Vous êtes sur la page 1sur 46

Comp

DROIT D’AUTEUR ET DROITS VOISINS

Cours

1
Comp

DROIT D’AUTEUR ET DROITS VOISINS


CHAPITRE I : Généralités
Section I : Notions préliminaires.
La propriété intellectuelle a un double objectif moral et économique. Elle
garantit aux créateurs une reconnaissance et leur permet de tirer des
avantages économiques de leur création.
Deux aspects caractérisent la propriété intellectuelle :
- La propriété industrielle qui caractérise les inventions (brevets), les
marques, les dessins et modèles industriels et les indications
géographiques ;
- Et la propriété littéraire et artistique (PLA) qui regroupe :
 Le droit d’auteur ;
 Les droits voisins du droit d’auteur ou droits connexes.
§I : Notions de droit d’auteur et droits voisins
Le droit d’auteur et les droits voisins sont l’affirmation
juridique du fait que les auteurs, les compositeurs, les éditeurs,
les artistes interprètes ou exécutants, les producteurs de
phonogrammes et les organismes de radiodiffusion jouissent, sur
leurs œuvres de l’esprit, d’un droit de propriété incorporelle,
exclusif et opposable à tous1.

A: Notion de droit d’auteur


1
Préface, loi 2005-30 du 10 avril 2006 relative à la protection du droit d’auteur et des droits voisins.

2
Comp

Le droit d’auteur est l’affirmation et la reconnaissance juridique du fait


que les créateurs d’œuvres de l’esprit ont un droit de propriété incorporel,
exclusif et opposable à tous sur leurs créations.
Le droit d’auteur protège les œuvres littéraires et artistiques que sont
entre autres, les romans, les poèmes et les pièces de théâtre, les films, les
œuvres musicales, les œuvres d’art telles que les dessins, peintures,
photographies et sculptures, ainsi que les créations architecturales.
L’article 8 de la loi 2005-30 du 10 avril 2006 relative à la protection du
droit d’auteur et des droits voisins en République du Bénin donne une
liste exhaustive des œuvres de l’esprit protégées par la législation
nationale.
Il ne faut pas confondre le droit d’auteur et les droits d’auteur. Les droits
d’auteurs c’est tous les types de rémunérations que perçoit tout créateur
(auteur) toutes les fois que ses œuvres sont utilisées.
Il est aussi nécessaire de faire une distinction entre droit d’auteur et
cachet artistique.
Le cachet artistique est la rémunération payée à un artiste par un
entrepreneur de spectacle. Son montant et les modalités de son paiement
sont déterminés et réglés d’accord-parties.
Le droit d’auteur comprend des attributs d’ordre moral et des attributs
d’ordre patrimonial.
Droit d’auteur et Copyright: Ce sont deux notions différentes.
Le copyright traduit la vision anglo-saxonne du droit d’auteur.
Le droit d’auteur protège l’auteur alors que le copyright se focalise sur
l’exploitation économique de l’œuvre.
Contrairement au droit d’auteur, le copyright ne protège pas l’auteur mais
son œuvre.

3
Comp

Le copyright s’applique dans les pays adoptant le « common law »


Royaume- Uni, Australie, Canada, Etats- Unis.
B : Notion de droits voisins ou droits connexes
Les droits voisins du droit d’auteur ou droits connexes se composent de
trois catégories de titulaires de droit qui constituent les auxiliaires de la
création :
- les artistes interprètes ou exécutants pour leur prestation ;
- les producteurs de phonogrammes pour leur enregistrement ;
- et les organismes de radiodiffusion pour leurs programmes
radiodiffusés et télévisés.
Pour chaque catégorie, la loi prévoit des droits exclusifs de faire ou
d’autoriser un certain nombre d’acte.
La nécessité d’accorder une protection juridique à ces trois groupes a été
reconnue dans la Convention de Rome de 1961, qui tendait à instaurer
une réglementation internationale dans un nouveau domaine, où il existait
encore peu de lois nationales. En d’autres termes, la plupart des États
devaient normalement rédiger et adopter de nouvelles lois avant d’adhérer
à la convention. Bien qu’elle soit imparfaite et nécessite une révision, la
Convention de Rome reste le seul instrument international de référence
pour la protection dans ce domaine. Tout comme en droit d’auteur, la
Convention de Rome et les lois nationales prévoient des exceptions aux
droits, qui autorisent l’usage privé, l’utilisation de courts extraits et
l’utilisation à des fins d’enseignement ou de recherche scientifique.
Les atteintes aux droits voisins ou la violation de ces droits donnent lieu à
des mesures conservatoires ou provisoires et à l’application de sanctions,
civiles ou pénales, de mesures à la frontière et de mesures et sanctions
contre toute violation de dispositifs techniques.

4
Comp

Le plus récent traité dans le domaine des droits voisins, le WPPT, étend la
portée de la protection des droits des artistes interprètes ou exécutants et
des producteurs de phonogrammes en abordant “l’ère du numérique” avec
des dispositions assurant une protection contre l’exploitation sous forme
numérique d’œuvres protégées, y compris sur Internet.

Il est important de noter que, dans de nombreux pays en développement,


les droits voisins peuvent aussi servir à protéger les différentes formes
d’expression de la culture, en grande partie orale et non enregistrée. La
protection des droits voisins s’inscrit donc désormais dans un ensemble
beaucoup plus vaste et constitue un élément clé de la participation au
nouveau système d’échanges et d’investissements internationaux.

Section II: Les Sources du Droit d’Auteur et des Droits Voisins.


On distingue les sources internationales, les sources nationales et les sources
jurisprudentielles.

§ I : les sources internationales

La convention de Berne relative à la protection des œuvres littéraires et


artistiques (9 septembre 1886) :

C’est le premier traité pour la protection des œuvres littéraires et artistiques .Elle a
été révisée plusieurs fois. La dernière révision a été adoptée à Paris en 1971.

La déclaration universelle des Droits de l’Homme et du citoyen proclamée par


les Nations-Unies le 10 décembre 1948 ;

Elle déclare en son article 27 que : « chacun a droit à, la protection des intérêts
moraux et matériels découlant de toute production scientifique, littéraire ou
artistique dont il est l’auteur ».

La convention instituant l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle


(14 juillet 1967) ;

5
Comp

La convention universelle sur le droit d’auteur (6 septembre 1952) administrée


par l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture
(UNESCO) ;

La convention Satellite de Bruxelles (21 mai 1974) concernant la distribution de


signaux porteur de programme transmis par satellite ;

L’Accord sur les ADPIC (annexe relative à la propriété intellectuelle de la


Convention instituant l’Organisation Mondiale du Commerce) du 15 avril 1994 ;
L’accord sur les Aspects de Droits de Propriété Intellectuelle qui touchent au Commerce(ADPIC)
est l’un des accords qui découlent des négociations commerciales du cycle d’Uruguay. Il est
administré par l’Organisation mondiale du commerce.

La convention de Rome du 26 octobre 1961, pour la protection des artistes


interprètes ou exécutants, des producteurs de phonogrammes et des organismes de
radiodiffusion ;

Le Traité de l’OMPI sur le droit d’auteur (WCT-20 décembre


1996) :
Ce traité répond au besoin de protéger les œuvres pouvant être transmises par des moyens
numériques, y compris par internet .La matière devant être protégée au titre du droit d’auteur par
le WCT englobe les programmes d’ordinateur quel que soit le mode ou la forme de leur
expression, et les compilations de données ou d’autres éléments, (bases de données) sous toutes
les formes, qui, par le choix ou la disposition des matières, constituent des créations
intellectuelles.

Le Traité de l’OMPI sur les interprétations et exécutions et les phonogrammes


(WPPT-20 décembre 1996) ;

Le Traité de Beijing sur les interprétations et exécutions audiovisuelles (24 juin


2012) ;

Accord de Bangui du 02 mars 1977 instituant une Organisation Africaine de la


Propriété Intellectuelle, révisé en 1999 et 2015 (Annexe VII).

6
Comp

Ce texte reconnait le droit moral ainsi que les droits patrimoniaux exclusifs sur la reproduction, la
traduction, l’adaptation, la distribution (par vente, par location ou prêt), la représentation ou
l’exécution, la communication par radiodiffusion ou par câble de l’œuvre.

Le traité de Marrakech visant à faciliter l’accès des aveugles, des déficients


visuels et des personnes ayant d’autres difficultés de lecture des textes
imprimés aux œuvres publiées (2013).

§II : les sources nationales

La loi 91-006 du 25 février 1991 portant charte culturelle en République du Bénin ;

La loi 2005-30 du 10 avril 2006 relative à la protection du droit d’auteur et des


droits voisins en république du Bénin ;

Les décrets d’application ;

Les arrêtés d’application ;

Les notes de services.

§III : Sources jurisprudentielles

7
Comp

CHAPITRE II : Le Droit d’auteur


Le droit d’auteur fait partie des droits de propriété intellectuelle, qui concernent la
protection de l’œuvre de l’esprit humain. Le droit d’auteur est le droit qui protège
les œuvres littéraires et artistiques. Il s’agit notamment des écrits, des œuvres
musicales, des œuvres d’art, telles que les œuvres de peinture et de sculpture, et des
œuvres utilisant des techniques informatiques comme par exemple les programmes
d’ordinateur et les bases de données électroniques.

Section I : L’objet du droit d’Auteur

L’activité créatrice reste l’élément essentiel quant à protection d’une œuvre.


L’œuvre ne peut donc être protégée par le droit d’auteur que si elle procède d’une
activité créatrice.

Le droit d’auteur protège ainsi l’expression d’une conception, et non les idées. A
titre d’exemple, ne ferait pas l’objet d’une protection la simple intrigue consistant à
relater l’histoire de 2 jeunes gens qui s’aiment en dépit d’obstacles familiaux ou
ayant trait à des différences de classe sociale. Par contre, si l’on met cette intrigue
générale en forme dans un synopsis, une nouvelle ou une pièce de théâtre, par
exemple, son expression dans cette nouvelle ou cette pièce ou ce synopsis sera
protégée.

8
Comp

La Convention de Berne (1886), qui est la plus ancienne des Conventions


internationales régissant le droit d’auteur, dispose, en son article 2 :“Les termes
“œuvres littéraires et artistiques” comprennent toutes les productions du domaine
littéraire, scientifique et artistique, quel qu’en soit le mode ou la forme d’expression,
telles que : les livres, brochures et autres écrits; les conférences, allocutions,
sermons et autres œuvres de même nature; les œuvres dramatiques ou dramatico-
musicales; les œuvres chorégraphiques et les pantomimes; les compositions
musicales avec ou sans paroles; les œuvres cinématographiques, auxquelles sont
assimilées les œuvres exprimées par un procédé analogue à la cinématographie; les
œuvres de dessin, de peinture, d’architecture, de sculpture, de gravure, de
lithographie; les œuvres photographiques, auxquelles sont assimilées les œuvres
exprimées par un procédé analogue à la photographie; les œuvres des arts appliqués;
les illustrations, les cartes géographiques; les plans, croquis et ouvrages plastiques
relatifs à la géographie, à la topographie, à l’architecture ou aux sciences. [.....]Sont
protégées comme des œuvres originales, sans préjudice des droits de l’auteur de
l’œuvre originale, les traductions, adaptations, arrangements de musique et autres
transformations d’une œuvre littéraire ou artistique. [.....] Les recueils d’œuvres
littéraires ou artistiques tels que les encyclopédies et anthologies qui, par le choix ou
la disposition des matières, constituent des créations intellectuelles sont protégées
comme telles, sans préjudice des droits des auteurs sur chacune des œuvres qui font
parties de ces recueils».

Il faut préciser que cette liste n’est qu’indicative et non exhaustive. L’expression
«telles que» ouvre la protection à d’autres formes de création que celles qui sont
énoncées dans la liste.

Il n’est pas nécessaire que l’œuvre littéraire ou artistique considérée soit de qualité
ou présente un mérite artistique. Elle doit cependant être originale et revêtir une
forme. L’article2 de la convention de Berne aborde un aspect important de la
protection qu’elle accorde aux œuvres dérivées.

9
Comp

§1 : La notion d’originalité

Une œuvre originale signifie que : « sa création doit avoir été indépendante et
présenté un minimum de créativité .Il ne faut pas confondre l’exigence d’originalité
avec la nouveauté, la valeur ou la séduction esthétique. Il faut plutôt que l’œuvre
soit une production indépendante de l’auteur et non uniquement une copie ou une
variation minime d’une œuvre existante »2.

Une œuvre peut donc être originale, même si elle présente une ressemblance ou une
similitude avec une autre œuvre .Prenons l’exemple de deux photographes qui
prennent séparément la photo de la place du souvenir à Cotonou. Chacun d’eux
bénéficiera de la protection du droit d’auteur sur son œuvre (pour autant que l’un
n’est pas copié l’autre).

Le sens exact du critère d’originalité varie d’un pays à l’autre, et c’est souvent la
jurisprudence qui l’a fixé. Dans les pays de « Common Law », cette exigence est
très limitée : il faut simplement que l’œuvre ne soit pas la copie d’une autre œuvre.
Une œuvre serait considérée comme originale dès lors que dans son élaboration
l’auteur aura manifesté un minimum d’habileté, de travail et de jugement. Au
contraire, dans les pays de droit civil, les critères sont souvent plus stricts; il peut
être nécessaire par exemple que l’œuvre porte la marque de la personnalité de
l’auteur. Un effort créatif est requis de l’auteur, qui exigerait davantage que
simplement de l’habileté, du jugement ou du travail.

§2 : La notion d’œuvres dérivées

Les œuvres dérivées sont des œuvres issues d’autres œuvres qui leur sont
antérieures.

Un autre aspect important de l’article 2 de la Convention de Berne consiste dans la


protection qu’il accorde à ce qu’il est convenu d’appeler les «œuvres dérivées ». Il

2
D. E. Bouchoux, Lapropriété intellectuelle : Le des marques, le droit d’auteur, le droit des brevets d’invention et des
secrets commerciaux ;Nouveaux Horizons – ARS, Paris, 2007.p 140.

10
Comp

s’agit d’œuvres qui sont issues d’autres œuvres qui leur sont antérieures. Comme
exemples d’œuvres dérivées, on pourra citer :

- les traductions ;
- les adaptations, comme par exemple un scénario de film tiré d’un roman ;
- les arrangements de musique, comme par exemple une version orchestrale d’une
œuvre initialement conçue pour piano ;
- toute forme de modification d’une œuvre, telle une version abrégée d’un roman ;
- les compilations d’œuvres littéraires et artistiques, comme les encyclopédies et
anthologies. Pour cette catégorie d’œuvres, l’originalité consiste dans la sélection et
l’arrangement des matières qui composent la compilation.

Il importe de souligner que l’auteur d’une œuvre dérivée devrait s’assurer que les
droits de l’auteur sur l’œuvre initiale ont été respectés, avant de se lancer dans son
projet (par exemple une traduction). Ainsi l’auteur qui envisagerait de traduire un
roman dans une autre langue devrait obtenir une autorisation, à cet effet, de l’auteur
du roman à traduire. Une traduction effectuée sans autorisation l’exposerait à une
poursuite en violation de droit d’auteur.

Section II : Les titulaires du droit d’auteur

L’œuvre littéraire ou artistique peut être créée par une ou plusieurs personnes.

§1 : L’œuvre créée par une personne

A : Pour son propre compte

L’auteur d’une œuvre est défini en droit béninois comme la personne physique qui
a créé l’œuvre. En droit OAPI, il est définit comme le titulaire originaire des droits
moraux et patrimoniaux sur son œuvre (art.32. accord. Bangui. Annexe VII).
En principe, seule une personne physique peut être titulaire originaire de droit. Ainsi une
personne morale ne peut donc créer une œuvre de l’esprit. Toutefois la cour de cassation
a estimé qu’une « personne morale ne peut être investie à titre originaire des droits

11
Comp

d’auteur que dans le cas où une œuvre collective est créée à son initiative et divulguée
en son nom »3.
Dans le cas des œuvres anonymes ou pseudonymes, les auteurs de ces œuvres sont les
titulaires originaires des droits. Conformément aux dispositions de l’article 6.al.2 de la loi
2005-30, « Ils sont représentés dans l’exercice de ces droits par l’éditeur ou le diffuseur
originaire tant qu’ils n’auront pas déclaré leur identité civile et justifié de leur qualité ».
B : Dans le cadre d’un contrat de travail ou sur commande

Au terme de l’art.5.al 2 de la loi 2005-30 : « Dans le cas d’une œuvre créée par un
auteur pour le compte d’une personne physique ou morale ci-après dénommée
« employeur », dans le cadre d’un contrat de travail et de son emploi, sauf
disposition contraire du contrat, le titulaire originaire des droits moraux et
patrimoniaux est l’auteur, mais les droits patrimoniaux sur cette œuvre sont
considérés comme transférés à l’employeur dans la mesure justifiée par les activités
habituelles de l’employeur au moment de la création de l’œuvre ».

En d’autres termes, dès que l’on sort du cadre des activités habituelles de
l’employeur, l’auteur reprend ses droits et peut ainsi exploiter ses œuvres.

Ce principe résulte des dispositions de l’art.35 annexe VII Accord de Bangui révisé.
S’agissant d’une commande, l’Accord de Bangui précise que, les droits
patrimoniaux sur l’œuvre commandée sont considérés comme transférés au
commanditaire au moment de la création de l’œuvre.

§2 : L’œuvre créée par plusieurs auteurs

A : Les œuvres de collaboration

Au terme de l’article 1er de la loi 2005-30 l’œuvre de collaboration s’entend


d’ « une œuvre dont la réalisation est issue du concours de deux ou plusieurs
auteurs indépendamment du fait que cette œuvre constitue un ensemble indivisible
ou qu’elle se compose de parties ayant un caractère de création autonome ».

3
Cass. Civ 1e , 17 mars 1982, JCP G 1983, 11, 20054, note R.PLAISANT

12
Comp

L’œuvre de collaboration est la propriété commune des coauteurs.

Lorsque la participation de chacun des coauteurs relève de genres différents, chacun


peut, sauf convention contraire, exploiter séparément sa partie à condition de ne pas
porter préjudice à l’exploitation de l’œuvre commune.

B : Les œuvres collectives

L’œuvre collective est au terme de l’article 1er de la loi 2005-30, « une œuvre créée
par plusieurs auteurs à l’initiative et sous la responsabilité d’une personne physique
ou morale qui la publie sous son nom, et dans laquelle les contributions des auteurs
qui ont participé à la création de l’œuvre se fondent dans l’ensemble de l’œuvre,
sans qu’il soit possible d’identifier les diverses contributions et leurs auteurs ».

Les dictionnaires, les journaux, les encyclopédies sont, par exemple, qualifiés
d’œuvres collectives.

L’œuvre collective est, sauf preuve contraire, la propriété de la personne physique


ou morale sous le nom de laquelle elle est divulguée.

C : Les œuvres composites ou dérivées

Il s’agit ici des créations qui sont élaborées à partir d’une première œuvre due à un
auteur. Les œuvres composites sont aussi appelées œuvres dérivées parce que
provenant d’une œuvre préexistante.

L’exemple de guides touristiques intégrant des photographies originales d’œuvres


traduit la qualification d’œuvre composite. Ici l’œuvre intégrée qu’est la
photographie peut être individualisée comme telle dans la nouvelle œuvre qu’est le
guide touristique.

L’œuvre composite est la propriété de l’auteur qui l’a réalisée, sous réserve des
droits de l’auteur de l’œuvre préexistante.

Section III : Droits couverts par le droit d’auteur

13
Comp

Le titulaire du droit d’auteur sur une œuvre protégée peut utiliser l’œuvre comme il
le souhaite, et peut interdire à autrui de l’utiliser sans son autorisation. Ainsi, les
droits accordés par les législations nationales au titulaire du droit d’auteur sur une
œuvre protégée sont généralement des droits exclusifs : le titulaire a le droit
d’autoriser une autre personne à faire usage de l’œuvre, sous réserve des droits
reconnus à des tiers. V. art 4 al2 loi 2005-30.

Il y a deux types de droits couverts par le droit d’auteur : le droit patrimonial, qui
permet au titulaire de recevoir une rémunération à raison de l’utilisation de son
œuvre par d’autres, et le droit moral, qui permet à l’auteur de prendre certaines
mesures pour préserver le lien personnel existant entre lui-même et son œuvre.

§ 1 : Les droits patrimoniaux

Le titulaire du droit d’auteur jouit d’un éventail de droits différents qui sont
régis en partie par la Convention de Berne, dans laquelle sont définis des droits
minimums, et en partie par la législation nationale, qui étend souvent la portée de
ces droits. Le droit de reproduction est, par exemple, applicable à la reproduction de
livres ainsi qu’à la réalisation de photocopies – mais également à des méthodes plus
modernes de reproduction, telles que l’enregistrement sur bande et la reproduction
de tels enregistrements. Il est applicable au stockage d’œuvres dans les mémoires
d’ordinateur et, bien entendu, à la reproduction de programmes d’ordinateur sur
disquettes, sur disques compacts ROM, ou sur disques compacts ROM
réinscriptibles.

Le droit d’interprétation et d’exécution est également un droit chargé d’une


longue histoire. Vous interprétez ou vous exécutez une œuvre lorsque vous jouez un
air ou lorsque vous interprétez une pièce de théâtre; au fil des ans, ce droit a donné
naissance à un certain nombre d’autres droits, tels que le droit de radiodiffusion et
le droit de communication au public , ce dernier étant parfois défini différemment
d’une législation nationale à l’autre : tantôt la radiodiffusion fait partie de la

14
Comp

communication au public, tantôt ces deux notions sont parallèles, mais, en règle
générale, tous les types de communication sont couverts par ce droit, la
radiodiffusion ne constituant qu’un type de communication, et la distribution par
câble ou par Internet, par exemple, en constituant un autre.

A : Le Droit de reproduction

Le droit qu’a le titulaire du droit d’auteur d’interdire à une autre personne de faire
des copies de son œuvre est le plus fondamental des droits regroupés sous le nom
de droit d’auteur.

1 : les prérogatives
L’art.1de la loi 2005- 30 du 10 avril 2006 définit la reproduction comme « la
fabrication d’un ou plusieurs exemplaires d’une œuvre ou d’un phonogramme ou
d’une partie d’une œuvre ou d’un phonogramme, dans une forme quelle qu’elle soit,
y compris l’enregistrement sonore et et le stockage permanent ou temporaire d’une
œuvre ou d’un phonogramme sous forme électronique ». Par exemple, la réalisation
de copies d’une œuvre protégée est l’acte qu’accomplit un éditeur qui souhaite
diffuser des copies d’une œuvre constituée d’un texte au public, soit sous forme de
textes imprimés, soit par des moyens électroniques comme un CD-ROM. De même,
le droit d’un producteur de phonogrammes de fabriquer et de distribuer des disques
contenant des interprétations ou exécutions enregistrées d’œuvres musicales se
fonde en partie sur l’autorisation donnée par les compositeurs de ces œuvres de
reproduire leurs compositions dans l’enregistrement. Par conséquent, le droit de
maîtriser l’acte de reproduction est le fondement juridique de nombreuses formes
d’exploitation des œuvres protégées.

Les législations nationales reconnaissent d’autres droits en sus du droit fondamental


de reproduction. Par exemple, certaines législations prévoient le droit d’autoriser la
distribution de copies de l’œuvre; de toute évidence, le droit de reproduction
n’aurait qu’une faible valeur économique si le titulaire du droit d’auteur ne pouvait

15
Comp

autoriser la distribution des copies faites avec son consentement. Le droit de


distribution est généralement épuisé après la première vente (ou transfert de
propriété) de la copie, réalisée avec l’autorisation du titulaire des droits. Cela
signifie qu’une fois que le titulaire du droit d’auteur a vendu (ou cédé d’une autre
façon) son titre de propriété sur une copie d’une œuvre donnée, le propriétaire de la
copie peut en disposer sans autre permission du titulaire du droit d’auteur, la donner
ou même la revendre.

Certains actes de reproduction d’une œuvre constituent des exceptions à la règle


générale, dans la mesure où l’autorisation de l’auteur ou du titulaire des droits n’est
pas requise; on parle alors de “limitations” apportées aux droits.

2 : les limitations apportées aux droits


En matière de limitations au droit d’auteur, l’art. 13 de la loi 2005- 30 dispose en
son article 13 que « Lorsque l’œuvre a été licitement rendue accessible au public,
l’auteur ne peut en interdire les représentations ou exécutions privée, effectués
exclusivement dans un cercle de famille et ne donnant lieu à aucune forme de
recette , ou effectué gratuitement dans un établissement d’enseignement, à des fins
strictement éducatives ou scolaires u profit du personnel, des étudiants et de leur
famille ».

Conformément à la loi nationale, sont licites, la reproduction par la presse, par la


radiodiffusion, la télévision ou autres à des fins d’information :

- Les articles à caractère politique, économique ou socioculturel, publiés en


version originale ou en traduction;
- Les discours destinés au public prononcés dans les assemblées politiques,
judiciaires, administratives, religieuses, ainsi que dans les réunions publiques
d’ordre politique et les réunions officielles.

L’arrivée des techniques numériques, qui crée la possibilité d’effectuer des copies
de grande qualité pratiquement impossible à distinguer de l’original (et qui se

16
Comp

substituent donc parfaitement à l’acquisition des exemplaires autorisés ou à un accès


légitime à ces exemplaires), a remis en question le caractère justifié de cette
limitation du droit de reproduction.

Au sens strict, la première limitation est l’exclusion de certaines catégories


d’œuvres de la protection conférée par le droit d’auteur. Dans certains pays, les
œuvres sont exclues de la protection si elles ne sont pas fixées sous une forme
tangible; ainsi, une œuvre chorégraphique ne sera protégée que lorsque les
mouvements auront été écrits dans une notation chorégraphique ou enregistrés sur
bande vidéo. En outre, dans certains pays (mais pas dans tous), les textes de lois, les
décisions de justice et les décisions administratives sont exclus de la protection par
le droit d’auteur.

Au Bénin, l’article 9 de la loi 2005-30 exclu de la protection :

- Les textes officiels de nature législative, administrative ou judiciaire et leurs


traductions officielles ;
- Les nouvelles du jour ;
- Les idées, procédés, systèmes, méthodes de fonctionnement, concepts,
principes, découvertes ou simples données, même si ceux- ci sont énoncés,
décrits, expliqués, illustrés ou incorporés dans une œuvre.

La seconde catégorie de limitation des droits des auteurs et autres titulaires de droits
d’auteur concerne donc des actes d’exploitation spécifiques, nécessitant
normalement l’autorisation du titulaire des droits, mais qui peuvent, dans certaines
conditions fixées par la loi, être accomplis sans cette autorisation. On distingue deux
grands types de limitations dans cette catégorie :

1) les utilisations libres, qui constituent des actes d’exploitation d’œuvres, qui
peuvent être accomplis sans autorisation et sans obligation de verser un
dédommagement au titulaire des droits en contrepartie de l’utilisation;

17
Comp

2) les licences non volontaires, en vertu desquelles les actes d’exploitation peuvent
être accomplis sans autorisation, mais avec l’obligation de verser un
dédommagement au titulaire des droits.

Les exemples de libre utilisation couvrent :


- les citations tirées d’une œuvre protégée, à condition que la source de la citation, y
compris le nom de l’auteur, soit mentionnée et que la citation soit conforme aux
bons usages;

- l’utilisation d’œuvres à titre d’illustration aux fins de l’enseignement;

- et l’utilisation d’œuvres aux fins d’informations de presse. En ce qui concerne le


droit de reproduction, la Convention de Berne prévoit une règle générale plutôt que
des limitations explicitement détaillées : l’alinéa 2 de l’article 9 dispose que les
États membres peuvent prévoir la reproduction libre dans “certains cas spéciaux”
lorsque ces actes ne portent pas atteinte à l’exploitation normale de l’œuvre, ni ne
causent un préjudice injustifié aux intérêts légitimes de l’auteur. Ainsi qu’il est
mentionné plus haut, de nombreux textes de loi contiennent des dispositions
autorisant la reproduction d’une œuvre à des fins exclusivement personnelles,
privées ou non commerciales. Cependant, la facilité et la qualité avec lesquelles il
est possible de réaliser cette reproduction à des fins personnelles, grâce à
l’enregistrement sonore ou vidéo et au progrès technique récent, ont conduit certains
pays à réduire le champ d’application de telles dispositions. Dans certains systèmes
juridiques, la reproduction est autorisée mais il est aussi prévu un mécanisme de
dédommagement des titulaires de droits au titre du préjudice économique subi sous
la forme du paiement d’une taxe sur la vente des cassettes vierges et des
magnétophones.

Outre les utilisations libres prévues par les législations nationales, certains pays
reconnaissent dans leurs textes de loi la notion d’usage loyal ou d’acte loyal, qui
permet d’utiliser une œuvre sans l’autorisation du titulaire des droits, mais compte

18
Comp

tenu de l’un des facteurs suivants : nature et but de l’utilisation, y compris


l’utilisation à des fins commerciales; nature de l’œuvre utilisée; portion de l’œuvre
utilisée par rapport à l’ensemble de l’œuvre et l’incidence probable de cette
utilisation sur la valeur marchande potentielle de l’œuvre.

Ainsi qu’il est mentionné plus haut, les licences non volontaires permettent
d’utiliser une œuvre, dans certains cas, sans l’autorisation du titulaire des droits
mais, par l’effet de la loi, un dédommagement doit être versé au titre de l’utilisation.
On parle de licences “non volontaires” parce qu’elles sont autorisées par la loi et ne
résultent pas de l’exercice, par le titulaire du droit d’auteur, de son droit exclusif à
autoriser certains actes. Les licences non volontaires apparaissent généralement
lorsque est mise au point une nouvelle technique de divulgation d’œuvres auprès du
public et que le législateur national craint que les titulaires de droits empêchent le
développement de cette nouvelle technique en refusant d’autoriser l’utilisation de
leurs œuvres. On retrouve cette idée dans la Convention de Berne, qui reconnaît
deux formes de licences non volontaires aux fins, d’une part, de la reproduction
mécanique des œuvres musicales et, d’autre part, de la radiodiffusion. Cependant, il
convient de noter que le bien-fondé des licences non volontaires est de plus en plus
souvent remis en question car il existe aujourd’hui des solutions de rechange
efficaces permettant de rendre les œuvres accessibles au public, notamment les
autorisations délivrées par les titulaires de droits et la gestion collective des droits.

B : Droits de représentation publique, de radiodiffusion et de communication


au public

Généralement, les législations nationales considèrent comme représentation


publique toute interprétation ou exécution d’une œuvre dans un lieu où le public est
présent ou pourrait être présent, ou en un lieu non ouvert au public, mais où se
trouve réuni un nombre conséquent de personnes extérieures au cercle de famille et
à son entourage proche.

19
Comp

En vertu du droit de représentation, l’auteur ou l’autre titulaire du droit d’auteur


peut autoriser l’exécution ou interprétation d’une œuvre, par exemple la
représentation d’une pièce dans un théâtre ou l’exécution d’une symphonie par un
orchestre dans une salle de concert. La représentation publique comprend également
l’exécution au moyen de l’enregistrement; ainsi, les œuvres musicales constituées
par des phonogrammes sont considérées comme exécutées en public lorsque ces
phonogrammes sont mis en lecture sur un équipement amplificateur dans des lieux
tels qu’une discothèque, un aéronef ou un centre commercial.

Le droit de radiodiffusion désigne l’émission par un moyen de communication sans


fil à destination d’un public se trouvant à portée du signal, disposant d’un matériel
permettant la réception de sons ou d’images et de sons, qu’il s’agisse de signaux de
radio, de télévision ou de satellite.

Lorsqu’une œuvre est communiquée au public, un signal est diffusé par fil ou par
câble, signal qui ne peut être reçu que par des personnes ayant accès à l’équipement
relié au système de fil ou de câble.

Aux termes de la Convention de Berne, les titulaires du droit d’auteur ont le droit
exclusif d’autoriser la représentation publique, la radiodiffusion et la
communication au public de leurs œuvres.

C : Droits de traduction et d’adaptation


Pour pouvoir traduire ou adapter une œuvre protégée par le droit d’auteur, il faut
également avoir reçu l’autorisation du titulaire des droits. La traduction désigne
l’expression d’une œuvre dans une langue autre que celle de la version originale.
L’adaptation est généralement comprise comme la modification d’une œuvre en
vue de créer une autre œuvre, ce qui est le cas par exemple quand on adapte un
roman pour en faire un film, ou la modification d’une œuvre pour permettre des
conditions d’exploitation différentes; par exemple, un manuel prévu à l’origine pour

20
Comp

l’enseignement supérieur peut être adapté à l’intention d’élèves d’un niveau moins
élevé.

Les traductions et les adaptations sont des œuvres protégées par le droit d’auteur.
C’est pourquoi, afin de reproduire et publier une traduction ou une adaptation, on
doit obtenir l’autorisation du titulaire du droit d’auteur sur l’original et du titulaire
du droit d’auteur sur la traduction ou l’adaptation.

Les droits patrimoniaux du type mentionné ci-dessus peuvent être transférés ou


cédés à d’autres titulaires, généralement en contrepartie d’une rémunération
forfaitaire ou d’une redevance, suivant la destination de l’œuvre. Au contraire, le
deuxième type de droits, le droit moral, ne peut jamais être transféré. Le droit
moral demeure à l’auteur de l’œuvre.

Le support de l’œuvre en droit d’auteur revêt un caractère primordial et des droits


lui sont spécifiquement attachés. Il s’agit du droit de suite, du droit de distribution,
du droit de prêt et de location commerciale, du droit d’accès à l’œuvre. Nous nous
intéresserons ici à certains de ces droits.

D : Le droit de suite

Le droit de suite est un droit fondamental pour les auteurs des arts graphiques et
plastiques. Il consiste en un petit pourcentage que les marchands d’art leur versent
lors des reventes des œuvres aux enchères ou en galerie.

Le droit de suite garantie donc à l’artiste et sa famille la perception d’une


rémunération lors de chaque nouvelle cession des œuvres et permet de bénéficier
de la valorisation des créations .sans droit de suite, l’artiste ne percevrait aucune
rémunération après la première vente, alors pourtant que les sociétés de ventes
aux enchères, les marchands d’œuvres d’art et collectionneurs tirent profit de
l’évolution de la cote des œuvres, qui est due à la réputation de l’artiste

21
Comp

1 : les sources du droit de suite

Le droit de suite est reconnu dans le cadre des lois internationales sur le droit
d’auteur. Il est énoncé à l’article 14 de la convention de Berne, qui est le modèle
principal en matière de droit d’auteur dans le monde.

Il faut toutefois noter que le droit de suite n’est pas obligatoire et il est par
conséquent accordé sous condition de réciprocité .Autrement dit pour qu’un
artiste puisse percevoir le droit de suite, ce doit être reconnu non seulement dans
le pays où l’œuvre a été vendue mais aussi dans le pays d’origine de l’artiste.

La première loi relative au droit de suite a été promulguée en France en 1920.

Une directive de l’Union européenne, adoptée en 2001 généralise l’application du


droit de suite dans tous les pays de l’UE. Cette directive représente une avancée
majeure en faveur de la reconnaissance universelle de ce droit, qui existe
aujourd’hui dans plus de 70 pays à travers le monde .Cependant, en raison de son
caractère réciproque dans la convention de Berne, le fait qu’il ne soit toujours pas
reconnu dans certains pays ,parmi lesquels les principaux marchés de l’art comme
les Etats-Unis et la Chine ,constitue un obstacle de poids pour les artistes des arts
visuels .de par le monde .

Sur le plan interne, la loi 2005-30 du 10 avril 2006 relative à la protection du droit
d’auteur et des droits voisins en République du Bénin fait mention du droit de
suite dans ses dispositions. V. à ce sujet les arts.4. al 2. 110, 113 et 120 de la loi
2005-30.

2 : Importance du droit de suite

La spécificité des artistes plasticiens est que leur principale source de rémunération
est la vente matérielle de leurs œuvres originales. Les artistes, en particulier au
début de leur carrière, vendent généralement leurs œuvres à bas prix à des
collectionneurs ou à des marchands qui les conservent avant de les mettre sur le
marché une fois la cote de l’artiste bien assise. Alors que les sociétés de ventes aux
enchères et les galeries vivent de leur activité en prélevant leur commission, il
serait paradoxal que les artistes ne bénéficient pas de l’économie produite par
leurs œuvres sur le marché de l’art. Le droit de suite est l’unique moyen pour les
22
Comp

artistes de recevoir une part équitable de la richesse générée par leurs œuvres
après la première vente.

C’est pour cela que ce droit, qui n’est pas applicable aux premières ventes et donc
aux galeries qui font le travail de promotion des artistes, a été créé. Il permet aussi
de rétablir l’équilibre avec les auteurs des autres secteurs de la création
(compositeurs, scénaristes et réalisateurs, écrivains…) dont les droits de
reproduction et de communication au public sont sans commune mesure avec
ceux des plasticiens4.

3 : LE CADRE JURIDIQUE

Dans chacun des pays ayant adopté le droit de suite, la législation définit un cadre
pour calculer la somme revenant à un artiste lors de la revente de son œuvre .Cela
implique souvent un seuil (en dessous duquel aucun droit de suite ne s’applique),
les taux dont l’assiette est le prix de revente de l’œuvre et toutes autres conditions
ou exemptions.

A titre d’exemple, en France, le droit de suite s’applique aux ventes qui sont
réalisées après la première vente et dont le montant est supérieur ou égal à 750
euros. Bien que le montant varie légèrement d’un pays à l’autre, le droit de suite
suit une structure harmonisée dans toute l’UE depuis l’introduction de la Directive
de 2001.
E : Le droit de distribution
Le droit de distribution permet à l’auteur de contrôler la circulation de l’exemplaire
de son œuvre autorisé à la commercialisation.
En dehors de la France, qui reconnais à l’auteur un « droit de destination » lui
permettant de contrôler l’usage et la circulation des exemplaires matériels de son
œuvre (les livres, les supports sonores ou audiovisuels), les lois nationales
4
Même en appliquant le droit de suite, la quasi-totalité du prix de revente revient au vendeur. Cependant, l’argent perçu par les artistes, alors
même qu’il représente généralement qu’une somme insignifiante pour les vendeurs, constitue une source de revenus extrêmement importante
pour les intéressés. De fait, beaucoup d’artistes ont des revenus inférieurs au salaire médian de leur pays, par conséquent, la somme perçue sur
la revente de leurs œuvres constitue une part essentielle de leur revenu. D’autre part, lorsqu’un artiste décède, la nécessité de percevoir un
revenu sur la revente des œuvres demeure cruciale car les familles et les héritiers n’héritent pas seulement des droits sur l’œuvre, mais aussi de
la charge de gérer le patrimoine de l’artiste et notamment les frais d’entreposage, de conservation, de catalogage, de recherche et de

restauration des œuvres. En outre, il permet aux artistes et à leur famille de garder un lien avec leurs œuvres et d’avoir une idée de leur valeur

23
Comp

garantissent distinctement un droit de distribution. L’article 8.s al iii).al 1 de


l’annexe VII de l’accord de Bangui s’inscrit dans cette approche en visant le droit
exclusif de « distribuer des exemplaires de son œuvre au public par la vente ou par
tout autre transfert de propriété ou par location ou prêt ».
Le droit de distribution est également reconnu aux artistes interprètes et
exécutants.
Le traité de l’OMPI sur les interprétations et exécutions et les phonogrammes
(WPPT) dispose en son article 8 que : « Les artistes interprètes ou exécutants
jouissent du droit exclusif d’autoriser la mise à la disposition du public de l’original
et de copies de leurs interprétations ou exécution fixées sur phonogrammes par la
vente ou tout autre transfert de propriété ».
F : le droit de prêt et le droit de location commerciale
Au terme de l’article 8.sous al iii) de al1 de l’Accord de Bangui
révisé(2015), l’auteur d’une œuvre a le droit exclusif de « la distribution des
exemplaires de son œuvre au public par la vente ou par tout autre transfert de
propriété ou par location ou prêt ».Il s’agit ici d’une évolution car l’accord révisé en
1999 ne reconnaissait pas le droit au prêt mais seulement le droit de location.
Le droit au prêt est le droit d’autoriser, moyennant redevance, le prêt de
l’œuvre .Le droit de location donne aux auteurs et aux titulaires de droits voisins le
contrôle de la location des exemplaires.
G : le droit d’accès à l’œuvre
Pour empêcher le piratage et faciliter la gestion et le contrôle des droits, des
dispositifs techniques ont été élaborés. Au nombre de dispositifs techniques on
peut citer :

- le cryptage : c’est un processus qui transforme un fichier écrit à l’origine dans


un format pouvant être transformé en format brouillé “ grâce“ à l’application de
principes mathématiques. Le fichier brouillé ne peut être restauré en un format
accessible et utilisable qu’avec une autorisation qui se présente sous forme
d’une “ clé“ et permet de décrypter le fichier

- les signatures numériques : ce sont des algorithmes mathématiques qui sont


utilisés pour “signer“ et “sceller“ l’œuvre. Elles permettent d’identifier la source
de l’œuvre considérée et de vérifier si le contenu original des œuvres a été

24
Comp

modifié. Les signatures numériques fonctionnent essentiellement comme un


moyen d’authentification de l’œuvre.

- la stéganographie (ou “ dactyloscopie numérisée“ ou “ tatouage numérique“) :


c‘est une méthode de cryptage des informations numérisées à l’aide d’attribut
(message cachée) qui ne peuvent pas être dissocié du fichier contenant ces
informations.

- le système de brouillage de contenu (CSS) : il a été élaboré conjointement par


l’industrie cinématographique internationale, l’industrie de l’électronique grand
public et l’industrie des ordinateurs pour empêcher la reproduction illimitée de
film commercialisé sur DVD.

Exercices.

1 : Sur les énumérations de la liste suivante, citez celles qui ne sont pas des
œuvres de l’esprit protégées par le droit d’auteur.

a- les sculptures ;
b- les bases de données ;
c- les cartes géographiques ;
d- les plans ;
e- la loi 2005-30 du 10 avril 2006 relative à la protection du droit d’auteur et
des droits voisins en République du Bénin ;
f- le manuel de procédure administrative, financière et comptable.
g- Une plaidoirie.

2 : qui bénéficie du droit de suite et à quelles conditions.

3 : je suis bibliothécaire : puis-je autoriser les abonnés à emprunter un livre


pour le consulter chez eux ?

4 : je suis conservateur dans un service d’archives de mon pays ou dans une


bibliothèque : suis-je autorisé à reproduire des œuvres ?

5 : je veux reproduire les lois ou les décisions de justice rendues par les
tribunaux, suis-je contraint de payer des droits d’auteur ?

25
Comp

6 : un professeur de musique à l’INMAAC (UAC) a-t-il le droit de faire exécuter


par ses étudiants la chanson « Le mal du pays » de GG Vikey ? Qu’en est-il si
l’interprétation a lieu lors des journées culturelles de l’institut au cours d’un
concert auquel assistent le public et les parents ?

7 : les activités menées par les « copies-shops » installées sur le campus


d’Abomey-Calavi sont- elles licites ? Justifiez votre réponse.

§ II : Le droit moral

Les droits que l’on vient d’évoquer sont appelés droits patrimoniaux. Le droit moral
est différent il se compose de quatre (4) éléments.
A : Les éléments constitutifs du droit moral
1- le droit à la paternité. Il s’agit du droit de revendiquer la qualité d’auteur
d’une œuvre et de voir cette paternité reconnue. Fondamentalement, il s’agit
du droit de voir votre nom mentionné, par exemple, en cas de reproduction de
votre œuvre. Si vous avez écrit un livre, vous avez alors le droit, en vertu de
la loi, de voir votre nom mentionné en qualité d’auteur, ainsi que d’être cité
lorsque l’œuvre est utilisée, du moins dans des limites raisonnables.
2- le droit au respect de l’intégrité de l’œuvre, c’est-à-dire, le droit de s’opposer
à la déformation ou à l’utilisation de l’œuvre dans des contextes susceptibles de
porter préjudice à l’honneur ou à la réputation littéraire et artistique de l’auteur. Le
respect de ce droit est particulièrement important dans les contrats d’adaptation ou
de traduction. L’auteur peut, par exemple, s’opposer à l’utilisation de son œuvre
dans un contexte pornographique, si l’œuvre n’est pas, par nature, pornographique.
Il peut aussi s’opposer à une déformation de l’œuvre susceptible de porter atteinte à
son intégrité culturelle ou artistique ;
3- le droit de divulgation qui implique que l’on doit se garder de communiquer
l’œuvre au public avant son auteur ;
4- le droit de repentir ou de retrait
Il permet à l’auteur d’une œuvre d’en faire cesser l’exploitation ou d’en modifier
l’exploitation.
Conformément aux dispositions de l’article 7. Al 3 de l’Accord de Bangui révisé,
« L’auteur postérieurement à la publication de son œuvre, jouit d'un droit de repentir ou
de retrait vis à vis du cessionnaire. Il ne peut toutefois exercer ce droit qu'à charge
d'indemniser préalablement le cessionnaire du préjudice que ce retrait peut lui causer.
Lorsque postérieurement à l'exercice de son droit de repentir ou de retrait, l'auteur

26
Comp

décide de faire publier son œuvre, il est tenu d'offrir par priorité ces droits d'exploitation
au cessionnaire qu'il avait originairement choisi et aux conditions originairement
déterminées ».
Il faut souligner que la première révision de l’Accord de Bangui de 1999 ne reconnaissait
pas ce droit.
Quelques lois nationales reconnaissent ce droit : le code français de la propriété
intellectuelle en son Art. L. 121-4, la loi espagnole de 1996 en son Art. 14.6 et la loi
sénégalaise de 2008 en son Art. 29, la loi béninoise de 2005 en son article 4 (avant
donc l’Accord de Bangui révisé de 2015 en ce qui concerne les pays membres de
l’OAPI).

B : Dévolution successorale du droit moral


Le droit moral subsiste à la mort. Mais toutes les prérogatives du droit moral ne sont
pas transmissibles. Seuls sont en principe transmises le droit de paternité, le droit de
divulgation et le droit au respect de l’œuvre.
Par contre, le droit de repentir ou de retrait disparait après la mort de l’auteur. Il ne
pourra donc en aucun cas être invoqué par les successeurs de l’auteur.
En droit français, le code de la propriété intellectuelle dispose en son Art. L. 121-2. Al. 1
Que « L'auteur a seul le droit de divulguer son œuvre. Sous réserve des dispositions de
l'article L. 132-24, il détermine le procédé de divulgation et fixe les conditions de celle-ci.
Après sa mort, le droit de divulgation de ses œuvres posthumes est exercé leur vie
durant par le ou les exécuteurs testamentaires désignés par l'auteur. A leur défaut, ou
après leur décès, et sauf volonté contraire de l'auteur, ce droit est exercé dans l'ordre
suivant : par les descendants, par le conjoint contre lequel n'existe pas un jugement
passé en force de chose jugée de séparation de corps ou qui n'a pas contracté un
nouveau mariage, par les héritiers autres que les descendants qui recueillent tout ou
partie de la succession et par les légataires universels ou donataires de l'universalité des
biens à venir ».

En droit béninois, « Le droit de divulgation des œuvres posthumes est exercé, leur vie
durant, par le ou les exécuteurs testamentaires désignés par l’auteur. En leur absence
ou après leur décès et sauf volonté contraire de l’auteur, ce droit est exercé dans l’ordre
suivant : par les descendants, par le conjoint contre lequel n’existe pas un jugement de

27
Comp

séparation de corps passé ,en force de chose jugée ou qui n’a pas contracté un nouveau
mariage, par les héritiers autre que les descendant qui recueillent tout ou partie de la
succession, et par les légataires universelles ou donataires de l’universalité des biens à
venir » (art4.al1).

Section IV : Transfert du droit d’auteur et exploitation des droits

Beaucoup d’œuvres protégées par le droit d’auteur nécessitent pour leur production
et distribution subséquente la mise en place de ressources humaines qualifiées et de
moyens financiers suffisants. Des activités telles que l’édition de livres, la
production de phonogrammes ou de films, sont généralement exercées par des
entreprises spécialisées, et non par les auteurs eux-mêmes. Généralement les auteurs
et créateurs cèdent5 leurs droits à ces entreprises au moyen de contrats, et ce, en
retour d’une contrepartie. La contrepartie peut prendre plusieurs formes : il pourrait
s’agir d’une somme forfaitaire ou bien d’un pourcentage des revenus provenant de
l’exploitation de l’œuvre.
La gestion collective est également un procédé important dans l’exploitation des
droits.
Nous étudierons dans cette section, les différents modes de transfert (§1) et la
gestion collective des droits (§2).
§1 : Les différents modes de transfert
On distingue le contrat de cession et de licence et les contrats spéciaux.
A : Le contrat de cession et de licence
1 : le contrat de cession

5
La cession peut porter sur tout ou partie des droits économiques. A titre d’exemple, l’auteur d’un roman écrit en français pourrait céder à un
éditeur l’ensemble des droits de reproduction, de distribution, de traduction et d’adaptation qu’il détient sur l’œuvre. Mais l’auteur pourrait choisir
d’agir autrement. Il pourrait décider de subdiviser les droits qu’il détient entre plusieurs personnes. Ainsi il pourrait céder uniquement ses droits de
reproduction et de distribution de ce roman en langue française à un éditeur. Et il pourrait céder ses droits de traduction et de publication du roman
en langue anglaise, arabe ou russe à trois autres éditeurs. Par ailleurs, il lui est possible de céder ses droits d’adaptation cinématographique sur ce
même roman(ou ses droits d’adaptation sous forme de pièce de théâtre) à d’autres personnes.

La cession peut porter sur un temps précis et un territoire déterminé, comme elle pourrait s’étendre à la totalité de la durée du droit d’auteur et au
territoire mondial. Ainsi, le titulaire du droit d’auteur pourrait céder à autrui ses droits de publier son roman, uniquement au Bénin et pour une durée
de 20 ans. Mais il pourrait aussi décider de céder le droit de publication de ce même roman, partout au monde, et pour la durée du droit d’auteur.
Les combinaisons peuvent être extrêmement variées et la portée de la cession dépendra en fin de compte de l’accord des parties.

La cession comporte pour l’auteur des conséquences sérieuses. En effet le cessionnaire (c’est à dire la personne en faveur de qui la cession a été
faite) se trouve légalement investi des droits qui lui ont été cédés par voie contractuelle. De ce fait, il devient le nouveau titulaire ou propriétaire de
ces droits et sera juridiquement considéré comme tel. Il est donc important que l’auteur soit bien informé des conséquences de cette opération. C’est
la raison pour laquelle plusieurs législations nationales contiennent des dispositions qui assujettissent la validité des cessions à la condition qu’elles
soient faites par écrit, et que cet écrit soit signé par l’auteur-cédant ou en son nom. De telles conditions visent à s’assurer que l’auteur sera
adéquatement renseigné sur la portée de la cession qu’il a consentie, tant en ce qui concerne l’étendue des droits dont il se dessaisit, que le prix et
les modalités dont est assortie la cession.

28
Comp

Comme précisé plus haut, la cession peut intervenir dans le cadre d’un contrat d’édition, de
représentation, de production audiovisuelle, de traduction…
Sauf disposition contraire, les contrats de cession de droits patrimoniaux ou de licence pour
accomplir des actes visés par les droits patrimoniaux sont passés par écrit (Art. 26 de la loi
béninoise). De nombreuses lois nationales prévoient également que la cession doit donner lieu à
un écrit. C’est le cas au Cameroun (art.22), au Sénégal (art.62), en Côte d’Ivoire (art.40-1°). La loi
française n’impose cette exigence que pour certains contrats, en particulier le contrat d’édition et
le contrat de production audiovisuel6.
V. les arts.34 et 38 annexe VII de l’Accord de Bangui Révisé (ABR), L. 131-2 et L. 131- 3 du
CPI, art. 27. de la loi 2005-30.

2 : la licence
La licence consiste pour l’auteur, de délivrer une autorisation d’utilisation de l’œuvre
généralement limité dans le temps et qui peut être donné à titre exclusif ou non.
Une licence non exclusive autorise son bénéficiaire à accomplir, de la manière qui lui est permise,
les actes qu’elle concerne en même temps que l’auteur et d’autres bénéficiaires de licences non
exclusives7.
Une licence exclusive autorise son bénéficiaire, à l’exclusion de tout autre, y compris l’auteur, à
accomplir, de la manière qui lui est permise, les actes qu’elle concerne8.
B : les contrats spéciaux
Le contrat de production audiovisuelle, le contrat d’édition et le contrat de représentation feront le
menu de cette rubrique.
1 : le contrat de production audiovisuelle
Au terme de l’art.49 de l’Accord de Bangui révisé (2015), « Le contrat de production audiovisuelle
est une convention par laquelle une ou plusieurs personnes physiques s’engagent, moyennant
rémunération, à créer une œuvre audiovisuelle pour une personne physique ou morale
dénommée producteur, qui prend l’initiative et la responsabilité de la réalisation de ladite
œuvre ».En France, c’est le contrat qui lie le producteur aux auteurs d’une œuvre audiovisuelle,
autre que l’auteur de la composition musicale avec ou sans parole.

2 : le contrat d’édition
En droit béninois, « le contrat d’édition est le contrat par lequel l’auteur de l’œuvre ou ses ayants
droits cèdent à des conditions déterminées, à l’éditeur le droit de fabriquer ou de faire fabriquer en
nombre suffisant des exemplaires graphiques, mécaniques ou autre de l’œuvre, à charge pour lui
d’en assurer la publication et la diffusion »9.La cession du droit de reproduction entraine ici deux
obligations : la fabrication en nombre suffisant d’exemplaires et l’obligation de publication et de
diffusion.
6
Art. L.132-2. C. propr. Intell.
7
Art. 25. Al 2. Loi 2005-30.
8
Art. 25. Al 3. Loi 2005- 30.
9
Art. 39. Loi 2005-30.

29
Comp

Il ne faut pas confondre le contrat d’édition avec le contrat dit « à compte d’auteur » et le contrat
dit «compte à demi ».
- Le contrat dit « à compte d’auteur » : l’art.46 de loi 2005-30 en donne la définition
suivante : « Par un tel contrat, l’auteur ou ses ayants droits versent à l’éditeur une
rémunération convenue, à charge pour ce dernier de fabriquer en nombre suffisant dans la
forme et suivant les modes d’expression déterminés au contrat, des exemplaires de l’œuvre
et d’en assurer la publication et la diffusion ».Dans un tel contrat, le versement à l’éditeur
d’une rémunération convenue est l’un des points essentiels.
- Le contrat dit « compte à demi » : Ici l’auteur et l’éditeur partage les risques de
l’entreprise.
Dans ce contrat, l’auteur ou ses ayants droit chargent un éditeur de fabriquer, à ses frais et
en nombre suffisant, des exemplaires de l’œuvre dans la forme et suivant les modes
d’expression déterminés au contrat et d’en assurer la publication et la diffusion moyennant
l’engagement réciproque contracté de partager les profits et les pertes d’exploitation dans
la proportion prévue au contrat.

Sur le contrat d’édition, V. les arts.39 et s. loi 2005- 30.

3 : le contrat de représentation

C’est le contrat par lequel le titulaire du droit d’auteur, ses ayants droit ou l’organisme de
gestion collective autorise une personne physique ou morale à représenter ladite œuvre à
des conditions qu’il détermine.
- Il est conclu pour une durée déterminée et pour un nombre limité de communication au
public ;
- Il ne confère aucun monopole d’exploitation à l’entrepreneur de spectacle sauf stipulation
expresse de droits exclusifs.

La loi béninoise définit dans le cadre du contrat de représentation, les obligations de


l’entrepreneur de spectacle :
- Obtenir l’autorisation préalable auprès de l’auteur ou de l’organisme de gestion
collective(OGC) ;
- Déclarer à l’auteur ou à ses ayants droit ou l’OGC le programme exact de représentation
ou exécution publique et celui des œuvres exécutées ;
- Fournir à l’auteur ou à ses ayants droit ou à l’OGC, un état justifié de ses recettes ;
- Verser à l’auteur ou à ses ayants droits ou à OGC, le montant des redevances prévues ;
- Assurer des conditions techniques propre à garantir les droits intellectuels et moraux de
l’auteur.
Travaux dirigés.
1 - Relevez les incohérences du contrat de cession suivant et proposez les meilleures
formulations.

CONTRAT DE CESSION DE LICENCE


Entre les soussignés :

30
Comp

La société MUSICOLOR BP :…..Tél……. représenté par monsieur Konaté ABRAHAM en


qualité de directeur général
Et :
Monsieur Bob GODIN résidant à Fillao-ville Tél…..
Il a été convenu et arrêté ce qui suit :
Article 1 : déclare sur l’honneur être propriétaire de son répertoire et a tout pouvoir légal
d’en disposer.
Il est bien entendu que ce répertoire concerne exclusivement l’album « Hommage aux
parents ».
Le propriétaire cède exclusivement la licence de duplication à des fins commerciales et de
distribution exclusive du compact disc audio et K7 audio de ce répertoire uniquement à la
société MUSICOLOR pour le territoire de Bangos pour une durée de un(1) an et demi
renouvelable à compter de la date de sortie officielle des CD et K7 par MUSICOLR.
A l’expiration de ce délai, MUSICOLOR est en droit de vendre son stock restant.
Article 2 : MUSICOLOR prend en charge la duplication puis l’achat de timbres de
l’organisme de gestion collective (OGC) sur les produits.
A compter de la date de signature du présent contrat, seul MUSICOLOR est habileté à
acheter les timbres de l’OGC sur les produits concernés.
Article3 : MUSICOLOR est libre de changer l’emballage du produit et d’y associer toute
annonce publicitaire avant la mise sur le marché ou lors d’éventuelles campagnes de
promotion.
Article 4 : le coût de cession de la licence de ce répertoire s’élève à cinq millions (5 000 000) F
CFA.
A la signature du présent contrat une avance de un million (1000 000) F CFA est versée au
propriétaire.
Le reste sera décaissé de commun accord entre les deux parties suivant la disponibilité de
MUSICOLOR.
Article 5 : Accorde à MUSICOLOR le droit de poursuivre toute forme de piraterie et de
falsification dudit album.
Article 6 : Une fois le présent contrat signé, aucune de ses clauses ne sera remise en cause, les
droits acquis par MUSICOLOR sont inaliénables.
En cas de litige, un règlement à l’amiable est souhaité.
A défaut, seuls les tribunaux de Bangos sont compétents.
Fait à Bangos le 31 août 2006
MUSICOLOR Le producteur

31
Comp

KONATE Abraham Bob GODIN


NB : Ce contrat a été effectivement signé le 31 août 2006 par deux acteurs du monde
culturel béninois. L’identité des parties et le lieu ne sont pas révélés pour raison de
confidentialité.

2- Présentation des contrats types de transfert des droits.


3- Je suis le président du Comité d’organisation de “ Miss ENAM“, un évènement culturel
annuel. Quelles dispositions dois-je prendre, dans l’organisation de cet évènement, pour ne
pas porter atteinte au droit d’auteur et aux droits voisins.

§2 : La gestion collective des droits


L’exploitation du droit d’auteur ou des droits voisins suppose normalement la concession d’une
licence pour certaines utilisations des œuvres, interprétation ou exécutions ou enregistrement
sonores .Ainsi dans le cas d’une chanson, une licence devrait être concédée chaque fois que
qu’elle est interprétée ou diffusée. Or le titulaire du droit d’auteur n’a sans doute pas la possibilité
matérielle de contrôler l’utilisation de chacune de ses œuvres à chaque occasion dans un pays
donné, sans parler des pays étrangers. Il ne serait pas concrètement en mesure d’octroyer des
licences à chaque utilisateur ni de percevoir des redevances de chacun d’entre eux compte tenu du
grand nombre d’utilisations susceptibles d’être concédées sous licence dans un pays donné, voir
dans le monde entier.
L’utilisateur des chansons se trouve dans la même situation. Si une station de radiodiffusion veut
diffuser de la musique, en l’absence de cadre de gestion collective, une licence distincte serait
requise pour chaque œuvre jouée ou diffusée. Une station de radio diffusant chaque année des
milliers de chansons, il serait très difficile sinon impossible, pour cet utilisateur de trouver tous les
titulaires de droits et de négocier avec chacun d’entre eux des licences distinctes pour l’utilisation
des œuvres qu’il souhaite diffuser.
Pour remédier à cette situation, il faut des organismes de gestion collective. Ces organismes ont
pour rôle de simplifier le processus de négociation en gérant le droit de leur membre et en servant
d’interlocuteur unique pour les preneurs de licence.
Comment fonctionnent ces organismes et quel est leur statut juridique.
A : Fonctionnement des organismes de gestion collective.
Il convient de rappeler que, les auteurs d’œuvres littéraires et artistiques que sont les
compositeurs, écrivains, musiciens, chanteurs, et autres individus de talent constituent l’une des
principales richesses d’un pays. Il est important de motiver ces personnes, entre autres, en les
rémunérant en échange de l’utilisation de leurs œuvres, pour leur permettre de développer leurs
talents et les encourager à créer davantage.
Pour être membre d’un organisme de gestion collective, il faut être titulaire de droit d’auteur ou de
droits voisins. Au moment de l’adhésion, le membre doit fournir certaines informations
personnelles et déclarer les œuvres qu’il a créées. Cette déclaration se fait sur l’honneur. Les
informations fournies sont consignées dans la documentation de l’organisme de gestion collective

32
Comp

et permettent d’établir un lien entre l’utilisation des œuvres, la rémunération pour cette utilisation
et le bénéficiaire.
Les droits les plus usuellement gérés par les organismes de gestion collective comprennent :
- Le droit d’interprétation et d’exécution publique (la musique jouée ou interprétée dans des
discothèques, des restaurants et autres lieux publics) ;
- Le droit de radiodiffusion (en direct et sur la base d’interprétations ou d’exécutions
enregistrées à la radio et à la télévision) ;
- Les droits de reproduction mécanique d’œuvres musicales (la reproduction d’ouvres sur
disque compact, bande, disque vinyle, cassette, minidisque ou autre support
d’enregistrement) ;
- Le droit de reproduction par reprographie (photocopie) ;
- Les droits voisins (les droits à rémunération des artistes interprètes ou exécutants et des
producteurs de phonogrammes pour la radiodiffusion ou la communication au public de
leurs phonogrammes).
Les attributions fondamentales d’un organisme de gestion collective sont :
- La documentation ;
- La perception ;
- La répartition.
Il gère également les intérêts des autres organismes nationaux et étrangers en exécution des
accords de réciprocité. Il peut agir en justice pour la défense des droits de ses membres.

B : Les organismes de gestion collective dans l’espace OAPI.

Aux termes des dispositions de l’art. 69. Al. 1 de l’Accord de Bangui révisé(2015), « la protection,
l'exploitation et la gestion des droits des auteurs d'œuvres et des droits des titulaires de droits
voisins tels qu'ils sont définis par la présente Annexe ainsi que la défense des intérêts moraux
sont confiées, selon la législation nationale, à un ou plusieurs organismes de gestion collective
des droits ».Il s’agit également ici d’une évolution puisque l’art.60 de l’Accord de Bangui révisé
(1999) se référait à « un organisme national de gestion collective des droits ».
En application des dispositions de l’Accord de Bangui révisé, dans l’espace OAPI, les lois
nationales dans plusieurs pays ont confié la gestion collective à un organisme public qui gère les
droits des différentes catégories d’œuvres (musicales, dramatiques, littéraires…).Il faut toutefois
noter que certains pays font depuis quelques années l’expérience de plusieurs organismes dans
la gestion collective, notamment le Cameroun.

Dans les pays de l’Union européenne, la gestion collective est administrée par des sociétés de
droit privé, souvent spécialisées par catégories d’œuvres (littéraires, musicales, audiovisuelles,
graphiques ou plastiques). Nous pouvons citer entre autres : en France, la Société des Auteurs

33
Comp

Compositeurs et Editeurs de Musique (SACEM), la Société des Auteurs et Compositeurs


Dramatiques (SACD) ; au Royaume-Uni la Performing Right Society (PRS) la société des auteurs
qui collecte les revenus provenant des interprétations ou exécutions publiques. .

Au Bénin, il a été créé le Bureau Béninois du Droit d’Auteur et des droits voisins
(BUBEDRA) en 1984.

- Les nouveaux statuts du BUBEDRA ont été approuvés par le décret n° 2018-
417 du 12 septembre 2018.
- Le BUBEDRA est un établissement public à caractères social et culturel
(art.1er des statuts).Il est chargé de la protection et de la défense sur le
territoire national et à l’étranger, des intérêts professionnels, moraux et
patrimoniaux des auteurs d’œuvres littéraires et artistiques ainsi que des
titulaires des droits voisins, ressortissant de la République du Bénin ou non ou
de leurs ayants droit.
- Il a le monopole de sa fonction conformément aux dispositions de l’art.12 de
la loi 2005-30.
- Il agit comme intermédiaire exclusif pour la conclusion des contrats entre les
titulaires de droit d’auteur et des droits voisins et les utilisateurs de leurs
œuvres ;
- Il reçoit et enregistre toutes les déclarations permettant d’identifier les
œuvres, les interprétations, les exécutions ou les reproductions, leurs auteurs,
les artistes ou leurs ayants droit.
- Il perçoit, au titre des utilisations desdites œuvres, interprétations, exécutions
ou reproduction, des redevances des droits d’auteur et des droits voisins ;
- Il répartit ces redevances entre les auteurs et les artistes interprètes ou
exécutants, les producteurs de phonogrammes et de vidéogrammes ou leurs
ayants droit intéressés.
A l’instar du Bénin, nous pouvons citer entre autres :
- Au TOGO, le Bureau Togolais du Droit d’Auteur (BUTODRA) ;
- Au MALI, le Bureau Malien du Droit d’Auteur (BMDA) ;

34
Comp

- Au BURKINA FASO, le Bureau Burkinabais du Droit d’Auteur (BBDA) ;


- Au NIGER, le Bureau Nigérien du Droit d’Auteur(BNDA) ;
- En CÔTE D’IVOIRE, le Bureau Ivoirien du Droit d’Auteur (BURIDA).
Comme indiqué plus haut, les attributions essentielles de ces organismes de
gestion collective sont ;
- La documentation ;
- La perception ;
- La répartition.

SECTION V : Durée de la protection du droit d’auteur.

En principe, la durée est définie par la législation nationale, mais, en vertu de la


Convention de Berne, elle doit être au minimum de 50 ans. La durée est calculée à
compter de la fin de l’année du décès de l’auteur, ce qui, sur le plan légal, présente
un avantage pratique : il n’est pas nécessaire de connaître la date précise de son
décès, il suffit d’en connaître l’année. Cependant, au cours des dernières années, on
a observé une tendance à prolonger cette protection. Au sein de l’Union européenne
et pour les pays de la zone économique européenne, la durée de la protection est
désormais de 70 ans à compter de la fin de l’année au cours de laquelle l’auteur est
décédé, et cette même durée de protection de 70 ans a été incorporée dans la
législation américaine.

En droit OAPI, la durée de protection varie de 50 ans à 25 ans selon la catégorie de

l’œuvre (art. 26 et s. Accord de Bangui révisé).

Sur le plan national, la loi 2005-30 dispose en son article 52 que « le droit d’auteur
dure toute la vie de l’auteur et pendant les soixante-dix (70) années civiles à
compter de la fin de l’année de son décès ».

35
Comp

la durée de protection des droits patrimoniaux sur une œuvre varie selon la catégorie
de l’œuvre :

- Sur une œuvre de collaboration, les droits patrimoniaux son protégés pendant
la vie du dernier auteur survivant et soixante-dix (70) ans après sa mort, à
compter de la fin de l’année de son décès ;
- Elle est de vingt-cinq (25) ans, pour une œuvre des arts appliqués, à partir de
la réalisation d’une telle œuvre.
- Sur une œuvre collective ou une œuvre audiovisuelle, la protection est de
soixante-dix (70) ans à compter de la fin de l’année civile où une telle œuvre
a été publiée licitement pour la première fois (V. détails à lart.55 loi 2005-30).

A l’expiration des délais de protection, l’œuvre tombe dans le domaine


public.
Ce qui signifie que l’œuvre peut être utilisée sans autorisation. Mais son
utilisation peut être subordonnée par la loi au versement d’une rémunération.
C’est ce que l’on appelle le « domaine public payant ».
La loi béninoise de 2005 a institué le « domaine public payant » (arts.57 et
58).
La représentation ou l’exécution des œuvres du domaine public est
subordonnée :
- au respect des droits moraux ;
- à une déclaration préalable à l’organisme de gestion collective ;
- au paiement d’une redevance.
Le droit de représentation ou d’exécution des œuvres du domaine public est
administré au bénin par le BUBEDRA.

EXERCICES.

36
Comp

1- Quelle est la période de validité d’un droit d’auteur pour les œuvres
suivantes ?
a. une chanson composée par feu Mêlomè Clément de l’orchestre
Poly-rythmo en 1969.
b. Un livre écrit par deux auteurs béninois en 1970.
c. Un roman publié de manière anonyme en 1950
d. Un film réalisé et publiée en 1951.
e. Un tableau publié en 2001.

Quelle que soit la situation dans les différents pays, il est inévitable que des cas
d’atteinte au droit d’auteur se produisent. Il est donc important d’examiner les
différents moyens de défense du titulaire du droit d’auteur.

Section VI : LA DEFENCE DES DROITS


Cette section sera étudiée à travers les actes de contrefaçon et les sanctions prévues
contre les atteintes et les violations du droit d’auteur.

§1 : Les actes de contrefaçon

La contrefaçon est définie au plan national comme : « toute édition, reproduction,


représentation, exécution ou diffusion à des fins commerciales sur le territoire de la
République du Bénin d’une œuvre ou d’une prestation en violation des droits de
l’auteur et du titulaire des droits voisins ».

Toute reproduction d’œuvres littéraires et artistiques sans autorisation préalable des


titulaires de droit d’auteur et droits voisins et de l’organisme de gestion collective
(BUBEDRA) est qualifiée de piraterie d’œuvres littéraires et artistiques qui est un
délit de contrefaçon en République du Bénin.

Contrefaçon concurrente et contrefaçon par procuration.

37
Comp

Il y a contrefaçon concurrente, quand des magasins de photos reproduisent ou


copient des photos portant un avis de droit d’auteur, quand des magasins de
photocopie reproduisent des ouvrages et d’autres éléments protégés ou permettent à
leur client de le faire ou quand une personne vend des cassettes vierges spécialement
formatées ainsi que des magnétophones à des contrefacteurs, en sachant que ceux-ci
se livrent à des activités délicieuses.

Il y a contrefaçon par procuration quand une partie est responsable de la violation


commise par une autre, parce que les deux parties entretiennent des rapports
particuliers, comme ceux d’employeurs et de salarié. La personne qui, apte à
contrôler l’exploitation par d’autres d’œuvres protégées, autorise cette exploitation
sans l’accord du détenteur du droit d’auteur sera coupable de contrefaçon par
procuration même si elle ignore l’existence d’une contrefaçon. Ainsi est-il possible
de mettre en jeu la responsabilité des universités pour les activités frauduleuses
d’enseignants qui photocopient des éléments protégés par un droit d’auteur pour les
distribuer à des étudiants10.

§2 : Les sanctions de la contrefaçon

Délit civil que pénal, la contrefaçon entraine des sanctions civiles et pénales.

A : les sanctions civiles

- La réparation des dommages subis par les victimes ;


- La confiscation et la destruction de tous les exemplaires contrefaits ou
reproduits illicitement et du matériel installé en vue de la réalisation du délit.

B : les sanctions pénales

- Les sanctions pénales sont l’emprisonnement et/ou l’amende.

10
D. E. Bouchoux, Lapropriété intellectuelle : Le des marques, le droit d’auteur, le droit des brevets d’invention et
des secrets commerciaux ; Nouveaux Horizons – ARS, Paris, 2007.p 216

38
Comp

- Sur le plan national, la loi 2005-30 retient une peine de trois(03) mois à
deux(02) ans d’emprisonnement et une amande de cinq cent mille (500 000) à
dix millions (10 000 000) de francs ou l’une de ces deux peines seulement. En
cas de récidive les peines sont portées au double.
D’autres mesures sont également prévues par la loi 2005-30 :
- La fermeture, soit à titre temporaire n’excédant pas cinq (05) ans soit à titre
définitif de l’établissement exploité par le condamné (art.114 al 2).
- La confiscation de tout ou partie des recettes résultant de l’infraction.
Il convient de noter que dans la procédure devant conduire aux sanctions, la
loi béninoise à une particularité. Il s’agit de l’institution des transactions
pécuniaires (V. arts. 91,92 et 93 de la loi 2005-30).

Travaux dirigés :
- Etude de la jurisprudence ;
- Etude de cas pratiques de saisie contrefaçon et de destruction
d’exemplaires contrefaits (par projection vidéo).

CHAPITRE III : Les Droits voisins.

Section I : Notion de Droits voisins.

Les droits voisins sont des droits qui s’apparentent à certains égards au droit
d’auteur. Ils ont pour objet de protéger les intérêts juridiques de certaines personnes

39
Comp

physiques ou morales qui contribuent à rendre des œuvres accessibles au public.


L’un des premiers exemples qui vienne à l’esprit est celui du chanteur ou du
musicien qui interprète ou exécute l’œuvre d’un compositeur en public. Ces droits
voisins sont essentiellement destinés à protéger les personnes ou organismes dont la
créativité, ou le savoir-faire sur le plan technique ou sur celui de l’organisation,
représentent une contribution majeure lorsqu’il s’agit de faire connaître une œuvre
au public.

Section II : Les bénéficiaires des droits voisins du droit d’auteur

Les droits voisins se distinguent du droit d’auteur tout en étant très proche de celui-
ci; ils tirent leur origine d’une œuvre protégée par le droit d’auteur. Les deux
notions sont donc toujours plus ou moins associées. Les droits voisins sont source
d’exclusivité au même titre que le droit d’auteur et, s’ils ne portent pas sur les
œuvres proprement dites, ils font en revanche toujours intervenir une œuvre, et sont
généralement associés à sa communication au public. Prenons l’exemple d’une
chanson protégée par le droit d’auteur.

Supposons une chanson originale; elle est, bien entendu, protégée au bénéfice du
compositeur et de l’auteur des paroles, qui sont les titulaires originaires du droit
d’auteur; ils vont ensuite la proposer à un chanteur, qui l’interprétera et qui devra
aussi bénéficier d’une certaine forme de protection. Si elle doit être enregistrée ou si
le chanteur souhaite qu’elle soit radiodiffusée, il faudra faire intervenir une autre
société, qui à son tour voudra s’assurer une protection avant de conclure un accord.
Ces droits voisins sont donc en premier lieu les droits de ceux qui interprètent ou
exécutent les œuvres, à savoir les artistes interprètes ou exécutants, chanteurs,
acteurs, danseurs, musiciens, etc.

Intervient ensuite un second groupe de bénéficiaires, à savoir les producteurs de


phonogrammes ou, plus exactement, les producteurs d’enregistrements sonores,
le matériel et les supports d’enregistrement allant des disques vinyles aux disques

40
Comp

compacts et aux moyens d’enregistrement numérique. La protection, dans ce cas,


revêt à certains points de vue un aspect plus commercial, étant donné que la
réalisation d’un enregistrement sonore de qualité relève davantage de la protection
d’un investissement que de préoccupations artistiques liées à la composition,
l’écriture ou l’interprétation d’une chanson. Cependant, même dans ce cas, tout ce
qui a trait au choix de l’accompagnement instrumental, au répertoire ou à
l’arrangement musical, par exemple, suppose une certaine créativité, en dehors de
l’aspect économique, plus important et plus flagrant, du processus. N’oublions pas
que ces producteurs sont parmi les victimes les plus directes de la piraterie,
puisqu’ils ne touchent pas les sommes détournées au profit des producteurs pirates,
mais il est évident que la perte financière qu’ils subissent se répercute ensuite sur les
artistes interprètes ou exécutants et les auteurs. C’est pourquoi les producteurs
d’enregistrements sonores bénéficient aussi de droits spécifiques.

Il faut aussi noter que les producteurs de phonogrammes pourraient être protégés
quand bien même ce qui est fixé sur l’enregistrement sonore n’est pas de la nature
d’une œuvre. Un enregistrement sonore pourrait contenir des sons de la nature, tels
des chants d’oiseaux ou le bruit des vagues. Ces sons ne constituent manifestement
pas des œuvres. Malgré cela, le producteur du CD contenant ces sons serait protégé,
et de ce fait pourrait s’opposer contre tout acte de piraterie effectué à l’encontre du
CD.

Le troisième groupe de bénéficiaires d’une protection au titre des droits voisins est
celui des radiodiffuseurs. Ces droits leur sont conférés au titre de leur contribution
créatrice, à savoir la réalisation d’émissions, et nous parlons ici non pas du contenu
de l’émission, du film par exemple, mais de l’acte consistant à diffuser celui-ci.
Leur aptitude à émettre les signaux constituant l’émission leur confère en soi
certains droits sur ces signaux. Là encore, ce sont les investissements, le travail
consistant à réunir et diffuser les divers programmes, qui sont en cause.

41
Comp

Il importe cependant d’avoir à l’esprit que les droits voisins ne tirent pas toujours
leur origine d’une œuvre protégée par un droit d’auteur. Dans certains cas ils
peuvent se rapporter à des œuvres, mais qui sont tombées dans le domaine public, et
donc non protégées.

Section III : Droits conférés aux bénéficiaires des Droits voisins.

Les droits conférés par les législations nationales aux trois catégories de
bénéficiaires de droits connexes sont les suivants, tous ces droits n’étant cependant
pas forcément reconnus dans une même loi.

§ I : Droits conférés aux artistes interprètes ou exécutants

On reconnaît des droits aux artistes interprètes ou exécutants parce que leur
intervention créatrice est nécessaire pour donner vie, par exemple, à des œuvres
musicales, à des œuvres dramatiques ou chorégraphiques et à des œuvres
cinématographiques, et parce qu’ils ont un intérêt légitime à ce que leurs
interprétations individuelles bénéficient d’une protection juridique.

Les artistes interprètes ou exécutants ont le droit de s’opposer à la fixation


(l’enregistrement), la radiodiffusion et communication au public, sans leur
consentement, de leurs prestations en direct ainsi qu’à la reproduction de fixations
de leurs prestations. Les droits relatifs à la radiodiffusion et à la communication au
public des fixations sur des phonogrammes du commerce peuvent revêtir la forme
d’une rémunération équitable au lieu d’un droit d’interdiction. Leur exercice passe
alors par les régimes de licences non volontaires. En raison du caractère personnel
des créations, certaines législations nationales reconnaissent aussi aux artistes
interprètes ou exécutants un droit moral, qu’ils peuvent exercer pour s’opposer à
l’omission injustifiée de leur nom ou aux modifications de leurs prestations qui
auraient pour résultat de les présenter sous un jour défavorable.

§ II – Droits conférés aux producteurs de phonogrammes

42
Comp

On reconnaît des droits aux producteurs d’enregistrements parce que les


ressources dont ils disposent dans le domaine de la création, des finances et de
l’organisation sont indispensables pour pouvoir rendre les sons enregistrés
accessibles au public sous forme de phonogrammes du commerce (bandes
magnétiques, cassettes, disques compacts, minidisques, etc.).

Ils ont en outre un intérêt légitime à ce que des moyens juridiques leur soient donnés
pour lutter contre les utilisations non autorisées, qu’il s’agisse de la fabrication et de
la distribution de copies non autorisées (piraterie) ou de la radiodiffusion et de la
communication non autorisée au public de leurs phonogrammes.

Les producteurs de phonogrammes ont le droit d’autoriser ou d’interdire la


reproduction directe ou indirecte, l’importation et la distribution de leurs
phonogrammes et d’exemplaires de ceux-ci; ils ont aussi droit à une rémunération
équitable au titre de la radiodiffusion et de la communication au public de
phonogrammes.

§ III – Droits conférés aux organismes de radiodiffusion

On reconnaît des droits aux organismes de radiodiffusion parce qu’ils contribuent


à mettre des œuvres à la disposition du public et parce qu’ils ont un intérêt légitime
à conserver la maîtrise de la diffusion et de la retransmission de leurs émissions.

Les organismes de radiodiffusion ont le droit d’autoriser ou d’interdire la


réémission, la fixation, la reproduction et la communication au public de leurs
émissions.

De même que dans le domaine du droit d’auteur, la Convention de Rome et les lois
nationales prévoient certaines exceptions aux droits en ce qui concerne les Droits
voisins.

SECTION IV : Les exceptions aux droits

43
Comp

En ce qui concerne les interprétations ou exécutions, les phonogrammes et les


émissions de radiodiffusion protégés, l’usage privé, l’utilisation de courts fragments
à l’occasion du compte rendu d’un événement d’actualité et l’utilisation aux fins de
l’enseignement ou de la recherche scientifique sont autorisés. De nombreux pays
admettent en ce qui concerne les droits voisins des exceptions de même nature que
celles que prévoit leur législation en ce qui concerne la protection du droit d’auteur.

La loi béninoise de 2005 en matière d’exception permet sans autorisations des


ayants droit les actes suivants :

- L’utilisation privée ;
- Le compte rendu d’évènements d’actualité ;
- L’utilisation uniquement à des fins d’enseignement ou de recherche
scientifique ;
- La citation, sous forme de courts fragments, d’une interprétation ou
exécution, d’un phonogramme ou d’une émission de radiodiffusion ;
- Toutes autres utilisations constituant des exceptions concernant des œuvres
protégées par le droit d’auteur en vertu de la présente loi.

Section V : Durée de la protection des droits voisins.

§ I : Interprétation ou exécution

La durée de la protection des droits voisins en vertu de la Convention de Rome est


de 20 ans à compter de la fin de l’année où l’interprétation ou l’exécution a eu lieu,
pour les interprétations ou exécutions qui ne sont pas fixées sur phonogrammes. Elle
est de cinquante (50) ans au Bénin. V. TITRE XIII de la loi 2005-30.

§ II : Phonogrammes

La durée de la protection des droits voisins en vertu de la Convention de Rome est


de 20 ans à compter de la fin de l’année de la fixation (ou de l’enregistrement), pour

44
Comp

les phonogrammes et les interprétations ou exécutions fixées sur ceux-ci. Elle est de
cinquante (50) ans au Bénin. V. le TITRE XIII de la loi 2005-30.

§ III : Radiodiffusion

La durée de la protection des droits voisins en vertu de la Convention de Rome est


de 20 ans à compter de la fin de l’année où l’émission de radiodiffusion a eu lieu.
Elle est de vingt-cinq (25) ans au Bénin. V. TITRE XIII de la loi 2005-30.

Il est à noter que dans de nombreuses lois nationales qui prévoient une protection
des droits voisins, la durée de la protection est supérieure à la durée minimum
prévue dans la Convention de Rome.

Aux termes de l’Accord sur les ADPIC, qui est plus récent, les droits des artistes
interprètes ou exécutants et des producteurs de phonogrammes doivent être protégés
pendant 50 ans à compter de la date de la fixation ou de l’interprétation ou
exécution, et les droits des organismes de radiodiffusion pendant 20 ans à compter
de la date de l’émission. En d’autres termes, les pays qui adhèrent à l’Accord sur les
ADPIC doivent accorder une protection de plus longue durée que celle qui est
exigée par la Convention de Rome.

Section VI : Sanctions en cas d’atteinte aux droits voisins

S’agissant de la sanction des droits, les mesures applicables en cas d’atteinte aux
droits voisins ou de violation de ces droits sont généralement comparables à celles
qui sont prévues en faveur des titulaires du droit d’auteur : mesures conservatoires
ou provisoires, sanctions civiles, sanctions pénales, mesures à la frontière ainsi que
les réparations et sanctions en cas de dommages causés à des dispositifs techniques.

Exercices.
1- Qui sont les bénéficiaires des droits voisins et quels sont les droits qui leur
sont conférés.

45
Comp

2- les droits voisins tirent-ils toujours leur origine d’une œuvre protégée par un
droit d’auteur ? Justifiez votre réponse.

46

Vous aimerez peut-être aussi