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Droit de l’industrie et de l’énergie

Licence technologique GE 2022

Dr. MOYUM

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Partie 0 : notions générales sur la propriété intellectuelle et l’OAPI

Objectif :
- Importance de la propriété intellectuelle dans l’économie ;
-Connaitre ce qu’est la propriété intellectuelle et ce qui la compose : propriété industrielle (brevet,
modèle d’utilité, marque, nom commercial, dessin et modèle, obtention végétale) et propriété littéraire
et artistique (droit d’auteur et droits voisins);
-présenter l’OAPI : mission fonctionnement, organes et procédures.

Chapitre 1 : Notions générales sur la propriété intellectuelle


La définition du concept de propriété intellectuelle dans ses deux composantes : propriété
industrielle et propriété littéraire et artistique, précédera l’énumération des droits conférés.

Section 1 : Définition et concepts

A – Le concept de propriété intellectuelle


La propriété intellectuelle s’insère dans un vaste ensemble dont le socle repose sur le droit de
propriété tel que régi par les dispositions du code napoléonien. C’est ainsi qu’au même titre
que le propriétaire d’un bien matériel au sens du droit civil, le titulaire d’un droit de propriété
intellectuelle jouit de tous les attributs essentiels du droit de propriété à savoir, l’usus, le
fructus et l’abusus. Toutefois, à la différence de la propriété au sens civiliste du terme qui est
centrée sur l’appropriation des biens matériels, la propriété intellectuelle porte sur une
nouvelle catégorie de biens fondée sur l’appropriation du savoir dans, tous les domaines de
l’activité humaine notamment l’industrie, l’agriculture, l’artisanat, la science, etc.
On le voit, la propriété intellectuelle occupe une place de choix dans l’économie mondiale. En
effet, parce qu’elle crée des richesses, la propriété intellectuelle participe de ce fait au
développement économique des Etats.
D’aucuns vont d’ailleurs jusqu'à parler de l’«économie du savoir» pour souligner l’impact
indéniable des Créations intellectuelles, tant au plan macro-économique, qu’au plan micro-
économique.
La propriété intellectuelle apparaît ainsi comme un ensemble de règles spéciales qui
contribuent à la réservation des droits portant sur les choses immatérielles. Les objets de
propriété intellectuelle obéissent à un régime spécifique dérogatoire du droit commun bien
qu’il s’en inspire sur divers points.
Une classification déjà ancienne permet de scinder les droits de propriété intellectuelle en
deux catégories à savoir, ceux qui relèvent de la propriété industrielle, et ceux qui relèvent du
droit d’auteur et des droits voisins.
Les droits qui relèvent de La propriété industrielle peuvent être regroupés en trois catégories
qui portent respectivement sur les créations industrielles, les signes distinctifs et la protection
contre la concurrence déloyale
C’est ainsi que les inventions, les modèles d’utilité, les dessins ou modèles industriels, les
obtentions végétales relèvent des créations industrielles ; alors que les marques, les noms
commerciaux et les indications géographiques sont classés dans la catégorie des signes
distinctifs.
Les droits qui relèvent de la propriété littéraire et artistique comprennent le droit d’auteur
(droits des artistes musiciens, des auteurs de romans, des auteurs d’œuvres

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cinématographiques, etc.) et les droits voisins du droit d’auteur (droits des artistes interprètes
et exécutants, des producteurs de phonogrammes ou de vidéogrammes, etc.).
Une présentation analytique des deux principales branches la propriété intellectuelle s’avère
propice pour une meilleure compréhension de la matière.

B – les deux principales branches de propriété intellectuelle


La propriété intellectuelle se divise en deux principales branches à savoir la propriété
industrielle et la propriété littéraire et artistique.
1-La propriété industrielle
Les droits de propriété industrielle comprennent les brevets d’invention, les modèles d’utilité,
les marques de produits ou de services, les dessins ou modèles industriels, les noms
commerciaux, les indications géographiques, les obtentions végétales, etc.
Ces droits peuvent être rangés en trois groupes en fonction de la nature de la création sur
laquelle ils portent.
1. Les créations à caractère technique
Il s’agit de l’invention, du modèle d’utilité et de l’obtention végétale.
a)L’invention
Définition de l’invention
L’invention est une idée qui apporte une solution à un problème donné relevant du domaine
de la technique.
L’Accord distingue deux types d’inventions :
L’invention de produit : elle consiste en un objet matériel qui se distingue par les
caractéristiques de sa constitution, notamment par sa composition, sa structure ou sa forme.
Exemple : une prothèse de genoux.
- L’invention de procédé : Il s’agit de tout facteur ou agent qui conduit à l’obtention d’un
résultat ou d’un produit.
Exemple : un procédé de fabrication des médicaments.
Selon l’Accord de Bangui, le brevet est un titre délivré pour protéger une invention. Il confère
à son titulaire un droit exclusif d’exploitation de l’invention qui en est l’objet pour une durée
déterminée.
Dans l’espace OAPI tout comme dans la plupart des Offices de propriété industrielle, le
brevet garantit à son titulaire la protection de l’invention pour une durée limitée à vingt ans
sous réserves pour lui de payer la taxe de maintien en vigueur chaque année.
Pour bénéficier de la protection par le brevet, l’invention doit remplir certaines conditions :
- Elle doit être nouvelle c’est‐à‐dire qu’elle ne doit jamais avoir été divulguée.
Dès lors, ce qui est déjà connu ne peut être considéré comme une invention. La nouveauté a
un caractère absolu, ce qui signifie que l’invention en cause ne doit avoir été déjà réalisée
nulle part à travers le monde.
Il faut noter que la nouveauté est détruite par tout fait de nature à rendre l’invention accessible
Au public.
- Elle doit impliquer une activité inventive : l’invention est considérée comme impliquant une
activité inventive si elle ne découle pas de manière évidente de l’état de la technique.
Le critère de l’évidence et de la non évidence est apprécié au regard de l’homme du métier,
c’est‐à‐dire une personne ayant des connaissances et une habileté moyenne.
De nombreux indices ont été dégagés par la jurisprudence pour apprécier l’activité inventive.
Exemples : un résultat surprenant ou inattendu, un progrès technique important, etc.
- Elle doit être susceptible d’application industrielle : une invention est susceptible
d’application industrielle si son objet peut être fabriqué ou utilisé dans tous genres
d’industries.

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L’industrie doit être comprise au sens large. Elle intègre l’artisanat, l’agriculture, la pêche et
les services, etc.
L’invention ne doit pas être confondue avec la découverte scientifique qui est la révélation
d’un phénomène préexistant dans la nature mais jusque-là méconnu du public.
Exemple : la découverte au siècle dernier de l’électricité statique n’est pas une invention.
Deux points essentiels relatifs au brevet méritent d’être soulevés : la copropriété et les
inventions de salariés.
•La copropriété du brevet et les inventions de salariés
Une invention est en général l’œuvre d’une personne. Mais plusieurs personnes peuvent
réaliser une invention en commun. Dans cette hypothèse, le droit au brevet leur appartient en
commun. Il en est de même des héritiers, cessionnaires du droit au brevet par voie
successorale.
L’Accord n’organise pas un régime spécifique de la copropriété des brevets. C’est donc le
droit commun de la copropriété des biens corporels qui a vocation à s’appliquer en cette
occurrence. Les inventions des salariés sont, quant à elles, les inventions réalisées par les
salariés du secteur privé ou public dans le cadre ou en dehors de leurs missions.
Lorsqu’elle est réalisée par le salarié en exécution d’un contrat de travail, on parle d’invention
de mission.
Ici, l’invention appartient en principe à l’employeur.
L’Accord de Bangui de 1999 reconnaît cependant au salarié auteur d’une invention de
mission le droit à une rémunération supplémentaire qui s’ajoute à son salaire normal si
l’importance de l’invention est très exceptionnelle.
Lorsqu’elle est réalisée par le salarié en dehors du contrat de travail mais avec les données et
moyens mis à sa disposition par l’employeur, on parle d’invention hors mission. Dans ce cas,
l’employé a droit à une rémunération qui tienne compte de l’importance de l’invention
brevetée. A défaut d’entente, l’Accord donne aux tribunaux le pouvoir de fixer la
rémunération.
L’employeur peut renoncer de manière expresse au brevet et le brevet revient dès lors de plein
droit à l’employé.
b. Le modèle d’utilité
Le modèle d’utilité est considéré comme un moyen supplémentaire de protection des
inventions. Mais à la différence du brevet le modèle d’utilité protège spécifiquement les
inventions se rapportant aux instruments de travail ou parties de ces instruments pour autant
qu’ils soient utiles au travail ou à l’usage auquel ils sont destinés.
Exemple : un tire-bouchon.
A la différence du brevet d’invention qui protège l’invention pour une période de vingt ans, le
Modèle d’utilité a une durée de protection de dix ans à compter de la date de dépôt. Pour être
valablement protégé, le modèle d’utilité doit présenter :
-une configuration nouvelle ;
-un arrangement ou un dispositif nouveau ;
- et être susceptible d’application industrielle.
Il convient de relever que la demande de brevet peut être transformée en demande de modèle
d’utilité et inversement.
c. L’obtention végétale
•Définition de l’obtention végétale
L’obtention végétale est une variété végétale créée par l’homme.
Le système de protection s’applique à l’ensemble du règne végétal.
Les variétés sauvages sont exclues. Mais, si l’homme apporte une amélioration à cette variété
sauvage, l’obtention peut être protégée. Pour être protégée l’obtention végétale doit être :
-nouvelle ;

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-distincte ;
- homogène ;
- stable ;
- et faire l’objet d’une dénomination.
En matière de certification d’obtention végétale il existe deux types de publication :
-la publication de la demande et de la dénomination végétale ;
-la publication du certificat d’obtention végétale.
Cette publication permet aux tiers de faire opposition le cas échéant dans un délai de six mois
à compter de la publication.
L’obtention végétale a une durée de protection de vingt-cinq ans à compter de la date de
délivrance du certificat d’obtention végétale.
•Problèmes soulevés par la protection des obtentions végétales
Il s’agit essentiellement du privilège de l`agriculteur prévu par l`Accord de Bangui mais
insuffisamment encadré pour un meilleur équilibre des intérêts en présence à savoir celui des
obtenteurs et celui des agriculteurs.
2. Les créations à caractère ornemental : Les dessins ou modèles industriels
Les créations à caractère ornemental diffèrent des créations à caractère technique en ce que
leur objet et leur finalité sont esthétiques. Ici, c’est l’aspect extérieur d’un produit qui est pris
en compte et non ses fonctionnalités.
a. Définition du dessin ou modèle industriel
Le dessin ou modèle industriel est constitué par l’aspect ornemental ou esthétique d’un objet.
Il peut consister en éléments tridimensionnel (exemple : la forme ou la texture de l’objet) ou
bidimensionnel (exemple : les motifs des lignes ou la couleur). Les dessins et modèles
industriels s’appliquent aux produits les plus divers de l’industrie et de l’artisanat : montres,
bijoux, meubles, appareils électriques, véhicules, etc.
Il convient de préciser que le droit des dessins ou modèles ne protège pas les aspects
techniques du produit auquel il s’applique lesquels sont susceptibles d’être protégés au titre du
brevet d’invention ou du modèle d’utilité.
Le dessin ou modèle industriel est protégé pour une durée de cinq ans renouvelable deux fois.
b. Le cumul de protection du dessin ou modèle industriel
Les dessins ou modèles industriels ont une nature hybride en ce qu’ils touchent à la fois à
l’art et à l’industrie.
Ce dualisme a un impact sur le régime juridique de cette catégorie de biens intellectuels qui
n’appartient pas à un terrain juridique précis.
Son régime est en effet à cheval entre le droit d’auteur et le droit de la propriété industrielle.
Deux situations doivent être envisagées :
- si le créateur d’un dessin ou d’un modèle dépose sa création à l’OAPI, cette formalité lui
permet de bénéficier de la protection spécifique du droit des dessins ou modèles industriels
issue de l’Annexe IV de l’Accord de Bangui révisé.
En sus, il a la latitude d’agir cumulativement ou alternativement sur le fondement du droit
d’auteur ;
-si le créateur d’un dessin ou modèle n’a procédé à aucun dépôt, il agira seulement sur le
terrain du droit d’auteur.
3. Les signes distinctifs
Il s’agit des marques de produits ou de services, des noms commerciaux et des indications
géographiques.
a. La marque
La marque est un signe visible utilisé par une personne physique ou morale pour distinguer
ses produits ou services de ceux de ses concurrents. L’Accord de Bangui énumère de manière
significative les signes qui sont susceptibles de constituer une marque.

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Il s’agit notamment des noms patronymiques, des dénominations particulières, arbitraires ou
de fantaisie, de la forme caractéristique du produit ou de son conditionnement, des étiquettes,
enveloppes, emblèmes, empreintes, timbres, cachets, vignettes, liserés, combinaisons ou
dispositions de couleurs, dessins, reliefs, lettres, chiffres, devises, pseudonymes.
Pour être protégée, la marque doit remplir les conditions fixées par l’Accord de Bangui de
1999 à savoir :
-elle doit être distinctive en ce sens qu’elle ne doit pas décrire ou être la désignation
nécessaire du produit couvert.
C’est ainsi que la marque APPLE pour désigner des pommes ou des produits à base de
pomme ne peut pas être enregistrée puisque ce terme est la traduction anglaise du mot français
POMME;
-elle doit être disponible en ce sens qu’elle ne doit pas avoir fait l’objet d’une appropriation
antérieure.
De manière plus prosaïque, elle ne doit pas déjà avoir fait l’objet d’un enregistrement au
profit d’une autre personne ; dans la même classe de produits ou de services ou pour les
produits ou services similaires, c’est‐à‐dire dans le respect du principe de la spécialité ;
- elle ne doit pas être contraire à l’ordre public ou aux bonnes mœurs. C’est ainsi que pendant
longtemps, l’enregistrement de la marque OPIUM a été refusé dans les offices de propriété
industrielle, notamment à l’INPI en France ;
- elle ne doit pas être de nature à tromper le public sur son origine géographique, la nature ou
les caractéristiques du produit ou du service. C’est ainsi qu’une marque qui vante les produits
à base de plantes médicinales alors que ce ne sont que des dérivés de plantes médicinales
n’est pas valable ;
-elle ne doit pas reproduire les armoiries ou les poinçons officiels. C’est le cas d’une marque
qui reproduit les couleurs du drapeau d’un pays ou le sigle de la CROIX ‐ROUGE et du
CROISSANT ROUGE à savoir une croix. Par ailleurs, la marque pour être protégée doit faire
l’objet d’une demande d’enregistrement auprès de l’OAPI.
•La marque individuelle et la marque collective.
On distingue traditionnellement la marque individuelle de la marque collective.
La marque individuelle permet de différencier les produits ou services proposés par une
entreprise de ceux des autres entreprises ou des concurrents.
A titre d’exemple on peut citer les marques ORANGE, MTN et CELTEL pour les services de
téléphonie mobile ; MALTA GUINNESS, MALTA QUENCH, CASTEL, 33 EXPORT,
MÜTZIG ou ISENBECK pour les produits brassicoles, DUNHILL, MARLBORO pour les
cigarettes, LA VACHE QUI RIT pour les fromages, etc.
La marque collective est celle dont les conditions d’utilisation sont fixées par un règlement
approuvé par l’autorité compétente. Son régime juridique est sensiblement différent de celui
de la marque individuelle. L’Accord de Bangui énumère les personnes habilitées à bénéficier
de la marque collective.
Il s’agit des groupements de droit public, des syndicats ou groupements de producteurs,
d’industriels, d’artisans ou de commerçants.
• Le régime spécial de la marque notoire lorsqu’une marque, qu’elle soit individuelle ou
collective, acquiert une certaine renommée elle devient notoire et bénéficie d’un régime
spécial de protection.
La marque peut revêtir un caractère notoire dès lors qu’elle est connue d’une large fraction du
public.
Il ne suffit donc pas que la marque soit connue d’un public spécialisé, par exemple dans un
cercle professionnel. Le plus souvent il sera exigé que la marque soit connue d’une grande
partie du public, c’est‐à‐dire l’ensemble de la population. Selon la lettre de l’article 6 bis de la

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Convention d’Union de Paris, la notoriété doit être constatée dans le pays où la protection est
demandée. Sans doute, n’est ‐il pas nécessaire que la marque soit utilisée dans ce pays, mais il
est nécessaire qu’elle y soit connue.
Contrairement aux marques ordinaires, la marque notoire n’a pas besoin de faire l’objet d’un
dépôt pour bénéficier d’une protection légale. L’appréciation de la notoriété relève du pouvoir
souverain du juge.
b. Le nom commercial
Le nom commercial est la dénomination sous laquelle une personne physique ou morale
désigne l’entreprise ou le fonds de commerce qu’elle exploite pour l’identifier dans ses
rapports avec la clientèle. Il peut consister en un nom patronymique.
Le régime OAPI du nom commercial a une nature hybride puisque ce droit naît tantôt de
l’usage, tantôt de l’enregistrement.
L’atteinte portée au nom commercial est sanctionnée par l’action en concurrence déloyale.
L’action en contrefaçon est exclue pour cette catégorie d’objet de propriété industrielle.
Le régime du nom commercial enregistré emprunte beaucoup au régime de la marque tant en
ce qui concerne les formalités que pour ce qui de ses effets. Le nom commercial a une durée
de protection de dix ans à compter du dépôt. Toutefois, ce délai peut être prorogé tous les dix
ans sans limitation.
C. l’indication géographique
L’indication géographique est une mention précisant qu’un produit donné provient d’une aire
géographique déterminée, dans le cas où une qualité, réputation ou une autre caractéristique
déterminée du produit peut être attribuée essentiellement à cette origine géographique. En
réalité, l’indication géographique est un signe distinctif qui permet d’attester que les produits
extraits ou fabriqués dans une aire géographique limitée présentent des caractéristiques
spécifiques conformes à la tradition locale. Exemple : poivre de Penja, miel d’Okun, etc
L’atteinte à une indication géographique n’est pas sanctionnée par l’action en contrefaçon
mais par celle en concurrence déloyale.

B- La propriété littéraire et artistique (droit d’auteur et droits voisins)


La propriété littéraire et artistique comprend le droit d’auteur et les droits voisins du droit
d’auteur
1. Le droit d’auteur
a. Définition du droit d’auteur
Le droit d’auteur est le droit qui protège les œuvres littéraires et artistiques telles que les
écrits, les œuvres musicales, les œuvres d’art (peinture, sculpture), etc. Toutes les législations
nationales sur le droit d’auteur donnent une liste non exhaustive des œuvres protégées aussi
bien dans leur forme première que dans leur forme dérivée, reprenant ainsi l’énumération de
l’article 2 de la Convention de Berne sur la protection des œuvres littéraires et artistiques.
On entend par forme première : les œuvres littéraires, y compris les programmes d’ordinateur,
les compositions musicales avec ou sans paroles, les œuvres audiovisuelles, etc.
La forme dérivée résulte d’œuvres qui sont issues d’autres œuvres qui leur sont antérieures :
les traductions, les adaptations, les recueils d’œuvres, etc.
Il est à noter que le droit d’auteur protège les œuvres c’est ‐à ‐dire l’expression d’une
conception, et non les idées. Les œuvres sont protégées du seul fait de la création
indépendamment de leur mérite ou de leur destination.
Aucun dépôt n’est exigé comme en matière de propriété industrielle.
L’Accord de Bangui Révisé prévoit également des dispositions relatives au droit d’auteur qui
sont contenues dans l’Annexe VII traitant de la propriété littéraire et artistique.
b. Les titulaires du droit d’auteur
Il faut distinguer les titulaires originaires des titulaires dérivés.

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•Les titulaires originaires
-L’auteur est la personne physique qui a créé une œuvre littéraire ou artistique. Cependant,
l’auteur varie en fonction du type d’œuvre.
-L’œuvre de collaboration est l’œuvre à la création de laquelle ont concouru deux ou plusieurs
auteurs.
§ 2. Les droits conférés par la propriété littéraire et artistique
1. Les prérogatives du titulaire du droit d’auteur
Les législations des Etats membres de l’OAPI confèrent au titulaire deux catégories de
droits : le droit moral et les droits patrimoniaux.
a. Le droit moral
Le droit moral comprend :
Le droit de divulgation : c’est le droit conféré à l’auteur de décider du moment où son œuvre
doit être portée à la connaissance du public ;
Le droit à la paternité de l’œuvre : l’auteur est fondé à exiger sa désignation en qualité se
créateur pour toute l’exploitation de son œuvre. Pour l’auteur, le droit de paternité est la
preuve éclatante de la filiation qui existe entre son œuvre et lui-même. Sa notoriété en dépend.
L’auteur a également la faculté de publier don œuvre sous une forme anonyme de de se faire
désigner par un pseudonyme ;
Le droit au respect de l’œuvre : ce droit permet à l’auteur d’exiger que son œuvre
soit communiquée au public exactement comme il souhaite qu’elle soit. Le droit au
respect est une notion souple qui s’applique différemment selon l’œuvre concernée ;
Le droit de repentir et de retrait : c’est le droit dont dispose l’auteur d’une œuvre
régulièrement publiée de la retirer du marché moyennant paiement d’une indemnité aux
éventuels cocontractants.
b. Les droits patrimoniaux
Les droits patrimoniaux comprennent : -
le droit de reproduction (exemple : autoriser une photocopie) ;
le droit de représentation c’est le droit d’interpréter une œuvre telle qu’une chanson, le
droit de communiquer l’œuvre au public et de procéder à la radiodiffusion ; la traduction,
(l’expression d’une œuvre dans une langue autre que celle de la version originale) ;
l’adaptation (modification d’une œuvre en vue de créer une autre œuvre, transformer un
roman en un film par exemple) ;
- le droit de distribution.
2. Les limitations aux droits conférés par le droit d’auteur
Les principales limites au droit d’auteur sont : -
les analyses et courtes citations justifiées par le caractère critique, pédagogique,
scientifique ou d’information de l’œuvre, à condition qu’elles soient accompagnées par la
mention « source » et du nom de l’auteur, si ce nom figure dans la source ;
Les copies privées : ce sont les reproductions et les transformations privées en un seul
exemplaire destinées à un usage strictement personnel et privé qui sont autorisées par la loi.
Est ainsi exclue toute exploitation à des fins lucratives d’une œuvre.
La parodie : le pastiche et la caricature visent à faire rire ou sourire le public à travers une
œuvre de l’esprit. Sous réserve de rester dans’ la limite « des lois du genre », elle
constitue une exception aux droits patrimoniaux de l’auteur - la durée de protection : selon
l’article 37 alinéa 1 d de la loi camerounaise n°2000/11 du 19 décembre 2000, l’œuvre est
protégé toute la vie de l’auteur et 50 post mortem.
La libre utilisation pour l’enseignement ; la reproduction reprographie par les bibliothèques
et les services d’archives ;
La libre reproduction à des fins judiciaires ou administratives ;
La libre utilisation à des fins d’information ;

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La libre utilisation d’images, d’œuvres situées en permanence dans des endroits publics
la libre enregistrement éphémère par les organismes de radiodiffusion ;
la libre représentation ou exécution lors des cérémonies officielles ou religieuses, ou
dans un établissement d’enseignement à l’intention des étudiants et professeurs.
En tout état de cause, la loi réprime toute reproduction d’une œuvre qui porterait atteinte à
son exploitation normale ou causerait un préjudice injustifié aux intérêts légitimes de l’auteur

B. Les droits voisins


1. Les droits conférés par les droits voisins
L’artiste interprète jouit des droits suivants :
- Droit de communication au public de son interprétation ;
-Droit de représentation ;
-Droit de distribution.
Les producteurs de phonogrammes et de vidéogrammes jouissent des droits suivants :
- Droit de communication au public de son interprétation ;
-Droit de reproduction ;
-Droit de distribution
- droit de représentation.
Les entreprises de communications audiovisuelles jouissent des droits suivants :
Droit de fixation ;
Droit de représentation ;
Droit de distribution
Droit de rémission des programmes.
2. Les limitations aux droits conférés par les droits voisins
Ce sont les mêmes exceptions qu’en matière de droit d’auteur. Cependant l’article 67 de la loi
de 2000 ajoute « les artistes interprètes ne peuvent interdire ni la reproduction ni la
communication au public de leur prestations si elles sont accessoires à un événement
constituant un sujet principal d’une séquence, d’une œuvre ou d’un document audiovisuel »

§ 3. Droits résultant des contrats


A. Contrat en matière de propriété industrielle
1. Le contrat de licence
C’est un contrat par lequel le titulaire d’un droit de propriété industrielle concède à un tiers,
en tout ou en partie, la jouissance de son droit d’exploitation, moyennant le paiement d’une
redevance. L’accord de Bangui n’organise pas le régime juridique des licences contractuelles
s’agissant des titres de propriété industrielle, à l’exception des licences non volontaire. Pour
l’essentiel, la licence ne peut excéder la durée de vie de l’objet considéré, elle doit être faite
par écrit, exempte de clause abusive et publiée à l’OAPI. Il existe différents types de licence :
Licence volontaire ou licence contractuelle : le titulaire d’un titre de propriété industrielle peut
par contrat concéder à une personne une licence qui lui permettant d’exploiter l’invention
brevetée ;
Licence exclusive ou non exclusive : la licence exclusive exclut pour le concédant la
possibilité d’accorder des licences à d’autres personnes. Le concédant s’interdit lui-même
toute exploitation liée au contrat de licence. La licence non exclusive n’exclut pas pour le
concédant la possibilité d’octroyer des licences à d’autres personnes.
La licence partielle ou totale : le titulaire peut concéder à toute personne une licence
d’exploitation dudit titre. Concernant la marque, son utilisation peut etre limitée à une partie
seulement des produits ou des services pour lesquels la marque est enregistrée. Dans ce cas, le
licencié ne doit pas exploiter la marque pour les autres produits sous peine de devenir
contrefacteur de ceux-ci.

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La licence complexe : la licence complexe s’apparente à une joint-venture ou à une franchise
2. Le contrat de cession
Contrairement à la licence qui confère un droit d’usage sur le titre de propriété industrielle, la
cession d’un titre entraine quant à elle le transfert de celui-ci au cessionnaire. La cession est
expressément prévue en matière de brevet d’invention, de modèle d’utilité, de marque, de
dessins et modèle industriels, de nom commercial. La cession est soumise à une double
exigence : un écrit sous peine de nullité et doit être inscrite au registre spécial de l’OAPI pour
être opposable aux tiers.
3. le contrat de franchise
La franchise n’est pas définie nulle part dans l’accord de Bangui. De façon générale, la
franchise est un contrat qui régit la collaboration entre une entreprise franchisante d’une part
et une ou plusieurs entreprises franchisées d’autre part. La franchise comporte généralement
les licences de titres (brevet, savoir-faire, marque, droit d’auteur).
B – Contrat en matière de propriété littéraire et artistique (juste énoncé sans
développement)
Le contrat de licence ; contrat de cession ; contrat de représentation contrat d’édition et
contrat de production audiovisuelle.

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Chapitre 2 : L OAPI
Une meilleure compréhension du système OAPI passe par la maîtrise du cadre juridique et
institutionnel dans lequel évolue cette organisation et des procédures administratives et
contentieuses.
Section 1 : Le cadre juridique et institutionnel

§ 1- Cadre juridique
A – les lois nationales
L’accord de Bangui adoptée en date du 2 mars 1977, l’accord de Bangui régit la propriété
intellectuelle au sein des seize Etats membres de l’OAPI. Cet accord est considéré comme une
loi nationale pour chacun des Etats. Il a fait l’objet d’une révision le 24 février 1999. Cette
révision avait pour but de mettre la législation de l’OAPI en conformité avec les conventions
internationales notamment l’Accord sur les ADPIC. Il comporte dix annexes fixant les
dispositions applicables, dans chaque Etat membre, en ce qui concerne :
-les brevets d’invention (Annexes 1) ;
-les modèles d’utilité (Annexe II) ;
-les marques de produits ou de services (Annexe III) ;
- les dessins et modèles industriels (Annexe IV) ;
-les noms commerciaux (Annexe V) ;
-les indications géographiques (Annexes VI) ;
La propriété littéraire et artistique (Annexe VII)
La protection contre la concurrence déloyale (Annexe VIII) ;
-les schémas de configuration de circuit intégrés (Annexe IX) ;
-La protection des obtentions végétales (Annexe X).

B – Les textes internationaux


1. La convention de Paris
La convention pour la protection de la propriété industrielle fut signée à Paris le 20 mars
1988. C’est la plus vielle convention administrée par l’OMPI en matière de propriété
industrielle. Comptant à l’origine onze pays membres, elle est ratifiée par près de deux cent
pays. Elle pose les grands principes et régit la protection internationale de la propriété
industrielle. Son texte a été modifié plusieurs fois et la dernière date du 14 juillet 1967 à
Stockolm.
2. La convention de Berne
Etablie le 9 octobre 1886, à Berne, et révisée plusieurs fois dont la dernière en 1971 à Paris, la
Convention de Berne pour la protection des œuvres de la propriété littéraire et artistique. Elle
fixe les règles minimales de protection des auteurs que les parties contractantes ont
l’obligation d’intégrer dans leur législation interne.
3. L’accord sur les ADPIC (Aspect des Droits de Propriété Intellectuelle qui touchent le
Commerce)
Adopté le 15 avril 1995 à Marrakech, cet accord est le résultat des négociations commerciales
multilatérales du cycle d’Uruguay menées dans le cadre du GATT, qui ont abouti à la création
de l’Organisation Mondiale du Commerce. Tous les Etats membre de l’OAPI ont adhéré à
l’accord sur les ADPIC. Le but de l’accord sur les ADPIC est d’harmoniser les normes de
protection de la propriété intellectuelle au niveau mondial. L’accord sur les ADPIC comporte
des dispositions des normes minimales de protection régissant les différents secteurs de la
propriété intellectuelle.

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§ 2. Le cadre institutionnel
Les structures en charge de la gestion des questions de propriété intellectuelle différent selon
que l’objet considéré relève de la propriété industrielle ou de la propriété littéraire et
artistique.
A – Les administrations en charge des questions de propriété industrielle
Ces structures sont l’OAPI et le structure nationale de liaison.
1. L’OAPI : une expérience régionale
L’OAPI est l’office commun tenant lieu de service national de la propriété industrielle pour
chaque Etat membre. Ses organes et ses missions sont déterminés par l’accord de Bangui.
a)Création et missions de l’OAPI
L’OAPI a été créé application des dispositions de l’article 1882 de la Convention de Paris.
L’OAPI a pour mission entre autres, de mettre en œuvre et d’appliquer les procédures
administratives communes découlant du régime uniforme de protection de la propriété
industrielle ainsi que des stipulations des conventions internationales en ce domaine
auxquelles les Etats membres ont adhéré et de rendre les services en rapport avec la propriété
industrielle. En matière de propriété littéraire et artistique, l’OAPI est chargée d’assurer la
promotion de la protection, de susciter la création d’organismes d’auteurs nationaux.
B) Les organes de l’OAPI
L’OAPI comprend trois organes : le conseil d’administration ; la commission supérieure de
recours et la direction générale.
Le conseil d’administration est composé des représentants des Etats membres à raison d’un
représentant par Etat du directeur général consécutives au rejet d’une demande
d’enregistrement, à la radiation d’une marque suite à une opposition ou à un refus d’une
demande de restauration des droits. La direction générale assure les fonctions exécutives de
l’organisation.
c)Principes et fonctionnement de l’OAPI
Le fonctionnement de l’OA¨PI repose sur les principes fondamentaux suivants :
Un office commun à tous les Etats membres ;
Une loi uniforme : l’accord et ses annexes constituent le code de propriété intellectuelle de
chaque Etat membre ;
Les titres délivrés produisent effet dans chaque Etat ;
La sanction des droits est soumises aux juridictions des Etats membres ;
Les décisions judiciaires définitives sur la validité des titres font autorité dans tous les autres
Etats exceptées celles fondées sur l’ordre public et les bonnes mœurs.

Section 2- Les procédures devant l’OAPI

L’acquisition des droits de propriété industrielle auprès de l’OAPI est soumise à un ensemble
de formalités prévues dans l’accord de Bangui. L’accomplissement de ces formalités est la
condition nécessaire pour la naissance du droit sollicité. Après l’obtention du titre de
propriété, le titulaire est tenu d’en assurer le maintien en vigueur sous peine de déchéance.

§1. Les procédures d’acquisition et de maintien des droits


A – procédure d’acquisition des droits
Elle se déroule en quatre phases à savoir le dépôt, l’examen de la demande, la délivrance ou
l’enregistrement du titre et la publication.
1. Le dépôt de la demande
Quiconque veut obtenir un titre de propriété industrielle doit déposer une demande dont les
éléments varient en fonction du titre sollicité. C’est le cas en matière de brevet d’invention ;
de modèle d’utilité ; de marque ; de dessin ou modèle industriel ; d’indication géographique ;

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de schéma de configuration de circuits intégrés et de variété végétale. L’accord de Bangui
prévoit deux types de dépôts :
Le dépôt direct : il s’agit du dépôt effectué au siège de l’OAPI ;
Le dépôt indirect : il s’agit du dépôt effectue par l’entremise des structures nationales de
liaison.
Toutes les demandes doivent être déposées ou adressées par pli recommandé avec demande
d’avis de réception à l’OAPI.
2. l’examen de la demande
L’accord de Bangui prévoit deux types d’examens : un examen de forme et un examen de
fond. Le non-respect des conditions de forme prescrites peut être le fondement d’une décision
de rejet ou d’irrecevabilité quand bien même les conditions de fond seraient remplies.
Toutefois, le déposant dispose d’un délai pour régulariser sa demande. Faute de régularisation
dans les délais prescrits, la demande est rejetée. En principe l’OAPI ne procède pas à un
examen de fond des demandes qui lui sont adressées. Ce principe doit être atténué par le fait
qu’en ce qui concerne les demandes d’enregistrement de marques, l’OAPI effectue un examen
sur la distinctivité du signe en rapport avec le produit. De même, elle s’assure que le signe
proposé à l’enregistrement n’est pas contraire à l’ordre public ou aux bonnes mœurs et qu’il
ne reproduit pas les signes et poinçons officiels de contrôles de garantie, des drapeaux des
Etats, sigles ou dénominations des organisations internationales. A l’issue de la procédure
d’examen, la demande peut aboutir soit à la délivrance ou à l’enregistrement du titre soit au
rejet. En cas de rejet, le déposant a la faculté de saisir la commission supérieure de recours.
3. L’inscription au Registre et la publication
Une fois le titre délivré, l’OAPI procède à son inscription au Registre spécial du titre de
propriété industrielle concerné. Elle publie ensuite l’arrêté d’enregistrement ou de délivrance
au BOPI. Cette publication a pour but d’informer les tiers de l’existence du titre et de leur
permettre d’élever d’éventuelles contestations.

B- Les procédures de maintien en vigueur des droits


Le maintien en vigueur de certains titres est subordonné au paiement des annuités. Les signes
distinctifs tels que la marque et le nom commercial doivent faire l’objet d’un renouvellement
à l’expiration du délai de protection. En ce qui concerne le dessin et modèle, sa protection doit
être prolongée pour son maintien en vigueur.
1. Le paiement des annuités
Le paiement des annuités, en vue de leur maintien en vigueur concerne trois titres de propriété
industrielle : les brevets d’inventions, les modèles d’utilités et les obtentions végétales. Le
brevet d’invention expire au terme de la 7ème année civile à compter de la date de dépôt de la
demande. A chaque date anniversaire, le titulaire doit payer une taxe annuelle appelée annuité
pour maintenir en vigueur ses droits. Le défaut de paiement de cette taxe entraine la
déchéance du titre. Un délai de grâce de six mois est accordé au titulaire pour lui permettre de
régulariser sa situation, moyennant paiement d’une surtaxe en cas de forclusion, le titulaire
peut demander la restauration de ses droits au directeur et en cas de rejet de sa demande, saisir
la commission supérieure de recours.
2. Le renouvellement de l’enregistrement
Sont visés ici, le nom commercial et la marque. L’enregistrement de la marque et du nom
commercial n’est valable que pour une période de 10 ans. Cette formalité doit être renouvelée
tous les 10 ans à compter de la date de dépôt de la demande moyennant paiement de la taxe
prévue à cet effet. Faute de renouvellement dans les délais prescrits, l’Accord prévoit un délai
de grâce de six mois qui court à compter du jour où le renouvellement était dû, moyennant
paiement de la surtaxe de renouvellement tardif.

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3. La prolongation de la durée de protection des dessins et modèles
Le dessin et modèle est enregistré pour une durée de cinq ans. Pour être maintenu en vigueur,
cet enregistrement peut être prolongé pendant deux périodes consécutives de cinq ans

A – les procédures devant le directeur de l’OAPI

Lorsque le directeur de l’OAPI prend une décision, d’octroi, de rejet ou de maintien en


vigueur de titre de propriété, cette décision peut être contestée par la voie d’opposition, de
revendication ou de restauration.

1. L’opposition

Elle est prévue en matière de marque, de nom commercial et d’indication géographique. Elle
intervient après la publication de l’enregistrement d’une marque sera traitée. Elle intervient
après la publication de l’enregistrement de la marque et a pour objet de permettre aux
titulaires de droits antérieurs de faire annuler l’enregistrement obtenu en violation de leurs
droits.
L’opposition est ouverte dans les cas :
Violation des dispositions des articles 2 ou 3 de l’annexe III de l’Accord de Bangui (lorsque
la marque est dépourvue d’un caractère distinctif, ou lorsqu’elle est déceptive, contraire à
l’ordre public, aux bonnes mœurs ou aux lois, ou lorsque le signe choisi ne peut constituer
une marque ou constitue un signe officiel d’un Etat ou d’un organisme international) ;
Violation d’un droit antérieur enregistré et appartenant à l’opposant. La procédure est
introduite par une requête appelée avis d’opposition adressée au directeur de l’OAPI. Cet avis
motivé est communiqué au titulaire de l’enregistrement querellé ou à son mandataire qui peut
répondre à cet avis dans les délais de trois mois à compter de sa notification. L’organisation
statue sur l’opposition après audition des parties ou l’une d’entre elles ou leur mandataire, si
la demande lui est faite. A l’issue des débats, le directeur rend une décision qui doit être
motivée et notifiée au demandeur ou à son mandataire par pli postal avec accusé de réception.
Faute de motivation, la décision encourt la censure de la commission pour absence de motifs.
Le directeur général doit se prononcer sur l’opposition formulée ; il peut penser ainsi :
Donner gain de cause à l’opposant ; dans ce cas, l’enregistrement contesté doit être radié ;
Maintenir sa décision d’enregistrement, dans ce cas, l’opposant est débouté, la décision du
directeur est susceptible de recours devant la commission.
2. La revendication de propriété
Elle est prévue exclusivement pour les marques. La propriété de la marque appartient à celui
qui, au moment du dépôt avait connaissance du fait qu’une autre personne avait la priorité de
l’usage de cette marque, cette dernière personne peut revendiquer auprès de l’OAPI, la
propriété de la marque, pourvu qu’elle effectue le dépôt de ladite marque dans les six mois qui
suivent la publication du premier dépôt. Cette procédure vise à sanctionner les comportements
frauduleux dans les rapports entre commerçants. La revendication de la propriété est
subordonnée à la réunion de certaines conditions pour sa mise en œuvre : l’existence d’un
usage antérieur sur le territoire d’un Etat membre ; l’existence d’un dépôt frauduleux ; le
dépôt du signe par celui qui en revendique ; le paiement de la taxe prescrite.
Pour ce qui est de la procédure, selon l’article 5 (4) de l’annexe III de l’ABR, l’OAPI statue
sur la revendication après une procédure contradictoire semblable à celle de l’opposition.
3. La restauration des droits
La restauration des droits intervient dans les cas suivants :
Le demandeur de titre de la propriété industrielle qui n’a pas déposé sa demande dans les
délais ;

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Le breveté ou le titulaire d’un certificat de modèle d’utilité qui n’a pas acquitté son annuité à
la date anniversaire du dépôt de sa demande de brevet et qui ne l’a pas fait dans le délai de
grâce de six mois suivant cette date ;
Le titulaire d’une marque enregistré qui n’a pas renouvelé la protection à la date anniversaire
de la dixième année et qui ne l’a pas fait dans le délai de grâce de six mois suivant cette date ;
Le titulaire d’un dessin ou modèle enregistré qui n’a pas renouvelé la protection à la date
anniversaire de la cinquième année et qui ne l’a pas fait dans le délai de grâce de six mois
suivant cette date ;
Le titulaire d’un nom commercial enregistré qui n’a pas renouvelé la protection à la date
anniversaire de la dixième année et qui ne l’a pas fait dans le délai de grâce de six mois
suivant cette date ;
Le titulaire d’un certificat d’obtention végétale qui n’a pas acquitté son annuité à la date
anniversaire de délivrance de son certificat et qui ne l’a pas fait dans le délai de grâce de six
mois suivant cette date ;
Le demandeur qui n’a pas fourni dans les délais le document de priorité, de cession de
priorité, ou de traduction dudit document.
Les demandes de restauration doivent être faites dans un délai de six mois à compter de la
date où les circonstances indépendantes de la volonté des titulaires ou de leurs ayant droits,
ont cessé d’exister, et au plus tard dans un délai de deux ans à partir de la date où le
renouvellement était dû. Pour les dessins et modèle, ce délai est de un an. Toute demande qui
ne respecte pas ces délais est irrecevable.
La demande de restauration doit être écrite et adressée au directeur général de l’OAPI avec la
preuve entre autre de l’existence des circonstances ou raisons indépendantes de la volonté du
titulaire et du paiement de la taxe de restauration. La charge de la preuve incombe au
demandeur. La procédure est gracieuse. Après enquête et vérification des éléments du dossier,
de la commission de restauration, elle propose au directeur général :
La restauration et cette décision est inscrite au BOPI moyennant paiement de la taxe de
publication, le demandeur dont les droits ont été restauré retrouve son exclusivité
d’exploitation. Toutefois les tiers qui avaient commencé à exploiter son droit pendant la
période de déchéance peuvent continuer de le faire sans être poursuivis pour contrefaçon ;
Le rejet de la demande de restauration par tout moyen laissant trace écrite en indiquant le
délai d’exercice du recours auprès de la commission supérieur de recours.
B. La procédure devant la commission supérieure de recours
Les décisions du directeur général de l’OAPI sont susceptibles de recours devant la CSR dont
l’organisation et le fonctionnement, la compétence et la procédure doivent être précisés.
1. L’organisation et le fonctionnement
L’organisation et le fonctionnement de la CSR trouvent leur fondement dans le règlement
adopté à NOUAKCHOTT le 4 décembre 1998. Ce texte fixe à six le nombre des membres de
la CSR dont trois titulaires et trois suppléants choisis par tirage au sort parmi les magistrats
des Etats membres ayant au moins dix ans d’expérience et possédant une bonne connaissance
des questions de propriété intellectuelle. Pour siéger valablement, la commission doit être
composée de trois membres dont au moins un titulaire.
2. la compétence de la CSR
Cet organe est compétent pour :
Statuer sur les recours formés contre les décisions de rejet de demande des titres de propriété ;
Statuer sur les recours formés contre les décisions sur les oppositions et les décisions de rejet
de demande de restauration et d’inscription au registre spécial :
Connaitre des recours contre les décisions de radiation des mandataires.
Cette commission ne peut statuer que sur les recours dirigés contre les décisions du directeur
général de l’OAPI.

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3. La procédure
Tout recours doit être fait par écrit dans le délai requis et adressé en cinq exemplaires, par pli
postal recommandé avec avis de réception au secrétariat de la CSR. Les délais de saisine sont
de trois mois à compter de la réception de la notification de la notification aux intéressés de la
décision relative à une opposition, ils sont de soixante jours lorsqu’il s’agit de rejet d’une
demande.
Le dossier de recours se compose de trois éléments à savoir : une demande en annulation de la
décision du directeur général ; un mémoire ampliatif comprenant un exposé complet des
motifs présentés à l’appui de la demande et le justificatif du paiement de la taxe de recours.
La CSR ne peut être saisie sans la réunion de ces éléments qui sont déposés au secrétariat de
la CSR établi au siège de l’OAPI.
Lorsque le secrétariat de la commission reçoit le recours, il le transmet au directeur général
qui, dans le délai d’un mois à compter de la réception, peut s’il estime le recours fondé,
revenir sur sa décision : c’est le réexamen. Par contre lorsqu’il n’a pas fait droit au recours
dans le délai prévu, le secrétariat transmet le dossier au président de la CSR dans un délai de
huit jours. Si une instruction est nécessaire, un rapporteur est désigné, il en fixe les modalités,
peut entendre toute personne qu’il estime éclairer l’instruction aux frais du requérant et rédige
un rapport. Ce rapport est oralement exposé le demandeur et les autres parties présentent leurs
argument. Le directeur général formule des observations, fournit les renseignements et les
documents qui sont demandés par la CSR. Les décisions sont prises à la majorité des voix,
chaque membre disposant d’une voix. Les décisions rendues doivent être motivées. La CSR
statue en premier et dernier ressorts.

16
Introduction

Le droit de la propriété industrielle est indissociable du droit de la propriété littéraire et artistique (=


les droits d’auteur) : ils forment un tout, que l’on appelle la propriété intellectuelle.

§ 1 : La notion de propriété industrielle


D’une façon générale, les droits de propriété intellectuelle sont des droits exclusifs, temporaires,
accordés par l’Etat en vue de favoriser l’exploitation de créations intellectuelles. Ces droits ont pour
finalité la promotion du développement technologique, mais également culturel.
En assurant à l’auteur de la création une protection, le législateur entend encourager cette création.
Pour ce faire, il lui est accordé un monopole qui vise à empêcher les tiers de « piller » la création
d’autrui, et de tirer un profit des investissements réalisés par le créateur. On remarque donc la volonté
du législateur de dresser une sorte de zone de démarcation autour de l’auteur, afin de l’encourager à
créer pour qu’il ait le monopole de sa création.
Pour autant, la propriété industrielle et la propriété littéraire et artistique se distinguent par plusieurs
caractéristiques. Une des distinctions essentielles tient au fait que le droit d’auteur est reconnu
automatiquement au créateur, tandis que les droits de propriété industrielle sont reconnus par l’autorité
publique à la suite d’une demande formée par l’intéressé auprès d’une autorité spécialement habilitée
qui examinera la recevabilité de la demande.
Que recouvre la propriété industrielle ?

La propriété industrielle recouvre des éléments assez divers :


 Tout d’abord, elle couvre de véritables créations industrielles. Pour ce faire, on a recours au droit
des brevets, qui protège ce qu’on appelle l’invention (Partie I) ;
 La propriété industrielle couvre également le droit des marques, qui est en fait inclus dans une
catégorie plus large, qu’on appelle le droit sur les signes distinctifs1[1] (Partie II) ;
 Le droit de la propriété industrielle couvre également le droit des dessins et des modèles, qui a
vocation à protéger les créations ornementales (Partie III) ;
 Enfin, plus spécifiquement, la propriété industrielle inclut le droit des obtentions végétales, qui
s’applique aux variétés végétales.

§ 2 : La nature juridique des droits de propriété industrielle


Pour comprendre la nature juridique des droits de propriété industrielle, il faut replacer la matière dans
son contexte. Le droit de la propriété industrielle, et plus largement le droit de la propriété
intellectuelle, entretient des liens avec d’autres disciplines du droit.
Le droit de la propriété industrielle est en lien direct avec :
 Le droit commercial : la propriété industrielle est un élément constitutif du fonds de commerce,
classé dans la catégorie des éléments incorporels ;
 Le droit des sociétés : les droits de propriété intellectuelle peuvent faire l’objet d’apports en société,
apports en contrepartie desquels l’apporteur recevra des droits sociaux.
Cela permet de comprendre que, malgré leur appellation de « droits de propriété intellectuelle », ces
droits ont une valeur pécuniaire. Ils sont susceptibles de faire l’objet d’une évaluation patrimoniale. Ce
sont donc des droits patrimoniaux.
Pour aller encore plus loin dans la détermination de la nature juridique des droits, il faut également se
rapprocher du droit civil des biens. Le rapport entre les matières n’est pas le même, mais il est
néanmoins fondamental, car c’est celui qui permet le mieux de saisir la nature juridique de ces droits.
Quand on aborde le droit civil des biens, le rapport essentiel est le droit de propriété. Toutefois, le

1
17
droit de propriété y est abordé dans son sens classique. Autrement dit, un droit de propriété qui porte
sur un objet corporel.
Exemple : les valeurs mobilières.
Les droits de propriété intellectuelle conduisent en fait à aborder la propriété sous un angle assez
différent, puisque la propriété dans ce cas-là porte sur un droit, donc sur un élément incorporel. Pour
autant, l’on considère aujourd’hui que le contenu des droits de propriété industrielle est de nature à
permettre de déterminer la nature juridique de ces droits. Il y a bien une différence dans l’objet,
puisqu’on est face à un objet abstrait : la propriété intellectuelle (contrairement à un bien corporel).
On s’aperçoit que l’objet intellectuel possède les trois attributs du droit de propriété au sens classique
du terme :
- L’usus ;
- Le fructus ;
- L’abusus.
Tout d’abord, le propriétaire du droit dispose de l’usus, c’est-à-dire de la marque, du modèle, etc. Cet
usus présente une caractéristique qui est d’être exclusif. C’est l’une des caractéristiques du droit de
propriété intellectuelle de reconnaître un monopole d’exploitation, une exclusivité au titulaire de ce
droit.
Le système des brevets a été conçu pour favoriser sur un plan économique ceux qui, par leur
invention, contribuent aux progrès techniques. De ce fait, le titulaire du brevet bénéficie d’un
monopole d’exploitation. En contrepartie, la collectivité toute entière – la société civile – doit pouvoir
bénéficier du progrès réalisé grâce à cette invention, et ce bénéfice résulte de la connaissance
intellectuelle qu’elle peut avoir de l’invention par le biais de la divulgation du contenu de l’invention.
Si l’inventeur ne veut pas divulguer le contenu de son invention, alors il ne peut pas demander de
brevet.
Le titulaire du droit de propriété intellectuelle a ensuite incontestablement le fructus, c’est-à-dire le
droit de percevoir les fruits de l’exploitation de son droit. C’est même là une des caractéristiques de la
propriété intellectuelle.
Enfin, la cessibilité, la transmissibilité, mais également la possibilité d’abandonner son droit attestent
que le droit reconnu au titulaire est large, puisqu’il peut en disposer librement, tant juridiquement que
matériellement, ce qui renvoie à l’abusus.
Ainsi sont réunis sur la tête du titulaire tous les attributs du droit de propriété. La nature exacte des
droits de propriété intellectuelle – et par voie de conséquence, le droit de propriété industrielle – peut
d’ailleurs être déduite sur la base d’une disposition propre au droit d’auteur « L’auteur d’une œuvre
de l’esprit jouit sur cette œuvre, du seul fait de sa création, d’un droit de propriété exclusif et
opposable à tous ».Le monopole d’exploitation temporaire, qui est reconnu par le législateur sur des
biens incorporels, constitue donc un droit de propriété incorporel, et cela vaut tant pour le droit
d’auteur que pour les droits de propriété industrielle.

18
Partie I : Le droit de propriété industrielle

Objectifs : présenter les différents titres qui conféré une exclusivité en matière d’exploitation

Le droit des brevets a d’abord été institué au XVème siècle sous la forme de privilèges, destinés à
encourager les techniques nouvelles en les protégeant par le biais de monopoles d’exploitation. Ce
privilège se manifestait sous la forme de lettre patente.
Le droit des brevets protège les créations industrielles que l’on appelle les inventions. Cette notion
d’invention n’est pas définie par les textes, ce qui est assez regrettable, mais qui permet une marge de
souplesse.
Le brevet d’invention donne lieu à un véritable droit de propriété, et ce droit de propriété confère un
droit exclusif d’exploiter l’invention. Un droit exclusif d’exploitation peut être obtenu d’une autre
manière, comme par exemple par le secret. L’inventeur n’est pas obligé de demander un brevet. Une
invention secrète est désignée comme étant un « savoir-faire ». C’est une technologie, une
connaissance qui serait protégeable, mais que l’on choisit plutôt de ne pas protéger. En réalité, la
catégorie des « savoir-faire » s’est étendue et reste extrêmement utile, sans forcément nécessiter une
protection.
Le secret comporte même un risque. Le secret, ce n’est pas un droit de propriété, et ce n’est d’ailleurs
pas un droit du tout. Cela signifie que dès lors que le secret est dénoncé, la protection disparaît. On est
donc face à un choix difficile à faire, et certaines sociétés l’ont fait, en acceptant de prendre ce risque.
Exemple :Coca-Cola© n’a jamais à ce jour dévoilé la recette de sa boisson.

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Chapitre I : L’obtention de la protection par brevet
Pour bénéficier de la protection par brevet, la création devra satisfaire différentes conditions. En outre,
le brevet devra être déposé, moyennant le respect d’une procédure strictement définie.

Section I : Les conditions de la protection

De façon schématique, pour aborder les conditions de protection par brevet, on peut opposer les
conditions négatives aux conditions positives de protection.

Paragraphe 1 : Les conditions négatives


Les conditions négatives font référence au fait que la législation sur les brevets écarte de la protection
certaines formes de créations, ou des créations se situant dans certains domaines. Il faut toutefois
souligner que ces exclusions ont un caractère assez limité, comme beaucoup d’exceptions en droit.
C’est donc quelque chose qui finalement répond à une volonté de ne pas trop limiter le droit des
brevets.
A : Les exclusions rattachées à l’exigence d’invention
L’OAPI a innové en érigeant l’exigence d’invention en critère autonome de brevetabilité. La notion
d’invention existait dès les prémices du droit des brevets, mais l’on n’en déduisait pas grand-chose, et
l’on estimait que c’était un précepte, sans que la notion d’invention soit exclusive du champ de la
brevetabilité.
Toute la difficulté résulte du fait que la notion d’invention ne fait l’objet d’aucune définition légale.
Le législateur a donc fait le choix d’écarter du champ de la brevetabilité certaines créations
1. Les exclusions explicites du champ de la brevetabilité
On y trouve :
- Les découvertes ;
- Les théories scientifiques et méthodes mathématiques.
Les découvertes : on peut par exemple penser à un produit totalement naturel, comme un minerai.
Les théories scientifiques et méthodes mathématiques : c’est par exemple un théorème. Il y a là une
démarche intellectuelle forte.
Sont également exclues les créations esthétiques, mais les créations esthétiques ornementales peuvent
être protégées par le droit des dessins, ou encore par le droit d’auteur. Ce n’est donc pas une exclusion
sévère.
Le même sort est réservé aux plans, principes et méthodes (comme l’architecture par exemple, ou
des méthodes de vente commerciale), dans l’exercice d’activité intellectuelle en matière de jeux (une
règle du jeu, par exemple) ou dans le domaine des activités économiques (les méthodes de gestion de
données, par exemple).
Les codes d’ordinateur sont également écartés (les codes sources, les logiciels, par exemple), mais les
logiciels peuvent en revanche faire l’objet d’un droit d’auteur, et il le faut dans la plupart des cas, car
des logiciels doivent être payés, achetés, et il faut respecter les conditions d’utilisation.
C’est un choix qui a été fait par le législateur, mais qui n’était pas unanime. En effet, toutes les parties
prenantes n’étaient pas pour une protection par le droit d’auteur uniquement, et beaucoup pensaient
qu’il fallait laisser une protection libre, c’est-à-dire par brevet ou par le droit d’auteur.
Enfin, il est prévu que les présentations d’informations sont exclues du champ de la brevetabilité.
Qu’entend-on par « présentations d’informations » ?
Ce sera quelque chose comme les statistiques, par exemple. On peut également imaginer une base de
données. Ce n’est pas brevetable.
2. Les exclusions implicites du champ de la brevetabilité
De façon implicite, le droit écarte de la protection par brevet le résultat, c’est-à-dire l’effet technique
qui peut être obtenu. Il en résulte que seuls peuvent être brevetés les éléments qui, dans la fonction
dans laquelle ils sont employés, donnent un résultat déterminé.
Exemple : un effet d’optique permettant d’authentifier des documents n’est pas brevetable en soi, car
c’est un résultat.

20
Dans ce type de demande, qui a été rejetée par les juges, ce qu’il faut, c’est revendiquer la règle qui
permet d’obtenir l’effet.

B : L’exclusion des méthodes chirurgicales, thérapeutiques ou de diagnostic


« Ne sont pas brevetables les méthodes de traitement chirurgical ou thérapeutique du corps humain
ou animal, et les méthodes de diagnostic appliquées au corps humain ou animal ».
On peut comprendre ces exceptions. En effet, l’exclusion du champ de la brevetabilité des méthodes
appliquées au corps humain s’inspire très probablement de considérations d’ordre moral. Il est en effet
très difficile d’admettre qu’un savoir aussi utile à la Santé publique fasse l’objet d’un monopole.
L’existence d’un brevet sur ces méthodes empêcherait en effet les médecins de prendre toutes les
mesures nécessaires aux patients, dans les meilleures conditions possibles – notamment financières –
et dans les plus brefs délais. Cela impliquerait en fait que chaque médecin obtienne une licence
d’exploitation auprès de chaque titulaire de brevet pour pouvoir exercer leur profession.
On a donc pris conscience que, pour des raisons d’ordre économique et moral, ces méthodes ne
pouvaient entrer dans le champ de brevetabilité.
Le statut de l’animal conduit à interdire des pratiques appliquées au corps animal. On a donc un
raisonnement analogique pour le corps animal.
Ces méthodes relèvent de l’art de guérir, et elles ne sont malheureusement pas définies. Elles sont
justes énoncées sans être définies par le Code de la propriété industrielle.
Le procédé thérapeutique : un procédé thérapeutique intervient pour guérir une maladie, supprimer
un dysfonctionnement organique, et il inclut des méthodes prophylactiques, comme par exemple la
vaccination ou l’immunisation.
Le procédé de traitement chirurgical : la définition a été donnée par l’Office européen des brevets.
Un procédé de traitement chirurgical se détermine plus par sa nature que par son but. Il s’agit du
traitement de maladies ou de lésions du corps humain ou animal qui comportent des interventions
sanglantes ou des manœuvres externes.
Le procédé de diagnostic : c’est l’exécution, à des fins médicales, d’un examen concernant l’état du
corps humain ou animal. Il s’agit ici d’identifier un état pathologique ou son absence. Plus
classiquement, on trouve une idée assez simple qu’un procédé de diagnostic est « l’identification
d’une maladie par ses symptômes ». Cela signifie que l’on va viser tout un tas de méthodes de
diagnostic, et cela peut aller très loin, comme par exemple des méthodes d’application de tests de
diagnostic (comme un dépistage de maladie, par exemple).
On a là tout un secteur économique qui est touché, et la position française et européenne n’a pas
toujours été de formuler cette réserve en faveur des médicaments. Pendant longtemps, la volonté
politique a été d’empêcher la constitution de monopole dans le secteur de la Santé publique.
Néanmoins, assez rapidement, et dans un souci d’incitation à la recherche, il a semblé utile d’autoriser
la protection des médicaments par brevet, ce qui fût fait dans un premier temps par la création d’un
brevet spécial pour les médicaments. Très rapidement néanmoins, ce brevet a été supprimé, et les
réformes ultérieures ont réintégré le médicament dans le brevet classique
Le secteur pharmaceutique et médical offre en outre la particularité de disposer d’un titre particulier de
propriété industrielle, qui s’appelle le certificat complémentaire de protection.
Qu’est-ce qu’un certificat complémentaire de protection ?
Ce certificat a vocation à prolonger la durée de vie d’un brevet, d’une durée équivalente à celle qui
a été nécessaire à l’obtention de l’autorisation de mise sur le marché. Cette prorogation est tout de
même limitée dans le temps puisqu’elle est limitée à 5 ans, bien que les industries pharmaceutiques
souhaitent qu’elle soit étendue à 10 ans.
Si l’on part du brevet, la protection par brevet est accordée à compter de la date de dépôt de la
demande. Comme il faut déposer la demande de brevet avant la demande d’autorisation de mise sur le
marché, le monopole d’exploitation ne sert à rien puisqu’il n’y a pas encore d’autorisation de mise sur
le marché. Donc, c’est parce que le brevet prend effet dès la date de la demande de brevet que l’on
accorde ce délai supplémentaire de 5 ans maximum avec le certificat complémentaire de protection.
Cela fait l’objet de beaucoup de discussions et de pressions dans les pays, notamment entre l’Europe
qui est reconnue comme partie prenante au traité (Cf. l’Inde est le plus grand fournisseur de
médicaments). L’Inde a besoin de cela pour développer son économie, et parfois cela donne lieu à des
contournements.

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C. L’exclusion des inventions contraires à l’ordre public ou aux bonnes mœurs
Le législateur pose en principe que « Les inventions dont la publication ou la mise en œuvre sont
susceptibles d’attenter aux bonnes mœurs, ou de se révéler contraires à des prescriptions d’ordre
public, ne peuvent être brevetées.
Il faut souligner que la mise en œuvre d’une invention ne peut être considérée comme contraire à
l’ordre public ou aux bonnes mœurs du seul fait qu’elle est interdite par une disposition légale ou
réglementaire. Cela signifie que seront brevetables des inventions qui, sans contrevenir aux règles
communes de convenance ou d’honnêteté, ou sans troubler la paix et la sécurité des citoyens,
pourraient tomber sous le coup d’un monopole d’Etat on être d’exploitation restreinte par des textes
spéciaux.
Exemple : ce qui concerne certaines substances dangereuses, certains matériels électroniques de
communication ou de radars.
L’existence d’une législation de ce type, qui viendrait réglementer l’exploitation de ces technologies,
ne suffit pas pour que le juge déclare ces inventions contraires à l’ordre public ou aux bonnes mœurs.
Il ne peut prendre cette décision que dans le cas où ces inventions viendraient effectivement contrarier
l’ordre public et les bonnes mœurs, mais pour un motif propre.
Exemple : on a affaire à une demande de brevet qui contient un gaz dangereux et mortel. Compte tenu
de la législation, l’on aurait une interdiction légale, car si l’on utilise ce gaz exclusivement pour tuer
des gens et que l’on ne voit pas d’autre application, il y aurait une contrariété évidente à la
réglementation et à l’ordre public.

D. L’exclusion du corps humain


L’interdiction de breveter des inventions portant sur le corps humain date de 1994, en s’appuyant sur
l’exclusion de la brevetabilité des inventions contraires à l’ordre public et aux bonnes mœurs. Donc,
quand le législateur français s’est emparé du problème – et c’est le premier législateur à l’avoir fait – il
a posé un grand principe d’exclusion des inventions contraires à l’ordre public et aux bonnes mœurs,
pour ensuite introduire l’exclusion du corps humain. « Le corps humain, ses éléments et ses produits,
ainsi que la connaissance de la structure totale ou partielle d’un gène humain, ne peuvent en tant que
tels faire l’objet de brevets ». C’était un peu ambigu, car on dit « en tant que tels ».
Qu’est-ce que cale signifie ? Est-ce « en leur état naturel » ?
Auquel cas il s’agit d’une découverte, cela n’apporte rien de nouveau, et donc en soi le corps humain
serait brevetable. C’est dangereux. Et du coup, à vouloir bien faire, le législateur a créé une sorte de
doute : on pourrait breveter le corps humain, ce qui poserait tout de même quelques problèmes.
Lorsque l’on détient un brevet sur une invention, on n’est pas propriétaire des objets physiques.
L’invention est juste un enseignement inventif : on explique comment on peut faire quelque chose.
Donc, un brevet sur le vivant n’est pas possible : on donne un brevet sur une description qui conduit à
une innovation. Et donc, ce n’est pas parce que l’on reconnaît un brevet sur le corps humain que l’on
reconnaît un droit de propriété sur le corps humain.
Ce qui est un peu gênant, c’est que parmi les interdictions comprises dans le monopole d’exploitation,
il y a l’interdiction de reproduire l’invention. Donc, si on avait un corps transgénique et que les gènes
qu’on nous a transférés sont transmissibles lors de la reproduction, le fait d’avoir un enfant serait une
contrefaçon.
Le législateur a alors abandonné le fondement de l’ordre public et des bonnes mœurs et proposé une
nouvelle rédaction pour cette exclusion. Désormais « Le corps humain, aux différents stades de sa
constitution et de son développement, ainsi que la simple découverte d’un de ses éléments, y compris
la séquence totale ou partielle d’un gène, ne peuvent constituer des inventions brevetables », « Seule
une invention constituant l’application technique d’une fonction d’un élément du corps humain peut
être protégée par un brevet ».
Qu’est-ce que cela induit ?
D’abord, on nous parle du corps humain aux différents stades de sa constitution et de son
développement. Il faut noter que ce n’est pas la découverte du corps humain, et ce n’est pas le corps
humain en tant que tel : il n’y a plus d’ambiguïté. Le corps humain ne peut pas faire l’objet d’un
brevet. Il n’y a pas non plus de discussion sur le statut de l’embryon, du cadavre, tout cela appartient
au corps humain, puisqu’il n’est pas question de corps humain vivant ou non.

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Ensuite, s’agissant de la « simple découverte d’un de ses éléments », cela signifie que la découverte
d’un nouvel élément n’est pas brevetable, mais ce n’est pas nouveau.
Pour terminer, le législateur encadre certaines pratiques relatives aux êtres humains :
- Les procédés de clonage des êtres humains ;
- Les procédés de modification de l’identité génétique de l’être humain ;
- Les utilisations d’embryons humains à des fins industrielles et commerciales.

E. L’exclusion des variétés végétales et des races animales


Ici, on est face à deux catégories qui sont proches, mais qui en même temps présentent un certain
nombre de caractéristiques distinctes. S’agissant des obtentions végétales, le législateur, dès 1970,
instituait un régime spécifique de protection : le certificat d’obtention végétale.
Ce droit spécifique des obtentions végétales vise exclusivement les plantes qui correspondent au rang
de la taxinomie, dans la catégorie des variétés végétales, car en fait, il y a la cellule, la variété, et
l’espèce, et donc évidemment l’espèce regroupe plusieurs types de variétés.
Par conséquent, le droit des brevets, en écho de ce système dédié aux variétés végétales, exclut de son
champ d’application ces variétés végétales, mais uniquement les variétés, ce qui signifie que les
cellules végétales sont protégeables, pareillement pour un lot de plusieurs variétés qui représentent une
nouvelle espèce, par exemple.
Pour les animaux, l’exclusion concerne exclusivement les races animales, et s’appuie sur un régime
de protection des obtentions animales qui n’a jamais vu le jour. Donc, elle s’appuie sur un projet de
création d’un système particulier aux races animales. Cette exclusion est donc une anomalie dans le
droit, car on a juste quelque chose qui devait répondre à un titre qui n’existe pas, et qui n’a pas été
remis en cause, ce qui est dommage.

F. L’exclusion des procédés essentiellement biologiques d’obtention de végétaux et d’animaux

Paragraphe 2 : Les conditions positives

Le droit des brevets pose trois conditions de fond à la brevetabilité d’une invention :
- L’invention doit être nouvelle ;
- Elle suppose une activité inventive ;
- Elle doit pouvoir faire l’objet d’une application industrielle.

A : La condition de nouveauté
« Une invention est considérée comme nouvelle si elle n’est pas comprise dans l’état de la
technique ». « L’état de la technique est constitué par tout ce qui a été rendu accessible au public
avant la date de dépôt de la demande de brevet par une description écrite ou orale, un usage, ou tout
autre moyen ».
La nouveauté d’une invention est déterminée sur la base d’une comparaison entre l’objet pour lequel
une protection est demandée, et ce qui constitue l’état de la technique.
I. La détermination de l’état de la technique
La définition de l’état de la technique induit le caractère absolu de la nouveauté, et sa détermination
sera guidée par ce principe (1). Néanmoins, ce principe est atténué par un certain nombre de
tempéraments (2).
1. Le principe de la nouveauté absolue
Le principe de la nouveauté absolue se traduit par la conception très extensive de l’état de la
technique, conception qui se manifeste au regard de plusieurs éléments, comme l’accessibilité (a), le
public (b), et la date de la divulgation (c).
a. La notion d’accessibilité
C’est le terme visé par le texte qui nous dit que l’état de la technique comprend tout ce qui a été
rendu accessible au public. Cette accessibilité est entendue assez largement, d’abord parce que le
texte inclut dans l’état de la technique tout ce qui préexiste à la date de dépôt de la demande de brevet.
On est ici sur un texte qui vise tout ce qui a été divulgué par une description écrite ou orale, un usage
ou tout autre moyen.

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La notion d’accessibilité est également large, dans la mesure où elle se distingue de la simple
connaissance. Autrement dit, on considère qu’il n’est pas nécessaire que le public ait une
connaissance effective des antériorités, dès lors qu’il a la possibilité de les connaître.
Cette conception extensive des modes de divulgation aurait pu engendrer une conséquence assez
radicale s’agissant des inventions impliquant des organismes vivants. En effet, dès lors qu’une
antériorité peut naître de tout moyen, on devrait considérer qu’une invention est divulguée si elle
existe dans la nature. Toute matière vivante partant nécessairement d’une matière existant dans la
nature, elle est potentiellement accessible.
Ce n’est cependant pas l’approche qui a été consacrée par la jurisprudence, puisqu’elle estime que la
nouveauté n’est pas détruite du seul fait de l’existence d’une substance – d’un organisme – dans la
nature. Elle estime en fait que, dans la mesure où le texte précise que l’invention doit avoir été rendue
accessible, cela implique une action humaine. Or, cela va de soi, la prise en compte de l’existence
d’une substance dans la nature ne tient pas compte de cette nécessaire intervention.
D’une manière générale, les substances naturelles se trouvent dans un milieu naturel complexe, et cette
situation s’oppose à une utilisation directe, une utilisation technique, immédiate. Pour élever un
organisme vivant au rang d’invention, il faudra donc nécessairement passer par une série de
manipulations techniques qui mettront en avant ces caractéristiques. On voit bien ici que finalement,
cette question de savoir que certains éléments, certains organismes préexistent dans la nature, ne va
pas forcément faire tomber la condition de nouveauté, au motif que le public en aurait connaissance.
Enfin, la doctrine considère que l’invention n’est accessible que si elle est susceptible d’être comprise.
Autrement dit, l’accessibilité matérielle à l’objet de l’invention n’a de sens que si elle se double d’une
accessibilité intellectuelle. On en déduit qu’une invention portant sur un produit – comme un
médicament, par exemple – reste nouvelle si l’usage qu’il en est fait est insusceptible de révéler au
public les moyens, les éléments qui la constituent.
Exemple : on a une gélule de médicament, on ne pourra pas savoir comment elle a été conçue.
Il faut voir tout ce qui existe et tout ce qui a été rendu accessible au public avant de poser sa demande
de brevet, car plus vite on dépose, plus vite on arrête l’état de la technique. Il faut voir ce qui existe
déjà et ce qui serait susceptible d’être opposé par un tiers lors d’une demande de brevet. C’est donc
une démarche devant être fait a priori, et qui consiste en une recherche portant sur ce qui existe au
moment de la demande de brevet.
b. La notion de public
Pour que tombe la nouveauté, il faut, selon le texte, que l’invention ait été rendue accessible au
public. Le texte ne précise à aucun moment la qualité des personnes qui composent ce public. Il n’y a
aucun critère de fourni par le texte, et pas non plus de précision quant au nombre de personnes qui
peuvent avoir eu accès à l’invention. On peut donc considérer que ce nombre est indifférent.
La nouveauté tombera dès lors que l’invention est accessible à des personnes aptes à la comprendre et
à transmettre la connaissance qu’elles en ont. Cette précision de la compréhension de l’invention fait
écho à cette idée d’accessibilité, et cela implique que le public doit être capable de comprendre
l’invention.
c. Le moment où l’invention est accessible
La nouveauté d’une invention tombe lorsque son contenu a été divulgué avant le dépôt de la demande
de brevet. Cela veut dire qu’il n’y a pas de limitation dans le temps, en arrière. On a donc une date
butoir, qui est la date de dépôt de la demande de brevet, mais on peut aller rechercher aussi loin qu’on
veut dans le temps des antériorités pour les opposer au demandeur. Donc, cela signifie qu’il y a une
capacité d’opposition qui est assez forte.
Ce principe est simple, car tout ce qui est fait après la demande de dépôt n’est pas pris en compte.
Le dispositif signifie que la demande de brevet dont le contenu n’est pas encore accessible au public –
car on fait tout pour garder le secret avant – peut néanmoins faire échec à la nouveauté d’une invention
déposée postérieurement à la date de dépôt de cette demande. Cette exception joue uniquement si la
première demande est finalement publiée.
2. Les tempéraments au principe de nouveauté absolue
Ces tempéraments sont de deux sortes :
- Il y a tout d’abord un principe de priorité (a) ;
- Il y a ensuite le délai de grâce (b).
a. Le droit de priorité

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La nouveauté absolue pose un certain nombre de difficultés, notamment en lien avec les contraintes de
certains chercheurs, tenus de publier le plus rapidement possible les résultats des recherches qu’ils
mènent. La contrainte peut être d’ordre académique ou économique.
Cette nécessité de communiquer rapidement, et donc de déposer au plus vite sa demande de brevet
pour éviter d’antérioriser sa propre invention – c’est-à-dire de créer soi-même l’antériorité qu’on va
nous opposer – est partiellement éludée par le principe du droit de priorité.
Ce principe se décline de la manière suivante :
- D’abord, on l’appelle le droit de priorité interne : ce principe va offrir à l’inventeur la possibilité
dans un délai de 12 mois – qui court à compter de la date du dépôt de sa demande de brevet – de
déposer une nouvelle demande de brevet portant sur un objet amélioré ;
- Cette seconde demande, qui doit émaner du même déposant, fusionnera avec la première demande, et
la nouveauté sera appréciée au jour du dépôt initial pour les éléments communs aux deux demandes ;
- Ce droit de priorité est dit interne, dans la mesure où il joue sur le territoire national uniquement.
Donc, la première demande doit être faite sur le territoire national, et cela vaut également pour la
seconde demande, indépendamment de ce qui se passe ailleurs.
Quand on publie rapidement, le problème est que l’on n’est pas forcément complètement au point sur
l’ensemble des applications qu’on est susceptible d’envisager. Donc, cette procédure de priorité
interne est destinée à déposer au plus tôt une demande pour un brevet de base, demande qui peut être
complétée par une demande plus étoffée comportant de nouvelles applications, par exemple.
b. Les délais de grâce
« La divulgation est inopposable au demandeur lorsqu’elle intervient par le biais de l’exposition par
lui-même de son invention, dans les expositions officielles, et à condition que le demandeur puisse
fournir un justificatif au jour de la demande. Dans ce cas, il dispose d’un délai de 6 mois pour
déposer sa demande ». A contrario, si l’on n’est pas dans une exposition officielle et qu’il n’y a pas de
réaction officielle dans un délai de 6 mois, il va lui-même créer sa propre antériorité. En divulguant
son invention, il peut lui-même créer son antériorité, et c’est un grand classique.

B. L’appréciation de la nouveauté
Il s’agit en fait ici de préciser la manière dont l’examinateur procède pour déterminer si l’invention est
ou non nouvelle. Le Code de la propriété intellectuelle invite à considérer que la nouveauté est détruite
si l’invention se trouve telle qu’elle dans l’état de la technique. Il faut donc que l’invention soit
comprise dans l’état de la technique.
De fait, le législateur a abandonné la théorie des équivalents pour apprécier la nouveauté, ce qui
implique de définir les caractéristiques désormais retenues pour concrétiser la condition de nouveauté .
Les caractéristiques de la nouveauté
Il s’agit ici d’identifier les éléments auxquels le juge s’attache habituellement pour apprécier la
nouveauté d’une invention.
a. L’invention de produits
S’agissant en premier lieu des inventions de produits, la nouveauté de l’invention résultera d’une
différence de constitution, de composition, ou de structure par rapport au produit connu.
Exemple : une plante est revendiquée. L’examen va porter sur des caractères morphologiques,
physiologiques, ou écologiques de la plante.
En pratique, les instances chargées de la délivrance du brevet procèdent à une recherche documentaire
afin de découvrir s’il existe dans l’état de la technique une référence à un produit semblable,
produisant le même effet technique que le produit revendiqué. Si un produit similaire est trouvé, la
demande sera rejetée. Il incombe au demandeur d’établir la preuve que son produit se distingue de
l’état de la technique : il faut qu’on marque soi-même en quoi consiste la différence.
b. L’invention de procédés ou de moyens
S’agissant de l’invention de procédés (on parle d’invention de moyens), il faudra généralement –
pour que la nouveauté soit caractérisée – une modification de la structure, ou du déroulement du
procédé. On peut avoir des étapes connues, mais si derrière on met en œuvre une technique innovante,
on pourra être éligible au stade de nouveauté.
De ce point de vue-là, on a un arrêt portant sur un brevet qui porte sur un dispositif de reliage de
câbles, et qui est utilisé comme tire-veine (dans le domaine chirurgical, cela permet d’extraire des
veines nécrosées). Ici, on a caractérisé la nouveauté notamment par le fait que le procédé concernait un

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domaine d’activité spécifique – le domaine médical –et il y avait une antériorité qui concernait
également l’aboutage de deux câbles par vissage, mais qui conduisait en fait à faire tourner les câbles
lors de l’assemblage. Selon le second procédé breveté – qui était attaqué en l’occurrence – le dispositif
d’aboutage permettait de tourner indépendamment les câbles, et donc de faire tourner que le système
d’aboutage sans faire bouger les câbles. Un autre avantage était qu’il ne comportait aucun profil
traumatisant pour le corps. Cela permettait donc d’abouter également des drains, avec un usage
médical connu (pour évacuer le pus, par exemple). De ces constatations, la Cour d’appel a pu déduire
la nouveauté du dispositif d’aboutage.
En troisième lieu, il conviendra d’apprécier l’invention d’applications.
c. L’invention d’applications
Elle consiste en l’utilisation de moyens connus en vue d’obtenir un résultat qui lui-même peut être
connu en tant que tel. L’appréciation à ce moment-là va porter sur le rapport entre le moyen qui est
utilisé et le résultat. On trouve certaines illustrations en matière pharmaceutique. En effet, on peut
considérer globalement que les molécules de base ont été identifiées depuis longtemps par les
chercheurs et en les combinant, on arrive à un résultat nouveau ou connu mais pas par ce moyen-là.
Ce qui caractérise la nouveauté, c’est le rapport nouveau entre le moyen et le résultat. Le résultat
sera un effet thérapeutique différent. Dans cette catégorie, on trouve notamment les inventions de
combinaisons, c’est-à-dire qu’en combinant des moyens connus, on trouve un résultat connu, mais
pas par ces moyens-là.

B : L’activité inventive
« Une invention est considérée comme impliquant une activité inventive si, pour un homme du métier,
elle ne découle pas de manière évidente de l’état de la technique ».
I. Définition de l’activité inventive
C’est une condition qui vise à limiter l’encombrement des marchés par des titres trop facilement
accessibles. En clair, l’exigence d’activité inventive permet d’éviter qu’un concurrent du titulaire du
brevet puisse, par le biais d’améliorations mineures, tirer un large profit d’une invention qui aura
nécessité de lourds investissements pour son concurrent. C’est un critère qui va élever le niveau de
l’invention, c’est un critère qualitatif qui va donner au brevet sa valeur économique.
1. L’état de la technique
L’état de la technique de l’activité inventive est quasiment identique à celui de la nouveauté, à une
différence près :
 L’état de la technique doit être appréhendé dans son ensemble, et non plus sur la base de chaque
document pris isolément.
Le champ d’investigation du juge en matière d’activité inventive est plus large qu’en manière de
nouveauté. L’examinateur pourra rapprocher différents documents, différents brevets préexistants pour
apprécier l’activité inventive. Cela doit le conduire à être prudent. Dans son appréciation, il doit faire
abstraction de l’invention qu’on lui présente et de ce qu’elle apporte. Il faut qu’il se place à la date du
dépôt de la demande pour apprécier l’activité inventive.
2. L’homme du métier
L’homme du métier est le personnage de référence en matière d’activité inventive. C’est un standard
juridique comme le bonus pater familias. L’homme du métier est la référence à un homme
d’intelligence moyenne qui a une connaissance normale du secteur technologique pertinent.
Cette notion présente l’avantage de la souplesse, et a été amenée à évoluer parce que le niveau
technologique s’est considérablement élevé, si bien que les inventions qui sont proposées aujourd’hui
sont généralement le fait d’une équipe de recherche. De fait, on pouvait se demander si l’homme du
métier pouvait être un homme pluridisciplinaire, ou s’il convenait de se référer à l’homme d’un métier.
La jurisprudence est assez souple et considère que dans certaines hypothèses, l’examinateur peut
raisonner comme si l’homme du métier était une équipe pluridisciplinaire. Cette conception a pour
effet d’augmenter le niveau d’exigence, et notamment le niveau intellectuel de l’invention.
3. La non-évidence
L’examen de l’activité inventive consiste à mesurer un écart entre l’objet de l’invention et l’état
antérieur de la technique. La recherche de la nouveauté conduit à rechercher si l’invention présente
un apport à l’état de technique, sans en considérer la qualité. Pour la caractérisation de l’activité

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inventive, on recherche un écart significatif entre l’objet de l’invention et l’état de la technique. Cette
qualité tient à son caractère non évident.
II. L’appréciation de l’activité inventive
L’appréciation de l’activité inventive repose sur une approche plus complexe que celle de la
nouveauté. Les critères ont été élaborés progressivement par la jurisprudence, selon des règles
d’application bien spécifiques.
1. Les caractères de l’appréciation de la non-évidence
L’appréciation de l’activité inventive peut être envisagée selon deux approches :
- Une approche subjective : elle s’attache à la démarche empruntée par l’inventeur ;
- Une approche objective : que l’appréciation de l’activité inventive peut résulter de l’une ou de
l’autre de ces deux approches. Ils considèrent que l’activité inventive peut découler de divers
éléments. Elle peut se situer dans le problème posé, dans le moyen mis en œuvre pour résoudre le
problème, ou encore dans le résultat. D’autres considèrent que l’appréciation doit être objective. On
ne mesurerait donc pas l’effort inventif de l’inventeur mais uniquement les caractéristiques de
l’invention.
2. Les indices de l’activité inventive
Les indices de l’activité intensive sont appréciés par rapport à la réaction normale de l’homme du
métier face aux changements qui peuvent être apportés par l’invention. La non-évidence peut
ainsi s’induire de la solution qui est apportée à un problème posé depuis plusieurs années mais non
encore résolu. Le fait que la solution réponde à un besoin existant démontrerait que si elle avait été
évidente, les recherches menées par ceux qui avaient intérêt à la trouver auraient dû leur permettre de
l’obtenir.
C : L’application industrielle
« pour être brevetable, les inventions doivent être susceptibles d’application industrielle » c’est-à-dire
qu’« une invention est considérée comme susceptible d’application industrielle si son objet peut être
fabriqué ou utilisé dans tout genre d’industrie, y compris l’agriculture ». Le terme d’industrie n’est
pas défini par le Code de la propriété intellectuelle, mais on admet qu’il doit faire l’objet d’une
acception large. Le texte fait référence à l’agriculture, alors qu’en droit l’industrie fait partie du
secteur commercial. Le caractère industriel découlera finalement de l’exercice de toute activité
physique de caractère technique.
Cette exigence renvoie au caractère concret que doit présenter l’invention. Elle fait penser à la
condition d’utilité du droit américain. L’invention relève du domaine des réalisations et non du
domaine des abstractions. Au regard de la définition, on peut observer que l’invention sera considérée
comme répondant au critère industriel, dès lors qu’elle peut être fabriquée industriellement, ou bien
qu’elle peut être utilisée industriellement. Ce n’est pas cumulatif, mais alternatif. Dès lors, la
condition paraît assez aisée à remplir, même pour des inventeurs qui ne travaillent qu’en recherche
fondamentale, car il sera toujours possible d’expliquer dans la demande de brevet qu’on peut au
minimum fabriquer l’invention à l’échelle industrielle.
En pratique, ces conditions de brevetabilité ne font pas l’objet d’un examen attentif des offices de
brevet. C’est plutôt des conditions qui sont examinés par des juges lorsque le brevet est attaqué.

Section 2 : La procédure d’obtention du brevet

Pour obtenir un brevet, la demande doit satisfaire à certaines modalités. C’est le respect de ces
modalités qui conduira à un examen de la demande, et éventuellement à la publication et à la
délivrance du brevet.
Paragraphe1 : Les modalités de la demande de brevet
La demande de brevet peut être déposée auprès de l’OAPI à Yaoundé dans l’un de ses centres
régionaux. Il est possible également de la déposer auprès de l’Organisme mondial de la propriété
intellectuelle (OMPI) si la demande est internationale.
Dans les modalités de la demande du brevet, il y a deux aspects importants :
 L’identification de l’auteur de la demande ;
 Les modalités de présentation de la demande.

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A : L’auteur de la demande
Le dépôt peut être fait personnellement par le demandeur, ou par un mandataire qui doit avoir son
domicile, son siège social ou un établissement au Cameroun. Le mandataire qui est choisi doit avoir la
qualité de conseil en propriété industrielle. Par exception, la représentation peut être confiée soit à
un avocat, soit à une entité publique ou privée à laquelle le demandeur est contractuellement lié, soit à
une organisation professionnelle spécialisée.
En pratique, dans la grande majorité des cas, le déposant n’est pas l’inventeur. Cela s’explique par le
fait qu’une très grande partie des inventions brevetées sont mises au point par des salariés. Dans
certains cas, l’invention sera même réalisée par un stagiaire. Dans ces hypothèses très nombreuses, se
pose la question de savoir quels sont les droits des employeurs ou du maître de stage sur les inventions
brevetables de leur salarié ou stagiaire.
I. Les inventions de salariés
« Le droit au brevet appartient à l’inventeur ou à son ayant-cause ». Immédiatement, le législateur,
pose un régime particulier pour régler le sort des inventions de salariés.
Cet article distingue deux catégories d’inventions, qui obéiront à des régimes distincts :
- Les inventions de mission ;
- Les inventions hors mission.
1. Les inventions de mission
Les inventions de mission sont des inventions réalisées par le salarié dans l’exécution soit d’un contrat
de travail comportant une mission inventive, soit dans le cadre de recherches ou d’études qui lui sont
explicitement confiées. Il s’agira, selon le cas, d’inventions de mission permanente (Exemple : le
personnel affecté à un service de recherche et de développement), ou bien d’inventions de missions
occasionnelles (Exemple : une activité est confiée à un salarié de façon ponctuelle pour développer un
produit déterminé). Dans tous les cas, il faut qu’il y ait un rapport effectif entre la mission confiée
au salarié et les fonctions qu’il exerce effectivement
Les inventions de mission appartiennent de facto à l’employeur. C’est une affectation qui est
automatique, qui n’est pas à revendiquer et qui n’est subordonnée à aucune condition. Dans cette
hypothèse, le salarié ne dispose d’aucun droit sur l’invention qu’il a mise au point. La propriété de
cette invention lui échappe alors totalement. Néanmoins, le Code de la propriété intellectuelle prévoit
qu’en contrepartie de l’invention qu’il a réalisée, le salarié peut prétendre à une « rémunération
supplémentaire ». Les modalités de cette rémunération peuvent être définies par une convention
collective ou par un accord d’entreprise. Dans l’hypothèse où la convention collective ou l’accord
d’entreprise ne prévoient rien, il est possible d’envisager les modalités de cette rémunération au sein
du contrat individuel de travail. Cela signifie qu’il faut anticiper cette question au moment de
l’embauche ou par voie d’avenant. Si cette précaution n’a pas été prise, les parties sont invitées à se
mettre d’accord sur la détermination du montant d’une rémunération supplémentaire au profit du
salarié.
2. Les inventions hors mission
Au sein des inventions hors mission, on distingue deux sous-catégories d’inventions :
- Les inventions hors mission attribuables (a) ;
- Les inventions hors mission non-attribuables (b).
a. Les inventions hors mission attribuables
Les inventions hors mission attribuables correspondent à différents cas de figures prévus par le Code
de la propriété intellectuelle, à savoir :
- Les inventions qui sont faites dans le cours de l’exécution de la mission ;
- Les inventions effectuées dans le domaine des activités de l’entreprise ;
- Les inventions faites par la connaissance ou l’utilisation de techniques ou de moyens spécifiques à
l’entreprise ou encore de données procurées par cette dernière.
Avec cette catégorie, on se situe en périphérie de la mission du salarié. L’invention n’est pas le
résultat d’une commande de l’entreprise mais pour autant elle a des liens avec l’activité de
l’entreprise.
La jurisprudence se montre relativement favorable au salarié quand elle doit trancher un désaccord
touchant la qualification de l’invention. Elle a donc considéré que l’invention d’un employé peut être
qualifiée de hors mission attribuable malgré la clause du contrat de travail lui interdisant d’utiliser,
hors service, les moyens et les connaissances de l’entreprise.

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Le salarié et l’employeur peuvent trouver un accord en-dehors des prescriptions légales par lequel
l’employeur renoncerait au droit d’attribution que fait naître la qualification d’invention de mission.
En effet, en principe, et selon les prescriptions légales, l’employeur a, sur une invention hors mission
attribuable, un droit d’attribution. Cela signifie que l’employeur a la faculté de se prévaloir du droit
de brevet sur cette invention.
L’effet attributif n’est pas automatique et il peut être exercé selon des modalités variables.
L’employeur peut demander une attribution complète du brevet ou seulement d’une fraction du droit
de propriété (copropriété) ou alors d’un simple droit de jouissance par le biais d’une licence
d’exploitation.
La loi prévoit au profit du salarié une contrepartie financière appelée un juste prix. C’est une
contrepartie qui, comme son nom l’indique, correspond à un équivalent de l’apport du salarié. Le
législateur fournit des critères propres à faciliter le calcul de cette contrepartie. Il invite les parties à
tenir compte d’une part de la part contributive du salarié et de l’employeur dans la création de
l’invention, et d’autre part, des retombées économiques liées à l’exploitation de l’invention. Sur ces
bases, les parties doivent trouver un accord.
b. Les inventions hors mission non-attribuables
Les inventions hors missions non attribuables sont toutes les inventions dont l’employeur ne peut
prouver qu’elles entrent dans l’une ou l’autre des deux catégories. Dans cette hypothèse,
l’inventeur conserve la pleine propriété de l’invention qu’il a mise au point. Il procèdera au dépôt du
brevet et pourra l’exploiter librement.
Il y a peu de contentieux qui mettent en jeu cette dernière qualification. L’essentiel du contentieux
porte sur la distinction entre l’invention de mission et l’invention hors mission attribuable.
L’intérêt de l’inventeur n’est pas toujours d’aller vers une qualification hors mission attribuable. En
effet, on ne peut pas être systématiquement certain de l’exploitation commerciale et des retombées
économiques qui résulteront de l’invention hors mission.
II. Les inventions réalisées par les stagiaires
Les stagiaires au sein d’une entreprise privée ne sont pas des salariés de cette entreprise. De la même
manière, les stagiaires qui accomplissent un stage dans une entreprise publique ne sont pas des agents
de la fonction publique. Par conséquent, le régime juridique applicable aux salariés ou aux
fonctionnaires ne saurait s’appliquer aux stagiaires.
En ce domaine, le principe est que les inventions réalisées par les stagiaires leurs appartiennent. Ils
peuvent donc revendiquer le droit de propriété industrielle découlant du brevet, et ce même si
l’invention a été réalisée au cours du stage et sur les instructions du maître de stage.
Il est important de signer avec les stagiaires une convention de stage sur laquelle on inclut une clause
réglant le sort des inventions réalisées par le stagiaire. En pratique, les conventions de stage
incluent des clauses par lesquelles le stagiaire renonce par avance à sa qualité de propriétaire des
inventions qu’il crée et qu’il cède ses droits à l’organisme dans lequel il effectue son stage. On a ici
une clause par laquelle le stagiaire renonce à un droit qu’il n’a pas encore acquis, et cela n’est pas
possible selon le droit des obligations.
B : La présentation de la demande
C’est un dossier qui doit comporter un certain nombre de pièces et de documents.
Les éléments du dépôt doivent être rédigés en langue française ou anglaise :
La date de dépôt du brevet est attribuée à la date de la remise d’un certain nombre de pièces :
- Une déclaration de demande de brevet ;
- L’identification du demandeur ;
- Une description de l’invention ;
- Une ou plusieurs revendications.
En outre, la demande peut comporter d’autres éléments (non obligatoires) :
- La requête ;
- Des dessins ;
- Un abrégé technique.
I. La requête
La requête est une pétition, une demande en vue de la délivrance du brevet, c’est-à-dire quelque chose
de formalisé.
Elle doit obligatoirement comporter un certain nombre de mentions :

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- L’identification des intervenants : on y trouve la désignation du déposant, la désignation de
l’inventeur si ce n’est pas le déposant, et la désignation du mandataire si nécessaire ;
- L’identification du titre demandé : le déposant doit indiquer quel titre de protection il demande,
cela peut être :
o Un brevet ;
o Un certificat d’utilité qu’on appelle également le petit brevet. Sa particularité tient au fait que les
conditions de protection sont un peu moins nombreuses et qu’en contrepartie, la durée de protection
n’est que de 6 ans ;
o Un certificat complémentaire de protection qui s’appliquera aux médicaments.
- Le nom de l’invention : l’invention est identifiée par un nom ou par un titre dans lequel on pourra
indiquer également l’existence de différentes revendications.
II. La description
1. Le principe de la description
« L’invention doit être exposée de façon suffisamment claire et complète pour qu’un homme du métier
puisse l’exécuter ». On retrouve la référence à l’homme du métier présente pour l’appréciation de
l’activité inventive. L’invention doit donc être décrite pour que l’homme du métier puisse vérifier la
faisabilité technique de l’invention, mais également pour que toute personne intéressée puisse accéder
au contenu inventif de la description lorsque celle-ci aura été publiée avec la demande de brevet.
L’exigence de description conduit l’inventeur à divulguer à tous le contenu intellectuel de son
invention. Par cette caractéristique, le brevet se distingue du savoir-faire qui est protégé par le secret.
Une fois la demande de brevet publiée, le titulaire du brevet libère l’accès intellectuel à son invention.
En revanche, le monopole d’exploitation attaché à son brevet ferme l’accès matériel à son invention.
Les concurrents auront connaissance du contenu inventif mais n’auront pas le droit de l’exploiter
commercialement. Cela fait dire à une partie de la doctrine que le brevet est une forme de contrat
social : d’un côté l’inventeur s’engage à divulguer son invention et à enrichir les ressources
intellectuelles du monde entier, de l’autre, l’Etat s’engage à reconnaître à l’inventeur un monopole
d’exploitation.
2. Les modalités de la description
La description consiste dans l’identification de l’objet de l’invention.
La description doit ainsi :
- Préciser le domaine technique auquel se rapporte l’invention ;
- Préciser l’état de la technique antérieur ;
- Exposer l’invention telle qu’elle est exposée dans les revendications, dans des termes permettant la
compréhension du problème technique et celle de sa solution ;
- Indiquer en détail au moins un mode de réalisation de l’invention ;
- Expliciter la manière dont l’invention est susceptible d’application industrielle.
La description doit en quelque sorte convaincre l’examinateur de la brevetabilité de l’invention et de
sa faisabilité.
Pour procéder à la description d’un produit, deux techniques sont envisageables en pratique. D’une
part, on peut décrire le produit en lui-même selon sa forme ou sa composition. D’autre part, on peut
décrire le produit par son procédé d’obtention. Dans tous les cas, il faudra tenir compte des exigences
légales qui imposent d’expliquer au moins un mode de réalisation de l’invention.
Pour autant, cette description a fait l’objet d’un assouplissement pour tenir compte de certaines
particularités.
5. Les revendications
La rédaction des revendications constitue un enjeu capital pour le demandeur en brevet, car c’est de
leur contenu que dépend l’étendue de la protection découlant du brevet. C’est plus qu’une condition de
forme, c’est ce qui va définir le champ d’application de la protection. Il y a un lien extrêmement
ténu entre la description et les revendications. En effet, les revendications doivent se fonder sur la
description. Plus encore, le législateur énonce que les revendications doivent être interprétées à la
lumière des descriptions. Non seulement, on comprend les revendications grâce à la description, mais
encore, l’on ne peut pas revendiquer au-delà de ce que l’on a décrit. La protection ne s’étend pas au-
delà de ce que l’on a été capable de décrire.
Les rédacteurs des revendications vont devoir trouver un point d’équilibre, un juste milieu entre des
revendications qui doivent être fidèles à la description et qui doivent être suffisamment larges pour

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éliminer toute possibilité d’empiètement sur son terrain d’exclusivité. Si ces revendications sont trop
larges, l’examinateur lui reprochera une distorsion entre les revendications et la description. Si elles
sont trop étroites, le champ est ouvert pour la concurrence.
Les revendications doivent être rédigées selon deux formes différentes :
 Les revendications dites structurelles : ce sont celles qui comportent l’indication des moyens
mis en œuvre pour parvenir à une fonction déterminée, à un résultat. On définit ici les composantes
de l’invention ;
 Les revendications dites fonctionnelles : ce sont celles qui indiquent le résultat produit par
l’invention.
L’invention revendiquée ne peut pas s’étendre au-delà de l’invention décrite. La méconnaissance de
cette règle est sanctionnée par le rejet de la demande ou l’annulation du brevet délivré. C’est la raison
pour laquelle l’inventeur peut renoncer à une ou plusieurs revendications, ou à limiter la portée du
brevet en modifiant une ou plusieurs revendications.
III Les dessins et l’abrégé du contenu technique de l’invention
Les dessins servent à interpréter les revendications, et ils ne sont pas obligatoires et ne doivent être
déposés que si la description et les revendications y font référence.
L’abrégé du contenu technique est un résumé de l’invention. Il est établi à des fins strictement
documentaires. C’est une pièce qui n’est pas nécessaire lors du dépôt de la demande de brevet, mais
qui peut être remise ultérieurement.

Paragraphe 2 : L’examen de la demande de brevet


A : Les modalités d’examen de la demande
L’examen de la demande de brevet se traduit par un contrôle administratif qui peut conduire au rejet
de la demande, dès lors que les éléments requis pour la présentation de la demande ne sont pas réunis.
La possibilité de rejet est alors notifiée au déposant qui dispose d’un délai imparti par l’OAPI pour
modifier sa demande, déposer de nouvelles revendications, ou présenter des observations destinées à
justifier le maintien de ces revendications. Si le demandeur ne réagit pas à la demande de l’OAPI, sa
demande de brevet est rejetée.
La demande peut faire l’objet d’un examen par les services de la Défense Nationale dans un délai de 5
mois à compter du dépôt. Le Ministère de la Défense peut en effet examiner les demandes de brevet
qui le concernent, afin de décider s’il va exercer un droit spécifique sur cette demande. Ce droit peut
être une demande de licence d’exploitation, ou plus littéralement une expropriation du brevet.
Pendant cette période de 5 mois, la demande est mise au secret. L’invention ne peut être exploitée et
des sanctions pénales sont prévues en cas de violation de ces obligations. Il est possible de proroger
cette durée d’examen et cette mise au secret moyennant le versement d’une indemnité au profit du
déposant.
L’autorisation de divulguer et d’exploiter est acquise dès lors que le délai de 5 mois s’est écoulé sans
demande particulière du Ministère de la Défense, ou avant l’expiration de ce délai à la demande du
déposant avec accord du Ministère.
B : L’établissement du rapport de recherche
Cela renvoie à une des conditions de fait, puisque le rapport de recherche consiste en une liste
objective d’antériorité pouvant affecter la nouveauté et l’activité inventive. L’établissement du
rapport de recherche peut être sollicité par le déposant lui-même, lors du dépôt de la demande. Il peut
également différer son déclenchement de 18 mois après la date de dépôt. Dans cette hypothèse, si
jamais en effectuant la demande il a opté pour ce report, il a tout de même la possibilité de revenir sur
sa décision et de requérir à tout moment le rapport de recherche.
L’établissement du rapport de recherche peut également être sollicité par un tiers, et ce à partir de la
publication de la demande de brevet. C’est le cas le plus fréquent, puisque les tiers, et
particulièrement les concurrents, ont intérêt à agir de la sorte.
Ce rapport de recherche a une portée très relative. En effet, il ne produit pas d’effet juridique à
proprement parler, ce qui veut dire que l’INPI est tenu de délivrer le brevet, quel que soit le contenu
du rapport ; il en résulte donc que la demande ne peut être rejetée qu’en cas de défaut manifeste de
brevetabilité. Par ailleurs, si le juge, postérieurement à la délivrance du brevet, est saisi d’une
demande en annulation (c’est donc le recours judiciaire pour obtenir l’annulation), il est libre
d’apprécier la demande formulée contre le brevet, quel que soit le contenu du rapport de recherche.

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On en déduit finalement que le rapport de recherche fournit au demandeur et au tiers une information
sur la validité probable du brevet. Ça ne lie en aucun cas le juge, mais dès lors que c’est une
recherche qui est faite par l’OAPI, ça sera une très bonne indication pour le juge, et cela pourra donc
lui être utile.
Enfin, la dernière étape est celle de la publication et de la délivrance du brevet.

Paragraphe 3 : Publication et délivrance du brevet


A: La publication de la demande de brevet
Publication : c’est la mise à la disposition du public du contenu de la demande de brevet. Cette
publication intervient dans un délai de 18 mois à compter du dépôt de la demande de brevet, donc à
l’expiration de cette durée. C’est un temps pouvant être utilisé par le déposant lui-même.
Le déposant a la possibilité de demander une publication anticipée, donc on peut imaginer une
publication du brevet qui se fasse dans un délai beaucoup plus court : il n’y a pas de limite d’imposée.
Cela peut être pour plusieurs raisons, et notamment la certitude de son brevet, ou au contraire
l’incertitude de son brevet, par exemple.
A partir de la mise à la disposition du public, toute personne peut prendre connaissance du dossier de
brevet et en obtenir la reproduction. La publication produit un effet particulier ; pendant 3 mois après
la date de publication de la demande, les tiers peuvent présenter des observations. Ces observations
sont notifiées au déposant, qui peut, dans un délai de 3 mois, déposer par écrit ses observations en
réponse, ou déposer une nouvelle rédaction des revendications.
C’est aussi à compter de la date de la publication (et c’est ce qui justifie parfois la publication
anticipée) que le déposant peut engager une action en contrefaçon.
B : La délivrance du brevet
Si la demande est conforme aux prescriptions légales, le brevet est délivré par une décision du
directeur de l’OAPI. Cette décision est notifiée au demandeur, qui reçoit un exemplaire certifié
conforme de son brevet. La délivrance va en quelque sorte « figer » les choses, et donner au droit du
breveté un contenu définitif. Ce droit du breveté prend effet de manière rétroactive à la date du dépôt
de la demande. On va donc avoir une période de flou à cause de cet effet rétroactif.
Il faut souligner que le titre qui est délivré est présumé valable, ce qui signifie que le droit du breveté
peut être rétroactivement anéanti à l’issue d’une action en annulation. On va donc jusqu’au bout de
la logique de la rétroactivité.
La délivrance peut être refusée et ne pas avoir lieu si le demandeur ne répond pas aux prescriptions
légales (voir supra), si le demandeur n’a pas acquitté la redevance de délivrance pour toute demande
de brevet, ou encore dans l’hypothèse où le demandeur a été déchu de ses droits pour non-paiement de
la redevance annuelle, qui est due immédiatement.

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Chapitre II : Le monopole d’exploitation du breveté et ses
limitations

Le droit des brevets réserve au breveté un certain nombre de prérogatives, dont l’exercice peut
toutefois se heurter à des limites.

Section 1 : Les prérogatives du breveté

On peut préciser d’emblée que, lorsqu’est déposée une demande de brevet africain, les prérogatives
reconnues au breveté sont fixées par la législation de chacun des Etats désignés dans la demande. Il
faut donc chaque fois se référer aux dispositions nationales de ces Etats.
Le brevet confère à son titulaire le droit d’interdire à tout tiers toute une série d’actes, dès lors qu’ils
sont accomplis à des fins commerciales. Ainsi, le titulaire du brevet peut interdire la fabrication,
l’offre, la mise dans le commerce, l’utilisation, l’importation, la détention, mais également,
l’exportation et le transbordement à des fins commerciales du produit, objet du brevet.
L’ensemble de ces actes n’est pas toujours répréhensible. Ainsi, « Les actes portant sur l’objet de
l’invention sont licites dès lors qu’ils sont accomplis dans un cadre privé et à des fins non
commerciales, ou bien à titre expérimental ».
D’une manière générale, les prérogatives du breveté consistent davantage en un droit d’empêcher
qu’en un droit de faire au profit du breveté. Ainsi, par exemple, malgré son monopole d’exploitation,
le breveté ne pourra pas exploiter son invention si sa mise en œuvre est interdite par une disposition
légale ou réglementaire. Donc, cela ne lui donne pas un quitus pour faire, juste un droit d’empêcher les
autres d’utiliser son produit : c’est un droit de réservation.
Ce pouvoir d’empêcher comporte en outre un certain nombre de limites.

Section 2 : Les limites au monopole du breveté

Le monopole du titulaire du brevet est limité d’un triple point de vue :


- Il est limité par une règle légale, qui est celle de l’épuisement du droit (§ 1) ;
- Il est également limité de façon spatiotemporelle (§ 2) ;
- Il est enfin limité par le droit de possession personnelle antérieure (§ 3).

§ 1 : La limitation du monopole par l’épuisement du droit


La règle de l’épuisement du droit énonce : « Les droits conférés par le brevet ne s’étendent pas aux
actes concernant le produit couvert par ce brevet, accomplis sur le territoire camerounais, après que
ce produit a été mis dans le commerce, au Cameroun ou sur le territoire d’un Etat partie à l’OAPI,
par le propriétaire du brevet, ou avec son consentement express ».
Cette règle s’explique le principe de libre-circulation des marchandises.
Pour résumer, dès que le produit breveté est entré dans le commerce, il échappe au monopole du
titulaire du brevet. Bien entendu, ce dernier peut toutefois subordonner la livraison du produit – et
notamment la première commercialisation, qui est celle qui lui appartient – à certaines conditions, dès
lors qu’elles sont conformes aux règles de la concurrence. Cette dernière réserve permet au titulaire du
brevet d’organiser la circulation de son produit par la mise en place de réseaux (réseau de distribution
exclusive, par exemple, ou encore réseau de distribution sélective). Ces réseaux sont généralement
jugés conformes aux règles du droit de la concurrence, et permettent d’amoindrir la portée du principe
de l’épuisement du droit.

§2 : La limitation du monopole dans le temps et dans l’espace


Le brevet ne produit d’effet que sur le territoire de l’Etat où la protection a été demandée et où le titre
a été délivré. Dans l’hypothèse où le demandeur effectue une demande de brevet national,

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international ou européen, la protection couvrira le territoire de chacun des Etats désignés dans la
demande.
La durée de la protection est quant à elle limitée à 20 ans. Cette durée peut être prolongée par le
biais du certificat complémentaire de protection (donc applicable aux médicaments), prolongation
qui sera calquée sur la durée de la procédure d’autorisation de mise sur le marché. Donc, ce n’est pas
une durée fixe, mais une durée variable en fonction de la durée de la procédure d’autorisation de mise
sur le marché.
Il faut savoir que la protection ne dure que si le titulaire du brevet continue à payer une somme
annuelle, qu’on appelle des annuités.
 Quand on arrête de payer, on perd son brevet, et il faut parfois faire un tri dans son portefeuille de
brevet.

§3 : La limitation du monopole par le droit de possession personnelle antérieure


Le droit de possession personnelle pour effet de légitimer l’exploitation de l’invention par un autre
que le titulaire lui-même. Donc, c’est une exception dans le monopole qui est reconnu au titulaire.
Pour que ce droit soit reconnu, il faut établir que le possesseur avait une pleine connaissance de
l’enseignement technique contenu dans le brevet. La connaissance paraît suffire, et il n’est donc pas
nécessaire de prouver que le tiers exploitait effectivement l’invention avant le dépôt de la demande de
brevet par un autre que lui.
La possession qui est visée ici doit être personnelle ; elle ne doit en aucun cas résulter d’une
communication faite par le breveté, ni d’une divulgation faite par un tiers qui était tenu d’une
obligation de confidentialité. Donc, c’est quelque chose qu’il doit avoir acquis par lui-même.
Ce droit soulève toutefois une question :
Si l’invention était connue avant le dépôt de la demande, pourquoi ne fait-elle pas tomber la
nouveauté de l’invention ?
Il semble en fait que ce qui caractérise cette situation, c’est que l’enseignement inventif possédé par un
tiers n’avait pas été divulgué au public. Dès lors qu’il était resté secret, il n’a pas pu faire tomber la
nouveauté de l’invention mise au point par le tiers. Toute la difficulté sera pour le possesseur de
démontrer une possession antérieure d’une invention qu’il a gardée secrète.
En réalité, plusieurs techniques de preuve existent, et notamment une technique qui est propre au droit
français des brevets, qu’on appelle l’enveloppe SOLEAU (qui porte donc le nom de son créateur).
Cette enveloppe Soleau sert à prouver qu’une personne possédait l’invention à une date déterminée. Il
s’agit d’une enveloppe délivrée par l’OAPI, dans laquelle toute personne peut glisser quelques
feuilles, qui doit ensuite être scellée, et qui est perforée de la date du jour de son dépôt. Comme elle
est scellée, on ne peut pas par la suite rajouter des documents, et cette technique donne donc une date
certaine au document.
Un autre moyen pour donner une date certaine à un document est d’aller voir un officier public,
comme un notaire, pour passer un acte authentique qui donnera une date certaine au document, mais
cette fois l’envergure est internationale, contrairement à l’enveloppe Soleau (qui est toutefois moins
chère vu qu’elle coûte une vingtaine d’euros, à la différence d’une consultation notariale).
Une fois que la date est prouvée, le possesseur pourra exercer tout acte sur l’invention sans
l’autorisation du titulaire du brevet.

Section 3 : Les atteintes justifiées au droit du breveté

Dans certains cas, le législateur obligera le titulaire du brevet à concéder un droit d’exploiter son
invention au profit de tiers. C’est ce que l’on désigne comme étant des licences obligatoires.
Parmi ces licences, on distingue :
- Les licences judiciaires (§ 1) ;
- Les licences administratives (§ 2).

§ 1 : Les licences judiciaires

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Le droit exclusif, le monopole d’exploitation, qui est reconnu au profit du breveté par l’Etat, implique
que son bénéficiaire exploite effectivement l’invention, afin d’en faire profiter le public. A défaut, il
peut être contraint de concéder l’exploitation de l’invention à un tiers.
Une pareille procédure ne peut être mise en œuvre qu’en respectant certaines conditions. Elle n’est
possible que s’il apparaît que le breveté n’a pas commencé à exploiter son invention, ou fait des
préparatifs sérieux à cette fin, au cours des 3 années à compter de la délivrance du brevet, ou des 4
années qui suivent le dépôt de la demande.
De la même manière, une licence judiciaire pourra être accordée s’il apparaît que l’invention qui a été
exploitée ne l’est plus depuis plus de 3 ans. Néanmoins, le breveté peut justifier la non-exploitation en
invoquant une excuse légitime, c’est-à-dire le fait qu’il se soit heurté à un obstacle matériel sérieux à
l’exploitation envisagée.
Il est également possible de demander une licence en justice, lorsque deux inventions brevetées se
recoupent partiellement, de sorte que l’exploitation de l’une puisse constituer une atteinte au droit
couvrant l’autre. C’est le cas notamment de ce que l’on appelle la dépendance en droit des brevets.
Dépendance : il y a dépendance chaque fois qu’un brevet valable du point de vue des conditions de
brevetabilité, ne peut être exploité sans que cela ne constitue une contrefaçon d’un brevet antérieur
appartenant à un tiers. Le concept de dépendance et d’invention dépendante a suscité un intérêt tout
particulier dans le domaine de la chimie, et particulièrement dans celui des médicaments, qui est un
secteur dans lequel, le plus souvent, les inventions procèdent de simples améliorations du produit
existant.
On voit bien ici que l’on est sur une situation complexe. Dans cette hypothèse, le titulaire du brevet
dépendant peut demander une licence d’exploitation au titulaire du brevet dominant. En cas de refus
du breveté, la loi l’autorise à formuler une demande judiciaire de licence d’office.
Attention :il faut d’abord s’être adressé vainement au breveté pour pouvoir demander une licence
judiciaire. C’est donc son refus qui justifie l’attribution d’une licence judiciaire.

§ 2 : Les licences à caractère administratif


Il existe quatre sortes de licences à caractère administratif :
- La licence d’office dans l’intérêt du développement économique : le breveté peut être contraint,
par décret, de concéder une licence d’exploitation lorsqu’il apparaît que l’absence d’exploitation de
l’invention, ou son insuffisance porte gravement préjudice au développement économique et à l’intérêt
public. Cette procédure est toujours précédée d’une demande faite au breveté d’exploiter son brevet de
manière à satisfaire aux besoins de l’économie nationale ;
Il y a très peu de licences accordées sur ce fondement, car si l’invention présentait un intérêt sur le
plan économique, il l’aurait compris et aurait procédé lui-même au développement suffisant de
l’invention ;
- La licence accordée dans l’intérêt de la Santé publique : cette licence va porter sur un
médicament, ou un procédé d’obtention d’un médicament, dès lors que ces éléments, ces inventions,
sont mis à la disposition du public en quantité ou en qualité insuffisante, ou à des prix anormalement
élevés, ou lorsque le brevet est exploité dans des conditions contraires à l’intérêt de la Santé publique,
ou constitutive de pratiques déclarées anticoncurrentielles à la suite d’une décision administrative (qui
n’est pas une juridiction) ou juridictionnelle, devenue définitive. Là encore, c’est une décision qui doit
résulter d’un décret, à la demande du Ministre chargé de la Santé publique ;
- La licence d’office dans l’intérêt de la Défense nationale : elle peut être demandée au stade de la
procédure de délivrance du brevet lui-même, et tout au long de la durée de la vie du brevet, à la
demande cette fois du Ministre de la Défense ;
- La licence d’office dans l’intérêt de l’élevage : elle concerne des médicaments portant sur des
brevets vétérinaires lorsque l’intérêt de l’élevage l’exige.
Dans ces quatre cas de licence obligatoire, la licence prend effet à la date de la demande de licence
d’office, et le décret ou l’arrêté qui l’ordonne en fixe également les conditions, hormis celle du prix,
qui doit découler d’un accord amiable entre les intéressés. A défaut d’accord amiable, il est possible
de demander au Tribunal de grande instance de trancher, mais ça reste tout de même relativement rare.

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Chapitre III - Le savoir faire

L’expression de savoir-faire constitue la traduction officielle de l’expression anglo-saxonne de know-


how qui continue d’ailleurs à être utilisée concurremment par la pratique.

Section 1 - Définitions

Aucune définition officielle n’a encore été fournie toutefois, on proposera de retenir du savoir-faire la
définition suivante : connaissances dont l’objet concerne la fabrication des produits, la
commercialisation des produits et des services ainsi que la gestion et le financement des entreprises
qui s’y consacrent, fruit de la recherche ou de l’expérience, non immédiatement accessibles au public
et transmissibles par contrat. La directive européenne de 1988 l’a défini comme l’ensemble
d’informations pratiques, non-brevetées, résultant de l’expérience du franchiseur et testées par lui,
ensemble qui est secret (c’est-à-dire qui n’est pas généralement connu) et substantiel (c’est-à-dire
important et utile pour la production des produits contractuel)
Effectuer un transfert de technologie consiste à mettre à la disposition d’un acquéreur un savoir-faire
technique détenu par un propriétaire → objet du contrat de savoir-faire, de sa communication

I. Le Domaine du savoir-faire
A. Contenu du savoir-faire
Le contenu même du savoir-faire varie considérablement d’une hypothèse à l’autre. Il peut d’abord
être constitué par une connaissance pure, à la condition qu’elle dépasse les connaissances courantes
réputées être à la disposition de l’homme de métier.
Plus fréquemment, le savoir-faire consistera dans un ensemble d’éléments qui sont le fruit de
l’expérience et constituent une avance technologique ou commerciale : choix des matières premières,
des températures optimales, des meilleures conditions de fabrication, d’un marché ou d’un réseau de
fournisseurs. Il peut également exister le savoir-faire négatif, constitué par la connaissance des erreurs
à ne pas commettre.
B. Caractères du savoir-faire
La doctrine a mis en évidence deux caractéristiques que doivent présenter les connaissances pour
constituer juridiquement un savoir-faire :
·Etre transmissible. Il faut que le savoir-faire ne soit pas indissociablement lié à la personne de
l’exécutant, mais soit au contraire susceptible d’en être détaché de manière à pouvoir être transmis
contractuellement.
·La connaissance ne doit pas être immédiatement accessible au public. Cela n’implique pas la
nouveauté absolue requise par le droit des brevets. Le savoir-faire peut être constitué par des
connaissances ou des résultats d’expériences qui ne seraient point nouveaux, au sens que donne à ce
mot la loi sur les brevets d’invention
Mais d’autres caractères peuvent s’ajouter :
·Caractère technique : cas pratique
·Caractère non breveté : il n’est pas exigé que pour être qualifié de savoir-faire que celui-ci soit
brevetable
·Caractère secret : cas pas généralement connu ou facilement accessible
· Absence de caractère inventif : les données couvertes par le savoir-faire ne doivent pas révéler d’
une activité inventive.
· Caractère substantiel : c’est-à-dire englobe des informations qui sont utiles soit à la mise en œuvre
du procédé soit à la fabrication du produit protégé.

II. Protection du savoir-faire


A. Absence de droit privatif
L’invention secrète, qu’elle constitue un secret de fabrique ou plus largement un savoir-faire, ne fait
pas l’objet au profit de son détenteur d’un droit privatif. Dès lors, celui qui dispose d’un savoir-faire
ne peut prétendre sur cette valeur à aucun monopole. On observera à cet égard que le savoir-faire n’est

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pas, comme on l’a parfois pensé, nécessairement non brevetable. S’il l’est, il peut alors accéder à la
protection par brevet, c’est alors le régime du brevet qui est évidemment applicable. S’il ne l’est pas,
ou si l’étant il n’a pas été breveté, le savoir-faire ne saurait faire l’objet d’un monopole. Une doctrine
majoritaire dénie au détenteur du savoir-faire tout droit privatif .Il faut évidemment distinguer du
savoir-faire lui-même le support matériel qui le contient (documents écrits, photos, bandes
magnétiques, etc.), qui est l’objet d’une propriété corporelle et dont la soustraction frauduleuse
constituerait le délit de vol.
B. Les modes de protection
·Par les règles sur la divulgation du secret de fabrique pour les salariés
·Par les règles sur le vol : l’idée étant considérée comme un bien indépendamment de son support il
peut y avoir condamnation pour vol d’informations
·Par les règles de la responsabilité civile : action en concurrence déloyale du détenteur du savoir-faire
contre ses concurrents, et l’action de in rem verso contre les non-concurrents → Leur mise en œuvre
suppose que l’on établisse alors la faute, le préjudice et le lien de causalité. Les deux derniers éléments
ne soulèvent pas, en principe, de difficultés. Il faut en revanche cerner de plus près les différents
aspects que peut en la matière revêtir la faute
Exploitation abusive du savoir-faire d’autrui
L’atteinte au savoir-faire d’autrui peut se réaliser de différentes manières. On a notamment distingué
les faits d’usurpation consistant dans l’utilisation abusive d’un savoir-faire auquel on a légitimement
accédé, des faits d’appréhension définis comme l’accès illégitime à la connaissance. Exemples :
l’utilisation abusive ou la divulgation du savoir-faire par le salarié, le sous-traitant ou le donneur
d’ordre, ainsi que celles concernant les informations reçues au cours de la négociation ou de
l’exécution d’un contrat de communication de ce savoir-faire. Les faits d’appréhension recouvrent
quant à eux les multiples manifestations de l’espionnage industriel, plus modestement dénommé
parfois captation du savoir-faire
Mise en œuvre de la responsabilité du fait de l’exploitation abusive du savoir-faire
L’exploitation abusive du savoir-faire d’autrui sera le plus souvent sanctionnée par le biais de l’action
en responsabilité civile délictuelle qui prendra ici la forme d’une action en concurrence déloyale.
On a ainsi condamné l’ancien salarié qui exploite lui-même un savoir-faire acquis lors de l’exécution
du contrat de travail ou qui le révèle à un nouvel employeur. De même, il a été jugé qu’un donneur
d’ordre qui transmet à un sous-traitant les plans élaborés par un autre commettait une faute engageant
sa responsabilité civile.
· Par l’action de in rem verso : règles de l’enrichissement sans cause pour assurer une protection du
détenteur de savoir-faire qui ne peut bénéficier d’un droit privatif et donc exiger une indemnité contre
son appauvrissement
· Par les clauses contractuelles : clause de confidentialité/ de discrétion (comportant 2 types
d’obligations : obligation de non-divulgation et de non-exploitation du savoir-faire) imposées à la
partie du contrat → ce type d’obligation est qualifiée d’obligation de ne pas faire

III. La communication du savoir-faire


Le contrat de communication de savoir-faire peut se définir comme l’accord aux termes duquel celui
qui dispose d’un savoir-faire (know-how) s’engage à transmettre à un autre cette connaissance
moyennant une rémunération
Il n’existe aucune réglementation légale et c’est un domaine dans lequel la liberté contractuelle
conserve la plus large place. En particulier, l’exigence d’un écrit qui est prévue pour les actes relatifs
aux brevets n’est pas requise pour la validité du contrat de communication de savoir-faire, encore que
la pratique prenne soin le plus souvent d’en rédiger un. En revanche, il n’existe aucun système de
publicité de ces contrats.
Cette large liberté contractuelle conduit à des contrats protéiformes dont il est parfois délicat de
présenter une théorie générale.
A. La formation du contrat de communication de savoir-faire
· Négociation du contrat
La négociation du contrat est de nature à susciter quelques difficultés juridiques. En effet, il est
nécessaire de dévoiler au partenaire un certain nombre d’informations relatives au know-how dont la
communication est envisagée. Le risque réside alors dans la rupture de pourparlers contractuels. Celui

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qui a obtenu des informations peut être tenté de les exploiter bien que le contrat n’ait pas été signé. Il y
a là sans aucun doute une faute constitutive de concurrence déloyale.
Mais il arrive souvent que celui qui propose la communication d’un savoir-faire subordonne la
fourniture d’informations techniques au paiement d’une somme et à l’engagement de ne pas utiliser ou
révéler les éléments communiqués.
Il s’agit d’un accord parfaitement valable dont la violation engagerait la responsabilité contractuelle de
son auteur.
·Conclusion du contrat
La conclusion du contrat proprement dite est soumise au droit commun.
En ce qui concerne la forme, il s’agit d’un contrat consensuel qui ne requiert pour sa validité aucune
formalité particulière. L’écrit n’est exigé ni comme condition de validité, ni comme support de la
publicité comme c’est le cas pour la licence de brevet. Il joue donc son rôle probatoire normal et est en
pratique toujours rédigé.
Des quatre conditions traditionnellement requises pour la validité d’un contrat, deux (le consentement
et la capacité) n’appellent pas de développements particuliers à la matière. Seuls l’objet et la cause
suscitent quelques observations.
La détermination de l’objet du contrat soulève un problème pratique important que l’on ne rencontre
pas dans la licence de brevet. En effet, l’objet du contrat n’est pas commodément déterminable par la
référence à un titre parfaitement identifiable. Il va falloir décrire avec soin et précision la technique qui
va faire l’objet de la communication.
Quant à la cause, il s’agit bien entendu de la cause objective ou cause de l’obligation. On peut à cet
égard s’interroger, et il faut à notre avis distinguer deux hypothèses.
B. Les effets du contrat de communication de savoir-faire
1. Obligations du communicant
· L’obligation d’exécuter la prestation promise, c’est-à-dire de transmettre à son cocontractant la
technologie objet du contrat. Le contenu de l’obligation est extrêmement variable. La
communication peut se réaliser oralement, mais le plus souvent elle s’accompagnera de la remise de
documents (plans, résultats d’expériences, formules et de manière plus générale, tous éléments
consignant par écrit les résultats de la recherche ou de l’expérience). Souvent, le contrat impliquera
une obligation d’assistance technique qui se traduira par la formation d’un personnel spécialisé ou la
fourniture de matériel ou de matières premières.
La question se pose de savoir quelle est la nature juridique de cette obligation afin de préciser la portée
de l’engagement de l’auteur de la communication. Plus précisément on doit rechercher si ce dernier est
tenu d’une obligation de moyens ou de résultat.. La réponse à cette question dépend très largement de
la rédaction du contrat. En l’absence d’une stipulation formelle de garantie de résultats, souvent exigée
en pratique par le bénéficiaire de la communication, nous pensons que l’auteur de celle-ci n’est tenu
que d’une obligation de moyens. En revanche, une stipulation expresse du contrat peut parfaitement
donner naissance à une garantie de résultats
2. Obligation du bénéficiaire
Le bénéficiaire de la communication a pour obligation propre de s’acquitter de la rémunération prévue
au contrat. A cet égard, la liberté contractuelle est totale. Il est possible de stipuler soit une
rémunération forfaitaire soit des redevances proportionnelles à l’exploitation, soit le plus souvent les
deux à la fois.
3. Obligations communes
Certaines obligations peuvent être qualifiées de communes aux deux parties, car elles pèsent
généralement à la fois sur le communicant et le bénéficiaire.
· La communication des perfectionnements. L’enrichissement de la technique améliorée peut être le
fait du communicant comme du communicataire. Il sera prudent de stipuler une clause prévoyant tout
à la fois le principe et les modalités de la communication de ces perfectionnements, dont la définition
même peut s’avérer délicate, puisque l’on peut hésiter, en présence d’une amélioration importante, sur
le point de savoir si l’on n’est pas franchement en face d’une technique nouvelle.
·Le maintien du secret. Bien qu’il ne soit pas l’objet d’un secret absolu, la valeur du know-how
dépend en grande partie de sa divulgation.
Aussi le communicant impose-t-il généralement au bénéficiaire une obligation de confidentialité en
limitant par des stipulations la divulgation du savoir-faire (liste des personnes habilitées à le connaître,

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modalités d’accès aux documents, etc.). Même si le contrat n’a rien prévu, on peut admettre qu’il pèse
sur le communicataire une obligation de grande discrétion. De même que le licencié d’un brevet n’a
pas le droit de concéder des sous-licences, sauf clause contraire, de même le bénéficiaire d’une
communication de know-how n’a pas le droit de procéder à des sous-communications. Cela nous paraît
résulter du droit du détenteur du savoir-faire à la sauvegarde du secret.
A l’inverse, une clause fréquente stipulera au profit du bénéficiaire l’exclusivité de la
communication. Toutefois, en son absence, on voit mal comment on pourrait interdire au détenteur de
ce savoir-faire de procéder à d’autres communications.
4. Droits du bénéficiaire de la communication sur le savoir-faire
Dans la mesure où le détenteur d’un savoir-faire l’a librement communiqué par contrat, on pourrait
s’attendre à ce que le bénéficiaire de cet enseignement puisse exploiter comme il l’entend la
technologie qui lui a été transmise. Aussi bien doit-on admettre qu’à défaut de clause contraire,
l’absence de droit privatif sur le know-how conduit à reconnaître au bénéficiaire de la communication
une totale liberté d’exploitation du savoir-faire.
En pratique, les contrats comportent très souvent un certain nombre de clauses qui limitent les
prérogatives du bénéficiaire de la communication. Outre la clause de confidentialité, on rencontre des
stipulations restreignant la nature ou l’importance des fabrications, limitant la possibilité
d’exploitation à un territoire, interdisant la mise en œuvre du savoir-faire après l’expiration du contrat,
etc.

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Chapitre III : L’obtention de la protection de la
marque
La marque apparaît comme un signe distinctif, mais il existe d’autres signes distinctifs que la marque.
Exemple : le nom commercial.
Le nom commercial est l’appellation sous laquelle une personne – physique ou morale – exerce son
activité professionnelle, commerciale en l’occurrence. Il peut s’agir d’une création de toute pièce, ou
tout simplement du nom patronymique de l’exploitant, et ce nom bénéficie alors d’une protection
juridique distincte de celle que l’on réserve au nom patronymique, que l’on réserve à toute personne
civile.
Exemple : on protège chacun d’entre nous contre l’usurpation.
Dans ce cas de figure, le nom devient l’objet d’une propriété incorporelle, et il est protégé en tant
que tel, au titre de la concurrence déloyale par exemple, ou bien au titre du parasitisme. On peut
également mentionner au titre des signes distinctifs la dénomination sociale, qui vise à désigner une
personne morale, tout comme un nom patronymique identifie une personne physique. Là encore, dans
cette dénomination sociale, ce peut être le nom du ou des associé(s), ou bien une dénomination
fantaisiste. Cette dénomination sera protégée contre toute usurpation de nature à créer une confusion
dans l’esprit du public.
On peut également faire référence à l’enseigne comme autre signe distinctif, qui est généralement une
dénomination apposée sur la façade d’un immeuble, ou sur la page d’un site internet, et qui va
permettre d’individualiser un établissement, de le distinguer des autres, et donc évidemment d’être un
signe très fort pour la clientèle.
L’enseigne – comme la marque, d’ailleurs – ont une importance grandissante dans les circuits
contemporains de distribution, en particulier quand elles sont mises à la disposition d’autres
commerçants (et là, c’est un élément que l’on peut valoriser).
A quoi est-ce que cela fait référence ?
Il s’agit d’une franchise, qui s’appuie complètement sur les signes commerciaux. La franchise
commerciale n’est rien d’autre qu’un contrat de licence accordée sur des objets, notamment des objets
de propriété intellectuelle.
Les dispositions du Code de la propriété intellectuelle ne sont pas applicables à ces signes distinctifs
autres que la marque, puisqu’elles ne concernent que les marques. Donc, cela veut dire qu’en cas
d’atteinte portée à ces signes distinctifs, le fondement juridique de l’action sera le Code civil, et plus
précisément, qui sous-tend un certain nombre d’actions en concurrence déloyale.
Le terme de marque doit donner lieu à quelques précisions, parce qu’il peut faire l’objet de deux
acceptions :
- Une acception large : elle couvre également les marques non-déposées, que l’on qualifie
généralement de marques d’usage (celles que l’on utilise mais qui n’ont pas été enregistrées). En
principe, ces marques n’offrent pas de droit privatif à leur titulaire, à moins qu’elles aient acquis le
statut de marque notoire, c’est-à-dire très connue du public ;
- Une acception stricte : selon cette acception, la marque est un signe qui doit avoir été déposé à
l’OAPI sous forme de demande d’enregistrement, et qui, ultérieurement, doit avoir été enregistrée à
titre de marque.
Evoquer la protection, c’est faire référence à la conception stricte de la marque,. En vertu de la loi, la
marque de fabrique, de commerce, ou de services, est un signe susceptible de représentation graphique
servant à distinguer les produits ou les services d’une personne physique ou morale.

Section 1 : Les conditions de la protection

La marque est constituée de deux éléments principaux indissociables l’un de l’autre :


- Le signe, qui est enregistré à titre de marque (exemple : un logo) ;
- Le produit ou le service pour lequel la protection est revendiquée.

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Ces deux éléments doivent toujours être pris en considération pour toute analyse juridique portant sur
une marque, et plus particulièrement en ce qui concerne les conditions de la protection, ainsi que
l’étendue de la protection. C’est ce que l’on désigne comme étant la règle ou le principe de la
spécialité.
Important : on apprécie presque toujours la marque de façon relative, c’est-à-dire que l’on apprécie
un signe relativement à un produit ou un service, jamais un signe en tant que tel.
Néanmoins, il faut préciser que la protection de la marque ne se limite pas strictement au signe
enregistré pour les produits ou les services visés dans l’acte d’enregistrement. Il s’étend aux signes
voisins, qui peuvent créer un risque de confusion avec le signe enregistré, pour tous les produits ou
services complémentaires ou similaires de ceux désignés dans l’acte d’enregistrement.
Exemple : la marque Apple© s’utilise pour des ordinateurs, tablettes et iPhones : c’est le principe de
spécialité. Si on utilise cette même marque Apple© pour des batteries, pour lesquelles la marque n’a
pas posé de brevet, cela va porter à confusion, puisque les batteries sont des produits complémentaires.
La marque est constituée d’un signe, qui doit être susceptible de représentation graphique.
L’enregistrement de la marque est donc conditionné par le choix d’un signe (Section 1), devant
répondre à certaines exigences et à certains caractères (Section 2).

Paragraphe 1 : Les signes susceptibles de constituer une marque


On peut donc regrouper les signes en trois catégories distinctes :
- Les dénominations;
- Les signes sonores ;
- Les signes figuratifs.
Il y a une distinction à faire entre une marque simple, qui ne comprend qu’un seul élément (une
dénomination, un signe sonore, ou un signe figuratif), et la marque complexe, qui comprend plusieurs
éléments distincts (une dénomination, un slogan et un dessin, par exemple).
A : Les dénominations
Une marque dénominative ou verbale peut être constituée par tous les signes qui peuvent s’écrire et
se prononcer. Le fait que le signe choisi n’ait aucune signification est sans incidence.
Lorsque la dénomination qui est choisie est une dénomination de fantaisie, elle peut être constituée par
une expression ou un mot qui n’existe pas, ou bien qui existe, mais qui est détourné(e) de son sens, ce
qui est très fréquent.
La dénomination peut également être constituée par un assemblage de mots, dont il résultera un
slogan, une expression nouvelle, ou un néologisme. Cela permet d’identifier les entreprises.
Il est possible de retenir à titre de marque des mots étrangers, et c’est d’autant plus logique que l’on est
dans un schéma de commerce mondial, et il faut donc imaginer que certaines marques peuvent tout à
fait correspondre à un vocable d’une langue étrangère. Il peut également y avoir des restrictions
particulières dans certains pays. Il est également possible de retenir à titre de marque un signe
constitué d’un nom géographique. Il y a tout de même une réserve ; cela est possible à condition que
ce nom ne corresponde ni à une indication de provenance, ni à une appellation d’origine. Cette réserve
est assez logique, dans la mesure où le signe serait considéré comme trompeur pour le public.
B : Les signes sonores
S’agissant des signes sonores, seuls sont susceptibles d’être retenus à titre de marque ceux qui peuvent
faire l’objet d’une représentation graphique. Cela signifie que des sons, des notes, ou des phrases
musicales, voire des portées musicales, peuvent constituer des marques.
C : Les signes figuratifs
Les signes figuratifs s’entendent de « tout signe ayant une représentation graphique ». On peut donc
imaginer un signe qui soit constitué de dessin(s) (abstrait par exemple, pas forcément ayant un sens).
Exemple :Lacoste© a un crocodile comme signe figuratif.
Cela fait notamment référence à toute la catégorie des logos, sachant qu’il y en a de plus en plus dans
les marques. On a ici des exemples multiples. On peut imaginer aussi des hologrammes, mais aussi
des formes (là, on est plutôt sur un relief, une marque en 3D). On peut imaginer que cette forme soit
celle du produit, ou bien encore de son conditionnement, ou encore une forme qui caractérise un
service.
On peut imaginer aussi que la forme figurative soit constituée de couleurs. Généralement, on aura des
combinaisons de couleurs, ou des dispositions particulières, ou des nuances de couleurs.

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Enfin, il est possible également que la marque représente un lieu ou un bâtiment, public ou privé,
mais dans ce cas, il faudra tenir compte des droits d’auteur détenus sur le bâtiment, par exemple. Ce
peut être le droit d’un architecte, d’un sculpteur ; ou encore, il faudra tenir compte du droit de
propriété du propriétaire du bâtiment, qu’il relève du domaine public ou du domaine privé.
S’agissant du domaine public :il y a généralement des arrêtés qui prévoient que tel ou tel bâtiment ne
peut être employé à titre de marque.
S’agissant du domaine privé : il y a au profit du propriétaire d’une chose un droit, mais pas un droit
exclusif sur l’image de cette chose. Cependant, il peut toutefois s’opposer à l’utilisation de cette image
par un tiers lorsqu’elle lui cause un trouble anormal.

Paragraphe 2 : Les caractères de la marque


La marque doit satisfaire à trois exigences :
- Être distinctif ;
- Être licite ;
- Être disponible.
A : Caractère distinctif du signe
I. Définition du caractère distinctif
Exiger de la marque qu’elle présente un caractère distinctif revient à faire de la marque un moyen
d’identification d’un produit ou d’un service, parmi les produits ou les services de même nature,
proposés par les concurrents. Toutefois, la marque choisie, le signe choisi, ne doit pas avoir pour
conséquence de priver les tiers – notamment les concurrents – d’un élément essentiel du domaine
public. C’est la raison pour laquelle, une dénomination descriptive ne peut constituer une marque
valable.
Lorsque la marque présente un caractère arbitraire, c’est-à-dire distinctif, elle impliquera qu’il n’y ait
pas de lien trop direct entre le produit ou le service d’une part, et le signe d’autre part. Il y a toujours
un lien, en vertu du principe de spécialité, mais ce lien ne doit pas être distinctif.
Néanmoins, dans certains cas – et par exception – le caractère distinctif peut s’acquérir par l’usage.
1. Le principe
Exiger que le signe présente un caractère distinctif ne revient pas à exiger que la marque soit originale.
En effet, le droit des marques n’est pas un droit de création : c’est plutôt un droit d’occupation. Ce
qui compte, c’est donc que le signe présente un caractère distinctif, pour les produits et les services
désignés. Moins le signe choisi aura de rapport avec l’activité du déposant, plus la marque sera
distinctive.
Le Code de la propriété intellectuelle ne définit pas le caractère distinctif de la marque, et énumère
seulement les signes qui sont dépourvus de caractère distinctif.
Sont dépourvus de caractère distinctif :
- Les dénominations usuelles, nécessaires ou génériques (a) ;
- Les dénominations pouvant servir à désigner une caractéristique du produit ou du service (b) ;
- Les signes constitués par la forme imposée par la nature ou la fonction du produit (c).
Il convient donc de les aborder séparément.
a. Dénominations usuelles, nécessaires ou génériques
Sont dépourvus de caractère distinctif les signes ou les dénominations qui dans le langage courant ou
professionnel sont exclusivement la désignation nécessaire, générique, ou usuelle du produit ou du
service.
Qu’est-ce que cela signifie ?
Tout d’abord, un signe est nécessaire lorsqu’il est indispensable pour désigner le produit ou le service.
Le signe est générique, lorsqu’il désigne non pas le produit, mais la catégorie à laquelle appartient le
signe ou le service.
La jurisprudence refuse d’accorder une quelconque protection par le droit des marques à de tels signes.
D’ailleurs, le simple fait de modifier l’orthographe d’un terme générique, usuel ou nécessaire, n’est
pas suffisant pour lui conférer un caractère distinctif.
Une dénomination ou un signe usuel correspond à une habitude de langage, qui peut être le langage
courant, ou le langage professionnel.
b. Les dénominations pouvant servir à désigner une caractéristique du produit ou du service

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La jurisprudence considère que le signe ne peut constituer une marque valable s’il est exclusivement
descriptif, c’est-à-dire s’il ne comprend que des éléments de cette nature, et qu’il dépeint l’objet
désigné, non pas dans ses traits secondaires, mais en ce qu’il a d’essentiel, comme touchant à sa
nature, sa substance, sa destination, et ses propriétés propres.
La qualité essentielle d’un produit peut être constituée par des éléments assez divers.
On peut cependant essayer d’échapper à la qualification de marque distinctive, en jouant sur la
composition de la marque. Si la dénomination choisie n’est pas exclusivement composée de termes
indiquant la qualité essentielle du service ou du produit, la condition de caractère distinctif est remplie.
Il faut également distinguer les dénominations descriptives des dénominations simplement
évocatrices.
Dans l’hypothèse où la marque consiste en une couleur, elle peut être validée en tant que telle, à la
condition qu’elle soit distinctive du produit ou du service. La couleur doit être définie par une teinte
spéciale, et donc il faut pouvoir être capable de définir la couleur de façon extrêmement précise.
c. Les signes constitués par la forme imposée par la nature ou la fonction du produit
Les signes constitués par la forme du produit sont exclus, parce qu’ils sont considérés comme
descriptifs, mais ils sont également exclus pour respecter les différentes catégories de propriété
industrielle.
En effet, le texte vise deux cas :
- Il vise le cas des signes constitués exclusivement par la forme imposée par la nature du produit ;
- Il vise le cas des signes constitués exclusivement par la fonction du produit.
Au regard de la fonction, on estime qu’une marque qui couvrirait la fonction d’un produit permettrait
de contourner le droit des brevets, auquel en principe on devrait recourir dans cette hypothèse. Ce
serait le cas dans l’hypothèse où il apparaîtrait que la forme serait indissociable du résultat technique
du produit concerné par la marque.
Par cette interdiction, le législateur veut éviter que le demandeur, en sollicitant la demande de marque,
bénéficie d’une protection sans limitation de durée, alors même que le brevet est limité à 20 ans.
L’idée est donc vraiment d’empêcher le demandeur de contourner le droit des brevets.
En revanche, à partir du moment où la forme peut être dissociée du résultat, elle peut constituer une
marque. Ici, la forme est tout à fait éligible au titre des marques, et il n’en reste pas moins qu’il faudra
veiller tout de même à ce qu’elle ne soit pas le reflet de la nature du produit, ou qu’elle ne soit pas
imposée par des contraintes liées aux caractéristiques du produit.
2. Le caractère distinctif acquis par l’usage du signe
Le caractère distinctif d’une marque peut être acquis par l’usage antérieur du signe utilisé, sous
réserve de rapporter cette preuve lors du dépôt de la marque. Ainsi, un signe faiblement distinctif à
l’origine de son emploi peut, dans certaines circonstances, acquérir par l’usage un caractère distinctif
qui lui faisait donc initialement défaut.
Bien entendu, si le signe est « exclusivement descriptif », l’exception ne jouera pas.
Cette exception a des limites l’usage ne permet pas d’acquérir le caractère distinctif d’un
signe, constitué exclusivement par la forme imposée par la nature ou la fonction du produit, et
conférant à ce dernier sa valeur substantielle.
Cela signifie qu’une marque constituée d’une forme nécessaire – au sens qu’il correspond à sa nature
ou sa fonction – ne peut valablement constituer une marque, malgré un long et notoire usage antérieur
de la forme.
Mais comment tout cela est apprécié, et comment arrive-t-on à valider certaines marques pas si
distinctives que cela ?
2. L’appréciation du caractère distinctif
Précision : l’appréciation du caractère distinctif de la marque est menée par l’OAPI au cours de la
procédure d’enregistrement de la marque, et si la marque est descriptive, la demande est rejetée.
Lorsque la marque est enregistrée, elle est présumée valable, et donc distinctive, non descriptive. C’est
donc à celui qui conteste ce caractère de prouver l’absence de caractère distinctif.
En finalité, l’appréciation relève du pouvoir souverain des juges du fond, et l’on peut avoir parfois des
surprises du fait de cette appréciation souveraine. on soulignera que le caractère distinctif d’un signe
doit s’apprécier à l’égard des produits et des services désignés dans la demande d’enregistrement. Le
caractère distinctif s’apprécie par rapport au produit ou service sur lequel on veut faire valoir ce
service (rappel du principe de spécialité).

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La validité de la marque s’apprécie à la date de son dépôt, et non à la date de l’action en contrefaçon,
ou de l’action en annulation. Cela signifie également que, lors du renouvellement de la marque tous les
10 ans, l’examinateur doit se prononcer en fonction de la situation au moment du dépôt de la marque.
Or, il est bien évident que certains termes peu connus pour désigner un produit il y a quelques dizaines
d’années, peuvent devenir connus, et le juge devra en faire abstraction. Donc, c’est une vraie
difficulté.
L’appréciation du caractère distinctif pourra varier en fonction du public qui est concerné. Ainsi, par
exemple, en présence de marques dont la dénomination est composée de termes étrangers, il faut
rechercher si ces termes sont compris par une large fraction du public français – puisqu’il est ici
question de marques françaises – dans leur signification en langue française. Si c’est le cas, la marque
pourra être considérée comme descriptive.
Ce n’est pas seulement le fait que les termes étrangers soient susceptibles d’être compris par le public
qui rend la marque invalide, mais c’est le fait que ce terme qui est compris est en lui-même
descriptif.
Qu’est-ce que cela signifie ?
Cela veut dire que, s’il est descriptif mais peu connu par les français, la marque sera valable. De la
même manière, si le terme est connu par les français, mais qu’il n’est pas descriptif, la marque sera
également valable.
L’appréciation du caractère distinctif se fait par rapport au langage courant, mais également par
rapport au langage professionnel, pour les signes qui sont la désignation nécessaire, générique, ou
usuelle des produits et des services. Ça va donc considérablement étendre le champ d’appréciation du
juge, pour des termes relevant purement du langage professionnel, par exemple. Cela implique donc
une obligation pour le juge d’aller très loin dans les comparaisons, pour voir si on est sur quelque
chose de distinctif ou non.
Ce caractère distinctif doit s’apprécier au regard de l’ensemble formé par les différents éléments qui
composent la marque. Il ne doit pas s’apprécier au regard d’une partie de ces éléments, ce qui veut dire
que le juge n’est pas autorisé à découper, et à isoler les différents éléments de la marque. De fait, le
recours à une marque complexe permet parfois de valider la marque. Cela signifie que la combinaison
d’un terme qui, pris isolément, serait générique ou descriptif, avec un signe distinctif, peut suffire à
conférer à l’ensemble ainsi formé la capacité d’exercer la fonction distinctive de la marque à l’égard
des produits ou services désignés dans la demande d’enregistrement.
Ce qu’il faut saisir dans tout cela, c’est que c’est un choix stratégique, puisque le caractère distinctif,
selon son intensité, permettra à son titulaire de détenir soit une marque forte, soit une marque faible.
La distinction entre les marques fortes et faibles se fait sur la base du caractère distinctif. Une marque
est dite forte lorsque le signe déposé présente un caractère très distinctif pour désigner les produits ou
les services auxquels il s'applique.
Au contraire, la marque est dite faible lorsqu'elle est composée de la réunion d'éléments banals dont le
caractère distinctif ne tient qu'à la combinaison spécifique qui est faite de ces éléments.

B : La licéité du signe
Il n'existe pas de critère général qui permettrait de considérer un signe comme illicite. Certains signes
sont exclus par des conventions spécifiques (A), d'autres sont exclus car contraires à l'ordre public ou
aux bonnes mœurs (B), et d'autres enfin sont exclus car considérés comme trompeurs (C).
I. Les signes exclus par des conventions
Ne peuvent être adoptés des marques ou éléments de marque des signes exclus par l’article 6 ter de la
Convention de l’Union de Paris du 20 mars 1883. Seront exclus les signes qui représentent des
drapeaux, des emblèmes officiels, des poinçons officiels.
De la même manière, ne peuvent être adoptés comme marque les signes exclus par l’ article 23, § 2 de
l’annexe 1C de l’Accord instituant l’OMC. Cet article 23 dispose que les partis membres de la
Convention doivent avoir les moyens juridiques d’empêcher l’utilisation d’une indication
géographique identifiant des vins pour des vins qui ne sont pas originaires du lieu indiqué par
l’indication géographique en question. Cette disposition est importante, car elle s’applique même
lorsque le public n’est pas induit en erreur, lorsqu’il n’y a pas de concurrence déloyale, et lorsque la
véritable origine du produit est indiquée, ou encore lorsque l’indication géographique est
accompagnée d’expressions telle que genre, titre, style, imitation ou autre appellation du même type.

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Cette protection doit être accordée pour des indications géographiques servant à identifier des
spiritueux, et il y a là une volonté d’assurer une meilleure protection aux appellations d’origine et aux
indications de provenance qui, en France et en Europe, ont pris une importance considérable.
II. Les signes contraires à l’ordre public ou aux bonnes mœurs
Il est exclu de la protection des marques tous les signes contraires à l’ordre public et aux bonnes
mœurs. Il y a des positions jurisprudentielles assez variables, car les bonnes mœurs et l’ordre public
peuvent être très différent d’un pays à l’autre.
Sont également exclus de la protection tous les signes dont l’utilisation est légalement interdite. Il
s’agit notamment des signes dont l’utilisation est interdite par la loi.
III. Les signes trompeurs
Les signes de nature à tromper le public, notamment sur la nature, la qualité, la provenance
géographique du produit ou du service, ne peuvent être adoptés à titre de marque.

C : La disponibilité du signe
Le signe de la marque doit être disponible, ce qui signifie qu’il ne doit pas entrer en conflit avec des
droits privatifs antérieurs. Il convient ainsi d’identifier les droits antérieurs susceptibles de rendre
indisponible un signe déposé à titre de marque , avant de faire une incursion dans les notions de signes
voisins et de marques similaires.
I. Les droits antérieurs rendant un signe indisponible
Ne peuvent être adoptés comme marque les signes qui portent atteinte à des droits antérieurs. Dans
cette hypothèse, constituera une marque antérieure enregistrée pour un même signe et un même
produit ou service.
L’on pourra également opposer à l’enregistrement d’une marque une marque notoire antérieure. La
marque notoire est une marque qui n’est pas enregistrée, mais qui est connue par une très large
fraction du public, si bien que le législateur estime que, même non enregistrée, elle doit pouvoir être
protégée.
Constitue également un droit antérieur une dénomination ou une raison sociale s’il existe un risque
de confusion dans l’esprit du public. Constitue encore un droit antérieur un nom commercial ou une
enseigne connue sur l’ensemble du territoire national s’il existe un risque de confusion dans l’esprit du
public.
Une dénomination sociale peut rendre un signe indisponible, dès lors qu’il existe des similitudes entre
les signes choisis et la dénomination sociale, et si le domaine d’activité est identique ou similaire. L’on
constate en revanche que, s’agissant du nom commercial ou de l’enseigne, l’exigence est un peu plus
forte, puisque le rayonnement territorial est pris en compte pour apprécier la disponibilité du signe..
II. Les signes antérieurs rendant la marque indisponible
La disponibilité d'une marque doit s'analyser à deux niveaux :
- D’une part, l’on va s'intéresser au produit ou au service couvert par le signe, mais également à ceux
qui leur sont complémentaires ou similaires ;
- D'autre part, l’on tiendra compte du signe de la marque en tant que telle, mais également des signes
voisins qui présentent des similitudes avec le signe de la marque.
Il en résulte qu'un signe identique couvert par une marque antérieure désignant des produits ou des
services totalement différents de ceux à protéger, ne constitue pas une antériorité gênante.
On en déduira que constitue une atteinte au droit de marque antérieure l'enregistrement d'une marque
portant sur un signe voisin de celui qui est déposé, dès lors qu'il porte sur des produits ou des services
identiques, voire même des produits ou des services similaires à ceux qui sont désignés dans
l'enregistrement.
On peut également avoir des similitudes liées à une phonétique semblable.
Au-delà du signe, les juges vont tenir compte du produit ou du service visé dans la demande
d'enregistrement. Cela signifie que la marque pourra être rejetée si la demande porte sur un signe déjà
enregistré pour un produit ou un service qui, sans être identique avec un produit ou un service visé par
un enregistrement antérieur, lui est similaire.
Tout ceci est apprécié selon un certain nombre d'indices :
- La nature ;
- La destination ;
- Ou encore la complémentarité du produit ou du service.

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La similarité peut être retenue, et ce même si le produit fait partie de classes distinctes de la
classification internationale.
Ce risque de confusion doit s'apprécier globalement, en considération de l'impression d'ensemble
produite par les marques, compte tenu du degré de similitudes visuelles ou conceptuelles entre les
signes, et du degré de similitudes entre les produits.
Pour la similarité entre les produits et les services, on a considéré par exemple que des récipients pour
la cuisine et des récipients isothermes pour le transport de repas sont des produits similaires.
On ne pourra pas lui opposer les antériorités apparues pendant le délai de la priorité, ce que signifie
que la date d'appréciation de la disponibilité du signe n'est pas la date du dépôt de la demande
d'enregistrement en France, mais la date du dépôt initial fait à l'étranger.

Section 2 : La procédure d’obtention du droit de marque

La reconnaissance d'un droit de marque passe le dépôt de la marque par un organisme habilité , et c'est
ce dépôt qui permettra l'enregistrement de la marque.

Paragraphe 1 : Le dépôt de la demande d’enregistrement de la marque


La propriété de la marque s'acquiert par l'enregistrement. Il convient ici d'identifier l' auteur de la
demande, puis de se pencher sur les modalités du dépôt, afin de comprendre quelle est la portée de
ce dépôt.
A : L’auteur du dépôt
La demande d'enregistrement peut être déposée par toute personne physique ou morale de droit
public ou de droit privé ; peu importe donc l'activité du déposant. Peuvent déposer des marques des
sociétés, mais aussi des associations, des syndicats, des établissements publics, etc.
Un étranger peut parfaitement déposer une marque, mais l’on exige qu'il ait un domicile ou un
établissement en France. A défaut, il pourra déposer sa marque par l'intermédiaire d'un mandataire.
B : Les modalités du dépôt
Le dépôt peut être effectué à OAPI soit auprès d'un centre régional. Lors de la demande, il conviendra
de s’acquitter de redevances, sans quoi l'enregistrement ne sera pas fait, et la marque sera rejetée.
Le formulaire de demande doit mentionner un certain nombre de mentions obligatoires :
- Le modèle de la marque ;
- Le signe à protéger ;
- Et les produits ou services visés.
Enfin il pourra mentionner les classes de la classification internationale dans lesquelles la marque est
déposée.
Il conviendra d'apporter tout son soin à la rédaction du libellé du produit et des services visés, étant
donné que c'est ce libellé qui détermine l'étendue de la protection.
Si le dépôt est reconnu ou recevable, la demande est publiée au bulletin de la propriété dans les 6
semaines qui suivent le dépôt.
C : La portée du dépôt
Le droit de marque est conféré par l'enregistrement et non par l'usage, et dès lors un simple usage de
la marque ne peut pas constituer de droit privatif. Pour autant, le titulaire d'une marque d'usage non
déposée disposera de certains droits. Il est en effet des cas où, même si la marque répond aux
conditions de protection et fait l'objet d'un enregistrement, elle sera invalidée du fait de l'action du
titulaire d'une marque non déposée.
C'est le cas notamment lorsque le dépôt de la marque poursuit un mobile frauduleux. C'est un cas qui
peut se présenter dans l'hypothèse où il apparaît clairement que la démarche du déposant est motivée
par la volonté de retirer un profit illicite du dépôt de marque et d'empêcher le tiers de poursuivre cette
utilisation.
La preuve de la fraude dont la charge pèse sur celui qui l'invoque reste difficile à établir. Il conviendra
d’une part de prouver que la marque non déposée était notoirement connue, et d'autre part que le tiers
a déposé cette marque dans l'intention d'en tirer un profit illicite.

46
La loi prévoit cette action, qui est une action en revendication de la marque qui est possible
lorsqu'un dépôt a été effectué soit en fraude des droits d'un tiers, soit en violation d'une obligation
légale ou conventionnelle.
Cette action doit être intentée devant le Tribunal de grande instance dans les 5 ans qui suivent
l'enregistrement de la marque par la personne qui estime avoir un droit sur la marque.

47
Chapitre VI : Le monopole d'exploitation du titulaire de la
marque

Le monopole d'exploitation donne un certain nombre de prérogatives au titulaire de la marque (Section


1), bien que ce monopole comporte quelques limites (Section 2).

Section 1 : Les droits conférés par la marque

Paragraphe 1 : La détermination des droits du titulaire de la marque


Sauf autorisation du titulaire, il est interdit à tout tiers de reproduire, de faire usage, d'imposer une
marque ou de faire usage d'une marque reproduite pour désigner des produits ou des services
identiques à ceux désignés dans l'enregistrement.
Il est également interdit de modifier ou de supprimer le signe de la marque régulièrement apposée.
Sont également interdits aux tiers, s'il peut en résulter un risque de confusion dans l'esprit du public,
d'une part la reproduction, l'usage, ou l'imposition d'une marque reproduite pour des produits
similaires à ceux désignés dans l'enregistrement, d'autre part l'imitation d'une marque et l'usage d'une
marque imitée pour des produits ou des services identiques ou similaires à ceux désignés dans
l'enregistrement.

Paragraphe 2 : L’étendue de la protection


La détermination de l'étendue de la protection est gouvernée par le principe de spécialité. Ce principe
supporte quelques dérogations. Le principe, dans ce domaine, est que l'enregistrement d'une marque
confère à son titulaire un droit de propriété exclusif sur le signe déposé pour des produits ou des
services identifiés dans la demande d'enregistrement.
Une exploitation régulière de la marque doit donc porter sur le signe déposé et non sur un signe
voisin, et sur les produits ou services visés dans l'enregistrement.
Par exception, le principe de spécialité va céder face à deux types de marques :
- Les marques renommées ;
- Les marques notoires.
La reproduction ou l'imitation d'une marque jouissant d'une renommée pour des produits ou des
services non similaires à ceux désignés dans l'enregistrement engage la responsabilité civile de son
auteur, si elle est de nature à porter préjudice au propriétaire de la marque, ou si elle constitue une
exploitation injustifiée.
Les marques notoires ont un point commun, à savoir qu’elles sont toutes deux connues par une très
large fraction du public. La différence entre ses deux marques tient au fait que la marque renommée
est une marque enregistrée, tandis que la marque notoire est une marque d'usage, et donc sa
protection tient à sa notoriété.
Il est assez difficile de présenter une marque ayant ces caractéristiques. C'est à son titulaire d'en
rapporter la preuve.
L'emploi d'une marque qui bénéficie d'une renommée prouvée, pour des produits ou des services qui
sont sans rapport avec la marque litigieuse, engage la responsabilité civile de l'auteur de cet emploi.
Les marques notoires et les marques renommées bénéficient d'une protection beaucoup plus répandue
que les marques classiques. Leur protection va au-delà des produits ou des services désignés dans
l'acte d'enregistrement. En finalité, le signe de ces marques est protégé en lui-même. Il est globalement
indisponible.

Section 2 : Les limites au monopole

Le monopole du titulaire de la marque est limité par la règle de l'épuisement du droit. Il est
également limité dans le temps et dans l'espace.

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Paragraphe 1 : L'épuisement du droit
En application de la règle de l'épuisement, le titulaire d'une marque ne peut s'opposer à la
commercialisation de ces produits ou à la fourniture de services sur le territoire camerounais ou dans
l'espace OAPI par le titulaire, ou avec son consentement.
Ce principe d'épuisement du droit comporte une exception permettant au titulaire de la marque de
s'opposer à tout nouvel acte de commercialisation, s'il justifie de motifs légitimes tenant notamment à
la modification ou à l'altération ultérieure de l'état des produits.
Il est également possible de limiter la portée de l'épuisement du droit en introduisant des conditions
restrictives de distribution de la marque, notamment à des personnes licenciées.

Paragraphe 2 : La limitation du monopole dans le temps et dans l'espace


En ce qui concerne la portée territoriale de la protection, la marque nationale confère à son titulaire un
monopole qui ne s'applique qu'au Cameroun. Si la demande porte sur une marque communautaire,
elle s'appliquera sur l'ensemble des territoires de l'OAPI.
Si la demande est internationale, la protection s'appliquera dans tous les pays désignés dans la
demande internationale.
S'agissant de la durée de la protection, l'enregistrement produit ses effets à compter de la date de
dépôt de la demande, pour une période de 10 ans indéfiniment renouvelable.
Cela signifie que l'enregistrement de la marque peut être renouvelé, dès lors qu'il ne comporte aucune
modification du signe, et s'il n'y a aucune extension du signe visé. En effet, toute modification ou
extension correspond à une nouvelle demande d'enregistrement. La déclaration de renouvellement
est présentée par le titulaire au cours des 6 derniers mois de validité de l'enregistrement.
A défaut de respecter ce délai, la demande est rejetée, sauf si son retard est dû à des circonstances
extérieures.

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Chapitre VI : Les dessins et modèles
Le droit des dessins et modèles tend à protéger les créations ornementales qui présentent une forme
esthétique et un caractère utilitaire.
Ces créations, dans leur aspect esthétique, se rapprochent du droit d’auteur, et dans leur caractère
utilitaire, elles se rapprochent du droit des brevets. Toutefois, ces créations font l’objet d’une
protection autonome, organisée par le droit des dessins et modèles.
Le droit consacre la possibilité de cumuler plusieurs systèmes de protection sur un même objet, en
l’occurrence le droit des dessins et modèles et le droit d’auteur. C’est ce que l’on désigne comme étant
l’application de la théorie de l’unité de l’art. Ce système permet au créateur de choisir en fonction de
son intérêt, et si les conditions sont remplies, d’aller soit vers l’un ou l’autre des mécanismes de
protection, soit de bénéficier des deux formes de protection.
Les dessins et modèles peuvent également dans certains cas faire l’objet d‘une protection par le droit
des marques. En effet, une marque peut avoir pour signe un élément figuratif tel qu’un dessin ou la
forme du produit ou du conditionnement.

Section 1 : L’obtention de la protection des dessins et modèles

Les termes « dessins » et « modèles » ne sont pas définis de façon très concrète par le Code de la
propriété intellectuelle.
L’on admet aujourd’hui que :
- Les dessins :ils sont constitués par toute disposition de traits ou de couleurs représentant des images
ayant un sens déterminé ;
- Les modèles :ce sont toutes formes plastiques, ou figures à trois dimensions.
les dessins et modèles sont définis comme l’apparence d’un produit ou d’une partie de produit
caractérisé en particulier par ses lignes, ses contours, ses couleurs, sa forme, sa texture ou ses
matériaux. Il ajoute que ces caractéristiques peuvent être celles du produit lui-même ou de son
ornementation.
Le Code de la propriété intellectuelle précise également qu’est regardé comme un produit tout objet
industriel ou artisanal, notamment les pièces conçues pour être assemblées en un produit complexe, les
emballages, les présentations, les symboles graphiques, et les caractères typographiques, à l’exclusion
des programmes d’ordinateur.
De la combinaison des différentes dispositions de ce texte, il résulte une définition plus précise du
dessin ou modèle, qui peut être considéré de manière plus globale comme l’apparence d’un objet
industriel ou artisanal, ou d’une partie de cet objet.

Section 1 : Les conditions de la protection des dessins et modèles

Pour pouvoir invoquer la protection par le régime des dessins et modèles, le titulaire doit présenter une
création nouvelle dotée d’un caractère propre et visible, dont la forme est distincte de sa fonction
utilitaire. S’ajoute à cela qu’il doit également être licite.

Paragraphe 1 : La nouveauté
Un dessin ou modèle est regardé comme nouveau si, à la date de dépôt de la demande
d’enregistrement ou à la date de la priorité revendiquée, aucun dessin ou modèle n’a été divulgué.
A : Définition
Longtemps il a existé une confusion, notamment en jurisprudence, entre l’exigence de nouveauté du
droit des dessins et modèles et la condition d’originalité du droit d’auteur. La nouveauté est une
condition objective et qui suppose l’absence de divulgation antérieure.

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A : Notion de divulgation
La divulgation est de nature à détruire la nouveauté. Elle obéit à un principe, qui connaît des
exceptions.
I. Principe
La nouveauté exigée pour permettre une protection par le droit des dessins et modèles est détruite par
l’art antérieur. L’art antérieur est composé de tout ce qui a été divulgué avant la date de dépôt. On est
sur une même logique que celle qui anime le droit des brevets.
Un dessin ou modèle est réputé avoir été divulgué s’il a été rendu accessible au public par une
publication, un usage, ou tout autre moyen. Cette divulgation destructrice de nouveauté peut être le
fait de toute personne, y compris de l’auteur du dessin ou modèle pour lequel la protection est
demandée. La nouveauté est donc une nouveauté absolue.
II. Exceptions à la divulgation
Il existe des hypothèses dans lesquelles la divulgation ne sera pas destructrice de nouveauté.
Ainsi, la divulgation est indifférente lorsqu’elle a été réalisée dans certaines conditions, notamment :
- Lorsque le dessin ou modèle n’a pu être raisonnablement connu selon la pratique courante des
affaires dans le secteur intéressé par des professionnels du secteur considéré :
- Lorsque le dessin ou modèle dont la protection est demandée a été divulgué à un tiers sous conditions
explicites ou implicites de secret : c’est une exception appréciable ;
- Lorsqu’elle a lieu dans le délai de grâce des 12 mois précédant la demande de dépôt : toutefois, pour
que cette exception puisse jouer, il faut que le dessin ou modèle ait été divulgué d’une part, par le
créateur ou son ayant-cause, ou par un tiers à partir d’informations fournies, ou d’actes accomplis par
le créateur, et d’autre part, à la suite d’un comportement abusif à l’encontre du créateur ou de son
ayant cause.

Paragraphe 2 Le caractère propre


La protection des dessins et modèles, prévoit l’exigence d’un caractère propre, lequel suppose que
l’objet suscite chez un observateur averti une impression visuelle d’ensemble distincte de celle
produite par les dessins ou modèles. Cette exigence est bien distincte de celle de l’originalité de la
création au sens artistique du terme, c’est-à-dire au sens du droit d’auteur, et l’analyse du caractère
propre suppose une observation objective de la création.
- C’est donc le sentiment d’ensemble suggéré par l’objet qui est apprécié.
Pour ce faire, il est tenu compte de la liberté laissée au créateur dans la réalisation du dessin ou
modèle. Cela signifie que, même s’il n’y a aucune antériorité destructrice de nouveauté, un dessin ou
modèle ne pourra recevoir la protection du régime spécial, dès lors qu’il produit cette impression
d’ensemble, similaire à celle produite par une autre création.
Le personnage de référence pour apprécier ce caractère n’est pas un homme standard, c’est un homme
qui doit s’entendre d’un observateur averti, c'est-à-dire doté d’une vigilance particulière liée à son
expérience professionnelle. Cette qualité peut également être liée à l’étendue de ses connaissances
dans le secteur considéré. La création ne doit pas susciter une impression de déjà-vu.

Paragraphe 3 : Le caractère apparent et licite


Le caractère licite, selon lequel les dessins et modèles contraires à l’ordre public et aux bonnes
mœurs ne sont pas protégeables.
La protection des dessins et modèles ne sera possible que si la forme du produit est visible. Il faut,
pour remplir cette condition, que la forme soit apparente dans des conditions normales d’utilisation.
Cette exigence ne s’impose uniquement qu’en présence de produits complexes, c’est-à-dire des
produits composés de pièces détachées. Ainsi, peuvent accéder à la protection des objets qui ne
seraient pas visibles dans des conditions normales d’utilisation, dès lors que ces objets ne sont pas des
produits composés de pièces multiples qui peuvent être remplacées.
- Donc : chaque fois qu’il faut démonter un produit pour voir la pièce concernée, la protection ne peut
pas jouer.

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Paragraphe 4 : Une forme distincte de la fonction utilitaire

La protection des dessins et modèles est réservée aux créations dont la forme est séparable de la
fonction utilitaire du produit. La forme que l’on veut protéger ne doit donc pas être exclusivement
imposée par le caractère fonctionnel
Il s’agit ici de ne pas offrir à la fonction technique d’une création, une protection par sa forme plus
longue que celle qui résulterait de l’application du droit des brevets.
Lorsque la forme du produit joue un double rôle, tant esthétique que technique, la protection par les
dessins et modèles peut s’appliquer conjointement à celle reconnue par les brevets. En effet, la
restriction est strictement limitée aux créations dont la forme est exclusivement dictée par son
utilité. A contrario, si elle est notamment guidée par son esthétique, il est légitime de se prévaloir de
la protection dessins et modèles.

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Chapitre VII : La procédure d’obtention de la protection

Section 1 : Le dépôt et l’enregistrement

Seul l’enregistrement est constitutif de droit, comme c’est le cas en matière de marque et de brevet.
L’examen des conditions de fond permettant la protection doit avoir lieu au jour de l’enregistrement,
et non au jour de la création. C’est à cette date que naît le droit du dessin ou modèle.
Les modalités d’enregistrement : la demande d’enregistrement doit être déposée auprès de l’OAPI,
et lorsque le déposant a son domicile ou son siège social en-dehors du Cameroun, il doit
obligatoirement passer par un mandataire.

Section 2 : La détermination du titulaire des droits des dessins et modèles

La protection du dessin ou modèle s’acquiert par l’enregistrement ; elle est accordée au créateur ou à
son ayant cause. La titularité n’est pas automatiquement accordée au créateur du dessin ou du modèle,
et le Code de la propriété intellectuelle prévoit que « l’auteur de la demande est, sauf preuve
contraire, regardé comme le bénéficiaire de cette protection ».
Le créateur bénéficie néanmoins d’une action en revendication contre celui qui aurait effectué une
demande d’enregistrement de sa création en violation de ses droits.
Le créateur peut également céder ce droit au dépôt à son employeur, et c’est notamment le cas lorsque
la création a été effectuée dans le cadre d’un contrat de travail. L’employeur est alors réputé être le
titulaire initial du dessin ou modèle dès lorsqu’il a le premier effectué la demande d’enregistrement,
et qu’en vertu de la cession, le créateur lui a assuré qu’il n’exercerait pas d’action en revendication.
Débat doctrinal :en matière de droit d’auteur, la création est toujours considérée comme étant la
possession de l’auteur.

Section 3 : Les droits conférés par les dessins et modèles

Paragraphe 1 : Monopole d’exploitation du titulaire du droit

Le monopole d’exploitation est le « droit exclusif d’exploiter, d’utiliser, de fabriquer, d’offrir, de


mettre sur le marché, d’importer, d’exporter ou de détenir un produit dans lequel le dessin ou le
modèle est incorporé ». Cette définition n’est pas très éloignée de celle du monopole du titulaire d’un
brevet. Ce droit exclusif s‘étend à tout dessin ou modèle qui ne produit pas sur l’observateur averti,
une impression visuelle d’ensemble différente.

Paragraphe 2 : Limites à l’exclusivité conférée par le droit sur les dessins et modèle

L’exclusivité d’exploitation a des limites


Ainsi, sont exclus de la protection :
- Les actes accomplis à titre privé et à des fins non commerciales ou à titre expérimental ;
- Les actes de reproduction à des fins d’illustration ou d’enseignement, à la condition que le droit du
titulaire soit mentionné dans l’acte.
Par ailleurs, le monopole d’exploitation conféré par le droit d’enregistrement est limité par la règle
d’épuisement du droit (il s’agit de la même formule que pour les brevets et les marques). Le
monopole est également limité dans l’espace.
La protection est également limitée dans le temps. Elle est de 5 ans renouvelable, pour une durée
maximale de 25 ans.

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Chapitre VIII : Les procédures judiciaires relatives à la propriété
industrielle

Le contentieux judiciaire de la propriété industrielle repose sur deux actions : l’action en


contrefaçon et l’action en concurrence déloyale qui ont pour finalité tout à la fois la sanction
de l’atteinte aux droits du titulaire et des comportements malhonnêtes dans l’exploitation
desdits droits.

Section 1 : L’action en contrefaçon

Paragraphe 1 : les actes constitutifs de contrefaçon


Les atteintes aux droits de propriété industrielle sont nombreuses.

A – les actes portant atteinte au brevet d’invention


L’accord de Bangui définit la contrefaçon comme toute atteinte portée aux droits du breveté à
savoir l’emploi des moyens faisant l’objet de l’invention ; le recel ; la vente ou l’exposition en
vente ; l’introduction sur le territoire national de l’un des Etats membres d’un ou plusieurs
objets.
B. Les actes portant atteinte à la marque
L’accord de Bangui révisé ne définit pas la contrefaçon de marque. En revanche, il énumère
les actes constitutifs de contrefaçon.
1. les actes portant atteinte à la marque individuelle
Il s’agit de :
-L’apposition frauduleuse de la marque appartenant à autrui
-La vente ou la mise en vente sciemment des produits revêtus d’une marque contrefaite ;
-L’imitation frauduleuse d’une marque de nature à tromper l’acheteur ou l’usage d’une
marque frauduleusement imitée ;
-la vente ou la mise en vente sciemment des produits d’une marque frauduleusement imitée
ou portant des indications propres à tromper l’acheteur sur la nature du produit ou la
fourniture ou l’offre de fourniture des produits ou services sous une telle marque ;
-La livraison, en connaissance de cause, d’un produit ou la fourniture d’un service autre que
ce lui demandé sous une marque déposée ;
-L’usage d’une marque portant des indications propres à tromper l’acheteur sur la nature du
produit.
2.Les actes portant atteintes aux marques obligatoires
Il s’agit :
-La vente ou la mise en vente d’un ou plusieurs produits ne portant pas la marque déclarée
obligatoire pour cette espèce de produit ;
-La non apposition sur les produits d’une marque déclarée obligatoire ;
-La violation des dispositions des décisions prises en exécution de l’article 1 er de l’Annexe III
de l’Accord ;
-Le fait de faire figurer dans la marque les signes dont l’emploi est prohibé.
3.Les actes portant atteintes à la marque collective
Il s’agit de :
-L’usage d’une marque collective en violation du règlement fixant les conditions
d’utilisation ;
-La vente ou la mise en vente d’un ou plusieurs produits revetus d’une marque collective
irrégulièrement employée ;

54
-L’usage d’une marque reproduisant ou imitant une marque collective dans un délai de dix ans à
compter de la date de son annulation ; etc
C. Les actes portant atteinte au dessin ou modèle industriel
D’après l’article 25 de l’Accord de Bangui, la contrefaçon des dessins et modèles industriels est toute
atteinte portée sciemment aux droits garantis par la présente annexe. Cette formule est la même que
celle consacrée en matière de brevet d’invention. En général, la contrefaçon d’un dessin ou modèle
consiste dans les actes suivants :
La fabrication ;
L’offre ;
L’utilisation ;
La mise sur le marché ;
L’importation ou l’l’exportation d’un produit incorporant un dessin ou modèle ; etc
Section 2 :

Section 2 : la recherche de la preuve


La contrefaçon est un fait juridique qui peut être établi par tous les moyens. Cependant, l’accord de
Bangui exige une mesure probatoire ad hoc : la saisie contrefaçon.

Paragraphe 1 : le droit commun de la preuve de la contrefaçon


La contrefaçon peut être prouvée par tous les moyens admis en droit civil et en droit pénal. Lorsque
les poursuites sont engagées par cette voie à savoir les témoignages et présomptions. Les moyens de
preuves les plus fréquemment utilisés sont : Les contestants d’huissiers dressés sur requêtes des
particuliers ; les documents de publicités ou même les reproduisant le signe litigieux achetés dans le
magasin du défendeur et accompagnés des tickets d’achat ; les procès-verbaux dressés par les officiers
de police judiciaire, etc.

Paragraphe 2 : le droit spécial de la preuve : la saisie contrefaçon


La saisie contrefaçon est exclue pour le nom commercial et l’indication géographique et admise pour
les autres titres de propriété.
1.Les personnes habilitées à agir
Il s’agit des personnes suivantes : le titulaire du droit violé ; le licencié exclusif en matière de brevet,
de modèle d’utilité, de marque, de dessins ou modèle industriels, d’obtentions végétales. La
recevabilité de l’action du licencié exclusif est subordonné à trois conditions cumulatives :
l’inscription et la publication du contrat, l’absence de clause contraire et la mise en demeure préalable
du titulaire ; le licencié simple ne peut agir mais par vois voie d’intervention en greffant son action à
celle introduite par le titulaire ; le bénéficiaire d’une licence non volontaire en matière de brevet
d’invention ; le cessionnaire d’un titre de propriété industrielle ; les ayants droits du titulaires.
2. L’ordonnance de saisie contrefaçon
D’après l’Accord de Bangui, l’autorisation de faire procéder à la saisie contrefaçon est délivrée par le
président du tribunal dans le ressort duquel les opérations doivent être effectuées. Les parties et leurs
conseils doivent par conséquent mettre un soin particulier dans la rédaction de la requête et du projet
d’ordonnance dont le dispositif définit de manière complète et précise la mission confiée aux
personnalités habilitées à diligenter la saisie.
3. L’exécution de la saisie
L’Accord de Bangui confère aux huissiers de justice, aux officiers publics ou ministériels et aux
douaniers le pouvoir de diligenter la saisie contrefaçon en matière de propriété industrielle. Les
officiers de police judiciaires ne peuvent par conséquent pas y procéder. Ces autorités doivent laisser,
aux détenteurs des objets décrits ou saisis, copie de l’ordonnance ou de l’acte constatant le dépôt du
cautionnement le cas échéant, préalablement à toute exécution. Le non-respect de cette formalité est
sanctionné par la nullité de la saisie contrefaçon sans préjudice des dommages intérêts contre l’huissier
ou le douanier.

Section 4 : les sanctions

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Dans le système OAPI, la contrefaçon est aussi bien un délit civil que pénal entrainant des sanctions
dont le régime doit être circonscrit.

Paragraphe 1 : Les sanctions civiles


La juridiction civile peut condamner le contrefacteur au paiement des dommages intérêts et dans le
temps prononcer à son encontre une variété de mesures.
A : Les dommages intérêts
Les conséquences dommageables de la contrefaçon ne peuvent être réparées que par
équivalent, principalement sous la forme de l’octroi des dommages intérêts.
Il convient d’en préciser le fondement juridique et la méthode d’évaluation.
1 Le fondement juridique.
Les différentes Annexes de l’Accord de Bangui traitant des objets de propriété
industrielle admettent la possibilité pour la victime de la contrefaçon de solliciter les
dommages intérêts en réparation du préjudice matériel et moral qu’elle estime avoir
subi du fait de l’atteinte portée à son monopole. Cette règle est expressément énoncée
en matière de brevet d’invention, de modèle d’utilité, de marque, d’obtention végétale.
L’Accord sur les ADPIC pose expressément le principe de l’indemnisation de la victime de
la contrefaçon en général.
2. L’évaluation du préjudice
Le juge évalue le manque à gagner et le préjudice subi au regard des éléments de fait fournis par le
requérant au besoin à dire d’expert. La perte subie comprend deux éléments : l’atteinte au monopole et
les soins et perte du procès.
B : les autres sanctions
Le juge peut en outre ordonner les sanctions suivantes : l’injonction de cessation immédiate de
l’atteinte ; la destruction des produits contrefaits et les instruments destinés spécialement à leur
fabrication.

Paragraphe 2. Les sanctions pénales


L’Accord de Bangui définit directement les infractions aux différents objets de propriété
industrielle et en détermine les sanctions; ces dispositions se substituent d’office à celles de même
nature contenues dans le code pénal national. A la lumière dudit
Accord, le juge pénal peut prononcer une variété de peines qu’il convient de regrouper
en deux catégories : les peines principales et les autres sanctions.
1. Les peines
La contrefaçon est punies des peines correctionnelles suivantes : l’amende ; l’emprisonnement en cas
de récidive.
2. Les autres sanctions
Confiscation des produits contrefaits ; la destruction des produits contrefaits et les instruments destinés
spécialement à leur fabrication ; privation du droit d’éligibilité et d’élection dans les groupements
professionnels.

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Chapitre 2 : l’action en concurrence déloyale

C’est une action en responsabilité civile et délictuelle de droit commun qui a pour objet
d’obtenir la condamnation du défendeur à cesser son comportement déloyal et le cas échéant à
en réparer les conséquences dommageables. Elle est indépendante de l’action en contrefaçon
et constitue une protection supplémentaire que l’Accord de Bangui accorde aux titulaires de
droits de propriété intellectuelle. Les titulaires de droits ont la latitude de ne pas recourir à
l’action en contrefaçon pour utiliser celle de la concurrence déloyale ou d’exercer les deux à
la fois.

Section : présentation de l’action en concurrence déloyale

Il importe de présenter les actes constitutifs de concurrence au regard de l’accord de Bangui et les
modalités d’exercice de l’action y relative.

§1 : Les actes constitutifs de concurrence déloyale


L’accord de Bangui définit la concurrence déloyale comme tout acte ou pratique qui, dans l’exercice
d’activités industrielles ou commerciales est contraire aux usages honnêtes. Il s’agit notamment des
actes suivants :
-La recherche de confusion : elle est réalisée a travers les signes distinctifs se rapportant à l’entreprise,
aux produits, à la présentation des produits, les produits eux-mêmes, la publicité ;
-Le dénigrement : s’entend comme des propos tendant à jeter du discrédit sur la personne ou les
produits ou services du concurrent ;
-La désorganisation : elle peut avoir pour objet soit l’entreprise rivale, soit le marché en général ;
-La divulgation, l’acquisition ou l’utilisation par des tiers d’une information confidentielle sans le
consentement du détenteur légitime.

§2 : La mise en œuvre de l’action en concurrence déloyale


L’action en concurrence déloyale étant une action en responsabilité civile délictuelle ordinaire ayant
pour fondement les articles 1382 et suivants, sa mise en œuvre obéit aux dispositions du code
procédure civile qu’elle soit exercée isolement ou conjointement avec l’action en contrefaçon.

§3 : Les rapports entre l’action en concurrence déloyale et l’action en contrefaçon


Alors que l’action en contrefaçon est essentiellement la sanction d’un droit de propriété intellectuelle,
l’action en concurrence déloyale sanctionne en revanche un usage excessif de la libre concurrence
dans la compétition économique. L’autonomie caractérise les rapports entre ces deux actions en sorte
que l’échec de l’une n’influe pas sur l’aboutissement de l’autre ; Deux situations doivent être
distinguées :
-L’action en concurrence déloyale en l’absence d’une exploitation contrefaisante. L’action en
concurrence déloyale peut être mise en œuvre en l’absence d’une exploitation contrefaisante si ses
propres conditions d’exercice sont réunies. La jurisprudence exige la preuve d’une faute distincte de la
contrefaçon faussement alléguée.
-L’action en concurrence déloyale en présence d’une exploitation contrefaisante. La concurrence
déloyale peut être mise en œuvre en présence d’une exploitation contrefaisante conjointement à
l’action en contrefaçon ou même séparément dans le cadre d’un procès distinct. Pour faire droit aux
deux actions, le juge doit caractériser une faute constitutive de concurrence déloyale distincte de la
participation aux faits de contrefaçon.

Section 2 : Les sanctions

Elles peuvent être civiles ou pénales


§1 : Les sanctions civiles
-Le juge peut ordonner les mesures suivantes à la requête de la personne lésée ou susceptible de l’être :

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Injonction : le juge imposera au contrevenant la cessation pour l’avenir du comportement déloyal, au
besoin sous astreinte ;
-Les dommages et intérêts : leur évaluation est faite conformément au droit commun de la
responsabilité civile délictuelle ;
-Toute autre réparation prévue par le droit civil : il s’agit notamment de la destruction, la confiscation,
etc

§2 Les sanctions pénales

L’annexe X de l’accord de Bangui érige l’acte de concurrence déloyale commis en rapport avec
l’obtention végétale en délit pénal passible d’une amende ou d’un emprisonnement. Mais également
toute personne qui commet sciemment un acte de contrefaçon ou un acte de concurrence déloyale
commet un délit est passible d’une amende d’un montant de un million à trois millions de F CFA ou
d’un emprisonnement de un mois à six mois ou de l’une et l’autre peines sans préjudice des
réparations civiles.

58
Droit de l’énergie
1. PRESENTATION DU SECTEUR DE L’ELECTRICITE

Le gouvernement camerounais a engagé, avec l’aide de la Banque Mondiale et du Fonds


Monétaire International, la réforme de l’économie dans le but de consolider le cadre macro-
économique et la compétitivité de l’économie, et de créer les conditions permettant de réaliser
une croissance suffisamment forte pour avoir un impact significatif sur la création d’emplois,
la fourniture adéquate des services sociaux de base, la réhabilitation des infrastructures et la
réduction de la pauvreté. Dans le cadre de ces réformes économiques, le gouvernement a
restructuré le secteur de l’électricité afin de réduire son poids financier sur le budget de l’Etat
et d’améliorer sa contribution au développement économique et social du pays.

Une nouvelle loi régissant le secteur de l’électricité a été adoptée et promulguée par le Chef
de l’Etat en décembre 1998. Cette loi définit une nouvelle organisation institutionnelle du
secteur électrique et jette les bases de l’organisation d’un marché concurrentiel de l’électricité
dans notre pays.

2. Historique de l’énergie électrique au Cameroun


Le secteur de l’énergie électrique au Cameroun a connu de nombreux faits majeurs depuis
1929. L’historique de l’électricité au Cameroun peut être retracé comme suit :
- En 1929 : les premières centrales hydroélectriques de Libermann et Malale (privées) sont
inaugurées pour fournir l’électricité dans la région de Muyuka, essentiellement dans les
domiciles et les usines des colons britanniques.
- Avant la guerre de 1939 à 1945 dans la partie francophone du Cameroun, les premiers foyers
d’électricité de Nkongsamba, Douala et Yaoundé ont été créés par l’administration et
exploités en gérance par des sociétés privées ou directement par elle-même.
- 1946 : création d'un service public dans la partie britannique pour la fourniture de
l’électricité qui a racheté la plupart des centrales privées installées par les colons.
- 1948 : la société d’économie mixte, Énergie Électrique du Cameroun (ENELCAM), est
créée et chargée d’aménager l’usine hydroélectrique d’Edéa I (22MW) sur la Sanaga pour
l’alimentation électrique de Douala et Edéa en 1953.
- Après l'indépendance, la Cameroon Electricity Corporation (POWERCAM) est fondée en
1962 au Cameroun Occidental, et en 1963 la société d’économie mixte Electricité du
Cameroun (EDC) est créée, avec la majorité du capital social détenue par l’Etat du Cameroun
Oriental et les collectivités publiques. Elle prend en charge toutes les distributions publiques
d’énergie électrique, ainsi que les moyens de production et de transport subséquents, à
l’exception des centrales d’Edéa gérées par ENELCAM.
- 1974 : création de la Société Nationale d’Electricité du Cameroun (SONEL) par fusion des
sociétés ENELCAM et EDC. SONEL a en outre mission de prendre en charge les
distributions publiques dans l’ex-Cameroun Occidental. En 1975, elle absorbe la
POWERCAM et la centrale hydroélectrique de Song loulou (388 MW) est mise en service.
- 17 juillet 2001 : Privatisation de la SONEL au bénéfice de AES-Sirocco Limited, une filiale
de AES Corporation qui contrôle 51 % du capital ; l'État du Cameroun conserve 44 % et le
personnel reçoit 5%.
- 23 mai2014 : Le gouvernement du Cameroun signe l’accord qui octroie à ACTIS 56 % des
parts d’AES-SONEL et de ses sœurs KPDC et DPDC. Le 12 septembre 2014, le nouveau nom
de l’entreprise est dévoilé : ENEO Cameroun S.A.

59
- L’année 2015 est marqué par la réforme qui prévoit désormais la possibilité de faire exercer
par les acteurs différents les fonctions de production, de transport et de distribution de
l’énergie électrique. C’est ainsi qu’est née la société en charge du transport de l’énergie
électrique SONATRAL.
En résumé, depuis 1929, trois centrales électriques ont été mise sur pieds notamment Edéa
(276 MW), Song loulou (384 MW) et Lagdo (72 MW). La société de distribution de l’énergie
électrique a connu des mutations à savoir : de ENELCAM à SONEL suite à la réunification,
de SONEL à AES-SONEL suite à la privatisation de l’énergie électrique et enfin de AES-
SONEL à ENEO suite à la volonté de l’Etat Camerounais d’améliorer le secteur de
l’électricité et de l’ouvrir à la concurrence. La société de production et distribution en 2018
ENEO-Cameroun n’est pas le seul acteur de l’électricité au Cameroun d’autres acteurs ayant
des rôles différents existent et font l’objet de la section suivante.

3. LE NOUVEAU CADRE REGLEMENTAIRE


- Le texte de base de la réforme est la loi n° 98/022 du 24 décembre 1998 régissant le secteur
de l'électricité. Cette loi a été complétée par :
- Le décret n° 2000/464/PM du 30 juin 2000 régissant les activités du secteur de l’électricité ;
- Le décret n° 2001/021/PM du 29 janvier 2001 fixant les taux et les modalités de calcul, de
recouvrement et de répartition de la redevance due par les opérateurs exerçant dans le secteur
de l’électricité ; et
- L’arrêté n° du 30 janvier 2001 fixant la composition des dossiers et les frais d’instruction
des demandes de concession, de licence, d’autorisation et de déclaration en vue de l’exercice
des activités de production, de transport, de distribution, d’importation, d’exportation et de
vente d’énergie électrique.

4. L’ORGANISATION INSTITUTIONNELLE DU SECTEUR DE L’ELECTRICITE


La loi susvisée consacre un cadre institutionnel nouveau pour le secteur de l’électricité dans
lequel, l’administration se soustrait des activités directes de fourniture des services électriques
au profit d’opérateurs privés pour se consacrer principalement aux tâches de définition de la
politique et des règles du jeu dans le secteur électrique.
Deux nouveaux organismes sont créés, l’Agence de Régulation du Secteur de l’Electricité et
l’Agence d’Electrification Rurale.
4.1. Le rôle de l’Administration
Le rôle de l’Administration est recentré autour de définition de la politique sectorielle et des
règles du jeu, ainsi qu’aux questions relatives à la politique sociale du gouvernement (lutte
contre la pauvreté énergétique), la sécurité et la protection de l’environnement.
4.2. Le rôle de l’Agence de régulation
La nouvelle loi institue une Agence de régulation du secteur de l’électricité (ARSEL). Aux
termes de cette loi l’ARSEL a pour principales missions de veiller au bon fonctionnement du
secteur de l’électricité, au maintien de son équilibre économique et financier et à la protection
des intérêts des opérateurs et des consommateurs.
De manière détaillée, elle est chargée :
- de participer à la promotion du développement rationnel de l’offre d’énergie électrique ;
- de veiller à l’équilibre économique et financier du secteur de l’électricité et à la préservation
des conditions économiques nécessaires à sa viabilité ;
- de veiller aux intérêts des consommateurs et d’assurer la protection de leurs droits pour ce
qui est du prix de la fourniture et de la qualité de l’énergie électrique ;
- de promouvoir la concurrence et de la participation du secteur privé dans les activités de
production, de transport, de distribution, d’importation, d’exportation et de vente de l’énergie
électrique dans les conditions objectives, transparentes et non discriminatoires ;

60
- de soumettre à la signature de l’autorité compétente, après avis conforme, les contrats de
concession, ainsi que les demandes de licence et d’autorisation ;
- de mettre en œuvre, suivre et contrôler le système tarifaire établi, dans le respect des
méthodes et procédures fixées par les lois et règlements en vigueur ;
- d’assurer dans le secteur de l’électricité le respect de la législation relative à la protection de
l’environnement ;
- de veiller au respect, par les opérateurs du secteur, des conditions d’exécution des contrats
de concession, des licences et des autorisations ;
- de veiller à l’accès des tiers aux réseaux de transport d’électricité, dans la limite des
capacités disponibles ;
- de suivre l’application des standards et des normes par les opérateurs du secteur de
l’électricité ;
- de veiller à l’application des sanctions prévues par la loi ;
- d’élaborer, de concert avec les professionnels de l’électricité, les standards et normes
applicables aux activités et aux entreprises du secteur et de les soumettre à l’homologation de
l’Administration chargée de l’électricité ;
- de veiller également au respect du principe d’égalité de traitement des usagers par tout
exploitant ou opérateur du secteur de l’électricité ;
- de contribuer à l’exercice de toute mission d’intérêt public que pourrait lui confier le
Gouvernement pour le compte de l’Etat dans le secteur de l’électricité.
L’ARSEL a le statut juridique d’Établissement Public Administratif (EPA) régi par la loi n°
99/016 du 22 décembre 1999 portant Statut Général des Établissements Publics et des
Entreprises du Secteur Public et Parapublic, placé sous la double tutelle technique du
Ministère chargé de l’électricité et du Ministère chargé des finances.
L’ARSEL dispose statutairement de l’autonomie fonctionnelle et décisionnelle et est dirigée
par un Conseil d’Administration de 9 membres dont le Président et les membres sont nommés
par décret du Président de la République et par un Directeur Général assisté d’un Directeur
Général Adjoint, également nommés par décret présidentiel.
Son financement structurel est assuré par le budget de l’État et par les redevances perçues sur
les revenus des activités des opérateurs des secteurs concernés.
Les décisions de l’ARSEL doivent être rendues publiques dans son journal ou par toutes
autres voies appropriées et peuvent faire l’objet de recours juridictionnels par des tierces
parties ayant intérêt à agir.
4.3. Le rôle de l’Agence d’électrification rurale
La nouvelle loi créée également une Agence d’électrification rurale dont la mission est de
promouvoir le développement de l’électrification rurale au Cameroun.

5. LA STRUCTURE DE L’INDUSTRIE ELECTRIQUE


L’organisation de l’industrie électrique adoptée par le Cameroun correspond au modèle de «
monopole intégré » où il est permis à quelques entreprises de faire concurrence à l’entreprise
détentrice de monopole ENEO.
5.1. La production de l’électricité
Le modèle camerounais sépare le segment de la production et en fait une industrie qui est
totalement concurrentielle.
Pour satisfaire leurs obligations contractuelles de long terme, les producteurs peuvent recourir
soit à leur propre production, soit aux achats d’énergie auprès d’autres producteurs à des prix
librement négociés.
Pour favoriser le développement à moyen terme d’une offre concurrentielle d’énergie dans le
segment de la production, les capacités de production du monopole intégré ENEO,
actuellement de l’ordre 820 MW, ont été plafonnées à 1000 MW. Ce plafond atteint, les

61
capacités de production supplémentaires nécessaires à la satisfaction de la demande de ENEO
seront fournies par des producteurs indépendants.
5.2. Le transport de l’électricité
Aux termes du décret N° 2015/454 du 28 octobre 2015, Le Président de la République créée
la SONATREL (Société Nationale de Transport de l’Electricité), qui est une société de capital
public et placée sous la tutelle technique du ministère de l’eau et de l’énergie et sous la tutelle
financière du ministère des finances. Elle a pour objectif de doter le Cameroun d’un réseau
électrique qui répond aux attentes de tous et aux enjeux devant conduire le Cameroun à son
émergence.
Elle achemine l’énergie des producteurs aux compagnies de distribution ou directement aux
gros consommateurs.
Les concessions de transport ne sont valables que sur le territoire pour lequel elles ont été
conclues. Elles définissent les droits et les obligations du concessionnaire dans la gestion du
réseau de transport.
La compagnie de transport est soumise de la part des producteurs, au paiement de droits de
passage pour couvrir les coûts engendrés à une compagnie de transport efficace de taille
comparable.
5.3. La distribution de l’électricité
La distribution de l’électricité est exercée sous le régime de la concession. Cependant,
l’établissement d’une distribution d’électricité en vue de fournir une puissance inférieure à
100 kW est soumise à l’autorisation délivrée par l’ARSEL.
Les concessions de distribution donnent aux compagnies distributrices, l’exclusivité de la
distribution et de la vente au détail de l’énergie électrique à l’intérieur du périmètre concédé.
Elles sont également assorties des obligations de service public et de desserte. Les
compagnies de distribution satisfont leurs besoins d’énergie soit au moyen de leur production
propre, soit en s’approvisionnant auprès des producteurs indépendants avec lesquels elles ont
passé un contrat d’achat d’énergie. Elles peuvent également acheter les surplus d’énergie des
auto producteurs.
5.4. La vente de l’électricité
Contrairement à l’ancienne réglementation, la nouvelle réglementation fait de la vente de
l’énergie électrique, une activité distincte de la production, du transport et de la distribution de
l’électricité. La vente d’électricité est exercée pour l’électricité de haute tension (plage de
tension > 33 kV) et moyenne tension (plage de tension comprise entre 3 et 33 kV). Par
ailleurs, la vente d’électricité au détail en basse tension (plage de tension < 440 kV) est
exercée par les compagnies de distribution.
Selon les termes de la loi de 1998, la vente de l’électricité en haute et moyenne tension est
placée sous le régime de la licence. Elle est exercée par les producteurs indépendants, les
transporteurs (pendant la période d’exclusivité de 5 ans) et les vendeurs ou négociants à
destination soit des distributeurs, soit des grands comptes. Les grands comptes sont des
négociants ou clients finals industriels ou commerciaux d’électricité en haute et moyenne
tension dont la puissance souscrite atteint un seuil fixé par voie réglementaire. Ce seuil qui est
pour l’instant de 1 MW, est fixé de manière à permettre l’ouverture progressive du marché
national de l’électricité.
La vente de l’électricité à moyenne et basse tension est ouverte à la concurrence et les prix de
vente fixés par le libre jeu du marché dans le cadre de contrats passés entre les producteurs
indépendants et les distributeurs d’une part, ou les grands comptes d’autre part.
Les transactions entre les vendeurs et les gros consommateurs sont basées sur des contrats de
fourniture de moyen ou de long terme. Il n’est pas prévu de marché spot pour l’électricité de
gros. Pour satisfaire leurs obligations contractuelles, les vendeurs peuvent recourir soit à leur

62
propre production (dans le cas de producteurs indépendants), soit aux achats d’énergie auprès
des producteurs à des prix librement négociés.
Par contre, la vente au détail de l’électricité (en basse tension) est une activité accessoire à la
distribution. A l’opposé de la vente de l’électricité à haute et moyenne tension, la vente
d’électricité au détail est régulée et n’est pas ouverte à la concurrence (c’est-à-dire que les
usagers de l’électricité basse tension ne peuvent pas choisir librement leurs propres
fournisseurs).
5.5. L’exportation et l’importation de l’électricité
L’exportation et l’importation de l’électricité sont également soumises à l’obtention d’une
licence. Elles sont exercées dans le respect des engagements internationaux du Cameroun.
L’exportation de l’électricité ne peut être exercée que lorsque les besoins du marché national
ont été satisfaits.

6. L’OUVERTURE A LA CONCURRENCE
Cependant, selon le principe d’accès des tiers au réseau, l’approvisionnement des grands
comptes ou gros consommateurs dont la consommation atteint un seuil fixé par voie
réglementaire n’est pas régulé.
6.1. Les modalités d’accès au marché de l’électricité
L’exercice des activités dans le secteur de l’électricité est soumis à l’un des régimes
juridiques suivants : la concession, la licence, l’autorisation, la déclaration ou la liberté.
L’accès aux activités à caractère exclusif - production d’électricité destinée à la vente aux
usagers captifs, transport et distribution - est soumis à appel d’offres. Dans le cas de la
production d’électricité destinée à la vente aux usagers captifs, l’appel d’offres est mis en
œuvre par l’Agence de régulation ou par les concessionnaires de distribution destinataires des
capacités à développer, sous le contrôle de l’Agence. L’Agence de régulation établit les
cahiers des charges des appels d’offres ou, dans tous les cas, les approuve.
Les appels d’offres pour l’octroi des concessions de transport et de distribution sont décidés
par l’Administration chargée de l’électricité et mis en œuvre par l’Agence de régulation. Ces
appels d’offres font l’objet d’une obligation de publicité aux plans national et international.
L’Agence de régulation établit les cahiers des charges desdits appels d’offres, ainsi que les
projets de contrats de concession et les soumet à l’approbation de l’Administration chargée de
l’électricité.
L’accès aux activités concurrentielles (production indépendante et/ou en vue de la vente de
l’électricité en haute et en moyenne tension à des grands comptes, importation et exportation
d’électricité) fait l’objet d’une libre négociation entre les parties intéressés. Le grand compte
ou la compagnie destinataire des capacités à fournir notifie son choix à l’Agence de régulation
qui, en cas de refus, est tenue de motiver son objection.
Les procédures d’exercice des activités de fourniture d’électricité dans les zones rurales sont
été simplifiées. L’établissement et l’exploitation d’installations de distribution de l’électricité
en vue de fournir une puissance inférieure à 1 MW est soumise à l’obtention d’une
autorisation attribuée sur demande par l’Agence de régulation. Toutefois, la demande doit
faire l’objet d’une large publication aux plans national et local. La même procédure
s’applique à l’établissement et l’exploitation d’installations d’auto-production de puissance
comprise entre 100 kW et 1 MW.
Les critères et les procédures d’octroi des concessions, des licences et des autorisations
doivent être rendues publics dans le Bulletin de l’ARSEL ou, le cas échéant, dans un journal
d’annonces légales. Ces critères doivent être objectifs, transparents et non discriminatoires. Ils
portent notamment sur :
- la capacité technique, économique et financière du demandeur à respecter l’intégralité de
ses obligations ;

63
- l’expérience professionnelle du demandeur ;
- le coût de fourniture de l’énergie électrique ;
- les normes de sécurité et de sûreté relatives aux réseaux électriques, installations et
équipements associés ;
- les normes de protection de l’environnement ;
- l’occupation des sols, le choix des sites et l’utilisation du domaine public ;
- la notoriété et la bonne réputation requises pour assumer les responsabilités découlant de
l’activité pour laquelle la concession, la licence ou l’autorisation est demandée ;
- les garanties relatives à l’efficacité énergétique ;
- la nature des sources d’énergie primaire proposées en vue de la diversification de ces
sources d’énergie et de la minimisation du coût de l’électricité à long terme.
Les conventions de concession, les licences et les autorisations de production, de transport et
de distribution fixent la durée et les conditions de suspension, de caducité et de révision, de
renouvellement et de révocation du contrat, ainsi que les modalités de règlement des litiges.
Elles définissent également les droits et les obligations des compagnies titulaires, et précisent
l’étendue de leurs obligations de service public.
6.2. L’accès des tiers aux réseaux
La législation camerounaise accorde un droit d’accès aux réseaux publics de transport et de
distribution aux grands comptes ou aux compagnies de distribution pour assurer l’exécution
des contrats de vente d’énergie électrique entre les grands comptes ou les compagnies de
distribution et leurs fournisseurs d’une part, et les contrats conclus par les compagnies
titulaires d’une licence d’importation ou d’exportation. Les conditions et les tarifs d’accès et
d’utilisation des réseaux publics de transport et de distribution sont fixées dans le cadre des
contrats ou des protocoles entre les concessionnaires et les gestionnaires desdits réseaux et
leurs utilisateurs.
6.3. La gestion du réseau de transport
Afin de garantir l’accès équitable et non discriminatoire aux services des réseaux publics de
transport et de distribution à tous les utilisateurs, la nouvelle législation fait de la gestion
desdits réseaux une activité séparée de celle du transport.
D’après la législation camerounaise, le gestionnaire du réseau est chargé :
- d’assurer la sécurité des flux sur le réseau de transport, ainsi que la fiabilité et l’efficacité
dudit réseau ;
- d’écouler, prioritairement sur le marché national en cas d’exportation, la production offerte
au moindre prix, conformément aux missions d’intérêt général qui lui sont assignées ;
- de veiller à l’utilisation optimale des capacités existantes ;
- de gérer le flux d’énergie sur le réseau en tenant compte des échanges dans le système
interconnecté ;
- de prendre des mesures tendant à assurer la disponibilité de tous les services auxiliaires
nécessaires et à maintenir un haut niveau de fiabilité et de sécurité du réseau électrique.
- Il participe avec l’Agence de régulation, à la planification de la demande d’électricité et des
besoins en capacités de transport.

7. OBLIGATIONS DE SERVICE PUBLIC


7.1 Permanence et continuité
ENEO a l’obligation de mettre en œuvre tous les moyens nécessaires et prendre toutes les
dispositions utiles permettant d’assurer, dans les limites prévues au Contrat Cadre et au
présent Cahier des Charges, en permanence un fonctionnement continu et régulier des
Services Concédés. A cet effet, ENEO s’engage à fournir en quantité et qualité suffisante
toute l’énergie électrique nécessaire aux besoins des Usagers et Grands Comptes.

64
Les Services Concédés peuvent être suspendus momentanément et partiellement pour assurer
l’ensemble des travaux, ou pour réaliser des travaux de raccordement ou des travaux à
proximité des équipements et ouvrages nécessitant leur mise hors service.
ENEO s’oblige à réduire le plus possible le nombre et la durée de ces interventions et à limiter
la suspension momentanée et partielle des Services Concédés aux stricts impératifs de son
exploitation, aux époques et aux heures pendant lesquelles les interruptions sont susceptibles
de causer le moins de gêne possible aux Usagers et Grands Comptes.
ENEO devra, moyennant un préavis, porter à la connaissance des Usagers et Grands Comptes,
par avis collectif, les dates et les heures de ces suspensions.
Lorsque des circonstances imprévues exigeront une intervention d’urgence, la SONEL sera
autorisée, exceptionnellement, à procéder à une intervention sans préavis, à charge, si
possible, d’en informer les Usagers ou Grands Comptes concernés et, si nécessaire, d’en
rendre compte à l’Agence et à l’Administration chargée de l’électricité.
7.2 Standards de qualité du courant électrique
ENEO a l’obligation de maintenir certains standards techniques en termes de tension et
fréquence nominale et de normes de variations.
ENEO est responsable des dommages directs éventuellement occasionnés par les variations de
fréquence ou les écarts de tension électrique excédant les tolérances admises, si la preuve peut
être apportée de la relation de causalité entre la défectuosité de la fourniture et son dommage.
7.3 Obligations de desserte
ENEO a l’obligation d’étendre le Réseau progressivement chaque année, selon un plan
équilibré entre les différentes provinces du Cameroun, entre les zones urbaines et rurales, et
entre les grandes et les petites villes.
ENEO a l’obligation de procéder au raccordement au Réseau de Distribution de toutes
personnes résidant à l’intérieur du Périmètre de Distribution et de Vente d’électricité Basse
Tension tel que défini à l’article 3 du Cahier des Charges de Concession du Contrat de
Distribution.

65
DEFINITIONS

Auto-producteur: personne produisant de l'électricité pour son usage exclusif et qui n'entreprend ni le
transport, ni la distribution de celle-ci sur le territoire où elle est établie, sauf dans le cas où le
transport est destiné à son usage propre.
Autorité compétente: personne morale de droit public habilitée à conclure, signer ou délivrer les
instruments juridiques nécessaires à la réalisation des activités visées par la présente loi.
Autorité concédante : personne morale de droit public habilité à signer les contrats de concession
entre l'Etat et une personne morale de droit public ou privé.
Autorité locale: représentant d'une Collectivité Territoriale Décentralisée.
Autorisation: acte juridique délivré par l'autorité compétente, permettant la réalisation d'une activité
dans le secteur de l’électricité, et constatant que l’opérateur remplit les conditions et les obligations
auxquelles il est soumis par la présente loi et ses textes d’application.
Centrale hydroélectrique: installation dans le cours d'un fleuve, d'une rivière ou d'un cours d'eau,
permettant l'utilisation de cette force motrice pour la production d'électricité.
Concession: convention conclue de manière exclusive entre l'Etat et un opérateur, lui permettant
d'exploiter le domaine public dans des limites territoriales précises, en vue d'assurer la production, le
transport et la distribution de l'énergie électrique sur la base d'un cahier de charges.
Concessions de production et de transport d'électricité à des fins industrielles: désignent les
concessions respectives de production et de transport permettant le développement et l'exploitation
d'activités de production d'électricité et d'activités de transport d'électricité, entre les sites de
production d'électricité et ses sites industriels et/ou entre les sites de production et les postes
d'interconnexion aux réseaux de transport, par toute société ayant une activité de production
industrielle, en vue de satisfaire ses besoins industriels.
Client éligible: client qui est libre d'acheter de l'électricité au fournisseur de son choix.
Conciliation: procédure de règlement amiable de conflits entre les opérateurs du secteur de
l'électricité et leurs clients ou avec des tiers, par le Régulateur.
Contrôle: ensemble des opérations ou actions menées en vue de vérifier la conformité des activités,
des matériels, des équipements, des installations et des procédures avec les textes et normes en
vigueur.
Courant alternatif: courant électrique qui change régulièrement et périodiquement de sens à une
fréquence de 50 Hertz.
Courant continu: courant électrique indépendant du temps.
Déclaration: formalité administrative accomplie auprès de l'autorité compétente en vue de la
réalisation de certaines activités prévues par la présente loi.
Distributeur: toute personne morale ou physique qui établit et/ou exploite des réseaux électriques de
moyenne et de basse tension et qui vend et/ou fournit de l'électricité aux usagers.
Distribution: établissement et exploitation des réseaux électriques de moyenne et de basse tension en
vue de la vente de l’énergie au public.
Efficacité énergétique: toutes mesures techniques ou managériales qui visent à optimiser le
rendement énergétique des installations suivant le principe du moindre coût.
Electricité : énergie générée à partir des sources primaires (cours d'eau, lacs ou marées), des matières
premières minérales (charbon, pétrole, substances nucléaires, sources géothermiques ou autres, ou des
sources d'énergie renouvelables (rayonnement solaire, vent, biomasse, etc.).
Electricité basse tension: plage de tension inférieure à 1000 volts en courant alternatif et inférieure à
1500 volts en courant continu.
Electricité haute tension (HT): plage de tension comprise entre 30 000 volts et 225 000 volts.
Electricité moyenne tension: plage de tension comprise entre 1000 volts et 30 000 volts en courant
alternatif et comprise entre 1 500 volts et 30 000 volts en courant continu.
Electricité Très Haute Tension (THT) : plage de tension supérieure à 225 000 volts.

66
Energie d'origine marine: énergies hydrauliques des mers, dont les facteurs de mouvement sont les
vagues, les courants marins, la marée, l'éolien offshore, ou dont les facteurs sont les gradients de
température ou de salinité.
Energie de la biomasse: énergie produite par effet de la combustion des matières organiques sur un
fluide avec pour but la production de la vapeur devant entraîner les turbines.
Energie éolienne: énergie mécanique des masses d'air dans l'atmosphère.
Energie géothermique: énergie mécanique produite à partir de la chaleur souterraine.
Energie solaire photovoltaïque: énergie issue de la conversion de la lumière du soleil en courant
électrique par effet photovoltaïque des matériaux semi-conducteurs photosensibles.
Energie solaire thermique: énergie thermique produite par effet des rayons du soleil sur un fluide
donnant lieu à la production des vapeurs devant entraîner les turbines.
Exportation: vente de l'électricité produite en République du Cameroun, à une personne publique ou
privée, destinée à être mise en vente ou utilisée sur le marché d'un pays étranger.
Fournisseur d'énergie électrique: personne physique ou morale titulaire du droit de vendre l'énergie
électrique à un utilisateur intermédiaire ou final.
Fourniture: mise de l'électricité à la disposition des usagers au point de livraison.
Gestionnaire du réseau de distribution: personne physique ou morale chargée de l'exploitation, de la
maintenance et du développement du réseau de distribution dans une zone donnée.
Gestionnaire du réseau de transport: personne morale responsable de l'exploitation, de la
maintenance et du développement du réseau national de transport, de ses interconnexions avec d'autres
réseaux, et/ou de la gestion des flux d'énergie.
Grand compte: négociant ou acheteur final industriel ou commercial d'électricité à très haute, haute et
de moyenne tension, habilité à acheter de l'électricité directement auprès du transporteur, du
producteur ou du vendeur.
Importation: achat d'électricité auprès d'une personne publique ou privée d'un pays étranger, destinée
à être mise en vente ou utilisée sur le territoire national.
Installation électrique: ensemble de matériels électriques destiné à la production, au transport,
ou à la distribution de l'électricité:
- bâtiment ou terrain utilisé en relation avec des lignes de fourniture d'électricité;
- appareil permettant la fourniture d'électricité aux usagers jusqu'au point de livraison.
Installations électriques intérieures: tout câblage, ligne, instrument ou appareil électrique qui se trouve
en aval du point de livraison du distributeur d'énergie électrique caractérisés :
- en basse tension : par les bornes de sortie du ou des compteurs ou fusibles calibrés et plombés ou des
disjoncteurs plombés si ceux-ci sont placés après le compteur ;
- en moyenne et haute tension: par les isolateurs d'ancrage avant l'entrée du poste de transformation de
l'usager ou la boîte de l'extrémité du câble dans le cas des réseaux souterrains, isolateurs ou boîtes
compris.

Installations électriques intérieures rénovées: installations dont les éléments ont été déposés, en
totalité ou partiellement, et remplacés.
Interconnecteurs: équipements utilisés pour relier les réseaux électriques entre eux.
Licence: contrat ou titre administratif délivré par l'autorité compétente à un opérateur qualifié,
ayant été sélectionné pour exercer des activités de production indépendante de vente d'énergie de
très haute, haute tension et de moyenne tension, ainsi que des activités d'importation et
d'exportation destinées totalement ou partiellement à des distributeurs ou des grands comptes.
Ligne électrique privée: ligne de transport d'électricité à très haute, haute, moyenne ou basse
tension, destinée à l'usage exclusif de· son propriétaire, et installé sur une propriété privée dont
elle respecte les droits afférents.
Matériel électrique: tout matériel ou équipement utilisé dans la réalisation d'une installation
électrique ou pouvant être branché sur celle-ci.
Maîtrise de l'énergie: ensemble' des mesures prises et des actions mises en oeuvre en vue de
l'utilisation rationnelle de l'énergie et du développement des énergies renouvelables.
Moindre coût: charge financière d'un montant nécessaire et raisonnable, supportée dans
l'exercice d'une activité opérée dans le secteur de l'électricité.

67
Négociant: personne physique ou morale ayant le droit d'assurer la fourniture de l'énergie
électrique acquise auprès des producteurs ou, sur le marché, à des usagers. _
Opérateur: toute personne physique ou morale de droit camerounais- ayant le droit d'opérer une
activité dans le secteur de l'électricité.
Point de livraison: tout appareil ou instrument permettant le transfert effectif de l'électricité du
distributeur aux usagers, des producteurs aux transporteurs, distributeurs et grands comptes, et des
transporteurs aux distributeurs et grands comptes.
Poste d'interconnexion: emplacement de l'ensemble des équipements, matériels ou installations
permettant d'assurer une interconnexion.
Producteur: personne physique ou morale titulaire du droit d'exploitation d'une installation
destinée à générer de l'électricité à partir de toute source d'énergie, et qui vend et fournit sa
production d'électricité à des tiers.
Production: génération d'électricité par tout moyen.
Production décentralisée: unité de production d'électricité destinée à satisfaire les besoins en
électricité des usagers situés loin des réseaux interconnectés et ne pouvant s'y raccorder à moyen
terme.
Rentabilité normale: marge accordée en rémunération des fonds propres et/ou des dettes de
l'opérateur engagés sur le titre dont" il est titulaire dans le secteur, dans les conditions d'une
exploitation normale, reconnue comme telle par le Régulateur du secteur de l'électricité.
Réseau de transport: système de conducteurs constituant les lignes d'électricité à très haute et
haute tension et de postes de transformation entre la très haute et la haute tension ou la haute et la
moyenne tension, aux fins de délivrer de l'électricité jusqu'aux points de livraison haute ou
moyenne tension.
Réseau électrique: ensemble des ouvrages, des installations et des équipements de production, de
transport et de distribution permettant d'acheminer l'électricité des sources de production aux
points de livraison.
Services auxiliaires: services nécessaires aux systèmes de transport et de distribution d'électricité.
Service public d'électricité: toute activité de production, de transport, de distribution,
d'exportation ou d'importation d'énergie électrique, de stockage d'eau en vue de la production non
destinée à l'usage exclusif de l'opérateur concerné.
Sources d'énergie primaires: sources existantes dans leur état naturel sur le territoire de la
République du Cameroun ou importées, qui peuvent être soit utilisées directement en tant que
combustible, comme les matières organiques (pétrole, huile, schiste, charbon, tourbe, biomasse,
gaz combustible, uranium), soit converties en d'autres formes comme combustible nucléaire, soit
dérivées des sources d'énergie renouvelables (hydraulique, solaire, éolienne, marée motrice et
géothermique), soit des résidus des activités humaines.
Sources d'énergie renouvelables: sources qui existent naturellement et qui sont renouvelées de
manière continue par la nature.
Sources d'énergie secondaires: sources résultant de la conversion des sources d'énergies primaires,
avec perte d'une portion du capital original d'énergie, par un procédé de transformation.
Standards et normes: conditions techniques, statistiques et dynamiques requises par la présente loi et
ses textes d'application pour les produits, les installations et les équipements employés dans les
activités du secteur de l'électricité.
Système interconnecté: ensemble de systèmes de transport et de distribution reliés par le moyen d'un
ou plusieurs interconnecteurs.
Transport: acheminement de l'électricité de très haute et de haute tension en vue de sa délivrance aux
distributeurs, exportateurs, grands comptes ou pour ses propres besoins.
Transporteur: personne morale titulaire d'une concession de transport d'électricité et responsable de
l'exploitation,' de la maintenance, et si nécessaire, du développement de ladite concession de transport
et de ses interconnexions avec d'autres réseaux.
Usager: personne physique ou morale connectée à un réseau de distribution en vue d'être
approvisionnée en électricité au point de livraison.
Vente: cession à titre onéreux de l'énergie électrique.

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Chapitre II : Le régime juridique du secteur de l’énergie

Section 1 : les conditions d’octroi et de renouvellement des concessions, licences et


autorisation
Conformément à la loi régissant le secteur de l’électricité, l’Administration chargée de
l’électricité octroie les concessions, les licences et les autorisations de production, de
transport, de distribution, d’importation, d’exportation et de vente d’électricité, selon le cas,
sur la base des dossiers transmis par l’Agence.
Les autorisations relatives à l’électrification rurale sont octroyées par l’Agence. Les licences
et les autorisations sont nominatives et incessibles. Toutefois, sur avis conforme de l’Agence,
elles peuvent faire l’objet de cession.
Les conventions de concession, les licences et les autorisations fixent leur durée, les
conditions de leur suspension, de leur caducité, de leur révision, de leur renouvellement et de
leur retrait.
Le titulaire d’une concession, d’une licence ou d’une autorisation n’est dispensé d’aucune
autre autorisation requise au regard des lois et règlements applicables, notamment en matière
d’urbanisme, de sécurité du personnel et du public et de protection de l’environnement.
Tout refus de délivrer une concession, une licence ou une autorisation doit être motivé et
notifié par écrit au demandeur. Les critères de refus doivent être objectifs et non
discriminatoires. En cas de refus ou d’absence de prise de décision dans les délais spécifiés au
présent décret, le candidat peut exercer un recours juridictionnel aux fins d’octroi de la
concession, de la licence ou de l’autorisation dans les formes et délais prévus par la législation
et la réglementation en vigueur.
Les décisions de l’Agence ou de l’Administration chargée de l’électricité sont rendues
publiques et peuvent faire l’objet de recours juridictionnels par des tierces parties ayant intérêt
à agir, dans les formes et délais prévus par la législation et la réglementation en vigueur.
Les critères d’octroi des concessions, des licences et des autorisations portent notamment sur :
- la capacité technique, économique et financière du demandeur à respecter l’intégralité de ses
obligations ;
- l’expérience professionnelle du demandeur ;
- le coût de fourniture de l’énergie électrique ;
- les normes de sécurité et de sûreté relatives aux réseaux électriques, installations et
équipements associés, fixées par arrêté du Ministre chargé de l’électricité ;
- les normes de protection de l’environnement ;
- l’occupation des sols, le choix des sites et l’utilisation du domaine public ;
- la notoriété et la bonne réputation requises pour assumer les responsabilités découlant de
l’activité pour laquelle la concession, la licence ou l’autorisation est demandée ;
- les garanties relatives à l’efficacité énergique ;
- la nature des sources d’énergie primaire proposées en vue de la diversification de ces
sources d’énergie et de la minimisation du coût de l’électricité à long terme.
Les concessions et licences pour les activités concurrentielles ont des durées nécessaires pour
favoriser la réalisation des investissements envisagés. Les concessions et licences pour les
activités à caractère exclusif ont des durées suffisantes pour permettre des appels d’offres
réguliers en vue d’un monopole.

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Section 2 : procédures d’octroi et de renouvellement des licences de vente, d’importation
et d’exportation

L’octroi des licences de vente, d’importation et d’exportation s’effectue selon la procédure


suivante :
- la demande en double exemplaire, dont l’original est timbré au tarif en vigueur, adressée au
Ministre chargée de l’électricité, est déposée à l’Agence de régulation du secteur de
l’électricité ;
- l’Agence dispose d’un délai de trente (30) jours après réception de la demande pour
soumettre le dossier concerné à la signature de l’autorité compétente, avec avis conforme ;
- dès réception du dossier, l’autorité compétente dispose d’un délai de quinze (15) jours pour
statuer. Passé ce délai de quarante-cinq (45) jours à compter de la date de dépôt de la
demande à l’Agence, le silence gardé par l’Administration chargée de l’électricité vaut octroi
de la licence sollicitée. Dans ces conditions, l’Administration chargée de l’électricité est tenue
de délivrer une licence en bonne et due forme au requérant.
Le renouvellement des licences de vente, d’importation et d’exportation s’effectue suivant la
même procédure. Tout refus de l’octroi ou de renouvellement des licences de vente,
d’importation et d’exportation doit être motivé.

Section 3 : procédures d’octroi des concessions, licences et autorisations de production

Lorsqu’une entreprise titulaire d’une concession de distribution exprime le besoin des


nouvelles capacités de production pour ses Activités à Caractère Exclusif, un ou plusieurs
appels d’offres sont lancés aux fins de choisir les entreprises susceptibles de fournir les
nouvelles capacités selon les modalités ci-après :
- dans le cas où ladite entreprise, ses actionnaires et les sociétés dans lesquelles elle détient
une participation directe ou indirecte désirent participer à l’appel d’offres pour la fourniture
de nouvelles capacités, l’appel d’offres est lancé par l’Agence.
- dans le cas où ladite entreprise, ses actionnaires et les sociétés dans lesquelles elle détient
une participation directe ou indirecte ne désirent pas participer à l’appel d’offres pour la
fourniture de nouvelles capacités, l’appel d’offres est lancé par ladite entreprise.
En tout état de cause, l’Agence décide, le cas échéant, après avis de la Commission Nationale
de la Concurrence, si l’entreprise titulaire d’une concession de distribution est autorisée à
participer aux appels d’offres.
Les appels d’offres sont mis en œuvre dans le respect de la procédure suivante :
- l’entreprise destinataire des nouvelles capacités prépare et soumet à l’Agence un projet de
dossier d’appel d’offres contenant la description des spécifications du marché, la procédure à
suivre par tous les soumissionnaires et la liste exhaustive des critères de sélection ;
- l’Agence, dans le respect de la politique énergétique en vigueur et après avoir consulté
l’Administration chargée de l’électricité, indique à l’entreprise concernée dans un délai qui ne
saurait excéder trente (30) jours à compter de la date de réception du projet de dossier d’appel
d’offres, les modifications éventuelles à apporter au projet de dossier d’appel d’offres ;
- l’entreprise concernée prend en compte les observations de l’Agence et retransmet le dossier
à l’Agence, pour approbation, avant le lancement de l'appel d'offres qui intervient dans un
délai de trente (30) jours après réception du dossier.
Les appels d’offres sont soumis au respect de règles suivantes :
- appels d’offres internationaux ;
- mise à disposition immédiate des dossiers ;
- adjudication sur la base des propositions financières prévues par le dossier d’appel d’offres ;
- notification du résultat de l’appel d’offres à l’Agence.

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Lorsque les nouvelles capacités de production sont destinées à un Grand Compte, à
l’exclusion des entreprises titulaires de concession de distribution, celui-ci est libre de choisir
un producteur en vue de fournir les nouvelles capacités requises sans avoir recours à un
processus d’appel d’offres.
En tout état de cause, le Grand Compte ou l’entreprise destinataire des nouvelles capacités à
fournir notifie son choix à l’Agence qui dispose d’un délai de trente (30) jours à compter de la
date de réception de la notification du choix du producteur pour exprimer son opposition
éventuelle.
A l’expiration de ce délai, l’avis de l’Agence quant au choix du producteur est réputé
favorable. Toute décision de l’Agence est basée sur les critères objectifs prévus.

A l’issue des appels d’offres, la délivrance des titres de concession ou de licence de


production des nouvelles capacités s’effectue selon la procédure ci-après :
- l’entreprise retenue pour fournir de nouvelles capacités de production adresse à l’Agence
une demande de concession ou de licence de production, accompagnée d’un dossier complet
dont le montant des frais est fixé par arrêté du Ministre chargé de l’électricité sur proposition
de l’Agence ;
- l’Agence dispose d’un délai de trente (30) jours à compter de la date de réception de la
demande pour préparer les projets de titre de concession ou de licence, et les transmettre à
l’Administration chargée de l’électricité. Passé ce délai, l’adjudicataire de l’appel d’offres
peut saisir directement l’Administration chargée de l’électricité ;
- l’Administration chargée de l’électricité dispose d’un délai de trente (30) jours à compter de
la date de réception du dossier pour accorder la concession ou la licence. Passé ce délai,
l’Administration est tenue d’octroyer la concession ou la licence sollicitée.
L’octroi et le renouvellement des autorisations d’établissement et d’exploitation
d’installations d’autoproduction d’une puissance supérieure à 1 MW suivent la procédure
définie ci-dessous :
- toute personne physique ou morale désirant établir et exploiter une installation
d’autoproduction adresse à l’Agence une demande d’autorisation d’autoproduction ;
- l’Agence dispose d’un délai de trente (30) jours à compter de la date de réception de la
demande pour statuer.
L’examen des demandes d’autorisation doit respecter la procédure suivante :
- au moment du dépôt du dossier, l’Agence s’assure de sa recevabilité et délivre un récépissé
de dépôt aux demandeurs ;
- elle rend public par tout moyen approprié le fait qu’il est envisagé d’accorder une
autorisation d’autoproduction à l’entreprise candidate et indique le délai durant lequel tout
tiers peut être entendu sur le projet.
Lorsque l’énergie produite par les autoproducteurs installés en zone rurale dépasse les
capacités dont ils ont besoin pour leur propre usage, les surplus peuvent être distribués après
autorisation de l’Agence de régulation du secteur de l’électricité.

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