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I

ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET UNIVERSITAIRE


INSTITUT NATIONAL DES ARTS
‘’ I.N.A. ‘’

KINSHASA/GOMBE

COURS DE PROBLEMES
JURIDIQUES DE L’ART

Mr. NGANZI NDONI Théodore
3ème Graduat
Animation Culturelle, Musique et Art Dramatique

Année Académique 2014 –


II

AVANT-PROPOS

Le cours de Problèmes juridiques de l’art a pour finalité


d’initier les étudiants de l’Institut National des Arts aux notions du
Droit d’auteur et des droits voisins.

Il s’intéresse à la partie du Droit de la propriété intellectuelle


relative à la propriété littéraire et artistique. En effet, le Droit de la
propriété intellectuelle regroupe d’une part les matières relatives à la
propriété littéraire et artistique et d’autre part les matières liées à la
propriété industrielle.

Sa première partie sur la propriété littéraire et artistique


concerne les œuvres littéraires et artistiques, les interprétations, les
droits des producteurs des phonogrammes et vidéogrammes ainsi que
les droits des organismes de radiodiffusion.

En revanche, la deuxième partie, qui est exclue de notre


champ d’action, est relative à la propriété industrielle c’est-à-dire les
inventions, les marques, les dessins et modèles industriels, les
obtentions végétales, les indications géographiques…

Ce présent support a été rendu disponible pour permettre aux


étudiants de maîtriser la législation de la République Démocratique du
Congo sur le droit d’auteur et les droits voisins.

L’auteur.
III

PLAN DU COURS

PROBLEMES JURIDIQUES DE L’ART

INTRODUCTION

TITRE I. LE DROIT D’AUTEUR

CHAPITRE I : LES ŒUVRES

Section 1. LA NOTION D’ŒUVRE

1.1. Création intellectuelle


1.2. Création de forme

Section 2. LES CARACTERISTIQUES INDIFFERENTES DE


L’ŒUVRE PROTEGEABLE

2.1. Mérite
2.2. Forme d’expression
2.3. Genre
2.4. Destination

Section 3. L’ORIGINALITE
Section 4. CATEGORIES D’ŒUVRES

4.1. Critère de la nature physique


4.2. Critère du nombre des créateurs
4.3. Critère de l’identification des créateurs

CHAPITRE II : LES AUTEURS

Section 1. DEFINITION
Section 2. TITULARITE DES DROITS

CHAPITRE III : LES DROITS

Section 1. CONTENU DES DROITS

1.1. Droits patrimoniaux


1.2. Droits moraux
IV

Section 2. DUREE ET DEVOLUTION SUCCESSORALE

2.1. Durée
2.2. Dévolution successorale

Section 3. EXPLOITATION DES DROITS

3.1. Gestion individuelle


3.2. Gestion collective

Section 4. DEFENSE DES DROITS

4.1. Contrefaçon

4.1.1. Définition
4.1.2. Actes constitutifs
4.1.3. Sanctions

4.2. Mesures aux frontières

4.2.1. Retenue en douanes


4.2.2. Inspection en douanes

TITRE II. LES DROITS VOISINS DU DROIT D’AUTEUR

CHAPITRE I : LES GENERALITES

Section 1. NOTION DES DROITS VOISINS


Section 2. DISPOSITIONS COMMUNES
Section 3. DROITS MORAUX

CHAPITRE II : TITULAIRES DES DROITS VOISINS

Section 1. ARTISTES INTERPRETES


Section 2. Producteurs de phonogrammes et de vidéogrammes
Section 3. Organismes de radiodiffusion
1

INTRODUCTION

I. IDENTIFICATION DU COURS

Le cours de « Problèmes Juridiques de l’Art » est inscrit au


programme de l’Institut National des Arts comme matière spécifique
destinée aux étudiants de troisième graduat en Animation Culturelle,
en Musique et en Art Dramatique. Le cours est enseigné en 30 heures
dont 15 heures de cours théoriques et 15 heures réservées aux
travaux pratiques.

Le cours porte sur les notions de droit d’auteur et des droits


voisins en République Démocratique du Congo. Le droit d’auteur est
un droit de la propriété au même titre que les droits réels qui portent
sur les biens.

Ce droit d’auteur porte sur des créations immatérielles. Ces


droits sont exclusifs et opposables aux tiers. Le titulaire de ces droits
dispose d’un monopole d’exploitation limité dans le temps. L’autre
spécificité de ce droit, c’est le caractère moral attaché aux créations.
Ce droit moral est perpétuel, imprescriptible et personnel reconnu au
créateur des œuvres.

Au-delà du droit d’auteur, il y a les droits voisins dont la


proximité au droit de l’auteur sont indéniables ; il s’agit des droits des
artistes interprètes, des droits des producteurs des phonogrammes et
vidéogrammes ainsi que de ceux des organismes de radiodiffusion.

Pour ces dernières catégories des titulaires (producteurs et


organismes de radiodiffusion), c’est le droit à l’investissement qui
justifie la protection des phonogrammes, des vidéogrammes et des
émissions radio ou télévision.
2

II. OBJECTIF DU COURS

L’objectif est de permettre aux étudiants de maîtriser les


notions de l’œuvre de l’auteur, des droits attachés au créateur,
l’exploitation de droits d’auteur et des droits voisins.

Le cours permettra aussi aux étudiants dans la vie


professionnelle à mieux se défendre et de conseiller les autres artistes
et les opérateurs actuels sur les litiges relatifs au droit d’auteur et aux
droits voisins en République Démocratique du Congo ou à l’étranger.

III. LES SOURCES DU DROIT D’AUTEUR ET DES DROITS VOISINS

Les sources du Droit d’auteur et des droits voisins relèvent


tant de l’ordre national que de l’ordre international.

Sur le plan national, c’est l’Ordonnance-loi n° 86/033 du 05


avril 1986 portant protection du Droit d’auteur et des droits voisins
qui est la source principale.

Sur le plan international, nous pouvons signaler les traités et


conventions suivants :

 La convention de Berne de 1886 sur la protection des œuvres


littéraires et artistiques ;
 La convention de Rome de 1961 sur les droits voisins ;
 L’Accord sur les Droits de la Propriété Intellectuelle qui touchent
au Commerce (ADPIC) de 1994 ;
 Le traité de l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle
(OMPI) de 1996 sur les interprétations, les exécutions et les
phonogrammes ;
 L’Accord de Bangui de 1999 (annexe VII) supervisé par
l’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle (OAPI).
3

IV. LE CONTENU MINIMUM DU COURS

Le cours est réparti en 2 titres portant respectivement sur le


droit d’auteur et les droits voisins.

Le premier titre est relatif à la notion de l’œuvre, à l’auteur, à


l’exploitation des droits et à la défense des droits. Quant au second
titre sur les droits voisins, il porte sur les généralités notamment la
notion des droits, les dispositions communes et les droits moraux des
interprètes, et d’autre part sur les titulaires des droits voisins (artistes-
interprètes, producteurs de phonogramme et vidéogramme ainsi que
les organismes radiodiffusion).
4

CHAPITRE I : LES ŒUVRES

Dans ce chapitre, nous examinons les points suivants : la


notion de l’œuvre, des caractéristiques indifférentes, l’originalité et les
différentes catégories d’œuvres.

Section 1. LA NOTION D’ŒUVRE

Une œuvre de l’esprit est une création intellectuelle et de


1
forme( ).

1.1. Création intellectuelle

L’œuvre de l’esprit, c’est le fruit de l’intelligence humaine. Elle


est différente d’une découverte archéologique. Par voie de
conséquence, une personne morale (société, association, communauté)
ne peut créer une œuvre.

1.2. Création de forme

L’œuvre se crée en deux étapes : d’abord la conception,


ensuite la réalisation par la forme. Cette forme peut apparaître dans le
choix des mots, des sons, des langues, des dessins, des images ou des
formes plastiques…

Section 2. LES CARACTERISTIQUES INDIFFERENTES DE


L’ŒUVRE PROTEGEABLE

L’article 4 de l’Ordonnance-loi n° 86/033 du 05 avril 1986 sur


le droit d’auteur et droits voisins en République Démocratique du
Congo énumère les critères indifférents (non pris en compte) dans la
protection de l’œuvre : il s’agit du mérite, du genre, de la destination
ou de la forme d’expression de l’œuvre. Ainsi, la valeur culturelle ou

1
André Lucas, « Propriété Littéraire et Artistique », Dalloz, 1994, pp. 10 – 11.
5

artistique d’une œuvre n’est pas prise en considération lorsqu’il s’agit


de déterminer si elle bénéficie de la protection conférée par le droit
d’auteur. L’œuvre est aussi protégée quelle que soit sa destination
culturelle ou utilitaire. Le fait qu’un dessin ait été réalisé pour les
besoins d’une activité décorative ou industrielle ne le prive pas de la
protection du droit d’auteur en cas de reproduction illicite non
autorisée.

En outre, aux fins de la protection du droit d’auteur le fait


que l’œuvre soit exprimée sous forme écrite ou orale, qu’elle ait été
représentée ou fixée sur une bande sonore ou audiovisuelle est sans
intérêt(2).

La protection n’est pas, non plus subordonnée à


l’accomplissement des formalités : le droit d’auteur nait du seul fait de
la création même inachevée de l’œuvre. Cette protection est
automatique, l’essentiel est que l’œuvre soit originale.

Section 3. L’ORIGINALITE

La loi congolaise sur le droit d’auteur ne définit pas


l’originalité. Certains auteurs, majoritaires, la définissent comme
l’empreinte de la personnalité de l’auteur. C’est la thèse personnaliste
du système classique du droit d’auteur.

En revanche, le système copyright nous offre une conception


plus objective de l’originalité en la ramenant à l’effort intellectuel. C’est
le cas des logiciels dont l’originalité s’apprécie par rapport à l’effort
intellectuel du créateur(3). Cette originalité dépendra aussi de la
catégorie des œuvres.

2
Lire à ce sujet, le Professeur Kumbu dans « le droit de la propriété intellectuelle », 2ème éd., Galimage, 2013, pp. 66 – 67.
3
André Lucas, Op. cit., p. 16.
6

Section 4. CATEGORIES D’ŒUVRES

On distingue les œuvres selon leur nature physique, selon le


nombre des créateurs ou selon l’identification des créateurs.

4.1. Critère de la nature physique des œuvres

Les œuvres sont classées en deux catégories principales qui


sont les œuvres littéraires, d’une part, et les œuvres artistiques,
d’autre part.

a. Les œuvres littéraires

Il s’agit des créations constituées exclusivement des


mots. Celles-ci sont exprimées par écrit ou oralement par le
choix des mots ; on y trouve notamment les contes, les poèmes,
les nouvelles, les œuvres scientifiques, les catalogues, les
annuaires, les plaidoiries, les sermons religieux…

Actuellement, certaines législations récentes ont intégré


les programmes d’ordinateurs parmi les œuvres littéraires pour
se conformer aux prescriptions de l’Accord sur le Droit de la
Propriété Intellectuelle qui touchent au Commerce (ADPIC) de
1994(4). Il y a lieu de réviser la loi de la République
Démocratique du Congo de 1986 sur le droit d’auteur et droits
voisins pour y inscrire les programmes d’ordinateur.

b. Les œuvres artistiques

Il s’agit des créations constituées des éléments autres


que les mots tels que les sons, les images, les dessins, les lignes.

4
Lire à ce sujet l’article 10 de l’Accord sur le Droit de la propriété Intellectuelle qui touchent au Commerce.
7

On y trouve les œuvres musicales, les œuvres


dramatiques, les œuvres audiovisuelles, les œuvres graphiques
et plastiques, les œuvres chorégraphiques, les œuvres
d’architecture, les œuvres photographiques…

A titre d’exemple, le créateur d’une œuvre musicale,


jouit du droit d’auteur sur le texte du parolier, la composition et
d’arrangement.

N.B. : Une œuvre peut être à la fois littéraire et artistique : c’est


le cas d’une pièce de théâtre donné à la radio, ou encore,
un jeu vidéo contenant les images, les textes et la musique
(œuvre multimédia).

4.2. Critère du nombre des créateurs

On y trouve les œuvres appartenant à une seule personne


(œuvre individuelle) et les œuvres appartenant à plusieurs personnes
(œuvre de collaboration, collective et les œuvres composites ou
dérivées).

 Une œuvre de collaboration est celle créée par au moins deux


personnes physiques (Art. 6d de la Loi de RDC 1986) ;
 Une œuvre collective est celle créée par plusieurs personnes
physiques à l’initiative d’un entrepreneur, personne physique ou
morale, de sorte que les contributions individuelles se fondent
dans un ensemble indivis (art. 6) ;
 Une œuvre composite ou dérivée est celle qui incorpore une
œuvre pré existante sans la collaboration de l’auteur de cette
dernière. Pour la créer, l’auteur de l’œuvre dérivée a besoin de
l’autorisation de l’auteur de l’œuvre préexistante (art. 6j de la Loi
de la RDC de 1986).
8

4.3. Critère de l’identification des créateurs

La loi distingue les œuvres selon que les auteurs sont


identifiés ou non. Ainsi, on distingue d’un côté les œuvres identifiées,
celles dont le nom de l’auteur est mentionné sur le support de l’œuvre
et de l’autre côté, les auteurs des œuvres dont l’identité n’est pas
révélée ou cachée. Cette distinction a une incidence sur la date de
l’extinction de la durée de protection des œuvres dans ce sens que
pour les œuvres identifiées la durée de protection s’étend 50 ans après
la mort de l’auteur tandis que pour les œuvres anonymes ou
pseudonyme s’étend à 50 ans après la date de publication de l’œuvre
(lire art. 74 à 79 de la Loi de la RDC de 1986). Dans tous les cas, il ne
suffit pas de catégoriser les œuvres, il faut aussi en identifier les
auteurs.
9

CHAPITRE II : LES AUTEURS

Ce chapitre est consacré à la définition de la notion de


l’auteur et la titularité des droits sur l’œuvre.

Section 1. DEFINITION

Le terme « auteur » désigne la personne qui crée l’œuvre. Le


droit de l’auteur nait donc de la création intellectuelle, même
inachevée de l’œuvre (Art. 1 et 2 de la Loi de 1986).

Cependant, selon la législation congolaise sur le droit


d’auteur, l’auteur, c’est la personne dont le nom ou le pseudonyme est
mentionné sur l’œuvre divulguée. Cette présomption de la loi est
insuffisante dans la protection de l’auteur. C’est plutôt l’originalité
définie au premier chapitre qui permet de trancher sur la question au
cas où l’œuvre aurait été publiée sous le nom d’un contrefacteur. Pour
prouver la paternité, il y a lieu de recourir à tous les moyens de preuve
prévus par le droit commun des procédures telles que l’écrit, le
témoignage.

Cependant, si la création confère des droits d’auteurs, il y a


lieu d’examiner les différentes formes de la titularité des droits.

Section 2. TITULARITE DES DROITS

Il y a lieu de distinguer la titularité initiale et la titularité


dérivée des droits.

2.1. LA TITULARITE INITIALE DES DROITS

La titularité initiale des droits est reconnue à la personne


physique qui crée l’œuvre, le fondement juridique du droit d’auteur
étant la création intellectuelle. En échange de la création, la loi confère
10

à l’auteur des droits la titularité initiale des droits peut être reconnue à
un auteur individuellement (œuvre individuelle) ou à un groupe
d’auteurs (œuvre de collaboration).

Cependant, le créateur peut céder ses droits par un contrat,


la loi prévoit aussi la possibilité de reconnaître aux catégories des
personnes morales des droits sur l’œuvre de l’auteur. C’est la titularité
dérivé des droits.

2.2. LA TITULARITE DERIVEE DES DROITS

La titularité dérivée des droits peut s’acquérir par cession


conventionnelle ou de plein droit, par la présomption légale de cession
ou par transmission à cause de mort(5). Dans tous les cas, seuls les
droits patrimoniaux sont concernés par le transfert et non les droits
moraux attachés à la personne de l’auteur.

La cession des droits : Elle est réalisée par un contrat de cession
des droits, d’édition, de représentation ou de réalisation
cinématographique.

La présomption légale de cession des droits : Elle concerne


généralement les œuvres réalisées dans un contrat de travail ou
de commande par lesquels les droits patrimoniaux sont
présumés être cédés à l’employeur ou au commanditaire dans un
contrat de commande.
Toutefois, la législation congolaise sur le droit d’auteur permet à
l’auteur de conserver ses droits d’auteur même dans le cadre
d’un contrat de travail ou de commande (art. 8 de l’O.I. n°
86/033 du 05/04/1986).

La transmission des droits à cause de mort : A la mort de


l’auteur d’une œuvre de l’esprit, ses droits sont transmis à ses

5
Lire l’annexe VII de l’accord de Bangui supervisé par l’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle.
11

héritiers conformément au code de la famille. Car, ses droits font


partie intégrante de son patrimoine. Toutefois, la gestion des
droits moraux ne se limite pas qu’à la défense de ces droits
moraux tels que laissés par l’auteur décédé. Les héritiers
n’auront pas le droit de modifier une œuvre de l’esprit. Ils
pourront toutefois s’opposer à ce qu’une œuvre de l’auteur ne
soit pas modifiée par un tiers (droit à la paternité).

La cession de plein droit à l’Etat : Les droits sur une œuvre créée
par un fonctionnaire de l’Etat sont souvent présumés être cédés
à l’Etat. C’est le cas des hymnes nationaux ou des discours
officiels (Art. 26 de la loi de la République Démocratique du
Congo de 1986). Les œuvres du folklore appartiennent à l’Etat
mais les œuvres inspirées du folklore appartiennent à leurs
créateurs (art. 14 de l’Ordonnance-Loi n° 86/033 de la
République Démocratique du Congo sur le droit d’auteur). La
titularité des droits nous oblige à examiner les détails sur les
différents droits reconnus aux auteurs.
12

CHAPITRE III : LES DROITS

Ce chapitre est consacré au contenu des droits (section 1), à


la durée et à la dévolution successorale des droits (section 2), à
l’exploitation des droits (section 3) et à la défense des droits (section 4).

Section 1. CONTENU DES DROITS

Le droit d’auteur est un droit exclusif : C’est le droit


d’interdire ou d’autoriser l’exploitation d’une œuvre de l’esprit (Droits
patrimoniaux). Ce droit n’est reconnu qu’à l’auteur qui dispose d’un
monopole limité dans le temps.

Ce monopole est limité par certaines exceptions justifiées par


l’intérêt du public car ce dernier a droit à l’accès intellectuel aux
œuvres de l’esprit. C’est ainsi que la loi autorise la libre reproduction
des extraits des œuvres pour un usage individuel. Dans tous les cas, il
y a une catégorie des droits personnels qui ne font pas l’objet
d’exploitation, il s’agit des droits moraux. Ainsi, on distingue d’une
part les droits patrimoniaux qui sont aliénables et limités dans le
temps et d’autre part les droits moraux qui sont personnels,
perpétuels et insaisissables(6).

3.1.1. Droits patrimoniaux

On distingue les droits patrimoniaux suivants : le droit de


reproduction, le droit de communication au Public et le droit de suite.

6
André Lucas, Op. cit., pp. 40 – 41.
13

a. Le droit de reproduction

1° Définition

La loi de la République Démocratique du Congo sur


le droit d’auteur définit la reproduction comme la fixation
matérielle de l’œuvre par tous procédés qui permettent de la
communiquer au public d’une manière indirecte, notamment
par imprimerie, dessin, gravure, photographie, moulage et
tout procédé des arts graphiques et plastiques, ainsi que par
enregistrement mécanique, cinématographique ou
magnétique (art. 6.o).

Cette définition a l’avantage de consacrer une


énumération non limitative des procédés de reproduction des
œuvres ; ceci permet à la loi de prendre en compte les
actuelles formes de reproduction numérique telles que le
téléchargement ou le stockage des œuvres à travers les
supports numériques tels que les téléphones portables, les
cartes mémoires, les disques amovibles, des disques
compacts (CD), les disques durs…

C’est aussi grâce à cette disposition de l’art. 6 que


l’artiste musicien Blaise Bula a gagné son procès contre la
société Oasis (TIGO) qui a mis à la disposition du public sa
chanson « OKOTA » sur le thème de la fête de Saint Valentin
afin que le public puisse la télécharger moyennant paiement
des unités sans avoir reçu l’autorisation expresse du
créateur de la chanson(7).

La doctrine distingue la reproduction au sens étroit


qui concerne la reproduction à l’identique en dupliquant par

7
CA Gombe, RCA 28.606/28.636, Affaire blaise Bula contre la Société Oasis, 11/05/2012.
14

exemple et la reproduction au sens large qui s’étend aux


adaptations, arrangements et aux traductions(8).

2° Limitations au Droit de reproduction

Ces limitations concernent la copie privée et les


reproductions à usage public :

 La copie privée : C’est la copie réalisée pour l’usage


individuel du copiste. Elle est autorisée par la loi de la
République Démocratique du Congo sur le droit d’auteur
en son article 68. Toutefois, pour éviter un manque à
gagner au détriment des auteurs, le législateur a prévu
une rémunération compensatoire à percevoir auprès des
importateurs et des fabricants des supports et des
matériels d’enregistrements des œuvres par la société de
gestion collective des droits d’auteur.
Le Ministère de la Culture et des Arts a déjà fixé dans son
barème publié en 2012 les taux de cette redevance qui
varient selon qu’il s’agit des supports analogiques ou
numériques. Mais malheureusement, la perception de
ladite redevance n’est pas encore opérationnelle, faute
d’un accord entre la Direction Générale des Douanes et
Accises et la Société Congolaise de Droit d’Auteur et des
Droits Voisins (SOCODA)(9).

 Les reproductions à usage public : il s’agit des courtes


citations, des informations d’actualités et des revues de
presse (art. 24 à 29 de loi de RDC) sur le droit d’auteurs).
Ces reproductions sont justifiées par l’intérêt du public,
par la liberté d’expression, par l’enseignement et la
recherche scientifique. A côté du droit de reproduction, il y
a le droit de communication au public des œuvres.
8

9
15

b. Le Droit de Communication au Public des œuvres

Ce droit tire son origine du droit de représentation


reconnu en France aux auteurs des œuvres dramatiques
depuis le 18e siècle par la loi française du 13 – 19 janvier 1791
sur le droit de représentation.

En effet, la représentation est définie par la loi de la


République Démocratique du Congo comme une
communication directe de l’œuvre au public notamment par
voie de :

 Récitation, exécution, représentation dramatique ;


 Diffusion par quelque procédé des paroles, sons ou images ;
 Projection, transmission de l’œuvre radiodiffusée par le
moyen d’un haut-parleur et éventuellement d’un écran de
radio-télévision placé dans un lieu public (art. 6n) de
l’Ordonnance-Loi n° 86/033 du 05/04/1986 portant
protection du Droit d’auteur et des droits voisins en RDC.

Cette définition est dépassée, c’est ainsi que le


législateur français l’a abandonné au profit du concept de
communication au public des œuvres consacrées par l’article L.
122-5 de son code de Propriété Intellectuelle. En effet,
communiquer une œuvre au public, c’est la faire percevoir au
public par les sens (la vue ou l’ouïe) directement ou
indirectement. Ainsi, la communication au public prend deux
formes : directe et indirecte.
16

 La Communication directe des œuvres au Public

Elle se réalise par la représentation des œuvres de


manière vivante lors d’un concert de musique ou de la
présentation d’une pièce de théâtre jouée en salle.

Elle peut aussi se réaliser par la transmission du


spectacle à la radio ou à la télévision, ce qui n’est pas le cas
de la communication indirecte des œuvres au public.

 La Communication indirecte des œuvres au Public

Elle se réalise par la mise à disposition du public


des œuvres afin que ce dernier y accède à tout moment et à
tout endroit.

Cette règle vise l’Internet qui est une nouvelle


technologie. Cette définition peut aussi inclure la
reproduction lorsqu’il y a possibilité de téléchargement de
l’œuvre. Mais l’hypothèse de la perception de l’œuvre par la
vue ou par l’ouïe à tout moment et tout endroit qui est
l’élément déterminant de la communication indirecte de
l’œuvre au public. Tel que définie, la règle va au-delà de la
définition prévue à l’article 6 de la loi de la République
Démocratique du Congo. C’est une innovation imposée par
l’internet qui a obligé l’OMPI a adopté le nouveau traité de
l’OMPI sur le droit d’auteur de 1996 qui prévoit cette
nouvelle forme de communication indirecte au public de
l’œuvre : « La mise à disposition du public des œuvres à tout
moment et à tout endroit »(10).

La différence avec la radio et la télévision, c’est le


choix de l’heure par le consommateur. L’internet permet au

10
Lire l’Article 8 du Traité de l’OMPI de 1996 sur le droit d’auteur.
17

consommateur de choisir librement le moment d’accéder à


l’œuvre. Par contre, à la Radio et à la Télévision, l’heure est
imposée par le diffuseur. Aujourd’hui, l’évolution
technologique génère des discussions intenses entre les gros
usagers (les sociétés de téléphonie cellulaires) et la SOCODA
en République Démocratique du Congo. Ces gros usagers,
des œuvres de l’internet estiment qu’ils ne doivent pas payer
la redevance sur la communication indirecte des œuvres au
public car la loi actuelle ne couvre pas cet acte(11). Il y a lieu
de répliquer qu’au-delà de la loi sur le droit d’auteur, il y a le
droit commun sur la responsabilité civile à travers le Livre III
du Code Civil des Obligations qui organise la responsabilité
civile du fait de dommage causé à autrui (Art. 258 CCL III).
Ainsi, l’exploitation abusive des œuvres musicales à
l’internet par le canal des réseaux téléphoniques sans
contrepartie financière auprès de tous les ayant droits
(Paroliers, compositeurs et arrangeurs) constitue un
préjudice qui mérite réparation au profit de ces ayants
droits. En attendant la réforme de la loi sur le droit d’auteur,
les auteurs, victimes de contrefaçon, peuvent s’appuyer sur
les règles susmentionnées relatives à la responsabilité civile
pour revendiquer leurs droits. La seule limitation prévue à ce
droit en République Démocratique du Congo, c’est
l’enseignement.

 La limitation au Droit de Communication

Les représentations aux fins d’enseignement


réalisées gratuitement lorsqu’elles sont données dans les
Etablissements d’enseignement pendant les heures de cours
et ont un rapport direct avec le sujet du cours, sont libres et
n’exigent pas l’autorisation de l’auteur de l’œuvre (Art. 31 de

11
Propos recueillis auprès du Directeur Général de la SOCODA MUAKA MULENDA en date du 08/10/2014.
18

la loi de la République Démocratique du Congo sur le droit


d’auteur).

C’est le cas de l’exécution des œuvres musicales ou


théâtrales par les étudiants de l’INA pour des raisons
didactiques.

c. Le Droit de suite

Ce droit consiste en un pourcentage qui est perçu sur


le prix de revente d’une œuvre graphique ou plastique. Il est
fixé à 5 % du prix de la vente de l’œuvre (Art. 20 de la loi de la
République Démocratique du Congo sur le droit d’auteur).

Cette règle est formulée de manière laconique par le


législateur congolais qui vise non seulement le prix de vente
mais aussi le prix de revente, pourtant lors de la première
vente, l’auteur perçoit totalement le prix ; c’est lors de ventes
ultérieures qu’il a le droit de percevoir ce pourcentage auprès
des revendeurs.

En plus, ailleurs en France par exemple, ce droit est


limité aux ventes aux enchères ou entre commerçants (lire
l’article 122-8 al. 1 du Code de Propriété Intellectuelle), il ne
concerne nullement les ventes réalisées sur les consommateurs
privés(12). Malheureusement, le législateur n’a pas précisé la
nature des ventes dans l’article 20, al. 2 précité. Si le droit de
suite ne concerne que les auteurs graphiques et plastiques, les
Droits Moraux concernent tous les auteurs.

12
André Luca, Op. cit., p. 60.
19

3.1.2. Droits moraux

On distingue 4 droits moraux : le droit de divulgation, le droit


de repentir ou de retrait, le droit au respect de l’œuvre et le droit à la
paternité de l’œuvre.

a. Le droit de divulgation

C’est le droit pour l’auteur de décider du moment et de


la manière de livrer son œuvre au public. Ce droit n’a pas été
prévu par la législation congolaise sur le droit d’auteur. Il s’agit
certainement d’une omission qui mérite d’être corrigée.

b. Le droit de repentir ou de retrait

C’est le droit pour l’auteur de retirer son œuvre de la


circulation. Dans ce cas, il est obligé d’indemniser le
cessionnaire des droits sur l’œuvre, au cas où il décide de
mettre l’œuvre en circulation, l’auteur doit accorder un droit de
préférence au premier cessionnaire ; cette règle est rendue par
l’article 35 de la loi de la République Démocratique du Congo.

c. Le droit au respect de l’œuvre

C’est le droit pour l’auteur de s’opposer à toute


modification ou déformation de son œuvre. Ainsi, toute
traduction, adaptation, transformation ou arrangement de
quelque nature que ce soit, ne peut être réalisée que par
l’auteur ou avec son autorisation (art. 18 de la loi de la
République Démocratique du Congo sur le droit d’auteur).
20

d. Le droit à la paternité de l’œuvre

C’est le droit pour l’auteur d’exiger que son nom soit


indiqué toutes les fois que l’œuvre ou une partie de celle-ci est
citée, communiquée ou publiée, reproduite ou transformée de
quelque manière que ce soit, ces droits moraux ont une durée
indéterminée et persistent en cas de dévolution successorale.

Section 2. DUREE ET DEVOLUTION SUCCESSORALE

La durée des œuvres ne concerne que les droits patrimoniaux.


Après la mort de l’auteur, ces droits patrimoniaux sont transmis à ses
héritiers.

3.2.1. Durée

La durée des droits patrimoniaux sur les œuvres de l’esprit


s’étend à la vie de l’auteur et à cinquante années civiles qui suivent
l’année de son décès (Art. 7).

Pour les œuvres anonymes et posthumes, cette durée


commence à courir à compter de l’année de publication (art. 76).

Pour les œuvres photographiques, la durée est de 25 ans à


compter de l’année de publication (art. 77).

Pour les œuvres de collaboration, la durée de 50 ans et


commence à courir à partir de la mort du dernier survivant des
coauteurs (art. 78).
21

3.2.2. Dévotion successorale

La mort de l’auteur entraîne la transmission de tout son


patrimoine à ses héritiers. Or, les droits patrimoniaux sur les œuvres
font partie intégrante de son patrimoine.

La transmission de ces droits se réalise conformément au


code de famille qui accorde le ¾ de la succession aux enfants du de
cujus (Art. 159 du code de la famille).

Quant aux droits moraux, les héritiers ne pourront plus


qu’assurer leur défense, ils ne pourront plus les exercer pleinement
comme l’auteur l’aurait pu le faire. Ainsi, ils ne pourront plus modifier
les œuvres laissées par le de cujus ou encore changer son nom sur les
supports des œuvres. Toutefois, cela ne les empêche pas d’assumer
l’exploitation des droits.

Section 3. EXPLOITATION DES DROITS

L’exploitation des droits se réalise soit par la gestion


individuelle, soit par la gestion collective.

3.3.1. Gestion individuelle

C’est la possibilité offerte à l’auteur de céder les droits


directement aux exploitants tels que l’éditeur, le producteur ou
l’entrepreneur des spectacles, nous allons examiner les règles du
contrat de cession et les autres contrats.

a. Le contrat de cession (art. 36)

Il doit comporter notamment le point suivant :

 Le domaine et la forme d’exploitation de l’œuvre ;


22

 La durée du contrat de cession ;


 Le nombre d’exécutions, de représentations, de diffusion ou
le nombre d’exemplaires, s’il s’agit d’édition ou de
reproduction mécanique ;
 Le montant de la rémunération de l’auteur qui ne peut en
aucun cas être inférieure à 10 % des recettes de la vente ou
de l’exploitation de l’œuvre ;
 Des dispositions permettant d’éventuelles modifications de
son contenu ou sa résiliation.

Cette énumération n’étant pas limitative, les


parties peuvent ajouter d’autres clauses dans le contrat
telles que la rémunération forfaitaire et la délimitation des
territoires d’exploitation.

 La rémunération forfaitaire peut se révéler utile lorsque les


conditions d’exploitation ne permettent pas de déterminer
une base de calcul pour la rémunération proportionnelle.

Par exemple, lorsque l’exploitation de l’œuvre a un


caractère accessoire par rapport à l’objet social de
l’entreprise concernée.

La délimitation des territoires permet à l’auteur de


réserver les parts du marché dans certains pays en
attendant que l’œuvre récolte un succès sur le marché
international. A côté du contrat de cession, il existe d’autres
contrats.

b. Les autres contrats

Le législateur congolais cite le contrat d’édition, le


contrat de représentation et le contrat de réalisation
cinématographique.
23

1° Le contrat d’édition

C’est la convention par laquelle l’auteur de l’œuvre


ou ses ayant droit cèdent à des conditions déterminées à un
éditeur, le droit de fabriquer ou faire fabriquer des
exemplaires de l’œuvre et d’en assurer la publication et la
diffusion.

Ce contrat exige de l’auteur l’obligation de remettre


à l’éditeur le support, objet de l’édition et de lui garantir une
jouissance paisible du contrat.

Quant à l’éditeur, il a l’obligation de publier


l’œuvre, de rémunérer l’auteur et de rendre compte (art. 3P
à 43).

2° Le contrat de représentation

C’est le contrat par lequel l’auteur d’une œuvre de


l’esprit ou ses ayants droit autorise un entrepreneur de
spectacle à représenter ladite œuvre aux conditions qu’ils
déterminent (art. 52).

Est considéré comme entrepreneur de spectacle,


toute personne physique ou morale qui, occasionnellement
ou de manière permanente, représente ou fait représenter
aux fins de leur réception par le public et par quelques
moyens que ce soit les œuvres de l’esprit. C’est le cas des
propriétaires des salles des fêtes, des nights clubs, des
hôtels, des terrasses, des orchestres, des restaurants et
différents lieux publics qui abritent les spectacles ou
diffusent la musique.
24

3° Le contrat de réalisation cinématographique

C’est la convention par laquelle les auteurs des


œuvres utilisées pour cette réalisation cèdent au producteur
à des conditions déterminées, le droit d’exploitation de
l’œuvre cinématographique, sans préjudice des droits que la
loi reconnait aux auteurs des œuvres utilisées.

Les auteurs ont l’obligation de garantir au


producteur l’exercice paisible et exclusif des droits cédés. Ils
doivent permettre à ce dernier de remplir ses obligations et
notamment de lui remettre dans le délai prévu au contrat
l’objet de la reproduction en une forme qui rende la
réalisation possible (art. 60 de la loi de la République
Démocratique du Congo sur le droit d’auteur).

A côté de la gestion individuelle, l’auteur peut


aussi recourir à la gestion collective.

3.3.2. Gestion collective

Sur ce point, nous allons examiner la notion de la gestion


collective la forme de la société de gestion collective, le monopole légal,
les relations entre les créateurs et la société, les relations entre la
société et les usagers.

3.3.2.1. Définition

Selon l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle, la


gestion collective est l’exercice du droit d’auteur et des droits connexes
par des organismes qui agissent dans l’intérêt et au nom des titulaires
de droits(13). Madame Paula Schepens précise que la gestion collective
signifie aussi la gestion au bénéfice de la collectivité d’auteur ; c’est la

13
Cette définition est tirée du document de l’OMPI sur la gestion collective.
25

seule possibilité qui garantit le respect des intérêts légitimes de


l’auteur en face de multiple usagers ; elle rappelle le principe :
« Perception collective, mais répartition individuelle » pour confirmer
qu’à la fin du processus, c’est l’auteur pris individuellement qui touche
ses droits, proportionnellement à l’utilisation de ses œuvres. Les
organismes de radiodiffusion ne figurent pas sur la liste des titulaires
des droits, bénéficiaires de la gestion collective étant donné qu’ils sont
considérés comme des utilisateurs, bien qu’ils possèdent certains
droits sur leurs émissions(14).

3.3.2.2. La forme de la société de Gestion collective

Il existe actuellement une société créée en 2011 en


République Démocratique du Congo sous forme de coopérative régie
actuellement par l’acte uniforme du droit OHADA sur les sociétés
coopératives. Elle est dénommée Société Congolaise des Droits
d’Auteur et Droits Voisins, en sigle « SOCODA ».

3.3.2.3. Le monopole légal

La loi de la République Démocratique du Congo a créé en son


article 111 l’existence d’un seul organisme chargé de la protection des
droits d’auteurs en République Démocratique du Congo. Ce monopole
ne se justifie plus comme car il est contraire à la constitution actuelle
de la République Démocratique du Congo qui prescrit la liberté
d’association en son article 37.

En plus, le monopole consacre l’hégémonie des créateurs des


œuvres musicales, plus nombreux avec un répertoire plus
représentatif que celui des autres catégories des créateurs.

Enfin, ce monopole n’encourage pas une meilleure


exploitation des œuvres ; ce qui est contraire aux prescriptions de
14
Paula Schepens, « Guide sur la gestion collective des droits d’auteur (Société de gestion au service de l’auteur et de
l’usager) », UNESCO, 2000.
26

l’Accord ADPIC par la République Démocratique du Congo qui


encourage la libre circulation des produits, y compris les supports des
œuvres musicales, littéraires et dramatiques (art. 41 de l’ADPIC).

3.3.2.4. Actes d’exploitation

La société de gestion collective est compétente pour percevoir


les redevances liées aux droits de reproduction des œuvres, à la
communication des œuvres et à la copie privée. Cette perception se
réalise auprès de divers utilisateurs tels que les hôtels, les restaurants,
les cafés, les chaînes de radio et TV, les salles de fêtes, les lieux de
spectacles et les sociétés de téléphonie cellulaire, les importateurs et
fabricants des supports.

3.3.2.5. Les relations entre les créateurs et la société de gestion


collective

Les créateurs ont la liberté de s’affilier à la société de gestion


collective de leur choix à qui ils cèdent leurs œuvres.

L’affiliation n’étant pas obligatoire, chaque créateur est libre


de s’affilier à une société de gestion collective nationale ou étrangère.
Cependant, un créateur non affilié risque de perdre le bénéfice lié à la
répartition des droits, surtout ceux liés aux matières de gestion
collective obligatoire telle que la rémunération à la copie privée.

3.3.2.6. Les relations entre la société de gestion collective et les


usagers

Le lien entre la société de gestion collective et les usagers


repose sur le contrat d’exploitation que ces derniers doivent signer
avec la société.
Ce contrat porte sur l’exploitation des droits de reproduction,
sur le droit de communication au public et sur la rémunération de la
27

copie privée. Il est vrai que la rémunération à la copie est perçue


auprès des importateurs et des fabricants des supports et des
matériels d’enregistrement (art. 68).

Dans la loi actuelle, ce contrat est dénommé le contrat


général de représentation. Cette dénomination est restrictive car
l’exploitation des droits va au-delà de la représentation des œuvres :
celle concerne aussi bien la représentation, la reproduction des œuvres
que l’importation et la fabrication des supports et des matériels
d’enregistrement des œuvres.

Section 4. DEFENSE DES DROITS

Cette section concerne la contrefaçon et les mesures aux


frontières.

4.1. CONTREFAÇON

4.1.1. Définition

La loi en vigueur définit la contrefaçon comme toute attente


méchante ou fraudeuse portée en connaissance de cause aux droits
d’auteurs (article 96 de l’Ordonnance-Loi de 1986).

Cette disposition légale a le mérite de prévoir les deux


éléments constitutif de la contrefaçon : l’élément matériel et l’élément
moral, la faiblesse de ladite disposition réside au niveau des actes
matériels relatifs au contournement des mesures techniques de
protection des œuvres de l’esprit à l’internet et des informations sur le
régime des droits. Ces actes matériels ont été élaborés dans le récent
traité de l’OMPI (sur le droit d’auteur)(15).
4.1.2. Sanctions

15
Lire article 11 et 12 du traité de l’OMPI (sur le droit d’auteur).
28

La loi en vigueur prévoit, comme sanctions pénales, une peine


d’emprisonnement allant d’un à cinq ans et d’une amende, de 50.000
FC (art. 97 et 99 de l’Ordonnance-Loi de 1986).

Quant aux sanctions civiles, la loi a prévu la confiscation des


recettes de l’exploitation des objets contrefaisants en faveur de la
partie civile (art. 101 de la loi de la République Démocratique du
Congo) en vue de la réparation du préjudice.

4.2. MESURES AUX FRONTIERES

Le code des douanes de la République Démocratique du


Congo promulgué en 2010 a prévu deux mesures aux frontières. La
retenue en douanes et l’inspection en douanes. Il s’agit de mesures
administratives qui doivent être prises par les autorités douanières à la
demande d’une personne victime de la contrefaçon.

4.2.1. Retenue en douanes

Le code des douanes de la République Démocratique du


Congo permet à tout titulaire des droits de la Propriété Intellectuelle,
victime de contrefaçon, de solliciter la retenue par le service des
douanes des produits contrefaisants ; sa requête est adressée au
Directeur Général des Douanes qui a un délai de 30 jours pour se
prononcer sur la validité de la requête ; si l’avis est favorable, le
requérant doit fournir les éléments de preuve, une description détaillée
des marchandises pour en faciliter l’identification, une garantie
financière peut être exigée au requérant pour prévenir tout abus ou
préjudice subi par l’importateur ; la suppression de la circulation des
marchandises est valable pour 10 jours pendant lesquels le requérant
doit introduire une procédure judiciaire(16).
4.2.2. Inspection en douanes

16
Lire l’article 78 de l’Ordonnance-Loi n° 10/002 du 20 août 2010 portant code des douanes en RD Congo.
29

C’est une opération qui permet au détenteur du droit de la


Propriété Intellectuelle de confirmer si les marchandises suspectes
sont effectivement contrefaisantes. Cela n’est possible qu’au moment
où lesdites marchandises sont encore entreposées à la douane ; si par
mégarde les marchandises sont dédouanées, le titulaire des droits
n’aura plus qu’une seule possibilité, celle de recourir à la voie
judiciaire (art. 81 du code des douanes).
30

TITRE II. LES DROITS VOISINS DU DROIT D’AUTEUR

Ce titre comporte deux chapitres : les généralités (chapitre 1)


et les titulaires des droits voisins (chapitre II).

CHAPITRE I : LES GENERALITES

Ces généralités concernent la notion des droits voisins, les


dispositions communes et les droits moraux.

1.1. NOTION

Les droits voisins, c’est l’ensemble des prérogatives d’ordre


matériel et moral reconnues aux artites-interprètes, aux producteurs
des phonogrammes et vidéogrammes, ainsi qu’aux organismes de
radiodiffusion.

1.2. DISPOSITIONS COMMUNES

La loi en vigueur en République Démocratique du Congo a


omis d’étendre des dispositions communes en faveur des titulaires de
droits voisins ; il s’agit des dispositions sur la gestion collective sur la
copie privée et la contrefaçon. A l’étape actuelle, ces dispositions ne
s’appliquent qu’aux auteurs.

1.3. DROITS MORAUX

Ils ne concernent que les artistes interprètes. Ils portent sur


le droit de l’artiste interprète au respect de son nom et de son
interprétation. En vertu de ce droit, l’artiste interprète peut exiger que
son nom figure dans le générique d’un film, ou d’une pièce de théâtre
diffusée à la télévision ou encore sur le support d’une œuvre (CD, DVD
ou disque).
31

Malheureusement, la loi de la République Démocratique du


Congo sur le droit d’auteur de 1986 n’avait pas intégré ces nouveaux
droits qui ont été adoptés récemment par le traité de l’OMPI de 1996
sur les interprétations et les phonogrammes. En effet, la loi de la
République Démocratique du Congo de 1986 est plus ancienne que le
traité de l’OMPI de 1996 susmentionné. Au-delà des généralités, il y a
lieu d’examiner le statut des titulaires des droits voisins.
32

CHAPITRE II : TITULAIRES DES DROITS VOISINS

Dans ce chapitre, nous examinons la situation des artistes-


interprètes, des producteurs de phonogrammes et vidéogrammes ainsi
que celle des organismes de radiodiffusion.

Section 1. ARTISTES-INTERPRETES

2.1.1. Définition

L’artiste-interprète, c’est toute personne qui représente,


chante, récite, déclare, joue ou exécute de toute autre manière une
œuvre littéraire ou artistique(17).

2.1.2. Contenu des droits

L’artiste interprète jouit du droit d’autoriser ou d’interdire :

 La radiodiffusion et la communication au public de son


interprétation ;
 La fixation de son interprétation ;
 La reproduction de son interprétation à des fins contraires à
celles pour lesquelles l’autorisation de fixation a été donnée
(art. 85 de la loi de la RDC sur le droit d’auteur).

2.1.3. La rémunération

Elle doit être fixée de commun accord entre l’artiste-interprète


et l’organisme chargé de la protection et de la gestion des droits
d’auteur (art. 86). Ici, le législateur vise les droits qui concernent la
gestion collective, notamment la rémunération équitable sur
l’utilisation secondaire des phonogrammes. C’est le cas, des différentes
radios et télévisions qui diffusent la musique par exemple sur base des

17
Lire André Lucas, Op. cit., p. 107.
33

disques, qui doivent verser cette rémunération auprès de l’organisme


chargé de la gestion collective des droits d’auteur et des droits voisins.

Quant à la gestion individuelle, l’artiste est libre de céder ses


droits à un exploitant de son choix sur base du contrat. Dans ce cas, il
perçoit un cachet lorsqu’il se produit dans un spectacle ou pour
l’enregistrement d’une œuvre musicale au studio ou lors du tournage
d’un film.

L’artiste interprète s’appuie sur le producteur des


phonogrammes ou vidéogrammes.

Section 2. LES PRODUCTEURS DES PHONOGRAMMES OU DE


VIDEOGRAMMES

Sur cette question, nous examinons la définition, le contenu


des droits et la rémunération.
34

BIBLIOGRAPHIE

I. OUVRAGES

1. André Lucas, « Propriété Littéraire et Artistique », éd. Dalloz,


1994.
2. J.M. Kumbu Ki Ngimbi, « Le droit de la Propriété Intellectuelle »,
2ème éd. Galimage, 2013.

II. ARTICLES

3. Th. Nganzi Ndoni, Analyse critique de la législation de la


République Démocratique du Congo sur le droit d’auteur et les
droits voisins.
4. P. Schepens, « Guide sur la gestion collective des droits d’auteur
(Société de Gestion au Service de l’Auteur et de l’Usager) »,
UNESCO, 2000.

III. TEXTES DES LOIS

5. Ordonnance-Loi n° 10/002 du 20 août 2010 portant code des


douanes en République Démocratique du Congo.
6. Ordonnance-Loi n° 86/033 du 05 avril 1986 portant protection
du droit d’auteur et droits voisins en République Démocratique
du Congo.
7. Code de la famille Mise à jour, 2001.
8. Constitution de la République Démocratique du Congo, février
2006.

IV. TRAITES INTERNATIONAUX

9. Accord de Bangui supervisé par l’Organisation Africaine de la


Propriété Intellectuelle.
35

10. Accord sur le Droit de la Propriété Intellectuelle qui touchent au


Commerce, 1994.
11. Traité de l’OMPI de 1996 sur les phonogrammes et les
interprétations.
12. Traité de l’OMPI de 1996 sur le droit d’auteur.

V. DECISION DE JUSTICE

13. CA Gombe, RCA 28.606/28.636, Affaire Blaise Bula contre la


Société Oasis, 11/05/2012.

VI. SITES WEB

14. www.wipo.int
15. www.wto.org
16. www.unesco.org
36

TABLE DES MATIERES

AVANT-PROPOS.................................................................................II
PLAN DU COURS...............................................................................III
INTRODUCTION..................................................................................1
I. IDENTIFICATION DU COURS...........................................................1
II. OBJECTIF DU COURS....................................................................2
III. LES SOURCES DU DROIT D’AUTEUR ET DES DROITS VOISINS...2
IV. LE CONTENU MINIMUM DU COURS.............................................3
CHAPITRE I : LES ŒUVRES...............................................................4
Section 1. LA NOTION D’ŒUVRE........................................................4
1.1. Création intellectuelle..................................................................4
1.2. Création de forme........................................................................4
Section 2. LES CARACTERISTIQUES INDIFFERENTES DE.................4
Section 3. L’ORIGINALITE...................................................................5
Section 4. CATEGORIES D’ŒUVRES..................................................6
4.1. Critère de la nature physique des œuvres.....................................6
4.2. Critère du nombre des créateurs..................................................7
4.3. Critère de l’identification des créateurs.........................................8
CHAPITRE II : LES AUTEURS.............................................................9
Section 1. DEFINITION.......................................................................9
Section 2. TITULARITE DES DROITS..................................................9
2.1. LA TITULARITE INITIALE DES DROITS........................................9
2.2. LA TITULARITE DERIVEE DES DROITS.....................................10
CHAPITRE III : LES DROITS..............................................................12
Section 1. CONTENU DES DROITS...................................................12
3.1.1. Droits patrimoniaux................................................................12
3.1.2. Droits moraux.........................................................................19
Section 2. DUREE ET DEVOLUTION SUCCESSORALE.....................20
3.2.1. Durée......................................................................................20
3.2.2. Dévotion successorale.............................................................21
Section 3. EXPLOITATION DES DROITS............................................21
3.3.1. Gestion individuelle.................................................................21
3.3.2. Gestion collective....................................................................24
3.3.2.1. Définition.............................................................................24
3.3.2.2. La forme de la société de Gestion collective...........................25
3.3.2.3. Le monopole légal.................................................................25
3.3.2.4. Actes d’exploitation..............................................................26
3.3.2.5. Les relations entre les créateurs et la société de gestion
collective...........................................................................................26
3.3.2.6. Les relations entre la société de gestion collective et les
usagers.............................................................................................26
Section 4. DEFENSE DES DROITS....................................................27
4.1. CONTREFAÇON.........................................................................27
37

4.1.1. Définition................................................................................27
4.1.2. Sanctions................................................................................28
4.2. MESURES AUX FRONTIERES....................................................28
4.2.1. Retenue en douanes................................................................28
4.2.2. Inspection en douanes............................................................29
TITRE II. LES DROITS VOISINS DU DROIT D’AUTEUR.....................30
CHAPITRE I : LES GENERALITES.....................................................30
1.1. NOTION.....................................................................................30
1.2. DISPOSITIONS COMMUNES......................................................30
1.3. DROITS MORAUX......................................................................30
CHAPITRE II : TITULAIRES DES DROITS VOISINS............................32
Section 1. ARTISTES-INTERPRETES.................................................32
2.1.1. Définition................................................................................32
2.1.2. Contenu des droits..................................................................32
2.1.3. La rémunération.....................................................................32
Section 2. LES PRODUCTEURS DES PHONOGRAMMES OU DE
VIDEOGRAMMES.............................................................................33
BIBLIOGRAPHIE...............................................................................34
TABLE DES MATIERES.....................................................................36

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