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livre blanc 14

investissements
internationaux

ADI/ILA ANS/YEARS
coordinateurs
Claire Crépet Daigremont
Maître de conférences, Université Paris-Panthéon-Assas, France

Arnaud De Nanteuil
Professeur, Université Paris Est Créteil, France

assistante
Elise Ruggeri Abonnat

informations auteurs
Maître de conférences à l’Université de Lille, France

comité de pilotage
(par ordre alphabétique)

Diana Corea
Professeure à l’Université Externado de Colombie
et Avocate en arbitrage international, Colombie

Maria Filatova
Maître de conférences à l’École supérieure d’économie
de l’Université de Moscou, Russie
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sommaire

Jean Ho Qing Ying


Professeur associé à l’Université de Singapour, Singapour

Gérard Niyungeko
Ancien Vice-Président de la Cour africaine des droits de l’homme,
Membre du Panel des arbitres du Centre international de règlement
des différends relatifs aux investissements,
Conseil en règlement international des différends, Burundi
informations auteurs

1. état des lieux page 7

2. les défis page 21

3. les questions page 71

annexe page 81
1.
état des lieux
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état des lieux

Le droit international des investissements est étroitement lié à applicable à l’investissement, qui a continué à gagner en
la question de la protection internationale des étrangers et de importance avec l’expansion de l’économie mondiale, l’émergence
leur propriété. En toute rigueur, le droit international des inves- et le développement de difficultés dans le cadre de la
tissements est apparu récemment, dans les années 1960, avec décolonisation, la question de l’intégration des pays en transition
la création du CIRDI dans le cadre de la Banque Mondiale et dans l’ordre économique international et la multiplication, de
avec la conclusion de centaines, puis de milliers, de traités bi- nos jours, des accords de libre-échange3 . En outre, les dernières
latéraux de protection et de promotion de l’investissement décennies ont été marquées par un phénomène de privatisation
étranger1. L’origine de ces règles est ancienne, toutefois, puisque puissant dans de nombreux secteurs économiques, lequel a
depuis le 17 ème
siècle les États sont tenus de respecter les conduit à un accroissement sensible des flux d’investissement.
étrangers et leurs biens2 . Depuis lors, la protection des inves- Dans de nombreux États, certaines activités de service public
tissements étrangers trouve sa source dans différents aspects sont gérées ou administrées par des investisseurs étrangers 4 .
des relations économiques internationales : les anciens traités Ce développement a rendu nécessaire la mise en place d’un
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de commerce et plus tard les conventions relatives à cadre de protection des investissements, plus particulièrement
l’établissement ont largement inspiré le régime international au cours des années 1980 et 1990.

Si le débat sur les questions liées au droit international des


investissements fut longtemps confiné à un petit nombre de
spécialistes, il a récemment fait son entrée dans la sphère pu-
Note 1 Sur l’histoire du droit des investissements, v. par exemple C. Leben, « La théorie du
contrat d’Etat et l’évolution du droit international des investissements », Recueil des cours de l’Aca-
démie de droit international de La Haye, vol. 302, 2003, pp. 197-386. Pour une approche plus
historiographique, v. S. Schill, C.Tams, R. Hofmann (eds), International investment law and history,
Elgar (2018).
Note 3 Sur les différentes « sources » du droit des investissements, v. J. Viñuales (dir.), The
Foundations of International Investment Law, Oxford University Press, 2014.
Note 2 Pour une approche synthétique, v. M. Paparinskis, The international Minimum Stan-
dard and Fair and Equitable Treatment, Oxford University Press (2013), pp. 20-30, ainsi que les
références indiquées dans le texte. V. également D. Anzilotti, « La responsabilité internationale des Note 4 L. Dickinson, « Public law values in a privatized word », The Yale journal of international
Etats à raison des dommages soufferts par les étrangers », R.G.D.I.P. vol. 13, 1906, pp. 5-29. law, vol. 31, 2006, p.383-426.
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état des lieux

blique de manière spectaculaire. L’arbitrage international comme Au XXème siècle, les tentatives avortées d’adopter un accord
mode de règlement des différends entre investisseurs et États multilatéral sur l’investissement pourraient avoir compromis
(RDIE) est désormais observé de près 5 . Toutefois, au-delà des les chances d’aboutir à une multilatéralisation de ce droit7. Les
différentes initiatives destinées à réformer le RDIE (visant no- développements ont donc toujours aujourd’hui lieu dans un
tamment à accroitre la transparence et la cohérence des déci- cadre bilatéral ou plurilatéral restreint, en particulier dans le
sions entre elles), il semble que les critiques révèlent des divisions cadre de la négociation de ce qu’il est aujourd’hui convenu
bien connues entre les différents acteurs : l’opposition Nord / d’appeler les traités de commerce et d’investissement de nou-
Sud, jamais totalement dépassée, la division Nord / Nord au velle génération 8 . Beaucoup de ces instruments sont signés
sujet du niveau de libéralisation de l’investissement internatio- entre pays développés aussi bien qu’entre pays en développe-
nal et aujourd’hui une division entre intérêts publics et privés ment et cherchent à parvenir à une approche plus équilibrée
qui se traduit en particulier par le débat sur la nécessité de du droit des investissements.
préserver les facultés pour l’État d’agir dans le sens de l’intérêt
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L’investissement international et le droit international des in-
général6 . Chacun des acteurs de l’investissement international
vestissements sont donc au cœur d’un processus d’évolution
(États, entreprises transnationales, organisations non gouver-
nementales) défend une approche différente qu’il semble dif-
ficile de réconcilier entre elles.

Il n’est pas excessif d’affirmer que le droit international des Note 7 SFDI, L’accord multilatéral sur l’investissement: d’un forum de négociation à l’autre ?

investissements est aujourd’hui à un tournant de son histoire. Paris, Pedone, 1999. Mais une forme de multilatéralisation matérielle pourrait être en train de se
produire cependant, v. S. Schill, The Multilateralization of International Investment Law, Cambridge
University Press (2009). On peut se demander également si l’émergence d’une nouvelle génération
de traité ne pourrait pas participer à cette multilatéralisation, v. J. Beechey, A. Crockett, « New gene-
ration of Bilateral investment treaties : consensus or divergence ? », in A. Rovine (ed.), Contempo-
rary issues in international arbitration and mediation. The Fordham papers 2008, Leiden, Nijhoff,
Note 5 V. par exemple Corporate European Observatory, Profiting from injustice. How law 2009, pp. 5-26.
firms, arbitrators and financiers are fuelling an arbitration boom, Bruxelles, 2012.

Note 8 CNUCED, Towards a New Generation of Investment Policy, UNCTAD IIA Issue Notes,
Note 6 V. C. Titi, The right to regulate in international investment law, Nomos (2014), 240 p. 2013-5, 12 p.
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porteur de nombreux défis. Ces défis sont bien connus et • Parvenir à un équilibre entre les intérêts des pays
identifiés. Il ne fait aucun doute que le futur de l’investissement développés et des pays en développement
et du droit qui lui est applicable sera (et a déjà commencé à
• L’investissement et l’intérêt général11 :
l’être) très largement influencé par la nécessité de tenir compte
des besoins suivants : • Garantir un équilibre satisfaisant entre le besoin de
protection de l’investissement international et celui
• L’investissement et l’environnement 9 :
de protéger les droits de l’État
• Prendre en compte les enjeux sociaux et environne-
• Prendre en compte l’impact social positif de certains
mentaux dans la promotion et la protection de l’in-
investissements tout en réduisant l’impact négatif
vestissement
de certains autres sur le plan social et environne-
• S’assurer que l’investissement soit un levier en faveur, mental
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et non une menace contre la transition vers une
• Tenir compte des intérêts des populations locales
économie plus verte
lorsque l’investissement est réalisé sous forme d’in-
• L’investissement et le développement durable10 : frastructures physiques ou minières en particulier

• S’assurer que l’investissement soit réalisé dans une • Engager une réflexion sur le besoin d’ajuster la pro-
logique de développement durable tection en fonction de la nature de l’investissement
et sa contribution au développement de l’État d’ac-
cueil (en distinguant l’investissement purement fi-

Note 9 J. Viñuales, Foreign Investment and the Environment in International Law, Cambridge,
CUP, 2012, 474 p.

Note 11 L. Dickinson, « Public law values in a privatized word », The Yale journal of international
Note 10 Ibid. law, vol. 31, 2006, p.383-426.
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nancier et l’investissement qui crée effectivement de nisme de règlement des différends à travers la créa-
l’activité ou de la richesse sur le territoire de l’État) tion éventuelle d’une cour permanente

• Incitations à l’investissement12 : • Assurer que les décisions ou sentences rendues sont


effectivement mises en œuvre
• Réévaluer la relation entre l’existence d’un système
de protection des investissements et l’accroissement Bien que le droit international des investissements ait déjà com-
des flux d’investissement mencé à prendre en compte ces différents besoins, beaucoup
d’entre eux doivent encore être appréhendés. L’état du droit
• Identifier les éléments incitatifs réels et précis
positif sur ces différents sujets peut être résumé comme suit :
• Réconcilier l’investissement international et la ten-
• Investissement et environnement:
dance actuelle à la renationalisation et relocalisation
des activités économiques • Introduction de clauses environnementales dans les
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page 15
traités14 :
• Règlement des différends13 :
• Clauses garantissant le pouvoir réglementaire de
• Améliorer l’indépendance et l’impartialité du méca-
l’État en faveur de l’environnement

• Clauses invitant les investisseurs à s’engager dans


une démarche de responsabilité sociale
Note 12 Sur le lien entre les traités de protection et les flux d’investissement, v. M. Hallward-Drie-
meier, « Do bilateral investment treaties attract foreign direct investment ? Only a bit...and they • Clauses invitant les États à ne pas baisser leurs stan-
could bite », World bank policy working paper n°3121, 2003 ; J. Salacuse, N. Sullivan, « Do BITs really
work : an evaluation of Bilateral Investment Treaties and their grand bargain », Harvard Internatio-
nal Law Journal, 46, pp. 67-130.

Note 13 Pour une critique forte contre le système actuel, v. S. D. FRANCK, «The Legitimacy
Crisis in Investment Treaty Arbitration : Privatizing Public International Law through Inconsistent Note 14 K. Gordon, J. Pohl, Environmental concerns in international investment agreements : a
Decisions », Fordham Law Review, vol .73, 2005, p. 1521. survey, OECD Working Papers n°2011/1, OECD Publishing.

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état des lieux

dards de protection de l’environnement pour encou- • Investissement et intérêt général16 :


rager l’investissement.
• Reconnaissance d’un droit de réglementer en faveur
• Evolution de la jurisprudence dans le sens d’une des États, pour autant que leurs mesures ne sont ni
approche plus inclusive15 : arbitraires ni discriminatoires, à la fois dans les traités
et dans le droit international coutumier
• Admission d’une obligation générale de respecter le
droit interne (impliquant le droit interne de l’environ- • Clauses de non abaissement des standards
nement)
• Préambules faisant référence à la protection de l’in-
• Meilleure prise en compte de la finalité environne- térêt général (santé, environnement, droits humains).
mentale de certaines mesures de l’État dans l’inter-
• Incitations à l’investissement :
prétation des standards du traité
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• Tout demeure entre les mains de l’État : la plupart des
• Investissement et développement :
traités ne s’appliquent pas à la phase de l’admission
• Discussions relatives au cadre de l’investissement
• Pas de distinction faite en fonction de la nature ou
dans des forums universels (OMC, CNUDCI)
de tout aspect qualitatif de l’investissement pour
déclencher la protection : ce qui importe est qu’il y
ait un investissement, sur la seule base d’un critère
économique

Note 15 C.L. Beharry, M.E. Kuritzky, « Going Green: Managing the Environment Through Interna-
tional Investment Arbitration », American University International Law Review, Vol. 3, Issue 3, 2015,
pp. 384-386 ; également : M.M. Mbengue, D. Raju, The Environment and Investment Arbitration, in Note 16 K. Vandevelde, « A comparison of the 2004 and 1994 US Model BITs : rebalancing
Schultz, T. and Ortino, F. (eds.), The Oxford Handbook of International Arbitration, Oxford University investor and host country interests », in K. Sauvant, (ed.), Yearbook on International Investment
Press, 2020. Law and Policy, 2008-2009, OUP, 2009, pp. 283-317.
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état des lieux

• Tendance générale à accroître les pouvoirs de filtrage Indépendamment de l’ensemble des changements qu’il a connu
de l’État mais principalement sur la base de motiva- depuis le commencement, il ne saurait être contesté que le
tions économiques et stratégiques plus que sur le droit international des investissements n’a fait que s’étendre
fondement de considérations sociales et environne- depuis plusieurs décennies et qu’il a contribué au règlement
mentales. pacifique de nombreux différends partout dans le monde.

• Règlement des différends :

• Accroissement de la transparence et des exigences


d’indépendance à travers l’adoption de nouvelles
normes (en particulier, un code de conduite commun
adopté par le CIRDI et la CNUDCI en 2021).
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• Accroissement des obligations de divulgation des
arbitres dans les phases d’annulation (Eiser c. Espagne).

• L’arbitrage demeure limité aux plus gros investisseurs,


même si le CIRDI a récemment modifié son règlement
d’arbitrage pour accroître l’accessibilité à ses tribu-
naux (en particulier dans le cadre de la procédure
accélérée)

• L’efficacité de la mise en œuvre dépend des règles


d’arbitrage (elle est supposée mieux garantie dans
le cadre du CIRDI) mais l’on manque d’études et de
statistiques sur ce point.
2.
les défis
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les défis

Les entretiens conduits avec différents acteurs de l’investisse- mentation du commerce international pourrait constituer un
ment international17 ont permis d’identifier les principaux défis obstacle à cette possibilité. En pratique, les investisseurs doivent
de la matière. Il apparaît que des développements et des dis- tenir compte de nombreux aspects dans leur décision : les
cussions vont être nécessaires sur les points suivants : sur le sanctions internationales, les routes maritimes, le contrôle des
concept d’investissement lui-même (1), sur les acteurs (2), sur changes, la fiscalité…
la nécessité ou non d’adopter un cadre universel (3), sur les
La protection juridique offerte par le droit international est l’un
dispositions substantielles (4) et sur les règles de procédure (5).
des éléments parmi d’autres dans les éléments d’incitation à
l’investissement mais son importance ne doit pas être suresti-

1. S ur l’investissement : mée. Les exemples dans lesquels l’opération d’investissement


fut structurée de manière à bénéficier d’un traité de protection
tendances générales et besoin dont elle n’aurait pas profité autrement existent mais ils ne sont
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de protection pas majoritaires.

En réalité, il semble que les facteurs incitatifs varient en fonction


du type d’industrie concerné. Pour les investissements de long
Quels sont les principaux terme, le cadre juridique peut être de première importance car
leviers d’investissement aujourd’hui ? un investisseur attendra nécessairement un minimum de sta-
bilité sur une longue durée. De manière générale, plus le rapa-
Il a été porté à notre attention que le principal déterminant de
triement de l’investissement est aisé, moins le cadre juridique
la décision d’investir ou non était la possibilité pour l’investisseur
aura de l’importance. Plusieurs personnes ont insisté sur le
de rapatrier ses fonds. Toutefois il a été observé que la frag-
critère du retrait de l’investissement : si ce retrait risque d’être
complexe et couteux, une attention particulière sera accordée
aux règles de droit applicable.
Note 17 La liste des personnes auditionnées est insérée à la fin de ce livre blanc.
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les défis

Par conséquent, il est probable que les investisseurs continue- cas un investisseur recherche plutôt la protection d’une conven-
ront à utiliser le contrat comme moyen de garantir une meilleure tion de double imposition que celle d’un TBI.
protection. Il s’avère en effet que les différends sur le fondement
Les facteurs extra économiques (en particulier, les enjeux en-
des traités de protection des investissements sont souvent
vironnementaux) apparaissent comme secondaires dans la
assez compliqués et imprévisibles pour les investisseurs dans
décision d’investir ou non. Il semble que la nécessité de tenir
la mesure où les États soulèvent de plus en plus d’objections
compte de l’environnement est souvent imposée par les ac-
juridictionnelles qui sont apparues parfois comme des obstacles
tionnaires ou les bailleurs de fonds de sorte que les entreprises
insurmontables. Destinés à encourager et à protéger les inves-
doivent ajuster leur politique d’investissement en conséquence.
tissements étrangers, les TBI sont aujourd’hui perçus comme
Une réelle transition verte ne peut advenir que si les entités
presque dissuasifs, certains investisseurs ayant exprimé le
qui financent l’investissement international décident de ne plus
regret d’avoir engagé une procédure arbitrale.
soutenir les opérations qui ne sont pas compatibles avec la
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Cela étant dit, les agences de crédit à l’exportation et les bailleurs protection de l’environnement.
de fonds sont de plus en plus sensibles et exigeants au sujet de
la protection juridique. Ils peuvent n’accepter de financer que
des investissements réalisés dans des endroits où la protection Evolution de la forme de l’investissement
juridique est jugée suffisante et où le droit applicable est suffi- international
samment clair pour éviter les divergences d’interprétation. Même si les grands principes de l’investissement international

Par ailleurs, la législation fiscale constitue une préoccupation ne devraient pas évoluer (apport économique, durée, risque),

majeure ainsi qu’un levier puissant pour les investisseurs inter- la définition de l’investissement pourrait évoluer dans les années

nationaux. Dans le futur, la pression fiscale jouera un rôle à venir avec le développement de nouveaux marchés (comme

croissant et pourrait devenir le déterminant principal de la en matière d’économie numérique) qui étendent l’espace po-

décision d’investir ou non. Il n’est pas impossible qu’en certains tentiel pour l’investissement. L’évolution pourrait inclure des
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les défis

méthodes plus créatives d’investissement, particulièrement Un point de vigilance sur la forme de l’investissement étranger
sous la forme d’investissement indirect. Pour cette raison, un tient à ce que certains États exigent la constitution d’une so-
ajustement de la notion sera peut-être réalisé par les accords ciété de droit local. Cette situation peut constituer un risque
à venir et par les tribunaux arbitraux. Cela étant dit, les formes pour les investisseurs étrangers, notamment le risque d’une
actuelles d’investissement demeureront mais il ne fait pas de liquidation forcée.
doute que l’investissement indirect devrait se développer consi-
En tout état de cause, l’évolution de la protection des investis-
dérablement en raison de l’accroissement de l’utilisation des
sements est très révélatrice de l’évolution de l’investissement
nouvelles technologies, des données, des plateformes et d’in-
lui-même. En se fondant sur les instruments juridiques, le
ternet. Investir à travers des fonds est une pratique déjà assez
concept d’investissement protégé s’oriente vers un investisse-
largement établie depuis plusieurs décennies mais les chances
ment plus durable, soucieux des préoccupations sociales et
sont grandes que cette forme d’investissement se développe
environnementales et plus responsable. Cette approche holis-
plus encore à l’avenir.
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tique de l’investissement va désormais au-delà d’une approche
Il est probable que la clé du succès des futurs investissements purement centrée sur la performance économique.
se trouvera dans une réelle association entre investisseurs et
Les personnes auditionnées ont également souligné le fait que
États (y compris leurs entités publiques), comme cela se produit
la géopolitique et les relations interétatiques constituaient des
actuellement en Australie par exemple. Un tel modèle d’asso-
éléments essentiels de l’évolution de l’investissement interna-
ciation public-privé dans lequel les investisseurs et les États
tional. L’agression de l’Ukraine depuis février 2022, qui a conduit
partagent les profits et les pertes apparait comme le moins
à l’adoption de très nombreuses sanctions contre la Russie et
problématique dans la mesure où les deux associés sont sur
les entités en lien avec la Russie, en est un exemple. L’activité
un pied d’égalité et partagent un intérêt dans le développement
d’investissement a été et continuera d’être profondément af-
des activités et la poursuite de leurs buts.
fectée par l’agenda politique. En particulier, les sanctions mas-
sives imposées aux investisseurs russes dans de nombreux
États et les mesures adoptées contre les entités ou individus
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les défis

russes qui ne sont pas directement touchés par les sanctions Les ressources naturelles comme le pétrole, le gaz, les ressources
vont conduire les investisseurs à rechercher de nouveaux mar- minières ou l’eau mais aussi la construction, les télécoms, la
chés ainsi que de nouvelles formes de coopération avec les banque, la finance, les transports, les services, le commerce et
États. Néanmoins les conséquences de cette crise iront bien les chaines de production de marchandises ne disparaitront
au-delà du marché russe de l’investissement dans la mesure pas, même s’il est possible que le secteur énergétique traditionnel
où le train des sanctions génère un fort niveau d’instabilité commence à décroître progressivement. Néanmoins les autres
juridique. C’est la question de la confiance dans l’ensemble du secteurs miniers pourraient connaître de leur côté un regain
système qui se trouve posée. d’activité.

Il devrait cependant se produire un accroissement des flux d’in-

Quelles industries ou secteurs sont le plus vestissement dans le secteur des marchandises, qui suppose de

susceptible de voir les flux d’investissement mettre l’accent sur la prévention des différends. Il y aura également
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augmenter dans les années à venir ? un accroissement de l’investissement dans certains secteurs
comme les énergies renouvelables, la santé, les technologies, les
Dans la mesure où le système des relations économiques in- monnaies virtuelles, l’analyse des données, l’informatique, les
ternationales connait actuellement des changements significa- biotechnologies, les transactions virtuelles qui devraient devenir
tifs, on pourrait s’attendre à une modification ou une redistri- des marchés porteurs même si beaucoup sont encore très peu
bution des flux d’investissement. Les associations régionales régulés et lorsqu’ils le seront, il n’est pas impossible que cela
ou celles entre des États poursuivant des objectifs communs engendre des litiges en matière d’investissement.
(comme les BRICS) peuvent devenir des plateformes principales
de l’investissement international. En règle générale, l’activité En réalité, une attention spécifique doit être portée aux ten-

d’investissement peut décroître en raison de l’instabilité poli- dances actuelles en matière de transactions économiques

tique ou du manque de prévisibilité. transnationales. La plupart d’entre elles impliquent désormais


des technologies émergentes comme la blockchain, les NFT,
etc. Ces technologies soulèvent d’importantes questions au
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les défis

regard du manque de législation interne, de la difficulté d’envi- Augmentation ou réduction


sager des normes transnationales à leur sujet et du problème des flux d’investissement ?
du caractère dé-territorialisé des actifs digitaux et des transac-
L’investissement devrait continuer à croitre, en dépit de quelques
tions, face à un droit international pour lequel le territoire de-
difficultés de circonstances récentes comme la pandémie ou
meure le principal cadre de référence.
les conflits armés.
Ces évolutions ne devraient pas se produire au détriment de
En réalité, contrairement aux intuitions, la guerre pourrait ne
l’investissement dans les secteurs traditionnels, toutefois.
pas conduire à une réduction des activités d’investissement
L’évolution peut aussi se produire en raison d’autres éléments : mais elle devrait modifier le paysage pour les acteurs : les prix
on songe en particulier à l’accroissement du contrôle des États pourraient augmenter, la rareté pourrait frapper quelques
sur l’admission de l’investissement étranger et une certaine produits, l’inflation jouera également un rôle, mais l’investisse-
tendance à la politisation des relations économiques interna- ment ne s’arrêtera pas pour autant. Par exemple en Ukraine,
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tionales, parfois dans le sens inverse de la réglementation en dépit des violations du droit international par la Russie,
existante. certains investisseurs pourraient se maintenir sur place et même
s’ils quittent le pays, cela pourrait être pour aller ailleurs ou
En tout état de cause, le degré d’attractivité des secteurs va-
diversifier leurs investissements. La Russie pourrait exproprier
riera d’une région à l’autre ou d’un État à l’autre en fonction de
des actifs et ouvrir ainsi la voie à de multiples contentieux qui
leurs propres besoins sur le marché mondial. Là où certains
pourraient aboutir à des sentences arbitrales mais une attention
auront des besoins accrus en marchandises, d’autres en auront
particulière devrait être portée à la question de l’exécution de
davantage en termes de services.
celles-ci, qui pourrait se heurter à de nombreux obstacles.
Certains investisseurs se sont néanmoins déjà retirés de Russie
et les investisseurs occidentaux seront de moins en moins
nombreux à l’avenir à injecter de l’argent dans le marché russe.
Il est certain par ailleurs que la plupart des États européens,
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investissements internationaux | livre blanc 14
les défis

dépendants de la Russie du point de vue du gaz, pourraient Cet accroissement ou diminution de l’investissement est bien
faire face à des difficultés d’approvisionnement qui pourraient sûr tributaire du contexte dans chaque pays ou région. Les pays
aussi se transformer en nouvelles opportunités pour certains en développement, par exemple, ont toujours un fort besoin
investisseurs. Il est difficile de prédire l’avenir mais les guerres d’investissement et si les ressources locales ne permettent pas
offrent souvent des opportunités d’innovation. d’y faire face, ce seront des investissements étrangers qui seront
appelés, ce qui explique le phénomène d’accroissement des
Les changements dans la forme de la protection des investis-
flux. Ces pays ont la possibilité de devenir des territoires d’ac-
seurs dépendront largement du résultat des litiges découlant
cueil des investissements mais il reste beaucoup à faire pour
des sanctions et restrictions imposées dans le contexte de la
qu’ils deviennent des territoires d’exportation.
guerre en Ukraine. De nouvelles questions vont survenir en lien
avec la propagation des mesures unilatérales de sanction ou Un autre aspect important est celui des obligations des inves-
le respect des obligations en lien avec les mesures de sanction. tisseurs. Il est en effet probable que les futures règles de pro-
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tection des investissements incluront des obligations pour les
La pandémie a, quant à elle, montré que les États ont tous eu
investisseurs (ce qui est déjà en partie le cas). Il a toutefois été
un réflexe d’autoprotection, s’agissant au moins de la fourniture
relevé que de telles obligations pourraient détourner l’investis-
des biens de première nécessité comme l’alimentation, l’eau,
sement de certains États si elles sont trop strictes. Il a donc été
les médicaments. Cette tendance pourrait conduire à un ac-
suggéré que de telles obligations soient établies dans un cadre
croissement du « nationalisme » et des pratiques guidées par
universel plutôt que sur une base individuel ou bilatérale. Plus
l’intérêt souverain visant à protéger les industries locales dans
ces règles porteuses d’obligations seront universelles, plus elles
ces secteurs clés. Cela pourrait conduire à des pratiques limitant
seront acceptables et acceptées.
les flux d’investissement étranger ou obstruant les investisse-
ments déjà réalisés. Toutefois, les flux d’investissement pour-
raient continuer à croître dans les domaines dans lesquels une
fourniture locale n’est pas possible, d’un point de vue quanti-
tatif ou qualitatif.
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investissements internationaux | livre blanc 14
les défis

2. Les acteurs ralement dans la position de devoir se défendre devant les


tribunaux arbitraux. Réciproquement, les investisseurs seront
Les acteurs resteront les mêmes dans le futur, mais il est pos- toujours à la merci des États puisqu’en tant que souverains, ils
sible qu’une plus grande attention soit portée à la société civile, agissent selon leur bon vouloir, même si cela risque de causer
aux travailleurs, aux groupes indigènes, qui sont à l’origine de un dommage aux investisseurs étrangers.
nouvelles questions relatives à l’environnement, aux normes Les investisseurs insistent sur le fait que l’État est souverain et
sociales et aux droits de l’homme. que, quel que soit son poids économique et politique, les né-
gociations avec lui ne sont jamais faciles. Tout dépend bien sûr
des circonstances, mais des éléments tels que l’expérience de
L’équilibre des intérêts entre l’investisseur et l’État
l’État dans l’accueil et la négociation avec les investisseurs
Il est bien connu que le droit international des investissements peuvent avoir de l’importance. En particulier, dans le domaine
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a toujours eu du mal à établir un équilibre entre les intérêts des ressources naturelles, il est plus difficile pour les investis-
publics et privés puisqu’il visait à l’origine à protéger les acteurs seurs de négocier avec un État dont les ressources sont exploi-
privés et leurs biens contre le pouvoir souverain. Malgré tous tées depuis longtemps qu’avec celui dont les ressources ont
les efforts entrepris, il n’est toujours pas certain qu’une approche été récemment découvertes. Les négociations dépendent aus-
plus équilibrée soit possible compte tenu de la nature originel- si de l’organisation du marché : une situation de monopole
lement déséquilibrée du droit international des investissements. s’avère plus difficile qu’un marché ouvert où les investisseurs
A cet égard, des éclaircissements sont nécessaires sur la nature sont nombreux et où les États sont conduits à les mettre en
de l’équilibre des intérêts attendu dans le droit international concurrence pour obtenir le marché.
des investissements.
D’un autre point de vue, les États peuvent aussi apparaître
Les États resteront toujours à la merci des investisseurs car ces comme ayant des priorités « schizophrènes » : ils ont tendance
derniers ont le choix d’investir ailleurs et savent comment re- à défendre leurs propres entreprises à l’étranger mais veulent
vendiquer leurs droits. Ce sont les États qui se trouvent géné- être en position de contrôler les investisseurs étrangers sur
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les défis

leur territoire. Il existe un important décalage entre ce qu’ils ment. La différence entre investissements directs et indirects
veulent pour leurs entreprises et ce qu’ils sont prêts à donner pourrait être plus pertinente : les États tirent majoritairement
aux investisseurs étrangers sur leur territoire. Ce phénomène profit des investissements directs, alors que les investissements
semble s’être fortement renforcé ces dix dernières années. de portefeuille sont souvent réalisés dans une perspective
spéculative, sans intention de poursuivre une opération à long
Quant aux bénéfices résultant des investissements étrangers
terme. Différencier entre les deux pour la protection accordée
pour les États, les opinions divergent. Certains considèrent qu’il
par le droit international pourrait être une solution.
est important de prendre en compte la contribution de l’inves-
tisseur à l’économie du pays d’accueil pour lui permettre de
bénéficier de tout le cadre légal. Cet aspect permet d’ailleurs Les entreprises transnationales
de trouver le point d’équilibre entre les intérêts des investisseurs
et ceux des États. En outre, les investisseurs devraient non La question de l’équilibre entre États et investisseurs est par-
ticulièrement visible dans l’hypothèse où l’investisseur est une
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seulement bénéficier de droits, mais aussi être soumis à des
obligations de respecter les droits de l’homme et à une certaine entreprise transnationale ou multinationale. Le droit interna-

responsabilité sociale et environnementale. Les nouveaux ac- tional des investissements doit superviser et probablement

cords relatifs aux investissements devraient également encou- réglementer les projets lancés par les entreprises multinationales

rager le recours aux autorités de l’État avant d’aller à l’arbitrage. dans la mesure où ces entités puissantes, voire géantes, pré-

D’un autre côté, pour certains, un nouvel équilibre des intérêts sentent certains risques pour les pays en développement et

doit être trouvé qui ne donnerait plus aucun privilège à les pays les moins avancés, notamment liés à des comporte-

l’investisseur. ments difficilement contrôlables.

Le test Salini, qui requiert la preuve d’une certaine contribution Sur ce point, il y a eu beaucoup de changements et une certaine

au développement économique de l’État d’accueil pour pouvoir consolidation de la manière dont les entreprises conduisent

être considéré comme un investissement, ne constitue peut- leurs affaires et leurs investissements conformément à la res-

être pas la meilleure manière de penser la notion d’investisse- ponsabilité sociale et environnementale (RSE). Cela marque un
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certain retour de l’État à la régulation, ainsi qu’une volonté des Un autre procédé de généralisation du standard de due diligence
entreprises de changer leurs comportements. provient des contrats. Les parties contractantes ont tendance
à y introduire des obligations de ce type de telle sorte qu’elles
La RSE fournit une approche très influente des investissements
pourraient devenir une nouvelle norme de lex mercatoria. Un
transfrontières. Inclure des dispositions et des obligations de
tel processus prendra du temps, mais cette évolution est né-
RSE dans les TBI serait utile. Cela permettrait de clarifier les
cessaire pour compléter l’adoption de règles nationales et
attentes, mais cela requiert aussi une rédaction soignée, la
conduire à l’émergence d’un standard uniforme, au-delà des
soumission à des obligations spécifiques, non pas seulement
spécificités nationales. Le standard de due diligence ne pourra
des déclarations d’intention. Il s’agit d’une préoccupation
émerger que des législations nationales et des contrats trans-
émergente qui fait également ressortir le besoin d’investir dans
nationaux.
l’éducation et l’environnement, vu comme un gain pour tous.

En tout état de cause, les entreprises multinationales doivent


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accepter l’émergence du standard de diligence requise à travers La société civile
les réglementations internationales, nationales et européennes. S’agissant des préoccupations relatives aux groupes ethniques,
Beaucoup d’États ont déjà adopté des obligations de due dili- aux défenseurs de l’environnement et des travailleurs, elles
gence et il serait profitable pour les entreprises de pouvoir sont mieux traitées au travers de la relation de ces groupes
également bénéficier d’un cadre international renforcé sur cette avec l’État national, ou au travers de la réglementation. Une
question. Du point de vue de la sécurité juridique, il serait bé- attention particulière doit être portée lorsque les dommages
néfique d’établir un cadre global de diligence requise, au-delà causés par une opération d’investissement risquent de ne pas
de la législation nationale ou européenne en cours d’adoption. être réparables.
Un standard international pourrait d’ailleurs résulter de la pra-
tique des entreprises qui ont tendance à adopter leurs propres Ces questions ont des ramifications spécifiques pour chaque

standards. Le rôle des entreprises pourrait être complémentaire État. Des TBI et des contrats comportent désormais des clauses

de celui des États si ceux-ci refusent d’imposer des standards. relatives à la RSE qui imposent des obligations de conformité
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aux investisseurs. Certains instruments prévoient également A cet égard, on constate une certaine tendance à imposer des
des obligations et des droits partagés pour les communautés exigences juridictionnelles fortes (ou des outils à la disposition
autochtones et locales. des États, comme les clauses de refus des avantages). Les me-
sures visant à prévenir le treaty shopping ou à exclure les
A titre d’exemple, les indigènes colombiens considèrent que le
réclamations des actionnaires pour pertes par ricochet, ou
modèle de TBI de la Colombie aurait dû prendre en compte le
encore l’exigence d’une communication adaptée entre l’inves-
point de vue des communautés sur les normes environnemen-
tisseur et l’État, sont autant de mesures prises à l’encontre de
tales. Plus encore, le débat au sein du pays devrait porter sur
la position croissante des sociétés transnationales.
un autre type de rentabilité, « la rentabilité pour permettre la
vie ». Dans le même temps, les indigènes colombiens estiment Par ailleurs, l’arbitrage sur le fondement des traités d’investis-
qu’il faudrait avoir des normes environnementales élevées qui sement ne résulte pas seulement de différends entre États et
intègrent la vision cosmopolite des communautés et fournir entreprises multinationales, mais concerne également des in-
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des règles claires. L’État devrait prendre en compte la vision dividus. Il y a eu quelques affaires par le passé où des particu-
cosmopolite des communautés quand il adopte des règlemen- liers ont porté des griefs contre des États. Cela pourrait devenir
tations environnementales. une tendance à l’avenir.

Cela est devenu d’une importance croissante à mesure que les Nous ne savons pas encore comment cela va s’articuler avec
communautés locales et autochtones ont acquis un pouvoir de l’arbitrage sur le fondement des traités, mais il existe un nouvel
négociation tel qu’elles doivent désormais être prises en compte ensemble de règles intitulé « The Hague Rules On Business and
au moment de la réalisation d’un investissement. Par exemple Human Rights Arbitration », inspiré du Règlement d’arbitrage
au Canada, l’utilisation des ressources naturelles nécessite CNUDCI, qui concerne le règlement des différends relatifs aux
l’adhésion de la communauté environnante pour garantir le entreprises et aux droits de l’homme. Ces règles pourraient
succès de l’opération pendant toute sa durée. Cela appelle à chevaucher, d’une manière ou d’une autre, celles relatives à
développer une relation constructive avec les représentants l’arbitrage d’investissements. Il est intéressant de constater
des communautés. qu’elles élargissent les parties prenantes de même que les
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parties à l’arbitrage, comme expliqué dans la note introductive En outre, les arbitres, en tant qu’acteurs, pourraient évoluer.
de l’instrument : Les préoccupations relatives à la transparence et à la diversité
sont au cœur du débat actuel. L’arbitrage traditionnellement
« As with the UNCITRAL Rules, the scope of the Hague Rules
rendu par un tribunal composé d’hommes blancs issus de
is not limited by the type of claimant(s) or respondent(s) or
common law pourrait évoluer vers un arbitrage respectant
the subject-matter of the dispute and extends to any dis-
davantage la diversité de genre, culturelle, géographique et de
putes that the parties to an arbitration agreement have
tradition juridique.
agreed to resolve by arbitration under the Hague Rules.
Parties could thus include business entities, individuals, Pour finir, les organisations économiques internationales, telles
labour unions and organizations, States, State entities, que l’Union européenne, pourraient s’impliquer de plus en plus
international organizations and civil society organizations, dans le droit international des investissements.
as well as any other parties of any kind. Equally, the Hague
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Rules purposefully do not define the terms “business,”
“human rights” or “business and human rights.” For the La transparence
purposes of the Hague Rules, such terms should be under- Les investisseurs et les États demandent à la fois plus de trans-
stood at least as broadly as the meaning such terms have parence et dans certains cas, de la confidentialité. C’est ainsi
under the UN Guiding Principles on Business and Human que trop de transparence peut être contre-productive et ne
Rights. However, in the vast majority of cases, no definition pas produire les effets escomptés pour les populations de l’État
of these terms should be necessary at all » d’accueil, en augmentant certains risques et en décourageant

(The Hague Rules On Business and Human Rights Arbitration, les investissements dans certains domaines.

December 2019, https://www.cilc.nl/cms/wp-content/up- La transparence s’agissant des actionnaires est cruciale. Ce


loads/2019/12/The-Hague-Rules-on-Business-and-Human- point est particulièrement important de nos jours.
Rights-Arbitration_CILC-digital-version.pdf).
La responsabilité, l’obtention d’une réponse appropriée et
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exécutée conformément au droit pertinent et aux faits en cause devrait se concentrer sur les informations à divulguer, sans
dépendent de la transparence. De nos jours par exemple, les imposer d’obligations supplémentaires.
rédacteurs de codes de bonne conduite s’interrogent sur la
D’autres pensent que les TBI devraient remédier à cette pratique
création d’obligations de divulgation. Les règles de l’arbitrage
qu’ils considèrent comme trop fréquemment utilisée. L’accès à
CIRDI ont récemment introduit des changements visant à amé-
l’arbitrage international devrait être réservé aux investisseurs
liorer la transparence. Les États et les différents acteurs com-
qui peuvent se financer. Cela peut avoir pour effet bénéfique
mencent à prendre des mesures pour faire de la transparence
de réduire le recours au contentieux pour résoudre les litiges
une priorité. Les AII devraient s’efforcer de garantir plus de
et favoriser ainsi les modes alternatifs de règlement des diffé-
transparence car les investisseurs veulent de la clarté et de la
rends. En outre, de ce point de vue, cela devrait avoir pour
prévisibilité. Cependant, les investisseurs ne veulent pas toujours
conséquence que seuls les investisseurs ayant des demandes
lever le voile de la personnalité sociale ainsi que les mécanismes
légitimes aillent à l’arbitrage.
complexes qui permettent aux actionnaires « réels » de ne pas
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apparaître en tant que tels. Les bailleurs de fonds soulagent les investisseurs des frais de
justice et tirent bénéfice de l’issue des affaires. Leur compor-
tement est parfois controversé car ils financent souvent des
Le financement par les tiers (TPF) demandes peu ou mal fondées.

Le financement par les tiers fait aujourd’hui l’objet de débats.


Beaucoup pensent qu’il est inévitable, qu’il n’y a rien de mal à
Les entreprises publiques
cette pratique et aucune raison de l’interdire. Les tiers financeurs
comme investisseurs
sont souvent les seuls à rendre possible le recours à l’arbitrage.
Une réglementation est cependant nécessaire, en particulier Une autre évolution consiste en l’émergence d’investissements
pour déterminer la source du financement. La règlementation réalisés par des entreprises partiellement ou entièrement dé-
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tenues par l’État. Tel est le cas des entreprises chinoises par
exemple. En Amérique latine, ces investisseurs publics de-
3. Le cadre juridique
viennent également des acteurs importants, comme Codelco,
une société chilienne entièrement détenue par l’État qui a été
Faut-il des règles internationales ?
impliquée dans certains différends contre des Etats. Un autre
exemple est Isagen – une société mixte publique-privée par- Des règles internationales existent déjà dans les traités, la cou-
tiellement détenue par un gouvernement local colombien. tume et les principes généraux de droit. Certains pensent qu’il
n’y a pas besoin de règles supplémentaires. Le système peut
Néanmoins, la participation des États dans des entreprises
continuer de fonctionner avec les règles existantes.
publiques soulève la question de savoir si ces entreprises pour-
suivent des intérêts politiques ou géostratégiques plutôt que Néanmoins, pour répondre aux préoccupations actuelles au
des intérêts économiques. Les entreprises publiques chinoises sujet du RDIE, d’autres sont d’avis que de nouvelles règles sont
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par exemple semblent accorder à la Chine une priorité d’accès nécessaires à beaucoup d’égards. Il convient surtout de discu-
aux ressources naturelles. Les États peuvent vouloir faire pour- ter de la nature de ces règles. Plutôt qu’indicatives, elles devraient
suivre par leurs entreprises publiques des intérêts de sécurité pour certains être claires et contraignantes et représenter une
nationale plutôt que purement commerciaux. Compte tenu de nouvelle étape vers un système plus efficace et transparent.
ces risques, certains ont suggéré d’inclure dans les TBI des li-
Dans tous les cas, il est nécessaire d’élaborer une méthodolo-
mites sur la participation que les États peuvent prendre dans
gie pour adapter les traités existant aux options de réforme.
les entreprises, tout en laissant applicable la protection offerte,
Ainsi l’idée est de garantir une transition pacifique entre les
au moins s’agissant de l’arbitrage, aux investisseurs publics.
anciennes clauses des TBI et la nouvelle génération à l’aide d’un
traité modèle. Dans cet ordre d’idée, les États pourraient choi-
sir s’ils veulent adopter le modèle de transition établi.
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les défis

Une autre difficulté concerne la relation entre droit internatio- les traités bilatéraux et plurilatéraux resteront les principales
nal et droit interne et l’approche distinguant les demandes sources du droit et il faut admettre qu’ils sont en fait relative-
conventionnelles et les demandes contractuelles. ment unifiés.

Si l’absence de promotion d’un multilatéralisme dans le domaine

L’universalité des règles internationales est-elle de l’investissement étranger peut être considérée comme

possible ? contribuant à la fragmentation du droit, il convient aussi de


rappeler que le droit international répond par nature à un
La plupart des codifications et les accords multilatéraux sur processus lent de création car il est souvent difficile d’amener
l’investissement concernent les règles procédurales plutôt que les États à penser de la même manière.
les règles matérielles. Le succès le plus grand fut la création du
CIRDI auquel 160 pays ont adhéré. De même, le mandat de la De ce point de vue, il est probablement possible d’affirmer qu’en

CNUDCI pour réformer le droit des investissements est limité droit international des investissements, l’universalité n’a jamais
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au règlement des différends. S’agissant des règles de fond, il fonctionné et ne fonctionnera jamais. Chaque traité est différent,

semble presque impossible d’instaurer une règlementation spécifique aux particularités de chaque État. Néanmoins, les

universelle. Les conventions de Washington et de New York principes généraux continuent d’être applicables. Il semble

sont des exemples qui semblent difficiles à reproduire au- utopique de penser à un traité unique applicable à tous les

jourd’hui, en partie en raison d’un manque de nécessité, en États, d’autant plus que chaque traité fait l’objet d’une négocia-

partie également en raison d’une absence de compréhension tion propre qui dépend des relations entretenues par les États

commune des mécanismes du droit international et aussi en concernés.

raison de techniques de négociation et de rédaction textuelle L’expérience de l’Accord multilatéral sur l’investissement rappelle
qui ont profondément changé. En conséquence, de sérieux la difficulté de la recherche d’un consensus. En raison de l’écart
doutes s’expriment au sujet de l’instauration de règles maté- subsistant entre l’Europe et les États-Unis, le projet a été fina-
rielles universelles pour l’investissement. Vraisemblablement, lement abandonné par les États-Unis quand ils ont compris
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qu’ils devraient faire des concessions. Voici une illustration de États, notamment parce que certains pays en développe-
la schizophrénie des États déjà évoquée : certains États n’étaient ment ne sont pas prêts à fournir autant d’efforts que les
pas prêts à accorder la protection qu’ils demandaient pourtant pays développés ne le demandent.
pour leurs propres entreprises à l’étranger. Cependant, l’exemple
• Troisièmement, le développement des mécanismes de filtrage,
de la réforme de la fiscalité internationale au sein de l’OCDE
qui montre que les États ont tendance à donner priorité aux
montre que des désaccords initiaux peuvent parfois être sur-
préoccupations nationales. Les États veulent garder le contrôle
montés. Ce qui compte, c’est aussi de trouver le bon cadre de
sur les flux d’investissements entrants et il existe des diffé-
négociation (l’OCDE n’est probablement pas suffisamment
rences importantes entre les mécanismes nationaux de fil-
universelle).
trage, en particulier sur la notion de sécurité nationale ou sur
Trois facteurs conduisent à penser que l’universalité est difficile l’identification des secteurs économiques stratégiques. La
à atteindre : tendance générale va au retour de l’unilatéralisme plutôt
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qu’au développement d’un cadre multilatéral.
• Premièrement, l’émergence de nouveaux acteurs, tant du
côté des investisseurs que de celui des États, comme la Cependant, en tout état de cause, les règles générales de droit
Chine et les pays émergents, qui n’ont pas la même culture international public demeurent applicables au droit internatio-
capitaliste que l’UE ou les EU. Leur approche n’est pas la nal des investissements, ce qui peut permettre une lecture plus
même que celle des pays occidentaux qui partagent une générale et plus adaptée des traités. Si une loi universelle n’est
histoire commune. pas possible, les standards et les principes généraux sur l’en-
vironnement, la santé, le travail et d’autres sujets, sont néces-
• Deuxièmement, l’émergence de nouveaux enjeux, extra-
saires pour trouver un équilibre entre sécurité des investisseurs
économiques, au sein de l’investissement international, qui
et sauvegarde des pouvoirs normatifs des États souverains.
ont alimenté le phénomène de fragmentation du droit in-
ternational. La question des droits sociaux et de la protec- Beaucoup approuvent l’idée qu’il ne peut y avoir un seul et
tion de l’environnement accroit les désaccords entre les unique traité universel d’investissement et qu’il est préférable
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de se mettre d’accord sur des règles générales pour promouvoir Enfin, certains considèrent que l’universalité n’est pas non plus
l’uniformité. Selon E. Gaillard, l’une des grandes réalisations de une solution appropriée pour réformer le système et que pro-
la Convention de New York n’est pas la normalisation, mais mouvoir l’universalité dans l’interprétation des règles existantes
plutôt sa capacité à inciter chaque État à adopter sa propre par les tribunaux internationaux serait préférable.
réglementation. Une voie à suivre pourrait être une loi type,
uniforme, mais non universelle, du même genre que celui de la
loi modèle d’arbitrage de la CNUDCI. Qu’en est-il du rapport
avec les règles de droit international commercial
Néanmoins, si une loi universelle devait être promue, certains et de droit international général ?
États (la Colombie par exemple) pourrait proposer l’adoption
d’une convention multilatérale dotée de mécanismes d’opt-in Il est à noter que le droit international est depuis longtemps

et d’opt-out, à laquelle adhéreraient des États dans le but d’uni- imprégné d’une variété de domaines de règlementations, no-
tamment le droit commercial. Bon nombre de domaines du
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versaliser une potentielle réforme.
droit, tel que la protection des droits de l’homme et de l’envi-
Les discussions sur l’opportunité de négocier une convention ronnement, la lutte contre la corruption et le crime, sont de
universelle ont été menées au détriment d’une réflexion sur la plus en plus pris en compte dans la mise en œuvre du droit
possibilité d’une forme d’universalisation des normes à travers international des investissements. La recherche d’un équilibre
le droit coutumier. Cette problématique soulève des questions entre les intérêts publics et privés – qui doit prendre appui sur
complexes : comment un tribunal arbitral pourrait-il constater la des concepts de droit international général – façonnera l’évo-
cristallisation d’une coutume ? Est-ce qu’un tribunal arbitral a la lution future du droit international des investissements. D’un
même légitimité et la même fonction que la CIJ pour ce faire ? autre côté, certains experts soutiennent que ni les soumissions
des parties ni les sentences ne font appel au droit commercial
international ou au droit de l’OMC. Au contraire, si le recours à
la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme
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peut se produire, il reste majoritairement isolé. Dans l’ensemble, Comme mentionné ci-dessus, les Règles de La Haye sur l’arbi-
il est à noter que le système s’inspire peu du commerce inter- trage des entreprises et des droits de l’homme pourraient jouer
national ou du droit commercial. un rôle important dans la création de ponts entre le droit des
affaires, le droit international public, le droit de l’investissement
Universitaires et juges s’efforcent de lutter contre la fragmen-
et d’autres champs du droit international susceptibles d’intera-
tation du droit international, mais en pratique, il existe peu de
gir dans le domaine du droit des investissements.
moyens disponibles pour coordonner ou harmoniser ces corps
de règles. Pourtant, le droit international demeure entier et
l’investissement en fait partie.
4.  Règles substantielles
Les juristes de droit public et ceux de droit privé n’abordent
pas toujours les questions de la même manière. Les publicistes
ne sont pas toujours bons connaisseurs du milieu des affaires Cadre normatif des investissements étrangers :
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et les privatistes sont parfois trop concentrés sur les seules le retour du contrat ou l’amélioration des traités ?
questions contractuelles.
On observe une renaissance du contrat comme figure de pro-
Il y a un inconfort évident au sein des acteurs du RDIE s’agissant tection des investissements susceptible de prendre en compte
de l’interaction entre ces deux régimes. La situation actuelle les particularités de chaque projet. Certains investisseurs sont
du régime conventionnel est telle que le droit international d’avis que le contrat offre une meilleure protection que le trai-
public est applicable et pourtant des sources d’interprétation té dont les dispositions sont utilisées comme fondement aux
officielle sont parfois délibérément ignorées. Cette incohérence objections d’incompétence et d’irrecevabilité pendant la phase
soulève des inquiétudes substantielles, qui, là encore, doivent contentieuse. Ce constat explique pourquoi certains investis-
être traitées dans le cadre d’une réforme impliquant le plus seurs préfèrent recourir aux contrats.
d’acteurs possibles.
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les défis

Cependant, tous les investissements ne sont pas seulement l’interprétation des règles substantielles. Ces nouveaux accords
réalisés par le biais de contrat. Le contrat peut en effet s’ajouter offriraient une autre option aux investisseurs et leur permet-
à un traité, et permet, notamment, aux investisseurs de recou- traient d’influencer leur décision d’investir.
rir à l’arbitrage de sorte que l’amélioration des traités d’inves-
tissement est une autre préoccupation.
Les protections substantielles classiques
Pour réduire les arguments d’incompétence ou d’irrecevabilité, des traités d’investissement
il a été proposé que les États améliorent la rédaction des clauses
de règlement des différends dans les traités afin de respecter Il est difficile d’affirmer qu’une évolution de la protection juri-

leur libellé. Dans la mesure où rien ne les oblige à proposer dique des investissements est nécessaire. Cependant, tant les

l’arbitrage, lorsqu’ils le font, les États devraient rester cohérents investisseurs que les États veulent être rassurés sur la conduite

avec leur engagement. Par exemple, au lieu de faire une offre et l’issue des procédures arbitrales. A ce titre, il a pu être sou-
ligné que le meilleur moyen d’assurer la cohérence du proces-
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générale d’arbitrage, les États pourraient assortir l’accès des
investisseurs à l’arbitrage de conditions plus spécifiques (par sus décisionnel est de saisir les arbitres de règles précises.

exemple, en fonction du secteur, du pays ou du montant en Or, la difficulté principale tient au fait que la plupart des stan-
cause). Alors, une fois la procédure d’arbitrage lancée confor- dards de protection sont rédigés de manière indéterminée
mément à un ensemble de règles précises, les États ne devraient comme des slogans (telle est par exemple la position de Z.
pas soulever d’objections juridictionnelles et concentrer uni- Douglas). Bien qu’on observe une certaine évolution depuis les
quement leur défense sur le fond du litige. traités de première génération, la rédaction des standards dans

Plutôt que d’adopter des TBI d’application générale, d’autres les nouveaux accords n’est pas toujours précise. Alors qu’une

proposent que les traités soient conclus par secteurs afin d’of- minorité ne considère pas que ce manque de clarté soit pro-

frir plus de clarté et de transparence. Pourrait ainsi se dévelop- blématique, le besoin de clarification des dispositions substan-

per une pratique d’accords spécifiques à chaque secteur dési- tielles est au contraire perçu comme un problème majeur par

gnant un forum de règlement des différends particulier pour la plupart des acteurs.
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Dans ce contexte, certains estiment qu’à l’avenir le recours aux L’intégration de dispositions plus protectrices
standards imprécis comme le traitement juste et équitable des États et des intérêts publics (intérêt général)
continuera d’être important et restera probablement très de-
Les questions d’écologie, de durabilité, de droits de l’homme
mandé par les investisseurs dans les procédures arbitrales en
sont aujourd’hui étroitement liées aux investissements et sont
particulier lorsque les entités paraétatiques placées sous le
considérées comme des composantes de l’intérêt général.
contrôle de l’État sont à l’origine de l’atteinte à l’investissement.
L’intégration de ces préoccupations guidera sans doute l’esprit
Certes, les États et certains tribunaux arbitraux ont réduit le et la lettre d’une nouvelle génération de TBI dans la mesure où
champ d’application et l’étendue du standard du traitement le système actuel de traités n’accorde pas une attention suffi-
juste et équitable. Dans le même temps, ce standard continue sante à la question de la responsabilité des investisseurs. Idéa-
d’être décliné en un faisceau de normes indépendantes, telles lement, certains sont d’avis que des solutions communes et
que la transparence, la proportionnalité, le traitement non ar- non pas fragmentées seront nécessaires pour aborder ces
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bitraire ou la non-discrimination. questions.

Au-delà du contenu des règles, un fort désaccord subsiste entre Une des questions récurrentes est celle de savoir si les traités
les États sur le champ d’application des règles, en particulier doivent inclure davantage de normes de protection pour les
en ce qui concerne la phase de pré-établissement. Le dévelop- États par lesquelles les investisseurs s’obligent afin que les États
pement des mécanismes de filtrage montre que la plupart des puissent introduire des demandes contre les investisseurs
États ne sont pas prêts à prendre un quelconque engagement (principales ou reconventionnelles). Pour certains, cette possi-
sur la phase d’admission. Ainsi, il est assez peu probable qu’ils bilité permettrait de restaurer une forme d’équité et de légiti-
parviennent à un accord sur cette question, compte tenu du mité du système de protection des investissements. Pour
caractère très sensible du sujet et des différences de perception d’autres au contraire, cela n’est pas nécessaire car les États
de la question. conservent le droit de poursuivre les investisseurs devant leurs
tribunaux.
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les défis

Un consensus semble exister sur le fait que les investisseurs que certains États interdisent l’intervention des ONG sur certains
sont tenus à une certaine norme de conduite et qu’il est im- projets empêchant toute possibilité de prise en compte des
portant que les États puissent se défendre à armes égales intérêts de la société civile. Certains jugent important de garder
contre les investisseurs. Toutefois, en l’état du droit positif, la à l’esprit qu’une protection effective de l’intérêt public ne sera
nature asymétrique des traités d’investissement constitue un pas atteinte en s’appuyant uniquement sur la contrainte envers
obstacle à l’admission des demandes reconventionnelles. les investisseurs mais qu’elle relève également d’une question
d’équilibre. Une association avec le secteur privé pour atteindre
Même si les références aux obligations des investisseurs semblent
ces objectifs est donc inévitable.
augmenter dans la pratique récente des traités, leur libellé tend
à consacrer des objectifs plutôt que des obligations. Dans ce Enfin, l’adoption des sanctions qui constituent une forme de
contexte, l’intégration de nouvelles formulations concernant les discrimination fondée sur la nationalité, a été évoquée comme
obligations de responsabilité sociale des entreprises (RSE) sera un point d’attention. En effet, ces mesures restrictives unilaté-
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sans doute le prochain défi dans la rédaction des accords d’in- rales entraînent d’importantes restrictions sur le transfert de
vestissement. Toutefois, même à supposer que les futurs traités fonds et sur la poursuite des activités d’investissement. Elles
incluront des obligations contraignantes pour les investisseurs, constituent ainsi des obstacles à la préservation et à la crois-
ce qui demeure incertain, il y a fort à parier que cette pratique sance des investissements. Dans ce contexte, il revient à la
sera appliquée entre pays d’un même niveau de développement communauté internationale de savoir si elle est prête reconnaître
(relations nord-nord ou sud-sud et non nord-sud.) que la préservation d’intérêts communs justifie des discrimi-
nations. Si tel est le cas, il sera nécessaire de reconsidérer les
Il a aussi été rappelé que la protection de l’intérêt général n’est
principes fondamentaux du droit international des investisse-
pas nécessairement un monopole de l’État : certaines entre-
ments. Or, bien qu’ils ne soient pas les mieux placés pour ac-
prises peuvent également travailler pour le public et avoir des
complir cette mission, ce sont actuellement les tribunaux d’in-
normes sociales et environnementales plus élevées que celles
vestissement qui apprécient l’effet des sanctions, leurs motifs,
adoptées par les États, à l’instar par exemple du code adopté
leur caractère raisonnable et proportionnel. Dans le cas où la
par l’entreprise Danone en France. Par exemple, il est arrivé
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politique de sanctions se généraliserait, de nouveaux méca- de déférence. Certes, un tribunal permanent d’investissement
nismes devraient être mis en œuvre pour fournir aux investis- pourrait être utile pour s’attaquer à certains des problèmes
seurs les garanties nécessaires à un procès équitable et pour systémiques de l’arbitrage ad hoc actuel. Toutefois, son effica-
les protéger des sanctions injustifiées. cité pour traiter les questions de fond reste à déterminer.
Certains sont d’avis que dans la situation géopolitique actuelle,
la création d’une cour permanente d’investissement se ferait
5.  Règles procédurales plutôt au niveau régional et dépendrait d’un accord multilatéral
régionalisé. Au regard des réserves de nombreux investisseurs,
certains jugent qu’une cour d’investissement «mondiale» est
L’arbitrage est-il nécessaire ? un projet utopique.
Faut-il instaurer une cour multilatérale
En effet, il a été observé que l’arbitrage international demeure
d’investissement pour trancher les différends ?
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le meilleur moyen de garantir l’égalité des parties et que la crise
Pour beaucoup, le maintien de l’arbitrage est nécessaire car ce de légitimité qui vise l’arbitrage reflète essentiellement le point
mécanisme reste un outil précieux et une protection qui par- de vue des acteurs publics au détriment de celui des investis-
ticipent à la décision d’investir à l’étranger. Pour des raisons seurs privés.
évidentes, en temps en de crise, les investisseurs souhaiteront
A cet égard, même si un groupe d’acteurs semble considérer
davantage recourir à des tribunaux indépendants plutôt qu’aux
qu’en termes théoriques, l’idée d’un mécanisme permanent
tribunaux internes, souvent plus sensibles aux préoccupations
pour statuer sur les différends internationaux en matière d’in-
politiques de l’État hôte. Toutefois, la perception que l’arbitrage
vestissement peut être très intéressante, ceux-ci soulignent
est plus favorable aux investisseurs ne devrait pas alimenter
qu’en termes pratiques, un tel mécanisme pourrait ne pas
l’illusion que ce régime crée une «para-légalité» dans laquelle
fonctionner. En effet, des incertitudes demeurent quant au
les investisseurs bénéficient d’un traitement préférentiel absolu,
processus de nomination des juges. S’il semble logique que les
alors que le droit international accorde aux souverains beaucoup
États désignent les juges d’un mécanisme international, cela
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investissements internationaux | livre blanc 14
les défis

pourrait dans le même temps dissuader les investisseurs d’y La position d’aucun des acteurs sur le projet d’une cour per-
recourir. En outre, certaines réserves ont été exprimées concer- manente d’investissement n’est pas fixée de manière définitive.
nant les garanties qu’un mécanisme permanent puisse atteindre En effet, par exemple, la majorité des investisseurs n’a jamais
les objectifs de cohérence et d’homogénéité jurisprudentielle. eu à faire face à un arbitrage contre un État et n’a donc pas de
Enfin, le système actuel de protection des investissements connaissance précise des termes du débat. Certains suggèrent
demeure très fragmenté et il paraît difficile d’atteindre l’objec- que le succès de l’instauration d’une cour multilatérale qui
tif d’une harmonisation. Ainsi, il a été souligné que le fonction- pourrait impliquer le retrait du droit des investisseurs de nom-
nement d’un mécanisme permanent, s’il devait exister, se rap- mer des arbitres, nécessitera que les États renoncent en échange
procherait vraisemblablement de celui de la CIJ. à leur immunité sur certains de leurs biens afin de garantir une
exécution effective des décisions aux investisseurs.
Pour ces raisons, certains parviennent à la conclusion que
l’amélioration du système d’arbitrage est une solution préférable Enfin, selon une autre opinion, le Tribunal des différends ira-
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page 65
à la création d’un mécanisme permanent car un système dé- no-américain pourrait servir de modèle pour résoudre des litiges
centralisé offre plus de flexibilité et de résilience. lorsqu’ils sont localisés en un lieu et un espace définis. Un tel
tribunal, qui possèderait un degré nécessaire de confiance de
Il a également été rappelé que les investisseurs ne tirent aucun
la part des investisseurs et des États, serait en mesure de ré-
confort à l’idée d’entrer en conflit avec l’État. Plutôt perçu comme
soudre un différend d’investissement.
un échec, l’arbitrage signifie que l’accord avec l’État, qui est
toujours le résultat d’une négociation difficile et délicate, a
échoué. En outre, même lorsque la sentence est favorable à
l’investisseur, l’exécution s’avère souvent un processus difficile,
long et coûteux de sorte que le premier objectif des investis-
seurs est d’éviter l’arbitrage. Toutefois, il est certain que lorsqu’un
litige survient, l’investisseur préférera toujours recourir à l’ar-
bitrage plutôt qu’aux tribunaux nationaux.
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investissements internationaux | livre blanc 14
les défis

Comment améliorer dements aux règles d’arbitrage tendent à supprimer les situa-
l’arbitrage international d’investissement ? tions « de double hatting » afin de renforcer la transparence et
Un mécanisme d’appel des sentences arbitrales l’efficacité.
ou équivalent est-il opportun ? Le renforcement des obligations de divulgation des arbitres est
La préoccupation la plus pressante semble être de garantir une également souligné comme un aspect essentiel de l’amélioration
plus grande impartialité des tribunaux, ce qui dépend de l’ab- du processus de sélection des arbitres qui nécessite aussi des
sence de toute pression politique sur les arbitres, et de l’exclu- normes plus élevées d’indépendance et d’impartialité. La célé-
sion de toute autre forme d’influence inappropriée de l’État de rité des procédures a également été soulignée comme une
nationalité de l’arbitre. Certains considèrent qu’il est crucial de préoccupation grandissante (les arbitres ayant un rôle à jouer
repenser en profondeur la coexistence des éléments publics en posant des questions qui contribuent à rationaliser les débats
et privés dans le droit international des investissements, afin entre les parties). Le manque de cohérence dans l’application
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d’offrir tant sur le plan doctrinal que pratique, des modèles du droit international public a également été soulevé comme
optimaux pour équilibrer ces intérêts. D’autres possibilités de une préoccupation majeure, ce qui révèle l’importance du pro-
développement comprennent, par exemple, la création d’un cessus de sélection de l’arbitre.
code de conduite pour les arbitres ou pour les tiers financeurs.
Un choix entre l’arbitrage classique et l’arbitrage accéléré est
Il a pu être observé à ce titre que les arbitres sont soumis à une perçu comme un atout. Le modèle canadien de TBI ainsi que
responsabilité très limitée dans la manière dont ils statuent sur des récents règlements d’arbitrage proposent un arbitrage
les affaires qui leur sont soumises de sorte que le processus accéléré pour certains litiges.
de désignation de l’arbitre est déterminant pour pallier cette
Un autre facteur lié à la question de la discrimination est le
difficulté. La légitimité de l’arbitrage dépendra ainsi de nom-
manque d’uniformité de la jurisprudence des tribunaux. Cela
breuses améliorations dans le domaine de la transparence, de
peut entraîner des violations des droits des investisseurs ;
l’efficacité et du respect de l’État de droit et de l’administration
l’absence de repères et de principes communs établis crée une
des preuves. On constate à cet égard que les récents amen-
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investissements internationaux | livre blanc 14
les défis

incertitude quant à leur statut juridique et à leurs attentes. souligné comme une question sous-estimée. Certains jugent
regrettable que les personnes et communautés susceptibles
Dans la mesure où il semble difficile de garantir la prévisibilité
d’être affectées par les investissements n’aient pas accès aux
et la cohérence des pratiques d’arbitrage, l’instauration d’une
tribunaux arbitraux. Cette absence crée un vide juridique im-
cour d’appel est jugée par certains comme une option plus
portant, non seulement parce que ces communautés ne peuvent
favorable qu’une cour d’investissement. Toutefois, une cour
pas accéder à l’arbitrage mais aussi parce que les tribunaux
d’appel peut soulever des difficultés identiques à celles identi-
arbitraux ne s’estiment pas habilités à statuer sur leurs droits
fiées au sujet d’une cour permanente pour les investissements.
et limités à se prononcer sur les dispositions figurant dans les
Afin d’y remédier, il pourrait être envisagé de concevoir un
traités. Il serait opportun à ce titre de réformer les traités d’in-
système où l’accès au mécanisme d’appel soit fixé en fonction
vestissement ainsi que les mécanismes d’arbitrage.
d’un certain seuil de montant du litige. L’accès à la cour serait
possible pour les litiges qui satisfont au seuil minimum et les
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deux parties auraient le droit d’y recourir. Le système de l’OMC
peut offrir un exemple, même si ses organes d’appel sont en
quelque sorte plus diplomatiques.

Certains ont par ailleurs souligné le rôle des cabinets d’avocats


qui devraient s’assurer de ne pas compliquer excessivement
les affaires en créant des retards inutiles et qui devraient s’en-
gager à ne pas introduire de demandes frivoles et à limiter le
nombre de pages des dossiers.

L’accès au règlement des différends pour les tiers, non pas en


tant qu’amici curiae mais en tant que véritable plaideur a été
3.
les questions
3
investissements internationaux | livre blanc 14
les questions

Question Un tinguer un changement normal dans la politique d’un


État et une rupture des attentes légitimes ?
Un nouvel équilibre entre les intérêts des États et ceux des
investisseurs doit être trouvé sans perdre de vue l’objet et le • En instituant une cour permanente, mais les obstacles
but du droit international des investissements, à savoir encou- semblent nombreux, notamment sur la question de la no-
rager et protéger les investissements étrangers à travers un mination des juges : pourrait-elle reposer sur les seuls États ?
ensemble de normes et des procédures impartiales de règle-
• En accroissant les exigences de transparence et d’impartia-
ment des différends.
lité dans l’arbitrage (limitation du « double hatting », limitation
Comment restaurer la confiance dans du nombre de cas par arbitre, obligations générales de di-
les règles et les procédures ? vulgation, établissement d’un système général de vérification
des conflits d’intérêt).
• En clarifiant les règles de protection :
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• En conservant un système d’arbitrage mais sous couvert
• Par la limitation du recours aux standards tels que
d’un organe d’appel universel.
le traitement juste et équitable ou l’expropriation
indirecte. Le régime juridique de l’investissement étranger
devrait-il être davantage régional et/ou sectoriel ?
• En établissant une liste d’éléments pouvant être
constitutifs du traitement juste et équitable : déni de • La négociation d’un accord universel sur l’investissement
justice, arbitraire, discrimination, attentes légitimes… semble fort peu probable au regard du niveau de divergence
entre les intérêts en cause.
• En améliorant le niveau de précision relatif aux at-
tentes légitimes : quel type de comportement peut • Le cadre régional semble mieux adapté et des discussions
créer une attente protégée ? Faut-il que l’investisseur ont déjà commencé au sein de l’UE ou sur le continent
se soit appuyé sur le comportement de l’État pour Africain.
que ses attentes soient protégées ? Comment dis-
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investissements internationaux | livre blanc 14
les questions

• Cela suppose toutefois qu’il existe des organisations régio- Comment peut-on accroitre
nales suffisamment structurées et financées pour mener à l’acceptabilité de l’investissement international ?
bien de tels projets. L’exemple de la ZLECAF en Afrique est
• Un système de consultation des populations locales devrait
intéressant à cet égard.
être mis en place dès lors que l’investissement est suscep-
• Se pose aussi la question d’accords d’investissements entre tible d’avoir un impact sur ces populations. La question est
les organisations économiques régionales, à l’instar de celle du critère applicable pour déclencher une telle obliga-
l’accord entre l’UE et le Mercosur. tion (qui ne peut être exigée pour toutes les opérations
d’investissement).
• Le Traité sur la Charte de l’énergie a été conçu comme un
accord à la fois sectoriel et régional ; répond-il a un besoin • Ces éléments pourraient être intégrés dans un nouveau
encore d’actualité qui pourrait être étendu à d’autres sec- cadre applicable à l’investissement (loi-type ou accord-type).
teurs ?
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• La généralisation des études d’impact comme exigence
Faut-il encourager davantage les partenariats préalable à l’investissement pourrait-elle être une voie à
public-privé ? explorer ?

• Cette question dépend du droit international aussi bien que


du droit interne, de sorte que les possibilités en droit inter-
national restent limitées mais de tels partenariats devraient
être encouragés et soutenus.

• Des accords-type pourraient être adoptés par des institu-


tions internationales (à l’instar des contrats-modèles qui
existent dans certains domaines économiques à l’initiative
d’associations professionnelles).
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investissements internationaux | livre blanc 14
les questions

Question Deux • Une loi-type pourrait être une bonne manière d’aborder la
question des obligations des États : une loi-type garantit
Les perspectives en termes d’obligations des investisseurs en
aux États une souplesse d’adaptation et pourrait donc être
droit international?
plus facilement acceptable qu’un traité.
La notion d’investissement protégé
• Le droit interne est aussi une solution mais il faut alors
doit sans doute être repensée.
trouver des moyens de contraindre les États à adopter des
• Une distinction pourrait être introduite entre l’investissement règles internes établissant de véritables obligations pour
direct et indirect, compte tenu du fait que le premier est les investisseurs et qui soient effectivement mises en œuvre.
souvent le plus à même de participer directement au dé- Toutefois la condition de respect du droit local, qui est dé-
veloppement économique de l’État d’accueil. sormais établie pour pouvoir bénéficier de la protection
d’un traité, est une solution satisfaisante dans les situations
• Un régime spécifique pourrait être pensé pour l’investisse-
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dans lesquelles le droit interne est suffisamment développé.
ment purement financier.
N’est-il pas désormais nécessaire
Quel serait la meilleure voie pour imposer des
d’admettre les demandes reconventionnelles
obligations sociales et environnementales aux
formées par les États dans l’arbitrage ?
investisseurs ?
• Les demandes reconventionnelles ont des avantages mais
• Traité : il y a une possibilité qu’un traité soit adopté mais le
sont aussi intrinsèquement limitées.
risque est qu’il corresponde au plus petit dénominateur
commun entre les États. La question de la responsabilité • Les demandes reconventionnelles supposent pour prospé-
dans la chaine de commandement est une question com- rer que les investisseurs aient des obligations en vertu du
plexe à aborder dans un traité puisqu’elle dépend aussi en droit applicable, ce qui pourrait être difficile dans le cas où
grande partie du droit interne des sociétés. C’est la raison ce droit est le droit international.
pour laquelle d’autres voies devraient être envisagées.
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investissements internationaux | livre blanc 14
les questions

Qu’en est-il des mécanismes de filtrage ? arbitrage en envisageant par exemple un nouveau système
d’arbitrage mieux réglementé et soumis à un organe d’appel
• Les mécanismes de filtrage ont été récemment établis ou
permanent ?
développés dans de nombreux États et dans l’Union euro-
péenne, ce qui semble donc correspondre à une tendance Est-il souhaitable d’encourager les procédures
générale. alternatives de règlement des différends ?
• Ils sont toutefois encore limités à des objectifs stratégiques • Une réflexion sur la médiation a déjà commencé et devrait
mais ils pourraient être utilisés pour empêcher les investis- être poursuivie : la médiation peut être plus efficace, moins
sements qui ne sont pas conformes aux exigences environ- couteuse et plus porteuse économiquement pour les in-
nementales et / ou sociales applicables. vestisseurs car elle offre plus de garantie de pouvoir pour-
suivre l’opération d’investissement au-delà du différend.
page 78

page 79
• Le développement des comités joints dans les traités d’in-
Question Trois
vestissement pourrait également être une manière de pré-
Les procédures de règlement des différends doivent être amé- venir les litiges en même temps qu’un accompagnement
liorées. des parties en litige évitant le recours à une juridiction.

Comment poursuivre les efforts déjà entrepris


pour garantir transparence, expertise, déontologie,
efficacité, sans perdre les qualités reconnues de
l’arbitrage ?
• Ce travail a déjà commencé à la CNUDCI et au CIRDI, il fau-
dra en tirer les leçons.

• Serait-il possible de dépasser le débat cour permanente vs


*
annexe
les personnes
auditionnées
*
investissements internationaux | livre blanc 14
annexe

Liste des personnes auditionnées • Konstantin Ksenofontov, Professeur de droit international à


l’International Law School of the Higher School of Economics,
• John Adam, Avocat associé, Squire Patton Boggs, Royaume Uni
Russie
• Hadi Azari, Professeur, Université Kharazmi, Téhéran, Iran
• Fernando Mantilla Serano, Avocat associé, Latham & Watkins,
• Nicola Bonucci, Avocat associé, Paul Hastings, Ancien direc- Arbitre, Colombie
teur du bureau des affaires juridiques à l’OCDE, Italie
• Ana María Ordoñez, Directrice de l’Agence nationale de
• Ibrahim Fadlallah, Professeur émérite de l’Université Paris Défense de la Colombie dans les contentieux internationaux,
Nanterre, Arbitre, France, Liban Colombie

• Matthias Fekl, Avocat associé, Audit Duprey Fekl, Ancien • Carlos Ortega, Expert financier, Deloitte, Colombie
secrétaire d’État chargé du Commerce extérieur, France
• Priscila Pereira de Andreade, Consultante juridique, UNIDROIT,
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page 83
• Mikhail Galperin, Docteur en droit, Professeur de droit in- Brésil
ternational à l’International Law School of the Higher School
• Hugo Perezcano Días, Arbitre, Mexique
of Economics, Agent à la Cour européenne des droits de
l’homme et Ministre délégué à la justice de la Fédération • Mónica Pinto, Professeure et Arbitre, Argentine
de Russie, Russie
• Vanessa Rivas Plata, Président de la Commission spéciale
• Aurélien Hamelle, Directeur du département juridique, To- représentant le Pérou dans les différends d’investissement,
talenergy, France Pérou

• Dyalá Jimenez, Arbitre, Costa Rica • Eduardo Silva Romero, Avocat associé, Dechert, France

• Charles Kotuby, Professeur, Pittsburgh University, États-Unis • Vladislav Starzhenetskiy, Docteur en droit, Professeur asso-
d’Amérique cié à l’International Law School of the Higher School of Eco-
*
investissements internationaux | livre blanc 14
annexe

nomics, Ancien directeur de la Section internationale à la


Cour suprême commerciale de la fédération de Russie,
Russie

• Georgio Sacerdoti, Professeur de droit international et de


droit européen, Université Bocconi, Milan, Ancien membre
de l’Organe d’appel de l’OMC, Italie

• Narghis Torres, Expert financier, Lex Finance, Pérou

• Olga Tsvetkova, Docteure en droit, Codirectrice du Dépar-


tement d’arbitrage, EPAM, Directrice associée du départe-
ment international du Ministère de la justice (jusqu’en 2021),
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Russie

• Danilo Villafaña Torres, Représentant du Cuatro Pueblos de


la Sierra Nevada de Santa Marta, Colombie

• Todd Weiler, Arbitre, Canada

• Alberto Zuleta, Avocat, Cuatrecasas, Colombie


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livre blanc n° 14 - Investissements internationaux
réalisation : juillet 2022
création graphique : clémence hivert - bluclemence@gmail.com
www.ilaparis2023.org
Consultation publique du 1er septembre au 31 décembre 2022
adi.ila2023.investissements@gmail.com

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