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Bagavadam ou Doctrine

divine ; ouvrage indien


canonique, sur l'être
suprême, les dieux, les
géants, les hommes...

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


Bagavadam ou Doctrine divine ; ouvrage indien canonique, sur
l'être suprême, les dieux, les géants, les hommes.... 1788.

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r~1 ,
Co~:,e. -Y-
BAGAVADAM
ou
DOCTRINE DIVINE,
1
-

Juvat integrot accedere fontes.


LUCR.

APAR
La Veuve TILLIARD
de
IS, & fils, Librairesrue
la Harpe, proche celle Pierre-Sarrasin.
Chez'
CLOUSIER,Imprimeur du ROI.,
rue de
Sorbonne. -

I788.
BAGAVADAM
ou
DOCTRINE DIVINE.
DISCOURS PRÉLIMINAIRE.

SECTION PREMIERE.

DEPUIS quelques
vants Anglais ont
années
fait sur
, de Sa-
l'Inde, des
recherches précieuses. Une consistance

rer des :
nationale imposante a pu leur procu-
facilités d'ailleurs ils
soutenus Se encourages. N'avoir eu
ont été

pour appui que le desir de connoî-


tre, assure au moins un avantage,
celui de l'indépendance.
Après vingt ans de voyages, j'ar-
rivai en Europe a la fin de 177 I.
Bientôt je m'apperçus de plusieurs
perteslittéraires. Une copie manus-
crite & incorrecte de la traduction du
Bagavadam, avoit été clandestinement
adressée a un Ministre dont le goût
éclairé pour les Sciences, n'étoit pas
ignore au-delà des Mers. Lauteur de
l'envoi étoit un interprète Indien dont
je m'étois servi. Cet homme qui de-
voit à-peu-prèsson état à mes sollici-
tations, avoit reçu de moi vingt-cinq
roupies (deux Louis & demi) d'ap-

,
pointements"par mois. Apres mon dé-
part de l'Inde en 1769 ce traitement
lui fut continué parmon fondé de pro-
curation, actuellement résidantàLyon;
&: jusqu'au moment ou il ne put plus
se dissimulerquej'étois trompé. J'ai
fournis en 1772, à l'animadversion du

,
Minière à qui cet ouvrage avoit été
envoyé les preuves de mes droits ,
& de l'infidélité. Il daigna en repon-
,
se m'honorer de la lettre la plus sa-
tisfaisante.
J'avois absolument perdu de vue ces
petits abus de confiance; mais lisant,
il y a environ quatre ans, un voyage
moderne en deux volumes in - 40.,
A L'AMITIÉ.
UNcoup d'œil a repoussé toute
ambition, ses livréesfont celles de la
futilité& de la dépendance. L'orne
procure point le bonheur ; un. Ban-
queroutier a ravi ma fortune peu me
suffit. J'aidesiréconnoître
l'amour,
ses larmes & ses sourires ; ses ailes
à
font trop légeres; heureux celui qui
illaisse un souveniragréable. Après
des voyages&desrecherchespénibles ,
de quoi ai-jepu me convaincre ?
Que
peu de vérités, beaucoup d'illusions &
d'erreurs fontlepartage de l'homme.
0 !
amitié douce &: pure les inf-
tans de ma vie quejet'aiconsacres ;
font ceux ou mon cœur s'estapprécié
lui-même. A toi feule nzes délafe-
mens Littéraires, mon exijience fu-
gitive & mon derniersoupir.
plicité. Ainsi tâchant de conserver la
naiveté des images & jusqu'auxin-

,
versions ou autres formes étrangères)
tolérables en françois tous termes
rendusméconnoiflables, tous équiva-
lensprétendus ont été réformés. Je ne
fais si la déiicateffe moderne ne dé-
-

[approuvera pas l'emploi un peu brus-


que, de quelques transitions & di-
gressions. Cet ùsage de s'interrompre
foi-même pour infiruire, en délassant
l'attention, a été celui d'Homère &
3 il
de toute l'antiquité semble adlnif-
sible, sur-tout dans un ouvrage dialo-
gué. Sans doute l'homme de Lettres
qui lit un auteur placé dans des temps
Se des circonstances fort différentes
desfiennes, delire connoitre son eC-
prit ses préjugés, ou plutôt ceux de
,
son siècle. On laiue subsister les ex-
a
à
pressions techniques relatives des no-
tions abstraites & mctaphyfiques. La
plupart navevenrpu être bien faisies par
l'Interprète;elle font ici littéra l ement
rendues. Ces fortes d'explications cour-

thèses ,
tes ont été mises entre deux paren-
sens cepen d ant s'êtreattach e
à les répéter chaque fois. Enfin le but
qu'onS'CÎL proposé, estlafidélité. Si
elle ClL le premier mérite d'une tra-
duction, CelE particul ièrement en ma-
tières dedogmes
le coup d'oeil le
plus rapide sur la plu-
e sciences.Mais

part de ces petitsdétails, bientôtde-


viendroit fafiidieux; j'endevois quel-
ques-uns à ma délicatesse.
SECTION II.
.1. L l t
-' 1. k
,.,
L'ouvrage que l'on présente au
public pour erre II avec intérêt
1'"rr .1 préliminai-
exigedeséelaircifïemerits 1
'-" I.-t
'1"
res.Les Indiens font divisés en deux
princi pales leété orthodoxes, quoique s
se supportant avec chagrin. D'accord
même des pages entières ,
je reconnus par plusieurs traits
que cet
.Indien avoit vendu à l'auteur une Co-
Se

pie sans doute, touj ours prétendue


,
unique, decette traduction & de que!
quelques autres'pièces achetées à mes
dépens.
,
Ces nouvelles particularités me fu-
rent également indifférentes tant que
j'ai été décidé à ne plus m'occuper des
matériaux que j'avoisrecueillis sur l'an-

, ,
tiquité : S'il a été queflion de ces maté-
riaux il y a quelques années à la fuite
d'un Essai d'histoire naturelle, jereflai
cependant dans toute mon indécision.
Enfin le prospectus de ces recherches
ayant été dernièrement annoncéj'aurai

:
a citer quelques traits du Bagavadam
quoiqu'en petit nombre Ce motifm'en-
,
gage à le livrer à l'impression. Il n'eût
pas etenaturel que je parusse emprun-
ter chez autrui quelque chose de ce
qui m'appartient, & ce qui n'y est que
d'une manière peu correète. J'ai d'ail-
leurs présumé que ce morceau de My-
thologie Indienne, n'étoit pas indigne
de l'attention d'un Public éclairé.
La Copie parvenue en Europe en
1769 ou 1770, ne pouvoit qu'être
fautive, & souvent présenter un sens
louche. On le voit aÍfez par les cita-
tions des savants, qui en ont eu com-
munication5 quoique très - courtes ,
,
elles ont occasionné des mal-enten-
dus dont deux ou trois feront indi-

;
qués ci-après. Ce travail brut pouvoir
me suffire j'avois acquis des moyens
de comparaison, & de redressement,
sur-tout pour certains objets de na-
ture à devoir être probablement mat
saisis par un Indien né Chrétien.Au-
jourd'hui résolu de publier cet Ou-
vrage Canonique, je dois faire mes
efforts pour qu'il paroisse dans sa fim-
le sens que nous attachons à cette ex-
pression (*).
Les Légendes, les opinions religieu-
ses adoptées par une nation antique &
célèbre ne semblent pas indignes de
l'attention de l'homme curieux & pen-
sant. Plusieurs de celles des Indiens,
paroîtront souverainement déraisonna-
bles & se refuser à tout prétendu sens
allégorique. Quelles qu'elles foienr, des
voyageurs, ou peu inflruits, ou préoc-
cupés les ont le plus souvent déna-

(* ) Excepté pour l'Etre Suprême, ou pour


l'un de ses trois grands attributs perfonifiés de
création, conservation & deftruétion, les mots
Dieu ou Dieux souvent employés dans le cours

,
de cet ouvrage
créatures
3 n'indiquent que de simples
des êtres éminens, membres de la
plus vastehyérarchiecéleste, maissusceptibles

ce sujet,
d'erreurs, & même de déporremens. J'insiste a
parce qu'une fausse application
sens des mots devientunesource de mal-enten-
du

dus & de conséquencesillusoires.


turees Se rendues méconnoiflables.
lu la Mythologie se montre sans ap-
prêts étrangers, elle décide, & tou-

Le Bagavadam ,
jours s'appuye du sceau de l'autorité.
offre une esquisse des
connoiiTances divines & humaines,
d'anciensPénitens & Sages vénérés.
Livre Canonique il fait règle de foi,
pour les Vaichtnaver ou adorateurs
de Vichnoiu Il expose leur croyance

,
sur l'Etre Suprême & ses diverses in-
carnations les unes réputées d'une

;
importance majeure, les autres acci-
dentelles sur les Créations ou déve-
loppements, confeivations & defiruc-

,
cose ,
tions de l'univers; sur la métempsy-
l'origine la vie mythologi-
que & mystique des Dieux subalter-
nes, des Géants & des anciens hom-
mes Illustres &c. Enfin cet ouvrage
présente un tableau raccourci d2S dif-
férents Cultes, Se moyens pour ren-
dre
sur les principaux points de doctrine,
elles différent en quelques distinctions
& observanceslégales, & en ce que,
felon l'une, Chiven est l'Etre Suprê-
me, qui félon l'autre doit être nommé
Vichnou. Les objets généraux de culte
public font les manifestations ou for-
mes sensibles fous lesquelles Dieu a
daigné paroître. On vénère, on invo-

,
que aussi une foule de Divinités in-
termédiaires Anges, Génies, Saints
Pénitens & Chefs de Races, ou Pa-
triarches Déifiés, tous êtres subalter-
nes & créés. Mais le grand point de
croyance plus unanime est que l'Etre
infini, éternel, ineffable, est un, quoi-
que manifefiant sa triple puissance,
fous les noms de Brahma *
de Vichnou
& de Chiven, par les aéles de créa-
tion conservation & destruction.
,
La plupart des voyageurs ont som-
mairement qualifié d'idolâtrie grof-
,
fière
vénération superstitieuse,
le Culte des Indiens & leur
pour les
simulacres des Dieux subalternes. On
a cependant assez généralement avoué,
que leurs Sages font rigoureux Déis-

médiaire , ou y adaptent ,
tes, qu'ils rejettent tout Culte inter-
bon gré
mal gré, des sens allégoriques. Il est
très vrai que le peuple, mot qui
désigne ici presque l'universalité de
la nation est pieusement persuadé
,
que sa foiblesse a besoin de s'étayer
du secours de divers habitans des Cieux
& aussi de beaucoup de petites obser-
vances méritoires. Maisquels que soient
les entraves de la superstition, la
croyance d'un Dieu suprême & uni-
que, est générale. Cette doctrineest
sanctionnée par la Loi, & étrangère
à toutes spéculations philosophiques.
Ainsi il est juste de convenir que ces
peuples ne font point idolâtres, dans
3
;
die là Divinité propice en indiquant
ceux qui doivent être préférés il êtaJ.
blit conflamment l'unité de Dieu fous
le nom de Vichnou &: sa suprématie
fous cet attribut de Providence con-
servatrice.
Le Bagavadam tait fbuvènt mentiori
de certains conseils, pratiques, qu'il
qualifiedeMystères. Il ne s'agit alors
que d'observances ascétiques, recom-
mandées pour procurer différehs dégrés
debéatitudecéleste. Je conviens que
les Sectes Indiennes ont diverses espè-
ces d'initiations, auxquelles les perl
sonneshonorables défirent participer;
Mais leur objet n'eil point d'enseigner
une doctrine secrète. Voici à quoi tout
se réduit: après de petites cérémonies
& préparations rituelles, ori commu-
nique à l'oreille d'un pieux aspirant i
quelques mots inintelligibles & présu-
més d'une influence profitable au salut
Maiscepuis un
,
temps immémorial,
aucun des Initiateurs ne peut lui-
même avoir eu l'intelligence de ces
expressions mystérieuses; on en verra

, ,
les preuves dans un autre ouvrage.
Quant à l'Initié quoiqu'il se foit ainsi
applani la route du Ciel il est certain
qu'il n'a acquis aucune nouvelle con-
noissance dogmatique. Ce que l'on
pourroit plus proprement appeler la
Doctrine secrète de cet ouvrage est

ce ,
leTolérantisme, une vraie indifféren-
, non de religion mais de culte.
S'il paroît exalter beaucoup de prati-
quessuperstitieuses, il insinue conftam-
filent, & fous un voile assez léger, que

,
toutes observances rituelles, & l'invo-
cation des Dieux subalternes ne peu-
vent procurer que des dégrés de bon-
heurtiès-passagers. Avec de pareils
appuis, toujours il faudra revenir ani-
mer d'autres corps & subir de nouvel-
les probations. Mais le fage qui fait le
bien, & dont le cœur est pur, a seus
:
connu l'essence de la vertu Il arrivera
à la suprême béatitude par quelque
route que ce ibic,ôcceuant d'être fou-
rnis à la Iiléternpficofe, il fera absorbé
dans le fein de l'être ineffable.
On remarquera sans doute dans cet
ouvrage pl ufieurs difconvenances, en
Astronomie, en Physique, en Géogra-
-
phie sur tout, que nous pourrions
nommer erreurs grossières. Le temps
& l'expérience en ont fait entrevoir
quelques-unes aux Indiens mêmps. Sur
ces fortes de nuages, voici à-peu-près,
quel est leur sentiment. Les connoissan-
cesmétaphyfiqu es de l'Auteur viennent
de Brahma, de Vichnou ou de Chiven.
S'il parle de choses profanes, ce n'est
qu'accessoirement, & pour satisfaire la
curiosité du Roi Paricchitou, l'un des
Interlocuteurs. Ainsi, les réponses pou-
voient être conformes aux Nnotions
alors acquîses. Ce qu'il y a de vrai,
c'est que sur cerrains objets non abso-
lument hors la portée humaine, l'écri-
vain quittant le tondogmatique, ex-
prime assez franchement le doute.

,
Les Egyptiens, les Grecs & plu-
lieurs autres nations nous ont trans-
mis quelques traits métaphysiques 8o

,
mythologiques, dont le genne; quoi-
qu'avec des altérations se rencontre
également ici. Mais quels font les peu-

ples, qui ont reçu ou communiqué ces


opinions & observances religieuses.
Avec de l'érudition & aussi un peu d'a-
dresse, le pour & le contre feront tou-
jours rendus probables. En effet les
erreurs, les fables & de foibles lueurs
de vérités ont pu, par bien des cir-
constances &par laps de siècles, de-
venir objets d'échanges insensibles en-
tre des nations qui n'auront eu que

pendant de pénibles recherches ,


les rapports les plus indirects. Ce-
des
,
rapprochements de faits peut - être
hasardésoudénaturés, n'apprendront
rien de satisfaisant, si même ils ne font
illusion.J'ose entrevoir qu'à cet égard
tous systêmes dénués de preuves hyé-
rogIiphiques, ne poseront que sur une
bafe mouvante. La clef& le dévelop-
pement des principes secrets, de ces.
fortes de témoignages, se trouveront
dans l'ouvrage que je me propose de.
publier.
Les Indiens prétendent que vers la

précéda celui-ci un
fin de l'âge périodique du monde, qui
Brame nommé
ViaÍfen fils, ou plus proprement des-
cendant de Brahma, recueillit le V,-

(*)Dans l'ouvrage même >


ou dans l'ap-
pendice qui est à la flJit) on trouvera expli-
qué ce que ces peuples entendent par âges pé-
riodiques du monde. Le quatrième, celui d'in-
fbrtune) dans lequel nous sommes) compta
actuellement 4888 ans.
<
aïeuJ
dam., jadis compofc par Ton divin
Cette production cclefte renfermoit
toutes les sciences surnaturelles & hu-
maines, au nombre de soixante-
tre. Alors, pour leur haute antiquité ,
les parties en épient éparses oc exrre-
mementrares, le sens étoic devenu
difficile à faiur, enfin bientôt le Ve
an1- eûtétéoublié. Déjà dans des
tempstrès-reculés un Prince fçéiérat
s'étoitefforcé, qUOlqUen vain, de t;
détruire. Le fageViaffenrassembla &
unir le tout en corps de Doctrine,
qu'il divisa en quatre Livres co.mm^
emblèmes honorifiques des quatre fa-
ces de Brahma. Un de ces Livres fut

j
peu de temps après perdu ou suppri-
par un monstre d'irnpiété né dans

,

l'ordre sacerdotal; il a été ensuite, fé-
recouvré ou sup-
;
Ion quelques-uns
probable.
pléé cft le.
mais ce sentiment est le, moins
noins

Viaffenyaprès avoir rédigé le Ve-


dam, ce qui lui mérita le nom de Veda-
Viaffen, composa au nombre de dix-
huit les Pouranam (histoires faintes en

ment le Mahabaratam ,
vers). La tradition lui attribue égale-
Poëme Epique
sacré où font célébrés les hauts faits
,
des descendans d'un ancien & Illus-
tre monarque nomméBourout. L'Em-
pereur Paricchitou, pour l'instruction
duquel le Bagavadam a été rédigé,
tiroit de lui son origine. M. C. Wil-
kins, marchant sur les traces du sa-
vant M. Halhed, a entrepris la traduc-
tion du Mahabaratam. Il en a depuis peu
publié un Episode, le Baguat-Géeta,
qui, aussi-tôt, a été tra d uit de
glois en François. (*). Enfin Viaffen*,
n-
)
(*
de l'AngloisenFrançois,
Lorsque le Bhaguat-Géeta, parue traduit
je n'eus le temps que.
de le parcourrir très-rapidement. M'en tenant
alors au sentiment de l'homme de lettres, qui a
enrichi notre langue de cette production, fen-
qui, pour l'immensité de Ces connoiA

émanation de Vichnou ,
sances, a été réputé produit par une
est supposé
avoir aussi composé plusieurs Chastram
(découvrant, donnant l'intelligencede
çe qui est caché) ; ce font des commen-
timent qu'ilprétend appuyer du suffrage de deux
savans dans les langues asiatiques, Mrs. Halhed

,
& Anquetil, je présumai que cet ouvrage In-
dien étoit étranger au Mahabaratam. & beau-
coup moins ancien. J'ai depuis reconnu l'erreur

,,
que j'avois adoptée. Les savans cités par le tra-
ducteurfrançois n'ignorent point qu'un mor-
ceau dogmatique tel que le Bhaguat-Géeta;
peut très-bien êçre confidéré comme un Chastram
particulier, (on verra ci-après l'explication dq
ce mot), quoique faisant partie, &z détaché d'un
plus considérable. Dans le vrai l'asser-
ouvrage
çion de M. Wilkins , qui s'occupe à traduira
de la langue originale, le Mahabaratam, ne peut
laisser aucun doute à cet égard. Cet homme de
lettres trèj-estimé déclare positivement que lç
Bhaguat-Géeta> est un épisode de ce poëme
çpique; il ne l'en a détaché & fait imprimer fér
parément, que pour éprouver si ce genre dq
Littérature Indienne3feroic accueilli du public.
taires allégoriques, oùl'on a voulu dé-
barrasser la Religion de la rouille des
légendes mythologiques.

,'d
Jadis par un usage assezgénéral de
déférence ou pour donner plus de
r' a'1la vénéra-
"d a des écrits propofcs
poids
tion publique, on les attribuoit à d'an-
ciens & éminents personnages. Il est
confiant qu'un seul homme n'eût pû
suffire à composer tous ceux qu'on sup-
pose être de Viaffen. Les Pourananz fus-

,
sent-ils les seuls Livres Canoniques In-
diens un mot semble démontrer qu'ils
font de plusieurs auteurs. En effet ils
différent beaucoup dans l'interpréta-
tion de la doctrine des Vedam, lk par-
ticulièrement en ce que les uns s'effor-
cent d'affurer foit à Vichnou foit à
Brahma la suprématie que les autres
>
soutiennent appartenir essentiellement
à Chiven.
Une curiositééclairée defireroit pro-
bablement connoître en quels temps
ont paru ces différens ouvrages. L'o-
rigine du Vedanl,,, se refuse à toute
Chronologie. Les Savans Indiens la
supposent cachée fous le voile im-
pénétrable du temps, lX. pour ainsi
dire, datant du développement de
l'univers. Brahma (la Sagesse personni-
fiée) sortit du fein de Dieu; & les Ve-
dam, qui font sciences & vérité" paru-
rent sur ses lèvres. Ce n'efl point ici le
lieu d'exposer mon opinion particu-
!iré sur cet ouvrage.
Les Pouranam, ces Recueils d'His-
toires Saintes, ont assez probablement
étérédigés par des Brames Lettrés, en-
viron un siècle après le commencement
del'ère du Calyougam, (l'âge aétuel
du monde). CesBrames se montrantdi-
visés de croyance sur celui des trois
grands attributs de Dieu, auquel une
forte de prééminence doit être suppo-
sée, rassemblèrent une énorme maiTe
de Légendes mythologiques ôc d'opi-
nions myfliques en faveur des différen-
tes Sectes. Tout fut égalementappuyé
de l'autorité des Vedam, Par ces dis-
positions,peut-être plus prudentes Se
adroites que pieuses, l'état & le crédit
de cette Tribuvénérée, se font jusqu'à
présent soutenus parmi les adorateurs
de Vichnou, comme parmi ceux de
Chiven. Quoiqu'il en foit les savans
prétendentque lesPouranam de chaque
parti se citent réciproquement. Cela
feu! indiqueroit qu'ils furent composés
a-peu-près en même temps.
Quant aux Chafiram (il ne s'agit-
point ici de ceux de ces ouvrages qui
traitent d'Astrologie), les Indiens font
partagés d'opinion sur leur antiquité
comparée à celle des Pouranam. Dans
le Nord de cette contrée ceux-ci font
présumés avoir paru les derniers. Mais
sans s'arrêter à la tradition qui en at-
tribue plusieurs à Viassen, ou au
mêmesiècle, il suffira peut-être de con-
sidérer que le but de ces Chastram,

,
mot qui exprime découverte intelli-
gence d'un sens caché a été de détrui-
re, sinon de spiritualiser ou allégoriser
les antiques Légendes qui forment la
bafe des Pouranam. Au surplus, comme
dans quelques-uns de ceux-ci, se trou-

ques,
vent beaucoup de notions métaphysi-
d'enseignemens ascétiques Se
mystiques que les Chastram n'ont réel-
lement fait que développer., ajoutons
que fous ce point de vue ce mot lui-
même, donne une idée assez juste de
certaines parties des Pouranam.
Au sujet de la formation de ce Rc
cueil de Doctrine Divine nommé Ba-
gavadam, nous nous en tiendrons au
témoignage de l'ouvrage même. Il in-
sinue qu'un Brame nommé Soukuen,
fils & disciple du savant Viaffen 1&
,
rédigea sur les mémoires qu'il tenoiç
de son père. Ce travail fut fait fous les
auspices & pour l'instruction de Parie*
chitou, premier Empereur de l'Indos-
,
tan dans ce quatrièmeâge du monde.
Enfin un autre Brame nommé Souden
,
lequel se glorifie de la même ori-
gine, paroit avoir donné à ce Recueil
la forme dramatique du Dialogue, fort
usitée dans l'antiquité.

,
Ces difFérens ouvrages réputés Ca-
noniques & inspirés furent composés
en Samskroutam, langue Indienne)
aujourd'hui connue imparfaitement &
par un petit nombre de Savans. Quel-
ques-uns de ces écrits ont depuis été
traduits en Tamoul Chendamil, dialecte
qui dans la partie méridionale de l'In-
de,efl particulièrement affecté aux
sciences Se à la Religion. On vante la
scrupuleuse fidélité de ces versions
,
qui, comme les originaux, font règle
de foi. C'est sur une de celles-ci qu'à
été traduit en francois le Bagavadam
j
qui est confidéré comme un des plus
excellens Pourallaln

SectionIII.
On a observé au commencement de
ce discours, que quelques savans ont
eu communication de la Copie furtive
du Bagavadam, envoyée en Europe. La
plupart paroissent avoir présumé, d'a-
près je ne fais quelle note de l'Indien

Vedam, les Pouranam ,


employé à cette tradunion, que les
enfin tous les
Livres sacrés des Peuples de cette vaste
contrée, font poflérieurs à la conquête
& à l'établissementfinal des Mahomé-
tans dans le pays. Ayant des moyens
personnels de comparaison & de re-

,
dressement,j'avois encouragé cet in-
terprète & en lui certaines disposi-
tions pour son état. Mais né transfuge
de la Religion de ses pères, plein de
petits préjugés, & sans principes de
critique, il étoit payé pour rendre les
phrases le plus littéralement qu'il pour-
roit , non pour les commenter. Par

a été ,
égard pour ces Savans dont la confiance
surprise qu'il me foit permis
d'employer quelques lignes à dissiper
cette illafion.
Les outrages, les vexations, la mort
même & l'ambition n'ont directement
acquis au Mahométisme que très-peu
deprosélytes distingués.Des sujets dans
la misère,dégradés, ou de tribus me-
prisées,font presque les seuls qui aienr
prêtél'oreille aux Convertisseurs : Il
n'importe à cette assertion que les des-
cendans de plusieurs de ces misérables
prosélytes, soient depuis parvenus à
des postes éminents. Comment les écrits
Canoniques, les dépôtssacrés du Culte
d'une nation antique & civilisée, tou-
jours religieusement attachée aux Ins-
titutions de Tes ancêtres, ne feroient-ils
donc que d'hier, ou feroient-ils poflé-
rieurs à l'ctabliflement des Mahomé-
tans ? E! c'efl: précisément l'époquè;
<5uces Livres Saints ont été cachés oU
brûlés, les Statues des Dieux mutilées,
& un grand nombre de leurs Temples
détruits. De superbes monuments qui
étonnent par la hardieiïe & l'immensîté
du travail, faits pour braver l'injure
des siècles; déjà depuis
:
temps font abandonnés cependant on
y admire ces simulacres que les diffé-
-
très long-

rentes Seétes vénèrent encore; & aux


pieds de quelques-uns, se voient des
Inscriptions en caractères aujourd'hui
inconnus. Le coup d'oeil le plus rapide
suffit; tout atteflel'antiquité des Ecrits
Canoniques de ces peuples & des Lé-
gendes qui y font consacrées (.f:)
( Les ravages du temps font lents & pres-
* )
insensibles fous une heureuse température.
que
On voit dans l'Inde deux fortes de monumens,
dont plusieurs appartiennent à une antiquité déja
fort reculée. Les uns dans des proportions &
fous des formes favorables à la plus grande
-
L'impropriété de deux mots mal
-

traduits paroît avoir conduit & donné

solidité, ont été construits de pierres dures &

,
normes. Quelques autres encore plus prodi-
gieux où la hardiesse, la grandeur & l'ensem-
ble étonnent également, ont été taillés au ci-
seau dans des montagnes de rocs vifs Les In-

,
diens modernes en admirant ces ouvrages ma-
jestueux paroissentgénéralement persuadés que

êtres très-supérieurs à l'espèce humaine


Dieux ou Géans.
,
plusieurs ne peuvent avoir été faits que par des
foit

Depuis une grande révolution dont il fera.


parlé plus bas, & après laquelle commence
l'Ere Indienne de ce quatrième âge du monde,
cette contrée a presque toujours été dans un état
convullif & de dégénération. Les ames de ces
peuples se font, pour ainsi dire, rétrécies Sc
déformées. Je ne prétends cependant pas avancer
qu'il ne taille excepter quelques intervalles 8c

,
des Individus. Quoiqu'il en foit, ces hommes
ou asservis ou toujours dans l'agitation & le

créateurs en aucun genre ,


trouble, font bien éloignés de prétendre êcre)
ni même de coo-
pérer en grand aux œuvres de leurs ancêtres.
une forte de poids à une fausseapplica-
tion.Le mot Toulouker, a été rendu
par celui de Turcs, & Miletcher-parce-

explicative ,
lui de Maures, qu'une prétendue note
aura lié aux deinieres in-
vasions. Il étoit assez naturel de con-
clure qu'un ouvrage où se trouvent in-
diquées des conquêtesaussimodernes,
ne pouvoit lui-même être ancien. Dans.
la réalité, Touloukeremployé quelque-
fois pour sîgnifier habitant des Monta-
gnes, a deligné ordinairement les Tar-
tares du grand & petitThibet, peuples
qui de temps immémorial, ont eu avec
les Indes des relations de guerre & de
S'ils cultivent quelques arts ou quelques scien-
,
ces
,
c'cft de pure rourine. Tout ce qui porte
l'em preinte du génie est pour eux furnarurel.
Assurément les Grecs Se les Egyptiens,deve-
Esclaves ne se feroient pas, à cette épo-
nus
formé un cor p de Religiontoutopposé
que , s
à celui de leurs maîtres qui ont le zèle du pro.
flytifme, ils n'auroient pas élevé ces Temples
& ces autres monumens, dont les superbes res-
tes causent notre admiucion.
commerce. Il est vrai que les Indiens
de la partie méridionale de la prefqu'isle
donnent aujourd'hui trivialement ce

,
nom comme générique à tous les Ma-
hométans, que sans plus de fonde-

,
ment, nous appelions, dans cette con-
trée collectivement, Maures. Cepen-
dant les gens un peu inflruits parmi
eux, savent aussi bien que nous ne pas
les confondre lorsqu'il faut les diflin-
guer. Quant au mot Miletcher,c'est un
terme injurieux qui, du Samskroutam,
a paffé dans le dialeâe Tamoul; il in-
dique un tiiiet impur, ignoble, enfin
mangeant de tout indifféremment. Le
Bagavadam cite plusieurs individus qui
dans les âges du monde antérieurs à ce-
lui-ci, devinrent Miletcher par fiupidi-
té, ou par lamalédiélion de saints Per-
sonnages : cet apperçu pouvoitfixer le
sens de cette expression. Au reste il
n'efi pas fort étonnant que ces peuples
appliquent entr'eux de pareils noms'
aux Mahométans, qui le leur rendent
avec usure. C'efl ainsi que de tout
temps, & danstout pays, une supersti-
tieuse ignorance a prodigué les quali-

,
fications outrageantes en parlant des
étrangers & de ceux sur-tout dont
elle méprise la façon de vivre ou de
penser; mais de pareils termes n'ont
jamais pu sérieusement servir à dési-
gner des nations.
Pour apprécier des objets éloignés
& peu familiers, onnesauroit, j'ose le
dire, employer trop de circonfpeclion.
A cet égard, il ne fera peut-être pas
inutile de rapprocher un aurte exemple;
C'est un mot qui bien plus que les pré-
céderas feroit susceptible d'applications
& de conséquences illusoires. Bouten
est le nom du Dieu qui préside à la Pla-
nète de Mercure. Or on verra en plus
d'un endroit de cet ouvrage que des
feélaires impies nommés Bouter, (c'est
le pluriel de Bouten) pervertirent dif-
,
férens Princes dans l'ère du monde qui
précéda celle-ci. Enfin dans ce qua-
trièmeâge du mon d e, Vich nou s'é -
tant fait homme, a été connu fous ce
nom de Bouten, qui en différens temps
a de même été porté par p l ufieurs in-
dividus.
Sur des rapprochemens aussi isolés,
on pourroit soupçonner une foule de
prétendus synchronismes ou même
,
des identités de personnes,qui cepen-
dant n'auroient aucun fondement. Pour
parler d'abord de Bouten cet antique
,
Personnage divinisé qui p-réside à la pla-
nète de Mercure, son origine remonte
à des millions d'années. La mythologie
fait également mention de plusieurs
Géans, connus fous le nom de Bouter ,
& attachés au service du Dieu Chi-
;
ven de plus ce mot peut signifier
rituel, contemplatif, mystique : or en
spi-
,
lui donnant un sens odieux on l'a par-
ticulièrement appliqué aux Tchamanery
anciens Sectairesjadistrès-nombreux,
Se qui ne font désignés dans cet écrit
que comme d'infâmes hypocrites, sans
mœurs, sans religion. Ce font eux qui
pervertirent plusieurs Princes dans l'âge
du monde qui précéda celui-ci. Disons,
enfin, que vers les derniers temps du
premier siècle de ce quatrièmeâge, pa-
rut un Brame nommé Beboutoven ou
Bouten né d'une prétendue émana-
j
tion de Vichnou. Mais bien loin d'a-
voir été fondateur & législateur de
cette secte, ce Bouten ne s'y attacha
en apparence pendant quelque temps y

;
que pour en bien approfondir la doc-
trine secrète & impie aussi-tôt il tra-
vailla à l'extirper. Les adorateurs de
Vichnou, Se même ceux de Chiven ,
ont depuis concouru à la destruction
des Bouter, avec toute la violence Sç
l'amertume d'un zèle fanatique. Ce-
,
pen d ant ilsn'en font venus entière-
ment a bout qu'après beaucoup île
temps, de peines, & même du
fang
@

répandu, C'eflcette Secte qui a pénétré


jusqu'en Chine, ou elle est connue fous
L

le nom de Fo. Il est sensible que sur des


t
objets aussi éloignés, ce qui feroi éton-
,
nant cest que des savansétrangersne
tombassent en aucune méprise ().
>

(*)LesIndiens, les Bramesmêmes font


to l érans; on a vu précédemment que ceux-ci
attachés aux différens partis, y fontégnleineir
coniidérés. Cependant les Bouterontété expul-
sés; en voici la raison : ces [c¿bires quoiqu'a-
,
vec des idéesmoins pures sur l'essencedivine, -

a d mettoient en général la plupart des pratique-'


ez des opinions religieuses reçues dans le pays.
Mais leurs Inftiruteurs sacrés ont été accusés
de pervertir les mœurs par fuite d'une forte de

,
dodrine mystique secrette, ou annihilation fpi<-
rituelle qui n'éroit qu'un absurde maténalifme.
Leur hérésiepeut-être plus impardonnable est
"qu'ilssoutenoient que le mérire, non la naif-
fallce) dévoie conduire au [acerdoce. La Tribu
SECTION 1111.

On a remarque précédemmentque
le principal objet du Bagavadam, est
de célébrer les diverses manifestations
de Vichnou, suprême conservateur &
modérateur de l'univers. De toutes les
incarnations de ce Dieu pour protéger
& éclairer la vertu, ou punir le crime,
celle en Chrifnen, héros&Législateur,
est considérée par les Vichnouviftes

trième âge du monde ;


comme la plusimportante pour ce qua-
c'est celle donc
cet ouvrage parle avec le plus d'éren-
due, Setoujours avecuneforte d'en-
thousiasme religieux.
Chrifnen est ce Dieu Indien dont nos
voyageurs n'ont parlé que comme d'un
monstre de dissolution. Il faut conve-

des Brames, alors très-puissante, ne put tolérer


une prétention aussi impie. Ainsi la deftruc-
f tion de cette secteauroit été plutôt une affaire
sacerdotale que religieuse,
nir qu'un absurde fanatisme, ébloui de
sa gloire, a imprimé le sceau de la Di-
vinité jusques sur Tes foiblesses. Les
murs de fes- temples présentent en re-
lief, des esquisses lascives & non moins
grossières que fantafliques, des dépor-
temens d'une jeunette fougueuse. Mais
Hercules, César, Mahomet & tant d'au-
tres hommes fameux feroient-ils con-
venablement connus, si l'ons'étoit
borné à compiler les traits d'intempé-

,
rance qui leur ont été imputés. Salo-
mon fut dit-on, le plus galant & le
plus fage des hommes; la honte est
d'êtreasservi par ses paillons.
La mort de Chrisnen coincide avec
l'ère du Calyougam ce quatrièmeâge
>
du monde, époque importante qui s'é-
taye des plus grands moyens de certi-
tude. Comme, d'ailleurs, la doélrinede
ce Livre Canonique est celle enseignée
6cconsacrée par ce Héros Législateur,
il ne fera pas inutile à l'intelligence
de l'ensemble, de former une courte

,
notice de la vie d'un de ces êtres ex-
traordinaires nés pour changer la face
de la Terre.
Chrisnen , fils de Vaffoudeven, de
Tribu Royale & Guerrière ,
naquit
dans la partie méridionale de l'Inde ,
à Madurey ville jadis fameuse & où
les sciences furent cultivées(*). Profr
crit & persécuté dès sa naissance, il fut
élevésecrètement à la campagne. On le
(*) La plupart des anciens historiens, d'ac-
cord avec la Mythologie, conviennent que Chrif-
nen naquit à Madurey. Cependant, comme le

,
nord de FIndc fut le principal Théâtre de ses
exploits quelques Auteurs ont soupçonné que

Gange

on
,
Matra ou Matura, ville jadis considérable sur le

y
avoit été sa patrie. Au milieu des ruines
admiroit encore dans le siècle dernier, urt
de ses temples, antique & majestueux. Il a été
détruit avec beaucoup d'autres monuments pré-

Empereur Mogol,filsdénaturé
bitieux
,
cieux, par les ordres du grand Aurengzeb. Cet

, fratricide am-
fut toujours dévoré du zèle du profé-
litisme pour la Religion mahométane*
repréfente toujours de couleur bleu cé-

,
lefle, ce qui lui a fait donner le nom
de Chrifiun. Les allégoristes décou-
vrent sur sa peau ainsi colorée, l'em-
-

blême des Cieux qui embrassent tout.


Une réflexion plus fimpIe, c'eflqu'as-
sez généralement les anciens Guerriers
affectoient certaines marques ou cou-
leurs, qu'ils s'imprimoient, ou dont
ils se peignoient le corps. La taille de
ce jeune Prince, ses grâces Seune force
supérieure semblèrent présager sa haute
dessinée. Du feu circuloit dans ses vei-
,
nes Se il s'abandonna à la fougue de
ses passions. Quellefemme eût pu ré-
sifler à la vivacité de ses regards, à la
douce mollesse de ses accens, & des

Cependant Chrisnen ,
fons enchanteurs de sa flûte paflorale?
sans perdre le
goût des voluptés, se dévoua bientôt
a des exercices dignes de sa grande
ame. Poursuivant sans relâche, exter-
minant les bêtes féroces, & les bri-
gandsj neaux des campagnes, une ar-
mée considérablepeu-à-peu se rassem-
bla Se se forma fous ses ordres. Alors
il s'élance dans la carrière la plus vaste.
\Les ennemis de sa famille & ceux de
ses amis tombent fous ses coups. Il vole
ensuite au secours de Djadoufleren, vers
Astnabouram, alors capitale de l'Indofc
tan sur le Gemna. Ce Prince & ses frè-
res avoient été lâchement détrônés, Se
etoient poursuivis avec acharnement
parle perfide Tiriodaren, fils de Drow-
taracchaden, leur oncle. Bientôt des
flots de fang inondèrent cette malheu-
5
jeufe Terre dans une guerre longue
& furieuse, presque tous ses Guerriers
furent dévorés par le glaive. Enfin tout
céda à la valeur & à la prudence de
Chrisnen, & Djadousteren lui dut l'Em-
pire de l'Instostan (*).
( * ) Le Bagavadam ne donne point de dé-

,
tails particuliers sur cette guerre longue & fân-
gkntç qui changea la face de Pli-ide & lui Et
L'Inde commença à respirer. Cepen-
dant plusieurs se(-qes partageoient le

une plaie dont elle ne s'est jamais relevée. Cet


ouvrage est un dialogue entre Soukucn & l'Em-
pereur Paricchitou 3 successeur immédiat de
Djadousteren, eu faveur de qui Chrifnzn opéra.
la révolurion. Il eut été déplacé de raconter1
ce Prince, ce qu'il ne pouvoir ignorer. Sa pieuse
curiosité se borne à délirer être instruit de la
naissance, des années de jeunesse) & des pre-
miers exploits de Chrifnen. Cependant quelques-

;
uns des évènemens qui provoquèrent ce terrible
dénouement, ont été rappelles mais il a suffi
au Rédadteur d'indiquer le lrfakaharatam;) ce
poëme épiqueprécédemment mentionné, &

,
qui est également attribué à Viassen. Cette ré-
volution
,
son origine & une foule de mémo-
rables exploits y font,dit-on célébrés avec
route la pompe & la sublime fécondité du
génie.

,
Cet Empereur Djadousteren, dontj'aurai en-
core à parler est souventdésigné dans l'hit
toire de l'Inde, ainsi que ses frères, fous le
nom patronymique de Pandouer. Ce Prince des-
cendoit d'un fameux conquérant nommé Bara-
den, dont tout l'Indoftan a très long-temps
pays5
;
toutes s'appuyoient de l'auto-
rité du Vedam mais leurs dindons,
leurs antipathies ne pouvoient qu'a-
chever d'énerver cet état épuisé. ChriJ-
puissant, avide de
nen ,
,
génie tout con-
noître n'avoit point négligé les scien-
ces cultivées de Son temps, La justice
opprimée lui avoit dû son triomphe.

porté le nom. Celui-ci remontoit à Bourout,


arrière-petit-fils de Sandren antique person-
,
nage que la Mythologie ait présider à la pla-

j
Vajjoudcven
KYadavou
par une autre branche ,
nèce de la Lune. L'origine de Chrisnen,fils de

t remontoit également à Sandren.


celle

Je dois observer que Djadousteren, n'est de-

norifique de Darmen ,
ligné dans le Bagavcdam que fous le nom ho-
expressionquiindique
sa bonté vigilante. La plupart de ces anciens

,
Princes eurent ainsi des surnoms relatifs à leur
piété, à leurs exploits oc même à leurs dé-

,
portement Cet usage peut faire quelquefois
perdre de vue le nom propre & induire en
erreur, sur-tout des étrangers; il subsiste encore
dans l'Inde, & en: aussi commun parmi les
Seigneurs Mahométans.
Il voulut être Législateur, reformer
& rapprocher les cultes de sa patrie.
Bientôt aux yeux d'une partie des peu-
ples éblouis, ce héros fut Vichnou in-
carné. Le Bagavadam prétend que De-
vendren, chef des Esprits célestes ou
demi-dieux,l'établit par ordre de la Sa-
ge(Te suprême, seigneur de ceux qui
ont le cœur doux; il l'oignit & le
constitua Pasleur par excellence.
Dans cette nouvelle carrièreChrif-
nell) développa la mêmesupériorité de
Talens. Sans heurter de front cèrtains
préjugésenracinés, il voulut en émous-
ser les effets. Les Tribusavoiént les

gnement religieux & impolitique ;


unes pour les autres, une forte d'éloi-
il
essaya de les rapprocher; ainsi juhlu'au-
jourd'hui dans son fameux Temple de
Chekanadant, (situé à la côte d'O rixa
-,
& nommé par nous Jagrenat), toute
diftinétion cesse entre ceux qui vien-
nent y adorer. Il fpiritualifa les dog-
mes. C'est d'après les préceptes que

,
les sacrifices sanglans, quelquefois hu-
mains furent peu-à-peu supprimés,
même parmi les sectes qui ne se font
point réunies fous ses auspices. Le sys-
tême de la métempsycose, dontlebut

,
efl de concilier la bonté de Dieu avec
sa juflice,étoitgénéralement admis il
le développa, & lui donna une nouvelle
sanction. Les Brames avoient su con-
server tout leur crédit, une préémi-
nence légale & religieuse partni les
principales fcétes. Chrifnen inflfla sur

due en ce monde , :
la profonde vénération qui leur est
car ils en jouis-
sent même dans les Cieux Cepen-
dant il ne dissimula pas à ses dis-
ciples que le Sage cft. infiniment,au-
dessus de ces personnes sacerdotales, &
efl le plus excellent des mortels. Les
pèlerinages, les ablutions., les obser-
vances légales furent par lui très-re-
,
commandées, comme utiles pour pro-
curer le pardon des péchés: Mais, en
même-temps il infirma le tolérantis-
me, & que tous les Cultes tendent au
même but. A cet égard, il fit connoître
que Dieu dans la plénitude de sa jus-
tice absorbera dans son fein celui
qui, libre de toute affectionterrestre ;
se fera efforcé de pratiquer la vertu r
de toutes les offrandes, la feule agréa-
ble à cet être ineffable étant celle d'un
cœur pur. Cette doélrine efl celle du
Bagavadam, elle enefll'ame; ellefut
consaçrée par Chrisnen, qui efl la fin
& le grand terme de cet ouvrage Ca-
nonique.

,
Ce Héros plein de gloire & d'années
périt par accident. Dieu pour une
partie des habitans qui avoientsurvécu
aux fureurs de la guerre, il fut aux
yeux des autres un horrible fléau que
le Ciel en courrouxavoit déchaîné
contre ce malheureux pays. Quoiqu'il
en foir,avec lui finit à- peu-près, dans
l'Inde, l'âge mythologique des Dieux,
des Géans & des Monstres. Alors seule-
ment commence le siècle de l'hifloire,
non cependant totalement débarrassée
de l'antique rouille des prodiges.
L'époque ",,< les grands évènemens
de la vie de Chrifneny font étayés d'un
concours de preuves que l'on-cherche-
rait envan dans l'hiiloire Grecque Se
Romaine. Entrons à cet égard dans
quelques détails.

,
Les Auteurs Indiens qui ont écrit
l'histoire ancienne de leur pays s'ac-
cordent avec la Mythologie sur le
fond de cette grande révolution, dont
Chrifnen fut l'ame & le mobile. Or des
faits qui, de proche en proche, tien-
à
nent ce qui subsiste encore, les aveux
des sectes ennemies, des monumens
dont tout constate la haute antiquité,
Unetradition non interrompue un ,
culte répandu dans une vastecontrée
1 où t-oute innovation efl impraticable,
sans unbouleversement tJral, cet en-
semble pourroit suffisamment dépoier
en faveurde l'époque des exploits de
ce Héros.Mais voici quelques preu-
ves d'une espèceplus tranchante (*)*

(*) Des auteurs Persans Maholnécans, ont


prétendu que Chrisnen, né peu de temps après
ledéluge de Nzé 3 fut le premier Monarque
del'Inde; qu'il perfectionna la langue Sjtnskrou-
tam, .& en inventa les caractères; enfin que
soussadirection, Brahma, son Ministre ré-
,
digea les Vedam. Ces assertions, quoique coiq-
fufes &c non fondées, indiquent néanmoins la
haute opinion, que les peuples voisins ont re-
cueillie ou conservée de ce héros Législateur.
Ces Ecrivains Mahométans ont traduus Se
Extraitspluiseursanciens ouvrages Indiens. On
3
,
leur fait plusieurs reproches mais sur-tour d'a-
voir retranché élagué, & plié quantité d'ob-

nationaux 8c Religieux.
jets,, pour tout faire quadrer avec leurs préjugés
La mort de Chrifnen)l'ère du Calyôu-
gam, qui, en 1787, remonte à 4888
ans, & le règne du successeur immé-
diat deDjadoufteren, nommé Paricchi-
toiij coïncident ensemble. Cependant
Fépoque où a commencéune nouvelle
période de siècles&d'évènemens, ne
dateréellement que de la fin du règne
de ce dernier souverain. Ainsi je dois
à la précision, d'observer qu'entre l'é-
poque de cette ère & la mort de Chrif-
Tzen qui la précéda, il y a eu un in-
tervalle de quelques années. Le Baga*
vadam y a fait allusion; il insinue en
son flyle mythologique, que cette es-
pèce de petit intervalle ou répit pour
le commencementde ce quatrième âge,
qui est celui d'infortune, fut accordé
aux mérites de Paricchitou. Ce Prince
fage & Religieux, au retour d'une
grande expédition militaire, eut., fé-
Ion l'Auteur, à combattre un énorme
Géant. CJétoit le Calyougam, cetâge
perfonifié.LeGéant fut vaincu & re-
légué hors de l'Empire avec défense d'y
paroître pendant le règne de ce Prince.
Dans le vrai il est sensiblequ'unegrande-
ère chronologique ne peut avoir eu
pour principe &: pour bafe que de
notables évènemens physiques ou po-
litiques. Or felon les prétentions de
ces peuples, l'arrivée & la fin des
différens âges doivent être marquées

Planètes;
par des conjonétions de toutes les
Phénomène qu'ils préten-
dent avoir eu lieu à l'époque du
Calyougam. Il s'enfuit que dans de
telles circonflances, sans avoir égard
à de légères différences d'années, les
évènemens qui ont été mobiles im-
médiats d'une insigne révolution, ap-
partiennent à la même coïncidence.
Mais ces grandes conj onétions de Pla-
nètes ont-elles alors réellement exiflé?
J'avoue n'avoir en Astronomie que les
notions les plus vulgaires; cependant
le fait me paroît plus que probable par
une raison simple, c'efi que ceux de
nos savans qui ont une connoiiTance
approfondie des phénomènes du Ciel)
semblent,à-peu-près, convenir que
.t'
ceux ddent il s'agit- peuvent avoir été

o b servés, ravoir servi d'époque au


commencement d'une ère quelconque.
Depuis l'arrivée du Calyougam, Âs-
tronomie,Chronologie, Histoire re'
ligieuse,civile &politique, ont mar-
ché d'un pas, pour ainsidire, égal,&c
sans le perdredevue. D'abord cette
èreestAstronomique. On n'ignore point
en Europe que lesIndiens n'exécutent
auj ourd'hui toutes les opérations rela-
tives à cette science, qu'en suivant par
pure routine, d'anciens formulaires
à
originaux, eux particuliers & d'un
mérite auquel nos Savans ont rendu
juflice : Or leurs calcitls ont pour bafe
l'ère mentionnée.Uneépoque datant
avec précision de 4888 ans semble d'a-
bord fort éloignée, niais elle n'a rien
qui puHfe étonner, pour peu qu'on
daigne considérer que leurs opéra-
tions supposent aussiconftammcnt la
précession des équinoxes. La connois-
sance de cette révolution entière du
Ciel déterminée à 24,000 ans en nom-

,
bres ronds, afin de pouvoir opérer sans
fraélions, calcul qui diffère peu de
celui de nos plus célèbres Agronomes
modernes, n'a pu être le réfulcat que
d'une bien longue expérience : celle-ci
suppose nécesairement une antique ci-
vilisation.
C'efl d'aprèscettecélèbre époque
-- jusqu'aujourd'hui
que on date les ins-
criptions des monumens devinés à bra-
ver l'injure des temps, & même les ac-
tes civils &: politiques un peu impor-
--
tans. On a fair, il est vrai, Se on fait
encore un usage local 6c partiel de
quelques aunes ères. Celle, par exem-
ple connue fous le nom de l'Empereur
4
Bekermadjet laquelle remonteroit au-
à
jourd'hui 1935 ans, déjà, depuis
assez long-temps cIl tombée en désué-
tude; elle succéda a celle de D.alozife-
ren> qui n'a subsisté un temps plus con-
sidérable que dans le nord. Les Astro-
nomes Indiens emploient encore au-
jourd'hui celle du Roi Salivaganen
*
Protecteuréclairé des Sciences, elle
compte 1709 ans. Enfin ils font un
-
lisage journalier de leur petit Cycle de
soixante ans; mais toutes ces époques.,
de proche en proche, remontent &
vont aboutir vers un centre unique, ce
font les notables évènemens & les con-
jonctions des planètes qui ont été bafe
de l'ère Catyougam.
Observons maintenant que depuis
ce temps, les Souverains qui ont oc
cupé le Trône de l'Indoftan, font con-
nus; la fuite de leurs règnes, non inter-
rompue & tracée sans confusion,est
liée à des fondations de villes, des mo-
numens, & même aux invasions des
peuples voisins. Les hifloriens natio-
naux ne diffimulcnt point que depuis

été ravagées,
lors, diverses parties de l'Empire ont
souvent envahies, Se
que la plupart de leurs Empereurs ont
payé tribut, sur-tout à laPerfe. Siàdes
faits simples & nullement gigantes-
ques, ces Auteurs ont mêlé quelques
prodiges,. ils ne font plus du genre
mythologique, & ne caraétérifent que
les préjugés religieux de FEcrivain,

,
ou ceux de son siècle. La fuite Chrono-
,
logique des règnes est comme j'ai
à
dit, bien connue. Il suffira notre su-
jet de çonsidérer que depuis Pariccki-
j
tou premier Empereur de l'ère Ca-
lyougam, Se successeur immédiat de
Djadousteren quirégna trente six
ans,
on compte cent dix-neuf de ces Rois
suprêmes, i^us de différentes races.;
ils ont occupé leTrône de l'Indos-
tan, pendant quatre mille quatre-vingt

mé Pitaura ,
ansl Le dernier de ces Souverains nom-
fut vaincu l'an 924 de
notre ère, par Tchaaboudin, Kan des
Mogols, qui s'empara de Delhy or si
pour atteindrenotre année 1787, dans
;
laquelle j'écris on ajoute 863 aux
,
4080 ci-dessus mentionnées, on aura
4943 ans pour époque du commence-
ment du règne de Paricchitou. Cette
année fut aussi celle de la mort de
Chriftien. Cependant Père Calyougam
avec laquelle les Indiens font coïnci-
,
der ces deux derniers évènemens, ne
compte que4888 ans. On en a vu pré-
cédemment la raison, c'est parce qu'a-
lors feulement arrivèrent les grandes
conjonctions des Planètes,phénomè-
nes qui par les anciens, ont toujours
été réputés les plus propres à fixer ôc
pour ainsi dire, à consacrer le souvenir
de grands & insignes évenemens, lors-
que par hasard, d'ailleurs liés ensem-
ble, ils ont à-peu-près abouti à un point
aussi remarquable.
Une nation de temps immémorial
reconnue forte en population,savante
&isolée, ne voyageant point, divisée
en tribus,en feéles qui se jalousent &
se surveillent, fidelle à d'antiques insti-
tutions, que plusieurs ont scellées de
leur fang, chez qui personne ne peut
s'écarter des usages établis sans être dé-
gradé des droits de sa naissance, parce
que le Législateuridentifiant les Loix

:
civiles & religieuses a rendu leurs liens
indissolubles telle est la nation dé-
positaire des témoignages en tout genre
dont j'ai crayonné l'esquisse.
Parlcchitouy connu aussi fous le nom
honorifique de Indertoumin (chef ou
premier des Souverains), parce qu'il
efl à la tête de ceux de ce nouvel âge
du monde, doit avoirpuissamment con-
tribué à l'apothéose de Chrifnen ven-
3
geur ëciauveur de sa famille. Ce Prince
fit élever & lui dédia cet antique & cé-

fous le nom de Chekanadam ,


lèbre Temple, connu à la côte d'Orixa
(Temple
du Seigneur de l'Ere). C'est, peut être,
jusqu'aujourd'hui, le plus fameux pè-
lerinage de l'Inde.
Pour apprécier l'apothéose de cet
j
homme extraordinaire, etonsuncoup
d'œil sur des temps plus rapprochés.
Les Minos, lesNuma, les Mahomet,

,
voulant puissamment conduire les peu-
ples ont également eu recours à de
religieuses impoflures. Aux yeux de
la raison éclairée, la plupart des con-
quérants ne font que de fameux
brigands. Cependant que le hasard
de la naissance ou des circonstan-
ces, feconde ces ames d'une trempe
forte, & sans principes, pour qui le
juste & l'injufie font des mots vuides
de sens, ils ravageront, bouleverse-
,
ront la terre & feront des Héros
Trop souvent, à cet égard, l'opinion
!
même de l'homme pensant a été cal-
quée sur celle du vulgaire. Chrisnen,

,
dans sa jeunesse, fut livré à la débau-
che mais bientôtGuerrierinvincible,

,
appui du foible, par lui la face de

,
l'Indoflan fut changée les Loix & le
Culte réformés; il ne porta point la
Couronne il la donna & parla en
Dieu. Des peuples pieusement perfua-
<lés que l'Etre suprême daigne quel-

,
quefoisparoître fous une enveloppe
terrestre semblent, pourainsi dire,
avoir été conséquens de reconnoître
& adorer en cet iliuftre imposteur,
une des plus grandes manifefiations
de Vichnou.

;
Je présume suffisamment démontrée
l'ère deChrifnen elleréunit, par les
1

;
évènemens aux que l s elle tient, tous
les caractères d'auth enticité son éloi-
gnement ne pourroit surprendre que
l'homme préoccupé. Dans un autre ou-
vrage j'aurai à développer ce que le
hasard, & quelques recherches m'ont
mis à même de connoître sur des races
plusintéreflfantes, sur de grands traits
d'hiftoirefortantérieurs au Ca!jlollgam-J
& alors déja ignorés. Les témoigna-
ges marqués du sceau d'une trs-haute

:
antiquitéfont encore plus étrangers à
tout vague rapprochement sîmplesSe
lumineux, lacruauté du fort, qui a
tant détruit, a au moins rendu irrécu-
sables ceux qu'elle a épargnés.
Héroïsme science grandeur, tout
, ,
successivement est, au moins, éclipsé
par les aîles du temps. Chrisnen, sans
appartenir à une antiquité fort reculée,
n'ed aujourd hui bien sérieusement
connu que d'un assez petit nombre de
savans, même dans la vaste contrée ou
néanmoins une foule d'objets rend
hommage à la véritable splendeur de
Ton nom. Ainsi on admire lin mo-
ment les monuments les plus fas-
tueux; le moment s'envole, & un
infiant après, tout est enséveli. Entre
les foiblesses. humaines l'ambition
- ,
est: la plus- vaine & la-plus irréflé-
chie! Un ancien fage de l'Inde a dit
,
à ces êtres malheureux toujours hors
3
d'eux-mêmes
:
toujours altérés de fang
ou de vapeurs de gloire Aucunpoint
sur la terre qui 11ait étépossédémillefois

!
venir ejl: anéanti jouis en paix car ;
par des hommes puissants, dont le fou-

foit
une
que
foible source
que ton vaJe.
j
tupuises dans l'Océan ou dans
tu nepourrasremplir
Si mes délassemens littéraires ne

l'homme éclairé & judicieux ,


paroissent pas dépourvus d'intérêt à
il dai-
gnera être indulgent sur le style d'un
voyageur qui s'est plus attaché à voir,
penser,qu'à écrire ou bien dire. J'a-
à
:
jouterai un mot La Philosophie ou
l'amour de la sagessen'est un flam-
- beau vivifiant que pour qui fait douter.
BAGAVADAM,
OUVRAGE
CANONIQUE INDIEN.

INVOCATION.
Le Savantqui du Samskroutam a traduit
le Bagavadam en Tamoul Chendamil,
espece de Dialecte Malabarre, particu-
lièrement consacréaux sciences & à la
Religion s'exprimeainsien commençant:
i)ADC)RE
les pieds de Vedaviasser
(nom du rédacteur du Vedam) Tes
,
pieds qui par leur délicatesse ressemblent
à la fleur de Tamarei(espèce de Nym-
phea). Mon dellein efl de traduire en
:
Tamoul sublime le Bagavadam divisé en
douze Livres Pour assurer mon entre-
prise j'invoque à mon aide VicneffOu-
,
ren (de ce Dieu dépend toute réussite).
Daigne (la Déesse des Sciences) Saraf-
yadi diriger malangue, je rends hom-
mage à tous les Savans, & m'humilie
en leur présence.
LIVRE PREMIER.
LEdésert
de NaemiJJarprésente de
grandes commodités; les plus célèbres
pénitens s'y rendirent pour offrir un sa-
crifice de propitiation, nommé Yagam
qui devoit être terminédansmille ans.
,
Déja ils commençoient à remplir de
point en point les rites de ce sacrifice,
lorsqu'on vit arriver un saint & éminent
perfoimage dont le nom étoit Youden
(ou plutôtSouden ). Tous ceux quiétoient
aÍfemblés, au nombre de 21,000, en eu-

contre;
rent tant de joie qu'ils allèrent à sa ren-
un
ils lui donnèrent siége plus
élevé, en confidératioiï de Ton savoir,
& exprimèrent la plus vive fatisfaciion.
Le lendemain dès la pointe du jour
aprèsavoiraccompli lesdevoirsindispensa-
bles, ces Religieux se rendirent à la Salle
.d'AiI'ernblée ou étoit Souden,ils lui té-
moignèrent leur amitié & leurs respects.
;
:
On s'assit & les principaux d'entr'eux lui
adressèrent la parole en ces termes 0
Souda,Illustre Pénitent, ô fage le plus
éclairé, nous savons que vous avez été
instruit par le grand Viaffir de toutes

;
les sciences, de tous les mystères de la
Religion & de l'Histoire sacrée il n'y a
rien de cachépourvous. Nous n'igno-
rons pas que vous êtes disposé à faire
part de vos lumières à ceux qui s'adres-
sent à vous avec les dispositions conve-
nables. Daignez, Seigneur, nous rece-
voir au nombre de vos disciples, & nous

, -
admettre dans le secret des mystères.
Vous savez continuèrent ils, que les
hommes de ce siècle font corrompus,
& livrés à l'iniquité. Leur ame est mai-
trisée par toutes fortes de passions; ils
ignorent les premiers devoirs, ces hom-
rnee d'un cœur double, qui n'ont aucun
fentinient de vertu ni d'honneur; ainsi
ils font incapables d'arriver à une bonne
fin. Nous vousfupplious de nous ensei-
gner les moyens de nous préserver d'une
ignorance si dangereuse, & d'acquérir un
cœur pacifique. Notre plus grand fou-
hait est de nous instruire de la vie fainte,
des adtions surprenantes &: miraculeuses

monde;
de celui qui s'ell: incarné pour purifier le
de celui de qui les saints noms
prononcés font naître une lumière écla-

mondaines ;
tante & pure qui absorbe les illusions
de celui dont les pieds font
deux sources d'une eau vive qui se répand
comme un torrent pour nettoyer l'ini-
quité qui a fouillé les trois mondes (le
Ciel, la Terre & l'Abyme); de celui de

;
qui le seul souvenir a donné la paix du
cœur à tous les saints pénitens de celui
enfin qui s'étant fait fils de Vissoudeven
& de Devaguy, a déchargé le monde du
poids de l'injustice. Faites-nous le récit
de sa vie, en même-temps que vous nous
ferez connoître qui étoit l'Auteur qui l'a
laissée par écrit. Voici Caliougam (l'âge ac-
tuel du monde) qui commence Son cours..
Nous qui sommes dans l'intention d'e-
tre toujours attachés à la dévotion de
Vichnou & de finir nos jours dans la so-
litude, nous ne redoutons que les attein-
tes de ce temps de calamité & de per-
!
versité Par la faveur de cet être inef-
fable voici une heureuse occasion de
nous munir d'un puissantpréservatif.
Rendez-vous à nos instances ô grand
-
Souda, conduisez nous dans la route

la roseé de la divine parole ;


de perfection faites couler sur nous
,
elle
feule a la vertu d'éteindre le feu dévo-
rant de l'iniquité, 6c de détruire cette
semence mafheureufe qui fait que les
hommes subissent des métempficofes
sans fin.

:
Soudenpersuadé de leurs bonnes dis-

,
positions répondit en ces termes 0 vé-
nérables Pénitens votre demande est
fort judicieuse. Vous savez déja que le
grand Viasser mon père, étoit l'auteur
(ou plutôt le compilateur) des histoires
Cacrées, Se qu'en récompense de sa ver-
j il
tu avoit le pouvoir de commander
même aux choses insensibles. Vous me

qui regarde le Dieu Kichnou ;


demandez de vous faire un récit de ce
j'avoue
que cette entreprise est infiniment au-

; ;
dessus de mes forces, sans l'afliftancede
la grâcedeBrahma que j'invoque
vénère Viasser, il fera mon appui pros-
je

terné aux pieds saints de Vichnou, j'a-


dresse mes prières à la déesse Sarafvady,
En même temps je vous demande la plus
grande attention.
Tous les rages nous ont assuré que
ceux qui se dévouent à la dévotion de

,
Vichnou, & qui prennent plaisir à s'ins-

;
truire de son histoire
grands mérites
acquièrent de
cette dévotion rend
fiable leur résolution dans la pratique
de toutes fortes de vertus. Les actions
vertueuses qui n'ont pas pour fin cette
dévotion, feront infruétueufes. 0 vous,
-grands Pénitens, en faisant le bien, que
vos intentions soient pures, que ce fait
en l'honneur de Vichnou. Votre but ne
doit pas être d'obtenir des avantages
temporels. Cependant fachez que même
ces jouissancespassagères ne font qu'une
;
récompense de sa part car sans cet es-
poir très-souvent les bonnes œuvres ne
se pratiqueroient point !, Si les riches
malheur à
abusent de leur fortune
1 Les feules actions qui ont ce
eux
Dieu pour but, font favorablement re-
çues; c'est le terme proposé dans les
Vedams; 6c celui qui récompenseles

de qui font
!
bonnes œuvres estleTout-Puissant Quel-
initiés dans les
ques-uns ceux
mystères du Vedam, pratiquant tout ce
qui aboutit à la dévotion de Vichnou
parviennent à contempler dans les âmes
vivantes celui qui est la vie par excel-
lence, &ainsi obtiennent la béatitude.
Il est certain que la dévotion de Vichnou
eil la feule voie pourarriver au bonheur
éternel. Je vous révélerai encore un se-
cret qui peut vous être utile, c'efi que
Dieu qui ne manque pas de récom-
ce
penser les bonnes œuvres faites en son
honneur, favorise particulièrement ceux
qui s'inftraifent avec empressement de
:
sa fainte vie son image s'imprime dans
lame de celui qui écoute avec attention
le récit de cette vie dans laquelle il le
contemple. Cette contemplation lert d'é-
pée pour couper la racine de l'iniquité.
Pichnou lui-même se communique à ces
ames pieuses, il les purifie, il les rend par-
faites,, & leur cœur devient pacifique.
Cette paix de l'ame produit la sagesse,&
cette sagesse la vision de l'Etre Suprême.
Qu'on ne disepoint que Vichnou n'est
qu'une de ces trois Divinités ou attributs
jqu'on appelle triplePuiilance. Sachez
qu'il eil: le principe de tout. C'est lui qui
acréé l'Univers par sa puissance produc-
,
tive c'efl lui qui maintient tout par sa
puiilance conservatrice, c'est lui enfin,
qui détruit tout par sa puissance destruc-
tive. Il crée fous la forme de Brahma, Se
détruit fous celle de Siven. La Puiilance

;
productive est plus excellente que celle
destructive &la Puiilance conservatrice
est plus excellente que celle productive ;
ainli au nom de Vichnou est attachée la
prééminence, puisque le titre de Conser-

:
vateur ou Sauveur lui est spécialement
attribué en effet tous les grands Péni-
tens l'ont adoré fous ce nom. Ceux qui
aspirent à la béatitude se dévoueront
donc sans réserve à sa dévotion.

,
Les personnes qui ne recherchent que

; ,
les biens temporels ont recours aux
dieux étrangers quelques unes ne s'atta-
chant qu'à leurs idées adressent des
vœux aux étoiles & aux Planètes,aussi

aux Démons ;
bien qu'à leurs parens morts, &même
toutes ces personnes profi-
tent fort peu de ces dévotions mal pla-
cées. Quant à Vichnou, il se présente
facilement à ceux qui ont confiance en
lui. Son secours est plus prompt que ce-
lui de l'argent qu'on porte noué dans
son propre mouchoir. Ainsi il est de no-
tre devoir de l'adorer, de lui adresser
nos vœux, nos prières, nos sacrifices &
nos bonnes œuvres.
Quelquefois ce Dieu fera comme Ner*
gounen (absorbé-en lui même, sans ac-
tion ), quelquefois il se manifestera avec
toute sa grandeur, & il créera l'univers.
Semblable au feu qui se trouve dans le
bois &; dans les pierres, dans l'eau &
dans l'air,Vichnou. est par-tout. Malgré

prise très-souvent,
la forme visible & corporelle qu'il a
il est au-dessus des

rogatives surnaturelles aux corps ;


poursuites des sens. S'il accorde des pré-
s'il

maux ,
crée les dieux les hommes, & les ani-
c'est feulement pour rendre sensi-
ble sa bonté.
Aty Sechen, tout savant qu'il est, ne
pourroit nombrer les métamorphoses &,
les formes différentes fous lesquelles
Vichnou s'est manifesté pour le salut de
l'univers. Les fages disent tous d'accord
que la forme humaine est la premiere fous
laquelle il partit avec un corps revêtu de

;
pourpre &: plus éclatant que le soleil,
avec mille visages ses têtesétoient or-
nées de couronnes, de pendans d'oreil-
,
les de guirlandes, & autres marques
royales. Couché sur un Trône au-dessus

meil contemplatif ;
de la mer de lait, il reposoit d'un som-
c'elt alors que ce
Dieu produisit de Ton nombril Brahma,
qui créa dans Tes membres toutes les créa-
tures vivantes lesquelles multiplièrent
,
enfuite.
La fécondé métamorphose fut en
forme de sanglier qui avec ses défen-
des souleva la terre submergée par les
eaux.

Naraden5
,
En troisième lieu il se fit nommer
fous une forme humaine, &
il institua la doctrine de Vayschlnouvam
(Doctrine de fichnou).
Ensuite il parut fous lenom de Na-
rayanen, se rendit au défert de Badary 3
& il y donna l'exemple d'une pénitence
rigoureuse.
Cinquièmement, fous le nom de Ca.
biler, il châtia les méchants, & apprit à
sa mère la voie de contemplation.
En sixième lieu, il se fit fils d'Atterien
&d'Anoussouya fous le nom de Tibate-
;
rian il enseigna à disciples la con-
Tes
noissance de l'Etre Suprême.

,
Septièmement, il fut fils daghdy fous
le nom d"Eguien pour enseigner la Théo-
logieauxfages. Huitièmement, il se fie
fils d'un Roi nomméVenen, & trans-
forma la terre en vache.
Neuvièmement, il se fit poisson pour
sauver le Roi Sattievaraden.
Dixièmement, il a paru fous la forme

,
de tortue pour soutenir le Mont Merou.
En onzième lieu il se fit nommer
Danmondry &: enseigna la Médecine.
Douzièmement, il se montra fous la
forme d'une belle femme, les Géans fu-
rent charmés & punis.
En Treizième lieu, il se fit homme
Lion pour tuer le Géant ErenniaCassio-
ben.
Quatorzièmement, il prit la forme d'un
Nain, fous le nom de Vamen, & relé-

,
gua dans les abymes le Géant Bilien.
En quinzième lieu il fit la compi-
lation du Vedam fous lenom deViassen.
Seizièmement, fous le nom de, Pa-
raframen, il détruisit les Tyrans.
Dix-septièmement, il se fit fils d'un Roi
nommé Dassaraden, fousle nom de Ra-
men & fit mourir le Géant Ravanen Roi
3
de Candy.
Dix-huitièmement, il parut fous les
noms de Chrifnen Se de Balaramen , pour
débarrasser la terre surchargée d'hommes
pervers. En dernier lieu, il s'cil montré
fous le nom de Bauta, au commence-
ment de cet âge du monde nommé Ca-
lyougam; (depuis environ 2000 ans> le
a
culte de Bauta pénétréjufquen Chine
ou il efl connu fous le nom de )
Fo : à
3
la
fin de ce mêmeâge, il paroîtra fous le
nom de Calqui pour détruire la race des
Miletcher (hommes barbares, impurs).
Voilà, dit Souden quelques-unes des prin-
3
cipales métamorphoses deVichnou; mais
fâchez que je ne finirois pas si je voulois
parler de toutes. Je vous aÛùre de plus
que ce Dieu ne manquera point de se
produire fous quelques insignes métamor-
,
phofes
;
toutes les fois que le monde
fera infecté par l'iniquité des Tyrans 6c

,
il purgera la terre de ces monfires.
Je vous lerépète dit encore Sou-
den, tous ceux qui se livrent à la lec-

les entendent, ,
ture de ces histoires faintes, ceux qui
& ceux qui se font un
devoir de les méditer feront délivrés

la vie humaine;
des peines & des chagrins attachés à
mais"quand vous en-
tendrez le récit de certaines avions
de Vichnou, gardez-vous d'imaginer
qu'il étoit réellement susceptible des pei-
nes &: des plaisirs dont il paroissoit res-
sentir les effets. Ces apparences font illu-

;
soires. Il est par sa nature exempt de
toutes les vicissitudes humaines il se con-
noît lui seul, & est incompréhensible à
tout autre*; les Docteurs qui disputent sur
sa nature, parlent de ce qu'ils ignorent.
Brahma même & les autresdieux ne com-

,
prennent point cette Efltnce ineffable!
Quant à vous ô grands Pénitens, votre
dévotion envers Vichnou vous a mérité
de le porter en votre cœur; par-là soyez
assurés que vous êtes déjà délivrés, &
pour toujours, du malheur des métempsy-
coses.
Vous deÍirez, continua Souden, que je
vous
gavadam ;:
fasse connoître cette histoire de Ba-
c'est le grand riajJèn qui l'a
mis par écrit il l'a lut à son départ à Sou-
guen son fils, comme une doctrine d'où
dépend l'acquisition du vrai bonheur.
Souguenl'apprit au Roi Paricchitou, qui
avoit dessein de finir sa vie dans la rivière
de Guenga; par cette instruction ce Roi
se procura la béatitude. Je vous aime, je
fuis auÍfidisposéà toutvous
di{pofé tout vouscon11nuni..:.
communi-
;
fuis aussî
quer prêtez-moi votre attention.
Yiallên étoit fils de Brahma & sa
,
mère Matchaguendyétoit fille de Parif-
Jen & d'un poiiron. Viaffen né par une
influence particulière de Vichnou, se
rendit au défert de Badary-Cassiram, fi-
tué au bord de la rivière de Sarashady;
il y travailla à remplir sonespritde toutes
les connoiiïances relatives à la Divinité.
Il mit par écrit les quatre l'edams, 8c
ajouta à ces Livres Saints, celui nommé
Baradam, comme faisant un cinquième
Yedam, pour la quatrième tribu. Il fit
lire le premier livre de Vedam, nommé

Yefrou, par Vayssam-Bayen ;


Roucou par Baylen; le fécond, nommé

sième nomméSamam par Saymien; le


le troi-

manden:3
quatrième nommé Adarvanam par Sou-

le Baradam
mon père Souguen m'enseigna
& les dix-huit Pooranam
(recueils, commentaires sacrés). C'eit
ainsi que ces livres ont été connus dans
le monde. Quant au Bagavadam, l'un des
Pooranam, voici l'occasion particulière
qui lui donna naissance. Un jour f^iajjen

même: à
réfléchissant sur son ouvrage, se dit lui-
j'ai composé le Baradam, en fa-
veur des Choutrer (quatrième tribu) aux-

livres de Vedam;
quels il étoit défendu de lire les quatre
j'y ai mis tout ce qu'il
étoit possible des myfières; j'y ai parlé
des pratiques morales & de la distinction
;
de chaque état cependant j'ai omis de

leuses de Vichnou ;
traiter de la vie &: des actions merveil-
ainsi je n'ai rien,
fait qui vaille. Tandis que ViUèn étoit
plongé dans une triflefTeextrême par
réflexion, Naradcn vint lui rendre
cette
:!
viiite ; il lui dit eh quoi, mon frère ,
vous, qui êtes remplidemérite & de
gloire, comment êtes-vous susceptible
?
d'une si. grande tristesse De quoi s'agit-
il? peut-être je pourrai vous donner un
bon conseil? :
Viaffin lui répondit ô
grand Patriarche, ô fils de Brahma ôc

comparable,
adorateur de Vichnou, 6 personnage in-
ô vous qui avez obtenu la
faveur dela viilon du premier principe,
pouvez-vous m'interroger sur la cause de
ma tristesse, qui vous est déja connue !
nest-ce pas à vous à m'en apprendre le
sujet & le remède?
Naradenrépondit : 0 Viassen, ô fage
renommé, vous avez composé le livre
de Baradam, où vous étalez tout ce qu'il
y a de plus relevé, dans la Morale; Sç
vous n'avez pas fongé à y ajouter le récit
de la vie & des aétions de Kichnou & des
(
Bagavader anges adorateurs de Vich-
nou ) Voilà le sujet de votre chagrin.
Vous savez que ce Dieu n'agréera pas
ces ouvrages, d'ailleurs excellens, s'il ne
s'y trouvepeintlui-même. Vousn'ignorez
pas non plus que toutes aétions qui n'ont
pas la dévotion de Kichnou pour but
font comme des corps sans vie ; cette dé-
,
votion anime & donne le mérite à toutes
;
les vertus une personne d'une extraétion
impure, & un pécheurmême en la prati-
quant fera récompensé. A ce sujet je vous
raconterai ce qui m'est personnellement
arrivé.
Jadis je fus fils de l'Esclave d'un Bra-
me. Mon maître ayant accueilli chez lui
par hospitalité quelques Religieux; il me
fut ordonné de les servir. J'obéis avec
;
empressement ainsi assistant à leurs en-
tretiens spirituels, j'écoutois avec atten-
tion les discours que iouvent ils faisoient
sur Vichnou.
Ces Religieux contens de mon zèle,
m'apprirent à leur départ les mystères
ineffables de ce Dieu. Par cette instruc-
tion je me fuis trouvé à portée de faire

fruit. Ma mère ,
tous les jours mes exercices de piété avec
que je chériffois
mourut mordue par un Serpent. Cette
,
,
mort qui fut pour moi un grand sujet de
peine & de douleur me procura cepen-
dant une liberté de cœur que je n'avois
point. Alors entièrement dégagé du mon-
,
de je me rendis tout de fuite au défert,
où je commençai à ne faire autre chose
que contempler nuit & jour les perfec-
tions de Vichnou. Je fus averti par une
voixcéleste que ce Dieu étoit satisfait de
;
ma vie austère que cependant je ne de-
vois pas m'attendre a le voir en cette vie;
mais qu'après ma mort, je mériterois de
devenir fils de Brahma & qu'alors je
.,
ferois récompensé de ma dévotion : Par
cet avertissement ma résolution devint
plus ferme,& je surmontai plus facile-
ment mes passions par une rigoureuse pé-
nitence. Enfin mon anle séparée de Son
corps terrestre, se rendit auprès deBrah-
ma: Ce Dieu parvenu à l'époque de son
sommeil, dormoit alorsprofondément.
Mon ame rentrée dans Son fein se re-
posa avec lui pendant l'espace de mille
grands siècles. Ce temps fini,Brakma
se réveilla, &: reproduisit le monde; je
fus engendré avec huit autre frères dont
l'aîné étoit Marissen.J'eus ce corps de
Bagavaden(formé de matières subtiles)
que vous voyez. Ayant recommencé mes
exercices de dévotion en l'honneur de
Yichnou il a daigné me donner en pré-
sent cet instrumentde nlufiquc,. dont je
m'accompagne en chantant ses louanges :
Ce Dieu daigne aussi le présenter à moi
toutes les fois que je l'invoque. Ainsi af-
fermissez-vous dans la résolution de vous
dévouer à la dévotion de Vichnou, Sc
de la faire pratiquer aux autres.

;
Naraden étant parti,Viassen se mit
en devoir de suivre son conseil il com-
posa le livre de Bagavadam & l'enseigna
à fou fils Souguen.Cedernier l'apprit au
Roi Paricchitou.
Ce Prince, petit-fils du fameux Dar-
maradjin, étoit fort fage & fort puissant.
Vers la fin du troisième âge, son aïeul
Darmaradjin abdiqua la Royauté en sa
faveur pour aler mener une vie reli-
gieuse dans les déserts. Paricchitou par
sa vaillance dompta tous les Princes voi-
il
;
sins, fournit tous les pays situés même
au-delà du Ganga & ceux nommés Na-
vagandam" du côté du Nord, lui firent
aussi hommage. Il épousaensuite sa cou-
sine Vilvady, & en eut un fils nommé
Cenamecean.
Paricchitou victorieux, prit le chemin
d' Aflnahouram sa capitale, il y tenoit sa
Cour, proche du Ganga. Dans sa route
il vit au bord de la rivière de Sarashady,
un Bœuf & une Vache; le Bœuf ne se
soutenoit que sur un pied, ayant perdu
les trois autres. C'étoit le bien moral qui
paroissoit fous cette forme. I.a Déesse
conservatrice de la terre s'étoit fait Va-
che, elle pleuroit en considérant l'appro-
che du quatrième âge nommé Calyou-
gam, temps dans lequel la pratique des
vertus feroit comme perclue & tyranni-
sée par la méchanceté. Cette vision fut
suivie d'une autre. CeCalyougam fous la
forme d'un Géant, vint pour terrasser le
Taureau qui se tenoit debout sur un.
pied. Le Roi Paricchitou, transporté d'in-
dignation se jetta sur le Barbare & l'en-
chaîna. Le Géant humilié lui demanda
grâce. Le Roi qui faisoit gloire, en imi-
tant son illustre aïeul Darmaradjin de
ne pas se servir de ses armes contre celui
qui paroissoit humilié en sa présence (e
borna à reléguer le Géant hors de son
Royaume, avec défense d'y mettre les
pieds pendant tout le temps de son règne.
Il lui donna pour asyle le cœur des mé-
chants, des ivrognes, des joueurs, des
homicides & des femmes. (*)

(*) Les Loix, les institutions des différens peuples ont


plus ou moins voulu dégrader un sexe digne de nos hom-
mages. J'indiquerai dans mon grand ouvrage les motifs
Ce Roi vertueux fît lui même une
si
faute grave, dont il eut bientôt à se ré-
pentir. Un jour étant à la chasse, il se
trouva fort fatigué & se rendit àun hos-
pice de Pénitens, situé dans les bois,
pour demander un peu d'eau. Le Supé-
rieur nommé Samiguen étoit seul. Le
Prince l'adora & demanda à boire; le Pé-
nitent qui dans le moment étoit voué à
un.
:
silence contemplatif, ne lui fit aucune
réponse Paricchitou en colère, ayant par
hasard apperçu un Serpent mort, le lui
jetta autour du col, & s'en alla.
Le fils du Pénitent,nommé Sirafroun-
:
guyarriva peu après, &. ne put voir son
père dans cet état, sans être saisi d'in-

qui ont provoqué ces Loix tyranniques. Les preuves que

,
j'ai portent sur une bafe beaucoup plus ancienne que les
assertions outrageantes religieuses, ou légales tranfmi-
fcs jufquà nous. Ces dérails qui tiennent à une haute
antiquité, ne peuvent être confiâtes sans la connoissance
des premiers Hyérogliphes; j'en donnerai la clef; je pré-
fume pouvoir en rendre l'intelligence auiïi sensible que
facile,
dignation;aussitôtn'écoutant que fou
amour filial il maudit l' Auteur de l'ou-
trage, & prononça sa mort, par la mor-

;
sure d'un Serpent. Le Père réprimanda.
son fils de sa promptitude il ajouta qu'il
avoit fait une grande faute en maudissant
indiscrètement un des meilleurs Rois,
qui faisoit fleurir la vertu par ses exem-
ples. Il lui ordonna de réparer le mal
qu'il avoit fait en annullant la malédic-
tion prononcée.Le fils non moins fâché
de sa promptitude auroit bien desiré
pouvoir rendre nulle cette malédiction
mais cela étoit hors de ion pouvoir; il
;
n'avoit pas le don de réparer le coup
qu'ilavoit porté. Le Roi, à qui le Péni-
tent Samiguen3 fit donner avis de ce mal-
heur fut d'abord en proie à une grande
tristesse, & se plaignit de l'iilue de son

prudent &; courageux ,si


aveugle courroux. Mais comme il étoit
il s'en coniola
bientôt; il fut même modéré qu'il ne
voulut pas par repréfaiiles maudire l'au-
teur de cette malédiction. Il installa sur
le Trône son fils Cenamecean, & se pré-
para à la mort, en sassant beaucoup d'ac-

;
tions méritoires. Ce Prince savoit qu'il
mourroit le septième jour c'est dans cet
intervalle de temps que Souguen, fils de
3
ViaJJeti lui fit part de l'histoire de Ba-
gavadam.
LIVRESECOND.
SOUGUEN cédant aux vœux de Pa-
ricchitou commença à parler de la ma-
>
nière suivante : 0 Prince Magnanime,
ce que vous desirez savoir est une des
choses que les fages doiventessentielle-

, :
ment connoître. Les Mondains aveuglés
par la cupidité font bien éloignés de
cette sublime dévotion cependant sans
elle la pratique des plus éminentes ver-
tus n'auroitaucunmérite. Catouvangaden,
Roi des sept Isles (on suppose notre
Globe divisé en sept parties), détruifitpar
sa valeur & par sa vertu une multitude
de Géants qui maltraitoient les Dieux.
Il n'eut point d'autre récompense que la
promesse qu'ils lui firent, de le mainte-
nir dans la dévotion de Kichnou jusqu'à
sa mort, qui devoit arriver dans le terme
d'une heure. En effet la contemplation
de Vichnou, est la feule voie pour ac-
quérir la béatitude.
Souguens exposaainsi les moyens de
cette contemplation. Pour s'y livrer fruc-
tueusement, il faut se retirer dans un
endroitécarté, que les sens extérieurs
soientrecueillis & comme renfermés
,
enfin il faut que toutes les paillons, qui
troublent la paix de l'ame, soient répri-
mées. Dans cette sîtuation on fera à por-
tée de contemplerl'image de Vichnou,
i ous la forme nommée Besharoubam, (prin-
cipe du mouvement). Cest une représen-
tation animée de la terre, de l'eau, du
feu, de l'air, de l'espace de Makatvam
,
& d'A hangharam (ces mots feront expli-
,
qués). Ces sept partiesferventd'éléments
à l'univers, & font comme les sept or-
nements de ce Dieu. Représentez-vous

qu'on appelle Padalam ;


aussi aux plantes de ses pieds, le monde
-
au dessus des
pieds celui nommé Nagam; à la cheville,
le monde Adalam; auxgenoux, Tara-
dalam; à la cuisse,Soudalam; aux reins,
Bedalam; au nombril, laTerre; au ventre,
;
& des planètes ;;
l'air à la poitrine, les globes des étoiles
aux épaules, le monde
;
nommé Baovanam

gam
le ;
au col, le Souarcam
aunez, Magaram au front, le Cenalo-
; à la tête le Satialogam. Les Di-
&;
vinitésnommées Indren, font
bras ; les ; ses deux
Rhames ses oreilles les Dieux
Atvani résident
; ;
au bout de son nez le

sage ;
vent est sa respiration le feu est Ion vi-
le soleil de la lune font ses yeux ;
paupières ;
le jour & la nuit font le cillement de ses
ses sourcils font le paradis de
Brahma; les Vedam font ses paroles; -les
arbres & les plantes font ses poils; le
mouvement n'est que son divertissement.
Les hommes divisés en quatre tribus font
nés de lui; son virage a produit les Brah-
mes ses épaules les Xatrier ses cuisses
les Vassiar, & ses pieds les Soutrer. Les
membres de ces quatre tribus parurent
chacun avec leurs armes ôc attributs dif-
tinclifs. Voilà comme on peut se repré-
senter Vichnou. Je vous dirai encore une
chose que vous ne devez pas ignorer, c'est
que cet Etre infini ne doit pas être separé
de l'univers qui n'est essentiellement
,
qu'un avec lui, car Vichnou esten tout,
& tout eïl en lui. Mais en prenant une
infinité de formes ôc agissant d'une infi-
nité de manières, ce Dieu n'est point sen-
:
sible à l'illusion des corps ainsi celui qui

,
rêveestaffecté, & imagine faire telles
ou telles actions sans cependant qu'il y
ait rien de réel.
Les hommes grossiers font servilement
attachés aux cérémonies ôc aux rites reli-
gieux enseignés dans les Vedam. Les fa-
ges renonçant aux prétendus biens de ce
monde, n'envisageant pas même ceux
de l'autre vie, apperçoivent les choses
!,
fous un point de vue bien différent Ils

tens d'herbes, de
:
ne cherchent ni matelas pour se coucher
ni mets délicieux pour se nourrir con-
racines, & d'eau pure,
la terre leur fert de lit. Quant aux mon-
dains,indifférens aux grandeurs devich-
nouj ils feront, à leur trépas, jetés dans
un lac de feu, & pendanr des milliers de
siècles maltraités par les Ministres du
Dieu de la mort.
Il y a une façon de contempler Vich-
nouen raccourci; c'est de représenter dans
son cœur l'image de ce Dieu à la hauteur
de la paume de la main, 6cde l'adorer
depuis les pieds jusqu'au sommet de la
tête. Les fages joignent à cette contem-
plation une pénitence rigoureuse. Ils

;
commencent par réfréner 6c amortir
leurs passions les sens étant ainli comme
renfermés, & délivrés de l'importunité
de leurs fonétions, ces pieux personna-
ges parviendront à une intime union avec
Brahmails perdront le souvenir d'eux-
mêmes. Alors dégagés de toute préten-
tion ils ne connoissent plus les mots mien
& tien. Lorsque leur ame quittera son
corps, elle sortira par le sommet de la

;
tête, &: ira se confondre avec l'Etre uni-
verses
monde.
ils ne renaîtront plus dans le

Une troisième manière de contempler


,
j
,
Vichnou pratiquée par les fâges, & qui
est un lecret pour tous les autres est une
contemplation abstractive quiisole, pour
ainsidire, ce Dieu, de l'univers & de
tout ce qui est corps. Ceux qui font cette
contemplation rentreront dans le fein de
Brahma, & leur substance fera confon-
due avec celle de Vichnou; ils ne feront
plus sujets à renaître dans ce monde.
Les personnes qui invoquent les neuf
BrahmaSy obtiendront le don de fécon-

;;
dité. La Déesse Durcay procure les ri-
chesses à ses dévots ceux du Dieu du
feu obtiennent la beauté les adorateurs
du soleil la fanté. Les Dieux qui prési-
dent aux huit coins du monde, rendent
plus facile la pratique des bonnes œuvres.
Ainsi ceux qui souhaitent polleder des
avantages particuliers invoquent les Di-
vinités qui y ont un rapport spécial. Mais
celui qui est résolu de parvenir à la béa-
titude éternelle, s'adresse à Vichnou. Les
premiers en ne cherchant que les biens
temporels oublient qu'ils font fournis
.à la mort qui les sëparera de
ces biens :
ils
un jour viendra; ou gémiront de
leur peu de discernement, de n'avoir
pas été plus fages, & de ne s'être pas
dévoués au culte de cet Etre Suprême.

, - ,
Car soyez très assurés que sans cette
dévotion les bonnes œuvres, devien-
dront inutiles quoique vertueuses. Les
,
hommes sans cette dévotion ressemblent
aux arbres du défert dont les fruits font
perdus. Ceux qui agités par leur concupis-
à
cence, cherchent nuit & jour assouvir
leurs desirs charnels, font semblables aux
bœufs qui prelTës par l'aiguillon labou-
rent la terre pour d'autres, plutôt que
(
pour eux-mêmes. Les Sannias espèce de
Religieux mendians) qui entrant de
porte en portes, ne pensent qu'à trouver
de quoi se nourrir, ne font qu'au niveau
des chiens qui cherchent à remplir leur
ventre. Enfin ceux qui ne font pas éclai-
rés par la dévotion de Vichnou quoique
d'ailleurs savans, ressemblent aux bêtes
de somme qui ne profitent point de ce
qu'elles portent.
Souguen ayant ainsiparlé,Paricchitou
lui proposa plusieurs questions en ces ter-
mes: 0 Docteur éminent en savoir ins-
truisez-moi comment Vtchnou a créé cet
Univers? Deuxièmement. Par quelle
puissance il a produit le temps &: les ver-
tus? Troisièmement. Quel a étésondes-
seinen créant les Dieux fubalçernes &
l'univers, en les conservant, & en les
détruisant? S'il n'agissoit pas ainsi lui
rnanqueroit-il quelque perfection? Qua-
trièmement. Pourquoi cet être unique &;
suprême prend-il tant de formes, 8c quel
est le but qu'il se propose en se métamor-
phoiant ainsi ?
Souguenrépondit : ô Prince, les ques-
tions que vous me faites, font de grande

;
importance &; au-dessus de la portée du
vulgaire aussi ne convient-il pas de les'
révéler au commun des hommes.
Brakma jadis fit ces mêmesquestions
à Vichnou, & en obtint la solution;
enfuire il en fit part au Patriarche
Naraden qui m'apprit ces secrets dont je
vais maintenant vous instruire.
Voicil'entretien de Naraden avec

;
Brahma. Un jour ce grand Patriarche
rendit visite à ce Dieu il présenta Ses
hommages, fut reçu avec difiinaion ôc
:
parla ainsi ôCréateur de l'univers, ô
Père de tous les Dieux, o Epoux fortuné
de Sarasbady dites-moi quelle est la fin
de l'homme ? D'où lui vient la sagesse?
-,

?
Qu'est-ce que la vérité Cet univers a-t-il
un maître plus absolu que vous? Dites-
moi aussi la fin que vous vous êtes pro-
poféedans cette création? Quel est le prin-
cipe &: le terme de toutes les créatures?

,
Vous-même êtes-vous incréé, ou que l
qu'autre vous a-t-i l donné l'être?
0 mon cher fils, répondit Brahma, je
-

;
fuis content de vous voir cet empresse-
ment pour la vérité j'en fuis d'autant
plus satisfait que vous seul, entre ceux
qui viennent me rendre viiite, avez té-
moigné un ardent desir pour acquérir
ces connoissances : je vais donc vous ap-
prendre ce que vous souhaitez. Sachez
d'abord, que je ne fuis qu'une créature
& que je dépends de Dieu, du principe
,
moteur qui m'a créé, qui m'a instruit,
& m'a donné le pouvoir de créer.C'est
ce maître ineffable qui s'est servi de moi
pour la formation de cet univers; sans
;
lui je ne fuis rien sans lui je ne saurois
disposer d'un atome. C'efi cette substance
suprême qui influe la clarté au soleil 8c
à la lune. Je ris, & j'ai pitié de ces
imbécilles qui m'adressent leurs vœux
& m'adorent comme cause première &
toute puissante. Tenez-donc pour certain
que Vichnou est le principe des cinq élé-
ments, des actes & des mouvements qui
occasionnent la vie & le temps. Sachez
que tout cela & aussi les ames, ne font
que Vichnou lui-même. Il est lui feu!
principe 8c- fin uni verfels : Il est tout. Les

,
Dieux ont été produits de ses trairs. La
vérité, la sagesse & toutes les vertus
font en lui. Il m'ordonna decréer cet
Univers, sans autre dessein que son bon
plaisir. Ce Dieu produisit les trois Gou-
nam nommés Satiagam3
, Rajadam
madam (faculté, qualité accident ) ;
& Ta-

ces trois Gounam, il crée, conferve 6c


par

détruit l'univers. Il créad'uneémanation


de sa propre fubflance les ames auxquelles
il donna d'abord des corps fort subtils ;
ensuite il les unit à d'autres plusépais.
Ces ames ainsienfermées dans des corps
grossiers furent soumises aux Loix des sens
intérieurs &: extérieurs,& comme en-
chantéesparl'illusion des apparences
Dieu vit les actions de ces ames comme
,
simple fpettateur. La substance de l'ame

:
& la connoissance qu'elle a, ne font au-
tre chose que Vichnou lui-même à la fin
dé sa carrière elle rentre en lui.Ainsi ce
le
Dieu efl principe &; la fin de toutes
choses. 1 f
Kichnou voulant occasionner change-
ment, révolution dans l'état des ames,

)
créa par sa puissance Pracoudry (volonté
intuitive de production lequel a produit
Angaram ;
(l'acte de la puissance) celui-ci
a produit trois autres Angaram ou GOil-
nam qui furent les fondemens de la ma-
tière, de l'accident, de l'action & de la
sagesse.

mé Tamadam s
Le premier principe sécondaire nom-
a produit le premier élé-
ment qui est le vuide ou l'espace qui
donne la consistanceau son. Le mouve-

;
ment de ce ion a produit le fécond élé-
ment qui est l'air, cause de l'ouïe ces
deux produiient le feu, cause de la vision.
Ces trois élémens ont produit l'eau qui
occalionne le goût. Les quatre enlemble
ont produit la terre 6c l'odorat. Voilà
l'ouvragede Tamadam.
Le deuxièmeprincipe nommé Satvi-
gapij a produit la volonté & la lunequi
influe sur cettevolonté. Les fons inté-
rieurs, l'esprit, la mémoire font créés
la
par même puissance Satvigam 3
apffi
bien que toutes les Divinités ou Génies
avec qui ils ont rapport.
Le troisième principe nommé Raja-
dam, a produit les Brahmes Se les
vents.
Vous voyez que Vichnou, cet être
souverain est l'auteur& créateur de l'uni-
vers. Les fages le contemplent dans les
quatorze mondes. Ils confièrent les sept
d'en haut comme composant son appa-
rence depuis la ceinture jufqua la tête,
& les sept mondes inférieurs celle de-
puis la ceinture jusqu'auxpieds. Quelques-
uns envisagent la terre comme son mar-
che-pied, & les sept Viacroudy (princi-
pes) comme le mouvement de ses sept
pouls. Ainsi ce dont vous devez être
persuadé, c'est que l'univers n'estautre
chose que la forme de Vichnou, il le
porte dans son fein. Tout ce qui a été,
;
ce qui est 6c ce qui fera est en lui le
globe est éclairé par le soleil & par lui
j
toutes choses font rendues sensibles.
Voilà ce que j'avois à vous dire sur ce
sujet écoutez maintenant, pourfuivic
Brahma le récit de ce que j'ai fait par le
commandement de ce Dieu.
Dans le nombril de Vichnou une fleur
de. Tamarey (espèce de Nymphea). fut
3
produite, & je fus produit dans cette
fleur. Inflruit par cet Etre Suprême je fis
le sacrifice de propitiation nommé Ya-
son honneur, 8c je luienoffris
gam en
le mérite. Dans la fuite j'enseignai aux
neuf Brahmasqui font nés de moi, la
;
manière de faire ce sacrifice depuis lors,
lesDieux , les hommes &.tes géantsen
ont fait autanten s'adressant indiffé-
remment aux Divinités qu'ils croyoient
les plus propices. Mais c'est de Vichnou
qu'ils ont obtenu ce qu'ils d'efirô'teil t
car il faut que vous fâchiez que toutes
les Divinités subalternes n'étant substan-
ciellementqu'une production de ce Dieu,
les prières qui leur font adressées, font
reçues comme adreÍlees à Kichnou lui-
même, Se c'efi lui qui accorde les faveurs

produit l'univers fous mon nom ,


demandées. Ce Dieu qui fait seus tout

conferve en son propre nom, & il le dé-


,
il le

truit fous celui de Siven ; ainsi la triple


puissance ne représente que son unité.
Sachez, ô mon fils que je ne vous aurois
point révélé ces secrets, si je ne trouvois
en vous unegrande dévotion à l'égard de
Dieu qui lui-même a daigné m'en ins-
:
truire fâchez aussi que tout ce que je dis
estla véritémême,4 car ma substançe est
une émanation de Yicknou. Cependant
j'avoue que malgré la grandeur de mon
extraction ] je ne connois pointclaire-
ment mon origine; Comment ferois-je
capable de vous donner une connoissance
parfaite des métamorphosesdeVichnou
qui font innombrables ?-
Je vous répète, dit encore Brahma
qu'il m'est impossible devous faireun dé-
tail précis de toutes les voies admirables
de ce Dieu. Sa sagesse, sa puissance, ses
projets font une mer immense & sans
bornes; personnene pourra la traverser
ni en fonder les profondeurs. Les dévots
de Kichnou font seuls en état de surmon-
ter l'jllufion des apparences. II est avan-
tageux & méritoired'être né homme, &:
il l'est encore plus d'être né Brame; mais
un Brame peut se corrompre, & devenir
abject. Il y a incomparablement plus de
noblesse & plus de mérite dans la prati-
que de la vraie dévotion. Les longues
prières, les pénitences rigoureuses, l'a-
blution fréquente, l'aumône, les vœux
Se les sacrifices n'auront aucun mérite,
Se n'obtiendront pas la béatitude, sans
cette dévotion de Vichnou.
Le Roi Paricchitou aprèsavoir écouté
l'entretien de Brahma & de Naraden rap-
porté par Souguen,lui :
dit ô grand Péni-
tent, ô Cage incomparable, je fuis fort
satisfait de votre difeours sur la dévotion
de Vichnou mais ô Docteur plein de lu-
mières, vous n'avez pas encore détruit
mon ignorance surplusieurs articlesessen-
tiels. Daignez m'expliquer comment se
fait cette union incompréhensible des
ames simples non composées avec des
corps matériels?quel est le principe ou la
cause de cette union? Comment cette
fleurdeTamarey dont vous avez parlé*
,
fut elle produite dans le nombril de Vich
nou? Comment le Dieu Brahmaest-il né
?
dans cette fleur Comment a-t-il créé
?
l'univers Comment a-t-il connu Vïck-
nou & ses attributs ? Que veut dire
temps, l'âge dumonde &: des hommes ?
-
Comment lame acquiert elle l'union
?
avec la Divinité Quelle est la grandeur

,
ôc la mesure de l'univers, du [oleil, de
,
la lune des étoiles & de notre globe?
Quel est le nombre des Rois qui ont gou-
verné les mondes? Quelle est la distinc-
tion des tribus? Comment Vichnou a-t-il

,
pris des formes diverses? Comment les
trois puissances, principes ou accidents
nommés Tamadam Rajadam & Sativa-
gam ont-ils été produits, &: quelles font
?
leurs propriétés Qu'est-ce que le Ve-

,
dam? Qu'est-ce que la vertu, les bonnes
œuvres & leur utilité enfin quelle est la
fin & le terme de tout? Voilà ce que je

;
desire savoir de vous. Ne craignez pas
qu'une longue attention me fatigue je
vous assure que votre difeours m'a donné
beaucoup de soulagement.
Prince, répondit Souguen, vous me
demandez d'abord de vous expliquer

:
comment se fait l'union de l'ame non
composée avec la matière je vous disque
Cette union n'efl:qu'une forte d'apparen-

songes.L'enfance ,
tè, semblable à celle qui se voit dans les
l'adolelcence la
beauté, l'humanité, la jouissance de la
,
béatitude la iouffrance dans l'enfer;
,
l'ame n'a tout cela qu'accidentellement y
& non proprement.C'est par un effet de
l'illusion dont Vichnou enveloppe l'uni-
vers qu'elle se trouve sujette à toutes ces
vicissitudes. On estdélivré de ces lueurs
illusoires par la dévotion de Vichnou.
Cette dévotion donne à l'ame un conten-
tement complet, ce contentement la fixe
dans la contemplation : cette contem-
plation détruit cet orgueil qui s'approprie
iLs choses par une vaine idée du moi ôc
du mien. Or ce n'est qu'aprèsavoiranéanti
cet esprit de
dans la béatitude
;
,
propriété que l'ame entre
fous forme divine.
Ecoutez avec attention) continua Sou-*
-y
gaen ce que Vichnou a fait connoître à
Brahma. Au commencement du temps
Brahma fut produit dans une fleur de
Tamareysortie du nombril de Vichnou,
& il fut doué de dévotion & de sagesse..
Voulant trouver le principe de cette
fleur, il marcha long-temps dans l'inté-
;
rieur de la tige enfin lasse d'une recher-
che infructueuie il retourna sur ses pas,

créer le monde;
s'affit sur la ncur,6c il conçut l'idée de
maisn'en fachant pas
les moyens, il étoit dans la perplexité-
Alors une voixdivine sortant de l'eau sur
laquelle la fleur étoit portée, dit ce mot
Daba Daha. Brahma se tourna de tous
côtés & ne vit rien. Cependant réfléchis-
sant en lui-même, il comprit que cette
voix lui ordonnoit de faire pénitence. Il
fit en effet une pénitence rigoureuse,
pendant l'espace de mille ans divins.
(On verra plus bas ce qu'on entend ici par
années divines). Au bout de ce temps
Kichnou se présenta à lui dans toute sa
gloire, adoré des anges nommés Surou-
pier& couché sur le serpent Sechen*
,
Brahma se voyant en présence de ce.
Dieu éclatant de lumière se prosterna
en toute humilité &. vénération; il lui
adressa les prières, chanta les louanges,
& versa des larmes de joie. Vichnou lui
s
dit. 0 Brahma fachez que la simplicité
laquelle fait pénitence,
avec vous avez
vous a rendu digne de me voir. Sans cette
limplicité aucune œuvre ne peut avoir
de mérite. Ainsi demandez ce que vous
[ouhairez, je vous l'accorde; car je fuis
le fruit de l'arbre de pénitence.
Encouragé par cette promesse,Brah-
ma parla ainft : ô Dieu Souverain
grâce que je demande est que mes yeux
, la

;
ayent la faculté de contempler l'être inef-
fable & invisible que vous m'accordiez
la sagesse pour surmonter l'effort de l'il-
lusson, ÔC brifer ses filets que vous éten-
dez sur l'univers; pour dernière grâce,
accordez-moi la faveur de ne vous ja-
:
mais oublier.Vichnou lui dit Vos deman-
des font accordées, &: de plus, le pou-
voir de créer l'univers. Sachez qu'avant
cette création j'ai répandu seul ma lu-
mière. Lasagesse, la joie, la vérité font
mes membres &. ma substance : je n'ai les

;
propriétés ni d'une grande masse, ni d'un
petit atome je prends cependant quel-
quefois ces figures. Il n'y a point d'autre
Dieu que moi. Sachez que personne ne
pourroit par lui-mêmedémêler ni se fouf-v
traireaux iJIufions des apparences que je
répands sur le monde. Ce qui existe pa-
roîtroit aux yeux des hommes comme

néantcommeexistant ;
n'existantpoint, &ils croiroientvoir le
ils prendroient
une corde pour un serpent, & un serpent
pour une corde. 0 Brahma! apprenez
que je remplis l'univers par mon immen-
sité. Je fuis le principe de toutes choses,
& je n'ai point eu de principe. Voilà le
mystère que j'ai à vous réveler. Mes pa-
roles font la vérité.

n ivers & régla la méthode


;
Ainsi, continua Souguen,Brahmafut
instruit par la sagesse même il créa l'u-
des huit par-
ties de contemplation. -
Pour le reste de vos questions, Prince,
la
écoutez avec patience jusqu'à fin cette
histoirede Bàuavadam, toutes Serontrë-
o *
[olues, 8c vous ferez satisfait.VouS trou-
verez dans mon récit dix-articles essen-
tiels. Le premier exposera comment
Brahma a créé les chosessensibles & in-
sensibles. Le deuxième traitera de la créa-
tion des éléments, ou duprincipe de la
créationimmédiate par Vichnou lui-mê-
me; le troisième des moyens de persé-
vérance dans le culte de Vichnou, & de
ladestruction des méchants; le qua-
trième du salut des adorateurs de ce
Dieu; le cinquième des cérémonies, de

;
la conduite des hommes & de la morale ;
le sixième de la béatitude le septième
des métamorphoses de Vichnou, & de
celles de ses adorateurs. Le huitième des
grandes Dynasties ; le neuvième vous fera
connoître la béatitude nommée Serou-
le
pLam; le dixième concerne Nirodayam
la pleine quiétude après la destruction
ou

dans un sommeil contemplatif


rentre & se confond en cet
,
générale. Alors Vichnou étant absorbé

être
tout
univer-
sel, dont l'état propre est un repos abso-
lu. Quand vous aurez entendu jusqu'à la
fin cette histoire de Bagayadam &; au-
rez appris toutes ces vérités, vous con-
noîtrez autant qu'il est possible cet être
souverain & ion indépendance.
La puissance qui apperçoit est nommée

;
Troucheten l'organe qui en est l'instru-
ment s'appelle Troucou l'objet apperçu
senomme Trouchiam. Ces trois termes
,
qui différent l'un de l'autre ne font ce-
pendant qu'un en Dieu. Il est lui-même
Troucheten Troucou & Trouchiam. Dieu
quiestinfinimentpluspetit qu'un atome,
est aussi infiniment plus grand que tout
l'univers Sous ces rapports de grandeurs
il cil nommé Terattpourouchen & Vesva-
raiben 8c ainli comprend en lui tous les
êtres. Celui qui est infini, se produisit,
:
a été porté sur les eaux delà lui vient
le nom de Narayanam. C'est par un jeu
de sa providence qu'ont paru les trois
puissances, principes, ou qualités nom-
méesTamadam 3 Rajadam & Sativigam
& par elles divers corps propres aux
Dieux, aux hommes, aux géants & aux
J

animaux. L'espace fut créé par sa pensée;


;
cet e space a produit l'air l'air a produit
;
le feu le feu produisit l'eau, & l'eau la
C'est de l'union de ces éléments
terre.
qu'ont été formés tous les êtres sensibles

;
&: insensibles. Tel en le myflère de la
création en général je vous expliquerai
les détails non moins surprenants des
créations particulières.
Les ReligieuxSounaguet dirent à Sou-.
den, qu'ils avoient appris que le Prince
nommé Kidouren s'étantconsacré à me-
ner
gieux,une vie errante, en qualité de Reli-
avoit rencontré dans le pays de
CoJJalam le fameux Maytrean qui lui

;
avoit révélé les secretsmystères de la Re-
ligion ils le prièrent instamment de leur
donner connoissance. Souden répon-
en
dit que le Roi Paricchitou, avoit fait la
même demande à Souguen & qu'il al-
loit leur faire part du discours de celui-ci.
LIVRE TROISIEME.
SOUDENcommença
ainsi: 0 véné,.
rables Pénitens, vous êtes informés du àé-
fastre ôc de la mort de Panddou Raja
arrivée au pied de la montagne deSady
Sroungam, par la malédiftion d'un Péni-
tent. (Ces détails se trouvent dans le A-la-
habaratam,Poëme sacréattribué à Viaf-
sen de même que les Pooranam). Coundy
-

,
veuve de ce Prince, se retira avec ses en-
fants, dans la ville d'Aflnabouram chez
son beau-frère Droudaracchaden.Celui-
ci la traita avec beaucoup d'amitié, éleva
ses neveux & leur donna une éducation
conforme à leur haute naissance. Trioda-
ren, fils aîné de Droudaracchaden jaloux
devoir ces enfants, ses cousins, bien trai-
tés par son père, chercha tous les moyens
possibles pour les faire périr; mais pro-
tégés miraculeusement par Kichnou 3 ils
daracchaden homme, vertueux
,
à ,
furent préservés de les embûches. Drou-

par la justice donna Tes neveux la moi-


guidé

tié de Son Royaume. Après avoir été ins-


tallés sur le Trône, ces Princes tinrent
leur Cour dans la Ville d' Indraprastam.
Triodaren jaloux de leur tranquille pros-
péritéimagina enfin un tour infâme. Illes

Royaume :
engagea à jouer, e-z par supercherie les
fit perdre. Aussi-tôt il les mit hors de leur
car Selon la convention du

,
jeu, ils étoient obligés de passer douze
ans dans les déserts comme Pèlerins &
un an déguisés a ne pouvoir être recon-
nus par qui que ce (oit.
Ces Princes après treize ans de pèleri-
nage accomplis, demandèrent à être re-
mis sur leur Trône. Triodaren éluda fous
différens prétextes. Chrisnen lui-même
( Vichnou alors fous ce nom ), parla for-
tement en faveur des Enfans de Pand-
douen ce fut inutilement. Vidouren,
Prince du fang, mais né d'une ESclave,
Se déclara suffi pour la justice; il dit
hautement à Droudaracchaden que Trio-
daren méritoit la mort pour Je déshon-
neur qu'il faisoit à la famille Royale par
son indigne cupidicé, en voulant retenir
ce qui appartientàses cousins. Triodaren

contre Vidouren;
qui étoit présent s'emporta de son côté
celui-ci fâché de voir
quel'injustice prenoit le dessus, renonça
au monde, & se retira dans les déserts
résolu de paffer sa vie en pèlerinage
,
& de visiter tous les saints lieux. Il se
rendit sur les bords de la rivière de
Sarafvady y par la fuite à celle de
Yemouney. Il y rencontra Outavcn qui
lui apprit les succès de Darmarayin dans
la guerre contre Triodaren, & toutes
les actions miraculeuses de Chrifnen, en
faveur des Enfans de Panddouen. Il lui fit
aussiun récit détaillé de tout ce qui étoit
arrivé à Chrifnen, lui-même & à sa fa-
mille. Après quoi Vidourenayant lu d'Ou
taven que le fameux Maytrean, étoit alors
3
proche de la rivière de Guenga il s'y
rendit pour être initié par lui dans les
mystères divins. D 3
Vidouren se voyant en présence de
Maytrean se jetta à ses pieds & l'adora.
3
Les cérémonies & les politesses finies de
part & d'autre, il lui parla en ces termes:
0 très-fage & très-religieux adorateur de
Kichnou, daignez écouter mes prières. Je
brûle du desir d'êtreinstruit de toutes les
métamorphoses de Dieu, & de sa con-
duite dans ses différentes vies. Comment
se comportoit cet Etre Suprême avant
cette dernière création de l'univers? Com-
ment l'a-t-ilcréé & le conferve-t-il ?
Comment la.terre, que nous habitons,
est elle située, entre les globes de l'uni-
?
vers Les Dieux subalternes comment
ont-ils été créés? D'où procède le prin-
?
cipe des vertus &: des vices D'où vient
la distinction des Tribus? Quelle est la
grandeur & les dimensions de l'univers?
Maytrean, à ces questions répondit de
lamanière suivante. O mon fils, Vichnou
dans sa dernière métamorphose fous le
nom de Chrifnen, a daigné me révéler le
mystère de la sagesse, &: m'a commandé
de vous l'apprendre. Ainsi je vous de-
mande feulement de me prêter attention
je répondrai à toutes les quêtions que
;
vous venez de me faire. Sachez en pre-
mier lieu que le Destin, la Providence
de Vichnou est la feule cause de toutes
les créations, conservations & destruc-
tions. Cet être indépendant, cet être
libre, cet être qui est tout, contient en
lui-même ce Destin.Existant sans attri-
bue, sans aéte sans qualité, sans être
,
immuable!
sujet au lieu & au temps, Dieu seul eil:
il n'y avoit point d'autres
êtres, il s'envisagea lui-même par sa
connoissance intuitive. Dans cette vi-

;;
sion le desir ou la volonté de créer fut
produit cette volonté est nomméePra-
croudy l'aéte de ce Pracroudy est le Def:
à
tin. Le Destin a donnénaissance Magalu,
{la puissance productive) celle-ci àHanga
ram (l'actede production). Alors parurent
les trois qualités, principes ou accidents,
Satiugam Tamadam & Rajadam. Satin-
gam produisit la liberté ou le libre arbitre
qui occasionne les vicissitudes que nous.
voyons dans le monde : Rajadam pro-
duifit les sens : Tamadam a produit les -

cinq objets des sens, savoir, le son, la


taction,l'impressionvisuelle, la faveur,

;
& l'odeur. Le ion a produit l'espace &C
devint sa qualité l'espace a produit l'air
a
ou le vent & la taction; l'air produit

;
le feu & l'impression viillelle. Le feu a
produit l'eau & la faveur l'eau produisit
la terre &: l'odeur. La Puissance produc-
tive & les autres êtres, après avoir été
créés, relièrent dans l'inaction, étant in-
capables de se mouvoir par eux-mêmes.
La Puissance productive demanda que
:
tout fut vivifié alors Dieu unissant l'acrc
de sa volonté & celui de sa puissance, ils
furent d'accord & en harmonie : il pro-
duisit en même temps deux autres ades
nommésViachtty,c'est-à-diredivisibili-
té, ou diversité & Samachtty simplicité
unité. Ainsi l'univers est de lui,est
ou
en lui.
Si Dieu e(V envisâgé fous la forme de
Teratpourouchen(être qui embrasse tout)
Ton visage produit le feu Se ;
la feience
Tes yeux le soleil la puiilance visuelle
&:
ses épa.les ontdonné naissance à l'air ëc
:
aux passions; Tes oreilles ont produit le

naux ;;
son & les vents des huit points cardi-
; ses poils les arbres ses parties gé-
nitales ont produit le plaisir Tes fesses
ont donné naissance à deux Divinités
nommées Motrin & Varounen; de les
,
mains est sortiDevendren; & de Tes pieds
:
la terre son cœur a produit la lune;
Siven est né de sa vigueur, la sagesse de
son esprit : le séjour des Dieux est dans
son fein.

la production de Satiugam ;
Tous les dieux font de la qualité &. de
le paradis
nommé Souvarcam fut destiné pour leur
séjour. Les hommes & les animaux font
de la qualité & de la production de Ra-
jadam. Les Démons, les Routrers & au-
tres Génies font de la qualité de Tama-
dam. L'espacefutaccordé pour leur de-
meure.
Le visage de Teratpourouchen a allffi
produit les Brames, le Vedam &les Six
méthodes de pratiques religieuses. Les

pour réprimer la méchanceté, les /-


Rois ont pris naissance de Ses épaules,

fiars de Ses cuisses pour cultiver la terre,


pour élever les bestiaux &, pour com-
mercer : les Xoutrer ont été produits de
ses pieds pour servir les autres. Tous les
hommes acquerront la béatitude, pourvu
qu'ils soient attachés aux devoirs de leur
état.
Enfin je vous le dis, qui que ce foit
ne pourraitdétailler les perfections de
ce Dieu, de sa puissance, de ses décrets,
& de ses productions variées à l'infini,
Il feroit aussi impossible à celui qui a
goûté le plaisir de parler ou d'entendre
parler des munificences de cet Etre Su-
prême de se plaire à d'autres entretiens.
,
Ceux qui ont savouré ce doux nectar dé-

tous récits ;
daignent comme l'eau salée de la mer„*
profanes telles ces chenilles
qui rejettent les autres fleurs quand elles
ont senti celles de Parissadanam.Brahma
lui-même, lui né du nombril de Vich-
nou, setrouve dans l'impuissance quand
il desire expliquer ses divines qualités
delà les noms de ce Dieu dans les J^edani
:
font l'infini, l'incomprehènsible, l'inefta-
ble; voilà celui que j'adore?
Vidouren instruit de ces vérités, pria
Maytrean de lui donner la solution de
plusieurs autres questions. 0 Seigneur,
lui dit-il, comment, ce Dieu immuable,
sans vicissitude dans ses qualités ou attri-
buts, a t-il eu la volonté de créer l'uni-
vers? Par quelle cau se a-t-il été déter-
?
miné à cet ouvrage Et quelle fin s'est-il
proposé? Comment l'amea-t-elle acquis
la faculté aâive ? Quelle connexion,
quelle liaison a ce Dieu, cet être non
composé avec les corps, le temps L- le
mouvement !
:
Maytrean répondit ô mon fils, les dis-
cussions ne font pas les moyens propres
pour acquérir la connoissance de ces vé-
rités. CÏLI Etre unique &: limple n'a au-
cune connexion réelle avec la matière.
Les rayons de la lune réfléchis dans l'ent
paroiiïent être en mouvement avec l'eau
qui est agitée, sans qu'il y ait rien de
riel par rapport à la lune. Voilàl'image
de l'union de cet être avec tout ce qui
eJl: matière, attribut,acte& passion,
cette union est encore semblable aux son-
ges qui font comme voir & toucher des
chosesillusoires.
Dieu, en faisant abstraction du Deltin
estabsorbé
Norgounen3c'est-à-dire ,
en lui-même -' '& nommé
sans attributs ni
accidents. On l'appelle du nom de Sor-
gounen -' en l'envisageant comme témoin

;
intuitif du Dessin. Dans le vrai celui-ci
n'est pas un attribut essèntiel à Dieu il
n'agit point sur lui réellement, c'estune
apparence qu'on nomme Vilaffarlam.
Ainsi comme le soleil qui est uniqué, im-
prime son image entière dans plusieurs
vases d'eau, de même Dieu se manifeste
dans les différens êtres. C'est du Destin
les lespuissan-
que font nées passions &
ces actives. Voilà tout ce que je puis vous
dire concernant ces secrets sublimes. Je
vous expliquerai maintenant ce qui re-

,
tures ,
garde l'origine &c la progression des créa-
la géographie la naissance des
neuf Brahmas, des Dieux, & le nombre
des Rois célèbres dans cette dernière épo-
quedecréation; je vous parlerai aussi de
l'origine des géants, & des hommes, des
plantes, des montagnes, des rivières&
des révolutions de l'univers. Je vous inf
truirai des métamorphoses diverses de
Vichnou; de la manière de faire les fa-
crifices & les bonnes œuvres. Vous ap-
prendrez ce que c'efi que la sagesse, quelle
est la marche des astres, comment se fait
la génération, qu'est-cequé le péché,&
comment il peut être expié, enfin quel
?
est le terme de tout Ces doctrines ont
été enseignées par Vichnou lui-même
dans le principe du temps à Atysechen;
celui-ci les apprit à Sanaguen Sananden,
Sanarcoumaren, & à Sanartchoussaraden.
Sanarcoumaren les enseigna à Sanguien
à à
celui-ci Parassen,Parassen Brahsbady; 3
j'ai appris de ce dernier tout ce dont je
vais maintenant vous faire part.
Dans la plénitude du temps nommé
Calparh l'univers étoit rentré dans le
,Vichnou. Ce Dieu absorbé
fein de dans
la quiétude d'un sommeil contemplatif,
étoit couché sur le serpent Atifechen èc
porté sur la mer de lait. Ses com pagnes
étoient la puissance&lasagesse;leDestin
n'existoit point, de même que tous les
autres êtres, il étoit rentré dans son fein.
Ainsi passèrentmille Yougam. Alors ce

reproduit;
Dieu voulut créer l'univers. LeDeftin fut
celui-ci par la qualité de RaI-
fadam fit sortir du nombril de Vichnou
>
une tige de Tamarey ôe au bout de cette
tige parut une fleur qui s'épanouit par les
rayons du divin soleil qui est Vichnou lui-
même. Brahma fut créé dans cette fleur
avec quatre visages, symboles des quatre
Vedanz. Brahma voulant approfondir le
secret de son origine, marcha long-temps
dans le creux de cette tige;enfin lasse
de cette recherche infructueuse, il re-
tourna sur la fleur, où il s'asfir. Il invo-
qua le nom de ion Créateur &entendit
une voix qui disoit : Daba Daba. Brah-
ma ne, vit personne, mais comprit qu'il
lui étoit ordonné de faire pénitence, ôc
illa fit pendant milleansdivins. A la fin

; ,
de ce temps, il se sentit rempli d'une lu-
mière célefle il adora son Dieu dont
la présence étoit sensible dans son cœur ;
il le loua par des prières, par des canti-
ques qui font consacrés dans les Vedam.
Alors il eut toutes les connoissances né-
cessaires pour le grand œuvre de création
qui lui étoit commis. Mais la vanité pou-
voit le rendre sujet au mensonge ôc au
dérèglement, 6c ainsi corrompre son ou-
vrage.Vichnou lui accorda sa grâce pour
le préserver de pareils malheurs. 0 Brah-
ma3 mon cher fils, dit ce Dieu, je vous
accorde mes faveurs, Lk vous donne le
pouvoir de créer l'univers. Cet univers &
toutes les vies font cachées dans mon
fein : je vous commande de les dévelop-
per, de les produire, & cela pournotre
amusement ; car Cachez que je fuis dans
les vies & les vies font en moi.
Brahma encouragé par ces étonnantes
faveurs recommença sa pénitence pour se
préparer à ce grand ouvrage. Cent ans

,
divins passés dans la prière & la contem-
plation lui donnèrent un accroissement
desagesse & de vigueur. Il but l'eau dela
nier où le monde étoit englouti, & il
le vit paroître comme sortant des eaux.

,;
Il établit l'Empirée, l'Abyme, & les prin-

,
cipes des choses. Il produisit les Dieux
les hommes les géants & les animaux
les plantes, les arbres & les montagnes.
Ces créations furent de deux espèces:
on les nomme Pragrouda & Vaygrouda. Il
a déja été exposé comment Vichnou, par

productive )
le Deltinproduiiit Magalu (la puissance
Cette création porte le nom
de Pragrouda (volontéefficiente) elleeft
le principe de toute création. Nous avons

enacte nommé Ahangaram :


ditensuite que la puissance a été réduite
Cette créa-
tion est la feconde. De la réunion des
deux ont été produits les cinq éléments
&: les cinq objets des sensations qui font
la faveur, l'odeur, le son, le toucher,
l'impression visuelle; c'est ce qu'on ap-
pelle troisîèmecréation. Les cinq sens
nommés fixes, savoir la vue le goût,
l'ouie, l'odorat le tact, ôc les cinq sens
de mouvement qui font la bouche ou la
langue, les mains, les pieds & les deux
parties génitales appartiennent à la qua-
trième création. La production de tout
ce qui concerne la volonté est mise au
cinquième rang. La qualité nommée Ta-
madam qui occasionne les émotions des
sens, lesquels obscurcissènt la lumière de
l'ame, estréputée la sixième. Ces six créa-
tions font comprises fous le nom de Pra-
grouda. Les trois suivantes se nomment
créations de Vaygrouda; savoir, celle
de toutes fortes d'arbres 6c de plantes ;
,
celle des bêtes; enfin celle de toutes les
espèces animales raiionnables, qui font
les hommes les génies, les démons,
les géants, les esprits nommés Sitter,
Satticr Saraner 8c Veliadarer.Telles
3
ont été les créations de Brahma. Mais
avant d'en exposer quelques détails,
voici quelle est la division ou mesure du
tem ps.
Le mouvement le plus prompt d'un
très- petit point (plus subtil qu'un clin
d'œil) s'appelle paramanou; le double de
ce mouvement est nommé anou; triplé

un vedey :
;
il forme un tereferenou. Six terefirenou,
font un touddy cent touddy, donnent
trois vedey composent un

micham;
lavam; trois de ces derniers font un ni-
trois nimicham un cehanam;
cinq de ceux-ci font un cafliey. Dix de
ces derniers forment un lagou & cinq
lagou un Najiguey. Deux najiguey font
un mougourtam 9 dont trois & trois' quarts
fontunsamam, & huit famam un jour.

;
Quinze de ces jours font nommes pac-
cham deux Paccham c'est-à-dire trente
jours, font un mois aux hommes, leqUel
n'est qu'un jour aux Pedardevatta. Deux
mois de l'homme se nomment rondoa ;
trois roudou forment un ayanan & deux
ayanam un an qui n'en: qu'un jour aux
Dieux. Cent annéesfontl'âge de l'hom-
me. Un an est le temps que le soleil em-
ploie à parcourir les douze lignes du
Zodiaque. C'est ce Dieu qui vivifie &
fait mouvoir toutes choses dans le mon-
de, ainsi nous devons toujours nous fou-
venir de ses bienfaits.
Je vous ai dit qu'un an de l'homme,
n'est qu'un jour aux Dieux, ainsi360 an-
nées vulgaires ne forment qu'une des
leurs.

nomme credayougam ;
Une période de 4000 ans divins se
il faut y joindre
800 ans divins qui s'écoulent ensuite
fous le nom de temps intermédiaire,
servant comme de liaison entre cet fige
du monde ôc le suivant.Un fecond âge
composé de 3000 ans divins eil: appelle
teredayougam il a pour temps intermé-
diaire 600 années. 2000 ans divins for-
ment une troifièmeperiodequi se no mine
tovabarayougam ik.a pour temps inter-
y
médiaire 400 ans. Un quatrième âge eéfc
nommé calyougam, sa durée est de 1000
ansdivins, & le temps intermédiaire effc
de 200 ans. Le premier de ces âges effc
celui de la perfection : alors la vertu feule
domine, &: marche à quatre pieds; dans

:
le second, elle est affoiblie, &: ne se sou-
tient que sur trois pieds dans le troi-
sièmeâge, elle perd encore un pied; le
quatrième ne lui en laisse qu'un.

,
Ces âges réunis embrassent 12000 ans
divins & se nomment mahayougam ou
plutôt fadiryougam (période des quatre
,
âges). Une révolution demille jàdiryou-
gam forment pour Brahma un jour d'un
matin au foir. Sa nuit venue, ce Dieu se
repose. Pendant ion sommeil,l'univers
effc submergé, & comme1détruit par un
délugeuniversel.
Quatorze grandes dynaflies périodi-
ques, (distinguées par le nom patrony-
mique d'un premier souverain 3 chef de
chacune) paroissent & finirent successi-
vement avant la nuit & le repos de Brak-
ma. Ainsi la durée de chacune de ces dy-
nasties est environ de soixante &: onze
fadiryougam. Dans cet espace de temps,
Devendren tous les Dieux & les Patriar-
ches vivront rempli s de lumière divine.
,
Un an de Brahma est composé de 360
jours & nuits semblables. Cent de ces
annéesfontl'âge complet de ce Dieu ou
sa grande Ere. On nommepouvouvartam
la moitié de ces cent ans, & abavartam
l'autre moitié. Nous sommes maintenant
;
dans la^feconde partie c'efi au commen -
cement de celle-ci, que Vichnou se trans-
forma en sanglier. Cette époque est dif-,
tinguéepas le ch cai davagaça i-
pas le nom de cheaidavagacal-
pam.
L'Ere de Brahma révolue, le soleil &C
la lune s'obscurciront,d'épaissesténèbres
couvriront les globes. Vichnou seul éclai-
rera tout, il est la lumière par eÍfence.
Le serpent à milletêtes, Atyfecken,vo-
mira son feu qui consumant tous les glo-
bes, les réduira en cendres. Un vent fu-
;
rieux s'éleverales mers franchisant leurs
bornes couvriront les trois mondes le (
Ciel, la terre & l'abyme pris collective-

vers dans son ,


ment). Alors Vichnou reprenant l'uni-
fein se repose sur Atyfe-
chen au milieu des eaux. Ainsi s'écoulent
864,000,000,000 ans divins. (Ce laps de
temps répond à une des années de Brah-
ma, qui efl: reproduit dans cette plénitude
;
de siècles). Ladurée de ces révolutions
nous paroît immense c'eil un instant à
Vichnou un attribut, un mouvement de
j
sa volonté.
Après cette digression Souguen conti-
nua, ainsi le discours
,
de Maytrean.
Brahma occupéde Fœuvre de la créa-
tion éprouva quelques mouvements déré-
glés des paillons, & il forma des êtres
portés au péché. Un repentir soudain le
à
fit recourir son Dieu. Alors il produisit
Sonaguen,Sonaden Sanartckouffadanen
& Sanarcoumaren 3 quatre personnages
remplis de vertus ; il leur ordonna de
procreer le genre humain ; , mais
leur naissànce livrés à une vie contem-
dès

plative, ils se refusèrent à ce travail.


Brahma irrité fit sortir Routren de ion
front, & lui commanda de résider dans
le soleil, dans la lune, dans la volonté ,
dans le feu, dans l'espace, dans la terre,
dans l'eau, dans la vie, dans la péniten-
,
ce dans le cœur & dans les sens. Rou-
tren aussitôt parut fous onze formes &:
autant de noms qui font ceux des onze
Routrer. Ces créatures provenues d'un
a£te de la volonté de Routren en pro-
duisirent elles-mêmes une infinité d'au-
tres par la même voie. Celles-ci deve-

verse,
nues méchantes menèrent une vie per-
mais réprimées par Brahma elles
firent pénitence.
>

Brahma projeta ensuite de faire des


hommes d'un caractère doux, aimables,
fages & remplis de toutes fortes de ver-
tus. Il tira Taccen de son gros orteil,
Poulaguen de son nombril, Poulastian de
; Pragon
Ton oreille
;
dotey de les mains
; ;
de Ses épaules Gra-
Acni, de son visage
;
Vassirchten de son nez Marissen, de
,
;
son esprit, & Atterzen de ses yeux ces
personnes font nommées les neuf Brak-
mas.

Dieu, ;
La vertu naquit de la poitrine de ce
du côtédroit le vice de son dos.
Dans son cœur fut produit l'amour. La

:
colère parut entre ses Íourcils, & l'ava-
a
rice sur ses lèvres son visage donné
naissance à Sarafvady. Ses parties gé-
nitales produisirent les Dieux Niroudi
& Samoutrayen, enfin les mouvemens de
sa face ont donné naissance au Patriarche
Cartamen.
Brahma devint amoureux de Sarafvady
& eut commerce avec elle. Cette action
lui attira les reproches & les mépris de
Marissen, & des huit autres Brahmas ;
humilié par ces reproches & par les re.
mords de sa conscience, il abandonna le
corps qui l'avoitinduit à cette aétion.
Ce corps ainsi délaissé occasionna les té-
nèbres & le brouillard. Aussitôt il prit un
autre corps avec quatre visages qui ont
produit les quatre Vedam.
Brahma quitta encore ce corps, &: en

commerce
;
prit un autre alors voulant établir un
d'union entre les deux sexes
pour propager le genre humain , il créa
Souyambou & une femme nommée Sada-
roubay. Ces jumeaux eurent commerce
ensemble, & donnèrent le jour à deux
fils nommés.Pravetiden &: Outanabaden ;
ils eurent aussi trois filles, Aghdy, De-
y & Prassoudy. Agdy fut mariée à
vaghdy
Rouguen Devaghdy à Cartamen, & Praf-
foudy à Tacchen. Vous descendez de ce
dernier; Souguen parle à Paricchitou).
Ce font ces trois races qui ont peuplé
la terre.
Brahma bénit Souyambou
, , & lui
dit de multiplier. Celui-ci représenta

la terre,
qu'il n'avoit pas où mettre ses pieds,
étant couverte par les eaux.
Brahma adressa ses prières à Vichnou,
qui aussitôt sortit du nez de ce Dieu,
avec un corps de sanglier de la gros-
seur d'un pouce fous le nom d'Equia-
valagam. Ce corps si petit à sa naissance,
grandit tellement à vue doeil, que peu
après il remplit l'univers. La mer fut trou-
blée par sa respiration, lorsqu'il y entra
pour en retirer la terre qui étoit submer-
gée. Un Géant nomméErouniacchen for-
tant de l'abyme,vint à sa rencontre de
:
lui dit 0 Vichnou, faut-il que tu pren-
nes la forme d'un vil sanglier, pour re-
tirer le monde des eaux? Tu viens donc
l'arracher à moi cette terre que j'ai en le-
vée
f jcomme une l, légère
, natte roull,ée. E
disant ces mots il lui porta un coup de
En

son énorme massue. Vichnou l'esquivant


avec adreiTe, se précipita sur lui, & lui
déchira le ventre. Alors il souleva la
terre avec les pointes
, de ses défenses,
la posant sur les eaux comme elle étoit
jadis, il plaça des chaînes de montagne
&

pour la tenirenéquilibre.
-

ce Géant;
Vidouren ayant desiré savoir qui étoit
:
Maytrean lui dit Dacchen
donna une de Tes filles à Cassiaben; cette
femme n'ayant point d'enfant, & en sou-
haitant ardemment, obligea un jour son
époux à avoir commerce avec elle dans
un temps où il étoit occupé à un facri-
:
sice

ques moments ;
Caffiahen l'exhorta à attendre quel-
mais il fallut tout inter-
rompre pour la satisfaire. Elle fut enfuite

,
très-honteuse d'avoir montré tant d'opi-
niâtreté pour un objet de cette espèce ;
elle en étoit accabléedetristesse. Mais
en s'appercevant qu'elleétoitenceinte,
elle fut consolée. Cependant son mari

discret ,
pour la punir de cet empressement in-
lui prédit que dans cent ans
de cette grossesse elle mettroit au mon-
de deux géants, qui par leur méchan-
ceté feroient infiniment souffrir les dé-
vots de Vichnou & qu'enfin ils feroient
mis à mort par ce Dieu. Il ajouta que #
néanmoins pour ne pas anéantir leur
race, son fils aîné nommé Erouniacassia-
hen, auroit un fils nommé Pragaladen,
plein de mérite & de vertus, lequel fe-
roit heureux.
Les cent ans révolus,Didy c'étoit le
-'
nom de la femme de Cassiaben, étant
sur le point d'enfanter, il sortit de ses
entrailles un feu qui menaçoit de consu-
mer l'univers. Tous les Dieux saisis de
craiute eurent recours à Brahma, illeur
raconta l'origine de ces Géans de la ma-
nière suivante.
Jadis quelques Pénitens du premier or-
dre allèrent rendre visite à Vichnou. Ar-
rivés à la porte de son palais, les deux
portiers leur en refusèrent l'entrée.Indi-
gnés de leur grossièreté,lesPénitens les
condamnèrent à perdre leur emploi & à
naître fous la forme de géants. Vichnou.
3
instruit de cet accident confirma l'arrêt,
&: il ajouta que dans l'état de géans ils
,
feroient ses ennemis déclarés pendant
trois générations, & qu'il les mettroit à
mort dans ces trois différens, états, en
punition de leur insolence à l'égard de
personnes que lui-même révère à cause
de leur insignemérite.
Les deux enfans qui viennent de naî-
tre , poursuivit Brahma, font ces portiers

1
qui se font faits fils de Didy. Je vous af-
fùre qu'ilsfourniront bien des occasions
pour exercer la parience des Dieux & des
hommes vertueux.
Ces Géans mis au monde furent nom-
més, l'un Erouniacassiaben l'autre Erou-
niachen. Le premier se dévoua à la dévo-
tion deBrahmas & devenu fort puissant,
il persécuta les Dieux & les hommes. Le
fecond après avoir chasle tous les hom-
mes & tous les Dieux de leurs demeures,
vouloir attaquer Vichnou lui-même dans
son Palais. Mais ayant fçuqu'il avoit pris
la forme d'un sanglier pour soulever la
terre submergée, il alla à sa rencontre,
& fut mis à mort comme nous avons dit
plus haut.
Maytrean, aprèscettedigression, te-
prit Ton discours sur la création, comme
luit. Vous avez oui, dit-il à Vidouren,
que Brahmay dans le COlnmenCelTIent,
avoit produit les êtres nommés Avélia J
de la qualité de Tamadam; mais voyant
que cette création étoit une source de
mauvais effets, il les supprima. Cepen-

- té,
jils
dant dans le peu de temps quils ont exif
ont donné naissance à plusieurs
races de géants & autres fléaux non moins
funefies.
Brahma prit ensuite un corps doué de
toutes perfections, &: il produisit une in-
finité de Dieux. Mais les Géans nouvelle-
ment créés étoient des monltres si per-
j
vers qu'en le voyant, ils ne dissimulèrent
point les delirs les plus infâmes. Ce Dieu
poursuivi avec acharnement, abandonna
ce corps qui donna naissance à une fille
d'une beauté éblouissante, nommée Sen-
diadevy. Les Géans s'en emparèrent.
Brahma s'étant donné un autre corps,
produisit des anges Gandurver des deux
sexes. Ce corps fut bientôt remplacé
par
un autre plus léger & invisible avec lequeL
il créa les Dieux nommés Pitrou. Ceux-ci
-
étant eux mêmesinvisibles durent se
nourrir de la vapeur de ce qu'on offre en
sacrifice. Ce Dieu avec un corps d'une
qualité pure, forma les Anges nommés
Veliadarer, ôc avec un autre les Quin-
narery & les Quimbourouder (ces anges
chantent, dansent, ou jouent des instru-
mens dans les cieux ).
Brahmay voyant que ces créatures ne
répondoient point à toutes ses vues, s'en

;
indigna. Ce figne de colère fit trembler
quelques-uns de ses poils ce qui occa-
flonna le mouvement du temps, & les
siècles. Cette dernière création lui donna
une grande joie; & cette joie produisit
dans son cœur les Brahmarechy. Ce Dieu
ayant ainsi paru fous diverses formes pour
créer différens êtres, il donna à chaque
espèce un corps semblable, en forme 6c -

en qualité à celui dont il s'étoit


* servi
pour la produire.
Vidoureninstruit de détails sur la
ces

: ;
création, desira connoître l'histoire de la
propagation du genre humain Maytrcart
lui parla en ces termes le Patriarche Car-
tamen, un de ceux nés immédiatement
de Brahma, invoqua Kichnou 6c lui de-
manda la propagation de son espèce.
Vichnou satisfait de ses pénitences, lui
apparut au bord de la rivière Bindou, &
lui prédit que Souyambou, père de De-
vagdhy,alloit venir avec elle, & la lui
donneroit en mariage ; qu'il auroit d'elle
neuf filles, qu'ilmarieroit aux Patriar-
ches fils de Brahma; & qu'enfin lui Vich-
nou,seroit son fils fous le nom de Ca-
bilerpour l'instruire de la vérité, & pour
le sauver. J-
Le mariage se fit comme il avoit été
prédit. Cartamen voulut éprouver pen-
dant quelque temps l'obéissance de sa
femme. Content de sa [oumiffion) il prit
la figure d'un bel homme, 6c eut com-
merceavec el le. Devagdhy conçut 6c en-
santa neuf filles à la fois. Elle conçut

même ;
ensuite un fils qui étoit Vichnou lui-
il fut nomméCabiler. A cette
naissance toute la Cour céleste retentit
de joie, Brakma & les Patriarches vin-
rent rendre hommage à l'enfant nou-
veau né.
Dans la fuite lesfilles de Cartamen
t
furent données en mariage aux premiers

; ;
Patriarches. Marissen prit pour femme
l'aînée nommée Caley Atterien fut l'é-
pouxd'Anoussouey Angarassen eut Stra-
;
tey à
Avirpoussey fut unie Poulaflien;
Quedy fut femme de Poulaguen; Criei
à
fut donnée Crouden; Quiadyà Prougou;
Vassischten fut époux & Aroundady, ôc
Adarvan de Sandy.
Entre le mariage de Cartamen avec De-
vagdhy Se ceux de leurs filles,trois mille
ans divins s'étoient écoulés. Ce saint per-
sonnage prit alors congé de sa famille,
Se se retira dans les déserts pour mener
une vie contemplative.
:
Devagdhy restée feule adora fôn fils
Cabiler 6c lui parlaainsi 0 Seigneur o
mon maître, 6 soleil éclatant de lumière,
,
vous qui êtes venu pour dissiper les ténè-
bres de l'ignorance ôc pour instituer la
voie de perfeétion, j'implore votre clé-
Inence, daignez me délivrer de mon aveu-
glement & des émotions que les plaisirs
des sens me causent. Cabiler lui dit 0
mère lâchez qu'il
:
trois pallions
ma , y a
qui en agitant le cœur, lui ôtent la paix.
La plus dangereuse se nomme ahanga-
ram; elle cause cette présomption qui

,
produit le terme miell" d'oixdérive une
insatiable ambition & cette ambition
entraîne le cœur dans l'iniquité. Tant

frénés,
que ces désordres ne feront point ré-
on fera dans les liens de l'igno-
rance j & cette ignorance effc pour le
cœur une source d'illulions. Le remède
à cette erreur est une dévotion ar-
dente en Vichnou. L'erreur dissipée on
acquiert la sagesse & la contemplation de
l'essence divine. Ainli on parvient à la
perfection nommée sanguiyogam. Je
fuis la perfection, le principe &:la fin
de ceux qui mettent en moi leur espé-
: ,
rance Ceux qui pratiquent la vertu, ceux
qui méditent mes attributs font mes
vrais adorateurs. Cette dévotion les déli-
vre de toute impureté, & leur obtient la
jouissance de ma gloire.
, la
0 grandeur éternelle dit mère,
:

vous devez savoir mieux que moi les


moyens dont je dois me servir pour ac-
quérir le bien que vous venez de m'an-

-
noncer. Accordez-moi votre protection,

">«;
& faites-moiconnoître le chemin pour
y arriver:
Caliber répondit : 0 ma mère, il n'y a
point d'autre chemin pour l'acquisition
du bien que je viens de vous proposer
que la pratique des vertus. C'efi: par ce
moyen que les hommes parviendront
à être absorbés dans le fein de Dieu.
Cependant cette pratique ne laisse pas
d'être difficile. Plusieurs de mes adora-

,
teurs ne feront autre chose que mé-
diter mon histoire & contempler ma
grandeur, s'oubliantabsolument, ils ne
demandent point même leur salut. D'au-
tres contempleront quelques-unes de mes
métamorphoses : contemplation qui les
ravira en extase. Toutes ces personnes
parviendront sûrement à ma gloire, quoi-

demandé ;
qu'en se conduisant ainsi ellesn'aient rien
car je ne manquerai pas d'ad-
mettre à ma béatitude ceux qui pour me
contempler sans obfiacle, auront quitté
biens, maisons &: parents, ne fut-ce que
dans une feule génération. Quant à ceux
qui ne se soucientpoint de pratiquer la

:
vertu, ils vivront toujours dans les inquié-
tudes ils renaîtront une infinité de fois
dans ce monde, & ce fera pour y éprou-
ver tous les malheurs qui en font insé-
parables.
C'est par mes décrets que le vent souffle,
que le soleil éclaire, que le feu échauffe,
que la pluie tombe. Les fages qui ont con-
fédéré ma puissance, n'ont pas craint de
jméprifer toutes les traverses de la vie,
à
pour s'attacher moi. Cette pratique s'ap-
pelle Bactyyogam. Une autre voie de per-
fection se nomme Sanguiayogam. San-
guiam n'efl autre chose que la connois-
sance de Pragroudy. Pragroudy effc un
composé des cinq éléments, la terre,
l'eau, le feu, l'air & l'espace, avec leurs
qualités occasionnelles, qui font letou-
cher, la vision, le son, la faveur & l'o-
deur; de plus les cinq sens qui font le
tact, la vue, l'ouïe, l'odorat & le goût ;
& les cinq parties mouvantes du corps,
savoir la langue ou la bouche, les mains,
les pieds de les deux parties génitales. A
ces vingt fubfiance il faut joindre les
quatre puissances aétives qui font l'en-
tendement, la volonté la liberté&la
j
présomption qui produit le terme mien.
Ces vingt-quatre qualités, substances ou
attribues, se nomment Tatvam & font
aussiappelléesPracroudy. L'esprit ou la
vie sensitive présîde dans cette ville mysti-
2
que comme témoin & fait le 2.5 Tat- •
vam. I/ame étrangère à ces Pracroudy
& à la vie sensitive, sans être confondue

forte
;
avec ces Tatvam y ne préside que comme
témoin de leurs actions elle est en quel-
Tatvam. L'opinion de quel-

,
que 2.6e.
ques-uns est que cette ame vivante n'est
qu'un être temporel le temps n'étant
qu'un divertissement de Dieu, & l'ame
une production du trait de Dieu. Mais
l'Etre Suprême, doit être safin, & le cen-
tre ou elle se retire. Ainsi pour acquérir le
salut, la connoissance de Pracroudy efl:

sentiment d'elle-même ;
nécessaire. Cette étude donne à l'ame le
cette médita-
tion la conduit à la vraie connoissance
de Dieu qui est le terme où elle finit sa
course. Celui qui marche danscette voie
de perfection, contemplera l'être ineffa-
ble ; cette contemplation le délivrera
des liens du corps matériel : ce corps

;
ainsianéanti, il n'aura plus le malheur

;
de renaître il acquerra le but, leSayout-
chiam voilà quelle est la vie nommée
Sanguiayogam.
Devagdhy proposa ainú ses doutes à
Cabiler.
Seigneur, permettez-moi de vous ex-
poser une pensée qui se présente malgré
moi. Le Pracroudy & l'ame font telle-
ment unis qu'il paroît qu'ils ne font qu'une
feule substance indivise semblable à l'u-
,
nion de l'eau avec le froid, 6c de l'odeur
avec la terre, de forte qu'en supprimant
l'un,l'autre cesse d'exister.Cependant
félon votre doctrine, il feroit nécessaire
le
;
que l'ame quittât Pracroudy pour être
parfaite c'est ce qui ne me paroît pas
possible. Oui, ma mère, reprit Calihler,
il y a moyen de lesdésunir. La médita-
-
tion du temps &: de l'éternité réso-
,
lution ferme dans le bien, la patience Se
la douceur guidées par la sagesse, déta-
chent l'ame du corps. L'ame alors fera
dans la lumière. Le mépris des richesses,
des plaisirs, des vertus & des biens de ce
monde, l'oublimême de ceux de l'autre,
joint à l'attention de fufpcndre, d'arrêter
peu-a-peu sa respiration tels font les -
moyens qui en faisantsouffrir le cœur,
le disposent à contempler sans distraction.
J. objet de cette contemplation c'est Dieu,
iès œuvres & l'image de cet Etre suprême)
comme perfection &. beauté par essence.
Cette façon de méditer s'appelle Sarcou-
nam. Le Sanguiayogam que je vous ai
expliqué plus haut, s'appelle aussi Nar-
counam.
Celui qui mène une vie contemplative
;
cft réellement fage & grand détaché des

:
plaisirs des sens, il ne croira pas avoir un
corps en propre il doutera de tout il
n'aura aucune prétention ni ne formera
:
aucune diftinclion du mien & du tien.
Comme hors de lui-même, ilne fera lié
par le cœur ni à sa femme ni à ses enfants.
C'efi ainlî,mamère, que l'ame peut
quitter le Pracroudy.Maintenant je vais
vous instruire en peu de mots de tous les
dégres dela dévotion ou de la vie spiri-
tuelle.
Quoi qu'attaché au monde Se à ses
le
honneurs, si on souvient de moi, si
on écoute le ,"cit de ma vie avec dévo-
; );
tion cette
(instruction
pratique s'appelle Saridey
ceux-là auront la béatitude
inommée Salogam (paix de Dieu).
Le fecond dégré eSt de ceux qui ne
manquent à aucun précepte établi tant
pour les cérémonies que pour les œuvres
de piété. Cette vie active s'appelle Cri-
guey; ils auront la béatitudenomméeSa-
miham (présence de Dieu).
La vie des contemplatifs nommée Yo -
gam forme le troisième dégré, ils auront
la béatitude nommée Saroupoam (vue de
Dieu).
Enfin les rages qui ont renoncé géné-
ralement à tous les plaisirs, à tous les
desirs par une vie parfaite nommée San-
guiayogamou Gnanam (vraie Sageile)
acquerront la béatitudenommée Sayoul-
chiam (absorption en Dieu).
Quant à ceux qui sans me reconnoîtce
pourleur Dieu, font des bonnes œuvres,
ils n'auront aucun mérite devant moi.
Mais j'abhorre le sacrifïçe de l'homme
nal- faisant & des tyrans du genre lbu-
niain.
Sachez que les créatures vivantes 8t
mouvantes font comptées avant celles

dessus des autres animaux ;


qui font insensibles.Les hommes font au-
les Brahmes
font plus nobles que les autres hommes,

;
& les savants instruits dans le Vedam
font encore plus relevés mais les Gna-
)
nigual (les fages qui ont renoncé à tous
desirs, tous plaisirs passagers, font infini-
plus excellens. Ces derniers feront
ment
en moi,
deront!
& je ferai en eux ; ils me possé-

Les méchants, ceux qui font dominés


par l'avarice, qui ne cherchentqu'à ac-
cumuler des richesses, qui font volup-
tueux, vains & paresseux; ceux qui ne
font aucune charité, qui sans pitié n'exer-
cent point l'hospitalitéenvers les pau-
vres , tous ces pécheurs mourront un jour
sans avoir jamais pensé à cet instant fatal.

:
LesEmaguinguiliers(Ministres du Dieu
de la mort) s'empareront d'eux liés&
garottés, ils feront battus, fouettes, fou-
lés aux pieds, outragés; ils marcheront
sur des pointes de fer, leurs corps ( formes
)
de matières subtiles feront piqués des
corbeaux & mordus des chiens. Des
Ministres impitoyables exerceront leur
cruauté contre eux. Ils feront jetés dans
une rivière de feu, & traînés en moins
d'une heure jusqu'à Emabouram rési-
-'
dence du Dieu de la mort, éloignée du
monde de99000Yossiney(396000 lieues).
C'est alors que ces pécheurs se repenti-
! Que de cris, que de larmes répan-
ront
;
dues en vain que de promettes de mener
!
rivés à Emabouram,ils
par la fuite une vieplus réglée Enfin ar-
subiront un arrêt
proportionné à leurs péchés. Les suppli-
ces de l'enferconsistent en huilebouil-
lantea«en cavernes remplies de feu; les
lés aux pieds des Eléphants ;
uns font piles dans des mortiers, ou fou-
les autres
font coupés par morceaux &: obligés de se
repaître de leur propre chair.
Pendant plusieurs milliers d'années les
misérables pécheurs souffriront dans ce
lieu d'horreur des supplices inexprima-
bles. Après quoi ils feront condamnés à
renaître dansle monde, comme une fuite
des peines de l'enfer.(Par un effet de la

:
puissancedivine les hommes se trouve-
ront dans la semence des hommes cette
semence reçue dans le fein de la femme y
y restera pendant toute une nuit sans
mouvement. Le cinquième jour elle fera
comme des globules d'eau. Dans le qua-

, ;
trième mois les nerfs du fœtus auront en-
viron sept pouces dans le cinquième il
sentira la faim la fois & la piquure des
vers. Dans le sixième, la peau qui couvre
le corps, fera totalement formée. Dans
le 7e. il aura des mouvemeus fort sensi-
bles (2'{. fè tiendra au côté droit de ftmère::
Le
;
Tuedes alimens descelle-ci nourrira
l'enfant il fera placé de suspendu au mi-

,
lieu de ses excrémens : les nourritures
acres, aigres,amères & l'eau chaude
qu'elle prend le feront fouftrir. Cepen-
dant par une grâce particulière, le fœtus
aura la reminiicence de sa vie passee, il
fera contrit de ses péchés, èc louera
Dieu. Enfin le terme de l'accouchement
arrivé, l'enfant souffrira beaucoup pour
parvenir à la lumière. Mais à peine est-

j !
infinies
Ur
,
is né, c'efi pour être sujet à des peines
ainsi, ma mère conclut Cabi-
tenez-vous toujours dans la voie de
perfection pour éviter ces malheurs.
Devagdhy ainsi inftruice se retira au
bord de la rivière de Bindousarassou, où
elle passa sa vie dans la voie de la per-
fection de Sanguiayogam. Par ce moyen
elle obtint la béatitude de Sayoutchiam
,
pour ne revenir jamais dans le monde.
Le lieu où elle fit cette pénitence, de-
vint célèbre par un couvent établi fous
le nom de Sllfasramam.
Cabiler donna depuis la même instruc-
tion au Dieu de la mer, qui lui fit pré-
sentd'un drapeau où se voyoit un Mi-
lan, pour lui servir denfeigne3 & être
un OçaOçe de sa reconnoissance.
LIVRE QUATRIEME.
MAYTREAN continua à instruire
Vidouren
0
en :
ces termes
cher Vidouren, je
mon vous ai in-
formé de ce qui regarde Devagdhy, une
des filles de Souyambou, je vous dirai
maintenant ce qui concerne ses autres
filles,&, d'abord, la seconde nommée
Aghdy, laquelle fut donnée en mariage
à Roussiguen. Ils eurent un fils, qui fous
le nom d'Eguien étoit Kichnou lui-
-,
même. Celui-ci eut pour femmes Pad-

;
manabavady, &; Lacchoumy, sœurs ju-
melles elles mirent au monde douze
dieux qui eurent un grand nombre d'en-
fants:
La troisième fille de Souyambou nom-
mée Prassoudy femme de Tacchen 3 eut
aussi un grand nombre d'enfants qui ont
rempli les trois mondes (les cieux, le
terre & l'abyme). Vous trouverez quel-
ques particularités remarquables à ce fu-
jet dans la fuite de cette histoire. Je par-
lerai d'abord des descendants des neuf
filles de Cartamen.
Caley femme de Marissen eut un
,
fils qui est le grand Caffiabahrahma ài
une fille nomméePauranemey. La posté-
rité de Cassiababrahma aététrès-nom-
breuse.Pauranemey qui dans une géné-
ration précédente étoit née fous le nom

,
de Guengay donnna le jour dans cette
dernière génération à un fils nommé
Vilagouen & à unefillenommée Deva-
-,
ftlliguey.
Le Patriarche, Atterien époux d'Anouf-
souey, se retira dans une forêt,située au
bord de la rivière de Nerouvindiam pro-
che du mont Tricoudam; il y fit unepé-
nitence rigoureuse, n'ayant pour toute
nourriture que le vent, &: étant exposé
à toutes les injures de l'air. Un jour il
adreira à l'Eternel ses vœux en ces ter-
mes: 0 vous qui avez créé & confervé
l'univers, ô vous qui le détruisez, ô vous
qui
mées Taniadam,Rajjàdam ,
qui possedez les trois puissances
nom-
& SaÚu-
ganz, donnez-moi votre connoissance,
& accordez-moi votre viiion. Alors un
feu forçant du sommet de la tête du Pé-
nitent, fit trembler tous les Dieux; ils
eurent recours à Vichnou -'à Siven & à
Brahma. Ces trois Divinitésarmées de
toutes pièces,montées sur leurs montu-
res, accompagnées de Lacchoumy , de
Guenga & Sarajvady leurs épouses, se
présentèrent au patriarche Pénitent. At-

adressa ces paroles


gneurs
:
terlen se prosternant les adora & leur

, ô vous trois Sei-


fâchez que je ne reconnois qu'un
seul Dieu; je n'ai recours qu'à cet Etre
Suprême. Faites-moi connoître quel est
entre vous le véritable Dieu, afin que

: ,
j'adresse à lui seul mes vœux & mes ado-
rations. A cette déclaration les trois

, :
Divinités répondirent
nitent
réelle en nous ce qui
apprenez,

vous semble
ô Pé-
qu'il n'y a point de distinction
tel,
n'efl: qu'apparent. L'Etre unique paroît
fous trois formes par les actes de création,
de conservation & de destruction;mais
il est un. AdreiTer son culte à une de ces
formes, c'est l'adresser aux trois, ou au
seul Dieu Suprême. Celui quiest instruit

notre ,
de ce mystère & qui fait son devoir à
égard fera exaucé dans ses
O Atterién, vous aurez des enfans qui
vœux.

feront parcelles de nos substances.


Les Dieux disparurent, & la femme
d' Atterien,Anoussouey devint enceinte
-'
de Tibaterien, émané de la substance de

par émanati on de
Siven, ilfut
Yichnou : Elle eut un autre enfant concu
nommé
Dourouvaffèn. Un troisième nommé San-
dren-, fut conçu par celle de Brahma.
Le Patriarche Anguarassenquiépousa
Sratey, troisième fille de Attérien eut
s
pour lils Brahsbady & quatre filles qui
-'
furent nommées,Arany CougueyRa-
>
guey 6c Soumady.
Le Patriarche Poulastien, époux d'A.
virpoulfey, eut pour fils ViJ]iravaf?iou
lequel eut de sa première femme Coube-
,
ran, 6ç de sa feconde femme Rava-
llen Coûbacarnen & quelques autres en-*
j
fants.
Du Patriarche Poulaguen, mari de
Guedy descenditChrifnen & d'autres
3
grands personnages.
Le Patriarche Croudou qui épousa Criey,
eut mille enfants, dont les premiers font
Vallaguilliers(espèced'anges). Vassisch-
ter mari d'Aroundoudy eut cent enfants.
Le Patriarche Sandraguedou eut sept
enfants de sa femme Ourickey dont l'aîné
J
étoit Srolcheien.

l' ;
Le Patriarche Adarven eut plusieurs
enfans de Sandy sa femme l'aîné eil De-
ditchien.
Le dernier des neufgrands Patriarches,
nommé Pragou, eut pour femme Quia-
dy3 qui lui donna deux fils, Tada 6c Vi-
tada, & une fille nommée Srydevy, qui
fut mariée à Vichnou.
Tada & Vuada épousèrent les deux
filles de Mirondevy; le premier eut pour
fils Mrouganden; & Sambranen fut fils du
fecond. t
Cavy.
Mrouganden eut pour fils Macanden;
&Vedasiren fut fils de Sambraneu. C'est
dans cette race que naquit le fameux

les descendans des neuf Brah-


Voilà
mas, & de leurs femmes, filles de Car-
tamen.
Tecchen eut cinquante filles de sa femme
JPraJJbudy vingt-sept furent mariées à
à
Sandren treize Cassiaban une Aqui-à
nyy une à Siven} sept à Emadarmen; la
à
dernière fut donnée Vzrautren. Celle-
li
ei nommée Mourty mérita par sa
y
grande faogefle & sa vertu de devenir
mère du Dieu Vichnoii dans une de ses
métamorphoses.Aquiny qui épousa Sou-
vagadery, engendra trois enfants sem-
;
blables à lui ceux-ci en ont eu quarante-
neuf qui se font illustrés dans le monde.
Voici l'hifioire de ce qui arriva à Sac7y
qui avoit été mariée à Siven.
Les grands Patriarches désirant faire
le sacrifice Yagam (de propitiation )
tous les Dieux & les personnages illustres
)
y furent invités. Tecchen étant entre dans
la salle pour rendre ses respects à Brah-
ma3 tout le monde se leva pour lui faire
honneur,excepté Siven Ton gendre. Tec-
chen en colère lui dit quelques paroles
injurieuses. Sivendontlapatience~estina-
térable (les injures & les louanges
) ;
lui font égales ne répondi rien mais
Nandygueffuren son favori prenant la pa-

,
role maudit Tecchen, en lui disant avec
indignation ô toi qui as manqué de ref-
pett au Dieu Siven fois bientôt dans
3
l'affiiétion, que ta tête foit coupée, 6c
qu'il t'en foit substitué une de chèvrej
puiiTent les Brames 'qui n'ont pas de vé-
nération pour Siven se perdre dans l'i-
y

boutiifent qu'à savoir mendier ;


gnorance; que toutes leurs sciences n'a-
qu'ils
soient surmontés par la concupilcence,
enfin puissent-ils toujours renaître-dans
ce monde comme de viles créatures.
maudit a ion tour les dévots de Siven;
en les dévouant à devenir impies, liber-
tins, méprisant le Culte & les Loix, par
conféquentà être exclus delafociétécivile
&: religieuse; il souhaitaenfin qu'ils fus-
sent couverts & se fissent même des orne-
nlens de choses immondes. Ces injures

,
&. imprécations réciproques, lesauroient
tous anéantis s'ils n'avoient été confer-
vés par la faveur particulière de Vichnou.
Cette querelle fomenta une haine réci,
proque entre le beau-père & le gendre.
Quelque temps après, Tecchen invita
tous les Dieux, tous les Patriarches Se
toutes ses filles pour un autre sacrifice ;
mais il n'invita pas SivenniSacîy qu'il
lui avoit donnée en mariage. Celle-ci
ayant eu nouvelle de cette fête dit à son

qu'elle le pouvoit,
époux qu'elle vouloit y aller; elle ajouta
puifqu'un précepte

,
moral conseilloit aux enfants & aux dis-
ciples d'aller chez leurs parents & ins-
tituteurs quand même ils n'y feroient pas
invites.
Siven sourit, & voyant l'envie que sa
femme avoit d'aller à cette assemblée par
esprit de curiosité il lui dit qu'elle
3
feroit fâchéed'avoir été chez son père

,
dont elle étoit dédaignée, puifqu'il ne
l'avoit pas invité il l'engagea à abandon-
ner ce projet pour éviter les peines & les
chagrins qui en feroient les fuites. Cet
avis prudent n'eut aucun effet; la curio-
sité eut le dessus. Saciy partit avec son
cortège, &. se rendit chez son père. Ce-
lui-ci lui témoigna tant de dédain, que

:
perdant le respect qu'elle lui devoit, elle
s'écria avec indignation 0 père méchant
& dénaturé, le nom de ta fille & ce corps

;
engendré de ton (ang, me rendent in-
digne d'être femme de Siven je lesquitte
avec joie pour prendre un autre corps,
fous un autre nom qui puiile être agréa-
ble à mon époux. Dans le mêmeinllant
par le feu de la fureur, elle réduilit son
corps en cendre &:fc fitfilledeBavanyjma-
van fous le nom de Barvady. Sivenins-
truit de ce malheur, arracha un de ses
cheveux & Je jetta contre terre, sur le
eLimp naquit Velapotren, avec mille
iiiaiiis armées,il reçutcommandement
de détruire les entreprises de Teccheny
Velapotren accompagné de Nandiguejfu-
ren, de plusieurs génies &

,; démons,
rendit dans la salle du sacrifice il battit
les Dieux & les Patriarches
se

coupa la
tête à Tecchen, & brûla tous les maté-
riaux du sacrifice. Les Dieuxainsi mal-
traites portèrent leurs plaintes à Brahma ;
il les réprimanda de ce qu'ilsavoient af-
filié à un sacrifice au mépris de Siven qui
de droit en étoit le maître &. le rénumé-
rateur; il leur fitsentir qu'ils n'auroient
;
pas dû se trouver à ce dernier,entrepris
hors la présence de ce Dieu qu'ainii il
falloit l'appaiser par des soumissions.
Brahma & tous les Dieux allèrent trou-
ver Siven, ils l'adorèrent avec un pro-
fond respect;Brahma le pria humble-
ment de pardonner à Tecchen son cri-
5
me afin qu'il accomplît le [acrifice. com-
mencé.
Siven se laiiTa toucher, & accompagne
de tous les Dieux il se rendit dans la salle
du sacrifice. Ceux qui étoient blessés fu-
rent guéris&recouvrèrent leurs mem-
bres. Tecchenfutressuscité, en substi-
tuant une tête de chèvre à la flenne
qui avoit été brûlée:aussi-tôt il adora Si-
ven, lui rendit toutes fortes de respects,
& le remercia de sa magnanimité. Alors
Yichnou se présenta lui-même, &. dé-
clara devant tous, qu'il n'y avoit aucune
distinctionréelle entre Bralzma, Vichnou
& Siven : qu'il étoit créateur fous le nom
de Brahma, conservateur & Sauveur fous
celui de Vichnou, Se destructeur fous
celui de Siven.
Emadarmen eut de Vichay sa femme,
une fille nommée Mey & un fils nommé
Temban; c'est de celui-ci que font def-
cendusceux qui furent appellés Tembady.
L'aîné des enfants de Temban, se nomma
Lobam. -
Outanoubaden fécond fils de Souyam-
a
bou avoit eu deux femmes nommées
Sounady & Souroufjy. Sounady mit au
monde un fils nommé Drouven, 8c
Souroulfy en eut un nomméOutamcn.
Or Outanouhaden avoit un amour de pré-
férencepourSouroussy.
1
Un jour le petit Drouven gé de cinq
ans, fut chez sa belle-mère, où étoit ion
père, & le voyant careiTer sonfrère Ou-
talnen, il courut se jetter aussi entre ses
bras. Celui-ci pour plaire à son épouse
bien aimée, le repoussa avec un peu de
rudesse. Le jeune Drouven très-mortifié
allatout en pleurs trouver sa mère; elle
le consola du mieux qu'elle put, & par
un espritde dépit, ordinaire aux femmes,

,
elle lui conseilla de se retirer dans les dé-
serts pour y mener une vie pénitente
en l'honneur de Vichnou.
Ce jeune enfant,suivant cette fug-
gefiion, alla auxdéfend, il y rencontra
le grand Patriarche Naraden qui fit d'a-

,
bord son possible pour le détourner de ce
deiIein. Mais admirant sa fermeté il lui
enseigna les vrais moyens d'honorer Vick*
flOU, & l'encouragea à la confiance dans
sa résolution. L'enfant se rendit sur les
bords du fleuve Emouney, où il prati-
qua religieusement ce qui lui avoit été
enseigné. Le premier mois il paiTa trois
jours sans rien man ger, &: nevécut en-
fuite que de quelques fruits. Le fé-
cond mois il jeûna six jours. Le troi-
iième mois il observa douze jours de
jeûne, & le treizième il ne but que de
l'eau pure feulement, autant qu'en pou-
voit contenir le creux de sa main. Le
quatrième mois il passa par les huit dé-
grés de la contemplation appellée Acht-
tangayogam &. ne se nourrit que de l'air.
il
Lecinquièmemois négligeaentièrement
son corps pour ne penser qu'à l'Erre Sou-
verain.Lefixièmemois il se proposad'em-
pêcher qu'aucune idée n'entrât dans ion
ame par les sens, &: il se tint sur le gros
orteil du pied qui supportoit toute la pé
;
fanteur de son corps enfin par un der-
nier effort, il retint sa respiration. Dans
cet etat il conjura son Dieu de se mon-
trer à lui. (
De tels efforts dans un jeune cœur
ébranlèrent celui de Dieu même, & l'u-
nivers trembla.Tous les Dieux, tous les
Patriarches dans la consternation eurent
recours à Vichnou, qui leur expliqua la
cause de ce tremblement général. Alors
le Dieu se présenta devant l'enfant pé-
nitent dans toute sa grandeur. Celui-ci
sentant un vuide dansson cœur,ouvrit
les yeux de vit devant lui son maître qui
le toucha au vifige. Aussi-tôt il eut la
science infuse; il fut tous les Vedam,
& il loua Dieu.
Vichnou satisfait de laréfolution ferme

:
de cet enfant, lui accorda sa grâce, ce
lui dit avec bonté votre temps de péni-
tence est fini; je vous fais Souverain du
Royaume de votre père; vous le gouver-
nerez pendant l'espace de 16000 ans.
Votre père, le lendemain de votre dé-
,
part s'est repenti de sa faute, & il vous
cherche par-tout. L'aifurauce que Nara-
den lui
a
,
donné de votre résolution &
de votre retour l'a foulagé. Vous irez
le trouver sans différer, car je vepx
que
votre père faffepénitence à son tour.
Votrefrère à la chasTe, & sa mère
mourra
en le cherchant fera consumée par le feu
du défert. Après que vous aurez gouverna
votre état avec sagesse, plaisir &: gloire,
votre corps deviendra subtil & lumineux.
Je vous enverrai un char sur lequel vous
ferez enlevé dans la région du Ciel ou
est l'étoile polaire. Cette étoile est la plus
élevée de toutes, elle est immobile, les
autres & les planètes marchent comme
en procession autour d'elle. Cette habi-
tation fera une récompense de votre ver-
tu. Vous y ferez toujours; vous ne ferez
plus sujet à aucunemétamorphose. Je
vous accorderai la béatitude Sayoulchiam
qui est la plus sublime de toutes. Allez
donc sans délai trouver votre père.
Après une faveur si singulière de la part
de Vichnou,Drouven se rendit chez son
père qui à la nouvelle de son arrivée,
au-devant, l'embrassa trans-
,
courut
port
avec
& l'ayant conluit dans sa capitale
avec grande pompe, le fit couronner -
& l'installa sur le Trône, aux acclama-
tions du peuple.
Bienrôt tout ce qui avoit été prédit
arriva. Outamen étant allé à la challè fut
massacré dans une dispute qu'il eut avec
les Acclzeaquinnarer, Seigneurs de la fuite
de Couberan. La mère d'Outamen mou-
rut dans le mêmedéfert où elle étoit allée
chercher son fils. Drouven avec une ar-
mée nombreule attaqua les assassins de
sonfrère. Déjà un grand nombre avcient
été tués, lorsque le Roi Souyambou son
grand-père vint le trouver & fit la paix
entre lui de Couberan.
,
La tranquillité rétablie Drouven se
rendit dans là capitale, & se maria avec
la fille de Singoumara Brahmanommée
Brahmybamey. De ce mariage il eut deux
fils Carpagatarou & Couraguen; il eut de
sa seconde femme fille de Mayen, un fils
nommé Ourcalenj & une fille nommée
Manogaram.
Drouven fut un des Rois les plus ver-
tueux. La prudence, la sagesse, la dou-
ceur & une tendre sollicitude pour son
peuple, furent les seuls Ministres qu'il
consulta pour rendre ses sujets heureux
& pour l'être lui-même, jusqu'au temps

Vichnou envoya ,
prescrit. Le terme arrivé de 16000 ans,
félon sa promessè,
un char magnifique pour l'enlever de la
terre avec sa mère. Nanden & Sounanden.
deux des principaux ofifciers du Palais
de Vichnou furent chargés de cette expé-
dition. Drouven prit congé de tous les
Patriarches, & partit en triomphe pour
les Cieux, au grand regret de son peu-
ple qui perdoit en lui un Roi valeu-
reux & fage, un père tendre & chéri. Cet
enlèvement glorieux fut vu par Naraden
qui affiftoit à un facriifce Yagam, qui se
faisoit dans le pays de PragedeJJer. Il cé-
lébralemérite de Drouven 6c la muni-
ficence de Vichnou.
Vidouren, à qui Maytrean avoit fait
ce récit, ayant témoigné délirerconnoître
les descendans de Drouven, & l'origine
de Pragedesser; Maytrean parla ainsi :
:
Curcalen fils de Drouven, fut installé sur
le Trône au départ de son père Ce Roi
adonné à une dévotion minutieuse, né-
gligea le gouvernement de ses états. Les
Minières ne voyant en lui qu'un bigot
inepte, le détrônèrent&mirent en sa

;
place son fils Vartcharen qui fut un Roi
fage il eut pour fils Poucheparanen qui
engendra Angamarayen. Celui-ci ayant
entrepris de faire un grand sacrifice Ya-
fgamy les Dieux refusèrent d'y affifier,
parce qu'il n'avoit point d'enfants. Ce
Roi fit un sacrifice convenable pour en
obtenir, & il eut un fils nommé Vonanz;
ce Prince fut si méchant que ce feroit
un péché de faire un détail circonstancié
de l'énormité de ses forfaits. Il suffira de
dire qu'encore dans sa première jeunesse
il s'exerçoit à assassiner des enfants, des
femmes & des vaches. Son père n'épargna
rien pour le faire changer. Enfin le voyant
incorrigible,
incorrigible, il
en eut tant de chagrin
qu'il abandonna son Royaume fecrète-
Inent, 6c se retira dans les déserts.
Vonam devenu maître absolu fit éprou-
ver à ses sujets toute sa barbarie. Tant
de crimes irritèrent le Ciel qui ne vou-
lut plus pleuvoir sur ce pays fouillé d'ini-
quités. La faminedévoroit le Royaume.

(
;
Les fages & les Patriarches assemblés
tâchèrent d'amender ce Prince enfin
voyant leurs foins inutiles, ils pronon-
cèrent contre lui des praifons mystérieu-
ses; il tomba mort, & sa mère Sou-
llândy prit la Régence du Royaume. Ce-
pendant les Ministres & les Grands, pour
prévenir tout désordre, résolurent d'a-

;
voir un Roi. Ils mirent en œuvre le corps
;
du défunt c'étoit du côté gauche ainsî
fut formé un Prince qui ayant tous les
vices du feu Roi, fut rejeté comme infâ-
me : Mais ce même corps employé du
côté droit, produisit un autre enfant ex-
trêmementbeau &: rempli de coûtes les
vertu.s : c'étoit Vichnou lui - même qui
dans cette métamorphose eut le nom de
Pradou. Les Dieux & les Patriarches
l'adorèrent, les anges Guendarver chan-
tèrent ses louanges, les danseuses célelles
voltigèrent en sa présence. Lorsqu'il fut

;;
couronné tous les Dieux lui firent un
présent Devendrell lui offrit une cou-
parasol
ronne le Dieu
;de la Mer un
couvert de perles f/Ù:!uzou & Sivenlui
firent don chacun d'une de leurs armes
toujoursvictorieuses.
Le Roi Pradou voyant i'état déplora-

famine ,
ble ou étoit réduit son peuple par la
fit comparoître devant lui la
:
Déesse de la terre il lui reprocha sa
cruauté, & la contraignit à produire tous
les trésors qu'elle tient cachés. Cette
Déesse prit la forme d'une vache, & ceux
qui fouhaitoient d'elle quelques biens
furent tenus à le pourvoir d'unveau pour
,
la traire, alors elle donnoit ce qu'ils dé-
liroient.
Le Roi ie servit de Souyambou, ion
aïeul, comme d'un veau, aussi-tôt la
semences,
vache produitt toutes fortes d'alimens ,"
d de richesses & autres
choses nécessaires. Les Patriarches se
Servirent de meme de Brahsbady pour
faire leurs proviilons.Devendren se prêta
auservicedesDieux. Chourien ne fut pas
moins complaisant pour les Génies Pc-
dar. C'est de cette façon que les Dieux
les hommes &: les animaux se procurè-
,
rent ce dont ils avoient besoin.
Pradou voyant tous ses sujets heureux,
entreprit le tour du monde; il fît com-
bler les cavités qui s'y trouvoient en ap-
planiffantlesmontagnes, de forte qu'il
rendit la terre unie, & lui donna son
nom : Enfin ce Prince devint si fameux
par les services qu'il rendit & par sa ver-
tu, qu'il fut surnommé Roi excellent.
Quelque temps après Pradou, se pro-
posa de faire cent fois le sacrificepropi-
tiatoire du cheval. Il bâtit des salles lu-
perbcs à Manouchetram sur le bord du
Sarasvady dans le Royaume de Brahma-
Il
vastam. disposa
tout avec tant de ma-
gnificenre & de profusion, que le lait,
le miel & les sucs de fruits, particulière-
ment de raisin couloient comme des
_,
ruisseaux. Ce Prince acheva ainsi le
yye sacrifice, il étoit sur le point de com-

vœux ,
mencer le centième
lorsque
conformément
Devendren
enleva le cheval destiné à ce dernier
par
à ses
jalousie
;
d'ê-
ce Roi des Dieux pouvoit craindre
tre supplanté par Pradou. Le Patriar-
che Atterien qui s'apperçut du vol aver-
tit le fils aîné du Roi, qui ayant pour-
,
suivi Devendren le trouva, mais dans un
état méconnoissable : son corps étoit
nud, frotté de cendres & orné d'eue-
mens. Le fils du Roi ne croyoit pas de-
voir s'arrêteràune pareille figure Atte-;
rienl'assura que c'étoit le voleur travef*
ti, & qu'il pouvoit l'attaquer sans crime.
Alors Devendrendisparut Se laissa le che-
val à leur diferétion. Il en fit autant une
féconde fois, & le fils du Roi le reprit
encore. C'est à l'imitation de Devendren
que plusieurs ont depuis porté pour or-
nemens de la cendre & des os ; ils vont
nuds, avec les cheveux empaquetés fous
Je

gens fort mal-propres, ,


nom de Cabaliguer, Bauter, & Pachan-
dy. Ce font ne
ent point la Religion & les Vedam. C'efè
fui-

Un péché de communiquer avec eux.


Le Roi Pradou, irrité contre Devenu
dren,s'apprêtoit à le percer d'une flèche,
don célefie, qui ne fut jamais tirée en.
vain. Mais les Dieux l'en détournoient
disant qu'il ne convenoit pas de com-
mettre un tel meurtre, qui seul feroit un
obstacle à ce sacrifice. Brahma ajouta
qu'il devoit se contenter d'avoir accom-
pli le 99e9 & qu'il lui conseilloit d'aban-
donner le centième, pour ne pas davan-
tageaffliger Devendren. Pradou se rendit
aux conseils de Brahma > & congédia
tout le monde qui se retira infiniment
satisfait. Kichnou voulant récompenser
ce Prince qui par esprit de paix, avoit
abandonné ses propres intérêts; il se pré-
senta à lui avec bonté, accompagné de
:
Devendren Se dit 0 Pradou Ô mon
3
fils bien à votre
aimé, je fuis sensible gé-
nérosité : voici Devendreri qui vous de-
mande pardon de ses procédés, ceux qui
font dans la voie du salut, ne, doivent

par la haine ;
être dominés ni par leurs inclinations ni
accordez-lui votre amitié
& je vous promets toutes les faveurs que
,

vous souhaiterez de moi. Pradou se pros-


terna devant son Dieu, ~&acquicsçant
à tout ce qu'il vouioit; il ne lui demanda
d'autregrâce, que celle de l'avoir tou-
jours présent dans son cœur.Vichnoului
accorda cette faveur, & lui promit: d'en-
voyer les Patriarches, Sonaguen, Sonan-
ten 3 Sonarcoumaren &C Sanartchoussetanen
pour le conduire dans la route du lupreme
bonheur. Eneffet,peu de temps après, le
Roi étant dans ion jardinavec sonépouse,
il yrencontracesquatreilluftres personna-
;
ges il les pria de lui enseigner les moyens
d'acquérir la béatitude la plus sublime.
Sonarcoumaren les lui exposa en ce peu
:
de mots c'est de renoncer a tousdesirs
étrangersàfoi -
, si3c'eji Il-a
J
-
direa à'l-'
l'ame i
lame languit dans l'irrésolution tant que
l'intérieur est embarrassé par des iouhaits
& des espérancespailagères : Cette ir-
réfol ution l'em pcc hant d'acquérir sa
propre connoiilance, elle reste dans les

»
ténèbres. Ainsi celui qui aspire à la béa-
titude, doit renoncer à tout autre delir.
Voilà à quoi se réduit ce secret qui
fera toujours inconnu aux profanes.
Ces paroles dites les Patriarches disparu-
rent.
Le Roi ne continua à jouir que peu de
temps de la douceur qu'iltrouvoit dans
sa famille composée de ion épouse Art-
chiamady3 & de ses cinqfils, Sidafvin
Atiecchen Toumaguedou, Dacchanen êc
3
Vrayoulan. Il le démit de la Royauté, &C
installa sur le TrôneSidafvan ion fils aîné.

épouse dans les déserts ,


Se retirant ensuite avec la Princeile fou
il y pratiqua
d'abord les exercices de la vie active.
Peu après il se livra à la méditation
Zc renonça à tous plaisirs ; il par-
vint enfin à la vie Yogam (contem-
plation extatique) & obtint parcemoyen
d'êtreabsorbé dans l'immensité de Dieu,
qui est la fin &: le complément de la plus
sublime béatitude. La Reine eut après ce
Prince la mêmedestinée.
Sidasvan gouverna le Royaume avec
beaucoup de gloire. Cependant quelques
pénitens irrités par des raisons particu-
lières,luidonnèrentleurmalédiction. En
eonféquence trois enfants qu'eut le Roi
,
furent trois feuxquis'éteignirentaussi-tôt.
Il eut de sa fécondé femme un fils nommé
Avertanam. Celui-ci engendra six fils,
dont lamé, Pariguiflenfutcélèbre dans
les célébrations des L'lcrificesYagam. Il
eut pour fils Praginaparougui, lequel eut
dix fils qui furent connus fous le nom de
Pragedasser. Ces Princes ayantdellein de
créer une nouvelle race,partirent pour
aller du côté dela Mer. Dans leur route
ils trouvèrent Siven ailis au bord d'un
étang avec toute sa fuite. Le Dieu satis-
fait de leurs respects & adorations, leur
dit que Vichnou & lui n'étant qu'un,Sç
que lui-même tenant tout de ce Dieu il
les exhortoit à être inébranlables dans
,
sa dévotion. Ces paroles dites, il di:.«->
rut. Les Pragedaffer arrivés au ho; n
la mer, firent une rigoureusepénitence
y
pendant dix mille ans. -"
Tandis que ces Princes se livroient à
la pénitencePraginaparougui
- leur père
continuoit par vanité à faire un grand
nombre de Yagam.Naraden vint ,
le voir
il lui représenta que ses sacrifices n'abou-

effet d'oflentation,
tissoient à rien, & que n'étant qu'un
tous les animaux
qu'il avoit immolés l'attendroient sur le
chemin du paradis pour lui déchirer le
ventre. Le Roi se repentit de sa con-
duite, & demanda au Patriarche de lui
enseigner la voie du salut. Naradett
répondit par la parabole suivante. Un
Roi nommé Pourangaon voyageoit
avec son favori. Ce Roi rencontra
une ville qui avoit neuf portes,exté-
rieurement bien ornées. Il y trouva
Une femme qui le rendit amoureux, 6c
le retint dans la ville. Ce Prince bientôt
n'écoutant que les douceurs & les aga-
ceries de son amante, oublia son propre
pays--u.. s'attach a a cette terre étrangère.
Illa quitta enfin, mais ce fut malgrélui ;
ëc alors il devint très-malheureux pour
avoirnégligé toutes ses propres affaires.
Le Roi est l'ame, continua Naraden ;

;
son compagnon de voyage est la puissance
sensitive ;
la ville étrangère est le corps
les pallions font la femme; le vrai pays
;
du Prince est le Ciel c'est la mort qui,
malgré lui l'arrache de cette contrée
étrangère. Après cette explication Nara-
den se retira.
LIVRE CINQUIEME.
p RAVETIDEN, fils aîné du Roi
Souyambou, dont il a été ci-devant par-
lé conduit par un esprit de pénitence)
,
renonça à tous les plaisirs du monde ôc
a la Royauté. Brahma n'approuvant pas
cette conduite, lui rendit visite accom-

:
pagné des Brahmas ses fils, & lui parla
en ces termes 0 mon cher Pravetiden,
je vous demande quelque attention pour
ce que je vaisvous dire. Tenez pour cer-

; ,
tain que c'est de la part de Dieu que je
vous parle il dirige ma langue ce Dieu
de qui vous & moi &: tout l'univers tient
l'existence. Personne ne pourra contre-
venir à ses décrets éternels. Les Kedam
ne font que Tes paroles, êc les actes de
création,conlervation ôc destruction qui
y iont énoncés, triples eneffets, ne font
qu'un en lui. Sachez que nous n'avons
pas une liberté absolue. Semblable au
bœuf que l'onmène par une cordé passee
dans le museau, je fùis conduit par le
décret de la volonté divine. Toutes les

plalfir félon cette volonté Suprême ,


créatures font dans la peine ou dans le

nul ne pourra s'y soustraire. Le fage ac-


&c

querra le salut environné des autres hom-


mes , de même que dans un défert. Au
contraire l'imbécille se perdra dans la re-
traite la plus solitaire, de même que dans
le monde. Il est glorieux de vaincre ses
passions dansl'état de sociëté pour lequel
on est né; ainfl je vous conseille , dit
Brahma devousdisposer à gouverner
sagement vos sujets en préservant votre
cœur de tout attachement mondain.

Trône,
Pravetidenainsi inflruit monta sur le
aux applaudissemens réunis du
peuple &: de son père. Son Royaumegou-
verné avec prudence fut préservé des fa-
mines O-z des maladies. Il épousa la fille
de Visvacarmen &eut d'elle dix enfants,
dont trois renoncèrentaumonde; il en
eut encore trois de sa seconde femme
nomméePanjamady, qui font Outta-
menRayvadam & Tamafjan. Il vécut
ainsi heureux pendant l'espace des 100,
000,000 ans. Son Royaume comprenoit
sept Isles, environnées par sept mers, qui
font Lavanasamoutram, mer du sel, ou
mer salée, Caroupamfamoutram, mer de
suc de cannes, ou mer douce, Calloufa-
moutram mer qui a le goût de la liqueur
du Palmier, Neyfamoutram mer de beur-
re, Tayrfamoutram, mer caillée, Palfa-
moutram3 mer de lait,Sautajalafamou-
tram mer d'eau pure. Les sept Isles se
nomment Jamban,Bilaccham,Cossam,
s
Cravounjam" Salmaly Soccam, Boucho-
ram. Le Gouvernement en fut donné à
ses sept filles. Une fille unique qu'il avoit,
fut mariée à Soucrossoray. Les affaires
ainsi réglées, il se retira dans un hospice
de pénitens, dont Naraden étoit chef. Il
y mena une vie contemplative, de par-
vint à la béatitude.
L'aîné de ses sept fils Acnydrouven,
Roi de Jambam n'ayant point d'enfant,
se rendit à la montagne de MerouOll il
3

ie tint en prières en l' honneur de Brahma.


Ce Dieufatisfaitde sa dévotion ordonna
,
à une fille des plus distinguées de son Pa-
lais, de devenir femme d' Acnyndrouven il
eut d'elle neuf enfants nommés Naby,
Goumipourrouchen Anylavrouden, Ram-
3
miaguen,Ironamayen Avoutaren, Patraj-
vanQuedou & Malen. Ces neuf fils
ont gouverne les neuf grandes Provinces
du Royaume de Jambam. Acnyarouven.
voyant que sa femme s'etoit retirée à Sat-
3
tialogam demeure de Brahma il s'y re-
tira aussi, ne pouvant vivre sans elle.
Nahifils aîné du Roi, fit alorsun

:
grand facriifceen l'honneur de Vichnou,
pour obtenir un enfant ce Dieu lui-même
devint son fils fous le nom de Riclabert.
Son père l'infialla sur le Trône, voulant
passer sa vie dans la retraite avec la Reine
son épouse.
Le nouveau Roi épousa la fille d'[n-
3
drcn & eut d'elle cent enfants: L'aîné
nommé Baraden succèda à Son Père. Son
règne fut si glorieux, que le pays qu'il
gouverna, prit de lui le nom de Barada-
gandam. Riclahen avant de quitter la
Couronne, avoit fait choix de huit au-
tres de ses enfants, & leur avoit donné
à chacun une Province a gouverner. Neuf
s'attachèrent à la vie religieuse, les Sz
autres s'adonnèrent aux sciences divines
Si ils furent nommés Brames.
Le Roi Riclaben par sa conduite, avoit
s
été l'exemple d'une vie vertueuse; ses
sujets l'imirèrent, 6c de Son temps le
Royaume abondoit en hommes de méri-
te, car ce proverbe est juste : Tel est le
Roi, tel est le peuple.
Ce Prince, après avoir remis, comme
on a vu, toute l'autorité entre les mains

culier,
de Baradenyvécut comme simple parti-
il exhortoit son fils à gouverner
ses sujetsavecjustice 6c bonté, & à n'a-
voir aucun attachement pour le faste ni
pour les plaisirs du monde. Quant à lui
il mangeoit ce qu'on lui présentoit lans
choix. La terre lui servoit de lit & il ne
prenoit aucun foin de son corps.
En cet endroit Paricchitou interrom-
pant Souguen, lui dit : ô vénérable Sou-
guen, apprenez-moi pourquoi le Roi Ri.

,
claben, personnagerempli de sagesse dC
de mérite qui pouvoir gouverner Ton
Royaume sans altérer la pureté de son
cœur, & sans quitter la pratique des
vertus, pourquoi a-t-il abdiqué la Cou-
ronne?Vous êtes convenu vous-même
qu'on peut être dans le tourbillon du

guen répondit :
monde, comme si on n'y étoit pas. Sou-
oui, Prince, l'homme
peut vivre dans le monde sans être mon-
dain. Cependant il y a toujours du péril :
jamais le cœur n'eflàl'abri des occasions
de contracter des attachemens dangereux,
& il est toujours susceptible de se laisser
aller aux plaisirs. Une petite négligence
peut l'entraînerdepallions en paillons.
Les animaux pris dans les filets tentent
toutes les voies possibles pour s'échapper,
&
:
& ensuite ils redoutent les moindres ap-
parences de danger De même les fages
font en garde contre leur cœur. Iln'y a
donc pas à s'étonner si Riclaben pour
éviter tout péril, se retira entièrement
du monde.
Après cette courte digression, Souguen
:
continua ainsi le Roi Baraden gouverna.

;
son peuple avec beaucoup de gloire &: de
iageile il épousa Pantehaceny fille de
Vesvarouban, & eut d'elle cinqfils, dont
Soumady étoitl'aîné. Enfin, après avoir
régné 8,000,000 ans, il se retira dans la
montagne de Salicramam, pour se livrer
à la contemplation, laissant ses enfants
gouverner la terre.
Pendant qu'il menoit la vie la plusauf-
tère dans les grottes de cette montagne,
il eut une aventure qui fit voir le peu de
fond qu'on doit faire sur le cœur de
l'homme Se ses résolutions. Il rencon-
j
tra auprès de l'étang ou il se baignoit,
une biche qui à la vue d'un lion avorta
& mourut subitement. Le faon qui ve-
noit de naître tomba, dans l'eau. Bara-
den l'en retira & en eut le plus grand

pour cette petite ,


foin. Bientôt il prit tant d'attachement
bête qu'il négligea
peu-à-peu tous les exercices spirituels

par les abandonner :


dont il avoit fait ses délices, &: il finit
entièrement il n'eut

animal:
plus de soucis & de foins que pour cet
de forte qu'à l'article de la
mort, sa feule inquiétude étoit de le

,
laisser dans l'abandon, sans trouver per-
sonne à qui le confier. Vous voyez dit
Souguen, quelle est la foibleÍfe & l'ins-
tabilité du cœur humain, & le peu de
confiance qu'on doit avoir dans ses ré-
solutions.
Baraden ce grand Roi, ce saint per-
sonnage dut être puni de cette faute; il
fut condamné à renaître en cerf, mais ,
par rapport à ses anciens mérites, ayant
confervé la reminiscence de sa vie paf-
fée, il eut dans ce nouveau corps, tout
le temps de se repentir. Après une ample
expiation, il quitta cette enveloppe igno-
ble, & se fit fils d'un Brame de la race

contemplative :
d'Anguerassen. Alors il se livra à la vie
dédaignant les plaisirs du
monde, màngeant) dormant & travail-

il ne se [oucioit ni des injures,


lant comme l'homme le plus rustique,
ni des
honneurs.\Un jour qu'il étoit à garder le
champ de ion père, les soldats d'une
troupe qui paiToit, le prirent pour un
:
espion, & voulurent le tuer il n'ouvrit
pas la bouche pour se jufiifier, la vie ne
lui fut conservée que par miracle. Une
autre fois il fut enlevé pour porter le
palanquin d'un Roi de Sindou qui voya-
geoit. Ce Prince soupçonna bientôt que
c'étoit un fage, & ayant reconnu par ses
réponses qu'il ne s'étoit pas trompé dans
ses conjectures, il lui rendit toutes for-
tes de respects. Baraden lui enseigna la
Voie de perfection & les moyens d'ac-
quérir le salut. Il lui raconta sa propre
histoire, & ses métem pflcofes. Le Roi
de Sindou, après avoir été bieninstruit,
Ce rendit dans son Royaume. Quant à
lui, continuant à vivre dans le recueil-
lement ôc le silence, il devint par-,,
fait.
Voici quels furent les descendans de
ce grand Roi.
3
Soumadyfils de Baraden,vécut quel-
que temps avec sagesse. Mais les Bauter
le pervertirent & il embraila leur doc-
trine.
Soumady eut pour filsDevaciten, qui

fils Gouen :
engendra Devatouymirien qui eut pour
Ce Roi fut heureux, il fin

gesse ,
fleurir la dévotion, gouverna avec sa-
&-- rendit son peuple heureux. Il

devint si puissant que tous les Rois de la

les sciences étoientcultivées ;


terre furent ses tributaires. Les arcs &
la vertu

fils dont l'aîné, nommé Sitraden ,


éclatoit dans tous les états. Il eut trois
,
père de plutieurs Rois. Ce Prince eut
fut

depuis un 4cme. fils nommé Vibaccntn


,
qui iuivitaussi les traces de leur aïeul
Pravetiden, & acquit autant de gloire;
il eut cent fils & fille.
une
A l'occasion de la grande puissance de
ces Princes, le Roi Paricchitou demanda
à savoir l'étendue & la mesure de l'uni-
:
vers. Souguen lui répondit Prince, il
n'eil: pas donné à l'homme de faire un
détail clair, précis & entier de ce que
vous délirez connoître; cependant je tâ-
cherai de vous satisfaire autant qu'il me
fera possible.

:
Le milieu de la terre est occupé par la
grande Isle nommée Jamban elle a cent
milleyossiney d'étendue en longueur de
autant en largeur (un yossiney équivaut
à quatre lieues françoises). Au milieu de
cette Isle s'élève une montagne nommée
Merou sa hauteur est de cent mille
3
yoffiney sa largeur de trente deux mille,
& ses fondemens de dix mille. Le lom-
met de cette montagne est éclairé par le
soleil pendant six mois la nuit y est
,
continuelle pendant les six autres.
Au nord de cette montagne il y ea a
deux nommées Nelavarnam & Velleyvar-
nam elles forment une chaîne qui va de
l'elt à l'ouest,jusqu'à la mer d'eau salée.
Vers l'extrémitéde cette chaîne se voient
deux autres montagnes nommées Souc-

j
dam 8c Sroungam; Soucdam est haute de
oloooyoîiney Sroungam de 70,000.
Entre ces montagnes, font trois Royau-
mes nommésRomaniagam, Irinamayam
& Queinbouroucham. Il a un autre pays,
nomméIlavroudum, entre les monta-
gnes Merou & Machindram. Au fud de
cette contrée font situées deux autres
montagnes nommées Nicketam ôc Ema-
coudam auni élevées & étendues que
y
Soucdam ôc Sroungam. Les pays nommés
Baradam & Holy,sont situés entre ces
deux montagnes. A l'ouest du pays d'/-
lavroudam, il y a une montagne nommée
Maleavandum, qui vers l'Est, en a une
autre nommée Guendamadam. Les pays
nommés Quedoumalam 6c Patrajalam
*
font situés entre ces deux montagnes.
A l'Est de Merou, se voit la montagne
de Mandaram, au fud celle de Souvarif-
;
vam à l'ouest celle de Coumoudam; au
nord Sroungam. Ces quatre montagnes
font dans des positions & des distances si
exades qua les voir, on les prendroit
pour d'énormes colonnes placées pour y
établirunevoûte. Leurs élevations font
de dix milleyossiney. Il y a aux sommets
de ces quatre montagnes, quatre arbres
qui se nomment Soudam Capadam,
3
Alam & Naval. Ils portent des fruits &
des fleurs dans tous temps; leurs bran-
ches s'étendent à mille yossiney.
Sur le MontMerou. il y a quatre étangs
étendus chacun de cent yojfiney en
quarre; l'un est rempli de lait, l'autre de
beurre, le 3e. de lait caillé, ex le der-
nier de suc de canne.
Les quatre montagnes qui font au
nord, au fud , à l'est & àl'ouest du Mont
Merou, ont chacune un jardin de délices
nommésNandam Saytradam Vay-
3 ,
praffidam ôc Sarvalapalitram. Celui qui
mange des fruits de Soudam de la mon-
tagne de Mandaram, acquiert l'immor-
talite. Le jus de ce fruit en coulant forme
un fleuve qui effc nomméRajfodayam.
Le jus des fruitsdeNaval qui est sur la
montagne de Souvarijvam produisant un
ruisseau nommé Jambou, a donné fou.
nom à l'île Jambam qu'il arrose.
Les deux autres arbres produisent de
même, deux autres rivièresqui qrroient
le pays d'Ilavroudam.
A l'efi de à l'ouen: du Mérou, il y a
encore deux autres montagnes nommées
Cedacoudaln &c Pariatram qui forment
une chaîne longue de 18000 yojjîney3
du nord au fud. Les Dieux fréquentent-
ces montagnes & y prennent leurs diver-
tiffements.
Au sommet du Merou il v a une ville
j
de dix milleyossiney en quarré, cette
ville se nomme Brahmapatnam, elle efi:
toute éclatante d'or. A l'entour de cette
ville il y en a huit autres gouvernées par
les Dieux des huit points cardinaux de
l'univers. Un ruisseau nomméBrahmen-
tocoudam , sortant du haut du Merou
arrose la ville de Brahma & coule par
ses
quatre portes, en forme de quatre
fleuves nommés Sadalam, SadaUbiz, Pa-
tram & Alaguey. Un de ces fleuvess'é-
rvant en l'air, lave les pieds de Vich-
nou; l'autre qui fort du côté du fud, ar-
rose les pays deNichetam, Yemacoudam,
î mojjalam 3 &; se jette ensuitedans le
pays de Baradam.
Ceux qui par une vie réglée ont acquis

3
,
des mérites dans le pays de Baradacan-
dam deviendront un jour Dieux &
habiteront les pays de délices Ilavrou-
dam, Rameraam & Irinamayam 3 où ils
jouiront d'un bonheur inexprimable pen-
dant dix mille ans. Chacun d'eux aura
lavigueur de dixmille éléphants & fera
d'une beauté ravissante. Ceux de ces
pays adorent Vichnou. & Siven.
Dans le pays de Patrassou Dieu efl
adoré fous le nom de Aycriben.
Dans le pays de Codaumal Vichnou
-
,
est adoré comme Déesse de la terre, qui,
fous la forme de vache, donne tout ce
qu'on demande.

;
A Rammiagam on adore ce Dieu fous
sa métamorphose de poiiïon & à Irma-
lnayam fous celle de tortue.
Au pays du nord nommé Outragou-
rou3 il est adoré fouscelle d'un sanglier
blanc.
3 f
A Quembouroucham c'et fous le nom
de Ramen qu'il reçoit les adorations, &
Ânoumar (linge favori de Ramen) y est
admis aux honneurs de la Divinité.
A Baradacandam, on l'adore fous le
nom deNarayanen. Il y a dans cette
contrée plusieursmontagnes faintes : les

nam Maleyam3Gavartanam ,
principales font Tricoudam, Sanguiam,
Maynagam, Rayvadam, Parlatry, Tro
3 Rithabam,
Camougam, Vindiam Ranzag-uedy, Se-
cham. Les fleuves qui lortent deces mon-
tagnes, font sacrés : voici les plus célè-
bres : Naranady, Chrisney,Yamouney,
Navadey Croudamaliguey, Tambrapa-
y

ram-, Trijfamey Bagavady,Satabady,


3
Sarashady,Toungapatrey,Sourassanady,

Nirouvinady;
Godavary Sattadry
3
Arany Vayga.Dj.J
ces fleuves ont la vertu
d'effacer les péchés de ceux qui s'y bai-
gnent avec dévotion. Le Baradacandams
est plus noble que les huit autres parties
du monde;Vichnou s'y étant manifesté
par une infinité de métainorphofes.

Baradacandam ;
Les isles de Jamham, font partie du
elles en contiennent huit
autres qui font, Souvarnam Boucheca-
ram3 Mandam, Arounam, Ramanacam,
Sindou Sandragam èc Sengolam. Lel
,
pays de Iamban, en y comprenant tou-
tes les autres isles & montagnes qu'on
vient de dire, embrasse une étendue de
cent mille yossiney', environnée par la
mer salée.
Au-delà de cette mer il y a une isle

;
nommée Belaccham étendue de deux cent
milleyossiney on y voit un arbre nommé
Callalam, qui a de hauteur onze cents
yoifiney. liadonné Ton nom à cette isle
dont le peuple adore le feu. Ilmassingou,
un des fils de Pravetiden, étant Roi de

,
fants. Ivanam Soubatram
,
,
cette isle , la partagea entre ses sept en-
Candam,
Mousquiam 8c plusieurs autres grandes
montagnes, Arouney & plusieurs autres
fleuves, font la richesse de cettecontrée.
Ce peuple vit jusqu'à mille ans. Il est di-
visé en quatre tribus nomméesAssanam,
Padangam Attiam & Abatiam. Les fem-
mes dans leur temps périodique devien-
nent enceintes à la vue de leurs maris. Ils
font leurs offrandes au soleil. La mer
douce étendue de 200,000 yossiney
>
borne ce pays.
Au-delà de cette mer, se voit l'isle
Couffam étendue de 200,000 yoffiney.
Irinearoumen fils de Pravetiden, en fut
Roi, & la partagea à ses sept enfants.
Le peuple divisé en quatre tribus, adore
le soleil. Cette isle a des montagnes Se
des rivières qui font sa richesse. Elle est
bornée par la mer qui a le goût de jus
de Palmier.
Paile cette mer, on apperçoit rifle
nommée Cravounjam étendue de 40e»,
,
000yoffiney. La montagne du même nom
a de hauteur 4460 yossiney. Croudabou-
cheten3 undes fils de Pravetiden, fut le
premier Roi de cette isle, & il la parta-
gea en sept portions) qu'il donna à ses
enfants, dont les aînés ctoient Dourmi
&. Mouquien.Cette isle a auili ses lept
montagnesdont les principalesfont, Sou-
clam,Mandaram, Fariaparougenam ëZ
Pouchenapatram. Elle a aulli les fleu-
ves comme Tirtavady, Croudartehy Tou.
ridabacarany Douciuy&c. 1e peuple di-
>
visé en quatre tribus, adresse ion culte
au Dieu des eaux. La mer-de beurre borne
cette contrée.
Plus loin est l'isle nommée Saganz;
elle tire son nom de la grande quantité
d'arbres de Saganz qu'elle produit. Elle a
d'étendue 800,000 yoffiney. Le Roi Mo-
tadady,fils de Pravetiden3 la partagea à
ses sept enfants dont l'aîné étoit Manof*
siven. On y voit aussi sept montagnes,
dont les principales sont,Vilassam èc
gnes &. la mer d'eau pure, il y a un ter-
rein de couleur d'or& inhabité, dontl'é-
tendue est de 80,000,000 yossiney. Au-
delà de ces montagnes, tout est ténèbres;
la lumière du soleil n'y pénètre point.
Personne ne peut en approcher; Kichnou
seul s'y promène.
Le soleilfournit sa carrière au milieu
de l'univers, il est éloigné de la terre de
200,000,000 de yojJÙzey. C'est le soleil
qui produit tous les biens dont jouissent
les hommes & les animaux.C'est lui qui
donne la mesure du temps dans si courre
du nord au fud, & du fud au nord. Au
commencement du mois Cartiguey (no-
vembre) la nuit devient plus longue que
le jour d'un nayiguey (24 minutes),
;
quand le soleil va au fud au contraire
le jour devient plus grand, quand il mar-
che vers le nord.
Dans l'espace de 60 nayiguey ( 24 heu-
,
res) le loleil fait un tour de 98,000,000
yojJiney. Il fait jour dans un lieu, tan-
dis que dans un autre il est nuit ou ma-
tin. Cela provient de la marche de cet
astre. Son char est appuyé par un bout
au Mont Merou, ôc le reste est [outenu
par l'air. Sept chevaux verts le tirent le ;
Dieu Ârounen en est le conducteur. Le
timon a de longueur 3,600,000 yossiney.
Les génies nommésValaguillear
nombre de soixantemille, font à la fuite
,
du loleil ils l'accompagnent dans les
au ,
douze loges (les douze lignes du Zodia-
que), en l'adorant psalmodiant tou-
jours.
Le ciel de la lune est à cent milleyof-
finey, au-dessus du soleil, elle finit sa
course plus vite que lui ( * ).

(* )
démicien j j
Un voyageur moderne dont j'ai parlé dans mon
discours préliminaire a prétendu qu'un illufire Aca-
Mr. BaiiHj s'éroit trompé, en avançant que
les Indiens supposent la lune au-dessus du soleil. La
citation de ce lavant est exaéte. Ce voyageur qui avoit
j
alors fous les yeux les mêmematériaux, expose quel-
ques lignes plus bas que., selon ces peuples3 les éclip-
ses arrivent lorsqu'un épouvantable géant s'efforce de
dévorer le soleil ou la lunej ennemis à qui il a jure
Sroungam Le premier de Tes sept fleu-
ves est Ayoudam. Le peuple est divisé
comme les précédents en quatre tribus ;
il adore un fils de Siven. L'iile a pour
bornes lamer de lait caillé qui est large
de 10,000 yossiney.
Au-delà de cette mer est l'isle nom-
mée Salmolydevou. La grande quantité
d'arbres qu'elle contient, nommésIlavcr3
ce
lui a fait donner nom Equiabagaven
fils de Pravetiden en fut le premier Roi,
& il partagea le Royaume entre ses sept
enfants, dont l'aîné étoit CamalalojJànen.
La richesse de cette isle consiste de même
que dans les autres, en sept montagnes 3
<

dont les principales font, Sadafroungam J


Prouchavany, Sabarissam & en sept
,
fleuves. Les quatre tribus dans lesquelles
est divisé le peuple, adorent le soleil. La
mer de lait la borne; ion contour efi: de
3,100,000 yossiney.
PaiIe cette mer, se voit l'isle nom-
mée Pauchealom. La grandeur & la beauté
d'une prodigieuse quantité de fleurs de
Tamarey y lui ont fait donner ce nom.
Le milieu de Pisse est occupé par une
grande montagne nommée Manoucho-
tram; elle fert de bornes aux deux Royau-
mes, entre lesquels Pisse est divisée. Le
partage en fut fait par Vidigotren > fils de
Pravetiden entre Ramen & Nauguen tes
3
fils. Il y a aux environs de cette monta-
gne,quatre grandes villesgouvernées
par quatre Divinités.
Les hommes du pays de Pauchealom,
n'ont établi aucune distinction de tribus.
Tous adorent Vichnou. Ils font fages,
vertueux, robustes & d'une grande taille ;
ils se nourrissent d'Amortam, (espèce
d'ambrofle) vivent très-long-temps, de
jouissent toujours d'un bonheur parfait.
La mer d'eau pure entoure cette me.
,
Paile cette mer se trouve une chaîne
de montagnes nomméeSegrabatam qui
,
environne toute la terre, & dont le som-
met atteint au vuide. Elles font foute-
nues àl'est, à l'ouest, au nord & au fud,
par quatre éléphans. Entre ces monta-
gnes & la mer d'eau pure, il y a un ter-
rein de couleur d'or& inhabité, dontré-
tendue effc de 80,000,000 yoffiney. Au-
delà de ces montagnes, tout est ténèbres;

;
la lumière du soleil n'y pénètre point.
Personne ne peut en approcher Kichnott
seul s'y promène.
Le soleilfournit sa carrière au milieu
de l'univers, il est éloigné de la terre de
200,000,000 de yojfÙzey. C'est le soleil
qui produit tous les biens dont jouissent
les hommes & les animaux.C'est lui qui
donne la mesure du temps dans sa course
du nord au fud, 6c du fud au nord. Au
commencement du mois Cartiguey (no-
vembre) la nuit devient plus longue que
le jour d'un nayiguey (24 minutes),
;
quand le soleil va au fud au contraire
le jour devient plus grand,quand il mar-
che vers le nord.
Dans l'espace de 60 nayiguey (24 heu-
,
res) le loleilfait un tour de 98,000,000
yojjiney. Il/fait jour dans un lieu, tan-
dis que dans
un autre il eil: nuit ou ma-
tin. Cela provient de la marche de cet
astre. Son char est appuyé par
un bout
au Mont Merou, &. le reste est soutenu
par l'air. Sept chevaux verts le tirent le
Dieu Arounen en est le conducteur. Le
;
timon a de longueur 5,600^000yojjlney.
Les génies nommésValaguillear, au
nombre de soixante mille, font à la fuite
du soleil ils l'accompagnent dans ses
,
douze loges (les douze lignes du Zodia-
que), en l'adorant 6c psalmodiant tou-
jours.
Le ciel de la lune est à cent mille yof-
finey, au-dessus du soleil, elle finit sa
course plus vÎce que lui (* ).

) Un voyageur moderne dont j'ai parlé dans mon


( *
discours préliminaire,a prétendu qu'un illuflre Aca-
démicien, Mr. Bailli, s'étoit trompé, en avançant que
les Indiens supposent la lune au-dessus du soleil. La
citation de ce savant eil exaéle. Ce voyageur, qui avoit
alors fous les yeux les même matériaux expose quel-
ques lignes plus bas que, félon ces peuples, les éclip-
ses arrivent lorfquun épouvantable géant s'efforce de
dévorer le soleil ou la lune, ennemis à qui il a jure
Le ciel des étoiles est de cent mille
yossiney, plus élevé que celui de la lune.
A 200,000 au-delà se voit la planète de
Vénus; elle précède & fuit alternati ve-
ment le soleil.

une haine implacable. C'est en les attaquant qu'il les


couvre de son corps , qui 3 comme on voit ci -après,
a 52000 lieues d'étendue. Ces fables qui ont le sceau
de la Religion, ne font point particulières à la popu-

:
lace. Dans le moment critique des éclipses grands &
,
petits témoignent leurs pieuses alarmes aussi les ter-
mesJ même techniques pour désigner ce phénomène,
J
expriment-ils un saisissement violent. Or il faut con-
venir que de telles imaginations peuvent paroître avoir
au moins autant besoin de palliatifs que la précédente
dont le point de vue est d'ailleurs lié à certaines idées
d'un autre genre.
Les Astronomes Indiens, ne s'intéressent guères à
l'état apparent du Ciel que relativement à des visions
,
dAstrologie Judiciaire. Cependant ils calculent très-
j
bien les éclipses mais c'est d'après d'anciennes formules
machinalement suivies. Leur Astronomie semble être
restée au point où elle fut fous le règne de Saliva-
gancn, il y a environ dix-sept siècles. L'époque de la
mort de ce Prince, est devenue pour cette science
,
une ère très-célèbre. Quoiqu'il en foit ces Astro-

,
nomes ne paroissent point ignorer que la distance du
soleil à nous est plus grande que celle de la lune.
La planète de Mercure est à
200,000
yossiney au-dessùs de Vénus. Quand elle
èft séparée ou éloignée du soleil, comme
il arriv souvent, c'est le présage d'une
famine. Mars fait sa résidence à 200,000

:
yossiney plus loin, il passe un ligne dans
quarante-cinq jours c'est un être mal-
faisant aux hommes.
A 200,000 yossiney au-delà, est la pla-
nètedeJupiter; il marche si lentement
qu'il lui faut un an pour passer un figne.
S'il rétrograde il arrive quelques malheurs
aux Brahmes.
Saturne est au-dessus de Jupiter, à
200,000 yossiney. Il parcourt un figne
dans trente mois; c'est la plus malfai-
sante de toutes les planètes.
A onze cent milleyossiney, au-dedus
de Saturne, est le ciel des sept grands
patriarches (la grande ourse). Ils font
prospérer les Brahmes.
Un cercle qui a la forme d'un lézard
,
;
se voit à un million deyossiney, au-delà
(la petite ourle) dans sa queue est l'étoile..
polaire. K 2
- A dix milleyossineyau-dessous duso-
leil, est le ciel de Ragou (la tête du Dra-
gon ) (c'est un géant qui devenu ennemi
dusoleil&: de la lune, comme onverra
dans la fuite, cherche à les dévorer), le
corps de ce géant a 13,000 yossiney d'é-
tendue; quelquefois il attaque &. couvre
de son corps le soleil ou la lune, ce qui
occasionne les éclipses.

;
A dix mille yossiney au-dessous, est la
demeure des Immortels les Géants ren-
dent plus bas; enluite font lesPissassam
(diverses espèces de Démons). Les nuages
font placés au-dessous.
Dans la partie opposëe de laterre, à

;
cent milleyossiney au-dessous, se voit le
monde nommé Adalam il efl: compara-
ble dans sa magnificence au séjourdes
Immortels. Les autres mondes des aby-
mes font de même des lieuxdélicieux;
toutes fortes de biens y abondent.Les
jeunes gens font enivrés de plaisirs par
desfilles charmantes. La lumière qui y
éclaire, est lefeu des pierreries qui or-
nent les mille têtesduserpent Atyfechen.
On n'y éprouvepoint d'autre crainte que
celled'êtreexposé aux atteintes de l'ar-
me foudroyante queVichnou lance quel-
quefoiscontrelesGéants pervers.
Avidalam monde situé plus bas que le
3
précédent est gouverné par le frère du
géant Bilessaulen. Ce dernier règne à
-
Soudalam, monde situé au dessous de
l'autre
Taradalam, qui est plus bas, est gou-
verné par Maen; le monde de Maha-
dalam, l'est par GQbavaffiter.J fils du -

grand Catrou.
A Raffadalam" font des ferpçnts qui
ont jusqu'àcinqcentstêtes; leur Prince
est VaSôuguy.
Enfin à Padalam qui est placé au-
-'
dessous de tous, réside le grand serpent
3
Atyfechen dont la queue est longue de
f
30,000 yojjîney : c'et lui qui sur ses mille
têtes, porte le poids de tous ces mondes;
& c'etfVichnou lui-même qui se fait voir
fous celte forme.
Au-delà de ces mondes'& plus bas,
l'enfer est placé. Des fleuves de feu, des

,
bêtes féroces, toutes fortes d'armes tran-
chantes les ordures les plus infectes,
enfin tous les maux y font avec profu-
sion, Les hommes après leur mort font

:
conduits devant YaminPrésîdent de ce
lieu d'horreur Ce Juge juste & équita-
ble ne fait acception de personne; il est
inexorable.
Ceux qui dédaignent les règles & les
préceptes de piété, feront punis autant
d'années qu'il y a de poils sur leurs corps.
Les Athées & ceux qui méprisent la Re-
ligion ferontjetés sur des monceaux
y
d'armes pointues. Ceux qui outragent les
personnes en dignité Qc. les Brahmes, fe-
ront coupés par morceaux. Les adultè
res , feront contraints d'embrasser des
statues de fer rougies au feu.
Ceux qui ne rempliÍfent pas les de-
voirs de leur état, ou qui abandonnent
leurs familles pour courir le pays, feront
déçhiquetés par des corbeaux à becs de
fer. Ceux qui font mal à leur prochain ;
ceux qui tuent les animaux, feront jetés

;
dans des cachots infects, pour y souffrir
des tourmens horribles les malheureux
qui n'ont pas refpedé leurs parents & les
Brahmes, feront dans un feu dont les
flammes s'él èveront a 10,000 yo..ullley.
Ceux qui ont maltraité les vieillards 6c
les enfants, feront rôtis dans des marmi-
tes de fer. Les débauchés qui, sans hon-
,
te vivent pendant le jour avec des cour-
tisanes, feront obligés de marcher sur
des épines. Les médisants & les calom-
niateurs feront couchés sur des lits de
,
fer où ils feront nourris d'ordures. Les
avares serviront de pâture aux vers. Ceux
qui ont pillé les Brahmes, feront sciés.
Les cœurs durs qui par motif d'ostenta-
tion, ont tué en sacrifice des vaches &
d'autres animaux, feront battus sur une
enclume. Ceux qui n'ont pas eu pitié des
misérables & des pauvres, feront brûlés
avec des tisons de feu. Les faux témoins
feront précipités du haut des montagnes.
Enfin les corps des damnés (formés d'une
matière subtile), quoique morcelés par
les tourmens, se réuniront tout de fuite
comme du vif argent, & ces malheu-
reux ne mourront point.
LIVRE SIXIEME.
PouRéviter
les mauxaffreux qui vien-
nent d'être décrits, il n'y a point de
moyen plus efficace que de se fonvenir
deYiclznoll & d'invoquer Ton saint nom.
Oui, Tes noms divins ont tant de vertu
qu'en les prononçantsans déssein ë-..:. fut-
,
ce même par mépris, ils nelaissent pas
de produire un effet salutaire.Un événe-
ment admirable arrivéautrefois dans la
ville de Canniacoutcham, confirme bien
cetteobservation.
Un Brahme, nomméAssamelan livré
,
à une débauche crapuleuiè, abandonna
sa famille & s'attacha à une femme Pa-
rayathe (tribu infâme). Il menoit la vie
la plus abominable. Il devint voleur
ivrogne, jaloux, impudique, en un mot,
,
un homme tout pétri de crimes. Ayant
en plusieurs enfants de cette femme,
' tout ce qu'il fit de bien.,
c'est qu'il donna
à l'un de Tes fils le nom de Narayanen,
(un des noms de Kichnou ).
Devenu vieux, les Satellites de l'enfer
vinrent pour s'emparer de lui: Dans ce
mOlnent.) saisi de crainte, il commença
àcrier, Narayana,Narayana. Son in-
tention étoit d'avoir les secours de Ton
fils qui se nommoit ainsi. Sur le champ
les Ministres de Vichnou parurent &
>
l'arrachèrent aux Satellites infernaux.
Ceux-ci prétendoient qu'il n'étoit pas
juste de leur enlever leur proie, un fcé-
iérat digne de tous les [upplices, & qui
n'avait jamais fait aucun bien.
Les minières de Vichnou 3répondi-
d

;
rent que tout cela étoit vrai mais que
le nom sacré qu'ilavoit prononcé, avoit
effacé ses crimes. Les autres repliquoienc
qu'il ne l'avoit prononcé que pour ap-
peller ion fils, & nullement pour recou-
rir à Vichnou; qu'ainil il n'y avoit en
cela aucun acte méritoire. Le feu qu'on
touche, dirent les envoyés de Vichnou,
;
sans penser au feu, ne laide pas de brûler
celui qui l'a touché le poison tue celui
qui l'a pris par mégarde & sans dessein ;
ainsi le nom de Dieu porte essentielle-
ment en lui-même la vertu de consumer
les péchés.
Les Minières de Vichnou relnportè-r
rent la victoire, & Assamelan fut déli-
vré. Il se repentit de la vie paiTée, quitta
la voiedupéché & fit une pénitence ri-
goureuse. Vous voyez, Seigneur,, dit
Souguen, quel est la vertu du nom de
Dieu.
Paricchitou, ayant témoignédélirer »

entendre la fuite de l'histoire des Prage-


Jajjer.) ces dix fils de PraginaParogui
,
quis'étoient rendus à la mer pour y me-
ner une vie aufière, Souguen parla ainsi :
a près une pénitence de dix mille ans, ces
Princes allèrent au rivage & se fâchèrent
d'y voir un trop grand nombre d'arbres.
Aussi-tôt le feu commença à les dévorer :
le DieuSandrenquiprendeà.laconser-
vation des végétaux, remontra àces Pé-
;
nitents qu'ils ne devoient point se laii-
fer aller à la colère ôc le feu fut éteint.
Sandren leur donna en mariage une fille
née dans ces arbres : Tacchen se fit leur
fils.
Tacchen y non satisfait de voir la quan-
tité d'hommes qui remplissoient le mon-
de, voulut encore l'en surcharger da-
vantage, ôc il obtint de Vichnou la ra-
cultéd'en produire. Il créa d'abord dix
mille enfants dont l'aîné étoit Hirya-
suen; il leur commanda de multiplier &
engendrer un peu ple. Mais Naraden leur
periuada de le livrer à la vie pénitente
contre l'intention de leur père; ils suivi-
rent son conseil.
Tacchenfâchédevoir traverser fou pro-
, ;
jet créadixmilleautres enfants, dont
l'aîné étoit Sobelajfen ils fui virent aussi
le conseil de Naraden. Tacchen en fit au-
tant une troisième fois, & Naraden les
détourna demêmed'obéir a leur père.
Tacchenirrité alla trouver Naraden
y
Se lui adrea ces paroles avec indigna-
nation : >
0 vous Naraden soyez comme
un vagabond sans pouvoir vous arrêter
aucune part; que votre langue perde Ton
éloquence &: la force de la persuasion;
soyez insensible à tous lesplaHirs, &:
puissiez vous n'obtenir la [agellè que par
un très- long & pénible travail.
Naraden qui étoit modéré&maître de
-
ses pailions, ne fit que iourire de cet
emportement. Ainsi agissènt les fages ;
ils ne (e soucient ni des malheurs dont
on les menace, ni des invectives qu'on
leur adresse. ,
(
Tacchen créa ensuite plusieurs filles
i

qu'il donna en mariage à divers grands


personnages. Sadren en eut vingt-sept,
parmi leiquelles il aimoit éperd.uement
Rogany, parcequ'elle étoit la plus belle,
&. il étoit toujours auprès, d'elle. Les au-
tres filles de Teçcken, se plaignirent à
leur père qui fit venir ion gendre, & lui
remontra tes torts. Mais voyant que sa
conduite étoit toujours la même, ille
maudit& le condamna à la mort. San-
dren se repentit & obtint de pouvoir re-
naître aprèssadissolution.
Cassiaben, prit aussi en mariage quel-
ques-unes des filles de Tacchen. Ileue De-
vendrert & les autres Dieux, de celle nom-
mée Adidy, & un grand nombre de
Géants de Didy
Un jour que Devendren, tenoit sa cour
avec le plus grand éclat, Braksbady vint
lui rendre visite. Devendren oubliant les
égards qu'ildevoit à cet illustre person-
nage, se tint assis, & ne lui fit aucune
politesse. Braksbadyindigné se retira
brusquement. Devendren sentitaussi-tôc

:
ses torts, &; les conséquences de son in-
civilité il chercha par-tout Brahsbady,
lui faire exeufe; mais il ne put le
pour
trouver.
Cependant les Géants, toujours enne-
mis des Dieux, avertis de cette mésin-
telligence&de l'absence deBrahshady,
allégèrent leur ville avec une armée très-
nombreuse. Devendren vaincu &. fugitif,
eut recours à Brahma. Celui-ci lui repro-
cha sonorgueil, lui fit sentir que Brahs.
badyavoit été choisi pour Directeur des
Dieux, parce qu'il étoit fils d'Angailassen,
k avoit un profond savoir. Il ajoura
qu'en punition de sa vanité, il dévoie s'a-
à
bailler demander la protection de Dou-
cheten, qui, quoique d'une baffe extrac-

mérite;
tion, s'étoit fait un grand nom par ion
&, que secouru par lui, il pour-
roit chasser les Géants & remonter sur
ion Trône.
Devendren suivit ce conseil, êz ses en-
nemis furent vaincus.
:
Doucheten étoit fils d'un Géant il avoit
acquis par sa dévotion en Vichnou beau-
coup de mérite. Quelques formules d'o-
raisons qu'il avoit apprises de Vichnou,
lui donnoient un pouvoir extraordinaire:
Il enseigna ces formules à son fils Vif-
varouben, èc l'ayant fait Directeur des
Dieux, ce fut par son pouvoir que les
Géants furent chassés. Dans la fuite des
temps, Vifvarouben qui aimoitintérieu-
3
rement ses parents les Géants leur fai-
sait part en iecret de la nourriture divine
à laquelle il participoit en sa qualité.De-
vendren averti de cette trahison, lui fit
iauter ses trois têtes d'un seul coup de fa-
bre ; ces trois tercs se trans formèrent en
trois oiseaux.
Devendren en punition de ce meurtre,
fut attaqué d'une maladie qui étoit une
espèce de quinte, ou de manie dont il
fut tourmenté pendant un an. Il fut guéri
enfinpar sa pénitence. Cette maladie se

, ,
communiqua a la terre a l'eau, aux ar-
bres & aux femmes.
Tecchen fut désespéré en apprenant les
à
défallres arrives les créatures; il fit un
sacrifice de mort pour susciter quelque
ennemi contre Dcvcndrcn.Tout-à-coup

;
parut dans le vase du sacrifice un Géant
nommé Vertessaulen il en sortit furieux,
&alla attaquer la villedesDieux. Ceux-
ci effrayés du terrible afpecl de ce Géant,
eurent recours Vichnou. illeur conieilla
à
des'adresser Deditchien, fameux Péni-
abandonna
Celui-ci aux Dieux ion
tent.
;
propre corps il leurdit de se servir de
les os contreleurs ennemis,&qu'ils ne
manqueraientpasdelesvaincre.Les
Dieux portant ces os avec eux, marchè-
rerft contre Vertessaulen Se les autres
Géants. Lecombat fut long&terrible;
enfin les Géans furent exterminés. )
Paricchitou interrompit Souguen, pour
lui faire quelques questions au sujet de
Vertessaulen, & de son origine.
Souguen lui répondit en ces termes ô
grand Prince, fâchez qu'il y eut autre-
:
fois un Roi nommé Sitraguedoumaître
absolu du Royaume de Chauracenam.

n'avoit pu avoir d'enfans ;


Quoiqu'ayant une multitude de femmes,
il ce qui le
mortissioitextrêmement. Il s'adreila à
à
Naraden & Anguerasten, qui lui con-

;
seillèrent de faire un grand sacrifice. Il
suivit leur conseil sa premièreépouse
devint enceinte & mit au monde un fils
que tes aurres femmes empoisonnèrent
par jaloufre. Sitraguedou étoit inconsola-
ble : Naraden ayant fait inutilement tout
ce qu'il put pour adoucir sa douleur, fut
enfin contraint de ressusciter cet enfant
qui parla à son père en ces termes : Prin-
ce, écoutez la vérité. Vous croyez être
mon père,Vichnou seul mérite ce ti-
tre. Une infinité de tranlmigrations
d'un corps dans un autre, ne me permet-
tentpas de vous appeller de ce nom. Il
n'y a proprement aucune réalité dans ces
qualités de père & de fils. Nous ne Tom-
mes dans ce monde que comme l'or &
l'argent qui changent souvent de maî-
tres; de même nous changeonsde corps.

y
donnez-vous à Dieu abandonnez sans
;
Attachez-vous donc à ce qui efl: durable

réserve & intérieurement ce qui n'est


qu'illusion.Après ces paroles dites avec
énergie, l'enfant cessa de vivre.
Le Roi ainsi désabusé du monde, le
quitta entièrement, & se fit Pénitent.
Consacré à la dévotion, il fréquentoit les
Monafières, les cavernes & les fleuves
sacrés.
Un jour ce Prince alla visiter Siven,
& le vit qui tenoit fonépoufe publique-
;
ment appuyée sur son fein il lui fit des

;
reproches amers de cette conduite qui
lui paroissoitindécente Siven ne répon.
dit rien; maisParbadysonépouse ou-
trée de cette hardiesse, maudit le Roi de
le condamna à devenir Géant; voilà l'o-
rigine de Verteffàulen.
CependantDidy, femme de Cassiaben,
mère de la race des Géans, voulant ven-
ger ses enfants, demanda à son époux de
lui en donner un doué de toutes les qua-
lités nécessaires à cette vengeance. Caf-

;
fiahen qui étoit équitable, refusa d'abord
de la satisfaire enfin pour se débarras-
ser de ses importunités, il tacha de la dé-
tourner de cette pensée odieuse, par
quelques ruses. Il promit donc de lui
donner un enfant tel qu'elle souhaitoit,
mais à condition qu'elle se soumettroit
à ce qu'il alloit lui imposer ; ce fut
de se lever de grand matin, & ne plus
se coucher ensuite avant la nuit; de ne se
;
fâcher contre quique ce foit de peu par-
ler, & d'une voix baffe; enfin de ne point

femmes,
mentir, ne point quereller avec les autres
& ne médire de personne. Didy
se conforma à tout avec un courage ex-
traordinaire pendant un an, qui étoit le
termeprescrit, & alors elle conçut.
Dcvdndrcn averti de ce projet s'étôît
rendu chez Didy, qui étoit la tante, sœur
il
de sa mère; épioit le moment où elle
manqueroit à quelqu'une des conventions
preferites. En effet il la trouva un matin
encore couchée, ce peufaut que cette
il
faute l'autorisoit à tuerl'enfant, entra
inviliblement dans le fein de Didy, & il
coupa le fœtus en (cpt morceaux. Mais
ces morceaux devinrent autant d'enfants.
Devendren les coupa encore chacun en
sept, S.c incontinent il en vit 49 formés
il vouloir les attaquer de rechef; mais
:
cesenfants luirepréfentèrentqu'ils étoient
réellement ses frères, filsdumême père
& des deux lœurs ; que ne méritant pas sa
haine, ils réclamoient les bontés d'un
irere aîné.Devendren ému altecnon &
d.e compassîon les embraila &c leur ac-
corda Ion amitié. Didy à laquelle il ren-
dit ensuite ses soumissions, lui confia le
foin de cesenfans.
LIVRESEPTIEME.
1
PAR CC Il1TOU pria Souguen de lui
donner la folutlon d'une chosequi lui
paroissoit incompréhensible dans la con-
duite de Dieu. Cet être qui n'cft dirigé
par aucune passion, pourquoi hait-il les
les
Géans, &A
Dieux? cettedequestion
a-t-il la prédiléction pour
Souguenré-
pondit en ces ternies Il : est vrai que
Dieu n'eit susceptible d'aucunes paillons,
il n'a proprement ni haine, ni amour,
ni colère, ni patience. Par le destin ail
enveloppé d'une forte d'illusion les dif-
férens êtres, en les créant avec trois di-
verses qualités. D'aprèsuneimpuliion

de
commune, toutes ces créatures ne doi-
vent tendre qu'à lui

va
ce
a
:
seul & ce qu'il y a
c'est que cette tendance
ion but, de quelque manièreque
foit. Que les hommes s'acharnent L-
blasphémer Dieu par haine ; qu'ilsPai-
ment par amour; qu'ils soient voluptueux
& passionnés pour les plaisirs, ou qu'ils
fassent pénitence, ils feront punis ou ré-

amour:
compensés pour cette haine ou pour cet
mais comme de façon ou d'au-
tre, leurs passions tendent au but de
Dieu,ils acquerront toujours la béati-
tude après plus ou moins de variations
temporelles, de peines, ou de récom-
penses,méritées. Aussi avez-vous appris
que les plus grands personnages, chéris
de Dieu, ont été transformés en mons-
tres de en géants, non pas comme un
état propre êc permanent, mais seule-
ment pour être purgés de quelques fau-
tes. Après une entière expiation de leurs
crimes, ils font rétablis ou dans leur an-

muable;
cien état, ou admis à la béatitude im-
récompenses toujours propor-
tionnées au bien qu'ils ont fait. Je vous
ai ci-devant parlé des deux portiers du
Paradis de Vichnou qui en furent chas-
sés & condamnés à vivrecomme enne-
mis de Dieu, pendant troisgénérations.
Dans la première ils furent nommés
Erouniacchen & Erounia CajJiaben deux
géants ennemis de Vichnou & qui furent
mis à mort par lui. Dans la fécondé gé-
nération, ils parurent fous le nom de
Ravanen & de Coumbacamen, &: furent
tués par Vichnou fous le nom de Ramen.
En troisième lieu,ils se firent hommes
fous le nom de Sissoubolen& Dendàva-
tren; Vichnou, fous le nom de Chrisnen
les fit encore mourir. Leur terme d'expia-
tion étant arrivé, ils obtinrent la béati-
tude. Les blasphêmes, les crimes qu'ils
commirent pendant leur vie purgative,
quoique provoquant un juste châtiment,
ne devoient être envisagés que comme
des instruments & moyens de purifica-
tion. C'est ici qu'il faut que vous vous
souveniez de ce qui a été dit, que Dieu

ges
aux
ni aux injures,
n'est proprement sensible ni aux louan-
Se
plaisirs ni aux peines.
qu'il n'est sujet ni

Paricchitou satisfait de la réponse de


Souguen, à la difficulté qu'il avoit propo-
sée, le pria de lui faire un court récit des
avantures du géant Erouniacassiaben 3 il
lui avoitprécédemment appris celles de
son frère.Souguen parla ainsi : Erouniac-
chen ayant enlevé la terre,Vichnou le
poursuivit jusqu'aux abymes fous la forme
d'un sanglier blanc, & le tua. Erouma-
cassiaben pour pouvoir venger son frère,
fè livra à une pénitence rigoureuse en
l'honneur de Brahmâ. Il obtint de lui
que ni les Dieux ni les hommes, ni les
géants, ni les bêtes ne pourroient le bies-

,
fer. Il ne pouvoir mourir ni le jour ni la

,
nuit, ni dans ni hors les mai ions.

;
BrahlJza en lui accordant ce don l'ex-
horta à n'en'point a buser mais les mé-
chans ne se fervent des plus grandsavan-
tages que pour nuire aux autres, te le
perdre eux-mêmes.

[
ErouniacaJJiabenenflé d'orgueil, com-

,
mença à maltraiter les Dieux les hom-
mes. Kichnou lui-même pendant un
temps se tint a l'écart pour éviter sa bru-
talité. Les Dieux &; les Pénitens lui ayant
portés leurs plaintes, Vichnouleur répon-
.dit qu'un criminel ne devoir être détruit
qu'après le terme qui lui avoit été accor-
dé; il ajouta que ce géant auroit un fils
à l'occasion duquel les Dieux feroient
vengés. Cette promesse s'accomplit bien-
tot. Ce 111ec h ant s'étantfait reconnoître
pour Dieu dans tout Tonpays, eut un
fil.s qu'il nomma Pragaladen. Il lui donna

un inflituteur qui en dirigeant ion édu-


cation devoit lui faire vénérer Erounia-
y
cajjiabcn non-seulement comme son pè-
ré mais aussi comme son Dieu. Vichnou
,
pour l'accomplissement de ses dessèins
disposa l'esprit de cet enfant, de façon
qu'ilrejettoit avec horreur les instruc-
tions de ses maîtres, prononçoit le
nom divin de Vichnou avec une piéuse
ferveur.
Erouniacassiaben averti de la conduite
de son fils, l'exhorta à abandonner une
dévotion si contraire à ses inrentions.
Toutes ses caresses, toutes ses menaces
furent inutiles. Prag-aladen se montra Ji
ferme que son père irrité le fit tourmen-
ter cruellement. L'enfant plus affermi ,
& plus attaché à Vichnou que jamais,
exhortoit lui-même son père, à se désis-
ter de cette prétention criminelle qui le
portoit à vouloir se faire adorer comme
Dieu au lieu de rendre lui-même ses
,
hommages au seul souverain Maître de
l'univers. Ill'avertissoit que cette impiété
lui attireroit une vengeance terrible de
la part de cet Etre Suprême, que s'il n'a-
voit pas encore été puni,c'étoit l'effet de
sa bonté infinie qui attendoit son amen-
dement.
Erouniacassiben,enflammé de colère,
ordonna de tourmenter Pragaladen en-
core plus horriblement Mais par un mi-
racle éclatant, il ne sentit aucun mal.
Le Géant étonné voulut encore em-
ployer la douceur; mais ses difeours fé-
du&eurs n'eurent pas plus d'effet que la
violence des tourments.Pragaladen lui
y
disoit avec un courage toujours égal, le
Dieu que j'adore eit tout puissant &: plein
de bonté pour les adorateurs, tandis qu'il

m'assiste dans mes peines ,


est terrible aux médians ; c'est lui qui
c'est lui qui
change la nature des choses en ma fa-
veur! Le miracle que vous avez vu ne
peut surprendre que ceux qui n'ont pas
une vraie idée de cet Etre Suprême, qui
estprésent en tout lieu.
Erouniacassiaben dit alors, en se mo-
y
quant de Vichnou que ce Dieuqu'il van-
toit tant, ne s'étoitpasmême trouvé dans
(
;
le Vaicoudam ion Paradis) quand il l'a-
voit cherché pour l'attaquer qu'il vou-
droit le voir dans le lieu où ils étoient pour
lui faire sentir sa foibleile: Pragaladen ré-
o
pondit que ce Dieu par Ion immensîté
étoit partout. Erouniacassiaben frappa avec
sa main une colonne de ion Palais en di-
sant, le trouverois-je donc ici!
A l'instant Vichnou sortit de cette
même colonne fous la forme d'un hommo
lion, c'est-à-dire qu'il étoit lion depuis
a
la têtejusqu la ceinture, & homme de-
puis la ceinture jusqu'aux pieds. Sous cett£
figure, ce Dieu livra un combat furieux
contre le Géant; ille traîna au portail de
la maison,& le tua dans ce moment de
à
crepuscule, ou le jour fait place la nuit.
y
Ainii, dit Sougucn toutes les précautions

,
que les mortels prennent pour leur avan-
tage feraient inutiles, si Dieu en dis-
posoit autrement.Erouniacassiaben avoit
obtenudeBrahma une faveur iingulière
,
par laquelle il croyoit s'être garanti de
la mort dans toutes les circonÍlances.
Cependant Kichnou sans enfreindre le
don, trouva moyen de le punir, ce fut
dans un temps où il n'étoit ni jour, ni
nuit, dans un lieu qui n'étoit ni l'inté-
rieur nil'extérieur de famaifon, 6c fous
une forme qui n'étoit celle ni dune bê-
te, ni d'un homme.
Aprèscetteexécution terrible Vich-
nou voulut que Pragadalen lui-même, le
priât de s'appaiser.Celui-ci s'approcha
du Dieusanscraindre ni sa figure épou-
vantable, nile lang de ion père, qui dé-
gouttoit encore des dents Se des ongles
de cet homme lion. Il l'adora de invoqua
& clémence Vicknou l'embrassa
: avec
tendreiTe Si l'installa Sur le Trône.
Souguen après avoir raconté cette mé-
à
tamorphose Paricchitou, lui parla en

;
même temps de celle de ce.Dieu, fous le
nom de Sauten il lui en fit connaître les
motifs tels que le Patriarche Naraden les
avoit exposés à Darmarajin.
Les Géants ayant été vaincus par les
à
Dieux, s'adressèrent un fameux Archi-
tectenomméMay en, qui leur bâtit trois
villes volantes. Ces Géants se tranfjpor-
tant ainsi à leur gré dans les airs,maltrai-
toient fort leurs ennemis. Ceux-ci eurent
recours à Vichnou. Il prit une figure hu-
maine d'une beauté accomplie, & s'étant
montré dans ces villes fameuses, toutes
les femmes géantes furent éprises de ses

,
charmes. Au moment de la perte de leur
chasteté,Siven qui les protégeait, les
abandonna entièrement & leurs maris fu-
rent vaincus par les Dieux. Ainsi, dit
Naraden, Vichnou récompense les ver-
tus & punit les crimes. Ceux qui rem-
plissent les devoirs de leur état, font vrai-
ment vertueux.
Darmarajin pria Naraden de vouloir
bien lui faireconnoître les devoirs de

:
chaque état. Le Patriarche répondit en
ces termes Il y a deux fortes de devoirs
les uns font communs à tous sans excep-
:
tion, les autres font propres à chaque
tribu, ou à chaque personne.
Les devoirs communs ou généraux,
font d'adorer Dieu, de se souvenir des
Divinités tutélaires & de les invoquer ;
d'être doux & affable envers les autres ;
;
d'avoir pitié des malheureux &: les se-
courir de supporter avec patience les ad-
versités; de haïr le mensonge; de distin-
guer ce qui est durable d'avec ce qui pé-
;
rit d'observer les jeunes & abstinences
recommandéjs; de fairel'aumône; de
n'avoir point communication avec son
épouse avant la fin du quatrième jour de
son tem ps périodique, de n'aimer qu'elle,
& d'abhorrer l'adultère; de parler peu;
de lire ou entendre lire les histoires di-
vines. Telles font les obligations de tous
sans aucune distinction.Maintenant voici
les devoirs de chaque tribu en particu-
lier.
Les Brames qui se consacrent à l'état
Ecclésiastique, font tenus d'apprendre
Se d'enseigner les Vedam de faire les
sacrifices, ou les faire faire; de recevoir
l'aumône &: la faire aux autres.
Les Rajasqui composent la feconde
tribu, doivent étudier lesKedam, faire
le sacrifice Se l'aumône, garder le pays
& être toujours prêts à marcher contre
1 les ennemis de l'état.
La troisième tribu est celle des Vaffiar,
divisés en trois classes; ils font obligés
de ne pas ignorer ce qui est preferit par
les Vedam, de faire le sacrifice, de don-
ner l'aumône & de s'adonner aux exerci-
ces de leurs professions. Ainsi les labou-
reurs doivent cultiver la terre, les pas-
teurs garder & faire multiplier les bef-
;
tiaux les banquiers faire le commerce
de l'or & de lament.
Ceux de la quatrième tribu, nommés
Chculrer, font tenus de servir les trois
premières.

foin de leur ménage ,


Les devoirs des femmes font d'avoir
de s'orner pour
plaire à leur mari, de lui obéir avec plai-
iir, de le faire aimer ëc estimer par leurs
parents. La méchanceté de l'époux ne
dispense pas une femme de son devoir,
elle doit se conduire de lnan,re à le ren-
dre bon ; qu'elle le regarde comme ion
Dieu, & elle en fera réçompensée dans
cette vie & dans l'autre.
Le potier, le blanchilleur
tre, le barbier,
, le pein-
le marchand d'huile, &:
autres gens de métier, font tenus à ne
pas (è soustraire aux devoirs de leur état;
en s'y conformantexactement, ils feront
heureux. Celui qui se conduit avec pru-
dence, avec douceur & avec patience,
quelque basle que foit son extraction
,
fera ellinlé dans cette vie & récompensé
dans
dans l'autre. Certainement il n'y a qu'une
bonne conduite quifoit essentiellement
noble. La noblesse de naissance n'est
qu'une distinction arbitraire& extérieure.
Je dirai maintenant quels font les
exercices & obligations de chaque état.
Le Brame novice doit porter en main
un bâton & un paquet de feuilles vertes,
(elles luiierventde plat lorsqu'il prend fan.
repas); il doit porter en écharpe le Pou-
nanoul (cordon de plusieurs fils); au
,
doigt un' morceau d'herbe en forme d'an-
neau; aux reins une eipèce de ceinture
d'herbes nomméeNanel, avec un mor-
ceau de toile pour couvrir ses parties na-
turelles. Uncuir de cerf lui servira de

lencieux;
siége& de lit. Qu'il foit modeste & si-
qu'il faire ses prières le matin, à
midi & le foir; qu'ilrécite au commen-
cement & à la fin de la journée, les
formules d'oraisons preferites en l'hon-
neur du Soleil.C'est son devoir d'étudier

;
les Vedam, & de rendre toutes fortes
deservices à son Instituteur il fç prof-,
ternera devant lui au commencement &.
à la fin de l'Instruction journalière. Il
doit mendier-son riz de porte en porte,
le manger en présence de son maître &
avec sa permission. Il fera sobre & ne
chargera point trop sonestomac :. qu'il
foit exadt à jeûner les jours ordonnés.

goureusement ;
La propreté doit être par lui observée ri-
qu'il prenne sur - tout
garde de ne point trop approcher des
femmes ôc des filles, & de ne leur point
parler sans nécessité,car son cœur doit
être pur &chaste : Le cœur de l'homme
cil semblable au beurre qui fond à l'ap-
proche du feu. Celui qui fréquente le
à
,sexe devient tendre & sujet l'amour.
Brahma lui-même, se trouvant seul avec
sa fille qui étoit remplie de charmes ÔC
de connoissances, conçut pour elle une
'paiijon criminelle.
Les gens mariés doivent observer de
ne point avoir commerce,même avec
leurs femmes, avant le cinquième jour
de leur temps périodique, sur-tout dans
la pleine lune. Il est très-louable de
ne
point goûter de liqueur enivrante, &
de s'abstenir de manger de la viande.
C'est une mollesse indécente de se char-
ger de choses odoriférantes. L'on ne
manquera point de donner les honoraires
à son Directeur, autant que les facultés

;
le permettent. C'ell un devoir de s'ins-
truire de la Religion d'envisager Dieu
en tout & par-tout; enfinl'orgueil, la
curiosité & les autres, pallions doivent
erre réprimées.
Le Pénitent solitaire doit se nourrir
des fruits & des racines du défert avec
un peu de riz ou de farine, qu'il mangera

;
après en avoir fait offrande à Dieu. Il
n'aura point de provisions il ira en cher-
cher chaque fois qu'il en aura besoin,

;
portant en main un bâton & un vase.
Ses cheveux feront empaquetés l'écorce
des arbres lui servira, de vêtement; Une
grotte fera son habitation & la terre son
lit. Il vivra de cette façon pendant 12
ans, '8 ans., 4 ans ou 2 ans., autant que
son tempérament le lui permettra. Si
enfin la puissance sensitive est comme
-
anéantie en lui, il pourra s'abfienir de la
nourriture; il travaillera à faire rentrer
lès sens dans ion ame, & son ame dans
l'Etre Suprême & universel qui est Dieu.
Si le Pénitent se trouve capable de
mener la vie de Sanniassy,(pénitent
mendiant), il ne doit avoir d'autre vête-
ment, qu'un morceau de toile pour cou-
vrir ses parties naturelles. Il abandonnera
tout, & n'ayant en main qu'un bâton &:
un vase, il ne doit pas s'arrêter dans une
ville, ou un village plus d'une nuit. Qu'il
médite les vérités du Vedam & ne dis-
pute jamais. Il ne mangera qu'une fois
par jour, & rien autre chose qu'un peu
de riz ou de lentilles. Enfin il attendra
avec joie, il soupirera même après sa
dernière heure. Ce Sallniaffy s'il est
plus courageux, se fera Paramenechen,
c'est-à- d ire, qu'il quittera même bâ-le
; ;
ton & le vase il ne parlera plus, n'en-
tendra plus son ame fera tellement ab-
f ,
forbée qu'on le croira hors de sens. C'est
-
ainsi que vécue dans ce monde le fameux
Pénitent 3 que le fage Pra-
A(jegared.cn
galaden rencontra. Le froid & la cha-
leur, l'injure <5l la louange, la richeile
& la pauvreté, tout lui étoit indifférent.
Voici,continua Naraden.) ce que les
séculiers doivent faire pour leur salut.
Celui qui vit dans le monde offrira à
Dieu tout le bien qu'il fait, & ne s'en
attribuera aucun. Il entendra avec re-
cueillement les exhortations des fages.
Regardant comme un longe tous les biens
temporels, il n'aura point un servile at-
tachement pour la fortune, ni même
pour la femme & pour ses enfans. Qu'il

Dieu ;
respecte ses père & mère comme ion
qu'il ait pitié des milérables, même
des iniecies, & qu'il ne refuse pas à man-
ger au plus méprisable des hommes. C'est
un devoir de faire les oblations & les
prières commandées, d'exercer l'aumô-
,
ne sur-tout envers les Brahmes dans
les temps preferits; il leur donnera à
manger aux jours des éclipses, aux nou-
velles & pleines lunes, aux jours du re-
tour du soleil du nord au fud, & du fud
au nord, au commencement de chacun
des quartiers, & aussi dans les douzièmes
jours de la lune, lorsqu'ils arrivent avec
la constellation Tirouvonam, dans les
neuvièmes jours de la pleine lune de No-
vembre, dans les jours des constellations
fous lesquelles chacun est né, 8c dans
ceux de commémoration pour les ames
des parents défunts. Tous ces jours font
destinés aux exercices de piété, de même
que les mois de Décembre, Janvier, Fé-
vrier & Mars. Le 3eme. jour après la pleine
lune du mois de Mai, le 7eme. après la
pleine lune du mois de Février, le 15eme.
de la lune du mois de Septembre, le 12e.
de la lune qui est en conjonction avec
les constellations nommées Outram Ou-
s
tradam & Outrattady, font aussi consa-
crés à la dévotion (*).

indépendamment des douze signes du Zodiaque ;


( * ) Les Indiens comptent vingt-sept constellations
y
elles
Les séculiers font obligés d'observee

;
les cérémonies prescrites pour la grossesse
de leurs femmes ils ne manqueront pas
de faire tirer l'horoscope de leurs en-
fants, &: de suivre les ritesréglés pour
les défunts. Ils visîteront les lieux saints.
L'habitation où il y a un grand nombre
de Brahmes est sacrée.Ladignité de ces
personnes sacerdotales est au-dessus de
toute expression; Vichnou lui-même les
révère. Gourouchetram 3
Gueguay Siruc-
3
chey, Prayaguey,Poulagassiraman, Nay-
mifaraniam Sedou3 Cassy,Badarycassi-
ram3font toutes villes faintes. Pambey,
Beridou.3 Saraffau & plusieurs autres fleu-
ves font tenus pour sacrés.
Cependant le véritable [acrifice est ce-
lui de l'esprit & du cœur. Les ignorants

font considérées comme maisons de la lune. Leur in-


3
lfuence toujours aétive est bénigne3 ou mauvaise &:
très-rarement indifférente. A cet égard les préjugés de
la populace font ceux de tous les états3 oa bien peu
s'en faut.
adressènt des vœux aux Idoles façonnées
par la main des hommes; le fage adore
-
Dieu en esprit. La dignité des Brahmes
estsiéminente, que la poussière de leurs
:
piedseftvénérée dans lescieux, Sur la terre
& dans les abymes mais fâchez que le
fage ell: incomparablement plus excel-
lent que ces Brahmes.
La pitié qui détourne les hommes de
tuer ce qui a vie, est une vertu plus mé-
ritoire que tous les sacrifices sanglans.
Les vaches immolées feront dans l'autre
monde le supplice des sacrificateurs.
L'homme qui domine sa langue & sa con-
cupiscence fera fauvé. La pratique de la
vertu deviendra aisée pour celui qui aura

doux,
réprimé ses désirs; alors il fera patient,
équitable &: compatissant, en un
mot rempli de toutes fortes de bonnes

;
qualités. L'ignorant consulte son corps
& en devient esclave celui qui le dé-
daigne en devient le maître.

:
L'on doit distinguer deux fortes de
vertus L'une s'appelle Pravarty, &: l'au-
tre Nivarty.
La première se divise en deux articles,
l'un se nomme Uchtam, & l'autre Bour-
taIn. Uchtam confifie à se conformer aux
règles prescrites, pour les cérémonies re-

Bâtir des Temples, des hôtelleries,

,
creuser pour le Public des étangs & des
puits
:
planter sur les cheminsdesallées
&: des bosquets ces fortes de bonnes
œuvres se nomment Bourtam.
Ceux qui pratiquent ces bonnes œu-
,
vres mériteront de mourir dans le temps

*
que le Soleil marche vers le fud, dans la
nuit d'un jour du décours-de la Lune.

planète ,
Après leur mort, ils irônt dans cette
où ilsjouiront d'un bqnheur
qui pour la qualité & la durée, fera pro-
portionné à leurs mérites. Ce terme ar-
rivé, ils retomberont sur la terre avec
la pluie,pénétreront dans quelques ma-
tières, lesquelles étant mangées par les
bêtes ou par les hommes, feront chan-
gées en la substance de ceux qui s'en fe-
ront nourris.
ils feront conçus de rechef. Ces naissan-
ces se réitéreront une infinité de fois, &
jusqu'à ce qu'ils aient eu le courage de s'a-
donner à la pratique des vertus désignées
fous le nom de Nivarty.

, ,
L'ame dans l'état de Nivarty brûle,
avec le feu de la sagesse les imprellions
des sens elle anéantit leurs puissances.
Cette ame se concentre dans ion inté-
rieur, & enfin est absorbéedansl'im-
menlité de l'Etre universel. Un homme
en cet état, meurt dans le temps que
le foleif prend sa course vers le nord,
&: le matin d'un jour où la lune eH: dans
son premier quartier. Elevé sur les rayons
duSoleil, il entrera dans le Paradis de
Bra/una, pour y jouir de plaisirs inexpri-
mables.
LIVRE HUITIEME.
SouGUE N voulant faire connoître à
Paricchitou, un précis chronologique de
diverses grandes époques & révolutions

,
de l'univers,,parlaainsi :
Prince Votre Majesté ne doit pas
ignorer qu'il y a une période de quatorze
grandes Dynastiesdistinguées par les
noms patronimiques des premiers chefs
de chacune. Six font déja passées; nous
sommes encore fous la septième. Souyam-
bou, dont il a été précédemment parlé,
a paru à la tête de ces Dynasties. De sa
fille Devagdy & du Patriarche Cartamen
naquit Vichnou fous le nom de Cabiler:
cette Dynastie est la première de ce der-
nier renouvellement du monde, (on avu
qu'il arrive un renouvellement au com-
mencement de chaque jour de Brahma).
Souvarofficlzell.) filsd'Achnycotrem, aété
chef de la Seconde grande Dynastie.
Alors le Géant Virossinem, se nit sur le
trône de Devendren. Douchiden &. Tes
compagnons devinrent Dieux.' Ourtcha-
tamben & les liens furent mis au rang des
sept grands Patriarches, & Vichnou se
fils
fai fant deDouchiden, enseigna la vé-
rité à 48,000 Pénitens.
La 3e. époque est celle où Outamen,
fils de Pravetiden fut premier Souve-
rain. Brahmaden &; les autres fils deVaf-
sisten, devinrent Patriarches. Satiafiten
fut élu Devendren; Satiapotrcn & ses com-
pagnons furent Dieux. Alors Vichnou se
fit fils de Darmen Se de Souncroudadevy,
3
fous le nom de Satiacenen & il punit les
Géants oppresseurs.
Tumassen, frère d' Outamcn commença
la quatrièmeDynaflie. Kedou,Proudou,
Raquien, & ses autres fils, furent Rois
3
fous leur père. Satiaguen Areveren&cc.

;
furent Dieux de ce temps. Crissiguen fut
Devendren 3
Sodren Damen èc plusieurs
autres furent Patriarches. Ce fut dans
cette époque que Vichnou s'étantfait
fils d'Eremaden & d'Alenydevy tua un
Crocodile qui attaquoit le Roi des Elé-
phants. -.

Paricchitou ayant témoigné désirer


,
d'êtreinstruit de cet événement, Sou-
:
guen le lui raconta ainsi
Le Prince des Eléphants parcourant un

;
défert, alla avec là fuite étancher sa
fois dans un étang il fut saisi par un
épouvantable Crocodile qui l'attiroit à
l'eau. L'Eléphant, malgré toute sa vi-
gueur, ne pouvoit se délivrer. Le com-
bat étoit terrible & sans fin. Cependant
de jour en jour l'Eléphant s'arrbibliuoic;
sans recours il étoit sur le point d'être
vaincu. Dans cet état de détresse il adressa
ses prières à l'Etre Suprême en ces fer-
mes: ,
C'est à celui qui a créé cet univers
qui le conferve &: qui le détruira un jour,
c'efi à lui que j'adresse mes adorations.
Celui qui n'a ni commencement ni mi-
lieu, ni fin, est celui que j'adore; c'efi:
;
à celui qui est tout c'est à celui qui est
lumière ineffable, que j'ai recours. J'a-
dore celui qui tient dans Tes entrailles
tout l'univers, qui le produit quelquefois
au-dehors, & à qui rien n'est caché. Je
demande l'assistance de celui qui aexisté
5
avant toutes choses alors dans l'obscu-

,
rité du néant, lorsqu'il n'y avoit ni ani-
maux, ni globes ni temps. Je ne me
fouviensque de celui de qui les productions
& les actions mystérieuses, font incom-
préhensibles aux Savans & aux Dieux.
Que celui quracréél'univers, qui sans
aucune connexion avec ses créatures,
souvent se transforme lui-même en créa-
,
ture vienne à mon aide.
Celui de qui se souviennent les Sages 8c
les Contemplatifs, qui brûlentleurs pas-
sions par le feu de profondes méditations,
lui seul efl mon réfuge. Qu'ilvienne me
sauver celui pour l'amour duquelles saints
ont renoncé aux plaisirs & aux biens du
monde, 8c par qui ils ont acquis une
gloire ineffable 8c éternelle.
Celui qui n'a ni figure d' homme, ni
figure de femme, celui qui ne ressemble
à aucun animal, ni à aucun autre être
.,
qu'ilvienne maintenant me délivrer des
dents de mon ennemi.
Celui qui se trouve auprèsdeshumbles
& des dévots, celui qui se trouve par-
tout, ne viendroit-il pas m'arracher à
ce monstre? Celui qui délivre les bons
de la perséçution des méchants, man-
à
quera-t-il de venir monaide ?
Ces cris, ces supplications percèrent
;
les oreilles deKichnou. Il parut le mons-
tre fut exterminé, & l'Eléphant délivré.
Ce Crocodile étoit jadisunange, Guen-
darven, qui prit ce corp s en punition
d'une faute. Le crime expié par cette
mort, il futdélivréde la malédiction
à
qui l'avoit assujetti cette peine, &re-
couvra son premier état avec sa première
figure.
L'Eléphant étoit de même dans sa vie
précédente un Roi du pays de Drava-
dam3 fous le nom d' Indratouymen. Ce
Roi ne se leva pas pour recevoir le fa-
meux PatriarcheAgaflien qui étoit venu
,lui rendre viGte. Le Patriarche le maudit
& le condamna à devenir éléphant.
Rayvadaguen, frère de Tumaffen, étant
monté sur le trône, en lui commença la
cinquième grande Dynafiie. Boren Vin*
dien Artchounen &c. furent Rois.Erou-

;
niaRamen3 Ourtouvapaden. &c. furent
Patriarches Vidassiren parvint au trône
de Devendren. Poudaden & plusieurs au-
tres devinrent Dieux.Vichnou se fit fils
de Soupren &: de Kiroundey fous le nom
deVaygounden, de la vint que le nom
deKaygoundam, a été doonédepuis a
son Paradis.
-
Seccholeiz fut chef de la sixième
grande Dynastie. Ses enfants nommés
Parouchen, Soudouymen Minen, &: beau-
coup d'autres, furent Rois. Mandramayen
devint Devendren; Attien, Riguen &c.
furent admis au nombre des Dieux; Vi-
chaguen Virguen &c. devinrent Patriar-
ches. Vichnou se fit fils de Vayen ôc de
Samboudy fous le nom d'AJJiden. Ce fut
dans temps que ce Dieu produisit la
ce
liqueur d'immortalité.
Paricchitou,témoigna défiier f savoir
quelque chose de précis sur cet événe-
ment, Souguen lui raconta ce qui luit.
Devendren se promenant un jour monté
sur son éléphant, fut rencontré par le
Patriarche Dourouvassen,quien le bé-1
niiTant lui offrit une guirlande de fleurs
de Panffadanam. Dcvendren, contre le
refped dû à ce grand personnage, reçut
cette guirlande sur la pointe du croc'
avec lequel il conduisoit son éléphant,
:
& la lui mit au col Cette bête la prie
avec sa trompe, la jetta à terre &; la
foula aux pieds.LePatriarche irrité d'une
telle malhonnêteté, mauditDevendren
pour qu'il perdît tous ses biens. Aussi-tôt"
par une force invisible, tout fut jeté à
la mer.
Devendren ruiné & manquant de tout,*
fut de plus chassé de sa capitale avec
tous les Dieux par les Géants ses enne-
mis. Il eut recours à Vichnou. Ce Dieu
se montra à lui en forme d'une lumière
éclatante, laquelle ensuite prit une figure
humaine, ornée deguirlandes, la cou-
tonne en tete, vetue de pourpre, &£
tenant en mains fegarmes avec une trom-
pette guerrière.

:
Les Dieux en le voyant l'adorèrent &
lui dirent votre préience donne le fa-
lut à l'univers; votre vue nous console
de tous nos malheurs. L'adoration que
nous vous rendons fera commune à tous
les Dieux & ilsparticiperont à votre grâ-
ce; ainsi l'eau répandue aux racines des
arbresdonne la fraîcheur à toutes le§

êtes l'objet & le but du Vtdam ;;


branches. L'univers eil né de vous qui

votre immenlité vous êtes par-tout vo-


dans

tre nom eil: le Tout-Puissant. Les fages


vous trouvent dans leur esprit comme
le lait dans la vache, les légumes dans
,
la terre & le feu dans le bois. Nous qui
sommes abandonnés, qui n'avons point
où nous tenir à l'ombre, nibâtonpour
nous appuyer: nous nous tommes adref-
les à vous. Nous sommes semblables à
ceux qui au milieu d'un feu ardent,
ont trouvé la fraîcheur du fleuve de
Guenga.
:
Vichnou leur dit ô Brahma, vous, &c
tous les Dieux, écoutez mes paroles :
faites promptement amitié aux Géants ;
que votre politique imite celle du ser-
pent qui se cache pour prendre le rat.
Dans peu de temps vous ferez en état de
résister & de vaincre vos ennemis; pour
le présent conciliez-vous avec eux, ser-
vez-vous de leurs recours pour transpor-
ter le Mont Merou dans la mer de lait ,
il vous servira comme de batte à beurre
pour en extraire la liqueur d'immortalité.
Vous vous servirez du serpent Vassouguy.
comme d'une corde. L'ouvrage que vous
ferez procurera non-seulement, ce breu-
vagecéleste, mais toutes les autres cho-
les qui vous font néceiTaires. Quant à vos
ennemis, ils en feront frustrés après beau-
coup de peines. Ne vous désespérez pas
en voyant le poison qui fera d'abord pro-
vous en délivrer.
;
duit par vos travaux je fais le moyen de

Les Dieux, suivant ceconfeil,firent


amitié aux Géants, Sede concert avec
eux, ilstransportèrent le Mont Merou à

quelque distance de la Mer de Lait. Mais

,
cette montagne tombant à terre par
sapésanteur plusieurs furent écrasés.
Vichnou, entendant leurs plaintes, y vint
monté sur Guerouden; il souleva cette
montagne comme une boule élastique,
& la plaça sur latête de sa monture,
qui la porta jusqu'au bord de la mer. On
promit au serpent Vaffouguy.) sa part de
jla liqueur d'immortalité Se le Mont bien
applani fut entouré de son corps. Les
Dieux vouloient le tenir du côté de la
tête, mais les Géants, fiers de leur fupé-
»riorité momentanée, crurent qu'il y au-
roit de la bassesse à euxd'être du côté

de la queue ils voulurent que les Dieux

nou riant de leur vanité ,


fussentassujétis cette humiliation.Kich-
conseilla à
ceux-ci de céder, & allant le premier se
Dieux l'imitèrent
commencé.
;
ranger du côté de la queue, tous les
ainsi. l'ouvrage fut

Après quelques jours de travaux, la


montagne s'enfonça dans la mer. Les -

,
Dieux de les Géants voyant leur espé-
rance trompée furent eux-mêmes plon-
gés dans une mer de tristesse.Vichnou
les consola, & se transformant en une
tortue d'une grandeur énorme, il entra
dans l'abyme & souleva facilement le
Mont submergé.

leur reconnoissance ,
Tous les Dieux lui ayant témoigné
l'ouvrage fut re-
commencé.Après un long travail, il sor-
tit du serpent qui étoit extrêmement fa-
tigué, un venin terrible semblable àce
feu dévorant qui vient consumer l'uni-
vers aux époques de sa deflru<£Uon, tel
l'
le soleil qui luit alors parcourt espace,brû-
lant les cieux, les mondes, les villes & les
campagnes enfin met en monceaux, de

cendres &: en fumée tous les êtres ani -


més.
,
Dans ce périlextrême les Dieux, les
Patriarches, les hommes, tous pêle-mêle
coururent vers la demeure de Siven. Ar-
rivés à son Palais,ils se prosternèrent de-
vant le trône du Dieu qui étoit avec la
3
Déesse Parhady & lui dirent en implo-
rant ion recours : 0 vous dont l'arme eil:
toujours victorieuse, ô Dieu des Dieux,
o vous qui portez sur votre tête la lune,
sauvez-nous de l'atteinte du venin terri-
ble qui nous poursuit.
j
Sivenexauça ces prières & prenant
congé de son épouse, il lui dit qu'il alloit
avaler Ge venin, & empêcher son effet
deftrucleur. Il ajoutaque les Dieux, les
Princes & autres personnes éminentes
devoient ainsisehâter de secourir les
malheureux qui ont recours à eux, sans
quoi la Divinité, la royauté 6c la puis-
sance leroient inutiles & fort condamna-
bles.
Siven ratnaÍfa tout le venin du serpent
comme une petite boule, & le mit dans,
sa bouche, Aussi-tôtles Dieux & les hom-
niés lui rendirent toute fortes d'actions
de grâces. Siven, pour se garantir de la
violence du poison, l'avoit retenu dans

;
sa gorge ne voulant pas l'avalerentiè-
3
rement néanmoins la poitrine de ce Dieu
devint d'une couleur bleue.
Les Dieux & les Géants délivrés de
cet épouvantable fléau, recommencèrent
leur ouvrage qui dura plufieiirs jours ;
enfin il eut: ion effet.Ilproduiiit d'abord
une vache qui donne tout ce qu'on de-
sîre ; ensuite parurent un cheval, un élé-
phant &: les cinq arbres nommés Carpa-
gam,Mandaram San danam Parissada-
nam & Arefandanam.
Bientôt on vit naître six cent qua-
rante millions de filles, & entr'autres

nou.
Lacchoumy qui redevint femme deVich-
j

,
Après quelques autres productions un
Médecin fameux sortit du fond de la mer
avec un vase rempli de la liqueur d'Im-
mortalité.LesGéants s'en emparèrent.
Les Dieux au désespoir & hors d'état
d'employer la force , se plaignirent à

quilliser ;
Vichnou qui leur fit figne de se tran-
sur-le-champ il prit la forme
d'une femme d'une beauté éblouissante
&: s'approcha des Géants. Ceux-ci, trou-
blés à la vue de tant de charmes s'oubliè-
rent entièrement. Vichnou, en les aga-
çant, folâtrant avec eux s'empara du vase.
Alors il fit asseoir les Dieux & les Géants,
rangés comme pour distribuer la liqueur

:
à tous également, en commençant du
côté des Dieux un des Géants nommé
Ragou, vint se placer au milieu d'eux.
Le Soleil & la Lune s'en étantapperçus,
malgré son déguisement, en avertirent
;
Vichnou qui lui trancha la tête mais
comme il avoit déja goûté la liqueur cé-
leste, il fut transformé en un astre &
placé dans les Cieux.Depuis lors il con-
serve une haine implacable contre le So-
leil & la Lune. (C'est lui qui s'avance pour
les attaquer, lorsque l'on voir des éclip-
ses ).
Vichnou fous cette forme d'une belle
femme, distribua aux Dieux tout ce qui
étoit dans le vase; les Géants qui jus-
qu'alors n'avoient fait que contempler
sa beauté,,
ne s'apperçurent de la super-
cherie que quant tout étoit fini.Déjà
Vicknou avoit repris sa forme ordinaire,
& s'étoit retiré en laissant les Géants
dans un désespoir mortel. La guerre se
déclara à l'heure même, mais les Dieux
furent toujours victorieux par la vertu
du céleste breuvage, & par la protection
de Vichnou. Les Géants vaincus se retirè-
rent, dans les grottes des montagnes, ëc
les Dieux par le conseil de Naraden ne
les y poursuivirent pas.
Siven rendit visire à Vichnou & lui
demanda à voir sa transformation en
femme, telle qu'il avoit paru aux géants.
Vichnou l'avertit qu'il ne pourroit maî-
triser ses mouvemens. Ce Dieu ayant in-
sisté, Vichnou reprit cette forme d'une
beauté incomparable., A cette vue Siven,
fut hors de lui-même ill'embrassa avec
,
un transport de volupté effrénée. Ainsi
tout grand qu'il èft, ce Dien ne put ré-
sister aux charmes de Vichnou.
Aprèscettedigression, Souguen conti-
nua ainsil'histoire des grandes Dynafiies.
Seigneur, je vous ai donné connois-

;
sance des six premières Dynasties. La Sep-
tième subsiste encore le Prince Vzyvaf-
fouden lui a donné ion nom. Icckouvakou
& Tes autres fils font Rois de cette épo-
;
que Cassiaben 6c ses compagnons en font
les Patriarches. Vichnou s'est fait fils dé
Cassiaben & de Adidy fous le nom de
ramena Vous verrez le détail de cet évé-
nement dans la fuite de cette histoire.
Maintenant je vais vous prédire les noms
de ceux qui feront chefs des sept Dynaf-
ties à venir & de quelques-uns des Dieux
& des Princes qui paroîtront en nlênle,
temps.
La huitième Dynastie aura pour Sou-*
verain Chouriafavarnen. Pour connoître
qui il est, vous saurez que le Dieu Chou-
rien a deux femmes nommées Sayey &
Sayeney filles de Visvacarmen. Sayey
3
eut pour fils Yamen &: Yamounein; Saye-
ney eue une fille nommée Dabady, ge
deux fils Vayvaffouden, & Chouriafavar-
fle/z; c'efi ce dernierqui fera chefde la
huitième Dynastie. Il mène actuellement
une vie pénitente & ignorée. Ses enfants
feront Rois dans le temps, Vichnou se

Sartaboumen ,
métamorphosera alors fous le nom de
& le Géant Birien:J fera
mis sur le Trône de Devendren, Prince
des Dieux.
Decckaffavarnen, fils de Virounen fera
souverain de la neuvième Dynastie. Ar-
pouden fera Devendren.Vichnou fera
:J
fils d'Ayouchamanden & d'Amboudarey.
3
Brahmaffavarnen fera à la tête dç la
dixième époque. Vichnou viendra fous le
nom de Vichavartchanen. Dans ce temps,
paroîtront aussi d'autres Dieux> d'autres
Patriarches & d'autres Rois.
Darmajjavarny régnera dans la onziè-
me époque. Vichnou fera fils d'Erien,
fous le nom de Darmasserien.
Patrassavarny, fera chef de la 12 elllt:
; ,
Dvnallie alors Vichnou se fera fils de
Souncrauden.Vidassavarni fera chef de la
f3 Ses enfants Vifitragonen Sitrago-
llell & plusieurs autres feront Rois. Nir-
motren , Dariffènen &c. feront Patriar-
ches. Divafvzdy fera Devendrell. Viclz-
nou fera fils de Devacotren & de Pridy,
fous le nom d' Eyogaviban.
Indrassavarny fera souverain de la qua-
torzièmeDynastie ; Ourougueberen 6c ses
autres enfants ferontRois. Pavoutren,
Sachen &c. feront Dieux. Soucicn fera,
Devendren, Acny Baguen &c. feront
-'
Patriarches. Vichnou serafils de Satraya-
nen & de Vidaney,sous le nom de Pra-
gapanen.
Le temps compris dans le cours pério-
dique de ces quatorze Dynasties, fera
millesardyougam (i 2,000,000ansdivins).
Cet espace de temps n'ell qu'un jour de
Brakma & encore autant une nuit. Un
- jour & une nuit réunis se nomment Di-
nacalpam (période d'un jour).
Paricchitou demanda à Souguen qui
;
étoient ces chefs de Dynasties ; d'où leur
vient cette qualité quel est leur emploi;
& pourquoi Vichnou s'est transformé en
?
tant de manières Souguen répondit :
Dieux, des Patriarches
autres, vient de prichnou
,;
L'origine des chefs de Dynafiies, des
& de tous
c'est dans
ses traits qu'ils ont pris naissance. L'em-
ploi de ces Dieux, de ces Souverains,
de ces Rois & Patriarches, efi de prati-
quer les vertus & de les Inaintenit; de
corriger les fautes, de soutenir les loix
établiesj de punir les méchants, & ré-
compenser les bons. Enfin c'est à eux de
veiller à la conservation du Vedam dans
son intégrité,même dans les temps des
révolutions changemens qui ont lieu,
lors du padage successif de chacun des
quatre âges du monde à l'autre. Quant
aux diverses formes fous lefqueiles Vzch-
nou se montre, c'efl: toujours pour répa-
rer de grands maux 3 & ranimer la prati-
que des vertus relâchées.
Après cetéclaircissement, Souguen, à
la prière de Paricchitou, lui raconta l'his-
toire du Géant Biryen, dont il lui avoir
déjà parlé plusieurs fois.
Biryeh vaincu & terrailé par Deven-
dren dans le combat qui, comme on a
vu, fgivit la
,; répartition de la liqueur
d'immortal ité sa d refla a Soucrassaren
son Directeur il en fut accueilli favora-
blement; il le guérit de ses blessures &
lui fit faire le sacrificeVesvosatiyagam,
(sacrifice de création). Après l'accomplit
sement des cérémonies, le vale sacré pro-
duisit un char éclatant d'or avec des che-
vaux semblables
cuirasse dediamans
à
,ceux du [oleil,
un drapeau où
étoient représentés des lions, un arc &
une

un grand nombre de flèches. Brahma v


joignit le prélentd'unéguirlande de
fleurs de Tamarey. Le Géant ainsî armé,
marcha avec toutes ses troupes contre la
ville des Dieux. Il invoqua l'assistance
de son aïeul Pragaladen; & les quatre
portes de la ville furent bloquées.
Devendren eut recours à Brahasbady,
pour lui demander conseil. Celui-ci, lui
dit que son adversaire étant fous la pro-
tection de Soucrassaren, il ne pouvoir le
vaincre, & qu'il lui conseilloit la retrai-
;
peines,
te en même temps pour adoucir ses
il lui prédit,qu'un jour ce Géant
au faîte des grandeurs, en récompense de
son obéissance à Son Directeur, néglige-
roit de suivre ses rages avis, & qu'alors
il tomberoit.
Biryen devenu maître de cette ville fa-
meuse, s'adonna à la pratique des ver-
,
tus Sur tout à faire l'aumône avec pro-
fusion.
Adidy mère des Dieux, fut pénétrée,
de douleur en voyant que les enfants de
sa sœur, avoient repris le dessus Ôc que
lesliens étoient dans la dernièredétresse;
elle s'adressa à son époux Caifiahen père
commun des Dieux &: des Géants. Ce
Patriarche lui conseilla de faire un facri-
sice de propitiation en l'honneur de Vich-
tzou.) & il lui prédit que ce Dieu se feroit
son fils pour réprimer la grandeur de Bi-
ryen. Ce conseil ayant été suivi, Kichnou
futconçu; il naquit le douzième jour de
la lune, dans la conjonction de la constel-
s
lation nommée Tirouvonam & fut ap-
pelle Vamen : sa taille étoit celle d'un
fort petit nain.
Biryen jouiflbit de la renommée la plus
glorieuse. Il étoit généreux, fidèle, com-
pâtissant, charitable & libéral.Vunen
entra un jour dans la salle ou ce Prince
offroit un sacrifice. Celui-ci voyant quel-
que chose de divin dans la phisionomie
du nain, lui fit un accueil dillingué, lava
ses pieds par hospitalité, & demanda ce
qu'il souhaitoit de lui, étant disposé à
lui accorder sa demande, de quelque na-
ture qu'elle fût. A une promeUe si géné-
reuse, il étoit naturel de croire que Va-
men>folliciteroit quelque chose de con-
;
fidérable mais il ne demanda que l'es-
pace de trois pas de terrein pour y bâtir

ne point se
,
une cabanne. Le Prince souriant de la
simplicité apparente du nain lui dit qu'il
devoit borner à exiger si peu
de sa libéralité. Vamen lui répondit qu'il
étoit si petit que ce qu'il demandoit étoit
plus que suffisant, qu'au reste regardant
l'univers & tous les biens du monde
il
comme lui appartenant., n'avoit besoin
que de sa bonne volonté.
Soucraffaren qui étoitprésent, connut
par la figure & par le discours du nain,
qu'il étoit toute autre chose que ce qu'il
paroissoit. Il confeiila au Prince Ton dis-
ciple, de ne se lier par aucune promesse,
parce qu'il croyoit que c'étoit Vichnou,
qui étoit venu pour le tenter. Le Prince
répondit qu'il voyoit bien aussi dans cette
rencontre quelque chose d'extraordinai-
re,mais que sa parole étant donnée, son

voquer;
honneur ne lui permettoit plus de la ré-
que si Kichnou vouloit se servir
contre lui du don qu'il lui faisoit, dans
la pureté de son cœur ,il lui feroit
glorieux, étant accablé, que ce fût par
la main de ce Dieu qu'ilauroit voulu
obliger.
Birien fit apporter un vaseplein
d'eau, par sa première femme, il la ré-
pandit lur les mains du nain, qui accepta
la donation. Dans le même instant celui-
ci, grandit si prodigieusement qu'il rem-
plit tout l'univers de Ion corps. Les bas
mondes furent meiurés par un pied, ceux
d'en haut par l'autre,& il lomma le
géant de lui tenir parole pour ce qui
manqnôit. Celui - ci adora le Dieu ôc,
dit qu'ils'estimoit trop heureux d'avoir
fait unedonation a l'être a qui appartient
tout bien; que cette donation étoit d'au-
tant plus noble de sa part, qu'ill'avoic
faite malgré les forts pressentimentsqu'elle

;
pouvoir anéantir toute sa grandeur pré-
sente il ajoutaque sa générolité lui tien-
droit lieu de tout, & que n'ayant plus de
terrein à lui donner, illui présentoit sa
propre tête.
• Vichnou content de la soumission de
N

ce Prince, lui dit quesamagnanimité


O
lui avoit acquis sa bienveillance; mais
;
qu'il falloit rendre justice à chacun
n'étoit pas convenable que Devendren ez
qu'il

les Dieux, restassent dans la dernière dé-


;
tresse il
qu'ainsi alloit les rétablir dans
tous leurs droits. 11 ajouta que quant,à.
il
lui, le faisoit dès ce moment, maî-
tre absolu du troisième monde infé-
à
lieur, nomméSoudalam, (situé environ
500,000 lieues au-dessous de notre glo-
);
be qu'il y feroit heureux & toute sa
postérité jusqu'à ce que vienne le temps
où il feroit lui-même Roi des Dieux
diHinéhol1 que lui avoit mérité sa vertu.
;
Après ces paroles obligeantes, ce Géant
fut envoyé avec honneur à Soudalam.
Paricchitou très-satisfait de ce récit,
pria Souguen de vouloirbien auili lui ra-
conter l'hifloire de la métamorphose de
Vichnou en poisson.
Prince,ditSouguen, ne soyez pas fcan-
dalisé d'entendre que Kichnou a paru fous

O71
Une forme aulliignoble, que celle d'un
poisson : il n'y a rien de vil&d'abject
cnentiellement. Dieu fait ce qu'ilfait,
& tout ce qu'il fait est bien. Je me bor-
nerai à vous faire un récit court de cette
transformation & du motif, qui l'a oc-
casionnée dans le précédentDmacalpam
(ère d'un jour de Brahma).
Dans ce temps un Roi nommé Satie-
varaden,gouvernoit le Royaume de Dra-
vadam. Ce Prince fort religieux résolut
de faire pénitence au bord du fleuve de
Crodamaly. Un jour en faisant son ablu-
tion, il trouva dans sa main un petit
poisson, que, sans s'en appercevoir, il

non;
avoit pris avec l'eau destinée à l'afper-
le Prince vouloit le rejeter dans
le fleuve; mais le poisson lui adreflfant la
parole, le pria de le prendre fous sa pro-
tection, &c de le retirer d'un lieu 01I il se
trouvoit entouré d'un grand nombre d'en-
nemis acharnés. Satievaraden surpris d'un
pareil prodige, le mit dans le vase qu'il
portoit toujours avec lui; mais bientôt il
grandir tellement qu'il fallut le mettre
dans un plus considérable. Deux heures
après on fut obligé de lui en donner un
autre beaucoup plus grand. Ce poisson
croissoit à vue d'œil, &: déja le Roi fort

j
em barraffé pour trouver un étang qui le
pût contenir étoit décidé a le faire por-

:;
ter dans la mer. Alors le poisson lui parla
en ces termes je fuis Vichnou, l'objet
de votre dévotion votre piété envers
moi, & votre charité envers les ames
;
:,
vivantes me font agréables ainsi écou-
tez mes paroles je vous annonce que
dans sept jours le Dinacalpam (l'ère
d'un jour de Brahma) finit,, ainsi il y
aura une révolution dans l'univers; & la
mer submergera le monde. J'ai dessein
de vous sauver de ce déluge, vous 8c
les sept Patriarches, c'effc pourquoi pré-
parez-vous a cet événement. Je vous en-
verrai un bâtiment où vous rassemblerez

;
une provision de toutes fortes de semen-
ces, de fruits & de racines vous y mon-
terez ensuite& ferez porté sur les eaux.
Pendant cette révolution, le soleil ni la
lune n'éclaireront point.Vous ferez dans

,
les réntbres. C'est moi qui vous proté
gérai contre tous les dangers tant des
tempêtesquedes grands poillons 2c am-
j

phibies.Un énorme lerpent tentera de


renverler votre bâtiment; ne témoignez
aucune crainte; vous le prendrez hardi-
ment &. lelierés à ma corne qui, par un
filet tiendra au mât du bâtiment que je
conduirai.Ainsi, ajouta Vichnou, c'est
en votre laveur ce pour vous conserver
la vie jusqu'au réveil de Brahma que je
prends la forme de poiilun, (le sommeil
i
de Brahma dure 2,000,000 ans divins).

transformation;:
J'ai encore un autre motif dans cette
vous en ferez instruit
dans le temps en finissant ces mois, le
poisson disparut.
v

tes de semences,
Le Prince fit provision de toutes for-
de racines & fruits né-
cessaires, tant pour sa nourriture que
pour la reproduction dans le renouvel-
iement du monde. A la fin du septième
jour, les cataractes des deux furent ou-
vertes; les nuées déchargèrentuneplaie
si abondante, que la mer couvrit toute
la terre. Mais lebâtiment fous la fauve-
garde de Kichnoiit étoit porté au-dessus
des eaux, & tout ce qui avoit été prédit
arriva. Le Dieu qui protégeoit ii viiible-
ment ces huit personnes, leur donna en
,
même temps diverses instructions : la

le livre nomméMathiam
Pooranam).
,(c'est
doctrine qu'il leur enseigna se trouve dans
un des

Cependant le Géant Ayireben voyant


_,

que Brahnza dormoit & que les Yedanz.)


lortis de sa bouche par le souffle de sa
respiration,étoient sans garde, illes en-
leva. Kichnou encore fous sa forme de
portion, rua le Géant&reprit les Kc-
danl.) qu'il rendit à Brakma aumoment
de son réveil.
Le déluge étant fini,les huit person-
nes conservées descendirent dubâtiment
& adorèrentrichnou. Aussi-tôt Brahma
commença à repeupler le monde.
Ce Roi Satievaraden étant depuis de-
venu fils du Soleil, a été chef de la sep-
tième grande Dynastie qui subsiste en-
core.
LIVRE NEUVIEME. 0

Dans connÓ-
fait
à
ce livre
,
Souguen
tre Paricck itou les généalogies des ra-
royales du Soleil &: de la Lune il :
ces
commence ainsi sa narration (*)-

bril de Vichnou ;
Brahma prit naissance dans le nom-
il fut père de Marrif-
[en; celui-ci le fut de Cassiaben, & ce
dernier eut d'Adidy son épouse Chou-
rien & les autres Dieux. Chourien engen-
dra de Sayeney rayvaffouden, c'efi lui
qui dans une autre génération fut ce Roi,
Satievaraden, dont il est parlé au livre
précédent.
Vayvassouden, nommé aussi Sratate-

(*) Noms des Dieux qui président aux planètes. Chourien.

,
le Soleil, Sandren la Lune, Anguaraguen Mars, Bouden
Mercure, Brahashati Jupiter Choucren Vénus Sani ,
Saturne. Les jours de la semaine leur font consacrés.
i
vcn
Tandis que le sacrificesefaisoit ,
fit un Yagam pour obtenir un fils.
son
épouse obtint du facriifcateur de diriger
,
les cérémonies de façon qu'elle pût avoir

,
une fille. Certaines prières furent pro-
noncées & il en naquit une, sur le dos
de la main du facriifcateur lui-même :
elle fut nommée Ila. Cet incident con-
trarioit le projet du Roi;mais Vaffifler
son Directeur changea le sexe d'Ila qui
devint garçon& fut nommé Soudoumi-
nen. Ce Pnnce devenu grand tk. commen-
çant à gouverner le pays, alla un jour à

ëc tous ceux qui


;
la chasle, èc parvint sans y penier dans
le désertd'Anpecey au même infiant lui
l'accompagnoient de-
vinrent filles.

;
Paricchitou se récriant sur un change-
ment si surprenant Souguen lui dit que
jadis, Siven & son epouse, se croyant
dans un moment de liberté, furent fur-
pris par phifieurs grands Patriarches; dès-
lors ce Dieu décréta que tous ceux qui
meteroientlespieds dans ce défert, de-
viendroient filles à l'heure même.
Soudoummincn ainsi rendu à ion pre-
mier lèxè commença, avec lès compa-
gnes, à parcourir les montagnes & les
désèrts. Elle entra un jour chez Bouden
fils de Sandren, Se devint amoureuse de
lui. Cet amour donna naissance à Pou-
3
rourven premier Roi de la race de San-
à
dren; il régna Pradeschtanam.
Enfin Soudoumminen ennuyé d'être
y
femme pria Vassister, de lui faire recou-
vrer le sexe qu'elle avoit perdu. Ce saint
personnage fit pénitence en l'honneur de
Siven, pour obtenir cette grâce. Mais
le Dieu ne l'accorda qu'en partie, c'est-
dire, qu'il feroit garçon & fille successi-
vement d'un mois à l'autre. Dans une de
ces alternatives,
nommés Oucalen &
Rois des pays du Sud.
qui
elle enfanta deux fils
furent

Soudoumminendéjà âgé quitta le mon-


de, & se retira dans le désertpour y me-
ner une vie contemplative.
Vayvassouden chagrin de voir sa race
s'éteindre, délapprouva la conduite de
son fils, il recommença une pénitence à
l'honneur deKichnou, &: eut Iccouvakou
& dix autres fils.

peaux,
Prouchtell, l'un d'eux, gardant les trou-
tua pendant la nuit une vache,
croyant que c'étoit un tigre qui enlevoit
la vàche. $on Directeur le maudit pour
cette faute, & il fut chef de la race des
Soutrer (c'est la 4eme. tribu).

de Rois ,
Caroutchen frère du précédent, fut père
dont les defeendans furent
puissants fous le nom de Caroulchaguer;
ilsdevinrent ensuite Dieux&Directeurs
dans les pays du Nord.
Droutchen par le mérite de sa péniten-
ce3 fut destiné à devenir père d'une race
de Brames fous le nom de Dalifchtanz.
Nircounden fut père de Boudatchedy s
qui fut père de Vassou, père de Priguen,
père de Yogavaden & de Yogavandy qui
fut femme du grand Souderiffanen.
Le cinquième filsdef^ayvaffouden fut
Areccham père de Chantraginen père
3
de Decchen, qui eut pour fils Visouvan-
gaffin père d'Indraginen, qui fut père
de Vidicotren" père de Satiafrouden, père
de Oueraganen; celui-ci engendra Acny,
qui fut père d'une race de Brames, fous
le nom d'Acnivajfionam.
Le sixième fils deVayvassouden, nom-
mé Dricchten fut père de Nabaounen 3
qui fut père des Vassier, (c'est la 3eme.

Pranguechcn3
;
tribu); il eut pour fils Bilavanden, qui
fut père de Vartchapoudry celui-ci eut
de qui fut fils Canendren,
père de Soccharen père de Vinguissen
s
père de Ramben, père de Carandamen
3
père de Vicchiden, père du Roi Maru-
ten.
Ce grand Roi prit pour son Direc-
teur & son MinistreSongavarten, frère
cadet de Brahshady. Ce Roi étoit si puis-
sant que jamais aucun Prince n'a fait le
sacrificeYagam avec tant de magnifi-
:
cence & de profusion que lui il invita
tous les grands du pays de Devendren y
à venir affilier à son [acrifice. Les vases
étoient d'or fin;c'est avec le Trésor irn-
mense qu'il avoit laissé fous terre, & que
votre gran d pèteDarmen a trouvé, qu'il
a fait les trois sacrifices d'Asvam, (facri-
sice du cheval).
3
Le Roi Maruten fut père de Temen,
père de Rassavarten, père de Bonden. Ce
dernier ayant eu commerce avec une
courtilanne nomméeCoudrassy eut pour
3
fils i'rounavindou
3
dont la lœur nommée
Aylley, fut femme deVassirvassou, père
de Couberen. Trounavindou eut Vissalen
3
& deux autres fils. rifJàiell se rendit cé-
*lèbre & bâtit une ville qu'il nomma rif-
faley : Il eut pourfils Somefantren3 qui
fut père de Doumiracchen, père d' Ourca-
len,père de Sagateven, père de Soineta-
len. Ce dernier a fait un sacrifice du che-
3
val, 8:.. il fut père de Sournady père de
Gonamebean.Tous ces Princes furent fa-
meux Ions le nom de Vaysaly.
Voici les deicendans de Sanguiddyfep-
tièmc ras de j/"ayvLl.jjoüJ:n. Sunguiady
3
eut d'abord une iille nomméeSougacan-
;
ny
avec
étant un jour allée dans les déserts
ses compagnes,elle vit une lumière
qui sortoit d'un trou, elle y introduisit
Une épine 6c aussi-tôt du fang cou l a.
,
Cette vue lui fit tant de frayeur qu'elle
s'enfuit auprès de ion père. Ce Prince
eut bientôt lieu d'être lui-même surpris
cc concerné.Toute sa maison fut fubi-
ternentattaquéed'un reilerrement abiblu
de ventre sans pouvoir en deviner la cau-
;
se il se rendit à l'endroit où étoit le trou.
dont sa fille lui avoit parlé, & le fit exa-

Siavaguen;
miner. On y trouva un Pénitent nommé
la lumière que la jeune per-

sortoit de les yeux,


sonne avoit apperçue.,étoit celle qui
dans lesquels elle
avoir enfoncé une épine. Le Roi lui de-
manda pardon pour sa fille, ëL la lui
donna en prêtent.
Cette Princelle,malgré sa beauté èc
sa délicatesse, rendit avecsoumission les
services les plus humiliants à ce vieux Pé-
nitent. Il conçut pour elleunevive paf-
fîon, mais il craignoit de le lui témoigner
de peur d'en être rebuté.
Cependant les deux Divinités nom-
niées Afvànyfirent visite à Siavaguen.
Il les pria de lui rendre sa jeunene, pro-
mettant de leur faire avoir part à ce qu'on
offre aux Dieux dans les grands iacrifi-
;
ces honneur auquel ilsn'avoient pas été
admis jusqu'alors.
Sur cette promesse ces divinités le me-

ensemble,
nèrent dans un étang, ou s'étant baignés
ils en sortirent tous trois
d'une beauté extraordinaire. Sougacanny
les voyant d'une ressemblance parfaite
demanda à savoir lequel des trois étoit
son époux. Après l'avoir reconnu, elle
fut charmée de trouver en lui un jeune
homme si accompli.
Tandis qu'un jour ils se livroient à
toute leur ardeur, le père vint pour les
inviter à un sacrifice; mais au lieu d'un
Pénitent vieux & d'un extérieurnégligé,
à qui il avoit remis sa fille, la trouvant
avec un jeune homme, il soupçonna quel-
qu'infidélité, &: regretta beaucoup de l'a-
voir donnée à un veillard contre la loi,
\fui défend de marier une jeune fille avc:
un homme aussi âgé. Le mystère fut bien-
tôt éclairci,_& célébrer.
vouloir illes
invita àlafête qu'ill

Le Pénitent tintparole Dieux Àj-


aux
vany &leur fit donner une portion des
mets du fiacrifice,malgré les difficultés
qu'opposa d'abord Devendren.
Le Roi Saugniady eut d'autres enfants
nommés, Sandanaparessy Anarten &Pa.
,
ressechen. Anarten fut père de Rayvaden :
Celui-ci, eut cent fils & une fille nom
mée Rcbady. Il établit tous Tes enfants,
& leur donna à chacun un pays à gou-
,
verner. Quant à sa fille ne voulant pas
lui choisir un époux sans consulter Bran-
ma, il partit avec elle pour se rendre au
Palais du Dieu. En entrant il le vit oc-
cupé à quelque chose d'important, & se
retira un moment auprès d'une colonne
du Palais. Ensuite il adora Brahma <Sc
lui demanda coofeil pour l'établillement
desa fille. Le Dieusourit, & lui dit:
croyez-vous trouver à votre retour dans
le monde vos parents & alliés pour choi,
hr un époux à votre fille? Dans le feu!

de cette colonne ,
instant que vous vous êtes arrêté auprès
déjà 27 fadiryougam
( 3 24,000 ans divins) se font écoulés ;
tous vosenfans, parens, amis, & leurs
descendans font morts il y a long- temps.
On est maintenant à Douvabarayougam
(3eme.ge du monde ). Retournez au plu-

avez nommée Coussaladam ,


tôt sur la terre. Votre ville, que vous

chanfée, & fous le nom de Douvara-


est toute

guey a été reconflruite 3


par Vichnou qui
a pris la forme humaine avec le nom de
Bilaramen. Votre fille trouvera en lui, ;

un époux digne de sa beauté. Ce confeii


fut fidèlement suivi, &: Rebady devint
femme de Vichnou.
Nahaguen, un des fils de Vayvassou-
dtn3 eut un fils à qui il fit porter son
nom; celui-ci vouloit avoir part dans le
bien dont ses frères avoient hérité de
leur aïeul ; mais il lui conseilla d'aban-
donner cette prétention, & d'aller se
joindre à des Pénitens qui ayant com-
mencé un sacrifice se trouvoient arrêtés;
faute de savoir quelques formules elIen-
il
tielles, sur lesquelles leur donneroitdes
instructions, il étoit certain qu'en ré-
compense ,ils lui remettroient le reite
dela somme employée au sacrifice.
;
Nabaguen suivit le conseil de son père
mais lorsqu'il emportoit l'argent qui lui
avoit été donné; Siven fous une forme
humaine d'unetfature prodigieuse, vint
à sa rencontre & réclama le tout; le Dieu
ajouta qu'il allât trouver son père, & que
lui-même s'en rapportoit à sa déciiion.
Le père de Nabaguen décida en faveur
(il
de Siven, préside & est rénumérateur
des sacrifices).
Le fils aussisincère que le père porta
cette réponse à Siven & lui remit la som-
me. Ce Dieu satisfait de la probité de
l'un &: l'autre, lui en fit don.
Nabaguen eut pour fils Ambalichen.
Celui-ci fut si religieux àdorateur derich
nou, que ce Dieu mit sa principale arme
à sa difpohtion, ordonnant qu'elle obéit
à ses commandemens. Un jour ce Prince
avoit, à Ton ordinaire jeûné le onzième
jour de la lune, ôc donné un repas le
douzième aux Brahmes, déjà il seprépa-
roit à prendre de la nourriture, loriqu'ar-
riva le Patriarche Dourouvajfen qui de-
manda aussi à manger : il fut reçu avec
la plus grande politesse. Le Pénitent étant
allé au bain y resta très-long-temps.
,
Ambalichen voyant que le 12e. jour de
la lune alloit finir, sans que le repas fût
fait, comme exige la loi, prit un peu
d'eau par le conseil de quelques-uns des

,
grands personnages qui étoientprésens.
Doùrouvcijjhz arriva alors & se mit en
colère de ce qu'il avoit bu de l'eau sans
attendre son retour. Pour le punir, il
arracha un de ses cheveux,& le jettant
contre terre, il en sortit des fpeétres énor-
mes qui se mettoient en devoir de dévo-
rer Ambalichen. Celui-ci prononça le nom
3
de Vichnou en invoquant ion iecours.
Aussi-tôtl'arme du Dieu détruisit tous
,
les spectres auroitaussi tué Dourou-
&:
Vaffill s'il n'eût pris la fuite, & cherché
Un asyle auprès de Brahma & de Siven;
mais leur protection lui fut refusée. Il
alla se prolterner aux pieds de Vichnou
qui lui dit qu'il n'étoit plus en son pou-
;
voir de le sauver du péril qui le menaçoit

adorateurs ,
que lui-même lié par les mérites de ses

,
étoit obligé de les suivre
comme une vache fuit ses petits de forte
qu'il pardonneroit plus aiiément les cri-
mes qu'on commettroit directement con-
tre lui. Le conseil qu'il lui donna fut
d'aller promptement se jetter aux pieds
de celui qu'ilavoitoffensé.Dourouvas-
fin s'y fournit ez trouva dans son adver-

O
Viroubaguen fut
o
saire un ami tendre & généreux.
Ambalichen eut trois fils nommés Vi-
roubaguen Sedoumanden & Samben.

;
père de PrachadaJJbii-
ven y père de Radiraden
sortit une race de Brahmes.
de ce dernier

Icchouvakou filsde Vayvaffouden eut


cent fils. Vigoucchy,Nimi,&Denden,
les trois plus célèbres furent Rois, l'un
d'Ereayartam le fécond $ImkorÔc le
troisième de Vindiam.Vingt-cinq de ses
,
filsfurent Rois des pays de l'Est 25 du
paysdel'Oued [r les autres régnèrent
,,
e'i différentes contrées,
Vigoucchy étoit toujours dans la mai-
ion paternelle. Un jour son pjre l'envoya
dans le défert chercher quelque venailon :

' pour un sacrifice. Vigoucchy eut faim &


mangeaunmorceau dechevteuil, dont il -

mit le reste dans un des paniers où étoit la


provision pour le sacrifice.Le père àverti
parIon grand Directeur,Vassister,d'une
telle irrégularité s'emporta contre fou
fils le chassa de sa maison.
&:
Lors qu' Icchouvakou se fut retiré du
monde,Vigoucchy revint & prit les rênes
du Gouvernement, Il eut pour fils Pàu- ;

roncuen qui par ses armes humilia les

j
<

Géants, de fut père de Concnpère de


Proudou père de Vissougrindy, père de ",

Sartdren, père deOuvanassiven père de


; ,
Sabasty celui-ci bâtit une ville de fou
nom &: fut père de Pragasdasven, père
de Couvalayassouven : Ce dernier eut
;
vingt & un millefils mais tous furent
brûlés
par un feu qui sortit du visage d'un
Géant nommé Saumiainden : trois Seu-
lement furent préservés de cette mort :
ces trois font Patrçjjâuven Troudajjàu-
ven &c Cabilassauven. leur père Conva-
_,
layajjouven tua le Géant.
Souvanassouven un des Rois de cette
race, quoiqu'ayant épousé cent femmes,
ne pouvoit avoir d'enfans; il fit faire un
sacrifice de propitiation pour en obtenir.
La veille du jour du sacrifice, ce Prince
eut fois & se leva du lit pour prendre de
l'eau, tandis que tout son monde dor-
moit. Trouvant fous sa mainl'eau luflrale
que le sacrificateur avoit préparée, il la
but sans la connoître & devint lui-même
enceint. Le iic. mois son ventre se
rompit, de ayant mis aumonde un fils ,
il n'échappa à la mort que par les plus
grands loins. L'enfant nommé Mùnba-
il
den fut grand guerrier; vainquit !e>
Géants, & epouraVindoumady, fillede

,
den3 & 50filles.
,
Sassibendouven, ileut trois fils nommés
Parougoutchen Ambalichen UouSîgoun-

Un religieux nommé Saubary, faisoit


alors pénitence au bord du fleuve de Ca-
linady. Quoiqu'usé par l'âge &.par une
vie austère, l'exemple des poiirons qu'il
voyoit se multiplier lui fit naître l'envie
d'avoir femme & enfans.. Il quitta la
grotte, & alla trouver le Roi à qui il
demanda en mariage une de Tes filles.
Le Prince fort surpris de voirce vieillard
luifaireunepareille demande craignoit
,
d'attirer la, malédi&ion en se refusant. Il
lui réponditque les filles des Rois, ne se
donnoient point sans leur agrément : que
ctoit la coutume de leur remettre des
guirlandes de fleurs, qu'elles font mai-
treilès de paffer au col deJamant qu'elles

,
choisissent. Le Pénitent accepta la con-
dition & prenant une forme d'une beauté
éblouiiTante il se préfenca dans les appar-
femens des Princesses; toutes aussi-tôt
devinrent amoureuses de lui, & il épousa
les cinquante; elles le suivirent au dé-
sert, où illeur procura des appartemens
magnifiques & toutes fortes de commo-
*
dités.
,

Le Roi Monhaden, donna en adoption


son fils Ambalichen à son grand père.

j :
Parougoutchen l'aîné de Tes enfans fit pla-
ceurs conquêtes il fut père de Sraga-
Jhttiçi père d'Anarronnien qui se difiin-
gua entre ceux qui combattirent contre
Ravarien le Géant.
Le Roi Terijfangou a été de cette race:
il fut maître de l'univers pendantl'espace
de 1,000,000 fadyryougam. A la fin de
ce temps il fut infidèle à ion Directeur,
qui, pour ce crime, le maudit, ledé-
grada de sa noblesse, & il eut depuis le
surnom de pécheur. Ce Roi le mit alors
fous la protection de Vijvanatren, & par
[Qn secours il pénétra corporel lement en
Paradis. Les Dieux outrés de cette har-
diesse le repoussèrent si vivementqu'il
tomba latête la première; mais son Pro-
tecteurl'arrêta dans les airs, où il lui
forma un Palais dans lequel il cil en-
core,

,
les & abhorrant
,le
Aritchandren, fils du précédent, fut un
Prince jufle, fage fidèle dans Les paro-
mensonge. Son Di-
recteur Vaffifler le vanta beaucoup dans
l'allemblée des Dieux. Kifvariatren prit

;
la parole 6c dit qu'il étoit aile d'être juste
& intègre dans la prospérité mais que
si son Protecteur le permettoitil le met-
troit tellement à l'épreuve qu'il le feroit
faillir.
;
Un pari fait Visvanatren va trouver le

;
Roi & luisaitartiifcieufement la demande
d'une somme exorbitante le Prince
sans défiance ne conlultant qu'un pre-
3
mier mouvement de générosité la lui pro-
mit. Tous les biens de sonRoyaume ne
pouvant suffire à acquitter sa parole; il
vendit ion fils & se vendit lui-même à
un homme de la plus vile race. Il fut con-
traint de se séparer de son épouse & de
ion fils, lequel mourutmordu d'un fer-
pent. Enfin réduit à la mendicité, il fer-
Voit ion maître pour un peu de riz. Ce-
pendant dans tous ses malheurs il con-
serva la paixde l'ame. Jamais il ne mur-
mura contre la Providence, & ne témoi-
gnaaucun ressentiment contre ses enne-
mis. Par cette conduite ayant méritél'es-
;
time la bienveillance de tous les Dieux
il fut rétabli dans son ancienne gran-

OD
deur, &: ion fils fut rendu à la vie. En-
core une chose bien étonnante dans cet
événement, c'est que la femme d'Arit-
chandrcn soutint elle-même ces adversi-
tés avec autant decourage & dé réiigna-
tionque ion époux.

,
Aritchandrenainsi rétablisongea à of-
ssir à Dieu une victime humaine en la-«
'crifice. Son fils Loguidafcen s'éloigna de
crainte d'être immolé. Le Roi acheta à
prix d'argent un jeune homme nommé
Sounaeinenfils d'Assaguirten pour le fa-
crisser à la place de ion fils. Ce jeune
homme eut l'adressed'émouvoir la com-
passion des sacrificateurs, &Lil fut fauvé
de cette mort, violente.
Loguidafcen fut père d'Areden 3 père
de Samaen qui bâtit une ville de ion nom.
Ce Prince eue un fils nommé Soudiven
père de Baraden, qui fut père de Bagou-
guen lequelayantété vaincudans un com-
3
bat, mourut dans un défert où il s'étoit
réfugié.Sa femme se préparoit à ie jeter
au feu avec le corps de Ion époux lors-

,
que le Pénitent Avouraiven l'en empê-
cha parcequ'elle étoit enceinte. En effet
elle mit au monde un fils nommé Sa-
garen , à qui le Pénitent donna une édu-
cation conforme à sa qualité. Ce jeune
Prince marcha contre les ennemis de
[on père. Il les vainquit & fournit les
Rois d"Agai,-,an, Cottanam, Ccnnam 3 So-
gam3 Prabaram, & de plusieurs autres
contrees. Sagaren a été un des six souve-
rains qui ont commandé à toute la terre,
Il épousa deux femmesnommées Sou-
mody ôc Quessiny. De la première il eut
loixante mille enfans; la dernière n'eut
qu'Assamangen. Celui-ci devint contem-
platif atrabilaire. Il tuoit les enfans de
la ville,&c ensuite les reflufcitoit pour
appaiser la colère de son père, qui ne
pouvant plus iouffrir sa férocité, le chalia
de sa préience : il avoiteu un fils nommé
Anguiffamanden.
Sagaren nonmoins puinant qu'opulent
voulut faire cent fois le sacrifice du che-
val. Déja le centième étoit commence,
lorsque la jalousie porta Devendren à le
traverser. Il enleva la victime dellinée
au sacrifice de l'attacha malicieusement
dans l'endroit où Cabiler se tenoit en
contemplation. Les loixante mille enfans
de Sagaren étant allés à la recherche du
cheval, le trouvèrent auprès de ce Péni-
tent ;ils crurent qu'il étoit le voleur èc.

eux un regard d'indignation


bèrent morts.
j
l'accab lèrent d'injures.Cabiler jeta sur
ôc ils tom-

Sagaren voyant que ses enfans ne re-


venoient point, envoya Angu/JJamandeti-
son petit-fils pour en avoir des nouvelles.
Celui-ci, après une longue recherche,
informa son grand-père de la mort de
ses oncles. Le Roi se démit de la royauté
en sa faveur 3c seretira dans les déserts
oii il mourut dans la pénitence.
Anguissamandcn3 après avoir gouverné
quelque temps avec gloire remit la cou-
ronne à son fils Tiliben 3 & se consacra
à la vie pénitente pour obtenir le Gange,
dont les eaux encore dans les airs pou-
voient faire revivre sa famille; mais il
mourut sans l'avoir obtenu. Ti/iben eut
le même fort. Son fils Baguiraden, eut le
courage de se livrer également à la péni-
tence dès l'âge de 16 ans. Il conjura la
Dédie Guenga de se rendre sur terre
elle répondit qu'elle ne le pouvoit sans
;
la permiilion de Brahrna : Aussi-tôt Ba-
guiradencommença une rigoureuse péni-
tence en son honneur. Ce Dieudéclara
qu'il ne verserois point cette eau aux
pieds de Vichnou sans son consentement;
une nouvelle pénitence fut faite en l'hon-
neur de celui-ci, qui dit que l'interven-
tion de Sivenétoitabsolument nécessai-
re. Enfin ce dernierdaigna se rendreaux
ardentes prières de Baguiraden. Il fut or-
donné à Guenga de suivre les traces de
Son char, & de lui rendre le service qu'il
désiroit. Le Prince marchoit devant, &.
;
Guenga le suivoit mais lorsqu'ils passè-
rent proche du jardin d'un Pénitent
nommé Sanncu celui-ci craignit que le
>
torrent ne ruinât son jardin; il prit tou-
tes les eaux dans Ses mains comme une
petite boule &: les avala. Baguiraden J
après avoirencore fait une austèrepéni-
tence en l'honneur de Samiou obtint

;
enfin ce qu'il demandait. Le religieux
versa le Gange par son oreille les cen-
dres des 60,000 enfans de Sagaren fu-
I
rent humectées par cette eau vivifiante,
& aussi-tôttousressuscitèrent. Cepen-
dant ce ne fut pas pour vivre dans ce
monde, mais dans le paradis de Viclznou.
C'efi en mémoire de ces évènemens que
le Gange porte les noms de Sannounady,
Baguirady 6c Viclznoubady.
Baguiraden fut père de Vissouraden,
père de Bagavcn qui eut pour fils SÙzdou-
diben père de Roudouberounen, qui fut
ami & compagnon du grand roiNalen.
RoudouberounenayantoffenséunGéant;
celui-ci se traveflit & se fit Ton cuisinier.
Or un jour que ce Prince donnoit un re-
pas à Ton directeur Vassister, le Géant cui-
sinier servit méchamment de la chair hu-
maine. Le Patriarche l'ayant reconnue
pour telle, condamna le Roi, pour son
impru d ence a être lui-même Géant pen-
j
dant douze ans. Le terme de la malédic-
tion étantfini,la reine conçut un fils qu'elle
porta sept ans dansson fein. Ce Prince fut
nomméAssoumocuen & fut père de Riga-
veil. Ce dernier fut préservé de lamort par
lesfoinsdesfemmes d'Ayoty-, lavilleroya-
le, lorsque Vichnou, fous le nom de Pa-
raframen,extermina tous les Rois &. leurs
enfants.Rigaven fut père de Visvaguen

Pnfdivanen 3
,
père de Cattouvanguen, qui eut pour fils
Tircavaguen, père de Ragou père de
père &Afren3 qui fut père
de d'Assaraden, père de Ramen.
Dajàradeiz fut Roi d'Ayory (nom de
la capitale de son royaume) pendant
60)000 ans. Après ce temps il fit un fa-
crifice
trifice pour obtenir des enfants»Tandis
qu'il en remplissoit les rites, Brakma Se
tous les Dieux furent trouver I/ichnou,
pour le plaindre des vexations du Gant
Ravcinen. Ce Dieu les conlola, & pro-
mit de se faire fils de Dassaraden fous le
nom de llcmen pour détruire cette race
impie. Selon la parole, il naquit de la

Gaussally;
première femme de ce Roi nommée
Cayguessy sa fécondé femme
mit au monde un fils nommé Baradai ;
la 3cnle. nommée Soumocetrey eut deux en-
fanes nommés Lacchoumanen & Satrou-
guen; ils reçurent de Vajjiflell une édu-
cation conforme à leur naissance.
Visvanatren sommaDassaraden de te-
nir une promesse qu'il lui avoit faite
d'envoyer les eniants combattre contre
quelques Géants qui mettoient obstacle
a un sacrifice.
Ramen & Lacchoumanen furent char-
gés de cette expédition. Ils vainquirent
les ennemis, & firent une foule d'ex-
ploits glorieux. Ramen, par l'attouche-
ment de Ton pied, rendit sa première
-
forme à une femme qui par la malédic-
tion d'un Pénitent avoit été changée en-
Il
;
pierre. épousa ensuite une princesse
nommée Sidey de ils retournèrent à
Ayoty.
Quelque temps après Ramen de Lac-
cholufzanen furent obligés de quitter la
1
maison paternelle, par rapport à la ja-
:ils
lousie d'une dé leurs belles-mères en-
trèrent dans les déserts avec Sidey par-

,
coururent toutes les retraites des Péni-
à qui ils rendirent des services

,
tents
très-eiïentiels, en réprimant l'audace des
Géants & des Géantes qui maltrai-
toient ces saints personnages. Ils passè-
rent ainsi un temps conlidérable & jus-
qu'à ce que la femme de Ramen fut
enlevéeparRavanen, Roi de l'isle de
Ceyîan.

:
Ramen aussi-tôt leva des troupes de
jQnges il se servit d'eux pour tranlporter
des montagnes de en faire un pont, qui
joignoit l'isle aucontinent. Il vainquit
les Géants, tua Ravanen & ayant inf-
tallé sur le trône le frère du vaincu nom-
mé Viboucheten il retourna à Ayoty ;
.,
ion père étoit mort depuis quelque
tem ps.
Ramen régnapaisiblementpendant onze
mille ans, il apprit alors avec chagrin
que l'on plaifantoit de ce qu'il avoit re-
pris pour femme celle qui avoit été au
pouvoir d'un Géant. Sidey fut répudiée,
Ôc elle se retira dans un monastère qui
étoit fous l'infpe&ion du Patriarche ral.
miguen. Quand elle quitta son époux,
elle étoit enceinte de deux Jumeaux qui
furent nommés Couffin & Laven : Val-
mlguen leur donna une éducation con-
venable. Quelque-temps après la chasteté
de Sidey ayant été pleinement jufiifiée,
ils furent reconnus de leur père qui gou-
verna encore onze mille ans. Ses fils lui
succédèrent.
Couffen eut un fils nomméAdidien,lequel
3
fut père deNichten, qui fut père deNaben
père de Poundariguen, père d'Icchimadi-
nUl; de ce dernier naquit,après vingt
& une générations, Morontchouden qui

Colibam;
mène une vie pénitente dans le village de
il y fera jusqu'à la fin du Ca-
lyougam ( q uatri ème âgepériodique du
monde alors prêt à commencer sa cour-
se), pour, dans l'âge fuivanr, renou-
veler la génération des Rois de la race
du Soleil.
Marontchouden eut pour fils Pradouf-
ravcn père de Sandy père d'Ambarouch-
tenen, qui fut père de Quissouvanden,
père de Vesvavassou qui eut pour fils Pra-
garpalen qui combattit contre votre père
pour Triodaren, & mourut dans le com-
bat.
Je vous parlerai maintenant de la géné-
ration future de Pragatpalen. Ce Prince
laiua, en mourant, Ion épouseenceinte
de Pregatrouneri qui fera père de Rechen,
père de Yarjàviouguell qui aura pour
fils Pridiviouguen, qui fera père de Pa-
nouen 3 père de Sagateven 3 père de Pa-

;
roudaften, père de Mounden : ainu par-
feront vingt six générations ensuite for-
tira de la même lignée Soumoutren qui
fera le dernier de cette race de Kigouc-
chy filsaîné d lcchouvakou.
Voici les descendants deNimy fécond
fils d'Icchouvakou.Nimy fut père de Ce -
naguen3 père de Soudasven, père de Var..
tanen père de Sougateven,père de Deva-
;
laden
_,
celui-ci eut pourfilsPragapounen,
père de Cenaguen, lequel sassant préparer
,
un terrain pour y bâtir une salle de facri-
sice, trouva fous terre une fille nommée
Sidey y c'est elle qui a été femme de Ra-
men.

;
Darmatouvaffen fut fils de Cenaguen,
& père de Candiccayen à commencer de
à
ce Prince jusqu l'extinction de la race
de Nimy, on doit compter trente géné-
rations. Le troisième fils d'Iccouvakou n'a
point eu de postérité.
Je vous ai expose, dit Souguen, un
Précis Généalogique de la race Royale
descendue du Dieu qui préside au Soleil,
je parlerai maintenant de celle de San-
dren> qui préside à la Lune.
Jadis Sandren fils du grand Patriarche
3
;
Atrien enleva Tarey femme de son Di-
recteur Brahsbady celui-ci porta plainte
à Devendren, qui assembla son armée 6C
marcha contre Sandren. Celui-ci eut pour
alliés les Géants ëc Soucraffaraz leur Di-
recteur : Siven lui-même protégea-San-
dren contre ses ennemis. Brahma s'entre-
mit dans cette affaire, désapprouva hau-
tement la conduite de Sandren & fit ren-
dre Tarey à son époux. Peu après cette
Princesse enfanta Bouden & il y eut aij

;x
sujet de cet enfant un nouveau différend
entre Sandren & Brahsbady chacun pré-
tendant qu'il lui appartenoit. Le procès
fut terminé par Brahma & les autres
Dieux en faveur de Sandren.
Bouden eut d'lIa un fils nomméPau-
rourven, qui fut père QEyen & de cinq
autres enfants.
Eyen eut pour fils Nagouchen, qui
après avoir fait cent Yagam3devint De
vendren. Le frère de Nagouchen nom-
3
me Tchetravrouden se rendit célèbre.
j
& eut une lignée de quarante sixgéné-
rations.
Nagouchen eut cinq fils nommésYadien,
Eyadien Sanguiadien Niadien & Crau-
, 3
dien. Le premier se fit Religieux. Le fe-
cond,après avoir conquis les pays duN ord,
,
où il fut Roi, donna ceux du fud del'est
& de l'ouest à[es trois autres frères. Il eut
pour femme Dayveney fille de Souden; elle
mit au monde Yadavou,Jadon, Anounen
& Pouvouvassen.Eyadien ayant eu com-
merce avec une fui vantede safemme,nom-
mée Canmifly, en eut Trauguien&cPou-
raney. Son beau-père fâché de cette amou-
rette prononça contre lui une malédic-
tion, qui sur-le-champ le rendit vieux.
Ce Princes'étant raccommodé avec son
épouse, ilsprièrent Soucren de le rétablir
dans sa jeunesse: sa réponse fut qu'il pou-
voit changer, mais de gré à gré sa vieil-
lesse contre la jeunesse d'un de ses en-
;
fants.Eyadien le proposa à tous il n'y
eut que Pourouvassen qui y consentit. par
ce moyen ayant recouvré sa jeunesse, ii
;
én jouit quelque temps il la rendit en-
fuite à son fils avec la Royauté, & se re-
tira dans la solitude.
X
>
Pourouvaffin eut pour fils Cenamecien
père de Paravisouvanguen, père de Predi-
3
yertn père de ManajjÕuvy père de Sa-
roussouden qui fut père de Doundounidy,
3
père de Soudien père de Vegougueven,
qui fut père de Sanguiady père de
,
Yagny bère de GavoluraJJien, lequel
y
épousaSroudatchy de la tribu des ber-
3
gers , il eut de cette PrincesseRoudecchen,
Cadecchen St huit autres enfants.
Roudecchen eut pour fils Andigaren,
père de Soumady, qui eut pour fils Gavy
père de Minougandou. La postérité de ce
dernier forma une race de Brahmes.
Rammien, fécond fils de Soumady fut
père de Nelen père de Douchtanden. Ce
dernier étant allé à la chasle eut com-
merce avec Soug-Qundeley : elle mit au
monde Sorudeminen que le père reçut
pour être de lui., sur l'assurance qu'en
donna Agaffatani. Cet enfant fut nommé
Baraden; c'est de lui que votre famille
tire son origine & son nom de race.
Baraden fut undes plus célèbres cou-
quérans il fournit tous les Rois de l'u-
j
nivers. Il pénétra ensuite dans les aby-
mes & vanquit les Géants. Il fit 78 sa-
crifices au bord de la rivière d' Yamouncy>
& 55 au bord du Guenga. Il eut trois
,
fils mais leurs mères les tuèrent, ne les
jugeantpasdignes d'un tel père. Cette
cruauté lui causa une vive douleur. Il fit

,
un grand nombre de sacrifices d'expia-
tion & donna beaucoup de vaches de
d'éléphants aux Brahmes. Les Dieux
voyant que Baraden n'avoit point d'en-
fant, lui en firent adopter un nommé
Vitten. Il fut installé sur le Trône fous
le nom de Baratouvossen. Voici quelles
furent son origine & sa postérité.
Erahsbady devint amoureux de la fem-
me de son frère aîné, Se neconsidérant
ni la qualité de belle-sœur, ni l'état de
grossesse ou elle étoit, il lui fit violence.
L'enfant qu'elle portoir, outré de cette
infamie, repoussa d'un coup de pied la
semence, elle tomba en terre & produisit
ce prince nommé Baratouvossen. Celui-
ci eut pour fils Mannitn père de Praga
guien père de Randideven qui fut renom-
mé pour son excessive libéralité. Il dé-
pensa tout son bien en dons faits avec
profusion. Ainsiruiné, il se retira dans
les déserts avec sa femme 6c ses parents,
où ils manquèrent du nécessaire pen-
dant 48 jours. Enfin ilstrouvèrentmira-
culeusement quelques aliments. Au mo-
ment ou ils alloient manger, arriva un
Brahme qui leur dit être dévorédefaim:
Ils lui firent part de ce qu'ilsavoient.

;
Presque au mêmeinstant survint un Sou-
tren, demandant aussi à manger celui-ci
fut suivi d'un chasseur qui fit la même
prière; on leur donna ce qui restoit. Alors
parut un homme d'une baffe tribu mou-
rant de fois : Le Roi lui fit donner un
peu d'eau réservée pour lui. Brahma, Si
vert & le dieu de la mort ne purent être
à
insensibles tant d'humanité &; de gené..
rosité, ils Ce préfentèrentà ce Prince pour
lui accorder leurs faveurs. i

,
Randideven fut père de Progacchata-
ren, père d'Asty qui bâtit une ville de
son nom &: fut père d'Affanaden père
de Pragadechten père de Brahmadelen
,

qui acquit le nom de fage. Le fécond


fils d'Assanaden, nommé PouffojJÕuven

;
eut pour fils Cambilen, qui fit bâtir une
ville célèbre sa poflérité est connue
fous le nom dePenjalam. ,!

Mourcalen, frère aîné de Cambilen,


devint Brahme, ileut un fils nqmmé

Coudamen;
DelÓdaffin & Agaly qui fut femme de
cette Princede enfantaSada-
nandelZ, père de Sattiacrouti père de
Satouvanden, celui-ci conlidérant trop
attentivement la belle Ourvassy, son
corps fut pollué, & sa semence tombant
dans des roseaux, y produisit un fils de
une fille nommés Croubasserien & Crcu-
6y : La fille fut mariée a Tronen.
Dourpaden naquit de la race de Delà-
daffen il fut père de Douchtatouymen 6c
de Trovadey.
Songavarounen, -3e. fils d'Assanaden,
- -

eut pour femme Dabady fille de Sourien;


de cette Princesse naquit Courourayen,
dont le Royaume fut nommé Courouc-
cketram.
Ce Roi eut quatre fils, Paritchitouy

;
Anjoudanaven, Silaven ôc Nickarden.
Paritchitou se fit Religieux Anjouda-
naven son frère puîné fut père de Siaven,
père de Credy père de Oubarijja'vajjen ;
celui-ci eut plusieurs fils, dont les deux
aînés furentPragatrouden & Natcharayen.
Le premier eut deux femmes auxquelles
Un Pénitent nommé Sandagavoussiguen
donna une mangue (fruitde lInde) ; elles
,
la partagèrent, & elles conçurent; mais
chacune n'accoucha que d'une moitié

;
d'enfant. Ces membres ainsiséparés ayant

:
été inhumés une Géante nommée Sirue
les déterra 6c les réunit Ce Prince
nommé Sonifanden, fut Roi du pays de
Crivroussam & père de Sogateven3 père
,
de Saboly père de Croudaffarven.
y
Silaven, 3e. fils de Courourajen, fut
père de Souraden père de Vidouraden,
père de Sorvabaumcn 3 qui eut pour fils
Gaicinen,père de lrady, père d'Arou-
j
ben père de Crodanen pèredeDebadz-
dyy père de Rouguen, père de Bimace-

Izen, père de Prédlben qui eut trois fils

:
nommésDebaby, Sandanen3 <Sc Baguih-
guen. Le premier se fit Religieux il avoit
le don de rendre la jeunelle à tous les
vieillards qui le touchoient.

,
Devendren jaloux d'un pouvoir si glo-
rieux empêcha la pluie de tomber dans
le Royaume pendant douze ans. Sanda-
nen ayant consulté les Brahmes, ilslui.
dirent que c'étoit en punition de ce qu'il
s'étoit non-seulement marié,tandis que
son frère aîné n'avoit pointde femme,
maisqu'il avoit pris la couronne à ion
préjudice. Surcette représentation ce
Prince alla trouver son frère dans son
monastère, il le pria deserendre au pa-
lais &: de monter sur le Trône. Debaby
s'étant fait Pénitent, ne voulut pas quit-
ter la manière de vivre. Alors les grands
du Royaume & les Brahmes décidèrent
que Sandanen n'étoit plus coupable, &
;
qu'il méritoic d'être Roi dès-lors la pluie
3
tomba en abondance. Baguiliguen frère
de ce Prince, eut pour fils Somadatten,
3
père de Bouri de Siraven & Salouven.
Jadis Mababichtenen devenu amoureux
de la déeiTe Guenga, fut maudit par
Brahma. Dans une seconde génération il
se fit Sandanen (c'est le Roi précédent)
&; eut commerce avec Guenguey qui mit
au monde Bichtmen. Ensuite il eut pour
femme Sattiavody fille de Daffarayen &
eut deux fils nommés Sitrangaden & Vif
fitraverien.Sitrangaden fut tué par un
ange Guendarven. Sattiavody étant en-
core vierge, & non mariée, avoit eu
commerce avec le Patriarche Parassen,
elle en eut un fils nomméViassen au-
3
teur des 18Pooranam ou histoires sacrées,
& je fuis son fils (c'est Souguen qui parle).
Viffitraverien épousaAmpecey & Am-
paticey & mourut peu après.
3
Les deux veuves eurent commerce avec
f^iajfen^ &c elles eurent chacun un fils
nommésDroudaRacchaden 6çiPandoucn ;
Une de leurs esclaves avec qui ViajJèn
eut aufll commerce, mit au monde ri..
douren.
DroudaRacchaden eut pour femme
Candary qui mit au monde cent & un
,
fils, dont Triotaren fut l'aîné elle eut
r
aussi une fille.
Pandouen maudit par un Pénitenr,
abandonna ses deux épouses Counddy qz
Matiry. Elles eurent commerce avec les
dieux Chourien, lTamen J/rlyou & hidren.
Counddyétant encore vierge avoir déjà eu
Carnen de Chourien. Après que ion mari
l'eut abandonnée elle eut trois autres
fils, qui font Darmen Vimen, & Art-
,
chounen. Matiry ide. femme de Pandoucit
enfanta deux fils
nommésNagoulen de
Sogateven. Ces cinqfrères ont eu pour
femme commune Drovadey qui eut cinq
,
filsnommés Pridyvendayen , Sroudacc-
nen, Sroudaquirty,Sandaniguen & Srou-
davarmen.
lui seul nomméeGavarady ;
Darmen eut une femme particulière à
elle enfanta
Devaguen & Vimen. Le frère puîné de
Darmell eut Cadocaflèn de sa femme par-
ticulière nomméeIdoumby & Scrvague-
den d'une autre femme nommée Ra-
voujjy.
Artchounen eut trois femmes, la pre-
mièrenommée OulouJJy : eut pour fils
; ;
Ilavanden Sitrangadey
Pourandaren
sa fécondé fem-
Abimounen fut fils
me eut
de la troisième femme nommée Souba-
trey. Pourandaren fut élevéchez son grand
père.
Nagoulen eut pour fils Viffayen de sa
premièrefemmeparticulière
;
J^ijjey
nommé e
(k. Nirmatou deVaroumadi sa fé-
conde femme.
Sogateven eut pour fils Virassoucotren
de sa femme particulière nommée Ciey.
Ahimounen futvotre père (Souguen parle
àJParicchuou).Votre mère, Outrey > vous
portoit dans son fein, lorsque Ajvatamen
décocha contre vous une flècheenflam-
mée,
mée, dont vous mourûtes; mais Vich-
7lOU l vie. V
vous a ren d u a la Vous ctes père,
de Cénamécéan, & de trois autres fils;
le premier fera dans la fuite un sacrifice
de serpents, & détruira une grande quan-
tité de ces reptiles. Il fera aussi le sacrifice
du cheval, & fera père de Sagatranigan,
lequel aura pour fils Assanidassen père
e Afvacrouccken : ainsiforciront de vous
16générations au commencement de
Calyougam. Le dernier de votre lignée
nommé Pragacehatren
,
se retirera dans
,

cera à se montrer
:
le villagedeColibam pour y mener une
J
vie ignorée & pénitente Il ne commen-
qu'à la fin de Calyou-
gam, pour reproduire la race du Dieu
qui préside à la Lune dans l'âge du monde
qui suivra.
La descendance de Sorafanden aura

rations : ,
aussi dans le Calyougamjusqu'à 16géné-
le dernier Roi qui en sortira
après mille ans se nommera Paura-
cean.
Anounen, un des fils d'Egadien a eu
Vichaderpen,Souviren MÙin, & Rue-

,
cayen : C'est d'Anounen que [ortit, dans
sagénération précédente Ouguinaren ,
père de Angarayen ouPilien père de Ca-
lingutn Poundiren Ancren & Vangara-
jenqui tous furent Rois dans les pays
qui portent leurs noms.
Le Roi Sibien qui conquit tout l'uni-
vers,étoit de cette race. Il fut père de
Sandren père de Darmamaden père de
3
Ramabaden. Ce dernier n'ayant point
d'enfants, adopta la fille du Roi Daffa-
daren nomméeSandy. Ce Prince dans
unegrande calamité, par défaut de pluie,
ayant fait venir dans son pays le grand
Pénitent Reckiafringuen j par l'entremise
des danseuses consacrées aux Dieux,
il lui fit époufer sa fille adoptive. Dans
-
la fuite Ramabaden, eut un fils nommé
Sadourangue, qui fut aïeul d'Adiraden;
c'ell: ce dernier qui éleva comme son pro-

dessus.
pre fils Carnen
avantsonmariage, , que a ci-vu eu
Coundy avoit
comme
;
(àrnen fut père de Praccdaguen celui-
ci eut un grand nombre d'enfants, qui
par leur stupidité devinrent Miletcher,
(barbares,ignobles, impurs), la race de
Trougueen le devint aussi par la malédic-
tion d'Eyady.
Dourouvassen fut père de Vanassy,
qui eut pour fils Panoumanden père de
-,
Sorandamen père de Marouten qui
3 3
n'eut point de postérité par la malédic-
tionSEyady.
Voici, maintenant la defcendarice
,
d'Yadavou dans laquelle Kichnou s'eifc
fait homme fous le nom de Chrisnen.
Yadavou filsdeDeyvayaneyeut Sa-
dasistou & trois autres fils. Sadafiflou fut
père de Gaen Venougaen & Ayagatn.
3
Ce dernier fut père de Darmen qui fut

père de Soumacrouchtnen ,
père de Natren père de Caundirajen,
3
père de Bou-
tracenen, père de Dourmaden, père de
Sounaguen, père de Croudaverien & de
trois autres enfants.
Croudaverien fut père de Cartiviriart-
chounen, qui futdisciple de Detatreans
qui institua l'exercice de la contempla-
tion extatique. Croudaverien conquit
toute la terre & la gouverna pendant
8 8,000 ans; ensuite illivra combat con-
tre Paraframen (Vichnou incarné fous ce

;
nom) & fut tué, ainsi que mille de ses
enfants
la mort.
cinq feulement échappèrent à

Ceytrouvassen, l'aîne des cinq Princes


échappés à la mort, eut pour fils Dala-
finguen, qui lui-même en eut cent. Le
premier nommé Vidicotren, eut un fils
qu'il nomma Vichnou; Celui-ci eut pour
3
filsMadou qui fut père d'une race nom-
mée Madaven; toutes ces branches font
nomméesengénéralYadaver, à. cause
d' Yadavou leur père commun.
Yadou fécond fils de Vichnou, fut père
de Sechen père de Vroussananden, père
de Broudou3 père de Sitraden, père de
Saffimayndcn. Ce dernier eut cent mille
femmes & un million de fils, ion
nom
fut célèbre dans les quatorze mondes.
Samaden de cette lignée, ehgendra Vi-
3
darpen de sa femme Sayppay lequel fut
père de Dajfariden auteur d'une race
,
qui se nomme Dassarisser. Debabranten
Se Bebranten, étoient de la même fa-
mille; on n'ajamais vu de savansaussi
instruits &,- aussi lages. Par une feule ex-
ils
hortation mirent dans la voie du la-
lut 14065 personnes. Bebranten étoit de
plus fort libéral. Ses defeendants ont été
nommésBoscer.
Debabranten fut père de Soudafitou
y
père de Sitrafitou & de Pracenen.
Souvarguen, deuxième fils de Bebran-
ten 3 eut de Candiny son épouse Acrouren
& neuf autres enfans. Acrouren fut re-
nommé pour sa dévotionenVichnou.
Virouchten son frère fut père de Vedo-
men. Agouguen &Z Agouguey ont eu la
même origine..
C'elt d'Agouguen que sortirent Deva-
guertSe Souracenen. Devaguen fut père de
Debadeten Oubadeven3 Vassoudeven,De-
varten de de Devaguy & six autres filles,
qui furent mariées à Vassoudeven leur
frère.
Souracenen fut père de Cangassen & de
;
pluiieurs autres fils il eut aussi Cangava-
dy' Couguy & trois autres filles qui
,
furent données en mariage au frèrepuîné
de Vassoudeven.
Voici la généalogiedirecte de FaJJbu-

de Debabranten ;
deven. Nous avons parlé de Dajfandcn
ilsavoient un frère
nomméBassamoren, lequel fut père de
Verissen père de Ranassauren,père de
,
Samy père deBossen, père d'Iroudiguen
3 3
père de Devaguen père de Sadidanaven
3 3
& de Croudabarmen.
Ranassauren eut de sa fécondé femme
dix fils, dont l'aîné fut Vassoudeven de
3
cinqfilles dont Pradyétoitl'aînée.
A la naissance de Vassoudeven il y eut
dans les cieux un concert d'allégresse
les Dieux ayant prévu qu'il feroit père de
lcanCll incarné fous le nom de Chrif-
nell. Delà ce Prince a été surnommé por-
teur de joie.
Ranassauren donna sa fille Coundy, en
adoption à son ami Bo..Oèll ci elle fut ma-
riée à Pandouen comme il a été dit pré-
cédenlnlent. Sauroudatevy compagne de
Coundy} fut femme du Roi 17rolltûcor-
rncn , mit au monde Dindavarten.
ce
Soudracroudy autre compagne de Coun-
dy3 fut femme de Drouchtaguedou Roi
de Quegayam. De cette Princesse font
fortiscinq fils appelés Quegayer. La sœur
de Soudracroudy nomméeDemacocchy
y
fut femme d'un Roi de Cidy , & eut
pour fils Sissoubolen.
Vassoudeven eut de sa femme Rogany,
Bilaramen Se pluseurs autres enfants; il
eut de Torah, Potren, Soupotrcn & dix
;
autres fils de la femme Matiry naqui-

Nander ;
rent Nanden de plusieurs autres nommés

mé Guissey;
de Gai/JJally il eut un fils nom-
de ia femme Lossaney na-
vquit Astaromanganden; d'IJfafwufanguyy
il eut Ouroubilen & plusieurs autres fils;
de Sritevy il eut Vamafanguen; de De-
barangy naquit Quedan; de Sogadevy il
eut entr'autres Pourven Se Souroudamou-
guien : Enfin Devaguy fut mère de Bala-
ramen de Sangrouchen de Vichnou fous
y
le nom de Chrifnen & de Soubatrey
y -"
Inere de votre père.
CeDieu qui est invisible & sans corps,
Tout - puissant & infini s'incarne ¿:''C
y
prend ainsi des formes relatives auxcir-
constances pour lesquelles il se meta-
morphose. Le motif de ces apparitions
effc toujours de remettre en vigueur la
pratique des vertus relâchées, 8¿ de dé-
truire ou poier un frein à la méchanceté
à
parvenue ion comble. Celui qui a donné
l'être à toutes choies, peut prendre telle
figure ou forme qu'il lui plaît.
Les Rois devenus méchants à l'excès;
Paraframen en détruisit un grand nom-
;
bre Chrifnen efl venu achever cet ou-
vrage utile & nécessaireau monde, acca-
blé fous le poids de l'iniquité. Brahma,
Chiven &: tous les habitans des Cieux ne
pourroient exprimer l'ineffable grandeur
de ce Dieu incarné, &: Tes merveilleuses
avions en faveur des bons.
y
Paricchitou interrompant Souguen lui
:
parla en ces termes Seigneur, apprenez-
rnoi pourquoiKichnou fous le nom de
Paraframen, a exterminé tant de Roisy

;
bons charitables
bles
y
, ,
parmi lesquels il y avoit des Princes
généreux équita-
qu'avoient-ils faitpourmériter ta
colère de ce Dieu ?
Souguen raconta ce qui fuit.

Roi &: ,
Cenaguen, fils de Pourourven, etoit
Patriarche cependant il commit
un adultère; il enleva Baguirady femme
de Baraden, & la lui rendit ensuite. Assen

Coussen, père de Sanaben ,


arrière-petit-fils de Cenaguen, fut père de
père de Sam-

;
ben, père de Cady, qui avoit une fille
nomméeSatiavady Roujjiguen x fils de
Pragou en devint amoureux, & ayant
fourni à son père les chevaux qu'il exi-
geoit, il l'épousa. Rouffiguen donna les

;
refies des mets d'un sacrifice qu'ilavoir
fait, à sa femme 6c à sa belle-mère 6c
elles conçurent.L'épouse de Cady mit
au monde Visvanattren,& celle de Rouf-
,
figuen un fils nomméYemadacny. Ce der-
nierayantéponfé Renouguey il eut qua-
: ,
tre fils les deuxpremiers font Vijjou 6c
Menou; ensuite elle devint mère de Pa-
raframen qui estVichnou, dans une de
les transformations.
En ce même tempsCartiaveratchounen
étoit Roi. Ce Monarque étant un jour à
la chasse, entra dans la maison d' Yema-
dacny & demanda à manger pour lui ëc
pour sa fuite. Yemadacny, qui avoit alors
en sa possession la vache qui fournit tout
ce qu'on désire, donna un excellent repas.
A cette vue le Prince cédant à une lâche
cupidité, viola l'hospitalité & enleva l'a-
nimal miraculeux.Paraframen en arri-
vant du défert apprit de Son père la vio-
:
lence qui lui avoitété faite outré d'indi-
gnation, il prend sa massue, & se présen-
tant à la porte de la ville nommée Mac-
cham, il somme le Roi deluirendre ce
qu'il a indignement ravi. Le Prince lui

, ;
ayant répondu avec fierté Paraframen
sur-le-champ l'attaque le tue & re-,
prend la vache qu'il remet à son père. Ce-
lui-ci fâché de la mort du Roi, ordonna à
son fils de faire en expiation un an de
pélerinage en vilitant toutes les rivières
faintes. Parasramenobéit.
Renouguey femme &Yemadac?iy 3 alla
un jour chercher de l'eau à la fontaine;
elle vit un ange Guendarver qui passoit
en l'air, & il étoit d'une rare beauté,
elle le considéra avec trop de complai-
sance pendant quelques moments. Bien-
tôt elle repritcourage, & rejeta un mou-
vement d'amour qu'elle avoit senti. Ce-
pendant lorsqu'elle voulut prendre de
l'eau a ion ordinairesans vaseni cruche,
en la ramaliant comme une boule, cela
lui fut impossible. La pureté de l'ame
qu'elle avoit perdue, l'avoit fait décheoir
de ce. privilège. Son époux ayant ainsi re-
connu sa faute, ordonna à ses enfants
de la tuer. Paraframen seul déférant à la
parole de son père, la tua, & aussi ses
frères rebelles à ses ordres. Tout le monde
défapprouvoit cette cruauté; mais Ye-
madacnysatisfait de l'obéillànce de Pa-
rasramen lui demanda ce qu'ilfouhaitoie
de lui. Celui-ci demanda la vie de sa mère
& de ses frères. Le Patriarche lui remit
sa Baguette & il les ressuscita.
1

Les enfans de Cafliaverartclzounenayant


épié le moment ouParasramen & ses
frères, écoient absents tuèrent Yema-
,
dacny. Parasramen, à son retour, atta-
qua ces Princes & ceux de la race d'Aya-
gayen leurs allies qui étoient au nombre
de 16000 : il les extermina tous. Ensuite
il ressuscita ion père de le mit, ainsi. que
sa mère, avec les [cpt Patriarches qui ha-
;
citent la constellation à laquelle ils ont
donné leur nom (c'efl:celle de la grande
curse ).
Paraframen conquit depuis toute la
terre, & l'ayant purgée de tyrans, il en
fit don à Cossiaben. Peu après, il se re-
tira dans la montagne deGuendram où il
mène encore une vie pénitente.
Chrisnen est venu perfectionnerl'œu-
vre de Paraframen. Oh! qui pourra par-
ler dignement des avions étonnantes de
!
ce Dieu ceux qui se pénétreront de cette
hifloire Divine, feront submergés dans
!
une mer de délices les maux de ce
monde &: ceux à venirn'auront plus de
!
prise sur eux Cet homme Dieu, aux
grands yeux pleins de majesté, s'avance,
le sourire eil: sur ses lèvres, une marque
de Cafloury estaumilieu de son front,
& ses cheveux bouclés flottent sur ses
tempes. Ceux qui l'ont contemplé iou-
haiteroient de le voir sans jamais remuer
les yeux! PuiiTe son image être gravée
dans mon cœur! Que ce Dieu né chez
Vassoudeven élevé chez Nanden parmi
s
les moutons &: les bœufs; lui qui dès sa
jeuneile a exterminé une multitude de
s
Géants & qui eut pour épouses des fem-
mes êt des enfants sans nombre, que ce
Dieu, que cet enfant berger,foittoujours
à
présent mon esprit & à mon cœur !
LIVREDIXIEME.
PARICCHITOU
priaSouguende lui
détailler la vie de Chrisnen sa naissance
&c la cause de cette naissance, sa con-

duite & ses exploits. Souguen parla en


ces termes :

:
La Déesse de la terre porta un jour ses
plaintes à Brahma, & lui dit la race
des Géants s'est multipliée à l'infini;ils
font devenus fiers, d'un orgueil indomp-
f
table & si pervers, qu'il n'et plus possible
de supporter le poids de l'iniquité.
Brahma accompagné de tous les Dieux
se rendit à la mer delait, où reposoit
Vichnou; il l'adora & se tint debout
quelques moments en contemplation
alors il connut & annonça la volonté su-
;
:
prême. Il dit Vichnou se fera homme
fous le nom de Chrifncn, il fera fils de
Vassoudeven & de Devaguy; il ordonne
; ;
au Serpent Atysechen de se faire homme
en qualité de son frère àla Fatalité de
devenir sa sœur aux Dieux de prendre
chacun une forme convenable à ses vues ;
aux Pénitens &; Patriarches de se faire
bergers pour jouirdesplaisirs qu'il veut
leur faire goûter en récompense de leur
dévotion. Cet arrangement pris entre
Brahma& les autres Dieux, chacun se
retira.

;
En ce temps-la Soiiracenen étoit chef
de la familled'Yadaver il étoit Roi du

;
pays de Madurey & de celui de Sourace-
nam
(
Madurey étoit sa ville Royale. Le
neveu de ce Prince nomméVassoudeven .,
,
épousa, comme on a vû Devaguy. Lors-
que ce mariage se célébra,Cangaffen
frère de Devaguy (les enfans des frères,
mères &: oncles se donnent le nom defrè-
res & ),
sœurs conduisitlui-même le char
1

sur lequel étoient les mariés. Là cérémo-


nie finie, Cangaffen ouit une voix du ciel
qui disoit que sa sœur mettroit au monde
plusieurs
plusieurs enfants, & qu'il mourroit delà
înain du huitième.

ment voulut tuer Devaguy ,


Cangassen consterné par cet avertisse-
pour ôter le
principe du mal. Vaffoudeven supplia son
beau-frère d'épargner la vie de sa sœur
qui étoitentièrement innocente du crime
futur de Ton huitième fils. Pour sa fureté
il promit de lui remettre tous les enfants
qui naîtroient d'elle.
Vassoudeven tint parole; devenu père
d'un fils, il porta l'enfant à son beau-
frère & le lailla arbitre de sa vie. Can-
gassen admirant sa généreusefranchise,
lui rendit l'enfant, disant que lehuitième
seul devoit être son ennemi, & que ce fe-
roit une indigne cruauté de tuer desen-
fants innocents.
Tandis que ce Prince attendoit cette
naiiTance, le Patriarche Naraden l'alla
trouver un jour & lui dit en secret qu'il
couroit un bruit que Vassoudeven De-
vaguy & plusieurs autres, étoient des
Dieux de des Patriarches qui avoient pris
ces formes, &: que lui Cangassen avoît
été jadis un géant nommé Calanemy qui
fut tué par Kichnou3 & qu'ilferoit encore
mis à mort par ce Dieu qui naîtroit le
fils
huitième
,de sa sœur.

son beau frère &: sa sœur ;


Sur cct avis Cangajfen mit aux fers
il usurpa la
couronne de son propre père, & com-

,
mit des cruautés inouïes. Il chassa les an-
ciensMinistres & les Généraux des ar-
mées Yadou Virouchty, Bogen Anda-
j >

guen j enfin tous ceux qui pouvoient lui


donner de fages conseils.Après avoir pris
d'autres Ministres & d'autres Officiers,il
massacra, sans pitié six enfants déjà nés
de sa sœur, & attendoit à tuer ieseptiè-
me aussi-tôt qu'elle feroit accouchée. Ce-
pendant Vicknou ordonna à la Fatalité
(laDeflinée)deretirerinvifiblement l'en-
fant que Devaguy portoit dans son fein
,
c'étoit Atysechen,& de le mettre dans
celui de Rogany aussi femme de )/ajjbu-
deven,laquelle étoit dans la bergerie de
Nandell; en même-tempsvous vous ferez,
lui dit Vichnou fille d'Essadey, femme
3
deNanden. Vous ferez dans la fuite
des temps vénérée Se honorée comme
ma sœur fous difFérens noms félon les
formes avec lesquellesvousparoîtrez.
La Destinée exécuta ce qui lui étoit
preferit.Devaguy n'étant plus enceinte,
l'on crut qu'elle s'étoit blessée, & on
n'en fut pas fâché, parce que l'enfant étoic
soustrait à une mort violente. Rogani mit
b
au monde un fils qui fut nommé Balara-
men.
Quelque temps après Vichnou remplit
rallÕudeven des traits de sa splendeur, &
celui-ci les fixa dans le fein de sa femme

,
Devaguy. Au moment de cette concep-
tion elle parut aussi brillante que l'O-
rient où la Lune se lève.
Tandis que ce Dieu qui porte tout
dans son fein, se trouve comme renfermé

,
dans celui d'une femme pour sauver l'u-
nivers Cangaffin voyant l'état de sa
sœur, crut que son ennemi alloit paroî-
tre, il redoubla la garde, & ne penloit
qu'àVichnou. Ce n'étoit que pour le met-
tre à mort; & cependant cette pensée
lui fut méritoire par les raisons exposées
précédemment.
Le temps de la naifEince approche;
Brahma Chiven de tous les Dieux se

;
3
préparent à aller adorer Kichnou dans la
prison ils célébroient les louanges de

:
son apparition ,
l'enfant qui alloitnaître. Au moment de
ils jetèrent sur lui des
ileurs les anges Guendarouver ont chan-

;
té, dansé & fait entendre leurs instru-
mens mélodieux toutes les étoiles & les
planètes se trouvèrent dans des aspects
heureux. C'est la nuitduhuitième jour
du décours de la Lune du moisdeSep-
tembre que Chrifnen vint au monde. Il
naquit avec quatre mains & une tache
noire à la poitrine, avec un bijouenrichi

des perles superbes;


de rubis & des pendans d'oreilles garnis
il parut couvert de
pourpre Royale avec des armes à ses cô-
,
tés de la Couronne en tête. La cou-
leur bleu céleste étoit celle de ion corps
delà vient le nom de Chrisnen.
;
Vassoudeven à cette naiiïance, éprouva
Une joie ineffable au lieu d'aller se bai-
gner dans l'eau, conformément aux cé-
rémonies légales, il se baigna dans la mer
;
-du plaisir au lieu de donner des
& d'autres présents auxBrahmes, il nt
vaches

cette donation en Ton cœur,réservant à


la faire en un autre temps. Il se prolterna
-devant cet Enfant divin, l'adora & dit :
o vous qui avez engendréBrahmas vous
êtes né chez nous ! vous vous trouvez
renfermé dans un corps formé par la Des-
tinée, ôi dont la lubflance est de trois
qualités, vous qui êtes immuable & inac-
!
cellible à toutes ces qualités voici l'heure
qui s'approche où Cangafjèn viendra pour
vous tuer; faites que nous puissions vous
sauver la vie, & nous sauver nous-mêmes.
Devagui fit à-peu-près la même prière.
Alors Chisnen ouvrit la bouche, ez parla
ainsi : 0 vous, ma mère, jadis au temps
du Roi Souyalnboll vous portiez le nom

;
-de Pragany, & votre époux Vassoudeven
étoit le Patriarche Soudaven tous deux
vous étiez connus par le surnom de Dc-
mabady. Vous voulûtes produire deshom-
mes3 & vous avez fait pénitence pendant
douze mille années divines en mon hon-
neur. Alors je me présentai à vous au :
lieu de demander la béatitude, vous dé-
lirâtesqueje me fiffe votre fils; trois fois
vous m'avez faitlamême demande, Se
je vous Tai accordée. Vous avez depuis
paru dans le monde fous le nom d'Adidy
& de Cassiaben je fus votre fils fous ce-
:
lui de Vamen aujourd'hui je fuis encore
forti de vous comme je l'ai promis. Il n'y
aura plus pour vousderégénération pé-
;
riilable la béatitude fera votre partage..
Après ces paroles Chrifnen se tut; 2c se
comporta comme un autre enfant.
fTajJôudevelZ tout-à-coup miraculeu-
sement délivré des chaînes dont il étoir
chargé, prit l'enfant &r sortit de prison.
Toutes lesportes du Palaissetrouvèrent
ouvertes; il traversa auni facilement le
fleuve Colinadydont les eaux lui laissant
un librepassage en sa prcfence, il porta
Chrifnen à
dormoient ; l'établedeNanden. Les rârres
il placa l'enfant auprèsd'Essa-
dey, & prit celle qu'elleavoit misau mon-
de; c'étoit ,
la Fatalité fous la forme de
fille; avec elle il repaiTa la rivière rentra
dans laprifon& lamitauprèsde sa femme.
Cet enfant commença à pleurer; les
gardes avertirent Cangaffen qui accourut
aussi-tôt pour l'assassiner. Sa sœur lui re-
présenta que ce nétoit qu'une fille qui ne
pouvoit lui être nuifibie. Le tyran, sans
daigner l'écouter l'arracha de ses bras eX.
la jettanten l'aijr, leva son épéepour la

;
recevoir sur la pointe.LaFatalité planant
sur sa tête rit de ses projets ta tyrannie
abominable, lui cria-t-elle, va être pu-
nie;tonennemi est dans un lieu inac-
cessible à tes recherches. Cela dit, elle
disparut.
,,
Cangaffen fit réflexion 6c se dit à lui-
même que tous ses foins que toute pré-
voyance humaineseroientinutiles contre
les projets de Dieu.Tout-à-coup il se jeta
aux pieds de son beau-frère &desa sœur,
il leur demanda pardon de ses crimes,
leur ôta les fers, & leur fit donner ce
qui étoit nécessaire pour vi vre dans une
aisance conforme à leur état.
Ce Princeimpie ne persista pas long-
temps dans cette heureuferéfolution ; ses
Ministres à qui il rapporta ce qui étoit

crimehorrible ;
arrivé, le décidèrent à commettre un
ce fut de faire tuer tous
les enfants nouveaux nés.
EJJodey qui en accouchant s'étoit éva-
le
;
nouie, avoit trouvé en recouvrant sen-
timent le petit Chrisnen elle fut remplie
de joie aussi bien que ion époux Nanden.
Ils croyoient que cet enfant étoit réelle-
ment à eux, ôc ils firent tout ce qu'il con-
venoit dans cette occasion.
Cependant une Géante nommée Bou-
deguy l'une des émissaires deCangassen

, figure d'une nourrice;


pour les projets homicides, avoir pris la
elle entra chez
EjJàdey, prit l'enfant dans ses bras & fit
semblant de l'allaiter pour l'empoison-
ner. Mais celui qui connoit les intentions
les plus cachées des mortels, paroissant
se prêter avec plaisïr à ses foins, au lieu
:
de lui sucer le lait, lui suça la vie elle
jeta un grand cri, êc expira.
Les parents accourus à ce bruit virent
avec étonnement le miracle opéré par cet
enfant divin.

;
Un autre Géant prit un jour la forme
d'un charriot pour l'écraser l'enfant le
brifa d'un coup de pied. Un autre comme
un tourbillon de vent l'enleva pour le
suffoquer, mais il se rendit si pesant que
le Géant succomba & mourut.
Nanden à ces traits reconnut un Dieu
tout-puiilant dans celui qu'il croyoit être
son fils. Alors Vassoudeven lui apprit en
secret tout ce qui s'etoit pade. Ejjbdey

;
,apperçut
Dininité
aussi en lui le caractère de la
car plus d'une fois elle vit
dans sa bouche ouverte tout l'univers
contenu.
Cependant le petit Chrifnen voulut pa-
roître sujet aux pallions. Il faisoit jour-
nellement des espiégleries aux voisins de
Nanden : il enlevoit leur beurre Se leur
lait. On le voyoit dans toutes les mai-
sons à la fois, & dès {on enfancemême
il agaçoit les filles avec la dernière li-
berté.
Un jour Essodey inquiette de ce peu de
retenue des
:
plaintes des voisins, l'at-
tacha à un moulin il entraîna le mou-
,
lin l'accrocha entre deux arbres qu'iltira
à lui & arracha. Aussi-tôt deux hommes

:
nommésNalacouben & Manicriden for-
tirent de ces arbres ils adorèrent l'en-

Couberen ;
fant & déclarèrent qu'ils étoientfils de
qu'ilsavoient été condamnes
à refier ainsirenfermés, jusqu'à ce qu'ils
fussent délivrés par Chrifnen.
Devenu plus grand il garda les trou-
peaux de son père.Loriqu'il les menoit
rux champs, il faisoit des choses qui eau-
ioient le plus grand éconnement à tous
ceux qui en étoient témoins. Un jour le
GéantPagassauren un des confidens de
Cangassen, s'approcha fous la forme d'un
j
veau 6c rout-à-coup avala Chrisnen. Les
bergers le crurent mort, mais bientôt on
le vit forcir du ventre du Géant.
Le frère de Pagajfaurennommé Agas-
fauren prit la forme d'un Dragon énor-
me, il avala Chrisnen & ses compagnons:
le Dieu les sauva en tuant le monstre.
Chrifnen s'éloigna une fois pour ras-
sembler les troupeaux qui étoient épars:
Brahma fit disparoître Bergers & Bestiaux.
la
Chrifnen prit lui-même forme des uns
de des autres d'une manière si ressem-
blante que les parents des jeunes gens Se
les maîtres des troupeaux n'en eurent au-
cun soupçon pendant un an entier. Alors
Brahma se repentant de sa témérité s'hu-
milia devant Chrisnen, & lui demanda
pardon d'avoirvoulu le mettre à l'épreu-
:
ve. Il lui dit ô Seigneur, mon Dieu, &
mon père, il fera plus facile de savoir le
nombre des étoiles de des grains de fable
de l'univers, que d'approfondir lesactions
merveilleuses que vous faites & que vous
pouvez faire.
Peu de temps après cet évènement,
les Bergers & les befiiaux ayant bu de
l'eau du fleuve de Colinady tous mou-
rurent sur-le-champ. Chrifnenlesressus-
>

cita d'un mot : sa parole est le souverain


antidote, le principedevie !
Paricchitou délirant savoir la cause de
cette mort subite,Souguen la lui raconta
ainsi : jadis un Roi des Serpentsnommé
Nacuendren, gouvernoit l'isle de Rama-
nagam; ilfit un traité avec Guerouden,
Prince des Milans, par lequel les Serpents
étoient tenus de lui fournir tous les mois
une fubfifiance convenable. Le dernier
Roi deces Serpents nommé Colinguen re-
à
fusa ce tribut Guerouden qui le battit
& le poursuivit pour lemettre à mort.
Le Reptile se réfugia dans cette rivière
dont l'entrée avoit été défendue aux Mi-
lans par un Pénitent nommé Saubary;
il lit cette défense en faveur des poissons
qui y éroient. Or ce Serpent, quoiqu'en
profitant de cet asyle, ne lailla pas de
l'empoisonner par ion venin.
Chrisnen descendit dans cette rivière
pour la purifier &: la rendre utile.Aussi-
tôt Colinguen s'élance sur lui &c l'en-
tortille de Ses longs replis. Tout le monde
fut au désespoir de le voir dans cet état
où on ne pouvoit le secourir; maisChris
nen faisant courber la tête du monstre ,

;
monta dessus & y dansa jusqu'à ce qu'il
sûr réduit à demander grâce illa lui ac-
corda en conifdération de sa famille auill
humiliée en sa prélence ; cependant pour
éloigner le mal, il ordonna qu'il se reti-
rât dans rifle de Ratnagaram.
Un jour le feu prit au défert où Chrif-

troupeaux;
nen & les autres bergers gardoientleurs
:
il ramassa ce feu & l'avala
Plusieurs fois il fit le même miracle. Pen-
dant les chaleurs dévorantes de l'été, sa
présence donnoit au defert de P lonta la
fraîcheur du printemps.
Chrifnen en protégeant constamment
l'humanité souffrante parut, comme on a
dit, dans sa jeunesse, vouloirsedélailer
de ses travaux par des espiégleries, & iur-
,
tout en paroissant sensible à l'amour, Ua
jour, en se jouant, il enleva les vête-
ments de quantité de jeunes personnes
qui se baignoient dans une rivière; elles
furent obligées de le poursuivre toutes

avecelles ;
nues. Le jeune Chriften composa ainsi
pour ravoir leurs vêtemens il
fallut qu'elles le suppliassentlesmains
élevées & jointes au-deiTus de la tête. Au
resse à sa vue, femmes de filles étoient
éprises d'une passionirrésistible; il don-
noit satisfaction à toutes, & chacune
,étoit periuadée qu'elle feule étoit aimée.
Nandenpère putatif de Chrifizen fai-

;
soit tous les ans un facriiice en l' honneur
de Devendrcn
de continuer.
Chrifnen lui fit défense

Devendren irrité fit


pleuvoir cxtraor-
dinairement pendant sept jours pour sub-
mergerleshabitations des bergers & leurs
troupeaux. Ckrifnen éleva avec une main
la montagne de Gavertonam, comme un
parapluie, & tout fut à l'abri.
Devendrcn reconnut sa faute : il se pré-
sensa devant Ckrifnen avec humilité &
: ô Chrisna vous êtes l'Etre Suprême;
dit:
passion,
vous
soin ;
n'avez ni désir, ni
cependant vous agiilez comme si
ni be-

vous en éprouviez.Vous protégez les


justes, & vous châtiez les méchants. Vous
êtes libre, & vous vous astreignez à des
formes diverses pour effectuer votre vo-

;
lonté. Vous faites sentir leur sottise aux
stupides mes semblables vous faites bien,
car vous ne pouvez faire que le bien.
Quant à nous, fiers de notre origine,
nous vous oublions, & la
;
puissance que
nous possédons nous rend aveugles ce-

!
pendant vous nous accordez le pardon
de nos fautes. 0 Tout-Puissant soutenir
en l'air une montagne avec une main,
est pour vous bien peu de chose, pour
vous dans le fein de qui tous les globes
de l'univers font renfermés. Dans un de
vos instans un nombre infini de Brdhma
ont déja passé. Sauvez-moi, ô vous de
qui les yeux ont la douceur de la fleur de

Deyendren :
Tamarey.Chrisnen sourit & répondit à
0 Prince des Dieux, j'ai voulu
vous humilier : Cachez que j'abaiile celui
que je veux sauver;soyez humble de
cœur. Alors Devendren lui dit qu'il avoic
ordre de Brahma de le sacrer Seigneur des

, :
Brahmes des Vaches & des personnes
,
qui ont le cœur doux il lui donna l'onc-
(
tion & le nomma le pasteur, par excel-
lence ). x

Quelque temps après, Chrifnen se trou-


vant au bord de la rivière d'Emouney,
commença à jouer de sa flûte pastorale.
Toutes les bergères & filles amoureuses
de lui, accoururent en foule pour enten-
dre ces fons enchanteurs. Chrifnen les
voyant enivrées de son amour, leur dit
qu'il étoit contraire à l'ordre établi dans

;
le monde, de quitter leurs maisons pour
jouir d'un amant il ajouta que cela pou-
voitmettre le trouble dans leurs famil-
les, si leurs maris étoient ja loux, & de-
venir pour elles un sujet d'opprobre:3-infi
il leur conseilloit de s'en retourner au
plutôt. Ces femmes répondirent qu'il'
étoit vrai que leur passion pour un homme
;
Ordinaire feroit criminelle mais que dé-
sirant s'unir au maître absolu de toutes
choses; elles efpéroient que cet amour
ne pourroit être que Inentolre;quaU-l
reste leurs maris n'avoient point de*
droits vis-à-vis de leur Dieu. Chrifnen
qui vit l'innocence de leurs intentions,
leur donna très-gracieusement toute fa-'

nouveau,
tisfaction;& par un prodige toujours
dans ce grand nombre de fem-
mes, chacune fut convaincue que Chrif-
nen n'étoit que pour elle, ôc qu'il ne la
quittoit pas un instant pour une autre.

:
Sur ce récit Paricchitou proposa ses
doutes à Souguen Il avoit peine à con-
cevoir qu'il fût possible d'approuver & at-

,
tribuer de pareilles actions à Chrifnen
qui étoit Dieu & par conséquent aimoic
la justice. Souguen répondit.
Cette objectionferoitfondée si Chrif-
nen n'étoitpasDieu. L'adultère est un pé-
ché contre le droit établi dans nos socié-
tés. Mais l'Etre Souverain n'est point
à
sujet nos loix de convenance. L'univers
est à
Vedam ,
lui,est en lui. Il estécrit dans le
Saruam Kichnou Mayam K
katu, tout émane de Vichnou. Les voies
e.
inconcevables de ce Dieu ne doivent
donc pas être. confondues aveccelles
de l'homme. S'unir à tant de femmes,
&: erre auprès de c h acune en même
temps, un foible mortel le pouvoit-il ?
elit-il pu avaler un poison terrible sans
mourir ?C'est ce qu'a fait Clzrifnen èc

a des actions dont le but est inconnu


& qui criminelles pour nous , ne le font
,
mille & mille autres prodiges. Ainsi il y

ni pour les Dieux ni pour les Saints.


Alors, semblables au feu., la vertu & la
iaintetépurifient tout.

:
Après cette courte digression,Souguen
continua en ces termes Un jour Nandeti
fut avalé par un énorme dragon, il invo-
qua le nom de Chrisnen qui donna un
coup de pied au monstre : celui-ci fut à
l'heure mêmechangé en homme. Il se

;
prosterna aux pieds du Dieu & dit que son
nom étoit Souderifjanen que jadis en or-
cueilli de sa science & de sa beauté, il
avoitméprisé le Pénitent Anbuevassen qui
par sa malédiction, lavoit ainsi méta-
morphose. En même temps ce Pénitent
lui avoit prédit qu'il redeviendroit homme
aussi-tôt que le Dieu Chrifnen le touche-
roit avec son pied. Mais parlons du châ-

;
timent de Cangassen &: de quelques-uns
desexploits guerriers de Chrifnen car
qui pourroit décrire toutes les actions mi-
raculeuses qu'ilfaisoit journellement en
faveur des bons & de ceux qui s'étoient
mis fous sa protedion.
Cangassen bien instruit que ChriJizen
étoit l'ennemi dont il devoit tout redou-
,
ter avoit envoyé quantité de Géants tra-
vestis pour le faire périr; mais ses émis-

:
saires avoient été mis à mort. Le tyran
tenta donc une autre voie il ordonna
un grand sacrifice où il voulut que l'on

,
immolât un nombre prodigieux de va-
ches espérant ainsi détruire le troupeau
de Nandeny & surprendre Chrisnen. En
conséquence un Géant nommé Acrouren
fut expédié pour inviter au sacrifice
Nanden Chrifnen & son frère Balara-
men.
Chrifnen n'hésita pas à faire le voyage
quoiquil fût que son oncle ne l'attiroit
;
que pour trouver occasion de le tuer. En
effet Cangaffin donna des ordres secrets
à ses gardes, au conducteur de son Ele-
phant, &c autres gens de confiance, de
saisir le premier prétexte& moment favo-
rable pour assaillirChrifnen & son frère.
Cependant les invités montèrent sur le
char dUAcrourenpour faire le voyage. Ce
géant en passant la rivière d'Emouney,
defeendit de son char pour se baigner.
Chrifnen se'fit voir à lui dans l'eau, comme

,
l'être qui parsa présence remplitl'univers.
Il luipariit avec une infinité d'yeux de
mains, & d'autres membres tous d'une
grandeur & d'un éclat éblouissant; le
cœur d*Acrourenfut changé sur-le-champ.
Il sortit de la rivière de trouvant ce Dieu
tranquillement assis sur le char, il se
prosterna à ses pieds, loua & exalta son
&: Acrouren fitavertir
;
nom. Bientôt ils arrivèrent à Madurey
Cangajfen.
En attendant des nouvelles du tyran,
Chrisnen se promenoit dans les rues de
Madurey avec Nanden, Balaramen & les
autres personnes de sa fuite. Il rencontra
un blanchisseur chargé des vêtemens de
ce Prince; il lui en demanda quelques
uns à emprunter; l'autre lui ayant re-
pondu avec insolence, il lui cassala tête,
& prit les habits. Ce bruit répandu dans
la ville, quantité de personnes vinrent
lui offrir les choses dont il avoit besoin.
Un orfèvre lui présenta de superbes bi-
joux; les marchands de fruits en mirent
à les pieds uneprodigieuse quantité. Le
nomméSaudamcn ne lui offrit que des
fleurs, c'eit tout ce qu'il vend oit,mais
ce fut avec tant d'empreiiement que
le Dieu appréciant là générosité lui de-
manda ce qu'ilsouhaitoit de lui. Il répon-
dit qu'iln'avoit besoin d'autrechoie que
de sa dévotion, de l'amitié de sesadora-
teurs & de sa commiféracion pour les
malheureux : Ses vœux furent exaucés.
En sortant de cette maison il rencontra.
une femme bossue & toute contrefaite ;
elle portoit de l'huile odoriférante qu'elle
;
répandit devant lui au moment même
elle parut fous une forme élégante &
de la plus grande beauté.
Chrifnen & ses compagnons entrèrent
enfuite dans la salle d'armes de Cangap
;
sen ils essayèrent son arc; mais. tout fort
qu'il étoit, il rompit par lemilieu. Les
gardes voulurent punir ces jeunes gens
& furent mis à mort.
Le tyran averti de tout étoit trou-
,
blé par ses remords. Il observa que les
pronoflicsluiétoient fatals. Il avoit perdu
le sommeil, & le repos du cœur; il n'en-
tendoit plus une forte de bourdonnement
qui résonne dans les oreilles; il ne voyoit
point sa tête dans un miroir, ni dans
leau. La lune lui [embloitdivifée en deux;

infinité de trous lumineux;


l'ombre de son corps étoit percée par une
les arbres &
les plantes lui paroissoient d'une couleur
jaunâtre. Dans un fonge il s'imagina ava-
1er du poison embrasser un cadavre, al-
ler seul & nud, monté sur une âne, avec
,
de l'huile sur sa tête, sans savoir où il

;
alloir. Ces longes & d'autres non moins
terribles l'alarmèrent il se leva en fur-
faut, & son cœur fut saisi d'une crainte
desespérante.
Le lendemain fut lâché un Eléphant
indomptable contre Chnfnen.Celui-ci le
jeta à terre, arracha ses deux longues dé-
senses avec lesquelles il le tua, deaussi
son conducteur 8c des porte-massues qui
se jetèrent sur lui. En même-tempsCan-
gqffen 8c ses frères l'attaquèrentavec fu-
;
reur ils furent terrassés & mis à mort.
Ainsi la paix fut rendue au Royaume, ôc
le Trône à Souracenen, père du tyran,
qui languissoit dans une étroite prison.
Chrifnen après avoir mis tout en or-
dre, voulut par l'étude acquérir toutes
les connoiuances auxquelles l'homme
peut aspirer. Il prit pour Inflituteur San-
dybany qui lui enseigna les Vedam 8c les
soixante quatre sciences, dans soixante
quatre jours. En recompense Chrifnen
& son frère promirent de lui faire retrou-
ver son fils perdu dans son bas âge. Ils

;
demandèrent compte de cet enfant au
Dieu de la Mer qui l'avoit enlevé il ré-
pondit que le Geant Pantchacenien l'a-
voit dévoré. Ils cherchèrent ce Géant,
lui déchirèrent le ventre & n'y trouvè-
rent qu'un gros coquillage qui de son nom
à été appellé Pantchacenien, Chrifnen s'en
servit comme d'une trompette pour ap-
peller le Dieu de la mort. Ce Dieu cou-
rut à sa porte, &: y voyant Chrifnén avec
son frère, il les adora ôc leur rendit le
jeune homme qu'ils cherchoient. Ils le
conduisirent à son père qui le reçut péné-
tré de reconnoissance.
Chrisnen de retour à Madureyenvoya
s
son ami Outtaven à la bergerie de Nanden,
pour confcler ses parents &: ses amantes
tous désespérés de Son absence. Ces
si
de leur bien-aiméï
dernières se plaignoient tendrement
Elles disoient, elles
répétoient qu'il les avoir donc oubliées,
pour se donner entièrement à ces fem-

bles,
mes de Cour & de Ville, non plus fenG-
mais peut-être plus séduisantes
qu'elles simples Bergères habitantes des
bois, & ne fréquentant que les bœufs
& les moutons. Ces plaintes d'amour &
d'
de jalousîeexcitèrent la compassion Out-
taven; il les consola le mieux qu'il put,
êc en fit son rapport à Ch rifnen.-
En ce temps-là Chrisnen apprit la mort
de Panddouen arrivée dans la montagne
de Sadasroungam, ôc la retraite, de la
veuve Coundy avec ses enfans. Il députa
Acrouren auprès de Droudaracchaten,
frère de Pandouen, pour lui conseiller
de faire rendre à ses neveux la part de

tion.
l'héritage de leur père.Acrourenalla à

wv
Aftnahouram pour luivre cette négocia-

Peu après la mort de Cangajjen, ses


femmes nommées Astaprably & Anouf-
lry, demandèrent vengeance à leur père
Sorajfanden. Ce Géant vint assiégerMa-
durey avec une armée de 107 ,460,000
combattans, dans la résolution de dé-

,
truire entièrement la race d' Yadavou.
Chrifnen, de son côté étoit déter-
miné à purger la terre des Géants. Il com-
battoit avec courage,lorsqu'il reçut de
sa demeure céleste deux chariots remplis
d'armes. Alors il extermina une partie
des ennemis. Son frère tua le reste; ô(

:
ayant pris Soraffafden, il vouloit le met-
tre à mort Chrifnen l'en empêcha, di-
sant qu'il étoit nécessaire que ce Géant
vécûc pour l'accomplissement de leur
projet, qui étoit de continuer à déchar-
ger la terre de cette race impie.
Le Prince vaincu se réfugia dans la
ville de Crivroucham. Quoiqu'humilié par
il
là défaite, n'avoit pas abandonné l'es-
poir de la vengeance. Il reparut bientôt
avec 153,340,000 guerriers, & fut vain-
cu. Dix-sept fois il combattit avec des
armées aussi fortes, & toujours elles fui-
rent exterminées.
Encore une fois Sorassanden, voulut
,
tenter les hasards de la guetre il rassem-
bla 162,360,000 combattans. Catayaven.
son allié & Roi des Miletcher 3 marcha
en même-temps contre Madurey, avec
trente millions de cavaliers montés Sur
des chevaux d'Arotam.
Chrifnen transporta miraculeusement
tous les habitans du Madurey dans la
montagne de Couffam située sur la mer
de l'ouest, & donna ses ordres pour y
bâtir une ville qui fut nomméeDauva-
raguey. Après avoir ainsi mis les fiens en
fûreté, le Dieu retourna seul avec Son frère
au devant de l'ennemi.
- Cependant Catayaven avoit
fait des
marches forcées du côté où il croyoit
pouvoir joindre Chrifnen. Ce Prince
trouva Sur là route un Pénitent, nommé

; ;
Maussigonden qui dormoit dans un lieu
solitaire il lui donna un coup de pied
pour l'éveiller le Pénitent le regarda
avec colère & il fut réduit en cendres.
Dans le moment Chrifnen parut, Mauf-
sigouden lui dit qu'il étoitfils de Monbada
;
de la race de Icchouvakou qu'ayant tué
pluiîeurs Géants ennemis des Dieux, il
leur demanda la béatitude pour récom-
pense. Les Dieux lui avouèrent qu'ils n'é-
toient pas en état de la lui procurer,
qu'il devoit s'adresser à Vichnou même
qui se rendroi t visible fous le nom de
Chrifnen, il ajouta que ces Dieux lui
avoient accordé I2 don du sommeil, &
celui de réduire en cendres la personne
à
qu'ilregarderoit ion réveil-Cetaccident
venoitd'arriver & il ignoroit qui l'avoit
éprouvé.
Chrifnen lui ayant raconté ce qui s'etoit

;
passé,Moussigounden reconnut en lui ce-
lui qu'ilattendoit il confessa ses péchés
&demanda à les expier. Clzrifnen accorda

,
sa demande & dit, qu'en expiation de la
mort des êtres vivants &; sensibles il fe-
;
roit pénitence dans cette vie que dans
la suivante il feroit Brahme & son ado-
rateur. Maussigondenainli instruit se re-
tira au défert de Badary.
Chrifnen marcha au combat & détruisit
tous les Miletcher. Ensuite il attaqua So-
rajanden & après lui avoir tué quelque
monde, il quitta la campagne sans con-
lommer cette dernière expédition comme
les précédentes.Sorafanden reprenant
courage, suivitChrïfnen jusqu'à une mon-
tagne sur laquelle il se reposoit, & mit
le feu tout autour, mais le Dieu tk. Bala-
ramen son frère fautèrent par dessus le
camp desennemis, & se retirèrent invisi-
blement à Dauvaraguey.
Quelque temps après, Balaramen prit
pour femme Revady fille du Roi Rayvas-
vaden & Chrisnen épousa Roucoumony :
Voici ce qui se passa à l'occasion de ce
mariage.
Bichtmacuens Roi du pays de Vedar-
pam & de la grande ville de Coundenam,
avoit cinq fils nommésRoucoumy, Rou-
coumaden Roucoumabagou Roucouma-
,
coffin & Roucoumanelren. Ce Prince eut
aussi une fille nommée Roucoumony qui
fut conçue par une émanation de Vich-
nou. Aussi-tôt qu'elle eut l'âge de difcer-
xiement elle devint passionnée pour Chris-
nen, sur le bruit de sa renommée. Lui de
son côté étoit amoureux d'elle. Le père
&: les parents de cette Princelle confen-
toient à ce mariage, le seul Roucoumy,

;
son frère aîné, voulut absolument qu'elle
fût donnée à Sissoubolen ôc tout fut ar-
rêté félon ses désirs.
Sissoubolen, accompagné de ses alliés
Sora.Dàllden <k. Dandavatren, se rendit à
Coundenam, &?- aussi-tôtcommencèrent
les préparatifs du mariage. Cependant
Roucoumonydépêcha un Brahme à Chrif-
nen pour lui donner avis de ce qui se pai-
soit, & lui conseiller de venir l'enlever,
quand elle fortiroit du temple.
Tout réussit selon les intentions de la
PrinceiTe. Sissoubolen & ses alliés pour-
suivirentChrisnen : Il fut vainqueur, &
retourna triomphant à Dauvaraguey, où
son mariage fut célébré avec la plus
grande pompe.
LIVRE ONZIEME.
{O
N a vu précédemment que Chrifnen
avoit députéAcrourenauprès de Drouda-
,
racchaten frère de Panddouenpour lui
conseillerdefaire rendre a ses neveux la
part de l'héritage de leurpère que Trio-
daren son fils retenoit contre tout droit.
Chrifnen alla depuis lui-même à Afina-
bouram, alors capitale de l'Indostan, & ré-
sidence de Droudaracchaten. Ilparla avec
force à Triodaren maisinutilement. Enfin
,
les injuflices & les violences de ce Prince
usurpateur occasionnèrent une guerre longue
ô sanglante, qui changea la face de l'Inde.
Dans cetteguerre Chrifnenfit une multitude
d'actions mervcilleufes en faveur de Dar-
men &ses 3
frères fils de Panddouen & de
Coundy. Ces exploitsfont célébrés dans le
Mahabaratam, Poème équipe sacré attri-
buéaufage Viassen, le même quipassepour
être auteur des Pooranam ; par cette raifort
Ces exploitsn'ont été simplement quindi.
qués dans ce Bagavadam. )
Chrifnen après avoir purge la terre
,
de tous les Géants & des rois tyrans,
voulut aussi diminuer considérablement
la race d' lTadavou qui étoit la sienne,
& qui s'étoit multipliée à l'infini.Tandis
qu'il pensoit à ce projet, il reçutlavisite
de NaradenBaravadenParaffen & plu-
iieurs autres saints personnages; ils cam-
pèrent sur le bord de la ri vière de BÙzdou-
sarassen qui coule aux environs de Dau-
varaguey.
Cependant par une permission divine,
>
les jeunes gens de la race <£Yadavou qui
habitoient la ville, commirent une faute
qui occasîonna leur entière deflruction :
ils habillèrent unhomme nommé Toui-
hen comme une femme enceinte, & le
conduisant à ces Patriarches ,ils
les
prièrentdeprédire le fort de l'enfant
quidevoitnaître. Les Patriarches indi-
gnés de cette insolence répondirent que
de cet homme travestifortiroit une
barre de fer qui détruiroit la race ci'Ya-
davou : prédiction qui eut bientôtion
effet.
Les Yadaver Ce plaignirent de ce mal-
à >
heur Chrifnen ;il leurconfei lla de mettre
en poudre cette barre, &. de la jeter dans
n
la mer. Ils le firent. U seulmorceau n'a-
voit pas été pulvérisé il fut trouvé dans
,
le ventre d'un poisson par un pêcheur qui
en arma une flèçhe. Quant à la poudre

,
de fer; elle se transforma en une grande
quantité de Corey (espèce de roieaux
d'environ deux coudees de' longueur, &:.
qui reŒemblent à des lames d'épées).
Dans ce même-temps tous les Dieux
vinrent rendre leurs adorations à Ckrifnen
& le prièrent de quitter la terre, puisqu'il
paroissoit avoir accompli ses desseins.
Chrifnen leur répondit que les ennemis
d' Yadaverétoient anéantis, mais que cette
race elle-même devoit auiii êtredétruite ;
qu'enluite il remonteroic au ivaycoundarn
(Paradis de Vichnou).
Les plus terribles pronoflics parurent
alors au ciel & sur la terre. Les hibous
chantèrent en plein jour, & les corbeaux
dans les ténèbres. Les chevaux vomirent
; ;
du feu le riz cuitgerma leglobe du 1er-
leil fut teint de pluiieurs couleurs.
Chrisnen menaça les Yadaver d'une
ruine générale & leur conseilla de se re-
tirer de la ville. Outaven,favori de Chrif*
le pria de lui donner unavis salutaire.
nen,
:
Ce Dieu lui dit Dans [ept jours la ville
de Dauvaraguey fera iubmergée & la
y
race d'Yadaver fera détruite. Le Calyou-
commencer Ion cours; dans ce
gam va
nouvel âge les hommes feront pervers
méchants, sans vérité, sans politesse;ils
,
,
feront foibles de corps pleins de mala-
dies,& de courte vie; ainiiquittez en-
tièrement le monde & retirez-vous dans

;
lasolitude de Badary. Vous penserez tou-
jours à moi, ajouta Chrifnen vous aban-
donnerez les plaisirs temporels, &: corri-
gerez votre esprit par laréflexion. Que
votre ameapprenne à se conduire elle-
même. Croyez que tout l'univers eft/ren-
*
fermé eh moi & qu'il n'est autre chose
que moi. Soyez au-deilus de l'illusion des
apparences. Fréquentez les Sages, que je
!
fois en vous &: vous en moi tel fera l'ob-
jet de vos méditations. Je vous raconte-
rai une chose qui s'estpassee il y a déja
long-temps. Mon 1 4e. aïeul, Yadou, étant
Roi, reçut la visite d'un solitairenommé
~Avaudauten: il lui/dit en conversant,qu'il
êtbit aussiriche & aussi satisfait que lui
qui étoit souverain, quoiqu'il ne polTédât
rien. Vingt-quatre Infticuteurs luiavoient
enseigné les moyens d'être heureux. Ces
Instituteurs font les cinq EIëmencs, le So-
leil, la Lune, la Tourterelle, le Serpent,
l'Abeille) le Papillon, l'Eléphant, le Cerf,
le
lePoisson, la Courrifane, Chien, l'En-
fantée Perroquet, la Flèche, le Ver-de-
terre, l'Araignée, la Chenille, le Ver-lui-
fan & la Mer. Voilà ceux, dit-il, qui

me donna l'idée de
;
m'ont initruit demes devoirs. La Terre
m'enseigna la patience l'Air ou l'espace
ne m'appuyer de ;
rien

; ;
le Vent celle de ne me fixer en aucun
;
lieu l'Eau celle de la netteté le Feu celle
de la pureté le Soleil & la Lune, de ne
faire distinction de personne ; la Tourte-

; j
relle du détachement des Enfants & des
parents le Serpent vivant fous terre,
de la prudence & de manger ce qui se

;
trouve; l'Abeille, de la prévoyance; le
Cerf, de la contemplation l'Eléphant,
de la reconnoiuance & de la [oumiffion;
le Papillon, nommé Toumby, de la ià-

;
gacité à n'extraire de chaque chose que

;,
ce qui est profitable l'Araignée, de
la vigilance le Poisson qui se prend

cause ;
à l'hameçon
,
la Courtisane
,
du mal que l'ambition

;
de se conten-
ter de tout félon les circonstances le
Chien, du peu de cas qu'on doit faire des
c. mets quand on est rassasié; l'Enfant, du

peu de foin qu'on doit prendre de foi-


tnme; la Flèche, de se rendre avec vîtesse
au but. Le Perroquet s'éloigne des mé-
chants Oiseaux; le Ver-de-terre ne cher-
che aucune demeure en propre; la Che-
nille n'abandonne point ce qu'elle a com-
mencé; le Ver-luisant en voulant mal
aux autres se perd lui-même; enfin l'O-
céan, recevant & rendant les eaux de
tous les fleuves, donne l'idée d'une jufle
plénitude. Celui, continua le Pénirent,
qui surmonte l'ambition de propiicté, ôç
la concupiscence, acquerra la iagene.
Une courtiTane de Midaley dit en-
core Chrisnen,ayant attendu son amant,
jusquau matin, 6c ne le voyant pas arrir-
ver forma la résolution de vaincre ses
desirs, &: elle fut sauvée.Lespassions
doivent être refrénées l'une aprèsl'autre.
Une fille avoit à son bras plusièurs brace-
lets qui faisoient du bruit quand elle tra-

,
vailoit; elle les cassa successivement, èc
n'en conservant qu'un le bruit cessa.

ame doivent être ;


C'cdl: ainsi que les passions qui troublent.
réprimées il ne. faut
çonÍerver que le dehr du salut. Celui qui
renonce à la vanité du mensonge pour
la vérité qui eÍl: la sagesse, acq uerra la.

présentera mes traits.


lumière divine; son cœur fera pur, & re-

Outaven supplia Clzrijizen, de lui faire


çonnoître la doctrine,mystérieuse qu'il

répondit :
avoir enseignée à Sonaguen. Ce Dieu lui
jadis tous les grands Patriar-
ches prièrent Brahma de les instruire dans

embarrasse ,
la voie de perfection.Brahma se trouvant
je me manifeftai & leur
enseignai cette Doctrine. VApprenez que

;
l'ame ou la vie est la puiiTançe qui appert
çoit les actes des cinqsens & je fuisce-
lui qui eil: témoin de tous les actes de
cette ame. Renoncez entièrement à l'es-
prit de propriété dans les choses tempo-
relles, c'est un pas nécessaire dans la voie
du salut: Tantque cedétachementn'aura,
pas lieu, les pallions ne peuvent être dé-
truites. Alîis à terre, lesmains étendues
sur les cuiues; la volonté absorbée dans
FEire universel;; la vue immobilefixée

ces de l'ame concentrées ;


vers le bouc du nez toutes les puiiIn-
les princi-
pesdes mouvements tellement recueil-

répandre au-dehors :
lis dans le cœur, qu'ils ne puissent se
c'estainsi qu'on
doit me contempler. Je fuis la vérité&
la sagesse.
Outaven demanda à Chrisnen, de lui
faire aussi connoître la contemplation de
Nifiavebondy; il lui répondit:
La forme de l'univers sensible 8; in-
sensible est mon image. Dans la propor-

;
tion de grandeur l'espace est le plus grand
des cinq Eléments je fuis cet Elément

;
qui embrasse tout. Ce qu'il y a de plus
subtil est l'ame c'est moi. Dans ce qui
est invincible, rien ne l'est plus que la vo-
lontéc'estmoi encore. Parmi les Dieux,
Brahma est le plus grand, je le fuis. Entre

,
les astres, je fuis le Soleil. Parmi les Pa-
triarches je fuis Naraden. Entre les Sa-
vans, je fuis le fage Cabiler. Parmi les
Géants, je fuis Pragaladen. Dans les pa-
roles je fuis la vérité. Dans 'es vœux je
,
fuis la résolution de ne tuer rien de ce
qui a vie. Dans l'aumône, je fuis celle du
pain. Entre les quatre Saisons, je fuis le
printemps qui vivifie. La vérité, la fa-
gesse, l'amour, la charité, le bien, la
prière, les Vedam l'Eternité font mes
,
images. Après ces inll:rut1:ions Outaven
se rerira dans le défèrt de Badary.

;
Chrifnen tourna ses pas du côté des
Yaduve-r tous étoient morts. Ils s'é-
roient,çnivfeS) & ayaiit eu dispute, ils
se divisèrent en deux factions, &s'ar-
3
mèrent de Coreys ces roseaux produits
par la poudre de la barre de fer, dont:
;
il aété parlé ils combattirent & s'en-
tretuJ:¡cnr tous. Chrifnen vit en même
temps ion frère Balaramen qui, quittant
son corps alloit se rejoindre à Atife-
caen.
Chrifnen alors entra dans un buisson,
&s'assit en mettant un pied sur l'autre.
Dans cette situation il fut blefré d'une
'flèche tirée par un chasseur qui croyoic
tuer une bête. La pointe de la flèche
étoit de ce morceau de fer mal pulvé-
risé, qui avoit été trouvé dans un pois-
son. Cetteblessure fut mortelle. Le chafc
feur voyant sa fatale méprise périt à
l'inflant de regret,
Daraguenfavori de Chrifnen, le trou-
vant dans cet état en donna avis à
Yaffoudeyen èç à Artchounen. Vaffou-

;
deven & sa femme expirèrent de dou-
leur Artchounen abandonna la Royauté
de Madurty en faveur de Vatcharen.
fils d'Anouroutrabatten. C'est alors que
à
vous fûtes installé (Souguen parle Pa-
ricchitou) sur le trône àAfinabouram;
votre grand - père Darmen & ses frères
ayant abdiqué pour mener une vie pé-
nitente dans l'endroit oùChrifnen étoit
mort. Son corps fut miraculeusement
transporté à Geganadam. (C'efl: le tem-
ple antique & célèbre que les Européens
pomment Jagrenat). En apprenant cette

,k
nouvelle, Roucoumony & ses seizemille
cent huit concubines se jetèrent au
feu & allèrent se réunir leur divin
époux dans son paradis.
LIVREDOUZIEME,
LES deuxpremièrespages de ce dou-
'{ieme Livrerenfermées entre deux especes
de paranthlfes contiennent un essai pro-
phétique sur lequel je crois devoir pré-
senter deux ou trois ohfervations.
De temps immémorial les anciens Per-
sans. les Tartares & diversespeuplades
la plupart errantes & nullement civilisées
ont envahi ou ravagé quelques Provin-
ces de l'Inde. Or selon l'antique &
3
universelle croyance de cette contrée tout,
,
au moral & au phyJique, doit dégéné-
rer & empirer pendant la durée du ca-
lyougam, (rage aelueldu monde). D'a-
près ces donnéesSouken, ou plus pro-
bablement Souden, Rédacteur de cet Ou*
vrage a sans doute cru honorer la mé-
3
moire de son maître , lefage Viaflen 3 en

phétiques j
hasardant un petit
sur
nombre de phrases pro-
des dynaslies&invasions
futures. Songénie dun volrapide, ne Je
porte que sur environcinqmille ans. Cet
essai devoit suffire pour donner une idée
anticipée des maux qui toujours feroient
lefatalapanage de cet âgedévoué à l'in-
y

fortune."
Il si certainqu'en plus d'unpay s -,
un

pu être conçu & suivi ;


pareil plan de réputationprophétique, a
mais, au lieu de
n'employer que des expressions bien O(èll""
res, bien ambiguës sifujèeptibles dedissé-
rentes, interprétations, Souden paroît s'é.
tre exprimé en termes un peu trop précis ;
ainsiil n'a réellement prophétisé que pour
des gensd'une foi à toute épreuve.D'à
bord il annonce que lesdescendans du Roi
Paricchitou. (nommé Paricchat dans
,
les Provinces du Nord de l'Inde ) ne con-
,
serveront le trône que quatre cent quatre-?
vingtdix-huitans. Cependant ilefl
avéré
par les monutnens & hifloiressuivies de
regnes en règnes que cette famille a tenu
3
les rênes de l'empire pendant flie cent
soixante-cinqansjufquhKuimiradja,
>

en quifinit la race des Pandouer. Souden,


après avoirensuite fait mention de quel-
ques autres petites dynaflies" parle de

der,
trente-sept espèces deMiletcher, de Ve-
ô autres Barbares qui, environ deux
mille ans aprèsVépoque ou commence le
Caliougam devoient envahir & posséder
tout le pays pendant troismille deux cent
quatrevingt dix ans. Mais une legère idée
des fléaux & des révolutions auxquelles
l'Inde a été en proie fait assi'{ appercevoir
que ces invajions prédites lesquelles sé
tendroient au-delà du temps présent ne y
peuvent se rapporter a aucunes de celles
qui ont réellement eu lieu jusqu nos à
jours.
"-
Que des Brames enthoufiafles ou inté-
ressés3 commentent & justifient des asser-
tionsqui, par les non-croyans,pourroient
aU moins être nommées erreurs ;
que ces
personnagesdécouvrent fous cette écorcé
des sens myfliques, ou allégoriques; peu
nous importe.Mais il resse sensible que
ces prédirions même par leur côté littéral
j
foible.4 déposenten faveurjde l'antiquité
de ces livres Saints; elles semblentconfla-
ter que celui-ci j a été rédigé dans le pre-
miersiècle du Caliougam peu après la
,
mort de Paricehitou, ou de fort fils j Ù
avant les temps ou auroient pu arriver les
prétendus évènemens dont il llefl parlé
qu'auhasard.Une autre inductionsepré-
:
fente ces erreurs de fait j consignées dans
3 ô
un ouvrage

contrée
Canonique

il n'y
,leur exiflence
prolongéejusqu'aujourd'hui sur-tout dans
des manuscrits
une ou a que
affè'{ rares ces taches ces erreurs même
, 3 j
:
fontconnoître la force & la naturedu ref
pecl religieux de ces peuples un pareil mo-

empêcher
leverune
,
tif la vénérationlaplusprofonde,aapufeulé
y
sinon d'entrevoir au moiûsd'é-
mainprophane sur de petits dé
ils
;
tailsaussi isolés sans nul inconvénient
pu
auroientpuêtresupprimés
ils auroient 3
supprimés ou après
j 3
coup mis d'accord avec les évènemens.
Paricchitou instruit des évènemens pas-
sés, supplia Souguen de lui faire con-
noître ce qui devoit arriver. Souguen
par esprit prophétique parla en ces ter-
mes.
( 0Illuftre Prince,votre petit-fils Saga-
tranigan fera père de Pragatraden qui
3
aura pour fils Pouracéan père de Pratio.-
tanen. Ces Princes, y com pris votre fils
Cenamecean feront Rois pendant138
ans. Après eux Srouncean montera sur le
trône & fera assassiné par son ministre
-qui couronnera son propre fils. Dans
cette race cinq Rois règneront pendant
cent cinquante ans. Alors un Prince de
votre fang nomméIcchemavarmendétruira
la race duMinistreusurpateur&mettrasur
le Trône Iccketraden son fils. Ce Roi fera
père de Vidijjâren qui aura pour filsAjJà-
dafatrenpère de Derpaguen" père d'Anja-
nean, père de Nanden j père de Maganan-
dy:Ilsrègnerontpendant 360ans. Alaga-
nandy fera père de Magaguerpenqui fera
Roi du pays de Nandichetranz : mais son
cohéritierMagadormen le subjuguera,
& mettra sur le Trône Magabormen. Ses
enfants Soumalien 6c sept autres régne-
ront pendant cent ans. Les Rois leurs
successeurs feront de la race des Soutrer
(la quatrième tribu).

maître du pays nomméNandyfadamam ;


Sandragouten de race de Brahme, fera.

il aura pour fils Sotasamuen,père de SiJ-


fogan. Neuf personnes de cette famille
feront sur le Trône332 ans. En ce
même temps naîtra dans la ville de
,
Sarounguibarapouram Acninatren qui fera
père de Soujjevitten père de Patra-
,
guen, père de Pouninden3père de Goch-
s
[en, père de Kijfanatren père de Pa-
gavanden père de Debaboumy : tous
ces Rois mourront dans l'espace de cent
ans.
Debaloumy a p rèsavoirvaincuCari-
nouven. de piulieurs autres Princes, met-
ira sur le Trône son fils Vassoudeveny
dont les descendants aunombre de neu f
régneront pendant 345 ans. Une multi-
tude d'autres Rois gouverneront le reste
de la terre.
La Royauté ne donnera jamais une
pleine satisfaction. On oublie que cette

,
qualitéfinit comme les autres choses
temporelles & un scélérat ambitieux
met à mort son propre fang par l'envie
de régner. Un Prince nomméSougar-
men assassinera son père & son frère aîné
pour monter sur le Trône. Ses descen-
dants feront Rois pendant 456 ans. En-
fuite régneront sept Princes de la race
d'Yadavou, dix de la race de Cartaben,
& seize de celle de Ganguen.Après quoi
huit diverses espèces de Toulouker (Tar-
tares) & 14deVeder(peples chassèurs,
habitans des bois) gouverneront dans di-
verses parties de la terre. 14 espèces de
Miletcher (peuples barbares grossiers),
& d'autres fortes de Veder. qui auront
le surnom de Poulindarparper feront
,
aussi maîtres de plusieurs contrées pen-
dant 1990 ans. Ces Rois feront corrom-
pus &: tyrans. Une autre race également
méchante régnera ensuite pendant 1300
ans. Le Prince Nanden les fubjliguera
tous, & fera installé sur le Trônedans
la ville de Cuilacucla ; ses descendans
feront Rois pendant 106 ans. L'un d'eux
nomméAssonandy aura 13 fils qui feront
Rois du pays de Balaqui & de Cossolam.
Alors les Princes de la race de Vidour
qui font Yeder feront Rois du pays de
Nichadam. Ceux de la race de Vatchi-
ren rétabliront la dévotion de Vichnou
refroidie parmi les Brahmes, & ils gou-
verneront le pays situé au bord du Gange.
Dans l'âge du monde, nommé Calyou-
gam, qui va bientôt succéder à celui de
Touvabarayougam prêt à finir les Rois
3 3
feront de la tribu de Soutrer (la qua-
trième &: dernière tribu). Les pays de
CajJimiram & de Sindou feront possé-
des par des Milctcher
fiers,
;
ces hommes gros-
féroces, sans politessè, sans mo-
dération, n'hésiteront pas à faire mou-
rir impitoyablement les femmes les
,
enfants & les Brahmes. Dans ce temps,
la richesse feule fera estimée. Les hom-
mes en perdant la vigueur du corps
feront devenus lâches, & leurs passions
d'autant plus effrénées).
A la fin de cetâge d'infortune Vick-
nou le métamotphofera en cavalier fous
le nom de Calqui; guerrier invincible,
il exterminera tous les Miletcher. Alors

heur,
reparoîtra à son tour le siècle du bon-
le premierâge du monde. Cette
nouvelle apparition du Credayougam com-
mencera lorsque leSoleil, la Lune,Vé-
nus, Jupiter & les autres planètes
ront enconjonction dans le mêmeligne
fe- ,
du Zodiaque (*).

(*) Les Indiens regardent les douze signes du Zo-


diaque comme Stations du Soleil,,comptent3 dans
la même étendue du Ciel., vingt-sept constellations ou
Chrisnenvécut dans le monde 125 ans:
à son départ, le Calyougam étoit sur le
point de commencer sa course. Cet âge de
pollutionfinira lorsque les sept étoiles
des sept grands Patriarches (la grande
ourse) marcheront avec lesconstellations
appelléesPouradam.Jusqu'à cette épo-
,
que Devaby y frère de Sandanen vivra
Pénitent& inconnu dans le village de
Colibatn; il/viendra alors pour repro-
duire la race de Baraden : Morontchou-
den,Prince de celle du Soleil,-demeu-
rera aussi ignoré dans le mêmevillage
pourreparoitre en même temps.
Apres avoir ainsiparlé, Souguen ex-

la Lune elt çensée se reposer. Comme ces différents


signes fervent aussi de Stations aux autres planètes il
paroit qu'à des époques plus ou moins éloignées, tou-
tes peuvent se trouver en conjonction.
Quoiqu'il en foit, les influences prétendues bonnes
ou mauvaises, de ces étoiles & de ces planètes, déci-
dent dans l'Inde de la conduite de presque toutes les
affaires. Ce jeu du hifard &:du charlafarisme,qui si
longtemps avoit par-tout usurpé le nom de science le
3
porte encore en Afe.
horta Paricchitou à attendre la mortavec
;il
courage lui dit : Vos ancêtresnefont
plus; le nombre des Dieux,desGéants
&: des hommes quiontvécu êc qui ont
subi le même fort, est innombrable ;
:
vous êtes du nombre des sages, vous ne
devez avoir aucune crainte ce qui mé-
rite votre attention c'erc l'éternité.
Paricchitou remercia Souguen, de le
pria de lui apprendre encore quelque
chose concernant le temps ; Souguen dit :
Je vous ai parlédel'étendue des qua-
tre âges : je vous ai dit qu'àCredayougam

,
la vertu marchoit à quatre pieds qui font

,
la vérité la pénitence,, la charité & l'au-
mône. Les hommes aimoient chérif-
soient la vertu, & ils étoient heureux.
Dans le fécond âge la vérité s'éclipsee&
la vertu perd un de lespieds; dans le troi-
sième elle ne le traîne que sur deux, l'es-
prit de pénitence n'existe plus.À l'arrivée
du quatrième age, la charité s'éteint, il

;
ne reste qu'un pied à la vertu; enfin elle
perdra cet unique appui le mensonge
la vanité, la cupidité & l'avarice domine-
ront le cœur humain.
Voici maintenant ce que c'est que le
grand Cataclysme de l'univers. Les qua-
tre âges du monde qu'on nomme Sadi-
ryougam par mille révolutions, forment
un JOUi" àçBrahma; autant sontnécessaires
pour une de ses nuits. Pendant la durée de
chaque nuit, ce Dieu se repose, & l'uni-
vers eA submergé.Cedéluge se nomme
Dinapralayam(Cataclysmed'unjour).360
jours ôc autant de nuits semblables com-
posent une de ses années; il en faut cent

,
pour le complément de sonâge. Ce Dieu
mourant alors il n'y aura point de pluie
pendant cent ans. Les hommes en proie
àla faim & à la fois se dévoreront réci-
proquement, Alors le soleil avec ses douze
corps (chaque mois il paroît avec un
corps nouveau) embrasera tout. Un feu

;
dévorant sortant du visage de Chiven ré-
duira les Globes en cendres ces cendres
ferontagitées par le souffle impétueuxdes
,
vents en fureur. La terre que nous habi-
tons bouleversée jusques dans ses fonde-

:
mens, fera délayée dans les eaux d'une
pluie épouvantable ces eaux feront en-
;
fuite supprimées par le feu le feu dissipé
à
dans l'air fera réuni lefpace. L'eipace
perdant sa qualité rentrera dans rAhan-
garam (la puissance formatrice), cette
puissance rentrera dans le Pracroudy (vo-
lonté efficiente), lequel avec tous ses ef-
fets apparents est absorbédansl'être des
êtres, qui est Vichnou.
C'estNarayanen (Vichnou incarné fous
)
ce nom qui lui-même a révelé ces se-
crets à Naraden; celui-ci les apprit à
mon père Viajjen qui a bien voulu m'en
instruire.
Paricchitou pénétré de reconnoissance
se prosterna devant Souguen & le fit re-
conduire chez lui. Enfuite il inflalla Son
fils Cenamecean sur le trône, & s'étant
assis Sur un lit de gazon, il mourut de
la morsure d'un serpent : aussi-tôt son
ame. se rendit auprès de Vichnou.
Les Pénitens assemblés dans le défeft
deNaemissartémoignèrent àSoudentoute
Ja satisfaction qu'ilsavoieilt éprouvée en
écoutant les fublknes instructions dont
il leur avoit fait part. Ils le prièrent de
vouloir bien leur apprendre quelque
chose sur l'origine du Vzaam, Se à qui
d'abord il fut enseigné : Souden parla
si :
ain

émanation ;
Du cœur du Soleil procède une vive
quatre adtes de l'esprit en

:
ontété produits; de leur réunion sortirent
sept principes le mélange de leurs nuan-
ces font les formes lumineuses du ¡.Te,
dam. Brqhma les unit à ses quatre vila-
ges; elles en émanèrent par sa parole qui
est la vérité.
Viajfen, fils deBrahma, rassembla&
divisa le redain en quatre parties qu'il
nomma Roucou, Samam, Efrou & Adav-
vanam. Il les enseigna à ses disciples

Bailen ;
yayafambayen Saymien, Sounzanden &
3
Ceux-ci instruisirent d'autres
éminens perionnages.
Vayafamhayen enseigna le Vedam J
nomméEfrou à Carttavelien & à Acgna-
valagui. Ce dernier au-lieu d'être recon-
noissant, outragea son maître; il en fut
maudit, & à l'inflant oublia tout ce qu'il
avoit appris.Ayant depuis senti sa fau-
te, il adressa ses prières au Soleil, celui-
ci se montra fous la forme d'un cheval,
li
&; lui rendit le vredivin, dont ilavoit été
privé. Acgnavalagui le divisa en soixante
[aiQns, dont il fit part à Vassyhaan,
6c à plufiçurs autres.
Outre ces quatre Vedam il y a dix-huit
Pooranam qui se nomment Brahmam
,
Badmam, Vayflnouvam, Lingam, Ca-
roudam, Naradam, Bagavadam, (c'est
celui dont on donne ici la traduction )
Acneam, Scandam, Cayvartam, Marcan-
deam, Vamanam Varagam, Courmam,
Brahmandam Baudigam, Vayviangam-,
Matcham. Ceux qui lisent ou entendent
la lecture de ces livres saints, feront inf
fruits à fonds de toutes les sciences divi-
nes & humaines;leurspéchés feront par-
donnés.
C'est par le fruit de ces faintes médi-
tations que jadis Marcanden dès l'âge
de seize ans, fixa la destinée, &: obtint
il
le don d'immortalité. Déjà faisoit péa
nitence depuis5,964,000 années divines;
Jorfque celui qui étoit alors Roi des
Dieux, craignant d'êtresupplanté, fit
ce qu'il put pour le détourner d'une vie

brase les cœurs,


aussi méritoire. Il pria le Dieu qui em-
de rendre le Pénitent
sensible aux charmes de Danseuses cé-
lestes qu'il envoya pour le séduire. Toutes
leurs agaceries furent inutiles;Marcan-
den fut victorieux. Vichnou lui rendit
visite & lui demanda quelle grâce il dé-
siroit. Le Pénitent le pria de le mainte-
nir ferme dans sa dévotion & de pou-
voir le contempler lors de la destruc-
tion universelle : sa demande fut accor-
dée.
Quelque temps après, arriva la nuit de
Brahmale monde fut submergé.Mar-
candenéchappa seul à la mort. Pendant
un temps considérable il fut porté sur les
eaux; enfin il rencontra un petit enfant
étendu sur une feuille d'arbre moins
grande que la paume de la main. Il par-
loit à cet enfant, lorsque par la respi-

:
ration de son nez, il fut entraîné dans
son petit corps il y vit tous les globes
de l'univers renfermés. Un mouvement
d'expiration mitMarcanden hors du corps
de l'enfant. Il reconnut Vichnou, l'a-
dora &; depuis s'en alla dans la soli-
tude.
Chiven monté sur un taureau vint avec
Barvadi son épouse rendre aussi visite au
Pénitent. Il lui dit que quoiqu'ilnel'eût
pas invoqué, il avoit voulu lui faire côn-
noître que Kichnou & lui n'étantqu'un,

firma le don d'immortalité


tira.
,
il avoit reçu ses adorations. Ce Dieu con-
& se re-

Les religieux Pénitens encouragés par


les bontés de Souden le prièrent de leur
faire connoître les douze corps du soleil
dont il avoit fait mention. Souden parla
en ces termes:
sentant de la triple puissance, Brahma
il
,
Le Soleil est la vive image & le repré-

;
Vichnou <k. Chiven il vivifie, conferve,
il détruit: Monté sur son char étincelant,

;
il fournit sa carrière dans l'espace. C'efl
lui qui constitue le temps ilest le Prince
des afires.
Le Soleil parcourt le ciel au mois de -,

Sittirey (Avril), fous le nom de Totourou;


les Patriarches Cradaflalen, Poulaflien,
Edy, le Serpent Vassoudy &la Danseuse
Ratagrouty l'accompagnent le chantre
Nanden fait entendre ses accents mélo-
dieux..
Au mois de Vaygassy (Mai), il paroît
,

fous le nom d'Artama; il estsuivi par


Poulaguen le Patriarche, par la Danseuse
Panjacaley, par le serpent Tangassen, &
par le Géant Praguedy. Le divin Naraden
l'accompagne en jouant de son Vinet
, (espèce de guitare).
),
1

de Motrcn ; le
Au mois d'Any ( Juin il prend nom
il est accompagnéàAtirien
le Patriarche, du serpent Decchen, de
la Danseuse Managuey & du Géant
Ratafven. Baulchamen, Ange Guendarver
le fuie aussi en faisant entendre son ini-
trament si harmonieux
Aumoisd'Ady (Juillet), Araonen est.

che ,
Rambey la Danseuse ,
le nom qu'il porre. Vassisten le Patriar-
le Serpent
Yagasennien,&les GéantsSoucren, Sitreny
Mouguien, l'accompagnent, ainsi qu'On-
gon Ange Guendarver, qui chante en sa
3
présence.
Au mois d'Avany(Août), il est nommé
Aditien le Patriarche Auguirassen le
3
Serpent Elapoutren le GéantSouvariens
3

la Danseuse Brahmalossey, & Kajjov. le


Mulicien, marchent à ses côtés.
Au mois de PoorataJJy(Septembre),
il a le nom de f-éfvaden. Le Patriarche
Pragou marche à sa fuite, ainsi que le
Serpent Songabilen la Danseuse Anou-
maloffiy, les Géants Oucracenen & Via..
crahouramen. Doaden fait entendte ses
accents mélodieux.
Au mois d'Arpassy (Octobre), il se mon-
tre fous le nom de Bouckanen. Le Patriar-
che Condimen, le Serpent Souchackanen3
la Danseuse Sourou le Géant Vayvien
& le CliantreSitraguedou l'accompa-
gnent.
Aumois de Cartiguey ( Novembre) il.
,
se nomme Croudou; il est suivi du Pa-
triarche BaratOuvajjèn du Serpent Ayra-
3
vaden, de la DanseuseVissouvey & du
Géant Pragenassitou.Celui qui chante en
sa présence est Parassennien.
Au mois de Margaly (Décembre) il
,
paroît fous le nom d'Artasven. Le Patriar-
che Cassiaben, le Serpent Mogafengaen
,
3
la Danseuse OuvaJJy le Géant Ourou-
cenen, & le Chantre Viteadaren font à
ses cotés.
(
Au mois de Tay Janvier ),
il prend le
nom de Bagavanden. Le Patriarche Bou-
den J le Serpent Carcoden les Géants
Arechtanemy OC Panjamouguen la Dan-
seusePourouvasitty3 & le Chantre Ayouen
marchent à sa fuite.
Au mois de Massy (Février), Ton nom
est Bratinen ; il est suivi du Pattiarche
Reasseden, du Serpent Cambalafven, du
Géant Droudaracchaden, de la Danseuse
Tilotamey.) & du Chantre Darmaraten,
(
Au mois de Payngouny Mars), le So-
leil porte le nom de Vichnou. Le Pa-
triarche Kisvanotren3 le Serpent Asvata,
3
la DanseuseSariavartchaley
Sattiamoutoufont à ses côtés ; le Géant
Maplareten.
renommé dans les chœurs célestes fait
entendre ses doux accens.
C'est autour du Mont Merou, que
r Afire du jour fournit sa carrière. 60,000

,
Anges Valaguillier marcheront toujours
devant lui & toujours réciteront les
formules contenues dans les deux Ve-
dams, Efrou & Samam. Ceux qui invo-
quent, lesaint nom de Vichnou, de l'E-
tre ineffable, &.-- qui aussi vénèrent le So-
,
leil
péchés.
obtiendront le pardon de leurs

0 illustres Pénitens, dit Souden,voici


la fin du Bagavadam. Les mystères de
la Religion vous ont été dévoilés. Ceux

:
qui entendent ce Poëme Sacré feront

;
favorisés du Ciel il est la substance du
Vedam il est le premier & le plus ex
cçllent des dix-nuitPooranam,

F N.I
APPENDICE
ou
Rapprochement Chronologique des gran-
des crises périodiques, de la nature fé-
Ion le Bagavadam.

-LEs échelles de la durée des temps en


usage dans l'Inde posent sur des points
extrêmes qui ne peuvent être réellement
saisis ni appréciés par l'imagination. Di-
viser ou multiplier font des opérations
dont les limites font indéfinies. Quoiqu'il
en foit des principes de ces calculs, ils
font anciens & ont jadis été traitésmé-
raphyfiquement; il en fera question dans
l'ouvrage que je me propose de donner.
En partant d'un dégré sensible, je me
bornerai ici, à former un simple rappro-
chement des données qui aboutissent
aux grandes époques des créations ou
reproductions des êtres, &; des grandes

,
criTes de la nature.
Une heure indienne najiguei est

;
composée de soixante vinatjiguei (24 -mi-

; ;
nutes européennes)
un mougourtam
deux najiguei font
trois mougourtam trois
quartsfont un samam huit famam for-
ment un jour de soixante heures indien-

;
nes (24 desnôtres). Quinze jours fè
nomment paccham deux paccham
30 jours, font un mois pour les hom-
, ou

mes; ce mois n'est qu'un jour pour les


gén1espedar. Deux mois de l'homme se

ayanam, ou six ;
nommentroudou; trois roudou font un
mois deux
forment un an. Une année pour l'hom-
ayanam

me effc J60 jours, ou le temps que le


soleil emploie à parcourir les douze signes
du zodiaque. Cent ans font l'âge de
l'homme. Une de nos années n'est qu'un
jour pour les dieux ( subalternes) : 360
jours, pareils compofentleurannée ditfftfè.
que ;
L'année indienne civile ou agronomi-
est solaire quoiqu'employée ici
nombres ronds, elle a 365 jours, & six
en
à sept heures, un peu plus ou moins,
C'efl la lune qui en railon de h préten-
due influence, règle par là marche pres-
que tous les jours conlacrés au culte re-
ligieux. Le cycle vulgairegénéralement;
usitéest de 60 ans, il forme une petite
période agronomique. Quant aux monu-
,
nomique &. Chronologique ,
mens & aux actes, un peu importans
on y fait aussi mention de l'ère agro-
du qua-
trième âge actuel du monde, (aujour-

,
d'hui l'an 4888). L'on faitdeplus usa-
ge, sur-tout pour l'astronomie d'une
:
ère qui date de 1709 ans C'est l'époque
delamort de Salivaganen qui pendant
son règne sur la majeure partie de cette
prefqu'isle, protégea & encouragea les
Savans.
Les quatres â ges du monde, nommés
Credgyougam Teredayougam, Tovayou
3
gam & Calyougam se succèdent & se
renouvellent périodiquement. Le pte..
mier âge comprend 4,800 ans divins
(1,728,000 anshumains). Le fécond à
un quart moins de durée que le pre-
mier, &n'est que de 3,600 ans divins
(1,296,000annéescommunes). Le troi-
sième âge d'untiers moins long que le pré-
cédent,compte 2,400 ansdivins(864,000
ans communs). Le quatrième ayant moi-
tié moins de durée que le troiflème, n'a
conséquemment que le quart de celle du
premier, c'est-à-dire 1,200 ans divins
(431,000 ans vulgaires). Dans ces cal-
culs est toujours compris une forte d'in-
tervalle ou temps intermédiaire, pendant
lequel une altération insensîble lie cha-
que âge au suivant.
La différence graduelle observée dans
les nombres qui compolent la durée des
quatre époques précédentes, correspond

,
&: est figurée par l'emblème des quatre
pieds qu'a eu la vertu dans le premier
âge à qui jlrëae à peine un seul ap-
pui dans le Calyougam.
La 4888e. année vulgaire, dans laquelle
nous sommes, fait partie de la quator-
zièmeannéedivine de ce temps d'ex-
trêmedégénération & perversîté.
Ces quatre âges réunis se nomment
sadiryougam. Ainsilesadiryouganzest une
période de 11000 ans divins, lelquels
multipliés par 360 jours font4,120,000
années communes.
,
Mille sadiryougam c'est-à-dire, douze
millionsd'annéesdivines ne (ont pour
Brahma qu'un jour arrihciel d'un matin
au foir. On nomme dinacalpaln ce jour
& la nuit réunis, ils embrassent deux
millesadiryougam. La durée de chaque
nuit de ce Dieu est celle de ion sommeil,
pendant lequell'univers est submergé par
un déluge connu fous le nom de Dina-
pralayam(cataclysme d'un jour).

,
ques
Quatorze grandes dynasties périodi-
distinguées les unes des autres par
le nom patronimique d'un souverain qui
,
est à la tête de chacune, paroissent&
finissènt dans l'intervalle d'un marin au
foir de tous les jours de Brahma. Ainsi
ladurée d'une de ces Dynasties est d'un
(
peu plusde71 fidiryougam 852,000 ans
).
divins La septième de ces ères dure en-
;
core
gne
le
est
nom
celui
patronymique
de
qui
Vzyvajjbudcrt.
la
Ce
dési-
Prince,
par la 5
transmigration né de la race royale
du ioieil, 'jadisrégnant Tous le nom de
Saiiavaraden fut fauvé du déluge qui ar-
riva à la fin du précédent dinacalpam (la
dernière ère d'un jour de Brahma). -

Cent ans composés de ces jours 8{ de


ces nuits, portés chacun séparément à
12,000,000 d'années divines, forment
l'age complet de Brahma, ou sa grande
,
ère. Le terme de ces cent ans est l'é-
poque de la grande crise de la nature,
d'une conflagration univerielie Se d'une
reprise ou dissolution absolue des êtres
.créés : alors tous les élémens se péné-
trant, rentrant les uns dans les autres,
font enfinabsorbés dans le fein de Vich-,
flOU, pour, (elon ses décrets; être repro-
duits dans la plénitude des tem ps. Déja
plus de cinquante des années de Brahma
font écoulées : ainsi l'on peut compter
au moins432,000,000,000 ans divins,
(155,520,000^000,000 années commu-

,
nes) depuis la grande création ou repro-
duction des êtres qui a suivi la dernière
naissance de ce Dieu Créateur.
Plusieurs voyageurs Européens ont pré-
tendu que l'époque du déluge univer-
sel & de la création est la même ielon
les Indiens que celle du commencement
de la période des quatre âges actuels dij
monde qui, comme on a vu, date de
3,892,888 années communes. Quel-
ques uns ont même présumé que c h a-
cun de
par un
ces
déluge,
âges étoit
&:
séparé
suivi
du suivant
d'une nouvelle
création. Selon ce dernier apperçu ces
peuples ne compteroient que 4,888 de
nos annéesdepuis ces grandes crises de
la nature. Mais leurs chronologies my-
thologique & historique, l'on pourroit
même dire celles de tous les peuples
anCIens.) étant notoirement contraires à
cette feconde assertion, je ne dirai ici
quelques mots qu'au sujet de la première.
Nousn'avons point de termes propres
pour bien diltinguer une iuitedepréten-
dues époques qui excédent l'imagination
f
;
il n'et pas étonnant qu'on les ait presque
toujours confondues. Les quatre âges du
monde dont il s'agit se Íuccèdent, & se
renouvellent périodiquement. Celui dans
lequel nous sommes, fera fuividu retour
du premier. Le passage de l'.un à l'autre
est hxe, &, félon ces peuples, marqué par
des présages constans par la poiition des.
,
planètes, leurs conjonctions el. leurs di-
vers aspects, ou lorsque certaines cons-
tellations se trouvent en regard. Régis
par l'influence des différens ailres, dans
la dépendance desquelsilsfont supposés ,
ces âges doivent éprouver progressive-
mcnt, en des temps circonscrits, des
détériorations, ou des améliorations phy-
siques, politiques & morales. Mais ces

, ni
sortes de c h an g emens ne sontépoques
de créations ni d'affreuxbouleverfe-
ments dans la nature. Cest donc sans
fondement que l'on attribueroit à la der-
nière révolution partielle & isolée de ces
âges ce qui appartient à l'ere deux mille
fois plus étendue, dans laquelle ils font
compris & dont ils ne forment qu'une
partie intégrante.

,
La nature éprouve, comme on a vu
ci-dessus à la fin de chaque jour de
Brahma, une crise périodiquenommée
Dinapralayam, pendant laquelle le monde
est submergé, mais cette crise mêmen'ell
point comparable à celle de la grande ère
le
de ce Dieu. Nous lommes, félon Baga
vadam, bientôt à la moitié d'un de les
;
jours il s'enfuit que depuis le dernier
déluge &: la dernière restauration des
1
choses
près de 6,000,000 d'années divines
2,160,000,000d'années communes.
,
ces peuples doivent compter
ou

Cette Doctrine sur la durée des temps


consacrée en dix endroits du livre cano-
nique que nous publions, est, quand au
fond, auni religieusementadmise par ceux
le
qui prétendent que Chiven,est nom
de l'Etre Suprême, &: que Vichnou n'est
qu'un de ses attributs. On pourroit inême
ajouter que ces derniers présumant peut
être se rapprocher encore davantage de
l'infini, ont accumulé beaucoup d'autres
périodes sur les précédentes.
Quoiqu'il en foit de toutes ces tenta-
tives, pour fonder l'abyme du temps
jettons un coupd'œil sur une chose non
,
ignorée en europe, & dont il a déja été
dit quelques mots dans le discours pré-
liminaire. Les opérations agronomiques

, ,
des Indiens faites d'après d'anciens for-
mulaires confervés par une servile &
ignorante tradition supposent constam-
ment la précession des équinoxes, ou
le mouvement des étoilesfixes en lon-
gitude. Ces révolutions sidérales plus
,
pu moins multipliées, divisées par leur
Cycle de soixante ans, & d'après quel-
ques autres données,fervent de bases
aux époques des différens âges du mon-
de, &: de toutes ces grandes mutations,
qui se succédent en fuivan t refpeaive-
ment, une marche périodique immua-
ble.
La connoissance de la précession des
equinoxes, de cetteentiere révolution

ans, en
à
ronds ,
du Ciel, déterminée vingt-quatre mille
nombres afin de pouvoir
opérer sans fractions, calcul qui s'éloi-

nomes modernes ;
gne peu de celui de nos célèbres astro-
une telle connois-
sance liée aux principes de ces ancien-
nes religions, semble solliciter une forte
d'indulgence en faveur de leurs Chro-
nologies mythologiques. En effet le ha-
fard n'a pu faire deviner ce mouvement
unique, & à-peu-prèsinsensïble par le-

temps aussiconsidérable ,
quelles constellations, après un laps de
reparoillent
enfin périodiquement dans leur première
situation par rapport aux points équi-
noxiaux. Des remarques de cette nature
ont évidemmentétélesrésultats d'obfer-
vatiohs accumulées, pendant un grand
nombre de siècles : elles prouvent une
antique civilifationde une population
très-reculée; il n'elt pas lurprenant qu'el-
les aient ouvert une vaste carrière à l'i-
magination.
Que des têtes Asiatiques exaltées,

numérales,
a yent cru pouvoir par des progressions
mesurer ce qui effc incom-
mensurable, rendre sensible ce qui eil:
ineffable; des prétentions plus ou moins
folles, ont germéfous tous les climats,
La grande bâfe de presque tous les
systêmes Chronologiques anciens , est

foit des calculs de cet ouvrage ,


une pétition de principes. Quoiqu'il en

quelqu'échelle de réduction que l'on


& à

veuille les soumettre, j'ai présumé que


AVERTISSEMENT
DU LIBRAIRE. '-
L, HOMME de Lettres qui vient de
nous faire connoître le Livre Canoni-
que Indien, nomméBagavadam 3 fit
paroître au commencement de 1787 ,
le Prospectus d'un ouvrage considerable,
avec Eilampes, sur divers objets, mais
particulièrement sur la haute antiquité
Il en est fait menti on dans le discours
Préliminaire de ce Livre, & aussidans
qui parut, il a quelques ari.

,
un autre y
nées. -
-
L'Auteur sans ambition Littéraire;
y
& sans projet d'intérêt travaillant par
pure déférence avait. promisdans son
Prospectus, de ne faire tirer à Fimç-
pression que le nombre d'exemplaires
dessinés aux Souscripteurs : il déclare
en même temps que si, vers la fin de
l'année1787,1eproduit de la Soufcrip-
rion nécessaire aux frais étoit insuffi-
sant, il avertirent MM. les Souscrip-
teurs de vouloir bien retirer leurs avan-
ces: c'est ce qu'il vient de faire. Les
sommes reçues par les Libraires n'au-
roient pas [uffi au quart des débourlés
indifpenfablesi
Les frais, en pure perte, d'impression

,
& difttibution d'un Profpe&us assez con-
sidérable, ont dû le convaincre que le
goût moderne est plus vif pour des nou-*
veautéséphémères que pour des re-
cherches sérieuses. Aujourd'hui dégagé
de sa promelie, il esttrès. décidé à ne
jamais contracter d'engagementultér
rieur vis-à-visdupublic. Tout ce. que je
puis entrevoir au sujet de l'ouvrage,

cription,
quiavoit étéci-devant annoncé par Sous-
c'est qu'à titre de délassemeiis
Littéraires, il se.proposed'en faire im-
primer des morceaux détachés, ou des
extraits, mais sans que sa fanté, ses af-
faires, & -le temps qu'ilconsacre à un
petit nombre d'amis, en foiifFcent aucu-
nement.

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