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PROPRIETE LITTERAIRE ET ARTISTIQUE

LICENCE 3 UNIVERSITE DU SAHEL

Le passage de l’état de nature à l’état civil organisé s’est fait grâce à l’instauration

d’une conscience sociologique sous tendu par l’existence de règle générale et

obligatoire qui régissent les rapports des individus dans la sphère sociale. La

règle de droit intervient surtout pour protéger l’individu dans son intégrité physique

et ses biens. Cette dynamique de protection est assurée par la vertu des sanctions,

mais avant tout par l’existence d’une institution juridique de préservation et de

sauvegarde que l’on appelle communément la propriété. Le droit réel de propriété

apparait comme un droit opposable à tous, on dit « erga omnes » eu égard à ces trois

principaux caractères (exclusif, général et perpétuel).

Le premier caractère qui retiendra effectivement notre attention permet de

garantir les bénéfices (usus, fructus, abusus) au seul titulaire au mépris de toute

prétention qui n’aurait pas été autorisé par la loi ou la volonté.

L’exclusivité du droit réel porte sur les biens de toute nature, la terre et sa nature

fixe et immobilière, les biens meubles, les biens corporels et incorporels.

Cette dernière catégorie de biens, au regard de sa croissance actuelle et de

l’engouement économique qu’elle suscite suggère aujourd’hui une large prise en

compte sociale et juridique qui constituera d’ailleurs l’objet de notre cours.

Les biens incorporels qui naissent de l’effort intellectuel par la création d’œuvre ou

de produit sont considérés par la règle de droit à travers la discipline juridique

dénommée droit de la propriété intellectuelle.


La technique juridique de protection directe de ces biens immatériels n’est pas

homogène. Elle se distingue en deux régimes dont la précision permettra de qualifier

à juste titre le régime de protection pour chaque élément concerné.

En effet, une présentation analytique des deux principales branches de la PI s’avère

nécessaire pour une bonne compréhension de cette matière. Ainsi, la

propriété intellectuelle qui se définit comme l’ensemble des droits exclusifs accordés

à l’auteur ou à l’ayant droit sur les créations intellectuelles se dédoublent en

propriété littéraire et artistique et en droit de la propriété industrielle.

En ce qui concerne la propriété industrielle, c’est le droit relatif aux brevets, aux

inventions végétales, aux modèles d’utilité, aux marques de produit et de service, les

noms commerciaux, les noms de domaine, les indications géographique et les

obtentions végétales, les dessins ou modèles industrielles.

Les droits portant sur ces créations à caractère technique peuvent être rangés en

trois groupes en fonction de la nature de la création. Il y’a les droits portant sur les

inventions à caractère purement technique, les droits portant sur les inventions à

caractère technique ornemental et les droits portant sur les signes distinctifs.

En ce qui concerne la propriété littéraire et artistique, elle connait une première sous

classification en droit d’auteur regroupant les droits des artistes, des musiciens,

d’auteur de romans ou d’œuvres cinématographiques.

La seconde sous-classification se rapporte aux droits voisins du droit d’auteur, c’est

le droit des artistes interprètes et exécutant, le droit des producteurs de

phonogramme et de vidéogramme.
Par ailleurs, avant d’aborder l’étude sur la propriété littéraire et artistique il

convient de souligner que le droit de la propriété intellectuelle est enrichi par une

réglementation plurielle.

En effet, il existe une kyrielle de règle d’émanation diverse qui organise la protection

et la circulation souhaitée de ces droits, de même des sanctions sont prévues en cas

d’abus ou de fraude.

A ce titre, il y’a lieu de relever d’abord la Convention universelle des droits de

l’homme en son article 27, la Convention de Stockholm du 14 Juillet 1967 portant

création de l’OMPI qui compte aujourd’hui plus de 192 membres, la Convention de

Bernes pour la protection des œuvres littéraires et artistiques signée le 09

septembre 1886, modifiée en 1979. Dans le cadre du système multilatéral de l’OMC,

Il faut relever l’existence de l’ADPIC (Accord sur le Droit de Propriété Intellectuelle

relatif au Commerce) qui instaure un système de contrôle aux frontières contre la

contrefaçon.

Dans notre espace régional africain, il faut signaler déjà qu’en 1969 il y’a eu la

signature de l’accord de Libreville par 12 pays africain qui mettaient ainsi en place

l’Office Africaine et Malgache de la Propriété Industrielle (OAMPI).

Par la suite, le retrait de la République de Madagascar, l’attribution de nouvelles

compétences, l’intérêt de couvrir de nouveaux objets et le souci d’impliquer la

propriété intellectuelle dans leur développement ont amené les Etats membres à

réviser l’accord de Libreville pour créer l’Organisation Africaine de la Propriété

Intellectuelle (OAPI).

Avec l’adoption d’une nouvelle convention dénommée accord de Bangui du 02 Mars

1977. L’espace de l’OAPI s’est agrandi avec l’adhésion du Togo, du Mali et des trois
Guinées. La dernière réforme de la législation continentale est intervenue le 24

février 1999. Les dispositions contenues dans l’accord de Bangui révisé constituent

le Code de propriété intellectuelle de tous les Etats membres de l’OAPI.

Ce dispositif continental est complété par des lois nationales relatives à la propriété

littéraire et artistique. Par exemple au SN, c’est la loi du 04 décembre 1973 qui

réglementait la propriété littéraire et artistique mais avec la création du BSDA

(Bureau Sénégalais du Droit d’Auteur) il est apparu nécessaire de procéder à la

révision de la loi afin de prendre en compte certaines considérations nouvelles. C’est

ainsi que la loi de 2008-09 du 25 Janvier 2008 portant sur le droit d’auteur et les

droits voisins constituent le principal référentiel de texte législatif.

Cette loi a apporté des innovations majeures dans l’arsenal juridique avec notamment

la prise en compte désormais des droit voisins du droit d’auteur.

Aujourd’hui l’ordre juridique et institutionnel sénégalais a connu une autre réforme

avec la création de la SODAV - Société Sénégalaise du Droit d’Auteur et des Droits

Voisins. La SODAV - Société Sénégalaise du droit d’auteur et des droits voisins - a

été créée en décembre 2013.

La Sodav a été créé sous la forme juridique de société civile de gestion collective

regroupant auteurs, artistes-interprètes, producteurs et éditeurs du Sénégal.

En ce sens, c’est une société qui englobe des droits de propriété littéraire et

artistique. La Sodav a obtenu l’agrément pour tous les répertoires de l’Etat

sénégalais. Elle a aussi repris le portefeuille et les travailleurs de l’ex-BSDA.

Elle est actuellement la seule structure habilitée au Sénégal à gérer les intérêts des

auteurs et des bénéficiaires de droits voisins.


La Sodav, dans cet élan, se présente comme l’interlocuteur privilégié de la gestion du

secteur de la culture.

Au titre des sauts qualitatifs que l’on peut noter avec cette nouvelle institution, on

peut relever, l’existence d’un fonds de l'action sociale et le fonds de l’action

culturelle qui sont les deux instruments mis en place dans le cadre de la mise en

œuvre d'une politique d'Action sociale et culturelle au profit des ayants droit de la

SODAV, des créateurs sénégalais et africains.

Les interventions du fonds de l’action sociale sont alimentées par :

8,9% des sommes perçues au titre des droits d’exécutions publiques et des droits de

la communication publique.

50% des droits perçus à l’occasion de la représentation ou de l'exécution des œuvres

inspirées du folklore, des éléments du folklore et du domaine public (art. 158 de la

loi de 2008);

50% du montant des retenues statutaires prévues par l’article 120 de la loi n°2008-

09 du 25 janvier 2008.

Cette même institution existe en France

Au demeurant, l’étude du droit de la PLA se fera essentiellement en deux parties.

D’une part, le domaine et les modalités de la protection en matière de la PLA

(Chapitre 1) et d’autre part les procédures juridiques relatives à la propriété

intellectuelle (Chapitre 2).

Chapitre 1 : Le domaine et les modalités de la protection en matière de PLA

La propriété intellectuelle peut être perçue comme l’appropriation par l’homme de

l’expression de son génie créateur au même type que le propriétaire d’un bien
matériel quelconque, celui d’un bien immatériel jouit de tous les attributs essentiels

du droit de propriété (L’usus, le fructus e l’abusus). Toutefois, à la différence de la

propriété au sens civiliste du terme, celle-ci s’intéresse à une nouvelle catégorie de

bien fondée sur l’appropriation du savoir dans tous les domaines de l’activité humaine,

notamment l’industrie, l’agriculture, la science, les arts, le droit de la PLA constitue

dans son domaine un ensemble de règles spéciales qui contribuent à la préservation

des droits portant sur des choses créées ou portées à la connaissance du public. Ce

chapitre sera consacré aux œuvres protégées et à leur titulaire (Section 1) et aux

droits conférés (Section 2).

Section 1 : Les œuvres protégées et leurs titulaires

La question est réglée à travers la loi du 25 janvier 2008 reprenant l’accord de 1977

de Bangui du 02 Mars 1977. Ce texte distingue entre la protection au titre du droit

d’auteur et celle relative aux droits voisins en déterminant les titulaires. Mais au

préalable, il faut apporter des précisions sémantiques sur la notion même de droit

d’auteur et corrélativement sur celle de droit voisin.

Paragraphe 1 : Le droit d’auteur

Nous nous intéresserons à la définition, à la nature des œuvres protégées par le droit

d’auteur et aux titulaires des droits sur les œuvres protégées.

A – La définition du DA

Au terme de l’annexe 7 de l’accord de Bangui relatif à la PLA, il est prévu que le droit

d’auteur est « le droit qui protège les œuvres littéraires et artistiques tel que les

écrits, les œuvres musicales, les œuvres d’art, peinture et sculpture ». S’agissant des

législations nationales africaines, notamment la loi de 2008, elles donnent toutes une

liste non exhaustive des œuvres protégées aussi bien dans leur forme première ou
dans leur forme dérivée. Reprenant ainsi, l’art.2 de la Convention de Bernes sur la

PLA. En entend par forme première, la création originelle d’une œuvre intellectuelle,

quant à la forme dérivée elle résulte d’œuvre qui sont issues de création antérieure.

Il en est ainsi des traductions, des adaptations, des recueils d’œuvres, des mélanges,

des rééditions d’ouvrages.

B – La nature des œuvres protégées par le DA

De prime à bord, il faut préciser que le droit d’auteur protège les œuvres c.à.d.

l’expression d’une idée et non l’idée elle-même. Il porte donc sur la conception, et

cela étant il va sans dire que toutes les œuvres de l’esprit ne bénéficient pas d’une

protection légale. A ce titre l’art.6 de la loi apporte une précision en disposant qu’une

œuvre n’est protégeable que si elle présente un certain nombre de caractère.

1 – Le caractère d’originalité : Selon l’art.7 de la même loi, l’originalité s’entend de

la marque de la personnalité de l’auteur. Comparativement, en France c’est l’art. 111-

1 du Code de PI qui définit l’œuvre protégée comme devant être une œuvre de l’esprit.

Mais par insuffisance de précision, c’est La JP et la doctrine qui ont émis deux

conditions pour déterminer la nature des œuvres protégées.

Premièrement, l’œuvre doit être une création de forme et deuxièmement elle doit

être originale. Pour le premier critère dégagé par la JP et la doctrine en France mais

consacré par les textes en Afrique, l’œuvre doit prendre une forme perceptible par

les tiers [c.à.d. toute autre personne qui n’est pas auteur] pour accéder à la

protection.

Autrement dit, tant qu’elle reste dans l’esprit de son concepteur, elle n’est qu’une

abstraction qui ne peut prétendre à aucun droit.


Par exemple, l’information donnée sur un évènement d’actualité de manière générale :

« Le président gambien est sommé de quitter son pays à 12h par la CDEAO ». Cette

information, générale et générique ne peut être protégée par le droit d’auteur car

elle peut être librement reprise.

Par contre, l’article de presse, la chronique d’un journaliste qui relate l’évènement en

Gambie, décrit son contexte, présente les réactions des populations, des leaders

politiques gambiens et africains avec une forme intellectuelle très singulière pourra

être considéré comme une création protégeable par le droit d’auteur.

Deuxièmement, l’œuvre doit être une création originale. L’originalité s’entend

également de la marque de la personnalité de son auteur, cela signifie que l’œuvre est

le fait d’un individu et elle constitue par conséquent une part de lui, qui s’incarne dans

une forme particulière. L’originalité concrètement apparait dans le style de

l’écriture, dans la mélodie, dans le rythme ou encore dans l’harmonie utilisée pour une

œuvre musicale.

Cependant, des difficultés peuvent apparaitre lorsque cette condition d’originalité

est appliquée à des œuvres plus techniques ou utilitaires tel que les logiciels.

Mais par rapport à cette préoccupation, la solution apportée réside dans la notion

d’apport intellectuel de l’auteur ou d’effort de création. Cette solution implique que

l’originalité soit appréciée dans une approche beaucoup plus objective que celle liée

à l’empreinte de la personnalité.

La condition d’originalité est donc devenue un concept polysémique, c.à.d. ambivalent

dont le contenu diverge selon l’œuvre en question.


Au demeurant, il faut considérer que pour la protection au titre du droit d’auteur, il

ne sera pas considéré un certain nombre d’élément, c’est ce qu’on appelle les

conditions négatives de la protection. Il en est ainsi :

-Du genre de l’œuvre : Une création est protégeable quel que soit le genre auquel

elle appartient, qu’il s’agisse d’une œuvre littéraire, musicale ou audiovisuelle,

l’essentiel c’est qu’elle soit une création de l’esprit.

-De la forme d’expression : Une œuvre de l’esprit doit s’incarner nécessairement

dans une forme, mais la nature de cette dernière reste indifférente à la loi, ainsi la

loi protège par exemple une œuvre qui est fixée sur un support tel un manuscrit ou

un fichier électronique au même titre qu’une œuvre orale, une chanson ou un cours.

-Du mérite : A ce niveau, il y’a une non prise en compte du mérite aussi bien de

l’auteur que de l’œuvre elle-même. [Même si l’œuvre est nulle, même si l’auteur est

nul ou inconnu, la protection subsiste]. En effet, le législateur voudrait que le talent

de l’auteur et la qualité de sa création n’influence guère le juge qui doit déterminer

la protection à apporter à une œuvre.

-De la destination : L’usage de l’œuvre et sa finalité ne peuvent déterminer l’accès

au statut d’œuvre protégée par le droit d’auteur. Cette règle est particulièrement

importante car elle signifie que le droit d’auteur ne peut être réservé aux beaux-

arts. Autrement dit, une création utilitaire musicale ou autre, doit être protégée au

même titre qu’une création à vocation exclusivement artistique.

En définitive, les œuvres sont protégées du seul fait de la création, abstraction faite

de leur mérite, de leur destination ou de leur genre.

En plus, aucun dépôt ou formalisme n’est exigé pour l’enregistrement comme en

matière de propriété industrielle.


C – La détermination du statut de titulaires des droits sur les œuvres protégées

Le principe est que les droits exclusifs qui résultent de la protection ne sont

reconnus qu’au créateur intellectuel de l’œuvre, on parle dès lors de la titularité

initiale mais l’œuvre peut également être transmise par n’importe quel procédé, dès

lors il y’a lieu de distinguer les titulaires originaires des titulaires dérivés.

1 – La catégorie des titulaires originaires

L’auteur est la personne physique qui a créé une œuvre artistique ou littéraire, mais

la question de la preuve de la titularité peut parfois se poser. En principe, celui qui

revendique un droit sur une œuvre doit en apporter la preuve. Il doit démontrer qu’il

a marqué la création de son empreinte personnelle.

Mais cette preuve n’étant pas du tout facile à apporter, le législateur africain à

l’art.14 du traité OAPI qui est le pendant de l’art L-113. Al.1 du code de propriété

intellectuelle à poser une présomption simple de titularité. Selon

ce texte : « La qualité d’auteur appartient, sauf preuve contraire, à celui ou à ceux

sous le nom de qui l’œuvre est divulgué ».

Ainsi, toute personne qui est identifié comme auteur de l’œuvre au moment où celle-

ci est portée à la connaissance du public, est présumé avoir effectivement cette

qualité. Cette disposition peut être très utile à condition qu’il n’existe aucune

ambiguïté, dans la détermination de la qualité et du nom de l’auteur.

Par exemple, il a été jugé que la seule mention « avec le concours de » ou « avec la

collaboration de » ne permet pas de faire application de cette présomption.

Les personnes ainsi identifiées devront prouver leur qualité d’auteur.


En revanche, une formule affirmée, ferme et précise tel que « une œuvre de » ne

laissera planer aucun doute. Evidemment, s’agissant d’une présomption simple il sera

toujours possible de démontrer par tous moyens que la personne identifiée comme

auteur ne doit pas se faire reconnaitre cette qualité.

A préciser, qu’une personne dont le nom n’aurait pas été associé à l’œuvre au moment

de sa divulgation peut toujours faire reconnaitre sa qualité d’auteur à condition d’en

apporter la preuve. Il faut également préciser qu’une œuvre peut être publiée sous

un pseudonyme.

Par ailleurs, la question de la titularité de l’œuvre s’est posée avec une certaine acuité

dans la pratique professionnelle nécessitant à notre niveau une précision qui est celle

de la loi.

A ce propos, le principe sus énoncé semble suivre même pour les œuvres créées par

un salarié. Cependant, l’art.18 de la loi de 2008 prévoit une présomption de cession

au profil de l’employeur eu égard à l’existence d’un contrat de travail. Cet article

précise que la cession est justifiée par les activités habituelles du salarié au moment

de la création de l’œuvre, mais elle s’accompagne d’une rémunération distincte du

salaire.

Un régime juridique semblable est prévu pour l’œuvre créé par le fonctionnaire dans

l’exercice de ses fonctions ou d’après les instructions reçues. Le fonctionnaire est

certes titulaire des droit sur l’œuvre mais il y’a un système légal de cession des droits

patrimoniaux à l’administration pour les besoins du service public.

La question de la preuve de la titularité des droits de propriété littéraire et

artistique se pose encore en matière de contrefaçon, de plagiat, d’espionnage, de vol.

A ce propos les juges ont également préféré simplifié les règles de preuve.
Autrement dit, dans la situation où il s’agit d’obtenir la condamnation de la personne

qui a violé les DA. Dans ces différents scénarios, la JP estime que la personne

physique ou morale qui exploite l’œuvre et prend l’initiative d’une action en

contrefaçon est présumé titulaire des droits.

La titularité est donc déduite de la seule exploitation, cette solution de droit a pour

but, certes de faciliter l’action en justice et d’éviter la charge de la preuve de la

titularité des droits litigieux, mais une telle présomption présente un danger réel car

elle peut être remise en cause à tout moment par la personne qui établirait la

paternité qu’elle a sur son œuvre.

Dans l’exemple de la preuve du droit d’auteur faisant l’objet de querelle entre des

entreprises ayant intervenu dans le processus de création, les juges exigent de

l’entreprise plaignante, la production aux débats des documents internes permettant

de déterminer, les différentes étapes de sa création. Les entreprises font ainsi état

de leurs documents de travail tel que des fiches techniques, les croquis, les essais

de matière, les échantillons de tissus, Cependant, de tels moyens de preuve ont été

apprécié comme insuffisants par une grande majorité de la JP, il en ainsi de l’arrêt

de la CA de Paris du 16 Janvier 2009 considérant que de tels documents ne

comportent aucune date certaine et par conséquent, ils étaient objectivement

insuffisant pour servir de preuve.

Dans cette même affaire, les témoignages des salariés ont également été sollicité

mais finalement rejeté parce que jugés trop subjectifs. Toutefois, ces éléments

constituent des commencements de preuve par écrit, lesquels doivent été corroborés

par des éléments objectifs c.à.d. des éléments de preuve extérieures à l’entreprise

en demande dans la procédure.


Ainsi, pour pallier au vol et autre comportement délictueux dans l’échange des

modèles créés par exemple, les entreprises ont tout intérêt à procéder au dépôt de

leur création dès la conception soit chez un huissier, soit via des systèmes de dépôt

en ligne organisés par des sociétés privées. Justement, dans une décision du 28

septembre 2007 du TGI de Paris puis dans un arrêt confirmatif du 02 juillet 2002

enregistré respectivement sous les numéros 05/00255 et 06/12970, les modes de

preuves sus énoncés ont été jugés recevables à conférer une date certaines aux

créations objet de dépôt.

2 – Les cas de titularité dérivée ou partagée du droit d’auteur

A ce niveau, il importe de relever que le titulaire du DA peut varier en fonction du

type d’œuvre considéré.

S’agissant de l’œuvre dite de collaboration, c.à.d. celle à laquelle ont concouru deux

ou plusieurs auteurs pour sa création.

Dans ce type d’œuvre, tous les auteurs sont considérés comme les premiers

titulaires, mais à préciser également que chacun des coauteurs doit avoir un rôle

créatif original.

En ce qui concerne les œuvres dites composites, il s’agit d’une œuvre nouvelle qui

incorpore une œuvre préexistante et qui est réalisée, certes sans la collaboration

mais avec l’accord de l’auteur originel.

L’auteur d’une œuvre composite à un droit sur celle-ci mais sous réserve du respect

du droit d’auteur sur l’œuvre préexistante. Exemple, la réédition des ouvrages

scientifiques anciens.
S’agissant de l’œuvre de commande, elle est créée pour le compte d’une personne

physique ou morale dénommée commanditaire moyennant rémunération.

L’auteur d’une œuvre de commande est le premier titulaire du droit d’auteur,

cependant même si elle n’est pas présumé il y’a une possibilité de cession légale des

droits patrimoniaux. Exemple, la création d’un guide, d’une base de données, d’un

logiciel, au profit d’une institution quelconque.

Quant à l’œuvre dite collective, c’est une œuvre créée par plusieurs auteurs mais à

l’initiative et sous la responsabilité d’une seule personne physique ou morale qui publie

l’œuvre sous son nom.

Pour ce type d’œuvre le premier titulaire du DA est la personne qui en a pris

l’initiative et la publication sous son nom.

Par ailleurs, au vue de toutes ces situations particulières, le partage du DA, il faut

remarquer également que le droit d’auteur peut être cédé ou transmis par le biais

d’un acte juridique unilatéral ou bilatéral, c’est le cas notamment du contrat de

cession le « legs » ou le legs testamentaire.

Paragraphe 2 : Les droits voisins

A – La définition des droits voisins

Les droit voisins tirent leur origine d’une œuvre protégée par le droit d’auteur et

s’apparentent à celui-ci à certains égards. Ils ont pour objet de protéger les intérêts

juridiques de certaines personnes physiques ou morales qui contribuent à rendre les

œuvres accessibles au public.

Il s’agit de la plus grande innovation de la loi de 2008, et en droit international de la

propriété intellectuelle les droits voisins constituent le fruit d’une évolution.


Ces droits offrent des prérogatives moins importantes que celle du DA et sont

reconnus à trois catégories de personnes.

B – Les bénéficiaires des droits voisins

Au regard de l’art.46 de l’accord de Bangui, ces personnes peuvent être répertoriées

en trois groupes, il s’agit :

-Des artistes interprètes ou exécutants, notamment les chanteurs, les acteurs et

les musiciens.

-Des producteurs de phonogramme et de vidéogramme.

-Les organismes de la radiodiffusion ou entreprises de communication.

Section 2 : Les droits conférés par les titres de PLA

Il s’agit principalement du droit moral et des prérogatives patrimoniales.

Paragraphe 1 : Le droit moral

La loi le définit comme l’expression du lien entre l’auteur et son œuvre, entre l’artiste

et son interprétation, il est attaché à la personne de l’auteur. Etant un droit

extrapatrimonial l’art.93 de la loi de 2008 dispose qu’il est inaliénable et perpétuel

et ne peut faire l’objet d’une renonciation anticipée.

Par exemple, la cession présumée ou effective des droits patrimoniaux de l’auteur à

l’employeur ou à l’Etat ne porte nullement atteinte à la conservation du droit moral.

L’étendue du droit moral varie selon que le titulaire jouisse de la qualité d’auteur ou

qu’il soit titulaire des droits voisins du droit d’auteur.


I – Les manifestations du droit moral de l’auteur

Le droit moral de l’auteur comprend plusieurs attributs :

a- Le droit de divulgation

C’est la prérogative détenue par l’auteur de porter l’œuvre à la connaissance du

public. En effet, seul l’auteur a le droit de décider du moment de divulgation de son

œuvre, malgré les investissements éventuellement faits par un cocontractant pour

la réalisation de son œuvre.

Dans le cadre professionnel, à travers ce droit on veut éviter la gestion par

l’entrepreneur ou par l’employeur de l’œuvre de son employé et la situation ainsi

défavorable du chef d’entreprise est aggravée par le fait que le droit moral ne peut

faire l’objet d’une renonciation anticipée.

b- Le droit à la paternité

L’auteur d’une œuvre à le droit d’exiger que son nom soit indiqué dans la mesure et

de la manière conforme aux bons usages, pour tout exemplaire reproduisant l’œuvre

et à chaque fois que l’œuvre est rendue accessible au public.

Le droit à la paternité apparait ainsi comme la preuve de la filiation entre l’œuvre et

son auteur, puisque sa notoriété en dépend également.

Toutefois, il faudra remarquer que l’auteur a également la possibilité de publier son

œuvre sous une forme anonyme ou de se faire désigner lui-même par un pseudonyme.

c- Le droit au respect de l’œuvre


Il s’agit du respect de l’intégrité et de l’esprit de l’œuvre. Ce droit permet à l’auteur

d’exiger que son œuvre soit communiqué au public conformément à son infime volonté

c.à.d. exactement comme il souhaite qu’elle soit.

Cela veut dire concrètement que l’œuvre ne doit subir aucune modification sans le

consentement de l’auteur

Mais cette exigence peut connaitre quelques assouplissements pour certaines

catégories d’œuvres, par exemple un film dans son coloriage peut être modifié en

noir et blanc.

d- Le droit de repentir et de retrait

C’est le droit dont dispose l’auteur d’une œuvre régulièrement publiée, de la retirer

du marché moyennant paiement d’une indemnité à ses éventuels cocontractants.

La loi de 2008, ne prévoit que le droit de repentir contrairement aux législations

étrangères permettant postérieurement à la publication de s’opposer à la

continuation de la diffusion de l’œuvre.

Mais l’auteur qui met en œuvre cette prérogative de repentir sera impérativement

tenu d’indemniser le cessionnaire des droits patrimoniaux pour le préjudice que le

repentir lui cause.


Par ailleurs, nous faisons remarquer que le droit moral de l’artiste interprète peut

faire l’objet d’une violation, d’une atteinte, à ce propos quelques exemples nous sont

donnés par la JP sénégalaise et française.

Dans l’affaire rendue par le Tribunal Régional Hors Classe de Dakar en date du 23

Juillet 2003 entre le sieur El Hadj Faye et la Dame Viviane Ndour et consorts on

constate qu’une bonne illustration de la violation du droit moral.

En l’espèce, la Dame Ndour avait repris sans autorisation le titre « Samina » que le

demandeur El Hadj Faye considérait comme sa création.

Ce dernier, estimant que son droit moral avait été violé demandait la réparation

solidaire du préjudice qui lui a été causé par la dame et les deux producteurs.

A l’époque, le juge saisit sur le fondement des art.8 & 9 de l’annexe 7 de l’accord de

Bangui du 24 Janvier 1999 avait finalement retenu la violation du droit moral de

l’auteur après avoir établi le droit de paternité du sieur El Hadj Faye à l’aide d’une

déclaration acceptée par la commission d’identification des œuvres musicales du

BSDA.

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