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Le code de la propriété intellectuelle et artistique

Les droits de l'Auteur

Les droits d'auteur sont l'ensemble des prérogatives exclusives dont dispose un auteur sur
ses œuvres de l'esprit originales. Œuvres de l'esprit originales sous-entend travail de création
littéraire ou artistique conçu par l'auteur de façon personnelle et globalement dénué de toutes
formes de copies, empreint ou utilisation d’œuvres d'autres artistes.
Les droits des auteurs sont gérés par un domaine du droit spécifique qui s'appelle le code de
la propriété intellectuelle et artistique. C'est une branche spécialisée du droit, complexe et riche, il
convient donc de faire appel à des spécialistes de ce domaine si on a besoin de se défendre dans une
procédure judiciaire relative à la création. Le droit d'auteur est subdivisé en deux parties majeures :

– Le droit moral, qui reconnaît à l'auteur la paternité indiscutable de l’œuvre et vise aussi le
respect de l'intégrité de cette dernière.
– Les droits patrimoniaux qui confèrent un monopole d'exploitation économique sur l’œuvre
pour une durée variable au terme de laquelle l’œuvre entre dans le domaine public.

Un cas à part ; Le copyright


Adopté en 1952, il introduit le sigle ©. Ce symbole accompagné du nom du titulaire de
l’œuvre et de l'année de création ou de première publication offre une protection dans tous les pays
ayant adhéré à la convention universelle sur le droit d'auteur. Cependant, actuellement et
juridiquement, le copyright est une démarche payante et d'enregistrement, et peu adaptée à nos
systèmes de protection en Europe.
Effectivement, une majorité de pays (hormis les États Unis et les pays de l'ex bloc soviétique
plus la Chine et un certain nombre de pays en voie de développement) ont adhéré à la convention de
Berne qui structure le droit d'auteur européen. Le principe d'enregistrement obligatoire a en général
été abandonné, n'étant plus nécessaire suite à la dite convention. Toutefois, nombre de personnes
utilise le sigle © à titre informatif pour indiquer que l’œuvre fait l'objet d'une protection juridique. Il
est à préférer la mention « tous droits réservés » (all rights reserved) si l'on veut marquer l'existence
de cette protection.

Notre cas de figure : Le code de la Propriété Intellectuelle et Artistique (CPI)


Il s'applique dans tous les pays de droit civil notamment en Europe, en France, Belgique et
Allemagne. Il protège les œuvres de l'esprit originales dès leur création et même si elles sont
inachevées ou inédites (non publiées).
Aucune fixation sur un support ou enregistrement ne sont nécessaires pour en bénéficier. Si
la mention C ou « tous droits réservés » peuvent indiquer la protection d'une œuvre, elle n'est en
aucun cas nécessaire pour bénéficier de la protection du CPI. Un enregistrement volontaire peut
cependant s'avérer utile pour prouver sa qualité d'auteur ou faciliter la gestion collective des droits,
en cas de travail à plusieurs auteurs (plusieurs illustrateurs, écrivain plus illustrateur, scénariste plus
dessinateur, co-écriture à plusieurs mains...).
Les solutions de dépôt pour un enregistrement les plus adaptées sont : un dépôt devant
huissier de justice, l'utilisation de l'enveloppe Soleau, un dépôt à la Société des Gens De Lettre
(SGDL) et un dépôt à l'Institut National de la Propriété Intellectuelle et Industrielle ( INPI).
Le droit d'auteur ne protège que la forme qui véhicule l'idée, pas l'idée elle-même. Par
conséquent il n'y a atteinte au droit d'auteur que si la forme est copiée (par exemple : Mickey Mouse
n'interdit pas la création d'une souris anthropomorphique comme Jerry de Tom et Jerry ou Fievel,
par contre, copier, plagier Mickey Mouse est un crime.)
Pour que l’œuvre soit protégée, elle doit faire preuve de la personnalité de son auteur. De
fait, elle doit faire preuve d'originalité dans le thème ou dans la forme, ce que l'on appelle la
« patte » de l'auteur. A ce titre, le fan-art, le plagiat, la parodie ne sont pas reconnus par le droit
d'auteur et sont punissables dans la mesure où ils ne prennent pas de distance et de réinterprétation
créative de la part de ceux qui ne seront considérés que comme des exécutants ou des copieurs.
Un des principes essentiels est que la propriété de l’œuvre est indépendante de la propriété
de son support. Sauf en cas de cession de droits d'auteur à son profit, le propriétaire d'un support
n'est pas propriétaire de l’œuvre (par exemple , un détenteur d'un DVD n'est pas propriétaire des
droits du film, de même pour un acheteur de livre ou de BD...)

Les domaines protégés par le droit d'auteur sont :


– Le cinéma
– Les œuvres d’ingénierie et de design
– Les arts plastiques (peinture, sculpture, illustration, BD...)
– Théâtre, opéra, spectacle vivant
– Le domaine de l'écriture (chansons, poèmes, romans, essais...)
– Chorégraphie, danse, pantomime...
– Œuvres multimédias ( site web, application informatique, jeu vidéo...)

1) Titulaire des droits


L'auteur dont le nom figure sous l’œuvre est le propriétaire originel des droits, même s'il
peut céder ses droits d'exploitation à un tiers. Il est donc important de signer son œuvre une fois
celle-ci exécutée (possibilité d'utiliser un pseudonyme si le pseudonyme est enregistré ou de garder
l’œuvre anonyme si celle-ci est enregistrée)
Une société, entreprise, association, fondation ne peut jamais être considérée comme auteur
sauf dans le cas d'une œuvre collective dont les membres sont clairement nommés, (cf le cinéma où
le film voit mentionner l'équipe dans le générique.) elle peut par contre acquérir la qualité d'ayant
droit de l'auteur par l'achat de ses droits d'exploitation (c'est un contrat spécifique, les exemples
courants sont les maisons d'édition, les éditeurs de jeu etc.)
En France, un salarié reste le propriétaire des droits d'auteur de son œuvre lorsque son
travail relève de la création littéraire ou artistique.
Une œuvre de commande appartient à l'auteur et non au commanditaire (il en est de même
pour une personne qui emploie un nègre littéraire « ghostwriter » en anglais, qui reste propriétaire
des droits d'auteur sauf cession spécifique).
Les œuvres des fonctionnaires appartiennent par contre à l’État si leur travail de création se
fait dans le cadre de leur mission. Tout travail de création hors de leur fonction restant naturellement
leur propriété propre.
Les enseignants et formateurs travaillant dans un cadre ne relevant pas de la fonction
publique restent titulaires des droits d'auteur des cours et conférences qu'ils donnent (leur salaire ne
comprend que la diffusion du contenu.)

2) Le droit moral
Le droit moral reconnaît pour l'auteur dans son œuvre l'expression de sa personnalité et la
protège.
Le droit moral devrait plutôt s'appeler droits moraux car il comporte plusieurs prérogatives
claires et séparées.
– Le droit de divulgation : l'auteur a le pouvoir discrétionnaire de décider du moment et des
modalités de la première divulgation de son œuvre (à mettre en négociation avec le besoin
de l'éditeur. Une fois l'accord trouvé, un éditeur qui changerait la date de divulgation serait
en violation du droit de divulgation de l'auteur.)
– Le droit de paternité : tout utilisateur doit mentionner de façon non-équivoque le nom et la
qualité de l'auteur de l’œuvre , ou respecter son pseudonyme, ou accepter de publier l’œuvre
de façon anonyme si c'est la volonté expresse de l'auteur (stipulation par écrit)
– Le droit au respect de l'intégrité de l’œuvre : l'auteur peut s'opposer à toute modification,
déformation, mutilation totale ou partielle de son œuvre et à toute atteinte à son honneur ou
sa réputation. Un éditeur ne peut procéder à des modifications sur une œuvre qu'après en
avoir fait la demande écrite à l'auteur en en précisant toutes les spécification à l'auteur et
après avoir reçu un accord écrit de ce dernier. Il est à noter qu'un mauvais travail de
promotion ou d'impression de l’œuvre nuisant de ce fait au respect de la qualité de cette
dernière et à la réputation de l'auteur peut être considérée comme une violation du droit au
respect de l'intégrité de l’œuvre.
– Le droit de retrait ou de repentir : un auteur peut retirer à tout moment une œuvre diffusée
ou exiger la possibilité de retoucher une œuvre non encore publiée. Le premier cas est le
droit de retrait, le deuxième, le droit de repentir. Si l’œuvre n'a pas encore été publiée,
l'éditeur se doit de respecter ce droit. Si l’œuvre a été publiée, l'auteur pourra exiger une
indemnisation liée au manque à gagner de l'exploitation de l’œuvre. Ce droit fonctionne
aussi dans le cadre de l'achat d’œuvres originales où l'auteur devra rembourser ou
indemniser l'acquéreur déchu de son achat.
– Le droit de suite : Bien que considéré légalement comme un droit moral, le droit de suite
est bien souvent considéré par les éditeurs comme un droit patrimonial (pouvant être
acheté). Ce droit oblige les éditeurs à avertir les auteurs en cas de revente par l'éditeur de
leur œuvre à un tiers. L'éditeur devra de même respecter l'ensemble des droits moraux dans
le cas de cette revente tout particulièrement le droit de paternité et le droit de respect de
l'intégrité de l’œuvre. Il devra veiller à ce que cette revente ne porte pas nuisance à l'honneur
et à la réputation de l'auteur et partager les gains de cette revente avec l'auteur selon un
pourcentage à négocier ( couramment 50% des gains)

Le droit moral est attaché à la personne de l'auteur, il est inaliénable, de fait il ne peut être ni
vendu ni cédé. Il est globalement perpétuel (sauf dans certains pays comme l' Allemagne où il y a
une date limitée), il est imprescriptible, de fait, il n'est pas susceptible de possession ( le fait pour
une personne d'utiliser les droits d'exploitation comme titulaire ne lui confère aucun droit sur la
paternité de l’œuvre et sa création originale. De même, l'usage des droits patrimoniaux par un tiers
ne fait pas perdre à l'auteur la reconnaissance de ses droits moraux et de sa reconnaissance comme
auteur de l’œuvre.)
A la mort de l'auteur (sauf dans certains pays comme l'Allemagne) ce droit moral est
transmit à ses descendants ou exécuteurs testamentaires qui en assurent la protection et peuvent
empêcher toute utilisation susceptible de porter atteinte à l’œuvre.
Le droit moral n'est pas absolu et les tribunaux peuvent juger son usage abusif et inadapté
dans certains cas.

3) Les droits patrimoniaux


Ils confèrent à l'auteur le droit exclusif d'autoriser ou d’interdire toute utilisation de ses
œuvres. Les droits patrimoniaux sont des prérogatives exclusives et se distinguent d'un simple droit
à rémunération .
Hors des cas de licence légale (travail de création pour une gamme déjà existante) et
d'infraction au droit à la concurrence, le titulaire des droits peut interdire l'utilisation de ses droits à
un tiers, même si ce dernier est prêt à payer pour son usage. A la différence des droits de propriété
sur les biens corporels qui sont perpétuels, les droits patrimoniaux de l'auteur ne lui sont conférés
que pour une période à durée limitée ; à voir selon les différents pays ayant adopté la convention de
Berne.
L'auteur peut accorder à un tiers le droit d'exploiter son œuvre contre un contrat de cession
ou de licence lui donnant ainsi moyen de vivre de son travail créatif.
Le contrat a pour but de fixer les droits patrimoniaux cédés, les modes d'exploitation
autorisés, la durée et l'étendue territoriale de la cession ainsi que le montant et la nature de la
rémunération.
Le contractant devient ainsi ayant-droit de l'auteur qui conserve lui, son droit moral durant la
durée de la cession. Les droits moraux sont divisés en deux parties :
– Les droits de reproduction : ces droits visent à permettre la sauvegarde, la copie,
l'impression physique de tout ou partie de l’œuvre de façon matérielle sur un support
pouvant être diffusé.
– Les droits de représentation : ces droits permettent d'effectuer une représentation ou une
exécution publique de l’œuvre (théâtre, concert, cinéma, diffusion en ligne, borne
interactive...) Les droits de représentation gèrent l'exploitation immatérielle de l'oeuvre.

Dans le cas de la fixation sur un support physique on parle de droit de reproduction, dans le
cas contraire, de droit de représentation.
Les droits patrimoniaux sont accordés en France et en Belgique pour toute sa vie et
perdurent 70 ans après sa mort (50 ans en Allemagne, 100 ans dans certains pays). Après cette date,
l’œuvre rentre dans le domaine public et peut être utilisé librement.

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