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Un certain nombre de pays excluent de la brevetabilité les inventions dont

l’exploitation commerciale encouragerait des comportements choquants et immoraux


et porterait atteinte à l’ordre social. Ainsi qu’il est indiqué ci-dessus, bien que le fait
d’exclure ces inventions de la brevetabilité n’entraîne pas directement l’interdiction de
leur fabrication et de leur utilisation, de nombreux pays excluent ces inventions de la
brevetabilité afin que leur exploitation, si elle est contraire à l’intérêt général, ne soit
pas encouragée par le système des brevets. Il apparaît que certaines législations
nationales utilisent le terme “ordre public” en anglais alors que d’autres utilisent le
terme “public order”. Dans le présent document, ces deux termes sont considérés
comme ayant la même signification.

Certaines législations nationales prévoient expressément que les inventions qui causent
un préjudice grave à la santé ou à la vie des êtres humains ou des animaux, ou qui sont
nuisibles à la préservation des végétaux ou à la protection de l’environnement, sont
exclues de la brevetabilité. De manière plus large, ces inventions peuvent aussi être
considérées comme contraires à l’ordre public et aux bonnes mœurs dans les ressorts
juridiques qui ne prévoient pas une protection spécifique.

Chapitre I : la non brevetabilité des méthodes chirurgicales ou


thérapeutiques ou de diagnostic

L'interdiction de brevetabilité existe depuis des décennies dans le droit des brevets.
Elle vise en premier lieu à maintenir librement accessible à tout un chacun pour une
exploitation commerciale les nouvelles technologies ou innovations. C'est ainsi que les
méthodes chirurgicales, thérapeutiques et diagnostiques appliquées au corps humain
ou animal ne sont pas brevetables. Par conséquent, tout médecin ou thérapeute peut
recourir librement à ces techniques.
Les méthodes de traitement chirurgical ou thérapeutique du corps humain ou animal et
les méthodes de diagnostic appliquées au corps humain ou animal étaient à l’origine
exclues de la brevetabilité comme n’étant pas susceptibles d’application industrielle. Il
apparaît toutefois que cette exclusion répond davantage à des préoccupations de santé
publique.
Section 1 : Méthodes de traitement chirurgicales

On entend par “méthode de traitement chirurgical” toute méthode, effectuée sur un


corps humain ou animal vivant :

 Correspondant à une intervention physique/invasive substantielle pratiquées


sur l’organisme,

 Exigeant un savoir-faire médical spécialisé,

 Comportant un risque considérable pour la santé, même s’il est fait preuve
de la diligence professionnelle et de l’expertise requises.

Ainsi, cette définition est une définition dynamique et doit être analysée au cas par cas
en fonction des évolutions technologique. Par exemple, le fait qu’un produit de
contraste puisse être injecté par voie intraveineuse par un professionnel paramédical
qualifié est un indice que cette injection est une intervention routinière sans grand
risque pour la santé (et donc n’est pas une méthode chirurgicale).

Pour être exclue de la brevetabilité, la méthode revendiquée doit comporter au


moins une étape chirurgicale :

Une seule suffit pour justifier une exclusion. De plus, l’exclusion n’est pas limitée aux
seules interventions à visées thérapeutiques.

En revanche, ne sont pas exclus :

o Le tatouage,

o Les piercings,

o L’épilation par rayonnement optique,

o La micro-abrasion de la peau.
Section 2 : Méthodes de traitement thérapeutique

La thérapie suppose la guérison d'une maladie ou d'un dysfonctionnement organique et


comprend les traitements prophylactiques comme, par exemple, l'immunisation contre
une certaine maladie ou l'élimination de la plaque dentaire. Une méthode à but
thérapeutique, qui porte sur le fonctionnement d'un appareil en contact avec un corps
humain ou animal vivant, n'est pas exclue de la brevetabilité s'il n'existe aucun rapport
fonctionnel entre les opérations liées à l'emploi de l'appareil et l'effet thérapeutique
exercé sur le corps par celui-ci.

Les méthodes thérapeutiques couvrent :

Les traitements curatifs permettant ou visant la guérison d’une maladie ou d’un


dysfonctionnement organique ;

Les traitements prophylactiques (qui protègent d’une maladie sans pour autant l’avoir
comme les vaccins, qui évitent l’apparition de carie grâce à l’élimination de la plaque
dentaire.

Section 3: Méthode de diagnostic

De même, les méthodes de diagnostic n'englobent pas toutes les méthodes liées au
diagnostic.

Afin de déterminer si une revendication porte sur une méthode de diagnostic, qui est, à
ce titre, exclue de la brevetabilité, il convient tout d'abord d'établir si la revendication
comporte toutes les étapes nécessaires.

Une méthode de diagnostic est une méthode comportant toutes les étapes suivantes :

La phase d’investigation, qui implique le recueil de données sur le corps humain ;

La comparaison de ces données avec les valeurs normales ;

La constatation d’un écart significatif (symptôme) lors de cette comparaison ;


L’attribution de cet écart à un tableau clinique particulier, à savoir la phase de décision
déductive en médecine humaine ou vétérinaire (le diagnostic à finalité curative stricto
sensu). Il n’est pas nécessaire que cette étape aboutisse à la déduction de la maladie
d’origine.

Pour être exclue de la brevetabilité, la méthode doit être appliquée au corps humain ou
animal. Ainsi, n’est pas exclu :

Une méthode appliquée sur un corps mort ;

Une méthode appliquée sur des tissus et/ou liquides corporels non réintroduits dans
l’organisme.

Chapitre II : Variétés végétales, races animales

L’article 24 de la loi 17-97 relative à la protection de la propriété industrielle telle que


modifiée et complétée par la loi 31-05 dans son paragraphe c dispose que :

Les brevets ne sont pas délivrés pour :

….. c) les variétés végétales ou les races animales ainsi que les procédés
essentiellement biologiques d’obtention de végétaux ou d’animaux, cette disposition
ne s’appliquant pas aux procédés microbiologiques et aux produits obtenus par ces
procédés ;

Section 1 : Variétés végétales

Il existe deux grands types de propriété industrielle pour les innovations végétales : les
brevets et les certificats d’obtention végétale
Les variétés végétales possèdent déjà un système de protection particulier : les
obtentions végétales sont définies par la convention internationale pour la protection
des obtentions végétales
La protection des obtentions végétales répondant à un certain nombre de critères est
octroyée, pour une période définie, aux obtenteurs afin de reconnaître leur créativité et
de les encourager à développer de nouvelles variétés susceptibles d’améliorer les
rendements et la qualité des plantes pour l’agriculture, l’horticulture et la sylviculture.
Pour qu’une obtention végétale puisse être protégée, elle doit satisfaire à cinq
conditions, dont deux d’ordre juridique ou administratif : (1) la nouveauté, à vérifier
en s’assurant que la variété n’a pas été déjà commercialisée ; (2) la dénomination
appropriée, qui deviendra sa dénomination générique. Les trois autres sont des critères
d’évaluation technique à faire valider par un expert : (3) la distinction, qui permet de
s’assurer que la variété est très différente de celles déjà connues jusqu’à la date du
dépôt de la demande ; (4) l’homogénéité, vérifiant que la variété est suffisamment
uniforme dans ses caractères pertinents ; (5) la stabilité, qui indique que ces derniers
restent inchangés à la suite des reproductions et multiplications successives.

Section 2 : Races animales

La maîtrise des biotechnologies a conduit, à partir des années 80, à la création


d’animaux génétiquement modifiés. Les chercheurs, en maîtrisant le vivant, ont pu
créer des modèles animaux avec des spécificités liées à la manipulation génétique
opérée.
La race animale est exclue du domaine brevetable par les différentes normes
applicables en droit des brevets. De facto, il est nécessaire de savoir ce que recouvre la
notion de race animale.
Sans définition textuelle, sans définition unique et indiscutable de la race animale, on
peut se demander comment comprendre la portée de l’exclusion. C’est une exclusion
due à la tradition car pendant longtemps on pensait qu'on ne pouvait pas obtenir de
brevets sur les races animales car on était en présence d'un procédé naturel.
Aujourd'hui grâce aux manipulations génétiques il est possible de prédire telle ou telle
chose d'un animal. Cependant les races animales ne sont pas brevetables pour des
raisons morales.

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