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La PI est en France une branche spéciale du droit privé, elle s’intéresse à la protection des richesses
immatérielles de nos sociétés, celles issues de l’imagination humaine.
La PI est un terme générique qui désigne en réalité plusieurs catégories de PI :
Propriété littéraire et artistique : elle regroupe les règles juridiques applicables aux :
- Droits d’auteurs (œuvres littéraire, musicales, graphiques, plastiques ou encore les
logiciels)
- Droits voisins (concerne exclusivement les artistes interprètes, les producteurs de
vidéogrammes, entreprises de communication audiovisuelle)
La notion d’œuvre de l’esprit c’est la combinaison d’une création intellectuelle et d’une création de
forme
Création intellectuelle
Il est communément admis que l’œuvre de l’esprit doit procéder d’une activité créative. Cela
signifie qu’il ne saurait y avoir de droit d’auteur s’il n’y a pas de création du tout.
La différence entre activité créative et simple savoir-faire ne va pas de soi. A priori, le droit d’auteur
ne peut pas naitre de la simple mise en œuvre d’un savoir-faire.
Civ 1ère 29 mars 1989 dénit la qualité d’auteur au réalisateur d’une œuvre télévisuelle dont le
concours ne constitue pas une « création intellectuelle propre », mais est réduit à une « banale
prestation de service technique ».
Arrêt de principe Coprosa 2 mai 1989 : « un travail de compilation d’information n’est pas
protégé en soi »
Il n’y aura pas non plus de protection si la prétendue création est le fruit exclusif du hasard.
Création de forme
L’œuvre ne peut donner prise au droit d’auteur qu’à partir du moment où elle quitte le monde de la
spéculation pour entre dans le monde sensible de la forme, à partir du moment où comme l’affirme
la Cour, elle est créée « par la réalisation de la conception de l’auteur ».
Il ne faut pas confondre œuvre de l’esprit et information (exemple : « l’édition d’une collection
d’ouvrages présentant un certain nombre de caractéristiques communes ne constitue pas en soi la
création d’une œuvre distincte de ces ouvrages eux-mêmes et dont l’éditeur pourrait être considéré
comme l’auteur ». Il faut rappeler que le droit d’auteur ne saisit que des œuvres, par des
informations. Or, toutes les informations ne sont pas des œuvres.
La frontière n’est pas toujours facile à tracer entre l’idée non protégeable et l’œuvre concrétisée
protégeable.
Focus : originalité
Il n’est pas facile de distinguer ce qui relève de la notion d’œuvre de l’esprit et ce qui relève de la
notion d’originalité. La première exigence est contenue dans la seconde, une œuvre originale étant
forcément une œuvre de l’esprit.
L’approche est plus objective dans les systèmes de copyright où l’œuvre est réputée originale dès
lors qu’elle n’est pas copiée. L’UE définit la notion d’originalité comme une « la création
intellectuelle propre à son auteur ».
La protection n’est pas subordonnée à une taille minimum, ni à un niveau minimum d’originalité.
L’article L 112-1 interdit également de prendre en compte la destination de l’œuvre (même si elle a
une fonction, cela n’exclut pas par principe l’originalité).
Par bénéficiaires, on entend généralement non seulement les personnes sur lesquelles naissent les
droits, les auteurs, en vertu de l’article L 111-1 CPI, mais aussi les ayants cause.
Œuvre de collaboration
Outre le cas particulier des Œuvre collective, l’attribution de la qualité d’auteur obéit à des règles
spéciales en présence d’œuvre de collaboration. Ces dernières sont le résultat du concours de plusieurs
personnes l’article L 113–2 du code ne les défini pas précisément mais la doctrine considère
unanimement qu’il s’agit d’une collaboration au sens étymologique du terme latin cum laborare
littéralement travailler avec.
Pour parler de collaboration il faut une inspiration commune et une concertation sans rapport à la
différence des œuvres dites composite, les auteurs ont agi en même temps et non successivement pour
résumer par une image emprunté à Pierre Yves Gauthier « l’œuvre collective correspond à une
structure de création verticale, l’œuvre de collaboration à une structure horizontal comme une bande
dessinée qui requiert une concertation et une collaboration entre le dessinateur est l’auteur du scénario
du dialogue les œuvres de collaboration sont aujourd’hui majoritaires ».
Les œuvres de collaboration sont aujourd’hui majoritaires.
Chacun des co-auteurs a un droit indivis sur la propriété commune (L 113-3 CPI) et les règles de droit
commun de l’indivision trouve à s’appliquer. Il faut dès lors l’accord de l’ensemble des auteurs pour
prendre une décision. En cas de désaccord, le juge civil saisit du litige peut décider de passer outre une
opposition sur le fondement de l’article L 113-3 qui lui reconnait cette compétence lorsque le
désaccord porte sur les droits patrimoniaux. Lorsque le désaccord porte sur l’exercice du droit moral,
selon la doctrine il faut recourir à l’abus de droit. Cette règle de l’unanimité peut être source de
blocage pour l’exploitation de l’œuvre. Il est possible pour les coauteurs de trouver des aménagements
et de convenir des modaltiés exactes.
Un auteur peut-il utiliser sa propre contribution ? L’auteur d’une musique de film peut-il se livre à
l’exploitation autonome de sa musique ? Oui, à condition pour l’auteur de ne pas porter préjudice à
l’exploitation de l’œuvre commune.
Le Code a prévu des régimes quelques peu aménagé de collaboration pour tenir compte des
particularités des œuvres audiovisuelles, télévisuelles, cinématographiques et vidéogrammes. Mais
aussi pour tenir compte des particularités des œuvres radiophonique nouvelle. Ainsi, l’auteur de ces
œuvres adaptées est considéré par la loi comme étant fictivement co-auteur de l’œuvre radiophonique
nouvelle. La protection des œuvres radiophonique a suscité un contentieux important, surtout à
l’époque du transistor.
Le statut de l’œuvre audiovisuelle a été introduit par une loi de 1957 pour remédier aux discussions
engendrées par l’arrêt du 10 novembre 1947 : le film cinématographique ne répond pas à la
qualification d’œuvre collective. Sur le fond la loi reconnait la qualité d’auteur à toute personne qui
réalise la création originale mais la preuve se trouve grandement facilité pour les catégories visées par
le texte. Car L 113-1a posé une présomption de qualité de co-auteur de l’oeuvre audiovisuelle en
visant expressément 5 métiers : l’auteur du scénario, de l’adaptation, du texte parlé, des compositions
lusicales et le réalisateur. Tous les autres intervenants (cameraman, maquilleurs etc.) pourront établir
leur qualité mais ils devront prouver qu’ils ont réalisé à l’œuvre commune.
Le statut de l’œuvre audiovisuelle reste l’une des questions du droit d’auteur assez controversé. A
l’origine du trouble se trouve le principe selon lequel l’auteur de l’œuvre originaire bénéfice de la
qualité d’auteur par une fiction de la loi. Cette qualité ne peut pas lui être retiré à la différence des
autres auteurs du film. En conséquence les œuvres successives, implique un nombre de co-auteurs
importants, car tous les auteurs du premier film seront considérés comme co-auteur du remake.
L’assimilation de statut complique considérablement l’appropriation des droits nécessaires à
l’exploitation et la production des œuvres audiovisuelles dérivées.
Œuvre composite
Il s’agit de l’article L 113-2 CPI. Cette dernière est une œuvre nouvelle à laquelle a été incorporé une
ou plusieurs autres œuvres existantes. Par exemple il peut s’agir d’un roman porté au cinéma.
A la différence de l’œuvre de collaboration, l’auteur n’aura pas travaillé avec l’auteur de l’œuvre
originaire. A la différence des œuvres collective, l’auteur aura pris seul l’initiative de la création de
l’œuvre composite.
Une œuvre composite peut aussi être une œuvre de collaboration et une œuvre collective. Or l’une de
ces qualifications doit prévaloir sur l’autre pour déterminer le régime juridique applicable.
Le célèbre procès l’opéra le prince Igor : commencé par Boraudine, mais il est décédé avant la fin de
sa création. Deux autres artistes ont achevé l’opéra en composant les parties manquantes. La version
définitive était-elle une œuvre composite ou de collaboration ? La Cour de Paris a opté pour la
qualification d’œuvre composite, car l’œuvre de Boraudine a été incorporé à l’œuvre nouvelle.
Si plusieurs auteurs sont bien à l’origine de l’œuvre composite le droit n’envisagera que le résultat
final pour considérer que l’œuvre n’a en réalité qu’un seul auteur. Il n’y a aucune copropriété ou
indivision entre l’auteur de l’œuvre première et l’auteur de l’œuvre composite. De ce fait, l’œuvre
dérivée doit être originale pour faire naître un droit d’auteur dans un arrêt
Civ 1ère du 15 février 2005 : l’originalité de l’œuvre première ne permet pas d’établir l’originalité de
l’œuvre composite. L’auteur d’une œuvre dérivé original jouit pleinement de ses droits d’auteur sous
réserve du respect des droits d’auteur de l’œuvre préexistante (article L 113-4).
L’article 112-3 impose la même réserve pour les traductions. Il faut l’autorisation de l’œuvre de
l’auteur première avant de réaliser l’œuvre seconde. Autrement dit, il faut un contrat autorisant la
création d’une adaptation. Ce rapport de dépendance confère un pouvoir de contrôle à l’auteur de
l’oeuvre première. Ce contrat est a durée déterminée.
Focus : les œuvres de plusieurs auteurs
Droit moral : pour assurer la protection de la personnalité de l’auteur a travers son œuvre
indépendanement de son exploitation
Droits patrimoniaux : permet la circulation de l’œuvre dans la circulation économique
L’auteur d’une œuvre de l’esprit jouit sur cette œuvre, du seul fait de sa création, d’un droit de
propriété incorporelle exclusif et opposable à tous.
L’œuvre est réputée créée, indépendamment de toute divulgation publique, du seul fait de la
réalisation, même inachevée, de la conception de l’auteur (C. propr. Intell. Art. L. 111-2).
Le droit d’auteur comporte des attributs d’ordre intellectuel et moral, et des attributs d’ordre
patrimonial.
3.1. Droit moral
Le droit moral est consacré au niveau supranational (Article 6 bis convention de bern), le droit
européen l’a intégré même si les textes et la Cour de justice ne l’ont pas défini. Dans les faits il
persiste des différences notables entre les régimes nationaux quant à l’appréhension des contours du
droit moral.
En France le droit moral est constitué de quatre éléments : le droit à la paternité, le droit au respect de
la création, le droit de divulgation et le droit de retrait ou de repentir.
Ce droit moral, ainsi constitué, est dit inaliénable et indisponible. Ce qui signifie qu’il reste la
propriété de l’auteur sans cession possible. Autrement dit, une clause de renonciation générale et
préalable serait jugée nulle et non avenue. Dans la même logique on ne peut pas fixer la qualité
d’auteur par contrat.
Le droit moral est d’OP : les parties ne peuvent pas en modifier le contenu
Droit à la paternité (droit au respect au nom et de la qualité)
Ce droit comprend au respect du nom et de la qualité de l’œuvre, c’est un droit perpétuel.
Exemple : à la télé l’animateur se doit de dire que l’œuvre entendu est de tel compositeur, même si
l’œuvre est tombée dans le domaine public
Certains aménagements sont cependant admis pour se caler sur les usages de la profession en question.
De manière générale les conventions relatives à la paternité sont valables car il s’agit pour l’auteur
d’un droit et non d’une obligation.
Le droit au respect du nom permet de s’opposer à un tiers qui apposerait son propre nom sur l’œuvre
de l’auteur, mais il permet aussi à celui qui a crée l’auteur sous le nom d’autrui de révéler sa paternité,
même s’il a pu accepter de ne pas figurer sur les exemplaires par le biais d’un contrat.
L’usurpation de l’œuvre peut être sanctionnée en tant que violation du droit moral, mais l’usurpation
de ce nom peut être sanctionné civilement, voir pénalement pour violation au droit du nom ou, dans le
domaine de l’art pour faux artistique.
Le droit au respect de la qualité consiste à faire mention des titres, grades de l’auteur. Toutefois ce
droit n’est pas une obligation, en conséquence l’auteur garde le droit de garder l’anonymat ou de
publier sous un pseudonyme.
La question de l’œuvre orpheline est distincte : elle se pose que quand on ne peut pas du tout
déterminer l’auteur. Dans ce cas aucune présomption d’anonymat n’est consacrée par le droit positif. Il
faut au contraire que l’utilisateur de l’œuvre puisse prouver les recherches vaines entreprises pour
identifier l’auteur. A cette fin, on peut envisager de saisir la justice pour faire constater l’absence de
paternité de l’œuvre.
Droit au respect de la création
Cette prérogative permet de garder l’intégrité et l’esprit de l’œuvre interdisant aux tiers de déformer sa
création sans son autorisation.
Les cocontractants de l’auteur chargés de représenter ou de reproduire l’œuvre doivent garantir ce
respect. La loi impose expressément ce devoir aux entrepreneurs de spectacles, éditeurs, aux personnes
à qui l’objet est vendu. En 1968 a été jugé que l’acheteur d’un réfrigérateur décoré par Bernard Buffet
ne pouvait pas le revendre par panneau séparé.
L’adaptateur d’une œuvre ne jouit pas non plus d’une liberté absolue : il doit respecter, l’esprit, le
caractère et la substance.
En générale, les aménagements contractuels au respect de ce droit sont délicats à mettre en place.
Exception pour les logiciels : l’article L 121-7 CPI dispose que l’auteur ne peut pas s’opposer à la
modification du logiciel sauf :
Droit de divulgation
C’est un élément crucial du droit moral, il s’agit de la faculté discrétionnaire de l’auteur se défaire de
sa création et à la communiquer au public selon la forme et le moment de son choix.
L’exercice de cette faculté a pour effet d’épuiser ce droit. La question de l’épuisement du droit de
divulgation est controversée en doctrine et en jp : si l’auteur a autorisé la représentation de sa pièce a-
t-il pour autant épuisé son droit de s’opposer ultérieurement à la reproduction de cette pièce ? La
divulgation qui s’épuise selon un mode particulier de communication public, la représentation,
n’épuise pas le droit de divulguer l’œuvre sur d’autres mode (la reproduction par exemple).
Le droit de divulgation comporte :
L’article L 122-3 définit la reproduction comme la fixation matérielle de l’œuvre par tout procédé qui
permette de la communiquer au public de manière indirect.
Le Code ajoute une liste illustrative d’acte de reproduction : imprimerie, dessins, photographie etc. Le
Code rattache divers modes d’utilisation de l’œuvre aux droits de reproductions. Ainsi, l’article L 122-
4 précise qu’est illicite toute traduction, adaptation, transformation arrangement ou reproduction par
un art ou un procédé quelconque sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit. La
reproduction qui requiert autorisation est une fixation matérielle du bien intellectuel qui permet sa
communication indirecte au public. C’est la diffusion des supports qui permet au public d’accéder à
l’œuvre.
Il arrive cependant que la distinction s’avère difficile, ainsi dans plusieurs procès ayant opposé la
société des auteurs compositeurs et éditeurs de musique à des discothèques de la Cour de Cassation a
qualifié de reproduction l’utilisation des phonogrammes du commerce pour pour sonoriser les soirées
dansantes. Pourtant, la diffusion publique d’une musique enregistrée sur phonogramme est bien une
représentation, mais la Cour a ajouté dans son arrêt du. 22 mars 1988 une nouvelle composante au
droit de reproduction : le droit de destination selon lequel chaque nouveau mode d’exploitation doit
donner lieu à une nouvelle autorisation et ouvrir au profit de l’auteur une nouvelle redevance. En
l’espèce il a été jugé que la cession par l’auteur de son droit de reproduction mécanique à un
producteur de phonogramme en vue de leur vente au public, ne comprenait pas le droit de les diffuser
publiquement dans le cadre d’une discothèque.
Ainsi, c’est en application de la théorie du droit de destination que par exemple l’auteur d’une BD peut
percevoir une rémunération pour avoir cédé ses droits de reproduction à l’édition d’une libraire et peut
percevoir une autre rémunération pour avoir vendu ses BD en promotion dans une station-service.
Cette théorie du droit de destination a connu une certaine consécration par la jp française mais aussi
par le droit européen. Ce droit englobe le droit de location et de prêt imposé par la directive 92/100 de
novembre 1992.
Le Code de la PI a échaffaudé une série d’exception au droit de la reproduction suivant que ce droit a
été utilisé pour un usage public ou pour un usage privé. AINSI en 2006, le leg a introduit une
exception d’enseignement pour faciliter l’utilisation des œuvres à des fins pédagogique. Cette
exception étant assorti d’une rémunération forfaitaire. Mais la principale exception est celle de la
copie privée L 122-5 qui permet une reproduction à l’usage privé du cpiste, ie lorsque la copie n’est
pas destinée à une utilisation collective. L’exception n’est pas gratuite, L 122-10 a instauré un
mécanisme de gestion collective chargé de percevoir les redevances pour les copies privées. On
relèvera que l’exception de copie privé ne joue plus une fois que l’œuvre est tombée dans le domaine
public.
En matière de reproduction à usage public on peut citer la dérogation concernant les reproduction
provisoire ou éphémère faites sur les réseaux numériques, les reproductions accessoires à la
reproduction en ligne (directive 22 mai 2001). Ces reproductions sont considérés juridiquement
comme neutre au regard du droit d’auteur car elles n’ont aucune autonomie et correspondent à un
simple procédé technique.
Droits patrimoniaux aménagés de l’auteur de logiciel
La nature particulière de ces créations informatiques et ses conditions particulières d’utilisation,
explique ce régime d’exception du droit d’auteur.
Le contenu du droit patrimonial est précisé par l’article L 122-6 CPI. Il consiste essentiellement en un
droit de reproduction, d’adaptation (on peut changer de langage informatique) et de mise sur le marché
par vente ou location.
Mais comme l’utilisation du logiciel suppose de mener plusieurs opérations, qualifiées de reproduction
(chargement, affichage etc.), l’utilisateur est contraint d’obtenir une quasi-licence d’utilisation du
logiciel. Au nombre des exceptions au droit patrimonial inscrit à l’article L 122-6-1 on notera la licéité
des copies de sauvegarde dès lors que la source de la copie est licite. En revanche, les autres copies
privés sont interdites, sous peine d’être qualifié de contrefaçon. L’autre exception importante est dite
de décompilation : elle permet à l’utilisateur d’accéder au code source pour lui permettre l’inter
opérabilité entre plusieurs logiciels.
Toutes les exceptions prévues par les textes ne bénéficient pas à tous les tiers mais seulement à la
personne ayant le droit d’utiliser le logiciel comme le licencié. Le droit d’auteur sur le logiciel peut
faire l’objet de divers contrats d’exploitation. Mise à part le nantissement (L 132 CPI), ce sont les PG
des articles L 131-1 et suivant qui s’applique aux autres contrats (cession ou licence).
L’une des nouveautés du monde du logiciel réside dans la possibilité donnée aux internautes de
bénéficier de logiciels libre permettant de télécharger des logiciels et d’avoir accès à leur code source.
La liberté en question est celle de modifier les logiciels à condition de diffuser les adaptations sous le
même type de licence. Mais les logiciels libres ne sont pas forcément gratuits.
Parmi les exceptions plus générales à la mise en œuvre du droit d’exploitation de l’œuvre, l’aricle L
122-3-1 dispose que la première mise en vente légale d’un exemplaire matériel d’une œuvre sur le
territoire de l’espace économique européen épuise le droit de DPI. Ce qui signifie que l’auteur ne plus
interdire ni contrôler la circulation de l’exemplaire de son œuvre sur le territoire européen. Ce principe
de l’épuisement des droits à compter de la première mise en circulation itnra-communautaire est
consacré par l’ensemble des textes européens visant à l’harmonisation des DI. Mais ce principe n’est
pas universelle et son application pratique pose nombre de difficluté.
Droit de suite (œuvres plastiques)
Il s’agit d’une forme de restriction au droit patrimonial. Il est d’origine française et spécifique aux arts
plastiques, et plus spécifiquement aux œuvres originales crées par l’artiste lui-même. Ce droit découle
de la volonté du législateur de protéger l’auteur contre les mirages du marché. Il confère à l’auteur le
droit de bénéficier du surcroit de valeur acquise par son œuvre depuis sa mise sur le marché.
Ce droit de suite (article L 122-8 CPI) n’est pas un droit d’autoriser, c’est le droit de percevoir un
pourcentage sur le prix de revente de l’œuvre. A cette fin, le professionnel de la vente de l’œuvre doit
délivrer à l’auteur ou à la société de perception et de réception du droit de suite toutes les info
permettant l’évalutation de ce droit de suite selon les critères fixés par voie règlementaires. Les taux
fixés sont progressifs et fonction du prix de vente. Le système ne s’applique pas aux transactions aux
œuvres d’un montant inférieur à 10 000€.
Le droit de suite a été imposé aux EM à l’échelle européenne par une directive du 27 septembre 2001.
Sa transposition a nécessité certains aménagements non négligeables par la loi d’aout 2006. Dans le
système antérieur appliqué uniquement en France, seule les ventes aux enchères étaient soumises à ce
droit de suite, le taux était unique, sans plafond et à 3%. En dépit de la réforme qui parait favorable
aux plasticiens, il n’est pas démontré qu’ils soient mieux servis par le système.
Droits patrimoniaux post mortem
Contrairement au droit moral, le droit patrimonial est temporaire. Il ne disparait pas à la mort du
créateur, mais le décès du créateur marque le point de départ d’une certaine protection. En application
de L 123-1 al 1, le droit de propriété de l’auteur dure toute sa vie puis persiste au profit des ayants
droits pendant 70 ans. Il en va en France pour les œuvres musicales pour une loi de juillet 1985 et pour
tous les genres d’œuvres depuis une loi du 27 mars 1997.
En droit européen, il est acquis que la durée de droit commun est de 70 ans post mortem depuis une
directive de 1993. Bien que l’on retrouve cette durée de 70 ans dans nombre de pays européen, ce
n’est pas forcément le cas à l’échelle internationale, car la convention de Bern a seulement imposé une
durée minimale de 50 ans aux EM de l’Union dans son article 7 paragraphe 2. Cette règle étant
minimale, rien n’interdit de prévoir une durée plus longue sur les territoires nationaux. Pour résoudre
les conflits de lois qui peuvent se poser, l’article 7 paragraphe 8 de la convention prévoir une règle de
DIP selon laquelle la durée de protection ne doit pas excéder la durée fixé dans le pays d’origine. Cette
règle contraint à une comparaison des délais nationaux pour pouvoir déterminer la durée applicable au
litige. S’agissant du point de départ du délai de 70 ans, la loi française a prévu des situations
particulières. Par exemples pour les œuvres de collaboration le départ est fixée au 1 er janvier de
l’année suivant la mort du dernier collaborateur.
L’article L 123-2 al 1 est en tout point conforme à la directive du 27 septembre 2011 qui lui est
postérieur et qui est venu imposer ce mode de calcul aux œuvres musicales avec parole.
Si les œuvres collectives pseudonymes et anonymes dérogent au droit commun, ce n’est pas le cas en
France des œuvres composites. Simplement, l’œuvre première qu’elles incorporent cessent d’être
protégé à l’issu des 70 ans.
La Cour de Cassation a par deux arrêts du 27 f »vrier 2007 mis un terme au jeu des prolongations (loi
1919) en posant le principe selon lequel : la période de 70 ans retenue pour l’harmonisation de la durée
de protection couvre les prolongations pour fait de guerre (30 ans). Malgré cette décision de principe,
la cour laisse subsister les prolongations au profit des compsoiteurs d’œuvre musicale comme pour les
auterurs morts pour la France.
Quant à la dévolution du droit patrimonial après la mort de l’auteur, cette dévolution se fait en
application du droit des successions sauf règle spécifique. Exemple : L 123-6 instaure un régime
dérogatoire au profit du conjoint survivant qui peut bénéficier de l’usufruit des droits d’exploitation
dont l’auteur n’aura pas disposer. L’article L 123-7 réserve par ailleurs un sort particulier au droit de
suite en disant qu’il subssite uniquement au profit du conjoint survivant et des héritiers légaux à
l’exclusion des légataires testamentaires. La directive 2011/84 ayant posé un droit de suite obligatoire
post mortem au profit des ayants droit, la question s’est posée de savoir si le droit français étant
conforme ou pas sur ce point ? La CJ a eu une question préjudicielle dans l’affaire de la succession
Dallay. La Cour de justice a jugé 15 avril 2010 que la solution française n’est pas contraire aux
objectifs de la directive. Les EM peuvent déterminer les catégories de personnes susceptibles de
bénéficier du droit de suite, car les divergences nationales ne sont pas sur ce point susceptible de
porter atteinte au marché intérieur.
De manière générale on peut penser que le législateur français se montre méfiant à l’égard des héritiers
de l’auteur. Preuve en est qu’il permet à l’article L 122-9 qu’il permet le recours à la justice si abus
notoire de l’usage des droits patrimoniaux post mortem.
Ces droits sont la matérialisation de la vocation de l’auteur à tirer des profits de l’exploitation, de la
diffusion de son œuvre.
Les caractères des droits patrimoniaux
Ils sont :
Pratiquement universels : connus de tous les pays et voient leur existence imposée par les
conventions internationales
Cessibles : ils peuvent être cédés et concédés ensemble séparément ou démembrés.
Exclusifs : l’auteur décide en toute souveraineté du principe et des modalités de cette
exploitation et c’est à l’auteur que doit revenir en principe le produit de l’exploitation de
l’œuvre (réserve faite des modalités d’une cession alors déterminées avec l’auteur)
Ces droits sont temporaires : il faut éviter que le monopole accordé à l’auteur ne lui confère
un avantage excessif. Aussi passée une certaine durée, on considère que l’œuvre tombe
dans le domaine public (ie l’usage par les tiers en sera libre et gratuit). La durée est en
principe égale à la durée de la vie de l’auteur à laquelle s’ajoute une période de 70 ans après
la mort du créateur (pour cette période les droits sont transmis aux héritiers)
Ces droits sont indépendants les uns des autres
Deuxième axe : L’attribution de tâche à des organismes de défense des droits d’auteur et le rôle des
sociétés de perception
Un contentieux récent porte sur la question de la responsabilité des fournisseurs sur internet lorsqu’il y
a mise à disposition non autorisé de nombreuses œuvres audio et musicale sur le eur site
d’hébergement en ligne. La jp doit ajd répondre à la question de savoir si il y a atteinte au droit
d’auteur lorsque le site hébergeur suggère des mots clés qui renvoient vers des sites permettant le
téléchargement illégale. De manière générale on peut conclure à l’absence de responsabilité civile
pour les hébergeurs du contenu mis en ligne par les internautes. Sauf à avoir jouer un rôle actif dans la
mise à disposition du contenu litigieux.
De même il est acquis que l’hébergeur peut être condamné pour contrefaçon, s’il n’a pas agi
rapidement pour retirer le contenu litigieux ou pour en rendre l’accès impossible.
la loi du 17 mai 2011 prévoit la compétence du TI pour connaitre des actions civiles en
contrefaçon mais aussi de toutes les demandes connexes y compris de concurrence déloyale
la loi du 29 octobre 2007 transpose la directive 2004/48 du 29 avril 2004 pour renforcer
plusieurs réparation en nature et pour créer un nouveau type de réparation par équivalent dont
le régime se trouve à L 331-1-3 CPI
En ce qui concerne la procédure de saisie de contrefaçon, les nouveaux textes applicables sont quasi
identiques pour les différents droits de propriétés concernes.
En général les règles françaises relative à la saisie de contrefaçon ne sont pas foncièrement différentes
selon la catégorie de droit intellectuel en cause. Par soucis de clarté elles mériteraient de figurer dans
un chapitre du code qui serait commun aux différents droits intellectuels.
S’agissant du régime prétorien de la contrefaçon, la jp a apporté quelques révisions ponctuelles quant
aux règles applicables aux droits d’auteurs. La Cour de Cassation a ainsi indiqué que le demandeur se
doit d’assigner tous les co-auteurs si l’objet contrefaisant est une œuvre de collaboration. C’est aussi la
cour de cassation qui a indiqué que l’auteur et les éditeurs ayant adhéré à la SACEM conservent le
droit d’agir en contrefaçon, nonobstant la cession.
Sur le plan pénal, c’est à la partie poursuivante, soit la partie civile dans le cas d’une citation
directe, soit le parquet – qui doit apporter la preuve de l’infraction.
5. Apports du droit supra-national
Cass Civ 1ère 2 mai 1989 (Affaire Coprosa) : définit l’originalité comme l’apport intellectuel de
l’auteur.
Cass. Civ 1, 13 nov. 2008 (arrêt paradis) : L’œuvre conceptuelle bénéficie de la protection du
droit d’auteur dès lors que l’approche de l’artiste s’est formellement exprimée dans une réalisation
matérielle originale. La Cour de cassation montre ici que l’on peut appréhender la notion
d’originalité au regard de son contraire, la banalité.
Cass. Civ. 1, 22 janv. 2009 (arrêt Trésor de Lancôme) : La fragrance ne constitue pas la création
d’une forme d’expression pouvant bénéficier de la protection du droit d’auteur, au motif qu’elle
procède de la simple mise en œuvre d’un savoir-faire.
Cass. Civ. 1, 24 mars 1993 : Sur la présomption de propriété des droits de l’exploitant : en
l’absence de toute revendication de la part des personnes physiques ayant réalisé les clichés, les
actes de possession de celui qui exploite commercialement des photographies sont de nature à faire
présumer, à l’égard des tiers contrefacteurs, que cet exploitant est titulaire sur ces œuvres, quelle
que soit leur qualification, du droit de propriété incorporelle de l’auteur.
Cass. Civ. 1, 30 janv. 2007 : Sous réserve du respect du droit au nom et à l’intégrité de l’œuvre
adaptée, la liberté de création s’oppose à ce que l’auteur d’une telle œuvre ou ses héritiers
interdisent qu’une suite lui soit donnée à l’expiration du monopole d’exploitation dont ils ont
bénéficié.
CJCE, 7 décembre 2006, Affaire C-306/05, Sociedad General de Autores y Editores de España
(SGAE) c. Rafael Hoteles SA : Sur la notion de communication au public en présence d’œuvres
communiquées au moyen d’appareils de télévision installés dans des chambres d’hôtel.
Cass. Crim, 30 mai 2006 ; CA, Aix-en-Provence, 5 sept. 2007 : Sur l’exception de copie privée
(CD, DVD) invoquée en matière de reproduction par téléchargement.
Cass. civ. 1, 12 juillet 2012 (2 arrêts Google) : Sur la responsabilité de l’hébergeur. Les juges
d’appel ont condamné Google France et Inc suite à la plainte de la société de production Bac films.
La Cour leur reprochait de ne pas avoir accompli les diligences nécessaires en vue de rendre
impossible une nouvelle diffusion d’un documentaire (affaire « Clearstream ») déjà signalé comme
illicite. À ce titre, ces sociétés ne pouvaient se prévaloir du statut d’hébergeur et engageaient leur
responsabilité. Elles étaient donc condamnées pour contrefaçon. L’autre affaire (affaire « les
dissimulateurs ») concerne des faits similaires. Dans ses arrêts, la Cour de Cassation estime que de
telles décisions aboutissent à soumettre Google, « au-delà de la seule faculté d’ordonner une mesure
propre à prévenir ou à faire cesser le dommage lié au contenu actuel du site en cause, à une
obligation générale de surveillance des images qu’elles stockent et de recherche des mises en ligne
illicites et à leur prescrire, de manière disproportionnée par rapport au but poursuivi, la mise en
place d’un dispositif de blocage sans limitation dans le temps ». Elle casse donc les arrêts d’appel :
un hébergeur n’a pas à mettre en place un dispositif de blocage de tout contenu illicite qui lui a été
notifié.
Cass. civ. 1, 28 octobre 2015 (Affaire des négatifs de LUI) : Viole les articles 544 du Code civil
et L. 111-3 du code de la propriété intellectuelle une cour d’appel qui, pour condamner un éditeur à
payer à un photographe des dommages-intérêts en réparation du préjudice patrimonial résultant de
la non-restitution des clichés photographiques dont ce dernier est l’auteur, retient que la preuve de
l’acquisition des supports transformés par l’intervention du photographe n’est pas rapportée par
l’éditeur, alors que, selon ses propres constatations, celui-ci avait financé les supports vierges et les
frais techniques de développement, ce dont il résultait qu’il était le propriétaire originaire desdits
supports matériels
Cass. civ. 1, 22 juin 2017 : Prive sa décision de base légale au regard de l’article 10, § 2, de la
Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales, la cour d’appel qui
prononce une mesure d’interdiction de diffusion de l’enregistrement d’un opéra, sans examiner,
comme elle y était invitée, en quoi la recherche d’un juste équilibre entre la liberté de création du
metteur en scène et la protection du droit moral du compositeur et de l’auteur du livret, justifiait la
mesure d’interdiction qu’elle ordonnait
Cass. civ. 1, 22 mai 2019 : Selon une jurisprudence constante, les épreuves en bronze à tirage limité
coulées à partir du modèle en plâtre ou en terre cuite réalisé par le sculpteur personnellement
constituent, dans la limite de douze exemplaires, exemplaires numérotés et épreuves d’artiste
confondus, des exemplaires originaux et se distinguent d’une simple reproduction. Dèslors,
cestirages, qui ne relèvent pas du droit de reproduction, n’entrent pas dans le champ d’application
de l’usufruit du droit d’exploitation dont bénéficie le conjoint survivant de l’auteur, en application
de l’article L. 123-6 du code de la propriété intellectuelle
Arrêt n°1021 du 11 décembre 2019 (18-21.211) : Une société qui diffuse dans ses magasins des
phonogrammes mis en ligne sur une plate-forme par des artistes-interprètes, qui font le choix de
participer au programme commercial proposé par cette plate-forme afin de sonoriser les locaux des
professionnels qui y souscrivent, réalise, indépendamment du moyen ou du procédé technique
utilisé, la communication directe dans un lieu public de phonogrammes publiés à des fins de
commerce et est, en application de l’article L. 214-1 du code de la propriété intellectuelle, tenue
au paiement de la rémunération équitable.
Arrêt n°188 du 11 mars 2020 (19-11.532) : Selon l’article L. 321-1 du code de la propriété
intellectuelle, dans sa rédaction antérieure à celle issue de l’ordonnance n°2016-1823 du 22
décembre 2016, applicable en la cause, les sociétés de perception et de répartition des droits
d’auteur et des droits des artistes-interprètes et des producteurs de phonogrammes et de
vidéogrammes régulièrement constituées ont qualité pour agir en justice pour la défense des
droits dont elles ont statutairement la charge. Il s’ensuit qu’elles peuvent exercer une action en
contrefaçon en cas d’atteinte aux droits patrimoniaux de leurs adhérents, à la condition, toutefois,
que ceux-ci leur aient régulièrement fait l’apport de ces droits.
Dès lors, c’est à bon droit qu’après avoir relevé que l’article L. 132-24 du code de la
propriété intellectuelle instituait, au profit du producteur d’une oeuvre audiovisuelle, une
présomption de cession des droits exclusifs d’exploitation, une cour d’appel a décidé que la
recevabilité de la Société des auteurs de jeux à agir pour la défense des droits de retransmission
secondaire de formats de jeux incorporés dans des oeuvres audiovisuelles était
subordonnée à la démonstration que les auteurs de ces formats ne s’étaient pas, au moment
de leur adhésion, déjà dessaisis de leurs droits au profit du producteur
1.1.1.1. Principe
Il s’agit de déterminer la personne qui détiendra les droits sur l’invention ; étant entendu qu'à ce stade
du raisonnement, aucun brevet n’a encore été délivré. De la détermination du titulaire des droits sur
l’invention découleront des conséquences : qui a le droit de décider du sort de cette invention et donc
de la manière dont il conviendra de la protéger (par le secret, par un brevet, ou par une publication des
résultats pour rendre toute prise de brevet ultérieure impossible) ?
Le principe s’applique que l’invention ait été obtenue par un inventeur seul ou par plusieurs
inventeurs.
Lorsque l’invention a été obtenue par une personne seule, le principe est très simple : le droit au titre
de propriété industrielle visé à l’alinéa 1 er de l’article L. 611-6 C. propr. intell. (« Le droit au titre de
propriété industrielle mentionné à l'article L. 611-1 appartient à l'inventeur ou à son ayant cause. »)
appartient exclusivement à l’inventeur. Seul l’inventeur, personne physique, dispose ab initio de ce
droit au titre de brevet.
Pour faciliter les choses, l’alinéa 3 de l’article L. 611-6 C. propr. intell. retient que : « Dans la
procédure devant le directeur de l'Institut national de la propriété industrielle, le demandeur est réputé
avoir droit au titre de propriété industrielle. »
Si l’invention est l’œuvre d’une pluralité d’inventeurs, deux hypothèses bien distinctes se présentent :
celle des :
Inventeurs conjoints : Il est très fréquent que l’invention soit le fruit d’un travail collectif ;
dans ce cas, le droit au titre sera exercé par les coinventeurs conformément aux règles de la
cotitularité. Cette situation, si elle se prolonge, conduira au dépôt d’une demande de brevet et,
le cas échéant, à la délivrance d’un brevet (puis à son exploitation) conformément aux règles
de la copropriété.
La rémunération supplémentaire s’analyse comme un salaire dont le montant n’est pas fixé par la loi
mais peut l’être soit par un accord collectif ou le contrat de travail. A défaut, il fera l’objet d’une
négociation entre les parties. Il résulte de cette qualification que l’action en paiement se prescrit
désormais par 3 ans à compter du jour où celui qui l’exerce a connu ou aurait dû connaître les faits lui
permettant de l’exercer conformément aux dispositions de l’art. L. 3245-1 du Code du travail. Il s’agit
depuis 1990 d’une obligation à charge de l’employeur, cette rémunération est d’OP, aucun texte /
accord ne peut l’écarter.
Le régime de l’invention hors mission attribuable : l’aménagement
L’article L. 611-7 C. propr. intell. envisage aussi l’hypothèse de l’invention obtenue par un salarié non
investi d’une mission inventive ; dans ce cas, le salarié est seul titulaire des droits conformément au
principe. Mais, si l’invention présente des liens étroits avec l’entreprise (Reims, 11 octobre 2010 :
LEPI février 2011, obs. n° 23, J.-P. Clavier), l’employeur pourra décider unilatéralement de se faire
attribuer les droits sur l’invention. L’habitude a été prise de les qualifier d’ « inventions hors mission
attribuables ».
A la différence de l’hypothèse précédente, le droit au titre appartient au salarié, mais le salarié ne
pourra pas s’opposer à la décision de son employeur de se faire attribuer la titularité des droits. Il y
aura donc une cession (forcée) du droit ; l’employeur devra alors verser à son salarié inventeur un
juste prix .
L’action visant à obtenir le paiement du « juste prix » est de nature personnelle et mobilière et se
trouve donc soumise au délai de prescription de 5 ans.
Le régime de l’invention libre
Elle est celle réalisé par le salarié en dehors de ses fonctions et sans aucun rapport avec celle-ci. Dans
ce cas, elle lui appartient, peut importe sa condition de salarié.
1.1.1.3. Conflit de titularité
La convention sur le brevet européen, n’a pas apporté une solution de fond sur ce sujet de l’inventeur
salarié. En cas de conflit de titularité employeur / salarié, ce sont la ou les juridictions nationales qui
devront le régler. Cette convention a néanmoins posé une règles de conflit de loi (article 60) : donne la
compétence exclusive à l’Eta sur le territoire duquel le salarié exerce son activité principale et à défaut
à l’Etat sur le territoire duquel se trouve l’établissement principal de l’employeur.
1.1.2. Condition de brevetabilité
Les inventions brevetables sont celles qui répondent aux conditions de brevetabilité. Ces dernières
regroupent les qualités intrinsèques du biens intellectuels, celles lui permettant de faire l’objet d’une
appropriation par le biais du droit du brevet.
L’article L 611-10 al 1 pose les critères positifs, puis les exclusions du champ des brevets. Ces
dispositions reprennent celle de la convention sur le brevet européen. Elles ont été harmonisées à
l’échelle de l’OMC via l’accord ADEPIC.
Il y a pour ainsi dire, quatre conditions de brevetabilité :
Condition de l’invention
Condition de la nouveauté
Condition de l’activité inventive
Condition de l’application industrielle
Les créations purement esthétiques : pas des inventions car protégeable sur un autre terrain
de la propriété intellectuelle
Les présentations d’informations : n’en sont pas non plus car elles sont le résultat d’une
idée, et une idée n’est pas brevetable ou une œuvre de l’esprit (cas du journal)
Les découvertes scientifiques : Une découverte est une mise en évidence d’un phénomène
physique, d’une substance naturelle jusque là inconnus, inexpliqués ; le travail menant à la
découverte peut être considérable et son résultat prometteur, il n’en demeure pas moins que le
droit des brevets n’est pas applicable. Ainsi elles ne sont pas des inventions car des produits
naturels de l’intelligence.
Les méthodes : Les plans principes et méthode ne sont pas des inventions soit du fait de leur
caractère abstrait ou de l’absence de caractère technique ou absence de l’activité inventive.
De cette série de réalisations qui ne sont pas des inventions, il en est ressorti un élément qui doit
caractériser l’invention : un caractère technique.
1.1.3.2. Condition de la nouveauté
Principe
Selon l’article L. 611-11 du C. propr. intell., une invention est : « considérée comme nouvelle si elle
n’est pas comprise dans l’état de la technique ».
Il faut donc apprécier la nouveauté par rapport à la notion d’état de la technique et se garder de lui
appliquer le sens retenu dans le langage courant.
L’alinéa 2 de l’art. L. 611-11 définit l’état de la technique : « L'état de la technique est constitué par
tout ce qui a été rendu accessible au public avant la date de dépôt de la demande de brevet par une
description écrite ou orale, un usage ou tout autre moyen ».
Le texte de loi ajoute que l’état de la technique englobe également les demandes de dépôt antérieures à
la demande. L’état de la technique correspond à une notion très large, et aucune restriction n’est
prévue quant au lieu géographique, mode et langue de divulgation, à la date à la date la divulgation à
eu lieu, elle doit seulement être antérieure.
L’antériorité est susceptible de faire obstacle à la nouveauté. Il n’y aura pas d’antériorité si l’invention
a seulement été communiqué à une personne sous le sceau du secret. Il y aura antériorité si l’invention
aura été divulgué au public. C’est la notion de public qui permet de dire s’il y a ou non antériorité.
Le document antérieur sera pertinent, s’il contient suffisamment d’informations pour permettre à
l’homme de métier de réaliser l’invention en cause. Selon la jp, une divulgation ne fait entrer
l’invention dans l’état de la technique que si elle est faite de manière à ce que les professionnels soient
à même de la réaliser. Ce qui suppose qu’ils puissent cerner avec précision les composantes de
l’invention.
Enfin, le dépôt d’une demande de brevet est assimilé à une invention selon le texte de loi. En effet,
bien que le brevet ne soit pas encore délivré ou publié, le simple dépôt de la demande constitue une
antériorité qui détruit la nouveauté. Lorsque deux personnes ont crée l’invnetion, cette règle permet de
donner la priorité au premier déposant. Quant à l’auteur de la divulgation, il peut être toute personne, y
compris l’inventeur lui-même. Pour obtenir le brevet, l’inventeur doit se garder de la révéler au public.
L’invention nouvelle est celle qui n’a été ni rendue accessible au public, ni déjà déposé par un tiers au
jour du dépôt de la demande. Ainsi, l’élément clé est le caractère accessible au public de la
connaissance. On considère qu’une invention qui s’appuie sur des connaissances dont le statut est
public ne mérite pas d’être brevetée. A l’inverse, une connaissance jusque-là conservée secrète, même
si elle est connue de plusieurs personnes, satisfait la condition de nouveauté. C’est donc le statut de
l’information au cœur de l’invention qui est déterminante et non le nombre des personnes qui la
connaissent.
Exceptions
Des exceptions au principe de l’antériorité ont été prévues par la loi. Les divulgations, ne sont pas
considérés comme des antériorités dans trois cas.
1er cas : le droit de priorité
Un droit de priorité est reconnu par un grand nombre de textes :
Elle est effectuée a posteriori avec des documents qu’il faut analyser, comme l’aurait fait un
homme de métier à une date antérieur à la date de dépôt de la demande
Elle est subjective : l’analyse des documents doit se faire au regard de ce qui est explicitement
exposé, mais aussi au regard des connaissances inhérente l’homme de métier
Elle est délicate en présence d’une antériorité : la nouveauté s’apprécie alors par rapport à
l’antériorité et il faut vérifier que cette antériorité est certaine quant à son existence, sa date et
son contenu. S’il subsiste un doute, il doit en principe bénéfice au demandeur du brevet.
Au contentieux, l’appréciation de la nouveauté tend à répondre à des méthodes de comparaison
singulière en présence de certaines inventions, comme par exemples :
Les inventions dites de sélection : elles font l’objet d’une appréciation technique à l’aide de
critères spécifique. Elles sont réalisées par la sélection d’éléments individuels, pas mentionnés
explicitement dans l’art antérieur. Pour apprécier la nouveauté d’une sélection, il faut
rechercher si les éléments sélectionnés ont été divulgués antérieurement sous une forme
individualisée. Si la sélection des éléments s’est faites dans une liste unique, déjà divulgué la
condition de nouveauté n’est pas remplie. Si en revanche la sélection des composantes a été
établie à partir de deux ou plusieurs listes, la condition de nouveauté est remplie.
En fait, l’appréciation de la nouveauté se fait différemment selon le type de brevet demandé. La loi en
distingue 4 :
Les brevets de produits : ils concernent des corps certains au moment où l’invention est
réalisée. Des corps certains ayant une composition mécanique ou une structure chimique
particulière qui les distinguent des autres corps (exemple : rubricks cube, carte à puce,
ordinateur)
Les brevets de procédés : ils visent pour la plupart des procédés de fabrication qui ne doivent
pas être confondu avec les produits. Par exemple pasteur a pu breveter le procédé de
fabrication du vinaigre grâce à certaines bactéries permettant la fermentation du vin. Il existe
d’autres procédé que la fabrication, et notamment la communication. Par exemple le langage
morse est un brevet de procédé de communication. Lorsque le produit n’est pas breveté seul
l’utilisation du procédé sans l’autorisation du brevet constitue une contrefaçon.
L’application nouvelle de moyens connus : elle peut être breveté. Ce type de brevets visent
l’emploi d’un moyen connu pour obtenir un résultat industriel auquel ce moyen n’avait pas
encore servi. Par exemple, un antibiotique déjà connus comme médicament pour l’homme
peut être breveté s’il permet à l’époque de son appréciation de favoriser la croissance des
animaux, c’est une application d’un moyen connu. L’application nouvelle d’un médicament
tombée dans le domaine public, entre dans cette catégorie.
La non-évidence : est difficile à appréhender car ce critère est éminemment subjectif : une
solution évidente pour certains peut ne pas l’être pour d’autres. Il faut donc, autant que
possible, retenir des indices objectifs comme l’importance des investissements consacrés à la
recherche. L’idée étant que, moins la solution d’un problème est évidente, plus il faut de
temps et d’argent pour vaincre la difficulté. Cette condition complète l’exigence de nouveauté
en ajoutant que l’invention doit être aussi en quelque sorte non évidente pour mériter la
protection. Il y a un degré de banalité et de simplicité au deçà duquel, l’innovation technique
ne mérite pas le titre d’invention.
L’homme du métier : à l’instar du « bon père de famille » est un référent ; technicien moyen,
il connait l’état de la technique dans la discipline concernée par l’invention (Cass. com., 15
juin 2010, n° 09-11931) Le critère de l’évidence technique qui ne laisse pas de place à l’aléa
doit aussi être apprécié par l’homme de métier.
En cas de litige il convient de recourir à un expert du problème technique, voir le cas échéant à une
équipe de recherche ou de production, notamment en matière de technologie avancée. Le litige peut
avoir lieu après le dépôt. Et ce d’autant plus en France, que l’examinateur de l’INPI ne prend guerre en
considération le critère de l’activité inventive. En témoigne le nombre élevé de brevets français
déposés puis annulé pour manque d’activité inventive. La pratique de l’office européen des brevets est
à cet égard plus sérieuse, car l’office européen s’efforce d’apprécier le critère de l’activité inventive
indépendamment du critère de nouveauté.
1.1.3.3. Condition de l’application industrielle
Elle a connu une évolution sous l’influence du droit international et de la convention du brevet
européen. Initialement la loi française imposait la condition de l’effet industriel.
L’article L 611-15 lui préfère la possibilité d’application industrielle en écartant les inventions
purement abstraites sans aucune application dans la vie concrète. Une invention est susceptible
d’application industriel « si son objet peut être fabriqué ou utilisé dans tout genre d’industrie, y
compris l’agriculture ».
L’évolution du droit français est marquée par une indulgence dans l’appréciation de l’application de
l’application industrielle, peu importe la qualité du résultat technique ou les difficultés de
l’explotiation du bien. En pratique, peut de demande de brevets sont écartées pour défaut de cette
condition, sans doute parce que cette condition est peu exigeante.
Le code édicte une règle spéciale à l’article L 611-16 pour dire que ne sont pas susceptibles
d’application industrielle les méthodes thérapeutiques applicable au corps humain. Si toutefois une
telle application produit un effet à la fois esthétique et thérapeutique, le brevet ne sera valable que si
ces deux aspects sont dissociables. Ainsi par exemple, il a été jugé que le procédé de blanchiment des
dents à ce double effet. Mais la Cour de Cassation dans un arrêt de juin 2003 a rejeté la demande de
brevet au motif que les deux effets étaient inséparables.
1.1.4. Les évolutions
La délivrance du brevet est conditionnée par le dépôt devant un office national ou un office régional.
Le dépôt est une condition d’existence du monopole. La délivrance du titre commence par le dépôt
d’une demande dont la date marquera la date d’acquisition du droit de propriété. Le formalisme,
revêtant une importance particulière en matière de brevet, il convient d’apporter des précisions
concernant les trois étapes de la procédure : la demande, l’instruction de la demande, la décision de
l’office.
Le principe de la territorialité des effets des brevets impose de déposer des demandes de brevets là où
le demandeur entend être protégé. Si un territoire national n’est pas couvert par un brevet, l’invention
pourra y être copiée et exploitée librement par tous.
Pour favoriser la protection des inventions sur le plan international, il existe des accords comme le
Patent Cooperation Treaty (PCT) dont le principal intérêt est d’éviter aux inventeurs une
multiplication des procédures nationales parallèles. Grâce à une demande internationale unique
conduisant à un examen unique, le demandeur pourra obtenir plusieurs titres de brevet nationaux.
Sur un plan régional (en Europe), il existe la procédure instaurée par la Convention sur la délivrance
de brevets européens (CBE) ; elle permet, grâce à une demande de brevet européen instruite par l’
Office européen des brevets, d’obtenir un brevet européen produisant les mêmes effets que les titres
nationaux dans les différents pays européens (art. 2 (2), CBE). Le titulaire d’un brevet européen
couvrant le territoire d’un état contractant dispose des mêmes prérogatives que le titulaire d’un brevet
national dans cet état (art. 64, CBE). Le Code de la propriété intellectuelle transpose ce principe aux
articles L. 614-1 à L. 614-16 C. propr. intell.
1.2.1.2. Le contenu de la demande
Les revendications
Elles sont, depuis la loi du 2 janvier 1968 tendant à valoriser l’activité inventive et à modifier le
régime des brevets d’invention, la pierre angulaire des brevets. Les revendications forment le cœur de
la demande de brevet car elles ont pour objet de décrire le domaine de la protection.
Elles précisent les applications techniques de l’invention que le breveté entend se réserver.
Précisément, l’article L. 612-6 C. propr. intell. énonce, à peine de rejet de la demande (art. L. 612-12,
6° et 8° C. propr. intell.) ou de nullité de l’enregistrement (art. L. 613-25 C. propr. intell.), que « Les
revendications définissent l'objet de la protection demandée. Elles doivent être claires et concises et se
fonder sur la description. »
Le déposant doit sur un document séparer définir l’objet de la protection demandée avec clarté,
précision et en cohérence avec la description, car les revendications font l’objet d’une interprétation
restrictive du fait que le brevet confère un monopole d’exploitation exclusive sur un territoire définit
par dérogation à la liberté du commerce et de l’industrie.
Par conséquent, tout ce qui n’est pas expressément revendique est automatiquement exclue de
domaine de protection du monopole (formalisme poussé). Le préambule désigne l’objet et ses
caractéristiques techniques nécessaires à la définition des éléments revendiqués, mais qui combinés
entre elles font partie de l’état de la technique. La partie suivante expose les caractéristiques
techniques pour lesquels la protection est recherchée.
La question de la demande de brevet pour plusieurs inventions
La demande de brevet ne peut concerner qu’une seule invention ou bien plusieurs inventions à
conditions qu’elles soient liés entre elles formant un seul concept inventif général. (Exemple : si
l’invention est un procédé nouveau permettant de fabriquer un produit nouveau, l’inventeur pourra
déposer une demande globale pour défendre le procédé et le produit).
Il n’est en revanche pas permis de demander la protection de plusieurs inventions dans une seule
demande. Autrement dit, la demande qui ne porte pas sur un concept inventif unique est une demande
complexe et à partir de ce moment, elle doit être divisée. Si la demande est jugée complexe par
l’office, un délai est imparti au demandeur pour diviser sa demande ou limiter ses revendications.
A titre facultatif la demande peut contenir un abrégé du contenu technique de l’invention ainsi que le
cas échéant une copie des dépôts antérieurs dont les éléments sont repris. L’abrégé qui peut
éventuellement être rédigé par l’office, ne contribue pas à préciser l’étendue de la protection.
La demande de brevet est publiée à l’INPI au BO de la PI 18 mois à compter de la date de son dépôt.
Cette opération constitue une divulgation car elle permet au public de consulter la demande de brevet.
1.2.1.3. Les effets du dépôt
Le dépôt ne fait pas naitre de lui-même et à lui seul le droit de propriété mais il produits plusieurs
effets juridiques. La date du dépôt fait naitre le droit de priorité ainsi que le droit d’agir en contrefaçon
pour une durée de 20 ans à condition que le brevet soit effectivement délivré à la suite de la phase
d’instruction de la demande.
Le dépôt de la demande de brevet entraine une conséquence essentielle selon l’article L. 613-1 C.
propr. intell. : « Le droit exclusif d'exploitation mentionné à l'article L. 611-1 prend effet à compter du
dépôt de la demande ».
La protection débute donc à la date du dépôt de la demande et la durée de la protection (20 ans) est
décomptée à partir de ce moment (art. L. 611-2 1°, C. propr. intell.). Il n’est donc pas nécessaire
d’attendre l’issue de l’instruction de la demande pour que l'invention soit protégée. Naturellement, si
la demande aboutissait à un rejet, il faudrait considérer que cette protection n’a jamais existé.
Cette situation, favorable au demandeur, présente l’inconvénient de l’incertitude. Le demandeur qui
constate que l’on porte atteinte à ses droits peut agir en justice pour les défendre ; le juge devra sursoir
à statuer le temps que l’office des brevets se prononce sur le sort à conférer à la demande de brevet
(art. L. 615-4, C. propr. intell.).
Le droit de priorité
Il nait à la date du dépôt et est l’un des apports principaux de la convention de l’Union de Paris. Le
déposant jouit en vertu de l’article 4 d’un délai pour effectuer le dépôt pour le même bien intellectuel
dans tous les EM. En substance cet article permet de déposer une demande dans un pays membre tout
en bénéficiant dans ces pays d’une priorité à la date du dépôt effectué dans le pays d’origine.
Il faut cependant que le déposant agisse dans le délai d’1 an s’il dépose un brevet. Ce délai de priorité
est étendu depuis les accords ADEPIC à l’ensemble des pays membres de l’OMC.
La convention sur le brevet européen et le CPI ont prévu que le demandeur qui souhaite se prévaloir
de la priorité d’un dépôt antérieur sera tenu de produire une déclaration de priorité et de justifier de
l’existence de la demande antérieure. La déclaration de priorité précise la date du dépôt antérieur mais
aussi l’Etat dans lequel il a été effectué et le numéro qu’il lui a été attribué. Elle peut être corrigé dans
un délai de 16 mois à compter du dépôt de la déclaration.
De même, les dispositions de L 612-16-1 ont prévu la possibilité pour le demandeur qui n’a pas
respecté le délai de priorité de présenter un recours pour motif légitime en vu d’être restaurer dans son
droit de priorité. Ce recours n’est recevable que s’il est présenté avant la publication de la demande de
brevet.
Ce droit de priorité unioniste n’est pas un accessoire de la demande de brevet, c’est un élément
indépendant qui peut être cédé à un tiers. L’exercice de la priorité n’est pas nécessairement le fait du
déposant initial. Ce droit de priorité unioniste est distinct de la priorité de 12 mois accordée pour
effectuer un nouveau dépôt pour une invention totalement ou partiellement identique tout en
bénéficiant de la date de dépôt initial. C’est la date de dépôt interne qui permet de profiter d’un délai
pour parfaire ou la corriger, son régime est fixé à l’article L 612-3 CPI.
Point de départ du calcul de la durée du monopole sur le brevet
La date de dépôt est aussi le point de départ du calcul de la durée du monopole sur le brevet.
Théoriquement c’est aussi la date à partir de laquelle il est possible d’engager une action en
contrefaçon. En principe à la date du dépôt personne ne connait l’invention et personne ne peut prédire
avec certitude la décision de l’office.
Les législateurs européens et français ont prévu une solution entre les intérêts de l’inventeur et des
tiers. Le titulaire de la demande est recevable à agir en contrefaçon sans attendre la délivrance du
brevet pour des faits antérieur à la publication de la demande à condition de porter la demande de
brevet à la connaissance du contrefacteur et ce par une copie certifiée conforme. A partir de ce
moment, le tiers ne peut plus prétendre ignorer l’existence de la demande. Cependant l’article L 612-
15 CPI impose au demandeur du brevet de solliciter au préalable l’établissement d’un rapport de
recherche visant à se prononcer sur la nouveauté et l’activité inventive.
Par ailleurs L 615-3 CPI impose au tribunal saisi d’une action en contrefaçon de sursoir à statuer
jusqu’à la délivrance du brevet. Et si la demande de brevet est rejetée par l’office le tribunal devra
débouter le demandeur du chef de la contrefaçon. Toutefois, si le demandeur a pris le soin d’agir en
parallèle sur le terrain de la concurrence déloyale ou des comportements parasitaire, le tribunal pourra
décider de condamner le défendeur sur ce fondement.
Est une contrefaçon au regard de L 613-1 et L 615-4 l’exploitation de l’invention par un tiers non
autorisé et ce à partir de la publication de demande de brevet ou à défaut, de la notification du dépôt
par le déposant au tiers défendeur.
Effet sur l’obligation d’exploitation qui incombe au titulaire du brevet
Puisque le droit exclusif prend effet rétroactivement à la date de demande du brevet, on peut se
demander si le déposant à l’obligation d’exploiter son invention dès la date du dépôt. En effet le
breveté doit exploiter ou faire exploiter son monopole sous peine de se voir imposer une licence non
volontaire.
La loi n’impose pas pour autant une exploitation immédiate du brevet. Au contraire l’aerticle L 613-11
dispose que la licence ne pourra être imposé qu’après un délai de 3 ans après la délivrance du brevet
ou de 4 ans après le dépôt de la demande. En cas de contentieux on retient le délai le plus long.
Effet sur la liberté de divulgation
A compter de la date de dépôt il est possible de divulguer l’information, de la publier et de la présenter
aux tiers.
L 612-8 prévoit que l’INPI porte ces demandes de brevets à la connaissance du ministre chargé de la
défense. Il prévoit aussi que les inventions doivent se voir accorder une autorisation du ministre chargé
de la propriété industrielle pour pouvoir être exploité et divulgué librement. Cette autorisation est
acquise de plein droit au terme d’un délai de 5 mois à compter du jour du dépôt de la demande de
brevet.
Le contrôle de la divulgation par le ministère de la défense peut aboutir à ce que l’Etat demande soit à
se faire consentir une licence (auquel cas l’inventeur ne peut pas la lui refuser), soit à exercer son
pouvoir discrétionnaire d’expropriation du bien. L’article L 613-20 autorise l’Etat a exproprier les
inventions à tout moment et par décret à des fins militaires ou plus généralement pour répondre aux
besoins de la défenses nationale. Il s’agit de permettre une expropriation immobilière, ce qui est peu
commun. La procédure prévue par le droit français est sans doute moins protectrice du droit de
propriété que ne l’est la procédure d’expropriation immobilière.
A défaut d’accord amiable entre l’inventeur et l’Etat, l’indemnité d’expropriation est fixée par le TGI.
Il n’y a pas de procédure de contrôle de l’expropriation comme celle prévue pour les immeubles.
Même si l’Etat a un droit de regard sur le dépôt, une fois la demande régulièrement déposée, son
instruction relève de la compétence de l’office.
1.2.2. Examen de la demande
Sous l’empire de la loi française de 1844, le brevet était délivré sans examen préalable de la
brevetabilité. Les demandes étaient enregistrées, sauf si contraire à l’OP. C’était un système bien
moins contraignant pour le déposant que l’examen mis en place par la loi de 1968 pour donner plus de
sécurité et de valeur au brevet. L’examen préalable porte sur la recevabilité du dossier et sur certaines
conditions de brevetabilité mais non sur les antériorités. De fait il ne garantit pas la délivrance d’un
titre incontestable. L’INPI se prete néanmoins à un examen technique et de recherche assez long. Ce
double examen débouche sur une décision de délivrance ou non délivrance d’un titre de propriété
opposable aux tiers.
Dans le cadre de la convention sur les brevets européens, l’office européen est chargé des principales
missions des offices nationaux à l’exception de la délivrance d’un titre de propriété opposable puisque
cette mission demeure de la compétence exclusive des offices nationaux. La procédure d’examen
simplifié devant l’OEB permet néanmoins d’obtenir un titre valable dans chacun des pays membres de
la convention sans avoir à subir un nouvel examen auprès des offices nationaux. La procédure est
simplifiée et plus rapide. Toutefois, la création d’un brevet unitaire européen s’accompagnera
nécessairement de la consécration de la compétence de l’OEB pour délivrer ce titre unique opposable
aux tiers sur tout le territoire européen.
1.2.3. Décision de l’office (INPI ou OEB)
Le rôle de l’office des brevets consiste en premier lieu à vérifier la régularité formelle de la demande
(dépôt des pièces exigées, paiement des taxes…) et en second lieu à apprécier les conditions de la
brevetabilité. La procédure peut durer plusieurs années. La loi n° 2019-486 du 22 mai 2019 relative à
la croissance et la transformation des entreprises (dite loi Pacte) impose, du fait de la modification de
l'article L. 612-12 CPI un renforcement de l'examen des demandes de brevet français portées devant
l'INPI. L'idée du législateur est d'augmenter la valeur du brevet français.
Un premier examen est effectué par les services de la Défense nationale (art. L. 612-8 et L. 612-9, C.
propr. intell.) afin de déceler des inventions sensibles justifiant une mesure exceptionnelle comme sa
mise au secret dans l’intérêt général. Une telle mesure est exceptionnelle.
Par la suite, après un examen sommaire et technique de la demande de brevet l’office filtre les
demandes. Il s’agit de l’instruction de la demande dans les conditions prévues à l’article L. 612-12 C.
propr. intell. Lorsqu’il s’agit d’une demande nationale française et aux articles 90 et suiv. CBE (2000)
s’il s’agit d’une demande de brevet européen.
L’office peut soit :
Rejeter la demande
Accepter la demande
Certificat d’utilité : que l’office peut délivrer à défaut d’un brevet pour une durée de 6 ans.
Ce dernier, peu couteux, a été développé en 1968 sous le modèle allemand pour répondre aux
besoins d’appropriation de biens venant vite obsolète. Le certificat est délivré selon les mêmes
conditions de fond et de forme que le brevet, mais sa détention ne permet pas de communiquer
avec les tiers comme s’il s’agissait d’un brevet
De produits ces actes sont la fabrication, l’offre, la mise dans le commerce, l(utilisation,
l’importation et la détention du produits aux fins d’exploitations
de procédés ces actes sont l’utilisation et l’offre d’utilisation du procédé ainsi que l’offre, la
mise dans le commerce et la détention du produit obtenu directement par le procédé breveté
1ère exception
Au titre des exceptions au droit de propriété, le code a prévu à L 613-5 que certains actes ne
nécessitent pas d’autorisation en raison de leur finalité. Il en va ainsi :
Des actes accomplis dans un acte privé et à des fins non commerciales
Des actes accomplis à titre expérimental
Des des préparations magistrales.
2ème exception
Ensuite l’exploitation de l’invention peut être permise par un tiers en considération de sa personne. Il
peut s’agir de l’inventeur qui n’a pas déposé son invention à temps. L’antériorité et la possession du
brevet de bonne foi lui confère le droit d’exploiter son invention selon L 613 al 1. Si la possession
personnelle antérieure est établie, l’inventeur premier n’encours pas la contrefaçon même si un autre
inventeur a pu déposer avant lui la même invention qu’il aurait créé de son propre fait.
Il est acquis que la charge de la preuve de l’antériorité et de la BF incombe à celui qui invoque le
bénéfice de la possession.
En France il n’est pas nécessaire que l’invention fasse l’objet d’une exploitation pour revendiquer la
possession. En revanche il existe une contrainte territoriale pour les titres obtenus en France, il faut
prouver la possession sur le territoire français.
La reconnaissance de la possession antérieure de BF ne permet pas en l’état du droit positif de
revendiquer la paternité de l’invention.
3ème exception
Au nombre des autres exception au droit patrimonial il faut compter le jeu de la règle de l’épuisement
du droit (règle commune à toutes les catégories de droit intellectuel). Il s’agit d’une règle transversale,
elle est à l’origine une construction de la Cour de Justice. Elle continu à en préciser le sens et l’étendu.
Selon cette règle (L 613-6 CPI), la première mise en circulation sur le marché français d’un produit
couvert par un droit intellectuel épuise le droit de commercialiser le bien. Pour l’avenir, les ventes et
reventes successives seront libre pour les tiers, l’autorisation donné au premier distributeur vaudra
pour les autres. On retrouve cette règle dans les textes d’harmonisation. La règle de l’épuisement
intracommunautaire pose une limite au droit de s’opposer aux importations parallèles en provenance
d’autres pays.
Ainsi la première mise en circulation du bien intellectuel dans le commerce de l’espace économique
européen remise par le titulaire ou avec son consentement épuise le droit d’autoriser ou d’interdire la
commercialisation des produits au sein du marché unique.
En cas d’épuisement, le propriétaire du bien conserve néanmoins le droit de s’opposer aux
importations en provenance des pays extérieurs à l’EEE. Autrement dit, si le droit de première mise en
circulation à l’intérieur de l’EEE est épuisable, ce droit est inépuisable en cas de mise en circulation à
l’extérieur de l’EEE.
Il existe des situations particulières qui font exception au jeu de l’épuisement, tel est le cas en matière
de brevet (affaire Farment c/ Heuht 1985) lorsque l’exploitation en cause fais l’objet d’une licence
imposé. En l’occurrence, il s’agissait d’une licence obligatoire. Dans ce cas en effet, l’exploitation du
brevet échappe au titulaire du droit.
Cette règle de l’épuisement apporte une limite à l’exercice libre du droit de propriété. Cette règle n’est
pas pour autant consacrée par le droit conventionnel international. L’ADEPIC a volontairement dans
son article 6 laissé aux pays membres de l’OMC toute latitude pour mener leur propre politique sur les
importations parallèle. La solution européenne fait figure d’exception.
2.2.2.3. La durée
Principe
L’ADEPIC a fixé à 20 ans la durée minimale de protection des brevets. La convention sur les brevets
européen et le droit français ont fixé la durée à 20 ans à partir du dépôt de la demande. Au terme de
cette durée de protection, le bien intègre le domaine public et n’est plus susceptible d’appropriation.
Mais pour conserver son droit le titulaire doit respecter plusieurs contraintes comme payer une taxe
annuelle de maintien de la propriété (annuité progressive).
Exception
La durée peut néanmoins dépasser les 20 ans. Le droit français le prévoit en matière de médicament
depuis 1990, l’article L 611-3 énonce que tout propriétaire d’un brevet d’invention ayant ses effets en
France et ayant pour objet un médicament, peut faire l’objet d’une autorisation de mise sur le marché
conformément aux dispositions du CSP. Il peut à compter de sa délivrance, un certificat
complémentaire de protection comportant sur les parties du brevet correspondant à cette autorisation.
Le système prévu consiste à prolonger la protection du médicament par ce nouveau titre. La durée de
ce titre est variable, elle est enfermée dans une double limite et ne peut excéder soit 7 ans à partir du
délai de l’expiration du brevet (27 ans), soit 17 ans à compter de l’autorisation de mise sur le marché.
Cependant il existe un certificat complémentaire unitaire depuis le règlement de 1992. Cependant, ce
système complexe a n effet paradoxal : celui de réduire la durée effective de protection par rapport au
droit français antérieur.
Le breveté peut exploiter son bien, et au loisir de le faire lui-même en gardant l’usage et la jouissance
du brevet. Cependant, celui-ci peut aussi et à un devoir d’exploitation. A défaut d’exploitation, il
risque d’être forcé d’octroyer une licence au tiers demandeur. Nous ne parlons pas de devoir
d’exploitation dès lors que la sanction n’est pas l’exploitation forcée par le titulaire, ni même
l’exploitation forcée par le tiers demandeur sauf pour le cas des licences d’office dans l’intérêt de la
défense nationale.
Si aucun tiers ne fait la demande de licence, le brevet reste inexploité jusqu’à ce qu’un candidat se
présente. Certains brevets sont propres pour une exploitation libre, d’autres à l’exploitation forcée.
L’exploitation libre
On parle d’exploitation libre lorsqu’elle est l’objet de contrat de cession (vente) ou de licence (louage).
Le brevet peut également être nantit au profit d’un créancier du breveté. Le brevet peut aussi être
apporté à une société, et le breveté reçoit en contrepartie de cet apport en nature des part et action au
lieu d’une rémunération.
Les contrats quel qu’ils soient portant sur les brevets sont soumis à des règles de formes communes :
Le propriétaire du brevet n'a pas commencé à exploiter ou fait des préparatifs effectifs et
sérieux pour exploiter l'invention objet du brevet sur le territoire d'un état membre de la
Communauté économique européenne ou d'un autre état partie à l'accord sur l'Espace
économique européen.
N'a pas commercialisé le produit objet du brevet en quantité suffisante pour satisfaire aux
besoins du marché français.
2.3.2.2. La contrefaçon
Comme pour la PLA, la sanction du droit de propriété industrielle est la contrefaçon. On définit la
contrefaçon comme une atteinte portée aux droits de propriété intellectuelle limitativement énumérés
par le législateur et exposés, en droit français, dans le code de la propriété intellectuelle
L’action en contrefaçon est souvent précédée de mesures provisoires (saisie contrefaçon que le code
envisage comme un moyen de preuve de la contrefaçon). La juridiction civile peut être saisie en
référée ou sur requête pour ordonner toute mesures préalables de nature à faire cesser la contrefaçon.
La prescription de l’action en contrefaçon
S'agissant de la prescription des actions, deux éléments sont à déterminer : le délai pendant lequel le
titulaire du droit peut agir et le point de départ de ce délai.
Quant à ces règles relatives à la détermination du point de départ de ce délai, une réforme a été
introduite par la loi n° 2019-486 du 22 mai 2019 relative à la croissance et la transformation des
entreprises (dite loi Pacte). Son article 124 modifie les articles L. 521-3 (dessins et modèles), L. 615-8
(brevets) et L. 716-5 (marques) : « Les actions en contrefaçon (...) sont prescrites par cinq ans à
compter du jour où le titulaire d'un droit a connu ou aurait dû connaître le dernier fait lui permettant de
l'exercer. » ;
Cette prescription de 5 ans vaut tant au civil, qu’au pénal.
La preuve de la contrefaçon
Conformément au droit commun de la preuve, il appartient au demandeur de prouver les actes
matériels de la contrefaçon, ce qui ressort de la comparaison entre les objets protégés et les objets
argués de contrefaçon. En effet, la contrefaçon est un fait juridique dont la preuve, à la charge du
demandeur, est libre. En matière de brevets, l’article L. 615-5 du C. propr. intell. (une disposition
analogue existe pour chacun des autres droits de propriété industrielle) énonce : « La contrefaçon peut
être prouvée par tous moyens.
La difficulté d’administrer la preuve de l’existence et de l’ampleur d’une atteinte à des droits de
propriété industrielle a conduit le législateur à introduire une procédure spéciale : la saisie-
contrefaçon.
La procédure débute donc par une requête auprès de la juridiction compétente (il s’agit d’une
procédure non contradictoire pour des raisons évidentes d’efficacité). Si le requérant parvient à
convaincre cette juridiction (grâce à « des éléments de preuve raisonnablement accessibles pour étayer
ses allégations »), une ordonnance sera rendue. Le titulaire du droit d’agir en contrefaçon pourra alors
demander à un huissier, assisté d’un expert, qu’il procède aux constatations autorisées par
l’ordonnance dans les locaux commerciaux, industriels du prétendu contrefacteur. L’huissier
constatera, le cas échéant, les caractéristiques de la contrefaçon par une description voire un
prélèvement d’échantillons. Il pourra aussi, conformément à l’ordonnance réaliser une saisie réelle de
quelques objets prétendument contrefaisants.
Les faits de contrefaçon, s’ils sont établis, viendront étayer la demande au fond qui devra être engagée
dans un délai de vingt jours ouvrables ou de trente et un jours civils si ce délai est plus long. A défaut,
le titulaire du droit de propriété industrielle perdra le bénéfice de la saisie-contrefaçon et pourrait voir
sa responsabilité civile engagée.
Les demandeurs
D’une manière quasiment uniforme, le code de la propriété intellectuelle détermine le titulaire du droit
d’agir en contrefaçon de droits de propriété industrielle. Ainsi, l’article L. 615-2 retient, en matière de
brevets, que l'action en contrefaçon est exercée par le propriétaire du brevet.
Toutefois, selon L 615-2, le bénéficiaire d'un droit exclusif d'exploitation, le breveté, le titulaire d'une
licence obligatoire ou d'une licence d'office, et tout licencié peuvent exercer l’action en contrefaçon, à
condition de ne pas avoir publié son contrat selon l’article L 613-9 CPI.
Enfin, peut aussi intenter l’action en contrefaçon, le cessionnaire ou licencié exclusif dont le contrat a
été publié au RNB. Le licencié exclusif devra quant à lui préalablement mis le concédant en demeure
d’agir en contrefaçon conformément à l’article L 615-5 al 2.
La compétence juridictionnelle
Au civil
Au regard de la compétence juridictionnelle, l'article L. 211-10 du C. org. jud. énonce que seuls les
tribunaux judiciaires sont compétents pour connaître des actions ayant pour objet des droits de
propriété industrielle. Par conséquent :
Les juridictions de l’ordre administratif ne sont pas compétentes alors même que le litige
impliquerait une personne publique
Les tribunaux de commerce ne le sont pas quand bien même les parties à l’instance seraient
commerçantes dès lors qu’il s’agit d’apprécier les dispositions du code de la propriété
intellectuelle.
En matière de brevet seul le TJ de Paris (art. D. 211-6 du C. org. jud.) est compétent et lui seul depuis
le décret n° 2009-1205 du 9 octobre 2009 fixant le siège et le ressort des juridictions en matière de
propriété intellectuelle.
Au pénal
L’action pénale est peu usitée, puisqu’elle a été dépénalisée puis repénalisée en 1990. La compétence
bénéficie aux tribunaux correctionnels. Au civil, comme au pénal, le tribunal compétent,
conformément au droit commun, au choix soit celui dans le ressort duquel à lieu la contrefaçon, soit
celui où le dommage est subi, soit celui où est situé le domicile de défendeur ou du prévenu.
Délais pour mener l’action
L’action en contrefaçon peut être intentée à partir de la publication de la demande de brevet. A partir
de cette date, le demandeur peut agir en contrefaçon pour des faits commis postérieurement à la
publication (art. L. 615-4 qui déroge au principe posé à l’article L. 613-1. Cependant, le demandeur
peut ne pas attendre la publication et notifier la demande aux tiers ; après la notification, l’action en
contrefaçon devient possible). Ainsi, avant publication, l’action est néanmoins rendue possible par la
notification du dépôt de l’invention auprès de l’INPI au présumé contrefacteur. Le tribunal saisi doit
alors sursoir à statuer jusqu’à la décision du directeur de l’INPI. Si le brevet est délivré, l’action pourra
éventuellement prospérer, si pas de titre, le tribunal déboutera le demandeur de son action.
Les faits constitutifs de contrefaçon
Au pénal : L 615-14 CPI indique que le défendeur ne peut être condamné que si l’élément
intentionnel est établi. La bonne foi du défendeur est présumée en application du droit commun
Au civil : L 615-1 vise tous les actes non autorisés lsités à L 613-3 et -4
Par rapport à l’élément matériel de la contrefaçon, Michel Vivant propose de rassembler tous ces actes
en deux catégories bien définit :
Actes commis par le fabricant : actes sanctionnés civilement sans avoir à établir l’existence
d’un élément intentionnel, l’élément matériel suffit à prouver la contrefaçon
Actes commis par des tiers (autres que le fabricant) tels que l’importateur, détenteur du
produit ou du procédé : il y a contrefaçon que si ces actes ont été commis en connaissance de
cause selon L 615-1 al 3. Au civil, le tiers non-fabricant ne peut être condamnés que si le
demandeur apporte l’élément de la preuve de l’élément intentionnel
En matière de propriété littéraire et artistique, ce n’est qu’au pénal que le délit de contrefaçon implique
un élément intentionnel, et que la MF est indifférente au civil. En matière de brevet, en exigeant la
preuve de l’élément intentionnel au civil lorsque le défendeur est un tiers non-fabricant, on s’écarte de
la solution retenue en droit d’auteur, voir plus généralement on s’évarte de la conception
contemporaine de la notion de faute en droit de la responsabilité civile.
Les moyens de défense à l’action en contrefaçon ; le défendeur peut avancer plusieurs arguments :
À la différence du droit moral reconnu à l’auteur par la loi sur la propriété littéraire et artistique, le
droit moral de l’inventeur est réduit à sa plus simple expression : l’article L611-9 du code de la
propriété intellectuelle dispose : «L’inventeur, salarié ou non, est mentionné comme tel dans le
brevet; il peut également s’opposer à cette mention». Ainsi le droit moral de l’inventeur se limite à
la possibilité pour lui d’exiger que son nom figure sur le titre en cette qualité, ou de s’opposer à sa
mention.
Les prérogatives patrimoniales dérivées du droit de la propriété industrielle entrent dans le cadre de
l’exploitation des brevets (titre de propriété industrielle délivré par l’Institut National de la propriété
Industrielle, INPI, conférant à son titulaire un droit exclusif d’exploitation).
Sont brevetables les inventions nouvelles impliquant une activité inventive et susceptible
d’application industrielle.
Ne sont pas brevetables :
Les découvertes ainsi que les théories scientifiques et les méthodes mathématiques.
Les créations esthétiques.
Les plans, principes et méthodes dans l’exercice d’activités intellectuelles, en matière de jeu
ou dans le domaine des activités économiques, ainsi que les programmes d’ordinateurs.
Les présentations d’informations. Pour autant, ces éléments peuvent faire partie d’une
invention elle-même brevetable.
2) Attribution du brevet
D’après la loi française, le droit au titre de propriété industrielle appartient à l’inventeur ou à son
ayant cause. Si plusieurs personnes ont réalisé l’invention indépendamment l’une de l’autre, le droit
au titre de propriété industrielle appartient à celle qui justifie de la date de dépôt la plus ancienne (C.
propr. Intell., art. L. 611-6).
Document de travail
Cass. Com. 4 janv. 1994, 92-11.296 : Sur la nullité des revendications pour défaut de nouveauté
et/ou d’activité inventive.
Cass. Com. 3, déc. 1969 : Sur la distinction entre combinaison et juxtaposition, à propos d’un
procédé de freins à disque pour voiture. Pour rejeter le grief de contrefaçon opposé à un brevet
d’invention, les juges du fond peuvent faire ressortir les différences qui existent entre les deux
dispositifs et écarter l’argument fondé sur des ressemblances
Cass. Com., 17 juin 2003 : Sur l’application industrielle et le jeu de l’art. L. 611-16 CPI. Une
méthode de traitement n’est pas brevetable lorsqu’elle a nécessairement un effet thérapeutique.
Manque de base légale au regard de l’article L. 611-16 CPI l’arrêt rejetant une demande de nullité
d’un brevet, sans rechercher si la méthode exposée n’avait pas un effet thérapeutique indissociable
de l’effet cosmétique revendiqué.
CJUE 6, juillet 2010, C-428/08 Monsanto Technology LLC ; CJUE, 18 octobre 2011, C-34/10
Oliver Brüstle c/ Greenpeace eV : Sur la brevetabilité des inventions biotechnologiques : la CJUE
est intervenue pour la première dans l’affaire « Monsanto » pour préciser la limite à l’étendue de la
protection. Elle est intervenue ensuite dans l’affaire « Greenpeace » pour écarter du champ de la
brevetabilité du vivant l’utilisation d’embryons humains à des fins de recherche scientifique.
Cass. Com., 20 mai 2003 3, 01-14.957 : L’existence d’une possession personnelle de l’invention
par une personne de bonne foi à la date du dépôt du titre est de nature à faire échouer la demande
d’interdiction intentée par le breveté au regard des articles L. 613-7 et L. 615-3 du Code de la
propriété intellectuelle.
Cass. Com., 15 mars 2011, 09-71.934 : L’exploitation d’un brevet par le bénéficiaire d’une licence
exclusive octroyée par l’un des copropriétaires du brevet, sans l’accord de l’autre et sans
autorisation de justice, constitue un acte de contrefaçon au regard des exigences posées à l’article L.
613-29 c CPI.
Cass. Soc., 21 sept. 2011, 09-69.927 : Il résulte de l’article L. 611-7 du CPI que l’invention faite
par le salarié dans l’exécution d’un contrat de travail comportant une mission inventive appartient à
l’employeur. Le fait pour le salarié d’avoir déposé, sans en informer son employeur, un brevet
d’invention en rapport direct avec son activité au sein de la société pour l’exploiter à titre personnel,
est une cause réelle et sérieuse de salarié : il incombe cependant à l’employeur de prouver que le
salarié a travaillé à l’élaboration de son invention dans le cadre de ses activités salariales et avec les
moyens et les connaissances de l’employeur.
Cass. Com., 28 janvier 2003, 00-12.149 : Aux termes de l’article L. 613-27 CPI, la décision
d’annulation d’un brevet a un effet absolu ; c’est à bon droit qu’une cour d’appel prononce
l’annulation d’un contrat de licence portant sur un brevet ainsi annulé. L’invalidité d’un contrat de
licence résultant de la nullité du brevet sur lequel il porte n’a pas pour conséquence, quel que soit le
fondement de cette nullité, de priver rétroactivement de toute cause la rémunération mise à la
charge du licencié en contrepartie des prérogatives dont il a effectivement joui.
Cass. Com., 31 janvier 2018, 16-13262 : L’acquisition des éléments incorporels de l’actif d’une
société, comprenant un brevet et le résultat de travaux effectués dans la continuité de ce brevet par
un salarié investi d’une mission inventive qu’elle avait employé, ne confère pas au cessionnaire la
qualité d’ayant droit de l’employeur, en sorte que ce cessionnaire, qui a déposé un brevet à partir de
ces éléments, n’est pas fondé à opposer au salarié que l’invention, dont celui-ci est l’auteur et
revendique la propriété, est une invention de mission lui appartenant
Arrêt n°92 du 29 janvier 2020 (18-26.357) : Si la licence de brevet est un contrat de louage
dont l’objet est une invention, la conclusion de ce type de contrat par un GIE titulaire d’un
brevet qu’il a lui-même déposé ne constitue pas une entreprise de location de meubles au sens de
l’article L. 110-1 4° du code de commerce.
Le brevet, titre délivré par les pouvoirs publics, l'Institut national de la propriété industrielle (INPI),
confère un monopole temporaire d'exploitation sur une invention (vingt ans) à celui qui la révèle, en
fournit une description suffisante et complète et revendique ce monopole (cf.Lamy droit
commercial).
Le brevet permet à l'entreprise de valoriser l'innovation dont elle fait preuve : il permet à son
titulaire d'interdire à toute autre personne d'exploiter son invention sans son autorisation et, si le
besoin s'en fait sentir, de poursuivre les contrefacteurs. Est ainsi garantie la jouissance du fruit de la
recherche et des investissements.
La méconnaissance du monopole par un tiers autorisera le titulaire à engager une action judiciaire
pour la faire cesser et obtenir réparation de son préjudice (cf.C. propr. intell., art. L. 613-3 etL. 613-
4).
Remarques : A supposer qu'un tiers ait accompli l'un des actes visés par la loi (élémentmatériel de
la contrefaçon), son comportement ne deviendra illicite, d'une part, que s'il est dans l'impossibilité
d'invoquer un fait justificatif (actes accomplis à des fins non commerciales ; actes accomplis à titre
expérimental ; ou préparations magistrales ; cf.C. propr. intell., art. L. 613-5) et, d'autre part, qu'à la
condition que le breveté n'ait pas épuisé son droit par la mise du produit couvert par le brevet dans
le commerce en France ou sur le territoire d'un Etat partie à l'accord sur l'Espace économique
européen par lui-même ou avec son consentement (cf.C. propr. intell., art. L. 613-6).
Outre les moyens de preuve usuels, le propriétaire disposera, pour établir la contrefaçon, d'un
moyen de preuve spécifique : la saisie-contrefaçon. Le succès de son action exposera le
contrefacteur à des sanctions sévères.
La loi a prévu un titre de propriété industrielle très proche du brevet, à savoir le certificat d'utilité ; il
s'agit d'un titre très similaire à un brevet (avec les mêmes critères de brevetabilité) à ceci près que sa
durée maximale est de six ans (la durée d'un brevet peut aller jusqu'à vingt ans) sous réserve de
paiement de taxes annuelles (annuités) et qu'aucun rapport de recherche n'est requis.
« Sont brevetables, dans tous les domaines technologiques, les inventions nouvelles impliquant une
activité inventive et susceptibles d'application industrielle ».
La possibilité de protéger une création par brevet est la règle de principe. Les exclusions sont donc
des exceptions.Sont exclus (C. propr. intell., art. L. 611-10, L. 611-16, L. 611-18 et L. 611-19) :
les découvertes, ainsi que les théories scientifiques et les méthodes mathématiques ;
les créations esthétiques ;
les plans, principes et méthodes dans l'exercice d'activités intellectuelles, en matière de jeu
ou dans le domaine des activités économiques, ainsi que les programmes d'ordinateurs ;
les présentations d'informations ;
es méthodes de traitement chirurgical ou thérapeutique du corps humain ou animal et les
méthodes de diagnostic ;
les obtentions végétales ;
les races animales et les procédés essentiellement biologiques d'obtention de végétaux ou
d'animaux ;
le corps humain aux différents stades de sa constitution et de son développement
Il faut ajouter la condition d'une description suffisamment claire et complète pour qu'un homme de
métier puisse l'exécuter.
Cette demande faite au déposant en contrepartie du droit d'interdire qui lui est conféré par le brevet
une fois délivré garantit la mise à la disposition de la collectivité de la connaissance des inventions
conçues en son sein ; pour favoriser une telle mise à disposition, la collectivité a intérêt à ce que le
domaine dans lequel les inventions peuvent être brevetables évolue en sorte d'intégrer autant que
possible les nouvelles technologies. Il est à noter que, pour éviter que les déposants viennent à
renoncer à déposer des demandes de brevets (et cessent donc de divulguer leurs inventions), la
collectivité a en outre intérêt à ce que les critères de brevetabilité ne soient pas trop sévères.
La demande de brevet comporte une description de l'invention sur laquelle une protection est
demandée, éventuellement accompagnée de dessins, et des revendications (paragraphes numérotés)
définissant la protection que le déposant souhaite obtenir. Les revendications, susceptibles d'être
modifiées au cours de la procédure, doivent avoir un support dans la description. En contrepartie du
fait que l'état de la technique est arrêté à la date de dépôt de la demande, il n'est pas possible de
modifier la description après le dépôt.
Une demande de brevet ne peut couvrir qu'une seule invention ; si deux inventions distinctes sont à
protéger (par exemple deux structures d'un produit que l'on ne peut définir d'une manière unique) il
faut déposer deux demandes le même jour, ou, si la demande a déjà été déposée, déposer une
demande divisionnaire, c'est-à-dire une demande qui, quoique déposée postérieurement à la
première, aura les mêmes caractéristiques administratives (même date de dépôt en particulier), une
même description, mais des revendications différente.
Les appellations d’origine et les indications de provenance : protection par le droit spécial
de la propriété intellectuelle Ils appartiennent à la même branche que la marque, les signes
distinctifs. En France ces titres sur les appellations de provenance et indications
géographiques sont protégées civilement et pénalement. Les règles de luttes contre la
contrefaçon de la PI tel qu’issue de la loi du 29 octobre 2007 s’applique par extension à ces
titres et en France c’est le TGI qui a compétence pour connaitre de ces affaires. L’indication
ou l’appellation est apposé sur les produits comme tous les signes distinctifs, et sa fonction est
de certifier la qualité des produits et non comme la marque de distinguer les produits.
- Les appellations d’origine : font naitre un droit privatif qui appartient de façon
exclusive au producteur de l’ère géographique concernée. L’appellation d’origine se
définit selon L 721-1 CPI comme la dénomination d’un pays, d’une région ou d’une
localité, servant à désigner un produit qui en est originaire et dont la qualité ou les
caractères sont du au milieu géographique. Cette catégorie de droit industriel doit se
conformer à certaines règles concernant surtout la qualité des produits. Les
producteurs peuvent obtenir un titre national sur les appellations d’origines et
appellations de provenance ou même un titre unitaire européen valable sur le territoire
de l’UE et dont le régime juridique est fixé dans le règlement 510/2006 du 20 mars
2006.
Le nom de domaine : c’est un signe distinctif qui remplit les fonctions de l’enseigne sur
internet. La légitimité de son appréciation lors de procédure pouvant être conduite à l’échelle
internationale devant le centre d’arbitrage et de médiation de ‘Lompi.
Parmi les signes protégeables par le droit de propriété industrielle, on doit accorder une certaine place
à la marque. Il y a des régimes juridiques voisins celui de l’appellation d’origine et des indications de
provenance qui ne seront pas étudiés dans le cadre de ce cours.
Distinction du régime des appellations et marques collectives
Le droit interne français opère une distinction entre le régime des appellations et celui des marques
collectives. La marque collective peut être exploitée par toute personne respectant un règlement
d’usage établit par le titulaire de l’enregistrement, et si toute personne peut en devenir propriétaire, ce
n’est pas le cas de la marque collective de certification. Elle, selon L 715-2, ne peut être déposée que
par une PM qui n’est ni ne le fabriquant, ni l’importateur ni le vendeur des produits ou services. Les
spécificités de ce régime résident dans les conditions d’utilisation de la marque collective. Le déposant
doit fournir à l’office un règlement d’usage, lequel ne doit pas être contraire à l’OP et bonnes mœurs
et lequel doit être soumis à l’office pour approbation en cas de modification.
Le régime du droit des amrques
La marque classique peut être détenue par une personne physique ou morale. Le CPI dispose que les
syndicats peuvent également déposer leur marques et labels dans les conditions prévues par le Code de
travail. Ils préconisent qu’elles peuvent être acquises en copropriété (les parties doivent convenir des
règles de gestion de la copropriété. A défaut c’est le droit commun qui s’applique au litige, car le CPI
n’a pas prévu de disposition particulière pour les marques.
Historique
En France, le régime existe depuis une loi de 1857. Pendant 100 ans, ce régime reposait sur une
acquisition du signe par le premier usage, il fut réformé en 1964 par une loi qui imposa le dépôt pour
l’acquisition du droit de propriété sur la marque, et qui conféra au dépôt un effet constitutif de droit et
ceci pour des raisons de sécurité juridique, ie pour faciliter la résolution de conflit de priorité entre
déposants et usagers d’une même marque. Cette loi a également institué un examen préalable à la
délivrance du titre de propriété. Pour contrôler les conditions de fond de la validité de la marque, en
amont de la délivrance du titre. Pour assurer plus d’équité, cette loi a enfin instaurer le régime de
déchéance du titre de propriété pour défaut d’exploitation à l’issu d’un certain délai après
l’enregistrement.
Influence européenne
Cette loi a été modifié par une loi du 4 janvier 1991 venu transposée la directive européenne, numéro
89 104 de décembre 1988 relative à l’harmonisation du droit des marques. Depuis, le droit français a
évolué pour accroitre la répression contre la contrefaçon mais surtout pour parfaire sa conformité au
droit européen harmonisé ou unifié. Le droit des marques français est profondément influencé par
deux sources du DUE :
La directive de 1988
Le règlement 40/94 de 1994 qui instaure un titre communautaire valable sur l’ensemble du
territoire de l’UE et régit par un droit supranational, ie directement applicable dans l’ordre
interne
La marque communautaire est délivrée selon une procédure unifiée. Elle est délivrée apr l’OHMI
située en Espagne. Cette première étoile du DPI, connait un succès phénoménal depuis 1996.
Statistiquement les entreprises américaines représentent 40% des déposants. Sont avantage est
financier, dans la simplicité de la procédure qui est unique, celui de la sécurité juridique. Quelque soit
la nature du litige, un seul droit est applicable. En matière de marque, on a réussi l’opération
d’unification du droit que le brevet aura mis beaucoup plus longtemps à réaliser.
De nos jours, la marque nationale répond d’un droit national harmonisée et la marque communautaire
d’un régime unifié. Les deux régimes juridiques sont appelés à coexister harmonieusement sur le
territoire de l’UE, car le règlement a repris à son compte les dispositions de la directive de 1988.
Les décisions de l’OHMI sont susceptibles d’un recours devant le TUE. Un pourvoi pouvant ensuite
être formé devant la Cour de Justice de l’UE. La cour de justice est aussi amenée à se prononcer sur
l’interprétation des dispositions de la directive et du règlement et sur la conformité des droits
nationaux à ces textes européens et ce par la voie des questions préjudicielles.
La jurisprudence de l’OHMI et des juridictions communautaires concourent largement à l’évolution du
droit français contemporain du droit des marque.
Influence internationale
Il convient de rappeler que le droit des marques est sujet à une évolution guidée par le droit
international conventionnel. Ainsi la France est membre de la convention d’union de paris de 1983 et
de l’accord ADEPIC de 1994. Lesquelles conventions permettent d’assurer une protection
internationale harmonisée des marques sur les territoires des Etats signataires. Ainsi la convention
d’union de paris impose le principe du traitement national sans condition de domicile ou
d’établissement du pays dans lequel le dépôt de la marque est demandé. La convention d’Union a en
outre imposé un droit de priorité au déposant, de 6 mois pour les marques dessins et modèles. La
convention pose également quelques règles matérielles comme notamment la possibilité de protéger
une marque notoire non déposé dans le pays où la protection est recherchée.
En matière de marque, l’ADEPIC a prévu quelques règles minimales de protection complémentaires à
celles prévues dans la convention d’union de paris comme celle qui permet de protger les marques par
delà de principe de spécialité.
S’agissant des voies de dépôt, le protocole de Madrid de 1989, et l’arrangement de Madrid de 1991,
qui ont fait l’objet d’un règlement d’exécution commun entrée en vigueur en 2007 offre la possibilité
d’un dépôt international administré par l’OMPI.
Enfin, il y a le traité de Singapour, adopté sous l’égide de l’OMPII dans sa version de 2007 et entrée
en vigueur en 1009. Il instaure une harmonisation mondiale des procédures administrative
d’enregistrement et de renouvellement des titres de propriété. Son règlement d’exécution a fortement
influencé la partie règlementaire du droit français.
Conditions de la protection
Tous les signes ne peuvent pas être choisi comme marques. Certaines conditions doivent être remplies,
d’autres conditions permettent el maintien du droit de propriété.
.1. Conditions de fond
En France, la marque n’est protégée que si elle a été déposée à l’INPI ou devant l’OHMI s’il s’agit
d’un titre communautaire. Le dépôt français comme le dépôt communautaire communautaire produit
un effet constitutif de droit. Le droit appartient au premier déposant, et non au premier usager. Ni la
convention d’union de paris, ni l’ADEPIC, ni la directive de 1988 n’ont cependant imposé cet effet
constitutif de droit au dépôt, ce qui explique les divergences nationales à cet endroit.
A l’échelle de l’Europe, la directive de 1988, n’a pas imposé le principe du dépôt constitutif de droit,
mais elle a harmonisé presque tout le régime des marques nationales dont notamment les conditions de
fond de la validité du titre.
Bien que la directive n’ait pas définit la marque, on trouve dans le texte des indications sur les signes
susceptibles de constituer une marque en Europe.
.1.1. Les trois conditions principales de fond pour autoriser le dépôt de la marque
Le signe choisi, doit être distinctif, disponible et limite, selon la disposition du droit français,
conformément aux dispositions et au règlement sur la marque unitaire.
.1.1.1. Condition de distinctivité
Le signe doit pouvoir être identifié par le public visé comme jouant le rôle d’une marque
Pour qu’une marque remplisse sa mission, il faut que le signe puisse être perçu par le public visé
comme jouant le rôle d’une marque. Cela relève de l’évidence ; pour autant, il existe des situations où
l’hésitation est permise (exemple : Les slogans publicitaires et formules promotionnelles se heurtent
souvent à cette difficulté).
L’appréciation de cette exigence dépend du contexte. La réponse peut en effet varier selon que la
marque s’adresse à un public particulièrement vigilant ou non, à des consommateurs dont la langue
maternelle est le français ou non… Autant de circonstances particulières qui imposent une analyse in
concreto.
Le signe doit être distinctif au regard des produits et services concernés
Le signe doit distinguer les produits ou services selon les articles L 711-1 CPI et 4 du règlement. La
fonction essentielle de la marque, est de garantir à l’utilisateur final, l’identité d’origine du produit ou
service désigné par la marque.
On ne parle pas de nouveauté, comme en matière de brevet, ni d’originalité comme en matière de droit
d’auteur, mais on parle de distinctivité.
Cette distinctivité peut avoir plusieurs intensités, mais il suffit que la marque soit distinctive pour être
protégé. La condition ne fait pas l’objet d’une définition positive par les textes. Néanmoins, le
législateur a prévu d’exclure de la catégorie des signes distinctifs tous :
Les signes descriptifs nécessaires ou usuels qui doivent être à la portée de tous : il en va ainsi
du terme de magasin de meuble, pour désigner un commerce d’objet mobiliers
Les signes constitués par la forme ou la fonction du produit
En définitive la distinctivité s’interprété de manière globale et pour être valable la marque doit être
composée d’un ou plusieurs éléments arbitraires par rapport au produit / service qu’elle désigne.
L’acquisition de la distinctivité par l’usage
Le dernier alinéa de l’article L. 711-2 prévoit que : « Dans les cas prévus aux 2°, 3° et 4°, le caractère
distinctif d'une marque peut être acquis à la suite de l'usage qui en a été fait. »
Cette disposition se fait l’écho de la règle posée à l’art. 6 quinquies C1 de la Convention d’Union de
Paris qui invite le juge à tenir compte, pour la validité de la marque, d’éléments de fait concernant la
forme et la durée de l’usage. Ainsi, le juge peut valider une marque qui certes, au jour du dépôt, était
insuffisamment distinctive, dès lors qu’elle a fait l’objet d’un usage long à titre de marque.C’est
d’ailleurs souvent le cas (exemple : american airlines, page jaunes).
Cette voie d’acquisition est précieuse pour des produits dont la consommation a permis de développer
un caractère distinctif et donc de justifier l’acquisition d’un monopole d’exclusivité.
En revanche, il appartient à celui qui invoque l’acquisition par l’usage de rapporter la preuve.
L’analyse de la jp de la Cour de Justice permet d’indiquer qu’il est permis de faire valoir, au fin
d’établissement de la preuve la part de marché détenue par la marque, l’étendue géographe et la durée
d’usage de cette marque, ainsi que l’importance des investissements fait par l’entreprise pour
promouvoir la marque ou encore la proportion des milieux intéressés qui identifient le produits /
service comme provenant d’une entreprise déterminée.
L’appréciation de la distinctivité
L'alinéa premier de l'article L. 711-2 énonce que : « Le caractère distinctif (...) s'apprécie à l'égard des
produits ou services désignés » lors de la demande d'enregistrement ».
La méthode d’appréciation :
Le point de comparaison : Apparemment sans difficulté, cette règle n’est pas toujours très
bien respectée par les juridictions qui, parfois, apprécient la distinctivité par rapport aux
produits ou aux services réellement offerts et non par rapport à ceux désignés dans l’acte
d’enregistrement comme impose de le faire l’article L. 711-2 du C. propr. intell..
Le moment de la comparaison : Le caractère distinctif d'un signe doit être apprécié au jour
de la naissance du droit, c'est-à-dire à la date du dépôt de la demande d'enregistrement de la
marque.
Le public de référence : Le caractère distinctif doit également être apprécié, par rapport à la
perception qu’en a le public pertinent ; ce public pertinent peut être composé de
consommateurs (dont l'attention est moyenne) ou de professionnels (dont l'attention est plus
soutenue). C'est le type de produits ou de services visés dans l'acte d'enregistrement (ou la
demande d'enregistrement) qui permet de déterminer à quel public la marque s'adresse.
Bien que les critères d’appréciation du caractère distinctif soient les mêmes pour tous les types de
marques (verbales, figuratives...), leur mise en oeuvre peut nécessiter un examen particulier. Sont en
situation difficile au regard de cette exigence les marques tridimensionnelles, c'est-à -dire celles
constituées par la forme du produit lui-même, voire par son emballage ou encore les marques dites de
position.
Peu importe que le signe soit ordinaire. Orange par exemple, est un mot ordinaire mais peut être utilisé
à titre de marque pour désigner des services de téléphonie car il est totalement arbitraire au regard de
l’activité concerné.
L’arrêt CJCE Baby dry 20 septembre 2001 peut servir ici de référence. Non seulement quant aux
modalités d’appréciation, mais encore quant à la méthodologie du contrôle de cette condition.
Néanmoins, il semble que le contrôle opéré par les juridictions françaises tende généralement à moins
de sévérité / rigueur que celui auquel se prête la CJ.
Encore récemment l’affaire Laverbelle ( ???) tranché par le tribunal de première instance de l’UE en
2007 illustre les difficulté sur le terrain probatoire de l’acquisition d’une marque par l’usage. La Cour
de justice a confirmé que c’est dans tous les pays de l’UE que la marque figurative a acquis un
caractère distinctif. La Cour a aussi exigé la preuve de l’acquisition du caractère distinctif auprès du
grand public, et non seulement auprès du public spécialisé dans l’industrie en cause.
L’appréciation de la distinctivité doit se faire à l’échelle de l’UE. La marque nominale doit être
distinctive dans toutes les langues de l’Union pour pouvoir y être protégé en tant que titre unitaire.
Pour augmenter ses chances d’obtenir un titre unitaire valable au regard de l’article 7 paragraphe 2 du
règlement, le déposant doit vérifier que le signe ne puisse pas être compris comme la désignation
usuelle d’un produit ou d’un service dans chacune des 20 langues européennes.
La distinctivité est donc une condition centrale de la protection des marques, elle en est la raison
d’être. Cette condition est tellement importante que le droit français et le droit européen, ont fait du
défaut de distinctivité un motif absolu de refus de la marque. C’est un motif examiné par l’office, un
motif de déchéance et un motif de nullité absolue.
.1.1.2. Condition de disponibilité : nécessité de procéder à une recherche des
antériorités
La marque doit être disponible, ie qu’elle ne doit pas avoir fait l’objet d’appropriation antérieure.
La première raison de procéder à une telle recherche tombe sous l’évidence : l’absence d’antériorité
sur le signe est une condition de validité. Au-delà, il faut avoir à l’esprit que la législation française
n’impose pas à l’INPI de procéder à un examen de la disponibilité du signe (il en va de même pour
l'EUIPO) ; le risque est alors que la marque soit délivrée sans qu'un contrôle sur ce point ait été fait.
Une absence de recherche d’antériorités, si elle ne déclenche pas de sanctions immédiates, fragilise
l’investissement de son titulaire qui, une fois la marque délivrée et exploitée, s’expose au risque de
voir un tiers, fort d’un droit antérieur sur le signe, demander la nullité de l’enregistrement de la
marque, voire, le cas échéant, solliciter du juge la réparation de l'atteinte portée à son droit antérieur.
Mieux vaut donc prévenir.
La recherche peut être effectuée par le demandeur lui-même ou par un conseil en propriété industrielle
en exploitant de nombreuses sources, parmi lesquelles figurent les bases de données des offices de
marques : ex. la base de données marques de l'INPI.
Le code de la propriété intellectuelle n’offre pas une liste limitative des antériorités, il expose certaines
d’entre elles que l’on retrouve d’ailleurs dans le règlement à l’article 8 paragraphe 4.
Cette condition de disponibilité se rapproche de la condition de nouveauté propre au droit des brevet.
Ici le signe ne doit pas déjà être utilisé par autrui dans la même spécialité. Le signe ne doit pas non
plus être un élément déjà protégé par un autre droit de la propriété intellectuel ou pas un droit de la
personnalité.
Difficulté de la recherche d’antériorité dans le cadre européen
Il existe une difficulté inhérente à la protection de la marque communautaire. Le signe doit être
disponible dans chacun des droits de l’UE. Autant dire, qu’en pratique la tâche n’est pas aisé, et il est
pratiquement impossible de faire une recherche exhaustive. Cette tâche appartient au déposant. En
effet, ni l’INPI, ni l’OHMI font cet examen préalable. L’OHMI établit seulement un rapport de
recherche qui est communiqué au demandeur.
Un conflit peut toujours naitre ultérieurement, ie après la délivrance du titre. Ce conflit peut naitre soit
entre deux droits de PI soit entre la marque et un droit de la personnalité. Ce conflit peut naitre au
contentieux après l’enregistrement ou avant l’enregistrement au stade de la procédure d’opposition au
dépôt. Les tiers ont quelques mois à compter du dépôt national ou communautaire pour s’opposer à
l’enregistrement. Ils ont ensuite 5 années pour demander la nullité de l’enregistrement.
L’antériorité est donc un motif relatif de refus de dépôt, car il n’est pas examiné par l’office et d’autre
part il s’agit d’un motif de nullité relative car elle ne peut être invoqué que par le titulaire de
l’antériorité.
Les antériorités constituées par un droit de PI
L’antériorité peut être une marque identique ou similaire, valable sur le même territoire dans une
même spécialité. La liste des éventuelles antériorités est longue comme le montre l'énumération faite à
l'article L. 711-3 du C. propr. intell.
Depuis le règlement de 1993, un signe déposé comme marque communautaire, devient indisponible
sur tout le territoire de l’Union européenne dans la même spécialité. Il constitue une antériorité
opposable au dépôt national comme au dépôt communautaire.
En France, l’antériorité opposable à titre de marque est uniquement constituée par une marque
enregistrée. Ailleurs qu’en France, le droit peut décider que l’usage d’une marque est créateur du droit
de propriété car le droit européen n’est pas harmonisé à l’endroit des effets du dépôt. En conséquence
l’antériorité peut être constitué par une marque utilisée si le droit national reconnait une telle marque
utilisée comme une antériorité. LE règlement de 1993 l’a prévu à l’article 8.
Les marques jouissants d’une renommée
Au nombre des marques antérieur, il faut compter la marque notoire même non déposée. Une marque
notoire, la notoriété peut être définit comme connue du public et dotée d’un pouvoir d’attraction
propre indépendant des produits / services que la marque désigne. A l’échelle internationale, la
notoriété dispose d’une influence sur la disponibilité du signe, comme sur l’étendue de la protection.
Une marque notoire non déposée, peut constituer une antériorité dans la même spécialité (article 6 bis
de la convention de l’Union de Paris a posé cette exception au principe du dépôt). Une marque de
renommée déposée peut par ailleurs constituer une antériorité en dehors de la spécialité. L’article 16
de l’adepic a posé cette obligation minimale de protection des marques de renommée. La marque
notoire ou de renommé jouit ainsi d’un régime de protection dérogatoire. Dérogatoire non seulement
au principe du dépôt mais aussi au regard du principe de spécialité.
Un débat persiste en France sur la définition de la marque notoire et de renommé (synonyme ou
différence de degré permettant de les distinguer). En France le débat porte sur le public pertinent
auprès duquel il faut apprécier la notoriété. Pour certaines :
La marque de renommée doit l’être auprès du public de la spécialité concernée pour pouvoir être
protégé en dehors de sa spécialité
La marque notoire, doit l’être auprès du grand public pour pouvoir déroger au principe du dépôt
Cette position est cependant controversée. Dans l’affaire General Motors du 14 septembre 1998, la
cour de justice est intervenue en interprétation de la directive de 1988. Pour dire que l marque de
renommée est celle connue d’une partie significative du public concerné par les produits ou service.
En 2009 dans l’affaire NASDAC la Cour a indiqué à propos du public pertinent qu’il suffit qu’il soit
prouvé que la renommée de la marque dépasse les frontières du public spécialisé. C’est dans cette
affaire que l’application de l’article 8 paragraphe 5 du règlement qui était en cause. Celui qui permet
au titulaire d’une marque antérieure de renommée de s’opposer au dépôt d’une marque
communautaire dans une autre spécialité.
La position débattue en droit français devrait terme s’aligner sur la position adoptée en droit
communautaire. En l’absence d’harmonisation européenne sur ce point, les exigences en matière
d’antériorité sur la marque notoire, risque cependant de ne pas être les mêmes d’un territoire à l’autre.
Les autres signes distinctifs antérieurs
Outre les marques antérieures, l’antériorité peut être constituée par une œuvre, un dessin ou un modèle
protégé ou par une appellation d’origine ou encore par d’autres signes de la vie des affaires. Certains
dépôts devront ainsi être soumis à l’autorisation de l’auteur si les marques sont constituées d’éléments
qui sont protégés par le droit d’auteur ou le droit des dessins et modèles :
Certains noms géographiques sont indisponibles parce qu’ils constituent une appellation
d’origine, dans ce cas l’indisponibilité est absolue (exemple : l’appellation champagne, ne
peut plus être déposée comme marque).
La dénomination sociale d’un tiers ne peut pas être choisi comme marque s’il existe un
risque de confusion dans l’esprit du public, ce qui suppose que la dénomination soit largement
connu.
Le nom commercial ou l’enseigne ne sont pas davantage disponibles s’il existe un risque de
confusion. Il est souvent difficile de déterminer avec exactitude le moment où le droit sur le
nom ou l’enseigne a été acquis, car contrairement à la marque de tels droits résultent du
simple usage.
En définitive, le signe ne sera pas considéré comme antériorité s’il existe un risque de confusion dans
l’esprit du public. Ce risque peut être :
Direct dans les cas où le consommateur pourrait être fondé à croire en présence du signe
contesté, qu’il est en présence de la marque antérieur
Indirect dans les cas où le consommateur peut considérer que les marques proviennent de la
même entreprise ou d’entreprises économiquement liées. Il s’agit plutôt d’un risque
d’association, qui selon les propos de la Cour n’est pas une alternative à la notion de risque de
confusion, mais qui sert à en préciser l’étendue. Ce risque d’association n’est pas suffisant
pour établir le risque de confusion.
L’appréciation du risque de confusion est globale, et elle est d’autant plus subtile qu’elle implique une
certaine interdépendance entre tous les facteurs pris en compte.
.1.1.3. Condition de licéité
La marque doit être licite. L’absence de licéité est un motif absolu de refus d’enregistrement selon L
711-3 CPI et article 7 du règlement sur la marque communautaire.
Cette condition vise deux prohibitions :
Signes contraires à l’OP et signes contraires aux bonnes mœurs : ces motifs sont rarement
retenus
Signes comme les drapeaux ou emblèmes : On signalera que désormais l’article L 141-1 du
code du sport énonce que le comité national olympique est propriétaire des emblèmes
olympique et propriétaire de l’hymne et des termes jeux olympiques et olympiades. Cette
précision répond aux questions Com 11 mars 2003.
Les marques de nature à décevoir ou à tromper le public notamment sur la nature, qualité ou la
provenance géographique : la déceptivité du signe s’apprécie au moment du dépôt au regard
des produits et service de la marque en tenant compte de la perception du signe par un
consommateur d’attention moyenne. En revanche la marque n’est pas trompeuse si il est
évident que les qualités évoqués ne se retrouvent pas dans les biens ou services. Il intervient
aux juridictions nationales de vérifier si il n’existe pas une manœuvre ou une intention
dolosive de la part du déposant
La règle de la représentation graphique semble exclure les signes olfactifs et gustatifs, qui ne sont pas
visibles mais qui implique le gout et la vue.
Evolution du droit :
Jusqu'à la dernière réforme du droit des marques intervenue dans l'Union européenne en 2015, la
représentation du signe devait se faire de façon "graphique". Désormais, d'autres formes de
représentation du signe sont possibles ce qui facilite l'enregistrement de nouvelles catégories de
signes comme les signes sonores (communication d'un fichier MP3) et les signes présentant une
séquence vidéo.
Ce qui compte par-dessus tout, c'est la capacité des tiers à saisir ce qui fait l'objet du droit de
propriété (l'assiette du droit) dans une perspective d'opposabilité aux tiers qui doivent être en
mesure de connaître précisément ce qui relève ou non du droit exclusif. Cette même exigence
permet aussi aux offices d'évaluer avec précision les caractères du signe au regard des règles
juridiques.
Plusieurs types de signes peuvent, dans ces conditions, devenir le siège d'une marque :
Des signes nominaux (ou verbaux) qui sont constitués de lettres ou de chiffres comme les
les mots, les assemblages de mots, les noms patronymiques et géographiques, les
pseudonymes, les lettres, les chiffres ou encore les sigles ;
Des signes figuratifs qui s’adressent à la vue tels que les dessins, les logos, les formes,
notamment celles du produit ou de son conditionnement ; les combinaisons ou nuances de
couleurs ;
Des signes sonores. La représentation d’une marque musicale par le biais d’une portée avec
des notes a longtemps constitué la seule manière de procéder (CJCE, 27 nov. 2003, C-
283/01, Shield Mark. En revanche, la représentation d’un son était difficile à réaliser.
Pour les signes perceptibles par le goût, le toucher, l’odorat, la représentation reste difficile
pour ne pas dire impossible à réaliser ; difficulté dont la décision rendue par la CJCE le 12
décembre 2002 (préc.) rend compte à propos de la représentation graphique des marques
olfactives
Indiquer les produits et/ou les services qui seront exploités sous ce signe : Le déposant
indiquera les produits ou les services qui correspondent à son activité et pour laquelle la
nouvelle marque lui sera utile. Il demeure totalement libre de définir une liste plus ou moins
étendue à charge pour lui d’exploiter la marque pour chacun des produits ou des services
indiqués
L’étendue du droit sur la marque est ainsi déterminée par le signe représenté et par les produits ou
services mentionnés ; cette double indication fera l’objet d’une publicité qui instruira les tiers sur les
limites de la propriété. De même, certaines règles du droit des marques s'appuient sur cette indication
comme la distinctivité ou encore l'appréciation de la contrefaçon.
Dans le prolongement de l’indication des produits et des services, le déposant doit é numérer les
classes correspondantes. Un accord international (dit « Arrangement de Nice ») a réparti l’ensemble
des produits et des services dans 45 classes (34 classes de produits et 11 classes pour les services :
pour consulter la classification des produits et services). Il appartient au déposant de mentionner le
numéro de la classe ou des classes concernées par les produits et les services désignés. L’objectif est,
pour l’essentiel, de calculer le montant des taxes qu’il devra verser à l’office des marques. La
jurisprudence précise que la référence faite par un acte de dépôt à une classe déterminée n’a qu’une
valeur administrative, sans réelle portée juridique
Une fois le signe représenté, les produits et services désignés et les classes mentionnées, le déposant (il
peut être une personne physique ou une personne morale, commerçante ou non), qui aura décliné son
identité, devra acquitter des taxes.
Lieux du dépôt
En France cette demande de dépôt peut être fait à l’INPI ou à un greffe de tribunal de commerce. Le
déposant doit payer des redevances, à défaut le dépôt sera rejeté. Il en va de même du renouvellement
tous les 10 ans. Il n’y a donc pas, contrairement aux brevets, une obligation de payer des annuités
progressives.
Publicité
Une fois le dépôt reconnu recevable, il fait l’objet d’une publication dans les 6 semaines qui suivent la
réception du dépôt. Toute personne intéressée peut formuler des observations dans un délai de deux
mois pour la marque national et dans un délai de 3 mois pour la marque communautaire.
Les titulaires de droit antérieur peuvent former dans ce même délai une opposition à l’enregistrement.
L’office dispose ensuite d’un certain délai pour statuer sur les demandes d’opposition fondées sur
l’antériorité et ceci au terme d’une procédure contradictoire.
La marque est devenue par la faite du titulaire la désignation usuelle d’un produit, elle a alors
perdu son caractère distinctif comme cela a été jugé pour la marque cadi qui est devenu la
désignation usuelle des chariots
La marque est devenue par le fait de son titulaire trompeuse ou déceptive, ie propre à induire
le public en erreur sur la qualité, la nature du produit ou la provenance géographique. Il s’agit
de sanctionner la marque par son usage une qualité essentielle.
La jurisprudence française rare et récente, accepte cependant difficilement la déchéance. Il est
important de retenir que la déchéance pour dégénérescence est une sanction du comportement du
titulaire. Autrement dit, il est possible pour le titulaire d’agir pour maintenir son monopole en prenant
des précautions pour informer le public que la marque est protégée ou encore par des lettres ou action
en justice. C’est pourquoi la marque frigidaire n’a pas été sanctionné en France par la maque du
monopole, son propriétaire s’est maintenu pour maintenir son monopole. En revanche, si le titualrie
reste passif, la dégénérescence fait tomber la marque dans le domaine public.
.3.2. Forclusion par tolérance
La passivité du titulaire, est sévèrement sanctionné en droit des marques à travers la règle de la
déchéance mais aussi à travers de la forclusion par tolérance. Cette dernière ne fait pas tomber la
marque dans le domaine public mais elle fait perdre à son titulaire l’exclusivité sur la marque, cette
règle prévue à l’article L 716-5 CPI et à l’article 9 sur le règlement de la marque communautaire
prévoit que le titulaire qui tolère pendant 5 ans consécutif qu’un tiers exploite sa marque en
connaissance de cet usage ne peut plus se prévaloir de son droit de marque pour revendiquer une
antériorité, demander la nullité ou s’opposer à l’usage de la marque seconde.
Autrement dit, il perde le droit d’agir en contrefaçon et d’annuler l’enregistrement de la marque
postérieur.
Cette règle explique que deux marques peuvent cohabiter sur un même territoire.
Disposer d’une marque notoire ou d’une marque de renommée : L’enjeu essentiel est de
rapporter la preuve de la notoriété ou de la renommée de la marque antérieure. Pour une
protection en France, la notoriété s’apprécie auprès du public français. Pour une protection
étendue à l’UE, auprès du public de l’UE. On retiendra, pour se joindre à la doctrine
dominante, qu’il faut veiller à apprécier la renommée auprès du public pertinent à savoir, le
public de la spécialité concernée.
Le signe doit faire l’objet d’un emploi injustifié d’une reproduction ou imitation de la
marque : l’article L 713-5 CPI indique que la reproduction ou l’imitation de la marque de
renommé engage la responsabilité de son auteur si ces actes sont de nature à porter préjudice
au propriétaire de la marque ou constitue une exploitation injustifiée de celle-ci. Un emploi de
la marque est injustifié lorsque la marque seconde tire indument profit du caractère distinctif
du caractère notoire. Il s’agit de parasitisme économique
Cet emploi doit engendrer un préjudice : le préjudice engendré par cet emploi injustifié
peut être soit la dilution (atteinte portée au caractère distinctif de la marque notoire), soit le
ternissement de la marque (atteinte à sa renommée). En France, cette action en dilution est
distincte de l’atteinte à l’image de marque qui peut être intenté par le titulaire d’une marque
même non notoire, sur le double fondement de l’article L 713-3 CPI et de l’article 1382 du
code civil.
.1.2. Actes constitutifs de contrefaçon (condition d’usage dans la vie des affaires ;
actes soumis à autorisation ; actes permis sans autorisation)
Le droit de propriété est encadré dans son exercice. Tous les actes ne sont pas constitutifs de
contrefaçon. Le monopole d’exclusivité n’est pas défini par le législateur, il a néanmoins, donné une
liste limitative de comportement constituant une atteinte au droit de marque.
Les législateurs européens et français ont prévu qu’il y a des actes soumis à autorisation et d’autres qui
sont permis sans autorisation.
.1.2.1. Les actes soumis à autorisation
La condition d’usage dans la vie des affaires
L’article 5 paragraphe 1 de la directive de 1988 retient que le propriétaire d’une marque ne peut
interdire au tiers l’usage de son signe que si ce dernier s’effectue dans le cadre de la vie des affaires.
L’article L 713-2 et -3 du code n’a pas repris directement cette expression à l’inverse du règlement sur
la marque communautaire. Il ne fait cependant aucun doute, que la condition d’usage dans la vie des
affaires est une condition préalable à la mise en œuvre à la mise en œuvre du droit à la protection de la
marque.
La Cour de Justice a donné un sens à cette formule « usage dans la vie des affaires » en précisant par
exemple dans l’arrêt Arsenal, qu’il y a usage dans la vie des affaires lorsque cet usage se situe dans le
contexte d’une activité commerciale visant un avantage économique et non dans le domaine privé.
Dans sa décision Google contre LV la Cour de Justice constate un usage dans la vie des affaires dès
lors que l’usage n’est pas perpétré par un consommateur final agissant de BF. Certes le comportement
de l’annonceur proposant un service de référencement et choisissant un signe identique à une marque
d’autrui, n’est pas assimilable à un usage dans le domaine privé. La Cour de Justice a indiqué que pour
que la condition d’un usage dans la vie des affaires soit remplie, il faut que l’usager fasse lui-même un
usage des signes dans la vie des affaires, ce qui n‘est pas le cas du prestataire du service de
référencement. En effet, l’annonceur (ie celui qui met son annonce sur le site de référencement), ne
fait pas lui-même un usage commercial des signes, peu importe qu’il soit rémunéré par ses clients pour
son service, il ne fait pas un usage lui-même commercial des signes. La situation est différente si
l’annonceur utilise la marque dans le cadre d’une publicité comparative, dans ce cas l’annonceur peut
être passible de contrefaçon ou de concurrence déloyale. La Cour de Justice en conclut que Google ne
fait pas un usage dans la vie des affaires au sens de l’article 5 de la directive.
Dans l’affaire L’Oréal vs Lancome reprochait à ebay son implication dans les infractions au droit des
marques commises par les utilisateurs du site. L’Oréal avançait que les mesures prises par ebay pour
filtrer les annonces n’empêchait pas la vente de ces produits dans les Etats tiers. La CJ a rejeté la
possibilité d’engager la responsabilité indirecte du prestataire de service sur le terrain du droit des
marques, au motif que le seul usage d’un signe dans le cadre d’un service de référencement n’est pas
suffisant à remplir la condition de l’usage dans la vie des affaires.
Cette position de la Cour de justice a été étendu aux annonceurs de publicité. Ainsi dans l’affaire Mark
et spencer vs interflora du 22 décembre 2011, la CJ fait référence à la jp Google pour rappeler que si
l’annonce publicitaire peut créer un risque de confusion (passible de la sanction de contrefaçon), le
seul usage d’un signe dans le cadre d’un service de référencement ne le peut pas. Il n’est pas exclu
pour autant qu’un tel usage puisse être sanctionné sur le terrain de la protection spécifique des
marques de renommée. Dans cette affaire la CJ a considéré en ce sens qu’il appartenait à la juridiction
nationale de vérifier si l’usage litigieux du mot clé « inter flora », sur le site de vente et de livraison de
Mark et Spencer pouvait mettre en péril la réputation d’inter flora. Autrement dit, le défaut d’usage
dans la vie des affaires est un obstacle à la mise en œuvre de la protection traditionnelle des marques,
mais elle n’est pas en soit un obstacle à la protection spécifique des marques de renommé pour
parasitisme ou dilution.
Le recours au critère de la vie des affaires permet par ailleurs de faire une place particulière à la
parodie en droit des marques. A la différence du droit d’auteur, aucune exception de parodie n’a été
prévue par le droit français ou européen. Le détournement d’un signe pour des raisons militante ou
parodique peut être analysé comme un usage hors de la vie des affaires, et échapper ainsi à la sanction.
La Cour de Justice, n’a pas eu à le confirmer. En droit français il existe un contentieux depuis 2001 sur
le sujet, alimenté comme des affaires comme Greenpeace vs Esso qui montre que c’est le critère de
l’usage dans la vie des affaires qui a permis de régler le conflit entre liberté d’expression et droit de
propriété, au profit de la liberté fondamentale. Il en reste, que les auteurs de parodie peuvent engager
leur responsabilité civile si leurs actes sont jugés fautif pour dénigrement ou abus de liberté
d’expression.
La règle de l’épuisement
D’autres utilisation des marques sont permises par la loi et viennent limiter l’étendue du droit de
propriété sur la marque. Au nombre d’entre elle commune au droit français et au droit européen, figure
celles issues de l’épuisement du droit. L’épuisement permet au tiers de commercialiser ou d’importer
la marque, après épuisement du droit dans les conditions précisées par la loi et la jp.
La première mise sur le marché avec le consentement du titulaire, épuise son droit d’autoriser la
commercialisation ultérieure de ses produits. C’est la règle de l’épuisement qui est une limitation
imposée par la jp à l’exercice du monopole de propriété intellectuelle au nom de la liberté de
circulation. C’est une limitation commune à toutes les catégories de droit intellectuel.
La règle a été consacré par la législation à l’article 7 de la directive de 1988, L713-4 du code et dans le
règlement.
L’épuisement est limité à la distribution et à l’importation ou l’exportation des produits marqué.
En dépit de la consécration législative de la règle de l’épuisement, la CJ continue à en préciser
l’étendue dans le cadre de son travail d’application et d’interprétation de la règle européenne. Elle a
précisé que la preuve du consentement du titulaire incombe à l’importateur qui s’en prévaut, en
nuançant toutefois dans certains arrêt l’implication des règles de preuve selon les cas de figure. Elle a
aussi précisé dans l’affaire du 23 avril 2002, que l’épuisement n’empêche pas l’importateur parallèle
de reconditionner les produits marqués, si cette opération est objectivement nécessaire (si le simple ré
étiquetage ne suffit pas). La CJ a par ailleurs, dans l’affaire du 30 novembre 2004 a précisé de la
notion de mise dans le commerce. L’une des questions préjudicielles posée était de savoir si
l’importation des produits de marque et l’offre de ces produits au consommateur par le titulaire sans
qu’il n’y ait eu vente, constitue une mise dans le commerce. La Cour a répondu par la négative, ainsi
en vendant des produits vêtus du signe distinctif, le titulaire épuise son droit sur la marque apposé sur
les produits. En revanche, en l’absence de transfert de propriété des produits, le droit sur la marque ne
s’épuise pas.
Une marque est un titre de propriété industrielle délivré, sur demande, par un office spécialisé,
l’Institut National de la Propriété Industrielle (INPI) en France, pour protéger un signe susceptible
de représentation graphique servant à distinguer les produits ou services d’une personne physique
ou morale.
Une marque peut être une dénomination, sous quelle que forme que ce soit (un mot isolé, un
assemblage de mots, un nom patronymique, un nom géographique, des lettre, des chiffres, etc.), un
signe figuratif (par exemple un dessin, un logo, la forme d’un produit) ou encore un signe sonore.
Quelle que soit sa forme, le signe ou dénomination choisi doit, pour valablement constituer une
marque, être distinctif par rapport aux produits ou services désignés. Par exemple, la dénomination
«chocolat» ne constitue pas une marque valable si elle sert à désigner du chocolat, en revanche elle
constitue une marque valable si elle désigne des vêtements ou un téléphone portable.
La marque confère sur le signe ou dénomination choisi un droit exclusif, qui permet à son titulaire
d’en avoir le monopole d’exploitation. Il s’agit d’un monopole d’une durée de dix ans, renouvelable
indéfiniment, pour un territoire déterminé, et ce pour des produits et/ou services déterminés
correspondant à des classes administratives de produits et/ou services.
Il ne suffit pas, pour bénéficier d’une marque sur un signe, que celui-ci soit distinctif. Il faut en faire
la demande auprès d’un office spécialisé :
L’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI), pour obtenir une marque
internationale,
L’Office de l’Harmonisation dans le marché intérieur (OHMI), pour obtenir une marque
communautaire,
l’INPI, pour obtenir une marque française.
Pour une marque française, une fois la demande d’enregistrement déposée, l’INPI publie celle-ci au
Bulletin Officiel de la Propriété Industrielle (BOPI). Dans les deux mois qui suivent la publication,
la demande d’enregistrement peut faire l’objet d’une opposition, notamment de la part du
propriétaire d’une marque enregistrée ou déposée antérieurement. La procédure d’opposition,
contradictoire, peut conduire au rejet de la demande d’enregistrement de la marque.
La marque est délivrée à l’issue d’une procédure au cours de laquelle la demande fait l’objet d’un
examen de fond (validité du signe) et de forme ; il n’est en revanche pas vérifié si la marque porte
atteinte à des droits antérieurs.
Pour les marques internationales et communautaires, les procédures sont sur de nombreux
points semblables à celles applicables en France.
Devant tous les offices, le dépôt d’une demande d’enregistrement d’une marque doit être
accompagné du règlement de taxes de dépôt, dont le montant varie d’un office à un autre, et selon le
nombre de classes désignées dans la demande.
La marque est délivrée pour une durée initiale de dix ans, à compter de la date de dépôt de la
demande.
La durée de protection peut être renouvelée indéfiniment par périodes de dix ans, sous réserve du
paiement des taxes de renouvellement.
La protection peut être interrompue, sur décision du titulaire de la marque (la radiation volontaire),
mais aussi par une action en déchéance de la marque. Toute personne intéressée peut en effet
demander en justice l’annulation d’une marque non exploitée depuis cinq ans.
Pour éviter une perte de ses droits, il convient donc de conserver toutes les preuves de l’usage de sa
marque, notamment tous documents prouvant un usage sérieux (brochures, catalogues, impressions
de pages web datées, factures, attestations de clients, etc.).
Comment exploiter une marque ?
Le titulaire de la marque peut librement céder ou licencier tout ou partie de ses droits sur la marque.
Il peut céder à titre définitif la marque ou en concéder l’usage en licence, et ce pour une catégorie
de produits et/ou services particuliers, et un pays déterminé.
Il en est de même lorsque la marque est détenue en copropriété. Les copropriétaires sont libres dans
l’organisation de leur copropriété (à défaut d’accords contractuels spécifiques, le régime général de
l’indivision s’applique).
Le titulaire d’une marque est tenu d’inscrire au Registre National des Marques (RNM) tous les actes
par lesquels il transmet ou modifie ses droits sur la marque. À défaut, les actes en cause ne sont pas
opposables aux tiers.
CJCE, 20 sept. 2001, Procter & Gamble Company c. OHMI, Affaire « Baby-dry » C-383/99 P:
Il ressort de l’article 7, paragraphe 1, sous b) et c), du règlement nº 40/94 sur la marque
communautaire, combiné avec les dispositions de son article 12, que l’objet de l’interdiction de
l’enregistrement comme marque de signes ou d’indications exclusivement descriptifs est d’éviter
que soient enregistrés comme marques des signes ou des indications qui, en raison de leur identité
avec des modalités habituelles de désignation des produits ou des services concernés ou de leurs
caractéristiques, ne permettraient pas de remplir la fonction d’identification de l’entreprise qui les
met sur le marché et seraient donc dépourvus du caractère distinctif que cette fonction suppose.
S’agissant de marques composées de mots, un éventuel caractère descriptif doit être constaté non
seulement pour chacun des termes pris séparément, mais également pour l’ensemble qu’ils
composent. Tout écart perceptible dans la formulation d’un syntagme proposé à l’enregistrement
par rapport à la terminologie employée, dans le langage courant de la catégorie de consommateurs
concernée, pour désigner le produit ou le service ou leurs caractéristiques essentielles est propre à
conférer à ce syntagme un caractère distinctif lui permettant d’être enregistré comme marque. (voir
points 37, 39-40 ). S’agissant de l’enregistrement comme marque communautaire du syntagme
«Baby-dry », si chacun des deux termes composant l’ensemble est susceptible de faire partie
d’expressions relevant du langage courant pour désigner la fonction de langes pour bébés, leur
juxtaposition, inhabituelle dans sa structure, ne constitue pas une expression connue de la langue
anglaise pour désigner de tels produits ou pour présenter leurs caractéristiques essentielles (voir
points 43-44)
Cass. Com., 1er juin 2010, 09-15.568 : Sur l’interdépendance entre les facteurs d’appréciation
globale du risque de confusion en l’absence d’identité entre les marques et spécialités concernées.
Ne donne pas de base légale à sa décision, la cour d’appel qui ne recherche pas si un faible degré de
similitude entre les marques peut être compensé par un degré élevé de similitude entre les produits
ou services couverts et inversement.
M. Vivant, Marque notoire et Marque de renommée : une distinction conforme au droit des
marques, Dalloz, 29 octobre 2010, n° 37 (aller lire)
CJCE, 12 mars 2009, Antartica et OHMI c. Nasdaq Stock Market Inc., Aff. C–320/07 P: Sur la
question de l’atteinte à la renommée de la marque antérieure ainsi que sur la notion de public
pertinent : «eu égard à son omniprésence dans la presse non seulement spécialisée, mais également
généraliste ainsi qu’à l’intérêt qu’une large partie du public général porte aux évolutions des
marchés financiers, la renommée de la marque antérieure dépasse largement les frontières du public
professionnel spécialisé dans les informations financières».
CJCE, 27 nov. 2003, Shield Mark BV c. Joost Kist h.o.d.n. Memex, Aff. C-283/ 01 : Les signes
sonores doivent pouvoir être considérés comme des marques dès lors qu’ils sont susceptibles d’une
représentation graphique claire précise, complète et objective, en particulier au moyen de figures, de
lignes ou de caractères. Il n’est pas satisfait à ces exigences en l’espère dans la description faite du
cri d’un animal
Cass. Com, 19 oct. 1999, 97-12.845 : Sur la responsabilité et la nullité du dépôt de marque en cas
d’abus de droit.
Cass. Com., 16 février 2010, 09-12.262 : Selon l’article 9 § 2, de la Directive (CE) de 1988, un
Etat membre peut prévoir que le paragraphe 1 de ce texte s’appliquera, non seulement au titulaire
d’une marque antérieure visée à l’article 4, paragraphe 4 a, mais aussi au titulaire d’un des autres
droits antérieurs visés à l’article 4, paragraphe 4 b ou c, de cette Directive. L’article L. 714-3 CPI
s’interprète conformément à l’article 9 § 1 de cette Directive, en ce sens que le titulaire d’un droit
d’auteur qui a toléré en France l’usage d’une marque postérieure enregistrée en France pendant une
période de cinq années consécutives, en connaissance de cet usage, ne peut plus demander la nullité,
ni s’opposer à l’usage de la marque postérieure pour les produits ou les services pour lesquels la
marque a été utilisée, à moins que son dépôt n’ait été effectué de mauvaise foi.
Cass. Com., 12 juillet 2005, 03-17.640 : Dans le droit fil de l’arrêt Adidas Salomon c/FitnessWorld
(cf. doc 8), l’article L. 713-5 CPI, qui met en œuvre l’option ainsi ouverte par cette directive,
dispose que l’emploi d’un signe identique ou similaire à une marque jouissant d’une renommée
pour des produits ou services non similaires à ceux désignés dans l’enregistrement engage la
responsabilité civile de son auteur s’il est de nature à porter préjudice au propriétaire de la marque
ou s’il constitue une exploitation injustifiée de cette marque.
Cass. Com., 18 mai 2010, 09-65.072 : Pour annuler la marque seconde sur le fondement d’une
inexploitation continue pendant 5 ans, la Cour d’appel est tenue de rechercher si la marque première
a fait l’objet d’un usage sérieux et, le cas échéant, s’il existe de justes motifs d’inexploitation.
Cass. Com., 10 novembre 2015 : L’épuisement des droits conférés par la marque supposant la
mise en circulation des produits en cause pour la première fois sur le territoire de l’Espace
économique européen par le titulaire de la marque, ou avec son consentement, ce qui en garantit
l’origine, le tiers poursuivi en contrefaçon n’a pas d’autre preuve à rapporter que celle de
l’épuisement des droits qu’il invoque comme moyen de défense.
Ayant souverainement retenu que la connaissance par les titulaires de marques de la source
d’approvisionnement du tiers poursuivi leur permettrait de faire obstacle à la libre circulation des
produits sur le territoire de l’Espace économique européen en tarissant cette source, c’est, à bon
droit, et sans inverser la charge de la preuve, qu’une cour d’appel en a déduit qu’il leur appartenait
d’établir que les produits avaient été initialement mis dans le commerce par eux-mêmes, ou avec
leur consentement, en dehors de l’Espace économique européen, sans avoir à exiger que le tiers
poursuivi identifie la source de son approvisionnement, et qu’elle a recherché si, comme ils le
prétendaient, leur absence de consentement s’expliquait par le défaut d’authenticité des produits
litigieux
Cass. Com., 5 juillet 2017 : Le titulaire d’une marque doit veiller à en préserver le caractère
distinctif. Le signe ne doit pas devenir la désignation usuelle du produit qu’il désigne ; à défaut, son
titulaire risque de perdre ses droits ou, si la marque demeure en vigueur, de ne pas pouvoir opposer
aux tiers ses droits pour contester l’usage qui en est fait.
Cass. Com., 12 décembre 2018 (17-24582) : En l’espèce, la Cour avait souligné qu’il n’était pas
établi que la Ville de Paris avait pour projet de décliner son service VELIB pour des scooters avant
le dépôt de la marque SCOOTLIB, de sorte que la fraude n’était pas caractérisée en l’absence de
preuve que la société Olky connaissait ce projet lors du dépôt de sa marque. A cet égard, la Cour
relevait notamment que toute la communication de la Ville de Paris révélait « une volonté politique
de désengorger la capitale de ses véhicules à moteur afin d’aller vers des processus de déplacement
plus écologiques dont le vélo est le principal vecteur ».
Concernant le volet relatif à l’action en contrefaçon de la marque VELIB, la Cour d’appel avait
rejeté cette demande en relevant que la Ville de Paris était forclose à agir, dans la mesure où elle ne
pouvait ignorer l’existence de la marque litigieuse SCOOTLIB intervenant dans un secteur
d’activité similaire, et en avait toléré l’usage pendant plus de 5 ans.
La Cour de cassation a une nouvelle fois validé ce raisonnement et rejeté les nouveaux arguments
soulevés devant la Cour de cassation, à savoir la nécessité d’examiner la forclusion au regard de
chaque produit et service désigné par la marque et l’absence de forclusion invocable en présence de
dénomination sociale, d’enseigne et de nom de domaine portant atteinte à une marque (le signe
SCOOTLIB étant également exploité sous ces trois formes).
Ce même article énumère les différents signes pouvant être déposés à titre de marque :
les dénominations sous toutes les formes telles que mots, assemblages de mots, noms
patronymiques, noms géographiques, pseudonymes, lettres, chiffres, sigles ;
les signes sonores tels que sons, phrases musicales ;
les signes figuratifs tels que dessins, étiquettes, cachets, lisières, reliefs, hologrammes,
logos, images de synthèse ;
les formes, notamment celles du produit ou de son conditionnement ou celles caractérisant
un service ;
les dispositions, combinaisons ou nuances de couleurs.
Pour être valable et pouvoir être sereinement exploitée, la marque doit obéir à des critères de
validité et ne doit pas porter atteinte à des droits antérieurs appartenant à des tiers.
Des signes
- qui sont contraires à l'ordre public ou aux bonnes mœurs, ou
- dont l'utilisation est légalement interdite (comme par exemple la dénomination
Croix-Rouge ou l'emblème de la Croix-Rouge, les emblèmes olympiques...) ;
La marque doit ainsi être arbitraire au regard des produits et/ou services qu'elle désigne. Elle ne doit
être ni générique ou nécessaire, nidescriptive desdits produits et/ou services.
Avant le dépôt d'une marque, il faut également s'assurer de sa disponibilité parmi les droits
antérieurs. Pour pouvoir être valablement adoptée, une marque ne doit pas porter atteinte aux droits
suivants :
marques antérieures identiques ou similaires désignant des produits et/ou services
identiques ou similaires ;
marques antérieures enregistrées ou notoirement connues au sens de l'article 6 bisde la
Convention de Paris pour la protection de la propriété industrielle (CUP, 20 mars 1883);
dénominations ou raisons sociales s'il existe un risque de confusion dans l'esprit du public ;
noms commerciaux et enseignes à la condition qu'ils soient connus sur l'ensemble du
territoire national et qu'il existe un risque de confusion dans l'esprit du public ;
appellations d'origine protégées ;
droits d'auteur ;
droits sur un dessin ou modèle protégé ;
droit de la personnalité d'un tiers, notamment son nom patronymique, son pseudonyme ou
son image ;
nom, image ou renommée d'une collectivité territoriale ;
noms de domaine antérieurs si les conditions suivantes sont cumulativement remplies : les
signes sont identiques ou similaires et le nom de domaine est utilisé pour connecter les
Internautes à un site actif en relation avec des produits et/ou services identiques ou
similaires à ceux désignés par la marque, de sorte qu'il puisse en résulter un risque de
confusion dans l'esprit du public.
La vérification de la disponibilité d'un signe s'effectue par une recherche d'antériorités dans les
différents Registres accessibles, notamment le Registre des marques et le Registre du Commerce.
Après avoir vérifié que le signe choisi est licite et disponible, la marque peut alors être déposé
Chapitre 4 : Dessins et modèles
L’harmonisation des marques a montré le chemin à celle d’une autre catégorie de droit propriété
industrielle destiné à protéger la forme extérieure du produit : les dessins et modèles.
Le monopole sur les dessins et modèles se traduit par le droit d’interdire à autrui de copier ou d’utiliser
la même gamme de produit. Il récompense la création de produit à l’apparence attractive de clientèle.
L’objectif du dessin et modèle est de compléter la protection offerte sur les autres terrains de la
propriété intellectuel.
Selon les pays, les dessins et modèles peuvent aussi être protégés exclusivement ou cumulativement
sur le terrain des droits d’auteurs.
La protection juridique de l’aspect extérieur d’un produit, représente un enjeu majeur de la création
industrielle. Bien que les créations ornementales peuvent bénéficier d’une protection sur le terrain du
droit d’auteur, si elles en remplissent les conditions. Il est apparu très vite nécessaire de proposer un
régime spécifique aux objets à caractère utilitaire, exprimé sous une forme esthétique. On se situe ici
au confins des beaux-arts et de l’industrie.
Le régime juridique et la procédure de dépôt des dessins et modèles furent adopter par la loi du 18
mars 1806, sous la pression des industriels lyonnais de la soie, car la loi de 1793 sur la propriété
littéraire et artistique était jugé inapplicable à l’art industrielle (design industriel). La loi du 11 mars
1902 a réformé le régime de 1793 en étendant son application aux sculpture et dessins d’ornement. La
loi de juillet 1909 l’a encore réformé pour consacrer la théorie de l’unité de l’art en introduisant la
possibilité du cumul de protection. Sans jamais remettre en cause le principe du cumul, la loi française
a été ensuite modifiée en 1990, puis en 2001 elle a été modifiée par une ordonnance du 21 juillet
venue transposer la directive d’harmonisation 98/71 du 13 octobre 1998 sur la protection juridique des
dessins et modèles. Ce texte d’harmonisation n’a pas pour autant imposé le principe du cumul aux
autres EM. On notera que la solution française, n’étant pas toujours reprise par les autres systèmes
juridiques, est à la source de nombreux conflits pour l’application du droit international privé de la
propriété intellectuelle.
Les articles L. 511-1 du C. propr. intell. et suiv. organisent la protection de l’apparence d’un produit,
ou d’une partie de produit, caractérisée en particulier par ses lignes, ses contours, ses couleurs, sa
forme, sa texture ou ses matériaux (art. L. 511-1 al. 1 du C. propr. intell.). Enfin, pour lever une
dernière difficulté sur le plan de la terminologie, le dessin vise une création en deux dimensions, tandis
que le modèle correspond à une forme tridimentionnelle ; cette distinction n’entraine aucune
conséquence sur le plan du régime juridique.
A l’instar du droit des marques, la protection des dessins et modèles peut être étendue par le moyen
d’un titre communautaire en application des dispositions du règlement (CE) n° 6/2002 du Conseil du
12 décembre 2001 sur les dessins ou modèles communautaires. Ces titres sont délivrés par l'Office de
l'Union européenne pour la propriété intellectuelle (EUIPO).
Le régime juridique des dessins et modèles contemporains s’écarte de celui de la PLA pour se
rapprocher du régime des droits industriel. Comme en matière de marque il y a plusieurs titres
possibles : titre international et titre communautaire. En effet, le règlementa n°6/2002 du 12 décembre
2001 offre la possibilité d’obtenir un titre européen répondant d’un régime unifié à l’échelle de l’UE.
Comme en matière de brevets et de marques, il est possible d’étendre sa protection des créations
ornementales par un dépôt effectué au bureau international de l’organisation mondiale de la propriété
intellectuelle, selon les termes de l’arrangement de La Haye. Aucune convention internationale n’a
consacré un régime de protection spécifique harmonisé sur le terrain de la propriété industrielle.
L’ADEPIC a seulement précisé à l’article 25.1. que les membres devront prévoir la protection des
dessins et modèles industriel crée de manière indépendante qui sont nouveaux ou originaux. Cet article
n’a pas précisé le terrain de cette protection. L’article 4 de la convention de Paris, a imposé aux Etats
d’accorder au déposant d’un dessin et modèle un droit de priorité de 6 mois. Quant à la convention de
Berne elle a posé à l’article 2 paragraphe 7 le principe d’une protection des dessins et modèles mais
sur le terrain des droits d’auteurs. La convention d’union de Berne a retenu un système particulier :
elle déroge au principe du traitement national dans le cas où le pays d’origine ne reconnait pas l’unité
de l’art pour le remplacer dans ce cas de figure par le principe de réciprocité. Ainsi, lorsque les œuvres
sont protégées uniquement comme dessin et modèle dans le pays d’origine, leur auteur ne peut pas
réclamer dans un autre pays de l’Union que la protection spéciale lui soit accordé dans ce pays sur le
terrain des dessins et modèles. En tout état de cause, la convention d’union de Berne a imposé dans ce
cas une protection minimale des dessins et modèles dans le pays d’accueil comme œuvre artistique.
Cependant, le principe de réciprocité ne s’applique pas aux ressortissants de l’union européenne, ce
qui serait assimilé par une discrimination, assimilée à l’article 18 TFUE. Ainsi lorsque les dessins et
modèles sont protégés dans un pays de l’UE sur le terrain de la PLA sans possibilité de cumul des
protections, ce cumul peut être réclamé dans un autre pays de l’Union où la législation interne le
permet.
1. L’objet de la protection
L’objet protégeable est un produit ou une partie d’un produit. Il s’agit de l’élément central
caractérisé par sa forme - création en trois dimensions – ou son ornementation - création en
deux dimensions ;
La protection portera sur l’apparence de ce produit. Ce point est important : seuls les éléments
visibles par l’utilisateur final du produit sont susceptibles d’une protection. Le droit des
dessins et modèles n’est donc pas utilisable pour protéger les pièces internes d’un produit.
1.2. Précisions sur les éléments non protégeables
Le droit des dessins et modèles, à l’instar du droit d’auteur, ne saisit que les créations de forme ; pour
cette raison, il est classique de considérer que le droit des dessins et modèles ne peut protéger des
idées, des concepts. Outre cette règle fondamentale, l’article L. 511-8 du C. propr. intell. écarte
d’autres types de créations :
L’exclusion des formes fonctionnelles (article L. 511-8 1°) : L’aspect du produit ne doit pas
être dicté exclusivement par une contrainte fonctionnelle du produit ; la problématique est ici
la même que celle relative aux marques tridimensionnelles. Cette règle, de nature à poser une
frontière entre le droit des dessins et modèles et le droit des brevets, s’avère en pratique
difficile à appliquer, car elle impose de distinguer dans la forme d’un produit, la part qui
revient à la fonction (non protégeable) de celle qui résulte de l’acte de création.
L’exclusion des pièces d’interconnexion (article L. 511-8 2°) : Il faut songer ici aux pièces
qui s’emboitent l’une dans l’autre pour assurer leur raccordement ; la forme de chacune de ces
pièces est la condition de leur raccordement. Cette règle a pour effet d’empêcher la
constitution d’un monopole sur des pièces interconnectables et garantit la libre concurrence
sur la fabrication de ces pièces. En revanche, le refus de la protection de ces pièces
d’interconnexion ne concerne pas les « pièces faisant partie de systèmes modulaires » (dite
clause Légo). On vise la disposition de l’article L. 511-8 du C. propr. intell. in fine qui permet
de protéger au titre du droit des dessins et modèles.
2. Les conditions de la protection
Outre les conditions de fond qui doivent être réunies pour s’approprier un dessin et modèle, le
législateur impose une condition de dépôt, sauf en droit communautaire où le règlement 2001 prévoit
un régime unifié de protection aux dessins et modèles enregistré, et un autre aux dessins et modèles
non enregistrés.
La création doit présenter un caractère propre ou individuel. L’article L 511-4 CPI dispose : « Un
dessin ou modèle a un caractère propre lorsque l'impression visuelle d'ensemble qu'il suscite chez
l'observateur averti diffère de celle produite par tout dessin ou modèle divulgué avant la date de dépôt
de la demande d'enregistrement ou avant la date de priorité revendiquée ». La loi française s’est
autorisé une certaine liberté par rapport au texte de la directive du 13 octobre 1998 qui assure
l’harmonisation de la protection des dessins et modèles en Europe puisque la condition du « caractère
individuel » a été traduite par « caractère propre » dans le code de la propriété intellectuelle.
S'agissant de l'appréciation de l'impression globale (ou « impression visuelle d'ensemble »), la
jurisprudence communautaire estime que, lors de la comparaison de l'élément antérieur (en l'espèce, il
s'agissait d'une marque) et du dessin ou modèle contesté, il est permis de fonder le raisonnement « sur
le souvenir imparfait de l’impression globale produite par les deux silhouettes que l’utilisateur averti
conserve en mémoire » L’observateur averti, n’est ni l’expert en esthétique, ni le simple
consommateur. L’analyse de la jp nous informe qu’il s’agit de l’utilisateur qui est doté d’une vigilance
particulière, que ce soit en raison de son expérience professionnel ou de sa connaissance étendue du
secteur considéré. Autrement dit, l’objet doit avoir un caractère propre ou individuel dans le domaine
créatif considéré.
On peut craindre que les notions de nouveauté et de caractère propre ne soient pas aisées à distinguer,
ce qui est pourtant essentiel puisque la loi en fait deux conditions différentes. Le Tribunal de l'UE
admet que les conditions de la nouveauté et du caractère individuel se recoupent dans une certaine
mesure (Trib. UE 6 juin 2013, T-68/11, pt 39 : LEPI sept. 2013, n° 109, obs. C. Bernault). Il est tout
aussi essentiel de distinguer cette condition de l’exigence d’originalité qui préside en droit d’auteur A
cet égard, la Cour d’appel de Paris a jugé que l’appréciation du caractère propre s’effectue sans «
intervention de mérite, de valeur artistique ou d’originalité, toutes notions étrangères au droit des
dessins ou modèles déposés » (Paris, 18 novembre 2011).
Cas où la création est purement ornementale : l’objet n’est pas brevetable bien qu’il soit
utilisé dans l’industrie, alors seule la protection des dessins et modèles est envisageable.
Le domaine d’appropriation est limité aux seuls éléments visibles. Cette condition au départ de
construction prétorienne, a été consacré par L 511-1 CPI (transpose l’article 1 de la directive de 1998).
On retrouve cette notion d’apparence dans le règlement 2001 sur le dessin et modèle communautaire.
Cette notion signifie que le dessin et modèle doit être perceptible par la vue et non par le touché. Ne
sont pas non plus protégeable les éléments dissimulés à l’intérieur d’un objet. Ainsi la texture d’un
tissu n’est pas protégeable car perceptible que par le toucher ; le logiciel ne l’est pas non plus à
l’exception des interfaces graphiques qui sont indépendante du logiciel.
La condition d’apparence explique que l’article L 515-5 écarte de la protection les éléments non
visibles d’un produit complexe. Cette condition d‘apparence est de nature a réduire considérablement
le champ de la protection des dessins et modèles. Elle rappelle davantage la règle de la représentation
graphique, propre au droit des marques qui écarte la possibilité de protéger les signes olfactifs,
gustatifs et dans une certaine mesure les signes sonores.
2.1.2. La condition de nouveauté
La réforme du droit des dessins et modèles opérée par l’ordonnance du 25 juillet 2001 est sensible sur
la question de la nouveauté ; elle suit, sur cette question, une logique assez proche de celle du droit des
brevets.
La condition de nouveauté est une notion courante de la propriété intellectuelle. Cette condition est
posée en droit des dessins et modèle par la loi française, mais aussi par la directive et le règlement
communautaire.
L’article L. 511-3 du C. propr. intell dispose : .« un dessin ou modèle est regardé comme nouveau si, à
la date de dépôt de la demande d’enregistrement ou à la date de la priorité revendiquée, aucun dessin
ou modèle identique n’a été divulgué ». Il n’est pas nécessaire de démontrer une activité artistique. La
nouveauté de la forme extérieure du produit s’entend de la différence par rapport à l’état de l’art
antérieur au dépôt.
La nouveauté s’apprécie à la date du dépôt (et non plus à la date de la création du dessin ou modèle,
comme c’était le cas avant l’ordonnance de 2001). Cette approche de la nouveauté devrait
logiquement faire disparaître toute confusion avec l’originalité, condition de protection des œuvres par
le droit d’auteur.
Notion d’antériorité
Ainsi le dépôt effectué à l’étranger constitue une antériorité. Le CPI et le règlement précisent les
conditions du contrôle de la nouveauté.
On observera également que la nouveauté n’est détruite que par une antériorité de « toutes pièces »,
c’est-à-dire une antériorité identique. Le texte ajoute à cet égard que des dessins ou modèles sont
considérés comme identiques lorsque leurs caractéristiques ne diffèrent que par des détails
insignifiants : Cass. com., 24 juin 2014, n° 13-12067. Ce contrôle s’impose aux offices comme aux
juges. Il est plus ou moins délicat selon les secteurs considérés de l’art, de l’industrie ou de l’artisanat.
Un dessin et modèle, est différent de ses prédécesseurs s’il est nouveau de mémoire d’homme sans
aucune limitation de temps, ni même de territoire. S’il n’est pas nouveau, on dit qu’il est antériorisé. Il
doit antériorisé de toute pièce pour ne pas pouvoir bénéficier de la protection spécifique. Ce sera
seulement le cas si aucun des éléments essentiels de la forme extérieur du produit n’est différent de ce
qui a pu exister par le passé. Il est acquis que la création doit produire sur l’utilisateur averti, une
impression visuelle globale différente. Il n’est pas question d’imposer une analyse caractéristique par
caractéristiques du produit en cause. Seul une appréciation d’ensemble est acceptable. L’expression
impression visuelle d’ensemble n’a toutefois pas le mérite de la clarté. Le tribunal de première
instance a rendu sa première décision en matière de dessin et modèle communautaire le 18 mars 2010
dans l’affaire Pepsi. Il a fait droit à la demande de la nullité d’un enregistrement, au motif que les
produits concernés, en l’occurrence des articles promotionnelles pour jeu, ne produisaient pas une
impression visuelle globale différente sur l’utilisateur averti. Mais présentait au contraire certaines
similitudes qui n’étaient pas le résultat de la liberté du créateur. Force est de constater que l’opération
de contrôle de la nouveauté s’il faut l’apprécier au regard du degré de liberté du créateur dans le
secteur industriel concerné.
L’article L 511-4 dispose que « pour l'appréciation du caractère propre, il est tenu compte de la liberté
laissée au créateur dans la réalisation du dessin ou modèle ». L’article 6 du règlement, rappelle que la
nouveauté s’apprécie de pair avec le caractère propre. Il est nécessaire que le créateur ai pu exprimé
une certaine liberté pour arrêter la forme extérieur du produit, à défaut de quoi la forme extérieur
imposée ne peut pas avoir de forme propre. Pour autant la liberté de création n’est pas la même dans
tous les secteurs d’activité, et il convient d’en tenir compte pour apprécier la condition de nouveauté.
Le cumul de l’exigence de caractère propre avec celle de nouveauté soulève des difficultés
d’articulation entre les deux critères quand il s’agit d’apprécier la liberté d’exploitation du créateur.
La preuve de l’antériorité est toujours à la charge de celui qui l’invoque pour la protection d’un dessin
et modèle. Très souvent on l’invoque dans le cadre d’une action en contrefaçon. Cette charge est
lourde, il faut prouver l’antériorité de toute pièce, il faut prouver la divulgation.
Notion de divulgation
L’antériorité n’est opposable que si elle a été divulguée, ie rendue accessible au public. Mais aussi
raisonnablement connue des professionnels du secteur concernés. L’article L 511-6 et l’article 7 du
règlement ont définit la notion de divulgation de la façon suivante : « Un dessin ou modèle est réputé
avoir été divulgué s'il a été rendu accessible au public par une publication, un usage ou tout autre
moyen ». Il n’est pas nécessaire que le public ait pu véritablement accéder à la création. Une liste
illustrative est avancée par le législateur, cette présentation large de la divulgation, rend d’autant plus
difficile la possibilité d’une nouveauté.
Cela suggère que la nouveauté doit être absolue ; autrement dit, sans limite dans le temps, ni dans
l’espace. Mais l’article apporte quelques nuances : « il n’y a pas divulgation lorsque le dessin ou
modèle n’a pas pu être raisonnablement connu, selon la pratique courante des affaires dans le secteur
intéressé, par des professionnels agissant dans la Communauté européenne, avant la date du dépôt de
la demande d’enregistrement ou avant la date de priorité revendiquée ». La nouveauté doit donc être
absolue dans la mesure où toutes les antériorités sont prises en compte, mais elle est également relative
(!) puisque l’antériorité doit avoir été accessible aux professionnels européens, dans les conditions
précitées, pour être opposable. Cela revient à admettre la protection d’un dessin ou modèle qui aurait
été divulgué en dehors du territoire de l’Union européenne s'il est resté inconnu des professionnels
considérés. On retrouve la même limite à la divulgation dans l’article 7 du règlement. L’état de l’art se
trouve limité dans son territoire et dans un milieu de référence.
Une autre limite est également posée par l’article L 511-6 : « Toutefois, le dessin ou modèle n'est pas
réputé avoir été divulgué au public du seul fait qu'il a été divulgué à un tiers sous condition, explicite
ou implicite, de secret ». Ainsi, il est prévu, sans condition de délai, que la divulgation à un tiers sous
condition, explicite ou implicite, de secret ne peut être considérée comme une antériorité, il est donc
possible d’enregistrer le dessin et modèle.
Il existe une dernière hypothèse où la divulgation n’est pas prise en considération pour détruire la
nouveauté. Lorsqu'elle a eu lieu dans les douze mois précédant la date du dépôt de la demande ou la
date de priorité revendiquée, la divulgation n'est pas prise en considération (L511-6) :
Si le dessin ou modèle a été divulgué par le créateur ou son ayant cause, ou par un tiers à
partir d'informations fournies ou d'actes accomplis par le créateur ou son ayant cause ;
Le dépôt ordinaire
Le dépôt simplifié : Il bénéficie aux industries qui renouvellent fréquemment la forme et le
décor de leurs produits (L512-2 CPI). Le recours à cette procédure simplifiée peut être fait
auprès de l’INPI pour obtenir un délai à compter de la date du délai, et ce afin de définir une
stratégie d’appropriation et choisir les vu qui seront publiées. Cette procédure obéit à certaines
formalités allégées. Le dépôt simplifié est aussi moins couteux que le dépôt ordinaire.
Lieu du dépôt
Le dépôt est reçu en France au siège de lINPI pour l’obtention d’un titre national. C’est le lieu imposé
par la loi pour les résidents français, mais hors de paris ce dépôt peut s’effectuer au greffe du tribunal
de commerce ou au greffe de la juridiction statuant en matière commerciale, laquelle transmettra
ensuite le dossier à l’INPI.
Une demande d’enregistrement d’un dessin ou modèle communautaire peut être déposer auprès de
l’OHMI ou du service central d’un EM ou auprès du bureau Benelux des dessins et modèles. Toute
demande est transmise à l’office d’harmonisation du marché intérieur. Les déposant n’ayant pas leur
siège social dans un EM ou dans un Etat parti à l’accord, son tenu de constituer un mandataire
satisfaisant aux conditions légales.
Contenu de la demande de dépôt
Le déposant doit remplir une demande d’enregistrement laquelle comporte à peine d’irrecevabilité :
l’identification du demandeur, une redevance fixe et une redevance pour chaque reproduction. Il est
également possible de fournir un échantillon. Un même dépôt peut porter sur un produit décrit au
moyen de plusieurs dessins ou modèle à condition qu’il relève d’une même classe au sens de la
classification établi par l’arrangement international de Locarneau du 8 octobre 1968. Cette exigence ne
concerne pas le dépôt simplifié ni le dépôt portant sur des ornementations.
Chaque office peut avoir des exigences propres concernant le nombre de dessin ou modèle concerné et
le nombre de reproduction graphique ou photographique qui peuvent être incluse dans le dépôt. Ainsi,
pour la procédure devant l’INPI, le dépôt ne peut porter sur plus de 100 reproductions. Pour la
procédure devant l’OHMI, le nombre de biens intellectuels par dépôt est illimité mais le nombre de vu
par biens intellectuels est limité à 7, au-delà les vus ne sont pas prises en considération.
L’enregistrement devant être publié, le demandeur doit fournir des reproductions du dessin ou du
modèle qu’il souhaite réserver (TGI Paris, 27 janvier 2011). Il peut être nécessaire de procéder à des
reproductions sous des angles différents du produit ; ces reproductions peuvent prendre la forme d’un
dessin, d’une photo. La remise d’un échantillon est possible s’il s’agit de réserver un dessin, à la
condition qu’il ne soit pas trop épais. Les reproductions sont la pièce essentielle du dossier car ce sont
elles qui permettent de fixer le périmètre de la propriété. Elles sont au dessin ou modèle ce que les
revendications sont aux brevets.
La spécificité des procédures devant les offices internationaux
Le déposant qui souhaite revendiquer la priorité unioniste de l’article 4 de la convention d’union de
Paris, doit inclure au dossier sa demande de priorité et renseigner l’office sur le précédent dépôt
étranger.
Devant les offices internationaux, se pose la question de la langue de procédure. Devant l’OHMI
suivant l’article 98 paragraphe 1 du règlement, le dépôt peut être effectué dans l’une des langues de
l’UE. Mais suivant le paragraphe 2 le déposant doit désigner parmi les 5 langues officielle de l’OMHI
la langue dans laquelle il souhaite que la procédure soit conduite.
L’examen du dossier
Après la période du dépôt vient celle de l’examen du dossier (effectué par l’office) suivant une
procédure propre à chaque office, il est possible pour le déposant autorisé sur requête de corriger les
erreurs matérielles relevé dans les documents déposés. Et la demande d’enregistrement, peut en outre
être retiré ou limité sur demande écrite à tout moment, jusqu’au début des préparatifs techniques
requis par la publication. Il est également possible de demander l’ajournement de la publication en
respectant la procédure prévue par l’office.
Une fois le dépôt effectué, l’office procède à un contrôle formel et de fond. Il pourra rejeter le dépôt si
la demande n’a pas été faite dans les conditions de forme réglementaire, sous réserve des irrégularités
auxquelles il peut être remédié. Ainsi par exemple, l’office peut déclarer irrecevable tout dépôt qui ne
comporte pas au moins un exemplaire de la reproduction. L’office pourra également rejeter le dépôt
sur le fond s’il porte sur des dessins ou modèles contraire à l’ordre public ou aux bonnes mœurs.
En droit communautaire comme en droit français, l’office s’assure que l’objet de la demande répond à
la définition d’un dessin ou modèle, mais il n’a pas pour mission d’apprécier les autres conditions de
fond. Il ne se livre donc pas à un examen des caractère créatif, ornemental ou propre etc. Pourtant
l’article 11 de la directive de 1998 avait prévu la possibilité pour les offices de refuser l’enregistrement
pour non-respect des conditions de fond. La disposition d’harmonisation n’était cependant pas
obligatoire, et le législateur français ne l’a pas adopté. Cette absence d’examen se justifie par la
complexité de l’examen et par la nécessité de conférer le plus rapidement possible une date de
naissance au titre de propriété. Néanmoins, ce choix franco-communautaire fragilise le titre de
propriété puisqu’il est fort possible que sone existence soit remise en cause lors d’un contentieux
ultérieur.
La publication du dépôt en cas de recevabilité
Lorsque le dépôt est recevable il est publié sur un registre mentionnant pour chaque dépôt l’identité du
titulaire ainsi que les éléments permettant l’identification du dessin ou modèle. Ces indications sont
inscrites à l’initiative de l’office et en cas de décision judiciaire définitive sur réquisition du greffé ou
sur requête de l’une des parties. Aucune inscription n’est cependant portée au registre tant que le dépôt
n’est pas rendu public. Toute inscription fait l’objet d’une mention au sein d’une publication officielle.
L’OHMI fait une publication officielle au registre des dessins et modèles communautaire. Ensuite
l’enregistrement est publié par l’office dans un bulletin ouvert au public. En France la publication est
faite au BOPIC ( ?) et le dépôt est mentionné au registre national des dessins et modèles. Toutefois si
le déposant a demandé un ajournement de la publication pour aménager une certaine confidentialité, la
publication n’intervient qu’au terme d’une durée de trois ans.
Par la suite, les actes modifiant la propriété ou la jouissance des droits attachés aux dessins ou
modèles, sont inscrit à la demande de l’une des parties à l’acte, ou s’il n’est pas parti à l’acte, le
titulaire du dépôt au jour de cette demande.
La publication marque une date importante car l’action en contrefaçon n’est recevable qu’à partir du
moment où le dépôt est publié. Cette précision est à l’article L 512-12 CPI. Tant que la publicité est
différée le déposant ne peut pas valablement assigner une personne en contrefaçon.
Les recours possibles contre la décision des offices
Quels sont les recours ? les décisions des offices peuvent faire l’objet de recours :
Recours contre les décisions de l’INPI : il est possible de faire un recours devant la Cour
d’appel du lieu de résidence de la personne qui a formé le recours
Recours contre les décisions de l’OHMI : ils sont portés devant la chambre des recours et
peuvent être formés dans les deux mois à compter de la notification de la décision litigieuse.
La décision de la chambre des recours est susceptible d’un recours devant la cour de justice
qui sera alors compétente pour annuler ou réformer la décision attaquée.
3.1.1. Durée
En droit franco-communautaire l’enregistrement du DM confère un droit de propriété industriel sur les
DM pour une période de 5 ans renouvelable 4 fois par période de 5 ans dans la limite de 25 ans. C’est
en effet, la limite de prévue à l’article L 513-1 CPI depuis 2001 et article 12 du règlement.
Cependant le DM peut aussi faire l’objet d’une protection de 70 ans post mortem sur le terrain des
droits d’auteurs. En vertu du principe de l’unité de l’art consacré par le droit franco-communautaire,
les DM sont qualifiable d’œuvre de l’esprit protégé en cette qualité par le droit d’auteur. Le titulaire
peut alors utiliser les deux terrains pour protéger effacement le DM.
3.1.2. Prérogatives du titulaire
La reproduction doit être conforme à des pratiques commerciales loyale (héritage de fair use)
La reproduction ne doit pas porter préjudice à l’exploitation normale du DM
Un substitut de droit à la paternité est ici créer, puisque la personne qui effectue la
reproduction doit mentionner l’enregistrement et le nom du titulaire des droits.
Exceptions du règlement 2001
Sont également considéré comme des exceptions au droit de propriété par le règlement 2001, les actes
accomplis à des fins essentielles de défense ou de sécurité. L’article 23 écarte ainsi le jeu du monopole
lorsqu’un EM autorise l’utilisation du bien intellectuel par le gouvernement ou pour le compte de ce
dernier.
Par ailleurs, l’article 22 fonde une autre exception au droit de propriété sur une utilisation antérieur. Le
règlement a repris l’exception de possession personnelle antérieure propre au droit des brevets. Cela
permet à tout tiers qui établi avoir commencé à utiliser de BF le bien intellectuel dans l’UE avant la
date de dépôt de la demande ou avant la date de priorité revendiquée de se prévaloir sans crainte d’un
droit sur son utilisation antérieure et de continuer à exploiter le DM dans les mêmes conditions. Il ne
dispose cependant pas la possibilité d’octroyer à un tiers le droit d’exploitation, ni celui de transférer
son droit de possession personnelle antérieur sauf s’il le fait avec l’ensemble de l’entreprise de
l’activité en cause.
On trouve une dernière exception dans le règlement, qui concerne les pièces détachées automobiles.
Exception pour libéraliser ce secteur là du commerce européen.
3.2. Mise en œuvre du droit
Elément moral (au pénal) : ie il doit prouver que le contrefacteur a agi sciemment
Elément matériel (au civil et au pénal) : il s’agit de prouver une exploitation sans
autorisation. Le plus souvent il s’agit d’une reproduction, mais en cas de reproduction
partielle, les juges doivent se livre à une appréciation de la contrefaçon et devront se fonder
sur l’impression d’ensemble qui se dégage du DM. Il y a contrefaçon que s’il existe un risque
de confusion de la clientèle (professionnelle ou non professionnelle)
Les arguments de défenses :
Synthèse
Le dessin ou modèle est une création à vocation utilitaire présentée sous une forme esthétique.
L’apparence d’un produit, ou d’une partie de produit, est caractérisée par exemple par ses lignes,
ses contours, ses couleurs, sa forme, sa texture ou ses matériaux, ces caractéristiques pouvant
concerner le produit lui-même. À titre d’exemple : la forme non fonctionnelle d’une cafetière, une
carrosserie d’automobile, les motifs d’un papier peint.
Un dessin ou modèle original peut au même titre qu’un logiciel ou une étude technique être
protégée par le droit d’auteur, du seul fait de sa création, sans aucune formalité de dépôt préalable.
Un dessin ou modèle nouveau présentant un caractère propre, c’est-à-dire une impression visuelle
d’ensemble différente de celle des dessins ou modèles antérieurs, peut faire l’objet, en plus de la
protection par le droit d’auteur, d’une protection par le droit des dessins et modèles.
À cette fin, une demande d’enregistrement, comportant une reproduction du dessin ou modèle
revendiqué, doit être déposée à l’INPI.
Les droit conférés par l’enregistrement d’un dessin et modèle permettent au titulaire de s’opposer à
toute exploitation non autorisée dudit dessin ou modèle par un tiers. Ce monopole est accordé au
titulaire pour cinq ans, renouvelable par périodes de cinq ans jusqu’à un maximum de 25 ans.
Le choix de protection par le droit des dessins et modèles, en complément de la protection sans
formalités du droit d’auteur, présente l’avantage, de constituer un moyen de preuve de la date de
création
Le premier déposant d’un dessin ou modèle est présumé, jusqu’à preuve contraire, être le créateur et
donc le titulaire des droits sur le dessin ou modèle.
Le dessin ou modèle peut être librement exploité par son titulaire, soit directement, soit
indirectement.
Le titulaire du dessin ou modèle peut librement céder ou licencier tout ou partie de ses droits sur sa
création. Il peut par exemple céder, à titre définitif, son dessin ou modèle ou, décider de concéder
des licences, pour une durée et un territoire déterminé.
Le titulaire d’un dessin et modèle est tenu d’inscrire au Registre National des Dessins et Modèles
tous les actes modifiant ou transmettant des droits attachés à un dessin ou modèle. À défaut, les
actes en cause ne sont pas opposables aux tiers.
Document de travail
Cass. Com., 9 mars 2010, 08-17.167 08-19.877 : Le dessin ou modèle d’une pièce d’un produit
complexe n’est regardé comme nouveau et présentant un caractère propre que dans la mesure où la
pièce, une fois incorporée dans le produit complexe, reste visible lors d’une utilisation normale de
ce produit par l’utilisateur final, à l’exception de l’entretien, du service ou de la réparation ; il
appartient au juge du fond de rechercher l’existence de cette condition de la protection, dès lors
qu’elle est contestée.
Cass. Com., 17 mars 2009, 07-18.842 : Pour un exemple d’appréciation de la nouveauté par
rapport aux antériorités et l’absence d’incidence des différences de détail lorsque, comme en
l’espèce, les lignes, composantes esthétiques et fonctionnelles ainsi que les proportions et effets
d’ensemble sont quasi-identiques.
Cass. Com., 1er juil. 2008, 07-14.741 : Pour que le dessin ou modèle soir protégeable, l’impression
visuelle d’ensemble suscitée par la forme chez l’observateur averti doit différer de celle produite par
tout dessin ou modèle divulgué avant la date de dépôt de la demande d’enregistrement : en l’espèce,
il s’agissait de déterminer si des couvertures arguées de contrefaçon dégageaient une même
impression visuelle que celle produite par le modèle de maquette de couverture déposé par la
société Conception de presse et d’édition.
CJCE, 2 juillet 2009, Fundación Española para la Innovación de la Artesanía (FEIA) c. Cul de
Sac Espacio Creativo SL, Acierta Product & Position SA, aff. C–32/ 08 : 1° Selon l’article 14 §
3 du règlement nº 6/2002, le droit au dessin ou modèle communautaire appartient à l’employeur
lorsque ce dessin ou ce modèle est réalisé par un salarié dans l’exercice de ses obligations ou
suivant les instructions de son employeur, sauf convention contraire ou sauf disposition contraire de
la législation nationale applicable, ne s’applique pas au dessin ou modèle communautaire réalisé «
sur commande ». Ce paragraphe ne concerne pas le cas du dessin ou modèle communautaire créé
sur commande. 2° Dans le cas de dessins ou modèles communautaires non enregistrés créés sur
commande, l’article 14 § 1 dudit règlement doit être interprété en ce sens que le droit de propriété
appartient au créateur, à moins qu’il n’ait été transféré au moyen d’un contrat à son ayant droit. Il
incombe, cependant, à la juridiction nationale de vérifier le contenu d’un tel contrat et à cet égard de
déterminer si, le cas échéant, le droit au dessin ou modèle communautaire non enregistré a été
effectivement transféré du créateur à son ayant droit.
CJUE, 20 oct. 2011, PepsiCo Inc. c/Grupo Promer Mon Graphic SA et OHMI, aff. C-281/ 10
P : La Cour a donné une définition de l’utilisateur averti en s’appuyant sur deux notions jusqu’alors
étrangères au droit des dessins & modèles : «la notion d’utilisateur averti […] doit toutefois être
comprise […] comme une notion intermédiaire entre celle de consommateur moyen, applicable en
matière de marques, auquel il n’est demandé aucune connaissance spécifique et qui en général
n’effectue pas de rapprochement direct entre les marques en conflit, et celle d’homme de l’art
[applicable en matière de brevets], expert doté de compétences techniques approfondies. Ainsi, la
notion d’utilisateur averti peut s’entendre comme désignant un utilisateur doté non d’une attention
moyenne, mais d’une vigilance particulière, que ce soit en raison de son expérience personnelle ou
de sa connaissance étendue du secteur considéré». La Cour a précisé que la nature même de
l’utilisateur averti implique qu’il doive procéder à une comparaison directe des modèles en cause.
Pour autant, il peut exister des situations ou circonstances spécifiques dans lesquelles une telle
comparaison directe est infaisable ou inhabituelle et, dans ces cas-là, une comparaison indirecte des
modèles en cause est possible pour conclure à leur ressemblance ou dissemblance aux yeux de
l’utilisateur averti. Enfin, en partant de sa définition de l’utilisateur averti, se situant entre, d’un
côté, «le consommateur moyen normalement informé et raisonnablement attentif et avisé qui perçoit
habituellement un dessin ou un modèle comme un tout et ne se livre pas à un examen de ses
différents détails» et, de l’autre, «l’expert ou l’homme de l’art capable d’observer dans le détail les
différences minimes susceptibles d’exister entre les modèles ou dessins en conflit», la Cour indique
que « le qualificatif « averti » suggère que, sans être un expert technique, « l’utilisateur connaît
différents dessins ou modèles existant dans le secteur concerné, dispose d’un certain degré de
connaissance quant aux éléments que ces dessins ou modèles comportent normalement et, du fait de
son intérêt pour les produits concernés, fait preuve d’un degré d’attention relativement élevé
lorsqu’il les utilise »
Cass. Plen., 7 mars 1986, 83-10.477 : L’originalité se définit traditionnellement par rapport à
l’empreinte de la personnalité de l’auteur. L’œuvre doit découler de « l’effort personnalisé » de son
auteur. La Cour de cassation française a eu l’occasion de le préciser dans cet arrêt « Pachot » relatif
à la protection d’un logiciel : « Ayant recherché, comme ils y étaient tenus, si les logiciels élaborés
par M Pachot étaient originaux, les juges du fond ont souverainement estimé que leur auteur avait
fait preuve d’un effort personnalisé allant au-delà de la simple mise en œuvre d’une logique
automatique et contraignante et que la matérialisation de cet effort résidait dans une structure
individualisée ; qu’en l’état de ces énonciations et des constatations… la cour d’appel, qui a ainsi
retenu que les logiciels conçus par M Pachot portaient la marque de son apport intellectuel ».
Cass. Com., 19 sept. 2006, 04-13.871 : Le déposant qui n’a pas requis le maintien de son dépôt de
modèle avant l’expiration de la période des cinq premières années ne peut se prévaloir de la
protection accordée par la loi (du 14 juillet 1909) sur les dessins et modèles, peu important à cet
égard les demandes de publicité et de perception de la taxe de prorogation portées sur le formulaire
de déclaration de dépôt.
Cass. Com., 9 janvier 2010, 08-15.338 08-16.459 08- 16.469, Inédit, rectifié par un arrêt du
4 mai 2010 : La Cour de cassation adopte une conception restrictive du « fait distinct » de
contrefaçon, lorsqu’elle refuse de qualifier de parasitisme le choix de la copie d’un modèle de
ceinture objet de nombreux investissements publicitaires.
Le souci d'harmonisation des législations au sein de l'Union européenne, nécessaire pour lever les
obstacles à la libre circulation des marchandises et préalable indispensable à la mise en place d'une
protection communautaire, a conduit à l'adoption de la directive no98/71/CE du Parlement européen
et du Conseil du 13 octobre 1998, laquelle a été transposée en droit interne par l'ordonnance
no2001-670 du 25 juillet 2001, JO 28 juillet.
Une nouvelle rédaction du Livre V du Code de la propriété intellectuelle est donc désormais en
vigueur. Si le Titre II de ce Livre(C. propr. intell., Titre II) consacré au contentieux demeure
inchangé, en revanche, le Titre I(C. propr. intell., Titre I), désormais intitulé « Conditions et
modalités de la protection», modifie, sur certains points assez profondément, le régime applicable
aux dessins et modèles industriels.
La définition des dessins et modèles protégeables est issue de l'article L. 511-1 du Code de la
propriété intellectuellerédigés en ces termes :
« Peut être protégée à titre de dessin ou modèle l'apparence d'un produit, ou d'une partie de
produit,caractérisée en particulier par ses lignes, ses contours, ses couleurs, sa forme, sa texture ou
ses matériaux. Ces caractéristiques peuvent être celles du produit lui-même ou de son
ornementation.
Est regardé comme un produit tout objet industriel ou artisanal, notamment les pièces conçues pour
être assemblées en un produit complexe, les emballages, les présentations, les symboles graphiques
et les caractères typographiques, à l'exclusion toutefois des programmes d'ordinateur ».
Ce texte apporte une modification radicale par rapport au système antérieur dans lequel le droit
naissait de la création. Désormais, l'enregistrement devient l'acte constitutif du droit et la
divulgation d'un modèle préalablement à son dépôt détruit sa validité. L'article L. 511-6 du Code de
la propriété intellectuelleprévoit cependant une période de grâce de 12 mois avant la date
de la demande d'enregistrement ou avant la date de priorité revendiquée au cours de laquelle
la divulgation n'est pas prise en considération s'il s'agit :
d'une divulgation intervenue soit par le créateur lui-même, soit par un tiers, à partir
d'informations fournies ou d'actes accomplis par le créateur ou son ayant cause ;
d'une divulgation qui est la conséquence d'un comportement abusif ou d'une fraude à
l'encontre du créateur ou de son ayant cause.
Dansle système ancien, le dépôt initial protégeait pour vingt-cinq ans et pouvait être prorogé pour
une nouvelle période de vingt-cinq ans, permettant ainsi de bénéficier d'une durée maximale
de protection de cinquante ans.
Aujourd'hui, cette durée est sensiblement diminuée, l'article L. 513-1, alinéa 1er, du Code
de la propriété intellectuelleétant ainsi rédigé : « L'enregistrement produit ses effets, à compter de
la date de dépôt de la demande, pour une période de cinq ans, qui peut être prorogée par périodes de
cinq ans jusqu'à un maximum de vingt-cinq ans »