Dominique Bougerol

Cours de droit du cinéma et

de l’audiovisuel
V5MA005
UFR Arts et Médias
Licence 3 Cinéma et audiovisuel
2021-2022

dominique.bougerol@sorbonne-nouvelle.fr
n Partie 1 : Le droit d’auteur
Sous-partie 1 : Le droit d’auteur
Chapitre 1 : L’œuvre de
création cinématographique
Chapitre 2 : Les créateurs
cinématographiques
Chapitre 3 : Les prérogatives
juridiques
Chap. 3 : Les prérogatives
juridiques
Section 1 : Qu’est-ce que le droit
d’auteur ?
Section 2 : Jusqu’où va le droit
d’auteur ?
Section 3 : Quelle est la durée du
droit d’exploitation ?
Section 4 : Qu’est-ce que la
contrefaçon ?
Section 1 : Qu’est-ce que le
droit d’auteur ?
I. Le droit moral
II. Le droit d’exploitation
Qu’est-ce que le
droit d’auteur ?
définition

n L’auteur d’une œuvre de l’esprit jouit sur cette

œuvre, du seul fait de sa création, d’un droit de
propriété incorporelle exclusif et opposable à
tous.

Ce droit comporte des attributs d’ordre

intellectuel et moral ainsi que des attributs
d’ordre patrimonial […]

Article L. 111-1, alinéa 1 et 2 CPI

 Droit d’auteur

Droit moral Droits patrimoniaux

Qu’est-ce que le
droit moral ?
 Attributs du droit moral

n L’auteur jouit du droit au respect de son nom,

de sa qualité et de son œuvre.
Article L. 121-1 alinéa 1er CPI
n L’auteur a seul le droit de divulguer son
œuvre. […] il détermine le procédé de
divulgation et fixe les conditions de celle-ci.
Article L. 121-2 alinéa 1er CPI
n Nonobstant la cession de son droit
d’exploitation, l’auteur, même postérieurement
à la publication de son œuvre, jouit d’un droit
de repentir et de retrait vis-à-vis du
cessionnaire. […]
Article L. 121-4 CPI
 Conception personnaliste du droit moral

Droit d’auteur

Droit moral Droits patrimoniaux

Droit de divulgation

Droit au respect de Droit au nom

l’oeuvre

Droit de retrait
et de repentir
 Conception personnaliste du droit moral
n Caractère unitaire du droit moral
L’exercice du droit moral est conçu comme une seule
prérogative qui s’organise chronologiquement en
l’exercice du droit de divulgation, puis du droit au respect
au nom et du droit au respect de l’œuvre, puis droit de
retrait et/ou du droit de repentir.
n Prééminence du droit de divulgation
Le droit de divulgation permet à l’auteur : 1/ D’autoriser le
principe même de la communication de l’œuvre au public
2/ D’autoriser ensuite les modalités de cette
communication.
n Nature du droit de divulgation
La divulgation est un acte juridique et non un fait juridique.
Conception personnaliste du droit moral
n Caractère secondaire du droit au respect de
l’oeuvre
Le droit au respect de l’œuvre consiste seulement à
vérifier que l’exploitant ayant été autorisé à divulguer
l’œuvre respecte bien les modalités de cette
divulgation.

Conséquence : si une modalité spécifique de

divulgation n’a pas été autorisée préalablement
auprès de l’exploitant, ce dernier méconnaît alors le
droit de divulgation et non le droit au respect de
l’œuvre.
 Conception positiviste du droit moral

Droit d’auteur

Droits moraux Droits patrimoniaux

Droit au respect de
l’oeuvre
Droit de divulgation
Droit au nom

Droit de retrait
et de repentir
 Conception positiviste du droit moral

n Égalité des prérogatives morales

Les droits moraux sont conçus comme plusieurs
prérogatives d’importance égale.
n Conception étroite droit de divulgation
Le droit de divulgation se limite au droit d’autoriser le
principe même de la communication de l’œuvre au
public.
n Épuisement du droit de divulgation
Une fois exercé, le droit de divulgation est considéré
comme épuisé et laisse sa place au seul droit au respect
de l’œuvre.
n Nature juridique du droit de divulgation
La divulgation est un fait juridique et non un acte juridique.
Caractères du droit moral

n Ce droit est attaché à sa personne.

Article L. 121-1 alinéa 2 CPI
n Il est perpétuel, inaliénable et
imprescriptible.
Article L. 121-1 alinéa 3 CPI
n Il est transmissible à cause de mort
aux héritiers de l'auteur.
Article L. 121-1 alinéa 4 CPI
Caractères du droit moral

n Ce droit est attaché à sa personne.

Article L. 121-1 alinéa 2 CPI
n Il est perpétuel, inaliénable et
imprescriptible.
Article L. 121-1 alinéa 3 CPI
n Il est transmissible à cause de mort
aux héritiers de l'auteur.
Article L. 121-1 alinéa 4 CPI
 Droit moral

Droit de divulgation

Droit au respect de Caractère :

Droit de retrait
Caractère l’œuvre • personnel
et de repentir
perpétuel (extra-patrimonial)
Droit au nom
• insaisissable
• inaliénable
• imprescriptible
retrait
Droit de retrait
Caractère et de repentir
viager
Que sont les droits
patrimoniaux ?
 Droit d’auteur

Droit moral Droits patrimoniaux

Droit d’exploitation Droit de suite

Qu’est-ce que le
droit de suite ?
Définition

n Les auteurs d’œuvres originales graphiques

et plastiques ressortissant d’un Etat membre de
la Communauté européenne ou d’un Etat partie
à l’accord sur l’Espace économique européen
bénéficient d’un droit de suite, qui est un droit
inaliénable de participation au profit de toute
vente d’une œuvre après la première cession
opérée par l’auteur ou par ses ayants droit,
lorsque intervient en tant que vendeur,
acheteur ou intermédiaire un professionnel du
marché de l’art.

Article L. 122-8 CPI

Explication

n Droit de suite = droit qui permet à l’auteur

d’une œuvre d’art graphique ou plastique, puis
à ses héritiers, de percevoir un pourcentage
sur la vente du support matériel de cette œuvre
lorsque la vente est effectuée par un
professionnel du marché de l’art ou réalisée par
son intermédiaire.
Qu’est-ce que le
droit d’exploitation?
 Droit d’exploitation : conception synthétique

Droit d’auteur

Droit moral Droits patrimoniaux

Droit d’exploitation Droit de suite

Droit de reproduction Droit de représentation

Qu’est-ce que le
droit de
représentation ?
Définition

n La représentation consiste dans la communication de

l'œuvre au public par un procédé quelconque, et
notamment :
1° Par récitation publique, exécution lyrique,
représentation dramatique, présentation publique,
projection publique et transmission dans un lieu public de
l'œuvre télédiffusée ;
2° Par télédiffusion.
La télédiffusion s'entend de la diffusion par tout procédé
de télécommunication de sons, d'images, de documents,
de données et de messages de toute nature.

Est assimilée à une représentation l'émission d'une

œuvre vers un satellite.

Article L. 122-2 CPI

Définition
n La représentation consiste dans la
communication directe de l'œuvre
au public, notamment par voie de :
- Récitation publique ;
- Exécution lyrique ;
- Représentation dramatique ;
- Présentation publique ;
- Diffusion, par quelque procédé que
ce soit, des paroles, des sons ou des
images ;
- Projection publique ;
- Transmission de l'œuvre
radiodiffusée par le moyen d'un haut-
parleur et éventuellement d'un écran
de radio-télévision placé dans un lieu
public.
Définition
n La représentation consiste dans
la communication de l'œuvre au
public par un procédé quelconque,
et notamment :
1° Par récitation publique, exécution
lyrique, représentation dramatique,
présentation publique, projection
publique et transmission dans un lieu
public de l'œuvre télédiffusée ;
2° Par télédiffusion.
La télédiffusion s'entend de la diffusion
par tout procédé de télécommunication
de sons, d'images, de documents, de
données et de messages de toute
nature.
Est assimilée à une représentation
l'émission d'une œuvre vers un satellite.
 Explication

n Cette communication de l’œuvre peut

s’effectuer :
- par le biais d’une interprétation (spectacle
vivant) ;
- par la présentation au public d’un support
(exposition, par exemple) que ce support soit
un support unique (original) ou un exemplaire
(gravure, lithographie) ;
- ou encore par l’utilisation d’un exemplaire
dans le cadre d’un procédé technique de
communication (projection ou télédiffusion par
exemple).
Qu’est-ce que le
droit de
reproduction ?
 Définition
n La reproduction consiste dans la fixation matérielle de
l'œuvre par tous procédés qui permettent de la
communiquer au public d'une manière indirecte.

Elle peut s'effectuer notamment par imprimerie, dessin,

gravure, photographie, moulage et tout procédé des arts
graphiques et plastiques, enregistrement mécanique,
cinématographique ou magnétique.

Pour les œuvres d'architecture, la reproduction consiste

également dans l'exécution répétée d'un plan ou d'un
projet type.

Article L. 122-3 CPI

 Explication

n  La reproduction consiste en deux étapes

complémentaires :

1/ Une fixation matérielle de l’œuvre par tous

procédés

2/ Cette fixation matérielle doit aboutir à la

fabrication d’exemplaires de l’œuvre afin que
ces exemplaires soient transférés, à titre gratuit
ou à titre onéreux, au public
Question
Question n La Directive européenne du 19
novembre 1992 impose aux Etats
membres de la Communauté
européenne de reconnaître « le droit
exclusif d’autoriser ou d’interdire la
location […] d’originaux ou de copies
d’œuvres protégées »
n Cette prérogative n’a toutefois pas été
intégrée dans le Code de la propriété
intellectuelle au motif qu’elle existait déjà
dans le droit français.
n Dans la présentation traditionnelle du
droit d’exploitation, à quelle catégorie
juridique (représentation ou reproduction)
rattacheriez-vous la location d’un
exemplaire d’une œuvre ? Même
question pour le prêt ?
 Votre réponse :

Location Prêt

Droit de ? ?
reproduction

Droit de ? ?
représentation
 Droits d’exploitation : conception analytique

Droit d’auteur

Droit moral Droits patrimoniaux

Droits d’exploitation Droit de suite

Droits d’exploitation
Droits d’exploitation
des œuvres littéraires
des logiciels
et artistiques
Qu’est-ce que le
droit d’exploitation
des logiciels ?
Définition

n […] le droit d'exploitation appartenant à l'auteur d'un logiciel

comprend le droit d'effectuer et d'autoriser :
1° La reproduction permanente ou provisoire d'un logiciel en
tout ou partie par tout moyen et sous toute forme. Dans la
mesure où le chargement, l'affichage, l'exécution, la
transmission ou le stockage de ce logiciel nécessitent une
reproduction, ces actes ne sont possibles qu'avec l'autorisation
de l'auteur ;
2° La traduction, l'adaptation, l'arrangement ou toute autre
modification d'un logiciel et la reproduction du logiciel en
résultant ;
3° La mise sur le marché à titre onéreux ou gratuit, y compris la
location, du ou des exemplaires d'un logiciel par tout procédé.
Toutefois, la première vente d'un exemplaire d'un logiciel dans
le territoire d'un Etat membre de la Communauté européenne
ou d'un Etat partie à l'accord sur l'Espace économique
européen par l'auteur ou avec son consentement épuise le
droit de mise sur le marché de cet exemplaire dans tous les
Etats membres à l'exception du droit d'autoriser la location
ultérieure d'un exemplaire.
Article L. 122-6 CPI
Comparaison

Article L. 122-1 CPI
Le droit d’exploitation
appartenant à l’auteur
comprend le droit de
représentation et le droit de
reproduction.
Comparer
Article L. 122-6 CPI
[…] le droit d'exploitation appartenant à l'auteur d'un
logiciel comprend le droit d'effectuer et d'autoriser :
1° La reproduction permanente ou provisoire d'un
logiciel en tout ou partie par tout moyen et sous toute
forme. Dans la mesure où le chargement, l'affichage,
l'exécution, la transmission ou le stockage de ce
logiciel nécessitent une reproduction, ces actes ne
sont possibles qu'avec l'autorisation de l'auteur ;
2° La traduction, l'adaptation, l'arrangement ou toute
autre modification d'un logiciel et la reproduction du
logiciel en résultant ;
3° La mise sur le marché à titre onéreux ou gratuit, y
compris la location, du ou des exemplaires d'un logiciel
par tout procédé. Toutefois, la première vente d'un
exemplaire d'un logiciel dans le territoire d'un Etat
membre de la Communauté européenne ou d'un Etat
partie à l'accord sur l'Espace économique européen
par l'auteur ou avec son consentement épuise le droit
de mise sur le marché de cet exemplaire dans tous les
Etats membres à l'exception du droit d'autoriser la
location ultérieure d'un exemplaire.
 Comparer
17 U.S.C.A, §. 106 Article L. 122-1 CPI
[…] the owner of the copyright under this title has the Le droit d’exploitation
exclusive rights to do and to authorize any of the following: appartenant à l’auteur
(1) to reproduce the copyrighted work in copies or comprend le droit de
phonorecords ; représentation et le droit de
(2) to prepare derivative works based upon the reproduction.
copyrighted work;
(3) to distribute copies or phonorecords of the copyrighted
work to the public by sale or other transfer of ownership,
or by rental, lease, or lending;
(4) in the case of literary, musical, dramatic, and
choreographic works, pantomimes, and motion pictures
and other audiovisual works, to perform the copyrighted
work publicly;
(5) in the case of literary, musical, dramatic, and
choreographic works, pantomimes, and pictorial, graphic,
or sculptural works, including the individual images of a
motion picture or other audiovisual work, to display the
copyrighted work publicly; and
(6) in the case of sound recordings, to perform the
copyrighted work publicly by means of a digital audio
transmission.
 Comparer
17 U.S.C.A, §. 106
[…] the owner of the copyright under
this title has the exclusive rights to
do and to authorize any of the
following:
(1) to reproduce the copyrighted work in copies or
phonorecords;
(2) to prepare derivative works based upon the
copyrighted work;
(3) to distribute copies or phonorecords of the
copyrighted work to the public by sale or other
transfer of ownership, or by rental, lease, or
lending;
(4) in the case of literary, musical, dramatic, and
choreographic works, pantomimes, and motion
pictures and other audiovisual works, to perform
the copyrighted work publicly;
(5) in the case of literary, musical, dramatic, and
choreographic works, pantomimes, and pictorial,
graphic, or sculptural works, including the individual
images of a motion picture or other audiovisual
work, to display the copyrighted work publicly; and
(6) in the case of sound recordings, to perform the
copyrighted work publicly by means of a digital
audio transmission.
Article L. 122-6 CPI
[…] le droit d'exploitation
appartenant à l'auteur d'un logiciel
comprend le droit d'effectuer et
d'autoriser :
1° La reproduction permanente ou provisoire d'un
logiciel en tout ou partie par tout moyen et sous
toute forme. Dans la mesure où le chargement,
l'affichage, l'exécution, la transmission ou le
stockage de ce logiciel nécessitent une
reproduction, ces actes ne sont possibles qu'avec
l'autorisation de l'auteur ;
2° La traduction, l'adaptation, l'arrangement ou
toute autre modification d'un logiciel et la
reproduction du logiciel en résultant ;
3° La mise sur le marché à titre onéreux ou gratuit,
y compris la location, du ou des exemplaires d'un
logiciel par tout procédé. Toutefois, la première
vente d'un exemplaire d'un logiciel dans le
territoire d'un Etat membre de la Communauté
européenne ou d'un Etat partie à l'accord sur
l'Espace économique européen par l'auteur ou
avec son consentement épuise le droit de mise
sur le marché de cet exemplaire dans tous les
Etats membres à l'exception du droit d'autoriser la
location ultérieure d'un exemplaire.
 Multiplication et dispersion des droits d’exploitation

Droits d’exploitation

Droits d’exploitation
des œuvres littéraires Droits d’exploitation
et artistiques des logiciels
Droit de
distribution

Droit de Droit de Droit de

représentation Droit de reproduction modification
(ou droit de reproduction Droit de provisoire ou (traduction,
communication prêt Droit de permanente adaptation,
au public) location arrangement…)

Droit de synchronisation Droit de fragmentation Droit d’importation

Droit de retransmission par câble, simultanée, intégrale et sans changement, sur le

territoire national
Etc.
Section 2 : Jusqu’où va le droit
d’auteur ?
I. Les exceptions au droit d’auteur
II. Les limites du droit d’auteur
III. Les licences légales
Jusqu’où va le
droit d’auteur ?
Définition

n  Une exception au droit d’auteur est un

comportement ou une activité que la loi
autorise alors que ce comportement ou cette
activité devrait normalement constituer un acte
de contrefaçon.

Le fondement d’une exception est la défense

d’un intérêt jugé suffisamment essentiel et
légitime pour paralyser l’exercice du droit
d’auteur.
Définition

n  Une limite du droit d’auteur est un

comportement ou une activité qui ne
contrevient pas à l’exercice du droit
d’auteur, car il ne relève pas de son
champ d’application.
Article 41, Loi n° 57-98 Du 11 mars 1957

L’article 41 de la loi de 1957 est devenu l’article L. 122-5

du Code de la propriété intellectuelle en 1992
Exceptions
n Analyses et courtes citations
(article L. 122-5, 3°, a)
n Revues de presse
(article L. 122-5, 3°, b)
n Diffusion des discours publics
(article L. 122-5, 3°, c)
n Parodies, pastiches et caricatures
(article L. 122-5, 4°)
Limites
n Représentations privées dans le
cercle de famille
(article L. 122-5, 1°)
n Reproductions à l’usage
personnel du copiste
(article L. 122-5, 2°)
 Définition

n  Une licence obligatoire est un mécanisme

par lequel la loi dispense les exploitants
d’œuvres de demander une autorisation aux
auteurs ou à leurs ayants droit moyennant une
indemnité, généralement fixée par une
procédure déterminée à l’avance.

On emploie également l’expression de licence

légale.
 Exemple

n  Licence obligatoire en matière de droit de

prêt

Lorsqu’une œuvre a fait l’objet d’un contrat

d’édition en vue de sa publication et de sa
diffusion sous la forme de livre, l’auteur ne peut
s’opposer au prêt d’exemplaires de cette
édition par une bibliothèque accueillant du
public.
Ce prêt ouvre droit à rémunération au profit de
l’auteur […]
Article L. 133-1 CPI
 Exemple

n  Licence obligatoire en matière de droit de

prêt

Lorsqu’une œuvre a fait l’objet d’un contrat

d’édition en vue de sa publication et de sa
diffusion sous la forme de livre, l’auteur ne peut
s’opposer au prêt d’exemplaires de cette
édition par une bibliothèque accueillant du
public.
Ce prêt ouvre droit à rémunération au profit de
l’auteur […]
Article L. 133-1 CPI
 Article L. 122-5 CPI

Lorsque l'œuvre a été divulguée, l'auteur ne peut interdire :

1° Les représentations privées et gratuites effectuées
exclusivement dans un cercle de famille ;
2° Les copies ou reproductions réalisées à partir d'une source licite
et strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées
à une utilisation collective, à l'exception des copies des œuvres
d'art destinées à être utilisées pour des fins identiques à celles
pour lesquelles l'œuvre originale a été créée et des copies d'un
logiciel autres que la copie de sauvegarde établie dans les
conditions prévues au II de l'article L. 122-6-1 ainsi que des copies
ou des reproductions d'une base de données électronique ;
 Article L. 122-5 CPI
Lorsque l'œuvre a été divulguée, l'auteur ne peut interdire : [...]
3° Sous réserve que soient indiqués clairement le nom de l'auteur et la source :
a) Les analyses et courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique,
pédagogique, scientifique ou d'information de l'œuvre à laquelle elles sont
incorporées ;
b) Les revues de presse ;
c) La diffusion, même intégrale, par la voie de presse ou de télédiffusion, à titre
d'information d'actualité, des discours destinés au public prononcés dans les
assemblées politiques, administratives, judiciaires ou académiques, ainsi que dans les
réunions publiques d'ordre politique et les cérémonies officielles ;
d) Les reproductions, intégrales ou partielles d'œuvres d'art graphiques ou plastiques
destinées à figurer dans le catalogue d'une vente judiciaire effectuée en France pour
les exemplaires mis à la disposition du public avant la vente dans le seul but de
décrire les œuvres d'art mises en vente ;
e) La représentation ou la reproduction d'extraits d'œuvres, sous réserve des œuvres
conçues à des fins pédagogiques, des partitions de musique et des œuvres réalisées
pour une édition numérique de l'écrit, à des fins exclusives d'illustration dans le cadre
de l'enseignement et de la recherche, à l'exclusion de toute activité ludique ou
récréative, dès lors que le public auquel cette représentation ou cette reproduction est
destinée est composé majoritairement d'élèves, d'étudiants, d'enseignants ou de
chercheurs directement concernés, que l'utilisation de cette représentation ou cette
reproduction ne donne lieu à aucune exploitation commerciale et qu'elle est
compensée par une rémunération négociée sur une base forfaitaire sans préjudice de
la cession du droit de reproduction par reprographie mentionnée à l'article L. 122-10 ;
 Article L. 122-5 CPI
Lorsque l'œuvre a été divulguée, l'auteur ne peut interdire : [...]
4° La parodie, le pastiche et la caricature, compte tenu des lois du
genre ;
5° Les actes nécessaires à l'accès au contenu d'une base de
données électronique pour les besoins et dans les limites de
l'utilisation prévue par contrat ;
6° La reproduction provisoire présentant un caractère transitoire ou
accessoire, lorsqu'elle est une partie intégrante et essentielle d'un
procédé technique et qu'elle a pour unique objet de permettre
l'utilisation licite de l'œuvre ou sa transmission entre tiers par la voie
d'un réseau faisant appel à un intermédiaire ; toutefois, cette
reproduction provisoire qui ne peut porter que sur des œuvres autres
que les logiciels et les bases de données ne doit pas avoir de valeur
économique propre ;
 Article L. 122-5 CPI
Lorsque l'œuvre a été divulguée, l'auteur ne peut interdire : [...]
7° La reproduction et la représentation par des personnes morales et par les établissements ouverts au
public, tels que bibliothèques, archives, centres de documentation et espaces culturels multimédia, en vue
d'une consultation strictement personnelle de l'œuvre par des personnes atteintes d'une ou de plusieurs
déficiences des fonctions motrices, physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, dont le
niveau d'incapacité est égal ou supérieur à un taux fixé par décret en Conseil d'Etat, et reconnues par la
commission départementale de l'éducation spécialisée, la commission technique d'orientation et de
reclassement professionnel ou la commission des droits et de l'autonomie des personnes handicapées
mentionnée à l'article L. 146-9 du code de l'action sociale et des familles, ou reconnues par certificat
médical comme empêchées de lire après correction. Cette reproduction et cette représentation sont
assurées, à des fins non lucratives et dans la mesure requise par le handicap, par les personnes morales
et les établissements mentionnés au présent alinéa, dont la liste est arrêtée par l'autorité administrative.
Les personnes morales et établissements mentionnés au premier alinéa du présent 7° doivent apporter la
preuve de leur activité professionnelle effective de conception, de réalisation et de communication de
supports au bénéfice des personnes physiques mentionnées au même alinéa par référence à leur objet
social, à l'importance de leurs membres ou usagers, aux moyens matériels et humains dont ils disposent
et aux services qu'ils rendent.
A la demande des personnes morales et des établissements mentionnés au premier alinéa du présent 7°,
formulée dans les dix ans suivant le dépôt légal des œuvres imprimées, les fichiers numériques ayant
servi à l'édition des œuvres dont la date de dépôt légal est postérieure au 4 août 2006 sont déposés au
Centre national du livre ou auprès d'un organisme désigné par décret.
Le Centre national du livre ou l'organisme désigné par décret conserve sans limitation de date les fichiers
numériques ayant servi à l'édition de ces œuvres et les met à la disposition des personnes morales et des
établissements mentionnés au premier alinéa du présent 7° dans un standard ouvert au sens de l'article 4
de la loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l'économie numérique. Il garantit la
confidentialité de ces fichiers et la sécurisation de leur accès.
Les personnes morales et les établissements mentionnés au premier alinéa du présent 7° détruisent les
fichiers mis à leur disposition une fois effectué le travail de conception, de réalisation et de communication
de supports au bénéfice des personnes physiques mentionnées au même premier alinéa ;
 Article L. 122-5 CPI
Lorsque l'œuvre a été divulguée, l'auteur ne peut interdire : [...]
8° La reproduction d'une œuvre et sa représentation effectuées à des fins de conservation
ou destinées à préserver les conditions de sa consultation à des fins de recherche ou
d'études privées par des particuliers, dans les locaux de l'établissement et sur des terminaux
dédiés par des bibliothèques accessibles au public, par des musées ou par des services
d'archives, sous réserve que ceux-ci ne recherchent aucun avantage économique ou
commercial ;
9° La reproduction ou la représentation, intégrale ou partielle, d'une œuvre d'art graphique,
plastique ou architecturale, par voie de presse écrite, audiovisuelle ou en ligne, dans un but
exclusif d'information immédiate et en relation directe avec cette dernière, sous réserve
d'indiquer clairement le nom de l'auteur.
Le premier alinéa du présent 9° ne s'applique pas aux œuvres, notamment photographiques
ou d'illustration, qui visent elles-mêmes à rendre compte de l'information.
Les reproductions ou représentations qui, notamment par leur nombre ou leur format, ne
seraient pas en stricte proportion avec le but exclusif d'information immédiate poursuivi ou
qui ne seraient pas en relation directe avec cette dernière donnent lieu à rémunération des
auteurs sur la base des accords ou tarifs en vigueur dans les secteurs professionnels
concernés.
Les exceptions énumérées par le présent article ne peuvent porter atteinte à l'exploitation
normale de l'œuvre ni causer un préjudice injustifié aux intérêts légitimes de l'auteur.
Les modalités d'application du présent article, notamment les caractéristiques et les
conditions de distribution des documents mentionnés au d du 3°, l'autorité administrative
mentionnée au 7°, ainsi que les conditions de désignation des organismes dépositaires et
d'accès aux fichiers numériques mentionnés au troisième alinéa du 7°, sont précisées par
décret en Conseil d'Etat.
 Exceptions ?
n Analyses et courtes citations
(article L. 122-5, 3°, a)
n Revues de presse
(article L. 122-5, 3°, b)
n Diffusion des discours publics
(article L. 122-5, 3°, c)
n Parodies, pastiches et caricatures
(article L. 122-5, 4°)
n Reproductions d’œuvres d’art
dans les catalogues de vente
publique (article L. 122-5, 3°, d)
n Reproductions et représentations
pour les personnes handicapées
(article L. 122-5, 7°)
n Reproductions et représentations
d’œuvres d’art par voie de presse
(article L. 122-5, 9°, alinéa 1er)
Limites ?
n Représentations privées dans le
cercle de famille
(article L. 122-5, 1°)
n Reproductions à l’usage
personnel du copiste
(article L. 122-5, 2°)
n Reproductions provisoires
(article L. 122-5, 6°)
n Reproductions de remplacement
à titre conservatoire
(article L. 122-5, 8°)
Licences obligatoires ?
n Utilisation d’extraits d’œuvres à
titre pédagogique
(article L. 122-5, 3°, e)
 Article L. 122-5 CPI 2017
10° Les copies ou reproductions numériques réalisées à partir d'une source licite, en
vue de l'exploration de textes et de données incluses ou associées aux écrits
scientifiques pour les besoins de la recherche publique, à l'exclusion de toute finalité
commerciale. Un décret fixe les conditions dans lesquelles l'exploration des textes et
des données est mise en œuvre, ainsi que les modalités de conservation et de
communication des fichiers produits au terme des activités de recherche pour
lesquelles elles ont été produites ; ces fichiers constituent des données de la
recherche ;

11° Les reproductions et représentations d'œuvres architecturales et de sculptures,

placées en permanence sur la voie publique, réalisées par des personnes physiques,
à l'exclusion de tout usage à caractère commercial.

Les reproductions ou représentations qui, notamment par leur nombre ou leur format,
ne seraient pas en stricte proportion avec le but exclusif d'information immédiate
poursuivi ou qui ne seraient pas en relation directe avec cette dernière donnent lieu à
rémunération des auteurs sur la base des accords ou tarifs en vigueur dans les
secteurs professionnels concernés.
Les exceptions énumérées par le présent article ne peuvent porter atteinte à
l'exploitation normale de l'oeuvre ni causer un préjudice injustifié aux intérêts légitimes
de l'auteur.
Les modalités d'application du présent article, notamment les caractéristiques et les
conditions de distribution des documents mentionnés au d du 3°, sont précisées par
décret en Conseil d'Etat.
Section 3 : Quelle est la durée
du droit d’exploitation ?
I. La durée des œuvres
individuelles
II. La durée des œuvres de
collaboration
III. La durée des œuvres
anonymes, pseudonymes et
collectives
Quelle est la durée
du droit
d’exploitation ?
Historique

n Décret des 13-19 janvier 1791 relatif au spectacle

5 ans après la mort de l’auteur

n Décret des 19-24 juillet 1793

10 ans après la mort de l’auteur

n Décret du 5 février 1810

20 ans après la mort de l’auteur

n Loi des 8-19 avril 1854

30 ans après la mort de l’auteur ou après extinction des
droits de la veuve de l’auteur

n Loi du 14 juin 1866

50 ans après la mort de l’auteur
Historique

n Loi du 11 mars 1957

50 ans après la mort de l’auteur, du dernier coauteur
(œuvres de collaboration) ou de la publication de l’œuvre
(œuvres anonymes, pseudonymes et collectives)

n Loi du 3 juillet 1985

70 ans après la mort de l’auteur pour les compositions
musicales avec ou sans paroles
50 ans pour les autres œuvres.

n Directive européenne du 29 octobre 1993

70 ans après la mort de l’auteur

n Loi du 27 mars 1997

70 ans après la mort de l’auteur
Justification

n Justification du caractère temporaire du

droit
● Éviter la multiplication des ayants droit.
● Permettre au public d’avoir plus aisément
accès à l’œuvre.

n Justification de la durée de protection

● Correspondre à peu près à la durée de vie de
deux générations d’héritiers.
● Faire en sorte que toutes les œuvres tombent
dans le domaine public en même temps dans
tous les pays de l’Union européenne.
 Règle

n L'auteur jouit, sa vie durant, du droit exclusif

d'exploiter son œuvre sous quelque forme que
ce soit et d'en tirer un profit pécuniaire.

Au décès de l'auteur, ce droit persiste au

bénéfice de ses ayants droit pendant l'année
civile en cours et les soixante-dix années qui
suivent.

Article L. 123-1 CPI

 Exemple

Pour un auteur mort le 8 septembre 2008 :

La durée totale de protection post mortem sera
de 70 ans et 124 jours
L’œuvre tombera donc dans le domaine public
à compte du 1er janvier 2079.
 Règle

n Pour les œuvres de collaboration, l'année

civile prise en considération est celle de la mort
du dernier vivant des collaborateurs.

Article L. 123-2 CPI

 Explication

n Pour les œuvres de collaboration, les ayant droits de

coauteurs décédés bénéficient du fait qu’il reste encore
un coauteur vivant.
Ce n’est donc qu’à compter de l’année suivant le décès
du dernier coauteur que la durée post mortem auctoris
commencera à être décomptée.

Exemple : les albums d’Astérix et Obélix écrits par René

Goscinny et dessinés par Albert Uderzo ne tomberont
que 70 ans après l’année civile qui a suivi la mort
d’Albert Uderzo (le 24 mars 2020).
 Règle

n Pour les œuvres pseudonymes, anonymes ou

collectives
La durée du droit exclusif est de soixante-dix années à
compter du 1er janvier de l'année civile suivant celle où
l'œuvre a été publiée. La date de publication est
déterminée par tout mode de preuve de droit commun, et
notamment par le dépôt légal.
[…]

Lorsque le ou les auteurs d'œuvres anonymes ou

pseudonymes se sont fait connaître, la durée du droit
exclusif est celle prévue aux articles L. 123-1 ou L.
123-2.

Article L. 123-2 CPI

Explication

n Une œuvre anonyme est une œuvre réalisée par un

auteur qui ne souhaite pas faire connaître son identité.

n Une œuvre pseudonyme est une œuvre réalisée par

un auteur qui prend un nom d’emprunt.
Si l’anonymat est levé par l’auteur ou si l’usage du
pseudonyme est « transparent », la durée du droit
d’exploitation est calculée comme pour un auteur
identifié.

Exemple : l’identité de l’auteur du livre publié en 1983

sous le titre « Les cornichons au chocolat » et sous le
pseudonyme « Stéphanie » est désormais dévoilée. Il
s’agit de Philippe Labro.
Section 4 : Qu’est-ce que la
contrefaçon ?
I. Le délit civil de contrefaçon
II. Le délit pénal de contrefaçon
Qu’est-ce que la
contrefaçon ?
 Règle

n Toute représentation ou reproduction

intégrale ou partielle faite sans le
consentement de l'auteur ou de ses
ayants droit ou ayants cause est illicite. Il
en est de même pour la traduction,
l'adaptation ou la transformation,
l'arrangement ou la reproduction par un
art ou un procédé quelconque.

Article L. 122-4 CPI

 Règle

n Toute édition d'écrits, de composition

musicale, de dessin, de peinture ou de toute
autre production, imprimée ou gravée en
entier ou en partie, au mépris des lois et
règlements relatifs à la propriété des
auteurs, est une contrefaçon et toute
contrefaçon est un délit.
La contrefaçon en France d'ouvrages
publiés en France ou à l'étranger est punie
de trois ans d'emprisonnement et de
300 000 euros d'amende.

Article L. 335-2, al. 1 et 2 CPI

 Règle

n Est également un délit de contrefaçon

toute reproduction, représentation ou
diffusion, par quelque moyen que ce soit,
d'une oeuvre de l'esprit en violation des
droits de l'auteur, tels qu'ils sont définis et
réglementés par la loi.

Article L. 335-3, al. 1er CPI

 Explication

n La contrefaçon se définit comme toute

violation du droit de l’auteur (droit
d’exploitation ou droit moral).
n Elle peut constituer un délit civil et
faire l’objet d’une assignation en justice
devant le tribunal judiciaire, ex-tribunal
de grande instance (compétence
exclusive de cette juridiction).
n Elle peut également constituer une
infraction (délit pénal) et faire l’objet
d’un procès devant le tribunal
correctionnel.
 Explication

n Le délit civil peut aboutir à la condamnation

du contrefacteur à verser :
- à titre principal, des dommages-intérêts ;
- à titre complémentaire, le rappel, la
confiscation (voire la destruction) des œuvres
contrefaisantes et du matériel ayant servi à les
produire, ainsi que la publication aux frais du
contrefacteur de la décision de justice.
n L’action civile en contrefaçon se prescrit
par 5 ans à compter du jour où le titulaire du
droit a eu connaissance ou aurait dû avoir
connaissance des faits fautifs.
 Explication

n Le délit pénal peut aboutir à la condamnation du

contrefacteur à :
- trois ans d’emprisonnement ;
- 300 000 euros d’amende.
Remarque : ces sanctions peuvent être doublées en
cas de récidive.
n Peuvent notamment être également prévues des
mesures complémentaires de confiscation ou de
destruction des œuvres contrefaisantes et du matériel
nécessaire à leur production, ainsi que des mesures de
publication de la décision de justice.
n L’action pénale en contrefaçon se prescrit par 3 ans
à compter de la consommation de l’infraction.