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UNIVERS ORGANISATION
AUTOMATISATION DE L’ENTREPÔT

HORS SÉRIE N°6 - ERP


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TÉMOIGNAGE
Modling opte
pour le multisite
avec QUAD

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TÉMOIGNAGE
Soplami reforme
son système
d’information

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TÉMOIGNAGE
La Case
HORS SÉRIE NUMÉRIQUE NUMÉRO 6 - NOVEMBRE 2007 - ISSN 1249-2965

aux Epices
se pique à l’ERP

TABLE RONDE
ERP
ACTE II
Les utilisateurs
ont la parole
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UNIVERS PROGICIELS
ERP : les solutions
se plient en quatre
Avec la participation de
GENERIX Group page 2
SYLOB page 4
Editorial
TOUTE L’INFORMATION DU SUPPLY CHAIN MANAGEMENT
Gilles Solard
12-14, rue Médéric - 75815 Paris Cedex 17
Tél. 01 56 79 41 00 - Fax rédaction 01 56 79 43 75
rédacteur en chef adjoint
Site internet : www.strategielogistique.com
Groupe Industrie Services Info
Président directeur général : Christophe Czajka
Editeur : Hervé Barroin
Pour joindre votre correspondant, composez 01 56 79 suivi des quatre
chiffres entre parenthèses indiqués après chaque nom
Pour leur adresser un e-mail, taper l’initiale du prénom, le nom
10 ans d’ERP
puis @gisi.fr (exemple : jdupont@gisi.fr)

L
Rédaction e salon ERP a 10 ans. Stratégie Logistique aussi.
Rédacteur en chef : Henri Saporta (44 06) Et comme par hasard, nous sommes partenai-
Rédacteur en chef adjoint : Gilles Solard (44 26)
Chef de rubrique : Olivier Cognasse (96 33) res. Unis dans ce monde difficile de l’enterprise
Chef de rubrique : Luisa Manzella (96 27)
Chef de rubrique : Magali Mouzard (96 31) resource planning (ERP). Difficile parce que ces grands
Ont participé à la rédaction : Sylvie Druart (96 29) systèmes informatiques nécessitent une attention par-
Réalisation ticulière. Dans ce numéro, vous trouverez le compte
Directeur des réalisations : Erick Berger (43 19)
Maquette : Studio Claudette Belliard rendu in extenso d’une table ronde réunissant 4 uti-
Commercial Fax 01 56 79 42 44 lisateurs de ces grands progiciels. Et le mot président
Directrice commerciale : Brigitte Bizalion (41 64)
Directrice commerciale Industrie : Béatrice Allegre (41 61) revient dès la troisième ligne. Un ERP doit
Directeur de clientèle : Christian Blin (96 25) être un projet d’entreprise avant d’être un
Région : Sylvain Pannetier (04 72 75 77 22)
Assistante : Nathalie Chasles (41 66) projet informatique.
Marketing Ce hors série qui fait se rencontrer 4 PME
Directrice : Catherine Goudounèche (43 59)
Responsable : Bérangère Ternisien (42 94) entre 75 et 400 millions d’euros de chif-
Conférences et événements fre d’affaires donne en tout cas une leçon.
Directrice : Caroline Nourry (43 58)
Responsable des conférences : Anne-Carole Barbarin (96 14) « Il fallait améliorer l’efficacité industrielle »,
Administration/Gestion Fax 01 56 79 43 04 explique l’un des invités à notre table ronde.
Directeur administratif et financier : Rachel Langguth (41 38)
Responsable juridique : Odile Giraud (39 05) Non seulement les gains ne sont pas évi-
Directeur des ressources humaines : Frédéric Sibille (96 07) dents sur le plan financier mais en plus ils
Technique/Production
Directeur : François Ventura ne doivent pas rentrer en ligne de compte.
Fabrication : Benoît Carlier (responsable) (43 70) « Ceux qui réussissent « Ceux qui réussissent le mieux ne sont pas
Informatique : Léo Nehaissi (responsable) (41 50)
Internet : Nathalie Merceron (responsable) (96 15) le mieux ne sont pas ceux qui ont réussi à calculer un retour sur
Services généraux : Jean-Pierre David (responsable) (44 31) ceux qui ont réussi investissement », avertit un participant. En
Annonces classées Fax 01 56 79 43 08 à calculer un retour revanche l’ERP conditionne parfois la survie
Michel Stein (44 29), Marie-France Verspan (41 58)
sur investissement ». de l’entreprise pour un coût certes impor-
Diffusion/Abonnements/Éditions
Directeur de la diffusion et de la promotion :
Bénédicte Hartog (41 26)
tant mais pas exagéré : il se situe entre 1 %
Directeur des abonnements : Patricia Rosso (43 87) et 2 % du chiffre d’affaires.
Directeur des éditions : Annie Zaratti (39 41)
Directeur base de données marketing : Pablo Fourcat (96 06) Mais l’ERP n’est pas tout. « Il couvre 80 % des besoins
Direction de la promotion : Jean-Baptiste Alline (96 21) d’une entreprise mais les 20 % restants relèvent du sys-
Responsable de la promotion :
Isabelle de Goüyon Matignon (43 44) tème d’information », explique quelqu’un. Ces 20 %
Service Clients : 41 29 ou 41 33
qui conditionnent à leur tour 80 % des efforts à fournir !
Tarifs abonnements France (TVA 2,1 % incluse)
1 an : 9 numéros + accès Web : 100 € TTC L’après ERP peut ainsi durer des années…
Étudiants/Demandeurs d’emploi : 55 € TTC sur justificatif Voici quelques réflexions ressorties de cette table ronde
Etranger : nous consulter
Réglement à l’ordre de Stratégie Logistique passionnante. Un document auquel nous avons associé
Pour la CEE, préciser le numéro de TVA intracommunautaire
Librairie (vente des numéros déjà parus et des comme d’habitude la littérature de Stratégie Logistique
Annuaires (42 88) - Annuaires (TVA 19,6 % incluse) sur le sujet. Ce document numérique, publié en avant
Le guide de la manutention et de la logistique : 54 € TTC
Stratégie Logistique est édité par Groupe Industrie Services Info
première du salon ERP, est le deuxième consacré à ce
Principal actionnaire : GISI Communications sujet. L’Acte II qui donne la parole aux utilisateurs suit
SA au capital de 1 057 080 € - 309.395.820 RCS Paris
Siège social : 12-14, rue Médéric - 75815 Paris Cedex 17 l’acte I portant sur les éditeurs et précède un acte III à
Directeur de la publication : Christophe Czajka venir l’année prochaine sur les intégrateurs.
Commission paritaire : 1105 T 77924 - ISSN 1249-2965
Imprimé en France : Kapp Lahure Jombart Z.I. N°1 - 27000 Evreux En nous excusant auprès des participants de cette table
Dépôt légal à parution ronde qui a été réalisée en septembre et qui n’est publiée
Les noms, prénoms et adresses de nos abonnés sont communiqués à nos services
internes et aux organismes liés contractuellement avec le Groupe Industrie qu’aujourd’hui, du fait du décalage du salon ERP.
Services Info. En cas d’opposition motivée, la communication sera limitée aux
obligations découlant de l’abonnement. Les informations pouront faire l’objet d’un
droit d’accès ou de rectification dans le cadre légal. La direction se réserve le droit
Bonne lecture ! ●
de refuser toute insertion sans avoir à justifier sa décision.

STRATÉGIE LOGISTIQUE - NOVEMBRE 2007 - HORS SÉRIE NUMÉRIQUE - N°6 3


UNIVERS ORGANISATION
AUTOMATISATION DE L’ENTREPÔT

4 STRATÉGIE LOGISTIQUE - NOVEMBRE 2007 - HORS SÉRIE NUMÉRIQUE - N°6


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TÉMOIGNAGE ERP

Modling opte pour


le multisite avec QAD
En rachetant Avery Dennison, Modling a modifié ses schémas logistiques et
par là même, son système d’information. Ce dernier doit notamment absorber une très importante
saisonnalité et la multiplication des sites de production. Yves Choquet, directeur général de Modling,
nous a accueillis sur le site de Moult.

L
a société Hamelin, spé- Chaque site de pro- plus de volumes produits que la
cialiste de la papeterie duction est organisé somme des deux autres sites), font le
en Europe, se positionne par famille de pro- trajet usine/centre de distribution
sur trois marchés : l’envi- duits. Un centre 7 à 8 fois par jour, voire 15 à 20
ronnement, les façonnés de stockage etde dis- en période pleine.
papier (blocs et agendas) et les tributionunique situé
articles de classement. Le groupe dans la zone logis- Du professionnel
possède 27 sociétés en Europe dont tique de Caen, à au particulier
Modling qui se place parmi les proximité des L’entreprise compte 400 personnes
premiers en Europe sur le secteur trans porteurs, et gère 4 000 références adressées à
des articles de classement (clas- Modling fabrique accueille la totalité des produits deux grands marchés, eux-mêmes
seurs, intercalaires, chemises...). Au également finis. Depuis l’acquisition d’Avery issus de deux profils d’utilisateurs :
rapprochement des deux sociétés une MDD sous Dennison, les camions arrivent de le marché professionnel d’une part.
Avery Dennison pour sa partie la marque Elba, nuit en provenance de La Monne- Il est servi par des distributeurs
classement et Modling en février présente rie et de Troyes. A réception des du secteur professionnel (70 %
2006, Modling revoit son organi- dans toute produits finis, une partie est mise des ventes en France) tels que les
sation logistique et les systèmes la distribution. en stock, l’autre en préparation fournituristes de bureau (Lyreco,
d’information arrivant en support. de commandes. Le chargement et Guilbert groupe Office Dépôt,
La société dispose alors de trois Yves Choquet, déchargement des palettes en pro- Fiducial, Corporate Express), les
usines, deux anciennement Avery directeur général venance de Moult a été de son côté vépécistes (Viking Groupe Office
Dennison à La Monnerie (Puy de de Modling, automatisé : des navettes dédiées Dépôt, Bruneau et JPG) ainsi que
Dôme) et Troyes (Aube) ainsi qu’une devant le site au site de Moult, qui est aussi le les super stores (Grandes Surfaces
troisième à Moult près de Caen. de Moult. plus important (avec deux fois Spécialisées comme Office Dépôt,
Bureau Vallée, Office Center,
Hyperpleinciel). Et le consom-
mateur particulier d’autre part.
Celui-ci s’approvisionne auprès
de la GSA (Grandes Surfaces
Alimentaires) ou GMS (Grandes et
Moyennes Surfaces), les papeteries
de centre-ville indépendantes ou
franchisées.
Les prévisions des ventes sont cloi-
sonnées de la même manière : une
activité professionnelle permanente
principalement basée sur l’historique
en tenant compte des évènements
comme les promotions et gérée
en flux tirés ; et parallèlement,
une activité scolaire, liée à une
grosse opération, la rentrée des
classes qui se caractérise par de très
importants volumes et commandes
(correspondant à 30, voire 50 %
de production supplémentaire).
Ces dernières sont cadencées de
6 STRATÉGIE LOGISTIQUE - NOVEMBRE 2007 - HORS SÉRIE NUMÉRIQUE - N°6
TÉMOIGNAGE ERP

mars à juillet mais leur contenu


est difficilement prévisible d’une
année à l’autre.
En outre, les matières premières
dont a besoin Modling connaissent
des cycles de fabrication relative-
ment longs, jusqu’à plus de deux
mois, organisés par campagne et
offrant peu de flexibilité.

Pour unifier
Pour répondre à ces contraintes et
en même temps favoriser le rap-
prochement des deux sociétés,
Modling se met en quête d’un système
intégré. Les sites de la Monnerie
et de Troyes sont de leur côté déjà
équipés d’une ancienne version de Le site de distribution et de stockage situé à Caen occupe une surface de
MFG/Pro éditée par QAD tandis 11 000 m² sur 7 niveaux. Il comprend classiquement une zone de réception, de
que Modling utilise un système stockage, de préparation et des quais d’expédition. Dans le flux, les commandes
développé en interne. « Les deux arrivent sur un service centralisé, l’administration des ventes, en charge du suivi
outils donnaient satisfaction, puis- clientèle. Le service saisit la commande dans le système, puis la valide. Visibilité
qu’utilisés et améliorés au fil des est ensuite donnée aux usines du portefeuille de commandes à livrer, du stock
ans » déclare Yves Choquet. « Un « En été et du réapprovisionnement éventuel. A 17 heures, le système récapitule les
même ERP standardisé facilite les 2008, nous commandes à préparer le lendemain et en même temps, les informations sont
échanges d’information et homogé- ré-équiperons envoyées aux transporteurs par EDI. Les commandes sont traitées à J+7 dans
néise les organisations. Il contribue l’ensemble le cas du permanent. L’entreprise livre à ses clients des cartons de classeurs ou
également à la fusion des cultures de nos trois de chemises, des palettes de cartons homogènes ou non. En ce qui concerne la
d’entreprise », poursuit-il. usines et rentrée des classes, les livraisons ont lieu pendant trois mois. Les distributeurs
Le choix d’un ERP permet également l’entrepôt, les plus importants sont livrés en deux ou trois fois, la dimension de la livraison
à l’entreprise de bénéficier de mises plus tous correspondant au rythme auquel ils écoulent la marchandise dans leurs maga-
à jour régulières et permanentes. sins. Enfin, Modling travaille avec une dizaine de transporteurs partenaires.
les services
Après avoir écarté les deux plus
importants éditeurs ainsi que les administratifs
plus petits, Modling s’intéresse à de la même la définition du calendrier d’instal- administratifs de la même version
la tranche moyenne du marché de version et lation, les dernières discussions, et d’un même système » conclut
l’édition de l’ERP (IFS, IBS, Law- d’un même la création des équipes projet... Le notre interlocuteur.
son…). Son besoin va vers un outil système » déploiement à proprement parler L’entreprise attend beaucoup de
industriel multisite couvrant toutes Yves Choquet commence en janvier 2007 avec l’installation de la version eb3.
les fonctions de l’entreprise, des la formation des utilisateurs clés Cette dernière devrait en effet
expéditions aux achats, en passant (une vingtaine avec un profil très lui permettre de tendre encore
par la production, l’entrepôt, la métier) et le paramétrage en mars. davantage les flux. Par exemple, en
gestion commerciale ou la finance. Un comité de pilotage formé dès entrée de marchandise. Aujourd’hui,
Un outil à la fois capable de gérer janvier regroupe l’ensemble des celle-ci est saisie manuellement
plusieurs types d’organisations (flux grandes fonctions de l’entreprise. mais à l’avenir sera automatisée
tirés ou poussés), adapté à la taille, Il se réunit une fois par mois pour via la lecture de codes à barres
au budget de l’entreprise pour un aborder les grandes décisions et en radio fréquence. De la même
délai d’installation réduit. Le choix vérifier l’avancée du projet dont la façon, l’adoption prochaine d’éti-
de l’entreprise se porte au final sur durée est estimée par l’entreprise à quettes EAN 128 induira moins
la toute dernière version de QAD – un an et demi. En deuxième partie d’erreur mais aussi une gestion en
eb3 – qui répond à ses attentes d’année, les équipes QAD seront temps réel. D’une manière géné-
en termes de pérennité, de soli- amenées à réaliser s’il y a lieu les rale, le temps réel aura un impact
dité et présente de nombreuses développements spécifiques et le très positif sur la connaissance
références. paramétrage final. Après viendront du stock, son optimisation et la
Côté calendrier, les discussions la phase de tests, les remontées de réduction des délais sur toute la
avec l’éditeur débutent en avril données, la définition de procédures chaîne logistique. « Les organi-
2006 et se concluent fin juillet. et la formation des utilisateurs. sations internes et externes s’en
Entre septembre et décembre 2006 « En été 2008, nous ré-équiperons trouveront largement améliorées »
s’enchaînent le dimensionnement de l’ensemble de nos trois usines et se réjouit notre hôte.
l’organisation matérielle, son achat, l’entrepôt, plus tous les services Sylvie Druart
STRATÉGIE LOGISTIQUE - NOVEMBRE 2007 - HORS SÉRIE NUMÉRIQUE - N°6 7
TÉMOIGNAGE PRODUCTION INDUSTRIELLE

Soplami reforme son


système d’information
De Visu, le spécialiste du thermoformage a choisi Sylob comme ERP et solution de pla-
nification adaptée aux besoins du groupe. Eric Castellano, président de De Visu et responsable du
management des équipes nous a accueillis sur le site de Seysses, près de Toulouse.

S
éparées en 2002 pour
des raisons de cohé-
rence, les deux socié-
tés sœurs toulousaines
Soplami et Komotea sont
aujourd’hui reliées à la holding
De Visu. La première répond à
plusieurs marchés : l’aménagement Eric Castellano,
intérieur (avec comme clients Air- président
bus, ATR, Dassault, Eurocopter), de De Visu.
les verrières des avions légers, les « Les
glaces d’hélicoptères et des produits « blocs »
à destination du monde médical, comme
de l’informatique via des pièces par exemple
thermoformées ou d’habillage. l’Intranet
Le marché aéronautique repré- de suivi des
sente 90 % de son activité. Pour sa commandes

©DR
part, Komotea se positionne sur le et la
domaine de la PLV (pour la phar- planification Si les outils de production sont L’entreprise fait appel à la société
macie, les cosmétiques, le luxe avec sous Excel, séparés, l’utilisation de certaines de conseils Saber Consultants qui
des clients tels que Pierre Fabre, étaient machines est cependant partagée relève les besoins de l’entreprise
Yves Saint Laurent ou Guerlain), le développés à (comme le découpage), et donne en un cahier des charges lancé en
packaging et certaines pièces indus- part donc lieu à un planning collectif et 2005, avant de nommer un chef
trielles à la demande et souvent et il fallait les à une centralisation des ordres de de projet interne accompagné
unitaires (les demi-sphères, pièces remettre à fabrication. d’un ingénieur informatique. Pour
pour des laboratoires, les maquet- jour. Utilisé depuis une dizaine d’années, répondre à son besoin d’un outil
tes). L’entreprise familiale, fondée en En outre, nous le système d’information com- unique, elle étudie plusieurs offres
1965, emploie aujourd’hui 92 per- n’avions pas mun ASAP, constitué d’un ERP du marché dont Divalto, SAP
sonnes et réalise un chiffre d’affai- d’information (commercial, stocks, production) Business One, Adonix X3, Precix
res de 10 millions d’euros (2006). instantanée » et de « blocs » n’offre plus d’évolu- de Sylob déjà force de proposition
Soplami représente 60 % de l’acti- tions. ASAP a, en effet, été créé par lors du choix de ASAP. Ce dernier
vité du groupe. la société Open à Lyon, devenu est retenu car il remplit 90 % des
ensuite intégrateur de la solution besoins.
En double tierce Adonix X3. « Les « blocs »
et indépendamment comme par exemple l’Intranet de Montrer patte blanche
La gémellité des sociétés oblige à suivi des commandes et la planifi- Avant la signature définitive, le
une certaine gymnastique organi- cation sous Excel, étaient dévelop- consultant Sylob choisi pour
sationnelle permettant d’éviter les pés à part et il fallait les remettre à suivre le projet de bout en bout
conflits de priorités. Komotea tra- jour. En outre, nous n’avions pas passe un véritable entretien d’em-
vaille en mode projet au niveau de d’information instantanée » expli- bauche ! « Nous avons eu l’ex-
son développement commercial et que Eric Castellano. Autre point, il périence de travailler avec des
marketing, sur de grandes séries, n’existe pas d’informatique centra- seniors en début de projet puis
avec des délais de livraison courts. lisée pour les demandes de prix, des juniors pour le terminer » se
Elle compte une vingtaine de recueillies sur Excel et une base de rappelle notre hôte. Un important
grands clients et de multiples petits données différenciée. « Pour conti- travail de récupération de données
clients. De son côté, Soplami four- nuer à évoluer et à se développer, il techniques (articles, gammes et
nit les grands donneurs d’ordre nous fallait passer à un stade supé- nomenclatures) sur plusieurs mil-
nationaux et leurs sous-traitants. rieur » confie notre interlocuteur. liers de références débute pour
8 STRATÉGIE LOGISTIQUE - NOVEMBRE 2007 - HORS SÉRIE NUMÉRIQUE - N°6
TÉMOIGNAGE PRODUCTION INDUSTRIELLE

Soplami. Pour sa part, Komotea LE SITE DE SEYSSES


n’ayant pas de productions récur-
rentes, la base de données peut L’usine, côté Komotea, comprend un stockage commun avec Soplami (outillages, matières
être recréée au fur et à mesure. premières, etc.) ainsi qu’un quai unique de réception et d’expédition produits. Egalement
S’ensuivent l’analyse fonctionnelle et en partage, la machine scie à plat numérique, dont le programme effectue les découpes
la formation des utilisateurs finaux au format souhaité. L’OF, conjoint aux deux sociétés, comprend les opérations et les débits
par les deux chefs de projet Sopla- matières à réaliser selon la quantité indiquée. Le code à barres figurant sur l’OF correspond
mi et Sylob. L’installation démarre à un bon de travail qui, une fois scanné et validé dans le système, permet de répondre à un
en septembre 2005 pour un bascu- délai et fournit l’état d’avancement du travail.
lement total au 1er janvier 2006 de Autre étape, l’usinage pour lequel le bureau d’études envoie directement son fichier sur
l’ensemble de l’activité. Les modules la machine. Le formage met ensuite la matière en forme après un passage en étuve puis
choisis englobent les commandes, sur une forme. L’OF suit les produits au fur et à mesure des étapes de production. Vien-
les bases articles, la mise à jour du nent ensuite la découpe méthacrylate, la finition, le montage, l’emballage, éventuellement
stock, les ordres de fabrication en l’impression. Soit beaucoup d’opérations manuelles. Le site, côté Soplami, comprend deux
cours et à venir, la gestion com- ateliers de thermoformage et usinage, le détourage, le magasin de pièces, un atelier finition
merciale, les bases articles (gammes des commandes qui demandent l’apposition de pièces. Celles-ci sont ensuite placées sur un
et nomenclatures), les lancements, chariot pour contrôle (vérification visuelle, conformité), puis emballées, stockées ou livrées
les achats, les stocks, la finance, selon le carnet de commandes Precix.
la comptabilité, la paie, la qua-
lité ainsi que le module devis et
le CRM qui sont aujourd’hui en des cas. L’entreprise reçoit les com- clatures, un calcul des besoins, un
cours de déploiement. L’entreprise mandes Airbus via Sup@irworld, ordre de fabrication et enfin, une
dispose actuellement de 35 pos- un EDI privé et aussi par EDI pour livraison entre 10 jours et 8 semai-
tes et de cinq terminaux en atelier Eurocopter. La commande donne nes, selon les produits et les quan-
pour le suivi de la production par ensuite lieu à un calcul des besoins tités, par un prestataire transport
code à barres, soit une quarantaine (1 250 commandes d’achat ont été extérieur.
d’utilisateurs. passées en 2006) puis à une livrai- Lesmatièrespremièresproviennent
Dans leur gestion au quotidien, son sur stock ou un OF (12 000 d’Europe que ce soit pour Soplami
les sociétés gèrent tous les cas de OF ont été générés en 2006). Dans ou Komotea, des Etats-Unis
figure : à la commande notam- ce dernier cas, une fabrication est (quincaillerie) et de Chine ponc-
ment pour Soplami, ce qui néces- stockée, livrée via une ramasse tuellement. Elles sont également
site un plan d’approvisionnement quotidienne pour Soplami. Soit gérées en stocks d’alertes, sachant
(et prévisionnel de livraison) sur 4 à 8 semaines en moyenne sur que le délai d’approvisionnement
appel de livraison (10 à 22 jours) tout le processus. Le stock de atteint en général 8 semaines, 3 à
ainsi que sur stocks. Les com- produits finis Soplami est géré en 4 mois pour la quincaillerie.
mandes Air on Ground sont stock d’alertes qui déclenchent un L’outil Intranet (redéveloppé dans
gérées avec un délai de 48 heures L’atelier de OF. Komotea qui réalise essentiel- Precix) fait communiquer les ser-
et les commandes à cycle court de pièces servant lement des nouveaux produits, vices commercial, logistique, de
3 semaines. Soplami et Komotea le plus souvent travaille à la commande. Laquelle production et bientôt achats en ce
établissent donc une planification à la finition des implique un dossier technique, un qui concerne les dates de récep-
de 2 (horizon ferme) à 6 mois, commandes. travail sur les gammes et nomen- tion des matières. Les devis sont
voire 18 mois. Le Plan Indus- intégrés directement dans Pre-
triel et Commercial est établi sur cix, transformés en demande de
12 mois, le kanban sur 10 jours. fabrication. L’Intranet donne à la
Les délais de fabrication atteignent fois une visibilité sur le carnet de
4 à 8 semaines sur le site de pro- commandes, le planning de fabri-
duction unique à Seysses, près cation mais aussi les commandes
de Toulouse. La traduction se fait d’achat, les relances commandes,
ensuite dans Precix au travers de les accusés de réception de com-
deux bases séparées fournissant mandes…
une vision sur l’ensemble du parc L’entreprise travaille aujourd’hui
machines. « Precix présente l’in- sur la non valeur ajoutée, la qua-
térêt de fournir un planning de lité, la traçabilité et la non confor-
production commun permettant mité de ses produits. Il faut dire
de centraliser tous les ordres de que le domaine aéronautique
fabrication mais également de les se montre particulièrement exi-
traiter par priorité » précise le pré- geant sur ces points. Cette partie
sident. jusque là traitée à part, le sera
Dans le flux Soplami, la com- bientôt sur Precix.
©DR

mande est intégrée dans 80 % Sylvie Druart


STRATÉGIE LOGISTIQUE - NOVEMBRE 2007 - HORS SÉRIE NUMÉRIQUE - N°6 9
TÉMOIGNAGE TRAÇABILITÉ

La Case aux Epices


se pique à l’ERP
Quand une PME alsacienne de 80 employés s’équipe d’un progiciel de gestion inté-
gré pour la gestion de ses achats, de ses ventes et de son stock, c’est toute la chaîne de la traçabilité
qui s’automatise et ses réserves qui diminuent. Histoire d’une installation réussie.

C
ontrairement à ce que UN RESPONSABLE INFORMATIQUE
son nom indique, la Case PLEIN D’AVENIR
aux Epices n’est ni une
société antillaise, ni un Il a encore ses beaux yeux pleins d’étoiles Sébastien
revendeur d’épices. La Decker-Wurtz, le responsable informatique et recher-
Case aux Epices, c’est une Alsacienne, che et développement de la Case aux Epices. Sa belle
productrice et conditionneuse de vient de lui dire oui pour la vie, sous le soleil de la Côte
dosettes de vinaigrette et autres d’azur et déjà, l’idée d’un enfant le laisse décidé. Mais au
assaisonnements en tous genres, sur fait quel âge a-t-il ce gaillard au teint strasbourgeois ?
son site d’Hochfelden. Equipée d’un Il a un Bac et un DUT en génie biologique option
progiciel de gestion intégrée (ERP environnement, plus une année de spécialisation sur
– Enterprise Ressource Planning) les technologies propres. Donc au moins 21 ans si le
pour sa comptabilité, ses ventes et parcours est sans faute. Il est alors entré à la Case aux
sa paie, elle vient d’opter pour un Epices en 2001 en tant qu’assistant qualité pour mettre
nouvel ERP avec des fonctionnalités en place l’HACCP (Analyse du risque de points de
additionnelles de gestion des stocks. contrôle critique) puis l’IFS (International Food Standard)
Son idée ? Assurer une traçabilité et le BRC (British Retail Consortium), deux référentiels
sans failles et obtenir les référen- de qualité orientés grande distribution. Chargé en
tiels de qualité de l’IFS (Interna- 2004, grâce à son inclinaison à jouer le dépanneur
tional Food Standard) et du BRC informatique de service, de choisir puis d’implanter un
(British Retail Consortium). C’est progiciel de gestion intégré, en l’occurrence Divalto,
un jeune homme qui a été chargé sur tous les métiers de la société, il est désormais
de la sélection du fournisseur, assistant qualité mais aussi « responsable de projet ».
aujourd’hui devenu responsable Il a donc, en 2005, 25 ans au bas mot. Puis en avril
informatique recherche et dévelo- 2006, fort de son succès et d’une connaissance
ppement. acquise dans les menus détails de chaque processus, La Case aux
« A l’origine, oui, nous impor- Epices le couronne d’un titre de responsable informatique et recherche
tions des épices du monde entier. « Organiser et développement. Mais alors, l’homme calme qui présente la conduite
Mais la réglementation agroali- la traçabilité de son projet d’un ton pédagogue à une tablée intéressée, n’a-t-il que
mentaire est devenue si stricte pour 27 ans ? D’après lui, nous ne nous trompons pas. La Case aux Epices ne
que le marché a été saisi par 300 produits s’est probablement pas trompée non plus lorsqu’elle a recruté ce pou-
des importateurs dont le métier différents et lain, sur qui désormais repose tout un système.
consiste à aller vérifier sur place encore plus
les pratiques de production», de références
explique Jean-Jacques Blanchard, selon les Néanmoins, les exigences des clients par l’Afssa (Agence française de
Directeur général de la PME de différentes et en particulier des distributeurs sécurité sanitaire des aliments), la
14 millions d’euros de chiffre d’af- quantités de vis-à-vis de ses produits en matière découverte d’un piment indien teint
faires et de 80 personnes, filiale du condition- de traçabilité n’en sont pas moins à l’encre textile par exemple, ou une
fabricant de sucre Cristal Union. nement passe importantes. Et il devenait urgent demande de test de traçabilité, ou
Alors la société s’est diversifiée forcément de moderniser la chaîne, et plus encore un audit pour un nouveau
sur les dosettes d’assaisonnement par l’infor- précisément de l’informatiser. D’au- client, les responsables qualité de
au point d’en faire aujourd’hui matisation. » tant qu’on se trouvait en pleine la maison devaient se plonger au
son cœur de métier et 90% de période d’entrée en vigueur de moins une demi-journée dans les
son chiffre d’affaires. Le tout la directive européenne 178/2002 cahiers d’archivage des données
pour trois marchés que sont la pour une traçabilité «de la fourche de la société. Pas une mince affaire
restauration collective, l’industrie à la fourchette». lorsqu’on sait qu’elle ne compte
agroalimentaire et les grandes et De plus, jusqu’alors, quand il y pas moins de 300 produits diffé-
moyennes surfaces. avait une catastrophe annoncée rents et encore plus de références
10 STRATÉGIE LOGISTIQUE - NOVEMBRE 2007 - HORS SÉRIE NUMÉRIQUE - N°6
TÉMOIGNAGE TRAÇABILITÉ

selon les différentes quantités de le duo papier et Exel ! Quand il Sur ces 12 envois, 8 répondent
conditionnement. fallait lancer les approvisionnements, dans le temps imparti – un mois :
Aujourd’hui, en quelques clics dans ils se référaient à un autre couple Divalto, Euréka Solutions, Sage,
le nouveau progiciel de gestion tout aussi hasardeux : l’expérience SAP R3 et Business One, Microsoft,
intégré, on peut savoir exactement et les estimations au feeling. Ingetel et un indépendant qui,
quels lots sont contaminés et quels Sébastien Decker-Wurtz se met sur une base Sage, proposait des
produits ils ont pu contaminer alors à travailler sur son projet développements spécifiques. L’éten-
pour les retirer immédiatement de à temps plein à partir de janvier due du projet en avait visiblement
la vente. L’historique est pérennisé 2004. Il a 18 mois devant lui et refroidi quelques uns. Notre res-
jusqu’à la DLUO et quelques jours 200 000 euros de budget. D’em- ponsable qualité évalue d’abord le
additionnels, au cas où il y aurait blée, il sait qu’il n’a pas les moyens pourcentage de couverture en stan-
une consommation postérieure à de se diriger vers une solution dard des fonctionnalités demandées
cette date. Cette informatisation de personnalisée. Il n’a pas non plus avec une certaine méfiance. SAP
la traçabilité a également permis envie de se lancer dans des com- Business One par exemple, déclare
à La Case aux Epices d’obtenir binaisons complexes, il lui faut savoir tout faire… Mais s’il faut
les référentiels de qualité orientés une suite intégrée sans interfa- autant de temps pour paramétrer
grande distribution que sont l’IFS « Il devenait ces. Il se met alors à rédiger son la solution que pour la personna-
(International Food Standard) et urgent d’infor- cahier des charges. En même liser, cela revient au même. C’est
le BRC (British Retail Consortium) matiser la temps, il prend contact avec son onéreux et long. « J’ai favorisé les
dont elle rêvait. chaîne de homonyme à la filiale du groupe sociétés qui avaient compris nos
traçabilité ». Sucreries d’Erstein. Eux avaient préoccupations, bien répondu et
Une sélection rigoureuse Jean-Jacques des besoins complètement diffé- respecté le budget ». Trois offres
Il y avait sur le site d’Hochfelden, un Blanchard, rents mais l’aident tout de même sont alors sorties du lot. Celle de
directeur général
jeune homme souvent appelé de ci de La Case à travailler sur l’élaboration de ses Divalto, celle d’Eureka Solutions
de là pour dépanner un collègue en aux Epices processus avec les différents chefs mais elle fonctionnait encore en
proie à son système informatique. de service de l’entreprise. « Il fal- AS 4000 et celle de Sage qui avait
C’était Sébastien Decker-Wurtz, lait dire comment on travaillait, été consulté également.
l’assistant qualité. Il est alors chargé comment on voulait travailler Est-ce que la proximité géogra-
du projet. « La mission consistait pour définir la liste des proces- phique de l’intégrateur de Divalto,
à remplacer une version vieillis- sus dont on avait besoin, voir si Mercure Informatique a joué dans
sante d’Adonix de Sage utilisée c’était disponible en standard ou la décision ? Il semblerait qu’elle
seulement pour la comptabilité, s’il fallait personnaliser et combien n’ait pas été déterminante mais
les ventes et la paie par un ERP de jours étaient nécessaires dans ce néanmoins facilitatrice. L’équipe
qui soit d’une part, récent et qui cas ». Au bout de ce long travail, était sympathique. Le contact est
fonctionne, d’autre part, aussi sur 467 fonctionnalités sont ressorties bien passé avec les chefs de services
Avec la gestion
la gestion des stocks. La traçabi- informatisée des et demandées aux éditeurs par un qui allaient être en charge de la
lité devait s’en trouver améliorée stocks, le confort envoi à 12 éditeurs en mai de la mise en œuvre. Rappelons aussi
mais aussi, au passage, le niveau de travail a été même année 2004. que Divalto (ex Interlogiciel) n’est
accru.
des stocks ». Jusqu’alors, La Case
aux Epices, un temps satisfaite
des fonctionnalités de sa solu-
tion, n’avait pas souhaité établir
de mises à jour. Mais au vu des
évolutions de l’informatique et de
son contexte de forte croissance (le
marché des dosettes est boosté par
le créneau toujours plus porteur
de la recherche d’hygiène dans le
domaine alimentaire), elle a alors
changé son fusil d’épaule.
La mise en place d’une version
actualisée était devenue inévita-
ble. « Il faut reconnaître aussi que,
même si la plate-forme AS400 offre
l’avantage de ne jamais planter, au
niveau graphique, on n’était pas
loin du minitel », sourit Sébastien
Decker-Wurtz. Et jusqu’à présent,
pour la gestion du stock, les colla-
borateurs s’appuyaient encore sur
STRATÉGIE LOGISTIQUE - NOVEMBRE 2007 - HORS SÉRIE NUMÉRIQUE - N°6 11
TÉMOIGNAGE TRAÇABILITÉ

pas le petit éditeur que l’on pourrait UN SITE, BIENTÔT DEUX équipe 3 de ses 4 commerciaux
croire. « Doté d’une structure de itinérants d’ordinateurs portables
distribution exclusivement indirecte, En sus de sa nouvelle usine de production et de ses pour les connecter au progiciel
l’éditeur est moins important par services administratifs, le site de Hochfelden rassem- lors de leur journée hebdomadaire
son chiffre d’affaires que par son ble un entrepôt de 1 600 m2 où sont stockées 1 800 palet- de travail administratif.
portefeuille clients – environ 8000 », tes à température ambiante et 200 palettes à tempéra- Pour faciliter la préparation de
assure Christophe de Garidel. Il ture dirigée pour un total de 18 000 palettes expédiées commandes, l’étiquetage des car-
a su convaincre. Et en novembre en 2006 par 10 transporteurs différents. Il sera bientôt tons à expédier est repensé. Avant,
2004, le contrat est donc signé. transformé en zone de fabrication et le stockage sera sur chaque carton, il y avait une
déménagé sur un nouvel entrepôt de 3 000 m2 dont la étiquette avec l’intitulé du pro-
Une mise en œuvre construction va bientôt démarrer. duit, son EAN 13 avec la liste des
en toute sérénité ingrédients utilisés. Mais à chaque
On entre dans le cœur du sujet. Il modification, il fallait retaper une
faut choisir une architecture. Malgré séances. Les principaux respon- nouvelle étiquette. Aujourd’hui,
le fait qu’une grande partie du parc sables apprennent à rentrer l’infor- avec la base de données Divalto,
informatique était à renouveler, mation dans le produit en juin nous pouvons réaliser des modi-
2005 et le reste du personnel fications de manière groupée.
concerné jusqu’à la fin septembre. De plus, le numéro de lot n’est
Ce n’est pas simple, certaines plus ajouté à la main par l’opé-
personnes n’ont jamais touché rateur. C’est désormais un code
à un PC. D’autres considèrent alphanumérique. L’impression des
que c’est une charge de travail étiquettes est faite directement
supplémentaire non payée. Il faut depuis Divalto par les Avery à
leur expliquer que le produit leur traitement thermique de la société
fera gagner du temps par ailleurs. sans recours à un logiciel tiers.
La Case aux Epices rentre dans Ces étiquettes peuvent être scan-
la base de données propriétaire nées par les nouveaux terminaux
de Divalto – Harmony – la liste radio de la société. En effet, en fin
de ses fournisseurs, de ses clients d’année a été également mise en
et de ses articles, avec leurs prix place la radio avec l’installation
tout en nettoyant les données, de terminaux américains Falcon
c’est-à-dire en supprimant toutes préconisés par l’intégrateur. La
les références qui ne sont plus dernière amélioration date de mars
d’actualité. L’historique des ventes, 2006 : les requêtes dans la chaîne
lui, est laissé de côté. de traçabilité ont été simplifiées :
Au 1er octobre, moins d’un an les niveaux ont disparu et toute
après la signature, le projet peut l’arborescence peut défiler à l’écran.
démarrer. Amorcé « dans la séré- Dans l’autre sens, les lettres de
nité » selon La case aux Epices, retrait vers la distribution peuvent
ce qui n’est pas si commun dans être générées automatiquement. A
le cas d’un tel bouleversement, le la demande de ses clients, la Case
La solution passage à l’ERP s’affine au fil du aux Epices est en train de mettre
c’est une solution client léger qui Divalto a été temps. Dès le mois de décembre de en place également un EAN 128
est retenue avec deux serveurs installée en mode la même année 2005, l’entreprise et la gestion de la relation client
client léger.
centraux et 17 clients légers. « Les est en projet.
clients légers ce sont simplement Aujourd’hui, La Case aux Epices
17 écrans et 17 souris installés de aurait du mal à chiffrer son bilan.
part et d’autre du site qui offrent Toujours est-il que le projet est
l’avantage de pouvoir être utilisés terminé dans les temps et dans
par plusieurs personnes. La bas- le respect du budget imparti. Et
cule est prévue fin mars 2005 malgré une croissance de +15 %
pour profiter de l’inventaire mais depuis la signature du contrat fin
repoussée au 1er octobre 2005. 2004, il n’y a pas eu de recrute-
Elle doit ainsi coïncider avec la ment dans la société. Le confort de
clôture de l’exercice. travail est accru. La compétitivité
L’installation continue donc pendant aussi. Le surstockage a diminué. Et
l’été. Une salle de formation est surtout, récompenses suprêmes,
montée avec 6 postes connectés les certifications BRC et IFS ont été
au serveur. C’est Mercure Infor- obtenues. Objectifs atteints !
matique qui prend en charge les Magali Mouzard

12 STRATÉGIE LOGISTIQUE - NOVEMBRE 2007 - HORS SÉRIE NUMÉRIQUE - N°6


DOSSIER

DOSSIER
TABLE RONDE

ERP
Acte II
Les
utilisateurs
ont
la parole
Dossier réalisé par
Magali Mouzard

13 STRATÉGIE LOGISTIQUE - NOVEMBRE 2007 - HORS SÉRIE NUMÉRIQUE - N°6 13


DOSSIER
TABLE RONDE ERP

Les utilisateurs d’ERP


dévoilent l’envers du décor
Tandis que Stratégie Logistique a pour habitude une société industrielle qui
d’interviewer les éditeurs de progiciels de gestion fonctionne mais sans système
intégrée, chaque année, avant le salon ERP (Enter- d’information intégré. Avec à
prise Ressources Planning), cette année, le magazine la clé, des interventions trop
change son fusil d’épaule, invitant les utilisateurs, nombreuses en maintenance
pour en savoir un peu plus, à une table-ronde, au- et aucune vision simultanée
delà des discours bien huilés. d’une même information dans
la société, avec donc le corollaire
de saisies multiples. En 1998, un
premier projet est lancé avec la
solution Asap d’Open Solutions.
Le projet ne se passe pas bien.
Au bout d’un an, il est aban-
donné avec un volet juridique
avec l’éditeur. Les responsabi-
lités étaient probablement par-
tagées. Nous n’avions peut-être
pas réuni les conditions de suc-
cès d’un tel projet puisque nous
avions décidé de commencer par
une usine prenant peut-être le
problème par le petit bout. L’édi-
teur de son côté, n’avait pas for-
cément joué son rôle de conseil.
Toujours est-il que cela s’est mal
fini. Il y a eu une autre tentative
Stratégie Logistique : sortait d’implantations réussies en 2003. Nous appartenions à
Comment se sont passés de SAP. Nous avons d’abord l’époque au groupe Colas, qui
vos démarrages respectifs ? rédigé un « blue-print » pour fait partie du groupe Bouygues.
définir à défaut de processus Colas décide d’installer dans ses
Valentin Schmitt : chez Samas, unifiés, les grands principes de filiales industrielles l’ERP Indus-
l’idée de l’implantation d’un ERP fonctionnement de la société et tria édité par AG2L à Lorient.
est une décision du chairman qui a permis de jeter les bases La décision est imposée à SES,
du groupe de l’époque, un de quelques fondamentaux. Le sans guère de concertation. Et
Hollandais qui sortait d’un cer- problème qui s’est posé pendant c’est bien entendu, une des rai-
tain nombre d’implantations cette phase de rédaction n’est sons de l’échec : le parachutage
d’ERP et avait une sensibilité pas tant venu des disparités d’une solution qui n’était pas
au sujet. Or, il y avait un autre mais du dépôt de bilan de la complètement adaptée a sus-
chantier sur lequel il fallait aussi filiale française en 2004. Malgré cité un fort rejet des utilisateurs.
travailler, qui était l’intégration les plans de continuation et de Quand en avril 2006, le salarié
de la société elle-même. En effet, restructuration, il a été décidé Lionel Couche reprend SES à
Samas était alors un véritable de désolidariser la France des Colas, il arrête immédiatement
conglomérat dans tous les pays. projets de groupe. C’était com- le projet qui avait déjà généré
Et le chairman commence préhensible sur le moment mais en 2 ans trop de conflit. En sep-
par le système d’information. c’était une erreur parce que nous tembre de la même année, nous
C’était un préalable qui est avons maintenant des ponts à lançons un troisième projet.
très discutable et qui nous a refaire avec le modèle en même Une petite équipe de 4 person-
demandé de remettre un certain temps que nous installons le nes dont je fais partie rédige un
nombre de choses à plat pour système. cahier des charges avec la mise
que ça se passe bien. Le choix à plat de tous les processus de
de l’ERP en 2002, s’est assez Pierre Passet : L’histoire remonte la société. Nous prenons la pré-
rapidement porté sur SAP parce un peu plus loin pour SES. Aux caution de soumettre ce cahier
que justement, le décisionnaire alentours de 1997, nous avons à tous les utilisateurs qui ont
14 STRATÉGIE LOGISTIQUE - NOVEMBRE 2007 - HORS SÉRIE NUMÉRIQUE - N°6
DOSSIER
TABLE RONDE ERP

pu l’amender s’ils le désiraient. d’information. C’est ainsi que


Cette procédure nous a permis j’ai été nommé en 2002. J’avais
à la fois d’aller vite et d’obtenir déjà mis en place un ERP qui
l’adhésion des gens. Achevé en était JD Edwards dans une autre
janvier 2007, ce cahier des char- société auparavant. Il y avait,
ges a été envoyé à 17 éditeurs une des usines de Manoir qui
différents sur lesquels nous avait tenté un projet ERP aupa-
avons conservé 9 noms : Jeeves, ravant avec le produit d’Eureka
JDEdwards, Infor, IFS Enter- Solutions qui à l’époque était
prise, Eureka Solutions, Ado- propriété d’IFS mais qui tour-
nix, SAP, Microsoft Dynamics nait sur AS 400. J’ai préconisé
AX, Cegid Informatique. Après de mettre en place un ERP car
les avoir tous reçus 2 heures et nous n’avions pas le temps de
demie, il ne restait parmi nos développer quelque chose. Nous
candidats plus que Cegid, IFS et avons alors rédigé un cahier des
Jeeves. Au niveau de la couver- charges succinct, de ce que nous
ture fonctionnelle, IFS arrivait considérions dans notre métier
en tête suivi par Cegid puis Jee- comme non négociable et avons
ves mais ce dernier avait réussi sollicité un nombre d’éditeurs
à nous séduire. Nous avons assez faible : JDEdwards que je
quand-même invité les trois der- connaissais et Eureka Solution
niers concurrents, une journée avec l’idée de redresser éven-
chacun, à répondre aux besoins tuellement le projet interne et de
de 19 de nos utilisateurs. C’est le continuer. Mais aussi Intentia.
là, que le choix s’est confirmé. JDEwards et Intentia se situaient
Nous avons signé le 10 mai bien au dessus d’Eureka. JDEd-
2007. La phase d’adéquation wards était meilleur sur la partie
sera terminée début octobre. finance et qualité, Intentia sur la
Avec un objectif d’installation production et la planification.
sur l’ensemble du périmètre au Or, c’était notre besoin primaire
1er avril 2008 . que de maîtriser ce processus
de fabrication. Avec les utilisa-
Jean-Baptiste Thevenin : chez teurs de toutes les usines, c’est
Manoir Industries, quand nous donc Intentia que nous avons
avons lancé notre projet d’ERP retenu. Nous lançons le projet
en 2002, il n’y avait pas de sys- début 2003 pour un premier
tème d’information au niveau démarrage de 2 usines en avril
groupe chez nous non plus. 2004, deux autres en 2005,
Nous traversions, de plus, une deux autres en 2006 et nous
mauvaise passe depuis 2000, sommes en train de terminer les
où nous avons frôlé le dépôt de deux dernières françaises. Nous
bilan. Une nouvelle direction démarrerons peut-être même
est arrivée en 2001 avec Ber- notre usine chinoise ouverte il y
nard Legrand comme P-dg, qui a un an seulement.
Qui ? Valentin Schmitt, avait énormément de problèmes
directeur des opérations de Samas France. à gérer, parmi lesquels l’infor- Marc Blondeau : au rang des
Où ? Samas France, 750 personnes, matique où il manquait pour facteurs qui ont déclenché mon
110 millions d’euros de chiffre d’affaires, commencer une direction des embauche en 1999 chez Amada
350 au niveau groupe. Mobilier de bureau. systèmes d’information. Cha- Europe, puis les décisions qui
Avec qui ? SAP, leader européen des ERP. que usine avait aussi son propre allaient suivre en matière d’ERP
système avec des logiciels qui, notamment, on trouve d’une
comme le bon vin, avaient entre part, une forte pression de la
10 et 20 ans d’âge, et avaient été concurrence et des clients et
développés en interne. La direc- d’autre part, un taux de change
tion a mené un projet d’affactu- entre le yen et le franc puis l’euro
rage qui a été difficile à mettre en qui ont conduit paradoxalement
œuvre à cause de cette multipli- les Japonais à renforcer leurs
cité. Un audit a donc été mené, capacités en France. Il fallait
qui a conseillé de commencer par donc améliorer l’efficacité indus-
créer une direction des systèmes trielle d’Amada Europe et har-
STRATÉGIE LOGISTIQUE - NOVEMBRE 2007 - HORS SÉRIE NUMÉRIQUE - N°6 15
DOSSIER
TABLE RONDE ERP

moniser le système d’information, deux ans ! Mais nous n’avons


disparate sur nos 3 sites français. pas la même taille, ce n’est pas
J’ai commencé par effectuer un comparable. Et par rapport à ce
audit sur ces sites et j’ai préco- budget, avez-vous calculé un
nisé deux axes d’amélioration : retour sur investissement (ROI)
sur les processus métier d’abord ou est ce que vous vous êtes
et ensuite seulement, sur l’im- plutôt dit que de toutes façons,
plantation d’un système d’infor- il fallait le faire.
mation. Nous avons fait appel au
cabinet Bill Belt pour nous aider Pierre Passet : un ROI, recon-
à mettre en place une organisa- naissons-le publiquement, est
tion en JAT (Juste-à-temps) pour impossible à calculer. Cela fai-
simplifier les flux. Nous nous sait près de 10 ans que le besoin
sommes inspirés de la métho- d’un système intégré se faisait
dologie japonaise, nationalité de sentir. Nous considérons que le
notre maison mère : planification gain opérationnel est important.
à vue, flux tirés, mise en place de C’est notre seule motivation.
plannings visuels… Ce premier L’investissement, nous pouvons
volet a nécessité quasiment 2000 simplement nous dire qu’il
heures de formation de tout le interviendra un jour ou l’autre,
personnel, soit entre 2 et 5 jours peut-être dans 6 mois, peut-être
de formation à tous les niveaux. dans 5 ans.
C’est alors seulement que nous
avons déclenché la recherche Valentin Schmitt : nous avons
d’un ERP. Nous avions en particu- mené une réflexion avec AT Kear-
lier besoin de pouvoir gérer 2000 ney auprès de directeurs des opé-
composants par machine, d’un rations sur ces systèmes ERP. Il en
configurateur performant dans ressortait précisément que ceux
la mesure où nos machines sont qui réussissent le mieux ne sont
configurées à la commande, et pas ceux qui ont réussi à calculer
d’un système capable de s’adap- un ROI car ceux-là se traînent des
ter aux contraintes d’une orga- idées qui n’ont pas de sens.
nisation en JAT, tantôt en flux
tiré avec du kanban, tantôt en Jean-Baptiste Thévenin : néan-
MRP avec un calcul des besoins moins, ce que l’on peut savoir,
en fonction d’une demande sup- c’est que le coût d’un ERP dans
posée. Ces contraintes ont pesé l’industrie se situe entre 1 et 2 %
lourd sur le cahier des charges. du chiffre d’affaires. Nous avons
SAP est consulté de même que mis en place un ERP sans dépas-
Symics Systems (devenu Fronts- ser ce montant. Au contraire par
teps), MFG Pro et IFS Enterprise rapport à des systèmes précé-
et d’autres encore. C’est IFS Enter- dents, nous sommes parvenus à
prise qui est retenu. une baisse des budgets informa-
tiques. Néanmoins, nous n’avions
Valentin Schmitt : est-ce que pas vraiment de budget. Nous Qui ? Pierre Passet,
je peux vous demander quels n’étions pas sur un problème directeur général adjoint de la société
étaient vos budgets ? de ROI mais de survie. Cepen- française SES.
dant, il était évident que nous Où ? SES, 550 personnes et
Pierre Passet : pour ma part, ne devions pas dépasser notre 75 millions d’euros de chiffre d’affaires.
j’avais 300 000 euros pour budget annuel de 3,8 millions Panneaux de signalisation.
l’achat de licence pour 270 pos- d’euros à l’époque. Avec qui ? Jeeves, l’éditeur suédois
tes et 300 000 euros de presta- qui a fait son entrée en France en 2005.
tions. Mais c’est sans compter Valentin Schmitt : nous avons
les 1500 à 2000 jours/hommes à fini à 15 millions d’euros pour
passer en interne sur la configu- un groupe de 350 millions
ration précise du produit dont il d’euros de chiffre d’affaires. Pour
ne faut surtout pas se décharger. environ un millier d’utilisateurs.

Valentin Schmitt : nous, 300 000 Jean-Baptiste Thévenin : notre


Euros, c’est par mois. Et depuis budget est maintenant descendu à
16 STRATÉGIE LOGISTIQUE - NOVEMBRE 2007 - HORS SÉRIE NUMÉRIQUE - N°6
DOSSIER
TABLE RONDE ERP

moins du pourcent du chiffre d’af- Pierre Passet : pour nous, le


faires, soit 3,6 millions de budget configurateur représente une
annuel amortissement sur 5 ans véritable innovation par rapport
de l’investissement inclus. à ce que l’on pouvait connaître
avant. A savoir, qu’avant, il fallait
Valentin Schmitt : il faut dire que créer toute les combinaisons
nous avons un coût fixe pour possibles pour des demandes
chaque lancement d’usine. client supposées alors que main-
tenant les assemblages se font
Jean-Baptiste Thévenin : chez pour des demandes réelles. Il
nous, en revanche, les usines ont y a un an et demi, nous avions
plutôt parcouru ce qui existait et une base de 55 000 articles
simplement statué sur les écarts. dont plus de la moitié n’avaient
jamais tourné. Nous avions
Valentin Schmitt : je tiens aussi à donc créé 25 000 articles en
souligner que l’essentiel de nos ayant imaginé qu’ils faisaient
coûts n’a pas porté sur la partie partie des combinaisons pos-
production, mais sur les modules sibles mais aucun de nos
logistiques parce qu’ils ne sont pas clients ne nous les ont jamais
encore suffisamment mûrs. demandés. Le configurateur, par
rapport à cela, permet, plutôt
Marc Blondeau : nous avons la que de construire le résultat, de
spécificité de fabriquer des machi- construire le moyen d’y arriver,
nes contenant en moyenne 2000 et ce, à la demande. Il est assez
composants et qui sont préparées surprenant que les ERP n’en
à la commande. Donc, nous avi- aient pas vraiment intégré. Ainsi,
ons avant tout besoin d’un confi- Jeeves est seulement partenaire
gurateur performant. Néanmoins, de Tacton. Les bons produits
nous devions nous situer en des- sont forcément des add-on.
sous des 5 % de chiffre d’affaires,
chiffre souvent avancé par SAP Marc Blondeau : le configura-
que nous avons consulté. Mais teur, c’était l’élément essentiel du
nous en avons aussi consulté choix de l’ERP chez nous. C’était
d’autres comme Symics Systems hors de question d’avoir un
(devenu Frontsteps aujourd’hui), ERP sans configurateur intégré.
MFG Pro et IFS Enterprise… Et heureusement, il existe des
Avec qui nous descendions configurateurs techniques qui
autour de 2 % du chiffre d’affai- sont véritablement intégrés à
res. En short list, il nous restait l’ERP. Parce que la difficulté
Symics, un éditeur lyonnais et IFS avec qui risque de se présenter
que nous avons choisi. Au bilan, un configurateur qui vient de
nous avons dépensé environ l’extérieur, c’est que lorsque
1 million d’euros avec IFS et nous l’on a lancé une production
situons entre 1 et 2 % du chiffre et que le client change d’avis,
Qui ? Jean-Baptiste Thévenin, d’affaires. l’ERP ne sache pas réagir. Cela
directeur des systèmes d’information peut représenter une journée de
de Manoir Industrie. Valentin Schmitt : avez-vous une travail par semaine.
Où ? Manoir Industrie, 2 900 personnes idée du nombre de configura-
en France, en Belgique, et en Chine tion que gère votre configura- Valentin Schmitt : je dois dire
pour un chiffre d’affaires de 400 millions teur ? Nous avons ajouté à SAP que nous avons du mal à faire
d’Euros. Pièces de forge et de fonderie. un configurateur de chez Eastern correctement le lien entre le
Avec qui ? Intentia, absorbée depuis Graphics qui gère la donnée configurateur et SAP. Je reviens
par Lawson Software. d’entrée, soit près de 6 milliards aussi sur l’idée de Pierre Passet
de configurations. selon laquelle le configurateur
constitue un des changements
Marc Blondeau : nous, c’est de actuels majeurs. Cela a induit
l’ordre de 2000. La complexité sur le terrain un phénomène que
industrielle chez nous c’est le nous n’avions pas bien anticipé.
nombre de pièces et pas le nom- En effet, nos gestionnaires de
bre de combinaisons. bases de données qui jusque là
STRATÉGIE LOGISTIQUE - NOVEMBRE 2007 - HORS SÉRIE NUMÉRIQUE - N°6 17
DOSSIER
TABLE RONDE ERP

renseignaient des fichiers plats vrai gain fonctionnel pour l’utili-


de nomenclatures sous Exel, sateur final. Parce qu’on ne peut
gèrent aujourd’hui des modèles plus utiliser aujourd’hui un ERP
de bases de données. Or pour sans configurateur, sauf peut-
le lancement du projet, nous être pour certains process.
avons formé nos utilisateurs
clés à SAP mais nous n’avons Valentin Schmitt : vu de l’exté-
pas formé nos équipes data au rieur, j’ai le sentiment que les
modèle de données. Ils ont donc configurateurs ont plus tendance
appris en marchant. Nous avons à s’orienter vers les systèmes
facilement perdu 4 mois avec cet de CAO – conception assistée
aspect là. par ordinateur – que vers les
ERP. Le nôtre en l’occurrence
Pierre Passet : c’est vrai, le communique plus facilement
configurateur est un outil plus avec Autocad qu’avec SAP.
souple, mais il nécessite en effet
que les opérateurs qui, avant, Marc Blondeau : cela met bien
mettaient simplement à jour des en lumière qu’il y a deux grandes
fichiers à plat, conçoivent des tendances qui s’opposent dans
modèles de données. On leur un ERP. Deux tendances qui peu-
demande non plus d’utiliser le vent conditionner le choix et qui
moteur mais de le concevoir. dépendent des rapports de force
Effectivement, c’est plus com- dans l’entreprise. Il y a d’abord la
pliqué. Et dans le temps d’ap- tendance naturelle des utilisateurs
prentissage, tout le monde ne à vouloir des ERP qui fonction-
suit pas forcément à la même nent bien mais qui soient faciles
vitesse. Tout le monde n’en est d’usage et qui fassent gagner du
pas forcément capable d’ailleurs. temps. Et puis la deuxième ten-
Et ce ne seront pas forcément dance, celle des directeurs d’usi-
les mêmes personnes que l’on nes, des directeurs financiers et
retrouvera à l’arrivée. de la comptabilité, qui corres-
pond à un besoin de contrôle.
Valentin Schmitt : j’ajoute que En fonction des rapports de
le recours à un configurateur a force entre ces deux tendances,
considérablement rallongé les le choix s’orientera plutôt vers
temps de réponse des éditeurs. un ERP opérationnel mais avec
Car les serveurs ont besoin d’un des capacités un peu réduites ou
délai très important pour insérer vers une ERP comme SAP. Avec
dans le configurateur un système à l’arrivée, des inconvénients, soit
de calcul destiné à éclater les au niveau opérationnel avec des
nomenclatures. Si bien que le pertes de temps soit au niveau
coût de ce configurateur ne des directions parce qu’on n’a
peut pas apparaître au moment pas les tableaux de bord suffi-
de l’appel d’offre. C’est quelque sants. Ce n’est pas facile pour les
chose de nouveau qui n’est pas ERP de répondre aujourd’hui à Qui ? Marc Blondeau,
bien connu des intégrateurs. ces 2 besoins. Un ERP opération- directeur des systèmes d’information
nel aura du mal à faire ressortir et de la logistique pour Amada Europe,
Pierre Passet : je suis quand des analyses de coûts avec des filiale de la Japonaise Amada.
même surpris de voir que les tableaux de bord qui correspon- Où ? Amada Europe, 350 personnes
éditeurs, malgré une couverture dent plutôt à la culture des direc- pour un chiffre d’affaires de 80 millions
fonctionnelle de plus en plus tions, financières notamment. d’Euros. Machines-outils. 7000 personnes
élargie, hésitent par rapport à Et un éditeur comme SAP qui dans le monde.
cette notion de configurateur, n’a pas forcément une vocation Avec qui ? IFS Enterprise.
qui est pourtant, à mes yeux, industrielle au départ mais plu-
essentielle, stratégique. Il fau- tôt financière, aura forcément du
drait simplement que les édi- mal à intégrer un configurateur.
teurs soient simplement capa-
bles aujourd’hui de racheter un Jean-Baptiste Thévenin : je pense
autre éditeur de configurateur et que le problème posé est celui de
de l’intégrer. Celui-là aurait un la frontière de l’ERP. Les utilisa-
18 STRATÉGIE LOGISTIQUE - NOVEMBRE 2007 - HORS SÉRIE NUMÉRIQUE - N°6
DOSSIER
TABLE RONDE ERP

teurs pensent que l’ERP doit tout des problèmes, en particulier au


savoir faire mais en réalité le sys- démarrage. Sont-ils alors capa-
tème d’information est beaucoup bles de mettre en place les res-
plus large que l’ERP. Et la grande sources qui vont permettre de
problématique reste l’interfaçage résoudre les problèmes ?
avec tous les add-on.
S.L. : et vous,
Marc Blondeau : je suis d’accord. monsieur Passet, qui est
L’ERP ne fait pas tout. Il couvre votre intégrateur ?
80% des besoins fondamentaux
d’une entreprise mais les 20 % Pierre Passet : c’est Anélia, une
restants relèvent du système filiale d’IBM. Nous les avons
d’information et paradoxalement aussi choisis aussi en tant que
ces 20 % de fonctionnalités, binôme Jeeves-Anélia, et c’est
vont prendre 80% du temps. vrai que l’intégrateur est au
Magali Mouzard,
C’est pourquoi malgré le fait à SAP. Avec les éditeurs posi- journaliste
moins aussi important que
que nous ayons installé notre tionnés sur le marché des PME, à Stratégie l’outil lui-même. C’est eux qui
premier ERP en 2001, le chemin l’éditeur est souvent l’intégrateur Logistique et sont là pour la mise en place,
reste long pour nous. L’ERP offre et cela peut faciliter les choses. Valentin Schmitt, l’adaptation et la création des
une efficacité et une rapidité directeur ponts avec les autres éléments
des opérations de
d’exécution avec une meilleure Jean-Baptiste Thévenin : per- Samas France
du système. Je n’ai pas encore
qualité et fiabilité des données, sonnellement, j’ai fait un autre le recul pour dresser un bilan
centralisées sur une base cen- choix. Lawson proposait l’inté- mais j’attends de l’intégrateur
trale solide de type Oracle. gration. Mais je considère qu’il une capacité, en cas de pro-
Mais ensuite, les utilisateurs doit y avoir une séparation blème, à déployer les ressour-
ont besoin de tableaux de bord, entre l’intégrateur et l’éditeur. ces compétentes, à la fois sur
à tous les niveaux. Il faut donc Car la compétence de l’éditeur les outils mais aussi dans notre
construire des tableaux de bord en dehors de son produit sur environnement. Il doit connaî-
avec des outils de type Business la partie gestion de projet, ce tre Jeeves mais aussi ce qu’est
Objects ou Crystal Report pour n’est pas son métier. Nous avons une entreprise industrielle. Je
les plus intégrés ou d’autres donc opté pour IBM comme ne veux pas devoir expliquer ce
comme Windev ou Microsoft intégrateur. que c’est qu’un bon de livraison.
qui permettent de construire Pour cela, il faut que les équi-
des modules qui s’intègrent à Marc Blondeau : nous au con- pes aient eu via une formation
l’ERP mais ce n’est pas facile. traire, avons choisi IFS Entreprise et/ou une expérience une dou-
Cela demande des ressources, pour sa capacité notamment ble compétence. Et nous som-
un audit des processus métier… à mettre en place son produit. mes exigeants là-dessus : nous
Cette deuxième phase après Et nous avons en particulier, demandons à valider le CV des
l’installation de l’ERP peut durer apprécié ses capacités dans la intervenants avant qu’ils vien-
plusieurs années. gestion de projet. Il faut dire nent chez nous.
qu’IFS est une société inter-
Valentin Schmitt : oui et, actuel- nationale de culture américaine Valentin Schmitt : vous avez
lement, la tendance est plu- et que la gestion de projet nous choisi quel modèle de coût ?
tôt de ramener l’ERP dans ses vient précisément des Etats-
frontières, pour y ajouter des Unis. J’ai retrouvé chez IFS la Pierre Passet : c’est aussi un
éléments autour. Et nous avons méthodologie préconisée par le vaste sujet. Nous nous som-
fait l’erreur, lorsque nous avons PMI (Project Management Ins- mes mis d’accord sur un prix
choisi notre intégrateur, de ne titute) avec la gestion de tous journalier qui intègre toutes les
pas l’avoir suffisamment mis les processus (risques, qualité, prestations annexes : frais de
au défi dans sa capacité à aller contrôle, management, planifi- déplacements, frais de bouche,
jouer avec les modules ajoutés cation etc.). Nous avons eu un etc. Parce que je ne veux pas
à SAP. Aujourd’hui, nous avons dossier de projet conséquent et éplucher tous les mois des fac-
l’intégrateur hollandais ICE qui nous n’avons pas eu à nous en tures de restaurant, de train etc.
se range du côté de l’ERP mais plaindre par la suite. Nous nous sommes mis d’ac-
attend tout de nous en matière cord aussi sur un découpage
de développement de ponts avec Jean-Baptiste Thevenin : oui, du projet en une quinzaine de
les autres applications. mais il y a aussi la question de phases majeures avec un nom-
la capacité de réaction de l’édi- bre de jours associés. Ce que
Marc Blondeau : je pense que teur-intégrateur, quand, sur ce nous n’avons pas obtenu en
c’est une problématique propre type de projet, il y a forcément revanche, c’est un engagement
STRATÉGIE LOGISTIQUE - NOVEMBRE 2007 - HORS SÉRIE NUMÉRIQUE - N°6 19
DOSSIER
TABLE RONDE ERP

forfaitaire sur ce nombre de Néanmoins, c’est un modèle très pour un éditeur, la base instal-
jours puisque, qui dit engage- employé en Hollande. lée, c’est la poule aux œufs d’or.
ment forfaitaire, dit périmètre.
Or, ce périmètre peut bouger. S.L. : en tant qu’utilisateur Jean-Baptiste Thévenin : oui, le
Donc nous avons convenu d’ef- d’Intentia, est ce qui a eu risque d’arrêt mais pas d’évolu-
fectuer un tiers du projet jusqu’à des modifications que tion.
une phase d’adéquation à l’issue vous appréhendiez
de laquelle nous réévaluerons à la fusion avec Lawson ? Valentin Schmitt : mais un repre-
ensemble un budget finalisé. neur qui ne ferait plus évoluer le
Pour l’instant nous sommes par- Jean-Baptiste Thevenin : c’est produit prend le risque que petit
tis sur 500 jours et à la fin du drôle mais quand nous avons à petit ses clients s’en aillent.
mois de septembre, donc de la choisi Intentia, à l’époque, mon
phase d’adéquation, nous vali- comité de direction a reçu un Jean-Baptiste Thévenin : certes.
derons un cahier des charges mail de JDEdwards lui expli- Néanmoins, regardez tous les
détaillé, nous renégocierons et quant que jamais Intentia ne éditeurs, du marché qui sont sur
cela deviendra forfaitaire. tiendrait sur la durée. Et 6 mois AS400. Ceux-là n’ont pas fait la
après, il était racheté par Ora- migration. Et ils doivent investir
Marc Blondeau : nous nous cle. Ce qui montre bien qu’avec énormément s’ils veulent évo-
sommes mis d’accord sur des petits produits, l’on ne peut luer. Et s’ils ne le font pas, tous
280 jours fixes d’intervention être sûr de rien. La fusion de leurs clients vont partir vers
plus 80 jours d’assistance au Lawson, pour nous, a plutôt ceux qui ont évolué. Donc, ce
démarrage que nous pouvions été une bonne nouvelle puis- que vous dites est vrai mais sur
ventiler selon nos besoins et qu’ils n’ont pas été rachetés par une durée de 4 à 5 ans.
nous sommes restés dans ce un concurrent direct mais par
cadre. un confrère présent aux Etats- Valentin Schmitt : mais s’il ne
Unis où Intentia était absent et fait pas la migration, ses clients
Pierre Passet : ce qu’il faut évi- sur d’autres marchés comme auront à partir.
ter, c’est au cours du déroule- l’administration, les hôpitaux
ment du projet, de se retrouver et les ressources humaines alors Jean-Baptiste Thévenin : moi,
« obligés de payer », parce que qu’Intentia était plutôt sur l’in- je n’ai aucune inquiétude pour
de toute façons, la mise en route dustriel. Est ce que pour autant, les 3 ans qui viennent, mais si
est trop amorcée pour aller frap- dans Lawson sera-t-il capable je dois installer en Chine,
per à une autre porte. Cela est de challenger SAP pour les le produit dans trois ans, et
un vrai risque. Je ne sais pas si PME, c’est une inconnue. Mais qu’ils sont sur une pente de
quelqu’un a la solution. c’est leur discours. maintenance, j’ai un problème :
je ne trouve plus les ressources,
Jean-Baptiste Thévenin : la Valentin Schmitt : d’un autre je ne trouve plus les personnes
seule chose qui puisse nous côté, le risque qu’un petit pro- qui se forment pour mettre en
border c’est un ordre d’idées au duit disparaisse est nul, puisque œuvre le produit etc.
départ et des pénalités, sur les n’importe quel acteur du monde
délais par exemple. Les délais ne informatique, peut racheter une S.L. : dans quelle mesure
doivent pas être au même prix société et maintenir le produit. l’implication de la direction
que les jours initiaux. Mais il Parce que la maintenance, c’est est-elle importante, dans un
faut aussi être humbles : ce qui 50 des revenus et 10 % des projet d’implantation d’ERP ?
fera le plus bouger le nombre de coûts. Ma femme est à la tête
jours, ce sont les évolutions de d’une société de 20 personnes Pierre Passet : en ce qui me
périmètre que nous allons faire – Graphisoft – qui fait des ERP concerne, je considère qu’elle est
évoluer en cours de route. Et les pour les imprimeurs. Ils sont 20, essentielle. Parce que l’installation
mauvaises surprises viendront la moitié sur la vente, l’autre sur d’un ERP doit être un projet
surtout de nous ! la maintenance. d’entreprise avant d’être un
projet d’informatique. Et pour
Valentin Schmitt : nous avons Jean-Baptiste Thévenin : le l’aborder, il faut commencer
un modèle de time-sheet. C’est- risque n’est pas dans l’arrêt du par saucissonner l’activité de
à-dire un modèle avec un prix à produit. Aucun de nous ne ris- l’entreprise en processus… Or,
l’heure et je pense honnêtement que de se retrouver sans produit de cette segmentation naissent
que c’est le plus mauvais modèle maintenu dans les années qui souvent des problèmes de
de tous. Il nécessite en effet, viennent. Le risque, c’est l’arrêt points de vue divergents, de
de contrôler la présence de cha- de l’évolution. communication, d’autorité…
cun quasi hebdomadairement Si au quotidien, il n’y a pas
si l’on ne veut éviter les dérives. Valentin Schmitt : c’est vrai mais des gens qui sont capables, ne
20 STRATÉGIE LOGISTIQUE - NOVEMBRE 2007 - HORS SÉRIE NUMÉRIQUE - N°6
DOSSIER
TABLE RONDE ERP

serait-ce que par leur présence, un troisième problème qui a été


d’apporter de la sérénité, le pro- celui d’un manque d’implication
jet va s’embourber. Je peux en de la direction générale. Nous
parler d’autant plus facilement avions aussi des responsables de
que SES vient de se mettre en modules, un peu trop haut dans
situation d’échec par deux fois. notre organisation : des direc-
Pour des raisons qui ne viennent teurs Supply Chain en charge
pas toutes de la direction géné- du module Supply Chain, la
rale. Néanmoins, je pense, a directrice achats en charge du
contrario, que si cette direction module achats etc. Etant des
générale avait été complètement collaborateurs qui avaient un
impliquée à ce moment là, nous large champ de décision, nous
aurions pu ou, du moins, nous avons eu beaucoup de difficultés
aurions augmenté nos chan- à maintenir leur périmètre. Et les
ces, de pouvoir nous en sortir. choix dont je parlais, beaucoup
Aujourd’hui, c’est moi qui à la en ont fait eux-mêmes !
direction générale joue ce rôle
là : j’assiste à tous les comités de Marc Blondeau, Marc Blondeau : notre direction
pilotage, à la plupart des débrie- tion générale » doit s’impliquer. directeur générale a plus que soutenu le
fings de réunions de travail pour Tout le monde sera d’accord des systèmes projet. Elle en a été le porte-dra-
identifier les points de blocage et pour dire qu’elle doit s’impli- d’information et peau dès le départ. Sachant que
de la logistique
pouvoir le plus rapidement pos- quer. Et chez Samas, nous nous pour Amada chez nous, c’était un projet plus
sible apporter des décisions, des sommes impliqués un peu tard. Europe et vaste que l’ERP, avec une remise
réponses, trancher pour ne pas Ce qu’il faut faire, c’est assurer Gilles Solard, en cause des processus opéra-
perdre de temps sur les problè- une forme de communication rédacteur en tionnels, une organisation en
mes. et de transversalité entre les chef de Stratégie juste-à-temps… Tout cela a été
Logistique
équipes, c’est aussi gérer cha- porté par la direction au moyen
Jean-Baptiste Thévenin : je que responsable de module. Et de la description d’une vision. Il
pense aussi que l’implication savoir montrer de l’obstination. y a eu plusieurs réunions avec
de la direction générale est fon- L’ERP, c’est un terrain chaotique, les cadres pour expliquer cette
damentale. Elle ne suffit pas, mais d’autant que l’on se rapproche vision de la manière la plus
si elle est absente ce n’est même de la période de lancement, où claire. Et c’était nécessaire, parce
pas la peine de commencer le la direction doit s’assurer que qu’on sait bien que dans la pra-
projet. Dans l’industrie, les pro- personne ne lâche. La direction tique, la résistance au change-
jets ne manquent pas. Et lorsque générale doit savoir prendre des ment est énorme. Ces réunions
les collaborateurs sont confron- décisions rapides, même si elle se sont déclinées en comités de
tés à de multiples projets, ils ne doit pas se confondre avec le pilotage par métiers et services.
s’engageront d’abord dans celui directeur de projet et se mettre Là l’engagement a été total et
que la direction générale pousse. à gérer le quotidien. Elle doit au niveau des spécifications : il
Donc si le projet ERP n’est pas pouvoir contrôler le périmètre. était hors de question de sortir
ressenti comme primordial, il va En effet, le projet ERP, dans l’en- de l’ERP standard. Ce qui n’a
directement à l’échec. De plus, si treprise, aura tendance à s’éta- pas empêché le développement
de manière générale, la direction ler comme de l’huile dans un de quelques spécifiques. Ils sont
doit pousser tout changement moteur ; touchant rapidement d’ailleurs inférieurs à 10 et n’ont
d’organisation, elle doit a fortiori tous les rouages. Or, la direc- pas remis en question le carac-
pousser ceux qui concernent tion doit limiter ce phénomène. tère standard de l’ERP.
l’ERP. Parce qu’à l’usage, l’ERP Quand un problème se présente,
ne se révèlera jamais l’outil rêvé elle doit pouvoir déterminer si S.L. : vos éditeurs
par les utilisateurs (c’est-à-dire c’est le système qui va y répondre respectifs ont-ils tenu
qu’il faudrait qu’il fasse comme ou si c’est le processus métier. leurs promesses ?
avant plus ce qu’il ne faisait pas A ce propos, j’ai commis une
avant !). Aussi parce que souvent erreur de considérer au départ – Marc Blondeau : c’est une ques-
les responsabilités changent. comme je l’avais appris à l’école tion qui doit être prévue dès
Certains auront des tâches plus – que c’est le système qui doit le contrat. Nous avions bien
compliquées à faire et sans sou- s’adapter au métier. Or, dans la négocié à ce niveau là. Nous nous
tien, ce n’est pas viable. réalité, et a fortiori avec un gros sommes en effet mis d’accord
intégrateur, et plus on s’appro- sur un nombre forfaitaire de
Valentin Schmitt : la seule vraie che du lancement, ce sont les jours de mise en place, calculé
question, qui se pose, en réalité, processus métier qu’il faut adap- sur la base d’un cahier des
c’est de savoir « comment la direc- ter. Nous avons été confrontés à charges rédigé pendant 6 mois
STRATÉGIE LOGISTIQUE - NOVEMBRE 2007 - HORS SÉRIE NUMÉRIQUE - N°6 21
DOSSIER
TABLE RONDE ERP

par le cabinet de conseil en que nous voulions obtenir dans certains écarts, ils ont été com-
choix de progiciels CXP. Un tel le détail. Je pense même que blés immédiatement.
cahier des charges protège pour c’est anti-productif de s’engager
la suite. Car l’éditeur-intégrateur dès le départ sur des choix que S.L. : les projets ont-ils été
est engagé par écrit. Il y a eu des l’on sera nous-mêmes enclins à aisément acceptés
écarts ; des choses qui avaient faire évoluer. Nous avons pré- en interne ?
été annoncées comme faisant féré rédigé un cahier des char-
partie de l’ERP et qui ne l’étaient ges complet en termes de cou- Valentin Schmitt : ouf ! (rires).
pas alors. Notamment sur des verture fonctionnelle mais sans Paradoxalement, chez nous, cela
modules comme le calcul de aller jusqu’aux détails. Soit une a été assez simple. Parce qu’avant
prix de revient. L’éditeur a tout vingtaine de pages au total. nous avions 17 systèmes qui
bonnement pris en charge leur Nous avons préféré favorisé les se parlaient les uns aux autres.
développement. démonstrations. Et la visite de Entre le moment où le commer-
sites installés. Nous avons ainsi cial saisissait une commande et
Valentin Schmitt : l’engagement demandé à voir une démons- le moment où elle était prise en
de SAP, c’est de vous mettre à tration en ligne dans une entre- compte dans l’usine, il se pas-
disposition SAP. Il n’y a pas de prise ayant des sites proches des sait 4 jours. Par conséquent, le
relations fortes. Vous êtes un nôtres. Bref, nous avons privi- constat de la nécessité de chan-
parmi tant d’autres. La remontée légié le pragmatisme, ce qui ne ger était partagé. En revanche,
de problèmes constitue un pro- plaisait pas du tout à nos finan- le problème s’est posé pendant
cess extrêmement réglementé ciers, et en prenant le le développement du projet. Il a
avec des niveaux de demandes risque que l’éditeur nous fallu assurer une communication
et des niveaux d’alertes codi- dise un jour que nous ne sur l’avancement du projet et sur
fiés sur lesquels les intégrateurs nous étions pas compris le fonctionnement de l’ERP pour
s’engagent. Ils s’engagent à met- mais en supposant qu’en éviter les peurs. Ce type de pro-
tre cela à disposition. Mais c’est ayant vu de nos yeux que jet génère beaucoup de peurs et
plus un engagement de moyens cela pouvait fonctionner, a généré des peurs chez les 720
qu’un engagement quant à la nous pouvions espérer le collaborateurs extérieurs à sa
fonctionnalité. meilleur. conduite. Puis, pendant la phase
de lancement, nous avons fait
Jean-Baptiste Thévenin : nous Valentin Schmitt : oui, ce énormément de formation. Nous
c’est le couple intégrateur édi- qui compte, c’est de vali- en sommes aujourd’hui à 2500
teur qui a tenu ses promesses. der la relation de confiance jours/hommes de formation.
Nous avons plutôt eu des diffi- que l’on a avec son intégra- Nous avons utilisé les versions
cultés par rapport à ce qui était teur. Je suis également per- tests du système, des versions
attendu aux frontières. Des élé- suadé que c’est chimérique simplifiées, qui permettent aux
ments que nous n’avions pas de couvrir contractuelle- utilisateurs de s’auto-former
inclus dans le périmètre : les ment l’ensemble d’un pro- – SAP est un système mûr et très
performances. Si bien que nous jet ERP. intuitif. Pour l’ouverture aux tests,
avons dû déployer de nombreux il faut choisir le bon moment
efforts pour suivre notre montée Marc Blondeau : oui, c’est dif- de mise à disposition. Trop tôt,
en charge. Et puis sur la partie ficile lorsque l’on rédige un les utilisateurs développent une
EDI (Echange de Données Infor- cahier des charges soi-même. bonne expérience du système
matisées). Nous l’avions prise C’est l’intérêt d’avoir fait appel mais celui-ci n’est pas en état cor-
en charge par souci d’économie à une tierce partie comme le rect. Le risque est donc de diffuser
alors qu’elle se trouvait quand CXP. Le cahier des charges est une mauvaise image. Mais trop
même dans Movex. C’était limite élaboré sur la base d’un audit tard, c’est l’inverse. Nous avons
pour préparer le démarrage. complexe et détaillé qui offre mis au point une version test un
une vision neutre faisant la part peu tôt. Donc nous nous sommes
Pierre Passet : nous n’avons pas des choses entre ce qui relève du arrêtés pour recommencer deux
encore démarré donc je ne peux fantasmagorique et du sérieux. mois plus tard.
pas vous dire si je suis satisfait. De plus, lorsque le contrat est
Mais nous n’avons pas choisi la signé, la tierce partie peut peser Jean-Baptiste Thévenin : pour
même voie. Nous n’avons pas pour s’assurer que le cahier des nous, aussi, au départ, il y avait
souhaité remplir un cahier des charges est respecté. Ce n’est aussi une telle attente de la part
charges le plus exhaustif possi- plus seulement une relation de des utilisateurs qu’il y a eu une
ble pour nous blinder juridique- confiance binaire. Cela nous a adhésion immédiate. D’autant
ment par rapport à l’éditeur. En protégé et nous a permis de faire plus que quelques usines ont
effet, nous aurions eu du mal à respecter le cahier des charges à été choisies comme pilotes, ce
décrire de façon exhaustive ce la lettre. Lorsque l’on a soulevé qui a été très valorisant pour
22 STRATÉGIE LOGISTIQUE - NOVEMBRE 2007 - HORS SÉRIE NUMÉRIQUE - N°6
DOSSIER
TABLE RONDE ERP

elles. Les problèmes sont plutôt gagner de l’argent. En revanche, estimons que nous ne savons pas
arrivés lorsque nous avons com- c’est un vrai projet stratégique le calculer. Cependant, j’aime-
mencé à rentrer dans le détail. A dont nous avons besoin pour les rais quand même pouvoir faire
deux niveaux : celui de l’équipe développements futurs. des économies en devenant plus
projet d’abord. Nous avons sorti productif. Nous allons gagner
sur chaque usine un minimum Jean-Baptiste Thévenin : nous du temps et en faire gagner à nos
de 5 personnes à temps complet n’en attendions pas non plus de clients, c’est forcé. Dans les ERP,
pour concevoir le produit. C’était bénéfices financiers même si le par rapport aux anciens GPAO
une forte implication. Celui de la coût du système d’information (Gestion de Production Assis-
phase de démarrage ensuite, qui a reste raisonnable. En revanche, tée par Ordinateur), c’est vrai
nécessité beaucoup de formation. nous avons eu des gains en ter- qu’on ne gère plus des produits
Cela a généré des inquiétudes. mes de sécurité et d’évolutivité. avec le MRP (Management de
Mais néanmoins, aucun refus. Nous sommes maintenant capa- Production par les Ressources),
Nous avons eu quelques écueils bles de répondre à nos clients mais avec la commande client
quand nous avons demandé aux dans l’aéronautique et d’être comme élément fédérateur dans
collaborateurs de passer plusieurs pilotes en Supply Chain. C’est l’entreprise. De toute façon, dès
marches à la fois, comme de faire primordial pour le commercial que l’on fait du service, la GPAO
des gammes et des nomenclatu- et la survie de l’entreprise. n’est plus adaptée. Les ERP per-
res. Certaines usines n’en faisaient Nous allons maintenant passer mettent de franchir cette étape.
pas avant. Là, il a fallu remettre à une deuxième phase qui sera Et cela c’est un changement
en cause un métier, une organisa- de choisir des projets qui vont profond. Les gains pour
tion… C’était dur parce ce que ces nous permettre de jouer sur la moi sont là. On sait pour
remises en cause ont pu être per- bottom line. qui on travaille. Je trouve
çues comme des remises en cause aussi que la mise en place
personnelle. Marc Blondeau : je vais avan- d’un ERP est très fédéra-
cer des chiffres sachant que trice et structurante pour
Valentin Schmitt : nous eu ces résultats ne sont pas liés l’entreprise.
l’idée originale et fructueuse de exclusivement à la mise en
déployer simultanément à SAP, place de l’ERP mais au projet Valentin Schmitt : par
le référentiel de management d’ensemble qui s’appelle Ramsès rapport à cela, nous avons
qualité ISO 9001 pour les pro- et comprend le JAT, la qualité une situation complexe
cédures. Cette démarche nous avec une certification ISO 9001 aujourd’hui : une bonne
a assuré une meilleure rigueur et l’ERP. A son issue, nous avons partie du changement a
dans la rédaction des processus. pu réduire les délais de livraison été menée sur le terrain
De plus, les collaborateurs ont de nos machines qui sont passés parce que l’évolution de
eu le sentiment d’être valorisés. de 16 semaines à 10. Nous avons la production vers une
Nous lançons SAP au 1er décem- aussi diminué les stocks parfois production à la com-
bre et attendons ISO pour divisés par 5, notamment sur mande, prend du temps.
juin 2008. les stocks amont et les en-cours. En revanche, le système
Sur la préparation de la tôle, d’information ne voit
S.L. : même si elles sont nous sommes même passés de encore que des produits.
difficiles à quantifier, 5 semaines à 3 jours. Et la coexistence des deux
pouvez-vous estimer quels dans la phase de lancement n’est
bénéfices ont été apportés Valentin Schmitt : un autre béné- pas des plus agréables.
par ces solutions ? fice apporté par SAP s’est situé
au niveau de la production. Pierre Passet : ça c’est le propre
Valentin Schmitt : une remarque Nous devions basculer notre de toutes les phases de transi-
de notre directeur financier à production sous SAP. Et avec tion, ce n’est pas facile. Nous
l’intégrateur venu à son arrivée le développement des services, c’est pour cela que nous visons
lui présenter la mise en place nous avions besoin de basculer le big bang plutôt qu’une bascule
du progiciel et qui heureuse- cette activité sur la base des site après site, étape après étape,
ment a évolué : « moi les gens commandes. SAP nous a donc sur des périmètres croissants en
qui m’expliquent qu’un projet imposé d’avancer côté métier. commençant par la production.
de 15 millions d’euros pour une Nous avons imaginé ces solu-
société qui en fait 350 va géné- Pierre Passet : il est encore trop tions et nous avons choisi une
rer des économies, je n’ai pas tôt pour que je puisse m’expri- seule bascule à date avec tout ce
envie de leur parler ». Je trouve mer sur les bénéfices mais je peux que ça coûte et risque. C’est un
cela juste. Ce n’est pas un pro- vous dire ce que nous attendons choix.
jet d’économie. Il y a des mil- de notre ERP. Pas de retour sur Propos recueillis par
liers d’autres choses à faire pour investissement parce que nous Magali Mouzard
STRATÉGIE LOGISTIQUE - NOVEMBRE 2007 - HORS SÉRIE NUMÉRIQUE - N°6 23
UNIVERS PROGICIELS
ERP

Les solutions se plient en quatre


Nouvelles fonctionnalités, améliorations logistiques, BI (business intelligence),
verticalisation des solutions, SOA ( service oriented architecture), ASP (application service
provider)… Les ERP se plient en quatre pour séduire un marché encore bien vivace. Panorama
des nouveautés en avant-première du salon ERP.

L
e marché des ERP en France a LE SALON ERP, C’EST BIENTÔT
encore de belles heures devant
lui. Renouvellement pour les Personne ne dira le contraire. Le salon ERP, ex salon Système Application est LE
grands comptes, premières rendez-vous incontournable de l’année pour les éditeurs de progiciels de gestion
acquisitions pour les plus petites intégrés. A côté, le salon des progiciels de gestion Progiforum n’est pas focalisé
entreprises… Une étude IDC vient sur les solutions intégrées. Les ERP vont, une nouvelle fois lors de cette 10e édition,
de révéler qu’il progressera encore de se retrouver pour proposer leurs dernières améliorations, dans le cadre du CNIT
8 % en 2007. Il faut dire que de nouvelle de Paris La Défense, du 2 au 4 octobre prochain. Les éditeurs profiteront comme
version en nouvelle version, l’offre se à l’accoutumée du salon pour annoncer le lancement de leur nouvelle version.
fait toujours plus tentante, plus proche Et les visiteurs ne manqueront pas de flâner aussi dans les manifestations amies
des attentes des clients. et voisines : e-achats, MVI/CRM pour marketing, vente et informatique et gestion
« Il est vrai que nous avions tendance de la relation clients, BI pour les solutions de business intelligence (analyse),
à toujours annoncer de nouvelles serveurs et applications, Demat pour la dématérialisation des documents papier et
avancées technologiques, sourit Amor Solutions finance. Pour un éventail de choix encore plus large.
Bekrar, PDG d’IFS. Or, les clients
eux, ne formulent que des besoins
opérationnels. Ils sont simplement en de manière plus globale, sur l’ensem- IBS Warehouse Management. Et que,
quête de fonctionnalités adaptées ». ble de la Supply Chain. « Les sociétés dans sa dernière version, le module de
Si la convivialité n’a de cesse de continuent à délocaliser leur produc- gestion d’entrepôt intègre notamment
s’améliorer, l’offre de fonctionnalités tion pour vendre en France, où des améliorations en gestion de stock
taillées sur mesure mais livrées en les entrepôts fleurissent sur tout le et en gestion du coût de stock plus
standard commence à occuper le devant territoire. Dans ce contexte, les ERP particulièrement. Ainsi, ceux qui sont

« Ce sont les nouvelles « Le sujet d’actualité, « Ce sont souvent les grands comptes
fonctionnalités qui feront c’est la SOA. » qui sont demandeurs du mode ASP. »
désormais la différence » Frédéric Champalbert, Isabelle Saint-Martin
Amor Bekrar, directeur général France chef de produit Microsoft
P-dg d’IFS France. de Lawson Software Dynamics Nav et Ax

de la scène. Il est loin le temps où les sont obligés de suivre le mouvement déjà parés des modules de gestion
utilisateurs se retrouvaient avec une et de se tourner vers les entrepôts. d’entrepôt les peaufinent. Autre exemple,
moitié de fonctionnalités manquantes Soit, ils intègrent des progiciels de celui de l’éditeur Divalto qui a mis au
et une autre de fonctionnalités inutiles. gestion existants du marché, soit ils point une solution qui permet d’intégrer
les développent », explique Isabelle les données des terminaux radio dans les
Vers la maîtrise de l’entrepôt Zapillon, qui a succédé au printemps à la fonctionnalités logistiques.
Les solutions ont complété leur offre direction générale d’IBS France à Jean- Les éditeurs, chacun à leur niveau,
au point de pouvoir parfois rivaliser Paul Patureau. affinent leur maîtrise de l’entrepôt. Et
avec des « best of breed ». C’est le Rappelons qu’IBS a quant à lui pris du transport aussi. Dans le contexte
cas, en particulier, en logistique et, le parti de développer en interne de pénurie actuel, ils mettent peu à
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UNIVERS PROGICIELS
ERP

peu au point des outils de simulation. SYLOB LANCE SYLOB 1


Chez Ordirope, une telle nouvelle
fonctionnalité doit permettre de choisir On a beaucoup parlé du progiciel de gestion intégré
la meilleure solution au meilleur coût. pour les PME. Voici une solution pour les TPI, très petites
Plus globalement, ils tendent à couvrir entreprises industrielles de 10 à 50 personnes. L’éditeur
l’ensemble de la Supply Chain. Sylob a commencé par la proposer avec succès au
Lawson Software a ainsi développé de niveau régional. Et à la commercialiser au plan national
nouvelles fonctionnalités de logistique en juin. Conçue sur une technologie web, elle facilite
étendue notamment pour ses secteurs aussi bien la partie située en amont de la production
clés de la mode et de l’agroalimentaire. – gestion des fournisseurs et des achats, conception
Ainsi, dans le textile, « Assortiment des produits et définition des prix de revient, que la
and replenishment planning » permet planification et la gestion des stocks. Des tableaux
aux enseignes de procéder aux d’analyse sont disponibles en temps réel. « Sylob 1
meilleurs assortiments dans plusieurs garantit un retour sur investissement accéléré et un
magasins. De même, « Fashion démarrage confortable qui tient compte, précisément,
production planning » intègre la des caractéristiques de la petite entreprise. La solution est disponible à partir de
sous-traitance de la fabrication off- 10 000 euros », explique Jean-Marc Vigroux, P-dg de Sylob. Il a fallu 4 années de
shore. En agroalimentaire, « Demand recherches avec l’Ecole des Mines d’Albi-Carmaux pour la développer. Sylob 1 est
planning » assure la réalisation de installée en tests depuis un peu plus d’un an chez Air Gamma où il a apporté une
prévisions au plus juste dans le secteur touche structurante à l’activité.
du frais. Enfin, « Advanced Sourcing
Rules » accompagne le secteur dans
son sourcing de matières premières. fait, les outils sont peu à peu devenus les généralistes se sont mis à décliner
Dans l’agroalimentaire, l’approvision- incontournables à l’intérieur des des produits « verticalisés ». Dans la
nement reste très européen, mais solutions. Beaucoup d’éditeurs livrent première catégorie des spécialistes,
dans la mode, comme dans de en standard des produits de spécialistes. on trouve par exemple Ordirope. Cet
nombreux secteurs, la Supply Chain C’est ainsi le cas d’IBS avec Cognos expert des fournisseurs de la grande
n’a de cesse de se mondialiser. Et là ou de Divalto avec Hyperion. Chez distribution intègre chaque année les
aussi, les fournisseurs d’ERP sont au Microsoft les deux dernières versions évolutions législatives de son secteur. Et
rendez-vous, à l’instar d’IFS, dans de Nav et d’AX intègrent Business des évolutions, il y en a eu. De la loi Sapin
sa dernière version. « L’ERP par Analysis Services, un composant logiciel en 1995, à Jacob-Dutreil en passant
exemple, est désormais capable de standard de Microsoft permettant par la loi Galland... A chaque étape,

« Nous « Amorcée
intégrons il y a 5 ans,
chaque la stratégie
année les de
évolutions verticalisation
législatives des solutions
du secteur se confirme. »
de la grande « Les ERP intègrent Thierry
distribution. » des fonctionnalités Meynle
Daniel logistiques de plus directeur
Clément en plus poussées.» général
Ordirope Isabelle Zapillon IBS de Divalto

répartir une commande sur trois sites de faire de l’analyse décisionnelle de les méthodes d’élaboration des prix
de production différents», explique manière intégrée. ont changé. Et les deux ERP, Minos
Amor Bekrar, PDG d’IFS France. S’il n’y a plus guère de fonctionnalités pour les PME et Mikerinos pour les
manquantes dans les chaînes TPE, ont suivi. Leur prochaine ver-
« Business intelligence » progicielles, il n’y a plus guère, non sion intégrera aussi des améliora-
Les outils de « business intelligence » plus de développements superflus. Les tions au niveau pour la traçabilité
ont eux aussi le vent en poupe. Tandis solutions, au fil du temps, épousent de et la dématérialisation de la facture.
que les clients s’engagent aujourd’hui plus en plus parfaitement les contours «Nous sortons aussi un catalogue où
tous dans des démarches d’amélioration de la demande de leurs clients. A toutes les informations produit seront
continue, en analysant ce qui a déjà été côté des spécialistes d’un marché, centralisées », indique Daniel Clé
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UNIVERS PROGICIELS
ERP

A NE PAS MANQUER A côté de tels spécialistes, les géné- permet à l’utilisateur final n’ayant pas la
SUR LE SALON ERP ralistes développent des verticaux. Ils licence d’accéder à des fonctionnalités
deviennent ainsi de véritables multi- de l’ERP par le web.
Outre le débat inaugural, spécialistes. C’est ainsi la stratégie d’IBS
les tables-rondes des fournisseurs en France qui a mis au point des modules Synchronisation avancée
et des clients complémentaires pour les secteurs avec Outlook
de l’électronique et de l’électricité, la Pour les populations nomades, la
2 octobre distribution pharmaceutique, le papier, dernière version de l’ERP Microsoft
14 h 30 – 16 h 30 le vin et la distribution de livres. « Le Nav, pour les plus petites PME, permet
> Choisir un ERP : de l’expression développement de solutions standards une synchronisation avancée avec
des besoins à la sélection verticalisées permet contrairement Outlook. Le collaborateur nomade
de l’intégrateur, en passant aux solutions spécifiques, de proposer pourra désormais travailler sur des
par le cahier des charges les mises à jour régulières», souligne données clés telles que sa base d’articles
> Quel ERP pour les entreprises Isabelle Zapillon. et ses commandes. Avec AX, il est aussi
manufacturières possible désormais de gérer la plate-
Pour le collaborateur forme client et les commandes.
3 octobre nomade Mais les deux grandes avancées en
10 h 30 – 12 h 30 IFS, qui ne compte dans son offre termes d’accessibilité, ce sont surtout le
> Change management : quelles que des progiciels verticalisés, vient mode ASP et la SOA. En mode ASP, pour
bonnes pratiques pour gérer de développer une solution pour les application service provider, l’ERP est
la gestion du changement induit entreprises qui travaillent en mode hébergé sur un serveur central et acces-
par l’ERP ? projet, c’est-à-dire uniquement à la sible en mode locatif. « Aujourd’hui,
> SCM, GPAO, MES : l’ERP est-il commande, comme les entreprises du 12% des sociétés choisissent ce
un agent d’intégration fonctionnel BTP (bâtiment et travaux publics). mode », indique Isabelle Zapillon. Ce
et technologique ? Chez Divalto, dont l’ERP éponyme n’est pas encore très généralisé, néan-
n’est vendu qu’exclusivement par le moins, la dynamique est là. « Ce sont
14 h 30 – 16 h 30 biais d’intégrateurs, les déclinaisons souvent les plus grands comptes qui
> Mise en œuvre de l’ERP, ont été innombrables. « La première en sont demandeurs », estime de son
exploitation quotidienne, montée a été réalisée il y a 5 ans par notre côté Isabelle Saint Martin. Notons que
de version : connaître, anticiper et intégrateur et éditeur Octa pour le ser- l’ASP existe depuis janvier 2007 pour
maîtriser les moments-clés vice après-vente », se souvient Thierry les ERP Microsoft Nav et AX. Et que
Meynle, directeur général de Divalto. de manière générale, l’offre est assez
4 octobre Depuis, les intégrateurs ont sorti des récente.
10 h 30 – 12 h 30 versions pour la maintenance, les ser- Encore plus récente, la SOA (service
> Software as a Service : atouts et vices, l’agroalimentaire, le bâtiment ou oriented architecture – architecture
limites des nouvelles solutions ASP l’énergie. Lors du salon ERP d’octobre, orientée service), consiste à trans-
Divalto présentera Divalto Champa- former les modules à l’intérieur des
14 h 30 – 16 h 30 gne, mis au point récemment par EBC suites en « composants » en y greffant
> ERP et BI : un couplage à Reims. des éléments de connexion les rendant
multi-fonctionnel incontournable ! C’est un peu la même chose chez Micro- interopérables entre eux, quel que
Pourquoi ? Comment ? soft. « L’offre verticalisée existe depuis 5 soit l’éditeur auquel ils appartiennent.
ans environ. Elle est mise au point par Ainsi, l’utilisateur pourrait travailler
notre réseau de partenaires intégrateurs avec la production de SAP, la logistique
ment, directeur général du groupe. et éditeurs. Il y en a aujourd’hui dans d’Oracle etc.
Au niveau logistique, Ordirope sort de nombreux secteurs. Parfois ce sont « Le sujet d’actualité, c’est la SOA »,
un module pour le vocal, technologie des modules qui s’ajoutent à la suite, affirme Frédéric Champalbert, directeur
de transmission de données qui s’est parfois c’est l’ensemble de l’offre qui général France de Lawson Software
aujourd’hui complètement démo- est teintée. C’est le cas pour la gestion dont le groupe a décidé d’opter pour
cratisée dans son secteur. des concessions automobiles par exem- les solutions SOA d’IBM, plutôt que
De la même manière, Lawson Software ple », estime Isabelle Saint Martin, de développer lui-même des briques
a pour stratégie de répondre exclusi- chef de produit Microsoft Dynamics techniques. Chez Microsoft, AX est
vement aux contraintes de la distribu- Nav et AX. déjà disponible en architecture SOA.
tion et le l’industrie manufacturière Peaufinés, personnalisés, les ERP se Pour Nav, la SOA viendra avec la version
avec son ERP M3 et des services avec rendent aussi de plus en plus acces- 5.1 de 2008. Peu à peu, tout le monde
S3. Issu du rachat d’Intentia, M3 sibles. Ainsi la version 4 d’AX, l’ERP y arrive. Il faut simplement se faire à
couvre ainsi les secteurs du textile, de pour les plus importantes PME de l’idée d’œuvrer pour une cohabitation
la mode, du luxe, de l’agroalimentaire Microsoft, intègre un composant au avec des solutions concurrentes. Ce
et de la vente en gros. S3 correspond nom à rallonge , Microsoft Dynamics n’est pas toujours facile, mais puisque
aux prestataires de services, à la santé Client for Microsoft Office and le marché le veut…
et au secteur public. Windows Sharepoint Services qui Magali Mouzard

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