Introduction La protection de la propriété littéraire et artistique, constitue,, l’un des droits subjectifs consacrés et protégés dans les différentes conventions internationales et les diverses législations. En effet, la réglementation de cette propriété, en tant que droit, garantit à chaque personne de propager ses idées et ses opinions sans avoir des menaces ou des atteintes à leur encontre. Le cadre juridique de cette liberté créatrice offre la possibilité à l’auteur d’œuvre d’une part, de tirer profit de sa créativité tout en la de la protégeant. Définition de l’œuvre d’esprit Le législateur n’a pas défini l’œuvre de l’esprit Sont considérées comme œuvres de l’esprit : les œuvres littéraires, dramatiques, musicales, cinématographiques, chorégraphiques, photographiques, les logiciels, les œuvres numériques… : une liste indicative Mais pour qu’elles soient protégées, les œuvres doivent : être une création de l’esprit se manifester par une expression ou une forme tangible ( sur un support par exp: papier, photo, CD, DVD…) être originales et portent l’empreinte personnelle de son titulaire et / ou être d’un apport culturel et intellectuel singulier La condition de l’originalité de l’œuvre est expressément posée par le législateur dans l’article 1er de la loi de 1994 qui prévoit que « le droit d’auteur couvre toute œuvre originale littéraire, scientifique ou artistique ». On dit qu’une œuvre est originale lorsqu’elle porte « l’empreinte de la personnalité de son auteur ». La notion de l’originalité est une notion relative. L’auteur possède deux types de droits fondamentaux sur son œuvre qui doivent être protégés : le droit moral (section 1) et les droits patrimoniaux ou pécuniaires (section 2). Section1: Les droits moraux Contrairement aux droits patrimoniaux, les droits moraux sont: Perpétuels: Le droit moral survit même après l’expiration du droit pécuniaire. Ainsi, les héritiers peuvent poursuivre tout usage de nature à porter atteinte à la réputation de l’auteur même lorsque l’œuvre est déjà tombée dans le domaine public. Donc, le droit moral dure aussi longtemps que l’œuvre existe Inaliénables: Le droit moral est un droit de la personnalité. C’est pour cette raison qu’il est inaliénable. Ainsi, ce droit ne peut se transmettre entre vifs et toute convention contraire est nulle. La cession de l’œuvre n’implique pas la cession du droit moral. Le droit moral est transmissible par voie de succession ou par testament (article 8 nouveau de la loi de 1994) Imprescriptibles :L’auteur ne peut perdre son droit moral sur on œuvre même s’il ne l’a pas évoqué pendant des années. Il peut défendre son œuvre à tout moment. L’imprescriptibilité implique la perpétuité du droit moral L’article 9 de la loi de 2009 modifiant et complétant la loi du 24 février 1994 consacre quatre prérogatives des droits moraux qui sont le droit de divulgation ,le droit de paternité , droit au respect de l’œuvre et le droit de repentir . 1. Le droit de paternité Ce droit implique que l’auteur conserve le droit de revendiquer la paternité de l’œuvre et de mentionner son nom sur chaque exemplaire. Le droit de paternité ou le droit au nom et à la paternité permet à l’auteur d’être identifié et de proclamer la filiation de son œuvre (l’article 9/a de la loi du 24 février 1994). La loi tunisienne s’intéresse à la face négative du droit de paternité, en admettant expressément dans l’article 9/a de la loi de 2009 que l’auteur est libre de « conserver l’anonymat » au moment où l’œuvre est rendue accessible au public, ou de préférer l’adoption d’un pseudonyme au lieu de son nom propre. Sur le plan pratique, le droit de paternité suppose l’indication du nom de l’auteur dans plusieurs cas qui sont : d’abord, sur chaque exemplaire, ensuite sur les documents publicitaires de l’œuvre et enfin sur les citations qui doivent « être accompagnées de la mention de la source et du nom de l’auteur, si ce nom figure dans la source » aux termes de l’article 11 alinéa 2 de la loi du 24 février 1994. L’auteur peut renoncer à son droit de paternité avec ou sans rémunération. Ce renoncement doit être exprès et délimité. La durée ne peut pas être éternelle et les conditions du renoncement doivent être telles qu’elles permettent leur révocabilité. 2. Le droit de divulgation Ce droit implique que seul l’auteur a le droit de présenter son œuvre au public par tous moyens et procédés. C’est lui qui décide de divulguer son œuvre ou de ne pas le faire. Comme il est libre de la divulguer à n’importe quel moment. 3. Le droit au respect. Ce droit implique que l’auteur est en droit de « s’opposer à toute mutilation (suppression, altération d’une partie d’une œuvre), déformation ajout ou autre modification de son œuvre sans son consentement écrit, ainsi qu’a toute atteinte à la même œuvre, préjudiciable à l’honneur de l’auteur ou à sa réputation » (le point b de l’article 9 nouveau). L’auteur a le droit d’ imposer à toute personne un devoir de respect de l’intégrité de son œuvre(Mohamed Gargouri) 4. Le droit de repentir. Même après la divulgation de l’œuvre, l’auteur est libre de la retirer entièrement du commerce. Grace à ce droit expressément mentionné dans le point c de l’article 9 (nouveau) de la loi de 1994. Section 2: La protection des droits patrimoniaux L’auteur bénéficie de toute forme d’exploitation de l’œuvre. L’article 9 bis (ajouté par la loi n° 2009-33 du 23 juin 2009) cite les actes d’exploitation que l’auteur peut accomplir lui-même ou autoriser son exploitation par autrui. 1. Le droit d’exploitation de l’œuvre Le droit d’exploitation de l’œuvre comporte deux prérogatives : le droit de sa reproduction et le droit de sa représentation (L’article 2 de La loi du 24 février 1994). L’auteur d’une œuvre, dispose en principe d’« un droit exclusif d’accomplir ou d’autoriser que soit accomplie » la reproduction de son œuvre . Cependant, on peut remarquer qu’il y a quelques exceptions à ce principe. A) Le principe. D’abord il faut préciser que le législateur tunisien n’a pas défini la reproduction. La reproduction est définie comme étant « la fixation matérielle de l’œuvre par tous procédés qui permettent de la communiquer au public . L’article 2 de la loi du 24 février 1994 prévoit que « le droit d’auteur comprend le droit exclusif d’accomplir ou d’autoriser que soit accompli l’un des actes suivants : a) Reproduire l’œuvre sous forme matérielle quelconque y compris le phonogramme, l’audiovisuel et autres ». D’après une lecture du paragraphe a, on constate que le législateur n’identifie pas une forme précise du support utilisé pour la reproduction. En effet, il laisse toute la liberté à l’auteur de choisir le support matériel qu’il juge adéquat. Les formes de reproduction inventées par les nouvelles technologies nécessitent l’autorisation de l’auteur. La reproduction de l’œuvre implique sa fixation matérielle par tout procédé, donc même par un procédé numérique tel que sa diffusion par Internet. La numérisation pose un problème quant à sa qualification, peut-on la considérer comme un acte de reproduction ???? Certains auteurs pensent qu’il s’agit d’une reproduction puisque le chargement de celle-ci sur la mémoire d’un ordinateur et son stockage constitue un acte matériel de reproduction. Cette idée se confirme par les dispositions de l’article 1 er du traité de l’OMPI du 20-12- 1996 sur les droits d’auteurs qui prévoit que : le droit de reproduction cité à l’article 9 de la convention de Berne s’applique à l’environnement numérique en particulier l’utilisation des œuvres sous forme numérique. Toutefois, les reproductions strictement réservées à « l’usage privé », ne représentent pas une violation du droit d’auteur, ce sont en effet des exceptions, tolérées B) Les exceptions au droit de reproduction. Les exceptions au droit de reproduction ne sont pas uniformes. Il y a des cas où les reproductions assurent des bénéfices (a), Mais, il y a aussi des cas où les reproductions sont libres et gratuites (b). a) Les reproductions libres avec contrepartie pécuniaire
La reproduction est régie par l’article 13 de la loi de 2009 qui
prévoit que « Le ministère chargé de la culture peut délivrer des licences non exclusives pour : la reproduction d’une œuvre protégée aux fins de publication, si elle n’a pas été précédemment publiée en Tunisie, à un prix équivalent à celui pratiqué par les maisons d’éditions nationales, trois ans après sa première publication s’il s’agit d’une œuvre scientifique, sept ans après sa première publication s’il s’agit d’une œuvre de fiction, et cinq ans après la première publication pour toute autre œuvre ». D’après une lecture attentive, on constate que l’article 13 fixe deux conditions à la reproduction faite sans l’autorisation de l’auteur : d’une part, l’autorisation de l’autorité de la tutelle et d’autre part, la contrepartie pécuniaire. Dans le cadre de cette exception au droit de reproduction, le législateur tunisien a octroyé à l’auteur de tirer, de son œuvre, un intérêt matériel b) Les reproductions libres et gratuites. Le législateur tunisien a prévu des exceptions aux droits des reproductions qui sont marquées par leur caractère gratuit et libre. En effet, l’auteur ne jouit pas de contrepartie en cas d’utilisation de son œuvre. A ce titre, la reproduction de sa création n’exige pas l’obtention de son autorisation. Il s’agit d’abord des reproductions à usage privé, ensuite, les reproductions ayant des objectifs éducatifs, scolaires, culturels ou d’information et enfin, les emprunts et citations. Etendue de la protection des créations par le droit d’auteur : Selon l’alinéa 2 de l’article 18 (nouveau) de la loi de 1994, « la protection des droits patrimoniaux de l’auteur dure pendant toute sa vie, le restant de l’année de son décès et les cinquante années, à compter du premier janvier de l’année suivant celle de son décès ou de la date retenue par le jugement déclaratif de son décès, en cas d’absence ou de disparition ». Dans le cas d’œuvres de collaboration, seule la date du décès du dernier auteur survivant est prise en considération pour le calcul de cette durée (Alinéa 3 de l’article 18 nouveau de la loi de 1994). Quant aux œuvres anonymes ou portant un pseudonyme, le droit d’auteur dure cinquante années à compter du premier janvier de l’année suivant celle de la première publication de l’œuvre (alinéa 4 de l’article 18 nouveau) S’il s’agit d’œuvres posthumes publiées après la mort de leur auteur, la protection dure cinquante années à compter du premier janvier de l’année suivant celle de la première publication de l’œuvre (Alinéa in fine de l’article 18 (nouveau) de la loi de 1994). Pour les œuvres photographiques, les droits patrimoniaux durent cinquante années à compter de la date de réalisation de l’œuvre (Article 19 (nouveau) de la loi de 1994). Pour les œuvres cinématographiques ou audiovisuelles, la durée de protection des droits patrimoniaux est de cinquante années à compter de la première représentation publique licite de l’œuvre (Article 42 (bis)- ajouté par la loi n°2009-33 du 23 juin 2009) Problématiques du droit d’auteur sur internet Etant définit comme « un ensemble de réseaux informatiques privés et publics qui sont interconnectés entre eux grâce à un protocole de communication commun »
plus concrètement Internet est un instrument de communication et de
transmission des informations, via un réseau informatique dans un espace virtuel et sans frontières, cette technique de communication a permis depuis des années de mettre à la disposition du public plusieurs œuvres d’esprit protégeables par la législation sur les droits d’auteur : la loi du 24 février 1994 en droit tunisien relative à la propriété littéraire et artistique(Salma Khaled) La particularité du rapport Internet droits d’auteur réside dans la dimension Internationale de ce moyen de communication, dans la dématérialisation que la mise en ligne des œuvres engendre et enfin dans la rapidité de la diffusion et de la transmission de l’information. Les notions fondamentales en droit d’auteur sont remises en causes par la numérisation des œuvres : L’élargissement de la notion du public L’élargissement de la notion de l’œuvre (consulter l’article de Mme Salma KHALED)