même de l’impôt qui vient du verbe « imposer » ou « exiger » une prestation
financière à chaque citoyen. Il s’agit d’un prélèvement imposé par les pouvoirs publics au
moyen de leur prérogative de contrainte et non d’un prélèvement volontaire ou d’une fa-
veur qu’on accorde auxdits pouvoirs. Le droit de lever l’impôt est donc un attribut de la
puissance publique, une manifestation de l’imperium de l’État.

– L’impôt est sans contrepartie, son paiement n’est pas suivi d’une contrepartie directe de
la part de l’Etat et c’est d’ailleurs cet aspect qui le différencie avec certaines notions voi-
sines, mais cela n’exclut pas le fait qu’il ait une contrepartie. Il n’y a aucune corrélation
visible et bien déterminée entre l'impôt et les services de l'Etat dont bénéficie le contri-
buable ;

– L’impôt est requis des membres de la collectivité : il est dû par les individus en raison
du fait qu’ils font partie d’une communauté organisée. En tant que reflet de la solidarité
nationale, l’impôt traduit la volonté des membres d’une collectivité nationale d’améliorer
leur milieu ambiant par un effort commun ;

– L’impôt est perçu à titre définitif : le paiement de l’impôt ne peut faire l’objet d’un
remboursement. Donc quoi qu’il arrive, le contribuable ne se verra jamais être restitué
l’argent de l’impôt, sauf exceptionnellement dans le cas de double imposition et d’erreur
matérielle ;

– L’impôt est sans affectation préalable : on ne peut déterminer par avance à quoi servira
l’impôt payé par le contribuable.

3.2.2. Distinction entre impôt et autres prélèvements


[162]- Fondamentalement, le concept d’impôt se différencie légèrement de la taxe (3.2.2.1), du
droit (3.2.2.2), de la redevance (3.2.2.3) et de la parafiscalité (3.2.2.4), tels que précisés ci-
après.

3.2.2.1. Impôt et taxe


[163]- Une« taxe » ou « contribution causale » est toute somme perçue par l’Etat lors de la
fourniture d’un service comme rétribution. C’est un montant que doit acquitter un citoyen en

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contrepartie d’une prestation spéciale ou d’un avantage particulier qu’il a reçu ou recevra de
l’Etat. Il s’agit de la compensation d’un avantage fourni par la collectivité publique.

[164]- C’est
toute la différence topique avec l’impôt qui est sans contrepartie ou n’implique
point une contre-prestation de l’Etat. C’est le cas, en droit congolais des taxes administratives
que paient les citoyens pour obtenir notamment des documents communaux (attestation de
résidence, acte de mariage, etc.)

[165]- Il
sied cependant de noter que certains impôts portent la dénomination « taxe », juste à
titre historique. C’est le cas de la Taxe sur la Valeur Ajoutée et la Taxe spéciale de circulation
routière.

3.2.2.2. Impôt et droit


[166]- Un« droit » est un prélèvement obligatoire exigible par une Administration ou Service
public dans une situation prédéterminée. Les droits sont utilisés pour contrôler et limiter les
importations de certaines catégories de produits dans un pays. Ce sont des sommes d’argent
payées par les citoyens ou entreprises à l’Etat dans son pouvoir de commandement, qui par-
fois ont la même signification que l’impôt (droits de douane, droits de consommation) ou à
l’occasion de la vérification et du contrôle de certains actes posés par les intéressés.

[167]- Ainsi,
on ne peut pas dire qu’il s’agit dans ce cas nécessairement de la rémunération des
services rendus par l’Etat à un usager, mais plutôt de la facturation des actes que l’Etat pose
dans son pouvoir de commandement.

3.2.2.3. Impôt et redevance


[168]- Une« redevance » est une rémunération – s’apparentant à un prix – pour usage d’un bien
appartenant à l’Etat. Aussi fait-elle l’objet d’une contrepartie, telle que l’usage d’un ouvrage
ou l’exploitation d’un domaine public. À la différence de la taxe, son montant est proportion-
nel au service rendu et seuls les usagers qui profitent directement de ce service la payent.

[169]- Ainsi,
à contrario de la redevance, l’impôt n’est pas directement associé à l’utilisation
directe d’un service public. Il en découle donc deux critères essentiels qui distinguent la rede-
vance de l’impôt : d’une part, la redevance doit viser un service qui s’adresse prioritairement
à l’usager et non à la collectivité dans son ensemble. L’impôt, quant à lui, est affecté aux ser-
vices d’intérêt général dans leur ensemble. Il est affecté à un pot commun, mais pas à un ser-
vice public déterminé comme c’est le cas pour la taxe. D’autre part, la redevance revêt un
caractère indemnitaire. Cela signifie qu’il doit exister un rapport raisonnable entre le montant
qui doit être payé pour la redevance et la valeur du service presté.

3.2.2.4. Impôt et parafiscalité


[170]- Une« parafiscalité » ou « taxe parafiscale » s’entend d’un prélèvement obligatoire effec-
tué sur les entreprises ou les particuliers, recevant une affectation déterminée (prestations spé-

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cifiques), institués par voie d’autorité, généralement dans un but d’ordre économique, profes-
sionnel ou social, et échappant en totalité ou en partie aux règles de la législation budgétaire et
fiscale en ce qui concerne les conditions de création de la recette, de détermination de son
assiette et de son taux, de la procédure de recouvrement ou de contrôle de son emploi.

[171]- La
différence essentielle qui existe entre la parafiscalité et l’impôt réside dans le fait que
le revenu de celui-ci est destiné à être versé au Trésor Public, pour la couverture des charges
d’intérêt général non spécifiquement déterminées ; tandis que le revenu de la parafiscalité (ou
taxes parafiscales) est destiné à entrer dans des caisses particulières, où il sert des dépenses
particulières, bien que celles-ci soient considérées comme d’intérêt public.

3.3. Immunités à la fiscalité et fuite devant l’impôt


[172]- Sousce titre, il est question de passer en revue deux catégories de situations factuelles
exceptionnelles, qui aboutissent respectivement à la non-application totale ou partielle de la
fiscalité par la volonté du législateur/immunités fiscales (3.3.1), et à la non-imposition des
contribuables due à la faiblesse de la loi fiscale ou de la volonté desdits contribuables (3.3.2),
etc.

3.3.1. Immunités fiscales


[173]- Juridiquement, l’immunité désigne une prérogative juridique reconnue par le droit natio-
nal et international à certaines personnes afin de leur permettre d’exercer leurs fonctions en
toute liberté et à l’abri de toute pression, y compris judiciaire.

[174]- Onparle d’immunité fiscale lorsqu’une personne physique ou morale est dispensée des
obligations et charges fiscales. A cet effet, on distingue les exemptions et exonérations fis-
cales (3.3.1.1), que d’aucuns considèrent comme des concepts synonymiques, alors qu’ils ont
plutôt une portée différente. En dehors de ces deux phénomènes, il existe aussi l’amnistie fis-
cale (3.3.1.2).

3.3.1.1. Exemption et exonération fiscales


[175]- Les deux concepts d’exemption et d’exonération ont, chacun, une portée différente.

[176]- Eneffet, une exemption est une dispense d’une charge fiscale concernant des actes, des
opérations, des situations ou des événements pour des motifs le plus souvent juridiques. En
clair, celui qui est exempté est dispensé de toute obligation fiscale.

[177]-
En revanche, une exonération est une dispense totale ou partielle d’impôt. Celui qui est
exonéré d’impôt remplit toutes les autres obligations fiscales (déclaration de la matière impo-
sable, etc.), mais il est seulement dispensé de payer l’impôt, totalement ou partiellement. Elle
intervient sur disposition expresse de la loi, pour des motifs, dans des champs et selon des
modalités variées. Elle poursuit, le plus souvent, des finalités économiques ou sociales, mais

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aussi parfois culturelles ou encore environnementales, traduisant par là des choix de politiques
publiques.

3.3.1.2. Amnistie fiscale


[178]- Egalement qualifiée de « pardon fiscal », l’amnistie fiscale est la suppression des impôts,
droits, taxes ou redevances dont un ou plusieurs contribuable(s) aurai(en)t dû s’acquitter.
Avec l’amnistie, l’administration fiscale offre au contribuable la possibilité de régulariser sa
position fiscale à un « prix » inférieur au montant de la charge fiscale due sur le revenu non
déclaré, aux sanctions administratives et aux intérêts. La proposition de l’administration peut
prévoir que les revenus relatifs aux périodes d’imposition « amnistiées » soient exclus du con-
trôle ou exemptés de sanctions pénales. Ainsi, les mesures d’amnistie fiscale visent générale-
ment à encourager l’accomplissement volontaire des obligations fiscales par les contribuables
qui, dans le passé, ne les ont pas remplies (totalement ou en partie) pour une période détermi-
née. L’amnistie est souvent utilisée pour des raisons politiques, afin « d’acheter » la paix so-
ciale.

[179]- En
guise d’illustration, un Gouvernement peut décider d’amnistier fiscalement des con-
tribuables pour une période imposable coïncidant à leur enrôlement dans un mouvement in-
surrectionnel ou rebelle, transformé plus tard en parti politique et composant avec la majorité
au pouvoir.

Figure 1: Immunités fiscales.

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3.3.2. Fuite devant l’impôt

3.3.2.1. Remarques préliminaires

[180]- Souvent,le contribuable cherche à éviter le prélèvement que le fisc prétend opérer sur son
patrimoine, ou au moins à en réduire l’ampleur : c’est le phénomène de « fuite devant
l’impôt » ou « fuite devant la fiscalité ». Ce phénomène a des conséquences graves tant pour
le rendement de l’impôt que pour la justice fiscale et pour l’économie où elle amène des dis-
torsions, car la fuite devant l’impôt fausse le jeu de la concurrence. Les causes de la fuite de-
vant l’impôt sont nombreuses, certains invoquent une pression fiscale trop lourde, d’autres
une législation trop complexe. Certains vont même jusqu’à inciter à la fraude fiscale et à re-
vendiquer la suppression des contrôles fiscaux.

[181]- Demanière générale, il existe trois méthodes de fuite devant l’impôt, à savoir (i)
l’évasion fiscale (3.3.2.2), la fraude fiscale (3.3.2.3) et l’optimisation fiscale (3.3.2.4). Il est
d’ailleurs fréquent de confondre ces trois notions, pourtant juridiquement distinctes, quand
bien même elles ont en commun pour finalité la réduction ou l’exonération de la charge fis-
cale.

[182]- Avantde décrire les contours respectifs de chacun des phénomènes prérappelés, il n’est
pas sans intérêt de préciser que le verbe « évader » ou « s’évader » est le fait de se soustraire à
l’emprise de quelque chose, pour mieux jouir de la liberté ; « frauder » c’est réaliser un acte
malhonnête, dans l’intention de tromper, en contrevenant à la loi ou aux règlements ; et « op-
timiser » correspond au fait de rendre meilleur quelque chose.

3.3.2.2. Evasion fiscale


[183]- Le
concept d’évasion fiscale peut désigner fondamentalement deux contenus juridiques
différents, mais complémentaires :

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[184]- D’unepart, le concept désigne une construction (montage ou schéma) juridique insolite
élaborée par le contribuable aux fins d’échapper totalement ou partiellement à l’impôt, tout en
demeurant dans les limites de la loi. En d’autres termes, il s’agit de l’ensemble des astuces
anormales dont fait usage un contribuable aux fins de se dérober de l’esprit d’une loi fiscale,
tout en observant normalement la lettre de cette dernière. Ainsi, en parlant de l’évasion fis-
cale, on vise juridiquement le problème fiscal posé par le comportement du contribuable qui
tente de contourner l’un des éléments nécessaires à l’imposition, c’est-à-dire l’objet ou le su-
jet de l’impôt.

[185]- D’autrepart, le concept d’évasion fiscale peut désigner toute solution (méthode) juridique
anti-abus (légale ou développée par la doctrine et la jurisprudence), destinée à contrecarrer le
comportement du contribuable qui recherche, au détriment de la collectivité publique, une
exonération ou une réduction de l’impôt dû, sans néanmoins porter atteinte aux texte de la loi
fiscale applicable. Dans cette optique, l’expression consacrée est celle de « théorie de
l’évasion fiscale » qui a pour synonymes, notamment, les expressions « doctrine de l’évasion
fiscale » et « instrument de l’évasion fiscale ».

[186]- En
droit congolais, il n’existe ni une clause générale anti-abus, moins encore une cons-
truction jurisprudentielle de la théorie de l’évasion fiscale. Le législateur congolais n’emploie
même pas le terme d’évasion fiscale pour pouvoir désigner certains comportements
d’évitement fiscal. Pour sa part, la doctrine (littérature) préfère parfois – à la place de
l’évasion fiscale – le concept de « résistance à l’impôt » ; c’est-à-dire « un ensemble de com-
portements, individuels ou collectifs, qui tendent à réduire ou à supprimer la charge fiscale.
Ces comportements peuvent être infractionnels ou non. […] une attitude du contribuable de-
vant l’impôt pour échapper au paiement de celui-ci sans pourtant enfreindre aux dispositions
légales ».

3.3.2.3. Fraude fiscale


[187]- L’évasionfiscale ne constitue pas la seule voie qu’un contribuable – personne physique
ou morale – peut utiliser pour éviter l’impôt et ipso facto « frustrer le Trésor ». Il est aussi
possible de heurter carrément la lettre des dispositions fiscales pour arriver à réduire ou ne pas
du tout payer l’impôt. Cela n’est rien d’autre qu’enfreindre la loi fiscale, et désigne généri-
quement, dans plusieurs systèmes fiscaux, ce qu’on qualifie de fraude fiscale. En tant
qu’infraction à la loi fiscale, la fraude fiscale doit être interprétée strictement, conformément
au principe de la légalité pénale dont s’inspire la légalité fiscale.

[188]- Ladifférence entre l’évasion fiscale et la fraude fiscale n’est pas toujours évidente, pour
autant que les régimes juridiques retenus pour ces deux phénomènes divergent d’un système
fiscal à l’autre, sur le plan international. Dans certains systèmes – comme en Suisse et en Bel-
gique – l’évasion fiscale n’est pas répréhensible et correspond à la terminologie anglo-
saxonne de « tax avoidance », à la différence de « tax evasion » ou « tax fraud » (fraude fis-
cale) qui est un terme générique renvoyant à toute infraction fiscale (« tax offense »), corres-
pondant au minimum à la dissimulation ou l’omission volontaire de la matière imposable, et

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répréhensible – à tout le moins – sur le plan administratif. En revanche, dans d’autres sys-
tèmes comme celui de la France, l’évasion fiscale est l’équivalent de « tax evasion » et dé-
signe – tout en se situant à leur lisière (« zone grise ») – à la fois un pan de l’optimisation fis-
cale (ou « zone blanche » représentant l’utilisation par des moyens légaux, de failles du sys-
tème fiscal telle que l’exploitation de niches fiscales, afin de réduire ou éviter totalement
l’impôt : « tax avoidance » ) et un autre pan de la fraude fiscale (« zone noire » cristallisant la
pratique illicite ou le détournement illégal du système fiscal afin de ne pas payer l’impôt :
« tax fraud »). La fraude fiscale demeure une infraction fiscale pénale, conformément à
l’article 1741 du code général des impôts [français].

3.3.2.4. Optimisation fiscale


[189]- Désignée également sous le vocable de planification fiscale (« Tax planning »),
l’optimisation fiscale (« Tax optimization ») désigne l’ensemble des montages fiscaux permet-
tant à un contribuable – personne physique ou morale – de payer le moins d’impôt possible
tout en respectant les dispositions légales, règlementaires ou conventionnelles. Ce procédé est
indispensable pour tous les agents économiques qui souhaitent économiser leurs ressources,
par une réduction de la charge fiscale. C’est une opération éminemment judicieuse pour les
structures de fortune complexes, et relève même « de bon sens, car celui qui ne pratique au-
cune planification fiscale gaspille ses ressources ». En effet, il est tout à fait loisible et légi-
time d’organiser son patrimoine et ses affaires de manière à réaliser une économie d’impôt, ce
dans les limites autorisées par la lettre de la loi. Cela relève du principe de la licéité du choix
de la voie la moins imposée, qui fonde le contribuable de recourir légitimement au procédé
juridique le plus favorable du point de vue fiscal – parmi plusieurs qui se présenteraient à lui –
dans l’optique d’un même résultat économique. Bref, l’optimisation fiscale est le comporte-
ment qui permet au contribuable de se maintenir en dehors du champ de définition du fait
générateur d’un impôt, en renonçant aux avantages personnels et/ou économiques liés à ce fait
générateur, voire en mettant à profit un vide législatif volontaire.

[190]- Certes,
l’optimisation fiscale est théoriquement pleine de vertus, mais en pratique il n’est
toujours pas évident de la distinguer de l’évasion fiscale, avec laquelle elle entretient une
large accointance : il n’est pas aisé de tracer nettement une limite entre l’optimisation fiscale
et l’évasion fiscale, compte tenu non seulement de leur accointance théorique et pratique très
accentuée, mais aussi les deux notions relèvent en pratique de ce qu’il convient de qualifier de
« résistance à l’impôt » (« Resistance to taxation ») ou de « réduction d’impôt » (« Reduction
of tax »). Les deux procédés sont non seulement irrépréhensibles pénalement – à l’opposé de
la fraude fiscale – mais aussi ils interviennent avant la réalisation d’un état de fait, contraire-
ment à la fraude fiscale qui impliquent qu’un état de fait se soit déjà réalisé pour être ensuite
dissimulé afin d’éviter des conséquences fiscales. Dès lors, lorsqu’un contribuable projette de
réduire sa charge fiscale sans commettre une infraction fiscale, son comportement ne peut
tomber que sous le coup alternatif, soit de l’optimisation fiscale, soit de l’évasion fiscale.
Dans la pratique, la frontière entre ces deux phénomènes n’est pas étanche et relève plutôt
d’une question d’appréciation des faits que d’une application rigoureuse de critères juridiques.

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[191]- Sous
un autre registre, il arrive qu’en pratique l’optimisation fiscale use de montages as-
sez sophistiqués, aboutissant finalement à des résultats aussi choquants que ceux de l’évasion
fiscale ou de la fraude fiscale. Dans ce cas, on parle de la « planification fiscale agressive »
(« Aggressive tax planning »), contre laquelle des organisations internationales – comme
l’OCDE– sont très investies dans le cadre de leurs travaux relatifs à la mise en place d’une
meilleure politique fiscale universelle, permettant de mieux réguler les comportements fiscaux
des contribuables à travers le globe. Au regard de cet élan régulateur, l’opinion a même par-
fois l’impression que l’époque de l’optimisation fiscale est désormais révolue.

Figure 2 : Phénomènes de fuite devant l’impôt

3.4. Enoncé du système fiscal congolais


[192]- Lesystème fiscal congolais est essentiellement un héritage de l’époque coloniale et s’inspire,
dans sa phase actuelle de modernisation, aux systèmes de la famille romano-germanique, en parti-
culier ceux belge et français. C’est un système complexe qui s’adapte aux données de la moderni-
té, et pour lequel des réformes « cruciales » ont été engagées depuis le début des années 2010,
dans le sens de la simplification et de la modernisation. Il se caractérise par une multiplicité
d’impôts, taxes et autres prélèvements parafiscaux perçus au profit du budget de l’Etat, des collec-
tivités territoriales (provinces et entités territoriales décentralisées) ainsi que de certains orga-
nismes publics (services et établissements publics). Il est constitué de deux régimes, en
l’occurrence un régime de droit commun et un régime d’impositions exceptionnelles :

[193]- Le
régime de droit commun – qui fait l’objet des développements dans les autres chapitres de
cette deuxième partie du manuel – est constitué d’impôts réels, d’impôts cédulaires sur les reve-
nus, d’impôts sur la dépense (ou la consommation), et de multiples droits, taxes et redevances.

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[194]- Quant au régime d’impositions exceptionnelles, qui n’est pas analysé dans ce manuel, il
est essentiellement constitué des prélèvements applicables aux secteurs particuliers. C’est le
cas singulièrement de : la fiscalité des hydrocarbures (pétrole et gaz) ; la fiscalité minière ; la
fiscalité forestière et environnementale ; la fiscalité des investissements exceptionnels ; etc. Il
ne sera pas non plus réservé des développements à l’impôt personnel minimum des résidents,
pour autant qu’il s’agit d’un impôt sur les personnes physiques, dont la finalité s’écarte de
l’objectif du présent cours focalisé plutôt sur la fiscalité des entreprises.

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Chapitre 4. Impôts réels


4.1. Considérations préliminaires
[195]- Il
sied de rappeler ici qu’un impôt réel est celui auquel sont soumis un certain nombre de
biens physiques. Il frappe ce que le contribuable possède, contrairement aux impôts sur les
revenus qui frappent ce qu’il gagne.

[196]- Dans
l’état actuel de l’ordre normatif congolais, les impôts réels trouvent essentiellement
leur fondement dans l’Ordonnance-loi n°69-006 du 10 février 1969, telle que modifiée et
complétée ultérieurement. Ces impôts réels sont : impôt foncier ; impôt sur les véhicules et
taxe spéciale de circulation routière ; et impôt sur la superficie des concessions minières.

[197]- Auxtermes de la Constitution de la RDC du 18 février 2006 – telle que modifiée et com-
plétée en 2011 – ainsi que l’Ordonnance-loi n° 18/004 du 13 mars 2018 fixant la nomencla-
ture des impôts, droits, taxes et redevances de la province et de l’entité territoriale décentrali-
sée ainsi que les modalités de leur répartition, certains impôts relèvent désormais de la compé-
tence exclusive des Provinces. Il s’agit de l’impôt foncier, de l’impôt sur les véhicules auto-
moteurs, de l’impôt sur les revenus locatifs, de l’impôt sur la superficie de concessions mi-
nières.

[198]- Cesprélèvements ont été concédés aux provinces et ETD dans le cadre de la décentralisa-
tion financière, qui rime avec le principe de l’autonomie financière des collectivités territo-
riales. Cette dernière est « un principe juridique de valeur constitutionnelle conférant aux col-
lectivités territoriales certaines prérogatives financières leur permettant de choisir librement
les dépenses et les recettes leur permettant d’exercer une action politique et économique dans
les limites de leur domaine spatial de compétence et sous le contrôle de l’État ».

[199]- Au
niveau de chaque province, la portée et l’étendue des impôts réels sont fixées par un
édit provincial ainsi que leurs modalités de perception précisées par un arrêté du Ministre
provincial en charge des finances. Pour ce qui est par exemple de la Ville-Province de
Kinshasa, il s’agit de l’Edit n° 0005/08 du 11 octobre 2008 relatif aux impôts, taxes et droits
provinciaux et locaux dus à la Ville de Kinshasa. Aussi est-il que chacun de ces prélèvements
obligatoires est précisé dans un Arrêté distinct, comme relevé dans l’analyse ci-après de
chaque impôt.

4.2. Impôt foncier


4.2.1. Matière imposable et redevable de l’impôt
[200]- Par
définition, l’impôt foncier est un impôt réel qui frappe la superficie des propriétés
foncières bâties et non bâties, comme l’Impôt foncier en Suisse, la Taxe foncière en France,
ou la « Property Tax » aux Etats Unis d’Amérique.

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[201]- En
droit congolais, c’est un impôt direct qui concerne les propriétés bâties et non bâties
suivant la nature des immeubles et le rang des localités. Il est actuellement taxé sur base d’une
superficie et – conformément à l’article 204 prérappelé de la Constitution de notre pays – re-
lève de la compétence exclusive des provinces.

[202]- Les
redevables de l’impôt foncier sont les titulaires du droit de propriété, de possession et
d’emphytéose, de superficie, de cession, de concession ou d’usufruit des biens imposables
ainsi que des personnes occupant, en vertu d’un bail, des biens immobiliers faisant partie du
domaine privé de l’Etat, des provinces, des villes et des communes, soit du patrimoine des
circonscriptions. Il n’est pas sans intérêt de rappeler les contenus respectifs des concepts sus
en gras, tels que définis en droit civil :

– Le « droit de propriété » est le type le plus achevé du droit réel (droit sur un bien) ; il
comporte le pouvoir d’user, de jouir et de disposer d’une chose d’une manière exclusive.
La théorie de la propriété est une ancienne théorie fiscale en vertu de laquelle, pour la
perception des droits, l’administration peut s’en tenir aux situations apparentes sans avoir
à rechercher les intentions véritables des parties.
– Le « droit de possession » est le pouvoir de fait consistant à exercer sur une chose des
prérogatives correspondant à un droit réel autre que la propriété (à titre d’exemple, à se
comporter en usufruitier ou en bénéficiaire d’une servitude) avec l’intention de s’affirmer
titulaire de ce droit.
– Le « droit d’emphytéose » est le droit réel sur un immeuble corporel (ordinairement ou,
mais non nécessairement, rural) né d’un bail emphytéotique et caractérisé par sa longue
durée, la modicité de la redevance, le droit de céder et d’hypothéquer.
– Le « droit de superficie » est le droit de propriété portant sur les constructions, planta-
tions et autres superficies dans le cas où la propriété de ces choses est dissociée de la pro-
priété du sol.
– La « cession » est la transmission entre vifs du cédant au cessionnaire, d’un droit réel ou
personnel, à titre onéreux ou gratuit.
Dans la même veine, une cession de créance est un acte juridique établi afin de trans-
mettre la propriété d’une créance à une tierce personne. C’est un contrat consensuel né-
cessitant l’accord de deux des trois parties en jeu : le créancier (ou le cédant) et le tiers
(ou le cessionnaire) auquel il cède la créance. Afin d’être valable, la cession de créance
doit toutefois être notifiée au débiteur (ou le cédé) par acte d’huissier, sauf si ce dernier a
signifié son accord dans l’acte de cession.
– La « concession » est l’acte juridique bilatéral ou unilatéral en vertu duquel une personne,
le concédant, accorde à une autre, le concessionnaire, la jouissance d’un droit réel ou
d’un avantage particulier.
– L’« usufruit » est un droit réel, viager en vertu duquel son titulaire (l’usufruitier) a le
pouvoir d’user et de jouir de biens corporels ou incorporels appartenant à une autre per-
sonne (nu-propriétaire), tout comme celle-ci en jouirait, mais à charge d’en conserver la
substance.

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[203]- Celaprécisé, l’impôt foncier est dû par le propriétaire, quand bien même – par la conven-
tion de bail – le locataire s’est engagé à le payer et si cette circonstance a été portée à la con-
naissance du fisc. Et donc, le paiement intégral de l’impôt incombe au propriétaire, et le fisc
ne peut aucunement intervenir pour effectuer la répartition éventuelle de l’impôt entre pro-
priétaire et locataire.

[204]- Conformément à l’Arrêté du Ministre Provincial n°034 /MIN/FINECO & IPME/2018 du


02 novembre 2018 fixant les taux de l’impôt sur la superficie des propriétés foncières bâties et
non bâties de la Ville de Kinshasa, les propriétés bâties soumises à l’impôt foncier compren-
nent : les villas et les immeubles autres qu’à étages ; les immeubles à étages ; les apparte-
ments ; et les autres constructions. Sont considérées comme autres constructions, notamment :
le hangar à usage industriel ou commercial ; la toilette avec vestiaires isolés ; la guérite ; le
citerne ou tank fixé au sol ; la piscine ; le local moteur ; la station-service ; la terrasse ;
l’entrepôt ; le dépôt ; l’émetteur ou le récepteur fixé au sol ; le garage isolé ; la station ter-
rienne réceptrice ; le conteneur fixé ou immobilisé au sol ; le parking intérieur aménagé ;
l’antenne de télécommunication (voir art. 2 et 3).

4.2.2. Taux de l’impôt


[205]- Lestaux de l’impôt foncier varient suivant la nature des immeubles, le rang des localités
et, en ce qui concerne les villas, en fonction de la superficie bâtie. La superficie imposable est
celle qui est déterminée par les parois extérieures du bâtiment ou de la construction. Elle
comprend également la superficie des vérandas, des perrons, des galeries, des balcons, des
terrasses, les caves, rez-de-chaussée, étages, combles. En revanche, en ce qui concerne les
terrains non bâtis, seuls sont imposables ceux sis dans les circonscriptions urbaines.

[206]- Selonl’article 13 de l’Arrêté du Ministre Provincial n°034 /MIN/FINECO & IPME/2018


précité, la ville-province de Kinshasa est subdivisée en quatre localités, à savoir :

– Localité de premier rang, avec pour circonscriptions notamment : Commune de Banda-


lungwa (Cité Oasis) ; Commune de Barumbu (aérodrome de Ndolo, Quartiers Ndolo,
Bon Marché, Funa, Kapinga, le long de l’avenue Militant) ; Commune de la Gombe (tous
les quartiers et tous les ports fluviaux, excepté les îles) ; etc. :
– Localités de deuxième rang : Commune de Bandalungwa (le long de l’avenue Kasa-Vubu
excepté la Cité Oasis) ; Commune de Barumbu (Quartier Tshimanga) ; Commune de Ka-
lamu (Quartiers Immo Congo, Matonge I, Matonge II et Matonge III) ; etc.
– Localités de troisième rang : Commune de Bandalungwa (tous les quartiers excepté la
Cité Oasis et le long de l’avenue KasaVubu) ; Commune de Barumbu (tous les quartiers,
excepté ceux relevant du 1er et 2ème rang) ; Commune de Kalamu (Quartiers Kauka I,
Kauka II, Kauka III, Kimbangu I, Kimbangu II, Yolo Nord I, Yolo Nord II, Yolo Nord
III, Yolo Sud I, Yolo Sud II, Yolo Sud III, Yolo Sud IV, et Pinzi) ; etc.
– Localités de quatrième rang : Commune de Bumbu (tous les quartiers) ; Commune de
Kimbanseke (tous les Quartiers excepté le long du boulevard Lumumba) ; Commune de
Kintambo (Quartier Lubudi Luka) ; etc.

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[207]- Ainsi, les taux applicables sont les suivants :

Tableau 1 : Taux de l’impôt foncier applicables aux villas, immeubles à


étages et appartements :

VILLAS ET IM- IMMEUBLES À ÉTAGE APPARTEMENTS


MEUBLES AUTRES APPARTENANT À
QU’À ÉTAGES PLUSIEURS PROPRIÉ-
TAIRES
Rang Personne Personne Personne Personne Personne Personne
morale physique morale physique morale physique
(en USD) (en USD) (en USD) (en USD) (en USD) (en USD)
1er 3,5/m2 450 3,5/m2 450/étage 3,5/m2 450
2e 2,5/m2 130 2,5/m2 130/étage 2,5/m2 130
3e 2/m2 70 2/m2 70/étage 2/m2 70
4e 1,5/m2 16.5 1,5/m2 16,5/étage 1,5/m2 46,5

Tableau 2 : Taux de l’impôt foncier applicables aux immeubles à étage


appartenant à un seul propriétaire :

IMMEUBLES À ÉTAGE APPARTENANT À UN SEUL PROPRIÉTAIRE


Rang Personne morale (en USD) Personne physique (en USD)
1er 3,5 au rez-de-chaussée + 50% 450 au rez-de-chaussée + 350 de
de l’impôt par étage l’impôt par étage
2e 2,5 au rez-de-chaussée + 50% 130 au rez-de-chaussée + 110 de
de l’impôt par étage l’impôt par étage
3e 2 au rez-de-chaussée + 50% de 70 au rez-de-chaussée + 55 de
l’impôt par étage l’impôt par étage
4e 1,5 au rez-de-chaussée + 50% 16,5 au rez-de-chaussée + 13 de
de l’impôt par étage l’impôt par étage

Tableau 3 : Taux de l’impôt foncier applicables aux autres construc-


tions :

AUTRES CONSTRUCTIONS
Rang Personnes morales Personnes
Tranche (m2 ) Taux (en USD) physiques (en
USD)
1er 1er palier de 1 à 5.000 1/m2 150
de 5.001 à plus 1er palier + 50% du
surplus de m2
1er palier de 1 à 5.000 0,66/m2 55
de 5.001 à plus 1er palier + 50% du
surplus de m2
1er palier de 1 à 5.000 0,64/m2 40
de 5.001 à plus 1er palier + 50% du
surplus de m2
1er palier de 1 à 5.000 0,50/m2 26,5
de 5.001 à plus 1er palier + 50% du
surplus de m2

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Tableau 4 : Taux de l’impôt foncier applicables aux propriétés non baties :

PROPRIETES NON BATIES (TERRAINS)


Rang Personnes morales Personnes
Tranche (m2 ) Taux (en USD) physiques (en
USD)
1er 1er palier de1 à 5.000 1/m2 250
de 5.001 à plus 1er palier + 50% du
surplus de m2
1er palier de 1 à 5.000 0,66/m2 50
de 5.001 à plus 1er palier + 50% du
surplus de m2
1er palier de 1 à 5.000 0,64/m2 16,5
de 5.001 à plus 1er palier + 50% du
surplus de m2
1er palier de 1 à 5.000 0,50/m2 6,5
de 5.001 à plus 1er palier + 50% du
surplus de m2

[208]- Dureste, l’impôt foncier est dû pour l’année entière sur la superficie imposable existant
au 1erjanvier de l’année qui donne son nom à l’exercice fiscal (qui coïncide avec l’année ci-
vile), sans que la mutation de propriété dans le cours de ladite année puisse donner lieu à dé-
grèvement d’impôt.

4.2.3. Exemptions et exonérations de l’impôt foncier


[209]- Sont
exemptés de l’impôt foncier, notamment les propriétés appartenant aux personnes
physiques ou morales ci-après :

– L’Etat, les Provinces, les ETD ainsi que les offices et autres établissements publics de
droit congolais n’ayant d’autres ressources que celles provenant de subventions budgé-
taires ;
– Les associations sans but lucratif, confessionnelles ou non confessionnelles, ainsi que les
établissements d’utilité publique créés conformément à la loi n° 04/2001 du 20 juillet
2001 portant dispositions applicables aux associations sans but lucratif et aux établisse-
ments d’utilité publique ;
– Les Etats étrangers dont les propriétés sont affectées exclusivement à l’usage de bureaux
d’Ambassades ou de Consulats ou au logement d’agents ayant le statut d’agents diploma-
tiques ou consulaires (sous réserve de réciprocité) ;
– Les personnes qui, au 1er janvier de l’année d’imposition, sont âgées de plus de 55 ans et
les veuves (pour l’immeuble ou l’un des immeubles affectés à leur habitation principale),
à la triple condition : (i) qu’elles occupent leur habitation principale seules ou avec des
personnes à charge ou avec toute autre personne de même condition d’âge ou de situa-
tion ; (ii) que leurs revenus imposables à l’impôt cédulaires sur leurs revenus soient
égaux ou inférieurs au plafond de la 8e tranche du barème de l’impôt professionnel sur les
rémunérations (IPR) ; (iii) qu’elles souscrivent chaque année leurs déclarations fiscales.

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[210]- Quant aux exonérations, elles sont consenties aux immeubles ou parties d’immeubles :

– Affectés par le propriétaire, exclusivement à l’agriculture ou à l’élevage, y compris les


bâtiments ou parties de bâtiments servant à la préparation de produits agricoles ou
d’élevage provenant de l’exploitation du contribuable ;
– Qu’un propriétaire, ne poursuivant aucun but lucratif, aura affecté : à l’exercice d’un
culte public, à l’enseignement, à la recherche scientifique, à l’installation de centres hos-
pitaliers, médicaux, sociaux ou d’œuvres de bienfaisance ; à l’activité normale de
chambres de commerce personnalisées ; à l’activité sociale des sociétés mutualistes et des
unions professionnelles personnalisées.

[211]- Par
ailleurs, l’impôt foncier n’est pas non plus établi en ce qui concerne la superficie des
terrains qu’un propriétaire, sans aucun but lucratif, aura affecté à l’une des fins visées ci-haut.

[212]- Enfin,
les exonérations à l’impôt foncier peuvent également être accordées en vertu des
dispositions du code des investissements ou par les conventions spéciales .

4.2.4. Etude de cas


[213]- Illustration 1:

– Casus : Depuis le 01 janvier 2021, Madame Nguza, de nationalité congolaise, habite à la


Cité Oasis (Bandalungwa), dans sa villa d’une dimension de 20 m 2. Elle est également
propriétaire d’un appartement de 15 m2 au Quartier Tshimanga (Barumbu), qu’elle a cédé
en location à titre gratuit à un groupe de prière de son église, pour le besoin des dévotions
matinales et vespérales.

Quel serait l’impôt total à payer par Madame Nguza sur ses deux propriétés pour
l’exercice fiscal 2021 ?

– Résolution :

Villa Cité Oasis Appartement Quartier


Tshimanga
Dimension 20 m2 15 m2
Rang 1er 2e
Taux 450 USD 130
Total impôt 450 USD (forfait) 0 (exonération)

– Explication : Conformément à l’Arrêté du Ministre Provincial n°034 /MIN/FINECO &


IPME/2018 précité, Madame Nguza paiera un impôt forfaitaire de 450 USD pour sa villa
qu’elle habite à la Cité Oasis, qui est une circonscription de premier rang. Ce forfait se
justifie (sans prise en compte de la dimension de la villas), dans la mesure où Madame
Nguza est une personne physique. C’aurait été une personne morale qui occupait la même
villa, en tant que propriétaire, elle paierait 3,5 USD par m2 (soit 1 400 USD pour 20 m2).

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Pour ce qui est de l’appartement de 15 m2 au Quartier Tshimanga (2e rang), l’impôt est
exonéré pour autant que la propriété est affectée à l’exercice d’un culte public.

[214]- Illustration 2/Exercice pour le lecteur :

– Depuis le 05 janvier 2020, la Société KHAMS SA de droit congolais, a installé son siège
dans son appartement de 40 m2 situé au quartier Bon Marché (Barumbu). Elle a égale-
ment cédé en location, depuis le 1er janvier de la même année, un immeuble de 5 étages
situé au Quartier Yolo Nord I (Kalamu) dont elle tire des loyers de USD 1000 par mois.
Quel serait l’impôt total à payer par la Société KHAMS SA sur ses deux propriétés pour
l’exercice fiscal 2020 ?

4.3. Impôt sur les véhicules et taxe spéciale de circulation routière


4.3.1. Matière imposable et redevable des impôts
[215]- La
circulation des véhicules des privés sur la voie publique, construite avec les fonds du
trésor public, provoque une dégradation qui appelle réparation et entretien. C’est au fait le
fondement de cette double imposition réelle.

[216]- Ence qui concernant l’impôt sur les véhicules (IV) ou « vignette automobile », c’est une
taxe différentielle annuelle qui frappe tous les véhicules à moteur, sous réserve de certaines
exceptions. Le terme « véhicule » est utilisé dans le sens le plus large possible puisqu’il ne
désigne pas uniquement les véhicules automobiles, mais aussi tout moyen de transport par
terre et par eau et ce, quel que soit le mode de propulsion utilisé. Quant à la « vignette », c’est
le signe distinctif apposé sur le pare-brise d’un véhicule pour attester le paiement de l’impôt.
En cas de détérioration ou perte de vignette, elle ne peut être retenue que contre payement
d’une somme égale à 50% de la valeur initiale. Ainsi, l’impôt sur les véhicules est dû dès que
le véhicule est admis à circuler en RDC, de telle sorte que celui-ci ne peut être admis à circu-
ler que s’il est immatriculé.

[217]- Poursa part, la taxe spéciale de circulation routière (TSCR) est un droit de péage annuel
créé par l’Ordonnance-loi n°88-029 du 15 juillet 1988 au profit du trésor public, et qui est
assis sur tous les véhicules admis à circuler sur le réseau routier public, quelle que soit la qua-
lité du propriétaire (article 2). En parlant des véhicules admis à circuler sur le réseau routier
public, il s’agit de tout véhicule circulant sur le sol, c’est-à-dire sur les routes en terre ou ma-
cadamisées, et fonctionnant à l’aide d’une force mécanique. Sont ainsi concernés, les voitures,
les camions, les bus et les autocars, les motocyclettes et les vélomoteurs.

[218]- La
taxe spéciale de circulation routière s’apparente à la « taxe à l’essieu » qui, en droit
français, est une taxe spéciale sur certains véhicules routiers, perçue par l’administration
douanière et destinée à compenser les dépenses d’entretien des routes imputables aux véhi-
cules d’un certain poids transportant des marchandises.

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[219]- La
différence entre les deux impôts (IV et TSCR) est que la TSCR ne concerne que les
véhicules admis à circuler sur le réseau routier public, tandis que l’IV est assis sur tout moyen
de transport par terre et par eau, quel que soit le mode de propulsion utilisé.

[220]- Par
ailleurs, l’IV est dû par l’utilisateur, tandis que la TSCR est acquittée par les proprié-
taires des véhicules assujettis. Mais, en pratique, les deux impôts sont acquittés concomitam-
ment par la personne qui paye la dette d’impôt, propriétaire ou simple utilisateur. C’est donc
pour des raisons de commodité que les deux impôts sont perçus en même temps.

4.3.2. Taux des impôts


[221]- Les
taux de ces deux impôts sont fixés en fonction de la qualité du propriétaire (personne
physique ou morale), de la puissance du moteur, de la catégorie et du poids du véhicule ou
encore en fonction du jaugeage (capacité) de l’engin.

[222]- Pour
illustration, en ce qui concerne la ville de Kinshasa, voici les taux de l’IV et de la
TSCR pour l’exercice fiscal 2018-2019, conformément aux annexes à l’Arrêté du Ministre
Provincial n°033/MIN/FINECO&IPME/2018 du 02 novembre 2018 fixant les taux de l’impôt
sur les véhicules automoteurs et de la taxe spéciale de circulation routière :

Tableau 5 : Taux de l’IV et la TSCR applicables dans la ville province de


Kinshasa (personnes morales) :
I. PERSONNES MORALES
N° Catégories des véhicules Impôt sur Taxe spé- Redevance Imprimé Total à payer
les véhi- ciale de
cules circulation
routière
01 Motocycle
- Bicycle 9,5 2,5 00 5 17
- Tricycle 11 4 00 5 20
02 Véhicule automobile utilitaire
- De moins de 2.500 kgs 28 39,2 3,5 5 75,7
- De 2.500 kgs à 10.000 kgs 32 43,2 3,9 5 84,1
- Plus de 10.000 kgs 35.1 48,8 3,5 5 92,4
03 Véhicule de tourisme
- 01 à 10 cv 35,6 32,4 3,5 5 76,5
- 11 à 15 cv 39,2 38,4 3,9 5 86,5
- Plus de 15 cv 44 43,2 4,4 5 96,6
04 Véhicule tracteur et remorque
a) Véhicule tracteur
- 01 à 10 cv 26,8 23,6 2,6 5 58
- 11 à 15 cv 34,6 28,4 3,1 5 71,1
- Plus de 15 cv 35,2 34,4 3,5 5 78,1
b) Remorque
- De moins de 2.500 kgs 31,6 28,4 3,1 5 68,1
- De 2.500 kgs à 10.000 kgs 35,2 34,4 3,5 5 78,1
- Plus de 10.000 kgs 40 39,2 4 5 88,2
05 Transport public en commun
- De moins de 2.500 kgs 00 20 00 5 25
- De 2.500 kgs à 10.000 kgs 00 22 00 5 27
- Plus de 10.000 kgs 00 25 00 5 30
06 Véhicule immatriculé en IT
- 01 à 10 cv 35,6 32,4 3,5 5 76,5
- 11 à 15 cv 39,2 38,4 3,9 5 86,5

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- Plus de 15 cv 44 43,2 4,4 5 96,5


07 Véhicule exonéré et exempté
a) Tracteur
- 01 à 10 cv 4 5 9
- 11 à 15 cv 4 5 9
- Plus de 15 cv 4,5 5 9,5
b)Remorque
- De moins de 2.500 kgs 3 5 8
- De 2.500 kgs à 10.000 kgs 3,5 5 8,5
- Plus de 10.000 kgs 4 5 9

Tableau 6 : Taux de l’IV et la TSCR applicables dans la ville province de


Kinshasa (personnes physiques):

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Tableau 7 : Taux de l’IV applicables dans la ville province de Kinsha-


sa (Unités flottantes):

4.3.3. Exemptions et exonérations


[223]- Les
exemptions et exonérations à ces deux impositions sont accordées à certaines catégo-
ries de véhicules, en fonction de plusieurs critères, notamment :

– La qualité du propriétaire : Etat et ses subdivisions administratives ;


– L’application des conventions internationales : Ambassades, Consulats, Organismes in-
ternationaux ;
– L’utilisation spécifique dans un cadre limité : engins de manutention dans les gares, ports
et aéroports ;
– L’utilité sociale : ambulances, véhicules anti-incendie, véhicules pour personnes handica-
pés (invalides et infirmes) ;
– L’utilisation aux opérations de dépannage : dépanneuses et machines-outils ;

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– L’inexistence ou l’insignifiance de la puissance imposable : cyclomoteurs de moins de 50


cm3 et véhicules à traction ou à propulsion humaine ou animale ;
– Véhicules à l’essai et véhicules des touristes étrangers en visite en RDC ;
– L’absence de moteur et l’évolution habituelle hors du territoire national : voiliers, navires
de haute mer ou de grand cabotage.

[224]- Il
convient de préciser qu’en dehors des véhicules appartenant aux personnes physiques
ou morales exemptées par la loi ou des conventions particulières, tous les véhicules immatri-
culés en IT (immatriculation temporaire) sont imposables à l’impôt sur les véhicules après un
délai de 3 mois à compter de l’attribution du numéro dans la série IT.

4.3.4. Etude de cas


[225]- Illustration 1:

– Casus : Depuis le 01 janvier 2018, Monsieur Kahasha, de nationalité congolaise, est pro-
priétaire d’un SUV de marque Toyota Hilander, dont le poids est de 3.200 kgs.
Quel serait l’impôt total à payer par Monsieur Kahasha pour l’exercice fiscal 2018, en
termes d’impôt sur le véhicule et de taxe spéciale de circulation routière ?
– Résolution et explication : Conformément à l’Arrêté du Ministre Provincial
n°033/MIN/FINECO&IPME/2018 prérappelé, le contribuable concerné payera un mon-
tant total de USD 84,1, soit USD 32 de l’IV, USD 43,2 de TSCR, USD 3,9 de redevance
et USD 5 d’imprimé. Cela se justifie par le fait que la matière imposable concernée (vé-
hicule) se trouve dans la catégorie des véhicules automobiles utilitaires, précisément dans
la sous-catégorie de 2.500 kgs à 10.000 kgs.

[226]- Illustration 2/Exercice pour le lecteur :

– Depuis le 15 janvier 2019, Madame Cornu, Ambassadrice de la Suisse en RDC, utilise


pour son transport urbain un Range Rover Sport 4x4 fabriqué en 2018, dont le poids est
de 3.400 kgs.
Quel serait l’impôt total à payer par Madame Cornu pour l’exercice fiscal 2019, en
termes d’impôt sur le véhicule et de taxe spéciale de circulation routière ?

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4.4. Impôt sur la superficie des concessions minières


4.4.1. Matière imposable et redevable de l’impôt
[227]- Cet
impôt réel porte sur les terrains concédés par l’Etat soit pour l’exploitation, soit pour
la recherche à titre exclusif. Le fait générateur est « l’acte matériel de recherche ou
d’exploitation ».

[228]- Il
ressort de ce qui précède que les redevables de cet impôt sont les titulaires d’un « per-
mis de recherche » ou d’un « permis d’exploitation ». Généralement, ce sont les personnes
morales qui en sont redevables en droit congolais. Ceci s’expliquerait par le fait que les activi-
tés minières sont majoritairement exercées par des grandes Entreprises, notamment les socié-
tés des capitaux, capables de mobiliser d’importants capitaux que requièrent lesdites activités.

[229]- Il
convient de faire remarquer qu’actuellement et conformément à l'article 238 de la loi
n°18/001 du 9 mars 2018 modifiant et complétant la loi n°007/2002 du 11 juillet 2002 portant
Code minier, l’impôt sous étude est désigné sous la dénomination de « taxe de superficie sur
les concessions minières ».

4.4.2. Taux de l’impôt


[230]- Le taux de cet impôt est fixé en fonction de la superficie par hectare de concession.

[231]- Conformément à l’article 238 du code minier en vigueur, les taux sont les suivants :

– Le titulaire d’un Permis de Recherches est redevable de la taxe de superficie sur les
concessions minières aux taux en CDF équivalant à 0,2 USD par hectare pour la pre-
mière année, en CDF équivalent à 0,3 USD par hectare pour la deuxième année, en CDF
équivalant à 0,35 USD par hectare pour la troisième année et en CDF équivalant à 0,4
USD par hectare pour les autres années suivantes.
– Le titulaire d’un droit minier d’exploitation est redevable de la taxe de superficie sur les
concessions minières aux taux en CDF équivalant à 0,4 USD par hectare pour la pre-
mière année, en CDF équivalant à 0,6 USD par hectare pour la deuxième année, en CDF
équivalant à 0,7 USD par hectare pour la troisième année et en CDF équivalant à 0,8
USD par hectare pour les autres années suivantes.

4.4.3. Etude de cas


[232]- Illustration 1:

– Casus : La multinationale Aurélia Mining S.A basée aux Etats-Unis a acquis, le 8 avril
2012, auprès des services du Cadastre minier des carrés miniers d’une superficie totale de
1 254 022,0 hectares, et ses recherches sur terrain pour déterminer la teneur des matières

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disponibles doivent se dérouler pendant quatre ans. L’exploitation débute le 13 janvier


2015.
Quel est l’impôt sur la concession minière à déclarer et à payer ?
– Résolution : L’impôt sur la concession minière de la multinationale Aurélia Mining S.A
doit être évalué comme suit :
IMPÔT À DÉCLARER ET À PAYER PAR AN

Phase de recherche
Année 2012 Année 2013 Année 2014 Année 2015
********** USD 376 206, 60 USD 438 907,70 USD 501 608,80
Phase d’exploitation
Année 2016 Année 2017 Année 2018 Année 2019
USD 501 608,80 USD 752 413,20 USD 877 815,40 USD 1 003 217,60

– Explication : Il est à constater qu’au premier exercice de recherche, l’impôt sur les con-
cessions minières n’est pas dû puisque la concession a été acquise après le 31 janvier
2012. Et qu’une enveloppe totale de l’équivalent en CDF de USD 1 316 723,10 a été dé-
boursée pour les autres années de recherches (2013, 2014 et 2015). A la cinquième année
(2016), soit le premier exercice d’exploitation minière, cette multinationale avait déclaré
et payé son impôt sur les concessions minières au taux du dernier exercice de la phase de
recherche, soit l’équivalent en CDF de USD 501 608,80, et les taux d’imposition s’étaient
augmentés au cours de deux exercices qui avaient suivi. Le taux demeurera constant qu’à
partir de la quatrième année, soit en 2019, jusqu’à la cessation des activités.
– Mode de calcul :
 Phase de recherche :
Année 2013 : USD 0,30 x 1 254 022,00 ha = USD 376 206,60
Année 2014 : USD 0,35 x 1 254 022,00 ha = USD 438 907,70
Année 2015 : USD 0,40 x 1 254 022,00 ha = USD 501 608,80
Total Impôt : USD 1 316 723,10
 Phase d’exploitation :
Année 2016 : USD 0,04 x 1 254 022,00 ha = USD 501 608,80
Année 2017 : USD 0,06 x 1 254 022,00 ha = USD 752 413,20
Année 2018 : USD 0,07 x 1 254 022,00 ha = USD 877 815,40
Année 2019 : USD 0,08 x 1 254 022,00 ha = USD 1 003 217,60
Année 2020 : USD 0,08 x 1 254 022,00 ha = USD 1 003 217,60

[233]- Illustration 2/Exercice pour le lecteur :

– La société Twende Mbele S.A de droit congolais a acquis, le 26 mars 2016, auprès des
services du Cadastre minier, des carrés miniers d’une superficie totale de 6 300 315,0
hectares, et ses recherches sur terrain pour déterminer la teneur des matières disponibles
doivent se dérouler pendant trois ans. L’exploitation débute le 18 février 2018.
Quel serait l’impôt sur la concession minière à déclarer et à payer ?

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Chapitre 5 : Impôts cédulaires sur le revenu ou impôts sur


le revenu
5.1. Remarques introductives
[234]- Leconcept de « revenu » renvoie à toutes les ressources périodiques d’une personne phy-
sique ou morale, issues de son travail (gains, salaires, traitements, rémunérations) ou de son
capital. C’est donc « l’enrichissement réalisé par une personne sur une période de temps dé-
terminée ». Quant au concept de « cédule » (tiré du latin « schedula »), il signifie « feuillet ».
Ainsi, les impôts cédulaires sur le revenu sont des impôts subdivisés en feuillets et frappent
toutes les ressources tirées d’un travail ou d’un capital. Chacune de ces impositions catégo-
rielles est dotée des règles d’assiette ainsi que des liquidations particulières.

[235]- Dans le système fiscal congolais, les impôts cédulaires sur les revenus sont répartis en
trois feuillets (catégories) donnant lieu, chacun, à une imposition spécifique : (i) impôt sur les
revenus locatifs ou impôt locatif ; (ii) impôt mobilier sur les revenus des capitaux mobiliers
ou impôt mobilier ; et (iii) impôt sur les revenus professionnels ou impôt professionnel. Ces
impôts sont régis par l’Ordonnance-loi n° 69-009 du 10 février 1969 relative aux impôts cédu-
laires sur les revenus, telle que modifiée et complétée ultérieurement.

[236]- Il
convient d’indiquer que, par l’Ordonnance-loi n° 69-007 du 10 février 1969, le législa-
teur congolais avait institué un impôt exceptionnel sur les rémunérations du personnel expa-
trié (IERE). En principe, cet impôt ne fait pas partie de ceux qualifiés de « cédulaires sur les
revenus », mais en pratique il en est un. Voilà pourquoi, dans les écrits scientifiques, beau-
coup d’auteurs analysent cet impôt aux côtés des impôts professionnels.

5.2. Impôt sur les revenus locatifs ou impôt locatif


5.2.1. Matière imposable
[237]- A
la lumière des articles 4 et 5 de l’Ordonnance-loi n° 69-009 précitée, la matière impo-
sable de l’impôt locatif est constituée, d’une part, des revenus provenant de la location des
bâtiments et des terrains situés en République Démocratique du Congo, quel que soit le pays
du domicile ou de la résidence des bénéficiaires ; d’autre part, des indemnités de logement
accordées à des rémunérés occupant leur propre habitation ou celle de leurs épouses, des bâ-
timents et terrains en faveur d’une Entreprise ou de toute autre personne morale, pour usage
professionnel.

[238]- L’impôt
est établi sur le revenu brut de l’année civile antérieure ou sur toute somme pro-
portionnellement équivalente pour les périodes inférieures à un an. Ce revenu brut s’entend du
montant cumulé :

– du loyer ;

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– des impôts de toute nature acquittés par le locataire à la décharge du bailleur (par
exemple l’impôt foncier, la taxe parcellaire…) ;

– des charges autres que les réparations locatives supportées par le locataire pour
compte du bailleur, et résultant ou non des conditions mises par le second à la location
de l’immeuble (cas de frais engagés pour les grosses réparations).

[239]- Il
ressort de ce qui précède que les redevables de l’impôt locatif sont, d’une part, les pro-
priétaires, les possesseurs ou les titulaires d’un droit réel immobilier ; d’autre part, les bénéfi-
ciaires du profit brut de la sous-location des bâtiments et terrains. Dans ce dernier cas, les
revenus des époux sont cumulés, quel que soit le régime matrimonial adopté, et l’impôt est
établi au nom du mari.

[240]- L’onpourrait s’interroger – avec le lecteur – sur les raisons qui ont poussé le législateur à
décider, comme indiqué ci-haut, que l’impôt soit établi au nom du mari. Cette disposition ne
serait-elle pas surannée, au regard de l’évolution du code civil et du code du travail en droit
congolais ?

[241]- Par
ailleurs, il convient de rappeler qu’à l’instar de l’impôt foncier, l’IV et TSCR ainsi
que l’impôt sur les concessions minières, l’impôt locatif a également été cédé aux provinces
par la Constitution de 2006. Ainsi, les provinces en détiennent le pouvoir de fixer les modali-
tés de perception. Dans cette veine, pour la ville-province de Kinshasa, l’Edit n° 0005/08 pré-
rappelé dispose notamment :

« Est légalement imposable à l’impôt sur les revenus locatifs, la mise à disposition, à titre
gratuit, des bâtiments et terrains en faveur d’une entreprise ou de toute autre personne
pour usage professionnel. Dans ce cas, la base d’imposition est déterminée suivant les ta-
rifs minima prévus à l’article 28 ci-dessous. Toutefois, cette disposition ne s’applique pas
à la personne physique qui utilise des bâtiments et terrains pour une exploitation profes-
sionnelle. »

5.2.2. Taux de l’impôt


[242]- Le
taux de l’impôt locatif est fixé à 22% du revenu brut de la location ou du profit brut de
la sous-location. Le mode de perception est la retenue à la source par le locataire, à chaque
terme, de 20% du loyer, et versement à l’administration fiscale au nom et pour le compte du
bailleur. Celui-ci ne paie que le solde éventuel au moment du dépôt de la déclaration.

[243]- Par
ailleurs, l’article 4 de l’Arrêté du Ministre Provincial n° 035 /MII/FINECO & IP-
ME/2018 du 02 novembre 2018 fixant les taux de l’impôt sur les revenus locatifs pour la
ville-province de Kinshasa, précise que les taux de l’impôt sur les revenus locatifs et la rete-
nue sur loyers sont fixés en pourcentage suivant le rang de la localité, conformément au ta-
bleau ci-dessous :

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Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

Rang de localités Loyer mensuel en USD (équivalent en FC) Taux de l’IRL Taux de RL
1e Tout loyer confondu 22% 20%
2e, 3e et 4e Loyer de 300 $ et plus
2e, 3e et 4e Loyer de 1 $ à 299 $ 17% 15%

5.2.3. Exemptions
[244]- Bénéficient des exemptions, c’est-à-dire ni déclaration ni paiement de l’impôt, les reve-
nus locatifs de :

– L’Etat, les provinces et les entités territoriales décentralisées ainsi que les offices et autres
établissements publics de droit congolais n’ayant d’autres ressources que celles provenant
de subventions budgétaires ou qui assurent, sous la garantie de l’Etat, la gestion
d’assurances sociales (cas de la CNSS) ;

– Les associations sans but lucratif confessionnelles et non confessionnelles et les établis-
sements d’utilité publique ;

– Les organismes internationaux ;

– Les propriétaires des immeubles nouvellement construits, à partir du 1er janvier 1968,
dans les provinces Orientale, Nord-Kivu, Sud-Kivu et Maniema jusqu’au 31 décembre de
la cinquième année qui suit celle de l’achèvement de la construction.

Cette dernière exemption nécessite une mise à jour, compte tenu de l’évolution de la sub-
division administrative du pays. En effet, elle a été édictée dans l’intérêt notamment de
faciliter le développement des provinces issues du découpage de l’ancienne province du
Kivu (grand Kivu). A ce jour, le dernier regroupement territorial du pays a donné nais-
sance à d’autres nouvelles provinces pour le développement desquels des mesures
d’incitation fiscale devraient être prises. D’ailleurs, les provinces du « Grand Kivu » sont
assez avancées par rapport à plusieurs autres provinces du pays.

5.2.4. Etudes de cas

5.2.4.1. Analyse des éléments constitutifs de l’IRL

– Loyer réellement perçu :

[245]- Etantdonné qu’il est la principale matière imposable de l’IRL, lors du calcul de l'IRL de
l’année courante, on ne prend en compte que les loyers réellement encaissés ou payés. Toute-
fois, l’obligation déclarative avec mention « Néant » demeure pour le locataire.

Illustration : Madame KASEREKA fait louer son immeuble à Monsieur TOLENJE. Le


loyer mensuel est de 1000 USD. Au cours de l’année 2020, le locataire n’a payé que les
loyers de 10 mois et les 2 mois sont restés impayés.
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Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

En vertu du principe de l’annualité de l’impôt, pour déterminer l’assiette imposable, on


aura à multiplier 1000 par 10 et 22%, c’est-à-dire que Madame KASEREKA payera
2200 USD (1000 x 10= 10000 x 22%= 2200).

– Profit de la sous-location :

[246]- En
matière de bail, il n’est pas interdit au locataire de sous-louer l’immeuble sauf conven-
tion contraire des parties. En cas de sous-location, il y aura deux liens : l’un entre le bailleur et
le locataire, et l’autre entre le locataire et le sous-locataire. Fiscalement, il y aura deux IRL à
payer : le premier, à charge du bailleur suivant les loyers perçus, et le second, à charge du
locataire suivant les profits de la sous-location. Dans le dernier cas, la base de calcul ne sera
pas fondée sur la totalité de ce que perçoit le locataire dans le cadre de la sous-location, mais
plutôt sur le profit et cela en vue d’éviter la double imposition.

Illustration : Monsieur MULIMBI fait louer son immeuble à Madame FURAHA pour
un loyer mensuel de 600$. FURAHA, à son tour, fait sous-louer le même immeuble à
ARUNA à un montant de 700$.
A la fin de l’année, le locataire et le sous-locataire se sont acquittés totalement de
leurs obligations ; nous aurons, dans le cas d’espèce, deux IRL à payer :

 Pour le premier lien (MULIMBI et FURAHA), on fera 600 x 12= 7200 x 22% =
1584$.
 Pour le second lien (FURAHA et ARUNA), on fera 700-600 = 100x12= 1200 x
22% = 264$.

– Location des accessoires et services ou prestations permanentes :

[247]- D’emblée, il convient de faire la différence entre louer un immeuble avec ses accessoires
et louer un immeuble avec ses services. En effet, en matière de bail, il peut arriver que le bail-
leur donne en location un immeuble avec des accessoires nécessaires. Dans ce cas, le prix
qu’il aura perçu pour les accessoires constituera une richesse nouvelle, fiscalement parlant
imposable. Il n’est sans intérêt de noter qu’avant l’OTVA, on appliquait le principe selon le-
quel : « l’accessoire suit le principal ». Autrement dit, le prix perçu pour la location des ac-
cessoires était imposé à l’IRL au même moment que le loyer, mais depuis l’avènement de la
loi précitée, une distinction est faite entre le loyer proprement dit, imposable à l’IRL et le prix
de la location de ses accessoires, imposable à la TVA.

Illustration : Mr. MUNDEKE fait louer son immeuble ainsi que ses accessoires à Mme.
KAVIRA. La location de l’immeuble et ses accessoires est fixée à 1500 USD. S’il est
demandé d’indiquer les impôts à payer dans ce cas et distinguer clairement la situation
avant et après l’OTVA, il conviendrait de répondre comme suit :
- Avant l’OTVA, on imposait l’immeuble et ses accessoires à l’IRL. Ainsi on ferait :
1500 + 1500 = 3000 x 12 = 36000 x 22% = 792 USD.

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- Au regard de l’OTVA, seuls les 1500 USD du loyer restent imposables à l’IRL. Par
conséquent, on aura 1500 x 12 = 18000 x 16% (taux de la TVA) = 2880 USD.

[248]- Par
ailleurs, s’agissant de la location de l’immeuble et ses services ou prestations perma-
nentes (service de jardinage, de salubrité…), on considère qu’il ne s’agit pas, dans ce cas,
d’une simple location, mais plutôt d’une véritable entreprise (société immobilière). Par voie
de conséquence, l’impôt à payer ne sera pas l’IRL, mais plutôt l’impôt sur les revenus profes-
sionnels, précisément l’impôt sur les bénéfices.

– Indemnité de logement :

[249]- Enprincipe, tout travailleur a droit à une indemnité de logement. En matière fiscale,
l’indemnité de logement devient imposable à l’IRL lorsque les conditions suivantes sont réu-
nies, à savoir :

 Faire louer un immeuble et percevoir les revenus locatifs (lorsqu’il sera question de
calculer l’IRL dans le cadre de cet immeuble loué, on tiendra compte également de
l’indemnité de logement que perçoit le travailleur) ;
 Il faut habiter sa propre maison ou celle de son épouse.

[250]- Ainsi,
il faut comprendre que celui qui habite sa propre maison ou celle de son épouse,
bénéficie d’une indemnité de logement, laquelle indemnité, dans le champ fiscal, est considé-
rée comme un enrichissement et sera imposable parce que son bénéficiaire ne l’affecte pas au
paiement du loyer.

Illustration : Madame KITUMAINI est travailleuse à Vodacom/Congo, et gagne mensuel-


lement un salaire de 1000 usd et une indemnité de location de 200 usd. Elle habite sa
propre maison dans la commune de Bagira et fait louer son immeuble dans la commune
de Kadutu pour un loyer mensuel de 300 usd. Etant donné que les conditions précitées
sont cumulatives, si elles ne sont pas réunies, l’indemnité ne serait pas imposable.
Par ailleurs, il arrive que le montant de l’indemnité de logement ne soit pas révélé. Dans
ce cas, on le déduit de 30% du montant du salaire. Si le montant de l’indemnité de loge-
ment est supérieur aux 30% du salaire, on le ramènera à 30%.

– Grosses réparations supportées par le locataire à la décharge du bailleur :

[251]- Unedistinction doit être faite en matière de bail entre les grosses réparations et les répara-
tions locatives. En effet, les grosses réparations sont à la charge du bailleur et les réparations
locatives, à la charge du locataire. Cependant, s’il arrive que le locataire supporte les grosses
réparations, il a droit au remboursement, proportionnellement à la somme par lui dépensée.
En l’absence de ce dernier, le montant dépensé par le locataire sera compensé au loyer et par
conséquent, devenir la matière imposable à l’IRL.

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Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

– Impôts et taxes du bailleur supportés par le locataire :

[252]- Lesimpôts et taxes qui, normalement devraient être supportés par le bailleur (cas de
l’impôt foncier, par exemple), s’ils sont payés par le locataire, il y aurait une compensation,
c’est-à-dire que les montants d'impôts supportés par le locataire remplaceront les loyers qui
devraient s’en acquitter.

5.2.4.2. Analyse des éléments non constitutifs de l’IRL

– Garantie locative :

[253]- En
principe, la garantie locative n’est pas imposable, car elle n’est pas un revenu locatif
qui enrichit le bailleur. Qui plus est, elle est remboursable. Or, l’impôt a un caractère définitif.
Toutefois, elle devient imposable lorsqu’elle remplace le loyer (s) non payé (s).

Illustration : Madame KILONGO fait louer son immeuble à Monsieur WETEMWAMI


pour un loyer mensuel de 500 $. Au cours de l’année 2020, Mr. WETEMWAMI paye
les loyers de 7 mois. Supposons que la garantie locative est de 2000 $.
Nous ferons 500 x 11 = 5500 x 22 % = 1210 $.
Les 11 supposent les 7 mois de loyer payés par le locataire et les 4 mois couvrent la
garantie locative.

– Indemnité de relocation :

[254]- C’est
une indemnité dont bénéficie le bailleur suite à la rupture abusive du contrat de bail
par le locataire. Cette dernière lui permettra de chercher un nouveau locataire devant occuper
l’immeuble. Elle n’est donc pas imposable.

– Indemnité pour privation de jouissance :

[255]- S’il
est admis en droit civil que le bailleur a un droit de propriété absolu sur son im-
meuble, il ne lui est pas interdit de démembrer sa propriété. En la démembrant, il cède le droit
de jouissance (fructus) et d’usage (usus) au locataire. Ainsi, celui-ci a le droit de jouir paisi-
blement de l’immeuble donné en location. Cependant, dans le cas où le bailleur voilerait le
droit de son cocontractant, celui-ci aurait droit à une indemnité due à la privation de jouis-
sance, et ce conformément à l’article 258 du Code civil livre III. Cette dernière n’est pas im-
posable, car elle vise à réparer le préjudice subi par le locataire suite au mauvais comporte-
ment du bailleur.

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5.3. Impôt sur les revenus mobiliers ou impôt mobilier


5.3.1. Notion et matière imposable
[256]- Endehors de sa qualité d’impôt cédulaire sur le revenu, l’impôt mobilier est aussi un im-
pôt réel, dans la mesure où il vise à atteindre un élément économique sans considération de la
situation personnelle du contribuable.

[257]- Au
regard de l’article 13 de l’Ordonnance-loi n° 69/009 prérappelée, l’impôt mobilier ne
frappe que les revenus produits par des capitaux mobiliers investis en République Démocra-
tique du Congo. En d’autres termes, les revenus générés par des capitaux investis à l’étranger
ne sont pas imposables. Aux termes dudit article, la matière imposable de l’impôt mobilier est
globalement constituée des :

– Revenus des parts sociales ou d’actions des associés actifs ou non actifs : En droit de
sociétés commerciales, une « part sociale » désigne un apport fait auprès d’une société
des personnes; tandis qu’une « action » renvoie à celui fait auprès d’une société de capi-
taux.
– Revenus des intérêts d’obligations : une « obligation » est un titre négociable, nominatif
ou au porteur, remis par une société commerciale ou une collectivité publique à ceux qui
lui prêtent des capitaux et dont la valeur nominale, lors de l’émission, correspond à une
division du montant global de l’emprunt.
– Revenus des intérêts des capitaux empruntés à des fins professionnelles : le terme de
« capital » peut être appréhendé ici comme l’ensemble des biens frugifères d’une per-
sonne, des biens productifs qui lui rapportent des fruits ou lui fournissent des produits.
– Tantièmes : Un tantième est une quote-part des bénéfices nets de l’exercice et des ré-
serves distribués, allouée aux membres du conseil d’administration ou du conseil de sur-
veillance d’une société anonyme, en rémunération de leurs fonctions.
– Redevances : Une redevance est une « rémunération de toute nature payée pour l’usage
ou la concession de l’usage d’un droit d’auteur ou d’un droit connexe ».
Aux termes de l’article 13 point 8 de l’ordonnance-loi n° 69-009 prérappelée, une rede-
vance désigne une rémunération de toute nature payée pour l’usage ou la concession de
l’usage d’un droit d’auteur sur une œuvre littéraire, artistique ou scientifique, y compris
les films cinématographiques, d’un brevet, d’une marque de fabrique ou de commerce,
d’un dessin ou d’un modèle, d’un plan, d’une formule ou d’un procédé secret ainsi que
pour l’usage ou la concession de l’usage d’un équipement industriel, commercial ou
scientifique et pour des informations ayant trait à une expérience acquise dans le domaine
industriel, commercial ou scientifique.

[258]- Dece qui précède, l’on peut simplement déduire que les contribuables de l’impôt mobi-
lier sont les actionnaires et associés des sociétés commerciales, les obligataires et les débiteurs

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Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

sur intérêt, les administrateurs des sociétés commerciales ainsi que les détenteurs des droits
sur les œuvres de l’esprit et des droits voisins.

5.3.2. Taux de l’impôt et modalités de perception


[259]- Ence qui concerne le taux de l’impôt sous examen, il ressort de l’article 26 de
l’Ordonnance-loi n° 69-009 prérappelée, qu’il est de 20% établis en deux ordres distincts : en
ce qui concerne les redevances, il s’agit de 20% tirés de 70% de leurs montants totaux ; tandis
qu’il s’agit tout simplement de 20% du montant total pour les autres matières imposables sus-
citées.

[260]- Enfin,
la retenue à la source et le reversement au fisc des montants retenus constituent les
modalités de paiement de l’impôt mobilier. La déclaration et le reversement s’effectuent dans
les 10 jours qui suivent le mois pendant lequel les revenus ont été payés au bénéficiaire, mis à
sa disposition ou inscrits au compte ouvert à son profit. L’impôt à charge des sociétés étran-
gères est reversé au plus tard le 31 mars de l’année qui suit celle de la réalisation des revenus.

5.3.3. Etude de cas

– Cas d’imposition des dividendes :

[261]- Lessieurs KUMBU, MULIMBI et KIGOMA veulent créer une société, et projettent des
activités commerciales au mois de juillet 2021. Entre temps, ils se lancent aux opérations de
constitution, telle que la mise en commun des apports ; chacun d’eux fait un apport en nature.
Or, la société a besoin des espèces. Par ce motif, ils décident de vendre un immeuble apporté
à 100. 000 usd ; ils affectent 50. 000 usd au compte de la société ; et se partagent les 50.000
restants. Dans ce champ fiscal, les 50.000 Usd seront imposables :

IM : (50 000 x 20) x 100 = 5 000 x 2 = 1 000 Usd

– Cas d’imposition de la réserve distribuée :

[262]- La
réserve peut être entendue comme tout ce qui reste dans la caisse de la société après
que celle-ci ait effectué des dépenses. Par exemple, au cours de l’année 2021, la société
Twende Mbele SARL a dégagé 1 million USD après paiement de l’impôt sur les bénéfices.
Les associés décident de se partager 300.000 usd (IM), ils affectent 300.000 usd au paiement
des travailleurs (IPR) et 100.000 usd au paiement des commissionnaires (TVA), puis les
100.000 usd au paiement de loyers de locaux professionnels (IRL). Il restera 200.000, ce
montant sera appelé réserve et si les associés décident de le partager, ils supporteront l’impôt
mobilier.

IM = (200 000 x 20) x 100 = 20 000 x 2 = 40 000 USD.

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– Cas d’imposition des intérêts de capitaux empruntés à des fins professionnelles :

[263]- Il
est question d’analyser dans ce point l’intérêt que le préteur gagne dans le cadre du prêt
qu’il a accordé à la société. Dans le champ fiscal, c’est l’intérêt qui est imposable et non le
capital pourvu que le prêt ait une fin professionnelle.
Par exemple, Luc prête à Jean 10.000 usd et à jacques 15.000 usd ; chacun doit rembourser
avec un intérêt de 10%. Jean emprunte pour acheter un véhicule, et jacques en vue d’ouvrir
une micro-entreprise. Dans le premier cas, l’IM ne sera pas dû parce que la finalité est per-
sonnelle. Dans le deuxième cas, l’IM sera dû, car la finalité est professionnelle.

[264]- Toutefois,
il sied de noter que le régime fiscal des intérêts de capitaux empruntés à des
fins professionnelles est l’impôt mobilier (IM) lorsque le prêteur est une personne physique de
droit congolais ou une personne morale de droit étranger, et l’impôt professionnel sur les bé-
néfices (IPB) lorsque le prêteur est une personne morale de droit congolais.

[265]- Par
exemple, la société Tout-Va-Bien SARL de droit français a prêté 100.000 usd à Mr.
NTABOBA à rembourser avec un intérêt 2% en vue de renforcer son entreprise. EquityBcdc,
société de droit congolais, a prêté à Mme MAWAZO 50.000 usd, remboursables avec un inté-
rêt de 5% en vue d’ouvrir un salon de coiffure.
[266]- S’il
vous est demandé, en tant qu’expert fiscal, de déterminer dans chaque cas l’impôt à
payer, la base d’imposition, le taux de l’impôt ainsi que son montant, vous procéderez de la
manière suivante :

(ii) Pour le 1er cas :


 Impôt à payer : IM
 Base nette : 100.000 x 2/100 = 2000 usd (base nette)
 Taux : 20%
 Montant à payer : 2000 x 20/100 = 400 usd
(iii) Pour le 2e cas :
 Impôt à payer : IPB
 Base nette : 50.000 x 5/100 = 2500 usd
 Taux : 35%
 Montant à payer : 2500 x 35/100 = 875 usd.

– Cas d’imposition des redevances :

[267]- MadameCIKOMOLA, artiste musicienne de nationalité congolaise, reçoit de son pro-


ducteur 100.000 usd pour l’utilisation de ses œuvres sur un territoire donné. S’il vous est de-
mandé d’aider le fisc à calculer l’impôt à payer, vous procéderez de cette manière :

(i) D.A (Droits d’auteur) = 100.000 usd


(ii) Déduction = 100.000 x 30/100 = 30.000 usd
(iii) 100.000 – 30.000 = 70.000 usd
(iv) I.M. = 70.000 x 20/100 = 14.000 usd.

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5.4. Impôt sur les revenus professionnels


5.4.1. Remarques préliminaires
[268]- L’IPRest un Impôt cédulaire sur les revenus qui peut, en droit congolais, être subdivisé
en quatre feuillets, à savoir :

– L’impôt professionnel sur les bénéfices des sociétés,


– L’impôt professionnel sur les rémunérations des salariés ;
– L’impôt professionnel sur les profits des professions libérales, charges ou offices, et
autres occupations lucratives ;
– L’impôt professionnel sur les rémunérations des prestations de services des personnes
étrangères (non établies en RDC).

[269]- A
ces feuillets, il convient d’ajouter l’impôt exceptionnel sur les rémunérations du per-
sonnel expatrié (IERE), institué par l’Ordonnance-loi n° 69-007 prérappelé.
[270]- Dans
les lignes qui suivent, nous examinerons les trois derniers feuillets ainsi que l’IERE,
tandis que l’impôt sur les bénéfices fera l’objet d’une analyse détaillée au sixième chapitre de
cet ouvrage.

5.4.2. Impôt professionnel sur les rémunérations des salariés

5.4.2.1. Matières imposables et redevables/contribuables


[271]- L’impôtprofessionnel sur les rémunérations (IPR) est un impôt retenu à la source, qui est
assis essentiellement sur les revenus ci-après, y compris certains avantages en nature comptés
pour leur valeur réelle :

– Les rémunérations des personnes rétribuées par un tiers, de droit public ou de droit privé,
sans être liées par un contrat d’entreprise ainsi que celles des associés actifs dans les so-
ciétés autres que par actions comprenant notamment les traitements, les salaires, les émo-
luments, les indemnités qui ne représentent pas le remboursement des dépenses profes-
sionnelles effectives, les gratifications, primes et toutes autres rétributions fixes ou va-
riables, quelle que soit leur qualification ;
– Les traitements des administrateurs, gérants, commissaires, liquidateurs des sociétés,
gouverneurs, régents, censeurs, et toutes personnes exerçant des fonctions analogues ;
– Les traitements et jetons de présence des présidents délégués généraux, des administra-
teurs et commissaires des entreprises publiques et sociétés d’économie mixte, les traite-
ments, salaires et avantages octroyés aux membres des institutions publiques et aux
agents de carrière des services publics ;
– Les traitements, salaires et avantages accordés aux membres des cabinets politiques, les
pensions de toute nature, quelles que soient les circonstances ou les modalités qui en con-
ditionnent l’octroi, ainsi que les sommes payées par l’employeur ou le mandant, contrac-

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tuellement ou non par suite de cessation de travail ou de rupture de contrat d’emploi ou


en louage de service ;
– La rémunération que l’exploitant d’une entreprise individuelle s’attribue ou attribue aux
membres de sa famille pour leur travail.

[272]- Ainsi, sont considérés comme contribuables de l’IPR, les personnes suivantes :
– Les travailleurs, employés ou salariés : personnes liées par un contrat de travail, verbal ou
écrit, contrat qui crée une situation de subordination du bénéficiaire des revenus impo-
sables vis-à-vis de son employeur ;
– Les personnels politiques : Membres des cabinets politiques ; etc. ;
– Les mandataires publics : Administrateurs Délégués Généraux, Administrateurs et Com-
missaires aux comptes des Entreprises étatiques et sociétés d’économie mixte ;
– Les mandataires sociaux dans les sociétés : Administrateurs, Gérants, Commissaires aux
Comptes, Liquidateurs, etc. ;
– Les engagés locaux des missions diplomatiques ;
– Les fonctionnaires et autres agents publics ;
– Les travailleurs occasionnels.

[273]- Il
convient de préciser que ce sont les bénéficiaires des rémunérations qui sont contri-
buables réels de l’IPR, tandis que leurs employeurs en sont des redevables légaux.

5.4.2.2. Taux de l’impôt et réductions


[274]- Le taux de l’IPR est calculé suivant un barème annuel à taux progressif ci-après :

– 3% pour la tranche de revenus de 0,00 FC à 1.944.000,00 FC ;


– 15% pour la tranche de revenus de 1.944.001,00 FC à 21.600.000,00 FC ;
– 30% pour la tranche de revenus de 21.600.001,00 FC à 43.200.000,00 FC ;
– 40% pour les revenus supérieurs à 43.200.000,00 FC.

[275]-
A cet effet, le législateur énonce qu’en aucune manière, l’impôt dû ne peut excéder 30 %
du revenu imposable. Il y a lieu de préciser que le revenu imposable est le revenu brut après
imputation des cotisations sociales et des déductions fiscalement autorisées. C’est ce revenu
imposable qui sert de base au calcul des impôts à payer.
[276]- L’impôtétabli en fonction du barème progressif ci-avant, est réduit d’une quotité de 2%
pour chacun des membres de la famille à charge, avec un plafonnement fixé à 9 personnes.
Les personnes considérées comme des membres de la famille à charge sont (i) l’épouse, (ii)
les enfants célibataires nés d’un ou de plusieurs mariages ou hors mariage mais reconnus,
ainsi que les enfants sous tutelle, (iii) les ascendants des deux conjoints, à la condition qu’ils
fassent partie du ménage du redevable. Toutefois, les enfants célibataires et les ascendants ne
sont considérés comme étant à charge que pour autant qu’ils n’aient pas bénéficié personnel-
lement pendant l’année précédant celle de la réalisation des revenus, des ressources nettes ne

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dépassant pas les revenus de la première tranche du barème progressif ci-avant. Au cas con-
traire, ils feraient l’objet d’un foyer fiscal autonome.
[277]- Par
ailleurs, les rémunérations versées au personnel domestique et aux salariés relevant
des Micro-entreprises sont imposées suivant les taux forfaitaires fixés par voie d’Arrêté du
Ministre ayant les Finances dans ses attributions. L’impôt professionnel individuel y afférent
est reversé par quotités trimestrielles. Dans cette veine, l’article 2 de l’Arrêté ministériel n°
CAB/MIN/FINANCES/2017/020 du 12 août 2017 fixant les taux forfaitaires de l’impôt pro-
fessionnel sur les rémunérations versées au personnel domestique et aux salariés relevant des
micro-entreprises, fixe les taux à l’équivalent en francs congolais de USD 24 pour un salarié
domestique et de USD 36 pour un salarié d’une micro-entreprise.
[278]- Au reste, il existe d’autres taux dérogatoires, applicables à certaines rémunéra-
tions particulières :

– 20% : bénéfices, profits ou rémunérations réalisés ou perçus par des personnes phy-
siques après cessation des activités professionnelles ;
– 10% : sur le capital-pension payé au travailleur en partance à la retraite par son em-
ployeur à travers la caisse de pensions de retraite complémentaires ;
– 10% : indemnités de fin carrière et indemnités payées après cessation de travail ou
rupture de contrat d’emploi ou de louage de service ;
– 15% : retenue à la source pour prestations occasionnelles, sans préjudice de la régu-
larisation ultérieure ;
– 15% : impôt forfaitaire sur les rémunérations des fonctionnaires et agents publics, tel
que précisé dans la section ci-après.

5.4.2.3. Problématique d’application de l’IPR dans le secteur public


[279]- D’emblée, il convient d’indiquer que, depuis des années, les agents publics, fonction-
naires et autres membres des institutions publiques et cabinets y rattachés, n’étaient pas assu-
jettis à l’IPR, quand bien même ce dernier est bel et bien prévu à charge des concernés.
[280]- Ainsi,
en vue de rendre effectif le recouvrement de l’IPR au titre de primes, collations et
autres avantages (jeton de présence, per diem, etc.) payés ou attribués aux fonctionnaires,
agents publics et autres membres des institutions publiques et des Cabinets politiques y ratta-
chés, le Ministre en charge du Budget et celui [en charge] des Finances avaient conjointement
signé, en date du 07 mai 2014, la Circulaire interministérielle n° 001/CAB/VPM-
MIN/BUDGET/2014 et n° CAB/MIN/FINANCES/2014/05 fixant les modalités particulières
de retenue à la source de l’impôt professionnel sur les rémunérations de la catégorie des pro-
fessionnels concernés. Sur-le-champ, cette Circulaire interministérielle n’a pas été mise en
application, sur fond d’une menace de grève générale au sein de l’Administration publique.
En effet, au lieu d’appliquer le barème légal précité, la Circulaire précitée a plutôt prévu un
taux proportionnel (ou forfaitaire) de 15 % sur toutes les sommes destinées aux contribuables
concernés.

76
Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

[281]- C’est
seulement à partir de janvier 2020, que la Circulaire précitée a été mise en œuvre,
conformément à la lettre n° 0167/VPM/MIN.BUDGET/JBM/JMBM/MN/2019 fondant dé-
sormais une retenue à la source de 15 % sur les revenus des fonctionnaires, agents publics et
membres des institutions nationales et provinciales et des cabinets politiques, sans tenir
compte des niveaux des revenus respectifs.

[282]-
Il convient de faire remarquer qu’en prévoyant un taux proportionnel (ou forfaitaire) de
15 %, sans observation du barème progressif, la Circulaire interministérielle précitée viole
l’article 84 de l’Ordonnance-loi prérappelée, dans la mesure où des contribuables dont les
revenus sont en principe imposables au taux inférieur (3%) du barème progressif, supportent
une charge fiscale supérieure, ce qui porte atteinte au principe de l’équité fiscale.
[283]- Aussi,
ladite Circulaire interministérielle ne prévoit pas une possibilité des déductions et
réductions dans le processus de détermination du revenu fiscal, telles qu’autorisées par
l’Ordonnance-loi en vigueur. A ce sujet, il y a lieu de faire remarquer que l’article 3 alinéas 2
et 3 du Décret n° 011/19 du 14 avril 2011 portant modalités de calcul et de recouvrement de
l’Impôt Professionnel sur les Rémunérations des membres des institutions politiques et assi-
milés, prévoit que sont notamment considérées comme éléments immunisés [de l’IPR], les
indemnités ou allocations familiales dans la mesure où elles ne dépassent pas les taux légaux
ainsi que les indemnités et avantages en nature concernant le logement, le transport et les frais
médicaux, dans les limites fixées par la loi. Toutefois, en l’absence de ventilation des rémuné-
rations susvisées, un forfait de 30% de celles-ci est déduit au titre d’éléments non imposables.

[284]- Ainsi,
en prévoyant un taux forfaitaire de 15 % sur l’ensemble de la rémunération des
membres des institutions politiques et assimilés, la Circulaire interministérielle de 2014 porte
également atteinte au Décret n° 011/19 précité.
[285]- Enfin,
il convient d’indiquer que le taux proportionnel de 15 % prévu par la Circulaire
interministérielle précitée, serait justifié s’il était fondé sur l’article 87 de l’Ordonnance-loi n°
69/009 précitée, qui dispose que « lorsqu’un employeur a recours occasionnellement aux ser-
vices d’une personne, l’impôt à percevoir à la source est fixé à 15 % du montant des sommes
payées ou attribuées, sans préjudice de la régularisation ultérieure prévue par l’article 76 ».
Cependant, la Circulaire interministérielle ne fait aucunement référence à l’article 87 sus évo-
qué, mais fonde ses dispositions sur les articles 77 (point 2) et 78 de ladite Ordonnance-loi.

[286]- De ce qui précède, il y a lieu de retenir que :

– Le taux de 15% prévu par la Circulaire interministérielle de 2014 n’est pas conforme à
l’Ordonnance-loi n° 69/009 prérappelée, qui prévoit un taux barémique. Les 15% sont
donc de nature à préjudicier les « gagnepetits » ;

– Le taux de 15% a été décidé à la suite de l’impossibilité pour l’Etat Congolais de ventiler
les rémunérations des agents publics et fonctionnaires, en vue de garantir l’isolement des
rubriques (indemnités et avantages) non imposables. Dès lors, l’Etat ne peut se prévaloir de
sa propre turpitude au préjudice de ses employés ;

77
Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

– Le Décret n° 011/19 précité crée une discrimination en faveur des membres des institutions
politiques et assimilés, au détriment des autres agents et fonctionnaires publics.

[287]- Pour ce faire, il serait loisible d’appliquer strictement le taux barémique prévu par
l’article 84 de l’Ordonnance-loi n° 69/009, en ce qui concerne les revenus des agents publics,
fonctionnaires et membres des institutions et cabinets politiques, comme c’est bien le cas avec
les employés du secteur privé.
[288]- Enfin,
il convient d’indiquer qu’en date du 02 novembre 2021, un Protocole d’Accord a
été signé par le Ministère de la Fonction Publique et le banc syndical de l’Administration pu-
blique, les deux parties ayant trouvé un compromis sur la baisse du taux de l’IPR de 15% à
3% sur les primes des Agents de carrière des Services Publics de l’Etat. A cette occasion,
d’autres résolutions ont été adoptées, notamment le réajustement substantiel d’environ 45%
du traitement de base de tous les fonctionnaires de l’huissier au Secrétaire Général applicable
à partir du deuxième trimestre 2022.

5.4.2.4. Exonérations
[289]- Ne font pas l’objet de l’imposition à l’IPR (immunités) :

– Les indemnités ou allocations familiales réellement accordées aux employés et salariés


dans la mesure où elles ne dépassent pas les taux légaux ;

– Les pensions, rentes et indemnités accordées en vertu des lois qui régissent les pensions de
vieillesse, l’octroi de secours en cas d’invalidité prématurée ou de décès ; les pensions aux
invalides, aux veuves, orphelins et ascendants de combattants, aux victimes d'accidents du
travail ou de maladies professionnelles et aux estropiés congénitaux ; les pensions alimen-
taires ;

– Les indemnités et avantages en nature concernant le logement, le transport et les frais mé-
dicaux pour autant que :
 L’indemnité de logement ne dépasse 30% du traitement brut ;
 L’indemnité journalière de transport soit égale au coût du billet pratiqué localement
avec un maximum de quatre courses de taxi pour les cadres et quatre courses de bus
pour les autres membres du personnel. Dans tous les cas, la réalité et la nécessité du
transport alloué à l'employé doivent être démontrées ;
 Les frais médicaux ne revêtent pas un caractère exagéré.

5.4.2.5. Etude de cas


[290]- Illustration 1:

Soit un salaire annuel net imposable de FC 21 600 000,00 payé au mois de juillet 2019 à un
employé ayant 4 personnes à sa charge (épouse et 3 enfants). Avant réduction pour charges
de famille, l’impôt professionnel sur la rémunération correspondant à un salaire mensuel net
78
Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

imposable de FC 21 600 000,00 est de FC 3 240 000,00, selon le barème légal progressif tel
que précisé ci-après :

N° Taux Tranche de revenus Ecart par Impôt par Impôt cumulé


(%) (En CDF) tranche tranche
1 3 De 0,00 À 1 944 000,00 1 944 000,00 58 320,00 58 320,00
2 15 De 1 944 001,00 À 21 600 000,00 19 655 999,00 2 948 400,00 3 006 720,00
3 30 De 21 600 001,00 À 43 200 000,00 21 599 999,00 6 480 000,00 9 486 720,00
4 40 De 43 200 001,00 À plus /////// /////// ///////

Reprenons notre exemple en y appliquant la réduction pour charges de famille correspon-


dante, soit pour 4 personnes, et la situation se présentera comme ci-après :

– Réduction : 2 % x 4 personnes à charge = 8 % de FC 3 240 000,00 = FC 259 200,00

– Calcul de l’impôt dû : FC 3 240 000,00 - FC 259 200,00 = FC 2 980 800,00

– Conclusion : l’IPR pour salaire mensuel net imposable de FC 21 600 000,00 avec 4
personnes à charge vaut effectivement FC 2 980 800,00.

[291]- Illustration 2/Exercices pour étudiants :

Le lecteur pourrait bien évaluer ses connaissances au travers de quelques exercices ci-après :

– Soit un salaire annuel net imposable de FC 23 350 000,00 payé au mois d’avril 2019 à
un employé ayant 3 personnes à sa charge (épouse et 2 enfants). Quid de l’impôt à payer
effectivement ?

– Soit un salaire mensuel net imposable de FC 35 410 000,00 payé au mois de janvier
2020 à un employé ayant 8 personnes à sa charge (épouse, 5 enfants et 2 parents). Quid
de l’impôt à payer effectivement ?

– Soit un salaire annuel net imposable de FC 33 675 145 payé à un employé du secteur
privé en RD Congo, ayant pour personnes à charge : son épouse (1) ; deux (2) mai-
tresses ; trois (3) copines ; ses trois (3) filles mineures ; ses quatre (4) fils mineurs ; une
(1) femme de ménage ; deux (2) sentinelles ; et un (1) jardiner. Quel sera l’impôt à
payer effectivement par le concerné.

– Soit un salaire mensuel net imposable de FC 33 600 000,00 payé au mois de janvier
2020 à un employé ayant pour personnes à charge : son épouse ; sa fille de 17 ans ; son
fils de 14 ans ; ses deux beaux-parents vivant sur le même toit ; ses deux copines ainsi
que sa sentinelle. Quel sera l’impôt à payer effectivement par le concerné.

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Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

5.4.3. Impôt professionnel sur les profits (IPP) des prestations libérales,
offices, charges et autres occupations lucratives

5.4.3.1. Notion et matières imposables


[292]- Par
« professions libérales », on entend les professions exercées librement par les
membres des ordres (organismes professionnels) bénéficiant du monopôle pour l’exercice
desdites professions dans le territoire national et dont l’adhésion est obligatoire au tableau de
l’ordre.

[293]- Il
convient de précisé qu’un ordre professionnel est un organisme regroupant, sur un terri-
toire donné, l’ensemble des membres exerçant une même profession, susceptible d’être géné-
ralement exercée de manière libérale. Les ordres professionnels permettent à certaines profes-
sions libérales de s’auto-administrer sous le contrôle étatique ou de la puissance publique.
Gérés par des conseils nationaux, régionaux, provinciaux, départementaux ou locaux compo-
sés d’élus de la profession, les ordres professionnels ont une triple mission : participer à
l’élaboration des codes de déontologie de leurs professions respectives ; contrôler l’accès à
ces professions en décidant, suivant certains critères, de l’inscription au tableau de leurs
membres ; et enfin, disposer d’un pouvoir disciplinaire. Les ordres professionnels assurent
donc une forme de régulation des professions en question. Dès lors, à la différence d’un syn-
dicat ou une association professionnelle, l’appartenance à l’ordre professionnel n’est pas une
faculté mais une obligation pour le professionnel, l’inscription au sein de l’ordre étant une
condition nécessaire à l’exercice de la profession.

[294]- Lesordres professionnels bénéficient du monopole pour l’exercice de la profession dans


le territoire de la République et l’adhésion est obligatoire au tableau de l’ordre, mais les
membres exercent librement leur profession ; d’où l’appellation de professions libérales.

[295]- Cela
dit, une profession libérale est celle où l’activité intellectuelle joue le rôle principal,
qui consiste dans la pratique personnelle d’une science ou d’un art, et dans laquelle il y a ab-
sence d’un lien de subordination à un superviseur hiérarchique. C’est le cas des professions
d’Avocat, de Médecin, de vétérinaire, d’Architecte, d’Ingénieur-conseil, d’Ecrivain, d’Artiste,
etc.

[296]- Auxtermes de l’article 27 points 3 et 4 de l’ordonnance-loi n° 69-009 précitée, l’impôt


professionnel atteint les profits, quelle que soit leur dénomination, des professions libérales,
charges ou offices, ainsi que les profits, quelle qu’en soit la nature, des occupations lucratives.
Les profits ici visés « sont constitués par la différence entre les recettes totales et les dépenses
inhérentes à l’exercice de la profession qui ont été effectivement payées, y inclus les paie-
ments à des tiers, des sommes perçues pour leur compte. Les recettes comprennent toutes les
sommes encaissées à quelque titre et sous quelque forme que ce soit, et notamment les provi-
sions, honoraires, remboursements de frais, sommes perçues pour compte de tiers, etc. ».

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5.4.3.2. Taux de l’impôt


[297]- Le
taux de l’impôt professionnel sur les rémunérations des prestations libérales, charges
ou offices et occupations lucratives, est de 30%.

[298]- Au
reste, des déductions fiscales – en termes de charges professionnelles – sont possibles
en marge de cette imposition, et leur régime est identique à celui de l’IPR.

5.4.3.3. Exemptions
[299]- Ce sont celles applicables à l’impôt sur le bénéfice.

5.4.3.4. Etude de cas


– Illustration 1 :

[300]- Casus: Au courant de l’année 2021, le Cabinet d’Avocats EriKab et Associés, installé à
Kinshasa, a rendu des prestations devant les cours et tribunaux en faveur de plusieurs clients,
dont le relevé annuel est le suivant :

N° Client Période de prestation Montant facturé


(2021) (USD)
01 King Kong SARL Février 1 520,00
02 Louisson Affaires SA Mars 3 200,00
03 Nkuba Mining SARL Mai 930,00
04 Marco Bank SA Juillet 4 800,00
05 Kin Assurances SA Septembre 28 700,00
06 Litha Music SCS Novembre 620,00
Total - - 39 770,00

Que paierait EricKab et Associés au titre de l’impôt professionnel sur les profits des presta-
tions libérales, tout en notant que les charges annuelles s’élèvent à USD 4 750 ?

[301]- Solution
: IPP = [(39 770 – 4 750) x 30]/100 = (35 020 x 30)/100 = 1 050 600/100 =
10 506 USD (impôt total).

[302]- Explication
: Le taux de l’impôt professionnel sur les profits des prestations libérales est
de 30% annuel. Pour le calculer, il est nécessaire de déduire du résultat annuel brut le montant
de toutes les charges déductibles (dans le cas d’espèce USD 4 750). C’est seulement après
avoir obtenu le résultat fiscal (dans ce cas USD 35 020) que l’on peut calculer le montant
d’impôt, dont le taux annuel est de 30%.

– Illustration 2/Exercice pour le lecteur :

[303]- LeCabinet d’études architecturales KWIM SARL installé à Goma, a rendu des presta-
tions à des clients situés dans la province du Nord-Kivu, dont le relevé annuel est le suivant :

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N° Client Période de presta- Montant facturé


tion (2021) (USD)
01 Lebu Construction SARL Mars 14 650,00
02 Josias AKANI Avril 900,00
03 Kiko Mining Sarl Mai 6 250,00
04 Pasteur Ndoto Septembre 200,00
05 Goma General Business SCS Octobre 8 100,00

Que paierait KWIM SARL au titre de l’impôt professionnel sur les profits des prestations
libérales, tout en notant que les charges annuelles s’élèvent à USD 2 100 ?

5.4.4. Impôt professionnel sur les rémunérations des prestations de services


des personnes étrangères

5.4.4.1. Fait générateur


[304]- Envue d’éviter l’érosion des bases imposables des rémunérations octroyées aux per-
sonnes physiques ou morales non établies sur le territoire congolais, mais y générant des re-
venus, le législateur congolais a institué un impôt professionnel sur les rémunérations des
prestations de services de toute nature fournies par des personnes étrangères.

[305]- Le
fait générateur de cet impôt est constitué par l’exécution de services ou de tranches de
services par les personnes physiques ou morales non résidentes sur le territoire de la RDC.
Son exigibilité intervient au moment du paiement du prix, des acomptes ou avances.

5.4.4.2. Taux de l’impôt


[306]- Le
taux de cet impôt est actuellement fixé à 14 %. Il est collecté à la source par le rede-
vable légal et est calculé sur le montant total des factures émises.

5.4.4.3. Etude de cas


– Illustration 1 :

[307]- Casus: Au courant du mois de juillet 2021, la Société General Council Affairs SA de
droit suisse, dont le siège est situé à Neuchâtel, a rendu des prestations (conseils en affaires) à
des clients situés en République Démocratique du Congo, dont la situation mensuelle est la
suivante :

N° Client Montant facturé


(USD)
01 King Kong SARL 320,00
02 Louisson Affaires SA 945,00
03 Nkuba Mining SARL 8 000,00
04 Marco Bank SA 4 800,00
Total 14 065,00

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Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

Que paierait la Société General Council Affairs SA au titre de l’impôt professionnel sur les
prestations de services des personnes étrangères ?

[308]- Solution :

– King Kong Sarl : (320 x 14)/100 = 4 480/100 = USD 44,8


– Louisson Affaires SA : (945 x 14)/100 = 13 230/100 = USD 132,3
– Nkuba Mining SARL : (8 000 x 14)/100 = 112 000/100 = USD 1 120
– Marco Bank SA : (4 800 x 14)/100 = 67 200/100 = USD 672
– Total : 44,8 + 132,3 + 1 120 + 672 = USD 1 969,1
[309]- Explication
: Il conviendrait de calculer 14% (taux d’impôt) sur chaque montant facturé.
Cet impôt ne nécessite pas de faire la sommation de toutes les prestations, car ce n’est pas le
prestataire qui en est redevable, mais plutôt chacun de ses clients qui doit, individuellement,
opérer une retenue à la source de 14% du montant facturé et effectivement payé.

– Illustration 2/Exercice pour le lecteur :

[310]- Aucourant du mois de novembre 2021, le Cabinet de consulting Future Construction


SARL installé à Marseille, en France, a rendu des prestations à des clients situés à Kinshasa,
dont la situation mensuelle est la suivante :

N° Client Montant facturé


(USD)
01 King Kong SARL 12 152,00
02 Louisson Affaires SA 80,00
03 Nkuba Mining SARL 945,00
04 Marco Bank SA 6 900,00
05 Jango Cirage SCS 320,00
06 Kin Bank SA 6 450,00
07 Pie Junior CARL 120,00
Total 26 967,00

Que paierait le Cabinet de consulting Future Construction SARL au titre de l’impôt profes-
sionnel sur les prestations de services des personnes étrangères ?

5.4.5. Impôt professionnel sur les rémunérations des expatriés

5.4.5.1. Matière imposable et redevable de l’impôt


[311]- Par
Ordonnance-loi n° 69-007 du 10 février 1969, le législateur fiscal congolais a institué
un impôt exceptionnel sur les rémunérations du personnel expatrié (IERE), dans le but de fa-
voriser l’embauchage de la main-d’œuvre nationale en décourageant le recrutement des étran-
gers. C’est la raison pour laquelle cet impôt ne peut être mis à la charge du bénéficiaire des
rémunérations mais doit être supporté par l’employeur lui-même, personne physique ou mo-
rale.

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Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

[312]- A
la lecture des articles 2, 4 et 5 de l’Ordonnance-loi n°69-007 prérappelée, cet impôt est
assis sur le montant brut des rémunérations payées par l’employeur à son personnel expatrié.
Les employeurs en sont à la fois contribuables et redevables. L’impôt ne peut être mis à la
charge du bénéficiaire des rémunérations.

[313]- Il
convient de préciser que la base minimum d’imposition des rémunérations du person-
nel expatrié ne s’applique pas aux revenus des personnes physiques ressortissants des pays
limitrophes de la RD Congo, étant donné que ces dernières sont assimilées aux nationaux,
sous réserve de réciprocité.

5.4.5.2. Taux et modalités de perception de l’impôt


[314]- Le
taux de cet impôt est de 25%. Il est établi sur le montant brut des rémunérations et
acquitté mensuellement dans les mêmes conditions et délais que l’impôt professionnel sur les
rémunérations.

5.4.5.3. Exemptions et exonérations


[315]- Selon la volonté du législateur, sont exemptés de l’IERE :

– L’Etat et ses entités déconcentrées ou décentralisées ;


– Les ASBL et les établissements d’utilité publique ;
– Les confessions religieuses ;
– Les organismes internationaux ; et
– Les missions diplomatiques et consulaires, sous réserve de réciprocité.

[316]- Quant aux exonérations, elles concernent :

– Les indemnités ou allocations familiales réellement accordées aux employés et salariés


dans la mesure où elles ne dépassent pas les taux légaux ;
– Les pensions, rentes et indemnités accordées en vertu des lois qui régissent les pensions
de vieillesse, l’octroi de secours en cas d’invalidité prématurée ou de décès ; les pensions
aux invalides, aux veuves, orphelins et ascendants de combattants, aux victimes
d’accidents du travail ou de maladies professionnelles et aux estropiés congénitaux ; les
pensions alimentaires ;
– Les indemnités et avantages en nature concernant le logement, le transport et les frais
médicaux pour autant que :
 L’indemnité de logement ne dépasse pas 30% du traitement brut ;
 L’indemnité journalière de transport soit égale au coût du billet pratiqué localement
avec un maximum de quatre courses de taxi pour les cadres et quatre courses de bus

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pour les autres membres du personnel. Dans tous les cas, la réalité et la nécessité du
transport alloué à l’employé doivent être démontrées ;
 Les frais médicaux ne revêtent pas un caractère exagéré.

5.4.5.4. Etude de cas


– Illustration 1 :

[317]- Casus: La banque Kamoto S.A dont le siège social est situé à Bukavu, emploie trois ex-
patriés, experts bancaires dont leurs nationalités et salaires bruts du mois de janvier 2020 sont
repris comme ci-après :

N° Prénom et Nom Nationalité Salaire brut en CDF


01 Martin VANCOUVER Australien 1 321 004,00
02 Wilfried MARCH Canadien 1 290 286,00
03 NTARE MWINE Ougandais 2 346 927,00
Total xxxxxxxxxxxxxxxxx xxxxxxxx 4 958 217,00

Qu’est-ce que la banque Kamoto S.A doit payer au titre de l’IERE ?

[318]- Solution
: Outre les retenues à la source de l’impôt professionnel sur les rémunérations,
la banque Kamoto S.A est obligée de déclarer et de payer l’IERE comme suit :

N° Prénom et Nom Nationalité Salaire brut en CDF IERE en CDF


01 Martin VANCOUVER Australien 1 321 004,00 330 251,00
02 Wilfried MARCH Canadien 1 290 286,00 322 571,50
03 NTARE MWINE Ougandais 2 346 927,00 0,00
Total xxxxxxxxxxxxxxxxx xxxxxxxx 4 958 217,00 652 822,50

[319]- Explication
: Le taux applicable à l’IERE est de 25% sur le montant brut du salaire et le
montant total à verser pour le compte de ces deux expatriés est de CDF 652 822,50 ; cela est
une obligation patronale du fait que la banque Kamoto S.A emploie des étrangers et certains
ne sont pas des ressortissants de la République Démocratique du Congo ou ses pays limi-
trophes. Néanmoins, elle n’a pas à supporter l’IERE d’un étranger, en l’occurrence celui de
NTARE MWINE, du fait que ce dernier est ressortissant de l’Ouganda, un pays frontalier à la
République Démocratique du Congo.

– Illustration 2/Exercice pour le lecteur :

[320]- La
société TSHIZ MINING Sarl dont le siège social est situé à Lubumbashi, emploie
quatre expatriés, experts géologues dont leurs nationalités et salaires bruts du mois de février
2021 sont repris comme ci-après :

N° Prénom et Nom Nationalité Salaire brut en CDF


01 Teddy OBRIST Suisse 1 450 000,00
02 Louis PIERRE Français 1 320 000,00
03 Joao CAMPIRA Angolais 1 100 000,00
04 Freud MODIBA Sud-Africain 1 250 000,00

Que devrait payer la société TSHIZ Mining Sarl au titre de l’IERE ?

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Chapitre 6 : Impôt sur les sociétés et traitement fiscal du


résultat des entreprises
L’impôt sur les sociétés est un impôt direct qui s’applique à l’ensemble des bénéfices réalisés
par les sociétés et autres personnes morales. Il porte sur une période d’un (1) an correspondant
à l’année budgétaire, exception faite aux entreprises créées en cours d’exercice qui bénéficient
de la possibilité d’arrêter et de déposer leur premier bilan à la fin de l’exercice budgétaire
suivant. En France, cet impôt porte effectivement la terminologie « impôt sur les sociétés »,
en Belgique il se dénomme « impôt des sociétés », en Suisse et en RDC c’est le terme « impôt
sur le bénéfice » qui est usité.

Les détails développés sous ce titre concernent l’impôt sur les bénéfices en RDC. Il s’agit
progressivement des matière imposable, redevables et taux de l’impôt (section 6.1), du méca-
nisme de détermination du résultat comptable de l’entreprise (section 6.2), du mécanisme de
détermination du résultat fiscal de l’entreprise (section 6.3), et des autres règles particulières
applicables en matière d’imposition du bénéfice des entreprises (section 6.4).

6.1. Matière imposable, redevables et taux de l’impôt sur les bé-


néfices
[321]- D’emblée,il convient de faire remarquer que le législateur fiscal congolais n’a pas défini
la notion de « bénéfice ». C’est plutôt le législateur Ohada qui précise que « le bénéfice distri-
buable est le résultat de l’exercice, augmenté du report bénéficiaire et diminué des pertes
antérieures ainsi que des sommes portées en réserve en application de la loi ou des statuts ».

[322]- Endroit congolais, l’imposition du bénéfice des entreprises fait partie des impôts cédu-
laires sur le revenu, régis par l’Ordonnance-loi n° 69-009 du 10 février 1969 (telle que modi-
fiée et complétée à ce jour), et spécifiquement l’impôt sur les revenus professionnels qui at-
teint les revenus provenant d’activités professionnelles exercées sur le territoire congolais.

[323]- Aux termes de l’article 30 de l’Ordonnance-loi n° 69-009 prérappelée, la matière impo-


sable de l’impôt sur le bénéfice est constituée de tous les bénéfices réalisés par une entreprise
[industrielle, commerciale, artisanale, agricole ou immobilière], provenant de toutes les opéra-
tions traitées par ses établissements sur le territoire congolais ainsi que tous accroissements
des avoirs investis en vue des susdites activités, notamment les accroissements résultant de
plus-values ou de moins-values soit réalisées, soit exprimées dans les comptes ou inventaires
du redevable, peu importent l’origine et la nature. Il ressort de cette disposition que le recours
aux documents comptables est indispensable pour calculer le bénéfice imposable d’une entre-
prise. C’est donc sur base du résultat comptable indiqué par l’entreprise que le fisc peut dé-
terminer le résultat fiscal.

[324]- Ala lumière de l’article 77 de l’Ordonnance-loi n° 69/009 précitée ainsi que des articles
12 à 16 de la loi n° 004/2003 du 13 mars 2003 portant réformes des procédures fiscales, le
législateur congolais réaffirme ce principe de subordination du résultat fiscal au résultat
86
Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

comptable. En effet, ces dispositions prévoient que les redevables de l’impôt sur les bénéfices
sont les sociétés de droit ou de fait qui réalisent des bénéfices (même en cas de perte sur un
exercice donné) et qui sont soumises au régime d’imposition de droit commun, c’est-à-dire
celui qui exige la déclaration fiscale des bénéfices, appuyée par les documents comptable, à
savoir le Bilan, le tableau de formation du résultat et du tableau économique, fiscal et finan-
cier complet, conformes aux modèles diffusés par le Conseil Permanent de la Comptabilité au
Congo (CPCC). Par dérogation à ce régime de droit commun, les entreprises de petite taille –
à savoir les « petites entreprises » et les « micro-entreprises » – sont également redevables de
l’impôt sur les bénéfices, conformément aux dispositions pertinentes de l’ordonnance-loi n°
13/006 du 23 février 2013 portant régime fiscal applicable aux entreprises de petite taille en
matière d’impôt sur les bénéfices et profits.

[325]- En
ce qui concerne le taux de l’impôt sur les bénéfices, il est fixé à 30% du revenu net
des sociétés soumises au régime de droit commun. Ce taux est proche du taux moyen
d’imposition sur les sociétés en Afrique, soit 27,5 % en 2020.

6.2. Détermination du résultat comptable de l’entreprise


6.2.1. Dispositions juridiques applicables et considérations générales
6.2.1.1. Remarques préliminaires

[326]- D’emblée, il convient de rappeler qu’à ce jour, l’arsenal normatif de l’Ohada dispose de
10 actes uniformes, en l’occurrence : (i) le droit commercial général ; (ii) le droit des sociétés
commerciales et du groupement d’intérêt économique ; (iii) le droit des sociétés coopératives ;
(iv) le droit des sûretés ; (v) le droit des procédures simplifiées de recouvrement et les voies
d’exécution ; (vi) le droit des procédures collectives d’apurement du passif ; (vii) le droit
comptable, qui nous intéresse particulièrement sous ce titre ; (viii) le droit du transport des
marchandises par route ; (ix) le droit de l’arbitrage ; et (x) le droit de la médiation.

[327]- Comme on peut le constater, le droit fiscal ne fait pas l’objet d’une harmonisation par
l’Ohada. Néanmoins, plusieurs règles juridiques des domaines déjà harmonisés ont un impact
direct ou indirect sur le droit fiscal, en particulier la fiscalité des entreprises. C’est le cas de
l’AUSCGIE et de l’AUDCG qui fixent globalement les conditions d’établissement,
d’organisation et de fonctionnement (exercice de l’activité) des entreprises commerciales no-
tamment, dont les opérations et résultats sont déterminants dans le choix des règles ou prin-
cipes d’assujettissement applicables. Il en est de même de l’Acte uniforme relatif au droit
comptable et à l’information financière (AUDCIF), dont les règles relatives notamment à
l’établissement des états financiers ont un impact sur l’imposition du bénéfice des entreprises.
Cette interaction a notamment pour conséquence la consécration du principe de déterminance
des comptes, c’est-à-dire la subordination du résultat fiscal au résultat comptable.

[328]- L’adhésion
de la RDC au Traité de l’OHADA en 2012 a eu pour conséquence d’en re-
prendre les acquis notamment dans le domaine comptable, en migrant du Plan Comptable
Général Congolais vers le système comptable Ohada (SYSCOHADA). Avec ce choix, le pays

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Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

a également opté pour le principe de déterminance des comptes dans le processus


d’établissement du bénéfice imposable de toute entreprise.

[329]- Ainsi,
certes le traitement fiscal du résultat des entreprises s’effectue conformément aux
règles d’imposition édictées par le législateur congolais, dans la mesure où la fiscalité n’est
pas un domaine harmonisé au sein de l’espace Ohada ; néanmoins, les règles qui permettent
de déterminer en amont le résultat comptable, incubateur dudit résultat imposable, relèvent
quant à elles du droit Ohada. Dans ce cas, on a affaire non seulement à une interaction entre
des règles relevant des disciplines différentes (fiscalité et comptabilité), mais également de
deux systèmes juridiques relevant de différents législateurs, dont l’un (législateur comptable)
est supranational et l’autre (législateur fiscal) national.

6.2.1.2. Uniformisation des normes comptables Ohada : AUOHCE versus AUDCIF

[330]- En
date du 22 février 2000, le Conseil des Ministres de l’Ohada avait adopté à Yaoundé,
au Cameroun, l’Acte uniforme portant organisation et harmonisation des comptabilités des
entreprises (AUOHCE), contenant 113 articles et entré en vigueur le 1er janvier 2001 pour les
comptes personnels et le 1er janvier 2002 pour les comptes de groupe. Nonobstant l’existence
de cette réglementation harmonisée de la comptabilité au sein de l’espace géographique Oha-
da (SYSCOHADA), un autre référentiel était concomitamment utilisé par certains pays ouest-
africains, en l’occurrence le système comptable ouest africain (SYSCOA) institué par le rè-
glement 04/96/CM/UEMOA du 20 décembre 1996.

[331]- Cettecoexistence de deux référentiels comptables particulièrement dans les Etats


membres à la fois de l’UEMOA et de l’Ohada, ne pouvait poser problème que si des diffé-
rences et divergences étaient constatées entre les deux systèmes ; ce qui était bien le cas, à
l’issue de la comparaison entre les deux référentiels. Pour ce faire, le Conseil des Ministres de
l’UEMOA avait décidé, à la suite du règlement 07/2001/CM/UEMOA du 20 septembre 2001,
d’une mise à jour du SYSCOA, rendue nécessaire par l’entrée en vigueur du SYSCOHADA,
afin d’assurer une parfaite compatibilité entre les deux référentiels. Depuis lors, un seul réfé-
rentiel comptable (le SYSCOHADA), commun à l’ensemble des pays membres de l’OHADA,
s’applique dans cet espace, même si certains (en Afrique de l’Ouest) lui préfèrent
l’appellation de SYSCOA, qui fait substantiellement référence à la même réglementation.

[332]- Au
fil des années, le SYSCOHADA de 2000 s’est avéré obsolète, au regard des évolu-
tions de la normalisation comptable internationale et des besoins financiers grandissants des
économies des pays membres de l’Ohada. Voilà pourquoi, une dizaine d’années après son
adoption, le besoin de révision s’était fait sentir, en vue de renforcer davantage
l’harmonisation au sein de l’espace Ohada. Ainsi, en date du 26 janvier 2017, un nouveau
texte a été adopté à Brazzaville, en République du Congo, portant la dénomination d’Acte
uniforme relatif au droit comptable et à l’information financière (AUDCIF), permettant la
production d’états financiers selon les normes IFRS. Ce nouveau texte doté effectivement de
120 articles – car trois anciens articles ont été abrogés et dix nouveaux ajoutés – est entré en
vigueur le 1er janvier 2018 pour les comptes personnels et le 1er janvier 2019 pour les comptes
de groupe (article 113). Il établit les normes comptables, le plan des comptes, les règles de
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Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

tenue des comptes, de présentation des états financiers et de l’information financière. Il vise
les comptes personnels des entités (personnes physiques et morales) ainsi que les comptes
consolidés et les comptes combinés. Il contient également des dispositions pénales.

[333]- Dupoint de vue de la différence entre les deux référentiels comptables Ohada de 2000 et
de 2017, il convient de relever, de manière non exhaustive, que, déjà au niveau de la dénomi-
nation, il ressort clairement que les deux textes sont différents : le texte de 2000 était intitulé
« Acte uniforme portant organisation et harmonisation des comptabilités des entreprises »,
tandis que celui de 2017 est dénommé « Acte uniforme relatif au droit comptable et à
l’information financière ». On peut admettre que cette dénomination plus moderne est due à la
mutation de la comptabilité vers une information financière plus exhaustive et à l’obligation
d’établir des comptes selon les normes IFRS pour les entités cotées et celles faisant appel pu-
blic à l’épargne. Aussi, l’ancien Acte uniforme utilisait le terme « entreprise » pour
l’application de ses dispositions, alors que le nouvel Acte uniforme utilise le vocable « enti-
té ». Cette mutation terminologique n’est pas fortuite, dans la mesure où le concept « entité »
fait référence à un champ d’application plus large, ce qui peut viser certaines structures qui ne
sont pas forcément des entreprises. Avec le développement du private equity en Afrique,
l’investissement via les fonds communs de placement avec ses multitudes de structures, cela a
certainement eu un impact dans ce changement de terminologie.

[334]- Aureste, en dehors de cinq institutions que comporte l’Ohada, ce dernier dispose égale-
ment d’un organe régulateur en matière de comptabilité, en l’occurrence la Commission de
Normalisation Comptable (CNC-OHADA). Instituée par le Règlement N°
002/2009/CM/OHADA du 22 mai 2009, la CNC-OHADA est un organe technique destiné à
appuyer le Secrétariat permanent en matière comptable, en apportant son assistance dans
l’élaboration, l’interprétation, l’harmonisation et l’actualisation des normes comptables dans
les Etats Parties. Aussi, elle coordonne et synthétise les recherches théoriques et méthodolo-
giques relatives à la normalisation et à l’application des règles comptables.

6.2.1.3. Champs d’application et fondement de l’AUDCIF

[335]- A
la lumière de l’article 5 alinéa 2 de l’Acte uniforme relatif au droit comptable et à
l’information financière, le SYSCOHADA a pour objet la collecte, la tenue, le contrôle, la
présentation et la communication par les entités, d’informations financières établies dans les
mêmes conditions de fiabilité, de compréhension et de comparabilité. En ce qui concerne le
champ d’application de ce nouveau référentiel comptable Ohada, il est délimité en ces
termes :

« Sont astreintes à la mise en place d’une comptabilité, dite comptabilité financière,


les entités soumises aux dispositions de l’Acte uniforme portant sur le droit commer-
cial général, de l’Acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du grou-
pement d’intérêt économique et de l’Acte uniforme relatif au droit des sociétés coopé-
ratives, les entités publiques, parapubliques, d’économie mixte et, plus généralement,
les entités produisant des biens et des services marchands ou non marchands, dans la
mesure où elles exercent, dans un but lucratif ou non, des activités économiques à titre
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Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

principal ou accessoire qui se fondent sur des actes répétitifs, à l’exception de celles
soumises aux règles de la comptabilité publique » (Article 2 de l’AUDCIF précité).

[336]- Il
ressort de cette disposition que toutes les entités – publiques ou privées – évoluant dans
l’univers économique à titre principal ou accessoire et qui se fondent sur des actes répétitifs,
sont tenues de souscrire ou mettre en place une « comptabilité financière ». Font exception à
ce principe, les établissements de crédit, les établissements de microfinance, les acteurs du
marché financier, les sociétés d’assurance et de réassurance, les organismes de sécurité et pré-
voyance sociales et les entités à but non lucratif. Ces entités utilisent des guides sectoriels
spécifiques à leurs activités. C’est le cas dans le secteur assurantiel congolais, où le code des
assurances prévoit que les principes, règles et cadre comptable applicables au secteur des as-
surances sont fixés par décret du Premier ministre. Et donc, les sociétés d’assurance et de ré-
assurance œuvrant sur le territoire congolais, ne tiennent pas de comptabilité conforme au
SYSCOHADA.

[337]- Sontégalement exemptées de l’obligation de tenue d’une comptabilité financière con-


forme au SYSCOHADA, des entités soumises aux règles de la comptabilité publique. C’est
bien le cas, en droit congolais, avec l’existence du Règlement Général sur la Comptabilité
Publique (RGCP), qui fixe les règles fondamentales régissant les opérations budgétaires, les
opérations de trésorerie et de patrimoine, la comptabilité et les opérations financières de l’Etat
(c’est-à-dire le pouvoir central, les provinces et les ETD) ainsi que les acteurs de l’exécution
du budget. Ce RGCP rime avec le Plan comptable de l’Etat, qui détermine l’objet de la comp-
tabilité de l’Etat (c’est-à-dire le pouvoir central, les provinces, les ETD et les organismes
auxiliaires), les normes, les règles et les procédures relatives à la tenue des comptes et à la
production des états financiers de l’Etat.

[338]- Latenue d’une comptabilité financière, par toutes les entités assujetties au SYSCOHA-
DA, est bénéfique aussi bien pour l’information externe que pour l’usage interne. En effet,
ladite comptabilité permet de classer, saisir, enregistrer les événements qui sont constatés et
toutes opérations, entraînant des mouvements de valeur, qui sont traitées avec des tiers ou qui
sont constatées ou effectuées dans le cadre de sa gestion interne. Elle permet également de
fournir, après traitement approprié de ces opérations, les redditions de comptes auxquelles
l’entité est assujettie légalement ou de par ses statuts, ainsi que les informations nécessaires
aux besoins des divers utilisateurs. A ce propos, il y a lieu d’indiquer que, parmi les utilisa-
teurs des informations financières des entités, se trouvent logiquement les administrations
fiscales, qui sont des instances externes. Comme relevé plus loin dans le cadre de cet ouvrage,
l’imposition du résultat des entreprises peut – et c’est bien évidemment le cas en droit congo-
lais – se baser sur les informations comptables enregistrées par l’entreprise. Voilà pourquoi,
tous les états financiers de l’entreprise (notamment le Bilan et le Compte de résultat) doivent
être bien tenus, conformément aux principes comptables modernes. A cet effet, l’Acte uni-
forme en vigueur dispose que « la comptabilité doit satisfaire, dans le respect de la conven-
tion de prudence, aux obligations de régularité, de sincérité et de transparence inhérentes à
la tenue, au contrôle, à la présentation et à la communication des informations qu'elle a trai-

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Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

tées ». La section ci-après planche sur l’étendue et la portée des états financiers en droit Oha-
da.

6.2.2. Etablissement des états financiers annuels : focus sur quelques do-
cuments comptables nécessaires à la détermination du résultat
comptable
6.2.2.1. Remarques préliminaires

[339]- D’emblée, il convient de préciser que les états financiers sont une représentation finan-
cière structurée des évènements affectant une entreprise (ou une entité) et des transac-
tions réalisées par celle-ci. Leur objectif est de fournir des informations sur la situation finan-
cière, la performance, et les flux de trésorerie d’une entreprise, ces informations étant utiles à
une gamme variée d’utilisateurs lors de leur prise de décisions économiques. Last but not
least, les états financiers permettent de comparer in tempore la performance d’une entreprise
par rapport à ses performances passées, mais aussi par rapport à d’autres entreprises.

[340]- Ala lumière de l’AUDCIF, toute comptabilité d’une entité soumise au SYSCOHADA
doit produire des états financiers « annuels », constitués du Bilan, du Compte de résultat de
l’exercice, du Tableau des flux de trésorerie ainsi que des Notes annexes. Ces états financiers
« forment un tout indissociable et décrivent de façon régulière et sincère les événements, opé-
rations et situations de l’exercice pour donner une image fidèle du patrimoine, de la situation
financière et du résultat de l’entité ». En guise de comparaison, à l’exception d’un seul docu-
ment, ces états financiers du SYSCOHADA sont ceux également repris par le référentiel
comptable international (IFRS) qui comprend : le Bilan ou état de situation financière ;
le Compte de résultat ou état du résultat global ; l’état des variations de capitaux propres ;
le tableau de flux de trésorerie ; et les annexes à ces états financiers.

[341]- Dans la présente section, sans plonger dans les susceptibilités de la comptabilité Ohada
dont les instruments obéissent à des règles strictes, parfois complexes pour le fiscaliste, il se-
rait opportun de présenter uniquement les deux documents comptables les plus utiles pour le
fiscaliste et le gestionnaire d’entreprise, en l’occurrence le Bilan et le Compte de résultat. En
effet, à chaque fin d’exercice comptable, lorsque les entreprises font appel à un expert-
comptable pour réaliser la comptabilité de l’entreprise, celui-ci réalise les comptes annuels qui
comprennent souvent un Bilan et un Compte de résultat. Grace notamment à ces deux docu-
ments, les comptes annuels permettent par ailleurs de calculer l’impôt que la société ou
l’entrepreneur devra verser au trésor public.

6.2.2.2. Bilan comptable

[342]- Le
Bilan (« balance sheet ») est une représentation chiffrée des ressources et des emplois
dont dispose notamment une entreprise ou une entité en général. Il décrit le patrimoine de
l’entreprise avec ses biens et ses dettes, ses éléments d’actif et de passif. Il donne ainsi une
idée de la situation financière de l’entreprise, de son crédit et de ses moyens d’action. Somme

91
Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

toute, le Bilan est une photographie instantanée du patrimoine monnayable (avoirs et dettes)
de l’entité.

[343]- Dupoint de vue de la forme, tirant son origine du latin « Bilanciare » qui signifie peser,
le Bilan est une liste globale, complète et ordonnée des biens (actifs) et des obligations (pas-
sifs) d’une entité, permettant d’établir une balance entre les actifs et les passifs de ladite entité
à une date déterminée. En pratique, le Bilan se présente généralement sous la forme d’un ta-
bleau à deux colonnes représentant les ressources de l’entité (origines de fonds) et les utilisa-
tions qui en ont été faites : d’une part, le côté droit du tableau – qualifié de passif – indique en
les classant la valeur comptable de l’ensemble des ressources qui sont mises à la disposition
de l’entité à la date d’établissement du Bilan ; et d’autre part, le côté gauche du tableau – qua-
lifié d’actif – mentionne en les structurant la valeur comptable à la date d’établissement du
Bilan, de l’ensemble des utilisations ou emplois de fonds qui ont été effectués. Aussi est-il
que le fait de porter le passif à droite et l’actif à gauche est une pure convention. Naturelle-
ment, l’actif et le passif sont du même montant car ils traduisent l’équilibre des emplois et des
ressources.

[344]- Au-delàde cette littérature d’ordre général, pour sa part l’AUDCIF de l’Ohada précise
que le Bilan d’une entité doit décrire séparément les éléments d’actif et les éléments de passif
constituant le patrimoine de l’entité, et fait apparaître de façon distincte les capitaux propres.
Dans la rubrique de l’actif, se rangent l’actif immobilisé, l’actif circulant, la trésorerie-actif et
l’écart de conversion-actif ; tandis que la rubrique du passif couvre les ressources stables, le
passif circulant, la trésorerie-passif et l’écart de conversion-passif. Aussi est-il que le Bilan
d’ouverture d’un exercice doit correspondre au Bilan de clôture de l’exercice précédent. Toute
compensation – non juridiquement fondée – entre poste d’actifs et poste de passifs dans le
Bilan est interdite.

Figure 3: Structure simplifiée du bilan d’une entreprise

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6.2.2.3. Compte de résultat

[345]- LeCompte de résultat ou « compte d’exploitation » ou encore « compte de profits et


pertes » (« profit and loss account » ou « income statement ») est un document comptable
synthétisant l’ensemble des charges et des produits d’une entité ayant une activité marchande,
pour une période donnée, appelée exercice comptable. Autrement dit, le Compte de résultat
mesure le succès ou la performance de l’activité économique de l’entité durant un exercice
comptable, en traduisant – en langage codé (langage comptable) et de manière synthétique –
l’évolution des activités de ladite entité, indépendamment de leur date d’encaissement ou de
paiement : d’une part, les éléments qui influencent négativement la valeur de l’entité (les
charges) et, d’autre part, les éléments qui influencent positivement la valeur de l’entité (les
produits).

[346]- Ainsi,
le résultat de l’entité se calcule en faisant la différence entre les produits et les
charges. Lorsque l’entité gagne plus d’argent qu’elle n’en dépense, elle fait un bénéfice ; lors-
qu’elle dépense plus qu’elle n’en gagne elle fait une perte.

[347]- Ala lumière de l’AUDCIF de l’Ohada, le Compte de résultat de l’exercice comptable


d’une entité doit faire apparaître – sous forme d’un récapitulatif en liste et en deux colonnes –
les produits et les charges, distingués selon qu’ils concernent les opérations d’exploitation et
les opérations financières attachées aux activités ordinaires ainsi que les opérations hors acti-
vités ordinaires. Ce classement des produits et des charges en liste doit permettre d’établir des
soldes intermédiaires de gestion en cascade dans les conditions définies par le SYSCOHADA.
Il est prohibé de procéder à toute compensation, non juridiquement fondée, entre postes de
charges et postes de produits dans le Compte de résultat.

[348]- Toutcompte fait, à l’instar du Bilan, le Compte de résultat se présente sous la forme d’un
tableau à deux colonnes regroupant les charges et les produits. Néanmoins, à la différence du
Bilan, les charges occupent la colonne de gauche, tandis que les produits celle de droit. Aus-
si, à l’inverse du Bilan comptable, qui est une photo d’un moment T, le Compte de résultat
serait comparable à un film retraçant les produits et charges de l’entité. Il s’agit donc d’une
analyse dynamique des charges et produits nécessaires pour faire fonctionner l’entité. Le Bi-
lan constate les stocks tandis que le Compte de résultat considère les flux, et dans le Bilan le
passif est égal à l’actif tandis que dans le Compte de résultat la différence entre produits et
charges équivaut au bénéfice ou à la perte de l’entreprise.

93
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Figure 4: Exemple d’un compte de résultat d’une entreprise

6.3. Détermination du résultat fiscal de l’entreprise


[349]- Lerésultat de l’activité d’une entreprise est en principe soumis à l’impôt sur le revenu,
dans la catégorie des bénéfices industriels et commerciaux. En pratique, la détermination du
résultat fiscal obéit d’abord à un certain nombre de principes généraux, qui permettent de pas-
ser du résultat brut (comptable) de l’entreprise pour aboutir au bénéfice net qui sera ajouté aux
autres revenus du foyer fiscal de l’entrepreneur. En effet, la détermination du bénéfice impo-
sable découle d’une série de processus individuels qu’il est indispensable d’enregistrer par
écrit, car, de toute évidence, on ne peut pas constater de manière fiable le résultat d’une entre-
prise sans l’établissement de certains documents écrits. Pour ainsi déterminer le bénéfice im-
posable, le législateur fiscal doit décider si le droit fiscal peut procéder de manière autonome
ou s’il doit se référer au droit comptable. A cet effet, il existe plusieurs conceptions sur la dé-
termination du résultat fiscal de l’entreprise, qu’il convient de passer très rapidement en revue
(6.3.1), avant de clarifier la conception retenue par le législateur fiscal congolais (6.3.2).

6.3.1. Généralités sur les principes ou conceptions gouvernant la déter-


mination du résultat fiscal de l’entreprise
[350]- Globalement,il existe deux grandes conceptions qui gouvernent la détermination du ré-
sultat fiscal d’une entreprise, selon que, d’une part, le droit fiscal est subordonné au droit
comptable ou principe de déterminance des comptes (6.3.1.1) et, d’autre part, le droit fiscal
est autonome du droit comptable ou l’existence de « Two-book system » (6.3.1.2).

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6.3.1.1. Théorie de subordination du résultat fiscal au résultat comptable ou principe


de déterminance des comptes

[351]- Selonla théorie de subordination du résultat fiscal au résultat comptable ou principe de


déterminance des comptes (« Linkage principle » ou « One-book system »), le bénéfice impo-
sable est celui qui ressort des comptes commerciaux, essentiellement le Bilan et le Compte de
résultat commercial représentant le point de départ et la base de la détermination du résultat
comptable.

[352]- Quand bien même ils sont différents sous l’angle formel et qu’ils ne présentent pas
l’analyse financière selon le même point de vue, le compte de situation (Bilan) et le compte de
gestion (Compte de résultat) ciblent la même chose, en l’occurrence l’activité d’une entité sur
une période donnée : vérification de la solvabilité et de la situation financière de ladite entité.
Pour déterminer le résultat de l’exercice d’une manière pertinente, on fait la soustraction entre
le montant total des comptes de charges et celui des comptes de produits. On obtient alors soit
un bénéfice, soit une perte. C’est ce montant (précédé du signe moins dans le cas d’une perte,
car il vient en diminution des capitaux propres) que l’on reporte dans le Bilan, dans la ru-
brique « Capitaux propres » et poste « Résultat de l’exercice (bénéfice ou perte) ». Selon
l’expression de SERLOOTEN et DEBAT, il existe donc une « concordance entre la variation
des capitaux propres de l’entreprise révélée par le Bilan et le solde de l’activité de l’entreprise
(différence entre les produits et les charges) que démontre le compte exploitation ».

[353]- Il
ressort de ce qui précède que le résultat comptable provient de l’activité d’une entité,
c’est-à-dire à la fois la différence entre les produits et les charges et la variation des capitaux
propres entre le début et la fin d’un exercice comptable. Généralement, les deux chiffres sont
identiques et constituent également de base de calcul du résultat fiscal, qui s’obtient ensuite
par réintégrations et déductions extra-comptables. En effet, le résultat comptable et le résultat
fiscal diffèrent par le fait que certains éléments pris en compte dans le premier ne sont pas à
retenir pour l’administration fiscale. Dans plusieurs pays, le passage du résultat comptable au
résultat fiscal est assuré hors comptabilité au moyen des techniques de réintégrations et de
déductions fiscales (règles fiscales correctrices). Ainsi, le résultat fiscal est la base sur laquelle
l’impôt (impôt sur le bénéfice par exemple) est calculé. Le montant de l’impôt s’obtient ainsi
en multipliant le résultat fiscal par le taux d’imposition. Somme toute, le résultat fiscal d’une
entreprise correspond au bénéfice imposable.

[354]- Leprincipe de déterminance des comptes est appliqué dans plusieurs pays de tradition
civiliste, notamment la Suisse, la France, la Belgique, l’Italie, la Grèce, le Luxembourg, le
Portugal et l’Espagne. En France par exemple, ce principe s’applique avec quelques nuances
et est désigné comme étant la « théorie du Bilan », dans la mesure où le bénéfice imposable
est défini uniquement à partir de la comparaison des Bilans au début et à la fin de la période
d’imposition : la détermination du résultat fiscal dépend de la différence d’actif net entre
l’ouverture et la clôture de l’exercice. Néanmoins, la controverse existe encore dans le sys-
tème français sur lequel d’éléments comptables – entre le Bilan et le Compte de résultat –
devrait être pris en compte pour la détermination du résultat comptable.

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Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

[355]- Avantde découvrir les règles de détermination du résultat fiscal en droit congolais, nous
nous proposons d’évoquer abord et très rapidement la seconde conception de détermination
du résultat fiscal, en l’occurrence le « Two-book system ».

6.3.1.2. Théorie du parallélisme entre le résultat fiscal et le résultat comptable ou


l’existence de « Two-book system »

[356]- Selon la théorie du parallélisme entre le résultat fiscal et le résultat comptable, les
comptes fiscaux doivent être établis indépendamment des comptes commerciaux, générale-
ment consignés au Bilan et au Compte de résultat. En d’autres termes, le résultat imposable
n’est pas tiré du résultat comptable, mais apparait plutôt aux comptes fiscaux indépendants ou
parallèles. Il y a ainsi existence ou tenue de deux « livres » différents, dont l’un est le Bilan
fiscal et l’autre le Bilan commercial (Bilan et Compte de résultat). Dès lors, le droit fiscal
dispose d’une définition spécifique du bénéfice imposable et s’autonomise vis-à-vis du droit
commercial.

[357]- Il
n’est pas sans intérêt de faire remarquer que la théorie du parallélisme entre le résultat
fiscal et le résultat comptable n’est que l’une des matérialisations du principe d’autonomie du
droit fiscal par rapport aux autres disciplines juridiques, notamment le droit comptable. Cette
autonomie qui fait du droit fiscal un droit spécial, lui confère la possibilité de passer outre
certaines définitions formulées en droit commun, en les appréhendant de manière spécifique
ou typiquement fiscale. Dès ce fait, lorsque le législateur veut reprendre une notion de droit
commun et lui allouer un autre sens en matière fiscale, il est tenu de le dire explicitement.
C’est le cas des concepts comme « personnalité morale », « salaire », « établissement pu-
blic », « donation », « solidarité », « substitution », « bénéfice », qui peuvent avoir en fiscalité
un sens autre que celui retenu en droit commun.

[358]- Ainsi,dans les systèmes gouvernés par le Two-book system (qui sont en majorité des pays
anglo-saxons sauf quelques exceptions), le droit fiscal contient des règles sur le principe de
comptabilisation et d’évaluation différentes de celles prévalant en droit comptable. De ce fait,
la personne chargée d’établir le Bilan comptable, emploie d’autres définitions, prin-
cipes/règles, valeurs que ceux utilisés par la personne chargée d’établir le Bilan fiscal, et les
résultats de ces deux documents sont le plus souvent différents. Somme toute, le législateur
fiscal est tenu de mettre en place ses propres normes et principes d’imposition sans qu’il lui
soit possible de se référer à un quelconque dispositif mis en place par le législateur comptable.

6.3.2. Modèle congolais de détermination du résultat fiscal de l’entreprise


et application de quelques règles fiscales correctrices
[359]- Al’instar de plusieurs systèmes juridiques de tradition romano-germanique, le législateur
congolais a fait le choix du principe de déterminance des comptes pour la détermination du
résultat fiscal. En effet, l’AUDCIF de l’Ohada qui prévoit les modalités d’évaluation et de
détermination du résultat comptable, ne fixe pas les modalités de détermination du résultat
fiscal, avec pour conséquence qu’il convient de se référer plutôt au droit interne de chaque

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Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

pays membre. C’est ce qui ressort tacitement du commentaire en marge du compte 89 (« Im-
pôt sur le résultat ») du SYSCOHADA, qui reconnait que le montant de l’impôt sur le résultat
doit être calculé sur la base du résultat comptable retraité selon les règles fiscales. Or, comme
relevé précédemment, la fiscalité n’est pas un domaine harmonisé par le droit Ohada. Ainsi, la
fixation des règles relatives à la détermination du résultat fiscal à partir du résultat comptable,
incombe au législateur fiscal domestique.

[360]- Il
a été relevé, précédemment, que dans les systèmes qui appliquent le principe de déter-
minance des comptes, le résultat comptable constitue de base de calcul du résultat fiscal, qui
s’obtient ensuite par réintégrations et déductions extra-comptables. C’est bien le cas en droit
congolais où le législateur consacre une imposition sur l’intégralité des bénéfices nets (résul-
tat comptable) générés par les sociétés ou les établissements, tout en prévoyant un certain
nombre de règles correctrices en termes de réintégrations, immunités, exonérations et déduc-
tions dans le calcul de l’impôt :

– L’administration fiscale est tenue de réintégrer dans les bénéfices imposables, par
exemple, les libéralités et avantages quelconques revenant à quelque titre et sous quelque
forme que ce soit aux associés non actifs ou à leurs héritiers dans les sociétés autres que
par actions. Il en est de même des sommes affectées au remboursement total ou partiel de
capitaux empruntés, à l’extension de l’entreprise ou à la plus-value de l’outillage compta-
bilisées au débit d’un Compte de résultat, au mépris de toute règle comptable. Peuvent
également être réintégrés dans le résultat fiscal, les réserves au fonds de prévision quel-
conques, le report à nouveau de l’année et toutes affectations analogues. Les primes
d’émission ne sont pas considérées comme bénéfices pour autant qu’elles soient affectées
à un compte indisponible ou incorporées au capital social. Par ailleurs, le fisc est tenu de
réintégrer dans le résultat fiscal, même en fin d’exploitation ou après cessation, les béné-
fices obtenus, soit par la vente, la cession ou l’apport d’éléments d’actif quelconques af-
fectés à l’exercice de la profession, de fonds de commerce, contrats, brevets d’invention,
marques de fabrique, procédés ou formules de fabrication, études ou connaissances com-
merciales, droits de vente, de façonnage, de fabrication ou autres analogues, soit en con-
trepartie de la cessation totale ou partielle de l’activité, de l’annulation d’un contrat
d’achat ou de fourniture ou de l’abstention de l’exercice de certains droits. Enfin, dans les
sociétés coopératives, les ristournes et avantages attribués aux associés et non associés,
doivent être intégrés dans le résultat fiscal annuel de la société.

– Sous certaines conditions, singulièrement celle de la tenue d’une comptabilité régulière,


une entreprise peut bénéficier des immunités concernant notamment les accroissements
résultant des plus-values non réalisées mais que le redevable a exprimées dans ses
comptes ou inventaires, sans les traiter aucunement comme bénéfices. Une exception est
faite des accroissements résultant de plus-values réalisées sur les immeubles, outillage,
matériel mobilier, participations et valeurs de portefeuille, pour autant que le prix de réa-
lisation dépasse le prix d’acquisition ou de revient, tout en déduisant le montant des
amortissements déjà admis sur le plan fiscal.

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Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

– Sous réserve de réciprocité, des exonérations peuvent être consenties sur les bénéfices
qu’une entreprise établie dans une juridiction étrangère retire dans l’exploitation de na-
vires ou aéronefs qu’elle détient en propriété ou en tant qu’affréteur et qui font escale sur
le territoire congolais pour le besoin de chargement des cargaisons ou des personnes. Il en
est de même des bénéfices qu’une entreprise non résidente ou non établie sur le territoire
congolais, retire en contrepartie d’une souscription aux bons et obligations du trésor pu-
blic. D’autres exonérations sont également possibles en vertu du Code des investisse-
ments ou des lois particulières.

– Quant aux déductions pouvant être effectuées sur le résultat comptable en vue de la dé-
termination du bénéfice imposable, elles concernent notamment les pertes profession-
nelles d’un exercice comptable – dont le cumul avec des exercices antérieurs (report des
pertes limité à 5 exercices) ne peut dépasser 60% du bénéfice fiscal avant imputations des
toutes pertes – ainsi qu’un certain nombre de charges professionnelles à l’instar des dé-
penses professionnelles (loyers, entretien du matériel, salaires et autres traitements dus
aux employés, intérêts sur capitaux empruntés, etc.) et des amortissements des immobili-
sations. En revanche, les provisions pour faire face à des pertes, à des charges ou à des
dépréciations d’éléments de l’actif, font parties des dépenses non déductibles des revenus
imposables, à moins qu’elles aient été formées notamment pour reconstitution des gise-
ments miniers ou si elles cristallisent des provisions pour créances douteuses constituées
par les établissements de crédit (bancaires et autres institutions financières). Une nouvelle
déduction particulière a été ajoutée par la Loi de finances 2021 : les dons et contributions
apportés par les entreprises au Fonds de soutien à la riposte contre la pandémie du coro-
navirus au cours de l’exercice comptable 2020 sont déductibles du résultat imposable à
l’impôt professionnel sur les bénéfices et profits, à condition que ces dépenses soient jus-
tifiées par les pièces comptables.

[361]- Toutcompte fait, en langage comptable (SYSCOHADA) et à la lumière de la législation


fiscale congolaise en vigueur, l’impôt sur le bénéfice peut être déterminé en usant de données
ci-après : Comptes 131 (Bénéfice), Compte 139 (Perte), Compte 137 (Résultat activités ordi-
naires), Compte 138 (Résultat Hors Activités Ordinaires), Compte 87 (Participation des tra-
vailleurs), Compte 89 (Impôt sur le résultat), et Taux d’imposition ordinaire (30%):

– Résultat Net de l’exercice (Compte 131 ou 139) = Compte 137 + Compte 138 –
Compte 87 – Compte 89 ;
– Résultat comptable = Compte 137 + Compte 138 ;
– Résultat fiscal = Résultat comptable + Réintégrations des charges non déductibles -
Produits déduits - Déficits reportables - Amortissements dérogatoires ;
– Impôt sur bénéfice (Compte 89) = Résultat fiscal x Taux d’imposition

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6.4. Autres règles particulières applicables en matière


d’imposition du bénéfice des entreprises
[362]- Endehors de règles communes sus analysées, l’imposition des sociétés en RDC répond
également à d’autres règles particulières qui dérogent au droit commun. Dans le cadre de cet
ouvrage, nous faisons allusion, notamment, au régime d’imposition des résultats déficitaires
(6.4.1), au régime d’imposition des entreprises de petite taille (6.4.2), au régime d’imposition
des groupes d’entreprises, avec la question des prix de transfert (6.4.3), et au régime
d’imposition des établissements stables (6.4.4).

6.4.1. Régime d’imposition des résultats déficitaires


[363]- D’emblée, il convient de rappeler que les comptes d’une entreprise se soldent par un défi-
cit comptable lorsque le montant de leurs charges excède celui de leurs recettes. Pour con-
naître le sort fiscal réservé à ce déficit, il faut d’abord déterminer le résultat fiscal de
l’entreprise. C’est-à-dire passer du résultat comptable au résultat fiscal, en rajoutant notam-
ment au résultat comptable le montant des charges qui ne sont pas déductibles du point de vue
fiscal. Une fois le résultat fiscal calculé, il est possible qu’il soit négatif. Et dans ce cas, on
parle de « déficit fiscal ». En d’autres termes, le déficit fiscal d’un exercice correspond
au résultat fiscal négatif constaté par une société, à la clôture de l’exercice considéré. Ce défi-
cit fiscal n’est pas « perdu » dans la mesure où il peut être utilisé pour diminuer le résultat
taxable d’un exercice postérieur (report de pertes) à celui de sa constatation.

[364]- Ainsi,
le législateur fiscal congolais a prévu un mécanisme de traitement spécifique du
résultat fiscal négatif, en dehors de la possibilité de report de pertes reconnue aux contri-
buables, telle que déjà évoquée. Ainsi, les entreprises dont les revenus imposables sont consti-
tués totalement ou partiellement des bénéfices – et qui ne relèvent pas du régime d’imposition
des entreprises de petite taille – sont assujetties à un impôt minimum fixé à 1% du chiffre
d’affaires déclaré, lorsque les résultats sont déficitaires ou bénéficiaires mais susceptibles de
donner lieu à une imposition inférieure à ce montant. Par ailleurs, cet impôt minimum n’est dû
que pour un douzième par mois ou fraction de mois si le contribuable a commencé ses activi-
tés après le mois de janvier.

[365]- Quant
aux entreprises en activité, qui ne réalisent pas un chiffre d’affaires au cours d’une
année, elles sont soumises au paiement d’un impôt forfaitaire au titre de l’impôt sur les béné-
fices de : (i) CDF 2.500.000 pour les grandes entreprises ; (ii) CDF 750 000 pour les
moyennes entreprises ; et (iii) CDF 30 000 pour les entreprises de petite taille.

6.4.2. Régime d’imposition des entreprises de petite taille


6.4.2.1. Catégorie des contribuables concernés

[366]- En
dehors de l’Ordonnance-loi n° 69/009 précitée, le régime d’imposition sous analyse
est prévu par l’Ordonnance-loi n° 13/006 du 23 février 2013 portant régime fiscal applicable

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aux entreprises de petite taille en matière d’impôt sur les bénéfices et profits. Les bénéficiaires
du régime sont donc les entreprises de petite taille.

[367]- Aux termes de l’Ordonnance-loi n° 13/006 précitée, il faut entendre par Entreprise de
petite taille – constituée en Micro-Entreprise ou Petite Entreprise – toute entreprise, quelle
que soit sa forme juridique, qui réalise un chiffre d’affaires annuel inférieur à CDF
80.000.000,00. La Micro-Entreprise est toute entreprise qui réalise un chiffre d’affaires annuel
ne dépassant pas CDF 10.000.000,00; tandis que la Petite Entreprise est celle qui réalise un
chiffre d’affaires annuel supérieur à CDF 10.000.000,00 et inferieur à CDF 80.000.000,00.

[368]- Aussi,
les professions libérales et les professions constituées en charges ou offices dont le
chiffre d’affaires est inférieur à CDF 80.000.000,00 sont considérées comme Micro-
Entreprises et Petites Entreprises suivant les conditions sus-définies, relatives au chiffre
d’affaires annuel.

[369]- Auregard de ce qui précède, il appert que la catégorie d’entreprises couvertes par ce ré-
gime d’imposition concerne notamment les nouvelles entreprises innovantes (« startups »)
qui, dotées d’un fort potentiel de croissance économique, sont fréquemment à la recherche
d’importantes levées de fonds d’investissement et de spéculation financière sur leurs valeurs à
venir. Généralement, avant d’atteindre leur phase commerciale, les startups sont caractérisées
par un long cycle de recherche et de développement de leurs activités (produit innovant, test
d’idée, validation de technologie ou de modèle économique, etc.), avec pour effet d’avoir un
niveau de risque d’échec très supérieur à celui d’autres entreprises.

6.4.2.2. Avantages du régime fiscal

[370]- Ce
régime d’imposition est incitatif et diffère selon qu’il s’agit des Petites Entreprises ou
des Micro-Entreprises :

– Pour la Petite Entreprise :

[371]- LesPetites Entreprises sont imposées sur le chiffre d’affaires annuel réalisé ou à raison
de toute somme proportionnellement équivalente pour les périodes inférieures à un an. A cet
effet, le taux est de 1% pour les activités de vente ou 2% pour les activités de prestation de
services. Cependant, lorsqu’un contribuable exerce à la fois les activités de vente et de ser-
vice, les chiffres d’affaires respectifs sont cumulés et imposés suivant l’activité principale.

[372]- Letaux d’impôt fixé ci-dessus est à verser en deux quotités, soit 60% représentant
l’acompte et 40% au titre de solde. La première quotité est payée à la souscription de la décla-
ration auto liquidative, au plus tard le 31 janvier de l’année qui suit celle de la réalisation des
revenus ; tandis que la seconde [quotité] est acquittée à l’aide d’un bordereau de versement,
au plus tard le 30 avril de la même année. A cet effet, l’Administration des Impôts fournit le
modèle de la déclaration auto liquidative et du bordereau de versement visés ci-dessus.

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Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

[373]- Parailleurs, les Petites Entreprises dont le chiffre d’affaires vient à dépasser, au cours de
deux années successives, la limite de CDF 80.000.000,00, accèdent – sur décision de
l’Administration des Impôts – au régime de droit commun. Aussi est-il qu’en cas de minora-
tion avérée dans le chef de la Petite Entreprise ayant faussé sa catégorisation, celle-ci est re-
classée et imposée conformément au régime de droit commun, sans préjudice des pénalités
fiscales.

[374]- Enfin,
les Petites Entreprises peuvent opter pour l’imposition selon le régime de droit
commun, à condition de formuler par écrit cette option avant le 1er février de l’année de réali-
sation des revenus, et de remplir toutes les obligations fiscales et comptables prévues par ce
régime. Cette option est définitive et irrévocable.

– Pour la Micro-Entreprise :

[375]- La
Micro-Entreprise acquitte un impôt forfaitaire annuel de CDF 50.000, au moyen d’une
déclaration auto-liquidative conforme au modèle défini par l’Administration des Impôts, au
plus tard le 1er mars de l’année qui suit celle de la réalisation des revenus.

[376]- Par
ailleurs, la Micro-Entreprise n’est pas soumise à la vérification de comptabilité. Les
activités de l’Administration des Impôts se limitent au recensement, à l’immatriculation, à
l’éducation, à l’évaluation du chiffre d’affaires et à la facilitation en vue du paiement de
l’impôt forfaitaire.

[377]- Enfin,
la Petite Entreprise dont le chiffre d’affaires vient à dépasser – au cours de deux
années successives – la limite de CDF 80.000.000,00, accède, sur décision de
l’Administration des Impôts, au régime de droit commun. Aussi est-il qu’en cas de minoration
avérée dans le chef de la Petite Entreprise ayant faussé sa catégorisation, celle-ci est reclassée
et imposée conformément au régime de droit commun, sans préjudice des pénalités fiscales.

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Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

Chapitre 7. Impôts sur la dépense et la consommation


[378]- L’impôtsur la dépense ou la consommation consiste à taxer un bien ou un service lors de
son acquisition. Il frappe les emplois du revenu ou du capital lorsqu’ils sont affectés à
l’acquisition d’un bien ou d’un service. En principe, les dépenses concernées recouvrent
toutes les formes de dépenses : dépenses de consommation, dépenses d’investissement ou de
placement, etc.

[379]- Il
existe plusieurs types d’impôts sur la consommation ; mais le présent bouquin ne
s’intéressera qu’à la Taxe sur la Valeur Ajoutée (section 7.1), aux droits de douane (section
7.2) ainsi qu’aux droits d’accise ou de consommation (section 7.3).

7.1. Taxe sur la Valeur Ajoutée


7.1.1. Remarques introductives
[380]- LaTVA est l’impôt indirect sur la dépense que la plupart des pays ont intégré dans leur
législation, compte tenu de sa neutralité économique et de sa relative simplicité. Mise en place
en France en 1954, elle est devenue peu à peu l’impôt sur la consommation dans plusieurs
pays du monde, en dehors des États-Unis, qui ont à ce jour refusé de l’adopter, car la plupart
des États fédérés pratiquent une taxe sur les ventes (« sales tax »). Aux Emirats Arabes Unis,
c’est seulement tout récemment que la TVA a été introduite, soit à partir du 1 e janvier 2018.

[381]- En
droit congolais, cet impôt a été introduit par l’Ordonnance-loi n° 10/001 du 20 août
2010 portant institution de la Taxe sur la Valeur Ajoutée (ci-après « OTVA »), en remplace-
ment de l’Impôt sur le Chiffre d’Affaires (ICA) institué par Ordonnance-loi n° 69-058 du 5
décembre 1969. Il ressort de ladite OTVA ainsi que de différents textes d’application, que la
TVA vise les buts et/ou objectifs suivants :

– Moderniser le système d’imposition indirecte en palliant les faiblesses de l’ICA (carac-


tère cumulatif et étroitesse de la base d’imposition) ;
– Améliorer la compétitivité des produits de fabrication locale par rapport à ceux importés ;
– Améliorer la rentabilité du système fiscal congolais ;
– Améliorer l’attractivité du pays à l’investissement ; et
– Faciliter l’intégration de la RDC dans les regroupements économiques sous régionaux.

[382]- La
TVA est un impôt général sur la consommation qui frappe tous les biens et services.
Elle est un impôt unique. En effet, alors que l’ICA était un impôt cumulatif qui frappe toute
vente de produits à chaque fois qu’elle survient, augmente d’autant plus le prix facturé au
consommateur final que le nombre d’intermédiaire ; la TVA elle, quelle que soit la longueur
du circuit de distribution, toutes les fois qu’un opérateur économique achète des biens ou des
services, il peut déduire la TVA payée à ses fournisseurs de la TVA qu’il facture à ses clients.
La TVA pour lui ne constitue pas un coût à incorporer dans le prix de revient du bien ou ser-
vice.

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[383]- Dans les lignes qui suivent, il convient d’examiner progressivement : le champ
d’application et les exonérations (7.1.2) ; les modalités du fait générateur et d’exigibilité
(7.1.3) ; la base d’imposition et le taux (7.1.4) ; le régime des déductions (7.1.5) ; enfin, les
obligations administratives, déclaratives et contributives des redevables (7.1.6).

7.1.2. Champ d’application et exonérations


[384]- Auregard des dispositions de l’OTVA, sont soumises à la TVA, les opérations relevant
d’une activité économique et effectuées à titre onéreux par un assujetti agissant en tant que
tel. Lesdites opérations sont soumises à la TVA, lorsqu’elles sont réalisées en RDC. Les acti-
vités économiques correspondent aux livraisons des biens et aux prestations des services entre
deux personnes distinctes, moyennant une contrepartie en espèce ou en nature, quels que
soient les buts recherchés ou les résultats obtenus. Ces activités sont industrielles, commer-
ciales, agricoles, agro-industrielles, extractives, artisanales et celles de profession libérale ou
assimilées. Les livraisons et les prestations à soi-même peuvent aussi donner lieu au paiement
de la TVA.

[385]- Sontassujettis à la TVA, les personnes physiques ou morales, y compris l’Etat, les pro-
vinces, les ETD et les organismes de droit public qui effectuent de manière indépendante, à
titre habituel et occasionnel, des opérations économiques. Toutefois, ces personnes morales de
droit public ne sont pas assujetties à la TVA pour l’activité de leurs services administratifs,
sociaux, éducatifs, culturels et sportifs, lorsque leur non-assujettissement n’entraine pas de
distorsions dans les conditions de la concurrence.

[386]- Certaines opérations de livraison de biens et de prestation de services sont exonérées de


la TVA. Ces exonérations sont uniquement justifiées par des considérations d’ordre social,
fiscal (éviter la double imposition) et diplomatique. Il est ainsi interdit de faire une interpréta-
tion par analogie ou similitude ainsi que d’accorder d’autres exonérations par des lois spéci-
fiques ou des conventions particulières. Tels sont les cas, à titre indicatif, des ventes de biens
meubles d’occasion effectuées par les personnes qui les ont utilisés pour les besoins de leur
exploitation lorsque ces biens n’ont pas ouvert droit à déduction de la taxe lors de leur acqui-
sition. C’est aussi le cas, en ce qui concerne les prestations, des opérations de composition,
d’impression, d’importation et de vente des journaux, livres et périodiques, à l’exception des
recettes afférentes à la publicité. Enfin, les biens et services destinés à l’usage officiel des
missions diplomatiques et consulaires et des organisations internationales sont exonérés de la
TVA, sous réserve de réciprocité.

[387]- Il
convient de préciser que, pour l’imposition des personnes physiques ou morales, il est
pris en compte le chiffre d’affaires annuel. En effet, les personnes physiques ou morales sont
assujetties à la TVA lorsqu’elles réalisent un chiffre d’affaires annuel égal ou supérieur à
CDF 80 000 000. Néanmoins, les personnes dont le chiffre d’affaires annuel est inférieur à ce
seuil d’assujettissement, peuvent opter pour le régime de la TVA. Aussi est-il que, lorsque le
chiffre d’affaires annuel devient inférieur au seuil, l’assujetti conserve cette qualité les deux
années suivant celle de la constatation de la diminution du chiffre d’affaires.

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7.1.3. Fait générateur et exigibilité


[388]- Le fait générateur de la TVA est constitué notamment du (de la) :

– Livraison, mise en consommation, pour les ventes de biens meubles corporels,


– Exécution de services pour les prestations de service et travaux immobiliers ;
– Franchissement des frontières lors de l’importation ou sortie des zones franches ;
– Mutation de propriété pour les travaux immobiliers ; et
– Encaissement du prix ou d’acompte pour les prestations de services.

[389]- Par ailleurs, la dette fiscale de la TVA est exigible :

– Lors de la réalisation du fait générateur, pour les livraisons de biens,


– A l’encaissement pour les prestations des services et les travaux immobiliers ;
– Au moment de l’enregistrement de la mise à la consommation en RDC pour les biens
importés ou sortis de zone franche ;
– A l’échéance en cas d’escompte de l’effet de commerce ;
– A l’échéance des intérêts ;
– A la date de mutation pour les biens immobiliers.

7.1.4. Base imposable et taux d’impôt


[390]- Labase d’imposition de la TVA est constituée de toutes les sommes, valeurs, biens ou
services perçus en contrepartie de l’opération, y compris les subventions ainsi que tous les
frais, impôts, droits et taxes de toute nature y afférente, à l’exclusion de la TVA elle-même.

[391]- Les taux de la TVA sont les suivants :

– Taux normal : 16% applicable à toutes les opérations imposables, à l’exclusion des
opérations soumises au taux réduit ou au taux zéro,
– Taux réduit : 8% applicable à certains produits (dont les suivants : Chinchards con-
gelés ; Poissons salés/harengs ; Poissons salés/morues ; Poissons salés/anchois ; Pois-
sons salés/tilapias ; Autres poissons salés ; Viandes des animaux de l’espèce bovine,
fraîches ou réfrigérées ; Viandes des animaux de l’espèce bovine, congelées ; Viandes
des animaux de l’espèce porcine, fraîches, réfrigérées ou congelées ; Viandes et abats
comestibles des volailles, frais ou réfrigérés ou congelés ; Riz décortiqué/riz cargo ou
riz brun ; Autres sucres de canne ; Autres laits en poudre ; Eaux conditionnées pour la
table ; Sel iodé ; Savons à usages de savons ordinaires/de ménage ; Allumettes) ainsi
qu’à un service, à savoir la Vente des billets d'avion sur le trafic aérien national.
– Taux nul : 0% applicable aux exportations et opérations assimilées.

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7.1.5. Régime des déductions


[392]-
La TVA payée ou supportée en amont, lors des importations ou des opérations effectuées
à l’intérieur, est déduite de celle collectée, le solde étant reversé au fisc. A cet effet, au fond,
le droit à déduction prend naissance lorsque la taxe devient exigible chez le fournisseur assu-
jetti aussi, c’est-à-dire lorsque ce dernier commence lui-même à collecter la TVA. Le droit à
déduction est exercé jusqu’à la fin du premier exercice fiscal qui suit au cours duquel la taxe
est devenue exigible. L’assujetti dispose de deux ans pour commencer à opérer cette déduc-
tion, sinon ce droit est perdu et la taxe collectée devient totalement acquise au Trésor. En re-
vanche, lorsque l’on a commencé à opérer la déduction dans le délai, celle-ci continuera à être
effectuée indéfiniment.

[393]- La
déduction de la TVA supportée lors des achats de biens et services s’effectue par ap-
plication d’un prorata pour les entreprises qui réalisent aussi bien les opérations taxables (dans
le champ) que les opérations non taxables (hors champ ou exonérées). Ce prorata est le rap-
port entre le chiffre d’affaires annuel relatif aux opérations ouvrant droit à déduction et le
chiffre d’affaires total.

[394]- Dansla forme, pour être déductible, la TVA doit figurer sur une facture délivrée par un
assujetti immatriculé et mentionnant son « Numéro Impôt » ainsi que son code
d’enregistrement.

[395]- Par
ailleurs, les modalités de régularisation s’effectuent par le reversement partiel ou total
de la TVA déduite en cas de sortie de l’actif immobilisé, en cas de ventes à perte, ventes an-
nulées ou factures impayées. Les biens amortissables sont calculés hors taxe.

[396]- Enfin,
le crédit de TVA dégagé au cours d’un mois est à imputer sur la déclaration du
mois suivant ou sur les déclarations des mois suivants jusqu’à épuisement. Ce crédit ne peut
pas être cédé. Le crédit de TVA n’est remboursable que pour : les entreprises exportatrices ;
les entreprises en cessation d’activités ; les entreprises ayant perdu la qualité d’assujetti ; les
entreprises qui réalisent les investissements lourds et dont les projets, agréés au régime géné-
ral du Code des investissements, dépassent un montant équivalent à USD 200.000.

7.1.6. Obligations administratives, déclaratives et contributives des rede-


vables
[397]- Toutredevable de la TVA est tenu de souscrire chaque mois, au plus tard le 15 du mois
qui suit celui de la réalisation des opérations, une déclaration en double exemplaire, accompa-
gnée du paiement de la TVA. Néanmoins, la déclaration doit être souscrite même si aucune
opération imposable n’a été réalisée au cours du mois concerné. Dans ce cas, elle est revêtue
de la mention « Néant ».

[398]- Toute
personne assujettie à la TVA doit tenir une comptabilité régulière comportant no-
tamment un livre-journal, un grand livre des comptes, une balance des comptes, un journal de

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Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

ventes, un journal d’achats, un livre d’inventaire et un livre des immobilisations. Comme on


peut le constater, il s’agit des documents commerciaux émis quotidiennement ou périodique-
ment par l’entreprise et nécessaires à l’organisation de son activité. Aussi est-il évident que
c’est la détention de ces pièces justificatives comptables qui ouvrent la possibilité du droit à
déduction de TVA.

[399]- Par
ailleurs, tout redevable de la TVA doit délivrer une facture ou un document en tenant
lieu pour les biens livrés ou les services rendus à un autre redevable. La facture est donc in-
dispensable car, pour être déductible, la TVA doit figurer sur une facture ou un document en
tenant lieu dûment délivré par un assujetti. En cas d’importation, la TVA doit figurer sur la
déclaration de mise à la consommation établie par les services de douanes.

[400]- Au
regard du caractère obligatoire des mentions qui doivent figurer dans la facture,
qu’adviendrait-il en cas d’erreur de bonne foi sur la facture et en cas des factures fictives ?

[401]- Aufait, un assujetti peut – de bonne foi – effectuer des erreurs sur la facture. Dans ce
cas, le législateur a prévu des mécanismes de correction si la bonne foi de l’émettrice de la
facture erronée est démontrée. En effet, les assujettis peuvent émettre une facture rectificative
qui leur permettra de rétablir la vérité des opérations effectuées. Mais pour les cas de mau-
vaise foi, la situation est autre. Au fait, la tentation incitant à créer des factures fictives per-
mettant d’alléger la charge fiscale, voire de se créer des créances de TVA, est forte.

[402]- Concernant
l’émetteur de la facture, le législateur prévoit un certain nombre de règles qui
sont exclusivement destinées à combattre la fraude :

– Toute personne mentionnant la TVA sur une facture est redevable de cette TVA du seul
fait de sa facturation ;

– Lorsque la facture ne correspond pas à la livraison d’une marchandise ou à l’exécution


d’une prestation de service ou lorsque la facture fait état d’un prix qui n’est pas celui effec-
tivement acquitté par l’acheteur, la taxe est due par la personne qui l’a facturée : pour les
factures fictives ou celle avec un montant surévalué, l’auteur supportera la TVA.

[403]- Du
reste, en ce qui concerne le destinataire de la facture, la règle générale consiste à ce
que la TVA qui ressort de cette facture ne soit déduite par le destinataire de la facture.

7.2. Droits de douane

7.2.1. Considérations générales sur les droits de douane


[404]- La
douane est en général un domaine de souveraineté nationale. Une des matérialisations
du passage d’un État à un autre est souvent le passage par un poste ou un bureau de douane où
l’on subit le contrôle douanier, tout juste après le contrôle de la police des frontières.

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Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

[405]- Lemot « douane » aurait été attesté en 1281 sous la forme Dohanne signifiant « édifice
où sont perçus les droits d’entrée et de sortie des marchandises ». En 1441, il l’a été sous la
forme Doana faisant référence aux droits d’entrée et de sortie des marchandises. Emprunté au
latin médiéval de Sicile Doana, Dovana (attesté depuis la fin du XIIe siècle), et qui donne
l’italien moderne Dogana, emprunté à l’arabe vulgaire Duwān, altération de l’arabe Dīwān,
emprunt du persan ‫ديوان‬, Dīwān (« douane », « divan »).

[406]- Ainsi,
le droit de douane est un impôt prélevé sur une marchandise importée lors de son
passage à la frontière. Ces droits peuvent être forfaitaires ou représenter un pourcentage du
prix (« ad valorem »). C’est un droit d’essence fiscale qui a pour but primordial de procurer et
de mobiliser des recettes sur le commerce extérieur au profit de l’Etat. Mais, en rendant plus
chers les produits étrangers, cette pratique cherche à en décourager la consommation et à fa-
voriser les industries locales. C’est pourquoi le droit de douane constitue l’un des principaux
instruments du protectionnisme.

[407]- Historiquement,ce mécanisme de taxation des flux de marchandises est très ancien. On le
retrouve dans l’histoire de la fiscalité dans l’Antiquité, en Égypte, en Grèce, à Rome, au
Moyen-Orient et dans l’Europe du Moyen Âge. Les droits de douane désignent, dans toutes
ces sociétés, les prélèvements financiers opérés par l’administration douanière dans le cadre
de ses activités.

[408]- Les
droits de douanes ne sont payés, en principe, qu’à l’importation. En effet, chaque fois
que les droits de douane sont en cause, il importe d’abord de se demander si le produit dont il
est question peut être ou doit être fabriqué au pays ou importé. Dans certains pays, des droits
de douane existent cependant à l’exportation. C’est le cas, en Afrique, pour des matières pre-
mières comme le bois par exemple. Une taxation est aussi possible à la réexportation de pro-
duits importés en suspension.

[409]- En
règle générale, quatre éléments distincts sont usités pour permettre à l’administration
douanière de fixer les montants des droits de douane à payer :

– Valeur de la marchandise : Dans ce cadre, la douane retient la valeur transactionnelle, la


valeur de la marchandise au lieu d’introduction sur le territoire national. Cette valeur est
souvent différente de la valeur commerciale, l’écart venant du coût de transport pris en
compte.

– Espèce tarifaire des marchandises : C’est la nature du produit importé ou la dénomina-


tion qui est attribuée aux marchandises, selon les règles en vigueur, dans les tarifs
des droits et taxes à l’importation et à l’exportation. En d’autres termes, c’est la désigna-
tion d’une marchandise selon les termes de la nomenclature tarifaire. Une nomenclature
internationale est utilisée, le système harmonisé (6 chiffres) de l’Organisation Mondiale
des Douanes (OMD). L’Union européenne rajoute deux chiffres pour constituer la no-
menclature combinée. Par exemple, NC 3102 30 10 désigne le « nitrate d’ammonium en
solution aqueuse ».

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– Origine de la marchandise : Le rôle principal des règles d’origine consiste à déterminer


la nationalité économique d’une marchandise donnée. Lorsque les marchandises font
l’objet d’un commerce international, plusieurs exigences juridiques ou administratives
doivent être respectées. Cette détermination est nécessaire aux fins de la mise en œuvre
de divers instruments de politique commerciale, tels que l’imposition de droits à
l’importation, l’attribution de contingents, ainsi que pour le recueil de statistiques com-
merciales. Il convient de ne pas confondre ce critère avec la provenance de la marchan-
dise. L’origine d’une marchandise se rapporte au pays dans lequel celle-ci a été produite,
et c’est le certificat d’origine qui est le document nécessaire pour la prouver. C’est une
notion essentielle pour déterminer le traitement douanier à réserver à une marchandise
entrée ou fabriquée sur le territoire d’un pays, ou à une marchandise exportée vers un
autre pays. Somme toute, l’origine préférentielle sert à appliquer un taux de droits de
douane réduit ou nul.

– Prix du transport : À l’importation, le coût du transport jusqu’à l’entrée dans le pays,


supporté par l’acheteur selon l’incoterm de vente, entre dans l’assiette fiscale pour le cal-
cul des droits de douane.

[410]- Du
reste, les droits de douane doivent être distingués des taxes nationales – comme la
TVA – que l’importateur doit également payer.

7.2.2. Régime douanier congolais


[411]- En
République Démocratique du Congo, le régime douanier procède de l’Ordonnance-loi
n° 10/002 du 20 août 2010 portant code des douanes. Dans ce système fiscal, les droits de
douanes sont dus aussi bien à l’importation (7.2.2.1) qu’à l’exportation (7.2.2.2), pour ce qui
concerne certains produits.

7.2.2.1. Droit de douane à l’importation

[412]- Les
droits de douane à l’importation sont assis sur la valeur CAF (Coût – Assurance -
Fret) des marchandises.

[413]- Conformément à l’Ordonnance-loi n° 011-2012 du 21 septembre 2012 instituant un nou-


veau tarif des droits et taxes à l’importation, le tarif douanier à l’importation est le suivant, à
titre illustratif :

– 5% pour l’importation notamment des : Produits chimiques ; Machines – outils ; Matériel


de transport de marchandises ;
– 10% pour l’importation notamment des : Farines ; Agrégats ; Essence, gasoil, kérosène ;
– 20% pour l’importation notamment des : Vêtements ; Mobilier ; Cigarettes.

[414]- Parailleurs, les biens importés sont également soumis, lors du passage du cordon doua-
nier, à la TVA à l’importation ; aux droits d’accises ou de consommation (pour certains pro-

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duits) ; et aux diverses taxes parafiscales. La règlementation douanière prévoit également cer-
tains suspensifs tels que l’admission temporaire.

7.2.2.2. Droit de douane à l’exportation

[415]- Les
droits de douane à l’exportation s’appliquent à certaines catégories de marchandises
de production locale. Il s’agit – non de manière exhaustive – des produits ci-après exportés de
la République démocratique du Congo selon les espèces déterminées par le tableau des droits
de douane :

– Le café vert,
– Le courant électrique ;
– Les produits minéraux et leurs concentrés ;
– Les huiles minérales ;
– Le bois en grume ; et
– Les mitrailles.

[416]- Lavaleur en douane à l’exportation desdites marchandises est fixée soit par Arrêté minis-
tériel sur proposition de l’administration des douanes, soit – à défaut d’Arrêté – par référence
à la valeur que les marchandises ont au moment où elles quittent la RDC.

[417]- Conformément à l’Ordonnance-loi n° 012-2012 du 21 septembre 2012 instituant un nou-


veau tarif des droits et taxes à l’exportation, le tarif douanier à l’exportation est le suivant, à
titre illustratif :

– 1% pour l’exportation notamment de : Café ; Energie électrique ;


– 1,5% pour l’exportation notamment de : Diamant d’exploitation artisanale ; Or
d’exploitation artisanale ;
– 3% pour l’exportation notamment de : Diamant d’exploitation industrielle ; Or
d’exploitation industrielle ;
– 5% pour l’exportation notamment des Minerais (cuivre, nickel, plomb, etc.) ;
– 6% pour l’exportation notamment du Bois brut ;
– 10% pour l’exportation notamment de : Argent ; Platine.

7.3. Droits d’accise ou de consommation

7.3.1. Considérations générales


[418]- Le
terme accise provient d’un impôt britannique, le « Excise » prélevé sur les boissons en
1650, lui-même dérivé du terme néerlandais Accijns, un impôt sur la consommation. Il s’agit

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donc d’un droit à acquitter pour accéder à la consommation de certains produits. Il s’agit de
plus anciennes sources de revenu des gouvernements du monde entier.

[419]- Denos jours, le droit d’accise est un impôt indirect perçu sur la consommation, parfois
aussi le seul commerce de certains produits, en particulier les produits énergétiques, le tabac,
l’alcool et les boissons alcooliques (ou alcoolisés), le pétrole et ses dérivés, les véhicules ou
les produits dits de luxe. Il s’agit donc d’un impôt sur la dépense en rapport avec la consom-
mation ou acquisition de tous ces produits. Il porte sur la quantité de produits acquise et non
sur la valeur des marchandises achetées (par exemple par kilogramme, par hectolitre, par de-
gré d’alcool, etc.).

[420]- En
instituant des droits d’accise, le but souvent poursuivi par la plupart des législateurs
est de dissuader la consommation de produits qu’il considère comme ayant une externalité
négative ; mais parfois aussi l’accise frappe le thé ou le café, bien que leur justification sur ces
produits soit aujourd’hui contestée car le but n’est pas d’en dissuader la consommation. Plus
récemment, dans certains pays de l’Europe comme la France, l’accise a été introduite sur cer-
taines formes de transports considérés comme polluants (le transport aérien notamment) ou
sur la consommation de produits générateurs de déchets polluants peu ou pas recyclés, ou
nuisibles à la protection de l’environnement (comme les produits électroniques, certains em-
ballages plastiques, etc.).

[421]- Enrègle générale, le droit d’accise est dû au moment de la livraison du bien concerné ou,
s’il s’agit d’une importation, au moment de la déclaration d’importation. Dès lors, c’est à la
livraison ou au passage en douane que le droit d’accise devient exigible. Il est aussi dû à
l’occasion du transport d’une certaine quantité de produits éligibles, quantité dont le montant
varie en fonction de la nature de la marchandise.

[422]- Il
convient de préciser que les droits de douane s’appliquent en sus aux produits importés
(sauf dans les unions fiscales et douanières comme l’UE). En revanche, les droits et taxes
d’accise sont prélevés même sur des produits fabriqués localement, et peuvent être prélevés
indépendamment de leur origine (qu’ils soient importés ou non).

7.3.2. Régime congolais des droits d’accises ou de consommation : matières


imposables, faits générateurs et taux
[423]- Ala lumière de la Loi n° 18-002 du 13 mars 2018 portant Code des accises, les pro-
duits/biens/marchandises concernés par les droits de consommation et d’accises sont notam-
ment :

– Les alcools et les boissons alcooliques,


– Les boissons gazeuses ;
– Les huiles minérales (essence, pétrole, jet A1, gasoil...) ;
– Les tabacs ;
– Les sucres ;

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– Les ciments hydrauliques ;


– Les allumettes ; et
– Les parfums liquides alcooliques.

[424]- Par
ailleurs, certaines prestations de service sont également concernées par les droits
d’accises, en l’occurrence les services fournis au moyen des signaux transmis ou acheminés
par des procédés de télécommunication. Il s’agit de:

– Accès à l’internet,
– Data ;
– Messagerie ; et
– Voix.

[425]- Le fait générateur des droits de consommation et d’accises est :

– La cession sur le territoire congolais des marchandises éligibles,


– La fourniture sur le territoire congolais des prestations service éligibles ; et
– La mise à la consommation, conformément au Code des douanes, des marchandises
importées éligibles.

[426]- Par
ailleurs, les taux des droits de consommation et d’accises varient de 5 % à 60 % selon
les produits et services éligibles.

[427]- Aureste, les droits de consommation et d’accises se cumulent à l’importation avec les
droits de douane et la TVA à l’importation.

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Chapitre 8 : Autres droits, taxes et redevances

[428]- Dans
ce chapitre, nous passerons en revue les droits, taxes et redevances en vigueur en
droit congolais. Il sied de relever que les droits dont il est question sous ce chapitre, ne sont
pas à confondre avec les droits de douane et les droits de consommation ou d’accise, déjà ana-
lysés dans le précédent chapitre.

[429]- Deux sections parcellisent ce chapitre, à savoir les droits, taxes et redevances à percevoir
à l’initiative du Gouvernement central (section 8.1) et les droits, taxes et redevances à perce-
voir au profit des Provinces et des Entités territoriales décentralisées (section 8.2).

8.1. Droits, taxes et redevances du Gouvernement central


[430]- Les recettes des droits, taxes et redevances sous étude sont inscrites dans la Loi de Fi-
nances de chaque année, dans la rubrique « recettes non fiscales ». Elles sont perçues à
l’initiative des Ministères et services d’assiette, et encadrées par la DGRAD.

8.1.1. Fondement légal


[431]- Actuellement, il y a principalement deux textes qui régissent les recettes non fiscales du
pouvoir central. Il s’agit de :

– L’Ordonnance-loi n° 18/003 du 13 mars 2018 fixant la nomenclature des droits, taxes


et redevances du pouvoir central ; et
– L’Ordonnance-loi n° 13/003 du 23 février 2013 portant réforme des procédures rela-
tives à l’assiette, au Contrôle et aux modalités de recouvrement des Recettes non fis-
cales.

8.1.2. Services d’assiette, taux et rétrocession


[432]- En
règle générale, ce sont les différents ministères – qui forment le Gouvernement central
– ainsi que les services sous leurs tutelles respectives, qui constituent des services d’assiette
des droits, taxes et redevances sous analyse. Ces derniers sont répertoriés à l’annexe de
l’ordonnance-loi n° 18/003 prérappelée.

[433]- Acet effet, l’article 5 de la même Ordonnance-loi dispose qu’« il ne peut être institué
d’autres droits, taxes et redevances au profit du Pouvoir central qu’en vertu d’une loi, après
avis préalable des ministres ayant le budget et les finances dans leurs attributions ». Il s’agit
là du principe de la légalité de l’impôt, entendu comme terme générique impliquant aussi la
légalité des droits, taxes et redevances.

[434]- Par
ailleurs, l’assiette des droits, taxes et redevances sous analyse est fixée par chaque
ministère ; tandis que les taux le sont par Arrêté Interministériel du ministre ayant les finances

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dans ses attributions et de celui qui gère le secteur ayant la tutelle sur le service d’assiette.
C’est ce qui ressort de l’article 4 de l’Ordonnance-loi n° 18/003 prérappelée qui dispose que
« l’assiette des droits, taxes et redevances relevant du Pouvoir Central ainsi que les procé-
dures de sa constatation sont fixées par des législations sectorielles. Les taux ainsi que la
période de paiement des droits, taxes et redevances sont fixés par arrêté conjoint du ministre
ayant les finances dans ses attributions et celui dont l’administration les constate et les li-
quide, conformément aux dispositions légales et réglementaires en vigueur en la matière ». Le
secteur des Finances est le seul qui ne requiert pas un Arrêté interministériel, mais unique-
ment celui de son titulaire.

[435]- Enfin,
il ressort des articles 3 et 6 de l’Ordonnance-loi 18/003 précitée que les droits,
taxes et redevances du pouvoir central ne peuvent nullement faire l’objet d’une quelconque
perception au profit des Provinces et ETD. Toutes les recettes qui en sont collectées sont ver-
sées intégralement au compte du Trésor public. Néanmoins, une rétrocession est allouée aux
services ayant mobilisé lesdites recettes. Cette rétrocession est de 10% et est allouée à la
DGRAD ainsi qu’aux administrations et services d’assiette comme suit :

– DGRAD : 5 % sur toutes les recettes réalisées ;


– Administrations et services d’assiette : 5 % au prorata des recettes effectivement cons-
tatées et recouvrées.

8.1.3. Nomenclature : exemples d’actes générateurs


[436]- La
liste des actes générateurs en rapport avec les droits, taxes et redevances du pouvoir
central est fixée en annexe de l’Ordonnance-loi n° 18/003 prérappelée. A titre illustratif, il
s’agit notamment pour les cinq Ministères ci-après, choisis au hasard :

– Ministère en charge des affaires étrangères et coopération internationale : Taxe de déli-


vrance de la note verbale ; droit d’octroi de la carte consulaire ; etc. ;
– Ministère en charge de l’intérieur et sécurité : Droit de vente de la carte d’identité ; Droit
d’enregistrement d’un parti ou regroupement politique ; etc. ;
– Ministère en charge de l’économie nationale : droit d’octroi du numéro d’identification
nationale ; Droits de vente d’une revue économique ; etc. ;
– Ministère en charge des finances : Astreintes pour défaut ou retard de dépôt de transmis-
sion des tableaux de synthèse exigés par le système comptable ; Amendes pour non-
respect de la législation de change ; Droits sur le recouvrement des débets comptables ;
Droits sur la récupération des sommes indument payées par le trésor public ; et Droits
sur le remboursement des créances des biens zaïrianisés ;
– Ministère en charge de la Santé publique : Taxe sur l’autorisation de mise sur le marché
de médicament ; Taxe pour la délivrance du certificat international de vaccination ; etc.

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8.2. Droits, taxes et redevances des Provinces et collectivités pu-


bliques
[437]- Les
droits, taxes et redevances au profit des Provinces et des collectivités publiques
(ETD) sont perçus par les administrations financières qui relèvent de leurs tutelles respectives.
Ce qui a été dit précédemment au sujet des recettes non fiscales du Gouvernement central vaut
mutatis mutandis pour les recettes non fiscales des provinces et ETD.

8.2.1. Fondement légal


[438]- A
ce jour, c’est l’Ordonnance-loi n° 18/004 du 13 mars 2018 fixant la nomenclature des
impôts, droits, taxes et redevances de la Province et de l’entité territoriale décentralisée ainsi
que les modalités de leur répartition, qui est en vigueur.

8.2.2. Nomenclature : exemples d’actes générateurs


[439]- La
nomenclature des droits, taxes et redevances à percevoir à l’initiative des administra-
tions et services d’assiette, au profit des Provinces et des collectivités publiques, est fixée à
l’annexe de l’ordonnance-loi n° 18/004 précitée. Elle comprend les droits provinciaux et lo-
caux, les taxes et redevances d’intérêt commun, et les taxes spécifiques à chaque Province et
collectivité publique.

[440]- A titre illustratif, voici quelques actes générateurs des cinq Ministères choisis au hasard :

– Ministère en charge de l’intérieur : Droit d’octroi de carte de résidence pour étrangers ;


Autorisation de transfert de cadavre humain ; etc. ;
– Ministère en charge des finances : Boni de liquidation d’une entreprise d’économie mixte
dans laquelle la Province détient des parts ; Dividendes versés par les entreprises
d’économie mixte dans laquelle la Province détient des actions ; etc. ;
– Ministère en charge du plan : Droit d’enregistrement des ONG à caractère provincial ;
Produit de vente des publications du Ministère provincial du Plan ; etc. ;
– Ministère en charge de la justice : Droit sur la vente publique des biens confisqués au
bénéfice des provinces ; Taxe sur les actes notariés ; etc. ;
– Ministère en charge de la communication et médias : Droit sur la diffusion de la publicité
dans la presse provinciale ; Droit sur autorisation de création d’une agence de presse
locale ; etc.

8.2.3. Répartition par Administration


[441]- L’ordonnance-loi
n° 18/004 précitée répartit les droits, taxes et redevances provinciaux et
locaux en deux catégories : (i) les taxes provinciales et locales d’intérêt commun, et (ii) les
taxes spécifiques.

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[442]- En
ce qui concerne les modalités de répartition, la part des recettes d’intérêt commun
allouée aux ETD est établie à 40%. La répartition des ressources entre les ces collectivités
publiques est fonction des critères de capacité de production, de la superficie et de la popula-
tion.

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Chapitre 9 : Quelques éléments de procédure

[443]- Laprocédure fiscale ou les procédures fiscales est/sont l’ensemble des règles organi-
sant les relations entre les acteurs du débat fiscal, à savoir l’État et ses contribuables. Elles
codifient les actions fiscales et les rapports entre ces deux parties pour définir les droits et
obligations de chacun durant la procédure d’imposition, depuis l’évaluation de l’assiette im-
posable jusqu'au recouvrement de l’impôt et sa contestation (contentieux fiscal). Cette der-
nière nait généralement de la confrontation entre le droit de l’administration fiscale à perce-
voir l’impôt et le droit du contribuable à payer l’impôt juste ou légalement fondé.

[444]- Cechapitre permettra au lecteur, d’une part, de prendre connaissance des administrations
fiscales chargées de collecter les impôts, droits, taxes et redevances (section 9.1) ; et d’autre
part, d’appréhender la portée ainsi que l’étendue des procédures par lesquelles les recettes
publiques sont recouvrées (section 9.2).

9.1. Administrations fiscales congolaises


[445]- Lapolitique fiscale congolaise est placée sous la responsabilité du Ministre des Finances.
Dès lors, les administrations fiscales fonctionnent également sous son autorité (9.1.1). Néan-
moins, les finances du pouvoir central et celles des provinces sont distinctes, en application du
principe de décentralisation financière, déjà évoqué. Du coup, en dehors des administrations
nationales chargées de l’impôt à caractère national, chaque province est aussi dotée d’une
administration fiscale chargée de prélever l’impôt à caractère provincial et local, placée sous
l’autorité du Gouverneur de province (9.1.2).

9.1.1. Administrations fiscales centrales


[446]- Au
niveau du pouvoir central, les administrations fiscales – également appelées « régies
financières » – portent la forme de directions générales, en l’occurrence la Direction Générale
des Impôts (9.1.1.1), la Direction Générale des Douanes et Accises (9.1.1.2), et la Direction
Générale des Recettes Administratives, Judiciaires, Domaniales et de Participations (9.1.1.3):

9.1.1.1. Direction Générale des Impôts (DGI)

[447]- LaDGI a été créée par l’ordonnance n° 88/039 du 10 mars 1988, modifiée par le décret
n° 17/2003 du 02 mars 2003 et le décret n° 11/43 du 22 novembre 2011. Elle a pour mission
de gérer les impôts cédulaires sur les revenus (impôts sur les revenus mobiliers, impôts sur les
rémunérations, impôts sur les bénéfices et profits) et des impôts sur le chiffre d’affaire (TVA)
à l’intérieur.

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9.1.1.2. Direction Générale des Douanes et Accises (DGDA)

[448]- La
DGDA a été instituée et organisée par Décret n° 09/43 du 03 décembre 2009. Elle a
remplacé l’ancien Office des Douanes et Accises (OFIDA). Son cadre organique est fixé par
le Décret n° 11/06 du 25 janvier 2011. Elle est chargée de la gestion, du recouvrement et du
contrôle des droits de douane, de l’impôt sur le chiffre d’affaires (TVA) aux frontières et sur
les importations, et des droits d’accises.

9.1.1.3. Direction Générale des Recettes Administratives, Judiciaires, Domaniales et de


Participations (DGRAD)

[449]- La
DGRAD a été instituée par le Décret n° 0058 du 27 décembre 1995. Elle exerce, dans
le cadre des lois et règlements en vigueur, toutes les missions et prérogatives en matière
d’ordonnancement et de recouvrement des recettes administratives, judiciaires, domaniales et
de participations émargeant au budget général de l’État. Elle s’occupe ainsi des recettes dites
non fiscales, qui constituent tout de même une catégorie d’impositions spéciales.

[450]-
Du reste, des réflexions sont en cours au niveau des décideurs dans le domaine de la poli-
tique financière publique, en vue d’une fusion de ces trois administrations financières pour en
faire une seule et unique Administration, dénommée « Autorité des Revenus ». Il semble que
l’institution de celle-ci s’inscrira dans la recherche de l’efficience (réduction du train de vie
des institutions) et l’efficacité (amélioration de la mobilisation des recettes courantes) de
l’action publique.

9.1.2. Administrations fiscales provinciales


[451]- Complémentairement aux trois administrations fiscales nationales prérappelées, il existe,
au niveau de chaque province, une administration fiscale chargée des recettes fiscales et non
fiscales provinciales et locales, issues de : l’impôt foncier, l’impôt locatif, l’impôt sur les vé-
hicules et la taxe spéciale de circulation routière, l’impôt sur les concessions minières, et les
autres droits, taxes et redevances des provinces et collectivités publiques. Il n’existe pas de
recettes douanières au niveau provincial et local.

[452]- Les
administrations fiscales provinciales sont créées par les exécutifs provinciaux dans le
cadre de la décentralisation financière. Leurs dénominations sont diverses : Direction Géné-
rale des Recettes de Kinshasa (DGRK) ; Direction Générale des Recettes du Kasaï Occidental
(DGRKOC) ; Direction Générale des Recettes du Katanga (DGRKAT) ; Direction Générale
des Recettes du Kongo Central (DGRKC) ; Direction Générale des Recettes du Maniema
(DIREMA) ; Direction Générale des Recettes du Nord-Kivu (DGR-NK) ; etc.

9.2. Portée et étendue des procédures


[453]- Sous
ce titre, il convient de passer en revue les procédures relatives aux recettes fiscales
et non fiscales, telles qu’elles découlent de la loi n° 004/2003 du 13 mars 2003 portant ré-
forme des procédures fiscales ainsi que l’Ordonnance-loi n° 13/003 du 23 février 2013 portant

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Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

réforme des procédures relatives à l’assiette, au contrôle et aux modalités de recouvrement


des recettes non fiscales. Néanmoins, dans la mesure où les règles applicables aux procédures
fiscales et non fiscales s’avèrent mutatis mutandis les mêmes, nous ne retracerons que les
premières. Il en est de même de la procédure douanière, qui ne fera pas l’objet des dévelop-
pements dans le présent ouvrage, pour autant qu’elle relève d’un droit « spécial » et vaste, à
savoir le droit douanier. Ce dernier est l’ensemble des règles et procédures qui déterminent la
perception des droits des douanes et d’accise (ou de consommation). Il peut être subdivisé en
« droit fiscal douanier » et « droit économique douanier ».

[454]- Celadit, les procédures fiscales sont variées et concernent progressivement les étapes de :
constatation de la matière imposable (9.2.1), liquidation d’impôt (9.2.2), ordonnancement
d’impôt (9.2.3), et recouvrement d’impôt (9.2.4). A côté de ces procédures normales, il existe
aussi les procédures de contrôle fiscal (9.2.5).

9.2.1. Constatation de la matière imposable


9.2.1.1. Sens et portée du procédé

[455]- Laprocédure de constatation a pour objet d’identifier et évaluer la matière imposable sur
base de l’existence juridique d’une créance de l’Etat. C’est l’opération administrative qui con-
siste à déterminer l’assiette fiscale.

[456]- Leconcept « assiette de l’impôt » – synonyme de « base imposable » – évoque


l’ensemble d’opérations administratives tendant à établir l’existence et le montant de la ma-
tière imposable, et à constater la présence du fait générateur de l’impôt, c’est-à-dire de l’acte
ou de la situation qui est la condition de la naissance de la dette d’impôt. Autrement dit, c’est
l’élément lui-même retenu pour le calcul de l’impôt par l’application du tarif, par exemple le
montant du revenu annuel.

[457]- En
droit congolais, il existe deux sortes de constations des impôts, droits, taxes et rede-
vances :

– D’une part, la « constatation consécutive à une enquête ou une mission de contrôle »


faite d’office par un Officier de Police Judiciaire des Services d’assiette, qui, dans
l’accomplissement d’un Ordre de service ou de mission, identifie la matière imposable
qui n’a pas été portée à la connaissance du Service d’assiette. En pratique, cette procé-
dure a souvent été utilisée pour la constatation de la matière imposable relative à
l’impôt sur les véhicules et la taxe spéciale de circulation routière. Dans la ville pro-
vince de Kinshasa notamment, il se dégage un taux élevé d’incivisme fiscal cristallisé
par le refus pour les contribuables de déclarer la matière imposable auprès du fisc.

– D’autre part, il existe la « constatation consécutive à une déclaration spontanée » du


contribuable. Elle est en principe écrite, en termes de dépôt d’un document administra-
tif ou d’obtention d’une autorisation d’exercer ou d’exploiter une activité auprès du
service d’assiette compétent. A cet effet, tous les contribuables sont tenus de souscrire

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Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

dans les conditions et délais prévus par la loi, des déclarations selon le modèle fourni
par l’Administration fiscale. Ils déterminent, dans ces déclarations et sous leur respon-
sabilité, les bases d’imposition et le montant des impôts et autres droits dus, confor-
mément aux dispositions légales. Les déclarations, dûment remplies, datées et signées
par les redevables ou leurs représentants, sont déposées auprès des services compé-
tents de l’Administration fiscale.

[458]- Les
déclarations doivent être souscrites même si le contribuable/redevable est exonéré.
C’est ce qui ressort de l’article 1 de la loi n° 004/2003 prérappelée, qui dispose que « toute
personne physique ou morale, exonérée ou non, redevable d’impôts, droits, taxes, acomptes
ou précomptes perçus par l’Administration des Impôts est tenue de se faire connaître, dans
les quinze jours qui suivent le début de ses activités, formulant une demande de numéro impôt
conforme au modèle fixé par l’Administration des Impôts. Le numéro impôt est attribué par
l’administration des impôts après certification de la localisation effective du contribuable ».

[459]- Par
ailleurs, le redevable de l’impôt qui n’aurait pas reçu le formulaire de déclaration ne
peut se prévaloir de cette omission pour se soustraire à l’obligation de déclaration dans les
délais impartis. Il est tenu, dans ce cas, de demander le formulaire auprès de l’Administration
des Impôts.

[460]- Toutredevable qui s’est abstenu de souscrire sa déclaration dans le délai fait l’objet d’une
lettre de relance – soit sur support papier, soit par voie électronique – valant mise en demeure
de déclarer. Dans cette veine, le concerné dispose d’un délai de cinq jours à compter de la
réception de la lettre de relance pour régulariser sa situation, le cachet de la poste ou le borde-
reau de remise faisant foi. Cette procédure ne s’applique pas en cas de récidive. En ce qui
concerne les missions diplomatiques et les organismes internationaux, la lettre de relance va-
lant mise en demeure de déclarer est adressée directement à leurs engagés locaux.

9.2.1.2. Quelques modalités de déclaration d’impôt

[461]- Depuis
la période de la vague de législations fiscales promulguées au lendemain de
l’indépendance du pays, le système fiscal congolais est resté essentiellement orienté vers le
modèle déclaratif. Voici les modalités de déclaration spécifiques à quelques impôts :

– Déclaration de l’impôt foncier :

[462]- Lecontribuable/redevable est tenu chaque année de souscrire une déclaration au plus tard
le 1erfévrier. Cette déclaration est accompagnée d’un état énonçant tous les éléments impo-
sables ou non imposables dont le contribuable/redevable est propriétaire ou concessionnaire
au 1er janvier. Toutefois, sauf notification contraire du contribuable/redevable avant le 1er jan-
vier de l’exercice, l’état le plus récent est valable pour les années suivantes.

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Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

– Déclaration de l’impôt sur les véhicules :

[463]- Le
contribuable/redevable est tenu de souscrire une déclaration par véhicule, préalable-
ment à la mise en usage. Il lui est délivré un certificat d’immatriculation. En cas de vente, de
cession, de remplacement, de modification ou de mise hors d’usage temporaire ou définitive
d’un véhicule imposable, le contribuable/redevable doit, dans les trente jours de la survenance
de l’événement, en faire la déclaration. Ce certificat d’immatriculation sert au paiement de
l’impôt annuel sur les véhicules et de la taxe spéciale de circulation routière.

– Déclaration de l’impôt sur la superficie des concessions minières :

[464]- Tout
contribuable/redevable de cet impôt est tenu de souscrire, chaque année, une décla-
ration au plus tard le 1er février de l’exercice, pour les éléments dont il est titulaire au 1er jan-
vier. La déclaration initiale est accompagnée des copies certifiées conformes des titres miniers
ou autres documents attestant lesdits droits.

– Déclaration de l’impôt sur les revenus locatifs :

[465]-
Le redevable de l’impôt sur les revenus locatifs souscrit chaque année une déclaration au
plus tard le 1er février de l’année qui suit celle de la réalisation des revenus.

– Déclaration de l’impôt sur les bénéfices et profits :

[466]- Chaque contribuable de l’impôt sur les bénéfices et profits est tenue de souscrire, chaque
année qui suit celle de réalisation des revenus, une déclaration de ses revenus. Celle-ci doit
être faite au plus tard le 30 avril et l’impôt est dû pour l’année entière.

– Déclaration de l’impôt professionnel sur les rémunérations et de l’impôt exceptionnel


sur les rémunérations du personnel expatrié :

[467]- Chaque redevable de l’impôt professionnel sur les rémunérations et de l’impôt exception-
nel sur les rémunérations du personnel expatrié, est tenue de souscrire une déclaration chaque
mois, dans les dix jours qui suivent le mois au cours duquel les rémunérations ont été versées
ou mises à la disposition des bénéficiaires. Cette déclaration doit être souscrite même si les
rémunérations ne sont pas versées. Dans ce cas, elle porte la mention « Néant » en ce qui con-
cerne les rémunérations versées et l’impôt correspondant.

[468]- Par
ailleurs, les personnes physiques rémunérées par un tiers de droit public ou de droit
privé, sans être liées par un contrat d’entreprise, sont tenues de souscrire, chacune, au plus
tard le 30 mars, une déclaration récapitulative annuelle de l’impôt professionnel sur les rému-
nérations afférentes aux rémunérations versées par son employeur au courant de l’année pré-
cédente.

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Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

– Déclaration de l’impôt mobilier :

[469]- Toute
personne redevable de l’impôt mobilier est tenue de souscrire une déclaration, dans
les dix jours qui suivent le mois au cours duquel les revenus ont été payés ou mis à la disposi-
tion des bénéficiaires. Quant aux sociétés étrangères redevables de cet impôt, elles sont tenues
de souscrire une déclaration au plus tard le 30 avril de l’année qui suit celle de la réalisation
des revenus.

– Déclaration de la TVA :

[470]- La
TVA est à charge des consommateurs de produits ou bénéficiaires de services. Elle est
collectée et acquittée par les personnes effectuant les opérations imposables. Chaque contri-
buable de cet impôt doit souscrire une déclaration d’assujettissement auprès de
l’Administration des impôts, avant le début de ses activités. Par ailleurs, toute personne dont
le chiffre d’affaires cumulé atteint en cours d’année le seuil d’assujettissement en vigueur et
qui devient, de ce fait, redevable de la TVA, doit souscrire une déclaration d’assujettissement
auprès de l’Administration des impôts avant le quinze du mois qui suit celui au cours duquel
ce seuil a été dépassé.

– Déclaration de l’impôt professionnel sur les prestations de services fournies par des
personnes non résidentes en République Démocratique du Congo :

[471]- Toute
personne physique ou morale redevable de l’impôt professionnel sur les sommes
payées en rémunération des prestations de services de toute nature fournies par des personnes
physiques ou morales non établies en République Démocratique du Congo est tenue de sous-
crire une déclaration, au plus tard le quinze du mois qui suit celui du paiement des factures.

9.2.2. Liquidation d’impôt


[472]- La
procédure de liquidation d’impôt consiste à déterminer le montant de la créance fis-
cale qui pèse sur le redevable/contribuable en indiquant les bases, taux et tarifs appliqués. En
d’autres termes, c’est l’opération qui consiste à calculer la dette fiscale du contribuable, par
application d’un taux ou d’un tarif à la base imposable, après prise en compte, le cas échéant,
de réduction ou de majoration portant sur l’impôt brut.

[473]- Liquiderun impôt nécessite de définir le « fait générateur » ainsi que les « modalités de
taxation ». Le fait générateur est l’événement qui crée la dette fiscale. Il s’agit, soit d’un fait
matériel, soit d’un acte juridique, soit encore d’une situation économique qui donne naissance
à la dette. Quant aux modalités de taxation, elles renvoient à la classification des impôts, telle
que déjà analysée dans cet ouvrage.

[474]- En
droit fiscal congolais, la liquidation des recettes publiques est opérée par les services
des administrations fiscales (DGI, DGDA ou DGRAD selon le cas), en confrontant la matière
imposable constatée aux taux et tarifs en vigueur. Les impôts et autres droits établis par les

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redevables dans leurs déclarations doivent être payés au moment du dépôt de celles-ci. Elles
sont auto liquidatives.

9.2.3. Ordonnancement d’impôt


[475]- Laprocédure d’ordonnancement d’impôt est l’opération administrative qui consiste à
établir un titre de perception, après contrôle préalable de la conformité et régularité des opéra-
tions de constatation et liquidation, destiné à la prise en charge de la recette et permettant au
receveur de l’Administration fiscale de recouvrer la créance au profit du Trésor public.

[476]- Il existe la procédure « commune » ainsi que des procédures particulières


d’Ordonnancement. Celle-là consiste, essentiellement, en l’établissement de la note de per-
ception, après contrôle, par l’ordonnateur, sur base des éléments contenus dans la facture, la
note de débit ou de taxation émise par l’agent taxateur. A l’issue des opérations
d’ordonnancement, l’ordonnateur transmet sous sa propre responsabilité, la note de perception
au receveur des recettes non fiscales pour prise en charge et mise en recouvrement de la re-
cette auprès du redevable. Les procédures particulières, quant à elles, sont d’usage dans les
opérations ci-après : (i) annulation des notes de perception ; (ii) ordonnancement de régulari-
sation ; (iii) ordonnancement des paiements échelonnés ; (iv) ordonnancement d’office ; et (v)
ordonnancement des pénalités.

9.2.4. Recouvrement d’impôt


9.2.4.1. Sens et portée du procédé

[477]- Le
recouvrement est l’étape et l’ensemble d’opérations qui concourent à la perception de
l’impôt, une fois que celui-ci est liquidé. Autrement dit, le recouvrement est la perception de
sommes d’argent dues et, par extension, l’ensemble d’opérations tendant à obtenir le paiement
d’une dette fiscale. C’est le transfert de l’impôt du patrimoine du contribuable ou redevable
légal à la caisse de l’Etat. Il consiste donc en la perception de l’impôt par le fisc par tout
moyen en l’encaissement des sommes fiscales dues.

[478]- En
droit congolais, les impôts, droits, taxes et redevances établis par les redevables dans
leurs déclarations doivent être payés au moment du dépôt de celles-ci. Les règlements
s’opèrent par versement d’espèces, par remise de chèques ou effets bancaires, par virements
ou par tout autre moyen moderne d’encaissement autorisé par les lois et règlements.

[479]- Normalement, le recouvrement se fait à l’amiable. Toutefois, en cas de non-exécution, il


est recouru à un recouvrement forcé par toutes voies de droit.

[480]- Les
débiteurs de l’Etat ne peuvent pas se prévaloir de leurs éventuelles créances vis-à-vis
de l’Etat pour s’opposer au paiement de leurs dettes. Toutefois, préalablement à tout paie-
ment, il est procédé à l’opération de la compensation légale entre les dettes et les créances
assignées sur la caisse concernée.

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Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

[481]- Parailleurs, le législateur congolais a distingué les modalités de paiement des impôts de
la procédure de l’action en recouvrement. Cette dernière comporte les modalités d’exercice
des poursuites (avec des actions comme : commandement ; avis à tiers détenteur ; saisies mo-
bilières et immobilières ; fermeture provisoire des établissements par apposition des scellés ;
etc.) et les garanties du Trésor Public, qu’il convient d’analyser dans la section suivante.

9.2.4.2. Quelques actions en recouvrement : les garanties du Trésor Public

[482]- Le
législateur congolais a prévu quatre garanties ou cautions en faveur du Trésor Public
en matière de recouvrement des impôts. Il s’agit de : (i) Privilège du Trésor ; (ii) hypothèque
du Trésor ; (iii) solidarité ; et (iv) Autorisation de sortie.

(i) Privilège du Trésor:

[483]- Envue de garantir le recouvrement des impôts, factures émises par le Gouvernement et
rendues exigibles par l’Administration des Impôts, et autres droits dus ainsi que des pénalités
et frais y afférents, le Trésor a privilège général sur tous les biens meubles et immeubles du
redevable en quelque lieu qu’ils se trouvent.

[484]- Il
convient de préciser que, juridiquement, la notion de privilège général fait référence à
une sureté légale, sans dépossession conférant à son titulaire le droit d’être payé par préfé-
rence aux autres créanciers du même débiteur. A cet effet, la loi considère qu’en raison de la
qualité de leurs créances (aliments, salaires, impôts) il est inéquitable, que certaines personnes
subissent le concours des autres créanciers et qu’elles se trouvent contraintes à ne recevoir
qu’une partie de ce qui leur est dû. Ces créances sont dénommées « créances privilégiées », à
l’opposé des « créances chirographaires », dont les titulaires ne disposent pas d’un privilège et
se partagent les sommes qui restent après que les créanciers privilégiés aient été désintéressés.

[485]- Le
privilège général reconnu au Trésor congolais grève également les biens meubles et
immeubles du conjoint du redevable dans la mesure où le recouvrement des impositions peut
être poursuivi sur lesdits biens, à moins que ce conjoint prouve qu’il possédait ces biens avant
son mariage ou que lesdits biens ou les fonds au moyen desquels ils ont été acquis provien-
nent de succession, de donation par des personnes autres que son conjoint ou de ses revenus
personnels.

[486]- Ceprivilège s’exerce avant tout autre et pendant deux ans, à compter de la date de dépôt
de la déclaration ou de l’émission de l’avis de mise en recouvrement. La saisie des biens,
avant l’expiration de ce délai, conserve le privilège jusqu’à leur réalisation. Est assimilée à la
saisie, la demande du Receveur des Impôts adressée aux tiers-détenteurs des biens des rede-
vables.

[487]- Du
reste, ce privilège du Trésor est conservé par l’exercice de tout acte ou mesure de
poursuites.

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Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

(ii) Hypothèque du Trésor :

[488]- D’emblée,il convient de préciser qu’en droit civil, l’hypothèque est un droit réel acces-
soire sur un immeuble affecté à l’acquittement d’une obligation. Cette sûreté réelle est accor-
dée à un créancier sur un immeuble en garantie du paiement d’une dette sans que le proprié-
taire du bien en soit dépossédé, ce qui l’oppose au gage, où le débiteur remet un objet de va-
leur à son créancier comme garantie de remboursement.

[489]- Le
législateur congolais prévoie que les dispositions générales (de droit commun) rela-
tives aux hypothèses sont d’application en matière des impôts, factures, et autres droits ainsi
que pénalités et frais de poursuites, pour autant que lesdites dispositions ne dérogent pas à
celles d’ordre fiscal. En effet, en vue de garantir le recouvrement des impôts, factures, et
autres droits ainsi que des pénalités et frais de poursuite, le Trésor public congolais a égale-
ment droit d’hypothèque légale sur les immeubles du redevable/contribuable. Ce droit
s’impose également sur les biens immeubles du conjoint du redevable dans la mesure où le
recouvrement des impositions peut être poursuivi sur lesdits biens, à moins que ce conjoint
prouve qu’il possédait ces biens avant son mariage ou que lesdits biens ou les fonds au moyen
desquels ils ont été acquis proviennent de succession, de donation par des personnes autres
que son conjoint ou de ses revenus personnels. Le Trésor peut exercer ce droit dès le moment
où les droits deviennent exigibles et ce, au plus tard le 31 décembre de l’année qui suit celle
de l’exigibilité des sommes dues. Dans ce cadre, le Receveur des Impôts requiert l’inscription
et accorde la levée des hypothèques légales ou conventionnelles garantissant paiement des
sommes dues.

(iii) Solidarité :

[490]- Leconcept de « solidarité fiscale » peut faire référence, d’une part, à un régime fiscal
redistributif, c’est-à-dire une politique de redistribution des revenus ou des richesses des indi-
vidus par l’application d’impôts progressifs, et, d’autre part, à un système de péréquation
entre collectivités locales. Ce n’est pourtant pas ce sens qui nous intéresse ici. Il ne s’agit pas
non plus d’un système d’imposition groupée, par exemple pour les revenus des époux. Il
s’agit plutôt d’un mécanisme de solidarité passive, qui voudrait que les sommes d’impôts et
d’autres prélèvements à caractère fiscal dues au Trésor public, soient susceptibles d’être re-
couvrées auprès de plusieurs personnes, ce qui garantit le paiement de la créance fiscale.

[491]- Celaprécisé, conformément à la volonté du législateur congolais, le recouvrement de


l’impôt établi à charge de la personne qui effectue les prestations d’assistance peut être pour-
suivi sur tous les biens, meubles et immeubles, du bénéficiaire desdites prestations, lequel est
solidairement responsable de l’impôt éludé (évité). Dans la même veine, les sociétés étran-
gères, de même que les redevables qui – sans avoir en RDC leur domicile ou leur résidence –
y possèdent un ou plusieurs établissements quelconques, doivent avoir un représentant dans ce
pays qui soit tenu – solidairement avec eux – au paiement des impôts, des pénalités et frais de
poursuites.

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Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

[492]- Par
ailleurs, en cas de cession complète de l’ensemble des éléments d’actif de l’entreprise
ou d’un secteur d’activité pouvant être considéré comme constituant une exploitation auto-
nome, le cédant et le cessionnaire sont tenus d’en aviser l’Administration des Impôts. Il en est
de même de dissolution ou de liquidation de société dont le liquidateur est tenu d’en aviser le
fisc. A cet effet, l’article 2 de la Loi n° 004/2003 prérappelée dispose que « toutes les modifi-
cations relatives à l’identité, à la direction, à l’adresse ou affectant un élément imposable ou
l’exploitation, ou y mettant un terme, feront l’objet d’une déclaration auprès de
l’administration des Impôts, dans les quinze jours de la survenance de l’événement ». A dé-
faut de notification par le cessionnaire ou le liquidateur, celui-ci est tenu au paiement des im-
pôts et autres droits dus, solidairement avec le cédant ou la société.

[493]- Le
principe de solidarité fiscale implique également que le recouvrement de l’impôt éta-
bli à charge du mari, puisse être poursuivi sur les biens de la femme, à moins qu’elle prouve
qu’elle possédait ces biens avant son mariage ou que lesdits biens ou les fonds au moyen des-
quels ils ont été acquis proviennent de succession, de donation par des personnes autres que
son mari ou de ses revenus personnels. Aussi, le recouvrement de la quote-part de l’impôt
afférente à la partie des revenus réalisés par la femme peut être poursuivi sur tous les biens
déterminés par la règle proportionnelle. Cette disposition semble discriminatoire, dans la me-
sure où rien ne justifie une telle protection exclusive en faveur de la femme, alors même qu’il
est possible que ce soit la femme qui puisse avoir des démêlés avec le fisc. Dans le cas
d’espèce, la même protection s’appliquerait-elle au bénéfice du mari ?

[494]- Enfin,les héritiers d’un redevable/contribuable décédé sont tenus, au prorata de leurs
parts héréditaires, au paiement des impôts dus par le défunt. Cela implique donc, pour les hé-
ritiers, de mieux s’informer avant tout partage de l’héritage, car il est probable, dans certaines
occurrences, que la somme d’un héritage soit inférieure à celle d’une dette fiscale.

(iv) Autorisation de sortie :

[495]- Pourprotéger le fisc contre certaines fraudes fiscales, le législateur a subordonné la sortie
du territoire national – de tout contribuable ou redevable – à la présentation, au service de la
sûreté de l’Etat, d’un document délivré par le Receveur des Impôts, attestant que le redevable
est quitte des impôts en République Démocratique du Congo.

9.2.5. Contrôle fiscal


9.2.5.1. Remarques préliminaires

[496]- Le
contrôle fiscal constitue la contrepartie normale de l’obligation faite aux contribuables
de produire des déclarations sincères et exactes de la matière imposable. Il permet à
l’Administration de s’assurer du respect de cette obligation et de pouvoir procéder le cas
échéant aux rectifications des bases d’imposition nécessaires. C’est donc une procédure du-
rant laquelle l’administration fiscale vérifie l’exactitude et la sincérité de la comptabilité et
des déclarations fiscales d’une entreprise.

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Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

[497]- Le
législateur congolais ne fournit pas une définition du concept de contrôle fiscal.
Néanmoins, la loi n° 004/2003 prérappelée dispose que :

« Les opérations de vérification consistent à confronter la comptabilité présentée à cer-


taines données de fait ou matérielles afin de contrôler la sincérité des déclarations
souscrites et de procéder le cas échéant, à l’établissement des impôts ou autres droits
éludés. Le contrôle peut également consister en l’examen de la cohérence entre élé-
ments déclarés et la situation du patrimoine, la situation de trésorerie et/ou autres in-
dices d’où résulte une aisance supérieure à ces éléments ».

[498]- Le
contrôle fiscal est différent du contrôle des finances publiques, particulièrement le
contrôle de l’exécution des recettes. Ce dernier vise plutôt la vérification de la gestion des
deniers publics par les gestionnaires publics.

[499]- Auregard de la même Loi n° 004/2003, le contrôle fiscal implique quatre attributs, à sa-
voir : le droit de contrôle (9.2.5.2), le droit de communication et de recherche (9.2.5.3), le
droit d’enquête (9.2.5.4), et le droit de visite et de saisie (9.2.5.5). Dans la mesure où certains
délais de procédures prévus par le législateur, changent souvent par des dispositions fiscales
contenues dans chaque loi de finances annuelle, il ne sera pas nécessaire de les reprendre dans
le présent ouvrage. Ainsi, le lecteur désireux de maitriser lesdits délais, pourrait bien se réfé-
rer aux textes juridiques y afférents.

9.2.5.2. Droit de contrôle

[500]- L’Administrationfiscale a le pouvoir exclusif de vérifier sur pièces ou sur place,


l’exactitude des déclarations de tous les impôts et autres droits dus par les redevables, con-
formément aux dispositions légales en vigueur.

[501]- En guise de précision, le contrôle sur pièces ou de bureau est celui qu’effectue
l’administration, sur la base des dossiers dont elle dispose ou des éléments d’information
qu’elle a pu recueillir, mais sans procéder à des investigations sur place. Très souvent, le con-
trôle fiscal sur pièces se déroule sans que le contribuable soit informé. D’ailleurs, moins le
contribuable est informé de ce type de contrôle, mieux il se porte : si l’administration fiscale
ne prend pas contact avec le contribuable, c’est qu’elle n’a décelé aucune anomalie qui justi-
fierait des investigations complémentaires.

[502]- Quant au contrôle sur place, il est celui qui se fait in situ, c’est-à-dire au siège ou rési-
dence du contribuable ou encore dans les locaux de l’administration fiscale ou du service con-
trôleur. Il peut être annoncé ou inopiné, notamment lorsque les intérêts du fisc sont menacés.

[503]- Ainsi,
l’Administration des Impôts peut inviter tout redevable à fournir verbalement ou
par écrit des explications, éclaircissements ou justifications et, en outre, s’il a l’obligation de
tenir des livres, carnets et journaux, à communiquer sans déplacement, ses écritures et docu-
ments comptables, aux fins de permettre de vérifier les renseignements demandés ou fournis.
Le redevable a, à cet effet, un délai bien précis pour y répondre. Les demandes d’explications,

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d’éclaircissements, de justifications et de renseignements peuvent porter sur toutes les opéra-


tions auxquelles le redevable a été partie et les informations recueillies peuvent également être
invoquées en vue de l’imposition de tiers. Il est possible pour le fisc d’établir d’office les im-
pôts et autres droit dus par les redevables en cas de/d : absence de déclaration ; absence de
comptabilité ; défaut de remise des pièces justificatives, des renseignements demandés ou de
réponse dans les délais fixés par la loi ; rejet d’une comptabilité considérée par
l’Administration des Impôts comme irrégulière ; et opposition au contrôle fiscal.

[504]- Par
ailleurs, en ce qui concerne les modalités d’exercice du contrôle, elles consistent de la
part des Agents de l’Administration, munis d’un Ordre de vérification signé par le fonction-
naire compétent, de pouvoir vérifier, sur place, l’exactitude des déclarations souscrites par les
redevables. Cette vérification peut être générale ou ponctuelle. Dans le premier cas, elle porte
sur tous les impôts et taxes sur toute la période non prescrite ; tandis que, dans le second cas,
elle consiste à la vérification d’un seul impôt sur une période inférieure à un exercice fiscal.

[505]- Le
contrôle sur place s’exerce au siège de l’entreprise ou au lieu de son principal établis-
sement, pendant les heures de service. Dans l’hypothèse où, pour des raisons objectives, le
contrôle ne peut s’effectuer en ces lieux, le redevable doit expressément demander qu’il se
déroule, soit dans les bureaux de son comptable, soit dans les locaux de l’Administration des
Impôts.

[506]- Tout
Agent des impôts qui est chargé d’un devoir de contrôle est tenu d’adresser un avis
de vérification au redevable, en observant un délai bien précis, avant la date de la première
intervention. Cet avis informe le redevable notamment de son droit de se faire assister d’un
conseil de son choix, et précise la nature des impôts ou autres droits ainsi que la période sou-
mise au contrôle. A cet effet, le redevable peut solliciter le report de la date de la première
intervention, en formulant par écrit et en motivant sa demande, dans un délai bien précis à
l’issue de la réception de l’avis. Ce report doit être expressément accepté par l’Agent contrô-
leur.

[507]- Aucas où les intérêts du Trésor courent le risque d’être compromis, le fisc peut procéder
sans délai à une vérification inopinée. Dans ce cas, l’avis de vérification est remis en mains
propres au contribuable lors de la première intervention. Au cours de cette première interven-
tion, les opérations doivent se limiter à des constatations matérielles concernant notamment
les inventaires, les relevés de prix et les contrôles de l’existence des pièces comptables obliga-
toires. La vérification inopinée peut également porter sur l’impôt professionnel sur les rému-
nérations et l’impôt exceptionnel sur les rémunérations du personnel expatrié, en cas de dis-
simulation d’éléments imposables devant servir mensuellement de base de calcul de ces im-
pôts.

[508]- Auterme du contrôle, les redressements effectués sont notifiés au redevable – même en
cas de non-lieu – sous forme d’avis de redressement, envoyé sous pli recommandé avec accu-
sé de réception ou remis en mains propres sous bordereau de décharge. Le redevable est invité
à faire à l’Administration des Impôts, dans un délai bien précis, soit sa confirmation, soit ses

127
Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

observations motivées. Le défaut de réponse dans le délai vaut acceptation et les suppléments
d’impôts et autres droits ainsi notifiés sont mis en recouvrement.

[509]- Enfin,
il ne peut être procédé à une nouvelle vérification portant sur un même impôt au
titre d’un exercice déjà contrôlé sur place, sauf en cas d’agissements frauduleux révélés par
une décision judiciaire ou suite à une enquête destinée à établir la réalité des faits dénoncés.
Néanmoins, cette interdiction de nouvelle vérification ne s’applique pas lorsque le contrôle a
porté sur un impôt au titre d’une période inférieure à un exercice fiscal ou s’est limité à un
groupe d’opérations.

9.2.5.3. Droit de communication et de recherche

[510]- En
droit fiscal, le droit de communication et de recherche peut être appréhendé comme le
droit conféré à certains agents de diverses administrations fiscales de prendre connaissance de
documents concernant les contribuables auprès des intéressés eux-mêmes ou auprès de tiers.

[511]- Lelégislateur fiscal congolais octroie aux agents du fisc chargés d’une mission de con-
trôle, le droit général d’obtenir, des personnes physiques ou morales, publiques ou privées
communication de toutes pièces ou documents nécessaires à l’établissement des impôts et
autres droits dus par les redevables. Ceci constitue un aspect du droit de « communication ».

[512]- Pour ce qui est de l’aspect « recherche », le législateur prévoie que les agents fiscaux –
munis d’un ordre de mission valable ont le droit de mener toutes opérations de recherche et
d’investigation en vue de collecter des renseignements à incidence fiscale et de mettre en évi-
dence les systèmes de fraude fiscale. Dans ce cadre, durant les heures d’activité profession-
nelle, ils peuvent avoir accès – à l’exception des locaux affectés au domicile privé – aux ter-
rains, aux entrepôts, aux moyens de transport à usage professionnel et à leur chargement. Ils
peuvent également procéder à la constatation matérielle des éléments physiques de
l’exploitation et entendre, le cas échéant, le contribuable ou toute personne afin d’obtenir des
renseignements ou des justifications se rapportant à l’objet de la recherche ou de
l’investigation. Aussi est-il que les constatations d’infractions et les auditions consignées dans
les procès-verbaux ne peuvent être opposées au contribuable et aux tiers impliqués que dans
le cadre des procédures de contrôle fiscal. Néanmoins, les mêmes agents peuvent procéder à
la régularisation de la situation fiscale des nouveaux contribuables découverts par eux, préala-
blement à leur prise en charge par les services opérationnels.

[513]- Pourgarantir le droit de communication au fisc, il est prévu que les entreprises publiques,
les services publics, les ETD, les établissements publics, les organismes semi-publics, les as-
sociations sans but lucratif et les établissements d’utilité publique doivent adresser à
l’Administration fiscale, dans un délai bien précis, un relevé de toutes les sommes versées à
des tiers, à quelque titre que ce soit, à l’exclusion des salaires. Il en est de même des banques
intervenant dans les opérations d’exportation ; elles disposent d’un délai bien précis pour dé-
poser un relevé des opérations effectuées par les entreprises ainsi que les volets des licences
réservés à l’Administration des Impôts, conformément à la Réglementation de change. Toutes
ces institutions ne peuvent opposer le secret professionnel au fisc.

128
Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

[514]- Toujoursdans la même optique, l’autorité judiciaire doit donner connaissance au fisc de
toute indication qu’elle peut recueillir, de nature à faire présumer une fraude commise en ma-
tière fiscale ou une manœuvre quelconque ayant pour objet ou résultat de frauder ou de com-
promettre un impôt, qu’il s’agisse d’une instance civile, commerciale ou pénale, même termi-
née par un acquittement ou un classement sans suite. Dans les jours qui suivent le prononcé de
toute décision judiciaire, les pièces restent déposées au greffe à la disposition de
l’Administration fiscale.

[515]- Enfin,
toute personne dont l’activité entre dans le champ d’application des impôts est
tenue de fournir, dans un délai précis, à l’Administration fiscale les renseignements qui lui
sont demandés et de présenter à toute réquisition des agents du fisc, les livres dont la tenue est
prescrite par la réglementation en matière d’impôts, ainsi que les pièces et documents an-
nexes.

9.2.5.4. Droit d’enquête

[516]- Précisonsd’abord que l’enquête en droit pénal est l’ensemble d’opérations de la Police
Judiciaire, ayant pour but la découverte du coupable et qui visent à rassembler les preuves de
sa culpabilité. L’enquête comporte, à cet effet, des investigations matérielles ainsi que les
collectes de dépositions.

[517]- De
ce qui précède, il y a lieu d’inférer que le droit d’enquête fiscale est la prérogative
reconnue au fisc de rechercher et découvrir le contribuable coupable d’une infraction fiscale ;
de rassembler les preuves de sa culpabilité, notamment en posant tous les actes nécessaires
quant à ce.

[518]- Selonla procédure fixée par le législateur congolais, les agents des impôts – munis d’un
ordre de mission – peuvent se faire présenter et prendre copies des factures ainsi que des
livres, registres et documents professionnels pouvant se rapporter à des opérations ayant don-
né lieu ou devant donner lieu à facturation. Ils peuvent également se faire présenter et prendre
copies de tous les documents douaniers justifiant la perception de la TVA à l’importation, la
réalité d’une exportation ou l’application d’un régime suspensif. A l’exception des locaux
affectés au domicile privé, ils peuvent avoir accès – durant les heures d’activité profession-
nelle – aux locaux à usage professionnel, aux terrains, aux entrepôts, aux moyens de transport
à usage professionnel et à leur chargement, et procéder à la constatation matérielle des élé-
ments physiques de l’exploitation. Ils peuvent également recueillir sur place des renseigne-
ments ou justifications relatifs aux opérations susvisées et, s’il échait, procéder à l’audition du
contribuable ou de toute personne afin d’obtenir des renseignements ou des justifications sur
la facture reçue ou émise par l’entreprise.

9.2.5.5. Droit de visite et de saisie

[519]- En
droit pénal, la perquisition (visite) et la saisie sont les pouvoirs par lesquels un Offi-
cier de Police Judiciaire (OPJ) peut, avec la permission du Ministère public, se transporter

129
Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

dans un domicile privé pour se saisir des preuves d’un suspect ou des preuves d’une infrac-
tion.

[520]- Ainsi,
en droit fiscal, le législateur congolais a prévu qu’un agent du fisc revêtu de la qua-
lité d’Officier de police judiciaire peut saisir le Procureur de la République territorialement
compétent pour l’autoriser à effectuer des visites en tous lieux – même privés – où les pièces
et documents nécessaires à ses investigations sont susceptibles d’être détenus, et procéder à
leur saisie, quel que soit le support, lorsqu’il existe des présomptions qu’un contribuable se
soustrait à l’établissement ou au paiement des impôts, droits et taxes, au moyens de la com-
mission de certains actes qui frisent la fraude fiscale. A cet effet, l’Officier du ministère pu-
blic saisi est tenu de vérifier, de manière concrète, si la demande d’autorisation sollicitée est
bien fondée. De ce fait, il est tenu de motiver son autorisation en indiquant les éléments fac-
tuels et juridiques nécessaires, qui laissent présumer, en l’espèce, l’existence des agissements
frauduleux recherchés.

[521]- Les
visites et saisies doivent avoir lieu entre 6 heures du matin et 9 heures du soir. Néan-
moins, en cas d’urgence laissée à l’appréciation de l’Administration, le Procureur de la Répu-
blique peut les autoriser avant 6 heures du matin et après 9 heures du soir.

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Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

Partie III :
Eléments de gestion d’entreprise : politique de
financement

[522]-
La gestion d’entreprise peut être appréhendée comme la mise en œuvre de l’ensemble des
ressources disponibles afin de s’assurer du démarrage et de la pérennisation d’un projet
d’entreprise. Elle consiste à utiliser des ressources de la société pour réaliser les objectifs
fixés en s’appuyant sur une politique de mise en marche bien déterminée. De manière géné-
rale, la gestion d’entreprise peut être assimilée au management. Toutefois, elle tend à
s’appuyer plus l’aspect financier qu’humain.

[523]- Ainsi,
l’une des finalités de la gestion d’entreprise est l’organisation efficace de toutes les
ressources de l’entreprise (ressources humaines, matérielles, financières, informationnelles,
etc.) pour orienter les activités vers des buts et objectifs communs.

[524]- Cette
troisième et dernière partie du cours met le curseur sur un seul aspect de la gestion
d’entreprise, à savoir le financement. La politique de financement a pour objet de fournir à
l’entreprise les ressources dont elle a besoin et d’en maintenir l’adéquation dans le temps. Elle
a un rôle d’équilibrage : ajuster les ressources aux besoins en masses et en termes. A travers la
politique de financement, la société détermine les moyens de financement à utiliser pour fi-
nancer les différents projets d’investissement et d’exploitation que contient la stratégie de la
société.

[525]- La
politique de financement peut être appréhendée comme un « must have » permettant à
l’entreprise de disposer des ressources nécessaires à son activité, dans la mesure où
l’entreprise est une entité économique combinant les facteurs de production (capital, travail,
matières premières) dans le but de produire des biens et services destinés à être vendus sur un
marché solvable. Le besoin en financement peut se poser aussi bien avant le lancement de
l’entreprise qu’après le démarrage de celle-ci, notamment pour booster l’activité.

[526]- Sous
ce titre, il s’agit d’esquisser les moyens de financement dont a besoin une entreprise
aussi bien dans la phase d’investissement qu’au stade d’exploitation (chap. 10). Au-delà de ce
propos général, il conviendra également de passer en revue un moyen de financement spécial,
qui concerne en particulier les jeunes entreprises, à savoir le financement participatif (chap.
11).

131
Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

Chapitre 10 : Financements classiques de l’entreprise

[527]- L’entreprisedoit assurer l’adéquation entre la stratégie choisie et les moyens financiers
dont elle dispose. Elle doit, à cet effet, estimer les besoins liés au cycle d’investissement et
ceux liés au cycle d’exploitation. Ainsi, le cycle de financement apparait comme la contrepar-
tie des cycles d’exploitation et d’investissement, dans la mesure où il consiste à trouver des
capitaux permettant à la fois de financer le court terme (cycle d’exploitation) et le long terme
(cycle d’investissement). C’est un processus regroupant l’ensemble des opérations financières
relatives à l’activité de l’entreprise.

[528]- Sous
ce chapitre, il s’agit de passer en revue les besoins financiers de l’entreprise ainsi
que les voies et moyens classiques pouvant être exploités afin de couvrir ceux-là, tant au cycle
d’investissement (section 10.1) qu’au cycle d’exploitation (section 10.2).

10.1. Investissement et financement de l’entreprise

10.1.1. Remarques préliminaires : notion de cycle d’investissement et de


plan de financement
[529]- Le
cycle d’investissement concerne l’acquisition et l’utilisation des immobilisations né-
cessaires à l’activité de l’entreprise (machines, moyens de transports, matériel informatique)
qui constituent ses outils de travail. Ce cycle est dit long, car il s’étale sur plusieurs années. Il
démarre dès la constitution de l’entreprise.

[530]- Uninvestissement est une dépense présente, engagée dans l’espoir de recevoir des re-
cettes futures. Il peut être :

– Matériel : quand il concerne l’acquisition des immobilisés de l’entreprise ;


– Immatériel : quand il concerne l’acquisition des capitaux permanents de l’entreprise,
des brevets et licences ;
– De croissance et/ou d’amélioration : quand il vise à accroitre la capacité de production
et des services de l’entreprise.

[531]- Par ailleurs, au moment du lancement de ses activités, l’entreprise a besoin de disposer
d’un « plan de financement », qui est un document présentant les besoins financiers de
l’entreprise à ses débuts puis sur plusieurs exercices et les ressources financières affectées en
contrepartie. En effet, la création d’entreprise nécessite de réaliser un plan de financement
initial et un plan de financement sur quelques années (généralement trois ans). Son objectif est
d’équilibrer avec cohérence les besoins et les ressources de l’entreprise. Autrement dit, le plan
de financement fait partie des tableaux qui constituent les prévisions financières d’une entre-
prise. Il liste, d’un côté les investissements nécessaires pour lancer l’activité et de l’autre, les
ressources mobilisées pour financer ces besoins. Somme toute, le plan de financement évalue

132
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le coût total d’un projet de création d’entreprise et s’apparente à un tableau à deux colonnes :
les besoins (appelés « emplois ») et les ressources.

Tableau 8: Exemple d’un Plan de financement d’une entreprise


qui démarre en 2020.
Plan de financement Initial 2021 2022 2023
(en USD) (en USD) (en USD)

Investissement 8 500 8 500 - -


Variation du BFR 20 000 15 400 - 2 000
Remboursements d’emprunts - 7 420 3 500 6 300
Total des besoins 28 500 31 320 3 500 8 300
Apports en capital 25 000 25 000 - -
Apports en compte courant 6 500 6 500 - 3 800
Souscription d’emprunts 3 000 3 000 - -
Variation du BFR - - 5 900 6 000
Capacité d’autofinancement 4300 4 700 4 800 -
Total des ressources 38 800 39 200 10 700 9 800
Variation de trésorerie 10 300 7 880 7 200 1 500
Solde de trésorerie 10 300 7 880 15 080 16 580
[532]-
Comme on peut constater au travers de ce tableau, le plan de financement doit ressortir
les besoins (10.1.2) puis les moyens (10.1.3) de financements de l’investissement, tels que
précisés ci-après.

10.1.2. Besoins de financement du cycle d’investissement


[533]- Les
besoins correspondent à ce que l’entreprise doit financer. A sa création, l’entreprise
doit se procurer un ensemble de biens destinés à rester dans la firme pour plusieurs années. Il
en va de même chaque année, l’entreprise devant réaliser des investissements de nature variée
correspondant à des objectifs multiples en vue d’assurer sa survie (par le renouvellement et
l’adaptation de ses matériels) et son développement (par l’accroissement de ses installations).

[534]- Ainsi,
on peut distinguer les investissements corporels (10.1.2.1), les investissements
incorporels (10.1.2.2), et les investissements financiers (10.1.2.3). Ces trois types
d’investissements sont complémentaires et représentent les moyens de mise en œuvre de la
stratégie de l’entreprise, dont ils constituent les éléments du développement futur.

10.1.2.1. Investissements corporels

[535]- Les
investissements corporels sont les investissements en actifs physiques destinés à être
utilisés durablement par l’entreprise comme moyens de production. Il s’agit des terrains,
constructions, locaux, équipements, installations techniques, matériel et outillage industriels,
etc.

[536]- Les investissements corporels répondent à des objectifs variés, notamment :

133
Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

– Création d’une capacité de production compte tenu de la demande prévue lors de la


constitution de l’entreprise ;
– Maintien de la capacité par le renouvellement des immobilisations au terme de la du-
rée de vie : investissement de remplacement ;
– Accroissement de la capacité pour assurer le développement : investissement de capa-
cité ;
– Orientation vers de nouvelles activités : investissement de modernisation ;
– Réalisation de gain de productivité afin de réduire les coûts, accroître les marges, la
compétitivité : investissement de productivité.

10.1.2.2. Investissements incorporels

[537]- Lesinvestissements incorporels sont complémentaires des investissements corporels


qu’ils précèdent, accompagnent ou suivent. Ils sont constitués des achats qui augmentent la
valeur du patrimoine de l’entreprise, mais qui ne sont pas palpables (contrairement aux inves-
tissements corporels), comme les brevets, licences, fonds de commerce, etc.

[538]- Ainsi, on dénombre parmi les investissements incorporels :

– Les investissements de recherche, qui précèdent les investissements corporels lorsqu’ils


aboutissent à améliorer, adapter ou imaginer des procédés et matériels nouveaux ;
– Les investissements en formation, qui accompagnent les investissements corporels dont
ils permettent l’usage efficace par l’adaptation des qualifications des utilisateurs ; et
– Les investissements en logiciels, qui se poursuivent au-delà de l’acquisition des maté-
riels informatiques. Il en est de même des investissements dans l’action commerciale,
qui se poursuivent après la mise en fabrication du produit.

10.1.2.3. Investissements financiers

[539]- Uninvestissement financier est une opération ou un acte permettant d’affecter des res-
sources financières sur un actif financier dans le but d’en accroître sa valeur sur une période
donnée. Ce sont les acquisitions de titres de participation, de titres immobilisés qui donnent le
droit de propriété ou de créances et qui augmentent le patrimoine financier de l’entreprise.

[540]-
Ces investissements tendent à se développer dans les grandes entreprises, telle qu’une
holding mixte qui a simultanément des activités d’exploitation industrielles et commerciales,
et des activités de gestion et de contrôle de ses filiales et participations.

10.1.3. Ressources ou moyens de financement du cycle d’investissement


[541]- L’entreprise
peut financer ses investissements par ses ressources internes/fonds propres
(10.1.3.1) ou par des fonds extérieurs/ressources étrangères (10.1.3.2).

134
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10.1.3.1. Financement par fonds propres

[542]- Également appelés « capitaux propres », les fonds propres regroupent non seulement
l’ensemble des capitaux (sommes d’argent) apportés par les actionnaires lors de la création de
la société et à l’occasion d’une augmentation de capital, mais aussi les fonds acquis par une
entreprise en raison de son activité.

[543]- Ilexiste donc trois moyens de financement sur fonds propres, à savoir (i)
l’autofinancement, (ii) l’augmentation du capital, et (iii) la cession d’éléments d’actifs :

(i) Autofinancement :

[544]- C’est
la forme préférée de financement des entreprises, qui est la plus facile à mettre en
œuvre, car il n’y a pas à obtenir l’accord des personnes extérieures à l’entreprise et aucun frais
n’est requis. Toutes les entreprises l’utilisent, y compris les plus grandes.

[545]- L’autofinancement est le financement des investissements par les moyens propres de
l’entreprise, la ressource qui provient de l’activité de l’entreprise et conservée par elle. Il
s’agit notamment de : bénéfices non distribués ; bénéfices réels, prélevés sur les bénéfices ;
réserves occultes ; provisions pour charges et pertes ; et amortissements.

[546]- L’autofinancement est un gage d’indépendance pour l’entreprise ; elle n’a alors pas be-
soin de solliciter des prêts auprès des banques ou institutions financières qui demandent des
garanties, ou encore, de recourir au soutien financier aléatoire des actionnaires. Pour certaines
entreprises, elle constitue la source exclusive du financement dans les phases décisives de leur
développement.

[547]- Au
reste, le calcul de la capacité d’autofinancement (CAF) peut être réalisé soit à partir
de l’excédent brut d’exploitation soit à partir du résultat net. En voici les formules :

– Capacité d’autofinancement = excédent brut d’exploitation + produits encais-


sables charges décaissables

– Capacité d’autofinancement = résultat net + charges calculées produits calcu-


lés + valeur nette comptable d’éléments d'actifs cédés produits de cession des
éléments d’actifs

(ii) Augmentation du capital :

[548]- Ce
mode de financement est plus rare, car il est plus difficile de trouver de nouveaux ap-
porteurs de fonds que de puiser dans ses propres ressources. L’augmentation du capital per-
met de financer le développement de l’entreprise (investissements nouveaux) ou, en cas de
perte, de rétablir une situation financière saine (émission de titres, introduction en bourse,
capital-risque, etc.).

135
Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

[549]- Il
convient de préciser que le capital social est la somme que les associés ont décidé de
consacrer, de manière durable, à la constitution de l’entreprise. Il ne peut être retrouvé qu’à la
liquidation de l’entreprise ou par le biais d’une vente des titres. Selon le législateur OHADA,
toute société doit avoir un capital social qui est indiqué dans ses statuts. Il représente le mon-
tant des apports en capital faits par les associes à la société et augmente, le cas échéant, des
incorporations de réserves, de bénéfices ou de primes d’apports, d’émission ou de fusion. En
contrepartie des apports, la société rémunère l’apporteur par des titres sociaux, pour une va-
leur égale à celle des apports. En contrepartie des incorporations de réserves, de bénéfices ou
de primes d’apports, d’émission ou de fusion, la société émet des titres sociaux ou élève, le
montant nominal des titres sociaux existants. Ces deux procédés peuvent être combines. Au
reste, le capital social est divise en parts sociales ou en actions, selon la forme de la société.

[550]- Celadit, il existe divers moyens pour effectuer une augmentation de capital dans une en-
treprise, à savoir :

– Par incorporation des réserves : les réserves des bénéfices réalisés par l’entreprise
pendant une ou plusieurs années et qui n’ont pas été distribués, peuvent permettre à
l’entreprise d’augmenter son capital sans recourir à de nouveaux associés ;

– Par apport numéraire : concerne uniquement les sommes d’argent. Les nouveaux
fonds n’appartiennent pas à l’entreprise mais à un tiers à la société qui deviendra un
associé. Le préalable pour organiser une augmentation du capital par numéraire est la
libération totale du capital social constitutif de l’entreprise ;

– Par apport en nature : il s’agit des apports faits par des futurs associés ; ils concernent
les biens autres que l’argent. Les apports en nature sont très variés, il peut s’agir d’un
immeuble ou des locaux commerciaux, qui donne à l’entreprise la propriété ou la
simple jouissance du bien ;

– Par conversion de dettes : les fournisseurs de l’entreprise peuvent être invités à entrer
dans le capital social de l’entreprise, lorsque celle-ci rencontre des problèmes de tréso-
rerie. Cette opération de conversion des dettes permet à l’entreprise de reconstituer sa
capacité d'endettement ainsi que sa capacité d'autofinancement. Sa structure financière
et son équilibre financier s’améliorent, car le montant des dettes diminue, celui de ca-
pitaux propres augmente, et l’entreprise parait, du coup, moins endettée.

(iii) Cession d’éléments d’actifs :

[551]- Précisons
d’emblée qu’il existe deux types d’actifs : les actifs immobilisés affectés dura-
blement à l’exploitation (actifs corporels, incorporels et financiers) et les actifs circulants (qui
n’ont pas vocation à rester durablement au bilan de l’entreprise).

[552]- Ainsi,
la cession d’actif est « une opération économique et financière, qui consiste à céder
des actifs (immobilisés ou circulants) à une autre entreprise. Particulièrement sollicitée en

136
Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

période de difficulté économique, cela permet au cédant de faire face à un besoin de liquidi-
tés ». La cession d’actif a pour avantages, notamment, de permettre à l’entreprise : de mainte-
nir sa réserve de liquidité ; d’obtenir plus de fonds pour se développer et investir davantage ;
de créer une créance chez le cessionnaire ; etc.

[553]- Au
reste, les cessions de créance peuvent procéder d’un renouvellement normal des im-
mobilisations, de la nécessité d’utiliser ce procédé pour obtenir des capitaux, ou de la mise en
œuvre d’une stratégie de recentrage (cessions des participations ou filiales marginales par
rapport aux métiers dominant qu’elle exerce).

10.1.3.2. Financement des investissements par ressources étrangères

[554]- Les
fonds propres sont souvent insuffisants pour financer la totalité des investissements
de l’entreprise. Celle-ci peut – et devrait en fait – recourir à des sources de financement ex-
ternes, à savoir les fonds étrangers. Ces derniers sont exactement l’inverse de fonds propres
de l’entreprise. Il s’agit des fonds que cette dernière va emprunter, que ce soit auprès d’une
banque, d’une compagnie d’assurances, d’un fonds de pension, ou de tout autre bailleur
de fonds. On peut évoquer (i) l’emprunt et (ii) le crédit-bail :

(i) Emprunt à long ou moyen terme :

[555]- L’empruntcorrespond à une somme d’argent mise à la disposition de l’entreprise avec


obligation de la rembourser selon un échéancier préalablement établi. En contrepartie du fi-
nancement, l’entreprise devra verser des intérêts à son préteur. L’emprunt est parfois accom-
pagné d’une garantie qui servira en cas de difficultés de remboursement. Dans cette optique,
l’Acte uniforme OHADA du 15 décembre 2010 portant organisation des sûretés, prévoit un
certain nombre des moyens de garantie, que peuvent utiliser les entreprises singulièrement
pour contracter un emprunt.

[556]- Les
crédits dont bénéficient les entreprises dépendent d’une grande part de la qualité de
leurs financements propres. Les entreprises qui disposent des capitaux propres importants et
les entreprises qui réalisent un bon chiffre d’affaires ont plus de facilités de se voir accorder
un prêt. Ces emprunts peuvent être sur une durée de plus de 5 ans (emprunt ou dette à long
terme) ou d’une durée de 1 à 5 ans (emprunt ou dette à moyen terme).

[557]- Le
recours à ce mode de financement augmente l’endettement de l’entreprise et réduit sa
capacité d’emprunt. Globalement, il existe deux types d’emprunts, à savoir les emprunts obli-
gataires et les emprunts indivis :

– L’emprunt obligataire est un titre de créance, une dette émise par une personne morale
(une entreprise privée, une société publique, un Etat ou une collectivité publique) pour
se financer auprès d’investisseurs, appelés les obligataires. Les obligations sont des
titres financiers assimilables à une dette pour l’entreprise qui émet les titres. Lors d’un
emprunt obligataire, l’émetteur et le souscripteur signent un contrat obligataire pour
formaliser le prêt qui fixe notamment la maturité et le taux d’intérêt. En somme,
137
Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

l’emprunt obligataire est une source de financement par émission de titres qui permet à
toute entreprise de financer tout type de besoin à plus ou moins long terme.

Il convient de préciser qu’une « obligation » est un titre financier qui s’échange sur les
marchés. C’est une créance prise par une entreprise auprès d’investisseurs particuliers
ou institutionnels. Cela signifie qu’une société émet des obligations lorsqu’elle sou-
haite emprunter de l’argent sur les marchés financiers. Des épargnants placent leur ar-
gent dans ces titres et achètent les obligations, devenant du même coup créanciers ou
prêteurs de l’opérateur émetteur.

Figure 5: Illustration de l’emprunt obligataire

– L’emprunt indivis est un emprunt ordinaire faisant l’objet d’un contrat entre un prêteur
et un emprunteur (un particulier ou une entreprise). Il n’y a qu’un seul prêteur, il est
donc indivisible, d’où le qualificatif indivis. Il peut mettre en scène plusieurs emprun-
teurs face à un seul préteur.

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Figure 6: Illustration de l’emprunt indivis

(ii) Crédit-bail :

[558]- Le
crédit-bail – autrement dit « leasing » ou location avec option d’achat – est un contrat
de location entre deux parties, dont l’une exploite le bien de l’autre sans en être propriétaire
pendant toute la durée du contrat, avec une promesse de vente à l’issue de la période de loca-
tion selon les conditions définies.

[559]- Il
s’agit d’une opération financière par laquelle un établissement de crédit dénommé le
"crédit-bailleur" donne en location à un crédit-preneur des biens d’équipement, tels, qu’un
fonds de commerce, de l’outillage, une voiture, un parc automobile ou des biens immobiliers.
A un moment quelconque du contrat, mais le plus souvent à l’échéance, le crédit-preneur peut
décider de devenir propriétaire du ou des biens ou des droits qui ont été l’objet du contrat.

[560]- Ce
mode de financement a particulièrement pour avantages : de permettre le financement
intégral des biens concernés ; de ménager la trésorerie de l’entreprise en évitant de mobiliser
des fonds conséquents pour l’acquisition du matériel ; d’obtenir immédiatement la jouissance
des biens en location. Aussi, ce financement n’est pas censé figurer dans les dettes du bilan et
rend la situation d’endettement moins apparente.

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Tableau 9 : Besoins et moyens de financement du cycle d’investissement de l’entreprise


BESOIN/MOYEN EXEMPLES
DE FINANCE-
MENT
Investissements - Terrains ;
corporels - Constructions ;
- Locaux ;
- Equipements ;
- Installations techniques ;
- Matériel et outillage industriels ;
Besoins du cycle - Etc.
d’investissement Investissements - Brevets ;
incorporels - Licences ;
- Fonds de commerce ;
- Etc.
Investissements - Acquisition de titres de participation ;
financiers - Acquisition de titres immobilisés ;
- Etc.
Fonds propres (ca- - Autofinancement (bénéfices non distribués ; bénéfices réels,
pitaux propres) prélevés sur les bénéfices ; réserves occultes ; provisions pour
charges et pertes ; et amortissements) ;
Moyens de finan- - Augmentation du capital (incorporation des réserves ; apport
cement du cycle numéraire ; apport en nature ; conversion de dettes);
d’investissement - Cession d’éléments d’actifs (actifs corporels, incorporels et
financiers ; actifs circulants).
Ressources étran- - Emprunt (emprunt obligataire et emprunt indivis) ;
gères - Crédit-bail, « leasing » ou location avec option d’achat.

10.2. Exploitation et financement de l’entreprise

10.2.1. Remarques préliminaires


[561]- La
terminologie comptable de « cycle d’exploitation » désigne toutes les opérations né-
cessaires à la réalisation des activités économiques, commerciales et productives de
l’entreprise. Autrement dit, le cycle d’exploitation de l’entreprise correspond à toutes les acti-
vités auxquelles s’adonne l’entreprise pour mettre ses produits et services en marché et de
façon permanente. En fonction du domaine d’activité de l’entreprise, la durée du cycle
d’exploitation peut varier de quelques jours à plusieurs années. Les activités hors exploitation
sont des évènements ponctuels qui peuvent influencer les revenus, les dépenses ou le flux de
trésorerie.

[562]- Ici
également, il convient d’esquisser les besoins (10.2.2) puis les moyens (10.2.3) de
financements du cycle d’exploitation de l’entreprise.

10.2.2. Besoins du financement du cycle d’exploitation


[563]- Dans
ce cycle, l’entreprise a besoin de capitaux pour financer son exploitation : acheter
des matières, les stocker, les transformer, stocker les produits finis, etc. L’importance des be-
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soins issus de l’exploitation dépend essentiellement de la durée du cycle de fabrication, de la


gestion des stocks, de la politique de crédit consenti aux clients et des délais de paiement ob-
tenus des fournisseurs.

[564]- Ainsi,
dans le langage comptable, on distingue essentiellement les besoins en fonds de
roulement (10.2.2.1) et de trésorerie (10.2.2.2) :

10.2.2.1. Besoin en Fonds de Roulement

[565]- Le
Besoin en Fonds de Roulement (BFR) représente la trésorerie dont l’entreprise a be-
soin en permanence pour couvrir son cycle d’exploitation. Plus en détail, une entreprise en-
caisse du chiffre d’affaires, ce dernier servant à couvrir ses décaissements et charges cou-
rantes (loyer, salaires...). Souvent, il existe un décalage entre les encaissements et les décais-
sements, en termes de délais de paiement client et/ou fournisseurs, de durée du stockage des
produits avant leur vente, du délai de production à partir de l’achat des matières premières,
etc. Ainsi, le BFR représente la somme d’argent nécessaire pour effacer ce décalage de tréso-
rerie. En vocabulaire comptable, le BFR représente le besoin en financement à court terme
d’une entreprise, qui sert à combler ses décalages de trésorerie. On parle de besoin
de financement de bas de bilan.

[566]- Par
ailleurs, le BFR résulte du décalage entre tout ce que l’entreprise doit payer et tout
l’argent qu’elle doit récupérer du fait de son activité. L’ensemble de ces décalages crée un
BFR qui peut être, soit positif (ce qui signifie que l’entreprise a un besoin à financer), soit
négatif (ce qui signifie que l’entreprise génère une ressource financière en profitant de ces
décalages). Dès lors, un bon gestionnaire doit toujours veiller à améliorer son BFR pour éviter
les soucis financiers. Pour ce faire, il doit le calculer. Le BFR se calcule à un instant T, géné-
ralement sur la base des informations d’un bilan comptable ou d’une situation comptable in-
termédiaire. Il est égal à la différence entre les stocks plus les créances clients et les dettes
qu’elle n’a pas encore payées, liés au cycle court d’exploitation.

– BFR = Emplois – Ressources


– BFR = (stock + créances clients + autres créances) – dettes fournisseurs,
fiscales et sociales
[567]- Ainsi,
le calcul du BFR permet d’obtenir le montant du besoin ou de la ressource de fi-
nancement générée par une entreprise suite aux différés d’encaissements et de décaissements
sur son cycle d’exploitation : stocks, créances clients, créances fiscales, dettes fournisseurs,
dettes fiscales, dettes sociales, ainsi que toute autre créance ou dette liée à l’exercice de son
activité.

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Tableau 10: Exemple de calcul du BFR


Emplois et ressources 2021 2022 2023
(en USD) (en USD) (en USD)

Créances clients 35 000 21 000 42 000


Stock 7 000 12 000 15 000
Crédit TVA 450
Besoins d’exploitation 42 450 33 000 57 000
Total des besoins 42 450 33 000 57 000
Dettes fournisseurs 18 000 20 000 25 000
Salaires et charges sociales 4 000 5 000 4 500
Impôt sur les bénéfices 85 245 1 200
TVA 2 500 4 000
Ressources d’exploitation 22 085 27 745 34 700
Total des ressources 22 085 27 745 34 700
Variation du BFR 20 365 -15 110 17 045
BFR 20 365 5 255 22 300

10.2.2.2. Trésorerie

[568]- L’exploitation
engendre des besoins temporaires de trésorerie. Faire face aux échéances
des règlements exige des liquidités qui ne sont pas toujours disponible.

[569]- Latrésorerie est de l’argent sur un compte courant et disponible à tout moment. Cet ar-
gent permet de régler les échéances courantes (les charges fixes ou variables, le loyer, les sa-
lariés, les taxes, les impôts, etc.), les commandes et surtout pour faire face au décalage de
paiement des factures des clients. Le suivi de la trésorerie dans une entreprise est fondamental
pour maintenir l’activité au quotidien et surtout la pérennité de la société. Pour cela, il est né-
cessaire de détecter, limiter et anticiper les besoins de finance pour optimiser les ressources.
Le solde du compte courant doit en principe être positif, mais il varie en fonction des nécessi-
tés. Dans certains cas, il peut arriver que le compte devient débiteur. La disponibilité en liqui-
dité est négative et on parle alors d’un « besoin de trésorerie ».

[570]- Effectivement,
un besoin de trésorerie se traduit par une situation dans laquelle une en-
treprise ne dispose plus d’assez de liquidités (avoirs et crédits), en caisse ou en banque, pour
payer ses débiteurs, fournisseurs ou salariés aux dates prévues. Autrement dit, les soldes de
caisse, de comptes bancaires et chèques postaux de l’entreprise sont négatifs. Ou tout simple-
ment, son compte de trésorerie est débiteur. L’évolution du besoin de trésorerie révèle l’état
de santé d’une entreprise.

[571]- Et
les origines d’un manque de trésorerie peuvent être nombreuses. Dans cette veine, on
distingue les causes structurelles et les causes conjoncturelles. Les causes structurelles sont
notamment : (a) l’insuffisance de fonds de roulement (haut du bilan) due à un investissement
excessif ou un faible capital social. À titre de rappel, le fonds de roulement s’obtient par la
différence entre les ressources stables et les emplois durables ; (b) le mauvais financement du
besoin en fonds de roulement (bas du bilan) : augmentation des stocks, retard de paiement ou

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allongement de crédits consentis aux clients, raccourcissement des délais fournisseurs, endet-
tement global excessif, etc. ; (c) les charges trop importantes : salaires, loyers, etc. Quant aux
causes conjoncturelles, elles sont généralement dues à un environnement économique défavo-
rable tel que : (a) l’augmentation d’activité avec insuffisance de marge commerciale ; (b) la
défaillance de paiement du client entrainant un manque d’encaissement ; (c) l’annulation de
commandes entrainant un gonflement accidentel de stocks ; (d) les diverses circonstances –
comme les crises, grèves, conflits sociaux – entrainant diverses difficultés financières.

10.2.3. Ressources ou moyens de financement du cycle d’exploitation


[572]- Il
existe également divers moyens pour financer les besoins de l’entreprise exprimés au
cycle d’exploitation, particulièrement en recourant au fonds de roulement (10.2.3.1), au crédit
fournisseurs (10.2.3.2), à la mobilisation de créances (10.2.3.3), au crédit de trésorerie
(10.2.3.4), etc.

10.2.3.1. Fonds de roulement - financement stable

[573]- Le
fonds de roulement est défini comme le surplus des actifs rapidement transférables en
espèces par rapport aux exigibles à court terme. C’est l’excédent de capitaux stables, par rap-
port aux emplois durables, utilisé pour financer une partie des actifs circulants. Il résulte de la
politique financière de l’entreprise et est destiné à couvrir le besoin de financement permanent
qu’exige l’exploitation.

[574]- Le fonds de roulement permet ainsi de financer les investissements nécessaires à


l’activité sur plusieurs années. Connaître le fonds de roulement de l’entreprise permet
de piloter cette dernière de manière efficace, en connaissant sa capacité à couvrir ses dépenses
sans avoir recours à un emprunt.

Fonds de roulement = Capitaux permanents - Actifs immobilisés

[575]- Le
fonds de roulement est donc positif si les fonds stables de l’entreprise suffisent à fi-
nancer les immobilisations. L’excédent peut alors être affecté aux besoins générés par le cycle
d’exploitation (activité) de l’entreprise.

10.2.3.2. Crédit fournisseurs

[576]- Il
s’agit de l’octroi de délais de paiement. Les délais de règlement accordés par les four-
nisseurs constituent une forme de crédit inter-entreprises qui permet le financement des stocks
immobilisés et d’une partie des délais de paiement accordés aux clients.

[577]- C’est
un crédit à moyen ou long terme qui est octroyé par l’exportateur à son acheteur
dans le cadre de son contrat commercial. L’objet du contrat doit être l’exportation de biens
et/ou de services. L’entreprise s’adresse ensuite à sa banque pour refinancer le crédit accordé
au client. Grâce à cette solution l’entreprise préserve sa trésorerie et représente un argument

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commercial non négligeable. C’est donc la banque qui se substitue à l’entreprise pour ce qui
concerne la créance sur le client étranger.

10.2.3.3. Mobilisation de créances

[578]- Pour
se procurer des liquidités, l’entreprise qui a accordé des délais de paiements peut
mobiliser ses créances sans attendre leur échéance.

[579]- Lamobilisation de créances est une forme de financement à court terme auquel une en-
treprise peut avoir recours. Elle consiste à céder un effet de commerce à un tiers en échange
de son paiement. Une entreprise confie une facture qui n’a pas encore été payée à une société
spécialisée qui lui remet le montant correspondant, minoré de frais et de commissions. Avoir
recours à la mobilisation de créances permet à l’entreprise d’alléger sa situation de trésore-
rie en bénéficiant immédiatement du montant d’une facture sans attendre sa date d’échéance.
Il peut également être judicieux d’y recourir pour gérer les factures adressées à des clients
identifiés comme mauvais payeurs, qui ont pour habitude de régler leurs dettes en retard.

[580]- Les
principales formes de mobilisation de créances sont (i) l’affacturage, (ii) la cession
Dailly et (iii) l’escompte bancaire :

(i) Affacturage :

[581]- C’est la solution de mobilisation de créances commerciales la plus utilisée à l’heure ac-
tuelle. L’entreprise contacte un établissement spécialisé (appelé un « factor »), signe un con-
trat et lui remet ses créances. En échange, la société d’affacturage lui reverse immédiatement
les fonds correspondants, sur lesquels il précompte des frais de dossier et commissions (com-
mission d’affacturage et commission de financement). Ici, la gestion du poste clients est entiè-
rement externalisée au profit du factor. L’entreprise ne doit plus assurer le recouvrement des
créances clients qu’elle lui a transmises. C’est ce factor qui va s’en charger.

(ii) Cession Dailly :

[582]- Le
principe de la cession dite Dailly est semblable à l’affacturage, à la différence qu’elle
passe par une banque plutôt qu’un factor. L’entreprise transmet un bordereau qui contient
tous les détails de la créance concernée à sa banque afin de la lui céder. La cession Dail-
ly représente en ce sens un crédit à court terme : la banque accorde une avance de trésore-
rie qui correspond au montant total de la créance en attente de règlement, que l’entreprise
devra rembourser dans un délai convenu à l’avance. Relancer le client et obtenir la somme
qu’il doit, reste à la charge de l’entreprise. Dans l’éventualité où il ne s’est toujours pas ac-
quitté de sa dette une fois la date de paiement arrivée à échéance, l’entreprise devra néan-
moins rembourser la somme qui a été avancée à la banque.

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(iii) Escompte bancaire :

[583]- L’escomptebancaire consiste, pour une entreprise, à céder à un établissement bancaire


des effets de commerce (lettre de change, billet à ordre…). Elle doit, au préalable, négocier
une ligne d’escompte et signer une convention. Plusieurs paramètres seront pris en compte par
la banque, comme l’état de santé financière de l’entreprise. La banque paie immédiatement les
effets de commerce à l’entreprise. Elle déduit toutefois de son règlement sa rémunération (in-
térêts et commissions).

10.2.3.4. Crédit de trésorerie

[584]- Le
crédit de trésorerie est une sorte de crédit à court terme qui est accordé essentiellement
aux entreprises plutôt qu’aux particuliers. Les établissements bancaires exigent généralement
que leur client commercial procure, en échange de liquidités, une forme de garantie. Cette
dernière peut s’agir d’un actif tangible comme les matières premières, de stock ou d’autres
marchandises. En principe, la limite de crédit accordé pour le compte de trésorerie équivaut à
un pourcentage de la valeur de la marchandise qui est mise en gage. Même si le crédit de tré-
sorerie est généralement une forme de financement garanti, celui-ci est en temps normal sou-
mis à l’approbation du crédit.

[585]- Les
types de crédits de trésorerie sont notamment : (i) le découvert bancaire ; (ii) la facili-
té de caisse ; (iii) les crédits relais ; (iv) le crédit de campagne :

(i) Découvert bancaire :

[586]- Il
signifie un solde négatif sur un compte bancaire. Ainsi, on parle de découvert bancaire
dès lors que les sommes prélevées sur un compte bancaire dépassent le disponible. Ce décou-
vert peut être autorisé par la banque qui, en contrepartie de cette facilité, réclamera des inté-
rêts débiteurs au titulaire du compte.

(ii) Facilité de caisse :

[587]- C’est
une autorisation qui permet d’être en position débitrice sur son compte, quelques
jours par mois et pour faire face à des décalages entre la date d’encaissement des revenus et la
date à laquelle on fait ses dépenses. Elle ne doit pas se transformer en un découvert perma-
nent.

(iii) Crédit ou prêt relais :

[588]- C’est
un type particulier d’emprunt qui permet à un propriétaire d’acheter un nouveau
bien avant d’avoir vendu sa propriété actuelle. Ce mécanisme a donc pour but de financer un
achat afin que l’emprunteur puisse bénéficier des bonnes opportunités du marché immobilier
sans avoir besoin de trouver acquéreur au préalable. Si le bien nouvellement acquis est moins
cher que le prix de vente estimé du premier logement, on parle alors de « prêt relais sec »
(dont le taux peut être plus élevé).

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(iv) Crédit de campagne :

[589]- Lecrédit de campagne est un crédit professionnel à court terme qui répond aux besoins
nés d’une activité périodique et donc, du caractère saisonnier des achats et de la fabrication,
ou, des ventes des entreprises. Il peut prendre la forme d’un crédit par caisse, d’un crédit par
billet ou d’une avance sur marchandises.

Tableau 11 : Besoins et moyens de financement du cycle d’exploitation de l’entreprise


BESOIN/MOYEN DE EXEMPLES
FINANCEMENT
Besoin en Fonds de - Terrains ;
Roulement - Stocks ;
- Créances clients ;
- Créances fiscales ;
- Dettes fournisseurs ;
Besoins du cycle - Dettes fiscales ;
d’exploitation - Dettes sociales ;
- Etc.
Besoin de Trésorerie - Charges fixes ou variables ;
- Loyer ;
- Impôts et Taxes ;
- Etc.
Fonds de roulement
Crédit fournisseurs
Mobilisation de - Affacturage ;
Moyens de finance- créances - Cession Dailly ;
ment du cycle - Escompte bancaire.
d’exploitation Crédit de trésorerie - Découvert bancaire ;
- Facilité de caisse ;
- Crédits relais ;
- Crédit de campagne

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Chapitre 11 : Financement participatif ou « Crowdfun-


ding »
[590]- Dansle chapitre précédent, nous avons relevé que les fonds propres sont le plus souvent
insuffisants pour financer la totalité des investissements et l’exploitation, et que l’entreprise
est parfois tenue de recourir à des sources de financement externes (fonds étrangers), parmi
lesquelles figurent les emprunts à long ou moyen terme (emprunts obligataires et emprunts
indivis) et le crédit-bail.

[591]- Endehors des moyens de financement classiques analysés, il y a un autre type de finan-
cement en vogue à l’ère du numérique, et qui connait un grand succès auprès de jeunes entre-
prises (PME/PMI et start-up), ces dernières pouvant ainsi se financer sans l’aide des acteurs
traditionnels : il s’agit du « Crowdfunding », dont il convient ici de mettre en relief les notion
et historique (section 11.1), les parties prenantes (section 11.2) et les formes de déclinaison
(section 11.3).

11.1. Notion et historique

11.1.1. Concept et considérations générales


[592]- Littéralement,
Crowdfunding signifie « financement par la foule ». C’est généralement le
terme le plus employé pour faire référence à cette pratique financière ; mais il est aussi appelé
« financement participatif » ou « sociofinancement ».

[593]- Cettepratique se fait essentiellement par le biais d’internet et a d’ailleurs connu un essor
grâce aux réseaux sociaux. Des porteurs de projets (particuliers, associations ou entreprises)
font appel à la participation du grand public afin de financer leurs idées, programmes ou pro-
duits. Les investisseurs – généralement inconnus du porteur de projet – prennent connaissance
de l’opportunité d’investissement par le biais d’une plateforme internet dont l’activité est de
présenter des projets d’investissements à ses utilisateurs. Les plateformes web sont ainsi le
support pour mettre en relation d’un côté un investisseur et de l’autre un projet dont la réalisa-
tion rencontre des obstacles de fonds propres. Les transactions sont donc totalement dématé-
rialisées et désintermédiées.

[594]- Effectivement,le crowdfunding s’inscrit dans un processus de désintermédiation et la


contribution peut se faire par des particuliers ou des entreprises, quel que soit le domaine
d’activité. Les banques n’étant plus les seules maîtresses des fonds et des capitaux, le projet
est susceptible d’être réalisé librement.

[595]- Il
convient de faire remarquer que le Crowdfunding ne remplace bien évidemment pas les
solutions traditionnelles de souscription ni même d’investissement, mais il participe à une
nouvelle forme de diversification en termes d’épargne et de placements rentables. Plus large-
ment, on peut voir dans le développement du Crowdfunding une tendance naturelle et légitime

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dans un contexte mondial où la consommation collaborative et la production participative


jouent un rôle de plus en plus important

[596]- En
somme, le crowdfunding est un ensemble de techniques et de méthodes pour « lever
des fonds », dans le but de réaliser un projet, notamment un projet de création d’une entre-
prise.

11.1.2. Genèse et évolution historique


[597]- Bien
que le financement participatif n’ait gagné en visibilité que récemment, il en existe
plutôt des cas plus anciens. En effet, la forme de financement la plus ancienne est souvent
assimilée à celle des business angels (ou investisseurs providentiels). Les premières bribes de
financement participatif apparaissent dès le 18ème siècle, sous un aspect communautaire et
concernent le plus souvent des actions de charité.

[598]- Levéritable starting-block de cette pratique de sociofinancement est généralement assi-


milé à la première collecte de fonds menée en 1875 par Auguste Bartholdi, concepteur de la
statue de la Liberté. Comme souvent, ce sont donc les américains qui ont été les premiers à
introduire un tel concept. A cette occasion, plus de 160 000 contributeurs de toute condition et
tous âges, français et américains, financent la construction de la statue symbolisant la liberté
bien sûr, mais également l’amitié entre les États-Unis et la France. À la même époque, à Bar-
celone, en 1885, c’est la Sagrada Familia, Église expiatoire, imaginée par l’architecte catalan
Gaudi, qui bénéficie uniquement de l’aumône et des dons de très nombreux donateurs ano-
nymes pour sa construction. Celle-ci n’étant toujours pas achevée, elle est financée par
l’entrée des visiteurs actuels.

[599]- Avec
l’apparition d’internet dans les années 1990, le financement participatif se multiplie
et touche de nombreux secteurs. C’est l’univers de la musique et des labels musicaux qui
ouvre la marche avec la campagne de financement participatif organisée en 1997 par les fans
du groupe de rock anglais Marillion, pour financer une tournée aux États-Unis. Ces investis-
sements collectifs se multiplient et les premières plateformes dédiées apparaissent. C’est la
naissance notamment de My Major Company, label participatif qui produira Grégoire. Les
domaines se diversifient également avec la création de Indiegogo (2008) ou Kickstarter
(2009) qui propose de financer des projets qui n’en sont qu’au stade d’idée en échange de
récompenses.

[600]- En
2008, Barack Obama utilise la collecte de fonds pour financer une partie de sa cam-
pagne présidentielle qui le mènera à la Maison Blanche. En 2011, il réitère l’opération dans la
course au bureau ovale. Il récolte ainsi sur son propre site environ 118 000 000 USD avec
49% de ses donateurs ayant apporté des sommes de 200 USD ou moins. Un an plus tard,
Obama met en place le JOBS Act (Jumpstart Our Business Startups Act) afin d’établir un
premier cadre légal à cette méthode de financement désintermédiée. Une distinction est no-
tamment établie entre le financement participatif dans une optique caritative et celui qui im-
plique un retour sur investissement.

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[601]- Depuis,
le nombre de plateformes a explosé avec pour chacune des domaines de spéciali-
sations et des modes de fonctionnement bien spécifiques.

11.2. Parties prenantes


[602]-
Le crowdfunding réunit trois acteurs principaux : la plateforme web qui présente le projet
de financement au public (11.2.1), le porteur de projet qui est à la recherche d’un financement
(11.2.2) et l’investisseur qui prend connaissance du projet sur la plateforme et éventuellement
décide d’investir (11.2.3).

11.2.1. Plateforme internet


[603]- Dans
le cadre du financement d’une société, la plateforme de financement (ci-après : « la
plateforme ») permettant la levée des fonds, est une société exploitant un site internet et agis-
sant comme intermédiaire. Il peut s’agir d’une personne physique ou morale. Ce sont en règle
générale des SA ou des SARL.

[604]- L’existencede la plateforme n’est pas une condition sine qua non pour le projet de finan-
cement participatif. Ainsi, il serait envisageable qu’une société déjà bien établie cherche à
récolter des fonds auprès d’une multitude de contributeurs sans passer par la plateforme in-
termédiaire. On pourrait donc imaginer un financement participatif ayant lieu entre présents,
par le biais du site internet de la société, d’un journal ou par téléphone, mais il parait difficile
de mettre cela en œuvre. À l’époque actuelle de constante connectivité, la plateforme internet
reste de loin le support le plus pratique pour ce genre de financement. La pratique confirme
cela, puisqu’il existe presque toujours une plateforme permettant le contact entre l’initiateur et
le contributeur.

11.2.2. Initiateur du projet


[605]- Dansle cadre du financement d’une jeune société, l’entité initiant un projet de finance-
ment participatif peut être la société elle-même ou son fondateur. Dans le contexte du finan-
cement participatif, on peut nommer cette entité « initiateur » ou « société initiante ». La so-
ciété en recherche de financement – ou le fondateur – doit créer un compte sur la plateforme
et fournir divers documents permettant de l’identifier. Elle – ou il – peut ensuite lancer le pro-
jet de financement en fixant les conditions et les caractéristiques du financement recherché.

11.2.3. Contributeur ou bailleur de fonds


[606]- Dansle cadre du financement participatif, on peut nommer le bailleur de fonds « contri-
buteur ». Ce dernier doit créer un compte sur la plateforme et fournir divers documents per-
mettant d’établir son identité et sa solvabilité. Sauf exigence contraire de la plateforme,
n’importe quelle personne majeure et capable de discernement peut obtenir le statut de contri-
buteur. Il peut aussi s’agir d’une personne morale, si la plateforme le prévoit.

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[607]- Il
convient de préciser que le contributeur est responsable de son investissement et doit
être informé des risques inhérents au financement d’une jeune société. Contrairement à
l’investissement en capital-risque, effectué la plupart du temps par des investisseurs ayant des
fonds importants à disposition, le contributeur n’est pas forcément fortuné, puisque son inves-
tissement reste relativement modeste, en tant qu’il constitue une fraction de l’investissement
total.

[608]- Enfin,
le contributeur n’est pas seul. Il fait partie de ce que l’on nomme la crowd, à savoir
la foule de contributeurs qui, à l’aide de sa contribution collective, parviendra à fournir des
fonds plus élevés qu’en cas de contribution individuelle.

11.3. Formes de déclinaison


[609]- Le
crowdfunding est généralement subdivisé en quatre modèles différents, selon la nature
de la contrepartie reçue par les investisseurs. Il s’agit du Crowdsupporting ou Crowdfunding
par la prévente (10.3.1), du Crowddonating ou Crowdfunding par les dons (10.3.2), du Crow-
dinvesting ou Crowdfunding par le capital (10.3.3) ; et du Crowdlending ou Crowdfunding par
les prêts (10.3.4).

11.3.1. Crowdsupporting
[610]- Dansle crowdfunding par la prévente (ou « Reward-based Crowdfunding »), les investis-
seurs reçoivent une contrepartie non monétaire préalablement définie pour le montant des
fonds versé. Ce type de crowdfunding est souvent utilisé par les musiciens, les cinéastes ou les
artistes pour financer leurs œuvres. En retour, les investisseurs reçoivent le produit fini ou une
prestation associée.

[611]- En
guise d’illustration : Un ingénieur a créé un nouveau genre de batterie pour vélo élec-
trique qu’il souhaite commercialiser à grande échelle. Il propose aux contributeurs de leur
faire parvenir une ou plusieurs pièces lors de la commercialisation future en échange de leur
contribution.

11.3.2. Crowddonating
[612]- Le
Crowdfunding par les dons est utilisée à des fins caritatives. Les investisseurs reçoi-
vent uniquement une attestation de don. Ce type de crowdfunding est surtout utilisé par les
ONG ou les associations pour collecter des dons pour un projet.

[613]- En
guise d’illustration : Pour financer l’achat de nourriture pour les sans-abris, une as-
sociation demande aux contributeurs d’effectuer une donation d’un montant de leur choix.

11.3.3. Crowdinvesting
[614]- Dansle cadre du Crowdfunding par le capital (ou « Equity-based Crowdfunding »), des
participations dans des entreprises sont négociées en contrepartie de l’investissement. Cette

150
Trésor-Gauthier Kalonji - Cours de Fiscalité et Gestion de l’Entreprise – LAU 2022/2023

option est souvent utilisée par les start-ups, les PME/PMI ou encore pour des projets immobi-
liers. Les investisseurs participent au chiffre d’affaires, aux bénéfices ou aux plus-values de
l’entreprise par le biais d’actions, de participations tacites, de droits de jouissance ou de prêts
participatifs de rang subordonné.

[615]- En
guise d’illustration : Une jeune société horlogère souhaite lever 1 million pour com-
mercialiser ses produits. Pour ce faire, elle ouvre son capital à hauteur de 20% et lance un
projet de financement participatif, avec un ticket minimum de 1’000. Le contributeur obtient
une participation dans ladite société.

11.3.4. Crowdlending
[616]- LeCrowdfunding par les prêts (ou « Marketplace-lending ») permet aux investisseurs de
participer au crédit global de l’entreprise emprunteur (entreprise notamment) en versant des
fonds individuellement par le biais d’une plate-forme de crédit. Une fois que le montant du
crédit est entièrement financé, il est versé à l’emprunteur. Cette option de financement peut
être utilisée aussi bien par des entreprises (Business lending : crédit aux entreprises) que par
des indépendants et des particuliers (Consumer lending : crédit à la consommation). Les em-
prunteurs remboursent le montant emprunté ainsi qu’un taux d’intérêt fixe, comme pour un
crédit traditionnel, par mensualités.

[617]- En
guise d’illustration : Une société immobilière souhaite construire une résidence de 40
logements au centre-ville de Lausanne. Elle souhaite emprunter 500 ’000 sur une durée de 24
mois, avec un ticket minimum de 3’000. Elle promet 5% d’intérêts annuels sur l’emprunt.

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Que conclure au terme de ce cours ?

(Tâche réservée aux étudiants)

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE .........................................................................................1

I. Finalité du cours ..................................................................................................................................... 1

II. Plan général du cours ............................................................................................................................. 2

III. Méthodologie d’enseignement et d’évaluation du cours ...................................................................... 2

IV. Éléments bibliographiques .................................................................................................................... 3

PARTIE I : ELEMENTS D’ETUDE DE L’ENTREPRISE ..............................................6

Chapitre 1. Concept, fondement et formes d’entreprises ............................................................................. 8


1.1. Notions générales ........................................................................................................................... 8
1.1.1. Définition et caractéristiques ...................................................................................................... 8
1.1.2. Autres précisions sémantiques .................................................................................................... 9
1.1.2.1. Organisation et Entreprise ................................................................................................. 9
1.1.2.2. Établissement et Entreprise ............................................................................................... 9
1.1.2.3. Administration et Entreprise .............................................................................................. 9
1.1.3. Partenaires de l’entreprise ........................................................................................................ 10
1.1.3.1. Clients ............................................................................................................................ 10
1.1.3.2. Salariés ou travailleurs .................................................................................................... 10
1.1.3.3. Autres entreprises ........................................................................................................... 11
1.1.3.4. Banques et institutions de crédit ...................................................................................... 11
1.1.3.5. Administrations .............................................................................................................. 11
1.1.3.6. Autres acteurs ................................................................................................................. 11
1.2. But et fonctions de l’entreprise...................................................................................................... 12
1.2.1. But et finalité de l’entreprise .................................................................................................... 12
1.2.2. Rôle économique de l’entreprise............................................................................................... 13
1.2.2.1. Considérations générales ................................................................................................. 13
1.2.2.2. Notion de valeur ajoutée (VA)......................................................................................... 14
1.2.2.3. Calcul de la valeur ajoutée (VA)...................................................................................... 14
1.2.3. Rôle social de l’entreprise ........................................................................................................ 16
1.2.3.1. Considérations préliminaires ........................................................................................... 16
1.2.3.2. Progrès social.................................................................................................................. 17
1.2.3.3. Éducation ou formation ................................................................................................... 18
1.2.3.4. Protection de l’environnement écologique ....................................................................... 19
1.2.3.5. Autres activités sociales .................................................................................................. 20
1.3. Formes ou classification des entreprises ........................................................................................ 20
1.3.1. Remarques préliminaires .......................................................................................................... 20
1.3.2. Entreprises du secteur public .................................................................................................... 20
1.3.2.1. Entreprises publiques ...................................................................................................... 20
1.3.2.2. Entreprises semi-publiques .............................................................................................. 21
1.3.3. Entreprises privées ................................................................................................................... 22
1.3.3.1. Entreprises individuelles ou unipersonnelles .................................................................... 22

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1.3.3.2. Sociétés ou entreprises pluripersonnelles ......................................................................... 22

Chapitre 2. Forme sociétale de l’entreprise : sociétés commerciales et groupement d’intérêt


économique ................................................................................................................................................... 24
2.1. Cadre juridique et notion de société commerciale et groupement d’intérêt économique ......................... 25
2.1.1. Remarques préliminaires .......................................................................................................... 25
2.1.2. Interaction entre AUSCGIE et AUDCG .................................................................................... 26
2.1.3. Définition et considérations générales sur la société commerciale et le GIE ............................... 26
2.1.3.1. Société commerciale ....................................................................................................... 27
2.1.3.2. Groupement d’intérêt économique versus groupement d’intérêt public et société coopérative
29
2.2. Différentes formes des sociétés commerciales ...................................................................................... 30
2.2.1. Remarques préliminaires .............................................................................................................. 30
2.2.2. Sociétés des personnes ................................................................................................................. 32
2.2.2.1. Société en nom collectif (SNC) ............................................................................................. 32
2.2.2.2. Société en commandite simple (SCS) .................................................................................... 33
2.2.2.3. Société à responsabilité limitée (SARL) ................................................................................ 33
2.2.2.4. Société en participation (SEP) ............................................................................................... 34
2.2.2.5. Société par actions simplifiée (SPAS).................................................................................... 34
2.2.5. Sociétés des capitaux : société anonyme (SA) ............................................................................... 34

PARTIE II : ELEMENTS DE FISCALITE D’ENTREPRISE : THEORIES ET


PRINCIPAUX PRELEVEMENTS FISCAUX, DOUANIERS ET NON FISCAUX ....... 36

Chapitre 3. Considérations préliminaires sur les notions de fiscalité et d’impôt..................................... 38


3.1. Concept de fiscalité ...................................................................................................................... 38
3.1.1. Origine et notion ...................................................................................................................... 38
3.1.2. Fonctions de la fiscalité ............................................................................................................ 39
3.1.2.1. Financement des dépenses publiques (fonction financière) ............................................... 39
3.1.2.2. Redistribution des revenus et des richesses (fonction sociale)........................................... 40
3.1.2.3. Régulation de l’activité économique et stabilisation (fonction économique) ..................... 40
3.1.2.4. Incitation à l’activité économique par l’octroi des facilités fiscales (fonction
d’interventionnisme) ......................................................................................................................... 41
3.2. Concept d’impôt .................................................................................................................................. 42
3.2.1. Définition et traits caractéristiques de l’impôt ........................................................................... 42
3.2.2. Distinction entre impôt et autres prélèvements .......................................................................... 43
3.2.2.1. Impôt et taxe ................................................................................................................... 43
3.2.2.2. Impôt et droit .................................................................................................................. 44
3.2.2.3. Impôt et redevance .......................................................................................................... 44
3.2.2.4. Impôt et parafiscalité ....................................................................................................... 44
3.3. Immunités à la fiscalité et fuite devant l’impôt .............................................................................. 45
3.3.1. Immunités fiscales ................................................................................................................... 45
3.3.1.1. Exemption et exonération fiscales ................................................................................... 45
3.3.1.2. Amnistie fiscale .............................................................................................................. 46
3.3.2. Fuite devant l’impôt ................................................................................................................. 47
3.3.2.1. Remarques préliminaires ................................................................................................. 47
3.3.2.2. Evasion fiscale ................................................................................................................ 47
3.3.2.3. Fraude fiscale.................................................................................................................. 48
3.3.2.4. Optimisation fiscale ........................................................................................................ 49
3.4. Enoncé du système fiscal congolais ............................................................................................... 50

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Chapitre 4. Impôts réels................................................................................................................................ 52


4.1. Considérations préliminaires ......................................................................................................... 52
4.2. Impôt foncier ................................................................................................................................ 52
4.2.1. Matière imposable et redevable de l’impôt ................................................................................ 52
4.2.2. Taux de l’impôt........................................................................................................................ 54
4.2.3. Exemptions et exonérations de l’impôt foncier .......................................................................... 56
4.2.4. Etude de cas ............................................................................................................................. 57
4.3. Impôt sur les véhicules et taxe spéciale de circulation routière ....................................................... 58
4.3.1. Matière imposable et redevable des impôts ............................................................................... 58
4.3.2. Taux des impôts ....................................................................................................................... 59
4.3.3. Exemptions et exonérations ...................................................................................................... 61
4.3.4. Etude de cas ............................................................................................................................. 62
4.4. Impôt sur la superficie des concessions minières ........................................................................... 63
4.4.1. Matière imposable et redevable de l’impôt ................................................................................ 63
4.4.2. Taux de l’impôt........................................................................................................................ 63
4.4.3. Etude de cas ............................................................................................................................. 63

Chapitre 5 : Impôts cédulaires sur le revenu ou impôts sur le revenu ...................................................... 65


5.1. Remarques introductives ............................................................................................................... 65
5.2. Impôt sur les revenus locatifs ou impôt locatif ............................................................................... 65
5.2.1. Matière imposable .................................................................................................................... 65
5.2.2. Taux de l’impôt........................................................................................................................ 66
5.2.3. Exemptions .............................................................................................................................. 67
5.2.4. Etudes de cas ........................................................................................................................... 67
5.2.4.1. Analyse des éléments constitutifs de l’IRL ...................................................................... 67
5.2.4.2. Analyse des éléments non constitutifs de l’IRL ................................................................ 70
5.3. Impôt sur les revenus mobiliers ou impôt mobilier ........................................................................ 71
5.3.1. Notion et matière imposable ..................................................................................................... 71
5.3.2. Taux de l’impôt et modalités de perception ............................................................................... 72
5.3.3. Etude de cas ............................................................................................................................. 72
5.4. Impôt sur les revenus professionnels ............................................................................................. 74
5.4.1. Remarques préliminaires .......................................................................................................... 74
5.4.2. Impôt professionnel sur les rémunérations des salariés .............................................................. 74
5.4.2.1. Matières imposables et redevables/contribuables ............................................................. 74
5.4.2.2. Taux de l’impôt et réductions .......................................................................................... 75
5.4.2.3. Problématique d’application de l’IPR dans le secteur public............................................. 76
5.4.2.4. Exonérations ................................................................................................................... 78
5.4.2.5. Etude de cas .................................................................................................................... 78
5.4.3. Impôt professionnel sur les profits (IPP) des prestations libérales, offices, charges et autres
occupations lucratives ............................................................................................................................ 80
5.4.3.1. Notion et matières imposables ......................................................................................... 80
5.4.3.2. Taux de l’impôt .............................................................................................................. 81
5.4.3.3. Exemptions ..................................................................................................................... 81
5.4.3.4. Etude de cas .................................................................................................................... 81
5.4.4. Impôt professionnel sur les rémunérations des prestations de services des personnes étrangères. 82
5.4.4.1. Fait générateur ................................................................................................................ 82
5.4.4.2. Taux de l’impôt .............................................................................................................. 82
5.4.4.3. Etude de cas .................................................................................................................... 82
5.4.5. Impôt professionnel sur les rémunérations des expatriés............................................................ 83
5.4.5.1. Matière imposable et redevable de l’impôt ....................................................................... 83
5.4.5.2. Taux et modalités de perception de l’impôt ...................................................................... 84

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5.4.5.3. Exemptions et exonérations ............................................................................................. 84


5.4.5.4. Etude de cas .................................................................................................................... 85

Chapitre 6 : Impôt sur les sociétés et traitement fiscal du résultat des entreprises .................................. 86
6.1. Matière imposable, redevables et taux de l’impôt sur les bénéfices ................................................ 86
6.2. Détermination du résultat comptable de l’entreprise ...................................................................... 87
6.2.1. Dispositions juridiques applicables et considérations générales ................................................. 87
6.2.1.1. Remarques préliminaires ................................................................................................. 87
6.2.1.2. Uniformisation des normes comptables Ohada : AUOHCE versus AUDCIF .................... 88
6.2.1.3. Champs d’application et fondement de l’AUDCIF ........................................................... 89
6.2.2. Etablissement des états financiers annuels : focus sur quelques documents comptables nécessaires
à la détermination du résultat comptable ................................................................................................. 91
6.2.2.1. Remarques préliminaires ................................................................................................. 91
6.2.2.2. Bilan comptable .............................................................................................................. 91
6.2.2.3. Compte de résultat .......................................................................................................... 93
6.3. Détermination du résultat fiscal de l’entreprise .............................................................................. 94
6.3.1. Généralités sur les principes ou conceptions gouvernant la détermination du résultat fiscal de
l’entreprise ............................................................................................................................................ 94
6.3.1.1. Théorie de subordination du résultat fiscal au résultat comptable ou principe de
déterminance des comptes ................................................................................................................. 95
6.3.1.2. Théorie du parallélisme entre le résultat fiscal et le résultat comptable ou l’existence de
« Two-book system » ......................................................................................................................... 96
6.3.2. Modèle congolais de détermination du résultat fiscal de l’entreprise et application de quelques
règles fiscales correctrices ...................................................................................................................... 96
6.4. Autres règles particulières applicables en matière d’imposition du bénéfice des entreprises ............ 99
6.4.1. Régime d’imposition des résultats déficitaires........................................................................... 99
6.4.2. Régime d’imposition des entreprises de petite taille .................................................................. 99
6.4.2.1. Catégorie des contribuables concernés ............................................................................. 99
6.4.2.2. Avantages du régime fiscal............................................................................................ 100

Chapitre 7. Impôts sur la dépense et la consommation ............................................................................ 102


7.1. Taxe sur la Valeur Ajoutée.......................................................................................................... 102
7.1.1. Remarques introductives ........................................................................................................ 102
7.1.2. Champ d’application et exonérations ...................................................................................... 103
7.1.3. Fait générateur et exigibilité ................................................................................................... 104
7.1.4. Base imposable et taux d’impôt .............................................................................................. 104
7.1.5. Régime des déductions ........................................................................................................... 105
7.1.6. Obligations administratives, déclaratives et contributives des redevables ................................. 105
7.2. Droits de douane ......................................................................................................................... 106
7.2.1. Considérations générales sur les droits de douane ................................................................... 106
7.2.2. Régime douanier congolais..................................................................................................... 108
7.2.2.1. Droit de douane à l’importation ..................................................................................... 108
7.2.2.2. Droit de douane à l’exportation ..................................................................................... 109
7.3. Droits d’accise ou de consommation ........................................................................................... 109
7.3.1. Considérations générales ........................................................................................................ 109
7.3.2. Régime congolais des droits d’accises ou de consommation : matières imposables, faits
générateurs et taux ............................................................................................................................... 110

Chapitre 8 : Autres droits, taxes et redevances ........................................................................................ 112


8.1. Droits, taxes et redevances du Gouvernement central .................................................................. 112
8.1.1. Fondement légal ..................................................................................................................... 112

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8.1.2. Services d’assiette, taux et rétrocession................................................................................... 112


8.1.3. Nomenclature : exemples d’actes générateurs ......................................................................... 113
8.2. Droits, taxes et redevances des Provinces et collectivités publiques ............................................. 114
8.2.1. Fondement légal ..................................................................................................................... 114
8.2.2. Nomenclature : exemples d’actes générateurs ......................................................................... 114
8.2.3. Répartition par Administration ............................................................................................... 114

Chapitre 9 : Quelques éléments de procédure .......................................................................................... 116


9.1. Administrations fiscales congolaises ........................................................................................... 116
9.1.1. Administrations fiscales centrales ........................................................................................... 116
9.1.1.1. Direction Générale des Impôts (DGI) ............................................................................ 116
9.1.1.2. Direction Générale des Douanes et Accises (DGDA) ..................................................... 117
9.1.1.3. Direction Générale des Recettes Administratives, Judiciaires, Domaniales et de
Participations (DGRAD) ................................................................................................................. 117
9.1.2. Administrations fiscales provinciales ...................................................................................... 117
9.2. Portée et étendue des procédures ................................................................................................. 117
9.2.1. Constatation de la matière imposable ...................................................................................... 118
9.2.1.1. Sens et portée du procédé .............................................................................................. 118
9.2.1.2. Quelques modalités de déclaration d’impôt .................................................................... 119
9.2.2. Liquidation d’impôt ............................................................................................................... 121
9.2.3. Ordonnancement d’impôt ....................................................................................................... 122
9.2.4. Recouvrement d’impôt ........................................................................................................... 122
9.2.4.1. Sens et portée du procédé .............................................................................................. 122
9.2.4.2. Quelques actions en recouvrement : les garanties du Trésor Public ................................. 123
9.2.5. Contrôle fiscal........................................................................................................................ 125
9.2.5.1. Remarques préliminaires ............................................................................................... 125
9.2.5.2. Droit de contrôle ........................................................................................................... 126
9.2.5.3. Droit de communication et de recherche ........................................................................ 128
9.2.5.4. Droit d’enquête ............................................................................................................. 129
9.2.5.5. Droit de visite et de saisie .............................................................................................. 129

PARTIE III : ELEMENTS DE GESTION D’ENTREPRISE : POLITIQUE DE


FINANCEMENT .............................................................................................................. 131

Chapitre 10 : Financements classiques de l’entreprise ............................................................................ 132


10.1. Investissement et financement de l’entreprise .............................................................................. 132
10.1.1. Remarques préliminaires : notion de cycle d’investissement et de plan de financement ....... 132
10.1.2. Besoins de financement du cycle d’investissement ............................................................. 133
10.1.2.1. Investissements corporels .............................................................................................. 133
10.1.2.2. Investissements incorporels ........................................................................................... 134
10.1.2.3. Investissements financiers ............................................................................................. 134
10.1.3. Ressources ou moyens de financement du cycle d’investissement ....................................... 134
10.1.3.1. Financement par fonds propres ...................................................................................... 135
10.1.3.2. Financement des investissements par ressources étrangères............................................ 137
10.2. Exploitation et financement de l’entreprise .................................................................................. 140
10.2.1. Remarques préliminaires ................................................................................................... 140
10.2.2. Besoins du financement du cycle d’exploitation ................................................................. 140
10.2.2.1. Besoin en Fonds de Roulement...................................................................................... 141
10.2.2.2. Trésorerie ..................................................................................................................... 142

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10.2.3. Ressources ou moyens de financement du cycle d’exploitation ........................................... 143


10.2.3.1. Fonds de roulement - financement stable ....................................................................... 143
10.2.3.2. Crédit fournisseurs ........................................................................................................ 143
10.2.3.3. Mobilisation de créances ............................................................................................... 144
10.2.3.4. Crédit de trésorerie ........................................................................................................ 145

Chapitre 11 : Financement participatif ou « Crowdfunding » ................................................................ 147


11.1. Notion et historique .................................................................................................................... 147
11.1.1. Concept et considérations générales ................................................................................... 147
11.1.2. Genèse et évolution historique ........................................................................................... 148
11.2. Parties prenantes ......................................................................................................................... 149
11.2.1. Plateforme internet ............................................................................................................ 149
11.2.2. Initiateur du projet ............................................................................................................. 149
11.2.3. Contributeur ou bailleur de fonds ....................................................................................... 149
11.3. Formes de déclinaison ................................................................................................................ 150
11.3.1. Crowdsupporting ............................................................................................................... 150
11.3.2. Crowddonating .................................................................................................................. 150
11.3.3. Crowdinvesting ................................................................................................................. 150
11.3.4. Crowdlending .................................................................................................................... 151

TABLE DES MATIERES ................................................................................................ 152

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