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Objectif(s) :

Les flux et échanges économiques, qu’ils soient nationaux ou


transnationaux, se réalisent librement. Ainsi en va-t-il de la liberté
contractuelle mais aussi économique.

Cependant, depuis la Seconde Guerre mondiale, l’État encadre


strictement les libertés économiques. Ceci se caractérise par le
développement d’un ordre public intervenant soit dans l’économie, soit
dans un but de protection.

1. L’ordre public de direction


L’État agit directement dans l’organisation des échanges des biens et
des services afin de protéger l’intérêt général de la Nation tout en
sauvegardant les grands équilibres économiques.
a. L'influence de l'Etat dans les rapports contractuels
Cet ordre public économique de direction résulte de la « croyance que
l’État peut orienter la vie contractuelle dans une direction favorable
à l’utilité sociale et qu’il devait intervenir dans les rapports contractuels
mettant aux prises des parties de puissance économique inégales afin
de protéger la partie faible » (F. Terré, P. Simler, Y. Lequette
[1996], Droit Civil, Les obligations, Paris, Dalloz, Précis droit privé, p.
300, n° 357). Cependant son influence est certaine dans de nombreux
domaines.

Exemples :
• Les nationalisations ont pour effet de réaliser des contrats forcés, au
nom de l’ordre public économique de direction, dont le fonctionnement
équivaut à une expropriation :
- soit directe,
- soit par l'achat de l'État de cette entreprise,
- soit des parts sociales détenues par les associés et actionnaires de
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celle-ci.

• Les « monopoles d’État » ont été créés dans certains domaines pour
intervenir dans ce qui paraîtrait relever du service public. Ainsi
l’ordonnance du 30 septembre 1945 permettait à l’État de bloquer les
prix ou de taxer. Il aura fallu attendre l’ordonnance du 1er décembre 1986
(modifiée par la loi du 1er juillet 1996) pour que les prix se libéralisent.
Aujourd’hui, les monopoles sont de plus en plus contestés que ce soit au
niveau national (exemple : EDF), européen (exemple : EDF/Suez) ou
international (exemple : Microsoft).
b. Les restrictions à la liberté du commerce et d'industrie
Certaines restrictions à la liberté du commerce et d’industrie peuvent
être réalisées au nom de cet ordre public économique. Ainsi en va-t-il
pour la liberté d’entreprendre, d’établissement ou de concurrence.

Exemples :
• Obligation de tenir une comptabilité en partie double, de respecter les
règles relatives à l’environnement (Cf. Charte de l’environnement) =
restriction à la liberté d’entreprendre.

• Exigences de conditions de capacités professionnelles (exemple : être


titulaire de tel diplôme) ; restriction à l’accès de certaines professions
(exemple : interdiction pour les avocats d’être commerçant) ; conditions
de moralité (exemple : une peine inscrite au casier judiciaire peut
interdire l’exercice d’une profession) = restriction à la liberté
d’établissement.

• En 1945, l’État veillait à ce que les prix ne soient pas fixés abusivement
à la hausse. En 1986, avec l’inflation, le gouvernement fixait le principe
de la liberté des prix.

• L’État sanctionne les pratiques anticoncurrentielles comme le

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dénigrement, la désorganisation, l’atteinte à un brevet déposé ou une
marque protégée. Sous l’influence des règles communautaires, les
ententes et les abus de positions dominantes sont prohibés et les
concentrations strictement réglementées = restriction à la liberté de
concurrence.
2. L’ordre public économique de protection
Cet ordre public a pour objectif de préserver les intérêts particuliers
des personnes en situation d'inégalité, c'est-à-dire de protéger les
parties les plus faibles lorsqu’elles entrent en relation avec
l’entreprise.

Les textes socio-économiques prennent le pas sur l’ordre public de


protection. Ainsi, cette protection se manifeste envers plusieurs
catégories de personnes dont les consommateurs, les salariés.
a. Les consommateurs
Pour le consommateur, le législateur a tenu à ce que son droit à être
informé et que sa volonté soient tous les deux garantis.

Exemples :
• Le professionnel doit informer le consommateur sur les prix, les
conditions de vente ou sur ses prestations de services. Il s’agit d’une
obligation légale. De plus, certaines activités sont strictement
réglementées comme le démarchage à domicile (loi du 22 décembre
1972), la vente à distance (loi du 6 janvier 1988) ou la publicité (loi du 29
janvier 1993 dite « Sapin »).

• Certaines pratiques sont interdites en vue de protéger le


consommateur comme le refus de vente, la vente-liée (qui consiste à
regrouper plusieurs produits dans un même lot - affichant un seul prix -
de sorte qu'il soit impossible d'acheter les produits séparément), etc.
b. Les salariés

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Pour le salarié, les protections sont multiples afin de régir au mieux ses
conditions de travail face à son employeur, que ce soit à titre individuel
ou collectif.

Exemples :
• L’aménagement de la durée du temps de travail par les lois Aubry I (loi
13 juin 1998), Aubry II (loi du 19 janvier 2000) mais aussi ses
assouplissement (loi du 31 mars 2005).

• Le licenciement est prévu dans un cadre strictement délimité par le


Code du Travail. Tout abus est sévèrement sanctionné.

• La liberté syndicale, d’expression et le droit de grève.


L’essentiel
La notion d’ordre public économique est fluctuante et varie selon les
conceptions des époques.

L’État intervient soit pour protéger l’intérêt général (ordre public


économique de direction) soit pour préserver l’intérêt de certaines
catégories en situation de faiblesse (ordre public économique de
protection).

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 I – La concurrence dans l’ordre public économique : ordre public économique et
ordre public concurrentiel

o
o

 II – L’ordre public économique au-delà de la concurrence : ordre public économique


et régulation

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Thomas PEZ - Professeur à l'Université Paris-Dauphine

NOUVEAUX CAHIERS DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL N° 49


(DOSSIER : L’ENTREPRISE) - OCTOBRE 2015 - P. 44 À 57

Résumé : L'ordre public économique est lié à la défense d'une concurrence suffisante sur les
marchés comme en atteste la jurisprudence constitutionnelle, administrative et judiciaire en
matière de concentrations économiques et de pratiques anticoncurrentielles. Mais l'ordre
public économique va au-delà de la concurrence. D'autres impératifs que doivent prendre en
considération les régulateurs enrichissent son contenu et sa fonction. La préservation et le
rétablissement de l'ordre public économique constituent l'objet même de la régulation
économique. De même que l'ordre public est indissociable de la police, l'ordre public
économique fait le lien entre la notion de police appliquée à l'économie et la notion juridique
de régulation.

1. L’ordre public économique est au cœur de la régulation. Assurer l’ordre public


économique c’est assurer le bon fonctionnement du marché. Sa sauvegarde est l’objet
même de la régulation économique. De même que l’ordre public est indissociable de
la police, l’ordre public économique fait le lien entre la notion de police appliquée à
l’économie et la notion juridique de régulation.
2. L’ordre public est présenté comme appartenant à ces notions juridiques dont
l’indétermination ne semble avoir d’égal que leur place centrale dans le
fonctionnement du système juridique. L’ordre public économique n’échapperait pas à
ce constat(1) . Il s’agirait d’une notion juridique aussi floue qu’indispensable.

La doctrine de droit privé souligne l’indétermination du contenu de l’ordre public(2) .


L’affirmation concerne l’ordre public du juge(3) , c’est-à-dire l’ensemble des normes que le
juge doit faire prévaloir sur la volonté des parties en toutes circonstances. Elle est
certainement exacte en droit privé. En droit public, le contenu de l’ordre public s’enrichit et
prend également le sens de l’ordre public de la police(4) qui semble davantage déterminé et
stable. L’ordre public y est traditionnellement défini comme « le bon ordre, la sûreté, la
sécurité et la salubrité publiques ». La formule qui figure aujourd’hui à l’article L. 2212-2 du
code général des collectivités territoriales est reprise, mot à mot, de l’article 97 de la loi du 5
avril 1884 relative à l’organisation municipale(5) et remonte à des lois révolutionnaires(6) .
Sécurité, salubrité et tranquillité publiques sont les trois composantes historiques de l’ordre
public de la police. À cette trilogie classique et ancienne, le Conseil d’État a ajouté « le
respect de la dignité de la personne humaine » dont il a fait l’« une des composantes de
l’ordre public »(7) . À la relative mais indéniable indétermination du contenu de l’ordre public

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en droit privé semble répondre une certaine stabilité de l’ordre public en droit public. Ce
constat relatif à l’ordre public général, celui de la police, semble transposable à l’ordre public
économique : son contenu est plus stable et moins indéterminé que le pensent certains(8) .

3. L’ordre public, économique ou non, celui du juge comme celui de la police, a toujours
la même fonction : contraindre des volontés particulières, limiter la liberté(9) .
L’opposition trop souvent admise entre ordre et liberté doit être dépassée : ils sont au
contraire consubstantiels l’un à l’autre(10) . L’ordre public économique est spécialement
invoqué pour justifier des limites à la liberté contractuelle, à la liberté d’entreprendre,
aux libertés économiques. Ordre public économique et liberté économique sont
inséparables. Cette idée est bien présente dans la jurisprudence.
4. L’ordre public économique a acquis un sens en droit privé avant d’être utilisé en droit
public. L’ordre public économique, utilisé depuis longtemps par le juge judiciaire pour
désigner l’ensemble des normes qu’il fait prévaloir sur la volonté des parties, ne l’est
que depuis récemment par le Conseil constitutionnel et le Conseil d’État et dans un
sens quelque peu différent.

La doctrine l’a déjà étudié, particulièrement en droit privé(11) mais aussi plus récemment en
droit public(12) . Ces études doctrinales et théoriques peuvent être éclairées par la jurisprudence
constitutionnelle et administrative récente qui se réfère désormais expressément à l’ordre
public économique. Les décisions qui emploient l’expression et la notion se sont multipliées
depuis sa première apparition dans la jurisprudence constitutionnelle en 2011. Au-delà de la
construction théorique de la notion, l’étude de la jurisprudence permet de préciser la fonction
de l’ordre public économique et d’en identifier les composantes. L’ordre public économique
est lié au fonctionnement concurrentiel du marché mais ne se réduit pas à lui.

L’ordre public économique entretient une relation complexe avec la concurrence. La


concurrence est dans l’ordre public économique (I) mais l’ordre public économique se déploie
au-delà de la concurrence (II).
I – La concurrence dans l’ordre public
économique : ordre public économique et
ordre public concurrentiel
5. Le fonctionnement concurrentiel du marché est la première composante de l’ordre public
économique. Les juges ont associé l’ordre public économique au contrôle des concentrations
autant qu’à la prohibition des pratiques anticoncurrentielles.

A - Le lien entre ordre public économique et contrôle des


concentrations
6. Plusieurs décisions du Conseil constitutionnel et du Conseil d’État lient expressément
l’ordre public économique et le contrôle des concentrations. Parmi les décisions qui
mentionnent l’ordre public économique, ce sont même les plus nombreuses.
7. Si elle n’est pas la première à mentionner l’ordre public économique(13) , la décision n°
2012-280 QPC du 12 octobre 2012, Société Groupe Canal Plus et autre(14) , est
probablement la plus significative. Le Conseil constitutionnel rapproche « les objectifs
de préservation de l’ordre public économique » et le contrôle des opérations de

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concentration qui a « pour objet d’assurer un fonctionnement concurrentiel du marché
dans un secteur déterminé ». Le « fonctionnement concurrentiel du marché » apparaît
comme la première composante de l’ordre public économique. Le juge s’approprie
ainsi les termes de la loi selon laquelle l’Autorité de la concurrence « apporte son
concours au fonctionnement concurrentiel des marchés aux échelons européen et
international »(15) et « peut également recommander au ministre […] de mettre en
œuvre les mesures nécessaires à l’amélioration du fonctionnement concurrentiel des
marchés »(16) . La décision du 12 octobre 2012 inaugure un courant jurisprudentiel qui
n’a cessé de s’enrichir et dans lequel d’autres juges se sont rapidement inscrits. Le
Conseil constitutionnel en a repris les termes et le Conseil d’État s’y réfère
expressément.
8. Dans une décision du 1er octobre 2013 concernant la loi du pays relative à la
concurrence en Nouvelle-Calédonie(17) , le Conseil constitutionnel apprécie la
constitutionnalité du dispositif mis en place localement par le « congrès » qui « a
entendu soumettre les opérations de concentration […] à un contrôle dans tous les
secteurs d’activité afin d’assurer un fonctionnement concurrentiel du marché ». Et
c’est « eu égard aux particularités économiques de la Nouvelle-Calédonie et aux
insuffisances de la concurrence sur de nombreux marchés » que le Conseil
constitutionnel considère que « l’atteinte à la liberté d’entreprendre qui résulte des
dispositions contestées […] est justifiée par les objectifs de préservation de l’ordre
public économique que le législateur s’est assignés et proportionnée à cette fin ».

Il faut comprendre que c’est le contrôle des concentrations qui permet d’assurer un
fonctionnement concurrentiel du marché par une limitation de la liberté d’entreprendre.
Assurer le fonctionnement concurrentiel du marché en soumettant à un contrôle les opérations
de concentration concourt aux objectifs de préservation de l’ordre public économique. L’ordre
public économique permet de limiter la liberté économique(18) .

9. Le Conseil d’État, dans sa décision d’Assemblée du 21 décembre 2012, Sociétés Groupe Canal
Plus et Vivendi Universal(19) , reprend à son compte le raisonnement du Conseil
constitutionnel et se réfère expressément à sa jurisprudence. Le juge administratif suprême
considère qu’il résulte de la décision n° 2012-280 QPC du 12 octobre 2012 que les
dispositions du IV de l’article L. 430-8 du code de commerce, qui visent à garantir le respect
effectif des mesures correctives assortissant une autorisation de concentration, ont « pour
objet d’assurer un fonctionnement concurrentiel du marché dans les secteurs affectés par
l’opération de concentration ». Ainsi, « eu égard à leur objet qui, outre sa portée punitive,
est la préservation de l’ordre public économique, les sanctions prévues par le 1° et le 2° du IV
de l’article L. 430-8 du code de commerce, qui sont distinctes de la sanction pécuniaire
prévue au quatrième alinéa de ce IV, doivent être proportionnées à la gravité des
manquements constatés et aux exigences de maintien ou de rétablissement d’un niveau de
concurrence suffisant sur les marchés concernés ».

Les sanctions de l’irrespect des mesures correctives qui assortissent la décision autorisant une
opération de concentration (spécialement le retrait de l’autorisation en cas d’inexécution des
engagements(20) pris par les parties) ont donc « pour objet d’assurer un fonctionnement
concurrentiel du marché » autant qu’elles ont pour « objet » la « préservation de l’ordre public
économique ». Pour le Conseil d’État, comme pour le Conseil constitutionnel, la préservation
de l’ordre public économique passe par le fonctionnement concurrentiel du marché. « Assurer
un fonctionnement concurrentiel du marché » c’est contribuer à « la préservation de l’ordre

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public économique ». Le fonctionnement concurrentiel du marché est une des composantes –
la première composante – de l’ordre public économique.

10. Le Conseil d’État a également jugé, dans un arrêt d’Assemblée du 23 décembre 2013, Société
Métropole Télévision (M6)(21) , que « compte tenu des effets excessifs pour l’ordre public
économique d’une annulation immédiate » d’une décision entachée d’une erreur
d’appréciation autorisant une opération de concentration, « et au regard de l’intérêt général
qui s’attache à la préservation d’une concurrence suffisante, il y a lieu […] de différer
l’annulation de la décision de l’Autorité de la concurrence ».

De cet arrêt il faut retenir « l’intérêt général qui s’attache à la préservation d’une concurrence
suffisante » que le Conseil d’État raccorde à l’ordre public économique(22) . La formule éclaire
le sens du « fonctionnement concurrentiel des marchés » auquel le Conseil constitutionnel
comme le juge administratif ont pris l’habitude de se référer avec le législateur depuis
quelques années. Qu’est-ce qu’« un fonctionnement concurrentiel des marchés » ? Comme le
rappelle le Conseil d’État qui reprend une formule de la loi(23) , l’Autorité de la concurrence
n’est pas tenue, lorsqu’elle identifie un effet anticoncurrentiel d’une opération de
concentration, d’adopter des mesures correctives de nature à le supprimer intégralement, «
pourvu que ces mesures permettent d’assurer le maintien d’une concurrence suffisante »(24) .
La concurrence pure et parfaite n’est pas exigée pour que l’ordre public économique soit
assuré. Le maintien d’une « concurrence suffisante » suffit à assurer « un fonctionnement
concurrentiel du marché » et garantit la préservation de l’ordre public économique. La
concurrence suffisante, autre nom du fonctionnement concurrentiel du marché, est
certainement la première composante de l’ordre public économique.

11. Dans une dernière décision le Conseil d’État réitère d’une manière particulièrement claire le
lien direct qui unit le contrôle des opérations de concentration et l’ordre public économique.
Dans l’arrêt du 16 juillet 2014, Société Copagef(25) , le juge administratif considère en effet «
qu’un manquement à l’obligation de notification d’une opération de concentration constitue,
en tant que tel, que l’opération ait ou non des effets anticoncurrentiels sur le ou les marchés
pertinents concernés et, si elle en a, quelle que soit leur importance, un manquement grave
aux obligations prévues par le code de commerce, dès lors qu’il nuit à la mise en œuvre des
pouvoirs de contrôle des opérations de concentration dévolus à l’Autorité de la concurrence
et, par suite, à la mission de préservation de l’ordre public économique qui lui incombe ».
Une atteinte aux pouvoirs de contrôle des opérations de concentration correspond à une
atteinte à la mission de préservation de l’ordre public économique. Cela ne signifie par pour
autant que le champ de l’ordre public économique se restreindrait à ce seul aspect de la
défense de la concurrence : l’ordre public économique se maintient en dehors du contrôle
des opérations de concentration.

B - L’ordre public économique en dehors du contrôle des


concentrations
12. Parmi les décisions qui font expressément référence à l’ordre public économique, les plus
nombreuses sont relatives au contrôle des concentrations. Toutefois, ce n’est pas le seul
dispositif qui concourt à la préservation de l’ordre public économique et qui a pour objet
d’assurer le fonctionnement concurrentiel du marché. La prohibition des comportements
anticoncurrentiels des entreprises(26) et spécialement des ententes ou des abus de position
dominante y contribue également. D’autres décisions moins nombreuses mais non moins
significatives en attestent.

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13. Les arrêts de la Cour de cassation et de la Cour d’appel de Paris(27) , compétentes pour
juger de la légalité des décisions de l’Autorité de la concurrence relatives aux pratiques
anticoncurrentielles ou en matière de règlement des différends, s’inscrivent dans le même
courant jurisprudentiel que celui relatif au contrôle des concentrations ; peut-être d’ailleurs
l’ont-ils inspiré. La juridiction judiciaire affirme de manière significative, dans une affaire
dans laquelle était suspecté un abus de position dominante, que « l’Autorité de la
concurrence, qui a pour mission de garantir le bon fonctionnement de la concurrence sur les
marchés et de défendre l’ordre public économique, est habilitée à rendre des décisions pour
remédier aux situations susceptibles d’être préjudiciables à la concurrence »(28) . De même,
l’Assemblée plénière de la Cour de cassation(29) mentionne-t-elle la « mission de protection
de l’ordre public économique » du Conseil de la concurrence à propos d’une entente relative à
l’application de prix conseillés. Le lien entre les ententes prohibées et l’ordre public
économique est encore établi lorsque la Chambre commerciale de la Cour de cassation parle
de « trouble à l’ordre public économique engendré par une entente comme celle alors
suspectée dans le secteur des travaux ferroviaires »(30) .

14. La Cour de justice de l’Union européenne se réfère également explicitement à l’ordre


public économique à propos des ententes et pratiques concertées. Elle juge que le montant de
l’amende venant sanctionner la violation des règles de concurrence est fixé, notamment, en
fonction de la gravité de l’infraction et que « des éléments objectifs tels le contenu et la durée
des comportements anticoncurrentiels, leur nombre et leur intensité, l’étendue du marché
affecté et la détérioration subie par l’ordre public économique doivent être pris en compte
»(31) .

15. Au-delà de la mission de l’Autorité de la concurrence en matière de pratiques


anticoncurrentielles, l’ordre public économique est encore invoqué à propos de l’action du
ministre chargé de l’économie contre des « pratiques restrictives de concurrence »(32) . Le
Conseil constitutionnel, dans sa décision n° 2011-126 QPC du 13 mai 2011, Société Système
U Centrale Nationale et autre(33) , considère que « le législateur a attribué à l’autorité
publique un pouvoir d’agir pour faire cesser des pratiques restrictives de concurrence » et «
qu’ainsi, il a entendu réprimer ces pratiques, rétablir un équilibre des rapports entre
partenaires commerciaux et prévenir la réitération de ces pratiques ; qu’eu égard
aux objectifs de préservation de l’ordre public économique qu’il s’est assignés, le législateur
a opéré une conciliation entre le principe de la liberté d’entreprendre et l’intérêt général tiré
de la nécessité de maintenir un équilibre dans les relations commerciales ». Maintenir un
équilibre dans les relations commerciales en faisant cesser les pratiques restrictives de
concurrence contribue à la préservation de l’ordre public économique.

16. En définitive, les atteintes à l’ordre public économique peuvent résulter de toutes les
formes d’entraves au libre jeu de la concurrence(34) . Le fonctionnement concurrentiel du
marché est bien un des éléments essentiels de l’ordre public économique et il ne se limite pas
au contrôle des concentrations. Fonctionnement concurrentiel du marché, ordre public
économique : les deux se rejoignent mais se confondent-ils ?
II – L’ordre public économique au-delà de la
concurrence : ordre public économique et
régulation

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17. L’ordre public économique a pu être confondu avec un « ordre public concurrentiel »(35) .
Cette présentation de l’ordre public économique n’emporte pas entièrement la conviction. Elle
est trop réductrice. L’ordre public économique va au-delà de la défense de la concurrence et
est au cœur de la régulation qu’il rapproche de la police.
A - Les autres composantes de l’ordre public économique
18. Pas plus que l’ordre public général ne saurait être circonscrit à la seule sécurité – la
tranquillité, la salubrité et la dignité de la personne humaine viennent s’y ajouter –, l’ordre
public économique ne saurait être réduit au seul fonctionnement concurrentiel du marché. Il
ne s’agit pas de nier l’importance de l’impératif de concurrence suffisante au sein de l’ordre
public économique mais simplement de constater que d’autres composantes s’y ajoutent. La
jurisprudence et la loi sont établies en ce sens et permettent d’identifier les autres objectifs
d’intérêt général qui composent l’ordre public économique.

19. Les autorités de régulation sectorielle, qui veillent également au respect de la concurrence
et donc à la préservation de l’ordre public économique, ce qui autorise à les qualifier de
régulateurs sectoriels de la concurrence, ont aussi et peut-être surtout d’autres
préoccupations(36) . Les régulateurs sectoriels n’ont pas pour première ou pour seule fonction
de veiller au respect de la concurrence. Les textes leur assignent un cadre d’action plus large
et des missions spéciales qui dépendent du secteur qu’ils ont la charge de réguler et qui vont
au-delà de cette seule préoccupation(37) . Ainsi l’ARCEP qui exerce « la fonction de
régulation du secteur des communications électroniques »(38) précise les règles concernant
les conditions d’utilisation des fréquences, délivre les autorisations d’utilisation des
fréquences qui lui sont attribuées(39) en veillant à la réalisation d’objectifs d’intérêt général
parmi lesquels figurent la fourniture et le financement du service public des communications
électroniques, le développement de l’emploi, la protection de l’environnement et de la santé,
la défense et la sécurité publique(40) ainsi que l’aménagement du territoire(41) . Le CSA qui
est en charge de la régulation de la communication audiovisuelle autorise et contrôle l’usage
des fréquences attribuées à des usages de radiodiffusion(42) en veillant à des « impératifs
prioritaires » parmi lesquels « la sauvegarde du pluralisme des courants d’expression socio-
culturels »(43) . La CRE a qui incombe la fonction de régulation du secteur de l’énergie a
pour mission de concourir au bon fonctionnement des marchés de l’électricité et du gaz
naturel au bénéfice des consommateurs finals(44) en cohérence avec certains objectifs dont
l’indépendance stratégique de la Nation, la sécurité d’approvisionnement, la préservation de
la santé humaine et de l’environnement en particulier en luttant contre l’aggravation de l’effet
de serre, la cohésion sociale et territoriale en assurant l’accès de tous à l’énergie(45) .
L’ACPR est l’organe de supervision français de la banque et de l’assurance qui « veille à la
préservation de la stabilité du système financier et à la protection des clients, assurés,
adhérents et bénéficiaires des personnes soumises à son contrôle »(46) . L’AMF « veille à
la protection de l’épargne investie dans les instruments financiers et tous autres placements
donnant lieu à appel public à l’épargne, à l’information des investisseurs et au bon
fonctionnement des marchés d’instruments financiers »(47) .

Que les régulateurs sectoriels aient des objectifs autres que le fonctionnement concurrentiel
du marché explique leur complémentarité avec l’Autorité de la concurrence : ils interviennent
à des moments différents de l’évolution des marchés(48) . Ils n’en contribuent pas moins à la
préservation de l’ordre public économique aux côtés de l’Autorité de la concurrence et
contribuent à l’enrichissement de son contenu.

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20. Le cas de l’Autorité des marchés financiers est significatif. Dans son importante décision
du 18 mars 2015 relative au principe ne bis in idem (décision n° 2014-453/454 QPC et n°
2015-462 QPC, M. John L. et autres(49) ), le Conseil constitutionnel considère « qu’aux
termes de l’article L. 621-1 du code [monétaire et financier], l’Autorité des marchés
financiers veille à « la protection de l’épargne investie » dans les instruments financiers,
divers actifs et tous les autres placements offerts au public ; qu’ainsi, la répression du
manquement d’initié et celle du délit d’initié poursuivent une seule et même finalité de
protection du bon fonctionnement et de l’intégrité des marchés financiers ; que
ces répressions d’atteintes portées à l’ordre public économique s’exercent dans les deux cas
non seulement à l’égard des professionnels, mais également à l’égard de toute personne ayant
utilisé illégalement une information privilégiée ».

Le lien est ainsi tracé par le Conseil constitutionnel entre « la protection de l’épargne investie
», la « protection du bon fonctionnement et de l’intégrité des marchés financiers » et l’« ordre
public économique ». L’AMF reprend à son compte ce raisonnement dans son rapport sur
l’application du principe ne bis in idem dans la répression des abus de marché(50) . C’est bien
la preuve que l’ordre public économique ne saurait être réduit au seul « ordre public
concurrentiel », au seul fonctionnement concurrentiel des marchés. Le bon fonctionnement et
l’intégrité des marchés financiers ne se limitent pas au fonctionnement concurrentiel de ces
marchés mais inclut également la protection de l’épargne investie. Rattacher ces impératifs à
un « ordre public concurrentiel »(51) ne peut être admis sans faire perdre au mot «
concurrence » une partie de sons sens. Mieux vaut admettre que ces missions qui incombent à
l’AMF sont des composantes de l’ordre public économique qui viennent s’ajouter au «
fonctionnement concurrentiel du marché » sans se confondre avec lui.

Une décision de l’AMF du 17 mars 2005(52) illustre cette nécessité de distinguer, au sein de
l’ordre public économique, le bon fonctionnement et l’intégrité des marchés financiers, d’une
part, du fonctionnement concurrentiel des marchés, d’autre part. La commission des sanctions
de l’AMF qualifie de « trouble à l’ordre public économique » les « dysfonctionnements »
ayant pour source « l’absence d’un système de comptabilisation des opérations sur titres en
partie double ». L’absence d’un tel système de comptabilisation semble difficile à rattacher à
l’exigence d’une concurrence suffisante. Le bon fonctionnement et l’intégrité des marchés
financiers sont une autre composante de l’ordre public économique.

21. Les autorités de régulation sectorielle se réfèrent parfois dans leurs décisions à l’ordre
public économique. Se faisant elles combinent au sein de l’ordre public économique la
nécessité d’une concurrence suffisante avec d’autres impératifs. Ainsi, l’ARCEP a-t-elle eu
l’occasion de reprendre à son compte le raisonnement de la Cour d’appel de Paris(53) selon
lequel « le régulateur doit exercer sa mission au regard des objectifs de la régulation en
matière de communications électroniques définis par l’article L. 32-1 du CPCE, en se
fondant, au-delà de la situation particulière d’un opérateur [ ], sur__des considérations
touchant__à__l’ordre public économique ». Et l’ARCEP de poursuivre : « parmi ces
objectifs, figure “l’exercice au bénéfice des utilisateurs d’une concurrence effective et loyale”,
qui garantit à la fois la concurrence entre opérateurs et les intérêts des utilisateurs »(54) . La
concurrence n’est clairement pas la seule « des considérations touchant à l’ordre public
économique », les « intérêts des utilisateurs » en font également partie. N’est-ce d’ailleurs pas
le propre de la régulation de concilier la concurrence avec d’autres objectifs
économiques(55) ?

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Dans le même ordre d’idée, la Cour d’appel de Paris(56) a jugé, dans un arrêt relatif au
règlement de différends auquel l’ARCEP se réfère également(57) , que « la mission
régulatrice confiée par la loi à l’ARCEP lui donne notamment le pouvoir d’imposer aux
opérateurs relevant de son autorité des prescriptions et des injonctions ayant une incidence sur
la conclusion, le contenu ou l’exécution de leurs conventions et de restreindre ainsi, pour des
motifs d’ordre public économique, le principe de liberté contractuelle dont ils bénéficient ».
C’est bien la preuve, d’une part, que l’ordre public économique ne se limite pas à la
préservation de la concurrence et, d’autre part, qu’il permet de restreindre la liberté d’une
manière que ne renieraient ni le juge ni la doctrine de droit privé(58) .

22. Quelles sont donc les autres composantes de l’ordre public économique qui viennent
s’ajouter à une concurrence « suffisante » ? Le service public (son fonctionnement et son
financement) fait souvent partie des considérations que les régulateurs sectoriels doivent
retenir de même que la protection de l’environnement ou le développement durable, la
protection des usagers ou des consommateurs, la santé, la sécurité et la défense. On ajoutera
aussi le pluralisme des courants d’expression. Les régulateurs doivent veiller au respect de ces
« impératifs » comme les appellent parfois les textes. Peut-être peuvent-ils être réunis sous la
bannière du « bon fonctionnement du marché ». Pour l’Autorité de la concurrence, le bon
fonctionnement du marché rejoint certainement le fonctionnement concurrentiel du marché.
Pour les régulateurs sectoriels, le contenu du « bon fonctionnement du marché » des
communications électroniques, de l’audiovisuel, de l’énergie, des transports, des marchés
financiers, des banques et des assurances, celui des jeux en ligne, varie partiellement d’un
secteur à l’autre. Il y a néanmoins une base commune. Dans tous les cas, il s’agit pour les
autorités publiques de prévenir les troubles à l’ordre public qui peut être appelé économique
en ce qu’il encadre spécifiquement le fonctionnement d’un marché(59) . Le bon
fonctionnement du marché décliné selon les différents marchés ou les différents secteurs en «
fonctionnement concurrentiel », ou en protection de l’un des « impératifs » précédemment
mentionnés, fait l’unité de la notion d’ordre public économique.

23. Parfois, même fréquemment, les objectifs poursuivis par les régulateurs sectoriels au titre
de l’ordre public économique relèvent également de l’ordre public général. Le lien est alors
tracé entre ordre public économique et ordre public général(60) . L’activité économique des
entreprises est en effet susceptible de provoquer des troubles à l’ordre public classique(61) .

Le risque que présentent pour la santé publique les ondes électromagnétiques des antennes
relais de téléphonie mobile a ainsi pu être considéré comme un trouble à l’ordre public
général(62) . Toutefois, le Conseil d’État(63) a jugé que seules les autorités de l’État (le
ministre chargé des communications électroniques, l’ARCEP et à l’ANFR) sont compétentes
pour réglementer de façon générale l’implantation des antennes relais de téléphonie mobile.
La police spéciale des communications électroniques ainsi confiée à l’État, qui veille à un
niveau élevé et uniforme de protection de la santé publique contre les effets des ondes
électromagnétiques émises par les réseaux de communications électroniques et au «
fonctionnement optimal de ces réseaux notamment par une couverture complète » du
territoire, exclut que le maire réglemente par arrêté l’implantation des antennes relais sur le
territoire de sa commune, sur le fondement de son pouvoir de police générale.

Plus généralement, de nombreuses missions qui incombent aux régulateurs sectoriels


renvoient à des notions qui sont au cœur de l’ordre public général. Ainsi de la défense et de la
sécurité publique auxquelles doivent notamment veiller, dans le cadre de leurs compétences
respectives, tant l’ARCEP que le CSA, la CRE et l’ARAF ou de la santé que doivent

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préserver les trois premières de ces autorités. Des considérations économiques peuvent donc
jouer en liaison avec celles de l’ordre public général(64) .

24. Il n’est pas toujours aisé de distinguer l’ordre public économique de l’ordre public
général. Faut-il considérer que « ce qui caractérise l’ordre public économique par rapport aux
autres aspects de l’ordre public, c’est qu’il est un instrument de la politique économique
»(65) ? Quel est le critère du caractère économique de l’ordre public ? La réponse à cette
question n’a rien d’une évidence. La difficulté tient aux incertitudes que peut connaître la
notion même d’économie(66) . Il y a une part d’arbitraire à décréter qu’un phénomène est «
économique »(67) . Le critère de l’économie a pu être découvert dans l’accumulation des
richesses. Il apparaît désormais davantage dans la rareté des ressources(68) . Dans cette
perspective, les impératifs auxquels doivent veiller les régulateurs sectoriels n’apparaissent
pas sans rapport avec l’économie : leur objet autant que leur but est, pour l’essentiel,
économique(69) . L’ordre public général et l’ordre public économique se rejoignent parfois et
la mission des régulateurs s’apparente encore un peu plus à la police, la police de
l’économie(70) .
B - L’ordre public économique, objet de la régulation
économique
25. Au sein de l’ordre public économique doivent être conciliées différentes considérations et
la nécessité d’une concurrence suffisante n’est que l’une d’elles. Si la régulation consiste, au
premier sens du terme, à rendre régulier, à assurer le fonctionnement régulier, le bon
fonctionnement, la régulation économique vise alors à assurer le bon fonctionnement du
marché. Et le bon fonctionnement du marché, même dans une économie libérale, ne saurait
être réduit au seul « fonctionnement concurrentiel du marché ». Au-delà de la nécessité d’une
concurrence suffisante, d’autres impératifs, d’autres « considérations touchant__à__l’ordre
public économique »(71) doivent être pris en compte par les régulateurs qui ont pour mission
de concilier l’ensemble.

La régulation économique est la fonction de la puissance publique dont l’objet est la


préservation et le rétablissement de l’ordre public économique. En bref, la régulation
économique consiste à assurer le maintien de l’ordre public économique. Il s’agit d’une
fonction disciplinaire(72) , d’une discipline du marché.

Cette définition qui unit la régulation à l’ordre public économique appelle certainement des
précisions et certains tempéraments, elle présente toutefois le mérite d’être simple autant à
énoncer qu’à retenir. À cet égard, il faut certainement s’inspirer de la jurisprudence et la
jurisprudence récente qui vient d’être rappelée, spécialement celle du Conseil constitutionnel
et du Conseil d’État, a ouvert la voie en ce sens. La définition proposée poursuit une opinion
doctrinale(73) , parfois contestée(74) , mais qui semble confirmée(75) et qui rapproche la
régulation économique de la police de l’économie.

26. La corrélation est clairement établie par le Conseil d’État entre l’ordre public
économique et la police en ce qui concerne le contrôle des concentrations économiques. Le
juge administratif suprême, dans ses décisions Canal Plus, considère que « lorsqu’elle se
prononce sur une opération de concentration qui lui a été notifiée, l’Autorité de la concurrence
[ ] exerce un pouvoir de police »(76) . Il parle également « des pouvoirs de__police en
matière de concentrations antérieurement détenus par le ministre chargé de l’économie et
transférés à l’Autorité de la concurrence » et retient que l’objet de ces pouvoirs est « la
préservation de l’ordre public économique »(77) . La formule selon laquelle la police de la

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concurrence « désigne, comme toute activité de police, le maintien d’un certain ordre
»(78) prend tout son sens. Même la doctrine la plus réticente à l’assimilation de la régulation à
la police adhère à cette présentation(79) .

Or l’ordre public économique n’est pas seulement un objectif du contrôle des concentrations
ni même, plus largement, des dispositifs visant à maintenir une concurrence suffisante.
L’ordre public économique est une préoccupation de tous les régulateurs sectoriels autant que
de l’Autorité de la concurrence. Le lien établi par le Conseil d’État entre cet ordre et la police
doit encore valoir entre celui-là et la régulation. Le régulateur veille au maintien de l’ordre
public économique et la police (économique) est la mission qui consiste à maintenir l’ordre
public (économique). L’ordre public économique est au cœur du rapprochement de ces deux
notions, celle classique de police, celle plus récente de régulation.

Transposée à l’économie la notion de police recouvre l’ensemble des dimensions de la


régulation : à la police administrative qui a un caractère préventif (empêcher les désordres)
et curatif (rétablir l’ordre), et à la police judiciaire qui a un caractère répressif (poursuivre les
délinquants)(80) correspondent les deux attitudes ex ante et ex post de l’Autorité de la
concurrence et des régulateurs sectoriels. Ces trois dimensions – préventive, curative et
répressive – se retrouvent dans la régulation économique comme en atteste la formulation de
certains arrêts(81) . La régulation est une forme de police. La régulation économique est une
police économique, ce qui explique que le maintien de l’ordre public économique soit sa
fonction première.

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DE L’« ORDRE PUBLIC CONCURRENTIEL »

Le dialogue entre « mondialisation » et « globalisation » distingue entre le


phénoménologique et le systémique. Ainsi l’« ordre concurrentiel », résultante de
l’universalisation d’un ordre institutionnel prônant la « régulation », accompagne une
mondialisation qui couvre le décloisonnement des marchés nationaux, le développement
des réseaux de communication et l’affaiblissement de l’État. Les pouvoirs étatiques sont
« réformés » sous prétexte qu’au-delà de l’accomplissement des missions régaliennes,
la fonction de « gouverner » interfère par nature avec le marché[1]. Or l’ordre

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économique, qui repose sur l’idée que la conjonction des intérêts privés avec l’intérêt
général n’est possible que par la concurrence, ne peut fonctionner sans le « politique »
qui doit provoquer des transformations pour assurer la continuité du marché. Le
comportement « anticoncurrentiel » de l’acteur économique renvoie à l’idée que l’État
doit combattre la tendance à l’autodestruction du marché, en protégeant la compétitivité
contre elle-même par la création des conditions de sa reproduction[2]. C’est l’esprit du
droit public économique[3], qui s’impose comme un ensemble de constructions juridiques
qui correspondent à la consécration du cadre systémique du capitalisme. On assiste à la
construction d’un droit censé être le plus attractif pour les investisseurs et les
consommateurs et en même temps rester protecteur du marché contre sa tendance à «
sécréter » le monopole privé. Cette conscience a émergé dans le droit américain à la fin
du 19ème siècle via le « Sherman Act », appliqué contre la « Standard Oil » par une
justice qui a ordonné le démantèlement du géant énergétique à cause des effets négatifs
de son monopole sur le marché et la société. En droit français, l’Ordonnance de 1945
avait mis en place des sanctions pénales contre les pratiques anticoncurrentielles pour
garder une certaine idée du marché au service de l’intérêt général. Cet interventionnisme
du 20ème siècle est désormais prescrit, vu que la régulation de l’économie n’est plus le
fait de la diriger, mais d’instaurer un fonctionnement qui permet un dosage habile de
différents pouvoirs dans la gestion d’un environnement ou la résolution d’un conflit. «
Intervenir » dans le marché, pour y maintenir une pluralité positive et répondre aux
impératifs du « développement », nécessite une action étatique qui s’exprime par une
régulation basée sur le droit, qui se transforme d’un outil protégeant la concurrence libre,
tentée par le monopole, en un instrument qui régule la concurrence utile. Au-delà d’un «
droit de la pratique concurrentielle », la régulation du marché doit reposer sur un
système juridique qui englobe aussi bien la consommation, la communication ou le
marché public, que le fonctionnement de la para-structure censée privilégier le jeu « pluri
acteur » de l’économie. Dans ce sens, la régulation influence les pouvoirs traditionnels
de l’État par la mise en place d’« Autorités Administratives Indépendantes ». Ces
autorités concentrent des prérogatives, qui contrastent avec la « séparation des pouvoirs
», au service d’une régulation sectorielle[4] ou transversale, confirmant le pluralisme
comme source de légitimité des nouveaux espaces de l’« autonomie normative ».

Le « droit de la régulation », qui s’examine à travers l’action de ces autorités, est donc un
ensemble de prérogatives déléguées par l’État à des institutions dotées d’une autonomie
fonctionnelle par rapport au gouvernement[5] ou à la justice. Ce redéploiement obéit à
une logique d’efficacité[6] justifiée à la fois par l’expertise technique du régulateur, le
rythme des procédures et le respect des normes de « bonne gouvernance ».
Contrairement aux pouvoirs judiciaire ou exécutif, les agences de régulation proposent
des solutions qui ne se réduisent pas à la seule application de la « norme », mais
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intègrent la rationalité du marché par de nouvelles formes d’interprétation. Ils adoptent
une analyse juridique qui permet de mesurer un effet anticoncurrentiel, d’établir un bilan
économique, d’apprécier un fait dommageable à la concurrence ou de proportionner des
sanctions. Cohabitant avec l’organisation judiciaire compétente en matière commerciale,
pénale, civile ou administrative pour intervenir sur la concurrence, les autorités de
régulation tirent leur légitimité de l’indépendance vis-à-vis de l’État et du secteur
contrôlé. Elles sont censées contribuer à l’harmonisation de l’« action régulatrice » par le
dépassement du « polycentrisme » institutionnel et la dispersion des sources juridiques.
La difficulté réside aussi dans le fait que le droit de la concurrence mobilise le droit pénal
considérant que le marché est une institution qui dépend de la confiance. La « sanction »
vise à assurer les conditions d’une concurrence effective qui respecte l’autonomie des
acteurs, la liberté d’accès au marché, la transparence de l’offre et l’absence de
discrimination. Cette représentation de l’« ordre public concurrentiel »[7] élabore ainsi un
droit répressif qui synthétise les formes de sanction existantes pour s’adapter au contenu
indéterminé des infractions à la concurrence, qui vont du délit d’initié aux ententes illicite
en passant par la publicité mensongère. Toutefois, au risque que les entreprises
s’inscrivent dans la défiance, le « droit pénal de la concurrence » élabore un système
hybride qui n’atteint pas la réprimande morale, et instaure la différenciation coercitive via
l’application de sanctions administratives comme les amendes fiscales, douanières[8] ou
celles relatives aux prix. Les autorités de régulation, résultat d’un discrédit du rôle
réglementaire de l’État, doivent être dotées de ces pouvoirs au-delà des prérogatives de
recommandation, de production normative, de surveillance ou d’injonction.

Au Maroc, la libéralisation de l’économie a participé à l’évolution du droit de la


concurrence qui a provoqué une mutation dans l’ordonnancement juridique du pays. La
promulgation de la loi sur les marchés publics, l’audiovisuel, la concurrence, sont autant
de mesures qui sollicitent les concepts de « gouvernance », de « transparence » et de «
loyauté ». La mise en place d’« agences de régulation » exprime aussi une volonté de
rupture dans ces secteurs qui inscrivent le Maroc dans la mondialisation, à savoir les
télécommunications et l’audiovisuel, affectés par l’absence de sanctions liées aux
pratiques déloyales, le manque de coordination institutionnelle ou la défaillance de la
justice. En effet, les années 2000 ont connu la mise en place de l’ANRT, la HACA et le
Conseil de la Concurrence, qui ont déstabilisé le phénomène d’« opacité » qui n’exprime
plus un mode de gouvernance systémique mais de simples réticences vis-à-vis du droit.
D’une part, la régulation sectorielle peut être illustrée dans le domaine de la
communication, dont l’agent régulateur a pour rôle, selon la loi, d’« assurer le respect du
pluralisme, de la liberté d’expression, des institutions et de la dignité des individus et à
proposer au gouvernement les mesures de nature à permettre le respect de ces
principes ». D’autre part, la régulation de « direction » est prévue par la mise en place du
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Conseil de la Concurrence qui est passé d’une instance consultative à une « autorité
administrative » sur la base de l’article 166 de la Constitution de 2011. Toutefois, la loi
6/99 sur la concurrence et les prix ne s’est toujours pas adaptée à cette nouvelle
légitimité constitutionnelle qui doit donner au Conseil des prérogatives d’arbitrage et de
sanction pour amorcer le passage à un État post moderne défenseur de l’« ordre public
concurrentiel ». Cette volonté de réforme n’exprime pas non plus la réalité des
transformations au niveau de la dialectique État/Marché, considérant que l’expérience de
ces agences ne permet pas de répondre à la question de l’« hybridité institutionnelle »
qui entretient les espaces d’opacité. Il ne s’agit pas de remettre en cause ce qui a été
démontré quant au processus de réforme, mais d’alerter sur l’aspect instrumental de la
revendication de transparence qui serait un simple déplacement de comportements
considérés « archaïques » compte tenu du rapport de l’État et du Marché avec la «
norme », notion qui reste abstraite à la fois dans la conscience collective et la culture
économique. Le recours à la régulation pourrait être une clé de la modernisation de
l’État, dont la crainte de dépossession s’en trouverait atténuée dès lors que l’évolution
s’inscrirait dans le redéploiement plutôt que dans le recul de son pouvoir politique.

[1] J.-P. Fitoussi, La démocratie et le marché, Collection du nouveau collège de


philosophie, Grasset, 2004.

[2] J. Chevallier, « État et ordre concurrentiel » in L’ordre concurrentiel, Mélanges en


l’honneur d’A Pirovano, Frison-Roche, 2003.

[3] A. Delaubadère, P. Delvolvé, Droit public économique, 5ème éd, Dalloz, 1986 ; G.
Farjat, Pour un droit économique, PUF, 2004.

[4] M.-A. Frison Roche, « Les nouveaux champs de la régulation », in La régulation :


nouveaux modes ? nouveaux territoires ?, RFAP n° 109, 2004.

[5] T. Juot : « Il n’y aura pas de marché ouvert sans régulateur », les petites affiches,
23/10/2002.

[6] Y. Gaudemet, « La concurrence des modes et des niveaux de régulation


(introduction) », RFAP, 2004/1, n°109 .

Page 20 sur 50
[7]M.-A. Frison Roche, Les enjeux de la pénalisation de la vie économique, Dalloz, 1997.

[8] D Vaillant, «Les sanctions administratives», Rapport de Synthèse AJDA, 2001.

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Le Maroc Juridique

Par Ahmed Zejjari

M. Ahmed Zejjari est docteur d'Etat en droit public de l'université des sciences sociales de Toulouse
(France), chercheur universitaire et auteur de plusieurs articles juridiques publiés dans les revues
spécialisées et dans des quotidiens nationaux. Il a également publié deux ouvrages de référence, l'un
sur le domaine public et le second sur les techniques d'élaboration des textes législatifs et
réglementaires. Il est enseignant animateur de sessions de formation continue notamment sur de
thèmes du contentieux administratif, marchés publics, concessions de service public élaboration des
textes juridiques, gestion du patrimoine foncier de l’Etat. Comme activité parallèles, M. Zejjari est,
entre autres, secrétaire général de l'association marocaine des professionnels des marchés publics.
Actuellement, M. Zejjari est le Directeur de la législation et de la réglementation au Secrétariat général
du gouvernement marocain ( Site web).

Publié en Avril/Mai 2015

Table des matières

1. Présentation succincte du Maroc


1.1. Histoire
1.2. Géographie
1.3. Climat
1.4. Population
1.5. Religion
1.6. Langue
1.7. Emblème et devise
1.8. Monnaie
1.9. Fêtes nationales
1.10. Fêtes religieuses
2. L’Organisation politique

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2.1. Le Roi
2.1.1. Principales attributions du Roi
2.2. Le gouvernement
2.2.1. Le chef du gouvernement
2.2.1.1. Principales compétences du chef du Gouvernement
2.2.2. Le Parlement
2.2.2.1. Pouvoirs du Parlement
2.2.2.1.1. L’exercice du pouvoir législatif
2.2.2.1.2. Le contrôle de l’action du gouvernement
3. L’organisation judiciaire
4. Les collectivités territoriales
5. Les droits et les libertés publiques
6. Les institutions et instances indépendantes
7. L’économie et l’investissement au Maroc
8. L’accès à la législation et à la jurisprudence marocaine
9. Principaux sites officiels

1. Présentation succincte du Maroc :

1.1. Histoire :

Le Maroc, en tant qu’Etat, existe depuis l’an 788, date d’intronisation d’Idriss 1 er . Il fût régné par
plusieurs dynasties (les Idrisside de 788 à 1055, les Almoravides de 1055 à 1130, les Almohades de 1130
à 1258, les Mérinides de 1258 à 1554, les Saadiens de 1554 à 1664, les Alaouites de 1664 à nos jours).

Le Maroc a été mis sous protectorats espagnole (au Nord et au fin sud) et Français (dans le reste du
pays) et de 1912 à 1956, année où il a recouvré son indépendance.

Le Maroc a récupéré ses provinces sahariennes grâce à une marche pacifique « La Marche Verte » à
laquelle ont participé 350.000 marocains et marocaine sur appel de Feu Hassan II.

Depuis l’indépendance, trois rois se sont succédés sur le trône marocain, Mohamed V, Hassan II et
Mohamed VI.

1.2. Géographie :

Situé à la pointe Nord-Ouest du continent africain, à peine à 15 kilomètres de l’Europe,


le Maroc dispose de deux façades maritimes, sur l’océan Atlantique (à l’Ouest) et la Méditerranée (au
Nord). Le littoral marocain s'étend sur 3500 km. 15 Km séparent le Maroc de l’Europe. Il est délimité
au Nord par le Détroit de Gibraltar et la Mer Méditerranée, au Sud par la Mauritanie, à l'Est par
l'Algérie et à l'Ouest par l'Océan Atlantique. Sa superficie est 710. 850 km 2 .

Le Maroc dispose de quatre principales chaînes de montagnes : le Rif au Nord, et à l'intérieur du pays,
le Moyen Atlas, le Haut Atlas et l'Anti-Atlas.

1.3. Climat :

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Le climat marocain est à la fois méditerranéen et atlantique, avec une saison sèche et chaude doublée
d’une saison froide et humide, la fin de la période chaude étant marquée par les pluies d’octobre. L’été
est chaud et sec, les températures moyennes sont de 22° C à 24° C. Les hivers sont froids et pluvieux
avec gel et neige fréquents. La température moyenne évolue alors de 12° C à 14° C et peut descendre
exceptionnellement jusqu’à – 20° C. Le Maroc présaharien et saharien a un climat désertique sec.

1.4. Population :

Le nombre de la population était, selon le recensement de 2004, est de 33, 451,23.

Le taux d’urbanisation en 2014 est de 59,6 selon de Haut commissariat au plan.

1.5. Religion :

L’Islam est la religion officielle du pays. Cependant, le préambule de la Constitution de 2011 dispose
que « la prééminence accordée à la religion musulmane dans ce référentiel national va de pair avec
l'attachement du peuple marocain aux valeurs d'ouverture, de modération, de tolérance et de dialogue
pour la compréhension mutuelle entre toutes les cultures et les civilisations du monde ». De même,
l’article 3 de la constitution, tout en affirmant que « l'Islam est la religion de l'Etat » dispose que l’Etat
«garantit à tous le libre exercice des cultes ».

1.6. Langue :

La langue officielle du Pays est la langue arabe. Cependant, l’article 5 de la constitution de 2011 a
reconnu, pour la première fois, à la langue Amazigh son statut de « langue officielle de l'Etat, en tant
que patrimoine commun de tous les Marocains sans exception ».

Le même article dispose que « l’Etat œuvre à la préservation du Hassani, en tant que partie intégrante
de l'identité culturelle marocaine unie, ainsi qu'à la protection des parlers et des expressions
culturelles et pratiqués au Maroc ».

En outre, cet article prévoit que « l’Etat veille à la cohérence de la politique linguistique et culturelle
nationale et à l'apprentissage et la maîtrise des langues étrangères les plus utilisées dans le monde, en
tant qu'outils de communication, d'intégration et d'interaction avec la société du savoir, et d'ouverture
sur les différentes cultures et sur les civilisations contemporaines ».

Il y a lieu de signaler que les langues étrangères les plus parlées au Maroc sont le français et
l’espagnole.

1.7. Emblème et devise :

L'emblème du Royaume est le drapeau rouge frappé en son centre d'une étoile verte à cinq branches.

La devise du Royaume est DIEU, LA PATRIE, LE ROI.

1.8. Monnaie :

La monnaie marocaine est le dirham (1 dollar US = 8 dh environ selon les cours de change).

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1.9. Fêtes nationales

1er Janvier : Le nouvel an.

11 janvier : Manifeste de l’indépendance (prononcé en 1944).

1er mai : fête du Travail.

Fête du trône, C’est la plus importante fête civile au Maroc, cette cérémonie
traditionnelle avait lieu le 3 mars à l’époque d’Hassan II, cette fête a été
30 Juillet :
inaugurée en 1934 par des nationalistes marocains voulant défier les
autorités françaises qui gouvernaient le Maroc.

14 août : fête d’allégeance de l’oued Eddahab.

l’anniversaire de la révolution du Roi et du Peuple. Il rappelle la déportation


du sultan Mohammed V, après sa destitution par les autorités françaises en
20 août :
1953. Cet événement avait provoqué un sursaut de nationalisme dans la
population outrée par ce geste de la puissance occupante.

21 août : Fête de la Jeunesse, L’anniversaire de SM le Roi Mohammed VI .

l’anniversaire de la Marche verte (cette grande manifestation de quelque


6 novembre : 350 000 » volontaires » qui a marqué en 1975 la revendication du Maroc
sur le Sahara occidental.

Fête de l’Indépendance. Elle ne commémore pas la fin du Protectorat de la


France sur le Maroc en 1956, mais le retour d’exil, triomphal, du sultan
18 novembre :
Mohammed V en 1955 après sa destitution par Paris et son séjour forcé à
Madagascar.

1.10. Fêtes religieuses


1er Moharram : Jour de l’an de L’HEGIRE.

Le 12 Rabii 1er : Naissance du prophète Mohamed.

Les 1 er et 2 Chawal : Aid Al Fitr (La fin du mois de Ramadan).

Aid Al Adha (ou Aïd el-Kebir) commémore le sacrifice d’Abraham. C’est la


Les 10 et 11 Hijja :
fête du mouton.

2. L’Organisation politique :

En vertu de l’article 1 er de la constitution de 2011 [1] , le Maroc est une monarchie constitutionnelle,
démocratique, parlementaire et sociale.

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Le régime constitutionnel du Royaume est fondé sur la séparation, l'équilibre et la collaboration des
pouvoirs, ainsi que sur la démocratie citoyenne et participative, et les principes de bonne gouvernance
et de la corrélation entre la responsabilité et la reddition des comptes.

La capitale est Rabat.

2.1. Le Roi :

Au Maroc, le Roi occupe une place de choix dans le système politique marocain, en ce sens qu’il
cumule deux qualités et assume deux fonctions :

 La première est d’ordre religieux. A ce titre, le Roi est Amir Al Mouminine (commandeur des
croyants), Il veille au respect de l'Islam et garantit le libre exercice des cultes.
 Il préside le Conseil supérieur des Ouléma, qui est la seule instance habilitée à prononcer les
consultations religieuses (Fatwas) devant être officiellement agréées, sur les questions dont il
est saisi et ce, sur la base des principes, préceptes et desseins tolérants de l'Islam. (article 41 de
la constitution) ;
 la seconde est temporelle, à savoir que le Roi est « Chef de l'Etat, son Représentant Suprême,
Symbole de l'unité de la Nation, Garant de la pérennité et de la continuité de l'Etat et Arbitre
Suprême entre ses institutions, veille au respect de la Constitution, au bon fonctionnement des
institutions constitutionnelles, à la protection du choix démocratique et des droits et libertés
des citoyennes et des citoyens, et des collectivités, et au respect des engagements
internationaux du Royaume.

Il est le Garant de l'indépendance du pays et de l'intégrité territoriale du Royaume dans ses frontières
authentiques » (article 42 de la Constitution).

Le Roi est le Chef Suprême des Forces Armées Royales. Il nomme aux emplois militaires et peut
déléguer ce droit (article 53 de la Constitution).

Comme toute monarchie, la Couronne du Maroc et ses droits constitutionnels sont héréditaires et se
transmettent de père en fils aux descendants mâles en ligne directe et par ordre de primogéniture de
Sa Majesté Le Roi Mohamed VI, à moins que le Roi ne désigne, de Son vivant, un successeur parmi Ses
fils, autre que Son fils aîné. Lorsqu'il n'y a pas de descendants mâles en ligne directe, la succession au
Trône est dévolue à la ligne collatérale mâle la plus proche et dans les mêmes conditions.

Le Roi est mineur jusqu'à l'âge de dix-huit ans accomplis. Durant la minorité du Roi, un Conseil de
Régence exerce les pouvoirs et les droits constitutionnels de la Couronne, sauf ceux relatifs à la
révision de la Constitution. Le Conseil de Régence fonctionnera comme organe consultatif auprès du
Roi, jusqu'au jour où il aura atteint l'âge de vingt ans accomplis. (article 43 et 44 de la Constitution).

La personne du Roi est inviolable, et respect Lui est dû (article 46 de la Constitution). Il est à signaler
que les précédentes constitutions disposaient que « la personne du Roi n’est inviolable et sacrée ».

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2.1.1. Principales attributions du Roi :

 nomination et destitution du chef du gouvernement ;


 fin des fonctions d'un ou de plusieurs membres du gouvernement, soit à son initiative, soit sur
demande du chef du gouvernement prise à son initiative ou suite à la démission individuelle
ou collective desdits membres ;
 fin des fonctions de l’ensemble du gouvernement suite à la démission du chef du
gouvernement.
 présidence du conseil des ministres.
 promulgation des lois.
 dissolution des chambres du parlement.
 présidence du conseil supérieur de sécurité.
 signature et ratification des traités- accréditation ambassadeurs-signature et ratification des
traités sous réserve de l'approbation préalable par une loi lorsqu'il s'agit des traités de
délimitation des frontières, de paix et d'union, ceux relatif au commerce, ceux engageant les
finances de l’Etat, ceux dont l'application nécessite des mesures législatives, ceux relatifs aux
droits et libertés individuelles ou collectives, et tout autre traité a l'initiative du Roi.
 présidence du conseil supérieur du pouvoir judiciaire.
 proclamation de l'état d'exception
 proclamation de l’état de siège ;
 exercice du droit de grâce ;
 initiative de la révision de la constitution.
 Le Roi exerce les attributions qui lui sont dévolues par la Constitution, par un acte qui lui est
propre, en l’occurrence, les dahirs.
 Le Conseil des ministres qui est présidé par le Roi, ou sur délégation du Roi, par le chef du
gouvernement, délibère sur les questions suivantes :
 les orientations stratégiques de la politique de l'Etat ;
 les projets de révision de la Constitution ;
 les projets de lois organiques ;
 les orientations générales du projet de loi de finances ;
 les projets de loi-cadre visés à l'article 71 (2e alinéa) de la présente Constitution ;
 le projet de loi d'amnistie ;
 les projets de textes relatifs au domaine militaire ;
 la déclaration de l'état de siège ;
 la déclaration de guerre ;
 le projet de décret visé à l'article 104 de la présente Constitution ;
 la nomination, sur proposition du Chef du Gouvernement et à l'initiative du ministre
concerné, aux emplois civils suivants : wali de Bank Al-Maghrib [2] , ambassadeur, walis et
gouverneurs [3] , et responsables des administrations chargées de la sécurité intérieure, ainsi
que les responsables des établissements et entreprises publics stratégiques [4] .

2.2. Le gouvernement :

Le gouvernement se compose du chef du gouvernement, des ministres (qui peuvent recevoir


l’appellation de « ministre », « ministre d’Etat », « ministre délégué », « secrétaire général du
gouvernement ») et des secrétaires d’Etat.

Le gouvernement exerce le pouvoir exécutif.

Le gouvernement exerce le pouvoir exécutif.

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Sous l'autorité du Chef du Gouvernement, le gouvernement met en œuvre son programme
gouvernemental, assure l'exécution des lois, dispose de l'administration et supervise les établissements
et entreprises publics et en assure la tutelle.

Les ministres peuvent recevoir délégation de la part du chef du gouvernement pour exercer certains
pouvoirs relevant de ce dernier.

Les membres du gouvernement sont pénalement responsables devant les juridictions du Royaume
pour les crimes et délits commis dans l'exercice de leurs fonctions.

Le gouvernement tient une réunion hebdomadaire sous la présidence du chef du gouvernement (en
principe, chaque jeudi). Cette réunion prend l’appellation de « Conseil du gouvernement ».

Le conseil du gouvernement délibère sur les matières suivantes :

 la politique générale de l'Etat avant sa présentation en Conseil des ministres;


 les politiques publiques ;
 les politiques sectorielles ;
 l'engagement de la responsabilité du gouvernement devant la Chambre des Représentants;
 les questions d'actualité liées aux droits de l'Homme et à l'ordre public ;
 les projets de loi, dont le projet de loi de finances, avant leur dépôt au bureau de la Chambre
des Représentants, sans préjudice des dispositions de l'article 49 de la présente Constitution ;
 les décrets-lois ;
 les projets de décrets réglementaires ;
 les projets de décrets visés aux articles 65 (2e alinéa), 66 et 70 (3e alinéa) de la Constitution
(clôture de la session du parlement lorsque celui-ci, a siégé quatre mois au moins, au cours de
chaque session, clôture de la session extraordinaire du parlement après épuisement de son
ordre du jour, et les décrets pris sur habilitation législative) ;
 les traités et les conventions internationales avant leur soumission au Conseil des ministres;
 la nomination des secrétaires généraux et des directeurs centraux des administrations
publiques, des présidents d'universités, des doyens et des directeurs des écoles et instituts
supérieurs. La loi organique prévue à l'article 49 de la présente Constitution peut compléter la
liste des fonctions à pourvoir en Conseil du gouvernement, et déterminer en particulier, les
principes et critères de nomination à ces fonctions, notamment ceux d'égalité des chances, de
mérite, de compétence et de transparence.

Le Chef du Gouvernement informe le Roi des conclusions des délibérations du Conseil de


Gouvernement.

2.2.1. Le chef du gouvernement :

La constitution de 2011 a remplacé l’appellation « Premier ministre » par celle de « Chef du


gouvernement », tout en élargissant ses compétences.

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Le Chef du Gouvernement est nommé par le Roi au sein du parti politique arrivé en tête des élections
des membres de la Chambre des Représentants, et au vu de leurs résultats.

2.2.1.1. Principales compétences du chef du Gouvernement :

 Le chef du gouvernement propose au Roi les personnalités à nommer comme membres du


gouvernement ;
 Il propose au Roi de mettre fin aux fonctions d’un ou de plusieurs membres du gouvernement,
soit à son initiative, soit sur démission de ces derniers;
 Il présente sa démission au Roi, ce qui entraîne la démission collective du Gouvernement ;
 Il contresigne les dahirs du Roi, sauf exception prévue par la constitution ;
 Il propose au Roi la nomination à certains emplois supérieurs, après délibération du conseil
des ministres [5] ;
 Il exerce le pouvoir réglementaire et peut déléguer certains de ses pouvoirs aux ministres. Les
actes réglementaires du Chef du Gouvernement sont contresignés par les ministres chargés de
leur exécution.
 Il nomme aux emplois civils dans les administrations publiques et aux hautes fonctions des
établissements et entreprises publics, sous réserve des fonctions relevant de la nomination par
le Roi ;
 Il dispose de l’'initiative des lois concurremment avec les membres du Parlement ;
 Il préside le conseil du Gouvernement ;
 Il peut saisir la Cour Constitutionnelle d’une demande en inconstitutionnalité d’une loi ou d'un
engagement international ;
 Il est membre du Conseil de régence, du conseil supérieur de sécurité ;
 Il peut engager la responsabilité du gouvernement devant la chambre des représentants, sur
une déclaration de politique générale ou sur le vote d'un texte;
 Il cordonne l’activité du gouvernement et fixe aux ministres les missions qu’ils doivent
accomplir et dont ils rendent compte au Conseil du gouvernement ;
 Il peut dissoudre la Chambre des Représentants, par décret pris en Conseil des ministres,
après avoir consulté le Roi, le président de cette Chambre et le Président de la Cour
Constitutionnelle ;
 Il dispose de l’initiative de la révision de la constitution, après délibération en conseil du
gouvernement et approbation de l’initiative en conseil des ministres.

Les actes réglementaires du Chef du Gouvernement sont contresignés par les ministres chargés de leur
exécution.

2.2.2. Le Parlement :

La constitution de 2011 a restauré le bicaméralisme expérimenté sous l’égide de la première


constitution marocaine de 1962 et qui a duré à peine 18 mois pour donner lieu à la proclamation de
l’état d’exception de 1965 à 1970.

Désormais, le parlement marocain se compose de deux chambres : la chambre des représentants et la


chambre des conseillers.

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La chambre des représentants [6] :

Cette chambre se compose de 395 membres élus pour cinq ans au suffrage universel direct.

Le Président de la Chambre des Représentants et les membres du Bureau ainsi que les présidents des
Commissions permanentes et leurs bureaux, sont élus en début de législature, puis à la troisième
année, de celle-ci lors de la session d'avril, et pour la période restant à courir de ladite législature.

L'élection des membres du Bureau a lieu à la représentation proportionnelle des groupes.

La Chambre des Conseillers [7] :

La Chambre des Conseillers comprend au minimum 90 membres et au maximum 120 (actuellement


elle se compose de 120 membres), élus au suffrage universel indirect pour six ans, selon la répartition
suivante :

 trois cinquièmes des membres représentant les collectivités territoriales. Cet effectif est réparti
entre les régions du Royaume en proportion de leurs populations respectives et en observant
l'équité entre les régions.

Le tiers réservé à la région est élu au niveau de chaque région par le Conseil régional parmi ses
membres. Les deux tiers restants sont élus par un collège électoral constitué au niveau de la région par
les membres des conseils communaux, préfectoraux et provinciaux ;

 deux cinquièmes des membres élus dans chaque région par des collèges électoraux composés
d'élus des Chambres professionnelles et des organisations professionnelles des employeurs les
plus représentatives, et de membres élus à l'échelon national par un collège électoral composé
des représentants des salariés.

2.2.2.1. Pouvoirs du Parlement :

2.2.2.1.1. L’exercice du pouvoir législatif :

En vertu de l’article 70 de la Constitution, le parlement exerce le pouvoir législatif. A ce titre, il dispose


du pouvoir du vote de la loi.

Les matières relevant du domaine législatif (vote du parlement) sont limitativement énumérées par la
constitution. Les autres matières relèvent du pouvoir réglementaire.

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La loi peut être d’origine parlementaire (proposition de loi), ou d’origine gouvernementale (projet de
loi).

La procédure législative :

Les projets et propositions de lois sont soumis pour examen aux commissions de chaque chambre.

Tout projet ou proposition de loi est examiné successivement par les deux Chambres du Parlement
pour parvenir à l'adoption d'un texte identique.

Les membres du parlement ainsi que le gouvernement dispose du droit d’amendement.

La Chambre des Représentants délibère la première et successivement sur les projets de loi et sur les
propositions de loi initiées par ses membres ; la Chambre des Conseillers délibère en premier et
successivement sur les projets de loi ainsi que sur les propositions de loi initiées par ses membres.

Une Chambre saisie d'un texte voté par l'autre Chambre, délibère sur le texte tel qu'il lui a été
transmis.

La Chambre des Représentants adopte en dernier ressort le texte examiné. Le vote ne peut avoir lieu
qu'à la majorité absolue des membres présents, lorsqu'il s'agit d'un texte concernant les collectivités
territoriales et les domaines afférents au développement régional et aux affaires sociales.

Les projets et propositions de lois organiques ne sont soumis à la délibération de la Chambre des
Représentants qu'à l'issue d'un délai de dix jours après leur dépôt sur le bureau de la Chambre et
suivant la même procédure visée à l'article 84. Ils sont définitivement adoptés à la majorité absolue
des membres présents de ladite chambre. Néanmoins, lorsqu'il s'agit d'un projet ou d'une proposition
de loi organique relatif à la Chambre des Conseillers ou concernant les collectivités territoriales, le vote
a lieu à la majorité des membres de la Chambre des représentants.

Les lois organiques relatives à la Chambre des Conseillers doivent être votées dans les mêmes termes
par les deux Chambres du Parlement.

Les lois organiques ne peuvent être promulguées qu'après que la Cour Constitutionnelle se soit
prononcée sur leur conformité à la Constitution.

L’exercice du pouvoir législatif par le gouvernement:

Bien que la Constitution prévoie que le Parlement exerce le pouvoir législatif, cette même constitution
permet au gouvernement d’exercer ce pouvoir dans deux cas et selon deux procédés :

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 Le cas des décrets-lois : en vertu de l’article 81 de la constitution, le gouvernement peut
prendre, dans l'intervalle des sessions, avec l'accord des commissions concernées des deux
Chambres, des décrets-lois qui doivent être, au cours de la session ordinaire suivante du
Parlement, soumis à la ratification de celui-ci.
 Le projet de décret-loi est déposé sur le bureau de la Chambre des Représentants. Il est
examiné successivement par les commissions concernées des deux Chambres en vue de
parvenir à une décision commune dans un délai de six jours. A défaut, la décision est prise par
la commission concernée de la Chambre des Représentants.
 Le cas des décrets pris sur habilitation législative : en vertu de l’article 70 de la Constitution,
une loi d'habilitation peut autoriser le gouvernement, pendant un délai limité et en vue d'un
objectif déterminé, à prendre par décret des mesures qui sont normalement du domaine de la
loi. Les décrets entrent en vigueur dès leur publication, mais ils doivent être soumis, au terme
du délai fixé par la loi d'habilitation, à la ratification du Parlement. La loi d'habilitation devient
caduque en cas de dissolution des deux Chambres du Parlement, ou de l'une d'elles.

Le contrôle de la constitutionnalité des lois:

Le contrôle de la constitutionnalité des lois est dévolu à la Cour Constitutionnelle [8] qui remplace le
Conseil constitutionnel. Son objet est de vérifier la conformité de la loi à la Constitution.

Il existe trois procédés de contrôle de la constitutionnalité des lois :

 Le contrôle d’office : Ce contrôle est exercé sur les lois organiques avant leur promulgation par
le roi.
 Le contrôle sur demande : les lois, avant leur promulgation, peuvent être déférées devant la
cour constitutionnelle pour en vérifier la conformité à la constitution. La demande peut être
faite par le Roi, le Chef du Gouvernement, le Président de la Chambre des Représentants, le
Président de la Chambre des Conseillers, ou par le cinquième des membres de la Chambre des
Représentants ou par quarante membres de la Chambre des Conseillers.

La cour statue dans un délai d'un mois à compter de sa saisine. Toutefois, à la demande du
gouvernement, s'il y a urgence, ce délai est ramené à huit jours. (Article 132 de la Constitution).

Une disposition déclarée inconstitutionnelle ne peut être promulguée ni mise en application.

Il est à signaler qu’en vertu de l’article 130 de la constitution, la cour constitutionnelle se compose de
12 membres nommés pour un mandat de neuf ans non renouvelable. Six membres sont désignés par le
Roi, dont un membre proposé par le Secrétaire général du Conseil supérieur des Oulémas, et six
membres sont élus, moitié par la Chambre des Représentants, moitié par la Chambre des Conseillers
parmi les candidats présentés par le Bureau de chaque Chambre, à l'issue d'un vote à bulletin secret et
à la majorité des deux tiers des membres composant chaque Chambre.

Chaque catégorie de membres est renouvelable par tiers tous les trois ans.

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Le Président de la Cour Constitutionnelle est nommé par le Roi, parmi les membres composant la
Cour.

Les membres de la Cour Constitutionnelle sont choisis parmi les personnalités disposant d'une haute
formation dans le domaine juridique et d'une compétence judiciaire, doctrinale ou administrative,
ayant exercé leur profession depuis plus de quinze ans, et reconnues pour leur impartialité et leur
probité.

L’exception d’inconstitutionnalité de la loi : C’est un nouveau procédé introduit par la Constitution de


2011. Auparavant, les lois ne pouvaient faire l’objet de contrôle de constitutionnalité qu’avant leur
promulgation. Désormais, certaines lois, même promulguées, peuvent être attaquées pour
inconstitutionnalité. C’est ainsi qu’en vertu de l’article 133 de la constitution, « l’exception
d'inconstitutionnalité peut être soulevée au cours d'un procès, lorsqu'il est soutenu par l'une des
parties que la loi dont dépend l'issue du litige, porte atteinte aux droits et libertés garantis par la
Constitution. Si la cour déclare que la loi en question est inconstitutionnelle, elle l’abroge à compter de
la date qu’elle fixe dans sa décision ».

Fonctionnement du Parlement :

Le parlement siège pendant deux sessions par an. Le Roi préside l'ouverture de la première session qui
commence le deuxième vendredi d'octobre. La seconde session s'ouvre le deuxième vendredi d'avril.

L'ordre du jour de chaque Chambre est établi par son bureau. Il comporte les projets de loi et les
propositions de loi, par priorité et dans l'ordre que le gouvernement a fixé.

Une journée par mois au moins est réservée à l'examen des propositions de loi dont celles de
l'opposition.

Lorsque le Parlement a siégé quatre mois au moins, au cours de chaque session, la clôture peut être
prononcée par décret.

Il peut être réuni en session extraordinaire, soit par décret, soit à la demande du tiers des membres de
la Chambre des Représentants ou de la majorité de ceux de la Chambre des Conseillers.

Les sessions extraordinaires du Parlement se tiennent sur la base d'un ordre du jour déterminé.
Lorsque ce dernier est épuisé, la session est close par décret.

Les deux chambres du parlement siègent séparément. Cependant, la constitution a prévu des cas où
ces chambres se réunissent en congrès (réunion commune), à savoir :

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 l'ouverture par le Roi de la session parlementaire, le deuxième vendredi du mois d'octobre, et
l'adresse des messages Royaux destinés au Parlement ;
 l'adoption de la révision de la Constitution conformément aux dispositions de l'article 174 ;
 les déclarations du Chef du Gouvernement ;
 la présentation du projet de loi de finances de l'année ;
 les discours des Chefs d'Etat et de Gouvernement étrangers.
 à la demande du Chef du Gouvernement, pour la présentation d'informations portant sur des
affaires revêtant un caractère national important.

Les réunions communes se tiennent sous la présidence du Président de la Chambre des Représentants.
Les règlements intérieurs des deux Chambres déterminent les modalités et les règles de la tenue de ces
réunions.

Outre les séances communes, les Commissions permanentes du Parlement peuvent tenir des réunions
communes pour écouter des informations portant sur des affaires revêtant un caractère national
important et ce, conformément aux règles fixées par les règlements intérieurs des deux Chambres.

Statut de l'opposition parlementaire:

La constitution garantit a l'opposition parlementaire un statut lui conférant des droits à même de lui
permettre de s'acquitter convenablement de ses missions afférentes au travail parlementaire et à la vie
politique (article 10), à savoir la liberté d'expression, temps d’antenne, financement public,
participation au contrôle du travail gouvernemental à travers les motions de censure et
d’interpellation, les questions orales, participation aux commissions d'enquête parlementaires,
présidence de la commission de la législation a la chambre des représentants.

L’article 60 de la Constitution qualifie l'opposition de «composante essentielle des deux chambres. Elle
participe aux fonctions de législation et de contrôle ».

L’article 69 de la constitution dispose que le règlement intérieur fixe notamment les droits spécifiques
reconnus aux groupes d'opposition et la réservation de la présidence d'une ou deux commissions
permanentes à l'opposition.

2.2.2.1.2. Le contrôle de l’action du gouvernement :

En vertu de l’article 70 de la Constitution, le parlement contrôle l'action du gouvernement et évalue les


politiques publiques.

Ce contrôle s’exerce selon plusieurs procédés :

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Les questions au gouvernement :

 Les membres du parlement peuvent adresser des questions écrites aux membres du
gouvernement qui doivent y répondre par écrit ;
 En outre, en vertu de l’article 100 de la constitution, une séance par semaine est réservée dans
chaque Chambre par priorité aux questions des membres de celle-ci et aux réponses du
gouvernement. Le gouvernement doit donner sa réponse dans les vingt jours suivant la date à
laquelle il a été saisi de la question ;
 Les questions de politique générale sont adressées au chef du gouvernement. Une séance par
mois est réservée à ces questions et les réponses y afférentes sont présentées par le chef du
gouvernement devant la Chambre concernée dans les trente jours suivant la date de leur
transmission.
 L’évaluation des politiques publiques : en vertu de l’article 101 de la Constitution, le Chef du
Gouvernement présente devant le Parlement un bilan d'étape de l'action gouvernementale, à
son initiative ou à la demande du tiers des membres de la Chambre des Représentants ou de la
majorité des membres de la Chambre des Conseillers. Une séance annuelle est réservée par le
Parlement à la discussion et à l'évaluation des politiques publiques ;
 L’audition des responsables des administrations et des établissements et entreprises
publics : en vertu de l’article 102 de la Constitution, les commissions concernées dans chacune
des deux Chambres peuvent demander à auditionner les responsables des administrations et
des établissements et entreprises publics, en présence et sous la responsabilité des ministres
concernés ;
 Les commissions d’enquête parlementaires [9] : en vertu de l’article 67 de la Constitution,
peuvent être créées à l'initiative du Roi ou à la demande du tiers des membres de la Chambre
des Représentants, ou du tiers des membres de la Chambre des Conseillers, des commissions
d'enquête formées pour recueillir les éléments d'information sur des faits déterminés ou sur la
gestion des services, établissements et entreprises publics, et soumettre leurs conclusions à la
Chambre concernée. La mission de ces commissions prend fin par le dépôt de leur rapport
auprès du Bureau de la Chambre concernée et, le cas échéant, par la saisine de la justice par le
Président de ladite Chambre. Une séance publique est réservée par la Chambre concernée à la
discussion des rapports des commissions d'enquête.
 La mise en cause de la responsabilité du gouvernement : cette mise en cause peut avoir lieu
selon trois procédés :

o Le refus de la confiance au gouvernement : lorsque le Chef du Gouvernement engage


la responsabilité du gouvernement devant la Chambre des Représentants, sur une
déclaration de politique générale ou sur le vote d'un texte, la confiance ne peut être
refusée ou le texte rejeté qu'à la majorité absolue des membres composant la Chambre
des Représentants. Le refus de confiance entraîne la démission collective du
gouvernement ;
o La motion de censure : La Chambre des Représentants peut mettre en cause la
responsabilité du gouvernement par le vote d'une motion de censure signée par le
cinquième au moins des membres composant la Chambre et approuvée par un vote
pris à la majorité absolue des membres qui la composent. Le vote de censure entraîne
la démission collective du gouvernement. Lorsque le gouvernement est censuré par la
Chambre des Représentants, aucune motion de censure de cette Chambre n'est
recevable pendant un délai d'un an ;
o La motion d’interpellation : la Chambre des Conseillers peut interpeller le
gouvernement par le moyen d'une motion signée par le cinquième au moins de ses
membres et votée à la majorité absolue des membres de cette Chambre. Le texte de la
motion d'interpellation est immédiatement adressé par le Président de la Chambre des
Conseillers au Chef du Gouvernement qui dispose d'un délai de six jours pour
présenter devant cette Chambre la réponse du gouvernement. Celle-ci est suivie d'un
débat sans vote. La motion d’interpellation n’a pas pour effet d’entraîner la démission
collective du gouvernement.

3. L’organisation judiciaire :

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La constitution de 2011 a érigé la justice en POUVOIR, alors que les précédentes constitutions ne lui
conféraient qu’un simple statut de simple « AUTORITE ».

Ainsi, en vertu de l’article 107 de la Constitution, « le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir
législatif et du pouvoir exécutif. Le Roi est le garant de l'indépendance du pouvoir judiciaire ».

Pour sa part, l’article 109 dispose ce qui suit : « est proscrite toute intervention dans les affaires
soumises à la justice. Dans sa fonction judiciaire, le juge ne saurait recevoir d'injonction ou
instruction, ni être soumis à une quelconque pression.

Chaque fois qu'il estime que son indépendance est menacée, le juge doit en saisir le Conseil supérieur
du pouvoir judiciaire.

Tout manquement de la part du juge à ses devoirs d'indépendance et d'impartialité, constitue une
faute professionnelle grave, sans préjudice des poursuites judiciaires éventuelles ».

L’indépendance du pouvoir judiciaire est assurée par le Roi et par le Conseil Supérieur du pouvoir
judiciaire qui a pour compétence, de veiller à l'application des garanties accordées aux magistrats,
notamment quant à leur indépendance, leur nomination, leur avancement, leur mise à la retraite et
leur discipline. A son initiative, il élabore des rapports sur l'état de la justice et du système judiciaire, et
présente des recommandations appropriées en la matière (article 113).

L’organisation judiciaire comprend :

 les tribunaux de première instance (au nombre de 70);


 les tribunaux administratifs [10] (au nombre de 7);
 les tribunaux de commerce [11] (au nombre de 8) ;
 les cours d’appel (au nombre de 21) ;
 les cours administratives d’appel [12]
 les cours d’appel de commerce [13] (au nombre de 3);
 la Cour de cassation.

Les tribunaux de première instance constituent la juridiction de droit commun, en ce sens qu’ils sont
compétents pour statuer sur tous les litiges qui ne relèvent pas de la compétence des autres
juridictions.

Il y a lieu de signaler la création d’une juridiction militaire en vertu de la loi n°108.13 promulguée par
le dahir n° 1.14.187 du 10 décembre 2014) chargée de juger les militaires et assimilés des crimes et
délits liés à leur qualité de militaire (les crimes et délits d droit commun sont soumis aux juridictions
compétentes).

4. Les collectivités territoriales :

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Le Maroc a opté pour une organisation décentralisée de la gestion des affaires publiques et ce depuis
son indépendance.

La nouvelle constitution de 2011 a confirmé cette orientation en disposant que « l'organisation


territoriale du Royaume est décentralisée. Elle est fondée sur une régionalisation avancée » (article
1er) et que « les collectivités territoriales du Royaume sont les régions, les préfectures, les provinces et
les communes. Elles constituent des personnes morales de droit public, qui gèrent démocratiquement
leurs affaires (article 135).

L'organisation régionale et territoriale repose sur les principes de libre administration, de coopération
et de solidarité (article 136).

Les lois organiques relatives aux régions, provinces et préfectures, et aux communes viennent d’être
adoptées par le conseil des ministres (le 29/01/2015) et seront transmises au parlement pour
adoption.

Ce qu’il faut retenir [14] , c’est que :

 Les collectivités territoriales prévues par la constitution sont les régions, les provinces et les
préfectures, les communes ;
 Toute autre collectivité territoriale est créée par la loi ;
 Les Conseils des régions et des communes sont élus au suffrage universel direct ;
 Les présidents des Conseils des régions et les présidents des autres collectivités territoriales
exécutent les délibérations et décisions de ces Conseils ;
 Les régions et les autres collectivités territoriales disposent de ressources financières propres
et de ressources financières affectées par l'Etat ;
 Tout transfert de compétences de l'Etat vers les régions et les autres collectivités territoriales
doit s'accompagner d'un transfert des ressources correspondantes.

5. Les droits et les libertés publiques :

Le Maroc a, depuis l’aube de son indépendance, reconnu aux citoyens un certains nombre de droits
fondamentaux.

C’est ainsi qu’ont été promulgués plusieurs dahirs réglementant le droit d’association [15] , les
rassemblements publics [16] , la presse [17] et les syndicats [18] .

Les différents constitutions marocaines, depuis celle de 1962 à celle de 2011 ont toutes prévu ou
confirmé les droits et libertés publiques reconnus aux citoyens.

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Le champ des droits et libertés publiques a été sensiblement élargi par la constitution de 2011, en
affirmant dans son préambule, que le Maroc «réaffirme son attachement aux droits de l'Homme tels
qu'ils sont universellement reconnus, ainsi que sa volonté de continuer à œuvrer pour préserver la paix
et la sécurité dans le monde », et qu’il s’engage à «bannir et combattre toute discrimination à
l'encontre de quiconque, en raison du sexe, de la couleur, des croyances, de la culture, de l'origine
sociale ou régionale, de la langue, du handicap ou de quelque circonstance personnelle que ce soit ».

C’est ainsi que les citoyens, et même les étrangers, se voient reconnaître un certains nombre de droits
individuels et collectifs dont on cite à titre d’exemples :

Sur le plan des droits individuels :

 droit à la vie comme étant « le droit premier de tout être humain » (article 20) ;
 droit à la sécurité de sa personne et de ses proches, et à la protection de ses biens.
 Droit à l'intégrité physique ou morale, avec incrimination de la pratique de la torture, sous
toutes ses formes et par quiconque ;
 droit à la présomption d'innocence et à un procès équitable ;
 protection de la vie privée ;
 inviolabilité du domicile et secret des communications privées ;
 liberté de circuler et de s’établir sur le territoire national, d'en sortir et d'y retourner,
conformément à la loi ;
 libertés de pensée, d'opinion et d'expression sous toutes ses formes ;
 libertés de création, de publication et d'exposition en matière littéraire et artistique et de
recherche scientifique et technique ;
 droit d'accéder à l'information détenue par l'administration publique, les institutions élues et
les organismes investis de mission de service public ;
 la liberté de presse ;
 droit d’être électeur et éligibles pour tous les citoyennes et les citoyens majeurs jouissant de
leurs droits civils et politiques, et droit d'égal accès aux fonctions électives ;
 droit de propriété et liberté d’entreprendre [19] .
 droits aux soins de santé, à la protection sociale, à la couverture médicale et à la solidarité
mutualiste ou organisée par l'Etat; à une éducation moderne, accessible et de qualité, à
l'éducation, à la formation professionnelle et à l'éducation physique et artistique, à un
logement décent, au travail et à l'appui des pouvoirs publics en matière de recherche d'emploi
ou d'auto-emploi, à l'accès aux fonctions publiques selon le mérite, à l'accès à l'eau et à un
environnement sain et au développement durable.

Sur le plan des droits/libertés collectifs :

 égalité et parité entre l’homme et la femme ;


 les libertés de réunion, de rassemblement, de manifestation pacifique, d'association et
d'appartenance syndicale et politique [20] ;
 le droit de grève ;
 droit de présenter des pétitions aux pouvoirs publics ;
 droit de présenter des motions en matière législative.

Les droits et libertés catégorielles :

 La constitution prévoit un ensemble nombre de droits à certaines catégories de population se


trouvant dans des situations particulières ou ayant des besoins spécifiques. Il s’agit en
l’occurrence des catégories suivantes :
 Les personnes et catégories à besoins spécifiques :

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 droit au traitement et à la prévention de la vulnérabilité de certaines catégories de femmes et
de mères, d'enfants et de personnes âgées ;
 droit à la réhabilitation et l’intégration dans la vie sociale et civile les handicapés physiques
sensorimoteurs et mentaux ;
 facilités pour la jouissance des droits et libertés reconnus à tous.

Les jeunes:

 Droit à la participation au développement social, économique, culturel et politique du pays ;


 Droit à l’aide des pouvoirs publics en vue de l’insertion dans la vie active et associative ;
 Droit à l’assistance des pouvoirs publics aux jeunes en difficulté d'adaptation scolaire, sociale
ou professionnelle ;
 Droits aux facilités d'accès à la culture, à la science, à la technologie, à l'art, au sport et aux
loisirs, avec obligation pour les pouvoirs publics de créer les conditions propices au plein
déploiement de leur potentiel créatif et innovant dans tous ces domaines.

Les étrangers :

 Jouissance des libertés fondamentales reconnues aux citoyennes et citoyens marocains,


conformément à loi ;
 Droit, pour ceux d'entre eux qui résident au Maroc, de participer aux élections locales en vertu
de la loi, de l'application de conventions internationales ou de pratiques de réciprocité ;
 Droit d’asile.

 Enfin, il est à signaler que l’article 37 de la Constitution insiste sur le fait que tous les
citoyennes et les citoyens doivent exercer les droits et les libertés garantis par la Constitution
dans un esprit de responsabilité et de citoyenneté engagée, où l'exercice des droits se fait en
corrélation avec l'accomplissement des devoirs ».

6. Les institutions et instances indépendantes :

La constitution de 2011 a prévu un certains nombre d’instances et institutions autonomes, dont les
unes ont une compétence décisionnelle, d’autres ont caractère consultatif.

Ces institutions et instances sont :

 Le Conseil national des langues et de la culture marocaine : en vertu de l’article 5 de la


constitution, ce Conseil est chargé notamment de la protection et du développement des
langues arabe et amazighe et des diverses expressions culturelles marocaines, qui constituent
un patrimoine authentique et une source d'inspiration contemporaine. Il regroupe l'ensemble
des institutions concernées par ces domaines. Une loi organique en détermine les attributions,
la composition et les modalités de fonctionnement ;
 le Conseil supérieur des Ouléma : ce conseil prévu par l’article 41 de la constitution, est chargé
de l'étude des questions qu'Il lui soumet. Il est la seule instance habilitée à prononcer les
consultations religieuses (Fatwas) devant être officiellement agréées, sur les questions dont il
est saisi et ce, sur la base des principes, préceptes et desseins tolérants de l'Islam.
 Les attributions, la composition et les modalités de fonctionnement du Conseil sont fixées par
dahir.

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 Le Conseil de Régence : Durant la minorité du Roi [21] , le Conseil de Régence exerce les
pouvoirs et les droits constitutionnels de la Couronne, sauf ceux relatifs à la révision de la
Constitution. Le Conseil de Régence fonctionnera comme organe consultatif auprès du Roi,
jusqu'au jour où il aura atteint l'âge de vingt ans accomplis.
 Le Conseil économique, social et environnemental : en vertu de l’article 151 de la
constitution, ce conseil peut être consulté par le gouvernement, par la Chambre des
Représentants et par la Chambre des Conseillers sur toutes les questions à caractère
économique, social ou environnemental. Il donne son avis sur les orientations générales de
l'économie nationale et du développement durable.
Une loi organique a fixé la composition, l'organisation, les attributions et les modalités de
fonctionnement de conseil [22] .

Les instances de protection et de promotion des droits de l'Homme :

 Le Conseil national des droits de l'Homme [23] : C’est une institution nationale pluraliste et
indépendante, chargée de connaître de toutes les questions relatives à la défense et à la
protection des droits de l'Homme et des libertés, à la garantie de leur plein exercice et à leur
promotion, ainsi qu'à la préservation de la dignité, des droits et des libertés individuelles et
collectives des citoyennes et citoyens, et ce, dans le strict respect des référentiels nationaux et
universels en la matière (Article 161) ;
 Le Médiateur [24] : C’est est une institution nationale indépendante et spécialisée qui a pour
mission, dans le cadre des rapports entre l'administration et les usagers, de défendre les
droits, de contribuer à renforcer la primauté de la loi et à diffuser les principes de justice et
d'équité, et les valeurs de moralisation et de transparence dans la gestion des administrations,
des établissements publics, des collectivités territoriales et des organismes dotés de
prérogatives de la puissance publique (article 162) ;
 Le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger : est chargé notamment d'émettre des
avis sur les orientations des politiques publiques permettant d'assurer aux Marocains résidant
à l'étranger le maintien de liens étroits avec leur identité marocaine, de garantir leurs droits,
de préserver leurs intérêts, et de contribuer au développement humain et durable de leur
Partie, le Maroc, et à son progrès (article 163) ;
 L'autorité chargée de la parité et de la lutte contre toutes formes de discrimination : Créée en
vertu de l'article 19 de la Constitution, cette autorité veille notamment au respect des droits et
libertés prévues audit article, sous réserve des attributions dévolues au Conseil national des
droits de l'Homme (article 164).

Les instances de bonne gouvernance et de régulation :

 La Haute autorité de la communication audiovisuelle [25] : Cette instance est chargée de


veiller au respect de l'expression pluraliste des courants d'opinion et de pensée et du droit à
l'information, dans le domaine de l'audiovisuel et ce, dans le respect des valeurs
civilisationnelles fondamentales et des lois du Royaume (article 165) :
 Le Conseil de la concurrence [26] : C’est une institution indépendante chargée, dans le cadre
de l'organisation d'une concurrence libre et loyale, d'assurer la transparence et l'équité dans
les relations économiques, notamment à travers l´analyse et la régulation de la concurrence
sur les marchés, le contrôle des pratiques anticoncurrentielles, des pratiques commerciales
déloyales et des opérations de concentration économique et de monopole (article 166).
 L'Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption : Créée
en vertu de l'article 36, l’Instance a pour mission notamment d'initier de coordonner, de
superviser et d'assurer le suivi de la mise en œuvre des politiques de prévention et de lutte
contre la corruption, de recueillir et de diffuser les informations dans ce domaine, de
contribuer à la moralisation de la vie publique et de consolider les principes de bonne
gouvernance, la culture du service public et les valeurs de citoyenneté responsable (article 167)

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Les Instances de promotion du développement humain et durable et de la démocratie participative :

 Le Conseil supérieur de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique : créé par


l’article 168 de la constitution, ce Conseil constitue une instance consultative chargée
d'émettre son avis sur toutes les politiques publiques et sur toutes les questions d'intérêt
national concernant l'éducation, la formation et la recherche scientifique, ainsi que sur les
objectifs et le fonctionnement des services publics chargés de ces domaines. Il contribue
également à l'évaluation des politiques et programmes publics menés dans ces
domaines [27] .
 Le Conseil consultatif de la famille et de l'enfance : créé par l’article 32 de la Constitution, ce
Conseil a pour missions d'assurer le suivi de la situation de la famille et de l'enfance, d'émettre
son avis sur les plans nationaux relatifs à ces domaines, d'animer le débat public sur la
politique familiale et d'assurer le suivi de la réalisation des programmes nationaux, initiés par
les différents départements, structures et organismes compétents. devra être chargé de donner
son avis sur toutes les questions relatives à la famille et à l’enfance (article 169) ;
 Le Conseil consultatif de la jeunesse et de l'action associative : Créé par l’article 33 de la
constitution, ce conseil est une instance consultative dans les domaines de la protection de la
jeunesse et de la promotion de la vie associative. Il est chargé d'étudier et de suivre les
questions intéressant ces domaines et de formuler des propositions sur tout sujet d'ordre
économique, social et culturel intéressant directement les jeunes et l'action associative, ainsi
que le développement des énergies créatives des jeunes, et leur incitation à la participation à la
vie nationale, dans un esprit de citoyenneté responsable (article 170).

7. L’économie et l’investissement au Maroc [28] :

L’économie du Pays repose principalement sur les phosphates (dont le Maroc est le
1 er producteur mondial et dispose de 75% des réserves mondiales) , l’agriculture, le tourisme. De
même, l’activité industrielle et off-shoring ont connu un essor considérable ces dernières années.

Le Maroc dispose d’un environnement fort attrayant pour l’investissement :

 une situation géographique privilégiée,


 un cadre institutionnel assurant stabilité et progrès,
 une main d’œuvre compétente, réceptive aux nouvelles technologies,
 une infrastructure d’accueil et de communication de qualité,
 un marché intérieur en forte croissance, une proximité aux marchés européen, africain et du
moyen orient,

L’ouverture de l’économie marocaine amorcée par l’adhésion du Maroc au GATT en 1987 et à


l’Organisation Mondiale de Commerce (OMC) en 1994 à Marrakech, a été consolidée par :

La promulgation, le 8 novembre 1995 de la loi-cadre n° 18-95 formant charte de l’investissement qui


offre un cadre incitatif fondé sur l’automaticité de l’octroi des avantages et la suppression des
autorisations administratives préalables pour tout projet quel que soit sa nature et sa localisation.

Elle se distingue par des diminutions ou exonérations fiscales, lors de la phase de création d’une
entreprise et en cours d’exploitation :

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 pour l’acquisition de terrains destinés à la réalisation de projets industriels,
 dans l’apport en société, quel que soit sa nature,
 lors de l’importation de biens d’équipement, de matériel et d’outillage pour toute
création d’entreprise,
 en cours d’exploitation, d’importants avantages fiscaux relatifs à l’impôt sur les Sociétés
(I.S) et l’Impôt sur les Revenus (IR) sont prévus,
 les entreprises exportatrices bénéficient quant à elles d’une réduction totale de l’IS et de l’IR
pendant les 5 premières années consécutives à leur création, et de 50% au-delà de cette
période.
 Elle garantit aux investisseurs étrangers, le transfert de leurs bénéfices ainsi que le produit de
cession ou de liquidation de l’investissement.
 Tout investissement sain est ainsi fortement encouragé.

L’institution par la loi n° 1 9-94 du 26 janvier 1995 de zones franches d’exportation :

Des accords bilatéraux, multilatéraux et préférentiels de commerce ont été conclus avec de nombreux
pays, dont :

 la convention commerciale et tarifaire signée avec l’Algérie en 1989,


 l’accord d’association avec I’Union Européenne, signé en 1996,
 l’accord de libre échange avec l’Association Européenne de Libre Echange (AELE), Signé le 19
Juin 1997,
 l’accord quadripartite pour l’établissement d’une zone de libre échange avec trois pays
arabes : Tunisie , Egypte et Jordanie, signé en 2001 à Agadir,
 l’accord de libre échange avec la Turquie signé en 2004,
 l’accord de libre échange avec les Etats Unis d’Amérique signé en 2005,
 l’accord conclu dans le cadre de la coopération interarabe et interafricaine, ainsi que d’autres
accords bilatéraux avec des pays d’Afrique et d’Asie.

La réglementation des marchés publics offre des garanties d’égalité d’accès à la commande publique, à
la transparence [29] .

De même, le partenariat public-privé vient d’être doté d’un cadre juridique attrayant pour les
investisseurs [30] .

Il y a lieu de signaler également que le >Maroc s’est dirigé vers l’expérience du guichet unique en
matière d’investissement et ce à travers les Centres régionaux d’investissement créés en vertu de la
Lettre Royale au premier ministre relative à la gestion déconcentrée de l'investissement du 9 janvier
2002 [31] .

8. L’accès à la législation et à la jurisprudence marocaine

Au niveau institutionnel :

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En matière de législation :

Chaque département ministériel dispose d’un site où sont mis en ligne les textes qui ont un rapport
avec leurs domaines de compétence. Mais les plus fiables sont les suivants :

 Le site du Secrétariat général du gouvernement :


Ce site permet l’accès direct et gratuit à tous les bulletins officiels [32] (B.O) depuis le premier
numéro (1 er novembre 1912 à nos jours), et ce dans les deux langues française et arabe. La
recherche peut être effectuée, par date du BO, date du texte, mots clefs ou expression. Ce site
est régulièrement mis à jour.

On peut également, avoir accès aux projets de textes législatifs et réglementaires mis dans le
circuit d’approbation, ainsi qu’aux compte-rendu des conseils des ministres [33] et des
conseils de gouvernement [34] .

 Le site du ministère de la justice et des libertés :


Ce site offre l’accès aux textes juridiques consolidés [35] , notamment ceux relatifs à la justice.

 Le site du ministère de la fonction publique et de la modernisation de l’administration :


Ce site offre la possibilité d’accès aux textes régissant la fonction publique et l’organisation
administrative

 Le site du ministère des finances :


offre la possibilité d’accès aux textes financiers ;

 Le site de la direction générale des impôts : offre l’accès aux textes régissant l’impôt et la
fiscalité ;

 Le site de la direction des douanes et des Impôts Indirects donne tous les textes régissant la
douane.

 Le portail des marchés publics donne accès à tous les textes régissant les marchés publics et la
commande publique.

En matière de jurisprudence :

Les décisions de justice ne sont pas systématiquement publiés sur les sites officiels, mais ce travail
verra le jour bientôt.

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Il faut signaler cependant que les décisions rendues par le conseil constitutionnel (qui devient la cour
constitutionnelle) sont obligatoirement publiées au Bulletin officiel et également sur le site du
conseil [36] .

Cependant, on peut trouver des jurisprudences sur les sites officiels suivants:

 Au niveau du ministère de la justice et des libertés


 Au niveau de la cour de cassation

Au niveau du secteur privé :

Ce secteur s’est également investi dans le domaine de la publication des textes juridiques et de la
jurisprudence. Cependant, en matière de législation, il est recommandé de vérifier la conformité de
leurs publications aux textes officiels dûment publiés sur le site du secrétariat général du
gouvernement.

La publication se fait soit en ligne, soit par le biais de revues :

La publication en ligne :

Il existe beaucoup de portails juridiques, mais seuls quelques uns ont un certaine crédibilité, dont
notamment :

 Le portail de la société Artemis-Conseil offre un service de recherche performant, en


contrepartie d’un abonnement. Le portail offre l’accès aux textes juridiques mis à jour, ainsi
qu’à un éventail de jurisprudence dans des domaines variés, dans les langues arabe et
française, avec un moteur de recherche par mot-clef et par thème.
 le portail Maroc-droit
 le portail Lexis Maroc
 le portail du Pr Amine benabdellah
 le portail du cabinet Bassamat

Les publications papier :

 le jurisclasseur marocain : C’est la publication de référence en matière de législation. Le


jurisclasseur est édité, dans les deux langues arabe et française par la société Artemis- Conseil,
il comprend les principaux textes juridiques, actualisés, présentés dans un ordre
chronologique.
 La Revue Juridique, Politique et Economique Du Maroc ;

Page 45 sur 50
 la revue marocaine d’administration locale et de développement (REMALD) ;
 Revue marocaine de droit des affaires et des entreprises (REMADAE) ;
 revue de droit civil ;
 revue de droit et de jurisprudence ;
 revue de jurisprudence de la cour suprême ;
 revue de droit et des sciences administratives ;
 revue marocaine du contentieux administratif ;
 gazette des tribunaux du Maroc.
 revue marocaine des études et des consultations juridiques ;
 revue de jurisprudence .
-

9. Principaux sites officiels :

 Site du gouvernement ou ici


 Chef du gouvernement
 Chambre des représentants
 Chambre des Conseillers
 Portail national des collectivités territoriales
 Ministère de l’économie et des finances
 Administration des douanes et des Impôts Indirects
 Trésorerie Générale du Royaume
 Direction Générale des Impôts
 Direction des Domaines de l'Etat
 Direction des Etudes et des Prévisions Financières
 Ministère de la justice et des libertés
 Secrétariat général du gouvernement
 Ministère de l’industrie, du commerce, de l’investissement et de l’économie numérique
 Ministère des habous et des affaires islamiques
 Ministère chargé des relations avec le parlement
 Ministère des affaires étrangères et de la coopération
 Ministère de l’équipement, du transport et de la logistique
 Portail des marchés publics
 Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc

[1] ) à consulter dur le


site : http://www.sgg.gov.ma/Portals/0/constitution/constitution_2011_Fr.pdf .
[2] ) Littéralement « Banque du Maroc », c’est na banque centrale de l’Etat. Site web-
http://www.bkam.ma
[3] ) En vertu de l’article Article 145 de la constitution, « dans les collectivités territoriales, les walis de

régions et les gouverneurs de préfectures et de provinces représentent le pouvoir central. Au nom du


gouvernement, ils assurent l'application des lois, mettent en œuvre les règlements et les décisions
gouvernementaux et exercent le contrôle administratif. Les walis et gouverneurs assistent les
présidents des collectivités territoriales et notamment les présidents des Conseils des régions dans la
mise en œuvre des plans et des programmes de développement. Sous l'autorité des ministres
concernés, ils coordonnent les activités des services déconcentrés de l'administration centrale et
veillent à leur bon fonctionnement ».
[4] ) La liste de ces établissement a été fixée par la loi organique n° 02-12 relative à la nomination aux
fonctions supérieures en application des dispositions des articles 49 et 92 de la constitution. A
consulter sur le site : http://www.sgg.gov.ma/Portals/0/lois/Loi_02.12_Fr.pdf .
[5] ) Voir la liste fixée par la loi organique n° 02-12 relative à la nomination aux fonctions supérieures

en application des dispositions des articles 49 et 92 de la constitution. A consulter sur le


site : http://www.sgg.gov.ma/Portals/0/lois/Loi_02.12_Fr.pdf .

Page 46 sur 50
[6] ) Consulter la loi organique n° 27-11 relative à la chambre des représentants sur le site :
http://www.sgg.gov.ma/Portals/0/lois/Loi_27-11_Fr.pdf
[7] ) Consulter la loi organique n° 28-11 relative à la Chambre des conseillers au Bulletin officiel du

9/07/2012. http://81.192.52.100/BO/Fr/2012/BO_6066_Fr.pdf.
[8] ) Voir la loi organique n° 066-13 relative à la Cour
constitutionnelle. http://www.sgg.gov.ma/Portals/0/lois/Loi-organique_066.13_Fr.pdf
[9] ) Voir la loi organique n° 085-13 relative aux modalités de fonctionnement des commissions
d’enquête parlementaires, à consulter sur le site : http://www.sgg.gov.ma/Portals/0/lois/Loi-
organique_085.13_Fr.pdf
[10] ) voir la loi n° 41-90 instituant des tribunaux administratifs, au bulletin officiel du 3 nov. 1993,

[11] ) Voir la loi n° 53-95 Instituant des juridictions de commerce au Bulletin officiel du 15 mai 1997).

[12] )
voir la loi n° 80-03 instituant des cours d'appel administratives, au Bulletin officiel n° 5400 du 2
mars 2006.

[13] ) Voir la loi n° 53-95 Instituant des juridictions de commerce au Bulletin officiel du 15 mai 1997).
[14] ) Pour plus de détails, voir le titre IX de la constitution.
[15] ) Dahir n° 1-58-376 du 15 novembre 1958 réglementant le droit d'association (Bulletin officiel du
27 novembre 1958).
[16] ) Dahir n° 1-58-377 du 15 novembre 1958 relatif aux rassemblements publics (Bulletin officiel du 27

novembre 1958).
[17] ) Dahir n° 1-58-378 du 15 Novembre 1958 formant Code de la presse au Maroc (Bulletin officiel du

27 Novembre 1958), abrogé et remplacé par la loi n° 36-04 relative aux partis politiques (Bulletin
officiel du n° 5400 du 2 mars 2006).
[18] ) Dahir n° 1-57-119 du 16 juillet 1957 sur les syndicats professionnels (Bulletin officiel du 23 août
1957).

[19] ) L’article 35 de la constitution dispose que « Le droit de propriété est garanti.

La loi peut en limiter l'étendue et l'exercice si les exigences du développement économique et social du
pays le nécessitent. Il ne peut être procédé à l'expropriation que dans les cas et les formes prévus par la
loi.

L'Etat garantit la liberté d'entreprendre et la libre concurrence. Il œuvre à la réalisation d'un


développement humain durable, à même de permettre la consolidation de la justice sociale et la
préservation des ressources naturelles nationales et des droits des générations futures ».

[20] ) pour avoir la liste et les coordonnées des syndicats, consulter le


site : http://www.maroc.ma/fr/content/annuaire-des-syndicats ; pour avoir la liste et les coordonnées
des partis politiques, consulter le site : http://www.maroc.ma/fr/content/annuaire-des-partis-
politiques .

[21] ) En vertu de l’article 44 de la constitution, le Roi est mineur jusqu'à l'âge de dix-huit ans
accomplis.
[22] ) Voir la loi organique n° 128-12 relative au Conseil économique, social et environnemental, à
consulter sur le site : http://www.sgg.gov.ma/Portals/0/lois/Loi-organique_128.12_Fr.pdf .
[23] ) voir le dahir n° 1.11.19 du 1 er mars 2011 portant création du Conseil national des droits de
l’Homme (B.O du 03/03/2011) sur le site : http://www.sgg.gov.ma/Portals/0/lois/CNDH_Fr.pdf .
[24] ) Voir le dahir n° 1.11.25 du 17 mars 2011 (B.O du 17/03/2011) sur le
site : http://www.sgg.gov.ma/Portals/0/lois/Mediateur_Fr.pdf
[25] ) Cette autorité a été initialement créée par le dahir n° 1.02.212 du 31 août 2002, à consulter sur
le site : http://81.192.52.100/BO/Fr/2002/BO_5036_Fr.pdf .
[26] ) Voir la loi n° 20-13 relative au Conseil de la concurrence (BO du 07/08/2014) sur le
site : http://www.sgg.gov.ma/Portals/0/lois/Loi_20.13_Fr.pdf .
[27] ) Consulter la loi n° 105-12 relative au Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la

recherche scientifique (BO du 21/08/2014), sur le site : http:/www.sgg.gov.ma/Portals/0/lois/Loi-


organique_105.12_Fr.pdf .
[28] ) Pour plus de détails, consulter le sit e : www.invest.gov.ma

Page 47 sur 50
[29] ) voir le décret n° 2.12.349 du 20 mars 2013, (Bulletin officiel du 4/04/201), à consulter sur le
site : http://www.marchespublics.gov.ma/pmmp/IMG/pdf/Decret_MP_Francais_BO-2.pdf
[30] ) voir la loi n° 86.12 relative aux contrats de partenariat public-privé, promulguée par le dahir n°
1.14.192 du 24 décembre 2014).
[31] ) Bulletin officiel n° 4970 du 17 janvier 2002.

[32] ) Le Bulletin officiel est l’équivalent du journal officiel en France, c’est l’édition où sont publiés
tous les textes officiels (Constitution, lois , décrets, arrêtés et décisions.
[33] ) C’est la réunion du gouvernement sous la présidence du roi (voir supra).
[34] ) c’est la réunion (en principe hebdomadaire) du gouvernement sous la présidence du chef du
gouvernement (voir supra).
[35] ) C’est-à-dire, mis à jour par l’introduction des modifications apportées au texte.
[36] ) http://www.conseil-constitutionnel.ma .
Hauser Global Law School Program, New York University School of Law
40 Washington Square South, New York, New York 10012-1099
Telephone: (212) 998-6691, Facsimile: (212) 995-

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Le droit public économique forme une branche du droit qui
permet de décrire les relations, nécessaires, entre les
représentants de la volonté générale et les acteurs du
secteur économique. Il donne les clefs de lecture des
causes et effets de l’action publique des organismes dotés
d’une mission d’intérêt général intervenant dans la sphère
économique.
La réactivité des acteurs économiques implique une action
publique qui sache faire elle aussi preuve de souplesse et
de rapidité de réaction. Le droit public économique fournit
des outils juridiques adaptés à la spécificité économique,
qu’il faut sans cesse renouveler.
Les pouvoirs publics doivent donc trouver une
organisation spécifique au monde de l’économie, pour lui
donner des interlocuteurs dédiés (p. ex. l’Autorité des
marchés financiers). Leur action est profondément
influencée, voire modifiée par les impératifs d’une bonne
gestion économique. L’influence du droit de l’Union
européenne va même jusqu'à réformer en partie la
conception française du service public.
Autrement dit, la période contemporaine se caractérise par
une propagation des considérations économiques au sein
du droit public. Elle conduit à s’interroger sur la pertinence
de solutions anciennes comme l’action administrative
unilatérale ou l’octroi de monopoles, et porte à développer
des instruments juridiques nouveaux ou offrant plus de
souplesse : on pense notamment à la contractualisation de
l’action administrative ou au développement du
comportement d’actionnaire de l’État.
Le droit public économique est donc nécessaire pour une
bonne compréhension des mécanismes de l’action
économique publique.
Frédéric colin est maître de conférences HDR de droit
public à Aix-Marseille Université, centre de recherches
administratives (EA893). Il est auteur de plusieurs
ouvrages en droit public.

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