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aspects du droit d'auteur dans le
contexte du développement d'Internet
Cet art icle t rait e de différent s aspect s du droit d'auteur dans le cont ext e du
développement d'Internet.
Le droit d'aut eur est le droit de la propriét é int ellect uelle et plus part iculièrement du droit de
la propriét é lit t éraire et art ist ique.
Le droit d'aut eur est le droit reconnu par la loi et accordé à un aut eur, un composit eur, un
édit eur ou un dist ribut eur pour l'exclusivit é de la publicat ion, de la product ion, de la vent e ou
de la dist ribut ion d'une œuvre lit t éraire, musicale ou art ist ique.
Textes français
La loi du 11 mars 1957 reconnaît aux aut eurs des droit s pat rimoniaux sur leurs œuvres ainsi
qu'un droit moral, préalablement reconnu par la jurisprudence. La Loi du 3 juillet 1985 consacre
les droit s voisins des aut eurs int erprèt es, aux product eurs, aux ent reprises de communicat ion.
Elle ét end également la prot ect ion du droit d'aut eur aux créat eurs de programmes
informat iques. La loi du 11 juillet 1992 codifie le droit de la propriét é int ellect uelle dans un
code du même nom.
Transposit ion t ardive de la direct ive du 22 mai 2001, la loi DADVSI t rait e à la fois de
l’harmonisat ion communaut aire relat ive aux except ions au droit d’aut eur et aux droit s voisins
ainsi qu’aux mesures t echniques de prot ect ion et d’informat ion, mais également de
problémat iques plus récent es, t elles que la prévent ion du t éléchargement illicit e ou la
promot ion de l’int eropérabilit é.
Les loi Hadopi du 12 juin et 28 oct obre 2009 « favorisant la diffusion et la prot ect ion de la
créat ion sur Int ernet » et « relat ive à la prot ect ion pénale de la propriét é lit t éraire et
art ist ique sur Int ernet » sont deux lois mises en place pour lut t er cont re le t éléchargement
illégal sur Int ernet . Out re un syst ème de « réponse graduée », elles ont donné naissance à la
Commission HADOPI chargée de t raquer les t éléchargement s illégaux.
Textes européens
Les direct ives 91/250/CEE et 96/9/CE accordent respect ivement la prot ect ion du droit
d’aut eur aux programmes d’ordinat eur et aux bases de données. La direct ive 93/98/CE est
relat ive à l'harmonisat ion de la durée de prot ect ion du droit d'aut eur (70 ans après la mort de
l'aut eur) et de cert ains droit s voisins. La Direct ive européenne sur l’harmonisat ion de cert ains
aspect s du droit d'aut eur et des droit s voisins dans la sociét é de l’informat ion (2001) va
adapt er le droit d’aut eur à l’univers numérique. Elle énonce un cert ain nombre de prérogat ives
en faveur des aut eurs, et d’except ions au profit des ut ilisat eurs. Elle aut orise les t it ulaires des
droit s d’aut eur à prot éger les œuvres par des mesures t echniques, dont le cont ournement est
sanct ionné.
Sources internationales
Il exist e deux organisat ions int ernat ionales qui s'int éressent à la prot ect ion du droit d'aut eur:
Selon le Rapport du groupe de t ravail de l’Académie des sciences morales et polit iques
présidé par M. Gabriel de Broglie, il exist e t rois implicat ions majeures du numérique sur le droit
d'aut eur :
Par ailleurs, une divulgat ion de l'œuvre sur int ernet sans aut orisat ion de l'aut eur const it ue une
at t eint e au droit moral de l'aut eur. C'est la posit ion ret enue par le TGI de Paris dans un
jugement du 23 janvier 2002, après la divulgat ion sur Int ernet de 23 chansons de Jean Ferrat .
De même, si l'aut eur est d'accord pour une diffusion de son œuvre en général, il doit y avoir
une aut orisat ion expresse pour une divulgat ion sur Int ernet (CC 15 février 2005, affaire
"Femme libérée").
La Commission européenne ainsi que les déclarat ions joint es au t rait é de l'OMPI de 1996
reconnaissent que le droit de reproduct ion « s'applique pleinement dans l'environnement
numérique, en part iculier à l'ut ilisat ion des œuvres sous forme numérique » et considèrent que
« le st ockage d'une œuvre prot égée sous forme numérique sur un support élect ronique
const it ue une reproduct ion. » Les t ribunaux sanct ionnent fréquemment la reproduct ion non
aut orisée des œuvres prot égées. Ainsi le TGI de Paris a condamné, dans un jugement du 17
décembre 2002 les sociét és Sot heby's France et Sot heby's Int ernat ional pour avoir reproduit
sur un cat alogue payant des t ravaux d'aménagement s et de décorat ion d'un archit ect e sans
son aut orisat ion.
Par ailleurs, selon l'art icle 8 du t rait é de l'OMPI en 1996, le droit de représent at ion s'ét end à la
communicat ion "par fil ou sans fil, y compris la mise à disposit ion du public, des œuvres « de
manière que chacun puisse y avoir accès de l'endroit et au moment qu'il choisit de manière
individualisée. » La direct ive du 22 mai 2001 donne, quant à elle, une définit ion plus ext ensive :
« le droit exclusif d'aut oriser ou d'int erdire t out e communicat ion au public de leurs œuvres, par
ou sans fil, y compris la mise à disposit ion du public de leurs œuvres de t elle manière que
chacun puisse y avoir accès de l'endroit et au moment qu'il choisit individuellement . »
Par exemple, le t ribunal pour enfant s d'Amiens, dans un arrêt du 22 février 2005, a condamné
un mineur pour avoir reproduit illicit ement , diffusé et échangé sur int ernet des CD audio et des
films sur CD-Rom.
Aut re except ion qui s'applique fort ement à int ernet : l'except ion de parodie. De mult iples
vidéos circulent sur les réseaux sociaux et les plat eformes comme YouTube ou Dailymot ion
parodiant films, chansons, séries t élévisées, personnes publiques, et c. Pour bénéficier de
l'except ion de parodie (art icle L 122-5 alinéa 4 du CPI), « il est nécessaire que la parodie soit
le fruit d'un t ravail de t ravest issement ou de subversion et donc de dist anciat ion par rapport à
l’œuvre parodiée, de t elle sort e que le public ne puisse se méprendre sur la port ée du propos
et sur l'aut eur de la parodie. »
Le dépôt probatoire
Pour prot éger une œuvre, normalement , il n'est pas nécessaire de recourir à une formalit é de
dépôt obligat oire. Cependant le dépôt probat oire est conseillé, not amment sur Int ernet . Il
exist e un syst ème de dépôt et de marquage des œuvres numérique. IDDN (Inter Deposit
Digital Number) ut ilisé par l’APP (Agence pour la prot ect ion des programmes) et Int erdeposit .
Réparation
Concernant la fixat ion des dommages et int érêt s, l'art icle L. 331-1-3 du CPI dispose que "pour
fixer les dommages et int érêt s, la juridict ion prend en considérat ion les conséquences
économiques négat ives, dont le manque à gagner, subies par la part ie lésée, les bénéfices
réalisés par l'aut eur de l'at t eint e aux droit s et le préjudice moral causé au t it ulaire de ces
droit s du fait de l'at t eint e. Tout efois, la juridict ion peut , à t it re d'alt ernat ive et sur demande
de la part ie lésée, allouer à t it re de dommages et int érêt s une somme forfait aire qui ne peut
êt re inférieure au mont ant des redevances ou droit s qui auraient ét é dus si l'aut eur de
l'at t eint e avait demandé l'aut orisat ion d'ut iliser le droit auquel il a port é at t eint e".
Concernant le ret rait des objet s port ant at t eint e aux droit s, l'art icle L. 331-1-4 du CPI
dispose qu'en " cas de condamnat ion civile pour cont refaçon, at t eint e à un droit voisin du droit
d'aut eur ou aux droit s du product eur de bases de données, la juridict ion peut ordonner, à la
demande de la part ie lésée, que les objet s réalisés ou fabriqués port ant at t eint e à ces droit s,
les support s ut ilisés pour recueillir les données ext rait es illégalement de la base de données
et les mat ériaux ou inst rument s ayant principalement servi à leur réalisat ion ou fabricat ion
soient rappelés des circuit s commerciaux, écart és définit ivement de ces circuit s, dét ruit s ou
confisqués au profit de la part ie lésée. La juridict ion peut également ordonner la confiscat ion
de t out ou part ie des recet t es procurées par la cont refaçon, l'at t eint e à un droit voisin du
droit d'aut eur ou aux droit s du product eur de bases de données, qui seront remises à la part ie
lésée ou à ses ayant s droit ."
Répression
Concernant le délit de cont refaçon, l'art icle L. 335-2 du CPI dispose que "t out e édit ion
d'écrit s, de composit ion musicale, de dessin, de peint ure ou de t out e aut re product ion,
imprimée ou gravée en ent ier ou en part ie, au mépris des lois et règlement s relat ifs à la
propriét é des aut eurs, est une cont refaçon et t out e cont refaçon est un délit . La cont refaçon
en France d'ouvrages publiés en France ou à l'ét ranger est punie de t rois ans
d'emprisonnement et de 300 000 euros d'amende. Seront punis des mêmes peines le débit ,
l'export at ion et l'import at ion des ouvrages cont refaisant s. Lorsque les délit s prévus par le
présent art icle ont ét é commis en bande organisée, les peines sont port ées à cinq ans
d'emprisonnement et à 500 000 euros d'amende."
Concernant l'at t eint e à une mesure t echnique ou la suppression d'une informat ion concernant
le régime des droit s, les art icles L 335-3-1 et L 335-2 CPI répriment "le fait de port er
at t eint e (...) à une mesure t echnique efficace (...) afin d'alt érer la prot ect ion d'une œuvre par un
décodage, un décrypt age ou t out e aut re int ervent ion personnelle dest inée à cont ourner,
neut raliser, ou supprimer un mécanisme de prot ect ion ou de cont rôle" ainsi que celui de
"supprimer ou de modifier (...) t out élément d'informat ion. Ces act ions sont punies de 3 750 €
d'amende.
Des règles spécifiques ont ét é adopt ées pour lut t er cont re les prat iques du t éléchargement
illégal par la loi HADOPI.
La loi met en place l'HADOPI (aut orit é administ rat ive indépendant e) qui se voit confier un
cert ain nombre de missions :
encourager le développement de l'offre
légale
observer l'utilisation licite et illicite des
œuvres sur les réseaux de
communication électronique
assurer une mission de régulation et de
veille dans le domaine des mesures
techniques de protection et
d'identification des œuvres.
Elle va not amment cont rôler les évent uels manquement s des int ernaut es à leur obligat ion de
surveillance en t ant que t it ulaire d'une connexion int ernet . En effet , les int ernaut es doivent
veiller à ce qu'aucun act e de cont refaçon d’œuvres ne soit effect ué à part ir de son accès
int ernet . La Commission HADOPI peut envoyer deux recommandat ions espacées de six mois
à l'ut ilisat eur d'une connexion sur laquelle sont ident ifiées des act es illicit es. Ces
recommandat ions lui rappellent son obligat ion de surveillance et l'informent sur l'offre légale
et les moyens de sécuriser son accès int ernet . Ces recommandat ions sont t rès diplomat es,
elles part ent en quelque sort e du principe que l'ut ilisat eur de la connexion n'est pas
« responsable » des agissement s illicit es commis sur son compt e. Ce disposit if fait part ie du
mécanisme de réponse graduée qui a ét é complét é par la loi HADOPI 2 : si l'ut ilisat eur
n'obt empère pas à la suit e de ces recommandat ions, un juge a le pouvoir de sanct ionner son
défaut de surveillance par la suspension de son abonnement int ernet (il sera bien sûr t enu de
cont inuer à régler son opérat eur int ernet ). Ces disposit ions sont prévues à l'art icle L 335-7 du
CPI.
Compétence des tribunaux
La loi LME du 4 août 2008 a at t ribué la compét ence exclusive aux t ribunaux de grande
inst ance. Par un décret du 9 oct obre 2009, le nombre de TGI compét ent s a ét é fixé à neuf :
Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Nant erre, Nancy, Paris, Rennes et Fort -de France. Par ailleurs, il
exist e des crit ères de rat t achement . En t émoigne l'ordonnance du 3 sept embre 2008, le TGI
de Paris s'ét ait reconnu compét ent dans une affaire opposant les membres de la famille d'un
peint re chilien aux musées nat ionaux et Ét at chiliens, leur reprochant la reproduct ion sur
Int ernet de plusieurs œuvres du peint re sans leur accord. En effet , le juge a considéré que
« s'il est const ant que le sit e est accessible depuis la France, force est de relever que le
public français pert inent se t rouve à même de récept ionner les cont enus argués de
cont refaçon, circonst ance qui just ifie de l'exist ence d'un lien de rat t achement suffisant ,
subst ant iel ou significat if ent re les fait s illicit es et le dommage allégué sur le t errit oire
français et qui commande de ret enir la compét ence du TGI de Paris pour connaît re de la
cont refaçon. »
Enfin, dans un arrêt du 2 décembre 2009, la Cour d'appel de Paris a élargi la compét ence
t errit oriale des juridict ions françaises en mat ière de cont refaçon sur int ernet : les t ribunaux
français sont compét ent s lorsque « le sit e commercialisant les produit s lit igieux est
accessible sur le t errit oire français sans qu'il soit ut ile de rechercher s'il exist e ou non un lien
suffisant , subst ant iel, ou significat if ent re les fait s allégués et le t errit oire français. »
Notes et références
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