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Introduction générale
1. Introduction
Le DEA est une matière qui recouvre de nombreux aspects du DUE, c’est une subdivision qui a pour
objet de traiter des règles de fonds. En effet à la différence du droit institutionnel qui lui porte sur les
aspects formel ou fonctionnel de l’UE en tant qu’OI.
Le DEA a souvent comme autre appellation, le droit matériel de l’Union. En fait il y a à cet égard
quelques nuances à établir. Certains auteurs ne traitent que des règles de concurrence lorsqu’ils parlent
de DEA, une autre partie de la doctrine intègre dans le DEA toutes les règles relatives au marché
intérieur (ce que la prof retient) : aujourd’hui il est très difficile d’établir la dichotomie dans le cadre
d’un enseignement entre ces deux aspects. Les liens sont très étroits entre le marché intérieur et
l’espace de concurrence.
1.1. Les caractéristiques majeures du DEA (ou droit matériel)
Interne : obligation faites aux EM de supprimer les entraves à l’intérieur de la zone de l’UD,
pour supprimer les entraves intracommunautaires
Externe : obligation d’un TDC qui deviendra un des instruments de la politique commerciale
commune
La composante interne
Il s’agit d’une des composantes de la notion d’UD, elle permet à l’Union de se définir comme un
ensemble homogène, ie suppression de tous les obstacles douaniers aux échanges à l’intérieurs des 28
Etats. Ils constituent une entité au sein de laquelle tous les obstacles (technique et douaniers) aux
mouvements des marchandises disparaissent.
Ces obstacles sont traditionnellement :
Tarifaires : droit de douane et taxes d’effets équivalent
Non tarifaire : les quotas, ou restrictions quantitatives et MEERQ
La notion de MEE et de mesure quantitative relève de la LCM tandis que la notion de douane et de
TEE relève plutôt de la notion d’UD. Mais, il y a une interaction entre les deux champs.
La composante externe
Il s’agit de la relation des EM avec les Etats tiers. Dans ce cadre là, au démantèlement interne s’ajoute
un processus externe à l’entité territoriale que constitue l’Union. C’est la question du franchissement
des marchandises de la frontière externe. Cette composante permet la définition homogène de
condition d’netrée et sortie des marchanides en provenance ou à destination des Etats tiers.
A travers l’UD, l’idée c’est que les EM constituent une puissance économique, unique, uniforme,
solidaire face à l’extérieur. Contrairement à ce que l’on peut croire, la politique commerciale de
l’Union au sein de laquelle s’intègre la politique douanière n’est pas nécessairement uniforme, elle est
homogène, on essaye d’harmoniser au maximum les règles en la matière.
Ainsi l’UD, eu égard à cette composante interne et externe offre un cadre beaucoup plus complet que
la ZLE. La ZLE elle se caractérise par une dimension interne uniquement, à savoir l’abolition des
droits de douane et TEE à l’intérieur de la zone. Mais les EM reste pleinement souverain quant à leur
relation avec les Etats tiers (exemple : ALELE).
Il est indéniable que la conjugaison des deux dimensions interne / externe constitue un atout majeur et
un facteur de stimulation de l’intégration économique. Le grand intérêt de cette logique économique,
c’est que lorsqu’un Etat importe des produits / marchandises d’un Etat tiers, lorsque ces marchandises
pénètrent sur le territoire de l’Union ces marchandises peuvent recevoir différents régimes douaniers,
et notamment un régime douanier de la libre pratique. C’est-à-dire que si l’opérateur économique,
s’affranchit de toutes les taxes douanières et accomplit les formalités douanières requises, la
marchandise est communautarisée, elle est considérée comme une marchandise de l’Union et circule
librement.
1.3. La typologie des barrières douanières aux échanges
Dans le cas l’UD il faut la typologie des barrières douanières aux échanges :
Barrière tarifaire : il y a le prélèvement d’un droit (mesure par excellence), une fois que la
marchandise entre dans l’Union on prélève une taxe. Le droit est prélevé sur le produit. Le
prix est fixé par l’autorité douanière.
Contingent tarifaire : combine le quota et le tarif
Barrière non tarifaire : il y a le quota (restriction quantitative), le contingent (limitation
quantitative annuelle), la prohibition (vise un nombre limité de marchandise). Il convient de
souligner que l’article 34 TFUE vise les contingents qui n’ont pas un caractère tarifaire.
Autre : dépôt préalable, demande de licence
Ces instruments sont supprimés, sous réserve de limitation, dans le cadre de l’Union douanière.
1.4. La notion de marchandise et son caractère attractif
Alors que le traité interdit toute forme d’entrave, la notion de marchandise n’est pas définie par les
traités. C’est souvent une démarche classique du législateur et des rédacteurs des traités qui
s’abstiennent de définir les notions.
L’article 28 TFUE dispose de manière sommaire que l’UD s’étend à l’ensemble des échanges de
marchandises. Il y a une double terminologie, puisque dans d’autres dispositions les traités parlent de
produits. La formulation de l’article 28 démontre que la notion de marchandise vise tout type de
marchandise à l’exception des armes (Article 346 à 348). La volonté des rédacteurs des traités était de
donner une large assise à la notion de marchandises pour ne pas restreindre la portée de cette notion. A
cet égard, le juge de l’Union dans l’arrêt œuvre d’art s’inscrit dans une démarche pragmatique /
mercantile qui souligne une conception extensive de la notion. C’est ainsi dans le célèbre arrêt
Commission / Italie du 10 décembre 1968 que la Cour définit les marchandises comme « tout produit
appréciable en argent et susceptible de former l’objet de transaction commerciales ». En ce sens, la
notion de marchandise est attractive. Concernant la nature de l’objet : cas des animaux domestiques ou
sauvage, cas du sang humaine (CJUE 2010 human plasma, les déchets CJCE Commission /Belgique
1992). Quelque soit le caractère matériel ou immatériel (toutes les formes d’énergies sont considéré
comme des marchandises). Il y a une appréhension extrêmemnt large des marchandises.
Par contre l’attractivité de la notion est inopérante lorsqu’il s’agit d’appliquer le régime juridique
propre aux marchandises aux autres libertés. En effet, de manière systématique le traité distingue la
notion de marchandise et la notion de service. La Cour s’attache à établir cette distinction afin de
différencier les régimes juridiques. Il en est ainsi pour les litiges qui mettent en présence à la fois la
LCM et la LCS dans certaines affaires, et les fait bien valoir qu’on ne peut pas associer les deux. Sauf
s’il ressort que les marchandises en cause constituent ce que l’on appelle un accessoire nécessaire à
une autre liberté.
1.5. Le calendrier historique de la mise en place de l’Union douanière
Le principe de l’Union douanière est indiqué avec précision dans sa version originaire du traité CE. La
procédure à suivre à la faveur d’un calendrier de démantèlement douanier en application des
applications des articles 9 à 35 (aujourd’hui abrogé par amsterdam). Le calendrier était très précis et
technique. La démarche établit qu’il fallait accompagner ce démantèlement avec une date butoir.
L’instauration de l’UD repose sur 4 leviers pertinents puisqu’ils permettront la finition de l’UD avant
l’échéance prévue :
Le maintien des situations existantes : il faut geler les situations existantes au travers d’une
clause (effet de blocage) tant en matière de droit de douane qu’en restriction quantitative.
Cette mesure les obligeait implicitement à maintenir les droits au même niveau
La mise en place du tarif douanier extérieur commun : il s’agit d’un règlement historique
qui établira le TDC par une moyenne arithmétique qui avait pour base un rapprochement de 4
tarifs douaniers en vigueur.
Après cette constitution de l’UD, il y avait l’ouverture parallèle des contingents. Avant la date d’entrée
en vigueur du traité de Rome, les EM maitrisait pleinement les contingents pour les marchandises qui
entraient / quittaient leur territoire. A partir de l’entrée en vigueur, la politique des contingents prend
fin. Les EM seront tenus de s’abstenir d’intreoduire de nouvelles restrictions (effet de blocage) à partir
desquels on assiste à une ouverture des contingents : au début de manière bilatéral, puis multilatéral.
En 1970, ils avaient complètement disparu en 1970.
En 1970, il n’y avait plus aucune barrière, sous réserve de dérogation. A chaque élargissement, les
traités d’adhésion appliquent ces tarifs aux Etats entrants.
1.6. Sur la gestion de l’Union douanière
Elle se déploie sur un territoire de 27 Etats, la gestion matérielle est en bloc. Il y a un désistement total
des Etats en la matière. La règlementation douanière est dense et s’article à la faveur d’un TDC.
Le territoire douanier Commun
L’UD repose sur un territoire commun à l’intérieur duquel circule ses biens. La délimitation est source
de complexité et de contentieux puisque les traités n’alignent pas les limites d’un territoire sur les
limites physiques / géographique d’un Etat. La raison est qu’on ne voulait pas froisser les sensibilité
géopo des uns et des autres.
La gestion en bloc de l’Union douanière
Le droit de l’Union est régi par un principe d’administration indirecte. C’est-à-dire que parmi les chefs
de compétence qui sont complètement exercés par l’autorité de l’Union, dans ces domaines là malgré
tout il y a une intervention des EM. Pourquoi ? par l’union ne dispose pas de voie d’exécution. Certes,
ses compétences son entière (PAC, l’UD, cas de la concurrence). Dans ces domaines c’est l’union qui
agit, mais elle est obligé d’agir par l’entremise des Etats puisqu’elle ne dispose pas de voie
d’exécution. On utilise l’appareil administratif policier, judiciaire et administratif de l’Etat pour agir.
Dans le cas de l’UD, la compétence d’exécution est exercée par les autorités nationales, puisqu’elles
disposent de l’appareil administratif pour s’en charger.
L’existence d’un code des douanes
Dans le cadre de cette gestion en bloc on dispose d’un code des douanes, le CDU qui est l’instrument
majeur de l’intégration douanière. Le CDU constitue un instrument important puisqu’il permet de
rassembler en un document l’ensemble des règles en matières douanières, les régime et procédure
applicables dès lors que les marchandises entrent ou sortent de l’Union. La codification douanière
communautaire (le CDC) a été faite par le règlement d 12 octobre 1992. Il y a eu une révision tardive
en 2008, dans le cadre de la procédure de codécision pour épouser l’évolution de la réalité douanière
actuelle. Le CD Modernisée avait pour ambition d’opérer une modification / simplification du droit
douanier. L’idée c’était de produire une législation douanière moins complexe et moins aride pour les
opérateurs économiques pour permettre une accessibilité aux droits / normes.
Récemment le CDM a été réformé en 2013 par un règlement qui établit le nouveau CDU, il est
applicable depuis le 1er juin 2016. Le CDU introduit une révolution quasi technologique, il réforme le
CDM et le CDC de 1992. Le CDU s’inscrit dans cette logique de modernisation, transparence et
simplification du droit douanier. Programme douane 2020.
AU fur et à mesure des traités de révision, il y a eu la volonté de communautariser l’exécution de ce
droit douanier.
On retrouve également le principe de coopération loyal. Les Etats sont liés entre et aussi à l’égard de
l’Union, ils ne doivent pas constituer des entraves à l’application du droit de l’Union au contraire ils
doivent le faciliter (article 4TFUE).
Lorsqu’une marchandise entre dans l’union elle doit faire l’objet d’une taxation et à
l’accomplissement
2. L’éradication des obstacles aux échanges
L’union douanière étant achevée il convenait de s’attacher à l’éradication des obstacles à l’échange.
Obstacles persistants en réalité en dépit de l’UD. Ons ‘aperçoit que l’intégration douanière était une
première étape (réussie) du processus beaucoup plus ample qui vise à l’approfondissement
économique.
Les EM étaient tenus de supprimer les droits de douanes et les restrictions quantitatives : au 1er janvier
1968 et 1970, ces derniers étaient supprimés. Mais l’achèvement du droit du marché commun ne
pouvait pas se contenter uniquement de ce désarmement douanier et de l’abolition des contingents.
Car rapidement à ces obstacles traditionnels se sont ajoutés d’autres formes plus subtiles d’obstacles
aux échanges. Ceux-ci ont pour caractéristique commune d’agir déguisé sur les échanges. Le caractère
non exposé de l’obstacle accentue sa portée restrictive sur les échanges.
Les rédacteurs des traités n’étaient pas bien sûr indifférents à ce type de mesure. Il avait prévu
l’abolition de ces obstacles aux articles 30, 34 et 35. Les TEE et les MEERQ connaitront un essor au
lendemain de la constitution de l’UE, il s’agit du seul moyen efficace pour contourner l’interdiction
des obstacles aux échanges et seront donc un frein sensible au marché européen. C’est pourquoi avant
l’acte unique, la commission adopte un livre blanc dans lequel elle dresse un constat sévère sur les
obstacles aux échanges qui demeurent. Jacques Delors est nommé à la Commission, et dit qu’il faut
faire un audit du marché commun pour comprendre ce qu’il se passe. Dans ce rapport (livre blanc
1985) font valoir la persistance des obstacles sournois aux échanges et qu’il faut agir de manière
impérative pour les éradiquer. Parmi les éléments instigateur de l’AUE, il y a ce livre blanc.Les
réponses institutionnelles à cette demande arrive avec l’AUE.
A cet égard, dans le cadre de cette éradication des obstacles à l’échange on observe qu’il y a deux
formes d’entraves qui sont au demeurant évoquées sommairement par les traités : TEE et MEERQ.
2.1. Les taxes d’effet équivalent à des droits de douane
La notion de "taxe d’effet équivalent", inscrite dans l’article 30 TFUE (« les droits de douane à
l’importation et à l’exportation ou taxes d’effet équivalent sont interdits entre les États membres »)
permet de saisir les pratiques plus subtiles, moins voyantes que les droits de douane, par lesquelles les
États gênent les importations ou exportations intra-communautaires.
Lorsqu’on regarde l’histoire du droit douanier, c’est la TEE et la MEERQ qui sont les obstacles les
plus persistants. Les traités fondateurs ne donnent aucune définition d’une telle taxe, ils se contentent
d’en interdire la pratique. L’article 30 évoque la TEE laissant une relative incertitude quant au contenu
de la notion. Cette incertitude devient rapidement un atout puisqu’elle offre au juge de l’Union une
large marge de manœuvre et d’appréciation.
Appréhension extensive
La Cour de justice définit précisément la TEE comme une charge pécuniaire où quelque soit son
appellation et sa technique constitue un droit imposé de manière unilatérale à une marchandise
nationale ou étrangère à l’occasion du franchissement de la frontière (CJCE Commission c/
Luxembourg 1962).
Cette dernière définition appelle plusieurs commentaires. D'abord, la dénomination de la charge
tarifaire est sans importance : l'interdiction vise indifféremment les charges d'accise, les charges
fiscales, les charges parafiscales. Ensuite, les charges minimes n'échappent pas au principe de
l'interdiction. Ensuite, le juge met, plus que dans la première décision, l’accent sur le lien avec le
commerce, l’échange. Les termes « à raison du fait qu’elles franchissent la frontière » sont importants
car ce qui compte aux yeux de la Cour, c’est avant tout l’atteinte au commerce intra-communautaire.
Le fait générateur de la taxe doit donc être le franchissement d’une frontière. On renvoie, pour
l'appréhension très large de la notion de frontière, incluant la "frontière régionale", à la leçon du cours
sur l'applicabilité du droit du marché intérieur. Peu importe que cette frontière soit franchie pour entrer
(importation) ou pour sortir (exportation).
Critères de qualification de la taxe : franchissement de la frontière. La Cour ne retiendra comme
seul élément, le fait générateur qui est le franchissement de la frontière mais reste indifférentes aux
autres éléments. La Cour est indifférente au fait que le droit n’a pas un effet discriminatoire (pas que
les produits importés). Il n’est pas déterminant que le produit soit en concurrence directe ou indirecte.
La charge pécuniaire est indifférente.
Le principe du remboursement des taxes indument perçu
La Cour a posé le principe du remboursement des taxes indument perçu (pas dé. La répétition de
l’indu appartient aux juridictions nationales au regard du principe d’autonomie institutionnelle des EM
dans la limite du respect des principes d’équivalence et d’effectivité. En vertu de ces principes, la Cour
s’assure que les modalités procédurales ne sont ni moins favorables que celles régissant les recours
similaires interne, ni aménagés de sorte qu’il devient impossible pour le justiciable de mettre en
pratique son droit.
La première est la jurisprudence Francovich (CJCE, 19 novembre 1991, Francovich et Bonifaci, aff.
C-6 et 9/90) qui permet à une personne d’intenter devant le juge national un recours en indemnité qui
lui sera accordée sur la base de la responsabilité de l’État qui a violé le droit de l’Union. La seconde
jurisprudence est la jurisprudence Denkavit.
CJCE, 27 mars 1980, Denkavit Italiana, aff. C-61/79 : la Cour y a admis que le particulier peut
contester devant le juge national la licéité de la taxe acquittée et en demander le remboursement : ce
droit est appelé indifféremment le « droit à la répétition de l’indu » ou droit au remboursement de la
charge tarifaire indûment prélevée. La Cour a jugé que le principe du remboursement par l’État d’une
charge tarifaire imposée en violation du droit communautaire est la seule sanction efficace à l’encontre
des États. En effet, si un recours en manquement contre l’État peut toujours être enclenché, cette voie
d’action n’est ouverte qu’à la Commission. Le remboursement est donc « la conséquence et le
complément des droits conférés aux justiciables par les dispositions communautaires interdisant les
taxes d’effet équivalent » (CJCE, 21 septembre 2000, Kapniki Michaïlidis, aff. C-441 et 442/98).
Cependant face à cette intransigeance, la Cour a apporté deux tempéraments qui permettent de
distinguer :
Imposition intérieure non discriminatoire : il s’agit d’un instrument de politique fiscale des
Etats, au regard de la souveraineté des Etats en matière fiscale il est possible pour les EM
d’une imposition intérieure (pas d’harmonisation à ce niveau) qui doit viser à la fois les
produits importés et nationaux. Mais il y a un risque de contournement. La Cour fera valoir
qu’il existe deux régimes distincts entre la TEE et les impositions intérieures. L’imposition
intérieure tombe sous le coup de l’article 110 TFUE qui interdit les EM de mener ce genre de
politique fiscale à raison du fait que le produit est d’origine étrangère. L’article 110 dispose
que xXx. La Cour développe une approche fonctionnelle aux impositions intérieures.
Alors que l’interdiction de la TEE est absolue, celle des articles 34 et 35 est relative car
elle reçoit des dérogations
L’article 36 TFUE énumère un certain nombre de situation qui permette de déroger aux articles 34 et
35. Les EM pourront invoquer certains intérêts pour s’opposer à l’entrée ou sortie des marchandises.
Le développement jurisprudentiel
Il connait un essor important avec la MEERQ. Dans le cadre de la TEE la jp n’est pas comparable à
celle des MEERQ puisque la jp est beaucoup plus dense. Les MEERQ donnent lieu à un contentieux
nourrit signe de la persistance des entraves, mais face à cela il y a une grande sévérité de la CJ. Ce
contentieux n’est pas anodin, car on assiste à un élargissement de la notion de MEERQ pour
sanctionner les velléités des Etats. Il y a un double cheminement : d’une part une lecture très
restrictive de l’article 36 et un élargissement de la notion de MEERQ.
Mesures visant indistinctement applicable (neutre) : sont visés les mesures relatives à la
commercialisation des produits. Ces mesures tombent sous le coup de l’article 34 ou 35 si les
effets sur la circulation des marchandises dépassent le cadre des effets propre d’une
règlementation de commerce. Pour caractériser la mesure la Cour / Commission a deux
moyens d’analyse : contrôle de proportionnalité et contrôle de substitution (autre moyen). On
observe qu’au travers de cette disposition, la Commission anticipe sur la jurisprudence de la
Cour en 1993 (Keck et Mithouard) où elle ressert la notion et revient à l’interprétation de la
Commission. Cet arrêt fait la distinction entre les mesures qui affectent les caractéristiques
intrinsèques du produit et les caractéristique relative à la commercialisation.
Approche jurisprudentielle
La Cour fut assez précocement saisi de la notion de MEERQ et offre une définition fine de la notion.
Dans l’arrêt Dassonville 11 juillet 1974 à la suite d’un litige, la Cour ne se limite pas au caractère
discriminatoire de la mesure. La Cour fait valoir qu’elle considère comme MEERQ : « toute
réglementation commerciale des États membres susceptible d’entraver directement ou indirectement,
actuellement ou potentiellement le commerce intra-communautaire est à considérer comme mesure
d’effet équivalent ». C’est une définition extrêmemnt large et extensive. Au regard de cette approche,
il sera possible d’appréhender une grande variété d’obstacles, ce qui contribue à un élargissement
considérable de la notion. En 1993, il y aura un coup d’arrêt partiel à cet élargissement.
2.2.3. Les critères de qualification de MEERQ
La Cour n’était pas lié par la directive de la Commission. La combinaison de ces deux approches, il
apparait que la MEERQ doit répondre à deux conditions :
- L’effet sur les situations extranational : les situations doivent être exclusivement
transnational. Les articles 34 /35 ne s’appliquent qu’aux échangent intracommunautaire. Sont
donc écarter les échanges qui n’ont qu’une configuration interne aux EM. L’exigence d’un
élément transfrontalier est satisfaite dès que susceptible d’entraver directement ou
indirectement le commerce inter communautaire. Cependant la Cour a apporté des
tempéraments, elle a considéré que l’inapplicabilité systématique aux situations internes peut
se heurter à la réalité du terrain économique qui certes ne vise pas des situations externes,
mais interne mais qui ont quand même des effets sur les échanges. C’est une impossibilité de
principe, qui est nuancée par la Cour (Commission contre Autriche 2005), raisonnement au
cas pas cas.
La charge de la preuve
La charge de la preuve appartient aux autorités nationales. Il appartient d’apporter la preuve de l’utilité
de la mesure.
Focus sur les intérêts pouvant être invoqués
Ce sont des intérêts qui visent à protéger des personnes souvent vulnérables. Il est possible de retint
trois axes jp au niveau du champ d’application. En revanche certains intérêts sont marginaux
(protection des trésor nationaux notamment).
Moralité publique : il appartient souverainement aux Etats de déterminer les règles de moralité
publique selon leur propre échelle de valeur. Très large en apparence, le motif de protection de la
moralité publique est en réalité peu invoqué par les États et peu retenu par la Cour. La moralité a
surtout permis de justifier une interdiction d’importation d’articles pornographiques. Toutefois, la
Cour refuse de donner une définition européenne de la morale car « il appartient à chaque État de
déterminer les exigences de la moralité publique sur son territoire selon sa propre échelle des valeurs,
dans la forme qu’il a choisie ». examen in concreto.
L’ordre public et la sécurité publique : La distinction entre les deux n’a jamais été vraiment été
clarifiée.
Protection de la santé : Ce motif, entendu comme recouvrant la protection de la santé et de la vie des
personnes, et des animaux et végétaux a été à l'origine d'une importante jurisprudence. Le principe
posé par la Cour est que, à défaut d'harmonisation, il appartient aux États membres de décider du
niveau auquel ils entendent assurer la protection de la santé et de la vie des personnes et des animaux.
Avec cette formule, la Cour reconnaît la diversité des conceptions et des pratiques nationales et admet
des mesures aussi différentes que des interdictions de commercialisation, des interdictions de mise sur
le marché ou d'utilisation de certains produits. De même, le motif de santé publique connaît une forte
utilisation pour justifier certains monopoles accordés à des professions réglementées. Quant à la
protection de la santé et de la vie des animaux, elle a justifié dans plusieurs cas des interdictions
d’importation d’animaux.
Protection industrielle et commerciale : Ce dernier motif est celui qui a donné lieu aux
développements jurisprudentiels les plus élaborés. Les auteurs du traité avaient de la protection de la
propriété industrielle et commerciale une acception classique, celle-ci visant les droits des personnes
sur leur création (brevet), leur marque ou leur modèle. Le traité ne parle d’ailleurs que de « propriété
industrielle et commerciale », ce qui a conduit à considérer que la propriété littéraire et artistique (les
droits d’auteur) était exclue du champ d’application de l’art 36. Mais la CJCE a étendu le champ
d’application de l’article 36 dans l’affaire Musik Vertieb (CJCE, 20 janvier 1981, Musik Vertrieb, aff.
C-55/80).
2.2.6.2. Le socle supplétif de dérogation
La liberté de circulation des personnes à des fins professionnelles : celles des agents
économiques sous l’angle du travailleur salarié, de la LPS, et de la liberté d’établissement
La liberté de circulation des personnes à des fins personnelles : personnes non guidées par des
motifs économiques
Ces deux libertés sont devenues complètement autonome, ce qui n’était pas le cas au départ. Ce
processus d’autonomisation s’est produit avec le traité de Maastricht. Avant 1992, on inscrivait cette
liberté dans une logique purement économique, mettant en avant une conception économique des
personnes sous l’angle tantôt de l’agent, tant de l’opérateur.
Cette liberté portait sur la possibilité à titre exclusif de se déplacer et de s’établir sur un territoire d’un
EM, afin d’exercer une activité salariée et non salariée.
Dans le sillage du traité de Maastricht, la liberté de mouvement à des fins personnelles bénéficiera
d’un statut autonome véritablement distinct de celui de la liberté professionnelle. Il a pour socle le
traité de Maastricht qui consacre le droit de circuler et de séjourner pour tout citoyen de l’Union et d’y
vivre indépendamment de toute considération économique.
Plus tard, d’autres textes viendront consolider la liberté de circulation des personnes à des fins
personnelles, notamment la Charte des droits fondamentaux. Il faut comprendre cette évolution
profonde qu’a traversé la liberté de circulation des personnes. A partir de 1986, la citoyenneté
consacrée ouvre le champ de la liberté à des fins personnelles, le droit pour toute personne de quitter
son territoire national.
Section 1 - La mobilité à des fins professionnelles
Le terme « mobilité professionnelle » désigne ici la capacité de se déplacer dans l’Union européenne
pour y occuper un emploi dans un autre État membre que le sien. Cette mobilité recouvre, au sens
strict, aussi bien la capacité d'exercer un emploi salarié qu'un emploi non salarié.
Le travailleur est défini de façon extensive dans la jurisprudence comme : « toute personne qui exerce
des activités réelles et effectives, à l’exclusion d’activités tellement réduites qu’elles se présentent
comme purement marginales ou accessoires. » (CJCE, 21 novembre 1991°
Cette liberté revêt un caractère historique. Au sein de la liberté des personnes, la liberté de circulation
à des fins professionnelle l’a cessé d’évoluer, elle a conquis une place significative à la faveur de
certains textes :
Les chartes sociales (la charte sociale européenne signé à Turin en 1961 ; la charte
communautaire des droits sociaux fondamentaux signé en 1989) : ces textes reconnaissent le
droit de toute personnes à accéder à une profession et à l’exercer.
La Charte des droits fondamentaux de 2001 vient appuyer l’attachement au droit de la
personne lorsque dans l’article 15 il est dit que toute personne à le droit de travailler et
d’exercer une profession librement choisie
La mobilité économique prend une certaine épaisseur à partir de ces textes, notamment au regard de la
question relative au droit du travail et au droit au travail (auquel est rattaché l’exercice de l’activité
professionnel).
Les traités originaires reconnaissent aux ressortissants européens un droit de circulation et de séjour
lorsque ceux-ci sont des PP salarié ou non salarié et les PM. L’objectif est de faciliter l’accès au
territoire des EM, il ne doit pas y avoir d’entrave et d’obstacle.
Cette liberté est présidée par le principe de non-discrimination, il est un axe fondamental. La
discrimination ici se fait sur la nationalité. Ce principe implique ainsi le fait de mettre en place une
égalité de traitement entre les différents ressortissants nationaux de l’UE. Ce principe de non-
discrimination, outre l’égalité qu’il insuffle, permet de construire un lien de solidarité entre ces mêmes
ressortissants.
Concernant ce principe de non-discrimination, elle s’opère à raison de la nationalité. Les autres formes
de discrimination à raison de l’origine ethnique, confession, croyance, du sexe, de l’âge etc. sont liées
à des libertés fondamentales, et ces discriminations sont appréhendé sous l’angle de la charte des
droits fondamentaux. Elle a été intégrée au droit de l’Union et elle protège tous les ressortissants de
l’Union, dès que le droit de l’Union est mis en œuvre.
1. La liberté professionnelle
La liberté professionnelle revêt 3 dimensions qui coexistent sur le territoire de l’Union :
L’article 7 du règlement n° 1612/68 du 15 octobre 1968, relatif à la libre circulation des travailleurs à
l’intérieur de la Communauté énonce que : « Est nulle de plein droit toute disposition dans la mesure
où elle prévoit ou autorise des conditions discriminatoires à l’égard des travailleurs des États
membres. »
Champ d’application
Concernant l’applicabilité de l’article 45 TFUE, selon une jp constante, tout ressortissant de l’Union
indépendamment de son lieu de résidence et de nationalité, qui a fait usage de son droit de circulation
des travailleurs et qui a exercé une activité professionnelle à cet égard relève du champ d’application
de l’article 45 TFUE.
En outre, l’ensemble des dispositions du traité relative aux personnes visent à faciliter pour les
ressortissants de l’Union l’exercice d’activité professionnelle de toute nature sur l’ensemble du
territoire de l’Union et s’oppose aux mesures qui pourraient défavoriser les ressortissants de l’UE
lorsqu’ils souhaitent exercer une activité sur un autre EM. La Cour s’oppose également à ce que l’Etat
d’origine entrave l’exercice d’un emploi par l’un des ressortissants.
De même, les dispositions du droit de l’Union relative au travailleur s’imposent pour l’appréciation de
tous les rapports juridiques dans la mesure où ces rapports en raison du lieu où ils sont établis, où du
lieu où ils produisent leur effet, peuvent être localisé sur le territoire de l’Union. Cela signifie que les
dispositions du droit de l’Union peuvent s’appliquer à des activités professionnelles exercées en
dehors de l’UE dès l’instant que la relation de travaille garde un rapport suffisamment étroit avec
l’UE.
Une activité économique : Ce premier critère a été discuté dans la fameuse affaire Grogan
(CJCE, 4 octobre 1991, aff. C-159/90) relative à la diffusion par une association d’étudiants,
dans les universités irlandaises, d’informations sur l’avortement pratiqué dans des cliniques
britanniques.
La prestation est offerte contre rémunération : Pour la Cour, la caractéristique centrale de
la notion de services réside dans la délivrance d’une prestation rémunérée. La caractéristique
essentielle de la rémunération réside, dès lors, dans le fait que celle-ci constitue la contrepartie
économique de la prestation en cause, contrepartie qui est normalement définie entre le
prestataire et le destinataire du service.
Elle constitue le 3ème mode de libre circulation des travailleurs dans la mesure où dans ce cas le
ressortissant fournit librement une prestation. Il peut décider ou non de franchir les frontières.
La difficulté de cette qualification réside dans son opposition à la liberté d’établissement.
La notion de service
Pour faciliter la définition de la prestation de services régie par le traité, l’article 57 TFUE donne une
liste d’activités relevant potentiellement des services : « les activités industrielles, commerciales,
artisanales, l’activité des professions libérales ». Mais la CJCE considère cette liste comme
exemplative et non exhaustive.
Article 57 TFUE : « Au sens des traités, sont considérées comme services les prestations fournies
normalement contre rémunération, dans la mesure où elles ne sont pas régies par les dispositions
relatives à la libre circulation des marchandises, des capitaux et des personnes.
Les services comprennent notamment :
a) des activités de caractère industriel
b) des activités de caractère commercial
c) des activités artisanales
d) les activités des professions libérales »
En outre, la notion de service implique l’exercice d’une prestation, ie une rémunération qui est
entendu largement. L’exigence d’une rémunération est essentielle pour emporter la qualification de
service.
Elle a pu étendre cette liste en raison de la définition très large de la notion de « services » donnée par
le traité : les services sont « les prestations fournies normalement contre rémunération ». La Cour a
précisé cette définition en énonçant les deux critères constitutifs d’un service : une activité
économique et une prestation rémunérée.
La notion de prestation de service
La PS implique nécessairement un franchissement de la frontière qui ne peut être que le résultat de la
libre circulation des personnes. L’auteur du franchissement est variable, il peut s’agir du prestataire,
du bénéficiaire voir du service lui-même.
1.4. La distinction entre la LPS et la liberté d’établissement
Un problème majeur qui se pose est celui de la différenciation des deux libertés. Cette différenciation
est importante car le statut juridique des deux libertés n’est pas identique.
Selon la jurisprudence de départ, la distinction entre liberté d’établissement et libre prestation de
services s’est faite sur la ligne de démarcation assez simple. La liberté d’établissement supposait une
implantation (qui prenait généralement la forme d’installations matérielles, de structures) ; la libre
prestation de services se caractérisait par la dimension temporaire de la résidence. Pendant un certain
temps, la Cour a donc distingué les deux libertés sur la base du critère de permanence. Ainsi, dans son
arrêt Steymann (CJCE, 5 octobre 1988, Steymann, aff. C-196/87), la Cour a estimé qu’une activité
exercée dans un autre État membre sans limitation prévisible de durée ne saurait relever de la libre
prestation de services.
Ainsi, la liberté de prestation de service s’oppose à la liberté d’établissement au regard du caractère
permanent que revêt la liberté d’établissement. La prestation de service n’est pas durable, elle est
provisoire, le temps du franchissement de la frontière. Il n’est pas toujours facile de distinguer les deux
en pratique. In fine, c’est la liberté qui préside, mais le régime est différent :
- 2ème approche : elle repose sur la possibilité pour un prestataire de service de se doter
d’infrastructure au sein de l’Etat (bureau et cabinet) sans pour autant basculer dans un régime
du droit d’établissement. La Cour considère que de tels moyens seraient considérés comme
nécessaires pour accomplir l’activité en cause.
Ces deux approchent se conjuguent. Après ces fluctuations, la jurisprudence s’est stabilisée.
Aujourd’hui, la ligne de partage entre liberté d’établissement et libre prestation de services se situe
autour de l’opposition continuité/périodicité. Le critère de la continuité (dans le temps et l’espace) de
l’activité caractérise la liberté d’établissement ; le critère de périodicité de l’activité caractérise la libre
prestation de services.
1.5. Le principe d’interdiction des obstacles aux deux libertés
Un même principe structure les deux libertés : l’interdiction des « restrictions » à ces libertés. Les
dispositions du traité sont d’ailleurs très proches dans leur rédaction.
L’article 49 TFUE (ex article 43 TCE) dispose que : « Les restrictions à la liberté d'établissement des
ressortissants d'un État membre dans le territoire d'un autre État membre sont interdites. »
L'article 56 TFUE (ex article 49 TCE) dispose quant à lui que : « les restrictions à la libre prestation
des services à l'intérieur de l'Union sont interdites à l'égard des ressortissants des États membres
établis dans un État membre autre que celui du destinataire de la prestation. »
Toutefois, le traité ne précise pas ce qu’il faut entendre par « restriction ». En l’absence de définition,
c’est la Cour qui a interprété la notion de restrictions. Sans surprise, elle l’a fait de façon extensive. A
l’origine, seules les mesures nationales discriminatoires étaient considérées contraires au droit
communautaire mais progressivement, la Cour a étendu le champ d’application des mesures interdites.
Aujourd’hui, il y a trois types de mesures susceptibles d’être qualifiées de restrictions : les
discriminations directes, les discriminations indirectes et les mesures indistinctement applicables qui
entravent le commerce intra-communautaire des services.
Interdiction des discriminations indirectes
La Cour a systématiquement déclaré contraire au droit de l’Union toute réglementation posant une
condition de nationalité pour l’accès à une profession non salariée ou établissant des quotas de
nationaux pour l’exercice de certaines professions.
Interdiction des discriminations indirectes
La Cour a ensuite veillé à l’interdiction des discriminations indirectes (i.e. les mesures nationales dont
l’objet n’est pas discriminatoire mais qui ont pour effet d’avantager les nationaux). Ont été
considérées comme des discriminations indirectes le fait d’exiger une maîtrise parfaite de la langue
nationale, d’avoir résidé sur le territoire national pendant les 5 dernières années, de connaître une
langue locale, d’être titulaire d’un diplôme délivré dans l’État d’accueil, etc. De même, la Cour
considère qu’il y a discrimination indirecte quand une législation établit une différence de traitement
en fonction du lieu d’établissement du ressortissant communautaire.
Interdiction des entraves
Au début des années 90, la Cour de Justice a entamé une troisième phase de sa jurisprudence : elle a
commencé à appréhender également les législations indistinctement applicables qui « entravent » la
liberté d’établissement ou la libre prestation de services. Sans doute pour être en cohérence avec sa
jurisprudence sur la libre circulation des marchandises, elle a donc décidé de s’émanciper de la stricte
application du principe de l’égalité de traitement et de contrôler également les législations non
discriminatoires qu’elle nomme « législations indistinctement applicables ».
C’est en matière de libre prestation de services qu’est apparue cette jurisprudence. Trois arrêts majeurs
du 25 juillet 1991 en sont à l’origine : les affaires Gouda (aff. C-288/89) ; Säger et Dennemeyer (aff.
C-353/89 ), Commission/Pays Bas (aff. C- 76/90). Dans ces arrêts, la Cour considère que l’article 49
TCE exige, non seulement l’élimination de toute discrimination à l’encontre du prestataire de services
en raison de sa nationalité, mais également la suppression de toute restriction, même si elle s’applique
indistinctement aux prestataires nationaux et à ceux des autres États, lorsqu’elle est de nature à
prohiber ou à gêner autrement les activités du prestataire établi dans un autre État, où il fournit
légalement des services analogues.
Apparaît ici la notion « d’entrave » qui se définit comme toute mesure nationale, législative,
réglementaire ou judiciaire qui gêne ou rend moins attrayant, ou plus coûteux l’exercice de la libre
prestation de services, constitue une entrave.
La jurisprudence sur les entraves a été ensuite étendue à la liberté d’établissement. La CJCE a en effet
fait application de la notion d’entrave dans l’affaire Dieter Kraus (CJCE, 31 mars 1993, aff. C-19/92).
Une législation allemande exigeait une autorisation administrative préalable pour pouvoir utiliser un
titre universitaire obtenu à l’étranger. La CJCE a considéré que les règles sur l’établissement
« s’opposent à toute mesure nationale relative aux conditions d’utilisation d’un titre universitaire
complémentaire, acquis dans un autre État membre qui, (même applicable sans discrimination tenant à
la nationalité) est susceptible de gêner ou rendre moins attrayant l’exercice, par les ressortissants
communautaires des libertés fondamentales prévues par le traité ».
2. La question de la reconnaissance des diplômes
Dans le sillage de cette question aux trois formes de libertés, progressivement est venu se greffer la
question de la mobilité professionnelle sous l’angle des diplômes. C’est-à-dire qu’à un moment donné
il a fallu s’interroger sur la manière dont les personnes qui se déplacent peuvent faire valoir leur
qualification.
On constate que la forte disparité des conditions d’accès à une profession, salarié ou indépendante,
parmi lesquels le cas des professions règlementés constituent un frein important à la mobilité des
professionnels pourtant voulu par les traités.
Face à ce constat, les rédacteurs des traités étaient conscients de cette entrave mais les outils n’étaient
pas immédiats. L’article 53 paragraphe 1 (ancien article 47) relatif au droit d’établissement et l’article
62 TFUE relatifs aux prestataires de service prévoient qu’afin de faciliter l’accès aux activités salariés
et à leur exercice ou aux activités non salarié, le parlement européen et le conseil arrêtent une rpemière
série de directive (visant à la reconnaissance mutuelle des diplômes) et une seconde catégorie de
directive qui vise à favoriser l’accès aux activités non-salariés et à l’exercice de celles-ci.
A l’appui de cette double base juridique se dégage deux types de directives qui traduisent deux
approchent différent :
Trois secteurs qui présentent une grande variété selon leur condition d’accès qui font l’objet de cette
approche sectorielle (ou verticale) :
Les professions de la santé : dès 1970, les directives visent les médecins, els infirmiers, les
dentistes, les vétérinaires, les sages-femmes et le pharmacien. Sans aucune difficulté ils
peuvent s’installer dans un autre Etat. Un EM ne peut en aucun cas refuser l’exercice d’une
activité médicale dans un autre EM. On notera cependant que le législateur à scinder son
approche en deux démarches :
- Il y a une reconnaisse automatique des diplômes,
- En amont il y a une action plus subtile qui vise à harmoniser l’information pour
l’accès à une profession
La profession d’architecte : objet d’une directive unique du 10 juin 1985. Cette directive est
plus nuancée. Elle met en place un système de reconnaissance mutuelle pour un certain
nombre de formations qui sanctionnent les formations de niveau universitaire (durée minimale
et qui porte sur un certain nombre de matière).
- Directive de 22 mars 1977 : elle vise uniquement la profession d’avocat en tant que
libre prestataire de service, ainsi elle n’attache pas d’intérêt au diplôme et ne régit que
la qualité d’avocat en tant que prestataire. La qualité d’avocat fait l’objet d’une
reconnaissance mutuelle. La seule obligation opposée, est celle de respecter le code
déontologique de l’Etat d’origine et de l’Etat d’accueil.
D’autres professions ont fait l’objet de l’approche sectoriel comme le secteur industriel, commercial,
la restauration, l’hôtellerie, l’automobile. Ce sont des domaines qui ont l’avantage de regroupé
beaucoup de professions. Ces secteurs sont régit par la directive du 7 juin 1993 : elle retient un
principe de reconnaissance mutuelle, et à titre plus incident elle reconnait un système de
reconnaissance de diplômes (pas automatique, puisque l’Etat peut demander un stage ou une épreuve
d’aptitude pour entrer dans la profession). Cette directive de 1993 a été remplacée par une directive de
2007.
2.2. L’approche générale
L’approche générale est beaucoup plus vouée à la reconnaisse mutuelle des diplômes et des
qualification. Aisément, on s’est aperçu que compte tenu de la variété des professions il est difficile de
régir ces différentes professions, il fallait revoir le système et réfléchir à une autre manière
d’appréhender ces qualifications.
Il fallait adopter un mécanisme d’une plus grande ampleur qui permettrait la reconnaissance des
diplômes, et plus largement des qualifications professionnelles. C’est un véritable levier pour la liberté
du mouvement des personnes.
Ce processus s’est produit en deux temps :
2 directives générales qui régiront la reconnaissance des diplômes : ce sont des premiers
pas accomplis dans la matière. Ces directives n’imposent pas réellement une reconnaissance
mutuelle des diplômes. En effet la reconnaissance ne revêt pas de caractère automatique, la
reconnaissance relève d’une présomption. Ie que l’EM d’accueil estime souverainement que la
formation reçue par le ressortissant dans son Etat d’origine, est équivalente à celle l’Etat
d’accueil il pourra procéder à cette reconnaissance. A l’inverse s’il estime que les formations
ne sont pas comparables, il peut imposer une formation complémentaire.
- Directive de 21 décembre 1988 : elle concerne les professions qui font l’objet d’une
règlementation (à l’exception de celles qui relèvent déjà des directives sectorielles).
Les professions règlementées correspondent aux professions qui sont subordonnées
directement ou indirectement par des dispositions de source législative, règlement ou
administrative et subordonnée à l’acquisition d’un diplôme. Les formations visées
sont le fruit de cursus post secondaire d’au moins 3 ans.
- Directive du 28 juin 1992 : elle vise des formations professionnelles courtes qui se
prêtent à une durée d’au moins 12 mois.
L’accès à l’emploi
L’exercice de l’activité : dominé par un principe de non-discrimination en termes de
rémunération, licenciement, réemploi etc.
Sur les droits sociaux, le champ est très entendu, les travailleurs sont protégés.
Toutefois, si ces directives posent le principe d’un droit de séjour, elles énoncent également deux
conditions à la reconnaissance de ce droit de séjour. Tout d’abord, les bénéficiaires des directives
doivent disposer de ressources suffisantes pour éviter qu’ils ne deviennent pendant leur séjour une
charge pour l’assistance sociale de l’État d’accueil. Ils doivent disposer pour eux mêmes et leur
famille d’une assurance maladie couvrant l’ensemble des risques dans l’État d’accueil. Le droit de
séjour consacré n’a donc pas été tout à fait coupé des exigences économique car l’étudiant ou le
retraité ont un jour été ou seront des travailleurs. Mais les directives expriment la volonté de consacrer
un large droit de séjour, de le communautariser : progressivement, la libre circulation devient une
liberté publique déconnectée de toute condition de nationalité. La directive n° 2004/38 codifie les
règles du système issu de la combinaison de l’article 45, du règlement n° 1612/68, des directives de
1990 et de la jurisprudence. Elle n’innove donc pas sur le fond mais elle fait désormais référence au
droit de séjour des « citoyens de l’Union » et non plus des travailleurs des États membres. Cela tient
au troisième élargissement des bénéficiaires du droit de séjour qui a eu lieu, avec l’introduction de la
citoyenneté de l’Union.
Enfin, le dernier pas de cette extension du champ d’application du droit de séjour des Européens est la
reconnaissance récente d’un droit de séjour permanent au profit des citoyens de l’Union.
3.3. Le droit de séjour permanent
Un des apports de la directive n° 2004/38 au droit de séjour est la reconnaissance d’un droit de séjour
permanent du citoyen de l’Union.
Au titre de l’article 16 : « les citoyens de l’Union ayant séjourné légalement pendant une période
ininterrompue de 5 ans sur le territoire d’un État membre d’accueil acquièrent le droit de séjour
permanent sur son territoire. »
Cette disposition est une contribution importante à la protection du droit de séjour en droit
communautaire, car le citoyen ayant résidé 5 ans est désormais titulaire d’un droit de séjour
permanent, opposable à l’État d’accueil. L’État d’accueil ne pourra plus lui imposer de remplir les
conditions de ressources et d’assurance comme condition à son séjour. Seules des raisons d’ordre
public, interprétées restrictivement, pourront être utilisées pour refuser le séjour.
En effet, selon l’article 16 alinéa 4 de la directive :.« une fois acquis, le droit de séjour permanent ne
se perd que par des absences d’une durée supérieure à deux ans consécutifs de l’État membre
d’accueil. »
Il faut ici mesurer l’apport de la directive : jusque là, le droit communautaire s’occupait de la
circulation des ressortissants des États membres. Avec l’introduction d’une citoyenneté de l’Union,
l’accent est mis progressivement sur l’insertion de ces ressortissants communautaires dans leur État
d’accueil, sur leur intégration. On peut y voir un changement de nature de la politique communautaire
en matière de libre circulation des personnes.
Il faut toutefois préciser que, pour se voir reconnaître le droit de séjour permanent, il faut avoir résidé
légalement sur le territoire de l’État d’accueil.
3.4. L’apport de la citoyenneté de l’Union au droit de séjour
Dix ans après l’introduction dans le traité des dispositions sur la citoyenneté de l’Union, la Cour a
commencé à leur faire produire des effets. Le droit de séjour est réellement devenu un droit du
citoyen.
Le recours aux dispositions sur la citoyenneté permet à la Cour d’opérer un strict contrôle de
proportionnalité des conditions et limitations au droit de séjour garanti par l'article 21 TFUE. La Cour
indique que, désormais, la capacité des États de limiter le droit de séjour (même sur le fondement des
conditions posées par les directives séjour) est strictement encadrée : le juge national doit toujours
vérifier que l'État ne fait pas une ingérence disproportionnée dans le droit du citoyen de l'Union.
En somme, fondant son raisonnement sur le statut de citoyen de l’Union, qui doit être sauvegardé, la
Cour neutralise de nombreux obstacles à la reconnaissance du droit de séjour d’un citoyen de l’Union
inactif ou dont les ressources sont fragiles.
En d'autres termes, l’introduction de la citoyenneté de l’Union a accentué la protection conférée par le
droit de l’Union au droit de séjourner que le droit de l’UE garantit au travailleur depuis 1957. La
citoyenneté européenne contribue fortement à dissocier le droit de mobilité intra-communautaire et
l’exercice d’une activité économique. Ce qui est garanti ressemble fortement à une liberté d’aller et de
venir du citoyen communautaire sur le territoire communautaire.
Titre 2 : Droit de la concurrence
Introduction
L’analyse de la concurrence, à savoir la mise en place de la concurrence. Il y a une dualité entre :
l’espace de liberté qui s’articule autour des 4 facteurs de productions (marchandises, service,
personnes capitaux) et l’espace de concurrence.
L’espace de concurrence constitue ainsi le 2ème versant du droit matériel de l’Union européenne. Sur le
fond, il renvoie à l’idée d’un développement économique intense, et d’une certaine prospérité. Mais en
même temps, il doit aussi rester le vecteur d’une société de progrès, en ce sens l’Union s’attache à
mettre en œuvre des instruments qui pourraient installer une économie sociale (Delors). L’union
repose sur un système néo-libéral, mais qui depuis les années 1980 met en relief la question sociale.
De sorte qu’on cherche à instaurer une économie sociale.
Parallèlement au démantèlement des entraves aux échanges, il y a ce souci de mettre en place un
espace de concurrence qui s’associe pleinement aux libertés de mouvement, comme en témoigne à cet
égard les conditions d’interdiction de certaines pratiques concurrentielles qui rappellent singulièrement
celle des marchandises.
A certains égards, le droit de la concurrence européen ressemble au droit de la concurrence français.
1ère observation : la double déclinaison des prescriptions
D’une part la prescription relative aux règles protectrice de la concurrence, et les autres qui visent
d’avantages à stimuler la concurrence.
L’espace de concurrence au sein de l’Union européenne se veut libre, c’est une concurrence
libéralisée. Cet espace érige un certain nombre de règles protectrice de la concurrence, qui présentent
une autre déclinaison de plus en plus importante dans la jurisprudence notamment. C’est-à-dire des
prescriptions d’une part opposable aux entreprises privées invitées à accéder à l’espace de concurrence
et à stimuler l’économie. Et d’autre il y a les règles opposables aux opérateurs de droit public, qui elles
sont en revanche davantage soumise à cette logique économique, qu’elle méconnait souvent en raison
de l’accomplissement de missions d’intérêt général.
2ème observation : place qu’occuper la règle de raison en droit de l’Union
Est-ce qu’il y a une règle de raison en droit de l’Union ? Selon une jurisprudence établie, le juge de
l’Union considère qu’il n’existe pas de règles de raisons. La règle de raison en droit, s’oppose à la
règle persée. Cette règle établie au préalable une liste de pratique considérée comme interdite. La règle
de raison conduit l’autorité investie du pouvoir de décision ou la juridiction à se livre à un examen in
concreto, au cas par cas.
L’intérêt incontestable de la règle de persée assure une sécurité juridique certaines aux opérateurs
économiques dans la réalisation de leur activité. Même si l’écceuil majeur d’une telle application
systématique est de ne pas tenir compte des aspects positifs de l’intégration économique.
A cet égard, la doctrine s’est interrogée sur la position de l’Union et de son juge sur la question de la
règle de l’Union. Le juge de l’union soutient que l’interprétation de l’article 101 TFUE ne conduit pas
à une mise en balade des effets pro et anticoncurrentiels d’un accord afin de déterminer si celui-ci
tombe ou non sous l’effet de l’interdiction. Le juge de l’Union soutient dans son argumentaire, qu’une
telle approche n’est pas conciliable avec la structure normative de l’article 101 TFUE. De plus, il
précise que l’article 101 TFUE prévoit explicitement la possibilité d’exempter des accords restrictifs
de concurrence lorsque ceux-ci satisfont un certain nombre de condition, notamment lorsqu’ils sont
indispensables cf.
Aussi à la lumière du paragraphe 3 combiné avec le paragraphe 1er, le juge de l’Union considère que
ce n’est que dans le cas précis de cette disposition qu’une mise en balance peut être menée. L’article
101 paragraphe 3 perdrait tout son effet utile, si une règle de raison devait être effectuée. Toutefois,
au-delà de cette argumentation du juge (qui récuse l’application de la règle de raison en droit de
l’Union), il est légitime de s’interroger sur cette interprétation.
Il semble pourtant bien souvent que le juge de l’Union se livre bel et bien à une application d’une
règle de raison. En témoigne, la jurisprudence (CJUE 30 juin 1966 société technique minière, CJUE 6
octobre 1982, 28 janvier 1986). Ce sont des arrêts qui mettent en avant une méthode qui s’assimile à la
règle de raison, malgré le fait que le juge récuse son application.
Le juge de l’Union fait valoir que ces interprétations s’inscrivent plutôt dans un courant jurisprudentiel
plus large qui repose moins sur l’analyse complètement abstraite et indistincte pour tenir compte
davantage du contexte économique et juridique dans lequel opère les acteurs économiques. Selon la
Cour il s’agit simplement d’une lecture souple de l’article 101 et non pas d’une application de la règle
de raison.
Il reste que l’analyse économique, occupe une place grandissante de l’Union. Certains auteurs
s’interrogent à ce sujet sur la compétence de l’Union : juge à compétence générale ou juge à
compétence économique ? A bien des égard il est véritablement un juge spécialisé.
L’analyse économique occupe une place importante dans la mise en œuvre de la politique de
concurrence. Ce qui conduit presque à une analyse au cas par cas des effets des pratiques économiques
incriminées devant le juge, et ce pour en établir la licéité. Même si le juge maintien qu’il n’existe pas
de règle de raison en droit de la concurrence. Cette affirmation est quelque peu contredite par la
pratique.
3ème observation : la place pragmatique qu’occupe le droit de la concurrence en droit de
l’Union
Cette occupation pragmatique est cette vision utilitariste du droit de la concurrence. La spécificité du
DUE réside dans la place pragmatique, utilitaire qu’occupe la concurrence qui n’est nullement
appréhendé comme une finalité en soi mais comme un instrument / un moyen (la théorie de la
concurrence moyen) pour parvenir à la réalisation d’un espace économique prospère et intégré, et plus
généralement pour atteindre des objectifs sociaux-économique énoncé par les traités
L’ex-article 2 CE dispose sans ambiguïté que par l’établissement d’un marché commun, un
certain nombre d’objectifs devront être atteinte.
L’ex-article 3 CE fait valoir que à cette fin un certain nombre de moyens parmi lesquels, un
régime assurant que la concurrence n’est pas faussée dans le marché intérieur.
Ainsi il y a une vraie place pragmatique, la concurrence est un moyen. Il faut comprendre que
contrairement aux personnes réfractaires à la construction européenne, qui font valoir que la
concurrence est un objectif en soit, ce n’est pas du tout le cas.
Pour autant, cette place pragmatique, a été quelque peu brouillé par le traité constitutionnel. Le
système de l’Union l’a toujours présenté comme un moyen. L’article 1-3 paragraphe 3 du traité
constitutionnel, érigeait la concurrence au rang d’objectif de l’Union, et ce en total rupture avec la
doctrine, la jurisprudence et les texte. Cet article prévoyait que l’Union offre à ses citoyens un espace
de liberté et un marché intérieur où la concurrence est libre et non faussée. Cette maladresse textuelle
n’a pas échappée aux réfractaires, ce qui a suscité de vive critique contribuant ainsi au rejet du traité
constitutionnel.
Les auteurs du traité de Lisbonne ont redéfini à sa juste place la concurrence au rang de moyen et non
plus d’objectif en soi, au terme de l’article 3 TUE. De même, un protocole n°6 sur le marché intérieur
et la concurrence établit à nouveau que la concurrence n’est qu’un moyen. Il y a un effort textuel, qu’il
y a cette volonté de rassurer.
4ème observation : l’approche du juge de l’Union quant aux concepts nationaux relatifs au
droit de la concurrence
On observe de la part du juge de l’Union un processus de différenciation pour aboutir à une
autonomisation des notions au regard du droit de la concurrence. En effet, il apparait que nombre de
notion comme l’entreprise, le marché, le monopole, le service public (service d’IG en DUE) ont été
d’emblée différenciées avec les qualifications internes. Elles ont été différenciées en amont par le
législateur (Parlement et Commission) et également par le juge de l’Union. Le législateur et le juge de
l’Union se montrent parfaitement indifférents aux qualifications de droit interne de ces notions. Ceci
est dit et redit dans les textes (surtout de la Commission) et dans les arrêts de la Cour. Il y a la volonté
de forger sa propre interprétation et conceptualité.
Un tel processus, depuis les 1960, a montré une constance de sorte qu’est né un autre processus. Les
notions sont devenues parfaitement autonome, ce processus est beaucoup plus subtil. Il s’agit d’un
détachement de ces notions au regard du droit interne.
Ces deux processus successifs et gradués (différenciation et autonomisation) se vérifient avec relief
dans le cadre du droit de la concurrence précisément. On retrouve ces deux processus dans différents
domaines / politiques de l’Union. L’une des notions les plus symptomatique à cet égard est celle
d’entreprise.
Ce double processus est intéressant pour le législateur de l’Union, puisque c’est un ressort efficace
quant au respect des obligations par les Etats du droit de la concurrence. Cela permet d’élargir le
champ des comportements et des actes repréhensibles. C’est une technique très adroite, qui permet de
se libérer des carcans nationaux.
5ème observation liminaire : les rapports qu’entretiennent la concurrence et le marché
intérieur
Ce sont des rapports indissociables, car ces notions sont elles même indissociables.
Le Commission joue un rôle très important dans l’application des règles de concurrence, ce qui lui a
permis de développer une certaine constance dans la pratique décisionnelle. La Commission exerce un
pouvoir très important, et sa présence lui permet de développer une doctrine / conceptualisation des
notions constantes.
La jurisprudence est très importante à cet égard, elle a mis en exergue des éléments constitutifs,
commun entre la concurrence et le marché intérieur.
L’agrégation de la prédominance de la commission en matière de concurrence et de la contribution de
la jurisprudence a crée un lien étroit entre le marché intérieur et la concurrence. Ce lien était déjà
perceptible au travers de la définition du marché intérieur (espace au sein duquel la liberté économique
est assurée au profit des quatre facteurs de productions : marchandises, services, capitaux, personnes).
Et cette préoccupation est confortée par le fait que la concurrence et le marché constituent des moyens
que l’Union promeut pour parvenir à un certain nombre d’objectifs sociaux-économique. Il y a une
identité du statut en DUE.
6ème observation : la notion de concurrence
Il est nécessaire pour comprendre le champ de cette matière, ce à quoi renvoie la notion de
concurrence. En réalité, on peut prêter à la concurrence trois lectures possibles qui peuvent être
alternatives / complémentaires :
- L’élasticité de la demande
- Un nombre suffisant d’opérateurs (offreurs et demandeurs).
- Des produits substituables / interchangeables
- Un accès des opérateurs au marché, ils ne doivent pas se confronter à des barrières
invisibles
- Le maintien des opérateurs nouveau sur le marché.
La Cour fait valoir que une entreprise en situation de position dominante peut aussi tomber
sous le coup de l’article 101 (CJCE Amed Saède)
Il est possible de mettre en œuvre les articles 101 et 102 invariablement dans le cadre d’une
entreprise en situation de position dominante, qui se trouve être participant à l’entente
Il y a une autre hypothèse plus difficile à établir, celle d’une position dominante collective.
Dans cette hypothèse on peut faire valoir une lecture combinée des articles 101 et 102, et la
position dominante combinée prendrait sa source dans une entente dont les auteurs ne
détiennent pas individuellement une position dominante.
L’identité de l’objet, comme se plait à le souligner la Cour, les deux articles suivent le maintien d’une
concurrence effective au sein du marché. L’objet transparait également dans l’une des conditions
communes aux articles 101 et 102, à savoir l’affectation du commerce. Il se prête de surcroit au même
examen. A cet égard, les comportements visées sont également similaires.
La complémentarité peut également passer par l’applicabilité directe. Comme l’article 101, l’article
102 pose une interdiction sans qu’il soit nécessaire pour les autorités communautaires / nationales de
prendre une décision préalable. L’effet direct de ces interdictions peut être soulevé en tant que moyen
de défense par les justiciable.
Nuance à la complémentarité
Néanmoins, ce rapport n’est pas intangible. En effet, on peut trouver des entorses à ce rapport de
complémentarité. Alors que l’article 101 TFUE énumère un certain nombre d’hypothèses, qui peuvent
constituer des exemptions au principe d’interdiction aux ententes, le principe d’interdiction d’abus de
position dominante est lui en principe absolu. Cette approche restrictive, dispose d’un certain nombre
de tempérament, dans la mesure où l’article 102 TFUE n’interdit pas la détention d’une position
dominante mais seulement une exploitation abusive est répréhensible.
Il reste possible au juge de considérer certaines considérées d’intérêt générales susceptible de justifier
le comportement abusif d’une entreprise.
L’entente doit avoir pour objet ou effet de restreindre la concurrence à l’intérieur du marché
commun
L’entente doit être susceptible de porter attinte aux échanges communautaires
L’objet anticoncurrentiel
L’objet anticoncurrentiel suffit à l’application du droit de la concurrence : « il n’est pas nécessaire que
[l’entente] ait eu pour effet d’empêcher, de fausser ou de restreindre le jeu de la concurrence, il suffit
(…) simplement qu’elle ait eu pour objet d’aboutir à un tel résultat ». Il importe peu que les parties
aient agi sans intention subjective de restreindre la concurrence et se soient concertées pour des motifs
parmi lesquels certains étaient légitimes. Si l’objet anticoncurrentiel est établi, les éléments relatifs aux
gains d’efficience ne pourront être invoqués par les mis en cause que dans le but d’obtenir une
exemption au titre du paragraphe 3 de l’article 101 du TFUE.
En effet, pour être condamné, l’entente doit avoir pour objet ou effet de porter atteinte à la
concurrence. L’objet et l’effet anticoncurrentiel sont donc des conditions alternatives (pas cumulative).
Pour apprécier si un accord comporte une restriction de concurrence par l’objet, il faut observer la
teneur de ces dispositions, les objectifs qu’il vise à atteinte et contexte économique et juridique dans
lequel il s’insère.
Enfin, un accord peut être considéré comme ayant un objet restrictif même s’il n’a pas pour seul
objectif de restreindre la concurrence, mais qu’il cherche à poursuivre d’autres intérêts légitimes.
L’effet anticoncurrentiel
Ainsi, « aux fins de l’application de l’article 85 (101), paragraphe 1, la prise en considération des
effets concrets d’un accord est superflue dès qu’il apparaît qu’il a pour objet de restreindre, empêcher
ou fausser le jeu de la concurrence » (CJCE, 13 juill. 1966). L’article 101 TFUE vise à protéger non
seulement les intérêts des concurrents ou des consommateurs mais également la structure du marché.
Ainsi, lorsque l’objet anticoncurrentiel est établi, il n’y a pas lieu de rechercher les effets et d’aller
plus loin. Cependant dans l’hypothèse où l’analyse de la teneur de l’accord n’est pas suffisante, elle ne
souligne pas un degré suffisant de gravité du comportement, dans ce cas là il est nécessaire d’en
examiner les effets.
Comme l’expose la Commission dans ses lignes directrices sur l’application de l’article 101, § 3, « si
un accord n'a pas pour objet de restreindre le jeu de la concurrence, il convient de voir s'il a des effets
restreignant la concurrence, en tenant compte des effets actuels et potentiels. En d'autres termes,
l'accord doit être susceptible d'avoir des effets anticoncurrentiels. Dans le cas des restrictions par effet,
il n'y a pas présomption d'effets anticoncurrentiels. Pour qu'un accord soit restrictif par ses effets, il
doit affecter la concurrence réelle ou potentielle à un point tel qu'il soit possible de prévoir avec une
assez bonne probabilité qu'il aura sur le marché en cause des effets négatifs sur les prix, la production,
l'innovation ou la diversité ou qualité des produits et services ».
Prise en compte du comportement (facultatif)
Toujours dans ce sillage, sur la réflexion entre restriction par objet ou par effet, bien que l’intention
des parties ne constitue pas un élément nécessaire pour emporter qualification d’entente, rien n’interdit
à la Commission ou la Cour d’en tenir compte au moment de l’appréciation de l’opération.
3.1.2. La dimension territoriale de l’atteinte à la concurrence
L’effet de la concurrence doit se produire de manière localisée, à l’intérieur du marché intérieur, ce qui
exclut les ententes dont les effets se produisent dans des états tiers. Toutefois, au regard du principe de
territorialité du droit de l’Union, le juge retient l’effet anticoncurrentiel pour des ententes qui sont
conclu par des entreprises dont le siège se situe à l’extérieur de l’Union (pas sur le sol européen). Ces
entreprises sont considérées avoir conclut une entente produisant son effet sur le territoire de l’Union,
ce qui fonde l’application territoriale du DUE.
Le cas le plus exemplaire c’est Microsoft et Google.
3.1.3. La gravité / sensibilité de l’atteinte
Les autorités européennes comme françaises tiennent compte de l’intensité de l’atteinte à la
concurrence au stade de la qualification de l’entente et uniquement de celle-ci aujourd’hui. La
justification semble à rechercher dans une meilleure gestion des dossiers plutôt que dans une logique
économique. En effet, le Conseil expose dans son rapport pour 2003, « seul un dysfonctionnement
sérieux de la concurrence, une affectation non insignifiante de la concurrence, justifient l’intervention
des autorités de concurrence, afin de leur permettre de se concentrer sur les atteintes les plus graves ».
En revanche, il ne s’agit pas d’une règle d’opportunité des poursuites.
Origine du principe de minimis
L’origine du principe dit de minimis. L’atteinte à la concurrence doit être sensible, ie qu’elle doit
répondre à un certain niveau de gravité au regard du fonctionnement normal de la concurrence et du
marché : effet de sensibilité ou principe minimis. La Commission européenne a très tôt souhaité
écarter l'application de l'article 101, paragraphe 1, du Traité CE, aux accords d'importance mineure ou
"de minimis" qui n'apportaient à la concurrence qu'une atteinte proportionnellement très faible au
regard du volume des échanges communautaires portant sur les produits en cause
C’est la cour qui a crée ce seuil de sensibilité de l’atteinte. En effet, dans aucun texte de l’Union e
principe n’apparait de manière formelle. C’est dans l’arrêt Volk du 9 juillet 1969, où on voit une
première expression de ce principe. On lit dans cet arrêt que la Cour effectivement retient une certaine
application du principe de minimis. Le juge retient et fait valoir qu’un accord ne tombe pas sous
l’interdiction de l’article 101 TFUE s’il affecte le marché que de manière insuffisante compte tenue de
la faible position qu’occupe les intéressés sur le marché en cause.
L’interprétation du juge sur la sensibilité de l’atteinte a par la suite été conforté par la pratique
décisionnelle de la Commission, notamment à l’occasion de la célèbre communication concernant les
accords d’importance mineur de septembre 2001. Compte tenu de la difficulté de déterminer la
sensibilité de l’atteinte, la Commission est venue établir un certain nombre de critère permettant
d’exclure certaines pratiques, qui ne répondent pas aux seuils de sensibilités.
Communication de la Commission 2001 : l’établissement de seuils
Dans cette célèbre communication, la Commission est circonstanciée dans son propos.
Des seuils sont définis en dessous desquels il est considéré que les accords entre entreprises qui
affectent le commerce entre Etats membres n'ont pas d'effet sensible sur la concurrence et ne justifient
pas de poursuites. Ainsi, l’article 101, § 1, ne joue pas pour des ententes dont les parts de marché
cumulées des membres concurrents ne dépassent pas 10 % (ententes horizontales) et pour les ententes
dont les parts de marché de chacun des membres non concurrents ne dépassent pas 15 % (ententes
verticales).
La communication de 2001 donnait une liste de clauses noires : si l’accord contient l’une de ces
clauses, il tombe sous le coup de l’article 101, § 1, même si les seuils ne sont pas atteints. Pour les
accords horizontaux, il s’agit :
Support de travail
Dans un arrêt très attendu rendu le 10 septembre, la Cour de justice des Communautés européennes
vient confirmer la rigueur implacable avec laquelle elle traite la question de l'imputation des
pratiques anticoncurrentielles dans un groupe de sociétés.
L'affaire portait sur un cartel mondial (dans le secteur du chlorure de choline) fonctionnant sur la
base d'accords et de concertations sur la fixation des prix et le partage des marchés. La Commission
européenne a infligé à quatre filiales du groupe Akzo Nobel, et au groupe lui-même, une amende de
20,99 millions d'euros. La société mère, qui n'avait pas commis elle-même les pratiques reprochées,
contestait son implication dans la décision de Bruxelles.
Saisie, la Cour de justice des CE balaye les espoirs de ceux qui avaient cru déceler ces derniers
temps un fléchissement de la jurisprudence. Elle confirme avec fermeté son raisonnement, que l'on
peut résumer en trois points :
le comportement d'une filiale peut être imputé à la société mère lorsque, bien qu'ayant une
personnalité juridique distincte, cette filiale ne détermine pas de façon autonome son
comportement sur le marché ;
il suffit d'établir que la société mère détient 100 % du capital de la filiale pour que soit
présumée l'absence d'autonomie sur le marché de celle-ci ;
cette présomption ne pourra être renversée que si la société mère parvient à apporter des
éléments relatifs "aux liens organisationnels, économiques et juridiques entre elle-même et
sa filiale de nature à démontrer qu'elles ne constituent pas une seule entité économique".
Preuve très difficile à apporter...
Chapitre 2 : L’abus de position dominante
L’abus de position dominante est une pratique déloyale née d’une supériorité économique. L’article
102 TFUE (disposition de fond), vise ce type de comportement dans le traité, qui à la différence de
l’entente évoque une pratique qui ne se constitue pas de manière bi ou multilatérale, mais bien de
manière unilatérale.
Le comportement litigieux n’est pas le fait de plusieurs entreprises mais le fait d’un seul opérateur qui
exploite de façon abusive sa position sur le marché, sous réserve des cas d’abus de position dominante
collective.
Le traité déclare « est incompatible avec le marché intérieur et interdit, dans la mesure où le commerce
entre États membres est susceptible d'en être affecté, le fait pour une ou plusieurs entreprises
d'exploiter de façon abusive une position dominante sur le marché intérieur ou dans une partie
substantielle de celui-ci. »
Comme il est d’usage dans les traités qui demeurent précautionneux à cet égard, surtout dans la
définition des notions et des concepts afin d’éviter les conflits d’interprétation, l’article 102 TFUE ne
définit nullement la position dominante ou l’abus dont le contenu a été forgé par l’œuvre créatrice de
la Cour.
1. La position dominante
Marché de produit : il est constitué de produits ou services que l’utilisateur considère comme
un substitut à l’autre en raison de leurs caractéristiques
Marché géographique : correspond au territoire sur lequel les entreprises concernées sont
engagés
L’intérêt de la définition du marché pertinent est d’établir l’existence d’une position dominante qui ne
peut exister que sur un marché particulier. Il y a trois éléments sur lesquels il faut être attentif pour
identifier les marchés pertinents : le produit, le marché lui-même, éléments corroboratifs qui
permettent d’appuyer l’analyse.
Le produit
Concernant le produit en cause qui renvoie à une analyse préliminaire. La Commission et la Cour
tenteront de délimiter le marché des produits en vérifiant si un produit A et un produit B appartiennent
ou non au même marché de produit. Il faut déterminer dans quelles mesures les produits en causes sont
interchangeables sur un même marché. Cela permet de circonscrire le marché en cause.
La Commission se montre exigeante quant aux éléments qui permettent ou non de déterminer le degré
d’une interchangeabilité des produits. Car les entreprises qui sont dans un système concurrentiel, par
définition, sont soumises à une double obligation :
- L’abus de structure : vise le cas où une entreprise en position de domination exerce une
influence sur la structure du marché qui aboutit à un rétrécissement de l’espace concurrentiel.
De ce point de vue on se situe moins dans un rapport avec l’opérateur économique, mais
plutôt dans une configuration qui met l’entreprise dominante dans la position d’agir sur les
conditions de concurrence et la structure du marché. Il s’agit d’un rapport avec le marché lui-
même. Pratique des prix prédateurs, participation majoritaire, avance technologique, réseaux
commercial perfectionnée. L’effet dommageable est beaucoup plus profond.
La difficulté pour la Commission c’est les conditions qui déterminent l’abus.
Support de travail
CJCE, 21 février 1973, Continental Can, aff. 6/72 : Dans la célèbre affaire Continental Can
(CJCE, 21 févr. 1973, n° 6/72, Europemballage et Continental Can), la Cour de justice avait
considéré qu’était susceptible de constituer un abus le fait, par une entreprise en position dominante,
de renforcer cette position au point que le degré de domination ainsi atteint entraverait
substantiellement la concurrence.
CJCE, 13 février 1979, Hoffmann-La Roche : Ce qui est sanctionnable c’est l’abus de
domination, « c’est le fait d’exploiter de façon abusive une position dominante », le droit
communautaire ne défini pas cette notion, mais la pratique jurisprudentielle, regroupe largement un
certains nombres de comportement illicites portant atteinte à la concurrence, et en ce sens la Cour
déclare « la notion d’exploitation abusive est une notion objectif, qui visent les comportement d’une
entreprise en position dominante qui sont de nature à influencer la structure d’un marché où, à la
suite précisément de la présence de l’entreprise, le degré de concurrence est déjà affaibli et qui ont
pour effet de faire obstacle, par le recours à des moyens différents de ceux qui gouvernent une
compétition normale des produits ou des services sur la base des prestations des opérateurs
économiques, au maintien du degré de concurrence existant encore sur le marché ou au
développement de la concurrence[8] ». Autrement dit, c’est son exploitation abusive qui l’est. Le
comportement d’une entreprise est abusif, dès lors qu’elle fait obstacle au maintien de la
concurrence.
1. La notion de concentration
L’opération de concentration fait l’objet d’une définition précise par les deux règlements. Le
règlement de 2004, dans son article 3 distingue deux types d’opérations :
La fusion
La prise de contrôle
Cette approche est explicite par une communication de la Commission relative à la notion de
concentration (1989).
1.1. La fusion
La fusion est une notion qui peut recevoir deux expressions :
la création d’une nouvelle entreprise aux termes d’une opération de concentration, laquelle
fera disparaitre les entreprises existantes au profit de l’entité constituée
La fusion absorption : l’entreprise est absorbée par une autre entreprise par une autre
entreprise
L’influence déterminante
La création d’une entreprise commune
L’influence déterminante
L’article 3-1 caractérise la prise de contrôle comme la possibilité pour une ou plusieurs entreprises
d’exercer une influence déterminante dans l’activité d’une entreprise. Cette influence peut revêtir
différentes formes :
Entreprises instaurant entre elles un mode de coopération qui repose sur la coordination de
leurs comportements, même si elles demeurent indépendantes. Ce cas de figure peut d’ailleurs
représenter une forme d’entente
Entreprise commune s’accomplit de manière durable : il y a un caractère bien établit de la
coopération, et une entité économique autonome qui agit de manière durable.
Dans l’ancien l’ancien dispositif, les entreprises coopératives étaient exclues du contrôle
communautaire, désormais elles tombent sous le coup du contrôle communautaire.
2. La nature communautaire de l’opération
Toutes les opérations de concentrations ne sont pas nécessairement soumises à un contrôle de l’Union.
En effet, seul s’y prête les opérations qui répondent à un critère précis : la dimension communautaire.
Il s’agit d’un critère déterminant car il permettra de répartir les compétences entre autorités
communautaire et nationales.
Il faut que ce soit communautaire pour activer le contrôle auprès de la Commission. Pour cela il y a
des seuils requis, les critères de la dimension communautaire repose sur des éléments objectifs /
concrets et factuels. Ils renvoient à la détermination de seuils à partir desquels s’apprécie l’opération
de concentration. Les seuils ont été établis à partir des règlements de 1989 et réévalué en 2004. Il y a
des seuils relatifs aux CA des entreprises concernées. L’opération de concentration est soumise à des
seuils qui feront l’objet par la suite d’un abaissement.
Une opération doit répondre à une double exigence :
Le CA total réalisé au niveau mondial par l’ensemble des entreprises concernés représente un
montant supérieur à 5 Md €
le chiffre total réalisé individuellement au sein de l’Union, par au moins deux des entreprises
concernées, représentent un montant supérieur à 250 millions € à moins que chacune des
entreprises concernées réalisent plus des 2/3 de son CA dans l’UE, auquel cas elle échappe au
contrôle.
Ces seuils ont pour intérêt d’appréhender le caractère transfrontalier. S’il y a une assise
transnationale, il y a forcément un impact sur l’espace concurrentiel. En revanche le contrôle de la
Commission n’est pas opposable aux opérations qui n’ont un impact que national.
3. La procédure
Au niveau de la procédure, la Commission doit apprécier la compatibilité de l’opération avec le droit
de l’Union, il s’agit d’un contrôle de compatibilité. Un bilan concurrentiel est dressé qui permet de
savoir si l’opération ne porte pas atteinte de manière excessive à la concurrence.
Le critère d’analyse déterminant, c’est la création et le renforcement d’une opération dominante. En
revanche la concentration est incompatible dès l’instant que l’opération équivaut à une entrave
significative à la concurrence sur le marché ou une partie substantielle de celui-ci.
La Commission est saisie par la notification, et à ce moment là elle mène un examen au fond. Le bilan
concurrentiel est différent du bilan économique qui commande l’examen de l’opération. Le bilan
concurrentiel s’applique dans le cadre d’une opération où on cherche à apprécier les éléments autour
de l’opération (apport au progrès technique, avantage pour le consommateur). La Commission mène
un examen plutôt familier :
- Postule l’indifférence du statut des opérateurs agissant sur le marché, statut motivé par
une mission de SP. Cette indifférence du régime de propriété a pour conséquence de
les soumettre aux règles de concurrence. C’est l’assimilation de l’opérateur public,
pourtant juridiquement et historiquement lié à la PPu.
Aussi le principe de non-discrimination constitue le fil conducteur dans l’encadrement du secteur
public. A cet égard, il y a trois domaines qu’il faut étudier :
Ces aides d’Etat sont par principe, interdites par le droit européen. Pour simplifier, l’Etat ne peut aider
financièrement une entreprise sur son territoire car cela est discriminatoire et cela revient à fausser la
concurrence avec les autres entreprises, notamment européennes.
C’est ce qui ressort à la lecture de l’article 107, § 1 du Traité CE : « sauf dérogations prévues par les
traités, sont incompatibles avec le marché intérieur, dans la mesure où elles affectent les échanges
entre Etats membres, les aides accordées par les Etats ou au moyen de ressources d’Etat sous quelque
forme que ce soit qui faussent ou qui menacent de fausser la concurrence en favorisant certaines
entreprises ou certaines productions ».
Historique
Il y a une véritable maitrise de l’initiative au travers de l’encadrement des aides d’Etat. Jusqu’en 1957,
les EM étaient souverain pour décider de l’opportunité d’apporter un soutien financier principalement
sous la forme d’une aide d’Etat à un opérateur d’ordre interne. En ce ce sens l’aide a toujours constitué
un instrument classique de l’intervention de l’Etat, pour redresser certains secteurs industriels.
Raisons
Or on constate aisément que l’aide génère en soit une rupture de l’égalité de traitement en raison de la
discrimination qu’elle instaure et au travers de la faveur qu’elle procure à son destinataire. Le traité ne
pouvait que régir cette question d’emblée, en n’abandonnant pas la nécessité dans certaines
circonstances de soutenir des entreprises. L’encadrement des aides d’Etat marque ainsi la fin de la
souveraineté nationale sur ce point.
Sévérité du contrôle
La verticalité du contrôle des aides d’Etat. La commission fait preuve de constance de la surveillance
dans le domaine des aides d’Etat. Elle est sévère. Le droit des aides repose sur un contrôle soutenu et
constant, au point qu’il est possible d’évoquer une véritable maitrise de l’initiative publc. On relève
deux tendances majeures qui caractérisent ce contrôle :
Forte sévérité dans le contrôle diligenté en matière d’aide d’Etat au regard de ses modalité et
de sa conceptualisation en amont
La conceptualisation de nombreuses notions au cœurs du dispositif, des notions pourtant
sommairement évoqués par le traité mais développé par la jp et la pratique décisionnelle
Dans le régime des aides d’Etat on peut également faire valoir, qu’on a constaté que dans le cadre de
la crise économique financière, la commission a accepté d’assouplir quelque peut son contrôle à
travers des dispositifs d’urgences mis en place.
Le droit des aides d’Etat est régie par les articles 107 à 109 TFUE. Il s’appuie aujourd’hui sur des
dispositifs dont trois ressorts essentiels en assurent l’efficacité :
Une approche élargit de la notion d’aide d’Etat qui constitue le véritable support dans
l’encadrement communautaire
Affirmation d’un principe d’incompatibilité des aides d’Etat avec le droit de l’Union : il peut
cependant connaitre quelques dérogations
Une procédure de contrôle des aides d’Etat fortement centralisé et focalisé sur la Commission
Critère de l’origine de l’aide : c’est un critère très large (pour saisir le plus grand nombre de
situation)
Critère à la forme de l’aide
1. L’origine de l’aide
L’origine de l’aide est indifférente, l’élément déterminant et pertinent réside dans le fait que l’aide doit
avoir une origine étatique. Cela signifie qu’elle doit être financé par l’Etat ou au moyen de ressources
d’Etat. L’aide doit entrainer une charge pour les finances publiques sous la forme d’une dépense ou
d’une réduction des recettes.
Elle est considérée comme accordé au moment où le droit de la recevoir est conféré au bénéficiaire
étatique en vertu de la règle nationale applicable. Les seules ressources qui échappent à la collecte de
la puissance publique et dès lors à la qualification d’aide d’Etat, sont les ressources d’origine
communautaire.
L’interprétation extensive du critère d’origine organique
Concernant l'entité qui verse les fonds (critère d'origine organique), l'Etat ne doit pas être entendu de
manière restrictive. Peuvent également être à l'origine d'une aide d'Etat les collectivités publiques
territoriales comme des régions, des organismes publics ou privés que l'Etat a institué ou désigné en
vue de gérer l'aide, et même une entreprise privée sur laquelle l'Etat exerce un certain contrôle.
Les aides accordés par les entités infra-étatiques, quelque soit leur statut et la désignation de celle-ci
sont soumise à l’examen de conformité de l’article 107 TFUE.
Le critère de l’autonomie de l’entité qui offre l’aide
En fait ce que retient la Cour pour savoir si on applique l’article 107, c’est le degré d’autonomie de
l’entité régionale ou locale. Si le degré d’autonomie est faible, c’est l’Etat qui est réputé responsable
Il s’agira également des entreprises privées ou publiques, si elles sont investies d’un service d’intérêt
économique général. Mais aussi de toute entreprise dès l’instant que l’autorité publique exerce une
influence déterminante. De nouveau, le juge s’attachera à examiner le degré d’autonomie dont se
rpévaut l’entreprise par rapport à l’Etat.
L’interprétation extensive du critère d’origine matériel
Concernant l'origine des ressources (critère d'origine matériel), là encore, la conception est extensive.
Peu importe la forme de l'engagement des ressources publiques, dépense ou renonciation à une
recette ; peu importe le caractère provisoire ou non de la détention des ressources par l'Etat ; peu
importe la nature des fonds dès lors que l'Etat en a le contrôle
Selon la jp seuls les avantages accordés directement ou indirectement au moyen de ressources d’Etat
sont considérés comme des aides d’Etat au regard de l’article 107 TFUE.
Au gré de la jp et de la pratique décisionnel, les rédacteurs des traités ont eu la référence habile à la
notion de ressource d’Etat. Au travers de cette notion, il n’y a pas lieu d’effectuer une distinction entre
l’aide directement octroyé par l’Etat de celle accordé par des organismes publics ou privés que l’Etat
institut. Et ce dès l’instant que l’aide est décidé et financé par la puissance publique. Sa mise en œuvre
est subordonnée à l’approbation des pouvoirs publics.
Dans ce cas, elle correspond pleinement à une aide étatique ordinaire. Il y a une référence habile aux
ressources publiques. Habile parce que c’est la possibilité d’élargir notablement la notion d’aide
d’Etat.
L’interdiction de l’article 107 peut ainsi englober des aides accordées par des organismes privés ou
publics institué à cet effet. Le critère permanent est bel et bien celui du degré d’intervention de
l’autorité publique, cette fameuse influence déterminante.
De même la notion de ressource étatique englobe tous les moyens pécuniaires que les autorités
étatiques peuvent utiliser pour soutenir des entreprises sans qu’il soit pertinent que ces moyens
appartiennent ou non de manière permanente au patrimoine de l’Etat.
En conséquence, même si les sommes correspondantes à la mesure en cause, ne sont pas de façon
permanente en possession des autorités publiques, le fait qu’elle reste constamment sous le contrôle
public et à la disposition des autorités nationales compétente suffit pour emporter qualification d’aide
d’Etat.
La question de l’imputabilité de l’aide à l’Etat
Pour que des avantages puissent être qualifiés d’Aude d’Etat au sens de l’article 107, ils doivent être
accordés directement ou indirectement au moyens de ressources d’Etat et doivent être imputable à
l’Etat. A cet égard se pose la question délicate de l’imputabilité de l’aide à l’Etat qui est un point
difficile à établir par la commission dans sa phase précontentieuse. La Cour n’hésite pas dans sa jp à
considérer qu’il n’est pas nécessaire de démontrer par les soins de la Commission que les autorités
publiques ont incités concrètement à prendre les mesures d’aides en cause. En effet, selon la Cour
lorsque les relations entre l’Etat et les entreprises publiques sont étroites il existe un risque réel que
des aides d’Etat soient octroyé par l’intermédiaire de celles-ci de façon peu transparente. Autre
argument : il est difficile pour un tiers à cause des relations privilégiés entre l’Etat et une entreprise
publique de démontrer dans un cas concret que des mesures d’aides prises par une entreprises ont été
effectivement adopté sur instruction d’une autorité publique. Ces deux considérations expliquent que
la Cour ne demande pas à la Commission de démontrer de manière précise l’imputabilité. Ainsi, la
Cour pourra prendre en compte le fait que l’organisme en question ne pouvait pas prendre en compte
la décision contestée, sans tenir compte des exigences des pouvoirs publics. Outre des éléments de
nature organique qui lient l’entreprise publique à l’Etat, et bien c’est ces entreprises publiques par
l’intermédiaire desquelles les aides ont été accordés doivent nécessairement tenir compte des
directives émanant d’un comité interministériel. Donc de ce fait, il y a qualification d’aide d’Etat.
Hormis cet examen organique et des rapports privilégiés entre l’Etat et l’entreprises qui verserait une
aide d’Etat, la Cour fait valoir également le fait que l’on peut faire appelle à d’autre indices pertinents
qui permettent de conclure à l’imputabilité à l’Etat. L’Etat pour sa défense va toujours faire valoir un
degré d’autonomie élevé pour se désengager de sa responsabilité. Ainsi les indices peuvent être :
Obligations autres
Outre l’obligation de tenir des comptes séparés pour les entreprises par rapport à l’Etat, il y a
l’obligation de mettre à disposition de la Commission des données détaillées lui permettant de
s’assurer que les EM n’accordent pas aux entreprises tant publiques que privées des aides
incompatibles avec le marché intérieur. De même, les EM doivent prendre des mesures nécessaires
pour que els données relatives à la structure financière et à l’organisation de l’entreprise restent à la
disposition de la Commission.
Les EM sont dans l’obligation de favoriser cela, et de communiquer toute données relatives à la
situation financière et à l’organisation des entreprises qui ont un statut de droit privé, investis d’une
mission d’IG ou de statut de droit public.
A cet égard, tous les ans les EM sont tenus de fournir pour toute entreprises concernées par l’article
107, le rapport de gestion, leS COMPTES annuelles, les convocations des AG et toute autre
informations pertinentes.
De plus chaque année, au plus tard le 31 mars, les EM doivent transmettre la liste de toutes les
entreprises concernées par le principe de l’investisseur privé et dans ce cas-là, il faut transmettre cette
liste à la Commission.
Appréciation de la Cour
A la lumière de ces différents éléments, la Cour considèrera si il y a une action de l’Etat, qu’il n’y a
pas aide d’Etat si l’apport en capital est réalisé en des circonstances tout à fait acceptable pour un
investisseur ordinaire. En revanche, tel n’est pas le cas lorsque la structure et le volume de
l’endettement sont tels qu’il n’est pas raisonnable d’escompter un rendement normal en dividende ou
en valeur des capitaux investis dans un délai raisonnable. La directive transparence rationnalise la
position de la Commission quant à la question de l’Etat lorsqu’il agit ou entre dans le capital d’une
entreprise.
A cet égard il convient toujours de souligner au regard de la théorie de l’Etat en tant qu’investisseur
privé, c’est l’apport de l’arrêt Intermils ( ??) de 1984, la Cour confirme effectivement l’analyse de la
commission où l’on trouve trace de cette théorie. IN trouve trace de cette théorie dans un autre arrêt
plus ancien. Dans cet arrêt, la Cour reconnait à son tour qu’une prise de participation publique dans le
capital d’une entreprise peut être constitutive d’une aide d’Etat.
Dans l’arrêt intermils, elle considère qu’une prise de participation sont des aides dès l’instant qu’ils
ont pour objet d’apporter un soutien financier à l’entreprise bénéficiaire. La circonstance qu’un
investisseur privé placé dans les mêmes circonstances n’aurait pas procédé à un tel investissement,
constitue pour la Cour un indice majeur. La théorie de l’Etat en tant qu’investisseur privé.
Pour apprécier si la même mesure aurait été adopté dans les conditions normales du marché, par un
opérateur privé / ordinaire, se trouvant dans la situation la plus proche possible de l’Etat, seul les
bénéficie liés à la situation de ce dernier en qualité d’actionnaire sont à prendre en considération. Donc
l’applicabilité du critère de l’investisseur privé pour l’Etat dépend dès lors de ce que l’EM concerné
accorde en sa qualité d’actionnaire et non pas en sa qualité de puissance publique. Ce n’est pas du tout
dans le cadre de son autorité publique. De nouveaux c’est l’avantage qui est apprécié et non pas sa
forme.
De ce point de vue, il faut savoir qu’avant cet arrêt, la Commission avait adressée en 1984 une lettre
aux EM faisant valoir cette position. Il s’agissait d’une lettre informelle, faisant valoir que la
Commission allait appliquer ce critère. Ainsi cette position préexistait à l’arrêt de la Cour.
Dans un arrêt du 5 juin 2012 Commission c/ EDF, la Commission a considéré que lorsqu’un EM
confère un avantage économique à une entreprise lui appartenant, le caractère fiscal du procédé
employé n’est pas de nature à écarter d’emblée l’applicabilité du critère de l’investisseur privé. Dans
ce critère on envisageait l’Etat en tant qu’actionnaire et non pas en tant que puissance publique, et
donc dans cette affaire la France faisait valoir le caractère fiscal pour dire qu’elle agissait en tant
qu’autorité publique. Dans cet arrêt, la cour dit que ce n’est pas nécessaire lorsqu’un Etat confère un
avantage économique à une entreprise, le caractère fiscal du procédé employé, n’est pas de nature à
écarter d’emblée l’applicabilité du critère de l’investisseur privé. Aussi il est possible de conclure, à
l’applicabilité de ce critère, malgré l’emploie de tels moyens qui relèvent non pas de l’actionnariat
mais de la puissance publique. Donc la Cour a encore plus enserré l’application de ce critère.
Toujours au regard de l’Etat qui agit en tant qu’investisseur privé, il faut insister sur la jurisprudence
Altmark et le paquet législatif post altmark. Ce critère a donné lieu à une jp importante et a permis
d’encadre l’action des Etats des que ceux-ci agissent dans le capital d’une entrepris. Dans la pratique
on ‘est aperçu que le critère de l’investissement privé, peut rencontrer dans certaines circonstances des
limites et n’avoir qu’une portée relative. Aussi ce raisonnement ne peut pas être systématique. Il va de
soit que l’Etat ne peut être totalement assimilable à un opérateur économique ordinaire, car il peut et
souvent doit opérer un investissement dans une ambition d’IG. Cette logique de l’Etat connait
nécessairement une limite d’ordre pratique. Ces limites seront incarnées dans la jp Altmark du 24
juillet 2003. Cet arrêt a révélé les limites de ce critère de l’Etat qui agit en économie de marché au
regard de certaines entreprises, notamment les services d’IG qui sont dans une relation d’étoirte
proximité avec l’Etat. La Cour a ainsi considéré dans cet arrêt que la compensation financière par
l’Etat de l’exécution d’une mission de SP auprès du prestataire n’est pas constitutive d’une aide d’Etat,
et n’est pas dès lors constitutive d’une surcompensation si l’octroi répond à certaines conditions
cumulatives dans l’appréciation de la compensation :
L’aide illicite
Compte tenu de l’effet direct reconnu par le juge à l’article 108, les juridictions nationales peuvent
également qualifier une aide d’illicite si celle-ci a été octroyé sans respecter l’accomplissement de la
procédure établit par l’article 107 et 108. La reconnaissance de l’effet direct autorise la jp national à
considérer que la mesure présente ou non les caractéristiques d’une aide au sens de l’article 107. Mais
il n’y a pas obligation pour le juge interne de sursoir à statuer, cependant le juge interne ne peut
prononcer l’incompatibilité, seul le juge de l’UE peut le faire.
Le conditionnement de l’incompatibilité
Les aides d’Etat sont réputées incompatibles si elles répondent à deux conditions classiques en droit
économique de l’Union :
L’obligation de notification
L’aide sera ou non versé en fonction de sa validation ou non. Dès l’instant qu’un gouvernement
envisage de verser une aide elle doit d’abord procéder à la notification, eu égard au principe de
minimis, auprès de la commission. Il y a un formulaire précis. La commission saisie se livre à un
examen au fond très pointilleux des caractéristiques de l’aide, et à l’issu de cette procédure d’examen,
la Commission statue par voie de décision de compatibilité ou d’incompatibilité.
La décision de la Commission
Si c’est une décision de compatibilité, l’Etat destinataire peut verser en toute légalité l’aide auprès du
bénéficiaire et aucune difficulté n’est soulevé. A cet égard, il y a également une obligation
d’information. L’Erat doit de manière régulière informer la commission de la mise en œuvre de l’aide.
En revanche s’il s’agit d’une incompatibilité, l’Etat doit s’abstenir de verser une aide d’Etat auprès du
bénéficiaire. L’aide est considéré comme invalide.
Support de travail
CJCE, 24 juillet 2003, Altmark, aff. C-280/ 00 : La Cour de Justice des communautés, après avoir
rappelé que le secteur des transports publics terrestres obéit à des règles de droit dérivé spécifiques
(article 73 TCE), maintient le principe des versements compensatoires. Elle les encadre cependant
par quatre conditions qui doivent être remplies pour que les compensations visées puissent échapper
à la qualification d'aide d'État (ces dernières devant être déclarées auprès des autorités
européennes) :
1. Les obligations de service public doivent être clairement définies ;
2. La compensation doit être préalablement calculée de façon objective et transparente, afin
d'éviter qu'elle comporte un avantage économique susceptible de favoriser l'entreprise
bénéficiaire par rapport à des entreprises concurrentes ;
3. La compensation ne saurait dépasser ce qui est nécessaire pour couvrir tout ou partie des
coûts occasionnés par l'exécution des obligations de service public en tenant compte des
recettes y relatives ainsi que d'un bénéfice raisonnable relatif à l'exécution de ces
obligations ;
4. Enfin, lorsque le choix de l'entreprise n'est pas effectué dans le cadre d'une procédure de
marché public permettant de sélectionner le candidat capable de fournir ces services au coût
économiquement le plus avantageux (le « mieux disant ») pour la collectivité, le niveau de
la compensation nécessaire doit être déterminé sur la base d'une analyse des coûts qu'une
entreprise moyenne, bien gérée et adéquatement équipée en moyens de transport, aurait
encourus pour exécuter ces obligations2.
Ces quatre conditions sont cumulatives, ce qui signifie que si l'une d'entre elles n'est pas remplie, les
compensations seront qualifiées aide d'État et devront ainsi être notifiées à la Commission
européenne. En application de l'article 106.2 du Traité CE, celle-ci pourra toutefois après analyse
considérer que l'aide d'État n'est pas incompatible avec le Traité. Pour son analyse, la Commission
européenne s'appuie sur la méthodologie figurant dans la Communication de la Commission
Chapitre 2 : Les entreprises publiques
Nous allons examiner la question des relations très étroites qu’entretien l’EM avec ses entreprises
privées et publiques. Il s’agit de l’encadrement du secteur public qui porte sur la surveillance des
comportements sur le marché.
On observe que la régulation de l’action économique des autorités nationales ne se limite pas à
l’encadrement des aides d’Etat. Elle aborde les rapports entre l’entreprise publique et l’Etat, ce champ
d’action impose une surveillance du comportement de l’Etat et de ses rapports avec les entreprises, dès
l’instant que ces entreprises entretiennent un rapport étroit avec l’Etat.
Dans ce contexte, le traité propose certains instruments, qui selon une intensité variable sont des
leviers à l’encadrement du secteur public et à des actions de l’autorité nationales dans le secteur
public.
Pour s’assurer de l’assimilation de l’opérateur public à l’opérateur ordinaire, le traité énonce deux
obligations majeures :
Egalité de traitement : Cet article établit que les règles de concurrences du traité sont
opposables aux entreprises publiques au même titre qu’aux entreprises privées : égalité de
traitement. Et ce afin d’endiguer toute velléité des EM d’utiliser de manière détournée,
certains modes d’intervention économique (exemple : les nationalisations / privatisation).
L’article 106 paragraphe 3 décrit la mise en œuvre de l’ensemble des dispositions de fond. La
Commissions se voit confier le soin de veiller à l’application de l’ensemble de ces dispositions. C’est
une mission un peu redondante puisqu’elle est déjà investi par les traités d’une mission générale de
surveillance. Mais en fait, rapidement, on comprend que cette redondance n’est pas fortuite, car les
rédacteurs du traité ont tenu à placer la Commission au cœur du dispositif, notamment avec la faculté
d’adresser des directives ou des décisions appropriées aux EM.
1.1. Les entreprises visées par l’article 106
Cet article oppose l’application des règles de concurrence à deux types d’entreprises :
La notion d’entreprise
La notion d’entreprise au sein de l’Union repose sur une approche économique. Il s’agit de toute entité
qui poursuit une activité de fabrication, de vente, de distribution, de produit ou de service. Et ce
indépendamment de son statut ou de son mode de fonctionnement sauf lorsque l’entreprise exerce des
activités qui relève des PPP, il ne s’agit alors pas d’une entreprise au sens du DUE.
La propriété
La participation financière
Règles qui régissent l’entreprise eu égard à son fonctionnement
Outre ces trois critères, la directive établit des cas précis de présomption :
Le monopole fiscal
Il ne se prête à aucune difficulté au niveau de la définition. Il s’agit d’une entreprise qui en vertu de
l’exploitation exclusive de certaines activités, a pour mission de dégager des recettes de nature fiscale
au profit de l’Etat. Les activités sont des activités de fabrication, la vente d’un produit ou la prestation
de services.
Toutefois l’application de cet article invite à opérer la distinction entre monopole fiscale (qui relève à
titre exclusif de la présente disposition) du monopole commercial.
Les entreprises en charge d’un SIEG
A la différence du monopole fiscal, cette catégorie d’entreprise est plus difficile à déterminer. Elle
bénéficie d’un régime dérogatoire. Elle n’est pas symétrique à la notion de SP, elle n’épouse pas
pleinement cette notion.
Au gré de la jp et de la pratique décisionnelle, il y a une approche restrictive évidente et exigeante.
Indépendamment de la condition invariable à la condition d’entreprise, la Cour et la commission ont
dégagés d’autres critères :
Existence d’un acte de puissance publique : Cette charge doit être décrite de manière
formelle au travers d’un acte de puissance publique. Le régime dérogatoire ne pourra pas
s’appliquer en présence de relations ténues / discrète. Il faut que ce soit des liens étroits entre
l’Etat et l’entreprise bénéficiaire.
Mission d’intérêt général : L’entreprise doit être légalement chargé d’une mission
particulière. Il ne faut pas que cette entreprise soit une entreprise ordinaire. Pour mener à bien
sa mission de SIEG l’entreprise doit bénéficier de PPP pour se démarquer des entreprises
ordinaires sur le marché.
A partir de ces deux éléments, s’opère un examen au cas par cas pour savoir si ces entreprises peuvent
bénéficier d’une dérogation aux règles de concurrence.
1er temps : qualification des entreprises qui entrent dans le cadre de la notion de SIEG
2ème temps : examen pour savoir si elles peuvent revendiquer un statut dérogatoire.
Classiquement, la Commission et la jp s’appuie sur un contrôle de proportionnalité entre le
montant de l’apport financier sous la forme d’aide et les missions de SP. On examine la
proportionnalité de la compensation (jp ALTMARK ?)
A cet égard, l’article 106 décrit la nature des obligations qui pèsent sur l’Etat.
1.2. La nature des obligations qui pèsent sur l’Etat
L’article 106 décrit la nature des obligations qui pèsent sur l’Etat dès l’instant que celui-ci entretient
des relations avec le secteur public (entreprise public ou bénéficiaire de droit exclusif ou spéciaux).
Dans ces cas, l’Etat n’a plus le droit d’édicter des mesures ou de maintenir des mesures contraires au
droit du traité.
Ces obligations, il pourra s’agir d’acte dès l’instant qu’il émane de l’autorité publique. Dès l’instant
que la mesure a pour objet d’instituer une relation privilégiée avec l’Etat. Les comportements qui
seront recensés et surveiller seront ceux qui sont symptomatique d’une pratique anticoncurrentielle.
Comme nous l’avons étudié, ces questions là sont présent dans l’examen de la mise en œuvre de
l’article 106. Cet article vise trois types de comportements : entente, abus de position dominante, et
aide d’Etat.
A cet égard, un aménagement des règles de concurrence est prévu en ce qui concerne le secteur public
en raison de sa spécificité, et surtout dans le cadre d’EM qui sont porteurs de traditions importantes en
matière de SP. L’union a mis en œuvre plus modérément l’article 106 en raison des réactions
négatives de certaines EM (France et Italie notamment). Du fait de l’hostilité manifestée, la cour et la
commission ont développé une approche plus modérée et nuancée en faisant valoir que certains
secteurs d’activités mettent en présence des entreprises investies d’un SIEG (cas des transports,
service postale, distribution de l’eau, gaz et électricité). A cet égard des régimes dérogatoires sont
établis à leur profit.
Dans ce cadre, il convient d’apprécier les pouvoirs de la commission. Elle prend activement part à
l’application de l’article 106, et adresse au besoin des directives et décisions. Cette disposition a une
formulation très ouverte, ce qui permet à la Commission de proner une interprétation large, car elle
considère que l’article 106 la place au centre / au cœur du dispositif de surveillance. La Commission
exerce deux types de pouvoirs :
Pouvoir de surveillance
Pouvoir de règlementation ou pouvoir normatif propre
1ère observation : lecture finaliste de l’article 106. Cette lecture à laquelle adhère la
Commission, permet à la Commission d’intervenir à l’aide de moyens normatifs impératifs, ce
qui est très intéressant pour elle, à l’encontre d’un Etat qui s’expose à la sanction de l’article
106 paragraphe 1. La Commission est reconnue pleinement compétente pour constater la
violation d’une prescription du traité, de prescrire les mesures à l’Etat et fait valoir qu’en cas
de violation l’EM s’expose à des sanctions. Il s’agit d’un acte obligatoire, c’est une décision
qui est susceptible de recours. Le destinataire (l’Etat) peut ainsi contester la légalité devant la
Cour par une action en annulation.
2ème observation : par ce pouvoir, la Commission n’est pas contrainte d’ouvrir la procédure de
l’action en manquement qui est entouré d’une certaine lourdeur, or là en l’espèce il lui suffit
de prendre un acte unilatéral. C’est un gain de temps énorme. Il s’agit donc d’un mode
d’application alerte qui s’offre à la Commission.
La Cour a dans une large mesure conforté le pouvoir de la Commission. Elle considère que celle-ci est
appelé en effet à exercer un contrôle sur le comportement des Etats et dispose du pouvoir d’indiquer
les mesures que l’Etat destinataire doit adopter pour se conformer à ses décisions. Cependant, pour
contrebalancer ces exigences, le juge de l’Union a consacré des garanties de procédures qui sont
opposables aux autorités de l’Union et aux EM (exemple : droit de la défense).
Pouvoir normatif propre
C’est une attribution inédite, la Commission est investie d’un pouvoir normatif général. Cela est inédit
au regard de la répartition des compétences au sein du système de l’Union. Et elle use de ce pouvoir
avec constance. Selon l’article 106 elle dispose du pouvoir d’édicter des règles générales qui précisent
les obligations. Les obligations incombant aux différentes catégories d’entreprises. Cette compétence
fait l’objet de nombreuses critiques. Les EM, estimaient qu’il n’appartenait pas à la Commission
d’avoir un tel pouvoir général mais uniquement un pouvoir d’exécution. D’autant qu’elle intervient
dans des domaines sensibles à savoir la transparence des relations entre l’Etat et ses entreprises. En
dépit de ces contestations et des recours des EM à l’encontre des décisions de la Commission, la Cour
a conforté l’activité normative de la Commission, en faisant valoir que le pouvoir normatif du Conseil
n’était pas remis en cause par ce pouvoir de règlementation de la Commission. La cour fait valoir que
les deux pouvoirs ne sont pas antinomiques ni exclusif l’un de l’autre. La Commission peut adopter
des actes afin d’affiner les mesures générales adoptées par le Conseil ou pour compléter les actes
adopter par le CE et le PE (France c/ Commission 19 mars 1991, 1990, 1992). En vertu de cette
compétence la Commission adopta des textes très important en matière de libéralisation de certains
secteurs et d’ouverture au marché. C’est des domaines qui étaient détenus de manière exclusive par les
Etats. Cet article est un instrument décisif (directive transparence, directive relative à la concurrence
dans les marchés de terminaux de la communication etc.). La Commission a manifesté des signes pour
rassurer les Etats en fondant les libéralisations non plus uniquement sur l’article 106 mais également
sur le fondement de l’article 114 TFUE en matière d’harmonisation des législations (exemple :
libéralisation du marché de l’électricité).
Pour manifester son intérêt la Commission parallèlement à ses actions, elle a adopté la
Communication du 11 septembre 1996, elle fait valoir son attachement au SP qu’elle érige au nombre
des valeurs de l’Union. Par ailleurs le traité d’Amsterdam érige le SIG parmi les valeurs communes de
l’Union ce qui a été conforté par le traité de Lisbonne.
Question pratique : disparition effective des monopoles, ils sont aujourd’hui aménagés ou
ont disparu, de sorte qu’il n’y a pas lieu d’appliquer cet article. Pour autant les traités ont
estimé utile de maintenir cette disposition pour les Etats entrants.
Existences d’autres mécanismes : le fort dynamise de certaines dispositions (article 34, 35,
106) focalise l’attention des institutions sur ces comportements des Etats et donc a marginalisé
le recours à l’article 37.
L’effacement de cet article reste relatif car il se maintient au gré des révisions des traités.
Support de travail
CJCE, 17 février 1993, Poucet et Pistre, aff. jointes C-159/91 et C-160/91 : Le Tribunal des
Affaires Sociales de l'Hérault a demandé à la Cour : "Si un organisme chargé de la gestion d'un
régime spécial de sécurité sociale doit être considéré comme constituant une entreprise au sens des
articles 85 et 86 du Traité ; si la position dominante attribuée par les dispositions du droit interne
d'un État membre à un organisme chargé de la gestion d'un régime spécial de sécurité sociale est
compatible avec le marché commun".
Dans cette affaire, la Cour a indiqué que les régimes en cause poursuivent un objectif social, à
savoir la couverture des risques de maladie et de vieillesse, indépendamment des conditions
économiques et de l'état de santé des assurés sociaux, et obéissent au principe de solidarité dans la
mesure où :
les cotisations versées par les travailleurs en activité permettent de financer les pensions des
travailleurs retraités,
le régime est financé par des cotisations proportionnelles aux revenus de l'activité
professionnelle des assurés alors que les prestations sont identiques pour tous les
bénéficiaires,
les régimes excédentaires sont tenus de participer par des mécanismes de compensation
obligatoire au financement des régimes qui ont des difficultés financières structurelles.
Elle précise que "les caisses maladie ou les organismes qui concourent à la gestion du service
public de la sécurité sociale remplissent une fonction de caractère exclusivement social, fondée sur
le principe de solidarité nationale et dépourvue de tout but lucratif, les prestations versées étant des
prestations légales indépendantes du montant des cotisations."
Elle en conclut que cette activité n'est pas une activité économique et que les organismes qui en sont
chargés ne constituent pas des entreprises au sens des articles 85 et 86 du Traité.