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Muyart de Vouglans, Pierre-François (1713-1791).

Réfutation des principes hasardés dans le Traité des délits et peines, traduit de l'italien, par M. Muyart de Vouglans, avocat au
parlement.. 1767.

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! RÉFUTATION

I Du TRAITA DES DÉLITS

Ì ET PEINES.
RÉFUTATION

Des Principes hasarde's dan$

ICTRAITÉ DES DÉLITS

ET PEINES, traduit de

sltalien.

Par M. MUYART DE VOUGLANS,;


Avocat au Parlement.

A LAUSANNE,
& se trouve à Paris ^
Chez; DBSAINT, Libraire, rue du Foin-
Saint-Jacques.

M. DCC, L X V I L
LETTRE

Contenant la Réfutation de

quelques Principes hasardés


dans le nouveau TRAITÉ
DES DÉLITS ET PEI-
NES.

MONSIEUR,

Je viens de profiter des loisirs


dcla campagne, pour examiner
de plus près une Brochure que
je n'avois d'abord fait que par-
courir , entraîné par ce premier
mouvement de curiosité qu'elle
r avoit excité dans le public s je
veux parler du nouveau Traité
A
I
(.V.) -- ..
des Délits & Peines. Un Ouvrage
Italien, traduit en notre langue,
après avoir eu jusqu'à trois édi-
tions en moins de six mois, im-
primé à Lausanne , fans nom
d'Auteur , de Traducteur ni
dTmprimeur, ne s'annonçoit-il
pas en effet, de manière á pi'
quer la curiosité des Lecteurs ?
Mais pouvoit-on fur-tout ne
cédera la démangeaison de
e parcourir,
Î>as d'après les éloges
pompeux que lui donnent, le
Libraire Italien dans son Aver-
tissement , & le Traducteur dans
fa Préface. « La ,
Philosophie»
dit le premier, «sublime & bien-
» faisante qitî reg-né daris cet
» Ouvrage i l'amourde l'huma-
» nité, & les profondes idées,
>y suffisent pour montrer les
» motifs qui ont animé l'AûteÏÏr,
>>'.& prouvent qu'il a eu pour
\jf objet cette malheureuse. Partie
» du genre humain, jusqu'à pré-
» sent victime d'opinions trop
» cruelles, & non pas d'offen-
» fer aucun Gouvernement.par-
M ticulier » II souhaite,
(ajoute le Traducteur-> en termes
encore ), « ex-
plus ,pathétiqups
. » citer dans les coeurs ce doux
» frémissement par lequel les
»ames sensibles répondent á h
» voix du défenseur de l'hunv-
» nité.Son souhait est accompli,
« l'amour de l'humaníté , & la
« sensibilité tendre qui règnent
« dans tout son Ouvrage, &; qui
» éclatent en traits de flamme
» dans une infinité d'endroits,
» portent l'émotion dans l'ame
» de ses Lecteurs, C'est le sen-
» tiraient qu'il nous a fait éprou-
}\ ver 5 & nous avons fait tous
» nos efforts pour le transmettre
P à ceux qui lirontnotre tradúc-
?> tipn....»y.n livre óù l'on plaide
Ai
( 4 )
*> si éloquemment la cause de
» ^humanité, appartient désor-
» mais au Monde &à toutes les
M Nations w.'
Je ne fais, Monsieur, si vous
avezéprouvé,en lisant.cetOuvra^
ge, ce vif sentiment dont le Tra-<
ducteur se faitfort, si obligeam-
ment , pour tous les hommes.
Pour moi, je vous avoue que j'en
ai éprouvé un bien diffèrent de
celui qu'il nous suppose. Je me
pique de sensibilité çom.me un
autre j mais fans doute que je
n'ai point l'organisation des fi-
bres auffi déliée que celle de nos
Criminalistes modernes, car je
rfai point ressenti ce doux fré-
missement dont iis parient. Le
sentiment dont j'ai été le plus
affecté, après avoir iu quelques
pages de cet Ouvrage, a été ce-,
lui de ia surprise, pour ne rien
dire de plus : je ne m'attendois
pas én eflfet, dé trouver, fous ftf
tíom d'un Traité des crimes *
une Apologie de Inhumanité * ou
plutôt un fait en fa-*
Plaidoyer
veur de cette malheureuse Por*
tioh du genre humain, qui en
est; le stéau, qui la deshonore, &
en est quelquefois même la des-
tructrice.
Mais combien cétte surprise
n'a-t-elle point augmenté, k me-
sure que je suis avancé dans la
lecture de cet Ouvrage? lors-
que j'ai remarqué,à travers de
ces grands mots, de ces expres-
sions emphatiques.par desquelles
on cherche á nous éblouir, une
foule d'Assertions dangereuses j
qui m'ont bientôt fak
juger que
{'incognito que garde ('Auteur,
est bien moins reffet de fa mo-
destie que de fa prudence.
Que penser en effet d'un Au-
teur qui prétend élever son sis*
Ai
terne sur les débris de toutes lés;
notions qui ont été reçues jiiP
qu'ici ? Qui poiír ^accréditer ráic
le procès à toutes les Nations
policées 5 qui n'épargne ni les
Législateurs, ni les Magistrats /
ni les Jurisconsultes y qui ne res-
pecte pas même les; Maximes
sacrées du Gouvernement-, d&s
Moeurs", &de la Religion* qui
ose avancer entr'autres :
« Que la barbarie & les idées
P. 37-
»>féroces des chasseurs du Nord,
>ïà qui noiis devons rîotre ori-
»gine, subsistent encore parmi
>3ie peuplìe, dans nos moeurs òc
"dans notre législation
»>Quele sisteme actuel de no-
p. 3.6.
& iù6t « tre Jurisprudence, est pure-
>?ment offensif $ç présente l'idée
» de la force & de là puissance,
» plutôt que celle de là "Justice.
P. ija » Que les Magistrats font des
»Usurpateurs d'un pouyolr ty~
(?)
tírànmqué, dont Ja prudôncô
* arbitraire est toujours dange-
» reufe, 6ç qui font traduire un
«coupable a la mort, en céré-
« mqni.e, avec indifférence de
>>tranquil/jit&is .,«/.*
» QMQ {es: Jurisconsultes font
« des Ecrivains, ihtéreffés^ dont
« les opinions éjqieiit yérìajes \
V cjni ont, chargé la jurifpiju*
«dence de formalités inutilesí
«dont l'exàcte obfervatlpri se-
» rpiç asseoir ì'irnpu.nit.é de, 1ÍA*
*}.ná.rchie foi' le trône; de H
«Justice....,.,..
» Que le droit, de punir- n'a p. 14*
«d'autre fondement que l'aí-
«semblage de toutes les por-
tions de liberté. yJes plus veti-*.
n tes que chacun ait .pu ce-
« der..... Que tout exercice de.
» pouvoir qui s'étend au-delà
« de cette base > est abus & norv
A 4'
J 8}
» justice, est un fait 6c non un
«droit......
«Qu'aucun homme n*a fait
« le sacrifice de sa liberté gra-
tuitement ^ & dans la feule vue
F. II. » du .bien public: Que chacun
«de nous voudrok , s'il étolt
« possible, que les conventions
« lient les autres, ne le lias-
gui
« sent point lui-même, & se fait
« le centre de toutes les combi*
« naifons de Punivers......
P* 10. ». Que c'est dans les sentimens
»du coeur humain qu'il faut
« chercher des peines*,
l'origine
«& îe rondement du droit de
«punir..
p. 3!» »Que ceux qui oonnoissent
« ^Histoire de deux ou trois fie*
«clés & k nôtre, pourront voir
» comment du sein du luxe & de
nia mollesse) sont nées les plus
«douces vertus, \*humanité% la
( 9 ) ,
» bienfaisance, la tolérance des
» erreurs humaines
les • l'on P. 107*
«Que parmi peines,
« doit employer celles qui, étant
«proportionnées au crime, fe*
« ront iimpreslîon la plus dura*
«ble furies esprits, ^. en même
«terns ia moins *wèlle fur le
» corps du
coupable
« Que l'on doit abolir l'usage P. iy.
«deta Torture,..,**
«Que l'on doit aussi abolir P. 114
Osuiv.
«la peine de Mort, parce que les
«Loix n'étant que la somme des
«portions de liberté de chaque
«particulier, les plus que
petites
« chacun ait • pû céder * on né
«peut présumer que Qui que ce
«soit, ait jamais voulu donner
« aux autres le droit de lui ôter
«la vie
» Que la vie n'est au pouvoir
«de personne, que de la Nécef
»J!té qui régit l'univers.....
( 10 )
p. IIp. «Qu'au lieu de la peine de
«mort,il saudroìtsubstituer cel-
«le de l'EsCLAVAGE, PERl'É-
«TUEL , par lequel l'homme
« deviendroit un animal de fer-
yyyice^ pour réparer par,les tra-
«vaux de toute fa vie',lédóm-
I« auròic fait à la so-
mage qu'U
« ciété. ...ii».
P.IItf. « Que le seul cas où la mort
« pourroit être nécessaire, seroit
«celui où le Citoyen privé de
» sa liberté, auroit encore des
« relations, ôc une puissmce qui
« pourroíent. troubler la tran-
» d'une Nation, & que
quillité
«Ion existence pourroit produi-
« re quelque révolution dans la
«forme du Gouvernement,....
«Que le .crime n'est que la
« violation du PaUe social
'
«Que la vraie mesure de la
f& y*
suiv. du crime > est le
«gravité
>J qu'il apporte á la so-
dommage
(n)
» ciété, éc que cette gravité ne
» doit se considérer, ni du côté
>î de)!intention de celui qui com-
» met le crime, nl du côté de la
n dignité de h personne ofifen-
« fée, hi même de la grandeur
>*de l1offense faite à Dieu.......
«Que l'on ne doit point pu- p. $í>.
«nir aussi sévèrement les cri-
tfmes commencés, que ceux qui
«font consommésj é... ni les
« complices, que les auteurs du
«crime....... •'*''•
« Queles peines doivent être P.193.
«les mêmes pour les Personnes
« du plus haut que pour
rang,
« le dernier des Citoyens.. <

«Que les circonstances du p. 24;.
n lieu &du jìecle où l'Auteur
« écrit, & la matière traite,
qu'il
«ne lui permettent pas d'exa-
« miner la nature d'une 1
espèce
«de délit qui a rempli TEurope
« de
sang......
p. 144;; «Qu'on ne doit point punir
«de peines corporelles le ifo-
»natijme*r mais simplement de
«i'inramie........
, •« Qu'à l'égard de certains cri-
«mes qui font occultes de leur
M3«
«nature, tels que \Adultères\&
« (ou Sodomie) & i'7/2-
Pédérastie
»santieideycomme> leur fréquent
*> ce est bien moins la fuite de
«leur que l'effetdes-
impunité,
« causes différentes 5 le danger
» de les laisser n'est pas
impunis
« d'une auílî grande importance.
«Que ía difficulté d'en trouver
<
» la preuve aux yeu*
compense
«de la Loi, la probabilité d&
» J'innocence, Qu'on.ne doit ad-
« mettre ces sortes de cri-
pour
«mes, ni présomptions, ni sé<
«mi-preuves* *...».
P. 144. vs, Qu'on ne peut appeller pré*
«cifèment juste {ou ce qui est la)
« même ) la puni?-
chose nécessaire
M tlon d'un crime, tant que lâ
«Loi n'a. pas employé pour les
Mpunirv lés meilleurs moyens
« possibles dans les circonstances
« données ^dans lesquelles sé
« trouve unB*Nation. ..•*•'.
«Que l'on ne doit décerner p.i&
«aucune peine pour le Suicide..
M Que ce n'est pas un crime de*-
«Vanties hommes, puisque la
au fieu de tomber sur
«peine-\
« le coupable, tombe sur sori in-
« noçehte famille. *.....
«Qu'en vain a-t-on décerné P. 20 J.
w la peine de mort le Duel.
pour
>« Qu'en fait de P. 2JJ
Banque*
» route , la diíScuité de démê-
> 1er si le Banqueroutier est con-
« ou non de mauvaise
pable foi,
«fait croire à l'Auteur qu'il y
«a peu d'inconvéhiens de lais-
« fer fa friponnerie impunie....
« Que des incon-
l'importance
» véniens de Pimpu-
politiques
(14)
«nité d'un crime est en raison
>»direcle des dommages que le
« crime cause à la société, ôc en
» raison inverse de la difficulté
«qu'on éprouve à le çonsta-
«ter....... »...._ * <c
P. 20|. « Que le Vol ne doit jamais
«être puni de peines pécuniai-
»res, tant parce que ces sortes
«de peines ôteroient. souvent
« du pain à une famille innocen-
« te , & co.ntribueroient peijt-
« être à multiplier.les'Vpls, en-
« augmentant 4e- nombre desjn-
» digensj que parce que ce crime
« se commet ordinairement; par
» des hommes pauvres òc mal-
heureux, auxquels lé. droit de
«propriétés• (drçit-terrible> s'é-
«J crie l'Auteur, & quiri'esl' peut-
n'être pas nécessaire)y n'a laissé
«que ía simple existence....
P. 2/2, . «^Qu'une des sources prince
«paìçs des erreurs, éc des injus-
M tices de notre Jurisprudence >
«vient d'un ESPRIT DEFAMIL-
«LE, qui nous fait considérer
«l'Etátoù nous vivons, plutôt
3> comme une efpéce de famille,
« oue comme une société d'in-
» dividus entr'eux......
«Que la morale domestique p. ifé
>» inspire la soumission, au lieu
«que la morale publique inspire
«lé courage > ôc sait quelque-
*fois porter le citoyen à s'im-
>? moler á la patrie, en le ré-
«compensant d'avance par le
«fanatisme qu'elle lui inspire....
«Que dans la République de
^famille, îles jeunes gens font à
« ladiscrétion des pères j au lieu
« que dans la République àlwm-
»mes> les liens qui attachentles
«enfáns aux pères, font les fen«
» timens sacrés & inviolables de
« la nature, qui les invitent à
i» s'aider mutuellement dan$ leurs
«besoins réciproques, U fur-
» tout celui de la reconnoiílan-
» ce, les bienfaits en
pour qu'ils
«ont reçus.......
P.id « Qu'une autre source de nos
àsuiv, «erreurs vient de I'ESPRIT DU
« Fisc, qui forme le but prin-
»» cipal, auquel tend toute notre
« Jurisprudence $ tellement que
«c'est pour cela Qu'on tâche
». d'obtenir la confeílìon de l'ac-
»cusé par les tourmens j parce-
coupable , c'est
«que.s'avouer
nie reconnoître débiteur du
•> Fisc......
«Que Ton doit abolir la péi-
P.142,
w ne de la Confiscation des juge*
»>mens j en ce qde par l'usage
•> de cetçe peine, la tête du foi-;
•>ble est continuellement mise à
•• & que l'on fait souffrir
prix,
«•aTinhocent la peine du cou>'!
»pable.,. ... "';
P. 284 » Que de tous les moyens '
po'uí
tosuiv. •» prévenir
(»7)
•Í. prévenir les crimes, un des plus
» efficaces seroit celui de perfec-
m tionner t Éducation,.... Qu'un
» homme éclaire l*hu-
grand qui
»manité, dom il est a
persécuté,
» développé les principales maxi-
•* mes dune Éducation vraiment
» utile»......
Je m'arrête ici, Monsieur,
persuadé qu'en voilà bien asse&
pour vous mettre en état d'ap-
prétier cet Ouvrage, 6c de sen-
tir tout le danger de ses con-
séquences ^ sur-tout pour ce qui
concerne le Gouvernement, les
jtylceurs,& la Religion. Je laisseà\
Çeux qui sont chargés spéciale-
ment de cette partie de notre
Droit public,, le soin d'exercer
leur, censure , & d'employer
tpuçe leur autorité pour en
arrêter la CQntagion. Qu'il me
soit seulement permis de pro-
joíer ici quelques réflexions
*
B
sur la partie qui est le plus de'
mon ressort,& de chercher à
vanger notre Jurisprudence des
imputations aussi gratuites qu'in-
décentes que l'Auteur lui a pro-
digué dans cet Ouvrage,

Nous avions.regardé jusqu'ici


la Grèce & l'Italie , commè les
sources principales où ont été
puisés les premiers élémens de
notre Jurisprudence ; & nous
nous sommes empressés de ren-
dre aux Législateurs Romains
fur ce point, le même homma-
ge que ceux-ci crurent devoir
rendre à" ceux d'Athènes, lors-
qu'ils y envoyèrent ch,ercher la
Loi des douze Tables. Si nos
Souverains ont apporté dans la
fuite quelque, changement aux
dispositions de ces premières
Loixj ce n'est, comme l'on /ait,
que parce qu'ils s'y sont vus
çtìtraînés par la. nécessité des
circonstances * l'on veut dire,
par la différence des Peu-
soit
ples qu'ils avoient A gouverner $
soit par la distinction qu'ilfalioit
nécessairement mettre entre ÒQS
Nations à peine sorties de la
barbarie, ôc celles qui étoienc
policées \ soit enfin, parce que
s'agissant en matière criminelle
de (a vie ou de rhonne.UT de leurs
Sujets, auxquels,ils avoient im
inté.rçt.particulier ; jl étoit juste
que le droit de donner ÒQS Loix
en cette matière, fut réservé
plus spécialement : à l'autorité
de ces mêmes Souverains.
. Quoi qu'U en soit,''de la né-»
çbsiìçé rneme où l'on a été de
changer ,ces premières. Loix, il
en faûç. conclure: que les der-
niers n'en font que; plus sages
ôc plus salutaires, comme étanc
ie résultat de l'èxpérience,, qui
(*o)
est sans contredit la régie k
plus infaillible que l'on puisse
prendre en cette matière.
Aussi volt-on, que toutes lesi
fois que nos Rois ont jugé à
propos d'augmenter les peines
qui étoìent portées contre de
eertains crimes, ils ont toujours
eu foin de donner pour motifs
de leurs nouvelles Loix la mul-
tiplicité & la fréquence de ces
mêmes crimes, que la légèreté
de leurs peines íembloît avoir
favorisé jusqu^lors.
C'est aussi j par le moyen de
CQS augmentations 8e de ces
modérations successives des pei-
nes , que l'on peut dire á l'hon-
neur de notre France, que la»
Jurisprudence y a été portée
à un degré de perfection qui
lui sait tenir utv rang distingué
parmi les Nations policées: te.k
jement que quelques-unes tor$
même prise pour modèle dan*
la réformatìon de leur .Code
criminel.
S'il y est resté quelque chose
cHrrégulier & d'imparfait, ce
n'est pas que nos Législateurs-
6e les illustres Personnages dontr
ils se sont servis pour la* réda-
ction de leur Loix, n'ayent senti
ces défauts j mais ils ont été
arrêtés, fans doute, par. Hm-
possibilitéd'y remédier, & de ré-,
duiresous des générales &
régies
uniformes,une science qui étantr
de droit positif, dépend moins
du raisonnement, que de l'ex-
périence & de l'usage.
. C'est (Qui l'auroitr
cependant
cru ? ) c'est cette même Jurispru-
dence , fruit des veilles dçs plus
grands Magistrats & des plus-eé-
lébr es Jurisconsultes, qui fait au-
jourd'hui l'objet de la censure 8e
du mépris dç l'Auteur du.'nou-
•(•")
veau Traité des.Delics 8e Peines j
de ci Discipk obscur de là Phi-
(c'est ainsi qu'il.se qua-
bsophie
lifie lui-même) qui ose s'ériger ea
Précepteur du genre humain ;
qui :M: fond de son Cabinet
entréprend de tracer des Loix
à toutes les Nations, 8e nous
faire voir que nous n'avons rien
jusqu'ici d'exact ni de so-
pensé
lide stir une matière qui intéresse
le plus essentiellementla Société,
fur la punition des crimes> fur
la juste application des peines;
enfin , de ce prétendu illumi-
né aux-yeux duquel' les Solons,
les Licurgues, les Papiniens, les
Gujas i 'èh un- mot les plus sages
Philosophes de; la Grèce , de-
l'Italie, 8e de la France, ne font
que dé purs sophistes i les siécles
d'Auguste 8e de Loujs XIV.,
que dés siécles d'erreurs -8e de
ténèbres. Ecoutonsrle parler lui*
(MO
même dans le Chapitre qui sert
d'Introduction à son Ouvrage !
« Mais tandis de .M*
quebeaûcoup
»• se sont dìt-
préjugés dissipés,
» d, à la lumière de ce siécle,
»> nous •
voyons qú'ori ne s'est:
»>'point occupé de réformer l'lrJ
» régularité des' Procédures çri-
•*'minelles, partie de la légifla-
»> tion aussi importante, né-
que
«gligée dans toute i'Europé.
»Gn né s'est point ëléyé contre
»la cruauté ctes peinés ëíi usage
»dans nos tribunaux. On n*a
>> point combattu ces erreurs ac-
» cumulées sie-
depuis plusieurs
úcles. On n'a point opposé la
» force* de: la vérité connue , à
» l?abus: d'un mal dirigé,
pouvoir
» 8e á ces d'une
exemples répétés
î* atrocité froide. les
Cependant
»gémisseméns desFoiblessacri-
» nés à cruelle òe à
l'ignorance
>ìl*indolénce des Puissans * des
(H*
»>totirmetis barbares, prodigués
•» Inutilement des crimes >
pour
» ou mal ou chiméri-
prouvés
» ques y l'horreur des prisons,
» ce qui fait le
augmentée par
«supplice le plus grand des mi-
» sérables * l'incertitude de leur
» sort,auroit dû réveiller l'atten-
>>tion des * cette
Philosophes
w.espéce de Magistrats, dont
wi'emploì est de diriger toutes
» les humaines ......
opinions
Tel est le tableau odieux que
cet Auteur ose tracer de notre
Jurisprudence actuelle. Mais fui--
vons-le dans lè détail des pré-
tendues preuves qu?i! se propose
de nous donner de cette cruau-
té des peines qu'il dit être en
usage dans nos Tribunaux , de
cette, irrégularité de nos procé-
dures criminelles, de cette igno^
rance cruelle, de cette indolence
(ÍQS Puissant, de ces erreurs ac-
cumulées
(M)
(Cumulées desuls «plusieurs fie*
clés, de ces tournìens barbares
prodigués inutilement pour des
crimes mal prouvés ou chimé-
riques j 8e nous •allons voir que
toutes ces qualifications sont au-
tant d'injures bien di-
gratuites,
gnes asltiréíiient d'un Auteur
'
qui se fait ; gloire d'avoir puisé'
son sistème dans * le sein du
-ftíxe &de°tàmôlle]fê\teiïéYÌ$i£t
en vertu la tolérance desèrreuv,
' •
jhumainéSt,*t,,ï
x
VOUS VOUS atteiidieV/ans dou-
te , comme moi,' 'Monsieur,
íoùs4'ànnonce àhm-Tmiìésïks
Délits Y& Peines ^ de trouver
uhei dîsou^òn exacte'86 rnéthó:-
dlquè des' Loix' 8e des'Princi-
pes , qui' sont •relatifs 'à cette
^rríàtièreidtfs citations d? Autorités

Mitre f fk^íslirste^tírfè^Ehan^-
rátíon^cté* des^flôr entes eí-
''. C
péces de crimes, 8e de leurs pei-
nes, ainsi que des procédures né-
cessaires pour parvenir à les con-
stater 8e a les punir* 8e
cependant
vous verrez avec surprise, que
rien de tout cela ne se rencontre
dans l'Quvrage en question.
L'Auteur, qui n'a pu se dissimu-
ler le reproche qu'on seroit en
droitde lui faire sur des omissions
aussi eíïentiellès, prétend l'élu-
r. der en disant: «"Quelamultitu-
7.
» de 8e la variété de ces objets.,
•> d'après les diverses circonstan-
»> ces des tems 8e des lieux, le
.»> jettéroient dans un détail imr
» mense 8è ennuyeux».Maisest-U
bien recevable dans une pareille
excusç? Quand on le voit annon-
cer en même tems, l'exâmen d'u-
ne multitude de Questions qui
exigeoient des détails beaucoup
plus iìrtrlíenses 8e rpoins analo-
gues à son sojet, tellçs que ÇQUQS«
ci. * Quelle est ('origine des Pei-
»nes^ Í8e le fondement du droit
w de punir?.,., Quels sont les
,? moyens particuliers dans une
» bonne saisir
Législation pour
•> le criminel 8e découvrir 8e
» constater le crime?... La Ques-
©>tìon est-elle juste, 8e conduit-
» elle au but que se. proposent
» les Loix ?..,,.. Comment éta-
» blir la
proportion que ÌQS pel-
»nes doivent avoir avec ìts
» crimes ?.... Quelle est la me-
» siire de. la grandeur des Dé-
•> lits ?...... La de nìort
peine
» est:eíle utile 8e nécessaire pour
»la sûreté 8e le bon ordre de la
» société ?.... faut-
Quellejpeine
•> il aux différéns cri-
infliger
» thés? ....Les mêmes peinés
» sont-elles utiles dans
également
» tousíes»tems?.M.Quelieinfluen-
» ce ont-ellesfurlèSmoeurs ?....
*» Quels sont les moyens les plus
Ci-/.
.,v-.-<?u.-, '.<•»•>
«efficaces ppurprévenir le^cri-
•>més?M.» '. : •
, ,
JVÍais ce qui né ypus surpren-
dra pas moins,Mpnfiçv^ i? c'est
qïíç( routeur d'â-
ose^es flatter,
vp(r renfermé ,<|ans up ,ge_tiï vò-

•4w#» *J ç/rRc^te?teRPí:
ment de tpiites ces Qijestion^qut
ne de m ano^e.r olt, nèn*. m oins; que
des Vqlun^èv'W^ o" ?y"à-.-«
Au reste la-
;laJ4gére1céa^ep
quelle jl tráit;e?tpus ces* p&jëts ï
yous .fera ;biéntpt juger Qu'ils
n'pní fait que de;Jui\seryir(jdé
p.rétçxtef^ppur y glií^^.jfe^T?riji-
*
cípes^artifjjiljìersi ''^i-S \
~: Nous ^vpns .'dêjà, -rapporté
cejix, qu'il ojÇe'jayanc'e'r ^ :çeUtì-
yêment aux ma^xirnes d.ejàv Lé-
i il yie nou^s r^ste plus
gislation
parqpurjr' ce
qu'à qu'il ^túqu-
la manière dqn.t:Ion doit
jc^ant
ï nnstructiorilv8e'Ù la
procéder
punition des crimes J ou plutôt,"
de réfuter les Objections parti-
culières,qun nous fait íur lun
8e l'autre de ces, jPojnjs,'
Mais, avant que dé nous livrer
à ce détail ,Qu'il nous soit permis
d'écarter d'avance ce reproche
général, que l'Auteûr fak á no-
tfe |urisorudençe > d'être, pure-
ment' offensives de p^tén.tgr
^iìlée de la force & <íe la puissan-
ce , plutôt que celle de lajûjllcè t
Trpus allez voir, Monsieur iqu'ií
npfftj: jamais de reproche moins
mérités par la marcliçaunlsa-
ge que méthodique l ayéc ía-
quel|e; elle.s'exerce dans nos Trî-
bunalfx j je pui^' même ajouter
dárís* l^srTribunaux des Nations
ÌQS plus 8e
policées ^l^Jîuro^e,
íînguliërèijieïit dans ceux du
Pays même où cet Ouvrage a
pris naissance.
D'abqrd': Quanti |a Procé-,
(30)
dure, en voici les Actes princi-
paux, tels qu'ils se trouvent mar-
qués par l'Ordonnance de r 670,
qu'on peut regarder comme i'A-
bregé de toutes les Loix les pitis
iages qui ont été rendues en
cette matière.
Le premier Acte, est celui de:
la PLAINTE^ qui se fait de deitx
manières, oii<,direclement par Re*
quête, ou par un Procès-verbal
que ie Juge dresse fur la décla-
ration de Ta Partie plaignantes
ou indircUtmmt par la voie de!
la Dénonciation > qui se lait au
Ministère public, lequel pour-
suit en son nom, 8c est tenu de
nomm,er íe Dénonciateur à, Tac-
çusé renvoyé absous, pour qu'il
puisse poursuivre contre lui. ses
dommages 8e intérêts,8e même le-
faire condamner á de plus gran-
des peines y si cette Dénoncia^
tion est jugée calomnieuse.
(3i)
Comme, pour fonder uhè Ac-
cusation, il y a deux choses à
établir; En premier lieu, que le
Grime a été commis,(cequ'on
appelle constater le Corps du Dé-
lit ) 8e en second lieu, que l'Ac-
cusé en est l'auteur $ i'Ordpn-
narice prescrit ensuite la manière
de parvenir à l'une 8e à l'autre
de ces Preuves j sçavoir A la pre*
miere^av les PROCÈS- TER-
BAUX des Juges, 8e par les
RAPPORTS DES MÉDECINS
ET CHIRURGIENS ,* Se à" la
seconde y par les INFORMA*
TIONS , qui doivent être com-
posées de témoins dignes de foi,
8e exempts de tous reproches j
. Quoique l'on puisse .aussi y en
admettre d'autres en certains
; qas > sauf aux Juges d'avoir tel
égard que de raison , á la soli-,
dité 8e a la nécessité de leurs té-
moignages.
C4
('3 «)
Indépendamment de la voie
des Informations, la Preuve du
crime peut encore s'acquérir de
trois autres manières , suivant
l'Ordonnance d'après la Loi.
Romaine* sçavoir :-par Ecrit,
par la Confession de l'accusé, ^c
par des Indices! ou Présom-
Ce a donné lieu à,
qui
a division
{ïtions. des Preuves en tes-
timoniale , littérale y vocale^ & con-
jeclurale.
C'est fur le vu des charges 8e
Informations que se donne le
DÉCRET contre l'accusé. L'Or-
donnance veut que ce Décret,
soit plus ou moins rigoureux,
suivant la nature du Crime , la

. * Sciant cuncti accusatores eamse rem


déferré in publicam notiônem deberej
qil£ instructa fit apertisttmis documentis j
vel munita idoneis tertibus, vel judiciis
ad probatiònem indubitatis & luce clario-
Ùbus.X, Jttt, CoD»dtTtstìb>
(33)
qualité des Parties, 8e celle de
la Preuve. Elle veut de plus,
qu'on ne puisse décerner le Dé-
cret de prise de corps contre
des personnes domiciliées, que
lorsqu'il s'agit de crimes méri-
tant Peines afflictives, ou infa-
mantes.
Sur ce Décret, ou PAccusé
comparoît, ou il ne comparok
point s en ce dernier cas, on lui
fait son Procès par CONTU-
MACE , après lui avoir fait don-
ner deux assignations différen-
tes > l'une a quinzaine, 8e í'autro
à huitaine à son de trompe.
Lorsqu'il comparok, on lui
fait subir INTERROGATOIRE ,
sur ks faits résultans des charges
8: informations. Le Juge ne
doit y procéder, qu'après avoir
fait prêter serment à" l'accusé,
afin que le respect dû à la Reli-
gion , le porte plus volontiers à
, . ÍÎ4Î . -,
dire la vérité * mais il doit n'user
d'aucune surprise à" son égard,
8e faire attention, que cet In-
terrogatoire n'est pas seulement
fait pour acquérir des preuves
Contre l'accusé , mais encore
servir à sa par
décharge,
f>our
e moyen des faits justificatifs,
qu'il a droit d'y poíer, aux ter-
mes de l'Ordonnance. '
C'est fur le vu, tant de cet In-
terrogatoire, que des charges 8e
Informations que le Juge doit,
au cas que i'accusation lui pa-
roisse de nature à ne
pouvoir
donner lieu qu'à de simples con-
damnations pécuniaires , con-
vertir le Procès criminel en Pro*
cès ordinaire; ce qui s'appelle
civiliser \t Procès. Si au contrai-
re il trouve la matière de-
que
mande une plus ample Instruc-
tion , 8e soit de nature á pou-
voir donner lieu k quelque pei-
(35)
ne afïlictive ou infamante , il
doit ordonner LE RÈGLE-
MENT à l*extraordinaire) c'est-*
à-dire, que les témoins seront
recollés cii leurs dépositions s$i
confrontés à l'accusé qui peut
alors les reprocher, 8e poser pa-
reillement ses faits justificatifs.
C'est après le Recollement 8e.
la Confrontation , que l'instruc-
tion est censée entièrement fai-
te j 8e que les Juges doivent s'as-
sembler, pour procéder au Ju-
gement définitif. Cependant, il
y a encore un Acte essentiel de
procédure', qui doit se faire en
présence de ces Juges, avant
qu'ils passent,aux Opinions s cest
le dernier INTERROGATOIRE
qu'on fait subir à* l'accusé * òc
dans lequel il peut aussi poser
ses faits justificatifs. II faut de
plus observer, qu'en opinant sur
le Procès, les Juges peuvent rer>.
(}6)
dire trois sortes de Juge mens in-
terlocutoires qui tendent à ac-
quérir de nouvelles preuves,
pour ou contre i'acculé.
Le premier est- celui par le-
quel l'accusé est admis á la preu-
ve de ses FAITS JUSTIFICA-
TIFS^ qu'il aurà posé dans ses
Interrogatoires, 8e Confronta-
tions. .
Le second, est le Jugement
qui condamne l'accusé à" la
QUESTION OU Torture. Mais
célui-ci ne peut avoir lieu, fui-
vahri'Ordonnancejque sous plu-
sieurs Conditions également es-
sentielles 8e rigoureuses. Lapre~
miére > que le crime soit de na-
ture á mériter la peine de
Mort. La seconde, que le Corps
du Délit soit constant. La troi-
sième ^ qu'il y ait une preuve
considérable, que l'accusé en est
l'auteurj ensortc. qu'il ne man-
que pliís que sa confession pour
le convaincre, entièrement de
ce crime. La quatrième> que le
ne puisse être rendu
Jugeinënt
l'eíítiere instruction du
qu!après
Procès, de.manièfë qu'il rié reste
plus:d'autre móyend'ácquérir la
preuve Contre cet accusé. La
cinquième, qu'il ne puisse être
rendu par le Jugé seul de Tin A
' tructioii
, mais par le{hìême
nómbïe'.çjç! Jugés qui est prescrit
pouVlè's'Jugèmens défîrìitifs, La
sixtème,que, s'il est rehdù par des
prerriiers Juges, il ne puisse être
1
exécuté qu'après qu'il á été con*
firme les Cours supérieures,
par' '
encore nì êhHèl que íaccu'sé 'n'en
{
in ter jetteroit point àppéL /•'•'
!
. II y á encore iin cas > où la
Question peut être ordonnée ,
non point par un 'Jugement in-
terlòciítòfre j mais par le Juge-
ment définitif même, qui coh-
U»)
• damnel'accusé. au dernier sup,-
plice : c'est celui où le crime
est de nature à n'avoir pu être
commis par l'accusé seul, ou
qu'il y a preuve par les ehargçs
8e informations 9-qu*il a eú des
Complices,!.Alors, il est d'usage
d'ajouter dans le Jugement, que
i'accusé sera mis préalablement
, à la Question, pour avoir révé-
lation de ses, Complices j ce qui
a fait appeller cette Question
Préalable, pour la distinguer de
celle qui s'ordonne avant le Ju-
gement définitif, 8e qu'on, ap-
pelle par cette raison, Question
Préparatoire»
La troisième espèce de Juge-
ment interlocutoire, qui p eût se
rendre lors de la visite du Procès,
est celui du plus AMPLEMENT
INFORMÉ^ qui a lieu, toutes les
fois qu'il n'ya pas assez de preuves
pour condamner, 8e qu'il n'y en
(39)
a pas non plus assez pour ab-
soudre l'accusé. NOUS
parlons
principalement ici du plus am-
plement informé à tems , comme
de six mois ou d'.une année,
après lequel tems , il faut re-
.ypir le Procès, pour rendre le
jugement définitif. \Car pour le
,plus amplement informé indé-
fini , qu'on appelle autrement
usqueqiio, p.n peut dire ,, qu|ij[
participe plutôt du jugement
définitif, que de ^interlocutoire,,
en ce qu'il ne donne point lieu
k la révision du Procès, à moins
qu'il ne survienne de nouvelles
jrreuvés.
Enfin, hors ces cas particu-
liers, 8e lorsqu'il n'y a plus de
nouvelles preuves à espérer, les
Juges doivent passer au JUGE-
MENT DÉFINITIF, L'Ordon-
nance prescrit plusieurs cho-
ses , soit pour ía forme > soie
(4o)
pour le fond de ce Jugement
Êlle veut sabord , quant à la
Forme, qu'ils y procèdent incef
samment 8e par préférence aux
affiliés civiles. Elle fixe ensuite
W nombre des Juges qui dpi vent
*y assister, 8e le nombre dès voix
qui est nécessaire pour préva-
loir en cétte matière : éíle
veut ne puisse y avoir
qu*il
de ípartage ^còfnmé eti matière
Civile V rnaì^ que," lorsqu'il y à
égalité dé voix, l'ótì s'en tienne
á ravis le plus doiíxj dé manière
quel'avisleplussévère ne piíisse
l'emporter,' bue lórTqû'ftpréváujt
d'une voix dans les Prò^çès'^Ui
se jugent à la chargé dé l'áppel,,
8e de deux, dans ceux qítifeju-*
gent en dernier ressort.
Pour ce qiiì concerne \€Fond
de ce il doit con-
Jugement,
sister nécessairementdan'siab-
... solution
KO,
solution, ou dans ^condamna-
}
tiorí dé-l'accusé.''
i*. i$uànt:áI'Absolútioni elle
peut éírë d'utíè má-
prohoncéê
nièreplus pu nïpíiìs completté ,;
fliiyantlaqiiàlitédé lá prèúve qui
est au Procès. Ainsi lorsqu'il n'y a,
au Procès aucune preuve contre
l'accusé; alors, les Juges doivent
fans difficulté prononcer son ab-
solution pure & simple y 8e con-
damner ses Accusateurs oû Dér
nohcìateurs à ses dommages 8c
intérêts \ 8e même à de plus gran-
des peines, si l'accuíation ou la
dénonciation sont évidemment
calomnieuses. II en doit être de
même dans le cas, où les preu-
ves que Toti oppòferoif. à l'ac-
cusé , se trouveroient détruites
par celles dé ses faits justificatifs ;
oíi même contrebalancées par
d'autres preuves ou'circônstan-
césqìtí militèrôieht '- ' fa faveur
en $"•
1 D
. ; (4*)' - :.'•. ;
parce que dans le Doute > la
JLoi veut que l'on panche tou-
en faveur de l'accusé. *
jours
Mais si les preuves que 'l'accusé
rapporte pour fa justification ,
n'étoient point assez fortes pour
dissiper tous les soupçons qui
s'élèvent contre lui \ alors c'est:
le cas du HORS DE COUR , dont
TefTèt est d'empêcher, que l'Ac-
cusé ne puisse <ses
poursuivre
dommages 8e intérêts contre
ion Accusateur ou Dénoncia-
teur*
i°.Si au contraire, bien loin
de pouvoir justifier son innocen-
ce , l'accusé se trouve duement
convaincu,, par les preuves quî
résultent des chargés 8e infor-
mations. Dans ce dernier cáá,
Je Juge ne peut se dispenser de

* Actore non probante reus absolvitur»


V%tt 4, Cod, dt Edendc*.
(43)
fe condamner a la peine que:
mérité son crime.
Mais quand peut-on dire que
l'accusé est duement convaincu,
8e qu'il est puni de la peine que
mérite son crime ? Poùr ce-la,
il faut distinguer, parmi les
dissérens crimes, ceux qui sont
occultes de leur nature, 8e se
commettent par trahison,de ceux
qui se commettent ouvertement
& sans préméditation. A I'égard
de ces derniers, comme la preu-
ve en est facile à acquérir, l'on
ne peut en ordonner la
puni-
tion , que lorsque l'accusé est
convaincu de ia manière la plus
complette,comme par la déposi-
tion conforme de deux témoins
irréprochables , qui déclare-
roìent lui avoir vu commettre
le crime.
Mais à" I'égard des crimes de
Ja première eipéce, comme ils
Dz
(44) „
se commettent en seaet, Ôi
avec des précautions, qui ren-
droient le plus souvent impossi-
ble la preuve dont nous,venons
de parier, la nécessité d'empê-
cher [Impunité de ces sortes de
crimes , dont Peífet presque
toujours inévitable les rend in-
finiment plus dangereux dans Ja
société, a obligé de se relâcher
de la rigueur de cette preuve,
& d'y substituer les trois autres
genres de preuves, que nous
avons remarqué d'après l'Or-
donnance & les Loix, sçavoir :
\£ Littérale y la Vocale y &s la
Conjecturale; Le degré auquel
doivent être portées ces der*
nières preuves > pour opérer là
conviction ,! se trouve marqué,
parlesLoixvquiont en même
temps déterminé les conditions
tíécesíTairès pour les fendre Ju-
ridiques. Nous croyonsv feule;*
(45)
ment devoir observer ici erí gé^
néral, que ces preuves, quoi-,
de leur nature,
qu'imparfaites
peuvent devenir comolettes par
feur réunion j ÔC c'est cje quoí
l'Auteur n'a pu s'empêcher de
convenir lui-même , lorsqu'il
àìz'.p. 40. «Quant aux preuves
»>imparfaites, il en faut un aífez
» grand nombre pour former
o> une preuve parfaite , c'est>à>
» dire, qu'il faut, que, quoique
« chacune n'exclue pas la possi-
» bilité de l'inno.cence, la réu-
»nion de toutes, contre l'ac-
p> cusé, exclue cette possibilité,.,.
w-,Q.i?e d'ailleurs (es preuves im-i
o? parfaites auxquelles ('accusé ne
o>répond rien de satisfaisant
» quoique son innocence dût lui
M fournir les moyens d'y réponv
» dre, deviennent ».
parfaites
Pour ce qui concerneia Ma-
nière fo punir |ç,crj^fie; ^ :^près
qu'il est constaté de quelqu'une
des manières que nous venons
d'indiquer j il faut aussi distin-
guer entre les crimes, ceux dont
îa peine se trouve déterminée
par la Loi, & ceux dont la peine
est laissée à l'arbitrage du Juge.
Cette distinction est tirée du
droit Romain , où les premiers
font appelles crimes ORDI-
N AIRES, & les derniers, crimes
EXTRAORDINAIRES* Quia
extra orâìnem vuniuntur.
A l'égard ctes Crimes de la
première espèce, les Juges ne
peuvent prononcer contre l'ac-
cusé qui en est convaincu, d'au*
tres peines, que celle qui est mar-
quée par la Loi ^ fans mêitie pou-
voir en augmenter ni tempérer
la rigueur, ll n'y a que |e Prince
seul * ou com-
qui pulffè abolir
' ' ' '" !'WÌ ' .'
'" - -- - "'"'
Supplicatiir Pílntiphmipse fac\m\
{V] r- A
muer cette peine, soit par de
nouvelles Loix, duement pu-N
bliées Sc vérifiées dans les Cours ;
soit par des Lettres de Grâce,
qu'il accorde, & qu'il refuse aus-
si quelquefois dans certains cas
qui ne peuvent s'excuser, tels
que les crimes de Lèze-Majesté
& d'Assassinat, &c.
Pour ce qui concerne les cri-
mes , dont la peine né se trouve
point portée expressément par
fa Loi j quoique ce silence sem-
ble laisser aux Juges la liberté
de déterminer eux-mêmes cet-
te peine \ ils ne doivent pas néan-
moins oublier, que le sujet par-
ticulier de ce silence, ne venant
que de ce que l'atrocité , ou;
la légèreté de ces crimes, dé-

vôluntatem siiam & duritiem Legîs éjtis


humanítati incottgruam emencUt.X. 9. ùtU
d< l(g* & Conflit, Princip,
(48)
pend principalement, de§. cir-
constances qui {$$ accompa-
gnent , &* qui peuvent varier ^
Pinfini,.il faut aussi, pour qu'ils
se conform.ent de Ja Loi
ál'esprif
sur çe point, qu'ils ayent foin-,
dans la détermination tte ces
peines, de ne'point s'écarter de
certaines règles générales qu'elle
a établies en cetpe *
manière»
Ces Règles, qui nous sonc
tracées principalement par \Q$
Loix Romaines,, que l'Auteur
peut d'autant moins suspecter,
qu'elles forment le Droit corn-
mundeson Pays, sent: i?. Que
peine doit être.p.roportión.née
la^
â la qualité du crirne. t Ainsi

* Factí
Qtuestío est in arbitrid jiidiçis;
non étiam juris auctoritas,~ L, Or^inc tf,
-----~
fft ad mùhiclpaUm,
f*Poenai est cqmtyensuranda 4fijfer A
Sancimus. Ccd, dcP'oenis. y.auffi £•*$.#
çod. Tiù . ••"-•.-;•• ';•>•;.^;.;-7;T.'..'
comme
U9) . „
comme parmi les crimes, 11 y jan
a qui attaquent la Personne,
d'autres \%Honneur, d*àutres en-
fin, lesBien$\ les Loix ont aussi
distingué à ce sujet, trois sortes
de peines, les Corporelles où
afflictives, les Infamantes & les
Pécuniaires *. .
De toutes les peines corpo*
relies, la plus grande est cellë
de Mort\ qui a lieu principa-
lement pour les crimes qui ar>
taquent directement la vie des
hommes j quoiqu'elle puisse être
aussi infligée d'autres cri-
pour
mes , lorsqu'ils troublent essen*
tieilement Tordre public, & qu'il
a été reconnu par expérience,
qu'il n'y avoit point d'autre
moyen d'en empêcher le pro-

Poena autétn non tarçtûm peçuniarîa


verum Capitis & existitîiatiònis ïrrògári
solet, L.altud./. \.ff. de vtrbor. fìgnlf.
çrès y ou les récidives, comme
v, g, en fáit de Vol > & de Faux,
&c.Les autres peines corporelles
3c afflictives, qui font corínués
.parmi nous, font s >lés Galères >,
UiBït'iïniffeméntyìt Fouets Fié*
irìJjUre^it Carcan , &c. L'on y
comprend aussi la .Qúeflion^
quoique dans le principe nous
la considérions moins icomme
une peine y;que commè un
moyen pour "parvenir á la preuve.
Les peines infamantes font i,
le Blâme, \Amenâe^Honorable >
ou même \&fimple Amende IorA
qu'elle est prononcéepar Arrêts
^Aumône eh matière civile \ la
Dégradation de
NoblessesInter*
dit perpétuel d*un Office,
Énnn les peines pécuniaires S
font la Confiscation, ÌQS Intérêts
Civils } les Dommages & Inté-

•• ^... A .Î.Ì.1,
Une MtrtR&GLH q^e }ç Juge
doit suivre
dansj'applicatîondçfi
peines, c'est qu'il n en peut point
prononcer d'autres, que celles
qui font établies parla Loi,,ou
par la V >
Jurisprudence
Une troinéme RÉGIE , c'est
que dans imposition des pei-
nes , le Juge ne doit affecter ni
de la rigueur ni de la clémence-,
mais employer, à propos l'une
& l'autre > suivant l'exigence
des cas j de manièrequ'il pànchc
plutôt pour la douceur en fait
de Délits légers \ & qu'à l'égard
des crimes graves, il tâche, en se
conformant à la Loi, d'y ap*
pojtër tp.us les tempéramrnén|s
qui peuvent dépençtre de lui +.
•'• ": -: !' " '
I I ''jàr-
T. .' III I I 1 ' _
• *Poena non irrogatur, nisi qu* quaquíe
lege, vel quo aliojure spécialités h'uic de-
licto iín'pôfitâ est. í, \ï„ff de verbòKsignis,
f Perspiciendum estijudicanti utquîdi,
aut durius, aut remîflìus conítttuatùr quatn
El
v Une quatrième RÈGLE, c'est
táue dans les cas absolument
'douteux, le Juge doit incliner
:pòur la clémence > par la raison >
comme nous l'avons dit, que
l'on doit toujours panchér en
faveur dé Pinnocence de l'ac-
cusé */
Une cinquième RÈGLE , c'est
qu'il doit augmenter ou dimi-
nuer les peines, suivant les Cir-
constances qui ont accompagné
le crime i c'est-à-dire , suivant
le Motif 'ou la Cause qui a porté

causa deposcit Î nec enim, aut severitàtis,


•aut çlementioe ploria affectanda^est;,
sed perpçnso judicjo prout qusque, re$
çxpòstulat statuenduin est.... PJariein le-
• viofibuS causis,
pronlores debert teste Jûài-
ces ad lenitatem, in gravioribus severi-
tatem legum cum aHquó tempérarstèfitc»*,
bçnignitatis subsequi. L. Ptrspiciendum M.
Js, dcPaiíìii ; • s
* Satius est relinqul fatinus
impimitum
^nocentis, quèm innocentem damnati, 2X
(53)
a le commettre, la Personne de
celui qui l'a commis, ou envers
il a été commis , le Zi«* où
qui
il est arrivé, le Tems oul'heurej
la Qualité ou la manière circonA
tantiée duí crime , la Quantité
ou la mesure qui s'y est trouvée,
Enfin, rEvènement ouïes suites
qu'il a eu*.
Une sixième RÈGLE, c'est
qu'il y a lieu d'augmenter la ri-
gueur des peines lorsque les
crimes se multiplient,soit dans
la même Personne, par sa m au*
vaise habitude f J soit dans -P tu*
sieurs, par des exemples perni*»
cieux qu'elles donnent §\soit mê-

*Causâ , ;personâ ylbcò', stem^ole.


qualitate & eventu.v. L. autfaâajs. lys.
át panis. > :>,:rì:,;.y; ^Ì.V:;. U;
f Crescentibus delictìs. poenae e*aspe«
; rahtur. U.%%^ f. y ff* tteP&nis,. . il '
§ Multispersonis graslantibus.éîferoplo
OPUS est. I. 16, f. io. /Wrf, <, ,. .
E J
<J4>
me dans de certains Pays, dont
la position, rénd ces crimes plus
dangereux, comme par exem-
ple, le ravage, ou Nncéndiedes
moissons dans des pays de bled>
celui des vignes dans le vigno-
ble, & enfin, l'altération de&
métaux dans les lieux où il y a
des mines*.
; Enfin, uné septième & der-
nière RÈGLE , qui embrasse tou-
tes les c'est que le
précédentes,
Juge doit avoir foin que les
peines qu'il .prononce , soient
telles ,*-qu'elles remplissent en
rhême tems les trois objets t que
la Loi s'est proposée en les éta-

*Utin Atìfrida meslîum incehsorés. m


Myfia yitium.... Ubi metalla sunt, àduj*
teratores monetîe.
• t A4 emendatíorieni rei..... Ad solatiutn
offensi Ut unius poena njetus possit
cslt'multorum. K l* J. CQd,edLeg,JuÌ,n~
petund,
i°De le
blissant/çavoir: corriger
coupable , & d'empêcher qu'il
dans le même cri-
ne retombe
aQ De venger le
me, ou d'autres *
offensé, du préjudice
particulier Et
a souffert du crime j 3°
qu'il eh
enfin, d'aíïurer l'ordre public,
les autres la ter-
détournant par
des chatimens, de cònv
reur
mettre de semblables crimes.

Tel est le Précis de notre Ju-


criminelle, soit
risprudence pòur
de procéder à ìins-
la manière
des crimes, soit pou?
trv\ctiori
çelle de les punir. Jugez d'après
C\ rçotre Auteur
çeja, ÎVIonsieur,
est bien fondé dans le reprpçhe
lui d'être un tiíïu mon P
qu'il faiç,
trueux de cruautés, t d'erraurs
$ d'ê?
aç^muié^s vd'irrégvìlarités.
offensiye,, Òç de
treípiKeni^nc
l'idée de la forces d$
présenter
que celle de
la puissance, pluçôç
la Justice. E4
<* 6) I
Peut-on au contraire n'y pas
reconnoître cette marche tou-
jours égale y cette balance exac-
te de la Justice , qui pesé toùt
au poids du Sanctuaire , &
qui une main secoura-
prête
ble à"('innocence opprimée \ tan-
dis que de l'autre, elle poursuit
& frappe de son glaive vengeur,
Je vice confondu ?
Mais pour mieux vous faire
sentir encore, s'il f.st possible,
toute l'in justice de pareils repro-
ches 5 Suivons l'Auteur dans le
détail des objets particuliers, fur
lesquels il a exercé fa critique 5
& vous allez voir, que soit par
affectation ou ignorance, il ne
se contente pas de vouloir tráns-
former en de prétendus abus, les
usages les plus légitimes j rríáfs
qu'il va même jusqu'à nous sup-
poser de prétendus usages que
nous n'avons pas,
(57)
; Je dis d'abord, qu'il nous prê-
te des usages que nous n'avons
pas, & je veux parler entr'autres
des imputations gratuites qu'il
nous fait.
» i°. D'admettre les accusa-, P. s$,
» tions secrettes.
. » 2°. De rejetter le témoi- P. 4^
» gnage des femmes.
. »3°. De laisser à ^'arbitrage
» du Juge, le foin de déterminer
» les indices nécessaires pour em-
«prifonner un étranger.....
»4°. De regarder la prison P. JI;
comme infamante......
» 5°, D'autoriser les interro- P. 6u
» gâtions óu les fur-
suggestives,
» que peut faire le Juge à
prises
>>raccuíe qu'il interroge.
» 6°. Er, enfin, de nè garder P. jo»
>>aucune règle pour la preuve &
>J la punition des crimes atroces,
» qui font occultes de leur nà-
» ture, tels la Pédérastie %
que
rA* Adultères ì Infanticide ì & de
("5.8 )
»J nous contenter à cet égard des
» plus légers indices, suivant cet
» axiome des Jurisconsultes, in
*>atrocìfltmis leviores conjectura
»sufficiunt y & licet Judici jura
» ».
transgredi
Je ne sçais en effet ou l'Au-
teur peut avoir pris tout ce
qu'il nous impute fur ces diffé-
rons points. S'il s'étoit donné la
peine de consulter notre Code
criminel, celui-même de toutes
les Nations policées, & singuliè-
rement de son Pays, il auroït vu \
i°. Que ces accusations secret*
us dont il parle, ont été entiè-
rement abolies avec les actions
populaires, qui leur avoient don*
né naissance s & qu'elles l'étoient
.même déjà du rems des Empe-
reurs , au rapport de Suétone
& de Pline* ; ensorte que nous
* V. Sutton Ì in Vefpaf. & Plìn> in
p*,
neg. Traj. K. L. i.<W, Theod de De!att
& L, i. jf, de Jure sifii,
ne connoissons plus , comme;
nous l'avons dit, d'autres Accu-
sateurs parmi nous, que ceux qui
ont quelque intérêt; direct ou
indirect à la punition du crime,
soit par le devoir de leur chan-
ge, comme le Ministère public*
soie par le préjudice réel qu'on
en ressents ou commç Partiçu?
lier, ou comme Membre d$ ta
Société, NC'est
principalement
sous ce dernier point de vue
que nous considérons les Dénqn*
dateurs s quoique ceux-ci puis?
sent avoir d'ailleurs un intérêt
direct à la poursuite du crime,
& ne s'abstiennent de paroître
ouvertement, que parce qu'ils ne
font en état d'avancer les
point
frais au Procès. Au surplus, nous
ne les distinguons point des au-
tres accusateurs, c'est- à-dire ^
qu'ils font, comme ceux-ci, sur-
jets à être poursuivis par l'ac-
eníé renvoyé absous pour ies
dommages ôc intérêts j non-feu-
lement lorsque leur dénoncia-
tion se trouve calomnieuse, mais
même simplement mal fondée i
& que pareillement ils peuvent
poursuivre leur dommages & in-
térêts contre l'accusé qui vient
á succomber.
, i°. II auroit vu ausst, que nous
admettons le témoignage des
femmes, en matière criminelle,
comme en matière civile j &
que nous avons seulement rete-
tm texclusion que le Droit Ròf
main avoit prononcé contr'elles,
par rapport aux Testamens*.
3 °. Que rien n'est plus contraire
à l'esprie de nos Loix, que là
' fI " "
I , ' n
«I
'
*Ex eo quod prohibet Lex JTulia áe
adulterlis telìimonium dícere condemna*
tam muliercm , colligltur etiam mulieris
teitimonium in judicio dicendi jus K*-
fcere, Ii i$ij0t de testìb% . • '
liberté -
prétendue qu'il suppose
dans les Juges de déterminer les
indices suffi/ans pour emprison-
nerun citoyen. Nous venons
de voir, d'après la disposition de
notre Ordonnance fondée sur
ces mêmes Loix*, que non^seuT
lement les Juges sc^nt astreints,
pour toutes sortes de Décrets,
de considérer la nature du crime
6c la qualité de l'Áccusé , aussi-
bìen que celle de la preuve j
. mais qu'ils doivent de plus, pat;
rapportauDécret de prise Corps,
ne le décerner contre des per-»
sonnes domiciliées, que lorsqu'il
s'agit de crimes méntans peine
afflìctive ou infamante i ensorte
que, si les premiers Jugea, ve*
—H l.l I I!——«~ [ IlI M« *"'"" >
; * i£stimare solct (Judçx ) utmm in car*
jeere recipienda íìt perfona > an militi trâ-
denda. vel fide iussorìbus committenda
pro crimlnls qualítàte, vel propter hono*
ittù) aut faculttteii.fr ì\f de tustod,Ym\
noient à s'écarter de ces Régies,
l'Accusé peut faire réformer
leurs Décrets, par la voie de
l'Appel, 6c des Défenses qui lui
est ouverte par la même Ordon-
nance. Si cette Loi ne s'est pas
d'une manière plus
expliquée
précise, relativement au degré
de preuve qui étoit nécessaire
dans tous ces cas» elle ne l'a
fait fans doute, que pour don-
ner à entendre que ce degré de
preuve devoit être différents
suivant les dìfférens crimes &
les différens Accusés $ 6c qu'en
général l'on ne devoit point
exiger, pour le Décret» linë
preuve aussi considérable que
pour la Torture, ou pour la
condamnation de l'Accusé,
4° Qu'il s'en faut tellement
que nous regardions la Prison)
comme infamante \ que nous
^admettons en matière civiles
comme é\ì matière criminelle j
&c 'que nous né la regardons
pas même còmme une peine,
íuivànt cette maxime générale,
établie «par les Loix Romaines ::
Çarcer ad cuslodiendos nòn ad
puniendos ko mi nés adliìberisolet*
tellement que ces Loix don-
noient même une action contre
ceux qui osoient en faire le
reproche f.
j°QuèlereprochequeÌ'Atíteur
nousfait d'admettre ìeslnterroga'
tions suggestives contre l'Accusé,
est d'autant plus gratuit 6c plus
injuste, que nous venons de voir,
d'après la disposition de notre

* V. L jwtdamnum/ sotentf, dePetniu


f Sic & D. Pius & alìi Principes rescripi
serunt, ut etiam de his qui requlrendi ad»
notati stínt, non Quasi pro damnatls, fed
Quasi re intégra queratur, si quis erìt qui
eos arguât. I, 6, Dhus Âdmnus, f% de
eyflod, mr, .'.».= .
Ordonnance, que le Juge dote
dans les Interrogatoires
{juiser
es faits justificatifs de l'Accusé.
D'ailleurs n'est-ce pas nous faire
injure, que de nous croire ca-
pables d'autoriser dáns nos
moeurs des surprises que les.
Loix Romaines ont réprouvé'
elles-mêmes dans le tems dû-
Paganisme*?
6° Nous n'ayons jamais pensé
que les Indices, même les plus
légers, puissent suffire pour la
preuve des crimes les plus atro-.
ces qui font occultes de leur
nature: loinde-là,nous avons

* Si
parum prudenter non exqulsitii
argumenm fimpliciter dehotare Irenár-
chem detulisse, sed si quod maligne aut jn-
terrogasse, ut non dicta retulisle prodlctis
eam compererit ut víndicet in exemplum»
ne quid & aliud postèa taie facerë molià*
tur. L, 6,Js, DÌVUÍ Adrìaws ff. de Custdd*
ut txkii, rtor-,
toujours
toujours eu pour maxime que
un crime est atroce, moins
plus
il doit se présumer ; òí, si nous
avons admis la preuve par indi-
ces pour ces sortes de crimes,
ce n'est, comme nous l'avons
dit, que parce qu'ils se conv
mettent si secrètement Ôc avëc
tant de précautions, qu'il seroit
le plus souvent impossible de
trouver des témoins qui les au-
roient vu commettre. Au reste
nous avons vu, d'après ces ter-
nies de la Loi Indiciis ad p/o-
bationem indubitatis, que cette
preuve pouvoit être aussi corn-
dans son genre, que cel-
plette
le par témoins \ ce qui s'entend
lorsque ces indices font tels qu'on
ne peut les regarder quecomme
une conséquence nécessaire dui
crime,qu'íls sonten certain nom-
bre, & qirïls font prouvés cha-
cun en particulier par deux tè:
(M)
moins 5 mais il faut fur-tout qu'ils
soient accompagnés dé ('existen-
ce du corps du Délit qu'on fait
devoir être la bazé de toute ac-
cusation dans des crimes qui
sont de nature à laisser des. tra-
ces, après eux. L'Auteur peut
d'autant moins contester ce
> qu'il est convenu d'ail-
Íïrincipe
curs, comme nous l'avons ob-
servé , que les preuves imparfait
tés pouvoient former une preu*
ve parfaite, lorsqu'elles étoient
en»certain nombre, ou avouées
tacitement par l'accusé qui ne
répondroìt rien de satisfaisant
à ce sujet. L'on seroit curieux
de savoir où il a le pré-
puisé;
tendu axiome qu'il nous oppo-
se j il le cite d'après tous les, Ju-
risconsultes en général, 6c ce-
pendant bien loin dé .trouver
ce langage unanime qu'il leur
fait tenir > l'on ose dire qu'il n'en
ejjt pas un se.ul dé toqseeutf.qul
font, les plus connus, même d'ï*
talie, tels que ju.liu's jClarus îjc
*
Farinaçius qui ne soutienne
des principes absolument op,-
posés* du-moins pourçe quj
.concerne la, condamnation cjfí
.l'Accusé, car, pour le Décret,
nous avons vu que la Loi n'exj-
geoit point une preuye , auíîì
complette ; 6c c'est vraisembla-
blement de ce dernier cas qu'au-
roient voulu parler les Jurip
consultes dans le prétendu axio-
me qu'on leur attribue.

Quand nousavon$ dit que l'Att*


teùr vouloit transformer en Ablis
ce n'en étoit pas, nous avons
qui
voulu parler de certains points
de notre Jurisprudence qu'il
combat, tels que ceux-ci. « De ré-

" *
V. Jul. Clar. (5u. 10. vers. Iî«. & Fat.
.Qu.86íPr^.JCriui,; ; v
Fi
» jetter indistinctement le ténia!-
w des 6c de ceux
gnage infâmes
•• Font morts civilement ;...• de
qui
» faire prêter serment aux Accu-
» sés avant leur interrogatoire}..»
» la voie de la torture
d'employer
M leur faire confesser leurs
pour
»> crimes, ou révéler leurs corn-
» plices $... de prononcer la peine
» de /wor*,... 6c celle de la con*
nfiscadon des biens j... de ne
» point tant considérer dans le
» crime le dommage qu'il causé
» au Public, que ^intention de
» celui qui le commet, ía qualité
» de la personne offensée,^ i'in-
» jure qu'il fait à Dieu\», de pu-
» nlr également les crimes com-
» mencés, comme ceux qui font
» consommés ;... de punir moins
» sévèrement les crimes commis
w par des personnes d'un rang
» élevé > que ceux des personnes
» d'une condition basse )ii. de ne
KngSf*.

» pas préférer dans le choix cîei


» peines celles qui íont les moins
» cruelles, & les moins sensibles
»> fur íe du criminel-».
corps
I/Auteur s'élève contre cous
ces par des raisons que
usages,
nous aHons reprendre, & réfu-
ter en peu de mots»
II prétend, en premier lieu*
que l'on doit admettre le témoi-
gnage dts infâmes & dts con-
damnés á mort, toutes les fois
qu'ils n'ont aucun intérêt de
mentir. Mais d'abord« comment
peut^on juger que des témoins
de cette espèce n'ont aucun
intérêt de mentir? Qui ne sait
que des hommes capables de
commettre des actions mauvai-
ses, & reconnus publiquement
pour tels , font consister íe
plus souvent leur intérêt parti-
culier à nuire aux autres., & á ìe$
entraîner avec eux dans le pré-
(70)'
cjpice? D'ailleurs comblent pOf.it?
on exiger raisonnablement que
la Justice leur rende sa con-»
fiance, après qu'ils en ont si inr
dignement abusé par dos actions
qui l'ont obligé à les rejetter de
Ion sein, & A leur fermer Ì'e.nr
trée i toutes fonctions publif
ques? Enfin, pourquoi l'Auteur
veut-il que nous soyons moins
délicats fur ce point, que ne l'é-
çoient les Romains eux-mêmçs
de qui nous avons emprunté cet
usage*?
N+ 2° L'Auteur se récrie contre
l'usage du ferment qu'on fait subir
aux Accusés, 6c il le fait avec
^•
* Nam quidam propter reyerentiam per*
fonarum j quidam propter lubricum consilii
Aii, aiìi verò propter notam & infamiam
vltíe sua admittendi non funt ad teltimo-
nil sidem L. ^fiegt Julia f. de Ttstìb.
* In tertimonium accùsator non citare de»
b'et eum qui judicio publico reus erit.
si peu de réflexion, qu'il.ire rap*
porte pas même ta raison,1a plu?
spécieuse que l'on pourrok donr
ner á cet sujet, 6c qui a déter-
miné certaines Nations, & en-
tr'autres l'Allemagné, à abdjT
quer cet usage t savoir, qu'il est
á .présumer que tel qui a été
capable de commettre le crime,
est capable de faire un parjure
poqr le cacher. Les raisons
qulapporte l'Auteur font d'une-
.pars, qu'il est, dii-ij» contre la
Nature qu0 le coupable s'ac-
cuse lui-même j & de l'autre,
que ^expérience fait voir que
jamajs le serment n'a fait diro
la vérité £ un coupable. Mais s'il
fajloit abolir le ferment, parce
qu'il est contre la Nature que
ie coupable s'accuse lui-même,
il faudroit par la même raison
abolir l'interrogatoire, que, l'Au-
teur convient néanrçoin/ £ti#
(7*)
un acte essentiel de la Procé-
dure. A l'égard de l'expérien-?
ce, il s'en faut bien qu'elle ne
soit auísi certaine que l'avaiicé
l'Auteur, puisque cet usage n'a
pas laissé que de se conserver
parmi nous, & presque dans
toutes les Nations policéesfnon-
obstant les efforts réitérés qu'on
a fait pour l'abolir. Et, com-
ment après tout, ne s'y seròit-U
pas conservé, puisque les Payens
eux-mêmes n'ont pû s'empê-
cher d'en reconnoìtre futilité*
comme il parok par ce passage
de Cicéron *? Niàlum etumvìn-
tulum ad ajtrìngendam fidem }u-
rejurando Majores arÚius ejffi
voluemnt. indicant id Lésés it
taluL
T. 67 20 Si son en croit f Auteur,
——M——»m 11 1—M—————mm*
*Cîc. de Oífic, Llb. 3. servanda est
kosti fides. A. m,
(73)
il faut auslì abolir l'usage de la
TORTUBÌE, comme, étant une
voie tout à la fois, cruelle, in.-
juste, inutile 6c dangereuse :
Cruelle, dit-il,.en ce qu'elle tend
tl tourmenter un homme avant
qu'il soit cpnva.in.cu du crime j
injuste > eii ce que c'est confon-
dre tous les rapports, que d'exi-
ger qu'un homme soit lui-mê*
me son Accusateur} inutile, en
, ce que, de l'.av.eivdes Juriscon-
sultes , la .confession faite dans
la Torture est nulle, fi elle n'est
confirmée par ferment depuis
la cessation du tourment} cnsih
dangereuse, parce que'.l'.éxpél»
rience a fait voir que plusieurs
innocens d'une complexion foi-
ble se sont avoués coupables
dans ce tourment} tandis qu'une
foule de scélérats robustes ont
au contraire, par ce moyens
échappé a la peine due á leur
G
(74)
crimes. L'Auteur prétend aussi
s'appuyer de l'exemple des Ro-
mains , qui n'avoient, dit-il, ré-
servé cette espèce de tourment
que pour leur Esclaves} & par
celui de certaines Nations qui
en ont banni entièrement l'u-
sage.
On pourroìt d'abord écarter
d'un seul mot tout ce que dit
l'Auteur à ce sujet, en observant
qu'il ne fait que répéter ce qui
a ; été dit par plusieurs autres
Auteurs qui se sont déchaînés,
comme lui, contre cet usage,
«sans, avoir pá empêcher qu'il ne
se soit perpétué jusqu'à nos jours.
•L'on pourroit même lui oppo-
ser le peu de succès de ces pre-
mières tentatives, avec d'autant
plus d'avantage, que ces Auteurs
ont tous écrit avant l'Ordon-
nance de 1670 qui, par les pré-
cautions qu'elle a
rigoureuses
(75)
établies à cet égard, a remédié
à* ía plupart des inconvénient
qui avoient excité le zèle de ces
Auteurs. Nous avons remarqué,
en traitant de la Procédure, en
quoi consistoient ces précau-
tions *, & nous avons tait voir
qu'elles sont telles, qu'on doit
regarder aujourd'hui celui qui
est dans le cas d'éprouver ce
tourment, comme étant plus
qu'à demi convaincu du crime j
ensorte que le danger de con-
fondre l'innocent avec le cou-

*Nota, La Précision que nous nous som-


mes proposé ne nous permet pas d'entrer
ici dans le détail de plusieurs autres Pré-
cautions qui sont marinées par les Au-
teurs en pareils cas > soit par rapport aux
différentes manììres de donner la Question,
soit par rapport à Vvrdre qu'on doit gar-
der entre plusieurs accusés, soit \>&t rap-
port au ttms qu'elle doit durer, soit enfin,
par rapport à Yétat actuel où se UQUYO
l'Accusé pendant ce tourment.
G t
(7.Í)
pable n'est point à beaucoup
près auffi'.à craindre qu'il l'étoic
avant cette Loi. Aussi, l'on cro(t
pouvoir assurer avec confiance
'que, pour un exemple que for)
pourroit citer depuis un siécle
d'un innocent qui ait cédé á fy
violence du tourment, Ton se»
roit en état d'en opposer un
million d'autres, qui servent d
justifier que, fans le secours de
cette yole,.la plupart des crimes
les plus atroces, tels 'cmsíAffas-
finaty l'Incendie, le Vol de grand
chemin, íerolent restés impunis $
& par cette impunité, auroient
engendré des inconvénìens beau-
coup plus dangereux que ceux
de la Torture môme, en ren-
dant une infinité de Citoyens
les innocentes victimes des scé*
lérats.les plus subtjls» Ainsi, par
exemple, en fait d'Homicide ou
de Vol, posons le cas ou l'on nc

. (77)
pourroit trouver le cadavre.de
fa personne tuée, ou f argent
volé, parce qu'ils auroient été
cachés dans un certain endroit
par le meurtrier ,ou lé voleur,
qui ne voudròient pas le décla-#
rer volontairement. Comment
la Justice pourroit-elle parve-
nir d en avoir connoislance, au-
trement qu'en les*forçant de
faire cette déclaration par la
violence du tourment? & si, en-
suite de la déclaration qu'ils fe-
ròierìt alors;, l'on se transportoit
dans f endroit indiqué ,'& l'on y'
trouvoit effectivement le cada-
vre ou f argent en question,
vainement l'Accusé voudroit-iî
rétracter ensuite sa cohfeítìon,,
sur lè qu'elle n'aurbifc
prétexte
été que f effet du tourment ? II
faudroit du-moins convenir'
dans ce cas particulier, que,
pour avoir été forcée, cette con«
G3
session n'en seroit pas moins vé-
ritable y & que la découverte-
qu'elle produiroit étant abso-
lument nécessaire pour l'erìtière
conviction du crime, on ne pour-
roit dire alors que la Torture
auroit été inutile, encore moins
injuste òí cruelle, comme il plaît
á l'Auteur de la qualifier.
L'on pourroit encore appor-
ter plusieurs autres exemples,
où l'expérience a fait voir pa-
reillement futilité de la Tor-
ture , si cette utilité ne se trou-
voit pas d'ailleurs suffisamment
justifiée, & par davantage par-
ticulier qu'y trouve l'Accusé lui-
même,, en ce qu'on le rend par-
ia Juge dans fa propre cause,
& le maître d'éviter la peine
capitale attachée au crime dont
"il est prévenu, & iimpojst-
par
lilitè où son a été jusqu'ici "d'y
suppléer par quelqu'autre moyen
(79)
aussi efficace ÒÍ sujet d moins
d'inconvéniens, òí enfin par
{'ancienneté òí {'universalité de
cet usage qui remonte aux pre-
miers âges du monde, òí quia
été adopté, comme l'on lait,
par toutes les Nations, òí parles
Romains eux-mêmes, qui, quoi-
que dans les premiers tems ils ne
fayent employés ordinairement
que pour les esclaves, n'ont pas
laissé que de fétendre dans 1a
fuite aux personnes libres j tel-
lement qu'ils n'en exceptoient
que les Personnes illustres, les
Magistrats òí les Soldats : òí en-
core - ils ces
y assujettissoient
derniers en fait de crimes de
Lèze-Majesté, comme on le voit
sous les titres dsQuoestìonibustoX
CODE ÒÍ au DIGESTE *.

*. V. entr'autres la L. Ubìclarìjsmi, &


WLiMìlittSs & la Loi Dtcurìoncsi au
G4
(8o)
Au reste, f exemple d'une ou
deux Nations qu'on prétend
s'être écarté en dernier lieu de
ce même usage, sont des ex-
ceptions qui ne servent qu'à
mieux confirmer la Régie géné:
raie sur ce point. Mais enfin,
s'il étoi't question de se décider
ici par des exemples, en pour-
roit-on citer qui puissent paroî-
tre moins suspects Òí en même-
tems plus respectables aux yeux

de l'Auteur, que ceux que lui
fournit son pays même., òc gé-
néralement tous les Etats qui
dépendent de l'Empire? 11 fus-

titre du Code de Qutsiìon* &c la Loi nul-


lus s au tit. ad Leg. Jut, Majeji,
V. austì la Loi Ire, Jf, Qtu/iioni ? fous 1
le même Titre de Qu*jiìonib. au Digeste >
ou en même tems que le Jurisconsulte an*
nonce la Question ut' rts fragilìs & pericu»
lofa j il convient qu'il y a des cas où elle
peut être très-utile Quâjììoni fidem non fem-
pet ynutamen nun^M*nhahtnda Constitutif
tiìòusdtditrdtur,
(Si)
sira pour ne laisser aucune res-
source à ses objfctions fur ce
point, de lui opposer la dispo-
sition des Art. 54 òí 6t de la
fameuse Ordonnance de Char-
les -Quinf vulgairement ap*
pellée la CAH.Of.iNE. Le Pre-
mier y « Qu'il ne suffit
porte
» pas que le Criminel confesse
» son crime dans la Question,
>j ni ses circonstancesj máis qu'il.
» faut encore que le crime ÒÍ ses
» circonstances soient vérifiées,
» ÒÍ ou'elies se trouvent telles
» qu'il les a déclaré, cè qu'on
» appelle constater un Corps
» de Délit, comme v,g, vérifier
» si le cadavre est effectivement
», enterré ou jette dans un tel
» lieu que le criminel a déclarés
» si l'arme dont il s'est servi, oií
» f argent ciu'il a pris au mort,
» a été caclié dans un tel lieu.
L'Àrtìcle 61 ajoute «Que,
'
(8i) f
» quand les. indices criminels
>? ont procédure de
autorisés
» la Question , chacun étant
» suivant les Loix, d'é-
obligé,
» viter non-seulement le crime*
» mais même les apparences du
» crime,qui lui donnent un mau-
» vais renom, bu qui forment
» des indices contre lui j de
» sorte que celui qui ne sera pas
» ainsi fur ses ne
gardes, pourra
«s'en prendre qu'à lui-même
» de la sévérité qu'il se sera
» attiré
4° L'Auteur se récrie encore
contre f usage de la peine de
MORT, II prétend qu'il faut l'a-
bolir, òí y substituer celle de
ì Esclavage Les raisons
perpétuel.
particulières íur lesquels il pré-
tend fonder la nécessité d'abolir
la peine de mort sont en premier
lieu, » Que les Loix n'étant,
» dit-il, que la somme des por-
(§3)
» tions de liberté de chaque
» particulier, les plus petites que
» chacun ait pu céder, l'on ne
» doit
point présumer que per-
« sonne ait voulu donner aux au-
» tres hommes le droit de lui
»> ôter la vie j». Qu'il ne pou voit
» pas même le céder (ce droit)
»
n'ayant pas celui de se tuer
» lui-même.... Que d'ailleurs
» cette ne se trouve au-
peine
» torisee aucun droit j òí
par
>> ne pourroit f être
qu'elle que
»> dans un seul cas * savoir, lors- ;
» que» de sa liberté, le
privé
» Citoyen auroit encore desre-
» latìons òí une puissance qui
» pourroient troubler la tran-
» quillité d'une Nation, òí pro-
» duire une révolution dans la
» forme du Gouvernement».
2° Quant A f Esclavage perpétuel
que l'Auteur voudroit substituer,
à cette peine, il en donne pour
(H)
raison, et Que ce n'est Pin-
point
» tensité de la peine qui fait le
effet fur f -
«plus grand esprit
» humain, mais fa durée5 Que
» la peine de mort exerce routé
» fa force dans un court espace
» de tems, òí conséquent
par
» qu'elle est un frein moins puií-
» sant du crime, que le long òí
» durable d'un hom-
exemple
» me privé de sa liberté, òí de-
» venu un animai de service
» pour réparer les travaux
par
» de toute fa vie' le dohimage
» qu'il a fait A la Société ».
L'Auteur s'appuie A cet égard
de f exemple des Romains, òí de
celui de f de Russie $
Impératrice
Òí il répond enfin, A f objec-
tion tirée de f exemple contraire
de tous les siécles òí de toutes
les Nations, en disant que cet
Exemple n* a aucune force contre
la Vérité à laquelle on ne peut
(*5)
opposer de ,. '. ', '.
prescription.
L'on ne peut d'abord qu'être
révolté de la de çe
singularité
prétendu Contrat Social sur le-
quel l'Auteur a bâti son nouveau
système; d'un Contrat, où son
suppose que les hommes au-
roient cédé la moindre
portion
de liberté auroient
qu'ils pu,
tandis qu'ils se seroient réservés
tacitement le droìt de priver
ÌQS autres, non-seulement de
leur liberté, mais même de leur
vie, fans craindre le
d'éprouver
même sort* d'un Contrat, «où
» chaque comme l'Au-
homme,
» teur le dit ailleurs, se fait le p. - m
w centre des toutes les combinai-
» sons òí auroìt
del'Univers, en-
»> tendu lier les autres envers lui
»>fans se lier lui-même » Où:
seroit donc cette cette
égalité»
réciprocité qui doit faire la bafce
de tous les ? Où
cngagemens
(8tfj
seroit cette proportion exacte
qui doit se trouver entre le cri-
me ÒÍ la peine j si son pouvoit
du plus grand de tous
Î>river
es biens temporels qui est la
vie, fans s'exposer soi-même A
souffrir le plus grand de tous
les maux qui est la privation
de ce même bien, fans lequel
tous les autres deviennent inu-
tiles ? Ainsi, ne fût-ce que rela-
tivement au crime de YHomi-
cide , H fa u droit d u-moins con-
venir qu'il y auroit une injus-
tice souveraine de ne point faire
souffrir aux meurtriers la même
peine qu'ils font souffrir aux
autres *, òí par conséquent que
le système de l'Auteur se trou-

*
Quicumque sanguinem humanum eflfu-
derit, ejus quoque (anguis effundetur.
Gènes, Cap 9. v. o.
veroit visiblement en défaut A
cet égard.
Mais ce n'est pas seulement
contre le Droit naturel, òí le
Droit des gens que pèche le
système de l'Auteur, il est en-
core contraire A toutes sortes
de Droits positifs, l'on veut dire
au Droit civil òí canonique, au
Droit commun de toutes les
Nations, òí A PExpérience de
tous les siécles, qui autorisent
en même-tems qu'ils justifient
la nécessité de rétablissement de
la peine de Mort.
i° L'on dit d'abord que ce sys-
tème est contraire A la disposi-
tion du Droit *
canonique qui
autorise çettç peine d'après les

* Qui malos pçrcutit in


ep quod malì
sunt,& habet vafa interfectionis ut oçcidat
pesstmos , minilter est Domitii. Cm 29, Q«,
y Can. 23. V. auífi Can, ijjòid%
(88)
Livres saints où le souverain
Légisiateur en donne le Pré-
cepte par une Loi positive**, òí
fur-tout dans ce beau passage de
Saint Paul **, où en parlant de
l'autorité du Prince fur la vie
d^s Malfaiteurs, il dit qu.e Non
Jine causa gladium portât. L'on
a lieu de penser que ces cita-
tions ne paroîtront point étran-
gères A un Auteur Italien.
20 II est aufìì contraire A la
disposition du Droit civil; cest
ce qui paroîfcd'abord par la Loi
des ii Tables f, òí ensuite par
une foule de Loix du Digeste

* Si
quis çer industriam aut infidias oc-
cident proximum suum S ab altare meo
éveils eum utmoriatur sExod. 21. v. 14.
** Epist. S. Paul, ad Rom.Cap. 13. 4.
f Qui aliénas oedes aceryumque fru-
menti juxta pofitum dolo malo commiíìc
vinctus, verbe ratus, igné necatur.
òí
(*9)
èí du Code, qui prononcent ex-
cette peine, non-seu-
pressément
lement en fait d'homicide $ mais
encore pour de certains crimes
qui troublent essentiellement
f ordre public, comme YIncen-
die y òíc,
3° II est de plus contraire au
Droit commun de toutes les
Nations. En effet, l'on ose dé-
fier l'Auteur d'en citer aucune
où cette peine n'ait toujours été
en usage. L'exemple unique-dé
f Impératrice de Russie ne peut?
être opposé A ce cri général de
toutes les Nations ; ÒÍ il peut
d'autant moins être tiré A consé-
quence, qu'il n'est fondé unique-
ment, comme l'on sait, que sur la
situation particulière d'une Pro-
vince qui tendoit A favoriser la
singularité de ce plan.D'ailleurs
l'Auteur petit d'autaHt moins
se prévaloir de cet exemp'b,
H
(90)
qu'U contrarie ouvertement le
Principe général dont il con-
vient lui-même 5 savoir} <* Que
» la peine, pour être juste, doit
» être publique, òí qu'elle ne
» doit point s'exécuter dans
» un lieu de celui où
éloigné
» a été commis le crime, de
» peur que ne soit
Pexemple
« perdu la Nation »J.
pour
40 Enfin ce système est con-
traire A ['Expérience dQ tous les
siécles, qui nous apprend que,
de tous les moyens qui ont été
employés jusqu'ici pour arrêter
h progrès des crimes, on, n'en
a point trouvé de efficace
plus
que celui d'y attacher la peine
du dernier supplice. C'est la rai-
son qu'en rendent tous les Lé-
gislateurs dans le préambule de
leurs Loix. C'est entr'autres le
motif particulier qui a déter-
miné ïimposition de cette peine
(90 gL
pour les crimes de Faux Òí aP
Vol, comme on peut le voir par
les Ordonnances de nos Rois.
Mais enfin, ce qui achevé de
démontrer toute la nécessité
qu'il y a de laisser subsister cette
peine, c'est f impossibilité même
où l'on a été jusqu'ici d'en trou-
ver aucune autre qui soit capa-
ble de la remplacer* Òí cette
impossibilité se prouve par l'in-
suffisance même de celle que
l'Auteur comme la plus
propose
capable d'y suppléer; En effet il
faut convenir que ['Esclavage
perpétuel dont il parle, est une
peine insuffisante, si elle ne rem-
plit aucune des trois fins pour
lesquelles les peines sont éta-
blies j savoir, de réparer le pré-
judice fait au particulier par le
crime, d'assurer Tordre public
en détournant les autres du
même crime par la sévérité de.
Hi
É(90:emple, òí enfin de contenir
le criminel, òí f de
empêcher
retomber lui-même dans le cri-
me, òí de nuire davantage A la
Société.
i° D'abord , l'on ne peut
dire que, par ['Esclavage perpé-
tuel, le Particulier, qui a souf-
fert du crime, soit suffisamment
vengé jpuisque si c'est un meurtre,
lés héritiers de la personne tuée
ne peuvent trouver de conso-
lation, ni de dédommagement
de la perte qu'ils ont faite, que
par laclestrucVion mêmedu meur-
trier , ou par le dépouillement
de ses biens; òí si la personne
envers qui le crime a été com-
mis est encore vivante, l'on ne
fait que lui rappeller son mal-
heur par )e spectacle de celui
qui en a été: fauteur, òí qui
oseroit même encore la braver
au milieu de son supplice»
i L'on ne peut dire non plus,
q.:e f Intérêt public scroit satis-
fait, puisque f esclavage n'em-
pêcheroit point que le criminel
ne puisse nuire encore A la So-
ciété de plusieurs manières ,soit
par le scandale que donncroit
sa présence 6c le souvenir de
son crime; soit par f habitude
de le voir, qui diminueroit in-
sensiblement fhorreur salutaire
que doit inspirer le crime>soit
par le danger de sa fréquenta-
tion qui le mettroit a portée
de communiquer la contagion y
non-seulement A ceux qui se-
roient associés A fa peine ; mais
encore A ceux qui seroient char-
gés de pourvoir A ses besoins^
soit enfin par le grand nombre
de ces criminels, dont f existence
deviendroir une surcharge pour
f Etat, òí l'appauvriroit bién-tôc
tant en troupes ^ A cause de la
(94)
multitude de personnes qu'u
faudroit pour les garder, qu'en
argent ì cause des frais immen-
ses qu'eritraîneroit leur subsis-
tance.
3° Enfin Ton ne peut dire
que cette peine soit capable de
contenir suffisamment le Crimi-
nel, en ce que, s'il est riche &
d'un rang distingué, il pourroic
non-seulement trouver le secret
de tempérer la rigueur de son
íùpplice par les secours qu'il
tireroit de fa famille} mais même
se soustraire entièrement "á la
peine par les séditions qu'il pour-
roic exciter,ou par la corruption
de ses gardes ; & que, si au con-
traire il est deconditionvile,& né
dans le sein de l'indigence, bien
loin que l'esclavage Tût pour lui
une peine rigoureuse, il ne seroit
qu'adoucir en quelque sorte son
lof tj en lui assurant du pain pour
(95)
le reste de ses jours, 6c le déli-
vrant par-là d'un souci qui fai-
soit le principal malheur de sa
vie, & qui avoit peut-être été
le seul aiguillon qui l'avoit porté
au crime.
Concluons donc de tout ce^
que ce n'est point tant la durée
de la peine, comme l'Auteur le
prétend, que la durée de l'im-
preíllon que la rigueur"^! e cette
même peine fait nécessairement
fur les esprits, qu'il fa \t consi-
dérer en cette matière. Ainsi >
comme la peine de Mort est*
fans contredit, de toutes les pei-
nes celle qui est la plus capable
de faire impression fur les esprits,
par son extrême rigueur, & par
les torts irréparables qu'elle en-
traîne Î ce n'est donc que par
cette forte de peine que l'on
peut punir les crimes les plus
atroces ôc les plus nuisibles à h
Société»
(90
j° L'Auteur voudrolc bannir
des Jugemens la peine de la
CONFISCATION. L'on croiroit
d'abord, que c'est uniquement
par haine contre le Fisc dont
il se que l'esprit domine
plaint
singulièrement dans notre Ju-
risprudence : mais, comme la
raison en rend est la même
qu'il
que celle sur laquelle il se sonde
d'ailleurs, pour prouver qu'on
ne doit point prononcer de pei-
nes pécuniaires en fait de vol ;
savoir, que ces sortes de con-
damnations tendent à précipi-
ter des familles innocentes dans
Tindigence & dans le désespoir j
il y a lieu de croire que le prin-
cipal but de TAuteur en ceci, est
de bannir en général toutes les
pécuniaires, &; cela dans
Í>eines
a vue de favoriser les familles
á^s coupables: c'est-à-dire qu'une
fàhíìlle, qui se sëroit enrichie du
fruit'
(97)
fruit des rapines d'un scélérat,
& dans le sein de laquelle il au-
roit puisé lui-même la déprava-
tion de ses moeurs, soit par la
négligence qu*on auroit apporté
à son éducations/s parles mau-
vais exemples qu'il y auroit re-
çu, mérite jplusde considération
éc de ménagement aux yeux de
l'Auteur, que l'innocent même
qui auroit été la victime de son
crime, ou que la famille de ce
dernier,qui en auroit ressenti les
fuites fâcheuses.
Est-ce donc là bien entendre
ies intérêts de l'humanité, &
.rnériter le glorieux titre que
l'Auteur se donne d'en être le
Défenseur? Mais non, c'est en-
core trop faire grâce à l'Au-
teur , que de ne lui supposer ici
qu'un simple motif de commi-
sération pour les malheureux :
Qui ne voit qu'il en est un autre
I
qui J'affecte ^nçore davarìt^ge J
par cette exclamation séditieuse
qu'il fait en parlant du Droit dé
propriété, lorsqu'il dit: DROIT
P. io6, TE R k}BLE, & qui ne fi toit
peut'être pas nécessaire......
6P Toujours rem pli del'idéé
de son Pacte social, & que lé
crime n'est aiitre chose que ia
violation de ce; níême Pacte,
TAuteur prétend que la gravité
du crime, 6ç la grandeur de sa
- ne -doivëntí '
se mesurer
peine,
que sur la grandeur du dom-
mage qu'il cause au Public * 6ç
il veut en conséquence que Ton
ri'áìt égards-'rii1â ïintèritioii de
celui qui íè sommet, ni à Já
'qualité de celui envers'qui il est
commis, ni meme à la grandeur
dé l'ossense faite à Dieu. •
• il ne veut point
D'abord, que
l'on 1éófìûdkï&Yintentlori± farce
que,- dit' il / les hommes ne fi en-
(99) , .
Vent la connoître,à moins que ' J
Dieu ne la leur révèle > & que
souvent avec la meilleure inten-
tion l'on peut nuire à la société;
tandis la mauvaisel P. '77-
qu'avec plus
intention,l'on peut lui rendre des
services essentiels. C'est-à-dire,
suivant l'Auteur , que l'on ne
doit avoir aucun égard aux actes
extérieurs qui manifesteroient
cette intention, pas même aux
actes les plus prochains du cri-
me & qui en seroient insépa-
rables : eniorte que, si un parti-
culier avoit été vu en embus-
cade sur un grand chemin, à une
heure indue, tirant un coup de
fusil dont il auroit tué un homme,
qu'il auroit ensuite dépouillé de
. ses essetSjdefquels il fetrouveroit
saisi au moment de sa; capture $
il saudroit, en partant du,système
cle l'Auteur, une révélation polir
s'assurer que ce mênYe particti-
I 2.
( roò )
; lier est m Assassin & un Voleur*
<3e n*est pas tout! si, pour juger
de la grandeur du crime & de
h punition qu'U mérite, Ton
ne devait point tant considérer
iïntention * que la grandeur du
dommage réel cauíe à la socié-
té yìì g'ensuivroit encore, que
non-seulement Mnsensé & Hnv
pubère ne devrolent pa$ être
moins punis, que tout autre qui
4uí'oic causé le dommage en plei-
ne connoissançe de cause j mais
que celui qui, par un cas fortuit-,
ou par une simple négligence,
auroit mis le feu à fa maison,
-& par*là occasionné l'inç-endie
de celles de ses voisins Î OU dont
le fusil seroit par mégarde
j>arti
& auroit blessé ou tué un nom-
me qui passoit dans la rue j ou
enfin <qui auroit tué dans la
nécessité d'une légitime défense,
auroit fait un plus grand crime
(ta)
& devrolt être puni plus rîgott*'
reufement que celui qui, à deP 4
sein prémédité [dolà malo) au-
roit tenté démettre le feu, oiï
de tuer ,s& qui en auroit été ein-
pêché par quelqu'obstaclé sur-
venu j par cela seulement que
îe premier auroit en effét causé
de que le dernier*
plus dommage
qui auroit fait néanmoins toué
ce qui dépendoit de lui, poúr
en causer de beaucoup plus con*
íidéïables. Toutes ces consé-
quences qui fé présentent si na*
rurellementà l'espric, suffiroient
sans doute fátte réjetter
pour
avejc hòxttnt ttn pttèifcftfrftjié;
quanA il n.e; seroit pa& d'aijlôurs
réprouvé hautement jtá* le>
hoMyíwtwtlesquelles,on doit
si bien considéíer ^intention*>
veuj; entemème, qu'en, fëfc
e crimes;
Ju'elies atroces - teí qu&îat
saffinat* ton punisse le simpte
1$
(roi)N
attentat aussi rigoureusement
que si le crime avoit été en-
tièrement consommé*,& qu'au
contraire l'on ne punisse point
une action, quoique rnauvaise
de fa.nature, íi elle n'est point
faite à mauvais desseins.
L'Auteur prétend, en second
Heu, que l'on ne doit pas non
plus dans l'imposition de la peine
avoir égard à h Qualité de
celui envers qui le crime a été
commis 5 & il en donne pour
raison, que tous les hommes dé-

• * In maleficiis voluntas
spectatur non
e.xitus. V. L.-\^)ff,adLeg. Corn, deSicc.
Qui hominem volumariè occidere vo«
luent, & perpetrare non potuerit, homi«
cida tamen habçtur. V, Capìcul. de Char-
lemogne. Cap. j. ììb. 7. . . -
' f Divús Adriànus
rescripsit eiim qui
hominem occìch't >si lion qccidendi animo
hoc admisit absolvi .ppste.' L, Divins Adr%
jjfí *ád íoy Cornes, de Siccarìis,
•...;...Ctimen eriim cohtrahitur ,si & voluit»
)tas,noccndi intercédât.T. L.,i, Ibid,
(i03)
^pendent également de' la société
dont ils font membres., II veutp> l7$
aussis par larmême.ra.iíon , que
l'on punisse les' perfonn.es du
plus háiit rangs comme, le der-
nier des Citoyens.
L'on sent encore tout le dan-
ger & l'absurdité d'ut) tel prin-
cipes qui n'est pas seulemenj:
contraire à la'dispositions,des
JLoix , qui ont toujours distin»
gué la Qualité des personnes
dans l'ordre des peines; & même
_à ['expérience journalière qui
nous apprend que les,personnes
d'une condition relevée ayant
plus à coeur l'honneur que la
vie même *, ^imposition d'une
peiné infamante fait fur
simple
• • v :
v. .: -r-:"i '-. -':í>
' ;:• -n-.. :-
t'" r:.i\
„> -*Mors eis solatium est 8ç yita suppli-
cium. fust, Lips. de donsi.Liï, 2. C. 17. f,
'L. y, f» Legis Corneii*, & I,. ptnult, fs^ad
yLtg,Córitéltde$iccart. ' \\'
' " '''
•14
eux une plus vive impression, quç
ne feroient des peines corpo-*
relies fur des personnes dç bàíse
condition * mais il est* encore
contraire au propre système d$
l'Auteur, en ce que IHntéifêtpu-
blic qu'il a si fort en vue^derrí aride
qu'on ait des égards particuliers
pour des personnes nobles on
constituées en dignité,donc l'fcx*
tinctîonou la flétrissure, ne pouiv
roieno manquer de? eaufér d£
dommage à la société. Ce n'est:
pas à & vérité ,,qu1t n'y ait dfc
certains çrììmes atroces clone fô
noirceur dégrade l'hiimanité,tefe>
l'assassinat, 6c pour lesquels J&
2ue
JOÌ veut que tes coupables soient
punis fans aucune: distinction dé
qualités.C'est même une maximes
particulièrede'notre Droit Fran-
çois *. Mais,, hors çe ça^s particu-
* V.
Loysel > Reg. 29. lib., ê. ùu 1. VY
«ustU'atu i?4, rOsdonnance dftfilstíik
lier, H feut convenir, encore une
fois(> que rien ne seroit plus ab*
sttrde; & en même^tems plus,
dangereux, que 4e vouloir éta-
blir pour régie générale, comme;
felt r Auteur, que; la Qualit&dea
personnes ne doit point influer
fur la grandeur du crime ni de
la peine ; puisque, si cela étoit,
tagEnfans&les Furieux ne, de*
vrolencpas être moins punisjque
toute autre personne jouissant
de fa pleine raifort, le Médecin
qui empoifonneroit, le Tuteur
qui vloleroifi fa Pupille, le Geo.-»
Kèç qui abuserait de. sa Prison*
nière, le; Notaire qui seroit u&
acte faux, l'Or/évrê qui ferohi
de la fausse monnoie, ne se-*
f oient pas plus coupables & ne
devroiehfc pas être puni plus,
sévèrement quede simples Par*
ticuliers qui soroient tombés
fam les. mêmes crimes*
Uo6)
Par une suite du même systè-
me, l'Auteur va encore jusqu'à
p» ru're qu'on ne doit point
comJ„:er la gravité du crime
par rapport à la grandeur de
y offensé au*il fait à DIE U ,
parce que, dit-ìl, la grandeur
du péché dépend de la malice
du coeur, que les hommes ne
peuvent connoître, à moins que
Pieu ne la leur révèle. Pitoyable
subterfuge que nous avons ré-
futé d'avance, & qui se trouve
d'ailleurs confondu fans ressour-
ce par toutes ÌQS Loix, tant di-
vines qu'humaines; Pat Lói$
divines, nous voulons parler de
celles que le suprême Législa-
teur a tracé lui-même aux Con*
ducteurs de son Peuple, & oíi
l'on voit éntr'autres qu'il y a d<&s
publiques portées contré
Î>eines
es Blasphémateurs, les Sacrilè-
ges, & autres criminels de Lfeze•
Majesté Divine,
(.107)
Ce sont ces mêmes Loix
qui
ont servi de fondement à celles
que tous les Princes Chrétiens
ont rendu en conséquence podr
la punition de ces sortes de cri-
rne * $ parce qu'en effet ils ont
senti que la Religion étant sans
*
contredit une partie essentielle
de l'ordre public, toutes \ts fois
que la violation du respect qui
lui est dû s'est manifesté parades
?^es. extérieurs, il faloit néces-
íaitement la punir par des pei-
nes extérieures, qui réparent le
scandale que cette violation a
causé dans le Public, & empê*
client les autres de tomber dans
le même cas,

*Res autem humanise'aliter' tut« esse


lion possunt , nisi qu* ad divinam Con-
feslìohem pertinent & regia & sacerdota-
Jis deflfendat authoritas. Can. n Qu. 7.
Cauf. iit y, auflìles tìt. duCod, de Hceret» &
Miinicft„.de ApoJiati$„,de Judiist,, de Pagà*.
njs &Sttcrif*
(io8ï v
II résulte de tout cela > que
mal-à-propos le Crime est défini
par l'Auteur, la violation du Pa-
cte social j & qu'il n'est autre
chose que la violation de la Loi,
sans laconnoissance de laquelle
il n'y auroit, comme dit S. Paul,
point de péché*.
7° Enfin l'Auteur ne cesse de
se récrier contre la cmauté de
nos peines en général) il prétend
que c'est le but principar de no-
tre Jurisprudence j & il entre-
de; la combattre, en po-
prend
sant- pour- maxime centaine> que
k morale politique ne peut pro*
curer à la société' quesqu'àvan-
tagedurable íielle n'est fondée,
ï*. 10. dit-ii, sûr les sentimens ineffables
du çceur-j que çe sójnt; ce$,même$
sentimens qu'il faut consulter?

* Peccatum non cognovi «isi p« Ie$cm»


lpì(ì% ad Rom, Cap, j. fr. 17.
four y trouver l'origine des pei-
nes , ôc les véritables fondemens
du droit de punir $ & en con-
séquence il prétend dans
que,
l'jmposition des peines, l'on doit P.
107»
toujours préférer celles qui font
î'im pression la plus efficace & la
plus durable fur l'esprit des hom-
mes , & en même-tems
qui soit
la moins cruelle fur le corps du
coupable.
La fausseté & í illusion de
cette prétendue maxime font si
frappantes, qu'elles se sont en-
core mieux sentir qu'elles ne
peuvent s'exprimer. D'abord,
comment ne seroit-on re-
* pas
volté d'entendre dire ici à l'Au-
teur , que » dans des
l'impofîtion
peirçes, l'on doit respecter la sen-
sibilité du coupable pour la dou-
leur ? après qu'on l'a vu ail-
leurs cette autre maxime
poser
que chaque homme fi fait U cin- P. IU
ire de toutes les combinaisons de
p.ltfj l'Univers;... Que le plaisir &
la douleur sont les principes de
toute aUion dans les Êtres sensi-
bles^ & que c*est pour cela quey
dans f ordre même de la Religion^
le suprême Législateur a placé les
peines & les récompenses.... En
esset, en partant meme de Paveu
de l'Auteur 3 ne pourroit-on pas
lui répondre, que c'est précisé-
ment parce chaque homme
que
se, rapporte a lui-même ce qu'il
voit faire à autrui, & qu'il a de
Phorreur naturelle pour la dou-
leur, qu'il étoit nécessaire de pré-
férer , dans le clìobc des peinés',
celle qui est la plus cruelle furie
corps du coupable, pour que
cette peine puisse faire cette
impression durable dont parle
l'Auteur i ou plutôtpour qu'elle
puisse produire í'effet salutaire
que la Loi en attend 5 c'est-à-
(m)
dírevd'empêcher le coupable de
commettre d'autres crimes, 6c
de détourner les'autres hommes
de commettre le même crime
pour lequel ils voyent qu'il est si
rigoureusement puni,5*', i
Maisysans nous arrêter à com-
battre l'Auteur par ses propres
armes, rappellons-le encore une
fois aux vrais principes de là
matière, qu'il s'essorce perpér
tuellement de défigurer. II faut
bien peu cónnoître le coeur hùr
main,' & les dissérens ressorts
qui le font mouvoir, pour oser
assurer, comme fait .l'Auteur,
,que c'est dans les sentimens qu'il
in'spire,; qu'on doit chercher la
régie de ses jugemeiis. C'est ju-
ger des hommes parce qu'ils dòi-

, , *;Ût aut ipfe qui punitur, corrigatur


expérimentes, àut alii terreantur efcemp.Io«
CAN. 57. Qu, 3. Caus,ij,;<;' vî;-
cVenfc être & hon £oint par ce
qu'ils font. Qui nè fait en effet
constitués, comme ils
Íju'étant
ont avec des passions, le plu«
íbuvent leur humeur domine fur
leurs sentimens-î Quô ces hù*-
meurs font preíqu'auïlî vdfiées
que les visages J Que* s'il y a des
hommes rigides & inflexibles,
il y en a aussi de si indulgeni &
íi faciles què^ hoti contens d'à*
doucir la justice, ils Paceonïmo-
dehtá toutes les foiblestes, & là
font consister, comme dit l'Au-
teur , dans la tolérance des erreurs
humaines.
Qui ne fait d'ailleUrá que,
depuis leur multiplication ^ les
hommes ayant été obligés de
vivre séparément, & toits les
climats n'inspirant point les
mêmes inclinations (tellement
qu'en changeant dé' l'on
pays,
change souvent dé moeurs ,$
d'occu-
(r*3>
dfoccttpatfonj desrlors, il-n'a plu*
été possible de réduire ces di£
férens Peuples fous des Loix uni*,
formes j encore moins, de laisler
aux personnes même qui avoient
é0 offensées, le foin de vangec
leur propre injure z & c'est et!
conséquence qu'il a fallu des>
Souverains & des Magistrats *
pour mettre cette juste propos
tion entre la Peine & l'Oírenfe
A la vérité, si les hommes s'é-
soient conservés tels qu'ils sono
fortis des mains du Créateur, il
fuffiroit de les renvoyer à leur
propre Coeur, & à leur propre?
Conscience qui ne varie poinè
dans ses jugemens ,Òc qui së rè-
une 7Loi fixe &>
gle toujours par
immuable comme son. Auteur ;.
au lieu que les Loix-, qui font:
l'ouvrage desrhommes, font íu-
Jettes a être révoquées y & à
éprouver» divers changement
dáns.îes différens siécles, & dans
les différens tems. Ainsi, voyons-
iious:que les Loix qui étoient
« dans les Commence-
propres
mens d'un Etablissement, ont
cessé dépêtre dans ses progr<& j
Que celles étiolent propres à
qui
Athènes ne l'étoient point à'Lai
cédémbné; Que ni les unes ni
les autres n'ont point suffi aux
Romains $ &' que celles même
de'ce se font
dernieV<Peùpleinc
conservées ;'que dans certaines
portions* des Pays font sor-
qui
tis de-leur Domination.'' ; i: K
Í Cela n'empêche" pas néan^
moins, qiieces Lojx,rtoutesimv
panfaìtés quilles font, paril'esseb
d'u n malheur attaché : à< la 1 con-.'
ditionn humaine ^r nlay.ént'fprisi
KEquité naturelle ^tei-
Îxourbase
ement que> comme il y a cer-
tains; crimes, dont liátrocité' ou^
la légèreté dépendent principal
îément' des circonstances' qui
peiivënt varier á infini, elles
laissent le plus fôuvéHtj cornmò
nous.l'avons dit, à la prudence!
& à la Religion des Juges le
foin d?aiìgmen.ter ou de dimi-
nuée les peines, suivant ces mê-
mes, circonstances. Au--resteV
tíòûs avons observé en même
tjerris.j qu'en général le penchant;
Áes Loix ne va point à punir,
&'qu'elles né condamnent jà-fc
rhais qu'à regret Í ëh forte, que.
Poli 1 peut dire que, ce n'est nî
Ja Loi,'iii le Juge, mais le crime
qui livre au supplice j Que le
Jugé', ên faisant exécuter la Loi,
doity "comme un Père qui cor-
son enfant, Je ;faire. sans
rige
hu^u>(ou; çç^rnçÁi^ ïàge.jyïé-
decin qui applique lé fer & le.
feu à uri meíïibïé, pour >.sauver
le;rèste .du; çorps^ Quel'indui-,
•dont ìì<useroit•
gence pour loxs
ftl-ofr plus nieurtri^e; o£ plii*
4angerfcUse à Iji fociéjé > qu£ h
dureté la plu$ èxçeiávôí^ |fl ^
ceUercf ne tombeirott qtifc
que
4v 1* Particulier qui en ferpifc
la YÌ&iime> ^Ufiieiv que l&iur.fc
jcéfl4QhlrQÌï; u^ssaNmew çon*
tr-e çput,le/Publïç+. Qu'eu Hri rnofc
c.atJCÇr indulgence' n& doífc &r$
employée- proprement, suivants
feíprifi çjó* hm> q«e: lorJquU
á'y; a( pas -de preuse ,su$sante>
pour déterminer l'^ppjíiçatìou,
4e laiPeine.qu/Mielprit arjacWei
au crime i oufeien l/?r(quîií $&gi£
de certains, crime,? qurnevsô#fc
point atroce de; lm $m*?hM.
quipeuvent; êrrQexvç^^pa,r1(e.$»
v. - '- \—r. -- - '—rrj ^.).-i,ii> f f - >8 *•.'>-

fcyerkas siçiê <#* âdttìstfâíí Cìvtt*£ffluf


la potelV/ C/Vm' <fcOJjè> ty. x.
, Non est iniq^itatii j- ti$.p,oUií$ Mfô#
tâUs focietatí qevínctus, qui proplfjm
est crimlnis pexsccútòr y w fíi hoúiiúìíM
ft*7?
circonstances,. telles que; R cas
foutuic* l'erreur , QU fo néçeifitá
d'vu)« légitima défense>
De- tous ces Principe? il fautt
ëbnc: aoftcture.y qii'Uf n'est pâ»
passible dp voulcJc ériger-.,: conV
méfait Muteur* la.Bouce.urc des
peines: on maxima générale, in
pan conséquent d& chercher+
íommc il la prétend,, dartë les
sentimens ihefrabler du caau}>
la véritable régie qui doit déter-
miner í'application de/c.es pei*-
nés j Que cette régie ne peut
se trouver encore une* fWs, que
dans cette équité naturelle qúîi
feit à propos rendre Ì$$ Loiît
douces ôc traitablès, Ìkt\$ ìeut
rien ôter que leur exceíssve;p!u~
ïétéj & qu£, tenant* fdhs céífè
«è jufíçr nSlIieu entre l'r rigueur
ác là ctérnencer, fëft- totíjòtjrs;
mettre cette exacte- prôpdjt|i^j|»
entre le. crime & ^'g^lfo; ;•
Nòusfrne croyons ?pouvo!i?
mieux terminer cette Analyse,
que par ces réflexions généra*
les, sont fondées fur des
qui
Principes inébranlables, justifiés
par l'expérience la plus çom
stante, & contre lefqdéls vìen*
dront- toujours' í échouer des
enfantés par un esprit;
systèmes
cfef contradiction & de nou«?
veauté.

• ' -iy >


Je suis, ;

: MONSIEUR;

Votre,êçc. ^ :ÍV. > ,.;.".


JViUYART DE VOUÒLANS iî
•'" Avqcát au Parlement,

Paris , ce ìo
Novembre 1766,
APPROBATION.

J'AI LU > par ordre de Monseigneur


le Vice-Chancelier, un Manuscrit in-
titulé , Lettre contenant la réfutation
de quelques Principes hasardés dans le
nouveau Traité des J)élits & des
Peines, traduit de f Italien ; je crois
que l'jmpreflìon de cet Ouvrage fera
très-utile au Public. A Paris ce i$,
Novembre 1766.

PONCET DE LA GRAVE.

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