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INTRODUCTION GÉNÉRALE
L’on ne peut parler du droit de l’énergie et de l’industrie sans envisager
le droit de la propriété industrielle qui la caractérise même. La propriété
industrielle est l’ensemble des règles juridiques relatives aux dessins et
modèles industriels, aux brevets d’invention, aux marques et aux
appellations d’origine et indications de provenance.
Les unes sont des créations purement utilitaires, les autres, des
créations ornementales. C’est d’ailleurs là le critère de distinction des
brevets et des dessins et modèles. Tandis que les brevets récompensent les
créateurs de produits et procédés nouveaux, le droit des dessins et modèles
encourage la présentation nouvelle de produits connus1. Dans ce second
cas, « la création a pour objet l’agrément et non l’utilité ». Nous
commencerons néanmoins par les dessins et modèles car ils font le lien
entre le droit d’auteur et la propriété industrielle qu’ils peuvent se voir
appliquer cumulativement.
B- La condition de forme
L’Enregistrement
L’enregistrement fait naître une présomption réfragable de titularité et
ouvre la protection de l’objet déposé par l’action en contrefaçon.
L’enregistrement peut-être déclaré nul par décision de justice si les
conditions de fond ou de forme ne sont pas respectées. Désormais,
l’enregistrement a un caractère constitutif et non plus seulement déclaratif.
Les dessins et modèles non déposés ne sont donc pas protégés en droit
camerounais, si ce n’est par le droit d’auteur.
CHAPITRE II : LES BREVETS D’INVENTION
c) L’activité inventive
L’exigence légale d’activité inventive n’est que partiellement une
redondance par rapport à l’exigence d’invention. D’abord, elle enfonce bien le
clou puisqu’elle exclut d’elle-même les simples découvertes. En ce sens, elle
ne sert à rien. Mais, par ailleurs, elle complète l’exigence de nouveauté.
Une invention est considérée comme impliquant une activité
inventive si, pour un homme du métier, elle ne découle pas d’une
manière évidente de l’état de la technique. Comme l’explique André
Françon, « il y a un degré de banalité et de simplicité en-deçà duquel
l’innovation technique ne mérite pas le titre d’invention ». Le critère de
l’évidence doit être apprécié par un homme du métier dont la caractérisation
doit se faire de manière précise, notamment à travers la détermination du
domaine technique auquel il appartient et de son niveau de qualification. Le
métier est celui dans lequel se pose le problème technique que résout
l’invention.
En pratique, en cas de litige, il faut donc recourir à un expert. L’état de
la technique est constitué par les inventions divulguées (celles qui sont
déposées mais pas encore publiées n’en font pas partie, du moins pour
l’appréciation de l’activité inventive).
d) L’application industrielle
Une invention est susceptible d’application industrielle si son objet
peut être fabriqué ou utilisé dans tout genre d’industrie, y compris
l’agriculture. Ne sont pas considérées comme des inventions susceptibles
d’application industrielle les méthodes de traitement chirurgical ou
thérapeutique du corps humain. Et si l’application d’une telle méthode a un
effet à la fois esthétique et thérapeutique, le brevet ne sera valable que si ces
deux aspects sont dissociables. Par exemple, un procédé de blanchissement
des dents a tout à la fois un effet thérapeutique et un effet esthétique. La
Cour de cassation considère que, ces deux effets étant inséparables, la
protection par brevet doit être rejetée1.
Telles sont les conditions de fond de la brevetabilité des inventions.
Elles s’appliquent à différents types d’inventions. Nous allons maintenant
donner des exemples en classant les inventions par types, c’est-à-dire en
procédant à une typologie de l’invention brevetable.
2
Le dictionnaire Larousse l’illustre, en donnant pas moins de six définitions de l’énergie, offrant ainsi un
échantillon des sens qui lui sont donnés par diverses disciplines : « 1. Puissance physique de quelqu’un, qui lui
permet d’agir et de réagir ; 2. Volonté tendue vers une action déterminée ; puissance, vigueur, force morale ; 3.
Personne énergétique, qui a la volonté d’agir ; 4. Vigueur particulière dans la manière de s’exprimer; 5. Chez
Aristote, réalité effective, par opposition à la réalité possible ; 6. Grandeur caractérisant un système physique,
gardant la même valeur au cours de toutes les transformations internes du système (loi de conservation) et
exprimant sa capacité à modifier l’état d’autres systèmes avec lesquels il entre en interaction».
sans nul doute des règles relatives à l’énergie, il se garde cependant bien de
la définir. Le Code de l’énergie lui-même ne s’y risque pas. Les définitions
des dictionnaires ne sont guère plus éclairantes, qui envisagent souvent
l’énergie en se contentant de refléter l’étymologie du terme, qui vient du grec
energeia signifiant « force en action ».
L’énergie en tant que concept est avant tout le produit des sciences
physiques. Et si le droit prend parfois ses distances avec les enseignements
des sciences physiques, il demeure cependant que le concept physique
d’énergie forme un utile point de départ à la réflexion. Les sciences
physiques ont pourtant elles-mêmes éprouvé les plus grandes difficultés à
dégager le concept d’énergie, lequel n’a véritablement pu être établi qu’à
partir de la découverte et de la vérification de la loi de conservation de
l’énergie3, il y a moins d’un siècle et demi4. D’après cette loi de la physique,
également visée sous l’appellation de première loi de la thermodynamique,
dans un système isolé l’énergie ne se crée ni ne se perd jamais, mais peut
uniquement se transformer (ce que résume la formule de Lavoisier « rien ne
se crée, rien ne se perd, tout se transforme »). Dans ce contexte, l’énergie est
un objet mathématique abstrait, généralement défini comme une
grandeur mesurant la capacité d’un corps ou d’un système à produire
un travail entraînant un mouvement ou un rayonnement, ou encore de
la chaleur. Bien que l’énergie soit une seule et même grandeur, elle peut se
manifester sous différentes formes, telles que l’énergie chimique,
mécanique, thermique, cinétique, électrique, pour n’en citer que
quelques-unes. L’énergie peut passer de l’une à l’autre de ces formes en
restant constante, conformément à la loi de conservation de l’énergie.
L’énergie primaire désigne les sources d’énergie existant à l’état
naturel avant toute transformation, susceptibles d’être utilisées par
l’homme. La notion d’énergie primaire englobe principalement deux grandes
3
Max Planck, l’un des fondateurs de la physique quantique, pouvait ainsi écrire dans son ouvrage intitulé Le
principe de conservation de l’énergie, paru en 1887, qu’il ne traiterait « du concept d’énergie que dans la
mesure où il peut être rattaché au principe qui donne son titre à cet essai, supposant donc que le concept
d’énergie en physique tient avant tout sa signification du principe de conservation qui le concerne ».
4
Le terme même d’énergie semble n’avoir fait son apparition dans le vocabulaire scientifique qu’au XVIIIe
siècle, sans qu’il soit encore, à ce stade, l’objet d’un consensus quant à sa signification. Pour une approche
historique de l’apparition du concept scientifique d’énergie, v. not. BALIAN R., La longue élaboration du
concept d’énergie, Institut de France, Académie des Sciences, 2013.
catégories de sources d’énergie que sont les sources fossiles et les sources
renouvelables. Les sources fossiles désignent des ressources issues de la
très lente transformation (la fossilisation) de matières organiques, qui
se sont constituées sur des millions d’années et peuvent donc être
considérées comme existant en quantité finie à l’échelle humaine, ce
qui recouvre le pétrole, le gaz naturel ou encore le charbon. L’énergie
chimique potentielle contenue dans ces ressources permet, par combustion,
de dégager une énergie utile pour le transport, la production d’électricité, le
chauffage, etc. Les sources renouvelables, par opposition, sont les sources
non fossiles exploitables sans limite de durée, soit parce qu’elles sont
inépuisables, soit parce que leur rythme d’exploitation permet d’assurer la
régénération de la ressource (rayonnement solaire, vent, géothermie,
certaines formes de biomasse, etc.).
Parmi les sources d’énergie, une place à part doit être laissée à
l’uranium, principal combustible utilisé par l’industrie nucléaire civile.
L’isotope 235 de l’uranium naturel peut libérer de grandes quantités
d’énergie grâce à un processus de fission des noyaux atomiques (les atomes
d’uranium étant les seuls existant à l’état naturel susceptibles de subir une
telle fission). On parle alors d’énergie fissile. Or, l’uranium n’entre ni dans
la catégorie des énergies renouvelables, ni dans celle des énergies fossiles,
faute de résulter de la lente décomposition de matières organiques (bien que
l’uranium, à l’image des sources fossiles, soit renfermé dans la couche
terrestre en quantité finie)5.
Énergie secondaire. L’énergie secondaire désigne l’énergie obtenue
après un ou plusieurs processus de transformation. Ainsi, par exemple, le
pétrole brut doit être raffiné avant d’être commercialisé sous la forme
d’essence utilisable pour faire rouler les véhicules, de même que l’électricité
doit être produite dans une centrale électrique à partir d’une énergie
primaire. Il est important de comprendre, à ce stade, qu’une énergie
secondaire telle que l’électricité peut être produite à partir de n’importe
quelle énergie primaire, grâce à des procédés de transformation qui illustrent
5
Il provient de l’explosion d’étoiles dont les débris se sont incorporés à la croûte terrestre autrement dit il
provient des supernovae
la loi de conservation de l’énergie. Ainsi, par exemple, l’énergie électrique
issue de l’énergie hydraulique résulte d’une série de transformations :
transformation de l’énergie potentielle de l’eau en énergie cinétique de la
chute d’eau, transformée en énergie mécanique, elle-même transformée en
énergie électrique (l’eau faisant tourner une turbine entraînant un
alternateur, permettant la transformation en électricité). De même, lorsque
l’électricité est produite à partir d’un combustible fossile tel que le pétrole ou
le charbon, le processus de combustion permettra de récupérer l’énergie
potentielle chimique emmagasinée dans le combustible en la transformant
en énergie thermique, la vapeur ainsi obtenue étant à son tour transformée
en énergie électrique (la vapeur faisant tourner une turbine entraînant un
alternateur permettant cette transformation en électricité).
Énergie finale et énergie utilisée. L’énergie finale désigne quant à
elle l’énergie effectivement mise à la disposition du client final (électricité,
essence...). La notion d’énergie utilisée vise la forme sous laquelle l’énergie
satisfait un besoin final (la lumière d’une lampe, la chaleur d’un radiateur) et
représente la quantité d’énergie finale consommée en tenant compte des
pertes occasionnées par l’appareil utilisé (tout appareil provoquant, lors de
son utilisation, des déperditions d’énergie sous forme de chaleur inutilisée).
Bilan énergétique. Les notions d’énergie primaire et d’énergie finale
revêtent une importance particulière afin de lire correctement les bilans
énergétiques régulièrement publiés. Un bilan énergétique a principalement
pour objet de présenter, pour une année et à une échelle donnée (nationale
par exemple), la décomposition, par sources d’énergie et par utilisation, de la
production et de la consommation totale d’énergie. En dépit de la loi de
conservation de l’énergie, chaque transformation d’une forme d’énergie en
une autre entraîne des dégradations sous forme de chaleur inutilisée, de
même que le transport de l’électricité sur les réseaux entraîne à son tour des
pertes6. C’est pourquoi la quantité d’énergie primaire est toujours plus
importante – voire beaucoup plus importante – que l’énergie finale livrée au
consommateur d’énergie.
6
Le second principe de la thermodynamique explique que des dégradations surviennent lors de la
transformation d’une forme d’énergie en une autre.
L’industrie quant à elle vient du lat. industria, activité, application,
assiduité. Elle désigne donc l’ensemble des activités économiques consacrées
à l’extraction, à la production et à la transformation des richesses.
Industrie lourde désigne en général les activités nécessitant, pour
exister, l'emploi d'outils et de capitaux très importants 7. Il n'existe pas de
liste officielle des activités considérées comme faisant partie de l'industrie
lourde. On peut cependant considérer les secteurs liés à la production ou la
transformation de matières premières comme les mines, la métallurgie, la
papeterie et la chimie de première transformation comme étant des exemples
de ce que l'on classe couramment dans l'industrie lourde. Certaines activités
à dominante mécanique ou électrique comme la construction navale ou la
production d'électricité sont également de bons exemples.
7
Les outils étant dimensionnés pour produire, au moindre coût, de grandes quantités de produits, l'achat des
matières premières devient un enjeu essentiel de la performance économique. On peut constater que le prix
d'achat du baril de pétrole représente la moitié du prix du fioul lourd sur le marché domestique européen. La
faible valeur ajoutée est donc une caractéristique essentielle de l'industrie lourde, qui privilégie alors la
quantité pour trouver des marges acceptables
formes d’énergie présentant une utilité pour l’homme, sources de richesse
ou, à l’inverse, sources potentielles de dommages, ont vocation à intéresser
le droit.
Au demeurant, même lorsqu’il s’intéresse aux manifestations du
concept physique d’énergie, il le fait parfois avec un certain embarras, le
droit éprouvant quelques difficultés à appréhender l’énergie en tant que telle,
comme le démontrent les discussions sur la nature juridique de l’énergie.
L’énergie en tant que phénomène physique, exprimant une grandeur, la rend
en effet impalpable, de sorte que la question de sa nature juridique, qui s’est
essentiellement posée par la voie de la question de la nature juridique de
l’électricité, a toujours fait l’objet de quelques hésitations, qui n’ont pas
complètement disparu aujourd’hui. Ainsi, les juges ont pu estimer, aux
débuts de l’usage de l’électricité, qu’elle constituait une « force immatérielle »,
ce qui avait pour conséquence de l’exclure de l’application de règles
juridiques qui avaient été édictées essentiellement en considération du
monde corporel. Il en fut ainsi, par exemple, en matière pénale au sujet du
vol, ou en matière civile au sujet de la responsabilité du fait des choses.
Pourtant, en réalité, il faut bien admettre que l’électricité n’est pas, en droit,
une chose immatérielle : si l’on peut admettre qu’elle paraisse quelque peu
évanescente, car elle n’est pas forcément visible à l’œil nu, elle n’en fait pas
moins partie du monde physique, et non du monde des idées. Il ne s’agit pas
d’une construction intellectuelle mais bien d’une réalité physique tangible,
ce que la jurisprudence a finalement reconnu.
En matière pénale, la Cour de cassation a admis le vol d’électricité au
début du XXe siècle8, alors que la doctrine émettait encore les plus grandes
réserves, estimant que l’électricité aurait un caractère incorporel et ne ferait
pas partie de ces « choses » susceptibles de soustraction au sens du droit
pénal. Les hésitations sur la nature juridique de l’énergie ne se sont
cependant pas complètement taries. On en veut pour preuve les termes de
l’article 319(1) du Code pénal selon lequel « la soustraction frauduleuse
8
Cass. crim., 3 août 1912, D. 1913, 1, 439 (admettant que l’électricité « est livrée par celui qui la produit à
l’abonné qui la reçoit pour l’utiliser ; qu’elle passe, par l’effet d’une transmission, qui peut être matériellement
constatée, de la possession du premier dans la possession du second ; qu’elle doit, dès lors, être considérée
comme une chose, au sens de l’article 379 du Code pénal, pouvant faire l’objet d’une appréhension »).
d’énergie au préjudice d’autrui est assimilée au vol », ou de l’article
1245-2 du Code civil relatif à la responsabilité du fait des produits
défectueux, selon lequel « l’électricité est considérée comme un produit ».
Une telle formulation laisse songeur, car si l’électricité est « considérée
comme » un produit, cela semble bien vouloir dire qu’en réalité elle n’en
serait pas un (ce qui ne nous paraît pas justifié).
À l’inverse, le droit de l’énergie concerne bien plus que la seule énergie
au sens physique du terme. Le droit de l’énergie est en effet davantage le
droit du secteur de l’énergie que celui de l’énergie elle-même, bien qu’il
n’ignore évidemment pas cette dernière : aux yeux du droit, il s’agit avant
tout d’appréhender l’énergie en tant que phénomène social et de régir toutes
les ressources et activités qui permettent à l’homme de bénéficier des utilités
de l’énergie. Le droit de l’énergie a ainsi pour objet l’ensemble des règles
propres aux sources d’énergie, aux différentes étapes de la chaîne
énergétique, ainsi qu’aux économies d’énergie.
9
Une filière énergétique peut être définie comme « une articulation cohérente de technologies, de capitaux et
de marchés, depuis la production en amont de la ressource primaire jusqu’à la satisfaction à l’aval du besoin
final », CHEVALIER J.-M., Les 100 mots de l’énergie, PUF, 2e éd., 2010, nº 18.
10
Les énergies renouvelables sont cependant parfois concernées, en particulier la géothermie, les gîtes
géothermiques étant qualifiés de mines par le Code minier et relevant ainsi de ce dernier
l’objet de règles distinctes. Par exemple, la question du transport de l’énergie
et des produits énergétiques forme un objet protéiforme, car il y a peu en
commun entre le transport de l’électricité qui consiste à faire transiter celle-
ci sur des réseaux électriques, et le transport de pétrole ou de produits
pétroliers qui peut par exemple s’effectuer par navire. Les diverses
législations applicables sont en outre plus ou moins disertes sur certains
aspects. Ainsi, la législation nucléaire traite avec soin de la question sensible
des déchets radioactifs, alors que la législation applicable aux autres filières
est, pour l’heure, très peu développée sur la question des déchets, alors
même que la problématique des déchets se pose, notamment celle des
déchets de démantèlement, certes d’une manière moins aiguë qu’au sujet
des déchets radioactifs.
Ce que le droit appelle « production d’énergie » n’est jamais rien d’autre
que la transformation d’une forme d’énergie en une autre (par exemple, dans
une centrale hydroélectrique, la transformation de l’énergie cinétique de la
chute d’eau en énergie électrique). Le vocabulaire juridique, pour
s’approprier les concepts physiques, doit parfois prendre quelques
raccourcis.
C- Le droit de l’énergie régit les économies d’énergie.
Le droit de l’énergie s’intéresse enfin aux économies d’énergie, bien que
cette préoccupation soit beaucoup plus récente que les autres aspects du
droit de l’énergie. Le droit de l’énergie a d’abord été pensé comme un droit
applicable à des ressources et à un système productif : le droit applicable
aux sources d’énergie et à leur exploitation, en somme. Les préoccupations
modernes de sécurité de l’approvisionnement et, surtout, de lutte contre le
changement climatique ont cependant provoqué un changement de
perspective, conduisant à envisager les économies d’énergie, autrement dit la
réduction de la consommation d’énergie, comme un objectif prioritaire, que
le droit lui-même doit promouvoir.
11
L’énergie primaire est l’ensemble des produits énergétiques non transformés, exploités directement ou
importés. Ce sont principalement le pétrole brut, les schistes bitumineux, le gaz naturel, les combustibles
minéraux solides, la biomasse, le rayonnement solaire, l’énergie hydraulique, l’énergie du vent, la géothermie
et l’énergie tirée de la fission de l’uranium.
L’exploration et l’exploitation du charbon 12 relèvent du code minier ou des
lois minières des États d’Afrique subsaharienne.
En clair, les sources d’énergie primaire sont régies en Afrique
subsaharienne à travers trois outils principaux : le code minier pour
l’exploration et l’exploitation du charbon, le code pétrolier ou les lois portant
régime des hydrocarbures pour ce qui Le gaz naturel en amont quant à lui
est régi par le code pétrolier ou les lois portant régime des hydrocarbures, et
en aval, il est régi par les codes gaziers ou les lois particulières s’appliquant
à sa commercialisation et à sa distribution.
B- . Les sources du droit de l’énergie finale
L’énergie finale est l’ensemble des énergies délivrées prêtes à l’emploi
par l’utilisateur final13. Dans plusieurs pays subsahariens, le cadre juridique
de l’énergie électrique (énergie finale par excellence) est organisé par les
codes de l’électricité ou les lois régissant les activités du secteur de
l’électricité. Il existe aujourd’hui une tendance généralisée à l’adoption de
textes spécifiques au secteur de l’énergie électrique en Afrique. Les pays
ayant déjà adopté des codes de l’électricité sont notamment le Niger 14, le
Cameroun15, la République centrafricaine16, etc…
Le cadre juridique de la commercialisation et de la distribution du gaz
quant à lui est organisé par des codes gaziers dont l’adoption a tendance
à se généraliser ces derniers temps. On note notamment l’adoption récente
d’un code gazier au Cameroun17 et l’élaboration en cours du futur code
gazier ivoirien.
Sur le plan macroéconomique, relevons que les entreprises
investissant dans le secteur de l’énergie bénéficient d’importants avantages
prévus par les codes relatifs aux investissements des différents Etats
d’Afrique subsaharienne. Les investissements dans ce secteur sont classés
12
Le charbon, ressource naturelle, doit être distingué du charbon de bois. Le charbon tel qu’évoqué dans notre
étude s’entend alors de toute ressource énergétique généralement sous de la houille ou du lignite.
13
Il s’agit de l’énergie disponible, livrée au consommateur pour sa consommation finale (essence à la pompe,
électricité au foyer,...). Cette forme d’énergie est assimilée à l’énergie secondaire entendue comme celle
obtenue par la transformation d’une énergie primaire (en particulier électricité d’origine thermique).
14
Niger, Loi n° 2003-04 du 31 janvier 2003 portant Code de l’électricité.
15
Cameroun, Loi n° 2011/022 du 14 décembre 2011 régissant le secteur de l’électricité.
16
République centrafricaine, Ordonnance n° 001/05 du 1er janvier 2005 portant Code d’Électricité.
17
Loi n° 2002/013 du 30 décembre 2002 portant Code gazier camerounais.
prioritaires et encouragés par l’Etat qui a créé un cadre institutionnel idoine
à cet effet.
Paragraphe 2 : L’encadrement institutionnel du secteur de
l’énergie
La réalité institutionnelle du secteur de l’énergie en Afrique
subsaharienne est dominée par un nombre impressionnant d’organes dont
certains ont une compétence plus ou moins régionale ou continentale.
Malgré la complexité de l’Afrique, il est possible de dessiner les grands traits
du cadre institutionnel de ce secteur, même si la géographie des sources
d’énergie ne correspond en aucune façon aux frontières politiques.
A- Au niveau continental
Les Etats africains ont véritablement pris conscience en 1980 de la
situation énergétique préoccupante du continent. Pour la première fois, la
Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’OUA, réunie à Lagos
(Nigeria) en avril 1980, a adopté un plan intitulé « Plan d’Action de Lagos »
(PAL), dans lequel les principaux problèmes énergétiques que connaît
l’Afrique avaient été identifiés, en proposant des actions à court, moyen et
long terme pour y remédier. Pour mettre en œuvre ce PAL, la Conférence de
Lagos a perçu l’impérieuse nécessité de se doter d’un cadre institutionnel
approprié et a ainsi entériné la recommandation relative à la création
urgente de la Commission Africaine de l’Energie. La Commission Africaine de
l’Energie, créée à Lusaka le 11 juillet 2001, est donc une structure
continentale africaine chargée d’assurer, de coordonner et d’harmoniser la
protection, la conservation, le développement, l’exploitation rationnelle, la
commercialisation et l’intégration des ressources énergétiques sur le
continent africain. Cependant, les effets concrets de la création de cette
commission ne sont pas encore visibles.
B- Au niveau régional
L’actualité en matière énergétique est marquée par l’émergence des
politiques de collaboration à l’échelle continentale et régionale. Ces
politiques
sont certes bienvenues, mais encore inefficientes. L’on recense en effet
l’existence de cinq pools énergétiques couvrant les 54 pays africains :
COMELEC18, SAPP19, WAPP20, PEAC21, EAPP22.
La création de ces programmes est justifiée par l’inégalité manifeste dans la
distribution de l’énergie à travers le continent : le pétrole et le gaz sont
concentrés dans le nord et l’ouest du continent, le potentiel hydroélectrique
dans l’est et le centre, et le charbon dans le sud. Conscients de cet état de
fait, les États africains ont décidé de mettre en place des programmes
spécifiques ayant pour vocation de faciliter et d’améliorer l’intégration totale
des systèmes d’énergie en Afrique. Les différents pools énergétiques créés ont
pour vocation de garantir une solidarité entre les pays adhérents pour leur
approvisionnement en énergie électrique principalement. Cette solidarité
doit se concrétiser par des possibilités d’importation, d’exportation et de
transit d’énergie électrique vers les pays déficitaires.
C- Au niveau national
On assiste cependant à une dispersion des institutions en charge du
secteur de l’énergie. Selon les pays, le ou les ministère(s) en charge de
l’énergie et d’autres structures ont été créées en fonction des besoins ou de
politiques spécifiques. Dans la plupart des États, le ministère de l’énergie est
responsable de la planification et de la mise en œuvre des politiques
publiques en matière d’énergie.
Ce cadre institutionnel est généralement défini par la loi ou un texte
réglementaire. Au Kenya par exemple, il est défini par la Energy Act n°12.
La régulation, le contrôle et le suivi des activités des opérateurs et
exploitants du secteur de l’énergie est quant à elle généralement confiée à
18
Comité maghrébin de l’électricité. Cette communauté est composée de la Mauritanie, du Maroc, de l’Algérie,
de la Tunisie et de la Libye et couvre un territoire de 6 048 141 km2 avec une population de 85 millions
d’habitants.
19
South Africa Power Pool. Ce pool regroupe le Botswana, Mozambique, Malawi, Angola, l’Afrique du Sud,
Lesotho, Namibie, la République Démocratique du Congo, Swaziland, Tanzanie, Zambie et le Zimbabwe
20
West Africa Power Pool. Ce pool regroupe 14 pays dont le Sénégal, le Mali, la Guinée-Bissau, la Guinée, la
Gambie, le Burkina Faso, le Liberia, la Sierra Leone, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Togo, le Benin, le Nigéria et le
Niger. Cette communauté couvre une population de 250 millions d’habitants et avec une prévision de 380
millions en 2020
21
Pool énergétique de l’Afrique centrale. Le PEAC, institué en 2003 par les ministres de l’énergie de la CEEAC,
compte 10 pays, à savoir : l’Angola, le Burundi, le Cameroun, la République Centrafricaine, le Tchad, la
République du Congo, la République Démocratique du Congo, le Gabon, la Guinée Équatoriale et Sao
Tome/Principe.
22
East Africa Power pool
une autorité administrative indépendante dont l’appellation varie en fonction
des pays23. Cette tendance est généralisée en Afrique subsaharienne aussi
bien dans les pays de culture anglophone que francophone. La gestion du
patrimoine de l’État dans le secteur de l’électricité est souvent assurée par
une entité indépendante24.
Section 2 : contenu du droit de l’énergie en Afrique subsaharienne
L’analyse des différents codes relatifs au secteur de l’énergie met en
exergue une convergence des contenus : service public de l’énergie (I),
principe de préférence nationale (II) et protection des droits des investisseurs
(III).
I- La généralisation de l’institution du service public de l’énergie
Les États africains face à leurs déficits de moyens techniques et
financiers pour optimiser l’exploitation directe de leurs ressources
énergétiques, se sont concentrés sur quelques fonctions souveraines de
contrôle. À ce titre, ils ont imposé des obligations de service public aux
acteurs privés appelés à exploiter ces ressources. De la lecture des codes ou
des textes adoptés après les années 2000 relatifs au secteur de l’énergie en
Afrique subsaharienne, se dégage une tendance générale à l’organisation
d’un véritable service public de l’énergie, particulièrement dans le domaine
de l’énergie finale, notamment le sous-secteur de l’électricité. La majorité des
codes de l’électricité disposent que « les contrats de concession, les
licences et les autorisations prévus par la présente loi déterminent
l’étendue des obligations de service public »25.
Au titre de ces obligations de service public, on relève notamment
l’obligation de :
- garantir un approvisionnement permanent et continu pour la
sécurisation de la fourniture en énergie électrique dans les meilleures
conditions de qualité et de prix ;
23
Dans certains Etats, on a des Commissions de l’énergie et dans d’autres, des autorités de régulation. Les
Commissions sont majoritaires dans les pays de tradition juridique anglo-saxonne et les autorités de régulation
dans les pays à tradition juridique latine.
24
Au Cameroun par exemple c’est l’entreprise EDC qui gère ce patrimoine pour ce qui est du sous-secteur de
l’électricité. La société Nationale des Hydrocarbures pour les sous-secteurs pétrole et gaz.
25
Art. 6 loi N° 2011/022 du 14 décembre 2011 régissant le secteur de l’électricité au Cameroun
- assurer le respect des principes d’égalité de traitement et
d’accès aux services de l’électricité sur l’ensemble du territoire ;
- assurer la desserte sur le territoire national selon l’adaptabilité
et l’acceptabilité du service de l’électricité que l’intérêt général peut
raisonnablement commander ;
- rationaliser la production, le transport et la distribution par la
maîtrise de la demande d’énergie, la gestion optimale des ressources et
des choix technologiques futurs, en accord avec les politiques de
développement du secteur de l’énergie.
Ces obligations sont pratiquement reprises dans les codes d’électricité
des autres États d’Afrique subsaharienne 26, ce qui est un marqueur
significatif de l’harmonisation substantielle des visions législatives. C’est
justement pour garantir l’accomplissement de ces missions de service public
que les législateurs africains imposent aux acteurs économiques, candidats
à une concession27 ou à une autorisation d’exploitation dans le secteur de
l’énergie, d’avoir une certaine expérience. C’est ainsi que la quasi-totalité des
codes pétrolier, gazier ou d’électricité exigent que les opérateurs admis à
exploiter les ressources énergétiques disposent d’une solidité financière,
technique et juridique certaine28. L’intégration des acteurs locaux dans le
circuit économique du secteur de l’énergie est également prise en compte.
II- Le recours aux principes de préférence nationale ou local
content
Le législateur camerounais, qui a adhéré lui aussi au principe de
préférence nationale29 dans le secteur de l’énergie, définit le « contenu
local » comme l’« ensemble d’activités axées sur le développement des
capacités locales, l’utilisation des ressources humaines et matérielles
locales, le transfert de technologie, l’utilisation de sociétés industrielles et de
26
La loi n° 2003-04 du 31 janvier 2003 portant Code nigérien de l’électricité, art 5 ; cf. également les articles 5 à
7 du Code centrafricain de l’électricité.
27
Contrat au terme duquel par lequel un opérateur est habilité à exercer les activités de transport et de
distribution de l’energie.
28
Lire art. 16 du Décret d’application du Code pétrolier camerounais ainsi que l’article 34 du Code camerounais
de l’électricité.
29
Lire art. 66 du Code gazier camerounais qui dispose : «Les sociétés gazières ainsi que leurs sous-traitants sont
tenus d’accorder une préférence aux sociétés de droit camerounais pour les contrats de construction, de
fourniture de services, de matériaux, d’équipements et de produits liés aux opérations gazières… ».
services locaux, et la création de valeurs additionnelles mesurables à
l’économie locale »30. Le local content est donc la nouvelle trouvaille des
législateurs africains du secteur de l’énergie en particulier ou plus
généralement de l’activité économique. L’article 62 du Code gazier
camerounais est très précis sur le périmètre de cette notion : « La mise en
valeur des ressources gazières nationales doit être accompagnée d’un volet «
contenu local » qui précise les retombées des projets gaziers retenus sur le
développement économique, social, industriel et technologique du Cameroun
».
Ce principe est susceptible de recevoir des applications dans plusieurs
secteurs de l’économie comme c’est déjà le cas au Nigéria et au Cameroun
depuis la promulgation de la loi portant publication du code d’incitation aux
investissements.
En pratique, la règle du contenu local, qui constitue une contrainte
pour les investisseurs étrangers, oblige l’entreprise qui désire investir à
utiliser les ressources de la zone d’investissement (pour créer des emplois)
en limitant le pourcentage de contenu étranger. Cette règle, qui est utilisée
par les pays en développement pour obtenir des transferts de technologies,
vise à garantir une participation croissante des nationaux dans les activités
économiques mises en œuvre dans leur pays.
III- L’engagement à protéger les droits économiques des
investisseurs
L’analyse substantielle des différents instruments juridiques relatifs
au secteur énergétique en Afrique subsaharienne atteste de l’adhésion plus
ou moins prononcée des législateurs à la protection des droits économiques
des investisseurs dans le secteur de l’énergie.
Les droits acquis des opérateurs privés dans l’exploitation de ces
ressources doivent également être protégés. La lecture des codes
d’investissement (généraux et sectoriels) des États d’Afrique subsaharienne
permet de relever un net attachement du législateur à protéger les
investissements privés nationaux et étrangers d’où l’institution des organes
compétents, voués à l’accompagnement des investisseurs dans le secteur de
30
Art. 3 Loi N° 2012/006 du 19 Mars 2012 portant Code gazier du Cameroun.
l’énergie comme dans d’autres secteurs. De même, conscient des faiblesses
du système judiciaire, le législateur reconnaît également le droit à
l’investisseur de pouvoir choisir son mode de règlement des différends qui
pourraient se poser dans le cadre de leurs activités. Avec les garanties de
stabilisation fiscale et contractuelle dans le sous-secteur pétrolier par
exemple, le législateur laisse également la latitude aux parties aux contrats
pétroliers de pouvoir négocier librement les « clauses de stabilisation des
conditions économiques et fiscales relatives à la rentabilité des
investissements »31
31
Lire 12 code pétrolier camerounais. Ce dernier texte dispose que : « durant la validité du contrat pétrolier, le
titulaire du permis peut bénéficier de la stabilisation des régimes juridique et fiscal applicables au Contrat
pétrolier ».
CHAPITRE III : LES TYPES D’INDUSTRIES
B- L’industrie Chimique
Partant du postulat selon lequel la chimie est la science qui étudie la
matière et ses transformations, nous dirons que l’industrie chimique a pour
objet la transformation de composés en produits chimiques qui répondent à
un besoin. Elle comporte deux volets : la chimie lourde, qui fabrique tous
les produits de base de la chimie ; et la chimie fine, qui utilise les
produits de la chimie lourde pour synthétiser les produits finis utilisés
par l’homme.