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COURS DE DROIT DES MARQUES ET DE PROPRIETE

INTRODUCTION
Le droit de marque préoccupe aux plans législatif et judiciaire. L’intérêt
s’explique par l’essor de la contrefaçon à l’échelle mondiale. La protection du
droit de marque contre la contrefaçon mérite donc d’être renforcée. Pour cela, il
convient de définir l’étendue du droit à protéger. Le droit de marque, droit
exclusif d’exploitation d’une marque, est décrit majoritairement comme un droit
de propriété d’un type particulier. Or, une étude comparée du droit de marque et
du droit de propriété fait apparaître davantage de différences que de
ressemblances. Identifier l’objet du droit de marque dans la place qu’occupe la
marque sur le marché dans l’esprit du public et des concurrents amène à une
nature juridique nouvelle, celle du droit de marché. Dès lors, les concurrents
indélicats qui commettent des actes de contrefaçon empiètent incontestablement
sur un droit de marché appartenant à autrui puisqu’ils usurpent la place réservée
sur le marché à travers l’enregistrement de la marque. Par ailleurs, l’acte fautif
cause un dommage plus ou moins grave au titulaire de la marque. La
contrefaçon portant sur des produits authentiques est d’une faible gravité par
rapport à celle qui porte sur des produits non authentiques car alors, les
marchandises indûment marquées, souvent de qualité médiocre, risquent de
nuire à la santé ou la sécurité de l’homme et de son environnement, et l’image
de la marque contrefaite n’en est qu’altérée. Ainsi, si au pénal l’amende pourrait
prendre la forme d’un pourcentage sur le chiffre d’affaires réalisé par le
contrefacteur, au civil la condamnation à verser à la victime les fruits de
l’activité contrefaisante permettrait de dissuader la contrefaçon lucrative.
Ce cours s’articulera autour de quatre grandes parties, à savoir :
-Partie 1 : La propriété littéraire et artistique ;
-Partie 2 : La propriété industrielle ;
-Partie 3 : La contrefaçon
-Partie 4 : Les atteintes au droit des marques autres que la contrefaçon

Proposé par M. ANOH Kouao Léon, enseignant au Groupe ITA Ingénierie SA 1


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PARTIE I : LA PROPRIETE LITTERAIRE ET ARTISTIQUE

CHAPITRE 1 : LE DROIT D’AUTEUR

I-DEFINITION
Le droit d’auteur est l’ensemble des droits dont dispose un auteur ou ses ayants
droit (héritiers, sociétés de production), sur des œuvres de l’esprit originales et
droits corrélatifs du public à l’utilisation et à la réutilisation de ces œuvres sous
certaines conditions. Il suit de ce qui précède que l’auteur d’une œuvre de
l’esprit jouit sur cette œuvre d’un droit de propriété incorporelle exclusif et
opposable à tous.
Le droit d’auteur nait du seul fait de la création. L’œuvre est réputée créée,
indépendamment de toute divulgation publique et de toute fixation matérielle,
du seul fait de la réalisation, même inachevée, de la conception de l’auteur.
II-LES ŒUVRES PROTEGEABLES
Sont considérées comme œuvres de l’esprit, les créations intellectuelles de
forme dans le domaine littéraire et artistique, notamment :
-Les œuvres de langage, qu’elles soient littéraires, scientifiques ou techniques, y
compris les programmes d’ordinateurs, et qu’elles soient écrites ou orales ;
-Les œuvres dramatiques et autres œuvres destinées à la présentation scénique
ainsi que leur mise en scène ;
-Les œuvres chorégraphiques, les numéros et tours de cirque et les pantomimes ;
-Les œuvres musicales avec ou sans paroles ;
-Les œuvres consistant dans des séquences d’images animées, sonorisées ou
non, dénommées œuvres audiovisuelles ;
-Les œuvres d’arts visuels, comprenant les œuvres de dessin, de peinture, de
sculpture, d’architecture, de gravure, des œuvres de photographie et les œuvres
des arts appliqués comme les créations de mode, de tissage, de céramique, de
boiserie, de ferronnerie ou de bijouterie.

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III- LES ATTRIBUTS DU DROIT D’AUTEUR


Le droit d’auteur comporte des attributs d’ordre moral et des attributs d’ordre
patrimonial (droit de reproduction et droit de représentation ou communication).
Toute atteinte portée à ces droits constitue le délit de contrefaçon.
1-Le droit moral de l’auteur
L’auteur peut se voir reconnaitre des attributs d’ordre moral dans les cas
suivants :
a-Le droit de divulgation
L’auteur a seul le droit de divulguer son œuvre. Ainsi, c’est porter atteinte à
cette prérogative de l’auteur que de mettre à disposition son œuvre sur les
réseaux avant qu’il ne l’ait lui-même rendue publique.
b-Le droit à la paternité de l’œuvre
L’auteur a le droit d’exiger que son nom soit indiqué dans la mesure et de la
manière conforme aux bons usages sur tout exemplaire reproduisant l’œuvre et
chaque fois que l’œuvre est rendue accessible au public. Il peut exiger de rester
anonyme ou d’utiliser un pseudonyme. Ainsi, celui qui insère l’œuvre d’autrui
dans son site Web doit mentionner le nom de l’auteur, voire lui demander
l’autorisation.
c-Le droit au respect de l’œuvre
L’auteur a droit au respect de l’intégrité et de l’esprit de l’œuvre. Celle-ci ne
doit subir aucune modification sans son consentement donné par écrit. Nul ne
doit la rendre accessible au public sous une forme ou dans des circonstances
susceptibles d’en altérer le sens ou la perception. Ainsi, il est interdit de
modifier sans autorisation, l’œuvre d’un auteur. De même, l’auteur peut aussi
invoquer l’atteinte au droit au respect si son œuvre se trouve placée dans un
environnement dévalorisant ou présentée dans une version dégradée.
d- Le droit de reproduction
-Reproduction et numérisation
Dans l’univers de l’Internet, la dématérialisation des œuvres et leur
numérisation, le caractère transitoire des copies, rendent problématique la
caractérisation de la reproduction. Selon le code de la propriété intellectuelle en
France, « la reproduction consiste dans la fixation matérielle de l’œuvre par tous

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procédés qui permettent de la communiquer au public d’une manière indirecte ».


Autrement dit, la reproduction est un mode de communication de l’œuvre par le
moyen d’un support. C’est une communication indirecte.
-Reproduction et mise à disposition
Dès la première décision Française concernant l’application du droit d’auteur à
l’Internet, il a été posé que la mise à disposition des internautes constitue une
contrefaçon par reproduction. Ainsi, la mise à disposition d’une œuvre sur un
site Web, mêmes sans acte positif d’envoi de fichiers, crée les conditions d’un
usage collectif qui écarte l’exception de copie privée.
e-Le droit de représentation
La représentation correspond à une communication immatérielle de l’œuvre au
public, par un vecteur qui est indifférent. Mais, la visualisation de l’œuvre sur un
écran peut-elle être assimilée à une représentation ou bien ne s’agit-il pas d’un
accessoire de l’opération de reproduction ?
La directive du 22 Mai 2001 (Art 3.1) de la communauté européenne vient
mettre fin aux interrogations en rattachant la mise à disposition d’œuvres sur
l’Internet au droit de communication au public « Les Etats membres prévoient
pour les auteurs le droit exclusif d’autoriser ou d’interdire toute communication
au public de leurs œuvres, par fil ou sans fil, y compris la mise à disposition du
public de leurs œuvres de manière que chacun puisse y avoir accès de l’endroit
et au moment qu’il choisit individuellement ».
NB : Le droit moral est perpétuel, inaliénable et transmissible pour cause de
mort.

2-les attributs d’ordre patrimonial du droit d’auteur


a- Droit d’exploitation
Selon la loi Sénégalaise, l’auteur jouit du droit exclusif d’exploiter son œuvre
sous quelque forme que ce soit et d’en tirer un profit pécuniaire. Ce
d’exploitation concerne le droit de communication au public, le droit de
reproduction, le droit de distribution et le droit de location.
b- Le droit de communication au public

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L’auteur a le droit exclusif d’autoriser la communication de son œuvre au public


par tout procédé, notamment par voie de radiodiffusion, de distribution par câble
ou par satellite, de mise à disposition sur demande de manière que chacun puisse
avoir accès à l’œuvre de l’endroit et au moment qu’il choisit individuellement,
et, pour les œuvres graphiques et plastiques, par voie d’exposition de l’objet
matériel. Ce droit s’applique quoi que la communication de l’œuvre soit totale
ou partielle, qu’elle porte sur l’œuvre elle-même ou sur une œuvre qui en dérive,
notamment par voie de traduction et d’adaptation.
c- Droit de reproduction
L’auteur a le droit exclusif d’autoriser la fixation de son œuvre, par un procédé
quelconque, sous une forme matérielle permettant de la communiquer au public.
Ce droit s’applique également quoi que l’œuvre soit totale ou partielle, qu’elle
porte sur l’œuvre elle-même ou sur une œuvre qui en dérive, notamment par
voie de traduction et d’adaptation.
Le droit de reproduction par reprographie est cédé, par l’effet de la publication
de l’œuvre, à une société de gestion collective agréée par le ministère de la
culture qui est seule habilitée à conclure toute convention avec les utilisateurs.
d- Droit de distribution
L’auteur a le droit exclusif, par la vente ou autrement, des exemplaires matériels
de son œuvre. Ce droit est épuisé par la première vente ou tout autre transfert de
propriété des exemplaires par l’auteur ou avec son consentement dans la zone
UEMOA.
e- Droit de location
L’auteur a le droit exclusif d’autoriser la location des exemplaires de son œuvre.
La location s’entend de la mise à disposition pour l’usage pour un temps limité
et pour un avantage économique ou commercial direct ou indirect. L’auteur qui
cède son droit de location conserve le droit d’obtenir une rémunération équitable
au titre de la location. Ce droit à rémunération ne peut faire l’objet d’une
renonciation. Sa gestion peut en être confiée à une société de gestion collective.
f- Droit de suite
C’est un droit spécial reconnu aux auteurs de sculptures, de dessins, de peintures
et autres œuvres d’arts plastiques ou encore de manuscrits, de bénéficier d’une
fraction du prix de vente de l’original de l’œuvre ou de ce manuscrit, chaque
fois que cette vente est faite par l’intermédiaire d’un commerçant ou aux

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enchères publiques. Ce droit est reconnu même si l’auteur a cédé l’original de


l’œuvre ou du manuscrit à un tiers.
CHAPITRE II : LE DROIT DES ARTISTES INTERPRETES

I-DEFINITION

L’artiste interprète est défini comme la personne qui chante, récite, déclame,
joue ou exécute de toute autre manière une œuvre littéraire ou artistique, un
numéro de variétés, de cirque ou de marionnette (article L.212-1 du CPI).
Ainsi, depuis 1985, l’artiste interprète est donc titulaire de droits voisins pour
son interprétation et doit donner son autorisation préalablement à toute
utilisation secondaire de sa prestation enregistrée (diffusion télévisée, internet,
DVD, etc..). Toutefois, il ne peut être titulaire de droits voisins que s’il
interprète effectivement une œuvre de l’esprit au sens du droit d’auteur (peu
importe que celle-ci soit protégée ou dans le domaine public).

II-LE DROIT MORAL DE L’ARTISTE INTERPRETE

L'article L 212-2, pose une double limite au droit moral de l'artiste-interprète.


Tout d'abord, son objet porte non pas sur l'œuvre interprétée mais sur la
prestation de l'artiste. En ce sens, le droit moral de l'artiste-interprète ne peut être
confondu ou faire obstacle au droit moral de l'auteur (voir les bases du droit
d'auteur).
Ensuite ce droit attaché à l’artiste interprète est :
• Perpétuel : la durée de sa protection n’est pas limitée ;
• Inaliénable : l’artiste interprète ne peut y renoncer ou le transférer par
contrat ;
• Imprescriptible : aucune prescription ne peut éteindre le droit d’agir en
justice pour le faire respecter.
Le droit moral de l’artiste interprète est constitué de 2 prérogatives :

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• Le droit au respect de son nom : l’artiste interprète a le droit de se faire


connaitre publiquement en sa qualité d’artiste interprète et d’exiger la mention
de son nom lors de l’exploitation de son interprétation (NB : exception prévue
pour la Spedidam, cf. ci-dessous).
• Le droit au respect de son interprétation : il est interdit de modifier, altérer
ou déformer une interprétation.

III-LE DROIT PATRIMONIAL DE L’ARTISTE INTERPRETE

Classiquement, la prestation de l'artiste-interprète est rémunérée sous forme de


salaire dans le cadre d'un contrat de travail (art. L 762-1 du Code du travail).
Néanmoins, cette rémunération n'est pas exclusive des droits voisins qui jouent
pour "la fixation de sa prestation, sa reproduction et sa communication au
public, ainsi que toute utilisation séparée du son et de l'image de la prestation
lorsque celle-ci a été fixée à la fois pour le son et l'image" (art. L 212-3).
Autrement dit, pour toute exploitation secondaire de son interprétation, le
producteur ou l'entrepreneur de spectacle devra requérir l'autorisation écrite de
l'artiste-interprète et lui verser en contrepartie une rémunération. La durée de ces
droits est de 50 ans à compter du 1er janvier de l'année suivant celle de
l'interprétation.
Afin que ce droit d'autorisation ne paralyse pas l'ensemble d'une production ou
lorsque celui-ci est impossible à exercer, le Code de la propriété intellectuelle a
prévu quelques aménagements (articles L 214 et suivants) qui valent
essentiellement pour la reproduction (la copie privée), la radiodiffusion et la
communication directe dans un lieu public d'un phonogramme publié à des fins
commerciales. Nous ne les détaillerons pas ici, mais on retiendra que si
l'autorisation de l'artiste-interprète n'est pas nécessaire, celui-ci conserve
évidemment un droit à une rémunération équitable au même titre que les
producteurs.

IV-LA CESSION DES DROITS VOISINS

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L’artiste interprète peut céder ses droits patrimoniaux (fixation, reproduction,


communication au public) afin de permettre l’exploitation ou l’utilisation de son
interprétation. Le code de la propriété intellectuelle impose la présence d’un
écrit entre les parties pour toute cession, sous peine de nullité. Ainsi, dans le cas
d’une captation d’un spectacle chorégraphique, l’autorisation écrite de l’artiste
interprète est indispensable.
 L’exigence d’un écrit
L’article L. 212-4 du code de la propriété intellectuelle impose la signature d’un
contrat écrit entre l’artiste interprète et le producteur (une compagnie
chorégraphique, un producteur de vidéogrammes, par exemple), afin de protéger
les intérêts de l’artiste. Toutefois, le CPI ne prévoit pas de mentions obligatoires
pour le contrat de cession de droits voisins.
Il est cependant conseillé d’être précis quant à :
• la nature des droits cédés (fixation, reproduction, communication au
public),
• la destination des droits cédés (les droits doivent être cédés pour une
destination précise : exploitation à des fins commerciales, promotionnelles …),
• la durée de la cession (la cession doit être limitée dans le temps),
• la délimitation du territoire (le lieu d’exploitation doit être déterminé).
En outre, la cession est d’interprétation restrictive : tout ce qui n’est pas
explicitement cédé dans le contrat reste la propriété de l’artiste.
La cession de droits voisins peut :
• être mentionnée dans le contrat de travail conclu entre le producteur et
l’artiste chorégraphique, si celle-ci est suffisamment explicite,
• ou faire l’objet d’un contrat séparé.
NB : Le contrat de travail conclu entre l’artiste et le producteur de spectacle
vivant n’emporte pas présomption de cession de droits voisins de l’artiste
concerné. En d’autres termes, ce n’est pas parce qu’un artiste a signé un contrat
pour danser avec une compagnie qu’il a autorisé celle-ci à capter et reproduire
son interprétation (vidéo, photos, …).
Exception : Le contrat de travail conclu entre un producteur audiovisuel
(production de film) et l’artiste vaut présomption de cession de droits (mais

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doit être prévue, dans le contrat de travail, une rémunération distincte pour
chaque mode d’exploitation de la captation).

PARTIE II- LA PROPRIETE INDUSTRIELLE

La propriété industrielle regroupe les marques, les brevets, les dessins et


modèles. Elle est l’un des piliers du développement économique et de la création
d’emploi. En donnant un droit de propriété et un monopole d’exploitation aux
inventeurs et aux innovateurs, elle leur permet de rentabiliser leurs recherches et
les incite à les poursuivre. Si l’on regarde la situation de la Propriété Industrielle
à travers le monde, on constate qu’elle n’y tient pas partout la même place. En
général, la protection de l’innovation est forte dans les pays développés, plus
faible dans les pays en voie de développement, importateurs de technologie et
donc tentés de la copier. Les pays aux industries prospères sont de « gros
propriétaires industriels », où existent des liens étroits entre l’entreprise et la
protection de l’innovation.
Il s’agira dans cette partie de voir les dessins et modèles, les brevets d’invention,
les marques et les appellations d’origine et les indications de provenance.

CHAPITRE I- LES DESSINS ET MODELES

I-DEFINITION

1-Dessin
Un dessin est une figure, à deux dimensions, obtenue par un assemblage de
lignes ou de couleurs : affiches, motifs décorant un papier peint, un tissu, une
assiette…
2-Modèle

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Un modèle est un objet à trois dimensions, réalisée dans les matériaux les plus
divers. On en rencontre dans tous les secteurs de l’activité économique. Un
vêtement, un chapeau, un bagage, une lampe, un meuble, un jouet, des pièces de
carrosserie automobile peuvent être qualifiés de modèles.

II-LA PROTECTION DES DESSINS ET MODELES


Les dessins et modèles peuvent bénéficier d’une double protection : par le droit
d’auteur (qui ne nécessite aucun dépôt) et / ou par la Propriété Industrielle
(dépôt d’un dessin ou modèle).
1-La protection par le droit d’auteur
• Définition du droit d’auteur
Bien connus pour la protection des œuvres littéraires ou musicales, les droits
d’auteur concernent également les œuvres dramatiques, chorégraphiques, (y
compris les numéros de cirque), cinématographiques, audiovisuelles, les
œuvres artistiques c’est-à-dire graphiques (les dessins) ou plastiques (les
modèles). Les programmes d’ordinateur sont protégés également par le droit
d’auteur.
Les droits d’auteur se composent principalement :
- d’un droit de reproduction : le créateur pourra s’opposer à ce qu’on reproduise
son dessin manuellement, ou même par photocopie, photographie…
- d’un droit de représentation : ce qui signifie qu’un dessin ne peut être
représenté au public (galerie, exposition, télévision . . .) sans le consentement de
son créateur qui peut vendre au céder ses droits d’auteur à des ti ers.
• La spécificité du droit d’auteur
Le droit d’auteur naît dès la création du dessin ou modèle, c’est- à - dire sans
l’accomplissement de formalités de dépôt. En d’autres termes, le droit d’auteur
découle du seul fait de sa création. Toutefois, cette absence de formalisme
entraîne des inconvénients : le créateur qui voudra agir en justice contre un

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contrefacteur sera difficilement en mesure de prouver sans ambiguïté possible la


titularité de ses droits (le fait qu’il est bien l’auteur de ce dessin ou modèle) et la
date certaine de sa création (le fait qu’il a créé son œuvre avant le contrefacteur).
• La durée du droit d’auteur
Le droit d’auteur dure toute la vie de l’auteur, plus 70 ans après sa mort. Après
le décès, ce sont ses héritiers qui bénéficieront des droits.
2-La protection légale
La France est dotée d’une législation spécifiquement conçue pour protéger les
dessins et modèles. Pour s’appliquer, cette législation implique nécessairement
un dépôt auprès de l’INPI des dessins ou modèles, sous forme de reproduction
graphique ou photographique. Ce dépôt permet d’acquérir un titre de Propriété
Industrielle conférant plusieurs avantages, et notamment :
- une présomption de propriété au profit du déposant,
- une date certaine de création,
- le droit d’apposer sur les produits en cause la mention « modèle déposé »,
- la possibilité, en cas de contrefaçon, de saisir les objets incriminés,
- il donne au déposant un délai de six mois pour l’enregistrement de son
dépôt dans les autres pays membres de la Convention de l’Union de Paris ou de
l’Arrangement de la Haye.
• Le dessin ou modèle doit être « nouveau » et présenter un « caractère
propre».
Ne peuvent prétendre à une protection que les œuvres nouvelles, c’est- à -dire
les dessins et modèles dont l’apparence n’est pas identique à des dessins et
modèles déjà divulgués à la date du dépôt. La notion de nouveauté est relative :
elle n’est pas exigée sur tous les éléments d’un dessin, mais simplement pour
certaines de ses caractéristiques.
Ainsi, par exemple, un dessin ou modèle de fauteuil (qui s’inspire forcément de
la configuration générale de tous les fauteuils) devra, pour être reconnu
nouveau, avoir certaines formes (pieds, accoudoirs …), qui n’avaient pas été
créés jusque là. Un créateur pourra voir opposer à son dépôt ses propres
créations s’il les a divulguées depuis plus d’un an. Il faut bien noter que ce qui
est protégé par la loi, c’est un dessin ou un objet déposé précisément (et non une

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idée, ou un genre d’objet en général). Il est le fruit d’une activité créatrice


humaine.
Les dessins et modèles nouveaux doivent aussi avoir un caractère propre, c’est –
à- dire que l’impression globale produite par les caractéristiques de l’objet à
protéger pour un observateur averti doit différer de l’impression produite par
tout dessin ou modèle divulgué à la date du dépôt. Un objet qui doit ses formes
uniquement à des caractéristiques techniques ne pourra faire l’objet d’une
protection par dessins et modèles.
Ces notions sont celles de la loi du 25 juillet 2 0 0 1 qui harmonise les
législations européennes.

 Le dépôt d’un dessin ou modèle


Le dépôt d’un dessin ou modèle permet de bénéficier de la double protection du
droit de la Propriété Industrielle, et du droit d’auteur.
Le dépôt des dessins ou modèles peut se faire à l’INPI ou au greffe du tribunal
de commerce du domicile du déposant. Il doit comprendre outre l’identification
du déposant, le nombre de dessins et modèles déposés et une reproduction de
chacun d’eux. Une redevance est perçue pour le dépôt et chaque reproduction.
Les industries, qui renouvellent fréquemment leurs collections, peuvent
bénéficier d’une disposition spéciale : le dépôt simplifié. C’est en particulier le
cas pour les industries de la mode.
Normalement, les modèles déposés sont publiés par l’INPI, sauf si le déposant
demande le secret pour une période de 3 ans. Mais pour revendiquer le bénéfice
de la loi sur les dessins et modèles, il faut que le dépôt soit publié.
• La durée de protection des dessins et modèles
Un dessin ou modèle déposé à l’INPI est protégé 5 ans, prorogeables 4 fois soit
une durée de protection de 25 ans. Mais le droit d’auteur continue de protéger le
dessin ou modèle 70 ans après la mort de l’auteur.

III-LA CONTREFACON DE DESSINS ET MODELES

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Les dessins et modèles souffrent beaucoup de la contrefaçon, qu’elle soit totale


ou partielle. Il est bon de rappeler que la vente ou l’introduction sur le territoire
français d’objets contrefaits est assimilée à la contrefaçon proprement dite. La
loi du 5 février 1994 a considérablement aggravé les peines punissant les
contrefacteurs.

CHAPITRE II- LES BREVETS D’INVENTION

I-DEFINITION

Un brevet d’invention apporte une solution technique à un problème technique.


Il est un contrat entre l’inventeur et la collectivité : un inventeur apporte une
innovation et la décrit dans un document qui est le brevet et, en contrepartie, il
reçoit un monopole temporaire sur cette innovation.
En d’autres termes, c’est un certificat que le gouvernement délivre à un
inventeur, à l’auteur d’une nouvelle invention, pour lui en assurer la propriété et
l’exploitation exclusive pendant un certain nombre d’années.

II- CONDITIONS DE BREVETABILITE

« Sont brevetables les inventions nouvelles, impliquant une activité inventive,


et susceptibles d’application industrielle » Art. L.611-10 du Code de la Propriété
Intellectuelle.
1- Une invention nouvelle

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Une invention pour être brevetable doit être nouvelle dans le temps et dans
l’espace, c’est-à-dire ne pas être comprise dans l’état de la technique au moment
où l’on demande le brevet. Toute description ou publicité de l’invention, même
par l’inventeur lui-même, avant la date de dépôt du brevet détruit cette
nouveauté. On appelle cela une antériorité.
2- Une invention qui présente une activité inventive
Pour un homme du métier, une invention ne doit pas découler de façon évidente
de l’état de la technique ; on considère que l’homme du métier est le technicien
moyen dans un secteur donné.
3- Une invention doit être susceptible d’application industrielle
Elle doit concourir à la production de biens ou de résultats dans tout type
d’industrie, y compris l’agriculture.
Même si elles remplissent ces trois conditions, la loi exclut certaines catégories
de créations.
On ne peut breveter :
- les découvertes (un minerai ou un champignon par exemple),
- les théories scientifiques et mathématiques,
- les créations esthétiques qui sont protégées par un droit spécifique
(dessins et modèles ou droit d’auteur) les plans, principes et méthodes
dans les activités intellectuelles, les activités économiques ou dans les
jeux,
- les programmes d’ordinateur sans effet technique,
- les présentations d’informations,
- les méthodes de traitement et de diagnostic sur l’homme et sur l’animal
(mais un médicament qui est un produit industriel est brevetable),
- les végétaux, les races animales et les procédés biologiques d’obtention de
végétaux et d’animaux. Sur ce point, les progrès de la génétique laissent
prévoir des évolutions possibles.

III- UTILITE DU BREVET

1- Le brevet reconnaît l’invention d’un inventeur

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Le premier à avoir déposé une demande de brevet d’invention en devient le


titulaire. Si l’invention est déposée au nom d’une entreprise, le nom de
l’inventeur figure sur le brevet.
2- Le brevet donne à son titulaire un monopole d’exploitation
Il permet de rentabiliser ses recherches. Ce monopole peut être de 20 ans. Le
titulaire paie une taxe annuelle. Il peut même dépasser les 20 ans pour les
produits pharmaceutiques plus longs à commercialiser. Ensuite, le brevet tombe
dans le domaine public.
2- Le brevet est publié
Le brevet protège l’intérêt du déposant en lui reconnaissant la propriété de
l’invention, à partir de sa date de dépôt. La contrepartie est la divulgation de
l’information dix-huit mois après la date de dépôt. Or, faire connaître les
inventions entraîne une réaction enchaîne de nouvelles techniques, ce qui pour la
société est d’un intérêt évident. L’alternative qui se pose aux inventeurs est «
brevet ou secret ».
Certaines entreprises font le choix du secret (Coca-Cola entre autres pour « son
» fameux et mystérieux composant). C’est un choix stratégique risqué : si un
secret de fabrication non breveté est découvert, il pourra être exploité par tous.
4- Le brevet a une valeur pour l’entreprise
Il est monnayable en lui-même et les entreprises dynamiques savent mener une
politique d’achat, de vente ou de cession de licence de leurs brevets.
Il appartient au patrimoine de son propriétaire. Lorsque celui-ci est une
entreprise, c’est le cas le plus fréquent, le brevet figure dans les actifs du bilan
comptable.

IV- LA PROCEDURE D’OBTENTION D’UN BREVET

1- L’invention
Une demande de brevet ne peut concerner qu’une seule invention; le plus
souvent un produit nouveau nécessite donc plusieurs brevets. Tant que la ou les
demandes de brevets n’ont pas été déposées, il est impératif pour l’inventeur de
garder un secret absolu sur son invention.

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Avant de déposer un brevet, il faut se renseigner sur l’état de la technique dans


le domaine concerné par le projet.
Pour cela, on peut consulter les Bulletins Officiels de la Propriété Industrielle
(BOPI), les bases de données et les CD-ROM de l’INPI. Les inventions y sont
classées par l’INPI selon une classification internationale très détaillée. Il est
évident que cette phase d’information est essentielle avant de décider d’un dépôt
de brevet afin de ne pas breveter ce qui existe déjà.
2- Le conseil en Propriété Industrielle
N’importe qui en France peut déposer un brevet. Cependant, pour que la
rédaction du brevet soit réellement protectrice, il est conseillé de s’adresser à un
Conseil en Propriété Industrielle. Certains sont salariés de leur entreprise,
d’autres exercent à titre libéral. Ces Conseils se chargent du libellé du brevet et
des formalités administratives.
Un brevet demande une description extrêmement précise de l’invention,
accompagnée le plus souvent de dessins, telle qu’un homme du métier puisse
réaliser l’invention à la seule lecture de la description et des dessins. Cette
description est suivie par les « revendications » qui définissent chacune les
caractéristiques pour lesquelles le déposant réclame une protection ; ne sera
protégé que ce qui est revendiqué.
3- Le dépôt
La demande de brevet avec le titre de l’invention, la désignation de l’inventeur,
la description, éventuellement les dessins, une revendication au moins et les
redevances afférentes (environ 355 €) doivent être déposées à l’INPI (soit au
siège à Paris, soit dans un des centres régionaux) ou dans une préfecture de
province ou encore adressées à l’INPI par lettre recommandée avec accusé de
réception. La date de dépôt est le point de départ de la protection.
4- La publication
Entre le premier dépôt de la demande (en France ou à l’étranger) et sa
publication, il y a un intervalle de dix-huit mois. Dans quelques cas très rares, la
Défense nation a le, qui a droit de regard sur les brevets, s’oppose à cette
publication. Dans les autres cas, en même temps ou après cette publication,
l’INPI établit un rapport de recherche citant toutes les antériorités qui auront été
identifiées tant en France qu’à l’étranger.

Proposé par M. ANOH Kouao Léon, enseignant au Groupe ITA Ingénierie SA 16


COURS DE DROIT DES MARQUES ET DE PROPRIETE

A la suite de ce rapport, le déposant pourra si nécessaire modifier sa demande,


avant sa délivrance, laquelle sera mentionnée au Bulletin Officiel de la Propriété
Industrielle. La délivrance ne valide administrativement que si la demande de
brevet satisfait aux critères de brevetabilité que l’INPI examine. Un brevet
délivré permettra d’obtenir une décision de justice en cas de contrefaçon.

V- LES MODALITES D’EXPLOITATION DU BREVET

En général, un brevet est demandé par une société qui l’exploitera elle-
même. Voici maintenant d’autres possibilités notamment pour un inventeur
indépendant.

1- Il peut vendre son brevet


C’est un cas fréquent, mais ce n’est pas forcément la meilleure solution : il est
difficile d’évaluer le prix d’un brevet avant de l’avoir exploité.
2-Il peut céder la licence de son brevet
A une seule société, s’il s’agit d’une licence exclusive. A plusieurs, s’il s’agit
d’une licence non exclusive.
3-Il peut exploiter son brevet en association avec une société
Sa part de capital est représentée par son ou ses brevets, l’argent venant de ses
associés.
4-Il peut créer une société pour exploiter lui-même son brevet
Les entreprises Renault et L’Oréal, pour ne citer qu’elles, sont nées comme cela.
Dans tous les cas, le fait d’être titulaire d’un brevet donne des droits et des
obligations.

VI- LES DROITS ET LES OBLIGATIONS DU TITULAIRE DU BREVET

Proposé par M. ANOH Kouao Léon, enseignant au Groupe ITA Ingénierie SA 17


COURS DE DROIT DES MARQUES ET DE PROPRIETE

Les droits du titulaire (déposant, acheteur ou cessionnaire du brevet) sont un


monopole d’exploitation de 20 ans sur son brevet qui lui donne le droit de
poursuivre en justice les contrefacteurs, dans les pays où il est protégé. Ses
obligations sont de payer les redevances annuelles de son brevet pour le garder
en vigueur.
Ces annuités vont de 25 € la première année à 530 € la dernière pour un brevet
français. Evidemment, plus le nombre de pays dans lequel on demande une
couverture est important et plus les frais augmentent. Il faut donc réfléchir à la
protection que l’on désire et aux pays dans lesquels elle est utile. Dans un
domaine où l’avancée technologique est très rapide, un brevet peut être
obsolète en quelques années et on pourra le laisser tomber dans le domaine
public avant les 20 ans de monopole légal. En revanche, un inventeur pourra être
amené à améliorer son innovation et à déposer des brevets de perfectionnement.
Nombre d’objets que nous utilisons tous les jours sont des inventions couvertes
par un ou plusieurs brevets. Certaines d’entre elles nous sont tellement
habituelles que c’est par leur marque que nous les nommons souvent. Car le «
Velcro » est un ruban auto- agrippant, « Post-it » un papier pré-encollé
repositionnable, « Scotch » un ruban adhésif transparent, et le « Tetrapak », un
système d’emballage du lait à l’abri de la lumière. Tous ces produits, avant
d’entrer dans notre vie, ont été des idées, des inventions, puis des brevets bien
déposés.

Proposé par M. ANOH Kouao Léon, enseignant au Groupe ITA Ingénierie SA 18


COURS DE DROIT DES MARQUES ET DE PROPRIETE

CHAPITRE III- LES MARQUES

I-DEFINITION

Une marque est un signe qui sert à distinguer un produit ou un service des
produits ou des services de la concurrence. La marque peut ainsi être une lettre,
un chiffre (1664 TM), un mot, un sigle (VSD TM), une suite de mot, une phrase,
un slogan (parce que je le vaux bien TM), un néologisme (Nescafé TM), un nom
patronymique (Comtesse du Barry TM) ou encore un nom de lieu géographique
(chocolats Côte d'Or TM).
La marque peut aussi être un signal sonore (la musique de Bouygues Télécoms
TM est déposée comme marque).
La marque peut encore être un dessin (anneaux olympiques TM), un logo (la
pomme de Macintosh TM), une couleur particulière (la couleur orange des
emballages Kodak TM) un hologramme, un relief ou encore une image de
synthèse. La marque peut même être en trois dimensions (la forme particulière
de la bouteille de Coca-Cola TM ou du losange de Renault TM sont par exemple
déposés à titre de marque).

Proposé par M. ANOH Kouao Léon, enseignant au Groupe ITA Ingénierie SA 19


COURS DE DROIT DES MARQUES ET DE PROPRIETE

Enfin, la marque peut être une combinaison de l'un de ces signes, par exemple
l'association d'un mot et d'un dessin sur un fond composé de bandes de couleurs,
le tout en trois dimensions.
Elle permet, à côté du nom commercial et de l’enseigne, de rallier une clientèle.
La marque n’a pas pour fonction juridique de garantir la qualité des produits ou
services qu’elle désigne mais d’indiquer leur origine. La marque fait partie des
titres de Propriété Industrielle.

II- Historique

La marque, c’est - à - dire l’idée d’apposer sur des objets fabriqués un signe,
remonte à la plus haute antiquité. On a par exemple dénombré jusqu’à 6000
marques de potiers romains. Elles servaient plus à prouver l’origine d’un objet
en cas de vol qu’à retenir une clientèle. Exceptionnellement, certaines
garantissaient une origine et une qualité comme nos marques d’aujourd’hui. On
a aussi retrouvé des amphores de vin au cachet contrefait pour faire passer une
production quelconque pour un cru recherché. Au Moyen Age, le système des
corporations entraînait un large usage des marques : marques individuelles pour
les artisans, marques collectives pour les corporations. Leur rôle n’était pas de
conquérir une clientèle ; elles étaient proches de nos la bels de qualité : garantie
de « bon ouvrage » et de matériaux honnêtes. Pour ce motif, la marque
corporative était obligatoire.
La Loi le Chapelier de mars 1791 supprima les corporations ainsi que
l’obligation de marque qui leur était attachée. Faute de réglementation, les
usurpations proliférèrent. On promulgua donc la loi du 22 germinal an XI (9
avril 1803) qui prévoyait les galères pour une contrefaçon de marque, peine
tellement sévère qu’elle ne fut pratiquement jamais appliquée. Une autre loi fut
promulguée en 1824. L’essor industriel et le développement des échanges
commerciaux au XIXe siècle entraînèrent la nécessité d’une nouvelle loi sur les
marques. Celle du 23 juin 1857 resta en vigueur pendant plus d’un siècle. Pour
elle, le propriétaire d’une marque était la première personne à l’utiliser. Mais
avec la croissance de la publicité, cette loi devint inadaptée : un commerçant
risquait de déposer une marque, de consacrer un gros budget à son lancement et

Proposé par M. ANOH Kouao Léon, enseignant au Groupe ITA Ingénierie SA 20


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de voir son effort réduit à néant par l’existence d’une marque non déposée, à
usage confidentiel, mais déjà utilisée fût-ce de façon très locale.
La loi de 1964 instaura le fait qu’une marque s’acquiert par le dépôt et non par
l’usage et prévoit sa déchéance des droits si elle n’a pas servi pendant 5 ans.
Cette loi a été à son tour remplacée par celle de janvier 1991 pour mettre en
conformité le droit français et le droit communautaire européen. En 1992 a paru
le « Code de la Propriété Intellectuelle » qui réunit toutes les lois sur le sujet.
Enfin, le 5 février 1994 a été votée une loi qui augmente beaucoup les peines à
l’égard des contrefacteurs.

III- LE SIGNE POUVANT ETRE DEPOSE COMME MARQUE

Tout signe susceptible de représentation graphique. Une marque peut être


constituée :
- par un assemblage de lettres ou de chiffres :
Exemples, C’est le nom, qu’il soit patronymique ou pas, qui ralliera la clientèle.
- par une représentation graphique :
Exemples : Le dessin sert de signe sensible.
- par un signe sonore : indicatif de station de radio ou d’émission, à
condition qu’on puisse le présenter graphiquement (portée musicale).
- par des signes complexes qui réuniront deux ou plusieurs éléments
simples:
Exemple : Il y a combinaison d’un dessin et d’un nom.
- Une marque peut être une forme tridimensionnelle. Elle se rapproche
alors du modèle mais n’a pas la même finalité : elle n’est pas une création
de forme dans un but esthétique mais le moyen de rallier une clientèle
autour d’un produit signalé par la forme déposée comme marque. Si une
forme est déposée comme marque, rien n’empêchera de l’utiliser dans
d’autres secteurs (à moins qu’elle ne soit en même temps protégeable par
le droit d’auteur ou déposée comme modèle).
Exemple : La forme de l’objet permet à la clientèle d’identifier le produit (eau
gazeuse Perrier).

Proposé par M. ANOH Kouao Léon, enseignant au Groupe ITA Ingénierie SA 21


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IV- LA NATURE DE L’OBJET

1- Marque de fabrique
Une marque peut être une marque de fabrique : elle désigne l’objet dans son
origine première tel qu’il est fabriqué, récolté ou extrait ; elle nomme le produit :
Danette, Critérium, N° 5(Chanel), Monsieur Propre, etc.
2- Marque de commerce ou de distribution
Le consommateur s’adresse à tel distributeur en raison de la sélection que ce
dernier aura effectuée parmi différentes marques de fabrique pour donner à son
commerce un « style » qui en assure les succès. On ne va pas chez Ed pour les
mêmes raisons que chez Monoprix. La marque de commerce s’appose sur le
produit vendu ou l’accompagne : Carrefour, Leclerc, Ed, Darty, FNAC, BHV,
etc.
Un même produit peut être revêtu de plusieurs marques.

3- Marque de service
On trouve des marques de service qui peuvent être en même temps un nom
commercial : Hertz, Axa par exemple. On peut constater l’usage de la marque de
service par la trace matérielle laissée sur toutes sortes de supports : étiquettes sur
la valise, autocollants que le garagiste applique sur une voiture dont il vient de
faire la vidange, carte GO 25 remise au client. Un même dépôt de marque peut
viser à la fois des produits et des services : la carte GO 25 est un produit en elle-
même.

V- CONDITIONS DE VALIDITE D’UNE MARQUE

1- Le caractère distinctif d’une marque


Pour être valable, une marque doit être distinctive, c’est- à - dire ne pas être
composée uniquement de termes qui désignent le produit ou le service dans le
langage courant. On ne pourra pas déposer « siège » ou « chaise » pour désigner

Proposé par M. ANOH Kouao Léon, enseignant au Groupe ITA Ingénierie SA 22


COURS DE DROIT DES MARQUES ET DE PROPRIETE

des meubles. En revanche, « Monsieur Meuble » convient. Pas de « ticket


restaurant » comme titre de restauration. On ne confisque pas le langage usuel.
Etre distinctif ne veut pas dire être original : « Le Chat » n’est pas original mais
est distinctif pour désigner un savon.
2- La licéité d’une marque
Il est interdit de déposer des drapeaux, des armoiries, des emblèmes, des
poinçons officiels des Etats ainsi que l’emblème de la Croix-Rouge et
l’emblème et la devise olympiques. Est interdit aussi tout ce qui serait contraire
à l’ordre public et aux bonnes mœurs.
3- Une marque ne doit pas être trompeuse
Elle ne doit tromper ni sur l’origine (Gene va pour des montres françaises), ni
sur la composition (Evian fruité pour une boisson ne contenant pas d’eau
d’Evian), ni sur la nature (Beurrax pour de la margarine), ni sur la qualité (Servi
frais pour des produits surgelés).
4- La disponibilité d’une marque
Une marque peut être indisponible à l’égard d’une autre marque, d’une
dénomination sociale, d’un nom commercial ou d’une enseigne, des appellations
d’origine protégées, des noms patronymiques, des droits d’auteurs, des dessins
et modèles.
Il est donc indispensable de faire une recherche d’antériorités. On peut
interroger par exemple les bases de données de l’INPI.
On écartera :
- les signes déjà déposés (sauf s’il s’agit de produits différents : on admet des
crèmes Mont blanc et des stylos Mont blanc) ;
- les signes trop proches de signes déjà déposés :
. par le son (Galeries Lafayette et Galerie Layette),
. par le sens (Pronto et Subito),
. par le contraste (La vache qui rit et La vache sérieuse),
. par la traduction si elle est comprise de l’ensemble du public (Après l’Amour
imite After Love).

Proposé par M. ANOH Kouao Léon, enseignant au Groupe ITA Ingénierie SA 23


COURS DE DROIT DES MARQUES ET DE PROPRIETE

S’il s’agit d’une marque notoire, une imitation même lointaine est interdite. Les
marques renommées sont particulièrement protégées.

VI- LE DEPOT ET L’USAGE

1- Le dépôt
Toute personne physique ou morale peut déposer une marque française à
condition d’être établie en France ou d’y avoir un mandataire. Le dépôt se fait
soit à l’Institut National de la Propriété Industrielle (à Paris ou dans ses centres
de province), soit au greffe du tribunal de commerce dont on dépend, soit par
lettre recommandée avec accusé de réception adressée à l’INPI. Dans tous les
cas, il doit comprendre une demande d’enregistrement, le modèle de la marque,
l’énumération des produits ou des services auxquels elle s’applique, l’identité du
déposant et la redevance prescrite, au minimum 198 € (sans paiement le dépôt
est irrecevable).
2- L’usage
Une marque est déposée pour dix ans mais peut être renouvelée indéfiniment de
dix ans en dix ans à condition d’en faire la démarche et de payer les redevances
afférentes. Elle peut être « déchue » pour plusieurs raisons, notamment si elle
n’est pas utilisée ou si le titulaire la laisse employer comme nom commun. Elle
perd alors son caractère distinctif (c’est pour cette raison que la société qui
fabrique les « Caddies » attaque tous ceux qui emploient abusivement cette
marque déposée comme synonyme de « chariot de supermarché »).
Une marque, comme tous les titres de propriété, peut être vendue, louée (on
parlera de licence), léguée, et même expropriée! Ce fut le cas de la liqueur« La
Grande Chartreuse» au moment de la confiscation des biens des congrégations
en 1904.
Une marque ne peut être défendue que si elle a été déposée. Ce dépôt n’a rien
d’obligatoire, mais lui seul donne le moyen de lutter face à la contrefaçon qui
touche particulièrement la France (sur dix marques contrefaites, sept sont
françaises); par ailleurs, faisant entrer la marque dans les actifs, il valorise
l’entreprise qui la possède.

Proposé par M. ANOH Kouao Léon, enseignant au Groupe ITA Ingénierie SA 24


COURS DE DROIT DES MARQUES ET DE PROPRIETE

PARTIE III- LA CONTREFACON

CHAPITRE I- LES ACTES CONSTITUTIFS DE LA CONTREFACON

I-DEFINITION DE LA CONTREFACON

La contrefaçon se définit comme la reproduction, l’imitation ou l’utilisation


totale ou partielle d’un droit de propriété intellectuelle sans l’autorisation de son
propriétaire. Il peut s’agir d’une marque, d’un modèle, d’un brevet, d’un droit
d’auteur, d’un logiciel, d’un circuit intégré ou d’une obtention végétale. On
assimile aussi à de la contrefaçon, les atteintes portées aux droits voisins (droits
des artistes-interprètes).

Proposé par M. ANOH Kouao Léon, enseignant au Groupe ITA Ingénierie SA 25


COURS DE DROIT DES MARQUES ET DE PROPRIETE

Toutefois, il faut noter qu’on ne parle pas de contrefaçon que dans le cas
d’atteintes de « copies » à des droits de propriété intellectuelle. D’autres
atteintes existent en dehors de la contrefaçon (concurrence déloyale,
dénigrement etc….) mais sont sanctionnées par d’autres voies.

II- LES ACTES INTERDITS PAR LA LOI

Les actes d’exploitation interdits sont énumérés par l’article 319 du code pénal
ivoirien et aux articles 713-2 et 713-3 du code pénal français. Pour certains de
ces actes, un risque de confusion sur l’origine des produits doit découler de
l’exploitation ; pour d’autres, cette exigence n’est pas posée.
C’est le cas de l’utilisation d’une marque résultant d’un usage purement étranger
à la vie des affaires qui n’entraîne pas de risque de confusion dans l’esprit du
public, elle n’est donc pas constitutive de contrefaçon.

1- les actes interdits sans exigence de risque de confusion


Ces actes selon le code pénal français sont énumérés à l’article.713-2 : « Sont
interdits, sauf autorisation du propriétaire :
a- La reproduction, l’usage ou l’apposition d’une marque, même avec
l’adjonction de mots tels que « formule, façon, système, imitation, genre,
méthode », ainsi que l’usage d’une marque reproduite, pour des produits ou
services identiques à ceux désignés dans l’enregistrement ;
b- La suppression ou la modification d’une marque régulièrement apposée ».
Quatre catégories d’actes sont interdits lorsqu’ils constituent une exploitation à
l’identique de la marque protégée dans la même sphère de spécialité : la
reproduction de marque, l’apposition, l’usage et la suppression ou modification.
- la reproduction de marque
La contrefaçon est alors caractérisée par le fait de reproduire matériellement la
marque pour la même sphère d’activité. La jurisprudence considère que le dépôt
d’une marque auprès de l’INPI constitue déjà une reproduction contrefaisante de
la marque antérieure. Ainsi, seule la reproduction à l’identique de la marque
s’affranchit de la recherche d’un risque de confusion.

Proposé par M. ANOH Kouao Léon, enseignant au Groupe ITA Ingénierie SA 26


COURS DE DROIT DES MARQUES ET DE PROPRIETE

- l’apposition
Est interdit, le fait pour le tiers d’apposer sur des produits une marque
authentique, sans autorisation. Ainsi, le tiers est contrefacteur s’il appose sans
autorisation des étiquettes, utilise des emballages ou des conditionnements
fabriqués par le titulaire de la marque, sur des produits ou services identiques
non authentiques.
Souvent la contrefaçon par apposition est précédée d’une contrefaçon par
reproduction de marque.
A savoir : ce qui est interdit par le droit de la marque
Le droit sur la marque donne le droit d’interdire son exploitation par toute
personne qui n’en a pas l’autorisation, sinon c’est de la contrefaçon.
C’est ainsi que sont interdits par la loi :
 la reproduction de la marque, c’est à dire le fait de reproduire
matériellement la marque pour la même sphère d’activité ou de la
modifier de manière si insignifiante que cela entraîne la confusion pour le
public ;
 l’apposition de la marque sur des produits de la même sphère d’activité,
c’est-à-dire d’apposer sur des produits ou services identiques non
authentiques une marque authentique, sans autorisation ;
 l’usage d’une marque reproduite, c’est-à-dire la commercialisation de
produits non authentiques. Le commerçant qui vend des produits marqués
non authentiques même de bonne foi est contrefacteur par usage d’une
marque contrefaite ;
 la suppression ou la modification de la marque, c’est à dire le fait de
mettre sur le marché un produit authentique dont la marque a été
supprimée ou modifiée sans l’autorisation du titulaire du droit ;
 tous les actes de contrefaçon qui comportent un risque de confusion.
c- l’usage
Deux formes d’usage sont interdites : l’usage d’une marque et l’usage d’une
marque reproduite.
L’usage d’une marque reproduite est lié à la commercialisation de produits non
authentiques. Chaque acte d’exploitation non autorisé est constitutif de

Proposé par M. ANOH Kouao Léon, enseignant au Groupe ITA Ingénierie SA 27


COURS DE DROIT DES MARQUES ET DE PROPRIETE

contrefaçon : la reproduction, l’apposition et l’usage pour commercialiser les


produits.
Le commerçant qui vend des produits marqués non authentiques même de bonne
foi est contrefacteur par usage d’une marque contrefaite.
On rencontre d’autres situations dans lesquelles l’usage de la marque est illicite
alors qu’il n’y a pas préalablement reproduction illicite de la marque. L’usage
contrefaisant de la marque intéresse donc des produits authentiques.
A ce titre, la pratique consistant à promouvoir des produits, par référence à des
produits marqués, constitue un usage illicite. C’est ainsi que les tableaux de
concordance qui consiste à présenter un parfum par comparaison à un parfum
renommé, sont constitutifs de contrefaçon par usage non autorisé de la marque.
De même, est sanctionnée la pratique des marques d’appel qui repose sur des
messages publicitaires mettant l’accent sur des produits marqués alors que le
commerçant n’a pas de stocks suffisants, et détournera la clientèle vers des
produits concurrents. A également été condamné pour usage illicite, la vente
hors du réseau de distribution sélective de produits marqués.
d- la suppression ou la modification
Constitue enfin un acte de contrefaçon, le fait pour un commerçant, de mettre
sur le marché un produit authentique dont la marque a été supprimée ou
modifiée sans l’autorisation du titulaire du droit.
2-les actes interdits s’ils comportent un risque de confusion
Sont interdits sauf autorisation du propriétaire, s’il peut en résulter un risque de
confusion dans l’esprit du public :
a- la reproduction, l’usage ou l’apposition d’une marque, ainsi que l’usage d’une
marque reproduite, pour des produits ou services similaires à ceux désignés dans
l’enregistrement ;
b- l’imitation d’une marque et l’usage d’une marque imitée, pour des produits
ou services identiques ou similaires à ceux désignés dans l’enregistrement.
La contrefaçon implique ici un risque de confusion dans l’esprit du public sur
l’origine des produits ou services. La confusion effective n’est pas nécessaire,
seul le risque suffit à caractériser l’acte illicite. Selon la jurisprudence, le risque
de confusion s’apprécie par rapport au client d’attention moyenne. Il appartient
au titulaire de la marque qui agit en contrefaçon d’apporter la preuve du risque

Proposé par M. ANOH Kouao Léon, enseignant au Groupe ITA Ingénierie SA 28


COURS DE DROIT DES MARQUES ET DE PROPRIETE

de contrefaçon. Les juges du fond sont également tenus de motiver leurs


décisions sur ce point.
- l’imitation de la marque et usage de marque imitée
La loi permet de sanctionner les comportements de certains qui, sans réaliser de
copie servile ou quasi-servile de la marque, s’en rapproche suffisamment pour
faire naître un risque de confusion entre les produits. L’imitation s’apprécie dans
ses ressemblances et non dans ses différences. Elle peut découler d’une
ressemblance visuelle, sonore ou intellectuelle entre les signes. Constitue ainsi
une imitation :
 par analogie phonétique ;
 par imitation intellectuelle : « la vache sérieuse » et « la vache qui rit »
 par synonymie : « La lessive du chirurgien » et « la lessive du Docteur »
- la contrefaçon par exploitation de la marque pour des produits ou services
similaires
La loi interdit également les actes de reproduction, d’apposition, d’usage de
marque ou d’imitation sans l’autorisation du propriétaire de la marque quand ces
actes sont réalisés pour des produits ou services similaires à la condition qu’il en
résulte un risque de confusion.
Le législateur élargit ainsi le domaine de protection de la marque naturellement
aménagé pour les produits identiques, aux produits similaires s’il peut en
résulter dans l’esprit de la clientèle un risque de confusion.
Par cette extension, il s’agit autant de permettre au propriétaire de la marque de
se protéger contre des comportements déloyaux de ses concurrents que de
défendre la fonction de garantie d’origine de sa marque.
Aucun texte ne définit la notion de produits ou services similaires. La
jurisprudence considère que des produits ou services sont similaires lorsque la
clientèle leur attribue la même origine en raison de leur nature, de leur
destination, de leur mode de production ou commercialisation. Il peut s’agir
aussi de produits ou services qui sont dans l’esprit du public substituables. Par
exemple ont été jugés similaires, des vêtements et des chaussures, des cognacs et
des armagnacs,
des bateaux et des planches à voile, des appareils de communication et des
services de communication.

Proposé par M. ANOH Kouao Léon, enseignant au Groupe ITA Ingénierie SA 29


COURS DE DROIT DES MARQUES ET DE PROPRIETE

2- les actes autorisés par la loi


Le monopole sur la marque connaît des limites par effet de la loi. En effet,
certains actes d’exploitation peuvent être effectués sans autorisation préalable du
propriétaire.
a- exploitation pour identifier des accessoires ou pièces détachées
Ainsi, l’on peut faire utilisation du même signe ou d’un signe similaire comme «
référence nécessaire pour indiquer la destination d’un produit ou d’un service,
notamment en tant qu’accessoire ou pièce détachée, à condition qu’il n’y ait pas
de risque de confusion dans leur origine »
Le fournisseur de pièces détachées ou d’accessoires est contraint d’indiquer leur
destination par référence aux produits marqués (par exemple pour des lames de
rasoir). Cette exploitation par le tiers est cependant tolérée, à la condition qu’elle
ne fasse pas naître un risque de confusion, sur l’origine des accessoires ou
pièces.
b- exploitation par un tiers titulaire d’un droit antérieur
La loi prévoit que le titulaire de la marque ne peut s’opposer à l’utilisation de
celle-ci comme dénomination sociale, nom commercial ou enseigne lorsque
cette utilisation préexistait à l’enregistrement ou lorsqu’elle est le fait d’un tiers
utilisant son patronyme. Comme précédemment, le titulaire peut cependant
demander que cette utilisation fasse l’objet d’un aménagement ou soit interdit
s’il existe un risque de confusion pour le consommateur.
A savoir : ce qui est autorisé par le droit de la marque
La loi autorise l’exploitation de la marque :
 pour répertorier les pièces détachées relatives au produit revêtu de la
marque ;
 pour une marque constituée par une dénomination sociale, un nom
commercial ou une enseigne lorsque cette utilisation préexistait à
l’enregistrement ou lorsqu’elle est le fait d’un tiers utilisant son
patronyme ;
 pour la publicité comparative ;
 après épuisement du droit de la marque : sur le marché le droit s’est
épuisé avec la première mise en circulation des produits ;

Proposé par M. ANOH Kouao Léon, enseignant au Groupe ITA Ingénierie SA 30


COURS DE DROIT DES MARQUES ET DE PROPRIETE

 lorsqu’il y a cession de la marque à un tiers par le propriétaire de la


marque ;
 lorsqu’il y a licence de marque, c’est à dire un contrat par lequel le
licencié est autorisé à utiliser de la marque, avec ou sans exclusivité,
contre paiement d’un prix. La licence de marque répond à la qualification
de la location.
c- exploitation pour la publicité comparative
La publicité comparative est licite sous réserve du respect de certaines
conditions. Aussi, faut-il bien admettre que la citation de la marque d’autrui
nécessaire pour la comparaison des produits et des services est elle-même licite.
Toutefois, dès que le commerçant sortira du cadre autorisé pour la publicité
comparative, et par exemple, réalisera une publicité trompeuse pour le
consommateur, la citation ne sera plus justifiée par la loi ; la contrefaçon sera
consommée.
3- La protection des marques renommées
La loi prévoit que « L’emploi d’une marque jouissant d’une renommée pour des
produits ou services non similaires à ceux désignés dans l’enregistrement engage
la responsabilité civile de son auteur s’il est de nature à porter préjudice au
propriétaire de la marque ou si cet emploi constitue une exploitation injustifiée
de cette dernière ». Ainsi, lorsque la marque est exploitée par un tiers sans
autorisation, dans une autre sphère d’activité, la voie de l’action en contrefaçon
est fermée en vertu du principe de spécialité du droit des marques.
Toutefois, si l’on peut prouver le caractère renommé de la marque, le
propriétaire trouve une protection dans l’action en responsabilité civile, à la
condition de démontrer soit qu’un préjudice découle de cette exploitation soit le
caractère injustifiée de l’exploitation. Cette action permet au propriétaire de
faire interdire l’usage du signe par le tiers et d’obtenir une réparation pécuniaire
pour le dommage subi.
La définition de la marque renommée donnée par les juges n’est pas très
exigeante puisqu’elle est celle connue du large public ciblé pour les produits
couverts par le signe. Cette définition s’impose en droit interne. Pour prouver le
caractère renommé de la marque, des critères tels la part de marché des produits
marqués, les investissements publicitaires…peuvent être utiles.

Proposé par M. ANOH Kouao Léon, enseignant au Groupe ITA Ingénierie SA 31


COURS DE DROIT DES MARQUES ET DE PROPRIETE

Les produits de luxe sont en général distribués sous des marques renommées.
Cette disposition interdit toute tentative de parasitisme de la part des
professionnels qui tenteraient de détourner la notoriété du signe pour profiter de
la clientèle attachée à ce signe.
En pratique, le titulaire de la marque trouve une protection efficace sur le
fondement de la marque renommée contre le déposant d’un nom de domaine
identique ou similaire alors que le site n’est pas marchand ou relève d’une autre
sphère de spécialité. Par exemple, l’enregistrement du nom de domaine «
decathlon.pl » pour un site non marchand et dénigrant systématiquement la
pratique du sport n’est pas constitutif d’une contrefaçon de la marque
« décathlon » mais relève de l’emploi injustifié de la marque renommée qui
ternit son image basée sur la pratique du sport et les bienfaits qui en résultent.

CHAPITRE II- LA PROCEDURE DE LA CONTREFACON

I-LA CONTREFACON : UNE VIOLATION DES DROITS D'AUTEUR

Proposé par M. ANOH Kouao Léon, enseignant au Groupe ITA Ingénierie SA 32


COURS DE DROIT DES MARQUES ET DE PROPRIETE

La contrefaçon peut se définir comme une utilisation d’une œuvre de l’esprit en


violation des droits de son auteur. En effet, lorsqu’une œuvre est protégée par un
droit de propriété intellectuelle son auteur dispose de droits moraux et de droits
patrimoniaux. Les droits moraux sont au nombre de quatre. Il s'agit tout d'abord,
du droit de divulgation qui permet à l'auteur de choisir le moment opportun pour
faire connaitre son œuvre au grand public. Vient ensuite, le droit à la paternité
de l'œuvre, c'est-à-dire, le droit pour son auteur de voir son nom et sa qualité
(titres, grades, distinctions...) reconnue et accolés à l'œuvre. De même, le droit
au respect de l'œuvre doit lui permettre d'en garantir l'esprit et l'intégrité
physique. Enfin, le droit de repentir et de retrait lui permettent de remanier son
œuvre ou d'en cesser l'exploitation. Seule la présence d'un éventuel cessionnaire
pourra limiter l'exercice de ce dernier droit.
Les droits patrimoniaux quant à eux, sont au nombre de trois. Il s'agit des droits
sur la diffusion, la reproduction et la représentation d’une œuvre. Seul le titulaire
des droits patrimoniaux pourra exploiter l’œuvre. La violation de ces droits
d’auteur pourra entraîner l’ouverture d’une action en contrefaçon. La Cour de
cassation a même une conception plus large à travers la notion « d’acte
d’exploitation ».

II-LA PROTECTION CONTRE LES ACTES DE CONTREFAÇON

La contrefaçon est un délit correctionnel et un fait générateur de responsabilité


civile. Au pénal comme au civil, le délit comporte un élément matériel, mais
c’est seulement au pénal qu’il doit être complété par l’élément moral. Pour ce
qui est de l’action pénale, celle-ci s’appuie sur les articles L.335-2 à L.335-3 du
Code de la propriété intellectuelle et de l’article 319 du code pénal ivoirien.
L’élément matériel, c’est l’utilisation de l’œuvre sans autorisation, soit comme
évoqué plus haut, la reproduction, la diffusion, ou la représentation de l’œuvre.
A noter qu’en matière de contrefaçon par reproduction, en cas de doute, le juge
devra se baser sur les ressemblances existantes entre les deux œuvres mises en
causes et non sur leurs différences. Pour ce qui est de l'élément intentionnel,
celui-ci doit exister mais il est présumé. Il s’agit d’une présomption simple, il
appartiendra donc au contrefacteur d’apporter la preuve de sa bonne foi. Au civil
l’élément intentionnel ne sera pas nécessaire puisque la mauvaise foi est
indifférente.

Proposé par M. ANOH Kouao Léon, enseignant au Groupe ITA Ingénierie SA 33


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III-LES SANCTIONS

Pour ce qui est des sanctions, au civil le prévenu encourt le paiement de


dommages-intérêts voir des mesures restitutives visant à faire cesser les actes
condamnés. Au pénal les articles L.335-2 à L.335-4 du Code de la propriété
intellectuel prévoient des peines de 3 ans d’emprisonnement et 300 000 euros
d’amende. Des peines complémentaires peuvent également être prononcées,
telles que la confiscation des exemplaires contrefaisant, ou l’affichage et la
publication du jugement aux frais du condamné. Une procédure de saisie
contrefaçon pourra ainsi être initiée par le juge afin de faire cesser les atteintes
aux droits d'auteur.
Quant au droit ivoirien, la peine au sens de l’article 319 du code pénal est de
100000 à 1000000 de francs et d’un emprisonnement de 3mois à 3 ans ou de
l’une de ces deux peines seulement.

PARTIE IV- LES ATTEINTES AU DROIT DES MARQUES AUTRES


QUE LA CONTREFACON

CHAPITRE I- LA CONCURRENCE DELOYALE ET PARASITAIRE

Proposé par M. ANOH Kouao Léon, enseignant au Groupe ITA Ingénierie SA 34


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I-LA CONCURRENCE DELOYALE

1-Définition
Une action en concurrence déloyale peut prendre plusieurs formes et se définit
selon des contextes variés. Cependant, nous pouvons généraliser une
concurrence déloyale comme le fait d’avoir des pratiques abusives dans un
marché en ayant des actions qui nuisent directement les concurrents. La rivalité
entre des acteurs du même marché peut exister sans qu’une concurrence
déloyale soit effective.
2-Les actes de concurrence déloyale
a- La confusion de la marque
Nous pouvons considérer qu’il y a deux victimes dans un acte de confusion de
marque. La première est le client qui pense acheter un produit ou un service
d’une marque, alors que ce n’est pas du tout le cas. Il est trompé dans son acte
d’achat, et est susceptible d’être déçu de son expérience en raison d’une qualité
moins convaincante. Une pratique de confusion de marque se fait par exemple
par la création d’un site internet dont les noms sont étrangement similaires à un
service déjà existant. La similarité est alors volontaire et n’est faite que pour
attirer une clientèle dupée.
b- Le dénigrement commercial
D’origine jurisprudentielle, le dénigrement est une pratique de concurrence
déloyale sanctionnée par le code civil. Il consiste pour un salarié, un associé ou
un concurrent à jeter le discrédit sur l’entreprise ou un autre concurrent, en
répandant à son propos ou à celui de ses produits ou services, des informations
malveillantes.
Toutefois, il faut faire la différence entre le dénigrement commercial et la
diffamation. En effet, le dénigrement commercial et la diffamation sont deux
infractions similaires et souvent confondues, pour autant elles diffèrent l’une de
l’autre au regard de leurs éléments.
Tout d’abord, la diffamation est définie par la loi sur la liberté de la presse et
punie par la loi pénale sur la base de la responsabilité pénale. Alors que le
dénigrement est prévu par l’acte uniforme portant droit commercial général et
sanctionné par le code civil sur la base de la responsabilité civile.

Proposé par M. ANOH Kouao Léon, enseignant au Groupe ITA Ingénierie SA 35


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Aussi, le dénigrement peut être seulement le fait d’un concurrent ou d’un salarié
alors que la diffamation peut être le fait de toute personne.
c- La désorganisation du marché
La désorganisation vise principalement les hypothèses de débauchage de
personnel du concurrent ou du démarchage de sa clientèle. Cette notion
jurisprudentielle permet aux juges d’élargir le champ des sanctions en y
intégrant les cas de désorganisation d’un réseau de distribution par exemple.
Le débauchage de personne est qualifié lorsqu’il existe des manœuvres illicites.
Un nouvel employeur pourrait par exemple être jugé coupable de concurrence
déloyale lorsqu’en connaissance de cause, il embauche un salarié qui est encore
tenu par un contrat comportant une clause de non concurrence. Dans ce type
d’hypothèse, il y a manœuvre frauduleuse et le but du nouvel employeur est de
connaitre les secrets de fabrication ou les méthodes commerciales de son
concurrent.
Le débauchage de clientèle a également pour effet de désorganiser l’entreprise.
Ce peut être le fait d’un agent économique qui, en connaissance de cause,
exécute une commande appartenant à un concurrent. Il peut aussi approcher les
clients afin qu’ils résilient leurs commandes déjà passées auprès d’un
concurrent. Par ces actions, il se rend coupable d’agissements constitutifs de
concurrence déloyale.

II-LE PARASITISME ECONOMIQUE

1-Définition
Si une entreprise parle d’un de ses concurrents afin de tirer profit à partir de la
réputation de ce dernier, on parle alors de parasitisme. En effet, celui qui se rend
coupable de parasitisme cherche à attirer de nouveaux clients grâce à la notoriété
d’un concurrent. Ce sont donc des clients que la victime aurait pu garder. Il
s’agit par exemple de proclamer des services aussi bons que ceux d’une société,
alors que cette dernière n’a rien demandé et qu’elle a une position dominante sur
le marché. Le parasite attire l’attention sur lui uniquement grâce à l’intérêt du
public pour la marque citée.
2-La protection contre les agissements parasitaires,

Proposé par M. ANOH Kouao Léon, enseignant au Groupe ITA Ingénierie SA 36


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Ces agissements peuvent être poursuivis dans le cadre du régime général de


responsabilité civile régie par les articles 1382 et 1383 du Code civil. L’action
pourra être ouverte dès lors qu’il y a reprise fautive d’une idée d’un tiers, portant
préjudice à autrui. À noter également qu’à la différence d’une action en
concurrence déloyale la théorie des agissements parasitaires n’impose aucune
situation concurrentielle entre les acteurs de l’action.
3-Parasitisme et contrefaçon: deux actions complémentaires
La différence entre ces deux actions tient avant tout à la qualité pour agir. En
matière de contrefaçon l’action est ouverte à l’auteur de l’œuvre ou à ces ayants
droits. A contrario l’action en agissements parasitaires peut être exercée par
toute personne ayant un intérêt légitime à agir. La victime n’a donc pas besoin
d’être propriétaire du bien ou titulaire d’un droit direct sur ce bien. Cela
permettra notamment au distributeur ou au licencié d’agir, chose qui ne leur est
pas permise sur le terrain de l’action en contrefaçon. De même, lorsque l’auteur
s’est dépouillé de ses droits au profit d’un cessionnaire, qui reste inactif, l’action
en parasitisme pourra être une solution. Enfin, même si une création ne donne
prise à aucun droit d’auteur, sa reprise pourra être sanctionnée au titre des
agissements parasitaires. La théorie des agissements parasitaires pourra
également être utilisée en droit des marques où l’action en contrefaçon est
soumise au principe de spécialité et ne permet de protéger les œuvres que dans
les catégories pour lesquels la marque a été déposée auprès de l’OMPI. Il faut
bien noter qu’on ne peut pas agir sur les deux fondements pour les mêmes faits
et qu’il faudra donc choisir l’action la plus appropriée.

CHAPITRE II- L’USURPATION D’UN DROIT DE MARQUE PAR UNE


MANŒUVRE FRAUDULEUSE

I-DEFINITION

Proposé par M. ANOH Kouao Léon, enseignant au Groupe ITA Ingénierie SA 37


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La marque de fabrique, de commerce ou de service est un signe susceptible de


représentation graphique servant à distinguer les produits ou services d’une
entreprise. Après enregistrement à l’institut national pour la propriété
industrielle (l’INPI) en France ou de L’organisation africaine pour la protection
intellectuelle (OAPI) en Afrique, le titulaire de la marque en devient le
propriétaire et celle-ci est protégée.
Alors, la propriété confère au titulaire un droit d’utilisation exclusif sur sa
marque, ainsi que le droit de vendre ou de concéder ses droits de propriétés à
une personne tierce. Il faut donc comprendre que l’utilisation d’une marque
déposée ne peut se faire sans l’autorisation de son titulaire. La loi dispose que
tous les actes de reproduction, d’appropriation et d’imitation sont visés par cette
interdiction. Si un tiers utilise la marque sur ses produits ou dans son commerce,
il se rend coupable de délit de contrefaçon.

II-LA SANCTION

Le délit d’usurpation de marque est puni par la loi française d’un minimum de 3
ans d’emprisonnement et de 300000 euros et par la loi pénale ivoirienne en son
article 319 à une peine privative de liberté de 3 mois à 3 ans et d’une amende de
100000f à 1000000fcfa ou de l’une de ces deux peines. Dans ce cas, le titulaire
pourra engager une action en contrefaçon afin de faire cesser l’utilisation
frauduleuse. Le tiers encourt plusieurs sanctions dont le paiement d’une amende,
le retrait des marchandises sur lesquels la marque est apposée ou encore leur
saisie par un huissier.
La sanction appliquée s’explique par l’importance de la protection de la marque
à l’égard des consommateurs. Pour beaucoup, la marque est garante de la qualité
du produit mais également de sa traçabilité. De même, une utilisation
frauduleuse a pour conséquence de tromper le consommateur sur les qualités
essentielles des produits ainsi que sur son origine. En plus du délit de
contrefaçon, la personne responsable se rend coupable d’actes de tromperie
également condamnable par la loi.
Avant d’utiliser la marque d’un tiers, il est donc obligatoire de prendre contact
avec le titulaire de la marque en question et lui demander son autorisation
préalable. Dans un souci de preuve, l’autorisation sera délivrée par écrit et sera

Proposé par M. ANOH Kouao Léon, enseignant au Groupe ITA Ingénierie SA 38


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signée des deux parties afin d’éviter tout conflit futur. L’utilisateur devra
cependant respecter les termes de l’autorisation, sinon il s’agira d’une violation
contractuelle également punie par la loi.

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