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I.

Les caractères du droit moral

A. Caractère perpétuel du droit moral

Le droit moral est un droit perpétuel. Ainsi il demeure après le décès de l’auteur, et même après l’extinction des
droits patrimoniaux. Les ayants droit de l’auteur peuvent exercer ce droit, même si l’œuvre est tombée dans le
domaine public. Cette perpétuité du droit moral résulte de la nécessité de protéger la personnalité de l’auteur.

La doctrine justifie la perpétuité du droit moral en avançant que « l’œuvre est l’expression, la manifestation ou le
reflet de la personnalité de l’auteur, tant que cette œuvre survit, l’auteur survit aussi ». Ce qui n’est pas sans
rappeler les mots de Jean Cocteau : « un chef d’œuvre, c’est une bataille contre la mort »

B. Caractère inaliénable du droit moral


L’Inalienabilité du caractère moral sous entend qu’aucune clause de renonciation ne peut figurer dans un contrat
sous peine de nullité, c’est-à-dire que l’auteur ne peut renoncer à son droit moral ni en céder l’exercice à un tiers.
L'auteur ne peut pas renoncer de façon générale et préalable aux prérogatives de son droit moral.

L'inaliénabilité fut affirmée initialement par la jurisprudence. En l'espèce, il s'agissait du peintre Rouault, qui
avait remis des toiles non achevées ni signées, moyennant rémunération à un marchand de tableaux qui s'était
engagé à les retourner à l'artiste pour dernière révision et signature. Les héritiers du marchand en revendiquaient
la propriété et refusèrent de les restituer au peintre. Le tribunal en conclu que la remise des tableaux dans ces
conditions n'avait nullement opérée transfert de la propriété au marchand. Le tribunal se fondait sur une
incessibilité du droit moral et sur l'impossibilité de le restreindre par quelconque convention. Le dispositif du
jugement reflétait alors cette suprématie du droit moral et de l'art en général: " Attendu que, plus spécialement en
matière de peinture, l'intérêt supérieur de l'art exige que le peintre, seul possesseur de ce qui est le plus beau dans
l'homme, c'est-à-dire la pensée créatrice, soit le seul juge de ce moment où l'œuvre doit être considérée comme
définitive […] Attendu que la possibilité pour le peintre de revenir sur une œuvre inachevée est la conséquence
du droit de libre développement de la personnalité humaine, droit qui est de la nature même que tous les droits
inhérents à la liberté de l'homme; qu'il s'agit là de droits qu'on ne peut céder et qui ne peuvent être restreints par
aucune convention".

C. Caractère imprescripble
Le droit moral ne cesse jamais, il ne peut pas s’acquérir par prescription et ne peut pas se perdre par non usage.
Il ne s'éteint pas avec le temps : tant que l'œuvre existe, et qu'elle soit exploitée ou non, l'auteur et ses ayants
droit peuvent exercer leur droit moral.

II. La typologie du droit moral

A. Le droit à la paternité
et au respect
le droit de paternité. Il permet à l’auteur d’apposer son nom sur son œuvre ou s’il le souhaite, de rester anonyme
ou encore d’utiliser un pseudonyme. C’est le droit pour l’auteur de voir son nom associé à chacune des
exploitations de son œuvre, comme par exemple, de le voir figurer au générique d’une œuvre audiovisuelle, sur
la jaquette d’un DVD ou sur la couverture d’un livre.

B. Le droit de divulgation
Le droit de divulgation donne à l’auteur le pouvoir de rendre son œuvre publique ou non. Seul l'auteur a le droit
de divulguer son œuvre, ainsi que du moment et des modalités de la première communication de son œuvre.

C. Le droit de repentir ou de retrait et d’accès


Le droit de repentir est le droit de modifier l'œuvre, le droit de retrait est le droit de revenir, par une rupture
unilatérale, sur la cession des droits qu'on a confiés à un tiers. Ce sont des droits qui s'exercent après la
divulgation (par exemple une œuvre a été éditée et l'auteur veut y faire des corrections).

III. Enjeux du droit moral


A. Enjeux dans les relations contractuelles

Le droit moral occupe une place importante dans les contrats d’exploitation des œuvres, tels
que les contrats d’édition, de production audiovisuelle ou de cession de droits d’auteur. Il est
essentiel pour un auteur de bien connaître ses droits moraux afin de les préserver et de veiller à
leur respect lors des négociations avec les partenaires commerciaux.

B. Enjeux pour les auteurs et les ayants droit

Le droit moral représente un enjeu majeur pour les auteurs et les professionnels du secteur artistique, car il
conditionne la valorisation économique et culturelle des œuvres. En effet, sans un cadre juridique protecteur, les
créateurs seraient exposés aux abus et aux atteintes portées par des tiers à leur personnalité.

Ainsi, le droit moral permet :

 d’assurer la pérennité des œuvres en protégeant leur intégrité physique et intellectuelle ;


 de garantir le respect de la volonté créatrice et des choix esthétiques de l’auteur ;
 de préserver la réputation et l’image des auteurs, en évitant que leur nom soit associé à des œuvres
dénaturées ou détournées ;
 et de favoriser la créativité et l’innovation, en incitant les auteurs à prendre des risques et à explorer de
nouveaux horizons artistiques.

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