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í
J

LES L O I X

CRIMINELLES

DE FRANCE.


»■ •

f
LES L O I X

CRIMINELLES

DE FRANCE,

DANS LEUR ORDRE NATUREL.

DÉDIÉES AU ROI.
t

Par M. MUYART DE VOUGLANS , Conseiller

au Grand* Conseil.

sMERlGOT le jeune, Libraire, Quai des Augustins, au coinde


j la rue Pavée ;

Chez ^CRAPART, Libraire , rue d'Enfer , près la Place Saint-Michel ;

(Benoît MORIN, Imprimeur - Libraire , rue Saint - Jacques ,


[ à la Vérité.

M, DCC.LXX X.

AVEC APPROBATION , ET PRIVILEGE DU ROI..


' : * •

• * -

i . . .
AU ROI.

. Les traits èclatans que vous avez

donnés jusqu'ici de votre amour pour la

Justice ô pour la Religion 0 nousfont autant


vj ÉPITRE

de gages assurés de la volonté confiante de

. VOTRE MAJESTÉ à maintenir

l'exécution des Loix qui tendent à faire

respecter ces deux plus fermes Appuis de

son Trône.

Ce font aujji ces mêmes Traits , SIRE,

qui m'ont servi d'encouragement pour

donner la derniere main à ÏOuvrage dont

je prends la liberté de faire ici ïhommage

le plus humble à VOTRE MAJESTÉ.

ha permission que vous daigne^ <> SIRE,

m!accorder à ce sujet >> est la plus glorieuse

récompense que je pouvois recueillir de ce

fruit d'un travail de plus de vingt années %

préparé par divers Ouvrages que fai donné

fur la même matière : ô elle est d'autant

plus flatteuse pour moi<> qu'en même temps

qu'elle me retrace les bontés dont m'ho-

noroit votre auguste Pere , elle méfait par

ticiper à une faveur dont le célèbre Au

teur des Loix Civiles à été honoré lui-mê

me par votre auguste Trijhyeul^ \ - ^'^>.

Je meferois bien gardé fansdoutë, d'ajpkêk


DÉDICATOIRE. vij

à un pareil honneur , fi je. riètois persuadé

que VOTRE MAJESTÉ voudra bien ne

pas tant considérer dans cet Ouvrage ce qui

en appartient à £Auteur 0 que l importance

de ce qui en est l* objet. Eh ! quelles Loix 0

SIRE ? pourroient être plus dignes de votre

attention & de la bonté de votre cœur pater

nel ■> que celles quifont lobjet de ce Recueil ?

puisque sans elles toutes les autres refte-

roient absolument sans vigueur ; qu'elles

font le base de la sûreté de Œtat de la

tranquillité publique j qu'elles décident de

tout ce que l homme a de plus précieux 0defa

vie & de son honneur ; qu'en un mot elles

font la fauve-garde de l 'innocence 0& la ter-

reur du crime ^ ce mal contagieux dont í im

punité fut toujours regardée comme la prin-

cipale cause de la décadence des Empires.

Quefi l'avancement de ma carrière ne me

permet pas , SIRE ? de pouvoirjouir encore

long-temps de la satisfaction de voir les

heureux effets de la protection que VOTRE

MAJESTÉ voudra bien accorder à ces,


vHj ÉPITRE DÉDICATOÏRE.

mêmes Loix ; femporterai du moins au

tombeau celle de rí avoir rien oublie de tout

ce qui dépendoit de moi pour me rendre

utile à mes Concitoyens , en leur laissant *

dans ce monument de mon z>ele , les preuves

les moins équivoques des sentimens de la

soumission & de la vénération la plus

profonde avec lesquels je me fuis toujours

fait gloire dêtre 9

sire,
\ . . . . .

DE VOTRE MAJESTÉ,

te très-humble ; très -obéissant & três-íìdelé


serviteur & sujet , Muyart de V0UGLANS3
Conseiller en votre Grand- Conseil
PRÉFACE.
< • ( r...
- : * .

J j A Collection des Loix qui dòívent décider de la vie & de Phonneuí


des hommes , intéresse íì essentiellement nôtre Jurisprudence * qu'il y a lieu
de s'étonner que nous n'ayions pas fur ce point les mêmes secours que
nous avons du côté des Loix Civiles , & des Loix Ecclésiastiques. Quel
objet plus digne en effet du zèle d'un Citoyen , que de pouvoir conw
courir , par une semblable Collection , à fixer les idées fur la partie
de notre Législation la plus délicate , & qu'il est en même temps le plus
essentiel de connoître , l'on ne dit pas seulement pour les Juges , qui ,
fans cette connoissance , seroient exposés à commettre des injustices le
plus souvent irréparables , & même à être recherchés personnellement
pour les nullités de leurs Procédures , mais encore pour tous les Citoyens*
en général qui pourroient contrevenir k ces Loix , faute de les connoître y
& fur-tout pour les Accusés , qui font tenus , comme l'on fçaít , de se
défendre par eux-mêmes en cette matière !
C'est l'ignorancé & la fausse application de ces Loix , comme les deux
sources ordinaires des erreurs où l'on tombe en cette matière , que je
me fuis proposé de combattre dans cet Ouvrage. L'expérience m'ayant
convaincu qu'elles ne venoient , le plus souvent t l'une & l'autre que de la
difficulté de se procurer une exacte connoissance de ces mêmes Loix ,
en ce qu'elles se trouvent éparses dans une infinité de Recueils qu'on n'est
pas toujours à portée , ni même en état de consulter avec fruit ; j'ai cru
ne pouvoir rendre un service plus essentiel au Public , & fur - tout à
ceux qui veulent se livrer a l'étude de ces Loix , que de leur épar^
gner , ,par la nouvelle Collection que je leur présente , toutes les longues»
Ôt dispendieuses recherches que leur occasionneroit la multitude de ces
Recueils , dont on connoît d'ailleurs toute Insuffisance pour remplir un
- objet auífi important.
En effet , l'on voit parmi Ces difïeréns Recueils , que les uns
ne roulent que fur des Loix anciennes , dont la plupart ont été
abrogées , ou font tombées en désuétude ; ( L'on veut parler principa
lement de ceux faits par Fontanon , Guènois & Néron. ) Les autres foni
bornés simplement à là Compilation de nouvelles Loix , dont on ne peut
connoître le véritable esprit qu'en les rapprochant des anciennes qui s'y
trouvent rappellées. D'autréá enfin contiennent à la vérité une Compila
tion des unes & des autres \ mais de manière qu'on n'en peut faire tin
grand usage , soit parce qu'elles n'y font rapportées que par extrait ( comme
dans celui de Blanchard ) ou que si elles y fortt rapportées tout au long ,
Comme elles contiennent le plus souvent des dispositions disparates , par
la diversité des objets qu'elles embrassent , il arrive néceílairement qu'elles
échappent à la mémoire , ou à l'attentiòn du Lecteur qui se voit obligé
de recommencer ses recherches a nouveaux frais , chaque fois qu'il veut
trouver dans une Loi la disposition dont il a besoin , pour le cas particulier
qui l'intéresse. Je Veux parler principalement ici du Recueil connu Vul
gairement fous le nom de Loix Criminelles , qu'on voit à la fuite du Livrd
qui a pour titre , de là Manière de poursuivre leu Crirnes en iiffíîens Tri*
préface:

bunaux , &c. qú*òn attribue à feu Me. Prévôt , Avocat. Je ne parle .pas des,
Commentaires , ni des Traités particuliers qu'on a vu : paroître jusqu'ici
sur cette matière , & dont Pobjet pároît se réduire , ou à concilier des
Loix entr'elles , ~ou à discuter des Questions qu'ont fait naîcre le silence
ou l'obscuritc -de ces Loix , <pour" la. décision desquelles on est obligé
d'avoir recours à une Jurisprudence toujours peu sûre , à cause de la
variété des circonstances qui lui -ont servi de motifs. . 7
L'on peut juger d'après cela , de quelle utilité doit'être une Collection ;
comme celle-ci , qui n'a pas seulement pour objet de simplifier Pétude
de ces Loix , mais encore d'en faciliter l'intelligence , par l'attention qu'on
a eu de n'y insérer que celles qui font en vigueur , de les rapprocher
toutes fous un seul point de vue dans un même Volume , & de placer
chacune de leurs dispositions a la fuite de l'objet particulier qu'elle con
cerne , afin de servir de preuve à la Maxime qu'on y établit : de manière
que le Lecteur se trouve par-là à portée de pouvoir s'assurer par lui-même ,
& des Motifs particuliers qui ont donné lieu à l'établiíTement de ces Loix ,
& des Changemens successifs qu'elles ont éprouvés depuis leur publi
cation.
Au reste , ce n'est pas d'aujourd'hui qu'on a senti toute l'importance
& l'utilité d'une pareille Collection : je ne fais , en la donnant , qu'exé
cuter un projet qui avoir déjà été conçu par deux célèbres Auteurs , qui s'en
feroient fans doute acquittés mieux que moi, si la mort nelesavoit prévenus.
Le premier dont je veux parler , est l' Auteur de i'excellente Collection ,*
connue fous le nom de Loix Civiles , qui avoit annoncé celle des Loix
Criminelles , comme devant faire partie du Droit public qui termine cette
Collection. II paroît à la vérité que feu Me. à'Hèricourt a essayé de sup
pléer à cette tâche par un petit Ouvrage , sous le titre de Supplément au
Droit public , qui se trouve inséré à la suite de cette même Collection.
Je dis seulement ejfayé , parce qu'en effet l'on doit moins regarder comme
unsupplément , que comme un simple ejsai , un Recueil de cette efpece qui
ne contient tout au plus que douze feuilles d'impression.
L'autre Auteur dont je veux parler , est celui du Traité de la Police ,
dont le Public est redevable au Commissaire Lamarre. L'on voit dans
la Préface de ce Traité , que cet Auteur se proposoit d'y rassembler les
Loix .Criminelles , qu'il regardoit 3 avec raison, comme devant entrer „
dans son plan. L'on s'est flatté inutilement de voir remplir ce Plan par
Leclerc-Dubrillet , son Continuateur.
C'est dans cet état , que j'ai cru devoir céder à la vivacité du zèle qui
m'a toujours animé pour le bien de mes Concitoyens , en tâchant de les
dédommager , autant qu'il est en mon pouvoir , des pertes irréparables
qu'ils ont faites de ces deux côtés-la , par une Collection qui , jointe à
celles dont je viens de parler , puisse former ce Corps entier de Légista-
tion judiciaire , qui étoit désiré depuis si long-temps.
Je ne dois pas cependant dissimuler que , quelques efforts que j'aie fait ,
pour assurer l'utilité de cet Ouvrage , je fuis bien éloigné de me flatter
de l'avoir porté jusqu'au point de perfection dont il pourroit être suscep
tible. J'avouerai même , avec toute l'ingénuité qui convient à mon Etat ,
que les avantages particuliers que semblent m'avoir donné sur ce point
une longue étude , jointe aux secours de l'expérience que j'ai puisés dans
les fonctions de la Magistrature , n'ont servi au contraire qu'à me faire
mieux sentir toute l'étendue £c la délicatesse de mon entreprise , & à me
p r ê e a e a *î

convaincre de plus en plus'; qúcc'est dejà beaucoup faire" fans douté , dans*
un Ouvrage de ce genre ,. que de le port ex i d'abord à un point qui le fassd
juger digne d'être secondé par les lumières des Magistrats., ôí des Juriscon
sultes qui voudront bien s'intéresser a íbn luccès*
. C'est auílì dans la confiance que m'infpire l'accueil savorâble que leî
Public a bien voulu faire à mes premiers travaux * , qu?après lui avoir ainsi
çxpofé les motifs qui m'ont engagé à tenter une plus, vaste carrière , je crois
devoir lui rendre un compte détaillé du Plan que je me fuis proposé d'y garder.

Pd^N Toutes les Loìx Criminelles qui font connues parmi nous , peuvent se
^°Gt.KA rt^uire ^ ces deux Classes principales : les unes , qui concernent propre

ment la Théorie ou le fond de ces matières , tendent à déterminer la


nature des Crimes , & la qualité des peines qui doivent leur être infligées :
les autres , qui ont singulièrement pour objet la Pratique , font celles qui
prescrivent les formes nécessaires pour parvenir à la Preuve du Crime ,
& en assurer la punition. C'est d'après cette Division générale des Loix:
Criminelles , que fe fait naturellement celle de cet Ouvrage en deux Parties
principales , dont la première aura pour objet le Crime & sá Peiî/e ; &
la derniere I'Instruction du Crime , ÔCsa Preuve. Je n'ai fait que suivre a
cet égard la route que semblent m'avoir tracé les Ordonnances qui veulent
que ce soit principalement, par la Qualité du Crime, & de sa Peine , que
le Juge règle I'Instruction & la Preuve qui doivent diriger ses Jugemens*

Après que j'aurai donné , dans un Discours Préliminaire , une notion


sommaire des principes fur la formation des Loix en général , & en parti
culier de celles qui doivent servir de preuves aux Maximes contenues dans
les deux Parties de cet Ouvrage, je passerai a la Division de chacune de
ces Parties, suivant les différens Objets auxquels doivent s'appliquer Ces
mêmes Loix ; ce qui fera la matière des différens Livres , Titres t Chapitres
& Paragraphes ou Sections , dont fera composée cette Collection.
Ainsi la première Partie sera divisée en trois Livres , dont les deurt
premiers contiendront les principes qui regardent la nature du Crime, &
de la Peine en général ; ÔC le dernier renfermera le détail des différentes
espèces de Crimes > & des Peines particulières que les Loix y ont attachées*

D'abord , pour ce qui concerne le Crime en général , après que j'aurai


donné fa Définition & fa Division suivant nos Usages , j'entrerai dans
l'examen particulier des différentes Manières de le commettre , soit direEle-
ment par soi-même , soit indirectement par autrui , comme lorsqu'on le com
mande , qu'on le conseille , qu'on l'autorise par sa présence , ou qu'on
l'approuve après qu'il est commis ; ce qui me donnera lieu de traiter suc*
ceísivement , & dès différentes Causes qui peuvent produire le Crime , tel
que le Dol , la chaleur d'un premier Mouvement 7 la faute ou Pimpru-
dence ; 6c des Causes qui peuvent servir à l'aggraver ou à le diminuer ,
comme sont les Circonstances tirées du motif, de la qualité des personnes ^
du temps , du lieu , de la quantité ou habitude , ôc de l'événement. Enfin
je traiterai des différentes manières dont le Crime peut s'éteindre , parmi
lesquelles je distinguerai les Causes qui font cesser entièrement le Crime t
telles que le défaut d'âge , ou de raison , la force majeure , le cas fortuit ^
Terreur , & l'ignorance , de celles qui font cesser seulement Yaclion pour

* L'Institut au Droit Criminel ,1e Traité des Crimes , & I'Instruction Cpimínellf.
h if
ri} B R & F A C E:

la poursuite du Crime j comme font la mort du Coupable , la maxime Non


bis in idem , la satisfaction ou la remise de Tinjure , la grâce du Prince ,
& la prescription du Crime, ■ ». . /:', r [
,» .. . ., r-

Quant à la Peine / qui sait le second objet de cette première Partie ,


après que j'aurai marqué les Conditions nécessaires pour la rendre légalt'í
& les Cas particuliers où les Juges peuvent l'augmenter ou la modérer ?
je passerai à la Division des différentes espèces de Peines , tant de celles
qui ont cessé d'être en usage , que de celles qui font réputées juridiques
parmi nous , & qui font connues fous les noms génériques de Peines capitales
ou dernier supplice , Peines corporelles , ajfliélh es , infamantes , pécuniaires,
Peines Canoniques » Peines Militaires , Peines d'Ordonnance & de Coutume.

Enfin pour ce qui concerne les différentés espèces de Crimes aux


quels ces Peines doivent s'appliquer , & dont le détail doit terminer cette
première Partie : afin d'éviter la confusion où pourroit entraîner la mul
titude & la variété de ces Crimes , j'ai cru devoir les ranger d'abord fous
trois Classes principales , auxquelles ces différentes espèces paroissent en
effet se rapporter comme à leurs genres ; fçavoir , i°. celle des Crimes
qui attaquent la Société en général , comme font ceux commis contre
la Religion, ou contre YEtat : 2°. celle des Crimes qui attaquent en
même-temps & la Société & quelqu'un de ses Membres , comme font
les Crimes d'Homicide , de Luxure , de Faux , de Vol , & les Injures :
39. enfin celle des Délits contre la Police , ou Contraventions particulières
aux Réglemens faits pour la Police du Royaume.
i9. Dans l'énumération des Crimes qui se commettent contre la Reli
gion , & que l'on appelle autrement Crimes de Lese-Majejlè Divine M
nous en distinguerons de trois sortes ; les uns qui attaquent la Religion dans
'son essence , comme font le Blasphème , YAthéisme , la Magie , le Sorti
lège , &c Les autres qui attaquent la Religion dans l'autorité de son
Chef, comme YHérésie , YApostasie , le Schisme , &c... D'autres enfin ,
qui attaquent la Religion dans les Choses , & dans les Personnes qui lui
font spécialement consacrées , comme font la profanation des Vasessacrés ,
des Eglises , des Cimetières , le troublefait au Service divin , les usurpations
des Bénéfices , le recélement des corps morts des Bénéficiers , la Simonie cV
la Confidence , les outrages faits aux Prêtres , la séduólion & t enlèvement
des Religieuses, &c.
2°. A l'égard des Crimes qui se commettent contre I'Etat , nous en distin
guerons aussi de deux sortes ; les uns , que l'on appelle Crimes de Lèse-
Majesté au premier Chef , parce qu'ils attaquent directement le Souve
rain dans fa Personne , ou dans celle de ses Enfans , des Princes de son
Sang , & de ses principaux Officiers ; ou dans fa Souveraineté même , par
les ligues , associations & entreprises qui se font contre la sûreté de son
Etat. Les autres , connus fous le nom de Crimes de Lese-Majesté au
second Chef , parce qu'ils attaquent indirectement le Souverain , soit
dans YHonneur cV Dignité de fa Couronne , par des libelles , ou par des
altérations de son Effigie dans les Monnoies, & dans son Sceau ; soit dans son
Autorité , par des Rébellions , Outrages faits à ses Officiers de Justice , par
des Séditions & Emotions populaires , Chartre privée , Bris de Prison , Pé-
culat ôc Concussion
3°. Pour ce qui concerne les Crimes qui se commettent , tant contre
PRÉFACE. xiij

la Société en général , que contre quelqu'un de ses Membres en particu


lier , nous en distinguerons de cinq espèces différentes ■> les uns qui frappent

principalement fur la personne , comme YHomicide ; les autres , fur


l'Honneur , comme font les Crimes de Luxure d'autres fur l'Honneur
en môme-temps que fur les Biens , comme le Faux d'autres fur les Biens
seulement, comme le fol; d autres enfin, qui frappent également
fur la personne j fur l'honneur & fur les biens , comme 1 Injure

Chacun de ces Crimes a aussi ses subdivisions particulières. Ainsi , i°.


quant à I'Homicide , on le distinguera d'abord en simple & qualifié ; l'on
mettra au nombre de ces derniers , le Meurtre , YAjJaJJinat , le Parricide ,
VInfanticide , YUxoricide , le Fratricide , le Suicide , YIncendie , YEmpoi-
Jònnement & le Duel.
2Q. Quant aux Crimes de Luxure , nous en distinguerons auísi de trois
fortes ; les uns qui se commettent entre des personnes libres , comme font
la Fornication , le Concubinage , le Maqutrellage , le Stupre ; les autres
qui se commettent entre personnes non libres , tels que Y Adultère , la
Bigamie , YInceJle , le Rapt & le Viol ; d'autres enfin , qui se commettent
contre nature comme la Sodomie & la Bejlialité.
39. En traitant du Crime de Faux , nous en distinguerons aufll de plu
sieurs espèces ; fçavoir , i ?. ceux qui se commettent par paroles , comme
le Parjure , le Faux-Témoignage Sc la Calomnie aQ. ceux qui se commettent

sur des écrits , foie publics , comme font les Atfes des Notaires , les Aâles
de Juflice , de Chancellerie , Rescrits de Cour de Rome , Papiers Royaux ,
Regijlres de Baptême & de Mariage , &c... soit privés , comme font les
Lettres de change , les Tejlamens olographes , Livres- Journaux , Lettres mijjlves
& Élancs-seings 39. ceux qui le commettent fur des personnes , comme
en faic de Suppression de Part , Supposition de Personnes , de Noms &
Qualités 40. enfin ceux qui se commettent sur des choses de Com
merce , comme en matière d'Or c> d'Argent , d'Inflrumens d'Orfèvrerie , en
fait de Denrées & Marchandises , de Poids & Mesures , &c...
4<*. A l'égard du Vol , nous le distinguerons , comme I'Homicide ,
en simple & qualifié. Dans le nombre des Vols simples , nous compren
drons ceux faits par des Enfans à leurs Pères cV Mères , par les Femmes
à leurs Maris , par les Héritiers à leurs Cohéritiers , & par ceux qui abusent
des gages ou dépôts qui leur font confiés. Parmi les Vols que nous appel
ions qualifiés , nous distinguerons auíîì ceux qui font réputés tels ,
i°. par la manière dont ils font faits , comme si c'est avec effraction,
avec armes , avec déguisement , par filouterie , par monopole , steilionat ,
usure & banqueroute frauduleuse j... 2°. parla nature de la chose volée,
comme s'il est fait d'une personne libre ou plagiat , d'une chose sacrée ,
des deniers royaux , ou publics;.. 30. par laQUALiTË des personnes , comme
font les Vols faits par des Domestiques , par des Soldats , par des Gens
de Justice , par des Personnes publiques , & par des Vagabonds & Men-
dians 49. par la quantité , comme si ces Vols font réitérés ; si c'est
de chose de grande valeur ; si c'est d'un troupeau entier de bestiaux , ce
qu'on appelle autrement abigeat 50. par le temps, comme si c'est pendant
la nuit , ou dans un temps de ruine, de naufrage, ou d'incendie 6°. par
le lieu , comme si le Vol est fait dans une Eglise , dans une Maison
Royale , dans l' Auditoire de la Justice , fur le grand Chemin ; j°. enfin ,
tant par le lieu que par la qualité de la chose volée , comme font les
xir P R È F A C El

Vols faits contre la foi publique , tels que ceux du Bois dans les chantiers Ç
du Poisson dans les étangs , des Pigeons dans les colombiers , des Lapins
dans les garennes , de la Volaille dans les basses-cours , des Bestiaux dans
l'étable , ou dans le pâturage , des Cordages fur les Ports 3 des Toiles
dans le blanchissage , des Arbres dans les jardins , des Légumes dans les
marais , des Echalas dans les vignes , des gerbes de Bleds dans les champs ,
enfin des Bornes & Limites. . . ; ■.
j°. Enfin , par rapport à I'Injure , nous en distinguons de trois espèces ;
qui font connues dans nos Usages fous le nom d'Injures verbales , d'In
jures réelles , ou par voie de fait , & d'Injures par écrit, ou libelles diffa
matoires.

Enfin , pour Ce qui concerne les Ûélits de Police , qui forment ía troisième
& derniere Classe des Crimes , nous les diviserons en autant d'espèces parti
culières qu'il y a de différens objets fur lesquels peuvent tomber les contra
ventions aux Réglemens faits en cette matière ; sçayoir , en Délits contre
la Police en fait de Religion , en fait de Mœurs , de Jeux publics , de Men
dicité , de Vagabondage , de Contrebande , de Librairie & Imprimerie , de
Vivres & Boisions : en fait de Sûreté & Commodité des Rues , & Bâtì-
mens dans les Villes : 8c enfin contre la Police établie dans les Campagnes ,
comme en fait de Délits commis dans les Bois , à la Chajse ou à la Pêche,

Passant ensuite a la seconde Partie de cet Ouvrage , qui a pour objet


I'Instruction 3 & la Preuve du Crime , nous examinerons d'abord , pouc
ce qui concerne l' Instruction , la qualité des Personnes , & celle des Actes
qui doivent la composer. Ainsi , i 9. quant aux Personnes , je veux parles
principalement du Juge , de l' Accusateur & de l'Accusé. *
C'est en traitant du Juge en matière Criminelle , qu'après que nous
aurons observé en général les capacités personnelles qu'il doit avoir 3 les
conditions nécessaires pour former fa Jurifdiction en cette matière , les causes
qui servent à établir sa compétence , & celles qui la font cesser , telles
que la Demande en Renvoi , la Prévention , la Récusation , XEvocation ,
le Règlement de luges , & la Prise à Partie ; nous entrerons dans le détail
des différentes espèces de Juges qui peuvent connoître de ces matières ;
& nous les diviserons à cet effet en deux Classes principales , dont la
première est celle des Juges ordinaires , tels que les Juges Seigneuriaux ,
les Prévôts Royaux , les Baillis & Sénéchaux , & les Parlemens : l'autre ,
des Juges extraordinaires , ainsi appelles , parce qu'ils ne connoiíTènt
des matières Criminelles qu'en vertu de l'attribution qui leur en est faite par
des Loix particulières ; comme font le Conseil du Roi , le Grand-Conseil ,
la Chambre des Comptes , la Cour des Aides , la Cour des Monnoies , les
Commissaires du Conseil , les Prévôts des Maréchaux , les Préfidiaux , les
Lieutenans-Cénéraux de Police , les Juges de la Maîtrise des Eaux & Fo
rêts , ceux de la Connétablie , de V Amirauté , de la Prévôté de V Hôtel ,
de ÏEleóíion , du Grenier à Sel , des Hôtels- de-Filles , les Prévôts &
Gardes des Monnoies , les Juges de la Conservation de Lyon , les Juges
Militaires & les Juges Ecclésiastiques.
Pour ce qui concerne PÁccusateur , nous comprendrons fous ce
nom , tant la Punie publique ( c'est-a-dire , les Procureurs du Roi , les Pro
cureurs Fiscaux & les Promoteurs ) que les Parties privées , connues autre
ment fous les noms de la Partie Civile , de simple Plaignant , & de Dé
P R Ê F A C EL **.

fioncîateur \ & c'est après avoir marqué les devoirs particuliers qui fonc?
attachés a ces différentes qualités , que nous aurons foin de déterminer les
causes particulières qui empêchent de pouvoir accuser, -en distinguant les*
différentes espèces d'Incápacité , soit absolues , soit respectives , qui peuvenr;
priver de cette faculté* Datis le nombre de ces dernières, nous mettrons le-
défâut d'Intérêt, le Désistements, lá Transaction , & la Cession des droits*
Enfin quant a l'AccusÊ., nous distinguerons pareilleraerft Ceux quî
pèuvent , ou ne peuvent-pas l'être. Ce qúi nous donnera lieu, d'entrer dans
le détail des Exceptions particulières qui résultent de la Prescription de la
Maxime non bis in idem , de la Mort de l' Accusé , & des Lettres de Giace
Hu Prince.
" 2°. Par rapport aux Actes qui doivent composer I'Instruciion Crimi
nelle , nous en distinguerons d'abord de deux sortes ; les uns généraux , ôt
qui sont communs a toutes sortes d'Instructions ',' i^3 que ceux .qui font
marqués par l'Ordonnance de 1670, suivant les différens états où se
trouve l' Accule , comme lorsqu'il est présent , ou qu'il est contumax ;
lorsqu'il est souri ou muet; lorsqu'il s'agit de faire le Procès a des Corps ou
Communaùtés ; au Cadavre , ou à la Mémoire du Désuni , ou bien de purger
sa Mémoire: Les autres font particuliers à certaines Instructions qui ie font
pour de certains Crimes , & luivant des Loix postérieures à l:Oidonnance
ae 1670.. L'on Veut parler de celles qui se font 1 °. pour le Faux , tanc
Ítfinci pal qu'incident , ôt la Reconnoisiance des écritures privées 2 °, pour
es Cas .Prevòtaux et Prêsidiaux .• 30. pour les Délits communs, e?
^R-lViLÊGiÉs dans les Tribunaux Ecclésiastiques : 40. enfin , pour les D£ lits
"Militaires dans les Conseils de Guerre ôc de Maiine r & mêrné pour ce
qui concerne le. Point d'Honneur dans le Tribunal de MM, les-Aíaré-
'thaux de France. Ce qui nous donnera lieu de traiter de chacune de ces
différentes espèces de Juriídiction en particulier. ; ' .

Enfin , quant à la Preuve , qui doit terminer cet Ouvrage , parce qu'elle
est ausfi le terme auquel vient aboutir l'Instruction : après que nous aurons
observé en général toute son importance en matière Criminelle , & les
différentes espèces de Preuves qui ont ceííé d'être en usage en ce Royaume ,
nous entrerons dans le détail des preuves qui sont réputées juridiques parmi
nous , comme celles tirées du Corps de Délit , de la Déposition des Témoins , des
Ecrits „ de la Confession de ['Accusé , des Indices ou Présomptions ; & qui
sont connues autrement* sous le nom de preuves testimoniales , vocales ,
littérales , & conjecturales. Nous discuterons séparément chacune de celles-
ci , pour distinguer leurs différens caractères , & les degrés de force qui
leur sont propres. * .>.
Ainsi , 1 °. en traitant de la preuv&du Corps de Délit , nous examinerons
les cas où elle est absolument indispensable , ceux où elle peut être sup
pléée , ÔZ les formalités nécessaires , pour que les Procès-Verbaux des
Juges , & les Rapports des Experts puilfent servir de Preuve en cette matière.
20. Quant à la preuve Tejlimoniale , nous verrons quelle doit être la
qualité & le nombre des Témoins néceíîàires en cette matière ; & quelle
doit être auíïï la qualité de leurs dépositions , & les vices qui peuvent s'y
rencontrer , soit par le fait du Juge , soit par le fait du Témoin lui-même.
3 °. A Tégard de la preuve Vocale , nous remarquerons les différens degrés
de preuve qui résultent , tant de celles faites hors Jugement , que de celles
•^faites en* Jugement , parmi lesquels nous distinguerons auífi celles qui se
xvj P R Ê F A C E*

font librement , lors des interrogatoires , de celles qui font fanes forcément ;
pendant la Torture. .- v •• ... /,
40. Pour ce qui concerne la preuve Injlrumentale , nous remarquerons
les différens effets qu'elle peut produire x suivant la qualité des actes , c'est-
à-dire , lorsqu'ils font publics & authentiques 3 ou qu'ils font privés. Nous
distinguerons encore parmi ces derniers , ceux qui -ont été reconnus par;
l'Accusé , de ceux qui ont été simplement vérifiés avec lui.'
$ 9. Enfíri , par rapport à la preuve Conjecturale , nous ferons voir les con-;
ditions néceílàires pour la rendre juridique , en distinguant parmi les indices
ceuX qui ont un rapport _ direct avec \efait du Crime , de ceux qui frappent
feulement fur les circonstances dont il est accompagné ,* & c'est pour rendre
cette distinction encore plus sensible , que nous aurons foin de la justifier
par différens Exemples , tant des indices généraux & communs à tous les
Crimes , que de ceux qui font particuliers à certains Crimes.

La Table suivante va servir de développement au Plan que nous


venons d'indiquer. 11 ne nous reste qu'a prévenir nos Lecteurs que , dans la
distribution des Matières contenues dans cette Collection , en même-
temps que nous avons suivi la méthode des deux célèbres Auteurs que
nous avons pris pour modelés , en divisant ces matières par Maximes , nou9
avons cru devoir nous en écarter en plusieurs points , & notamment en
ce qu'au lieu de détacher , comme ils ont fait le plus souvent , les Excep
tions , des Règles générales établies dans ces Maximes , nous avons tâché de
les réunir le plus qu'il nous a été possible , pour en mieux fixer le sens ;
& ne point les énerver , en les isolant par des subdivisions trop multipliées.
En un mot , nous nous sommes attachés a disposer le tout 3 de manière à
-faire de chaque Titre & Chapitre un discours suivi , afin de rendre par-la
J'étude de ces matières plus facile , & plus profitable.

TABLE
I

XVlj

TABLE

DES TITRES , CHAPITRES ET PARAGRAPHES

CONTENUS DANS CE VOLUME..

IV. Des crimes commis dans Vi~


Préface y page j vrejse , ibid.
Discours Préliminaire sur /'impor Chap. III. Des crimes commis par faute
tance & la division des Loix Criminel/es & imprudence , ibid.
usitées en ce koyaume 3 IX
Titre IV. Des circonstances du cri
me , ou des causes qui peu
vent servir à l'aggraver ,
PREMIERE PARTIE-
ou à le diminuer, 19
Du Crime, & de sa Peine.
§. I. Des circonflances tirées du mo
tif ibid.
LIVRE PREMIER. II. Des circonflances tirées de la
qualité des parties t zo
Du Crime en général. III. Des circonflances tirées de la
qualité de la chosesur laquelle
Titre I. De sa définition & divi tombe le crime , 2r
sion , i IV. Des circonflances tirées du.
lieu , 22
Titre II. Des différentes manières V. Des circonflances tirées du
de commettre le crime temps , 23
VI. Des circonflances tirées de la
par soi-même , ou par au-
quantité y 24
trui 5 VII. Des circonflances tirées de
l'événement 3 z$
§. I. De ceux qui commandent le
crime , 6 Titre V. Des causes qui font cesser
II. De ceux qui chargent de com-
le crime , ou des différen
. mettre le crime , ibid.
III. De ceux qui conseillent le tes manières dont le crime
crime , 7 peut s'éteindre , 26
IV. De ceux qui aident a commettre
le crime , 8 Chap. í. Des crimes commis par défaut
V. De ceux qui approuvent le cri d'intelligence , ibid.
me après qu'il efl commis , 9 §. I. Des crimes commis par les en-
fans , ibid.
Titre III. Des différentes causes qui II. Des crimes commis par les in
sensés ù lés furieux > 27
produisent le crime , 1o
III. Des crimes commis par les noc
Chap. I. Des crimes qui se commettent
tambules ou somnambules , 29
par dol , 11
Chap. II. Des crimes commis dans un Chap. IL Des crimes commis par cas
premier mouvement , 13 fortuit , ibid.
5- I. Du crime commis dans la co- Chap. III. Des crimes commis par force
lete 3 14 majeure , 31
II. Du crime commis dans la dou ChaP. IV. Des crimes commis par igno
leur , ibid. rance , 34
III Du crime commis dans la pas- Chap. V. Des crimes commis par erreur ,
son de samour , 15 35
c
xviij TABLE DES L01X CRIMINELLES , &c.
Chap. IV. Des peines infamantes de
LIVRE SECOND. droit , 74
De la Peine en général , & de ses §. I. De la mort civile 3 75
II. De la condamnation de la mé
différentes espèces.
moire _,. 76
Titre I. De I'origine & de la ne'ceí- III. Du blâme , 77
íìté de la Peine en géné IV. De la dégradation de no
blesse , ibid.
ral , ^ 37
V. De l'interdiction perpétuelle % ou
Titre II. Des règles générales pour privation d'office , ibid.
Papplication de la peirre, 3 9 VI. Du plus amplement informé
Chap. I. Des conditions nécessaires pour indéfini y 78
rendre la peine juste en elle- Chap. V. Des peines simplement infa
même , ibid. mantes de fait, 79
§. I. Des cas particuliers ou il y a §. I De fadmonition , 80
lieu d'augmenter la peine , ibid. II. De l'abstention des lieux , ibid.
II. Des cas où ily a lieu de modé III. De l'interdiction a temps , 8 1
rer la peine , 41
Chap. II. Des conditions nécessaires Chap. VI. Des peines pécuniaires , ibid.
pour rendre la peine légale , ou §. I. De la confiscation , ibid.
juridique , . 45 II. De l'amende , 83
III. De raumône , 85
Titre III. Des différentes espèces de
IV. De la réparation civile t 86
Peines suivant le Droit Ro V. Des dommages & intérêts , 87
main , & le nôtre , 50 VI. Des frais du procès criminel ,
§. I. Division des peines suivant le ibid.
Droit Romain , ibid. VII. Des dépens, 88
II. Division des peines suivant nos
usages , 51 LIVRE TROISIEME-
Titre IV. Des différentes espèces Des différentes espèces de Crimes ,
de Peines usitées dans ce 6c de leurs Peines.
Royaume , 53
Titre I. Des crimes contre la Reli
CHAP. I. De la peine capitale ou du der
nier supplice , ibid. gion , ou crimes de Lese-
%. I. De l'écartellement ou de la peine Majesté divine , 91
d'être tiré a quatre chevaux , 5 5
Chap. I. Des crimes qui attaquent la re
II. Du Feu vif , 56
ligion dans son essence , ou du
III. De la roue 3 57
blasphème , de l'athéisme , de.
VI. de la potence , 58
la magie & du sortilège , 92
V. De la décollation , ibid.
Chap. II- Des peines corporelles , 59 §. I. Du blasphème , ibid.
§. I. De la queflion ou torture , ibid. II. De l'athéisme , du déisme , théis
II. Des galères t 61 me , polithéisme & toléranus-
III. Dufouet , marque , ou flétrissure me , 98
avec un fer chaud , 63 III. De la magie & sortilège , 101
IV. Langue coupée ou percée , ou Chap. II. Des crimes qui attaquent la
poing coupé y 64 religion dans l'autorité de son
V. Ajfisler a. la potence t ibid. chef, ou de l'héréfie , de l'a-
VI. Traîné sur la claie t 65 poílasie & du schisme , 103
VII. Pendu sous les aisselles , ibid. §. I. De l'héréfie , ibid.
VIII. Promené par les rues , ibid. II. De l'apostafie , 113
IV. Du carcan ô pilori , 66 III. Du schisme , 115
X. Amende honorable , 67 Chap. III. Des crimes qui attaquent la
Chap. III. Des peines purement afflic- religion dans les choses , & dans
tives , 68 les personnes consacrées à Dieu ;
§. I. Du bannissement , 69 ou dusacrilège , & de ses diffé
II. De la peine d'être authenti rentes espèces , 116
qué , ^ 72 §. I. De la profanation des choses
III. De la récluson dans une mai saintes , ibid.
son de force , 73 II. De la profanation des choses
IV. De la prison perpétuelle , ibid. consacrées a Dieu , 117
TABLE DES LOIX CRIMINELLES , &c. ' xix
III. Profanation des églises s 1 18
IV. Du recêlement des corps morts Titre III. Des crimes commis
des bénéficiers y 12 1 contre la société, qui
V. De la violation des sépulcres , ' t frappent fur la person-
ou profanation des cimetiè
- ne ; ou de VHomicide ,
res , 12 J
VI. De la simonie ô confidence , 1 24 & de fes différentes espe-
.• ces , .... ' . ,166
VII. Des outrages faits aux Prê
tres , 127
VIII. De Penlèvement des religieu Chap. I. Des homicides fimpîes, \ 167
ses t ou de l'infraclion de la clô Chap. II. Des homicides qualifiés , ou
ture des couvens , 130 du meurtre & de l'assassinat ,
& de leurs différentes ef-
Titre II. Des crimes commis contre . peces , . 171
PEtat , ou crimes de Lefe-
§. I. Du meurtre & de tassasfinat ,
Majesté humaine , 131
Chap. I. Des crimes de lese-majesté au II. Du parricide, 176
premier chef, 132 III. De l'infanticide , & de ses dif
$. I. De l'attentat commis directement férentes espèces. 177
IV. De l'uxoricide , . - r 182
contre la personne du* Roi ,
V. Du fratricide y 183
ibid.
II. De Vattentat contre la personne VI. Du suicide , ibid.
VII. De l'empoisonnement , 186
de la Reine , Ù des enfans de
France , 136 VIII. De tincendie , 190
HT. De Vattentat contre la personne IX. Du duel y 194
des principaux Officiers du Titre IV. Des crimes contre la so
Souverain , 137
ciété , qui frappent prin»
IV. De Vattentat contre la souverai
neté & la sûreté de l'état. ibid. cipalement fur Phonneur ,

CHAP. II. Des crimes de lesc-majesté hu ou de la Luxure , & de fes


maine au second chef , 139 différentes espèces , 206
$. I. Crime contre l'honneur & la di Chap. I. Des crimes de luxure qui se
gnité du Souverain , 140 commettent entre personnes
II. De la fabrication , altération & libres t ou de la fornication ,
exposition de la fausse mon- du concubinage, du stupre,
noie , 141 & du maquerellage , 207
III. Du transport de largent hors §. I. De la fornication , ibid.
du royaume , fans permission II. Du concubinage t 208
de sa majestés 145 III. Du stupre y in
IV. De l'amas d'armes , fabrication IV'. Du maquerellage , 215
ô fonte d'artillerie , depoudre t
Chap. II. Des crimes de luxure*qui se.
salpêtre , construction des for
commettent entre des person
teresses des murs de villes , ou
nes non libres , ou de l'adul-
leur démolition , levée d'impôts
tere , de la bigamie & polyga
ô deniers , fans permission du
mie , de l'inceste , du rapt par
Roi , 146
violence, ou par séduction , &
V. Du port darmes fans permission ;
du viol , 219
de la violence publique ù des
assemblées illicites , 148 5. I. De tadultère , ■ ibid.
VI. Des séditions ô émotions po II. De la bigamie & polyga-
pulaires y I50 miey 225
VIL De la Rébellion à justice ,151 ÌH. De Tinceste 9 226
VIII. Du bris de prison , 154 IV. Du rapt de violence , 228
IX. De la chartre privée , 155 V. Du rapt de séduction , 231
X. De l'infraclion de sauve-garde VI. Du viol y 241
ou sauf conduit y 156
Chap. III. Des crimes contre nature ,
XI. De l'infraclion de ban ù de
ou de la sodomie , & de la
galères , ibid.
bestialité , 243
XII. Du péculat y 157
XIII. Des crimes de concussion 3 $. I. De la sodomie , ibid.
exaction & malversation t 162 II. De la bestialité y 244
c ij
xx TABLE DES L01X CRIMINELLES ,
. . , r dans les marchandises Sc-den-
TiTRE V. Des crimes qui frappent .. rées ,& dans les poids & me
également fur l'honneur sures, 27 3
& fut les biens ; ou du
§. I. Du faux dans les ouvrages d'orfè
Faux , & de ses différen vrerit y \ :' ibid.
tes espèces , 345 II. Du faux, dans les marques ô ca-
'. . cheis des fermiers des /droits
Chap. L Du faux dans les écrits , 246 du Roi, 275
§. I. Du faux dans Us acîes des No III. Du faux dans les marchandises
taires v 248 ô denrées , 276
II. Du faux dans les acîes de Jus IV. Des faux poids ò mesures
tice , 250 277
III. Du faux commis dans les titres
Titre VI. Des crimes qui frappent
Eccléfìajliques > .251
IV. Du faux commis dans les lettres principalement fur les
de la grande ù petite Chan biens ; ou du Vol , & de
cellerie 253 ses différentes espèces ,
V". Dû faux dans les papiers royaux
.1 278
ô publics , 254
VI. Du faux enfait d'aides , 255 Chap. I. Des vols simples , & de leur
s. :,. VII. Du faux en fait de contrôle ,
peine , 280
■-■ > 256 Chap. II. Des vols qualifiés , 288
VIII. Du faux dans les registres
§. I. Des vols qualifiés par la ma
de baptêmes , mariages & sé
nière dont ils font faits , ou
pultures, 257
des vols faits avec effraction ,
' DL Du faux dans les acles pri
avec armes , déguisement , &
vés , ibid.
escroquerie , 289
Chap. IL Du. faux qui se commet par Art. I. Des vols faits avec ef
paroles , ou du parjure , du fraction , ibid.
faux témoignage , de la subor- Art. II. Des vols avec armes
? * nation des témoins , & de la & déguisement , 290
» .j calomnie ^ . . 260 Art. III. Des vols faits par
escroqueries ou filouteries ,
f* .' \:%X>u parjure 3 ^ ibid.
' jl. Dujaux témoignage , 262
§. II. Des vols qualifiés par la na
III. De la subornation des té-
ture de la chose volée , ou du
■A- moins, 265
vol des choses sacrées , des
IV. De la calomnie , 266
deniers royaux ou publics -, ou
CHAP. III. Du faux qui se commet dans du vol des personnes libres , ou
les personnes , 268 du plagiat , - ibid.
fej. De la supposition denfans ou de Art. I. V3/ des choses sacrées ,
part ., ibid. ibid.
II. De la supposition dans la per Art. II. Du vol des deniers
sonne d'un mari, 270 royaux & publics, 293
III. De la supposition des person Art. III. Du vol de personnes
nes de pere ù mere , tuteurs libres , ou plagiat 3 ibid.
ou curateurs , en fait de ma
riage, ibid. 5. III. Des vols qualifiés par les
IV. De la fupposttion defaux créan personnes , ou des vols faits
ciers i " 271 par des domestiques , par des
V. De la fupposttion de person gens d'affaires , gens de guer
nes -qui fe fait par déguise re , hôtelliers , maîtres de
ment , '•' } ibid. coches & de navires , voitu-
VI. De la fupposttion des Noms , riers , meûniers , & ferru-
es & qualités ,
titres ijz ners 294

CHAP. IV. Du faux dans les choses de Art. I. Des vols faits par les
- '■> ■ < "; commerce , ou du faux com domestiques , ibid.
mis dans les ouvrages d'or Art. II. Des vols faits par gens
fèvrerie , dans les marques & daffaires , 29$
cachets des fermes du Roi , Art. III. Des vols faits par
7 ABLE DES L01X CRIMINELLES , &cr xxj
gens de guerre , 296 linges de blanchisseuses fur
Art. IV. Des vols faits par des • . - v.Us étendoirs t 316
hôtelliers , maîtres de coches ,
Art. V. Vol de bois dans les
de navires , & de messageries ,
chantiers , ibid.
ibid.
v.r. Art. VI. Des vols d'arbres &
Art. V. Du vol fait par les
de fruits dans les Jardins &
voituriers s 299
vignes y ibid.
Art. VI. Des vols faits par les
meuniers , ibid. . Art VII. Des vols d'échalas
Art. VIL yois faits parles ser " ', & de jeunes seps dans les
ruriers 3 . 300 vignes 3 ibid.

§. IV. Des vols qualifiés par U Art. VIII. Vu vol des légumes
temps , ou des volsfaitspen- dans les marais , 317
dant la nuit ; ou en temps de
ruine , naufrage , ou incen Art. IX. Des vols de charrue ,
die t 301 & instrumens de labourage ,
318
Art. I. Vu vol fait pendant la Art. X. Des vols de volailles
nuitt ibid. dans les baffes-cours , ibid.
Art. II. Du vol fait en temps Art. XI. Du vol de pigeons dans
de ruine , naufrage & incen les colombiers , ibid.
die , 302 Art. XII. Du vol des poissons
dans un étang ô réservoirs ,
$. V. Des vols qualifiés par le
lieu, 303
Art. XIII. Du vol des lapins
Art. I. Du volfaitfur les grands
dans les garennes , ibid.
chemins - ibid.
Art. XIV. Du vol d'abeilles dans
Art. W. Du vol dans les Egli
les ruches , 320
ses^. 304
Art. III. Du vol dans les mai Art. XV. Du vol des pavés fur
sons royales, 305 les grands chemins , ibid.
Art. XVI. Du vol de cordages
Art. IV. Du vol fait dans l'hô fur les ports , , 321
tel des monnoies t 306
Art. V. Du vol dans tauditoire $. VI. Des Vols contre la sûreté
de la Justice , 307 du commerce , ou de Pufure ,
Art. VI. Du vol dans les pri de la banqueroute , du mono
sons y 309 pole , du stellionat , ô du re-
Art. VII. Des vols dans les célement , 322
fpeclacles & bains publics , Art. t. De r Usure , ibid.
ibid. Art. II. De la banqueroute frau'
$. VI. Vu vol qualifié par la quan dultufe , 331
tité de la chose volée t ou par Art. III. Du monopole , 340
récidives , ibid* Art. IV. Du stellionat , 343
Art. V. Du recélement de Vol ,
Art. I. Du vol considéré par la 345
quantité de la chose volée,
ibid. Titre VII. Des crimes contre la
Art. II. De la qualité du vol société , qui frappent tout-
considéré par rapport aux ré
à-la-sois fur la personne ,
cidives 3 310
sur l'honneur & sur les
§. VII. Des Vois contre la foi publi biens ; ou de VInjurc &
que , 312
de ses différentes espèces,
Art. I. Du vol & enlèvement
des bornes & limites , ibid.
Art. II. Du vol des gerbes de
bleds dans les champs , 314 Ghap. I. De l'injure verbale , 348
A,rt. III. Du vol des bestiaux Chap. II. De l'injure réelle , ou par voie
dans les pâturages , ô de de fait , 353
Cabigeat , 315
Chap. III. De l'injure par écrit , ou li
Art. IV. Des vols de toiles & belle diffamatoire , 359


TABLE DES LOIX CRIMINELLES , &c.
§. I. Des mendians , ibid.
Titre VIII. Des Délits contre 1»
II. Des vagabonds & gens fans
Police , \ 362 aveu y 405

Chap. I. Des délits concernant la po Chap. V. Des délits en fait de contre


lice en fait de religion , ou bande, 412
des assemblées tenues pour §. I. De la contrebande en géné
Texercice d'autre religion que ral , ibid.
la catholique ; des irrévérences II. Du Faux-Saunage , 421
dans les églises du les cime III. De la contrebande en fait de
tières , de l'inobservation des Tabac, 427
dimanches & fêtes , & de celle Chap. VI. Des délits de Police en fait
des jours d'ab/linence ; du de cartes à jouer , 43 3
trouble dans l'ordre des pro Chap. VII. Des délits de police concer
cessions ; & enfin des abus nant les esclaves de nos colo
dans les consrairies , & dans nies , 434
les pèlerinages , 363
Chap. VIII. Délits en fait de librairie
§. I. Assemblées pour Vexercice d'au & imprimerie , 436
tre religion que la catholi Chap. IX. Délits contre la police des
que , ibid. villes ; ou des délits au íùjet
II. irrévérences dans les églises & des vivres , des boissons , des
cimetières , 364 remèdes , & de ceux commis
III. De l'inobservation des diman contre la fureté & commodité
ches & fêtes , 366 des rues , 445
IV. inobservation de l'abíHnence , %. I. Délits de Police quant aux vi
369 vres , ibid.
V. Trouble dans Vordre des proces II. Délits de la police quant h la
sions , 371 boisson , 447
VI. Des abus dans les consrairies III. Des délits de police quant aux
& pèlerinages , 373 remèdes , 448
Chap. II. Des .délits contre la police , IV. Délits de police contre la sû
des moeurs ; ou de la contra reté des rues , 450
vention aux réglemens faits V. Délits de police contre la propre
áu sujet de "^éducation de la té & commodité des rues, 458
jeunesse^ desspectacles & bains Chap. X. Des délits contre la police
publics , des femmes de mau des campagnes ; ou des délits
vaise vie ; de la fréquentation en fait de bois , en fait de
des cabarets ; des mascarades chasse & de pêche , 460
& charivaris t 378
5.1. Délits en fait de bois, ibid.
5. 1. Délits au sujet de /'éducation de II. Délits en fait de chaílê, 465
la jeunesse , ibid. III. Des délits enfait de pêche , 470
II. Des fpeclacles & bains pu
blics ,. 379
III. Des femmes de mauvaise vie, SECONDE PARTIE-
381
IV. Des mascarades ù chariva- De l' Instruction, & de la
Preuve en matière Cri
ris , 382
V. De la fréquentation des caba minelle.
rets , & des peines portées , tant
contre ceux qui lesfréquentent ,
que contre les cabaretiers qui LIVRE PREMIER.
leur donnent à boire , 3 84
De l'Instruction Criminelle en
Chap. III. Des jeux défendus , 387
général.
J. I. De ceux qui tiennent des aca
démies de jeux y ibid. Titre I. Du juge criminel en géné
II. De ceux qui jouent h des jeux ral ; de fa jurisdiction &
défendus s 392
compétence , 478
Chap. IV. Des délits contre la police
au sujet des mendians , va Chap. I. De la compétence des juges
gabonds , gens fans aveu , 3 94 en matière criminelle , 6c des
TAÏLE DES L01X CRIMINELLES , &c. xxiij
causes qui servent à réta en matière criminelle t 553
blir, 485 X. Des juges de /"Amirauté en
matière criminelle , 562
Chap. II. Des causes qui font cesser la
XI. Des juges de la Connétablie
compétence en matière crimi
en matière criminelle , 565
nelle , ou de la demande en
XII. De la chambre du Domaine
renvoi , de la prévention , ré
en matière criminelle , 566
cusation j prise a partie , évo
XIII. Des juges de l'hôtel- de-ville
cation , & règlement de juges ,
& Prévôts des Marchands en
matière criminelle , 568
§. I. De la demande en renvoi , ibid.
XIV. Des juges de la CONSERVA
II. De la prévention , 489
TION DE Lyon en matière cri
III. De la récusation en matière
minelle , 570
criminelle , 49 1
XV. Des juges de la Prévôté de
IV. De la prise a partie en matière
l'Hôtel en matière criminelle ,
criminelle , 495
V. De révocation en matière cri 571
XVI. Des juges de /'Election , du
minelle , 497
Grenier à Sel, & des Traites ,
VI. Des réglemens de juges en ma
tière criminelle , 502 573
XVII. Des Prévôts généraux , Pré
Titre II. Division des juges en ma vôts provinciaux & Gardes des
tière criminelle , & de Po- Monnoies , & de leur compé
tence en matière criminelle 3
rigine des différentes espè
577
ces de jurisdictions con
nues en cette matière , 50 j Titre III. De l'Accusateur en gé
néral , 578
Chap. I. Des juges ordinaires en ma
tière criminelle , 509 Chap. I. De la partie publique , 580
§. I. Des juges seigneuriaux en ma Chap. II. De la partie privée , 587
tière criminelle , 510
§. I. De ceux qui peuvent accuser par
II. Des prévôts royaux en matière
mi nous y 588
criminelle , 513
II. De ceux qui ne peuvent accu
III. Des baillis & sénéchaux en
ser , ibid.
matière criminelle , 517
IV. Des Parlemens , ô de leur Titre IV. De l'Accusé. 592
compétence en matière crimi
nelle , 523 Chap. I. De ceux qui ne peuvent être
accusés , ou des Exceptions en
Chap. II. Des juges extraordinaires en
faveur de l'accusé , 593
matière criminelle , 532
5. 1. Du Conseil du Roi en matière §. I. De l'exception tirée de la Prescrip
criminelle t 533 tion du crime 3 ibid.
II. Du Grand-Conseil en matière II. De texception tirée de la maxi
criminelle t 534 me non bis in idem , 596
III. De la Chambre des comptes , III. De l'exception tirée de la mort
& de fa compétence en matière de saccusé , 597
criminelle , 537 IV. Des lettres du Prince , 598
IV. De la Cour des Aides , Ode
Titre V. Des Actes qui compo
fa compétence en matière cri
minelle , 539 sent l'instruction crimi
V. De la Cour des Monnoies , & nelle , 610
de fa compétence en matière cri -
mineIle , 543 Titre VI. Des Actes de l'instruction
VI. Des commissaires du conseil criminelle en général ,
en matière criminelle , 546
suivant POrdonnance de
VII. De la chambre des requêtes
1 670 , 611
de l'hôtel , % 548
VIII. Des lieutenans-généraux de CHAP. I. Des Actes de l'instruction qui
police en matière criminelle , se font contre l'accusé présent ,
55o tant en première infiance , que
IX. Des juges des eaux ô forêts sur YAppe/dans les Cours , ibid.
XXIV TABLE DES LOIX CRIMINELLES , &c.
Chap. III. Des actes de l'instruction qui
$. I. De la plainte > accusation , ô se sont contre les accusés qui
dénonciation, 61 z ne font point en état de se dé
II. Des procès-verbaux des Ju fendre par eux-mêmes , 676
ges , 614 §. I. De l'instruction particulière con
III. Des rapports des médecins & tre les sourds & muets , ibid.
chirurgiens, 615 II. De t instruction contre les corps
IV. De l'information , 617 & communautés , 677
V. Vu monitoire en matière crimi III. De tinfiruclion particulière
nelle , 621 contre le cadavre ou la mémoire
,VI. Du décret , de son exécution , d'un défunt, 679
de la police des prisons 3 & IV. De finstruction particulière qui
de l'élargissement provisoire , se fait pour purger la mémoire
624
d'un défunt , 680
VII. De Vexoine , 636
.VIII. Des sentences de provison, Titre VII. De l'instruction particu
637 lière pour les cas prévô-
YX.. De l'interrogatoire , 639 taux , suivant la déclara
X. De la conversion des procès cri
tion du 5 février 1 7 3 1 , ou
minels en procès ordinaires ,
de la jurisdiction prévô-
642
XI. Du règlement à l'extraordi- tale , 682
naire , 644 Chap. I. De la Jurisdiction prévôtale
XII. Du récollement de témoins , en général , & des officiers qui
64s la composent, 683
XIII. De la confrontation 3 647
CHAP. II. De la compétence de la Juris
XIV. Des conclusions définitives
diction prévôtale , 685
de la partie publique 3 649
XV. Des requêtes d'atténuation ù CHAP. III. De la forme de procéder à
des conclufions civiles, 650 l'instruction & au jugement des
XVI. Du dernier interrogatoire 3 cas prévôtaux, 692
651
T 1 tre VIII. Des actes de l'instruction
XVII. Dujugement qui admet Vac
cusé a la preuve de ses faits justi particulière pour le faux

ficatifs , 653 principal , le faux inci


XVIII. Des jugemens de question , dent , & la reconnoissance
ou torture, 655 des signatures & écritures
XIX. Des jugemens définitifs en
. privées en matière crimi
matière criminelle , '657
XX. De Vappel en madère crimi nelle , 697
nelle , 661 Chap. I. Des actes de l'instruction pour
Art. I. De l'appel des jugemens
le faux principal , 698
préparatoires 662
§. I. De la plainte en faux princi
Art. II. De tappel des jugemens
iuterlocutoires , 664 pal , 699
II. De tordonnance du Juge sut-
Art. III. De l'appel des senten
la plainte en faux principal y
ces définitives en matière cri
700
minelle 3 66$
III. Du procès-verbal de l'état des
Chap. II. Des actes de l'instruction pieces arguées de faux 3 701
IV. Du procès-verbal de l'état des
contre l'accusé absent , ou con
pieces de comparaison 3 702
tumace , 667
t V. De tinformation en matière de
$. I. De VinstruBion par contumace faux principal 3 704
VI. Du décret en matière de faux
proprement dite 3 ou de celle
qui se fait contre Vaccusé qui principal, 706
VII. De l'interrogatoire en matière
n'a pointsubi son interrogatoire ,
de faux principal , ibid.
ibid.
VIII. Du règlement a Vextraordi-
H. De la contumace des présens ,
nairc en matière de faux prin
ou de l'inftruíìion contre l'ac
cusé qui ne s'est absenté que de cipal , 707
IX. Des jugemens interlocutoires
puis Vinterrogatoire t 673
en
TABLE DES LOìX CRIMINELLES, èe.
XXV
en matière de faux principal ,

X. Du jugement définitif en ma LIVRE SECOND.


tière de faux principal t & de
De la Preuve en matière crimi
son exécution , 712
nelle. •
Chap. II. Du faux incident , 714
§. I. Des acles qui font particuliers
Titre I. De la preuve en général ,
au faux incident , 715
II. Des ailes de linflruclion du 776
faux incident , qui font com
Titre II. De la division de la preuve
muns avec celle du faux princi
pal, 710 suivant nos usages , 777
III. De linflruclion qui fe fait
Titre III. De la preuve du corps de
pour la reconnoiffance des écri
tures & signatures privées en ma délit , 778
tière criminelle , 725
Chap. I. Des cas particuliers où la
Titre IX. De la Juridiction Mili preuve du corps du délit doit
taire , 730 avoir lieu , 779
Chap. II. De la preuve du corps de délit
Chap. I. Du Conseil de guerre qui se qui se tire des procès-verbaux
tient dans les places ou garni des juges en matière criminelle ,
sons , ibidé 780
CHAP. II. De la Jurisdiction du Con Chap. III. De la preuve du corps de
seil de guerre de la Marine , délit qui se tire des rapports
' 738 des médecins & autres experts ,
Chap. III. De la jurisdiction de MM. les 781
Maréchaux de France , au
tres juges du point d'honneur , Titre IV. De la preuve testimo
niale , en matière crimi
747
Titre X. De la jurisdiction ecclé nelle , 783

siastique en matière crimi CHAP' I. De la preuve testimoniale con


nelle , 749 sidérée par rapport à la qua
lité des témoins , 784
Chap. I. Des juges d'Eglise en matière Chap. II. De la preuve testimoniale con
criminelle , 751 sidérée par rapport à la na
Chap. II. Des personnes justiciables des ture de la déposition des té
juges d'église, 755 moins , 789
Chap. III. Des cas particuliers dont les
juges d'église peuvent connoî- Titre V. De la preuve vocale , ou de
tre , 758 celle tirée de la confession
Chap. IV. De l'instruction qui se sait de l'accusé , 793
dans les tribunaux ecclésiasti
ques , 760 Chap. I. De la confession judiciaire
§. I. De tinjlruclion simple , ibid. faite librement par l'accusé ,
II. De l'injlruclion conjointe ,761 794
Chap. II. De la confession faite forcément
Chap. V. Des jugemens qui se rendent
lors de la torture , 796
dans les tribunaux ecclésiasti
ques , 766 Titre VI. De la preuve littérale ou
$. I. De la forme qui doit être gardée instrumentale, 798
dans les jugemens eccléjìajli-
ques , ibid. Chap. I. De la preuve littérale qui se
II. Du fond de ces Jugemens , ou tire des actes authentiques , 799
de la qualité des peines que les Chap. II. De la preuve littérale qui se
juges d'église peuvent pronon
tire des acles privés en géné
cer , _ 767
ral , 800
Chap. VI. Des différentes manières de
se pourvoir contre les jugemens §. I. De la preuve littérale qui fe tire
ecclésiastiques , 771 des acles reconnus par l'accu
%. I. De fappel Jîmple , ibid. sé , 801
II. De sappel comme d'abus , 772
II. De la preuve qui fe tire des
d
xxvj TABLE DES L01X CRIMINELLES , &c. '
aííes privés qui ont été vérifiés
par experts vis-k-vis de /'ac RÉFUTATION du Traité des délits & pei
cusé , qui ria voulu les reconnoî- nes , &c. ,T 811
tre , 802
MÉMOIRE fur les peines infamantes ,832
Titre VII. De la preuve conjectu
rale ou par indices y 803 Motifs de ma foi en J. C. , ou Points
FONTAMENTAUX de la Religion chré
Chap. I. Des indices urgens & néces tienne, discutés suivant les principes de
saires , 804 l'ordre judiciaire , 839
Chap. II, Des indices prochains , 806 Lettre du Pape Pie VI a l''Auteur > 863
Chap. III. Des indices éloignés , 809 Table des Matières , 865

Fin de la Table des Titres & Chapitres contenus dans ce Volume.


7. ?. M C t> ?, \ CI Mvii

DISCOURS PRÉLIMINAIRE

Sz/jR V Origine y PImportance , & la Division des Loix

■ Criminelles.. b . ...L* , , .

S O M M A I R . E;^^ m

I. la Loi engénéral, ô de son Origine. VIII. Pragmatique-Sanction ; Concordat.


II. Des Principes de la Législation suivant le IX. Ordonnances.
Romain. X. . .
Ul.DiJsérencede nos Usagesfur la Formation XI. Déclarations,
des Loix. XII. Lettres-Patentes^
IV. P« différentes espèces de Loix Criminel- XIII. /frnrtt <& Conseil,
les qui composent cette Colleclion. XIV. Réglemens des Cours,
V. Dro/r Romain. XV. Coutumes. J-
VI. Droit Canonique. XVI. Anciens Usages.
VII. Capitulaires des Rois. XVII. ^v/V unanime des Auteurs.

L DeL'HoMME étant né pour la Société , & la Société ne pouvant subsister que par le
rOrigine
des f!oL. maintien de l'Ordre public qui en est. le fondement , il a fallu nécessairement une Auto
rité qui pût réprimer les troubles qu'on voudroit apporter à cet Ordré public.
C'est cette autorité que la Providence fait exercer par deux sortes de Puissances
qu'elle a établies fur la terre ; l'une purement spirituelle t qui tend à régler l'eíprit 6c:
le coeur , & à insinuer l'amour de la Justice , fans l'usage d'aucune force temporelle,
pour l'extérieur ; l'autre temporelle , qui a principalement pour objet de régler l'exté-
rieur, & ne s'exerce que sur les choses temporelles. •. . : • r
Cependant , quoique distinctes de leur nature , comme ces deux Puissances recon-
noissent le même Auteur , & qu'elles font également destinées au maintien de Tordre
qu'il a établi dans l'Univers , elles doivent aussi par cette raison s'aider mutuellement
dans l'exercice de leur autorité (i). '* . *■ , • . 7 ,

De la distinction de ces deux Puislances fuit naturellement celle des Loix qui en font
émanées. Les Loix de la Puissance spirituelle font appellées Loix divines , & celles de
la Puissance temporelle , Loix humaines.
Les Loix divines font connues proprement fous le nom de Loix de la ReLigion
parce qu'elles ont singulièrement pour objet les règles de la Foi & des Mœurs , &
qu'elles prescrivent les devoirs de l'homme envers son Créateur. L'on -doit aussi;
y rapporter par la même raison cette Loi NATURELLE que Dieu a gravée dans le cœur
de tous les hommes, & qui les porte à la recherche de ce souverain bien qui seul
est capable de les fixer ; n'ayant rien dans eux-mêmes , ni dans les objets que l'Univers
présente à leurs regards , qui soit digne d'être leur fin. L'on sçait d'ailleurs que c'est fur
le fondement de cette première Loi , que s'est établie celle de la Société qui ne tend qu'à
entretenir , parmi les hommes , cet amour mutuel qui les lie entr'eux , comme devant être
unis dans la possession de ce Bien unique qui doit faire leur félicité commune. .
Mais quoique rien ne dût être plus inviolablement observé que cette Loi NATU-

(1) Maxima quidem in hominibus sunt dona Dei à 1 & illud quidem divinis ministrans , hoc auretn humants
suprema coltata clementia , Sacerdotium & Imperium , | prœsidens. Novell. Jutrnr. 6. Presat.
xxviîj DISCOURS
relis;, ti£ hommes îPétanT pas malheureusement aster portés d'eux^mêmerà en itiivre
les sages préceptes , & s'étant au contraire laissé entraîner par les passions de l'envie ,
de l*áïnbí4on & dè ï^a\ter|ìe , d'où) soit ensuivies les querelles j les violences- & les
Procès j il a fallu nécessairement des Loix particulières pour les contenir dans leur
dfcvoìr ^ 8e pour empêcher l'oppression des bons par les méchans \ des pauvres par
les riches , & des foibles par les puissans : & ce font ces Loix que nous venons de
désigner fous le nom général de Loix humaines. On les appelle aussi Loix de Police t
parce qu'elles regardent principalement Tordre extérieur de la Société , ou les devoirs
particuliers que les hommes ont à remplir les uns envers les autres, soit qu'ils con-
noissent, ou non, la Religion. " A • l-> i-.
Quoique l'origine de ces dernieres Loix ne soit point aussi noble ni aussi ancienne
que ' celle des précédentes ~, il faut néanmoins convenir qu'elles ne laissent pas que
d'être extrêmement importantes dans leur objet , en ce qu'elles ne tendent pas seule
ment à maintenir l'observation de ces premières Loix, pour ce qui regarde l'obéissance
due aux deux Puissances dont nous venons de parler j mais encore à en déterminer
Implication aux différer s cas qui peuvent se présenter.
En effet , qui ne sçait que la Justice , toute immuable qu'elle soit dans elle-même ,
a souffert néanmoins bien des changemens dans son administration , soit par Yim-
puijsance où sont les hommes de prévoir toutes les conséquences des principes géné
raux qu'ils, établissent , à cause de la diversité des circonstances qui se rencontrent
dans les affaires , & qui font telles , que l'équité ne se trouveroit que rarement
d'accord avec la décision: des Lóix", fi on les appliquoit indistinctement à toutes les
espèces particulières ; soit par la nécejjîté où l'on a été de s'accommoder aux différens
génies des Peuples , & à la qualité des Pays qu'on vouloit assujettir à ces mêmes Loix.

II ne faut donc pas s'étonnêr si ces dernieres Loix se trouvent aussi multipliées &
aussi variées qu'elles le sont ; & en même-temps si cette multitude & cette variété
ónt répandu jusqu'ici tant de confusion dans l'étude de ces mêmes Loix. C'est aussi
dans la vue de prévenir , autant qu'il est en nous , les inconvéniens dangereux où cette
même confusion pourroit entraîner ceux qui veulent s'adonner à cette étude , & en
même - temps pour leur faciliter l'intelligence des Loix particulières qui font l'objet
de cette Collection , que nous croyons devoir commencer par poser ici les principes
généraux dè la Légiflation , en comparant fur ce point nos Usages , avec ceux du
Droit Romain que l'on sçait avoir toujours passé pour le modelé le plus complet en

cette matière.
II. De» Les Romains distihguoiènt les Loix suivant les différentes sources dont elles étoient
deïiLegls- émanées , ou suivant les différentes matières qu'elles avoient pour objet.
1™°"!?l" ^ne première Distinction générale qu'ils faisoient à cet égafd , étoit celle en Droit
roain.1 R°" Pu^^c & en Droit privé. Ils appelloient DROIT PUBLIC tout ce qui tendoit principa
lement à l'utilité publique ; & DROIT PRIVÉ , ce qui regardoit seulement Futilité de
chaque Citoyen en particulier. Ce Droit privé étoit composé , suivant eux , de trois sortes
de préceptes ; fçavoir , de ceux du Droit Naturel , du Droit des Gens , & du Droit
CiviL Ils appelloient Droit Naturel celui qui nous est commun avec les animaux j Droit
des Gens , celui qui est commun entre toutes les Nations j & Droit Civil , celui qui étoit
particulier à leur Nation. Ils fubdivifoient ensuite ce Droit Civil , en Droit Ecrit , &

en Droit non Ecrit.


Par DROIT NON ECRIT , les Romains entendoient parler des Coutumes particulières
qui s'étoient établies insensiblement parmi eux , ou même par l'effet d'un consentement
exprès du Peuple, qui vouloit qu'elles eussent force de Loi, quoiqu'elles ne fusient
point rédigées par écrit ; pourvu qu'elles fussent d'ailleurs accompagnées de certaines

(i) V. le Titre premier du Digeste de Jujlitia & Jure, notamment les Loix i , 6 & 7 de ce Titre.
PRÉLIMINAIRE. xxix
conditions , notamment qu'elles fussent anciennes , honnêtes , non contredites , ni con
traires aux dispositions textuelles de leur Droit Ecrit (i).
Sous le nom de Droit écrit , ils comprenoient cet assemblage de différentes
Loix écrites, auxquelles ce peuple s'étoit soumis. L'on voit en esset que ce Droit
écrit a varié suivant les différens états qu'a éprouvé cette nation. L'on sçait qu'elle
a été soumise successivement à trois sortes de Gouvernemens : d'abord à celui des
Rois , qui á fini par Fexpulsion de Tarquin le Superbe j ensuite à celui de la Répu
blique y sous l'autorité de deux Consuls j & enfin à celui des Empereurs , qui a com
mencé par César-Auguste. L'on sçait aussi , que depuis rétablissement de la République ,
il n'y eut point de Droit certain dans cette Nation , jusqu'au temps de la publication
de la Loi des douze Tables qui fut appportée d'Athènes par des Députés que Rome
y envoya , & dont l'exécution fut confiée à dix Magistrats appellés Décemvirs , qui
la firent mettre en ordre fur douze Tables d'airain , & exposer dans l'endroit le plus
apparent de la Place publique. L'on sçait enfin que ce Peuple s'étant lassé du Gouvernement
de ces Décemvirs , ainsi que de cette Loi des dou\e Tables , que son extrême préci
sion rendoit le plus souvent obscure ou insuffisante pour ìes différens cas qui se
présentoient , il fut convenu de former une nouvelle eípece de Droit écrit qui seroit
composé du recueil des différens Réglemens. qui avoient été faits jusqu'alors par les
Magistrats, & principalement par les Prêteurs. Cette nouvelle Législation a duré
jusqu'à ce que la République eût été entièrement anéantie sous Auguste , par le réta
blissement que le Sénat fit en fa faveur de la fameuse.Loi Regia , flui lui transmit
toute l'autorité souveraine. - , t
Depuis que le Peuple eut ainsi déposé tout son pouvoir entre les mains des Em
pereurs , l'on ne connut plus d'autres Législateurs que ceux-ci j tellement que les
Loix qui avoient été portées précédemment , soit par le Peuple íbus l'autorité des
Consuls, soit par le Sénat , soit par les Préteurs, soit enfin par les, Décisions des
Jurisconsultes , n'eurent dès-lors plus de force ni d'autorité que celle que les Empe
reurs voulurent bien leur donner, en les confirmant par. leurs Constitutions (z). C'est
ce qui paroît par cette fameuse Compilation que l'Empereur Justinien fit faire de ces
Loix fous le nom de Pandedes ou Digefle ; à quoi il ajouta ses Loix particulières &
celles des Empereurs ses Prédécesseurs , fous les noms de Code t d'Authentiques ou
Novelles t & òìlnflituts ; Compilation qui forme ce que nous appelions aujourd'hui
Droit écrit ou Droit Romain.
Mais il faut remarquer en même-temps que , par ce nouveau Droit écrit , cet Em
pereur , non plus que ses Successeurs , n'ont rien changé aux maximes générales qui
avoient été établies dans l'ancien Droit par rapport aux conditions néceflaires pour
former une Loi , & la rendre obligatoire. Ces conditions étoient de deux sortes \ les
unes qui regardoient le fond des dispositions de la Loi consistoient principalement
en ce qu'elle devoit être juste & équitable en elle-même , c'est-à-dire , qu'elle ne devoit
rien ordonner que de possible , que d'utile , que de conforme à la nature , aux mœurs ,
au temps & au lieu où elle devoit s'exécuter s & de plus , qu'elle ne devoit obliger
que pour l'avenir ; qu'elle devoit être conçue en termes clairs & intelligibles, & enfin
qu'elle ne devoit être ni trop douce ni trop rigoureuse , mais tempérée , suivant l'exi-
gence des cas (3). Les autres qui regardoient les formalités nécessaires pour assurer

( 1 ) Diuturna consuetudo pro Jure & Lege in his Quod non ratione introductum , sed trrore primùm , deindè
quae non ex serípto descendunt observari solet Scd coniuetudine obtentum est , in aliis similibus non obtinet...
& ea que longâ coniuetudine ac ptt annos plwimos ob I" 33 r 34, 3S & 39 f de LeS'b-
servai a , veluti tacita civium conventio , non minus quint (a) Quod Principi placuit Legis habet vigorem ur pote
ea quœ scripta sont jura servantur Cùm de coniue cu m Lege Regia qute de imperio ejus lata est , populus ei
tudine Civitatis , vel Provincia» considère quis videtur imperium & potestatem conférât. V. L. 1. ff. de Conflit,
primùm quidem illud explorandum arbitror an etiatn prineip.
contradiHo aliquandò judicio consuetudo firmata sit (3) In his quai contrà rationem juris constituta sunt
xxx D 1 S C 0 U R S
l'exécution de cette même Loi , se réduisoient à ces deux points principaux : l'un
qu'elle fût émanée etune AUTORITÉ légitime , c'est-à-dire, que cette autorité fût du nombre
de celles auxquelles nous avons vu que la Législation avoit été attachée suivant le
Droit (i); l'autre qu'elle fut publiée dans le lieu où s'exerçoit cette même auto
rité (2). Qu'il nous soit permis de rappeller ici , à l'occasion de cette publication -,
deux traits remarquables de sagesse & de modération qu'ont fait paroître à ce sujet
ceux des Empereurs qui se sont le plus distingués par leur amour pour la Justice :
sçavoir , d'une part, que quoiqu'ils eussent la plénitude du pouvoir entre les mains ,
ces Princes ne laiíîèrent pas que de se faire un devoir particulier de ne publier aucune
Loi qu'après en avoir référé au Sénat (3) , qui, par ses représentations, parvenoitje
plus souvent à la faire changer , ou même révoquer entièrement ; comme on en
trouve plusieurs exemples rapportés par Suétone , Tacite , & Dion Cassius .,
& d'un autre côté , que quand les Loix qu'ils vouloient faire publier , contenoient des
dispositions dures & violentes , ils avoient foin , pour prévenir les surprises qui pour-
roient leur être faites à ce iùjet , d'ordonner en même-temps qu'elles ne fuíîent exé
cutées qu'après un certain délai depuis leur , publication. Ce délai ne pouvoit être
moindre que (Je trente jours , suivant une Constitution de l'Empereur Théodose , que
l'on sçait avoir été occasionné par le regret cuisant qu'il eut du massacre fait par ses
ordres dans la Ville de Thessalonique (4).

in. Dif- Quant à nos Usages particuliers en cette matière, Ton conçoit assez que la diffé-
f rC usogts rence ^e nos Mcêurs & de notre Gouvernement ne nous à pas permis d'adopter îrr-
nos
fur la for
mation dei distinctement toutes les maximes établies par les Romains , soit par rapport à leur
Loix. différentes espèces de Diroit ; soit par rapport à la qualité des Loix qu'ils en faisoient
dériver. Eh effetr; íjuant àJce que nous appelions Droit public dans nos Usages,

au lieu de l'éténdre généralement , comme faisoient les Romains , à tout ce qui re-
gardoit Futilité publique , nous rie comprenons proprement sous ce nom que ce qui
concerne Tordre public du Gouvernement , comme sont les Loix de I'Etat qui
règlent la maníere dont les Princes sont appellés . à la Couronne , & celles qui règlent
les distinctions & les fonctions des Charges publiques , soit pour l'administration de la
Justice , soit pour la Milice , soit pour ' la Finance , soit enfin pour les Charges Mu
nicipales. Et à l'égard de notre DROIT PRIVÉ , nous le faisons consister principalement
dans tout ce qui tend à régler les conventions , la forme des Contrats , les Tutelles ,
les SucceJJlons & les Tejlamens , ôc. Ainsi l'on voit par-là , que nous rapportons éga
lement , & à notre Droit public , & à notre Droit privé , les préceptes du Droit
Naturel , du Droit des Gens , & du Droit Civil , que les Romains appliquoient sin
gulièrement à leur Droit privé ; sor quoi il y a néanmoins ces deux choses à remar-

noa poffumus sequi regulam juris.... Jus-singulare estquòd (1) Jus autem civile est quòd ex Legibus , Plebiscitis ,
contra tenorem rattonis propter aliquam utilitatem auto- Senatûsconsultis, Decretis Principum, Automate Pruden-
ritate constituentium introductum est.... Nulla juris ratio , tium venit Jus Praetorium est quòd Prœtores intro-
aut aequitatis benignicas patitur ut quae salubriter pro uti- duxerunt adjuvanti vel íupplendi , vel corrigendi juris
litate hominum introducuntur, easnos duriore interpreta- civilis gratiâ propter utilitatem publicam...». L. 7. ff. de
tione contra ipsorum commodutn producamus ad feve- Justifia & Jure.
ritarem. L. 15 , 16 & 25.ff.de Legibus Leges & (a) Nec generalia jura sunt , sed Leges faciant his
Constitutiones futuris certum est dare formatn negotiis duntaxat negotiis atque perfonis pro quibus fuerint pro
non ad facta praeterita revocari , nisi dominatum & de mu lgata. L. 2. C. de Leg. & Conflit.
pranerito tempore, & adhuc pendchtibus negotiis cautum (3) Scitote igitur, Patres Confcripti , non aliter in
fit Leges facratiflimoequaeconstringunt hominum vitia , posterum Legem à nostra clementia promulgandam , nisi
intelligi ab omnibus debent , ut universi praescripto eorum supradicta forma fuerit observata ; bene enim cognosci-
manifeslius cognito , vel inhibita déclinent, vel permissa mus quòd cum vestro concilio fuerit ordinatam id ad
fectentur. Si quid verò in iisdem Legibus latum fortaflîs beatitudinem nostri Imperii , & ad nostram gloriam
obícurius fuerit , oportet id ab Itnperatoria interpreta- redundare. Cest ainsi que s'expriment les Empereurs ThÉO-
tione patefieri , duririamque Legum nostrae humanitati dose & Valestinien , dans la Loi 8 , Cod. de Legib.
incongruam emendari. L. 7 & p. Cod. dt Leg. & Confia, 6» Conflit.
frir.cip. » (4) V.Z. îo. Cod. de Tamis.
P R É L 1 M>I'Jti1 a m E. . xxxj
quer-; l'une, -qu'à l'égard du Droit NaTUBsEL nous n'entendons pas feulement com
prendre fous ce nom .ces facultés primitives qui nous font communes avec les ani
maux , mais principalement cette Loi Nati/rélle ' qui est >gravée dans le cœur de
tous les hommes , & qui leur apprend ce qu'ils doirentmix<3nifc!les , & en même-temps
ce qu'ils fe doivent à eux-mêmes : Xwurt i quïi l'égard du Droit des Gens
que les Romains fàisoient consister principalement dans l'observation exacte de ces
Contrats de bonne foi qui font usités dans toutes les> Nattons , tels que Y Echange ,
YAchat , la Société , le Mandat & le Dépôts 1 nous l'étendons généralement à toutes
les Loix qui lient les Nations entr'elles , ou plutôt à ces préceptes de la droite raison
qui enseignent à chaque Nation comme elie doit agir ènvers les autres ; qui prêchent
la soumission envers les Supérieurs , la reconnoiíîànce envers les Bienfaiteurs , la ré
compense due à la vertu , & la punition due aux Crimes : & qu'en un mot nous
comprenons indifféremment , fous une même dénomination j le Droit Naturel , le Droit
des Gens & le Droit privé, c'est-a-dire , que le Droit Naturel s'appelle parmi nous
Droit des Gens , lorsqu'il s'applique aux Nations ; & Droit Privé , lorsqu'il s'applique
seulement à des Particuliers.
Enfin , pour ce qui concerne notre Droit Civil , nous-ne le considérons point
tant comme un Droit particulier à notre Nation , que comme un Droit positif qui a
été principalement établi pour mieux assurer l'obfervation du Droit Naturel & du Droit
des Gens ; soit en rappellant à leur devoir ceux qui viennent à s'écarter de cette
Loi naturelle qui prescrit l'obéiíTance aux Puissances que Dieu a établies íiir la terre , '-'
&. qui veut que l'on rende à chacun ce qui lui appartient ; soit en établissant de cer
taines règles par lesquelles on puisse connoître l'intention des Contractans , & em
pêcher les fraudes qui pourroient se glisser dans les Contrats de bonne foi qui font usités
dans toutes les Nations. D'où il résulte par conséquent que nous ne distinguons pro
prement notre Droit Civil, de ce que nous appelions Droit Naturel, & 'Droit des
Gens , qu'en ce qu'au heu que ceux-ci s'étendent généralement à tous les Pays , £c
qu'étant fondés fur des principes d'équité qui font immuables de leur nature , ils ne peu
vent être ignorés de personne ; notre Droit Civil ou positif, pouvant varier suivant les
temps , les lieux , & les circonstances , n'oblige uniquement que ceux à qui l'on en a
donné connoissance d'une manière juridique.
Au reste , quant aux Conditions nécessaires pour la validité des Loix qui forment notre
Droit Civil ou positif, nous distinguons, comme les Romains , le fond , de la forme de ces
Loix. Par le Fond , nous voulons parler des Caractères particuliers qui tendent à rendre
la Loi jufie ; & comme ces caractères font fondés eux - mêmes fur les principes de
l'équité naturelle qui fait la Loi commune de tous les hommes , nous n'avons pas cru
devoir nous écarter des sages maximes établies dans le Droit Romain , fur un point aussi
essentiel , & qui tient à la Religion même (2).
Mais il n'en a pas été absolument de même par rapport aux Formalités prescrites
par ce Droit ; pour asiurer l'exécution de la Loi , nous avons cru ne devoir les admet
tre qu'avec les deux modifications suivantes : Yune , qu'il ne íuffit pas , parmi nous ,
comme chez les Romains , que la Loi soit émanée d'une Autorité légitime en général ,
mais il faut encore que cette Autorité soit souveraine , c'est-à-dire , qu'elle ne reconnoisse
point de puissance au-dessus d'elle. L'autre , que ce n'est point non plus assez , pour as
surer l'exécution de la Loi parmi nous , qu'elle soit publiée ; mais il faut de plus que
cette Publication soit accompagnée de certaines formalités qui fervent à la rendre plus
authentique , fans rien ajouter à son essence.

(1) Jus naturale est quod in Lege & in Evangelio nauiram , secundùm patria; consuetudincm , loco tem-
conr.netur , quo quisque jubetur aliis facere quod sibi poraque conveniens , necessarii , titilis manifesta quoque ,
vu!t sieri ; & proir.betur alii inferre quod sibi nolit fieri... ne aliquld per obscuritatem & captionem continent, nullo
V. Cjn. humanum dìíl.
j i. privato commodo, sed pro communi civium utilitate con-
(ì)EritautemLexhonesta, justa , poslìbilis , secundùm scripLa. V. Cax. erit. z. dist. 4.
xxx DISCOURS
Sous le nom d'Autorité Souveraine, l'on comprend en général , tant celle qui s'exerce
par un Jèul , comme en fait de Gouvernement Monarchique , que celle qui s'exerce
par plufieurs , comme en fait de Gouvernement Républicain. Celui-ci se subdivise , comme
l'on sçait,en deux ordres différens; l'un, dont la puissance réside dans le Peuple , ce qui
le faitappeller Démocratique ; l'autre , dont la puissance réside dans un certain nombre de
personnes entre les mains de qui le Peuple a déposé tout son pouvoir ; & celui-ci est connu
sous le nom d'Aristocratique. Nous ne parlons point de cette espece de Gouvernement ap-
pellé Despotique , où le Souverain ne connoît d'autre règle que sa volonté ; parce que
c'est moins un Gouvernement , qu'un abus du Gouvernement , & qu'il ne peut convenir
à des Nations policées , dont les Souverains ne font jamais censés régner autrement que
par les Loix (i).
La Souveraineté qui s'exerce en France est, comme l'on scait, Monarchique , &
elle a toujours été telle depuis les premiers instans de la constitution de ce Royaume.
Mais si l'on ne peut disconvenir en général que , de tous les Gouvernemens , le Mo
narchique est le plus parfait , comme étant le plus approchant de l'unité de Dieu ,
dont les Rois font les images fur la terre , & comme étant d'ailleurs le plus ancien
dans son origine , en ce qu'il est formé fur le modelé de l'autorité que la Nature donne
aux Pères fur leurs Enfans ; il faut convenir en même-temps , qu'entre tous les Gou
vernemens de cette espece , il n'en est point de mieux constitué que le Gouvernement
François , & cela par deux raisons qui sont remarquées par un de nos plus judicieux
fLoisEAV Auteurs * : l'une , qu'il est successif, & non électif; l'autre , qu'il est non transmijsible
aux Femmes ; mais qu'il est déféré aux Mâles par une Loi fondamentale de l'Etat
connue sous le nom de Loi Salique. Aufìì voyons - nous , que c'est celui qui a eu
jusqu'ici le plus de durée , comme étant le plus propre en effet à assurer la paix d'un
Etat, en même-temps qu'à concilier l'amour & la fidélité des Sujets envers leur
Souverain.
II fuit de-Ià que nous ne connoiíîbns en France d'autre Légiflateur que le Roi
Si veut te Roi , fi veut la Loi Le Roi de France ne tient fa Couronne que de Dieu &
/ de son Epée Telles sont les deux premières maximes de notre Droit François (2).
Ainsi , quoiqu'il soit vrai de dire en général que la Royauté tire son origne du Con
sentement des Peuples , ou plutôt de la nécessité de rétablissement d'une autorité qui
puisse réprimer les injustices & les violences de ceux qui osent troubler Tordre de la
Société : comme cet ordre vient de DlEU , qui est sans contredit le Souverain naturel de
tous les hommes , c'est de Lui par conséquent que tiennent leur autorité Ceux qui les
gouvernent , par la communication qu'il leur fait de fa suprême puissance qui leur donne
un droit véritable sur leurs Sujets (3).
Aussi voyons-nous que , pour marque de cette plénitude du pouvoir Législatif en
leurs Personnes , nos Souverains ont toujours soin de prendre en tête de chaque Loi
qu'ils font publier sous leurs noms , la qualité de Roi , par la GRACE DE Dieu
Comme aussi de terminer ces mêmes Loix par ces termes absolus : Car tel est notre
PLAISIR
A la vérité , nous voyons aussi d'un autre côté, que , pour faire connoître en même-
temps à leurs Peuples que c'est moins leur propre volonté qu'ils consultent dans leurs
Loix , que les règles de la sagesse & de l'équité , dont en leurs qualités de Rois Très-
Chrétiens & de Fils aînés de FEglise , ils se sont toujours fait un devoir particulier de
donner les premiers exemples , ils ne manquent jamais d'apporter ce tempérament

(1) Digna vos est majestare regnantis Legibus alliga- 1 enim potestas nífi à Deo. Paul. Rom. 13 •.. Subditi
tum se Principem profiteri , adeò de autoritate Juris nostra igitur estote omnicreaturœ propterDeum , sive Régi quasi
pendet autoritas. L. 4. Cod. dt Legib. praîcellenti ad vindictam malefactorum. 1. Petr. 2. 13...
(1) V. Loysel , Instit. Coutum. Liv. 1. Non enim sine causa gladium portat Dei enim mi-
(3) Per me Reges régnant. Prov. 8, 15 Non est nister est...... Paul. Rom. 13.
remarquable

/
P R Ê L í M 1 N A ï RE. xxxiij
remarquable aux deux Clauses dont nous venons de parler, par celle-ci. Nous, APRÉS
avoir pris sur ce l'avis de notre Conseil Ce qui s'entend du Conseil qui est
toujours auprès de leur Personne , & dont ils ont soin de se faire assister pour la ré
daction de leurs Loix , afin d'empêcher qu'il ne s'y glisse rien d'injuste , ni qui déroge
à la Loi de Dieu ou à celle de la Nature , auxquelles on sçait que les Rois font eux-
mêmes sujets , comme de simples particuliers.
Mais aussi, dès le moment que la Loi a été pesée & examinée dans le Conseil
du Roi , l'on peut dire qu'elle a acquis toute fa force & son autorité ; de manierfc
qu'il n'est plus besoin , pour la faire exécuter , que de la faire connoître par la voie
de la Publication. Cependant , telle a toujours été la disposition de nos Princes , à ne
rien négliger de tout ce qui pouvoit tendre au plus grand bien de leur Etat , que ,
à l'exemple des bons Empereurs Romains dont nous avons parlé , toutes les fois
<jue l'importance de ces Loix paroît demander une attention plus particulière de leur
part, comme font celles fur-tout qui concernent 1''Administration de la Justice, ils ne
se contentent point de les faire connoître par une simple Publication , mais il veulent
encore que cette publication soit précédée de la Vérification ô de t Enregistrement de
ces mêmes Loix par les Cours Supérieures , qu'ils ont préposées spécialement pour rendre
la Justice en leur nom. L'on conçoit aisément les motifs particuliers de sagesse & de
bonté qui ont porté nos Rois à user de cette derniere précaution. En effet , l'expé-
rience présumée de ces Cours , & les relations particulières qu'elles peuvent avoir
avec l'intérieur du Royaume par le moyen des Officiers de leur Ressort , les met
fans contredit plus à portée que le Conseil du Roi de connoître & de prévenir les
obstacles qui pourroient s'opposer à l'exécution de la Loi , & par conséquent de pour
voir faire les représentations nécessaires au Souverain , pour qu'il veuille bien la chan
ger , ou la modifier , l'interpréter , ou même la révoquer entièrement. C'est ainsi que
nos Rois s'en sont toujours expliqués dans leurs Réponses à ces mcmes Représenta»,
tions ou Remontrances , lorsqu'elles leur ont paru justes & convenables au bien général
de leur Royaume , juíques-là même qu'ils font à ces Cours un devoir particulier d'user
de cette voie , lorsque ces Représentations pourroient tendre à empêcher les surprises
qui feroient faites à leur Religion (i).

D'APRÉS ces Observations préliminaires fur la formation de la Loi suivant nos Usages , iv. Di-
il ne reste plus , pour donner une idée exacte du Plan que nous nous sommes proposés de nòs°Loiï
garder dans cette Collection , qu'à distinguer les différentes espèces de Loix qui doivent
en faire l'objet particulier ; afin de faire connoître en même-temps , & les caractères
essentiels qui les distinguent entr'elles , & les différens degrés d'autorité qu'elles ont con
servés dans la pratique actuelle des Tribunaux.
Parmi les Loix qui sont en vigueur dans ce Royaume , il y en a qui nous sont
communes avec toutes les Nations en général , comme sont celles qui dérivent du Droit
Naturel & du Droit des Gens. II y en a d'autres qui ne nous sont communes qu'avec
de certaines Nations feulement , comme sont celles du Droit Romain & du Droit
Canonique. II y en a enfin qui font particulières à notre Nation , comme étant émanées
directement de nos Souverains , ou revêtues du sceau de leur autorité , telles que

(i) Edifia enim Principum ( dit M. de Marca dans fa lors du Procès - Verbal de Conférence fur l'Ordonnance de
Concorde du Sacerdoce avec l'Empire ) ad Curias Parlamenti 1667 ) » est dépositaire des Loix du Royaume , &
à qu'tbus vice sacra judicatur , atque ut olim à Prafeflis Pr*- n comme tel , il est obligé d'apporter tout le soin & l'exac-
torii , co concilio mittantur ut in earum auditoríis publicentur , » titude possible pour examiner celles qui pourroient être
in alla redigantur , &• prxcepto Curiarum deindè ad Senef- n proposées de nouveau , afin que les rapportant toutes
thalles exempta Conjiitutionum deferantur , qui promulgations » aux règles de la Justice & au bien des Peuples & de
twandtt in civitate cui prafunt , incumbant. V. L. a. de » l'Etat , on en puisse mieux assurer l'exécution ». V. le
Concord. Sacerd. & Imper, cap. 15. Procès - Verbal de Conférence à la séance du 26 Août
w Le Parlement, dit M. U P. Président de Lamoignort , ' 1667.

\
x*xiv D 1 S C O U R S
sont les Ordonnances & les Coutumes qui forment ce que nous appelions notre Droit
JFrançois.
• C'est d'après cette distinction générale, que nous diviserons d'abord nos Loix en
trois Claflès principales , qui tirent leurs dénominations des différentes matières qu'elles
ont pour objet ; fçavoir , en Loix Civiles , Loix Ecclésiastiques , & Loix Crimi-
nelles*
Nous entendons par Loix Civiles toutes celles qui tendent à astùrer la propriété &
la poífeíîion de nos biens : par Loix EccUJiaJliques , celles qui ont pour objet le
culte divin , la discipline Ecclésiastique , & généralement tout ce qui peut se rapporter
au gouvernement spirituel de nos ames : & enfin fous le nom de Loix Criminelles ,
nous comprenons toutes celles qui tendent à réprimer, par quelque Peine, les troubles
& les désordres que l'on pourroit apporter, soit à la Société en 1 général, soit aux
Particuliers qui la composent. L'on peut juger par - là de toute l'importance , & en
même temps de l'étendue de ces dernieres Loix qui embrassent également , dans leur
ebjet , toutes les infractions qui peuvent fe faire aux Loix précédentes. Qui ne fçait en
effet que c'est principalement pour les Crimes que les Loix ont été faites ? ou plutôt
que fans le Crime il n'y auroit pas besoin de Loi ; tellement que la première Loi qui
fut faite à l'homme fut une Loi Criminelle (i).*
Ausîi voit-on , par la Définition de la Loi même (2) , qu'elle ne tend pas feulement
à défendre , mais encore à venger le mépris fait de son autorité , par la punition de
ceux qui viennent à violer ses défenses. C'est encore par la même raison, que l'on a
^toujours regardé comme le principal attribut de la Souveraineté , ce Droit de Glaive ,
■ce pouvoir absolu de vie & de mort dont il est parlé dans le Droit Romain sous le
nom de Merum lmperium (3) ; Droit en vertu duquel le Prince fait exécuter fa Loi ,
«n ordonnant la punition du Crime , en même temps qu'il prescrit les formalités né
cessaires pour en acquérir la preuve.
Nous avons , comme l'on fçait , fur les Loix Civiles & fur les Loix Ecclésiastiques
des Collections faites avec une exactitude qui ne laisse rien à désirer , ou plutôt qui ne
laisse à désirer autre chose , sinon qu'il en fût fait une semblable pour les Loix Crimi
nelles , afin de former un Code complet de notre Légistation. Tel est aussi , comme
nous l'avons annoncé dans la Préface, le motif particulier qui nous a déterminés à en
treprendre ce grand Ouvrage.
' V.toix Nous avons dit qu'en général, pour qu'une Loi puisse être en vigueur dans ce
ks^quf" Royaume , il falloit nécessairement qu'elle fût émanée direclement du Souverain, ou
««/ce"- du moins qu'elle fût confirmée par le sceau de son autorité. Ainsi il faut d'abord ranger
lection. jans classe des premières , toutes les Constitutions qui ont été faites par nos Princes

depuis rétablissement de la Monarchie , & qui sont connues sous le nom de Capi-
tulaires, Pragmatiques-Sanctions , Ordonnances, Edits , Déclarations ,
Lettres-Patentes, & Arrêts du Conseil. Dans la classe de celles qui ne sont en
vigueur qu'en vertu de l'approbation expresse ou tacite qu'y ont donné nos Souverains ,
nous comprenons les dispositions du Droit Romain & du Droit Canonique , les
Coutumes , les Arrêts de Réglemens , & même de certains Usages qui sont con
sacrés par une Jurisprudence constante , ou par le sentiment unanime des AUTEURS.
C'est dans toutes ces différentes sources que nous avons puisé les Loix qui forment
cet immense Recueil : nous allons en donner ici une Notice générale suivant Tordre que
nous avons gardé dans leurs citations, en commençant d'abord parle Droit Romain &
le Droit Canonique , comme les plus anciens , & renfermant d'ailleurs les premiers prin
cipes qui ont servi de base à notre Droit François. ..... . ......

(1) Inligno scientiœ boni & mali , ne comedas ; in j (a) Legis virtus haec est imperare, vetare, permhtere,
quocumque enina die comederis, morte morieris. Gt- i pun're',,y- í-7-ff-de
nef, t. (3) V. L. 3. ff. de Jurisdict.
PRÉLIMINAIRE, xxxv
VI. Des Droit ROMAIN. Nous fçavons , d'après l'Hiftoire de notre Nation , qu'après que
*" les François eurent subjugué les Peuples qui íùivoient ce Droit , ils leur laissèrent la
liberté d'en continuer l'usage. Nous Içavons aussi , que ceux de ces Peuples qui con
servèrent le plus soigneusement cet usage , furent les Habitans de nos Provinces Mé
ridionales qui avoifinent le plus l'Italie , comme la Provence , la Guyenne , le Dauphi-
né , & généralement tous les Pays qui font aujourd'hui du ressort des Parlemens de
Toulouse , de Bourdeaux , de Grenoble , d'Aix & de Pau ; & que même cet usage s'éten
dit dans la fuite à certaine portion du refìòrt du Parlement de Paris , comme le Lyon-
nois , le Forêt , le Beaujolois , le Maconnois & une grande partie de VAuvergne. A
quoi il faut ajouter les deux Bourgognes , où le Droit Romain est regardé pareillement
comme le Droit Commun , quoiqu'il y ait d'ailleurs des Coutumes particulières ou Lo
cales. C'est aussi ce qui a fait appeller toutes ces différences provinces Pays de Droit Ecrit
pour les distinguer de celles qui font régies par le Droit Coutumier.
Cependant, il faut convenir , avec nos Auteurs François (i) , que même dans ces Pays
Coutumiers , le Droit Romain ne laisse pas que d'être d'un très-grand poids , parce
qu'il y est regardé comme la source de tous les principes d'équité & de raison : telle
ment qu?au défaut des dispositions précises des Ordonnances & des Coutumes , les
Juges font obligés de recourir aux décisions de ce même Droit. Qui ne fçait d'ailleurs
que ces décisions ont servi de base à nos meilleures Ordonnances (2), notamment à
celles d'Orléans & de Blois , & qu'enfin leur utilité a tellement été reconnue par nos der
nieres Loix , qu'elles ne permettent de pouvoir être admis aux fonctions d1'Avocat , & de
Juge , qu'après s'être fait Licencié dans ce Droit , & avoir fréquenté quelques-unes des
Universités établies à cet effet (3) ?
Enfin , ce qui ne permet pas de douter de l'excellence des principes que contient le
Droit Romain } c'est qu'il n'est point de Nation Chrétienne où il n'ait été adopté : c'est
qu'il fait encore aujourd'hui le Droit commun de l'Allemagne. L'on n'en peut citer
une meilleure preuve , que la fameuse Ordonnance de Charles-Quint , vulgairement
appellée la CAROLINE , qui n'est pour ainsi dire qu'une traduction littérale des disposi
tions de ce Droit fur la matière que nous nous proposons de traiter ici.
Au reste , quoique ce Droit soit principalement connu parmi nous fous le nom de
Droit Civil , il faut convenir , qu'il ne laisse pas que de renfermer , fur les Matières Cri
minelles , d'excellens principes que nous avons cru devoir adopter , comme étant fondés
fur le Droit Naturel & des Gens ; notamment pour la Partie qui tend à déterminer la
Nature & la Peine du Crime , & qui fait l'objet particulier des titres du Digeste &
du Code de Publicis Judicis... de Extraordin. Crimin... de Aclionib. Noxalib... de Lege
Aquil.... de Privât, delicl.... de Probatiomb.... Ô de Panis.
A l'égard de la Forme de procéder & de la manière d'infiiger les Peines ; nous n'a
vons p< s cru devoir nous assujettir également aux dispositions de ce Droit , par des
raisons que nous aurons lieu de remarquer , en traitant de l'un & l'autre de ces points
suivant nos usages particuliers.

vn.Loîx Droit Canonique. Nous avons cru devoir faire ici un usage particulier des díípo-
qU*"°nw sitions de ce Droit , tant parce que la matière que nous traitons , tient principalement

aux mœurs & au for intérieur de la conscience , que parce qu'il s'agit d'ailleurs de
déterminer les justes bornes qu'il doit y avoir entre la Jurisdiction Ecclésiastique & la
Séculière , relativement à la Compétence , à l'Instruction , & à la Punition des Crimes
commis par les Gens d'Eglise.
Sous le nom de Droit Canonique , nous comprenons généralement toutes les difpo-

(O V, Pasquier en ses Rech. liv. 9, ch. 38 Legum. Ccst ainsi que ì'exprime C/iarlemagne , en parlant
& Dumoulin en son Traité des Fiefs fur la Coutume de ce Droit dans ses Capitulaires. V. addit. IV. cap,
de Paris , cap. de commun. Gsll. consuet. 103.
(1) Lex Ronvma qus est omnium humanarum Mater (3) V. eatr'autres l'Editdu mois d'Avril 1676.
c ij
xxxvj DISCOURS
suions , tant de l'ancien que du nouveau Testament , les Décisions des Conciles &
des Pères de l'Eglise , qui forment la Collection connue fous le nom du DÉCRET DE
GRATIEN , & enfin les Constitutions des Papes qui font connues fous le nom de Décré-
TALES, de Sexte , de Clémentines & $Extravagantes (i). Cependant il est important
d'observer ici , que nous n'admettons pas également toutes les dispositions du Droit
Canonique dans ce Royaume , mais feulement celles des Canons qui regardent la Foi
& les mœurs , & qui font tirées de l'Ecriture , des Conciles &. des Pères. A l'égard
des autres Constitutions qui regardent seulement la Discipline Ecclésiastique ou la Po
lice Temporelle de l'Eglise ; l'on sçait qu'elles n'ont conservé leur autorité parmi nous ,
qu'autant qu'elles ont été confirmées par les Loix du Royaume , ou qu'elles n'ont
rien de contraire aux Libertés de l'Eglise Gallicane : on appelle ainsi , certains usages
dans lesquels l'Eglise de France s'est conservée dès les premiers temps de la Monarchie ,
& qui ne font autre chose , suivant la définition qu'en donnent nos Auteurs , que l'an
cien Droit Commun & Canonique qu'on a observé en ce Royaume dans fa pureté & à
la rigueur. C'est aussi en vertu de cet ancien Droit que nos Rois font chargés de faire
exécuter les Loix de l'Eglise qui n'a elle-même aucune force extérieure pour faire exé
cuter ses Jugemens , & qu'ils ont joint en conséquence au titre de Roi tres-Chrétien ,
ceux de Protecteurs , Gardiens t Conservateurs & Examinateurs de ce que l'Eglise en-
feigne : c'est ainsi que se qualifient entr'autres François I. & Charles IX. dans leurs
Ordonnances de 1543 & 1562.
Au reste , nous aurons heu de rappeller les articles particuliers de nos Libertés qui
ont trait à la matière que nous traitons , lorsqu'il s'agira d'établir la Compétence de
la Jurisdiction Ecclésiastique. Nous nous contenterons d'observer quant à présent , que ces
différens articles ont été confirmés parla Déclaration de 1682 , rendue ensuite des dé
cisions de l'Assemblée du Clergé , suivant lesquelles la Puissance du Pape doit être réglée
lùr les Canons & Conciles reçus dans ce Royaume , & par l'Eglise de France.

VIII. Ca- CAPITUL AIRES. L'on entend principalement sous ce nom les Constitutions de nos
pituia.res j^Q- ^ j deuxième Race , & sur-tout de ceux qui ont été Empereurs , comme
de nos * *
Rois. Charlemagne , Louis-le-Débonnaire & Charles-le-Chauve &c. On les appelle Capi-
tulaires , parce qu'ils font distingués par Chapitres ou Sections. L'on fçait qu'il en a
été fait différens Recueils ; d'abord , par l'Abbé Ansegife , en quatre Livres ; ensuite
par Benoit , Diacre de Mayence , qui y en a ajouté plusieurs autres qu'il avoit recou
vrés ; &. qu'enfin tous ces différens Recueils ont été fondus dans l'excellente Edition
que Saluée nous a donnée de ces Capitulaires , auxquels il a joint les Formules de
Marculphe , enrichies des Annotations fçavantes du Pere Sirmond , de M. Jérôme
Bignon &. des Glossaires de Pierre & François Pithou.
II suffira , pour faire juger de l'importance & de la considération particulière que
méritent ces premières Loix , d'observer ici en passant , qu'elles renferment notre an
cien Droit François ; qu'elles ont été faites dans les Assemblées générales de la Nation

( 1 )Nous croyons devoir observer ici , pour l'inreMigence composées d'abord des Epîtres de Grégoire IX , con
des citations de ce Droit dont nous avons fait usage dans tenant cinq Livres, divisés en Chapitres, auxquels Bo-
cette Collection , i°. que íe Décret de Gratiïn est niface VIII a ajouté cinq autres Livres divisés pareil
divisé en trois Parties , dont la première contient cent lement , qui forment ce qu'on appelle le Sexte. Clé
& une Distindions , chacune desquelles est subdivisée ment V y en a encore joint cinq autres , qui font dis
elle - même en plusieurs Canons. La seconde contient tingués des précédens fous le nom de Clémentines. Celles-
trente -six Causes qui sont divisées en questions, & ces ci font suivies des Constitutions de Jean XXII, qu'on ap
questions en différens Canons : c'est dans la trente-troi pelle Extravagantes , quia vnantut exirà co'pus jurïs.
sième' cause que se trouve inséré le Traité de U Péni II y a encore eu depuis ce remps là d'autres Constitutions
tente , qui est composé de sept Distinctions ; & celles - ci de différens Papes qui ont été inférées dans ce Droit fous
contiennent aussi plusieurs Canons Enfin la troi le nom d'Extravagantes communes.
sième Partie de ce Décret traite de la Consécration , &
contient cinq Distinctions qui font encore divisées en Nota. Qu'on se sert dans les citations du mot Extra
Canons.... i°. Qu'à l'égard des Décréta its , elles font pour désigner les Décrétâtes.
PRÉLIMINAIRE, xxxvij
ou Etats généraux , & le plus souvent même dans les Conciles Nationaux, que les Prin
ces jugeoient à propos de convoquer à cet effet ; que d'ailleurs , elles embrassent gé
néralement toutes sortes de matières , soit Ecclésiastiques , soit Civiles , soit Criminel
les ; & qu'en un mot , elles ont été trouvées si sages par nos derniers Souverains , qu'ils
les ont fait servir , pour la plûpart , de base à leurs Ordonnances.
Quant à la partie Criminelle de ces Loix qui nous intéresse principalement ici , il faut
convenir qu'elle n'est pas d'un aussi grand usage parmi nous , que celle qui concerne le
Civil , & cela , tant à cause de la différence de nos mœurs d'avec celles de ces premiers
temps où l'on ne faisoit que sortir des ténèbres du Paganisme , que parce que l'argent
étant pour lors extrêmement rare , la plûpart des Peines pouvoient se racheter par le
moyen des compositions que faisoient les Criminels avec la- Personne offensée , ou
avec les héritiers du défunt. Le prix de ces sortes de compositions se trouve réglé
par les Capitulaires íuivant les différentes espèces de Crimes & la qualité des Per
sonnes parmi lesquelles on en distinguoit de trois différentes , les Libres , les Ingénus
& les Esclaves. II y avoit néanmoins de certains Crimes pour lesquels ces composi
tions ne pouvoient avoir lieu , comme ceux de Le\e- Majesté , de Trahison & autres
commis contre l'Etat. L'on remarque même qu'elles ne furent admises en fait d'Ho-
cidc & de Vol y que depuis les conquêtes faites par Charlemagne des Peuples Ger
mains , dont on fçait que les Loix avoient pour but général d'épargner le sang
humain : car l'on voit par des Capitulaires antérieurs qui sont rapportés dans le même
Recueil , qu'il y étoit porté expressément , que celui qui avoit tué un autre mécham
ment & fans raison , devoit être puni de mort, sans qu'il pût se racheter par aucune
composition. La même Peine se trouve aussi ordonnée irrémissiblement par plusieurs
Capitulaires de Charlemagne contre les Homicides volontaires & autres grands Crimi
nels , & même contre ceux qui sont convaincus de Vol pour la troisième sois. Au
reste , l'on trouve plusieurs exemples cités par Me. Jérôme Bignon &. par Mc. Pithow

fur le titre 3 de la Loi Salique , d'après Grégoire de Tours , Beaumanoir & Yves de
Chartres , des différentes Peines corporelles que l'on faisoit subir à ceux qui étoient
jugés coupables d'autres Crimes que ceux dont nous venons de parler , lorsqu'ils n'a-
voient pas le moyen de se racheter par argent , notamment celles des Fourches , de la
Castration , du Fouet , &c.
Enfin , nous croyons devoir observer encore , par rapport aux Capitulaires de Char
lemagne , qu'on y trouve joint un Recueil particulier des Loix usitées parmi les différens
Peuples qu'il avoit subjugués , & dont il avoit ordonné la rédaction par écrit} scavoir,
celles des Lombards , des Vifigots, des Bavarois , des Bourguignons, des Germains*
des Frisons , des Thuringiens , des Saxons , comme aussi les Loix appellées Ripua'ms ,
& cilles connues sous le nom de Saliques qu'on regarde comme les plus anciennes de
la nation , fur-tout pour ce qui concerne la succession des Mâles à la Couronne ; Loix
dont l'exécution constante a toujours été regardée comme le plus ferme appui & la vé
ritable source du lustre & de l'excellence du Gouvernement François.
Pragmatique Sanction, ET CoNCORDAT.Le nom de Pragmatique est principalement ix.Prag
employé dans le Droit Romain , pour désigner les Loix qui regardent la Discipline Ecclé- SanSon,
fiastique. C'est aussi dans ce sens particulier qu'il en est parlé dans les Capitulaires de Char
lemagne. Nous ne cpnnoisions que deux Loix qui ont retenu ce nom parmi nous ; la Prag
matique Sanclion , faite du temps de St. Louis en 1288(1), & celle faite sous le Règne de
CHARLES VII. dans une Assemblée de l'Eglise Gallicane, tenue à Bourges en 1438 ,
qui a adopté les décisions du Concile de Baíle, dont elle n'a fait que répéter les disposi
tions. L'on fçait que l'une & l'autre de ces Loix avoient principalement pour objet
$autoriser la voie des Eleclions dans les Offices Eccléfìastiques , tant Séculiers que

(1) Nous avons encore de ce grand Roi deux sortes de S. Louis , les autres fous celui d'AssiSE de Jérusalem »
LbixjJesunesconnuessouslenomdesETASLissEMENS de . que nous aurons Heu de citer en différentes rencontres.
xxxviij DISCOURS
Réguliers : mais l'on fçait en même-temps qu'il y a été dérogé expressément fur ce
point, par le CONCORDAT fait entre FRANÇOIS I. & le Pape LEON X. ; & qu'à l'égard
des autres dispositions contenues dans ces Loix , elles n'ont de vigueur parmi nous
qu'autant qu'elles fe trouvent confirmées par ce même Concordat ; l'on veut parler fur-
tout de celles qui concernent les Interdits , les Concubinaires publics , & généralement
tous les Réglemens faits par le Concile de Baíle , relativement au Service Divin , à
la Police des Egli/ès , & au Temporel des Bénéfices. Nous aurons lieu de rapporter
les dispositions de l'une & l'autre de ces Loix , en traitant des Délits particuliers aux
quels ces dispositions peuvent être relatives.
X Or- Ordonnances. L'on appelle proprement de ce nom les Loix générales qui ont été
cej< ~ publiées dans ce Royaume ( à commencer depuis les Rois de la troisième Race jusqu'à
présent) &qui , comme les CAPITULAIRES qu'elles ont remplacés , contiennent des dispo
sitions fur toutes sortes de Matières , soit Civiles , soit Criminelles , soit Ecclésiastiques.
On les appelle aussi Ordonnances Royaux , pour marquer qu'elles ne font éma:iées
que de la feule autorité du Roi. Quant à leur forme , ces Ordonnances commencent
toujours par ces mots , a tous présens , & à venir: SALUT , &c. & elles font signées du
Roi , visées par le Chancelier , scellées du grand Sceau en cire verte , fur des lacs de foie
verte & rouge, & íbnt datées du mois & de Tannée , mais non du jour qu'elles ont
été faites. Parmi ces Ordonnances , il y en a qui ont été faites avec plus de folemnité
que les autres ; comme par exemple celles d'Orléans 3 de Moulins s & de Blois , qu'on fçait
avoir été faites fur les Remontrances des Etats généraux, & celles de 1667 & de
1670 , qui n'ont été publiées qu'après un examen particulier fait par des COMMISSAIRES
nommés par le Roi , & choisis , tant dans son Conseil qu'au Parlement de Paris. Ce
n'est pas au reste , que celles qui n'ont point été accompagnées de toutes ces forma
lités , en aient pour cela moins d'autorité & de force dans leur exécution ; parce que ,
comme nous l'avons dit , cette autorité & cette force dépendent uniquement de la
volonté du Souverain , lorsqu'elle est manifestée de la manière dont nous l'avons ob
servé précédemment : tellement que celles-ci doivent même l'emporter fur les premières ,
lorsqu'elles y dérogent expressément par leurs dispositions.
Pour ce qui concerne les Ordonnances rendues fur les Matières Criminelles dont il
s'agit principalement ici , nous en remarquerons de deux fortes ; les unes qui concernent
uniquement la Procédure ou l'Instraclion des Procès Criminels 3 telles que font l'Ordon-
nance de 1670 , & celle de 1737 , concernant le Faux Les autres, qui ont
principalement pour objet la punition des Crimes ; 6c parmi celles-ci nous distinguons
fur-tout les Ordonnances d'Orléans , de Moulins & de Blois. Nous avons cru devoir
aussi consulter particulièrement íìir ce point l'Ordonnance de François I , en 1539 ,
& celle de Louis XIII en 16Z9 , vulgairement appellée le Code Michaux. Nous
avons même eu recours à un grand nombre d'autres beaucoup plus anciennes íùr de
certains points , auxquels il n'a pas été dérogé par celle-ci ; le tout d'après les Re
cueils qui en ont été faits par Dutillet , MM. Pitkou , Dumoulin , Rebuffe , Fontanon ,
Frerot , Carondas , Guenois , Corbin , Néron 3 "Etienne Blanchard , Berrogyer 3 Coyer ,
• - de Lauriere , Secousse , & en dernier lieu par M. de Villevaux , qui s'occupe encore avec
íùccès de la fuite d'un travail aussi important.
Nota. II y a aussi des Ordonnances particulières à la Franche-Comté , recueillies par Perremand , dont fai eu lieu de
faire quelqu'ufage dans cette Collection , mais fur-tout des Arrêts du Parlement de cette Province , que fai cités avec a"au
tant plus de complaisance , qu'indépendamment de ce que j'ai Vavantage particulier d'y avoir eu une Portion de mafamille ,
£» d'être né dans son Ressort , ce Parlement a d'ailleurs , comme son fçait , celui d'avoir été associé à Chonneur de la Lé
gislation du temps des derniers Ducs de Bourgogne. Ces Arrêts font partie du Recueil imprimé des Edits &> Déclarations en-
rcgiflrés dans ce Parlement.
XI. Edits. Edits. On appelle de ce nom , des Loix faites du propre mouvement du Roi , qui
ònt principalement pour objet de régler certaines matières fur lesquelles il n'a point
été statué par les Ordonnances, ou même de déroger à celles-ci, fur de certains points
I

PRÉLIMINAIRE. xxxix
où Texpérience a fait connoître que ces premières Loix étoient trop dures ou trop
modérées , comme , par exemple , en fait de Duel t de Poison t Péculat , Rapt ,
Banqueroute , & Vol , &c. II y a par conséquent cette différence entre les Edits & les
Ordonnances , qu'ils n'embraíTent point , comme celles-ci , dans leur objet toutes sortes
de matières , de personnes , & de lieux. Du reste , ils ont cela de comnyon , quant à la
forme , qu'ils commencent également par ces mots : a tous présens & à venir , Salut , &c.
& qu'ils sont auflì , comme les Ordonnances , scellés du grand sceau de cire verte ,
& ne sont datés que du mois & de Tannée , & non du jour. Cependant , il faut con
venir que ces dernieres formalités n'ont pas toujours été observées avec la même exacti
tude ; car l'on trouve dans nos Recueils différentes Loix ,qui, quoique qualifiées d'EDlTS ,
& commençant par les mots a tous présens & à venir , ne font néanmoins scellées que
de cire jaune , & ne font pas feulement datées du mois & de Tannée , mais encore du
jour qu'elles ont été faites. L'on en peut donner pour exemple le fameux Edit de CrÉ-
MIEUX , qui fe trouve daté du 19 Juin 1536.
Déclarations DU Roi. L'on comprend proprement fous ce nom ces Loix parti- XII.D4-
culieres qui font faites pou-r expliquer la volonté du Roi fur la manière dont doivent du R«L
être exécutées les Ordonnances , ou les Edits , auxquels elles servent d'interprétation ou
d'ampliation. Ce n'est pas qu'elles ne dérogent aulîì quelquefois à des dispositions par
ticulières de ces premières Loix : ce qui a lieu principalement , lorsqu'il est survenu
dans Texécution de celles - ci , certains obstacles ou inconvéniens qui n'y avoient pas
été prévus.
Parmi ces Déclarations , celle qui tient un rang des plus distingués dans ce Recueil
est la Déclaration du 5 FÉVRIER 1731 , concernant les Cas Prévôtaux ; & elle
le mérite en effet , tant à cause de Tétendue de ses dispositions qui Tont fait diviser par
articles , comme les Ordonnances skies Edits, qu'à cause des changemens remarquables
qu'elle a apportés aux dispositions du Titre 2 de TOrdonnance de 1670.
Au reste , pour ce qui concerne la forme usitée dans ces sortes de Loix , il y a deux
choses à remarquer ; Tune , qu'elles sont scellées du grand sceau de cire jaune sur une
double queue de parchemin , & sont datées , non-feulement du mois & de Tannée, mais
encore du jour même qu'elles ont été faites ; l'autre , qu'au lieu de commencer , comme ..
les Ordonnances 6c les Edits par ces mots , k tous présens & à venir , elles commen
cent par ceux-ci , h tous ceux qui ces présentes Lettres verront , &c.

Lettres-Patentes. C'est , commme Ton sçait , la voie ordinaire dont se sert le XUI Let<j
Prince pour faire connoître ouvertement sa volonté sur Texécution d'une Loi qu'il
veut établir , ou pour mieux assurer Texécution des Arrêts de son Conseil dans Téten- .
due du Ressort des Parlemens qui feroient difficulté de déférer à ces Arrêts , sous pré
texte qu'ils ne feroient pas revêtus d'une authenticité suffisante.
On les appelle Patentes , pour les distinguer de ces ordres particuliers & secrets
connus sous le nom de Lettres de Cachet , qui sont feulement notifiées aux personnes
qu'elles concernent. II paroît que l'une & l'autre de ces voies se pratiquoient égalê-
. ment du temps des Empereurs Romains , comme on peut le voir sous le Titre du
Code de Mandatis Principum. II y avoit même cela de remarquable , par rapport à
ces sortes de Mandats ou Rescrits , qu'ils dévoient être nécessairement couchés par écrit t
quoiqu'on n'exigeât pas absolument cette derniere précaution pour la formation de la
Loi en général.
Au reste , les Lettres-Patentes doivent Contenir , suivant nos Usages , la même for
mule , & être scellées & datées de même que les Edits dont elles tiennent quelque
fois lieu. Elles doivent pareillement être adressées aux Cours , pour y être publiées &
enregistrées.
ARRETS DU CONSEÍL. L'on entend sous Ce nom les Décisions émanées de ce Tribunal XIV. Ar-
xï "DISCOURS
CmíeU fuPre>me <fae k ^-0l a auPrès de fa personne , & qui est composé de certaines Personnes
que Sa Majesté juge à propos d'appeller , pour les consulter sur ce qui concerne Tordre
5& l'administration de son Royaume. Ce Tribunal est divisé en plusieurs Bureaux ou
Départemens , qui ont pris chacun leur dénomination particulière de la matière qui y
est traitée. Ainsi il est appellé , tantôt Conseil etEtat , tantôt Conseil des Finances ,
tantôt Conseil Privé. C'est de ce dernier que nous voulons parler principalement ici ;
on l'appelle autrement le Conseil des Parties , parce qu'il connoît des affaires conten
tieuses qui íè meuvent entre les Sujets du Roi , & qui ont un rapport particulier à
Tordre judiciaire , telles que les Demandes en Cassation ou en Révision d'Arrêts , les
Réglemens des Juges entre les Cours Supérieures , les Evocations tant en matière Civile
que Criminelle , & les Commissions portant attribution , pour juger en dernier Ressort
sur toutes ces matières.
Quant à la forme de procéder dans ce Conseil , elle se trouve prescrite par un der
nier Règlement du 28 Juin 1738. Ce Conseil suit ordinairement le Roi , comme les autres.,
& Sa Majesté est censée présente aux Arrêts qui s'y rendent. Ces Arrêts s'expédient
fous son nom , comme ceux des autres Conseils , dont ils ne différent seulement qu'en
ce que c'est M. le Chancelier qui y préside , & qui prononce ces Arrêts.
. , Au reste , pour juger de toute la considération que doivent mériter ces Arrêts , dans
Tespece que nous traitons , il suffira d'observer que le Tribunal dont ils font émanés
a été principalement établi pour réformer par les voies de la Cassation & de la Révison
les Arrêts des Parlemens qui ont été rendus contre les dispositions de quelqu'une des
Loix du Royaume. II faut néanmoins convenir que , hors les cas particuliers de Tune
& l'autre de ces voies qui font spécialement autorisées par les Ordonnances , les Cours,
font dans Tufage , comme nous Tavons dit , de ne point déférer à Texécution des Arrêts
du Conseil , qu'autant qu'ils se trouvent revêtus de la formalité des Lettres-Patentes. II
faut seulement excepter les Arrêts qui sont rendus en matière de Finance , & qui con
cernent le Domaine du Roi , tels que ceux qui contiennent des Réglemens pour les
frais des Procès Criminels , dont nous aurons lieu de parler dans la fuite,
xv. Ar- Arrêts des Cours Supérieures. Nous parlons ici de ces Arrêts , moins comme
Coarfc f°rmant des Loix par eux-mêmes , en ce qu'ils ne font point , comme les précédens ,
émanés directement du Souverain , quoiqu'ils soient également intitulés sous son nom , que
comme étant Texécution même des Loix qui sont établies par Tautorité immédiate du
Prince. Cependant, il faut convenir qu'il y a de certains cas où ces Arrêts peuvent fup-
\ pléer au défaut de ces mêmes Loix dans la Pratique : & c'est ce qui les a fait distin
guer en deux classes différentes ; les uns qui sont rendus sor des Conteflations entre
particuliers ; les autres qui sont rendus par forme de Règlement , & ont principalement
pour objet de fixer certains points de Jurisprudence , fondés fur d'anciens usages aux
quels il n'a point été dérogé par les Ordonnances du Royaume.
A Tégard des premiers , comme ils ne portent ordinairement que fur des circons
tances particulières qui peuvent varier à Tinfini , il est certain qu'on ne peut les re
garder en général comme capables de suppléer à la Loi dans les cas qu'elle n'a point
prévus , & qu'ils ne pourroient le faire tout au plus , que dans le cas où ces Arrêts se
trouveroient conformes à plusieurs autres rendus dans des espèces semblables ; ce qu'on
appelle un corps de Jurisprudence sur la matière. Encore faudroit-il pour cela qu'il n'y
en eût point de contraire : autrement ce feroit le cas où il faudroit s'en tenir strictement
à Ja maxime Legibus , non exemplis judicandum.
Mais pour les Arrêts de Règlement qui portent singulièrement fur des Questions
de Droit , il paroît qu'on les a toujours regardés comme ayant force de Loi dans le
ressort des Cours qui les ont rendus , sor-tout , lorsqu'ils tendent à confirmer d'anciens
usages établis dans ce même ressort , ou bien , qu'ils statuent sur des cas particuliers ,
non exprimés par les Ordonnances , & pour la détermination desquels elles renvoient
aux
P'RÉLIMINAIRE. xlj
aux Réglemens des Cours ; comme le fait , par exemple : Celle de 1 670 , à la fin de
l'article 1 1 du titre premier , relativement aux cas Royaux. A quoi l'on peut ajouter
la disposition de l'article de nos Libertés , qui met les Arrêts de Réglemens des Cours
au nombre des Loix dont l'infraction peut donner ouverture à YAppel comme etabus ;
81 cela , fans parler d'une foule d'autres Loix particulières rendues fur de certains
Crimes , pour la punition desquels , à cause de la variété des circonstances dont ils peu
vent être accompagnés , elles ont cru devoir s'en rapporter à la prudence des Juges -,
de manière que , lorsqu'elles prononcent des Peines qu'elles veulent être absolument
exécutées , elles ont foin d'ajouter cette clause : fans que ladite Peine puijfe être mo
dérée par les Juges Nous ne croyons au reste pouvoir donner une idée plus juste
& plus précise de la manière dont ces Réglemens doivent être envisagés parmi nous ,.
qu'en rapportant les propres termes dans lesquels s'explique à ce sujet un Auteur qui
ne doit point paroître suspect. C'est Loiseau , dans íbn Traité des Seigneuries.
» Le Roi, dit cet Auteur , ne pouvant tout sçavoir , ni être par-tout, & par consé-
» quent , ne lui étant pas possible de pourvoir à toutes les mêmes occurrences qui ar-
» rivent en tous les endroits de son royaume, & qui requièrent d'être réglées prompte-
» ment, permet à ses principaux Officiers, soit des Cours Souveraines , soit des Vil-
» les , de faire des Réglemens , chacun au fait de leurs charges , qui ne font pourtant
» que provisoires , & faits fous le bon plaisir du Roi , auquel seul appartient faire Loix
» absolues & immuables : mais ces Réglemens n'ont point de force , sinon jusques à
» tant qu'ils ne soient révoqués , soit par le Roi ou par successeurs des Magistrats qui
» les ont faits, ou encore par eux-mêmes ».
Coutumes. L'on entend fous ce nom , parmi nous comme chez les Romains , cer- 5
tains usages qui s'observent anciennement dans un Pays. Nous exigeons auffi comme
eux , pour la validité de ces Coutumes , qu'elles soient justes , honnêtes & conformes
aux bonnes mœurs , & qu'il n'y ait été dérogé par aucune Loi postérieure : en forte
que nous ne mettons d'autre différence fur ce point , sinon , qu'au lieu que les Ro
mains ne comprenoient fous le nom de Coutumes , que ce qu'ils appelloient Droit non
Ecrit , nos Coutumes au contraire ne peuvent avoir force de Loi dans ce Royaume ,
qu'autant qu'elles font rédigées par écrit, & de plus homologuées dans les Cours.
La nécessité du concours de ces formalités se trouve établie par plusieurs Ordonnances
anciennes; mais particulièrement par celle de Charles VII. du mois d'Avril 1453 (*)•
L'on sent assez les motifs particuliers qui ont fait introduire ces formalités. En
effet , si d'une part , rien n'étoit plus naturel que de conserver aux Peuples des Cou
tumes qui ne s'ét oient établies parmi eux que parce qu'elles étoient plus conformes à
leurs inclinations & à leurs moeurs , ainsi qu'à la situation de leurs Pays , il faut con
venir qu'il importoit aussi beaucoup , d'un autre côté , pour le bien général du Royaume ,
de> fixer les dispositions de ces Coutumes , pour empêcher qu'on ne puisse y contre-

(1) CHARLES , Nous , voulant abréger les Procès & aussi en notre Cour de Parlement, ès Causes & Procès'
Litiges entre nos Sujets, &Ies relever de mille dépenses, d'iceux pays , & jugeront les Juges de notre Royaume,
te mettre dans les Jugemens , tant que faire se pourra , tant en notre Cour de Parlement , que nos Baillifs,-
& ôter toutes variations & contrariétés : ordonnons , Sénéchaux , & autres Juges , selon iceux Usages , Cou
décernons & statuons que les Coutumes , Usages , & tumes & Styles , ès pays dont ils feront , fans en faire
Styles de tous les pays de notre Royaume , Jeront rédigés autre preuve que ce qui fera écrit audit Livre; & lesdits
& mis par écrit , accordés par les Coutumiers , Prati Usages , Coutumes & Styles ainsi écrits , accordés &
ciens , & Gens chacun desdits pays de notre Royau conservés , comme dit est », Nous voulons être observés
me , lesquels Coutumes , Usages & Styles ainsi accor & gardés en Jugement & dehors , toutes fois nous en
dés , seront mis & écrits en Livres, lesquels seront por tendons autrement déroger au Style de notre Cour de1
tés pardevers Nous , pour les faire voir & visiter Parlement , & prohibons & défendons à tous Avocats)
par les Gens de notre Parlement en Grand-Conseil ; & qu'ils n allèguent & proposent autres Coutumes , Usages & ,
par Nous les décréter & confirmer ; & iceux Coutu Styles que ceux qu'ainsi seront écrits , accordés & dé
mes , Usages & Styles ainsi décrétés & confirmés , crétés. O r d. de C a a r 1 e s Vil , du mois <TAvril'-
feront observés & gardés es pays dom ils seront, & M53-
xlij 'DISCOURS
venir impunément sous prétexte d'ignorance , ou des variations successives qu'elles au-
roient éprouvées; en un mot , pour faire cesser les incertitudes qui naissoient le plus sou
vent des Enquêtes par Tarées , qu'on employoit auparavant pour la preuve de ces Cou
tumes : & cela à cause de la diversité & de la contrariété qui se trouvoient entre les dispo
sitions des Témoins que l'on y faisoit entendre.
A la vérité , quelqu'utile qu'ait été d'ailleurs introduction de ces formalités , Ton
ne peut se dissimuler que l'avantage qui en est résulté , n'est gueres capable de contre
balancer les abus qu'entraîne leur trop grande multiplicité , par la confusion qu'elles
jettent dans notre Jurisprudence. II y a long-temps que nos Magistrats gémissent fur ces
abus , & qu'ils défirent de les voir devenir l'un des objets du nouveau Plan de réforme
qui est à faire dans notre Jurisprudence.
L'on voit en effet , que ces abus s'étoient déjà fait sentir dès le premiers temps de
notre monarchie ; car nous remarquons avec les Auteurs , que Charlemagne , après
avoir fait rédiger par écrit les Coutumes des dissérens peuples qu'il avoit subjugués 3
reconnoissant que les abus qui réíultoient de la trop grande variété de ces Coutumes ,
avoient pris principalement leur source dans l'ignorance du Droit Romain , crut ne pou
voir trouver de meilleur moyen , pour en arrêter les progrès , que celui d'introduire en
France les Livres de Jurisprudence Romaine , & de jetter ainsi les fondemens de ces
Universités fameuses où les plus célèbres Jurisconsultes d'Italie n'ont pas dédaigné de ve
nir enseigner publiquement , & nous ont laissé ce qu'ils ont recueilli du Droit Romain ,
& qui a été ensuite perfectionné par nos Auteurs François.
Ce n'est pas au reste que dans les Pays même qui font régis par le Droit Ecrit , il ne
* '•' s'y íbit conservé quelques Coutumes particulières , qu'on appelle autrement Statuts
locaux ; mais il faut remarquer en même-temps , qu'il y a cette différence entre celles-
ci & les Coutumes générales établies dans ce qu'on appelle Pays Coutumiers , qu'au
Jieu que dans le silence de ces dernieres, c'est aux Coutumes voisines & principale
ment à celle de Paris , comme réputée la plus sage , qu'il faut avoir recours ; c'est au
contraire dans le Droit Romain , comme formant le Droit Commun du Pays où font
établies ces Coutumes Locaits , qu'il faut chercher la décision des cas qu'elles n'ont point
prévus. . • .
Nous croyons devoir encore observer , relativement à la matière que nous traitons
ici , que nous n'avons pas eu lieu d'y faire beaucoup d'usage des dispositions de nos Coutu
mes , parce qu'elles n'en contiennent qu'un petit nombre fur les Matières Criminelles
& que même parmi celle? qu'elles contiennent, il en est peu auxquelles il n'ait été dérogé
expressément par les Ordonnances ; l'on veut parler fur-tout de la Partie qui concerne
VInstruciion : enforte que ce n'est principalement que pour celle qui regarde la Puni
tion de certains Crimes fur lesquels nos Ordonnances ne se sont pas expliquées distinc
tement ^ ou bien lorsqu'il s'agit de déterminer l'application de certaines Peines qui ont
été introduites par les Coutumes , & qu'on appelle par cette raison Peines Coutumières
ou confuétudinaires que nous y avons eu recours dans nos citatiohs. II y a à la vérité
fur le fait de la prévention des Juges en Matière Criminelle 3 des Réglemens particu
liers établis par certaines Coutumes que nous avons cru devoir rappeller ici , avec d'au
tant plus. dé raison , qu'ils se trouvent confirmés par une disposition expresse de l'art.
9. du tit. 1. de l'Ordonnance de 1670. . 1- ■ . r . . .
XVII. A» Anciens Usages. Quand nous avons dit que nous ne connoissions d'autres Cou-
cien» Usa- jumes gUe cenes rédigées par écrit , nous n'avons pas entendu exclure certains Usages

qui se sont introduits, & conservés de temps immémorial dans les Cours supérieures,
soit fur la forme des procédures , soit fur la manière d'infliger les Peines dans les cas non
prévus par nos. Ordonnances. L'on a toujours regardé parmi nous ces Usages, comme
devant tenir heu de Loi dans toute l'étendue du ressort de ces Tribunaux : ce qui s'en
tend , lorsquç fres Usages ne se trouvent point directement contraires à la lettre & à
PRÉLIMINAIRE. xlíij
Peíprit de la Loi , &. qu'ils font d'ailleurs soutenus par une Jurisprudence constante ; mais
fur-tout lorsqu'ils ont été confirmés expressément par quelques dispositions des Ordon
nances où le Législateur déclare , quV/ n'entendit rien innover à ces Usages, comme
on en voit plusieurs exemples relativement à ceux du Châtelet à Paris.
C'est aussi par cette raison , íans doute , qu'avant que de faire publier leurs Loix ,
fur-tout celles qui concernent l'administration de la Justice , nos Législateurs ont tou
jours eu foin de faire consulter les Tribunaux supérieurs , pour fçavoir s'ils n'auroient
point d'Usages contraires , ou si ces Usages feroient tels qu'ils puissent donner lieu de
faire quelques changemens dans la rédaction de ces Loix , ou même servir à l'interpréta-
tion des anciennes.
Avis unanime des Auteurs. A l'Autorité des Usages dont nous venons de parler , . XVHF.
° 1 Avis una-
l'on peut rapporter encore celle qui résulte de l'avis unanime des Auteurs. L'on ne peut nime de*
douter que cette unanimité ne soit d'un très-grand poids , lorsqu'elle tend à appuyer la
certitude de ces Usages ; mais fur-tout lorsqu'il s'agit de suppléer au défaut de la Loi
dans certains cas qui auroient échappés à l'attention du Législateur , ou qu'il n'au-
roit pas jugé aslèz important pour en faire la matière d'un Règlement particulier. En
essêt , à quels guides plus sûrs pourroit-on s'en rapporter en pareil cas , qu'à des déci
sions qui font censées le résultat de l'étude & de l'expérience la plus consommée ?
Que si de pareilles considérations ont été capables de faire placer au nombre des Loix
les Réponses des Jurisconsultes Romains , fous le titre glorieux de Refponfa pru-
dentum : pourquoi ne donnerions-nous pas la même confiance aux décisions des Juris
consultes de notre temps , qui joignent à une connoissance profonde des Loix , la pra
tique d'une Religion qui ne respire que l'amour de la vérité & de la justice. Je ne
parle pas seulement de ceux de notre Nation , mais encore de ceux des Pays étran
gers , que j'ai principalement consulté sur la Théorie en cette matière où l'on fçait
qu'ils fe font principalement distingués. Pour ce qui concerne la Pratique , j'ai cru
devoir m'attacher singulièrement à nos Auteurs François qui se sont le plus exercés,
dans cette partie ; & parmi ceux-ci , j'ai cité avec le plus de confiance , ceux qui ont
travaillé fous les yeux du Parlement de Paris , qu'on fçait être la source la plus pure
où l'on puisse puiser dans ce genre. Je pourrois même ajouter , d'après la connoissance
personnelle que j'ai des talens , des lumières & de l'exacte probité qui règne dans le
Barreau de ce Parlement que j'ai eu l'honneur de fréquenter pendant plus de trente
années, ce qu'Ulpien disoit des Jurisconsultes de son temps (i) : Jujlitiam colimus ,
boni & dqui notitiam profitemur , xquum ab iniquo séparantes , licitum ab illicito dis
cémentes , bonos solùm metu panarum , verum etiam prjtmiorum exhortatione afficere cu-
pientes , veram , nisisallory Philosophiam adseclantes Je ne crois pouvoir mieux
terminer ce Discours , que par ce témoignage public des sentimens qui me font dictés ,
autant par la justice par que la reconnoissance.

(i) V. L. :. ff. t. ff. de Justiiia & Jure. i


LES

LOIX CRIMINELLES

DANS LEUR ORDRE NATUREL.

PREMIERE PARTIE.

DU CRIME ET DE SA PEINE.

LIVRE PREMIER.

DU CRIME EN GÉNÉRAL.
Matière
'de ce pre- Ce Livre ejl partage' en cinq différens Titres , où Von se propose d'examiner tout
Li- - ce qui peut concerner le Crime en général ; Ja Définition , ses Divisons j les
différentes Manières de le commettre & d'y participer ; les Causes qui
peuvent le produire ; celles qui peuvent l'aggraver ou le diminuer -, & enfin
celles qui le font cesser entièrement*

TITRE PREMIER.

De la Définition & Division du Crime en général.

SOMMAIRES.

1. Ce qu'on entend fous le nom de Crime 7. Distinction du sait & de l'intention.


en général. 8. Trouble extérieur t comment se sait, &
2. Définition du Crime suivant ses différens doit se réparer.
rapports. 9. Peine , doit être prononcée par le Juge ,
3. Le fait seul , sans convention , oblige ù pourquoi. . * -
en cette matière. 10. Nécessité des formes en cette matière.
4. Tout Crime suppose une insraelion a 1 1. Divifion du Crime en général.
quelque Loi. 1 2. Vas rapport a fa nature.
5. Loix de la Religion sont partie de notre 1 3 . Par rapport a fa peine. • . •
Droit Public t ù pourquoi. 14. Par rapport à la compétence.
6. Ce qu'il saut pour rendre le Crime sujet 1 5. Par rapport à son instruction.
a la Justice humaine. ï 6. Par rapport a fa preuve.
\ ■ . I ■ . ...... . : l. . I I ' ■•!-'■

t.Qu'en- O U S le nom de Crime en Tordre politique , forfait , délit , injure. *• Dé|*


ttnd - on général , l'on comprend toute C'est principalement dans ce dernier sens Crimesu*-
tbus le
nom de infraction faite aux Loix divi que nbus1 entendons en traiter ici , & que vant ses
Crime en nes & humaines , & par conT nous croyons devoir définir le Crime , con- r^pp^,
général ?
séquent tout ce qui s'appelle dans Tordre sidéré sous tous ses différens rapports ; tout
moral , péché , mal , injustice \ & dans acle défendu par la Lui , Comme troublant
A
2 LES LOIX CRIMINE LLES , Liv. I. Tit. I.
Pordre extérieur de la société , ô pour que la Providence a établie parmi les hom
lequel elle assujettit celui qui le commet a de mes ; & qu'en un mot , dans un Empire
certaines peines qu'elle veut être prononcées Chrétien , comme le nôtre , la Religion doit
par le Juge , & suivant les formes qu'elle faire nécessairement partie du Droit public
a établies a cet effet. du Gouvernement (2).
lit (1) Decere arbitramur nostrum imperium siibdi-
tos nostros de Religione commune facere : ità enim
Nous disons d'abord que c'est un acle , & pleniorem acquiri Dei ac Salvatoris noilri Jeíii
seuì^sons P*1"" ^Ue C e^ Par ^e falt *îUe l'obligation Christi benigniiatem poíîìbile esse existimamus vsi
conven- se contracte en cette matière (i) , à la dif- quandò & nos pro viribus ipsi placere siuduimus ,
tion obli- férence des matières civiles , où les par- & nostros íubditos ad eam rem instituerimus. L. 3.
geencette . _ , r. Cod. Just. de summa Trinit. ... Ac primum quòd
matière, ties ne font liees que par une convention volumus esse publicum crimen , quia quod in reli
expresse. La raison de cette différence est gione divina committitur , in omnium fertur inju
fondée , tant sur la présomption légale que riam. L. 40. Cod. Theod. de hceret.
(2) Nam nullo pacta agnoscere possumus qualitet
celui qui commet le Crime est censé se sou nobis fidèles existere poífunt qui Deo infidèles &
mettre volontairement à la peine que la fuis sacerdotibus apparuerint. Capit. Carol. Magn.
Loi y a attachée (2) , que sur cette maxime de Can 805.
du Droit naturel & des gens , qui ne per V L
met pas que l'on faíse tort à personne , & Nous avons dit en troijìeme lieu , que le 6. Ce quil
qui veut que l'on rende à chacun ce qui lui
Crime étoit défendu par la Loi , comme re£dre°te
appartient (3). Au reste , nous allons voir , troublant tordre extérieur de la société , Crime su-
fous les Chapitres suivans , ce que l'on doit parce qu'en effet , ce n'est qu'autant que le J"ea ahJ|J
entendre fous le nom d'acle en cette ma Crime se manifeste par quelque acte exté- maine.
tière , & ce qu'il faut pour le former.
rieur , qu'il devient du ressort de la Justice
(1) Ex maleficio nafeuntur obligâtiones veluti ex humaine : car s'il n'est réduit qu'aux fímples
furro , exdamno , ex raphia , ex injuria quœ omnia
unius generis sunt , nam hx re tantùm consistunt , termes de la pensée (1) , comme en fait de
id cil ipso maleficio, cùm alioquin ex contracta obli mauvais désirs & autres mouvemens désor
gâtiones nou tantùm re consistant , sed etiam verbis donnés qui se paflènt dans l'intérieur , l'on . ..
te. conseusu. L . 9. ff. de Obligat. & aâion. fçait que la connoiíîànce n'en appartient , &
(1) Non enimex parte injuriarum actio nascitur, :
sed ex contumelia. Si unus 17. Jf. paâus in fine ff. n'en peut appartenir qu'à la Justice divine ,
de pacìis. qui s'exerce fur la terre par les Ministres de
(3) Juris praecepta hajc sunt , hon esté vivçre , l'Eglise dans les tribunaux de la pénitence ;
alterum non lsdere , jus íuum cuique tribuerc.
& c'est proprement dans ce dernier cas qu'il
X. I©.^". l,ff, de Just. &jur.
est connu fous le nom de péché.
I V.
(1) Cogitationis pœnam nemo patitur. L. i%.js.
4. Tout " Nous avons dit , en second lieu , que le de Pœnh Cogitatio non meretur pœnam Lege
Crj.mesuP- Crime étoit un acte défendu par la Loi , civili | cùm fuis terminis contenta est ; discernuntur
pose une — J . f., , .
infraction parce qu en effet, íans la Loi , il n y auroit tamen à maleficiis ea qux de jure effectum deside-
à quelque p0int de Crime (1) , & qu'il ne peut y avoir rant ; in bis enim non nisi animi judicium coufide-
ratur. Can. 2.0. de Pcenìt. Dist, X.
de Crime à faire ce que la Loi permet (2).
(r) Peccatum non cognovi nisi per Legem. D. •* N » VIL
I
Taul Epijl. ad Rom. c. 70. L'on voit par-là qu'il faut bien distinguer 7-Distinc-
(1) Quod fitLege permittente , rectè fieri dici-
tur , L.' Gracchus. Cod. deAdult Juris executionon dans le Crime , le fait de l'intention ; qué &
Habet injuriam. L. 555. ff. de reg. jur. l'intention fans le fait peut former un Crime tenrion ea
devant Dieu , fans rendre le coupable íùjet 1
V.
à la Justice humaine (1) ; tandis qu'au con
<. Loix Nous venons de marquer, dans le Discours
traire le fait fans l'intention, peut soumëttrè
de la Reli- préliminaire, ce que l'on doit entendre fous
à cette même Justice , celui qui ne seroit
tìe°dé no- se nom de Loi en général , & les conditions
point d'ailleurs coupable aux yeux de ce íu-«
tre Proi« nécessaires pour la former. Nous y avons
prême Scrutateur des cœurs 5 qu'en un mot ,
pourquoi, observé en même temps , que parmi les Loix
c'est principalement par la réunion du fàii
qui composent cette Collection , nous avons
extérieur avec l'intention , que se forme le
cru devoir y comprendre , non-seulement
Crime dont nous voulons parler ici. '
celles qui regardent la police générale du
f 1 ) Ideò fugitivúm quoque & errònem non
Royaume , mais encore celles qui ont pour fecundùm propositum solym , fed cum aliquo aclu.
objet le règlement dès mœurs , ou les Loix intelligi constat. Z. fugitivúm 5.ff. de verb. Jìgnif.
.. de la Religion (1), parce qu'en effet l'on
11e peut contrevenir aux premières , fans tti r.
violer ouvertement celles-ci qui recom Mais vainement la Loi auroit.elle défendu 8-75ouMe;
mandent expressément l'obéislance envers le Crime , fi elle n'avoit pourvu en même comment*'
les Supérieurs , & cette paix extérieure qui temps aux moyens de le prévenir , ou d'y-^J^J*
est nécessaire pour le maintien de la société remédier ^ & c'est pour, cela que neus avons parer.
DANS LEUR ORDRE NATUREL. y
dit en quatrième lieu , que la Loi avoit in aliqua causa sententia eorum manifesta est , is qui
assujetti à de certaines peines celui qui com- jurisdictioni pracest ad fítnilia procedere atquc ita
mettoit le crime , pour la réparation du trou jusdicere débet. L. n.ff. dt Ltgibus. •
< (z) Non est singulis concedenduin quod per Ma*'
ble qu'il causou a la société (i). Or , comme gistratum publicè possit fieri , ue occaíio fit majoris*
ce trouble peut être causé principalement tumultûs faciendi. L. 176. fl\ dt rtg. jur>
de trois manières , soit en attaquant la so
ciété seulement , soit en attaquant la société 1 • X. . . " •»
en même temps que quelqu'un de ses mem
bres , soit enfin en attaquant seulement quel Mais aussi , comme d'un autre côté ce Juge 1.0. Né-
qu'un de ses membres , fans blestèr directe- pouvoit lui-même , en fa qualité d'homme ,/formes ^
aaent la société en général : il a fallu auflì devenir íùjet à des erreurs & à des préven- cette ma
établir des peines qui répondissent à ces tions particulières , n'étant guidé que par uere*
trois sortes de troubles , c'est-à-dire , qui son propre íèns & par ses connoiíTances per
tendissent en même temps , & à mettre le sonnelles, dans l'application qu'il feroitde
criminel hors d'état de nuire davantage à ces peines ; il a fallu encore , qu'en même
la société , & à détourner par la rigueur & temps qu'elle lui a communiqué le pouvoir
la publicité des peines qu'on lui fait souf nécessaire à cet effet , elle lui prescrivît de
frir , ceux qui pourroient se laisser entraîner justes bornes , en l'aslùjettissant à de certai- -' ':•
Sar son mauvais exemple (2); & enfin, à dé- nés formes , par le moyen desquelles il pût
ommager , autant qu'il est postlble , le par parvenir à la preuve nécessaire pour opérer
ticulier envers qui le Crime a été commis , la conviction du coupable (r) ; & voilà pour
du tort qu'il en a souffert , soit dans fa per- quoi , à la fuite de la définition que nous
sonne, soit dans son honneur, soit dans venons de ut donner
UU11UC1 du Crime , nous avons
«« wime
ses biens (3). Nous aurons soin de détail- aj°-Uté q"e !es Peines M auxquelles
-l la Loi■ l'a-
" **
"~
ler , sous ' '
les deux Livres i^^o , les
íùivans i„„ diffé
j.-ir' voit assujetti , devoi
dévoient être prononcées par
rentes espèces de Peines , & les différentes le Juge , & suivant les firmes qu'elle avoit
espèces de Crimes auxquels elles doivent établies à cet effet (2). C'est aufiì de-là que
s'appliquer. font venues ces trois maximes constantes
parmi nous , que toutes peines requièrent
(1) Legis virtus ruec estimperare , vetare , per
mittere. mmir» T - rr 1 t déclaration {i), que le Juge ne peut en éta-
,\i).~'ÁZ *"cí* JL"""K' , blir
T -,d'autres que
,-, 1celles marquées íparj la
ractaeautemluntLeges ut eamm metuhuma- . „ • . „
na coerceatur audacia , tutaque sit inter improbos Lo1 U) , & qu il doit les appliquer fur des
innocentia , &in ipsis probis formidato supplicio re- preuves Juridiques , & non d'après fes con-
fnenetur nocendi facultas. Canon, t. Dijlinél. 4 noissances particulières , secundum allegata •
Nonne cùm uni indulget indigno plurimos facit ad & probata (-v Au reste , quelles sont les
prolaphonis contagium provocari ; facilitas enim ' . . . ^Jl. 7 »
venia: inceativum tribuit delinqueudi. Can. 33. capacités neceflaires à un Juge en matière
Caus. iy Qu. 4. criminelle ? Quelles sont les différentes
(3;...Ut&conspectudeterreantur alii abiifdemfa- espèces de Jurifdictions qui peuvent con-
ctnoribus,ocfolat]outcognatu&adhnibusintcremp- j • • ■ -
forum eodem loco pcena rcddita ia quo latrones ho- noître de ces matières ? Quels sont les actes
tnicidia fecissent.Z. Capitalium. Js. 1 S-js- dt Panis. particuliers qui doivent composer Instruc
tion criminelle ? Enfin , quelles sont les con
I X.
ditions nécessaires pour rendre une preuve
$. Peine Enfin les Crimes s'étant fi fort multipliés , UëAe en cette matière ? C'est ce que nous
doit être & les cirConitances qui les accompagnent aurons heu d'établir dans la seconde partie
?eTp£"ie étant le plus souvent si variées , que la Loi de cet Ouvrage , qui a pour objet l'ÍNS-
Σ uo? n'a PU t0UteS leS Prévoir » ni Par conséquent TRUCTION, ET LA PREUVE.
' déterminer précisément les peines qui doi-
i»n» être
vent a»— infligées
t— dans
j • différens cas
tous les ( 1 ) Non frustra funt instituts potestas régis &
qui pourroient en être susceptibles (1) : il COguitori jus , ungula; carnisicis, arma militis , dis
a fallu nécessairement , qu'en même temps ciplina dominantis , severitas etiam boni patris.
Habent ista omnia modos suos , causas , rationes ,
qu'elle établit des peines, elle chargeât quel
utilisâtes j hacc cùm timentur, & mali exercentur ,
qu'un du soin de les prononcer , & de sup & quietiùs inter malos vivunt boni. Can. 18. Caus.
pléer , au besoin, à ses dispositions pour les 13. Qu. 4.
cas qu'elle n'auroit point prévus : & comme (1) Voulons que toutes nos Ordonnances , Edits ,
Déclarations & Lettres-Patentes soient observées ,
ce ne pouvoit être à la personne même qui tant aux jugemens des procès qu'autrement , fins
auroit reçu l'injure qu'elle devoit laiflèr le y contrevenir , ni que fous prétexte d'équité , bien
soin de la venger , elle a cru devoir le con public , accélération de la Justice , ou de ce que nos
fier à un tiers, qu'elle a revêtu pour cela Cours s'en
Juges auroient à nous
puissent représenter,
dispenser ou en elles ni lesles
modérer autres
dis-
Juges s'en puissent dispenser ou en modérer les dis-
d'une autorité publique ; & ce tiers est cet P°litions en miplmi»
UOÍltionS Pli quelques "•■»
cas *»
& pour
■- quelque
' cause que

( r ) Non poísunt omnes articuli sigillatim aut Legi- ïnst. Coutum. Liv. 6. Tir. II. Max. 3.
bus , aut SenatuscoiisiUtjs comprehendi , scd cùm (4) Pcena non irrogatur niíi quar , qnacque Lege.

A 2

1
4 rtES LOIXiCRIMINELLES , Lìv. I. Tit. I.
vel quoalio jure specialiter huicdelicto impofita est. dence des Juges, il s'en trouvoit de telle-»
Z. 131.f. de verb.ù rer.signis. . ment graves , soit par leur nature , soit pac
tur(ç}
• &Veritas rerum erroribus
ideò Pneses Provincial8gestarum non vitia-
id sequatur ,
qUOd ^urs °. n. ,
circonstances , que , pour en empe* .... »
convenit eum ex ficle eorum qua probabuntur. cher les progrès , on a ete obligé de les
L.ó.ff. 1. ff. de offic. prœsidis. . : aflujettir à des peines ordinaires dont lss
X I. Juges ne peuvent s'écarter.. . :_1 . : .: : j rM
ii. II fuit de la Définition que nous venons (i) f. le Titre du ff. de public, judic. •
Division de donner du Crime en g^éral , qu'il peut (*) v' le Títre du ff' *
ou crime être considère
en géné- '/•»»»* -
sous cinq - '*
rapports j-nv
difte- -\r
A 1t irV. - ■• -
,a!* rens , qui donnent lieu à autant de divi-_ Le Crime, considéré quant à la COMPÉTEN- I4.
.fions particulières; sçavoir , quant à sa na- ce, se divise en cas royal, cas prévôïal\cas Division
ture , quant à sa peine, quant à la compé- ordinaire, délit commun , délit privilégie y quaííTu
tence , quant à. son instruction , & quant à délit ecclésiastique , délit militaire. Noiis au-' compéteo,
fa preuve. -, rons lieu de donner des exemples des uns %l
! X I I. . ... • des autres , eh traitant des différentes espèces
e Le crime -, considéré dans fa NATURE , de Jurifdictions qui en doivent connoître.

Division reçoit plusieurs divisions différentes : tantôt XV


^c.rim.pp ^ diviséenatroce siéger en fimpùr & Pource quiconcerner;NSTRUCTIONouIa
por, à fa qualifie : tantôt en direcl & indirecl , c est-a- forme de nQus ne
nature. dire lorsqu on le commet par loi-meme ou «• /••. \ r* • r> • 1 ?
' T A 1 • o • 7 diitinctionsaitedansleDroitRomainentreles quam à.
r autrui : tantot
par , ,Vren volontaire
/ oí.
fi tnvolon- >~ • Lr ,., ., . - r rinstruc-
Crz/»«o^//cj,crudsappelloientamsi, parce- .uc
«mr , en matériel & forme : tantot en «ju raícusatk»? en g£ ^ â ^ k >—■
fonnclKtcth ce qui s entend lorsqu il monde,&nepouvoitêrje^oursuiviequepar
attaque, ou la perlonne , ou les mens leu- 1 • ' .. c r >-i « -
, 4 ' z , P,. v 1 r • la voie extraordinaire ; & ceux qu ils appel--
lement. On le diviíe aulli quelquefois en ■ • *iv ■ , \, íf. _
, , " ... r . rn \ - & o loient («//« prives, parce que laccusation-
absolu lorsqu ilsubsiste par lui-même ; & ^ ^ p|^,^ara.^rticuikl, seu.
en respeclif, lorsqu il ne peut se former que lement îouffert du Crime , fié
par le concours de deux perlonnes , comme ,11 _ - - r • . , ,
v Z, ;, . . V , \.n- qu elle pouvoit être poursuivie également ,
v.g J'adultère : tantot enfin on le distingue * £ yoie dvik ^ou k ^ ^
en Cnme «^, parce quil est connu ^(1), En effet, l'expérienceayantfait voir
sous une denommation paraculiere dans le • ^ Grimes doslt ks RomahlS
Droit; & Crime innomme , parce quil n 7 permettoiestt la poursuite que par la voie
est connu que sous les noms génériques de extfaordinaire ú m avoit i le luà
dol ou d Nous aurons heu de don- souvent sc ^^0^ teUenient atténués ,
ner des exemples des uns ou des autres , en soit ks mformations soit par la défense
traitant des différentes espèces de Crimes. deg accusés dans kurs mterrogatoires , qu'ils
XIII. ne pouvoient donner lieu à la procédure -
ij: Le Crime , considéré quant à la PEINE, extraordinaire, dont la rigueur ne doit
du^Crime e^ ^^^ngu^ Parmi nous , comme chez les s'employer dans nos usages , que pour des
quant à fa Romains , en capital & non capital ; avec Crimes méritant peine afflictive ou infa-
peine. cette restriction néanmoins que nous n'ap- mante ; & qu'au contraire parmi les délits
pelions proprement crimes capitaux , que qu'ils appelloient privés , & dont ils lais-
ceux qui emportent la peine de mort natu- soient le choix de la poursuite civile ou crf-
relle, au lieu que les Romains compre- ' minelle, il y en avoit (notamment le vol &
noient également , sous ce nom , ceux qui l'injure ) qui pouvoient devenir tellement
emportoient la mort civile (1). Nous avons graves par leurs circonstances , & fur-tout
rejetté au surplus la distinction des Crimes or- par le danger de leurs conséquences , qu'ils
dinaires & extraordinaires qui se trouve éta- nécesiìtoient absolument la procédure ex-
blie dans ce Droit (2) , par la raison que nous traordirtaire : c'est par toutes ces considéra-
avons reconnu dans nos usages , que parmi tions , jointes áux ineonvéniens dangereux *
les crimes que les Romains appelloient ordi- \ qu'entraînoit nécessairement le libre exer-
naires , parce qu'ils étoient sujets à la peine cice de eés àctioris populaires , introduites
ordinaire portée par la Loi , il s'en trouve par le Droit Romain , que nous avons cru
plusieurs qui peuvent devenir tellement devoir restreindre la faculté d'accuser aux
légers par leurs circonstances , qu'il y auroit personnes feulement qui y ont quelque in
de l'injustice de leur appliquer distincte- térêt ; & qu'à l'égard de la manière dont
ment la peine prononcée par la Loi ; tandis l'accufation doit être poursuivie , nous n'a-
qu'au contraire , parmi ceux qu'ils qua- vons plus connu d'autre distinction íùr ce
lisioient dìextraordinaires , parce que leur point , que celle de l'instruclion au grand >
peine n'étoit point déterminée par la Loi , ou au petit criminel.
qui s'en rapportoit , fur ce point , à la pru- ( ,) y. les Instit. tit. de public, judic. $. 1 8e ù
DIFÇ". MANIERES DE COMMETTRE^E CRIME. 5
n'en laifîent point, & qu'ils appellent de-
XVI.
licla sacTi transeuntis* ^Nous donnerons des
16. Enfin, le Crime , considéré quánt à la exemples! des uns & des autres , en traitant
a^£^™pRÈuvE, se divise tantôt en Crimes notoires de la Preuve , par laquelle nous avons cru
quant a la ou manifestes , & Crimes occultes > tantôt- .en devoir terminer cet Ouvrage , comme étant
preuve. Crimes qui laifïènt des traces après eux,..&. auíî» le. terme auquel tìolverit abputir l'in£
que les Auteurs appellent delicla facll pef- trustions ,'pç. les jugemens qui se rendent; eil
manentis, pour les distinguer de ceux qui cette;matjiere. ..' ■jf

TITRE SECOND.

Des différentes manières de commettre le Crime par Joi-meme , ou par autrui.


: 1 \ i' ìf. o ìì
SOMMAIRES.
,i.V>-.-'.V. ".r..-, -,v/ wr.^, ì '1 . >
1. Deux manières principales de contrevenir 3. Sont moins graves, que ceux par ^{Horij,
a la Loi. Êxception. V.„A;r.uu^
2. Crimes par omijfion. Exemples tirés 4. Crimes par aclion ? de combien de sortes
du Droit Romain. " ' suivant la Loi Romaine. _

1. Deux LE Crime íè commet d'àutant de diffe-. Nous, observerons seulement ici ënr -paiìànt
que> quoiquven général ces Crimes par
rentes manières que l'on, peut contre
Îmncipa-
es de con vens à la Loi. Nous venons de voir que otfiiíîuirç < soient réputés .raoirir graves que
trevenir à Ton contrevient à la Loi générale , toutes ceux qui se commettent par action (i>, ils
JaLoi.
Jeá fois que l'on Rut ce qu'elle défend , ou ne laissent pas néanmoins que d'être punis
que l'on ne fait pas ce qu'elle ordonne. II avec la même rigueur.»..lorsqu'ils emportent
fuit de là , que toutes les différentes maniè un mépris formel de la L»i<, .&.que leur ìa%
res de còfnimétíré le Crime peuvent se ré punité peut tendre à dçs conséquences dan
duire à ces deux principales , dont l'une gereuses pour Tordre" public & pour l'Etat ,
regarde les Crimes qui se commettent par comme en fait rde Crimes de Lese-Majefté , f - .
action : l'autre , ceux qui se font par omis & de cèux commis contre la discipline Mi- • - ■•'•»
sion ; ce que les Auteurs appellent delin- litaireU). . :)?■'., • :,
ouere in omittendo. • • ( 1 ) V. FÁRIN , loe. ciu & Tira Q. dt< Panis fem-
ptr. Cans. 44. . . '
V. ÍUL.Clar. Quest. i.û°. ìo. &FARíN.Quest. (2) V. Ct qui fefa dit íouí le titre'tíe-fò Jufisdic-
iS. n. iz>. tìon Militaire. ■-" 1 ì' « ^ ■ '
I I.

s. Crimes Quant à la manière dont le Crime se A l'égard des Crimes qui se commettent 4. Crimes
par omis- commet par omijjion , nous en trouvons par aclion > & que les Auteurs appellent de-, ^r"f^
jion.Exem-
Sles tirés plusieurs exemples dans le Droit Romain , linquert in committendo, on peut les rappór-. bien de
u Droit notamment les quatre fuivans. 1 °. De l'Ef- ter à ces quatre claíìes principales , suivant" v° n "a Lol
clave qui' ne défend pas son Màître qu'il la Loi Romaine ( 1 ) j sçáVoir , de ceux' qui se Romaine,
voit attaquer (1). z°. Du Soldat qui ne va commettent parparolei , par écrit , par voie
pas au secours de son Capitaine , qu'il voit defait, & par lefinmle consentement. La Loi
aux prises avec l'ennemi (2). 3°. Du Mari donrie pûur eXefnplè dúpremiers , les Con-
qui souffre la prostitution de sa femme (3). vices & plaidoyers injurieux ; des seconds ,
40. Enfin , du Frère qui ne révèle pas leí lës Libellés diffamatoires , & la falsification
embûches qu'il fçait que son Frère tend à la des pieces ; des troifiefnes , les Homiçideg
vie de leurpere commun (4). & les Blessures ; enfin des derniers ',.les Cons
pirations , & généralement toutes les fois
( 1) V\ L. ì.Js.dt Senàt. Cons. Syl/an.
( 2) V. jÇ. omne dtlfíìum. S. 8. ff. de re militari» qu'on commande , qu'pn chargé qu'p.ft. cpn-
(3) V. L. 29. Jf'. ad Leg. Jul de adulter. feille & qu'on aide à commettre le Crime ,
(4) V. L. i.Jf'.ad Leg. Fûìnp. de Parricid. ou même qu'on l'approuve après qu'il est
commis. Nous aurons lieu , en traitant des
IIL - -
différentes espèces de Griifiés ^ 'de do'nher
. 1. Sont Nbui aurons lied de donner dés éxèmples des: exemples détaillés;,; èí' eisfheffle temps
moins gra
ves que plus précis de ces sortes de Crimes, en trai plus còhformes à no> ufâges, de t'òus ceux t.
ceux par tant de ceux qui se commettent par faute , qui se commettdnt par paroles' jpaf écrit , &:
cB'tòn. Êx-
ciptidn. auxquels ils se rapportent principalement. par voie de fait. Nous nous arrêterons feu-
6 LES LOIX CRIMIN ELLES , Liv. I. Tit. If.
Jement ici à caractériser ceux de la derniere Et comme chacune de ces manières de con
espece , qui regardent le consentement , tant courir au Crime a ses exceptions particu
parce qu'ils se règlent íur des principes par lières , qu'il est important de ne point con
ticuliers que nous n'aurons pas occasion de fondre , nous croyons devoir aussi les ;
placer ailleurs , que parce qu'ils embrassent discuter séparément sous autant de para
généralement toutes les différentes manières graphes.
dont on peut participer au Crime d'autrui.
Nous venons d'en distinguer de cinq sortes (i) Aut fada puniuntur ut furta caedefque ; aut
d'après la Loi ; sçavoir , les Crimes qui se dicta ut convicia & insidx advocationes ; aut scripta
ut falfa & famosi libelli ; aut con plia ut conjura -
commettent par commandement , par man tiones & latronum conscientia , quosque alios sua~
dat , par conseily par aide & par approbation. dtndo juvifst sceleris est instar. L. 16. ff. de Panis.

§. I. De ceux qui commandent le Crime.

SOMMAIRES.

i. Autorité nécessaire a celui qui commande. 3. Exception en fait de grands Crimes.


^. Plus coupable que celui qui exécute , O 4. Celui qui exécute plus punissable en ce
pourquoi. dernier cas.
i I I I.

i. Auto- IX ous ne parlons ici que de ceux dont Pau


N, Cette règle générale n'a lieu néanmoins y Excep-'
me néces
saire à ce torité est telle íur celui par qui le Crime a qu'en fait de Crimes ordinaires (1) , & non S° pï£
lui qui été commis, qu'on peut dire que le crime de ceux qui font atroces de leur nature , Crime*,
comman- ^ ^ ^ue i'ex^curjon de leurs ordres ,
comme v. g. les Crimes de Lese-Majesté
comme font les Pères , les Maîtres , les Tu divine & humaine , le parricide & l'assassi-
teurs & Curateurs. natj parce que ceux-ci íùpposent néces
sairement de la malice dans celui qui les
Si vel dominis vel his qui vice dominorum funt
veluti tutoribus & curatoribus obtemperaverint. commet.
f" IS7'ff' d* reg. jur.
(1) Ad ea quae non habent atrocitatem facinoris
ígnofcitur servis , si vel domini , vel his qui vice
II. dominorum funt veluti tutoribus & curatoribul
obtemperaverint. L. 157. ff'. de reg. jur.
Piu, La Loi répute en général ceux qui com-
iCuePablie • mant*ent k Crime , comme les seuls vrais
I V.
qufexécu^ coupables (i) , en ce qu'elle suppose que
K' celui qui l'a exécuté , n'a été que leur instru Mais aussi , en les déclarant punissables ^ CeW
ment , & qu'il a agi plutôt par crainte & la Loi veut que la peine de ceux qui ont ^" moinJ
obéiflance , que par malice (2). exécuté Tordre , soit moindre que celle de punissable
celui qui l'a donné , en ce qu'elle présume en ce der"
(1) Nihil interest an per se quis occidat an mor-
tis causam dolo malo prxbeat. L. 5. Cod. ad Leg. qu'ils n'ont pas agi avec une entière li
Cornel. de Sìccar.... Actio Legis Aquilia? cum eo est berté (1).
qui jtillìt si jus imperandi habuit. Quòd si non ha-
buit , cumeo agendum est quifecit. L. 37. ff. ad Leg. (1) Servus qui proprio motu vim intulit , débet
Aquil... & L. I7'js-J> ff'. de injur. mori. Sihortatu vel juísu domini, Pœna mitigatur ,
(z) Velle non creditur qui obfequitur imperio & ideò damnatur in rr.etallum. L. 8. Cod. ad Leg.
patris vel domini. L. ^.ff.de reg. jur. Jul. de vi publ. & priv.

§. II. De ceux qui chargent de commettre le Crime.

SOMMAIRES.

p. Qu'est-ce que charger de commettre le 3. Cas ou le Mandataire devient plus pu-


Crime ? nijsable.
%. Mandant ù Mandataire également cou- 4. Exception particulière suivant nos Loix.
pables t & pourquoi ? 5. P'oint de garantie en cette matière.

'.. '. ."'".'h. -. ■ > II.

> Qu'«st- Nous voulons parler ici de celui qui , La Loi veut en général que le Mandant 1. Man>
& le Mandataire soient également punis ^jjj^j^
en ce qu'elle suppose dans eux le même re egal
esprit de malice & d'intérêt : ce qu'on peut "JJ^g
pense qu'il lui a promise,. dire avec d'autant plus de raison à l'égard pourquois

fll
DES DIFF. MANIERES DE COMMETTRE LE CRIME. 7
du Mandataire , qu'il avoit une liberté en cùm mandando in culpa fuerit , & de hoc evenir^
poste debuerit cogitare. V. Cap. is qui. Extra.4*
tiere de ne. point se prêter aux vues du
homicid. in-6°.
Mandant. I V.
Non idéò minus crimine five atrocium injuriartim
judicio tcnetur is qui in justam accusationem incidit , Au reste, toutes ces exceptions ne peu- 4.Excep-
quia dicit ali;im se hujufmodi facti mandatorem ha- vent avoir lieu qu'en fait de Crimes ordi- cuHereiuil
buistc. Namque hoc casu prêter principalem reum ,
mandatorem quoqueex sua persona convenire polse naires , & non point lorsqu'il s'agit de Cri- vant nos
mes atroces de leur nature , tel que Tassas- Loix*
ignotuin non est. L. 8. Cod. ad Leg. Jul. de vi. put/.
G priv.... Si uterque dolo malo fecerit, ambo tene- finat , pour lequel nos Loix veulent que
buntur , nam si plurcs feccrint vel mandaverint ,
l'on punisse également , & le Mandant , &
omnes tenebuntur. L. si quis.Js. 5. ff. dt jurisdic.
o/n/z. judic. le Mandataire , encore que l'esset ne s'en
I I h feroit point ensuivi , & qu'il n'y auroit eu
que la seule machination ou attentat.
3. Deux II y a même deux cas où le Mandataire
» Ne seront données aucunes Lettres d'abolition
Mandatai- devient plus punissable que le Mandant lui » à ceux qui à prix d'argent ou autrement se louent
re devient même (1). L'un, c'est lorsqu'il a exécuté le » ou s'engagent pour tuer ou outrager, ni â ceux qui
EÌbíePUms man^at > nonobstant la révocation qui en » les auront loués ou induiss pour ce faire , encore
auroit été faite par le Mandant , & dont il » qu'il n y ait eu que la feule machination ou attentat ,
» & que teffet ne s'en soit ensuivi ». Ord. de 1670.
auroit eu connoissance , les choses étant tit. 16. Art. 4. Ord. de Blois, art. 195.
encore entières ; parce qu'alors c'est princi »
palement à fa malice qu'on devroit attribuer V.
le Crime. L'autre , c'est lorsque le Manda
II y a d'ailleurs cela de remarquable par j. p0;nt
taire vient à excéder les bornes du man rapport au mandat en matière criminelle , de garan-
dat , comme si , par exemple , il avoit tué
qu'il ne peut donner lieu à aucune action matière,
celui qu'on l'avoit seulement chargé de bat
en garantie , fur le fondement que les délits
tre (2) ; il devroit aussi être puni avec plus
font personnels (1). C'est même une règle
de rigueur que le Mandant, qu'on peut dire
particulière de notre Droit François (2).
dans ce cas , avoir moins procuré la cause
que l'occasion de l'hornicide. ( 1 ) Nam ex lege Aquilia , quod alius praestitît
alium non relevât , cùm sit Pœqa. L. 1. ff. x. ff.
(1) V. Pbrez in Cod. ad leg. Cornet, de Siccar. ad Leg. Aquil. L. si veto 11. Js. si adolescens. ff.
fi) Si quis mandat aliquem verberari , licèt ex mandat, v. contra,
presse inhibeat ut occidatur ullatenùs vel membro (2) Tous délits font personnels ; en crime il n'y a
íliquo mutiletur , irregularis essicitur ; si mandata» point de garant. V. Lorssz. inst. Cout. L. t>. ///. u
fius fines mandati excédons , routilet vel occidat , Max. 8.

$111, De ceux qui conseillent le Crime* t

SOMMAIRES.

î. Qu'est-ce que conseiller le Crime ? 4. Fraude ne se présume point.


Z. En quoi le conseil diffère du mandat. 5 . Quid j fi le Crime auroit été commis,
3. Ce qu'il saut pour rendre le conseil pu indépendamment du conseil.
nissable,
L
ce'<quest"'N'ous appellonsainsi ceux qui n'emploient
paiement pour objet l'utilité particulière de
conseiller ni autorité , ni promesse pour exciter à com- celui qui le donne , le conseil n'est censé
Je Crime ? mettre jg crjme ? majS qy] fe COntentent avoir d'autre objet que l'avantage de celui
feulement d'y engager par des discours , par à qui il est donné.
des écrits & autres voies persuasives (1) , a 1 ■ III.
comme en fait de complot & de conju
ration (a). C'est aussi par cette raison que celui quj ^ Ce qu'il
•donne le conseil , ne devient punissable , ^ndT^Te
... (1) Consilium dare videtur qui persuadet 8c im-
suivant les loix , que dans le cas seulement conseil pi*
pellit, quive instruit consilio ad furtum faciendum. où il feroit prouvé que le coníèil a été srau- niffable'
L. 50. ss. 3. ff. de Furtis~... Persuadere autem est
j)lusquàm compellere atque cogi sibi parere. L. 1. duleux (1) , c'est-à-dire , qu'il a été donné
Js. 3. de servo corrupto. par des vues d'un intérêt personnel , ou par
s z ) Us coniurationes & latronum conscientia
quoique alios íuadendo juvissc scelcris est instar. haine & vengeance contre celui envers qui
L. autsaQa 16, ff. dt Panis. le Crime auroit été contais (2).
. (i) Co'nsilii non fraudulenti nulla est Ttbligatio, • .
I I. Çaeterùm si dolus & calliditas interceílît de dolo,
1. En quoi actio competit. L. 47. ff. de reg.jur.
le conseil II y a cette différence entee le conseil & '" (*) Qm fe'vo persuasif ut fugeret , fur non est ,
*fn!£tdu h mandat , qu'au lieu que celui-ci a princi-
nec enim qui alicui malum consilium dédit , furtum
8 LES LOIX CRIMIN ELLES, Liv. I. TiT. II.
fácit, non magis quàm si ei persuasit ut se praecipi- ( 1 ) Dolus cx perspicuis indiciis probari convenir^
tet, aut manus libi inferret Sed si alius ei fugani L. 6. Cod. de dolo.
períuaserit ut ab alio subripiatur furti tenebitur is
qui persuasit quasi ope consilii ejus furtum fadu m V.
fit. L. 36. fi', de Furtis.... Non enim oportet lau- En général , pour que le conseil soit ré- *• Qjùd i
*' • dando augcri malitiam j sive ergo bonum servura
fecerit malum , sive malum fecerit détériorera , cor- puté frauduleux , & devienne puniflàble, il ^nïtitt
rupiíse videbitur. L. I. ff. sed uirum. ff. de servo faut qu'on puisse dire que le Crime a été es- commis
corrupt.... Dolo autem malo facere potest ( quod fectivement la fuite du conseil , tellement ^ment
•dictum ait ) non tantùm is qui rapit , sed & qui qu'il n'auroit point été commis fans le con- du conseil,
praecedente consilio ad hoc ipsum homines colligit
armatos ut damnum det , bonave rapiat. L. 2. js. seil : car s'il paroiíîòit au contraire , par les
Xi fi', de vi bonor. rapt. circonstances , que le Crime auroit été éga
Qui verò se ailerunt animum Régis inflammasse lement commis , indépendamment du con
ad odium undè homicidium fuit secutum durè &
seil , il n'y auroit pas Leu de punir celui qui
afperè , sed non ità severè sunt puniendi , nisi fortè
Regem ipsum ad illud homicidium suis suggestio- l'auroit donné , ou du moins il ne devroit
nibus provocassent. Cap. ficut dignum. Extra. de pas l'être d'une peine aussi forte que l'Au
homicìd. vol. v. cas. teur même du Crime (1) : hors le cas toute
fois de l'assassinat , pour lequel nos Loix as
I V.
sujettissent, comme nous venons de le voir , "
4.Frau- L'on dit qu'il scroit prouvés parce que à la même peine tant ceux qui ont induit à
de ne se c'eft une regle générale que la fraude ne se le commettre, que ceux qui l'ont commis (z).
point!" présume point (1) ; & que dans le doute , ( 1 ) Qui puero stuprum abducto ab eo , vel cor-
rupto comite persuaserit , aut mulierem puellamve
l'on doit toujours pencher à croire que le
interpellaverit , quidve impudicitiac gratiâ fecerit ,
conseil a été donné de bonne soi , & sans domum praebuerit, praetiumve quo id persuadent de -
en prévoir les conséquences ; fur-tout lors derit , perseâo flagitio capite puniuntur , imperseclo
qu'il ne tombe point directement íiir le sait in insulam deportantur. Concepto comites summo sup-
plicio affîciuntur. L. l.ss. fin. fi', de extraord. Crim*
du Crime , mais íùr d'autres faits accessoi (2) V. VOrdonnance de Blois , art. 195 , & fOrdon
res , & qui en paroissent éloignés. nance de 1670 , art. 4. tit. 16. ci-devant cité.

§. IV. De ceux qui aident à commettre le Crime.

SOMMAIRES.
■ ' . 'T
t. Trois temps a considérer en cette matière.. $.Même punition dans tous ces cas, &
z. Aide avant le Crime. pourquoi?
3. Aide pendant le Crime. 6. Exception en cas de fimple présence.
4. Aide depuis le Crime. '■ 7. Autre exception en cqs de recélement de
Criminels.
I.

1. Troïs Cette manière de participer au Crime du Crime (1) , en faisant le guet, en gardant
"nídérer Peut avon" ^eu dans trois temps différens , ses hardes , en montrant des armes pour
en" 'cette avant, lors, & après le Crime. 1- personne
intimider la _—/-...... attaquée
... , &c. pour
matière. écarter ceux qui voudroient venir à son se
I I. cours , en lui arrachant les armes , ou en le
a. Aide i °. Avant le Crime , comme lorsque pour tenant pour l'empêcher de se défendre ou
ayant le en faciiiter l'exécution , on introduit celui de s'enfuir (2) y ou enfin s'il s'agit de vol ,
Crime. , '
qui veut le commettre dans un heu propre en tenant l'échelle , ou en aidant le voleur
à cet effet , qu'on lui fournit les armes ou à monter par-dessus le mur (3).
instrumens nécessaires pour y parvenir , ou
{1) Non solùm îs injuriarum tenetur qui fecit in-
bien qu'on porte des lettres tendantes à juriam, hoc est qui percuíïit , verùm ille quoque con-
exciter au Crime. tinetur qui dolo fecit vel qui curavit ut cui mala
: Opem sert qui ministcrium atque adjutorium ad pugno percuteretur. L. 11. ff.de injuriis-
surripiendas res praeber. L. 50. ff. de furtis.... Qui ( i)Si alius tenuit alius interimit,qui tenuit quasi mor-
ferramenta sciens accommodaverit ad eifringendum tem causam praebuit. L. u.ff.ff. i.ff. ad Leg. Aquil.
ostium vel armarium , vel scalam ad ascendendum , (3) lili etiam qui non ut ferirent , sed utpercuf-
licèt nullum ejus consilium intervenerit , furti tene- soribus opem ferrent , fi fortè per aliorum violeri-
tur. L. 54. (f. 4. defitrtis.- tiam impediuntur, paulò minori debent pœnâ mulc-
tari, quia cùm scrip^um fit qui potuit hominem li-
berare à ntorte & non liberavit eum occidit , cons
III.
tat ab homicidii reatu immunes non «fie qui X)cciíb-
3. Aide z°. Pendant U Crime , comme si l'on ac- ribusopem contrà alios prcestare venemnt, nec ca
£er"maemle compagne celui qui le commet au moment ret scrupulo societatisôccultaequimanifesto facinori
non desinet obviare. Cap. ficut dignum. Ëxtm. de"
de l'action , & qu'on lui facilite l'exécution homic. vol. v. casuak Ji • '
■-

DES DIFF. MANIERES DE COMMETTRE LE CRIME. 9


assisté de leur présence les coupables d'ho
I V. micide , ne peuvent être entièrement dé
chargés de peine , qu'en recourant à des
•4. Aide 3°» Enfin, áprès le Crime , comme lors-
Lettres de Grâce , connues fous le nom de
depuis le qu'on partage avec le coupable les effets de
Prime. |a personne tuée ou volée ; qu'on enterre son Lettres de Pardon (2).
cadavre pour le cacher ; qu'on retire dans fa (1) Nullumcrimen patitur isqtii non prohibet,cùrn
maison l'assassin ou le voleur ; qu'on favorise prohibere non potest. L. 109 , sis. de Rtg. Jur.
sa fuite , ou qu'on empêche qu'il soit arrêté. (1) »L,cs Lettres de pardon feront scellées pour les
» cas esquels il n'échet peine de Mort , & qui néag-
Peflìmum genus receptatorum fine quibus latere » moins ne peuvent être excusés ». Ord. de 1670.
diù nemopotest , & prœcipitur ut perindè. puniantur tit. 16. art. 3. V. au surplus l'art. 17. de l'Edit des
íìcut latroues.... In pari causa habendi sunt qui , DuKLS , du mois d'Août 1679 , contre ceux qui font
cùmapprehenderelatrones poslïiit , pecuniam accep- simplement Jp>éclateurs de ces sortes de combats.
tam vel íubreptorum partem diviserunt. L. i. fi> 2,
r ff. de Receptator.
VIL
V.
Une autre distinction qu'il faut faire en 7. Autre
ç. Même Comme dans tous ces différens cas , l'on cette matière , c'est à l'égard de ceux qui "JJ'JJÏÎ
SanTtous Peut ^re íue ^e criminel n'e^ parvenu à ont donné retraite aux Criminels. La Loi recéie-
«e$ca$,& consommer son Crime, ouàs'enaíìùrerl'im- veut qu'ils ne puiflent être punis comme "^jj"
pourquoi. pUmté ) que par ies secours qui lui ont été
complices , que dans les cas seulement où
prêtés , & qui l'ont rendu plus hardi à le il y auroit preuve qu'ils avoient connois-
commettre; il y a lieu de regarder ceux qui fance du crime , & qu'ils en ont profité
lui ont prêté ces secours , non pas simple de quelque manière (1) , ou bien que le
ment comme des complices , mais même Crime feroit du nombre de ceux pour les
comme de véritables coopérateurs du Cri quels nos Ordonnances portent des défenses
me ; & en cette qualité , aussi punissables que expreflès de donner retraite aux Criminels ,
ceux même qu'ils ont aidé à le commettre. comme en fait de meurtre , de vols de grand

Qui prohibere potuit, tenetur fi non fecit. Z. 45. chemin & de rébellion à Justice (2). Nous
ff. ad Leg. Aquil. . . . Nec caret ícrupulo societatis verrons même en traitant de ces Crimes ,
occultas qui manifesto facinori desinet obviare. V. h que l'on doit encore distinguer fur ce point
Chap. Sicut dignutn , ci-dejfus cité.
les parer,s des étrangers (3).
V L
(1) Qui pecuniam acceptam , vel subreptorurrì
6.Excep- ïl y a néanmoins deux distinctions à faîré partem diviserunt. L. X.Js. de Recep.
(a) » Défendons à tous nos sujets , de quelque état
tionencas en cette matière, suivant les Loix ; l'une
» & qualité qu'ils soient , de recevoir ni recéler au-
présence!' regasde ceux qui ont seulement assisté de » cuns accusés & poursuivis en Justice , ains leur en-
leur présence le Criminel , sens avoir con » joignons de les mettre ès mains de la Justice , fur
couru d'aucune autre manière à son Crime. » peine d'être punis de la même peine que le seroieot
» les coupables v.Ord. de Blois , art. 193.
Ceux-ci ne doivent point être regardés , ni Hi quoqùe non sant à culpa Jiberi nec pœnâ
punis comme complices , suivant la loi Ro debent este immunes qui , licèt fueriut illius rnachi-
maine , à moins qu'il ne soit prouvé d'ail nationis ignari, tamen eis quos siccarios esse lâchant
in sarcinis custodiendis ministerium praebuerunt. Cap.
leurs que leur présence a été l'effet d'un
sicut dignum. ExTR. de homic. vol. y. cas.
mauvais dessein , & qu'il n'auroit tertu qu'à ($) Eos apud quos adfinis vel cognatus latro conser-
eux d'empêcher le Crime (1). Mais cette dis vatus est , neque absolvendos neque severè admodùm
tinction n'est point admise dans nos mœurs , puniendosjnonenim par esteorum delictuin& eorum
qui nihil ad se pertinentes latrones recipiunt. L. z.
ou du moins elle ne l'est qu*avec cette
ff. de Receptator.... Datur venia assectioni parentum
modification particulière , que ceux qui ortt vel ad fi n m m. L. 4. ff. Ais ,ff. de rt milit.

§ V. De ceux qui approuvent le Crime.

SOMMAIRE S.

1. Deux manières d'approuver le Crime, 3. Distinction par rapport a la personne qui


z. En quoi la ratification efi comparée au approuve.
mandat. 4. Distinclion par rapport au Crime ap
prouvé.
L
1 Deux n0US venons ^e Pai"ler > ou men cxprejsé-
manière" V-1 Ette appropation se fait de deux ma- ment , comme lorsqu'on applaudit haute-
d'approu- nieres , ou tacitement , comme celle qui se ment celui qui vient de commettre le
veerlcCrl"seit pjg. ie reçélement des criminels dont Crime.
lO LES LOIX CRIMINELLES, Liv. I. Tif. III.
Julianus ait , ratum habuit. L. 3. Js. 10. Js. de vi &
I I. vi armata....
Nec caret ícrupulo íbcietatis occulta; qui mani
a. Enmioi La Loi compare en général ces sortes feste) faciuori, deíîuet çbviare. Cap. sicut dignum.
tîon "est" d'approbations au mandat ; cependant iL faut Extr. de homicid. vol. v. cas.
comparée considérer à cet égard , & la qualité de la IV.
y man- Personne qui approuve , & la nature du
Crime qui est approuvé. Par raport à la nature du Crime , il faut, 4. Distinc
tion par
pour que l'approbation qu'on y donne puiíîe rapport ìt
In maleficio Rati - habitio mandato coinparatur.
L. 151. Js. i.Js. de Reg. sur. en faire réputer complice , que ce Crime la nature
soit du nombre de ceux dont les Loix char du Crime
qui est ap-.
I I I. gent expressément ceux qui en ont connois- prouvé.
íance , de venir le révéler : tels sont , par
3. Distînc- 1 n. Quant à la qualité de la personne quî
exemple , suivant l'Ordonnance de Blois ,
rapport*" approuve le crime, il faut, pour rendre son les Hôtelliers qui ne révèlent pas les gens
la qualité approbation punissable , que cette qualité
fans aveu qu'ils logent chez eux (1). Mais
sonne PCr" ^ donne un certain pouvoir íùr celui qui
nous en trouvons un exemple encore plus
approuve! l'a commis ; de manière qu'on puisse dire remarquable àznsY Ordonnance de Lo UJsXl
qu'il n'auroit tenu qu'à cette personne de de 1477 , fur le fondement de laquelle le
l'empêcher de commettre le crime ( 1 ). La Président de Thou fut , comme l'on fçait ,
Loi en donne pour exemple , celui qui , condamné à mort , pour n'avoir pas révélé
ayant chargé quelqu'un d'agir pour lui dans une conspiration qu'il sçavoit se tramer
íès affaires , vient à approuver les excès & contre l'Etat.
violences que ce Mandataire auroit faits
en exécutant le mandat (2). Ce qu'on peut (1) » Défendons à tous Taverniers & Cabare-
» tiers de recevoir 8c héberger dans leurs maisont
dire à plus forte raison du Pere à l'égard » gens fans aveu plus d'une nuit , fur peine des
de son Fils , du Tuteur à l'égard de son » galères , & leur enjoignons , fur pareilles peines 9
Pupille, du Maître à l'égard de son Domes » de venir les révéler à Justice ». Ord. de Bloist
tique , du Seigneur à l'égard de son Inten art. 260.
(1) » Seront réputés criminels de lese-majesté ,
dant , parce que toutes ces qualités font » & punis de semblables peines que les principaux
présumer que le Crime n'a été commis que » auteurs & conspirateurs , ceux qui , ayant connoiP
pourleur plaire , &sc prêter à leurs vues. » fance de quelque conspiration , ne les révèlent
» au Roi, ou aux principaux Juges & Officiers du
(1) Qui prohibere potuit, teaetur si non fecir. » pays où ils seront, le plutôt que possible leur sera,
%. 45. ad Zrg. Aqu'il. » après qu'ils en auront eu connoissance ». Ord. de
(i)Cùmprocurator armatus venit & ipsc domi- Louis XI , de 1477 , rapportée par Gvrnois , Liv»
ìjus armis dcceíïïsse videtur , sive mandavit , sive ut 9 , tit. 5.

TITRE TROISIEME.

Des différentes causes qui produisent le Crime.

SOMMAIRES.

I. Causesert a juger du Crime & de sa peine, 4. Ce qu'il saut considérer pour connoître la
z. AHions qui ne font criminelles quen cause du Crime.
apparence. 5. Causes ordinaires du Crime suivant la
3. Adions criminelles plus ou moins Loi Romaine.
punissables.
L
en apparence , peuvent se justifier par leurs
1. Cause /r~', 'Est par la cause , que l'on peut recon-
causes , comme sont les mauvais traitemens
sertàfaire ^_jnoître si une action est criminelle ou dont un pere useroit envers les enfàns , afin
<:nme & non- C'est par elle aussi , que l'on doit juger de les corriger (1 ) , & à plus forte raison celles
de sa pei- des différens degrés de punition que l'action qui proviendroient d'un défaut d'intelligen
criminelle peut mériter. ce , d'un cas fortuit , d'une force majeure ,
de Terreur , 6c de l'ignorance.
Examinanturautem causa; cmansionis , &cur,&
iibi fuerit , & quid egerit. ..... L. 4. Js. final. Js. ( 1 ) Verberibus impunité sunt à Magistro allata vel
de re militari. parente , quoniam emendationis, non injuria; gratiâ
videntur adbiberi ; puniuntur cùm quis per iram * '
a. Actions I L ab extraneo pulsatus est. L. 16. Js. z. Js. de Panis,
qui ne font
criminel- £n efFet , personne n'ignore qu'il y a de III.
les quen . «• • • -r
apparence certaines actions qui , quoique mauvailes , L'on fçait aussi , qu'il y a des actions cri- criminel-
DES DIFF. CAUSES QUI PRODUISENT LE CRIME. , i r
iesplusou minelles par elles-mêmes, qui font plus directement íùr le Crime , ou seulement sûr
ïffiSé"1" ou moins punissables > suivant les différentes quelque acte d'où le Crime se feroit ensuivi ;
causes qui y ont donné lieu. Ainsi , par ou bien si celui qui a commis le Crime , a pu
exemple , celles qui se font par dol & avec le prévoir & l'éviter. 30. Enfin Yévénement y
préméditation , sont , fans contredit , plus pour fçavoir si le Crime a été consommé ,
punilîàples que celles qui n'ont été que l'ef- ou s'il a seulement été commencé ; s'il a
fet d'un premier mouvement ; de même que causé quelque préjudice réel , & si ce pré
celles-ci le font davantage que celles qui judice a été considérable ou non.
ont été simplement occasionnées par lafaute
ou imprudence. V.
In omni injustitia permultùm interest utrum per-
turbatione aliquâ animi qux plerumque brevis est C'est d'après ces considérations générales , 'j. Cause*
& ad tempus , aut confultò & cogitatò fiat injuria. que nous distinguons , avec la Loi , quatre j^gìIm
Leviora enim sunt ea qux repentino aliquo motu Causes principales du Crime, fçavoir; le dol t
accidunt, quàm ea quee meditata & pra:parata infe-
» runtur. Cicer. de Offic. L. i. lepremier mouvement , lafaute , & le cas for
tuit dans lequel se trouvent compris laforce
I V. majeure , Veneur s X ignorance , & le défaut
4. Ce qu'il L'on voit par-là , qu'il y a trois choses à d'intelligence. Nous ne parlerons fous ce Ti
déUrer°nsi conu^érer > pour s'aflurer de la véritable tre que des trois premières , parce que nous
connoîtfe' Causedu Crime, lefait, Yintention & ì'événe- aurons lieu de traiter des Causes de la der
CrCimeetlu m€nt' l°' ^e satt * Pour fçavoir s'il renferme niere efpece , fous un Titre particulier , qui
une contravention à quelque Loi , s'il est cri aura pour objet les différentes manières dont
minel de fa nature , & s'il est accompagné le crime peut s'éteindre.
de certaines circonstances qui peuvent ser
Delinquitur autem aut propofito , aut impetu ,
vir à l'aggraver ou à le diminuer. 20. Lin- aut casii. Proposito delinquunt latrones qui factio-
tendon , pour fçavoir si elle a été réfléchie , nem habent. Impetu autem cùm per ebrietatem ad
ou seulement momentanée & excitée par manus aut ferrum venitur. Cafit verò cùm in ve-
nando telum in feram missum hominem interfecit.
quelque paslìon violente s si elle a porté
L. 11. ff. de Pcenis.

CHAPITRE PREMIER.

Des Crimes qui se commettent par Dol.

SOMMAIRES.

1. Définition du Dol en général. 8. Qu'est-ce que Do/manifestesuivant la Loi ?


2. Distinction du bon ô mauvais Dol. 9. Qu'est-ce que Dol présumé ?
3. Que doit-on entendre par mauvais Dol ? 1 o. Présomptions tines des circonstances qui
4. Déclaré punissable par les Loix divines ont accompagné lé Crime.
, ô humaines. 1 1 . Présomptions tirées des circonstances qui
5. Dol , nom générique des Crimes qui n'en Vont précédé.
1 ont point d'autres. 1 2. Présomptions tirées des circonstances qui
6. Trois fortes de mauvais Dol. Vont suivi.
7. Distinction du mauvais Dol t quant a la 13. Difficulté d'établir des règles sûres en
preuve. cette matière.
I.

\. Défi- O N appelle Dol en général , tout ce qui


à la sûreté publique ou particulière , comme
Do°eB gé e^ ^ ^ans *a vue ^e tromPer quelqu'un-
*°rí • 11. lorsqu'on cherche à surprendre les ennemis
de la Nation, les voleurs nocturnes , &c.

Quoniam veteres Dolum etiambonum dicebant, .


*. DiíUnc- Comme il y a de certains cas où la pru- & pro solertia hoc nomen accipiebant , maxime (ì
tion du dence permet d'employer des ruses pour se adversùs hostem , latronemve quis machinetur. £.11.
bon &
mauvais garantir des pièges dangereux que vou- Js.^.ff. de Dolo malo.
Dol. droient nous tendre nos ennemis , voilà
III.
pourquoi la Loi en distingue de deux sortes ,
le bon & le mauvais Dol. Elle comprend gé Le mauvais Dol , dont il s'agit uniquement 3. Que
néralement, fous la première efpece de Dol , ici , parce qu'il est la principale cause du j1*^0"6*
tout ce qui se sait , moins dans la vue de Crime , est une machination ou astuce qui mauvais
nuire , que pour user de son droit ou veiller s'emploie pour tromper quelqu'un , soit par Dol 1
B x
12 LES LOIX CRIMINE LLES, Lit. I. Tit. III.
pure malice , soit par esprit d'intérêt. II est principes du droit naturel , ne se présume mauvais
point : la Loi veut qu'il soit clairement P°a1,q^a"!
proprement en matière criminelle , ce qui
s'appelle fraude , artifice en matière civile. prouvé (1) ; & comme il consiste principale- ve.
On l'appelle autrement Dol personnel , en ment dans l'intention que les hommes ne
ce qu'il suppose un mauvais dessein dans la peuvent connoître autrement que par des
personne , pour le distinguer du Dol réel , actes extérieurs ; c'est ce qui l'a fait distin
qui consiste dans le vice de la chose même , guer dans le droit en Dol manifeste , & en
Dol présumé. -J
ou dans le préjudice que l'on a souffert dans
1
ses biens. (1) Dolus ex judiciis perípicuis probari convcnít.
Itaque ( ipse Labeo ) définit dolum esse omnem L. 6. Cod. dt Dolo.
calliditatcm , fallaciam, machinationemad circum- VIII.
veniendum , falleudum , decipiendum alterum ad-
hibitum. L. i.Js. i.ff. de Dolo malo. On appelle Dol manifefie , celui qui se 8. Qu'est-
prouve par la qualité même du Crime , c'est- "^5°'
I V.
à-dire, lorsque le Crime est tel de sa nature, suivant la
qu'aucune circonstance ne peut l'excuser , Lo1 ?
4. Dol, L'on comprend sous le nom de mauvais
"°ue8 des en général > tous ^es Crimes qui ne sont & qu'il ne peut avoir été commis autrement
Crimes distingués , dans le Droit, par aucune déno- que dans une mauvaise intention , comme
qm n'en minatïon particulière. sont ceux qui tendent à violer les Loix de
ont point * la nature & de la Religion , ou le respect
d autre. Verba autem edicti talia sunt qua: Do!o malo
dû à la Justice.
facta elfe dicuntur , si de suis rébus alia actio non
erit , & justa causa esse videbitur, judicium dabo. Non potest Dolo carere qui imperio Magistratûs
L* l'ff'ff-dt Dolo malo. noa paruit. L. 199. ff'. de reg. jur.

V. IX.

5. Déclaré C'est contre ce mauvais Dol, que s'élèvent L'on appelle Dol présumé , celui dont ía 9. Qu'est-
Parmírîese ^ga^ement ^es Loix divines & humaines , preuve ne se tire point tant de la nature du p,^^^1
£oix divi- parce qu'il a fa source dans les passions les Crime en lui-même , que des circonstances
r>es &hu- p]us honteuses , telles que celles de la hai dont il a été accompagné , précédé , ou
ne , de l'envie , de la concupilcence & de suivi.
la cupidité. X.
Si quis per industriam occident proximum suum Ainsi , 1 °. par les circonstances qui accom le. Pré*
& per insidias, ab altare meo evelles eum ut mo-
riattir. V. Exod. II. c. 7 Beatus vir cui non pagnent le Crime , l'on veut parler de celles romprions
tirées des
imputavit Doininus peccatum , nec est inípirituejus qui résultent de l'aggreflion , de la qualité circons
dolus. Pf. 31. des armes & des instrumens dont on s'est tances qui
ont ac
servi , du temps , du lieu , de la qualité des compagné
V I.
bleíïùres , & de l'endroit du corps où elles le Crime.
6. Sortes La Loi distingue ce mauvais Dol en trois ont été faites.
vau Dol" e^Peces différentes ; les uns qui se COmmet- Quihominem nonoccidir,sedvu!neravitut occidat,
tent par aggrejfwn (1) ; les autres par ajjb- pro homicida damnandum , ut ex re constituendum
dation ou complot (2) ; d'autres, enfin , par Jiocj iKim si gladium strixcrit 8c in co perçussent ,
indubitatè occidendi animo eum admisisse. V. L. I.
trahisons). Elle donne pour exemple des Js.Divus Adrianuijff'. ad Leg. Cornet, de Siccar.
premiers , lorsqu'on cherche querelle , &
qu'on assaillit quelqu'un pour le maltraiter. X I.
De la seconde eípece , lorsqu'on complote
avec d'autres les moyens de faire insulte à 2°. Par les circonstances qui ont précédé n. Prè
un tiers. Enfin , de ceux de la troisième , le Crime , l'on veut parler de l'inimitié ÊJjfto
lorsqu'on emploie de fausses démonstrations déclarée , du complot & association formés circons-
d'amitié , pour faire tomber dans le piège à cet effet , de la trahison employée pour í.a0nnctCSp^
que l'on tend. y parvenir plus sûrement ; des menaces , cédé,
des préparatifs , & généralement de toutes
O) V. L. is qui aggreffbrem. Cod. ad Leg. Cornet,
de Siccar. les précautions qu'on a coutume d'employer
(1) Ut latrones qui faclionem habent. L. II. ff. pour parvenir à î'exécution du Crime. Mais
X. ff'. de Panis.... Ut conjurationes & latronum cons- il faut íur-çout considérer en cette matière ,
cientia. L. aut facla 16.ff.iBid.
(3) Cujus ope consilio , Dolo malo provincia vel comme en fait de Crimes commis par faute ,
civitas hostibus prodita est. L. 10. ff. ad Leg.Jul. si celui qui a commis le fait d'où est réíulté
Ma/. le Crime , étoit pour lors occupé à des
choses illicites , 8c s'il se trouvoit dans des
V I I.
temps , ou dans des lieux où il ne devoit pas
7. Distlnc- r» • r\ 1 ^ -
«on du Ce mauvais Dol , comme contran-e aux naturellement se trouver.
DES DIFF. CAUSES QUI PRODUISENT LE CRIME. ij
, derit puniat. L. aut fada 16. Js. 8. fs. de Paen/s.
XII. (1) Qui homincm voluntariè occiderc voluerit ,
» _ . & perpetrare non potuit , homicida tamen habeatur.
30. Enfui, quant aux circonstances qui CAPiT.Carol.Magn.Ub.-j.t. x5i.Sollicitatoresalie-
ïi. Pré- tsuivi le crime , l'on veut parler , non- narum uuptianim , itemque tnatrimoniorum iater-
' ' pellatores , ctíï effectu fceleris potiri non poifimt ,
circons- seulement de la conduite qui a été tenue propter voluiitatem pernici jsam libidinis , ejctrà or-
q?' par l'accusé depuis son Crime , comme s'il diuein puuiantur. L. t.js, de extraord. crtmin.
l'ont s'est enfui , s'il a paru troublé , s'il s'est con
tredit dans ses réponses : mais principale XIII.
ment du profit qu'il en a tiré , 6c du préju
Qiccicci4uii
dice mmiv r
réel qu'il a causé _
par son Crime. „ Car
— Nous n'en dirons pas davantage , relati- n.Diffi-
c'est par l'événement que l'on doit juger vement aux circonstances qui tendent à faire «g d,é-
principalement en cette matière, íuivant la présumer le Dol, parce que nous aurons règle*
Maxune Fraus , confûium , eventus (1). Ce ueu d'en parler pius amplement en traitant «■«.«•■
qui ne doit s'entendre, néanmoins, qu'en fait de la preuve Conjedurait ou par indices. temat,ere*

de Crimes ordinaires ; car , pour les Crimes Nous observerons seulement à cet égard, que
atroces de leur nature , la Loi veut que l'on comme les flgnes extérieurs par lesquels l'on
considère moins l'événement que la vo- peut connoître l'íntention des hommes , font
lonté (2) , c'est-à-dire , qu'il suffit d'avoir le pluS souvent équivoques à cause de la
manifesté cette volonté par quelque acte variété des circonstances & de la diversité
prochain , pour être puni de même que si des sormes sous lesquelles s'enveloppent or-
on avoit entièrement consommé le Crime, dinairement les passions qui engendrent le
( 1) In fraudis interpretatione non eventus dum- Dol : il en faut conclure , avec les Jurif-
taxat , sed confílium spectarur. L. 49.f de reg. jur. consulteS qu'il est difficile , & même dan-
.... hventus ipectetur ut a clementMfimo quoquo « 1 • r> • j 1
facta , quamquam Iex non minus eum qui occidcudi Sereux de vouloir preicnre des règles certai-
hominis causâ cum telo fuerit, quàm eum qui occi- nés en cette matière.'

CHAPITRE II.

Du Crime commis dans un premier Mouvement.

SOMMAIRES.

t. Çu'entend-on par un Crime commis dans 3. Dijlinclion des Crimes commis dans un
un premier mouvements premier mouvement , quant aux pajfions
2. Moins graves que les Crimes commis par qui les font naître.
Dol.
L
t. Qu'en- O N appelle ainsi , celui qui se commet fans telles que la haine, la jalousie, &la cupidité.
tend -on préméditation & dans la chaleur d'une paf- C'est encore par la même raison , qu'au lieu
me com- sion violente , comme de la colère , de la que ceux-ci ne peuvent jamais s'e ^eufer ,
dans douleur , de l'amour , ou de rivresse. Ce qui & font déclarés irrémissibles par les Loixdu
P e s'entend , lorsque ces paslìons font portées Royaume , les Crimes commis dans un pre
vement } à un tel excès qu'on peut dire qu'elles ne mier mouvement , peuvent donner lieu à la
laissent pas une entière liberté d'esprit dans modération , & même à la remise entière de
celui qu'elles possèdent , & qu'il y a lieu la peine , comme nous le verrons en traitant
de présumer qu'il n'auroit point commis le des Lettres de Grâce.
Crime , s'il n'avoiu été dans cet état. La Loi
I I I.
en donne pour exemple ceux qui se que
rellent & se battent dans la chaleur du vin. Cependant , comme les passions qui exci- j. Dïstinc-
tent ces premiers mouvemens ont aussi des Q?aJft
Impetu autem cùm per ebrietatem ad manus aut
ad ferrum venitur. L. u.Jf. i.ff. de Paenù. caractères & des degrés particuliers de ma- commis
lice qui peuvent les rendre plus ou moins dans . uun
I I. 9 ~x * a premier
punissables , nous croyons devoir reprendre mouve-
ici séparément chacune de ces différentes mem'
grávMqúe Aussi les crimes de cette eípece ne font
fes Crimes point aussi graves que ceux commis par Dol , Causes , pour leur appliquer les principes
SrDol. 1"* sont lesl^t de Pafiìo115 Plus froides , particuliers qui peuvent les concerner.
14 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. I. Tit; III.

§. I. Du Crime commis dans la Colère.

SOMMAIRES.

1 . Que/l-ce que la Colère ì 3. Quatre choses a considérer en cette ' ma


2. Elle rend le crime moins punijsable. tière.

I.
i. Qu'est- La colère est un vif reíîèntiment de l'in- juger du plus ou moins de violence de cette
coleìe? U Ìure tIue ^on Prétend avoir reçue , avec un passion , & que l'on peut juger aussi , si elle
pressant désir de s'en venger. a été naturelle & légitime. 30. Le temps
que cette colère a duré , pour fçavoir s'il ne
II. s'étoit pas écoulé depuis la rixe un intervalle
suffisant pour avoir pu rafraîchir les sens , &
s. Elle La Loi met cette passion au nombre des
calmer les esprits. 40. Enfin , la manière dont
:nd 1 uses qui rendent le Crime moins punissa-
Crime le Crime a été commis , pour fçavoir si la
moins'pu- kle ; parce que ceux qui en font possédés
colère dont on étoit alors agité , a été
nifl"abie,& ne jouissent pas de l'entiere liberté de leur
pourquoi? e^rjt ? & qu'ils fe croient bien fondés dans portée à des excès qui la fassent dégénérer
en cruauté & barbarie ; comme si l'on a
l'amour de la vengeance qu'elle inspire.
frappé son ennemi dans le temps qu'il fuyoit
Quidquid calore iracundiae fit vel dicitur, non & qu'il étoit absolument hors d'état de dé
priíis ratum est , quàm si perseverantiá apparuertt
fense ; si l'on s'est servi , pour le blesser , de
judicium animi fuisse , ideòque brevi reversa uxor
nec divertisse vidctur. L. 49. ff. de reg. jur. certaines armes meurtrières & perfides dont
il ne pouvoit se garantir , telles que cou
I I I. teaux , stilets & autres armes défendues ;
mais fur-tout s'il paroissoit , par les circons
^Choses ^a*s aussi) pour s'assurer si le Crime a tances , qu'on se fût ménagé une rencontre ,
à considé- été véritablement l'esset de cette passion , ou bien qu'on se fût servi d'un tiers pour
r rencet- {\ y z plusieUrs choses à considérer suivant
te matière. chercher à cette personne, la querelle d'où
les Jurisconsultes. i°. La colère en elle- s'est ensuivi le Crime ; parce que ces cir
même , pour íçavoir si elle a été extrême constances feroient rentrer nécessairement
ment violente ôc capable d'aliéner celui ce crime dans la classe de ceux commis par.
qu'elle agitoit. 20. Le sujet qui a donné lieu Dol , dont nous venons de parler fur le Cha
à cette colère , pour Içavoir si ce íujet étoit pitre précédent.
par lui-même assez grave pour exciter un
V. Jui. Clar. Lit. 5. Jf. fin. Q. 60. n. S....
violent courroux ; car c'est par le plus ou Boer. Dec/f. 168 Tiraq. de Pcenis ttmptr.
moins d'importance du sujet , que l'on peut Caus. 1.

§. II. Du Crime commis dans la Douleur.

SOMMAIRES.

1 . Comment l'on doit juger de la douleur en 2. Exemples tirés des Lois Romaines.
général. , 3. Différence de nos usages fur ce point.
L

1. Com P Our jUger si cette passion a été la véri


ment l'on (i)Quise vulneravit vvel_aliàs mortem sibi cons-
table cause du Crime , il faut principalement civit, Imp. Hadrianus resçtygsit ut modus ejus rei
doit juger
de la dou considérer le motif qui a pu l'exciter , & statutus ut, ut, si impatientiâ doloris aut tacdiovitse,
leur en gé si ce motif étoit fondé sur des íentimens aut morbo , aut furcre , aut pudore mori maluit ,
néral. non animadvertatur in eum , sed ignominia mitta-
naturels.
tur. L. 6. Jf. 7. . . . ff. de re militari.
I I.
2. Exem La Loi nous en donne pour exemple, ceux
(z) Ei qui uxorem suam in adulterio deprehen-
ples tirés qu'une douleur excessive , causée par la vio sam occidisse se non negat , ultimum supplicium
des Loix
Romai lence du mal , porteroit à attenter sur leur remitti potest. . . Patri datur jus occidendi adulte-
nes. propre vie (1) , ou bien l'extrême douleur rum cumsilia quam in potestate habet j itaque nemo
alius ex parentibus idem jure faciet , sed nec filius
que ressentiroient un pere ou un mari qui
patcr. L. xo.Js. ad Leg. Jui. de adult
surprendroientleur fille , ou femme en adul ....Cùm sit difficillimum justum dolorem temperare,
tère. Nous verrons même , en traitant de ce & quia plus feccrit quàm quia vindicare se non de-
Crime , qu'elle déclaroit l'un & l'autre ab buerit , puuiendus sit , siifficit igitur , si sit humilis
loci , in opus perpetuum eum tradi , si qui honestior,
solument exempts de peine , ou du moins in insulam relegari. L. 38. ff. 8. ad Leg. Jui. dt
de celle de mort (2). adult.
;

a
DES DÎFF. CAUSES QUI PRODUISENT. LE CRIME. ! t j
III. me nous le verrons , en traitant des excep-
ren« 'ffdê ^ais il n'en est pas de même parmi nous, tions de Taccufé r servir à faciliter Tobten*
«os usages Ces circonstances peuvent seulement , com- tion des Lettres de Grâce.
fur ce ....... • •
point.
§. III. Du Crime commis dans ta pajjion de VAmour.

SOMMAIRES.:

j. Ce qu'il faut pour que cette passion rende 2. Constitution remarquable de Justinien a.
le Crime moins punifjable, ce sujet.
3. Affection extrême des parens & amis.
I.

t. Ce qu'il CjEttìe passion est aussi , lorsqu'elle est (1) Novimus etením 8c castitatis sumus amatores,
faut pour portée à un certain excès , du nombre des & hoc nostris sancimus subjectis , sed nihìl est fiirore
amorìs vehementius , quem retinere pbilosophiae eil
passion 6 causes qui peuvent donner lieu à la grâce perfectè monentis , & infilientem atque inhaeren-
Crime le ^U ^rince » °tui » s'ans ^es Tribunaux ordi- tem concupiíleimam refraenantis. Noy. 74, C. 4. '
moins pu- naires,peuvent servir à faire modérer la peine, m. ' ••:
niffable. y. Tiraq. de Panis ttmper. Caus. 4. Mbnoch.
de arbitr. Jud. Cas. 328.
I I. L'on peut rapporter , à cette passion , 3. Affec-
l'aftection démesurée des parens & des alliés , ÚOtt.*"ttí"
\. consti L'on trouve dans le Code une constitu
tution re qui les porte à favoriser l'évasion des crimi- ren$ & aî-
masqua tion particulière de l'Empereur Justinien ,
ble de qui veut que l'on use d'indulgence en pa- nels & leur rébellion à Justice.
ìíuT'justi- re^ cas ' ^ur Ie fondement que l'amour est
Datur venia adfectioni parentum vel adfinium.
nien à «une eípece de fureur (1). L. 4>Jf. fin. ff. de re militari.
sujet,

§. IV. Du Crime commis dans l'ivrejse.

SOMMAIRES.

H. Distinction de tivresse ô de sivrognerie, z. Crimes exceptés en cette matière,

I.
t.Diffinç. J
tìonden- Al ^ faut bien distinguer
íautJ3ien mitinguer l'ivresse
rivrene ,, dont nous
aontnous atroces
atroces ,, qui
qui luppoient
supposent néceliairement
nécessairement une
u: en cette}
Hondeli- 1 :_: j „™ rr. : a~j>-i~ j_ l — 1: isla_u:_ _.«. — : •- — t rr m ...
vreffe & parlons ici , de cette passion invétérée de boi- malice réfléchie , oú qui intéressent essentiel- matiere»
de Tvno- re ) qu'on appelle ivrognerie. Celle-ci n'ex- lement Tordre public , comme font ceux
gnerie.
cuse jamais ceux qui commettent le Crime que nos Loix déclarent irrémissibles. II faut
en cet état ; au lieu que l'ivresse pouvant encore excepter , même en fait de Crimes
être l'effet de la surprise , peut aussi servir , ordinaires , le cas où il seroit prouvé que
lorsqu'elle est extrême , à rendre le Crime Ton se seroit énivré dans le dessein de se
moins punissable. rendre plus hardi à commettre le Crime.
Per vinutn aut liixuriam lapsis , capitalis pœna Au reste , toutes ces exceptions ne font que
remittenda est , & militiae mutatio irroganda. L. mieux confirmer la règle générale que nous
Dmne 6.Js. qui se vulneravìt. ss. de re militari. venons d'établir , sçavoir que les Crimes
V. ce qui sera dit en traitant des Délits de Police , fi»
des Cas particuliers où il y a lieu de modérer U peine. commis dans un premier mouvement, font
moins punissables que ceux commis par dol ,
I I. & que leur peine peut être remise par la
1. Crimes
fxctptés. II faut néanmoins excepter les Crimes grâce du Prince.

CHAPITRE III.

Du Crime commis par Faute & Imprudence,

SOMMAIRES.
ï. Faute s'appelle autrement en Droit "Délit 6. Cas ou elles peuvent donner lieu a des
ou quasi Délit. peines afflidives.
Z. Sa définition. 7. Peines portées par les Canons contre les
3. En quoi diffère des autres Crimes. Eccléfiastiques qui tombent dans ces
4. De combien d'efpeces de fautes. fautes.
5. Fautes très-graves. 8. Différentes espèces de fautes grossières.
t6 LES LOIX CRIMIN ELLES, Lîv. I. Tit. III.
9. Faute par imprudence. 1 3. Faute par excès de rigueur.
10. Faute par négligence. 14. Faute par excès de commisération.
1 1. Faute par impéruie. 1 5. Règles générales fur cette matière , sui
12. Faute par infirmité ou soiblesje. vant la Caroline.

i
i. Faute
connue T , 'Espece de Crime dont nous voulons par les unes que les autres. De là cette distinc
dans le ler , est connue plus particulièrement dans tion en trois espèces : sautes légères , sautes
Droit fous
le nom de le Droit sous le nom de Délit ou quafi Délit. graves 3 & sautes très-graves.
'Délit ou
yuasi De* V. les exemples de ces fautes dans la Loi 74. j£
II. pro socio;&c dans la Loi ffii.ff.fi mensor fa/~ *
sum V. auffilNSTiT. ff. z. quibusmod. re con-
*.Défi- L'on appelle Faute, en général, tout dom trah. oblig.
taidon de mage que l'on cause à autrui sans dessein
la faute. v. * - :
formel de lui nuire , & seulement pour n'a
voir pas fait ce qu'on devoit faire , ou pour C'est de ces sautes très-graves dont nous Fame|
avoir fait ce qu'on ne devoit pas. Comme voulons parler principalement ici, en ce que trìs-gra-
dans l'un & l'autre cas l'on contrevient for non-seulement elles sont assimilées au Dol vfSt Jp"
mellement à la Loi , voilà pourquoi nous . , .ou eues
pour ce qui concerne les condamnations peuvent
avons cru devoir mettre la Faute dans le pécuniaires (1) mais même qu'elles peuvent {j°£n"des
nombre des causes du Crime , quoiqu'elle donner lieu à des peines afflictives en de peines af-
n'en soit proprement que l'occasion. certains cas. La Loi nous en donne pour
Injuriam hic damnum accipiemus culpâ datam exemple le Soldat (2) & le Geôlier (3) , qui
ab co etiam qui nocere noluit. L. 5. Js. i.ff. ad auroient donné lieu , par leur négligence ,
Leg. Aquil,
à l'évasion d'un criminel confié à leur
I I l garde : elle veut qu'ils soient punis de la
même peine qu'auroit subi ce criminel , s'il
5. En quoì L'on voit, d'après l'idée générale que noUS avoit été condamné. Nous aurons lieu de
iffere des venons de donner des Crimes de cette es-
au,resCn"pece, qu'ils diffèrent d'abord de ceux qui rapporter plusieurs autres exempleB , d'à-
mes. près nos Loix, en traitant de la Jurifdiction
se commettent par le Dol ; & , dans un pre Militaire.
mier mouvement , non-seulement en ce que
ceux-ci se commettent avec intention de (1) Quia farti íúpina & inexcufabiíis est ut vis à
fraude distat. L. %. ff. 10. ff. mandat, vtl contra. .. .
nuire , mais encore qu'ils consistent princi Magna negligentia culpa est , magna culpa dolus
palement dans des actions , au lieu que ceux est. L. zzó.ff. de verb. oblig.
qui se commettent par simple faute , ne se (2) Milites , si amiserint custodias , ipsi in pericu-
lum deducuntur , & ità domum afsiciendos íiippli-
íbnt ordinairement que par omission. Ce
cio milites quibus custodias evaserint si culpa eorum
n'est pas néanmoins que ces fautes confis nimia deprenendatur. Z. ìz.ff. de cujtod. & txib.
tent toujours dans l'omiffion de ses devoirs : reor. . ■
car nous allons voir , d'après les exemples (3) Ad commentarienscm receptarum persona-
rum custodia observatioque pertineat , nec putat
tirés des Loix , qu'indépendamment de cel hominem abjectum atque vilem objieiendum est
les qui se commettent par affectation & dis Judicis , si reus modo aliquo fuerit elapíus ; nam
simulation de la part de ceux qui négligent ipfum volumus hujufmodi pœnâ confumi , cui ob-
les affaires d'autrui qui leur font confiées , noxia docebitur fuisse qui fugerit. I X. 4. Cod. de
Çustod. reor.
tandis qu'ils font connus d'ailleurs pour dili-
gens dans leurs propres affaires ; il y en a en V L
core qui se commèttent par affion 3 comme
6. Peines
lorsqu'on se livre témérairement à des en II y a des peines particulières portées par portées
treprises dont on ne sçavoit pas les con les Canons contre les Clercs qui ont com par les Car
rions- con-;
séquences , & que néanmoins l'on auroit mis des fautes de ce genre , & dont il seroit tre les
dû prévoir. C'est aussi par ce dernier en résulté un homicide , en se livrant à de cer Clercs qui
ont com
droit que les Crimes qui se commettent par tains excercices qui leur sont prohibés , tels mis des
faute , sont distingués principalement de que la Chirurgie , &c. fautes de
ce genre.
ceux qui se commettent par cas fortuits qui
font tels de leur nature , qu'ils n'auroient pu Tua nos duxit fraternisas consulendo , & infrà
quxsivisti quid sit de quodam Monacho sentiendurn
être prévus , ni évités. qui credens se quamdam mulierem à gutturis tumore
curare ut Chirurgìcus aut ferro tumorem illum ape-
I V. ruit, & cùmtumoraliquantulùm rendisset ,ipsemu-
lieri praecepit ne se vento exponeret ullo modo ,
4> Au reste , de même que les autres Crimes ne fortè ventus subintrans gutturis apertionem, sibi
b.De com- ont des degrés particuliers de malice, qui causam mortis inferret. Sed mulier ( ejus mandata
pêces dë ^es rendent plus ou moins punissables : il y contempto ) dùm messes colligeret , vento se expo-
suit incautè \ & sic per apertionem gutturis sanguis
Fautes, a aussi des fautes qui sont moins excusables
multus effluxit , & mulier uhimum sic finivit : utrùm
videlicet
DES DIFF. CAUSES QUI PRODUISENT LE CRIME. ì7
vìdelicet cùm praedictus Monachus fit Sacerdos , riùs evagatus , & progressus iguis alienam íêgetem
liceat & sacerdotale officium exercere ? Nos igitur vel vineam laeserit, requiramus nùm negligentiâ vel
F. T. & quod licèt ipse Monachus multùm dtlique- imperitiâ id accidit ? Nam si die ventoso id fecit ,
rìt officium alìenum usurpando , quod sibi mimmè culpse reus est ; nam , & qui occasionem przstat ,
congruebat , si tamen causâ pietatis & non cupidi- damnum fecisse videtur , in eodem crimine est ,
tatis id egerit, & peritus erat exercitio Chirurgiae, & qui non observavit ne ignis longiùs procederet ,
omnemque studuit quam debuit diligentiam adhi- at si omnia quae oportuit observavit , vel subita vis
bere , non est ex eo , quòd per culpam mulieris venti longiùs ignem produxit , caret culpâ. L. qui
contrà consilium ejus accidit. . . cum eo misericordi- occidit 30. §. 3. ff. ad Leg. Aquil.
ter agi possit ut divina valeat celebrare : alioquin
ìtiterdicenda est ei Sacerdotalis ordinis executio de
rigore. Innoc. III. cap. tua nos. Extr. de homicid. I X.
vol. V. Cas.
2°. Négligence. Nous en avons donné 9. Faute*
VII.
des exemples d'après la Loi , dans la per- ^"^f*'
sonne des Geôliers & des Soldats , qui par
Diffé- Au reste , ces fautes très-graves font dis
leur négligence , favorisent l'évasion de ceux
es* de ^S11^68 » ^ans ^e Droit , fous plusieurs dé-
dont la garde leur est confiée. On commet
„ nominations différentes ; tantôt elles y font
d'ailleurs cette efpece de faute non-feule
(Beres. connues fous le nom de fautes par impruden
ment par soi-même , mais encore par ses
ce ; tantôt fous ceux de fautes par négligence ,
animaux qu'on n'a pas foin de contenir (1).
par impériûe , par foiblejse , par excejjïve
rigueur ou par commisération intempejlive.
(1) Quòd sianimalia tua nacuisse proponas, nihi-
Comme les unes & les autres ont des carac lominùs ad satisfadionem teneris , nisi ea dando
tères particuliers qui les rendent plus ou passis damnum , velis liberare te ipsum : quod ta
moins punissables , nous croyons devoir en men ad ltberationein non proficit , si sera animalia
vel quae consueverunt nocere fuissent , & quam de-
donner ici des exemples , d'après les dispo
bueras non curasse , curasti diligentiam adhibere.
sitions de ce même Droit. Sanè licèt qui occasionem damni dat , damnum vi-
deatur dédisse } secùs est tamen dicendum , qui ut
non accideret, de contingentibus nihil omiíit. Greg.
VIII. 9. cap. ff. in fine tua, Extr. de injuriis & damno
dato.
Faute ï •. Quant à la faute par imprudence 3 la
£ncTPsU met dans cette classe , non-feulement V. ce qui fera dit fur ce sujet , fous les Titres par-,
ticuliers des Injures & des Délits de Police.
ceux qui jouent à des jeux défendus & dan
gereux par eux-mêmes , mais encore ceux X.
qui jouent à des jeux permis , hors le lieu
& le temps où l'on a coutume de s'y exer
30. Tmpéritie. La Loi donne pour exem 10 Faufe»
cer ; comme celui qui ébrancheroit des ar
ple les Médecins , Sages-femmes , Artisans , par impé
bres dans un lieu de passage , fans avertir
ou méjne les Olficiers publics qui pèchent ritie.
les passans ; ou qui , dans une place publi par ignorance des règles & des devoirs de
que , tireroit de l'arquebufe , dont un pas
leur état (1).
sant auroit été blessé ou tué (i) ; le Barbier
qui rasant , dans un lieu insolite , feroit poussé ( 1) Proculus ait : Si Medicus imperitò secuerit 7
fi rudement qu'il couperoit la gorge de ce vel ex locato vel ex Lege Aquilia competere actic*-
lui qu'il raseroit (2) ; ou bien celui qui , vou nem. 7-Js. 8. ff. ad Leg. Aquil.... Idem juris est si
medicamento perperam usus fuerit^scd Scquibeuè
lant défricher son champ , mettroit le feu secuerit & dereliquit curationem , securus non erir,
à des épines , dans un temps venteux qui sed culpae rcus intelligitur. L.i.ff. eod. tit.
feroit porter l'incendie juíques fur la mois
son d'autrui (3). X L

(1) Si putator ex arbore ramum, cùm dejícerer , 4°. înfirmité ou foibíejse. LaLoi en donne iT.Fante*
vel machinarius , hominem praetereuutam occident)
ità tenetur , si is in publicum decidat , nec ille pro- pour exemple ceux qui fe mêlent de con- PV ' "sé
clamavit ut caíus ei evitari possit. L. 31. ff. ad Leg. duire des animaux fougueux , qu'ils n'ont foibleísc^
Aquil. ni la force , ni l'adresse de contenir..
(1) Item Mêla ícribit ; fi cùm pilâ quidam Iu-
derent vehementiùs , quis pilâ percussâ iu tonsoris Mulionem quoque , si per imperitiam impetum
manus eam dejecerit , & fie servi quem radebat mularum retiuere non potuerit , si eas alienuin ho
gula sitpraecisa , adjecto cutello, in quoeumqueeo- minem obtriveriut , vulgò dicitur culpae nomine te
xum culpa fit , eum Aquiliâ teneri Proculus in ton- neri j idem dicitur , etíi propter infinnitatem susti-
sore esse culpam. Etsanè siibi tondebat ubi excon- nere mularum impetus non potuerit , nec videtur
suetudine lubebatur, vel ubi transitus frequens eraf, iaiquum fi insirmitas culpœ anuumeretur , cùm ad-
est quod ei imputatur , quamvis nec illud maledica- fectare quisque non debeat , in quo vel intelligit
tur si in loco periculoso sellam habenti tonsori si v-el intclligere débet insirmitatem suam aliis peri-
quis commiserit , ipsiim de sc queri debere. L. item culosam futuram. . . . Idem juris est in persona ejus
II. ff. ad Leg. Aquil. qui impetum equi quo vehebatur , propter imperi
(3) Ideòque , si quis in stipulant suam , vel spinam tiam vel infinnitatem retincre non potuerit. L, idem
coinb^irend* ejus causâ , ignem admiserit , & ulte- juris 8. Jf. l.jf. ad Ltg. AquiU
i8 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. I. Trr. Iïí.
» bout ou assis , dans le lieu accoutumé à cet exer-
XII. » cice , & vers le but marqué , si quelqu'un se jer-
» toit fortuitement & contre sa volonté , dans le
n. Fautes 50. Excès de rigueur. La Loi en donne » coup qu'il tire , ou si son coup partoit avant qu'il
par excès pour exemple les Précepteurs qui blessent » eût bandé son arme, & que de cette manière quel-
derigueur.
dangereusement leurs disciples , en voulant » qu'un vînt à être tué , ces deux cas fortuits se
w trouvent exempts de coulpe. Mais si au contraire,
les corriger (1), » ce Barbier s'étoit avisé de raser dans la rue ou
(1) Praeceptori? nimia saevitia culpa? assignatur, » dans un autre endroit extraordinaire , si le tireur
X. 6,ff. ad Leg. Aquil. . . . Julianus scribit Aquiliâ n déchargeoit son arme dans un lieu où l'on doit
teneri eum qui eluscaverat discipulum in disciplina; » présumer qu'il passe du monde , ou s'il manioit
multò magis agitur in occiso erit dicendum. L. 5. » son arme imprudemment & fans prévoyance , &
ff. 3. eodem. » que de cette manière quelqu'un vînt à être tué ,
XIII. » l'autre deviendroit coupable de l'accident arrivé :
» cependant, dans ces sortes de cas d'homicide , cau-
13. Fautes 6°. Excès de commisération. L'on veut » sés par la légèreté & l'imprudence , contre toute
par com • parler de la faute que commettent ceux » intention , on doit user d'une plus grande clémen-
miséra » ce , que dans ceux où la ruse & la volonté ont eu
tion. qu'une pitié déplacée porte à délivrer un r» part. Les Juges qui feront obligés de prononcer
criminel qui est dans les fers (1) ; mais prin » dans ces occasions , consulteront les Gens de Loi
cipalement de celle où tombent les pères » sur la peine à infliger. Lei exemples qui viennent
n d'être proposés sont fussifans pour distinguer un
& mères dont l'extrême indulgence a en » homicide commis par cas fortuit , & de quelle
traîné leurs enfans au Crime, en favorisant » manière il devient excusable dans les autres cas.
leur débauche. L'Histoire Sainte nous en » dont il n'est point fait mention ici : nous les avons
» rapportés dans le dessein de faire connoître l'cs-
fournit un exemple mémorable dans la per
» prit de la Loi à ceux qui y sont d'ailleurs peu ver-
sonne du Grand-Prêtre Heli. (2). » sés ; ces sortes de cas se présentant souvent , &
(1) Placuit eum qui obnoxius fuerit in factum , w les personnes éclairées y prononçant quelquefois
actione teneri, veluti si quis , misericordiâ ductus , » des jugemens différens. II se trouve néanmoins de
alienum scrvum compeditum solverit ut fugeret. » temps à autre des distinctions très-délicates à faire
Instit. de Leg. Aquil. ff. fin. » dans les cas de cette nature , dont on ne fauroit
(2) V. Rets f c. 1. 2. » ici donner les éclaircissemens à tous ceux qui com-
» posent les Tribunaux criminels : c'est pourquoi les
XIV. » Juges , lorsque lesdits cas se présenteront, & qu'il
» s'agira de prononcer fur la peine, ne doivent point
*4.Reg1es Au reste , nos Loix ne contenant rien » rejetter le conseil des gens expérimentés dans les
générales de précis fur les différentes eípeces de fau » Loix , mais en faire un exact uíàge » . Ord. de
fur cette Charles-Quint , art. 146.
matière , tes dont nous venons de parler , non plus
suivant la que íùr les degrés de punition auxquels Nota. Quels font les Gens de Loix dont veut parles
Caroline.
elles peuvent donner lieu , nous croyons cette Ordonnance , cejì ce qui se ttouvt expliqué par
ne pouvoir proposer aux Juges de meilleur un dernier article , en ces termes :
modelé à suivre dans les différeru» cas qui
... Le Conseil auquel nous avons dit , dans plusieurs
peuvent se présenter , que la disposition » endroits de notre présente Ordonnance Criminel-
de l'Art. 146 de l'Ordonnance de Charles- » le , que les Juges doivent avoir recours dans l'ins-
Quint pour l'Empire d'Allemagne , vulgai » truction des Procès & dans les jugemens à rendre,
» où il se présente des difficultés, regarde spéciale-
rement appellée la Caroline ; parce qu'on y
» ment les Cours Souveraines dont ils dépendent , 8c
îrouve rassemblées toutes les questions prin » où ils doivent s'adresser , par un usage constant ,
cipales qui peuvent s'élever fur cette matiè » pour se fixer dans leurs perplexités. Ceux qui ne re-
re , en même temps que les règles les plus » connoissent point de ces Cours Souveraines , &
» qui sont chargés d'instruire un Procès fur une ac-
iàges pour conduire à leur décision. » cusation criminelle , & sur la demande d'un Ac-
» Celui -qui fera un ouvrage permis , dans un » cusateur , s'adresseront à leur Magistrat supérieur,
» lieu où l'usage autorise de le faire , & qu'ensuite » d'où le Tribunal Criminel restortit immédiate-
» il arrive , par cas fortuit, & contre fa volonté , que » ment , pour être conduits par son avis ; & au cas
» quelqu'un soit tué , à l'occasion dudit ouvrage , il » que le Magistrat lui-même poursuivît d'Office un
»> en sera disculpé en plusieurs manières qu'il n'est » criminel , & conduisît l'instruction de son Pro-
» pas possible de déduire 5 & afin que ce cas soit » cès avec une accusation criminelle , les Juges ,
» plus intelligible, nous proposons les exemples sui- » lorsqu'il leur surviendra quelque doute , auront
3> vans. Un Barbier , rasant quelqu'un dans fa bou- » recours aux Universités les plus prochaines , aux
»> tique , lieu destiné à cet ouvrage , fera poussé ou » Villes , Communautés ou autres personnes ver-
» jetté par un tiers , en forte que , par ce mou- » fées dans les Loix , auprès desquelles ils pour-
» vement involontaire , il coupe la gorge à celui » ront s'instruire à moins de frais ». Mime Ord.
ì> qu'il rase. Un homme , tirant à l'arquebusc , de- art. 2.19.
DES CIRCONSTANCES DU CRIME OU DES CAUSES , &c. .19

TITRE QUATRIEME

Des Circonjìances du Crime ou des Causes qui peuvent servir à l'aggraver ou

à le diminuer.

SOMMAIRES.

i . Circonjìances du Crime , pourquoi doivent 2. Sept causes générales , d'ou elles peuvent
être considérées. dériver.
I.

I. Cir- UOIQU'EN général il soit vrai de minora compefeere decet , si illa lapsu , non crude-
iconstan- \ M &\xt que c'est principalement par la na- litate, commiffa sunt j his inest latens & operta ,
eesduCri- , t i, « • • j r & inveterata calliditas ; idem delicttim in duobus
me, pour- ture du Crime quel on doit juger de la gra- non modo afHciet , si alter per negligentiam ad-
quoi doi- vité , il faut néanmoins convenir que cette / miíit , alter curavit ut uoeens esset. Senvc. de ira >
considé're regle n'eft point íans exception , & qu'elle lib. 1. cap. 16.
(i) » Voulons & nous plaît que si dans les rémif-
fées. ne doit s'entendre proprement que des Cri
» fions que nous aurons à faire sceller de notre
mes qui íònt tels de leur nature, qu'aucune » grand Sceau , les circonjìances résultantes des char-
circonstance ne pourroit servir à en chan » ges 5c informations fc trouvent différentes de
ger la qualité , comme sont tous ceux qui » celles portées par l'exposé de nos Lettres , en forte
» qu'elles changent la qualité de saâion ou la na-
biestent le Droit naturel , ou qui renfer » ture du Crime : en ce cas , nos Cours & nos Ju- •
ment une infraction ouverte aux Loix di » ges , auxquels l'adreife en aura été faite , aient à
vines & humaines. En effet , qui ne sçait " » en surseoir le Jugement & l'entérinement , jusqu'à
» ce qu'ils aient reçu de nouveaux ordres de nous
qu'il y a d'ailleurs de certains Crimes qui ,
m fur les informations que nous voulons être incef-
quoique graves de leur nature , peuvent » famment envoyées à notre Chancelier par nos
devenir légers par leurs circonstances j » Procureurs-Généraux ». Déclaration du 10 Août
comme il y en a d'autres qui , quoique ré 16S6.
putés légers de leur nature , peuvent auslì
U
devenir graves par les circonstances qui les
ont accompagnes , précédés, ou suivis (1). Au reste , toutes ces Circonstances , quel- a Sep|
C'est de ces différentes Circonstances', dont que variées & multipliées qu'elles soient , causes gé-
nous voulons parler principalement ici , en peuvent se rapporter à ces sept classes prin- j*r*lêí„'
■ 1 r 1 t i • dou elle>
observant d'avance que nous ne traiterons cipales , qui nous lont marquées par la Loi peuvent
íbus ce Titre , que de celles qui font inhé Romaine : les unes font tirées du motispzr- d*l»ver.
rentes au fait du Crime , & qui servent à ticulier qui a |îorté au Crime ; d'autres , de la
' le vendre plus ou moins qualifié ; & qu'à qualité des Parties qui commettent le Cri
1 l'égard de celles qui font seulement acces me , ou envers qui il est commis ; d'autres ,
soires au fait du Crime , & , qui , sans en de la qualité de la chose fur laquelle tombe
changer la qualité , ne laiífent pas néan- le Crime ; d'autres enfin , du temps , du lieu ,
moins que de servir de considérations par de la quantité & de Yévénement. Nous al
ticulières aux Juges , pour en augmenter lons en donner des exemples particuliérs
ou diminuer la peine , nous nous réservons fous autant de différens Paragraphes.
de les examiner avec plus .de détail , lors
que nous traiterons de la Peine que ces cir Sed haec quatuor gênera cOnsiderandaseptem mo-
dis j Causâ ,Personâ, Loco , Tempore , Qnalirate,
constances concernent principalement (2).
Qtiantitate aut Eventu.... L.autfaâa lú.Js, 1. fi.de
( 1 ) Noununquàm magna ícelera leviùs quàm Panis.

§. I. Des Circonjìances tirées du Motif*

SOMMAIRES.

1. Distinction générale des motifs en fait de 3. Motifs en fait de premier mouvement.


Crimes. 4. Motifs en fait de faute & impru-
2. Motifs particuliers en fait de Dol. dence.
;' - . h ...•'"'..•'..'« '• :' . *.

*'DistÌT N" ^us avons indiqué d'avance jes círcons- motif , tels que les châtimens employés par
*»îe g des tances de cette première efpece , en diítin- le : Juge , les Pères & Maîtres , moins dans
faTcf'cT 8uant d'abord .parmi les différens Crimes , ía vue de faire injure , que de corriger (1) ;
nn. " .ceux qui font entièrement justifiés par leur en.rjistinguant ensuite parmi les Crimes que
C 2 "
'io LES LOIX CRIMINELLES,/ Liv. _ . - I. Tit. -
____ IV.
leur motif ne peut excuser , &qui sont pu plus puniíîable que celui qui se commet-
nissables de leurnature , ceux qui se com toit dans la vue d'en tirer un profit parti
mettent par dol , de ceux qui n'ont été que culier: qu'enfin , celui qui se còmmettoit avec
l'effet d'un premier mouvement ; & en dis complot , étoit auíïì plus punissable que ce
tinguant enfin ces derniers de ceux qui lui qui se còmmettoit par une personne seulç.
étoient commis simplement par faute & im
I I I.
prudence (2).
20. En fait de Crimes commis dans un 3. Motifs
(1) Causa , ut in verberibus quae impunita sunt à premier mouvement , nous avons aussi ob- en fafl de
magistro illata , vel à parente ; quoniam emenda- servé qu'il falloit distinguer si ce mouve- mouve
tionis , non injuria gratiá , ridentur adhiberi....Pu- ment étoit plus ou moins naturel ; si l'on ment'
niuntur cùm quis per iram ab extraneo pulsatus est.
L. aut ficia Js.i.js. de Panis. s'étoit servi d'armes offensives , & du nom
(2) Cùm homo ab homine occiditur , multùm bre de celles prohibées par les Ordonnan
distat utrùm fiat nocehcli cupiditate , vel injustè
ces ; ou bien si les armes étoient purement
aliquid anferendi fícutfitab inimico , sicùt à larrone}
an ulciícendi , vel obediendi ordine , ficut à judice, défensives , & telles que celui qui s'en seroit ,
íicut à carnifice j an evadendi , vel íbbveniendi ne- servi , fût dans le droit , & dans l'usage de
ceflìtate , sicut interimitur latro à viatore , hostis à les porter.
milite. Can. 19. caus. 23. qu. 5.
I V.

I I. 30. Enfin , quant aux motifs particuliers


à considérer dans ceux qui commettent des en fait de
a. Motifs Nous avons fait voir de plus , dans í'éxa- Crimes par faute & imprudence , nous avons [^pruden»
mrticu- men ou nQUS fommes entrés de chacun de
liersenfajt . . distingué , parmi les Crimes de cette der- ce.
de dol. ces trois diíterens genres de crimes , qu ils niere efpece , ceux auxquels on s'étoit vo
avoient eux-mêmes des caractères particu lontairement exposé , en ne prenant point
liers , qui les distinguoient entr'eux. Ainsi les précautions ordinaires en pareil cas , ou
1 °. en fait de Dol 3 nous avons observé que bien en s'exerçant pour lors à des occupa
celui qui se commet par trahison , étoit tions illicites y de ceux qu'on ne pouvoic
plus grave que celui commis à force ouver naturellement prévoir , parce qu'ils feroienc
te : que pareillement celui commis par pure arrivés dans des lieux ou dans un temps où
malice, & dans l'intention de nuire , étoit l'on étoit occupé à des actions licites.

5. 1 1. Des Circonflances tirées de la Qualité des Parties,

SOMMAIRES.

1. Que doit-on entendre fous le nom de lité de celui envers qui il efi commis*
Parties ? 5. Cas où il n efi aggravé que par la qualité
2. Comment doit s'entendre la maxime que la de celui qui le commet.
Justice ne foujfre d'acception de personne ? 6. Cas où le Crime est diminué par les
3. Cas ou le Crime efi aggravé par la double qualités respectives des Parties.
qualité des Parties. 7. Cas où il efi diminué par la feule qua
4. Cas où il tefi feulement par la qua- lité de celui qui le commet.
s
I.

doit '^aa S Ous le nom de Parties , nous voulons nous allons voir qu'elle exige au contraire
entendre parler tant de celui qui commet le Crime , qu'il agilîe , en tout cela , comme un sage
nom de ^ue de ceuJi envers qui il est commis. Médecin , qui doit proportionner les remè
Parties? . des à la capacité du sujet auquel il croie
Persona dupliciter spectatur ejus qui fecit, ot
ejus qui passus ey. L. ï6. Jf. i. ff'. de Panis. devoir les appliquer. \
Sed sciendum est discrimina esse Pœnarum , ne-
il que omnes eâdem Pœnâ affici posse. L. 9. Js. 10.
ff. de Panis.
Com- Quand la Loi veut que la Justice ne souf- III.
Tentíndre ^re P0uit d'acception de personne , c'est feu
la maxime lement pour faire entendre par-là au Juge En effet , qui ne sent qu'il y auroit une j- Cas ou
que la Jus- qu'il ne doit point se laisser prévenir dans injustice évidente , si l'on ne punissoit pas
souffre ses jugemens ; mais non point qu'elle veuille davantage le Crime commis par un Sujet nui parles
d'accep- par-là l'empêcher de régler ses jugemens contre ion Prince , par un Enfant contre ses respects
personne. Vivant les dissérens degrés de considération Pere & Mere , par un Esclave contre son ves de»
que peut mériter la Qualité des personnes Maître , par un Soldat contre son Capi- P»*"*. ;
•fur lesquelles elle doit les porter : loin delà ,
taine , & généralement par des Inférieurs .<--*
DES CIRCONSTANCES DU CRIME OU DES CAUSES , &c. a*
contre des Supérieurs, que fi ces mêmes riers (1). On peut encore donner, pour
Crimes étoient commis par des étrangers exemple des Crimes qui font aggravés par
& entre des égaux ? la qualité de ceux qui les commettent , les
. . ., . . abus & prévarications qui scroient faites
q,.àmAliter emm, &
liberi puniuntur
aliter quiexinìiíîlem tacinoribus
dominum íervi dans
parentemve , , *e
des „.
fonctions publiques par des, Ma-
ausus est , quàm in extraneum , in magistrum , vel iu gistrats , des Médecins , Chirurgiens , Apo
gj\l l W *J W *l , ~|M»a»»a - -- — — I 11
privatum... L. autfaâa , Js. l>ff- de Panis. thicaires , Financiers , Notaires , Orfèvres
& Geôliers (2).
I V. (1)
v. , En
— crimes quiM méritent la mort , le vilain stra
pendu & le noble décapite"..... Toutefois ou le noble
"4. Cas ou H en &ut d*re de m^me des Crimes qui seroit convaincu d'un vilain cas , il fera puni comme
ill'estseu- fe commettent envers des Magistrats (1) , vilain. V. Loysei , Inltit. Cout. L. 6. tit. 2. max.
STqTalw des Prêtres (2) & autres Officiers publics, 28. & 29.
(2) V. ce qui fera dit fur les Crimes de Concussion ,
de celui Toutes ces qualités rendent , fans contre-
de Poison , de Pcculat , & de Faux.
îiest com- ' ^es c"mes P^US punissables que s'ils
mu. étoient commis envers de simples particu V I.
liers. II y a enfin des cas où le Crime fe trouve 6. Cas où
diminué , tant par la qualité de ceux qui le le Crime
( 1) Persona atrocior injuria fit ut cùm magistra- est dimi
tui fiat. Leg. y.Js. §• ft. de injur.... commettent , que de ceux envers qui il est nué par le§
■ ....Cùm poslìt p router filii diguitatem major Ipsi commis, comme, par exemple, en fait de qualités
quàm parri injuria facta elfe. L. ll.ff. de injur. respecti
vol commis par une femme envers son mari , ves des
(i) Atrocem fine dubio injuriam elfe faéramma-
nifestum est cùm esses in Sacerdotio & in dignitatis & par un héritier envers fes co-héritiers. parties.
habitu & ornarnenta praeferres , & ideò vindictam Si quis uxori, mariti fui íubtrahenti opem accom-
potes eo nomine perscqui. L. 4. Cod, de injur. modaverit , furti tenebitur cùm ipsa non tenea-
tur. L. 52. Jf. l.ff. de Partis. <

VIL
■f.Casoìi L'on doit encore distinguer à cet égard
II y en a enfin où le Crime fe trouve di 7. Cas où
îlnestag- Jes Crimes commis par des personnes viles
minué par la qualité seulement de ceux qui il est dimi
farla qu" & infâmes , par des esclaves , par des va- nué par la
le commettent , comme si ce font des en- feule qua
ïitéde ce-, gabonds & gens íans aveu ; comme étant
fans , & autres qui ne jouistent pas de l'entiere lité de ce
sommet.* P^s graves & plus punislàbles que ceux du lui qui le
liberté de leur esprit. Nous verrons même commet.
même genre , qui feroient commis par des
, sous le dernier litre, que parmi ces der
personnes de condition honnête , & qui au-
niers , il y en a que leur état rend également
roient joui juíqu'aiors d'une réputation in
exempts & de Crimes & de peine j d'autres ,
tacte. II faut néanmoins excepter , à ce su
dont l'état , fans diminuer leur crime , peut
jet , certains Crimes qui emportent avec
seulement servir à en faire diminuer la peine.
eux de la bassesse & de la trahison , tels ,
par exemple , que Yajjajjlnat , pour lequel In ejus rei consideratione atatìs quoque ratio ha-
beatur. L. aut fa<3a,Js. ^.ff. de Panis.
les Loix veulent qu'on ne mette aucune Ferè in omnibus penalibus judiciis & aerati ,
distinction entre les Nobles & les Rotu- & imprudent!» succurritur. L. 108.ff. de reg.jur.

$.111. Des Circonstances tirées dela qualité de laChofe fur laquelle tombe le Crime.

SOMMAIRES.

1. Cas où la qualité de la chose sert a 2. Cas oà elle sert a diminuer la Peine.


aggraver le Crime.

• L

t. Cas où Ç^j Ette circonstance doit être princípa- choses modiques ou comestibles , & dans diminuer
de la chose Ornent considérée en matière de Vol , où le temps où l'on se trouvoit prelîë par la la peine,
• ïert a ag- l'on distingue , comme nous verrons en faim ficl'extrême indigence (1) , ces circons
' fSme. traitant de ce Crime , celui qui se fait des tances servent à diminuer la gravité de ce
choses sacrées , ou des deniers royaux , ou Crime.
* des choses consacrées à la foi publique ,
comme devant donner lieu à l'augmenta- ( r) Si quis propter nccestïtatem famis autnudita-
tis furatus fuerit cibaria , vestem , vel pecus , pœni-
tion de la peine. teat hebdomadas tres ; & si reddiderit , non tenetur
I L jejunare. Cap. 3. extr. de furtis.
V. ce quifera dit ausurplus fur le Vol qualifié par
(íieCsert°à ^u contríûre > lorsque le vol est fait de la chose.
ai LES LOIX C R I M I N E L L E S , Li v. I. Tit. IV.

§. I V"* Des Circonjlances tirées du Lieu.

SOMMAIRES.

r. Le lieu sert à augmenter ou a diminuer 5- Lieux destinés au commerce.


'le Crime ^' Endroits da corps ou font faites Us
Z. Lieux consacrés à la vénération publique. blessures.
3. Lieux consacrés a la foi , & sûreté pu- 7- Cas où le heu sert a diminuer le Crime,
bliaue L)istinclion par rapport aux Crimes com-
4. Lieux prohibés. mis parfaute & imprudence.

I. V.
t. Le Hen XjE lieu íèrt quelquefois à faire augmenter , C'est encore par la même raison que la - L;enx
sert a.r o8û & d'autres fois à faire diminuer la peine du
menter . Loi veut que l'on punifle plus rigoureuse- destinés
à diminuer Crime, ment les voleurs & incendiaires de mois ^j™1^
le Crime. sons ou de vignes dans les Provinces où
I I.
le bled & le vin font le principal commerce.
1. Lieux H sert à la faire augmenter , 1 °. toutes
consacrés ]es f0[s qu'on viole le respect dû à certains Evenit ut eadem scelera in quibusdam Provinciis
graviùs plectantur , ut in Africa meífium inceníòres,
nération" lieux , comme v. g. lorsque le Crime est
in Mysia vitium , ubi metalla sunt , adulteratores
publique, commis à l'Eglife (1) , dans une Maison
monetaî. L. 16. jf. ç.ffl de Peenis.
Royale, dans l'Auditoire de la Justice (2) ,
ou bien dans une Place publique (3). V I.

(1) Locus facit ut idem , vel furtum , vel sacrile- C'est enfin par une fuite du même prin- 6 Ej>.
gium fit , & capite luendum , vel minori supplicio. cipe , que l'on doit considérer , en fait de droits du
Leg. 16. Jf. ^.ff. de Panis.
blessures, Yendroit du corps où elles ont gjyS
( 1 ) V. ce quifera ditfur le Vol qualifié par le lieu.
(3).... Si in Ludis & in conspectu an in solitu- été faites ; si cet endroit est mortel , comme les bleffu-;
dine injuria facta fit , multùm intéresse ait , quia dans quelque partie noble , ou bien à l'œil j rw*
atrocior est quae in conspectu fiat. L. 7. Jf. 8. ff. de parce que les Loix réputent ces fortes d'in
injur.
jures plus graves que celles qui font faites v'j
I I L
ailleurs.
•3. Lieux 30. Le Crime est aussi aggravé par le
Re atrociorem injuriam haberi Labeo ait , ut pu-
àfaHT^Bc ^eu 3 lor^ï11'^ e^ commis dans les Specta- tas si vulnus illatum vel os alicui percussum. L. 7.
lùreté pu- cles (i) , dans les bains publics , dans les Jf. 8. ff. de injur.... Vulneris magnitudo atrocitatem
blique. Prisons , dans les Maisons particulières (z) facit , & nonnunquàm locus vulneris , veluti oculo
& autres lieux qui font consacrés à la foi & perçusse L. %.eod. tit.
sûreté pubbque.
VIL
O ) Si in theatro & in foro cadit & vulnerat,quam-
qiiàm non atrociter , atrocem injuriam facit. L. 9. Au contraire , le lieu sert à diminuer le
Crime dans les pays où ce Crime est toléré , àe '^m"
jf. 1. ff. de Injur.
(z) Domum accipere debemus , non proprieta- comme étant autorisé par la coutume ; ce nuer le
tem domús sed domicilium. Quare ílve in propria qui ne doit s'entendre néanmoins que des nme*
domo quis habitaverit , five in conducto vel gratis ,
íìve hoípitio receptus , haec lex locum habebit. Z. 5. délits que se commettent en fait de police ,
ff.ï.ff. de injur. & famof. libell. ou qui sont tels qu'on ne peut dire qu'ils
violent absolument les Loix de la nature
I V. &. de la Religion.
4. Lieux ^'e^ au^ a raifon du lieu que les Cri-
•frohibés. mes qui se commettent dans des maisons de VIII.
débauche , dans des Académies de jeux & • Nous avons vu , en traitant de la faute , ^istinc"
lieux prohibés , deviennent par-là plus pu que , pour juger si elle étoit punissable ou rappjj*
nissables, que s'ils étoient commis ailleurs. non , il falloit considérer le lieu , s'il étoit aux crime»
j n- 1 \ ii 1 » commis
Pra:cor ait , si quis cùm apud quem lusum esse destiné ou non a 1 exercice dont on s occu- par fel|te
dicitur, verberaverit damnumve ei dederit , judicium poit lors de l'action d'où étoit résulté le & "«p™-;
y> • dence.
non dabo. L. t.ff, de aleatoribus. Crime. - *
DES CIRCONSTANCES DU CRIME OU DES CAUSES , 8cc. 23

§. V. Des Circonstances tirées du Temps,

SOMMAIRE S.

î. Temps sert h aggraver ou à diminuer U 7. En fait de blessures qui ont été suivies
Crime. de la mort.
2. Cas où le temps sert a aggraver le Crime. 8. En fait d'e/limation d'injures en général.
9. En fait de faute 0 imprudence. • •
3. En sa.it de meurtre & ajsajjinat.
4. En sait de vol nocturne. 10. Cas où le temps sert à diminuer lé
5. En sait d'inobservation des Dimanches Crime.
1 1 . Défaut d'âge. ■1 •
& Fêtes t ou de trouble pendant le Service
Divin. iz. Défaut de liberté d'esprit.
6. En fait d'insultes envers des personnes 13. Prescription.
publiques dans leurs fonctions. 14. Mort de raccusé.

v 1 r.

i.Temps L E temps sert quelquefois à aggraver , & 5°. En fait de ble/sures , comme lorsque 7. En fait
graver'oû d'autres sois à diminuer le Crime. le bleíTé vient à mourir avant les quarante ~
jours écoulés depuis qu'il a reçu la bief- été tuivies
a dimi
nuer le II.. lîn e , ou que l'on auroit frappé une femme
Crime. dans le temps qu'elle étoit enceinte.
a Cas où ^e temPs fert * aggraver le Crime dans
le temps les cas suivans. V. ce qui fera dit fur fHomicide simple.
sert à ag-
le III. VIII.

3. En fait 1 *• En fait A'homicide , lorsqu'il est com- 6°. La Loi veut aussi que , dans Yejli- 8. En fait
d'estima
de meur- mis depuis le soleil couchant ou à heure in- mation de l'injure en général , l'on consi tion d'in
AiCnat.3 " ^ue- £ette circonstance est une de celles dère le temps où elle a été faite , & non jures en
qui , suivant nos Loix , le font dégénérer en général.
celui où l'estimation s'en fait par le juge
meurtre 6c assaíîinat. ment qui est rendu à ce sujet.
Meurtre si est-ce quand aucun tue ou fait tuer Injuriarum actiononad id tempus quò judicatur,
autrui en guet-à-pens , puis soleil couché jusqu'au se d ad id quò facta est , referri débet. L. 21. ff. de
soleil levant. injur. & fam. libel.
V. et quifera dit fur ce crimt.
I X.
I V.
70. En fait de faute ou d'imprudence , 9. En fait
•4. En sait 2°. En saitdevo/, lorsqu'il est commis de faute &
comme si l'on exerçoit à l'acte qui a occa impruden
BoaurBe. Pendant la nuit , ou bien qu'il est commis sionné le crime , hors le temps destiné à ce.
en temps de naufrage , de tumulte ou d'in
ce sujet.
cendie.
V. ce qui a été ditfur la Faute.
Tempus discernitemansoremà fugitivo, &essrac-
torcm , vel furem diurnum à nocturno. L. lô.Js. 5. X.
ff. de Pcenìs.
V. ce quifera dit furies Vois qualifiés parle temps. Le temps sert aussi à faire diminuer le io.Casoìí
Crime & fa peine dans les cas suivans. £rt lfmJjf
V. sert à
minuer le
Crime.
e. En sait 3 °. En "fait d' inobservation des Dimanches X I.
a'inobser- ^ Fêtes , ou de trouble pendant le Service
vationdes . ' r
i°. Lorsqu'il est commis par ceux qui ",;^éfaut
Dimanche divin. n'avoient pas encore atteint l'âge de puberté. a8e*
& Fêtes ,
«u de trou- V. ce quifera dit à ce sujet fur les Crimes de Less-
h\t pen- Majesté divine , & fur les Délits de Police. In e'jus rei considérations , œtaùs quoque ratio ha-
dantleSer- btatur. L. ly.Js. 8. ff.de Panis.
,vice divin. ■yr j

XII. '"
6. En fait 40. En fait d'insultes commises envers
d msultes les Ministres de l'Eglise ou de la Justice , 2°. Lorsqu'il est commis par ceux qui 1* Déìánt
envers des m /> • 1 r-
personnes pendant qu'ils seroient dans leurs fonctions, ne jouislbient point alors de l'entiere liberté d'esprU."*
■publiques. '
Atrocem sine dubio injuriam esse factam mani- de leur esprit , parce qu'ils etoient agités
festum est , si tibi illata est cùm esses in sacerdotio 8c d'une violente paflìon.
dignitatis habitu ,& ornamenta praeferres, & ideò
vindictam potes eo no mi ne persequi. L. 4. Cod. de V. ce qui a été dit fur les Crimes commis dans un
injur. premier mouvement.
I

24 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. I. Tit. IV. -

XIII.. XIV

13. Pres- 30. Lorsque depuis le Crime commis il 40. Enfin, le temps doit aussi être con- 14.
cnption. s'eft. écoulé un espace de temps considé- sidéré en matière de condamnation , pour j^1
rable , & íùr-tout si ce temps est suffisant sçavoir si l'accusé étoit encore vivant dans
pour le prescrire. . le temps qu'elle a été prononcée contre lui.

V. ce qui sera dit en traitant de ceux gui ne peu- V. encore au mime endroit où Usera parlé de la,
ttnt être accusés, mort de íAccuse'.

§. VI. Des Circonfiances tirées de la Quantité,

SOMMAIRES.

"I. "Plusieurs points dont il faut partir pour 4. Multitude de personnes qui ont commis
juger de la quantité en cette matière. le même Crime.
Z. Grande valeur de la chose. 5. Multitude de Crimes commis par diffé
3. Multitude de Crimes commis par le même rentes personnes & dans le même lieu.
accusé.
I.
«t. Quatre (^Ette quantité peut porter íùr ces quatre ou des contrebandiers. Mais au second cas
férên" ' " points différens ; ou fur la chose même qui où la même personne seroit inculpée d'avoir
dontilfaut a fait l'objet du Crime 5 ou íùr la multitude commis d'autres Crimes que celui -qui fait
pourjuger ^eS crimes commis par la même personne ; le titre particulier de l'accufatiôn , il est
deiaquan- ou sur la multitude des personnes qui ont certain que ces autres Crimes ne pourroient
*té' commis le même Crime , & dans le même servir à faire augmenter la peine qu'autant
temps j ou enfin íùr la multitude des per qu'ils auroient été déférés eux-mêmes à la
sonnes qui commettent différens Crimes Justice , & que l'accufé en auroit été con
dans le même temps & dans le même lieu. vaincu dans les formes judiciaires. II faut
néanmoins excepter le cas où le crime , qui
I I. feroit l'objet de l'accufatiôn principale , en
auroit entraîné lui-même plusieurs autres à
». Grande La quantité se mesure d'abord sur la va-
Ji chosede ^eur ^e ^a c^°se <f}û a l'objet du Crime , la fois , comme lorsque le vol se trouve
joint au faux , & à l'homicide.
ou íùr la grandeur du dommage qui est ré
sulté de ce Crime. Nous aurons lieu d'en I V.
donner des exemples , en traitant des Crimes
D faut encore considérer en cette matière Mulri-î
de l'incendie , du vol & de l'abigeat (1). la multitude des personnes qui ont commis w^on^
Nous observerons seulement que dans tous
le même Crime ; parce qu'en effet , si , d'une qui onr
ces cas , la quantité sert toujours à faire
part , l'on ne peut disconvenir qu'il y auroit 5°"^s
augmenter la peine (2). même
lieu , à cause de la nécessité de l'exemple , crime
(1) Quantitasdiscernit furem ab abigeo \ nam , qui d'augmenter la peine en pareil cas (1) , il
unum soem siibripuerit , ut fur tenebitur , qui gre- faut convenir aussi d'un autre côté , que
gem , ut abigeus. L. 16. §. 7. ff. de Pcenis
- ... Qua'ntitète , cùm furtum vel atrocius , vel levius même parmi les Crimes auxquels nos Loix
est , ut discerni soient expilatíones à furtis. L. 16. ont attaché la peine de mort , il y a des cas
ff 6. ff de Panis. où la multitude des coupables peut servir
(2) Vulneris magnitudo atrocitatem facit. Leg. 8. à faire modérer cette peine , comme , par
ff. de Injur.
exemple , en fait d'homicide commis dans
III. une rixe , où un grand nombre de personnes
scroient impliquées ; l'ufage est alors de ne
3. Multí- La quantité se meíùre aussi íur la mul- condamner que les principaux auteurs à la
Cr1mesdeS titude des CI"imes commis par la même per-
peine ordinaire de ce Crime , & les autres
commis sonne : íùr quoi il faut néanmoins distin- à des peines moindres (2).
par le me- pT,er (] ces crmies font de même nature ,
me Accu- o . » ( 1) Si plures servi simul aliquem occiderint , aut
íc. ou de genres dirtérens. Au premier cas , 1 011 convicium alicui fecerint , singulorum proprium est
ne peut douter qu'à cause de l'habitude & malefìcium , & tantò major injuria , quantò à plu-
ribus admissa est. Imò etiam tot injuria; sont , quot
des récidives , il n'y ait lieu de punir cette
& persona; injuriam facientium. L. Si p/ures, ff. 34.
personne plus sévèrement que si elle n'avoit ff. de injur.. .. Si in rixa , percussus homo perie-
délinqué que pour la première fois. Nous rit, ictus uniuícujusque in hoc collectorum contem-
aurons lieu d'en donner des exemples en pJari oportet. L. 17. ff. ad Leg. Corne/, de Sìccar....
(2 )Sed si plures servum percuísorint ,utrùm omnes
fait de Blasphèmes , de Vols , & de Crimes
quasi occiderint teneantur , videamus etsi quidem
commis par les vagabonds & gens fans aveu apparet cujus ictu perierit , ille quasi occiderit te-
netur.
DES CIRCONSTANCES DU CRIME, OU DES CAUSES ,&c. 25
netur.Quòd si non apparet , omnes quasi occidcrint titude des Personnes qui commettent dissé- Cvxma
teneri Julianus ait, etsi cum uno agatur , ceteri non rens Crimes dans le même lieu, parce qu'en p^í"™^
Jibernbutitur. L. n. ff. 2. f. ad Leg. Aquil.
(2) Soient quidam , qui vulgò-fc juvenes appel- eífet, comme l'expérience journalière fait rentes p«
Iant, iu quíbiisdam civitatibus turbukntis se accla- voira que la multitude de ces crimes ne s'ac- jonnfs &.
11 * »• ■ > t dansleme
mationibus popularium accommodarc , qui , si ni- croît elle-même que par 1 impunité des pre- me Heu.
hil aliud admiserint , nec ante fiat à Proelìde ad-
miers coupables , ou par la modération des
moniti , fustibus caelìs dimittuntur , aut etiam spec-
taculis eis intcrdicitur. Quòd si ità correcti iu iis- peines dont 011 auroit usé à leur égard , les
dem deprehendantur , exilio puniendi sunt , non- Législateurs ont cru ne pouvoir trouver un
runquàm capite plectendi , scilicet cùm sxpiùs se- moyen plus efficace & plus propre à en
ditiofè & turbulente se gelserunt , & aliquoties de-
prthendi tractari clemcntiùs si in eadem temeritate arrêter le progrès , que dans l'augmentation
propotìti perseveraverunt. L. 28. §. 3. ff. de Panis. de la rigueur des peines que le Juge doit
prononcer en pareil cas.
V. Nonnunquàm evenit ut aliquorum malesiciorum
supplicia exacerbentur , quoties nimirùm , multis
5. Multi personis gralsantibusexcmplo opus íìt. L. 16. ff. 10.
tude de Enfin , il faut de plus considérer la mul ff. de Panis.

Des Circonjìances tirées de L'Événement.

SOMMAIRES.

1. Cas ou l' Événement ne doit être considéré. fait de faute & dimprudence.
2. Cas où il doit principalement fêtre. 4. Cas ou rEvénement aggrave le Crime
3. L'Événement seul fait le Crime en commis par Dol.

I. I I I.
•i.Casou^í ou s avons vu en traitant des Crimes A plus forte raison cette règle doit-elle 3. L'Evé-
í'Evéne- commis par le dol. qu'à cause de leur atrocité , s'appliquer aux Crimes qui fe commettent "em'n.t .
ment tic * * t, ' r i r a r seul fait le
doit être la Loi vouloit que , pour les punir , l'on simplement par faute ou imprudence , puií- crime en
considéré, considérât moins leur événement , que la que c'est , comme l'on fçait , l'événement fail^m-
volonté de celui qui les commettoit; c'est-à- feul qui fait le Crime en cette matière. Nous prudencç.
dire , qu'ils dévoient être également punis , en avons donné un exemple , d'après la Loi ,
quand ils n'auroient été que commencés , dans celui qui , ayant mis le feu dans des
comme s'ils avoient été entièrement con brouflailles qui lui appartiennent , occa
sommés. Nous aurons lieu d'en donner des sionne par-là l'incendie de la moisson d'au*
exemples particuliers en traitant des Crimes trui. C'est aussi principalement dans les
de Lefe-Majesté, d'Assassinat & de Poison. Crimes de cette derniere qualité que s'ad
In maleficiis voluntas spectatur , non exitus. mettent le repentir & la compensation ,
comme nous le verrons en traitant de Vin-
I I. jure : sur tout lorsqu'il y a preuve d'ail \
leurs que l'on s'est abstenu de commettre
i^doit*1 ^e n e^ c*onc ProPrement qu'aux Crimes
entièrement le crime , dans un temps où rien
principa- qui fe commettent fans préméditation , tels
n'empêchoit de le consommer. »
lementl'ê- que ceux qui n'ont été que l'effet d'un pre
tre.
mier mouvement , que doit s'appliquer la I V.
règle générale , qui veut que l'on considère
l'événement pour augmenter ou diminuer Ce n'est pas au reste, que parmi les Crimes 4- Cas oìi
qui Jè commettent par dol, il n'y en ait aussi j)fevnétne~n
la peine du crime (1) : c'est-à-dire, que cette
peine doit se régler suivant que les causes dont l'événement peut servir à en faire aug- aggrave
qui y ont donné lieu , ont été plus ou moins menter la peine , comme v. g. lorsque ,e Cr.,me
1 ai 1 •/* commis
naturelles , ou que le préjudice qui en est ré- croyant ne brûler qu une maiíon , on en par Dol,
íulté , a été plus ou moins considérable (2). brûle plusieurs , ou que l'on tue plusieurs
personnes , lorsque l'on n'avoit dessein que
(í) Perfeclo siagitio puniuntur capitali ( Pœnâ )
imperfeâof in insulam deportantur. L. i.ff.quì puero d'en tuer une feule. A quoi l'on peut ajou
ff. de txtraord. crim. ter cet autre exemple que nous en donne la
(2) Eventus spectatur ut à clementislìmo quoquo Loi Romaine dans le voleur qui a dépouillé
facta, quanquàm lex non minus eu.m qui occidendi
hominis causa cum telo fuerit , quàm eum qui occi un passant , lequel vient ensuite à périr de
dent , puniat. L. 16, Js. %.ff. de Pœnis. froid.
ï6 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. I. Tit. V.

TITRE CINQUIEME.

Des Causes quifont cejfer U Crime , ou des différentes Manières dont le Crime
peut s'éteindre.

SOMMAIRES.

ï. Causes qui éteignent le Crime dans son 2. Causes qui éteignent Vaclion du Crime,
principe. ?• N*efi parlé que des premièresfous ce titre.

I. III. \

i. Causes ^ ^ cau^es f°nt de deux espèces. II y en Nous ne parlerons ici que des premières, 3. N'est
qu'i étei- V_J a qui sont cesser absolument le Crime parce qu'elles frappent directement fur le [j^!é
Cime 'e dzns son principe , en ce qu'elles excluent fait même du Crime , & qu'elles font inhé- mieres
dans son nécessairement l'intention de le commettre , rentes dans la personne de celui qui Fa com- sous ce tí~
pnncipe. comme font les Crimes qui se commettent mis. A l'égard des dernieres , qui regardent
par les enfans, les furieux , les insensés , ou seulement l'action ou la poursuite du Crime,
bien ceux qui se commettent par cas for- comme elles ont principalement trait à FIn£
tuit , force majeure , erreur ou ignorance. truction , nous croyons devoir réserver à en
parler , lorsque nous traiterons des cas par
ticuliers où l'on ne peut accuser , ni être
i. Causes II y en a d'autres qui supposent l'exis accusé ; & même avec d'autant plus de rai-
.gnèntscu- tence du Crime dans son principe , mais qui son , que parmi les causes de cette derniere
sèment ' empêchent néanmoins qu'on ne puisse le espece , il y en a , comme nous le verrons ,
Crime? dU poursuivre pour faire punir le délinquant, qui ne font cesser les poursuites que quant
De ce nombre font celles qui se tirent de à la peine publique seulement , & non quant j
la mort de l'accusé avant le jugement de aux réparations du dommage que le Crime
condamnation , de la prescription , de la ma- a causé aux particuliers envers qui il a été
xime non bis in idem , & de Vincapacité de commis ; au lieu que celles dont il est ici
Faccusateur , soit par défaut d'intérêt réel , question, ont l'effet d'exempter absolument
soit par la remise volontaire de ses droits, de toutes sortes de peines, même pécuniaires

\ CHAPITRE PREMIER.

Des Crimes commis par défaut d'intelligence.

!NÍ O U S en distinguons de trois sortes , d'à- Furieux ou insensés , enfin ceux qui se com-
près les Loix ; ceux qui se commettent par mettent par les Somnambules ou Noclam-
les Enfans , ceux qui se commettent par les bules.

§. I. Des Crimes commis par les Enfans.

SOMMAIRES. ;

1. Que doit- on entendre fous le nom d'En- 4. Punition se règle suivant les différens
fans ? degrés de l'âge.
2. Âge nécessaire pour être exempt de peine. 5. "Exception par rapport a certains Crimes.
3. Dijlinclion quant a ceux qui font voifins 6. Exception quant a de certaines per~
de la puberté. sonnes.
I.

dok - ™* L'ON n'appelle proprement Enfans que majorité , qui s'acquiert à vingt-cinq ans ,
mtendre ceux qui n'ont point encore atteint l'âge de ©n les appelle mineurs ou adultes.

(ans î " pelle impubères , jusqu'à l'âge de quatorze *


ans pour les mâles , & de douze pour les Cette distinction d'âge est absolument es ,*"ss*8e
filles j & depuis cet âge jusqu'à celui de sentieHe en matière criminelle , pour juger J£cu' JJ
DES CAUSES QUI FONT CESSER LE CRIME , &c.. 7 27
exempt de s'il y a lieu de prononcer des peines , ou de particuliers, la Loi veut ausfi que la puni- elesuivafl*
peine. les prononcer plus ou moins fortes. Ainsi , tion soit réglée suivant les différens degrés- ksns
lorsque le crime est commis par une per de l'âge ; de manière que celle qui doit s'iníli- grés de
sonne qui n'est âgée que de sept ans & au- ger à celui dont í'âge approche de la puber- "4B*
dessous , comme la raison n'est point encore té , ne soit pas auflì rigoureuse que celle qui
suffisamment développée à cet âge , l'on se prononce contre le pubère ; de même
doit supposer néceflairement dans cette per que celle qui doit s'infliger à celui-ci, ne
sonne un défaut d'intelligence , qui ne per doit pas être auflì forte que celle pronon
met pas de prononcer contre elle aucune cée contre un majeur , lequel doit être puni
forte de peine ; & c'est le cas dont nous dans toute la rigueur de la peine ordinaire
voulons parler principalement ici. du Crime.
Sanè sunt quidam qui faccre non possunt inju-
riam , ut putà suriosus , & impubts qui doli capax Pupillum qui proximus pubertati sit , capacem este
non est j namque hi pati injuriam soient , non faccre , & furandi & injuriae faciendse. £. m. ff. de Reg.
cùm injuria ex astectu facientis confistat. L. i.ff. 1. jur... . Pupillus mitiùs punitur. L. 14. ff. de S. C.
ff. de ir.jur. Sillon.
I I I. V.
3. Distinc Mais fi le Crime a été commis dans un
tion quant âge plus voisin de la puberté que de l'en- Mais il faut observer en même temps , que «f. Excep*
à ceux qui les considérations que mérite l'âge , ne doi- tion paf
sont voi fance , tel que celui de dix ans pour les rT- 1 a t rapport a>
sins de la filles , & de onze ans pour les mâles : comme vent avoir lieu , suivant la meme Loi , que decertam»
puberté. pour les Crimes ordinaires , & non pour ^»mes-
alors on peut présumer dans celui qui le
ceux qui sont tellement atroces de leur na
commet une capacité fuflifante pour discer
ture , qu'aucune circonstance ne peut les
ner le bien & le mal , la Loi ne veut pas
excuser , comme sont ceux de Lese-Majesté ,
qu'il soit absolument exempt de peine ; mais
d'asíassinat , & autres , qui supposent néces
seulement que cette peine soit moindre
sairement du dol & de la réflexion dans
que celle qui doit s'infliger à ceux qui ont
celui qui les commet.
commis le Crime dans la pleine puberté, qui
est l'âge où la raison commence à se per Impunitas delicti , propter aetatem non datur , fi
fectionner ; & pareillement elle veut que les modò in ea quis sit in quo crimen quod intendi-
derniers soient moins punis que ceux qui tur cadere potest. L. 7. Cod. de Panis.
font dans un âge où la raison est parvenue à
fa pleine maturité, qui est celui de la majorité. V I.
Impuberem furtum facere poste , si jàm doli ca
pax sit , Tullianus scripsit , item posse cum impu Au surplus , comme l'expérience fait voir 6.Ex<ep>
bère injuria agi , quià id furtum ad impubère qu'il y a de certains esprits prématurés , dont ?°1 luanÉ
fit j sed non este adhibendum , ait , nam in infantes 1 r 1 ■ iÍa í> 1, ' , à de cer-
la malice prévient lage, & d'autres plus taines Per-
hoc non caderet. Nos putamus cum impubère , cul-
tardifs , dans lesquels la raison commence sonnes.
pas capace , Lege Aquiliâ agi poffe. Item verum est
quòd , Latro ait , nec ope impuberis furti facto te- à peine à se développer , même dans les
neri eum. L. 2.5. ff. de surtis. temps plus voisins de l'âge de puberté ; voilà \
pourquoi la Loi a cru devoir s'en rapporter
I V.
principalement à la prudence du Juge fur
4. Puni- En un mot , comme la raison a ses degrés ce point.
don se re-

§. II. Des Crimes commis par les Insensés & les Furieux.

SOMMAIRES.

1. Pourquoi font déclarés exempts de Peine temps où la folie estsurvenue.


par la Loi. 6. Quid , fi c'efi avant l'accusation*
2. Modifications particulières suivant nos 7. Quid, fi c'est depuis laccusation > Ù
usages. avant le jugement.
3. Exceptions en fait de certains Crimes. 8. Quid , fi c'est depuis le jugement , &
4. Difiinclion par rapport a la nature de avant son exécution.
la folie. 9. Jurisprudence du Parlement de Paris en
5. Difiinclion par rapport aux différens cette matière.

I.

t. pour- L A Loi assimile ceux-ci , tantôt aux ensans , qui ne les rend susceptibles d'aucune eípece
déclarés"1 tant°t ^ ^es Per^GnneS absentes : elle ajoute d'acte , tandis que le Pupille peut contracter
exempts d'ailleurs cette considération particulière de l'autorité de son Tuteur.
às iTl"6 Pour^es^re exempter de peine, qu'ils sont
par 01" déja assez punis par le malheur de leur état, Furiosum fati infelicitas excusât. L. 11.ff. adLeg.
Cornet, de Siccar.... Furiosus nullum negotium coru
D 2
2B LES LOIX CRIMINELLES, Liv. I. Tit. V.
trahere potest; pupillus omnia tutore authore agere auroit pas lieu de prononcer aucune peine
potest. L. 5.ff.de reg.jur... Furiosus abfentis loco est. contre lui , par la raison qu'il est censé suffi-
Z. X^-Js- de reg. jur... Furiosus in omnibus quies-
ccntis & dormientis loco habetur. L. i.js. 3. js. dt làmment puni par la fatalité de son sort.
jure codicill.
Et ideò quaerimus fi furiosus damnum dederit,art
I L Legis Aquiliae actio fit , & Pegasiis negavit. Qua*
enim in eo culpa siè, sua; mentis non fit , & hoc
j.Modl- Cependant il faut observer , qu'en même est verislîmum. L. S.js.Gr ideb.ff. ad Leg. Aquil.
fications temps que nous avons adopté cette maxime
Kfsiì£ générale dans nos usages , nous avons cru V I I.
vant nos devoir y apporter quelques modifications ,
«feges» jfoit par rapport à la qualité des Crimes , 2°. Mais fi la folie n'étoît survenue que 7. <w;
depuis l'accusation , il faudroit encore dis- si c e"„de"
soit par rapport à la nature de la folie en •* « puis i «IC—
tinguer si c'étoit avant , ou depuis le Juge- cusation
elle-même , soit enfin par rapport aux dif- ment de condamnation. Au premier cas , &avantle
férens temps où elle est survenue, comme l'Accusé n'auroit point été entendu ,ugem€nt*

I I I. dans ses défenses & notamment dans son der


nier interrogatoire , où il peut poser des
. D'abord nous exceptons parmi les Crî- faits justificatifs , on ne pourroit pronon
tiòn en fih mes qui se commettent en cet état , celui cer contre lui , par le Jugement , aucune
de certains Je Lesc-Majesté & autres , pour lesquels peine publique , pour laquelle il faut né
nmes' nos Loix veulent que le Procès soit fait ,
cessairement une instruction extraordinaire
même après la mort du coupable , à cause dans toute fa rigueur.
de l'exemple.
I V. V I I L

'4.Distinc A l'égard des autres Crimes , pour que


tion par 1 a folie puisiè exempter entié rement de peine venue
rapport à ceux qUj ies commettent , il faut , suivant nation, ce Jugement ne devroit pas »uu gement,
la nature T \ p » . ». plus être exécuté, quant aux peines corpo- avant .son
de la solie. les Loix , que cette folie soit continue de relies qui y feroient prononcées (& toujours "* cuuoa,
fa nature , c'est-à-dire , qu'elle ne laisse point
d'intervalle dilucide : car s'il y a preuve que fur le fondement de la maxime que le mal
le Crime ait été commis pendant cet inter heur de son état doit lui en tenir lieu ) ,
mais seulement quant aux peines pécuniai
valle , il ne laifleroit pas que d'être punis
res , pour la réparation du tort que le Crimes
sable , quoiqu'à la vérité , d'une moindre
peine que s'il avoit été commis par une per auroit causé.
sonne qui jouiroit constamment de sa raison , V. Jvu CtAK.Js. fin. Qu. 60. n. 7.
en ce qu'il y a lieu de présumer que les
organes ont pu être altérés par les accès I X.
^ précédens de la folie.
Au reste, il est important d'observer à 9. yurísw
Si verò , ut plerùmqtie adsolet , íntervallis quí- ce sujet , que , suivant la Jurisprudence de p™dpenÇe
linsdam sensu saniore non fortè eo momento sce-
lus admiserit , nec morbo ejus danda est venia di ce Parlement , les premiers Juges sont as- ment "de
ligentes explorabis } & fi quid taie compereris , treints à prononcer la peine ordinaire du Paris en
consules nos ut aestimemus an per immanitatem Crime , dans tous les différens cas que nous ,ierei m**
facinoris , si eum poífe vidcri scntire commiserit ,
venons de marquer, lorsque l'infenfé- se
supplicio adficiendus fit. L. 14. ff. de Offic. prœst.
trouve d'ailleurs convaincu juridiquement
V. du Crime : en sorte qu'il n'appartient qu'à
cette Cour , fur l'appel de leur Jugement ,
^.Distinc- Enfin, nous distinguons encore en cette de modérer ou d'exempter de peine , sui
tion par matière les différens temps où la folie est vant les circonstances. Ce qu'elle ne fait
auxPdiffé- furvenue > si c'est devant ou depuis Paccufa-
néanmoins , qu'après s'être fait assurer , par
rens temps tion du Crime , ou bien depuis le jugement des informations sommaires , de la vérité
où la sosie condamnation , & avant son exécution.
est surve de cette folie : & dans ce cas , l'ufâge est de
nue, faire renfermer les fous , ou de les ren
V I.
voyer à leurs parens , qui en demeurent
[°. Dans le cas où la folie auroit pré- dès-lors chargés , de manière qu'ils devien
6. Quid,
si "c'est a- cédé l'accusation , il en doit être comme nent par-là civilement responsables de tous
ram lac- je ce\u[ ou e\\e feroit survenue dans le temps les délits crue ces insensés pourroient com
culation. « t • ™ •• •
meme du crime ; 1 on veut dire que comme mettre , faute d'avoir suffisamment veillé à
dans l'un & l'autre cas l'infenfé n'auroit leur conduite. Telle est aulîì la disposition
point été entendu dans ses défenses, l'on des Loix Romaines (1).
devroit présumer que le Crime n'a été que
(1) Si tibi liquide» compertum est, iEHum Pris-
l'estet de la folie j & par conséquent il n'y cum in eo furore esse , ut continua mentis alienatione

\
1

DES CAUSES QUI FONT CESSER LE CRIME , &c. 29


Omni intellectu careat , nec subest ulla suspicio ma- tatem proximorum pertinebit. L. 14. js. de OJfíc
trem ab eo fimulatione dementias occisam , potes Prœsid. . . . Furiosis si nôn poíîìnt per necessarios
de modo pœnae ejus dissimulare , cùmsatis ipsofii- contineri , eo remedio per Prajíidem obviàm eun-
rore puniatur; & tamen diligenter custodiendus erit dum est , scilicet in carcere continenntur, & ità di-
ac si^putábis etiam vinculo coercendus , quoniam vus Pius rescripsit.. L. 13. {s. i.fi. tod. Tit.
tam ad pœnam , quàm ad tutelam ejus 8t securi-

§. III. Des Crimes commis par les Noctambules ou Somnambules,

SOMMAIRES.

1. Sont comparés aux Enfans ô aux exempts de peine.


3. Quid , les Mères qu Nourrices qui , en
Insensés.
2. Cas où ils ne doivent pas être cn dormant , étouffent leurs Enfans.

I.

'i. Sont L'ON peut dire de ceux-ci, comme des veil , donné quelques marques qu'il ap-*
comparés enfans & des insensés ; qu'étant privés de prouvoit & ratifioit le crime par lui commis.
& au" in- l'usage de leur raison , il y a lieu de les V. fur. Clax. Js. fin. Qu. 6 , 11 , r z. Barth.
sensés. exempter également de peines pour les Cri in L. penult. fi. ad L. Pomp. de Parricid.
mes qu'ils commettent en cet état. Auíîî
voyons-nous que les dispositions du Droit III.
Canonique s'accordent avec celles du Droit
II faut encore excepter , parmi les Cri- 3. Quid;
Civil fur ce point.
mes qui se commettent dans le sommeil , o"^"
Furioíus in omnibus quiescentis & dormientis
Joco habetur. Z,. 2. Js. 3. fi. de jure codicil. V. aussi ceux qui ont été précédés d'une faute ou rices qui,
L. 1. Js. l-jf. deacquir. v. amitt. pojsejs. imprudence inexcusable , telle que seroit ^antdoré"_
Si turioíus , aut iufans , feu dormitns , hominem celle des pères & mères qui auroient étouf- toussent
mutilet vel occidat , nnllam ex hoc isregularitatem fé , en dormant , leurs enfans qu'ils auroient ^s en5
íncurnint. Cap. si suriosus. Extr. de homìc. vol.
vel. cas. couchés avec eux : ce qui s'entend si cet
I I. enfant étoit d'un âge si tendre qu'il y au
4. Cas oh Cependant il faut excepter, suivant les Au- roit eu un danger évident de le coucher
Usnedoi- teurs , le cas où il y auroit preuve de l'ha- dans un grand lit. Mais cette faute devien-
êtte Pe- bitude où étohvie Noctambule de fe lever droit bien plus punissable de la part d'une
xempts de ainsi les nuits. Comme il n'auroit tenu qu'à nourrice , ou de tous autres étrangers dans
p€lfle' lui d'éviter le Crime qu'il auroit commis , qui l'on ne doit présumer le même de
soit en se faisant enfermer dans fa chambre , gré d'affection que de la part des pères 6î
soit en faisant coucher quelqu'un avec lui , mères.
il ne devroit pas être regardé comme ab De infantibus autem qui mortui reperiuntur curn
solument exempt de dol , en ce que cette pâtre & matre , & non adparet utrùm à pâtre vel à
habitude auroit pu lui servir de prétexte matre opprellus sit, ipse vel suffbcatus , vel propriâ
morte defunctus. Non debent elfe securi parentes ,
pour assouvir plus impunément fa vengeance
nec etiam sine pœna ; sed tamen consideratio débet
ou fa cupidité ; mais fur-tout s'il y avoit este pietatis , ubi non voluntas , sed eventus mortis
preuve d'ailleurs de menaces ou de que causa sucrit. Si autem eos non latet ipsos interfec-
relles précédentes entre lui & la personne tores elfe , scire debent se graviter deliquisse. Qui
dam autem pœuitcntiam trium annorum judicant
qu'il auroit tuée ou blessée , ou bien si ce esse debere, quorum unum peragant in pane&aqua.
même Noctambule auroit , depuis son ré- Cap. 3. Extr. de iis qui filios occiderunt.

CHAPITRE SECOND.

Du Crime commis par Cas fortuit.

SOMMAIRES.

t. Qu'efl-ce que cas fortuit? 5. Ce quil faut pour qu'il exempte de


z. h n quoi diffère du cas imprévu! Peine.
3. En quoi diffère de la faute ì 6. Exemples tirés du Droit Civil ú du Droit
4. Ce qui le dijlingue de la force majeure. Canonique.

I.
ï.Qu'est- O N appelle proprement Crime commis vu , & qui ne pouvoít raisonnablement Yê-
formlt?CaS Par cas fortuit , celui qui n'a point été pré- tre , suivant Tordre naturel des choies,
30 LES LOIX CRIMINE LLES , Liv. I. Tit. V.
luntate , scd cy su fortuito fecilse , cùm calcei ictU
I I. mortis occaíio przbita videatur \ lì hoc ità est ,
neque semper hoc ambigo poterit omni metu ac
S. En quoi Ainsi le cas fortuit , que nous méttôns suspicione quàm ex admilsae rei discrimen sustinet
dirtere du — au nomDre jes causes qUi font cefler le secundùm id quod adnotatione nostrá comprehen-
sum est , volumus liberari. £.5. Cod. ad Leg. Cornet,
y"? Crime , diffère d'abord , comme l'on voit , de Siccar.
de ce qu'on appe^e>fslí imprévu , en ce que ... Si quis in colluctatione , vel in pancratio , vel
celui-ci auroit pu naturellement íé prévoir, pugiles , dìrm inter se exercentur , alius alrum oc
cident , fiquidem in publico certamine alius alium
occident , cessat Aquilia , quia gloriae causâ , & vir-
III. tutis , non injurie gratiâ videtur damnum datum.
I" 7* If- 4* ad Ltg- Aquil.... Cùm pilá complures
3. En quoi Le cas fortuit diffère aussi de celui qui ludereut , quidam ex his servulum , cùm pilam re-
diffère de arrive par faute , en ce que non-seulement cipere conaretur, impulít servus ,cecidit, & cruí fre-
rive"1 par on pouvoit prévoir ce dernier , mais qu'on git. Quaerebaturan dominus servuli Leg. Aquil. cum
eo cujus impullu acciderat , agi potest. Kespondi
fáute ? auroit dû l'éviter en prenant les précautions non polie , cùm casu magis quàm culpâ videretur
ordinaires. factum. L. 52. Js. 4./. ad L. Aquil.
I V. (z)Joannes , Sacerdos, humili nobis insinuatione
monstravit quòd cùm pulsaret campanas , ut , figno
4. En quoi H diffère enfin de celui qui arrive par dato , conveniret populus Fidelium ad divina , cadens
diffère1 de force majeure , en. ce que , comme nous tintinnabulum , percuíììlfe quemdam puerum coràm
eo , qui ( cùm vulnus elset mortale ) decessit. Nos igi-
rîve "par l'allons voir dans un moment , ce dernier tur , attendentes quod dicto Sacerdoti , qui dabat
force ma- est tel qu'on n'auroit pu l'éviter , quand operam rei licitee , nil potuit imputari , si casus om-
jeure? niême on l'auroit prévu. nesfirtuitos non praevidit , discretioni vestrae manda-
mus , quatenùs íi constíterit ità elfe , dictum Sacerdo-
tem sacerdotale officium cxequi permittatis.Ho^OJt.
V. 3. cap. Joannts. Extr. de Homicid. vol. v. cas.
.... Dilectus filius A. Capellanus , proposuit quòd
k. Ce qu'il II fuit de tout cela , que ce n'est princi- cùm quidam corporis molestiâ gravaretur , ut cc—
aut pour paiement que parce qu'il n'a pu être pré- medendi adpetitum aliquantulùm excitaret , equum
fau
-»èmpte de vu > & °tue d'ailleurs il n'auroit été précédé quem nutriebat ascendit, qui cùm benè non pare-
peine. ni de dol ni de faute de la part de celui qui ret habenis , sed prxter selíbris arbitrium saltibus laf-
civiret , ipse , ( ut ejus infirmaret impetum ) freno vim
y feroit tombé, que l'on peut mettre le intulit equumque calcaribus stimulavit : cùmque
cas fortuit dans le nombre des causes qui fracto freno , equus proprio arbitrio relictus curre-
fbnt cesser entièrement le Crime. C'est aussi ret festinanter , qusedam mulier veniens ex obliquo 9
infantulum bajulans obviavit , in quam equus ir-
par cette raison que la Loi l'exempte ab
ruens, procul( abjecto seifore ) puerum praedictum
solument de toutes peines , même pécu oppreíTìt. Ideòque mandamus quatenùs si est ità ,
niaires. cùm idem Capellanus , nec voluntate , nec arte ho-
micidium perpetravit , nec dédit operam illicitae rei ,
... Casus... quaeque sine culpa accídunt , à nullo non impedias quominùs divina poíìît celebrare.
prxstautur. L. i}.ff. de reg. jur. Innoc. 3. Cap. dileâus. Extr. de Homicid. vol.
V. casual.
V I. Quidam ( ut adseris ) ad aedificationem Ecclesiaa
adjutorium à Presbitero evocatus , ruens cum la-
6. Divers On en trouve plusieurs exemples , non- queari quod idem presbiter solvere nitebatur hâc
tirés>Pdu ^eu^ement dans Ie Droit Civil (i) , mais occasione, rébus est humanis exemptus, Ô£ infràat-
tendens igitur quòd ipse Sacerdos dabat operam li-
Droit ci- encore dans le Droit Canonique , auquel citœ rei , studuit etiam quam debuit diligentiam ad-
Droifca" nouS croyons devoir nous rapporter prin- hibere. Circumstantibus ( quibus periculum immi-
nonique. cipalement en cette matière qui tient au for nebat ) ità tempestivè & altâ voce prxmonitis , quòd
& intelligere £t fugere potuerunt : inquisitioni tuae
de la conscience (2) : notamment de ceux
taliter respondemus , quòd ob hanc causam , vel
qui s'exerçant à des jeux & à des occupa Îiuià omnes casus fortuitos ( qui praevídcri non pof-
tions licites , & dans des temps & des lieux unt ) forsitan non praeviiit : non débet quoad of
destinés à cet effet , ont le malheur de tuer ficium vel beneficium impedire. Greg. 9. cap. Qui
dam. Extr. de Homicid. vol. v. cas...
ou blesser quelqu'un qu'ils n'avoient pas
...Lator praescntium, P. Clericus nobis proposuit
lieu de croire devoir se rencontrer dans le quòd cùm quâdam die , casu cum quodam Clerico
même temps & dans le même lieu où ils luderet , contigit quòd ille projecit istum ad terram :
étoient occupés à ces fortes d'exercices. cujus cultellus , quem ad latus suum habebat , in
alterum incidit , & fortuito casu occubuit vulnera-
(1) Delinquitur casu , cùm in venando telum in tus. Ideòque mandamus quatenùs fi ità res se ha-
feram missum hominem intcrfecit. L. 11. Js. 2. js. buit , & alia justa causa non impedit, prxdictumP.
de Parnis. libéré permittasad sacros ordines promoveri. Alex*
• . . . £um qui adscverat homicidium se non vo- 3. cap. Lator. Extr. de Homicid. vol. v. cas.
DES CAUSES QUI FONT CESSER LE CRIME , &c. 5»

CHAPITRE TROISIEME.

Des Crimes commis par force majeure.

SOMMAIRES.

i . Ce qui diflingue la force majeure , du cas 8. Trois conditions nécessaires. i°. Confer-
fortuit. vation de la vie ou de thonneur.
2» Force majeure procédant de la nature. 9. 20. Doit être précédée d'attaque faite
3. Force majeure provenant du fait de avec armes & avec avantage.
l'homme , comment doit s'entendre. 10. 30. Doit être faite fur le champ.
4. Que doit- on entendre parjujle crainte7. 1 1 . Freuve de la défense légitime ; com
5 . Quid , de la crainte qui n'a pour objet ment elle fe fait. Disposition de la Caro
que la conservation des biens. line a ce sujet.
6. Nécessité de ta preuve en cette matière. iz. Distinction entre nos usages & ceux du
.7. Qu'efi-ce que défense légitime ? Droit Romain en cette matière.

1. Ce qyì II y a , comme nous venons de le dire, cette Ce qui ne doit s'entendre néanmoins qu'a- rhomme ,
hstforce différence entre la force majeure & le cas vec les modifications suivantes. La pre- doit^eli-
majeure fortuit, qu'au lieu que celui-ci auroit pu miere , c'est que fous le nom de forçe ma- tendr».
JuiuaSfor" être évit^ ' s ^ ay0ìt ^ Psévu> ce qui ar jeure en cette matière , l'on veut parler
rive par force majeure n'auroit pu être évi seulement de celle qui est injuste & con
té , quand même il auroit été prévu. traire aux bonnes mœurs. Ainsi l'on ne doit
point comprendre , sous ce r/om , ce qui
I I. se fait par l'obéiflànce que l'on doit à l'au-
torité de la Justice , parce qu'on est alors
a. Force Les Auteurs distinguent deux sortes de
majeure forces majeures , d'après la Loi : l'une qui censé moins agir par crainte & par vio- . •
procédant ' . * , . /• 1 lence , que par devoir & par une fuite né
fie la na- provient uniquement de la nature , lans le
ture. concours du fait particulier des hommes , cessaire des fonctions de son état , comme
comme font les tempêtes de la mer , les il arrive dans le Juge qui condamne à mort
naufrages , la grêle , la sécheresse , le dé pour des Crimes auxquels les Loix ont at
bordement des eaux (i). L'autre , qui pro taché cette peine , & dans le bourreau qui
vient principalement du fait des hommes , exécute cette peine. II en est de même du
comme font l'incendie., l'incursion des en soldat qui tue l'ennemi à la guerre. >
nemis , les violences & vexations que l'on Vim accipimus atrocem & eam quae contrà bo-
éprouve de la part des usurpateurs injus nos mores fiat , non eam qunm Magistratus rectè
intulit , scilicet jure licito & jure honoris qucm
tes (2) , & généralement tout ce qui est sustinet. L. l.Js. 1. ff. Quod met. causâ.
connu dans le Droit , sous le nom deforce
publique & force privée (3). I V.

(1) Animalium vèrò casus mortis , quaeque sine 2°. Toutes sortes de craintes & de vio- 4. Que
dolo accidunt , fugae scrvorum qui culìodiri non so lences ne font pas capables d'exempter de doit;onen-
—, . , • , ti f i.« tendre par
ient , rapinx , tumultus , incendia , aquarum mag- Crime oc de peine (1). 11 íaut pour cela quel- justecrain-
nitudines , impetus praedonum à nullo prœstantiir. L. les soient accompagnées de ces deux con- te?
contraclam 2.^. ff. de rtg.jur.
(2) Si navis alteram contra se renuentem obruis- ditions , également essentielles suivant la
set gubcrnatorem , aut in ductorem actionem com- Loi ; l'une que cette crainte soit jufie , c'est-
petere , damni injuria; Alfenus ait ; scd si tantae vis à-dire qu'elle soit fondée sur des Causes gra
.navis facta lit quae temperari non potuit, nullam in
dominum dandam actionem. Si autem culpâ nau- ves & capables de faire des impressions as
tarum id factum sit , puto Aquiliae actionem suffi- sez fortes pour que rhomme le plus ferme
cere .... Si fuuem quis , quo alligata navis erat , en fût ébranlé , comme lorsqu'on se trouve
praeciderit, denave quae periit in factum agendum.
dans un danger évident de perdre la vie
L. 29. fs. 4 & $.js. ad Leg. Aquil.
(l) Hoc jure utimur , ut quidquid omninò per ou l'hjonneur , ou même d'être tourmenté
vim fiat , aut in vis publicae , aut in vis privatae cri- dans son corps (2). D'où il fuit que la crainte
men iucidat, L. 194. Js. de reg.jur. qui n'auroit pour objet que d'éviter un mal
léger , ou même celle qui auroit pour ob
III.
jet d'éviter un grand mal , mais qui seroit
3. Force C'est aussi à la force majeure de cette éloigné & dont on pourroit aisément se
majeure derniere espece, que l'on peut rapporter tout garantir , &, à plus forte raison , là crainte
Su° fott'de ce fí1" ^e ^l Par crainte & par violence. qui ne seroit sondée que sur de simples me-
32 LES LOIX CRIMINELLES, Liv.I.Tit.V.
iíaces d'un mal futur , ne pourroient former dere omues leges omniaque jura permittunt. Z. 45.
js. 4. fil ad Leg. Aquil.
une excuse suffisante en cette matière.
(l ) V. ausurplus ce quifera dit en traitant de íInjure.
( 1) Vain timoris excusiitio non est. Z. 184. js. de
reg. jur. VIII.
(z) Metum accipiendum , Labeo ait, non quemli-
bettimorem, scd majorismalignitatis. I. js. quod
met. caus. gest... Metum autem non vani hominis , MaiS ll faut d ailleurs, pour qu on puifle re- 8. Trois
sed qui meritò & in hominem constantislìmum ca- garder la défense comme légitime dans tous '°"g^ns
dat ad hoc edictum pertinere dicimus. Z. 6. eod. ces cas ? plusieurs conditions essentielles qui re"iMa
Tit. . . Sed talem metum probari oportet qui sa- font marquées par la Loi. La première , c°^x^\x
lutis periculum vel cruciatum corporis coutineat.
Z. 13. Cod. de transacl. qu'elle ait pour objet , comme on vient vie ou de
de le dire , la conservation de son corps , l'honneur.
V. de fa vie ou de son honneur , & non pas
Qìiìd, II y a cependant un cas particulier où la seulement celle de íès biens ; attendu que
^eiacrain- j^01 met au nomDre des justes craintes , la perte de ceux-ci n'est point , comme
powobjet celle qui n'auroit pour objet que la con celle de la vie & de l'honneur, abíolu-
que la con- fervation des biens , comme lorsque , pour ment irréparable , & qu'il n'y a d'ailleurs
deXns. garantir fa maison de l'incendie , on démol- aucune proportion entre ces biens , & la vie
lit celle de son voisin. de celui que l'on tueroit pour se les con
server (1). Ainsi , quand la Loi met dans
Quoddicitur damnum injuria datum , Aquilîâ per- le cas d'une légitime défense , celui qui tue
sequi sic erit accipiendum , ut videatur damnum inju
un voleur nocturne (2) qui s'est introduit
ria datum quod cum damuo injuriam attulerit , nisi
magnâ vi cogente fuerit factura , ut circà eum qui iu- dans fa maison , ce n'est que parce qu'elle
cendii arcendi , y. g. vicinas aedes inrercidit. Hîc Cel- suppose dans ce voleur l'intention formelle
sus scribit ceslare Leg. Aquiliœ actionem ; justo enim de tuer ceux qui voudroient lui opposer de
metu ductus , ne ad se ignis perveniret , vicinas œdes
intercidit , & sive pervenit ignis , sive antè extinctus la résistance.
est , existimat L. Aquiliae celïare actionem. Z. Si quis
49* JT' fin'ff- ad Leg~ Aquil. ( 1 ) Suscepimus Litteras tuas, per quas cognovimus
quòd cùm lator prssentium in custodia cujusdam
domûs cum altero fratre maneret , ingrediente de
VI, nocte , quidam Iatrones ad eos turpiter ipsos in per-
sonis adfligere , & denudato vestimentis propriis prae-
«. Néces- ^ne autre condition qu'exige la Loi , sumpscrunt : inquos isto , reíumptis viribus , iníur-
lité de la en cette matière , c'est qu'il ne suffit point gentes , ligaveruut iljos , & detinere usquè adnoti-
cetteVrha- d'alléguer cette juste crainte , mais qu'elle tiam capituli. Voluerunt eum autem iste rem ad
tuam audientiam perlaturus ligatoseos in fratrissui
ti«e. doit être prouvée par celui qui prétend la custodia dimiíiise , & sures le solvere niterentur ,
faire servir d'excuse à son Crime (1). frater illos ( ne ipse ab eis interimeretur ) occidir.
Verùm , quoniam expediebat potiùs post tunicam
(1) Metum non jaclationibus tantìim vel contes- relinquere , pallium , & rerum sustinere jacturam,
tationibus , sed atrocitate facli probari convenu. L. quàm pro conservandis vilibus rébus & transitoriis ;
v 9. Cod. de his quae vi , metu. tune acriter in alios exardescere abstineat , iste hu-
V. Menoch. de arbitr. cas. 135 & 136, ou militer ab altaris ministerio , & uterque peccattuii
il dit que cette preuve est laissée à (arbitrage du suum ad arbitrium tuum studeat expiare. Constat
Juge. enim eos contrà maníuetudinem ecclesiasticam ex
«triusque ope interemptos. Albxandr. 3. cap. 20.
V I I. • Extr. de Homicid. vol. v. cas.
(z) Lex sceunda duodecim tabularum, furem nocttt
Tout ce que l'on vient de dire par rap- deprehensum occidere permittit , ut tamen idipsum
7.Qa'est- cum clamore testificetur. Interdiù autem deprehen
«e: que J1
que dé- port à lajuflt crainte , doit aussi s'appliquer
fense legi-
lt a ja n^cefljrá d'une défense légitime $ qui sum ità permittit occidere , si is se telo defendat
lime ? ut tamen aequè cum clamore testificetur. Z. 4. Js. r.
a lieu singulièrement dans le cas d'une js. ad Leg. Aquil. . . . Sed si quicumque alium ferro
violence que l'on éprouve de la part d'un se petentem quis occident , non videbitur injuriâ
occidisse j & si metu quis mortis furem occident ,
injuste aggresseur. Celle-ci a cependant des non dubitatur quin Lege Aquiliâ non teneatur , sin
caractères particuliers qu'il est important de autem cùm potuistet apprehendere , maluit occidere
distinguer ici. L'on appelle proprement dé magis est ut injuriâ fecisse videatur , & Lege Corne-
liâ tenebitur. Z. 5.^*. ad Leg. Aquil.
fense légitime y celle qui se sait pour sau
ver son corps , fa vie ou son honneur , ou
IX. '
même pour sauver la vie & l'honneur de ses
proches (1) : c'est-à-dire , qu'en pareil cas , Une seconde cóndition nécessaire pour q.ì°.DoU
le pere peut être légitimement défendu par rendre la défense légitime , c'est qu'elle doit «re P**-*
son fils ; le fils par son pere ; la femme par être précédée d'une attaque faite avec ar- "qJefahe
son mari ; le maître par son domestique , &.c. mes & avec un tel avantage de la part de avec «-
Ô vice versa (2). l'aggrefl'eur, qu'on ne puisse sauver son avecaYa*
(1) Qui, cí.m aliter tueri se non possent , damni corPS » sa vie & son honneur, autrement tag..
culpam dederim imioxii sua , vira enim vi defea- qu'en le tuant : car si , âpres l'avotr désar-
• . > scé, .....
DES CAUSES QUI FONT CESSER LE CRIME , Sec. 3$
mé , & l'avoir mis hors d'état de nuire , mis repcllere, sed hoc confestim , non ex intervaílo.
Leg. 4. fil fi', de vi & vi armata.
on portoit la fureur jusqu'à le tuer , sur
tout dans le moment où il s'enfuyoit lui- X I.
même ; ce seroit alors moins une défense
qu'une véritable aggreflion (1). II en seroit Pour ce qui regarde la Preuve nécessaire n.Prew-
cette matière , c'est ( comme nous l'a- feense iégf.
de même dans tous les cas où l'on auroit en
pu éviter aisément les coups de l'aggres- vons dit en fait de crainte ) à celui qui pré- timejcom-
íeur par une prompte fuite. Sur quoi il faut tend être dans le cas de cette exception , D^-_
néanmoins excepter des personnes d'un cer à en rapporter la preuve ; tellement que position
tain état , dont la fuite seroit honteuse , faute de la rapporter , il doit, suivant la f^V3" te
tels que des Militaires & des Gentilshom Loi , être réputé & puni comme coupable sujet,
mes , &c. II faut encore observer que , pour du crime. Cependant il faut distinguer ,
être dans le cas d'une légitime défense , il parmi ces crimes , ceux qui ont été com
n'est pas toujours nécessaire qu'elle ait été mis dans de certaines circonstances où il
précédée d'une attaque ; car il y a de certains n'y auroit pu avoir des témoins qui puis
cas où la Loi veut que l'aggresseur puisse sent attester la manière dont il auroit été
lui-même exciper de cette légitime dé commis : la Loi veut qu'alor9 on s'arrête
fense, comme v. g. en fait d'homicides aux indices & présomptions qui peuvent
commis par les pères & maris qui sur militer en faveur de celui qui allègue la
prennent leur fille ou femme en adultère ; néceíîìté d'une légitime défense. L'Ordon-
ou par les Sergens & Archers , en cas de nance de ChaRLLS-Quint donne encore
rébellion , ou enfin par ceux qui auroient des règles de conduite les plus sages que
tué un voleur nocturne (2). le Juge puisse suivre en pareil cas.

( r ) Si verò( quemadmodùm perhibetur )Saccrdos » Lorsque celui, qui , ayant tué quelqu'un sans
isic priùs ab illo percuísus facrilego , mox cum cum » avoir été vu de personne , voudra , pour sa jus-
ligone in capite repercussit j quamvis vim vi repel- » tisication , alléguer la raison d'une défense né-
lere omnes Legcs & omnia jura permittaut ; quia » cesfaire contre l'accufateur \ dans ce cas , on doit
tamen id debeat fieri cum moderamine inculpasse » examiner le bon 8c mauvais renom de l'un 8c
tutela: , non ad sumendam vindictam , sed ad inju- n de l'autre , le lieu où l'homicide a été commis ,
riam propulsandam : non videtur idem sacerdos à >> les blessures & les armes qui sc seront trouvées
pœna homicidii penitùscxcusari; tùm ratione instru- » fur chacun d'eux j quelles démarches ils ont faites
menti cum quo ipse percuflìt , qui cùm grave íit , non » de part 8c d'autre , avant 8c après l'action : si par
solet levem plagam inferre , tùm ratione partis in » la conduite passée, l'un d'eux a pu avoir pl;js de
qua fuit i Ile percuísus , in qua de modico ictu quis » raison , de motifs ou d'intérêt que l'autre pour
lethaliter solet laedi. Insoc. III. cap. jìgnificasti. » tuer son homme, ou pour lui faire violence dans
ExTR. de Homicid. vol. v. cas. » le lieu où Faction s'est passée. Un Juge éclairé
(2) Si perfodiens inventus fuerit fur , & percus- m pourra connoître par ces circonstances , s'il doit
sus mortuus fuerit, non est illi homicidium impu- » ajouter foi à la défense nécessaire alléguée •■, la pré-
tandum. Si autem oriatur fol super eum , reus erit. » somptiou d'une pareille défense , dans un fait
Intelligitur ergò non pertinere ad eum homicidium , » avoué , ne pouvant avoir lieu que lorsque les rai-
íì fur nocturnus occidatur ; si autem diurnus fue » sons fur lesquelles elle ast fondée sont bonnes ,
rit , ad homicidium pertinere : hoc est enim quod » fortes 8c constantes, l.es présomptions établies par
ait , fi oriatur super eum sol , &c. quia poterat dis- » l'homicide, pour fa justification , 8íuudésevan-
cernere , quod ad furandum , non ad occidendum » tage du mort , pourront être assez bonnes 8c for-
veniíset , 8c ideò non débet occidi. Hoc etiam in » tes pour que fa défense nécessaire devienne croya-
antiquis Legibus secularibus , ( quibus ista est an- » ble. II n'est p3s possible que toutes les circor.stan-
tiquior ) invenitur impunè scilicèt occidi noctur- » ces concernant cette matière puissent être éclair-
«um furem , quoquo modo , diurnum autem si » cies ici à fond, 8c d'une manière à les faire en-
se telo défendent j jam enim plus est quàm fur. » tendre à chacun ; mais il est nécessaire d'ob-
cap. Si perfodiens. E X T R* de. Homicid. vol. v. » server que dans ce cas l'accuse est tenu de four-
casual. » nir les preuves de toutes les présomptions dont
» il vient d'être parlé , & que l'accufateur de son
X.
» coté doit être reçu dans les preuves du contraire,
w Dans les doutes bien fondés fur le cas présent ,
10. Doit Enfin une troisième condition , également » les jugemens doivent être nécessairement précé-
sûr6 le"" en^ntie^e pour faire réputer une défense » dés de la consultation des Gens de Loi , fur le rap-
champ, légitime , c'est qu'elle doit être opposée , » port qu'on leur fera de toutes les circonstances ,
» ce cas pouvant être sujet à plusieurs doutes 8c
dans l'instant même de l'attaque , & non » distinctions , soit pour ou contre une défense
après un certain intervalle ; parce que l'on » nécessaire que l'on ne sçauroit se représenter avant
pourroit dire dans ce dernier cas , que c'est w faction commise, ou produire». V. ORD.de
moins une défense qu'une vengeance de la Charles-Quint , art. 143.
part de celui qui auroit été attaqué.
XII.
Si defendendi meî causa" , Iapidem in adversa- II. Dis-
rium misero , & non eum sed praetereuntem per- Quant à nos usages particuliers , en même ion
custero, tenebor. L. Aquiliâ. Illum enim solùm qui temps que nous avons adopté les disposi- entre r.ot
irim infert ferire conceditur ■ , 8c hoc si tuendi dun- tions des Loix que nous venons de citer , uíilfies &
taxat , non etiam ulciseendi caufâ factum fit. L. Scien- ceux ou
tant fur la qualité des causes qui peuvent Droit Ro-
tiam. 45. fil penult.fi'. ad Ltg. Aquil. fonder une juste crainte & une défense lé- ITUin-
Cùm igitur, qui cum armis venit , possumus ar-
E
54 LES LOIX CRIMIN ELLES, Liv. I. Tit. V.
gitime , que íùr la nécessité de prouver ces Lettres du Prince , qui , à la vérité , ne
mêmes causes ; nous avons cru devoir nous les refuse jamais lorsque ces cas se trou
en écarter , par rapport à la décharge ab- vent vérifiés de la manière que nous le ver
íblue de toute peine que ces mêmes Loix rons en traitant des Lettres de grâce (i).
prononcent en faveur de ceux qui ont com Ce n'est par conséquent que dans ce sens
mis des homicides dans l'un & l'autre de particulier que doit s'entendre la diípofi.
ces cas. L'on veut dire que , suivant les tion de la Coutume de Bretagne , qui porte
Ordonnances du Royaume , ceux-ci font que le Juge peut absoudre des cas avenus
assujettis aux mêmes poursuites & aux mê par fortune & ignorance (z).
mes condamnations que fi l'homicide avok
été entièrement libre & volontaire de leur ( 1 ) n Défendons aux Maîtres des Requêtes &
part : & cela fur le fondement de cette » Gardc.scelsdefditesChancelIeries(près nos Cours}
» de sceller aucune rémission , si ce n'est pour les
maxime de notre Droit public , qui ne per » homicides involontaires , ou pour çtux,qui , dan»
met à qui que ce soit de fe faire justice à » une légitime défense de la vie , & quand Cimpé-
soi-même , & qui veut que quiconque tue » trant aura couru risque de la perdre , fans qu'en
soit digne de mort. En forte que , pour fe m autre cas il cn puiífc être expédié , à peine de
» nullité ». DECt.duiì.. Novembre 1683.
soustraire à ces peines & à ces poursuites ,
il faudroit néceflàirement recourir à des (z) V. art. 641.

CHAPITRE QUATRIEME.

Du Crime commis par Ignorance.

« SOMMAIRES.

1 . Deux sortes d'ignorances. 4. Ignorance du faitsert à faire excuser le


2. L'Ignorance du Droit naturel & divin Crime.
n'excuse jamais. $. Exception à cet égard.
3. Cas oh l*ignorance du Droit positif peut 6. Celui qui l'allègue , tenu de la prouver'j
servir d'excuse. ù comment.

pèchent par ignorance de la Coutume desv


t. Detsx N OUS distinguons , d'après la Loi , deux
fortes d'i fortes d'ignorances ; l'une de Droit , & l'au lieux où ils passent , pourvu néanmoins
gnoran tre de Fait. La première est subdivisée par qu'il n'y ait pas eu , de la part de ceux-ci ,
ces»
les Auteurs , en deux espèces différentes ; une négligence affectée de s'en instruire (2) :
l'une qui tombe íùr le Droit naturel & di & c'est ce qui a fait distinguer , par ie9
vin , l'autre íùr le Droit positiffeulement. Auteurs , cette ignorance du Droit posi.
tif en vincible & invincible, en probable
In etnni parte error in jure non eodem loco
& affectée.
quò facti ignorantia haberi debebit. L. ç.js. de jure
& fa3. ignor. ( 1) Non omnis ignorans immunis est à poena. Ille)
I L enim ignorans p otest exeufari à pœna qui à quo
difeeret non invenit. Istis autem hoc ignofci petit
L'ignorance du Droit divin & du Droit qui habentes à quo difeerent operam non dederunt.
a.LIgno- Can. 16. dijl. 37. S. Avgvst.
rance du naturel, qui sont censés gravés dans le
Droit na (ì) Régula est juris quidem ignorantiam cuiquej
turel & di cœur de tous les hommes , n'excuse jamais nocere, facti verò ignorantiam non nocere.Videamus
vin n'excu dans aucun cas. igitur in quibus speciebus locum habere possit eò
se jamais. antè pervenisse quòd minoríbus viginti quinque an-
Nec in ea re rusticitati venia prarbeatur , cùm na-^ nis jus ignorare permiisum est ; & in foeminii in
turali ratione honor hujufmodi personis debeatur. quibus de causis, propterfexûs infirmitatem, dici-
L. z. Cod. de in jus vocando. tur \ & ideò , sicuti non est delictum , fed juris igno-
lantia , non laeduntur. 49. js. de juris & fa3i ignor,
III. .... Sed facti ignorantia ità demùm cuique non no-
cet , si non ei íumma negligentia objicíatur. Quid,
II n'en est pas de même de l'ignorance enim si omnes in civitate sciant quod ille solus igno
j. Cas rât. L. 1. ibid.Jf. 2.
où lìgno- du Droit positif celle-ci peut servir d'ex
rance du cuse à de certaines personnes que leur état
Droit po I V.
sitif peut ne met point absolument à portée de con»
servir d'ex noître les Loix , quoique d'ailleurs légale A l'égard de l'ignorance de fait , comme 4.Igno-
cuse. elle ne regarde que des choses qu'on n'étoit ^Jcese *
da
ment publiées (1). De ce nombre font les
personnes Rustiques , les Soldats , les Mi pas obligé de fçavoir, c'est pour cela qu'elle faire excu-
neurs , les Femmes , & les Voyageurs , qui est mise en général au nombre des causes „releCri
DES CAUSES QUI FONT CESSER LE CRIME , &c. 35
qui font cesser entièrement le Crime. C'est un temps non assez éloigné pour qu'il en
de celle-ci que veut parler sans doute la eût pu perdre le souvenir.
Coutume de Bretagne , dans l'article que Plurimùm interest utrùm quis de alterius causa
nous avons cité à la fin du chapitre pré & facto non sciret , an de jure suo ignorât. L. 3.
cédent. ft. de jur. & sacl. ign.
V t
V.
Au reste , c'est à ceux qui allèguent cette g Ceîuf
^.Excep- II y a cependant de certains cas où cette ignorance de fait , à la prouver. Ce qui se <tui f*a*m
tion
tion à cet ignorance n'excuse point , sçavoir lors- fait par des indices & présomptions; car , £jj,'prou«
égard.
qu'elle tombe sur une chose qui devoit na comme elle consiste principalement dans var • &
l'intention , elle ne peut guere se prouver CuUUIKnt*
turellement arriver ; ou qui étoit tellement
notoire dans le lieu , qu'elle n'étoit igno d'une autre manière. Cette preuve , sui
rée de personne ; ou bien , lorsque cette vant les Auteurs , est laissée à-l'arbitragedu
ignorance porte lùr un sait personnel à ce Juge.
lui qui dit l'ignorer , & qui s'est passé dans \AMenoch. de arbitr. cas. 186.

CHAPITRE CINQUIEME.

"Du Crime commis par Erreur,

SOMMAIRES.

1. En quoi l'erreur diffère de l'ignorance. 4. Quid , de Verreur précédée etune saute,


2. Erreur qui riexcuse point. 5. Doit être prouvée., & par qui.
3 . Erreur qui excuse.

L riam eum mihi facere velle. £. 18. ff. 3. ff. d$


Injur. ■ .
ï. En quoi Jl y a cette différence entre l'Erreur,& ( 3 ) Si rem fuereditariam ignorans in ea causa esse
subripuisti , furtum te facere respondit Paulus. ...
àìftete de l'ignorance dont nous venons de parler , Rei haereditarias furtum non fit , nec ei quae sine do
l'ignoran- que celle-ci íùppose un défaut absolu de mina est & nihil mu^at existimationi surripientis.
ce- connoiíîànce du mal qui est réíùlté de ce L. 6. ff. de crim. expil. hœred.
qu'on a fait ; au lieu-que la cause qui donne (4) Si non in specie , saítjem in génère. Fekes*
in Cod. ad L. Cornet, de Siccar.
lieu à Terreur , pouvant être ou innocente
ou criminelle par elle-même , il suit de I I I.
là , qu'il y a des cas où Terreur peut faire
excuser le Crime , & d'autres où elle ne Quant à Terreur qui sert à faire excu- 3. Erreur
fer le Crime , & dont nous voulons par- ^" eïCU-
Texcuse point, *
I l ler principalement ici , la Loi nous en
donne ces deux exemples ; l'un du Chas
3. Erreur A Tégard des cas particuliers où Terreur seur qui croyant tirer sur une bête , a tué
2mn.excu'
uin'exci n'excuse point, nous en avons plusieurs
: point. r » r malheureusement un homme ( 1 ) ; l'autre du
exemples dans le Droit , notamment de ce maître , qui , voulant frapper son esclave ,
lui qui croyant tuer son ennemi , en tue un a le malheur de porter son coup sur un tiers
autre qu'il a pris pour lui ; de celui qui tue qui se seroit mis à la traverse (2). L'on peut
ou corrompt un esclave , croyant tuer ou dire en esset de ces deux espèces d'erreurs
corrompre une personne libre (ï ) ; de celui Comme du cas fortuit , qu'elles excluent
qui croyant ne brûler qu'une maison , en absolument toute idée de ce consentement
brûle plusieurs (2) ; & enfin de celui qui qui est nécessaire pour former le Crime (3).
s'empare d'une lùccefllon qui lui appartient
& qu'il ne croit pas lui appartenir (3) ; parce (1) Delinquitur casu , cùm in venando , telum in?
feram missum , hominem interfecit. L. Perspicien-
que dans tous ces cas Terreur se trouve ac
dum. ll. Js. 2. ft', de Panis.
compagnée de Dol & de l'intention for (z) Si cum servo meo pugnum ducere vellem irr
melle de nuire à quelqu'un (4), proximè te stantem invitus percusserim, injuriarura
non teneor. L. 4. ft. de Injur.
(1) Si servum meum, cùm liberum pwares j oc- (3J Non videntur qui errant coasentíre. £.116.
ciileris , Lege Aquiliâ teneberis. L. 45. ff. 2. ft. an ff. z. ft» de regul. jaris.
íeg. Aquil... Si quis , dolo malo , períuaserit quid
servo , quem liberum putabat , midi videtur teneri 1 v-
eum oportere , magis enim deliquit.... L. S- Js' *•
ft. de servo corrupto. Maís aussi il ne suffit pas , pour que cette dtrfrmir
(2) Si injuria mihi fiat ab eo cui sum ignotus ,
erreur puisse exempter entièrement de pei- précédée
aut si quis putet me Lucium Titium eíTe , cùm sim — - d*une fau-
Gaius Seius , prœvalet , quòd principale est inju- ne , qu'on ne puhTe imputer aucun Dol te.
E 2-
56 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. I. Tit. V.
ou intention de nuire à celui qui y tombe ;
il faut encore que cette erreur n'ait d'ail- y y
leurs été précédée d'aucune faute , telle,
que celle dont nous avons donné un exem
ple d'après la Loi , dans celui qui vou- II y a au reste cette différence, entre celuí 5. Doît
lant défricher son champ des broussailles qui commet le Crime par erreur , étant oc- èt™
qui s'y trouvoient , y auroit mis le feu cupé à une action licite , & celui qui le com- qj' p"*
pendant qu'il couroit un grand vent , & met dans le temps qu'il étoit occupé à une
auroit par-là occasionné l'incendie de la action illicite, qu'au premier cas, c'est à celui : -
moiflbn ou de la vigne d'autrui. Ce qu'on qui se plaint du Crime, de prouver qu'il a été
peut dire , à plus forte raison , de celui qui fait à dessein de lui nuire de la part de ce-
dans le temps où il seroit tombé dans le lui qui prétend l'avoir fait par erreur : au
Crime par erreur , se seroit occupé de quel- lieu que dans le dernier , c'est à celui qui
que action illicite par elle-même , comme a commis le Crime , à prouver qu'il l'a fait
s'il étoit alors pris de vin , ou s'il se tïou- sans aucune mauvaise intention pour qu'il
yoit dans un lieu prohibé. puisse être entièrement exempt de peine.

Fin du premier Livre.


LES

LOIX CRIMINELLES

SUIVANT LEUR ORDRE NATUREL.

LIVRE SECOND.

DE LA PEINE EN GÉNÉRAL,

ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES.

Matière Ce second Livre efl partagé en quatre Titres ; dans le premier desquels il fera.
coBdeiI- traité de VOrigine & de la NéceJJité de la Peine ; dans le second des
,vre. Règles générales pour la bien appliquer , des Cas particuliers , ou il y a lieu

de l*augmenter ou de la modérer s 6V enfin des Conditions nécessaires pour


la rendre juridique ; dans le troisième de la Division des Peines suivant
le Droit Romain & nos Usages particuliers. Enfin le quatrième contiendra
VEnumération des différentes espèces de Peines usitées dans ce Royaume ,
avec l'Ordre cV la Manière dont elles sy exécutent , & les Effets particuliers

qu'elles produisent sur la personne & les biens du Condamné.

TITRE PREMIER-

De VOrigine & de la Nécessité de la Peine en général.

SOMMAIRES.

1 . Deux sources ordinaires du Crime , 4. Pouvoir d'infliger des Peines , partie la


Defir & Crainte. plus essentielle de la Législation.
2. Crainte des châtimens extérieurs , frein 5. Origine de ce pouvoir , & par qui doit
salutaire. s'exercer.
3. Nécessité dune autorité publique en cette 6. Difficulté dans rapplication de la Peine
matière. en général.

\. Deux E même qu'il y a des Récompen perdre celles qu'on a. C'est de-là en effet
sources or ses pour la vertu , il y a aussi des que l'on a vu naître les inimitiés , l'entie ,
dinaires
du Crime, Peines pour le vice (1). On íçait l'ambition & la cupidité ; autant de passions
Defir & _ en général que les vices ont pris funestes qui , étouffant dans les hommes les
jCrainte. leur source dans ces deux inclinations qui sentimens d'honneur & de justice que la Loi
font les plus naturelles à l'homme , le désir naturelle avoit gravés dans leurs cœurs , les
& la crainte ; sçavoir , le désir d'acquérir ont entraînés insensiblement aux plus grand»
les choses qu'on n'a pas , & la crainte de désordres (2).
38 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. II. Tit. I
Cl) Oderunt peccart boni Virtutis amore j C'est donc , sans contredit , ce pouvoir d'in
Oderunt peccarc mali formidint Pcence. H.ORAT. fliger des Peines , qui fait la partie la plus
(2) Radix omnium malorum cupiditas. Can. 13.
eflèntielle de la Législation , puisque c'est
de Panií. dijl. z.
lui seul qui peut donner vigueur à la Loi ,
I I.
& assurer , par ce moyen, la paix ôclatran-
* Crain- C est ainsi que les coupables n ayant plus mité dans Ust £tat
ete retenus par la honte & les remords, qui
(1) Factas autcm siint Leges ut earum metuhu-
térìeurs, font la fuite ordinaire du Crime , il a fallu mana coerceatur audacia , tutaque íìt inter impro-
Frein salu- nécessairement leur donner un frein plus bos innocentia , & in ipsis improbis formidato sup-
puissant par la crainte des châtimens exté plicio , refrenetur nocendi facultas. Can. 1. disi. 4.
rieurs , qui les empêchent de nuire davan
V.
tage à la société , en même temps qu'ils
servent à la venger du scandale & du tort Aussi ce pouvoir , que l'on appelle Droit ^. Ori-
réel que le Crime lui a causé. de Glaive , parce qu'il s'étend fur la vie des 8me d5 c«
, ' r A . . pouvoir ,
Exigit perversorum andacia ut non simus íblâ nommes , ne pouvoit appartenir , comme & par qui
deliótorum prohibitione contenti , sedetiam pœnam nous l'avons dit (1) , qu'à cette autorité doit «te
delinquentibus imponamus. Cap. 1. de Cenfib. & suprême , que la divine «Providence com- xercer'
txacl. in 6°.
munique aux Souverains (2) , lesquels ne
I I I.
pouvant toujours l'exercer par eux-mêmes ,
,.Néces- Mais comme d'un autre côté c'eût été à cauíe de la grande étendue de leurs Etats ,
íùtoríténe exPoscr la société elle-même à de nouveaux sont obligés d'en confier l'exercice à des
publique désordres , en laislant à ceux qui auroient juges préposent à cet effet (3) , ne
ratière16 souffert du Crime ' le soin de S'en venger sc réservant pour eux-mêmes que le droit
eux-mêmes (1), & cela, tant à cause du d'accorder des grâces, comme le plus pro
danger qu'il y auroit que la passion ne les pre à caractériser la Majesté Royale (4).
emportât au-delà des règles de la Justice ,
qu'à cause de l'impuissance même où se (1) V. // Discours Préliminaire.
(2.) Non est potestas nisi àDeo. Qiîae autem sunt
trouveroient le plus souvent ceux-ci de tirer à Deo , ordinata sunt ; itaque qui reiistit potestati
cette vengeance , d'autant que le Crime est Dei , ordinationi resistit. Si malum feceris , time j non
ordinairement commis envers des foibles enim sine causa gladium portat. Dei enim minis-
ter est , vindex in iram ei qui malè agit. S. Paul.
par des puissans ; il a fallu aussi , par une
Rom. 13 & 14.
fuite nécessaire de rétablissement des' Pei j(3) Uatum jus animadvertendi & gladii certis
nes , recourir à l'autoríté même qui les a éta quibus ctiam vel à lege , vel à Principe & aliis qui
blies , pour pouvoir en assurer l'exécution : potestatem habent. L. Imperium.ff. de Jurisd.
.... Voluntatem regiam in Legibus habes 9 illis
aussi avons-nous vu , d'après la définition de obtempera , & nostra cognosceris implere mandata.
la Loi , qu'elle n'avoit pas seulement pour Cassiod. lib. 7. epist. 2 Quia non parvam
objet de défendre & d'ordonner, mais encore rem tibi respicis fuilse commisiam , quandò tran
de punir ceux qui ne font pas ce qu'elle or quillisas regui nostri tuâ creditur sollicitudine custo-
diri. V. ibidem epist. 4.
donne, ou qui font ce qu'elle défend (2). (4)Materiaest gloriar principalis delinquentis rea-
( 1) Non est fingulis concedendum , quod per Ma- tus, quia nisi culparum occasiones émergèrent, locum
gistratum publicc poslìt fieri , 11e lit occasio majo- pietatis non haberet.... Quapropter casibus asperis
ris tumultûs. L. 176. Js. de reg.jur.. . . Ad hoc re- praïstandum est lu b justitiae laude moderamen ut nec
perta est sacra Legum reverentia , ut nihil manu , vindictam linamus superare peccata , nec culpam
nihil proprio ageretur impulsu. Quid enim à bel- insultare. patiamur Legibus impunitam. Cassiod.
lica confusione pax distabit , si per vim litigia ter- lib. 3. epist. 46.
minentur.... Sic enim aequitatis libra scrvabifcur si V I.
auxilium largiamur imparibus , 8c metum nostrî pro
parvulis insolentibus opponamus. Cassiod. lib. 1. Mais fí , d'une part , l'on ne peut difcon- 6, DiflU
epist. 9. £* lib. 4. epist. 10. venir de la nécessité & de Futilité des Pei- <;ultévdans
( z ) Legis virtus haec est , imperare , vetare , permit- -, c ~ a lapphca-
ters , punire. L. 7. ff. de Legìb. . . . Omnis autem nes , il raut convenir en meme temps que tion de U
L.ex aut permittit aliquid ut vir sortis petat prae- rien n'est plus difficile que d'en déterminer p<!in,e . en
mium ì aut ve'tat , ut sacrarum Virginum nuptias
la juste application ; & cela non-feulement
nulli petere liceat^ aut punit , qui caedem fecerit ,
capite plectatur :.ejus enim praemio aut pœnâ vita à cause de la diversité des Crimes qui peu
moderatur humana , divina autem prœcipit ut dili* vent y donner lieu , mais fur-tout à cause
ges Dominum Deum tuum. Can. 4. dist. 3. I de la variété & complication des circons-
j y tances qui peuvent se trouver dans chacun
de ces Crimes en particulier. C'est de cet
4. Pou- Qui ne sent en effet , que quelque sage objet important que nous allons nous occu-
rWddes <îue ^ut ^'ailleurs la Loi dans elle-même , per dans les Titres fuiv ans , où, après que
Peines , elle deviendroit bientôt inutile à la société , nous aurons exposé les règles générales que
pfuTessèn- Pour Ie kien de laquelle elle a été établie , nos Loix ont établies pour marquer la juste
tieiie de la si celui qui Fa faite , n'avoit le pouvoir de proportion qui doit se trouver entre la Peine
législation. faire respecter son autorité , par la punition & le Crime , en même temps que les con-
de ceux qui voudroient s'y soustraire (1). ditions nécessaires pour rendre cette Peine
DE L'ORIGINE ET DE LA NÉCESSITÉ DE LA PEINE , &c. 59
juridique, nous entrerons dans le détail des l'Objet important qui doit terminer cette
différentes espèces de Peines qui font con- première partie , l'on veut dire , l'énuméra-
nues parmi nous. C'est ainsi que nous pré- tion des différentes espèces de Crimes aux-
parerons nos Lecteurs à l'intelligence de quels ces peines doivent s'appliquer.

TITRE SECOND-

Des Règles générales pour V Application de la Peine.

CHAPITRE PREMIER.

Des Conditions nécessaires pour rendre la Peine jujle en elle-même,

SOMMAIRES.

t. Trois fins principales dans l'établijsc- 2. En quoi doit consifler sa proportion avec
ment de la teine. le Crime.
I.

fins rinri- ^ ^ Peme ayant été établie , comme nous Crime , que doit se déterminer la juste ap-
pales dan* l'avons dit , à ces trois fins principales ; plication de fa Peine. Nous aurons lieu , en
lìientdeìâ 1 °* ^e con%er ^e coupable ; 2°. de réparer, • traitant des différentes eípeces de Crimes ,
Peine. autant qu'il est possible , les maux que son de remarquer les caractères particuliers qui
Crime a causés ; 30. enfin de retenir les mé- constituent leur Nature , ou les différens de-
chans par l'exemple & la crainte de sem- grés de malice qui les distinguent entr'eux.
Jjlable punition ; c'est conséquemment dans Nous nous arrêterons seulement à dévelop-
J'entier accomplissement de ces trois fins , per ici les différentes circonstances qui peu-
que consistent les conditions nécessaires vent se trouver dans chaque Crime en par-
pour rendre la Peine juste. ticulier , & qui doivent servir à le qualifier,
j j ou à en faire augmenter ou diminuer la Peine.

a En quoi Mais aussi, comme d'un autre côté , (0 Pœna débet commensurari delicto. L. x\. ff.
doit con- cet accomplissement ne peut se trouver Placuittam severamanimadvertendi
íìster sa j t • n. _ • j e"e ceniuram , ut par pœna possit slagitns inveniri ,
propor- dans la juste proportion qui doit être & condignis nefas cruciatibus expiare. L. x. Col
tion avec gardée entre la Peine & le Crime (i) , & Thbod. de Crim. Ptculot,
leCrune. qug ce frime peut devenir lui-même plus (L) Inquirendum est judicanti ne quid aut du-
OU moins grave , suivant sa nature & les tìùs aut remiflìùs constituatur quàm causa depos-
différentes circonstances dont il est accom- ci'> sed perpenfo judicio, prout qusque resexpos-
i s \ -i » r v i tr • ^ tulat , statuendum est. L. ii. ff. de Panis
pagné (2) : il s'ensuit nécessairement que Pra:sc'S debet prout qu|sqi,e it* animad.
c est par la nature & les circonstances du vertere. L. i$.ff. de Offic. Prœf.

§. I. Des Cas particuliers où il y a lieu d*augmenter la Peine. .

1. Sept causes différentes de l'augmentation chose fur laquelle tombe le Crime.


de la Peine. 6. Quatrième cause , tirée du temps oìt le
2. Première cause , tirée du motif qui a porté trime a été commis.
au Crime. 7. Cinquième cause , tirée du lieu où s'efí
3. Différens motifs dans les Crimes du commis le Crime. .,
même genre. 8. Sixième cause , tirée de la quantité du
*4. seconde cause , tirée de la qualité des Crime.
parties. 9, Septième cause , tirée de /'événement du
5. Troisième cause , tirée de la qualité de la Crime.

I.

crasefdS- ° U 8 avonS ^ » en traçant du Crime en laquelle portoít le crime , du temps , du lieu ,


férentes général , que la Loi faifoit dériver les cir- de la quantité & de Vévénement. Ce font
de Taug- constances qui fervoient à l'aggraver , de ces mêmes causes qui doivent auíîi concou-
de la Pei- ^P* causes différentes ; sçavoir , du motif rir à en faire augmenter la Peine , & que
ne. qui avoit porté à le commettre , de la qua- nous croyons , par cette raison , devoir re-
lité des parties , de la qualité de la chose íur prendre ici en peu de mots , en attendant
4o LES LOIX CRIMIN ELLES, Liv. II. Tit. IL
que nous ayons lieu d'en donner une idée turelle (3) ; qu'enfin pour ce qui concerne
plus précise , par leur application aux dif les crimes commis par faute & imprudence ,
férentes espèces de Crimes qu'elles peuvent l'on devoit aussi punir avec plus de rigueur
concerner, ceux qui auroient été commis pendant qu'on
Sanè cùm vir discretus existas , pleniùs nosti quòd étoit occupé à une aclion illicite de fa na
in exceíîìbus fingulorum , non solùm quantitas & ture , que ceux commis dans une autre cir
qualitas delicti , sed aetas ,scientia , fcxus , atque con- constance (4).
ditio delinquentis sunt attendenda , & non solùm
secundùm praedicta , sed secundùm locum & ttmpus (1) Hominem veneno extinguere plus est quàm
quò delictum committitur : unicuique débet pœni- occidere gladio. L. 1. Cod.de Maies.
tentia indici , cúm idem excessus magis sit in uno (2) V. ce qui a été dit sur les manières de commet
quàm in alio puniendus. Cap. Sicut dignum. Extr. tre le Crime par autrui, tit. 2. ÍT. 1 , 2 , 3 & 5.
de Homicid. vol. v. cas. ( 3 ) V. encore ce qui a été dit fur les Crimes com
mis dans un premier Mouvement, tit. 3. ch. Z.
I I. (4) V. ce qui a été ditfur les Crimes commis par
faute & par imprudence, tit. 3. ch. 3.
2. Premie- Ainsi , i °. quant aux motifs qui ont porté
[.eécaudse . à commettre le Crime , nous avons observé I V.
motif qui qu'il falloit d'abord distinguer les Crimes z°. Quant à la qualité des parties, elle 4,Seco»;
a porté au commis par dol , de ceux commis dans un peut aussi , comme nous Pavons dit , con- ^e"d"sei*
nme" premier mouvement \ qu'il falloit auflì dis
courir à faire augmenter la Peine du Crime , qualité <Us
tinguer ces derniers de ceux commis sim soit que l'on considère cette qualité du chef ParU"'
plement par faute & imprudence , parce de ceux envers qui le Crime auroit été com
qu'en effet ceux de la première espece pétant mis , comme si c'étoit par un Sujet envers
faits avec réflexion , renferment un plus son Souverain , par un Fils envers son Père ,
grand degré de malice , qui les rend plus par un Domestique envers son Maître , par
punissables que ceux de la seconde , où la un Vaffal envers son Seigneur {1) : soit qu'on
volonté n'étoit pas entièrement libre ; de le considère du chef seulement d,e ceux qui
même, que ceux-ci font plus punissables le commettroient ; comme si ce Crime con-
que les derniers , qui font commis fans sistoit dans des prévarications faites par des
aucune intention formelle de nuire. personnes publiques dans leurs fonctions ,
Refert, & inmajoribusdelictis, consultb , anali- tels que Magistrats , Greffiers , Notaires 3
quid admittitur, an casu & sanè in omnibus Cri- Tuteurs > Médecins , Apothicaires , Orfe~
minibus distinctio hase , pœnam aut justam eligere
débet , aut temperamentum admittere. L. 5-Js.i.js. vres , Geôliers ; ou bien si ces personnes
de Panis. étoient elles - mêmes d'un état suspect ,
Scicndnm quippè est quòd peccatum ; nam aut comme si c'étoit des infâmes , des gens re
ignorantiâ , aut infirmitate , aut studio perpetratur ,
pris de Justice , des vagabonds & gens
te graviùs quidem infirmitate quàm ignorantiâ ; sed
m\ûtò graviùs studio quàm infirmitate peccatur. Can. fans aveu (2).
22. de Pcenitent. dist. 2. (1) V. ce qui a été dit fur les causes qui peuventser
V. ausurplus ce qui a été dit fur les différentes cau vir à aggraver le Crime. '
ses qui produisent le Crime, liv. I. tit. Z.cn.l, Z& 3. (2) Incausis ex personarum conditione , & rerum,
qualitate diligenter peenas sunt zstimandx. L. ^.ff.
I I I. \. ff. ex Incendia.
3 Diffé- ^e n e^ Pas t0Ut : n0US avons encore ob V.
•ens mo-
tens mo- servé ,, relativement
ìerve relativement aux
aux motifs
motifs ,, que parmi
30. Quant à la qualité de la chose íùr la 5. Troîsie^
îwCrimes *es Crimes ^u m^me genre , il y en avoit me cause ,
quelle tombe le crime , nous avons dit
du même aussi que leurs motifs rendoient plus ou tirée de U
genre. moins punissables les uns que les autres ; qu'elle pouvoit aussi servir à faire augmen qualité de
ter la Peine ( 1 ) , comme en fait de vol de la chose sur
qu'ainsi , en fait de Crimes commis par dol , laquelle
choses sacrées , de deniers royaux & autres tombe le
l'on devoit punir plus rigoureusement ceux
choses confiées à lafoi publique (2). Crime.
faits par trahison (1) , que ceux qui auroient
(O Ex rerum qualitate pœnae sunt aestimandae.
été commis à force ouverte ; & pareillement
V. mime Loi ci-devant citée^
3u'il falloit distinguer parmi les complices (2) V. aussi ce qui fera dit fur le Vol qualifiépar
e ce genre de Crime , ceux qui avoient la chose.
aidé à le commettre , ou qui l'avoient com 's VI.-
mandé , de ceux qui l'avoient seulement
4°. A l'égard du temps , il peut aussi , 6. Q«-:
conseillé (2). Nous avons de plus observé comme nous l'avons dit , servir à aggra- £^me
que parmi les Crimes qui avoient été com
ver le Crime , & par conséquent à en faire rée du
mis dans un premier mouvement , il falloit augmenter la Peine , comme en fait de vol f*"Jfí où
distinguer ceux qui auroient été l'effet d'une ° . . ' . . le Crime a
commis pendant la nuit , ou dans un temps été cora
passion brutale , ou qui auroient été com mis.
il naufrage , de tumulte ou dincendie.
mis par aggreffion , comme plus graves &
plus punissables que ceux qui n'auroient été V. ce qui fera dit furie Vol qualifiépar le Temps.
Les amendes de mêlée ou forfaits commis de nuit
commis qu'en se défendant , ou par l'effet font doubles. V. Loysel. Inst. cour. liv. 6. Tit. z.
d'une jufìe douleur , ou d'une affection na- Max. xi.
VII.
DES REGLES GÉNÉR. POUR L'APPLIC. DE LA PEINE. 41
(1) Et à cette cause , voyant que c'est une chpfe
VII. qui pullule & multiplie chacun jour, afin de donner
50. Par rapport au lieu , nous avons en- plus grande peur & terreur à ceux qui s'en voudront
7. Cln-core remarqué qu'il rendoit le Crime plus mêler, Nous qui délirons , fur toutes choses , répri
mer & faire punir telles fautes & crimes qui sont
c^se^ti- grave & plus punissable en de certains cas , dommageables à notre peuple & au bien public ,
réeda //>« comme lorsqu'il s'agit de trouble , à'irrévé- ordonnons que tous ceux qui sont &c seront atteints
comn\\f\e rence > ou ^e v0^s ^anS *es Eglises , & convaincus par Justice d'avoir fait 8c passé faux
contrats & porté faux-témoignage en Justice , seront
.Crime, dans les Maisons Royales , Auditoires de la
punis de mort. Ord. de François I. , à Argen-
Justice y Frisons & autres lieux consacrés ton , en Mars 153 1.
à la sûreté publique. (3) Nonnunquàm evenit ut aliquorum malefício-
rum supplicia exacerbentur quoties nimirùm multis
Ut non solùtn hi qui in injuriam sanSorum loco~
personis grassantibus exemplo opus íit. L. 16. ff.
rum prosiluisse probantur , mcritòconsequantur,pro
de Panis.
facti fui vindictam, verùm etiam caeteri á tali prœ-
sumptione ultionis istius timoré revocentur. Can. I X.
10. caus. 17. Qu. 4.
V. au surplus ce qui a été dit fur les Causes qui 7°. Enfin, quant à Yévénement , nous 9. Sept;*;
servent à aggraver le Crime. Tit. 4. ch. 1.
avons vu que la Loi , en exigeant qu'en fait "^5"%*
VIII. de Crimes atroces l'on considérât moins vinement '
6°. Pour ce qui concerne la quantité , l'événement que la volonté (1), íùpposoit duCrirae«
8. Sixîe- nous avons vu qu'elle pouvoit servir éga- par-là néceslàirement pour règle générale ,
rirée^dVlâ lement à faire augmenter la rigueur des qu'à l'égard des autres Crimes l'on devoit
^anúUdu Peines ; soit que cette quantité íe mesurât punir plus rigoureusement ceux qui au-
rune* par \à grande valeur de la chose sur laquelle roient été consommés , que ceux qui n'au-
tomboit le Crime , comme s'il s'agilîòit de roient pas eu leur entière exécution. Ce qui
la déprédation totale d'une succeflion , ou devroit avoir lieu à plus forte raison , s'il
du vol d'un troupeau entier (1) ; soit qu'elle n'avoit tenu qu'à celui qui a commencé le
se meíùrât par les récidives où seroit tombé Crime , de l'achever entièrement (2).
le coupable dans le même genre de Crime ,
ou dans un genre différent (2) ; soit enfin (1) In maleficiis voluntas spectatur, non exitus.
Leg. 79 , 14. ff. ad Leg. Corn, de Siccariis... Qui homi-
qu'on la considérât par rapport à la mul nem non occidit , sed vulneravit ut occidat , pro
tiplicité des Crimes qui se commettroient homicida damnandum , & ex re constituendum. L.
dans le même pays où auroit été commis 1. ff. Divus. fi', eod. Tit. . . . Qui hominem volunta-
riè occidere voluerit & perpetrare non potuerit , ho
celui qu'il s'agiroit de punir (3). micida tamen habeatur. Capitvl. Carol.
(1) V. ce qui a été dit fur les Causes qui servent Magn. cap. 3. . . V. art. 191. de fOrd. de Blois.
à aggraver le Crime. V. encore ce qui sera dit sur (2.) Perfeâo flagitia. punitur cap i te , impersecto
le Vol qualifié par la quantité. in insulam deportatur. L. 1. ff. de extraord. Crimin.

§. II. Des Cas oà il y a lieu de modérer la Peine,

SOMMAIRES.

1 . Distinction entre les causes qui font excu 1 6. 40. Caractères particuliers a certains
ser le Crime , Ù celles qui en font mo Crimes.
dérer la peine. 1 7. Deuxième Clajfe. Circonstances qui ont
2. Trois classes principales des causes qui précédé le Crime.
font modérer la Peine. 18. Bonne conduite de l*accusé avant le.
3. Première Clajfe. Circonstances qui ac Crime.
compagnent le Crime. 19. Ses talens distingués.
4. 1 °. Etat de 1''accusé lors du Crime. 20. Services par lui rendus h la Patrie.
5. Agitation d'une passion violente. 2 1 . Noblesse d'extraction.
6. Ivresse extrême. 22. Troisteme Classe. Circonstances qui ont
7. Fougue de la jeunesse. íùivi le Crime.
S. Extrême vieillesse. 23. Evénement heureux du Crime.
9. Fragilité du sexe. 24. Prompt repentir de l'accusé.
10. Rusticité ù inexpérience. 25. Sa confession libre ù volontaire avant
11. 20. Motifs qui ont porté au Crime. la poursuite.
12. Affection naturelle. 26. Laps de temps constdérable depuis fac
13. Crainte révérentielle. cusation.
34. Commisération. a#. Longue détention dans la Prison.
35. 30. Manière dont a été commis le Crime. 28. Multitude des DélinquanSj.

I.
ti^'enrre E N traitant du Crime en général , nous le faire excuser entièrement , de celles crimes
les Causes avons distingué les causes qui servoient à
qui font ° * qui tendoient feulement à en faire diminuer celles qui
F
42 LES LOIX CRIMIN ELLES , Liv. II. Tit. II.
en font la gravité. Nous avons aussi distingué en V. ce qui a été dit sur le Crime commis dans un
premier mouvement.
íapclae! m^me temps les causes de cette derniere
V. Ti R A q u E A V , de Panis temper. caus. I, i ,
espece , de celles qui , fans diminuer la gra
vité du Crime , pouvoient seulement servir
de considérations particulières aux Juges V I.
pour en diminuer la Peine. C'est de celles-ci ,
comme étant uniquement relatives à la Pei Uivresse extrême dont on auròit été fur- g. ivresse
ne , que nous nous sommes réservés de trai pris. Le Droit Canonique nous en fournit ««ême.
ter principalement ici. wy exemple remarquable dans les deux Ca^
nonsíùivans, qui font tirés de S. Ambroise
Odio habeantur peccata , non homines ; corri- & de S. Augustin.
piantur tumidi ; tolerentur infirmi ; & quod in pec-
catis sc venus castigari necesse est, non sxvientis pie* Nesciunt quid loquantur , qui nimio vino indul
tatur animo , sed medientis. V. Can. z. disi. 86. gent. Jacent sepulti , ideòque si qua; per viiium de-
liquerint, apud sapientes Judices veniâquidem factâ
I I. donantur $ sed levitatis damnantur audìores.... In-
ebriaverunt Loth , filiae ejus , & se nescienti miscue-
i. TroU II paroît , d'après les différens exemples rnní. Quapropter culpandus est quidem, non tameii
princf a- (Iue nous en trouvons dans les Loix , que quantum ille incestus , sed quantum illa meretur
les des toutes les différentes causes de la modéra- ebrietas. Can. y & 9. caus. 15. Quœst. 1.
Causes qui áon des Peines peuvent íè rapporter à ces V. Tiraq. caus. 6.
dérer la trois classes principales , dont les unes se
peme. tirent des circonstances qui ont accompagné VII.
le Crime; les autres, de celles qui l'ont pré
La fougue de la jeunessç , que les Auteurs t Fougue
cédé ; d'autres enfin , de celles qui l'ont
appellent la sevré de la raison (1). nesse.'6""
suivi. Nous ne rappellerons ici que celles
qui nous ont paru les plus conformes à nos (1) In delictis autem , minor anni viginti quin-
usages , & qui font fondées d'ailleurs íùrles que non meretur in integrum restitutionem utique
atrocioribus , nisi quatenùs interdùm miseratio aeta-
dispositions préciíès des Loix ; nous ren
tis ad mediocrem pœnam Judicem produxerit. Z.
voyons pour le surplus , aux Auteurs qui Auxilium 37. ss. I. ff.de minorìb. 25 annis Ferè
ont traité la matière exprofessa ^ notamment in omnibus pœnalibus judiciis eetati & imprudentia^
TirAQUEAU , dans son Traité de Pcenis tem- succurritur. L.ff. deregul.jur. V. Tiraq. caus. 7.
perandis , où il rapporte jusqu'à soixante-
VIII.
quatre causes différentes , dont le détail
nous meneroit trop loin. \1extrême vieillesse , ou la décrépitude 8. Emê-J
d'âge, qui suppose un affoiblissement de JssJieil"
III.
l'esprit (1).
'3". Premîe- PREMIERE CLASSE. Circonstances qui ont
( 1 ) Possunt in tempus , ut cujusque patiatur aetas ,
re classe, accompagné le crime. Nous en remarquons relegari , id est , si junior , in longius , sisenior , resci-
Ct?quiac- de quatre sortes , d'après les Loix : les unes fi'iS castigari. L. Divus Adrianus l. ff. de termino
compa- íè tirent de Yétat où se trouvoit l'accusé moto. V. aussi la Loi ferì in omnibus , ci-dessus ci
S"/»!». U l°rs du Crime ; les autres , du motif parti tée. V. Tiraq. caus. 8.
culier qui Fa porté à le commettre ; d'autres ,
I X.
de la manière dont il l'a commis ; d'autres
enfin , des caracieres particuliers à certains La fragilité du sexe , ou la timidité & , ?• Era-
l'inexpérience ordinaire à cet état. u
Crimes. iexe.
I V.
Mitior enim circà eas débet esse scntentia quas
'4.i°.Etat i • Quant à l'ÉTAT ACTUEL de l'accusé pro infirmitate sexûs minus ausuras esse confidimus.
L. Quisquis $.ff. adfilias. Cod. ad Leg. Jul. de Adutt.
s/iofs0ïu l°rs du Cnme ; pour qu'il puisse donner lieu Quare mulier tune demùm eam pœnam quam ma
Crime, à la modération de la Peine , il faut que cet ris sustinebit cùm inceílum jure gentium prohibi-
état soit tel qu'on puisse dire qu'il ne lui tum admiserit ; nam si sola juris nostri observatio
interveniret , mulier ab inctsti crimint erit excusata.
laissoit point l'entiere liberté de son es
L. Si adulterium. 3%.ff. Z.ff ad Leg. Jul. de adult...
prit , ni une parfaite connoissance du mal In excessibus singulorum , non íòlùm quantitas &
qu'il faisoit. La Loi nous en donne pour qualitas delicti, íed aetas , scientia ,sexus atquecon-
ditio delinquentis sunt attendenda. Cap. Sicut dig-
exemple les cas suivans. num. Extr. de Homieid. vol.. v. casual. V. TiRAQ.
■ V. caus. 9.

X.
*ç.Agjta= Vagitation d'une passion violente, telle
PassiodnUne <ìue la colère » la Couleur , ou Yamour. 10. Rus
La rusticité & Yinexpérience.
ticité &
■v,oleme* Miles qui fibi manus intulit , nec factum per- ... , . , _ inexpé-
egit ( nisi impatientiâ doloris , aut morbi , luclûsve Rusticitati enim hominis parcendum erit. L. Ex rience.
•■ alicujus , vtlaliâ causa secerit ) capite puniendus est, quacumque. Z.Js. 1. ff. Si quis in jus vocatus , non
aliàscumignominiamittendus.X. l%.Js. i.ff.deFan. ieriu . . Sed & igaoranti adhuc diíciplinam. Tironi
DES REGLES GÉNÉR. POUR L'APPLIC. DE LA PEINE. .43
ignoscitur. L.4.JI 15. ft', dere militari., V. Tiraq. encore , par rapport à la manière de commettre teres par-
caus. 10. • le Crime , les caractères qui font particuliers tKu!,-,i 1
XI. certains
à certains Crimes , & qui les rendent moins Crime*,
n.i'.Aío- z°. A l'égard des MOTIFS qui peuvent punissables. Ainsi , par exemple , 1 °. en fait
ji/i qui fervir à fair# modérer la Peine du Crime , d'iN JURES (1) , la Loi veut que l'on puniííe
1 ont porté ?
au Crime, l'on veut parler principalement de ceux qui avec moins de rigueur celles qui font sim
font fondés , ou fur une affection naturelle , plement verbales , que celles qui feroient
ou fur la crainte révérentielle , ou fur la pi commises par voie de fait , ou par écrit.
tié & commisération. 20. En fait d'HOMiciDES (2) , que l'on dis
tingue aussi ceux qui feroient faits avec de
X I I. simples armes défensives , ou même avec
n. Affec- Ainsi , 1 °. Quant à Yaffection naturelle , la des armes offensives dont le coup au-
tion natu- L0i met de ce nombre celle qui provient de roit été dirigé dans un endroit du corps
la parenté , de l'alliance (1), du voisinage qui ne feroit point mortel , & qui n'auroit
& de l'amitié (2).' pu le devenir que par l'imprudence de la
( 1) Datur venia adfectioni parentum vel adfinium. personne blessée , ou de ceux qui l'áuroient
Z. 4. Jf. fin. ft', de re militari. soignée -, comme moins punisiables , &. plus
(2) Pœniteiítem in corde ità oportet íuscipi , si graciables que ceux qui auroient été com
eur Dominus ostendit , cùm dicit quia convocavit
mis avec des armes offensives , ou méme
emteos suos &C vicinos , dicens : Conçratulamini mi- , , • , , ,
Ai , quia inveni ovem meam quam ptrdidtram défensives , dont le coup auroit ete porte fur
Can. Pœnitentem. caus. 20. Q u. 7 un endroit du corps , mortel. 30. Et enfin en-
fait de VOLS, la Loi veut que l'on considère
XIII.
encore , pour en modérer la peine , leur
ij,Crain- 2°- Quant à la crainte révérentielle , l'on modicité , & fur-tout s'ils consistent en des
terévéren- veut parler de celle des Enfans envers leurs choses purement comestibles (3).
<ielle" P ère & Mere , des Pupilles & Mineurs en
( I ) V. ce qui fera dit en traitant de tÍNJVRZ,
vers leurs Tuteurs ou Curateurs , des Do- (2) V. ce qui fera dit fur fHOMICIDE.
mefliques envers leurs Maîtres , des Femmes (3) V. ce quifera dit fur U Vol. . - .
envers leurs Maris.
V. ce qui a été dit en traitant de Ceux qui com XVII.
mandent le Crime , & de la Foret majeure. Th. 2.
ss. 1. & Tit. 5. ch. 3. Deuxième Classe des causes de la IÎIO- i7.Deu-
dération des Peines. Circonfiànces qui ont se*^"Jjjr
X I V. précédé le Crime. La Loi nous en donne tances qui
»4- Com- 3°- Enfin , quant à ïa.pitié & Commiféra- les exemples fuivans. omvrteài
le Crime.
misération tion , nous en avons donné pour exemple
ceux qui favorisent l'évasiori des prisonniers , XVIII.
autres toutefois que les Geôliers & Soldats , i°. La bonne conduite &les bonnes mœurs 18. Bonne
à la garde desquels ils font confiés. de l'accufé jusqu'au moment qu'il a commis j°'î,d,uite
t ■ de l'Accu-
V. ce qui a été dit en traitant des différentes espè le Crime. st avant le
ces de Fautes. Tit. 3. ch. 3. Crime.
Inspecto vitee ejus prœcedentis actu , venia ei dabi-
X V. tur. L. Defertorem. T,.Jf. 12. ff. de re Militari... Sed
hoc , licèt liquide» constare non poíTìt , argumentis
if. 30.Ma- 4°. Pour ce qui concerne la MANIERE tamen cognoscendum est ; & si bonus miles anteà
nif« dont font le Crime a été commis ; la Loi veut œstimatus fuit, propè est ut adsirmationi ejus creda-
a été com tur. L. S'Js. à. ibid.... V. Tiraq. caus. 51.
mit íeCri- en général que l'on puniííe moins ceux qui
me. l'ont commis en se défendant , que ceux X I X.
qui l'ont commis par aggreffïon : elle veut
aussi , que l'on traite avec moins de rigueur 2°. Lorsqu'il est doué de talens particu- Ses
les Crimes faits par omiffion , que ceux com liers qui pourroientle rendre utile à la Ré- jj^^"
mis par aclion t ou voie de fait ; & pareille publique.
ment ceux qui auroient été feulement com
Ad bestias damnatos favore populi , Praeses di-
mencés , que ceux qui auroient été entière mittere non débet ; sed si ejus roBoris vel artificii
ment consommés ; en exceptant toutefois fint , ut dignè populo Romano exhiberi poíTìnt ,
les Crimes atroces de leur nature , à l'égard Principem considère débet. L. ^i. ff. de Panis.
desquels nous avons vu que la Loi vouloit
X X.
que l'on considérât moins l'événement que
la volonté. 30. Lorsque l'accufé a rendu des services *o. Ser-
V. ce qui a été dit fur les différentes Manières de signalés à (à Patrie.
commettre le crime. Tit. 2. Precibus&piâ populi supplicationepIacatus,mor- * laPatne-
XVI. tis revocavit sententiam , ne interficeretur ille per
quem salus data erat in Israël , & quo pugnante de
16. Cara<- 50. Enfin la Loi veut que l'on distingue manibus hostium populus ille liberatus fuerat. . . .
F 2
44 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. II. Tit. II,
. . - C'eji la disposition du Droit Canonique , en par
lant de Jonathas , à qui le Roi Saiil son pere ne XXV.
remit la peine de mort qu 'il avoit encourue en violant
ses défenses , que fur les infantes supplications du 30. Lorsque l'accusé en a fait une confes 15. Sa
peuple qui lui devoit fa délivrance de su ennemis. sion îibre & volontaire avant que d'être pour confession
V. Can. 22. ss. 3. caus. 22. libre &
suivi en Justice, & sans qu'il y»eût aucune volontaire
X X I. preuve acquise contre lui. avant la
poursuite. "
n. No- 40. La noblejfe de l'accusé. Nos Loix Qui confessus fuerit fcelexa sua , rriisericordiam
blesse d'ex- s'accordent , fur ce point , avec les diíposi- cojisequetur. Prov. 28.
îraction. ^u j)rojt Romain f en ce qu'elles veu Edicto divi Trajani , quod proposui , fígnifìcatur
ut si quis , antequàm causa ejus ad azrarium defera-
lent que l'on distingue , quant à la Peine , tur , professus esset eaxn rem quam poslìderet ca-
pere sibi non licere , ex ea partem Fisco inferret ,
les Nobles des Roturiers ; & qu'ils ne soient
partemipse retineret. L. 13. ff. de jure Fifci.
aííujettis aux mêmes genres de supplice , V. Tiraq. Caus. 30.
que dans des Crimes qui supposent la bas-
íèsse & la trahison , tels que l'assaíïinat , le XXVI.
vol & le faux. 40. Laps de temps considérable qui s'est *6\ Laps
Decurionem in opus publicum dari non oportere écoulé depuis l'accusation du Crime. confidéla-
manifestum est. L. 3. Cod. de Panis. Si diutino tempore , aliquis in reatu fuerit , ali- ■}«ácC^"lS
En Crimes , les Vilains font plus grièvement pu
nis en leurs corps que les Nobles. V. Loys. Iufl. Cout. quatenùs pœnaejus sublevanda erit ^ sic etiam cons- t;on-
liv. 6. Tit. 2. Max. 31. . . . Toutefois , où le No titutum est non eo modo puniendos eos qui longo
ble feroit convaincu dun vilain cas , /'/ fera puni tempore in reatu agunt,quàm eos qui iiirec«nti sen-
comme Vilain. V. Max. 29. ibid. tentiam excipiunt. L. 15. ff. de Panis.

XXII.. XXVII.

stemldaf Troisième Classe des Causes de mo- 50. La longue détention dans la prison, vj. Lon
gue déten-j
se. circonf dération de la Peine. Circonfiances qui ont Omnes quos damnationis conditio diversis exiliis «ion dan»
tZ}uivi!eíuivlkCrime: L'on peut y rapporter les destinatos metas temporis pra?stituti in carceris im- prison,
Cúme. quatre cas suivans , d'après les Loix. pleífe custodia deprehenderit, solutos pœná vincu-
lisque laxatos , custodiâliberari prœcipimus , necfor-
midare miserias ullas exilii. Sit satis immensorum '
X X I I L
cruciatuum semel fuisse supplicia , ne ht qui diù pri
a3.Evéne; vait sunt aurce communis hauflu & lucis aspedu ,
ment heu- 1 °. L'événement heureux du Crime. Nous
intrà brève spatium catenarum ponderibus pergra-
c"imedU venons ^'en donner un exemple , d'après
vati , etiam exilii pœnam sustinere iterùm çompel-
le Droit Canonique , dans la personne de lantur. L. 23. Cod. de Panis.
JoNATHAS. II y en a plusieurs autres que
XXVIII.
nous fournit l'Histoire Romaine , & que
nous croyons inutiles de rapporter ici , 6°. La multitude des délinquans peut auíîì 18. Mul
comme étant absolument étranges à nos quelquefois donner lieu à la modération des titude des
Délin
mœurs. Peines , comme lorsqu'il s'agit d'éviter le quans.
XXIV. scandale & les séditions ; ou bien d'empê
cher que l'on ne confonde les innocens avec
Prompt 2°' £e prompt repentir de laccusé. Ce
les vrais coupables (1). En forte que ce n'est
repentirde qui s'entend l'orsqu'il n'a point entièrement
* ccus<* consommé le Crime, tandis que rien ne l'em- que lorsque ceux-ci sont connus , qu'on
doit leur faire subir toute la rigueur de la
pêchoit de lç faire ; & lorsque d'ailleurs le
Peine attachée au Crime (2).
Crime ne se trouve point atroce de sa natu
(1) Quoties à populis autturbà peccatur , quia in
re : car dans ce dernier cas , l'on doit moins
omnes , proptpr multitudiircm non potest vindicari ,
considérer , comme nous l'avons dit , l'évé- multùm solet transire ; priora ergò dimittenda dico ,
nement que la volonté. Dei judicio , St de reliquo maxima sollicitudine
praecavendum. Can. 14. Caus. 1. Qu. 7 . . . . Si-
Sed etfi fecerit ultrò reverses , non cum necessi- nite crescere urticas , ne forte eradicetis triticum.
tudine , non erit ejusdem sortis. L. Non omnes dé S. MATTH. 13.
sertons, ff. de re Militari Perfeâo flagitio pu- (2) Outre les poursuites qui se feront contre les
niuntur capite , imperfeclo in infulam deportantur. Communautés , voulons que le Procès soit fait aux
L. 1. ff. 2. ff. de extraord. crim V. Tiraq. principaux auteurs du Crime & à leurs complices.
faus, 28. . . V. Jvl. CLAA.Js. fin. Qu. 58. n. 21. Oju>. dt 1670. Tit. 21. art. 5.

1
DES REGLES GÉNÉR. POUR L'APPLIC. DE LA PEINE. 45

CHAPITRE SECOND.

Des Conditions nècejfaires pour rendre la Peine légale ou juridique*

SOMMAIRES.

t. Trois choses doivent concourir a rendre la dée sur des preuves juridiques. . .
peint légale. 1 1 . Cinquième Règle. Ce que doitfaire le
1. i°. Qu'elle soit ordonnée par la Loi. Ex Juge en cas de preuve insuffisante.
ception en sait de discipline purement cor 12. Sixième Règle. En cas de doute , U
rectionnelle. faut toujours pencher pour l'accusé.
3. 2°. Veines requièrent Déclaration du Juge. 13. Septième Règle. Confession de l'ac-,
4. De quels Juges doit s'entendre cette cusé ne peut seule suffire pour le faire con
maxime. damner.
30. Forme que le Juge doit suivre t de 14. Huitième Règle. Peine ne doit s'é
quatre espèces. tendre au dela de tauteur du Crime , & de
6. Règles générales qui doivent diriger les ses complices. Exception.
Juges en cette matière. 15. Neuvième Règle. Peines qui ne peu
7. Première Règle. Peine déterminéepar vent se cumuler , ou qui ne peuvent être
la Loi , ne peut être changée par les Juges. prononcées qu'accessoirement h d'autres.
8. Deuxième Règle. Pouvoir du Juge dans 16. Dixième Règle. Lieu où doit s'exécu
les cas où la Peine nejl pas portée par la ter la Peine.
Loi. 17. Onzième Règle. Temps où doitsefaire
9. Troisième Règle. Peines qui ne peu cette exécution.
vent être prononcées que par de certains 18. DOUZIEME REGLE. De combien de ma
Juges. nières peuvent se rétracter les Jugemens
i a Quatrième Règle. Peine doit êtreson- criminels.

I.

•t. TroU II ne suffit pas , comme nous l'avons dit , iragistro allata vel à parente , quoniam emendatio-
thosesdoi- pour ja validité d'une Peine , qu'elle soit nis , non injurix gratiâ videntur adhiberi. L. aut
vent con- F _ ., t • c saâa 16. ss. 2. ff. de Panis. . . . Neque magister si
courir à juste en elle-même ; mais il íaut encore scholarem Clencuminttiitu disciplina; vel correctio-
""ne* lé* <ïu'e^e ^°*t légale ou juridique. Or , pour nis perçussent , quia non potest in ipíis injectio ma-
gaíê? " qu'une Peine soit censée juridique parmi nuum violenta notari. Cap. X. Extra. de Sentent.
Excommunie.
nous , il faut principalement trois choses ,
comme nous venons de le voir d'après la I I L
définition que nous en avons donnée ; i°.
qu'elle soit ordonnée par la Loi, 20. qu'elle Nous disons , en second lieu , que cette î- Pei-
soit prononcée par le Juge ; 30. & qu'enfin Peine doit être prononcée par le Juge , "emdéciT
elle soit infligée suivant les formes prescrites c'est-à-dire , que , quoiqu'ordonnée par la ra«°n du
Loi , la Peine ne s'encourt pas néanmoins ,uge-
par les Loix du Royaume.
par le seul fait de la contravention à cette
I I. même Loi ; mais il faut qu'elle soit déclarée
encourue par un Jugement particulier : &
Nous disons en premier lieu , qu'elle doit c'est de-là qu'est venue cette maxime de no
\\ Qu'el être ordonnée par la Loi ; d'où il fuit qu'on tre Droit François , que toutes Peines re*
le soit or
donnée ne peut infliger aucune peine de son auto quierent Déclaration , &c.
par la Loi. rité privée (I). II faut néanmoins excepter
Exception V. Lu rsel. instit. cou t. Uv. 6. tit. 2. max. 3.
en fait de celles qui sont purement correctionnelles ,
discipline comme sont les châtimens qu'exercent les
purement IV.
correc- supérieurs fur ceux à qui la nature & la Loi
tionnelle. même ont donné une autorité particulière , Au reste , cette Déclaration ne doit pas 4. De
être faite indistinctement par toutes sortes queísdoiut"
comme sont les Pères & Mères , les Maî
tres , les Précepteurs , envers leurs Enfans , de Juges , mais seulement par Ceux que la s'entendre
Serviteurs , ou Disciples (2). Loi a proposés à cet effet , c'est-à-dire , c?tt* m*~
comme nous le verrons dans la deuxième
(1) Pœna non irrogatur , nisi qua; quâque Iege , Partie où il fera traité de la Compétence ,
vel quo alio jure spécialiser huic delicto imposita est.
L. 11,1. ff. île verbor. obltg. qu'il faut non-feulement que ce Juge ait le
(2) Causa ut ia ve*beribus quae impunita sunt , à pouvoir de coanoître des Matières crimi-
~ 46 LES LOIX CRIMIN ELLES , Liv. U. Tit. II.
nelles en général , mais encore celui de con- plice dans son exécution , comme v. g. en
noître en particulier du Crime & de l'Ac- fait de Peine de mort, condamner feulement
à la potence ceux contre lesquels la Loi
cusé qui lui sont déférés. . . . ,,
auroit prononcé la Peine de la roue ou du
V. feu ; ou bien de tempérer la rigueur de ces
deux supplices , en ordonnant que le con
j<>.For- Enfin , nous avons dit en troisième lieu , damné seroit étranglé secrètement avant
mes que le que dans l'imposition de la Peine , le Juge que de les íùbir : & encore ce pouvoir n'est-
suivie*1 de devoit observer les Formes prescrites par il laissé qu'aux Juges des Cours Supérieur
quatre' es- les Loix du Royaume. Or, parmi ces for- res (3) » & dans les cas feulement où. la
peces. mes ^ pon en distingue de quatre sortes : les Loi , après avoir prononcé la peine , n'au-
unes concernent Yinflruclion qui doit pré roit pas ajouté , comme elle fait quelque
céder l'imposition de la peine ; d'autres , la fois , des défenses exprejfes à ces Cours de
preuve qui doit déterminer le Jugement ; la modérer : car dans ces derniers cas , ce
d'autres , la manière dont il doit être pro n'est qu'au Prince seul qu'il appartient de
cédé à ce Jugement ; d'autres enfin , Yexé changer cette Peine , comme nous le ver
cution de la Peine portée par le Jugement. rons en traitant des Lettres de Grâce.

Non satis ad pœnam infligendam quòd Judex


sciât , scd ut ordine juris sciât. (1) Erit autem Lex honesta , possibilis sccundùm
ríaturam , secundùm patriœ confuetudinem , loco,
temporique convenicns , ncceíTaria , utilis , manifesta
VI. quoque , ne aliquid per obscuritatem in captionem
contineat , nullo privato commodo , sed pro com-
«.Règles Nous aurons lieu de traiter des trois pre- muni civium utilitate conscripta. Can. 1. dijì. 4...
qn"erdoiS- mieres ,qui regardent Instruction, la preuve V. au surplus ce qui est dit dans le Discours Préli
vent dirï- &. le jugement, ^ans la seconde Partie de cet minaire , fur les conditions nécessaires pour former
gel encetïc Ouvrage. Nous allons voir fous le titre fui- une Loi parmi nous.
matière, vant , qui contient le détail des différentes (z) Jubemus , íiquidem taie aliquid delinquatur,
undè Leges mortem delinquentibus insérant secun
espèces de Peines , en quoi consistent les for dùm Legum virtutem fustinere eum pûenas ; fi verò
malités particulières qui concernent leur talc fuerit crimen quòd morte dignum non fit ,
exécution , soit quant à Tordre & à la ma ipso aut castigatur , aut in exilium transmittatur.
nière dont elles doivent être infligées , soit Novel. 134. cap. 13.
Pœnae persccutio non ejtis (Judicis) voluntati man-
quant aux effets qu'elles peuvent produire datur, sed Legisauctoritatirescrvatur. L. i.Js.^.f.
fur la personne & íùr les biens des condam S. C. turptl... Cependant voulons que les Ordon
nés. Mais avant que de nous livrer à l'exa- nances faites , tant par Nous que par nos Prédéces
seurs , & qui ont été publiées en nos Cours de Par
men particulier des différentes formalités
lement , mêmement celles concernant le fait de la
qui doivent concourir à rendre la Peine lé Justice , & qui depuis n'ont été révoquées ni modé
gale , nous croyons devoir préparer nos rées , signamment celles faites à Orléans , Rouslìl-
Lecteurs à l'intelligence des Loix qui les lon , Moulins & Amboise , inviolablement être gar
dées & observé«s : enjoignant à tous nos Juges , Ma
prescrivent, en raslèmblant ici les règles gistrats , Officiers & autres Juges , tant des Seigneurs
générales qu'elles établissent , & qui doivent hcclésiaftiques que Séculiers , de garder 8t faire gar
diriger les Juges dans cette partie , la plus der exactement nos Ordonnances , tant ès Jugc-
importante , &. la plus délicate , fans doute , mens des Procès qu'autrement , fans y contrevenir
ni s'en dispenser , ni modérer les peines contenues
de toutes les matières criminelles. en icelles , pour quelque occasion , & sous que/que
prétexté que ce soit d'équité ou autrement ; déclarant
V I I. les Jugemens , Sentences & Arrêts qui seront don
nés contre la forme & teneur d'icelles , nuls & de
Une première Règle en cette Matière , nul effet & valeur. Okd. de Blois , art. 108.
7. Pre-
wiereRe- c'est que lorsqu'il y a une certaine Peine ( 3 ) Nota. Cest ce qui résulte de la Déclaration du
gu. Peine marquée par la Loi, & que cette Loi se 31 Mai 1682 , où après avoir déterminé la Peine
détermi que les Prévôts des Maréchaux & autres Juges infé
née par la trouve d'ailleurs revêtue elle-même de tous
rieurs doivent prononcer contre ceux qui enfreignent
Loi ne les caractères & de toutes les formes qui
peut être leur Ban , avec défenses à ces Juges de la modérer ; le
changée peuvent la rendre obligatoire , c'est-à-dire , Législateur ajoute : Et quant à ceux qui auront été
par les Ju qu'elle soit juste , possible , utile , claire & bannis par Arrêt de nos Cours , & qui seront pa
ges. reillement repris , pour n'avoir gardé leur Ban ,
précise , & de plus , qu'elle ait été duement Nous laissons à Nosdites Cours, & autres nos Ju
publiée & vérifiée , qu'elle soit actuellement ges , ayant pouvoir de juger eu dernier ressort , la
én vigueur , & qu'il n'y ait point été dérogé LIBERTÉ d'ordonner de leur châtiment , eu égard i
par des Loix postérieures (1) , le Juge, qui la qualité des crimes pour lesquels ils auront été ban
nis , fi* à la condition des personnes.... C'ejl aujfi ea
n'est proprement que le Ministre de, la Loi conséquence de la faculté accordée à ces Cours Supé
en cette partie , ne peut s'écarter de ía dis rieures de modérer en pareil cas les peines à fexclu
position, en remettant, augmentant ou di sion des Juges inférieurs que nous voyons dans (Ar
rêt de Règlement des grands jours de Clermont ,
minuant, àson gré , la Peine qu'elle a déter du IO Décembre 1665 , une difpofition particulière
minée (2). II ne peut, tout au plus, que di par laquelle il est enjoint aux Juges des Seigneurs de
minuer la rigueur du même genre de íùp- prononcer , contre les accusés , suivant la rigueur
DES REGLES GÉNTÊR. POUR L'APPLIC. DE LA PEINE. 47
des Ordonnances , fans quils puifftnt modérer la laines Peines qui ne peuvent être pronon- sle. Pei-
peine , pour obliger les accusés d'acquiescer à leurs cées que par de certains Juges , comme "euvcnt"6
Jugemens ; à peine, en cas d'abus &t de contraven
tion au présent Règlement , d'amende arbitraire , font les Peines canoniques & les Peines mi- Itrs pro-
litaires. (1) ; 8c qu'il y en aauíli qui ne peu- no"céaerSde
d'interdicrion contre les Juges , 8c d'être déclarés
incapables de posséder des charges de Judicature... vent être prononcées que pour de certains certains
V. art. S-''de ce Régi. Crimes , comme celles de Vécartellement 3 ,uSes'
qui n'a lieu que pour les Crimes de Lefe-
VIII.
Majesté , & celle de Vauthentique pour les
femmes adultères ; & qu'enfin , il y en a
8-Secoh- Une seconde Règle , qui est une fuite
deRegle. de la précédente , c'est que dans les Crimes qui ne peuvent être prononcées contre cer
Pouvoir jont ja pejne nê çe trouve point portée tains accusés , comme celle de la décolla-
SLieL expressément par la Loi , & pour lesquels uon c°nt*e de si,mPles roturiers , celles de la
oú laPei roue & des galères contre les femmes , &
elle a cru devoir s'en rapporter à la pru
M celle du fouet contre les Nobles (z).
pasportée dence des Juges , à cause de la variété des
P" laLo1' circonstances dont ils peuvent être suscep
( i)Pœnamautem unusquisqueirrogarcpotest,cni
tibles , (1) , ces Juges ne peuvent pronon hujus criminis, îìve delictiexecutio competit. L. 131.
cer cette Peine , qu'en fe conformant d'ail ff. de verb. Jìgnifi
(z) V. ce qui fera dit en traitant de citasune de ces
leurs aux règles qui leur font prescrites par Peines en particulier. ^
les Loix , pour rendre cette Peine égale
ment juste & légale; c'est-à-dire d'une part . X.
qu'ils ne peuvent la prononcer plus forte Une quatrième Règle qui regarde la i°-Qua-
que ne mérite le Crime (2) , & qu'ils doi preuve nécessaire pour l'imposition de la rEOLc
vent la régler fur le temps où a été commis peine , c'est que cette preuve doit être Peine doit
le Crime , & non fur le temps où ils ren juridique , c'est-à-dire , du nombre de celles fotJSZ
dent leurs Jugemens (3) } & de rature , qui sont marquées par la Loi (1). D'où il fuit preuves
qu ils ne peuvent prononcer d'autres Peines le j ne pourroit la prononcer fur la >unditlues-
que celles qui font autorisées par la Loi , £ule COnnoissance personnelle qu'il auroit
ou par une Jurisprudence constante : & par du Crime d> ès scs scns (2)>
conséquent , qu il ne leur est point permis
d'en inventer de nouvelles , non plus que de (1) Sciant cuncti accusatores eam se rem déferre
changer Tordre & la formalité usitée dans in publicam rationem quac munita lit idoneis testi-
bus , vel înstruòta apertifîìmis documentis vel indi-
l'application des Peines (4). En un mot , ils ciis ad plenam probationem indubitatis 8c luce cla-
ne peuvent s'écarter de toutes ces Règles , rioribus. L. ult. cod. de probation. . . Placuit ut Ju-
fans violer le serment qu'ils ont prêté lors dex criminosum discutiens , non antè Sententiam
proférât capitalem quàm aut reus ipse consiteatur ,
de leur réception , de juger selon les Loix
aut per innocentes 8c vcraces testes vel socios cri
O Ordonnances du Royaume. minis fui manifestiùs convincatur , & de majoribus
nostra ac Successorum nostrorum expectetur Senten
(1) Neque Leges , neque Senatûsconsulta ità scribi tiâ. Cap. Car. Magn. L. 156. lib. 5.
polsunt ut omnes casus , qui , quandòque inciderint (2) Les Juges doivent juger certainement 8c selon
comprehendantur ; sed íufficit ut ea qnx plerùm- les choses alléguées 8c prouvées. Loysez. Insiit.
que accidunt contineri. L. 10. ff. de Legibus.
cout. liv. 6. tit. 3. max 11...
(2) Poena gravior , ultra Legem impoíìta, exis- . . . Cùm judicium ad Judices ípectet , non secun-
timationem conservât , 8c conítitutum est 8c respon- dùm privatam , sed publicam potestatem , oportet
sum , 8c puta si eum qui parte bonorum muldtari eos judicare , non secundùm veritatem quam ipsi
debuit , Praeses relegaverit ; dicendum erit duriori personae privata: noverunt , sed secundùm quod ip-
Sententiâ
•% 9 1 cum eo rr~transactum
• f de —existimatione
— — ejus, — íis , ut personis publicis , per Leges , per testes ,
idcircòque non esse infamem. L. 13. ff Pœn'a. ff. per instrumenta 8c per allègata & probata rcs in-
de Ais qui not. infam. ... Si taie fuerit negotium , ~
notuit. S. TttoMAS 22. Qu. 6j. art. 2.
quòd certa exindc pœna in Canonibus exprimatur ,
eamdem infligas , alioquin ipsos pro delicti quali-
tpte 8c causse secundùm tuum arbitrium punire pro X I.
curas. Cap. 4. in fine. Extra. de offic. & potejìate
jud. delegati. Une cìnquime REGLE , c'est qu'à défaut it.tiK-
(3) Quotiesde delicto quxritur , placuit non eam de preuve juridique , ou même en cas d'in- Quieme
pœnam fui) ire quem debcre , quam cjus conditio ad-
mittit , eo tempore quò Sententiâ fertur , sed quam suffisance de cette preuve, le Juge doit Ce que'
r^ssìis nécessairement prononcer la décharge de faire
sustineret , si eo temporo esset Sententiam
cùm deliquisset. L. 1. ff. dt Pœnis. l'accufé (1). Ce qui ne doit s'entendre néan- /as^de"*
(4) V. fart. 13. du tit. 25. de fÒRD. de 1670 , moins qu'avec de . certaines modifications , preuve in-
qui prescrit aux Juges tordre quils doivent garder notamment pour les cas où il y a lieu d'or- fuffisante*
dans íapplication des différentes peints.
donner la torture , leplus amplement informé ,
& le hors de Cour , dont il fera parlé dans
I X.
la fuite (2).

9.TR01- Vnt tri-fieme Règle qui regarde Vappli- (1) Sed nec de suspicionibus damnari aliquem dé
siemeRi- cation de la Peine, c'est qu'il y a de cer- bet D. Trajanus scripsit j satiùs enim esse impuni-
48 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. II. Tit. II.
tum relitîqui facinns nocentis , quàm inuocentem peut par conséquent frapper fur leurs pa- desescom-
damnare Leg. $.js. i.ff. de Partis. rens , amis , ou fur leurs héritiers (1). II «f^oiu
(2) V. ce qui fera dit en traitant des différentes faut seulement excepter les trois cas fuivans.
espèces de Peines. Le premier regarde le Crime de Lefe-Ma-
XII. jesté (2) , pour lequel les Loix prononcent
des Peines flétrissantes contre les paréns
"•Son- jjne flxieme Règle qui regarde aussi la même du coupable , comme nous le verrons
ME KE- J in 1 1
gle. En preuve en cène cette manere
maueic , vc tn
est ijul
que dans le en traitant de ce Crime. Les deux autres ,
cas de dou- Joute , le Juge doit toujours pencher en qui n'ont lieu qu'en fait de condamnations
te , il faut r
toujours iaveui de Taccusé (1) ; de manière qu'en pécuniaires, regardent les parens & héri-.
pencher cas d'égalité de voix entre les Juges , l'on tiers du coupable , qui se seroient enrichis
l'Accuséf6 doit préférer l'avis le plus doux (2). Cette du fruit de son Crime (3) , ou bien qui y\
Règle est une fuite de cette maxime géné auroient donné lieu par leur faute & im
rale du Droit , qui veut que , dans les causes prudence (4). Nous ne parlons pas de
pénales, l'interprétation de la Loi se faste ceux qui recèlent les criminels , parce que
toujours dans le sens le plus -favorable : & la Loi les répute en général comme corn
elle ne doit s'entendre qu'en fait de Crimes plices rç\
ordinaires , & non de ceux qui font atroces
de leur nature , & qui ne peuvent jamais (1) Sanximus ibi esse pœnam ubi noxa est , pro-
pinquos , notos , familiares procul à calumnia i'ub-
être excusés , à cause de leur préméditation , movemus quos reos sceleris fòcietas non facit ; nec
& du danger de leurs conséquences. enim adfinitas vel amicitia nefarium crimen admit-
tunt. Peccata igitur suos teneaot auctores , nec ul-
ai) Interpretatione Legum pœnae molliendae sunt teriùs progrediatur metus quàm reperitur delictum.
potiùs quàm asperandae. L. 42. ff. de Panis. . . . Z. l8. Cod. Theod. de Panis. ,
.... Placuit inter pares Sententias clemetitior sem- (2) Quia morte rei judicium solvitur, nisi taie
per severiori praeferatur. Capit. Car. Magts. 109. crimen fuit cujus actio adversùs haeredes durat , vc~
Lib. 5. luti majejiatis. L. iS-ff- Z'ff'a<^ fin°t. turpil.
(2) En matière criminelle , // n y a partage: ains (3) . . . Sicuti pœnà ex delicto defuncti haeres te-
passe le Jugement à la plus douce opinion. V. Lo YS E L , neri non debeat , ità nec lucrum facere íi quid ex
max. 20. liv. 6. tit. 3... Les Jugemens passent à l'a ça re ad eum pervenisset. L. 38.^ de reg. jur.
vis le plus doux , si le plus sévère ne prévaut d'une (4) Facientis culpam procul dubio habet qui ,
voix dans les Procès qui se jugent à la charge de quod potest corrigere negligit emendare. Can. 3*
l'appel , & de deux dans ceux qui se jugèrent en disi. $6.
(5) V. ce qui fera dit fur la REBELLION à Jus-
dernier ressort. Ord. de 1670 , tit. 27. art. 12.
tiçf & fyr le Vol par Recéíement.
XIII.
XV.
il. Sep- Une septième Règle qui regarde encore Une neuvième REGLE qui regarde tordre Iï-Nnr-
V^t0l^Preuve en cetíe í?atie"? ' C'Gst TÍU dam la prononciation des Peines , c'est que c^pZ
íession de confession feule de l'accule ne peut íuffire lorsau'il
lorsqu'il vy aa lieu
lieu de
de nronom
prononcer différentes nes 1ui
l'Accusé pour w opérer sa condarrmation ( 1 ) ; parce — - 1
Peines "
contre 1
le même accua qui- r • peuventse
me peut leroit cumuler ,
feule" suffi- q" 'elle est alors présumée \ effet du defef- convaincu de différens Crimes , le Juge
Jm doit ou qui n=
re pour le poir , & comme telle, réputée contraire
avoir soin d'appliquer à chaque Crime la ên-e^pro-;
dantuer."" aux Loix de la nature & de la religion , Peine particulière qu'il mérite ( 1 ) , en obser- noncée»
qui ne laissent point aux hommes la libre
vant toutefois de ne prononcer que celles qui ^^ment
disposition de leur vie, ni de leur hon font compatibles entr'elles , de manière que à d'autres;
neur (2). la plus grande n'observe pas la moindre (2);
(1) Divus Severus rescripsit confesfiones reorum comme il arriveroit , si l'on condamnoit par
pro exploratis facinoribus haberi non oportere , si le même Jugement l'accusé à la mort , pour
nulla probatio religionem cognofeentis instruat. . . . un Crime , & aux Galères pour un autre,
Si quis ultrò de maleficio fateatur , non semper ei fi-
II y a aussi de certaines Peines que nos Loix
des habenda est ; nonnuuquàm enim aut metu aut
qua alia de causa in se confitetur. L. i.jffl 17. # ne permettent pas de cumuler dans le même
21. ff.de Quarjl. Jugement , comme l'amende & lyaumô

(2) ... Dominus membrorum suorum nemo vi- ne (3). II y en a enfin qui ne peuvent jamais
detur. L. 13. ff, ad Leg. Aquil. . . Placuit ut qui de être prononcées comme Peines principales ,
fe confessas est super aliutti non credatur. Capit. mais seulement comme accessoires à d'au-
.Car. Macn. 161. tit. 5.
tres ; telles que la mort civile > la confisca
tion , l'amende honorable j & la réparation
X I V.
civile (4).
14. Hui- Une huitième Règle qui regarde les effets (1) Nonnunquàm plura delicta concurreotia fá-
TIEMEpef dc ^a ^eine » c e^ que ^a Peme n'ayant été ciunt ut illius impunitas detur ; ncque enim delictum
«e ne doit établie que pour le Crime, elle ne doit ob aliudr. delictum
. minuit
- , - pœnam. Qui igitur ho-
,, , • ,r j » 1 -i, minem subripuit oc occidtt, quia iubripuit,fùrti , qui
mî-ddîde P°mt -S etendre au"dela de ceux qui 1 ont occidit Aquilii tenetur f neque ake£ actionuirj a].
lauteurdu COnWHS , OU de leurp Complices i & elle ne terain cousumit. L. z. ff. de privatit deliâis. Nec
Crime, fit sanè
DES CONDITIONS NÉCESS. POtJR RENDRE LA PEINE, &c\ 4?
sanè verisimile est de/iâum unum eâdem lege variis íbnne déclarée soit arrêtée , fi elle peut
aestimationibus coerceri. L. 41. js. de Panis... l'être , pôur être confrontée à l'accusé (4),
(2) La plus grande peine emporte la moindre. Au surplus , nous avóns eu lieu de rapporter
Loysel, Instit. Cout. liv. 6. tit» 2. max. 35.
(3) V. te qui fera dit en traitant de ces Peines. dans le Discours .Préliminaire , la fameuse
(4) V. auffi «e qui fera dit fur ces dernieres Constitution de l'Empereur Théodose , par
Peines. laquelle il est enjoint aux Juges de suspen
dre, pendant l'espace de trente jours, réexé
X V L
cution des ordres qui leur sortt âdrestes par
t6. Di- - Une dlxieme Règle qui regarde Vexé le Prince, lorsqu'ils contiennent une rigueur
X I E M E cution de la Peine , c'est que cette exécution excessive , qui les fait présumer l'efFet d'un
Règle.
Lieu oh doit se faire dans l'endroit même où le Crime mouvement partager de colère & de Ven
doit s'exé a été commis ; ôccela, tant pour la répara
cuter la geance.
Peine. tion du scandale que le Crime y a causé ,
que pour donner en cela une espece de (t) Qui ultimo supplicio dâmnantur , statim & ci-
vitatem & libertatem perdunt , itaque praeoccupat
consolation aux parens du mort , & autres
hic casus mortem. L. 29. js. de Parnis...
qui ont souffert du Crime (1). II y a cepen Les Jugemens seront exécutés le même jour qu'il*
dant certains cas , tels que celui du danger auront été pronoucés. Ord. de 1670. tic. 25. art. 21.
d'une recoujfe , & autres considérations (l) V. art. 22. ibid.
(3) V. la mime Ord. tir. 16. art. 6.
particulières qui peuvent engager les Cours (4) Sxpè etiam ideò scrvari soient post damriatio-
à en ordonner autrement , ainsi qu'elles y nem , ut ex his in altos quxstio habeatur. V. la
font autorisées par un article particulier de mime Loi. 29. Js. de Panis.
l'Ordonnance (2).
X V I I L
(1) Faniosos larrones in his Iocis ubi grasiati sunt
furcâ sigendos compluribus placuit : ut & conspeétu
deterreanturalii ab eisdemfacinoribus, & solatio fit Enfin , une douzième & derniere Règle
cognatis & adfinibus iiiteremptorum , eodem Joco qui concerne l'exécution des Jugemens Cri- çLEEMlîj^'
pœna reddita in quo latrones homicidia fecisscnt.
minels en général , c'est que dès le moment combien
L. i%'Js. 15. js. de Panis.
(2) Sï les Arrêts, rendus fur l'appel d'une Senten qu'ils ont été rendus , & qu'ils font revêtus £
ce , portent condamnation de peine aftlictive , les de toutes leurs formes, ils ne peuvent plus vent <e"re-
condamnés seront renvoyésfur les lieux , sous bonne être rétractés par les Juges mêmes qui les ,/acter le*
■& sûre garde , aux frais de ceux qui en sont tenus , s'il . 1 r > 1 Jueemens
n'est autrement ordonné par nos Cours pour des con ont rendus , comme ayant consomme leur Cnmmek.
sidérations particulières. Ordonn. de 1670. tit. 26. pouvoir (1). Il faut seulement excepter
art. 16. à l'égard des Juges inférieurs , lorsqu'il s'a-
X V I I. git de Jugemens rendus par contumace , &
que l'accusé vient à se représenter depuis ce
17. Ok- Une onzième REGLE qui regarde le temps Jugement (2) ; & à l'égard des Cours , il
R ig'i e. de cette
de cette exécution.
exécution. Les
JL.es Loix
JLoix veulent
veulent qu'elle
qu faut aussi excepter les deux voies de /'oppo
Temps où soit faite incessamment , afin de prévenir les sition , & de la Requête Civile , où l'Or
faiíe cette manœuvres que pourroient employer les donnance leur permet de se réformer elles-
exécution, condamnés pour éluder cette exécution (1). mêmes dans les cas qu'elle a marqués (3).
Elles exceptent néanmoins les trois cas Mais hors ces cas particuliers , il est de
íiiivans. Le premier est celui d'une femme principe inviolable en cette matière , que
condamnée à mort , qui viendroit à se dé les Jugemens ne peuvent être réformés que
clarer enceinte. L'ORD. veut que l'exécution par une Autorité supérieure , telle que celle
soit alors suspendue jusqu'après ses couches , des Cours à l'égard des Juges inférieurs,
fous la condition néanmoins que la groslèsse dont l'appel est porté devant elles (4) ; 8c
seroit préalablement constatée par le rapport k Conseil DU Roi à l'égard de ces
-des Sages-Femmes (2). Le second cas , qui mêmes Cours,t lorsque, parleur Arrêt > elles,
forme l'exception la plus ordinaire en cette ont donné ouverture aux voies de cassa
matière , a lieu toutes les fois que les Juge tion (5) , & de révision , dans les cas qui
mens sont rendus par des Juges inférieurs , font marqués par les Ordonnances (6). II y
& qu'ils contiennent des condamnations à a auffi la voie des Lettres de Grâce qui
des Peines afflictives , du nombre de celles s'accordent par le Prince de son propre
que l'Ordonnance veut ne pouvoir être mouvement, & dont nous aurons lieu de
exécutées qu'après que ces Jugemens ont parler dans la seconde Partie qui cóncerne
été confirmés par les Cours, encore même l'Instruction (7).
qu'il n'y auroit point d'appel de la part (|) Neque Çum j neque pr2edeceíroris suí senWa.
des accusés (3). tnfm, le troisième caS , tiam quemquam posse retnictare in dubium non ve-
c'est loríque, depuis le Jugement de COrt- nit, nec necefse este ab hujusmodi decreto interpo-
damnation , le condamné vient à déclarer ,,ere píovotíationem , explorasi juris est. L. i.CqJ.
1 , j\ r i- 11 j • 1 Sententiam rescindi non poff'e... rœnîiii nia dictant
quelqu un de ses complices : 1 on doit alors Sementiâ Prilidi Prov^cfx rev0care I10!1 ]icet. L.
différer l'exccution jusqu'à ce que la per-. 15. Cod. de Panis.
G '
yo LES LOIX CRIMINELLES, Liv. II. Tit. III.
(i) Ord. de 1670. tit. ìy. art. 18. nonnulla extant principalia rescripta , quibus vel
(3) Y. Ord. de i66j. tit. 35. art. 1 & 2. pœna eorum minuta est , vel in intégrons restitutio
(4) V. Ord. de i6jq. tit. z6. concessa ; sed id duntaxat à Principt fieri potest.
(5) V. le RÉGtEMENT du CONSEIL , du z8 Juin L. 36. ff. de Panis. . . De amplianda , vel mi-
1738. tit. 4. part. r. nuenda pœna damhatoris post Sententiam dictam ,
(6) V. se ///. 16. </e /O-Ri». de 1670 , ar/. 8. & sine principali aucloritate nihil est statuendum. L. 15.
suiv. ff. 1. ff. de re judicat. . . Liberandi erunt , sed hoc
(7) Divi fratres rescripserunt suam mutare Sen- non potest cflìcere qui Sententiam dixit , verùm re
tentiam neminem poste } fi tamen de se quis men- ferre ad Principem débet , ut ex auctoritate ejus
titus fuerit , vel cíim non haberet probationum pœna aut permute tur aut libère tur. L.y.Js. 11. ff.
instrumenta quaepósteà repèrent, pœnâ afflictus lit; de Panis.

TITRE TROISIEME-

Des différentes Espèces de Peine suivant le Droit Romain & le Nôtre.

SOMMAIRES.

1* Comment doit s'entendre la maxime que 2. Diflinclion importante entre nos Usages
la diversité des Crimes donne lieu a la & ceux du Droit Romain en cette ma-
diverjìté des Peines. . tiere.

Q U A ND nous avons dit que la diver â réparer ces différentes sortes de préjudices.
sité des Crimes avoit donné lieu à la
Severitas publica , ficut ab innocentibus vacat ,
s'entendre diversité des Peines , nous n'avons pas ità neceste est ut in sceleratis operam fuse districtio-
quêÏÏdìf entendu Pour cela » qu'il Y eut autant de dif- nis impendat y quia non scmper unum merentur judi-
versité des férentes espèces de Peines , qu'il y a de dif- cium , diversa mérita personarum. Morbi ipsi dis-
similibus succis sanantur herbarum : aliis cibi , aliis
donneîieu ^rentes eípeces de Crimes : car nous allons ferrum optatam revocat soípitatem , & pro quali-
à la diver- voir au contraire , qu'il y a certains Crimes tate paslìonis praeceptum merentur artificis. ....
Peines*" ^ ^u^s Peuvent donner lieu à différentes Cassíod. liv. 8. episi. 27.
Peines ; comme aussi il y a des cas où la
I L
même Peine peut être imposée à plusieurs
différens Crimes. Mais nous avons voulu Ceíbnt ces différentes Peines que nous a. Distinct
dire seulement , que comme les Crimes pro hous proposons de détaillerici. Mais comme tion «n-
duisent diverses sortes de préjudices , soit à nous avons fur ce point des usages différens entre "nos
la Société en général , tels que ceux qui at de ceux du Droit Romain , c'est pour éviter usages &
taquent la Religion & le Gouvernement , la méprise , toujours dangereuse en cette DroitRo-
soit aux Membres particuliers de cette so matiere , que nous croyons devoir commen- main «1
ciété , dont ils attaquent la vie , la liberté, cer par donner ici une notion sommaire des ma_:
l'honneur & les biens , il a fallu aussi éta principes de ce Droit par rapport à la Divi
blir diverses sortes de Peines , qui tendissent sion des Peines.

§. I. Division des Peines suivant le Droit Romain.

SOMMAIRES.

' 1. D'oà les Romains tiroient la dénomina 4. Conversion des Peines pécuniaires en
tion de leurs Veines. corporelles , suivant ce Droit.
2. Peines capitales suivant ce Droit. 5. Peine du Talion. Ce que c'étoit dans ce-
3. Peines non capitales ; ce qu'ils entendoient Droit.
fous ce nom.
1. I L

ìiímíns" Nous avons vu , en traitant de la Divi- Sous le nom de Peines capitales , les Ro- ». Peines
tiroiem la siort des Crimes , que les Romains leur don- mains comprenoient non-seulement celles
fion0™"2" n°ient différentes dénominations, suivant qui emportoient la mort naturelle , mais en- Droit,
leurs pei- la qualité des Peines auxquelles ces Crimes core la mort civile (1). Ils mettoient au
nes- donnoient lieu ; qu'ils appelloient Crimes nombre des Peines de mort naturelle (2) ,
capitaux , ceux contre lesquels la Loi avoit celle du feu , celles du glaive , du crucifie
prononcé des Peines capitales ; & non ca ment t de Vexposition aux bêtes , d'être en
pitaux , ceux auxquels elle avoit attaché terré vif, d'être enfermé dans un sac ô
de moindres Peines. jetté dans la mer ou dans un fleuve , d'être
DES DÎFFÉRENTES ESPECES DE PEINES l &c.
5*
précipité du haut d'un rocher , & enfin celle veluti relegatio ad umpus , vel ad perpetuum , vel in
de lastrangulation. Nous ne perlons pas ici ¥ulamr™\ chm.in °PUS ,. «■•■•• —
vel cum_
fustione ictu subjieitur. . . fit sunt pœnae qua; ser-
des autres Peines que la barbarie des Ty vitutenf ac civitatem auferunt , aut exilium , aut
rans avoit fait inventer pour tourmenter coercitionem çorporis contiueant , veluti fusiium ,
les Martyrs , & qui ont cesle avec les per admonitio , flagellorum- caftigatio , inculorum verbe-
ratio. . . aut damnum cum infamia , aut dignita-
sécutions de l'Eglise. tis aliquam depofitionem , aut alicujus actûs prohi-
(1) Publiconun judiciorum quaedam capitalia bitionem. L. 6.JJ. 1 & 2. £• L. 7 & 8. ff. de Panis.
sunt , quaedam non capitalia. Capitalia dicimus ,
qua: ultimo fupplicio afsicinnt homines , vel etiam , iv.
aquee ôi ignis interdicliont , vel déportations , vel
métallo. v.Js. X. Instit. de publ. jud. Ils mettoient aussi de ce nombre cer- 4. Con-
(2) Capitalium pœnarum ferè isti gradus sunt ; taines Peines pécuniaires , telles quela con- ]£[p°"nes
ad furcam damnatio , vivi crematio , item capitis fiscation & l'amende (1) : & ils vouloient pécuniai-
amputatio j deindè proxima morti pœna metalli de plus, à l'égardde celles-ci, que , faute par "^j|tcsor'
coercitio , post deindè in. insulam deportatio. Leg.
28. ff. de Panis. le condamné d'y satisfaire , ces peines fussent suivant ce
converties en des Peines corporelles (2). Droit.
I I I.
(1) Caetera fi qua m infamiam irroganteum damno
'3. Peines Sous le nom de Peines non capitales , les pecuniario , hxc publica quidem sunt , non capita
non capi Romains comprenoient généralement toutes lia. Instit. Js. 2. De publ. judic-
tales , ce
qu'ils en les Peines qui étoient au-deflòus de celles (2) Qui non habet in acre , luat in corpore. . .
tendement dont on vient de parler ; c'est-à-dire , qui A Pracfecto urbi , quasi inofsiciosus castigatur , si in-
fous ce opiâ dignoseitur laborare. L. 25. ff.de in jus vocando.
ne tendoient , ni à la perte de la vie , ni à
celle des droits de Cité , ni à la privation V. »
perpétuelle de la liberté ; mais feulement à Enfin , ils avoient aussi établi la Peine du f. Peine
tourmenter le coupable dans son corps , Talion , qui consistoit à faire subir à l'accu- ^eu T^''é[
ou à lui ôter une portion de ía liberté , ou sateur la même Peine qu'auroit subi l'ac- toit dans
bien à le priver entièrement de son honneur. cusé , s'il avoit été convaincu du Crime dont ce Dr0K\
Ainsi , ils mettoient de ce nombre, , l'abfci- on l'accusoit.
sion des membres , la fustigation , la castra Quisquis crimen intendit , non impunitam fort
tion , la stigmatisation , l'exil ou la reléga noverit licentiam mentiendi , cùm calumniantes ad
tion , l'insamie , la perte des dignités , ou vindictam poscat fimilitudo supplicii. L. 10. Cod.
de quelques autres facultés. j de calumniat.
V. aussi le Carton 3. Qu. 8. ou la mime Loi se
Casterae pœnaenon ad capitis periculum pertinent trouve rappellie.

§. II. Division des Peines suivant nos usages.

SOMMAIRES.

1. Peines considérées fous trois rapports 6. Trois Observations générales fur la dif
différens parmi nous. férence de nos usages avec ceux du Droit
2. Divifion de la Peine quant a la Loi qui Romain.
l'ordonne. 7. Ce que nous entendons fous le nom ae
3. De quelles Loix nous voulons parler ici. Peine capitale.
4. Divifion de la Peine par rapport aux 8. Peine du Talion abrogée parmi nous.,
Juges qui la prononcent. Exception.
5. Divifion de la Peine quant au Crime qui 9. Usage de la Conversion des peines pécu
y donne lieu. niaires en corporelles , également aboli en
ce. Royaume. Exception.
I.
1. Peines I L paroît , d'après la définition que nous ecclésiastiques , & Loix militaires ; il y a aussi
considé
rées fous avons donnée de la Peine en général , qu'elle des Peines divines ou spirituelles , des Peines
trois rap- doit être considérée fous trois rapports dif humaines ou temporelles , des Peines civi
{torts dif-
érens par férens : ou par rapport à la Loi qui l'or les , des Peines criminelles , des Peines ec
mi nous. donne , ou par rapport au Juge qui la pro clésiastiques ou canoniques , & des Peines
nonce , ou par rapport au Crime qu'elle tend militaires.
à réparer. Ce font tous ces différens rap I I l
ports qui ont donné lieu à autant de Divi
Nous nous bornerons à parler feulement ^.Dequei-.
sions différentes de la Peine parmi nous. ici de celles connues fous le nom de Peines les Lo,ie
_ nous vou-
I I. criminelles en général , parmi lesquelles Ions par?
a. Divi Ainsi, quant à la Loi qui ordonne la nous comprenons aussi les Peines canoni- leric»t
sion de la Peine : comme il y a plusieurs sortes de
peine , ques & les Peines militaires. A l'égard des
quant à la Loix ; sçavoir , Loix divines , Loix humai Peines divines ou spirituelles , nous avons ... -,
Loi qui nes, Loix civiles , Loix criminelles , Loix
l'ordonne. dit qu'elles n'étoient point de notre suiet ,
y* LES LOIX CRIMIN ELLES, Liv. II. Tit. III.
comme concernant le sor intérieur des tinguer les différentes espèces , & leur ap- néralessur
pliquer les règles générales que nous avons ren"
consciences. II en faut dire de même pour nos
ce qui concerne les peines purement civi indiquées fous les titres précédens. Et c'est usages
ceux
les , & qui font connues autrement íbus le dans le cours de cette discussion , que nous roit
nom de Peines ^Ordonnance ou de Cou aurons soin de marquer en même temps , Romain.
tume , ou de Peines conventionnelles : nous 8c la manière dont s'exécute chacune de
ne pouvons en effet regarder celles-ci , que ces Peines , afin d'inspirer par-là , s'il est
comme également étrangères à notre sujet , possible , encore plus d'horreur des Crimes
en ce qu'elles portent principalement íùr qui y donnent heu ; & les différences qui
..«•3 ..' .;. les biens , & qu'elles se prononcent ordi se trouvent sur tous ces points , entre nos
nairement dans les Tribunaux civils , fur la usages & ceux du Droit Romain , 8c même
demande des Parties intéressées : au lieu entre nos usages actuels , & ceux qui se
que celles dont nous nous proposons de pratiquoient anciennement dans ce Royau
traiter ici , frappent principalement fur lá me. Mais avant que d'entrer dans ce détail ,
personne ; & comme telles , ne peuvent se nous croyons devoir placer ici ces trois
prononcer que par des Juges criminels , & observations générales , relativement aux
qu'ensuite d'une instruction criminelle , la changemens particuliers que notre Juris
quelle , comme nous le verrons , ne se sait prudence a apportés aux dispositions des
pas seulement sur la Requête des Parties Loix Romaines en cette matière.
privées , mais encore fur celle de la Partie
VII.
publique , qui est même réputée le seul vé
La première , c'est qu'au heu que les Ro- 7- Ce que
ritable accusateur parmi nous.
mains comprenoient également sous le nom «ndon$ '
I V. ,de Peine capitale , & la mort naturelle , & <°»» le
4. Dìvi- Là Peine, considérée par rapport au Juge la mort civile , nous ne connoiflons pro- p^™e Cj_
sion de la ia prononce , est encore divisée en or- prement sous le nom de Peine capitale , pitale,
rapport" dinaire , ainsi appellée , parce qu'elle doit que la Mort naturelle , ou le dernier sup
aux Juges être prononcée telle qu'elle est portée par plice. Ce n'est pas néanmoins que cette
GUI J3 Dro* • * •
noncent. 1? Loi j & en extraordinaire ou arbitraire , dénomination ne se trouve quelquefois em
ployée dans nos anciennes Ordonnances
parce que la Loi laifle au Juge la liberté
pour signifier la mort civile , notamment
de la prononcer íiiivant les circonstances.
dans celle de Blois , qui prononce la confis
La Peine reçoit aussi des qualifications dif
cation de corps ô de biens , en fait d'usure 6c
férentes , suivant la qualité des Juges qui la
prononcent. Ainsi celles prononcées par les 4'uíurpation de Bénéfices (1).
Officiaux , s'appellent Peines canoniques ; (1) V. art. 47 fi» zoz de eette Onn.
celles qui se prononcent par lesJuges Laïques VIII.
contre les Clercs , Peines temporelles ; &
Laseconde , c'est que nous ne connoiflons 8. Peine
enfin , celles prononcées dans les Conseils
point non plus la Peine du Talion, enji j£ÏJÏ"
de Guerre , ou par MM. les Maréchaux de
r France , Peines militaires. íè trouve établie dans le Droit Romain parmi
contre les accusations calomnieuses , par la n0UV El"
•r , i • j cepuon»
V. raison qu on a reconnu que la rigueur de
cette Peine détournoit les personnes de dé
5. Divi- 30. Enfin , la Peine considérée quant au
sion de la Crime qu'elle tend à expier, reçoit Mi- férer les Crimes à la Justice , & en occa-
sionnoit par-là l'impunité (i). Nous ver
quant 'au tant de divisions différentes , qu'il y a de
Cr rons néanmoins , en traitant du faux témoi
1™ différens moyens de réparer le préjudice
7 gnage , que nous en avons retenu l'ufage ,
que le Crime peut causer , soit au Public ,
relativement à ce Crime. II y a d'ailleurs un
soit aux Particuliers. Ainsi , comme ce pré
exemple remarquable de cette Peine dans la
judice porte néceflairement fur l'une ou
disposition de l'Editde 1 560, qui se trouve
l'autre de ces quatre choses , qui sont tout
conforme à celle du Droit canonique sur ce
ce qu'il y a de plus précieux dans la société,
point (z).
la vie , l'honneur la liberté & les biens ,
(1) La peine du Talion n'est point maintenant
l'on a cru devoir aussi établir quatre sortes ordinaire en France. V. Lorssz , Instit. Cour,
de Peines , qui répondent à ces différentes liv. 6. tit. 1. max. z... V. Jul. ClAR. Qu. 8l.
espèces de préjudice ; fçavoir , les Peines (1) Et néanmoins ne voulant , de notre présent
capitales ou derniersupplice , les Peines cor Edit, les mauvais prendre occasion de calomnier, dé
clarons tous calomniateurs qui faussement 8c mali
porelles , les Peines affliíïives , les Peines cieusement déféreront & accuseront autres , être
infamantes , les Peines pécuniaires. sujets à pareilles & semblables peints que feraient les
accusés s'ils en étoient convaincus.... EDJT de
V I. FRANÇQI9 H- à Romorantin , en Mai 1560.
c. TroU Nous allons traiter séparément de tous I X.
*on"Vgl- ces différens genres de Peine , pour en dif- l.a troisième enfirf , c'est que nous avons 9« Useïe
I

. DES DIFFÉRENTES ESPECES DE PEINES, &c.


de la con auílì rejetté l'usage de la conversion des quodDominuspostdiIuviumdixit,famulosuoNoe:
version Peines pécuniaires en Peines corporelles, De manu hominis & de manu viri &fratris ejus requi-
des peines ram animam ejus. . . . Quìcumque effuderit huma-
pécuniai qui étoit autorisée par ce Droit , & même num fanguinem , fundatursanguis illius , ad imaginent
re» eri cor qui s'étoit introduite en ce Royaume dans quippe Dei faclus est h»mo ; & in Legs qui occident
porelles , hominem , mort* moriatur. Et Apostolus : Nam Pri/i-
«gaiement les premiers temps de rétablissement de la
aboli en ce Monarchie , où il étoit permis de racheter , cipes non sunt timori boni operif , sed mali. Vis au-
Royau- tem non timere potestatem , bonumfac , & halebis
me, Ex- à prix d'argent , toutes íòrtes de Crimes , laudem ex il/a. Dei enim minifier est tibi in bono
íeption. à ì'exceptiòn seulement de celui de Lèse- fi "utem malum fecerìs , time. Non enim sine caufy
gíadium portât ; Dei enim minister est vindex in
Majestá Mais depuis que l'uíage de ces
iram et qui malum agit. De illo enim specialiter di-
compositions , &. de la liberté qu'avoient vina audtoritas dicit : Gladium Dei portat ad vindic -
en conséquence les parens du blessé ou de tam malorum , non de quolibet alio. E coutrà verò nes-
l'homicide , de tirer eux-mêmes vengeance cimus quâ pernoxiâ inventione à nonnullis usurpa-
tum est , ut hi qoi millo min-isterio publico fulciun-
de l'injure faite à ce dernier par des com tur, propter sua odia & diversissimas volun ta te s , peíïì •
bats singuliers , a été aboli par les Capitu- mas indebitum íìbi usurpant in vindicandis proxi-
lairesde Charlemagne (i) , celui de la con mis & interficienjdis homiaibus vindictae ministe-
version des Peines pécuniaires en Peines rium , & quod Rex , saltem in uno exercere debue-
rat propter terrorem multorum , iptì impudenter
corporelles qui l'avoit fait introduire , est in multis perpetrare non metuunt propter odium ,
aussi tombé du même coup. Nous voyons & putant íìbi licere , ob inimicitiartim vindictas ,
cependant , par les Loix rendues contre les cluo<^ nolunt ut Rex faciat propter Dei vindictam.
& autres Contrebandiers CAP^vt. Car. Magn. liv. 5. c. 180.
Faux-Sauniers
(i) Si les condamnés ne paient l'amende dans
qu'il est resté encore quelque vestige de cet le mois du jour de la publication de la Sentence ,
ancien uíàge parmi nous , relativement à ces elle fera convertie , sçavoir celle de 200 liv. en la
sortes de personnes qui voudroient se faire peine du Fouet j celle de 300 liv. , à l'égard des hom
mes , en la peine des Galères pour trois ans ; & à
de leur insolvabilité un titre particulier
l'égard des femmes & filles , en un Bannissement de
pour s'assurer l'impunité de leurs délits , con cinq ans , du ressort du Grenier-à-Sel où elles ont
tre lesquels on s'étoit d'abord contenté de fait le Faux-saunage ; de celui de leur domicile , &
ne prononcer que de simples amendes pé de celui de notre bonne ville de Paris. V. art. 8.
tit. 17. de tORD. des Aides & Gabelles de 1680.
cuniaires. II paroît en effet , par ces dernieres
T » , T j r • r • Nota. Cette Ord. a renouvelle1 , fur ce point , la
.LoiX, que Jautepar Ceux-Cl de satisfaire au disposition de celle de Henri U , du mois de Mars
salement de ces amendes , les Juges sont auto 1 549 1 9U' porte que fi dans led. temps ( de six mois )
risés à la convertir en celle du fouet (z). il se trouve que les prisonniers ne puissent payer l'a-
mende à Nous adjugée, pour cause du délit , la Cour
(ï) Volumus atque praecipimus nostrâ auctorì- procédera à la commutation de la peine pécuniaire
late annuntiari omnibus , immò & à Sacerdotibus en peine corporelle , selon qu'elle verra être à faire
praedicari , ne tàm temeraria sunguinis essuiìo in par raison & selon la qualité du fait. V. Gvenois
regno nostro fieri sinitur. Semper illud attendentes liv. 9. ///. zo.Js. 7.

TITRE QUATRIEME.

Des différentes espèces de Peines usitées dans ce Royaume.

CHAPITRE PREMIER.

De la Peine capitale & du dernier Supplice, /

S O M M AIRES.

1 . Motifs qui ont fait établir cette Peine. 6. Doit être fondée fur les preuves les plus
2. Trois conditions nécessaires pour pouvoir claires.
tinfliger. 7. Differens genres de dernier Supplice usi
3. Ne peut s'étendre d'un cas h un autre. tés parmi nous.
4. Lorsque/le ejiportée par la Loi, ne peut 8. Peines de mort ufitées che\ les Romains ,
être changée ni remise que par le Prince qui na lefont plus parmi nous.
■ feul 9. Peines de mort ufitées anciennement
5. Ne doit s*employer qú'en cas d'insuffi dans et Royaume, qui ne le font plus
sance d'autres Peines. aujourd'hui.

I.

t. Motif» Cette Peine a été introduite, comme le re- íùr.le fondement de ces trois considérations établir cet-
quiantfeit marque un de nos plus judicieux Auteurs (1), principales. En premier lieu , pour exte.r-. pei"y
LES LOIX CRIMINELLES , Liv. II. TitJIV.
*4
miner le méchant , afin qu'il ne faste plus
de mal ; en second lieu, pour servir d'exem I V.
pie & détourner les autres de mal faire j
enfin , pour purger la société & la préserver C'est aussi par la même raison que dans . í^or*j
de la contagion que le mélange des méchans les cas particuliers où cette Peine se trouve portée par
ne manqueroit pas d'y répandre. exprelîëment portée par la Loi , il n'y a que 1» Loi , ne
(i) V. Coquilzb sur la Coût, de Nivern. chap. z. le Prince seul , à qui appartient essentielle- thangéTnl
art. i. ment, comme nous l'avons dit, le Droit remise que
de glaive sur ses sujets , qui puisse remettre ^^Jl
- IL
ou commuer cette Peine (i). Les Cours
1. Trois Cependant , comme d'un autre côté cette Supérieures peuvent seulement adoucir' les
conditions peme est des plus terribles , tant par elle- rigueurs du genre de mort , dans les cas où
neceflaires , , * . . r ■ n »
pour pou- meme (ce qui la fait appeller dernier ces Loix leur en laissent le pouvoir (2)
voir rinfli-supplice ) que par les suites irréparables & qu'elles n'ajoutent point , comme elles
ger* qu'elle entraîne ( 1 ) , & même par la rigueur font quelquefois , des défenses expresses aux
d'autres Peines que les Loix y ont atta- Juges de modérer cette Peine f 3). Ce qui
chées , telles que la confiscation des biens , doit avoir lieu à plus forte raison dans les
& de plus la mort civile en cas de lacondam- Crimes que ces Loix déclarent irrémissibles ,
nation à mort par contumace (2) ; c'est pour & pour lesquels elles veulent que le Pro
cela qu'elle ne doit être employée qu'avec cès soit fait même après la mort (4). II y
la plus grande circonspection , & que les a aussi des cas où la Loi ne prononce point
Loix ne permettent de rappliquer que fous taxativement cette Peine , & qu'elle se con
cés trois conditions principales. tente de s'en rapporter là-deflùs à la pru
dence des Juges (5). II y en a d'autres , où
(1) Cunctator esse débet qui judicat de salute j elle ne leur permet de la prononcer que
aîíâ Sententiâ potest corrigi ; de vita transactum nou
pátitur immutari. Cassiod. lib. 7. tfijì. 1. lorsque le Crime se trouve accompagné de
(1) Qui ultimo supplicio damnantur statim & certaines circonstances qui peuvent lui faire
civitatem &c libertatem perdunt. L. 19. js. de Panis. mériter cette Peine (6). II y a enfin de cet-
tains Délits pour lesquels elle leur défend
III. expressément de jamais prononcer la Peine
de mort, comme en fait de Chasse (7).
3. Ne peut La première , c'est que cette Peine ne
s'étendre peut être prononcée que pour des cas qui
o un cas aâ se trouvent marqués expressément par ces Ci) Nous ne le devons pas moins à la conserva
un autre. tion de Notre autorité , qui est blessée par une Juris
mêmes Loix (1). En forte que les Juges , prudence où les Juges , exerçant un pouvoir dont
même ceux des Cours Supérieures , ne peu nous nous sommes privés nous-mêmes , font grâce
vent étendre cette Peine d'un cai à un à celui qu'ils ont regardé comme coupable d'un Cri
me que les Loix déclarent irrémissible. V. Dbcz.
autre ; l'on veut dire que si le Crime a des
du 11 Novembre 1730 , au sujet du Rapt de sé~
espèces différentes, & que la Loi ordonne duelion , É» de sabus qui s étoit introduit au Parle
la Peine de mort pour quelqu'une de ces ment de Bretagne à cet égard.
espèces , cette Peine ne peut point être (z) Seront punis de mort, telle que les Juges l'ar-
étendue aux autres espèces du même Crime bitreront , selon l'exigence des cas. V. Edit de Mars
1680 , contre les Officiers publics qui commettent Je
dont la Loi n'auroit point parlé. L'on
Faux dans leurs fondions.
trouve la preuve de cette maxime dans le
(3)Seront condamnés à mort, par nos Juges , fans
préambule de l'Edit de François I, de qu'ils puissent modérer ladite peine. V. fEdit de
1532, fur le Faux , où ce Prince déclare Mars lyio , art- l. concernant le Faux commis
formellement que les Loix ni les Ordon dans les Papiers du trésor royal.
nances précédentes n'obligeant pas les (4,) V. sart. 4. du tit. 16 de ÍOrd. de 1670 , &
sart. 1 du tit. 22 de la mime Loi.
Notaires & les Témoins qui commettroient
ce Crime , à une peine si rigoureuse que (5) Le tout fans préjudice de la peine de mort
s'il y écheoit , suivant l'exigence des cas. V. Deèt.
celle de mort , il étoit nécessaire qu'il décer du 4 Mars 1724 ; art. 1. au sujet des vols commis
nât ses Lettres-Patentes pour rétablir (2). dans les Eglises.
(6) Sans néanmoins que les Juges puissent pro
(1) Item ut homicidia. . . . Ubicumque inventa
noncer la peine de mort , si ce n'est que par l'atro-
fuerint à Judicibus nostris,secundùm Legem exnof-
tro mandato vindicentur , & non occidatur homo cité des circonstances , par la qualité & î'indigníté
nisi Lege jubente. Capit. Car. Magn. lib. i , 6. des coupables , le Crime parût mériter le dernier
supplice. V. Decl. du il Novembre 1730. art. 3.
cap. 66.
(2.) Afin de donner plus grande crainte & ter au sujet des coupables de Commerce illicite.
reur à ceux qui s'en voudront mêler , avons été con (y) Défendons à nos Juges Sc à tous autres , de con
seilles & mus de leur imposer peine 8c punition de damner au dernier supplice pour le fait de la Chasse ,
mort , combien que la I .oi ne les y oblige & con de quelle qualité que soit la contravention , s'il n'y
damne , & a cette cause soit besoin sur ce décerner a d'autre Crime mêlé , qui puisse mériter cette pei
nos Lettres. Edit de FRANÇOIS I. à Argentan , au ne. V. Ord. des Eaux Gr Forêts tit. des Chasses ,
moi s de Mars 1531. art. 2.
DES DIFFÉRENTES ESPECES DE PEINES , &ç. 7 f?
quae commiserit negaré sussiciat. L. i. Cod. Tkeod.
dt Paenis.
(z) S'il y a preuve considérable d'un Crimequimé-
~ , ». . , « t rite peine de mort , & qui soit constant , tons Ju-
f. Ne Une seconde condition qu exigent les geS pourront ordonner qu'il fera appliqué à la Ques.
doit s'em Loix , c'est que la Peine de mort ne doit tlon f au cas que la preuve ne soit pas suffisante.
ployer
3u'en cas être employée que lorsque l'expérience a Ord. dt 1670 , m. 19. art. 1.
Insuffi- sait voir que les Peines corporelles & afflic-
sance d'au- V I I.
tres Pei- tives étoient insuffisantes pour arrêter le
progrès du Crime. Nous trouvons encore Quoique la Peine dont nous parlons ici 7.Diffé-
la preuve de cette maxime dans l'Edit de soit connue en général sous le nom de der- ""de^eenr"
François I , que nous venons de citer. nier supplice , elle a néanmoins ses degrés nier fup-
Ce que lesdits Faussaires n'ont craint & ne crai particuliers de rigueur, suivant les différentes j^"
gnent de faire , parce que la punition qu'ils en manières dont elle s'exécute. C'est ce qui nou».
ont est aucune fois íi légere & li aisée , que cela ne l'a fait distinguer en cinq dirìérens genres ,
leur en donne aucune peur , ou doute d'en être re suivant nos usages actuels : sçavoir , la Peine
pris : & , à cette cause , voyant que c'est une chose
qui pullule & multiplie chaque jour en nos Royau de t' Ecartellement , ou d'être tiré à quatre
me , Pays , Terres & Seigneurie» ; afin de donner chevaux , la Peine du Feu , celle de la Roue ,
plus grande crainte & terreur à ceux qui s'en vou de la Potence & de la Décollation , ou tête
dront mêler , avons été conseillés & mus de leur im
tranchée.
poser peine G' punition de mort. Ord. de 1531.
... Si corrigi nequeant , ìiilque in his bonae spei VIII.
capax est , tollantur è cœtu mortalium. Senec. 1.
dt ira , cap. 15. Nous ne connoisfons point par consé- 8. Peine»
quent l'usage des Peines du crucifiement , ^ué™ort
1 °. J ulitces
V t de l'exposition aux bttes , d'être enterré chez les
vif\ d'être précipité du haut d'un rocher Romains .
6. Doit Enfin , la troisième condition nécessaire ha • ' / / 1] ' qui ne le
ou d être jette dans La mer , ou un fleuve , sont plus
être fon pour pouvoir prononcer la Peine de mort
dée fur les dont il est parlé dans le Droit Romain. Parmi
Î>reuves suivant la Loi , c'est que le Crime qui y Nous sçavons d'ailleurs qu'à l'égard dunous"
es plus donne lieu soit prouvé de la manière la plus
/claires. crucifiement , cette Peine a été abolie par
claire & la plus complette (1) ; de manière
une constitution expreíîè de l'Empereur
que fi cette preuve est seulement confidé-
Constantin , à l'honneur de la Croix qui a
raòleAes
j Juges
-° ,ne pourroient
• , rpalier jà cette
jm- porté,10
le Sauveur du1 Monde,
j
condamnation ( encore que le corps de délit r
seroit d'ailleurs constant) , si l'accusé nelè j jf.
déclare lui-même l'auteur du Crime , soit
volontairement , soit par la voie de la Nous ne connoisfons point non plus 9. Peines
torture (2). l'usage de certaines Peines de mort qui £eAî .moTt
P * usitées an-
pratiquoient anciennement dans ce Royau- denne-
(1) Qui Sententiatn laturus est , temperamenrum me , telles que celles d'être écorché vjf nient din»
hoc teneat , ut non priùs capitalem in quempiam
promat feveramque Sententiam , quàm in adulte- d'être coupe en quatre quartiers , slV/rdme.quine
rii , velhomicidii vel maleficii crimen, aut fuâ con- bouilli dans l'eau chaude , d'être fustigés íont
• r f
feslìone , aut certè omnium qui tormeutis vel in- jujqua » r ■ c Plus au"
ce que mort s enjuive , ot autres ,0urd hui.
terrOgationibus fuerint dediti , in unum conspiran-
tem concordantemque rei fine convictus íit ; & sic également barbares dont on trouve des
in objecto flagitio deprehensus , ut vix jam ipse ea exemples dans l'Histoire de notre Nation,

§. I. De l'Ecartellement , ou de la Peine d'être tiré à quatre Chevaux.

SOMMAIRES.

1 . La plus rigoureuse de toutes les Peines de 3. Description de la manière dont s'exécute


mort. cette Peine , d'après les Arrêts.
2. Etablie pour le Crime le plus atroce.

I. La plus 'EST fans contredit , de toutes les Peines lieu , en traitant de ce Crime , d'entrer daná
xigoureuse de mort , la plus rigoureuse , tant par elle-
«le toutes un plus grand détail , relativement à cette
les Peines même , que par les autres Peines qui y font Peine , & aux effets singuliers que nos Loix
de mort. jointes.
y ont attachés. Nous nous contenterons dé
I I. donner ici une idée générale de la manierç .
<a. Etablie Aussi est-elle employée singulièrement dons elle s'exécute , d'après l'Arrêt qui a été
pour le pour le Crime le plus atroce qui puisse se rendu en dernier lieu , contre ce parricide
Crime le
plus atro- commettre envers la société , celui de Lese- exécrable dont on ne peut fe rappeller le
■ce.
Majesté au premier chef. Nous aurons nom qu'avec horreur.

1
56 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. II. Tit. IV.
• * * & l'on asperse ses plaies , d'une composi
tion de plomb , huile , poix résine , cire &
Des Le criminel , après avoir été appliqué à soufre fondus ensemble. On attache ensuite
cription la queltion ordinaire & extraordinaire , 6c une corde à chaque membre du patient, (sça-
n'ere dont avou" ^c iaaen^e honorable , est conduit voir aux jambes , depuis le genou jusqu'au
s'exécute nud en chemise, dans un tombereau, au lieu pied , & aux bras , depuis l'épaule jusqu'au
cette Pei- du supplice , où l'on a précédemment cons- poignet) par trois nœuds d'emballage qu'on
"m Arrêts! truit ( au milieu d'un parc entouré de palis , fait faire à la corde. Le bout de chaque corde
assez étendu pour que les chevaux aient s'attache au palonnier de chaque cheval ,
une place suffisante pour tirer ) , un échafaud qu'on fait ensuite tirer par plusieurs petites
haut de trois ou quatre pieds , fur lequel secousses. On se détermine enfin à faire tirer
le criminel est posé à plat sur le dos , & les chevaux de toutes leurs forces , en tout
attaché avec des liens de fer , dont un lui sens , pour écarteler tous les membres. Mais
entoure la poitrine vers le cou , & l'autre comme il arrive ordinairement que les ten-
les hanches vers le bas-ventre. Ces liens dons & les ligamens résistent & ne quittent
font vissés dans le bois de l'échafaud , afin point, malgré l'essort.des quatre chevaux,
que son corps ne cède pas à l'effort des ni même d'un plus grand nombre , on est
chevaux , que l'Exécuteur achete au moyen enfin obligé de couper les ligamens vis-à-
d'une somme qui lui est délivrée , & qui sont vis de la jointure des os. Alors les chevaux
harnachés comme les chevaux qui tirent les entraînent chacun son membre; & après
bateaux. L'Exécuteur lie eníùite à la main les avoir détachés de la corde & du tronc
du criminel , l'arme parricide dont il s'est de l'échafaud , l'on jette le tout íùr un bû-
servi , & la lui brûle avec du soufre. On cher qu'on allume íur le champ ; & quand
lui arrache ensuite , avec des tenailles , des le tout est réduit en cendres , on jette les
morceaux de chair , aux mamelles , aux cendres en l'air avec des pelles. Le supplice
bras ì aux cuisles & aux gras de jambes , de Damiens a duré deux heures , lui vivant.

$.11. Du Feu vif.

SOMMAIRES.

i. Cas ou cette Veine s'employoit che\ les rable , en cas de sacrilège.


Romains. 4> Manière dont elle s'exécute dans no$
2. Cas ou elle a lieu, parmi nous. usages.
3. Doit être précédée de l'Amende hono-

i.Casoù CjETTEPeineest réputée la plus rigoureuse, d'uneplace, un poteau de sept à huit pieds te
cette Pei- „r^s CQ^e de j/Ecartellement , dont nous de haut > autour duquel , laissant la place nos ul*
pioyoit venons de parler. Elle étoit usitée , comme d'un homme , on construit un bûcher en 8""
Romains nous l'avons ^ » c^ez *eS R°mams > W1 quarré , composé alternativement de fagots ,
mainS' l'avoient principalement établie contre les de bûches & de paille. On place aullì , autour

Traîtres à la patrie , & contre les Esclaves du bas du poteau , un premier rang de fa-
qui avoient attenté à la vie de leurs maîtres, gots , & un second de bûches , en observant
de laifler à ce bûcher une isiùe pour arri-
I L ver au poteau. Le patient étant arrivé au
' , . . . lieu du supplice , l'Exécuteur , après l'avoir
» Cas ou Elle s'emploie ordinairement parmi nous selt déshabiller lui met une £hemise de
Jími U cont,re le* ~upables de sacrilèges , de par- soufre) & is le fak mQnter sur k
no», rictdes , de Cames contre nature , les em- de fe & de bois y^zche au po-
poisonncurs , & les incendiaires , ainsi que teau ^ hms différenS ^ au c£u
nous le verrons en traitant de ces différais rautre aux pieds avec des cordes ? & le
m " T T T troisième au milieu du corps avec une chaîne
de fer. Comme les Exécuteurs se servent or-
, Doît Cette Peine est précédée de l'Amende ^inairement, pour la constmction du bûcher,
*££f honorable devant l'Eglise , lorsqu'il s'agit de.Cr0CS de ^hers dont léser a deux
Snde ho: de Crimes de sacrilège. * pointes , une droite & 1 autre crochue
noraWeen ^s en ajustent un en fermant le bûcher , de
cas de fa- j y façon que la pointe se trouve vis-à-vis du
crilege' cœur du patient; aufli-tôt que le feu est
4. Manie- Quant à lamaniere dont cette Peine s'exé- mis au bûcher de toutes parts , un des Exé-
íeVexécu- cute ^vant nos "sages: on plante au milieu cuteurs pousse avec force le manche de ce
croc
DES DIFFÉRENTES ESPECES DE PEINES , &c< 57
croc qui déborde du bûcher , dont la pointe un Retentum qui se met au bas de l'Arrêt ,
perce le cœur du patient , qui meurt íur le '& dont l'on donne seulement communica-
champ. ■ tion à l'Exécuteur.
II arrive néanmoins quelquefois que les L'exécution étant faite , & auíïí-tôt que"
Cours jugent à propos de tempérer la ri- l'Exécuteur peut ápprocher de l'endroit oú
gueur de ce supplice , en ordonnant que le le patient a été mis , il prend une pellerée
criminel fera auparavant étranglé secrète- de cendres qu'il jette au vent , ainsi qu'il est
ment par l'Exécuteur. Ce qu'elles font par ordonné par l'Arrêt.

§. I I I. De la Roue.

SOMMAIRES.

1 . Origine de cette Peine 3 <5r ce qui tasait comment ft convertit a leur égard.
introduire dans ce Royaume, 4. S'emploie indijlinclement contre les hont-
i. Rigueur en ejl quelquefois modérée par mes , fans égard a leur qualité.
les Cours , & comment. 5. Comment s'exécute cette Peine dans
3. Ne s'emploie contre les femmes , ô l'ufage.

I.

Ï.Origi- CetTe Péiriê, qui nous est venue d'Aile-» atroces, & qui font tels qu'ils dégradent M'wûí
fie de cette absolument l'humanité , par la trahison & la t7een,lecS0IÍ'
magne , n'est usitée en ce Royaume que
Peine , &
ce qui l'a depuis l'Editde François I , en 1534 (1). bassesse qu'ils renferment , comme v. g. le hommes y
fait intro Elle a été principalement établie , comme meurtre & l'assaffinat , elle doit être égale- ^sf:
duire dans
ce Royau il paroît par cet Edit , contre les voleurs ment appliquée aux Nobles , comme aux leur qua-
me. de grand chemin , & contre les coupables Roturiers , lorsqu'ils se rendent .coupables 1,ré*
de meurtres & d'assassinats. de ces sortes de Crimes. C'est austi une - • '
Règle de notre Droit François qui est fondée
. . . .( 1) Seront punis en la manière qui s'enfuit 5
c'est à savoir , les bras leur seront brisés & rompus en fur la dispotion de l'Art. I de l'Edit de 1 547 ,
deux endroits , tant haut que bas , avec les reins , qui veut que l'on ne mette aucune distinc
jambes & cuisses , & mis fur une roue haute , plan tion , quant à la Peine , en pareil cas. .
tée & élevée , le visage contre le ciel ,.où ils de
meureront vivans pour y faire pénitence tant & si Toutefois où le Noble seroit convaincu d'un vi*
lain cas , il fera puni comme Vilain. V. Loysel f •
longuement qu'il plaira á notre Seigneur les y lais
Inflit. Coût, liv.6. tit. Z.. max. 29. ' •
ser , & morts , jusqu'à ce qu'il en soit ordonné par
Justice, afin de donner crainte , terreur & exemple Ordonnons. . . . que doresnavant toufes person
à tous autres de ne cheoir ne tomber en tels incon- nes indifféremment , tant Gentilshommes que Rotu
véniens. Orv. de François I. de Janvier 1534. riers , de quelqu'état & qualité qu'ils soient , ayant
fait & commis meurtres & homicides de guet-à-pens
& assaíîìnement , feront effcétuellement punis de la-
II.
peine de mort fur la roue , fans autre commuta
tion de peine , quelle qu'elle soit. Edit d'HENRi H.
i.Rígueur Quoique le Jugement qui ordonne cette du mois de Juillet i$47» art. I.
quesois161 $eine y porte toujours que le condamné sera
• V. ;-
modérée rompu vif c'est-à-dire , jusqu'à ce que mort
£ar lesfi naturelle s'ensuive ; on ordonne néanmoins
Cours , & ' . r Pour l'exécution de cettê Peine , íùivánt ^. Cont*
comment, quelquefois , par un retentum qui le met au
nos usages , on dresse un échafaud , fur le ^*es'e"
bas de l'Arrêt , que le condamné fera étran
milieu duquel est attachée à plat une croix te pe;ne
glé secrètement y fans même sentir de coups
de saint André , faite avec deux solives en dans Fuse'
vifs , ou bien après en avoir senti UN f ou forme oblique , assemblées au milieu où elles ge"
quelquefois tous. .
se croisent , íur lesquelles il y a des entailles
- . I I I. . .. - . qui répondent au milieu des cuisses , des-
jambes , du haut & du bas des bras. Le cri
^ Ne II y a deux choses remarquables par rap-
minel nud en • chemise , étendu sur cette
•'empioie port à cette Peine ; l'une , qu'elle ne s'or-
croix , le visage tourné vers le Ciel , l'Exé
fonme» donne Pomt contre les Femmes à cause de
cuteur ayant relevé fa chemise aux bras &
& com- la décence due à leur sexe , & on la con-
ment se vertit , à leur égard , en celle du feu , de la aux cuisses , l'attache à la croix avec des
convertit 7 p > . . ' cordes â toutes Tes jointures , 8c lui met lá
à leur é- potence, ou de la décapitation, luivant leurs
gard. qualités , ou celle du Crime. tête íur une pierre. En cet état , armé d'une
barre de fer quarrée , large d'un pouce 8c
' I V. ". " demi , arrondie avèc un bouton à la poignée ,
il en donne un coup violent entre chaque . .
4. c.
S em- L'autre
, , , que
n T comme
• cette Peine
1 i-. n'est
• ligature , vis-à-vis de chaque hoche , & finit
ploie in- portée par les Loix que contre des Crimes par deux ou trois coups fur l'estomac*.
58 LES LOIX CRIMIN ELLES , Liv. n. Tjt.IV.
Quand le Patient ne doit pas être rompu tre , elle ferre vigoureusement le cou du
vif, suivant le retentum porté par l'Arrêt , Patient , & l'étrangle sur le champ. Après
on a précédemment construit íbus Té- l'expédition faite , le corps du Criminel est
chafaud , à l'endroit où le Patient a la porté fur une petite roue de carrosse , dont
tête , un moulinet composé de deux mon- on a scié le moyeux en dehors, & qui est
tans arrêtés en haut fous l'échafaud , & placée horizontalement fur un pivot. L'Exé
en bas dans la terre , que deux traverses cuteur , après lui avoir plié les cuisses en
assemblent ; & au milieu est le moulinet dessous , de façon que ses talons louchent
rond , percé de trous , comme on le voit au derrière de fa tête , l'attache à cette roue ,
derrière les charrettes & charriots , & une en le liant de toutes parts aux jantes , &
corde passée en cravate fur le cou du Cri le laisse ainsi exposé au public , plus ou
minel , se va rendre à ce moulinet ; & se moins de temps. Quelquefois on l'expoíè
roulant autour par le moyen des leviers ainsi fur un grand chemin , où on le laisse
que deux hommes abaissent l'un après l'au- pour toujours.

§. IV*. De la Potence.

SOMMAIRES.

ì. Connue sous d'autres noms dans le Droit z. Cas où cette Peine a ordinairement lieu.
Romain, & dans nos Coutumes. 3. Comment s'exécute dans nos u/ages*

I.

1. Connue Cette Peine étoit connue chez les Ro- monter fur la charrette de l'Exécuteur ,où il
sous d'au- mains fous le nom de Furca ou Strangula- est assis fur une planche de traverse , le dos
dans le ùo ì & il en est parlé dans nos anciennes tourné au cheval , le Confesseur à côté de lui ,
Droit Ro- Coutumes fous le nom de la Peine de la & l'Exécuteur derrière. Arrivé à la Potence >
dan" 'nos Hart t ou du Gibet. où est appuyée & siée une échelle , l'Exécu
Coutumes teur monte le premier à reculons , & aidé ,
I I. au moyen des cordes , au Criminel à monter
de même. Le Confesseur monte ensuite du
». Cas oît Elle s'inflige pour tous les cas où la Peine
cette Pei- de mort est simplement ordonnée par la Loi , bon sens ; & pendant qu'il exhorte le Pa
tient , l'Exécuteur attache les tortouses au
nairement ^"ans en désigner le genre. Elle s'emploie
lieu. principalement contre les Roturiers , pour bras de la Potence ; & lorsque le Confesseur
commence à descendre , l'Exécuteur , d'un
les mêmes cas auxquels la Peine de la
coup de genou , aidé du jet , fait quitter
Décollation ou de la tête tranchée s'emploie
l'échelle au Patient , qui se trouve suspendu
à l'égard des Nobles.
en l'air , les nœuds coulans des tortouses
En crimes qui méritent la mort , le vilain fera lui serrant le cou. Alors l'Exécuteur , se
pendu , & le noble décapité. Loysel ,//>. 6. tit. 2.
tenant des mains au bras de la Potence ,
max. 28.
I I L monte fur les mains liées du Patient , & à
force de coups de genoux dans l'estomac ,
3. Com- Cette Peine s'exécute ainsi. Après que & de secousses , il termine le supplice par
ment s'e- i'on a attaché au cou du Criminel trois cor- la mort du Patient. II y a des Parlemens où
dans nos des , fçavoir , les deux tortouses , qui font l'Exécuteur , laissant les tortouses plus lon
usages, des cordes grosses comme le petit doigt , gues , monte fur les épaules du Patient , & ,
ayant chacune un nœud coulant , & le jet , à coups de talons dans l'estomac , en faisant
ainsi appellé parce qu'il ne sert qu'à aider à faire quatre tours au Patient , il termine
jetter le Criminel hors de l'échelle , on le fait plus promptement son supplice.

§. V. De la Décollation.

SOMMAIRES.

f. Ce qui diftingue cette Peine des autres 2. Manière dont elle s'exécute.
Peines de mort.
L
1. Ce qui N O u S plaçons cette Peine dans le dernier dentés. C'est pour cela qu'elle est princi-
cette Pei- ordre des Peines de Mort , non-feulement paiement réservée pour les personnes
nés 'VeT" Parce qu'elle paroît la moùis rigoureuse ; Nobles (1). Elle est néanmoins quelque
nés de " mais parce qu'elle n'emporte point parmi fois accompagnée de la dégradation de
mort nous [a note d'infamie , comme les précé- Noblesse , comme en fait de Duel (2).
DES DIFFÉRENTES ESPECES DE PEINES, &c. 59
(OV. la Max. i% ci devant euh d'après Loìtsbé. découvert, les mains liées pardevánt , à
(1) V. ïart. 15 de íEdit des Duels , de i679 genoux , l'Exécuteur lui coupe les cheveux,
I I. s'il en a, & lui fait baisser un instant la tête
î. Manie- Cette Peine , qui étoit connue à Rome fur un billot d'un pied en quarré , haut
ïes^ttécu"f°us *e nom de Peine Glaive , s'exécute d'environ huit pouces , assez près de lui
re. parmi nous de la manière suivante. On élevé pour voir le point : puis le Confesseur retiré ,
un échafaud ou plancher de dix ou douze il prend son sabre , & , d'un coup de revers ,
pieds en quarré , & de six ou sept pieds de il abat la tête du Patient : s'il manque son
haut. Quand le Patient est monté , on lui coup , il achevé de la couper íur le billot
ôte son habit ; étant en chemise , & le cou à coups de hache.

»
CHAPITRE SECOND.

Des Peines Corporelles.

SOMMAIRES.

t. Qu'entend-on par Peines corporelles ? 3. Peines corporelles qui ont cessé d'être en
2. Peines corporelles usitées dans ce Ro usage parmi nous.
yaume.

t; Qu'en- L'on comprend proprement fous ce nom, f/ler à la Potence ; 8°. dêtre traîné fur
tend -on i t» • . n j- n
par Peines toutes les reines , qui , Jans attenter directe- la Claie ; 90. d'être promené par les rues
corp°rel- ment à la vie , tendent à l'effusion du sang , fur un Ane ; 1 o°. le Carcan or le Pilori ; :
ou à Famputation de quelques membres, j ii°. tAmende honorable.
ou même qui causent de la douleur au corps
par l'état de gêne & de contrainte où elles III.
le mettent. }
Nous ne parlons point ici de certaines 5. Peines
II. Peines corporelles dont il est fait mention «>rP°.rel-
1 , n • « 1 les qui ont
r*'.Pelnes Nous en connoissons de onze espèces dans le Droit Romain , & dont on trouve cessé d'ê-
même des exemples dans l'histoire de notre tre en uso-
feTufitées différentes > ÍÇavoir , 1 °. la Quefiion ou
dans ce Torture ; 2°. les Galères ; 30. le Fouet avec Nation , telles que celles de la Stigmati- n0t
Royaume. fa Marque , ou flétrissure ; 40. le Poing fation , de la Castration t de l' Essorillement
coupé y 50. la Langue percée , ou coupée ; ou des Oreilles coupées , parce que l'ufage
6°. d'être pendu sous les aisselles ; 70. d'af- en est absolument cessé parmi nous.

§. I. De la Quefiion ou Torture.

SOMMAIRES.

1 . Distinction de la Question en prépara 6. Réfutation dun Ouvrage tendant h faire


toire & préalable. abolir cette Peine.
2. Pourquoi mise au premier rang des Pei 7. Question ordinaire & extraordinaire , ce
nes corporelles. que c'est.
3 . Question avec réserve depreuvestce que cest. 8. Usage du Parlement de Paris.
4. Qùest- ce que la Question fans réserve de 9. Comment s'y donne la Question à r Eau.
preuves ? 1 o. Commentse donne celle aux Brodequins,
5. Question n'est infamante t ô pourquoi.

i.Distinc- L'on distingue deux sortes de Questions , complices de Paccusé ; au lieu que la pre«
Question3 ^vant l'Ordonnance : la Préparatoire , ainsi miere ne s'ordonne que pour obliger l'ac-
en prépa- appellée parce qu'elle se donne dans le cours cufé à faire lui-même l'aveu de son Crime ,
ra22i& ^e l'I11**1"110^011 & avant k Jugement (1) ; dont il y a d'ailleurs une preuve considérable
F * e* & la Question Préalable , qui s'ordonne contre lui , & telle en un mot qu'il ne
par le Jugement de condamnation à mort , manque plus que cet aveu pour opérer son
& se donne immédiatement avant l'exécu- entière conviction (3).
w tion de ce Jugement (2). Celle-ci a prin ( 1) S'il y a preuve considérable contre l' Accusé
cipalement pour objet la découverte des d'un crime qui mérite la mort , & qui soit sons-
H 2
LES h 01% CRIMINELLES, Liv.il. Tit.IV.
tant, tous Juges pourront ordonner qu'il fera ap- ci, comme étant moins rigoureuse que^ la
pliqué à la question , au cas que la^preuve ne soft premjere dans son effet , ne se trouve placée
pas* suffisante. Ord. de 1670 , Tit. 19. art. r.
(2) Par le Jugement de mort il pourra être or dans Tordre des Peines corporelles , qu'après
donné que le condamné sera préalablement appli les Galères & le Bannissement perpétuel.
qué à la question , pour avoir révélation des com
plices. V. mime Ûrd. art. 3. ibid. V.
(3)'Quoties de domiuio mancipiorum tractattir,
íì aliis probationibus veritas illuminari non possit , de Au reste , l'une & l'autre de ces Questions .f- Ques-
se ipsa esse cum tormentis interroganda Juris Autho- ont cela de particulier , qu'elles n'emportent |nf"mân-st
res probant. L. 12. Cod. de probat.
point note d'infamie , comme les autres Pei- te.&pour-
II. lies corporelles dont nous allons parler ;
cela , par une fuite du motif qui les a fait
i. Pour- Quoique dans le principe , la Question établir principalement pour parvenir à la
quoi mise n'ait été établie que comme un moyen de preuve.
au- pre" parvenir à la preuve du Crime : néanmoins XT „- .
mier rang t"" w r. . » . Nullam existimationis infamiam avunculus tuus
des Peines 1 on ne peut diiconvemr que ce ne loit en pertimescat ictibus fustium subjectus ob crimen ,
corporel- effet une véritable Peine , & même une Quaestione habitâ , si Sententia non prajeessit igno-
Peine des plus rigoureuses , en ce que l'ex- ininiae maculam irrogans. L. 14. Cod. ex quibus cauf.
infam. irrog.
périencefait voir qu'elle câufe souvent la
I.
mort de celui qui la subit. C'est aussi par
cette raison , sans doute, que dans Tordre On s'est fort récrié, fur-tout dans ces f. Réfuta-
des Peines , marqué par TOrdonnance, derniers temps, contre í'ufage de la Torture, Ouvrage"
nous trouvons celle de la Question placée quelqu'ancien & universel qu'il soit. II a tendant à
quelqu:
immédiatement après celle de Mort (1). faire abo-
paru , entr'autres , il y a quelques années , KUS
un ouvrage anonyme fous le titre de Traité Peine.
(1) Après Iq peine de la mort naturelle , la plus
ligoureuse est celle de la Question avec la réserve da des Délits & des Peines , où Ton s'efforce de
preuves en leur entier 5 dès Galères perpétuelles ; du prouver la nécessité d'abolir cet usage en ce
Bannissement perpétuel-, de la Question fans réserve Royaume. La singularité des principes &
des preuves 5 des Galères à temps ; du Fouet , de l'A-
mende honorable , & du Bannissement à temps. assertions qui se trouvent employés dans
Ord. de 1670, Tit. z 3. art. k 3 cette brochure , non-seulement star cet arti
cle particulier , mais encore fur plusieurs
• ' ' : I I L ; - : autres points de notre Jurisprudence Cri
minelle , m'a engagé d'en entreprendre la
yQatí- On voit par cet article de TOrdonnance ,
réfutation , par un petit Ouvrage que Ton
tion avec qu'il faut distinguer , quant à la rigueur ,
trouvera à la suite de cette Collection. Nous .
pteuveY^ deux f°rtes de Questions Préparatoires ,
verrons, au surplus , en traitant de Tlnstruc-
ce que Tune qui s'ordonne avec réserve de preuves tiqn , quelle est la véritable idée que Ton •
c est* en leur entier ; & c'est celle-ci , qu'elle place
doit se former de ce genre de Peine , d'après
immédiatement après la Peine de mort j
les règles & les précautions particulières
parce qu'en effet , indépendamment de íà
que TOrdonnance veut être observées à
rigueur en elle-même , son effet est tel ,
cet égard.
qu'encore que Taccusé Tait subi sans avouer
V I I.
son Crime , il ne laisse pas , suivant la faculté
qui est donnée aux Juges par la même Loi , Quant à la manière dont cette Peine y. Ques-
que de pouvoir être condamné à toute autre -
s'exécute dans la pratique , la Question est- tion ordi
naire &
Peine au-dessous de celle de mort. distinguée en Ordinaire & Extraordinaire, extraordi-
Celle-ci n'est autre chose que le redouble- naire"
* Les Juges pourront aussi arrêter que nonobstant
la condamnation à la question , les preuves subsis ment des rigueurs de la premiere. Nous en
teront en leur entier, pour pouvoir condamner l'Ac- allons donner des exemples , d'après Tufage
cusé à toutes sortes de peines pécuniaires ou astlic- qui se pratique au Parlement de Paris ; car
tives ; excepté toutefois celle de mort , à laquelle l'ac-
eufé qui aura souffert la Question sans rien avouer", chaque Parlement a ses usages particuliers
ne pourra être condamné , si ce n'est qu'il survienne en cette matière.
de nouvelles preuves depuis la question. Ord. dt
1670, Tit. 19. art. 2. VIII.
■ ' ■ .: 1 V. ' • - II se donne deux sortes de Questions dans 8. Usage
le ressort de ce Parlement , Tune à l'Eau , menfaj7

4. Qu'est- L'autre efpece de Question dont il est l'autre aux Brodequins. Voici de quelle ma- Paris,
ce que la auíîi parlé dans le même article , est celle niere Ton procède à Texécution de Tune &.
son^résc"- fans réserve de preuves , qui est ainsi appellée , de l'autre. ;
redepreu- parce que dans le cas où Taccusé la subitsans IX, :
* avouer son Crime , il doit être renvoyé de Pour donner la Question à Veau , Ton 9- Co1?-
Taccusation , quelque preuve qu'il y ait fait
it asseoir Taccusé ( après lui avoir fait donne 'la
d'ailleurs au Procès contre lui. Auffi celle- lecture du Jugement qui ordonne la Tor- Qu estion
à l'eau.
DES DIFFÉRENTES ESPECES DE PEINES , &c. ! 6t
ture ) íur une espece de tabouret de pierre ; X.
on lui attache les poignets à deux anneaux Pour donner la Question aux Brodequins , io.Com-
de fer distans l'un de l'autre , tenans à un qui est aujourd'hui la plus usitée , on fait ™oe™e ^
mur derrière son dos , & les deux pieds à asseoir le Criminel , & après lui avoir atta- le aux W
deux autres anneaux qui tiennent à un mur ché les bras , on fait tenir les jambes à 1
devant lui. On tend toutes les cordes avec plomb ; puis on lui place le long des deux
force ; & lorsque le corps du Patient com- côtés de chaque jambe deux planches , l'une
mence à ne plus s'étendre , on lui passe un en dedans & l'autre en dehors , qu'on ferre
traiteausous les reins :enluite on tend encore contre la jambe , en les liant fous le genou
les cordes jusqu'à ce que le corps soit bien & au-dessus de la cheville. Ensuite , ayant
en extension. Alors le Questionnaire tient placé les jambes près l'une de l'autre , on
d'une main une corne de bœuf creuse , de les lie toutes les deux ensemble avec de
l'autre il verse de l'eau dans la corne , & en pareilles cordes, placées aux mêmes en-
fait avaler au Patient quatre pintes pour la droits. Alors on frappe des coins de bois
Question ordinaire , & huit pintes pour entre les deux planches au milieu des ge-
l'extraordinaire. Un Chirurgien qui tient le noux , & par en bas entre les deux pieds ,
pouls du Patient , fait arrêter pour un inf- qui serrent les planches de chaque jambe,
tant , suivant qu'il le sent foiblir ; & pendant La Question ordinaire est de quatre coins ,
ces intervalles on interroge le Patient. & l'extraordinaire de huit.

§. II. Des Galères.

SOMMAIRES.

i. Pourquoi mises au nombre des Peines ment fe convertit cette Peine a leur égard.
corporelles. 7. 40. Autres personnes qui ne peuvent
■ 2. Distinction des Galères à temps , & per être condamnées aux Galères.
pétuelles , quant a leurs effets. 8. 50. Condamnés aux Galères qui vien
3. Loiparticulière fur les Galères a temps. nent h fe mutiler , comment punis.
•4. Plusieurs principes communs a ces deux 9. 6°. Juges quipeuvent prononcer la Peine
Peines ; 1 °. font également infamantes. des Galères.
5. z°. Doivent être accompagnées de la 10. 70. Manière dont s*exécute la peine des
Marque , & pourquoi. Galères.
6. 30. Femmes n'y font sujettes , & com-

I. I I I.

i. Pour-^íous mettons cette Peine au nombre des II y a d'ailleurs cela de remarquable , ?. Loi
au0' nom- corporelles , en ce qu'elle cause de la dou- par rapport aux Galères à temps , que par particulie-
b« des leur au corps , en même temps qu'elle le une Ordonnance de Charles IX, donnét Galères 'k
corporel- Priye de la liberté de ses fonctions par la à Marseille au mois de Novembre 1 5 64 , temps,
les. gêne où elle le met; & même avec d'autant il est défendu de prononcer la Peine des
plus de raison , que cette Peine , comme Galères pour un temps moindre que de
nous allons voir , se trouve toujours accom dix ans ; & que néanmoins , dans l'usage ,
pagnée de celle de la Marque ou flétriíîure. on se contente de l'ordonner pour 3,5»
6 ou 9. Au surplus cette Ordonnance doit
I I. avoir son exécution quant aux défenses qui
On en distingue de deux sortes , suivant y sont faites aux Capitaines de Galères , de
a. Distinc
tion des l'Ordonnance (1), les Galères perpétuelles, retenir les Forçats après le temps marqué
Galères à par les Jugemens qui prononcent cette *
temps , & & les Galères à temps. Les premières ont
perpétuel remplacé parmi nous la Peine de la condam Peine;
les , quant
à leurs ef nation aux Mines , qui fe trouve établie I V.
fets. dans le Droit Romain , en ce qu'elles pro
duisent comme elle la mort civile , & la Du reste , il y a plusieurs principes 4. Plu
confiscation des biens. C'est auíîì principa»- communs entre les Galères perpétuelles , & sieurs prin
cipes com
lement par cet endroit , que les Galères celles à temps , fçavoir , 1 °. en ce que l'une muns à ces
perpétuelles font distinguées de celles à & l'autre de ces Peines sont également deux Pei
temps qui emportent seulement sinfamie , infamantes. nes ; i°.
font égale
& qui , par cette raison , ne se trouvent pla ment infa
cées dans Tordre des Peines qu'après le mantes.
Ad tempus in opus publicum damnati prillinum
Bannissement perpétuel. quidem statum retinem , scd damno infainiœ , port
ìmpletum tempus fubjiciuntur. L. 6. Cod. ex qui
( í) V. art. 13.2V/. 25. de COrd. de 1670. tus caus. insam. irrog. . . .
62 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. II. Tit. ÏV.
les infirmes , femmes & filles , à être enfermés
V. pendant le temps de neuf années , dans l'Hôpital le
plus prochain ; & en cas de récidive , à perpétuité.
i°. Doi 2°. En ce qu'elles doivent aussi également Decl. du 3 Août 1764. »
vent être être accompagnées de la marque ou flétris
également
accompa sure , avec les lettres G. A. L. , afin que , si VIII.
J
gnées de dans la íìute les condamnés viennent à
laMarque, 5°. II y a Peine de mort portée par la 8.5°. Con.
& pour commettre d'autres Crimes , l'on puisse
quoi. connoître qu'ils ont déja été repris de Justi- Déclaration du 4 Septembre 1 677 , contre ™a$le.
- ■ ceux de ces condamnés aux Galères qui res qui
ce , & par conséquent les condamner à de
plus grandes Peines. Cette Peine doit aller viennent à se mutiler quelques membres , £ mutiler*
jusqu'à la mort, si ces nouveaux Crimes pour n'être plus en état de servir. Cette comment'
rigueur est fondée , comme l'on voit , par Punil"
font de nature à mériter Peines afflictives.
le préambule de cette Loi , tant fur ce que ,
Ceux qui seront condamnés aux Galères à temps par cette mutilation , l'on viole les Loix
ou à perpétuité pour quelque Crime que ce puisse
être , seront flétris avant que d'y être conduits , des divines & humaines qui défendent d'être
trois lettres G. A. L. , pour , en cas de récidive en homicides de foi-même , que fur le danger
crime qui mérite peine afflictive , être punis de mort. qu'il y auroit que , fi l'on toléroit de pareils
Decl. du 4 Mars 1714, art. 5.
excès , les condamnés ne trouvassent par-là
le moyen d'éluder la Justice , & de fe pro
V I.
curer l'impunité de leurs forfaits.

6. j°. Fem 30. Qu'en général la Peine des Galères


mes n'y ne peut être prononcée contre les femmes , LoUIS , &c. Nous avons été informé que plu-
font sujet
tes , & propter reverentiam Jexus ; mais que , pour sieurs criminels condamnés à servir sur' nos Galc-
comment en tenir lieu, on prononce contre elles, res ? comme Forçats , ont porté leur fureur à te|i
se conver excès qu'ils ont mutilé leurs propres membres ,
tit cette celle de la Détention en une maison de force pour éviter d'être attachés à la chaîne , & se met
Íieine à à temps ou à perpétuité (1) , & quelquefois tre hors d'état de subir la peine due à leurs crimes;
eur égard. même celle du Fouet & du Bannissement , & d'autant que si ce désordre étoit toléré , ce se-
comme nous le verrons d'après les Loix roit le moyen facile d'éluder la justice de nos Loix ,
à établir l'impunité des crimes qui ne font point
rendues en matière de vol , de mendicité sujets à la peine de mort ; considérant d'ailleurs que
& de contrebande (2). cet excès de fureur blesse également les Loix divi
nes & humaines , nous avons estimé nécessaire d'é
(1) Ne pourront être punis de moindre peine , tablir des peines sévères contre ceux qui tombent
íçavoir les hommes de celle des Galères à temps dans un pareil aveuglement. A CES causes , & au
ou à perpétuité , & les femmes d'être flétries d'une tres bonnes & justes considérations à ce Nous mou
marque en forme de la lettre V. & enfermées à vant , de l'avis de notre Conseil , & de notre cer
temps ou pour leur vie , dans des maisons de for taine science , pleine puissance & autorité royale ,
ce. . . . Decl. du 4 Mars 1724 , art. 1. Nous avons dit , déclaré & ordonné , & par ces
(2) Les femmes & les filles coupables de faux- Présentes ,, signées de notre
, main
« , disons, , décla-
,
saunage , seront condamnées , pour la première fois rons .& ordonnons , voulons & nous plaît que les
en 100 livres d'amende ; pour la seconde au fouet criminels condamnes a seryir sur nos Galères , com-
& à 300 livres d'amende ; & en cas de récidive , se- me !es1ue1?.' T" leU" J"geme"s ? auroM
ront , outre les peines ci-dessus , bannies à perpé- mut'le ou faU "T1" leurs.ra.embr« ?
tuité de notre Royaume. Oiw. des Gabelles , Tit. ms de mort Pfur réParatl°» de ^urs Crimes. Si don-
17 art S. nons cn man"einent- • • • Decl. du Roi , du 7 Sep.
' ' tembre 1667 , regiftrêe en Parlement le 4 Février
VII. . 1678.

7. 4e. Au- 40. Que l'on ne condamne pas non plus IX.
«es per- ^ cette Peine ceux qui ne font pas en état
sonnes qui , - • i «-. r 1
ne peu- de servir de iorçats , comme lont les inva- 6°. On avoit d'abord douté si les Juges 9. 6°. Ju
>e u être iiJes ^ les ejlropiés , & les vieillards feptua- des Seigneurs pouvoient prononcer la Peine Bes 1uk
né;s tégénaires (1). Mais alors cette Peine est des Galères , fur le fondement que ces Ga- prononcer
Galères, convertie en celle du Fouet & du Bannisse leres appartiennent au Roi , & que les Juges "j^jjï.
ment , suivant les mêmes Loix dont on n'ont aucun droit fur les Officiers qui y re$,
vient de parler (2). font préposés par Sa Majesté. II y a même
des Arrêts de ce Parlement qui l'ont décidé
(1) La peine des Galères prononcée contre ceux ainsi (1) ; mais comme ces Arrêts font anté
qui fe trouveront incapables de nous servir , sera
convertie , sçavoir celle des Galères pour six ans en rieurs à l'Ordonnance de 1670, qui ne met
celle du fouet & de la flétrissure , & celle des Ga aucune distinction entre ces Juges & les
lères pour neuf ans aussi en celle du fouet & de Juges Royaux íùr ce point , & qu'elle leur
la flétrissure. V. même Ord. des Gabelles du mois
laisse d'ailleurs également le pouvoir de
de Mai 1680. tit. 17. art. 7.
condamner à mort , l'on a cru devoir s'écar
(2) DaHs le cas où ils seroient ( mendians &
vagabonds ) arrêtés de nouveau & convaincus d'a ter de cette ancienne Jurisprudence , íùr le
voir repris le même genre de vie , seront condam fondement de la maxime , qui peut le plus ,
nés, les hommes de soixante- dix ans & au-dessus , peut le moins ; & que , d'ailleurs , toute
DES DIFFÉRENTES ESPECES. DE PEINES , &c. 65
Justice est exercée au nom du Roi dans ce Alors on leur passe à chacun un anneau de
Royaume (2). fer au cou , d'où pend une chaîne au bout
de laquelle est un autre anneau qui est
(1) V. TArrêt de Règlement du 1(5 Juillet 1641 ,
cité par Brvneav d'après Henris. Observ. sur les attaché au bas d'une jambe. II y a vers le
Mat. crim. part. 1. Tit. 27. Max. 17. milieu de cette chaîne , une autre chaîne ,
(i) V. Bretonnier fur Henris. Tom. 1. liv. & un anneau au bout , qu'on attache au
2. Qu. 3 1. poignet opposé , assez longue pour laisser
X.
la liberté du bras ; & les Galériens ainsi
70. Enfin , pour ce qui concerne l'exé- enchaînés , la moitié à droite , & l'autre
mertdoet cution des Jugemens qui prononcent cette moitié à gauche , font attachés de deux en
t'uécwM Peine , elle se fait ainsi. Les condamnés aux deux à la grosse chaîne , qui , par ce moyen
des gX- Galères , après avoir été préalablement fusti- se trouve au milieu d'eux , & qu'ils portent
res. gés & flétris d'un fer chaud , contenant ces pour se soulager avec un bâton. Ils mar-
trois lettres G. A. L. , conformément à la chent ainsi à pied , conduits par des Gardes
Déclaration du 4 Mars 1724 , font tranf- jusqu'au lieu de leur destination, où étant
férés dans une prison particulière , où ils arrivés , on les détache de la grosse chaîne >
restent jusqu'à ce qu'il s'en trouve assez & on les enchaîne dans la Galère , chacun
pour composer une chaîne & les faire partir, à son banc.

§. III. Du Fouet , Marque , ou Flétrissure avec un fer chaud.

SOMMAIRES.

X. Différence entre le Fouet & la Fustiga 4. Comment se sait la Marque sur les
tion. épaules.
2. Fouet sous la custode , en quoi diffère du 5. Pourquoi la Marque a été établie.
Fouet ordinaire. 6. Fouet ô Marque ne s'infligent aux per
3. Marque ou Flétrissure ne se sait plus au sonnes nobles.
visage j & pourquoi.

i. Dlffé- L A Peine du Fouet diffère de celle de la (1)P".lesart.ii, 17, 18 & 20 de i'Edit de Juin 160 r,
tenee
ne ^en- Fustigation dont il est parlé dans le Droit servant de Règlement pour les Chaises , où il est
parlé du Fouet fous la Custode.
Fouet & Romain , en ce que , comme le remarque
(2) La Peine du Fouet infâme. Loys. Instit. Cout.
Coquille , fustiger est proprement battre liv. 6. tit 2. max. is.
avec un bâton , qui s'appelle en latin sustis ; Fustibus caefum cui per praeconem ità dictum est....
au lieu que fouetter , c'est battre le corps Ideòque esse famosum manifestum est. L. 16. Cod.
ex quib. caus. infam. irrog.
nud avec des verges ou des cordes.
(3) T. les art. 1 & 5 de la Déclaration du 4 Mars
V. Coquille , fur la Cout. de Nivernois , 1724 , rapportée ci-devant.
art. 15.
Il-
I I I.
i Fouet ^n distingue deux sortes de Fouets fui-
sous lacus- vant notre Jurisprudence , l'un qui s'inflige Cette marque se faisoit anciennement au ? Mas_
auoi 'di£ PUDliquement par la main du Bourreau , & front , ou au visage ; mais on s'est vu obligé de que ou
^uoi
?ere
ère du c'est celui dont nous voulons parler princi changer cet usage , tant parce que , comme
Fouet or palement ici; l'autre , qui s'inflige dans l'in- le remarque l'Empereur CONSTANTIN , la plus au v
dinaire. tic
térieur de la prison par les mains du Ques face de l'homme est l'image de la Divinité , pJ^J-.
tionnaire ou* du Geôlier : celui-ci, qu'on que parce que l'expérience a fait voir qu'il
appelle autrement Fouet fous la custode , en réíùlteroit plusieurs inconvéniens dange
ne s'emploie qu'envers des enfans au-dessous reux , & notamment , que ceux qui étoient
de la puberté (1). Ce dernier étant , par ainsi marqués , ne pouvant plus trouver à
cette raison , moins regardé comme une servir , étoient contraints de se retirer dans
Peine , que comme une simple correction , les bois , & de se mettre à voler.
il n'emporte point par conséquent la note Si quis in ludum fuerit vel in metallum damna-
d'infamie comme le précédent (2) , dont tus , minime in ejus facie scribatur , dùm in ma-
il diffère d'ailleurs , en ce que celui-ci est nibus & juris postit pœna damnationis scriptione
toujours accompagné de la Marque ou Flé comprehendi , quo faciçs , quae ad similitudinem
pulchritudinis cœlcstisest figurara, minime macula-
trissure avec un fer chaud, fur lequel est tur. L. 2. Cod. Theod. de Paenis,
imprimé , ou une fleur-de-lys , ou quelques
lettres telles que celles de G. A. L. pour les I V.
condamnés aux Galères, ou la Lettre V. 4. Coffl-
pour les condamnés en fait de vol. (3 ). On se contente donc aujourd'hui d'ap- œent 1*
Ó4 LES LOIX CRIMINE LLES , Liv. II. Tit. IV.
seîtlaMar- pliquer cette Marque sur les épaules mises ue ce soit , seront convaincus de récidive en Crima
que fur les ^ nucj ^ & dont on amortit auparavant la t e vol , ne pourront être condamnés à moindre peine
que , sçavoir les hommes, aux Galères à temps ou à
chair , pour que les trous que laisse le fer perpétuité , & les femmes à être de nouveau flétries
chaud se remplissant de sang meurtri , y d'un double V , & enfermées à temps ou pour leur
laissent des traces qui ne s'effacent jamais. vie dans des maisons de force. Dbcl. de Mars
1724, art. 4.
V. Coquille , loco cit.

V. V L
5. Pour- L'on íçaít au reste, que le motif partí-
$1 °' n'e* a cu^er l1" a ^c ^taD^r l'imposition de ces Enfin , il y a encore cela de remarqua- 6. —Foaet
été "iéta-3 marques , a été de s'aflurer par-là de la ble par rapport à la Peine du Fouet , qu'elle ne
preuve dé la condamnation ; afin qu'en cas ne s'inflige jamais aux Nobles, suivant nos gem
de récidive de la part du condamné , l'on usage.s » conformes , fur ce point , à la dis-
puisse augmenter ía Peine , & la porter position du Droit Romain , qui ne la réser-
même jusqu'à celle de mort. C'est ce qui voit proprement que pour des esclaves.
se trouve porté expressément par la Dé
Decuriones quidem item filios decurionum fustibu»
claration de 1724 , qui veut aussi , par la castigari prohibitum est. L. 5. Cod. ex quib. caus.
même raison , que Ton double la Marque V. infam. irrog....
à l'égard des femmes qui font tombées en ...Ên Crimes , les Vilains font plus grièvement pu
nis en leur corps , que les Nobles.... Et où le Vilain
récidive en fait de vol (1).
perdroit la vie ou un membre de son corps , le Noble
(1) Ceux & celles qui après avoir été condam perdra thonneur & réponse en Cout. LoíSEL. Iust.
nés pour vol , ou flétris pour quelqu'autre Crime Cout. liv. 6. tit. z. max. 31 & 32.

§. I V. Langue coupée ou percée S & Poing coupé.

SOMMAIRES.

1. Pourquoi ces trois Peines font ici réu 2. Distinction oh ces Peines peuvent avoir
nies. lieu.
L 3. Manière dont elles s*exécutent.
f. Pour- N o us réunifions dans le même article ces derniere Peine est principalement attachée/
tro°s Pei- tro*s différentes Peines , parce qu'elles ten-
III.
nes sont dent également à la mutilation des mem-
ki réunies kreSí (^e qUí Jes met par conséquent au Quant à la manière dont s'exécutent ces T\'™*f*m
Peines dans nos usages , elles sont toujours i« s'ex<h
nombre des Peines corporelles.
précédées d'amende honorable j & l'exécu-
I I. tion s'en fait dans le lieu où est faite cette
amende honorable , ou dans le lieu même
a.Distinc- II y a néanmoins cela de remarquable du supplice. 1 °. Celle de la Langue coupée
«on des enxxe elles , que les deux premières qui s'em-
OU CCS « se fait par l'Exécuteur avec un couteau ;
Peines ploient ordinairement en fait de Blasphèmes 20. celle de la Langue peUcée se fait avec
peuvent & de Juremens , se prononcent , ainsi que un fer rouge pointu , ou avec un canif, sui
avoir heu. , _* , r> •
nous le verrons en traitant de ces Crimes , vant la disposition de l'Arrêt ; 3 °. enfin ,
tantôt comme Peines principales , tan celle du Poing coupé s'exécute ainsi. On
tôt comme accessoires à d'autres. Au lieu fait mettre au Patient , étant à genoux , la
que celle du Poing coupé n'est jamais pro main sor un billot haut d'un pied & demi ;
noncée qu'accessoirement à d'autres Pei & l'Exécuteur , d'un coup de hache ou de
nes plus considérables , comme nous le couperet , lui fait sauter la main , & lui met
verrons en traitant des Crimes de Sacrilège , tout de suite le moignon dans un sac rempli
de tarricide & de Faux , auxquels cette de son , qu'il lie pour arrêter le sang.

§. V. Aflijler à la Potence.

SOMMAIRES.

1. Casparticulier où s'inflige cette P-eine. 2. Elle est ordinairement jointe a d'autres.

i.Cas par- C'EST encore une des Peines corporelles fans de certaines considérations tirées de
línflige0" établies dans notre Jurisprudence, Elle s'in- l'âge, ou de l'infirmité. 4. Elle est
cette Pei- fìige ordinairement contre les complices I I. ordinaire-
ne. d'un condamné à la potence , & qui feroient A cette Peine , on joint ordinairement mentjcoin-
dans le cas de subir eux-mêmes cette Peine , celle des Galères ou du Bannissement. tres- au-
§ VI.
DÉS DIFFÉRENTES ESPECES DE PEINES, &c.

§. VI. Traîné sur la Claie*

O M M A I R E S. „

• i. Cas où cette Peine a lieu. 3. Doit être accompagnée de la condamna


z. Comment elle s'exécute. tion de la Mémoire*

,.c« ou Cette Peine , qui est aussi du nombre terre , & ensuite le conduire a la voirie.'
ncaHeu'- ^e ce^es établies Par notre Jurisprudence ,
. V. 'III.
a lieu singulièrement contre le cadavre de
ceux qui se sont défaits ou homicides eux- Cette peine se trouve toujours accom- „ 3- Doit
mêmes. pagnée de celle de la condamnation de la comp^"
I I. Mémoire , dont nous aurons heu de parler gstee de la
dans un moment.
a. Com- Elle s'exécute en faisant traîner le cada- Le corps du désespéré est traîné à la Justice comme ,a mémoi-
inent elle vre dans les rues , attaché parles pieds à convaincu & condamné. LoYSCL , Inst. Cout. liy. 6. re*
sexecute. ^ àûsx&x& ou tombereau, laíàce contre tit. 1. max. 18.

§. VII. Pendu fous les Aisselles*

S O M M AIRES.

ï. Cas où s'emploie cette Veine. z. Temps qu'elle doit durer. \ ,

I.

i. Cas où Cette Peine qui a été introduite dans no- tout au plus. Nous avons là-deflùs l'exeni
t'emploie tre Jurisprudence , ne s'emploie que contre ple du jeune frère de Cartouche , qui y fut
cette Pei- i „ T r. a 1 , ,r t
les Impubères , oc non adultes , qui ont parti appliqué pendant deux heures , & qui en
cipé à des Crimes graves , pour lesquels ils mourut. Cependant Bruneau rapporte un
seroient dans le cas de íùbirle dernier íup Arrêt du z 2 Décembre 1683, condamna
plice , s'ils étoient d'un âge plus avancé. à la même peine , pendant deux heures > un
petit garçon de la Ferté-Bernard , lequel n'en
I I.
mourut point, & fut renfermé à l'Hôpital-
a. Temps Mais, pour que cette Peine ne devienne pas Général (1).
3oitdurer. mortelle > les Juges doivent avoir attention
de ne l'ordonner que pour durer une heure ( 1) V. Observ. Crim. th. 27. max. 29.

§. VIII. Promené par les Rues,

SOMMAIRES.

1. Cas particuliers, ou cette Peine s'em 3. Comment s'exécute pour la femme Bi


ploie suivant notre Jurisprudence. game. \
2. Manière dont elle s'exécute contre un 4. Comment enfait de Maquerellage.
homme Bigame.

h
1. Cas
Íarticu C ette Peine a singulièrement lieu , sui sieurs femmes en même temps) , on lui met
ler» où vant notre Jurisprudence , pour Crimes de autant de quenouilles qu'il a de femmes ; &
cette Pei
ne s'em débauche publique , comme en fait de Ma- il reste dans cet état pendant le temps mar
ploie sui querellage & de Bigamie , ou Poligamie. qué par l'Arrêt , qui est ordinairement de
vant notre
Jurispru trois heures , pendant trois jours consécu
I I.
dence. tifs, en différens Carrefours de la Vilïe. Cette
Voici de quelle manière elle s'exécute. Peine est aussi ordinairement suivie de celle
a. Ma
nière dont Si c'est un homme Bigame (c'est-à-dire , qui des Galères ou du Bannissement.
elle s'exé ait deux femmes en même temps ) , après
cute con
tre un qu'il est attaché au carcan , on lui met deux Bruneau, dans Ces Observ. Crím.tit. 11. part. 2 .
liommeBi- quenouilles , avec un écriteau fur la poi remarque que depuis 169© jusqu'au temps où il
•game. á—
écrivoit :i y avoit eu
, il ... une
..... douzaine
j_, J1 a i,r àA la
dArrêts 1/*
trine , portant le mot Bigame ; & s'il Tournelle , portant de semblables condamna
■efï Poligame ( c'est - à - dire , s'il a plu-
tions.
66 LES LOIX CRIMINE LLES, Liv. II. Tit. IV.
t r i. - - l'ufage est' ( comme il pánût par un der- fait de Ma*
3. Com- Si c'est une femme Bigame, elle est pa-, nier Arrêt rendu le 7 Janvier 1756 , contre <luerella-
£éc"teSe" reiUement attachée au carcan avec le même
la nommée • Thqrese le Grand) de con- 86
pour la écriteau, pour y rester le même temps, duire la Maquerelle montée fur un âne , le
femme bì- jyja;s au iieu de quenouilles ,*on' Kii mes un
gJ chapeau de paille y & au lieu de Galères , visage tourné vers la queue , avec un cha
peau de paille & un écriteau , dans tous les
elle est condamnée au JBanniJsement x ou' à carrefours dé la ville où elle est fouettée
la Détention en une maison de force. par l'ExécuteUr , & ehíùite bannie^ ou en
I V. voyée dans une maison de force.
'4. Com- . Enfin, si c'est pour Crime áe.Maquerellage,
km en .' ..»:.'.

§. I X. Du Carcan , & du Pilori.

• : . O M M A I R E S.

ï. Ancienneté de ces Peines. " ' 3. Cas particuliers où elles ont lieu.
2. Assimilées a celles des ' Odteres $ êi 4. En quoi ces Peines différent entr'elles.
Bannijjèràentperpétuel en fait d'exécution 5. Comment s'exécute la Peine du Carcan.
par contumace. "y-1 6. Comment s exécute celle du Pilori.

I.
: "t. An- Quoiqu'il ne soit fait mention ni de
lui qui y est condamné , est conduit à pied , xécute l<
decesPei- l'une, ni de l'autre de ces Peines dans l'ar- les deux mains liées en devant , & attaché ç^f1
»es. ticle de l'Ordonnance qui établit Tordre
au derrière de la charrette de l'Exécuteur ,
des Peines , l'on sçait néanmoins qu'elles jusqu'au poteau planté darts la place publi
se pratiquoient long-temps même avant que , auquel est attachée une chaîne , au
cette Loi , puisqu'il est fait mention dans bout de laquelle pend un collier de fer de
nos plus anciennes Coutumes des droits de trois doigts de large , ayant une charnière
Carcan ô de Pilori, comme faisant par pour Touvrir. L'Exécuteur fait entrer le cou
tie des droits appartenans aux Seigneurs nud du Patient dans ce collier , qu'il ferme
Hauts-Julticiers. ensuite avec un cadenat ; celui-ci a quelque
I L fois un écriteau devant & derrière , où est
marquée la qualité de son Crime. II reste
*. Assimi En effet , TeXpérience a tellement fait
en cet état plus ou moins d'heures, & y
lées à cel sentir toute Futilité de l'une & de l'autre
les des Ga est remis deux ou trois jours , aux termes
lères & du de ces Peines pour la vindicte publique, que
de son Arrêt,
Bannisse par la Déclaration du 1 1 Juillet 1670 (1),
ment per
pétuel en elles se trouvent également comprises dans 1 V t
fait d'exé le nombre des Peines dont l'exécution , en
cution par A l'égard du Pilori , l'on entend sous ce 6- Com-
contuma cas de condamnation par contumace , doit 0 • t a • 1 1 • r nient se-
ce. se faire par un tableau affiché publiquement , nom un petit bâtiment quarre , mure jul- xéCUtecei-
comme en fait de Galères & de Bannisse qu'à la moitié de la hauteur du Patient ; le le du Pilot
ment perpétuel. surplus est à jour , n'y ayant que des piliers "*
( 1 ) Nota. Cette Loi est rapportée a. la fitte de ce §. de charpente pour soutenir le toit. Le Pi
lori de Paris a au centre une poutrelle de
III. bout qui tourne fur son pivot , laquelle sou
3. Cas par Ces Peines ont principalement lieu ; fça- tient un plancher rond, entouré d'une efpece
ticuliers voir , celle du Carcan pour des Crimes qui , de balcon , où il y a trois trous ronds pour
où elles
ont lieu. fans être capitaux , ont néanmoins causé un faire passer la tête & les bras du condamné.
scandale public , de manière qu'il importe à L'on fait de temps en temps tourner le pi
la Société d'en connoître les auteurs ; & vot ; & le Patient , pris par la tête & les
celle du Pilori , pour cause de banqueroute mains , tourne avec , & présente sa face de
frauduleuse. tous cdtés. Ce Pilori est au milieu des Halles
de Paris. II y a une pareille loge à Rouen ,
I V.
où il n'y a pas de pivot tournant»
4. En quoi Au surplus , ces Peines font toujours ac
cos Peines compagnées d'écriteaux : elles produisent
diffèrent L OUIS, &c. Salut. Le feu Roi notre très-
entr'elles. les mêmes effets quant à l'infamie , & ne honoré Seigneur & bisaïeul avoit ordonné par l'Ar-
diffèrent entr'elles, que par la manière dont ticle XVI du Titre XVII. de l'Ordonnance du mois
elles s'exécutent. d'Août 1670, que les feules condamnations de mort
naturelle feroient exécutées par effigie; que celles des
V. Galères , Amendes honorables, Bannissement perpé
5. Com
ment s'e- La Peine du Carcan s'exécute ainsi. Ce tuel , Flétrissure , ou de Fouet , feroient écrites feule
ment dans un tableau, lequel feroit attaché dans la
DES DIFFÉRENTES ESPECES DE PEINES , &c. S?
Place publique j & qu'à l'égard de toutes ies autres fort d'une véritable Flétrissure , ne fût pas moins
condamnations, elles seroient seulement signifiées au notoire dans les lieux où elle doit être exécutée.
domicile du condamné , si aucun il avoit , dans le lieu C'est pour ces considérations que, fans approuver une
de la Jurifdiction , sinon affiché â ra porte de l'Audi- addition à l'Ordonnance de 1670 , que les Juges
toire. Mais nous apprenons qu'il y a des Sièges où n'avoient pas eu droit de faire d'eux-mêmes , noua
l'on a cru pouvoir étendre à la peine du Pilori & avons jugé à propos de suppléer à ce qui manquoit
à celle du Carcan , ce qui a été prescrit par l'Or à leur pouvoir , en autorisant le fond de leur senti
donnance à l'égard des condamnations qui dévoient ment par une Déclaration expresse de notre volonté.
feulement être écrites dans un tableau exposé à la A A CES*
~. CAUSES , de < l'avis
•* ' de' notre Conseil
- ~ ■• , & de
vue du Public : & ils ont fondé leur opinion sor notre certaine science, pleine puissance & auto
oe quo la peine du Pilori & du Carcan pouvoit rité Koyale , nous avons par ces Présentes , signées
être comparée à celle de I'Amende honorable ôr. de notre main , dit , statué & ordonné , disons ,
du Fouet. Quoique la lettre de la Loi soit contraire statuons & ordonnons, voulons & nous plaît, en ajou
à une pareille extension, nousavons cependant cru tant à la disposition de l'Article XVI du Titre XVII
que , fans s'éloigner de son esprit , on pourroit y de l'Ordonnance de 1670, que les condamnations
appliquer des motifs presque semblables à ceux qui a la peine du Pilori & à celle du Carcan qui feront
ont servi de fondement à (a disposition. Nousavons à l'avenir prononcées contre les Accuses contumaces,
d'ailleurs considéré d'un côté, que lapeitie du Pilori soient transcrites dans un Tableau , & ledit tableau
étant ordinairement celle que l'on prononce contre attaché dans une Place publique , ainsi qu'il est or
les Banqueroutiers frauduleux , on ne pouvoit faire donné par ledit article á l'égard de I'Amende hono
un exemple trop public fur ce genre de Crime si rable & autres Peines comprises dans la même dif-
pernicieux à la société , & si contraire au bien gé - position. Si donnons en mandement , &c. Donné
néral du co.nmerce , que nous honorons d'une pro àCompiegne le 11 Juillet 1749. Signé, LOUIS ,
tection particulière 5 & de l'autre , qu'il étoit aussi Registrée au Parlement de Paris le 11 Août sui
importaut que la peine du Carcan , qui approchoit vant.

§. X. Amendé honorable,

SOMMAIRES.

1. Deux fortes d^Amtndes honorables. personne.


z. Amendé honorable in figuris du nombre 5. Quid , en cas de refus d'obéir de la part
des Peines dont tappel e/t de Droit. du Condamné.
3. S'exécute par contumace comme les Ga 6. Cas où se prononce le plus ordinairement
lères ô le Bannissementperpétuel. , xette Peine.
4. Comment s'exécute par le Condamné en

ï.Deux O N distingue deux sortes d'Amendes ho* (x) Si la Sentence rendue par le Juge des lieux
sorte* d'A- norables, 'l'une qui se fait publiquement, porte condamnation à peine cbrporelle de Galères,
de Bannissement á perpétuité , ou d'Amende hono
honír* & <sn'on appelle autrement I'Amende in rable , soit qu'il y en ait appel ou non , l'Accufc 5c
bles. figuris , à cause de l'appareil ignominieux son Procès seront envoyés ensemble & sûrement
qui y est attaché. L'autre q\ii se sait seule dans nos Cours. Ord. de 1670. art. 6. tit. 15.
ment dans la Chambre du Conseil , & à
huis clos , est connue , en termes de Juris III.
prudence , sous le nom d'Amende honorable
sèche , parce que celui qui la subit est con- C'est encore íur le même fondement , que 3. S'exé.
l'Ordonnance veut que les Jugemens par cute Par
duit par le Geôlier , au lieu de l'être par * o , * contuma-
l'Exécuteur } qu'il n'est pas en chemisé ni contumace qui prononcent cette Peine , ce comme
pieds nuds ; qu'il n'a ni torche à la main ni soient exécutés par un Tableau affiché pu» ,e* ^ale-
... 1 a r res & le
corde au cou ; qu'en un mot , elle ne se bliquement , de même que ceux portant Bannisse-
fait point publiquement , mais seulement en condamnation aux Galères & au Bannisse- ment Pi
présence des Juges assemblés , & devant ment perpétuel.
les parties offensées. Les feules condamnations de mort naturelle fe
ront exécutées par effigie ; 8e celles des Galères ,
I I. Amendes honorables , Bannissement perpétuel , Flé
trissure & du Fouet , écrites seulement dans un ta
%. AmetH C'est de la première seulement dont nous bleau , fans aucune effigie... Orp. de 1670, tit. 17.
?fhon?ra" voulons parler ici , comme étant tout-à-la art. là.
rítòu nom- fois Peine corporelle, afflictive & infa- I V.
Peinef" mante (*)• C'est aussi par cette raison que
dom l*ap- l'Ordonnance veut que les Jugemens de Au reste , quant à la manière dont s'in- 4. Com-
est de condamnation à cette Peine , ne puissent flige cette Peine , elle consiste, comme l'on S^*'^
sçait , en ce que le condamné est conduit \t CUCon-
être exécutés qu'après avoir été confirmés
par Arrêt des Cours (2). par l'Exécuteur de la Haute Justice , à la danj!né ea
porte d'une Eglise ou de l'Auditoire , où ,
(1) V. Coquille fur Yart. 1. r/7. 15. de la Cout.
de Nivern... V. LoYSEAU dés Offices, liv. 1. chap. 13. étant en chemise , pieds & tête nuds , la
a. 59. corde au cou , tenant en main une torche de
I z.
68 LES LOJX ÇRÎMINELLES^Xîv. II.tiT.IV.
cire ardente, du poids de deux livres , ii ges, après lui avoir fait trois injonctions part du
différentes , puissent le condamner à déplus-Condam-
doit déclarer à genoux , à haute & intelli
gible voix , que , faussement , & contre la grandes Peines. ' '.\
vérité , il a fait ou dit quelque chose , ( on
Si les condamnés à l'Amende honorable refusent
rapporte ici les causes de ùl condamnation ) d'obéir à Justice, les Juges seròrít ternis <le leur ea
contre l'autorité du Roi , ou contre l'hon- faire trois différentes injonctions', après lèfqùenesíjs
neur de quelqu'un ; & qu'il en demande pourront les condamner à plus grande peine. Orv.
de 1670 , tit. 25. art. xx. ..
pardon à Dieu , au Roi , à la Justice , & I Ui' V
■ ■
-à la perlònne oífeníée. VI.

Cette Peine est toujours jointe à d'autres, 6. Cas oh


v.
& ne s'ordonne que pour des Crimes graves\ %?\°™uì
«. fW; Que si le condamné refuse de faire la tels que ceux de Lese-Majesté , de Saeri- ordioaire-
en cas de' déclaration telle qu'elle est portée dans le lege , & autres qui ont causé un scandale p^çCette
S£*dfk Jugement, l'Ordonnance veut que les Ju- public.

CHAPITRE TROISIEME.

Des Peines purement affîiâives.

SOMMA i "R E S.
» • '- •# «
1 . Pourquoi font dites purement affiielives. 3. Peines affliclives qui n'ontpas lieu parmi
z. Sont de quatre espèces , suivant nos nous. / ' -1
usages. /.A-

I.
1. Pour- o US disons purement affliclives, parce par audition de témoins , récollement & confK,..
on-
nír? que, comme nous l'avons observé , toutes les *atiod > comme dans les autres Grimes. Oju>. dis
dites pure- M .> 3 Gabelles
Gabelles ,, tit.
tit. 17
17 ,, art.
art. XU
2U
mem af- Peines corporelles font aufíi réputées arflic-
fiiílive». ^ves ^ gn ce qU'ei2es affligent le corps ,
II.
non-feulement par la douleur qu'elles lui
Ainsi , nous mettons de ce nombre f jle: i. Sont de?
causent, mais encore en ce qu'elles le privent
Bannissements Reclusion dans une H^^J^f^.
de la liberté de ses fonctions : au lieu que
de Force , la Prison perpétuelle , & la feity vant 'no*.
celles dont nous parlons ici , ne font simple de l*Authentique. ' ' r'J ' . ; .'. ^8"*
ment que gêner cette liberté , fans causer
. ; - -''f III. r' :"
aucune douleur sensible au corps de celui qui
.... I {•■■. _ ■ _
les subit. Mais au surplus , elles font éga
inramanr.es , &
<x ne peuvent être
ecre pro
pro- 11 se spratiquoit
r y- anciennement
" ■
^ ,m-
—dans
'or ' ce affiaives
Peine*
affliaii
lement infamantes
noncées qu'ensuite d'une instruction à l'ex- Royaume , deux autres Peines afflictives , *J*5£ 'ont
traordinaire. ' dont nous ne connoislons plus 1 usage , P!us lieu
sçavoir , celles d avoir les cheveux coupés parmi
9 m m nous.
Les condamnations portant peine aQiSht aë & d'^. condamné d prendre thabit Mo-
pourront intervenir qu'après une instruction entière nacal. . #. .„. :

1
DES DIFFÉRENTES ESPECES DE PEINES, &c.

§. I. Du Bannissement.

SOMMAIRES.

í. Afo au\npmbre des Peinés affliclives par 8. Peine, de finfraclion de Ban.


f£djt del&etnieu, ,.i ■ 9. Quid, <i légard des femmes qui tombent
2. Bannissement > perpétuel. Son effet plus dans ce cas. ■ . .-
étendu que célui des Galères h temps. 10. Défenses aux Bannis de se retirer dans
3. Diffère auffi du Bannissement a temps - Ja ville ô faux bourgs de Paris pendant
quant a fts effets. ' " ,' le temps de leur Bannissement.
4. Diffère- -encote quani k ■ sexécution en n. Pareilles défenses de demeurer auffipen
sait de contumace. dant ce temps-là , à la fuite dé la Cour
5. Doit être hors du, Royaume , pour pro- du Roi.
duire la mort civile & confiscation. 12. Arrêt de Règlement qui ordonne la tec-
6. Juges qui peuvent prononcer le Bannis ture aux Condamnés des Déclarations
sèment hors du Royaume. concernant l'infracîion de Ban.
7. Femmes ne font condamnées à la peine 1 i-Distinclion entre le Bannissement , lExil
du Bannissement. "Exception. & VAbflention des lieux.

I. I V.

1. Mis au ETTE Peine est mise au nombre des afflic II y a d'ailleurs cette différence par 4. DiftV
nombre tives par l'Edit de Cremieu. rapport à l'exécution des Jugemens qui re encore
des Peines ^4, on j r» • quantale-
afflictives prononcent 1 une & l autre de ces Peines xécution
par l'Edit Et quant ès matières criminelles dont Procès par contumace , que ceux de condamnation en seit d»
de Cre- auroient été faits extraordinairement , les Appellaiis au Banniflement perpétuel s'exécutent par "ntuma"
des Sentences de Torture , Bannìjsement , Amende
honorable , dernier supplice , ou autre peine afflic- un tableau affiché dans la place publique ;
xive de corps... ART. 22. de l'Edit de Cremieu , de
l'an 1536. au lieu que pour l'exécution des Jugemens .
de condamnation au Bannissement à temps ,
I I.
il suffit de le faire signifier 6t d'en donner
Nous distinguons deux sortes de Ban- copie au domicile du condamné , s'il en a,
I. Ban un ; & s'il n'en a point , de le faire afficher
nissement nissemens , l'un à temps , & l'autre perpétuel.
Serpétuel. Le dernier est aíïìmilé parmi nous à ce que à la porte de l'Auditoire.
on effet
Slus éten- l'on appelloit déportation chez les Romains, V. art. 16. tit. 17. de ÍOrd. de i6~0.
u que ce en ce qu'il produit également la mort ci
lui des Ga V.
lères à vile (í) avec la confiscation des biens (2).
jtemps. C'est auffi par cette raison , que dans Tordre Pour que le Bannissement perpétuel puisse ï. Doit
des Peines établies par l'Ordonnance , le opérer la mort civile & la confiscation , il fâj™
T> Tsl*. ^ L. 1 . -1 t rtil'îl (V\'.r l"i/->!-o A.. R/MTiiiivKi Ht .mn *

effets (3).
fiscation.
(1) W. art. 29. & art. 32. du tit. 17. de COrd. de V I,
1670.
(1) L'hommc condamné aux Galères ou banni à II y a des Auteurs qui prétendent qu'il 6. Juges
perpétuité... confisque ses biens , & 11e peut succéder. n'y a que des Juges supérieurs & en dernier J™t
V. Loysel. tiv. 6. tit. 2. max. 23. ressort , qui piùflent prononcer le Bannisse- noncer le
(3.) V. art. 15. tit. 25. de ÍOrd. de 1670. ment perpétuel hors du Royaume ; &. que m™Thors
III.. les áutres Juges , soit Seigneuriaux , soitduRoyau-
même Royaux , peuvent seulement le pro- me'
C'est encore sur ce fondement , que la noncer hors de l'étehdue de leur Terri-
y. Diffè
re aussi du même Ordonnance veut que les Jugemens toire (1). Mais ce dernier sentiment né
Bannisse qui condamnent au Bannissement perpétuel, paroît point suivi dans l'usage ; & l'on a
ment à
temps , ne puissent être exécutés , lorsqu'ils font cru devoir s'en écarter par les mêmes rai-
quant à ses rendus par de premiers Juges , qu'après sons que nous avons observées relativement
effets.
avoir été confirmés par les Arrêts des au droit de prononcer la Peine des Galères ,
Cours ( 1 ) ; tandis qu'elle permet à ceux qui sçavoir , que toute Justice dans le Royaume ,
lbnt condamnés au simple Banniflement à est exercée sous l'autoriti
l'autorité du Roi ; & que
temps , d'acquiescer aux Jugemens qui por tout Juge qui peut-4nfliger la Peine de
tent cette Peine , comme nous le verrons mort , peut condamner à de moindres Pei
d'après un article particulier de cette Loi (2). nes , parce que , qui peut le plus , peut le
(1) V. art. 6. du tit. 26. de fORD. de 1670. moins (2).
(2J V. art. 11. du mime tit. 16. de ÍOrd. (l) V. BftUNEAU , Qbserv. Crim.tit. 27. max. 1%.
yò LES LOIX CRÎMIN ÉLLES , Liv. II. TiT.ÌV.
(i) V. Rousseau de la Combe , Tr. de Mat. peine , mais bien de l'arbitrer à temps , ou à perpé
crim. part. 3 , ch. 14. «. 4Z. Edition de 1769. tuité , selon qu'ils l'estimeront à propos ; & quant
à ceux qui auront été bannis par des Arrêts de nos
VII. Cours , &C qui seront pareillement repris pour n'a
voir pas gardé leur ban , nous la/JJons à nosdhes
y. Fem Au reste , il y a plusieurs choses à remar Cours &C autres nos Juges ayant .pouvoir de ](tger en
mes ne quer relativement à la Peine du Banniíse- dernier ressort , la liberté d'ordonner de leur châ
font con timent , eu égard à la qualité des Crimes pour- les
damnées à ment en général , íçavoir , 1 °. que cette
ìa peine du quels ils auront été bannis , & à la condition des
Peine ne ^se prononce point contre les
Bannisse personnes. Voulons au surplus que les Ordonnances
ment. Ex Femmes ; ce qui doit s'entendre , íùr-tout contre les vagabons & gens fans aveu , soient
ception. du Bannissement hors du Royaume , à cause exécutées selon leur forme & teneur. 5Ï donnons
de la décence qui ne permet pas qu'une en mandement , &c. ' 'V '
femme se puisse aisément retirer hors du DÉCLA.R. du 3 1 Mai 1681 , registrée le 17 Juin
Royaume. Cette Peine est convertie , à leur suivant.
égard , en celle de la Détention en Maison IX. !
de Force , comme nous l'avons remarqué
relativement à celle des Galères. II faut Mais comme la Peine des Galères qui ,
néanmoins excepter les femmes qui font étoit portée par la Déclaration que l'on.des lm-
condamnées pour fait de vol , de contre vient de citer , contre les hommes qui avoient «>« <F»
bande , de mendicité & de vagabondage , enfreint leur ban , ne pouvoit convenir aux ^s ^
comme nous le verrons en traitant de ces Femmes qui se trouvoient dans le même cas : cas.
sortes de délits. 1 c'est ce qui a donné lieu à une autre Décla
ration du 29 Avril 1 687 , par laquelle cette ".' '
VIII. Peine des Galères a été convertie , à l'égard
8. Peine 20. Que lorsque les condamnés au Ban- de celles-ci , dans la reclusion dans une
del'infrac- Maison de Force (1). '-»] ) .
tton de " nissement viennent à enfreindre leur ban ,
Lan. ils doivent être condamnés à de plus grandes
Peines N suivant la Déclaration de 1682 ,
(i)>J-.OUIS, &c. Sur les avis qui nous avoient
qui distingue , à ce sujet , le cas où l'infrao été donnés que les voleurs & autres gens de mau
tion est faite , à un Bannissement prononcé vaise vie , qui ont été repris de Justice & bannis ,
par Jugement Prévôtal , de celui où elle n'étoient pas intimidés par cette peine , & retour
est faite à un Bannissement prononcé par noient dans les pays d'oìi ils avoient été chassés ,
où ils commettoient les mêmes Crimes , nous au »
des Arrêts des Cours , ou autres Tribunaux,
rions , par notre Déclaration du 31 Mai 1682.,
ayant pouvoir de juger en dernier ressort. ordonne que ceux qui auroient été bannis par Sen
Au premier cas , elle veut que cette infrac tence Prévôtale , ou Jugement Présidial rendu en
tion ne puisse être punie d'une moindre dernier ressort , & qui seroient repris , quand même
Peine que de celle des Galères ; tandis qu'elle ce ne seroit que faute d'avoir gardé leur ban , se
roient condamnés aux Galères à temps ou à perpé u ... ;
laisse aux Cours la faculté de prononcer
tuité , ainsi que les Juges l'estimeront à propos ; &
une moindre Peine que les Galères , comme à l'égard de ceux qui auroient été condamnés par
celle de prolonger la durée du Bannissement, des Arrêts de nos Cours , nous aurions laissé à nos-
s'il est à temps ; le tout suivant la qualité dites Cours , & autres Juges ayant pouvoir de juger
des Crimes & la condition des personnes (1). en dernier ressort , la liberté d'ordonner de leur
châtiment , eu égard à la qualité des Crimes , & à
la condition desPersonnes;Nous avôns appris qu'au
(1 ) LoUIS , &c. Nous avons été informé que la moyen de cette disposition , la plûpart des Villes
plupart des voleurs & autres gens de mauvaise vie & lieux de notre Royaume , ont été purgés des vo
qui ont été repris de Justice & bannis , n'étant pas leurs & gens repris de Justice. Mais comme cette;
intimidés par cette peine , non-seulement retour peine ne peut être appliquée qu'aux hommes , &
nent dans les pays & lieux d'oìl ils ont été chassés , que les femmes &c filles condamnées au bannisse
mais continuent à vivre dans les mêmes Crimes ; ment continuent leurs vols & autres Crimes, en re
à quoi ils sont excités par le relâchement des Juges, tournant dans les lieux d'où elles ont été bannies ,
qui n'ont pas exercé à leur égard le châtiment sévère particulièrement dans notre bonne ville de Paris ,
qu'ils ont encouru suivant les anciennes Ordonnan où il y a un grand nombre de ces femmes qui ser
ces; & d'autant que nous ne pouvons prendre trop vent de receleuses à ceux qu'elles engagent par leur
de soin pour assurer le repos de nos Sujets , & leur mauvais exemple & par leur débauche , à com
donner moyen de vaquer à leur Commerce en li mettre des Vols ; Nous avons jugé à propos de pu
berté, nous avons résolu d'y pourvoir.A ces causes, nir celles qui ne garderont pas leur ban , d'une pei
& autres à ce nous mouvant , de notre certaine ne, laquelle quoiqu'elle ne soit pas proportionnée
science, pleine puissance & autorité Royale, Nous à leur faute , procurera au moins au Public le bien
avons par ces Présentes , signées de notre main, dit, d'en être déchargé , & mettra fin à leur dangereux
déclaré & ordonné , disons , déclarons coordon commerce. A ces causes, Nous avons dit & dé
nons , voulons & nous plaît , que tous ceux qui ont claré, disons & déclarons par ces Présentes, signées
été bannis parSentence Prévôtale , ou Jugement Pré de notre main , voulons & nous plaît que les scm->
sidial rendu en dernier ressort , ÔC qui seront repris , mes &filles qui auront été bannies par Sentence Pré-<
quand même ce ne seroit que faute d'avoir gardé vôtale ou Jugement Présidial, rendu en dernier res
leur ban seulement , soient condamnés aux Galères , sort , & qui seront reprises , quand même ce ne se
fans <fu'il soit en la liberté des Juges de modérer cette roit que faute d'avoir gardé leur ban , soient cm-
DES DIFFÉRENTES ESPECES DE PEINES, &c, 71
damnées à être enfermées dans les Hôpitaux - gêné- de notre Sang; de notre très- cher & très-amé oncle
raux Us plus prochains ; ce que Nous voulons en le Comte de Toulouse , Prince légitimé , & autres
particulier être observé^/u la maison de Force de grands & notables personnages de notre Royaume,
CHôpital-oéncral de notre bonne ville de Paris , où & de notre certaine seience , pleine puissance & ail
les femmes & filles de la qualité susdite seront en- torité royale , Nous avons dit , déclaré & ordon-
fermées & traitées, conformément aux Réglemens né , par ces Présentes , signées de notre main , ds-
sur ce faits , fans qu'il soit en la liberté des Juges de sons , déclarons & ordonnons , voulons & nous
modérer cette peine , mais bien de l'arbitrer â temps plaît que les Déclarations des 31 Mai r68"2 , & 29
ou à perpétuité , selon qu'ils l'estimeront à propos; Avril 1687 , contre ceux 011 celles qui ne gardent
&i quant à celles qui auront été bannies par des Ar- pas leur Ban, ensemble celles" dès 25 Juillet Í700
xêtsdç nos Cours, & qui seront pareillement re- & 17 Août 1 701,contre les mendians& vagabonds,
Îrìíes pour n'avoir gardé leur ban , Nous laissons soient exécutées selon leur formé &r teneur , sans
nofdites Cours la liberté d'ordojiner de leur châ- qu'il P«isse être permis à Favenir à hos Cours & Ju-
timent , eu égard à la qualité des Crimes pour les- ges d ordonner que les contrevenans au'xdites Dé
quels elles auront été condamnées , &à Fâge&con- clarations soient transportés dans nos Colonies ;re-
dition des personnes. Si donnons en mandement , voquant à cet égard nos Déclarations des 8 Janvier
ôíc... Dec l. du Roi du\<) Avril 1687.... Régis- & 12 Mars 1719. Enjoignons à rios Cours & Juges
trée en Parlement le 18 Mai 1687. ° de condamner à la peine des Galères ceux qui con
treviendront auxdites Déclarations des xi Mai
«r 1681 , 1^ Juillet 1700 & 17 Août 1701 , dans les
' cas & suivant les formes y prescrites : boulons au
s\ n jìí j tj * surplus , que notre Déclaration du 8 Janvier 17 19 foie
ïo. Dé- 3 .guilelt détendu aux Bannis, par exécutéeselon faforme & teneur en conséquence fai-
B nsnisade íIUelclUe ^U8e íue ce puíflè être , de se sons défenses à tous ceux & celles qui ont été , oujeront
se^rêtirer retirer pendant le temps de leur Bannisse- ci-après condamnés aux Galères ou au bannissement
dansiavii- ment , dans la Ville , Prévôté & Vicomté Par q»*lques Juges , & de quelques lieux que cepuìffì
ttÍTdlàe
courgs ae Paris. Tel a tété l'objet * mparticulier de mc a„Tcsf*/e"tirer,
tempS ende aucun cas ni en aucun
leur condamnation temps. ,dans
expire me-
Pans pen-
jant r|e la Déclaration qiu » luit. „,Jxbonne. Vdie
notre ts-f, de
j. fans
p ■ , fauxbourgs
r l c l ,■
tí banlieue
temps de «• - - - d'icelle , ni à la fuite de notre Cour ; ce qui n aura
leur Ban- J_/OUIS , ÔCc. Le feu Roi notre très-honoré Sei- cependant Heu par rapport aux Bannis , dont le temps
'' gneur & Bisaïeul a fixé par plusieurs Déclarations , de ^a condamnationferoit expiré', qu'au cas qu'ils eus
& notamment par celles des 15 Juillet 1700 & 17 sent été aussi condamnés au Carcan ou à d'autres pei-
Aoùt 1 70 1 , les différentes peines qui dévoient être neI corporelles , ou qu'ils eussent subi deux sois la
prononcées contre les vagabonds & gens fans aveu, condamnation du Bannissement , ou quelqu'autre con-
contre les mendians,& contre ceux qui pendant le damnation , faute d'avoir gardé leur Ban , le tout
temps de leur bannissement , se retireroient dans fous les peines portées par les Déclarations des 31
notre Ville , Prévôté & Vicomté de Paris , ou à la Mai 1682 & 19 Avril 1687 , données contre ceux
fuite de notre Cour. Le besoin que nous avons eu ou celles qui ne gardent pas leur Ban , & en la forme
défaire passer des habitans dans nos Colonies, nous prescrite par notre Déclaration du 8 Janvier 1719.
avoit porté à permettre à nos Cours & ^ Juges ,, par
pai Si donnons enmanaement
01 uonnons en mandement ,, «c...
&c... Donné
Donné àà Verfail-
Versail-
nos Déclarations des 8 Janvier & 12 Mars 1719 , les , le premier Juillet , Pan de grâce mil sept cent
d'ordonner que les hommes feroient transportés vingt-deux , & de notre règne le septième. Signé
dans nos Colonies, pour y servir, comme engagés , LOUIS... DÉCLAR. du Roi du premier Juillet 1722.
au défrichement & à la culture desteríes, dans le cas rcgijírcc en Parlement le 21 du mime mois.
où les Ordonnances , Edits & Déclarations avoient
prononcé la peine des Galères contre lefdits vaga- X I.
bonds & bannis; ce que nous avons permis aussi par - > ..
la Déclaration du 8 Janvier 1719 , par rapport 40. Qu'ílleur est pareillement fait défenses 11
aux hommes qui feroient repris, faute d'avoir gardé de demeurer , pendant le temps de leur '« Pare!}-
,
leur ban ; & pareillement pour ceux qui , ayant ete -r, -m v 1 /w j 1 f> j r> • ies dc de"
déscn-
condamnés aux Galères ou au bannissement , se re- Banmíîement , a la fuite de la Cour du Roi. meurer
tireraient dans notre bonne ville de Paris , & faux- y. mime Déclaration ci-dessus. dant ce
bourgs d'icelle , même après le temps de leur condam- temps-là à-
nation expiré. Mais les Colonies se trouvant à pré- XII. ,a *"ite de
sent peuplées par un grand nombre de familles qui RoìOUr ^
y ont passé volontairement plus propres à entrete- 5". C'est aussi pour ne laísser aUCUrt pré- Z'attU
nir un bon commerce avec les naturels du pays,que * ,,. r , • . jp D'j.
ces sortes de gens qui y portoient avec eiîxlaïai- textf d ignorance a ceux qui pourroient
néantise & leurs mauvaises mœurs; Nous avons tomber ..ans le cas de l mfraction du ban , ordonne
estimé à propos , tant pour le bon ordre de notre qu'il a été sagement établi par un Règlement ,(^u7anî'
Pvoyaume, que pour le plus grand avantage des Co- particulier du Parlement de Paris , du 12 né°n d^s"
Ionies , de rétablir, à cet égard, l'exécution des Dé- Mars 1 68 5 , que lors de la prononciation Déclara-
clarations des it Junlet 1700, & 27 Août 1 701 ,& • r ■.. r-» a r' j t tions con
i t\> 1 *• j ' 11 • qui feroit raite aux Accules des Jusemens rPrtinnr
des Déclarations données contre ceux qui ne ear- " . * , >«v»u»%>d uvj j utjcmciib cernant
*» 8 •- cernant
Cieront na<i lfiir b^A^^œ^ïê^^8^
deront^pasleur han irrcrinrrr <îui les condamnent au Bannissement, il«£"*r
tre très-cher & très-amé oncle le Duc d'Orléans , leur feroit fait en même temps , par les BaIl>
Petit-Fils de France, Régent; de notre très-cher & Greffiers, lecture des Déclarations dont
très-amé oncle le Duc de Chartres, premier Prince nous venons de parler. C'est encore pour
denotreSang;den^otretrès-cher&trè^amécou- d>autan£ mieux assurer l'exécution de ces
fin le Duc de Bourbon ; de notre tres-cher ôctres- T . „ . « , r
amé cousin le Comte de Charolois ; de notre très- Loix ? que ce Parlement est dans 1 usage
cher & très-amé cousin le Prince de Conti , Princes d'ajouter dans tous les Arrêts qu'il rend en
72 LES LOIX CRI MI N ELLES, Liv. IL Tit. IV.
cette matière, des défenses expresses aux dans tous les Sièges & Bailliages dudit ressort du
condamnés de pouvoir r en aucun cas , même Parlement , à la diligence du Procureur-Général
du Roi. Fait en Parlement le iz Mars 1685. Signé
ùprès le temps de leur Bannissement expiré ,
de la Beaune.
se retirer dans la Ville , Fauxbourgs ù
Banlieue de Paris 3 non plus qu'a la fuite X I I L
de la Cour du Roi.
6°. Enfin , il y a encore cela de commun ^^j0'*"*
entre le Bannissement à temps & le Ban- CntteoniQ
Vu par la Cour le Procès criminel , &c. Tout
considéré, dit a été que ladite Cour, pour avoir par nissement perpétuel , qu'ils emportent égale- Bannisse
ledit Cornu contrevenu à l'Arrêtdu zz Juin 1684,
ment l'un & l'autre note d'infamie. Ce qui SfSrdbfi
& suivant icelui , n'avoir gardeTon Ban , l'a con
damné & condamne à être mené & conduit aux les distingue par conséquent de ces deux tennon
autres espèces de Bannissement qui ont lieu deï lteux*
Galères du Roi, pour en icelles, être détenu & ser
vir ledit Seigneur Roi comme Forçat , le temps &C parmi nous , & qui n'impriment aucune
espace de trois ans.... Enjoint à tous Juges du tache flétrissante fur ceux qui les subissent.
rejjort du Parlement , lorsqu'ils prononceront des
L'un est celui connu íbus le nom d!Exilpar
Sentences de Bannissement , qui seront pat eux ren
dues en dernier ressort , & autres auxquelles les Accu Lettres de cachet , lequel s'ordonne du pro
sés auront acquiescé y ensemble les Arrêts de la Cour pre mouvement du Prince , fans aucun
qui contiendront la même peine } dont fexécution leur appareil de formes judiciaires. L'autre est
fera renvoyée , defaire Lecture aux Accusés de la Dé celui usité dans les Tribunaux du point
claration du Roi du 31 Mai 168 z , faite contre ceux d'honneur , fous le nom d' Abstention de
qui ne garderont pas leur Ban , ce qui fera observé
certains lieux. II fera parlé de ce dernier ,
parles Greffiers de la Cour , lorsqu'ils seront sembla
bles prononciations y à ce qu'aucuns n'en prétendent en traitant des Peines purement infamantes
cause d'ignorance. Et sera le présent Arrêt envoyé de fait.

1
§* II. De la Peine de V Authentique.

SOMMAIRES.

x.iyou est dérivée cette Peine. 3. Mises au nombre des Peines affliclives
2. Distinction ^suivant nos usages , parrap- par les Arrêts,
port aux effets de cette Peine.

1 . D'où N O U s tenons , comme l'on fçait , cette tibut hujusmodi iniquitati non consentientibus , ter-
est déri- peuie du Droit Romain , qui l'a établie sin- tia pars applicabitur , dus Monasterio. Quibus prx-
vee cette , , A dictis non exstaotibua , ornais ejus íubftantia Monas
Peine. gulierement contre les femmes convain terio quxretur ; pactis dotalium instrumentorum in
cues d'adultère. Elle tire son nom de omni casii viro lervandis. Avthent. in L. 30.
I'AuTHENTIQUE Sed hodiè de l'Empereur Cod. ad Leg. Jul de adult,
Justinien , suivant laquelle la femme adul
I I.
tère devoit être fouettée & renfermée dans
un cloître , en habit séculier , pendant l'ef- Mais en même temps que nous avons %, Distin»
pace de deux ans , pendant lequel temps adopté l'uíaee de cette peine , nous avons t,on {ui"
r , , 5 ,.cr . ' vant nos
il étoit libre au mari de la reprendre; mais apporte pluíieurs modincations aux dilpo- usages pa*
après ce délai pasíë , elle étoit rasée , & sitions de la Loi qui rétablit , & notam- ^PP^"
mise en habit de pénitente , & sa dot étoit ment par rapport à la Peine du fouet dont de ceu%
acquise , fçavoir , pour les deux tiers à ses elle étoit accompagnée , & à la confiscation Peine.
enfans , si elle en avoit ; & à ses parens des biens de la femme qui , comme nous le
plus proches, si elle n'avoit point d'en- verrons en traitant de YAdultère , font dé
fans; & l'autre tiers au Couvent où elle volus en entier au Mari, suivant la Jurispru
feroit renfermée , lequel devoit même dence du Parlement.
profiter de la totalité à défaut de parens
de cette femme : les conventions matri î I I.
moniales stipulées au profit du Mari devant
Il nous suffira d'observer, quant à pré- y Mise
au surplus être exécutées dans tout leur íènt , deux choses fur ce point. L'une , £"e n£™"
contenu. que la Peine de l'Authentique est mise Peines af-
par les Arrêts au nombre des Peines afflic- fl,ct!ves
Scd hodiè adultéra verbera ta , in Monasterium mi t- • , _ parlesAç*
tatur , quamintrà biennium virorecipere licet jbien- tives , dont 1 appel est de droit (1). L autre rèt».
nio transacto , vel virò priusquàm reduceret ream , que cette Authentique , toute rigoureuse
inortuo adultéra toníà, monastico habitu sufeepto , qu'elle foit , n'avoit fait que tempérer elle-
ibi dùm vivit permaneat , duabus partibus proprix
substantix liberis, fíhabet, applicandis, tertiaMo- même la rigueur de l'ancien Droit , suivant
iiastcrio j sed íi liberos non habet , parentibus exstan- lequel il y avoit Peine de mort contre la
femme
DES DIFFÉRENTES ESPECES DE PEINES , &c. 75
femme adultère ( 2 ). L'on sçait d'ailleurs ( 1 ) T. entr'autres l'Arrêt de ce Parlement, du 11
Août i6yi , rapporté au Journal du Palais.
que , selon la Loi de Moyse , il y avoit Peine
de la Lapidation. (1) V. L. Quamvis Cod. ad Leg. Jul. de adule.

• r:::."
§'.'111. Reclujion dans une Maison de Force.

SOMMAIRES.

ï Pourquoi cette Peine a été introduite. 2. Bffèts de cette Peine.

1. Pour- Oette Peine a été principalement intro- valides , qui seront arrêtés une seconde fois
^^«^ duite, comme nous venons de le dire , en mendiant , seront enfermés pour trois
intredui- d'après la Déclaration du 4 Mars 1724, mois au moins dans les Hôpitaux , & en
*e« contre les Femmes , pour leur tenir lieu de outre marqués , avant leur élargissement ,
celles des Galères ou du Bannissement per d'une marque en forme de la lettre M au
pétuel hors du Royaume , auxquelles elles bras , & ce dans l'intérieur de l'Hôpital , le
ne peuvent être condamnées , à cause de la Législateur a foin d'ajouter , fans que cette
décence due à leur sexe. marque emporte infamie.
V. art. 1 & 4 de cette Loi. ■
I I.
.... Quant aux hommes , & femmes valides ,
s. effet» Aussi opere-t-elle sur celles-ci le même ils feront renfermés & nourris au pain & à seau
de cette effet ; sçavoir , celui de la mort civile' & de pendant le temps qui fera jugé à propos par les Di
une' la confiscation , lorsque la détention est recteurs & Administrateurs desdits Hôpitaux , qui
prononcée à perpétuité, & celle de l'in- ne pourra être moindre de deux mois ; 8c au cas
qu'ils soient arrêtés une seconde fois en mendiant ,
famie, lorsque la détention est seulement soit dans les mêmes lieux où ils auront été arrêtés ou
à temps. C'est ce qui résulte des disposi renfermés , soit enquelqu'autre lieu de notre Royau
tions de la Loi que nous venons de citer , me , les invalides seront retenus dans lesdits Hôpi
taux pendant leur vie , pour y être nourris , & les
íùivant laquelle cette Peine doit être accom
hommes & femmes valides condamnés parles Offi
pagnée du fouet & de la marque , qui s'in ciers ci-après nommés , à être renfermés dans lesdits
fligent publiquement ; mais encore plus Hôpitaux pour le temps & espace de trois mois au
particulièrement de la disposition de l'art. 3 moins , & en outre marqués , avant leur élargisse
ment , d'une marque eu forme de la lettre M. au
de la Déclaration du 26 Juillet 17 26, con bras , & ce dans Tintérieur de la Prison ou l'Hôpi
cernant les Mendians valides , où , après qu'il tal , fans que cette marque emporte infamie. Decl,
est ordonné que les hommes & femmes du 16 Juillet 1714. art. 3.

§. I V. De la Prison perpétuelle.

SOMMAIRES.

1. Prison n est réputée Peine dans son ori- Prison en tant que Peine , dans nos usages',
gine , & pourquoi. 4. Prison confìdérée comme devant servir a
2. Cas oh elle est réputée telle parmi nous 3 la garde des prisonniers. Réglemens à
& fes effets. ce sujet.
3 . Ce que l'on doit entendre fous le nom de

I.

^.Prison (^uoiqu'en général la Prison soit re- L. 1. Cod. de custod. reor. . . Infamia; detrimentum
téest Peiné gardée parmi nous , comme chez les Ro- minimè tibi assertur , ob id solum quod in carcerem
conjectus es , vel vincula tibi pissa legitimi Judicis
dans son mains ( i ) , moins comme une Peine , que injecta sunt. L. 1. Cod. ex quibus caujìs infam. irrog.
ongme, & comme Un moyen de s'assurer de la personne
pourquoi. J * (1) y. le Tit. 34 de la contrainte par corps , de
de ceux qui y sont détenus , & que par cette I'Ord. de 1667.
raison , elle peut également avoir lieu en (3) T. le Tit. 10 de I'Ord. de 1670.
matière civile ( 2 ) , comme en matière cri
minelle ; qu'elle peut aussi être ordonnée
I L
par des Jugemens préparatoires , tels que le
Décret (3) , comme par des Jugemens défi
II faut néanmoins convenir qu'il y ì.Casoi
nitifs. a de certains cas où la Prison s'emploie elle,estr=-
. r putee tel—
( i)Nepœnis carceris perimaturquod innocent íbus comme une véritable Peine , tellement que se parmi
quand elle est prononcée à perpétuité , elle "e0Sl,^etS&
miserum uoxiis non satis severum elfe diguoscitur.
K
74 LES LOIX CRIMIN ELLES, Liv\ II. Tit. IV.
emporte , comme nous l'avons dit , la mort proprement fous le nom de r rison , qui se
civile , & la confiscation des biens. Ces cas trouvent enclavés dans l'enceinte des Tri
font, comme nous le verrons, lorsqu'elle bunaux même qui la prononcent ; mais dans
est prononcée en tait de Duel , de Commu des Forts ou Châteaux , & autres Maisons
tation de Peine de mdrt^ ou de voies de de force , qui font destinés pour la détention
fait commises entre Gentilshommes & des hommes ; comme l'Hôpital-Général ,
Officiers de Robe; & généralement toutes ou les Couvents cloîtrés , pour les femmes.
les fois qu'elle est prononcée dans les Tri ■ I V.'. v„, . . -.-.r
bunaux Ecclésiastiques (i) , parce qu'alors-
elle fait la matière d'une condamnation prin
II fuit de - là par. conséquent , que la 4. Prison
cipale , & qu'elle est toujours précédée maxime générale qui veut que l'on ne con- "ensicde"
d'une instruction juridique.
íìdere la Prison que comme un lieu destiné me devant
( i ) Quamvis ad reorum custodiam, non ad pœnam, pour la garde de ceux qui y sont détenus , àd^*
Carcer specialiter deputatus esse noscatur , Nos tamen n'a souífert aucune atteinte parmi nous. Iríson»
non improbamus si íubjectos tibi Clericos confesses C'est austi fur le fondement de cette maxime nje^en^
de crimìiiibus feu convictos , eorum exceíîîbus &c
persouis cseterisque circumstantiis providâ deJibera- que , pour empêcher que la Prison ne dégé- fcuácb
tìonc penfatis in pcrpetuum , vel ad tempus , prout nere en une véritable Peine , par l'efFet de
videris expedire carceri mancipes ad pœnirentiam la négligence ou de la dureté , ou quelque
peragendam. Cap. Quamvis. Extr. de Panis.
fois même de la cupidité de ceux qui y
I I I. font préposés , le Législateur a cru devoir
imposer à ceux-ci les précautions les plus
Ce que A la vérité , il faut remarquer en même rigoureuses , comme nous le verrons d'a
l'on doit temps que , suivant l'ufage actuel de tous les près les Réglemens particuliers qui ont été
entendre
sous le Tribunaux , soit ordinaires , soit militaires , faits pòur la police des Prisons.
nom de ( à l'exception feulement des Tribunaux
prison en Voulons que les Prisons soient sûres, & disposées
tant que Ecclésiastiques) cette Peine ne s'ordonne & en forte que la santé des Prisonniers n'en puisse être
Peine dans ne s'exécute plus dans ces lieux connus incommodée. Oru. de 1670, Tit. 13. art. 1.
nos usa
ges.

CHAPITRE QUATRIEME.

Des Peines infamantes de Droit*

SOMMAIRES.

î. Pourquoi dites infamantes de Droit, 5. Infamie provenant de Peines qui ne font


2. Infamie ne s'encourt de plein droit. ni affliclives , ni pécuniaires , ô son
5. Infamie provenant de Feines corporelles
& affliclives. 6. Quelles font les Peines infamantes de
4. Infamie provenant de certaines Peines cette derniere efpece.
pécuniaires. 7. Observations de l'Auteur a ce sujet.

1. Pour- N O U S disons infamantes de Droit , pour droit , telle que celle attachée à de certains?
quoi dites distinguer ces Peines de celles qui sont feu- états , ou à de certains crimes , dont il est
in a dg" lement infamantes de fait , dont il fera
tes parlé dans le Droit Romain fous le tit. du
Droit. parlé dans la fuite. Digeste de his qui infamia notantur ( 1 ).

Et sunt Pœnae quas aut vitam adimunt , aut ci- (1) Infâmes esse eas perfonas dicimus quae pro
vitatem , aut coercitionem corporis. . . Aut damnum aliqua culpa notantur infamiâ... Et ommes quos
cum infamia , aut dignitatis aliquam depofitionem , ecclelìasticae vel saeculi Leges infâmes pronuntianU.
aut alicujus aâûs prohibitiontm. L. ô.Js.í.Gf L. 8. Can. 17. Caus. 6. Qu. 1.
ff. de Panis.
III.
I I.
Nous distinguons trois fortes d'infamies 3. Infamie
2. Infa- Sous le nom de Peines infamantes de de Droit dans nos mœurs ; les unes qui sont j£° p'1™"*
mie ne Droit , nous n'entendons parler que de celles la fuite de la condamnation à quelqu'une corporei-
s encourt des Peines capitales corporelles & afflic- 'e.sa.& tí"-
de plein qui procèdent d'une condamnation portée
Droit. en jugement , & qui sont fondées íùr quel tives, dont nous avons parle précédem
que cause infamante , qui soit juridiquement ment, à la réserve néanmoins de celles de
prouvée. D'où il soit que nous ne connoif- la Décollation , de la Quefiion & du Fouet
fons point d infamie qui s'encoure de plein fous la custode , qui , comme nous l'avons
DES DIFFÉRENTES ESPECES DE PEINES , &c, i ff
observé , n'emportent aucune note d'infa
v. :
mie parmi nous. Nous lùivons au surplus
les dispositions du Droit Romain íùr ces Enfin , une troisième efpece d'infamie , s. Infamie
deux points. L'un , que ces Peines ne pro est celle qui s'encourt par la condamnation jj^pè"^
duisent l'infamie que lorsqu'elles font por- à de certaines Peines , qui ne font ni eor- qui ne sont
porelles , ni affìictives , ni pécuniaires , &. ni affl!ít'-
rées pour des causes infamantes de leur na r ? r i - ves.mpé-
ture ( i ). L'autre , qu'elles ne peuvent même auxquelles on a néanmoins attache une note cumaires ,
d'infamie , suivant nos mœurs ; ; & c'est de kson ef"
produire l'infamie dans ce dernier cas , qu'au
tant que ces Peines se trouvent d'ailleurs celles-ci ( dont l'effet consiste seulement à
proportionnées à la qualité du Crime pour rendre incapable de posséder aucun Office ,
lequel elles font prononcées ; de manière Charge publique , ou Bénéfice , &. d'être
que si elles font plus fortes que le crime ne oui en. témoignage ) que nous voulons par-
mérite , elles ne portent aucune atteinte à ler principalement ici , fous le nom de Pei
l'honneur des condamnés ( z ). nes infamantes de Droit.

(1) Infamem non ex omni crimine Scntentia facit , } VI.


sed ex eo quòd judícii publici causam habuit. Itaque Nous en connoissons de cinq sortes ; fça- 6. Quel-
exeo crimine quo judicii publici non facit damua-
voir , la Mort civile > la Condamnation de p"^™"
zum infamia non sequitur , nisi id crimen ex ea ac-
tione fuit quae etiam in privato judicio infamiam la Mémoire , le Blâme , la Dégradation de famantes
cette
condemnato importât , veluti furti , vi bonorum rap- nobleffe , Y Interdiction perpétuelle, ou pri- rniere
torum , injuriarum. . . L. J.jf'. de publ. Jud. . . Ic vaúon d' office , & le plus Amplement in- efpece.
tus fustium infamiam non importât, sed causa prop-
ter quam idpati meruitij fí ea fuit quae infamiam ir- formé indéfini.
rogat. In caeteris quoque generibus pœnarum eadem V I I.
forma statuta est. L. 22. Js. de his qui not. ìnfam.
Les conséquences funestes que ces sortes 7. Obser-
(2) Pœna gravior ultra Lcgem impoíìta existima-
de Peines entraînent dans la Société, en î[V,on,df
tionem conservât , & cohstitutum est & responsum ,
& putà fi eum qui parte bonorum mulctari debuit , ce qu'elles laissent une tache perpétuelle , ce sujet,
Praeses relegaverit, dicendum erit duriori Sententiâ non-seulement íùr la personne du con-.
cum eo tranfactum
,r ■ f de existimatione
T eius , idcircò- damné , mais encore íur fa famille, par
,r DejuS'im;irc,0"
que non esse mfamem. L. ix. JT. Paena. ff. de his „ * ,. , , ... '
qui not. infam. 1 effet du PréJuge de notre Nation , m'ont
j y. engag^ de ^re à ce sujet des Observations
particulières , que l'on trouvera à la fuite
î|. Infamie Une autre efpece d'infamie connue parmi de cette collection , où je propose certains
Se°certaU nous > e& ce^e ^P* résulte de certaines con- tempéramens qui m'ont paru les plus con
nés Peine» damnations pécuniaires , comme la confis- venables pour obvier , par une nouvelle
pécumai- Cat-Qn £ ramende en matière criminelle , & Loi , aux inconvéniens dangereux qui sont
res.
faumône en matière civile , dont nous trai- résultés jusqu'ici de la rigueur de notre Ju-
terons fous le chapitre suivant. risprudence sur ce point.

§. I. De la Mort Civile.

SOMMAIRES.

1. Deux fortes de Mort civile t connues 5. Ce qu'il faut pour quelle opère ces effets
parmi nous. en matière de condamnation par contu
2. Cas oit elle a lieu comme Peine. mace.
3 . Elle ne fe prononce jamais comme Peine 6. Différence de nos usages avec ceux du
principale. Droit Romain a cet égard»
4. Effets de cette Peine.

1. Deux ^JoUS ne parlons ici de la Mort civile roit de plein droit , telle que celle résul
Mo"civi- qu'en, tant que Peine ; & par conséquent il tante de l'efclavage , ou de la fuite dans
le connues ne doit point être question de celle qui les pays étrangers. Nous ne connoissons
nous? s'encourt par la Profession en Religion , & d'autre Mort civile en matière pénale , que
qui est purement volontaire 8c honorable j celle qui s'opère par une condamnation à
au lieu que celle dont 11 s'agit ici , est infa quelqu'une des Peines auxquelles nos Loix
mante St forcée; . l'ont attachée. Ces Peines font , comme
nous l'avons annoncé , de quatre espèces ; la
. IL
condamnation à Mort par contumace , la con
1. Cas oïi Nous n'entendons point parler non plus damnation aux Galères , au Bannissement,
elle a lieu Je cette Mort civile dont il est fait men- & à la Détention en maison de force , lorsque
Peine. tion dans le Droit Romain , & qui s'encou- ces Peines font prononcées à perpétuité.
K 2
7& LES LOIX CRIMIN ELLES, Liv. II. Tit. IV.
points. L'un> en ce qu'au lieu qu'il faisoit com- qu'elle o-
mencer les effets de cette Mort civile du jour PjjJ^ ceesn
III.
même de la condamnation aux Peines qui matière de
la produisent , nous ne les faisons commen- co"dam~
noncePria" prononce jamais comme condamnation . . » 1 -r nation par
mais com- principale , mais qu'elle est simplement sous- cer que du jour de l'execution des Juge- cootuma-
princîpa"6 entendue dans les condamnations qui se pro mens qui prononcent cette condamnation -,
ie, noncent dans les différens cas dont on vient & encore faut-il , pour que la Mort civile
de parler } quoiqu'elle se trouve aussi quel qui résulte de cette condamnation produise
quefois mentionuée expressément dans nos irrévocablement ces effets , que le con
Ordonnances , notamment dans celle de damné ait laissé écouler cinq années depuis
1670 , & dans celle du mois d'Août 1747. cette exécution fans se représenter ; de ma
nière que s'il vient à mourir pendant cet
Celui qui aura été condamné , par Contumace , k intervalle , il est censé mort integri fiatûs.
mort } aux Galères perpétuelles , ou qui aura été banni
à perpétuité du Royaume , qui décédera apris les cinq C'est ce qui a été jugé par plusieurs Arrêts
ans fans s'être représenté ou avoir été Prisonnier , fur le fondement de la disposition de l'art. 29
sera réputé mort civilement du jour de texécution de du tit. 17 de l'Ordonnance de 1670 , que
.> la Sentence de Contumace. Ord. de 1670. Tit. 17.
nous venons de citer. Ce n'est pas néan
art. 29. . . . Dans tous les cas ou la condamnation
pour crime emporte mort civile , elle donnera lieu i moins que la condamnation , quand elle est
(ouverture du Fidéi commis. Ord. des Substit. de prononcée , ne puissè servir à faire an-
1747. Tit. 1. art. 24. nuller de certains actes faits par le cou
I V. pable avant cette condamnation , sur-tout
lorsque ces actes sont à titre gratuit , comme
4 Effets Cette peine a encore cela de particulier , Donation ou Testament : mais alors , c'est
Pe'n""6 1u'e^e renc* ce^ ^ en e^ frappé , inca ' moins par l'effet de la Mort civile que s'o
pable de tester , de succéder , d'intenter père cette nullité, que par celui de la fraude
des actions en Justice , de porter témoi qui est présumée avoir donné lieu à des
gnage , & même d'acquérir , à la réserve actes faits dans de pareilles circonstances.
seulement des pensions & alimens qui íbnt
donnés par des legs particuliers , & géné V I.
ralement de contracter aucun engagement , "Vautre point , íùr lequel nos usages diffe- 6. Diffé
excepté celui de mariage , parce que ce rent encore de ceux du Droit Romain , c'est j^f*
dernier est plutôt une faculté du Droit Na par rapport à la Confiscation qui , comme avec ceux
nous venons de le dire , est une fuite n^ces- j^* nD/°£
turel & des Gens , que du Droit Civil.
làire de la Mort civile parmi nous. Ce qui ne c<
V. doit s'entendre néanmoins qu'avec de certai
Ce u,.tl Au reste , nous nous sommes écartés des nes modifications , que nous aurons lieu de
taut pour dispositions du Droit Romain en ces deux remarquer,en traitant de cette dernierePeine.

§. II. De la Condamnation de la Mémoire.

SOMMAIRES.

1. Cas oìt cette Veine doit avoir lieu. 2. Moyen par lequel on peut la faire cejser.

I. -

1. Cas où CETTEPeme fait l'objet d'un Titre parti- Législateur exige d'une part, que le Procès
n"tedok" culier dè l'Ordonnance de 1670 (1) , qui soit fait à l'accusé pour certains Crimes irré
avoir lieu, veut qu'elle ait lieu contre les accusés de missibles , auxquels il a attaché cette peine ,
certains Crimes capitaux (2) , lorsqu'ils vien il a bien voulu , d'un autre côté , ménager à
nent à mourir avant l'exécution du Juge fa veuve , ses enfans , ou autres parens , une
ment qui prononce contre eux des Peines ressource pour parvenir à cette justifica
capitales. " tion , en leur permettant de recourir à son
(1) V. OnD.de Ï670. Tit. 22. de la manière de autorité pour obtenir des Lettres , à l'effet
faire le Procès au cadavre ou i la mémoire du défunt. de purger la mémoire du défunt , & pour
(2) V. art. I. du même Tit. l'entérinement desquelles il a prescrit de cer
I I. taines formalités , qui font l'objet d'un Titre
a. Moyen Comme l'impreffion que fait cette Peine particulier de l'Ordonnance (1). Au reste
par lequel fur la mémoire de l'accusé , réjaillit en nous avons observé que la Peine dont il
foire eUceí"- m^me temps fur l'honneur de la famille , &
s'agit , feprononçoit dans le même cas que
fa. qu'il peut arriver que celle-ci recouvre de celle d'être traîné íùr la Claie.
puis la mort de cet accusé quelques nouvel
les preuves capables d'opérer fa justifica (r) V. Ord. de 1670. Tit. 27. des procédures i
tion : voilà pourquoi , en même temps que le teffet de purger la mémoire du défunt.
DES DIFFÉRENTES ESPECES DE PEINES , &c. 77

§. III. Du Blâme.

SOMMAIRES.

1. Cas où cette Peine peut avoir lieu. z. Comment s exécute dans l*usage.

I.
Ct , prononcer
t ; le
— —Bannissement contre de sim-
ETTE Peine est une Réprimande qui se pies particuliers,
ne^peu" fait par le Juge, en la Chambre du Con- I I.
avoir lieu, seil f à celui qui y est condamné , lorsqu'il Cette Peine s'exécute ainsi. On fait ame- *• Cw?"
est convaincu d'avoir commis quelque dol ner le Coupable par des Huissiers dans le x^cute*
ou prévarication dans son Office , ou d'avoir Barreau , où on le fait mettre à genoux dans rus*
commis d'autres Crimes qui méritent une dans un coin , nue tête , fans épée , ni ge'

Peine infamante , moindre néanmoins que canne. Le Juge qui préside lui dit à haute
celle du Bannissement à temps. Ce n'est pas voix : La Cour vous blâme , & vous rend
qu'on ne la prononce aussi quelquefois infâme ; soye\ plus circonspect , ou vous
contre des personnes d'un certain rang , sere\ plus sévèrement puni : retire^-vous j
dans les mêmes cas où il y auroit lieu de vous entendre^ le reste de votre Arrêt.

§. IV. De la. Dégradation de Noblesse.

SOMMAIRES.

1. Se prononce accessoirement a d'autres ensans nés avant le Jugement qui la


Peines. Exception. prononce.
X. Cas où l'effet de cette Peine s'étend aux

l.Sepro. Cette Peine se prononce ordinairement qu'elle produit ne frappe pas feulement lùr ne ^end
nonce ac- - i J_ __i : :-J n ■ ' i ' r r i I i o, A» sr,A>na

Exception lieu aussi quelquefois comme Peine prin- encore , en de certains cas , fur les enfans ^Pronon"
cipale. Nous en avons plusieurs exemples même qui seroient nés avant ce Jugement ,
dans nos Loix , notamment dans l'Ofdon- notamment en fait de Crime de Lefe-Ma-
nance de Blois contre les Gentilshommes , jesté au premier chef, & de Duel. L'on voit
qui contraignent leurs Sujets à donner entr'autres , par l'article 1 5 de l'Edit des
leurs filles en mariage à leurs Domestiques , Duels de 1679 , qu'il est ordonné aux fuc-
ou qui prennent à ferme les Biens ecclé- cesseurs de ceux qui sont coupables de ce
fìaftiques ; & dans l'Ordonnance des Ga- Crime , de changer leurs armes , & d'en
belles , contre les Gentilshommes qui font prendre de nouvelles : à l'effet de quoi ils
le faux-saunage (2). doivent obtenir Lettres Royaux à ce né-
(0 V. Ord. de 1539. art. 1. . . Et tEdh des cessaires ; & en cas qu'ils reprissent les mê-
Bueh de 1679. art. 15. mes armes , elles doivent être de nouveau
(z) V'. Ord. de Blois , art. 48 & 281. . . V. aufft noircies & brisées par l'Exécuteur de la
ssDiTde Février i6z3. art. 8. . . V. encore fart. HauteJuftice , & eux condamnés à l'amende
13. du Tit. 17. de iOrd. des Gabelles . de 1600. . , # « 1 ••
de deux années de leurs revenus , apphea-
I I- . ble moitié à l'Hôpital-Général de la Ville '
a. Cas oîi II y a cela de remarquable par rapport la plus proche , & l'autre moitié à la vo-
Icett" Peì- aux e^ets ^e cette Veine , que l'infamie lonté des Juges. •

V. De V Interdiction perpétuelle , ou Privation d'Office.

SOMMAIRES.- -,

1. En quoi cette Peine diffère du B lame. 3. En quoi diffère de VInterdiction h


2. Différentes sortes d*Interdissions. temps.
îi : : - ; ' i < . . '■ ■

^En<pu<?1 Cette Peine a lieu dans les mêmes cas proprement qu*en ce qu'elle a été intro- ne
9 l" que celle du Blâme , dont elle ne diffère duite principalement pour sauver à des per- u a
78 LES LOIX CRIMINE LLES , Liv. Ií. Tit. IV.
sonnes d'une certaine considération , l'igno- permittatur. Solet autem ità vel Juris studiofís in-
terdici , vel Advocatis , vel Tabellionìs five Pragma-
minie attachée à la manière dont s'exécute
ticis. L. 9. in princip. Jf. §. 4,ff. de Panis-
le Blâme. Elle a d'ailleurs cela de parti
culier , qu'elle ne se prononce que contre I I L
des Officiers publics..
Au reste , l'Interdiction dont il s'agit ici , 3. En quoi
II. diffère , quant à ses effets , de celle qui est fî^^f
simplement à temps , dont nous parlerons tion à
î. Diffé- II est fait mention dans le Droit de plu- dans un moment , en ce que celle-ci ne te,nPs-
tes"d"mer ^eurs f°rtes d'Interdictions , notamment de
frappe que íùr les fonctions de l'Office seu
dictions, celles prononcées contre les Avocats , les
lement , & non sur la Personne , ni sur
Procureurs & les Notaires. L'on y distingue
l'Office même ; au lieu que l'Interdiction
par rapport aux Avocats (i) , l'Interdic-
perpétuelle frappe en même temps , & fur
tion qui se fait du Barreau , de celle qui
la personne de l'Officier , qu'elle note d'in
se fait simplement des fonctions : la pre famie , comme le Blâme , & sur son Office ,
mière est infamante, parce qu'elle est per
dont elle le rend incapable ; tellement qu'il
pétuelle : ce qui n'est pas de la seconde. est obligé de s'en défaire , & qu'il ne peut
(i) Moris est advocationibus quoque Prœsides in- en obtenir de nouveaux. ■
terdicere , & nonnunquàm in perpetuum interdi-
cunt , nonnunquàm ad tempus. . . Nonnunquàm Neque famosis & notatis & quos scelus aut vitx
non advocationibus cui interdicitur , sed foro. Plus turpitudo inquinat , & quos infamia ab honestorum
est autcm foro quàtn advocationibus interdicere , cœtu scgrcgat dignitatis portae patebunt. L. z. Cod.
íìquidem huic omninò forenfibus ucgotiis se non de dign.it. lib.

§. VI. Du plus Amplement Informé indéfini.

SOMMAIRES.

ï. S'appelle autrement ufquequò. infamante de fait feulement.


2. En quoi plus rigoureux que les Galères 5. Empêche l'accusé de répéter des dommages
perpétuelles. 1 & intérêts t ô pourquoi.
3. // eflmis au nombre des Veines infaman 6. Cette forme de prononcer d'un usage fort .
tes. Arrêt notable de ce Parlement. ancien.
4. Plus amplement Informé à temps , Peine 7. Cas oh elle doit avoir lieu. . .
■ 1. - ' ■ w

, S .P- O N distingue deux fortes de plus Ample- V. le Procès-Verbal de Conférence fur tOrdon
Frement"" ment informé suivant notre Jurisprudence ; nance de 1670 , tit. 26*. art. 13.
ufquequò. le plus amplement informé à temps , & le
III
plus amplement informé indéfini. L'indésini ,
dont nous voulons parler principalement Au surplus , que le plus amplement infor- 3. Il est
ici , s'appelle autrement ufquequò , parce mé indéfini soit regardé parmi nous comme mis , au
o ■* nombre
qu'il doit durer jusqu'à ce qu'on ait pu acqué une Peine infamante , c'est ce qui résulte des Peines
rir des preuves suffisantes pour opérer l'en- évidemment de la disposition d'un Arrêt de Ì"san^"r^t
tiere conviction de l'Accufé , qui reste ce Parlement , rendu en dernier lieu contre notable de
toujours , par ce moyen , incerti dubiique la femme Durand , vulgairement appellée la Pa,le~
flatûs. belle Tonnelière , par lequel elle á été dé
I L clarée indigne de recueillir l'effet d'un
testament & d'une donation à elle faite , par
j.Enquoi Comme l'effet de ce plus amplement
pbsrigou- informé indéfini est tel, qu'il laisse l'Accufé celui même qu'on l'accusoit d'avoir em
poisonné.;
les Gale- dans un péril continuel d'être condamné à
res perpé- mort , d'autant qu'il ne doit s'ordonner que Nota. Cet Arrêt se trouve rapporté , avec toutes
ruelles. 1 r> • 1 • r» • • i
pour des Lnmes mentant une Peine capitale , íès circonstances , dans le supplément à la Collec
tion de Jurisprudence de DenISARD, Verbo plus
& dont il y a d'ailleurs les indices les plus
amplement , ~&c.
violens contre ce même Accusé ; voilà pour
1 V.
quoi on a cru devoir le mettre , non-íèu-
lement au nombre des Peines infamantes , II n'en est pas de même , quant au plus 4. Plus
mais qu'on le regarde même comme étant amplement informé à temps. Comme celui- plement
. 1 . r 1 , - informe a
plus rigoureux que les Galères perpétuelles ; ci ne doit le prononcer que pour des cas temPs,Peì-
tellement que , dans le concours des voix plus légers , & fur des preuves moins fortes ne inse~
qui s'éleveroient à ce sujet , celle qui ten- que celui dont on vient de parler , on n'a so^seuie^
droit à cette derniere Peine devroit être pas cru devoir le mettre au nombre des mew. ' ^
préférée , comme étant censée la plus douce. Peiner infamantes , fùr»tout quand il n'est
DES DIFFÉRENTES ESPECES DE PEINES, &c, 79
prononcé que pour trois , & six mois, & ral, qu'il n'en est fait aucune mention dans d'un osa*»
que le condamné a été mis en liberté. Ce nos anciennes Loix, quoique l'usage de la * sert' ain
cien<
n'est que lorsqu'il est ordonné pour un temps prononcer , ainsi que le hors de Cour , soit
plus considérable , comme d'une année , & des plus anciens, comme il fut observé
à la charge de garder prison , qu'il ejl mis par MM. les Commissaires , lors du Procès
au nombre des Feìnes infamantes dé fait Verbal de Conférence de l'Ordonnance de
dont il fera parlé dans un moment.' V.' ' T
1670.

V. V. ce ProcÉS-Verbal fur U tìt. zi. art. $ & 4.


V. AYRAUT de tOrdre Judic. liy. 3. art. 4. n. 164
S.Empê- L'on sçait d'ailleurs que le plus ample-
:ff..,..:r... -V I L
cîîsé derè- ment informé à temps a cet effet particulier ,
péter des que , comme il suppose quelque commen-
domma- ^ cement de preuves- contre l'Accusé , celui- - En effet, c'est un sage tempérament qui 7. CasoS
a été imaginé pour les cas où il n'y a point eíle. f.0,t
térêts, & ci ne peut íè faire un titre de la décharge mi «vorrlfeuí
pourquoi. qUj fèroit prononcée en ía faveur , lors de allez de preuves , m pour alleoir une con
damnation , ni pour absoudre entièrement
la revision qui doit se faire du Procès après
l'Accusé, & principalement pour lui sauver
l'expiration du temps qu'il doit durer , pour
prétendre des dommages & intérêts contre la Q^stion préparatoire. II y a même uri
son Accusateur. Auffi l'usage , en ce dernier ?S. Pf*cuher OÙ cette forme de prononcer
cas, est de prononcer, au lieu d'une dé- e»e necess^ent employé, smi^t
charge absolue , un simple hors de Cour, a remarque de Ml Avocat-Genéra Tdon,
qui ne laisse pareillement aucune ressource lors,^ ce ™êm,e P^ces-Verbal ; c est celui
ou 1 Acculé n auroit d autre partie que
à des dommages & intérêts , en ce qu'il
M. le Procureur-Général ; il y a lieu d'or
^ emporte avec lui des soupçons légitimes
donner , pour lors , un plus amplement in
contre l'Accusé.
formé dans les mêmes cas qui pourroient
V I. donner heu à la conversion en Procès or
dinaire, vis-à-vis des parties civiles.
„. Cette II reste à observer , relativement à la
prononcé ^eìne du PluS ^P^Otíat informé en géné- V. le même Frocés-Vekbai. Ibid.

CHAPITRE CINQUIEME.

Des Peines Jìmplement infamantes de Fait.

SOMMAIRES.

1 . Pourquoi ainsi appellées. 2. De combien d'espèces.

i.Pour- 1^1
N.OUS avons cru devoir faire une classe nêtes gens s'en trouve notablement diminuée.
quoi ainsi particulière de celleS-ci , en ce qu'elles ne I L
' ïbnt de leur nature, ni infamantes , ni pécu Nous mettons de ce nombre Vadmoni- i.Deconv
niaires. Nous les appelions néanmoins infa tion 3 ?abstention de certains lieux , l'tnter- bien des"
diííion à temps , la réparation d'honneur , pews"
mantes de fai{ , parce que , comme nous
l'avons dit, elles font fur l'honneur du les défenses de récidiver , & l'injonction. A
Condamné , de certaines impressions , qui , quoi il faut ajouter le plus amplement infor
fans le flétrir entièrement , ne Iaiíîènt pas que mé à temps , & le hors de Cour dont nous"
de le ternir, de manière que l'estime des hon- venons de parler fous le Chap. précédent*

#
go LES LOIX CRIMINELLES, LiV.II. Tit. IV.

§. I. De V Admonition.

SOMMAIRES.

4. Manière dont elle s'exécute.


1 . Qu'entend-on sous ce nom ?
5. Quid,:c/z cas de récidive de la part du
2. Doit être accompagnée d'une Aumône.
3. Cas oìt cette Peine doit avoir lieu. Condamné.

I.
tus ut ad mêlions vitas frugem íê reformet. L. 19.
tendron* L'ON entend sous ce. nom , la Réprimande
Cod. ex quib. caus. insam. irrog.
fous ce que fait le Juge , ensuite d'une Sentence ou » • • 4 ê
nom ì Jugement qui l'ordonne , à celui qui est con- IV.
Vaincu d'avoir commis quelque voie de fait , Cette Peine s'exécute ainsi. L'Accusé 4-Manieì
ou autres excès contre le bon ordre , en
étant amené dans la Chambre , & placé [*
l'avertiíïànt de ne pas récidiver, fous de plus
derrière le Barreau , l'Audience tenant , le te.
grandes Peines. Juge qui préside lui dit alors à haute voix .
I I. La Cour vous admonefle ô vousfait grâce .
soye\ plus circonspect a Vavenir ; retire^_
com- Cette Peine est ordinairement accompa-
a. Accom- gnée d'une aumône applicable aux Pauvres vous vous entendre^ le rejle de votre Arrêt

, u" de l'Hôpital , ou au pain des Prisonniers.


V.

I I I. Que si , malgré cette Admonition , le Con-, ç. Quíij


damné vient à retomber dans la même im- es .4" Aa
'3. Cas où Quoique dans l'usage , cette Peine ne se 1 1 a" -, récidive
prudence , ou autre du meme genre , il y a de la part
cette Pei- prononce qu'ensuite d'une instruction extra heu , suivant la Loi , d'augmenter la Peine , jU c?n'5
ne is ordinaire , elle n'est pas néanmoins réputée c j 1 • r > niA , ,,- 'damné,
avoir & de la porter jufqu au Blâme , ou a Tinter-
infamante , tant parce qu'elle ne s'exécute
diction perpétuelle , si c'est un Officier j ou
pas publiquement, que parce qu'elle ne doit
même au Bannissement, & autre plus grande
se prononcer que pour des Crimes commis
íàns Dol , & feulement par l'eíFet de la viva Peine.
cité ou de l'imprudence , ou bien à raison de Soient quidam , qui vulgò se juvtnts appellant }
quelque négligence qui auroit fait péricli in qaibusdam civitatibus turbulentibus se adclama-
tionibus popularium accômmodare. Qui, siampliùs
ter ou retarder une affaire. nihil admiscrit , nec antè sint à Prccside admoni-
Interlocutio Praesidis , quae indicta est , infamem tis , fustibus caesi dimittuntur, aut ctiam ípectaculis
eum de quo quœris fecisse non videtur , cùm non eis interdicitur \ quòd si ictu correcti in iifdtm de-
spécialiser , ob injuriam vel admiísam vim condem- prehendantur , exilio puniendi sunt , & nonnuu-
quàm capite plectendi. L. i%.Jf. 3,^. de Panis.
natus fit. Sed ità Prassidis verbis gravât & admoni-

§. II. De l' Abstention des Lieux.

SOMMAIRES.

2. Ce qui la diflingue , lorsqu'elle eftpronon*


1. Peine principalement établie pour les
cée dans les Tribunaux ordinaires.
Tribunaux du Point d'honneur.
V. ce qui fera dit fur finjure par voie de fait.
I.
I L
1. Peine Cette Peine a été introduite , cômme l'on Cependant l'on trouve aussi quelques Çegl
fanent"*- fÇ3^ > pour sauver à celui qui y est condam-
exemples de semblables Peines prononcées gue \ot/^i
tabHepour né, l'infamie attachée à la Peine du Ban- dans les Tribunaux ordinaires. Mais comme qu'elle est
nauJ'du" nissement, dont elle tient heu. Aussi ne doit-
elles portent atteinte à la liberté des Ci- cée^dan»
Point elle se prononcer que pour des cas moins
toyens , il paroît qu'elles ne devroient , de le» Tribu-
d honneur graves } & feroient seulement suscepti même que l'Admonition, se prononcer qu'en- nnux ordl'
bles du Tribunal du point d'honneur , s'ils naires.
fuite d'une procédure extraordinaire ; ne
étoient commis entre des Gentilshommes
fut-ce que pour s'aíîurer si la voie de fait
ou des Officiers Militaires. C'est ce qui
qui y donne lieu , est de nature ou non à
paroît résulter de la disposition des Edits &
mériter une Peine infamante.
Kéglemens faits fur le point d'honneur.

§. III.
DES DIFFÉRENTES ESPÈCES DE PEINÉS, &c. - fri

§. III. De l'interdiiïiòh à Temps.

SOMMAIRES.

1. Cas oà cette Peine peut avoir lieu. nel t ù en Provisoire comme en Défini-
2. Se prononce au Civil comme au Crimi- tive.

I.
i. Cas oh C'Est la Peine qui se prononce ordinaire- noncer en matière Civile , comme en matière en Provi-
cette Pei- ment contre des Officiers de Justice , pour' Criminelle; qu'elle peut aussi non-feulement ^eenDéZ
avoirheu. de simples fautes & négligences commises se prononcer par un Jugement définitif, mais ònitiye.
dans les fonctions de leurs charges; car fi mêmeparun simple Jugement interlocutoire
c'étaient de véritables prévarications , ce ou préparatoire (i) ; telle que celle qui
seroit le cas de l'interdiction perpétuelle, s*opere de plein droit suivant l' Ordonnance,
ou privation d'office dont nous avons parlé parla feule signification du Décret d'ajour-
précédemment. nement personnel rendu contre ces mêmes
I j ' Officiers- (i).

a.Sepro- C'est aussi par la raison qu'elle n'emporte ( i)//i/rT/o«///oPraîsidis,quae indicta est ,infamem
nonce au point comme Interdiction perpétuelle, eum de quo qu^ris fecisse non v.detur , cùm noa
Civilcom- f,. - • , i • r í i r ■ spécialiser ob injuriam , vcl admillam vim condem-
jneauCri- 1 miamie de droit , mais íeulement de fait , natus fi,;^ • L% Iç> CoD> {X quibm cau^ infam. irrog%
mmel, & qUe cette interdiction à temps peut se pro- (i)\.sari. n. duTit. io.dcsORD.dc 1699.

CHAPITRE SIXIEME. '

■ Des Peines Pécuniaires.

: S O ' M M' A I R E S.

1. Ce qu'on doit entendre par Peines pécu- 3. Peines pécuniaires infamantes de fait
niaires. ■ ì seulement.
Z. Peines Pécuniaires qui font infamantes 4. Peines pécuniaires non. infamantes de
de Droit. droit , ni de fait.
I.

i. Ce L'On comprend en général sousle nom seulement, comme sont les intérêts Civils, res in£a-> .
emendíe'1 de Peines Pécuniaires , toutes celles qui foksculí
par Peines peuvent ceíTer avec de l'argent. * ment,
pécumai- II y en a enfin , qui ne font infamantes 4. pei„e,
rii de droit , ni de fait ; & celles-ci , que pícuniai-
Peines Cependant il faut distinguer parmi ces nous appellerons purement Pécuniaires ,
pécuniai- peines . jj y est a qui emportent en même font connues fous le nom de Dommages & de Dnk;
sont Info- temps avec elles la note d'infamie , telles que intérêts , de Frais , & dépens des Procès Ca
riantes de la confifcatl0n $ Amende prononcée en minels. Ces dernieres n'emportent aucune
matière Criminelle , & Caumône en matière íorte d'infamie , parce qu'elles n'ont été
Civile, introduites uniquement que pour l'intérêt
III, des particuliers ; au lieu que les premières
ont singulièrement pour objet la réparation
•j.Peinei II y en a auffi qui font infamantes de fait publique.
pécuniai- .
8* LES LOIX CRIMINELLES, Li.vv íI. TiT. IV

De la Confiscation

SOMMA I R £ S.

1 . Peines qui emporicTtt la Confiscation. M. le Chancelier.


2 . Ce qu'il faut pour ropérer en fait de Ju 7. Lettres de Grâce du Roi privent les Sei
gement par contumace. gneurs du Droit de Confiscation.
3. Origine de cette Veine parmi nous. 8. Autres Crimes auxquels la peine de Con
4. Provinces du Royaume qui nyfont point fiscation ejl attachée.
fujeues. Exception en fait de Crime de 9. Remplacée par des Amendes dans les pays
Lefè-Majesté. oh elle ria pas lieu.
5. Crimes dont la Confiscation appartient 10>. Parlement du Droit écrit 3 qui admet
au Roi feulements la Confiscation fous certaines réserves.
è. Crimes dont la Confiscation appartient à

1. Peines J_/On entend fous ce nom l'Adjudication temps-là , portent toujours ces mots , lors- <p n'y
portent la qui se fait au profit du Roi ou des Seigneurs qu'il s'agit de la punition de grands Crimes : f°netttesmt
Confise»- Haut-Justiciers , des biens d'un homme con- a Peine de Confiscation de corps Ù de E»ceptw>a
1 on" damné à quelqu'une des Peines , ou pour
biens (1). A la vérité , nous voyons auffi , ^7 ^
quelqu'un des Crimes auxquels nos Loix qu'en même temps qu'elles prononcent la Lese-Ma-
ont attaché la Confiscation. Ces Peines font Confiícation , elles ont foin d'ajouter dans ìtíe'
la mort naturelle ou civile. L'on entend par les pays ou elle a lieu , parce qu'en effet il
Mortcivile, celle produite par les Galères , y a de certaines Provinces dans le Royaume,
le Bannissement & la Détention en maison notamment celles qu'on appelle pays de
de force , lorsque ces Peiçcs font prwióhcjá'es Droit Ecrk , où la Confiscation n'a point
à perpétuité. L'on voit par-íà que la confis lieu conformément à ía Novelle de Justi
cation ne se prononce jamais comme Peine nien (t); par laquelle cet Empereur a aboli
principale, mais seulement comme acceíîoire lWage de cés Confiscations , que l'ancien
à d'autres plus considérables. " ; Droit . avoit établi pour toutes sortes de
• V. ci qui a été ditfur la Mort civile. Crimes publics j & Û n'excepte seulement ,
à cet égard, que tes Crimes de Ltfse-Majesté.-
IL Cette exception a paru en effet si sage,
qu'elle a été adoptée même dans les pays
4. Ce qu'il Quand nous disons que la condamnation
Coutumiers qui n'admettent point la Con
í^pérerèn a ^on naturc^e emporte la Confiscation ,
fiscation (3). -i
fait de Ju- nous voulons parler tant de celle prononcée
làTcómu- contumace , qtìe de celle qui est pro- ( 1 ) Qui confisque le corps , confisque les biens.
lorsEZ , tnjì. Cout. L. 6. Tit. z. max. 19.
œacé. noncée contradictoirementjavec cette diffé
(2) Ut atitem non íblùm corporales pœnae , sed
rence néanmoins , qu'en cas de contumace, etiam pecuniari* médiocre» fiant , saneimus eos qui
il faut attendre , pour que la Confiscation in criminibus accufantur in quibus Lcges mortem
ait son effet , l'expiration des cinq années aut proscriptioncm dcfiniunt , si convincantur , aut
depuis inexécution du Jugement qui a pro condemnantur , eorum subíiantias non sieri lucrum
Judicibus aut eoruui orficiis , sed neqwe secundùm
noncé la condamnation à mort. veteres Leges sifco eas applicare ; sed liquidem ha-
beant descendentes & aseendentes ufque ad tertium
- fil. gradum eos habere. In Majestatis verò criminc cen-
detrmatis veteres leges scrvari jubemus. lïor. 134.
3. Origi- II pafeît qué l'ufage de cette Peiiie , que <:<*/>. 13.
PeinVpar- n*n*s ^hons du Droit Romain , n'a com- (3) Les coutumes qui n'admettent point la con
fiscation , sont celles de Berri , de Boulenois , de Tou-
mi nous, mencé de s'irìtroduire parmi nous , que de
raine , Laudunois , la Rochelle , Angoumois , Ca
puis que les Compositions à prix d'argent , lais , Lille , Tournay , Cambray , Bayonne , Sain t-
en fait de Crimes , qui comme noua í'avon9 Sever. . . . Les coutumes qui ne 1 admettent que pour
observé plus haut , étoient autorisées dès les les meubles seulement , & non pour les immeubles,
font celles de Normandie , de Bretagne , d'An
premiers temps de rétablissement de notre jou , du Maine , Poitou , Ponthieu , & le Perche.
Monarchie , ont ceffé d'avoir lieu par les V. Bretonnier en ses Qu. de Dr. verbo confis
.Capitulaires de Charlemagne. cation.
V.
V. le Capitulaire rapporté fous le Tit. de la Di
vision des Peines, ck. 2. II y a d'ailleurs cela de remarquable par v Crime
I V. rapport au Crime de Lèse -Majesté humaine , £ontfisla
que la Confiscation en appartient au Roi ,i0" aCps
v inces^d" Aussi voyons-nous , que les plus anciennes exclusivement aux Seigneurs Hauts-Justi- panent
Royaume Ordonnances qui ont été rendues depuis ce ciers , dans la Justice desquels les biens du au
• v DÈS DIFFÉRENTES ESPÈCES DE PEINES , &c.
Condamné se trouvent situés (i) ;.&même Crimes d'HéréJìe de Duel , de Rébellion à auxqneí*
exclusivement aux Créanciers de ce der-' Justice., ôl d'Homicide de soi même , que Confiss*
nier , par rapport aux Fiefs relevans de ía nos Loix y ont attaché la Peine de la Con- tion est at-
Couronne. Ce qui est une exception par- filcation , de même qu'à ceux dont nous tatlié'*
ticuliere à la maxime générale établie en venons de parler ; avec cette différence ,
cette matière , qui veut que la Confiscation néanmoins que les Seigneurs 8c les Créart-
ne puiste empêcher l'exercice des droits ciers ne font point exclus de leurs droits ,
des Créanciers , parmi lesquels font com- dans ces derniers cas , comme dans les pré-
pris les femmes (2) pour leur dot , lés énfans cédens.
pour leur douaire , & les maris pour les
çonquêts de Communauté.' * V. ORbr de \6jo r Tit» 22. art. 1. . * V. aust
quant au Duel , íart 13. de ÍEdit dAoût 1679.
(1) La confiscation des meubles appartient au Sei
gneur duquel le confisqué est couchant & levant ,
IX.
& des immeubles aux Seigneurs Hauts-Justiciers des
lieux où ils sont assis Si ce n'est que ce fût pour
Crime de Lese-Majesté , où le Roi prend tout ; ou II s'est élevé , dans nos Tribunaux , plu- o.Uem-
de fief, auquel le Seigneur prend ce qui est en son sièurs autres Questions fur la matière des
fief, ores qu'il n'eût Justice. LorsBz , ïnstit. Cout.
liv. <5. //'/. 2. max. 20 & lit Confiscations , que nous n'entreprendrons des dan»
point de discuter ici . tant parce qu'elles ne se lV P'a>T
(2) Pour le méfiait de l'homme ne perdent la 1 r J1. , .„ ou elle n a-
femme ni les enfans leur douaire & autres biens. . . trouvent décidées par aucune Loi precile , pas lieu,
Ni elle fa part des meublas & acquêts de son mari , que parce qu'elles font jugées différemment
par Tadvis de Me Charles du Moulin , suivi contre
les anciennes coutumes de France , conformément dans les Tribunaux , à cause de la diversité
au privilège octroyé aux Parisiens en l'an 143 1. . . des dispositions des Coutumes íùr ce point.
Femme mariée condamnée , ne confisque que ses II nous reste seulement à faire ici deux ob
propres , & non la part qu'elle auroit aux meubles
servations générales fur cette matière: l'une,
& acquêts. Lorssz , ìbid. max. 25 , 26 & 27.
que dans les Provinces de ce Royaume qui
."r. . Vï. n'admettent point la Confiscation , elle s'y
trouve remplacée par des amendes qui doi
<S. Crime ïi y a encore deux cas particuliers , où vent fe prononcer dans les mêmes cas ,
Confisca Seigneurs font exclus dé la Confiscation, pour tenir lieu d'indemnité , tant au Roi
tion ap- L'un , c'est en fait de fausse Monnoie ; la qu'aux Seigneurs , des frais qu'ils font tenus
Patient à Confiscation en appartient entièrement au d'avancer pour l'instruction des Procès Cri
Chance- R°i > comme nous le verrons en traitant minels à défaut de parties civiles , ou en cas
lier. de ce crime. L'autre , en fait de fausseté d'insolvabilité de celles-ci.
commise aux Lettres de Chancellerie ; nous
verrons aussi , en traitant du Crime de Faux ,
X.
que la Confiscation en appartient à M. le
Chancelier.
"L'autre , que quoiqu'en général la Çjon- ïo. Par-
: V. ce qui fera dit fur U FAux par icrit. fifeation n'ait point lieu dans les pays de j^-"1 ^
Droit Ecrit , elle est néanmoins admise au erit , qui
VI L
Parlement de Toulouse , conformément à Consiica-*
7. Lettres A ces cas particuliers , où les Seigneurs l'ancien Droit Romain auquel il a seulement tion sous
duRoipri- Hauts-Justiciers font privés du droit de apporté des modifications particulières , par ^jjí^""
vent les Confiscation , il faut ajouter généralement rapport aux distractions qui doivent se
du gDro7t tOUS CeUX OU *e ÌU8e ProPos d'aCCOr- faire sur les biens confisqués au profit de
de Confis- der des Lettres de Grâce aux Condamnés la femme , & des enfans des condamnés.
canon, pgj. jUgemens qui prononcent cette Peine ,
Ces modifications consistent, en ce qu'an
même après les cinq années de l'exécution lieu que , fuivânt la Novelle de Justinien ,
des Jugemens par contumace ; par la raison , la Confiscation de tous les biens du Con-
comme le remarquent les Auteurs (1) , que damné devoit céder au profit de ses enfans
Je Roi ne s'est départi de ce droit attaché à & de ses autres successeurs ab ititeflat ,
ía souveraineté , en faveur des Seigneurs , jusqu'au troisième degré inclusivement , cé
qu'à condition qu'il seroit toujours le maî- Parlement se contente d'adjuger la troisième
tre de les priver de ce droit, par la con- partie des biens du Condamné à fa femme >
cession de ses grâces. &àses enfans ; fans que ceux-ci soient tenus
de contribuer d'ailleurs aux frais du Procès T
( 1) V. Loiseau , des Seigneuries , ch. 12. n. 82.
Bacquet , des Droits de Justice, ch. 16. dommages-intérêts , amende.

V I I L V. Catezzan , liv. z. ck, 98. Cambozas , liv. 1*


ch. 4. Graveroz & la Roche , liv. 1. tit. 37. Max-*
8. Autres Au surplus, nous verrons , en traitant des
Crimes nard , fiv. 8. ck. 84. . '-.
LES LOIX CRIMINELLES, Liv.H.Tit.IV.

§. II. De l'Amende.

SOMMAIRES.

j. Espece etAmende dont il ne s'agit point 5. Doit provenir d'une cause infamante de
ici. fa nature. .
2. De quelle Amende nous entendons parler. 6. Doit être prononcée h la suite dune ins
3. Mise par l' Ordonnance au nombre des truction a Cextraordinaire.
Peines pécuniaires. 7. Doit être prononcée au profit du Roi.
4. Cas particulier où elle devient infamante 8. Pourquoi a été introduite cette Peine.
.suivant la même Loi ; comment doit s'en 9. Ne peut fe cumuler avec celle de l'Au~
tendra mône. Exception.
I.

i. Espece N Ot/S né parlons ici que de l'Amende général , lorsqu'elle est confirmée par Ar- rient ín&í
«j'Amende qUj fe prononce en matière criminelle , & rêt , emporte note d'infamie , il est certain , JJj^jjí
ne s'agit non de celles qui font la matière des Juge- suivant notre Jurisprudence , que cela ne me Loi.
point ici. mens civils , ou qui font prononcées par doit s'entendre que fous les trois modifica- Ç°mmen«
„ . » doit s en
les Ordonnances , & dans les cas d'appel , tions suivantes. tendre.
d'opposition , Requête civile , demande V.
en cassation , inscription de faux , & au
tres mentionnés dans la Déclaration du 2 1 La première , que ce n'est point l'Amende 5. d0-*
Mars 1 67 1 , qui regarde en général les con par elle-même qui rend infâme , mais le j|,ru0nvenir
damnations d'Amende, leur recouvrement, Crime pour lequel elle est prononcée, c'est- se
préférence & privilège. à-dire , que pour juger si l'Amende est infa- ™ntf
mante , il faut fçavoir si le Crime pour lequel a r
II. elle est infligée , est du nombre de ceux dont
i.Dequel- Quand nous mettons l'Amende qui fe la conviction est capable d'imprimer cette
de ^nouT Prononce en matière criminelle au nombre tache » comme lorsqu'il s'agit de dol & de
entendons des Peines infamantes , nous ne voulons malversation dans un office public.
patler. parler que de celles qui se prononcent à la Non mulcta , sed causa iníamiam irrogat. . t . Ca-
suite d'une instruction à l'extraordinaire , lumniator ità demùm notatur , si. fuerit calumoias
& non point de celles qui se prononcent cauíâ damnatus ; neque enim íuflìcit calumniutum.
L. 4. §. 4. ff. de his qui not. infam.
pour de simples délits , incapables par eux-
mêmes de donner lieu à cette instruction , V h
tels que ceux commis dans les Bois , pour
faits de Chaise ou de Pêche , & générale La seconde , qu'il faut que l'Amende soit t 6. Doit
prononcée , comme nous l'avons dit , à la être pro
ment toutes les contraventions faites aux noncée à
Loix qui contiennent des Réglemens parti íuite d'une instruction extraordinaire , qui la fuite
suppose nécestairement un Crime de la qua d'une ins
culiers fur la Police , ou fur la Procédure. truction &
lité de ceux dont nous venons de parler. l'extraor-
III. Non alia autem notatur , quàm ea de qua pro- dinaire*
nunciatum est calumniae causa, L. 19. ff'. de hit qui
3. Mise D'un autre côté , quand nóus mettons not. infam.
«ar TOr- 1'Amende qui se prononce en matière cri-
donnance . , ■*■ , —, . , . • V I I.
aunombre nunelle au nombre des Peines pécuniaires ,
des Peines c'est d'après la disposition de l'Ordonnance, La troisième enfin , que cette Amende 7; DoH
resC.Uniai" °iui Ie suppose évidemment ainsi , dans les soit prononcée envers le Roi , parce qu'elle être ,Pro"
nonces *iu
articles 6 & 7 du Tit. 2 5 , en ce qu'après est alors regardée comme le châtiment d'un profit da
avoir ordonné par le premier , que les Sen Crime qui intéresse Tordre public. C'est kou
tences des premiers Juges qui ne contien- auíîi pour cette raison que , lorsqu'elle est
droient que des condamnations pécuniaires , prononcée contre plusieurs Accusés, cha
seroient exécutées par provision , elle ajoute cun en est tenu solidairement (1).
par l'article suivant , que YAmende payée (1) Chacun des coupables fera condamné en l'a-
par provision en la manière ci-deffus , riem mende portée par l'article précédent , & feront les
portera aucune note dinfamie , Ji elle n'ejl complices du même fai» , tenus solidairement de
toutes les amendes comprises dans une même con
confirmée par Arrêt. damnation. Ord. des Gabelles , titre 17 , article 4.
V. tORV.de 1670, ///. 25. art. 6&j.
VIII.
„;.:." IV. S Pou
II nous reste à faire ici trois Observations quòi a°",r^
particulier Cependant , quoiqu'il paroisse résulter de générales relativement à l'Amende consi- introduite
oíieliede-ce dernier article , que toute Amende en dérée en tant que Peine pécuniaire. Lapre- "ette Pei"

À
DES DIFFÉRENTES ESPECES DE PEINES , &c.
«5
mîere, que cette Peine a été principalement graphe suivant. Nous verrons au surplus $
établie pour indemniser , en quelque sorte , en traitant de la Jurisdiction Ecclésiastique ,
le Roi & les Seigneurs des frais qu'ils font que l'Eglise n'ayant point de Fisc , les Juges
obligés de faire pour la poursuite des Cri Ecclésiastiques ne peuvent condamner à l'A-
minels ; & qu'elle est à leur égard ce que mende , mais seulement à une Aumône ap-
íbnt les intérêts civils vis-à-vis des Parties plicable à des œuvres pieuses. Enfin , une
privées. Ce qui s'entend pour les Pays où troisième Observation qui concerne le paie
ïa confiscation n'a pas lieu. ment de l' Amende , c'est que ce paiement
est tellement privilégié , que le Prisonnier
I X. qui y a été condamné , ne peut obtenir son
> élargissement , qu'en consignant entre les
Ne peut Une autre Observation , c*est que cette mains du Greffier les sommes adjugées pour
1 cumuler peme ne peut se cumuler avec celle de l'Au- Amende (1). Nous verrons cependant dans
avec celle A * , . . r
de l'Au- mône , linon en de certains cas qui lont ex- un moment , que ce paiement n'est point
mône.Ex- ceptés par les Déclarations du 1 2 Mars 1 67 1 préférable à celui des intérêts civils.
cepuon. & j 6g 5 ? qUi fer0nt rapportées fous le Para
V. Ord. de 1670. tit. 13. art- 29

§. III. De l'Aumône.

SOMMAIRES.

t. En quoi diffère de l'Amende. clarations de 1671 (Sri 68 5.


2. Abus qui s'étoient introduitsfur tapplica- 3. Cas où rAumône devient infamante,
tion de ces Peines , réformés par Les Dé- 4. Privilège pour le paiement de l'Aumône.

I.

t.Enquoi L'Aumône est une Peine pécuniaire qui des Aumônes , le Prince veut qu'elles ne
rAmend* saPPucIue toujours aux oeuvres pies , com- puissent être appliquées à d'autres œuvres
' me , par exemple , au profit des Eglises , pies , sinon au pain des Prisonniers , ou au
des Hôpitaux & des prisons ; à la disterence profit des Hôpitaux , Religieux mendians ,
de l'Amende qui , comme nous venons de & autres œuvres pitoyables.
le dire , se prononce toujours au profit du
( 1) Sans que lesdites Cours & Juges
Roi , ou des Seigneurs , pour les indem {>uiflent faire application d'aucunes amendes civi-
niser des frais du Procès criminel. es ou criminelles, à quelques sommes qu'elles puis
sent se monter, pour réparations , pain des Prison
I L niers , néceflités du Palais , à l'Ordonnance de la
Cour , ou sous quelques autres prétextes que ce soit ,
3. Abus Cependant, comme malgré cette desti lesquelles nous appartiendront entièrement , attendu
qui s'é nation primitive des Amendes , il s'étoit que par les états arrêtés en notre conseil , nous pour
toient in voyons au paiement de toutes les charges ordinai
troduits introduit dans les Tribunaux l'ufage d'en res & extraordinaires qui doivent être prises fur les
fur Impli faire une autre application , en les em
cation de dites amendes. Pourront néanmoins condamner les
cesPeines, ployant à des réparations , pain des Prison Accusés eu quelques sommes applicables en œuvres
réformés niers , nécéíîìtés du Palais , & quelquefois pies , dans le cas où il aura été commis sacrilège ,
par les Dé 8c où ladite condamnation d'oeuvres pics fera partie
clarations aussi de prononcer , dans un même Juge de la réparation. Décl. du 20 Mars 1671 , ng.le
dei67i& ment, des condamnations d'Amende & d'Au 29. Avrilsuivant.
1685.
mône contre les mêmes accusés ; ce fut pour
remédier à l'un &. à l'autre de ces abus , que LoUÍS , 8cc. Salut. Notre amé Me Jean Faucon-
le Roi Louis XIV rendit successivement net , Fermier-Général de nos Domaines , nous a très-
deux Déclarations en 1671 8c 1685 , par humblement représenté que la plupart de nos Cours
Ht Juges en dernier ressort , en jugeant les Accu
la première desquelles il fait défense aux sés de crimes , 8c les condamnant en l'amende en
Cours & autres Juges , en prononçant des vers Nous, les condamnant pareillement, selon l'u
condamnations d'Amende , d'en faire l'ap- fage , en des aumônes applicables à des œuvres pies,
fans faire distinction des cas auxquels ils ont la li
plication à quelqu'un des objets dont nous
berté de prononcer lesdites condamnations , suivant
Venons de parler (1) j &par la derniere , il notre Déclaration du mois de Mars 1671 , d'où il
leur défend pareillement , à peine de dés- arrive que ces amendes sont diminuées d'autant ,
obéistance , de prononcer par le même Ju 8c que le Fermier est privé d'une partie du bénéfice
que nous avons prétendu lui accorder , 8c à raison de
gement , des condamnations d'Amende & quoi il est obligé de nous demander des diminu
d'Aumône. II excepte seulement le cas où tions dn prix de fa Ferme : 8c par ce , nous sommes
il s'agiroit de sacrilège ì & où la condam d'ailleurs bien informés , que lesdites aumônes sont
nation en œuvre pie feroit partie de la répa souvent appliquées , sous prétexte d'œuvres pies , au
profit de Communautés Religieuses non mendian
ration due à ce Crime ; ck à l'égard des au tes , au préjudice des Hôpitaux , Religieux mendians
tres cas où il y auroit lieu de prononcer 8c lieux pitoyables , auxquels ces sortes d'aumônes
86 LES LOIX CRIMINELLES, Liv.II.Tit.IV.
doivent être seulement appliquées ; à quoi étant né lieux , Religieux & Religieuses mendiantes & autres
cessaire de pourvoir : lieux pitoyables , à peine de désobéissance. Si don
A ces causes , & autres à ce nous mouvant , de nons en mandement , &c- Decl. du 11 Janvier 1685,
notre propre mouvement , certaine science, pleine reg. au Parlement de Paris le 12 Mars suivant.
puissance & autorité royale , Nous avons , par ces
Présentes , signées de notre main , dit , déclaré & or m. [ ;
donné , disons , déclarons &c ordonnons , voulons
& nous plaît que notredite Déclaration du mois de Nous avons dit que l'Aumône devenoit î-CasoîS,
Mars 167 1 , soit exécutée selon sa forme & teneur; infamante lorsqu'elle étoit prononcée en Ma- devlemi*.
& ce faisant , défendons à nos Cours & Juges qui tiere civile. Telle est, en effet , l'idée qu'on y famame,
jugent en dernier ressort , en condamnant les Ac
a attachée dans notre Jurisprudence actuelle,
cusés en des amendes envers nous , de prononcer
contre eux aucunes condamnations d'aumônes pour & qui est fondée fans doute fur ce que l'au-
employer en œuvres pies , si ce n'est dans le cas où mône ne se prononce jamais en cette matière
il aura été commis sacrilège , & où ladite condam que pour des causes notoirement infamantes
nation pour œuvres pies fera partie de la réparation.
Pourront néanmoins nosdites Cours & Juges , at par elles-mêmes , comme en fait d'Usure 6c
tendu qu'il n'échet pas d'amendes contre les por de Malversation dans des offices publics.
teurs de nos Lettres de rémission , ou en autre cas
eù il n'échet non plus d'amendes envers Nous , I V.
condamner , s'il y échet , selon qu'ils l'estimeront
en leurs consciences , lesdits porteurs de rémission II reste à observer qu'il y a , suivant l'Or- 4.
ou Accusés en des aumônes , lesquelles ( quant aux donnance , le même privilège pour le paie- 8e.Pour
porteurs de rémission) seront uniquement appliquées 1 n» « 0 * t • • «, 1 paiement
au pain des Prisonniers; & quant aux autres aumô ment de 1 Aumône , que pour celui de rA- de l'Au^
nes èsquellesles Accusés pourront être condamnés , mende , en ce qu'elle veut que le condamné m^ae'
soit pour sacrilèges, soit pour les autres cas èsqucls ne puisse être élargi des prisons , qu'après
il n'échet point d'amende, ne pourront lesdites au avoir consigné entre les mains du Greffier
mônes être appliquées á autres usages qu'au pain
des Prisonniers , ainsi qu'il est accoutumé , ou au les sommes adjugées pour Aumônes.
profit des Hôtels - Dieu , Hôpitaux-généraux des V. íart. 29 du tit. 13 de tOrs. de 161 o.

§. IV. De la Réparation Civile.

SOMMAIRES.

1. Pourquoi mise au nombre des Peines in- mône.


/amantes de Fait. 3. Doit êtrepayée préférablement a FAmerU
2. En quoi diffère de tAmende & de l'Au- de , & pourquoi.

I. III.

i.Pour- ^Nous mettons cette Peine au nombre de C'est encore par une suite du principe ,* a 5. Do* ,
quoi mise celles qui sont infamantes de fait , par la qui fait regarder cette Réparation comme ^(Ït»-C
au nombre •/» * i< r • •
des Peines raiíon qu elle ne le prononce jamais que ufte indemnité , & conséquemment comme Mement à
todef^ ^CS Ju8emens rendus ensuite d'une ins une dette légitime de la part du Condamné , ^
u ' traction extraordinaire , & qu'elle est une
que , dans le concours de la demande en quoi,
íùíte des condamnations pour crimes méri paiement qui s'en fait par la Partie civile,
tant Peines afflictives ou infamantes. C'est & de celle formée pour le recouvrement
auíïi par la même raison qu'elle emporte , des amendes qui font prononcées par le
de plein droit , la contrainte par corps ; même Jugement au profit du Roi ou des
comme aussi la solidité lorsqu'elle est pro Seigneurs , cette Partie civile doit être
noncée contre plusieurs Accusés dans le préférée, comme il a été jugé par plu
même Procès. sieurs Arrêts , 8c notamment par un du
I ï. 1 o Mars 1 660 , qui se trouve rapporté au
a. En quoi Cette Peine a d'ailleurs cela de particu- second tome du Journal des Audiences ( 1 ).
rAmende" ^er» ^ *a distingue fur-tout de l'amende Au surplus , il y a cela de commun entre
& de l'Au- & del'aumône dont nous venons de parler ; les intérêts civils , l'amende & l'aumône
«none. c»e^ qU'au neu qUe celles-ci ne peuvent quant au paiement , que le Condamné ne
s'ordonner que fur la requête de la Partie peut être élargi des prisons qu'après avoir
publique , en ce qu'elles tendent principa consigné entre les mains du Greffier les som
lement à réparer le scandale public qui est mes adjugées par intérêts civils (2).
résulté du Crime , la Réparation civile ne
peut s'ordonner , au contraire , que íìir les ( 1 ) Pœnis fisealibus creditores pra&ponuntur. L. 17,
conclusions de la Partie privée qu'elle inté Js. de jur. fisci.
resse particulièrement , comme devant l'in-
(2) V. tarticle 29. du tit. 13. de I'Ord. dt
demniser du tort réel que le Crime lui a çausç, 1670.
DES DIFFÉRENTES ESPECES DE PEINES , &é. 87

§. V. Dommages & Intérêts. >

SOMMAIRES.

. Ce qu'ils ont de commun avec la répara- 3. Peuvent s'adjuger a ?Accusé , de même


úon civile. x qtta l* Accusateur.
t. En quoi ils en diffèrent; s'adjugent fans 4« Exception dans les cas du Plus amplement
instruction extraordinaire. informé , ô du Hors de Cour.

I.

tìu'iù' Si Cette Peine a cela de commun ave^ la lorsque celui-ci est déchargé de l'accusation
3e com- réparation civile dont nous venons de par- par le défaut de preuve de la part de l'Ac-
UKiplrl kr , qu'elle emporte également la contrainte cusateur : car il n'est pas toujours nécessaire ,
fion civile, par corps contre celui qui y est condamné , stúvant l'Ordonnance , pour faire condam-
lorsqu'il ne se met pas en devoir d'y satis- ner cet Accusateur à des Dommages &
foire ; & qu'elle emporte aussi la solidité , Intérêts , que l'accusation soit jugée calom-
lorsqu'elle est prononcée contre plusieurs nieuse ; il suffit qu'elle soit mal fondée. II
Accusés , dans le même Procès. y a cependant , comme nous le verrons dans
_ T la seconde partie , en traitant de l'Accuía-
teur , quelques exceptions à cette maxime
a. En quoi Mais elle en diffère d'ailleurs en ces trois générale , qui font fondées íur les Loix &
il* estdffe- points. i°. En ce que la réparation civile la Jurisprudence.
^««sons est toujours , comme nous l'avons dit , pro- Les accusateurs & dénonciateurs qui se trouve-
aritottion noncée accejfoirement à d'autres Peines in- ront mal-fondés , feront condamnés aux dépens >,
J^reT " femantes , & , par conséquent , ne doit ré- dommages & intérêts des accusés , & à plus grande»
guliérement s'ordonner que par un Juge- Peiae ^ * échet~" 0jw' dt l6?° > 3- art. y
ment rendu à la íuíte d'une instruction ex- j y
traordinaire : au lieu que les Dommages
& Intérêts peuvent se prononcer comme Nous venons de dire, qu'il fkut pour que * Excep=
Peine principale par toutes fortes de Juge- rAccusé puisse obtenir des Dommages & ,tion dadn$
mens , soit civils , foit Criminels ; & consé- Intérêts, qu'il soit déchargé de l'accusation : Plu, .m-
quemment pour des délits qui ne seroierif. car s'il étoit seulement renvoyé de l'açcu- p1™»
pas infamans de leur nature. fetion par un hors de Cour y ou à la fuite &duHor\
j j j d'un plus amplement informé , il ne seroit de Cour'
',' point, comme nous l'avons dit, dans le
j. Peai 2°« En ce qu'au lieu que la réparation ci- cas de pouvoir les répéter ; parce qu'il
▼ent s'ad- vile ne peut jamais s'ordonner qu'au profit faut pour cela , que l'Accusation soit ab-
Ì"alrosé* de l' Accusateur , qu'elle a pour objet d'in- somment mal-fondée. Ce qu'on ne peut
«le même demriiser du préjudice qu'il a souffert du dire en ces deux derniers cas , qui suppo-
cuseteurT Crime , les Dommages & Intérêts peuvent sent un commencement de preuve contré
s'ordonner également au profit de VAccusés cet Accusé.

§. VI. Des Frais du Procès Criminel.

SOMMAIRES.

i» Frais qui concernent uniquement la forme z. Frais qui regardent le fond du jugement
de l'instruction. définitif.
X*
\.Fraî, Nous distinguons deux fortes de Frais °,U 9u'eUf s<í notoirement insolvable , à la
"en matière criminelle. Les uns dont la oa* charge du Roi ou des Seigneurs ; mais
damnation doit avoir lieu dans les cas qui J/maislà la charge de 1 Accusé fi ce n est
ment
4 * sont marqués expressément par l'Ordon- ^ans le cas des instructions qui se font pour
Sw nance criminelle , comme sont les Frais, son avantage parucuher ; comme lorsquil
*»■ d'apport des charges , translation des Pri- sagit de prouver ses faits justificatifs, pu
finhiers, Procès- Verbaux , & autres actes ^len Iors(îul1 a °ccasionné ces Frais Par
qui font partie de VInstruction Criminelle ; sa contumace.
lesquels , aux termes de cette Loi , doivent y:°R0- de l67° » art- * Ut. art. 16 & 17. tir.
tomber d'abord à la charge de la partie & ^ ,lt. dela
çivile , s il y en a une ; & s il n y en a pomt , même i0i.
W. LES LOI X CRIMINELLES ; Liv. II. Tit. IV.
I I. principalement ici ; ou plutôt , comme ils
a. Frais L'autre espece de Frais , est de ceux qui font partie des Dépens du Procès criminel ,
qui recar- font prononcés par des Jugemens crimi- & qu'ils font , par conséquent , sujets aux
Fond au
rond du "~«»
nels ȓ tant
— contre *w
les Accusateurs
~-—" " ,? lorsqu'ils
»»»» n" **** mêmes règles que l'Ordonnance a établies ,
Jugement viennent à succomber dans leur accusation , relativement à ces dépens : nous, croyons
de nms. que contre les Accusés, lorsque l'accusation
devoir réserver à en parler dans Tarticle
se trouve au contraire bien fondée. C'est suivant , où il sera traité de cette derniere
de ces derniers dont nous voulons parler espece de Peine.

§. VII. Des Dépens.

SOMMAIRES.

i . Ce qu entend t Ordonnance , en voulant 3. Sont solidaires entre les condamnés par


. que les dépens soient réglés au Criminel 3 un même jugement.
comme au Civil, 4. Cas oìt ils emportent la contrainte par
z. Ne peuvent être prononcés au profit de la corps.
partie publique. Exception. 5. N'admettre aucun privilège a cet égard.'

I.
i. Ce L'ON sçait qu'en général c'est la Peine des plus particulièrement en traitant des De
qu'entend
1 Ordon téméraires litigateurs. Aullì l'Ordonnance voirs de l'Accufateur.
nance , en de 1670 veut-elle qu'on ne mette , à cet
voulant
que les égard , aucune différence entre les Dépens 111 - ' "•
dépens Une autre différence entre les Dépens %• Sont
prononcés en matière criminelle , & ceux
soient ré prononcés en matière criminelle , & ceux èntre u»
glés au qui se prononcent en matière civile , c'est-
Criminel prononcés en matière civile ; c'est que , lors condam-
à-dire , en premier lieu , qu'ils doivent être
comme au que la condamnation est prononcée contre jjfo^i""
Civil. taxés dans la même forme que celle pres
plusieurs Accusés , dans un même Procès gemem.
crite par l'Ordonnance civile (1) ; 20. que
criminel , elle emporte la solidité contre
de même que la condamnation de Dépens
ëux de plein droit, fans qu'il soit besoin
peut , en matière civile , être prononcée
qu'elle soit prononcée , comme en matière
tant contre le Demandeur , que contre le
Défendeur , elle peut aussi l'être en matière
criminelle contre l'Accufateur , comme IV
contre l'Accusé (2) ; 30. qu'enfin lorsque ces Enfin une troisième différence , c'est que 4. Cas oîi
Dépens excédent la somme de 200 livres , les Dépens en matière criminelle peuvent «li empor-
& que le Condamné ne s'est point mis en donner lieu > de plein droit , à la contrainte "^nte"»
devoir de les payer dans les quatre mois par corps, lorsqu'ils font prononcés par corps,
du jour de la signification du Jugement , formé de dommages & intérêts. Ce qu'on
ils emportent également la contrainte par ne peut dire des Dépens en matière civile ;
corps (1). lesquels , comme nous venons de l'obser-i
ver, ne peuvent jamais donner lieu à cette
[1] Voulons que ce quî a été ordonné , pour les
Dépens en Matière civile , soit exécuté en Matière contrainte , que lorsqu'ils montent à la
criminelle. Oso.de 1670 , tit* 25. art. 10.... V. aujft somme de 200 livres & au dessus; & que
le tit. 31. de ÍOrd. de 1667. au sujet de la taxe des le Condamné n'y a pas satisfait dans les
dépens.
quatre mois depuis la signification du Juge
[z] V. l'arr. 7. du tit. 3. de I'Ord. de 1670 , qui
veut que les accusateurs mal- fondés soient condam ment qui lés prononce.
nés aux dépens, dommages & intérêts de l'accusé. V. les art. Z , 10 Sf u. du tit. 34. de COrd de
[3] y. les articles 2 , io & II. du tit. 34. de 1667.
I'Ord. de j66y.de la décharge des contraintes par
V.
corps.
I L L'on voit au surplus , par l'article 9 du ç.Nad-
même titre de cette Loi , que les Dépens jj[[lÏJJ£
2. Ne peur II y a néanmoins ces trois distinctions en matière criminelle font tellement privi- lege à cet
vent être remarquables par rapport aux Dépens en íégiés , que les septuagénaires qui y font é£,rd-
prononcés
au profit matière criminelle. La première , c'est que condamnés , ne peuvent user , à cet égard ,
de la par la condamnation de Dépens ne peut jamais de l'èxemption que cette Loi leur accorde -
tie publi
que. Ex être prononcée contre l'Accusé , lorsqu'il d'ailleurs , relativement à la contrainte par
ception. n'a d'autre Partie que le Ministère public. corps. '
II y a néanmoins des exceptions à cette Les septuagénaires , porte cet article , ne pour
maxime générale , que nous avons déjà ront être emprisonnés pour dettes pécuniaires civi
remarquées , relativement aux frais du Pro les, fi ce n'eli pour Stellionat recélé, & pour dépens
en matière criminelle , & que les condamnations
cès criminel , & que nous verrons encore soient par corps. Ord. de 1667. f/7. "34. art. 9-
Les
LES

LOIX CRIMINELLES

DANS LEUR ORDRE NATUREL.

LIVRE TROISIEME.

DES DIFFÉRENTES ESPECES DE CRIMES,

ET DE LEURS PEINES-

Matière A LA de cette multitude & variété effrayante de Crimes , qui désolent la


fo^eï- terre 3 ®* ^es Pemes <7"e les Loix y ont attachées , nous ne pouvons que
*■* nous écrier avec le Poète :

r ..." '' ' '


Non mihi si línguae centum fint , oraque centum ;
Ferrea vox , omnes scelerum comprehendere formas l
Omnia Pœnarum percurrere nomina poflim Virg. L. 6. v. 615.

Ne devrions-nous pas en effet d'autant plus craindre d'entrer dans une carrière
aussi vafie & auffi délicate , que nous ne trouvons d'ailleurs aucun guide
ajje^ jâr pour pouvoir nous y conduite} En vain chercherions nous fur ce
point des secours particuliers du côté du Droit Romain. Qui ne sçait que
ce Droit , quoique renfermant d' ailleurs , comme nous venons de le voir ,
les Principes les plus sages fur la Nature , & les CaraEleres particuliers du
Crime , ne nous donne fur la Manière de diviser les Crimes , non plus que fur
celle de les punir , que des notions fi peu analogues à la conjlitution de netre
Gouvernement , qu'il ne nous ejl pas possible de nous y conformer ?

Nous avons déjà eu lieu , en traitant de la Division du Crime en général , de


remarquer les changemens particuliers que nous avons cru: devoir apporter
à la Jurisprudence Romaine , relativement aux dijlinélions des Crimes publics
6* privés , ordinaires & extraordinaires , en ce que nous avons des Loix
qai prononcent des Peines publiques & ordinaires pour des Crimes qui font
mis dans ce Droit au nombre des Crimes extraordinaires ou privés. Oejl
donc pour traiter cette Matière dans un ordre plus conforme à nos mœurs ,
& même aux vrais Principes de l'équité naturelle , qu'au lieu de faire
dépendre , comme faifoient les Romains , la Division de nos Crimes de la
M
9o LES L O IX CRIMINELLES , Liv. III.,
Qualité des Loix, & des Peines qui y font attachées , nous ayons cru devoir
les diflinguer en autant de clajses différentes , qu'il y a d'objets princi
paux fur lesquels ces Crimes peuvent tomber. Or , comme toutes les différentes
espèces de Crimes qui fe commettent parmi nous , frappent nécessaire ment fur
l'un ou l'autre de ces quatre différens objets ; fçavoir , ou sur la Religion ,
ou sur l'État , ou sur la Société , ou sur la Police particulière du Royaume ;
nous croyons devoir auffi ranger fous ces quatre Classes principales tous les
différens Crimes qui doiventfaire la matière des Titres de ce Troisième Livte.

Ainsi , dans la première nous comprendrons tous les Crimes qui peuvent fe
commettre contre la Religion , & que nous appelions autrement Crimes de
Lese-Majesté Divine. Dans la seconde , ceux qui fe commettent contre
I'État , ou les Crimes de Lese-Majesté Humaine. Dans la troisième ,
les Crimes qui attaquent feulement la Société , par le préjudice qu'ils causent
à quelqu'un de fes Membres , soit dansfa personne , Joit dans Jon honneur ,
soit dans fes biens ; cV parmi ceux ci nous en dijlinguons de cinq Jones ;
fçavoir , les uns qui frappent principalement fur la Perjònne , comme font
les différentes espèces íí'Homicides. D'autres qui attaquent principalement
l'honneur , comme font les Crimes de Luxure ; d'autres qui frappent égale
ment fur l'honneur 6V fur les biens , comme font les différentes espèces de
Faux. D'autres qui frappent singulièrement Jur les biens , comme font les
différentes espèces de Vol ; d'autres enfin qui frappent tout- a-la-fois fur
la personne , fur l'honneur & Jur les biens , comme font les différentes
espèces ^'Injures. Enfin la quatrième 6* derniere claffe renfermera les simples
Délits de Police , ou contraventions particulières aux Reglemensfaits pour
la Police intérieure du Royaume.

Nous nous arrêterons d'autant plus volontiers à cette derniere division , que nous
la trouvons en quelque forte consacrée , par les Loix les plus respectables ,
Jçavoir , pour les trois premières espèces de Crimes , par le premier Code des Loix
qui ont été données à l'homme pour fa conduite , tant extérieure qu'intérieure ;
je veux parler du Décalogue , ou nous voyons en effet que les divers préceptes
qu'il contient fe rapportent également à tous les différens objets dont nous
venons de parler , & qu'ils s'y trouvent auffi rangés dans le même ordre que
nous venons de les présenter ; c'ejì-à-dire , qu'il commence d'abord par les
Crimes qui fe commettent contre la Divinité ; qu'il passe ensuite à ceux
qui fe commettent contre les Supérieurs que la Providence a préposés pour
nous gouverner , & qu'il termine auffi par le détail des Crimes quife commettent
contre la Société en particulier , tels que V Homicide , la Luxure , le Faux ,
le Vol & les Injures. Enfin à légard des Délits de Police , qui forment
la quatrième claffe, ne peut-on pas dire auffi que nous en trouvons un
modelé particulier dans les infractions aux Réglemens qui concernent la
police extérieure de la Religion , .& qui font connus fous le nom de Comman^
DEMENS DE l'EgLISE ?
DES CRIMES CONTRE LA RELIGION , &c. 91

TITRE PREMIER.

Des Crimes contre la Religion , ou Crimes de Lese~Majeflé Divine.

SOMMAIRES.
r -- ' 1
í. Qu'entend- on par Crimes contre la Re- ce sujet, ù sur quoi sondées.
ligion ? 6. Zele pdrticulier de nos Rois en cette
2. Pourquoi appellés Crimes de Lèse-Ma- matière.
jestè Divine. 7. Protection déclarée de notre jeune Mo-
3. Mis au nombre des Cas Royaux , & des narque.
Crimes pour lesquels le Procès se sait a 8. Droit Canonique a consulter principale'
la mémoire. ment en cette matière.
4. Pourquoi il ny a aucun Titre particulier 9. Divifion de ce Titre conformément k ce
sur ces Crimes dans le Droit Romain. Droit.
5. Conjlitutions des Empereurs Chrétiens k

i. Qu'en O U S appelions Crimes contre la n'inspire , à ceux qui la professent , que des
tend - on Religion , tous ceux qui blessent sentimens de paix & d'union : tellement
par Cri
mes con la sainteté ou la vérité de la Re qu'on ne peut en violer les Loix , fans
tre la Re ligion. troubler , en même temps , Tordre public.
ligion ì Ils se sont emprestës de donner en consé
I L
quence une foule de Loix tendantes à
i.Pour- Nous les appellerons aussi Crimes de maintenir le respect qui lui étoit dû. Ces
JeíLcK Lese-Majesté divine , parce que la Majesté Loix font la matière des premiers Titres du
mes de Le- de Dieu s'y trouve directement offensée. Code Théodosien & de celui de Justinien \
se-Majesté
divine. III. que nous aurons lieu de rappeller dans le
cours du présent titre.
3. Mis au Cette derniere dénomination se trouve
nombre consacrée par nos Ordonnances , & notam V I.
des Cas ment par celle de 1 670 , qui met les Crimes
Royaux , C'est à l'exemple de ces sages Empereurs , 6. Zelo
&des Cri de lesc-Majesté divine dans le nombre des & par les mêmes motifs , que nos Rois Jj"11™]1"
mes pour Cas Royaux ( 1 ) , & qui les comprend aussi mieux instruits encore par leur propre ex- Rois en
lesquels le
Procès se parmi ceux pour lesquels elle veut que le périence , de la nécessité de conserver la cette nu"
fait à la 11 • r • • . . tiere.
Procès soit fait à la mémoire du défunt (z). pureté des pratiques extérieures de cette
mémoire.
(1) V. fart. II. du Tit. I. de tOrd. de 1670. Religion , dont dépendoient principalement
(l) V. fart. I. du tit. 22. de la m/me toi. la prospérité & la sûreté même de leur Mo
narchie , ( tellement qu'elle n'a jamais ,
I V.
comme l'on fçait , souffert de plus violentes
4. Pour II pourroit d'abord paroître étonnant que secousses , que lorsqu'on a tenté de troubler
quoi il n'y nous ne trouvions , dans le Droit Romain , cette pureté par un mélange de culte étran
a aucun
Titre par aucun titre particulier íur les Crimes de ger ) n'ont rien oublié pour la faire fleurir
ticulier Iur Lese-Majeflé divine , comme il y en a fur dans leur Etat , en ne íè contentant pas ,
ces Cri
mes dans ceux de lefe-Majesté humaine ; mais cette comme ces Empereurs Romains , de répri
le Droit surprise cessera bientôt , si l'on fait atten mer , par des Peines , ceux qui osent s'écar
Romain.
tion que les Loix , qui forment ce dernier ter du respect dû à cette Religion, mais
Titre , font antérieures à rétablissement du encore en établissant des Réglemens parti
Christianisine dans cette Nation. culiers pour prévenir ces sortes de Crimes ,
& en empêcher l'impunité. Ces Réglemens
V. se trouvent portés par une foule de Loix
Aussi voit-on que les premiers Empereurs que nous aurons heu de rappeller dans la
5. Cons
titutions Chrétiens , forcés de reconnoître que les fuite, & qui font connues fous les noms
des Em de Capitulaires , Pragmatique - Sanction ,
pereurs maximes de cette sainte Religion , bien-
Chrétiens iom d'avoir rien d'incompatible avec celles Ordonnances , Edits , Déclarations , Let
& fur quoi de l'autorité souveraine , ne tendoient au tres-Patentes & Arrêts du Conseil.
..1
fondées, contraire qu?à mieux assurer l'exercice de V I I.
celle-ci j en ce qu'elle recommande sur-tout Que si ces Monumens aussi éclatans du 7- Protec-
l'obéissance envers les Souverains, & qu'elle zele & de la piété de nos Souverains , & JgSjS
M 2
9* LES LOIX CRIMINELLES, Liv. III. Tit. I.
ire jeune qui leur ont mérité dès les premiers temps, T
Monar- je glorieux titre de Rois trh-Chrétiens , *
& de Vils aînés de V Eglise, n'ont pu encore C'est aussi , d'après, le* dispositions de ce .re
faire cesser enuerement les trôubleá dont Droit , que nous allons réduire tous les diffé- <£ de«
elle a été agitée jusqu'ici } que de nouveaux rens Crimes qui se commettent contre la S^6—-
motifs de consolation , & en mêrrté ternes ReUgion , Cn ces trois classes principales , ment à «
de confiance , cette Mere des Fidèles ne dont la première renfermera les Crimes qui Dr<ÁU

Ion L-nei , comme ìont t nerejie , i sipvjLajic


j j j & le Schisme. La troisième enfin , les Cri
mes qui attaquent la Religion dans les
8 Droît Au reste , en même temps que nous aurons choses & dans les personnes qui font spé-
canonique soin d'appuyer les maximes que nous allons cialement consacrées à Dieu , comme font
terCprhíct établir, de l'autorité des Loixqui regardent toutes les différentes espèces de Sacrilèges
paiement principalement la Police extérieure de la qui se commettent, soit par la profanation
felree"eaf Religion , nous ne croyons pas devoir né- des Sacremens , des vases sacrés , des Egli-
gliger celle des dispositions du Droit Cano- ses , des sépultures , soit par l1'usurpation des
nique , fur une matière comme celle-ci , bénéfices , ou par la simonie & confidence ;
qui intéresse principalement le for intérieur íbit enfin par les outrages commis envers
de la conscience. les Prêtres & les Religieux.

CHAPITRE PREMIER.

Des Crimes qui attaquent la Religion dans fin ejjence , ou du Blasphème ,


de FAthéisme , de la Magie & du Sortilège.

§. I. Du Blasphème.

SOMMAIRES.

1. Pourquoi mis au premier rang des Cri 1 3. Peinesuivant le Droit Romain.


14. Peine suivant les Capitulaires de Chas-'
mes de Lèse- Majejìé divine.
2. Première espece de Blasphème , suivant lemagne.
15. Peine suivant l'Ordonnance de Saint
les Théologiens.
3. Seconde espece de Blasphème. Louis.
16. Exécution de cette Ordonnance , con
4. Troisième espece de Blasphème.
firmée par celles a* Orléans , Moulins s
5. Quatrième espece de Blasphème.
6. Comprend l' Athéisme & la Magie. & Blois.
1 7. Déclaration de 1666 à consulter prin
7. Comment se commet par écrit.
8. Comment se commet par paroles. cipalement en cette matière.
18. Ordonnance de 1727 contre les Soldats
9. Diftinclion du Parjure , & du fimple
Jurement, quant à la peine. Blasphémateurs.
19. Augmentation de la peine en fait de
10. Espece de Blasphème dont il s'agit ici.
1 1 . Peine des Blasphémateurssuivant la Loi Blasphèmes énormes.
20. Arrêt mémorable du Parlement de Pa
de Moyse.
12. Peinesuivant le Droit Canonique. ris a cesujet.

1.
attributs qui lui conviennent , comme en de Bias-
1. Pour Nous mettons ce Crime au premier rang niant son existence , sa providence , sa Phêmt-
quoi mis de ceux de Lèse - Majesté divine , parce
au premier prescience , sa toute-puiíîance , sa bonté ,
rang des qu'il attaque le plus essentiellement la Divi
Crimes de nité. II se commet , suivant les Théologiens, sa justice , & l'unité de son culte.
Lèse -Ma
jesté Divi de plusieurs manières. I I I.
ne. V. entr autres S. Thomas , 2. 2. qutst. 12 , 13 ,
2°. Lorsqu'on attribue à la Divinité ce Secon-
& 24. qui ne lui convient pas , comme en l'accu- <je espece
I I. sant d'injustice , de cruauté , ou de malice , phame.a ~
a. Premiè
re espece f0. Lorsqu'on refuse à la Divinité les
DES CRIMES CONTRE LA RELIGION , &c, ^
en prenant son nom en vain , ou s'en servant feulement à prendre le nom de Dieu en
pour appuyer le mensonge. vain (1) > & dans ce dernier cas il cesse
d'être punissable par la Justice humaine ,
IV. &. il rentre dans la classé de ces Crimes ,
•4. Troi- j» Ou bien lorsqu'on attribue à ía Dí- qui habent Deum ultorem : au lieu que le
parjure est puni , suivant nos Loix , de
'Ice* de" vùnrá ce Q"* ne Peut convenir qu'à la
Peines particulières , notamment de l'exclu-
sphé- créature , comme lorsqu'on déshonore les
me. sion absolue de pouvoir être oui en témoi
membres sacrés du Gorps de J. G, en jurant
gnage , &. de prêter serment en Justice ,
par la tête , ou par quelqu'autre membre
soit dans fa propre cause, soit dans celle
de cet Homme-Dieu.
d'autrui ( * )»
V. le Can. Si quis per capillum , & l'Authenti
( r) Habcmus in Lege Dei scriptum : Non pejera-
que ut non luxuritntur , qui feront rapportés ci-aprcs. bis in nomine meo , nec assumes nomen Dei tui ifl
• V., vanum ; ideò admonendi simt omnes ut diligentcr
caveant perjuriutn non solùm in altari , feu Sanc
torum Reliquiis , sed etiam in communi loquela.
ï. Qua- 4°- -Enfin , lorsqu'on attribue à la créa- Can. 12. Caus. 22. Qu. t.
trieme^es- ture ce qui ne convient qu'à Dieu , comme (2) Et sciant rationan redditurum Deo unusquis-
que vestrûm , ubicumque fit , sive intrà Ecclesiam ;
lîasphê- &i voulant transformer en Divinité les
& qui semel perjuratus fuerit , nec testis fit poil haec ,
choses créées , ou bien en supposant à des nec ad Sacramentum accédât, nec in sua causa , vel
créatures la connoiflance de l'avenir par alterius jurator existât. Capjt. Car. Magh. lib. 1.
l'invocation des Démons & autres pratiques e. 6$.
superstitieuses. X.

V I. Ce n'est donc encore une fois , que lorsque ,0. Éspe«


les juremens font accompagnés d'impréca- d« Bu
€. Com- L'on voit par-là, que ce Crime , pris dans tions contre l'honneur de Dieu , de la Sainte j sV
frtndiA- fa signification générale , comprend tous Vierge & des Saints , qu'ils forment ce g" ici.
la Magie. ceux *lue nous appelions Athéisme , Ido que nous appelions Blasphèmes dans k sens
lâtrie , Magie & Sortilège , dont nous allons le plus ordinaire. C'est aussi principalement
parler dans un moment. contre ceux-ci que s'élèvent les dispositions
de toutes les Loix , tant Civiles que Cano
VII.
niques.
7. Com- II fuit aussi èn même temps , de la Défi- X L
commet6 "iùon °tue nous venons de donner de ce
Suivant l'ancien Testament il y avoit n. peine
par écrit. Crime, qu'il peut se commettre non-seule Peine de mort contre les Blasphémateurs d" Blas-
ment par paroles , mais encore par écrit ,
du saint Nom de Dieu. teurT^sui-
comme en fait de libelles tendans à détruire vantlaLoí
la Religion* Qui blasphemaverit nomen Domini , morte ino- deMoyse.
riatur , lapidibus opprimât eum omnis multitudo.
VIII. LtviT. c. 24 , 164

9. Com- Mais le Blasphème pris dans fa signifi- X I L


tnem se cation Ja plUS ordinaire , & dont il est
Les Canons prononcent l'Excommunica- tî. Peine
car paro- parlé principalement dans les Loix , est celui
tion , tant contre les Laïques que contre suivant le
qui consiste dans des imprécations verba
les Clercs qui tombent dans ce Crime ; &
lement faites , non-feulement contre l'hon-
de plus contre ces derniers la Déposition
neur de Dieu , mais encore contre l'honneur
de leurs Ordres.
de la Sainte Vierge & de tous les Saints
& Saintes du Paradis. Si quis per capillum Dei vel caput juraverit , vel
alio modo blasphemiâ contrà Deum usus fuerit , il
Statuimus ut fi quis contrà Deum , vel aliquem in ecclesiastico ordineest,dcponatur$ si laïcus,ana-
Sanctorum fuorum , 8t maximè beatam Virginem , thematiíàtur. Can. 10,22. Qu. 1. V.ausiìle Can. S.
linguam in blafphemia publicè relaxare praesump- du Concile de LatraN , fous Léon X. Jf. 9. & le
serit, per Episcopum suum pœnx subdatur ìnfirììis Can. 10 du Concile de Bourges tenu en 1528.
adnotatœ. . . Per tcmporalem praîtereà potestatem
conctione ( si neceffe fuerit ) Episcopi diocoesani ad- X I I L
hibitáv. Cap. 2. Extr. de maledicis.
Suivant le Droit Romain , ce Crime étoit jj.Péíné
I X. puni du dernier supplice. Cette Peine íè £!iv?n' le
, ^u, , ,r Drou Re
5). Distinc Le Blasphème de cette derniere espèce trouve portée expressément par la JSovel. main.
tion du est connu autrement sous le nom de Parjure , 77. de l'Empereur Justinien , où l'on voit
Parjure,&
du lìmple lorsqu'il est employé à soutenir le Faux , que ce Prince fonde principalement cette ri
Jurement, comme nous le verrons en traitant dë ce gueur , íur ce que l'expérience faiíbit voir
quant à la que Dieu tiroit vengeance de ce Crime ,
peine. dernier Crime ; & il est connu aussi sous
le nom de simple jurement , lorsqu'il tend même dès ce monde , par les fléaux qu'ií
94 . LES LOIX CRIMIN ELLES , Liv. HI. Tit. I.
attiroit sûr les peuples qui s'en rendoient moins de rigueur , & de la qualité du
coupables ; indépendamment des maux spi Blasphème , & de l'âge du Blasphémateur ;
rituels qu'il causoit , en portant la mort à mais fur-tout du nombre des récidives.
l'ame de ceux qui avoient le malheur de Comme cette Ordonnance a servi princi
se laisser entraîner par le mauvais exemple* palement de modelé à celles qui l'ont suivie ,
nous croyons devoir la rapporter ici.
Et quoniam ad ha?c quae dixímus & blasohema
verba & sacramenta de Deo jurant , Deum ad ira-
cundiam provocantes , istis injungimus abstinere ab Ordonnance de S. Louis , de 1164, contre
hujusinodi & aliis blasphemis verbis , & non ju- les Blasphémateurs.
rare percapillos &caput, & his proximis verba •■, si
enim contrà homines factx blasphemiae impúnitx
non relinquuntur , multò magis qui ipsum Deum II fera crié par les Villes , par les Foires , par les
blasphémant , digni sunt supplicia sustincre. Prop- Marchés , chacun mois une fois au moins , que nul
tereà omnibus hominibus hujusmodi praecipimus à ne soit si hardi que il jure par aucun des membres
prxdictis delictis abstinere , & Oei timorem in corde de Dieu , ne de Notre-Dame , ne des Saints, ne que
accipere , 8c sequi eos qui benè vivunt. Propter ta- il faste chose , ne que il dise vilaine parole , ne par
lia enim delicta & famés , & ttrrae motus , & pejli- manière de jurer , ne en autre manière qui tourne à
hntìce fiunt : & proptereà admonemus abstinere ab dépit de Dieu , ne de Notre-Dame , ne des Saints ;
hujusmodi prxdictis illicitis , ut non suas perdant & se il fait ou dit , l'on en prendra vengeance telle
animas. Sin autem , & post nostram admonitionem comme il est établi ; & cil qui l'orra ou sçaura est
inveniautur aliqui in talibus permanentes delictis , tenu de le faire sçavoir à la Justice , ou il en sera à la
primùtn quidem indignos semetipsos faciunt Dei merci au Seigneur , qui en pourra lever l'amende
miiericordiâ : post hxc autem & Legíbus constitutis telle comme il verra que bien sera... Se aucune per
subjiciuntur tormentis. Praecipimus enim glorioíif sonne de l'âge de quatorze ans ou de plus , fait cho
íìmo Prxfecto regix civitatis , permanentes in prx se , ou dit parole en jurant ou autrement qui tourne
dictis illicitis & impiis actibus , post hanc admoni en dépit de Dieu , oude Notre-Dame , ou des Saints,
tionem nostram , comprehendere & ultimis subdere & qui fût si horrible qu'elle fût vilaine à réciter , il
suppliciis. Avthent. ut non luxurientur. Nov. 77. paiera quarante livres au moins 5 mès que ce ne soit
Cap. 1 & i. mie moins de vingt livres , selon l'état ou la condi
tion de l'homme ou de la personne ; & se il étoit si
xiv. - ' ; ; pauvre que il ne pût payer la peine ci-dessus dite , ne
un autre qui pour lui voulût la payer , il sera mis en
féchiéle l'errevue d'une lieue en leu de notre Justice ,
14. Peine A l'égard des Loix du Royaume , nous où les gens ont accoutumé à assembler , & puis sera
suivant les ne f{n[rions point , si nous voulions rappor- mis à la prison par six jours , ou par huit , au pain &C
à l'eau... S'il advenoit qu'aucun d'icelui aage , fît ou
res de ter toutes celles qui ont été rendues au dît chose qui tournât à dépit ou de Notre-Dame ou
Charlenu- fùjet de ce Crime. On voit d'abord dans des Saints qui fût moult horrible , toutefois ne fût-
gne. elle pas si horrible, comme elle est dite pas dessus ,
les Capitulaires de Charlemagne , une Or
il paiera dix livres au moins , mès que ce ne soit mie
donnance qui condamne indistinctement
de vingt sols , selon la manière du vilain fait ou de
tous les blasphémateurs à la Peine capitale , la vilaine parole , & l'état & la condition de la per
conformément à la disposition de la Loi sonne , & à ce sera contraint 5 & se il étoit si pauvre
Romaine ; & qui , de plus , asiujettit à la qu'il ne pût payer la peine ci-dessus dite , ne n'eût
autre qui pour lui la voulût payer , il sera mis en l'é-
même Peine , ceux qui ayant connoissance
chiéle l'errevue d'une lieue en leu de notre Justice,
de ce Crime , ne viennent point le révéler. où les gens ont accoutumé assembler en la manière
qu'il est dessus dit ; & puis sera mis cn la prison trois
Si quis quolibet modo blasphemiam in Deum jac- jours au pain & à l'eau... Et se aucun fa i soit chose,
taverit,à Praefectourbisultimosuppliciosubjiciatur. ou disoit parole , ne fût-elle pas encore si laide & si
Qui verò talem cognoscens non manifestaverit , si- vilaine , mais toutefois tournât à dépit de Dieu ou
militer coè'rceatur. Addit. 3. in Capit. Coll. 1 171. de Notre-Dame, ou des Saints , il paiera onze sols
ou moins , mès que ce ne soit moins de cinq sols ,
selon la manière du fait ou de la vilaine parole , &
X V. l'état ou la condition de la personne ; & se il étoit
si pauvre qu'il ne sçût payer la peine des deniers des
sus dits , ne n'eût autre qui pour lui la voulût payer ,
15. Peine Cependant, comme l'expérience a fait il sera mis en la prison un jour & une nuit au pain
suivant voir que ce Crime étoit le plus souvent & à l'eau... Et se celle personne qui aura ainsi mé
lOrdon- , , . r _ fait ou médit est de l'âge de dix ans ou de plus jus
nance de accompagne de certaines circonstances qui qu'à quatorze ans , il sera battu par la Justice du lieu
S. Louis, pouvoient tendre à en diminuer l'énormité ; tout nud à verges en appert , ou plus ou moins, se
on a cru devoir aussi établir différens de lon la grièveté du fait ou de la parole , c'est à sça
voir l'homme par hommes , & la femme par seules
grés de Peine à ce sujet. C'est ce que nous femmes , fans présence d'hommes \ se ainsi n'étoit
voyons entr'autres, par une Ordonnance de qu'aucun rachetât maintenant , en payant convena
Saint Louis , où ce grand Prince , qu'on ble somme de deniers , selon la forme dessus dite.
sçait d'ailleurs avoir eu le plus à cœur
d'extirper ce Crime de son Royaume , ne
XVI.
s'est pas contenté de convertir en des Peines
corporelles , la Peine capitale portée par
les Capitulaires; mais il a encore voulu Nous avons dit que les dispositions de l6 Eaí.
mettre une distinction entre ces Peines cette Loi avoient servi de base à celles des cution de
corporelles , 6c faire dépendre leur plus ou Ordonnances & Déclarations qui ont été d"nna^
DES CRIMES CONTRE LA RELIGION , &c. 95
confirmée rendues depuis ce temps-là fur la même dont ils ont connoiíîànce , pour les avoir
^Orléans matiere- Nous voyons en effet que son ouis , la même Loi veut que s'ils négligent
Moulins ' exécution a été ordonnée nommément par de le faire dans les vingt-quatre heures ,
& Blois. l'article XXIII de l'Ordonnance d'Orléans,
ils soient punis d'une amende de 300 livres^
renouvellée ensuite par l'article LXXXVI & de plus grandes Peines s'il y échet.
de celle de Moulins , & par l'aft. XXXV
de celle de Blois.

-LOUIS , parla grâce de Dieu , &c. Sa lut. Con-


Commandons très - expressément à tous nos Ju sidérant qu'il n'y a rien qui puisse davantage attirer
ges garder & observer contre les Blasphémateurs la bénédiction du ciel fur notre personne &c sur no
du Nom de Dieu , & autres usant de blasphèmes tre Etat , que de garder & faire garder les Comman-
exécrables, les Ordonnances du feu Roi Saint Louis demens de Dieu inviolablement , & punir avec sé
£c autres Rois nos prédécesseurs. Ord. d' Orléans , vérité ceux qui s'emportent à cet excès de mépris
art. z 3. . . . Défendons & inhibons très-étroite- que de blasphémer , jurer & détester son saint Nom ,
ment à tous nos sujets tous blasphèmes & jure- Nous aurions , lors de notre entrée à notre majori
mens du nom de Dieu & autres exécrables , & té , & à l'imitation des Rois nos prédécesseurs , fait
voulons que lesdits Jureurs & Blasphémateurs soient expédier une Déclaration le 7 Septembre 165 r , en
punis extraordinairement non- feulement de mulc- registrée en nos Cours de Parlement , portant défen
tes pécuniaires , mais de punition corporelle , s'il ses , fous de sévères peines, de blasphémer, jurer,
y échet, dont nous chargeons l'honncur St con détester la divine Majesté , & de proférer aucune
science de nos Juges. Ord. de Mounxs. art. parole contre l'honneur de la tres-sainte Vierge sa
%6... Enjoignons très-étroitement à tous nos Juges , Mere , & des Saints ; mais ayant appris avec déplaisir
fous peine de privation de leurs états, de procéder qu'an mépris de nos défenses, au scandale de l'Eglise,
par exemplaire punition contre les Blasphémateurs & à la ruine du salut d'aucun de nos sujets , ce Crime
du Nom de Dieu & des Saints , & faire garder & en règne presque par tous les endroits des Provinces
tretenir les Ordonnances faites , tant par Nous que
de notre Royaume , ce qui procède particulièrement
par les Rois nos prédécesseurs , fans dispense des pei de Timpiinité de ceux qui le commettent ; Nous nous
nes contenues en icelles , pour quelqu'occasion qui estimerions indignes du titre que nous portons de
puisse être prise ou alléguée. Ord. de Blois. art. 35 Roi très-Chrétien , si nous n'apportions tous les foins
possibles pour réprimer un Crime si détestable, & qui
offense & attaque directement & au premier chef ,
XVII. la divine Majesté. A CES CAUSES , fçavoir faisons ,
qu'après avoir fait mettre cette affaire en délibéra
17. Dé Mais la Loi à laquelle nous devons nous tion en notre Conseil , de l'avis d'icelui , & de notre
claration arrêter principalement ici , parce qu'elle a puissance & autorité royale , Nous avons , en confir
de 1666 à mant & autorisant les Ordonnances des Rois nos pré
consulter, fixé le dernier état de notre Jurisprudence décesseurs , même notredite Déclaration dudit jour 7
principa íùr cette matiere : c'est la célèbre Déclara Septembre 1651 , défendu & défendons très-expres
lement en sément à tous nos sujets , de quelle qualité & condi
cette ma tion de Louis XIV du mois de Juillet tion qu'ils soient , de blasphémer , jurer & détester
tiere. 1 666 , où ce religieux Prince , après avoir le saint Nom de Dieu , ni proférer aucunes paroles
confirmé les Ordonnances des Rois ses contre fhonneur de la tris-sainte Vierge ,sa Mere , fi»
prédécesseurs , & particulièrement une pre des Saints : Voulons que ceux qui y contreviendront ,
soient condamnés , pour la première fois en une
mière Déclaration qu'il avoit donnée à ce
amende pécuniaire , selon leurs biens , grandeur &
sujet le 7 Septembre 1651 , a enfin déter énormité du serment & blasphème ; les deux tiers
miné de la manière la plus précise , la de l'amende applicables aux Hôpitaux des lieux, &
qualité , Tordre , & la manière dont doivent où il n'y en aura , à l'Eglise , 8c l'autre tiers au
dénonciatur ; & si ceux qui ont été ainsi punis re
être infligées les Peines contre les cou tombent à faire lesdits scrmens , seront pour la se
pables de ce Crime , &..contre ceux mêmes conde , tierce & quatrième fois , condamnés en
qui , en ayant connoissance , négligeroient amende double , triple , & quadruple , & pour la cin
de venir les révéler à la Justice. II veut quième fois seront mis au carcan , aux jours de Fê
tes & Dimanches ou autres , & y demeureront de
d'abord , que tous ceux qui font convaincus puis huit heures du matin , jusqu'à une heure après
d'avoir blasphémé le nom de Dieu , ou midi , sujets à toutes injures & opprobres , & en ou
d'avoir proféré quelques paroles contre tre, condamnés en une grosse amende ; pour la sixiè
me fois seront conduits & menés au Pilori , & là
l'honneur de la Sainte Vierge & des Saints ,
auront la lèvre de dessus percée dtun fer chaud •■, &
soient condamnés pour la première fois à la septième fois seront menés au Pilori , & auront la
une amende pécuniaire , laquelle doit être lèvre de dessous coupée; & si par obstination & mau
lùcceífivement redoublée à chaque récidive , vaise coutume invétérée, ils continuent, après tou
tes ces peines , à proférer lesdits juremens & blas
jusqu'à la quatrième fois inclusivement ; 8c phèmes ; voulons & ordonnons qu'ils aient la lan~
pour la cinquième fois au carcan , outre gut coupée tout juste , afin qu'à l'avenir ils ne puis
l'amende ; pour la sixième fois à être conduits sent plus les proférer : & en cas que ceux qui se
au pilori , pour y avoir la lèvre de deflùs trouveront convaincus n'aient pas de quoi payer les-
dites amendes , ils tiendront prison pendant un mois
percée d'un fer chaud ; & enfin à avoir la au pain & à l'eau , ou plus long-temps ; ainsi que
langue entièrement coupée , si depuis ce les Juges le trouveront plus à propos, selon la qua
temps-là ils continuent à proférer des blas lité & énormité desdits blasphèmes •■, sera fait regis
phèmes & juremens. A l'égard de ceux qui tre particulier de ceux qui auront été pris & con
damnés : voulons que tous ceux qui auront ouï les
ne viennent point révéler les blasphèmes. dits. blasphèmes , aient à les. révéler dans 24 heures
96 LES LOTX CRIMIN ELLES , Liv. III. Tit. I.
en suivant , à peine de 300 livres parisis d'amen la rusticité , de la coutume des lieux , &
de , & plus grande , s'il y échet. Déclarons que nous fur-tout lorsqu'ils font suivis d'une prompte
n'entendons comprendre les énormes blasphèmes , qui rétractation , ou des marques d'un sincère
selon la Théologie , appartiennent au genre a*infi
repentir. Nous avons , par rapport aux blas
délité , & dérogent à la bonté & grandeur de Dieu
& ses attributs \ voulons que lesdits Crimes soient pu phêmes de la première efpece , un Monu
nis de plus grandes peines que celles que dessus , à l ar ment mémorable de Jurisprudence , qui fait
bitrage des Juges , selon leur énormité. Si donnons... trop d'honneur au zele & à la piété des
Decl. du Koi , du 30 Juillet 1666 , regist. le 6
Magistrats dont il est émané , pour que nous
Septembre suivant.
ne le rapportions pas ici , comme le meil
leur modelé que nous puissions proposer
XVIII.
aux Juges en cette matière. C'est l'Arrêt
i8 Qr_ Mais comme, malgré les sages précautions que le Parlement de Paris a rendu en der
donnánce prises par cette Loi , ce Crime n'avoit pas nier lieu contre de jeunes gens d'Abbe-
de '7*7 » laissé que de se perpétuer dans les Troupes , ville , & notamment contre le sieur de la.
contre
Soldats les c , est
„ pour
* a i progrès n que 1n on a Barre , accusé principalement de cette es
en arrêter le
Biasphé- cru devoir augmenter la rigueur des Peines , pèce de Crime.
mateurs. par une nouvelle ut-. r
Loi intervenue lous 1
le
dernier règne ; on veut parler de l'Ordon- Vv parla Cour, la Grand'Chambre assemblée , le
nance du mois de Juillet 1727, qui veut Procès criminel fait par le Lieutenant-Criminel de
la Sénéchaussée de Ponthieu à Abbeville , à la Re
que les Soldats blasphémateurs soient punis , quête du Substitut du Procureur-Général du Roiaud.
pour la première fois , de la langue percée. Siège , demandeur & Accusateur contre Jean-Fran
çois le Febvre , Chevalier , Sieur de la Barre , &
Charles-François-Marcel Moifnel , défendeurs &
Défend Sa Majesté , en conformité de l'Ordon- Accusés , Prisonniers ès prisons de la Conciergerie
nance du 20 Mai 1(586, à tous Cavaliers , Dragons du Palais à Paris ; & encore contre Gaillard Desta-
& Soldats de jurer & blasphémer le saint Nom de
londe , Jean-François d'Ouville de Maillefer , &
Dieu , de la sainte Vierge ni des Saints , fous peine
Pierre- François de Maifniel de Saveufe , aussi dé
à ceux qui tomberont dans ce Crime , d'avoir la
fendeurs & Accusés , abfens & contumax ; lesdits
langue percée d'un fer chaud : voulant Sa Majesté
Jean- François le Febvre , Chevalier de la Barre ,
que les Officiers dela troupe dont ils feront , soient
& Charles-François-Marcel Moifnel , Appellans de
tenus , auífi-tôt qu'ils en auront connoissance , de les la Sentence contr'eux rendue fur ledit Procès , le
remettre au Prévôt étant à la fuite d'icelle , ou au z8 Février 1766, par laquelle la contumace auroit
Major du Régiment , pour leur faire subir la peine été déclarée valablement instruite contre Gaillard
susdite. l'Estalonde , Accusé & contumax ; & en adjugeant
le profit d'icelle , il auroit été déclaré duemsnt at
XIX. teint & convaincu d'avoir , par impiété , & de pro
pos délibéré, passé le Jour de la Fête-Dieu der
Au surplus , les Peines dont on vient de niere , à vingt-cinq pas du Saint-Sacrement que l'on
portoit à la Procession des Religieux de f.iiu t Pierre de
19: Ang- parler , n'ont pour objet que les simples lad. Ville ,sans ôterson chapeau, qu'il avoit fur la tê
de'aPeíne blasphèmes ^ consistent en des juremens te, &sans se mettre à genoux \ d'avoir voulu acheter
en fait de & imprécations , & non point ces blaf- au sieur Beau varie t un Crucifix àz plâtre qui étoit dans
fa chambre , & d'avoir dit que c'étoit pour le briser
me,spéhê" phémes énormes , qui , pour se servir des
& fouler aux pieds ; d'avoir proféré les blasphèmes
mes, r" termes de la Déclaration de 1 666 , appar
énormes & exécrables contre Dieu , mentionnés au
tiennent au genre dinfidélité , tels que ceux Procès j d'avoir chanté publiquement & différen
qui dérogent a la bonté ô à la grandeur tes fois deux chansons impies &c remplies de blas
phèmes les plus énormes, les plus abominables & exé
de Dieu, lesquels, íùivant cette même Loi , crables contre Dieu , la sainte Eucharistie , ta sainte
doivent être punis de plus grandes peines , Vierge , les Saints & Saintes mentionnés au Pro
selon leur énormités ô h l'arbitrage des cès ; d'avoir enfin , un des jours de l'été dernier ,
donné des coups de canne au Crucifix qui étoit alors
Juges, placé fur le Pont-neuf de ladite Ville: pour répara
tion de quoi , condamné à faire Amende honorable
X X.
devant le Crucifix placé fur ledit pont , & devant
la principale porte de TEglife Royale & Collégiale
C'est ausfi en vertu de la faculté qui leur de saint Vulfranc , de ladite Ville , où il feroit mené
20. Arrêt est laissée par cette derniere disposition , & conduit par l'Exécuteur de la Haute-Justice , dans
bîedu Par ^ue ^es Cours *°nt ^ans l'usage d'augmenter un tombereau j & là , étant à genoux , nue tête 8c
nuds pieds, ayant la corde au col, écriteaux devant 8e
lemem de ou de modérer la rigueur des Peines , fui- derrière , portant ces mots : Impie , Blasphémateur
Paris à ce vant les dissérens degrés d'énormité de ce & Sacrilège exécrable & abominable , tenant en ses
U) '* Crime , suivant la qualité du coupable , & mains une torche de cire jaune ardente , du poids de
deux livres , dire 8c déclarer à haute 8c intelligible
le nombre de ses récidives. On veut dire voix, que méchamment 8c par impiété il a passé de
qu'elles distinguent , à cet égard , les blas vant le Saint-Sacrement fans ôter Ion chapeau Sc fans
phèmes commis contre la Divinité même , se mettre à genoux ; a proféré les blasphèmes con
de ceux commis contre les Saints ; les blas tre Dieu , mentionnés au Procès ; a chanté les chan
sons remplies de blasphèmes exécrables 8c abomi
phèmes commis par l'effet d'une malice ré nables contre Dieu, la sainte Eucharistie , la sainte
fléchie , & d'un eíprit d'irréligion , de ceux Vierge , les Saints & Saintes mentionnés au Pro
qui font commis par l'effet de l'ivresse , de cès ; ik a donné des coups de canne fur le Crucifix
qui
DES CRIMES CONTRE LA RELIGION , &c. 97
qui étoit place sur le Pont-neuf de ladite Ville ; chanté les deux chansons remplies de blasphèmes
dont il se repent , demande pardon à Dieu , au Roi exécrables & abominables contre Dieu , la sainte
& à Justice; & audit dernier lieu , avoir la langue Eucharistie , la Sainte Vierge & les Saints & Sain
coupée & le poing coupé suruu poteau qui sera plan tes , mentionnés au Procès , & à rendre des marques
té devant ladite porte de ladite Église : ce fait , con de refptcl fi- a"adoration à des livres infâmes , &
duit, daus ledit tombereau , dans la place publique profané le signe de la Croix , le mystère de la con
& principal marché de ladite Ville , pour y être at sécration du vin , & les bénédictions en usage dans
taché , avec une chaîne de fer , à un poteau qui y l'Eglise fi* ehe[ les Chrétiens ; dont il se repent 9
fera, à oet effet , planté ; & brûlé vif, son corps en demande pardon a Dieu , au Roi & a Justice j
réduit en cendres , & icelles jettées nu vent ; tous ics Sc audit lieu avoir la langue coupée ; ce fait , con
biens acquis & confisqués au profit du Roi , ou à duit daus ledit tombereau , daus la Place publi
qui il appartiendra , fur iceux préalablement pris la que Sc principal Marche de ladite Ville , pour, fur
somme de zos livres d'amende envers ledit Seigneur un échafaud qui y seroit à cet esset dressé , avoir la
Roi , au cas que confiscation n'eût lieu à son profit ; tête tranchée , & être son corps mort & fa tête jettés
& seroit ladite Sentence, en ce qui regardoit ledit au fiu dans un bûcher ardent , pour y être réduits
Gaillard d'Estalonde , Accusé , contumax, par effigie en cendres , & les cendres jettées au vent ; Sc avant
en un tableau qui seroit attaché , par l'Exécuteur l'exécution , seroit ledit Le Febvre de la Barre , ap->
de la Haute-Justice , à un poteau qui seroit , à cet pliqué à la Question ordinaire & extraordinaire ,
effet , ptanté sur hsdite place ; en ce qui touchoit pour avoir , par sa bouche , la vérité d'aucuns faits
Jean-François Le Febvre , Chevalier de ta Barre , résultans du Procès, & la révélation de ses Compli
il auroit été déclaré duement atteint & convaincu ces ; tous fes biens acquis Sc confisqués au Roi ou
d'avoir , par impiété, & de propos délibéré, passé à qui il appartiendra, fur iceux préalablement pris
le jour de la Fête-Dieu derniere , à vingt-cinq pas la somme de 200 livres d'amende envers ledit Sei
du Saint Sacrement, que l'on portoit à la Proces gneur Roi , au cas que confiscation 11 'eût lieu à son
sion des Religieux de Saint-Pierre , de ladite Ville , profit; auroit été sursis à faire droit fur les accu
fans avoir ôté son chapeau qu'il avoit fur la tête , sations intentées contre Charles-François-Marcel
& fans se mettre à genoux; d'avoir proféré les blas Moisnel ;8c avant d'adjuger le profit de la contu
phèmes énormes & exécrables contre Dieu, la sainte mace contre Pierre-François Moisnel de Saveuse ,
Eucharistie, la Sainte Vierge, la Religion Scies Com- Accusé, contumax, il auroit pareillement été sur
mandcmens de Dieu Sc de l'Eglise , mentionnés au sis à faire droit fur les accusations contr'eux inten
Procès; d'avoir chanté les deux chansons impies & tées jusqu'après l'enticre exécution de lad. Sentence
remplies de blasphèmes les plus énorme* , les plus contre ledit Le Febvre de la Barre, St ordonné que
exécrables 8c abominables contre Dieu , la sainte le Réquisitoire du Substitut du Procureur-Général
Eucharistie, laSaiiite Vierge, les Saints Sc les Sain du Roi audit Siège , du 7 Octobre dernier , Sc le
tes mentionnés au procès ; d'avoir rendu des mar Procès-verbal de saisie des livres , faite à la cham
ques de respect & d'adoration aux livres infâmes Sc bre dudit Le Febvre de la Barre , eu conséquence
impurs qui étoient placés fur une planche dans fa de l'Ordonnance , étant au bas dudit Réquisitoire ,
chambre , en faisant des génuflexions en passant de demeureroient joints au Procès ; ce faisant , que le
vant , Sc disant qu'on devoit faire des génuflexions Dictionnaire Philosophique portatifs faisant partie
lorsque l'on passoit devant le Tabernacle ; d'avoir desdits livres qui ont été déposés au Greffe de la
profané le signa de la Croix , en faisant ce signe , en dite Sénéchaussée , seroit jetté par l'Exécuteur dela
íe mettant àjjenoux , Sc prononçant les termes im Haute-Justice dans le même bûcher où seroit jetté
purs mentiorínés au Procès; d'avoir profané le mys le corps dudit Le Febvre de la Barre , & en même-
tère de la consécration du vin , l'ayant tourné en dé tems : Ouis St interrogés en la Cour , lefdits Jean-
rision , en prononçant à voix à demi-basse , Sc à dif François de la Barre St Charles-François Moisnel ,
férentes reprises , dessus un verre de vin qu'il tenoit sur leursdites causes d'appel à eux imposées , St faits
à la main , les termes impurs mentionnés au Pro résultans du Procès ; oui le rapport de M. Claude
cès , & bu ensuite le vin ; d'avoir profané les béné Pellot, Conseiller , tout considéré :
dictions en usage dans l'Eglise chez les Chrétiens ,
en faisant des Croix & des bénédictions avec la La COUR, la Grand'Chambre assemblée, dit qu'il
main fur différentes choses , en prononçant les ter a été bien jugé par le Lieutenant-Criminel d'Ab
mes impurs mentionnés au Procès;d'avoir enfin pro beville , mal & sans grief appelle par ledit Le Feb
posé au nommé Pcignot,qui servoit la Messe, & étant vre de la Barre , St l'amendera ; ordonne en consé
auprès de lui , au bas de l'autel, de bénir les burettes quence , que le Dictionnaire Philosophique portatif,
en prononçant les paroles impures mentionnées au qui a été apporté au Greffe Criminel de la Cour ,
Procès ; pour réparation de quoi , condamné à faire sera avec les autres livres rapporté au Greffe Cri
Amende honorable devant la principale porte de l'E minel de ladite Sénéchaussée d'Abbeville. Faisant
glise Royale & Collégiale de Saint Vulfranc del'ad. droit sur l'appel interjetté par ledit Charles-Fran-
ville d'Abbeville , où il seroit mené & conduit , par çois-Marcel Moisnel de la même Sentence, a mis
l'Exécuteur de la Haute-Justice, dans un tombereau; & met tappèllation au néant , ordonne que ladite
& là , étant à genoux , nue tête Sc uuds pieds , Sentence sortira son plein & entier effet ; á l'égard
ayant la corde au cou , écriteaux devant Sc der dudit Charles-François Moisnel , le condamne à
rière , portant ces mots : Impie , Blasphémateur & l'amende ordinaire. Ordonne pareillement que le
Sacrilège exécrable 6* abominable , Sc tenant en présent Arrêt sera imprimé , publié & affiché par
ses mains une torche de cire jaune , ardente , du tout où sera besoin , notamment en la ville d'Ab
poids de deux livres , dire & déclarer à haute Sc beville : St pour faire mettre le présent Arrêt à
intelligible voix , que méchamment & par impiété exécution , renvoie lefdits Jean-François Le Febvre
il a passé de propos délibéré devant le Saint Sacre & Charles-François-Marcel Moisnel , Prisonniers
ment fans ôter son chapeau & sans se mettre à ge pardevant ledit Lieutenant-Criminel de la Séné
noux , fi» proféré les blasphèmes contre Dieu , la chaussée de Ponthieu à Abbeville. Fait en Parle
Sainte Vierge , la Religion & les Commandemens ment , la Grand'Chambre assemblée , le 4 Juin
dt Dieu & de fEglise , mentionnés au Procès , & 1766.

N
98 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. III. Tit. I.

§. II. De F Athéisme , du Déisme , Théisme , Polithéisme , & Tolér autisme .

SOMMAIRES.

1. Ce qu'on entend par Athée , Déifie , 7. Quid , des Livres contenant leur damna-
Théifie Polithéifie & Tolérantifie. ble Doctrine.
2. Mis au nombre des Blasphémateurs. 8. Dispositions des Loix Romaines a de
3. Plus dangereux encore par leurs Ecrits. sujet. .. r.
Nouvelle Loi a cesujet. 9. Difiinclion quant a la peine de ceux qui
4. Pourquoi punissables par des peines exté cherchent a répandre cette Doctrine t €t
rieures. de ceux qui s'en laijsent persuader.
5. Comment qualifiés par les Censures du 10. Ouvrage de l'Auteur contre les pre*
miers. ■ ■■■ ■■*• « •
Clergé.
6- Comment punis par les Parlemens. 1 1 . Autres Ouvrages contre le Tolérantisme.

I.
i.Cequ'on L'ON appelle Athée , celui qui ne croit pas productions , dont l'impunité n'avoit fait
At^e ,par l'existence d'un Dieu; Déifie, celui qui re- jusqu'alors que favoriser les progrès , qu'a
Déiste , connoît qu'un Dieu existe , mais qui ne croit été rendu en 1757 une derniere Loi , par
Polithéifie Pas qu'il & mêle des affaires de ce monde , laquelle , au lieu de s'en rapporter à l'ar-
& Tolé- ni qu'il exige aucun culte. Le Théifie est bitrage des Juges íur ce point , comme
rantiste. ce\u\ qUi croit l'existence d'un Dieu ven avoit fait la Déclaration de 1 666 , le reli
geur & rémunérateur , mais qui ne veut gieux Prince a cru devoir faire revivre les
connoître que la Loi naturelle , & n'admet anciennes Loix , qui portent expressément
aucune Religion révélée. Le Polithéifie est la peine de Mort contre les Auteurs de cés
ainsi appellé , parce qu'il admet plusieurs sortes de Libelles. Comme une Loi si sage
Dieux comme font les Idolâtres. Enfin , le ne sçauroit être trop connue , nous croyons
Tolérantifie est celui qui admet indifférem devoir la rapporter ici en entier , d'autant
ment toutes sortes de Religions. plus qu'elle contient des défenses générales
à toutes personnes 3 de quelque état & con-
I I. dition qu'elles soient , de composer , ni faire
composer , imprimer , & distribuer aucuns
a. Mis au Quoique ces différentes sectes íbient dis
Ecrits tendans à attaquer la Religion &
d-s^Lias tmSu^eS entre eUes Par l'objet de leur VAutorité Royale. Nous verrons au surplus ,
piiéma- croyance , elles s'accordent néanmoins tou- en traitant des Délits de Police , les autres
Kuts' tes fur ce point , que ceux qui les profes
Réglemens faits pour la Librairie & l'Im-
sent , sont autant de Blasphémateurs , qui ,
primerie en cette matière.
par conséquent , doivent être sujets aux
Peines portées contre les coupables de ce
Grime par les Loix du Royaume , & no J—i OUIS, par la grâce de Diea , Roi de France & de
tamment par cette derniere disposition de Navarre, à tous ceux qui ces présentesLettres verront,
la Déclaration du 30 Juillet 1666 , rappor Salut. L'attention continuelle que nous devons ap
porter à maintenir Tordre & la tranquillité publique,
tée précédemment , où le Législateur veut ÔC à réprimer tout ce qui peut la troubler, ne Nous
que les Blasphèmes qui appartiennent au permet pas de souffrir la licence effrénée des Ecrits
genre d'infidélité , soient punis de Peines qui se répandent dans notre Royaume , & qui ten
dent á attaquer la Religion, à émouvoir les esprits,
plus sortes que les autres } selon leur énormi & à donner atteinte à notre autorité. Les Rois, nos
té y ô h [arbitrage des Juges. prédécesseurs , ont opposé, en différens temps , la
sévérité des Loix à un pareil mal j ils ont même
I I I. été jusqu'à la peine de mort, pour contenir, par la
crainte la plus propre à en imposer , ceux qui se-
3. Plus En effet , comme ces sortes de Blaíphê- roient capables de se porter à des excès si dange
enefrepar mes ne ^e bornent pas seulement à des im- reux y animés du même esprit , Nous croyons de
voir reneuveller cette peine contre tous ceux qui
kurs é- précations , ou à des déclamations verbales auroient eu part à la composition , à l'impressioa
veHeLoià contre notre sainte Religion , tels que ceux & à la distribution de ces Ecrits ; celle des Galè
ce sujet, dont nous avons parlé fous le Paragraphe res contre tous ceux qui auroient eu part à la com
position , impression & distribution de tous autres
précédent \ mais qu'ils se manifestent en
Ecrits, de quelque nature qu'ils soient, sans avoir
core le plus souvent d'une manière beau observé les formalités prescrites par nos Ordonnan
coup plus dangereuse en ce qu'elle est plus ces , & des amendes considérables contre les pro
durable ; fçavoir , par les Ecrits impies que priétaires & les principaux locataires des maisons
où l'on trouveroit des Imprimeries privées & clan
ces sortes de Sectaires affectent de répandre
destines qu'ils n'auroient pas dénoncées à la Jus
dans le Public ; c'est aussi , comme l'on tice. A CES CAUSES, de l'avis de notre Conseil &
fçait , pour arrêter le cours de ces infâmes de notre certaine science , pleine puiisauce 8c auto
DÉS CRIMËS CONTRE LA RELIGION , &c. 99
thé rtoyale , Nous avons , par ces Présentes, signées
de notre main , dit, déclaré & ordonné , disons ,
déclarons & ordonnons , voulons & nous plaît ce
qui soit Art. I. Tous ceux qui seront convain C'est ainíí qu'on les voit qualifiés entr'au- 5. Conv
cus d'avoir composé , fait composer & imprimer tres , dans une Censure faite par l'Assemblée jj?!" T**
des Ecrits tendans à attaquer la Religion y à émou
voir les esprits , à donner atteinte à notre autorité , du Clergé tenue en 1765 , par laquelle elle les ceníii-
& à troubler Tordre & la tranquillité de nos Etats , condamne ( ce font les termes ) tous les £s ^u
feront punis de mort...... Art. II. Tous ceux qui Ouvrages faits dans ces derniers temps con
auroient imprimé lesdits Ouvrages , lés Libraires ,
tre la Religion Chrétienne , la Règle des
Colporteurs & autres personnes qui les auroient ré
pandus dans le public , seront pareillement punis mœurs , & les Principes de l Obéissance qui
de mort Art. III. A Tégard de tous les autres ejl due au Souverain , & en particulier
Ecrits , de quelque nature qu'ils soient , qui ne /'Analyse de Bayle , le Livre de l'Es-
íbnt pas de là qualité portée en Tarticle premier ,
voulons que , faute d'avoir observé les formalités prit y le Dictionnaire Encyclopédi
prescrites par nos Ordonnances , les Auteurs , Im que , Emile , ô les Ouvrages faits pour
primeurs , Libraires , Colporteurs & autres person S A DÉFENSE, le CONTRAT SOCIAL, les LET
nes qui les auroient répandus dans le public , soient TRES DE LA MONTAGNE,/'EsSAI SUR /'HIS
condamnés aux Galères à perpétuité ou à temps ,
suivant Texigence des cas Art. IV. Les Or TOIRE générale ,/e Dictionnaire phi
donnances , Edits & Déclarations faits , tant par losophique , la Philosophie de l'His-
Nous que par les Rois nos prédécesseurs, fur lésait toire , le Despotisme Oriental
de Tímprimerie & de la Librairie, seront exécutés}
comme contenant des principes refpeclive^
en conséquence , défendons à toutes personnes , de
quelque état, qualité & condition qu'elles soient , ment faux , injurieux à Dieu 3 & h fes
à toutes Communautés , Maisons Ecclésiastiques augustes attributs , favorisant lAthéisme +
ou Laïques , Séculières & Régulières , même aux pleins du poison du Matérialisme , anéan^
personnes demeurantes dans les lieux privilégiés ,
de souffrir en leurs m'nisons , dans les Villes ou dans tissant la Règle des Mœurs , introduisant la
les Campagnes , des Imprimeries privées & clan confusion des vices & des vertus > capa
destines , soit avec Presse , Rouleaux ou autrement , bles d'altérer la paix des familles , d'éteins
fous quelque dénomination que ce soit Art. V. dre les fcnúmens qui les réunissent , auto-*
Les Propriétaires ou principaux Locataires des mai
sons mentionnées en Tarticle précédent , dans les rifant toutes les passions ô les désordres de
quelles lesdites Imprimeries privées & clandestines toute efpece y destructifs de la Révélation ,
auront été trouvées , & qui ne les auront pas dé tendant d inspirer du mépris pour les Livres
noncées à la Justice , seront condamnés en six mille
livres d'amende ; en cas de récidive au double, fans saints y a renverser leur autorité , a dépouil-*
que lefd. amendes puisient être modérée?, sous quel ler V Eglise du pouvoir quelle a reçu de
que prétexte que ce soit , à peine de nullité des Ju- Jefus-Chri/l , & à décrier fes Ministres ;
gemens Art. VI. Les mêmes condamnations d'a propres à révolter les Sujets contre Uuf
mende auront lieu contre les Communautés , Mai
sons Ecclésiastiques ou Laïques, Séculières ou Ré Souverain y a fomenter les séditions ô les
gulières , chez lesquelles feront trouvées des Im- troubles ; scandaleux , téméraires , impies ,
{>rimeriej privées & clandestines ; & en outre , elles blasphématoires , & aujjî offenfans pour la
eronr déclarées déchues des droits & privilèges à
Majeflé divine , que nuifibles au bien des
elles accordés par Nous & les Rois nos prédéces
seurs. Si donnons en Mandement, &c. Declar. du Empires & des Sociétés. L'Assemblée dé
Roi , du 16 Avril 1757 , reg. le 20 du même mois. fend ensuite de lire & retenir ces livres ,
fous les peines de Droit.
I V.
V L
■4. Pour- Or , d'après des dispositions auffi abfo-
C'est auíîí de cette manière que les Par- 6. Com-
riUssabieSU" ^ues & au^ précises , comment eít-il pof- lemens ont toujours interprété & affermi ment P.u~
par des sible de prétendre , ainsi que le font les l'exécution de ces mêmes Loix , toutes parlem«s<
tirieur".* Partiíans de ces Sectes , qu'il n'y a point les fois que ces sortes de Crimes leur
de Loi qui porte expressément des Peines ont été déférés. Nous pourrions citer à
contre les Coupables ? Qui ne fçait d'ail cet égard différens Arrêts qui ont pro
leurs , qu'indépendamment de celles que noncé la Peine capitale , notamment celui
nous venons de citer , comme leur système du Parlement de Toulouse Contre le fa
n'a pris fa source que dans la dépravation meux Vanini. Nous en avons aussi plusieurs
du cœur , & dans ï'orgueil de Fesprit , & du Parlement de Paris , qui s'est toujours
qu'il tend par conséquent à troubler essen distingué par son attention particulière à - ,
tiellement l'ordre public , en détruisant toute écarter tout ce qui pouvoit tendre à favo
efpece de subordination, & en introduisant la riser le progrès d'une Secte auffi dangereu
corruption dans les mœurs , il les met par-là , se ; en ne se contentant pas de condamner à la
fans contredit , dans le cas d'être affùjettis lacération par la main du Bourreau , & ais
aux peines portées par cette foule de Loix feu , les Libelles qui contiennent ces exé
qui ont été rendues dans tous les temps crables doctrines , mais encore en ordon
contre les Perturbateurs du repos public , & nant la poursuite extraordinaire contre le*
contre les Corrupteurs de la jeunesse l Auteurs , & en prononçant contre eux des-
N í
ïoo LES LOIX CRIMIN ELLES, Liv. III. Tit. I.
Peines corporelles & afflictives , & même Peines dont on vient de parler, & qu'il faut
capitales , suivant l'exigence des cas. bien les distinguer , à cet égard , de ceux
qui ont été les malheureuses victimes de
V I L leur séduction , & qui ne le font devenues
que par l'effet d'une ignorance grossière
7. QuU, Nous en avons donné un exemple mé-
de$ Livres m0rable dans l'Arrêt rendu contre les jeunes des vrais Principes de la Reigion. II paroît ,
contenant . . ' quant à ces derniers , que c'est moins aux
leur dam- gens d Abbeville , que nous avons rap-
Ministres de la Justice , qu'à ceux de la Re
nabiedoc- porté en traitant du Blasphème , où l'on
ligion , qu'il faudroit les renvoyer. Aussi
voit qu'il est ordonné entr'autres , confor
Voyons-nous que , tandis que les Loix Ro
mément à la Sentence du Juge d'Abbeville ,
maines assujettissent indistinctement les pre-i
que le Dictionnaire Philosophique
miers à la peine de Mort , elles fe conten-
PORTATI F,faisantpartie des Livres faifissur
tent de prononcer contre ces derniers de
ledit de la Barre , seroitjeté dans Le même bù*
simples amendes.
cher où seroit jetéson corps.
Ultimo íupplicio coerceantur, qui HHcîta docere
VIII. tentaverint. L. 8. Js. 5. Cod. de Hcertt. & Manich...
Eos verò qui disceudi studio audierint de infausta
8. Dispo- Cette Peine du feu prononcée par les Par- haerefi disputantes , decem librarum auri quae Fisco
nostro inferenda; sunt , jubemus íubire íuípeudium,
Loix"*Ro- lemens contre les Livres même qui contien- V. mêmt Loi , Js. 5.
maines à nent de si exécrables principes , n'est point
«'"jet. nouvelle. Elle se trouve portée par une foule X.
de Constitutions des Empereurs Romains ,
C'est aussi dans la vue de les soustraire 10. Ou-
notamment dans la Loi 3 du Code de Sum. à la rigueur de ces Peines , & en même *r"Se de
Trinit. ô Ftde Catholica , & dans la Loi 8 ° , . ... 1 Auteur
temps pour premunir contre de pareilles contre les
de Htret. & Manich. par la première des
erreurs ceux qui pourroient s'y laisser en- premiers,
quelles l'Empereur Justinien ordonne que
traîner , qu'après m'être bien convaincu
les Ecrits de Porphire ( ce fameux Sec
moi-même de la vérité des faits qui ten
taire , dont on voudroit faire revivre l'af-
dent à démontrer la divinité de notre Re
. freux système de nos jours ) feroient saisis
ligion , par l'étude particulière que j'en ai
par-tout où ils se trouveroient , & consumés
faite , d'aprês les règles même les plus
par les flammes , comme tendant à provo
strictes de l'Ordre judiciaire , j'ai cru devoir
quer la colère de Dieu , & à scandaliser les
faire part au Public de mes réflexions par
ames pieuses , & afin qu'il n'en reste aucun
ticulières à ce íùjet , dans un petit Ou
vestige qui puisse en rappeller le souve
vrage que l'on trouvera à la fuite de cette
nir. Par la derniere , ce Prince ordonne
Collection , & que j'ose présenter à mes
la peine de la Déportation , ou du Bannis
Lecteurs avec d'autant plus de confiance ,
sement perpétuel , contre tous ceux en gé
que l'orthodoxie des Principes que j'y ai
néral qui feroient trouvés saisis de Livres
établis , vient d'être consacrée par l'appro-
contre la Religion.
bation du Saint Pere , dans une Lettre dont
Sancimus igitur ut omnia qua»cumque PorpAirius il m'a honoré , & que l'on trouvera en tête
suâ pulsus inlaniâ, contrà religioíum Christiatiorum de ce même Ouvrage.
cultum conscripsit , apud quemcumque inventa fue-
rint , igni mancipentur... Omnia enim provocan-
tia Deum ad iracundiam fcripta , & pias mentes X I.
offendentia , ne ad aures quidem hominum venire
volumus. L. 3. Js. 1. Cod. de summ. Trinit Om- Je ne m'en fuis pas tenu là. Comme il ii.Autrí
nes verò hujuscemodi libri incendio concremen- a paru , il y a quelques années , un Ouvrage ^ntrie8!»
tur, ut facinorosse perveríìtatis vestigiaflammis com- anonyme fous le titre de TRAITÉ DES Dé- Toiéran-
busta dcpereant. L. 8. Js. 5. Cod. de Hœret. & Ma LITS ET PEINES, par lequel l'Auteur semble níine*
nich.... Nemo hujusmodi libros & sacrilega scrip-
torum audeat monumenta servare. Si qui in hiscri- vouloir introduire dans notre Jurisprudence
minibus fuerint deprehensi , perpétua deportatione l'efprit de Tolérantiíme , ou plutôt de Fata
damuentur V. mime Loi. Js. 5.
lisme , dont il paroît pénétré lui-même en
I X. fait de Religion , jusqu'à y avancer entre
autres , pour maxime , que la vie des hom
9. Distinc Au reste , en même temps que nous ne mes nejì au pouvoir de personne que de la
tion quant pouvons qu'applaudir à la sagesse de ces Nécessité qui régit l'univers j'ai cm
à la Peine
de ceux décisions fur un point aussi intéressant ; aussi , par les mêmes motifs , devoir entre
qui cher nous croyons devoir observer néanmoins , prendre la réfutation d'un Livre aussi con
chent à ré
pandre que c'est principalement contre les Au tagieux , & relever en même temps les faux
cette doc teurs de ces libelles, & contre ceux qui principes qui font hazardés contre notre
trine,& de
ceux qui s'en montrent ouvertement les partisans , Ordre Judiciaire , par un autre petit Ou
s'en lais en cherchant à les répandre dans le Public , vrage qui fera inféré pareillement à la fuite
sent per
suader. que doit s'exercer toute la rigueur des de cette Collection.
DES CRIMES CONTRE LA RELIGION , &c. 101

§. III. De U Magie & Sortilège.

SOMMAIRES.

t. Qu'est-ce que Magie & Sortilège en gé- 4. Entre les Super/litions & le Maléfice prô
nerai? prement d'u.
z. Différentes espèces , avec leur Teint , fui- 5. Dernier Supplice. Peine ordinaire en ce
vant les Loix Canoniques , les Loix Ro- dernier cas.
maines , & celles du Royaume. 6. Observation générale de l' Auteur a ce
5. Derniere Loi qu'il faut consulter princi sujet.
palement a ce sujet.
• 1. ■ ■ :

1. Qu'est- L A Magie est le Crime de ceux qui em- des différentes manières dont ce Crime peut
«que Ma- ploient des illusions diaboliques, soit pour se commettre.
tfiege S en tromper par de fausses prédictions , soit pour
(1) Ex tuarum tenore lirtcrarum accepimus quòd
général j causer du dommage à autrui. Dans ce der
Presbyter cum quodam infami ad privatuin locurn
nier cas , elle est connue plus proprement accessit , non eâ intentione ut vocaret i)a,'inonium ,
fous le nom de Maléfice & Sortilège ; & scd ut inspectione astrolabii furtum cujusdam Eccle-
dans le premier , fous le nom &Astrologie siae posset recupcrari } vcrumlicèt hoc ex bono zelo
& simplicitate se feciffe proponat , id tamen gravis-
judiciaire, &de Superjlition. simum fuit & noumodicam id peccati maculain con-
traxit.... Mandamus quatenùs talem ei pro expia-
I I. tione illius delicti pœuitentiam imponas, quòd per*
annum 8c ampliùs , íì tibi visuin fuerit , eum ab al-
taris ministerio praccipias abstinere, & ex tunclibe-
2. Diffé II ne faut cependant point confondre
rum fit ei exercere otfìcium Sacerdotis. Alux. III.
rentes es VAstrologie dont nous venons de parler , Cap. Ex tuarum Ext*, de Sortilepjis....
pèces , a- avec 1\ ìslronomie , qui est une Science per
vec leur (2) Eorum est scientia punienda , & severisfimis
Peine , fuis mise , comme étant fondée fur des prédic meritò Legibus vindicanda, quimagicis accrndti ar-
vant les tions tirées de la connoissance particu tibus, aut contrà salutem hominum moliri, aut pu-
Loix Ca dicos animos ad libidinem deflexiíse detegentur...,
noniques , lière du cours des astres ; au lieu que l'As Nemo Aruspicem consulat aut Mathematicum y
les Loix trologie judiciaire dont nous parlons ici ,
Romaines nemo Ariolum , Augurum & Vatum prava con-
& celles n'est fondée fur aucun principe , & consiste fessio conticescat. Chàìdaei 8c Magi , & ceteri quos
du Royau- en de certaines pratiques , qui n'ont absolu maleficos ob facinorum magnitudinem vulgus ap-
Î>cllat , nec ad hanc partem aliquid molianiur ; si-
ment aucun rapport à l'effet naturel qu'on en
eat omnibus perpetuò divinandi curiositas , etenitn
attend , telles que celles qui font employées supplicio capitis ferietur gladio ultore prostratus ,
par ces fortes de personnes qui étoient con quicumque jusfis ( nostris ) obsequium denegaverit.
nues dans le Droit fous les noms de Divina- t. 4. fy 5. Cod. Treod. de Malts. & Mathem.
tores t Incantatores , Arioli 3 Aruspices , ("3) Habemus in Lege Domini mandatum , Non
augurabimini j & in Deutcronomio , Nemo sit qui
Augures , Pitoni/lt, Afirologi , Genethlia-
Ariolos sciscitetur , vel somnia observes , vel ad
ci 3 Segromanci , 8c qui font connus dans auguria intendat.... Item, Nemo sit maJcfkus , vel
nos Ordonnances fous les noms de Sor incaatator , nec Pitbonis consultor •■, ideò prajci-
ciers , Magiciens , Devins , Diseurs de pimus ut nec Cauculatores , 8c Incantatores , nec-
Tempestarii vel Obligatores fiant, 8c ub icumque sunt
bonne-aventure , Enchanteurs , Faiseurs de emendentur vel damnentur.... Item de arboribus vel
tours & de pronoflications , Bohémiens & pétris, velfoatibus , ubi aliquistulti vel luminaria,
Egyptiens. On trouve relativement à cette vel alias observationes faciunt ; omninò mandamus f
ut istc pelîìmus usus, & Deo execrabilis , ubicum-
derniere efpece de Magie , qu'on appelle
que iuvenitur , tollatur 8c destruatur. Capituz.
Magie noire , pour la distinguer de l'autre , Carol. Magn. Lib. 1. c. 64 Ut à Clericis ,
qu'on appelle Magie blanche , une foule vel Laïcis Philacteria vel falsa; inscriptiones aut li
de dispositions , tant dans le Droit Cano gaturas , quae imprudentes pro fcbribus aut aliis pef-
tibus adjuvari putaut , nullo modo vel ab illis , vel
nique (î) , -que dans les Constitutions des à quoquam Christiano siaat , quia magicae artis in-
Empereurs Romains (2) , & dans les an signia sunt. V. ibid. Lib. 6. c. 72
ciennes Ordonnances de nos Rois (3) , Tous Devins & faiseurs de Pronostications & Alma-
qui prononcent différentes Peines , non- nachs , excédant les termes de l'Astrologie licite , fe
feulement contre ceux qui s'adonnent à des ront punis extraordinairement & corporellement. Dé
fendons à tous Imprimeurs 8c Libraires,siir les même*
pratiques auffi abominables , mais encore peines, d'imprimer, ou exposer en vente , aucuns
contre ceux même qui les emploient par Almanachs ou pronosticitians , que premieremenr
un esprit de curiosité , pour parvenir à la ils n'aient été vus 8c visites par l'Archevêque , Evê'
que , ou ceux qu'ils auront députés expressément à
découverte de certains faits. Nous allons
cet effet, 8c approuvés par certificats signés deleur»
rapporter ici ces dispositions , comme con mains , 8c qu'il n'y ait aussi permission de Noms oîí
tenant d'ailleurs des exemples particuliers du uos Juges ordinaires. Ord. de Blois , an*
io2 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. III. Tir. I.
qui les auront mises en usage, & qui s'en seront ser
vis pour quelque fin que ce puisse être , soient pu
III.. nis exemplairement , & suivant fexigence des cas.
....Art. 111. Et s il fe troúvoit à l'avenir des person
3. Der- Mais nous ne pouvons détermines d'une nes assez méchantes pour ajouter & joindre à la su
perstition , l'impiété & 1e sacrilège , sous prétexte
" 'u fout maiuere P^us précis > l'idée que l'on s'étoit
d'opérations de prétendues magies,ou autre prétexte
consulter formée anciennement de ces différentes ef- de pareille qualité ; Nous voulons que celles qèi
|>rincipa- peces de Magie dans ce Royaume , & celle s'en trouveront convaincues soient punies de mort.
cesiuet. ^que l'on doit s'en former aujourd'hui , qu'en Edit de Juillet i68z , reg. h 31 Août mime annie~
rappellant ici les dispositions de l'Edit du
I V.
mois de Juillet i 68 2 , où se trouvent mar
quées les distinctions importantes qu'il faut
L'on voit , d'après Cette derniere Lof-, ^Distincj
faire des diíférens degrés d'énormité de ces qu'il faut principalement considérer en cëtte «on entre
Crimes, pour fixer la qualité des Peines matière , & les différentes manières dont k,*^""^
qui doivent leur être infligées (1). se font les maléfices , & les différentes eau- le Maléfi-
lès pour lesquelles ils font employés. Ainsi , ^J^0^
lorsqu'ils ne consistent qu'en de simples su
(i)LoUIS , par la Grâce de Dieu , &c. Salut.
Inexécution des Ordonnances des Rois nos prédéces perstitions , qui ont seulement pour objet
seurs contre ceux qui se disent Devins, Magiciens , de connoître l'avenir , ou de faire retrou
& Enchanteurs , ayant été négligée depuis long ver des choses perdues , comme íbnt celles
temps, & ce relâchement ayant attiré des pays étran qui se pratiquent par ces prétendus Tireurs
gers dans notre Royaume plusieurs de ces impos
teurs ; il seroit arrivé que fous prétexte d'horoscope d'horoscopes , Devins , & autres Aventu
& de divination , & par le moyen des prestiges , riers connus fous les noms de Bohémiens
des opérations , des prétendues magies & autres il & Egyptiens ; ce Crime ( quoique d'ail
lusions semblables , dont ces sortes de gens ont ac
leurs très-grave , & sujet , comme les au
coutumé de se servir, ils auroieut surpris diverses per
sonnes ignorantes ou crédules , qui s'étoient insen tres , à la peine de l'Anathême , pronon
siblement engagées avec eux, en passant des vaines cée par l'Eglife , en ce qu'il renferme une
curiosités auxsuperstitions,des superstitions aux im efpece de blasphème , en attribuant au Dé- : ,
piétés & aux sacrilèges} & par une funeste fuite d'en-
gagemens, ceux qui se fout le plus abandonnés à la mon une connoilîance qui n'est réservée
conduite de ces séducteurs , se seroient portés à cette qu'à Dieu seul ) , est néanmoins puni dans
extrémité criminelle , d'ajouter le maléfice & le poi nos usages par de moindres Peines que celle
son aux impiétés & aux sacrilèges , pour obtenir ; des sortilèges proprement dits qui se font
l'esset des promesses dcfdits séducteurs ,& pour l'ac-
complissement de leurs méchantes prédictions. Ces pour causer du mal , pour tourmenter quel
pratiques étant venues à notre connoissance , nous qu'un , pour faire périr des animaux , &
aurions employé tous, les foins possibles pour en occasionner des dommages & pertes de
faire cesser & pour arrêter , par des moyens conve biens ; à plus forte raison ceux qui s'em-
nables , les progrès de ces détestables abominations;
& bien qu'après la punition qui a été faite des prin ploient dans la vue de corrompre la pu
cipaux auteurs & complices de ces crimes, nous dus deur d'une femme , de procurer I'avorte-
sions espérer que ces sortes de gens seroient pour tou ment d'un enfant , d'empêcher la génération ,
jours bannis de nos Etats , & nos sujets garantis de
leurs surprises; néanmoins, comme l'expérience du & même de procurer la mort à quelqu'un.
passé nous a fait connoître combien il est dangereux
Multi magicis artibus un* elementa turbare , vi-
de souffrir les moindres abus qui portent au crime de
tam insontium labefacìare non dubitant , & mani-
cette qualité , & combien il est difficile de les déra
bus accitis audent vcntilare , ut quifque suos confi-
ciner , lorsque par la dissimulation , ou le nombre
ciat malis artibus inimicos hos , quoniam naturae
des coupables , ils sont devenus crimes publics ; ne
peregrini funt , feralis pestis absumat. L. 6, Cod. de
.voulant d'ailleurs rien omettre de ce qui peut être
de la plus grande gloire de Dieu &c de la sûreté de Maies. & Mathem.
nos sujets , Nous avons jugé nécessaire de renouvel-
ler les anciennes Ordonnances, 6c de prendre en v.
core , eu y ajoutant de nouvelles précautions , tant
à l'égard de tous ceux qui usent de maléfice & de Aussi voyons-nous , que tandis que nos ç. rjer-
poisons , que de ceux qui , fous la vaine profession Ordonnances ne prononcent que des Peines n!ers S"P"
de Devins, Magiciens, Sorciers ou autres noms sem n r 11 r p'1"5 in
blables , condamnés par les Loix divines & humai corporelles contre ceux de la première el- neordinai-
nes , infectent & corrompent l'efprit des peuples par pece , ces derniers ne doivent pas être re en ce
leurs discours & pratiques , & par la profanation dernier
moins punis que du dernier supplice. C'est cas.
de ce que la Religion a de plus saint ; savoir fai
sons , que pour ces crimes, &c... Art. 1. Que tou ce qui résulte entr'autres , de cette derniere
tes personnes semêlaut de deviner, & se disant De disposition de l'Edit de 1682 , qui porte ,
vins ou Devineresses , vuideront incessamment le que s'il se trouvoit à l'avenir des personnes
Royaume , après la publication de notre présente
asje\ méchantes pour ajouter , & joindre
Déclaration , à peine de punition corporelle
Art. II. Défendons toutes pratiques superstitieuses a la superjìition , timpiété & le sacrilè
de fait , par écrit ou par parole, soit en abusant des ge , sous prétexte dopération de prétendue
termes de l'Ecriture-Sainte ou des Pères de l'Eglife, Magie , & autres prétextes de pareilles
soit en disant ou faisant choses qui n'ont aucun
rapport aux causes naturelles. Voulons que ceux qui qualités , ceux qui s'en trouveroient con
se trouveront les avoir enseignées , ensemble ceux vaincus y seroient punis de mort. Cette Peine
DES CRIMES CONTRE LA RELIGION, &c. 10$
doit même aller jusqu'à celle du feu , lors- par les Rituels qui se lisent aux Prônes des
que , comme il arrive le plus souvent , ces Paroisses , ( & cela , fans parler d'une foule
fonileges font accompagnés de poison &. de Monumens de Jurisprudence que nous
de sacrilège. pourrions citer à ce sujet ) ne pourroit-
on pas rétorquer avec avantage , contre leur
Celui qui causera du dommage à quelqu'un , par propre syltéme , les conséquences naturelles
sortilège , sera puni de mort , & la punition sera qui résultent de la rareté de ces mêmes
celle du feu; mais celui qui se servira de sortilège ,
exemples dans le siécle où nous vivons ? en
sani avoir , par-là , nui à personne , sera puni se
lon l'cxigence ftc la nature du cai ; en quoi les Ju leur disant, que si ces exemples ont été
ges seront tenus de consulter , comme il sera mar plus fréquens dans les siécles d'ignorance ,
qué ci-après. CAROLINE, art. 119. ■, . .
- ■ » ce n'est que parce que dans ce temps-là
tout le monde croyoit , en forte que le Dé
mon ne pouvoit séduire les hommes autre
ment que par la voie de la superstition ;
6. Obser- Au reste, en même temps que je crois ( aussi voit-on que ces sortilèges font ordinai-
Tgjygfcne pouvoir trop recommander à mes Lec- rement accompagnés de mélanges de choies
l'Auteurà teurs de fe tenir en garde contre les exem- sacrées , comme de Cierges bénis , Croix ,
ce sujet. pieS qu'on Jeur cite au Jujet de ces préten- Hostie , &c. ). Au lieu que dans un siécle
dues illusions diaboliques , je fuis bien éloi- comme le nôtre , où l'on fe fait gloire de
gné d'applaudir aux déclamations outrées de ne rien croire , & de révoquer en doute
ces prétendus Esprits-forts,qui tombent dans les vérités de la Religion les plus conítan-
un excès tout opposé , en voulant se faire tes , la continuité & la fréquence de ces
un prétexte de ce que ces, exemples étoient prestiges ne permettant plus de douter de
beaucoup plus fréquens anciennement , & l'existence des Démons à ceux qui oferoient
íùr-tout dans ces temps qu'on appelle siécle la nier , tendroit nécessairement à renver-
d'ignorance , qu'ils ne le font aujourd'hui , fer un empire , que cet Ennemi du genre-
pour se croire en droit de nier absolu humain a tant d'intérêt d'étendre & de con
ment l'existence actuelle de la Magie. Outre server.
qu'une pareille assertion fe trouve condam Non est omnibus credendum , sed nec decreden-
née par les décisions de l'Eglife , qui nous dum. S. Bernard.
en fait un point particulier de croyance , par V. au surplus (Histoire critique des pratìq. fuperst.
par le P. LE Brun , Tom. 4. p. 451 , ou font rap
les anathèmes qu'elle prononce contre les portés des Arrêts du Parlement de Paris , rendus en
Magiciens , Sorciers , &c. comme on le voit cette madère.

CHAPITRE SECOND.

Des Crimes qui attaquent la Religion dans lfautorité de son Chef , ou de

Ì Hérésie , de VApostasie & du Schisme.

§. I. De í Hérésie.

SOMMAIRES.

1. Que doit-on entendre sous le nom d'Hé- 9. Arrêté du Parlement fait en conséquence.
rétiques en général ? 10. Pouvoir des Juges d'Eglise en cette Ma-
z. Espèces dHéréfies qui nous font étran- tiere , reconnu par nos Souverains.
gères. 11. Pouvoir des Juges Séculiers en cette
3. Quid, a l'égard de l'Etat aclueldes Juifs Matière , Jur quoi fondé.
en ce Royaume. 12. Héréfie , Crime public , suivant le Droit
4. Héréfie dont il s'agit proprement ici. Romain.
5. Que doit-on entendre par Dogmes de 13. Cas ì>oyal ô privilégié parmi nous.
l'Eglife 1 4. Hérésies ae Luther & de Calvin. Objet
6. Dogmes qu'on ne peut combattre t fans particulier de nos dernieres Loix.
se rendre Hérétiques. 1 5 . Causes de la Révocation de l'Edit de
7. Profession de Foi de /' Empereur Justinien, Nantes.
approuvée par le Pape Jean. 16. Dispositions particulières de la Déclara-
S. Formule donnée a ce sujet par la Sorbon- ration de 1724.
ne , dont l'exécution a été ordonnée par 17. i°. Contre ceux qui tiennent des ajsem-
un Edit de François I. blées.
io4 LES LOIX CRIMIN ELLES, Liv. III. Tit. L
18. 2°. Contre les Ministres Prédicans. tijjent de la naissance des Enfans.
10. 30. Contre ceux qui leur donnent retraite. 26. io°. Contre les Médecins qui n avertis
20. 40. Contre les Relaps. sent les Curés.
zx. 5°. Contre ceux qui exhortent a retourner 27. ii°. Contre ceux qui refusent l'entrée aux
dans rerreur. Prêtres qui viennent voir les Malades.
22. 6°. Contre les Pères ô Mères qui consen 28. Peines générales prononcées contre les
tent au Mariage de leurs Enfans dans Hérétiques.
les Pays étrangers. 29. Peines particulières en cas de Mariages
23. 70. Contre les nouveaux Convertis qui se par eux coniraciés avec des Catholiques.
marient sans observer lesformes. 30. Outres Peines contre les Sujets du Roi
24. 8°. Contre les Pères 0 Mères qui nefont qui sortent du Royaume sans permis
. baptiser leurs Enfans dans l'Eglise. son.
25. 90. Contre les Sages-Femmes qui rìavcr- 3 1 . Peines contre les Héréfarques.

I.

t. Que L'HÉRÉSIE est le Crime de tous ceux qui établissement dans ce Royaume (1) ; &
entendre comkattent avec opiniâtreté les Dogmes de cela , tantôt par les blasphèmes & les sa
sous le la Religion. Ainsi elle comprend en géné- crilèges horribles qu'ils y commettoient ,
"éTue^ ra^ ' non-^eu^ement ceux qui étant nés dans tantôt par l'ufage abominable qu'ils y pra-
«n "géné- le sein de l'Eglise , s'en font exclus par tiquoient , d'enlever les enfans chrétiens
ral? leur désobéissance & opiniâtreté en com pour les faire mourir , ou pour les faire
battant ses Dogmes , mais encore ceux circoncire , & de lapider ceux d'entre eux
même qui n'ont jamais été dans son sein , qui fe faifoient Chrétiens : mais íur-tout
parce qu'ils n'ont point été baptisés , comme par les usures excessives dont ils ne cessoient
font les Idolâtres , les Juifs , & les Sarra- de vexer les sujets du Roi , & qui forcèrent
fins ou Mahométans , dont il est parlé fous enfin nos Souverains ( à commencer dès
les Titres du Droit Canonique de Judeis , Philippe Auguste ) (2) d'ordonner leur
& Sarracenis , & fous ceux du Droit Ro entière expulsion de ce Royaume } de ma
main de Paganis , ù Judxis.... de H*rcti- nière que ( à la réserve des Villes de Metz ,
cis, & Manichais. & de la Province d'Alsace où ils étoient
Haereticorum autem vocabulo continentur , & établis avant fa réunion à la Couronne ,
latis advcrsùs eos fanctionibus succumbere debent íàns pouvoir néanmoins y posséder au
qui vel levi argumento à judicio Catholicse Religio-
nis & tramite derccti fecerunt deviare. L. 2. Cod. de cuns immeubles en propriété , hors leurs
JLxret. & Manie Qui, in Eccleíîa Christi , morbi- maisons ) ils ne font plus aujourd'hui to
dum aliquid pravumque sapiunt , fi correpti ut sa- lérés , du moins ouvertement dans ce Royau
iium rectumque sapiant , reíistunt contumaciter , sua-
me ; & qu'il y a même dans PEdit de 1 685 ,
que pestifera & mortifera;dogmataemendare nolunt,
sed defensare persistant , Hseretici sunt. Cah. 31. concernant la Police des Iíles de PAméri-
Qu. 3 Haereticus est qui alicujus temporalis com- que Françoise , une disposition particuliè
modi , 8c maximè gloriae, principatûsque fui gratiâ, re , par laquelle il est ordonné expressément
falsas ac novas opinioues vel gignit , vel sequitur.
Cas. 28. Cauf. 24. Qu. 3. aux Officiers Royaux de chasser tous les
Juifs qui y ont établi leur résidence.
IL '
(1) V. Les Confer. du Dr. Fr. Tom. 2. ad Tit. 9.
1. Espece Nous ne nous arrêterons pas à rappeller de Judxis & Cozlicol.
(2) V. Les Lettres- Parentes de ce Prince, du 17
d'Hérésies ici les dispositions de l'un & de l'autre de
Septembre 1394, par lesquelles les Juifs furent ban
som é"r°a1^ ces Droits , fur ce qui concerne les Payens , nis fans retour de ce Royaume.
gères. les Sarrasins , & les Juifs , parce qu'elles
regardent des Sectes qui font devenues ab I V.
solument étrangères parmi nous , depuis V>C n'est
Ce il CIL donc
UUUl que
LJUC des
ucs Hérétiques
iicicui|un de
UC Id h
la 4. Héré
que nos Rois ont embraíîe la Religion première espece , c'est-à-dire , de ceux qui si,e
sie ^°
dont il
Catholique , & qu'ils ont défendu l'exercice t pro-
osent s'élever contre l'Eglise
«_ , dans le sein prfm«
prement
de toute autre dans leur Royaume. de laquelle ils font nés par le Baptême , >«•
V. la Déclar. du Roi ìdu 26 Janvier 1683. que nous voulons parler principalement ici.

III. V.

Nous observerons feulement , quant aux Mais il ne íliffit pas , comme nous Pavons s. Que
à regard JUff y que nous avons des Loix particu- dit , de combattre les Dogmes de l'Eglise ; doit-onen-
actuel des lieres qui prononcent des Peines contre il faut encore soutenir avec opiniâtreté son Dogmes"
Juits en ce eux f non point tant à cause de leur Reli erreur , après qu'elle a été déclarée telle par de l'Egii-
PEglife même (1) ; deux conditions éga- e"
gion , qu'à cause des marques de haine &
de fureur qu'ils faifoient éclater contre la lement nécessaires , suivant les Loix , pour
nôtre , dans les premiers temp6 de leur former le Crime dont il s'agit, Scie rendre
punissable.
DES CRIMES CONTRE LÁ RELIGION , &c. ití;
punissable. II ne s'agit donc pour détermi- tiòne , secundùm apostolicam doctrinam , fratrum
ner les véritables caractères de ce Crime , & Çoepiscoporum nostrornm interveniente con-
&0 r punition, que de j içavoir
r j, une part,
_ lensu
* *: quod quia
. apostolicae doctnnœ convenu ■ ,'
ws. fa
« |/wi > 1 Y d 1 v -f1 Yc
» nostrâauctontateconfirmamus...Scnptum c„ • , _ A enim,
est
en quoi comiltent les Uogmes de l fcgJlie , Labiis reg-lt Rex. Et iterùm, Cor Régis in manu
qu'on ne peut combattre avec opiniâtreté , Dci est , & ubi voluerit inclinabit illud ; hoc est
fans se rendre Hérétique ; & de l'autre , enim quod vestrum firmat imperium ; hoc quod
quel est le véritable Juge qui doit décider vtstra re8na conservât. Nam pax Ecclefiae , Reli-
1 n- ° a_ p ces„. f eionis unitas , auctorem.... iacti ,' A
in lublime provec-
les questions
n oj'iqui peuvent„, , naître
. fur tumeratia. ru
sibi 'tranquilhtate 4 custodit ... ; neque
r enim.
Dogmes , & déclarer Hérétiques ceux qui parv|ei viciffitudo à potentia divina tribuitur , per
les combattent. quem nullis rugis Ecclesia divisa secernitur , nullis
insertis maculis variatur. Scriptum est enim quia
DixitApostolus:Haereticumhominem,postpri- cùm Rex ;ustus sederit suprà sedem, non adver-
mam&secundam correptionem devita,sciensquia sabitur ei quicquam malignum. V. hrisT. Joan.
subversus est hujusmodiut peccat , & est à semet- pap. L. 7. cod. u.
ipso damnatus ; sed qui sententiam suam , quamvis (3) Patimur quicquam , quod adEcclesiarumsta-
falsam atque perversam , nullA pertinaci animositate titm pertinet , quamvis maniftstum & indubitatum
defendunt , praesertim quam non audaciœ suae pr<e- sir quod movetur , ut non etiam vestrae innotescat
sumptionis pepererunt , sed à seductis atque in cr- sanctitati , qu& caput cil omnium fanclarum hcclefia-
rorem lapsis parentibus acceperunt, quaerunt autem , ru n. P^r omnia ( ut dictum est ) properamus ho-
cautâ sollicitudine veritatem corrigi , parati cùm in-
noremôc auctoritatem crescere vestrae sedis. V. mê
venerint, nequaquàm & inter hœreticos deputandi.
me Loi 7.
S. Aug. Can. 19. Caus. 13. Qu. 3.
VIII.

V L Mais, comme cette profession de Foi , 8. For


conforme en tous points à la Doctrine du mule don
6. Dog- Quant aux DOGMES qu'on ne peut com née à ce
Concile de Nicée (1), avoit principale sujet parla
me* qu'on battre fans fe rendre Hérétiques , nous les ment pour objet de combattre des Héré Sorbonne,
combattre trouvons marqués dans le Droit Canonique , dont l'exé
sies qui troubloient alors l'Eglife , & dont cution a
^ans seren- & notamment fous le Titre I. des Décré- il ne reste plus de vestiges aujourd'hui ; été ordon
dre Héré
erL" taies de summa Trinitate , & Fide Latko- née par
tiques. nous croyons devoir nous arrêter plus par Fra^çoisl.
lica. ticulièrement à celle dans laquelle nous
VII. trouvons ces Dogmes développés d'une ma
nière plus analogue aux circonstances ac
7. Proses- Nous les trouvons auíîì rappellés dans tuelles. L'on veut parler de la Formule de
derErnpí le même Titre du Code del'Empereur Justi- profession de Foi que la Faculté de Théo
reur Judi- NIEN , & singulièrement dans la Loi VI de logie de Paris arrêta en 1 5 5 1 , par le com
JwT ce Titre (O » à la suite de laq.uelle on voit mandement du Roi François I , à l'occa-
parie Pa- une Epître du Pape Jean , qui approuve 6c sion des Hérésies de Luther & de Calvin
peJean. confirme cette profession de Foi , en même
qui commençoient à s'introduire dans son
temps qu'il félicite ce Prince fur son zele Royaume ; Formule dont ce Prince crut
pour la Religion Catholique , qu'il lui fait devoir aíîurer l'exécution en la faisant in
envisager d'après les Textes sacrés , comme férer à la liiite d'une Loi particulière qu'il
le plus ferme appui de son trône , & la fit publier à ce sujet (2), & que nous
íèule véritable source de la paix &. tran croyons devoir rappeller ici en même
quillité de fou Empire (2). L'on y voit auíîì temps que cette Formule ( 3 ) , comme
la réponse de cet Empereur, où il reconnoît devant fixer notre créance fur les points
dans le Pape le chef de toutes les Eglises les plus importans de notre Religion.
Catholiques ( 3 >
(1) Nicenae fidei dudùm à Majoribus traditae , &
... (0 Nam hi incurabiles cùm sint , celantes er- divinae Religionis testimonio atque adsertione ffr-
rorem fuum , passim circumeunt ( sicut didiscimus ), mata observantia semper mensura teneat. L. ^.
& ûmpliciorum animos exturbant & scandalisant , Cod. de Summ. Trinic. . ..
ea astruentes quae sunt sanctae, catholicae Eccletìae
contraria: necessarium igitur este putavimus tàm
Haereticorum mendacia dissipare , qnàm omnibus (1) FrANÇOIS I. . . . Sçavoir faisons que Nous
insinuare quomodò aut sentiat sancta Dei & catho- désirant fur toutes choses, cV de tout notre cœur ,
qu'en notre Royaume, très-Chrétien, soit continuée,
lica&apostoliaaEcclesia ,autpraedicentsanctissimi
ejus Sacerdotes , quos &c non secuti , manifesta cons- gardée & entretenue , l'unité , l'intégrité & sincérité
tituimus ea quae fidei nostrae sunt , non quidem in de la Foi Catholique , comme le principal fonde
novantes fidem ( quod absit ) , sed coarguentes ment , & dont dépend la prospérité de Nous 8ç
eorum insania quae eadem cum impiis Haereticis d'icelui , & qu'après avoir fait , par notre Conseil
sentiunt. Quod quidem & nos in nostri imperii pri- privé , voir certains articles de la détermination &
mordiis pridem satagentes , cunctis fscimus mani- censure doctrinale de la Faculté de Théologie de
festum. Credimus itaque unum Deum , &c. L. 6. notre première fille l'Université de Paris i & qu'ils
Cod. de Suinm. Trinic. & Fid. Cath. ont été trouvés entièrement conformes à la doctrine
& observance catholique , définition & détermina-;
(a) Quòd fìdelibus populìspropofuisti Edictum , tion de notre Mere Sainte Eglise, desquelles, comme
amore fidei , pro submovenda Haereticorum inten- Roi très Chrétien , sommes , en notre Royaume ,
O
106 LES LOIX CRIMINELLES, Liv.III.Tit.I.
protecteur , garde , conservateur & exécuteur ; & hardiesse téméraire , des propositions erronées j
que par la division des doctrines qui seroient se- scandaleuses , séditieuses , schismatiques , héréti-
mées par les Prédicateurs de notre Royaume , Ter- ques & blasphématoires , cherchant en celles à
fes&Scigneuries, s'en pourroient ensuivre plusieurs plaire plutôt aux hommes qu'à Dieu ; Nous, vou-
di visions & séditions entre notre peuple, à la grande lant obvier à tant de maux, autant qu'il est en notre
perturbation du repos d'icelui. Pour à ce obvier , pouvoir , & suivant les obligations de notre état ,
Ò£ qu'en unité de foi & de doctrine , notre peuple qui nous engage à maintenir la doctrine salutaire
chrétien soit exhorté & admonesté par ceux qui des Ecritures Saintes & de PEglisc Catholique ;
prêcheront la parole de Dieu, fans aucune division nous avons cru devoir renfermer en abrégé , fous
ou contention, avons, comme conservateur &exé- certains titres, quelques articles de foi que tout
cuteur , en tant qu'à Nous est autorisé & autorisons Chrétien doit croire , afin qu'on connoiffe plus fa-
lefdits articles -, & ordonnons qu'ils soient publiés cilement les opinions d'un chacun , & ce qu'il faut
• par tous nos Royaumes , Terres & Seigneuries ; plus particulièrement prêcher au peuple en ce
gardés , observés & entremis , fans aucunement y temps-ci... Art. I. II faut croire de certaine & ferme
contrevenir. Exhortons tous les Prélats de notre foi , que le Baptême est à tous nécessaire pour le
Royaume, Pays, Teríes & Seigneuries, d'enjoindre salut , même aux petits enfans , & que paf icelui ,
& commander à tousles Curés, Vicaires, Doyens, est donnée la grâce du Saint-Esprit,.. Art. II. Par
& principales dignités des Eglises Collégiales , Ab- une même constance & fermeté de foi est à croire
bés des Monastères, Prieurs & Gardiens des Cou- que l'homme a son franc Ôí libre arbitre , par le-
Vens Mendians & non Mendians , de garder ledit quel il peut , ou bien faire ou mal faire, & par le-
contenu des articles , en leur défendant de prêcher quel aussi, combien qu'il soit en péché mortel, Dieu
en leurs Eglises , Monastères ou Couvens , aucunes aidant , se peut relever à grâce... Art. III. Et n'est
choses contraires , répugnantes ou dissonantes audit moins certain qu'à ceux qui font en âge , & usant
contenu,directementouindirectement,apertement de raison , après avoir commis péché mortel, la
ou par mots couverts. Enjoignons à tous ksdus pénitence est nécessaire, laquelle consiste en Con-
Prélats , enquérir par leurs Vicaires , Officiaux , ou trition , Confession sacramentale qu'il faut verba-
Promoteurs , contre les transgrejseurs , & qui auraient lement faire au Prêtre , & pareillement en Satis-
prcché choses contraires , & qu'ils procèdent à fen- faction... Art. IV. Davantage est à croire que le
contre des coupables promptement & diligemment , pécheur n'est point justifié par la feule foi , mais
les corrigent & punirent exemplairement , selon les aussi par les bonnes œuvres, qui font tellement né-
Constituúons Canoniques. Défendons à tous nos su- cessaires,que fans icelles , l'homme qui est enusage
jets de prêcher publiquement ou occultement au- de raison , ne peut obtenir la vie éternelle... Art.
cune chose contraire au contenu desdits articles , V. Un chacun Chrétien est tenu de croire ferme-
fur peine d'être tenus & réputés séditieux & pertur^ ment qu'en la Consécration qui se fait au Saint Sa-
bateurs du repos & de la tranquillité de la république crement de l'Autel , le pain & le vin font convertis
chrétienne , occultes conspirateurs contre le bien de au vrai Corps & Sang de Jefus-Christ , & après
Nous & de notre Etat , rebelles & désobéissons envers ladite Consécration ne demeurent que les espèces
Nous & Justice ; & comme tels , voulons qu'ils soient dudit pain & vin ; fous lesquelles est réellement
punis par tous nos Juges ressortissans fans moyens contenu le vrai Corps de Jefus-Christ, lequel , né
en nos Cours de Parlement, chacun en son détroit; de la Vierge Marie , a souffert en l'arbre de la
à fçavoir les Laïques ou simples Clercs , qui n'au- Croix... Art. VI. Le Sacrifice de la Messe est de
roient encore Ordres sacrés , si témérairement ils ^institution de Jefus-Christ , & est utile & profita-
s'ingeroient de ce faire, des peines telles que de ble pour les vivans , & trépassés... Art. VII. La
droit; & quant aux gens Ecclésiastiques ayant Or- Communion , fous les deux espèces de pain & de
dres sacrés , de peines d'Amende honorable , ban- vin n'est nécessaire aux gens Laïques ; pour quoj à
nîssement de notre Royaume & confiscation de bon droit , pour certaines & justes causes, a jà long-
leurs biens patrimoniaux , si aucunsen ont , ou au- temps été ordonné par l'Eglise , qu'auxdits Laïques
trement , ainsi que nos Juges verront être à faire , soit communié seulement sous l'efpece du pain...
par raison , & ce pour le cas privilégié, en les ren- Art. VIII. Outre plus , la puissance de consacrer
.dant , quant au délit commun , à leurs Prélats, à la le vrai Corps de Jefus-Christ , a été par lui donnée
charge de la condamnation du cas privilégié , s'ils seulement aux Prêtres ordinés & sacrés , selon la
procèdent à icelle : le délit ou le crime étant due- coutume & observance de l'Eglise , & aussi d'ab-
ment vérifié par leur simple confession , ou à la foudre des péchés au Sacrement de Pénitence...
charge du cas privilégié , oìi ils ne confesseroient Art. IX. Lesquels Prêtres , pour certain (combien
la contravention & transgression de nos défenses, qu'ils soient mauvais & en péché mortel ) confa-
'Enjoignons à tous nos Juges , fur peine de suspension crent le vrai Corps de Jefus-Christ , pourvu qu'ils
-de leurs états , pour la première faute , & de pri- aient intention de le consacrer... Art. X. Consir-
vation d'iceux , pour la seconde , d'être diligens mation & Extrême-onction sont deux Sacremens
d'enquérir ou faire enquérir de ceux qui transgref- institués de Jefus-Christ , par lesquels est donnée la
seront nos défenses ; de procéder à les faire consti- grâce du Saint-Esprit... Art. XI. Et ne faut douter
tuer Prisonniers , & leur faire & parfaire leur Pro- que tant les Saints qui sont en cette vie mortelle ,
cès , felort droit ÔC raison. Donné à Paris , le 13 que ceux qui sont en Paradis ne fassent miracles...
Juillet 1543, & de notre règne le 19. Registréen Art. XII. C'est chose sainte & très-agréable à
Parlement le pénultième de Juillet même année. Dieu , prier la bienheureuse Mere de Dieu , Vierge
Marie, & les Saints étant au Ciel, à ce qu'ils soient
( j ) DÊCR et de la Faculté de Théologie de Paris , Avocats & Intercesseurs pour nous envers de Dieu..
dont fexécution est ordonnée par cette Loi. Art. XIII. Et pourtant ne devons iceux Saints ,
Comme nous sommes obligés , à Pexemple de régnans avec Jefus-Christ , imiter seulement & en
Saint Paul , de faire attention aux dangers évidens suivre , mais honorer & prier... Art. XIV. Et à
qui menacent les Chrétiens en ce temps-ci , par cette cause , ceux qui par dévotion , visitent les
l'impudence& détestable doctrine de quelques Pré- lieux & Eglises dédiés auxdits Saints , font fainte-
dicateurs qui ne rougissent point d'avancer dans . ment & religieusement... Art. XV. Si quelqu'un
leurs discours , & d'inspirer aux Fidèles , avec une en l'Eglise , ou hors , adresse d'entrée son oraison

-
DES CRIMES CONTRE LA RELIGION , &c. 10"J
à la glorieuse Vierge Marie , ou à quelque Saint, pagnie , de garder & observer de tout notre pou
premier qu'à Dieu , il ne pèche point.- Art. XVI. voir , aux sujets du Roi notre souverain Seigneur ?
Et ne faut aucunement douter que soi agenouiller sans faire ni souffrir être faite aucune chose au con
devant l'image du Crucifix & de la Vierge Marie traire 1 directement ou indirectement , en quel
& d'autres Saints, pour prier notre Sauveur Jesus- ques manières que ce soit , fur les peines portées
Christ & les Saints , ne soit bonne œuvre... Art. par l'Arrêt donné , les Chambres d'icelles Cours
XVII. Outre , faut croire fermement , &C nullement assemblées le 6 du présent mois ; ainsi le jurons 6c
douter qu'il y a un Purgatoire auquel les ames dé promettons : en témoin de quoi nous aVons sous
tenues sont aidées par oraison , jeûnes, aumônes & signé , de notre propre main , cette profession de
autres bonnes œuvres , afin qu'elles soient plutôt foi & déclaration , le 9 de Juin 1 361.
délivrées de leurs peines... Art. XVIII. Un cha
cun Chrétien est tenu de croire fermement qu'il y
a en terre une Eglise universelle visible , qui ne peut
errer en la foi & bonnes mœurs , â laquelle tous
Chrétiens sons tenus obéir en ce qui touche la foi
&les bonnes mœurs... Art. XIX. Que fi aucune A Pégard des Juges qui peuvent déclares ro. Pou-»-
chose venoit ès Saintes-Ecritures , en controverses Hérétiques ceux qui osent combattre les ff^,
ou doutes , à icelle Eglise appartient à la définir & Dogmes dont nous venons de parler , & l'Eglise en-
déterminer... Art. XX. II est aussi certain qu'on en ordonner la punition ; l'on n'a jamais c :i 11
doit croire beaucoup de choses qui ne sont expres tiere , re
sément & spécialement contenues aux Saintes-Ecri douté que ce ne fût aux fenls Juges d'Eglise connu par/
tures , lesquelles , toutefois , est de nécessité rece qu'appartient le droit de déclarer Héréti nos Sou
verains.
voir par la tradition de l'Eglise... Art. XXI. Par ques ,• ceux qui ne veulent pas croire aux
une même certitude de vérité , faut croire que la Dogmes qu'elle propose à la croyance des
puissance d'excommunier est de droit divin , im Fidèles en vertu de cette Mission particu
médiatement octroyé, par Jesus-Christ , â l'Eglise;
lière qui lui a été donnée par son divin Au
& pour cette cause , sont à craindre grandement
les Censures ecclésiastiques... Art. XXII. II est teur , en lui confiant le pouvoir des clefs/
aussi certain que le Concile général légitimement Ce droit a été expressément reconnu par
& duement congrégé , représentant l'Eglise Uni tous les Princes Chrétiens dans les Loix
verselle , ne peut errer ès déterminations de la foi qu'ils ont rendues fur cette matière. Nous
& bonnes mœurs. . . Art. XXIII. Et n'est moins
venons d'en donner des exemples d'après
certain que de droit divin il y a un Pape qui est
chefsouverain en l'Eglise militante de Jesus-Christ, les Constitutions des Empereurs Romains &
auquel tous Chrétiens doivent obéir ; qui a aussi les anciennes Ordonnances de nos Rois j
puissance de conférer les Indulgences. . . Art. il ne nous relie plus qu'à y ajouter une
XXIV. Les constitutions de l'Eglise , comme de disposition particulière de l'Edit de 1695 ,
jeûnes, discrétion de viandes , abstinence de chair ,
art. 30 , regìfl. le 14 Mai même année r
& plusieurs autres choses véritablement obligent
la conscience , même encore fécludtout scandale... d'autant plus remarquable , qu'en même
Art. XXV. Les Vœux , & mêmement Monasti temps qu'elle a renouvellé celle des pré
ques & de Religion , corame de perpétuelle con-^ cédentes , relativement au droit exclusif
Xinence , pauvreté & obédience , obligent la cons des Juges d'Eglise , de connoître de la
cience... Art. XXVI. Qu'il y a de saintes & loua
Doctrine en fait de Religion , elle con
bles coutumes que les Prédicateurs doivent obser
ver en prêchant , comme celles d'implorer la grâce firme d'ailleurs deux Maximes également
du Saint- Esprit , par l'intercession de la bienheif- constantes en cette matière } Yune , que
reuse Vierge... Art. XXVII. Qu'en prêchant , on c'est en vertu de ce même Droit que
ne doit pas dire le Christ , mais Jesus-Christ , & l'Eglise a auíîi le pouvoir de punir par de
qu'il faut ajouter le titre Saint , quand on cite les certaines Peines , connues fous le nom de
Apôtres , les Pères , & drautres... Art. XXVIII.
Qu'il est salutaire de recommander aux prières des Censures , ceux qui osent combattre cette
peuples, les ames des défunts. Doctrine ; Vautre , que ces Peines étant
le plus souvent insuffisantes par elles-mê
IX, mes , pour réparer le trouble extérieur que
ceux-ci peuvent apporter à Tordre & à la
«
9. ArTèt Lors de Penregistrement , qui fut fait par tranquillité publique , il doit alors y être fup^
ment "seit *e Palment de Paris , de cette Loi, cette pléé par l'Autorité de la Justice temporelle.
en consé- Compagnie crut- devoir signaler son zele
quence. poar mieux en assurer l'exécution , en arrê
La conrtoissance & le Jugement de la doclrine j
tant la formule de ferment qui suit. Concernant la Religion , appartiendra aux Archevê
ques & Evêques : enjoignons à nos Cours de Parle
Nous souscrits , Présidens , Maîtres des Requêtes ment & tousnos autres Juges de la renvoyer auxdits
& Conseillers- Avocats , & Procureurs-Généraux Prélats ; de leur donner l'aide dont ils auront be
du Roi , Greffiers & Notaires de la Cour de Par soin pouf l'exécution des Censures qu'ils en pour-1
lement de Paris , croyons & confessons ta vérité ront faire, & de procéder à la punition des coupa
& sincérité de cœur , les articles insérés & approu bles , fans préjudice , à nosdites Cours & Jtiges, de
vés par les Lettres-Patentes du feu Roi François I , pourvoir par les autres voies qu'ils estimeront con
que Dieu absolve , en la soi desquels articles nous- venables , tk la réparation du scandale & trouble de
voulons vivre & mourir , & promettons à Dieu , fordre & tranquillité publique & contravention aux
á fa glorieuse Mere , à ses Anges & à tous les Saints Ordonnances , que la publication de ladite doctrine'
& Saintes eft la présence de cette notable Conv aura pu causer.-
O z
io8 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. III. Tit. L •
Glaive, reconnu dans tous les temps par fie, Crime
X , l'Eglise elle-même appartenir aux Princes P^J*^^
En effet , comme l'expérience a fait voir séculiers (i) , que les premiers Empereurs Droit
voiV PdeUs" que ce Crime , qui prend ordinairement fa Chrétiens ont mis l'Hérésie au nombre des miU,u
Juges Sé- source dans les passions de l'ambition , de Crimes publics s pour lesquels ils ont pro-
cette'ma- la cupidité , ou de la débauche , se trouvoit noncé des Peines corporelles , &même capi-
tiere , fur toujours accompagné de scandales , d'assem- taies , avec la confiscation des biens , & la
quoi fon- blées iuicites j de calomnies , & autres Cri- faculté de les poursuivre même après la
mes également contraires au repos & au mort du coupable , pour faire condamner fa
bien de l'Etat ; qu'en un mot , tout rebelle mémoire , de même qu'en fait de Crime de
à Dieu & à son Eglise le devenoit bientôt à Lese-Majesté Humaine, comme il paroît
son Souverain : il ne faut donc pas s'étonner par les Loix rapportées fous le Titre du Code
si les Princes Chrétiens se sont vus forcés , & fumma Trinitate , &c. & fous celui de
par la nécessité de pourvoir à la sûreté de leur Htrcticis , ô Mamchtis (2).
Trône , de porter , à cet égard, des Loix (l)Duosunt quippè, Imperator auguste, quibus
particulières par lesquelles , en même temps principaliter hic mundus regitur , auaoritas sacra
qu'ils ont laissé le soin de déterminer les Pontihcum , & regalis potestas. Cas. 10. Dist. 96.
cas fur lesquels pouvoit tomber l'Hérésie , Ut quod non privaient Sacerdotes , per doctrinx
aux Juges d'Eglise comme ayant seuls le <«nionem , bœc secularis potestas , per disciplina;
• 1 c % j t\ n. • r terrorem. Cas. Principes. Cauf. i\. Qu. «... Non
pouvoir de fixer les points de Doctrine fur fine causo ^ ^ enim^Minister est
lesquels doit porter notre croyance ; ils ont advindictam. S. Paul. Rom. 13.
cru devoir user du droit de Glaive que la (%) Hanc Legem scquentes Christianorum , Ca~
Providence leur a mis entre les mains , pour tholicomm nomen jubemus amplecti ; reliquos verò
prononcer contre ces Novateurs des Peines démentes yeíanosque judicantes Hsretici dogmatis
particulières, qui , par leur rigueur, puis- ^^^A^dhimprim^^^^
*, - .» ? .,• r rrr i .« motus ammi nqltri quem ex cacleftt arbitrio umpfcri-
sent suppléer a linsuffisance de celles pro- OT„JUkione plectendo. L. i.Js. *.Cod. de ILm.
noncées contre eux par les Canons». Nous Triait. & Fid. Catk... Ac primùm volumus ( Haere-
disons insuffisance , parce qu'en effet l'on sim )effe/>«£//'c:tt/7icrimen, quia quod in Religioi
sçait qu'en général l'Eglise , comme une divinam committitur , in omnium sertur injuriam.
bonne Mere, abhorre l'effusion du sang , -Q^os bonorum etiam publication* persequimur...
„ , ;r , • r r r Ipíosquoquevolumusamoveriabomni liberalitate
&qu,elle ne se porte a corriger ses Enfans ísucïeffioae,quoUbettituloveniente... Prstereà
que parce qu'elle les aime : & c'est pour nondonandi,nonemendi,norrvendendi,nonpos-
cela qu'elle veut qu'on emploie d'abord tremò contrahendi cudquam convicto relinquimus
la voie de la persuasion à leur égard ; qu'en- facultatem... In morte quoque inquisitio extenda-
fuite elle leur impose des pénitences falu- tor '> » criminibus Majestatis , licet mémo-
o , c ^ fi • rtam accusari defuncti , non immento ut rus débet
taires ; & qu enfin voyant qu ils ne revien- subire Je ■ [ c^ de w & Maaìdu
nent point a relipiícence , malgré la terreur £ Samarit.
de ses anathèmes , elle est obligée de les XIII
livrer à l'Autorité du bras séculier , pour
leur infliger des Peines plus fortes que C'est encore par la même raison, que ,3.ca.
celles qu'elle peut prononcer elle-même. nos Souverains ont porté différentes *?yai &
Encore voit-on plusieurs exemples , que , Loix , par lesquelles les coupables de ce píí8*
même dans ce dernier cas , elle se porte à Crime font qualifiés , tantôt de Criminels nous.
intercéder pour eux auprès des Princes, pour & Lese-Majesté, tantôt de Séditieux &
qu'ils usent de la moindre rigueur possible de Perturbateurs du repos public (1). C'est
contre ces brebis égarées , lorsqu'elles font enfin par une fuite des dispositions de ces
disposées à rentrer dans le bercail. mêmes Loix , que l'Hérésie se trouve au-
r 0 . .r iourd'hui du nombre de ces Crimes qu'on
Excommunicamus & anathematilamus uaiver- * n . A ,
sos Hœreticos... Damnati verò, per Ecclesiam , sae- appelle cas Royaux (z) , & meme qu elle
culari Judicio relinquuntur animadverfione débita est comprise parmi ceux pour lesquels l'Or-
puniendi, Clericis priùs à fuis Ordinibus dégradati. donnance veut que le Procès soit fait à la
Greg. 9. Cap. 15. Extr. de Hereticis... Sed quia mémoire du défunt (3).
gremium suum nunquam redeuntibus clausit Eccle-
sia,obsecroclementiamvestram,ut,fipropriode- (1) V. COrd. de Frasçois 1 , qui vient d'être
pofito errore & pravâ intentione depulsâ , ad uni- rapportée.
tatem Ecclesiae reverti voluerint , in vestram Corn- (2) V. art. 1 1 . Tit. 1 . de ÍOrd. de 1 670.
munionem receptis , indignationis vestrae remo- (3)V. art. i.T'u. n.de la même Ordonnance.
veatis oculos , & nobis intercedentibus benigni
animi gratiam condonetis. Epit. Joas. Pap. ad XIV
Jujlin'unum lmperatorem. L. 8. Cod. de Summa Triait,
XII. A l'égard des dispositions particulières i4.Héré-
que contiennent ces mêmes Loix , relative- s'es deLu-
ii. H«i: C'est aussi , en vertu de ce même droit de ment à ce Crime , elles regardent principale- clívb,de
DES CRIMES CONTRE LA RELIGION , &c. io?
objet par- ment , comme nous venons de l'observer , rêter principalement ici , en ce qu'en même
nosdernfe6- ^es Hérésies de Luther & de Calvin qui com- temps qu'elle renouvelle les dispositions?
resLoix. mencerent à s'introduire dans ce Royaume des précédentes , elle contient d'ailleurs des
fous le règne de François I. Réglemens particuliers qui ont paru néce£
faires , tant pour prévenir les progrès de
' cette Religion , que pour réformer diffé-
if.Cau- L'on fçait aussi que l'exécution des pre- rens ^ <Iui s'étoient introduits depuis
íétoca- h mieres Loix , qui àirent portées contre ces *es premières Loix.
tion de Novateurs , ayant été íùspendue par dif- v ir t t
l'Edit de r/ t^j- j •<* • ~ A V I 1.
Nantes. Férens Ldits de pacification , qui turent ren-
dus successivement en leur faveur , les in- II résulte de lá réunion des dífférens i7. c0re
fractions multipliées qu'ils ne ceflerent de Articles qui composent cette Loi , qu'elle tre. ceu*
faire à ces mêmes Edits , notamment au fa- embraífe , dans ses dispositions , jusqu'à on^e «em 'd»
meux Edit de Nantes qu'ils avoient surpris sortes de personnes qui peuvent s'en rendre ^e™~
à la Clémence d'Henri IV, forcèrent enfin réfractaires. Sçavoir, i°. C eux qui font des m"

Louis XIV de consommer une entreprise assemblées pour l'exercice d'une Religion
qui avoit déja été tentée par Henri IV lui- autre que la Catholique. II y a peine des
même , Sc par Louis XIII son Successeur , Galères perpétuelles pour les hommes ;
en ordonnant , comme il fit , par son Edit & contre les femmes , celle d'être rasées ,
du mois d'Octobre 1685 , ng- le zz du & enfermées pour toujours, avec consif-
mêmemois{\), la révocation absolue de celui cation des biens des uns & des autres. II
de Nantes , & en renouvellant en même y a de plus peine de mort , si l'aflëmblée
temps les défenses portées contre eux par les «'est faite avec armes.
Loix précédentes, de s'aflèmbler pour faire
Que la Religion Catholique , Apostolique &
l'exercice de leur Religion , à peine de Romaine soit seule exercée dans notre Royaume ,
confiscation de corps & de biens. Pays & Terres de notre obéissance : Défendons à
tous nos sujets , de quelque état , qualité 8c condi
(1) ... Dieu ayant enfin permis ( est-il dit dans le tion qu'ils soient y de faire aucun exercice de Reli
Préambule de cet Edit ) que nos Peuples jouissant
gion, autre que de la Religion Catholique, & de s'as
d'un parfait repos , & que nous-mêmes , n'étant pas
sembler pour cet effet en aucun lieu , & sous quel-
occupés des soins de les, protéger contre nos enne que prétexte que ce puisse être ; à peine , contre les
T?Jl r P*PTA° !" f trêve, quenousavons jJommes des Galères perpétuelles, & contre les
facile à 1 effet de donner notre entière application semmes »cdk #ètre ras£s£ enfermées r tou_
à rechercher les moyens de parvenir au succès du joufS dans {ç$ Ueux nQS j estimeront à
dessein des Rois noíd. Aieul & Pere , dans lequel pos , avec confiscation des biens des uns & des au
nous sommes entrés dès notre avènement à la Cou tres , même à peine de mort contre ceux qui fe se
ronne ; nous voyons présentement , avec la juste ront assemblés en armes. DECL.du 14 Mai 1714.
reconnoiffance que nous devons à Dieu , que nos art. 1 , reg. en Parlement le 51 du même mois.
soins ont eu la fin que nous nous sommes proposée,
puisque la meilleure & la plus grande partie de nos XVIII.
sujets de lad. Religion Prétendue Réformée ont
«mbrassé la Catholique ; &c d'autant , qu'au moyen 2°, Les Ministres Pre'dicans , qui con- jí.Con^
de l'exécution de l'Edit de Nantes , & de tout ce voquent ces aQ'emblées , ou qui y font quel- ^[^p^
qui a été ordonné en faveur de ladite Religion P.
R. , demeure inutile ; nous avons jugé que noxis ne ques fonclions. II y a peine de mort portée diça»*.
pouvions rien faire de mieux pour effacer entière contre eux , par la même Loi , qui confirme ,
ment la mémoire des troubles t de la confusion & de» fur ce point, la Déclaration de Juillet 1686.
maux que le progrès de cette fausse Religion a causés
dans notre Royaume , & qui ont donné lieu audit Etant informés qu'il s'est élevé & s'élève journeU
Edit , & à tant d'autres Edits ÔC Déclarations qui lement , dans notre Royaume , plusieurs Prédicans
l'ont précédé ou ont été faits en conséquence , que qui ne sont occupés qu'à exciter les peuples à la
de révoquer entièrement ledit Edit de Nantes , & révolte , &Ies détourner de la Religion Catholique,
les articles particuliers qui ont été accordés en- Apostolique & Romaine ; ordonnons que tous les
ïuite d'icelui , & tout ce qui a été fait depuis en Prédicans qui auront convoqué des assemblées , qui
Faveur de ladite Religion. Aut. I. &c. y auront prêché ou fait aucunes fonctions , soient
punis de mort , ainsi que la Déclaration du mois de
XVI. Juillet 1686 l'ordonne pour les Ministres de la
R. P. R, fans que ladite peine de mort puisse à l'ar
16. Dis- Cette Loi mémorable a été suivie de venir être réputée comminatoire, art. x. ibid.
autres, qui en ont étendu ou mo
X I X.
res de la difié les dispositions suivant les circonf
tíon^dê tances y notamment des Déclarations des 30. Ceux qui donnent retraite ou ajjìf- 19. Con*
1724. 7 Mars & 29 Octobre 1686, du iz Octo tance a ces Prédicans. II y a peine des j";
bre 1687 > du mois de Mars 1693 , du 13 Galères perpétuelles contre les hommes ; donnent
Septembre 1 699 , du 8 Mars 1 71 5 , & & celle d'être rasées & enfermées à per-
enfin de celle du 24 Mai 1724. C'est à cette pétuité pour les femmes 5 & de plus, con-
derniere que nous croyons devoir nous ar- fifcation des biens des uns & des autres*
no LES LOIX CRIMIN ELLES, Liv. III. Tit. I.
Défendons à tous nos sujets de recevoir Jesdits les Juges des Seigneurs qui y ont la Haute-Justice,
Ministres ou Prédicans , de leur donner retraite , en informeront , & enverront les informations ,
secours &c assistance ; d'avoir, directement ou indi par eûx faites , aux Greffes des Bailliages & Séné-
rectement, aucun commerce avec eux : enjoignons chaussées oìi ressortissent lesdits Juges qui ont la
à ceux qui en auront connoissance , de les dénoncer connoissance des cas Royaux dans l'etendue defdi-
aux Officiers des lieux ; le tout à peine , en cas de tes Justices , pour y être procédé à l'instruction &
contravention , contre les hommes , des Galères à au Jugement du Procès , à la charge de l'appel en
perpétuité ; & contre les femmes , d'être rasées & nos Cours de Parlement.
enfermées , pour le reste de leurs jours , dans les Voulons que le contenu au précédent article, soit
lieux que nos Juges estimeront à propos , 8c oe con exécuté, sans qu'il soit besoin d'autre preuve , pour
fiscation des biens des uns & desautres, Mèmcart. 1. établir le Crime de Relaps, que le refus qui aura
été fait par le malade de recevoir les Sacremens de
X X. l'Eglise , offerts par les Curés , Vicaires , ou autres
ayant la charge des ames , & la déclaration qu'il
ae» Con- 4e* ^es RelaPs ou ceux qui , aptes avoir
aura faite publiquement comme ci-deffus; & fera la
trelesRe- abjuré leurs erreurs , viennent h les repren- preuve dudit refus, & de ladite déclaration publi
laps* dre en refusant les derniers Sacremens lors que établie par la déposition desdits Curés , Vicai
res , ou autres ayant charge d'ames , & de ceux qui
de leur maladie , & en déclarant quils veu
auront été présens lors de ladite déclaration , fan»
lent mourir dans la Religion prétendue Ré qu'il soit nécessaire que les Juges du íieu se soient
formée. II y a contre eux peine de Bannisse transportés dans la maison desdits malades pour y
ment perpétuel , avec confiscation de biens dresser Procès verbal de leur refus & déclaration ,
s'ils recouvrent la santé; & s'ils viennent & fans que lesdits Curés ou Vicaires qui auront
visité lesdits malades , soient tenus de requérir le
à mourir , le Procès doit être fait à leur
transport desd. Officiers , ni de leur dénoncer le
mémoire Au surplus , cette Loi veut refus & la déclaration qui leur aura été faite ; dé
que la preuve de ce refus , 8« de cette rogeant , à cet égard , aux Déclarations des 19*
déclaration , de la part du malade , puisse Avril 1686 , & 8 Mars 171 5 , en ce qui pourra
s'acquérir fur les dépositions du Curé , du être contraire au présent article & au précédent,
Vicaire , & autres qui s'y fèroient trouvés Art.<)& 10. ìbìd.
présens : en quoi elle déroge aux Déclara XXI.
tions des zo Avril 1686 , & 8 Mars 171 5 ,
5°. Les Religionnaires cachés , qui as- n. Con!
suivant lesquelles cette preuve devoit se
fiflent Jsecrètement les ii-
malades , & les ex- quiexhor*
tre. ceux
faire par un Procès-Verbal du Juge du Ji \
nortent a retourner dans leurs anciennes tem à re-
lieu , dont les Curés & Vicaires étoient
erreurs , abusant pour cet effet de la foi- "P""?
tenus de requérir le transport.
blesse oh la maladie les réduit. II y a peine reur.
Enjoignons pareillement à tous Curés, Vicaires des Galères contre les hommes ; & celle
& autres qui ont charge d'ames , de visiter soigneu
sement les malades , de quelque état & qualité d'être rasées & enfermées contre les fem
qu'ils soient , notamment ceux qui ont ci-devant mes , le tout à temps ou à perpétuité , sui
professé la Religion Prétendue Reformée, ou qui vant que les Juges ì'arbitreront ; ce qui est
sont nés de Parens qui en ont fait profession ; de laissé à leur prudence.
les exhorter en particulier & fans témoins à rece
voir les Sacremens de l'Eglise, en leur donnant , à Et attendu que nous sommes informés que ce qui
cet effet , toutes les instructions nécessaires, avec contribue le plus à confirmer ou faire tomber lefd.
la prudence & la charité qu'il convient à leur minis malades dans leurs anciennes mœurs , est la présen
tère ; & en cas , qu'au mépris de leurs exhortations ce & les exhortations de quelques Religionnaires
& avis salutaires, tefd. malades refusent de recevoir cachés , qui les assistent secrètement en cet état , &
les Sacremens qvii seront par eux offerts , & décla abusent des préventions de leur enfance & de la foi-
rent ensuite publiquement qu'ils veulent mourir blesse ou la maladie les réduit , pour les faire mou
dans la R. P. R. , & qu'ils persistent dans ía décla rir hors du sein de l'Eglise ; nous ordonnons que
ration qu'ils en auront faite pendant leur maladie; le Procès soit fait & parfait par nos Baillifs & Séné
voulons que le Procès leur soit fait & parfait par chaux , ainsi qu'il est dit ci-dessus , à ceux qui se
nos Baillif's& Sénéchaux , à la requête de nos Pro trouveront coupables de ce crime , dont nos Pré
cureurs ; Sc qu'ils soient condamnés au bannisse vôts & autres Juges Royaux pourront informer ,
ment à perpétuité , avec confiscation de leurs biens : même les Juges des Seigneurs qui auroient la Haute*
& dans les pays où la confiscation n'a lieu , en une Justice dans les sieux où le fait seroit arrivé , á'il n'y
amende qui ne pourra être moindre que la valeur a point de Bailliage Royal , comme dessus , pour
de la moitié de leurs biens : si au contraire ils meu être le Procès continué par nos Baillifs & Séné-*
rent dans cette malheureuse disposition , nous chaux , & les coupables condamnés , sçavoir les
ordonnons que le Procès fera fait à lenr mémoire hommes , aux Galères perpétuelles ou à temps
par nos Baillifs & Sénéchaux , à la requête de nos selon que les Juges l'estimeront à propos ; & les»
Procureurs , en la forme prescrite par les articles femmes , à être rasées & enfermées dans les lieux
du Tit. ix. de notre Ordonnance du mois d'Août que nos Juges ordonneront y à perpétuité ou à
1670 , pour être leurdite Mémoire condamnée avec temps , ce que nous laissons pareillement à leur
confiscation de leurs biens ; dérogeant aux autres prudence. Art. 11. ìbid.
peines portées par la Déclaration du 19 Avril 1686,
& celle du 8 Mars 171 5 ? lesquelles ierontau sur X X I L
plus exécutées en ce qui ne se trouvera contraire
au présent article ; & en cas qu'il n'y ait point de 6°. Les Pères , Mères , Tuteurs , Cura- „.c0n-
Bailliage Royal dans le lieu où le fait fera arrivé , teurs , qui consentent aux mariages de leurs t« les pe-
nos Prévôts & Juges Royaux , & s'il n'y en a pas , Enfans ou Mineurs dans les pays écran- ^&
DES CRIMES CONTRE LA RELIGION , &< 1 1 1
consen gérs , sans pcrmijjïon expresse de Sa Ma ceux qui ont ci-devant professé la R. P. R. , ou qui
tent au jesté. II y a peine des Galères à perpétuité font nés de parens qui en ont fait profession , de
mariage faire baptiser leurs enfans dans les Eglises des Pa
de leurs contre les hommes ; & de Bannissement roisses où ils demeurent , dans les vingt-quatre heu
enfans perpétuel contre les femmes ; & en outre , res après leur naissance , fi ce n'est qu'ils aient obte
dans les
pays é- confiscation de leurs biens dans les pays où nu des Archevêques ou Evêques Diocésains de dif
trangers. elle a lieu ; & dans ceux où la confisca férer les cérémonies du Baptême pour des raisons
tion n'a pas lieu , il y a peine d'amende , considérables. Enjoignons aux Sages-Femmes &
autres personnes qui assistent les femmes dans leurs
qui ne peut être moindre que de la moitié
accouchemens , d'avertir les Curés des lieux de la
de leurs biens. naissance des enfans ; &: à nos Officiers & à ceux de
nos Seigneurs qui ont la Haute-Justice , d'y tenir
Défendons à tous nos sujets, de quelque qualité la main , & de punir les contrevenans par des con-
& condition qu'ils soient , de consentir ou approu- damnationS d'amendes , même par de plus grandes
ver que leurs enfans , & ceux dont ils feront Tu- ines suiyant rexigence des ^ 6
teurs ou Curateurs , le marient en pays étrangers , ° 3
soit en signant les contrats qui pourroient être faits
XXV.
pour parvenir auxd. mariages , soit par acte anté
rieur ou postérieur , pour quelque cause & fous if . Con
90. Les Sages-Femmes & autres , qui as
quelque prétexte que ce puisse être, fans notre per tre les Sa
mission expresse &c par écrit , signée par l'un de nos sirent les femmes dans leur accouchement , ges-Fem
Secrétaires d'Etat & de nos Commandemens ; à lorsqu'elles n'avertissent pas les Curés de mes qui
n'avertis
peine des Galères à perpétuité contre les hommes , la naiJJ'ance de ces Enfans ; mêmes Peines sent de la
& de bannissement perpétuel contre les femmes ; d'amende , ou autres plus grandes Peines , naissance
& en outre de confiscation des biens des uns & des des en-
suivant l'exigence des cas. tans.
autres : ôc où confiscation n'auroit pas lieu , d'une
Amende qui ne pourra être moindre que de la Enjoignons aux Sages-Femmes & autres person
moitié de leurs biens, art. 1 7. ibid. nes qui assistent les femmes dans leur accouche-
ment , d'avertir les Curés des lieux de la naissance
XXIII. des enfans ; & à nos Officiers & à ceux de nos Sei
gneurs qui ont la Haute-Justice d'y tenir la main ,
& de punir les contrevenans par des condamnations
«3. Con- 70. Les Sujets du Roi , nouveaux con
tre les yertis qui se marient sans observer les solem- d'amende , même par de plus grandes peines , sui
vant l'exigence des cas. Art. y
Convertis nites prejcrites par les Loix du Royaume.
rient6 sons ^s ^°^veirt > ^uivaní cette même Loi , être X X VI.
observer punis des Peines portées par l'Edit du mois
lesformes.de Mars 1697 , par la Déclaration du 15
1 o°. Les Médecins , Chirurgiens , & i6. Coni
Juin de la même année ; & même de pu Apothicaires , qui , étant appelles auprès treles Mé-
nition exemplaire , suivant l'exigence des des Religionnaires y ne donnent pas avis n'avertir
cas. Nous aurons lieu , en traitant du Rapt aux Curés , lorsqu'ils jugent la maladie q^,1"
de séduction , de rapporter les dispositions dangereuse , pour leur adminijlrer les der- r"
de ces premières Loix , relativement aux niers Sacremens ; Peine d'amende telle
Formes & aux Peines qu'elles prescrivent qu'elle appartiendra , & celle de l'interdic-
à ce sujet. tion en cas de récidive.
Voulons que les Ordonnances , Edits & Décla Les secours spirituels n'étant en aucun temps plus
rations des Rois nos prédécesseurs fur le fait des
nécessaires, fur-tout à ceux de nos sujets qui sont
mariages , & nommément l'Edit du mois de Mars nouvellement réunis à l'Eglise , que dans les occa
1697 , & la Déclaration du 15 Juin de la même sions de maladies , oìi leur vie & leur salut sont
année , soient exécutés selon leur forme & teneur
également en danger ; voulons que les Médecins ,
par nos Sujets nouvellement réunis à la Foi Catho
& à leur défaut les Apothicaires & Chirurgiens
lique , comme par tous nos autres Sujets ; leur en
qui seront appellés pour visiter les malades , soient
joignons d'observer , dans les mariages qu'ils vou
tenus d'en donner avis aux Curés ou Vicaires des
dront contracter , les solemnités prescrites , tant par
Paroisses dans lesquelles lesdits malades demeure
les saints Canons reçus & observés dans ce Royau
ront , aussi-tôt qu'ils jugeront que la maladie pour-
me , que par lefdites Ordonnances , Edits & Déroit être dangereuse , s'ils ne voient qu'on les y ait
clarations , le tout sous les peines qui y sont por
appellés d'ailleurs , afin que lesdits malades , &
tées , & même de punition exemplaire , suivantnommément nos Sujets nouvellement réunis à l'E
l'exigence des cas. Art. 1 5 . ibid, glise, puissent en recevoir les avis & les consolations
spirituelles dont ils auront besoin , & le secours des
XXIV. Sacremens , lorsque lesdits Curés ou Vicaires trou
veront lesdits malades en état de les recevoir : en
5*- Con- 8°. Les Pères & Mères qui ne font pas joignons aux parens, serviteurs, & autres person
res&me- ^aP^ser ^eUrS Enfans a l' Eglise Paroif nes qui seront auprès desdits malades , de les faire
res qui ne sale du lieu , dans les vingt- quatre heures entrer auprès d'eux , ôede les recevoir avec la bien
séance convenable à leur caractère ; & voulons que
tiser îeîírs ^e ^eur na*Jsancc i Peine d'amende , & autres
ceux desdits Médecins , Apothicaires & Chirur
ensons plus grandes Peines, suivant l'exigence giens qui auront négligé ce qui est de leur devoir à
dans TE- des cas. cet égard , & pareillement les parens , serviteurs &
glise.
autres qui sont auprès desdits malades , qui auront
Ordonnons à tous nos Sujets , & notamment à refusé auxdits Curés ou Vicaires , ou Prêtres en-
ii2 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. III. Tit. I.
voyéspareux , deleurfairevoirlesditsmalad.es, Sages Femmes , ensemble les Libraires &C Impri-
soient condamnés en telle amende qu'il appartien- meurs, ne pourront être aussi admis à exercer leur
dra , même les Médecins , Apothicaires , Chirur- art & profession, dans aucun lieu de notre Royau-
giens ,, interdits en cas de récidive. Le tout suivant me , sans rapporter une pareille attestation , de la
_
l'exigence des cas. Art. S. quelle il fera fait mention dans les Lettres qui leur
seront expédiées ; même dans la Sentence des Juges
XXVII. à l'égard de ceux qui doivent prêter le serment de-
vant eux, le tout à peine de nullité. Art. XIV...
vj. Con- 1 1 °. Les parens , serviteurs ô autres , Les enfans mineurs , dont les pères & mères , tu
qui refu- 1UI » eíant Pr^s ^es ma^es » auront refusé teurs ou curateurs font sortis de notre Royaume ,
& se sont retirés dans les pays étrangers pour cause
sent l'en- L'entrée aux Curés ou Prêtres par eux em-
préêetresaux ployés ; ils doivent être pareillement punis de Religion , pourront valablement contracter
mariage , sans attendre ni demander le consente-
qui vien- d'amende plus OU moins forte, suivant ment de leursdits pères & mères, tuteurs ou cura
iesntrnak- l'exiSence ^es cas- M&mt art. 8. teurs abfens, s'ils en ont en ce Royaume; sinon il
des. leur en fera créé à cet effet , ensemble de leurs pa-
rens ou alliés , s'ils en ont; ou , au défaut de pa-
XXVIII. rens ou alliés , de leurs amis , ou voisins ; voulons ,
à cet effet , qu'avant de passer outre au contrat &
î8. Peines I2l Indépendamment des Peines corpo- célébration de leur mariage , il soit fait devant le
générales
pronon-* relies & pécuniaires , portées par cette Juge Royal des lieux où. ils ont leur domicile , en
íreìes'í^ contre ^es Religionnaires & leurs présence de notre Procureur , & , s'il n'y a point
de Juge Royal, devant le Juge ordinaire desdits
rétiques, fauteurs , il y en a encore d'infamantes qui lieux , le Procureur-Fiscal de la Justice présent ,
confiíîent , i °. Dans Ycxclufìon absolue de une assemblée de six des plus proches parens ou
toutes Charges publiques , & des Li alliés , tant paternels que maternels, faisant l'exer-
cences de toutes Univerfités du Royau- cice de la Religion Catholique , Apostolique &
me ; des Professions de Médecins , Chi Romaine , outre le tuteur ou le curateur desdits
minfeurs ; & au défaut des parens ou alliés , de six
rurgiens , Apothicaires , Sages-Femmes ,
amis ou voisins de la même qualité , pour donner
Libraires ô Imprimeurs. z°. Dans la pri- leur avis & consentement , s'il y échet ; & seront
vation des effets , de Vautorité paternelle les actes pour ce nécessaire expédiés fans aucuns
fur les enfans qu ils laissent dans le Royau frais > tant de Justice que de sceau , contrôle, insi-
me , lorsqu'ils viennent à en sortir , ou pour nuation ou autres ; & en cas qu'il n'y ait que le
/> t 2 n /• ■ c r rr pere ou la mere desdits eníans mineurs qui ioit som
cause de Religion, & sans permission ex- " du Royaume , il suffira d'assembler trois parens ou
prejfe du Roi. alliés du côté de celui qui fera hors du Royaume ,
ou , à leur défaut , trois voisins ou amis , lesquels ,
Ordonnonsque , suivant les anciennes Ordon- avec je pere ou la mere qui se trouVera présent, 6c
nces des Rois nos prédécesseurs , & 1 usege obser- le tuteur ou ie curateur f s»ii y en a autre que le
nancesi
vé dans notre Royaume , nul de nos Sujets ne pour pere ou la mere , donneront leur avis & consente
ra être reçu en aucune charge de Judicature dans ment , s'il y échet , pour le mariage proposé ; du
nos Cours, Bailliages , Sénéc haussées , Prévôtés & quel consentement , danstous les cas ci-dessus mar-
Justices , ni dans celles des Hauts-Justiciers , même 3ués , il sera fait mention sommaire dans le contrat
dans les places des Maires & Echevins , & autres e mariage qui sera signé par lefdits pere ou mere ,
Officiers des Hôtels-de- Ville, soit qu'ils soient éri tuteur ou curateur , paFens , alliés , voisins , ou
gés en titre d'office , ou qu'il y soit pourvu par élec amis , comme aussi fur le Registre de la Paroisse où
tion ou autrement , ensemble dans celle des Gref- se fera la célébration du mariage ; le tout fans que
£ers, Procureurs , Notaires, Huissiers & Sergens, les enfans , audit cas , puissent encourir les peines
de quelque Jurifdiction que ce puisse être , & géné portées par les Ordonnances contre les enfans defa-
ralement dans aucun office ou fonction publique , mille qui se marient fans le consentement de leurs
soit en titre , ou par commission , même dans les pères & mères; à l'effet de quoi nous avons dérogé
offices de notre Maison , & Maisons Royales , fans & dérogeons , pour ce regard seulement, auxdites
avoir une attestation du Curé, ou , dans son absen Ordonnances , lesquelles seront au surplus exécu
ce , du Vicaire de la Paroisse dans laquelle ils de tées selon leur forme & teneur. Art. XVI.
meurent , de leurs bonnes vie & moeurs , ensemble
del'exercice actuel qu ils font de la Religion Catho
lique , Apostolique & Romaine. Art. XII... Vou XXIX.
lons pareillement que les Licences ne puissent être
accordées , dans les Universités du Royaume , à
ceux qui auront étudié en Droit ou en Médecine, 130. A toutes les Peines dont on vient i9. peîn«
que fur des attestations semblables que les Curés de parler , il faut ajouter celles de Vinca- P'^cuiie-
leur donneront , & qui seront par eux représentées pacite \ , , ~ * . ^ res en cas
de contracter mariage avec tes La- de mar#-
à ceux qui leur doivent donner lesdites Licences ; tholiques . & de Villégitimité des Enfans 8e* P"
desquelles attestations il fera fait mention dans les
Lettres de Licence qui leur seront expédiées , à qui proviennent de ces mariages \ celles-ci tractés
peinede nullité; n'entendons néanmoins assujettir à avoient déja été prononcées par l'Edit de *ve.c d«.
cette règle les étrangers qui viendront étudier & Novembre 1680. atholl~
ques.
prendre des Degrés dans les Universités de notre
Royaume, à la charge que, conformément à la Les Canons des Conciles tenus en divers temps
Déclaration du 16 Février 1680 , & à l'Edit du mois dans l'Eglise , ayant condamné les mariages des
de Mars 1707, les Degrés par eux obtenus ne pour Catholiques avec les Hérétiques , comme un scan
ront leur servir dans notre Royaume. Art. XIII... dale public & une profanation visible d'un Sacre
Les Médecins , Chirurgiens , Apothicaires , & ment auquel Dieu a attaché des grâces qui ne peu
vent
DES CRIMES CONTRE LA RELIGION , ôcc. 115
vent être communiquées à ceux qui font actuelle qui seront arrêtés en sortant par nos Baillifs 8c nos
ment hors de la communion des Fidèles-- nous avons Juges des Sièges, dans retendue desquels ils auront
estimé d'autant plus nécessaire de les empêcher à été pris ; & que les uns & les autres soient con
l'avenir, que nous avons connu que la tolérance de damnés , les hommes aux Galères perpétuelles , &
ces mariages expose les Catholiques à une tentation les femmes à être recluses dans les lieux qui seront
perpétuelle de se pervertir , & par conséquent aux ordonnés par nos Juges , avec confiscation des biens
peines portées par notre Edit du mois de Juin der tant des hommes que des femmes , à qui il appar
nier ; à quoi étant nécessaire de remédier , & d'em tiendra ■ , & en cas que lesdits biens soient situés dans
pêcher eu même temps uu abus si contraire à la disci les pays où la confiscation n'a lieu , ou dans les
pline de l'Eglise Catholique. . . . Nous voulons qu'à Justices des Seigneurs particuliers , voulons que ces
l'avenir, nos sujets de la Religion Catholique, Apos coupables soient condamnés à une amende envers
tolique & Romaine, ne puissent, sons quelque pré nous , qui ne pourra être moindre que de la moitié
texte que ce soit , contracter mariage avec ceux de de la valeur desdits biens. Voulons que les mêmes
IaR.P. R. , déclarant tels mariages non valablement peines & confiscations soient ordonnées contre ceux
contractés , & les enfans qui en proviendroient illé qui auroient contribue directement ou indirectement
gitimes Sc incapables de succéder aux biens,meubles à l'évasion de nosdits sujets , ou aidé & favorise , en
& immeubles de leurs pere & mere. Edit de Novem quelque manière que ce soit , l'exécution de leur
bre 1680. dessein. Dtel. du 11 Septembre 1699.

X X X. XXXI.

"3«. Air II y a d'ailleurs des Peines particulières , A la vérité , l'on ne remarque dans cette 31. Peines
ises Peines Loi , non plus que dans les précédentes , le*
contre les portées , par une Déclaration du 1 3 Sep
Sujets du tembre 1699 , contre tous les Sujets du aucune disposition précise au sujet des Pei- ques.
Roi .qui nés qui doivent être infligées aux HÉRÉSIAR
sortent Roi , soit Religionnaires ou non , qui sor
hors du QUES , ou inventeurs d'une nouvelle Secte
tent du Royaume sans permission , comme
Royaume en cette matière : fur quoi elles s'en rap
fans per auflì contre ceux qui auroient contribué
mission. portent fans doute au droit Public de toutes
direttement ou indirectement , ô favorisé
les Nations Catholiques , suivant lequel ,
de quelque manière cette évafion. Ces Pei
l'on sçait que la Peine ordinaire de ceux-
nes font celles des Galères perpétuelles
ci a toujours été celle du Feu , ainsi que
contre les hommes ; & de la Reclusion à
nous en avons plusieurs exemples , notam
perpétuité contre les femmes , après avoir
ment dans la personne de ces íàmeux Sectai
été rasées ; & en outre la Confiscation de
res , Jean Hus , ck Jérôme de Pragues ; Peine
leurs biens , ou d'une Amende de la moitié
sondée sur ce passage de l'Evangile , où il
des biens au moins dans les pays où la
est dit , que le sep , détaché de la vigne, n'est
confiscation n'a point lieu.
bon qu'à être jeté dans le feu. Ce qui ne doit
Voulons que nos Edits & Déclarations des mois s'entendre néanmoins , suivant les Auteurs ,
d'Août KÍ69 , t8 Mai & 14 Juillet 1681, 6 Octobre que lorsqu'il est résulté de la publication:
1685, 7 Mai 1688 , & 11 Février dernier , soient de leur Doctrine , un grand dommage à la
exécutes selon leur forme & teneur ; & en consé République , comme lorsque ces Nova
quence que le procès soit fait & parfait par nos
Baillifs & Sénéchaux , ou leurs Licutenans-Crimi- teurs ont engagé dans leur faction des
nels , aux Nobles $ & par nos Juges ordinaires à nos personnes du premier rang de la Nation,
autres Sujets non privilégiés encore engagés dans dont l'exemple en auroit entraîné un grand
la R. P. R. , ou réunis à l'Eglise , qui sortiront à
l'avenir de notre Royaume \ sçavoir , à ceux qui nombre d'autres.
seront sortis , s'ils peuvent être appréhendés , sinon Si quis in me non manet , mittetur foràs sicut pal
Ear contumace , par nos Baillifs & Sénéchaux , 011 mes , & arefeet , & colligent eam , & in iguemmit-
ieutenans-Criminels , ou par nos Juges des lieux tent. Joan. 15.
où ils avoient leur dernier domicile , & faisoient Ubi major est culpa , ibi gravior débet esse vin-
leur demeure ordinaire avant leur sortie j & à ceux dicta. Cap. txc ommunicamus. Extra. dt Hartt.

§. II. De VApostasie.

SOMMAIRES.

1. Deuxfortes d' Aposlase. 5. Quid , des Rebaptisans.


2. Peine de celle concernant les Religieux. 6. EJpece d'Apostats dont il est parlé dans
3. Crime plus grave que l'Héréfie. Sa Feine. nos Loix.
4 Peine de ceux quiy entraînent d'autres.

I I.

1. Deux O N en distingue de deux sortes , la pre- L'autre , est celle que commettent les 2 Pe-ine
sortesd'A- miere , qui se commet par ceux qui déser- Religieux, en quittant, fans dispense, l'Ordre de celle
postasie. tent notre Religion pour en embrasser une où ils ont fait des vœux ; ou bien des Pré- n°"tcer]~s
autre , comme le Judaïsme , le Mahomé- tres qui quittent leur état pour se marier. Religieux.
tisme ; on les appelle autrement Renégats. Nous ne nous arrêterons point à cette der-
I

<i4 LES LOIX CRIMIN ELLES , Lïv. III. Tit. I.


niere , qui n'est sujette parmi nous qu'à des in nefandam fectam ritumve transduxerit , cum dis-
pendio fortuuarura capite punicndum elfe sensemus.
Peines Canoniques , telles que l'Excom-
L. 5. Cod. tit.
munication , l'Irrégularité , la privation
V.
des privilèges de leur Ordre , & la Prison.

Ut periculosa Religionis evagandi materiae sub- On mettoit ausiì , suivant ce Droit , au Q>ùd,
trahatur , districtiùs inhibcmus ne de scelere aliquis nombre des Apostats , ceux qui rebapti- baptisons,
quamcumque Religionem profeslus , in scholis , vel soient , ou se faisoient rebaptiser. Leur
alibi , temerè habitum Religionis sua; dimittat... Si
quis autcm horum temerarius violator extiterit , Peine n'étoit pas moindre que celle du der
excommunicationis incurrat sententiam ipso facto. nier supplice.
Bonif. VIII. cap. ut periculosa , ne Cltrici aut
Monachtsecularìbus negot.fe immifceant , in 6°. . . . Si quis rebaptisare quempiamde ministris Catho-
Praetereà Cleriei qui , relicto ordine Clericali , 8t licae Sectae fuerit detectus unà cum eo qui piaculare
habitu suo , in Apostasia tanquam Laïci conver- crimen commiíit ( fi tamen criminis per aîtatem capax
santur, si incriminibus comprehensi teneantur, per sit ) 8c hic cui persuasum sit ultimo supplicio per-
Censur. Eccl. non praecipimus liberari A nobis cellatur. L. 6.
expctiit tua Frat. edoceri quid de Apostatis sit agen- V L
dum , cùm in custodia detinentur, qui minis, vel blan-
ditiis uullatenùs poilu ut iuduci , ut abjectum habitum
Mais nous ne connoilîbns aucune Loi 6. Espece
readsumant.Ad quod tibibrevitcr respondeo. Taies ,
(sivolueris) poteris sub gravi custodia carcerare , ità de ce Royaume qui ait été portée contre ££p
solummodò vita sibi misera reservetur , donec à sua; les Apostats de cette derniere espece , non iiestParié
praîsumptionis ncquitia resipifcant Monachi qui plus que contre ceux qui ont embrassé le f*™ n0*
fuerint pervagati , ubi inventi fuerint , cum auxilio Judaïsme & le Mahométisme ; mais feule- m*'
Episcopi , tanquam fugaces sub custodiam revocen-
tUs. CONCIL. AURELIANENS. I. cap.il. ment contre les Catholiques qui se font Pro-
testans , & contre les Relaps dont nous
III. avons parlé en traitant de l'Hérésie. En
Crime L'Apostasie , qui regarde la Foi , & dont voici une qui a été portée principalement
u f'Hé* n0US vou^ons Pasler principalement ici , est contre les Ministres Protestans qui favori,
résie. Sa une espece d'Hérésie , &. plus condamna- sent ces sortes de Crimes.
Peine, ble encore , en ce qu'au lieu que l'Héré-
tique ne s'écarte de la Foi que dans de J-iOUIS Nous avions espéré que les peines
certains points , l'Apostat s'en éloigne en d'Amende honorable , de Bannissement perpétuel ,
tièrement. Ausfí voyons-nous , que les Loix & la confiscation des biens ordonnées par nos Lettres
de Déclaration des 20 Juin 1665 , & 1 3 Mars 1680 j
Romaines mettoient cette différence entre
tant contre nos sujets de la Religion prétendue Ré
eux , qu'elles laifíoient aux Juges le pou formée, qui ayant abjuré ladite Religion, & embrassé
voir de remettre la Peine à l'Hérétique qui la Catholique , Apostolique & Romaine , retourne-
se repentoit : tandis qu'elles voûtaient que roient en ladite R. P. R. , que contre nos autres
Sujets, qui , faisant profession de la Religion Catho
l'Apostat fût puni irrémiffiblement de la lique , Apostolique 8c Romaine , la quitteroient pour
Peine qu'elles avoient prononcée. Cette embrasser ladite R. P. R. feroient entièrement cesser
peine est celle de l'infamie , & de la confis le mal. Mais apprenant avec déplaisir qu'aucun de
cation des biens par laquelle on punissoit nosdits Sujets tombent souvent dans ce malheur ,
où ils font entraînés par les pratiques das Ministres
les Apostats , même après leur mort. de la R. P. R. , qui s'y portent d'autant plus volon
Hi qui sanctam fidem prodiderunt , & sanctum tiers , qu'ils méprisent la peine ordonnée contr'eux
baptisma haereticâ superstitione profanarunt , à con- à cette occasion , laquelle étant trop douce , & ne
sortio omnium segregati sint à testimoniis alieni ; les privant que de la fonction de leur ministère ,
testamenti ( ut antè jàm sanximus , ) non babeant n'est pas capable de les tenir ; nous avons résolu d'y
factionem; nulli in hacreditate succédant, ànemine pourvoir en imposant auxdits Ministres une peine
scribantur haeredes. . . . Lapsis etenim & errantibus plus dure & plus sévère. Sçavoir faisons , que pour
subvenitur ; perditis verò , hoc est sanctum bap ces causes , & de notre propre mouvement , pleine
tisma profanantibus nullo remedio pœnitentia; ( qua; puissance 8c autorité Royale , nous avons par ces
solet aliis criminibus adesse succurritur. ) Quorum Présentes , signées de notre main , dit , déclaré 8c
etiampost mortem comprobata perfidia, hâc ratione ordonné , disons , déclarons 8c ordonnons , voulons
plectenda est , ut donationibus testamentisque res- & nous plaît que les Ministres de la R. P. R. qui
cislìs , hi quibus ftoc deferret légitima successio hu- recevront à l'avenir aucun Catholique à faire pro
jusmodi personarum hacreditate potiantur. L. 3. Cod. fession de ladite R. P. R. , ou les souffriront dans
de Apostat. L. 4. les Temples 8c Prêches , & qui y recevront & souf
friront aussi aucun de ceux de ladite R. P. R. qui
I V. l'auront abjurée , & embrassé la Catholique , soient
condamnés à faire amende honorable , 8c au Bauisse-
4. Peine de II y avoit aussi Peine capitale , avec ment perpétuel hors de notre Royaume , avec con
SUI y confiscation , prononcée contre eux, s'ils fiscation de tous leurs biens } & qu'au surplus ledit
entraînent , . ' .r » contenu en nosdites Déclarations & Edits soit gardé
M'autrei. etoient convaincus d en entraîner d autres 8c observé ; à quoi enjoignons très-expressément à
dans leur Apostasie. nos Procureurs -Généraux , 8c leurs Substituts , de
tenir soigneusement la main , & de poursuivre les
.... Eum qui servum five ingenuum invitum , feu contrevenans avec toute l'exactitude 8c la diligence
suasione plectenda , ex cultu Christianae Religionis possible.... Edit de Louis. XIV, en Mars 1683.
0ES I CRIMES ' CONTRE LA REUGfON , &c, ■ « J <f

f. Drís Schisme.

.!d M . «.'O M M A I, ífc E S, /. t. ;.

ï . Qu'ejì-ce qfij! Schisme ertgénéral ? 4, Shistnç dont il s*agit ici. Sa Peine tfui-
'■^tínries Canons-, :' '-' "A J 'c. t
%. Trois fortes'de Schismati'aues.\ \
3. Espèces'de? &kïsfrìá jjpr'né-fâà <plus -5. SárPùrtc ? suivànt nos LoixV.v 1
connus parmi nous.
.2 'd H J /. ìí tYi O
X
.V.i'.'Jj f-
«.Qu'est- ^E mot signifie séparation, j o pdtóe. qu'il en général, qu'ils devrolent aijfíì être fùjets
«e que se çpmmet .par, ceux qui se séparent de aux mémes Peines. L'on voít , en effet ,
Schiíme WÎfc/îi '"'l ' ' J'"' r '" ■>'■• ■ que , suivant le Droit Canonique , la Peine
«n géné- l^g^e.
de l'Excommunication est prononcée contre
Schifma , fiquidem "ípfum quod Graecum nomen
est , sciíTuram sonat. Scd in unitata fciffura eífe eux , de même que contre les Hérétiques ;
non potelh Non -crgouniiati communiait qui Schif- tellement que lorsqu'ils font absolument
, matiçjs comcnunïcat patres sibi ipsi fecerunt , & ab incorrigibles , ils doivent être livrés , com
■ i eo quod unum est. Ut Apostoli Jùdáe jám verbis
me ces derniers , au "bras séculier.
lóquar j stmttipsos figregantts , spiriiúnt fton hâtent.
'•• Ca\. 34 , cauf. 24. quelt. 1. . . • '..''* 1
• Nolite ergò dubitare hujufmodi homincs principá-
íi , vel judiciali auctoritate cbmprimere : quia régula;
— i- - - • • ■ Patrum hoc specialiter constituerunt , ut íi qua ecclé-
soït*™" '^'óri'- distingué trois sortes de Schiíma- íìastici osficii persoua , cui subjectus eíè restiterit ,
Schisinati- tiques > suivant les Canons. ï °. Ceux qui vcl seorsùm collegerit , aut aliud altare erexerit , feu
Schiíma fecerit , iste excommunicetur atque dam-
gués. ne reconnoissent aucun Chef dans l'Egliíè , netur. Quòd fi fortè & hoc contempserit & perman-
dont ils attaquent Punité. z°. Ceux qurcon- serit , diviíiones & Schiftna faciendo , per potesta-
jioislênt un autre Chef de l'Egliíè que le tes publicas opprimatur.'Ecce, Domine , quòd ani-
mus veíiej fortè timidus est , ne perfequi videaris
Pontife de Rome. 30. Enfin y ceux qui re
de Patrum vobis a'uctoritate haec brevitcr dirigenda
fusent d'obéir au Pape , parce qu'ils pré- curavi , cùm mille alia exempla & constitutiones
tendent qu'il n'aur'c^; Jïas été.
. tendent ^ canonique- fint, quibus evidenter. agtiofcitur , ut façienteîs fcis-
su'ras in fancta Ecclefia non solùm exiliis, fed êtiara.
profcriptione rerum , & durá custodiâ , per putlica's
otestates debcant CQercerj. Çan. de Ligurìb. 43,
'eztts. 13.' Qu. 5. • • >' '■■'>'» ' L '/ .£
î-Esoece» II ne reste' plus heureusement aucun veíl
qdM tiS^^s Sohistn^s'de cette derniereje^pece,
mes plus qui ont autrefois désolé l'Ëglise. H en reste
font
connus malheureusement encore de la seconde es
parmi Nous n'avons , dans nos Loíx , aucunes ^ $a
pece dans ce fameux Schiíme d'Orient , dispositions particuheres qui les distinguent ne luivnnt
,uiv
nous.
qqi s'est divifë en plusieurs ^r^ches sous
« -* • des Hérétiques fus cé point. L'on Veut: dire
/ - les noms de Grecs y. de Moscovites , de,
qu'ils font compris dans lâ difpòsiiiôn gé
. Cophtes ; d'Armiéniesls & d!Abyssins, nérale des Edits' & Déclarations, rendus
contre ces derniers , cbmme infracteurs de
IV
la paix' & tranquillité publique.- Nouá
4. Scìiîsme C'est donc principalement dès Schisma- croyons cependant , que les Peines portées
^"ç'i' SSaa" tiques de la première eípece dont nous contre ceux-ci , ne devroient pas s'appli
peine, fui- croyons devoir nous occuper ici. Comme quer avec la même rigueur contre les
jcanoní" ceux_ci s'efforcent , de même que les Hé Schilmatiques ; en ce. qu'au lieu que l'Hé- - ~
rétiques , de rompre l'unité de ll'Eglise , résie attaque directement la Majesté Dir m n
. & que d'ailleurs ils font comme eux, dans vine , le Schiíme n'attaque proprement que
7;o l'ufage d'exciter des séditions , il paroît l'Eglise & le Souverain Pontife. *. .«.".v.

,j c : iz.'i ua t'.'j", . .t
A V" II -I • l

v. ■' "r.r:L rixsi n-*j

r " v > fc.Ì isq . -I

. . : •• • : i: oqîîïr-^i

P 2
n6 LES LÒÏX G R 1 M î N E LL EjS v tiVi JII. :?it. I.

CHAPITRÉ T R 0 PS 1 E M E.

Des Crimes qui attaquent la.Retìgion dans les Choses ou lès Pets(>l>he%
consacrées à Dieu , ou Àu~\Sacrjlege? & dejès dffifárïçcï.'èjgekì^^ **

SOMMAIRES.

ïi Qu'entend-on par Sacrilège, commis fur 2. Qu est-ce que Sacrilège commis fur Jçs
les Choses ì '•■ Personnes* ií,^-/' .-im 3 v_/

£- . «::n néficiers , soit enfin par la fimoniç^L ftp


I. Qu'en D ans les Sacrilèges, qui se costirhettent confi. ncg'... - • , ; , .1 >
tend - on
{'>ar sacri- sur les choses, on comprend d'abord toú- ' :.. Lt.:..<- ;» ' .
ege com tes les profanations qui se sont des choses A l'égard des Sacrilèges qui se commet a; Qu'efl-
mis fur les
Chojcsì faintes , & consacrées a Dieu. On y com- tent envers les PERSONNES conïàtfêes ce que S»-,
prend aussi celles qui se font des Eglises Dieu , òn veut parler des outrages faits aux commis
mêmes , soit par leur démolition , incen- Prêtres , & de Yenlèvement ou séduction des surle$P«t
die y & trouble au Service Divin , soit par Religieuses. Nous alsons traiter séparément ^"mu"
la violation des Sépulcres y soit par Yufur- de toutes ces différèntès espèces de Sacri-
pation des biens qui en dépendent, soit leges i daris le même, çrdfe <jue , nousj-ve»
par le recélement des corps morts des Bé- nons de les indiquer.; > ; -, >3,.,3:3

§. L. De /<z Profanation des Choses saintes* ^ ', t-


t ,.
SOMMA I R E^ S. - '■■ ' -"c .i-'"
RE

1. Qu*entend- on par Choses saintes ? . , parlé de ces Sacritege^^ j«. 0 -


2. Profanation en fait de Sacremens. Dt $. Deux fortes de Sacrilèges t qui font^biet
combien defortes. ■ principal de notre Jurisprudence.
3. Quid , à tégard des Chosessaintes qui ont 6. Profanation des Hosties consacrées ; com-
rapport aux Sacremens. '^mtntpunie parmi' nous.Z'1-'-' si» J \
4. Tjotm </a Droz'í Canonique , o/z «7 ty? 7, Quid , à Tégard de tlnctfkffnìtíklïf* .
::.:.:.).. ^ : .- •. ìioi >i ..10 t. ■ ■
r «...
I.
-1
t. Qu'end *30vs le nom de Choses Saintes ; on veut : ; 2°. A l'égard defc-XHOSES saintes qui
tend - on
Îiar choses parler principalement 4es Sacremens de orit rapport aux Sacremená, les profana-^ »J^1^
àintes ? l'Eglise , & de tout ce qui y a un ^rapport tions s'en font , lorsqu'on foule aux pieds leá sessaimes,
immédiat ; commerípnt, les Hosties con- Hosties consacrées , & le Saint-Chrême, ou q"« ont
sacrées , le Saint-Chrême , & les. Fonts* qu'on les fait servir à des usages vils & ^£Ps°a"rej
Baptismaux. profanes , ou à des superstitions : ou bien ,
lorsqu'en mépris de la Religion , l'on pollue
M.
les Fonts-Baptilìnaux.
î. Profa Ainsi , 1 b. quant aux SACREMENS" , leá
nation en IV.
fait de Sa Profanations s'en font 5 sçavoir , eh fait dé
crements. Baptême1 1 "lorsqu'on rebaptise , ou qu'on 11 est parlé
parlé de
de Ces
ces différentes
différentes eípeces
eípeces de 4. Titre*
De com Ií est de
bien de se fait rebaptiser. Il en est de même par Sacrilèges dans le Droit Canonique. On
fortes. rapport au Sacrement de Confirmation. A peut voir entre autres , quant à ceux qui se que où a
l'égard du Sacrement de YEuchariJiie , on commettent en matière de Baptême ou ^£"5*
le profane aussi , lorsqu'on célèbre la Méfie de Confirmation , le titre des Décretales crilege*.
fans avoir l'Ordre de Prêtrise , ou lorsqu'on de Apojiatis & reiterantibus Baptifma , &
communie deux fois le même jour. 1 Quant celui de Sacramentis non iterandis ; &
au Sacrement de YOrdre , la profanation quânt à la révélation de la Confession , le
s'en fait par les Prêtres qui se marient, titre de poznit. & remiff. Enfin, quant au
Pour le Sacrement de Pénitence , elle se mariage des Prêtres , il faut voir fur-tout
fait par les Confesseurs qui révèlent la le Concile de Trente ,SeJs. 24, Can. 9 , où
Confession , ou qui abusent de ce Sacre- il prononce anathème contre ceux qui disent
ment pour séduire leurs Pénitentes. que de tels mariages sont bons & valables.
DES CRIMES CONTRE LA RELIGION , &c. i 1;
■ » ,
mains du Prêtre On peut voir ausli
V. plusieurs autres exemples de pareilles con
damnations , rapportées par Papon en ses
Pour ce qui concerne la punition de ces Arrêts , & par BfcUNEAU , fous le titre du
sortes de íòrtes de Sacrilèges suivant les Loix ; on
Sacrilè Sacrilège. Nous avons d'ailleurs , dans nos
ges , qui voit d'abord que la Peine ordinaire du Sa Loix militaires, une disposition particu
font l'ob- crilège en général, étoit celle de mort, sui
jet princi lière , qui prononce nommément cette1 Peine
pal de no vant les Loix Romaines; & cette Peine étoit du Feu , contre les Soldats qui commet
tre Juris- tant6t celle du Feu , & tantôt celle de l'Ex- tent ces sortes de profanations (2); * f•
position aux bêtes farouches , ou autre , • ■ ■ j - • m.í ÌZ* y* i •* *ÎÎI "#J 'I*
suivant les circonstances. Mais , comme ces (1) V. DÉCis. Cathol.Js. 10.
Loix semblent avoir plutôt eu pour objet (z) Quiconque aura pille ou dérobé , en temps
les Sacrilèges qui consistent dans le vol ou de paix ou pendant la guerre , soit dans le Royau
me , ou en pays ennemi, Calices , Ciboires ou au
l'enlévement qui se fait des choses sacrées
tres biens d'Eglise , sera pendu & étranglé ; & si ,
pour en faire son profit particulier , que par les circonstances du Vol , il y avoit cu profana
ceux qui se font, par la profanation de ces tion des choses sacrées , il sera condamné au Feu.
mêmes choses sacrées , en haine ou mépris Ord. Militaire du l. Avril 1737.
de la Religion , dont il s'agit principale
ment ici ; c'est par conséquent dans les Loix vît
du Royaume , ou plutôt dans la Jurispru t
dence des Arrêts , que nous devons cher
cher les vrais principes íùr cette matière. A l'égard de VInceJle spirituel , commis 7. Quìj ,
par le Confesseur avec fa Pénitente ; quoi- LrjScrf.
Or , il paroît , d'après les Arrêts , que c'est
que fa Peine ordinaire semble devoir être te spiri-
principalement íur les Sacrilèges qui se
celle du Feu , tant à cause de la profana- tuel-
commettent envers les Sacremens de l'Eu-
tion du Sacrement , qu'à cause de l'alliance
CHARISTIE , & de la PÉNITENCE , soit par la
profanation des Hosties consacrées , soit spirituelle que ce Sacrement forme entre
par les Incestes spirituels des Confesseurs le Confesseur & ía Pénitente , dont il est
avec leurs Pénitentes , que portent les con le Pere spirituel (1), & qui le rend par
damnations prononcées dans les Tribunaux conséquent sujet à la même Peine que le
en cette matière. . seroit un Pere qui commettroit un Inceste
avec íà Fille , cependant , nous voyons ,
■ V I. . d'après les Arrêts qui ont été rendus en
cette matière t, que la Peine la plus ordi
6. Profa- Pour ce qui regarde les Sacrilèges de la. naire de ce Crime est celle de la Potence ,
mtion d" première espece , la Peine ordinaire est celle
Hosties K. f i n • • n j 6c le corps ensuite jeté au feu. II y en a
consa- du r eu , a laquelle on jomt celle de même qui se sont contentés de prononcer
comment Amende honorable , du poing coupé , & de simples Peines corporelles & afflictives ;
punie par- de la confiscation des biens , fur lesquels on par la difficulté fans doute d'avoir une,
mi nous. prélevé une certaine somme pour être em
preuve bien complette , que la séduction a
ployée en œuvres pies. FlLLEAU, dans ses été pratiquée dans le Tribunal m&ne de
Décisions Catholiques , rapporte , entre au la Pénitence (2).
tres , un Arrêt du Parlement de Paris , du
18 Mai 1645 ) confirmatif d'une Sentence
( 1 ) Sic pœniteat, quomodò da Filia Spiritu ali.
de Chartres , qui prononce toutes ces dif
V. le Cas. 10. Càus. 30. Qu . 1.
férentes condamnations contre un Reli-
(t) V. Ie Dictionnaire des Arrêts , verbo con-
gionnaire , pour avoir brisé , en plusieurs
fejseur,eù ces Arrêts sont rapportés , d'après BASSET
pieces , une Hostie consacrée entre les & le Journal du PALAIS.

II,; Profanation des Choses consacrées à Dieu.

t > SOMMAIRE S. .T,

X. Qu'entend- on par choses consacrées h 3 . Diftintfion k cet égardsuivant notre Juris


Dieu ? prudence , conforme au Droit Romain.
2. Peine de ce Crime , suivant nos anciennes 4. Exception quant aux Aumônes qui se pro
Ordonnances. noncent en pareil cas.
I.

1. Qu'en- Par choses consacrées a Dieu , nous voú- des Croix , des Images de notre Seigneur ,
'arehos *onS Par^er d'abord des Vases sacrés , com- de la Sainte Vierge & des Saints. Mais
consacrées me sont les Calices , le Saint-Ciboire ou nous ne mettons point de ce nombre les
à Dieu } Cufiode , & la Patène. On veut parler auffi choses qui seroient seulement destinées au
i,8 LES LOIX CRIMIN ELLES, Lit. III. Tit. I.
Service divin , comme sont les Ornemens lorsque le Sacrilège est fait avec effraction 5
de tÉglise , tels que les Habits sacerdo cette circonstance íert de plus à le faire
taux , le Corporal , les Nappes d'Autel, mettre au nombre des Cas Royaux ou Pré-
l'Amict , l'Aube , la Ceinture , la Chasu vôtaux , suivant l'Ordonnance , c'est-à-dire
ble , l'Etole & le Manipule , dont le vol qu'il est Cas Royal lorsque l'effraction se fait
formeroit à la vérité un Crime plus grave dans l'intérieur de l'Eglise , & Prévôtal ,. • .m
& plus punissable que les vols ordinaires , lorsqu'il se fait à l'extérieur (2). II faut - • • •■
tant parce que ces Ornemens font bénis , aussi considérer d'un autre côté , quant à ! '. '. • •.*
qu'à cause de la sainteté du lieu où ce vol la personne de l'Accusé , l'âge , le sexe, -, 4
seroit commis , comme nous le verrons en & l'état où il se trouvoit lorsqu'il a com
traitant de ce Crime. •.. • y v mis ce Sacrilège : on veut dire s'il étoit
au-dessous de la puberté , s'il n'étoit point
.11 pour lors pris de vin , ou dans un mouve
ment de désespoir causé par des pertes con
a. Peine Pour ce qui concerne la punition de
sidérables faites au jeu.. Toutes ces distinc
de ce Cri- J'efpece de Sacrilège dont nous parlons
tions , qui font marquées par les Loix Ro
vanì îôs ici , il paroît d'après les dispositions de
maines ( 3 ) paroissent avoir aussi servi de
anciennes nos anciennes Loix , notamment d'un Edit
°rdon- de Charles IX , du 14 Février 1 561 , que règle aux Arrêts qui ont été rendus en cette
matière. Nous trouvons , en effet , dans les
ce Crime ne doit être puni d'une moindre
Décisions Catholiques de FlLLEAU , plu
Peine que la capitale.
sieurs Arrêts des Parlemens de Paris , & de
Inhibons & défendons , par Iesdites Présentes , d'a Bordeaux , rendus contre des Religionnaires
battre & démolir Croix &. Images , & faire d'autres accusés de ces Crimes , & qui les ont con
actes scandaleux & séditieux , sur peine de la vie ,
damnés tantôt au dernier supplice , tantôt
& sans aucune espérance de grâce ni rémission, Edit
de CHARLES IX. du 14. Fivritr 15*1, regisir.lc à de simples peines corporelles & afHicti-
16. méme mois. ves , telle que l'Amende honorable", le
Fouet, & le Bannissement perpétuel (4).
III.

3. Distinc Cependant , notre Jurisprudence a cru (1) Et s'il se trouvoit , àl'avenir, des personnes
tion à cet assez méchantes pour ajouter & joindre à la supers
égard sui devoir mettre une distinction à cet égard , tition l'impiété & le sacrilège , sous prétexte d'opé
vant notre, sans néanmoins déterminer le genre de rations dè prétendue Magie , oh autre prétexte de
Jurispru Peine qui doit s'appliquer à ces derniers ; pareille qualité , Nous voulons que celles qui s'en
dence , trouveront convaincues , soient punies de mort.
conforme c'est-à-dire , qu'elle fait dépendre principa
au Droit Edit de Juillet i6%i , reg. h ji Août suivant ,
lement le plus ou moins de rigueur de art. x. ■ ï :*.c'í '• >
Romain.
cette Peine des circonstances qui ont ac (z) V. art. I 1. tit. 1. de ÍOrd. de 1670 , & sart. 5.
compagné le Crime ; parce qu'en effet , de la Dbcl. du 5 Février 1731.
cette profanation peut être faite avec plus (3) Sacrilegii pœnam debebit Proconsul, praqua»
ou moins de scandale & de mépris Iitatepersonae, proque rei conditione & temporisSc
de la Religion , & qu'elle peut devenir auatis & sexús , vèl severiùs , vel clcmentiùs statue-
re. L. 6.Js. ad Leg. fui. Pecul.
aussi plus ou moins grave suivant la qua
(4) V. Filleav , Décis. Cathol.ss. 10.
lité de ceux qui la font , ou même suivant
le lieu & le temps où ils- se sont portés à IV.
de pareils excès. Ainfî, lorsque ce Sacri
lège se trouve accompagné d''impiétés & de Nous avons vu , en traitant de l'Aumô- 4. Excep;
superfiìtions , il doit être puni , sans contre ne, que, par une disposition particulière a'°" q^"'
dit , d'une Peine plus forte que celui qui des Déclarations de 1671 & 1685 , il étoit mônes qui
ne seroit accompagné d'aucune de ces cir défendu aux Juges de prononcer , contre ji^î^J
constances. C'est aussi dans ce cas particu les Accusés , aucune condamnation d'Au- reil cas.
lier d'impiété & de superstitions , que mônes pour être employées en œuvres
l'Edit du mois de Juillet 168 2 , veut que pies , si ce n'est dans le cas où il a été com
ce Crime soit puni irrémissiblement du der mis Sacrilège , & où la condamnation
nier supplice (1). II en doit êtrejie même d'Aumône fait partie de la réparation.

*
DES CRIMES CONTRE LA RELIGION , &c. 119

§. III. Profanation des Eglises.

SOMMAIRES.
l.Sept manières différentes de commettre ce 3. Dispositions du Droit Romain a ce sujet.
Crime 4. Dispositions de nos Ordonnances fur
z. Peines portées par les Canons en ces dis- l' Usurpation des Biens d'Eglise.
férens cas.
L fi poterit, vel emcndandi sirmnm& plenam sccurita-
tem fecerit, Pœnitcntia: beneficium penitùs ci.dene-
1. Sept Ç e S profanations se commettent de plu- getur. Si verò usque ad obitum in contumacia sua
duravcrit , & in extremis poíitus , remedium Pœni-
riifféremes fieu*"s manières , suivant les Canoniítes ;
tentiae huiniliter postulaverit ; si emendationem , vel
de corn- i°. lorsqu'on brûle & détruit les Eglises ; emendandi sectiritatcm praestiterit , ci paenitentia
Crime " 2°- lorsqu'on les pille , & qu'on les dé & scpultura ecclesiastica concedantur. Qui autem in
pouille de leurs Ornemens; 30. lorsqu'on sanitate , obltinatà mente non pœnituerit , vel emen-
daverit $ & in morte securitatem praestare nequive-
y expose de fauflès Reliques ; 40. lorsqu'on rit, solemnitas pœnitentiae parùm prodefle videtur,
sait servir les Eglises à des usages profanes ficut credimus ; íèd de peccato , contrito corde , Viati-
& indécens ; 50. lorsqu'on les pollue par cumnon negetur, ità tamen ut nullus clericorum sc
l'effusion du sang humain , ou par l'inhu- pultura; illiui iutersit , nec ejus elecmosynam praesu-
inat accipere.Quòd si qui presbyterorum, vel clerico
mation d'un Hérétique , ou autre Excom rum contrà hoc in vita vel morte pœnitentiasdareaut
munié ; 6°. lorsqu'on y sait insulte à quel sepulturce intercíse , vel corum clcemosynas accipere
qu'un des Ministres ; 7°. enfin , lorsqu'on udtentaverint , feu hujusinodi rapina; participes in-
venti fuerint, Ordinis fui damnum irrecuperabiliter
s'empare par violence des Bénéfices , &
patiantur , & Ecclesiastico Bencficio careant. Cap.
autres biens qui en dépendent. II y a dans II. ibid.... Cùm ex eo quidam Sanctorum Rtliquias
tous ces cas des Peines particulières por exponunt vénales , & eas passim ostendunt , Chris-
tianae Keligioni detractum íit saepiùs •■, ne in poste-
tées , tant par les Loix Canoniques 6c Ci
rùm detrahatur,praesenti Decreto statuimus utanti-
viles , que par celles du Royaume. II se qua: Reliquiae amodò extrà capsam nullatcnùs osten-
commet encore une espece de profanation dantur , nec exponantur vénales. Inventas autem de
d'Eglise , par les irrévérences & le trouble novo , nemo publicè venerari praeíumat, nisi priùs
qu'on y apporte au Service divin ; mais , auctoritate Rom. Pont, fuerint adprobatac. Praelati
verò 11011 permittant eos , qui ad eorum Ecclesias ,
comme celles-ci concernent principalement caúfâ venerationis accedunt , variis fiementis , aut
îa Police des Eglises , nous nous réscr- /"W documentis
saisis I .... —
decipi , sicut - plensque locis
in - ,
vons d'en parler plus particulièrement en oeeiûoae quaestûs , fieri consuevit. . . . Proposuisti
traitant des Délits de Police. Suòd ve,lie°t'kus ad Eccleíiam Sancti Jacobi ex di-
yeriis regioniuus peregrinis , & volcntibus aliis ab
II. àliispercontentiones
. & rixas
- altaris ,7 de nocte cus-
todiam vindicare homicidia contingunt fieri inter-
1. Peines L'on trouve , fous le Titre du Droit Ca dùm , & aliquandò vulntra inferuntur & infrà. . .
nari" Ca- n011^116 > de Raptoribus incendiariis , & F.ti t.r. quòd, manenteEcclesiâ, ôíaltari, ipfa recon-
nons en / iolatoribus Ecclesiarum & fous ceux ciliari poterit per aquam cum vino & cinere bene-
ces diffé- »!c Reliquiis & Veneratione Sanclorum ... clictam. Capit. 4... Confuluisti & infrà. Cxmeteria
rens cas. in quibus txcommunicatorum corpora fepeliri con-
& de Consccratione Ecclesix (1) , plusieurs tingit , reconcilianda erunt adípersione aquae folem-
dispositions remarquables fur toutes Ces niter benedictae , sicut in Dadicationibus Ecc cila-
différentes espèces de profanations , aux- J"um sieri consuevit. Capit. 6 ibid.
quelles on voit que les Canons ont atta- III.
ché principalement la peine d'Excommu- A l'égard des Loix Romaines , nous * Dispo-
nication , & même celle de la privation de la voyons lòus le titre du Digeste ad Legem £\"°"sRdu
sépulture contre les coupables de ces Crimes Juliam Peculatus , & fous ceux du Code de main à ce
qui viennent à mourir fans avoir réparé le Episcopis & Clericis.... ô de iaganis & íu)n-
ícandale & dommage par eux causés ,& fans Sacrifiais.... différentes Loix qui pronon-
avoir donné des marques de repentir. çoient la Peine capitale contre ceux qui
(1) Inlitteristuiscontinebatur,quódcùmmultisfuis- faifoient des irruptions, & qui commet-
set criminibusirretitus , qui Ecclesiarum incendium , toient des violences dans les Eglhjes ; à plus
Diabolo instigante, commiferat, tandem inargritu- forte raison , lorsqu'ils les faifoient servir au
dir.e constitutus, acceptâ peenitentiâ de commissis ,
per manum capellani fui , fuit à Sententia anathe- culte des Idoles.
matis abfolutus ; fed moriens ecclesiasticam fepultu- Sacrilegi capite puniuntur. Sunt autem sacrilegi
ram habere nequivit. Quapropter , fi ità res se habet qui publica sacra compilaverunt ; at qui privata sa
mandamus ut corpus ejusdem , appellatione ces cra , vel aediculas incustoditas teutaverunt , ampliùs
sante , faciasin csmeterio fepeliri , & haeredes ejus quàm sures , minns quàm sacrilegi merentur , quare
moneas & compellas, ut his, quibus ille per incen quod sacrum quodve admilsum in sacrilegii crimen
dium , vel alio modo damna contrà justitiam irro- cadat, diligenter considerandum est. Z. ç.Js.ad Leg.
gaverat, juxtâfacultatesfuas condignè satisfaciant, Jul. Pecul... Si quis in hoc genus sacrilegii prorupe-
ut fie à peccato valeat liberari. V. Cap. 5. Extr. rit ,ut in Ecclesias Catholicas irruens. SacerdotibusSc
de rapt, incend. Ecoles. . . . Super eo verò , & infrà, Ministris, iplì cultui , locoquealiquid importet inju
statuimus ut quicumque ex his qui violenter furrexe- ria:: quod geriturà ProvinciaeRectoribus animadver-
rint , in rapinam , five Ecclesiarum violationes , ma tatur, atque ità Provinciae moderator, Sacerdotum Sc
nifesté fuerit deprcheaíus; ni u" priùs ablata rejiituat, CatholicaeEcclesiae Ministrorum , loci quoqueipsitis
120 LES LOIX CRIMIN ELLES, Liv. III. Tit. I.
& divini cultûs injuriam capitali in convictos feu modes , &pour couvrir leur violence 8c injuste oc
confessos reos Sententia noverit vindicandum. Nec cupation , ont supposé des Patronages ; & autres
expectct ut Episcopus injuria; propriae ultione depos- ont pris quelque titre coloré , sous le nom de leurs
cat, cui sanctitas ignoscendi gloriam dereliquit , sit- serviteurs, domestiques, ou autre nom emprunté de
, que cunctis iaudabile factas atroces Sacerdotibus aut personnage inconnu -, 2k sous ce titre , abusant du
Ministris injurias , veluti crimen publicum persequi , nom de Justice , spolient les vrais Titulaires qui
ac de talibus reis ultionem inereri. Quòd si multimo- n'ont de force ou appui que de la justice de leur
do violenta à civilis Apparitoris exectitione ei admi- cause. . . . Voulons , ordonnons , Se nous plaît
niculo Ordinum vel Ordinatorum poiressorumve non qu'il soit procédé extraordinairement contre eux
poteritflagitari quòd se armis aut locorum difficul- par nos Juges ordinaires des lieux où lesdits Bé
tate tueatur , Praeíides Provinciarum etiam militari néfices touc situés 2k ailis , ou par nos Cours Sou
auxilio per publicas litteras appetito, competentem veraines , si la plainte s'en fait en icelles , 8c â la
vindictam, taliexcessui imponere non morentur. L. saisie & privation des Fiefs 8c terres nobles des
10. CoD.deEpisc. & C/eric... Sicut sacrificia templo- sieurs qui feront telles usurpations 8c troubles , 2k
rum prohibemus , ità volumus publicorum operum qui porteront faveur 8c support auxdits usurpa
ornamenta servari. Ac ne sibi , aliquâ auctoritate teurs. ... Edit de Ch a rie s IX , à Am-
blandiantur , qui ea conantur evertere, si quod res- boise , du mois de Décembre 1571. . . Et pour ce
scriptum , si qna Lex forte praetenditur , abreptae hu- que l'une des principales & plus fréquentes voies
jusinodi chartae ex manibus ad nostram feientiam de fait dont notre Royaume est travaillé , provient
referantur. L. 3. Cod. de Pagan. & Sacrif... Nemo de l'ufurpation violente 8c indue que font plusieurs
venerandi ádorandique animo delubra quaeolim jam de nosdits sujets du temporel des bénéfices , Justi
clausa sunt réfères. Absit à saeculo nostro infandis ces , Censives , Terres , Dîmes , Champarts dépen-
èxecrandifque fimulacris honorem pristinum reddi , dans d'iceux , & que le mal naît principalement
redimi sertis templorum impios postes, profanos de ceux qui ayant leurs Maisons , Terres 2k Sei
aris accendi ignés , adoleri in hisdem thura , victi- gneuries voisines desdits Bénéfices , occupent in-
mas caedi , pateris vina libari , 8c Religionis loco duement la possession desdits Bénéfices & fruits d'i
existimari facrilegium. Quisquis autem contrà hanc ceux, étant aux vrais Titulaires , par le moyen de
serenitatis nostras sanctionem 8c contrà interdicta leursdites maisons voisines, Sc de leurs sujets , tout
sanctissimarum veteruin constitutionum sacrificia pouvoir d'en approcher 8c jouir ; avons ordonné Sc
exercere tentaverit , apud publicum Judicem reus ordonnons que toutes personnes qui usurperont par
tanti facinoris légitimé accusatur , & convictus pro- force , violence ou autrement induement, ou feront
scriptionem omnium bonorum, suorum & ultimum usurper les Bénéfices , membres & dépendances d'i
supplicium subeat. L. 7. Cod. cod. Tit. ceux dedans l'enclave de leurs Maisons , Terres &
Seigneuries , confisqueront à nous , ou à ceux à qui
I V. il appartiendra, leursdites Maisons, Terres & Sei
gneuries j 6C s'ils ne font Seigneurs du lieu où led.
4. Dispo- Quant à nos Loix particulières , nous en Bénéfice est assis , seront punis exemplairement , à
nos°nbr- avons plusieurs qui ont été rendues dans
discrétion de Justice j 2k à cet esset, voulons que
donnances le temps des guerres de Religion , où ces ceux qui présentement usurpent lesd. lieux ou Bé
fur l Usur- fortes Je Crimes étoient devenus très-fré- néfices , aient à en laisser la possession vuide dedans
pationdes huitaine, après la publication de cette notre Ordon
Biens de quens ; & que nous ne rappellerons point nance , faite en chacune de nos Sénéchaussées &
1 Eglise. icj ^ parce que leur application a cessé avec Bailliages , fur la peine susdite de confiscation , que
les circonstances qui y ont donné lieu. nous avons dès-à-présent , comme pour lors , dé
claré Nous être acquise , ou à ceux à qui il appar
Nous nous arrêterons seulement à celles
tiendra. Autre Edit du même Prince , du mois de
concernant la derniere eípece de Sacrilège, Janvier 1572. art. 7 , reg. le 26 Févr. 1572.
qui se commet par l'uíurpation des biens (2) Et afin de donner ordre & pouvoir à la di
appartenans à l'Eglife. Nous en remarquons minution notable qu'on voit croître de jour à autre
trois entr'autresj qui ont été rendues suc des biens 8c revenus Ecclésiastiques , laquelle pro
vient en partie de la violente 8c indue occupation
cessivement à ce sujet ; sçavoir , deux Edits faite par aucuns de nos sujets ; en partie aussi du
de Charles IX, ann. 1571 & 1572 (1) , & refus 8c dénégation que plusieurs font de payer
l'Art. XLVII de l'Ordonnance de Blois (2) , les dîmes, prémices 8í autres droits ; avons , suivant
l'Ordonnance faite par feu notre très-cher Seigneur
suivant lesquels il y a peine de confisca
& frère, à Amboisc , fait 8c faisons très-expresses
tion de corps & de biens , prononcée con inhibitions 8c défenses à toutes personnes , de quel
tre ceux qui auroient profité de ces mêmes que qualité 8c condition qu'ils soient , fur peine de
circonstances de troubles pour faire dé confiscation de corps 8c de biens , usurper ou faire
usurper par force , violence ou autrement iuduement
molir les Eglises & Chapelles , &. pour s'em les Bénéfices , Maisons , Justices , Censives , Terres ,
parer des Justices , Dîmes & revenus ap Dîmes & Champarts dépendans d'iceux. Enjoignons
partenans aux Eglises au préjudice des vrais à ceux qui présentement usurpent 8c détiennent les
Titulaire». Nous voyons de plus que , par dits lieux 8c Bénéfices , en laisser la possession vuide,
vacue , 8c la jouissance paisible desdits droits , aux
une disposition particulière des Lettres- dits Ecclésiastiques, dans un mois après la publica
Patentes de Charles IX en 1 571 , il y a tion de la présente Ordonnance , en chacun de nos
peine de privation du Droit de Patronage Bailliages 8c Sénéchaussées , que nous voulons être
contre tous ceux qui font démolir & abat faite à son de trompe 8c cri public , afin que cha
cun n'en prétende cause d'ignorance ; autrement ,
tre les Eglises & Chapelles , fous prétexte 8c à faute de ce faire dans ledit temps , 8c icelui
qu'elles font de leur Fondation , ou de celle passé , Vous avons dès à-présent comme dès lors ,
de leur Prédécesièur (3). déclaré tous les Fiefs desdits usurpateurs unis à no
tre Domaine , 8c les autres biens à Nous confisques ,
O) Nous avons , par diverses & fréquentes plaintes, nonobstant que par la Coutume des lieux , la con
été duement avertis que plusieurs de nos sujets , se fiscation n'auroit lieu. Etvoulons en outre lesdits dé-
laissant aller à la malice du temps , fe font empa tempteurs être punis extraordinairement comme in-
rés 8c ont violemment usurpé les Cures , Prieurés fracteurs de nos Ordonnances. Ord. de Blois ,
8c autres Bénéfices qu'ils ont trouvé leur être corn- art. 47.
($) Défendons
DES CRIMES CONTRE LA RELIGION , &c. 121
(3) Défendons aussi à tous Seigneurs,& autres quel- droit de Patronage. Edit de Charles IX , du 16
conques, de démolir & abattre les Eglises ou Cha- Avril 1571 , donné sur les Remontrances du Ciergé.
pelles , encore qu'elles fussent de leur fondation ou Enregistré le 7 Septembre mime année.
de leurs prédécesseurs , à peine de privation de tout
f
§. IV. Du Recélement des Corps morts des Bénéficiers,

SOMMAIRES.

1. Usurpation secrète des Bénéfices. 5. Lettres-Patentes d'attribution au Grand-


2. Se commet en trois cas différens. Conseil. Arrêt d'enregistrement de cette
3. Ordonnance de François I. contre ce Cour.
Crime. ■ -, 6. Comment l'on procède a l'inflruclion 0
4. Déclaration de Louis XlVpour le même a la punition de ce Crime en ce Tribunal.
sujet.
I. ,

1. Ufur- C'EST ici une manière secrète d'usurper tion efdits registres , que pour servir au jugement
críendesleS Bénéfices , qu'il ne faut point confondre des Procès , où il scroit question de prouver ledit
temps de la mort, à tout le moins quant à la récréan
Bénéfices, avec celle qui se sait publiquement , & dont ce. Ord. de François /, en 1539 , Art. LUI. Et
nous avons parlé précédemment en traitant afin que la vérité du temps desdits décès puiffe
de la profanation des Eglises. encore plus clairement apparoir ; nous voulons &
ordonnons qu'incontinent après le décès desdits
Bénéfices, soit publié ledit décès incontinent après
I I. icelui avenu , par les domestiques du décédé , qui
soront tenus le venir déclarer aux Eglises où se
doivent faire lesdites sépultures & registres , &au
i. Seconv Le Crime , dont il s'agit , peut se com-
vrai le temps dudit décès , sous peine de grosse
™? en mettre dans trois cas différens. 1 °. En fait punition corporelle ou autre,à l'arbitratiou de la Jus
différens. de résignation 3 lorsque les Résignataires , tice. Art. LIV. ibid.... Et néanmoins en tous cas
pour avoir le temps de faire admettre la auparavant pouvoir faire lesdites sépultures , nous
voulons & ordonnons être faite inquisition som
résignation qui leur a été faite , font céler maire & par rapport , du vrai temps dudit dé
la mort du Résignant jusqu'à ce qu'ils la cès , pour fur le tout faire fidèlement ledit registre.
croient admise. 20. En fait de vacance par Art. LV. ibid Et défendons la garde desdits
corps décédés auparavant ladite révélation , fur
mort , lorsqu'on tient la mort secrète , afin
peine de confiscation de corps & de biens contre les
de faire pourvoir un parent ou un ami en Laïques qui en seront jugés coupables , & contre
Cour de Rome , avant que le Collateur les Ecclésiastiques de privation de tout droit, posses
ordinaire en ait eu avis. 30; Enfin il se sion qu'ils pourroient prétendre ès Bénéfices ainsi
vacans , & de grosse amende , à l'arbitratioa de
commet encore dans le cas du décès du
Justice. Art. LVI. ibid.
Bénéficier , arrivé vers la fin d'un mois
affèclé aux gradués ; lorsqu'on garde son
corps , & qu'on cele fa mort jusqu'au mois I V.
íuivant , pour en frustrer les gradués , &
"conserver la libre disposition de son Béné La rigueur de cette Loi n'ayant pas 4. Déda-
fice au Collateur. produit tout l'effet qu'on avoit lieu d'en ffjjjjjjl' «k
attendre , & íur-tout dans le Diocèse de p0Ur le
. I II. Rhodès , & autres soumis à la Légation même su-
d'Avignon , où ces sortes de Crimes étoient ,et"
3.0rdon- ^e ^ut Pour arrêter le cours de pareils
nance de désordres qui s'étoient multipliés fous le devenus fort communs ; ce fut pour en
contre 'cé regne de François I , que ce Prince se crut arrêter les progrès que Louis XIV donna
Crime, obligé de faire plusieurs Réglemens que une Déclaration, le 9 Février 1657, Par
l'on trouve contenus dans les Art. LUI , laquelle en même temps qu'il ordonne
LIV , LV & LVI de son Ordonnance dé l'exécution des Articles de la Loi que
1 539 » Par laquelle il défend expressément nous venons de citer, il prescrit la manière
ces sortes de Recélemens , fous Peine de dont il doit être procédé à la recherche
confiscation de corps & de biens contre des corps morts des Bénéficiers , soit dans
les Laïques ; & contre les Ecclésiastiques , les Cimetières , soit dans les maisons par
de privation de tout droit aux Bénéfices ainsi ticulières, de la part des Juges Royaux, fur
vacans , &. d'Amende arbitraire. la réquisition des Grands-Vicaires & Pro-'
" *• . » * * moteurs des Evêques , & autres Collateurs.
Ordonnons...- que des sépultures des personnes Précaution dontl'expérienceafait voir dans
tenant Bénéfices, fera fait registre , en forme de la fuite toute l'utiliré , en ce qu'on a dé
preuves , par les Chapitres , Collèges, Monastères
couvert bien souvent par Ce moyen , un
& Cures, qui fera foi pour la preuve du temps de
la mort , tant duquel temps fera fait expresse mea- mois après la sépulture , que le corps avoit
122 LES LOIX CRIMIN ELLES , Liv. IU. Tit. I.
été salé ; les entrailles , le ventre , & l'esto- teurs pourront pourvoir à ces Bénéfices ledit jour ,
comme étant dès-lors vacans , en cas qu'il décède
mac remplis d'étoupes , &c.
de ladite maladie , fans s'arrêter à la publication du
jour du décès que les intéressés pourroient faire de
puis à leur volonté. Si donnons en mandement ,
J_jOUIS , &c. La sévérité des peines que les Rois &c. DÉcl. du 9. Février 1657. Regist. au Grand-
nos prédécesseurs onnordonnée pour empêcher le Conseil le 30 Mars 1661 , mais elle ne fa pas été au
Recélement des corps morts des Bénéficiers contre Parlement.
les coupables de ce Crime , soit contre les Laï
ques , de confiscation de corps & de biens , soit V.
contre les Ecclésiastiques , de privation de tout droit
poffessoire qu'ils pourroient prétendre fur les Béné Cette Déclaration fut envoyée au Par- «.Lettres-
fices vacans , n'a pu arrêter la pratique de cette
inhumanité. Elle est parvenue à tel excès , suivant lement de Toulouse , & autres Parlemens , ^t^ibu.
qu'il nous a été représenté par les Députés de l'Af- conformément à son adresse. Mais fur le tion au
semblée générale qui se tint à Paris par notre per- retardement qu'ils apportèrent pendant plu- ç^ed.
miílion, que les plus proches parens de ces Béné
sieurs années à la vérifier , à cause qu'on y Arrêtd'eo-
ficiers voulant profiter , par des voies que les Canous
condamnent , des Bénéfices vacans , après avoir su autorisoit les Evêques , leurs Vicaires-Gé- ^f^*^
borné les domestiques , empêchent , le plus sou néraux & Officiaux , à faire la visite & cetteCour
vent , que les malades ne soient assistés des Sacre- recherche dans les maisons des Séculiers ,
mens de l'Eglisc à l'extrêmité de leur vie ; en forte
qu'au lieu que les parens & domestiques devroient & à se faire assister d'un Juge Royal , qui
déclarer au vrai le jour du décès aux Eglises où doi étoit obligé de leur prêter main-forte pour
vent se faire les sépultures , comme il leur est en l'exécution , ce qui étoit les rendre , en
joint par les Ordonnances , ils certifient le con quelque forte , les Commis des Evêques i
traire , & les intéressés font faire une inquisition
sommaire pour transporter le jour du décès, autant le Clergé obtint des Lettres de Suranna-
qu'il est nécessaire , pour donner couleur à la fausseté tion , & fit adresser cette Déclaration au
& nullité des provisions des Bénéfices vacans , & Grand - Conseil par des Lettres - Patentes
les font mettre de la forte fur les Registres des Cu
du 30 Mars 1 661 , avec attribution des ju-
rés ; & d'autant que nos Officiers subalternes , &
même nos Cours de Parlement ont refusé d'orcron- rifdiction & interdiction à toutes les Cours
ner la preuve des faits qui font mis pour vérifier la de Parlement. Elles y furent vérifiées le
garde & recélement des corps, 8t qui plus est , elles lendemain , a la charge ( ce font les termes
ont donné des Arrêts portant défenses , tant aux
Evêques, leurs Vicaires-Généraux & Officiaux , &c. de l'Arrêt d'enregistrement ) que les per
faire aucunes visites , ou recherches des corps morts quisitions & exhumations des corps des
des Bénéficiers , à peine de 4000 liv. d'amende , Bénéficiers clandestinementgardés , ne pour
qu'aux Juges particuliers qui la faisoient á leur ins roient être faites que par les Juges Royaux
tance , à peine de punition corporelle , ils nous ont
très-humblement supplié de les pourvoir d'une amen des lieux 3 & de leur autorité t lesquels 3 à la
de convenable. Aces causes, ordonnons que le con réquisition des Collateurs , seront tenus de
tenu aux Articles LIV & LVI de l'Ordonnance procéder d ladite perquisition , tant aux
de l'an 1539 , confirmée parcelle de Blois , sera
maisons des particuliers , que des Eglises ,
exécutée selon fa forme & teneur ; & y ajoutant ,
voulons & nous plaît que les Evêques, leurs Vicaires- exemptes & non exemptes ; & ce en pré
Généraux & Officiaux puissent faire procéder à la sence de trois témoins au moins , domici
recherche desdits corps morts dans les Eglises & liés , qui sgneront le Procès - verbal du
Cimetières exempts & non exempts , en présence
de témoins , & que leurs procédures ne puissent Juge , a peine de nullité , comme aussi en
être contestées par défaut de puissance , & qu'ils présence desdits Collateurs , qui pourront y
puissent aussi procéder à ladite recherche dans les ossifier , fi bon leur semble , en personne , ou,
maisons & lieux séculiers , étant assistés d'un Juge
par autres qu'ils auront commis à cet effet ;
Séculier qui leur prêtera main-forte eu l'exécution.
De plus , nous voulons que les faits de la garde & faute par les parens ou domestiques de
& recélement soient reçus par tous nos Juges en représenter lesdits Bénéficiers malades ,& de
l'instance fur le possessoire des Bénéfices ; & d'au souffrir lesdites recherches , leurs Bénéfices
tant qu'au moyen des transports que l'on fait secrè
tement des corps morts en des lieux inconnus , on seront censés vacans par ledit refus , en cas
ne peut parvenir â la connoissance de la vérité par qu'ils décèdent de la maladie dont ils font
leurs recherches , & qu'il est nécessaire de déraciner détenus , & les Collateurs pourronty pour-,
entièrement un abus si contraire aux mœurs & à la
voir le même jour.
sainteté de la Religion Chrétienne ; & fi dérogeant
aux droits de collation qui appartiennent aux Ordi
naires , Nous voulons , ordonnons & nous plaît qu'à vi. .;" \
la réquisition du Grand-Vicaire ou Promoteur des
Archevêques , Evêques , & autres Collateurs , le
premier Juge Royal fur ce requis , soit tenu de se En vertu de cette Déclaration , & de l'en- 6. Com-
transporter avec ceux ou celui qu'ils commettront registrement qui en a été fait au Grand- •mr"tedIè°à
en la maison où le Bénéficier est demeurant , ou
atteint de maladie , pour se faire représenter le ma Conseil , toutes les complaintes Bénéficia- nnstruc-*
lade , ou son corps , en cas qu'il soit décédé $ de les , où lésait de la garde des corps est allé- Confit à U
laquelle représentation , ou du refus de le faire , gué , s'introduisent directement au Grand- Sece Cri-
ledit Juge dressera son procès-verbal bien & due- Conseil , par une Requête que le pourvu SV" fe
ment certifié de trois ou quatre témoins : 8c en cas par mort d'un Bénéfice y présente , sur la- r
que les parens ou domestiques refusent de repré
senter ledit Bénéficier , ou son corps , les Colla- quelle ce Tribunal donne permission d'in-
DES CRIMES CONTRE LA RELIGION , Sec. 123
former à la Requête de M. le Procureur- un plus récent du 7 Janvier 175 1 , d'au
Général ifrais & diligence de la Partie. S'il se tant plus remarquable , qu'il contient un
trouve des charges dans les informations , Règlement particulier en cette matière , en
le Grand-Conseil décrète & instruit par re ce qu'il « enjoint aux Domestiques, aux Pa-
collement 8c confrontation, 8c condamne » rens , Gardes-Malades , & généralement à
les coupables , autres que le pourvu, en des » tous ceux qui auront soigné les Bénéficiers
Amendes envers le Roi , & au Bannisse » jusqu'à la mort , ou chez lesquels ils seront
ment ; 8c à l'égard du pourvu , il est privé » décédés , de faire sonner à l'instant pour
du Bénéfice. Nous avons là-deflus plusieurs » eux , sous peine de punition corporelle y
Arrêts , un entr'autres , rapporté aux Mé » même injonction , fur la même peine , aux
moires du Clergé du 23 Septembre 1670 , » préposés à la sonnerie , de sonner , & faire
qui prononce ces sortes de Peines contre » sonner , à l'instant , & à quelle heure que
plusieurs Particuliers convaincus de la garde » ce puisse être , nonobstant toutes coutu-
& recélement du corps d'un Prieur-Curé » mes & usages à ce contraires ».
de Vitrol , Diocèse d'Aix. Nous en avons

§. V. De la Violation des Sépulcres , ou Profanation des Cimetières.

SOMMAIRES.

1. Pourquoi mise au nombre des Sacrilèges. 5. Pourquoi nous ne suivons point les difpo~
z. Différentes manières de commettre ce Jîtions de ce Droit a cet égard.
Crime , suivant le Droit Romain. 6. Peines particulières s suivant notre Juris-
3. Comment puni , suivant ce Droit. prudence.
4. Diflinclion entre l'enlèvement des corps 7. Dispofìtions rigoureuses des Capitulaires
& la démolition des Sépulcres. - . fur ce Crime,

uó^ms" Le s Sépulcres étant du rtombré des.cho- tances. Ainsi, Ton distirìguoit d'abord le mo
au0'nom- íès qui font consacrées à la Religion , & tif qui avoit porté à cette violation. Elle
bredesSa- comme telles , hors du commerce des hom- ne formoit un Crime punissable , que lors
crileges- mes ^ on ne peut ies vi0ier f ^5 commettre
qu'elle avoit été faite par dol, 8c à mau
une efpece de sacrilège. C'est austì par vais dessein ; 8c dans ce dernier cas , elle
cette raison , que les coupables de ce Crime emportoit infamie.
font qualifiés de Sacrilèges dans le Droit
Praetor ait cujus do/o ma/o scpulcrurn violatum
Romain. eíTe dicetur , in eum factum judicium dabo. L. 3.
js. de Sepa/c. violât.... Sepulcri violati actio infa~
Lcefee Religionis incidsirilnt in crírderi proxi- miam irrogat. L. ìï.Js. ìbid.
mum sacriUgio majores nostri semper habuerunt.
L. 1. fi» 5. Cod. de Sepuic. violât.
IV.
I t -
L'on distinguoit en second lieu parmi les 4. Diiliinc-
1. Disse- II paroît d'aprés les dissérérites Loix rap .:_i„»:
violations j„ cette derniere
de j—: r
eípece — n__
, celles «~
,emre
rentes ma portées fous les titres du Digeste 8c. du qui ne consistoient que dans une simple ^ent V<des
nières de
commet Code de violato Sepulcro , que l'on tom- démolition , ou dépouillement du Sépul- corj,,s &
tre ce Cri boit dans ce Crime toutes les fois qu'on cre , de celles qui consistoient dans l'enléve- tj0rt jes
me suivant
le Droit mettoit des cadavres dans le Sépulcre ment du corps mort , ou des osièmens.- Celle- Sépulcres,
Romain. d'autrui , fans son consentement ; ou qu'on ci devoit être punie plus sévèrement que la
enlevoít les ossemens d'un Sépulcre fans première : il y avoit peine de mort contre
permission de l'Evêque ou du Prince ; ou les coupables qui étoient de condition vile ,
bien que l'on coupoit 8c mutiloit quelques 8c celle de Relégation ou de la Condam-
membres d'un corpsimort ; jou enfin qu'orí natiori aux métaux , contre ceux qui étoient x
détruifoit les tombeaux , les épitaphes & d'une Condition plus honnête. Au lieu qu'il
ornemens , soit par pure malice , soit pour n'y avoit qu'une simple Amende 8c confis
en faire fan profit particulier. *-• .
cation prononcée dans lë premier cas (1).
..." . • ' ) -. ' . ..■ ■
L'on exceptoit néanmoins celui où le dé
pouillement des cadavres étoit fait avec
$. Corn- Quant' à la puhítion dé ce Crime , sui- armes. Cette circonstance le rendoit punissa
£XUce *ant ce "frráit : il étoit mis au nombre des ble de mort (2), ,
Droit. Crimes extraordinaires , c'est-à-diré, que ' (1) Rer sepulcrôrurn víofatorufn y si cofpôra ipsa
çette punition devoìt dépendre des circonf cxûruxeriut , vel ossa erueriút , humilions quidern
Q *
124 LES LOÎX CRÍMIN ELLES, Liv. III. Tit. I.
fòrtunae extremo supplicio afficiuntur , honcltioris du Fouet & de la Marque , lorsque cette
in iiifulam deportantur , aliàs autem relegantur , aut
in metallum damnantur. L. u. ff. de Sepuicra vio' violation se trouve accompagnée de voly
lato Et íi forte aliquid distractum de íepulcro & même de l'Amendé honorable , lors
ad domum ejus , villamque provectuin reperitur , qu'elle tend à faire injure à des Maisons
villa sive domus aut aedificium quod cùm erit Fisci illustres.
juribus vindicetur. L. z. Cod. eod. Tit. .... Si quis
igitur de sepulcris abstulerit, saxa vel marmora , vel
VIL
columnas , aliamve quamcumque materiam , fabri-
candi gratiâ , sive id fecérit venditurus, decem pou-
do auri cogatur Fisco inferre. L. 4. Cod. ebdem Tit. Suivant une disposition particulière des 7. Dispos
(1) Adversùs eos qui cadavera spoliant, Praesides Capitulaires de CharleMàgne , l'on voit s,tion "r
severiùs intervenire , maxime il id manu armatâ ad-
qu'indépendamment de la peine d'Infamie les Capi-
grediantur , ut íi armati , more Latronum id ege-
rint , etiam capite plectantur , ut divus Severus res- & de la Confiscation de la moitié des biens t"laire5, .
t« • , 1 x •• (urcet-nr
cripsit. L. 3. ff. 7. ff'. de fepulcro violato. que ce Prince prononce contre les Laïques , me.
violateurs des Sépulcres , & celle de l'Exil
V. perpétuel contre les Clercs , il porte même
la rigueur jusqu'à ordonner la privation de
5. Pour- II y a encore plusieurs autres disposi- leurs Charges contre les Juges qui négli
quoi nous ùons dans le Droit Romain, relativement à
ne suivons . ' gent défaire la poursuite de ce Crime , tan
point les ce Crime , que nous ne rappellerons point dis que d'un autre côté il admet toutes sor
ti^ns^e ' P31"06 cIue ^eur application est devenue tes de personnes à en accuser (1). Nous ob
ce Droit à absolument étrangère à nos usages, fur- servons d'ailleurs relativement aux Clercs ,
cet égard. tout depUis que nous avons des Cimetiè
que par le Canon 46 du Concile de To
res , & qu'il n'a plu* été permis de choisir fa lède tenu en 633 , il est porté expressé
sépulture dans des lieux profanes. ment, que les Clercs qui ont assez d'im
piété pour ouvrir les Tombeaux , afin d'y
VI. fouiller , & d'emporter ce qu'il y a de plus
précieux , doivent être régardés comme
6. Peines Ce n'est pas néanmoins qu'il n'y ait ,
particuUe- suivant nos Loix & notre Jurisprudence , Sacrilèges , & être chassés de l'Eglife , mis
en pénitence pendant trois ans , livrés à la
no'tre^Ju- des Peines particulières contre les viola-
riipruden- teurs des Sépulcres j l'on veut dire que rigueur des Peines portées par les Loix
ct' ( hors le cas particulier des exhumations Civiles. ■• ■

qui fe font par l'autorité de la Justice ) on (1) Qui sepuicra violaverint , puniantur ,tàm in-
ne peut violer les Sépulcres , parmi nous , genui quàm servi j fi major persona in hoc scelere
de quelqu'une des manières que nous venons ruerit deprehensa , amissâ medietate bonorum suo-
rum, perpetuâ notetur infamiâ. Si Clericus , depofitus
de marquer , fans fe rendre coupable d'un omni honore clericali , perenni exilio deputetur ; fi
Crime , & d'ún Crime grave , dont la Peine Judex, hoc persequi aut implacere diítulerit ,facul-
ne peut être moindre que celle du Bannis tatibus & honoribus privetur ; & quicumque hoc
scelus aceufare voluerit , licentiâ tribuatur. Capit.
sement , à laquelle doit être jointe celle
Car. Macs. Lib. 7. c. 136.

§. VI. De la Simonie , & de la Confidence.

SOMMAIRES.

1. En quoi ces deux Crimes font assimilés. 6. Peines portées par les Loix du UoyaUmCt
2. Quefi-ce que Simonie suivant les Canons ? 7. Constitutions particulières des Papes àu\
3. Qu'efi-ce que Confidence ? . : . sujet de la Confidence , ô de su preuve.
4. Peuvent se commettre par les Laïques. 8. Las particulier1 , oà il faut qu'ily ait
5. Peines prononcées par les Canons. commencement de preuve par écrit.

1. En quoi Nous réunissons ici ces deux Crimes ,


«s deux parce qu'ils tendent au même but quoique Saint Pierre le don des Miracles (t), est;
une convention illicite , par laquelle ori
font afli- par différens moyens , & qu'ils font aussi pu-
nulés. n[s des mêmes Peines.' ■ vend ou on achete à prix d'argent , ou de
toute autre manière, quelque chose spiri
V. Edit, de Septembre 1670 , árt. I. tuelle , comme les Sacremens , les Grâces
& dons de Dieu , les fonctions Eccléfiajli-
I L quesy &c. ou bien , lorsqu'on vend , ou achete
% Qu'est- La Simonie , ce Crime abominable qui quelque chose qui soit annexée au spirituel ,
ce que Si- . r „ r . . comme sont les Bénéfices (2).
moniesui- tire ion nom , comme 1 on lçait , de ce ía- . 0
Canons" meux Magicien qui vouloit acheter de
( O Eos qui per pecunias manus impósúerunt vel
I

DES CRIMES 'CONTRE 'LA RELIGION , Sec.


12
Imponunt, Petrus , divinus Apostolus ( cujus Cathe-
dram sortitaest Sanctitas velìra) tanquam Simone m
Magum deponit.
(z) Gratis accepistis , gratis daté S Spiritum Sanc-
tum enim vel vendere , simoniacam haeresim elfe Quant aux Canons, Ton sçait qu'en gé- y. Peine»
liullus Fidelium ignorât. Can. Presbitér. Caús. 1. néral ils prononcent la peine de l'Ecommu- ^°non~f
Quest. 1.... Siquis objecerit non conscerationes emi,
sed res ipsas quae cx consecratione proveniunt , pe- munication ipso faflo , tant contre celui les C*-;
nitùs decipere probatur ; nam cùm corporalis Ec- qui a obtenu le Bénéfice par des voies Si- ,M>ns•
cleíìa, aut Episcopus , aut Abbas, aut taie aliquid , moniaques , que contre tous ceux qui y
iìve rébus corporalibus in nullo proficiat , Meut nec
ont participé , soit directement , íoít indi
anima fíne corpore corporalitef Vivit , quisquis
horum alterum vendit, íivèque nec alterum praeve- rectement ; & qu'ils veulent même qu'on
ûit , ncutrum invenditum dereliqtiit. Cap. Si quis ne puisse obtenir que du Saint-Siège l'ab-
Cauf. t. Qu. 3.... Omnes pehíiones & pacìiones su solution de cette Excommunication ,*à l'ex-
per Benenciïs, in quibus bon intervenu Sedis Apos-
tolicae approbatio , illicitas & simoniaeas declara- ception du seul cas de danger de mort où
mus. Cencil. Rothomag. an. 1581. Th. de Episc. & tout Prêtre peut absoudre. Les Canons pro
Càpit. n°. 10. noncent en outre , contre les Ecclésiastiques
en particulier , qui ont acquis des Bénéfi
III.
ces par cette voie , la peine de la privation
La Confidence est le Crime qui se com non-feulement de ces Bénéfices , mais en
3. Qu'est-
ce que met , lorsqu'un Ecclésiastique accepte un core de tous ceux qu'ils auroient légiti
Confiden mement acquis avant la Simonie commise j
ce? Bénéfice , fous la promesse de le rendre
après un certain temps , & à une. certaine & de plus , Yincapacité d'en posséder ja
personne ; ou bien sous la condition que le mais d'autres , avec la restitution , au profit
Résignant ou le Collateur, ou cette personne de l'Eglise, des fruits qui ont été perçus î
jouira des fruits du Bénéfice en tout ou en & si ce íont les Ordres qui ont été obtenus
partie , pendant le temps convenu. H y a , par cette voie , la suspense de plein droit
çomme l'on voit , cette différence entre ce de toutes les fonctions de ces Ordres , jus
Crime , & celui de Simonie , qu'il ne con qu'à ce qu'il ait obtenu l'absolution de son
siste proprement que dans un échange du Crime.
spirituel avec le spirituel : au lieu que la
Simonie est un échange du temporel avec le Cùm detestabile scelus fímoniaca: pravitatis , tám
divinorum quàtn sacrorum Canonum auctorïtas ab-
spirituel. Ce qui rend ce dernier Crime beau Horreat atqué damnet, Nos, considérantes quòd plu-
coup plus condamnable. Cependant , -nous res peenarum gravitas , qùam Dei timor arcere solet
allons voir que les Loix ne mettent aucune à -voltiMtare peccandi , ac summis desideriis affectan-
distinction entre ces deux Crimes t quant à tur ut horum pestiferum vitium non ex usu solùm ,
sed etiam ex mentibus hominum , saltcm propter
la Peine. pœnarnm ìnetum penitùs evéllatur; Príedecefsorum
nostrorum Romanoruin Pontificum veíligiis inha;-
Sunt nonnulli qui quidem nummorum prasmia rentes , ac etiam omnes ei singulas excommunica-
cx ordinatione non accipiunt , & tamen sacros Or- tionis , fufpensionis , privationis & interdicti Sen
dines pro humana gratia largiuntur , atque delar- te ut ias , Censuras Sfpcenas, dudùmà Romanis Pon-
gitate eadem, laudis folummodò retribiitionem qux- tificibus praîdictis conrrà Simoniacos quomodolibet
funt....
P Undè . benè>û>
, cùm justum
tr-f""" virum
»"uiu describeret
ucicriDeret latas
«i« Quas
\iu<a> ipso
ipio facto
racio eos incurrere vólumus,
volumus,
rropheta , ait : Qui excutit manus suas ab omni confirmantes & rénovantes , Apostolicâ auctoritate
muntre , neque enim dicit : Qui excutit manus sua? declaramus quòd omnes ìlli 'qui simoniacè oxdinati
à munere ; sed adjùnxit a£ o/ti/j/ , quia aliud eit fueriut , à suorum sint Ordinumexecátione suspensi;
rìiuuus ab obsequio , aliud munus à manu , aliud. per electiones verò , posttrìationes ,confirmationes ,
rhìinus à íingua. Munus quippè ab obsequio , est' provisiones , feu quasvis alias dispositioiTes quas
subjectio indebitè imptfnsa; munus à manu , pecu- simoniacâ contigerit labe fieri , & quse vifibns om
nia est ; munus à Iingua ,favor. Qui írgò sacros Or- nibus careant in Ecclcíìis ,'Monasteriis tx dignitati-
dines tribuit , tune ab omni munere manus excutit , bus, personatibus , officiís ecclesiastícir èc quibufve

Wàetereà quòd univerfi & singuli.... qui' qìiómôdo-


líBé't darido vel recipiéndd , simoniam ctìmrríísériiit.
'i • autqtiòd il la fiat mediatores eXtitenut , set) procu-
4. Peuvent Comme l'un & l'autre de ces crimes : ravérint, Sententiamexcommunicationis incurrant,
ie com* peuvent se commettre , non-seulement par
mettre par à qua , nisi à summó Pontifice Ròmano , prô tem-
les Laï des Gens d'Eglise -, mais encore par les Laï pore éxiftente non polsunt absolvi pra?terquàm in
ques. ques , lorsqu'ils ont quelque part aux. cori- ; mortis a'rtículo constitutí. Càpit. Cùm dtfleibiíe
,/:.vr„.
ExTra. Commun, de Simonta. .... V.auJJì le Chap.'
ventions qui se font pour raison des Béné-: de hòï ìr. ■ Extr.
' - di•Simon.
' " &
" le Can. Si quis 1.
fices (ce qui les a fait appeller y par ; les • Caufm *• @* 3*
Canonistes, Mixtisori); il y a aussi des i
Peines particuliereá prononcées coutr* eux ji ..."
tant par les Canons , que par les Ordon-]
nances du Royaume. Quant aux Lòix du Royaume , nous 6. Peines
portée*
i2£ LES LOIX CRIMIN ELLES, Liv. III. Tit. I.
par les avons une disposition particulière fur ce lesdits Crimes : voulons que , suivant le 21 article
Ìoix du Crime dans l'Article XXI de l'Ordonnance de l'Ordonnance de Blois , les Bénéfices ? dont les-
Royaume Pourvus seront infectés de ce Crime, puissent être
de Blois 1 ( i ) , qui Veut qu'il soit puni , impétrés , soit à notre nomination , s'ils sont de cette
tant par le Juge d'Eglise , que par le Juge qualité , ou par l'Ordinaire auquel la Collation en
Royal , chacun pour ce qui est de sa com appartiendra , 8c feront les preuves desdites confi
dences 8c Simonies , reçues , suivant les Bulles &
pétence , c'est-à-dire , que lorsqu'il est com
Constitutions Canoniques fur ce faites. Oku. de
mis par un Ecclésiastique , le Juge d'Eglise Louis XIII , à Paris , en Janvier 1625..
doit prononcer contre lui les peines1 -Ca*
noniques dont on vient de parler ; tandis1 . r:":'"V; VÏt
que 'de son côté le Juge Royal doit dé
II reste à observer , par rapport au Crime 7. Cons,
clarer le coupable déchu de tous Bénéfi titutions
de Confidence , que, quoiqu'il n'en soit particulie-|
ces (2). Ce qui s'entend fi la poursuite së
point fait mention expresse dans l'Ordon-, res des Pa
fait feulement au civil ; car si elle se fait pes au su-,
nance de Blois , il se trouve néanmoins jet de la
par la voie criminelle , le Juge Royal in£
également compris dans fa disposition ; c'est Confiden
truit alors le Procès conjointement avee le ce , & de
ce qui résulte entre autres , de cèlles ' de sa preuve.
Juge d'Eglise, & prononce des Peines a£-
l'Edit de 1 6 1 o , & de l'Ordonnance de 1 62 5 ,
flictives ou infamantes contre l'Ecclésialti-
que nous venons de rapporter , où l'on voit
que & les Complices suivant les circons
qu'il y a même peine de déchéance de Bé
tances. Ce qu'il ne doit faire néanmoins
néfices dans l'un & l'autre cas. Nous voyons
qu'après que le Juge d'Eglise a rendu sa
Sentence définitive sur la même accusa d'ailleurs , à la fin de la disposition de çette
tion. Ce Juge d'Eglise peut aussi , lorsque derniere Loi , qu'elle renvoie , quant à la
parmi les Complicës il - se -trouve des Laï manière de prouver cette Confidence , aux
ques , prononcer contre eux la peine de l'Ex- Bulles ô Conjlitucions Canoniques fur ce
communication ; & à Pégard des autres faites. En quoi elle a voulu parler sans doute
Peines , elles feront prononcées par le Juge de deux Bulles particulières , qui venoient
Royal , auquel il est enjoint , par une dis d'être données à ce íùjet par les Papes
position particulière de l'Ordonnance de Pie IV & Pie V ,- l'une en 1564 , l'autre
1625 , de procéder sévèrement contre tou en 1 569 (1) , & qui ont été confirmées en
tes personnes qui auront commis ce Cri dernier lieu par un Concile de Bourges
me ( j ). L'on trouve , en effet , dans íes tenu en 1 5 84 ; par lesquelles on voit qu'en
Mémoires du Clergé , tom. 2 , part. 2 , même temps que ces Papes prononcent
tit. 16. Sctitipn de 1.675 , un Arrêt du Par Contre les coupables de Confidence la peine
lement de Paris , portant entre autres cho de ï'Excommunication & de la privation
ses, décret de prife-de-corps contre plusieurs des Bénéfices acquis par cette voie , avec
particuliers pour raison de Simonie. incapacité d'en obtenir d'autres , ils ont
foin de déterminer les caractères particu
liers auxquels on peutreconnoître ce Crime ,
(1) Leíciïts Archevêques Sc Evêques procéderont, &. la manière dont il doit être prouvé. Ces,
soigneusement & secrètement , sans dissimulation
ai exception de personne, ccytfre les personnes Ec caractères consistent principalement dans
clésiastiques qui auront commit ,1e Crime de Simo les quatre circonstances suivantes , qui font
nie , par les peines iudictes 8c portées par lés saints marquées par la derniere de ces Bulles (2);
Décrets 8c Constitutions Canoniques ; enjoignants
sçavoir , 1 °. lorsqu'après la résignation , Sc
a nos Baillifs & Sénéchaux procéder au semblable ,
ce-ntre les personnes Iaiz coulpables 8c participans la prise de possession par le Résignataire ,
de même Crime ; pour duquel avoir révélation , le Résignant continue de percevoir par lui-
pourront TesdjtsJïvêques & nos Officiers, faire pu même ou par d'autres les fruits du Béné-«
blier monitíons au temps qu'ils verront propre ou
opportun, , par toutes les Paroisses. Ord. de Èlois9 fice résigné. i°. Loríque le Résignataire af
ar'- zi-.' r. ,- . . ' r.A.-. ferme au Résignant ou à ses proches Iëg
v! ; • •> :.! .,; .. !; biens du Bénéfice , ou qu'il leur donne,
* ( 2 \ Ordonnons que pour otçr les Crimes de $ï- , procuration pour en percevoir les fruits^
riionie Si: de. confidence , qui ne sont que trop com
muns én ce Royaume , fi quelqu'un est désormais 30. Lorsque le Résignataire sollicite lui-
convaincu pàrdevant les Juges auxquels la connpís-: même les titres de la Résignation , & fait
sánce en appartient, d'avoir commis Simonie , ou tous les frais des provisions , & des autres
de tenir Bénéfices en confidence , íl fera pourvu
expéditions nécessaires au RéfignatarVe.
auxdits Bénéfices , comme vaeans , incontinent
après le Jugement donné â notre nomination , s'ils 40. Enfin , lorfquë celui qui a obtenu le
íont de ceux auxquels nous avons droit de nommer Bénéfice pour un autre , ou- s'y .est employé,
par les .Concordats , oú par les Collateurs ordi s'ingère ensuite dans les dispositions âès
naires , s'ils dépendent de leur Collation. Éçit. de
1610. art. 1. choies qui concernent le Bénéfice...... Au
surplus, quant à la preuve de ces dífférèn-:
($) Pour réprimer les Crimes de Simonie 8: de tes circonstances ou présomptions , la même
considence.trop fréquens én ce siécle , à notre grand
regret ; Nous ordonnons qu'il soit sévèrement pro Bulle veut que l'on puìfìè admettre des
cédé contre toutes personnes qui auront commis témoins singuliers , & les Complices même
- < 0-'. m . . o v=n 7 - . * -.-
DÉS CRIMES CONTRE LA RELIGION , &c. 127
de cette Confidence ; & en un mot , tous rit, feu de illo postmodùm ad voluntatem interces-
ceux généralement qui peuvent être admis soris fuerit difpoíitum , quaudocumque. Testes au-
te:n de quaque re fingularts fingulas probare va-
à déposer en fait de Simonie (4). leant praesumptiones& conjecturas pluresque hujus-
modi pracsumptiones & conjecturas plenam faciant
(i)Nota. Ces Bulles sont rapportées par Fonta- probationem in praedictis. Caîterùm , criminoji &
NON. Tom. 4. Tit. 18. de la Simonie. L'on ne voit exteri omnes qui ad perhibendum in cafibus Si-
pas au reste qu'elles aient été enregistrées dans au moniae testimonium recipi posiunt , ad praedicta om
cun Parlement. nia admittentur. Bull. Pap. Joan. Quint, ana.
1584.
(i) Considentarii quaecumque Bénéficia habent
aut administrationes aut pensiones, iis in perpctuum VIII.
careant , & ad alia omnia inhabiles reddantur. Ex
Concil. Bituric. II faut encore remarquer , quant à la 8. Ca«
(3) Ad probandum verò plenè confidentiartim preuve de ces Crimes , que quoiqu'il pa-
abusum , inter alias etiam hec praefumptiones & roiífe résulter de la disposition de l'Or- qu'il y ait
conjecturas habeantur légitima; , videlicèt fi quis donnance de Blois qui permet de faire commen-
Sost ce/Tarn à se Ecclesiam , vel Monasterium , aut , ,. , wm • ■ • cernent de
eneficium, publicatam &t resignationem, feu ceíïio- publier des Monitoires en cette matière , preuves
nem , captamque à successore poíTeífionem , se se in que la preuve peut s'en faire par témoins j P«écrit«
illa , vel illo , feu rébus illius , per se , vel alium, feu
c'est cependant un usage consacré par une
alios de facto ingeíTerit , aut íructusperceperit, aut
quicumque fucceslbr illi , vel ejus propinquos ipsos , Jurisprudence constante , que pour pouvoir
aut partem aliquam remiferit earumdem. Sireci- être admis à la preuve testimoniale en cette
piens Beneficium constituerit dimittentem, vel ejus matière ( hors le cas où la poursuite se fait
parentes, aut propinquos procuratores ad percipien-
dum, vel locandum fructus Beneficii dimislì , & par la voie criminelle ) il faut qu'il y ait
illi vel illis de fructibus perceptis aut percipiendis un commencement de preuve par écrit. On
donationcm fecerit j si vel folâ procuratoris deposi- trouve plusieurs Arrêts , tant du Parlement
tiohe, vel libris rationalibus Mcnfariorum ex parte que du Grand-Conseil , qui l'ont décidé
dimittentis expeditio, quaeperfonam recipientiscon-
cernit , profecuta , (it simulquc expenfse pro ea ne- ainsi , sur le fondement de la grande facilité
cessariae ab illo factae fuerint. Denique , si quis pro que ceux qui cherchent avec avidité des
conceílione alicui facta , quâcumque auctoritate, de Bénéfices , ont de trouver de faux témoins.
Beneficio ecclesiastico , per fe , vel alium, feu alias
intercesterit , vel alias in negotio concessionis fefe V. la JURISPR. Canon, verbo Simonie , où sont
immifeuerit quoquomodo , deindè aliquid de fruc- cités ces differens Arrêts , d'après Vaillant fur
îibus Beneficii de facto , etiam per manus poslef- Louet, le Journal du Palais , & Duperraï
ibsis , ac etiam simplici douationis titulo percepe- en son Traité de YEtat des Ecclésiastiques.

§. VII. Des Outrages faits aux Prêtres.

SOMMAIRES.

1- Qu 'entend- on par Outrages ? pitre par les Décrétales.


2. Privation de liberté , espece d'Outrage 7. 1 °. Quant à la t eine de l'Excommunica
suivant le droit Canonique. tion.
3. Outrage se sait par autrui , suivant le 8. 20. Quant a l'absolution de cette Peine.
même Droit. 9. Pourquoi ce Chapitre ne met aucune dis
4. Peine de ce Crime , suivant le Chapitre tincîion sur ce point.
Si quis , suadente diabolo. 10. Difiinclion faite par le Droit Romain
5. Peine particulière contre les Clercs qui h cet égard.
frappent leurs Evêques. 1 1 . Difiinclion suivant les Capitulaires , &
6. Deux modifications apportées a ce Cha- autres Loix du Royaume.

I.

t. Qu'en- ^Jous voulons parler des voies de fait illis Laïc is faciendum , qui Clerìcos , fine lac sione ,
p'" Outra- ÇÔ se commettent envers des Prêtres , soit tamen in custodia detinent publica vel privata , vél
gn î séculiers , soit réguliers ; comme en les frap etiam detruduht in vincula.... Nos igitur inquisi-
tioni tuae refpondemus : non credimus Laïcos pœ-
pant & les maltraitant , & faisant quelque nam excommunicationis evadere , quamvis per eo-
violence à leur personne. rum factum córporalis lacsio non fuerit fubfecuta ,
citrà quam violentia faepiùs contrà Clericos nequi-
II. terperpetratur. Cjp.iç. Exth. de Sent. Excommun»

'1. Priva On comprend aussi sous ce nom , suivant


tion de li I I I.
le Droit Canonique , les entreprises qùi se
berté , es
pece d'Ou font contre leur liberté, comme lorsqu'on
trage sui On se rend aussi coupable de ce Crime v Outra,-,
les retient captifs , soit dans un lieu public ,
vant le suivant ce même Droit, lorsqu'on charge K^Jj-*
Droit Ca soit dans un lieu privé.
quelqu'un d'outrager un Prêtre par voie suivant lé
nonique.
Nuper à nobis tua diferetio requisivit quid de de fait , & que les ordres ont été exécutés. gjj£
" '-"V

128 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. III. Tit. L


Uli verò qui non per se ipsos , sed eorum auc- 2°. Ceux qui frappent en badinant, &sans
toritate vel mandato , alii violenter injiciunt ma
dessein de faire injure (2). 30. Les Enfans
nus in Clericos , ad Scdem Apollolicam sunt mit-
tendi , cùm is committat verè , cujus auctoritate vel qui n'ont pas encore atteint la puberté (3).
mandato delictuin committi probatur. Cap.ó.Js. 40. Ceux qui frappent dans la nécessité d'une
Illi vero , Extr. de Sent. Excom. défense légitime (4). 50. Ceux qui frappent
des Prêtres étant en flagrant délit , ou n'étant
I V.
point revêtus de l'habit de leur état , ou bien
4. Peine Quant à la Peine de ce Crime, suivant dont ils ignoreroient la qualité; mais en ce
^cesc.ri" le même Droit Canonique ; on fçait que dernier cas il faut qu'ils le déclarent avec
rant l'e" c'est celle de l'Excommunication qui s'en- serment (5). 6°. Enfin , ceux qui n'auroient
Chapitre court ipso saclo , & dont on ne peut ob- frappé que légèrement (6).
fLYtnu tenir l'absolution que du Saint-Siege ; hors
(1) Cùm voluntate ac propofito maleficia distin-
diabolo. le cas seulement de l'article de la mort ,
guantur. Si quis, ratione officii quod in Ecclesia ob-
où non-feulement les Evêques , mais en tineat , aut etiam alii Clerici seniores , zelo devo-
core tout Prêtre approuvé peut en absou tionis , pueros vel adolescentes in minoribus Ordi-
nibus coníìitutos , turbantes divinum Officium ,&
dre. Cette Peine est portée principalement
hi qui obtenta Praelattonis vel Magisterii subditos
par le fameux Canon Si quis , suadente & ícholas , correclionis causâ , leviter fortè pcr-
Diabolo , du Concile de Latran , tenu sous cusserint , Excommunicationis Sententiam non in-
Innocent III. current.... Quod de his dicendum elt, qui aliquos
de familia sua vel proximos inferiorum gradunm ,
Si quis , suadente Diabolo, hujus sacrilegii rca- simili modo ut cohibeanfur à fuis insolentiis,8i scien-
tum incurrerit , quòd in Clericum vel Monachum tiâ bonisque moribus iuformentur , duxeriut corri-
violentas manus injecerit , anathematis vinculo sub- gendos. Cap. 54. Extr. de Sent. Excomm.
jaceat ■ , & nullus Episcoporum illum praesumat ab- (2) Si non odio, vel invidiâ, vel indignatiohe ,
íblvere , nili mortis ingeuti periculo , donec aposto- sed levitate jocosd ad invicem percutere coiitinga:.
li conspectui pra;sentatus , & ejus mandatum susci- Cap. 1. ibid.
piat. Concil. Lateran» sub Jnnoc. II. Can. Si quis. (3) Respondemus \ quòd si Clerici , muh pubè
Caus. 17. Qu. 4. res annos se ad invicem , aut unus alterum perçus
sent , non sunt ad Apost. Sed. mittendi, quia eos
V. a:tas excusât, ibid.
(4) Si verò Clericum vim sibi inferentem, viquis
pe;ne II y a encore , outre l'Excommunication , repellat vel Iaedat , non débet , propter hoc , a-d
Sedem Apostolicam transinitti , si incoutinenti vim-
particulie- peine de Privation de Bénéfices , encourue , vi repellere omnes leges omniaque jura permíttant.:
i« Clercs ^e P^e*n droit » Vivant les Ganons , contre .... Nec ille compellendus est ad Sed. Apost. venire,
qui frap- les Ecclésiastiques qui osent frapper leurs qui in Clericum cum uxore , matre, sorore vel filiâ
pent leurs Evêques , ou en charger quelqu'un. propria turpiter inventum manus injecerit violen
tas. Ibid. cap. 3. '
Si quis, suadente Diabolo, in hoc sacrilegii ge- (5) Si verò aliquis nutrienrem com3in manus in
nus proruperit , quòd quemvis Pontificem injuriosè jecerit violentas , propter hoc non débet apostolico
vel temerè perctilserit.... vel haec mandaverit.,.. in praîsentari conípectui, nec etiam excommunicatione
illiscafibus de praedictis. .. à Beneficiis spiritualibus nodari , dummodò ipsum esse Clericorum ignorave-
.... qua: nb Ecclesia cui sic offensus praEest Episco- rit. Vel si hoc dnbium fuerit , propriâ manu dun-
pus , obtinet , cadat hoc ipso , ac ad eamdein Ec- taxat praestiterit juramentum quòd eum esse Cle
clesiam libéré reveçtatur. Clem. V. in Concil. Viei\n. ricum ignorasset. Ab illo autem, si praestare nohie-
Cap. Si guis, de Panis, in Clémentin. rit juramentum quia violentas manus constat eum
in Clericum injecisse , sicut ab excommunicato ,
donec de mandato Sumtni Pontificis absolvatúr ,
V I. convenit abstineri. Ibid. cap. 4.
(6) Pervenit ad nos & infrà , de his absolven-
6. Deut Cependant , quelque générale & quel- dis , qui Clericis non enormem , sed modicam &/*-
modinca- qU'absolue que paroisse la disposition de ce vem iujuriam irrogartint. Tuœ fraternitatis arbitrio
tions ap~ *■ * • • duximus committendum. Ibid. cap. 17.
portées à Chapitres'quis t suadente Diabolo , soit par
treCaHes raPP0rt 3 *a Peme » ^olt Par rapport à VIII.
Décréta" l'obligation de recourir au Saint-Siege pour
k*- en être relevé ( obligation dont il excepte L'autre modification regarde certaines 8. i\
seulement le cas du danger évident de la personnes qui , ayant encouru l'Excommu- *
mort ) nous voyons qu'elle a reçu depuis nication , sont dispensées d'aller à Rome don tte\
pour s'en faire absoudre , & peuvent l'être cette ?ei~
ce temps-là deux modifications remarqua
bles , qui sont marquées sous le titre des valablement par les Evêques Diocésains î
Décrétales De Sententia Excommunica- sçavoir, Ceux qui sont en danger de mort (1 ) ;
les Femmes qui sont en puissance de mari (1) ;
tioms.
les Pauvres , les Infirmes , & les Vieillards
VII.
qui ne sont point en état de faire ce voya-
7- >' La première regarde différentes sortes ge (3) ; les Jeunes gens qui n'ont point
K"„"taJê de personnes qui sont exceptées de la peine atteint la puberté (4) ; enfin, les Reli-
l'Excom- de l'Excommunication , sçavoir; i°. Les gieux (5) & les Religieuses (6) qui se se -
munica Supérieurs , les Pères & les Maîtres qui roient portés à ces sortes d'excès dans l'in-
tion.
frappent dans la seule vue de corriger (1). térieur de leur Couvent.
U)V. u Chap.
DES CRIMES CONTRE LA RELIGION, &c. 129
(ij V. U Chap. Si quis ,/uaJenu Diabolo , rap- hors des fonctions , ces mêmes Loix le
porté ci-dtjsus. mettent seulement dans la classe des injures
(ij Mulieres, vel alias pcrsonasquasuo juris non graves & qualifiées dont elles laissent la
sunt , ab hoiicopo diceceiano abíolvi pollunt , u " • , ,, f. , x ,
man» in Clericum injcccrint violentas. Cap. 6. Ex- Çfme a, 1 arbitrage du Juge , parce qu elle
tra. de Sent. Excomm. depend principalement des circonstances.
(3) Is qui asserit se ín Canonem Iata? Sententiac
„:j:ir- , non aliter
incidisie > * — quàm » Sedem
t% * *»
Apostolicam, vel Si quis in hoc genus sacrilegiì proruperit , ut in
ejus legatuin absolutionis potest benesicium absti- Eccleíias Catholkas irruens , Sacerdotibus & Minis
nere , nisi forte in mortis articulo, vel paupertate, tris , vel ipíì cultui locoque aliquid importet in-
vel insirmitate, vel senectute tantâ gravaretur,quòcí juriare , à Provincial Redloribus animadvertatur , at-
ad Ecclesiam Romanam laborem subire non valeat que ità Provincia; Moderator Sacerdotum& Catho-
veniendi , vel ab hoc alio impedimento canonico licae Ecclesiac Ministrorumloci quoque ipsius & di-
retrahattir. Cap. zó. ibid. vini cultùs injuriam capitali in convictos sive confes-
sos rçosSententiâ noverit vindicandum... sitquecunC-
(4) Pueris qui in Canonem inciderunt, Senten- tis non solùm liberum sed laudabile factas atro
tiâ promulgatâ , sive ante, íìve post pubertatem pos
ces Sacerdotibus aut Ministris injurias veluti Cri-
tulant se abíblvi , potest Episcopus diœcesanus ab-
men publicum persequi , ac de talibus reis ultionem
íblutionis benefìcium impertiri, cjim propter defec-
mereri.... Z. 10. Cod. de Epi/c. & Cleric.
tum a?tatis in qua fuit commiisus , excessivus rigor
fit mansuctudine temperandus. Cap. 60. ibid. '
X I.
(5) Monachi & Canonici Regulares , quoeum-
que mono
modo lese 111
in i^lauitro
Claustro percullerint ., non sunt ad M«,,„ Air
i^^^v^^l^Cl^^ av°Z "T5 ad°pte, CUÁ " Pointles n, Dis-
tiam suiAbbatis disciplina; subdanturj & siAbbatis distinctions faites par i
le Droit Romain í"ction
- -« * > luivant les
discretio ad eorum correctionem non sufficit , pro- en ce que nous ne mettons ces sortes d'ou- Capituiai-
videntia est diœcesani Episcopi adhibenda. Cap. 31. trages au nombre des Crimes de Lese-Ma- ["j^Loht
cìim illorum. ibid.
jesté Divine , & conséquemment des cas duRoyau-
(<5) De Monialibus tua à nobis fraternitas requi-
fivit, per quam eis sit beneficium absolutionis im- Royaux , que lorsqu'ils se trouvent accom- me'
pediendum,
rmicuuura, siu vel vei in sele invicem, vel Conversos vel r~&"»- pagnés de trouble"UUUit ctU au ociService
viuc divin ( 1 ). Ce
uivin \i
Conversas suas , aut Clericos etiam manus injecerint n'eít Pas ^ nous n'ayons d'ailleurs plusieurs
temere violentas; super suoer hoc igitur tua: consultation!
Loix, tant anciennes que modernes , qui
tahter respondemus ut per Episcopum in cuius Diœ
cesi Monasteria fueriut aisolvantur. Cap. 33. ibid prononcent des Peines particulières contre
ceux qui osent porter des mains violentes
T Y contre des Prêtres , hors les cas du trouble
dont nous venons de parler. Nous voyons ,
9. Pour Au surplus, à l'exception des cas par- en effet ' dans les Capitulaires de Charle-
quoi ce ticuliers que nous venons de remarquer maSne ?u en meme te,ys Jue ' d une
Chapitre
ne met au d'après les Canons , il paroît que la rigíeur Part ' ce Prmc,e P^onon£5 des Peines ,cor:
cune dis des Peines portées par ce Chap. Si quis , PorelleS avec le Bannissement perpétuel
tinction r..„j. . t\- l 1 a r r contre ceux qui oient , taire ,-r ìnlulte
sur ce Juadente Diabolo , doit avoir heu lans au* n * , „ì 0 a . des
point. A'.ai ct.- j r
cune distinction des períonnes qui ont com- ~ Prêtres
... dans l Lnceinte
, r ,.. de 1 Lelile
,P. ,&
' même..
~.\« ^ «o
mis ces outrages , non plus que des lieux 1 „ a A: celle„ de mort lorsqu
. ^ r il en relulte
, un trouble
. . ,. „ r
• j„ tn „ Za -, ^ /f» __■ r »a au Service Divin, contormement a la dilpoli-
ni des temps ou ils ont ete commis ; h c est . , T . „ r
^ i>F^i;r» «, ~„ a *
a Ihglile & pendant que le Prêtre etoit 1 n a» a. tion
. de la Loi
., r Komaine que
if nous venons
. , ,
en fonctions , ou bien hors de ces mêmes de C,teJV d-fe c,ongnte.dun autrf côté de
fonctions : & cela par la raison que ce n'est Pumr d un ^P1,6 Bannissement a temps ,
point tant en faveur de chaque Prêtre en tous rceU* eAn &ferai osent ™*^X
particulier , qu'en faveur de l'Ordre Clé- au reíPect du au S^oce » Pour ce
/ r —1 —
rirai en
ncal pn général
nonofii que —.- ~ cette
— rigueur a été Prince témoigne d'ailleurs avoir lui-même
principalement établie. une si grande vénération , qu'il déclare ne
vouloir reconnoître pour ses fidèles Sujets ,
X que ceux qui se montreront soumis & obéis
sans envers l'Eglise & ses Ministres. Auffi
10. Dis Mais il n'en est pas de même , suivant les voyons-nous que ce respect est également
tinction
faite par le Loix qui sont émanées de l'autorité tem- recommandé par une foule de Loix rendues
Droit Ro porelle fur cette matière. Nous voyons que par les Princes ses Successeurs ; Loix qui
main à cet
égard. celles-ci mettent une différence remarqua- ont été renouvellées en dernier lieu par
ble dans les Peines qu'elles prononcent l'Art. XVIII de l'Ordonnance de Blois ,
pour les Outrages commis envers les Prê- & par l'Art. XLV de l'Edit de 1695 , fui-
tres ; & que ce n'est proprement que lorsque vant lesquels les Ecclésiastiques font mis
ces outrag
outrages font faits dans l'intérieur de fous la protection & fauve-garde spéciale
l'Eglise & pendant que le Prêtre est occupé
du Roi , & doivent être honorés comme
a ses fonctions , qu'elles les mettent au
le premier des Ordres du Royaume (3).
nombre des Sacrilèges , & qu'elles veulent
qu'ils soient punis de la Peine ordinaire de (1) V. art. n. tit. 1. de ÍOrd. de 1670.
ce Crime. Au heu que lorsqu'il est commis pi.Vr(2) Si' quis
^ Episcopo
irpiCc?ì>0 ,'. vel aliis Ministris sanctaç
vcl LaIii
«1 w ^uciiwiiuais Ecclesiae injuriam fecent, jubemus eum tormentis
R
130 LES LOIX CRIMIN ELLES , Liv. III. Tit.I.
subjectum in exilio mori } sed etsi ipsa sancta ora- plectendi sunt , qui Episcopis vel reliquis Sacerdo
toria, vel divina ministeria conturbaverir, vel Leta- tibus injuriam vel contumeliam fecerint 5 nam de-
niam everterir, capitali pcriculo subjaceat , si autem tractio Sacerdotum ad Christum pertinet , cujus
contumcliam tantùm fecerit , tormentis & exilio vice légations in Ecclesia funguntur. V. Capit. de
tradatur. Capit. nj. Lib. 6 Nam nullomodò tan 8zó. c. 3.
agnoscere possumus qualiter fidèles nobis existere (3) Et afin que les Ecclésiastiques puissent rési
poisunt, qui Deo infidèles & suis Sacerdotibus ap- der en plus grande sûreté eu leurs bénéfices , les
paruerunt. ... Si autem , quod abíit, secùs egerint , avons mis & mettons en notre protection & sauve
tune non solùm infidèles , sed etiam infâmes atque garde spéciale. Ord. de Blois , art. 18 Voulons
reprobi manifesté apparenter notabuntur , eorum- que les Archevêques , Evêques & tous autres Ec
qiie domus publicabuntur ; & ipíi exiliabuntur. clésiastiques soient honorés comme le premier des
Capit. de ían. 805. 1 Idcircò magnâ pœnâ Ordres de uotre Royaume. Edit de 1695. art. 45.

VIII. De VEnlèvement des Religieuses , ou de V lnfraôiion de la. Clôture


des Couvens.

SOMMAIRES.

1. Espece de sacrilège suivant le Droit Ca- 4. Peine de l' Infraction de la Clôture des
nonique. Monajleres suivant les Canons.
2. Crime publicsuivant le Droit Romain }& 5. Loix du Royaume qui ordonnent Pexi-
comment puni. cution de ces Canons.
3. Comment puni suivant nos Coix.

I.

1. Espece E Crime est mis au nombre des Sacrí- Constitutions Canoniques , dont l'exécution
^suivant *er5eS Par ^e Droit Canonique. est ordonnée par les Loix du Royaume.
le Droit
Canoni Ambigi verò non potest Crimen magnum ad-
que. mitti , ubi & propositum deseritur , & confecratio I V.
violatur nam si humana pacta non posiunt im-
punè calcari , quideos manebitqui corruperint fœ-
dera divini Sacramenti ? Can. 8. Caus. 20. Qu. 2. Parmi les Constitutions Canoniques , dont 4. Peine
l'exécution est ordonnée par ces Loix , il de l 'Infrac
tion de 1»
faut remarquer fur-tout le fameux Canon Clôture ,
I I.
Periculosa , in-6°. , ou plutôt le Décret du des Mo—;
nasteres »
a. Crime II est mis auflì au nombre des Crimes Concile de Trente qui en a renouvellé les suivant les
vant ée11" Pu^^cs dans ^e Droit Romain , comme il dispositions , suivant lesquelles il est fait dé Canons.
Droit Ro- paroît par la Loi unique du Code de Raptu fenses expresses , à peine d'Excommunica
main , & y"irg'inum nec nort Sanclimonialium , qui tion aux Religieuses de recevoir des hommes
puni» prononce irrémistìblement la Peine de mort dans PEnclos de leur Monastère , à moins que
en pareil cas. La Loi V , au Code de Episco ceux-ci n'y soient autorisés par des permis
pis & Clericis , va plus loin encore , en ce sions particulières des Evêques , ou par la
qu'elle veut que cette Peine ait lieu même nécessité de leurs fonctions , comme font les
pour le simple attentat , comme tendant à Confesseurs , les Médecins, &c. ; comme
violer le respect dû à la Divinité même. auíîì de sortir elles-mêmes de leur Cou
vent fans y être forcées par quelque cause
Si quis , non dicam rapere , sed adtentare tan légitime , & qui soit jugée telle par l'E-
tùm jungendi causâ matrimonii, sacrarissimas Vir- vêque. Une Bulle du Pape Pie V , du 28
gincs ausus fuerit , capitali pœnâ feriatur. L. 5.
£od. de Episcopis & Clericis.... Quod non solùm Mai 1566, met fur-tout au nombre de
ad injuriam hominum , sed ad ipíius omnipotentis ces causes les cas d'incendie & de maladie
Dei irrevereutiam committitur. L. 54. ibid. contagieuse , & autres , qui font tels que
la Religieuse ne puisse rester plus long
III. temps dans son Couvent sans un danger
évident de fa vie.
3. Com- Nous verrons , en traitant du Crime de
mem puni Rapt . que ces íbrtes de Ravislèurs ne
Bonifacii Constitutionem quâ incipit, Periculosa
jiosLoix. peuvent être punis d'une moindre Peine renovans sancta Synodus universis Episcopis , sub
que la capitale , suivant nos Loix : & même obtestatione divini Judicii & intermiuatione male»
avec d'autant plus de raison , qu'au Sacri dictionis anernae , prxcipit ut in omnibus Monaste-
riissibi subjectis ordinaria, in aliis verò Sedis Apos-
lège qui se commet par l'enlévement des tolicae auctoritate , clausuram Sactimonialium ubi
personnes ainsi consacrées à Dieu , se joint violata fuerit , diltgenter restitui , & ubi inviolata
encore un Crime particulier qui est celui de est , conservari maxime procurct , inobedientes at
que contradictores per Censuras Ecclesiasticas, atque
Vinfraction de la clôture des Monastères ,
alias pœnas , quâcumque appellatione postpositâ ,
. qu'on sçait être également défendu par les compescentes, invocato etiam ad hoc , si opus fuerit.
DES CRIMES CONTRE LA RELIGION , &c. 131
auxilio brachii Secularis ; quod au xi lin m ut pra:- légitime , qui soit approuvée de l'Evêque ou Supé-
beatur omnes Christianos Principes hortatur sancta rieur , & ce, nonobstant toutes dispenses & prívi-
Synodus, 8c sub Excommunicationis pœna , ipso Jeges au contraire } comme auflì ne fera loisible à
facto incurrenda,omnibus Magistratibus Secularibus personne, de quelle qualité , sexe ou âge qu'il soit,
injungjt. Nemini autem Sandtimonialium liceat post d'entrer dans la clôture desdits Monastères , fans la
professionem exire à Monasterio , etiam ad .brève licence, par écrit, de l'Evêque ou Supérieur, ès
tempus , quocumqueprœtextu , nisi exaliqua légi cas nécessaires seulement , fur les peines de Droit.
tima causa , ab Episcopo approbanda , induisis, qui • Ord. de Blois , art. 3 r.
buscumque & privilegiis non obstantibus. Ingredi
autem intrà scepta Monasterii nemini liceat cujus- (2) Nuls Religieux ne peuvent laisser entrer au
çumque generis aut conditionis , sexûs vel aetatis cunes femmes dans leurs Cloîtres , même sous pré
fuerit, sine Episcopi vel Superions licentia in scrip- texte de Prédications , Processions ou autres actions
tis obtenta , sub excommunicatis pœna ., ipso publiques , si ce n'est qu'ils aient Bulles ou privi
facto incurrenda. Dare autem tantùm Episcopus lèges potir laisser entrer lesdites femmes ; lesquels
vel Superior licentiam débet in caíibus necessariis , privilèges ils seront tenus défaire voir à l'Ordiuaire.
neque aliàs ullomodo poslìt , etiam rigore cujuscum- Régi, des Réguliers , art. 27.
que sacultatis vel indulti hacteufis eoncessi , vel in (3) Voulons pareillement que , suivant & en exé
posterùm concedendi. Et quia Monasteria Sancti- cution des saints Décrets 8c Constitutions Canoni
monialium , extrà meenia Urbis vel Oppidi consti- ques , aucunes Religieuses ne puissent sortir des
tuta , malorum hotninum pra:dà 8c aliis facinori- Monastères exempts 8c non exempts , fous quelque
bus , sine u 11a saîpè custodia sont expoíita , curent prétexte que ce soit , ou pour quelque temps que
Episcopi & alii Superiores, si ità videbirur, expedire ce puisse être , fans cause légitime , 8c qui ait été
in Sanctimoniales , ex iis ad nova vel antiqua Mo jugée telle par l'Archevêque ou Evêque diocésain ,
nasteria intrà Urbes vel Oppida frequeutia redu- qui en donnera la permission par écrit j 8c qu'aucune
cantur , invocato etiam auxilio , si opus fuerit , personne séculière n'y puisse entrer sans la permission
brachii. secularis , impedientes verò nec non obe- desdits Archevêques ou Evêques , ou des Supérieurs
dientes per Censuras Ecclesiasticas parere compel- Réguliers à l'égard de ceux qui sont exempts , le
lant. Concil. Trid. Seff. 25. chap. 5. de Rtsor. tout sous les peines portées par lesdites Constitu
tions canoniques 8c par nos Ordonnances. Edit de
v. IÍ95. art. 19.

k. Loixdu A l'égard des Loix du Royaume, qui (4) Voulons que l'articls 19 de l'Edit du mois
Royaume ordonnent l'exécution des Constitutions d'Avril 1695. soit exécuté selon fa forme St teneur;
quiordon- e-, . r • . 8c cn conséquence, faisons très-expresscs inhibitions
nent l'exé- Canoniques lur ce point , nous voulons
8c défenses à toutes Religieuses des Monastères
cution de parler principalement de l'Ordonnance de
esparens* Blois (1) , de l'Edit de Règlement des exempts ou non exempts , d'en sortir , sous quel
que prétexte que ce soit , 8c pour quelque-temps
Réguliers (2) , de l'Edit de 1695 ( 3 ) , & que ce puisse être, si ce n'est pour cause légitime 8c
jugée telle par l'Archevêque ou Evêque diocésain ,
enfin de la Déclaration du 10 Février 8c en vertu de sa permission par écrit , sans que les
174* U)- dites Religieuses puissent sortir de leurs Cloîtres ,
sous prétexte de permission par elles obtenue de
O) Admonettons les Archevêques, Evêques , & leurs Supérieurs Réguliers , nonobstant lesquelles
autres Supérieurs des Monastères des Religieux , de permissions il pourra être procédé , s'il y échet ,
vaquer soigneusement à remettre 8c entretenir la suivant les saints Canons 8c les Ordonnances, contre
clôture des Religieuses \ à quoi faire ils contrain les Religieuses qui se trouveront hors de leurs Mo
dront les désobéiifantes par Censures Ecclésiastiques, nastères, fans avoir obtenu la permission par écrit,
8c autres peines de droit , nonobstant oppositions de l'Archevêque ou Evêque diocésain , ou leurs
ou appellations quelconques. Enjoignons à nos Of Grands-Vicaires , á qui ils auront donné le pouvoir
ficiers leur prêter toute aide & confort j & ne pourra d'accorder de pareilles permissions. Déclar. du 10 Fé
aucune Religieuse , après avoir fait profession, sor vrier 1742 , art. 2. enregistrée au Grand-Conseil ,
tir de son Monastère , pour quelque-temps , 8c sous le 2 Mars suivant , & au Parlement le 29 Janvier
quelque couleur que ce soit , si ce n'eít pour cause 1745-

TITRE SECOND.

Des Crimes commis contre VEtat , ou Crimes de Lese-Majejlé Humaine,

SOMMAIRES.

1. De combien de manières se commet ce i.DiviJìon de ce Crime en deux Classes


Crime , considère en général. principales.

ti De O OUS le nom de Crimes de LesE-Ma- VHonneur & Dignité de fa Couronne , ou me, Consi
eombien ^ jesté Humaine , oncomprend en géné- enfin son Autorité, soit dans l'administra- déré , en gé-
res secom- ral tous ceux attaquent , ou la Personne tion de la Justice , soit dans celle de ses
fheueCri- du Souverain , ou fa Souveraineté , ou bien Finances.
R 2
ïj2 LES LOIX CRIMINELLES, Liv\ III. Tit. IL
chefs , que l'on a enfin réduits à ces deux
I I. classes principales ; sçavoir , celle de Crimes
, de Lese-Majesté au premier chef, & celle
a. Divi- On voit par-là , que ces sortes de Crimes de Crimes de Lese-Majesté au second chef.
C°n e'en ont ' comme ce^u* de Lese-Majesté Divine , Nous allons donner des exemples des uns
deuTclas- leurs degrés particuliers d'énormité ; & c'est & des autres dans les deux Chapitres
ses princi- Ce qui les a fait distinguer en différens sùivans. ."

CHAPITRE PREMIER.

Des Crimes de Lèse - Majejlé au premier Chef.

N OU S en distinguons de quatre sortes, commis contre la Personne de ses princi-:


i °. Ceux commis contre la Personne du Roi. paux Ministres. 40. Et enfin , ceux commis
20. Ceux commis contre la Personne de la contre la Souveraineté du Roi , ou la íûreté
Reine , ou des Enfans de France. 3 °. Ceux de fa Couronne,

§. I. De VAttentat commis direâíement contre la Personne du Roi,

SOMMAIRES.

I. Toutes sortes de Droits violés par ce vent en accuser , ou en être accusés , Ù


Crime- des Juges qui en doivent connoître.
z. Distingué des autres Crimes par trois 6. Nécessité de cette instruction , sur quoi
endroits principaux. sondée.
3. Singularités , quant a la Manière de 7. Qu'entend- on par complices en cette ma-,
punir ce Crime. tiere ?
4. Extension de la Peine par rapport aux 8. Singularité de ce Crime , quant à la
Biens ô aux Parens du Coupable ; fur preuve.
quoi sondée. 9. Peine des accusations téméraires & ca*
5. Singularité quant à /"instruction de ce lomnieuses en cette matière.
Crime y ou a la qualité de ceux qui peu-

I.

O N ne peut douter que ce ne soit ici , de Lûíx s'accordent également à réprimer un autresCrft
sorSU de tous les Crimes qui intéressent la Société , Crime aussi exécrable , & si , dans cette foule mes par
droits vio- le plus grave & le plus punissable , en ce de précautions qu'elles ont prises pour le JJ^ en"
Crime! " que I'on ne Peut le commettre , fans violer prévenir , & en empêcher l'impunité , elles princi,
en même temps toutes sortes de Droits, ont cru devoir s'écarter des règles générales P1™-
D'abord le Droit Divin , qui recommande qu'elles ont établies pour les autres Crimes,
l'obéissance envers les Souverains , comme L'on voit en effet plusieurs singularités
étant l'image de la Divinité fur la terre , remarquables dans les dispositions de nos
& appellés , par cette raison , les Oints du Loix , comme dans celles du Droit Romain ,
Seigneur. En second lieu , le Droit Natu- non-feulement sur la manière de punir , mais
rel, suivant lequel les Souverains foutre- encore fur celle d'instruire j & de prouver.
gardés comme les Pères de leurs Sujets, ce Crime.
Enfin , le Droit des Gens, ou ce Droit III.
public , qui est attaché essentiellement à la
Constitution de chaque Gouvernement , fui- D'abord quant à la Peine de ce Crime j.singuto
vant lequel tous les Sujets íbnt obligés non- comme elle ne se trouve point marquée rite quant
seulement d'obéir , & de porter honneur à d'une manière bien précise par nos Loix , qui j^"^
leur Souverain , mais encore de veiller à la se contentent de prononcer en général la «e Crime;
sûreté de leur Personne & de leur Etat , confiscation de corps & de biens en cette
dont dépend la leur propre. matière ; c'est par conséquent à la Jurispru-
Sacrilegio proximum crimen est quod Majestatis dence des Arrêts que nous devons princi-
dicitur. L.s. ad Leg. fui. Maj. paiement nous en rapporter à ce íùjet. Or ,
j j nous avons vu , en traitant des différentes
eípeces de Peines , qu'il y en avoit une par-
luéDdesn~ ^ ne ^aut ^onc Pas s'^tonner j toutes les ticuliere pour le Crime dont il s'agit ici ,
DES CRIMES COMMIS CONTRE UÉTAT, &c. 135
qui étoit celle de VEcartel/ement, ou d'être ses biens , meubles & immeubles , acquis & con
fisqués au Roi ; ordonne qu'avant ladite exécution ,
tiré par quatre chevaux. Nous avons donné ledit Damien fera appliqué à la question ordinaire &
en même temps la description de la manière extraordinaire pour avoir révélation de ses compli
dont cette Peine s'exécutoit. II nous reste ces ■ , ordonne que la maison où il est né sera démo
lie , celui à qui elle appartient préalablement in
seulement à observer ici en général , d'après
demnisé , sans que fur le fond de ladite maison
les Arrêts de ce Parlement , rendus contre puisse à l'avenir être fait aucun autre bâtiment, &c.
ces trois monstres, Jean Chatel, Ravaillac Fait en Parlement , la Grand'Chambre assemblée ,
& Damien , que cette Peine , toute rigou le 2óMars 1757.
reuse qu'elle soit par elle-même , n'ayant
point encore paru suffisante pour inspirer
toute l'horreur que mérite ce Crime , on a Vu par la Cour , la Grand'Chambre assemblée , Arrêt
l'Arrêt d'icelle rendu le 16 Mars 1757 , présent contre la
cru devoir la faire précéder & suivre de plu mois , contre Robert-François Damien , le Procès- famille de
sieurs autres qui font marquées dans Tor Verbal de question & exécution dudit Damien, du Damien.
dre suivant par le dernier Arrêt ; sçavoir , z8 desdits mois & an , les Conclusions du Procu
i °. l'Amende honorable ; 2°. le Poing cou reur-Général du Roi La Cour , les Princes &
Pairs y séans , pour les cas résultans du Procès ,
pé ; 30. le tenaillement aux mamelles , ordonne que dans quinzaine après la publication
bras , cuisses & gras des jambes , fur les de l'Arrêt du z6 Mars présent mois , & du présent à
quels on jette du plomb fondu , de l'huile son de trompe & cris public en cette ville de Paris,
en celle d'Arras & en celle de Saint-Omer , Eli
bouillante , de la poix résine , de la cire &
sabeth Molerienne , femme dudit Robert-François
soufre fondus ensemble ; 40. les membres Damien , Marie-Elisabeth Damien , sa fille , &c
ramassés , jettés au feu pour être consumés ; Pierre-Joseph Damien , son pere , seront tenus de
50. la Confiscation de tous les biens au vuider le Royaume , avec défenses à eux d'y jamais
revenir, à peine d'être pendus & étranglés fans forme
profit de Sa Majesté seulement ; 6°. la Dé ni figure de Procès. Fait défenses à Louis Damien ,
molition & le rasement de la maison où frère dudit Robert-François Damien, & à Elisabeth
demeuroit l'Assaflìn , avec défenses d'y faire Schoirtz , femme dudit Louis Damien, à Catherine
à l'avenir aucun bâtiment ; 70. le Bannisse Damien, veuve Cottel, sœur dudit Robert-François
Damien , à Antoine Joseph Damien , autre frère
ment à perpétuité des pere , mere & enfans dudit Robert-François Damien , & à Marie-Jeanne
du Criminel , avec défense de jamais reve Pauvret , femme dudit Antoine - Joseph Damien , ■
nir dans le Royaume , à peine d'être pen ensemble aux autres personnes de la famille , siau-
cuns y a , portant le nom de Damien , de porter à
dus & étranglés fans autre forme de procès ;
l'avenir ledit nomj leur enjoint de le changer en un
8°. enfin , défenses à ses frères & sœurs, autre , fur les mêmes peines.... Fait en Parlement ,
oncles & autres parens , de porter jamais la Grand'Chambre assemblée , le ìq Mars 1757.
son nom. Telles font les différentes Peines ,
ainsi que Tordre dans lequel elles doivent I V.
s'exécuter , suivant les deux derniers Arrêts
de ce Parlement, dont voici le dispositif.
L'on voit , d'après ces Arrêts , qu'indé- 4. Exten-
pendamment des singularités qui se trou- gde la
vent dans la rigueur des Peines qui se pro- rapport ar
Arrêt y u par la Cour, la Grand'Chambre assemblée, le
contreDa- n , V» • • i o i_ r? • r» • noncent contre la Personne du coupable, il y ™x biens
mien. Procès Criminel contre Kobert rrançois LJamieu....
Tout considéré. La Cour , suffisamment garnie des en a encore trois remarquables relativement rens du
Princes & Pairs , faisant droit sur l'accusation inten aux Biens 8c aux Parens du condamné. La coupable;
tée contre ledit Damien, duement atteint & convain
cu du Crime de Lese-Majesté Divine & Humaine au première regarde la Confiscation qui se pro- fondée!*1
premier Chef , pour lc très-méchant , très-abomi nonce au profit du Roi seulement , à Tex-
nable & très-détestable parricide commis fur la per clusion des enfans , des créanciers , des Sei
sonne du Roi ; &c pour réparation , condamne ledit
gneurs Hauts-Justiciers , & dans les pays
Damien à faire Amende honorable devant la prin
cipale porte de l'Eglise de Paris , où il fera mené même qui n'admettent point d'ailleurs cette
& conduit dans un tombereau , nud en chemise , peine pécuniaire : & de plus , dans cette
tenant une torche de cire ardente du poids de deux confiscation , nos Loix comprennent éga
livres, & là à genoux , dire & déclarer que mécham
lement les biens substitués , ceux sujets à
ment & proditoirement, il a commis le très-méchant,
très -abominable & très - détestable parricide , & douaire , 8c ceux même dont le coupable
blessé le Roi d'un coup de couteau dans le côté auroit disposé depuis le Crime , & avant
droit , dont il se repent ÔC demande pardon à Dieu , que d'être poursuivi (1). Une autre singu
au Roi & à la Justice : ce fait , mené & conduit
dans ledit tombereau à la Place de Grève , & , fur larité qui regarde aussi les Biens , consiste
un échafaud qui y fera dressé , tenaillé aux ma dans la Démolition 8c Rasement qui s'or
melles , bras , cuisses & gras de jambes , fa main donne en pareil cas de la Maison où demeu
droite , tenant en icelle le couteau dont il a commis roit le coupable , afin d'empêcher par-là ,
ledit parricide , brûlée de feu de soufre ; & fur les
endroits où il fera tenaillé , jette du plomb fondu , autant qu'il est possible , qu'il ne reste au
de l'huile bouillante , de la poix-résine brûlante , cun vestige qui puúTe rappelier le souvenir
de la cire 8c soufre fondus ensemble , & ensuite d'un Crime aussi détestable. Enfin , une troi
son corps tiré & démembré à quatre chevaux , & sième singularité qui regarde les Parens du
ses membres & corps consumés au feu , réduits en
cendre, & ses cendres jettées au vent. Déclare tous condamné , consiste dans Yextension qui se
134 LES LOIX CRIMINE LLES, Liv. III. Tit. II.
fait de la peine de ce Crime à leur égard ,
tant par le Bannissement perpétuel hors du V.
Royaume , qui s'ordonne contre la femme ,
les enfans , ck les pere & mere du coupa
Quant à I'InstrucTion de ce Crime , -j.Singula.'
ble , quoiqu'innocens du Crime , avec dé
nous remarquons auíîì les trois singularités ™fAuant
fenses d'y revenir , à peine d'être pendus , - . 1 . . P ^ , ft 1 Instruc-
fuivantes; fçavoir, 1 . que toutes íortes de «onde ce
fans autre forme de procès , que par les dé
personnes , quoique d'ailleurs incapables S^^ïï
fenses faites à fes autres parens de porter
d'accuser pour d'autres Crimes , commesont de ceux
jamais son nom ( z ) ; Extension qui forme
les infâmes , les esclaves , même les enfans 1ui 9e11'
une exception remarquable à cette maxime
à l'égard de leurs pères, les femmes à l'égard cufer ou"
générale du Droit , qui veut que la peine du
de leurs maris , & vice versa , font admises à enèw
Crime íùive son auteur , mais qui a été ju
gée nécessaire dans ce cas particulier , afin accuser de celui-ci (1). z°. Que toutes sortes déjuge»
de personnes peuvent auíîì en être accu- quien dot-
d'imprimer par-là plus d'horreur de ce
fées , fans aucune distinction de qualité , fût- JXT^
Crime , & íùr-tout afin de rendre les pères
& mères , & autres parens , plus vigilans íùr ce même des Princes du Sang (z) ; fans
les mœurs & la conduite de leurs enfans , excepter même les Morts , auxquels nos
Ordonnances veulent que le Procès soit fait
& de leurs proches.
en pareil câs , pour condamner leur mé
moire , & ordonner la suppression de leurs
(r) Ordonnons que ceux qui auront aucune chose noms 6c de leurs armes , avec la confisca
machiné , conspiré ou entrepris contre notre Per tion de leurs biens ( 3 ). 3 °. Enfin , il y a
sonne , nos enfans Sc postérité , ou la République encore cela de particulier par rapport à l'inC- ■
de notre Royaume , soient étroitement & rigou
reusement punis , tant en leurs personnes qu'en traction de ce Crime , qu'elle ne doit être
leurs biens , tellement que ce soit chose exemplaire à faite que par la Grand'Chambre des Parle-
toujours , lans que leurs parens , héritiers , mâles mens , auxquels la connoiflance en est ré
ou femelles , parens , en ligne directe 8î collaté
servée , comme il paroît par les différens
rale , ou autres personnes , puissent prétendre aucun
droit eu leur succession , substitution , 011 de retour exemples que l'Histoire nous fournit ert
esdits biens , soit meubles & immeubles , féodaux, cette matière.
ou roturiers , avec tous & chacun les droits, noms ,
raisons & actions qui pourroient compéter & ap
partenir à tels machinateurs ou conspirateurs des (1) Famosi qui jus accuíándi non habent ad hanc
dites entreprises & machinations , soit qu'iceux accusationem admittuntur. . . . Sed 8e milites , servi
biens fussent sujets à substitution , retour , par testa quoque. L. %.sf. I. fi* ï.ff. ad Leg. Jul. Maj.
ment , 011 dispositions d'eux , ou de leurs prédéces (2) Excepta tamen Majestatìs causâ , in qua sola
seurs , en quelque manière que ce soit , nous soient omnibus aequa conditio est. L. 1. Cod. Theod. de-
& à notre Fisc & Domaine déférés & appliqués , fi* Quceftionib.
fans aucune desdites charges , mêmement quand il
y aura Crime de Lese-Majesté , joint avec Félonie. Sans exception ni réservation de personnes ,
Ord. de François I , donnée à Villers - Cotte- de quelqu'état, dignité , noblesse & prérogative qua
rets , en 15 31 , art. i Ordonnons que ledit ce puisse être , soit à cause de notre sang ou autre
ment. Ord. de Louis XI , au Plestìs-les-Tours , en
cas ainsi commis contre nous , nos enfans & posté
rité , mêmement quand il y aura Crime de Lese- H77-
Majesté , joint avec Crime de Félonie , outre les (3) Post divi Marci Constitutionem hoc jure uti
biens féodaux possédés par lesdits Criminels , qui cœpimus ut etiam post mortem nocentium , hoc
sont retournés & retourneront à nous , comme crimen inchoari possit , ut convicto mortuo , ejus
Seigneur Souverain & Féodal de tous nos Sujets & memoria damnetur , & bona ejus successori eri-
Vassaux , soit que lesdits Fiefs soient tenus de nous piaiitur. L. 8. Cod. ad Leg. Jul. Majest
en plein Fief ou arriere-Fiefs , les autres biens des Le Procès ne pourra être fait au cadavre , ou
dits Criminels , meubles , immeubles , allodiaux ou à la mémoire d'un défunt, si ce n'est pour Crime
roturiers , desquels biens il n'est encore discuté à de Lese-Majesté Divine & Humaine , &c. Ord- de
qui ils appartiennent , & s'ils doivent être chargés 1670 , tit. 21. art. l.
defdites substitutions ou conditions de retour soient
appliqués à nous , notredit Fisc 5* Domaine , sans
lefdites charges de substitution & de retour , telle V L
ment que notredit Fisc soit préféré esdits biens
substitués, & qu'il les exclue , ainsi qu'il feroit les
enfans de tels Criminels, si aucun en avoit. V.méme Nous ne suivons pas au surplus la difpo- g. Nécefc
Ord. art. 1. V. au surplus , quant à l'exclusion sition du Droit Romain , qui diípenfoit de s«é de cet
des Seigneurs Hauts-Justiciers en cette matière , la toute forte de formalités , pour passer à la "0'nn<)rs^
Déclaration du 10 Août 1739, art. 1. & 2. 8c
le Règlement de l'Assemblée tenue à Saint-Ger- condamnation de ce Crime. Les exemples quoi fon-;
main-en-Laye , en 1583 , art. 5. V. encore Loysel, que nous venons de rapporter , prouvent
Inst. Coutum. max. 20 fi* 21. la nécessité de cette instruction , & qu'il
(2) V. l'art. 138. de l'Ordonnance de Blois , & n'y a qu'un seul cas de l'infraction du Ban
les articles 175 & 179 de l'Ordonnance de i6iç , qui feroit commise par les pere & mere ou
qui veulent en outre que la postérité du coupable enfans du condamné , qui reviendroient dans
soit punie par la privation de tous états , offices ,
grâces & privilèges , & de tous autreâ droits en ce le Royaume malgré les- défenses à eux fai^
Royaume. tes , où la peine de mort doit s'encourir de

«G
DES CRIMES COMMIS CONTRE L'ÉTAT , &c. 135
jestatis de se confesso credi potest super crimen
plein droit , aux termes des Arrêts ( i ) que alienum.... Can. 5. cauf. i^.quœfì. 5. ^
nous venons de citer. Mais ce qui rend (2) Quaestionem de servis conrra dominos haberi
l'instruction d'autant plus indispensable en non oportet exceptis. Et Crimine Majeílatis quod
cette matière , c'est qu'elle est le plus sûr ad salutem Principes pertinet. L. 1. Cod. de Quœfi.
moyen pour parvenir à la découverte des (3) Quisquiscummilitibus scelustaminierit factio-
ncm.... aut.... cogitaverit , câdem enim severitate
complices de ce Crime. voluntatem sceleris , quia effectum puniri jura vo-
luerunt.... L. quifquis 5. Cod. ad Leg. Jul. Maj.
( I ) Avec défenses à eux d'y revenir ( clans le
Royaume) k peine dêtre pendus & étranglés fans Jorme (4) V. fOrd. de Louis XI , ci-devant citée.
ni figure de Procès. V. l'ARRfcT contre la femme ,
1» íille 8c le pere de Oainien , rapporté ci-devant.
I X.

V I I. Ce n'est pas au reste , que toutes fortes 9. pe;ne


d'indices soient indifféremment admis en accu-
7. Qu'en- On appelle complices en fait de Crimes . t • 1 lations té-
Cette matière : les Loix veulent qu ils íoient méraires
* arC °n ^e Lefe-Majesté , non-feulement ceux qui fondés au moins fur quelque vraisemblance & «lom-
phces°en ont m^s Ia main , ou qui ont conseillé &: ou apparence de vérité ( 1 ) , tellement "ette'œa-
«tte^ma- excité à ce Crime ( 1 ) , mais encore ceux qu'elles ordonnent la punition de ceux qui tiere.
IlLrt ' qui recèlent chez eux les coupables , ou le porteroient par pun eíprit de calomnie ,
même qui , ayant sçu , ou affilié aux entre ou de cupidité , à désirer ces sortes de Cri
prises qui fe font à ce sujet , ne viennent mes ( 2 ). Nous avons un exemple singulier
pas austì-tôt révéler (2). de délations de cette derniere eípece , dans
la personne d'un Garde du Roi , qui , pour
(1) Cujusve operâ , consilio, dolo malè consilium avoir fabriqué des impostures contre la
initum erit quo quis Magi stratus populi Romani
quive imperium potestateinve habet occidatur. .. . sûreté du Prince , & la fidélité de la Na
L. l.ff. adLeg.Jul. Maj tion , a été condamné à la potence par un
Ar rêt du Parlement de Paris , que nous
(2) Ordonnons que toutes personnes qui auront
connoiisance de quelques traités, conspirations ou croyons devoir rapporter ici ( 3 ).
entreprises à rencontre de notre personne & de
nos successeurs Rois & Reines , ou de leurs enfans, (r) Hoctamen Crimen à Judicibus noninoccasio-
& contre l'Etat & sûreté de nous, ou d'eux,&dela nem habendum est , sed in veritate \ nam & personam
chose publique, soient tenus 8c réputés criminels du soectandam esse , an potuerit facere , & an antèquid
crime de Lese-Majelté , & punis de semblables pei fecerit & an cogitaverit , & an fana: mentis fuerit ,
nes que les principaux Auteurs desdits Crimes , & nec lubricum linguae ad pœnam facilè trahendum
s'ils ne le révèlent à nous ou à nos principaux Juges est ; quanquam eiiim temerarii pœnâ digni sunt ,
& Officiers du pays où iis feront , le plutôt que tamen ut insanis illis parcendum est , fi non taie
possible leur sera , après qu'ils en auront eu con- lit delictum quod ex scripturâ legis descendet vel
noúfance.... Ord. de Louis XI , de 1477. ad exemplum legis vindicandum. L. 7. Jf. ad Leg.
Jul. Maj...~
V I I L (2) Innocentes sub specie falsae criminationis oon
patimur callidorum impuguatione subverti \ qui fi
tentaverint , intelligent fibimet severitatem legum
S. Singu- Enfin , quant à la Preuve de ce Crime , pro commissis faciuoribus incumbere. L. 3. Theod.
ce" Qim ^ Y z encore ces quatre singularités remar de Calumniat.
quant à la quables. La première , que les Loix admet-
preuve. tent ja feule confession des accusés ( 1 ) ,
laquelle ne pourroit suffire pour la preuve >Vu par la Cour Ic Procès criminel fait par le
de tout autre Crime : suivant la maxime Prévôt de Paris , ou son Lieutenant-Criminel au
Châtelet de Paris , à la requête du Substitut du
nemo auditur perire volens. La deuxième t Procureur-Général du Roi audit Siège, Demandeur
qu'elles admettent encore les dépositions & Accusateur contre Paul-René du Truche de la
des témoins qui feroient d'ailleurs repro- Cha'ix , Ecuyer , ci- devant Garde du Roi , défen
chables , ou qui feroient singulières, Stmême deur & accusé , Prisonnier ès Prisons de la Con
ciergerie du Palais, appellant de la Sentence rendue
les déclarations que font les complices les fur ledit Procès , le 16 Janvier 1762 , par laquelle
uns contre les autres ( 2 ). La troifieme , Paul - René du Truche de la Chaux est déclaré
que le seul destèin , lorsqu'il est manifesté duement atteint & convaincu d'avoir , le 6 du pré
sent mois , entre neuf & dix heures du soir, étant
par quelque acte extérieur , peut suffire pour
lors de service & en habit uniforme , mis à exé
opérer la condamnation à mort en cette ma cution dans le Château de Versailles , lé Roi sou
tière (3). La quatrième enfin , c'est que l'on pant à sou Grand - Couvert , le détestable projet;
admet pour preuve en cette matière , de par lui formé dès le mois d'Odìobre précédent , de
faire croire qu'il auroit été assassiné par des gens
simples indices , qui ne feroient point d'ail qui eu vouloient à la Personne sacrée de Sa Majestés
leurs íuffifans pour former une preuve com- de s'être à cet effet retiré dans un des escaliers du-
plete en d'autres crimes (4). dit Château , où après avoir éteint la lumière qui
l'éclairoit, & avoir cassé son épée , il s'est porté lui-
même, en différente^ parties de son corps , des coups
(1) Nemini prœter quain de Crimine Laesae Ma-
136 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. III. Tit. II.
d'un couteau qu'il avoit fait aiguiser par un Goutc- cet état couché par terre ; qu'il a appellé à son se-
lier de Versailles , l'un des derniers jours du mois cours , & faussement dit à deux Gardes-dn-Corps
de Décembre , & dont il a été légèrement blessé , qui font survenus , qu'il avoit été assassiné , ajoutant
qud*ique les vêtemens se trouvèrent considérable- qu'il falloit avertir la Garde de veiller à la sûreté du
ment coupés de toutes parts ; de s'être eii cet état Roi, & que les malheureux qui l'avoieut assassiné,
couché à terre j d'avoir appellé à son secours , & en vouloient à la Personne de Sa Majesté ; qu'il a
d'avoir faussement dit à deux Gardes du Corps , encore faussement déclaré à plusieurs reprises avoir
qui font survenus , qu'il avoit été assassiné, ajoutant été assassiné par deux particuliers qu'il a supposés
qu'il falloit avertir la Garde de veiller à la sûreté être vêtus , l'un en habit Ecclésiastique , & l'autre
du Roi , & que les malheureux qui l'avoient assas- en habit vert ; lesquels , après lui avoir demandé de
lîné , en vouloient à la Personne de Sa Majesté ; les faire entrer au Grand-Couvert, ou de les faire
d'avoir encore faussement déclaré à plusieurs repri- trouver fur le passage du Roi , lui ont , fur foa
ses , avoir été assassiné par deux particuliers , qu'il a refus , fait connoître leur mauvais dessein, en di-
snpposés être vêtus, l'un en habit Ecclésiastique, & fant que leur motif étoit de délivrer un peuple de
l'autre en habit vert ; lesquels, après lui avoir de- l'opprcssion , & de donner les forces convenables à
mandé de les faire entrer au Grand-Couvert , ou de une Religion anéantie ; & qu'enfin il a persisté du-
ícs faire trouver fur le passage du Roi, lui ont, fur rant plusieurs jours , tant verbalement que judiciai-
ion refus, fait connoître leur mauvais dessein , en rement dans son imposture } tous lesquels faits, ca-
disant que leur motif ctoit de délivrer un peuple pables d'alarmer le Roi fur les fentimens d'amour
de l'oppression, &de donner toutes les forces con- & de fidélité de ses Sujets , & ses Sujets fur la
venables à une Religion anéantie; & enfin d'à- sûreté de fa Personne Sacrée , ont donné lieu à la
voir persisté durant plusieurs jours , tant verbale- plus grande rumeur, ont troublé la tranquillité pu-
ment que judiciairement dans son imposture ; tous clique , &ont nui au repos de plusieurs Citoyens ,
lesquels faits capables d'alarmer le Roi , fur les qui ont été arrêtés comme soupçonnés d'être les
fentimens d'amour & de fidélité de ses Sujets , & particuliers qu'il avoit faussement désignés pour ses
ses Sujets fur la sûreté de fa Personne sacrée , ont assassins ; qu'il s'est ainsi rendu coupable envers
donné lieu à la plus grande rumeur, ont troublé la Dieu , le Roi , la Nation , dont il se repent , de-
tranquillité publique, & ont nui au repos déplu- mande pardon à Dieu , au Roi , à la Nation & à
iieurs Citoyens , qui ont été arrêtés comme soup- Justice ; ce fait, ledit Paul-René du Truche de la
çonnés d'être les particuliers qu'il avoit faussement Chaux , condamné à avoir les bras , jambes , cuisses
désignés pour ses assassins , ainsi qu'il est mentionné & reins rompus vif par l'Exécuteur de la Haure-
au Procès pour réparation de quoi , ledit Paul- Justice , fur un échafaud qui pour cet effet fera
René du Truche de la Chaux condamné à faire dressé en la Place de Grève •■, ensuite son corps mis
Amende honorable au-devant de la principale porte fur une roue , la face tournée vers le Ciel, pour y
de l'Eglise de Notre-Dame,devant celle du Palais des demeurer tant & si long- temps qu'il plaira à Dieu
Tuileries,& devant celle de l'Hôtel de cette Ville, où lui conserver la vie ; ses biens acquis & confisqués
îl sera mené & conduit par l'Exécuteur de la Haute- au Roi ou à qui il appartiendra , fur iceux préala-
Justice , dans un tombereau , ayant la corde au col , blement pris la somme de deux cent livres d'amende
tenant une torche ardente de cire jaune , du poids envers le Roi , en cas que confiscation n'ait pas lieu
de deux livres , ayant écriteaux devant Sc derrière , au profit de Sa Majesté j & avant l'exécution , ledit
portant ces mots : ( Fabricateur dimpostures contre Paul-René du Truche de la Chaux être appliqué
la sûreté da Roi & la fidélité de la Nation , ) 8c à la question ordinaire & extraordinaire , pour
à chacun desdits endroits, étant à genoux, nue tête, apprendre par fa bouche la vérité d'aucuns faits
nuds pieds , & en chemise , dire & déclarer à haute résultans du Procès , & les noms de ses complices.
& intelligible voix , que méchamment , téméraire- Oui & interrogé en la Cour ledit Paul-René du
ment & comme mal-avisé , il a , le 6 du présent Truche de la Chaux, sur ses causes d'appel &cas
mois , entre neuf & dix heures du soir , étant à lui imposés : Tout considéré :
lors de service, & en habit uniforme, misà exécu
tion dans le Château de Versailles , le Roi soupant
à son Grand-Couvert , le détestable projet par lui La Cour met l'appellation &cc dont est appel au
formé dès le mois d'Octobre précédent , de faire néant, en ce que par ladite Sentence ledit Paul-René
croire qu'il auroit été assassiné par des gens qui en du Truche de la Chaux a été condamné à être rom-
vouloient à la Personne Sacrée de Sa Majesté •■, qu'il pu ; émendant , quant à ce , le condamne à être pen-
s'est à cet effet retiré dans un des escaliers dudit du & étranglé par l'Exécuteur de la Haute-Justice,
Château , où après avoir éteint la lumière qui l'é- tant que mort s'ensuive , à une potence, qui pour
clairoit , & avoir cassé son épée , il s'est porté lui- cet effet sera dressée en la Place de Grève ; ladite
même en différentes parties de son corps , des coups Sentence au résidu sortissant son plein & entier esset;
d'un couteau qu'il avoit fait aiguiser par un Coute- & pour faire mettre le présent Arrêt à exécution ,
lier de Versailles , l'un des derniers jours du mois renvoie ledit Paul-René du Truche de la Chaux
de Décembre dernier , & dont il a été légèrement Prisonnier pardevant le Lieutenant - Criminel du
blessé , quoique ses vêtemens se trouvèrent considé- Châtelet. Fait en Parlement , le premier Février
rablement coupés de toutes parts ; qu'il s'est en 1762. Collationné, LaudumieY-S/^, RICHARD.

§. II. De l'Attentat contre la Personne de la Reine & des Enfans de France.

SOMMAIRES.

1. Affimilé, quant a la Veine , aux atten^ 2. Trois différens exemples cités à ce


tats contre la Fersonne du Roi. suJct-

I.
1. Assimi- T
i.Amtni-
Ifia'ï?"™* est fait mention de ces sortes d'atten- nous venons de rapporter. On voit par cette
aux auTn- tats dans l'Ordonnance de Louis XI , que Loi , qu'elle ne fait aucune distinction, entre nae duRoi.
re
la
DES CRIMES COMMIS CONTRE L'ÉTAT, &c,
la Peine de ce Crime , & celle du précédent , celui de Sébastien Montecuculli (i) , exécuté
en ce qu'elle veut « que ceux qui auront con- en 1 536, fous François I , pour le meurtre
» noiíîànce des entreprises qui se feront à par lui commis dans la personne du Dau
» /'encontre des Rois & Reines de France , phin. Le second de Salcede , exécuté en
» ou de leurs Enfans , & ne viendront les 1582 , sous le règne de Henri III (2), pour
» révéler aussi-tôt , soient punis de sembla- l'assassinat par lui commis en la personne
» bles peines , que les principaux auteurs.» du Duc d'Alençon son Frère. Le troi
sième enfin , de Poltrot de Meré , pour l'as
I I. sassinat par lui commis dans la personne du
a. Troîs Aussi , nous trouvons dans notre Hif- Duc de Guise en 1563 (3).
différens toire trois différens exemples , où il pa
(1) y. Mezeray , sur la vie de François I 9
rités * ce ro^ °!U'on a employé contre les coupa- en 1536.
bles de ces sortes d'Attentats , les mêmes (2) V. Journal d'Henri III , en 1582.
peines que pour ceux commis dans la Per
($) V. l'Histoire des Troubles de France , Liv. 5,
sonne même du Souverain. Le premier est p. 122.

§. III. De VAttentat contre la personne des principaux Officiers du Souverain.

SOMMAIRES.

I. Pourquoi mis au nombre des Crimes de 2. Quentend-on fous le nom de principaux


Lèse- Majesté au premier chef. Officiers ?

I.

Nous mettons Ce Crime au nombre de voluntate fcelerîs quàm effectum puniri jura volue-
au nombre ceux de Lese-Majesté au premier chef, par runt , ipse quidem utpotc Majestatis rcus , gladio
des Cn- ja raifon qu'en donnent les Empereurs feriatur , bonis ejus omnibus fifeo nostro addiòtis.
mes de Le- * ,T , _ . L. 3. Cod. Theod. ad Leg. Cornet, de Jiccariis.
se-Majesté Arcadius & Honorius dans la Loi Quif
mierChës 1ulS au Code > savoir , que ces principaux I I.
* Officiers , par í'intimité de la confiance
dont le Prince veut bien les honorer , font Sous le nom de principaux Officiers de 2. Qu'cn-
censés faire partie de leur Personne même. la Couronne , on doit comprendre , suivant "™
C'est aussi pour cela que , suivant la même cette même Loi , non-seulement les princi- nom da
vaux Miniílres . mais encore les Généranx pnnciô<r
Loi , ceux qui tomboient dans ce Crime
étoient punis de la Peine ordinaire du Crime a Armée , les (gouverneurs de rrovinces , ciers }
de Lese-Majesté , qui étoit celle du Glaive , & même les Membres de son Conseil , &
. avec la Confiscation des biens. des Cours Supérieures. Ce qui devroit s'en
• tendre à plus forte raison des Attentats qui
De nece virorum illustrium qui consiliis & con- seroient commis envers les Ambaffadeurs ,
íistorio nostro interíunt Senatorumque etiam , ( nam
&ipfiPars Corporis nojlri sunt ) cujuílibet postremò lesquels représentent la personne même du
qui nobis militât cogitaret ; eâdem enim scveritate Prince.

§. IV. Attentats contre la Souveraineté , & la Sûreté de VEtat*

SOMMAIRES.

1 . Connus fous différens noms , suivant le commettre ces fortes d'Attentats.


Droit Romain , & le nôtre, 3. Leur Peine en général , suivant les Loix
z. Dix manières différentes dont peuvent fó du Royaume.

L ì t

fom ciff" ^ ^ Crime est connu , dans le Droit Ro- Cette seconde espece de Crime de Lese-Ma- j. Dix
rensnoms, main , sous le nom de Perduelliont Sedans jësté au premier Chef , peut se commettre ""n'"6*
íuivanMe nos uíàges , fous ceux de Haute-Trahison de diverses manières , qui lont marquées par dont peu-
main & le ou de Crime d'Etat. II en est aussi parlé les Loix Romaines (1) , & par nos Ordon- vent se
nôtre. dans nos Loix fous le nom de Conspira nances (2). II paroît d'après les différens tcrecess0"r.

tion , Machination ou Entreprise contre LA exemples que nous trouvons rapportés dans tes d'Atr
ces dernieres qui doivent nous servir princi- tcntatS*
RÉP V BLlQUE DU RoyAV me , ainsi que nous
venons de le voir , d'après l'Ordonnance de paiement de règle en cette matière , qu'on
François I, en 1539. est réputé coupable de ce Crime dans les
S
i$8 LES LOIX CRIMIN iLLES, Liv. III. Tit. II.
dix cas suivans. i °. Lorsqu'on forme quel- ligue ni association secrète \ mais s'ils en ont , s'en
départir , sous peine d'être déclaras rebelles & enne
qu'Entreprise , Conspiration , Association , mis du repos public. Ord. de Charles IX. est
Intelligence , Ligue offensive ou défensive 1563 , art. 7. & 9... Déclarons tous ceux qui vont
avec les ennemis du Roi ; soit verbalement parles Provinces de notre Royaume, poursolliciter
ou par écrit j soit dedans , soit dehors du nos sujets d'entrer en ligue , association , enrôle
ment , verbalement ou par écrit , en quelque forte ,
Royaume ; soit directement ou indirecte 8c fous quelque prétexte 8c occasion que ce soit
ment , par personnes interposées. z°. Lors- ou puisse être , atteints 8c criminels de Lest-Majes
qu'ayant assisté ou sçu de telles Conspira tés comme aussi tous ceux qui se seroient tant ou
bliés que d'être entrés ìfdites ligues , associations ,
tions , on ne vient pas incontinent les ré
enrôlemens 8c obligations. Ord. de Henri III ,
véler. 30. Qu'on fait levée & enrôlement à Saint-Germain-en-Laye , du n Novembre 1587. . .
de gens de guerre fans permission du Roi. Nous faisons très-étroites inhibitions 8c défenses à
4°. Qu'on va en armes par le Royaume toutes personnes, de quelqu'état , autorité, qualité
ou condition qu elles soient , sans nul excepter ,
contre le commandement du Roi. 50. Qu'on de dorefnavant entrer en aucune association , in
court lê Royaume pour solliciter les Sujets telligence, participation , ou ligue offensive ou dé
du Roi à entrer dans des Associations, ou fensive , avec Princes , Potentats , Républiques ,
Communautés dedans ou dehors le Royaume , di
qu'on excite sourdement les Ennemis à
rectement ou indirectement , par eux ou par per
déclarer la guerre à leur Maître. 6°. Lors sonnes inrerposées , verbalement ou par écrit , faire
qu'on se ligue avec les Ennemis de l'Etat , aucune levée ou enrôlement de gens de guerre , fana
qu'on reçoit des Lettres & Messages de notre expresse permission , congé & licence j 8c dé
clarons tous ceux qui s'oublieront tant que d'y con
leur part fans en donner avis. 70. Lorsqu'on trevenir , criminels de Lefe-Majeflé , & Proditeuri
livre les Places aux Ennemis. 8°. Lors de leur Patrie , incapables 8c indignes eux 8t leur
qu'on leur fournit des armes & des secours. postérité , de tous états , Offices , titres , honneurs ,
9°. Lorsque par trahison on fait tomber dignités , grâces , privilèges , 8c touts autres droits ;
en outre , les biens 8c vie confisqués , fans que les-
les Troupes dans les embûches des Enne dites Peines leur puissent être jamais remises àd'ave
mis. 1 o°. Enfin , lorsque des Capitaines 6c nir par Lettres ou autrement, en quelque manière
Soldats désemparent les Armées pour se que ce soit. Ord. de Biojs , art. 183. . . Avons
déclaré tous Seigneurs , Gentilshommes , 8c autres
retirer chez les Ennemis. II y a encore
nos Sujets , de quelque qualité 8c condition qu'ils
plusieurs autres exemples qui sont relatifs soient , qui ont fait , 8c qui feront ci-après levée de
aux Troupes , & que nous ne rappellerons gens de guerre y avoir encouru les Peines portées par
point ici , parce qu'ils ne concernent pro nosdites Loix 8c Ordonnances , 8í conséquemment
Criminels de Lese-Majesté. Ord. db Louis XIII*
prement que leur Police dans l'intérieur du 24 Avril 161 5. . . Outre les Peines portées par
du Royaume , & que nous aurons lieu les Ordonnances précédentes , Nous défendons très-
d'en parler en traitant de la Jurifdiction expressément à tous nos Sujets. . . de communiques
avec les Ambassadeurs des Princes Etrangers , les ve
militaire.
nir visiter , ou recevoir , soit en leurs maisons , ou
en maisons tierces ou neutres , recevoir aucunes let
tres ni présens de leur part , ni leur en envoyer , fans
( 1) Majestatis autem CrJmen illud est, quodad- notre commandement ou permission, ou ayant charge
veríïis Populum Romanum , vel adversùs securita- 8c obligation de ce faire par leurs charges 8c em
tem ejus committitur , quo tenetur is cujus operâ , plois , à peine d'être convaincus de faction & de sou
dolo malo consilium initum erit ; quo armati ho- lèvement. Ord. du même Prince en Janvier 1619 j
mines cumtelis, lapidibusveincurrant, conveniant- art. 170. . . Défendons pareillement à tous nos Su
que adversùs Rempublicam , locave occupentur vel jets , "de quelque état , qualité 8c condition qu'ils
templa , quorum cœîus conventufve fiat, hominesve soient , d'armer , arrêter , ou assurer des soldats ou
ad seditiouem condocentur... Cujusve operâ , con- gens de guerre à cheval ou à pied , par eux ou par
íìlio , dolo malo consilium initum erit $ quo quis autres , sous quelque prétexte que ce puisse être ,
contrà Rempublicam arma ferat } quique hostibus les lever ou assembler fans avoir fur ce nos Lettres,
Populi Romani nuntium , litterasve miserit , sig- 8: Commissions signées de l'un des Secrétaires d'Etat,
numve dederit , feceritve dolo malo , quo hostes 8c expédiées sous notre grand Sceau. Mime Ord.
Populi Romani coníilio jubeantur adversùs Rempu de 1619. art. 171... Quand les Légions feront aux
blicam ; quive milites sollicitaverit , concitaveritve ; champs , ville ou en champ contre les ennemis , aucun
quo scditio tumultusve adversùs Rempublicam fiat... Compagnon d'icelle , ni autre , ne pourra parle
Qui in bellis cefl'erit , hostemve arecre renuerit , aut menter auxdits ennemis , ou à'aucun d'eux , fans le
castra conceíserit... Quive injussu Principis, bellum congé de notre Lieutenant-Général , ou de nos Co
gesscrit, dilectumvehabuerit, exercitum compara- lonels 8c Capitaines , sous peine de Crime de Lese-
verit; quive imperium , exercitusve Populi Romani Majesté , ni pareillement lesdits Colonels 8c Capi
deseruitj cujusve dolo malo exercitus Populi Ro taines , ou leurs Lieutenans , fans notre congé , ou
mani in insidias deductus hosti proditus erit , fac- de leur Lieutenant-Général , sous la même peine...
tisvedolo malo cujus dicitur quominùs hostes inpo- Si aucun recevoit aucune lettre ou message de quel
testate Populi Romani veniant. 1.1,2,36- ^.sf. que Prince ou Seigneur que ce fût notre ennemi ,
ad Leg fui. MajeJÌ. ou poursuivant notre dommage , il sera tenu de le
révéler au Colonel ou Capitaine de la bande , ledit
(i) Défendons , fous peine de Crime de Lèse-Ma Colonel ou Capitaine , à notre Lieutenant-Général ;
jesté , à tous nos jujets , quels qu'ils soient , qu'ils 8c au défaut de ce, seront punis comme Criminels de
aient à faire , pratiquer, avoir intelligence , envoyer Lefe-Majeflé. Ord. de François I. du mois de
ni recevoir lettres 8c messages écrites en chifre, ni Juillet 1534. art. 31 8c 37.
autre écriture feinte ou déguisée à Princes étran
gers , ni aucuns de Jeurs sujets 8c serviteurs pour I I I.
choses concernantes à notre Etat , fans notre sçu
8c exprès congé... Leur défendons de faire aucune Quant à la Peine des differens Crimes „ 3-
^» reine en
*

DES CRIMES COMMIS CONTRE L'ÉTAT, &c. 139


généra! , dont nous venons de parler : comme ils autres en puissent prendre exemple (r).
LoÏTro* attacluent: directement la Souveraineté du
naines & Roi & la sûreté de l'Etat ; ils font sujets (1) Publica autem Judicia haec sunt , Lex Julia
Royaume * toute *a rigueur des Peines portées par Majestatis quae in eos qui contrà Imperatorem , vel
Rempublicam aliquid moiiti sunt rigorem extendit ,
les Loix, contre les Crimes de Leíè-Ma-
cujus pœnaanimac sufpicionem continet, & mémo-
jesté au premier Chef, & par conséquent ria rei etiam post inortem damnatur. Instit. de
ils doivent être punis de Mort , avec Con Public. Judic Js. publica... Harreditas níco vindi<-
fiscation des biens au profit de Sa Majesté catur. L. js çvi.fi. ad Leg. fui. Majesi. .
seulement, dans les pays même où la Con [1] Ceux qui abandonneront leur Légion , d«
fiscation n'a point lieu. Le Procès doit quelque ordre, état, qualité ou condition qu'ils soient ,
aufli être fait aux Coupables après leur & se retireront du côté des ennemis ; seront punis
du Crime de Lese-Majesté , comme fugitifs ; & au
mort , pour condamner leur mémoire. Leurs cas qu'ils ne pourroient être appréhendés pour souf
enfans font déclarés incapables de tous frir ladite Peine , seront appellés en la Légion dont
honneurs & dignités dans le Royaume , ils seront partis , à son de trompe & cri public , &
fait une sommaire inquisition de leur fuite; & après,
& exclus de toutes successions directes
feront déclarés fugitifs , & Criminels de Lese-Ma
ou collatérales (i). De plus , si ceux qui jesté : comme tels , condamnés ès Peines dudit Cri
font accusés de ce Crime ne peuvent être me j s'ils ne peuvent être pris , seront perpétuelle
arrêtés pour avoir pris la fuite , les mêmes ment bannis du Royaume , Pays , Terres & Sei
gneuries , leurs biens confisqués, leurs enfans décla
Loix veulent que par le Jugement de con rés incapables de tous honneurs , dignités , & exclus
tumace , qui fera rendu contre eux , ils de toutes successions directes, collatérales ou autres 5
soient bannis à perpétuité du Royaume , & néanmoins par figure seront mis en quatre quar
& qu'ils soient mis par figure en quatre tiers , & chacun d'iceux quartiers mis ès lieux plus
in lignes de là où fera la Légion, afin que les autres y
quartiers , & que chacun des quartiers soit puiisent prendre exemple. Ord. de François Itr ,
mis aux lieux les plus insignes , afin que les en 1534" *rt. 53. , ..

CHAPITRE SECOND.

Des Crimes de Lese-Majejlè Humaine au second Chef*

SOMMAIRES,

r. Pourquoi ainfi appellés , ô de combien la Peine.


d'espèces. 3. Autre différence y quanta la compétence
des Juges. •. •
î. Différence de ces Crimes ô de ceux de
Lefe-Majejlé au premier Chef, quant à

I.

1. Pour- On comprend fous ce nom tous ceux qui tions & émotions populaires , Bris de Pri
quoi ainsi tendent seulement à blesser la Majesté du son , Chartre privée , Infraction de Ban , &
& de com- Prince sans la détruire. De ce nombre font , de Sauve-garde } soit dans l'administratiori
bien des- l og ceux qUi attaquent l'Honneur & la Di- de fes Finances > par des levées d'Impôts ,
peces* gnitè du Prince par paroles , par écrit , ou Péculat , & Concussion,
voie de fait ; 20. ceux qui attaquent son
Autorité dans[on effence , en s'arrogeant des I I.
droits qui n'appartiennent qu'au Souverain ,
comme lorsqu'on fabrique , ou altère la Nous allons traiter séparément de cha 1. Diffé
Monnoie ; qu'on transporte l'or & l'argent cun de ces différens Crimes , pour leur rence de
cesCrimes
hors du Royaume , fans fa permission ; que appliquer les principes & les Peines parti & de ceux
l'on fait aulîì , sans fa permission , amas culières que nos Loix y ont attachées. Nous de Lese-
Majesté
d'armes ; que l'on fait fondre des pieces observerons feulement ici en général , que au pre
d'artillerie , fabriquer de la poudre ou du les Crimes de. cette derniere eípece diffè mier Chef,
?uant à la
salpêtre , construire des Forteresses , ou rent des précédens en ces deux points prin eine.
des Murs de Ville , ou bien qu'on les fait cipaux ; Yun qui regarde la Peine , c'est
démolir ; 30. enfin , ceux qui troublent qu'au lieu que les Crimes de Lese-Majesté
l' Exercice de Vautorité Royale , soit dans au premier Chef font toujours punis de
^administration de la Jufiice , comme en fait mort , & doivent être poursuivis après la
de Rébellion , d'Assemblées illicites avec mort du Coupable , & que leur punition
port d'armes & violence publique , de Sédi- doit même s'étendre jusques fur la famille
S z
I4o LES LOIX CRIMIN ELLES, Liv. III. Tit. II.
du condamné , les Crimes de Lesc-Majesté des Juges qui en doivent connoître , c'est quant à la
au second Chef ne doivent pas tous égale que ces différens Crimes de Lese-Majesté ~"P4*™"
ment être punis de mort ; que de plus , au second Chef , formant autant de cas ges. >
leur Peine ne s'étend point jusqu'aux enfans Royaux , la connoissance en appartient di
du Coupable , non plus que contre ses rectement aux Baillis & Sénéchaux , dans
Parens. Mais, au surplus , ils donnent le Ressort desquels ils ont été commis :
également lieu à la Confiscation au profit en forte que les Cours de Parlement n'ont
du Roi seulement , à l'exclusion des Sei point à cet égard , comme pour les Crimes
gneurs Hauts-Justiciers. de Lese-Majesté au premier Chef, le droit
exclusif d'en connoître en première Ins
3. Autre Vautre point qui regarde la Compétence tance.
différence

§, I. Crime contre VHonneur & la Dignité du Souverain.

SOMMAIRES.

I. Trois manières de commettre ce Crime, 4. // ne s'agit ici que de ceux qui se commet
z. Quid, a Pégard de ceux de ces Crimes qui tent par paroles.
se commettent par écrit. 5. Peine des Prédicateurs séditieux , suivant
3. Quid , de ceux qui se commettent par voie nos Loix,
de sait.
L '. -

t.Troîs CjE Crime se commet de trois manières, propos scandaleux , excités par la haina , la commet—
de^com- par paroles , par écrit , ou par voies de colère , ou le mépris contre la personne du tent ,par
mettre ce fait. Prince. Ces sortes de malédictions , qui sont
Crime. 2 \ réprouvées singulièrement par les saintes
Ecritures (i) , sont l'objet particulier de la
». Quli j Nous avons eu lieu de parler d'avance Loi unique du Code Théodosien, Si quis
quisecom- de ceux I1" se commettent par écrit , en Imperatori maledixerit. Les expressions de
mettent rapportant, sous le titre dés Crimes de Lese- cette Loi, qui est des Empereurs Théodose ,
Par écrit. Majefl Divine , la Déclaration de 1757 ,
Arcadius , & Honorius ,ïònttrop remarqua
qui comprend dans la même disposition , & bles , & trop dignes de la sagesse & de la
les écrits tendans à attaquer la Religion , bonté de ces Princes , pour que nous omet
& ceux tendans à attaquer la Majesté & tions de les rapporter ici (2).
l'autorité Royale ; & qui punit aussi de la
même Peine de mort les Coupables de l'un [1] Principi ne maledices. Exod. 22. 28.
& l'autre de ces Crimes. Nous aurons lieu
[2] Si quis modesliae nescins at pudoris ignarus ,
d'en parler encore plus particulièrement , improbo petulantique maledicto nomina nostra
en traitant des Délits de Police au íùjet crediderit lascessenda , ac te temulentiâ turbulentus
de rimprimerie & de la Librairie. obtrectator temporum suerit , eum pœnx nolumus
subjugari neque durum aliquid nec asperum susti-
nere ■ , quoniam si id ex levitate procelserit , con-
I I I. temnendum est, si ex insania, miseratione digniíiì-
mum , si ab injuria , remittendnm. Undè integris
omnibus ad nostram scientiam reseratur ut ex per-
v Quid, Nous aurons lieu de parler , fous le Pa- sonis hominum dicta penscmus , & utrum praeter-
de ceux raeraphe íuivant , de ceux de ces Crimes qui mitti aut exquiri censeamus.
quisecom- r 0 „ • 1 r •
mettent le commettent par vote de fau , en traitant
parfait°ie ^es ^^^cat^OIls & altérations qui se font
**e '* dans les Monnoies , ou dans le Sceau du

Prince (1). Ce n'est pas néanmoins , que malgré Pin- f• Peine


dulgence recommandée par cette Loi , c"eurssé'I
[1] Tous ceux qui seront convaincus d'avoir com
posé, fait composer & imprimer des Ecrits tendans lorlque de pareils Crimes sont déférés à la ditieuxsui-
à attaquer la Religion , à émouvoir les esprits , à Justice , le Juge ne doive , suivant nos Loix "nos
donner atteinte à notre Autorité , &. à troubler Tor particulières, ordonner la punition des cou
dre & la tranquillité de nos Etats , seront punis de
pables comme criminels de Lese-Majesté :
mort. DÉct. du 16 Avril 1757. art. S»
sur-tout lorsque ces propos injurieux ten
dent à faire soulever le Peuple ; comme
1 v.
ceux tenus par ces Prédicateurs séditieux ,
a- H ne II ne nous reste par conséquent à parler dont il est parlé dans les Lettres-Patentes
saeit ici • • 1 • n *
qui de 1C1 que de ceux qui se commettent par pa- de Henri IV , du mois de Septembre 1 599,
ceuxqujse ro[es j c'est-à-dire , qui consistent dans des où ce Prince veut que , comme contempteurs
DES CRIMES COMMIS CONTRE L'ÉTAT , &c.j 141
de Dieu , fchifmatiques ô fauteurs d'er fois ; & il veut qu'en cas de récidive , la
reurs , & pervertissons son expresse parole , Chaire leur soit défendue , & il soit pro
ils soient condamnés à avoir la langue percée cédé contre eux ainsi que de raison
fans aucune grâce & rémission , & soient L'on voit aussi , à la suite de ces Lettres-
bannis à perpétuité du Royaume.Charles IX Patentes , un Arrêt de ce Parlement du u
étoit allé plus loin que son Edit du mois de Juin 1 590 par lequel il est ordonné qu'un
Juillet 1 561 , en portant cette peine jusqu'à Curé de Saint Saturnin, pour avoir tenu
celle de la Hart. A la vérité , nous trou dans fe s prédications des propositions fort
vons , dans les Preuves des Libertés de séditieuses , & tendantes à distraire les Su
l'Eglise Gallicâne (1), des Lettres-Patentes jets du Roi de son obéissance , feroit pris
du même Prince , en date du r 2 Mars 1563, au corps & emmené en la Conciergerie ,
registrées le 15 du même mois , par les & enfermé jusqu'à ce qu'autrement par la
quelles il se contente d'ordonner une simple Cour en fììt ordonné.
Admonition, ou la Prison pour la première [1] V. chap. 29. p. 813. & suiv.

§. II. De la Fabrication , Altération & Exposition de la Faujje Monnoie*

sommaires. 1 ■ ■ . ' '

1. Trois manières principales de commettre qùell e ne doit être. Sa Peine.


le Crime , en fait de Monnoie. 7. 20. Lorsqu'on la rogne. Quelle en efl la
2. Fabrication de la Monnoie fans per Peine.
mission , pourquoi réputée Crime de Lefe- 8. 30. Lorsqu'on dore ou blanchit du métal
Majejié. pour le faire passer comme étant d'or ou
3. Fabrication Je Monnoie étrangère dans d'argent. Dijlinclion suivant notre Juris
ce Royaume. Loi particulière a ce sujet. prudence.
4. Qui font ceux que les Loix réputent corn 9. Exposition de la faujfe Monnoie. Com
et plices en cette matière. ment doit s'entendre.
5. Altération de la Monnoie fe fait de trois 1 o. Quid , des Crimes qui fe commettent fur » v
manières. l'or ô l'argent non monnoyés. ,
6. i°. Lorsqu'on la fabrique plus légere

I.
i. Trois O N peut commettre trois fortes de Cri- prix ; mais encore lorsqu'on fabrique des Lq. p3r_
mameres s en fa't j Monnoie-j qui forment au- pieces étrangères qui n'ont point cours ticuliere *
Î)nncipa- * *
esdecom-tant de cas Royaux suivant l'Ordonnance , dans le Royaume , & qui n'y sont reçues ce sujet.
Crime en ^ (îue nou9 mettons au nombre des Cri- que comme matière. II y a Peine de mort
fait de mes de Lefe-Majesté au second Chef ; en dans ce dernier cas , comme dans le pre
monnoie. ce qu'ils blessent le respect dû au Souve mier , suivant les Loix du Royaume.
rain , en même temps qu'ils sont contraires
à son intérêt particulier & à celui du Pu Louis Salut. Par les Ordonnances des
blic ; sçavoir , par fabrication , par altéra Rois nos Prédécesseurs , la peine de mort a été jus- >
tion , & par exposition de la fausse Mon tement ordonnée contre les Faux-Monnoyeurs , &
contre ceux qui altèrent , ou qui contrefont les Mon-
noie. noies ; & jamais il n'a été permis aux Juges à qui
la connoiífance en appartient , de modérer cette
V. tort. II. du Tit. I. de ÍOrd. de 1670.
peine fous quelque prétexte que ce puiífe être. Ce
pendant nous avons été informés que dans plusieurs
I I. de rros Provinces , & principalement fur nos Fron
tières , il s'est introduit un grand nombre de per
î. Fabrt- 1 °. Fabrication àe la Monnoie; comme c'est sonnes qui fabriquent presque publiquement det
tation de au Roi seul qu'il appartient de faire battre Monnoies étrangères , qu'ils introduisent ensuite
la Mon
noie fans Monnoie dans son Royaume , & de lui dans les Etats voisins , où elles font reçues , & qui
permis se croient à l'abri des supplices , parce que les Mon
sion. Pour donner une juste valeur ; on commet né noies étrangères nont point cours dans notre Royau
quoi répu cessairement un Crime de Lesè-Majesté me ; comme si tout ce qui est Crime en foi , tout cc
tée Crime lorsqu'on s'arroge le droit de la fabriquer , qui tend à troubler le Commerce & la Société , à
de Lefe- violer la foi publique, & à usurper les Droits sacrés
Majesté. ou de la faire fabriquer , fans fa permission.
des Souverains , pouvoit rencontrer quelque part
l'impunité. Nous sommes persuadés d'ailleurs , que
I I I. quand même laPaix ne feroit pas aussi affermie qu'elle
l'est entre Nous & les Puissances voisines , les égards
3t'Fabd" ïlíukde-là , qu'on tombe dans ce Crime , que les Princes se doivent les uns aux autres , exi
Monnoie non " feulement lorsqu'on fabrique cette gent toujours qu'ils s'aident mutuellement à arrê
ter le cours des entreprises injurieuses à leur carac
étrangère Monnoie au coin & aux Armes de France ,
tère , & pernicieuses au bien commun. C'est pour
fcyaumefût-elle d'ailleurs de bon aloi .& à juste faire cesser ces désordres , & pour ôter tout prétexte
t4* LES LOIX CRIMINE LLES, Liv. III. Ti t. II.
à des Crimes si énormes , <roe Nous avons cru devoir ce qu'il pourrait y avoir d'obscur dans leur dis
■expliquer nos intentions à cet égard. A ces Causes , position , afin que ceux de nos Juges à qui la con
de J'avis de notre très-cher & très-amé Oncle le Duc noissance en est attribuée , étant plus sûrement ins
'd'Orléans , Régent , de notre très-cher & très-amé truits des véritables principes , soient en état de pro
"Cousin le Duc de Bourbon, de notre très-cher & très- noncer suivant la rigueur des Loix... Préambule de
amé Oncle le Duc du Maine , de notre très-cher 8c sEdit de Février 1716.
très-amé oncle le Comte de Toulouse * & autres (1) Défendons à tous Serruriers , Forgerons 8c
grands & notables Personnages de ce Royaume, & de autres Ouvriers travaillant en fer , de faire aucuns
notre certaine science, pleine puissance, & autorité ustensiles , machines , balanciers , engins 8c outils
Royale , Nous avons dit & déclaré , & pa» ces Pré servant aux Monnoies , ou dont l'ufage ne leur est
sentes , signées de notre main , disons, déclarons , point connu , à moins qu'ils n'en aient permission
voulons & Nous plaît , que les Ordonnances du par écrit des Officiers de nos Monnoies , à peine
Royaume rendues contre les Faux-Monnoyéurs , 8c d'être déclarés complices des faux Fabricateurs, aux
contre tous ceux qui altèrent ou contrefont les quels lesdites machines ou engins auroient servi ,
Monnaies , de quelque manière , & en quelque & chez lesquels ils auront été trouvés , & comme
forte que ce puisse être , soient exécutées selon leur tels punis de mort. Enjoignons auxdits Serruriers ,
forme & teneur ; ce faisant , que tous Particuliers , Forgerons, & autres Ouvriers , à peine de Bannis
Regnicoles ou Etrangers qui seront convaincus sement perpétuel , ou de plus grande peine , s'il y
d'avoir fabriqué fans caractère & fans notre permis échet, de déclarer à nos Procureurs-Généraux dans
sion , ou d'avoir altéré dans notre Royaume , Pays , nos Cours des Monnoies , ou leurs Substituts , dam
Terres & Seigneuries de notre obéissance , des Es un mois , à compter du jour de la publication du
pèces , tant à nos Coins 8c Armes , qu'aux Coins présent Edit , les outils , machines & balanciers
& Armes de toute autre Couronne eu Puissance qu'ils ont ci-devant faits , 8c le nom des particuliers
Souveraine , seront également punis de mort, en qui les leur ont commandés. Edit de Février 1726.
core bien que lesdites espèces étrangères n'aient art. 16.
aucun cours dans notre Royaume , 8c n'y soient
regardées & reçues que comme Matières , fans que (3) Défendons aussi à tous Voituriers , Messagers
8c autres , de se charger , ni de transporter sciem-
fous aucun prétexte, cette Peine puisse être remise ,
ni modérée par les Juges à qui la connoissance en mentlesditcs machines, outils , balanciers ,quarrés ,
appartient. Si donnons en Mandement , 8cc. Décz. poinçons 8ç ustensiles pouvant servir aux Monnoies,
du 5 Oclobre 17 15. Rtgistrée en la Cour des Monnoies fans en donner avis à nos Procureurs-Généraux dans
nos Cours des Monnoies , ou à leurs Substituts ; 8c
U 11 du mime mois. dans nos Provinces , aux sieurs Intendaas 8c Com
missaires départis pour l'exécution de nos Ordres ,
-. . I V. ou leurs Subdélégués , & à tous particuliers de rece
voir, ni recéler lesdites machines, à peine, contre
'4. Qui' Cette Peine de Mort n'a pas lieu feule- les contrevenans , d'être punis comme fauteurs 8c
complices des faux Fabricateurs. Même Edit,
que1 "s* men£ contre les Fabricateurs de ces eípe-
art. 18.
Loixrépu- ces , mais encore contre leurs Complices, (4; Défendons à tous Graveurs & autres person
tait com- Nos Loix & singulièrement l'Edit de Fé- nes , de graver poinçons , quarrés , ou autres pieces
piices en » , o r 1
cette ma- vner 1 7 2 6 , qui , comme le porte ion pream- propres à la fabrication des Espèces, fans permis-
lion des Officiers de nos Monnoies , h peine d'être ■ .
!*ere# bule (1) , a réuni les principales dispositions
punis comme Faux - Monnoyeurs. Même E D I T ,
- • de toutes les Loix qui avoient été rendues
art. 17.
jusqu'alors íur la même matière , met de
($) Pour empêcher l'abuS qui s'est souvent glissé
ce nombre , i °. les Serruriers , les Forge dans nos Caisses , & dans celles de tons les Re
rons , & autres Ouvriers travaillant en fer , ceveurs particuliers , par rapport aux Espèces de
qui auroient fabriqué , fans permission par fausse fabrique qui s'y reçoivent fans prendre les
précautions nécessaires ; défendons à tous Payeurs
écrit des Officiers des Monnoies , des us 8c Receveurs , même à ceux de nos deniers , de re
tensiles , machines , balanciers , & outils cevoir , ni faire entrer dans aucun paiement, des
servant aux Monnoies , dont l'ufage ne leur Espèces qui leur paraîtront suspectes de fausse fa
brique , à peine de supporter la perte qui se trou
étoit pas connu (2). 20. Les Voituriers ,
vera fur lesdites espèces , lesquelles feront cisaillées ,
Messagers , & autres qui se chargent ou portées aux Hôtels des Monnoies , 8c la valeur à
qui transportent scpmment lesdites machi eux rendue seulement comme matière. Et où il
nes 6r. ustensiles fans en donner avis aux seroit prouvé que lesdits Receveurs ou Payeurs
auroient reçu ou distribué sciemment lesdites espè
Procureurs-Généraux des Hôtels des Mon ces de fausse fabrique , voulons qu'ils soient punis
noies (3). 30. Les Graveurs & autres qui comme Faux-Monnoycurs. Même Edit, de 1726 ,
auroient gravé , fans permission des Offi art. 2.
ciers de Monnoies , des Poinçons propres à
V.
la fabrication des espèces (4). 40. Enfin ,
les Payeurs & Receveurs particuliers qui
La seconde eípece de Crime qui se e^AUêr*
auroient reçu ou distribué sciemment des commet en cette matière, est celle parj^nde.1*
espèces de fausse frabrique (5).
l'ALTÉRATlON de la Monnoie ; cette alté- se^âíTde
(1) Mais comme toutes ces différentes dispo ration se fait de trois manières , 1 °. Lors- »oh ma-
qu'en fabriquant la bonne Monnoie on la n,ereí*
sitions font répandues dans un grand nombre d'E
dits 8c de Déclarations qu'il est difficile de rassem rend plus foible , plus légere , & de moin
bler que quelques-unes pourroient échapper à la
connoissance des Juges , 8c que d'autres ne paraissent dre poids qu'elle ne doit l'être. 20. Lors
pas rédigées en termes assez clairs & assez précis ; il qu'on rogne la Monnoie , après qu'elle est
nous a paru nécessaire de rassembler dans un même fabriquée. 30. Enfin, lorsqu'on dore, ou
Edit les principales dispositions de ceux qui ont été
blanchit des pieces de cuivre , ou autre mé-
rendus jusqu'à présent , d'expliquer plus clairement
DES CRIMES COMMIS CONTRE L'ÉTAT, fcc* 14$
tal , pour les faire passer comme étant d'or res d'or & d'argent ; 20. Les Orfèvres &
ou d'argent. autres personnes qui soudent ou changent
V I. des espèces d'or & d'argent ; car s'ils ne font
feulement que difformer les espèces pour
Dans le premier Cas , qui regarde prin les employer à d'autres ouvrages , il y a
6. Lors
qu'on la cipalement les Officiers & Ouvriers feulement peine des Galères perpétuelles ,
fabrique . travaillans au* Hôtels des Monnoies , dont prononcées contre eux par la derniere LoL
plus légè
re rçu'elk: il est parlé dans le Droit Romain comme 30. Nos Loix comprennent auflì , parmi
ne doit dans nos Loìx , fous le nom de Faux- les coupables de ce Crime , tous Changeurs
être. Sa
Peine. Monnoyeurs ; on ne peut douter qu'à cause qui , incontinent après qu'ils aurOrtt acheté
de l'abus insigne que ceux-ci font de leurs l'efpece d'or & d'argent légere , cassée ,
fonctions pour tromper le public , ils ne ou soudée , ne l'ont pas cisaillée en pré
soient dans le cas de íìibir le dernier sup sence du Vendeur ou Porteur de ces espè
plice avec la confiscation de leurs biens au ces. 40. Enfin , elles y comprennent auíîî
profit du Roi , à l'excluíion de tous au les Billonneurs. L'on appelle ainsi ceux
tres. Ces peines font prononcées par les qui achetent la Monnoie à moins , & la
Loix Romaines , fous le titre du Code de vendent plus cher , ou changent un écu
Fa/fa Moneta ( i ). Nous avons aussi pour deux sols moins ; c'eit la définition
là-deflus les dispositions précises de plu que nous en donne Guenois en fa Confé
sieurs Loix du Royaume , notamment de rence des Ordonnances , fous le Tit. 1 5 de
l'Edit d'HENRl II , du mois de Janvier la Faujse Monnoie , liv. p. (2).
1 549 (2) , renouvellé par celui de Février
*72<S O)- ( 1 ) Omnes solidi in quibus nostri vultûs ac veneratio
unaeft, uno pretio aestimandi sunt atque vendendi ,
quanquam diversa forma , mensura lit ; nec enim
(1) Quoniam nonnulli Monetarii adulterinâ Mo qui majori facie habitu extenditur ,majoris est pretii,
neta, clandestinis sceleribus exercent; cuncti cognos- aut qui ang; stiore exprcílìoiie concluditur, minoris
cant , neceíTitatem íibi incumbere hujusmodi homi- habendus estcùm pondus idem existât. Quòd si quis
nes inquirendi, 81 ihvestigati tradantur suppliciis , aliter fecerit , aut capite puniri débet , aut flammis
facti conscios illico per tonnenta perdituri ; ac sit. tradi , aut aliâ pœná iriOrtiferâ.Quod illeetiam patie-
dignis suppliciis addifcendi. L. 2. Cod. de fais. tur qui mensuram circuli exterioris adsuteret ut pon-
Monet. ... Si quis nutnmos falsâ fusione forma- deris minu.it quantitatem , vel siguratum solidutn
verit , univerfas ejus facultates fisco addiri prsecipi- adultéra imitatione in vendendo íubjecerit. Leg.
inus , atque ipsiim severitate legitimâ coerceri ; ut unie. C od. Theod.fi quis auri circulum... Quicumque
in monetis tantùm nostris elidendâ pecuniâ studium num.nos aureos partim raserit , partim tiuxerit , aut
frequentetur. L. 3. Cod. Theod. de sais. Monet. sinxerit , fi liberi sunt , ad bestias dari \ si servi , su-
(2) Défendons bien expressément aux Gardes des premo supplicio affici debent. Leg. 8. fi', de Lege
Monnoies, sous peine de punition corporelle , Sida Cornelia , de Falsis. . . LegeCorneliâcavetur ut qui
dernier supplice , de ne passer à la délivrance d'au- in aurum vitii quid addiderit , qui argenteos nutn
cuns deniers d'or , testons 8c douzains , qu'ils ne mos adulterinos flâverit , saisi crimine tencr i. Leg. 9.
soient de poids & alloi , 8c dedans les remèdes des ibid. . . . Lege Juliâ peculatus cavetur ne quis in
susdits bien ouvrés 8c monnoyés , & de bonne ro aurum , argentum , aes publicum quis addat , neve
tondité , assiette 8c impression , 8í que les lettres 8c immisceat , neve quoquid addatur , immisceatur ,
cordons soient entiers. Edit de Henri II. à faciat, sciens dolo malo quo id deterius fiat. Leg. 1.
Fontainebleau , en Janvier IS49. art. 4. Js. ad Leg. Jul. Pecul. ^

( 3 ) Que conformément à l'Edit du mois de ( i) Quant aux rogneurs d'écus 8c nu tres espèces d'or
Mai 1718 , 8c autres Edits &C Réglemens , toutes 8c d argent qui ont cours en notre Royaume , 8c qui
personnes qui contreferont ou altéreront nos Espè les rendent en fonte du fort ai/*foible , commet
ces , contribueront à l'exposition de celles contrefai tent un larcin public , participant des fausses Mon
tes , ou à leur introduction dans notre Royaume , noies , dont la fausseté ne peur consister qu'en poids-
soient punies de mort. Edit de Février ìjió.art. 1. 8c alloi. Ordonnons que là & au cas qu'aucuns qui
seront repris , chargés 8c convaincus du rognement
d'écus , testons , douzains , 8c autres pieces d'or ,
VIL d'argent , monnoie blanche ou noire , ayant course
en notre Royaume , ou qui les auront difformes v
altérés 8c rendus dn fort au foible autrement qu'il
7. Lors- Dans le second cas , qui concerne la Ro- n'est permis par nos Ordonnances, ils soient punis
qu'on la gnure des Monnoies , (1) il y a aussi Peine de dudit cas tout ainsi 8c de méme que les Faux-Mon-
noyeurs , fans y faire aucune différence , à ce que
Qv^.ie en mort soivantles Loix Romaines , dont la dif
la qualité deidites Peines soit tellement exem
est la Pei- position a été adoptée par nos Ordonnances, plaire , 8c de telle tremeur aux délinquans , qu'elle
ne' & notamment par celle deFRANÇOisI,
fasse cesser tels cas 8c délits tant préjudiciables à
du mois de Juillet 1536, qui a aussi été Npus 8c à la chose publique de notre Royaume.
Úrd. de François 7, h Lyon , en Juillet 1536 f
renouvellée fur ce point par l'Ordonnance
art. 4. . . Ceux qui seront trouvés saisis de rognu
d'Orléans , & en dernier lieu par l'Edit de res de billons procédant de rognure de monnoies ,
Février 1726. II paroît d'après ces Loix , ou atteints 8c convaincus d'avoir acheté rognure de
que l'on doit réputer coupables de ce Cri- monnoie , ou sciemment avoir participé avec les
Rogneurs 8: Faux-Monnoyeurs , 8c d'avoir acheté
jme , & sujets à la même Peine : 1 °. Tous d'eux sciemment de la monnoie fausse au billon
ceux qui font trouvés 'saisis de ces rognu- procédant des rognures des monnoies , seront pu
144 LES LÓIX CRIMINELLES, Lîv. UL Tir AL
nis de semblables punitions que les Faux-Mon-
jioyeurs , fans y faire aucune différence. Même I X.
Ord. art. 11. . . . Défendons à tous Orfèvres, ou
autres personnes quelconques , d'altérer , souder ou
charger auenne espece d'or & d'argent j à peine Enfin , quant à {'Exposition de la 9. Expcw
d'être punis comme Faux - Monnoyeurs. O r D, Fausse Monnoie , qui forme la troisième ution de
la fausse
d'OxLÉANS, art. 149... Défendons pareille espece de Crime qui se commet en ce genre ; Monnoie.
ment à tous Orfévres-Jouailliers , & autres Ou Comment
vriers travaillant en or & en argent , de difformer quoique nos Loix ne fassent aucune dis doit s'en
aucunes espèces , pour les employer à leurs ouvra tinction à cet égard , íl est certain que la Peine tendre,
ges , à peine des Galères à perpétuité. Edit de 1726. de mort qu'elles prononcent dans ce cas
art. 13. . . . Tous Changeurs & autres Personnes
particulier , comme dans ceux de la Fa
qui se mêlent de changer , seront tenus inconti
nent qu'ils auront acheté l'espece d'or ou d'argent brication & de l'altération de la Monnoie ,'
légere , cassée ou soudée , de la cisailler en la pré ne doit s'entendre que de l'exposition qui
sence du vendeur , ou porteur des espèces, fans est faite sciemment de la Fausse Monnoie ,
qu'ils la puissent remettre ou allouer , à peine de
dans le Public , par gens qui auroient une
la Hart. Ord. JOrléans , art. 148. . . . Défen
dons à nos Sujets & à tous Etrangers. . . de faire parfaite connaissance de cette fausseté. Au
aucune sorte de billonnage desdites espèces & ma reste , nous avons vu , d'après la Déclara
tières , à peine , pour la première fois , du Car tion du 5 Octobre 171 5 , rapportée ci-de
can , de Confiscation desdites espèces & matières , &
de 3000 liv. d'Amende , applicable moitié à notre vant , qu'on est réputé coupable de ce Crime,
profit , & l'autre moitié au Dénonciateur ; & en non-feulement lorsqu'on contribue à l'ex
cas de récidive , à peine des Galères à perpétuité ■ ,
position des fausses Monnoies qui ont été
lesquelles peines auront lieu , tant contre ceux qui fabriquées dans le Royaume , mais encore
auront marchandé , reçu ou acheté lefdites espèces
ou matières à plus haut prix que celui pour lequel lorsqu'on contribue à y introduire la Fausse
elles auront cours ; & au cas qu'il fût prouvé que Monnoie qui auroit été fabriquée dans les
lefdites espèces ou matières ont été surachetées dans Pays étrangers.
le dessein de les feire sortir du Royaume , ou les
fournir aux faux Fabricateurs , ils seront punis de
tnort. Edit, de 1716. art. 12.

Nous ne parlons point ici de plu- 10 ^uíij


VIIÎ. fleurs autres Loix qui ont été rendues au des Cri-
sujet des Matières d'or & d'argent non™"^?
monnoyés , notamment de la Déclaration tem fur
Enfin , quant à la troisième espece á'al- du 19 Avril ijxQ , concernant les faux lor.&la^
«.Lors /• /»i ♦ » _ . gent non
qu'on do tération , qui se fait par ceux qui dorent , poinçons qui se fabriquent a ce sujet ; parce monoyés,
re ou blan- ou qui blanchissent des pieces de cuivre ,
chitdu mé que nous aurons lieu de la rappeìler , en
tal com ou d'autres pour les faire passer comme traitant du Faux qui se commet en matière
me étant étant d'or ou d'argent. Nous venons de
d'or & d'Orfèvrerie. Nous aurons lieu aussi , en
d'argent. voir , d'après les Loix Romaines , & d'après traitant de la Jurifdiction de la Cour des
Distinc celles du Royaume , qu'elles comprennent Monnoies , de rapporter les dispositions de
tion sui
vant notre également ceux-ci , quant à la Peine , dans l'Edit de 1726 , qui concernent la manière
Jurispru la Classe des Faux - Monnoyeurs. Cepen dont il doit être procédé en ce Tribunal
dence.
dant il paroît qu'on s'est un peu relâché de pour parvenir à la découverte de ce Crime.
cette rigueur , suivant notre Jurisprudence , II nous reste à observer ici , relativement à
qui fait dépendre principalement la Peine ces matières d'or & d'argent non monnoyés ,
de ce dernier Crime , des circonstances dont qu'il se commet un Crime particulier , que
il est accompagné- nos Loix mettent au nombre des Crimes
de Lese-Majesté au second chef ; sçavoir ,
celui de Transport de ces matières hors du
Eâdem Lege ( Cornelia de Falfis ) exprimitur ne
Royaume sans permission , dont nous aU
quis nummos stagneos , plumbeos , emere , vendere
dolo malo vellet. I. 9. ff* de Lege Cornel. de Fais. Ions parler íous le Paragrapbe suivant.

§. III.
. DES CRIMES COMMIS CONTRE L'ÉTAT ; êov ' ,145

$. III. Du Transport de PArgent hors du Royaume A fins permijjîon de


Sa Majesté.
1 . .0
SOMMAIRE „

x. Point de diflinclion entre les Transports z. Peines portées par les Loix en. cote ma~
de l'argent monnoyé t ou non monnoyé. tiere.

I.

t. Poìnt Les Loix qui défendent ces sortes de transporter or ni argent monnoyé. on non mon
tìon entré Transports , comprennent également ceux noyé hors le Royaume fans Lettres-Patentes du Roi ,
fur peine de Confiscation de ce qui fe transportera ,
les wans- qui se font de l'argent non monnoyé , comme & d'Amende arbitraire , tânt contre celui à qui les
Fa°rgentde de l'argent monnoyé. deniers appartiennent, que pour le regard du Gou
monnoyé verneur 8c Lieutenant-Général qui aura baillé per
ou non \ \ mission, ou transport pour ce fait, sans que les Ban
monnoyé. quiers , 8c ceux qui font trafic d'argent, puissent bail
ler lettres de Banquiers- pour faire levées d'hom
». Peines II est parlé de ce Crime dans les Loix
mes eu Provinces étrangères , ou pour faire pas
Partéî« Romaines, qui le pumilbient de la Peine ser ou transporter argent pour la commodité des
Eoix en capitale (1). II en est aussi fait mention dans Princes étrangers , 8c généralement pour tontes
tíere ma" P^u^eurs de nos anciennes Loix , qui pro- autres causes , sinon pour le trafic & commerce
des Marchandises. Edits des Rois Lovis XII ,
noncent la peine de Confiscation de corps 1506 ; François I , 1540 ; Henri II r
& de biens en pareil cas (2). Mais , comme 1548 , Charles IX , 1566 & 1571 j & de-
toutes ces Loix ont été renouvellées en der Henri III , 1577... Défendons confor
nier lieu par l'Editde Juillet 1726 , lequel , mément á la Déclaration du z8 Novembre 1093 y
à tous nos Sujets 8c aux Etrangers qui se trouveront
par une disposition générale , ordonne l'exé- dans notre Royaume , de transporter hors d'icelui ,
cution de toutes les Loix précédentes , qui fous quelque prétexte que ce soit, aucunes espèces
ne se trouventpoint rappellées dans ce même ou matières d'or ou d'argent fans notre permission
par écrit , à peine de la vie contre les contrevenans ,
Edit , &. qui n'ont d'ailleurs rien de con de 6000 liv. d'Amende , 8c de Confiscation desdites
traire à ses dispositions ; nous nous conten espèces 8c matières , même des marchandises avec
terons de rapporter ici celles de ces dispo lesquelles elles pourront être emballéei , ainsi que
sitions qui font relatives au Crime dont il des charriots 8c chevaux , mulets , 8c autres équi
pages qui auront servi audit transport ; lefdites
s'agit ici. Nous en remarquerons deux , en- Amendes 8c Confiscations applicables, moitié à no
tr'autres, qui font portées par les arti tre profit, 8c l'autre moitié au Dénonciateur, ou à
cles 9 & 1 2 , dont le premier défend , fous ceux qui auront découvert 8c arrêté les contreve
nans , les frais préalablement pris fur le tout. Per
peine de Mort , avec Amende & Confisca
mettons seulement à nos Sujets 8c aux Etrangers
tion , à tous Sujets du Roi , & même aux sortant de notre Royaume , de porter la quantité
Etrangers quife trouvent dans le Royaume , d'espèces de la nouvelle fabrication qui leur fera
de transporter , sans la permission de Sa nécessaire pour leur subsistance , 8c celle de leurs
Valets 8c équipages. Edit de Février ijiô. art. 9...
Majesté , fous quelque prétexte que ce Défendons , conformément à la Déclaration du 8
soit, aucunes espèces ou matières d'or & Février 17 16, à tous nos Sujets 8c à tous Etrangers
d'argent : & par le dernier , après qu'il est étant dans notre Royaume , même à ceux qui jouis
fait défenses aux mêmes particuliers de faire sent du privilège de Regnicoles , de faire aucune né
gociation d'efpeces, 8c de vendre , acheter , marchan
aucun billonnage de ces matières , ni même der ou orTvir les espèces ou matières d'or 8c d'argent à
de les acheter pour vendre à plus haut prix plus haut prix que celui porté par nos Edits , Déclara
que celui porté par les Edits , à peine de tions 8c Arrêts , 8c de faire aucune forte de billon
nage desdites espèces 8c matières, à peine , pour
Carcan pour la première fois , & des Ga la première fois , du Carcan , de Confiscation des-
lères perpétuelles en cas de récidive , avec dites espèces 8c matières , 8c de 3000 liv. d'Amende ,
Amende & Confiscation , le Législateur applicable moitié à notre profit , 8c l'autre moitié
ajoute , que dans le cas où il feroit prouvé au Dénonciateur } 8c en cas de récidive , à peine
de Galères à perpétuité ; lesquelles peines auront
que lefdites espèces & matières auroient lieu , tant contre ceux qui auront offert ou donné,
été surachetées dans le dessein de les faire que contre ceux qui auront marchatidé , reçu 011
sortir du Royaume , ou de les fournir aux acheté lefdites espèces ou matières à plus haut prix
que celui pour lequel elles auront cours ; 8c au cas
faux Fabricateurs , ils seront punis de Mort.
qu'il fût prouvé que lefdites espèces ou matières ont
(1) Quicumque pecunias ad diversa transferre de- été surachetées dans le dessein de les faire sortir du
tegitur , sacrilegii pœnam subeat , 8c capite ple&atur. Royaume, ou les fournir aux faux Fabricateurs , ils
Nec verò aliquis Negotiatorum plus mille follibus seront punis de mort. Même Edit. art. n. . . .
íumptuum gratiâ portare debebit ; at si ampliorem Voulons au surplus , que toutes les dispositions des
modum quifquam vehere detegatur , facilitâtes ejus Ordonnances , Edits 8c Déclarations donnés tant
fiíci dominio vindicetitur , 8c ipíe afficiatur exilio. par Nous , que par les Rois nos Prédécesseurs , 8c
Pecunias verò milli omniuò cmere sas crit. Leg. i. qui ne se trouveroient point rénétes dans le {'ré
Cod. Theod. Si quis pecunias conf/av. sent Edit , subsistent en leur entier , 8c (ôient exé
(2) Aucun uc peut transporter , uidoauer congé de cutés selon leur forme 8c teneur , en_ce qui nc se
146 LES LOIX CRIMINELLES; Liv. IIL Tit. II.
roit point contraire au présent Edit. Enjoignons à nés , Amendes & Confiscations , fans pouvoir les
tous Juges*, & autres nos Officiers de s'y conformer remettre , ni modérer , fous quelque prétexte que
exactement , & de prononfcer à la rigueur les Péi- ce soit. Même Edit , art. 21.v I

§. IV. De l'Amas d! Armes ; Fabrication & Fonte d* Artillerie , de Poudre 9


Salpêtre ; Conflruâtion de Forteresses , de Murs de Villes , ou leur Démolition ,
Levée d'Impôts & Deniers , fans permission du Roi.

SOMMAIRES.

I. Pourquoi tous ces àifférens Crimes font Transport hors du Royaume , com
ici réunis^ r ment punis.
z. Amas d'Armes , en quoi ce Crime con- . Construction ou Démolition de Fortc-
fijìe j & fa Peine. rejses & Murs des**. Villes. Distinction
3. Fonte de pieces d'Artillerie , ô Fabri quant a leur Peine. . .
cation de Poudre & de Salpêtre , & leur 5. Levée d'Impôts. Autre dijlinclion a cet
égard.

r.
ï. Pour- ou s comprenons fous ce même Para- permission du Roi. Suivant l'Edít de Dé rie , & f>
cesTdiffé- graPne > tous ces différens Crimes de Leíè- cembre 1 6 1 o , dont la disposition a été bricatiorr de Pondre
rens Cri- Majesté au second chef, parce qu'ils ten- renouvellée par l'Ordonnance de 1629 , il & de Sal
meSréuiu"í dent également , comme l'on voit , à l'ufur- y a dans tous ces cas Peine corporelle , avec pêtre , &
Kl leur Trans'
pation des Droits qui n'appartiennent qu'au Confiscation des Pieces & Matières ; & de port hors
Souverain , & que nul autre ne peut exer plus Démolition des Châteaux où se fabri du Royau
me , com
cer dans son Royaume fans une permission quent & se gardent lesdites Matières. II y a ment poç
expresse de Sa Majesté. Cependant , comme d'ailleurs, suivant les Edits de Charles IX ,
ils ont des caractères particuliers qui les & Henri III , en 1 572 & 1 582 , Peine de
ont fait aíîujettir à différentes Peines , nous Confiscation de corps & de biens contre
croyons devoir les reprendre ici séparé ceux qui , fans permission du Roi portée
ment , pour appliquer à chacun d'eux les par Lettres-Patentes , transportent lesdites
dispositions particulières des Loix qui les Poudres & Salpêtres hors du Royaume.
concernent.
Défendons. ... de faire fondre des Canons ou
I I. autres pieces de quelque calibre que ce soit , ou
retenir ou avoir dans leur maison , soit de fonte
1. Amas i°. Amas d'Armes fans permijswn. II de notre Royaume , ou étrangère , fans notre per
ínArquoV est Parlé dece Crime dans la Déclaration du mission en la forme que dessus. Ord. de 1619.
art. 174. . . Défendons très - expressément , fur
ce Crime 27 Mai 1610 , & dans l'Ordonnance du
C st peine de Confiscation de corps & de biens , à tou
&sap"íne. mois de Janvier 1629 , par lesquelles il est tes personnes de quelque qualité &C condition qu'el
fait défenses , a peine d'être convaincu de les soient , de transporter ni vendre aucuns salpê
Faction & de Soulèvement > de faire , avoir tres ni poudres en notre Royaume , & hors d'ice-
lui , ni iceux tenir & recéler en quelque lieu que
& tenir chez foi une provision d'Armes plus ce soit. Edit de Charles IX. en 1572. art. 8.
considérable que celle qui est nécessaire V. auft fEdit de Henri III. de 1582 , & celui
pour la sûreté de sa Personne, sans en avoir de HenRi IV. en Décembre 160 1 , art. 1. Ce der
nier porte seulement Peine corporelle , avec Con
obtenu permission du Roi , portée par des
fiscation des pieces & matières. V. au surplus , quant
Lettres-Patentes ; comme aussi d'avoir plus aux salpêtres , la Déclaration du 8 Août 1702 , &
grande provision de poudre , plomb & mè l'£dit de Février 1703 , qui attribuent aux Iuten-
ches, qu'il n'auroit été porté par la permis dans de Provinces la conuoissance de cc qui con
cerne les Poudres & Salpêtres.
sion accordée par lesdites Lettres.
Défendons. ... de faire , avoir & tenir aucun
I V.
amas d'Armes pour gens de pied ou de cheval plus
qu'il ne leur est nécessaire pour leurs maisons , &c.
fans notre permission en la forme susdite. Ord. 3 °. Construction de Fonerejses ou Murs
de Lovis XIII. de 1619. art. 172. ... De faire 4. Cons-
des Villes, & /«^DÉMOLITION fans la per truflion ou
aussi sans notre permission par Lettres-Patentes ou Démoli
Commandement , achat de poudre , plomb , mè mission du Roi. Ce font autant de Crimes tion de
ches , que pour la provision nécessaire & raisonnable de Lefe-Majesté au second chef, suivant Forteres-
de leurs maisons , & plus qu'il ne fera porté par ses&Murs
l'Edit de Henri III de 1579 , la Décla des Villes.
lesdites permissions. Même Ord. de 1619. art. 173.
ration de Louis XIII du 27 Mai 1610, Distinc
& l'Ordonnance du même Prince de 1629. tion quant
I I L à leur Pei
II faut cependant distinguer , quant à la ne.
J'píecT 2°* F°NTE de Pieces d'Artillerie & Peine, les entreprises qui concernent les
ÍArtìSeV FABRICATION de Poudre & de Salpêtre, fans Constructions ou Démolitions des Forte-
DES CRIMES COMMIS CONTRE L'ÉTAT , &c. 147
restes & Châteaux , de celles qui regardent Officiers du Roi , ou autres , soit en leur nonr
feulement la Construction ou Démolition particulier , soit en celui des Villes & Com,
des Murs des Villes. Tandis que les cou- munautés ; des levées qui fe font par des
pables des premières doivent être punis , Seigneurs fur leurs propres Sujets. C'est
aux termes de ces Loix , comme Criminels proprement de celles de la première efpece
de Lefe-Majesté & Perturbateurs du repos dont nous voulons parler ici , en ce qu'elles
public , outre la Démolition & Rafement forment , comme il est dit par les Loix qui
des Forteresses construites , & le Rétablis- les concernent , autant d'entreprises formel-
sèment de celles démolies , & de plus , la les fur tautorité & Majejlé iioyale. Aussi
Privation des Droits de Justice, si cette Cons ceux qui s'en rendent coupables , doivent,
truction ou Démolition ont été faites par des comme Criminels de Lefe-Majesté , être
Seigneurs Hauts-Justiciers : il n'y a d'autres punis , suivant ces mêmes Loix , de la Con-
peines pour la Construction ou Démolition fìfcation de corps & de biens ; & il y a même
des Murs de Villes fans permission , que contre les Procureurs du Roi qui négligent
des Amendes arbitraires , avec la condamna- d'en faire la poursuite , Peine de privation
tion aux frais du Rafement ou du Rétablis de leurs états. C'est ce qui fe trouve porté
íement de ces Murs dans le même état qu'ils entr'autres , par l'article 2 3 de l'Ordonnance
étoient , 6c aux Dommages & Intérêts des de Moulins , renouvellée par l'article 275 de
Particuliers } & si ces Constructions ou Dé- celle de Blois (1). A l'égard des levées qui fe
molitions ont été faites par des Villes & font par les Seigneurs fur leurs Sujets , &
Communautés elles-mêmes , il y a de plus dont il est parlé singulièrement dans l'ar-
peine de la privation de leurs Privilèges. ticle 280 de l'Ordonnance de Blois , il n'y
a aucune Peine déterminée par cette Loi ,
Défendons. . . faire fortifier les Villes , Places qui fe contente de défendre en général ces
& Châteaux , soit ceux qui Nous appartiennent , sortes de ievées, qu'elle qualifie d'exaclion ,
soit aux Particuliers ( hors les murailles , toiles & . ► i c :~ j>a*«
flancs desdites clôtures ) qui ont droit d'en avoir , à peine , contre les Seigneurs , d être punis
de quelque fortification que ce soit , fans notre per- selon la rigueur des Edits & Ordonnances (2).
mission susdite. Ord. de 1629. art. 176. V. aujsi
fart. 179. ( 1 ) Et parce qu'à Nous seul appartient lever deniers
Faisons inhibition & défenses d'entrer en au en notre Royaume , & que faire autrement , scroit
cunes Villes , Châteaux, ou autres Places, ou Mai entreprendre fur nos autorité" & majesté ; défen
sons fortes à Nous appartenantes , ou à nos Sujets , dons très-expressément à tous nos Gouverneurs ,
Ecclésiastiques , Nobles ou autres , se saisir , em Baillis , Sénéchaux , Trésoriers & Généraux de nos
parer ou accommoder d'icelles, & loger Garnison , Finances , & autres quelconques nos Officiers , d'en
faire fortifications ou défenses , amas d'armes , pou treprendre de lever ou faire relever aucuns deniers
dres , vivres , ou autres munitions , fans comman dans nos Pays , Terres & Seigneuries , & fur les
dement ou ordre exprès de Nous & nos Gouver Sujets d'icelles, quelque autorité qu'ils aient, ou
pour quelque cause que ce soit, ne permettre qu'au-
neurs , 8c nos Lieutenans-Généraux au Gouverne
tres en levent , soit en nom de Particulier ou de
ment de nos Provinces de notre part , & de notre seul
Service. Pour le regard de ceux qui se scroient Communauté , sinon qu'ils aient nos Letres-Pa-
emparés desdites Villes , Châteaux , Places , & tenres précises & expresses pour cet effet , h peine
Maisons fortes , Nous leur commandons aussi très- de Confiscation de corps & de biens. Enjoignons à
expressément d'en vuider & sortir , & les rétablir nos Procureurs de faire instance & poursuite con
& restituer eu l'état auquel ils étoient quand ils tre les contrevenans & tous autres , & de ce que
y sont entrés , à peine d'être punis comme Crimi fait en auront nous avertir , fur peine de privation
nels de Lefe-Majesté , Infracteurs des Edits de Pa de leurs états. Ord. de Moulins , art. 23.
cification , & Perturbateurs du repos public. Dúci. V. aujsi fart. 275 de celle de Bíois , qui contient
du 27. Mai 1610. V. aussi ausujet de la construction la même disposition.
& démolition des Villes , fEdit de Henri III. (2) Défendons à tous Seigneurs & autres , de quel
de 1579 , & le Régl. de tAssemblée tenue h Saint- que état & condition qu'ils soient , d'exiger , prendre
Germain en Novembre 1583. art. 27. 011 permettre être pris ou exigé fur leurs terres
& fur leurs hommes ou autres , aucune exaction.
indue, par forme de taille , aydes, crues ou autre
V. ment, & sous quelque couleur que ce soit ou puisse
être , sinon ès cas desquels lefdits Sujets & autres
seront tenus & redevables de Droit , &où ils peu-
f. Levée 4°. LEVÉE D'IMPÔTS fans permission du vent être contraints par Justice , & ce fur peine
'dImpôts ; Roi. Suivant les Loix rendues à ce sujet , il ?être punis selon la rigueur de nos Edits tk Or-
autre dis faut distinguer les levées oui fe font de de donnances » sans <lue les Peiues portées par icelles ,
tinction à raut aimnguer les levées qui le ront de cie- puijrent être modérées par nos Juges. Ord. de
cet égard. mers & impôts fur les Sujets du Roi par des blois , art. 280.

T z
148 LES LOIX CRIMINELLES, Liv.III.TiT.il.

§. V. Du Port à'Armes fans permission ; de la Violence publique , 6> des


Assemblées illicites.

SOMMAIRES.

I. Pourquoi ces trois Crimes 4. 20. Violence publique. Ce qui la dis


font ici
tingue de la violence privée ; prend dif
réunis
2. Pris séparément t forment autant de Cri férentes dénominations suivant fes cir-
mes particuliers. conjlances.
3. i°. Port d'Armes. Qualité des Personnes 5. 30. Assemblées illicites. Ce qu'il faut
& des Armes qui font exceptées en cette pour les former, soit quant a la cause ,
matière , & fa Peine , suivant les Loix soit quant au nombre des Personnes.
générales ô particulières du Royaume.

t
i.Pour- ]NJous réunissons ici ces trois Crimes , des Cannes ou Bâtons creux a ferrement ,
quoi ces 7 des Bayonnettes , Couteaux en forme de
trois Cri- parce que ce n eit proprement que par leur
mes sont réunion que se forme le Crime de Lese- Poignards s qui fe portent dans la poche ,
r ' Majesté au second chef, dont nous vou ô fe mettent au bout du fufil , les Pisto
lons parler ici ; & que c'est aufíï , comme lets de poche , & autres Armes ojfenfives ,
nous le verrons en traitant de l'Instruc- cachées & fecrettes ; le tout à peine de
tion , cette même réunion qui les rend Cas Prison , de Confiscation de ces Armes ,
Royaux , ou Prévôtaux ; sçavoir , Cas d'Amende pour la première fois , & de pu
Royaux , lorsque le Port d'Armes se trouve nition corporelle en cas de récidive , tant
joint à l'Assemblée illicite ; & Cas Prévô contre les porteurs de ces Armes , que
taux , lorsque ce Port d'Armes est accom contre les Fourbisseurs & Couteliers qui
pagné de Violence publique. les ont fabriquées ; & même à peine de pu
nition corporelle pour la première fois con
V. Ord. de 1670. Tit. 6. art. 1 1 6c 11. V. ausli tre les Compagnons Fourbisseurs qui tra
JaDÉCL. du mois de Février 173 1. art. 5.
vaillent en chambre. Nous trouvons enfin
I I. parmi ces Loix plusieurs Déclarations , 6c
notamment une derniere du 2 3 Août 1737,
a Pris sé- ^e n'e^ PaS ' 3U re^e ' Clue cnacun de rendue principalement pour cette Ville de
parémem, ces Crimes pris séparément , ne soit punis Paris , qui porte des défenses générales à
forment farjie Je quelques Peines particulières , fui- toutes personnes , à l'exception seulement
Crimes vant nos Loix , comme tendant à troubler des Officiers du Guet , & autres préposés
fë*m~ Tordre & la tranquillité publiques. pour la garde & sûreté publique, de por
ter des Armes à feu dans cette Capitale ,
III.
tant de jour que de nuit , à peine de Con
Port En effet , i°. quant au PORT d'Armes fiscation de ces Armes, & de 200 liv.
d'ármes , fans permission , nous avons , comme l'on d'Amende. Cette Loi ordonne au surplus ,
qualité des par l'article 12 , l'exécution de l'Edit de
personnes fçait , une foule de Loix qui défendent le
& des Ar Port d'Armes à toutes personnes , excepté Décembre 1666, & de la Déclaration du
mes qui 23 Mars 1728 , en ce qui regarde le porc
font ex les Militaires , les Nobles , & autres qui
ceptées en font autorisés à les porter , soit par leurs d'Armes , fabrique & débit d'icelles. Nous
cette ma charges , comme font les Huissiers &Sergens, ne faisons qu'indiquer ici ces Loix , parce
tière , & fa
Peine , sui les Garde-Chasses , les Commis & Em que nous aurons lieu d'en rappeller les dis
vant les ployés aux Fermes du Roi ; soit par la né positions , en traitant des délits de Police ,
Loix géné
rales & cessité de la défense de leur vie , comme sont auxquels le simple port d'Armes se rap
particuliè les Voyageurs 3 soit enfin lorsque l'usage des porte principalement. Nous verrons aussi , en
res du Ro
yaume. Armes n'est employé qu'à un amusement traitant des délits en fait de mendicité , de
1 vagabondage ôc de contrebande , que la cir
permis comme en fait de chaste , &c. (1).
Nous trouvons aussi parmi ces Loix , & no constance du port d'Armes sert à en faire
tamment dans l'Edit de Décembre 1 666 , augmenter considérablement la Peine (2).
Sedans la Déclaration du 23 Mars 1728 ,
des dispositions particulières , qui détermi (1) V. la Décl. de 1660. art. 14. & I'Ord. des
Eaux & Forêts , Tit. des Chasses , art. 5.
nent la qualité de certaines armes , dont
l'usage est absolument défendu à toutes V. I'Ord. des Gabelles , Tit. commun , art. 2.
sortes de personnes , fans distinction de qua }'. DÉCL. du 15 Août 1737. art. 11 & 11.
lité , de temps, ni de lieu, sçavoir les Ar (1) Ceux ( desdits Mendians) qui auront été trou
mes afeu , brisées par la crojfe ou le canon , vés armés de fusils , pistolets , épées , bâtons fer
DES CRIMES COMMIS CONTRE L'ÉTAT , &c. .149
rés , ou autres armes. . . seront condamnés , quoi- (i) Damnato de Vi publica aqua & i inter-
qifarrêtés Mendians , pou r la première fois, sçavoir , dicuntur. L. 10. ff. i. tbid.
les hommes valides aux Galères au moins pour cinq
années ; & à l'égard des femmes & des hommes
invalides, au fouet dansl'intérieur de l'Hôpital ,&
à la Détention à temps , ou à perpétuité , suivant 30. Assemblées illicites. On appelle f. AssenV
l'exigence des cas. Dec l. du 18 Juillec 1714. ainsi celles qui font faites à mauvais dejsein , blées illi
cites. Ce
& dans un certain nombre. Ces sortes d'As qu'il faut
I V. semblées ont toujours fait un objet parti pour les
former ,
culier de l'attention de nos Souverains , à soit quant
2'. Violence ouForce publique. II est
à la cause,
'4. Vio parlé de ce Crime dans le Droit Romain cause des conséquences dangereuses qu'elles soit quant
lence pu peuvent entraîner , non-feulement contre la au nom
blique, ce fous le titre de la Loi Julia de Ki publica. bre des
qui la dis Elle n'est appelléepublique que parce qu'elle iûreté publique en général , mais encore personnes;
tingue de contre la sûreté même de l'Etat , en ce
laviolence est faite avec Armes ou avec attroupement ,
privée ; & pour la distinguer de celle qui est faite qu'elles tendent à favoriser les conspira
prend dif tions. Auffi voit-on qu'ils ne fe font pas
férentes fans aucune de ces circonstances , & qui contentés de prononcer des Peines contre
dénomi est connue dans ce Droit fous le nom de
nations ceux qui forment ou convoquent ces As
suivant ses Force privée. II paroît , d'après les Loix semblées , ou qui leur donnent retraite dans
circons de ce Titre ( 1 ) , qu'on fe rend coupable de
tances. leurs maisons ; mais encore contre les Sei
Violence publique dans les quatre cas fui-
gneurs Hauts-Justiciers qui les permettent ;
vans. i°- Lorsqu'on va en Armes dans
& même contre les Juges & Prévôts des
les campagnes à d'autres fins que de voya
Maréchaux qui négligent d'en poursuivre la
ger , &. de chasser. 20. Lorsqu'on va en Ar
punition. Nous avons là-dessus les dispo
mes dans les Villes & Villages pour y exci
sitions les plus précises dans l'Ordonnance
ter des séditions , ou pour y enlever des
de Charles VIII en Novembre 1483 (i),&
femmes ou des enfans , ou bien pour y
dans celles de Moulins (2) &de Blois (3).
lever des contributions , ou enfin pour for
A quoi il faut joindre la disposition particu
cer des arcenaux , & magasins à poudre.
lière de la Déclaration du 14 Mai 1724 ,
30. Lorsqu'on fe préfente en Armes pour
que nous avons rapportée en traitant de
empêcher l'exécution des Mandemens de
YHéréfìe , & d'après laquelle nous avons
Justice. 40. Enfin , lorsqu'en temps d'incen
vu que les Assemblées des Religionnaires
die, on va en Armes pour piller. L'on voit par
étoient défendues à peine des Galères per
ces dissérens exemples , que la Violence
pétuelles contre les hommes ; & contre les
publique peut former , íìiivant les circons
femmes , d'être rasées & enfermées à per
tances dont elle est accompagnée , plusieurs
pétuité ; & même à peine de Mort contre
fortes de Crimes , dont elle tire autant de de-
ceux qui s'assembleront en Armes. Quant
nominations particulières. L'on veut dire
au nombre nécessaire pour former une As
qu'elle peut non-feulement former des Cri
semblée illicite , comme les Loix que nous
mes de Lefe-Majesté ausecond chef, comme
venons de citer ne portent rien de précis fur
lorsqu'elle fe trouve jointe aux assemblées
ce point , c'est par conséquent à la prudence
illicites , séditions 6c émotions populaires ,
des Juges qu'elles ont cru devoir s'en rap
& aux rebellions à Justice ; mais même des
porter à ce íùjet. II paroît , au reste , qu'une
Crimes de Lefe-Majesté au premier chef ,
des meilleures Règles que l'on puisse con
comme dans les deux premiers cas que nous
sulter en cette matière, seroit celle établie
venons de citer d'après ces Loix. Suivant
par les dernieres Déclarations rendues con
le Droit Romain , la Peine ordinaire de ce
tre les Mendians & Vagabons , & notam
Crime étoit celle de l'Interdiction du Feu
ment celle du 18 Juillet 1724 , suivant
& de l'Eau (2). Nous avons vu , en trai
laquelle un attroupement au-desfùs du nom
tant des Crimes de Lefe-Majesté au pre
bre de quatre , non compris les enfans , suf
mier chef, que lorsque cette Violence
fit pour faire aggraver la Peine (4) , & par
publique tendoit à troubler la sûreté de
conséquent pour former une Assemblée
l'Etat , la Peine ne pouvoit être moindre
illicite.
que celle de Mort. Mais lorsqu'elle tend
feulement à troubier la tranquillité pu (1) Pour ce que plusieurs maux , meurtres & In-
blique, comme dans les cas d'assemblée convéniens se sont ensuivis à l'occaíìon de ce que
illicite , de sédition populaire , & de ré plusieurs à qui il n'appartient portent arcs , armes ,
arbalêtres , halebardes , piques , rouges , épées , da
bellion à Justice , nous allons voir , en trai gues , & autresbâtons invasifs ; Nousavons défendu
tant de ces Crimes , que la Peine dépend & défendons à tous , de quelque état qu'ils soient ,
principalement des circonstances qui font qu'ils ne soient ni íi osés , "ni fi hardis de porter
marquées par les Loix. aucuns desdits bâtons , sinon nos Officiers , Gens
nobles , & ceux de notre ordonnance & à nos ga
(1) V. L. 1. & L. 3. §. 1 , 3 , 4 & 5. V. aussi ges, fur peine de prison , & de forfaiture desdits
L. 6. & L. 1 1. ff. ad Leg. Jul. de Vi publka. bâtons , 6c d'être grièvement punis... En outre dé-
ijo LES LOIX CRIMIN ELLES, Liv. III. Tit.'II.
fendons que nulle noble personne ni autre , de quel ou Officiers de Nous , ou desdits Hauts-Justiciers >
que état ou condition qu'ils soient , n'entrepren Nous , pour lear négligence de la poursuite &
nent faire assemblée ou congrégation de gens , ou punition desdits Crimes , les avons dès-à-présent
mauvais garçons , vivre ou piller le Pays ; & si déclarés privés de leurs états 8c de leurs Offices ,
aucuns étoient rencontrés faisant le contraire après pour y être pourvu d'autres en leur lieu. Même
la publication de ces Présentes , Nous voulons & Ord. art. 30. V. aujji I'Ord. d'ORLÉAWS ,
ordonnons qu'ils soient pris & appréhendés , art. 30.
& punis grièvement par nos Juges ordinaires ,
(3) Défendons à tous Gentilshommes & autres,
pour être exemple à tous autres ; & que pour ce
de faire afjémblée de gens , fous prétexte de que
faire , nos Capitaines & Gens d'armes , tant d'or
relles particulières , ou autres que ce soit , sous
donnance , que de morte - paie , seront requis
peine d'être punis comme Criminels de Lefe-Ma-
faire appréhension des malfaiteurs & des transgres-
jefté , ÔC Perturbateurs du repos public de notre
seurs de nos Ordonnances ; qu'ils accompagnent
Royaume. Enjoignons à nos Gouverneurs , Lieute
& aident à nos Juges & Sergens pour l'accomplis-
nans , Baillis & Sénéchaux , de composer les que
sement de Justice , & ce sur peine de perdre leurs
relles qui se feront en leurs Provinces , & de Nous
ordonnances, & d'être déclarés rebels à Justice , &
avertir du devoir qu'ils y auront fait, afin d'y pour
autrement grièvement punis. Edit de Char
voir. Ord. de Blois , art. 278. . . Ce que sem
les VIII , donné a Sainte- Catherine-du- Mont de
blablement voulons être observé contre les Hauts-
Rouen , le 2 j Novembre 1 48 3 . Justiciers qui souffriront ports d'armes , force &
(2) Enjoignons à tous nos Baillis & Sénéchaux, ou
violence être faites au dedans le Territoire de leur
leurs Lieutenans & autres nos Officiers , de faire
Justice, ÔC n'en feront poursuites , lesquels , dès à-
étroitement garder nos Edits faits fur la pacifica
préscnt comme dès- lors , déclarons privés de leurs
tion de notre Royaume & Sujets ; empêcher & ré
susdites Justices , qui seront unies &C incorporées
primer toutes assemblées illicites , ports d'armes 6í
à notre Domaine ; &c ces Officiers , en cas de con
émotions; informer & décréter promptement con
nivence & dissimulation , privés de leurs états ,
tre ceux qui contreviendront tant de fait , que de
fans espérance d'y pouvoir jamais être remis. Même
parole , & faire diligemment instruire les Procès
Ord. art. 192.
criminels , & envoyer les Procès verbaux de leurs
procédures & diligences de trois mois en trois (4) Ceux ( desdits Mendians ) qui se seront at
mois à notre très-cher & féal Chancelier!, & à nos troupés au dessus du nombre de quatre , non com
Procureurs-Généraux , ôí à nos Parlement, afin d'y pris les enfans, soit dans les Villes ou les Cam
être pourvu ; le tout fur peine de privation de pagnes... seront condamnés, quoiqu'arrêtés men
leurs Offices. Ord. de Moulins , art. 17... Les dians pour la première fois ; fçavoir , les hommes
Hauts-Justiciers qui souffriront ports d'armes , force valides aux Galères au moins pour cinq années ;
ou violence être faites en leurs Justices , & n'en fe & à l'égard des femmes ou des hommes invalides ,
ront poursuite , seront privés de leurs Justices; & au Fouet dans l'intérieur de l'Hôpital , & à une
s'ils étoient complices ou fauteurs , seront punis des Détention à temps ou à perpétuité suivant l'exi-t
peines que dessus ; & quant aux Juges, Procureurs gence des cas... Dècl. du 18 Juillet 1724,

§. V I. Des Séditions 6* Emotions populaires,

SOMMAIRES.

i . Deux espèces de Séditions. Peine de celle dont on veut parler ici.

I.

esoemde N°us ne parlons point de ces Séditions principaux auteurs de ces Séditions. Au
Séditions, qui tendent à troubler la sûreté de l'Etat , premier cas , elle ne permet aux Juges de
& qui forment par conséquent des Crimes prononcer d'autres condamnations contre
de Lese-Majesté au premier chef ; mais les Communautés , que des Réparations
seulement de celles qui tendent à troubler civiles , Dommages Ô Intérêts t Amendes
Tordre & la tranquillité publique , dont il envers le Roi , Privation de leurs Pri
est fait mention dans l'Ordonnance de 1 670 , vilèges y ou quelqú'autre punition qui marque
comme formant des Cas Royaux , & de publiquement la Peine qu'elles ont encou
vant donner lieu aux Procès particuliers rue ( 1 ). Mais pour les principaux au
qui se font contre les Communautés qui teurs , elle veut que le Procès leur soit
s'en rendent coupables. fait séparément , & qu'ils soient punis par
V. l'art 1 1. duTit. i. de I'Ord. de 1670. des Peines particulières ( 2 ). Cette Loi
V. auffi le Tit. 21. de la manière defaire le Pro ne détermine point quelles doivent être
cès aux Communautés des Villes , Bourgs & Vil ces Peines , par la raison sans doute qu'elle
lages , Corps Compagnies. a voulu faire dépendre leur plus ou moins
de rigueur , des circonstances plus ou
I I.
moins aggravantes qui ont accompagné
î. Peine Quant à la Peine de ce Crime , cette ces Séditions ; c'est-à-dire , qu'il faut distin
donjon ^J°1 veut <îue l'on distingue les Corps &
guer , parmi ces Séditions , celles qui font
veut par- Cornmunautés , de Ceux qui ont été les faites dans la vue de piller , de faire ou
ler ici.
DES CRIMES COMMIS CONTRE L'ÊTAT, &c, " 171
trage à quelqu'un , ou bien afin de recourre marque publiquement la peine qu'elles ( les Com
un Prisonnier des mains de la Justice ; mais munautés ) auront encourues par leur Crime. O/a».
de 1670. Tit, n, article 4,
fur-tout celles qui sont faites par des gens
armés , soit qu'elles aient été suivies ou non (i) Outre les poursuites qui se feront contre les
de la mort de quelqu'un. La Peine de Mort Communautés , voulons que le Procès soit fait
aux principaux Auteurs du Crime , & à leurs Com
le trouve prononcée expressément dans ces
plices ; mais s'ils font condamnés en quelque Peine
deux derniers cas par les Loix Romai pécuniaire , ils ne pourront être tenus de celles aux
nes (3). Elle Test aussi, comme nous le quelles les Communautés auront été condamnées.
verrons , tant par nos Loix Militaires , que V. méme OrD. art. 5 . ibid.
par celles rendues en fait de Rébellion à
(3) Hi qui aedes aliénas aut villas expilaverint ,
Justice, de Contrebande &. de Vagabondage. effugerint , expugnaverint , íiquidem in turba cum
( 1 ) Les condamnations ne pourront être que des telo fecerint , capite puniantur. Z. u. /f. ad Leg.
Réparations civiles , Dommages & Intérêts envers Jur. de Vipublica... Hâc Lege tenetur is qui con-
la Partie , d'Amende envers Nous , Privation de vocatis hominibus , vim fecerit quo quis verberetur,
leurs privilèges , & de quelqu'autre punition qui vel pulfetur , neque homoocciíus to.L.io.JJ.i.ibid.

§. VIL De la Rébellion à Justice.

SOMMAIRES.

1. Deux sortes de Rebellions suivant FOr 5. Privilège des Procès-Verbaux en cette


donnance. madère.
2. Ispece de Rébellion dont il sagit princi 6. Quid , de la Rébellion aux Cavaliers
palement ici. de la Maréchaussée.
3. Distinction quant a la Peine de ce 7. Quid , en cas dexcès commis par les
Crime. Huijfiers eux-mêmes.
4. Quid , de la Rébellion faite fans exçès 8. Quid , a l'égard des parens complices de
0 outrage. la Rébellion.
I I I.

soïíe?ede L 'Ordonnance distingue deux fortes de II paroît, d'après nos Loix, qu'elles 3. Distíne-
Kebei- Rebellions qu'elle met également au nombre distinguent , quant à la Peine , deux sortes
lionSïo" ^eS ^aS ^-°yaux 0) » l'une qui &k aux de Rebellions qui se commettent envers les de ce Cri-
donnance. Mandemens émanes direcìement du Roi ou de Huissiers ; l'une lorsqu'on les excède &
fonConfeil ; l'autre qui se fait aux Mande outrage , & que l'on tire à force ouverte
mens des Officiers de Jufiice , c'est-à-dire , de leurs mains les Prisonniers pour Crime
aux Arrêts , Sentences ou Décrets qui font qu'ils ont arrêtés. L'autre se commet par
émanés des Tribunaux. Nous les mettons ceux qui se tiennent forts dans leurs mai
l'une & l'autre au nombre des Crimes de sons ou châteaux , pour empêcher qu'ils ne
Lese-Majesté , par la raison que la Justice puissent exécuter les Jugemens dont ils sont
ne s'administrant , comme nous Pavons chargés , tant en Matière Civile , que 1 Cri
dit , qu'au nom du Roi dans ce Royaume , minelle. Au premier cas , elles veulent que ,
l'on ne peut , fans attaquer son autorité , tant ceux qui commettent ces excès &
résister à celle des Officiers par qui Sa outrages , que leurs complices , parmi les
Majesté se fait représenter à cet effet. quels elles comprennent sur-tout ceux qui ,
si) V. Part. 1 1. du Tit. 1. de POrd. de 1670. à prix d'argent , ou autrement , se louent
pour recourre des mains de la Justice les
1 r. Prisonniers pour Crime , soient punis irré-
i.Espece Mais l'espece de Rébellion dont nous mijfiblement de mort(i) ; &même que dans
de Rebel- , r, ... le cas où quelqu'un de ces Rebelles vien-
lion dont voulons parler principalement ici , parce
11 5 ¥it qu'elle fait l'objet particulier de la plupart droit à être tué en faisant la Rébellion ,
le Procès soit fait à son cadavre & à fa mé
Fememici. des Loix qui ont été rendues íur cette
moire (z). Ces Loix vont plus loin encore y
matière , est celle qui le commet envers
en ce qu'elles déclarent íujets aux mêmes
les Huissiers & Sergens qui sont chargés
Peines ceux qui recèlent & donnent re
de l'exécution des Arrêts, Sentences &
traite à ces sortes de Rebelles (3)*
Décrets dont on vient de parler. Car pour
les insultes & irrévérences qui se commet
tent contre les Juges eux-mêmes étant dans ( 1 ) Défendons , fous peine de ía vie , â tous no»
leurs fonctions , elles sont regardées pro Sujets , de quelque état qu'ils soient , d'outrager ou
excéder ?ucun de nos Officiers , Huissiers ou Ser
prement comme des injures qualifiées , dont
gens , faisant ou exploitant actes de Justice , dont
nous aurons lieu de parler en traitant de n'entendons être expédiées Lettres de Grâce ,& íi
ces sortes de délits. par importunité aucune étoifaccordée, ne voulons
LES LOIX CRIMINE LLES , Liv. III. Tit. II.
nos Juges y avoir aucun égard. Ord. de Moulins, vrier 1566. art. 19. . . Ceux qui feront refus &
art. 34. V. auffi Ord. de Blois , art. 190. résistance d'ouvrir aux Juges & Commissaires exé- ;
(1) Ne seront données aucunes Lettres d'aboli cuteurs de nos Arrêts & Jugemens souverains , ou
tion. . . ni à ceux qui , à prix d'argent ou autre tiendront Fort en leurs Maisons & Châteaux contre
ment , se louent ou s'engagentpour tuer , outrager, la Justice & Décret d'icelle , n'obéissant aux com
excéder ou secourir des mains de la Justice les Pri mandemens qui leur seront faits , confisqueront à
sonniers pour Crime* Ord. de 1670. Th. 16. art. 4. notre prosi , ou de ceux à qui il appartiendra , les
Le Procès ne pourra être fait au cadavre ou à la dites Maisons , Châteaux & Fiefs dépendans d'iceuxr
mémoire du défunt , si ce n'est pour... ou rébel ensemble , demeureront &c seront à jamais privés
lion à Justice avec force ouverte , dans la rencontre de tous Droits de Justice qu'ils'auroient,tant èsdites
de laquelle il aura été tué. Même Ord. Th. ix. Maisorts &£ Châteaux , qu'en tous autres lieux de
notre Royaume , lesquelles Justices , si elles dépen
art. 1.
dent immédiatement de notre Couronne , seront
(3) Et d'autant que plusieurs de nos Sujets don réunies à notre Domaine , sinort seront confisquées
nent confort, aident & recèlent les Coupables, con à Nous & à qui il appartiendra ; & en outre avons
tre lesquels il y aDécret pour crimes & délits, même déclaré lesdits refusans ou résistans déchus des droits
qu'aucuns desdits coupables se retirent à la suite par eux prétendus en choses contentieuses , & de
desdits Seigneurs , qui sont pris de notre personne , toutes exceptions &C défenses qu'ils pourroient allé
ou parmi hos Gardes , où les Sergens n'osent les guer contre lesdits Jugemens ; qu'ils soient con
appréhender, & exécuter les Décrets de Justice ; dé damnés en tous les dépens , dommages & intérêts
fendons à tous nos Sujets , de quelque état & qua de leurs Parties , qui en seront crues par serment
lité qu'ils soient, de recevoir & receler aucuns Ac jusqu'à certaine somme , telle que par nos Juges
cusés & Poursuivis en Justice pour Crimes SeDélits: fera arbitré , joint la commune renommée de la
ains leur enjoignons de les mettre ès mains de lad. quelle fera informé d'office, fans que lesdits résistans
Justice , fur peine d'être punis de la même peine & refusons soient reçus à informer au contraire.
que seront les Coupables. Mandons & enjoignons Voulant en outre contre iceuxêtre procédé par nos-
en outre aux Capitaines de nos Gardes , Prévôt de dits Juges par peine corporelle & pécuniaire comme
notre Hôtel ou Lieutenant , si-tôt qu'ils en seront ils verront être à faire , suivant l'exigence du cas.
requis , interpellés ou avertis , d'appréhender , EDIT de CHARLES IX. fait à Amboise } en Jan
tant lesdits Coupables qui se retireront à notre vier 1 566. art. 2. . . Et quant aux Sentences pro
suite , ou parmi nos Gardes , que ceux auffi qui les visionnelles & exécutoires nonobstant l'appel sui
auront recelés ou favorisés , pour être punis selon vant nos Ordonnances, Nous voulons , en cas d'em
la rigueur de nos Ordonnances , sous peine d'en pêchement ou résistance à ladite exécution faite par
répondre en leur propre ôc privé nom , des répara le condamné , ledit condamné être tenu par corps
tions , dommages &í intérêts adjugés aux Parties- à faire & souffrir mettre lesdites Sentences à exé
intéressées. Ord. de Blois , art. 193. cution ; & néanmoins que toute audience & dé
fense luisera déniée jusqu'à cequ'à ses propres coûts
& dépens il ait fait exécuter lesdites Sentences , fans
I V.
espérance de pouvoir répéter lesdits frais & dépens
encore qu'en fin de Procès il obtînt gain de cause.
4. QuiJ, Mais au second cas , où la Rébellion seroít Même Edit , art. 3... Et d'autant que l'un des
£e„!a *?7 faite sans excéder & outrager les Huissiers , principaux mépris & illusion de notre Justice gît en
te fans ex- & qu on les empecneroit leulement d tíxe- la désobéissance que font plusieurs de nos Sujets
cès & ou- cuter les Mandemens de Justice dont ils aux saisies faites fur les biens & héritages par auto
tragu scroient chargés , en se tenant forts dans rité de Justice, ou en vertu des Contrats passés sous
notre scel , portans si peu de respect aux établisse-
les Maisons & Châteaux , nos Ordonnances mens ainsi faits , qu'ils outragent & excédent bien
ont cru devoir se relâcher de leur rigueur , souvent les Commissaires , prennent les fruits déf
en se contentant de punir seulement ces aits lieux saisis , & les font payer auxdits Com
missaires, fans qu'ils osent s'en plaindre par la vio
fortes de Rebelles de Peines corporelles ,
lence de nofdits Sujets; Nous voulons , en cas d'em
avec Confiscation & Rasement des Mai pêchement de fait donné auxdits Commissaires ou
sons & Châteaux , Privation de Droit de leurs Fermiers à l'exécution de leur commission par
Justice , Déchéance de tous droits aux cho les Propriétaires ou Possesseurs des lieux fur les
ses contentieuses , & condamnation aux Dé quels a été faite ladite saisie , lesdits lieux saisis ,
tant nobles que roturiers , être confisqués à Nous ,
pens , Dommages & Intérêts des Parties.
ou à ceux qu'il appartiendra ; fur lesquels lieux, tant
la Partie civile pour son dû, que lesd. Commissaires
Ceux qui tiendront Fort en leurs Maisons &
pour leurs frais , dommages & intérêts, s'il y échet,
Châteaux contre notre Justice , & Décrets d'icelle ,
seront préalablement payés. Ordonnons en outre à
& n'obéiront aux commandemens qui leur seront
nofdits Juges de procéder par Peine corporelle ou
faits, confisqueront leursdites Places à notre profit ,
pécuniaire, contre nofdits Sujets excédant ou trou
ou des Hauts Justiciers à qui il appartiendra, soit en
blant lesdits Commissaires , ainsi qu'ils verront le
pays oìi confiscation a lieu, soit en autre , sauf
fait mériter... Même Edit , art. 6... Voulons que
si , pour certaines grandes causes , est ordonnépar
les Ordonnances qui ont été faites , tant par les
Nous ou Justice , que lesdites Maisons & Châ
Rois nos Prédécesseurs , que par le feu Roi notre
teaux seront démolis ù rasés pour l'exemple ; & ou
très-cher Seigneur & frère , même par les Edits
tre , perdront lesdits rebelles & contumax tout
faits , tant à Moulins qu'à Amboise , contre ceux
Droit de Justice qu'ils auront èfdits lieux; laquelle
qui font résistance aux Juges & Commissaires Exé
fera réunie au profit de Nous , ou desdits Hauts-
cuteurs des Arrêts & Jugemens souverains, ôc tien
Justiciers , fans préjudice toutefois de punition de
dront fort dans leurs Maisons & Châteaux contre
corps , & perte du surplus de leurs biens , si elle y
la Justice & Décrets d'icelle , n'obéissant aux com
échet. Ord. de Moulins , du mois de Fc-
mandemens qui leur seront faits, soient entièrement
Sc
DES CRIMES COMMIS CONTRE L'ÉTAT, &c. : £jj
& rigoureusement observées ôc entretenues , fans d'une manière trop dure , & ignominieuse.
que par nos Cours de Parlcracns , ou autres Juge» , Nous avons plufieurs Arrêts qui ont même
les Peines contenues en iccux Edits , puilsent être
prononcé des Peines contre ces derniers ,
modérées. Ord. de B/ois, art. 191.
dans ces différens cas, conformément à
v. cette disposition particulière de l'Edit d'Anv
boise.
%. Privi- Enfin quant à la preuve de ces différen-
lege des tes espèces de Rebellions , ces mêmes Loix Et à ce que nosdìts Sujets n'aient ou prennent
Ve°rbaux accordent ce privilège particulier aux Pro- occasion pour les déportemens des Ministres deno-
en cette cès-Verbaux qui se dressent par les Huis- tredite Justice, pour n'être leur qualité par eux con
maúere. rjers en pareii cas f qu'ils peuvent suffire , nue , de leur résister lorsqu'ils feront lefdits actes de
Justice , nous enjoignons auxdits Sergens procéder
étant répétés par leurs Records , pour faire auxditcs exécutions avec toute modestie , lans user
décréter de prise de corps les coupables , de paroles arrogantes & insolentes , ains fe compor
tandis qu'ils peuvent seulement donner lieu ter envers ceux à qui ils feront lefdits Exploits ,
selon leur état & qualités, fur peine de Réparation
au décret d'ajournement personnel pour les honorable & profitable , & punition corporelle s'il
autres Crimes. y échet j & pour faire lefdits Exploits , he s'accom
Les Procès-Verbaux des Sergens & Huissiers , pagneront nofdits Sergens que de leurs Records, &
même de nos Cours , ne pourront être décrétés , n'auront d'autres armes que l'épée feule , sinon que
{sinon en cas dt Rébellion a Justice) que d'ajourue- par nos Juges autrement en soit ordonné. Edit
ment personnel seulement. Ord. de 1670. lit. 10. d'Amboife , du mois de Janvier i$66. art.\6.
art. 6.
V I. VIII.

6. QuU , H faut cependant convenir , que la rigueur


Enfin , le troisième cas où notre Juriípru- 8. Quid;
bdlion" ^es Peines °tue ces Loix ont attachées aux
a» Cava- Rebellions à Justice , doit cefler en plu- dence paroît s'être relâchée de la rigueur des *e$ j*),.
Maré-dC ^eurS cas suivant notre Jurisprudence , 8c Peines portées par les Loix contre les Corn- complices
chauffée, notamment dans les trois suivans. Le pre plices de ces Rebellions , c'est lorsque ceux- ^n^J^*"5
mier , lorsque cette Rébellion est faite seu ci se trouvent du nombre des prochesparens
lement à des Archers ou Cavaliers de Ma de celui que les Huissiers veulent arrêter ,
réchaussée , hors le cas où ceux-ci n'assis- ou contraindre par des saisies. En quoi l'on
teroient pas les Huissiers dans l'exécution a cru devoir suivre la disposition des Loix
des Jugemens. Nous voyons en effet , d'a Romaines , qui mettent , comme nous l'a-
près les Arrêts de ce Parlement , rendus fur vons vu , la parenté ou l'affinité au nombre
ï'appel des Sentences de la Connétablie, des causes qui servent à faire diminuer la
qui connoît principalement de ces sortes peine du Crime (1). Cependant nous trou
de délits , que les Peines , en ce cas , ne vons dans un Editde FRANÇOIS II, du mois
vont , le plus souvent , qu'à celle du Car de Décembre 1559, une disposition parti
can ou du Bannissement ; & quelquefois culière qui ne met aucune distinction entre
même à celle de l'Admonition , lorsqu'il les parens & les étrangers en pareil cas (2).
ne s'agit que de simples irrévérences. Aussi
n'est-il fait mention que des Huissiers dans (1) Datur venia affectioni parentum vel affinium.
Li ^.Jf. his , ff. de re Militari. V. aujsi la L. l. Cod.
les Loix que nous venons de rapporter. de Receptator.

VII. (1) Ordonnons que doresuavant quand il y aura


aucuns de nos Sujets condamnés , soit par défaut ,
7. Quid, Le second cas où il y a lieu de modérer soit par contumace ou autrement , au supplice de
mort , ou autres grandes peines corporelles , ou bien
""com- la rigueur de ces Peines , c'est lorsque les
bannis de notre Royaume , & tous fes biens confis
mis par les Huissiers auxquels auroit été faite la Re- qués , nos autres Sujets , soit leurs parens, ou autres ,
elxlsslmê kellion ne se seroient point eux - mêmes 11e les pourront recueillir , recevoir , cacher ne l'at-
mis en règle en procédant à l'exécution tirer en leur maison , ains seront tenus , s'ils fe re
tirent devers eux , s'en saisir pour les présenter à la
des Jugemens.; comme s'ils avoient fait Justice afin d'être à droit ; autrement en défaut de
refus de justifier de ces Jugemens , & de ce faire , voulons & entendons qu'ils soient tenus
donner les preuves de leur mission & qua pour coupables & confentans des Crimes dont les
lités ; ou bien s'ils avoient commis quelques autres auront été chargés , & condamnés & punis ,
comme leurs alliés, & complices de la même Peine
nullités dans leurs procédures ; ou enfin s'ils qu'eux. Edit de François II. du 17 Décembre
s'étoient comportés dans cette exécution 1559-

V
ij4 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. III. Tit. II.

■ ■>-. §. VIII. Du Bris de Prison.

. . , SOMMAIRES.

1. Mis au nombre des Crimes de Lèse- Ma par f Ordonnance de 1670.


jesté , & pourquoi. 3. Peine doit être augmentée vis-à-vis des
2. Point de Peine déterminée par nos Loix Geôliers & Guichetiers > complices.
fur ce Crime , néanmoins supposé grave

L
t. au ]NJous mettons le Bris de Prison au nom- baillé ou apport» ferrement par la porte ou autre
ment , par lequel il auroit fait quelque rupture ou
des"1 Cri- bre des Crimes de Lese-Majesté au second
démolition , celui qui aura baillé ledit ferrement ,
«nesde.Le- chef, parce qu'il blesse essentiellement l'au- sera tenu tout autant que s'il avoit rompu les pri
té.&p'óur- torité royale , en ce qu'il n'appartient qu'au sons , & óté les Prisonniers des mains de la Justice.
quoi. Souverain ou aux Officiers qui le repré Ord. de François I. à Ys-sur-Thiile , en OBobre
1535. art. 15.
sentent , de donner la liberté aux Crimi
nels , & de leur faire ouvrir les Prisons. I I I.
Aulïì ce Crime n'étoit pas moins puni ,
suivant les Loix Romaines , que du dernier Mais la rigueur de cette Peine devroit être 4. Peine
augmentée, fans contredit, dans le cas où le *™mee"_e
supplice (i).
Complice du Bris de Prison seroit du nombre tée vis-
(i) De his qui carcere effracto evascrunt , sumen- deceuxà qui la garde de Prison est confiée , Gg0S,ierdSe5
dum supplicium divi Fratres ^Emilio rironi rescrip-
serunt \ Saturninus enim probat in eos qui de car tels que les Geôliers & Guichetiers \ puis- &Guiche-
cere irrepscrunt , íìve effractis foribus , lìve conspi- qu'ils joindroient à ce Crime une prévarica- ™£*£oia'
rafione , cum caeteris qui in eadem custodia erant , tion particulière dans leurs fonctions ; pré
capiít puniendos } quòd si per negligerjtiam custo-
dufn evaseruat , leviùs puniendos. L. ì. Js. de efsracl. varication tellement punissable , à cause du
ff txpil. danger de ses conséquences pour Tordre
: ! ;. I I. public , que les Loix Romaines vouloient
qu'on fît subir à ces derniers la même
s. Point Nous ne connoissons dans ce Royaume Peine qu'auroient subi les Prisonniers dont
déterrai"6 aucune ^oi qui - détermine précisément
ils ont favorisé l'évasion (1) ; & que nos
née sur ce quelle doit être la punition de ce Crime. Ordonnances vont même jusqu'à prononcer
ks'Toa1 ^ous v°y°ns seulement que l'Ordonnance la Peine des Galères dans le seul cas où
duRoyan- de 1670 le mppofe néceslairement punissa ils auroient laissé vaguer les Prisonniers (z).
nt , mais ble , en ce qu'elle aíîùjettit ceux qui le com-
De manière qu'ils ne peuvent se soustraire
fupposé" mettent à toute la rigueur d'une procédure entièrement à quelque Peine , qu'en prou
grave par extraordinaire (i), A la vérité l'on peut dire vant qu'il n'y a pas eu de leur faute , comme
mncí'de auíï* d'UP autre c6té » (îUe J'0*5!^ de cette dans le cas où les serremens & instrumens
1670. instruction extraordinaire ne tend pas feu qui auroient servi au Bris de Prison , au
lement à faire punir l'infracteur de Prison roient été apportés de dehors , fans qu'ils
par une Peine plus forte que celle que mé- en aient eu , ni pu avoir connoissance (3).
riteroit le Crime même pour lequel il y
étoit détenu , mais encore à faire servir la (1) Ad Commentarienfem receptarum persona-
preuve de ce Bris de Priíòn à compléter rum custodia observatioque pertineat ; nec putet
celle de son Crime (2) , & sur-tout à parvenir, hominem abjectum atque vilem objieiendum elfe
Judicio , si reus modo aliquo fuerit elapsus ■ , nam
par ce moyen , à la découverte de ceux qui
ipsum volumus hujusmodi pœnâ consumi cui ob-
l'ont aidé à faire cette effraction. Nous trou noxius docebimr fuiíse qui fugerit. Si verò Com-
vons en effet dans l'Ordonnance de Fran mentariensis necessitate aliquâ procul ab ofrkioeje-
çois I, du mois d'Octobre 1535 , une dis cerit , adjutorem ejus pari jubemus invigilare curá ,
& eâdem statuimus Legis scveptate constxingi. L. 4.
position particulière , qui porte que ceux Cod. de Custud. reor.
•qui auront aidé à faire ces effractions , ou
(1) Défendons aux Geôliers de laisser vaguer les
qui auront fourni des serremens à cet effet , Prisonniers pour dettes, ou pour Crimes, fous peine
seront punis de la même Peine que s'ils de Galères. Ord. de 1670. Tit. 13. art. 19
avoient ôté les Prisonniers des mains de V. au surplus ce qui fera dit dans la seconde Partie ,
fous le Titre de la Police des Prisons.
la Justice (3).
(3) Carceris praepositus, si pretio corniptus, sine
(1) Le Procès fera aussi fait à l'Accusé pour le viuculis agere custodiam , vel ferrum venenumve
bris de prison par défaut & contumace. Ord. de in carcercm inferri pastus est , Officio Judicis pu-
1670. Tit. 17. art. 15. niendus est ; si uescit , ob negjigentiam removendus
(1) Qui s'enfuit, ou brise la Prison étant du cas est Ossicio. L. H.Js.de Cuflod. & exhib. reor. . . Ergò
atteint , s'en rend coupable , & quasi convaincu. si casu custodia defuncta dicatur, testationibus id.
Lors. Insi. Cout.L. 6. Tit. i. max. n. probnndiim est , & sic venia dabitur. L. 14. Js. $.js.
( 3 ) S'il advient qu'à aucuns Prisonniers soit eod. titul.
DES CRIMES COMMIS CONTRE L'ÉTAT , &c. ijj

. 1. -V: §. IX. De la Chartre Privée.

SOMMAIRES.

t. Mise au nombre des Crimes de Lese-Ma- Loix , lorsqu'il eft commis par d'autre;
jefié , suivant le Droit Romain. Que les Prévôts des Maréchaux ô les
Z. Peine capitale prononcée dans ce Droit t Huissiers.
même contre les Magifirats qui négligent Cas où la Chartre Privée efi permise en
de réprimer ce Crime. •■ - • ce Royaume.
3. Laissée d Varbitrage du Juge par nos

■ "... 1 h :1 ..."

aun mbt ovs mettonsla Chartre privée au nombre pables de ce Crime , mais seulement contre
des"0 Cri- des Crimes de Lese-Majesté ; parce que , les Prévôts des Maréchaux (1) , & les
mes de Le- comme nous Pavons dit , c'est au Souverain Huissiers (2) , qui font Chartre privée des
téssolvant ^eu^ <IU appartient de faire justice à ses Prisonniers qu'ils ont arrêtés , il en faut
le Droit Sujets , & de punir , par la perte de leur conclure qu'elle laisse la punition des pre
Romain. ]ikert£ , ceux qui en ont abusé , en se ren
mières, à l'arbitrage des Juges.
dant réfractaires à ses Loix.
(1) A l'instant de la capture , l'Accusé sera con
Personarum custodia ad solum Principem pertî- duit ès prisons du lieu , s'il y en a , sinon aux plus
net. L. 9. ff. ex quib. Caus. Maj. ... Si quis post- prochaines , dans vingt-quatre heures au plus tard.
hac réuni privato carcere destinavit, reus Majestatis Défendons aux Prévôts d'en faire Chartre privée
habeatur. L. unie. Cod. Theod. de carctris custo dans leur maison ni ailleurs , à peine de privation
dia. de leurs Charges. Ord. de 1670. tit. 2. art. 10.
(z) Les Accusés qui auront été arrêtés , seront in
I I. cessamment conduits dans les prisons , fans pou
voir être détenus dans aucune maison particulière ,
fì ce n'est pendant leur condujte , & en cas de péril
2. Peiné; -En. effet, les Loix Romaines réputent
A'enlévement , dont il fera fait mention dans le
capitale ce Crime tellement grave , qu'elles ne se Procès-Verbal de capture & de conduite, à peine
eée^dâns contententpas de déclarer criminels de Lese- d'interdiction contre les Prévôts, Huissiers , ouSer-
ce Droit , Majesté , & conséquemment puniíîàbles de gens , de mille livres d'amende envers Nous , &
des dommages & intérêts envers les Parties. Même
treîesMa- mort > ceux q1" ^e commettent , mais encore Ord. Tit. 10. art. 16.
gistratsqui les Gouverneurs des Provinces , qui , ayant
? connoissance de ce Crime , négligent de le IV.
i- réprimer (1).
L'on sçait d'ailleUrs , qu'indépendamment 4. Cas oîi
( 1 ) Jubemus nemini penitùs ljcere in quibus- du péril de l'enlèvement du Prisonnier dont '^^f
libet Imperii nostri Provinciis , vel in agris fuis ,
aut ubicumque domi , privati carceris exercere cus il est parlé dans l'art. 16 du tit. 10 de p"rmsíeen
todiam j viris clarissimis omnium Provinciarum J'Ordonnance de 1670, que l'on vient de ceR°yau-
Rectoribus datam operam , ut saspè dicta nefan- rapporter , il y a d'autres cas où la Chartre
dissimorum hominum arrogantia modis omnibus privée peut être permise , notamment -, 1 °,
opprimâtu r : nain post hanc saluberrimam Consti-
tutionem , & vir spectabilis pro tempore Praefec- lorsque l'Accusé est arrêté en flagrant délit *
tus angustialis. ... Et quicumque Pravinciae^Modc- jusqu'à ce qu'on ait pu le mettre entre les
rator Majestatis Crimen procùl dubio incuríurut mains de la Justice \ 20. lorsque la Prison
est , quicognito hujusmodi scelere , laesam non vin-
du lieu n'est pas sûre , & que le Prisonnier
dicaverit Majestatem. L. jubtmus. i. Cod. de priva-
tis caretrib. inhib. pourroit aisément s'évader; 30. enfin la
Chartre privée peut encore s'employer par
III. forme de correction, par des pères envers • " r
leurs enfans , & par des Supérieurs de Cou-
\ Laissée II paroît que la rigueur de ces Loix avoit
Vens envers leurs Religieux (1). Nous avons
à l'arbitra- d'abord été adoptçé parmi nous ; car nous
gedu Juge vu d'ailleurs, que les Parens pouvoient tenir
£ar nos voyons que par un Arrêt du Conseil , du
enfermés leurs parens insensés ou furieux ,
oix, lors 1 5 Novembre 1 608 , servant de Règlement
qu'il est & qu'ils y sont même tenus , suivant les Loix , '
commis entré le Vice-Sénéchal d'Armagnac & les
pour les empêcher de nuire (z).
par d'au Officiers de Leytoure , il est fait défense
tres que de retenir dans les maisons privées les Prir
JesPrévôts (1) Is tamen qui in potestate habet , hoc inter-
des Maré sonniers, à peine de la vie. Cependant,comme dicto non tenebitur , quia dolo ríialo non videtur
chaux & nous voyons d'un autre côté , que l'Ordon- habere qui jure suo utitur. L. ì.Js. 2. ff. de homine
les Huis- libtro exhibendo. ' • ". " . .
fiers. nance de 1 670 , intervenue depuis ce temps- * **
là , en même temps qu'elle défend les Char (i)Furiosis , si non possint per necessarios confí-
neri , eo remedio per Praesidem obviam eundum est,
tres privées , ne détermine aucune Peine soilicet ut carcere contineantur ; & ità divus Pius
contre les Particuliers qui se rendent cou- rescripsit. L.iì.ff. i.ff. de Officia Pœjìdis. ', . ,
V 2
156 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. III. Tit. II.

§. X. De VInfraction de Sauve-Garde ou Sauf-Conduit,

SOMMAIRES.

t. Espece de Crime de Lèse- Majestésuivant 3. Tuai de mort filon notre ancien Droit
le Droit Romain. François.
Z. Mis au nombre des Cas Royaux suivant 4. Puni aujourd'hui suivant les circonstan-
nos Loix ô Règlement. ces. Difpojition de ('Ordonnance Mili
taire a ce sujet.
L 1 t

1. Espece II est parlé de cette Infraction sous le de ce Crime n'étoît pas moindre que celle ancien
de Lèse! titre du Droit Romain ad Leg. Jul. Maj. de mort. (.). J*^
Majesté qui le met au nombre des Crimes de Lese- ( 1 ) Infraction de Sauve - Garde & d'Assurance
Drohki! Majesté (O » Parce qu'en effet 'ú tend a bra jurée par la Coutume de France , mérite la Hart.
ma™, ver l'autorité royale , & qu'il emporte une Lors. Inst.Cout.L. 6. rit. 2. max. 9.
espece de Rébellion à Justice. I V.
(1) Majestatis autem Crimen illud est. . . . QuoMais on a cru devoir se relâcher de cette 4. Puni
obiides injussu Principis interciderint. L. i.ff. ad
rigueur,en la faisant dépendre des circonstan aujour
Leg. Jul. mai.
ces (1). C'est ce qui résulte de la disposition d'hui fui-;
I I. vant les
de l' Ordonnance Militaire du premier Juil circons
a. Mi» an C'est aussi par cette raison sans doute que let 1 727 (2) , qui fait défenses , fous peine tances.
Disposi
desmbCa» 1,Edit de Cremieux , dont l'exécution a été de punition corporelle , ou de la vie , suivant tion de
Royaux ordonnée par différens Arrêts de Règlement Vexigence des cas , à toutes personnes que l'Ordon-
nance Mi«
nos^Loix ^u Paiement °^ Paris , notamment ceux ce puisse être, d'attenter ou d'entreprendre litaire àcc
& Régie- pour Laval , Angers & Montdidier met ces rien contre les Personnes , Villes , Bourgs , sujet»
meiw. sortes d'Infractions au nombre des Cas Villages , Châteaux , Hameaux , ou autres
Royaux. lieux auxquels Sa Majesté auroit accordé
I I I. Sauve-Garde.
(1) Cooyiiiz , fur la Cout. du Nivernois. Tit. ly
3. Puni de Suivant une des règles de notre Drofc art. 15.
mon fui- François , rapportée par Loysel , la Peine {i) V. Ord. du t. Juillet 1717. art. 30.
Tant notre

§. XI. De VlnfraElion de Ban , & de Galères.

SOMMAIRES,

t. Leur Peine , suivant la Déclaration de 4- Déclaration portant défenses aux Bannis


I727 , & celle du 31 Mai 1682. de se retirer en aucun temps a Paris , m
2. Distinction a £égard des Femmes en cette h la fuite de la Cour.
Ce qu'il faut pour rendre ces Infractions
matière.
3. Arrêt de Règlement qui ordonne la lecture Cas Prévôtaux.
de la Déd. de 1682 aux Condamnés.

r. Leur N O U S avons eu lieu , en traitant des nissement à temps , en Bannissement perpé*


Peine fui Peines , de remarquer celles que les Loix tuel : au lieu que celle de l'Infraction faite
vantlaDé-
claration avoient attachées aux deux espèces d'In au Jugement Prévôtal ne peut être moin
de 1717, fraction dont nous parlons ici , fçavoir , dre , suivant cette Loi , que les Galères à
& celle du
Ji Mai quant à l'Infraction des Galères , qu'elle temps , où à perpétuité.
168a. devoit être punie irrémifîìblement de mort,
( 1 ) V. cette Loi rapportée fous le Titre de la Peint
suivant la déclaration de 1727(1); & qu'à des Galères.
l'égard de l'Infraction de Ban , il falloit , (1) V. cette Loi rapportée íbus le Titre de la
aux termes de la déclaration du 3 1 Mai Peine du Bannissement.
1682 (2) , distinguer celle faite à un Juge
I l
ment Prévôtal , de celle faite à un Arrêt.
Qu'à l'égard de celle-ci , la Peine en étoit Nous avons encore observé à ce sùjet , *. Distinct
laissée à l'arbitrage de ces Cours , qui d'or que comme la peine des Galères qui est ''^dêt"
dinaire se contentent de prolonger le temps prononcée en général par cette Loi , ne femme"
du Bannissement , & de convertir le Ban- pouvoit avoir lieu contre les femmes , à en .cette
* ' matière.
DES CRIMES COMMIS CONTRE L'ÉTAT, &c. 157
cause de la décence due au sexe : c'est ce & de la Prévôté & Vicomté de Paris , &
qui avoit donné lieu à une autre Déclara de la fuite de la Cour.
tion du z 9 Avril (i) , par laquelle cette V. cette Loi rapportée au même endroit que
Peine a été convertie , à leur égard , en nous venons de citer.
celle de la Reclusion dans un Hôpital , à
V.
temps ou à perpétuité.
II nous reste seulement à observer ici en t. Ce qu'il
fr) V. cette Loi rapportée aussi fous le même
Titre de Peine des GaUrts. général , que , suivant une disposition par faut pour
rendre ces
ticulière de la Déclaration du mois de Fé Infrac
I l t vrier 173 1 , que nous aurons lieu de rap tions Ca»
Prévô-
porter en traitant de la Jurisdiction Prévô- taux.
Arrêt Nous avons aussi rapporté , relativement
4e Règle tale , rinfraction de Ban ne devient cas
à rinfraction de Ban , l'Arrêt de Règle
ment qui Prévôtal que lorsque le Bannissement a été
ordonne ment de ce Parlement de Paris , du 1 2 Mai
b lecture prononcé par le Prévôt des Maréchaux:
1685 » q1" ordonne que lecture íbit faite
de cesLoix en forte que lorsque la condamnation au
aux Con aux Condamnés , lors de la prononciation
damnés. Bannissement a été prononcée par d'au-
de leurs Jugemens , de la Déclaration du
tres Juges , c'est à ceux-ci de connoître
31 Mai 168 z, faite Contre ceux qui ne
de rinfraction qui y est faite. Cette Loi
gardent pas leur Ban (1).
excepte néanmoins , comme nous verrons ,
(1) V. cet Arrêt fous le Titre de la Peine du le cas où la peine de Bannissement au-
Bannijsemtnt. roit été prononcée par Arrêt des Cours ,
I V. soit en infirmant , ou confirmant les Sen
tences des premiers Juges : elle veut qu'a
r4. Décla
Enfin rrous avons ajouté à toutes ces lors il n'y ait que ces Cours qui puissent
ration por
tant défen dispositions , celle de la Déclaration du connoître de rinfraction du Ban ; & cela
ses aux 27 Août 1701 , qui veut que les Bannis quand même l'exécution de ces Sentences
Bannis de
se retirer par tous Juges , & en quelque lieu que ce auroit été renvoyée aux premiers Juges,
en aucun soit , soient censés Bannis en même temps V. Déclar. du mois de Févritr 1731. art. 5.
temps à
Paris, ni à
la fuite de
la Cour. §. XII. Du Péculat.

SOMMAIRES.

t. Péculat t confondu parmi nous avec le cas particuliers.


Crime Repetundarum du Droit Romain. 9. i°. Contre les Préposés a rAdministra
2. Ce qui le dijlinguc de la Concussion. tion des Finances.
3. Différence de nos Usages & de ceux 10. 20. Contre les Commis aux Recettes.
du Droit Romain en cette matière. 1 1 . Quid , a Végard des fimples Particu
4. De combien de Manières se commet ce liers.
Crime , suivant nos anciennes Ordon il. Motifs de V'Etablissement de la Chambre
nances. de Jujìice.
5. Comment peut se prouver , suivant ces 13. Peines prononcées par cette Chambre
mîmes Loix. n'ont été portées jusqu'à la mort.
6. Sa Peinesuivant les Loix Romaines adop 14. Peines Corporelles, converties en Pé
tées par nos anciennes Ordonnances. cuniaires.
7. Modération de cette Peine par des Loix 15. Edit portant Amnistie & Suppresstort'
postérieures. de cette Chambre.
8. Peine de Mort renouvellèe dans deux

I. I L

oífondu' Q^OIQu'ILParo^e dans Porigine , Nous disons deniers publics ; car si ce a,Cequí
parmi l'on ne connoissoit proprement , fous le nom vol est fait de deniers appartenans à de sim- le drstin-
nous avec péculat , que le Vol des deniers" Royaux, ples Particuliers , quoique par des Officiers Concuf.'*
le Crime _. * . ,, . J
Repttun- fait par ceux qui en ont le maniement, nous y publics , ce n'est point un Péculat , mais fion.
darum^ comprenons néanmoins , dans nos Usages, le une Concussion , ou une Exaction , dont nous
r°' Voldesdeniers publics,par ceux qui, en étant
allons parler dans un moment-
chargés comme dépositaires", les retiennent
pour les appliquer à leur profit. En forte I ì l
que nous ne distinguons point ce Crime de
celui connu , dans le Droit Romain , fous Nous ne nous arrêterons point à rap- 3.D;ffé-
1e nom de Repetundarum. peller ici les dispositions des Loix Romaines ^""uso
158 LES LOIX CRIMIN ELLES, Liv. III. Tit. II.
ges & às fur ce Crime, comme contenant des principes mées avoir été souvent en danger de se perdre; .*!!
Ceux qui seront convaincus d'avoir baillé ou reçu
Droit Ro- Pour ^a plûpart étrangers à la nature de notre
quelques deniers , ou autres gratifications , pour
main en Gouvernement , fur la forme de l'Admí- n'être pas pressés par les autres Comptables assignés
tfere nU~ n^rat^on des Finances. Nous avons d'ail fur eux , ou pour ne les pas presser ; . . . . qui au
ront fait omission de recette , faux ou double em
leurs , fur le Péculat , une foule de Loix
ploi , fausses reprises , compositions avec les assi
qui ont pourvu généralement à tout ce gnés , ou achat des mandemens , rescriptions ou
qui peut concerner ce Crime , soit par rap quittances , & choses semblables. Ordonn. de Louis
port aux différentes manières dont il peut XIII. du mois de Janvier 1619. art. 390. 392. 393.
394- 395- 396- 397- ^ 3?8.
fe commettre , soit par rapport aux diffé
rens genres de punition dont il peut être
.'V.
susceptible, soit enfin fur la qualité des
preuves qui peuvent s'employer pour en 2°. Quant à la manière de prouver ce Cri- f. Coma
convaincre les Coupables. me , on trouve dans l'Ordonnance de 1 629 ,
que nous venons de citer , deux dispositions suivant
I V. remarquables fur ce point. Parla première , ^^íme*

4.De com i°. Quant à la manière de commettre ce cette Loi veut que la preuve par témoins
bien de Crime , il paroît , suivant nos Loix ( & prin puisse être admise en cette matière , encore
manières
se commet cipalement l'Ordonnance de Louis XIII , que les sommes excéderoient celle de 100 1.
ce Crime en 1629 , qui a renouvellé fur ce point les en quoi elle déroge à la disposition de celle
suivant
nos an dispositions des précédentes ) que ce Crime de Moulins. Elle veut de plus , que l'on
ciennes fe commet par tous ceux généralement qui , puisse admettre les témoinssinguliers ; & que
Ordon lorsqu'il s'en trouveroit trois de cette qua
nances. étant préposés pour le maniement des de
niers Royaux , comme Receveurs , Tréso lité qui dépoferoient des faits de même na
riers , Commis , Caissiers , emportent ces ture , quoique différens par rapport aux per
mêmes deniers dont la recette leur est con sonnes , ils vaudroient autant qu'un témoin
fiée : ou qui les détournent de leurs caisses entier. Par l'autre disposition , cette Loi
pour les employer à leur uíàge particulier: veut que l'on soit réputé convaincu du
ou bien qui se latitent & se retirent hors divertissement des deniers , & de les avoir
du Royaume fans avoir rendu compte & employés à son profit particulier , par cela
payé le reliquat de ce qu'ils doivent pour seul, qu'on se trouveroit débiteur de grandes
raison de l'administration de leurs charges sommes , fans pouvoir vérifier la cause de
& recettes : ou qui , dans les comptes qu'ils ses pertes , & fans avoir fait aucune plainte
rendent , font de faux emplois & des omis ni poursuite en Justice à ce sujet.
fions , & s'y fervent de faux actes & quit
Ordonnons que la preuve du Péculat fera reçue
tances qu'ils auroient fabriqués ou fait fa par témoins , nonobstant qu'il soit question de
briquer à cet effet : ou qui auroient dissipé plus de cent livres , à quelque somme que l'ac-
ces deniers en les jouant , donnant à rente cusation puisse monter , & que trois témoins sin
guliers déposant des faits de même nature , quoi
ou intérêts , &. les employant en achat de
que différens pour le regard des personnes , vau
meubles ou immeubles à leur profit parti dront autant qu'un témoin entier, & que les Do
culier : ou qui auroient retenu ces deniers nations faites par nos Officiers qui se trouveront
au lieu de les employer aux usages pour atteints & convaincus dudit Crime de Péculat à
leurs enfaus , & la dot constituée à leurs filles de
lesquels ils étoient destinés : ou enfin qui puis qu'ils seront entrés en charge , pourront être
auroient donné des sommes , par forme de répétées pour le paiement des restitutions & con
gratification , pour n'être pas pressés dans damnations qui Nous feront adjugées contre eux ,
la reddition du compte dont ils font fors pour le regard de ladite dot , laquelle ne pourra
être répétée que pour le paiement du simple. Ord. de
chargés. Louis XIII. en 1629. art. 400 Ceux qui se
trouveront débiteurs de grandes sommes , fans pou
Rcnouvellant les Ordonnances faites pour le voir vérifier la cause de leurs pertes, & avoir fait
Péculat & Malversation des Finances , Nous décla plainte & poursuite d'icelles , pour ce qu'à faute de
rons coupables de Péculat & avoir encouru les ce , ils demeureront convaincus de divertissement
Peines d'icelui emportant confiscation de corps Sc
de nos deniers , & de les avoir employés à leur
de biens, ceux qui feroient convaincus d'avoir fait
usage particulier. Mime Ord. art. 391.
banqueroute , & emporté nos deniers Ceux qui
joueront de 110s deniers & de leurs Charges , soit
Maîtres ou Commis. . . . qui bailleront nos deniers V I.
à rente , change , ou intérêts qui changeront
les espèces qu'ils auront reçues , & en acheteront 3 b. Quant à lapunition de ce Crime , si l'on ' 6. Sa Pei-
d'autres pour faire les paiemens j. . . . qui auront remonte au Droit Romain , il paroît qu'il ,ne sitlivant
fabriqué ou fait fabriquer de faux rôles , fauises ,, . „ , , . , ; iV> . les Loix
quittances , ou autres actes , ou qui les emploie n etoit d abord puni que de la Déportation , Romaines
ront ou s'en serviront Ceux qui retiennent nos ensuite d'une simple Amende ; mais qu'enfin **°?**qf
deniers, ne les emploient incontinent, & àl'iastant la fréquence de ce Crime a forcé les Em- Sonnai
qu'ils les ont reçus à i'effet pour lequel ils font pereurs à porter cette Peine jusqu'à celle ces-
donnés , même fous prétexte de n'avoir pas reçu
les assignations entières , fans en donner avis à de Mort. C'est auííî par la même raison
notre Conseil , duquel mal Nous voyons nos ar- que cette derniere Peine a été adoptée
DES CRIMES COMMIS CONTRE L'ÉTAT , ôte. 1 59
úe la part de nos Souverains. L'on en Crime , & leurs Complices , comme faisoit
trouve plusieurs exemples remarquables l'Ordonnance de 1629; mais qu'elles veulent
dans notre Histoire , notamment fous les que l'on distingue à cet égard Ceux quî
règnes de Philippe-le-Bel , de Louis-le- sont préposés à l'administration des Finan
Hutin & de Charles VIL Elle se trouve ces , tels que les Receveurs & Tréso
sur-tout portée expressément par l'Ordon- riers , &c. des Commis , Caissiers & autres
nance de Louis XIII , à la fuite des diffé Préposés pour le maniement des deniers des
rentes eípeces de Péculat que nous venons Fermes du Roi : comme aussi , que l'on dis
de remarquer d'après cette Loi. tingue ces derniers , des simples Particuliess
qui auroient favorisé leurs divertissemens
Toutes lesdites fautes étant larcins publics , com & retraites.
mis par ceux qui sont ordonnés pour l'administra-
tion des Charges, dont les fautes commises en leurs I X.
mêmes Charges , sont non-seulemcnt de la même
ou plus grande considération que les larcins domes
tiques , punis de mort , même pour des sommes mé Ainsi , quant aux Préposés à l'Ad- $:i°.Coii;
diocres , mats aussi à raison du mal que causent les minoration des Finances , ils doivent être P£é'
divertissemens , larcins & autres fraudes susdites.
Ord. de lózp. art. 398. punis irrémissiblement de mort , suivant la rAdminif-
derniere de ces Loix , lorsqu'ils sont con- gfjj^ff*
V I I. vaincus d'avoir employé à leur usage par
ticulier , ou détourné les deniers de leur
7. Modé- Cependant , il faut convenir que les Loix caisse ; & il est défendu aux Juges , à peine
cetteBPei- P°ftérieures à cette Ordonnance ont un peu d'interdiction , & de répondre , en leurs
ne par des varié à cet égard. Car nous voyons en- propres & privés noms , des dommages &
teri'euress" tr'autres > Par une Déclaration du 26 No intérêts , de modérer cette Peine.
vembre 1633 , qu'il est porté expressément
Pour empêcher à l'avenir les divertissemens qui
qu'il en feroit usé , relativement à la Peine pourroient être faits par les Receveurs , Trésoriers
de ce Crime , comme avant cette même & autres préposés pour le maniement de nos deniers,
Ordonnance , c'est-à-dire , conformément voulons que ceux qui auront employé à leur usage
à la disposition de l'art. premier de l'Or- particulier, ou détourné les deniers de leur caisse ,
soient punis de mort, fans que la Peine puisse être
donnance de FRANÇOIS I , du premier Mars modérée par les Juges qui en devront connoître , à
1 545 (1) , qui se contentoit de prononcer en peine d'interdiction , & de répondre en leurs pro
général la Confiscation de corps & de biens; pres & privés noms , des dommages & intérêts. V.
Peine qui ne s'entendoit dans ce temps-là , Dêclar. du 3 Juin 1701 , Reg.le 5. du mime mois.
suivant la remarque de nos Auteurs , que
de celle des Galères à perpétuité , ou du X.
Banniiîement perpétuel.
2°. A l'egard des Commis aux Recettes I0;
(1) Ordonnons que le Crime de Péculat sera puni générales & particulières , CaiJJîers ô au- Contre les
par confiscation de corps & de biens par quelque tres ayant maniement des deniers des Fer- fu<xRecet-
personne qu'il ait été commis ; & si le délinquant
est noble , sera , outre la susdite Peine , privé de mes , qui sont convaincus d'avoir emporté
noblesse , lui & ses descendans déclarés vilains & ro les deniers qu'ils ont reçus ; il y a aussi
turiers ; & si aucuns Comptables se latitent & se re peine de mort portée contr'eux par la Dé
tirent de notre Royaume & Pays de notre obéissan
claration du 5 Mai 1690(1); mais avec cette
ce, fans avoir rendu compte, & payé le reliquat par
eux dû du fait & administration de leurs Charges restriction néanmoins , que cette Peine ne
& recettes , ordonnons qu'il sera procédé à rencon doit avoir heu que lorsque le divertiílè-
tre d'eux par la déclaration des mêmes Peines, que ment est de 3000 liv. &au deíîus ; & s'il
contre ceux qui auront commis ledit crime de Pé
culat. Ord. de François l. à Saint-Germain-tn-Laye , est au dessous , ils ne peuvent , suivant la
du mois de Mars 1545. même Loi , être punis que de Peines
afflictives , telles que les Juges l'arbitre-
VIII. ront.

S. Peine A la vérité , il est intervenu , depuis ce (i)L»OUIS,&c-.. Par nos Ordonnances des mois
de Mort temps-là , d'autres Loix qui ont renouvelle de Mai & Juin 1680 , Juillet 168 1, & Février 1^87 ,
Nous avons suffisamment établi la sûreté des droits
íée^dan»" la peine de Mort portée par l'Qrdonnance de nos Fermes contre les redevables , en imposant
deux cas de 1629 , notamment la déclaration du des Peines proportionnées auxdissérens cas de frau
fie«.CU" 5 Mai 1690 , & celle du 3 Juin 1701. des qu'ils commettent ; mais il Nous reste à pour
voir à ce que les Commis de nos Fermes qui en re
Mais il faut encore remarquer, relativement
çoivent les deniers , ne puissent à l'avenir les diver
à ces dernieres Loix , dont nous allons tir & les emporter , ainsi qu'ils ont fait dans les
mettre les dispositions fous les yeux de nos baux précédens , fans crainte d'en être punis , sous
Lecteurs , qu'elles ne prononcent point prétexte que nos dernieres Ordonnances fur le fait
de nos Fermes , n'ont point renouvelle , à leur
indistinctement la Peine de mort contre
égard , les Peines capitales portées contre les Ban
tous ceux qui se rendent coupables de ce queroutiers , par l'Ordonnance de François J. du
r]6o LES LOIX CRIMINE LLES "," Liv. III. Tit. II.

i. Mars 1545, par l'art. 142 de l'Ordonnance d'Or Civil St Criminel , & autres différends mus
léans , par l'art. 205. de celle de Blois , & par & à mouvoir , pour raison de Péculat , Con
l'Edit de Henri IV. du mois de Mai 1609 , donné cussion , Exaction & Malversation au fait des
nommément contre lesdits Commis rétentionnaires.
A cts Causes, Nous avons par ces Présentes signées Finances du Roi, &c. Ce Tribunal fut érigé
de notre main , dit , statué & ordonné , disons , sta par l'Edit du mois de Mars 1 7 1 6 , fous le
tuons & ordonnons , voulons & nous plaît , que nom de Chambre de Justice.
conformément auxdites Ordonnances & Edits, tous
Commis aux Recettes générales & particulières , XIII.
Caissiers & autres ayant maniement des deniers de
nos Fermes , lesquels seront convaincus de les avoir L'on voit , par cet Edit , que les Juges 13. Peine*
emportés, seront punis de mort , lorsque le diver pronon
tissement sera de 3000 liv. & au-dessus , & de telle y sont autorisés à prononcer toutes sortes cées par
autre Peine affliSive que nos Juges arbitreront lors de Peines , soit capitales , afHictives , ou cette
qu'il sera au-dessous de 3000 liv. Défendons à tou Chambre
pécuniaires , telles qu'ils jugeroient à pro n'ont été
tes personnes de favoriser leurs divertissemens & pos. Aussi voit-on , par les Jugemens qui portées
, retraites, à peine d'être rendues responsables solidai-
,1 ò) rement des deniers emportés , dommages & inté furent rendus en conséquence par cette jusqu'à
mort.
la
rêts de nos Fermiers. Lorsqu'un Receveur se sera Chambre , que les Peines y font variées
absenté , le scellé sera mis fur les effets & papiers , suivant les différens cas : mais on remarque
& levé dans la huitaine au plus tard parle Juge au
en même temps que ces Peines n'ont jamais
quel la connoissance en appartiendra , & à son dé
faut , par le plus prochain Juge des lieux ; Inven été portées jusqu'à celle de Mort.
taire fait , les comptes dressés fur les acquêts & re
gistres qui se trouveront fous les scellés ; les états X I V.
filiaux posés ,'& les débets formés , fur lesquels in
terviendra le Jugement dudit compte; le tout en la II y a plus , le grand nombre de ceux M- Pe'mei
présence , & sur les Conclusions de notre Procu qu'il auroit fallu sacrifier à la rigueur de feTconvér-
reur, ou son Substitut. Faison1! défenses à tous Juges cette derniere Loi , ne tarda pas d'exciter pe
de recevoir & arrêter les comptes desdits Commis la bonté du Législateur à tempérer cette cunUlre*•
fur les assignations qu'ils en feroient donner à nos
Fermiers , desquels nous les déchargeons de plein rigueur , en laiíïànt aux Juges de cette
droit. Voulons que lesdits comptes soient présentés Chambre la faculté de pouvoir convertir
á nos Fermiers , & arrêtés par eux ou leurs Procu
reurs , sauf auxdits Commis de se pourvoir parde- les Peines capitales & afHictives , pronon
vant les Juges qui en doivent connoître , pour rai cées par l'Edit précédent , en de simples
son des griefs qu'ils articuleront , & qu'ils ne pour peines pécuniaires. Tel fut l'objet particu
ront proposer qu'après avoir payé , par provision , lier de la Déclaration du 1 8 Septembre de
entre les mains de nos Fermiers , & à leurs cau
tions , les débets clairs portés par les arrêtés de la même année , qui ordonne en même
leursdits comptes. Décl. du 5. Mai 1690. temps des taxes , fur chaque particulier ac
cusé , proportionnées à leurs facultés.
X I.
» » X V.
11. QM, 3°. Enfin pour ce qui concerne lessimples Ce ne fut pas tout -, quoique la plupart i«. Edit
des im* ^>articu^iers f°nt convaincus d'avoir fa- de ces accusés ne se fussent point mis en P0"3,?.1
t r- 1 amnistie
pies . par- vorisé les divertissemens & retraites des devoir de donner les Etats de leurs biens &fuppres-
«culiers. Commis dont on vient de parler , cette
dans le délai fixé par cette Déclaration , & [e°
même Déclaration de 1690 ne prononce
qu'ils se fussent mis par-là dans le cas d'être bre.
contre eux d'autres Peines que celles d'être
condamnés aux Peines rigoureuses établies
responsables solidairement des deniers qui
par la Déclaration du mois de Mars 1716,
auroient été divertis , & des dommages &
les mêmes vues de bonté & de clémence
intérêts des Fermiers. qui avoient porté le Législateur à modérer
Défendons à toutes personnes de favoriser leurs la rigueur de ces Peines , le déterminèrent
divertissemens & retraites , à peine d'être responsa enfin à les remettre entièrement par une
bles solidairement des deniers emportés, dommages Amnistie générale qu'il voulut bien accor
& intérêts de nos Fermiers. Mime Décl. du 5 Mai
der à tous ceux . qui se trouvoient compris
1690 , rapportée cidejfus.
dans les précédentes Loix ; & c'est ce qui
XII. fut fait par une derniere Loi qui révoque
& supprime en même temps la Chambre
is. Mo- ^u fùr-phis , quelque sages & précises de Justice ; l'on veut parler de l'Edit du
tifs de ré- que surent les précautions prises par ces mois de Mars 1717 , dont les dispositions
mentck la dernieres Loix pour empêcher les progrès sont trop remarquables , pour n'être pas
Chambre & l'impunité de ce Crime , les Coupables rapportées ici.
de Justice. ne iaisferent pas de se multiplier à tel
point , au commencement du dernier règne , LoUíS ,&c... Le nombre prefqu'infini d'abus
qu'on ne crut pouvoir y remédier d'une & de malversations qui ont été commises pendant
manière plus efficace , que par rétablisse vingt-cinq années de guerre dans la perception & le
maniement de nos deniers , & la licence fans bor
ment d'un Tribunal particulier , pour ins nes avec laquelle les Usuriers publics avoient abusé
truire & juger en dernier ressort tout Procès des besoins de l'Etat , & de la misère de nos Peu
ples ,
DES CRIMES COMMIS CONTRE L'ÉTAT, &c. 16 1
pies , Nous ont obligé à établir une Chambre de de nos Finances pour l'avantage de nos Sujets , dont
Justice , dont la sévérité pût arrêter le cours de la dé- le nôtre est inséparable. C'est dans cet esprit que
{(rédation , & obliger tous ceux qui avoient fait des Nous avons toujours travaillé depuis la commen
brtunes aussi immenses , que précipitées , à décla cement de notre Règne ; & nos Peuples en ont déjà
rer des gains la plupart illicites , qu'il étoit de leur senti les effets , par la suppression des quatre sols
intérêt de cacher. Les recherches qu'elle a faites , pour livre , que le malheur des temps avoit
& les états qu'une grande partie de ceux qui en obligé d'ajouter à tous les droits qui se levent
étoient l'objet, ont donnés de leurs biens, Nous ont á notre profit ; & quoique le commerce de toutes
fait connoître également la grandeur du mal , & les denrées & marchandises se trouve par-là con
la difficulté du remède. Plus Nous avons voulu en sidérablement déchargé, Nous espérons que les me
approfondir la cause & le progrès , plus Nous avons sures que nous prenons de jour en jour pour pro
reconnu que la corruption s'étoit tellement répan portionner la dépense à la recette, Nous mettront
due, que presque toutes les conditions en avoient en état de parvenir à procurer encore de plus grands
été infectées , en sorte qu'on ne pouvoit employer soulagemens à nos Peuples , dont la félicité sera
la plus juste sévérité pour punir un ii grand nombre toujours le premier & le principal objet de notre
de coupables , fans causer une interruption dange Gouvernement. A ens Causes & autres à ce Nous
reuse dans le commerce , oc une efpece d'ébranle mouvant , de l'avis de notre très-cher & très-amé
ment général dans tout le corps del'Etat. Et comme Oncle le Duc d'Orléans, Régent ; de notre très-
son intérêt est une loi suprême , à laquelle Nous cher & très-amé Cousin le Duc de Bourbon ; de
devons faire céder toutes les autres , Nous avons es notre très-cher & très-amé Oncle le Duc du Maine j
timé qu'il étoit à propos de modérer la rigueur de de notre très-cher & très-amé Oncle le Comte de
notre justice , pour nc pas tenir plus long- temps un Toulouse , & autres Pairs de Frauce , grands & no
grand nombre de familles dans une incertitude tables Personnages de notre Royaume, & de notre
capable d'arrêter le cours des affaires , & de sus grâce spéciale, pleine puissance & autorité Royale...
pendre la circulation de l'argcnt , qui fait que ton Art. I. Nous avons quitté , remis & pat donné à
tes les parties de l'Etatse prêtent un secours mutuel tous ceux qui sont compris , tant dans notre Edit
pour le bien général en particulier. C'est dans cette du mois de Mars dernier , portant établissement
vue que , par notre Déclaration du iK Septembre de la Chambre de Justice , que dans nos Déclara
dernier , Nous avons bien voulu Nous relâcher de tions rendues en conséquence , soit qu'ils soient em
la sévérité de notre premier Edit ; & convertissant ployés dans les Rôles, ou qu'ils n'y soient pas em
en Peines pécuniaires celles qui font portées par nos ployés; &c par notre présent Edit, qui leur servira
Ordonnances , Nous avons cru devoir Nous con d'amnistie & de décharge générale , sans qu'au
tenter de retirer des Financiers , par des taxes pro cun d'eux ait besoin d'eu obtenir de particulière ,
portionnées à leurs facultés , au moins une partie Nous leur remettons , quittons , pardonnons & abo
de ce qu'ils ont exigé de nos Peuples , qui profi lissons tous les crimes , délits, malversations & abus
teront tous de cette restitution , par l'usage que par eux commis à l'occasion de nos F inances 8c
Nous en faisons pour la libération de l'Etat. Les deniers publics, tant avant , que depuis le premier
taxes ordonnées par cette Déclaration ayant été fai Janvier 1689, jusqu'au jour de notre présent Edit ,
tes suivant les règles que nous avons prescrites en sans qu'eux , leurs enfans , veuves & héritiers puis
notre Conseil , & à la faveur desquelles près de sent , pour raison desdits crimes , délits, malversa
trois mille personnes , qui avoient fourni des états tions St abus , être recherchés ni inquiétés à l'ave-
de leurs biens, ont été jugées ne devoir point être nir en leurs personnes & biens , civilement ou cri
taxées , il ne nous resteroit plus , pour suivre entiè minellement , en quelque forte & manière que ce
rement le plan que Nous nous étions proposé par puisse être ; imposant sur ce, silence à nos Procureurs-
notre Déclaration du 17 M;irs 1716" , & par celle du Généraux, présens & àvenir,& àtousautresjot Nous
18 Septembre dernier , que de faire poursuivre à les avons de plus déchargés & déchargeons , à notre
la rigueur ceux qui , au lieu de profiter de tous les égard , de toutes recherches & solidités , pour rai
délais que Nous avons eu l'indulgence d'accorder son des condamnations qui peuvent être interve
aux Gens d'affaire , & autres Justiciables de la nues contre leurs associés , en ce toutefois non com
Chambre de Justice , n'ont pas encore donné l'état pris , à l'égard des Comptables , le simple des omis
de leurs biens , & de les faire condamner aux Pei sions de recette , faux & doubles emplois , fausses
nes rigoureuses établies par notredite Déclaration reprises , & erreurs de calcul, pour lesquelles les
du 17 Mars. Mais voulant user de clémence à prévenus ne pourront être poursuivis que civilement,
l'égard de ceux mêmes qui le méritent le moins , le tout en payant, tant par ceux qui ont été taxés
pour ne rien laisser subsister après la Chambre de fur les déclarations de leurs biens , en exécution de
Justice , qui puisse troubler la tranquillité des fa notre Déclaration du 18 Septembre dernier , que
milles , la liberté & la facilité du commerce , par ceux qui , n'ayant pas fourni de semblables dé
Nous avons jugé à propos de faire dresser un état clarations , quoiqu'ils y fussent obligés , ont néan
exact de ceux qui étoient dans ce cas , fur les dé moins été compris dans les Rôles arrêtés en notre
clarations qui ont été fournies par les autres , & Conseil , les sommes pour lesquelles ils y ont été em
fur les résultats de notre Conseil , & autres actes ployés j comme aussi fans préjudice du paiement
qui nous en ont donne la connoissance , & de les de leur part personnelle des condamnations inter
comprendre dans les Rôles arrêtés , eu exécution de venues contre eux , en ce que leur part personnelle
notre Déclaration du 18 Septembre , afin que pour desdites condamnations se trouvera excéder les som
le bien général du Royaume , ils puissent partici mes auxquelles ils ont été taxés , au paiement des
per à une amnistie, dont ils devroient être exclus quelles taxes & dudit excédent ils seront contraints
par leur désobéissance : ainsi l'exécution de notre comme pour nos propres deniers & affaires ; rete
Déclaration du 18 Septembre étant entièrement nant à Nous & à notre Conseil l'exécution desdits
consommée , nous croyons qu'il est temps de faire Rôles , que nous avions attribuée à notredite Cham
cesser l'usage d'un remède extraordinaire , que les bre , par notre Déclaration du 18 Septembre der
vœux de toute la France avoient demandé , & dont nier... Art. II. En conséquence de l'amnistie gé
il semble qu'elle désire également la fin. Nous nous nérale portée par l'article précédent , Nous avons
portons d'autant plus volontiers à prendre cette ré révoqué , éteint & supprimé , révoquons , éteignons
solution , que Nous pouvons désormais recueillir le & supprimons la Chambre de Justice établie par
principal fruit de cet établissement passager, non- notre Edit du mois de Mars 1716 , fans préjudice
feulement par l'extinction d'une partie considérable néanmoins de l'exécution des Arrêts rendus par la
des dettes de l'Etat, mais encore par Tordre & l'ar- dite Chambre , qui seront exécutés selon leur forme
rangement que les recherches qui ont été faites Nous & teneur : & quant aux Procès criminels com
mettront en état d'apporter dans l'administration mencés en ladite Chambre de Justice contre un
X
j6i les loix crimin ELLES , Liv. III. Tit. IL
petit nombre de Particuliers que Nous n'avons pas comptables , Traitans & autres , soient rendus en
jugé devoir être compris dans les Rôles arrêtés en la manière ordinaire , comme avant rétablissement
notre Conseil , ils seront continués par nos Cours de ladite Chambre de Justice. Si donnons en
& Juges qui doivent en connoître , & à qui ils fe mandement à nos amés & féaux Conseillers ,
ront renvoyés par les Arrêts particuliers que Nous les Gens tenant notre Cour de Parlement , Cham
rendrons à cet effet... Art. III. Les saisies réelles bre des Comptes 8t Cétir des Aydes à Paris , que
& mobiliaires des biens-meubles & immeubles qui notre présent Edit ils aient à faire lire , publier & en
ont été & qui feront faites en exécution desdits Rô registrer , & le contenu en icelui garder , observer &
les arrêtés en notre Conseil , & des condamnations exécuter selon sa forme & teneur , nonobstant tous
prononcées en notre Chambre de Justice , ensemble Edits , Déclarations & autres choses à ce contraires ,
les adjudications & discussions qui devront être faites auxquels nous avons dérogé & dérogeons par ledit
en conséquence , seront portées en notre Cour des présent Edit : Car tel est notre plaisir. Et afin que ce
Aydes de Paris , en la première Chambre de no- soit chose ferme & stable à toujours , Nous y avons
tredite Cour , à laquelle Nous avons attribué & fait mettre rtotre scel. Donné à Paris , au mois de
attribuons toute jurifdiction & connoissance , 8e Mars , l'an de grâce mil sept cent dix-sept , & de
icelle interdite à toutes nos autres Cours & Juges. notre Règne le deuxième. Signé , LOUIS. Regisiré
Voulons au surplus , que les comptes des Officiers au Parlement le it du mime mois.

§. XIII. Des Crimes de Concussion, Exaction & Malversation,

SOMMAIRES.

t. Qu est-ce que Concuffion en général ì 6. Peines portées contreux par nos Ordon
z. Se commet par quatre sortes de per nances.
sonnes. 7. Peines particulières contre les Juges s
3. Cas où elle efl connue plus proprement suivant le Droit Romain.
fous les noms ^Exaction ô Malver 8. Peines suivant nos Loix ô Régle-
sation. mens.
4. Concuffion dont il s'agit , de combien 9. Par qui doivent être prononcées ces
de manières se commet. Peines.
5. Peines portées par les Loix Romaines 1 o. Quid , en fait de Concussions commises
contre les Gouverneurs & Magistrats de parles Substituts des Gens du Roi.
Province qui tomboient dans ce Crime.

I. III.

«°-qùeest" S O U S le nom de Concussion en général , Les prévarications qui se commettent dans y. Cas
Conçus- l'on entend le Crime de ceux qui abusent les trois premiers cas , sont connues propre où elle est
connue
|j?nale" 8** de l'autorité que leur donnent leurs places ment sous le nom d' Exaction ; & celles com plus pnH
pour extorquer des Sujets du Roi des droits mises par les Greffiers , Huissiers , & même Îirement
ous les
qui ne leur sont pas dûs , ou de plus forts par les Avocats , Procureurs & Notaires , noms d'E-
droits que ceux qui leur font dûs. sous le nom de Malversation ou de Calomnie. xattion St.
Malversa
En sorte que ce n'est proprement qu'à celles tion.
Lege Juliâ repetundarum tenetur qui cùm ali- qui se commettent par les Juges & les Gens
quam poteíhtem haberet , pecuniam ob judican-
dum decerneudumve acceperit... vel quo magis aut du Roi que s'applique le nom de Concuffion
minus quid ex officio suo faceret. L. 3 & 4. ff. ad dont nous voulons parler ici. Ce font
Leg. fui. repetund. celles aussi qui font le principal objet des
I I. Loix & des Réglemens faits fur cette ma
tière. Nous aurons lieu de parler de celles
i.Secom- II paroît , d'après nos Loix, que ce commises par les autres Officiers dans leurs
quatrePfor- ^"me ^e commet par quatre fdrtes de per fonctions , en traitant de la Calomnie.
tes de per- sonnes , i°. parles Gouverneurs ù Inten-
sonnes. jans fa provinces , qui prennent de l'ar- I V.
gent pour exempter de la Milice ou des
Corvées , ou pour accorder quelqu'autre II paroît , d'après ces Loix & Réglemens , '4- Cour
grâce j 2°. par les Chefs ô Membres des que ce Crime se commet par les Juges & par jJ^J1,.^
Compagnies Militaires , qui prennent , les Gens du Roi de plusieurs manières , & gît , de '
exigent ou extorquent des deniers pour qu'il n'a pas lieu feulement, lorsque ces Offi- "mbieî'
exempter les Maisons & Villages du Lo ciers conviennent áe raire quelque choie pour ressecom-
gement des Gens de guerre ; 3 °. par les Sei de l'argent , ou pour quelqu'autre récom- met'
gneurs qui surchargent leurs Sujets par de pense qui leur est donnée ou promise (1).
nouveaux impôts ; 4°. enfin , par des Offi comme v. g. lorsqu'ils font des composi
ciers de Justice , tels que Juges , Gens du tions avec des Accusés , ou qu'ils s'enten
Roi , Greffiers , Huiffiers , même par les dent avec les Seigneurs pour condamner ,
Avocats , Procureurs & Notaires qui abusent à leur profit , les Parties à de plus grosses
de leurs fonctions pour vexer les parties. amandes que la qualité des délits ne paroît
DES CRIMES COMMIS CONTRE L'ÉTAT, &c. 16$
ìe mériter ; ou pour ne point poursuivi e ou que lefdits Seigneurs auroient- exigées fans con
damnation , avec les nûms , surnoms , qualités 6c
les Crimes dont ils ont connoissance (2) :
domiciles des Parties plaintives 6c accusées , & la
©u bien qu'ils íè font faire des cessions & qualité del'accufation ; lequel état ils affirmeront ; &
transports des droits litigieux qui se pour à faute d'y satisfaire , ou que ledit état ne fût véri
suivent pardevant eux (3) ; & à plus forte table , les condamne des-à- présent en 300 livres
d'amende pour chacune omission , applicable moi
raison lorsqu'ils reçoivent de l'argent pour tié à l'Hôpital plus proche des lieux de chacune
commettre quelqu'injustice , comme de defditcs Justices , & l'autre moitié au dénoncia
condamner un innocent , ou de le faire teur. Arrêt des grands jours du 9 Janvier 1666.
emprisonner , ou appliquer à la torture , (3) Défendons à nos Avocats Si Procureurs d'ac
hors les cas marqués par les Loix (4) : cepter directement ou indirectement aucun trans
port ou cession de Procès & droits litigieux ès Cours ,
mais encore lorsque , sans aucune conven
Sièges & Ressorts où ils seront Officiers. . . . Sem
tion , ils reçoivent quelque chose des blables défenses faisons aux Avocats & Procureurs ,
Parties à d'autres titres que d'épices & & Solliciteurs des Parties pour le regard des Cau
vacations : qu'ils acceptent des pensions & ses & Procès dont ils auront charge , fur peine de
punition exemplaire. Ord. ^Orléans , art. 55.
prennent des bénéfices , soit pour eux Scieurs
(4; LexJulia de repetundis,przcepit ne ob hominem
enfans, parens ou domestiques (5) ; qu'ils
in viuculis dejieiendum cxve vinculis dimittendum...
reçoivent des présens (6) ; qu'ils se font neve quis ob hominem coudemnandum absolven-
défrayer par les Parties dans les visites ou dumve , neve ob litem aestimandam Judiciumve ca-
descentes qu'ils font íùr les lieux (7) ; & en pitis pecuniaeve faciendum vel non faciendum , ah-
quid acceperit. L. J.js. ad Jul. repetund.
un mot , toutes les fois qu'ils tombent dans
($) Défendons à tous Juges de rien prendre des
quelques-uns de ces cas qui sont appelles
Parties , sinon ce qui leur est permis par nos Ordon
en Droit pergrattas , inimicitias , ô sordes , nances , & de prendre pension , ou tenir état & offict
& qui peuvent donner lieu , suivant nos des Seigneurs temporels , Ecclésiastiques ou autres,
Loix , à la Récusation , ou à la prise à Par ne s'entremettre de postuler en leur siege pour les
Parties , en quelque cause que ce soit , encore que
ties (8). n'y ayon s intérêt, nonobstant tous usages ou dis
penses à ce contraires. Ord. de MovziNS , ar
(1) Eâdem Lege tenentur qui, ob denuntiandum ticle 19. . . Pareilles défenses sont faites à nos Pro
testimonium , pecuniam acceperint. Lege Juliâ repe- cureurs , & en outre leur inhibons de prendre au
tundarum , cavetur ne quis ob militem Jegeudum cune chose pour taxes de nos Juges faites fur Nous ,
tnittendumve anaccipiat; vcl ob accusandum , vel ou fur les Parties , ni autrement , pour quelque
non accusandum ; utque urbani Magistratus ab chose que ce soit ; ains se contenter des gages que
omni sorde se abstineant , neve plus Domini mu- leur avons ordonnés , & entendons leur augmenter
neris in anno accipiant quàm quod fit aureorum & assigner ci*après ; & quant ànos Avocats qui font
centum. V. toi 6.Js. i.Js. ad Leg. Jul. rep. de présent ès Siege3 inférieurs , seulement leur est
permis postuler , consulter ou écrire pour les Parties
(1) Sera informé de toutes les compositions faites ès causes où n'aurions intérêt , le surplus des autres
par les Juges ou Seigneurs avec les Accusés , & défenses susdites tenant en leur regard : le tout fur
le Procès fait & parfait , suivant la rigueur des Or peine de concussion , dont nos Juges & Officiers
donnances , sauf, en jugeant le Procès , d'ordonner seront ternis Nous avertir , & nosdites Cours , fur
ce qu'il appartiendra contre les Seigneurs , parl'au- peine de privation de leur état. Mime Ord. art. lot
torité desquels lefdites compositions auront été fai
tes , même pour la privation de leur Justice, s'il y (6) Nous défendons à tous nos Officiers 8c autres
échet. Arrêt des grands jours , du 10 Décem ayant charge & commission de Nous , de quelque
bre 1665... Les Accusés condamnés à peine afflic- état, qualité ou condition qu'ils soient, de prendre
tive étant appellans , seront conduits incessamment ne recevoir de ceux qui auront à faire à eux , aucuns
dans la Conciergerie du Palais , aux frais des Sei dons & présens , de quelque chose que ce soit , fur
gneurs , & à la diligence de leurs Procureurs-Fis peine de concussion. Ord. de Blois , art. 1 14.
caux \ enjointauxdits Juges de prononcer contre les (y) Défendons aux Commissaires & aux Experts
Accusés suivant la rigueur des Ordonnances , fans ne recevoir par eux , ou par leurs Domestiques , au
qu'ils puissent modérer la peine pour obliger les cuns présens des Parties , sii de souffrir qu'elles les
Accusés d'acquiescer à leurs Jugemens , à peine , défraient , ou paient leur dépense , directement ou
en cas d'abus & de contravention au présent Rè indirectement , sons peine de concussion , & de
glement , d'amende arbitraire , d'interdiction contre 300 liv. d'amende , applicable aux pauvres des Iieuxj
les Juges , & d'être déclarés incapables de posséder & seront les vacations des Experts taxées par le Com
Charges de Judicature... Fait défenses aux Juges , missaire. Ord. de 1667. Tit. zi. art. 15.
fous les mêmes peines , de recevoir l'acquiescement
des condamnés à mort & aux Galères ; enjoint de (8) V. ce qui sera diten traitant de laRécufation
les envoyer incessamment fous bonne & sûre garde , & de la Prise à Parties. Part. 2.
dans la Conciergerie du Palais , & leur Procès au
Greffe de la Cour. V. mime Arrêt. . . Fait pareil V.
lement défenses auxdits Seigneurs d'exiger aucunes
amendes , pour quelque cause & occasion que ce
soit , si elles ne font adjugées par Sentences & ju Comme toutes ces différentes maniérés <;. Peine»
gemens valablement donnés , ni de faire aucune de commettre ce Crime le rendent plus ou portées
composition pour les Crimes commis dans l'éten- par les
moins grave , il y a aussi différens degrés Loix Ro
due de leurs Justices , à peine de privation d'icelles
de Peines portées par les Loix contre Ceux maines
Justices , & auxdits Juges d'ordonner aucunes amen contre les
des excessives au-delà de celles que peut mériter la qui s'en rendent coupables. D'abord , quant Gouver
qualité des délits pour lesquels elles feront ordon aux Loix Romaines , l'on remarque qu'elles neurs &
nées j lesquels Juges feront tenus , par chacune an Magistrats
née , de présenter auxdites assises un état par ex contiennent , à cet égard , deux sortes de de Pro
trait de toutes les ameades qu'ils auront adjugées , dispositions , dont les unes concernent prin- vince qui
X 2
164 LES LOIX CRIMINE LLES , Lìv. III. Tit. H.
tomboient cipalement les Gouverneurs & Magistrats patus , & qui suo quoeumque praetextu publicis mu-
neris possuntesse terribiles, ruflicano cuipiam neecs-
Crime" ^es Provmces Q111 prévariquent pendant le sitatein obsequi; quasi mancipio fui juris imponant,
temps de leur administration : les autres aut servum ejus , vel forte bovem in usus proprios
regardent les simples Juges ou Officiers neceíîìtatesque converterint ; ablatis omnibus facul-
tatibus , perpetuo subjugentur exilio & nihilominùs
de Justice qui abusent de leurs fonctions
rusticanum qui se in ejusdem opéra sponte proprià
au préjudice des Parties. II est fait une men detuîisse desponderit , per pœnae servitudo constrin-
tion particulière de celles de la première gat. /,. 1. Cod. ne Rufiicani ad ullum obsequium
efpece dans la Préface de laNovELLE 8 de evocentur.
l'Empereur Justinien , où ce Prince s'élève VI.
fortement contre ce Crime , comme entraî
nant avec lui les fuites les plus funestes , Quant aux dispositions particulières de 6. Peine»
& tendant nécessairement à faire tomber nos Loix , fur le premier point , nous ve-
les Loix & la Justice dans le mépris (i). nons de voir fous ce même Titre ,• en trai- par no*
tant de la Levée d'impôts & deniers , que ^ndc°"~
Quant à la Peine portée contre les Coupa
bles de ce Crime , l'on voit fous le titre íùivant l'art. 282del'Ordonnancede Blois,
du Code de cet Empereur , ad Legem il y avoit peine de Confiscation de corps
Juliam repemndarum , que c'étoit en gé & de biens contre les Gouverneurs , Bail
néral celle du Quadruple de ce qu'ils avoient lis , Sénéchaux , & Trésoriers - Généraux
extorqué dans leurs Exactions (2). L'on des Finances , comme coupables de Crime
voit aussi , fous un autre titre du même Code , de Lese-Majesté au second chef (1). Nous
ne Rufiicani ad ullum obstqulum evocemur , avons vu en même temps , que par l'art. 280
que lorsque ces Exactions avoient été faites de la même Ordonnance , il y avoit aussi ,
lùr des Gens de la Campagne , auxquels on contre les Seigneurs qui furchargeoient leurs
auroit imposé de nouvelles Charges ou Sujets par de nouvelles corvées , des Peines
Corvées , cette Peine devoit être portée particulières , qui étoient celles d'être dé
jusqu'à celle de l'Exil perpétuel & de la clarés ignobles & roturiers 3 & d'être pri
Confiscation de tous les biens (3). vés a jamais des droits qu'ils pourroient
prétendre fur ces mêmes Sujets (2). Nous
(1) Quanta impie talia fiunt ad horum furtorum voyons enfin , que par l'article 305 de la
meritó relata occasionem ! Admiuistrationes nam- même Ordonnance , il y a peine de mort
que habentcs provinciales ad hanc acceptionem res-
picientes, multos quidem reorum dimittunt ven- portée contre les Chefs & Membres des
dentes eis delictum : plurimos autem innoxiorum Compagnies qui se font donner de l'argent
condcmnant ut noxis prœstent $ & hoc non íolùm pour ne loger ès maisons & villages (3).
in pecuniariis caufis agitur , sed in criminalibus ubi
de anima est pcriculum ; fugceque fiunt ex Provin- (1) V. cet article à la fuite du Paragraphe 4.
ciis , &í confluunt hue omnes ingemifeentes Sacer- (z) V. aussi cet article rapporté ibid.
dotes , & Curiales , & Offîciales , & Professores , ("3) Tous Chefs & Membres de Compagnie ,
& Populi , & Agricolae Judicum furta meritò & in* tant de Gens à cheval qu'à pied , qui se trouveront
justifias accusantes j&c haec non fiunt Íola, sed etiam avoir pris , exigé ou extorqué deniers pour ne lo
Civitatumseditiones, & publicae turbec , occafio Malo- ger ès maisons & villages , seront punis de Mort ,
rum, & accipere sussragiumà Judicibus totius nequi- fans espérance de grâce , pardon & rémission •■, &
tiae & principium & terminus. Et quoque hoc sacro- si par importunité ou autrement , il en étoit par
rum eloquiorum mirabile , &. verum quòd ayaritia Nous accordé Lettres , défendons très-expressément
omnium fit mater malorum , maximè quandò non à notre très-cher 8c féal Garde des Sceaux de les
privatorum , sed Judicum inhœret aniinabus. Quis sceller , & à nos Juges d'y avoir égard. OrdJ e
enim siue periculo non furetur ? Quis non latroci- Blois , art. 305.
Jiabitur sine rcatu ad admiuistratorem respiciens ?
Illum namque videns omnia auro vendentur , & V I I.
prassumens quia quidquid egerit illicitum , hoepecu-
nias dando redimet j hic homicidium , & adulterium ,
& invajiones , & vulnera , fi* raptus Virginum , & Sur le second point , qui concerne les 7. Peines
Commerciorum confujìo , &CONTEMptus Le- Peines particulières portées par les Loix p»"«culie-
gvm et J vdi c u M omnibus hœc venalia propo- Romaines contre les Concussions commí- íe$ Jugt» ,
sita elle putantibus , & tanquam ali juod vitium ses par les Juges dans tous les différens cas le
inancipiorum. Sed neque sufrìcimus considerare & que nous avons remarqués plus haut ; nous P'" " R°~
expouere quanta ex furto Provincialium Judicum
fiunt peíîima , nullo eos. prassumente cum fiducia voyons d'abord que , suivant l'ancien Droit,
redarguere : cùm illi repente se émisse singula pro- il y avoit peine de Mort contre tous Juges
nuntient. Novell. 8. prœfatio , Auth. Collât.
Tit. 1. ut Judiccs fine quoquo suffragiofiant. concussionnaires , en général. Mais la ri
(1) Ut unius pœnae metus poílìt esse multorum gueur de cette Peine , qui étoit portée par
ducem, qui malc egit ad Provinciam quam nuda- la Loi desdou\e Tables (1) , a été modé
verit , cum custodia competenti ire. praicipimus ; ut
rée par le Droit nouveau , suivant lequçl
non solùm quod ejus non dicam Domesticus , sed
Manipularius & Minister acceperit , verum etiam cette Peine , d'ordinaire qu'elle étoit , a été
quod Ipsc à Provincialibus nostris rapuerit ant sustu- convertie en extraordinaire ; c'est-à-dire ,
lerit , in quadruplum exolvet iuvitus. L. 1. Cod. ad qu'on la fait dès-lors dépendre des circons
Leg. Jul. Repetund.
(3.) Si qui eorum qui Provinciam Rcctoribus ob- tances qui rendoient le Crime plus ou moins
sequuntur , quique in diveríis agunt Oificiis Princi- grave. II paroît en effet , d'après les Loix
DES CRIMES COMMsS CONTRE L'ÉTAT , ôca r
auroit preuve de l'argent reçu , pour con
du CODE ad Legem Juliam repetunda-
damner à la mort un innocent. Mais en
rum (2) , que cette peine étoit le plus sou f *•-!
général , lorsqu'il s'agit feulement de.simples > .ra
vent celle de l'exil , ou de la déportation t •• r»
Concussions , comme celles dont nous avons
dans une ille ; 6c qu'elle étoit aussi quel
parié plus haut , qui ne tendroient de la
quefois portée jusqu'à celle de mort, corame
part de ces Officiers, qu'à se. fairç payer
dans le cas où le Juge auroit reçu de l'ar-
des droits qui ne leur seroient pas dûs ,
gentpour condamner un innocenta la mort.
ou plus forts que ceux qui leur seroient
Les mêmes peines devroient encore , suivant
dûs ; à faire des compositions avec les
ces Loix , avoir lieu contre les complices
Accuses ; à -les condamner à de plus fortes
de ces Juges , tels que les Comfnis , Secré
amendes que ne comporteroient leurs délits ;
taires 6c Greffiers (3). Mais enfin , Texpé-
à négliger la poursuite des Crimes ; à se
rience ayant fait voir qu'une Justice arbi
faire transporter des droits pour lesquels 11
traire en cette matière avoit aufli ses incon-
y auroit Procès pardevant eux ; à recevoir
véniens particuliers , l'Empereur Justinien
des présens , des pensions ou des bénéfices
crut devoir les faire cesser par son Authen
des Parties ; à se faire défrayer par elles
tique fèd novo Jure , en distinguant sur
lors des visites 8c descentes qu'ils seroient íùr
ce point le cas où la Concussion feroit com-
les lieux contentieux ; 8c autres semblables
miíè en matière Civile , de celui où elle se
dont il est parlé dans les ORDONNANCES
commettroit en matière Criminelle: íl veut
d'Orléans, de Moulins, 8cdanslesAR-
qu'au premier cas , la Peine ne puisse être
RÉts des grands jours, que nous avons
moindre que celle du Triple , avec la pri
rapportés ci - devant : nous venons de voir
vation de î'Office ; 8c au dernier , celle du
que les Peines ordinaires , en tous ces diffé
Bannilîèment perpétuel , avec la confisca
rais cas, font celles de l'Interdiction à temps, -
tion de tous les biens.
ou Privation d'Offices , Restitution du qua
(1) Judicem ob rem judicandam , pecuniam druple, Nullité des actes , Dommages 8c
extorsisse convictus lit , capite punito. Leg. xii. Intérêts ; mais qu'elles ne vont jamais au-
Tabvi. delà du Blâme , ou du Bannisièment.
(2) HodièexLege repetundarum extra ordinem
puniuntur , & plerumque vel exilio puniuntur , vel I X.
etiam duriùs , prout admiscrint. Quid enim , si ob
hominem necandum , pecuniam acceperint , vel Hcèt II reste à observer que , dans tous les o. Par q»
1 . . non acceperint , calore tamen inducti intersicerint , différens cas où il s'agit de la correction ^'event
vel innocentem , vel quem punire non debuerant ,
capite non plecti debent , vel certe in ihsulam de- de ces Officiers , c'est à leurs Juges supé- nonces
portari , ut plèrique puniti sunt ? L. y.ff. i.ff. ad Leg. rieurs qu'il appartient de prononcer contre îugemen*
Jul. repetund. eux les Peines dont on vient de parler ; l'on .
(3) In Comités quoque Judicum , ex hac Lege
veut dire que loríque la Concuflìon ou
judicium datur. L. 3. ibìd.
(4) N0V0 Jure qui dicit se dédisse alicui vel pro- Malverlation est commise par un Juge Royal
rnisiíse, & personara declaraverit , & hoc proba- ordinaire, ou par ùn Juge de Seigneur,
verit , veniam meretur ; sed qui accepit vel promis- c'est aux Baillis 6c Sénéchaux qu'il appar
sioncm suscepit , si causá pecuniariâ sit , dari tri-
plum promilfi , duplum à Comite , privatarum tient de les punir , suivant l'article 11 du
rcrum cxigatnr , dignitate feu cingulo amilso. Si titre premier de l'Ordonnance de 1670 ,
verò crimiualis caula fuerit , confìscatis omnibus qui met ces sortes de Malversations au
bonis , in txitium mittatur \ sed si datum vel pro-
nombre des Cas Royaux ; 6c que si elles
missum probat litigator , neque reus personam quae
dicituríuscepissejuret quòd neque perse, neque per font commises par les Baillis 6c Sénéchaux
aliam personam accepit , aut promilìionem habuit , eux-mêmes , 6c autres Juges dont l'appel
& sic libéra sit. . . . Authent. sed novo Jure , ressortit nuemeut aux Cours Supérieures ,
Cod. de pana Judicis qui malè judicavit.
c'est à ces Cours de les punir ; 6c enfin
que si quelque Membre de ces Cours vient
VIII. à tomber dans ce cas , c'est à ces Cours elles-
mêmes à ordonner leu r punition , les Cham
8. Peines A notre égard , il paroît , d'après nos
bres assemblées.
jbos'loìx Ordonnances 8c les Réglemens particu-
& Régie- liers qui ont été faits fur cette matière , Nos Baillifs & Sénéchaux , & Juges Frésidiaux
rner15- que nous avons adopté la distinction faite connoîtront privativement à nos autres Juges , 8t
à ceux des Seigneurs. . . de la correction de nos
par l'AuTHENTIQUEsed novo Jure ; c'est-à-
Officiers, malversations par eux commises en leurs
dire , que les Peines qui se prononcent con
charges. Ord. de 1670. Tit. 1. art. 11.
tre les Juges 6c Gens du Roi qui com
mettent des Concussions en matière crimi
X.
nelle , font plus fortes que pour celles com
mises en matières civiles ; qu'elles peuvent
La même règle a lieu pour les préva-
même devenir capitales , comme dans le
rications commises par les Avocats c*c©„cus
cas marqué par le Droit Romain , où il y
166 LES LOIX CRIMIN ELLES, Liv. III. Tit.III.
lîom eom- Procureurs du Roi , comme aussi par leurs (1) Défendons à nos Procureurs & Avocats rece
™$seSubs- Subflïtuts i dont il est: parlé dans Part. 79 de voir en leur parquet tioríibre excessif de Substituts ,
& auxdits Substituts , d'exiger 011 prendre des Par
titut* des l'Ordonnance d'Orléans ( 1) : c'est aux Cours ties aucune chose pour visitation des Procès crimi
Gens du font ces Officiers sont justiciables , comme nels , informations & peines qui leur seront bail
y ayant prêté leur serment , d'en ordonner lées , à peine d'être punis comme de Crime de Con
cussion. Ord. (ÏOrléans , art. 79.
la punition.

TITRE TROISIEME-

Dm Crimes commis contre la Société , qui frappent fur la Personne ; ou de

IHomciDE , & de fes différentes espèces,

SOMMAIRES.

1. Qu'efl-ce que ?Homicide en général} 4. Distinction des Homicides > & leur di-
2. Suites terribles qu'entraîne ce Crime. vijion en deux Clajses principales.
3 . Puni dans toutes les Nations.

I.

1. Qu'est- Sous le nom d'Homicide en général , aucune Nation dans le monde où ce Crime , dans tou-
ce que comme blessant également le droit naturel , ^* Na"
l'on entend toute mort violente que l'on
l'Homicî-
de en gé se donne à soi-même , ou qui provient du & le droit des gens , ne soit puni des Peines
néral i fait d'autrui : les plus rigoureuíès.

Homicidium à cœde hominis.


I V.
I I.
Cependant , comme ce n'est point tant D;ftfoe;
a. Suiws De tous les Crimes qui se commettent par les effets qui peuvent résulter de l'Ho- tion de»
terribles dans lâ Société , il n'en est point , fans con micide , que par la cause qui y adonné lieu ,
fie ce tredit , dont les effets soient plus terribles que doit se régler sa punition , & qu'il peut divisionen
s'y trouver , ainsi que nous l'avons vu en trai- feesuxr^laí"
me. entraînent des conséquences plus funestes
que celui-ci ; en ce qu'indépendamment du tant des différentes causes qui produisent paiau^
tort irréparable qu'il fait à celui envers qui il ou font cesser le Crime , de certaines
est commis , en le privant du plus grand de circonstances qui fervent , non-feulement à
tous les biens temporels , & en lui faiíant en faire modérer la Peine , mais même à
perdre le plus souvent la vie de l'ame avec la faire remettre entièrement ; ce font ces
celle du corps , ce Crime blesse encore tout- différentes Circonstances que nous nous pro
à-la-fois , & la Divinité dont il détruit Pi- posons d'examiner fous les deux Chapitres
mage , & l'Etat , qu'il prive de ses Su fuivans , en distinguant d'abord toutes les •
jets , & les Familles fur-tout dont il enlevé différentes espèces d'Homicides en ces deux
les espérances , en empêchant leur propa classes principales , dont la première com
gation , & en les réduisant , le plus souvent , prendra les Homicides simples , & la der
à un état de désespoir & d'indigence , par niere les Homicides qualifiés.
la privation des avantages & des secours
essentiels qu'elles auroient pu tirer de celui Cùtn homo ab homiue occiditur , multùm distat
utrùm fiat nocendicupiditate, vel injuste aliquid au-
qu'on a retranché de leur sein. ferenti( stcutfitab inimico, íicut à latrone )an ulcis-
cendi vel obediendi ordine , íicut à judice, ficut à
I I I. carnifice , ac evadendi vel subveniendi necessitate ,
íicut interimitur latro à viatore , hostis à milite.
3. Puni II ne faut donc pas s'étonner , s'il n'est Can. 19. cauf. Zj. au. 5.
DE L'HOMICIDE , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 1 6y

CHAPITRE PREMIER.

Des Homicides Jìmples*

SOMMAIRES.

í. Qu'ehtend-on fous ce nom , & de combien 10. Différence de nos Usages , & de ceux
d'efpeces ? du Droit Romain en cette matière.
2. Homicides licites. Exemples tirés du 1 1 . Assimilé à f Homicide purement cafuel ,
Droit Canonique , & des Loix du Ro quant aux Lettres de Grâce.
yaume. 12. Homicide volontaire simple ,• ce qui le
3. Homicides purement casuels ou fans fau diftingue de VHomicide prémédité.
te. Exemples. 1 3 . Ce qui le diflingue des Homicides ca
4. Non punissables suivant les Loix Romai suels & nécessaires.
nes. Exception suivant les nôtres. 1 4. Sujet a la peine de Mort , ô pourquoi.
5. Ce qu'ont de particulier les Lettres de 1 5 . Donne lieu aux réparations civiles , non
Grâce qui s'obtiennent en pareil cas. obstant les Lettres de Grâce.
6. Homicides casuels avec faute. Quifont 1 6. Dijlinclion de ces Lettres , ù de celles
ceux qu'on appelle ainjî. Exemples. qui s'obtiennent pour les Homicides in
7. Punissables , quoique d'une moindre Peine volontaires & nécessaires.
que ceux quifont volontaires. 17. Autres voies qui font cesser la Peine
8. Lettres qui s'obtiennent en pareil cas , de ce Crime.
n'ont teffet de décharger des dommages 18. Complices , sujets a la même Peine.
ù intérêts. Exception.
9. Homicide nécessaire. Qu'entend-on fous 1 9. Cas particuliers oh ton peut être cause
ce nom f de ce Crime , fans en être Complice.
I.

1. Qu'en- N O tJ S appelions Homicides fimples tous II en est de même , suivant nos anciennes
sou» " °e CCUX 611 §>^n^râ^ ^ f°nt ^ts
" ^ans dol & Ordonnances , de ceux qui tuent les per
nom, & de &ns préméditation. Nous comprenons par sonnes armées , masquées & déguisées allant
combien ^ conséquent sous ce nom les Homicides par le pays (3).
epeces. iicues f \es Homicides purement casuels ,
les Homicides casuels qui arrivent par faute ( 1) Cùm homo justè occiditur, lex eum occidit non
ou imprudence , ceilx qui se sont dans la tu... Si homicidium est hominem occidcre , potest
nécessité d'une légitime défense 3 & enfin les tamcn occidere aliquandò fìnepeccato j nam & miles
hostem , & judex vel mitiistcr ejus nocentem , & cui
Homicides volontaires qui se commettent forte invitò & imprndcnti telum manu fugit , non
dans un premier mouvement. mihi videntur peccare cùm hominem occidunt.
Can. 41. Cauf. i}. Qu. 5.
I L {tjV. à 1 égard- des Commis aux Fermes, la Dé
claration du 11 Juillet 171} , qui défend de faire
aucunes poursuites contré les Commis, Brigadiers &
«.Homi- l0- Homicides licites. Nous commen-
Gardes aux entrées de la Ville & Fauxbourgs de
cides lid- çons par ceux-ci , parce que , bien-loin de Paris, qui auront tué les Fraudeurs ou Complices
pU» tiré» f°rmer des Crimes , & d'être sujets à quelque en leur faisant violence ; & il est imposé silence à
des Loix Peine , ils font même commandés par la Loi cet égard aux Procureurs du Roi. Cette Déclaration
duRoyau- comme étant une fuite nécessaire des fonc fera rapportée , en taitant de la Contrebande.
me. ($) Donnons pouvoir & puissance à tous ceux qui
tions qu'elle a attachées à de certains états ; trouveront personnes armées , masquées & déguisées
de manière que l'on se rendroit criminel & allant par pays , de les prendre , arrêter & saisir au
puniíïàble à ses yeux , en ne les commettant corps ; & s'ils se mettent en défense , assembler par
tocsin ou autrement le Peuple & Communauté , &
pas : l'on veut parler des Juges qui con
leur courir sus en manière qu'ils puissent être pris ,
damnent des Criminels à la mort dans les appréhendés & mis prisonniers en Justice ; & si ,
cas marqués par les Loix j des Ministres de par leur rébellion, défense & désobéissance , aucuns
la Justice qui exécutent ses ordres ; des d'eux étoient, à ladite capture , tués ou occis , vou
lons que ce ne soit aucune chose impropérée à ceux
Soldats qui tuent à la guerre les ennemis qui auront ce fait par la manière susdite, ne qu'ils
de l'Etat (1) ; à quoi l'on peut ajouter les encourent aucune peine corporelle ou pécuniaire ,
Huissiers , Archers , Commis aux Fermes du fans qu'ils soient tenus en obtenir grâce ni rémission
Roi (2) , que la Loi autorise à tuer ceux & pardon, & qu'ils ne puissent être repris & appré
hendés en Justice ; imposant , quant à ce, silence à
qui , à main armée , & par violence , veu nos Procureurs. Orv. de François f. à Châtillon-
lent empêcher l'exercice de leurs fonctions. sur-Loing , en Mai 1539 , art. 4 & 5.
168 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. III. Tit. III.
j j j nous expliquerons , en traitant de ces sortes
d'Homicides. L'autre , que ces Lettres em-
3.Homi- 2 ".Homicides purement casuels. Nous portent une décharge absolue , non-scu-
udes pu- disons purement casuels , pour les distinguer lement de la Peine publique , mais encore
suds "o" des Homicides casuels qui font occasionnés de toutes condamnations pécuniaires ; effet
fans faute. par la faute & imprudence dont nous allons que n'ont point les Lettres accordées pour
Exemples. dans un moment. Nous mettons de les Homicides de la première efpece.
ce nombre , i °. tous ceux qui arrivent par
V I.
des accidens imprévus & qu'on n'auroit
3°. Homicides commis parfaute & im~ f. Homi-s
pu raisonnablement prévoir ni éviter , tels
que ceux commis par des Joueurs de paume , prudence. Ce font ceux qui , quoiqu'arrivés a^*~
par des accidens imprévus , comme les pré- feute. Qui
par des Arquebusiers , & par des Sonneurs
de cloches , dont nous avons donné les cédens , en diffèrent1 néanmoins • en
1 cerqu'ils qu ™!L
on ap-
exemples d'après les Loix Civiles & Ca auroient pu être prévus & evites , si l'on pelle ainsi?
noniques , en traitant des causes qui font avoit apporté les précautions ordinaires en
cesser le Crime ; 2°. les Homicides arrivés pareil cas ; l'on veut dire , si l'on ne s'étoit
par force majeure , dont nous avons aulïi exposé à les commettre en se trouvant
donné pour exemple , celui commis par le pourlors dans un lieu où l'on ne devoit
Barbier qui est poussé si violemment par pas être , ou en s'y occupant à des exer
un tiers , qu'il a le malheur de couper la cices qui n'étoient pas permis ; ou même
gorge à celui qu'il rafoit dans fa boutique ; en s'occupant à des exercices permis hors
3°. les Homicides arrivés par défaut d'in les temps & les lieux destinés à cet effet.
telligence , tels que ceux commis par des Nous en avons donné plusieurs exemples ,
Enfans au dessous de l'âge de sept ans , par en traitant de la faute en général , notam
des Insensés & Furieux , & par des Noctam ment Ceux qui tirent de l'arquebufe dans
bules ; 4°. ceux enfin qui font commis par un lieu de passage , ou qui laissent tomber
erreur & ignorance , & dont la Loi nous des branches & autres choses nuisibles dans
donne pour exemple , le Chasseur qui tue un lieu public & fréquenté , fans avertir
un homme croyant tirer fur une bête. les passans ; les Médecins & Chirurgiens
qui opèrent contre les règles de leur art ;
I V. les Maîtres & Précepteurs qui tuent en ex
•4. Non pu- Comme dans les Homicides de dette cédant les bornes d'une légitime correction ;
les Cochers , Muletiers qui conduisent des
sùivantíes e*Pece ^ ne ^e trouve aucun dessein formel
animaux qu'ils n'ont ni l'adresse , ni la force
Loix Ro- de nuire , pas même aucune faute de la part
mames. j eux • jes commettent , ils ne peuvent de contenir; & autres semblables , qui se
Exception ^ 11/» trouvent marqués dans le Droit Romain
suivant les par coníequent , non plus que les prece-
nôtres. dens,être assujettis à aucune forte de Peines, fous le titre de la Loi Aquilia , & dans
le Droit Canonique fous le titre , de Homi-
même pécuniaires. Cependant il faut con
cidio voluntario , vel cafuali , aux Décré-
venir que nous avons fur ce point des
tales.
usages différens de ceux établis par les
Loix Romaines , &que , suivant une maxime VII.
générale de notre Droit public , tout Ho Auílì, comme dans tous ces différens cas 7.Punissa-
micide , de quelque espece qu'il soit , ( à la l'on ne peut dire , comme dans les pré- bles» quoi-
, ' r „ , .. r, que dune
réserve seulement de ceux commis par des cédens que la cauíe & le principe du moindre
enfans & des insensés ) doit être puni de la mal vient de dehors , mais qu'elle vient Peine W*
« ' 1 ceux mu qui
Peine capitale que les Juges ne peuvent se de la personne même qui commet l'Ho- sont vo
dispenser de prononcer ; tellement qu'elle micide de cette espece , pour n'avoir pas lontaires.
ne peut ceíîer que par la remise que le fait tout ce qu'elle devoit faire pour ï'é-
Prince veut bien en faire , au moyen des viter , c'est pour cela que nos Loix ont
Lettres de Grâce qu'il accorde , Lettres cru devoir l'assujettir à quelque Peine,
qu'à la vérité il ne refuse jamais. non point à la vérité capitale comme celle
attachée aux Homicides volontaires , pas
V.
même afflictive ou infamante ( hors les deux
Ce II faut d'ailleurs remarquer, relativement cas du Geôlier 6c du Soldat qui laissent éva-
qÌ?iculier aux Lettres qui s'accordent en pareil cas , der parleur faute le Prisonnier dont la garde
l« Lettres qu'elles diffèrent de celles qui s'obtiennent leur avoit été confiée ) , mais à une Peine sim-
tlennent3" Pour *es H°m^c^es volontaires dont nous plement fatisfadoire envers la partie qui a
<n pareil parlerons dans un moment , en ces deux souffert de l'Homicide commis par leur
cas- points : Yun , qu'elles peuvent se lever dans faute & imprudence.
les petites Chancelleries près des Cours ; au VIII
lieu que les autres doivent être scellées en
la grande Chancellerie , par des raisons que II faut d'ailleurs observer que ces sortes 8*.Let*^
d'Homicides qm s 0
DE L'HOMICIDE , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 1 69
tiennent d'Homicides font sujets , comme les pré- avec un dessein actuel de nuire, & néanmoins simpsecpw
en pareil cédens , à la formalité des Lettres de Grâce, passager , comme étant produit par une de le distj|j"
Fesse" °de íùivant nos usages ; & que ces Lettres peu- ces passions vives , telles que la colère , la PHomicK.
deChdomr vent ^e *ever également en la petite Chan- douleur , îaffection extrême & autres de ^ietéprém*r
eigesOI& cellerie : mais qu'elles différent de celles cette nature , qui ne laissent pas à ceux
mages
intiirêts. nhrenues pour
obtenues nour les
les Homicides
Homicides caíùels
caíùels &
& qu'elles dominent la liberté entiexe de la
nécessaires , quant à leurs effets , en ce réflexion. '
qu'elles ne déchargent point , comme celles- XIII.
ci , les impétrans des réparations civi
les qui font dues pour le préjudice réel Comme c'est la volonté qui fait le Crime , r^.Cecroí
ces sortes d'Homicides font par conséquent le distin
qu'ils ont causé par leur faute & impru gue des
distingués essentiellement des Homicides Homicì
dence.
involontaires dont nous venons de parler , ^scnaésu^
I X.
qui se commettent sans passion , & par le seul faire». '
?.Homi- 4*. HOMICIDES nécessaires. Nous appelions effet du hasard , ou d'une nécessité fondée
essairené"
ode aislsi > d'aPrès la Loi > les Homicides qui fur le droit naturel , ou même d'une simple
cessaire
Qu'en se commettent par Ceux qui ne peuvent faute.
tend - on sauver autrement leur vie ou leur honneur , XIV.
faus ce
00m ? qu'en tuant l'injuste aggresseur qui en veut
C'est aussi par cette raison , qu'ils aíîùjet- 14. Sujet
à l'un ou à l'autre de ces biens les plus
tissent néceíîairement ceux qui les Commet à la peine
précieux de la société civile. Nous avons de Mort ,
tent à la Peine capitale , comme for & pout-
marqué , en traitant des Causes qui font
mant cette juste proportion qui doit se luoi«
cesser le Crime , ce qu'on doit entendre par
trouver entre le Crime & sa punition ( 1 ).
une légitime Défense , les conditions néces
Cette Peine est celle de la Potence pour
saires pour la former , & la manière dont
les Roturiers , & de la Décollation pour
elle doit être prouvée. Nous en avons
les Nobles. Elle est toujours suivie de celle
donné pour exemple , d'après la Loi ,
de la Confiscation des biens , suivant cette
celui qui tue une personne armée , prête
maxime de notre Droit François , qui con
à fondre íùr lui , ou qui tue un voleur
nocturne. fisque les corps , confisque les biens. Ce qui
ne doit néanmoins s'entendre qu'avec de
X.
certaines modifications que nous avons ob
'10. Diffï- Nous avons observé en même temps , que servées en traitant de cette Peine ; & íùr-tout
î)onsC<Usa- nous ne metti°ns point , comme les Ro- Iùivant cette autre maxime de notre Droit
ges & de mains , au nombre des légitimes défenses public , qui veut que la peine de Mort ne
55ux áu les Homicides que commettroient des Pères PuiJíc être ordonnée que dans les cas où elle
Droit Ko- . — « . — n -r. # _ r . • x_ x
w£ en' & des Maris qui tueroient leurs filles ou est permise par la Loi (z).
cette ma- femmes qu'ils furprendroient en adultère ;
(1) Quicumque effuderit sanguinem humanum ,
& que nous les rangeons seulement dans fundetur sanguis illius ; ad imaginem quippè Dei
la classe des Homicides volontaires sim faétus est homo. Gents. 9. 6.
(1) Item ut homicidia infrà patriam , sicut in legtí
ples , qui , à la vérité , à cause de la con
Domini interdictum est , nec causâ ultionis, nec ava-
sidération particulière que méritent ces ritiae , nec latrocinandi fiant , & ubicumque inventi
circonstances , n'en deviennent par-là que fuerint , à judicibus nostris secundùm Ugem ex uostro
plus susceptibles des Lettres de Grâce du mandato vindicentur , 8c non occidatur homo nisi
lege jubente , Cap. Cdr. Magn. c. 5. lib. 1 Si
Prince. quis ferro perçussent homhiem , & mortuus fuerit
X I. qui perçussent, reus erit homicidii , ipse morietur.
tapit. 39. ibid.
it. Assi- Au reste , il y a cela de commun entre X V.
rHomici- ^es Lettres de Grâce qui s'obtiennent pour
de pure- ces Homicides nécessaires , & celles qui Ce n'est pas tout; indépendamment de rj.Donm?
ment ca- ces deux Peines , qui intéressent singulié- l'euauxrév
su«i,quant s'obtiennent pour les Homicides cafuels ^
aux ' Let- qu'elles se lèvent également dans la petite rement Tordre public , ce Crime donne en- civTies0",'
tres de core lieu à des condamnations pécuniaires "onobs-
.Grâce. Chancellerie , & qu'elles ont aussi , comme
les premières , l'effet de décharger les im envers les particuliers qui ont souffert de Lettres
ce Crime , fous le nom de réparations civiles Grâce.
pétrans de toute Peine , même pécuniaire.
Ce qui les distingue aussi en même temps ou de ^mmages 6 intérêts. Cette derniere
des Lettres qui s'obtiennent pour les Ho- espece de Peine est même tellement insepa
rable du Crime , comme étant une suite de
micides commis par faute, dont nous venons l'obligation naturelle que contractée celui
de parler.
qui le commet , qu'elle ne Iaifle pas d'avoir
X I t
heu , encore que la Peine capitale & la
u.Homî- 50. Homicides volontaires fimples. Nous Confiscation se trouveroient remises par"
btuire°" aPPe^ons tous ceux qui se commettent les Lettres de Grâce du Prince : l'on veut
Y
170 LES LOIX CRIMINE LLES, Liv. IIÎ. TiT. III.
dire que ces Lettres ne s'accordent jamais venons de parler, il y a encore plusieurs Peine de
autres voies par lesquelles les coupables e* '
que sous la condition expreslè de la satis
faction due aux Parties civiles. d'Homicides peuvent se soustraire aux
Peines qui y sont attachées , telles que la
XVI. Prescription , la Mort , avant le Jugement
de condamnation , & la Maxime non bis,
i6. Dis H y a d'ailleurs , comme nous l'avons
in idem , &c. II y a aussi une Exception
tinction observé , çette différence entre les Lettres
de ces Let particulière que nous avons remarquée e»
tres & de de Grâce qui s'obtiennent en ce cas , & traitant des Cas particuliers qui peuvent:
celles qui celles qui s'accordent pour les Homicides
s'obtien servir à faire modérer la Peine , sçavoir ,
nent pour involontaires , ou ceux commis dans la lorsque l'Homicide a été commis dans une
les Homi nécessité d'une légitime défense j qu'au lieu
cides invo rixe par une Multitude de personnes , fans
lontaires que celles-ci peuvent se lever dans les pe qu'on puisse en connoître les véritables
& néces tites Chancelleries près des Cours , & qu'elles
saires. auteurs.
ne se refusent jamais , comme étant fondées
XVIII.
íùr des motifs d'équité naturelle qui les
ont fait appeller par nos Loix Lettres de Enfin , ce n'est pas seulement contre les 1?. Comi
Justice ( 1 ) : les Lettres de Grâce qui auteurs de l'Homicide que sont portées Pj**^» ^"
s'accordent pour des Homicides volontaires les Peines dont nous venons de parler ; les mêmePeí.
simples , ne peuvent s'obtenir que dans la Loix y assujettissent également leurs Corn- £0'n^xcep"
Grande Chancellerie : & cela , tant parce plices , & elles comprennent généralement
qu'elles exigent toute la plénitude de la sous ce nom , comme nous l'avons vu en
puiíïànce du Souverain, comme étant moins traitant des Crimes qui se commettent par
î'effet de fa Justice que de fa clémence (2) , autrui t tous ceux qui le commandent , qui
que parce qu'il peut se trouver dans ces s'en chargent , qui aident à le commettre,
sortes d'Homicides de certaines circons qui le conseillent ou qui l'approuvent après
tances aggravantes qui en empêchent l'ob- qu'il est commis. Ce qui ne doit s'entendre
tention } telles que celles dont nous avons néanmoins qu'avec les modifications que
donné des exemples , en traitant des Crimes nous avons observées , d'après les mêmes
qui se commettent dans un premier mou Loix qui veulent que parmi ces Complices
vement , sçavoir , 1 °. lorsqu'ils font commis il y en ait de moins punissables les uns que
avec des armes meurtrières & perfides , les autres , tels que ceux qui s'en font tenus
dont on ne peut éviter les coups , comme à de simples conseils ou approbation ; & qu'il
sont les couteaux , poignards , canifs , Oc. y en ait aussi qui soient punis plus sévère
Ce qui les fait appeller proprement Lettres ment que les Auteurs même du Crime,
d'Abolition , ou de Rémission au grand comme sont Ceux qui le commandent &
Sceau ; z°. lorsque ces Homicides font faits le font exécuter sous leurs yeux , par ceux
par aggression , ou avec avantage , dans un íùr lesquels ils ont de l'autorité, comme
temps où celui qu'on a tué n'étoit pas en état les pères íùr leurs enfans , les tuteurs fur
de se défendre-, 3 °. lorsqu'ils font commis avec leurs pupilles , les maîtres sor leurs domes
un excès de barbarie & de cruauté ; 40. enfin tiques. En sorte que ce n'est proprement
lorsqu'il s'est écoulé un certain intervalle que par rapport aux Homicides commis
entre la rixe & l'Homicide , qui peuvent le avec préméditation , que doit avoir lieu Pé-
faire présumer I'effet de la vengeance & de galité qu'elles établissent à cet égard , ainsi
la préméditation , plutôt que d'un premier que nous Talions voir dans un moment.
mouvement.
Nihil interest occidat quis , an causam mortis
(1) Nous défendons à tous Gardes-des-Sceaux praebeat. L. i$.js. ad Leg. Cornet, de Siccar,
de nos Chancelleries & Cours Souveraines de ne
bailler aucunes Grâces ou Rémissions , hors celle» de
Justice j c'est à savoir aux Homicidiaires qui au X I X.
ront été contraints faire les Homicides pour le salut
& défense de leurs personnes , & autres cas où il Au reste , quand nous disons que pour tp, Cas
est dit par la Loi , que les Délinquans se peuvent pouvoir être réputé Complices de l'Ho- ^ttxcu~
& doivent se retirer pardevers le souverain Prince ,
pour avoir grâce. ..... Ordonn. de François I , à micide , il faut y avoir contribué de quel- l'on P°ut
Villirs Contret[ , du mois d'Août 1539. qu'une des manières que nous venons de ètTe cause
sz) V. ce qui sera dit sur les Lettres de Grâce , remarquer d'après les Loix , nous n'enten- mVsansen
& notamment la Déclaration du zz Novembre dons y comprendre que ceux qui y con- Êtfe Com-
1683 , qui fera rapportée à ce sujet. tribuent volontairement , & en connoissance phce'

XVII. de cause : car il peut arriver qu'on y con


tribue effectivement fans le sçavoir , comme
ij. Au- Au surplus , nous verrons , en traitant dans le cas de ces jeunes gens dont il est
ttes voies des Exceptions de PAccufé , qu'indépen parlé dans le Droit Canonique, qui, parle
q»i font
cesser la damment des Lettres de Grâce dont nous désespoir de ne pouvoir assouvir leur passion
DE L'HOMICIDE , ET DE S] S DIFFÉRENTES ESPECES. 1 71
auprès d'une femme , ou bien par la crainte reus est; quid fienim quisquamstuprumpetatseque
des châtimens dont ils seroient menacés de si non impetraverit interimat... Quid si hliustimens
patris pia verbera praecipitio pereat. . . . Quid si aut
la part de leurs pères , se porteroient à se alius homineliberato , vel ne alius liberetur , si ipse
donnerlamort.il est certain que, ni la femme mortem inférât : nam propter istas alienarum mor-
ni le pere , quoique la cause originaire , maisfium causas aut sceleri consentiendum est , aut vin-
dicta peccati quae non sit nocendi , sed corrigendi
innocente , de ces sortes d'Homicides , ne
studii etiam paterna tollenda aut opéra misericor-
pourroient aucunement être recherchés à diac cohibenda sunt ; hatc cùm accidunt debemus
ce sujet. . t, . eis humanuin dolorem , non propter illa neaccidant
rectè factorum reprimere voluntatem. Can. 19.
Ncc tamen omnis qui causa mortis aliéna: est caus. 23 ) qu. 5.

CHAPITRE SECOND.

Des Homicides qualifies , ou du Meurtre & de VAJsaJJinat , & de leurs


différentes Espèces.

SOMMAIRES.

t. Qu entend- on par Homicides qualifiés ? 5. Leurs dénominations particulières sui


2. Ques-ce que Dol en cette matière ? vant la qualité des Parties , & la manière
3. Réprouvés également par toutes les Loix de les commettre.
divines ù humaines. 6. Quels font ceux dont on Je propose de
4. Comment s'appellent en général. traiter dans ce Chapitre.

I.

r. Qu'en- ISÍous appelions Homicides qualifiés tous ($) De Homicidiis verò ità jussimus obscrvari
'«Hom- ceux ^e commettent Par Dol & avec ut quicumque au su temerario alium sine causa
occident, vitac periculo feriatur,& nullopretio íe
cides qú^- préméditation , 6c qui font tellement atroces
redimere unquam valeat Quia justum est ut qui
Hfiés î de iRur nature , qu'aucune circonstance ne
injustè novit occidere , discat juste mori. Capit.
peut les faire excuser. Childcb. an. 534. Balus. tom. l. p. 197.
(4) V. quant à l'cxclusion des Immunités des
Eglises , relativement à ce Crime , l'Ordonnance
IL d'HENRi II , à Saint-Gennain-en-Laie, en Juillet
1547 , par laquelle il est ordonné aux habitons des
a.Qu'est- Sous le nom de Do/, nous voulons par- bourgs & villages qui auront vu commettre les
enqUcenel ^er ^e ces Pa^ì°ns basses & perfides qui meurtres & assassinats , de sonner le tocsin , & de
faire assemblée pour courre sur les meurtriers & assas
matière í íònt les plus dangereuses de la société , sins , jusqu'à ce qu'ils soient pris quelque part qu'ils
telles que la haine , l'envie , la cupidité , soient trouvés, soit ès LIEUX Saints , ou dehors.
la vengeance , & la cruauté.
I V.
I I I.
Ces fortes d'Homicides font connus en 4. Com-
3. Ré- C'est aussi à cause de la malignité qui général fous les noms de Meurtre &. àiAJJaf- ment s'aP-
également en e^ ^e Prmcipe > °iue ces fortes de Crimes snat, lorsqu'ils ne se trouvent point d'ail- général™
FesTo* 5nt éB^etoeftt . ^uvés par les Loix Ws accompagnés de certaines rirconstan
daines & dlvines & humaines (1). Ce lont ceux , ces qui leur ont fait donnerdes dénomina
humaine», comme l'on fçait , pour la punition des tions particulières. Ces circonstances se
quels a été établie la fameuse Loi Cornelia tirent , ou de la qualité des Parties , ou de la
deSiccariis du Droit Romain (2) , & qui manière dont ils font commis^
ont fait l'objet particulier de l'animad-
verfion de nos Loix, dès le temps même où
V.
l'ufage des Compostions à prix d'argent,
pourfe racheter des Crimes (3) , & P//»*
Ainsi , quant à la Qualité des Pdrties , Leur»
munité des Eglises , pour les Criminels ,
lorsqu'ils font commis par un Sujet envers 7^™'"*
étoient encore en usage dans ce Royau
son Souverain, on les appelle Crimes de ticuiieres
me (4). Lefe-Majesé; par un fils envers son pere , sn jj"^
sl)Si quis per industriarn occident proximum Parricide ; par des pères ou mères envers p'artie^Cí
siium , & per insidias, ab altari meo evelles eum , leurs enf"ans , Infanticide ; par un mari en- |? man,ere
ut moriatur. ExOD. 11. 12. 14. r c tt • ■ 1 f delescom-
vers la lemme, Uxonciae; par un frère mettre,
(1) In Lege Cornelia dolus pro facto accipitur ,
ncc inhac lege culpa lata pro dolo accipitur. L. 7. envers son frère , Fratricide ; enfin lors
j}. ad Leg. Ccrntl. de Siccar. qu'on les commet sur foi-même , Suicide.
Y 2
172 LES LOIX CRIMINE LLES , Liv. III. Tit. III.
Quant à la Manière de commettre ces Cri
mes y si c'est par le poison , on les appelle V I.
Empoisonnement ; si c'est par le feu , In
cendie ; si c'est dans un combat singulier , Nous avons traité du Crime le plus g. Que|s
Duel. II y en a aussi qui se commettent , grave qui puisse se commettre en ce genre sont ceux
eomme nous l'avons vu , par des Maléfices sous le titre de Lest-Majesté. II ne nous p°"pose 6
ou par Rébellion à Justice , ou par des pré reste par conséquent à traiter ici que des de traiter
varications des Juges qui condamnent à autres Homicides connus fous les noms de chapitre.
mort un innocent. II y en a encore , comme Meurtre , d' Ajjajfinat , de Parricide , In
nous le verrons en traitant du Faux , qui se fanticide , Uxoricide , Fratricide , Suicide ,
commettent par pure Calomnie , comme en Empoisonnement , incendie ù Duel ; 8c
fait de faux témoignage porté contre quel c'est Ce qui va faire la matière des paragra
qu'un pour le faire condamner à mort. phes fuivans.

§. I. Du Meurtre & de VAJfaJjìnat.

SOMMAIRES.

1. Pourquoi ces Crimes font réunis fous ce de les commettre.


même paragraphe. 7. Seconde différence quant a la manière de
2. Qu'entend-on fous le nom de Meurtre7. les punir.
3. Qú'est-ce qu'Assassinat. 8. Troisième différence quant k la manière de
4. En quoi ces Crimes diffèrent entreux. les poursuivre.
5. En quoi ils diffèrent des Homicides vo 9. Quatrième différence quant à la manière
lontaires fimples. de les prouver.
6. Première différence quant a la manière

I.

oi ces N O u s réunifions ici ces deux Crimes , lité qu'ils soient , ayant fait & commis Meurtre
S
sont""' Ç110^11'^ aient des caractères particuliers ; & Homicides de guet-à-pens , seront punis de la
Peine de mort fur la roue , fans autre commutation
nis sous ce parce que ce font , comme nous venons de peine , quelle qu'elle soit. Ordonn. de Henri II f
même Pa- de le dire , les qualifications génériques a Saint-Germainen-Laye , en Juillet 1557. art' 2—
«graphe. j,Qn jostne aux Homicides prémédités Nous voulons que les Edits & Ordonnances faites
par les Rois nos prédécesseurs , pour les meurtres
qui n'ont point de noms particuliers ; qu'ils
de guet-a-pens , soient entièrement gardés & ob
font d'ailleurs produits par les mêmes cau servés, tant contre les principaux auteurs que contre
ses , & qu'ils ont des principes communs ceux qui les accompagneront, pour quelqu'occaíìon
qui les distinguent eflèntiellement des Ho ou prétexte que ce soit , lesdits Meurtres puissent
être commis , soit pour venger querelle ou autrement ,
micides volontaires simples. C'est aussi pour dont nous n'entendons être expédiées Lettres de
cela , qu'ils font confondus le plus souvent Grâce ou Rémission j & où Accusés , par imporru-
dans notre langage ordinaire , & quelquefois nités, feroient octroyés , défendons à nos Juges d'y
même dans celui de nos Loix ( 1 ). avoir aucun égard. Ordonn. de Blois , art. 144
Pour le regard des Assassinats , & ceux qui , pour
(1) V. entr'aimes l'art. 4. du tit. 16. de I'Ord. prix d'argent , ou autrement , se louent pour tuer ,
de 1670, qui fera rapporté ci-après. outrager , ou excéder aucuns , ou recourir Prison
niers criminels des mains de Justice, ensemble ceux
I I. qui les auront loués ou induits pour ce faire : Nous
voulons la feule machination & attentat être punis
a. Qu'en- L'on appelle proprement Meurtre un de peine de Mort , encore que l'effet ne s'en soit
sout "le" Homicide prémédité que l'on commet, ou ensuivi , dont n'entendons donner aucune grâce
ne rémission ; & où aucune , par importunité , seroit
nom de que l'on fait commettre en fa présence dans octroyée , défendons à nos Juges y avoir égard ,
Meurtre ? vue venger une querelle , ou d'en encore qu'elle fût lignée de notre main, & contre
tirer un profit particulier. II est aussi connu signée par un de nos Secrétaires d'Etat. Même Ord.
de Blois , art. I95.«. Ne seront données aucunes
dans nos Loix fous le nom. à'Homicide de
Lettres d'Abolition pour Assassinats prémédités ,
guet-a-pens. tant aux principaux auteurs qu'à ceux qui les auront
assistés , pour quelque occasion ou prétexte qu'ils
puissent avoir été commis , soit pour venger leur
3. Qu'est- Sous le nom d'AssASSlNAT , l'on entend querelle , ou autremeut, ni à ceux qui , à prix
sessnatY" toute machination ou convention secrette d'argent , se louent ou s'engagent pour tuer , ou
trager , excéder , ni à ceux qui les auront loués ou
3 ' qui se fait à prix d'argent , ou sous pro induits pour le faire , encore qu'il n'y ait que la
messe d'une autre récompense, pour tuer, feule machination & attentat , & que l'effet ne s'en
outrager ou excéder quelqu'un. soit ensuivi. Et si aucunes Lettres d'Abolition ou
Rémission étoient expédiées pour les cas ci-dessus ,
Toutes personnes indifféremment , tant Gen nos Cours pourront nous en faire leurs remontran
tilshommes que Roturiers , de quelqu'état & qua- ces , & nos autres Juges représeuter à notre Chan-
DE L'HOMICIDE , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 172
celier ce qu'ils jugeront à propos. Ordonn. de 1670, tres & les Assaíîìnats ; mais encore entre volon-
tit, 16. art. 4. ces Crimes , & les Homicides volontaires lim"
I V. simples. L'on remarque fur-tout qu'ils íònt
distingués de ces derniers par ces deux en
4. En quoi L'on voit par-là , que le Meurtre diffère
droits principaux , dont l'un concerne la
«es diffè- ^e l'Assassinat par plusieurs endroits essen- manière de les commettre , & l'autre celle
rem en- tíels. D'abord , en ce qu'il peut se commettre de les punir. Nous verrons même dans un
tr eux. par une personne seule ; au lieu que l'Assalîì- moment , d'après d'autres dispositions des
. nat íùppose le concours de plusieurs ; 20. en mêmes Loix , qu'ils en diffèrent auflì par la
ce que , pour le Meurtre , il faut néces manière de les poursuivre , & par celle de
sairement que le Meurtrier soit présent , les prouver. ". .
& qu'il agisse lui-même , soit en y met V I.
tant la main , soit en engageant par ses
discours , ou par ses gestes ceux qui le 1 °. Quant à la Manière de les commettre , 6. Prè
commettent : au lieu que l'Aíîàíïìnat se les Meurtres & Assassinats font distingués mj"ecedif"
commet , comme nous l'avons dit , en des Homicides volontaires simples , en ce quant à la
l'abfence de celui qui a promis l'argent , qu'ils se commettent avec préméditation JS^™
ou la récompense, à cet effet ; 30. en ce & dans le dessein de venger une querelle mente,
que le Meurtre suppose la consommation ou autrement : au lieu que les Homicides
du Crime par la mort de celui à qui on volontaires simples se commettent dans le
en vouloit : ce qui n'est point nécessaire premier mouvement d'une passion vive qui
pour l'Aflaífinat , lequel se forme par le seul ne laisse pas la liberté entière de la ré
attentat , encore que l'effet ne s'en soit en- flexion. II y a auflì des espèces de Meur-
suivi. L'on entend par attentat quelqu'acte tres qui se commettent par pure trahison ,
prochain du Crime , soit de la part de & sans y mettre la main , comme lofqu'on
celui qui a accepté la convention , comme envoie quelqu'un dans un endroit où l'on
en se mettant en embuscade , en lâchant sçait qu'il doit périr. Ce n'est pas au reste
un coup de fusil qui auroit manqué ; soit que pour l'exécution des uns &. des autres
de la part de celui qui auroit promis la l'on ne puiíîè employer les mêmes armes
récompense , en donnant les indications & & instrumens offensifs , tels que pierres j
enfeignemens nécessaires pour parvenir à bâtons , coups de poings , coups de pieds , &c.
l'exécution du Crime. Ce font ces dernieres En forte que ce n'est que par le redouble-
circonstances qui ont principalement servi ment de ces coups , lorsqu'ils font portés
de motif à un Arrêt rendu en dernier lieu fur un endroit mortel , avec aggrefsion &
par le Parlement (1)54°. en ce que l'objet avantage , que l'on distingue ordinairement
du Meurtre tend nécessairement à ôter la l'Homicide fait avec préméditation , de
vie ; au lieu que l'Alfassinat peut se com- celui qui ne l'est pas ( 1 ).
mettre également lorsqu'on outrage ou
(1) Et qui hominem non occidit , scd vulneravif-
excède , sans aller jusqu'à la mort ; 50. enfin , ut occidat , pro Homicida damnandum , & ex re
il y a encore cela de particulier à l'Assaf- constituendum ; hoc nam si gladium strixerit & in
sinat , quant à la Peine , que les Loix ne eo perçussent, indubitatè occidendi auimo id eum
déterminent point le genre de mort que admisisse ; sed si clavi percussit aut cucumá in rixa ,
quamvis ferro perçussent , tamen non occidendi
doivent subir les Coupables , comme elles animo ; leniendam pœnam ejus qui in rixa casu ma-
le font à l'égard du Meurtrier : en forte gisquàm voluntate Homicidium admisit. L. l.Js.\.
qu'elles laissent par-là aux Juges la faculté ff. ad Leg. Cornet, de Siccar.
d'en tempérer la rigueur suivant les cir
VII.
constances.
2°. Quant à la Manière de punir ces 7.Secon-
(1) Par cet Arrêt, qui est du 18 Juillet 1764 , le
Crimes -, il y a auflì cette différence , qu'au de diffé~
nommé Jacques Tachet , dit Clermont , est déclaré
atteint & convaincu d'avoir , pendant plusieurs jours lieu que les Homicides volontaires simples ^"nt à la
consécutifs , sollicité & engagé par promesse , à font punis de la Potence ou de la Déca- manière
prix d'argent , des Soldats , pour assassiner un par pitation 3 & que l'on tiistingue à cet égard , jj^'" pu"
ticulier \ d'avoir donné des indications & enfeigne
les Nobles des Roturiers ; que l'on distingue
mens nécessaires , même lavoir fait connoître à un
desdits Soldats. Pour réparation de quoi , il est
auflì les Complices des principaux Auteurs ;
condamné à avoir les bras , jambes , cuisses & & que d'ailleurs ces sortes de Peines font
reins rompus vifs en Place de Grève , préalablement
appliqué à la question. rémijjïbles par la grâce du Prince : la Peine
ordinaire des Meurtres & Assassinats est
V. celle de la Roue , fans aucune distinction
d'état ni de qualité ( à la réserve seulement
.En quoî L'on voit encore, d'après les dispositions des femmes , à l'égard desquelles nous
ils diffe- de ces Loix , les différences essentielles qui avons dit qu'à cause de la décence due à
rent des - 11
Homici- & trouvent , non-feulement entre les Meur- leur sexe , la Peine étoit convertie en celle
i74 LES L0IX~ CRIMINE LLES, Liv. III. Tit. III.
blié pour empêcher l'impunité de ces Cri
de la Potence , ou de la Décollation ). Cette
peine de la Roue doit d'ailleurs s'appliquer mes qui étoient alors devenus très-fré-
quens ; qu'elles ne se contentent pas d'en
également aux Complices , comme aux prin
joindre aux Seigneurs Hauts-Justiciers , &
cipaux Auteurs de ces Crimes. L'on entend
fous le nom de Complices en cette matière à leurs' Officiers , de poursuivre les' Cou-1
ceux qui assistent ou qui aident à faire le pables de ces Meurtres & Assassinats , aussi
Meurtre ou Astàssinat , soit en fournissant tôt qu'ils en ont connoissance , à ^>eine' , -
contre ces. Hauts-Justiciers , de privation
aux Meurtriers des armes , de l'argent , ou
de leurs droits de Justice, & contre leurs
des hommes pour accomplir leur dessein ;
Officiers de privation de leurs états (r) ;
soit en les recélant & empêchant qu'ils ne
iòient pris , ou en les faisant évader après mais qu'elles font encore tdes injonctions
leur capture. De plus , cette Peine est dé jfarticulieres , à peine de grosses amendes ,
clarée irrémissible par les Loix , tellement aux habitans des Villes, Bourgs & Villages
qu'il n'est point permis aux Juges de la qui voient commettre ces sortes de Cri
commuer, du moins en fait de Meurtre ; mes , d'arrêter les Délinquans , s'ils le peu
car pour l'Assassinat , nous avons observé vent faire ; 8c s'ils ne le peuvent pas , de
que comme les Loix fe contentoient de crier aussi-tôt ( si c'est dans une Ville) pour
prononcer la peine de Mort , íans en dé qu'on en ferme les portes ; & si c'est dans
terminer le genre , elles laissoient par -là des Bourgs & des Villages , de courir fur le
aux Juges la faculté d'en modérer la ri champ au clocher de te. Paroisse pour faire
gueur , suivant les circonstances. Ce n'est sonner le tocsin. Ces mêmes Loix veulent
pas tout ; indépendamment de la peine de en outre , que chaque Paroisse soit tenue
la Roue , il y en a encore de particulières d'avertir celles qui lui font voisines, &
que notre Jurisprudence a attachées à ces où les Meurtriers doivent passer , fur-tout
sortes de Crimes , telles que l'Amende ho lorsqu'ils jfont masqués. Et elles veulent
norable , le poing coupé , le corps du enfin , qu'aussi-tôt après qu'ils font arrêtés ,
roué jetté au feu , &' fes cendres jettées au ils soient conduits en prison , & ensuite
vent , lorsque ces Crimes se trouvent accom remis entre les mains de la Justice , pour
pagnés de íacrilege ( i ). On ordonne aussi qu'il soit procédé en toute diligence à
quelquefois , suivant l'atrocité des circons l'instruction de leur Procès (2). Au surplus
tances , qu'il fera fait une épitaphe aux nous verrons , -en traitant des Accusateurs ,
frais du Condamné , íùr laquelle fera gravé quels font ceux d'entre les Parens de la
son Jugement , avec uiîe fondation d'un personne tuée qui doivent être préférés
Service annuel & perpétuel , pour le repos danss%es sortes de poursuites , & qui font
de l'ame du défunt (z). Nous avons ìh- même tenus de le faire, à peine d'être
dessus deux exemples remarquables dans déclarés indignes de fa succession.
les Arrêts de ce Parlement. ( 1 ) Afin d'empêcher la fréquence des Meurtres
Sí voleries qui se font par les champs avec toute
( i) Arrêt du 7 Mai 1736 , qui condamne Nicolas impunité } Nous enjoignons à nos Hauts-Justiciers ,
le Fevre , dit lc grand Hardi , à faire amende ho & leurs Officiers des lieux où tels excès se com
norable à genoux , nue tête & nuds pieds , en che mettront , ensemble des habitans des plus prochains
mise , la corde au col , à avoir le poing droit cou Villages, de poursuivre en toute diligence , incon
pé ; être rompu vif , mourir sur la roue , jetté au tinent qu'ils auront connoissance de malfaicteurs ,
feu, & ses cendres jettées au vent; ses biens confis pour les appréhender & constituer prisonniers,si faire
qués , 1000 liv. prises fur iceux , pour faire prier íê peut : (inon faire diligente perquisition & re
Dieu pour le repos de l'ame du sieur Abbe Coùet , marque de la façon de leurs habits , armes , che
que ledit le Fevre avoit assassiné, revêtu de ses habits vaux , & du lieu de leur retraite , dont feront faits
d'Eglise , dans la première cour de l'Archevêché. Procès- Verbaux. Le tout fur peine aux Hauts-Justi
V. le Code de Louis XP , tont. J. p. 228. ciers de perdre les droits de leur Justice , & aux
(2) Autre Arrêt du même Parlement , du 26 No Officiers , de privation de leurs états , & aux Habi
vembre 1755 , qui condamne Michel-Daniel-Heuri tans desdits Villages , de grosses amendes applica
de Renton , à être rompu vif en Place de Grève , bles , moitié à Nous , & moitié aux excédés , ou
& à mourir fur la roue , pour réparation de l'assaísi- leurs hommes. Ordonn. d'Henri III , à Blois , art.
nat par lui commis dans la personne du sieur An-
drieux , pour avoir gagné un Procès contre lui , tou 196 & 198.
(2) Afin que les Meurtriers & Assaísinateurs ,
chant une Seigneurie } le condamne en outre à 300 après le délict fait & commis, soit en Villes , Bourgs,
liv. pour être fait une épitaphe , où l'Arrêr fera gra Bourgades , Villages , ou fur les champs , ne se
vé , & en une somme fuflìfante pour être fondéfans puissent sauver, ne évader fans être prins & a pré
l'Eglisc où le sieur Andrieux est inhumé , un service bendes, pour être fait punition j voulons que ceux
annuel & perpétuel pour le repos de son amc. qui auront vus , & soudain entendus tels Meurtres
& Assassinats , aillent tout au même instant , ii
VIII. c'est une bonne Ville , faire fermer la plus pro
chaine porte , & crient à haute voix publiquement ,
8. Troi-
Ccme dis- 3°. Quant a la Manière de poursuivre à la porte , à la porte , afin que chacun se mette en
son devoir d'aller faire fermer les autres portes de
fcrence eS ç;rmieS pon voit d'après différentes ladite Ville , ík y mettent guet , à quelque heure
quant
manièrea la dilpolitions » des memes Loix
f : que nous que ce soit , aíìn que le Meurtrier & Assaísinareur
suivre °Ur* venonS ^e c*ter > qu'elles n'ont rien ou- ne puisse aucunement sortir ; & lors fera faicte
DÉ L'HOMîClDE , Et DE SES DIFFÉRENTES ESPECES, rf j
deuë & entière perquisition & recherche dans toutes celle résultante des indices , dont les plus
les Maisons , Eglises , Franchises & autres lieux de remarquables sont ( comme nous l'avons
la Ville que Moin fa, ^s^SSlT* vu en traitant du Dol , & que nous le
& de fait dcsdits Meurtriers « Allaiiinateurs ' . n
Et ouand iceux Meurtres & Assassmemens advi.n- verrons encore plus * particulièrement
M. en
dront ès Bourgs , Villages , ou fur les champs -, ceux traitant de la preuve conjecturale ) ceuK
qui les auront veus commettre , ou qui fur l'heure
les entendront , ne faudront incontinent de courir qui se tirent des motifs de haine , de ven
à la cloche de la Paroisse pour la faire sonner ton geance ou d'intérêt , qui font les Causes or
de tocqueíin , ainsi qu'il est accoutumé , pour faire dinaires de ces Crimes , de la nature des
émeute & soudaine assemblée de peuples ; auquel bleflures , de la qualité des armes avec
son de cloche & tocqueíin , roulons les habitaus
des lieux eux mettre & ranger en troupe fur les lesquelles elles ont été faites , du temps , &
passages , & que ceux des autres Villages oc Bourgs du lieu où ces Grimes ont été commis ,
circonvoifíns fassent chose semblable , sonnans le comme si c'étoit de nuit , dans un bois &
tocqueíin , afin qu'ils soient entendus consécutive
autre lieu écarté. A quoi il faut joindre
ment de lieu en lieu , de Paroisse en Paroisse, voire de
Province en Province , étants fous notre obéissance, généralement toutes les circonstances qui
où par-tout Tune après l'autre Ton sonnera & fera ont accompagné , précédé ou suivi ces
assemblée comme dit est sur les passages , advenues, Meurtres & Assassinats. Par celles qui ont
& autres lieux échapatoires , jusqu'à ce que lesdits
Meurtriers ou Assastinateurs soient prins & apré- accompagné , l'on veut parler fur-tout du
hendez , quelque part que trouvez , ou apréhendez sang répandu fur les habits de l'Accusé ,
pourroient être, soit en lieux saints ou dehors. Ord. & des effets du mort dont il auroit été
d'Henri H. à Saint-Germain- en-Laye , en Juillet
trouvé saisi lors de fa capture ; de l'émo-
1547. V. Tkbvenot , tit. 5. dts Procìs criminels.
tion & de la pâleur qu'on lui auroit remar
quées au moment que venoit de fe commettre
I X. le Crime ; du trouble & des contradictions
qui lui feroient échappés dans ses premières
réponses. A l'égard des circonstances qui
9; Qua- 4°. Enfin quant à la Manière de prouver ont précédé , l'on veut parler fur-tout des
trieme dif- ces fortes de Crimes , nous venons de voir ,
menaces & des querelles précédentes qu'il
quanti u d'après la disposition de nos Loix, qu'elles y auroit eues entre l'Accufë & la personne
manière veulent que les Juges qui procèdent à leur
de les tuée. Enfin par les circonstances qui ont
prouver. instruction soient tenus de dresser d'abord suivi , l'on veut parler principalement de
des Procès-verbaux , dans lesquels ils feront la fuite de l'Accusé aussi-tôt après le Crime,
mention , non-seulement de l'Etat où ils & avant qu'il y eût contre lui aucune pour
ont trouvé le cadavre , mais encore de la suite faite à ce sujet. Au reste , il faut con
façon de l'habit que portoit le Meurtrier venir que tous ces différens indices n'ont
lors de ía capture , de ses armes , de ses pas une égale force ; & que ce n'est , comme
chevaux & équipages , du lieu de fa re- nous le verrons plus amplement en trai-
traite , & généralement de tout ce qui peut tant de la Preuve , que par le concours d'un
servir à constater le corps du délit. Et quant certain nombre d'indices prochains , joints
aux preuves qui doivent servir à convaincre à la preuve du Corps de délit , que se
les Accusés d'être les auteurs ou complices forme la preuve néceslaire pour opérer la
de ces sortes de Crimes ; comme ces Crimes conviction des accusés de ces Crimes , &
font occultes de leur nature , c'est-à dire , les faire condamner aux Peines qui y font
qu'ils se commettent en secret & avec des attachées. En forte que si ces indices ne
précautions tellement combinées , qu'il suffisent point pour former cette preuve
íèroit le plus souvent impossible de les complette , mais seulement considérable ,
prouver par témoins de visu ; c'est pour- c'est le cas d'ordonner la Torture , aux
quoi nos Loix ont cru devoir admettre termes de l'Ordonnance , ou du moins un
pour preuve principale en cette matière , plus amplement informé indéfini.
*76 LES LOIX CRIMINELLES, Ltv. III. Tit. III.

§. II. Du Parricide.

SOMMAIRES.

r. Que doit- on entendre sous ce nom ? 5. Conforme au Droit Romain , quant a


2. Défini dans le Droit Romain différemment l'indignité de succéder.
6. Comme auffi a l'égard des Complices , fir
de nos usages.
3. Peine Jìnguliere établie parla Loi Ro du simple attentat.
7. En diffère quant a l'imprescriptibilité éta
maine.
4. Peine établie par notre Jurisprudence. blie dans ce Droit.

y. Que f £ST je Qr[me des Enfans qui tuent leur ou le fleuve le plus prochain ; afin , porte
doit - on ~* f _t nr 1 cette Loi, que celui qui a violé ainsi les
«ntendre Pere ou leur Mere , ou autres Alcendans.
nom ì CC Comme les Souverains sont censés les pères Loix de la nature , soit privé de l'usage de
de leurs Sujets , nous qualifions aussi du nom tous les élémens ; sçavoir, de la respira
de Parricides les Criminels de Lese-Majesté tion de l'air , étant encore vivant ; de l'usage
au premier chef. de l'eau , quoiqu'au milieu de la mer , ou
du fleuve ; & de la terre , qu'il ne pouvoit
I L
avoir pour sépulture.
s. Défini L'on voît par cette Définition, que nous (1) Si quís parvulus aut silii , automninò assectio-
í?ns- òe ne suivons point les dispositions du Droit nis ejus qux nuncupatioue Parricid ii continetur fa ra
DroitRo- . r. K properaverit , fíve clàm , íìve palàm id enifus fuerir,
maindiffé- Romain , qui comprenoit également ious
remment ce nom jes raeurtres commis par les pères Pœuâ Parricidii puniatur , & neque gladio , neque
ce nos usa- ' , <• » • ignibus , ueque uJIi aliae pœnae siibjugetur ; íed in-
ges. & mères envers leurs eníans , par les mans sutus culeo cum cane , & galfo gallinaceo, & vipe-
envers leurs femmes , par les frères envers ra , & simio , & inter eas ferales angustias compre-
leurs frères , &c. (i). Nous ne connoissons heníus , serpentium contuberniis misceatur , & ut
regionis qualitas tulerit , vel in vicinum mare , vel
proprement ceux-ci , que sous les noms d'in in amnem projieiatur , ut omni elementorum uíu
fanticide , uxoricide , fratricide , dont nous vivus carere incipiat , & ei coelum superstiti terra
parlerons successivement sous les Paragra mortuo auferatur. L. Unie. Cod. de Ais qui pa
rentes , vel Uberos eecideruat. V. auífi INSTIT. de
phes íùivans. A l'égard des meurtres qui
publ. jud. ,
se commettent envers les autres Parens
dont il est parlé dans la Loi Romaine , nous IV.
ne les distinguons point des autres homi
Quant á nos usages particuliers íùr la 4.
cides qualifiés. punition du Parricide , nous remarquons nt0a^eiej>ul
(i)Legc Pompeiâ de Parricidiis cavetur, ut si d'abord , que nous n'avons aucune Loi où risprudea»
quis patrem , matrem , avum , aviam , fratrem , il soit fait mention expresse de ce Crime ;
íororem , patrueletn , matruelem , patruum , avun-
culnm , amittam , consobrinum , consobrinam , uxo- en sorte que nous n'avons d'autres règles
lein, virum , generum , vitricum , privignum , privi- en cette matière , que celle établie par la
gnam , patronum , patronam,occidens , cujusve dolo Jurisprudence des Arrêts. Or , il paroît en
mnlo id factum erit , ut pœuâ eâ teneatur quae cít
général , d'après ces Arrêts , qu'ils ont pris
Legis Corneliae de Siccariis. L. ï.Js. de Leg. Pomp,
de Parricid. principalement pour base les Loix portées
contre les Meurtres & les Assassinats ; c'est-
III..
à-dire , qu'au lieu de la Peine établie par
3. Peina Nous ne suivons pas non plus les dis- la Loi Romaine, on est dans l'usage de
é "tre^ar P0^*0118 ^e ce Ds01t > quant à la Peine prononcer contre le coupable de Parricide
ia LoTro- particulière qu'il avoit établie pour la pu- celle de la Roue : à quoi l'on ajoute seu
maine. nition du Crime dont nous parlons ici. lement l'amende honorable , le poing cou
Cette Peine , qui étoit portée par la fa pé , le corps mort brûlé , & les cendres
meuse Loi Pompeia de Parricidiis (i) (la jettées au vent ( 1 ). II paroît aussi , d'après
première qui ait été rendue en cette ma les- derniers Arrêts (2) , que l'on prononce
tière, parce qu'il ne s'étoit trouvé jus quelquefois la peine du Feu , suivant l'a-
qu'alors aucun exemple qui pût convain trocité des circonstances. Cette derniere
cre de la possibilité d'un Crime aussi con Peine s'emploie plus ordinairement à l'égard
traire à la nature ) , consistoit , comme l'on des Femmes , qui , comme nous I'avons ob
sçait , à faire fustiger le Parricide jusqu'à servé , ne sont point sujettes à la peine de
effusion de sang , &. ensuite enfermer dans la Roue , suivant nos usages.
un sac de cuir avec un singe , un coq , une (1) V. Imbert , Liv. 3. ch. 2i.
vipère & un chien , & jetté dans la mer (2) V. Dict. des Arrêts , virbo Parricide.
V.
DE L'HOMICIDE , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 177
coup d'épée , ou d'un autre instrument offen-
«. Con XT _ . _ , , t /> r ■ fif dont il l'auroit feulement blessé. Corn-
forme
.<-c au . ^ f"?1"8 ^ ^ ^ effet pourroit.on ne pas luì faire
DroURo. du I>01t Romain relativement aux Peines ^ alors *£t ^ rigueur des peines
râm'à acceíToiresqudavoita^eesàceCniiie, attachées à ce Crime , puisque , pour de
Ldignué notamment celle de ì indignât de succe- s leS malédlclions poír de simples mau-
Je succé- der aux père & mere tués , laquelle s en- vais traitemens dont un enfant auroit usé
court des 1 instant meme du Crime & ne enyers & & m£re a est dédaré
frappe pas eulement fur le coupable mais nissable de mort ks sainteg Ecritures ( }
encore fur les enfans qui font nés depuis & ne peut , suivant les Arrêts rendus
ion L,iime. en cette matiere , être puni d'une moindre
Cùm ratio naturalis quasi lex qusdam tacita peine que corporelle OU affliaive , en ce
libens parentum harreditatem addiccrec velut ad , . * r \ì
debitam successionem eos vocando , propter quod ueiruer C3S V. 5 ) •
& in jure civili suorum hasredum nomen eis in-
ductum est, ac ne judicio quidcm parentes , nifi (1) Utrum qui occiderunt parentes, an etiam
fneritis de eaufis , fubmoveri à successione poflunt ; confeii Pœnâ Parricidii asiìciantur , quaeri potest ?
existimatum est , co quoque cafu quo propter pa & ait Mœcianus etiam couscios eâdem Pœnà affi-
rentes aufert bona damnatio , rationem haberi libc- ciendos , non íblùm Parricidas , proindè confeii
rorum , nealienoadmilsograviorem Pœnamluerent etiam extranei eâdem Pœnâ afficiendi funt. L. 6.
quos nulla contingeret culpa , interdùm in íummam ss. de Lege Pompe ia de Parricid.
egestatem devoluti , quòd cum aliqua moderatione (2) Nihil interestoccidat quis , an caufam mortis
desiniri placuit ut qui ad univerfitatem vcnturi praebcat. L. i5.fi. ad Leg. Corne/, de siccar. & venes.
erant jure fuccessionis, ex eaportioncs concestasha- (3) Et prartereà qui émit venenum utpatri daret ,
bercnt. L. y. jf'. de bonis damnator. quamvis non pptuerit dare. L. i.Js. de Leg. Pomp.
V. Baudet , tom. r. Liv. t. n°. 48. Brodeau de Parricid... Si, sciente creditore , ad fcelus com-
fur Louet , Lett. 5. p. 20. n. 12. V. aussi le second mittendum pecunîa sit fubministrata , ut putà si ad
Tome du Journal des Audiences. veneni mali comparationem , vel etiam ut latro-
nibus ag^'. di'oribtisque daretur qui patrem interfi-
V I. cerent ; Parricidii Pœnfi tenebitur qui quaesierit pe-
cuniam , quique eorum ita crediderint aut à quo
é. Comme Nous avons encore suivi les dispositions ita caverunt. L. y.ss. ad Leg. Pomp. de Parricid...
"aíd Vêl" ^e ce ^Tolt en ces tro*s autres points. Le V. Brodeau sur Louet , Lett. 5. ss. 20. n. 8.
Compii" premier , en ce que nous punissons les Com- (4) V. Exod. ch. r. v. 15. Levit. ch. 20. v. 9.
V. S. Matth. ch. 15. v. 4.
simphLÍ plÌCÊS ' 4uoiqu'étrangers , de la même Peine (5) V. « qui sera dit k ce sujet sous le titre de
cemat. " ^ les auteurs du Crime par autrui (1) ; le flttJVRE.
second , en ce que nous punissons les en VII.
fans qui font commettre ce Crime , comme Au reste , nous avons cru devoir nous 7- En dif
s'ils l'avoient commis eux-mêmes (2) ; le écarter de la disposition de ce Droit , en ce fère quant
troisième enfin , en ce que le seul attentat qu'il déclare ce Crime imprescriptible. II a à l'impres-
criptibili-
suffit pour donner lieu à la Peine de ce Cri- été jugé par plusieurs Arrêts de ce Parlement, té établie
me (3). Ce qui s'entend lorsqu'il est manifesté ( un entr'autres du 15 Mai 1655 , rapporté dans ce
Droit.
par quelqu'acte prochain , comme , v.g. , si le au second tome du Journal des Audiences )
fils avoit tiré un coup de fusil fur son pere que le Parricide pouvoit se prescrire, comme
qu'il auroit manqué ; ou s'il lui avoit donné un les
es autres Crimes.

III. De F Infanticide , & de fes différentes Espèces.

S O M M AIRES.

1. Connu fous différentes dénominations. 9. Conditions nécessaires suivant les Loix ,


2. Réputé par le Droit Canonique , plus pour donner lieu a la Peine de ce Crime.
grave que les Homicides ordinaires. 1 o. Formalités prescrites aux Curés à cesujet.
3. i°. Infanticide, proprement dit, ce que c'est. 1 1 . 40. Exposition de Part ; comment se com
4. Différence de nos Usages , & de ceux met ce Crime.
du Droit Romain t fur les effets de la ï 2. Comment puni par les Loix Civiles &
puissance paternelle. Canoniques.
5. z°. Avortement volontaire , ce que c'est. 13. Peines modérées par notre Jurispru
6. Distinction du Droit Canonique ô de dence , ô pourquoi.
la Caroline non admise parmi nous. 14. Exception a l'égard des Sages-Femmes.
Encise , ce que c'est. 15. Conduite que doit tenir la Partie pu
7. 30. Recélement de Grossesse, ce que àest. blique a cet égard.
8. Loix & Réglemens particuliers a ce 1 6. Cas où il y a lieu a la peine de Mort
sujet. en cette matiere.
I.
fousdisse- C 'EST le nom générique que l'on donne aux & mères envers leurs enfans. L'on distingue nomina-
rentes dé- Homicides qui sc commettent par les pères néanmoins dans nos usages , parmi ces Ho- tl0DS'
178 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. III. TiT.IIÏ.
même , le pere nere aui qui tueroit son enfant ,
micides , ceux qui se commettent sur des
fût-ce même dans la chaleur d'un premier
enfans d'un certain âge , de ceux qui se com
mouvement , ne pourroit éviter la Peine
mettent sur des enfans nouveaux nés , ou
ordinaire de l'Homicide , qu'en obtenant
même íùr ceux qui font encore dans le sein
des Lettres du Prince. Par conséquent si
de leur mere. Dans ces deux derniers cas , ils
l'Homicide étoit prémédité , U seroit ,
íbnt connus proprement fous les noms à'A-
comme tout autre particulier , puni irré-
vortement volontaire , de Recélement de Gros
miífiblement de la peine du Meurtre & de
sesse y & &Exposition de Fart ; & ce n'est
l'AíTaflìnat. Ce qu'on peut dire à plus forte
que dans le premier
premiei cas
ca» qu'ils
vjuna retiennent
avwlw^w*. í
le nom ftInfanticide. Comme les uns & les raison de la Mere , qui n'a pas , suivant nos
autres se règlent par des principes particu- Loix , la même étendue de pouvoir que
liers , nous croyons devoir les traiter sépa- le Pere sur ses enfans. C'est principalement
rément fous ce même Paragraphe. des Infanticides de cette derniere efpece ,
dont il est parlé fous le titre du Droit Cano
I I. nique de hisquifilios occiderunt , & qui leur
impose à ce sujet une pénitence qui doit
1. Réputé Nous observerons seulement ici en gé-
durer jusqu'à la fin de leurs jours (3). II
i>oit Ca- n^ra^ » (îue comme ces Crimes tendent , de
est aussi parlé fous le même titre , d'une
nonique même que Ceux dont nous venons de par-
autre efpece d'Infanticide qui se commet
plus grave jer au paracrraphe précédent , à violer les
quelesHo- . . , , ° r c . , , . ~ par les pères &. mères qui étouffent, en dor
micides loix de la nature qui porte a chérir les
mant , leurs enfans qu'ils avoient couchés
ordinaires enfans , & à veiller à leur conservation ,
avec eux. Nous avons eu lieu d'en parler
nous avous cru devoir les mettre au nom
en traitant des délits qui se commettent
bre des Homicides qualifiés. par faute & imprudence ; & nous avons
distingué à cet égard les nourrices , des
I I L
pères 8c mères , à cause de l'affection pré
i.infin- i°. Infanticide proprement dit; c'est, sumée de ceux-ci.
nctde pro- comme nous venons de l'obferver , celui
prement
dit, ce que qui. se_ commet par les pères & mères, * fur (1) Divus Adrianus ferrur cíim in venatione
c est- leurs enfans qui font d'un certain âge. filium suum quidam necaverat quinovercam adul-
terabat, in inliilam eum déportasse , quòd latronis
magisrqnàm patris jure eum interfecit, nam patria
I V.
potestas in jïietate débet non in atrocitate coníis-
4. Difft- Nous ne chercherons point dans le Droit tere. L. ^. ad Leg. Cornel. de Siccar...
nosCCUsae ^omam *es principes qui doivent fixer nos (z) Si quis necandi infantes piaculum aggrefïus
aggressave sit , sciât se capitali íuppticioeffe punien-
ges & de idées fur la nature de ce Crime & de fa
dum. L. 8. Cod. eod. Tir... Si quis infantera occi-
ceux du Peine ; par la raison que , suivant les an- derit , ut Homicida habeatur.CUpi t. Ca h. Magìî.
main' suT cienS usages de cette Nation , les pères Z. 7. c. 1 jli.
les effets avoient , comme l'on fçait , le droit de vie (3) Veniensad nos M. millier , lacrymabili nobis
soncVpa- ^-^e raorC Prieurs enfans , &que c'étoitaussi confeflione monstravit quòd cùm dequodam filium
genuiffet & ille fibi sepè turgido vultu imprope-
terneUe. par une fuite de cette faculté , qu'ils pou-
rasset , quòd filiusejus non effet, ipsa iracundiae do-
voient , comme nous l'avons dit , tuer im lore ducta , eamdem filium interfecit. Mandamus
punément leurs filles mariées qu'ils surpre- quatenùs eam labores inducere ut ad aliquod mo-
noient en adultère. Nous ne connoistons nasterium transeat in quo peccata sua perpetuâ
point
jj\jíliv. dans ce Royaume
j ,-, pas
l même dans pœnitentiâ
í
deploret. Cap. 1. Extra. dchis qui
les Provinces qu'on appelle Pays de Droit Jìlios ocdderunt.
écrit , ces privilèges excessifs que Yan V.
cien Droit Romain avoit attachés à l'au-
torité parternelle en cette matière , & qui ■.?> AvoRTEMENT VOLONTAIRE ; c estle Avor-i
a même été tempérée par le nouveau , fui- Crime des femmes ou filles grosses , qui , = -
vant lequel l'autorité paternelle doit moins Pouf cacher leur turpitude , fe servent de qwc^
consister dans la sévérité , que dans la clé- plusieurs moyens pour faire mourir le fruit
mence (1) ; tellement qu'il y a peine de <V» est dans leur scin r M Par des ^reu-
■ -—- vages , ou autrement. La Loi Komame pu-
Mort contre les pères & mères qui atten
nisioit feulement de l'exil les mères coupa
tent à la vie de leurs enfans de propos
bles de ce Crime (1) ; & ce n'étoit que lors
délibéré. (2) A quoi il faut joindre Yindi
que l'avortement étoit procuré par des tiers t
gnité de succéder , que nous avons remar
& qu'il étoit suivi de la mort de la mere,
qué avoir lieu
Heu aans
dans toutes les eipetcs uc
espèces de *
meurtres qui se commettent sur des person- en meme temPs W* de la perte de son fruit ,
nés auxquelles on doit succéder. L'on veut qu'elle prononçoit la Peine capitale (2).
dire que , suivant cette maxime inviolable , . c. ,. .e , . . . r/r • \
, * . ... . , (n Si mulierem viicenbus luis vim ìntuhffe quo
de notre Droit public , qui ne permet a partum abigeret constiterit , eam in exilium Prises
qui que ce soit de fe faire justice à foi- Provincis dabit. L.%.ff. ai Leg. Cornes, de Siccar.
DE L'HOMICIDE , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 179
(1) Qui abortionis aut amatorium poculum dant, idée de ce Crime , qu'en rapportant ici les rçens par-
etsidolo non faciant, tamen quia mali exempli res termes de l'Edit de Henri II ( i ) , qui a été í^t" à
est , humiliores in metallum , honestiores in infu- rendu principalement à ce sujet. Nous y
lam , amissâ parte bonorum , relegantur. Quòd si
eo mulier aut homo perierit , summo supplicio affi- joindrons aussi les dispositions de l'Edit de
cientur. Z. tf.ff. 5. ff. de Panis. Henri III (2) , & de la Déclaration de
Louis XIV , en 1708 (3) , qui , en renou
V I. velant ce premier Edit, ont marqué les pré
6.Dîst!nc- L'on distingue dans le Droit Canoni- cautions nécessaires pour mieux en assurer
Droit ci- ^ ' *ì *e *"œtus ^t0^ znimè > ou non (1). l'exécution. Enfin nous croyons devoir ajou
noniqne& Ce n'est que dans le cas seulement qu'il ter aux dispositions de ces Loix , celles des
de u Ca- eft pr0uvé avoir eu vie dans le temps de Réglemens particuliers qui en ont déve-
roline.non., r ,, n 1 , 11
admis par- 1 avortement , que 1 on est réputé coupable loppé le véritable esprit.
mi nou$. d'homicide , suivant ce Droit. C'est aussi
ceNCque' la disposition de la Caroline (2). Mais la
c'est. difficulté de cette preuve a fait que nous /OHenri Comme nos Predécesseurs&Progem-
, . . f o? j teurs Tres-Chretiens Rois de France, aient, par actes
n avons pomt admis cette distinction dans verbaux & catholiques, chacun en son endroit, mon-
notre Jurisprudence , & que nous punissons tré, par leurs très-louables effets, qu'à droit U bonne
également de la Peinede l'Homicide , & la raison le nom de Très-Chrétien à eux propre & par-
femme qui se procure l'avortement , & ceux ticulier , leur avoit été attribué : en quoi les voulant
quiaidentàle lui procurer , en lui four- imiter & suivre ,& ayant par plusieurs bons &.
^.-y. , , r r r 11 • íalutaires exemples témoigne la dévotion qu avons
nissant des breuvages , sur-tout si c etoient à conserver fc^der ce tant céleste & excellent
des Sages-Femmes. Cette Peine devroit titre , duquel les principaux effets sont de faire ini-
avoir lieu, à plus forte raison, dans le cas tier les créatures que Dieu envoie fur terre en notre
de l'ENCISE ; c'est le nom qui est donné par Royaume , Pays , Terres & Seigneuries de notre
nos Coutumes à ce double Homicide , qui pbéiffance , aux facremens par lui ordonnés ; &
quand il lui plaît les rappeller à foi , leur procu
se commet par ceux qui font périr du même rer les autres Sacremens pour ce institués , avec
coup , & la mere , & l'enfant. Nous ve les derniers honneurs de la sépulture. Et étant duë-
nons de voir que ce Crime étoit puni de Peine ment avertis d'un Crime très-énorme & exécrable ,
capitale chez les Romains , par la même Loi fréquent en notre Royaume , qui est que plusieurs
qui se contentoit de punir de relégation semmes ayant conçu enfans , par moyens déshon-
/■ \ n a ■ • netes, ou autrement, persuadées par mauvais vouloir
lesimple avortement (3) II est mis parmi &conseil,&quÌQCcSltent& cachent leur grossesse,
nous au nombre des Cas Royaux. sans en rien découvrir ôf déclarer ; & avenant le
( 1 jQuòd verò non formatum puerperium, noluit temps de leur part & délivrance de leur fruit, oc-
ad Homicidium pertinere , profectò nec hominem cultement s'en délivrent , puis les suffoquent, meur
deputavit quod taie in utero geritur. Hic de anima trissent & autrement suppriment sans leur avoir
quxstio solet agitari , utrum quod formatum non est fait départir le saint Sacrement de Baptême : ce
nec animatum quidem possìt intelligí ? & ideò non fait , les jettent en lieux secrets & immondes , ou
sit Homicidium, quia nec examinatum,dicipotestsi enfossoient en terre profane , les privant par tel
adhuc animam non habebat. Can. 8. cauf. 31. qu. 1. moyen de la sépulture coutumière des Chrétiens :
(2) Celui qui , de propos délibéré , ou par ma de quoi étant prévenus & accusés pardevant nos
lice , fera avorter une femme d'un enfant ayant eu Juges , s'excusent , disant avoir eu honte de déclarer
vie , par le moyen d'un breuvage , de même que leur vice , & que leurs enfans sont sortis de leurs
celui qui aura procuré la stérilité à un homme ou ventres morts & fans aucune espérance ou apparen
à une femme pour les empêcher d'avoir des enfans, ce de vie : tellement que par faute d'autres preu
fera condamné comme Homicide ; fçavoir , si c'est ves , les gens tenant , tant nos Cours de Parlement
un homme , à être décapité; & si c'est une femme , 3u'autres nos Juges , voulant procéder au Jugement
quoiqu'elle l'eùt exercé contre elle-même, elle fera es Procès criminels faits à l'encontre de telles fem
précipitée dans l'eau , ou subira une Peine capitale. mes, sont tombés & entrés en diverses opinions; les
Mais si l'enfant n'avoit point encore eu vie , les uns concluant au supplice de mort , les autres à
Juges prononceront seulement une peine arbitraire, la question extraordinaire , afin de fçavoir ou en
suivant les circonstances. Caroline, art. 133. tendre par leur bouche , si , à la vérité , le fruit issu
(3) Quòd si eo mulier aut hom o perierit, summo de leur ventre étoit mort ou vif. Après laquelle
supplicio afficientur. V. L. 38. ci-deffus citée. question endurée pour n'avoir aucune chose con
fessé , leur sont le plus souvent les prisons ouver
V I I. tes , qui a été 6c est cause de les faire retomber ,
récidiver & commettre tels & semblables délits , à
(,7.. Rtec- 3|».RECÉLEMENT DE^ROSSESSE; onTap. notre très-grand regret & scandale de nos Sujets; à
& pelle autrement Jupprejjwtt de Part. C est quoi pour Pavenir nous avons bien voulu pourvoir.
Groffeffc , je çrime d'une fille qui , non-feulement
c'est. ne déclare point fa grossesse , afin de ca Sçavoir faisons que nous , désirant extirper , &
du tout faire cesser lefdirs exécrables & énormes
cher sà honte , mais qui , après s'être déli crimes , vices , iniquités tk délits qui se commettent
vrée de son fruit , le fait périr en le noyant en notredit Royaume , & ôter les occasions & ra
ou autrement , sans lui avoir fait recevoir cines d'iceux dorénavant commettre, avons ( pour
ie Baptême. à ce obvier ) dit , statué , ordonnons &C nous plaît
VIII. que toute femme qui se trouvera duëment atteinte
& convaincue d'avoir celé, couvert Sc occulté, tant
S. Loix Nous ne pouvons donner une plus juste fa grossesse qu'enfantement, fans avoir déclaré l'un
& Régle-
2 1
i8o LES LOIX CRIMINELLES, Liv. III. Tit. III.
ou l'autre , & avoir pris , de l'un ou de l'autre , ment la vie , mais le salut éternel de plusieurs enfans
témoignage suffisant , même de la mort ou de la conçus dans le crime , qui périroient malheureuse
vie de son enfant , lors de l'issue de son ventre ; & ment sans avoir reçu le Baptême, & que leurs mères
après se trouve Pensant avoir été privé , tant du sacrifieroient à un faux honneur, par un crime en
saint Sacrement du Baptême que sépulture publique core plus grand que celui qui leur a donné la vie , fi
& accoutumée , soit telle femme tenue avoir ho- elles n'étoient retenues par laconnoiffance de la ri
micidé son enfant ; & pour réparation publique , gueur de la Loi , & si la crainte des châtimens ne
punie de mort & dernier supplice , de telle rigueur faisoit en elles l'office de la nature.
que la qualité particulière du cas le méritera , afin
que ce soit exemple à tous , & que ci-après n'y A ces causés, &c. ordonnons , voulons & nous
soit fait aucun doute ni difficulté. Edit de plaît que l'Edit du Roi Henri II , du mois de Fé
Henri 11 , en Février 1556. vrier 1 556 , soit exécuté selon sa forme & teneur;
ce faisant , que ledit Edit soit publié de trois mois en
(ì) Afin que nulle femme , servante & cham trois mois par tous les Curés ou leurs Vicaires, aux
brière , ou autre ne puisse prétendre cause d'igno Prônes des Messes Paroissiales; enjoignons auxdits
rance del'Ordonnance ci-dessus; enjoignons à tous Curés ou Vicaires de faire ladite publication , &
Curés de publier & dénoncer au peuple le contenu d'en envoyer un certificat signé d'eux à nos Procu
de ladite Ordonnance à leurs Prônes des Messes reurs des Bailliages & Sénéchaussées dans l'étendue
Paroissiales , de trois mois en trois mois , & que desquels leurs Paroisses sont situées. Voulons qu'en
tant nos Procureurs que des Seigneurs Hauts-Justi cas de resos , ils puissent y être contraints par saisie
ciers tiennent la main à ladite publication. Ord. de de leur temporel , à la Requête de nos Procureurs-
Hesri 111. de l'an 1 $86. Généraux en nos Cours de Parlement , poursuite
& diligence de leurs Substituts , chacun dans leur
ressort. Décl. de Louis XIV', dux-j Février 1708»
{.3) LoUIS , &c. Le Roi Henri II ayant ordonné regifirée au Parlement le x Mars suivant.
Î>ar son Edit du mois de Février 1556, que toutes
es femmes qui auroient celé leur grossesse & leur I X.
accouchement , & dont les enfans seroient morts C'est d'après la réunion de toutes ces 9. Comfr
fans avoir reçu le saint Sacrement de Baptême , Loix & Réglemens , qu'il paroît que , pour tions né
seroient présumées coupables de la mort de leurs cessaires
enfans , & condamnées au dernier supplice ; ce pouvoir prononcer la peine de Mort atta suivant les
Loix pour
Prince crut en même temps qu'on ne pouvoit re- chée à ce Crime , il faut nécessairement le
nouveller dans la fuite avec trop de soin le sou concours des sept conditions suivantes ; fça- lieu à I*
venir d'une Loi si juste & si salutaire ; ce fut dans voir, i°. qu'il y ait un corps de délit constaté Peine de
cette vue qu'il ordonna qu'elle seroit lue & pu cc
par la représentation de l'enfant ; 20. qu'il y
bliée de trois en trois mois par les Curés ou Vi
ait preuve d'ailleurs , tant de la grossesse, que
caires , aux Prônes des Messes Paroissiales : mais
quoique la licence & le dérèglement des mœurs de l'accouchement de la fille ; 3 °. qu'elle n'ait
qui ont fait de continuels progrès depuis le temps déclaré dans aucun temps , ni cette grosseíîè ,
de cet Edit, en rendent tous les jours la publication ni cet accouchement , à personne digne de
plus nécessaire, & que notre Parlement de Paris l'ait foi ; 40. que l'enfant dont elle est accouchée
ainsi jugé par un Arrêt du 19 Mars de Tannée 1698,
soit venu à temps ; l'on veut dire ( pour se
qui renouvelle à cet égard í'exécution de l'Edit de
l'année 1 556 ; nous apprenons néanmoins que de servir des expressions des Arrêts de Règle
puis quelque temps plusieursCurés de notreRoyau- ment (1) ) , qu'il soit trouvé ayant des ongles
me ont fait difficulté de publier cet Edit , sous pré ô des cheveux ; circonstances dont les Chi
texte que par l'art. 31 de notre Edit du mois d'Avril rurgiens font tenus , suivant les mêmes Ar
1695 » concernant la Juridiction Ecclésiastique , rêts , de faire mention expresse dans leurs
nous avons ordonné que les Curés ne seroient plus
obligés de publier aux Prônes ni pendant l'Office rapports ; 5°. que l'enfant ait été privé du
divin , les Actes de Justice & autres qui regardent Baptême; 6°. qu'il ait été privé de la sépul
l'intérêt particulier de nos Sujets ; à quoi ils ajou ture chrétienne ; 70. qu'enfin il y ait preuve
tent encore que nous avons bien voulu étendre que cette fille a pu avoir connoissance de la
cette règle à nos propres affaires , en ordonnant , peine qu'elle encouroit en ne déclarant
par notre Déclaration du 16 Décembre 1698 ,que
point sa grossesse & son accouchement.
íes publications qui se seroient pour nos intérêts ,
•ne se seroient plus aux Prônes , & qu'elles seroient
(1 ) V. le sixième tome du Journal des Audiences,
faites seulement à l'issue de la Messe Paroissiale Liv. %. ch. 1 5. & liv. 7. ch. 38 & 40. où ces Arrêts
par les Officiers qui en sont chargés ; & quoiqu'il sont rapportés , notamment celui du 11 Mars
soit -visible que par-là nous n'avons eu intention 1711.
d'exclure que les publications qui se faisant pour
des affaires purement séculières & profanes , ne X.
doivent pas interrompre le Service divin , comme La preuve de cette connoiíîànce s'éta 10. Pré-,
nous l'avons assei marqué par notredite Déclaration cautions
blit principalement par la publication des
du 16 Décembre 1698, Nous avons cru néanmoins, prescrites
pour faire cesser jusqu'aux moindres difficultés dans Edits , laquelle , aux termes de l'Edit de aux Curés
une matière si importante , devoir expliquer nos Henri III , de la Déclaration du 1 7 Fé à ce sujet.
intentions sor ce point d'une manière si précise , vrier 1708, & des Arrêts de Réglemens
que rien ne pût empêcher à l'avenir une publica des 16 Mars 1731 & 27 Avril 1735 , doit
tion qui regarde , non l'intérêt particulier de quel-
être faite de trois mois en trois mois , par
ques-uns de nos Sujets , ou le nôtre même , mais le
bien temporel & spirituel de notre Royaume;& que les Curés & Vicaires , aux Prônes des Mestès
l'Eglise devroit nous demander, si elle n'étoit pas en Paroissiales , à la charge par ceux-ci d'en
core ordonnée, puisq'uelle tend à assurer non-feule envoyer un certificat signé d'eux aux Pro-
DE L'HOMrCIDE:, ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. ^181
cufeurs du Roi des Sièges où ils ressortis- crime , d'autre règle que celle établie par par notre
sent , à peine d'y être contraints par la saisie là Jurisprudence des Arrêts. - II paroît en .Jurispru
dence , 6c
, de leur temporel. ... général, que la nécessité de prévenir* un pourqaoi*
plus grand mal, a. fait -qu'on s?est un peu
X I.
relâché de la rigueur des Peines que ce
ii. Ex- 4°. Exposition de Part. C'est le Crime Crime paroît mériter , & même que les
pp{"°" de des pères & des mères qui , après l'accou- exemples de punition font devenus extrê
Comment chement y exposent leurs enfans , ou dans mement rares depuis rétablissement des Hô
«'crlm" *es ou ^r ^es grands chemins , ou pitaux destinés à recueillir les enfans ainsi
abandonnés , • & fur-tout depuis les ftégle-
bien dans des lieux écartés ; soit afin de
cacher la honte de leur naissance , lors mens particuliers , par lesquels dans les lieux
qu'ils font nés par des moyens déshonnê où il n'y a point de ces sortes d'Hôpitaux ,
tes , soit parce qu'ils ne seroient pas en état les Seigneurs, dans la Justice desquels ces
de les nourrir/1 à cause de leur pauvreté, enfans sont exposés , font tenus de pour
voir à leurs nourriture & entretien.
XII. .;• V. PArrêt de Règlement, du 30 7uin 1664 \
ti. Com» H est parlé de ce Crime dans le Droit Ro- rapporté au Journal des Audiences.
paerBt feusm main , fous le titre de Insanábus expofuis. .: l'-
LoixCm-.L'on voit d'abord, par laNovellede Justi- X I V.
ks&Ca- • rapportée fous ce Titre (1), que les * r> ~ j * t r 1 r- Lr~
«nuques. s- ui a n ■ r * j» 1 ' 1 Cependant , lorsque les cas se présentent , 14. Ex
coupables de ce Crime y font déclares plus 1». r~JÍ n j j r o
Jttui ■ • * t 1 usage est de condamner air Fouet & au ception à
punislables que ceux qui ont commis un ho- n~~Z:ir *i ut j ^ • o l'égard des
"... ordinaire,
micide u- * quvi
en ce c
il renferme 1 de
plus j 1rJannuiement
- „ les
„ coupables
,, r „ de ce , Crime
r & Sages-
barbarie & d'inhumainté ; & c'est pour cela ^n^ ' 5 1 °n VCUt ^ sur-t0Ut Femme».
des Sages-Femmes qui fe prêtent à ce Cri
que cet Empereur veut que, si çe Crime
me. L'on y joint auílì le Carcan , avec écri
a été commis par un Maître envers l'en-
teau , qui marque la qualité du Coupable.
fant de son esclave , celui-ci acquière par-là
L'on trouve dans le Dictionnaire de Police
fà pleine liberté ; & par la même raison ,
un Arrêt de ce Parlement, du 2 6 Mai 1,682 ,
qye l'enfant ainsi expose par son pere , soit
confìrmatif d'une Sentence du . Châtelet ,
aussi affranchi de la puissance paternelle.
qui prononce ces sortes de Peines, contre
Cette derniere disposition a été adoptée par
_ IU ., une Sage-Femme. L'on trouve aussi rap-
le pape Grégoire IX , comme il parait par rté Ju même endroit % ^ autre A[^t
le Canon I du 7 it. des Decrétales de In- du 6 Janvier j ^endu fur ^..Conclu
fantibus ô languidis expofitis.
sions de M. d'Aguesseau , qui s'est con
(1) Sancimus ut quoscumque , vel in Ecclesiis , tenté de condamner à 100 liv. d'aumône ,
vel in vicis , vel in aliis locis abjectos constiterit ii au profit de l'Hôpital des Enfans-Trouvés ,
modis omnibus liberi sint,etiamsi certam quamdam un particulier , pour avoir exposé un .çnfanç
probationem petitor habeat quâ ostendat ejuímodi
dans une allée.
ftersonam ad suum pertinere dominium. Nam si
egibus nostris statutum est ut servi aegrotantes à ••. . X V.
dominis neglecti , & , qui velut desperatâ eorum
valetudine , poffestbrum curatione digni' non cen-
Le même Auteur fait encore mention , à 1^. Con
sentur, omninò inlibertatem abripiantur'fquoniam
pacto in ipsis vitae primordiis , aliorum hominum ce íùjet , de la disposition de l'art. 1 9 de duite que
doit tenir
pietati relictos , & ab eis educatos , in servitutem l'Edit de Novembre 1706 , portant créa la Partie
miquampertrahipatiamus: etenim veròliberoseffe tion des officiers de Police , par lequel il est publique à
sancimus , ne illis quidem qui hoc faciunt irro- cet égard.
enjoint au Procureur-Fiscal qui fait la levée
Î.andos & legibus nostris Pœnas efFugientibus ver
du corps de l'enfant exposé, d'en dreslèr
uti omnia retords inhumanitate & crudelitate qu<e
tantoquovisHomicidio prior est quantò miseriori- Procès-Verbal , & d'y faire mention de
bus eam inserunt. Nov. 54. cap. t. Cod. de ïnfantib. l'avertjssement qu'il en a eu , & de toutes
expos. , les circonstances : & il lui est aussi enjoint
(z) Si à paire , sive alio , sciente ipso natum de requérir en conséquence qu'il en soit
habente ( relegato pietatis officie ) insans expositus informé , & même qu'il sera obtenu mo-
extitit , hoc ipso à potestate fuit patriâ liberatus.
nitoire. à cet effet ; & de plus , qu'il soit
Nam & hoc casu in ingenuitatem libertus &
servus in libertatem eripitur , quod & de praedictis pourvu à la nourriture de l'enfant , & à
cujuscumque aetatis languidis , si expositi fuerint , son Baptême , s'il paroît n'avoir pas été
vel alicui eorum alimenta impie negari contigerit baptise.
_/l J! J f 1 1 /•-./•• ! » s * .
est dicendum. Sanè qui hos îuscipiunt , non pos- XVI.
sunt propter hoc in eorum personis jus aliquod
vindicare. Greg. IX. cap. 1. Extr. de Infant. & 16. Cas
Ce n'est pas , au reste , qu'il ne puisse y où il y a
Lang. expos. lieu ù la
avoir lieu quelquefois de prononcer la Peine Peine de
XIII.
capitale ; comme dans le cas où -il y anroit mort en
1 3. Peines fur la punition de ce preuve que l'enfant auroit été exposé fan> cette ma
modérées Nous n'avons tière.
i$2 LES LOIX CRIMINELLES, Liv.in.TiT.HI.
ligantr&i parce que cette circonstance fe- 1664, rapporté au second tome du Journal des
: : . roit alors dégénérer ce Crime en un véri- Audiences.
v table homicide. y ie Dictionnaire de la Police , vtrbo Enfans
F. entr'autres , l'Arrêtde Règlement du 30 Juin exposés.

§. IV. De VUxoricìde.

: ! SOMMAIRES.

j. Comprend aujsi le meurtre commis parla. 3. Différence quant a. la Veine , suivant


femme envers son mari. nos usages.
2. Celui fait par le mari ^réputéplus grave , .4. Peines accejfoires a celle de Mort dans-
suivant le Droit Canonique. Vun & l'autre cas.
■ ;., " ; • "■ ' • ' ' • : '

t. Com- (^'est le nom qui est donné dans le Droit alio viro nefariam rem facientem , sed concitatus à
TieMeuí" Canonique au meurtre commis par un mari diabolo, furoreinflammatus, latronum more atro.
.„ r f • -m cr cius eam eladio tuo , crudehor omni beltia, inte-
Z par la enVerS so fe.mme\ N°US y comPre™ns auffi remisti; & nunc , postmortem ejus, addis iniqui-
femme en celui commis par la femme envers ion man , tatem fuper iniquitates filiorum tuorum improbâ
vers son en ce qu'ils renferment également l'un & praedâ î Qui matri non pepercisti & filios tuos
mari. l'autre l'infraction d'une des premières loix orphanos fecisti , inducere super eam vis morris
de la Société civile , en même temps que causam postmortem; per unum Homicidam ?, &
I r ^- j> c„„~ „„.. ~ í~J.,-í reprobumtestem,incusarevismortuam. Quoniam
la profanation d un Sacrement par lequel Jc lium'nec ulla divina humanrque lex
II sétoit forme entre le mari & la femme unius testimonio etiam idoneo , quempiam con-
un lien' indissoluble , qui ne devoit cesser demnat, vel justificat. Quantò magis per istura
que par la mort naturelle de l'un d'eux. flagitiosiflîmum & scelestum , nec illa viva debuit
; ; condemnari, nec à te post ejusmortem condem-
II. ■• ; jiari : prius causa criminis subtiliter erat investi-
ganda , & tune si ità fuiflet inventa , secundùm le-
'a. Celui. GepÉfndaht il paroît , d'après la dispoíî- gis tramitem debuit accipere vindictam... Exhorta-
Po tion des Canons , que le meurtre Commis mur omnibus diebusquibuspœniteredebes,vinum
«é plus' par un mari envers fa femme , a encore &ficeram nonbibas, carnemnullounquam tem-
crave fui- 1 «. r j i 1 • pore comedas , praeterquàm in ralcna oC in die
la„t le quelque chose de plus grave que celui com- ftatalis Domini'. \n pan^ & aqua & sale pœniten-
Droit Ca- mis par cet^e derniere envers son man ; & tjam age , in jejuniis & vigiliis, & orationibus , 6c
nomaue- ■ f xznt à cause de í'avantage particu- eleemofynis omni tempore persévéra... Can. 8.
lier que donne à celui-ci sa force & son caus.^.qu.x.
autorité íùr un sexe foible & timide , qu'à . .,. •• III.
cause de l'abus qu'il peut faire du privilège .. • .
que les Loïx lui donnent d'ailleurs de se Nous ne mettons , dans nos usages , d'au- j. Dif-
Venger de l'adultere commis par fa femme, tre différence , quant à la Peine , entre les
en supposant à celle-ci un pareil Crime , meurtres qui se commettent par les maris ÎJJJ s„*
pour tâcher, fous ce prétexte , de couvrir la envers leurs femmes , & ceux commis par vant no»
noirceur de l'homicide qu'il auroit commis les femmes envers leurs maris , sinon qu'au u ages*

fur fa personne. C'est contre un Uxoricide de lieu de la peine de la Roue dont nous
cette derniere efpece que s'élève fortement le punissons les maris qui tuent leurs femmes
Pape Etienne V , & dont il nous dépeint si à dessein prémédité , rióus condamnons les
vivement l'atrocité par les conséquences ter- femmes à la Potence ou à la Décapitation ,
ribles qu'il entraîne , non-feulement pour la & même le plus souvent au Feu, lorsque ,
femme, à qui il ravit Thonneur en même temps comme il n'est que trop ordinaire , elles
que la vie , mais encore pour ses enfans , à qui commettent le meurtre par le poison. II
il fait partager le déshonneur de leur mere, arrive le plus souvent qu'elles se servent
en les rendant orphelins. Aussi , pour l'ex- de Tiers pour consommer leur Crime : ceux-
piation d'un tel Crime , ce Pape n'exige ci sont punis comme les autres meurtriers,
pas moins du mari uxoricide , qu'une pé- Nous en avons un exemple récent dans la
nitence continuelle , qui doit durer péri- femme Lescombat , qui fit tuer son mari par
dant tout le reste de ses jours. Ie nommé Mongenot son Amant. Elle fut
. , , . _ V condamnée à la Potence , tandis que ce
Admoneretecu^ dernierle fut à laRoue, par Arrêtdece
dis curamus , fin Hastulphe ; sed non films debes „ , , T . ? r
diciquitamerudeliterin filia.Homicidium perpe- Parlement du 7 Janvier 1755.. • :
trasti. Nam occidisti uxorem tuam , partem corpo-
ris tui , legitimo matrimonio tibi sociatam , fine V I.
causa mortis , non tibi resistentem , non inficiantem - ' •.
quoquo modo vitae tuae. Non invenistieam cum Nous voyons , d'après d'autres Arrêts , 4- Peines
DE L'HOMICIDE , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 185
«s à celle rapportés par Papon & la Rocheflavin , que l'on y joint aussi la déchéance des
dans"1*"» (ïue i'u^a8e des Tribunaux est d'ajouter aux Droits stipulés par Contrat de mariage au
& l'autre Peines dont nous venons de parler , celle de profit du Coupable (1).
cas* l'Amende honorable , Poing coupé , Corps (,) y. aussi PArrêt du 17 Février 1677 , rappor-
mort brûlé , cendres jettées au vent , & té au Journal des Audiences.

V. Du Fratricide.

SOMMAIRES.
t
1. Ce qu'on entendfous ce nom. x. Ce que notre jurisprudence a de commun
z. Mis par le Droit Romain au nombre avec ce Droit,
des Parricides.

I.
î. Ce C'EST , comme le nom l'indique , l'Homi- du véritable Parricide ; & nous suivons aussi commun
5U j"s^nl cide qu'un frère commet envers ion frère, en même temps la disposition de ce Droit , !7ec. ce
tend ìous ^ * *~ . ... . ' Droit.
ce nom. quant aux peines accelioires qu 11 avoit at-
* *• tachées au Parricide en général , notamment
Mis par Le droit Romain mettoit , comme nous celle de Vindignité de succéder , comme
jf Droit l'avons dit, ce Crime au nombre des Par- etant fondee sur ce pnncipe de l'équité
íu°mnòm- ricides , & U ne le distinguoit de ceux corn- naturelle , qui ne permet pas que l'on jouislè
£re.d,es mis par les enfans envers leurs pères & me- du frmt de son Cnme (0- En forte que
Famc re« , & autres afcendans , qu'en ce que la seule différence que mettent les Arrêts
c'étoit pour ceux-ci feulement qu'il avoit entre les coupables de ce Crime , & ceux
réservé la Peine portée par la Loi Pom- deS autres Meurtres , consiste en ce qu'ils
peia de Parrictdiis ; & qu'à l'égard des au- ajoutent à la Peine ordinaire du meurtre ,
tres Parricides , il n'y avoit attaché que la celle de déclarer cette indignité de fuccé-
Peine ordinaire de l'Homicide. der > encourue de plein droit par le frère
qui a tué son frère.
Qui alias personas occiderint prœter patrem &
matrem,avum&aviamquosmoremajorumpuniri (0 Prœtereà cx his quae per slagitium damnatus
suprà diximus , capitis pœnâ pledentur aut ultimo acquisiit , portiones hberorum non augcntur veluti
supplicio madantur. L.9.ff.i. ff.de Leg. Pomp. si cognatum suum ìntcrinu curavent , ut ejus hare-
de Parricid. ditatem adiit , vel bonorum poffessionem accepit ;
y t t nam ità Divus Pius reícripsit. Cui consequenter
illud idem Princeps constituit , cùm filia familias
_ XT i-n- ^ î veneno necasse convinceretur , eum à quo hœres
j.Ceque Nous distinguons pareUlement dans no- inffimtoerat^amvisinfripatriscujusiîpotestate
iispruden- tre Jurisprudence , quant a la rigueur du esset adierit } h$reditatem vindicari eam filco. L. 7.
ce a de genre de mort , le Crime dont il s'agit ici , ff. j^.ff. de Bon. damnât.

§. VI. Du Suicide.

SOMMAIRES.

1 . Commentse commet ce Crime. 7. Ce que nous avons rejetté des usages du


z. Ce qu'ilfaut pour leformer. Droit Romain.
3. Dijlinclion du Droit Romain fur ce 8. Quid , du Suicide causé par un chagrin
> Crime , & sa Peine. extrême.
4. Peine 3 suivant le Droit Canonique , con- 9. Peines ajoutées par notre Jurisprudence
tre toute espece de Suicide. a cet égard.
5. Ce que nos usages ont de commun avec 10. Motifs des procédures établies par l'Or-
tun & Vautre Droit. donnance en cette matière.
6. En quoi ils diffèrent du Droit Cano- 1 1 . Nouvelles précautions prescrites par la
nique. ' , Déclaration de 171 z.

1 Com- C'EST le nom que l'on donne à l*Ho- L'on dit volontairement , parce que ce a. Ce qu'il
ment se rnicide que Ton commet volontairement
commet6 n'est qu'autant qu'il est l'effet d'une libre uUfo^"r
ce Crime, fur foi-même , soit en fe poignardant , s'em- volonté qu'il forme un Crime ; en forte que
poifonnant , s'étranglant , se cassant la tête , c'est moins par le fait de l'homicide en lui
se précipitant, se noyant, ou de quelque même , que parles causes particulières qui
autre manière. y ont donné lieu , ou bien même par le dé-
184 LES LOIX CRIMINE LLES, Liv. III. Tit. III.
faut de cause qui puisse le rendre légitime , risprudence , que nous nous sommes con- ges onr de
que l'on peut juger si cet homicide est pu formés aux dispositions du Droit Civil & ^C™£B
nissable , ou non. du Droit Canonique en de certains points , & rautre
tandis que fur d'autres , nous avons rejetté , Dr0K*
Sic autem hoc distinguitur intéresse qua ex causa
quis sibi mortem conscivit... & meritò si sine causa ou nous avons ajouté à leurs dispositions.
sibi manus intulit puniendus est } qui enim sibi non D'abord nous nous sommes conformés aux
pepercit , multò minùs aliis parcit. L. $.Js. 6. ff. de dispositions du Droit Canonique , relati
Bonis torum qui , ante sententiam , mortem sibi consci-
verunt. vement à la privation de la sépulture chré
tienne , & à l'exclusion des prières publi
III.
ques. Nous avons auffi, d'un autre côté ,
3;Dîstinc- L'on distinguoit suivant le Droit Ro- adopté les dispositions du Droit Romain ,
quant à la confiscation , & à la prescription
Droit Ro- rnaín quatre sortes de causes qui pôuvoient
main fur donner lieu à ce Crime ; la fureur ou fré- de ce Crime dans l'espace de cinq années.
&saripei'nésie,l'extrême douleur, le dégoût de la
V I.
«e- vie , & la crainte d'un juste châtiment que
l'on avoit mérité par son Crime. Ce n'étoit Mais nous nous sommes écartes de la ^ Enq^ì
que dans ce dernier cas seulement , que le disposition du Droit Canonique en ce point, ils diffe-
Suicide étoit déclaré punissable suivant ce qu'au lieu qu'il ne met aucune distinction gJJJj, ca-
Droit , 8c sujet à la Peine de la Confisca par rapport aux causes qui peuvent donner nonique»
tion (i). Encore falloit-il , pour cela , que heu au Suicide , nous exceptons ceux qui
le Crime dont on craignoit le châtiment , font faits dans des accès de folie ou de
fût assez grave pour donner Heu à la Peine frénéfie , conformément au Droit Romain ,
de mort , ou au moins à celle de la dépor fur le fondement que ceux qui font en cet
tation (2)» état , n'ont point cette liberté d'eíprit qui
est nécessaire pour former un crime , & par
( 1) Eorumdemùm bona sisco vindicantur qui con- conséquent qu'ils ne peuvent en être punis
ícientiâ delati admisiìque criminis metuque sutura;
sententiae, manus sibi intulerunt: ea propterfratrem, comme s'ils en étoient coupables.
vel patrem tuum, si nullo delato crimine dolore aliquo
corporis , aut taedio vitas , autfurore , vel insaniâ aut V I I.
aliquo casu suspendio vitam fuisse constiterit , bona
eorum tam ex testamento quàm ab intestato ad Nous avons auffi rejetté en même temps f. c*
successores pertinebunt. L. 2. Cod. de Bon. eorum la disposition du Droit Romain , qui met- tIue no°*
qui mort, sibi consciv. * . , r . • avons re-i
toit au nombre des cauíes qui pôuvoient jetté de»
(2) Ut autem divus Pius refcripsit, ità demùm faire excuser ce Crime , le simple ennui B^S? *J
bona ejus qui in reatu mortem sibi conscivit , sisco ou dégoût de la vie. Nous ne distinguons nudn.
vindicanda sunt , si ejus criminis reus fuit , ut si
damnaretur , morte aut deportatione adsiciendus point les Suicides qui se commettent dans
elfet. L. 3. Js. 1. eod. tit. ce dernier cas , de ceux qui se commettent
par la crainte de íùbir une comdamnation
I V. dont on est menacé , parce qu'ils font éga
lement volontaires , & qu'ils font même
Peines" ^a*s ^ n*cn e^ Pas ^e m^me suivant les d'autant plus condamnables , qu'ils pren
Vivant lé principes du Droit Canonique, qui regarde en
Droit Ca- général ces sortes d'Homicides comme éga- nent ordinairement leur source dans un es
prit de fanatisme & d'irréligion.
c^ntre ' lement contraires aux Loix de la Religion ,
toute des" íuivant lesquelles personne n'est le maître de
VIII.
suicide, ses membres ; & c'est en conséquence , que
ceux qui ont le malheur de tomber dans ce A la vérité , il y a des Auteurs qui préten- 8. QuìJì
cas , font punis , par ce Droit, de la privation dent qu'on doit exempter de la confiscation ç"u^ici^"
de la sépulture chrétienne, & il ne doit les Suicides qui se commettent par l'effet unchagrfn
même en être fait aucune commémoraiíbn d'un grand chagrin , sur le fondement que e*ttême.
dans les prières de l'Eglife ( 1 ). celui qui vient à y succomber , ne jouis
loit point d'une entière liberté d'esprit ( 1 ).
( 1 ) Placuit ut qui sibi ipsis voluntariè , aut per Mais cette distinction , quoique d'ailleura
ferruin , aut per venenum , aut per praecipitium , appuyée de la disposition de quelques Cou
aut per suspendium, vel quolibet modo violentam sibi tumes , notamment de celle de Norman- .
inferunt mortem , nulla prorsùs pro illis in oblatione
commemoratio fiat, neque cum p faim is ad sepultu- die (2) , se trouve combattue par la dis
ram eorum cadavera dèducantur. Multi enim sibi , position générale de nos Loix, & entre
aut per ignorantiam usurpant similiter , & de his autres des Capitulaires deCharlemagne (3) ,
placuit fieri qui pro fuis fceleribus puniantur. Can.
& des établissemens de S. Louis en 1 270(4),
12. caus. 23. qu. 4.
qui veulent que tous ceux qui se tuent
V. volontairement , soient sujets à la Peine du
Suicide ; & c'est de-là que s'est établie la
5. Ce que II paroît, d'après nos Loix & notre Ju-. maxime de notre Droit François , attestée
nos Usa-
par
DE L'HOMÍCIDE , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 185
par Loysel (5) , qui porte que l'homme par une nouvelle Déclaration du moit de
qui se met à mort par désespoir , confisque Septembre 1 7 1 2 (1) , il a été ordonné ex
ses biens envers son Seigneur. pressément aux Juges des lieux, lorsqu'ils se
ront avertis qu'il s'est trouvé un cadavre dans
(1) V. COQUIL. qu. 16. les rues ou dans les rivières , de se tran£
(1) V. la Covt. de Normand, art. 149. ch. 9.
(3) De eo qui semetipsum occidit aut laque© se porter fur le champ pour en faire la visite ,
suspendit , consideratum elt ut si qtiis compatiens , & constater par des Procès-Verbaux , &
velut eleemosyiiam dare tribuat , orationes in psal- au besoin par des Rapports de Médecins &
modiis faciat , oblationibus tamen & missis ipíi ca-
reant, quia incomprcheasibilia sunt judicia Dei , & Chirurgiens , si la mort provient d'une
profunditatemconsilii ejus nemo potest inveftigare. taufe naturelle ou non ; précautions d'au
Capit. Car. Mag. I. 6. c. 70.... tant plus indispensables en effet , qu'il peut
(4) Se il advenoit que aucun hons se pendît, ou arriver que la personne qui seroit trouvée
noyât ou s'occît en aucune manière , li meubles sc-
roient au Baron , & aussi ceux de la famé. Etat/, morte dans fa maison , dans une rue ou
de S. Louis, en 1270 , ch. 28. dans un chemin , ou noyée dans la rivière ,
(l) V. Loys. liv. 6. tit. 1. max. 17. auroit été tuée par quelqu'un , ou seroit
morte d'accident , ou même se seroit noyée
I X.
par cas fortuit. D'Où il faut conclure que
9. Peines Enfin , indépendamment des Peines de la ce n'est proprement que lorsqu'il y a preuve
Rajoutées Confiscation & de la Privation de la sépul d'ailleurs que cette personne se seroit donné
par notre
Jurispru ture, que le Droit Romain & le Droit la mort elle-même , comme si on l'avoit
dence à Canonique ont attachées à ce Crime , notre trouvée enfermée dans fa chambre & pendue,
«et égard. Jurisprudence en a encore ajouté deux ou ayant un poignard enfoncé dans le sein;,
autres ; l'une est celle d'être traîné sur la ou bien un pistolet fur la table, & sur
Claie ; l'autre est celle de la condamnation tout lorsque , comme il est assez ordinaire ,
de la Mémoire. Nous avons parlé de celles- on trouveroit un écrit de fa main , par lequel
ci , en traitant des Peines ; & nous verrons elle annonceroit son mauvais defîèin , qu'il
d'ailleurs , en traitant de l'Instruction , les y auroit lieu de lui faire son Procès , & de
procédures particulières qui doivent être prononcer contre lui la peine de Suicide.
faites pour parvenir à ces sortes de condam
nations. (1) Nous avons été informés qu'il se trouve fré-"
X. quemment dans notre bonne ville de Paris , daris
íes Fauxbourgs & dans les lieux circonvoisins ,
tio. Motifs Nous croyons devoir seulement obser principalement dans ceux qui sont situés près la ri
des procé ver ici en général , que comme ces sortes vière , des cadavres de personnes qui ne sont pas
dures éta mortes de mort naturelle, & qui peuvent même
blies par de crimes , qui Méfient la Loi naturelle , ne être soupçonnées de s'être défaites elles-mêmes ;
Ordon- se présument point , il étoit par consé
en que les Crimes qui causent ces morts demeurent
cette ma quent de la justice & de la sagesse de nos très-souvent impunis , soit par le défaut des aver-
tière. Législateurs , en même temps qu'ils ont tiffemens qui devroient être donné» aux Officiers
ordonné la poursuite & la punition de ce de Justice par ceux qui en ont connoistance , soit
Crime , de prescrire les moyens & les pré par la négligence ou dissimulation de ces mêmes
Officiers ; &C que les personnes qui ont intérêt
cautions les plus propres pour s'assurer si d'empêcher que les causes & les circonstances de
la personne trouvée morte s'est véritable ces morts soient connues , contribuent par ces in
ment défaite elle-même , ou si la mort lui a humations qu'ils font faire secrètement & préci
été causée par accident , ou par la violence pitamment, à cacher cesévénemens, en supposant
d'un tiers. Tel a ausiì été l'objet particu aux Ecclésiastiques des faits contre la vérité. L'é-
normité de plusieurs cas qui sont arrivés , nous
lier de l'Ordonnance de 1670, dans la
a fait connoître la nécessite qu'il y a d'établir une
procédure qu'elle a établie fous le titre 2 2 , disposition formelle & expresse qui puisse empê
que nous examinerons dans la fuite. cher à l'avenir de pareils inconvéniens. A ces
CAUSts , &c. voulons & nous plaît , que lorsqu'il
X L se trouvera dans notre bonne Ville & Fauxbourgs
de Paris , & dans les lieux circonvoisins, des cada
lu Nou Mais , comme depuis cette Loi il a été vres de personnes que l'on soupçonnera n'être pas
velles pré reconnu que les parens de ces Suicides , mortes de mprt naturelle , soit dans les maisons ,
cautions dans les rues & autres lieux publics ou particu
prescrites par l'intérêt particulier qu'ils ont d'empê
par la Dé cher que la Justice ne prenne connoistance de liers , soit dans les filets des ponts , vannes des
claration moulins , & sous les bateaux qui sont fur la ri
de 1712. ce Crime , & ne prononce en conséquence vière ; les propriétaires des maisons , s'ils y de
des condamnations qui réfléchiroient contre meurent , sinon les principaux locataires , les au
eux , avoient foin de jetter les cadavres dans bergistes , les voisins , les maîtres des ponts , les
la rivière , & qu'il arrivoit même le plus meuniers , bateliers, & généralement tous ceux qui
souvent que les Suicides s'y jetoient eux- auront connoistance défaits cadavres , soient tenus
d'en donner avis aussi-tôt ; savoir, dans notre Ville
mêmes ; c'est pour éviter de pareils in- &C Fauxbourgs de Paris , au Commissaire du quar
convéniens , qui tendoient à favoriser le tier ; & dans les lieux circonvoisins , aux Juges qui
progrès & l'impunité de ce Crime , que , en doivent connoître ; auxquels juges & Commis-
A a
I

186 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. III. Tit. III.


faires nous enjoignons de se transporter dilieem- Ordonnances , & suivant la forme prescrite par
ment sur le lieu, de dresser Procès-Verbal de ï'état notre Ordonnance du mois d'Août 1670 , au tit.
auquel le corps aura été trouvé , de lui appliquer 13. Faisons défenses à toutes personnes de faire in-
le icel fur le front , & le faire visiter par Chirur- humer lefdits cadavres avant que les Officiers aient
giens en leur présence ; d'informer & entendre fur été avertis , que la visite en ait été faite , & l'inhu-
fe champ ceux qui seront en état de déposer de mation ordonnée par les Juges , à peine d'amende
la cause de la mort , du lieu & des vie & mœurs contre les contrevenans à la présente Déclaration,
du défunt, & de tout ce qui pourra contribuer même de punition corporelle, comme fauteurs &
à la connoissance du fait , dont les Commissaires complices d'Homicide, s'il y échet ; défendons aux
en notre Châtelet de Paris feront rapport au Lieu- Juges de retarder Pinhumation , après l'exécution
tenant-Criminel, pour y être par lui pourvu , ainsi de ce qui est ci-dessus ordonné , fous prétexte de
que par les autres Juges des lieux à qui la con- vacations par eux prétendues , à peine d'interdic-
noissance en appartiendra , en conformité de nos tion. Décl. du 5 Sept. 17 iz. reg. U 3 Oclobre suiv.

§. VII. De V Empoisonnement.

SOMMAIRES.

z. Définition de ce Crime. vent les vendre , ô les précautions qui


2. Réputé plus grave que les autres Homici- leur font prescrites a ce sujet,
des qualifiés , Ô pourquoi. 11. 4°. Sur la qualité de ceux quipeuvent
3. Motifs de l'Edit de 1682 , rendu a ce employer ces Foisons,
sujet. 12. 50. Sur la qualité de ceux a qui il est
4. Comment se commet ô se punit ce Cri- permis d'avoir des laboratoires a cet
me , suivant cet Edit. cffèt.
5. Peines ufiiées en cette matière. 13. 6°. Sur la qualité de ceux qui peuvent
6. Comment se prouve ce Crime. employer des Infectes venimeux.
7. Divers Réglemens portés par cet Edit. 14 70. Enfin , fur la qualité de ceux qui
8. 1 \ Sur la qualité des Poisons qu'on ne peuvent travailler à la confection des
peut vendre. Eaux-fortes.
9. 20. Sur la qualité des Poisons que l'on 15 Arrêt de Règlement fur la manière dont
peut vendre en certains cas. doit s'exécuter l'Edit.
10. 30. Sur la qualité des personnes quipeu-

I.

*i. Défi- Oj'EsT le Crime de ceux qui, de pro- (1) Qui venenum ] necandi hominîs causa fece-
cn de pos délibéré , attentent à la vie d'autrui par rît » vel vendiderit , vel habuerit , plectetur. L. 3.
nition
ce vénéfices & poison , mis dans leur boisson & adLeS' CorneL deSkcar- & Fenefic'
ou leurs alimens. III.
I I. Quant à nos Loix particulières , fans x. Motif*
, .n r ~ . „ remonter à celles des premiers temps de {e r£fSt
»wSt „ Y tray°n fu r"' n' 06 ' notre Monarchie , il nous suffit d'observer tSSí
EBZ l'espece d impossibilité qu il y a de s en ga- que comme celks_ci ne s>étoient int ex_ sujet.
tres Ho- rantir , comme etant le plus souvent admi- pliquéeS d>une maniere assez écisc sur le
ZÍH, nistré Par wux meme qui nous approchent ^ peine ú{ devoit s>infliger contre
& pour- de plus près , & dont on croît avoir moins les coupables de ce Crime no° lus
.suc iieu de se défier , le rend , sans contredit, sur scs caracteres particuliers ; & que son
des plus graves, & des plus punissables. Aussi areconnu dans la suite } & sur.tout ^
la Loi Romaine le met au-deflus de ceux le dernier siecle ou ron sçait que cg Qrim&
qui se commettent par le glaive (1) , parce S»étoit sort muitipiié j que son pr0grès ve-
qu'en effet, ceux-ci peuvent se commettre noit principaiement de ces deux sources
par l'effet d'un premier mouvement , & fans ^rentes , dont Vune étoit la difficulté de
aucun propos délibère ; au lieu que le poi- parverni. a fa preuve j qui empêchoit ceux
son suppose toujours du dol & de la pre- qui en avoient connoissance de le dénon-
méditation de la part de celui qui le met cer f par la crainte d,être recherchés s'ils
en usage. C'est encore par la même rai- venoient à sUCCOmber dans leur dénoncia-
son, que cette Loi répute coupables de ti0n;lWrf, les sacihtés particuheres que
ce Crime , & punissables de mort, non-feu- donnoit j pour le commettre , cette liberté
lement celui qui l'emploie , ou qui le corn- générale qu'on avoit de composer, vendre ,
pose , ou qui le vend , mais encore celui ou acheter les drogues & matières qui con-
qui s'en trouve saisi (2). tenoient le Poison : ce fut pour remédier à
( 1 ) Plus est hominem extinguere veneno quàm tous «s mconveniens , que Louis XIV donna
occidere gladio. I. 1. Cod. de Makf. & Maikemat. Un Edit particulier, en 1 682,parlequel;après
DE L'HOMTCIDE , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. î 87
aVoir renouvelle tout ce que les Loix Ro- roît , d'après ce même Edit , qu'elle peut commet
maines , & celles du Royaume avoient or- íè faire , non-feulement par des témoins qui " Cnme*
donné jusqu'alors de plus sage , relative- ont vu travailler au Poison , ou qui l'ont
ment à ce Crime , ce grand Prince crut vu vendre à la personne qui s'en eît servi ,
devoir , pour en mieux développer l'efprit , & fur-tout qui ont vu celle-ci en faire usage ;
& ne laisser aucun prétexte d'ignorance fur mais que , comme ce Crime est du nombre
ce point , déterminer en même temps , & de ceux qui font occultes de leur nature ,
les différentes manières dont ce Crime pou- cette preuve peut aussi se faire par des
voit se commettre , & celles dont il pòu- indices. C'est ce qui résulte entr'autres de
voit fe prouver , & enfin les précautions cette disposition de l'art. 4. de cet Edit , par
nécessaires pour le prévenir. laquelle , après avoir enjoint à tous ceux qui
V. les Dispositions de cet Edit , qui fera rapporté ont connoissance qu'il a été travaillé à faire
à la fuite de la maxime 14. » du Poison , & qu'il en a été demandé ou
* * " j y donné , à peine d'être poursuivis extraor
dinairement , & d'être punis comme fau-
V-Comí D'abord, quant aux différentes manières teurs & complices.de ce Crime ; pour em-
commef ^e commettre & de punir ce Crime , l'on pêcher que ceux-ci ne soient retenus par
&se punit remarque que cet Edit n'a fait que confir- la crainte d'être recherchés par les accusés ,
fuivantcet mer *es dispositions des Loix Romaines , le Législateur a soin d'ajouter , que par la
JEdit. en ce que d'une part il déclare également Dénonciation qu'ils en feront , ils ne feront
coupables de ce Crime , & puniíìables de tenus à aucuns dommages &. intérêts , quand
la Peine de mort, ceux qui ont causé la même, par l'événement., ceux contre les-
mort par le Poison , & ceux qui ont seule- quels la dénonciation auroit été faite , vien-
mentattenté à la vie par ce moyen , comme droient à être déchargés de l'accufation
aussi ceux qui ont composé & distribué le faute de preuves , pourvu toutefois que cette
Poison dont on s'est servi. dénonciation fût d'ailleurs fondée íur des '
V. les art. 4 8c 5 de ce même Edit rapp. ci-après, indices considérables qui feroient trouvés
y véritables (1). Au surplus , il est impor
tant d'observer que quelque concluans
J. Peines Mais comme cet Edit ne marque point que soient ces indices , ainsi que les dépo-
cette'ma- précisément le genre de mort que doivent sitions des témoins qui feroient entendus
tiere. subir ces coupables , c'est de-là que les en pareil cas , la preuve qui en réfulteroit
Cours se sont cru autorisées d'en augmenter ne pourroit servir , pour opérer la convic-
ou diminuer la rigueur , suivant les cir- tion de ce Crime , qu'autant qu'elle se
constances & la qualité des Parties. L'on voit trouveroit jointe d'ailleurs à celle du. corps
, - - en effet, d'après les différens Arrêts rendus de délit : l'on veut dire à celle qui réful-
en cette matière, qu'il y en a qui se sont con- teroit des Procès-Verbaux des Juges , &
tentés de condamner à la Potence , ou à la des Rapports des Médecins & Chirurgiens,
Décapitation , comme celui rendu contre la attendu que ce Crime est du nombre de
Dame de Brainvilliers(i), tandis que d'autres ceux qui laissent des traces permanentes
ont prononcé celle de la Roue , & le corps après eux. Mais c'est ce que nous aurons
mort jeté au Feu , tel que celui rendu en lieu d'établir plus particulièrement en trai-
dernier lieu contre le nommé Roy de Va- tant de la Preuve,
line, pour avoir attenté, par le Poison, (1) V. le même art. 4. rapporté ci-après,
à la vie de ses oncle & tante (2). Mais , VII
luivant la Jurisprudence la plus générale
des Tribunaux en cette matière , la Peine Enfin , quant aux Réglemens particuliers 7. Dí-
ordinaire de ce Crime est celle du Feu. Nous qui sont établis par cet Edit pour préve- g"men\e"
avons deux Arrêts rendus par ce Parlement nir ce Crime , ils portent principalement , portes par
en 1732 , qui prononcent cette Peine , Yun comme l'on voit , fur les points fuivans ; cet Edlt*
du 3 Mars, contre la nommée Eugénie sçavoir, de déterminer i°. la qualité des Poi-
Picq ; Yautre du 15 Décembre , contre la sons que l'on ne peut vendre , ni avoir chez
nommée Marie Texier (3); Ce dernier con- soi , dans aucun cas ; 20. celle des poisons que
tient un Règlement particulier pour les l'on peut vendre St employer 53°. les person-
Apothicaires & Epiciers , &c. que nous rap- nés qui peuvent les vendre ; 40. ceux qui peu-
porterons à la fuite de ce Paragraphe. vent les employer , fans pouvoir les distri-
(1) Cet Arrêt est du 16 Juillet 1676. *>uer en substance; 50. ceux qui peuvent avoir
(1) L'Arrêt est du mois de Septembre 1764. des Laboratoires pour travailler à laprépa-
(3) V. le Dict.de Police, verbo Poison. ration des drogues où ces Poisons peu-
y j vent entrer ; 6°. ceux qui peuvent employer
des insectes venimeux; 70. enfin, ceux qui
itwwT^ Quant à la preuve de ce Crime ; il pa- peuvent travailler à la confection des Eaux-
men " A a 2
i88 LES LOIX CRIMINE LLES, Liv. III. Tit. III.
fortes dont l'usage est permis. Nous allons de deux témoins , ou bien du Curé & de
4 les reprendre successivement , pour leur ap deux principaux Habitans ; 6°. qu'enfin,
pliquer les dispositions de l'Edit. ces Marchands seront tenus d'arrêter , à
la fin de chaque année , fur leurs registres
V I I L
la quantité qui leur restera deídits Miné
8. i".Sur i°. Poisons que l'on ne peut vendre 3 ni raux i 70. le tout à peine de mille Hv. d'a
desqUPoi- avoir che^ foi. Ce sont généralement tous mende pour la première fois , & de plus,
sons qu'on ceux qui n'entrent dans aucune sorte dé grande peine s'il y échet (3).
venJre" compositions , parce qu'ils ne peuvent ser 1) V. même art. 7. rapporté ci-après,
vir qu'à nuire , comme étant de leur nature i) V. aussi l'art. 8. ìbid. \
pernicieux & mortels , & retenant toujours , 3) V. encore ces mêmes articles 7 & 8.
quoique préparés par mains d'Artistes , leuí X I.
qualité de venin. L'Edit les défend absolu
ment à tous particuliers , sous peine de la 4°. Les personnes qui peuvent employer ii^'.Sa?
ces Minéraux. Ce sont , suivant le même "f <Iualltét
vie , & aux Médecins , Chirurgiens & Apo " - de ceux
thicaires , fous peine de punition corpo Edit , lés Médecins , Chirurgiens , Apo- qui peu-í
thicaires , Epiciers-Droguistes * Teinturiers , v'"ye^
relle.
V. l'art. 6. rapporte ci-après. Maréchaux , & autres qui , par leur proses- Poisons^
sion , sont obligés d'en employer (1). Mais
I X. ils ne peuvent user de cette faculté , suivant
o. a0. Sur 2Ò. Poisons que l'on peut vendre . parce ce même Edit , que sous les deux conditions
la qualité J \ . * r • > r
suivantes ; l'une , qu'ils seront tenus de les
des Poi- $u entrent dans des compojuwns necej-
íons que faires. L'Edit en distingue de trois sortes j employer , fans pouvoir les distribuer à qui
vendreCen 1 °- ^es Minéraux , comme V Arsenic , le que ce soit en substance , à peine de puni
certains Réagal , Y Orpiment, & le Sublimé ; 2°. les tion corporelle > Vautre , qu'ils seront tenus
ta5' Insectes venimeux , comme f^iperes t Ser- de composer eux-mêmes , ou de faire com
pens 0 Crapauds ; 30. enfin , les Eaux- poser en leur présence par leurs Garçons ,
fortes dont l'usage est permis. les remèdes où il devra entrer nécessaire
ment desdits Minéraux , & qu'ils délivre
.V. l'art. 7. rapporté ci-après.
ront à ceux qui les demanderont pour s'en
X. servir aux usages ordinaires (2).
ro.î'.Sur Personnes qui peuvent vendre tes ( 1 ) V. encore le même art. 7.
la qualité p0isons Minéraux. Ce sont , suivant l'Edit, (1) V. aussi l'art. 9 ci-après.
des nw. . _ *
sonnes qui les Marchands Epiciers qui sont réfidens
X I I.
Feindre t*ans *es Gilles » & ^ défend absolument
en certains cette vente aux Marchands réfidens dans 5d. Les personnes qui peuvent avoir des u: $#.Sue
cas* les Bourgs & Villages , à peine de trois Laboratoires pour travailler à la prépara de la qualité
ceux à
mille livres d'amende (1). Mais en même tion des drogues où doivent entrer ces qui il est
temps qu'il accorde aux premiers cette fa Minéraux. Ce sont , suivantsle même Edit , permis
d'avoirdes
culté , il ne leur permet d'en user , qu'en des Médecins approuvés , des Professeurs Labora
gardant les précautions suivantes ; sçavoir , en Chirurgie , & des Maîtres Apothicaires ; toires à cet
effet.
i°. Qu'ils auront soin de tenir ces Poisons & il est défendu expressément à tous autres
dans des lieux sûrs , dont ils garderont la d'en avoir chez eux , à moins qu'ils n'en
clef (2) ; 20. qu'ils ne pourroat les vendre , obtiennent la permission par des Lettres du
ni les livrer qu'eux-mêmes en personne , Grand Sceau , qu'ils seront tenus de pré
& seulement aux personnes qui , par leur senter aux Juges des lieux , auxquels ils fe
profession , font obligées d'en employer ; ront en même temps leurs déclarations à
30. qu'en vendant à ceux-ci, ils auront soin cet esset.
de leur faire écrire , fur un Registre particu V. l'art. 11. du même Edit.
lier qu'ils seront tenus d'avoir à cet effet ,
leurs noms , qualités & demeures , & la X I I I.
quantité qu'ils auront prise de ces Miné
5°. Les personnes h. qui il efl permis 13.6'. Si»
raux ; 40. que si parmi ceux auxquels ils d'employer les Infecles venimeux , exclusi- dae
vendront ces Minéraux , il s'en trouve quel
vement à tous autres , qui n'en auront pas qui peu-
qu'un qui ne sçache écrire , ces Marchands
obtenu la permission expresse , & par écrit. ^"yeníe*
seront tenus d'écrire pour eux ; 50. que si
Ce sont , suivant le même Edit , les Méde- infectes
parmi ceux qui se présenteront pour ache çins , & les Apothicaires. venimeux;
ter , il s'en trouve qui soient inconnus aux
V. l'art- 10. ibid.
Marchands , ceux-ci ne devront leur livrer
ces Minéraux que fur des certificats , qu'ils
X I V.
rapporteront en bonne forme , & qui seront
signés du Juge du lieu , ou d'un Notaire ôc 7°. Enfin, les personnes qui peuvent tra-^à^Z.
DE L'HOMICIDE , ET DE SE > DIFFÉRENTES ESPECES. i 89
qualité de vàiller à la confection des Eaux - fortes Villes d'en vendre & d'en livrer eux-mêmes seu
"U3t ^ donx Vusage est permis. Ce sont les Distil- lement aux Médecins , Apothicaires , Chirur
giens , Orfèvres , Teinturiers , Maréchaux & au-*
ttavaiUer lateurs & Vendeurs d'eau - de - vie , à qui
tres personnes publiques , qui , par leur profession
seàujndel néanmoins l'Edit n'accorde cette faculté que font obligées d'en employer, lesquelles néanmoins
Eaux-for- fous ces deux conditions ; Yune , qu'ils y écriront, en les prenant, fur un registre particulier
seront autorisés par une permission portée tenu pour cet effet par lesdits Marchands , leurs
par des Lettres -dn Grand Sceau qu'ils fe noms , qualités & demeures ; ensemble la quantité
qu'ils auront prise desdits minéraux ; & si au
ront tenus de présenter aux Juges des lieux,
nombre desdits artisans qui s'en servent , il s'en
à qui ils feront leur déclaration à cet effet ; trouve qui ne sçachent écrire , lesdits Marchands
Vautre , qu'il fera choisi entr'eux le nombre écriront pour eux; quant aux personnes inconnues
qu'il fera nécessaire pour cette confection. auxdits Marchands , comme peuvent être Chirur
giens &C Maréchaux des Bourgs & Villages , ils
V. l'art. ii. du même Edit. apporteront des certificats en bonne forme , conte
nant leurs noms , demeures & professions , signés
du Juge des lieux , ou d'un Notaire 6i deux té
I_iOUI S Art. IV. Seront plinis de semblables moins , ou du Curé & deux principaux habitans ;
( c'est-à-dire , de celle de mort prononcée par lesquels certificats & attestations demeureront chez
l'art. 3 , contre ceux qui joindroient à la supersti lesdits Marchands pour leur décharge. Seront aussi
tion nmpiété &le sacrilège, )tous ceux qui seront les Epiciers , Merciers & autres Marchands de-
convaincus de s'être servis de vénéfices & de poi meurans dans lesdits Bourgs &c Villages , tenus de
son , soit que la mort s'en soit ensuivie ou non , t émettre incessamment ce qu'ils auront desdits
comme aussi ceux qui seront convaincus d'avoir minéraux entre les mains des Syndics , Gardes ou
composé ou distribue du Poison pour empoisonner; anciens Marchands Epiciers ou Apothicaires des
& parce que les Crimes qui se commettent par le Villes plus prochaines des lieux où ils -demeure
Poison, sont non-seulement les plus détestables ront , lesquels leur en rendront le prix , le tout à
&les plus dangereux de tous, mais encore les plus peine de trois mille livres d'amende , en cas de
difficiles à découvrir; Nous voulons que tous ceux, contravention , même de punition corporelle , s'il
fans exception , qui auront connoissance qu'il aura y échet. Art. VIII. Enjoignons à tous ceux qui
été travaillé à faire du Poison , qu'il en aura été ont droit par leurs professions & métiers de ven
demandé ou donné , soient tenus de dénoncer in dre ou d'acheter des susdits minéraux , de les te
cessamment ce qu'ils en sçauront à nos Procureurs- nir en des lieux sûrs , dont ils garderont eux-mê
Généraux ou à leurs Substituts, & en cas d'absence, mes la clef: comme aussi leur enjoignons d'écrire
au premier Officier public des lieux, à peine d'être fur un registre particulier la qualité des remèdes
extraordinairement procédé contr'eux , & punis où ils auront employé desdits minéraux , le nom
selon les circonstances & l'exigence des cas,comme de ceux pour qui ils auront été faits , & la quan
fauteurs & complices desdits Crimes , & fans que tité qu'ils auront employée , & d'arrêter à la fin
les Dénonciateurs soient sujets à aucune peine, ni de chaque année fur lesdits registres ce qui leur
même aux intérêts civils lorsqu'ils auront déclaré en restera , le tout à peine de mille livres d'a
& articulé des faits ou des indices considérables mende pour la première fois , & de plus grande ,
qui seront trouvés véritables & conformes à leur s'il y échet. Art. IX. Défendons aux Médecins ,
dénonciation , quoique dans la fuite les personnes Chirurgiens , Apothicaires , Epiciers , Droguistes,
comprises dans lesdites dénonciations soient dé Orfèvres , Teinturiers , Maréchaux & tous autres,
chargées des accusations ; dérogeant à cet effet à de distribuer desdits minéraux en substance à quel
l'art. 73 de l'Ordonnance d'Orléans , pour l'effet que personne que ce puisse être , & sous quelque
du véhéfice & du poison seulement , sauf à punir prétexte que ce soit , sur peine d'être punis corpo
les calomniateurs selon la rigueur de ladite Ordon rellement ; & seront tenus de composer eux-mê
nance. Art. V.Ceux qui seront convaincus d'avoir mes , ou de faire composer en leur présence , par
attenté à la vie de quelqu'un par vénéfice & poison, leurs garçons , les remèdes où il devra entrer né
en sorte qu'il n'ait pas tenu à eux que ce Crime n'ait cessairement desdits minéraux , qu'ils donneront
été consommé, seront punis de mort. Art. VI. Se après cela à ceux qui leur en demanderont pour
ront réputés au nombre des poisons , non-feule s'en servir aux usages ordinaires. Art. X. Défenses
ment ceux qui peuvent causer une mort prompte font aussi faites à toutes personnes, autres qu'aux
& violente , mais aussi ceux qui , en altérant peu- Médecins & Apothicaires , d'employer aucuns in
à-peu la santé, causent des maladies , soit que les* fectes venimeux , comme serpens , crapauds , vi
dits poisons soient simples , naturels ou composés, pères & autres" semblables , fous prétexte de s'en
& faits de main d'Artiste ; & en conséquence dé servir à des médicamens , ou à faire des expérien
fendons à toutes sortes de personnes , à peine de ces , & fous quelque autre prétexte que ce puisse
la vie ,même aux Médecins , Apothicaires & Chi être , s'ils n'en ont la permission expresse & par
rurgiens , à peine de punition corporelle , d'avoir écrit. Art. XI. Faisons très - expresses défenses à
& garder de tels poisons simples ou préparés , qui toutes personnes , de quelque profession & condi
retenant toujours leur qualité de venin , &C n'en tion qu'elles soient , excepté aux Médecins ap
trant en aucune composition ordinaire , ne peu prouvés , & dans le lieu de leur résidence , aux
vent servir qu'à nuire , & sont , de leur nature , Professeurs en Chymie , & aux Maîtres Apothi
pernicieux & mortels. Art. VII. A l'égardde l'ar- caires d'avoir aucuns laboratoires , & d'y travail
îenic , du réagal , de l'orpimcnt & du sublimé , ler à aucunes préparations de drogues ou distilla
quoiqu'ils soient poisons dangereux de toute leur tions, fous prétexte de remèdes chymiques, secrets
substance , comme ils entrent & font employés en particuliers , recherche de la pierre philosophale ,
plusieurs compositions nécessaires; Nous voulons, conversion , multiplication ou rafinement des mé
afin d'empêcher à l'avenir la trop grande facilité taux , confection de crystaux ou pierres de cou
qu'il y a eu jusqu'ici d'en abuser , qu'il ne soit leur , & autres semblables prétextes , fans avoir au
permis qu'aux Marchands qui demeurent dans les paravant obtenu de Nous , par Lettres du Grand
i$o LES LOÏX CRIMINELLES, Liv. III. Trr. III. i
Sceau , la permission d'avoir desdits laboratoires , Réglemens de la Cour , &en conséquence de teriíf
présenté lesdites Lettres, & fait déclaration en con- lesdites drogues en lieux sûrs , dont ils garderont
^séquence à nos Juges & Officiers de Police des eux-mêmes la clef; comme aussi d'avoir des re-
lieux. Défendons pareillement à tous Distillateurs, gistres particuliers cotés & paraphés par premier 8e
vendeurs d'eau-de-vie, de faire autre distillation dernier , par le Lieutenant de Police de ladite ville
que celle de l eau -de-vie 8c de l'efprit-de-vin , sauf du Mans ; fur lesquels ils seront tenus d'écrire la
à être choisi d'entr'eux le nombre qui fera jugé qualité des remèdes oìi ils auront employé lesdites
nécessaire pour la confection des eaux-fortes dont drogues , les noms de ceux pour qui ils auront été
l' usage t st permis ; lesquels ne pourront néanmoins faits , & la quantité qu'ils auront employé desdites*
y travailler qu'en vertu de nosdites Lettres,& après drogues , & d'arrêter à la fin de chaque année .cei
en avoir fait leurs déclarations , à peine de puni- qui leur en restera ; d'en faire la livraison eux-í
tion exemplaire. Edit de Lovìs XIV , de Juillet mêmesaux Médecins, Apothicaires , Chirurgiens \
i68z. Orfèvres , Teinturiers , Marchands, & autres per-
sonnes publiques , qui , par leur profession , font
X V. obligées d'en employer ; dont les noms,qualités &C
demeures , ensemble la quantité qu'ils en auront

lamamereEdit par ceux auxquels il est permis de qu,i!s en puissent yendre ni donner à aucuns
s^écuter vendre & d'employer les Poisons Miné- valets , serviteurs ou domestiques , sinon fur cer-
l'Edit. raux , nous croyons devoir rapporter ici tificats de leurs maîtres, aussi notoirement connus
l'Arrêt de Règlement qui a été rendu par & Hnés d'eux > dont il sera » comme dessus ;
ce Parlement le 1 5 Décembre 1732, dans g* muentj,on slÎLlcsdjts !legistres » & ffns <\™™x
rr ■ 11 / • 1 t • j Marchands puissent souffrir que leurs femmes, en-
l'affaire de la nomméí:Mane le Texter , dont fans, garçons & apprentifs, ou aucun deleursdo-
nous avons parlé Cl-devant. mestiques en puissent vendre, débiter ou distribuer
à qui q^ue ce loit , & fous quelque prétexte que ce
11 est enjoint , par cet Arrêt , aux Médecins , puisse être, le tout à peine de mille livres d'amende
Chirurgiens , Marchands Apothicaires & Epiciers pour la première fois , & de plus grande s'il y
de la ville du Mans , & à tous autres qui ont droit échoit , même de fermeture de boutiques ; le touí
de vendre ou d'acheter des drogues dont on peut suivant les Ordonnances & Réglemens de la Cour...
faire un mauvais usage , de se conformer aux Or- Arrêt du Parlement de Paris, du 1 5. Décembre 1 731»
donnances du Roi , & à l'Edit de 1681 , Arrêts 6c V. le Dicl. de Police , verbo Poison,

j. VIII. De tIncendie.

SOMMAIRES.

ï. Trois sortes d' Incendies. pardol 3 suivant notre Jurisprudence.


Z. Incendies par cas fortuit , ù par fautd. 7. Peine de tIncendie commis fur les Eglí-
Exemples tirés du Droit Romain , adop- ses & maisons des Villes.
tés dans notre Jurisprudence. 8. Peine de t Incendie sur les ma isons de
3. Incendie par dolù mauvais dessein. Atro- campagne.
citésingulière de ce Crime. 9. Peine de tlncendie sur les moissons Ù
4. Sa Peine , suivant le Droit Canonique. vignobles.
5. Sa Peine , suivant le Droit Romain , 10. Peine de l'Incendie sur des bois &
tant ancien que nouveau. forêts.
6. Dijlinclion de quatre fortes dIncendies

I.
1. Troîs o us distinguons, d'après les Loix , míeres espèces, nous avons eu lieu d'en aa fortuit
ç^-^Jn" trois sortes d'Incendies ; ceux arrivés par parler, en traitant du Crime en général.

cas fortuit & force majeure , ceux arrivés Nous avons donné pour exemple de l'In- pies tirés
par faute & imprudence , & enfin ceux cendie arrivé par cas fortuit , çelui qui ^o^n01'
commis par malice , & dans le dessein de nous est marqué par la Loi Romaine , où adoptés
nuire. C'est proprement de ce dernier dont un Particulier ayant mis le feu dans son j^Ssn°JI*
nous voulons parler ici , & que nous met- champ pour le défricher , il seroit sur- dence.
tons au nombre des Homicides qualifiés , venu un grand vent , qui auroit emporté le
parce qu'il ne tend pas seulement , comme feu sur la vigne ou la moisson d'autrui j
les deuxpremiers, à la perte des biens, mais & nous avons observé , d'après cette Loi ,
encore parce qu'il entraîne le plus souvent qu'il n'y avoit lieu à aucune Peine , même
celle des personnes même. pécuniaire , contre ce particulier , en ce
qu'on devoit regarder cet événement comme
1 l'effet d'une force majeure (1). Nous avons
a.lncen- A l'éeard des incendies des deux pre- auíîì donné pour exemple de l'Incendie
dies par 0
DE L'HOMICIDE , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 191
commis parsaute & imprudence , le cas où d'ailleurs la décision dans les principes éta- «trocStá
ce même Particulier auroit mis le feu dans blispar les Loix que nous venons de rappor- ^f^ot
íbn champ pendant qu'il couroit un grand ter. Nous ne considérons , à ce moment , Pin- me.
vent. Comme dans ce dernier cas il auroit cendie qu'autant qu'il a pour cause le dol &
dû prévoir les suites qui pourroient en ré- le dessein de nuire (1 ), parce qu'alors il forme
íulter, & par conséquent qu'il y a eu de un Crime ,&. un Crime d'autant plus atroce,
fa faute , pour avoir pris un temps si peu qu'au lieu que les assassinats prémédités dont
propre à cet effet ; nous avons dit , d'après nous avons parlé jusqu'ici , peuvent n'être
la même Loi , que cette derniere circons- excités que par des vues d'intérêt ; celui-ci
tance le mettoit dans la nécessité de répa- n'a ordinairement pour but , que de satis-
rer le préjudice qu'il avoit occasionné par faire la haine & la vengeance de celui qui le
fa faute & imprudence (1). Telle est austî commet , fans être retenu par la crainte
la sage distinction qui se trouve faite entre d'en faire rejaillir les effets fur ceux même
ces deux sortes d'Incendies , par les Loix à qui il n'en vouloit point. Nous disons
même qui ont été rendues relativement au ordinairement , parce qu'il arrive aufiì quel-
Crime dont il s'agit (2) ; Loix qui ont été quefois que ce Crime a pour principal objet,
adoptées, fur ce point , par celles du Róyau- d'assouvir la cupidité de l'Incendiaire , qui
me (3), &par notre Jurisprudence (4),suivant cherche à profiter du tumulte & de lafrayeur
laquelle il faut nécessairement , pour que le que cause l'Incendie , pour voler & pil-
Locataire qu'on accuse d'avoir occasionné 1er (2). C'est même ce dernier cas dont il
un Incendie par fa faute, puisse s'exempter de est parlé principalement fous le Titre du
réparer le préjudice qui en est résulté , qu'il Droit Romain de Jncendio , Ruina & Nau-
soit en état de prouver que cet Incendie n'a sragio U) > &■ s°US cqìuï de la L°i Ju^e de Vì
été occasionné que par accident , ou par le publica (4).
fait même du Propriétaire qui avoit né
gligé de faire les réparations nécessaires , (0 Cujus dolo mato incendium factura erit ,
j 0
dans t
cette maiion. a
Autrement 1la pré-
1 data e opéra
n- partis
rr adverlae
. • res vcitra* inccndio
,.•
r . . exarfas este alkverantes , cnmen Legis Cornehas
íomption est contre lui , & il ne peut fe dis de siccariis exequi potestis. L i.js. ad Leg. Cor-
penser de payer le dommage qu'il a causé , nel. de Siccar.
non-feulement par son propre fait , mais (1) Qui ob inimicitias , vel prœdœ causâ incen-
encore par celui de ses Domestiques , comme derunt. L. 18 /^ 11. ff. de Pams.
devant s'imputer le choix qu'U a faitdeDo- {7>\9-M ProPter tum«ltum , vel trepidationem
„. t t- , . ìncendu rapit. L. i. //. z. ff. de lncend. ruin. &
mestiques neghgens (5). naujr^
(4) Item tenetur Lege Juliâ de vi publica , qui
ft) Lìv. i. tlt. 3. ch. 3. max. 8. oyu est rapportée la «* incendio aliquid rapuerit prater materiam
Loi 30. ff. 3. ad Leg. Aquil. qui comprend l'un <y fau- sed 3UJ !n mcendio cum gladio , aut telo rapiendi
tre de ces cas causâ fuit , vel prohibendi Domimim res suas fer-
si) Si casu fortuit© incendiumfactum sit , veniâ ^are 'e?d<;m Pœ"â tenetun L 3- /• *• & ï-ff- ai
ìnd'iget L. 11. ff. de incend. ruin. & naufr..... LeS' JuU de n PubUc'
Uifi tam lata culpa fit ut dolo sit proxima
Si verò casu , id est negligentiâ , aut noxiam ï V.
sarcire jubetur, aut si minùs idoneus sit, leviùs
castieatur. L. 9. ib'td. Nam fortuita incendia» si tì r j n * r 1
CÙra vitarì poffunt, pernegligentiameorumapud 11 ne faut donc pas s étonner , si toutes les 4.S.Pd-
quos orta funt , damno vicinis fuerunt , civiliter Loix , tant Civiles que Canoniques , s'éle- « f,»v«J
exercentur ; ut qui jacturâ affectus est damni dif- vent fortement contre ce Crime , jusqu'à Canom-
ceptet, vel prodire vindicaretur. L. ii.J}. u.ff vouloir qu'on punisse le simple attentat de <lue'
, ??Ì*\ . , ,. . e n 1. la même manière que si le Crime avoit été
(5) Ouòd 11 per neeueentiam ractum incendium r 1 o, » a'oz
- u.
comprobatur, j
damnum quodj cuicumque ìnlatum
-i consomme;
* j 1& quA on 1ne distingue
6 point.,
fuerit , res quai incendio perierit duplici fatisfac- à cet egard > les Comphces des principaux
tione farcietur. Capit. Car. Magn. Lib. 7» auteurs du Crime. C'est entr'autres , là
C. 155. disposition du Droit Canonique , qui pro-
(4) r. le Recueil de Jurifpr. de la Combe , nonce l'Excommunication , & de plus , la
verbo Incendie. . Privation de la sépulture chrétienne faute
(<] Si rornacanus fervus coloni ad fornacem , , , , r r .
obdormiffet & villa fuerit exusta , Neratius feribit de reparer le dommage , non * feulement
ex locato conventum praestari debere , si negligens contre ceux qui ont mis le feu , mais trí-
in eligendis ministeriis fuir. L. 17. ff. 9. ff. ad Leg. core contre ceux qui l'ont fait mettre , ou
*qiùL qui ont aidé de quelque manière ceux qui
III, l'ont mis.

\jr • P ' » n - • • 1 Pessimarn , siquideffl & depopulatricem & hot-


,.Incen- MaiS , encore une fois. Ce n.est point ICI le rendam incendiariorum malitiam, auctorit^e Dei,
mauvS" heu d agiter toutes ces Questions dont l'ob- & Beatorum Apostolorum Pétri & Pauli omninò
d^Teinl jet est purement civil , & dont On trouve detestamur & interdicimus.... Siquisergò, post

1

i92 LES LOIX CRIMINELLES, Li v. III. Tit. III.


hujus nostrfcprohibitionispromulgationem,malo saltem in insulam deportantur. L. n.Js. i. js.de
studio , sive pro odio , sive pro vindicta , ignem Qffic. Prus. vigil.
apposuerit , vel apponi fecerit , aut appositoribus (3) Qui verò casam aut villam , aliquo leviùs.
consilium vel auxiíium scienter tribuerit , excom- X. z8. jf. 1 i.ff. de Panis.
municetur : 6c si mortuus silerit incendiarius , (4) Si quis dolo malo insulam meam exuflerit ,
Christianorum careat sepulturâ, nec absolvatur, capitis Pœnâ plectetur quasi incendiatius. /. 10.
nisi priùs damno cui intulit , secundùtn facultatem jf. ad Leg. Cornet, de Siccar,
íuam refracto. Can. 31. cauf. 13. qu. 8. ( 5 ) Voluit ut eadem scelera in quibusdam
Provinciis plectantur , ut in Africa meíïiurn in-
V. censores , in Misia vitium.... L. 16. Jf. S.jf. de
Pcenis.
5. SaPet- Par rapport au Droit Romain , nous
V I.
fe Droít* voyons d'abord que , suivant la Loi des
Romain , douze Tables , lTncendiaire d'une maison Quant à nos Loix particulières , nous 6. Dis-
lien aqu"e devoit être íeté au feu > aPrès avoir été battu v°yons á'*bord> Par les Capitulaires de Char- J^íí
nouveau, de verges (1). Mais comme la disposition lemagne, que le Crime d'Incendie est regarde ?es din
de cette première Loi étoit trop générale , comme des plus graves , & devant être puni .
3t pouvoit par-là même dégénérer en excès du genre de mort le plus rigoureux ( 1 ). Mais notre Ja_
de rigueur, on crut devoir distinguer dans comme cesLoix, de même que celles qui"sPruden-
la fuite les différentes circonstances dont l«s ont suivies , n'ont rien déterminé de
ce Crime pouvoit être accompagné , pour précis fur la punition de ce Crime , non
en régler la punition. Ainsi l'on considé- P*us que fur les différentes manières de le
roit pour cela la qualité de l' Incendiaire , commettre ; c'est par conséquent à la Juris-
éelle de la chose incendiée , & la quantité prudence des Tribunaux qu'il faut princi-
de l'Incendie. Lorsque l'Incendiaire étoit paiement s'en rapporter fur ce point. Or ,
de condition vile , il ne pouvoit être puni nous voyons , d'après les différens Arrêts
d'une moindre Peine que celle du feu , ou qui ont été rendus fur cette matière , qu'ils
de l'exposition aux bêtes farouches ; tan ont suivi les distinctions faites par le Droit
dis que pour les Personnes nobles , c'étoit Romain , en réglant les divers degrés de
celle du glaive, ou de la déportation. Quanta punition , suivant les circonstances tirées
la chose incendiée , l'on distinguoit les mai de la qualité des Incendiaires , des choses
sons de Ville , de celles de fa campagne : incendiées , & de la quantité de l'Incendie.
c'étoit principalement pour les Incendies Et c'est en conséquence , que nous distin-
des premières, qu'étoient réservées lesPei- g110™ ^ nos ^ges quatre sortes d'In
nés dont nous venons de parler ; par la rai- cendies ; celui qui íè commet fur des mai
son que ces sortes d'Incendies pouvoient sons &bâtimens situés dans des Villes, parrm
entraîner des suites plus dangereuses , tant lesquels nous comprenons aussi les Eglises i
à cause du grand nombre de personnes qui celui commis fur des maisons ou fermes
pouvoient s'y trouver enveloppées , qu'à de Campagne ; celui commis fur des vigno
raison du dégât beaucoup plus considéra bles & moissons ; & enfin celui commis
ble qui devoit en résulter (2). A l'égard fur des bois & forêts.
des Incendies commis fur des Maisons de (1) Si aliquis malitiœ studio Incendium miscrit ,
campagne ou fur des Fermes , la Peine en dehoccrimineconvictusPœnisgravissimisjubetur
devoit être modérée , suivant les mêmes interfici. Cap'u. Car. Magn. Uh. 7. c. 264.
Loix (3) j & elle ne pouvoit devenir capi
tale , que lorsque l'Incendie avoit causé un VII.
dommage très considérable , comme la perte i°. Incendies des Eglises & maisons 7- P<
d'une Iíle entière (4). L'on distinguoit aussi des Villes. Nous avons eu lieu de parler ^ '"oir..
dans ce Droit , parmi les Incendies faits fur de celui commis fur les Eglises , en trai- mis fur des
des Biens de campagne , certains Pays où tant du Sacrilège , dont la Peine ordinaire m|£s&
ces biens étoient plus précieux , parce qu'ils est , comme nous l'avons dit , celle du feu , d« vie*
en faifoient le principal commerce , comme à laquelle font jointes celles de l'Excom-
étoientpar exemple , les Vignes en Missie , munication & de la Privation de la sépultu
re les Bleds en Afrique (5). Cette consi- re, qui font portées parle Droit Canonique
dération fervoit, comme nous l'avons dit, à contre ceux qui meurent lans avoir réoaré
qui meurent lans avoir réparé
en faire augmenter la Peine. le dommage qu'ils ont causé. Pour ce qui
(1) Qui œdes^acervumve frumenti juxtà domum concerne l'Incendie commis fur les mai
positum combuflerit, vinctus, verberatus , igne ne- sons fituées dans les Villes , l'ufage est
cari jubetur. L. 1 .ff. de lnccnd. ruin. & naufr. auífi de condamner le coupable au feu ,
(1) Incendiarii capite puniuntur , qui ob inimi-
íùr le fondement qu'il est juste de lui faire
citias, vel praedœ causâ , incendium intrà oppidum ,
& plerùmque vivi exuruntur. L. 18. JJ. 11. ff. de souffrir le même supplice qu'il vouloit faire
Pctnis.... Qui datâ operâin civitate incendium fece- subir à ceux qui auroient le malheur de se
rint , si humiliori loco sint , bestiis objici soient ; trouver enveloppés dans son Incendie. C'est
si in aliquo gradu fuerint , capite puniuntur , aut ausíì par cette raison , que nous ne distin
guons
DE L'HOMICIDE , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 19£
guons point la qualité des coupables , & du préjudice qu'aura causé l'Incendie : &
que nous suivons exactement , fur ce point , cela indépendamment des dommages &
la diípofition générale des Capitulaires de intérêts envers le Propriétaire des biens in-
Charlemagne (1). Nous punilîòns , con- cendiés. Nous réglons auffi quelquefois
formément au Droit Canonique , le simple cette Peine suivant la qualité des Pays où
attentat en cettematiere , comme sileCrime ces dommages ont été causés , c'est-à-dire,
avoit été consommé , pourvu néanmoins que nous suivons les dispositions du Droit
qu'on en soit venu à de certains actes pro- Romain , qui veut que la Peine soit aug-
chains , comme fi l'on avoit jette quelques mentée , lorsque l'Incendie est commis fur
matières combustibles fur la maison que des denrées qui font le principal commerce
l'on vouloit brûler. des lieux où font situés les héritages in-
(1) Siquis malitiae studio incendium misent; de CendieS.
hoc crimine convictus , pœnis gravislìmis jubetur X.
ìntersici. Capit. Car Magn. ùb. 7. c. 345.
4°. INCENDIES fur les Bois & Forêts, «o. Peine
VIII. A 1*1
Nous voulons parler , tant des Incendies d^ ^""^
I Pei„e 2°. A l'égard des Incendies commis fur «*™ sur des b,ois & fo^ts »PPj«enans bou * u,.
M»»** Maisons ou fermes de la campage : a des Communautés ou même a des Par- ■
die fur les r> ' » • * j r 1 \ ct ticuhers , que de ceux qui le commettent
Maisons comme ce Crime n a point de l.ites aulii - , , n D.
décampa- dan eereuíes que le premier , 11 n est point»
, r , • » wi • fur
T1 des ,bois & forets
_ . appartenans
" , au Roi.
gne< auslfpuni avec la même rigueur ; & il pa- 11 Paroit ^\ n°s Loix. ne Jf «ítmçient
roît, d'après les Arrêts , que c'est princi- Pomt V"* à ^ puni non Cette punition
, „ f r • * n ír,A^~ doit consister , íuivant 1 Ordonnance des
paiement lur ce point que 1 on conndere . . » N -, ,
la qualtté des Parues , c'est-à-dire , qu'au Eaux & Forêts (1) non-seulement en des
lieu de la peine de la Potence qui se pro- an?endes * rePfraUons pecuruures , mais
nonce en pareil cas contre les Incendiaires même en des PeinesT corporelles. Cepen-
de condition vile , on se contente de con- dant.' c°mme ,Ce"« Lo1 "avolt P001ntdf-
damner les Nobles au Bannissement perpé- t€rmine la ^hte de °? Peines,' & 1u elle_
tuel , outre les dommages & intérêts envers la ne rappelloit Point les foix antérieures qui
personne incendiée. Cependant nous voyons les «voient fixees , en forte que les refrac-
par les derniers Arrêts rendus en ce Par- taires ploient vouloir se prévaloir de
lement , qu'il suit , à cet égard , la même ces, °™ssl°ns Pour retomber dans de pa-
regle que pour les Incendiaires des Villes ; reils Ordres 5 Ç est pour ne leur laisser
su? le fondement sans doute , que l'expé- aucu" Prfextf d ignorance fur ce point ,
rience a fait voir que rien n'étoit plus ca- W auete donnee Déclaration du 13 No-
pable que cette rigueur , pour empêcher la vembre » 7 M, dont les dispositions font
fréquence de ce Crime qui , comme l'on trop remarquables pour n être pas rappor
tait , n'a fait que fe multiplier en ces der- feesLlcl ' notamment en ce qu elle prononce
niers temps dans quelques Provinces du la. Pflne caPualf™ casd Incendie c°m'
ressort de ce Parlement ; jufques-là même mis de propos délibère , dans les Landes ,
qu'il s'est vu obligé de prononcer la Peine ^yeres & dans les autres lieux des bois
capitale pour de simples menaces faites par & forets du Ro1 & autres W-
des particuliers , de mettre le feu à des m* r s r ,
1 •■ r 1 (0 Fanons aufli derenies a toutes personnes de
métairies , si on ne leur apportoit une cer- ^r & allumer du seu en , faison œ
taine somme dans un certain endroit qu'ils íoit f dans nos forêts, landes & bruyères , & celles
indiquoient par un billet. des Communautés & particuliers , à peine de pu-
■ ii) r. le Praticien universel de CoucHOT , verbo n!tion corPoreU,e & d'amende arbitraire ; outre la
Incendie réparation des dommages que 1 Incendie pourroit
V. ent'r'autres t Arrêt du Parlement de Paris , du 3VOir "U?f ' d°ntJleS í ommunaut«. & autres qui
7«;//,/ t~~~ij
o Juuict 1 709 , rapporte au Journal jj
des Aud. ont rcho:íi
. . les
„ Gardes
, , demeureront
c ,. civilement
„ , ret-
' ";" : '. ponlables. Ordonn. des taux 6» torets , de 1669.
"■' IX. ttti7.ar(.3x.
(x) Nous avons , par l art. ji. du tit. 27. de
9. Peine 30. iNCENDIES/àr les Moijfons ou Vigno- notre Ordonnance du mois d Août 1669 , fait
A^Yfbks. Comme ceux-ci font de nature à ne drff-ns;? à tou,tes Perso"n«de porter du feu 6c
die lur les . ri r d en allumer dans nos torets, landes & bruyères .
coiffons pouvoir jamais frapper fur les personnes & dans ceUes des Communautls & des Partllltrs '
gj'gno- Us ne font point sujets a des Peines aussi à peine de punitjon corporelle ; & comme la qua-
rigoureuses que les précédens. L'on veut lité des Pjines corporelles qui doivent être ordon-
dire que ces Peines ne peuvent jamais aller né:s dans ce cas, ne font pas déterminées par cet
jusqu'à celle de Mort, quoiqu'elles ne puis- article » noi,S avons été informés que plusieurs de
sent être moindres que celles du Bannisse- ™)Hl^ Eaux& Forêts se trouvent souvent
i A 1 • 1 • /v embarrasles lur le genre de Peines qu ils doivent
ment , avec des Amendes qui doivent être prononcer contre ceux qui ont contrevenu aux dé
plus ou moins fortes , suivant la quantité fenscs portées par cet article ; & étant important
B b
194 LES LOIX CRIMINE LLES, Liv. ÏÏI.Tìt.UI.
de lever toute difficulté à ce sujet , Nous avons ré tes , signées de notre main , dit , déclaré & ordon
solu d'expliquer expressément la qualité des Peines né, disons , déclarons & ordonnons , voulons 8c
auxquelles nos Juges doivent les condamner , 8e nous plaît que les Pâtres 8c tous autres qui seront
Nous avons jugé devoir déclarer en même-temps convaincus d'avoir porté du feu , ou d en avoir
les Peines auxquelles doivent être condamnés allumé dans nos forêts 4 landes 8c bruyères , 8c
ceux qui mettent le feu dans les landes & bruyè celles des Communautés & des particuliers , ou
res , & dans les autres lieux des forêts , parce d'avoir fait du feu plus près d'un quart de Úeue
que nous avons appris qu'encore que ces Peines desdits bois , landes & bruyères, soient punis ipour
soient portées expressément par les Ordonnances la première fois de la peine du Fouet & de celle
des Rois nos prédécesseurs , on prétend qu'elles des Galères en cas de récidive ; voulons que ceux
ont été abrogées , fous prétexte que nous n'en qui , de dessein prémédité 4 auront mis le feu dans
avons pas rappellé les dispositions par notredite les landes 8c bruyères, 8c dans les autres lieu* des
Ordonnance de 1669 ; fur quoi nous avons esti dits bois 8c forêts, soient punis de Mon ; 8c que
mé qu'il étoit d'autant plus nécessaire d'expliquer tous ceux qui auront cause des Incendies dans
nos intentions , que les fréquens Incendies arrivés lesdits bois & forêts , soient condamnés , outre les
depuis peu dans quelques-unes de nos forêts , 8c Peines ci-dessus , en telle amende qu'il fera arbi
dans celles des Communautés & des particuliers , tré par nos Juges , & aux dommages 8c intérêts
nous obligent' à redoubler nos foins pour la con foufferts par les Propriétaires desdits bois. Enjoi
servation des bois & forêts de notre Royaume , gnons- à nos Officiers des Eaux & Forêts de faire
quiont souffert une diminution pendant la derniere faire de fréquentes tournées , tant le jour que la
guerre. A ces causes & autres à ce nous mou- nuit, par les Sergens & Gardes des bois , pour pré-
vans , de notre certaine science , pleine puissance Venir pareils désordres. Décl. du 13. Novembre
8c Autorité Royale , nous avons par ces Présen- 1714. Registréele 13. Février 1715.

§. IX. . )u Dud.

S O M M i I R E S.

1. Qu!*entend on parce Crime ? 20. Peine de l'Appellam ù de V Appellé


2. Pourquoi mis dans la clajfe des Homici qui font venus au combat actuel.
des qualifiés. 21. Changement apporté par la Déclara
3. Origine de ce Crime, & fa Peine , sui tion de 1 7 1 1 fur l'emploi des biens con*
vant les Canons. fifqués.
4. Ce qui l'avoit a*abord fait accréditerpar 22. Peine de celui qui a été tué au combat.
mi nous. 23. Peine de celui qui a tué.
5. L'abolition des Duels par Saint 24. Peine de ceux qui engagent des Seconds
Louis. ou Tiers dans leur querelle.
6. Rétablissement de leur usage. 25. Peine de ceux qui fervent de Seconds
7. Nouvelle abolition par Henri II. ou de Tiers.
8. Confirmée par les Edits des Princes 26. Peines des Ignobles qui appellent ù
ses successeurs > & enfin par le fameux fe battent avec des Gentilshommes.
Edit des Duels. 27. Peines des Gentilshommes qui fe bat
9. Loix postérieures , qui ordonnent l'exé- tent avec eux.
cution de cet Edit. 28. Peine de ceux qui fe battent fous pré
10. Quatre objets principaux des dispos- texte de rencontres inopinées.
tions de cet Edit. 29. Peine de ceux qui vont fe battre hors
11. i°. Sur les MOYENS d'empêcher le du Royaume.
Duel. 30. Peine des Accuses contumax.
12. 20. Sur la PUNITION des Coupables. 3 1 . Peine des Complices de Duel. De com
13. Distinction de l'Edit fur les appels bien de fortes.
suivis de combats , & fur ceux qui ne le 32. 30. Sur la Compétence des Juges en
fontpas. cette matière.
1 4. Peine de ceux dont l'appel n'est pas 33. Changement apporté à ce sujet par la.
suivi de combat. Déclaration de Décembre 1 679.
15. Peine de l'Appellé qui fe rend fur les 34. 40. Sur I'instrVcTion de ce Crime.
lieux , ou qui fait des efforts pour s'y 35. Disposition concernant le temps de la
rendre. poursuite.
1 6. Peine de lInférieur qui appelle son. 36. Difpofition concernant la plainte.
Chef ou Supérieur. 37. Difpofition fur /'Ordonnance portant
17. Peine du Chef ou Supérieur qui permission d'informer.
accepte l'appel. 38. Difpofition fur les Informations.
18. Peine de ceux qui appellent par res 39. Déposition fur le Décret.
sentiment d'avoir été privés de leurs 40. Difpofition fur le Récolement.
Charges. 41. Difpofition fur les Lettres de Grâce
19. Peine de ceux qui récidivent dans demandées par l'Accufé contumax.
ce Crime. 42. Difpofition fur le délai accordé a là
DÉ L'HOMICIDE , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 1 9j
Partie publique pour la preuve. ment définitif , <;/i cas de défaut de
43. Disposition fur la forme du Juge- preuve. ~ r,,,:-";.,. c {

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1. Qu'en- N 0 u s appelions ainsi" un combat singu- petuâ careant fepultarâ. Illï etiam qui consiliam in
tend - on jjer qm fe fat entre deux personnes avec «usa DueUi tàm in iure quàm in sacto dederimvc-
S,*;"^'
me. armés meurtrières, telles *1
.uuiwuu.i""»"», qu'épées
r & rpif- .^âquâcuoique rationeexcommunications
nnt , nec non spectatores ad quemquam suade- ac •*
tolets , pour venger des injures prétendues perpetuae malediûionis vinculo teneantur , non
reçues. Ce combat peut être fait aussi entre obstante quocumque privilegio feu pravâ consue-
plusieurs personnes, qui servent de seconds tudine etiam immemorabili. Conc. Trid. sejs.i^.
ou de tiers aux deux principaux Combattans. de R^sorm. cap. 19.
I V. ., :. ■'
.11. ■ ■ 1, . -. r: . .
Pour ce qui concerne nos Loíx particu- 4. Ce qui
». Poúr- Nous plaçons ce Crime dans la classe iieres ( car nous n'aVons d'ailleurs aucunes JJ^j"
£l íTdes Homicides qualifiés , parce qu'il fup- dispositions précises dans les Loix Romai- a«rédit«
classe des pose toujours de la préméditation de la part nes fur ce point) , il paroît que l'usage de Parmi
hu5Ïsieds" de ceux qui le commettent > & Pour le diíT ces sortes de combats nous est venu des Gau-
qU tinguer aussi de ces combats singuliers , qui i0is ^ auXqùels & étoient fort familiers ,

se font à l'occasion d'une rixe survenue entre comme étant élevés dans l'exercice conti-
deux personnes qui se rencontrent. nuel des armes. On voit même qu'à leur
' ' x -r f exemple, notre Nation y avoit attaché, dés
: • ■ les premiers temps , un si grand crédit ,
Origine Si l'on remonte à l'origine de ces sortes qu'elle faisoit dépendre de l'événement de ces
áe ce Cri- de combats a paroît qu'eHe se tire prin- sortes de combats , la preuve du Crime ou de
Peîne si£ «paiement de ces combats de Gladiateurs ^innocence, dans les cas d'accusation d'un
vant les qm Croient introduits dans le temps du Cnme caPltal qui ne pouvoit être éclairci
CanODÎ' Paganisme. C'est aussi par cette raison qu'ils d'une autre manière ; ou bien lorsqu'il s'agis-
ont été hautement réprouvés par le Droit solt de venger l'uijure faite à l'honneur de fa
Canonique , où il en est parlé comme d'un femme ou de sa fille > qu'on av01t enlevées,
excès très-grave & très-énorme , & d'un 11 en est Parlé dans "os anciens Auteurs
usage détestable ; & c'est en conséquence souS le nom de' Gage-Bataille , avec le dé-
qu'il prononce la peine de l'Excommunica- tai1 des formalités singulières qui dévoient
tion, tant contre les Laïques qui se prêtent précéder & accompagner ces sortes de
à ce Crime , que contre les Clercs ; outre la combats.
Déposition contre ceux-ci ; ( & cela, fans V. entr'autres Lotsel. lnsth. Cour. Uv\ 6.
distinguer ceux qui prêtent les mains , ou y . .;i . . 1
qui étant présens à ces sortes de combats ,
ne les empêchent point lorsqu'ils le peu- Mais comme cés sortes d'épreuves ten- î-L'abo-
vent , des Combattans eux-mêmes i ) il doient à tenter Dieu , & qu'il fut reconnu «T'còm!
ordonne de plus , la privation de la sépul- dans la fuite que plusieurs innocens enka"p«S.
ture chrétienne contre ceux qui sont tués avoient été les malheureuses victimes ; c'est Lou,J*
dans ces sortes de combats (1). Toutes ces ce qui détermina le Roi Saint Louis à abo-
dispositions ont été renouvellées en der- lir un si détestable usage : à quoi il fut excité
nier lieu par le Concile de Trente (2). d'ailleurs par les vives représentations du
■ •î! « * . Clergé.
(1) Porrò si Clericus alicui spontè Duellum ° VI
obtulerit , vel oblatum susceperit , sive victor ,
five victus fuerir , de rieore juris est meritò de- %/r . . r l",
^oW^sedquantumcumque ejus in hoc gravis M™ leS %eS Précautions que ce rell- «JLRéu-
sit 8c enormis exceffus , evadere potest depositio- 8ieux Prince crut devoir prendre pour faire 5ê Uu"'
nis sententiam , si cum ipso , suus Episcopus duxe- cefíer entièrement cet abus , en ayant oc- usage,
rit misericordite* dispensandum dummodò ex ipso casionné un autre encore plus dangereux en
Dnellum homicidium , vel membrorum diminu- ce qu'ilTe pratiquoit secrètement, & toujours
tio non tuent fiiblecuta. Âlexand. III. cap. i. •* • * tjji .1 , , '
Extr. de Clerìc. Pr*gn. in Ducll. . f80 avantaget d^ U part de l'aggresseur ;
U).D«c>íi/MDuelloriimusus,fabricante:dia- Ion veut Par.ler des iVleurtres de guet-à-
bolo , introductis ut cruentâ corporale morte pens , qui devinrent dès-lors beaucoup plus
animarum etiam perniçiem lueretur , & christiano :fréquens qu'ils ne l'étoient avant l'Ordon-
orbe penitíis exterminetur Qui verò pugnam jj^ce de ce Prince : tellement qu'on fut
commiscnnt,&qui eorumpatnni.vocantur,ex- ob]j é en arrêter le cours^ de re.
communicationis ac omnium bonorum suorum 0 , 11» r j 1 r- T-
proscriptionisac perpétuât infamiae notam incur- nouveller 1 "sage des combats singuliers,
. jrant , & ut homicidae juxtà.sacros Cahones puniri en ajoutant néanmoins aux formalités , dont
debeant;& si in ipso conflictu. decefferint, per- on vient de parler , la condition expresse .
Bb z
I

1 95 t E^S L O I X C R t M ï N É L L E S , Li V. III. Tjlî. HU


qu'ils ne potir-roient être -faits qu'ensuite de qui se commettent entre les GentUyhom-
la permission du Roi. mes , Gens de Guerre , f>c mime entre, les
v - T Gens de Robe , & par conséquent qu'elles
intéressent principalement la Jurisdi&ion de
II pàroît que ce nouvel usage a duré jus- MM. les Maréchaux de France fur le pòjrït-
d'hpnpegr, 'nous nous réservons à les i^-*;
de cette Jurisdictiori.

r _J contenues dans le présent Edit."


OÙ 1 un de les favqrjs fytttie..., ur ,a piinîtion des contrevenans à nos volontés,
î ■ ' " ' ' 'V I I I seroient inutiles de nul esses , si pjir Jçs motifs
* d'une justice & d'une fermeté in^e^iblçs i^us ne
o Con Mais depuis la .mort de ce Prince , les maintenions les Loix que nous avons établies. A
firméepJ Guerres civiles qui survinrent ayant fait re- «tte fin nous ,urons & promettons enfoi&pa-
. ro e de Roi , de n exempter à 1 avenir aucune per

ce entin 3-..,'] , • . , + - , ; - -• 1 - Ôç abolition à ceux qui seront prévenus desdits


par .le fa- ployés à servir de preuve , qu à venger les
Crimes de Puel & Rencontres. Défendons très-
îneuxEdit fureurs du fanatisme & du faux point-d'hon
des Duels. expressément à tous Princes & Seigneurs prè? de
neur qui regnoient dans ce temps-la; les Nous de faire aucunes prières pour les coupables
Rois ses successeurs se virent obliges d'y desdits Crimes , fur peine d'encourir notre indi
mettre de nouveaux freins , en défendant ces gnation. Protestons derechef , que , ni en faveur
d'aucun! mariage de Prince ou Princesse de notre
sortes de combats, fous les peines les plus fé-
verçsfrenàéchrantmëmeCriminelsdeLefe. Sang, ni pour les naissances des Princes & Enfans
_>• . '„,- • > j • de France qui pourront arriver durant notre règne,
Majesté tous ceux qui s en rendroient cou- ni pour ^elÇftuîre considération généràïe &
pables. L'on veut parler d'abord des Edits particulière qui puisse être , noíts ne permettrons
qui ífùrent rendus successivement par . les sciemment être expédié aucynçs Lettres contraires
Rois Charles IX , Henri III, Henri IV à not" présente volonté , l'expçution de íaquefle
& LOUIS XIII. Mais cejuí auquel nous »ous ^P05 ìuré expressément U folemnenement
-• -, »■ . ? 1 au jour de notre Sacre oC Couronnement , afin de
croyons devoir nous arrêter principalement ren'dre plus authentique & pìùs inviolable une Loi
ici , tant parce quil réunit les dispositions fí chrétienne , 6 juste, si.nécessaire. $i donnoós
des précédens , auxquels il n'a fait que en Mandement , &c. A&t. A 4t CEdu fa &u*(s
d'ajouter des Réglemens particuliers pour & 1679.
empêcher le progrès & l'impunité de ce :
Crime, que parce qu'il a été confirmé lui- LoUIS,&c. Salut. Les Rois nos Prédécesseurs
même par tous ceux qui l'ont suivi ; c'est n'ont eu rien plus à cœur que d'abolir dans ce
le fameux Edit de 1679, connu vulgaire- Royaume le pernicieux usage des L)uels,égalemeût
ment fous le nom à'Edit des Duels. contraire aux^Loix de k Religion & au biçnjje
leur Etat. Le Roi Henri IV. donna pour cet effet
I X. plusieurs Edits & Déclarations dont les dispositions
r> • _ , , furent non-feulement confirmées , mais confidéra-
9. Loix fie" "f peut donner une idee plus blement étendues par le Roi Louis XIII. son Suc-
posténeu- précise de la juste horreur que doit inspi- cesseur. Le feu Roi, notre ttès-^onoré Seigneurs
donnent r" rer ce Crime , que ce serment solemnel de Bisaïeul y a pourvu encore plus efficacement par
l'exécu- n'accorder aucune grâce à ce sujet , qu'on lesdifférens Edits & Déclarations qu'il a donnés
non de cet VQÍtk lafin de cet Edit & • a ^ renQU_ fur cette matière pendant le cours de soo règne ,
vellé fous le dernier Règne par 1ìJi-j-
mi r 1 j • d ' Edit du1 & notamment
& par son
ses DéctaratlPons du Edit du mois d Août
„ Décembre de la 1679
même«
mois de Février 1723 , lequel a été rendu, année , & du 18 Oaobre 171 1. Et nous avons
comme l'annonce son préambule , pourpré- cru qu'étant parvenu à notre majorité, noys de
venir les fausses interprétations que l'on vions , en suivant un aussi grand exemple , p^er
s'étoit efforcé de donner à quelques árti- nos premiers foins à co»firmer des Loix aussi íag«s
1 j a rv. * i>'__ j j oc auifi nécetìaires pour la conservation de la No-
clesdece meme Edit. A regard des autres blesse , qui est lé plus ferme appui de notre Royau
Loix qui ont été rendues fur la même ma me , & que la fureur des Duels ne pourroit qu?a£-
tière , soit avant , soit depuis cet Edit , l'on faiblir inutilement pour l'Etat. C'est dans la vue
veut parler des deux Réglemens de MM. les d'accomplir un dessein si important, que lors
de notre Sacre & Couronnement , nous avons juré
Maréchaux de France , dont l'exécution
.est ordonnée par le mêjne Edit, de la Dé- ^^^^^S™
claration du mois de Décembre 1 679 , de jes Duels . & cornme i'expérience a fait connòkrë
l'Edit du mois de Décembre 1 704 , & enfin qu'il n'y a point de Loi si précise ni si simple que
de la Déclaration du mòis d'Avril 1723. l'on ne trouve le moyen d'éluder; pour prévenir
Mais comme ces dernieres Loix ( à la ré- ^sorn2.aiíì 1« fausses interprétâtes , que ì'mrtidt
serve de celle de Décembre 1 679 , donnée ffi.?™? áA'x T< * ïïfSÏÏ! arti+cIes. de,'f
.. . , rJ- x ' • - , "d»t du mois d Août 1670 , contre les intentions du
en ampliation de cet Edit ) ont principale- feu Roi & les nôtres . nous avons ju„é à pro_
rnent pour objet les simples voies de fait d'y ajouter quelques nouvelles dispositions qui
DE L'HOMICIDE ,:ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. ^7
ont paru nécessaires; en sorte qu'à l'avenir ceux qui -uns qui s'en íbnt tenus aux iimples termes suivî* «te
oseroient contrevenir à cétte Loi ne puissent échap de l'appel ; d'autres dont l'appela été suivi
per à la juste punition qu'ils auront méritée. A ces de combat.
:ombat.Çe
Ce n'est propremènt qu'à ces der- qui ne le
causes , &c. Edit deFévritr 17*3.-; . ,-. pas.
niers qu'il yput .que la Peine de mort soit
X. Í,rrér^íîibl,erner4t infligée , & jil met de ce
, nombre , non- seulement ceux qui se sont
lo.Qua- Q&g 1 Ana/yse que Wt? uqus. prop°- iattuS &se sont tués ou blessés £ais encore
tre objets sons défaire ici des dispositions de cet Edit ,
ceux qui se íont battus , fans qu'aucun ait
P""""dej & des Loix qui ont été rendues en con-
été, ni nié, ni blefljê. II comprend aussi
disposi- séquence , nous remarquons d'abord en
dans la fflffltf1 claile , ceux qui ont engagé
cw^Edlt. ëfyétd > We toutes çe.s din^^hi^s difpo-
dans leur combat, des Seconds, des Tiers ,
' jGtions paroissent se réduire à* ces quatre
ou autres personnes en plus grand nom
objets principaux ; le premier , de pres
bre. ]Le même Edit comprend encore ceux
crire les moyens les plus propres pour
qui ont servi de Seconds , ou de Tiers , &c.
prévenir les Duels; ìè second , de déter
& particulièrement ceux qui , après avoir
miner les Peines que doivent íùbir , tant
eu des querelles, viennent à fe battre , fous
les Coupables , que les Complices de ce
prétexte de rencontres inopinées ; ceux qui
Crime , & ce que l'on doit entendre fous
vont se battre dans les pays étrangers ; les
ces noms ; le troisième , de fixer la compé
gens ignobles qui osent appeller des Gen
tence des Juges qui en doivent connoître ;
tilshommes & se battre avec eux ; les Gen
le quatrième enfin , d'établir des règles par
tilshommes qui fe prêtent à se battre avec
ticulières pour faciliter la preuve 6c Ins
ceux-ci ; enfin , ceux qui sont jugés par
truction de. ce Crime.
contumace , comme coupables de ce Crime.
. -: X I. A l'égard des Coupables de la première es
pèce , le même Edit met de ce nombre ,
11. ie. Sur l0. Moyens poufprévenir les Duels. Ces
Us moyens moyens font la matière des neuf premiers ceux qui ont appellé en Duel , & dont l'ap
pel n'a pas été suivi de combat ; ceux qui ,
írÉucl! «rticles de l'Edit , qui ont été renouvellés
rnleínieT heTp'aV 17s ârl z73.T& 7^ {Us Vfpd> se °U ,°nt 5?
\%dit de Février 1723 , que nous ne rap- des efforts Pour se rendre sur le heu dé
portons point ici , parce que nous aurons signé pour le combat , fans néanmoins qu'il
ïieu de le faire en traitant de la Jurifdiction y ait eu de combat ; les Inférieurs qui osent
appeller en Duel leurs Chefs ou Supé
des Maréchaux de France , qu'ils concer
rieurs ; les Chefs ou Supérieurs qui reçoi-
nent principalement en ce qu'ils ont pour
objet les avertiíTemens qui doivent être don- Tent «s rsof«"i d aPPels » & se me"ent en
nés aux Juges du point-d'honneur , & ce que d ? saU*faire ' ceu* <IU1 aPPellef/ en
doivent faÇe ceux-ci en conséquence , pour Duel de reflentiment d avoir ete casses ou
privés de leurs Charges , & enfin ceux qui
empêcher les voies de fait qui peuvent con
contreviennent pour la seconde fois aux
duire au Duel. Nous observerons seulement
défenses portées par l'Edit. Nous allons
ici d'avance que , sous le nom de Juges du
reprendre successivement tous ces diíFérens
point-d' honneur (1), l'on doit entendre , sui
cas , suivant Tordre marqué par l'Edit , pour
vant l'Edit , non-feulement MM. les Maré
leur appliquer les Peines particulières qui y
chaux de France , mais encore les Gouver
font attachées.
neurs & Lieutenans-Généraux des Provin
ces , & les Gentilshommes préposés à cet XIV.
effet dans les Bailliages & Sénéchausfées ,
lesquels y font , à cet égard , les mêmes i°. La Peine de ceux qui , s'efiimant of- 14. Peine
fonctions que MM. les Maréchaux de France sensés , appellent en Duel , fans que Çapptl foMcJ™ de
à la fuite 4e la Cour. ■ . ait étésuivi de combat , est de deux années pel n'est
(1) V. art. x. d« l'Edit de 1*79 de prison, avec une amende f qui ne peut jj° int suivi
com-
être de moindre valeur que la moitié des bat.
revenus du Coupable , & de plus , íùfpen-
n.a'.Snr 2°* P£INES contre les Coupables de Duel, sion des fonctions de ses charges , s'il en a ,
la punition & leurs Complices. La Peine de ce Crime en & privation des appointemens d'icelles pen
des c<w/>*. g^éral est celle de Mort , avec d'autres Pei- dant trois ans , & enfin , déchéance de la
nés accessoires , dont nous allons parler satisfaction qu'il auroit pu prétendre pour
dans un moment (2). l'injure reçue.
(1) V. l'art. Xlll. ci-après sous la Max. xx.
Bien que le soin que nous prenons de l'honneur
XIII. de notre Noblesse paroisse assez par le contenu
aux articles précédens , & par la soigneuse re
n.Dîs- Mais cette Peine n'a pas lieu également cherche que nous faisons des moyens estimés les
tinaionde dans tous les cas. L'Edit distingue d'abord , plus propres pour éteindre les querelles dans leur
! ^a eîs a cet ég21^ > deux f°rtes de Coupables ; les naissance, & rejetter fur ceux qui offensent, le blû-
j98 LÈS LOIX CRIMINELLES, Liv. III. Tit. III.
me & la honte qu'ils méritent : néanmoins appré- Nous voulons & ordonnons que ceux qui s'empor-
hendant qu'il ne se trouve encore des gens affez teront à cet excès , notamment qui appelleront
osés pour contrevenir à nos volontés si expreffé- leurs Chefs ou autres qui ont droit de leur com
ment expliquées , & qui présument d'avoir raison mander, tiennent prison pendant quatre ans, soient
cn cherchant à se venger , Nous voulons & ordon- privés de l'exercice de leurs Charges pendant ledit

qu'il prétendra avoir reçue , qu'il tienne prison un inférieur contre son Supérieur ou Seigneur ,
pendant deux ans , & soit condamné à une amende il tiendra prison pendant les mêmes quatre années ,
envers l'Hôpitalde la Ville la plus proche de fa de- & fera condamné à une amende qui ne pourra être
meure, laquelle ne pourra être de moindre valeur moindre qu'une année de son revenu : en oignant
que de la moitié du revenu d'une année de ses très expressément à nosdits Cousins les Maréchaux
biens, & de plus qu'il soit suspendu de toutes ses de France , Gouverneurs-Généraux de nos Provin-
charges , & privé du revenu d*icelles durant trois ces, & Lieutenans- Généraux en icelles , & Gentils-
ans. Permettons à tous Juges d'augmenter lesdites hommes commis, & singulièrement aux Généraux
Peines selon les conditions des personnes , les su- de nos Armées , dans lesquelles ce désordre peut
|ets des querelles , comme Procès intentés, ou être plus fréquent qu'en nul autre lieu, de tenirla
autres intérêts civils , les défenses ou gardes en- main à l'exacte & sévère exécution du présent Ar-
freintes ou violées : les circonstances des lieux & ticle. Art. XI.
des temps rendront l'appel plus punissable. Art. X. XVII

X V.
4°. La Peine des Chefs, ou Seigneurs qui 17. Peine
i ç. Peine La Peine de ceux qui , ayant été reçoivent ces sortes d'appels , ô se mettent du Chef
de l'appel aPPeHés , se rendent sur le lieu assigné , ou
UV'mtl{ cn état d"y satisfaire , est la même que de ou Supé
rieur qui
renlTYur6 font des efforts pour s'y rendre , fans qu'il ceux qui les y ont appellés ; íçavoir de accepte
l'appel.
ou soudes ? ait eu ^* com^at * e^ k m^rae que ce^e quatre années de prison, suspension de leurs
vu
ou ian
au u»
es . ., ^ « Charges & revenus d'icelles , & amende
efforts ci-dellus.
pour s'y de la moitié au moins de leurs revenus.
rendre. Que si celui qui est appellé , au lieu de refuser
l'appel , & d'en donner avis à nos Cousins les Ma Que si les Chefs ou Officiers supérieurs & les
réchaux de France , ou aux Gouverneurs-Géné Seigneurs qui auront été appellés reçoivent l'ap
raux de nos Provinces & nos Lieutenans-Géné- pel , & se mettent en état de satisfaire les appel-
raux en icelles , ou aux Gentilshommes commis , lans , ils seront punis des mêmes peines de Pri
ainsi que nous lui enjoignons de faire , va fur le son , de suspension de leurs charges & revenus
lieu de l'aflignation , ou fait effort pour cet effet , d'icelles , & amendes ci-deffus spécifiées , fans
il soit puni des mêmes Peines de l'appellant. Vou qu'ils puissent en être dispensés , quelques instances
lons de plus que ceux qui auront appellé pour un &C supplications qu'ils nous en fassent. Art. XI.
autre , ou qui auront accepté l'appel , fans en avoir
donné avis auparavant , soient punis des mêmes XVIII.
Peines. Art. X.
XVI. 5°. La Peine de ceux qui appellent en 18. Peine!
Duel par ressentiment davoir été cassés de ceux
16. Peine 3°« La Peine des Inférieuri qui osent qui appel
ô privés de leurs charges , est de six an lent par
de l'infé- appellcr en Duel leurs Supérieurs est de
nées de prison , avec amende de six années ressenti
appelle quatre années de prison , avec privation dë ment d'a
de leurs revenus. voir été
son Chef l'exercice de leurs Charges , & des appoin- Í>rivés de
ritnx. temens qui y font attribués , si ce Supérieur Et d'autant que nous aVons résolu de casser & eurs char*
est un Chef ou Commandant ; & si c'est un priver entièrement de leurs charges tous ceux qui
simple Seigneur , il y a aussi peine de qua se trouveront coupables dudit Crime , même par
notoriété : si ceux qui auront été ainsi cassés &C
tre années de prison , avec une amende ,
, ,, a 1 • 1 , privés de leurfdites charges s'en ressentent contre
laquelle ne peut être de moindre valeur ceUx que nous en aurons pourvus, en les appellant
que de la moitié d'une année du revenu ou excitant au combat par eux - mêmes , ou par
de l'Appellant. 1 • autrui , par rencontre , ou autrement, Nous vou-
. Ions qu'eux , & ceux desquels ils se seront servis ,
Et d'autant qu'outre la Peine que doivent en- tiennent prison pendant six ans , & soient condam-
urir ceux qui appelleront , il y en a qui méritent
courir nés à l'amende de six années de leurs revenus , fans
doublement. d'en être châtiés & x_r réprimés
rA ..:~a, comme pouvoir jamais être relevés desdites Peines. Art.
lorsqu'ils s'attaquent à ceux qui sont leurs Bien- XII.
faicteurs, Supérieurs ou Seigneurs, & personnes de
XIX.
commandement, & relevées par leurs qualités &
charges , & spécialement quand les querelles nais
sent pour des actions d'obéissance , auxquelles une 6°. La Peine de ceux qui viennent 19. Peine
condition, charge ou emploi subalterne les ont violer , pour la seconde fois , les défenses de cens
soumis , ou pour des châtimens qu'ils ont subis par portées par sEdit 3 soit en appellant par qui récidi
l'autorité de ceux qui ont le pouvoir de les y assu vent dans
eux-mêmes , soit en faisant porter leur ap ce Crime.
jettir : considérant qu'il n'y a rien de plus néces
saire pour le maintien de la discipline , particuliè pel par des Tiers , est de six années de pri
rement entre ceux qui font profession des armes , son , avec destitution de leurs Charges , &
que le respect envers ceux qui les commandent , amende.
DE L'HOMICIDE , ET DE SES DIFFÉRENTES ES-PEGES. 1 99
Et généralement crue ceux qui viendront pour où sòntìés Parlemens , & dés SiegeíS loyaux
la seconde fois à violer notre présent Edit, comme voisins du lieu du délit. En'sin un troisième
appellans,& notamment ceux qui fe serontfervis ch ment cónsiste en ce >au Ueu
«ìe Second pour porter leurs appels , soient punis r . ° , . \ ■ . ^ 1
des mêmes peines de Prison , destitution de char- ««vant 1 Edtt , ll ne deVoït se faire &tr ces
ges, & amendes, encore qu'il ne s'en soit ensuivi amendes & confiscations , d'autre distrac
aucun combat. Art. Xn. tion que oeîk pour les frais de Justice feu^
lement , S. M. a .jugé à .propos , par cette
Déclaration , dè fe réserver íùr les tiens
ìô. Peînc 7°. La Peine de VApptllant & de CAp* du Condamné , les Marquisats , Comtés ,
dC lont & Pe^ quifont vettus ttu cofnbat aMu'el , est
ou Terres titrées , relevant iirrmédìate-
fe l'Ap- celle de Mort , que ï'Edit veut leur être ment de la Couronne, & qu'elle veut y lester
Avenus lrr^m^^ement infligée , encore que dans réunies de plein droit , comrhe aussi tous les
au combat ce combat aucun n'ait été tué , «iWëfle' , âútres biens possédés parìe Condamné, qui
«ctuel. fr outre ia oofifiíoation de tòtìs leurs auroient été aliénés dû Ôomaine de S. M. ,
biens , ou une amende de la moitié auwoins fans qu'ils pmstènt en être distraits à i'ave-
de ces biens , dans les pays où la confiscation nir. S. M. veut enfin , tipíte si elle fè trouvoit
n'a point lieu. redevable dé quelque chose envers le Con-
Si, contre les défenses portées par notre présent damn é , elle en demeure aussi de plein droit
Edit, Pappellant & l'appellé viennent au combat quitte & déchargée , fans que les Hôpitaux
actuel, Nous voulons & ordonnons qu'encore qu'il puilìènt rien prétendre,
n'y ait aucun de blessé ou dè tué , le Procès cri-
minel & extraordinaire soit fait contr'eux , qu'ils
soient sans rémission punis de mort ; que tous LoUIS, &c. Le succès qu'il á plíi à t)ieu de
leurs meubles & immeubles nous fòieht confis donner aux soins que hoús àvons pris pour l'aboli*
qués , le tiers d'iceux applicable à PHôpital de la tiondes Duels dans toute l'étendue de notre Royau
Ville ou est le Parlement dans le ressort duquel me , nousoblige à redoubler de plus en plus notre
le Crime aura été commis , & conjointement à app ication pour rendre çe Crime encore moins
l'Hôpital du Siège Royal le plus proche du lieu du fréquent qu'il he l'est prés nrement ; & comme
délit ; & les deux autres tiers , tant aux frais de la crainte des Peines personnelles prononcées con
capture & de la Justice , qu'en ce que les Juges tre lés coupables , quelque rigoureuses qu'elles
trouveront équitable á'adjuger aux femmes & soient, fait quelquefois moins d'impression , &
enfans , fi aucuns y a , pour leur nourriture & en- qu'elle est même souvent beaucoup moins capable
îretenement feulement leur vie durant. Que si le de détourner du Crime que la vue de tous les
Crime se trouve commis dans les Provinces où la malheurs dont leur famille doit être accablée par
confiscation n'à point de lieu , Nous voulons & leur juste punition ; nous avòns résolu d'ôter à nos
entendons qu'au lieu de ladite confiscation, il soit Juges le droit que nous leur avons attribué par
pris fur les biens des criminels , au profit desdits l'article XIII de notre Edit du mois d'Août 1679 ,
Hôpitaux , une amende dont la valeur ne pourra d'adjuger fur les deux tiers des biens des condanv
être moindre que la moitié des biens des crimi nés pour Duel ce qui leur paroîtroit équitable
nels. Art. XIII. pour la nourriture 8c entrésenement de leurs fem
mes & de leurs enfans , afin que Ceux qui ne
XXI.
pourront pas être arrêtés par les peines qui les
Si. Chatt II faut observer , relativement à ces C on- regardent , &C que leur fureur emportera jusqu'au
gement point de n'être point touchés de leur propre mal
fifeations & Amendes , que par uhe der-
apporté heur , soient du moins sensibles à celui des per
parTá Dé- niere Déclaration du 28 Octobre 1711 il sonnes qui leur sont aussi proches , lorsqu'ils les
claration a été apporté trois changemen s remarqua- verront privées de toúíes espérances de trouver
fur 'rém- blés aux dispositions de I'Edit fur ce point, dans l'indulgence & lá còmmiséi-atiort de leurs
gloi des Le premier, en ce qu' au lieu qu'il étoit- ^llges une ressource dans leur disgrâce ; & ces
fiî"qués.°n" porté par I'Edit , que le tiers de ces Cohfifca mêmes considérations nous ont porté à augmenter
jusqu'aux deux tiers la valeur des biens des con
tions & Amendes devoít s'appliquer au pro damnés , l'amende qui fera adjugée fur ce qu'ils se
fit de la veuve & des enfans du Coupable , trouveront posséder dáhs les Provinces Ôìl la con
pour leur nourriture & entretien , la Dé fiscation n'a pas lieu ; & afin qu'on he puisse mê
claration veut que ceux-ci en soient entiè me fe flatter que par les dispositions que hoús pour
rions faire desdites confiscations & amendes , il en
rement privés , & que ce tiers soit appli*
pût jamais rien revenir aux femmes & aux enfans
tmé au profit des Hôpitaux. Le second y des condamnés pour Duels , nous avòns résolu
en ce qu'au lieu que I'Edit vòuloií que l'ap- d'en faire dès*à-préseht èc par ces Présentes , la.
plication de ces confiscations Sr. amendes disposition en son entier, eh donnant la totalité
fût
fût fait
fait au
au profit
profit de
de l'Hôpital
l'Hôpital de
à la Ville aux Hôpitaux , croyant ne pouvoir en faire un
meilleur uságe que de les dêstiner au soulagement
où le Parlement tient ià séance , conjoin
des Pauvres. A CîS causés &c autres à ce nous
tement avec l'Hôpital du Siège Royal le mouvans , de notre certaine science , pleine puis
plus prochain du lieu du délit , la Décla sance & autorité royale , nous avons par ces pré-
ration veut qu'elle fe fasse égâlertient au sèntes , signées de notre main , dit , déclaré & or
profit de l'Hôtel-Dieu & de l'Hôpital- donné , disons , déclarons & ordonnons , voulons
& nous plaît que nos Juges ne puissent plus doré
Général de Paris ; de manière que ceux-ci
navant rien adjuger fur les biens des condamnés
en aient chacun un tiers , & que l'autre tiers pour Duel à leurs femmes ni à leurs enfans pour
soit partagé entre les Hôpitaux des Villes leur nourriture & entretenement , pour quelque
200 LES LOIX CRIMINE LLES , Liv. III. Tit. III.
cause & sous quelque prétexte que ce soit ; vou Les biens de celui qui aura été tué , & du survi
lons que fur la totalité des biens meubles & im vant , seront régis par les Administrateurs des Hô
meubles desdits condamnés qui nous seront confis pitaux pendant l'instruction du Procès qualifié pour
qués , il en soit pris un tiers pour 1 Hôtel-Dieu Duel , & les revenus employés aux frais des pour-
de notre bonne ville de Paris , un tiers pour l'Hô- fuites. Art. XIV.
pital-Général de la même ville , & un autre tiers ,
tant pour l'Hôpital de la Ville où est le Parlement XXIII.
dans le ressort duquel le Crime aura été commis , La Peine de celui des Combattans qui
que pour l'Hôpital du Siège Royal le plus proche 43. Peiné
aura été tué , est la même que celle portée de ceux
du lieu du Délit ; le tiers fera partagé également qui enga-f
entre lesdits deux Hôpitaux. Entendons néanmoins ci-devant contre ceux qui font venus au gent des
que lorsque nous serons redevable de quelque chose combat actuel ; sçavoir , celle de Mort , avec Seconds
que ce puisse être envers lesdits condamnés , nous ou Tien
la confiscation ; & la régie de ses biens , dans lent,
en demeurerons quittes & déchargés ; &c que pendant l'instruction du Procès, doit pareil- querelle,
s'il se trouve dans leurs biens des Marquisats , Com
ment être faite par les Administrateurs des
tés ou Terres titrées , relevantes immédiatement de
notre Couronne, elles soient réunies de plein droit Hôpitaux, & ses revenus employés aux frais
à notre domaine , ensemble les autres biens qu'ils des poursuites.
posséderont , qui en auront été aliénés , fans qu'ils Et quant au survivant qui aura tué , outre la
puissent être distraits à l'avenir , ni que lesdits Hô susdite confiscation de tous ses biens , ou amende
pitaux puissent y rien prétendre en vertu de notre de la moitié de la valeur d'iceux dans les pays oû
présente Déclaration ; & fi les condamnés pour le la confiscation n'a point lieu, il sera irrémissible-
Crime de Duel possèdent des biens dans les Pro ment puni de mort, suivant la disposition des Or
vinces de notre Royaume où la confiscation n'a pas donnances. Art. III.
de lieu , voulons qu'il soit pris fur lesdits biens ,
au profit desdits Hopitaux,une amende qui ne pour XXIV.
ra être moindre que des deux tiers de la valeur
La Peine de ceux qui engagent dans leur 14. Peint
desdits biens , laquelle amende fera partagée entre
ledit Hôtel-Dieu & lesdits Hôpitaux , pour les querelle des Seconds , Tiers , ou autre plus de cens
grand nombre de personnes , est aussi celle qui fer
mêmes portions que nous avons marquées pour vent deSe^
lesdits biens confisqués ; voulons que les frais de de mort , suivant le même Edit , qui veut conds 01)
capture & de Justice soient payés & prélevés de plus , que , pour une fi criminelle & si Tiers,
préférablement fur la totalité defdits biens & lâche contravention aux défenses qui y font
amendes ; & qu'au surplus notre Edit du mois
d'Août 1679 , soit exécuté en ce qu'il n'y est pas portées , cette Peine ait lieu , quand même
dérogé par ces Présentes. Si donnons en Mande il n'y auroit aucun de bleíîe , ni de tué dans
ment , &c. Déclar. du z 8 Ocìobre 171 1, rég. le 9. ces combats , & qu'à cette Peine soit jointe
Décembre même année. encore , outre la confiscation des biens ,
XXII. celle de la dégradation de noblesse , d'in
«.Peine La Peine de celui des Combauans qui capacité de tenir jamais aucunes Charges ,
de. cael^'é aura été tué , est celle de la condamnation Armes noircies & brisées , défenses à leurs
tué aau*e de fa mémoire ; à l'estet de quoi l'Edit veut
fuccestèurs de les porter , avec injonction
combat. qUe le Procès lui soit fait comme à un Cri à ceux-ci d'en prendre de nouvelles , en
minel de Lefe-Majefié divine & humaine. vertu des Lettres qu'ils obtiendront à cet
II veut de plus , que , pendant Instruction effet ; le tout à peine d'amende de deux
de ce Procès , ses biens soient régis par les années de leurs revenus.
Administrateurs des Hôpitaux , qui en em
Encore que nous espérions que nos défenses &
ploieront les revenus en frais de poursuites. des Peines si justement ordonnées contre les Duels
Enfin , il y a en outre , suivant ce même retiendront dorénavant tous nos Sujets d'y tomber;
Edit, privation de la sépulture chrétienne , néanmoins s'il s'en rencontroit encore d'assez témé
avec confiscation ou amende comme deíîus. raires pour oser contrevenir à nos volontés , non-
feulement en se faisant raison par eux-mêmes, mais
Ordonnons & enjoignons à nos Procureurs-Gé
en engageant de plus dans leurs querelles & ref-
néraux , leurs Substituts , &c ceux qui auront l'ad-
sentimens, des Seconds , Tiers, ou autre plus grand
ministration defdits Hôpitaux , de faire de soigneu
nombre de personnes , ce qui ne se peut faire que
ses recherches & poursuites desdites sommes &
par une lâcheté artificieuse , qui fait rechercher
confiscations , pour lesquelles leur action pourra
à ceux qui sentent leur foiblesse , la sûreté dont
durer pendant le temps & espace de vingt ans ,
ils ont besoin , dans l'adresse & le
— courage
courage d'au
d'autrui,
quand même ils ne feroient aucune poursuite qui
Nous voulons que ceux qui se trouveront coupa
la pût proroger ; lesquelles sommes & confisca
bles d'une si criminelle & si lâche contravention à
tions ne pourront être remises ni diverties , pour
notre présent Edit , soient fans rémission punis de
quelque cause & sous quelque prétexte que ce
mort, quand même il n'y auroit aucun de blessé, ni
soit. Que si l'un des combattans , ou tous les deux
de tué dans ces combats; que tous leurs biens soient
font tués , Nous voulons &c ordonnons que le Pro
confisqués comme dessus ; qu'ils soient dégradés
cès criminel soit fait contre la mémoire des morts ,
de Noblesse & déclarés Roturiers , incapables de
comme contre les criminels de Lefe-Majesté divi
tenir jamais aucunes Charges ; leurs Armes noir
ne &c humaine, & que leurs corps soient privés de la
cies & brisées publiquement par l'Exécuteur de la
sépulture ; défendant à tous Curés , leurs Vicaires
Haute-Justice. Enjoignons à leurs successeurs de
& autres Ecclésiastiques de les enterrer , ni souf
changer leurs Armes &C d'en prendre de nouvelles,
frir être enterrés en terre sainte : confisquant en
pour lesquelles ils obtiendront nos Lettres à ce né
outre , comme dessus , tous leurs biens-meubles
cessaires; & en cas qu'ils reprissent les mêmes Ar
& immeubles. Art. XIII.
mes , elles seront de nouveau noircies & brisées par
TExccuteur
DE L'HOMICIDE , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 201
l'Exécuteur de la Haute- Justice, 8c eux condamnés battus, pour des sujets & contre des personnes indi
à l'amende de deux années de leurs revenus , appli gnes ,• nous voulons qu'ils souffrent les mêmes Peines
cable moitié à l'Hópital-Gétiéral de la Ville lapins que nous avons ordonnées contre les Seconds , s'ils
proche , 8c l'autre moitié à la volonté des Juges. peuvent être appréhendés } sinon il fera procédé
Art. XV. contr'eux par défaut 8c contumace , suivant la ri
gueur des Ordonnances. Mime Art. XVI.
XXV.

15. Peine La Peine de ceux qui fervent de Seconds XXVIII.


^u' "f"* ou ^& Tiers , Oc. dans ces fortes de com-
La Peine de ceux qui fe font battus fous »8. Peine
vemdeSe- bats , est la même que celle qui vient d'être de ceux
prétexte de rencontres inopinées , après en
de T* 0U f)ort^e contre ceux qui ^es y engagent. qui se bat
avoir cherché les occasions , est la même tent sous
Et comme nul châtiment ne peut être aíTez grand que celle des Coupables de Duel. prétexte
de rencon
pour punir ceux qui s'engagent si légèrement 6c si tres pré
criminellement dans le ressentiment d'offense où Et d'autant qu'il est souvent arrivé que pour méditées.
ils n'ont aucune part , 8c dont ils devroient plutôt éviter la rigueur des Peines ordonnées par tant
procurer raccommodement pour la conservation 8c d'Edits coutre les Duels , plusieurs ont recherché
satisfaction de leurs amis , que d'en poursuivre la les occasions de se rencontrer , Nous voulons &
vengeance par des voies aussi destituées de véritable ordonnons que ceux qui prétendront avoir reçu
valeur 8c courage , comme elles le font de charité quelqu'offense , 8c qui n'en auront point donné
& d'amitié chrétienne : Nous voulons que tousceux avis aux susdits Juges du point d'honneur , 8c
qui tomberont dans le crime d'être Seconds , Tiers , qui viendront à se rencontrer , ou à se battre seuls,
ou autre nombre également , soient punis des mê ou en pareil état Sc nombre , avec armes égales de
mes peines que nous avons ordonnées contre ceux part 8c d'autre , à pied ou à cheval, soient sujets aux
qui les emploieront. Même Art. XV. mêmes peines que si c'étoit un Duel. Art. XVIII.

XXVI. XXIX.

*6. Peine La Peine dès Gens ignobles qui , fans La Peine de ceux qui , ayant pris que- 29. Peine
v"fIgn^" avoir jamais porté les armes , ont l'mfo- relie dans le Royaume , se donnent rendet- de. ceux
rL j t ' 9UI vont
app'ellent lence d'appeller des Gentilshommes , & de vous pour Je battre dans les pays etran- se battre
& se bat- Çc battre -avec eux , est celle de la Potence , gérs 3 ou fur les frontières du Royaume , noria ^e
des Gen- avec Confiscation de leurs biens , ou Amen- est la même que celle de ceux qui se bat
tiishom- de applicable de la manière portée par la tent en Duel , dans le sein du Royaume.
Déclaration du 28 Octobre 171 1.
Et pour ce qu'il s'est encore trouvé de nos Su
D'autant qu'il se trouve des gens de naissance jets , qui , ayant pris querelle dans nos Etats , Sc
ignobles , 8c qui n'ont jamais porté les armes , & s'étant donnés rendez-vous pour sc battre hors d'i-
qui font assez iusolens pour appcller les Gentils ceux , ou fur nos frontières, ont cru , par ce moyen,
hommes , lesquels refusant de leur faire raison à pouvoir éluder l'effet de nos Edits j Nous voulons
cause de la différence des conditions , ces mêmes que tous ceux qui en useront ainsi , soient pour
personnes suscitent contre ceux qu'ils ont appellés suivi* criminellement , s'ils peuvent être pris , sinon
d'autres Gentilshommes \ d'où il s'enfuit quelque par contumace , 8c qu'ils soient condamnés aux
fois des meurtres d'autant plus détestables , qu'ils mêmes peines , 8c leurs biens confisqués , comme
proviennent d'une cause abjecte : Nous voulons Sc s'ils avoient contrevenu au présent Edit, dans l'é-
ordonnons qu'eu tels cas d'appels ou da combats , tenduc , 8c fans sortir de nos Provinces , les jugeant
principalement s'ils sont suivis de quelque grande d'autant plus criminels 8c punissables , que les pre
blessure ou de mort , lefdits ignobles 011 roturiers miers mouvemens , dans la chaleur 8c nouveauté
qui seront duement atteiuts Sc convaincus d'avoir de l'offense , ne les peuvent plus excuser , & qu'ils
causé Sc promu semblables désordres , soient sans ont eu assez de loisir pour modérer leur ressenti
rémission pendus Sc étranglés j tous leurs biens ment , 8c s'abstenir d'une vengeance si défendue ;
meubles 8c immeubles confisqués , les deux tiers fans qu'ès deux cas mentionnés au présent article ,
aux Hôpitaux des lieux, ou des plus prochains , Sc les prévenus puissent alléguer le cas fortuit , au
l'autre tiers employé aux frais de la Justice, à la quel nous défendons à nos Juges d'avoir aucun égard*
nourriture & entietenement des veuves 8c eufans Mime ART. XVIII.
des défuns , si aucuns y a : permettant en outre
aux Juges desdits Crimes d'ordonner fur les biens
confisqués telle récompense qu'ils aviseront raison XXX.
nable aux dénonciateurs 8c autres qui auront décou
vert lefdits cas , afin que, dans un Crime si punissa La Peine de ceux qui , par notoriété , 30. Peine
ble , chacun soit invité à la dénonciation d'icelui. étant estimés coupables de Duel . fe font Accu"
Art. XVI. J 1 * J J jgg COQtU*
évadés , & refusent de venir répondre fur max.
XXVII.
les poursuites faites contre eux , est d'être
déclarés par le Jugement de contumace qui
17. Peine La Peine des Gentilshommes quife battent
interviendra , duement atteints & convain
fihhonf-" contre de* Personnes indignes , est la même
cus des cas à eux imposés ; & comme tels „
mes qui se que celles portées contre ceux qui ont servi
battent a- Seconds , &c. sçavoir , celle de mort , condamnés aux Peines du Duel , & de
vec eux. -, . * . 7 7 plus , leurs biens confisqués , & mis entre
avec confiscation de biens , dégradation de
les mains du Roi , fans attendre l'expira-
Noblesse & Armes , &c.
tion des cinq années du jour de l'exécution
Et quant aux Gentilshommes qui sc seront ainsi du Jugement de contumace ; & en outre ,
Cc
202 LES LOIX CRIMINE LLES, Liv. III. Tit. III.
leurs maisons rasées , leurs bois de haute- que les principaux Combattans , l'Edit en
futaie coupés jusqu'à certaine hauteur ; dé distingue de quatre autres espèces différen
clarés infâmes , & dégradés de Noblesse , tes , auxquels il a attaché des Peines moin
incapables de tous Offices , indignes de dres qu'à ceux-ci ; sçavoir , 1 °. ceux qui
toutes les successions qui pourroient leur portent sciemment des Billets d'appels ,
écheoir depuis la condamnation , encore comme Laquais & Domestiques , il y a
même qu'ils seroient dans les cinq années (i) ; contre eux Peine du Fouet & de la Fleur-
de toutes lesquelles Peines il est dit qu'ils de-Lys pour la première fois , & celle des
ne pourront être déchargés , quand même Galères à perpétuité, en cas de récidive (1);
ils se représenteroient pour se justifier , à 2°. ceux qui ont été spectateurs du Duel ,
moins qu'auparavant ils n'aient obtenu des & se sont rendus exprès à ce sujet , il y a
Lettres du Roi , portant permission de se contre eux Peine de privation des Charges ,
représenter , & qu'ils n'eussent payé les Dignités 6e. Pensions qu'ils possèdent ; &
amendes auxquelles ils auroient été con s'ils n'en possèdent aucunes , confiscation
damnés. En quoi l'Edit porte une déroga ou amende du quart de leurs biens , appli
tion formelle à l'Ordonnance de 1670 , & cable aux Hôpitaux , comme deíîus (2) ;
notamment à l'art. 18. du Tit. 17. (2). 30. les Grands du Royaume qui donnent
retraite aux coupables de ce Crime , ô re
(1) Nous ordonnons en outre qu'à l'avenir nos fusent de les remettre entre les mains de la
Procureurs-Généraux en nos Cours de Parlement , Jufìice , l'Edit veut qu'il en soit dressé par
fie leurs Substituts , fur l'avis qu'ils auront des com le Juge Procès-Verbal , qui fera envoyé ,
bats qui auront été faits , feront leurs réquisitions tant au Secrétaire d'Etat du Département ,
contre ceux qui , par notoriété , en seront estimés
coupables , fie que conformément à icelles, nosdites qu'aux Procureurs - Généraux des Parle-
Cours , fans autres preuves ,> ordonnent que dans mens , & aux Maréchaux de France , pour
les délais qu'elles jugeront à propos, ils seront tenus que , fur leur avis , S. M. en ordonne la
de fc rendre dans les Prisons pour se justifier , 8c
punition. (3) 40. Enfin , l'Edit répute aussi
répondre sur les réquisitions de nosdits Procureurs-
Généraux : & à faute dans ledit temps de satisfaire comme Fauteurs & Complices ceux qui ,
aux Arrêts qui seront signifiés à leurs domiciles , s"étant rencontrés s quoiqu*inopinément , fur
Nous voulons qu'il soit procédé contre eux par les lieux où se seroient commis des offen
défaut & contumace; qu'ils soient déclarés atteints
& convaincus des cas à eux imposés ; fie comme tels ses a thonneur y ne se Jeroient pas mis en
qu'ils soient condamnés aux Peines portées par nos devoir d'en empêcher les mauvaises suites m
Édits ; 8e leurs biens à Nous acquis & confisqués, en avertijfant les Juges du point-d'hon
Se mis en nos mains , & fans attendre que les cinq
neur ; & il veut qu'ils soient poursuivis ,
années des défauts &c contumaces soient expirées j
que toutes leurs maisons soient rasées , fie leurs comme ayant tacitement contribué à ces
bois de haute-futaie coupés jusqu'à certaine hauteur, offenses (4) , fans néanmoins déterminer
suivant les ordres que Nous en donnerons; & eux quelle doit être leur punition.
déclarés infâmes , fie dégradés de Noblesse , fans
qu'ils puissent à l'avenir entrer en aucune charge.
Défendons à toutes nos Cours de Parlement, fit nos (1) Nous voulons que tous ceux qui porteront
autres Juges de les recevoir en leur justification après sciemment des billets d'appel , ou qui conduiront
les Arrêts de condamnation , même , pendant les aux lieux des Duels ou Rencontres , comme La
cinq années de la contumace , qu'auparavant ils quais , ou autres Domestiques , soient punis du
n'aient obtenu nos Lettres portant permission de se Fouet 61 de la Fleiir-de-Lys pour la première foisj
représenter ,6c qu'ils n'aient payé les amendes aux fie s'ils retombent dans la même faute , des Galères
quelles ils feront condamnés , fie cc nonobstant l'ar- à perpétuité. Art. XVII.
ticle 18 du tit. 7. de notre Ordonnance criminelle, (2) Et quant à ceux qui auront été spectateurs
auquel nous avons dérogé fie dérogeons pour ce re
d'un Duel , s'ils s'y font rendus exprès pour ce sujet ,
gard, fie fans tirer à conséquence. Art. XXIII. Nous voulons qu'ils soient' privés pour toujours des
(i)Nous déclarons les condamnés par contumace Charges , Dignités fie Pensions qu'ils possèdent ; q:ie
s'ils n'ont aucunes Charges , le quart de leurs biens
incapables fie indignes de toutes successions qui
soit confisqué, fie appliqué aux Hôpitaux: fie si le
pourroient leur écheoir depuis la condamnation ,
encore qu'ils soient dans les cinq années , fie qu'ils délit a été commis en quelque Province où la con
se fussent ensuite restitués contre la contumace. Si les fiscation n'ait point de lieu , qu'ils soient condamnés
successions font échues avant la restitution , la Sei à une amende au profit defdits Hôpitaux , hiquelle
gneurie fie la Justice des terres fera exercée en notre ne pourra être de moindre valeur que le quart des
nom , fie les fruits attribués aux Hôpitaux , fans biens defdits spectateurs , que Nous répntons, avec
espérance de restitution , à compter du jour de la raison , complices d'un Crime si détestable , puis
condamnation par contumace. Art. XXVII. qu'ils y assistent, fie ne les empêchent pas tant qu'ils
peuvent , comme ils y font obligés par les Loix
divines 8t humaines. Mímt Art. XVII.
XXXI. (3) Et comme les coupables, pour éviter de tom
ber entre les mains de la Justice , se retirent d'ordi
naire chez les Grands de notre Roy;iume , Nous
ji. Peine Quant aux Complices de Duel , indé- faisons très-expresses inhibitions Se défenses à toutes
pîiwi^de Pendamment de ceux qui servent de Se- personnes, de quelque qualité fir condition qu'elles
soient , de recevoir dans leurs Hôtels Se Maisons
Duei. De conds &de Tiers, qui, comme nous venons
ceux qui auront contrevenu à notre présent Edit.
desoïe" ^e *e yoir> *°nt ^ets aux mêmes Peines Et au cas qu'il se trouve quelques - uns qui leur
DE L'HOMICIDE , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 20$
donnent asyle , & qui refusent de les remettre entre contre les coupables des Duels & Rencontres : Nous
les mains de la Justice si-tôt qu'ils en seront requis , avons de nouveau attribue & attribuons l'exécution
Nous voulons que les Procès- Verbaux qui en feront du présent Edit , tant dans l'enclos des Villes, que
dressés & duement arrêtés par lesdits Prévôts des hors d'icelles , aux Ofsiciers de la Connétablie &
Maréchaux & autres Juges , soient incontinent & Maréchaussée de France, Prévôts-Généraux de la
incessamment envoyés aux Secrétaires d'Etat & de dite Connétablie de l'isle de France & des Mort-
nos Commandemens chacun en son département , noies,&tous les autres Prévôts-Généraux, Provin
ensemble aux Procureurs-Généraux de nos Cours ciaux & Particuliers , Vice-Baillifs , Vice Séné
de Parlement , & à nosdits Cousins les Maréchaux , chaux & Lieutenans - Criminels de Robe-Courte ,
afin qu'ayant pris avis d'eux , Nous fassions rigou concurremment avec nos Juges ordinaires , & à
reusement procéder à-la punition de ceux qui pro la charge de l'appel en nos Cours de Parlement
tègent de si criminels désordres. Art. XXJI. auxquelles il doit ressortir, dérogeant pour ce regard
à toutes Déclarations & Edits à ce contraires , dé-
(4) Nous déclarons en outre que tous ceux qui portans défenses auxdits Prévôts de connoître de»
assisteront , ou se rencontreront , quoiqu'inopiné- Duels & Rencontres. Art. XIX.
ment , aux lieux où se commettront des ossenses
à l'honneur , soit par manquement de promesse ou de
parole donnée , soit par démentis , coups de main, XXXIII.
ou autres outrages , de quelque nature qu'ils soient ,
seront à l'avenir obligés d'en avertir nos Cousins Mais la Déclaration du 14 Décembrë ^.Chan-
les Maréchaux de France , ou lcfdits Gouverneurs- 1679 , intervenue trois mois après cet Edit , gement,
Généraux de nos Provinces , & nos Lieutenans- 1' , . r apporte a
Généraux en icelles , ou les Gentilshommes com y a apporte ces quatre changemens remar- Ce sujet
mis par nosdits Cousins , fur peine d'être réputés quables ; 1 °. en ce qu'elle distingue parmi £1"^^"
complices defdites offenses , & d'être poursuivis les différens Juges auxquels la eonnoif- de Décem-
comme y ayant tacitement contribué , pour ne fance de ce Crime est attribuée commu- bre l679-
s'être pas mis en devoir d'en empêcher les mau
vaises suites. Art. 111. nément par l'Edit , celui d'entr'eux qui ,
dans le temps de fix mois depuis le Crime
XXXII. commis , auroit le premier arrêté le pré
venu de ce Crime , soit par lui-même , soit
par les Officiers qui lui sont subordonnés ;
32. Sur la 3°. Quant à la COMPÉTENCE des Juges
'Compé- 6c elle veut que ce Juge soit alors préféré
r f v qui doivent connoîcre du Duel , il paroît ,
des Juges d'après l'Edit , que la connoissance de ce à tous autres dans la connoissance de ce
inatier"6 ^rime > comme formant un Cas Royal , Crime ; & qu'à cet effet , les procédures ,
doit d'abord appartenir aux Baillis , Séné si aucunes ont été faites par les autres Ju
ges , soient apportées à son Greffe fur, la
chaux , à la charge d'appel au Parlement.
première signification (1) 20. Elle distingue
Cependant, comme la diligence importe
aussi le cas où il y auroit eu des diligences
grandement pour la punition de tels Cri
égales faites de la part de ces différens Ju
mes , cette connoissance est aussi attribuée
ges pour la poursuite de ce Crime ; elle veut
concurremment avec eux , tant aux Pré
que si les Juges Royaux ordinaires ont in
vôts des Maréchaux , qu'aux Juges de la
formé & décrété dans les trois jours le même
Connétablie ; le tout également à la charge
Accusé, ils soient préférés aux Prévôts des
d'appel au Parlement , & à l'excluíion de
Maréchaux , &. aux Juges de la Connétablie ,
tous autres Juges ; en forte qu'il ne peut,
pourvu néanmoins que les Parlemens , sor le
suivant ce même Edit , être formé aucun
vu des charges & informations , ne jugent à
Règlement de Juges , toutes les fois que
propos d'en ordonner autrement (2). 30. La
le titre de l'Acculation est pour Crime de
même Loi veut encore , que dès le moment
Duel.
que le Procès s'instruit pour cause de Duel ,
s'il y a d'autres procédures faites ou commen
Et éviter qu'une Loi si sainte & si utile â
nos Etats ne devienne inutile au Public , faute cées par quelqu'autres Juges pour d'autres
d'observation d'icelle , Nous enjoignons & com actions qui se íeroient paflëes entre les mê
mandons très-expressément à nos Cousins les Ma mes Parties , ces procédures soient sursises ,
réchaux de France, auxquels appartient , sous notre 8c portées au Greffe du Juge qui instruit le
autorité, la connoissance & décision des contentions
& querelles qui concernent l'honneur & la réputa Procès pour le Duel(3). 40. Enfin, au lieu que ,
tion de nos Sujets , de tenir la main exactement suivant l'Edit , les Parlemens ne doivent
& diligemment à l'obscrvation de notre présent connoître du Duel que par appel , cette
Edit, sans y apporter aucune modération , ni per- Dcíclaration veut qu'ils puissent connoître
mettre que par faveur , connivence , ou autre voie , . . _ 1 '1 ,
il y soit contrevenu en aucune manière. Et pour en première instance de tous les cas portés
donner d'autant plus de moyens & de pouvoir à par l'Edit , lorsque ces cas sont arrivés dans
nosdits Cousins .les Maréchaux de France , d'empê l'enCeinte ou aux environs des Villes où ces
cher & réprimer cette licence effrénée des Duels &
Cours tiennent leur séance, ou bien lors
Rencontres, considérant d'ailleurs que la diligence
importe grandement pour la punition de tels Cri que ces cas étant arrivés loin de ces Villes ,
mes , ÔC que les Prévôts de nosdits Cousins les intéreflent des personnes d'une certaine
Maréchaux , les Vice-Baillifs , Vice-Sénéchaux & qualité & importance , 6c qui soient telles ,
Lieutenans-Criminels de Robe-Courte , se trouvent
que ces Cours jugent néceflâires d'y inter
le plus souvent à cheval pour notre service , pour
être plus prompts & plus propres pour procéder poser leur autorité.
Cci
204 LES LOIX CRIMIN ELLES, Liv. m. Tit>. IIL
( i) Voulons en outre que celui desdits Juges pour depuis nonobstant ladite prescription de vingt &
Crime de Duel , lequel aura arrêté les Accusés trente ans , pourvu que le Procès leur soit tait en
lui-même ou par sesdits Officiers dans le temps de même-temps pour Crime de Duel , & par les mê
six mois , connoisse du Crime & fasse le Procès aux mes Juges , & qu'ils en demeurent convaincus. Art.
coupables , préférablement & privativement aux XXXV.
autres Juges , les Procédures desquels , si aucunes
ont été faites , seront pareillement portées à son X X X V h
Greffier fur la première lignification qui fera
faite aux Greffiers de l'écrou desdits Accusés , de
l'ordonnance du Juge qui aura arrêté ou fait arrê Úne seconde disposition qui regarde les 36. Dispeí
ter. Décl. du 14 Décembre 1679. reg. plaintes qui se rendent en cette matière , ^«msií
( i ) Vouions néanmoins que les diligences de c'est que lorsque la plainte est rendue par pUiaux
nofdits Juges , lorsqu'elles seront égales , & que les les parens de celui qui aura été tué , fi ceux-
Lieutenans-Criminels de nos Baillifs & Sénéchaus- ci veulent profiter de la confiscation du
sées principales se trouveront avoir informé & dé
mort , il saut , pour cela , qu'ils se rendent
crété dans les trois premiers jours , ils fassent le
Procès préférablement aux Lìeutenans - Criminels Parties dans trois mois , & que celui contre
de Robe-Courte j le tout néanmoins si , après que lequel ils l'auront rendue , soit , par l'éyé*
les informations faites de part & d'antre auront nement de l'instruction , convaincu du Cri
été vues par nos Cours de Parlement , il n'en est
me , condamné & exécuté. Au surplus , dans
autrement ordonné. Mime Décl.
le concours de ces parens , le plus proche
(3.) Voulons & Nous plaît, que lorsqu'il sera pro doit être préféré au plus éloigné C1)- Que
cédé pourCrimede Duel par l'un desdits Juges , il
soit sursis à toutes autres Procédures , faites ou com si la plainte est rendue par la tarde publi
mencées pour d'autres actions qui auroient rapport que , elle doit y prendre la qualité de Der-
à celle du Duel , lesquelles Procédures voulons être mandeur & Accusateur en Crime de. Duel j
Eorrées au presse du Jugequi instruira le Procès pour
& cette qualité doit aussi lui être donnée
>uel , fur le premier commandement qui fera fait
au Greffier, à la Requête de notre Procureur , ou par les Juges dans tous les Jugemens pré
dfcsijíts Parens, sauf à être renvoyées auxdits Juges , paratoires qui font rendus dans le cours de
ou y être autrement pourvu après le Jugement dudit l'instruction. Cette derniere disposition a été
Procès instruit pour Duel , ainsi que de raison.
ajoutée par la Déclaration de Décembre
Même Décl.
1679
(4) Voulons au surplus que nos Cours de Parle
ment connoissent en première instance des cas por (1 ) Lorsque dans les combats il y aura eu quel
tés par notre Edit , quand ils seroient arrivés dans qu'un de tué , Nous permettons aux parens du mort
l'enceinte ou ès environs des Villes oùnosdites Cours de se rendre partie dans trois mois pour tout délai
sont séantes , ou bien plus loin entre les personnes contre celui qui aura tué ; & en cas qu'il soit con
de telle qualité & importance que nosdites Cours vaincu du Crime , condamné & exécuté , Nous fai
jugent y devoir interposer leur autorité } & hors sons remise de la confiscation du mort, au profit de
de ces cas, les Juges susdits, à la charge de l'appel, celui qui aura poursuivi , sans qu'il soit terni d'ob
ainsi qu'il est porté par notre Edit. Si donnons en tenir d'autres Lettres de don que le présent Edit.
Mandement , &c. Même Décl. A l'égard de celui des parens , au profit duquel
Nous faisons remise de la confiscation , Nous vou
XXXIV* lons que le plus proche soit préféré au plus éloi
gné , pourvu qu'ils se soient rendus parties dans les
trois mois, à condition de rembourser les frais
34. Sur 4°. Quant àl'lNTRUCTlON pour le Crime qui auront été faits. Art. XXXIV.
l'instruc
^de ce de Dud ;i U Y
tion oece » * aUÍÎÎ '' suivant rEdÌt
. & la (z) Voulons & entendons qu'en tous décrets,
Crime. Déclaration que nous venons de citer , plu commissions & autres actes préparatoires qui seront
sieurs dispositions qui font particulières à faits par lesdits Prévôts des Maréchaux 8c par nof
dits Juges , à raison du Crime de Duel , notre Pro»
ce Crime.
cureur ou autre Accusateur , à la Requête duquel ils
feront donnés , soit qualifié Demandeur & Accusa
XXXV.
teur en Crime de Duel. Décz. du 14 Décembre 1679*

•3*. Dis- Une première disposition qui regarde la


XXXVII.
position p0Ursuìte de ce Crime en général, c'est
«ant le que cette pourluite peut être raite en tout
temps deìn temps , fans qu'on puisse y opposer lapres- Une troisième disposition qui regarde les 37. Dïspo*
pour ui e. crjpfjon> Ordonnances portant permijjion d'informer {Íq°™0 {ut
rendues en cette matière , c'est que ces Or-
donnances doivent aussi porter la permission t%5c0*tr~
Le Crime de Duel ne pourra être éteint ni par
la mort , ni par aucune prèseription de vingt ni d'obtenir Monitoires , & que ces Moni- d'informerl
de trente ans , ni aucune autre , à moins qu'il n'y toires doivent être décernés par les Offi
ait ni exécution , ni condamnation , ni plainte ; & ciers, fur la simple réquisition de la Partie
pourra être poursuivi après quelque laps de temps
que ce soit contre la personne ou contre sa mé publique.
moire , même ceux qui se trouveront coupables de
Duel depuis notre Edit de 1651 , registré en notre Que si nonobstant tous les soins & diligences
Cour de Parlement de Paris , au mois de Septembre prescrites par les articles précédens , Je crédit &
de la même année ; pourront être recherchés pour î'autorité des personnes intéressées dans ces Crimes
les autres Crimes par eux commis auparavant ou en détournoient les preuves par menaces ou arti
DE L'HOMICIDE , ET DE SES DIFFÉRENsTE$ ESPECES. %at
fice , Nous ordonnons que fur la simple réquisition tion , qu'après qu'il aura été aiuli ordonné par le Ju
qui sera faite par nos Procureurs-Généraux ou leurs gement de défaut & contumace. Aht.XXVI.
Substituts , il soit décerné des Monitoires par les
Officiaux des Evêques des lieux , lesquels feront
publiés ÔC fulminés selon les formes Canoniques X L L
contre ceux qui refuseront de venir à réclamation
de ce qu'ils íçauront touchant les Duels & Ken- Une septième disposition qui regarde le 41- Dispo-
contre arrivés. Art. XXIII. cas où Ï Accusé contumax veut recourir a ÍÌtloln.'ur
( J _ les Littrts
des Lettres de Grâce , c'est qu'il ne peut à* &**
XXXVIII
y être admis qu'àprès qu'il s'est mis en état
dans les prisons du Conseil, ou du Parle- cusi com*
38. Dispo- Une quatrième disposition qui regarde les
les°aìnfi!í ^formations , c'est qu'il y a peine de privation ment dans le ressort duquel le combat a
été fait , & après que , fur l'avis des Maré
de Charges , & d'être puni comme Fausr
chaux de France , il aura été vérifié qu'il
faire , contre les Juges & autres Officiers qui
n'a contrevenu en aucune forte à l'Edit.
suppriment ou changent ces informations.
Et afin d'em^êchef les surprises de ceux qui
Les Juges ou autres Officiers qui auront supprimé pour obtenir des Grâces, nous deguiseroient la véri
& changé les informations, seront destitués & pri
té des combats arrivés ,& mettroient en avant de
vés de leurs Charges , & châtiés comme faussaires.
faux faits , pour faire croire que lefdits combats
Art. XX. seroient survenus inopinément, & ensuite de que
XXXIX. relle prise sur le champ : Nous ordonnons que nul
ne pourra poursuivre au Sceau l'expédition d'aucune
«9. Dispo- Une cinquième disposition qui regarde Gra^e ès cas où il y aura soupçon de Duel ou Ren
contre préméditée , qu'il ne soit actuellement pri
UDitru ^es D*creu * c e^ (ïue » ^ur 1& fimple noto sonnier à notre fuite , ou bien dans la principale
riété , & fans qu'il soit beíoin d'informa prison du Parlement dans le relsort duquel le com
tion précédente , l'on peut décerner un Dé bat aura été fait ; & après qu'il aura été vérifié qu'il
n'a contrevenu en aucune sorte à notre présent Edit ^
cret de prife-de-corps en cette matière , &, & avoir sur ce pris l'avis de nos Cousins les Ma
instruire ensuite la contumace. réchaux de France , Nous pourrons lui accorder
des Lettres de rémission eu counoissance de cause.
Voulons & ordonnons que lorsque les coupables Art. XXX.
des Duels ou Rencontres ne pourront être trouvés,
il soit ( à la Requête de nos Procureurs-Généraux , X L I I.
ou leurs Substituts , fur la simple notoriété du fait )
décerné prife-de-corps contre les abfens , & qu'à
faute de les pouvoir appréhender en vertu du dé Une huitième disposition qui regarde 4î. Dispos
cret , tous leurs biens soient saisis , & soit procédé VAd. usé Prisonnier, c'est que si la Partie ^jgj . ^
contr'eux suivant ce qui est porté par notre Ordon publique trouve de la difficulté à adminis- cordéTíá
nance du mois d'Août 1670 , au tit. 23 des Défauts trer la preuve du combat qui est dénié par Partie pu*
& Contumaces , & fans que nofdits Procureurs-
Généraux , ou leurs Substituts , soient obligés d'in celui-ci , les Juges doivent lui donner le pou"' la
former & faire preuve de la notoriété 5 & ce fai délai qu'elle demandera pour faire fa preuve, preuve.
sant , nous avons dérogé à l'article 38 dudit Edit
du mois d'Août dernier. Décl. du 30 Die. 1679. Et lors même que les prévenus auront été arrêtés
& mis dans les Prisons , qu qu'ils s'y seront mis ,
X L. Nous voulons qu'en cas que nos Procureurs Géné
raux trouvent difficulté à administrer la preuve des
dits combats , nos Cours leur donnent les délais
4o.Dispc- Une sixième disposition qui regarde le qu'ils requerront , remettant à l'honneur & cons
URitoû- r*c°lement témoins , c'est que les Juges cience de nofdits Procureurs-Généraux de n'en user
" peuvent y procéder , fans qu'il y ait eu de que pour lc bien de la justice. Art. XXIV.
ment,
Jugement qui l'ordonne ; en quoi l'Edit
déroge expressément à l'art. 3. du Tit. 15. X L Ï I I.
de l'Ordonnance de 1 670 , qui exige cette
formalité , à peine de nullité. Ensin , une neuvième disposition qui re- 4vrjin><v
garde la forme des Jugemens k rendre , lors- f'1'"" fur
Et pour éviter que pendant le temps de l'instruc- ft > J h a /-/la forme
qu d n y a pas de preuve contre L Accuje <ju ju&e_
tion des défauts & contumaces , les prévenus ne ./ t c'est que les
1.,.-. Juges
Tnn.,-ir sont
ínnf tenus
t-OItlH1 d
A or- TTÌPslr
puissent se servir det moyens qu'ils ont accoutumé de Duel ™m Hpfj-deh-
*. • w. . i__ J. 1 1 .1 1 :..f á J' mm, en
de pratiquer pour détourner les preuves de leurs donner un plus amplement informé d'un an, d1™
Crimes , en intimidant les témoins , ou les obligeant à la charge de garder prison ( 1 ) ; en forte faut de
de se rétracter dans le récolement : Nous voulons que ce n'est qu'après l'expiration de cette Preuve'
que nonobstant l'art. 3 du tit. 15. de notre Or
donnance du mois d'Août 1670 , auquel Nous année , fans qu'il soit survenu de nouvelle
avons dérogé & dérogeons pour ce regard dans les preuve , que les Juges peuvent pronon
Crimes de Duels feulement , il soit procédé par cer l'entiere décharge de cet Accusé.
les Officiers de nos Cours & les Lieutenans-Cri-
minels des Bailliages où il y a Siège Présidial , au Cette disposition se trouve portée par un
récolement des témoins dans les vingt-quatre heures, article particulier de l'Edit de Février
& le plutôt qu'il se pourra , après qu'ils auront été 1723 , qui ajoute, fur ce point ,aux deux
entendus dans les informations , & ce avant qu'il premières Loix dont nous venons de par-
yy clll
ait ciuk.uu
aucun jugement
Jugement VjUl
qui lutuumiv
l'ordonne , fans
laua toute
luutw- -
fois que les récolemens puissent valoir confronta- Ier (2)
206 LES LOIX CRIMIN ELLES, Liv. III. Tit.TV.
Ci) Et parce qu'il se commet quelquefois des offen accommodemens des offenses provenues de sem
ses si importantes àl'honncur, que non- seulement les blables causes , lesdits Jugés du point d'honneur
personnes qui les reçoivent en font touchées , mais tiennent toute la rigueur qu'ils verront raisonnable
aussi le respect qui est dû à nos Loix & Ordon pour la satisfaction de la partie offensée ; & que
nances y est manifestement violé : Nous voulons pour la réparation de notre autorité blessée , il»
que ceux qui auront fait de semblables offenses , ordonnent ou 1j prison durant l'espacede trois mois
outre les satisfactions ordonnées à l'égard des per au moins , ou le bannissement pour autant de
sonnes offensées , soient encore condamnées par temps des lieux où l'offensant fera sa résidence ,
lesdits Juges du point d'honneur , à souffrir pri ou la privation du revenu d'une année ou deux de
sons , bannissement & amendes. Considérant aussi la chose contestée. Art. VI.
qu'il n'y a rien qui soit si déraisonnable , ni de si ( 2 ) Ceux qui seront prévenus du Crime de
contraire à la profession d'honneur , que l'outrage Duel par notoriété, ne pourront êtreTenvoyés ab
qui se feroit pour le sujet de quelqu'intérêt civil , sous qu'après un plus amplement Informé dune an
ou de quelque Procès qui feroit intenté pardevant née , pendant lequel temps ils tiendront prison.
les Juges ordinaires : Nous voulons que dans les Art. 6. de ÍEdit de Février 1713.

TITRE QUATRIEME-

Des Crimes contre la Société , qui frappent principalement fur thonneur j

ou de la Luxure , & de ses différentes espèces*

SOMMAIRES.

1. Qu'entend-on fous le nom de Luxure en 4. Déclaré punissable suivant toutes les


général ? Loix.- '
2. Lnormité de ce Crime par fa nature. 5. Divifion de ce Crime en trois Classes prin
3. Suites funestes qu'il entraîne. cipales.

I.

1. Qu'en J^T OUS comprenons fous le nom de Lu- pagatíon , & la Fortune des Familles ( 1 j;
tend-on xure en général toute Entreprise il- A quoi il faut ajouter les malheurs fans nom
nom de LICITE tendante à satisfaire les sens au mépris bre que ces sortes de Crimes attirent ordinai
Luxure en des Loix de la Religion , 8c contre les règles rement fur les Peuples qui y font adonnés (2).
généralî de la Pudeur & de THonnêteté publique.
Nous disons Entreprise illicite , & non
(1) Cùm omne fornicationis crimen Lege divinâ
point Conjonction illicite , íùivant la défi prohibitum lít , & sub peena peccati mortalis ne-
nition qu'en donnent quelques Auteurs , cessariò vitandum , monet omnes ( Ce [ont les
parce qu'il y a , comme nous allons voir , termes du Concile de Bâle , transcrits en la Pragmat,
Sand. tit. de public. Concubin. )
de certains Crimes en cette matière qui se
forment par le seul attentat. (2) Prohibemus omninò... cunctis utriusque sexû»
hominibus adulteria , fornicationes , Sodomiticasque
I I. Luxurias, atque incerta vel cuncta iílicita conjugia...
& omnia iílicita pro quibus non solàm Régna vel
1. Enor- De tous les Crimes dont un homme Reges , sed etiam homines in eis commandites ,
»ite de ce pU[ffe fe rendre coupable , il n'en est point perire cognovimus. Sed quia , Deo auxiliante , per
mérita & interceíîiones Sanctorum servorumque Deir
fa nature, qui laviline davantage que ceux dont nous quos sublírnare & honorare curavimu9 atque cura-
allons parler , puisqu'ils le rendent esclave mus , hactenùs nos & succelsores nostri Régna &
Regiones adquisivimus, & victorias multas habui-
d'une pasfion qui lui est Commune avec
mus; deinceps summoperè omnibus nobis provi-
les bêtes brutes , & qu'ils le mettent même dendum est ne pro praedictis illicitis, & spurcilîimis
quelquefois au-deíTous de celles-ci, en lui Luxuriis, his , quod absit , careamus. Nam multas
faisant chercher , dans la violation des Loix Regiones.... quae jam dicta Wlicita & adulteria vel
Sodomiticam Luxuriam , vel commixtionem mere-
de la nature , de quoi assouvir cette infâme tricum scctatae fuerunt, nec in bello seculari fortes,
passion. nec in fide stabiles perstiterunt , & qualiter Domi-
I IL, nus talium criminum patratoribus ultrices pœnas ,
per Sarracenos & alios populos , venire & servire
3. Suites Aussi, il n'en est point qui conduise â promisit, cunctisearum gesta legentibus liquetj &
funestes niíl nos ab his caveamus , similia nobis supervenire
qu'il en de plus grands désordres , soit qu'on les
non dubitamus , quia vindex est Dcus de his om
traîne. envisage du côté de la Religion qui met nibus. Quapropter sciât unusquisque nobis subjec-
ces Crimes au nombre des péchés capitaux , tus quia in uno ex his repertus atque convictus
soit du côté de la Société , dont ils rom fuerit , & honores , si habet , omnes perdere ,
& in carcerem sc usque ad justain emendationcm ,
pent les liens les plus sacrés , en même atque per publicaepœnitentiae satisfactionemretrudi,
temps qu'ils renversent l'Ordre de la Pro- & ab omui sidelium consorno ficri alieiium : valdè
DES CRIMES DE LUXURE. 207
enim cavenda est illa ibvea in quam alios cecidisse les distinguent entr'eux , nous ne croyons
cognovimus. Capit. Car. Magn. lib. y. c. 105. pouvoir en donner une idée plus exacte ,
qu'en les rangeant fous ces trois Claflès
IV. principales , dont la première comprendra
ceux qui se commettent entre les per
4. Dicla- II ne faut donc pas s'étonner fi les Loix sonnes libres , tels que la Fornication , le
JJ P"nisl"a- humaines se sont toujours réunies aux Loix Concubinage , le Stuprè , & le Maquere-
bleíuivant .1 .
toutes les divines , pour réprimer ces fortes de Cri- lage. La seconde , cèux qui se commet
Loix. mes par jes pU1ùtions exemplaires. tent entre des- personnes non-libres , com
me font ¥ Adultère > la Bigamie ou Po-
V. ligamie , Vlficejîâ , le Fiól, & le Rapt.
La troisième , enfin , comprendra les
«.Divi-
sion de ce Mais,
■ ■ comme
r cesr . Peines
. , font
. plus
r ou Crimes qui fe commettent contre nature ,
Crime en moins rigoureuses , suivant le plus ou moins comme la Sodomie & la Befiialité. Nous
«ois Clrf- de scandale & de préjudice que ces Crimes allons parcourir rapidement tous ces détails ,
çìies™"' apportent à la Société que nous avons que nouá Jurions volontiers épargnés à nos
ici principalement eh vue , & qu'ils ont Lecteurs ,. si\lè plan de cet Ouvrage ne les
d'ailleurs des caractères particuliers qui rendoit afefolument nécessaires.

CHAPITRE P R E M I E R.

Des Crimes de Luxure qui se commettent entre Personnes libres , ou de la

Fornication , du Concubinage , du Stupre , S4 du Maquerelage.

§. I. De la Fornication.

SOMMAIRES.

i. Qu'entend- on proprement fous ce nom ? 4. Diclinclion , suivant nos Loix t entre deux
sôrtes de Fbrnicai(bn(..''^'ì^\L ,.-',.'> .
1. Pourquoi prohibée par les Loix ?
3. Sa punition 3 suivant les Loix Romai 5. Ce ^Crime ne donne lieu a des Mmmagcs-
nes. intérêts ; Ô pourquoi'.'
I.
i. Qu'en L'ON entend fous le nom de Fornication tes de Crimes n'étoient pas seulement su- «bée p*r
tend - on nestes à ceux qui avoient le malheur de ksIyOÌXÍ
propre- en général , toute Conjonction illicite avec
ment fous des personnes du sexe qui font de condi- s'y livrer , en ce qu'ils entraîrtoieht tout à la " Z-l .
ce nom . ^Qn 1 • fae ^ c'est_à-dire , qui ne sont liées ni
fois la perte de leur ame , de leur corps,
par le Mariage , ni par le Vœu de chas & le plus souvent celle de leurs biens ;
teté , ni par aucun Ordre sacré , ni par la mais qu'ils avoient encore les suites les plus
Parenté ou Alliance. Mais , suivant le Droit dangereuses pour Tordre public , en ce qu'ils
Canonique que nous croyons devoir prin forment un des plus grands obstacles à la
cipalement consulter en cette matière , ce population y les Législateurs ont cru ne
Crime ne doit s'entendre proprement que pouvoir trop s'empresser de porter contr'eux
d'un commerce criminel avec des Filles ou des Loix particulières. ......
Veuves majeures qui se prostituent de leur
gré , & par un esprit de débauche , ou d'in Crcdimus enim in Domino Deo , etiam ex nostro
circà castitatem studio , magnum fieri nostrae Reipu- r .
térêt; car autrement, fi elles font d'une con blicae incrementum Deo nobis omnia prospéra pet.. , .
dition honnête , & d'ailleurs bien famées , talia opéra conferente. V. Koy. 14. de Lenvnìb. in fin* • \<»
ou bien si elles font encore dans les liens Quòd penè omnibus peccatis gravtor & dcterior * '
de la minorité , ce Crime dégénère alors en íìt fornicatio , & veracitcr dici potest laqueus mortis
& puteus inferni , ac vorago perditionis , eò quòd
Stupre ou Rapt de séduction dont il sera Adulteri vel Ltixuriofi propter cordîs inòpiani per-
parlé ci-après. dunt animas suas. Nam , ut ait Scriptura , Pretíum
Fornicatio autem , licèt videatur genus cujuílibet Scorti vix unius est panis j & qui se jungit mere-
illiciti coïtus qui fit extrà uxorem legitimam, tamen trici , unum corpus eíHcitur ; & qui Luxuriatur ,
spécialités iutelligitur in usu Viduarum vel Mere- mortuus est in corpore vivente... Capit. Car. Magn,
tricum , vel Concubinarutn. Canon Ux illa z.JJl lib. 7. c. 31*.
cìim ergo caus. 36. qu. I. III.
I I. Quant aux Peines portées contre ce Cri- 3; Saj?u-
a. Pour
quoi pro- L'expérience ayant fait voir que ces for- me , il paroît que , suivant lë Droit Ro- "anTieT
208 LES LOIX CRIMIN ELLES, Lív. III. Tit. IV.
Loix Ro main , la simple Fornication étoit punie de nom de Bordels , dont nous aurons lieu de
maines. •la confiscation de la mòitié des biens à l'é- parler dans un moment en traitant du Ma-
gard des personnes de condition honnête ; & querelage ; les autres se commettent dans
qu'il y avoit peine corporelle jointe à la relé des maisons privées , 5c celles-ci font dési
gation pour les perfoiuies dë condition vile. gnées principalement , par nos Loix , fous
les noms de Concubinages , ou de Simples
Sed eâdem Lege Jujià (de Adultcriis) etiam Stupri
flagitium puhitur cùm quis sine vi , vel virginem , Commerces illicites. Nous aurons égale
vel viduani hònèstè viventem Stuprav^crit j Pœnam ment lieu de parler de ces derniers , & de
autem eadem Lex irrogat Stûpratoribus , si honesti leurs Peines fous les deux §. fuivans.
sint , publicationënij partis dimidiœ bonorum : si
humiles - egrporis coercitionem cum relegatione. V.
Instit.js. 4. Tierrí Lex Julia... De publicis judic. Nous nous contenterons seulement d'ob- 5. Ce Crí-
server ici en général , que comme ce Crime mtv^\
\ ..." -:*IoV:.
se commet volontairement de part & d'au- des dom-
'4. Distinc , -Dans nos usages nous distinguons , quant tre , il ne peut donner lieu à aucune condam- ™ftesSM|£
tion sui à la Peine , deux fortes de Fornication ; nation de dommages & intérêts , suivant pourquoi,
vant nos;
nos- j *_ ., • ii ' • --
Loix entre les unes V qui.se commettent ï dans ces lieux la Maxime scienti ù consentienti non fit
deujeP°orr"' publics , connus dans, nos .Lóijc fous le injuria neque dolus.
tes
nication.
— \$. II. Du Concubinage.

■-
% : S O'íM M AIRE S.

1. Définition de ce Crime? ^ t. , 6. Peines portées par le Concile de Basic ,


2. En quoi diffère de la Fornication. ô la Pragmatique-Sanclion.
3. PourqUòi défendu par touiesJes LoiXi v'j .7. Peines portées par le Concile de Trente.
4. Disposition des Loix Romaines fur ce 8. Peines temporelles qui Vordonnent en
pareil càs , tant contre les Laïques que
5. Peines portées contre ce Crime par les contre les Clercs.

Décrétales. y.J?eines particulières aux Concubines.
I.
« x
1 Défi- Ts /qn àppelle de ce nom le Grime de deux par une Novellede l'Empereur Léon,, com- Loî.x R£j
nition me tendant , de la part de ceux qui le com- M point,
cee Crime! personnes de différent, sexe, qui vivent en
semble , comme s'ils étoient mariés. „• mettent , à assouvir par des voies illicites
une passion que l'on peut satisfaire légitime
I L ment par la voie du Sacrement.
a;Enqnòi Ce Crime diffère , còmnie l'on voit , de
Neque minus ea lex quae probrosè cum Concu-
fa^F^rnt! *a Fornication' dont nous venons de parler , binis immisceri non erubescentibus id perniitten-
cation, en ce qu'au lieu que celle-ci se commet dum judicavit , honestatem íusque deque habuit.
.avec des Filles ou Veuves qui se prostí- Nec ergo hoc Legiflatoris erratum dedecore nostram
Rempublicam aíHccre sinamus. Itaque Lex illa in
ituent publiquement , 8c à plusieurs , le Con
«eternum íilct : ab illa enim non modò Religionis ,
cubinage se commet dans des maisons par verùm ctiamnatura: injuria secundùm divina Chris-
ticulières 6c avec la même personne qu'on tianisque convenientia praecepta prohibemur. Et
fréquente habituellement. Il- peut auíïï se quidem , si cùm fontem habeas , sobriè indè hau-
■-Commettre également avec des personnes rire divino prascepto moneare : quâ ratione , cùm
puras ,aquas haurire liceat , lutum tu mavis ? Tuin
- non libres ; mais dans ce dernier cas il rentre tametsi fontem non habeas , rébus tameii vetitis
dans la Classe des Adultérés , ou des Incestes. uti non potes. Caeterùm vitae consortem invenire
•difficile non est. Noy. 14.
III... •:. r\
3. Pour- L'on fçait qu'après avoir été toléré dans V.
fendu ptr ^es premiers temps à . cause des circonstan-
toutes les ces , le Concubinage a enfin , depuis l'éta- A l'égard du Droit Canonique , l'on voit , 3. Peine*
LoìX' bliíîèment du Christianisme , comme étant fous le titre des Décrétales de Cohabita-' po"e" ^
. . contre ce
contraire à la pureté & à la sainteté de la tione Clertcorum & Muherum , que la peine Crime par
des Clercs Concubinaires est d'abord celle |^e^ecre*
Loi Evangélique , fait l'objet général des
défenses portées par toutes les Loix , tant de la suspense , ensuite celle de la privation de
Civiles que Canoniques , & par les Ordon leurs Bénéfices rloríqu'après avoir été aver
nances du Royaume. tis par le Supérieur Ecclésiastique , ils ne
renvoient pas leur Concubine ; 6c enfin , .
IV. celle de TExcommunication , lorsqu'ils per
4. Dispo- L'on voit d'abord , quant aux Loix Ci- sistent dans ce Crime après la troisième
siuon de;s vz'/Wj qUgce Crime est réprouvé hautement
monition.
Sicut
DE LA LUXURE , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 209
Sicut ad extirpandani ; & infrà. Frat. V. man- à l'Exercice de la Jurisdiction des Evêques
damus quatenìis Clericos vestrae Jurisdictionis qui en cette matière.
in Stibcliaconatu , &suprà Fornicarias habuerint ,
studiosè monere curetis ut illas removeant , eas ul- QuicumqueClericus, cujufcumque conditionis,
teriìis minimè admisturi. Si verò adquiescere con- statîis , religionis , dignitatis , etiam si Pontificalis
tempserint , eas ab Ecclesix bencficiis usque ad fa- vel alterius praeeminentiae existât , qui post hujus
tisfactionem congruam suspendatis. Et si eas fuf- Constitutionis notitiam , quam habere praefumatur
pensi praesumpserint detinere , ipsos ab eiídem be- per duos menses post publicationem in Ecclesiis
nesiciis perpctuò removcre curetis. Cap. 4. Ext r. Cathedralibus , ( quam ipsi Dicecesani omninò
de cohab. Ckr. & mu/.,.. Si quisquam Sacerdotum , facere teneantur postquàm eadem Constitutio ad
id est, Presbyter ,Diaconus, Subdiaconus,de qua- eorum notitiam pervenerit) fueritpublicus Concu-
cumque femina crimine Fornicationis siifpectus , binarius , à perceptione fructuum omnium benefi-
post primam , secundam & tertiam admonitionem ciorum siiorum trium menfium spatio sit ipso facto
inveniatur famulari , & aliquo modo conversari suspensus : quos fuus Superior in fabricam , vel
cum m
vV.«i ea ,, wWUU..».».
excommunicationi nibdatur;
- » femina- verò aliam evidentem Ecclesiarum
tccienarum utilitatem
minidicui extA quibus
M".—-
canonicò judicetur. Cap. z. ibid.... Clericos in fa- la- u fructus percipiuntur convertat. Necnon &hu-
cnsOrdinibusconstitutos,qui pubhcetenentCon- ■ {moii publicum Concubinarium , ut primùm
cubinas
nitate , ad eas ; abjurandas
compelli nolumus
né in eandem a tua Frater-
Fornicationem inf- talem effe ~-r «motiient , mox fuus Superior
c.,«..:«»m«nprl.
monere
tinctu diabolicae fraudis redeuntes , perjurii reatum teneatur ut infrà brevissimum terminum Concubi-
incurrant: veríim ipsos per suspenfionis & interdicti nam dim,ttat- Q»òd si n°n dimisent , vel dimiffam
Sententiam debes arctiùs cogère ut mulieres ipsas *ut .iam Pubhcè resumpsent , jubet hac sancta
à se ita removeant , quòd de illis sinistra suspicio SynodllSllt lP(um omnibus fuis Benesicus omninò
non possit haberi. Et si qui eorum ad ipfas redire privet....
Pnvet"" Et "nihilominùs
nibilominhs hi publici
pubhci Concubinarii
Con. ,
ufquequò cumeis perfuos Superiores post ipsarum
vel ahas accipere forte praesumpserint , in aliquos Concubinarum dimissionem , manifestamque vitae
eorum debes perpetuam excommunicationis sen emendationemfuerit dispensatum, ad lusceptionem
tentiam proferre , ut alii eorum exemplo perterri- quorumeumque honorum , dignitatum , beneficio-
ti ,à similibus arceantur. Cap. 3. ilid. rum officiorumve,sint inhabiles. Qui si post dispen-
sationem recidivo vomitu ad hujusmodi publicum
V. Concubinatum redierint , sine spe alicujus dispen-
sationis ad praedicta prorsiis inhabiles existant. . . .
\. Peines Suivant la Pragmatique-Sanction à la- Quòdsi hi ad quos talium correctio pertinet,eos,
Econ- quelle nous devons principalement nous u; Pra;dictun} est> Puni,re neglexerint, eorum Supe-
ciledeBas- arrêter en cette matière tant narce mi'elle n°re ' tam -m ipsos de negle.ctu 5uam in. íllos
le & la , ; • en ce^e matière , tant parce qu elle pro Concubinatu , modis omnibus dignâ punitione
Pragmati- n a que repeter les dispositions du Con- animadvertant.... In Conciliis etiam Provincialibus
cjue-Sanc- cile de Basle , que parce qu'elle a été con- &Synodalibus adveriùs taies punire négligentes ,
t on' firmée fur ce point par le Concordat ; il ve^ de hoc crimine diffamatos , etiam per sufpen-
paroît que les Clercs Coucubinaires pu- slonem à collatione Beneficiorum ,_vel aliâ condi-
gnâ peenâ , severiter procedatur. Et si hi quorum
blics
Lies ,. ( elle
eue appelle ainsi , non-seulement destitutio ad summum Pontificem spectat, per Con
ceux qui ont été convaincus en jugement , cilia Provincialip , aut suos Superiores , propter
mais encore Ceux qui sont connus notoi Concubinatum publicum reperiantur privatione
digni , statim cum proceffu Inquisitionis ipsi sum-
rement pour tels dans le public ) , sont pu
mo Pontisici deferantur. Eadem diligentia & in-
nis moins rigoureusement que par les Dé quisitio in quibuscumque generalibusCapitulis &C
crétâtes que nous venons de citer. Car Provincialibusquoad suos se rvetur.Pccnis aliis con
cette Loi se contente de les punir pour tra praedictos & alios non publicosConcubinarios,
la première fois de la privation des fruits statutis in suo robore permansuris Publici
autem intelligendi funt , non solùm hi quorum
de leurs Bénéfices pendant trois mois \ pour
Concubinatus per Sententiam , aut confessionem
la seconde , de la privation du Bénéfice injure factam , feu per rei evidentiam quae nullâ
en cas de Contumace ; & enfin il est dit possit tergiversatione celari , notorius est ; scd
que si après avoir obtenu Dispense & Réha qui mulierem de incontinentia suspectant & dif-
bilitation, ils viennent à retomber dans fàmatam tenet , & per suum Superiorem admo-
la môme faute , ils doivent être déclarés nitus , ipfam cum effectu non dimittit
Quia verò in quibuldam regionibus nonnulli Ec-
absolument
, . , . „incapables
1 ,v de posséder aucuns
A clesiasticam Jurifdictionem habentes , pecuniarios
Bénéfices. II y a auiìi , fuivartt cette même quaestus à Concubinariispercipere non erubescant,
Loi , des Peines particulières portées con- patiendo eos in tali feeditatesordescere , sub pœna
tre les Evêques qui négligent de procéder maledictionis aeternœ praecipit nedeinceps subpac-
contre les Clercs Concubinaires , notam to , compositione , aut spe alicujus quaestus , talia
quovis modo tolèrent aut dissimulent : alioquin ,
ment celle de la Suspense de leur droit de
ultrà praemistam negligcntiae pœnam , duplum ejus
Collation aux Bénéfices ; & il leur est de quòd proptereà acceperint , restituere ad pios usus
plus recommandé d'avoir recours au Bras omninò teneantur & compellantur Ipfas autem
séculier pour faire ordonner l'expulsion des Concubinas aut mulieres suspectas Pr*(ati omnibus
Concubines & prononcer les autres Peines modis curent à fuis subditis , per auxiliumôc bra-
chii secularis invocationem, si opus fuerit , penitìis
temporelles qui sont prescrites en pareil
arcere... Qui etiam ex tali Concubinatu procreatos
cas. Enfin , il est fait défenses à toutes per- filios apud patres suos cohabitare non permittant...
íònnes de quelle qualité qu'elles soient Jubet infuper haec sancta Synodus ut etiam inprae-
d'apporter aucun trouble ni empêchement dictis Synodis & Capitulis haec Constitutio publi
210 LES LOIX CRIMIN ELLES, Liv. III. Tjt. IV.
çetur , ut. quilibet suos subditos ad ipsarura Con- ne , summoque Clericalis militiae dedecore testatur."
cubinarum dimiíïïonem maneat diligenter.... In- Ut igitur ad eam , quam decet, continentiam ac
jungit prastereà omnibus secùlaribus viris , etiam vitae integritatem, Ministri Ecclesiaerevocentur,po-
fi regali praefulgeant dignitate , ne ullum quale- pulusque bine eos magis difeat revereri , quò illos
cumque inférant irnpedimentum,quocumque quae- vitâ honestiores cognoverit, prohibet sancta Syno-
sito colore , Prslatis qui ratione orhcn íiii adver» dus quibuscumque Clericis ne Concubinas , aut
sìis subditos fuos pro hujusmodi Concubinatu pro- alias mulieres de quibus poíTìt haberi sufpicio ,in
cedunt....Etcìimomne fprnicationis crimen Lege domo vel extrà rctinere , aut cum iis ullam con-
divinâ prohibitum fit , & sub pœna peccati morta- fuetudinem habere audeant : alioquin pœnis à so-
lis neceffariò evitandum , monet omne» Laïcos , cris Canonibus , vel Statutis Ecclefiarum impositis
tam uxoratos quàm solutos ut similiter à Concu puniantur. Quòd si à Superioribus moniti, ab iis
binatu abstincant ; nimis enim reprehensibilis est non se abstinuerint, tertiâ parte fructuum , obven-
lui uxorem habet , & ad aliam mulierem acce- tionum ac proventuum Beneficiorum suorum quo-
Jit. Qui verò solutus est si continere nolit , juxta rumeumque , & pensionum, ipso facto fìnt privati:
Apoltoli consilium uxorem ducat. Pro hujusmodi quae FabricaeEcclesiae , autalteri pio loco , arbitrio
autem divini observantia praecepti, hi ad quos per- Episcopi applicetur. Sín verò in delictoeodem cum
tinet , tam salutaribus monitis quàm aliis Canoni- eadem, vel alia femina , persévérantes , fecundac
cis remediis, omnistudio laborent, Prag. Sanct. monitioni adhuenonparuerint; non tantìim fructus
de Concubinariis. omnes, ac proventus Bentsiciorum suorum & pen-
siones , eoipso amittant , qui praedictis locis appli-
V I. centur ; sed etiam à Beneficiorum ipsorum admi-
nistratione , quoad Ordinarius, etiam uti Sedis
Apostolica: delegatus, arbitrabitur, sufpendantur ;
6. Peines Les dispositions de ces dernieres Loix 6l si ita suspensi , nihilominìis eas non expellant ,
par"" paroiflent avoir été suivies par le Concile aut cum iis etiam versentur , tune Beneficiis, por-
Conciie de Trente , relativement aux peines de la tionibus , ac officiis & pensionibus quibuscumque
de Trente. peste fafa ? la suspense , &de la pri Ecclesiasticis perpetuò priventur atque inhabiles
vation des Bénéfices ; comme auíîì par ac indigni quibuscumque honoríbus , dignitatibus,
Beneficiis ac Ofiiciis , in posterùm reddantur , do-
rapport au recours au Bras séculier pour nec post manifestam vitae emendationem ab eorum
l'expulfion des Concubines. Ce Concile Superioribus cum iis ex causa visum fuerit difpen-
s'est auíîì conformé d'un autre côté à la fandum. . . .
disposition des Décrétales par rapport à la Sed si , postquàm eas semel dimiserint , intermis-
peine de l'Excomrnunication qu'il veut éga sum consortium repetere, aut alias hujusmodi scan-
dalosas mulieres sibi adjungere ausi fuerint , praeter
lement avoir lieu après trois Monitions , praedictas peenas , Excommunkationis gladio plec-
dans le cas où , après avoir renvoyé les Con tantur. . . Nec quxvis appcllatio aut exemptioprae-
cubines , on viendroit à les reprendre ( i ) ; dictam executionem impediat aut suspendat: fupra-
mais il ajoute encore troÌ6 autres disposi dictorumque omnium cognitio non ad Archidia-
tions à ces précédentes Loix : la première , conos nec Decanps , aut alios inferiores , sed ad
Epifcopos ipsos pertineat ; qui sine strepitu &
en ce qu'il prononce des Peines particu figura judicii, & solâ facti veritate inspecta, proce-
lières contre les Evêques qui tombent eux- dere pofsint. Clerici verò Bénéficia Ecclesiastica aut
mêmes dans ce Crime (z) ; ces Peines font pensiones non habentes , juxta delicti & contu
la suspense de plein droit s'ils négligent de maciae perseverantiam & qualitatem , ab ipso Epis
renvoyer leurs Concubines après qu'ils en copo carceris pœnâ , suspensione ab Ordine , ac
inhabilitate ad Bénéficia obtinenda , aliisve modis ,
auront été avertis par le Concile Provin
juxta sacros Canones puniantur.
cial , &. même la privation de leur Evêché
s'ils persévèrent dans leurs Crimes. La se (z) Episcopi quoquè , quod absit , si ab hujus
modi crimine non abstinuerint , & à Synodo Pro-
conde , en ce qu'il prononce aussi des Peines
vinciali admoniti, se non emendaverint , ipso facto
contre les Clercs Concubinaires (3) , non sint suspensi ; & , si perseveraverint , etiam ad sanc-
jouijjans des Bénéfices , à l'égard desquels tiísimum Romanum Pontificem ab eadcm Synodo
l'on ne trouve aucune disposition particu deferantur, qui pro qualitate culpae , etiam per
lière dans les précédentes Loix ; il veut privationem , si opus erit , in eos animadvertat.
qu'ils soient punis par la Prison , par la (}) Clerici verò Bénéficia Ecclesiastica aut pen
suspense des fonctions de leur Ordre , & siones non habentes , juxta delicti Sí Contumaciae
enfin par l'incapacité absolue de posséder à perseverantiam & qualitatem , ab ipso Episcopo
carceris pœna, suspensione ab Ordine, ac inhabi
l'avenir aucuns Bénéfices. La troifieme ,
litate ad Bénéficia obtinenda , aliisve modis , juxta
enfin , en ce qu'il étend aux Laïques Concu sacros Canones puniantur. V. ibid.
binaires , soit libres (4) , soit mariés, la peine
(4) Grave peccatum est homines solutos Con
de l'Excommunication prononcée contre cubinas habere, gravisiimum verò & in hujus magni
les Clercs , dans le cas où ils s'obftine- Sacramenti singularem contemptum admissum ,
roient à retenir leurs Concubines après les uxoratos quoquè in hoc damnationis statu vivere ,
trois monitions. ac audere eas quandoque domi etiam cum uxori-
bus alere & retinere. Quare , ut huic tanto malo
sancta Synodus opportunis remediis provideat, sta-
( 1 ) Quàm turpe ,ac Clericorum nomine , qui se tuit hujusmodi Concubinarios , tam solutos quàm
divino cultui addixerunt , si indignum , in impudi- uxoratos, cujuscumque status, dignitatis & condi-
citiae sordibus immundoque Concubinatu versari, tionis existant, si , postquàm ab Ordinario , etiam
sutis res ipsa communi Fidclium omnium offensio- ex OrTicio , ter admoniti ea de re fuerint , Concu-
DE LA LUXURE , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 21 1
binas non ejecerint', seque ab earum consuetudine Aliis Pœnis contra Adulteros & Concubinarios in-
non sejunxerint,Excommunicatione feriendos esse; flictis in fuo robore permanentibus. V. Concil.
à qua non abfolvantur donec reipsâ admonitioni Trìd. en sendroit ci-devar.t cité.
factac paruerint.Quòd si in Concubinatu per annum, (z) V. Rebuffe sar le CosCord. au th. de
Ceníuris neglectis , permanserint , contra eos ab Publicis Concubinariis. V. aussi Imbert , liv. zz ,
Ordinario feverè , pro qualitate criminis proceda- ch. zz , n. 15 ; & Boerius tdécis. 71, oùfont rap~
tur. Mulieres , sive conjugatae , sive solutae , quae portés ces Arrêts
cum adulteris feu Concubinariis publicè vivunt,
si ter admonitae non paruerint , ab Ordinariis loco- VIII.
rum , nullo etiam requirente , ex Officio graviter
pro modo culpae puniantur ; & extra oppidum vel II y a de plus , à l'égard des Concubines , $• Peinei
diœcesim , si id eisdem Ordinariis videbitur , in- deux autres Peines remarquables portées Particulic-
vocato , si opus fuerit , brachio feculari, eucian- ,.„„,. „ t „•„ . . , f. a"?
... v. * 1 1 o. r* u- contr elles , tant par nos .Loix que par les Concutu-
tur : ains pœnis contra Adulteros oc Concubina- A « T, „ ,r ... . . A • nés
rios inflictis , in si.o robore permanentibus. Concil. Arrets- L une est la nulllte des Donations , s*
Trideru.fcjs.z4.de Reform.cap.^&sef.i^, cap. 14. & autres avantages indirects qui leur font
faits par les Concubins. L'autre est la nul-
y j j lité quant aux effets Civils des Mariages
qui fe font in extremis avec ces Concubi-
T j , . nés. Nous avons là-deífus des dispositions
y. Peines Indépendamment de 1 Excommunication prédses de la Déclaration de 1639 (1) , &
temporel prononcée par le Concile de Trente tant Je ceUe dg . .
les qui contre les Laïques que contre les Clercs y1 k j
s'ordon
nent en pa Concubinaires , il y a encore , comme nous ( 1 ) V. les Arrêts des 16 Mars 1663 , 25 Fé
reil cas , vrier 1665 , zz Août 1674 , & 3 Juillet 1683,
tant con venons de l'obferver d'après la disposition
tre les Laï de la Pragmatique & de ce Concile ( 1 ) , rapportés au Journal des Audiences.
ques que (1) Nous voulons que la même peine ait lieu con
contre les des Peines temporelles qui peuvent être
tre les enfans qui font nés des femmes que les pères
Clercs. prononcées contre les uns & les autres ont entretenues , tk qu'ils épousent lorsqu'ils font
lorsque le Concubinage est absolument à l'extrômité de la vie : comme aufli contre les
notoire & scandaleux , comme troublant enfans procréés par ceux qui se marient après avoir
Tordre de la Société. Nous n'avons néan été condamnés à mort , même par Sentences de nos
Juges rendues par défaut , 11 avant leur décès ils
moins aucune Loi qui détermine précisé
n'ont été remis au premier état , suivant les Loix
ment la qualité de ces dernieres Peines ; prescrites par nos Ordonnances. Déclar. de Louis
îl paroît par les Arrêts (z) qu'elles se ré 111. en Novembre 1639 , reg. le 19. Décembresui
duisent ordinairement à de simples Amen vant.
des ou aumônes qui se prononcent à la ....Voulons que l'article 6 de l'Ordonnance de
1 6 39 , au sujet des mariages qu'on contracte à l'ex-
requête de la Partie publique , outre l'ex
... , , 11/' 1 trêmité de la vie , ait lieu tant à l'égard des hom-
pulsion qui S ordonne de la Concubme en mes qu'à celui des femmes ; & que les enfans qui
pareil cas. font nés de leurs débauches avant lesdits mariages,
ou qui pourroient naître après lesdits mariages con-
(1) Pœnis aliis contra praedictos & alios non tractés en cet état , soient aussi-bien que leur pofté-
publicos Concubinarios statutis in suo robore per- rité , déclarés incapables de toutes successions,
manfuris. V. Pragm. Sancl. de Concubin. Loc. cit Edit du mois de Mars 1697 ì reg, le 11 du même mois.

§. III. Du Stupre.

SOMMAIRES.

1. Qu'entend-on fous le nom de Stupre en 8. Peines augmentées , ou diminuées sui


général ? vant les circonfiances.
2. En quoi diffère de la Fornication. 9. Peine suivant notre Jurisprudence ac
3 . En quoi diffère du Concubinage. tuelle.
4. En quoi diffère du Rapt de Séduction. 10. Déclaration de la Fille avec ferment
$.Peinedece Crimesuivant le Droit Romain. ne prouve pas en cette matière.
6. Peine suivant le Droit Canonique. 1 1 . Cas où la fille peut être condamnée
7. Peine suivant nos Loix ; motifs des elle-même a des dommages & intérêts.
changemens rapportés par la Décla il. Doit toujours être condamnée a Pau
ration de 1730, a notre ancienne Ju mône, ainsi que le Stuprateur.
risprudence.

I.
h. Ou'en- N o u s entendons proprement fous le nom volontairement à son Séducteur , sous Pef-
fous "le11 ^e StuPTC * k défloration d'une vierge , pérance du Mariage.
nom de ou la copulation avec une veuve d'une Stuprum autem propriè virginum est illicita de-
stupre en COndition honnête & bien famée qui se livre floratio , quando videlicet non praecedenti conju-
gênerai í *
Dd z
2i2 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. III. Tit. IV. r
gali pactione utriusque voluntate virgo cornimpi- tur , quamvis eam Pœnam debueritsustinerequàffl
tur , pâtre injuriam ad animum statim post cogni- Raptori Leges imponunt» L. unie, COD. Si quis eam
tionem non revocante. Can. 2 , illa Lex , eàm ergo, cuj, tut. suer, corrup.
caus. 36 , qu. 1. (i) Ne quis Christianam mulierem in matrimo-
Stuprum in vidua , vel virgine ,vel puero corn- nium Judaeus accipiat , neque Judaae Christianus
mittitur. Leg. 37. ss. 1. ff. ad Leg. Jul. de conjugium sortiatur ; nam fi quis aliquid hujus-
adulter. modi admiserit , adulterii vicem commissi hujus-
I I. modi crimen obtinebit , libertate in accusandum
publicis quoquè vocibus relaxatâ. L. 6. Cod. deju-
a. En quoî II y a par conséquent cette différence iùs & Cœlic.
flS"e 4e entre le Stupre & la Fornication, qu'au (3) Siquacum servo fuo occulté remfcabere
íadST" Heu que celle-ci se commet avec les filles detegitur , capitah Sententiae siibjugetur tradendo
„n , -r ■ -r ríi ìenibus verberone. Sitque omnibus facilitas cnmen
ou femmes de mauvaise vie qui se prosti- p&ublicum arguendi , íît Officio copia nuntiandi,
tuent à prix d'argent , le Stupre suppose que fit etiam servo licentia deferendi , cui probato cri-
la fille, OU la veuve que l'on connoît char- mine libertas dabitur. Filii etiam quos ex hac con-
nellement , a été jusqu'alors d'une conduite junaione habuerint , exuti omnibus dignitatis in-
réguliere , & qu'elle ne s'est laissée séduire slgnibuS > m nuda ««heant libertate ; neque per se,
fi\ r t j ik/f • neque per interpolitam períonam , quolibet titulo
que par 1 espérance du Mariage. voluntatis accepturi aliquid ex facultatibus mulie-
j j j ris. Successio autem mulieris ab intestato , velfiliis,
si erunt legitimi , vel proximis cognatisque defera-
3.En quoi Ce Crime diffère aussi du Concubinage r ^ , vel ei quem ratio Juris admittit. Id autem &
X^ence que celui-ci suppose une habitude tíl^Œtttï
mge. criminelle , a laquelle on S est livre , moins fubstantia, mulieris dominio sociatum à memoratis
dans la vue du Mariage , que par un esprit sUCcefforibus vindicetur. L. unie. Cod. de Mulierib,
de débauche ou d'intérêt : tellement qu'il qua serv. propn se junxerunt,
peut se commettre même avec des person- y j
nés qu'on ne pourroit légitimement épouser,
_ v Suivant le Droit Canonique , le Stupra- g. pehio
teur qui ne veut r ou même qui ne peut jurant le
•4. En quoi Nous verrons aussi dans un moment épouser la fille dont il a abusé parce que m>ùqn>
RapTde11 qu'il diffère encore du Rapt de séduàion , les parens la lui refusent, est tenu de la
Séduction, en ce que , au lieu que ce dernier Crime doter, avec des dommages & intérêts (i)„
ne se commet qu'avec des filles ou veuves U doit de plus, lorsqu'il refuse del'épouser
mineures , le Stupre n'a proprement lieu quand il est en son pouvoir , être puni cor-
qu'à l'égard des filles & veuves majeures porellement ,& renfermé à perpétuité dans
qu'on séduit par l'espérance du Mariage, un Monastère ( 2 ).
•y (i)Si seduxerit quis virgínem nondíim despon-
satam , dormieritque cum ea , dotabit eam & ha-
> jeine II est parlé de ce Crime dans le Droit bebit uxorem. Si verò pater virginis dare noluerit,
de « Cri- Romain sous les Titres du Digeste & reddet Pecumam juxta mod«m dotisquamvirgi ,
me suivant , /, ' , r r 1 j aj 1 n neS accipere coníueverunt.
le Droit du CODE ad Leg. Jul. de Adulter. II en (l) pervenit ad nos quòd Félix quandam vir-
Romain. est aussi parle dans les INSTITUTES fous ginem Stupro decepit : quod si verum est , quam-
le titre de Publicis Judiciis. L'on voit , vis effet de Lege pœnâ plectendus, nos aliquatenùs
d'après le §. Item de ce dernier titre , Legis duritiem molientes, hoc modo disponimus,
que la Peine ordinaire de ce Crime ut auf quam stuPravit » uxorf.m hab«t ; aut si re-
' r> cr-:„ a~ 1 „ t j i_- nuendum putavent , corporaliter castieatus , ex-:
etoit la Confiscation de la moitie des biens COmmunicatusque inMonasterium in quo agat poe-
du Stuprateur , lorsqu il etoit d'une con- nitentiam retrudatur , de quo nulla sit egrediendi
dition honnête , & celle du fouet , ou au- sine praecepto licentia. V. iìv. 5 , tit. 1 6.
tres Peines corporelles , s'il étoit de condi- VII
tion vile & fans biens. II y avoit aussi ,
suivant ce même Droit , peine de la Dé- Si l'on consulte notre ancienne Juriípru- 7. Peín?
portation & de la Confiscation totale des dence íùr ce point , il paroît qu'elle avoit ^Loìx*-
biens en certains cas , comme celui où porté la rigueur encore plus loin que les motifs des
l'on auroit abusé d'une fille dont on auroit Loix Canoniques , en ce que le Stuprateur ^ç^f2^
été le Tuteur ou le Curateur (1) , ou bien n'en pouvoit être quitte en offrant de do- portés pai
pan
celui d'un Juif qui auroit connu charnel- ter la fille , & de lui payer des dommages a
^P^dDécla-
lement une fille Chrétienne (2); & quel- & intérêts } mais on l'obligeoit, fous peine 1730!™*
quefois même il y avoit peine de Mort , de la vie , de l'épouser lorsqu'elle le de- tre dIuns?
comme dans le cas de l'Efclave qui avoit mandoit. Mais cet usage , qui s'étoit con-
habitude avec fa Maîtresse ( 3 ). servé au Parlement de Bretagne jusqu'en
(1) Si Tutor Pupillam quondam suam violatâ 5,730 , a été entièrement aboli , comme
castitate stupraverit , deportationi subjugetur, at- 1 on sÇalt > Par une Déclaration du 22 No-
que univerue ejus facilitâtes fisci juribus vindicen- vembre de la même année (1) , fur le fon-
DE LA LUXURE , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 21 $
dément de ces deux motifs particuliers , qui missaire du Parlement le conduit à l'Eglise , les fers
sont annoncés dans son préambule ; Yun> aux pieds , pendant que la fille est en liberté ; &
c'est là que , fans publication de bans , fans le
que l'expérience avoit fait voir que les consentement du propre Curé , sans la permission
filles se faisoient , le plus souvent , une res de l'Evêque , & par la feule autorité du Juge Sé
source particulière de cette extrême ri culier , se consomme un engagement dont la dé
gueur pour se procurer des partis avanta bauche a été le principe , & dont les suites , pres
geux qu'elles n'auroient pu avoir autre que toujours tristes, ont rendu cette Jurisprudence
odieuse à ceux même qui la suivent sur la foi de
ment ; Vautre , que les Parlemens, en faisant
Pexemple de leurs peres.Nous apprenons d'ailleurs
ainsi la remise de la peine de Mort à ceux 3u'il y a d'autres Parlemens dont Pusage ne diffère
des coupables de ce Crime qui ofFroient e celui du Parlement de Bretagne , qu'en ce que
d'épouser la fille dont ils avoient abusé , le mariage ordonné par la Justice y prévient & y
s'arrogeoient par-là le droit de faire grâce , empêche la condamnation de l'Accusé ; au lieu
qu'en Bretagne il ne fait que la suivre. Mais plus
lequel ne pouvoit appartenir qu'au Souve
cette Jurisprudence a fait de progrès dans une partie
rain lui-même. L'on voit au surplus , considérable de notre Royaume, plus nous sommes
d'après une disposition particulière de cette obligés d'en retrancher Pexcès , & de la renfermer
même Loi , qu'il faut distinguer , quant à la dans ses véritables bornes. Nous le devons à la
Peine , les simples Commerces illicites , de sainteté de la Religion , pour empêcher qu'on n'a
buse d'un grand Sacrement en unissant deux cou
ceux qui se trouvent qualifiés par l'atro-
pables par un lien forcé , fans observer les folem-
cité des circonstances , & par la qualité & nités prescrites par les Loix de 1 Eglise & de l'E-
indignité des coupables. Elle veut qu'à tat : nous ne le devons pas moins à la conserva
l'égard de ces derniers les Juges puiíîènt tion de notre autorité , qui est blessée par une Ju
prononcer toutes sortes de Peines corpo risprudence où les Juges exerçant un pouvoir dont
relles , jusqu'à celle de Mort ; au lieu que nous nous sommes privés nous-mêmes , font grâce
à celui qu'ils ont regardé comme coupable d'un
pour les premiers elle ne leur permet de Crime que les Loix déclarent irrémissible. Enfin le
prononcer tout au plus que des Peines bien public & l'intérêt commun des familles ré
corporelles suivant l'exigence des cas ( 2 ). clament notre secours contre un usage qui donne
souvent lieu d'appliquer la peine de Séduction à
celui qui a été séduit , & la récompense à ía séduc
(i)LoUlS, &c. Toutes les Ordonnances qui trice : en sorte que , contre Pintention des Loix ,
ont été faites par les Rois nos Prédécesseurs pour une sévérité apparente ne sert qu'à donner un nou
prévenir ou pour punir le Rapt de Séduction , ont vel appas au Crime ; & qu'au lieu que le véritable
eu principalement en vue d'affermir l'autorité des Rapt de Séduction doit mettre un obstacle au ma
pères fur leurs enfans , d'assurer Phonneur & la riage , la débauche à laquelle on donne le nom
liberté des mariages, & d'empêcher que des allian de Rapt , devient un degré pour y parvenir. C'est
ces indignes ,par la corruption des mœurs encore par ces considérations si puissantes que nous jugeons
plus que par l'inégalité des conditions, ne flétrissent à propos de déférer aux représentations que lesEtats
Phonneur de plulieurs familles illustres, &c ne de de notre Province de Bretagne nous ont faites fur
viennent souvent la cause de leur ruine. C'est pa r ce sujet; & nous nous portons d'autant plus volon
des traits si marqués que les Loix ont pris soin tiers à leur donner cette nouvelle marque de notre
de caractériser ce genre de Crime qu'elles ont ap protection , que ce font eux qui auront Phonneur
pelle Rapt de Séduhion ; 6c comme la subornation de nous avoir excités à faire le même bien aux
peut venir également de l'un & de l'autre côté , autres Provinces. A ces causes , &c.
& que celle qui vient de la part du sexe le plus (z) Art. III. Les personnes majeures ou mineu
foible , est souvent la plus dangereuse , les Ordon res , qui n'étant point dans les circonstances ci-
nances n'ont mis aucune distinction à cet égard dessus marquées, se trouveront seulement coupa
entre les fils & les filles, Scelles les ont assujettis bles d'un commerce illicite , seront condamnées à
également à la peine de Mort , selon que les uns telles peines qu'il appartiendra selon l'exigence
ou les autres seroient convaincus d'avoir été les au des cas , fans néanmoins que les Juges puissent pro
teurs de la subornation. Telle est la disposition de noncer contre elles la peine de mort , si ce n'est .
PArticle XLII de l'Ordonnance de Blois. La Cou que par l'atrocité des circonstances , par la qualité
tume , réformée peu de temps après cette Ordon &í l'indignité des coupables , le Crime parût mé
nance , s'y étoit conformée dans l article 497; & riter le dernier supplice : ce que nous laissons à
s'il restoit quelque doute fur le sens de cet article , Phonneur &c à la conscience des Juges , qui ne
c'étoit par des Ordonnances postérieures que les pourront en aucun cas décharger l'Accusé de la
Juges auroient dû en expliquer la disposition. Nous peine de Mort , sous la condition ou l'ossre faite
sçavons cependant que par un ancien usage , con par les parties de s'unir par les liens du mariage; le
traire au véritable objetdes Ordonnances,& même tout ainsi qu'il est porté par l'Article II. de notre
de la Loi municipale , on a confondu en Bretagne présente Déclaration , dans le cas de Rapt de Sé
tout commerce criminel avec le Rapt de Séduction; duction. Déclar. du n Novembre 1730.
& l'on y a donné un si grand avantage à un sexe
sur l'autre , que la seule plainte de la fille qui VIII.
prétend avoir été subornée,&la preuve d'une simple
fréquentation , y sont regardées comme un motif II paroît , d'après les Arrêts , que l'on 8. Peîn
suffisant pour condamner l'Accusé au dernier sup a suivi les distinctions faites , tant par cette jéuegs^nj
plice. Mais cet excès de rigueur est bientôt suivi Loi que par le Droit Romain, en ce que minuées
d'un excès d'indulgence : fur la requête de la fille les Peines y íbnt augmentées ou diminuées , fa«Tam l
qui demande à épouser celui qu'elle appelle son
suivant les circonstances , mais fur-tout tjncês.
suborneur , & sur le consentement que la crainte
de la mort arrache toujours au condamné,un Com suivant la qualité de ceux qui commettent
U4 LES LOIX CRIMINE LLES , Liv. III. Tit. IV.
ce Crime , ou de ceux envers qui il est qui se prétend avoir été séduite sous la
commis : l'on veut dire que l'on est dans promesse du mariage. Nous suivons fur ce
l'usage de prononcer les Peines corporelles , point la disposition du Droit Canonique ,
& même capitales dont il est parlé dans qui ne permet point d'avoir égard à la
cette Loi , contre ceux qui abusent de l'in- confession d'un coupable fur le Crime d'au
dignité de leur état , & de l'ascendant que trui ; c'est-à-dire , qu'il faut pour cela qu'il
leur donne leur qualité sur de jeunes per y ait d'ailleurs une preuve juridique de
sonnes , pour parvenir à la consommation cette séduction par une information qui doit
de ce Crime , tels que les Esclaves , les être préalablement faite , tant sur les vie
Juifs , les Tuteurs & Curateurs , dont nous & mœurs de la fille , pour sçavoir fi elle
avons parlé d'après les Loix Romaines. ne s'est point abandonnée à d'autres , que
A quoi il faut joindre le Geôlier qui abu- fur la fréquentation & les habitudes secrètes
seroit de sa prisonnière , le Médecin de sa qu'il y a eu entre elle & le garçon.
malade, le Maître a chanter ou a danser
de son Ecoliere , le Curé de sa Paroissienne , V. Faber, Cod. Ub. 9. defin. 18. Boer. decls. 99;
le Confesseur de sa Pénitente , & le Seigneur Nemini , praeterquàm de crimine Lœsae-Majes-
tatis , de se confeflìo credi potest super crimen
de la fille de son Vassal ; & pareillement
alienum , quoniam ejus atque omnis rei profeslio
tous ceux qui étant d'une condition vile , periculoía est , ÔC admitti adversùs quemlibet non
oseroient aspirer, par de semblables Crimes , débet. Can. $.caus. 15. qu. 7.
à se procurer une alliance dans des Maisons
illustres. X I.
V. GUY-PAP. qu. 48 ; BOER. qu. 317 ; FABER. Mais cette précaution n'est devenue que
Cod. Ub. 9 , tit. de cujìod. reor. defin. 1. ; Papon , 11.' Ca»
plus indispensable , depuis que l'on a reconnu où la fille
liv. 11 j tit. 8 ; LA ROCHEFL. liv. 1 , chap. 1 <>. peut être
que la trop grande facilité à déférer à ces
condam
I X. sortes de déclarations , entraînoit plusieurs née elle-;
ínconvéniens dangereux , non-feulement même à
des dom
9. Peine Mais hors ces cas particuliers , où Tatro- en ce que le plus souvent les filles affec- mages 6ç
£eVaJuri£ cité des circonstances , & la qualité & indi- intérêts.
toient de choisir pour maris de jeunes
prudence gnité des coupables , peuvent donner lieu gens qui n'avoient eu aucune part à leur
actuelle. £ peines corporelles , & même capi
débauche , ou qu'elles avoient séduits elles-
tales, suivant les Loix dont on vient de mêmes i mais aussi parce qu'elles portoient
parler, nous voyons, d'après notre Juris quelquefois le trouble dans des mariages
prudence actuelle , que l'on se contente de bien unis , en dirigeant ces mêmes décla
condamner les coupables de Stupre à de rations contre des hommes mariés. Auslî
simples Aumônes , avec des dommages & voit-on plusieurs Arrêts qui , bien-loin d'ad
intérêts , qui consistent à charger le Stu- juger à celles-ci des dommages-intérêts ,
prateur de la nourriture & de l'éducation les ont condamnées elles-mêmes à en donner
de l'enfant -, & de plus , à doter la personne à celui qu'elles accufoient.
séduite suivant sa condition & les facultés
de ce Stuprateur ; & cela indépendamment X I I.
des provisions alimentaires qu'il est obligé
d'avancer pour les frais de couche. Au reste, comme il y a toujours de «:Doîf
la faute de la part de la personne qui s'est «>ujo««
• i-yi • ctrc coq*
X. laissée séduire , ou de ses parens qui lui damnée à
ont donné une mauvaise éducation , ou l'aumòne,
10. Dé- D'ailleurs , il faut remarquer que toutes
négligé de veiller à sa conduite ; l'usage £ Stnpra'
díía'fiîe ces condamnations ne se prononcent plus ,
est de condamner en pareil cas les deux cou- teur.
avec fer- comme autrefois , íùr la simple déclaration
pables à une Aumône , pour réparation du
suffit en6 ^te avec ferment dans le temps même
scandale public qu'ils ont donné par l'éclat
cette ma- de l'accouchement , de la part de la fille
tiere. de leur débauche.
DE LA LUXURE , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 215

§. IV. Du Maquerellage.

SOMMAIRES.

1 . Qu est-ce que ce Crime , ô de combien Juges doivent les prononcer. •


de manières il peutse commettre. 5 . Dispofìtion des Loix Militaires contre les
2. Dispofìtion du Droit Romain à cet Filles qui se proflituent à des Soldats.
égard. 6. Peine contre ceux qui louent leurs maisons
3. Deux sortes de Loix du Royaume contre pour servir de Bordels. . . .
les Coupables de ce Crime. 7. Peine contre ceux ou celles qui font le
4. Veines contre les Filles O femmes qui se métier de proflituer des Filles à prix
profìituett dans les lieux publics , & quels d'argent.

1. Qu'est- O N comprend en général fous ce nom , tur ab omnibus viris , aut feminis , Clericis aut
Crime & *e Crime de tous ceux qui excitent les Monachis. Et uti haec observent Magistratus , tam
majores quàm minores , & officia eorum , corpo-
de com- autres à la débauche. Ainsi il peut se com-
bien. de mettre d'autant de différentes manières , ris & 10. librarum imminente pœnâ....
manières . . . , . . ..Sancimus igitur omnes quidem , secundìim
il peut se qu il y en a de participer au crime de quod possunt , castitatem agere : qut, etiam sola
commet- Luxure ; c'est-à-dire , soit que ces Crimes Deo cum fiducia polit eft homïnum animas pritfen-
fe commettent entre des personnes libres , tare.... Quia verò plurima sunt humana , cum arte
& dolo & necessitate quaflibet talium ad Luxu
comme sont la Fornication & le Stupre ;
riant deduci omnibus prohibemus modis , & nulli
soit même entre des personnes non libres , íìduciam esse pascere meretricem , & in domo ha-
comme l'Adultere , l'Inceste , le Viol & le bere mulieres , aut publicò prostituere ad Luxu-
Rapt. Ou peut juger par-là combien ce riam , & pro alio quodam negotio talia mercari ,
Crime est condamnable aux yeux de la neque conscriptiones super hoc percipere , neque
Religion 8c de la société en général , puis fidejustbres exigere^nec taie aliquid agere quod co-
gat miseras & invitas suara castitatem coniunder*;
qu'il en entraîne plusieurs autres avec lui.
neque sperare quia licebit de caîtero eis vestium
ratione aut ornamentorum forsan aut alimenti de-
I L cipere , utetiam invitae sustineant. Non enim per-
mittimus quicquam fieri taie , sed etiam min£ oni-
a.Dispo- II est parlé de ce Crime dans le Droit nia talia breviter competenti curâ disponimus, sta-
Droit Rdu R°inaul » & notamment dans la fameuse No- tuentes etiam reddi omijern quam contigerit cau-
nuin à cet velie de l'Empereur Justinien , fous le titre tionem occasione sceleris hujus exponi : & neque
égard. je Lcnonibus , où , après avoir décrit toute permittimus scelestos Lenones , si quid dederunt
eis , hoc ab eis auferre ; sed etiam ipsos Lenones
l'énormité de ce Crime par les suites funestes
jubemus extra hanc fieri felicissimam civitatem
qu'il entraînoit dans la Société , ce Prince ( scilicet Constantinopolim ) tanquam pestifères &
ne se contente pas de prononcer la Peine communes castitatis vassatores factos , & libéras
portée par les Loix précédentes , qui étoit ancillasque requirentes & deducentes ad hujusmodi
celle de la condamnation aux mines ; mais necessitatcm , & decìpientcs , & habentes educatas
ad uniyersam confusionem.-.. Prs.conìfamus itaque
il veut même qu'il y ait lieu à la peine de
quia si quis de caetero praesumpserit invitam puel-
Mort contre ceux qui font un si infâme lam assumere , & habcre ad necessitatem nutri-
commerce , pourvu toutefois qu'il y ait tam , & fornicationis sibi deferentem quaestum ,
preuve qu'ils auroientreçu de l'argent; qu'ils hune necesse esse à spectalibus Prjetoribus populi
étoient dans l'habitude d'en recevoir , pour hui us felicistimaï civitatis comprehensiim , omnia
novijjìma sufliucre supplicia. Si enim pecuniariorum
prostituer de jeunes personnes ; & qu'enfin
eos,furtorum &C latrociniorum emendatores eligi-
ils n'y seroient parvenus qu'en tendant des mus ; quomodò non multò magis castitatis furtum,
embûches à leur innocence. Ce n'est pas tout : & latrocinium eos coercere permittimus ? Si quis
ce Prince prononce encore par la même autem patiatur in sua domo quemdam Lenonem
Loi des Peines pécuniaires contre ceux qui & hujusmodi praepositum operationis habere , 6c
haec denuntiata cognoscens , non etiam domo suâ
se prêtent à ce commerce , en louant leurs
expulsent, sciât se &decem librarum aurisustinere
maisons à cet effet. Les termes de cette pcenam,& circà ipsam periclitaturum habitationem.
Novelle sont trop sages & trop remarqua Si quis autem conscriptionem de caetero in talibus
bles pour n'être pas rapportés içi. praesumpserit , aut fidejussorem acceperit , sciât
nuilam quidem se utilitatem hujusmodi fidejuííìonis
.... Ne quis deinceps Lenocinium exerceat , Sc aut conscriptions habere: etenim sidejussor quidem
niiUus reditus indè largitionibus inferatur , nujlus obligatus non erit ; conscriptio verò omnino inva
ancillam ingenuamve prostituât: alioquinhumilior, lida manebit ; & ipse, sicut praediximus , in corpore
qui id fecerit , metalli coercitùs & exiíii pœnâ supplicium sustinebit , & à magna hac longimmè
«amnabitur ; honestior bona , & militiam acdig- civitate expelletur. Mulieres itaque castè quidem
nitajtcm aujittat. His quoque abstineantthymclicj. vivere volumus & oramus , non autem invitas ad
Quòd si aociUa prostituta sit , ut gratuitp vindiçe-- Luxçriosam YÌtam deduci , aec impiè agere çogj :
216 .LES LOIX CRIMINELLES, Liv.III.Tit. IV.
omninò enim Lenocinium & fieri prohibemus , &C buée par les deux dernieres Loix , & même
factura punimus , praecipuè quidem in hac feljcis- avec la faculté de prononcer contre ces
íima civitate & in ejus circuitù : nihilominùs au- Filles & Femmes de mauvaise vie d'autres
tem & in locis foris positis omnibus , & quae ab
Peines , soit afflictives , soit infamantes ; fous
initio rtostrae funt Reipublicœ , & quje nuncà Do
mino Deo donata funt nobis , & maximè in illis , ces deux conditions néanmoins : la pre
eò quòd Dei dona quae circà nostram fecit Rem- mière , qu'ils ne pourront avoir, la préfé
publicam , volumus confervari para ab omni tali rence fur les Lieutenans-Criminels , que
necesiitate , & Domini Dei circa nos munera esse lorsqu'ils auront décrété avant eux , ou le
permanere digna. Credimus enim in Domino
même jour ; la seconde , qu'ils ne pour
Deo etiam ex hoc nostro circà castitatem studio
magnum fieri nostraeReipublicaeincrementum,Deo ront prononcer ces Peines , afflictives ou
nobis omnia prospéra per talia opéra conferente. infamantes , qu'après une instruction ' ex-
Quatenùs ergo vos primi nostri cives castâ hac traordinaire par récolement & confronta-
nostrâ fruàmini difpositione ; proptereà hâc facrâ tion j & que les Jugemens qu'ils rendront
prœdicatione utimur , ut feiatis nostrum circà vos
à cet effet feront sujets à l'appel en la
studium , circà castitatem atque pietatem labores
nostros , per quos in omnibus bonis custodiri nos Tournelle du Parlement.
tram Rémpublicam speramus. Nov. 14. de Lenotiik.
(1) Expellantur publicae Meretrices , tam de
campis quàm de villis ; ÔC factis monitionibus &
I I I. prohibitionibus , eorum bona per tocorum Judices
capiantur , vel eorum autoritate à quolibet occu-
_ - j r pentur , etiam usque ad tunicam & pelliceum :
3. Deux Dans notre usage nous avons deux íortes qui verò domum ^ubli„ Meretrici scienter loca-
ortes de
sortes di de Loix portées contre ce Crime ; les verit , volumus quòd ipsa domus incidat in com-
Royaume unes regardent les Filles débauchées qui missum. Ohd. de S. Louis ,en 1154.
contre les fréquentent ces lieux publics qu'on appelle (z) Les femmes d'une débauche & prostitution
publique & scandaleuse, ou qui en prostituent d'au-
bies^dVce bordels , & qui font connues vulgairement
tres , feront renfermées dans un lieu particulier
Crime, fous le nom de Racrocheujes ; les autres destiné pour cet effet dans la Maison de la Salpé-
regardent , tant les hommes que les femmes J^ac , lorsqu'elles y seront conduites par ordre' de
qui font métier de favoriser ces prostitu- Sa Majesté, ou en vertu des Jugemens qui seront
tions publiques à prix d'argent , soit en rendus pour cet effet au Châtelet , par le Lieute-
faifant servir à cet usage leurs maisons par- nan* de,P°"« à rencontre desdites femmes , fur
r- °a fc j „ „„ 1: les Procès qui leur seront instruits , pour y demeu-
ticuheres, loit en entraînant dans ces heux , .7 . _ • r , '*> c* x. . -,
,,. ' . 7 rer durant le temps qui sera ordonne ; Sa Majesté
pubhcs ; ces derniers s appellent Maque- vouiant que ses Sentences dudit Lieutenant de Po
raux ou Maquerelles. lice en ce fait particulier , & dont Sa Majesté lui
attribue , en tant que besoin est , toute Jurisdiction
_ _. & connoissance , soient exécutées , comme jugées
■*■ * ' en dernier ressort. Si , en jugeant un Procès Crimi
nel, les Juges à qui appartiendra la connoissance
Quant aux Loix de la première eípece , dudit Procès Criminel trouvent à propos de con
4. Peines damner à la même Peine des femmes convaincues
coi
contre les n0us voulons parler principalement de
du susdit Crime de débauche publique , qui se
Femmes l'Ordonnance de S. Louis, en 1254, du trouveront comprises dans lesdits Procès , elles
quise prof. Règlement du 20 Avril 1684, & de la pourront aussi être renfermées dans le même lieu
dans des Déclaration du 26 Juillet 171 3, d'après en vertu des Arrêts ou Jugemens qui intervien-
lieux pu- lesquelles il paroît que les Peines portées dront pour cet effet. Régi, de Louis XIV , du io
qu'elV Ju- contre les Filles & Femmes de mauvaise Aynl l684-
ges doi- vie , consistent principalement , 1 °. à être
íroíoncer chassées des lieux & de la Ville même où (î) LoUIS, &c. Le soin de réprimer la licence
elles font leur débauche ; 20. à avoir leurs & la corruption des mœurs, qui semble faire tous
meubles jettés fur le carreau ; 30. à être les jours de nouveaux progrès , étant un des prin
condamnées en outre à des amendes ou cipaux objets de la vigilance des Officiers de Po
lice de notre bonne Ville de Paris , il n'est pas
aumônes ; 40. enfin, à être renfermées dans
m 11- r 01 moins nécessaire de régler la forme des procédures
une Maison de Force La première & la qu'iisdoivent faire poír assurer la preuve des plain-
leconde de ces Peines le trouvent marquées tes téméraires,ou des délations infpi réespar la haine
par l'Ordonnance de S. Louis (1) , & les des particuliers , plutôt que par l'amour du bien
deux autres par le Règlement de 1 684 (2) ; public ; & comme jusqu'à présent il n'y a point eu
de Loi précise qui ait établi un ordre absolument
mais encore plus particulièrement par la Dé
certain dans cette partie importante de la Police ;
claration de 171 3 (3). Nous croyons devoir Nous avons cru devoir y donner une forme aussi
rappeller ici les dispositions de ces Loix simple que régulière, qui fasse en même- temps
avec d'autant plus de raison , qu'elles dé la conviction des coupables , la sûreté des inno-
terminent en même temps la qualité des cens , & la charge des Officiers que leur ministère
oblige à veiller à la recherche & à la poursuite
Juges qui doivent prononcer ces Peines.
de cette efpece de Crime. A ces causes , voulons
Ces Juges font les Lieutenans-Généraux & nous plaît que dans le cas de débauche publique
de Police , à qui la connoissance de ces & vie scandaleuse des filles & des femmes où il
fortes de Crimes fe trouve spécialement attri- n'écherra de prononcer que des condamnations
d'amende
DE LA LUXURE , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 217
d'amendes & d'aumômes , ou des injonctions de les filles vagabondes ; car si elles font do-
vuider les lieux , ou même la Ville , &c d'ordon- miciliées , elles doivent être renvoyées par
ner que les meubles desdites filles ou femmes se- k Commandant au Juge des lieux,
ront jettes fur le carreau , & confisqués au profit °
des Pauvres del'Hôpital-Général, les Commissaires Défend Sa Majesté à tous Officiers , Cavaliers ,
du Châtelet puissent , chacun dans leur quartier , Dragons & Soldats , d'avoir & entretenir à leur
recevoir les déclarations qui leur en seront faites , fuite aucune fille débauchée, à peine auxdits Offi-
& signées par leurs voisins , auxquels ils feront ciers d'être cassés , auxdits Soldats , Cavaliers ÔC
prêter serment avant que de recevoir lesdites dé- Dragons , de trois mois de prison , & auxdites fille*
clarations , dont ils seront tenus de faire mention , d'avoir le fouet , & d'être chassées des Armées ÔC
à peine de nullité , dans le Procès-Verbal qui fera des Places. Ord. du premier Juillet 1727. art. 46.
par eux dressé ; & lerapport des faits contenus dans V. aujfì fOrd. du premier Mai 1768. tu. 1 9. art. 1 8.
leditProcès-Verbal fera fait par lefditsCommissaires
áuLieutenant-GénéraldePolice, les jours ordinaires V J,
de Police, auxquels les Parties intéressées seront assi
gnées, en la manière accoutumée, pour y être pour- Quant aux Loix qui concernent ceux 6. Peí»«
vu contradictoirement ou par défaut , ainsi qu'il ap- Qu ceUes • favorifent ces débauches pu- contre .
partiendra, fur les Conclusions de celui de nos Avo- ... .? csux 1U*
cats au Châtelet qui fera présent à l'Audience, & ""P" > 11 7 en a qui sont portées prm- ouent
entre les mains duquel lesdites déclarations seront «paiement contre les Propriétaires des mai- gj
remisespour faire connoître au Lieutenant-Général sons qui les font servir à la retraite des Vant de
de Police les noms & qualités des voisins qui les au- personnes de mauvaise vie; d'autres ont Bordels.
ront faites. En cas que lesdites Parties dénient les singulièrement pour objet ceux qui entraî-
faits contenus auxdites déclarations e Lieutenant- ngJ d g de débauche, & qui
General de Police pourra , s il le juge à propos , r , > n
pour la suspicion des voisins , ou pour autres con- sont connus fous les noms de Maqutraux
fidérations , ordonner qu'il fera informé desdits & de Maquerelles , dont nous voulons
faits devant l'un defdits Commissaires à la Requête parler principalement ici. 1 °. A l'égard des
du Substitut de notre Procureur-Général au Châ- Loix concernant les Propriétaires - des mai-
telet, pour y être statué ensuite désin.tivement ou sonS qui en font un lieu de débauche, nous
autrement , par ledit Lieutenant-General de Police ^ „ , „. , » .
furie récit des informations qui fera fait à l'Au- remarquons fur-tout les Ordonnances de
dience par l'un de nos Avocats ; ou , en cas qu'il Charlemagne (1) & de S. Louis (2) , dont la
juge à propos d'en délibérer fur le Registre , fur les première , de l'an 800 , défend expressément
Conclusions par écrit de notre Procureur audit a toutes personnes de donner retraite aux
Siège ; le tout à la charge de l'appel en notre Cour ça~me>c. j„ „:„ \ «>~:
ds, 1 ^ „ 1 ° r i r. i f femmes cle mauvaiíe vie, a peine contre
e Parlement. Voulons que fur ledit appel, soit , , , t *
que l'affaire ait été jugée sur le simple Procès-Verbal les hommes de porter les femmes debau-
d'un Commissaire , ou fur le récit ou la vue des chées fur leurs épaules jusques fur la place
informations ,\les Parties procèdent en la Grande- du Marché , & en cas de refus , d'être
Chambre de ladite Cour , encore qu'il y ait eu un fouettés : & à l'égard des femmes , d'être
Décret fur lesdites informations , & que la fuite aussi fustigées avec les prostituées & la
de la procédure ait oblige ledit Lieutenant-Gene- r , j^i> , r , ,,,
rai de Police à ordonner que lesdites femmes ou Jeconfc \ dont 1 exécution a été renouvellée
filles seront renfermées pour un temps dans la Par les Loix suivantes , notamment par les
Maison de Force de l'Hôpital-Général ; en cas de Ordonnances d'Orléans (3) & de Blois (4) ,
Maquerellage, prostitution publique, & autres où il ordonne la confiscation des maisons louées
écherra.peine affliclivc ou infamante ledit Lieu- à cet effet , outre les amendes qui doivent
tenant-General de Police iera tenu d instruire le „ n -, .
Procès aux Accusés, ou Accusées par récolement Jf" Pro»oncees ^ntie ces Propriétaires,
ou confrontation, suivant nos Ordonnances, & les 11 X a meme des Arrttt qui ont porté la
Arrêts & Réglemens de notre Cour : auquel cas Peine contre ceux-ci jusqu'à celle du Car-
l'appel fera porté en la Chambre de la Tournelle , can & du Bannissement , lorsqu'il y a un
à quelque grande peine queles Accusés ou Accusées grand scandale (5). Ily a ausli des Sentences de
aient ete condamnes ; le tout fans préjudice de la p„i:~Q „„: ra j, 1
t i-j-ct.- j 1 • .J ./-•■il 1 Jrolice qui le contentent d ordonner , outre
Junsdiction du Lieutenant-Criminel du Châtelet , *, j , -r r ,'
qu'il pourra exercer, en cas de Maquerellage , con- 1 amende, que «s maisons feront murées (6).
curremment avec■ le, Lieutenant-Général de11/-
Police, r.\c;m\\\t~„
lipuniliter j„„„j„ru b, _ * • -u 1
, t ,c, de gadalibus & meretricibusvolumus
auquel néanmoins la préférence appartiendra, lors- ,,t ' j „,tBm„?„„ . • . c ■ * u •
• c - - ï\ t ■ ut apud quemcumque inventée merint , ab eis por-
qu
> •il aura
• .1 infoi, me «décrète avant
n*~.le Lieutenant- „a mercatum,
„ . • r flagel
a u aiidae
*V
a j ^ 1 ■„ tentur uique ad ubi ìpfae
Criminel ou le meme jour. Decl. du 26 JuUlct sunt vel\ noluerint volu» J^J * in
,713. reg. k 9 Aoutsuiv. vapulentur. Capit. Car. Macs, en 802. Itb.
(i) Expellantur publicas meretrices... Qui verò
»• domum publicaî meretrici locaverit, volumus quòd
. ipsa domus incidat in commissum. Ordos. de
_.. . Ily a encore des Peines particulières ò. Louis en 1254.
suion'^les prononcées par les Loix Militaires contre (3) Défendons aussi tous Bordeaux... que voulons
LoixMili- Ces filles débauchées qui font surprises avec ^tre Punis extraordinairement fans dissimulation ou
lîlessil" des Soldats ; fçavoir , celle du Fouet & connivence des Juges, à peine de privation de leurs
treiesm- > r > Offices. Ord. d'Orléans , art. 101.
se pi d etrC CHaí^S Arme6S °" PlaC6S 1 (4) Défendons à tous Propriétaires de louer mai-
tuentàdesmais ces Pemes ne Peuveilt etre pronon- sons àautres qu'à gens bien famés & nommés, & ne
Solda», cées par le Conseil de guerre que contre souffrir en icelles aucun mauvais train & bordeau,
E e
I

218 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. III. Tit. tV. r


secret ni public , sur peine de soixante livres parisis derrière, qui marque le titre de leur con*
d'amende pour la première fois , & de six vingt liy. damnation ; & ensuite à être fouettés , mar-
parisis pour la seconde fois , oc de privation de la # fi, • • _ '
propriété des maisons. 0*k 4 Hesri 111 , «. ^UCS > & banmS P0Us Un Certam temPS-
1586 (1) V. VArrêt du 7 Janvier 1756 que nous avons
(5) V. l'Arrêt du 13 Septembre 1734 , rapporté rapporté en traitant de cette Peine , liv. i , tit. 4.
au Code de Louis XV , tom. 5. ch. r. ff. 8.
(6; V. Le Diction, de Police, verbo Femmes I X.
de mauvaise vie.
Ce n'est pas au reste que la Peine de ce
V I L
Crime ne puisse être augmentée , & même
devenir capitale parmi nous , comme chez
7. Peine 2". Mais les Loix rendues contre ceux
contre les Romains , suivant la qualité des per
& celles qui font un métier particulier de
ceux ou sonnes qui exerceroient , ou envers qui fe-
celles qui ces sortes de prostitutions , ont porté la
roit exercé cet abominable commerce ,
font le mé rigueur encore plus loin , en ce qu'elles
tier de notamment dans le cas de la Servante
prostituer veulent qu'on ne puisse prononcer contre
qui proítìtueroit la fille de son maître , ou
des filles à ces sortes de personnes que des Peines afflic-
prix d'ar , n, a >r 1, du Tuteur qui prostitueroit sa Pupille. Ce
tives ou infamantes. C est ce qui rélulte . , . ^ r ,. * x c -r
gent.
entr > autres de
j cette
.... disposition
a c r_- j la
de 1 Decla-
r» QU1
^ devroit avoir lieu \
, a *
plus forte raiion ,■
, ; .... ,„„
ration de 171 3 , qui porte qu en cas „ . de t contre ceux
wis, ^Jg^ qui auroient P par& ce moyen
^ .
Maquerellagc où il écherra Peine affliclive
parce qu'alors ces sortes de Séducteurs de-
ou infamante , le Lieutenant-Général de
vroient , comme Complices , être punis de
Police fera tenu dUnfruire par Hécolement
la même Peine que les auteurs mêmes de
ô Confrontation.
ces Crimes. Nous avons là-dessus une dis
VIII. position remarquable de la Caroline.
ó f , Comme il arrive souvent que des personnes du
C'est aussi en conséquence de la faculté sexe par ieur imprudence , & même des filles inno-
que cette Loi laisse aux Juges de déter- centes, qui d'ailleurs sont fans reproche, se laissent
miner la qualité de ces Peines, que le induire au libertinage , & à la perte de leur hon-
Parlement de Paris s'est conservé dans l'an- "eur » P".1/5 r<" de q™lq«es hommes & femmes
- , .. « • « n* • • < de mauvaiie vie , nous ordonnons que ceux ou
Cien usage ou il etoit d assujettir les cou- celleS qui emploieront un artifice aulu infâme, ou
pables de ce Crime a une punition des qui f avec connoissance de cause & de danger ,
plus ignominieuses. Cette Peine consiste, loueront leur maison à cet usage honteux,&souffrL
comme nous l'avons vu (1), à les faire ront qu'il se pratique chez eux , soient punis par
promener fur un âne par les carrefours le Bannissement, l'Exposition au Carcan , l'Ampu-
tation des oreilles , la Fustigation , ou autres puni
de la Ville , le visage tourné vers la
tions exemplaires, suivant l'exigence des cas , & fur
queue , avec un chapeau de paille fur l'avis des Gens de Loi. Ord. de Charles-Quint ,
la tête , & un écriteau pardevant & par art. 113.

Nota. II vient de paroître une nouvelle Ordonnance de Police , du 6 Novembre 1778 ,


que nous croyons devoir rapporter ici , parce qu'on y trouve rajj'emblées les dispositions des
Réglemens qui ont étéfaits jusqu'ici , tant contre les files de mauvaise vie , que contre ceux
qui font métier de Us prostituer > ou quifavorisent ces profiitutions en louant leurs maisons
a Cet effet.

Sur ce qui nous aété remontré parle Procureur Nous , faisant droit sur le Réquisitoire du Pro-
du Roi , qu'après avoir porté une attention toute cureur du Roi , ordonnons que les Ordonnances ,
particulière fur ce qui peut intéresser la sûreté des Arrêts & Réglemens concernant les femmes &C
Citoyens, & renouvellé les Réglemens principaux filles de débauche , seront exécutés suivant leur
dont l'exécution tend à la maintenir , il lui paroît forme & teneur; ôc en conséquence :
également nécessaire de rappeller la rigueur des Art. I. Faisons très-expresses inhibitions & dé-
Òrdonnances contre les filles &c femmes de débau- sensés à toutes femmes & filles de débauche de
che, dont les excès & le scandale sont auflìpréjudi- raccrocher dans les rues , fur les quais , places
ciables à la tranquillité publique qu'au maintien des & promenades publiques , & fur les boulevards
bonnes mœurs ; que le libertinage est aujourd'hui de cette ville de Paris , même par les fenêtres ,
porté à unpoint, que lesfillesSc femmes publiques, le tout sous peine d'être rasées & enfermées à
au lieu de cacher leur infâme commerce , ont la l'Hôpital ; même , en cas de récidive , de punition
hardiesse de se montrer pendant le jour à leurs fe- corporelle , conformément auxdits Ordonnances ,
nêtres , d'oíi elles font signe aux passans pour les Arrêts & Réglemens... Art. ÍI. Défendons à tous
attirer ; de se tenir le soir sur leurs portes , & même Propriétaires & principaux Locataires des maisons
de courir les rues , où elles arrêtent les personnes decette Ville&Fauxbourgs,d ylouernisous-louer
de tout âge & de tous états ; qu'un pareil désordre les maisons dont ils sont Propriétaires ou Locatai-
ne peut être réprimé que par la sévérité des Peines res , qu'à des personnes de bonne vie & mœurs ,
prescrites par les Loix , & capables d'en imposer , & bien famées , & de souffrir en icelles aucun lieu
tant aux filles & femmes de débauche , qu'à ceux de débauche, à peine de cinq cent livresd'amende...
qui les soutiennent & favorisent. Pourquoi il re- Art.III. Enjoignons auxdits Propriétaires & Loca-
quiert y être par Nous pourvu. taires des maisons où il aura été introduit des fem-


DE LA LUXURE, ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 219
mes de débauche , de foire dans les vingt-quatre lités, pays de naissance & lieux de domicile ordi
heures leurs déclarations parde vant le Commissaire naire , fur les Registres de Police , qu'ils doivent
du quartier , contre les particuliers ôc particulières tenir a cet esset cotés & paraphés par les Commis
qui les auront surpris , à l'effet par les Commissaires saires du quartier,& de ne souffrir dans leurs hôtels,
de faire leurs rapports contre les délinquans , qui maisons 8t chambres aucuns gens fans aveu, femmes
feront condamnés en quatre cent livres d'amende , ni filles de débauche , se livrant à la prostitution ,
& môme poursuivis extraordinairement ; 8c leurs- de mettre les hommes & les femmes dans des cham
dites déclarations continueront d'être reçues par les bres séparées , & de ne souffrir dans des chambres
Commissaires, gratuitement & fans frais , comme particulières des hommes 6t des femmes prétendus
pour fait de Police , ainsi qu'il en a été usé par mariés , qu'en représentant par eux des actes en
le passé... Art. IV. Défendons à toutes personnes forme de leur mariage , ou s'en faisant certifier
de quelqu'état& condition qu'elles soient , de fous- par écrit par des gens notables 6c dignes de foi ;
louer jour par jour , huitaine , quinzaine , un mois , le tout à peine de deux cent livres d'amende. . . .
ou autrement , des chambres 6c lieux garnis à des Art. VI. Mandons aux Commissaires au Châtelet
femmes ou filles de débauche , ni de s'entremettre & enjoignons aux Inspecteurs 8c Officiers de Police,
directement ou indirectement auxdites locations , du Guet , de la Garde , & à tous autres qu'il appar
fous la même peine de quatre cent livres d'amende... tiendra , de tenir la main à l'exécution de la pré
Art. V. Enjoignons à toutes personnes tenant sente Ordonnance, qui fera imprimée, lue , publiée
hôtels , maisons 6c chambres garnis au mois , à la & affichée dans la Ville 8c Fauxbourgs de Paris , 6c
quinzaine, à la huitaine, à la journée, &c. d'écrire par-tout ailleurs oh besoin sera. Signé, Noir.
de fuite jour par jour 6c fans aucun blanc , les per Ord. de Police , du 6 Novembre 1778.
sonnes logées chez eux , par noms , surnoms, qua-

CHAPITRE CINQUIEME.

Des Crimes de Luxure qui se commettent entre des personnes non libres ,
ou de l' Adultère , de la Bigamie & Polygamie , de l'incejìe , du Rapt par
violence , ou par fédufiion , & du Viol.

§. I. De r Adultère.

SOMMAIRES.

1. En quoi conjîjle ce Crime. riées qui commettent Adultère.


2. Deux sortes d'Adultères suivant les Ca 12. Manière dont ft poursuit ce Crime.
nonises. 13. Qui sont ceux qui pouvoient en accuser
3. Enormité de ce Crime. suivant le Droit Romain.
4. Réunion de toutes les Loix pourfaire ré 14. Femme ne pouvoit , suivant ce Droit,
primer ce Crime. accuserson mari de ce Crime.
5. Peine suivant VAncien ô le Nouveau 15. Dispostion du Droit Canonique ,
Tcsament. contraire au Droit Romain sur ce
6. Peine suivant le Droit Romain. point.
7. Dijìinciion , suivant nos Usages , de 16. Ce que nos Usages ont de différent &
trois sortes de Coupables en cette matière. de commun , avec l'un Ô Vautre Droit ,
8. Peines contre les femmes mariées qui en cette matière.
commettent ce Crime. 17. Quels Juges peuvent connoître de ce
9. En quoi nous nous sommes écartés de Crime.
la dispostion de rAuthentique. 18. Manière dont peut se prouver tA-
10. Peines contre les hommes mariés qui dultere.
tombent en pareil cas. 19. Quelles sortes a*indices font admis en
1 1 . Peines contre les personnes non ma- pareil cas.

I.
t. En quoi Ce Crime consiste en général dans toute deux personnes mariées , ou entre une per- su;vant ies
Crime6 ce vi°lati°n fe foit de k s°i conjugale , en sonne mariée & une autre qui ne Test pas. Canomf-
Au premier cas on l'appelle Adultère double , tes*
souillant le lit d'autrui.
Adulterium est alieni thori violatio. Can. lex & au second Adultère smple.
illa 1. cauf. 36. au. 1.
Ht
I t
De tous les Crimes de Luxure , l'on peut . Enor--
soneFd'A- Cette violation peut se fàire de deux dire qu'il n'en est point de plus contraire mité de ce
à la société humaine que celui-ci, en ce nme"
duiteres manières , suivant les Canonises ; ou entre
E e z
2ib LËSLÒÍXCÍIIMIN ËLLES, Liv. in. Tif. IV.
qtíll tétíd à sombre les lieíls les plus sacrés au profit de ses enfans , ou de ses plus
qui réunissent les hommes eíitr'eux , & proches párens à défaut de ceux-ci , & les
qu'il renferme tout-à-lâ-fois un parjure & deux autres tiers au profit du Monastère ,
un sacrilège de ía part des personnes ma lequel devoit même recueillir la totalité à
riées qui tombent dans ce Crime, & de défaut de successeurs légitimes de cette
la párt de eeux qui le commettent avec femme , après néanmoins qu'il auroit été
eííés , un attentât à la Majesté Suprême , prélevé fur iceux ce qui seroit dû au mari
en cherchant à séparer ce qu'elle avoit si en vertu de leurs conventions matrimo
étroitement uni. niales.

QuodDeus conjunxit,homo non scparet. S. Math, (1) Sacrîldgós âurëm ntiptiarum gladio punirî
c. 10. oportet. Leg. 3. Jul. de Aàuítèr.
IV, (2) V. ce que nous avons dit en traitant des
Peines afflictives. Liv. 2; Ht. 2. ch. 3. Jf. 2.
•4. Réu- Aufiíi voyons-nous que toutes les Lòix ,
nìon de tant Canoniques que Civiles, n'ont rien V I I.
toutes CCS . • •
Loix pour oublié poùr réprimer ce Crime , soit par
Quant à nos Usages particuliers , nous 7. Distinc-
faire ré- ja rigueUr des Peines qu'elles prononcent
primer ce 0 . ,, , >, ,11 distinguoris , quant à la Peine de ce Cri-
Crime, contre ceux qui s ert rendent coupables ,
me , trois sortes de Coupables ; les femmes Usages,de
soit par les précautions particulières qu'elles mariées , les hommes mariés , &. les per- tro,j J[or"
ont cru devoir prendre pour en régler la ■, ■ Aii tesdeCou-
lonnes non mariées qui commettent Adul- pabi es en
Poursuite , & en assurer la Preuve. cette
tere avec ceux ou celles qui le font.
tiere.
V.
V I I í.
5. Peine Quant à la Peine , nous voyons , tant
i°. Quarit à la Peine des Femmes ma- 8. Peine»
rAncien Par l'Ancien que par le Nouveau Testa- riées qui commettent Adultère , l'on fçait fe°"mee,les
&kNou- rrìéht , que c6 Crime étòit puni chez les
umenTes* Hébreux de la Lapidation (1). Nous voyons qu'en général nOUS suivons la disposition mariées
de YAuthentique s dont nous venons de qui com
ausiì que , suivant la disposition du Droit Ca mettent ce
parler , en ce qui concerne leur reclusion Crime,
nonique , il y a contre les Clercs qui tombent
dans un Monastère ; avec cette différence
dans ce Crime peine de la Déposition &
néanmoins que cette réclusion n'est point
de la Réclusion perpétuelle dans uri Mo
perpétuelle , 8t qu'elle ne doit durer que
nastère (2).
pendant la vie du mari ; c'est-à-dire , que
(1) Deuteron. cap. 22. v. 22. V.S. Jean, cap. 8. l'on permet à la femme authentiquée de
v. 5- sortir de sort Couvent après la mort de
(1) Si qnis Clericus Adultérasse aut cotífessus , ce dernier , & même de passer à de secondes
aut convictus fuerit,depositusab officio communione
concéda in Monasterio toto vitae sua; tempore de- nôees , fans qu'elle puisse néanmoins , dans
trudatur. Can. 10. dist. 8 r. ce dernier cas , répéter la dot qu'elle avoit
perdue. •
VI.
V. Bretonnier fur Henrys, tom. 1. V. aussi
6. Peine H y avoit aussi peine de Mort , suivant Coquille en ses Instit.PELEUsen ses Actes Foreus.
Brodeau sus LoUÊT , Lett. À. . . V. encore les
Droit Ro- 1'ancien Droit Romain , comme il paroît Arrêts des 5 Octobfe 1637. & 20 Janvier 1684. rapp.
main. par là Loi Julie de Adultéras (1) , & cette au Journal des Audiences.
Peine étoit portée généralement contre
tous les coupables de ce Crirhe , farts dis ÌX.
tinction des hommes & femmes mariées , Mais nous nous sommes écartés de la 9. En quoi
de ceux qui ne l'étoient pas. A la vérité disposition de cette Authentique en ces nous nous
la rigueur de cette Peine a été tempérée sommes
deux points que nous avons auíîì remarqués écartés de
dans la íùite, relativement aux femmes ma en traitant de cette Peine ; l'un , en ce que la dispo
riées , ainsi que nous l'avons observé en trai sition de
la Peine de la Fustigation a cessé d'avoir l'Authen
tant de la peine de Y Authentique (2). Nous lieu parmi nous ; afin , fans doute , de ne tique.
avons aussi rapporté en même temps la
point rebuter par-là les maris de reprendre
disposition de la nouvelle Loi , qui leurs femmes. Vautre changement qui re
prononce cette Peine , suivant laquelle la garde la Confiscation de la dot de la femme ,
n femme convaincue d'Adultère doit être
c'est qu'au lieu que cette confiscation de
fustigée & renfermée dans un Monastère ,
voit , suivant l'Authentique , appartenir aux
où elle doit rester toute fa vie , après avoir parens de la femme , 8c au Monastère à
été rasée , & y avoir pris l'habit , à moins défaut d'enfans , nous l'adjugeons entière
que son mari ne jugeât à propos de l'en ment au mari; pourvu toutefois qu'il ne
retirer dans les deux ans du jour de la reste point d'enfans de leur mariage.
condamnation , & quant à ses biens , ils
V. Papon , Liv. 22. tit. 9. Louet , Lett. A.
dévoient être confisqués , fçavoir , un tiers ss. 18. & a"utrcs Auteurs ci-devant cités.
DE LA LUXURE , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 221
Jurisprudence actuelle, suivant laquelle ,
X. ( à la réserve de certains cas qui rendent
cè Crime qualifié & digne du dernier sup
10. Peines $6. A l'égard des Hommes mariés qui
plice , comme ceux des Adultères commis
contre les tombent dans ce Crime , nous n'avons
hommes par un Esclave envers fa Maîtresse , par un
mariés qui aucune Peine particulière portée contr'eux
Curé envers la femme de son Paroissien ,
tombent par nos Loix , qui s'en rapportent par con
en pareil & autres accompagnés de séduction , d'in
cas. séquent fur ce point à la prudence des
ceste , de sacrilège & d'abus de fonc
Juges , pour la prononcer plus ou moins
tions dont nous avons parlé en traitant du
rigoureuse suivant les circonstances du
Stupre ) les coupables dont notis parlons
Crime & la qualité des Parties. Nous
ici ne sont punis ordinairement que de
voyons en effet, d'après les Arrêts re
Peines afflictives & infamantes , telles que
cueillis par Papon , la Roche-Flavin &
les Galères , l'Amende honorable & le
Brillon (1) , que ces sortes de Coupables
Bannissement (1) , & même le plus souvent
sont punis diversement , mais qu'en général
de simples Admonitions , Défenses de récidi-
les Peines prononcées contr'eux , font
ver , Aumônes , & toujours des Dommages
moindres que celles qui se prononcent
& Intérêts , parmi lesquels fe trouvent com
contre les femmes ; par la raison sans doute
pris les aliment qu'on est tenu de donner
qu'indépendamment de ce que la chasteté
aux enfans provenus de ce Crime , confor
est recommandée plus particulièrement à
mément à la disposition Canonique que nous
celles-ci , l'on fçak que leur infidélité a
suivons fur ce point. (2) Ily a au surplus cela
d'ailleurs des suites beaucoup plus dange
de remarquable, relativement aux Adultères
reuses que celle du mari , en ce que non-
de cette derniere efpece , qu'ils forment un
feulement elle entraîne un vol envers les
obstacle perpétuel à ce que ceux qui ont vécu
familles auxquelles elles donnent des pa-
dans ce mauvais commerce puissent jamais
rens & des héritiers étrangers qui en usur
s'épouser , 6c même qu'ils puissent se faire
pent le nom & la noblesse avec les biens ;
aucun legs ni donation , non plus qu'aux
mais encore en ce qu'elles chargent le
enfans qu'ils ont eu ensemble , si ce n'est ,
rriari de la nourriture & de l'éducation
comme nous venons de le dire , pour leur
d'enfans qui ne font pas de lui , en même
tenir lieu d'alimens (3).
temps qu'elles lui donnent des héritier*
nécessaires. C'est aussi par la même raison (1) V. les Arrêts rapportés par Papon , LiV. 22.
qu'il lui étoit permis , suivant le Droit Ro íit. 9. par Duli/c , Liv. 12. tir. 6. ch. 2. par BASSET,
tom. 1. Liv. 6. tit. 19. ch. 4. V. aulfi ceux des
main , lorsqu'il surprenoit sa femme en premier Décembre 1701 , 8c 27 Mars 1719 , rapp.
Adultère , de la tuer & son Complice ^ au Journal des Audiences.
pourvu toutefois que ce fût d'un seul &. (1) Nasci de Adulterio non est ejus culpa qui
même coup, & dans fa propre maifoh (2) : nascitur , sed illius qui générât. Can. 5. áist. 56.
faculté que nous ne lui accordons pas éga Sicut autem boni tìlii Adultcrorum nulla est defeníio
Adulterii , fie mali filii conjugatorum nullum eft
lement dans nos Usages , où nous ne regar crimen nuptianim. Can. 3. ibid. V. Catellan ,
dons la juste douleur qui le porteroit à un Liv. 4. ch. 23. où il rapporte un Arrêt du Parlement
pareil homicide , que comme une consi-' de Toulouse , du mois de Décembre 1678 , qui la
dération propre à lui faciliter Pobtention juge ainfi.
(3,) V. les Arrêts rapportés par Basnage , fur
des Lettres de Grâce , auxquelles nous
la Coutume de Normandie , art. 235 ; le Prêtre ,
avons dit qu'il ne pourroit fe dispenses- Gent. 2. ch. 9 -, Ricard , des Donations , part. 1.
d'avoir recours , pour éviter la Peine ordi- ch. 3. sect. 8 ; la Rochefl. Liv. 1. tit. 37. art. 4;
naire de l'homicide. ScBardet, tom. 2. liv. 4. ch. 13.

( 1) V. Papon en ses Arrêts , Liv. 22. tit. 9. La XII.


Roche-Flav. Liv. 1. tit. 7. ch. 9. Brillon , vtrbo
Adultère.
20. Quant à la Manière dont se poursuit Ilt m-,.
(2). V. la Nov. 117. ch. dernier, & l'Authent. Si
quis , L. 30. Cod. ad Leg. fui. de Adult... in fiagranti l'Adultere , nous avons aussi des règles ™ere dont
delido , 6* ip/a veneris turpitudint. particulières qui se trouvent établies , tant cePc"íme!
(3) V. Henrys , tom. 1. liv. 4. ch. 6... V. aussi par les Loix Civiles & Canoniques , que
ce que nous avons dit Liv. 1. tit. 2. ch. 2. fur les
par celles du Royaume. Parmi ces règles
Crimes commis dans un premier mouvement.
nous en distinguons de deux sortes ; les
XI. unes concernent la qualité des Personnes
qui peuvent être admises à ces fortes de
11. Peines 30. Énfin , pour les Personnes non mariées poursuites ; les autres , la qualité des juges
contre les qui commettent Adultère avec des personnes
personnes qui peuvent connoître de ce Crime.
non ma mariées ; quoique , suivant nos anciennes
riées qui Loix , leur Peine ne devoit pas être moindre
commet XIII.
tent Adul que la capitale , il paroît néanmoins qu'on
tère. s'est relâché de cette rigueur dans notre 1 ". Quant à la qualité des Personnes qui so'n]- Q™
222 LES LOIX CRIMINE LLES, Liv. III. Tit. IV. *
qui pou- ont droit d'accuser en cette matière si l'on Lenocinium in uxore exercuit... Qiuestum autem
voient en remonte aux dispositions de l'ancien Droit ex Adulterio uxoris facere videtur qui , quid acce-
accuser pit , ut adulteretur uxor , sive enim , sspius , sive
suivant le Romain , l'on voit que l'Adultere étoit mis
semel accepit , non est eximendus : quaestum enim
J^™* R°- au nombre des Crimes publics (i) , dontl'ac-
main. de Adulterio uxoris facere propriè ille existimandus
cusation étoit conséquemment permise à est, quialiquid accepit ut uxorem pateretur Adul-
tout le monde. Mais fur ce qu'il a été re terari meritricio quodam génère : quod si patiatur
connu dans la fuite que la paix des mariages uxorem delinquere , non ob quaestum , sed negli-
gentiamvel culpam, vel quamdam patientiam , vel
íè trouvoit le plus souvent troublée par
nimiam credulitatem , extra legem positus videtur.
des accusations calomnieuses en ce genre , L.zy.Jf. i & ad Leg. Jul. de Adule.
l'on a jugé à propos de restreindre , par le (4) Crimen Adulterii maritum , retentâ in ma-
Droit nouveau , cette faculté d'accuser trimonio uxore , inferre non posse nemini dubium
aux maris & aux plus proches parens de est. Leg. 11. Cod. ad Leg. Jul. de Adult... Quia & de-
la femme. L'on a même , dans la concur creto patrum est Lege Petronia ei qui jure viri de-
latum Adulterium non peregit , nunquam posteà
rence du Pere de la femme avec le Mari , hoc crimen déferre permittitur. Leg. 16 ,'ibidin
cru devoir donner la préférence à celui- fine... Qui post crimen Adulterii intentatum eam-
ci , comme étant plus intéreíîé à cette dem uxorem reduxit destitisse videri & ideò ex
poursuite , s'agissant de l'honneur de son eadem Lege accusandi postea jus non superesse. L.
mariage , & d'empêcher qu'on ne lui donne \\.ff. ad Leg. Jul. de adult.
(5) Adulter,postquinquennium quàm commis-
des héritiers étrangers. Cependant nous
su m Adulterium dicitur , quod continuum nume-
voyons que la préférence n'étoit accordée ratur , accusari non potest , easque praescriptiones
au Mari , suivant ce même Droit , que Legibus reo datas auferri non oportet. L. 5. Cod.
fous les conditions suivantes. Sçavoir , ad Leg. Jul. de Adult.
i°. qu'il ne feroit point tombé lui-même
dans le Crime dont il voudroit accuser sa X I V.
femme (2) ; 20. qu'il n'auroit point connivé Mais hors ces cas particuliers , le Mari i+Fem-
à la débauche de sa femme , comme s'il avoit non-feulement la faculté d'accuser fa
y avoit preuve qu'il en eût tiré quelque femme d'Adultère , mais il ne pouvoit vant ce
rétribution (3) ; 3 ".qu'il n'auroit point donné même être accusé par celle-ci lorsqu'elle ^^"'fôn
de marques de réconciliation avec fa femme prétendoit qu'il étoit tombé dans le même mari de ce
depuis le Crime par elle commis , & même Crime. Les Loix ne laissoient à cette femme Crime-
depuis les poursuites qu'il auroit commen que la simple faculté de pouvoir lui opposer
cées , comme en la reprenant avec lui (4) ; ce Crime par forme ^exception 3 pour re
4°. enfin , qu'il n'auroit point laissé écouler pousser l'accusation qu'il auroit intentée
l'espace de cinq années depuis le Crime contr'elle ,ou bien de s'en servir comme d'un
commis , fans en faire aucune poursuite (5). moyen pour parvenir au Divorce qu'elle
demandoit & qu'elle ne pouvoit demander
Ci) Quamvis Adulterii crimen inter publka refe- autrement que par la voie civile.
ratur , quorum delatio in commune omnibus sine
aliqua legis interpretatione conceditur , tamen ne Publico Judicionon habere mulieres Adulterii
volentibus temerè liceatfaedare connubia, proximis accusationem , quamvis de matrimonio suo queri
necessariisque personis solummodò placet deferri velint , LexJulia déclarât ; quae cummasculis jure
copiam accusandi , hoc est patri , necnon patruo & mariti accusandi facultatem detulisset , non idem
avunculo , quos verus dolor ad accusationem im- feeminis previlegium detulit. L. 1. Cod. ad Leg.
pellit. Sec etiam his personis legem imponimus ut Jul. de Adult.
crimen abolitione , si voluerint , compescant. In ■ X V.
primis Maritum genialis thori vindicem esse opor-
tet , cui quidem & ex suspicione ream COnjugem Mais cette derniere disposition du Droit 1 5. Dispo
facere licet ; vel eam , si tantùm suspicatur , penès Romain n'a point été suivie par le Droit sition du
se retinere non prohibetur,nec inscriptionis vinculo Droit Ca
Canonique , qui veut au contraire que tout nonique ,
contineri, cum jure mariti accusaret , veteres retrò contraire
principes annuerunt.Extraneos autem procul arceri ce qui est permis au mari le soit également
au Droit
ab accusatione censemus ; nam etsi omne genus ac à la femme (1) ; & cela à cause du serment Romain
cusations nécessitas inscriptionis abstringat , non- de fidélité réciproque qu'ils se font faits en sur ce
nulli tamen protervè id faciunt , & saisis contu- point.
se mariant. II y a plus : comme il se trou
meliis matrimonia déformant. L. 30. Cod. ad Leg. voit des maris qui , fur le fondement de
Jul. de Adult.
cette accusation , se croyoient non- seule
(ì) Judex Adulterii ante oculos habere débet
inquirere an maritus pudicè vivens , mulieri quo- ment autorisés à faire divorce avec leurs
què bonos mores colendi autor fuerit periniquum femmes , mais même à en épouser d'autres ,
enim videtur esse, aut pudicitiam vir ab uxore exigat c'est contre cette fausse doctrine que s'est
quam ipse non exhibeat ; quae res potest & virum élevé fortement saint Augustin (2) , &
damnare , non rem ob compensationem criminis d'après lui le Concile de Trente, en pro
inter utrosqiie communicare. Leg. Si uxor. 13. §.
Judex , ff. ad Leg. Jul de Adult. nonçant anathème contre ceux qui oferoient
(3) Qui quaestum ex Adulterio uxoris suae fecerit, la soutenir ( 3 ).
plectitur : nec enim mediocriter delinquit qui (1) Christiana Religid Adulterium in utroque
DE LA LUXURE , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 222
• j ^ r. j • 1: o_ _ », 1 • -r r.. i . , . i
sexu pari ratione condemnat , sed viros mulieres & cela , par la voie civile seulement (2). Au
non facilè de Adulterio accusant , & non habent surplus , nous jugeons la faculté d'accuser
latentia peccata vindictam. Viri autem liberiùs
tellement personnelle au mari en cette ma
uxores suas Adultéras apud Sacerdoces déferre con-
sueverunt , & ideò mulieribus prodito earum cri- tière , que nous ne permettons spas méme à
mine communiodenegatur.Virorum autem latente íès héritiers de pouvoir l'exercer , mais
commisso non facilè quisquam ex suspicionibus seulement de pouvoir opposer , par forme
abstinetur qui utique submovebitur , fi flagitium d'exception & par la voie civile , ce Crime
detegatur : cum vindicte
ergo par ratio
causaconquiescit.
fit interdumCaN.
pro- 3» sa
r_ „.,„,- * .. la
i f?ire
c : : j
batione cessante V^UVf P0ur PnYer des ava""
xycaus. i\.qu. j. taSes a elle íaits Par son man : & encore
(ì) Fieri potest ut vir dimittat uxorem causâ faut-il pour cela que le mari ait commencé
fornicationis, Deus exceptam esse voluit. Jam viro des poursuites de son vivant ; car s'il étoit
sinecillinubereconceditur viro à quo recessit , mort fans s'en plaindre, quoiqu'en ayant

(3) Si quis dixerit Ecclesiam errare , cùm docuit si cette veuve s'étoit remariée en secondes
& docet, juxta Evangelicam & Apostolicam doc- nôces (3).
trinam , propter Adulterium alterius conjugum
matrimonii vinculum non posse dissolvi , & utrum- (1) V. les Arrêts rapp. par le Prêtre , Centur. 1.
que vel etiam innocentem qui causam Adulterio par Catellan , Liv. z. ch. 83. & par Boniface ,
non dédit , non poffe , altero conjuge vivente , tom. 5. liv. 4. tit. 2. ch. 1.
aliud matrimonium contrahere ; maecharique eum (2) V. les Arrêts rapp. par Papon , liv. 24- tit. 2.
3ui, dimissâ Adultéra , aliam duxerit ; & eam qua:, par le Bret , liv. 1. décis. 13. V. aussi l'art. 628.
imisso Adultero , alii nupscrit , anathema fit. de la Coutume de Bretagne.
Conc. Trident. sefíl 24. de Matrïm. Can. 7. (3)/^. les Arrêts rapp. parCoRBiN, par Automne
en ses Confcr. fur le tit. du Code ad Leg. Jul. de
XVI. Adule ; par le Prêtre , Cent. 1 . ch. 3 3 ; par
Mornac fur la Loi Fracres 27. Cod. de inoffic.
&6.Ceque Pour ce qui concerne nos Usages parti- Tejlam. , &par Anne Robert , lit. 1. rer. judicat.
cap. 13.
nos Uia- 1 culiers en cette matière ,' il paroît
x qu'en
x XVII.
lissèrent m^me temps que nous avons adopté les
& de com- dispositions du Droit Civil & du Droit Quant à la qualité des Juges qui peuvent i7.Queis
mun avec ÇanoniqUe fur de certains points , nous
lun&lau- 1 . r > connoître de ce Crime , nous venons de voir , Juges peu-
tre Droit, avons cru devoir nous en écarter íur d au d'après la disposition du Canon Chrijiiana 3 noTtre^dé
tres. D'abord quant aux Loix Romaines , qu'anciennement les Juges d'Eglise étoient ce Crime,
nous n'admettons point la faculté qu'elles en polTesììon de connoître de ce Crime
accordoient au pere & autres parens de la à l'exclusion de tous autres Juges , comme
femme de l'accuscr de ce Crime ; nous ne s'asiísant
igisiant de la profanation d'un Sacre-
l'accordons qu'au Mari seulement , à l'ex ment. (1) Mais ce droit leur a été ôté , relati
clusion de tous autres , même de la Partie vement aux Laïques , par des dispositions
publique , hors le cas néanmoins où Tordre expresses de nos Loix , notamment par un
public s'y trouveroit essentiellement inté Edit de Philippe de Valois en 1 3 3 6 (2) ; &
ressé , comme celui de la prostitution publi c'est en conséquence que ce Crime a été
que de la femme au vu & sçu du mari , mis parmi nous au nombre des Cas Royaux >
qui ne feroit rien pour l'empêcher ( 1 ). Nous ( c'est-à-dire , de ceux dont les Baillis" & Sé
suivons au surplus les dispositions de ces néchaux doivent connoître , à l'exclusion
mêmes Loix relativement aux restrictions des Juges de Seigneurs ; ) & que lorsqu'il
particulières qu'elles ont apportées à la est commis par des Ecclésiastiques , il forme
faculté qu'elles accordent au mari d'accuser un délit privilégié , dont Pinstruction se
sà femme , dans les cas où il y a preuve qu'il fait conjointement par le Juge d'Eglise 6c
est tombé lui-même dans ce Crime, ou qu'il par le Juge RoyaL
a connivé de quelque manière à la débauche
Ci) Viri autem liberiiis Adultéras apud Sacer-
de fa femme, ou enfin qu'il a abandonné
dotes déferre confueverunt. Cas. Chrijiiana z 3.
les poursuites qu'il avoit commencées , soit caus. 3 2. qu. 7.
par des marques extérieures de réconcilia
tion , soit par le silence qu'il auroit gardé
durant l'efpace de cinq années. Nous nous (2)PhíLIPPUS , Dei gratil Francorum Rex ,
Baillivo Ambianensi aut ejus locum tenenti , falu-
sommes aussi conformés à ce Droit relati
tem. Suâ nobis Major & Scabini villœ Ambianensis
vement à l'exclusion qu'il donne à la femme gravi conquestione monstrârunt , quòd cum ipsi
du droit d'accuser son mari d'Adultère : en super eo quod officialis Ambianensis vices gerens
quoi nous nous sommes écartés de la dis Epifcopi dicta; Vill2s;,&aliaeipíìusEpiscopi gentes,
position du Droit Canonique que nous fui- Joannem de Arguenno , & pluresalios dictae Villœ
Burgenses nostros coram ipsis conveniri & citari
vons d'ailleurs , en ce qu'il veut que la
faciebant , imponentes eidem Joanni , & aliis nos-
preuve de ce Crime puisse lui servir seule tris Burgensibus quòd ipsi fœminas, aliafqu? quàm
ment de moyen pour parvenir au divorce , suas , defponfatas carnaliter cognoverant , ipsos ad
224 LES LOIX CRIMINE LLES, Liv. III. Tit. IV.
solvendum émendas propter hoc compellendo , vel (1) In fervum Adultéra aceufatum , ab ea mu-
etiam traaando coram dilectis & fidelibus gentibus liere quae rea fuerit ejufdem criminis postulata, col-
nostris Parlamentum nostrum Pansus tenentibus lata institutio nihil momenti habet. JL tf.ff. de
in tuî prœscntia conquesti missent , afférentes prae- hduedibus conflituendis.
miffa fore in magnum praejudicium nostrum &
dictorum conquerentium, ac penculum omnium m
X I X.
dicta villa commorantium ; ciimque de praecepto
gentium nostrarum praedictarum tibi oretenùs facto ,
L'autre Règle , c'est que comme ce Crime 19- Q»*-
ipfum Epifcopum ad defistendum de praemiffis per
ipsius temporalitatis captionem cOmpellere voluif- est du nombre de ceux qu'on appelle occultes J^jj*
fes tamen tu praetextu quarumdem Litterarum & de difficile preuve , en ce qu'il ne laisse au- sont admis
Regiarum tibi per ipfum Epifcopum directarum , cune trace après lui , l'on s'est vu obligé ens parei*
continentium inter caetera , ut dicitur , quòd sua de recourir principalement fur ce point à
temporalitas , nisi de nostro fpeciali mandato, nul-la preuve par Indices (i). Mais nous exi
latenùs attestatur , à praemiffis omninò eeffasti in
dictorum conquerentium & omnium in dicta Villa geons en même temps , pour que ces in
habitantium damnum nonmodicum, acpericulum dices puissent former une preuve suffisante
&gravamen , sicut dicunt. Tandem auditis partibus en cette matière , le concours de ces trois
super hoc, coram praedictis gentibus nostris, ordina-conditions également indispensables. La
tum fuit quòd dictus Episcopus compelleretur ad première , que ces indices soient du nombre
defistendum à praedictis per captionem temporali
tatis fuae. Mandamus tibi quatenùs dictum Epif de ceux qu'on appelle prochains & évi-
copum ad defistendum à praemiffis, feu defísti fa- dens , c'est-à dire , qu'ils soient tellement
ciendum per ipsius temporalitatis captionem indi- connexés avec le fait du Crime , qu'on puisse
latè compellas , Litteris praedictis per ipfum Epif dire qu'ils en font une conséquence né
copum feu ejus gentes tibi super hoc directis vel cessaire. Le Droit Canonique nous en donne
ostensis , & aliis impetratis à Nobis feu etiam im-
pour exemple lorsque la femme est trouvée
petrandis , non obstantibus quibufcumque. Datum
Parisiis in Parlamento nostro , die 10 Julh ann. seule , avec un autre que son mari , l'un &
Domini 1336. Signatay HANGEST. Lecla per Ca- l'autre étant nuds & couchés dans un même
mtram. Regijlrata in Curíâ Parlamcntì in Libro Or- lit. La seconde , que ces indices prochains ,
dinatìonum Regiarum , folio. 50 , in nor.o anno , & lorsqu'ils ne font point eux-mêmes en cer
in Regijlro Oidinationum antiquarum , à fol. 196.
tain nombre , se trouvent du moins appuyés
Ord. de Philippe FI, du 10 Juillet 1336. reg.
au Pari, le mimejour. V. FONTANON , tom. 4. p. 943 . par d'autres moindres indices , que les
Auteurs appellent adminicules , parmi les
XVIII. quels le même Droit Canonique met les
18. Ma- 3°. Enfin quant à la manière de prouver endroits secrets & commodes pour le Crime,
niere dont l'Adultere , nous avons aussi deux Règles les heures indues , &le bruit public ,&c. (2).
peut íé " La troisième enfin , que ces indices soient
prouver particulières établies par les Loix & la
l'Adultere Jurisprudence sur ce point. L'une regar eux-mêmes prouvés chacun en particulier
de la qualité des Témoins en cette ma par des dépositions conformes de deux
tière ; & elle confiste en ce que nous ad témoins dignes de foi.
mettons , pour la preuve de ce Crime , les
(1) Si qui Adulterii fuerint aceufati , & obtentu
dépositions des Domestiques qui étoient
proximitatis intentata depulerint , per commemo-
dans la maison lorsque le Crime a été com rationem necefsitudinis crimini fidem derogando
mis , par la raison qu'il n'a pu être apperçu dum existimatur non debere credi quod collegatur
par d'autres , & qu'ils font témoins néces vel non potuiffe committi , hi si postmodum in,
saires en cette partie. Nous admettons en nuptias confortiumque convenerint , facimus illud
in quo fuerint aceufati , manifestâ fide atque indiáis
core par la même raison les dépositions
evidentibus publicabunt. Unde si quis ejufmodi re-
des parens , tant de la femme que du mari , perti siierint , jufsimus in eodem feverifsimèvindi-
qui se trouvoient aussi dans la même mai cari, Sc velut convictum facinus confeffumque pu-
son , lors du Crime. Mais nous rejettons , niri. L. 34. Cod. ad Leg. Jul de Aduit.
avec le Droit Romain , les déclarations que (j.) Litteris fraternitatis tuae receptis nobis inno-
les Complices voudroient faire les uns con tuit quòd cùm P. ab A. muliere quam in uxorem
tre les autres ; comme dans le cas où la acceperat, peteret feparari, aceufatores matrimonii
femme déclareroit avoir eu affaire avec ses produxerunt testem firmiter afferentem quòdpost-
Domestiques ( 2 ). quam mulier cum praedicto viro contraxerat ma-
trimonium , confanguineum viri ejufdemfolum cum
(1 ) In Adultéra quaestione ab omnifamilia , non fola , nuàum cum nuda , in eodem leclo jacentem , ea ,
iolùm mariti , fed etiam uxoris , quae tamen tune ut credebant , intentione ut eam cognofeeret carna-
temporis domi fuerit quo Adulterium dicatur ad- liter , viderunt multis locis fecretis , & latebrio ad
missum , quœrendum est si defensione cujufquam , hoc commodìs &C koris eleclis. Confultationi tuae ta-
§. 1. parem etiam conditionem in interrogatione liter refpondemus , quòd ex hujufmodi violenta &
mancipiorum fervare volumus, si fortè maritus eo certa fufpicione fornicationis , potest fententia di-
modo infcitetur uxorem. L 4. Cod. Thcod. 32. vortii promulgari. Alex. 111. Extra. de Pré",
Cod. Jujl, eod. tic. fumptionib. cap. Litteris.

§ n.
DE LA LUXURE , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 22?

§. II. De la Bigamie 6» Polygamie.

SOMMAIRES.

ii Qu*est-ce que la Bigamie ? 5. Leur Peine suivant le Droit Romain.


2. Qu'est-ce que la Polygamie ? 6. Peine suivant notre ancienne Jurispru
3. Distinction du Droit Canonique sur ce dence.
point. 7. Peine suivant notre jurisprudence ac~
4. Ce qui rend ces Crimes très-graves. tuelle.

I.

k. Qu'est- On appelle proprement Bigamie le Crime femmes est tolérée , se trouvent moins
ceLSL? de celui qui épouse une seconde femme peuplés que les autres ) les Législateurs
bigamie
pendant que la première est encore vivante ; se sont vus obligés , pour arrêter le cours
ou bien le Crime d'une femme qui épouse de semblables désordres , de prononcer
un second mari , pendant la vie du premier. contre les coupables la peine de l'Adultere ,
qui étoit , comme nous venons de le voir ,
I I. celle de Mort. Néanmoins , comme l'ex-
périence a fait voir aussi d'un autre côté ,
a. Qu'est- L'on appelle Polygamie le Crime d'un qu'il pouvoit se trouver dans ces Crimes ,
cc que la mari ou d'une femme , qui , du vivant de
comme dans celui du Stupre , certaines
mie t l'un & de l'autre , épousent successivement circonstances qui tendroientàen fairemodé-
plusieurs autres femmes ou maris. rer , ou même remettre entièrement la Pei
ne , comme , par exemple , dans le cas où
I I I.
ceux qui auroient commis ce Crime , y au-
t 3. Dis- Nous disons du vivant des premières roient été entraînés par erreur , fur la foi
Droit Ca- J emmes ou maris , &. c est ce qui fait dií- de faux certificats qui auroient été donnés
nonique tinguer ce Crime de la Bigamie dont il de la mort des premiers maris & femmes
fui ce
point est parlé dans le Droit Canonique , laquelle dont on auroit confondu les noms (2) j
ne s'entend que de ceux qui passent à de voilà pourquoi on trouve dans le même
secondes nôces après la mort de leurs Droit Romain , des Loix particulières qui
premières femmes , & ne produit contr'eux ont déclaré la Peine de ce Crime pure
d'autres effets que celui d'une simple irrégu ment arbitraire & la font dépendre pro
larité , qui les empêche de pouvoir être pro prement des circonstances pro admijjî qua-
mus aux Ordres sacrés fans dispenses. litaie ; ce font les termes dont se servent
V. le titre des DÉCRÉTALES , de Eigamis non ces mêmes Loix.
Ordinandis.
(1) Ncmínem , qui fubditione sit Romani nomi-
I V. nis , binas uxores habere polse , vulgò patet : cum
etiam in edicto Praetoris hujusmodi viri infamiâ
4. Ce qui L'on ne peut douter que la Bigamie & notati sint , quam rem competcns judex inuitam esse
rend ces Ja Polygamie dont nous voulons parler non patietur. L. 2. tod. de Incejì. & inui. nup.
très - gra- lcl •> ne forment par elles-mêmes des Crimes (2) Eum qui duas íîmul habuit uxores , sine du-
ve,« très-graves & très-puniflàbles , en ce qu'elles bitationc comitatur infamia. In ca namque re
non juris essectus , quo cives nostri matrimonîa
joignent à l'Adultere , la profanation du contrahere plura prohibentur , sed animi destina-
Sacrement , &. le Crime du Faux. tio cogitatur. Veruntamen ei , qui te fidio ca?libatu,
cum aliam matretn familias in Provincia reliquis-
Si quis fuerit multis nuptiis copulatus , pœnitcn- íèt , sollicitavit ad nuptias : etiam Crimen Stupri ,
tiam agat ; convcrsatio autcm & fides pœnitentis à quo tu remota es , quod nxorem te esse credebas,
teiupus considérât. Can. 9. caus. 31. qu. 7. ab accusatorc legitimo solemniter inferetur. Caete-
rùm res tuas omnes , quas ab eo interceptas matrí-
V. monii simulatioue déploras , restitui tibi omni exac-
tionis inslantiâ impetrabisà rectore Provincia? : nam
ea quidem , qus se tibi , ut sponsa , daturum pro-
î. Leur Suivant le Droit Romain , ce Crime n'é-
miíit , quomodo repetere cum essectu potes , quaíi
^e s»«- toit d'abord puni -que de l'Infamie (1).
sponsa accepta ? L. 18. Cod. ad Leg. Jul. de Adule.
Droit Ro- Mais fur ce qu'il fut reconnu dans la fuite
main. qUe ces sortes de Crimes n'étoient pas vi. ■
moins contraires au bien de l'Etat , qu'aux
maximes de la Religion , en ce que , bien- Telle est aussi la règle qui paroît avoîr 6. Peî ne*
loin de favoriser la population , ils ne ten- été suivie par notre ancienne Jurispru- suivant.no-
j / » 1 a a tre ancien.
doient au contraire qu'à la diminuer , en dence(i):car nous trouvons des Arrtits ne Juris-
autorisant les excès de débauche , ( telle quisesont d'abord contentés de prononcer prudence,
ment que les pays où cette multitude de la feule peine d'Infamie i d'autres qui onX
F f
226 LES LOIX CRIMINE LLÊS, Liv. III. Tit. IV.
porté la Peine jusqu'à celle de Mort; d'au- où ce Crime se trouve aggravé par le faux tre Juríi^
tres enfin , qui , dans le cas où il y avoit & la supposition des personnes , ou bien ffiffiff
preuve de la bonne-foi de la femme qui se diminué par des circonstances qui tendent
seroit remariée du vivant de son mari, qu'elle à prouver Terreur & la bonne-foi j Ton
avoit lieu de croire mort à cause de sa sçait que la Peine ordinaire de ce Crime ,
longue absence , ou bien sur la foi de faux suivant notre Jurisprudence actuelle , con
extraits mortuaires , bien-loin de prononcer siste , comme nous l'avohs vu erí traitant
contre celle-ci aucune Peine , lui ont adjugé , des Peines corporelles , à condamner les
ainsi qu'à ses enf ans , tous lès effets civils hommes aux Galères , & les femmes au
du mariage (z). Bannissement à temps ou à perpétuité , les
uns & les autres préalablement attachés au
(i) Cette Jurisprudence est attestée parMoRNAC Carcan un jour de marché , sçavoir , les
fur la Loi première , au Digeste de Ais qui not.
hommes avec deux quenouilles , & les
infamie
femmes avec deux chapeaux , portant cha
(i) V. les Arrêts rapportés par Jovet , par le
Prêtre & par Soefve, & notamment celui du mois cun des écriteaux devant & derrière , qui
de Juillet 1671. rapp. au Journ. des Aud. & celui marquent le titre de leur condamnation. On
du Pari, de Toulouse contre le faux Martin Guerre , y joint aussi quelquefois l'Amende hono
rapp. aux Causes célèbres.
rable.
V. les Arrêts du 29 Décembre 171 1 , & du
VII. 2 Janvier 1713 , rapp. au Journ. des Aud. V. aussi
celui du 16 Mai 1727 , rapp. au Code de Louis XV.
7. Peines Mais à la réserve des cas particuliers tom. 2. p. 183. 1
suivantno- 1

§. III. Ùe VInceste.

SOMMAIRES.

1 . Définition de ce Crime. 6. Peine de flncefle en ligne collatérale


2. Qu'entend- on par parenté , ou affinité au premier degré.
naturelle ? 7. Peine de VInceste commis entre des pa-.
3. Qiìentend on par affinitéspirituelle ? rens d'un degré plus éloigné.
4. Espèces dlncefles dont il s'agit propre 8. Quid , des Dispenses accordées depuis lc
ment ici. mariage contracté en dégréprohibé.
5 . Peine de l'incejle en ligne direfte.

I.

1. Défini- On appelle Inceste en général, toute con- mères de ceux-ci d'une part ; & entre les
Crime! " jonction illicite qui se fait avec des per parrains& marraines,leurs filleuls & filleules,
sonnes que les Loix Canoniques & Civiles de même qu'avec les p ère & mere de ceux-
ne permettent pas d'épouser , à cause de la ci d'une autre part ; & quant au Sacrement
parenté ou affinité , soit naturelle , soit de Pénitence , entre le Confesseur & íà Pé;
spirituelle , qui se trouve entr'eùx. nitente , dont il est le pere spirituel.

I I. Docet experientia , propter multitudinem prohi-


bitionum , multotiès in casions prohibitís ignorantes
». Qu'en- Nous entendons par parenté ou affinité contrahi matrimonia : in quibus vel non sine magno
pTrpâren- naturelle , celle qui se forme par les liens du peccato perse veratur , vel ea non sine magno scan-
dalo dirimuntur. Volens itaque sancta Synodus huic
té ou affi- fang f ou bien qui se contracte par le Sacre-
incommodo providerë , & a cognationis ípiritualis
rèíle i"*"1" ment de Mariage , entre le mari & les parens impedimento incipiens , Statuit ut unus tantùm ,
de fa femme , & réciproquement entre la sive vir, sive mulier , j'uxta sacrorum canonum in/îi-
tuta , vel ad summum unus & una baptisatum de
femme & les parens de son mari 5 sans néan
baptismo sufeipiant , inter quos ac baptisatum ip-
moins que les parens de l'un ni de l'autre sum , & illius patrem & matrem , neenon inter
soient liés ensemble par aucune affinité. baptisatam & baptisantem , baptisatique patrem ac
matrem tantùm ípiritualis cognatio contrahatur.
I II. Concil. Trid. Seffl 24. de reform. matrim. cap. 2.

3 Qu'en- ^ous le nom d''affinité spirituelle , nous í V.


tend - on voulons parler de celles qui se contractent
par affim- paries Sacremens de Baptême , de Confir-
Nous avons déjà eu lieu de parler , en 4. Espece
«elle ì mation , & de Pénitence ; lçavoir , quant traitant du Sacrilège , des Incestes qui se Jf"f
aux deux premiers , entre ceux qui baptisent commettent entre les Confesseurs & leurs git propre-
& confirment , & ceux qui sont baptisés Pénitentes. A l'égard des Incestes qui se ment ici«
& confirmés , ainsi qu'avec les pères & commettent entre ceux qui sont liés par
DE LA LUXURE , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 227
les Sacremens de Baptême & de Confirma- en ligne collatérale, il faut encore diítin- teenlígn*
tion , comme nous n'avons dans rios Loix , guer ceux qui se commettent au premier Ç°1!atér?lff
ni dans notre Jurisprudence aucune diípo- degré , comme entre le frère & la sœur , degré,
íìtion pénale íur ce point , & que l'affinité le mariage n'étant pas moins prohibé entre
que produisent ces Sacremens , n'est con- ceux-ci , qu'entre les pères , mères & en-
f* ~~— _ _ ,
sidérée parmi nous , que comme un em fans , & ne pouvant pareillement , dans
pêchement au mariage , qui peut être aucun cas , être susceptibles de Dispenses r
levé par des Diípenses , nous ne croyons comme contraire au Droit naturel ; l'on a
pas devoir nous en occuper ici , mais feu cru devoir auíîì , par cette raison , astujetir
lement des Incestes qui se commettent entre les coupables
í de ces sortes d'Incestes à la
ceux qui sont liés par une parenté ou affi- peine de mort ; il y en a plusieurs exemples
nité naturelle , parce qu'ils se trouvent éga- dans les Arrêts,
lement défendus par les Loix Civiles, comme
V. là-dessus Automne en fa Confér. fur la Loi
par le Droit naturel. Nous en distinguons première au ff. ad Leg. Jul. de Adult. & BoeRIUS,
de deux sortes ; les uns qui se commettent en décis. 318.
ligne directe , d'autres en ligne collatérale. V I L

V. A l'égard des Incestes qui se commettent 7. Peín*


de iS ^n aPPeu*e Inceste en ligne direcle ceux entre des parens , autres que des frères & ^ò'^™;»
te en ligne qui se commettent par les pères ou mères sœurs , il faut aussi distinguer , quant à la entre des
l&reâe. 2veç jeurs propres enfans , soit légitimes Peine, ceux dont la proximité du degré §.aur^jegré
soit naturels , ou bien parles ascendans avec feroit telle , qu'ils ne pourroient que très- plus éi»^
leurs petits-fils ou petites filles. Comme difficilement obtenir la dispense pour le 6°*-
le mariage est prohibé entre ceux-ci à mariage : comme seroit d'un oncle avec
Tinfini , tant par le Droit Canonique , que sa nièce , ou de la tante avec son neveu.
par le Droit Civil (1) , & que d'ailleurs L'on voit , d'après les Arrêts , que les In
les incestes de cette eípece violent éga cestes qui se commettent entre ceux-ci ,
lement les droits de la Nature & celui des sont punis plus sévèrement que ceux qui
gens , l'on ne peut douter qu'ils ne soient se commettroient entre des parens d'un»
aussi des plus puniííàbles. Nous n'avons au degré plus éloigné , íùr-tout si ce degré
cune Loi qui détermine le genre de puni alloit jusqu'au quatrième , passé lequel l'on»
tion que mérite ce Crime \ ensorte que sçait qu'il est permis de se marier sans Dií
c'est à la Jurisprudence des Tribunaux qu'il penses.
faut principalement s'en rapporter íur ce
V. Boer. décis. 318.
point. II paroît en général , suivant les
Arrêts des différens tribunaux , que la Peine
y 1 1 1.
ordinaire de ce Crime est celle du feu (2) ,
2k que cette Peine a même été étendue au Au resté , il est important d'observer , 9. QuiJ,
cas particulier de lTnceste commis par un relativement aux Diípenses qui s'obtien des Dis
beau-pere avec fa belle-fille , quoique celui- penses ac
nent en cette matière , que celles que le cordées
ci soit puni plus ordinairement de la Po Pape accorderoit après les mariages con depuis le
tence , & le corps ensuite brûlé (3). mariage
tractés entre ceux à qui le mariage est contracté
(1) V. L. Ult. ff. de ritu nuptiarum, & la L. 38. défendu par les Loix Civiles & Canoni en degré
ff. z. ff. ad Leg. Jul. de Adult. V. aussi le ss. r. prohibé.
ques , n'empêcheroient pas que les mariages
lNSTIT. de nuptiìs.
(1) V, Papon , liv. 12. tit. 7. n. 3 J IaRocHE- ne fussent déclarés nuls dans les Tribunaux ±
Fl. liv. z^lett. 1. tit. 3. art. 4. & conséquemment les enfans qui en feroient
(3) V. BOER. décis. 318 j la Roche-Fl. lac. cit. iíîùs , déclarés indignes des successions de
art. j* leurs pères & mères ; s'il y avoit preuve
V I.
que ceux-ci avoient connoissance de leur
6. Peine Quant aux Incestes qui se commettent parenté avec leur mariage.
jfe VInçes,
228 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. III. Tit. IV.

§. IV. Du Rapt de violence,

SOMMAIRES.

t. Définition de ce Crime, 5. En quoi les Dispositions de nos Loix


2. Son énormité. différent du Droit Canonique.
3. Dispofition du Droit Canonique a ce 6. Ln quoi elles différent du Droit Romain.
sujet. 7. Ce qu'elles ont de commun avec tun (1
4. Veine de ce Crime suivant le Droit Vautre de ces Droits.
Romain.
h

». Défi- (/est le Crime de ceux qui enlèvent par sive eam uxorem duxerit , sive non duxerit , de-
îïcriaî force & malgré elles , des filles , femmes center arbitrio judicis dotare.... Quare cùm maxime
nefarium sit matrimonii libertatem violare , & ab
& veuves , soit majeures , soit mineures , eis injurias nasci, à quibus jura expectantur, prae-
dans la vue d'en abuser. cipit soncta Synodus omnibus , cujuícumque gra-
dûs , dignitatis & conditionis existant , su b anathe-
Raptus admittitur , cùm puella violenter à domo matis pœna , quam ipso facto incurrant ; ne quoviï
patris abducitur ut concepta in uxorem habeatur , modo directe , vel indirectè subditos suos , vel
sive Puella: solummodo , sive parentibus tantùm , quoscumque alios cogant quominus libéré matri-
íìve utriusque vis illa constiterit , hic morte mulcta- monia contrahant. Concil. Trid.sejf. 24. de Reform*
tur. Can. lex illa 2. caus. 36. qu. 1. cap. 6 & 9.

I L IV,

Son L'on ne peut douter de l'énormité de ce Suivant le Droit Romain , ce Crime i». Pein»
énormité. Crime , qui renferme la violation de toutes étoit réputé tellement grave, qu'il étoit J^Si
sortes de droits , tant publics que privés , permis , comme nous l'avons dit , de tuer le Droit
& ceux mêmes de Yhospitalité , en ce qu'il le Ravisseur , non-feulement aux pères , Rofflaia<
se commet ordinairement par des personnes mères & maris dont on entevoit les enfans
à qui on a donné un libre accès dans les ou les femmes , mais encore aux plus pro
maisons , d'où ils enlèvent les filles ou ches parens , tels que les frères & sœurs.
femmes. Auffi voyons-nous que toutes les C'est , entr'autres , la disposition de la Loi
Loix s'accordent également pour faire ré unique du Code Justinien de Raptu Vir-
primer un Crime auffi contraire au bien ginum , où l'on voit d'ailleurs que ce
de la société & au repos des familles. Prince aslùjetit également à la Peine capi
tale , 6c à la confiscation des biens , tant
I I L les Ravisseurs que ceux qui les accompa
gnent , ou qui leur prêtent aide de quelque
si3-. Dispo- Suivant le Droit Canonique , il y a peine
manière ; & cela fans aucune distinction
Droit Ca- d'Excommunication de plein droit contre
de sexe ni de qualité. L'on voit de plus,
nonique à le Ravisseur , & en outre la nullité du ma-
ce suJet" riage qu'il contracte avec la Personne ravie tant par cette Loi , que par íà Novelle 143 ,
que le même Prince déclare absolument
tant qu'elle est dans fa puissance. C'est entre
nuls les mariages qui se feroient entre celle-
autre la disposition du Concile de Trente ,
ci & son Ravisseur j & il veut que dans
qui prononce auffi la même peine d'Excom
le cas où elle y auroit consenti , elle soit
munication contre les complices de Rapt ,
privée de la succession de ses pere 6t mere.
parmi lesquels il comprend tous ceux en
II prononce en outre , contre les parens quï;
général qui abusent de leur autorité pour
se feroient prêtés à cet enlèvement , ou qui,
empêcher la liberté des mariages ; 6c de
auroient consenti depuis ce temps-là au
plus il déclare ces complices infâmes , in
mariage , la peine de la Déportation. Enfin,
capables de tous offices & dignités ; &
il veut que ce Crime ne soit íiijet à- aucune,
s'ils sont Clercs , il veut qu'ils soient dé
prescription , & qu'il subsiste autant que le
posés de leurs Ordres.
scandale qu'il a causé par le tort irréparable
Decernit sancta Synodus inter Raptorem & Rap- qu'il a fait à l'honneur de la personne ravie.
tam , quamdiù ipso in potestate Raptoris manserit,,
nullum posse consisterc matrimonium. Quod si Raptores virginum honestarum , vel ingenuarum ,
Rapta à Raptore separata , & in loco tuto & li- sive jam defponsota; fuerint, sive non, vel quarumlibet
bero constituta , illum in virum habere consenserir, viduarum fœminarum,licet libertina;,vel servs alienae
eam Raptor in uxorem habeat : & nihilominus fint , pessima criminum peccantes , capitis supplicio
Raptor ipse , ac omnes illi consilium , auxilium & plectendos decernimus : & maxime si Deo fuerint
favorem prœbentes , íint ipso jure excommunicati , virgines , vel viduae dedicatx , quod non solùm ad
ac perpetuò infâmes , omniumque dignitatum inca- injuriam hominum, scd etiam ad ipsius omnipoten-
paces ; &í si Clerici fuerint , de proprio gradu déci tis Dei irreverentiam committitur , maximè cùm
dant. Teneatur prasterca Raptor mulierem Raptam, virgiuitas , vel cafiitas corrupta resiituì non pojjìt.
DE LA LUXURE , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 220
1 ^ 1• J _S - - *
Et merito mortis damnantur supplicio , cùm nec qu'en même temps que nous avons adopté les íì(ço-
abhomicidicriminehujusmodiiRaptores fint va- jes dispositions des Loix Canoniques & sitîonî *
«ui Ne
Irlll.
cm. l^t ioitur Ull^
neC IgllUl sine vindicta
ìgKur^iuç VlliUiMa tahs
IWM crefcat inlania «,» Romaines
A.W.«,..h ....u...a t» - r
fur j
de . • » points
certains ■ * , nous diffèrent
1°l
Sancimus per hanc generalem constitutionem , ut
hi , qui hujusinodi crimen commise rint , &C qui eis nous en sommes écartés fur d'autres , ou Canoní-'6
auxilium invasionis tempore praebuerint : ubi in- du moins nous avons cru devoir y ajouter que.
,venti fuerint in ipsa rapina , &C adhuc flagranti cri- plusieurs modifications remarquables. D'a
mine comprehensi ,& à parentibus virginum , vel bord , quant aux dispositions du Droit
ingenuarum , vel viduarum , vel quarumlibet foe-
Canonique , nous allons voir dans un mo
minarum , aut earum consanguinis , aut à tutoribus
vel curatoribus , vel patronis , velDominisconvic- ment que nous ne suivons point , dans nos
ti, interficiantur... Si autem post commilTum tam usages , celle du Concile de Trente , qui
detestabile crimen aut potentatu Raptor si defende- permet le mariage entre le Ravilîèur &
re aut fugâ evadere potuerit... Rectores neenon alii la personne ravie , lorsqu'elle n'est plus
cujuslibet ordinis judices , qui in illis locis inventi
dans fa puissance ; & que nos Loix déclarent
fuerint , simile studium cum magna follicitudine
n -, '
adhibeant ,ut eumpoliintcomprenendere, 6c corn- 1 *7~I également
° nuls quant aux effets civils ,
«*<•/«
prehensos in tali crimine , post légitimas 6c ;uri les mariages de cette derniere efpece , com-
cognitas probationes sine sori praefcriptione duris- me ceux taits pendant que la personne ravie
fimis pœnis affluant , & mortis coniiemnent sup- étoit dans la puissance du Raviflèur,
plicio... Pœnasautemquas praediximus, id est mor
tis , & bonorum amiflionis, non tantùm adverius y j
Raptores , fed etiam contra eos , qui hos comitati
in ipsa invasione & rapina fuerint , constituimus : A t»i « « rt • s
cœteros autem omnes qui conscii , &c ministri hu- . A 1 égard du Dr0lt Romain , nous ne 6 En qnoi
îusmodi criminis reperti & conviai fuerint vel qui suivons point non plus cette disposition dl,ffe-
cos siil'ceperint , vel quicumque opem eis tulerint, particulière , par laquelle il permet aux í)"0;t r^.
sive masculi , sive fœminae sint , cujuscumque con- pères , maris & frères de la personne ravie ,
1
ditionis , velgradùs , vel dignitatis , Pcenx tantum
de tuer impunément le Ravisseur. Nous
modo capitali fubjicimus , ut huic Pcens omnes
íubjaceant , sive volentibus , sive nolentibus virgi- avons observé , en traitant du Crime en
nibus , sive aliis mulieribus taie facinus fuerit per- général , que cette forte d'homicide n'étoit
petratum. Si enim ipsi Raptores metu vel atroci- point tolérée par nos Loix , suivant lesquelles
tate Pcenae ab hujufmodi facinore fe temperave-» il n'est jamais permis de fe faire justice à
rint , nulli mulieri , sive volenti, sive nolenti pec-
soi-même ; ensorte qu'il faudroit néceílai-
candi locus relinquetur : quia hoc ipfum velle
mulierum ab insidiis nequisiìmi hominis qui medi- rement , pour sauver à ces derniers la peine
tatur rapinam , inducitur. Nisi etenim eam follici- de l'Homicide , des Lettres de Grâce du Prin
taverit , nisi odiosis artibus circumvenerit , non ce ,qui, à la vérité , ne les refuse jamais en
faciet eam velle in tantum dedecus fefe prodere : pareil cas. Nous nous sommes encore écar
parentibus ( quorum maxime vindicta: intererat) tés de la disposition de ce même Droit en ces
si patientiam praebuerint ac dolorem remiíerint ,
deux points ; Yun , que nous n'admettons
deportatione plectendis. Sancimus itaque si Rapta
mulier cu|ufcumque sit conditionis vel œtatis , point Timprefcriptibilité de ce Crime , mais
Raptoris nuptias eligendas esse cenfuerit, parenti seulement son irrémijfibilité par les Lettres
bus praefertim non confentientibus : nec ex bene- du Prince , lequel s'est interdit lui-même la
fìcio legis , nec ex testamento Raptoris heredita- liberté d'en accorder aucune , par le serment
tem fufeipere , vel quoeumque modo fubstantiam
solemnel qu'il en fait lors de son sacre.
vindicare : fed praemium , quod per legerp nof-
tram Raptae mulieri datum est , ut Raptoris , & L'autre , en ce que nous ne punissons pas
eorum qui ei auxilium tempore invasionis praebue toujours les Complices avec la même ri
rint.-- ., bona- - : hoc- ad
vindicet ■ ■ parentes
[ ^- ., „
si UIIIUU £J
ambo gueur 1
que » '
les Raviíìèurs O eux-mêmes. NousHUUJ
11 • que nos Loix w
vel unus fupersit , qui nuptiis fpecialiter non pro- allons voir (i ) ont cru devoir
bantur consentisse , ex tempore Raptûs ipso jure s'en rapporter fur ce point à la prudence
transféra , & patrimomum Raptoris non Raptam des Juges parce qu'en esset il peut se
jam habere muherem , quae conjueio se Raptoris j • • n - .
inquinare non inquit , fed in perfonas transserri , trouver de certaines Circonstances qui ten-
quas fuperius nominavimus , ei non confentientes droient a faire modérer la Peine de ceux-
conjugio. Nam nefarios hujufmodi coitus Pœnis ci ; comme , par exemple , à l'égard des
corrigi , non praemiis honorari , convenit. Quod si domestiques qui auroient accompagné leur
parentes jam decesserunt , vel hujufmodi feeleri maître & qui y auroient été principale-
confenferunt , fubstantia Raptoris neenon & aho- ment entraîn> /r U crainte & l4éissance ;
Tum qui racinons tuerint participes , fiici junbus ... 1 .. . I
vindicitur.Quam interpretationem , non in futuris & <Iue d ailleurs il peut arriver que , parmi
tantummodò casibus , verùm in praeteritis etiam ces Complices , les uns aient moins influé
valere sancimus , tanquam si nostra lex ab initio que les autres à la consommation de ce
cum interpretatione tali à nobis promulgata fuisses, Crime,
prœfectè , clarisiimè atque amantissimè. §. ì. qua
igitur per hanc legem nostra statuit aeternitas ,tua (,) y, ces Lqìx qiu feront rapportées fous la
celsitudo effectui mancipari , obfervarique praeci- maxime suivante,
piat. Nov. 143. de mulicre Raptum paJJ'a. . .
V.
.En quoi Suivant les Loix du Royaume , il paroît Nous nous sommes au surplus , confor- 7. Ce
qu'elles
230 LES LOIX CRIMINE LLES , Liv. III. Tit. IV.
ont de més aux dispositions de l'un & de l'autre sicut in Chalcedonensi Concilio in quo DCXXX
commun j)roit p0ur ce qui concerne la qualité Patres adfuerunt capitulo xxvn. cunctis legenti-
avec 1 un , " '.r V, , ï . bus patet. Capit. Car. Magn. Ub. 6. c. 95.
& l'autre des Peines qui y sont portées , relative-
Droi "S ment au R-av^eur & à la Personne ravie ; (i) Désirant conserver l'auîorité des pères fur
K ' c'est-à-dire , que nos Loix assujétissent leurs enfans , l'honneur ÔC la liberté des mariages,
& la révérence due à un si saint Sacrement, ôc em
également le premier à la peine de Mort, &
pêcher qu'à l'avenir plusieurs familles de qualité
de Confiscation des biens , telle qu'elle ne soient alliées à des personnes indignes ÔC de
est prononcée par les Loix Romaines , mœurs dissemblables , avons renouvelle les Or
comme auflì à celle de l'Excommunication donnances pour la punition de Crime de Rapt ;
portée contre ce Ravisseur par les Loix & ajoutant à icelles : Voulons que tous ceux qui
Canoniques (1) ; &à l'égard de la Personne commettront Rapt Ôc Enlèvement , de veuves r de
fils , de filles étant fous la puissance des pères &
ravie , nos Loix la déclarent pareillement mères , tuteurs ÔC parens , ou entreprendront de
sujette à la peine de l'Exhérédation , lorsque , les suborner pour se marier , & qui auront aidé ÔC
depuis son enlèvement , elle vient à con favorisé tels mariages fans l'aveu ôc consentement
sentir au mariage avec le Ravisseur , ou de leurs parens , tuteurs ÔC autres qui les auront
tre la nullité de ce mariage ; nullité telle en charge , soient punis comme infracteurs des
Loix , ôc perturbateurs du repos public ; ôc fera
ment absolue , qu'elle ne laisse pas que
procédé contre eux extraordinairement par puni
d'avoir lieu , encore que les pères & mères tion de mort ôc confiscation de biens , fur iceux
y donneroient dans la íùite leur consente préalablement prises les réparations adjugées, fans
ment (2). Mais comme les Loix qui pronon qu'il soit loisible aux Juges de nos Cours Souve
cent ces dernieres Peines ont principalement raines ôc autres de modérer la Peine établie par
notre présente Ordonnance : enjoignons , à cet
en vue le Rapt de Séduction , nous croyons
effet, à tous nos Juges d'informer promptement
devoir réserver à en rappeller les disposi desdits Crimes si-tôt qu'ils auront été commis , ÔC
tions, fous le §. íiùvant qui concerne ce à nos Procureurs-Généraux ÔC leurs Substituts d'en
Crime ; & nous nous contenterons de rap faire poursuite , encore qu'il n'y eût plainte ni
porter ici celles de ces dispositions qui font partie , pour être procédé au Jugement , nonobs
plus particulières au Rapt dont il s'agit , tant oppositions , appellations quelconques , fur
peine d'en répondre en leur nom ; ÔC outre dé
telles que celles concernant Virrémtffibi- fendons très-expressément à toutes personnes , de
lité de la peine de Mort (3) , & les in quelque qualité ÔC condition qu'elles soient , de
jonctions faites aux Juges & au Ministère favoriser , donner retraite ou recevoir en leurs
public de poursuivre ce Crime , sans atten maisons lesdits coupables , ni retenir les personnes
dre qu'il y ait plainte , ni partie civile ; & enlevées , à peine de rafement d'icelles , ôc de ré
pondre solidairement , ôc leurs héritiers , des ré
enfin celles concernant les Peines portées
parations adjugées ; même aux Capitaines ôc Gou
contre les Seigneurs qui abusent de leur verneurs qui commandent , fous notre autorité ,
autorité pour favoriser ce Crime ; & contre aux Places de ne les y admettre ni recevoir , fur
Ceux qui surprennent des ordres du Roi les mêmes Peines , ôc d'être privés de leurs char
pour faire enlever ou séquestrer des fil ges, lesquelles , en ce cas, avons déclarées vacantes
ôc impétrables , pour y être par nous pourvu, fans
les (4). qu'ils y puissent être rétablis ; ôc afin de faire cesser
telles entreprises , ÔC qu'à l'avenir tels Crimes ne
Ímissent être excusés ôc couverts, voulons, suivant
(1) Pari conditione convenit(kal.mart) omnibus
es saints Décrets, ôc les Constitutions Canoniques,
nobis adunatis , ut cuicumque admodùm Raptum
tels mariages faits avec ceux qui auront enlevé
facere prssumpferit , undè impiissimus vicius ad-
lefdites veuves , fils ÔC filles , être déclarés nuls ÔC
creverat , vitae periculum feriatur ; ôc nullus de
de nul effet ôc valeur , comme non valablement
optimatibus nostris de tam turpissimo vitio prae-
ni légitimement contractés , fans que par le temps,
sumat pro ipso precare, sed unusquisque admodùm
consentement des personnes ravies , leurs parens &
inimicum Dei persequatur. Qui verò Edictum nos-
tuteurs prêtés avant ou après lesdits prétendus ma
trum aususfuerit contemnere , in cujuflibet judicis
riages , ils puissent être validés ôc confirmés , ÔC
pago primitùs admissum fuerit , ille judex iblatio
que les enfans qui viendront defdits mariages
collecto ipsum Raptorem occidat, ÔC jaceat forbat-
soient ôc demeurent bâtards ôc illégitimes , indi
tutus. Et si ad Ecclesiam confugium fecerit , redda-
gnes de toutes successions directes ôc collatérales
tur ab Episcopo , & sine ulla precatione exindè
qui leur pourroient échoir , ensemble les parens
feparentur. Certè si ipsa mulier posteà Raptori
qui assistent , donnent conseil , aide ôc retraite , ou
consenserit, ambo pariter in exilio transmittantur ;
prêtent consentement auxdits prétendus mariages,
ôc si foras Ecclesiam capti fuerint , ambo pariter
ôc leurs hoirs , à toujours , ni capables de pouvoir
occidantur , ut facultates illorum parentibus le-
succéder directement ou indirectement auxdites
gitimis dentur , & quod sisco nostro debetur ad-
veuves , fils ôc filles , desquelles , auxdits cas ,
quiratur. Capit. Childeb. en 595. c. 4
nous les avons privés ÔC déclarés indignes , fans
Taliter enim memorata flagitia puniantur , ut om-
que lesdits enfans puissent être légitimes , ni leurs
nes cognofcant , quoniam nec seculi leges tam
parens réhabilités , pour recueillir lesdits biens ; ôc
nefandis conjunctionibus consentiant , nec sacri
si aucunes Lettres étoient impétrées de nous par
Canones consilium ullum praebeant; sed taies , se
importunité ou autrement , défendons à nos Juges
culi leges cooperatoresque eorum capite feriri prae-
d'y avoir égard. Ord. de 1619. art. 16.9.
cipiunt , & sacri Canones spiritu Dei conditi non
folùm Raptores , sed etiam omnes eorum coope- (3) Ne seront données aucunes Lettres d'Abo
ratores eisque consentientes , anathemate feriunt , lition pour le Crime de Rapt commis par
DE LA LUXURE , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 251
violence Ord. de 1 670. ris. 1 6. art. 4. gneurs de ^contraindre leurs Sujets , & autres de
Et parce qu'aucuns abusons de la faveur de nos bailler leurs filles , nièces ou pupilles en mariage
prédécesseurs, par importunité ou plutôt fubrepti- à leurs serviteurs ou autres , contre la volonté
cernent, ont obtenu quelquefois Lettres de Cachet , & liberté qui doit être en tels contrats , fur peine
Closes ou Patentes , en vertu desquelles ils ont d'être privés du droit de noblesse , & punis com-
fait séquestrer des filles & icelles épousé ou fait me coupables de Rapt ; & que semblablement
épouser contre le gré & vouloir des Pères &C Me- nous voulons , aux mêmes peines , être observé
res, Parens, Tuteurs ou Curateurs , chose digne contre ceux qui , abusant de notre faveur par im-
de punition exemplaire : enjoignons à tous Juges portunité , ou plutôt subrepticement, ont obtenu
procéder extraordinairement, & comme un Cri- ou obtiennent de nous Lettres de Cachet , Closes
me de Rapt contre les impétrans , & ceux qui ou Patentes , en vertu desquelles ils font enlever
s'aideront de telles Lettres , sons avoir aucun égard ou séquestrer filles , icelles épousent ou font épou-
à icelles. Ord. d'Orléans , art. cxi. fer contre le gré & vouloir des Pere , Mère, Pa
rens , Tuteurs ou Curateurs. Ord. de Blois , art.
(4) Défendons à tous Gentilshommes & Sei- cclxxj.

§. V. Du Rapt de Séduólion.

SOMMAIRES.

î. Ce qu'on entendpar ce Crime. 1 1. Moyens de prévenir ce Crime


2. Caractères particuliers qui le distinguent 12. Formalités prescrites pour les mariages.
du Rapt de Violence. 13. Nécessite du consentement des Pere ,
,3. Pourquoi appellé Rapt d'Ordonnance? Mere ù Tuteurs pour le mariage des
4. En quoi nos Usages différent fur ce point Mineurs.
de Ceux du Droit Romain. 14. Obligation des ensans de famille Ma-
5. Ce que ce Crime a de particulier , quant jeurs de requérir le consentement de leurs
a la manière de le poursuivre. pere & mere.
6. Ce qui le distingue aujsi par rapport a la 15. Présence du propre Curé des Parties.
Compétence. 1 6. bixation du domicile pour les mariages.
7. Autres distinctions remarquables quant 17. Publication des Bans , contre les ma-*
h la manière de le punir. riages clandestins.
8. Peine contre le Ravisseur. 1 8. Nécessité des Registres , & forme qu'ils
9. Peine contre la personne ravie. doivent avoir.
1 o. Peine contre les Complices , ô ce quil 1 9. Formalités requises pour les mariages
faut entendre fous ce nom. coniraclés en pays étrangers.

L
qu'on en- Ce Crime se commet par des personnes ligion donnent aux pères & mères de veiller
cTcrww maÌeures *lu* ont suborné une jeune fille à rétablissement de leurs enfans , & d'em-
* rune* ou veuve mineures , en s'emparant de son pêcher qu'ils ne déshonorent leur famille

cœur par des voies illicites & artificieuses , par des alliances honteuses. II en faut dire
pour en abuser sous promesse de mariage, de même des Tuteurs & Curateurs qui
j j les représentent. Ce qui ne doit s'entendre
_ _ . . _ néanmoins à l'égard de ceux-ci , qu'avec
Ce Crime diffère par conséquent du Rapt leS modisications que n0Us remarquerons
par- de violence , en ces quatre points : 1 °. en cí_aprés
quiwTdiC. ce ^U ^ Peut ^e c°mmettre fans qu'il y ait * III
tineuem enlèvement d'un lieu à un autre 52°. en
íriolenofc6 ce qu'il ne se commet qu'envers des filles On appelle aussi ce Crime Rapt d'Or- j. p0trr.
ou veuves mineures , au lieu que le Rapt donnance , parce qu'il en est parlé princi- 1".°' aP~
de violence peut se commettre également paiement dans les Ordonnances du Royau- d'Ordon-
envers des filles ou veuves majeures } me. Ce n'est pas que l'on ne trouve aussi
3 °. en ce qu'il se fait sous la foi d'une dans le Droit Romain quelques dispositions
promesse de mariage , & par conséquent qui sont relatives à ce Crime ; car nous
il ne peut , comme le Rapt de vio- venons de voir , d'après la Loi unique , au
lence , avoir lieu à l'égard des femmes Code de Raptu Virginum , & la No-
mariées ; 40. enfin , en ce qu'il se fait VELLE 1 34, rapportées sur le §. précédent,
du consentement de la personne séduite , qu'il y a également peine de Mort contre
& seulement contre le gré de ses parens , le Ravisseur , soit que la fille ait consenti
ce qui le fait appeller Raptus in parentes ; au Rapt ou nom ; five nolenti, five volenti ,
parce qu'en effet , c'est à ceux-ci que ce par la raison que le consentement qu'elle
Crime fait principalement injure , comme donne ainsi à son déshonneur , ne doit être
violant les droits que la nature &. la Re- regardé que comme L' effet des mauvaises
2$2 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. III. Tit. IV.
voies que le Ravislèur auroit employées y j
pour la séduire.
j y 2°. Quant à la compétence des Juges il 6". CeqoJ
y a encore cette différence entre ces deux „ue "ùû
ouoi Nous venons de voir aussi , d'après ces Crimes , qu'au lieu que le Rapt de Vio- par rap-
4. En
ges
nos diffé- mémes Loix > qu'il y a également Peine de lence , comme formant un cas Royal , ne P°£ \t£
rem fur ce nullité pour les mariages qui fe contractent doit être poursuivi que pardevant les Baillifs ce, ?C

point de en pareii cas fans ie consentement des & Sénéchaux , le Rapt de Séduction n'est
ceux du t, Mères ou Tuteurs de la personne regardé parmi nous que comme un cas or-
Droit Ro- Pères
maint ravie. En forte que la feule différence qui dinaire dont peuvent connoître les simples
fe trouve entre nos Usages & ceux du Prévôts Royaux & les Juges des Seigneurs.
Droit Romain íùr ce point , c'est que nous V. ait. xi. du tit. premier de l'Ord. de 1670.
n'avons aucunes dispositions particulières
dans nos Loix , qui portent des Peines cor v 1 r.
porelles contre ceux des parens qui fe prê
30. Enfin pour ce qui concerne la ma- 7. Autre»
tent à ces sortes de Rapt ; mais seulement niere de punir le Rapt le Séduction , nous 4istinc- .
celle de l'incapacité qu'elles prononcent y „ rT . ,.n. tions re-
allonS voir que nos Loix distinguent en-marqua.
tant contre eux , que contre leurs enfans , ,, . , ^ , , ,• , , ,
i r »-i c a Z r r. a \} * core ce Crime, du Rapt de Violence , en ?«•<!»*»
loríqu ils le rendent complices deceKapt, , r ' XT r ! , à la manie-
en donnant conseil , aide ou retraite aux cou- Plusie,urf PointS- NouS rema5f°nS d ab°,rd « d* *
en gênerai que toutes les dilpofitions des punir.
pables de ce Crime , & en approuvant leur
Loix Pénales qui ont été rendues fur cette
mariage : c'est entr'autres la disposition de
matière portent fur deux objets principaux,
l'art. 169 de l'Ordonnance de 1629, renou-
dont Yun tend à déterminer la qualité des
vellé par Fart. 3 de la Déclaration de 1639.
Peines que le Législateur a cru les plus pro
Déclarons ensemble les parens qui assistent , pres pour réprimer ce Crime ; Vautre à mar
donnent conseil , aide Sí retraite , ou prêtent con quer lesmoyens les plus sûrs pour le préve
sentement auxdits prétendus mariages , & leurs nir , en prescrivant les formalités nécessaires
hoirs , à toujours incapables de pouvoir succéder
directement ui indirectement auxdites veuves, fils pour affùrer la validité & la publicité des
ou filles , & desquelles , audit cas , nous les avons mariages qui se contractent par lesenfáns de
privés & déclarés indignes, fans que lesdits enfans famille. Quant aux Peines portées contre
puilsent être légitimés , ni leurs parens réhabilités
ce Crime , l'on voit qu'elles frappent fur
pour recueillir lesdits biens ^ & si aucunes Lettres
étoient impétrécs de nous par importunité ou au trois sortes de personnes ; fur le Séducteur ,
trement , défendons à nos Juges d'y avoir égard. fur la Personne séduite , & sur les Compli
Ord. de 1619. art. 160. V. tari. 3. de la DÉCZ. de ces du Rapt de Séduction.
1639 , qui fera rapp. ci-après.
VIII.
V.
i°. Contre le Séducteur. Nous voyons 8. Peink
5. Ce que Mais indépendamment des différences qu'en même temps que nos Loix l'afliijet- ^"yreJ.*
«CrimeaqUe nous venons de remarquer entre le tissent en général à la peine de Mort & de
H«p quant Rapt de Séduction & celui de Violence , la Confiscation , de même que les Cou
à la œaniej d'après les définitions même de ces Cri- pables de Rapt de Violence, elles ne le
poursuï- mes y & leurs caractères particuliers , il y font pas néanmoins d'une manière aufïï
vre. en a encore plusieurs autres que nous trou- absolue que dans ce dernier cas , où nous
vons marquées dans les Loix , soit íùr la avons vu qu'elles déclarent cette Peine
manière de le poursuivre , soit sur la com absolument irrémissible. L'on veut dire
pétence des Juges qui en doivent connoî qu'en fait de Rapt de Séduction elles font
tre , soit enfin íùr la manière dont il doit dépendre principalement l'application de
être puni. Ainsi , 1 °. quant à la manière cette Peine des circonstances qui ont ac
de le poursuivre , il y a cette différence compagné ce Crime. Ces circonstances
entre ces deux Crimes , que comme le qui se trouvent marquées plus particulié-
Rapt de Séduction intéresse principalement rement par une derniere Loi donnée eni 7 3 o,
les Parens, ainsi que nous venons de l'obfer- font de deux fortes. Les unes se tirent des
ver , il n'y a qu'eux aussi qui aient le droit artifices , intrigues ou autres mauvaises
de le poursuivre : au lieu que le Rapt de voies qui auroient été employées de la part
Violence intéressant Tordre public , aussi- du Séducteur pour parvenir aux mariages
bien que l'honneur des familles , peut & à l'insçu & fans le consentement des pères ,
doit même être pouríùivi , à défaut de mères , tuteurs ou curateurs & parens. ,
plainte de la part des parens, par la Partie comme s'il y avoit employé le faux ou la
publique à laquelle nous avons vu que nos corruption des domestiques à prix d'argent.
Loix faisoient même des injonctions ex- Les autres fe tirent de la qualité & indignité
presses à ce lùjet. des Coupables : en quoi cette Loi veut parler
fans
DE LA LUXURE , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 2tf
sans doute de ceux dont la qualité scroit il n'y a qu'eux seuls qui puissent la révo
telle , qu'elle les rendroit absolument in quer , & que le Prince s'est interdit à lui-
dignes de l'alliance qu'ils auroient cherché même la faculté d'accorder des Lettres
à íè procurer par leurs Crimes , Comme à l'effet de réhabiliter ceux qui ont
s'ils étoient infâmes , ou s'il y avoit d'ail été ainsi déclarés incapables de succes
leurs une inégalité considérable entre le sions (2).
Séducteur & la personne séduite , soit du
côté de l'âge , íoit du côté de la naissance , ( 1 ) Déclarons , conformément aux saints Décrets
soit du côté de la fortune. Ce qu'on peut & Constitutions Canoniques , les mariages faits
avec ceux qui ont ravi , enlevé des veuves , fils
dire , à plus forte raison , de ceux dont la
& filles , de quelqu'âge & condition qu'ils soient ,
qualité leur donneroit un avantage parti non valablement contractés , sans que par le temps ,
culier pour parvenir à consommer ce Cri ni par le consentement des personnes ravies , & de
me , comme celles de Tuteurs , Geôliers , leurs Pères & Mères , Tuteurs & Curateurs , ils
& autres dont nous avons parlé en traitant puissent être confirmés, tandis que la personne ravie
est en la possession du Ravisseur ; &c néanmoins
du Stupre.
en cas que , fous prétexte de majorité , elle donne
un nouveau consentement après être mise cn li
Les Ordonnances , Edits & Déclarations des berté, pour se marier avec le Ravisseur , nous la
Rois nos Prédécesseurs qui concernent le Rapt de déclarons , ensemble les enfans qui naîtront d'un
Séduction , notamment 1 Article XLII de l'Ordon- tel mariage , indignes & incapables de légitimes &
nance de Blois , & la Déclaration du 16 Novem de toutes successions directes & collatérales qui
bre 1639, seront exécutés selon leur forme fie leur pourront échoir , sous quelque titre que ce
teneur dans toute l'étendue de notre Royaume , soit , conformément à ce que nous ordonnons contre
Pays , Terres & Seigneuries de notre obéissance ; les personnes ravies par subornation. DÉ CL.de 1639.
ordonnons en conséquence qu'à la Requête des art. 3.
Parties intéressées , ou à celle de nos Procureurs-
Généraux & de leurs Substituts , le Procès soit fait (1)... Et afin qu'aucun connoisse combien nous dé
& parfait suivant la rigueur des Ordonnances , à testons ces sortes de Rapt , nous défendons très-ex-
tousceux ou celles qui seront accusés d'avoir séduit pressément aux Princes & Seigneurs de nous faire
& suborné par artifices , intrigues , ou autres mau- instance pour accorder des Lettres , afin de re'hM
vaises voies , des fils ou filles , même des veuves liter ceux que nous avons déclarés coupables de suc
mineures de vingt-cinq ans , pour parvenir au ma cessions , à nos Secrétaires d'Etat de les signer, & à
riage à Pinsçu ou sans le consentement des Pères , notre très-cher & féal Chancelier de les sceller , &
Mères , Tuteurs ou Curateurs & Parens sous la à tous Juges d'y avoir aucun égard , en cas que , par
puissance & autorité desquels ils sont. Décl. du 11 importunité , ou autrement , on en eût impétré au
Novembre 1730. Art. I... Les personnes majeures cunes de nous. Voulons que, nonobstant telles dé
ou mineures qui n'étant point dans les circonstances rogations , les Peines contenues en nos Ordonnan
ci dessus marquées , se trouveront seulement cou ces soient exécutées. Même DÊCL. art. 4.
pables d'un commerce illicite, seront condamnées
à telle Peine qu'il appartiendra , selon l'exigence
X.
des cas , fans néanmoins que les Juges puissent
prononcer contre elles la peine de Mort , si ce n'est
que par Yatrocité des circonstances , par la qualité & 30. Contre les Complices du Rapt de 10. Peine
1 indignité des Coupables , le Crime parut mériter Séduction , la Peine est arbitraire suivant ComVe*
le dernier supplice; ce que nous laissons à l'honneur ces mêmes Loix , de même qu'à l'égard ce°mpcê
& à la conscience des Juges , qui ne pourront , en des Complices du Rapt de Violence : c'est- 9U 11 seut
aucun cas , décharger l'Accusé de la peine de Mort, . . encoure
entendre
sous la condition h sous l'offre faite par les Par- a-dire , qu'elle doit se régler , comme nous sous ce
ties de s'unir par les liens du mariage ; le tout l'avons dit , suivant la qualité de ces Com- nom'
ainsi qu'il est porté par l'Art. II. de notre présente plices , ou suivant le plus ou moins d'in
Déclaration , dans le cas de Rapt de Séduction. fluence qu'ils auroient pu avoir à ce Crime.
Art. III de la même Loi.
II y a seulement cela de remarquable relative
.... Conjonctions malheureuses qui troublent le
repos & fittrissent l'honneur de plusieurs familles ment aux Complices du Rapt de Séduction ,
par des alliances souvent encore plus honteuses par la que nos Loix ne mettent pas seulement
corruption des moeurs que par Finégalitéde la naissance. de ce nombre , tous ceux qui ont aidé ou
Ce sont les termes du Préamb. de la Décl. de 1 697. favorisé ce Crime , soit en aidant ou don
qui fera rapp. ci-après. nant retraite aux Coupables , ou en abusant
de leur autorité , comme font les Seigneurs
I X. & autres dont nous avons parlé fur le Rapt
de Violence ; mais encore ceux qui favo
9. Peine 2°. Contre la personne séduite. La Peine risent les mariages à l'infçu & contre le
contre la portée par nos Loix consiste principalement gré des Pères , Mères , Tuteurs & Curateurs.
personne
ravie. dans la faculté que ces Loix laissent à ses Nous en avons donné un exemple , d'après
pere & mere de pouvoir Yexhéréder , ainsi l'art. 169 de l'Ordonnance de 1629, dans
que les enfans issus de son mariage ( 1 ) ; les parens qui donnent conseil , aide , ou
faculté , au reste , tellement personnelle à retraite , & prêtent leur consentement à
ces derniers , que dès qu'une fois ils en ces mariages ; nous en ajouterons de quatre
ont usé en prononçant cette exhérédation , autres espèces , d'après la Déclaration
a$4 LES LOIX CRIMIN ELLES, Liv. III. Tit. IV.
de 1 697 ; sçavoir 1 °. les Curés & Vicaires nissement s'ils ne sont pas capables de subir ladite
qui marient fans qu'il leur ait apparu du peine de Galères , & les femmes à faire pareille
consentement des Pères , Mères , Tuteurs & ment Amende honorable , 8c au Bannissement,
qui ne pourra être moindre de neuf ans. Même
Curateurs , & fans s'en informer soigneuse DÉCL. art. 3.
ment i i°. ceux qui marient d'autres que
leurs Paroissiens fans le consentement de XI.
leur propre Curé (1); 30. ceux qui feignent
4°. Moyens de prévenir les Rapts de n.Moya^
d'être les Pères , Mères , Tuteurs ou Cura
Séduction. Comme le but principal de depréyenir
teurs ; 40. enfin , les Témoins qui concou- r\ • • ce Crime,
ceux qui commettent ce Crime , ou qui
rént , par de fausses déclarations , à ces
le favorisent , est l'accomplisfement du ma
sortes de mariages. (2) II y a contre les uns
riage entre le Ravisseur & la personne
& les autres des Peines particulières portées
ravie , & que , d'un autre côté , nous venons
par les articles 2 & 3 de cette derniere
de voir , d'après les dispositions ci-dessus
Loi.
rapportées , que , parmi les Peines portées
contre ce Crime , se trouve celle de la
Voulons que si aucuns desdits Curés ou Prêtres ,
Nullité des mariages qui fe contractent en
tant Séculiers que Réguliers , célèbrent ci-après ,
sciemment & avec connoiffance de cause , des ma pareil cas , l'on sent que nos Loix n'au-
riages entre des personnes qui ne font pas effec roient rempli qu'imparfaitement leur objet ,
tivement de leurs Paroisses , fans en avoir la per íì , en même temps qu'elles prononcent
mission par écrit des Curés de ceux qui les con cette peine de Nullité , elles n'avoient eu
tractent, ou de l'Archevêque ou Evêque Diocé
soin de déterminer y par des dispositions
sain, il soit procédé contr'eux extraordinairement ,
& qu'outre les Peines Canoniques que les Juges précises , Tordre & les formalités nécessai
d'Eglise pourront prononcer contr'eux , lesdìts Cu res pour assurer la validité des mariages , en
rés & autres'Prêtres , tant Séculiers que Réguliers général. Aussi voyons-nous , que c'est princi
qui auront des Bénéfices , soient privés , pour la palement ce dernier objet qui a donné lieu à
première fois , de la jouissance de leurs Cures 8c Bé
une foule de dispositions , dont la variété
néfices pendant trois ans , à la réserve de ce qui
est absolument nécessaire pour leur subsistance , ce & l'étendue ne laissent aucun prétexte à
qui ne pourra-excéder la somme de six cent livres ceux qui voudroient les éluder fur ce point.
dans les plus grandes Villes,& celle de trois cent liv. Avant que d'entrer dans ce détail , nous
par-tout ailleurs ; & que le surplus desdits revenus ne croyons pouvoir mieux faire sentir toute
soit saisi à la diligence de nos Procureurs,& distribué l'importance & la sagesse de ces disposi
en œuvres pies par Tordre de l'Archevêque ou Evê
tions , en même temps qu'en faciliter l'in-
que Diocésain; qu'en cas d'une seconde contraven
tion , ils soient bannis pendant le temps de neuf ans telligence , qu'en rappellant ici les Préam
des lieux que nos Juges estimeront à propos ; que bules des deux Loix les plus remarquables
les Prêtres Séculiers qui n'auront point de Cures & qui aient été rendues fur cette matière ,
de Bénéfices , soient condamnés pour la première sçavoir, les Déclarations de 1639 (1) &
fois au Bannissement pendant trois ans , & , en cas
de 1697 (2).
de récidive , pendant neuf ans ; & qu'à l'égard des
Prêtres Réguliers, ils soient envoyés dans un Cou
vent de leur Ordre , tel que leur Supérieur leur
assignera , hors des Provinces qui seront marquées (O Louis,&c. Salut. Comme les mariages sont
par les Arrêts de nos Cours , ou les Sentences de les Séminaires des états , la source & Porigine de
nos Juges , pour y demeurer enfermés pendant le la société civile , & le fondement des familles qui
temps qui fera marqué par lesdìts Jugemens , fans composent les Républiques , qui servent de prin
y avoir aucune charge , fonction , ni voix active & cipes à former leurs Polices , 8í dans lesquelles
passive , & que lefdits Curés & Prêtres puissent , en se trouvent la naturelle révérence desenfans envers
Cas de Rapt fait avec violence , être condamnés à leurs parens , 8c le lieu de la légitime obéissance des
plus grandes Peines lorsqu'ils prêteront leur mi Sujets envers leur Souverain ; aussi les Rois nos
nistère pour célébrer des mariages en cet état. Prédécesseurs ont jugé digne de leur soin de faire
DÉCL. de 1697. art. -.r; des Loix de leur ordre public , de leur décence exté
rieure , de leur honnêteté & de lsur dignité. A cet
(z) Voulons pareillement que le Procès soit fait à effet ils ont voulu que les mariages fussent publique
tous ceux qui aurontsupposeëtre leurs Pères & Mè ment célébrés en face d'Eglise, avec toutes lesjustes
res , Tuteurs ou Curateurs des Mineurs pour l'ob- solemnités 8c les cérémonies qui ont été prescrites
tention des permissions de célébrer des mariages. , commeessentielles par les saintsConciles, 8c par eux
des dispenses de bans, & des mains-levées des oppo déclarées être,non-seulement de la nécessité du pré
sitions formées à la célébration desdits mariages , cepte , mais encore de la nécessité du Sacrement :
comme aussi aux Témoins qui auront certifié des faits mais outre les Peines indites par les Conciles ,
qui se trouveront faux à l'égard de l'âge , qualité & aucuns de nosdits Prédécesseurs ont permis aux
domicile de ceux qui contractent, soit pardevant pères Sc aux mères d'exhéréder leurs enrans qui con-
les Archevêques ou Evêques Diocésains , soit par tractoient des mariages clandestins fans leur con
devant les Curés & Prêtres , lors de la célébration sentement , 8c de révoquer toutes 8c chacunes les
desdits mariages ; & que ceux qui seront trouvés donations 8c avantages qu'ils leur avoient faits.
coupables desdites suppositions & faux témoigna Mais quoique cette Ordonnance fût fondée fur
ges , soient condamnés , sçavoir , les hommes à le premier Commandement de la seconde Table ,
faire Amende honorable & aux Galères pour le
contenant l'honneur & la révérence due aux parens,
temps que nos Juges estimeront juste , 8c au Ban- elle n'a pas été assez forte pour arrêter le cours du
DE LA LUXURE , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 235
mal & du désordre qui a troublé le repos de tant dont la juste sévérité pût empêcher à l'avenir ces sur-
de familles , & flétri leur honneur par des alliances prises , que des personnes supposées & des témoins
inégales , 8í souvent honteuses & infâmes ; ce qui corrompus ont osé faire pour la concession des Dis-
depuis a donné sujet à d'autres Ordonnances qui penses & la célébration des mariages , & contenir
désirent la proclamation de bans, la présence du dans leur devoir les Curés & les autres Prêtres,
propre Curé , & de témoins affistans à la bénédic- tant Séculiers que Réguliers , lesquels , oubliant la
tion nuptiale, avec Peine contre les Curés, Vicaires dignité & les obligations de leur caractère , violent
& autres qui passeroient outre à la célébration des eux-mêmes les règles que l'Eglise leur a prescrites ,
mariages des enfans de famille , s'il ne leur appa- & la sainteté d'un Sacrement dont ils font encore
roiflbit des consentemens des Pères ÔC Mères , Tu- plus obliges d'inspirer le respect par leurs bons
teurs & Curateurs , fur peine d'être punis comme exemples , que par leurs paroles. Et comme nous
fauteurs du Crime de Rapt , comme les auteurs avons été informés en même temps qu'il s'étoitpré-
& complices de tels illégitimes mariages : toute- senté quelques cas en nos Cours , auxquels n'ayant

dépravation des mœurs' ont toujours prévalu fur nécessaires pour Tordre & la police publique.A ces
nos Ordonnances si saintes &C si salutaires , dont causes , après avoir fait mettre cette affaire en dé
même la vigueur &C observation a été souvent re- libération en notre Conseil , de Pavis d'icelui & de
lâchée par la considération des pères & mères qui notre certaine science , pleine puissance & autorité
remettent leur offense particulière , bien qu'ils ne royale, nous avons parnotre préfentEdit , statué &
puissent remettre celle qui est faite aux Loix pu- ordonné , statuons & ordonnons , voulons & nous
bliques.C'est pourquoi ne pouvant plus souffrir que P^tt. Préambule de la Décl. du mois de Mars
nos Ordonnances soient ainsi violées , ni que la I(>97*
sainteté d'un si grand Sacrement , qui est le signe XII. :
mystique de la conjonction de J. C. avec son Eglise,
soit indignement profanée; & voyant d'autre part, à L'on voit , d'après ces Préambules, que les 1 2. For-
notre grand regret, & au préjudice de notre Etat , dispositions de ces Loix portent fur ces sept mal'té.S
que la plupart des honnêtes familles de notre objets principaux dont nous croyons , à
Royaume demeurent en troubles parla suborna- r j 1 • . j «. • • •„„•__-.
.-í », , / „ , , r " - . „ cause de leur importance , devoir traiter ici ma3ag«.
tion & enlèvement de leurs enfans , qui trouvent X , f » t. j. 1
eux-mêmes la ruine de leur fortune dans ces illégi- separément,pOur appliquer a chacun d eux les
times conjonctions : nous avons résolu d'opposer à articles particuliers qui les concernent. Sça-
la fréquence de ces maux la sécurité des Loix, & de voir, i°. fur la nécessité du consentement
retenir par la terreur de nouvelles Peines ceux que jes peres & Mères , ou des Tuteurs ou Cu-
la crainte m la révérence des Loix divines & hu- rateu„ nnur le mariage des Mineurs- 20 fur
maines ne peuvent arrêter , n'ayant en cela autre fis"1 S ' P°Us , "?anage des Mineurs , 2 . iur
dessein que de sanctifier le mariage , régler les 1 Obligation ou font les enfans majeurs qm
mœurs de nos Sujets, & empêcher que les Crimes veulent fe marier , de requérir le confente-
de Rapt ne servent plus à l'avenir de moyens &c ment de leurs peres & mères pour éviter la
degrés pour parvenir à des mariages avantageux. pei„e del'Exhérédation ; 30. fur la nécessité
A ces causes , après avoir rrns cette affaire en de j préscnce du pr0pre Curé des Parties ;
délibération en notre Conseil, de 1 avis d icelui , ôc „ r « r • f j ■ m
de notre certaine science , pleine puissance & auto- 4°- sur ^ fixation du domicile requis en cette
rité royale, nous avons statué & ordonné , statuons matière ; 50. fur la publication des bans qui
& ordonnons ce qui fuit. Prêamb. de la Décl. doivent précéder ces mariages , & la prohi-
du z6 Novembre 1639. bition des mariages secrets & clandestins j
6°. fur la nécessité &la forme des Registres
(i)L OUIS, &c Les saints Conciles ayant prescrit qui doivent constater la célébration des ma-
comme une des folemnités essentielles au Sacrement riages; 70. enfin fur les formalités nécessaires
de mariage , la présence du propre Curé de ceux pour les mariages qui fe contractent dans le*
qui contractent , les Rois nos Prédécesseurs ont pays étrangers,
autorisé par plusieursOrdonnancesl'exécution d'un
règlement si sage & qui ne pouvoit contribuer aussi XIII.
utilement à empêcher ces conjonctions malheureu
ses qui troublent le repos & flétrissent l'honneur de 1°. Nécefiìté du consentement des Peres , ij.Néces.
plusieurs familles par des alliances , fouventencore Meres $ Tuteurs pour le mariage des Mi-
plus honteuíes par la corruption des moeurs que par r* 1 rr^i r > 1 lentement
Légalité de la naissance.Mais comme nous voyons fÇ»: Cette neCessit,e s! tr0UVe eSj}ement jf-
avec beaucoup de déplaisir que la justice de ces établie par toutes les Loix , tant Canoni- f™*^
Loix , & le respect qui est dû aux deux Puissances ques , que Civiles , suivant lesquelles il pa- p0Ur le
qui les ont iaites , n'ont pas été capables d'arrêter roît qu'il y a deux sortes de Peines attachées TariaS?
la violence des passions qui engagent dans les ma- à ce défaut de consentement ; fçavoir , d'une 1-
riages de cette nature, & qu'un intérêt sordide t //• 'j : „ o, j» i>»......„ neurs.
c:. r' ' . j .» • *, -.a part , la nullité des mariages , fcc de 1 autre
tait trouver trop ailement des témoins, & meme f.'., r
des Prêtres , qui prostituent leur ministère , aussi- 1 incapacité , tant de la perlonne ravie,
bien que leur foi, pour profaner , de concert, ce que des enfans issus de ce mariage, de
qu'il y a de plus sacré dans la Religion & dans la succéder aux peres & meres qui n'y ont
société civile ; nous avons estimé nécessaire d'éta- point COnfenti ( ce qui s'entend lorsque
ÏÌLP£«ïPrî vl Tï™ MOÌt ïf 'UK ceux-ci jugent à propos d'user de la faculté
cette heure, la quahte du domicile , tel qu il est , J1t5.rr. F K ■ , , , ,
nécessaire pour contracter un mariage en qualité que leur lalssent les Loix de les exhereder
d'habitant d'une Paroisse, & de prescrire des Peines en pareil cas ) fur quoi il y a néanmoins
Gg z
2^6 LES LOIX CRIMINI ILLES, Liv. III. Tit. IV.
deux choses remarquables d'après ces mê rédés 8c exclus de leurs successions, fans espérance
de pouvoir quereller l'exhérédation qui ainsi aura
mes Loix ; l'une , que nous ne suivons point
été faite. Art. II. de t Edit de Henri U. du mois de
la disposition du Concile de Trente , sui Février \ 5 56... Puissent aussi lesdits pères oc mères ,
vant lequel ces sortes de mariages ne laissent pour les causes que dessus, révoquer toutes & cha-
pas que de subsister quant aux liens du Sa cunes les donations 8c avantages qu'ils auront faits
crement (i) , en quoi il déroge aux dispo à leurs enfans. Art. III. Ibid. Voulons 8c nous plaît
sitions des anciens Canons confirmés par que lesdits enfans qui seront ainsi illicitement con
joints par mariage, soient déclarés audit cas d'exhé-
les Capitulaires de Charlemagne ( z ) & rédation , & les déclarons incapables de tous avan
autres Loix du Royaume (3) ; Vautre , qu'il tages, profits 8c émolumens qu'ils pourroient pré
y a cette différence entre le consentement tendre par le moyen.des conventions apposées ès
donné par le Pere , & celui donné par la contrats de mariage , ou par le bénéfice des Cou-j
Mere , ou par les Tuteurs & Curateurs, qu'au tûmes & Loix de notre Royaume , du bénéfice des
quels les avons privés 8c déboutés , privons &
lieu que le premier peut seul suffire , celui
déboutons par ces Présentes , comme ne pouvant
de la Mere , ou des Tuteurs & Curateurs implorer le bénéfice des Loix 8c Coutumes en ce
ne peut valider les mariages , qu'autant qui est commis contre la Loi de Dieu 8c des
qu'ils font appuyés de l'avis des plus pro hommes. Art. IV. Ibid
ches parens des Mineurs. II y a même , ... Enjoignons aux Curés , Vicaires , 8c autres , de
s'enquérir soigneusement de la qualité de ceux qui
suivant l'Ordonnance de Blois , Peine de
se voudront marier; 8c s'ils font enfans de famille ,
punition exemplaire portée contr'eux lors ou étant en la puissance d'autrui , nous leur défen
qu'ils négligent de prendre cet avis (4). Nous dons expressément de passer outre la célébration
avons vu auffi qu'il y en avoit de parti desdits mariages , s'il ne leur apparoît du consen
culières contre ceux qui feignoient d'être tement des Pères 8c Mères , Tuteurs ou Curateurs,
fur peine d'être punis comme fauteurs du Crime de
les Pères , Mères & Tuteurs en pareil cas,
Rapt. Ord. de Blois , art. 40
ainsi que contre les témoins qui faisoient . . . Nous voulons que les Ordonnances ci-devant
de fausles déclarations à ce sujet. faites contre les enfans contractans mariages fans
le consentement de leurs Pères , Mères , Tuteurs ou
( 1 ) Tametsi dubitandum non est clandestina matri- Curateurs , soient gardées , mêmement celle qui
monia , libero contrahentium consensu facta , rata permet en ce cas les exhérédations. Mime Ord. de
& vera esse matrimonia, quamdiù Ecclesia ea irrita Blois , art. 41 . .
non fecit , 8c proindè jure damnandi sintilli, ut . . . L'Ordonnance de Blois , touchant les mariages
eos sancta Synodus anathemate damnet qui ea vera clandestins, fera exactement obiervée; 8c y ajoutant,
ac rata esse negant , quique falsò affirmant matri voulons que tous mariages contractés contre la te
monia à filiis familias , sine consensu parentum neur de ladite Ordonnance , soient déclarés non
contracta irrita esse , Sc parentes ea rata , vel irrita valablement contractés , faisant défenses à tous
facere poste ; nihilominus sancta Pei Ecclesia ex Curés 8c autres Prêtres , Séculiers ou Réguliers , fur
justiífimis causis illa semper detestata est atque peine d'amende arbitraire, célébrer aucun mariage
prohibuit.Verùm cùm sancta Synodusanimadvertat de personnes qui ne soient de leur Paroisse , sans
prohibitionis illa propterhominum inobedientiam la permission de leurs Curés , ou de leur Evêque
jam non prodesse , 8c gravia peccata perpendat qux Diocésain , nonobstant tous privilèges à ce contrai
ex eisdem clandestinis conjugiis ortum habent ; res ; 8c seront tenus les Juges d'Eglise , juger les
praeserfim verò eorum qui in statu damnationis causes desdits mariages , conformément à cet arti
permanent, dum priore uxore, cura quâ clàm con- cle. Ord. de Janvier 1629. art. 39
traxerint , relicta , cum alia p3lam contraliunt , & . . . Enjoignons... à tous Curés... de s'informer soi
cum ea in adulte rio perpetuo vivunt. Cui malo gneusement... du domicile , aussi-bien que de l'âge
cum ab Ecclesia qure de occultis non judicat , suc- 8c de la qualité de ceux qui les contractent , ( ces
curri non pofïìt , nisi efficacius aliquod remedium mariages ) ÔC particulièrement s'ils font enfans de
adhibeatur. Conc. TRiD.seJs. i\.cap. 1. Can.xi. famille , ou en la puissance d'autrui , afin d'avoir ,
(2)Conjugium quod contra parentum voîuntatem en ce cas , le consentement de leurs Pères , Mères ,
impiè copulatur, velut captivitas judicetur, sed sicut Tuteurs ou Curateurs. Edit, de 1697 ,art. 1. . .
prohibitum est , non admittatur. Cotre. d'Orléans , . . .Ajoutant à l'Ordonnance de 1556 , 8c à l'art. 2
Can. 22... Aliter legitimum non sit conjugium , nisi de celle de 1639 , permettons aux Pères & Mères
aliis qui super ipsam feminam dominationem ha- d'exhéréder leurs filles veuves, méme majeures de
bere videntur, & à quibus custoditur uxor petatur. vingt-cinq ans , lesquelles se marieront sans avoir
Can. 1. cau/1 30. qu. 5... Si parentes non inter- requis par écrit leur avis & conseil
fuerint 8c consensum non adhibuerint , secundìim ... Le contenu en l'Edit de l'an 1 5 56 , 8c aux arti
Leges nullum siat matrimonium. Cas. 2. cauf. 3 s. cles 41 , 42 , 43 8c 44 de l'Ordonnance de Blois ,
qu. 6... Si quis filiam rapuerit vel furatus fuerit fera observé ; 8c y ajoutant , nous ordonnons que
zutfiduxerit , nunquameam legitimamuxorem ha- la peine du Rapt demeure encourue , nonobstant
bere possit. Capit. Car. Magn. lib. 7. c. yff. f. les confentemens qui pourroient intervenir puis
après de la part des Pères , Mères , Tuteurs 8c Cu
(3) Voulons que les ensans ayant contracté ou qui rateurs; dérogeant expressément aux Coutumes qui
contracteront ci-après ces mariages clandestins, con permettent aux enfans de se marier après l'âge de
tre le gré , vouloir 8c consentement 8c déçu de leurs vingt ans fans le consentement des Pères , 8c avons
pères, mères, puissent, pour telle irrévérence &c déclarés 8c déclarons les veuves, fils, filles, moin
ingratitude, mépris & contemnement de leursdits dres de vingt-cinq ans, qui auront contracté mariage
pères & mères, transgression de la Loi 8c Comman- contre la teneur desdites Ordonnances , privés &c
demens de Dieu , 8c offense contre le droit & hon déchus par leur seul fait , ensemble les enfans qui
nêteté publique, inséparable d'avec l'utilité , être , en naîtront , 8c leurs hoirs , indignes 8c incapables
par lesdits pères 8c mères, 8c chacun d'eux , exhé- à jamais des successions de leurs Pères , Mères 8c
DE LA LUXURE, ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 237
Aieuls , & de toutes autres directes & collatéra l'Ordonnance , seront tenus à l'avenir d'en
les , comme aussi des droits & avantages qui pour- demander permission aux Juges Royaux
roient ieur être acquis par contrat de mariage &C des lieux , des domiciles des Pères &
testament , ou par les Coutumes &c les Loix de
notre Royaume , même du droit de légitime ; 6c Mères , qui seront tenus de la leur accor
les dispositions qui seront faites au préjudice de der fur Requête , 6c que les sommations
cette Ordonnance , soit en faveur des personnes seront faites en cette ville de Paris par
mariées , ou par elles , des enfans nés de ces ma deux Notaires Royaux , ou un Notaire
riages , nulles & de nul effet & valeur. Voulons Royal & deux témoins domiciliés qui si
que les choses ainsi données , léguées ou transpor
tées , sous quelque prétexte que ce soit , demeurent gneront avec le Notaire , le tout à peine de
en ce cas acquises irrévocablement à notre Fisc , nullité.
sans que nous en puissions disposer qu'en faveur
des Hôpitaux ou autres actions pies. Dí.cl. de (i) N'entendons comprendre les mariages qui
1679, ait. i. auront été & seront contractés parles fils excédant
Enjoignons à cet effet à tous Curés & autres l'âge de trente ans , & les filles ayant vingt-cinq
Prêtres qui doivent célébrer des mariages, de s'in ans passés & accomplis , pourvu qu'ils se soient
former soigneusement , avant d'en commencer les mis en devoir de requérir l'avis & conseil de leurs-
Cérémonies , &en dé
parole" témoignage' présence de ceux quiyassistent,
qua7rVtémoìnVdigne"s de foi dits
ê.tre Pères
&ar,dé & Mères
P0"r ; ce que
le regard des nous
mèresvoulons aussi
qui se rema-

domiciliés , & qui sçachent signer leurs noms , s'i 'jj rient, desquelles suffira requérir leur conseil &
s'en peut aisément trouver autant dans le lieu oìi l'oi
on avis , & ne seront lesdits enfans , audit cas , tenuj
célèbre le mariage , du domicile , aussi-bien que de d'attendre leur consentement. Edit de Hesm II ,
l'âge & de la qualité de ceux qui le contractent , du mois de Février 1556. art. 8.
& particulièrement s'ils sont enfans de famille ou (2) . . . Enjoignons aux fils qui excédent l'âge de
en la puissance d'autrui , afin d'avoir en ce cas les trente ans , & aux filles qui excédent celui de vingt-
consentemens de leurs Pères , Mères , Tuteurs ou cinq ans , de requérir par écrit l'avis & conseil de
Curateurs , & d'avertir lesdits témoins des Peines leurs Pères & Mères pour se marier, sous peine
portées par notre présent Edit contre ceux qui cer d'être exhérédês par eux , suivant l'Edit de l'an 1 5 56.
tifient cn ce cas , des faits qui ne sont pas véri Dtci.de 1639. art. r
tables , & de leur en faire signer , après la célé . . . Ajoutant à l'Ordonnance de 1 5 56 , & à l'art. 2
bration du mariage , les actes ,* qui en seront écrits de celle de 1 6 39, permettons auxPeres & aux Mères
fur le Registre , lequel en fera tenu en forme pres d'exhéréder leurs filles , veuves , même majeures de
crite par les art. 7,8,9 & 10 du titre xo de vingt-cincj ans , lesquelles se marient sans avoir re
notre Ordonnance du mois d'Avril 1667. Décl. quis par écrit leur avis & conseil. Décl. de 1697.
de 1697. , art. 5.
(4) Défendons à tous Tuteurs accorder ou con . . . Déclarons lefdites veuves , & les fils & filles ma
sentir le mariage de leurs Mineurs , sinon avec l'avis jeures , même de vingt cinq & de trente ans , les
& consentement des plus proches parens d'iceux , quels demeurant actuellement avec leurs Pères &
fur peine de punition exemplaire. Ob. d. de Blois, Mer-s, contractent à leur infçu des mariages comme
4, habitansd une autre Paroisse, sous prétexte de quel-
_ que logement qu'ils Ont pris peu de temps aupara-
*• " • vant leurs mariages , privés & déchus par leur seul
. fait des successions, ensemble les enfans qui naîtront
14.OWÎ- 2°; Obligation des enfans Majeurs de de leuridits Pères , Mères , Aïeuls , Aïeules ,& de
gation des requérir par écrit le consentement de leurs tous autres avantages qui pourront leur être acquis
semUle dC P*res & Mères pour se marier. Cette obli- Ç'1 quelque maniere^que ce puisse être , même du
majeurs gation est fondée, comme il est dit dans le droit de légitime. Même Decl. art. 6.
rir le cot Préambule de l'Edit de Henri II , 1 5 5 6 (1) ,
semement sur V honneur , révérence & obéissance que X V.
pere'eU& ces erìsanS doivent en tout a leurs Pères
& Mères , lesquels reçoivent très-grand 30. Présence du propre Curé des Parties. 15. Pré-
regret , ennui & déplaifir des mariages qui Cette formalité est regardée comme abfo- sence íiu
se sont ainsi contre leur vouloir & con- lument essentielle pour la validité du Sa- íédesPar-
senttment. Nos Loix mettent néanmoins crement par le Concile de Trente ( 1 ) , ties«
cette différence entre les mâles & les filles , dont nous íiiivons la disposition fur ce
qu'elles admettent celles-ci à faire les fom- point ; à la réserve néanmoins qu'au lieu
mations respectueuses pour éviter la Peine que ce Concile paroît n'exiger que la pré-
de l'Exhérédation aussi-tôt qu'elles ont íènee d'un seul Curé , il faut dans nos usages
atteint l'âge de vingt-cinq années, tandis le concours des Curés des deux Parties (2).
qu'elles exigent trente ans pour les mâ- Nous avons vu au surplus , en parlant des
les (2). Quant à la forme dans laquelle Complices du Rapt de Séduction, qu'il y
doivent se faire ces sommations , nous la avoit des Peines particulières portées par -
trouvons marquée dans un Arrêt de Régie- la Déclaration du mois de Mars 1 697 ,
ment de ce Parlement, du 27 Août 1692 , contre les Curés & Vicaires qui marioient
par lequel il est ordonné que les fils & d'autres que leurs Paroissiens fans le con-
filles, même les veuves , qui voudront faire fentement de leur Curé. Nous avons d'ail-
fommer leurs Pères , Mères aux termes de leurs un Edit du mois de Juin de la même
238 LES LOIX CRIMINE LLÉS, Liv. III. Tit.ÌV.'
année 1697 (3) , par lequel il est enjoint à riées par d'autres Prêtres , aux fins de représenter
ceux qui se sont ainsi mariés , hors la pré auxdits Prélats, dans un temps convenable, les actes
de célébration de leurs mariages... Voulons qu'en
sence de leur propre Curé , de réhabiliter
cas que Iesdits Archevêques & Evêques trouvent
leurs mariages pardevant ce dernier , si les que Iesdits mariages n'aient pas été célébrés par les
Evêques Diocésains le jugent à propos , propres Curés des contractans , & qu'il n'y ait d'ail
fous peine de la privation de tous effets leurs aucun empêchement légitime , ils puissent
civils de ces mariages. leur enjoindre de les réhabiliter dans les formes
prescrites par les saints Canons & nos Ordonnan
ces, après avoir accompli la pénitence salutaire qui
(O Qui aliter quàm praefente Parocho , vel alio leur fera par eux imposée , & même de se séparer
Sacerdote de ipsius Parochi feu Ordinarii licentia , pendant un certain temps , s'ils jugent que cela
& duobus vel tribus testibus matrimonium con- puisse être fait fans un trop grand éclat , ce que
trahere attentabunt , eos sancta Synodus ad sic con- nous laissons à leur prudence ; & en cas que ceux
trahendum omninò inhabiles reddit : ôchujufmodi qui auront été assignés ne rapportent pas les actes
contractus irritos & nullos esse decrevit, prout eos de célébration de leurs mariages auxdits Archevê
praesenti decreto irritos facit , & annullat insuper ques ou Evêques dans le temps qui leur aura été
Parochum , vel alium Sacerdotem qui cùm minore marqué; enjoignons à nos Officiers dans le ressort
testium numero , & testes qui sine Parocho , vel desquels ils demeurent, fur l'avis que Iesdits Arche
Sacerdote, hujusmodicontractui interfecerint , nec vêques & Evêques leur en donneront , de les obli
non ipsos contrahentes graviter , arbitrio Ordinarii, ger de se séparer par des condamnations d'amende,
puniri praecipit. & autres Peines plus grandes , s'il est nécessaire ,
& fans préjudice aux Archevêques & Evêques de
(1) Premièrement nous voulons que l'art. 40 , les exclure de la participation aux saints Sacremens
de l'Ordonnance de Blois , touchant les mariages de l'Eglise , après les monitions convenables , s'ils
clandestins , soit exactement gardé , & interpré persistent dans leur désordre... Enjoignons à nos
tant icelui , ordonnons que la proclamation des Cours de Parlemens de tenir la main à ce que nos-
bans fera faite par le Curé de chacune des Parties
dits Officiers fassent ponctuellement exécuter les
contractantes , avec le consentement des Pères & Ordonnances desdits Archevêques & Evêques à cet
Mères , Tuteurs ou Curateurs , s'ils font enfans égard , & de donner auxdits Prélats tout l'aide &
de famille , ou en la puissance d'autrui ; & qu'à les secours qui dépendent de l'autorité que nous
la célébration du mariage assisteront quatre témoins leur avons confiée...Déclaronsque les conjonctions
dignes de foi , outre le Curé qui recevra le con des personnes , lesquelles se prétendront mariées 6c
sentement des Parties , & les conjoindra en ma vivront ensemble en conséquence des actes qu'ils
riage , suivant la forme pratiquée en l'Eglise. Fai auront obtenus du consentement réciproque avec
sons très- expresses défenses à tous Prêtres , tant Sé lequel ils font pris pour maris & pour femmes ,
culiers , que Réguliers , de célébrer aucuns mariages n'emporteront ni communauté, ni douaire , ni au
qu'entre leurs vrais & ordinaires Paroissiens , fans cuns autres effets civils , de quelque nature qu'ils
la permission par écrit du Curé des Parties , ou de puissent être , en faveur des prétendus conjoints
l'Evêque Diocésain , nonobstant les Coutumes im ÔC des enfans qui en peuvent naître , lesquels nous
mémoriales 6c Privilèges que l'on pourroit alléguer voulons être privés de toutes successions , tant di
au contraire : ordonnons qu'il fera fait un bon & rectes que collatérales... Défendons à tous Juges , à
fidèle Registre , tant des mariages que de la publi peine d'interdiction , & même de privation de
cation des bans , ou des dispenses & des permissions leurs charges , si nos Cours le trouvent ainsi à
qui auront été accordées. Dieu de 1639 , art. 1. propos , par les circonstances des faits, d'ordonner
aux Notaires de délivrer des actes de cette nature ,
& à tous Notaires de les expédier , fous quelque
(3) J-iOUIS , &c. Ordonnons que notre Edit du prétexte que ce puisse être , à peine de privation
mois de Mars dernier fera exécute selon fa forme & de leurs charges , & d'être déclarés incapables d'en
teneur. Enjoignons à nos Cours de Parlement , & tenir aucunes autres de Justice dans la fuite. Si
autres nos Juges &Officiers d'y tenir la main; & lors donnons en Mandement , &c. Edit du t$Juin
qu'ils jugeront des causes ou desProcès dans lesquels 1697. reg. le 11 du mème mois.
il s'agira de mariages célébrés pardevant des Prêtres,
autres que les propres Curés des contractans , fans
en avoir obtenu les Dispenses nécessaires, &: même XVI.
fur les poursuites que nos Procureurs en pourront
faire d'office , dans la première année de la célé 4°. Domicile des fils de famille pour là. 16. Ftxa-
bration desdits prétendus mariages , d'obliger ceux célébration de leurs mariages. Cette forma- tjon.
qui prétendent avoir contracté des mariages de cette p ,. ' domicile
manière , de se retirer pardevers leur Archevêque lite a ete principalement établie, comme I on pour les
ou Evêque , pour les rehabiliter suivant les formes fçait , pour déterminer ce que l'on devoit en- ^«ges.
prescrites par les saints Canons & par nos Ordon tendre par propre Curé des Parties. Nos
nances , après avoir accompli la pénitence salutaire Loix distinguent à cet égard entre le do
qui leur sera par eux imposée , telle qu'ils l'estime-
micile des mineurs , & celui des majeurs ;
ront à propos. Permettons aussi aux Promoteurs
desdits Archevêques , lorsque nos Procureurs , ou elles veulent , à l'égard des mineurs , qu'ils
les parties intéressées, ne feront aucunes procédures n'aient point d'autre domicile que celui de
pardevant nos Juges , de faire assigner pardevant leurs Pères & Mères , Tuteurs & Cura
íesdits Archevêques ou Evêques , dans le terme ci- teurs (1) ; & quant aux majeurs , elles
dessus,& après en avoir obtenu d'eux une permission exigent , pour la validité de leurs mariages,
expresse , les personnes qui demeurent & vivent
ensemble , & qui n'ont point été mariées par les qu'ils aient demeurés fix mois dans le Dio
Curés des Paroisses dans lesquelles ils demeurent , cèse du Curé par qui doit s'en faire la cé
& qui n'ont point obtenu dispenses pour être ma- lébration , & pendant une année lorsque

1
DE LA LUXURE , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 239
ce Curé est d'un autre Diocèse que celui que ce puisse être , même du droit de légitime.
des Parties ; & elles exceptent seulement Même DÈCL. art. 6.
le cas où ces Parties rapporteroient une (4) Par cet Arrêt , il est enjoint à tous le»
permission spéciale & par écrit des Curés Curés & Prêtres du ressort de la Cour d'obser
de leur précédent domicile , ou de l'Evêque ver les Edits , Ordonnances } Arrêts & Réglemens
de la Cour intervenus fur ra validité des mariages,
Diocésain (2). Enfin nos Loix ont porté
s'il ne leur apparoît du domicile des contractans
la précaution encore plus loin à cet égard. dans leurs Paroisses, même à l'égard des mineurs
Comme il arrivoit que les enfans de famille 6c fils de famille , du consentement de leurs Pères
majeurs , qui demeuroient actuellement 6c Mères , Tuteurs ou Curateurs : leur enjoint de
avec leurs Pères & Mères , contractoient , faire déclarer aux témoins depuis quand les con
tractans seront domiciliés dans leurs Paroisses , &
à l'insçu de ceux-ci , des mariages , comme
d'avertir les témoins , des Peines ordonnées contre
habitans d'une autre Paroisse , fous prétexte ceux qui auront fait de fausses déclarations , le
de quelque logement qu'ils y auroient pris tout contre lesdits Curés 6c Prêtres fous les Peines
avant leur mariage : c'est pour les punir portées par les Ordonnances , Arrêts 6c Réglemens
de cette fraude qu'elles les déclarent , ainsi de la Cour.
que leurs enfans , incapables de successions
XVII.
& autres avantages à eux faits par leurs
Pères & Mères , Aïeuls & Aïeules (3).
5°. Publication des bans. Cette formalité 17. Publí-
Enfin l'exécution de toutes ces Loix a été íe trouve prescrite de la manière la plus Ba^ndM
ordonnée par un Règlement particulier de
expresse par le Concile de Trente (1) ,dont ue les "
ce Parlement du 5 Mai 1 7 1 o (4). la disposition a été renouvellée parl'art. 40 mariage»
clandes
de l'Ordonnance de Blois (2). L'on sent assez tins.
(1) Déclarons que le domicile des fils & filles la sagesse des motifs qui ont fait établir
de ramilles mineurs de vingt - cinq ans , pour cette formalité. L'un des principaux a été
la célébration de leur mariage , est celui de d'empêcher ces mariages secrets ô clan
leurs Pères , Mères , ou de leurs Tuteurs 6c Cura
teurs , après la mort de leursdits Pères 6c Mères ; destins qui font l'obiet particulier des dé
& en cas qu'ils aient un autre domicile de fait , fenses portées par l'art. 5 de la Déclara
ordonnons que ces bans seront publiés dans les tion de 1639 (3).
Paroisses où ils demeurent , Sedans celle de leurs
Pères 6c Mères , Tuteurs & Curateurs... Ajoutant
à l'Ordonnance de 1 5 56 , & 1 art. i de celle de Tari (ì)Idcircòsacri Lareranensis Concilii , fub ínne^
1679 , permettons aux Pères & aux Mères d exhé- eentio III celebrati, vestigie inhaerendo praecipit,
ut in posterum, antéquam matrimonium contraha-
réder leurs filles , veuves , même majeures de
tur , ter à proprio contrahentium Parocbo tribus
vingt-cinq ans , desquelles se marient sans avoir re
continuis diebus festivis in Ecclesia inter missarum
quis par écrit leurs avis 6c conseils. Dècl. de 1697.
solemnia publicè denuntietur inter quos matrimo
art. 4.
nium sit contrahendum : quibus denuntiationibus
(z) Voulons & nous plaît que les dispositions des factis, si nullum legitimum opponatur impedimen-
saints Canons , 6c les Ordonnances des Rois tumad celebrationem matrimonii, infacie Ecclesiaî
nos Prédécesseurs , concernant la célébration des procedatur , ubi Parochus viro & muliere interro-
mariages , 6c notamment celles qui regardent la gatis , & eorum mutuo consensu intellecto vel di-
nécessité de la présence du propre Curé de ceux cat : ego vos in matrimonium conjungo in nomine
qui contractent , soient exactement observées ; 6c Patris , & Filii , & Spiritus sancti : vel aliis uniuf-
en exécution d'icelles , défondons à tous Curés & cujufque Provincial ritum. Quod si aliquando pro-
Prêtres , tant Séculiers , que Réguliers , de con- babilis fuerit suspicio matrimonium malitiosè impe-
joindre en mariage autres personnes que ceux qui diriposse , si tot praecesserint denuntiationes, tune
font leurs vrais &i ordinaires Paroissiens, demeurans vel una denuntiatio fiat , vel faltem Parocho 6c
actuellement & publiquement dans leurs Paroisses , duobus vel tribus testibus prœfentibus matrimo
au moins depuis six mois , à l'égard de ceux qui nium celebretur : deindè ante illius confummatio-
demeuroient auparavant dans une autre Paroisse de nem denuntiationes in Ecclesia fiant ut si aliqua
la même Ville , ou Hans le même Diocèse ; & de fubsunt impedimenta , faciliùs detegantur ; nisi Or-
puis un an pour ceux qui demeuroient dans un dinarius ipfe prudentia & judicio sancta Synodus
autre Diocèse , si ce n'est qu'ils en aient une per relinquit.
mission spéciale ou par écrit du Curé des Parties
Îui contractent , ou de l'Archevêque ou Evêque (ì) Pour obvier aux abus & inconvéniens qui
>iocésain. Même DÉCU art. 1. adviennent des mariages clandestins , nous avons
ordonné & ordonnons que nos Sujets, de quelque
(3) Déclarons lesdites veuves 6c les fils 6c filles état, qualité 6c condition qu'ils soient, ne pourront
majeures , même de vingt-cinq 6z de trente ans , valablement contracter mariage sans proclamations
lesquels demeurant actuellement avec leurs Pères précédentes de bans faitespar trois divers jours de Fêtes,
& Mères , contractent à leur insçu des mariages , avec intervalle compétent , dont on ne pourra obtenir
comme habitans d'une autre Paroisse , fous pré Dispense , sinon après la première proclamation
texte de quelque logement qu'ils y ont pris quel faite , & ce seulement pour quelque urgente &
que temps auparavant leurs mariages , privés & légitime cause , & à la réquisition des principaux
déchus par leur seul fait , ensemble les enfans qui 6c plus proches parens communs des Parties con
naîtront des successions de leursdits Pères, Mères , tractantes , après lesquels bans seront épousés pu-
Aïeuls , Aïeules , 6c de tous autres avantages qui pliquement; & pour pouvoir témoigner de la forme
paroissent leur être acquis , en quelque manière qui aura été observée esdits mariages , y assisteront
240 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. III. Tìt. IV.
quatre personnes dignes de foi pour témoins , dont par le Juge Royal du lieu où l'Eglise est située ;
sera sait Registre , le tout sur les Peines portées l'un desquels servira de minute, & demeurera ès
par les Conciles. Ord. de Blois , art. 40. mains du Curé ou du Vicaire , & l'autre fera porté
'. ' au Greffe du Juge Royal pour servir de grosse ,
(3) Désirant pourvoiraux abus qui commencent lesqueis deux Registres feront fournis annuellement
à s'introduire dans notre Royaume par ceux qui auxfrais de la fabrique , avant le dernier Décembre
tiennent leurs mariages secrets & caches , pendant de chaque annee ? commencer d'y enregistrer,
leur vie , contre le respect qui est du à un si grand par le Curé Qu vkaire les baptêmes , mariages &
Sacrement , nous ordonnons que les majeurs con- sépultures , depuis le premier Janvier , en suivant ,
tractent leurs mariages publiquement & en face d E- jufqu>au dernier Décembre inclusivement. Art.
ghfe avec les solemnites prescrites par rOrdonnance vnL mdm Dans l'articie des mariages seront mis
de Blois , & déclarons tous les enfans qui naîtront les noms & furnoms , âges , qualités & demeures de
de ces mariages que les Parties ont tenu ]ufqu ici ceux qui femarient s"il* font enfans de famille en
ou tiendront I I avenir caches pendant leur vie, qui tuteUe ? curatelle > ou en puiffance d'autrui , & y
ressententplutot la honte d'un concubinage, que la asiisteront quatretémoins qui déclareront fur leRe-
dignite d'un mariage , incapables de toutes luccef- istre ^ sont ^ ^ { côte & en j
fions , aussi-bien que leur postérité. DbCL. de 1639. degré Art IX. Les baptêmes , mariages &
art' î' sépultures seront en un même Registre , selon l'or-
•kt y t j j dre des jours , fans laisser aucun blanc ; & aussi-tôt
qu'ils auront faits , ils seront écrits & signés , fça-
. „ r, , , 'in • j voir les actes de mariages par les personnes mariées,
6. freine de La célébration du ma- & par quatre de ceux qui y auront assisté ; & û
*8. Ní-
cessité des riage par des Regijlres en bonne forme. aucuns d'eux ne sçavent signer , ils le déclareront 3
Reg.stres, La nécessité de ces Registres , à laquelle & seront de ce interpellés par le Curé ou Vicaire,
qu"ds°dS! ont donné lieu les inconvéniens trop re- dont fera fait mention. Art. X.Jbid.
vent avoir connus de Ja preuve testimoniale en cette
matière , sé trouve établie par les Déclara- .. XIX..
tions de 1639 (1) & 1667 (2) , dont ïa
derniere , en imposant cette obligation 70. Contre les mariages des enfans de »o.Fotf
aux Curés , leur prescrit en même temps famille en pays étrangèr. Nous avons fur ™qù"eS
la forme que doivent avoir ces Régis ce point une Déclaration particulière du pour les
tres , forme qu'elle veut être la même 16 Juin 1685 (1), registrée au Parlement de ^anrt'raag^t
que celle marquée par les art. 7 , 8 , 9 & 1 o Paris le 14 Août suivant , qui , en renou- en pays
du titre 2. de l'Ordonnance de 1660, dont vellantun Edit du mois d'Août 1699, &*tranS«r»'
nous allons mettre les dispositions fous les deux autres Déclarations des 18 Mai 1682 ,
yeux de nos Lecteurs (3). & 31 Mai 1685 , défend aux Pères 6c aux
Mères d'approuver les mariages de leurs
(1) Ordonnons qu'il fera fait bon & fidel Re- enfans f & aux Tuteurs ceux de leurs pu-
gistre , tant des mariages que de la publication des ^ m J d j étrangers fans
bans ou des Dispenses & des Permissions qui au- f ' £ < S .
ront été accordées. . . Défendons à tous Juges , la permission expresse du Roi, & ce a peine de
même à ceux d'Eglise , de recevoir la preuve par Galères à perpétuité contre les hommes , &
témoins des promesses de mariage , ni autrement , de Bannissement perpétuel contre les fem-
que par écrit , qui soit attesté en présence de quatre mes } & de Confiscation de leurs biens ; & où
proches parens de l'une & de l'autre des Parties , Confiscation de biens n.auroitlieu de
encore qu elles soient de basle condition, uécl. . ... .. . , _ '
de Novembre 1639. art. 1 & 7. vingt mille livre s d amende contre les Pères,
, Mères , Tuteurs ou Curateurs qui y auront
(i) Enjoignons à tous Cures &autrcs Prêtres qui contrevenu & d'être poursuivis dans leurs
doivent célébrer des mariages , de s informer loi- r c «• ri 1 j
gneufement, par le témoignage de quatre témoins personnes & biens , selon la rigueur des
dignes de foi , du domicile aussi-bien que de l'âge Ordonnances.
& de la qualité de ceux qui les contractent , & par
ticulièrement s'ils font enfans de famille , ou en la (i)Bien que par nos Ordonnances , par notre Edit
puissance d'autrui , afin d'avoir en ce cas les con- du mois d'Aoùt 1669 , & par nos Déclarations des
sentemens de leurs Pères, Mères, Tuteurs ou Cura- »8Mai 1 68a ,& dernier Mai de la présente année ,
teurs , & d'avertir lesdits témoins des Peines por- nous ayons-pourvu à ce que nos Sujets ne puissent
tées par notre présent Edit contre ceux qui certi- s'établir & demeurer dans les pays étrangers, fur les
fient en ce cas des faits qui ne sont pas véritables , Peines y contenues : néanmoins nous avons été
& de leur en faire signer , après la célébration du informes que plusieurs de nofdits Sujets mal inten-
mariage , les actes qui en seront écrits fur le Re- tionnés à notre service &à laPatrie,oupar d'autres
gistre , lequel en fera tenu en forme prescrite par raisons & motifs , procurent le mariage de leurs
les art. 7 , 8 , 9 & 1 o du titre zo de notre Ordon- enfans , ou de ceux dont ils sont Tuteurs ou Cura-
nance d'Avril 1667. teurs, hors de notre Royaume , pour s'y établir &
y faire leur demeure pour toujours , renonçant par
(3)Les preuves de l'âge, du mariage, & du temps ce moyen au droit qu'ils ont , par leur naissance ,
du décès seront reçues par des Registres en bonne d'être nos Sujets , & de jouir des avantages qu elle
forme , qui feront preuve & foi en Justice. 0«r>. leur donne ; & ne voulant pas souffrir une licence
de 1667. tìt. io. an. 7... Seront faits par chacun en si contraire à leur devoir naturel , si préjudiciable
deux Registres pour écrire les baptêmes , mariages à cet Etat , & de si dangereux exemple , nous avons
& sépultures en chacune Paroisse , dont les feuillets résolu d'y pourvoir , & de déclarer sur cela notre
seront paraphés & cottés par premier ôc dernier , volonté. Sçavoir faisons que pour ces causes ,
ÔC
DE LA LUXURE , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 241
& de notre certaine science , pleine puissance & au de Galères à perpétuité à l'égard des hommes , de*
torité royale , en confirmant en tant que de besoin Bannissement pour les femmes , & de Confiscation
notre Edit du mois d'Août 1669 , & nos Déclara de leurs biens ; & où ladite Confiscation de biens
tions du 18 Mai 1682 , & dernier Mai de la pré n'auroit lieu , de vingt mille livres d'amende contre
sente année , nous avons défendu 8c défendons très- les Pères & Mères , Tuteurs ou Curateurs qui au
expressément par ces Présentes , signées de notre ront contrevenus à ces Présentes ; ladite amende
main , à tous nos Sujets , de quelque qualité & payable par eux fans déport: Voûtons que pour cetre
condition qu'ils soient , de consentir ou approuver fin ils soient poursuivis en leurs personnes & biens ,
à l'avenir que leurs enfans , ou ceux dont ils seront selon la rigueur des Ordonnances , par nos Offi
Tuteurs ou Curateurs , se marient cn pays étran ciers , à la requête de nos Procureurs - Généraux ,
gers , soit en signant les contrats qui pourroient ou leurs Substituts , auxquels nous enjoignons de
être faits pourlefdits mariages , soit par actes posté ce faire auífi-tôt qu'ils en auront connoissance. Si
rieurs , pour quelque cause & sous quelque prétexte donnons en Mandement , Sec. Dfcl. du 16 Juin
que ce soit, sons notre permission expresse , à peine 1685. reg. le 14 Août suiv.

§. VI. Du Viol.

SOMMAIRES.

1. Définition de ce Crime.% vant notre Jurisprudence.


2. En quoi diffère du Rapt de Violence 6. Viol de filles impubères. Sa Peine.
suivant le Droit Romain. 7. Viol des femmes ô filles nubiles. Con
3. Dispofition de nos Loix Militaires h ce ditions nécessaires pour le rendre punis
sujet. sable de mort.
4. Déclaration de 1730 } règle principale en 8. Règles générales pour la preuve de ce
cette matière. Crime.
5. Distinction de deux sortes de Viols fui-

I.
i.Défi- Ce Crime se commet lorsqu'un homme nommément la peine de Mort contre les
te Crime6 attente Par f°rce & violence à la pudicité Soldats qui tombent dans ce Crime.
' d'une fille , d'une veuve , ou d'une femme , Celui qui forcera femme ou fille sera pendu &
pour la connoître charnellement. étranglé. Ord. de Henri 77, du 22 Mars 1557.
art. 33. rapporté au Code Militaire , tom. I. tit. 27.
I I. art. 35.
I V.
a. En quoi Ainsi le Viol diffère du Rapt de vio-
IU*[e ddeu lence , en ce qu'il n'est pas nécessaire , pour Ainsi , à défaut de Loix plus précises" , la 4. DícK-tí
Violence le commettre , qu'il y ait eu enlèvement principale règle que nous devons consulter ratlon de d*
Dro*"Roe c*'un ^eu * un autre- C'est auffi pour cela fur cette matière , c'est celle qui nous est gí^prin-
que ce Crime est mis dans le Droit au tracée par la disposition de la Déclaration clPa-e ea
nombre de ceux qu'on appelle force pri du mois de Novembre 1730, suivant la- titrer
vée ; au lieu que le premier est placé dans quelle ce Crime se trouve compris fous le
la claflè des Crimes de force publique. nom générique de ces Commerces illicites ,
Et c'est encore par les mêmes raisons qu'au qui, par l'atrocité de leurs circonstances, &
lieu que le Rapt de violence étoit tou par la qualité & l'indignité des Coupables ,
jours puni de la mort , suivant ce Droit (1 ) , peuvent mériter le dernier supplice (1 ).
il n'y avoit que la Peine de la condamna
(1) Les personnes majeures ou mineures qui se
tion aux Métaux pour les Coupables de trouveront seulement coupables d'un commerce illi
Viol commis envers les filles impubères , cite , seront condamnées à telles Peines qu'il appar
& même de la Relégation aux Isles pour tiendra , selon l'exigence des cas , fans néanmoins
que les Juges puissent prononcer contre elles la
ceux qui étoient d'une condition honnête.
peine de Mort , si ce n'est que par l'atrocité des
(1) V. la L. Unie. Cod. de Raptu virgìnum , circonstances , par la qualité & l'indignité des Cou
rapportée ci-devant. pables , le Crime parût mériter Je dernier supplice.
Décl. du 22 Novembre 1730. art. 3.
(2) Qui nondum viri poternes virgines corrupe-
runt , humiliores in metallum damnantur , honestio-
V.
rcs in insulam relegantur aut in exilium mittantur.
I. l%.Js.lff. dePcenis. .
C'est aussi d'après cette derniere Loi , que , Dis-
I I L làns nous arrêter aux distinctions faites par j"^'0^6'
les Loix Romaines entre les Viols commis tes de
3. Dlíps- Nous ne connoissons aucune Loi dans envers les vierges , & ceux commis envers Vio!s sui_
vant notre*
LoìjTmI" ce Rovaume fi0* contienne des dispositions les femmes & les veuves , nous considérons jurisp;ru-
taires à ce expresses íùr la peine du Viol , à la réserve principalement , pour la punition de ce denec-
su)ef- seulement d'une Ordonnance Militaire de Crime , les circonstances plus ou moins
Henri II. du 22 Mars 1 5 5 7 > «P1 porte atroces , dont il se trouve accompagné i
LES LOIX CRIMINE LLES, Liv. III. Tit. IV.
& c'est relativement à ces circonstances tance qui a principalement donné lieu â
que l'on distingue dans notre Jurisprudence la disposition de la Loi Militaire que nous-
deux sortes de Viols ; ceux commis en avons citée. z°. S'il avoit fait des blefíùres
vers des filles non nubiles ou impubères , à la personne violée. 3 °. S'il avoit commis
& ceux commis envers des filles nubiles. ce Crime fur un grand chemin ou autre
lieu consacré à la sûreté publique. Sur quoi
vt il faut encore distinguer , comme dans les
cas précédens y fi le Crime a été effectué
6. Viol de i°. A l'égard des Viols de filles non
nuT îm" nu^es ■» k Peme ordinaire , suivant riòtre ou non ; & s'il n'a pas tenu au Coupable
de le 'consommer , de manière qu'il n'en
la Peine. Jurisprudence, est celle de Mort, soit
auroit été empêché que par l'effet de la
que le Crime ait été consommé ou non ;
résistance ou de quelque secours qui seroit
& même lorsque la fille est d'un âge fort
survenu à la personne qu'il vouloit violer.
tendre , comme si elle n'a pas encore atteint
Cette distinction , suivie dans notre Juris
l'âge de six à sept ans , l'usàge est de porter
prudence , se trouve aussi marquée par les
cette Peine à çelïe de la Roue,eomme il paroît
Loix d'Allemagne , dont la disposition mé
par plusieurs Arrêts rapportés par Basset ,
rite d'être rapportée.
par Chorier. & par la Roche -Fl avin (i ).
A la vérité il y a aussi d'autres Arrêts qui (1) Celui qui fera violence à une femme mariée ,
se sont contentés de prononcer des Peines à une veuve ou fille , & qui , malgré elle , en abu
corporelles pour des Viols commis envers sera , aura mérité la mort ; & par la procédure qui
lui sera faite, sur la plainte de la personne violée ,
des filles qui approchoient de la puberté. il sera de même qu'un Ravisseur , condamné à périr
Guypape , en fa question 555, au sujet par le glaive j & celui qui , de propos délibéré, &
d'un Viol commis dans une personne âgée violemment , aura tenté de forcer une femme ou
de dix ans , atteste que la Jurisprudence une fille , & que par la résistance qu'elle auroit
faite , ou par un autre secours elle auroit été dé
du Parlement de Grenoble est conforme , livrée , il fera puni fur la plainte de la personne
sur ce point , à la disposition des Loix violentée , eu égard aux circonstances du fait , &
Romaines que nous venons de citer (2). à la condition des personnes : en quoi les Juges
doivent demander conseil , ainsi que dans d'autres
(1) Basset, tom. 1. liv. 6. Chorier , en fa cas ci-devant rapportés Conflit, de Charles - Quint,
Jurisprud. sur Guyp. p. 210. LA Roche-Fl. liv. 3. art. 119.
tìt. 1.
Guypape , quest. 555. VIII.

V I I. C'est aussi de-là sans doute , qu'est venue 8. Règles


cette grande variété qui se trouve dans générales
y. Viol des z°. Quant aux Viols qui se commettent
lemmes & les Arrêts fur cette matière. II reste feu- preuve <U
envers des femmes , veuves ou des filles nu
filles nubi lement à observer en général , que comme ce Crime,
les. Con biles , il paroît auíîì , d'après notre Jurispru
ditions né ces sortes de Crimes se commettent en se
dence , qu'on se conforme sûr ce point à la
cessaires cret, & qu'ils sont tellement graves de leur
pour le disposition de la Déclaration de 1730 , &
rendre pu nature qu'on ne peut les présumer , les
que l'on ne prononce la peine dé Mort que
nissable de Juges doivent se tenir extrêmement en garde
mort. dans les deux cas de Yatrocité des circons
contre les accusations qui s'intentent en
tances , & de la qualité & indignité des
Cette matière ; enforte qu'à la réserve des
Coupables dont il est parlé dans cette Loi.
Viols qui se commettent envers des filles
L'on veut dire par la Qualité des Coupa
impubères , où l'âge seul peut suffire pour
bles , lorsque cette qualité est telle qu'elle
en établir la preuve , lorsque ces accusations
donne une espece d'autorité sur la personne
sont intentées par des personnes nubiles ,
qu'ils ont violée , comme seroit , par exem
élles ne doivent, suivant les Auteurs (1)', être
ple , un Tuteur envers fa Pupille , un Geô
accueillies , qu'autárït qu'elfes sont appuyées
lier envers fa Prisonnière , un Maître envers
dé lá preuve de trois faits fûiván's : 1 °. qu'il
fa Domestique , & autres dont nous avons
y a eu une résistance constante & toujours
parlé en traitant du Stupre. Ce qui ne doit
égale de la part de la personne prétendue
s'entendre néanmoins que lorsque le Crime
violée : 2°. qu'il y ait une inégalité évidente
a été consommé j car s'il n'y avoit eu que
de ces forces comparées avec celle du pré •
de simples efforts pour le commettre , l'on
tendu violateur j 3°- qu'elle ait poussé des
se contente alors de prononcer la peine
cris ; 4°. enfin qu'il soit resté fur elle quel
des Galères ou du Bannissement. Et à l'é
ques traces de la violence qui lui auroit
gard de Yatrocité des circonjlances , l'on
été faite. Cette derniere preuve s'établit ,
veut principalement parler de celles-ci :
comme l'on fçait , par le rapport des Mé
1 °. Si le Coupable avoit employé , pour
decins , Chirurgiens Sç Sages-Femmes.
parvenir à la consommation de son Crime ,
la terreur des arraes ; c'est cette circons- (1) V. Boerius, décis. 247.
DE LA LUXURE , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 245

CHAPITRE S I X I E M E.

Des Crimes contre NatureI., De


ou de
la la
Sodomie.
S.odomie , & de la Bestialité,

SOMMAIRES.

1. Qiientend-on par ce Crime7. 4. Sa Peine suivant le Droit Romain.


2. D'où il a tiré son nom. 5. b a Peine suivant nos Loi* ' Q notre
^3. Enormité de ce Crime > ù fa Peine Jurisprudence. ■
suivant le Droit Canonique. ' 6. Quid , du Crime appellé Mastupration.
- h s •. . J

1. Qu'en- C E Crime est connu autrement sous le de ce Crime ; elles s'accordent toutes â j^Pj*
""^^"j nom de PEDERASTIE} on l'appelle zufíì contre prononcer la peine de Mort , conformé- *m"

me? " nature , parce qu'il tend à violer les règles ment à la Loi de Moyse (1) ; & cette
prescrites par lâ nature pour la génération, peine, qui est celle du Feu , se trouve portée
: , „ entr'autres par la Novelle 77 , de , his qui
Í'L Luxuriantur contra naturam (2).

a.E*oìjil L'on íçait qu'il tire son nom de Cette (1) Qui dormierit cum masculo, coiru fœmineo ,
a tiré son Ville infâme dont la Justice divine a cru uterque operatus est nefas , morte moriatur , sit fan-
nom' devoir tirer une vengeance mémorable , guis eorum super eos Quia abominatio est.
Levit. ch. 18 & 20.
en la faisant consommer par les flammes, de (2) Igitur qyoniam quidem diabolicâ instigatîone
manière qu'il n'en reliât plus aucun vestige <Jompichô»si , 6c gravislïmis Luxuriis scmetipsos
íur la terre. inserunt , & ipíi natura; contraria agunt : iítis in-
III. ' " "• ■ jungimu» in fcníibus accipere Dei timorem & fu-
turum judicium , 6c abstinere ab hujusmodi diabo-
licis 6c illicitis Luxuriis , ut non , propter hujusmodi
3. Enor- Le Droit Canonique répute ce Crime impios actus , ab ira Dei justa inveniantùr , & civi
mité de ce tellement grave, qu'il le met au-dessus de tates cum habitàtoribus earum pereant. Docemus
Crime , & ,,T n ° 1 r enim à divinis Scripturis , quia ex hujusmodi im-
fa Peine 1 inceste que commettroit un pere avec la piis actibus & civitates ,-cum hominibus parirer
D o'^c'6 ProPre C1)* volt-°n <Iu'iï Pr°- perierunt Proptereà igitur omnibus hominibus
no^'que"" nonce contre les Ecclésiastiques qui tom hujusmodi prascipimus àpraedictis delictis abítinere,
bent dans ce Crime , les Peines les plus 6í Dei timorem in corde accipere , & sequi eos
qui beuc vivunt. Propter talia enim delicta, & fa-
fortes que l'Eglise puìíle prononcer, telles mes 6c terra; motus 6c pestilentiae fiunt: & p/optereàì
que celles de 1- Excommunication , & de aâmonemus abstinere ab hujusmodi prœdictis illi- (
la Dégradation des Ordres sacrés (2). citis, ut non suas perdant animas. Sin autetn 6c poli
hujusmodi nostram admonitionem , invéniautur
( 1 ) Offerebat sanctus Loth filiorum pudorem; nam aliqui in talibus permanenres delictis ,■ primùm
etsi illa quoque flagitiosa impuritas erat , tamen quidem indignos semetipsos faciunt Dei misericor-
minus erat secundùm naturam coire , quàm adver- diâ : post haec autem 6c legibus constirutis fubji-
sùs naturam delinquere, Praeferebat domûs sua; ve- ciuntur tormentis.... Praccipimus enim gloriosislìmo
recundiae hospitalem gratiam , etiam apud bar- Praefecto regiae civitatis , permanentes in pra;dictis
baras gentes inviolabilem. C j m. 12. caus. 32. illicitis 61 impiis actibus , post hauc admonitiouem
qu.'-j FJagitia qua; íunt contra naturam , ubique nostram comprehendere , 6c ultimis subdere suppli~
& semper detestanda atque punienda sunt , qualia ciis , ut non ex contemptu talium inveniatur , &
Sodomitarum fùerunt. Qliae si omnes gentes face- civitas & Rcspublica per hos impios actus laedi.
rent eodem criminis reatu divinâ lege tenerentur : Si enim & post hanc nostram suasionem quidam
qua; non iìc fecit homiues ut se illo uteretur modo. taies invenieutes , haec subter celaverint , similiter
Violatur quippè ipsa soc ic tas, quae cum Deo nobis à Domino Deo condemnabuntur. Ipse etenim glo-
esse débet, cum eadem natura ., cujus ipse auctor riosìslîmus Praefectus si invenerit quosdam taie ali-
est, libidinis perversitate polluitnr. V.Can. 13. itíd. quid delinquentes , & vindictam in eos non infu-
• C'a ) Quicumque illa irrcontinenti qua; contra lerit secundùm nostras Ieges , primùm quidem obli-
naturam est , propter quam ira Dei venit in filios ' gatus erit Dei judicio : post haec autem 6c nostram ■
dissidentiae & quinque civitates igne consumpsit , indiguationem sustinebit. Novell, jj. cap. 1.
deprehenfi fuerint laborare, si Clerici fuerint, deji-
ciantur à Cleroj si Laïci , excommunicationi siib- V.
dantur , & à cœtu fidelium fiant penitùs alieni. t
Cap. 4. Extr. de exctjjib. Prœlat.
La diípofítion d'une fi sage Loi a été 5. SaPeî-
adoptée par celles du Royaume. Nous avons ^ssu
I V.
un Capitulaire de Charlemagne qui en or- & notre
4. Sa Peî- Les Loix Romaines ne se sont pas mon- donne l'exécution de la manière la plus ^^ru"
»e tuivant trées moins sévères contre les Coupables précise , après avoir déploré également les
Hh 2
244 t'ES LÒÍX 6RÍMTNELLES, Lfv. 111. 7 rr: IV.
malheurs publics qui font la fuite ordinaire nammajestatemhocvitium extet. Scimus enimquo-
dece Crime (i). C'est aussi en conséquence niam *«?""" crimînum pafraforôs , Lex ftomatra ,
j ces premières
de • r •"• conhrmées„ par
Loix, — les
i a 1USB e,t inhpt
crem-rri omnium, humaaarum mater legum,
s,.;^ ient
6fiU111.? 'g"*
r ur/r i rTV • * u cremari juDet. Serre enim vos" cupimus , quia qui-
fctablniemens de S. Louis en 1270 ', OU Ion cumque super his aut faciens vel libenter consen-

—D" ; -~- « r7— fTZ,.— ^ . ies strreis rapp. par FAPON , Iiv. 22. th. 7.
r eu, al exemple du châtiment que la justice & hy. 23. tir. 10. v. aussi les Arrêts rendus en
divine en a tiré. - - dernier; heu contre les nommés Di/CHAUFFOLR ,
Bruneau , Lenoir & Jean Diot.

.( 1) Sunt fané diversorum malorum patratores quos


V ï.
& lex divina improbat , & condèmnat : propin*
quorum etiam diversis sceleribus 8t flagitíís popùlus
famé - 8c pestilentiâ slagellatur , & Écclesia; status Au reste npus. ne parions ici que des 6. QuU)
infirmatur , & regnum periclitatur. Et quanquam Crimes qui se commettent d'homme à ?ppST*
hcec in facris eloquiis fatis sint execrata , nos ne- homme , ou de femme à femme , & non Mastupr**
ccssarium praevidimus iterùm nostrâ admonitione & j0 _„,_, _„Q 1, _ _ _ ^ c r: A ,,,
exhortatione, atqué prohíbitione prarcaveri òrmrinò « "UX ^ 1 on commet fur soi-même- ^*
oportere ; sicut sunt diversarum pollutronum patra- . «01ît " est parlé dans le Droit Cane-
tores , quas cum mascuïis & pecoribus nónnuïïi nìqtíë fous les noms de Mastrupatio &
diversissimis modis admitfurit , qui incornparabîfëm dè Moliuies. Quoique rious ne trouvions
dulcedinem piissimi créatoris ad amaritndirièm pttt-
vocantes , tàntò graviùs delinquunt , quantò contrà dans rios Loix aucune disposition précise
naturam peccant : pro quo etiam sceîère igne cœ- contre ceux-ci , ils ne laiíTent pas , lors
lesti conflagráta: infernique hiatu qúínq'ue absorptae qu'ils font déférés à" la justice séculière ,
sunt civitates , uecnon & quadraginta 8c eo amplius que d'être sévèrement punis comme con
millia stupisBènjamineae mucrone Fraterno confosla
sunt. Haec porrò judicia 8c évidentes vindictae dé traires à la population , & tendans à la cor-*
clarant quàm detestabile 8c execrabile apud divi- ruption de la jeunesse.

§. II. De la Bestialité.

SOMMAIRES.

1 . Définition de ce Crime. 3. Peine de ce Crimesuivant nos Loix.


z. Châtiment s'étendfur l"animait & pourquoi.

1. Défi- C E Crime consiste , comme son nom l'in- Qui coierît jutnento, morte moriatur. Ëxod. 22.
« Crime ' t^ans ^'accouplement d'un homme y. 19.... Qui cum jumento & pecore coierit , morte
moriatur , pecus quippe congreflus est. Levitiq. 20.
' ou d'une femme avec une bête. Ce Crime Maledictus qui dormit cum omni jumento , & dicet
est si monstrueux , & révolte tellement la omnis populus : amen. Dtuttr 27. v. 2 1.
nature , qu'on n'imagineroit pas qu'il fût Muliçr qnae açcèslerit ad omne pecus & vultaf-
possible , si nous n'en trouvions des exem cendi ab eo" , interficietis mulierem 8c pecus omne
moriatur qui pecora tali stagitio contaminatur , in-
ples rapportés dans l'Histoire , tant sacrée dignam refricant memoriam. Can. mulier. caus. 15.
que profane. qu. 1.
I I.
I I ï-
a. Châ- Suivant l'ancien Testament , il y a peine
t™dntsur" ^e M°rt portée , non-seulement contre le II est aussi parlé de ce Crime dans le î» Pe«««
l'animal , Coupable , mais contre l'animal même fur Capitulaire de Charlemagne que nous avons œeefoivant
& P°ur- lequel il a exercé fa débauche. Cette peine rapporté fous le §. précédent. Nous pour- nos Loix.
est celle du Feu, afin, comme il est dit rions citer encore des Arrêts à l'appuide ces
dans le Droit Canonique, qu'il ne puiíïe Loix ; mais ce n'est déja que trop nous
rester aucune traçe qui puisse en rappeller arrêter fur un sujet si dégoûtant , & si ca
le souvenir. pable d'alarmer la modestie de nos Lecteurs,

#
DU FAUÍC , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. î4y

TITRE CINQUIEME

Des Crimes qui frappent également fur VHonneur & fur les Biens ; ou du
Faìix , & de fis différentes* Espèces. • •

S O MM A I K E &

1 . Qu'e/l-ce que le Faux en général ? $. Se reproduit a"une infinité de manières.


2. Deux espèces de Faux. 6. Se commet diversement en toutessortes de
3. Fauxformes Trots conditions nécessaires matières.
pour te former1. ■ 7. Quatre Classes principales où ils peuvent
4. Ce qui rend ce Crime extrêmement grave. se réduire.

ísappefìé Faux eh généras toute elpece ce Crime , qui blesse en même temps , & Crime ex-
Faux^en d'altération , ou suppression de la vérité. L'al- la Majesté divine , auteur de toute vérité , Sêm'gra-
jénéral? tération se fait en faisant paroître les choses & la Société dont la bonne foi fait la prin- ve.
autrement qu'elles ne font, &la suppression cipale base , & enfin le Particulier , à qui
lorsqu'on déguise la vérité dans les cas où il cause un préjudice réel , soit dans fa vie ,
Pon est obligé de la fairé connoître. soit dans son honneur , soit dans ses biens.
Falsidicus testis tribus persoiiis est obnoxius, pri-
... lí mùm Deo cujus prœsentiam conterrmit , deinde ju-
dici quem mentiendo fallit , postremò innoccnti
a. Deux Comme cette altération & cette suppres- quem Falso testimonio laccfít \ uterque rcus est &
Faux" dC ^on Peuvent ^e ^"re > ou à mauvais dessein qui veritarem occnftar , & qui mendacium dicit ,
pu bien par l'effet d'une simple erreur , & quia 8í itle prodcsse non vnlt , & iste uocere deside-
rat. Cap. 1. Extr. it Crintine sais.
sans aucune intention de nuire à personne ;
c'est ce qui a sait distinguer le Faux en V.
matériel , & en formel. II n'est point de Crime qui fè reproduise ç. Se re-
sous autant de formes différentes que celui- ?,r°d"" c
Sed Divus Marcus cirai fratre suo pro sua huma-
nitate hanc rem temperavit , ut fi ( quod plerumque ci; car quoique la vérité ne ioit qu une nkédem*-
crenit ) per errorcm hujusmodi instrumenta profe- dans son essence , il y a néanmoins tant de mere*«
rantur , ignoscatur eis qui talia instrumenta protu-
divers moyens , inventés par la malice des
fcrunt L. 11. ff. de Leg. Corne/, de Fais.
hommes pour la contrefaire ou la déguiser,"
III. qu'on peut dire qu'il n'est chose au monde
qui ne soit susceptible de fausseté.
%. Faux Osl commet un Faux matériel toutes les
jjormei. fois qu'on ne trompe les autres , que parce VI.
«jitiaHs né- qu'on est trompé soi-même ; & un Faux
Nous allons voir en effet , que le Faux 6. Se com-
c«flaires formel i lorsqu'on sçait que l'on trompe , sans
pour le ne se commet pas seulement sur toutes se^en^en
tonner. être trompé soi-même. C'est précisément fortes de matières , soit Civiles , soit Cri- toutes sor-
celui-ci qui forme le Crime dont nous allons minelles , soit même Ecclésiastiques; mais [ieesr^n1*"
traiter ici , & pour lequel il faut , comme
qu'il se commet encore diversement sur
l'on voit , le concours des trois conditions
chacune de ces matières ; qu'il y en a qui
suivantes : i°. le changement ou altération
se commet sur les ÉCRITS , comme lors
de la vérité ; 20. le Dol ou mauvais dessein ;
qu'on fabrique) altère , rature, ou qu'on an
30, le préjudice çaulé à un tiers (2).
tidate un contrat , ou quelqu'autre acte , sbit
(1) Majorem severitatcm exigit ut mérita eorum public , soit privé. D'autres par paroles ,
qui saisis reícriptionibus utuntur digna coerceautur comme en fait de parjure , calomnie & faux
pœna , sed qui deceptus est per alium , si suam in-
nocentiam probat , & eum à quo accepit exhibet , témoignage ; d'autres enfin par le FAIT ou
se libérât. L. Cod. 4. ad Leg. Corne/, de Fais. action, comme en fait de suppofition de
(1) Pœna Legis Corneliae irrogatur ei qui Falsas personnes , de noms ou de qualités , fuppref-
testationes faciendas testimoniave falsa inspicienda
fon de part, fabrication ou altération de
dolo malo conjecerit. L. l.ff. de Leg. Cornel.de Fais...
An ideò teneri potest quod abjcétum est in Lege , monnoie , falfìfication de marchandises &
aut dolo secit quominus ad eum perveniat. L. 14. Js.i. autres denrées , vente a faux poids & me
Ibid. sures.
I V. V I I.
4. Ce quî On conçoit assez toute l'énormité de C'est fous tous ces differens points de
rend ce 1 írc CUHc»
146 L ES LOIX CRIMINELLES, Liv. III. Tit. Ví
prîncípa- vue que nous allons considérer ce Crime , effet , fous ces quatre classes principales»
penventse ^ appliquer successivement à chacune de Faux par écrit , Faux par paroles , Faux
réduire, ces espèces les Peines que les Loix y ont fur les personnes , & Faux en choses de
attachées. Nous les rangerons , pour: cet commerce. \ , f - r- - r

CHAPITRE PREMIER.

Du Faux dans lés Ecrits.

S O M M A I R E S. r V.V b>

1. Pourquoi ce Faux efi placé ici dans le 5.. xa: Manière dontfl.a^eç commis, t*\ . -
premier ordre. - 6. 20. Qualité des ailes fur lesquels il est
2. Principal objet de la Loi Cornelia de tomlé. .... ■ tp, > . \<v
Falsis. 7. 30. Qualité des personnes qui Vont
3. Peines portées par cette Loi ô cas parti commis. ■ •■
culier où elles doivent s'appliquer. - ■ •> 8. -Afea/* différentes espèces de Faux far
4. Trois choses a confidérersuivant nos Loix , écrit.
pour la punition de ce Crime.

•j. Pour- IV O u S commençons par cette efpece dé & qui avoient reçu de l'argent popr rcet
Fa°x "st F3"* ' Parce °iue c'eft cehù > comme l'on effet , que ceux qui avoient celé , enlevé ,
lacé ici fçait , qui a fait l'objet particulier des pre- effacé ou ajouté aux testamens , ou y avoient
5!ans le mieres Loix qui aient été rendues fur écrit des legs en leur faveur , ou bien même
ordre." cette matière , & que d'ailleurs son impor-' qui s'étoient seulement emparés de ces
tance est telle , qu'elle a donné lieu à une testamens pour en faire leur profit parti
instruction particulière dont il fera traité culier , ou pour les remettre à d'autres
dans la seconde Partie de cet Ouvrage , qu'à ceux à qui ils appartenoient (2).
sous les titres de Faux principal & de baux
(1) Pœna Falsi vel quasi Falsi deportatio est, &
incident. Nous n'en parlerons ici que rekr omnium bonorum publicatio j & si servus eorum
tivement aux différentes manières de le com quid admiferit ,' ultimo supplicio affici jubetur.
mettre & de le punir (1). L. 31. ffi fin. ad Leg. Cornel. de Fais.
(2) Qui testamentum celaverit , amoverit , erï-
(ï) y. quant à la manière de prouver ce Crime , puerit-, deleverit , interleverit , subjecerit , refigna-
ce qui fera dit , tant fur l'instruction qui se fait verìt , quive testamentum falsum scripserit \ signa-
d'après l'Ordonnance de 1737 j que dans la troi verit , recitaverit , dolo malo , cujusve dolo malo
sième Partie de cet Ouvrage , où il fera traité de id factum erit , Legis Cornelia: pœna; damnatur.
la Preuve littérale. ; Z. i.ff. Ibid. . .
I I. I V.

a. Princi- Quand nous disons qu'il a fait l'objet Mais il paroît , suivant nos Loix , que 4. Troií
pal objet principal des premières Loix , nous vou- ce Crime est puni différemment , soit suivant choses à
àCorntihd\ l°ns Par^er fur-tout de la fameuse Loi Cor-: considé
les différentes manières de le commettre , rer , sui
Fdsis. nelia de Faljïs , qu'on fait avoir été portée soit suivant la qualité des actes où il est vant nos
principalement à l'occasion du Faux qui fe Loix,pour-
commis , soit enfin suivant la qualité des la punition
pratiquoit dans les Testamens , dont l'ufage , personnes qui le commettent. de ce Cri
extrêmement fréquent chez les Romains , me.
avoit donné lieu à une infinité de brigues V.
& de faussetés.
1°. Qùant à la MANIERE DE COMMETTRE ç.i'.M*
I I I.
ce Crime , nos Loix en distinguent de trois niere doDt
3. Peines Aussi voit-on que la disposition de cette sortes ; les uns se commettent par fabrica- commis.'
portées Loi étoit des plus rigoureuses , en ce que tion , d'autres par altération , & d'autres
par ectte " • .
Loi, & cas d'une part elle prononçoit la peine de Mort par suppression. 1 °. Le Faux fe commet par
do"velles contre Ie8 Personnes de balîè condition, fabrication , lorsqu'on contrefait l'écriture
s'appli- & celle de la Déportation , avec Confis ou le seing d'autrui ; 20. il fe commet par alté
quer, cation de tous les biens , contre ceux qui ration , lorsqu'on ajoute des mots ou des
étoient d'une condition honnête (1) ; & de clauses qui n'étoient pas dans l'acte , qu'on
l'autre qu'elle comprenoit indistinctement , y met des interlignes ou des renvois qui
dans fa disposition , tant ceux qui avoient ne feroient pas approuvés de la personne qui
écrit ou signé &. publié de faux testamens , auroit écrit le corps de l'acte , qu'on di-
DU FAUX, ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 247
minue ou retranche les clauses de cet Diaconat , Collation , Lettres de Degrés ,
acte par des ratures , ou bien lorsqu'on en Nomination aux Bénéfices ; 50. les Regijlres
change la véritable date. 30. Enfin le Faux de Baptêmes , Mariages & Sépultures , &
se commet par suppression , lorsqu'on cele ceux du Contrôle ; ce qui s'entend lorsque
ou soustrait l'acte pour en dérober la con- ces Registres se trouvent d'ailleurs revêtus
noissance aux héritiers de ceux qui ont de toutes les formes prescrites par la Loi.
contracté , ou bien qu'on retient des dona Dans le nombre des actes privés, nous
tions & autres dispositions des personnes comprenons les Testamens olographes ,
qui ne font pas en état de parler, & de les Quittances , Lettres missives , Lettres
déclarer leurs volontés. II y a ausfi des & Billets de change , Livres-Journaux des
manières de commettre le Faux qui font Marchands , les Blancs-Seings , &c.
particulières à de certains actes , comme ,
VIL
v. g. , en fait de teslamens , lorsque les
Notaires les reçoivent fans avoir vu le 30. Enfin quant à la. qualité des PERSONNES ,<>.Qua.
Testateur , & fans lui avoir entendu pro qui commettent ce Crime , nous venons 'if« des
noncer ses dispositions , ou bien fans lui de voir qu'elles font aussi distinguées , °"oen*
avoir vu présenter son testament mystique comme les actes , en personnes publiques commis.
avant que d'en faire la souscription. II y a & en personnes privées. Nous appelions
encore une autre efpece de Faux qui se com Personnes publiques tous ceux qui exercent
met dans les contrats de rente ou de vente , des fonctions publiques , comme ayant ser
comme lorsque les Parties y font de fausses ment en Justice , ou plutôt qui ( pour nous
déclarations , en aflùrant comme libres des servir des propres expressions de la Loi (1) )
biens qui font déja engagés : celle-ci est font des fonctions publiques par Office ,
connue proprement fous le nom de Stel- Commission , ou Subdélégation ; & par con
lionat, dont nous nous réservons de parler séquent nous n'y comprenons pas feule
en traitant du Vol , que ce Crime a singu ment les Officiers qui reçoivent les con
lièrement pour objet. trats & conventions des Parties , comme
font les Notaires , mais encore les Juges,
V I.
Greffiers , Ministres de Justice , & Police ,
é.i'.Qua. 2°. Quant à la QUALITÉ DES ACTES fur & de Finance , tant des Cours Supérieures
«í (m lit le%els Peut tomber le Faux. Ces actes que Subalternes : comme aussi ceux des
quels il est íbnt , ou publics , ou privés. Nous appel- Officialités & des Justices des Seigneurs ,
tombé. ions afìcs pUbi'fCS tous ceux qui font éma les Officiers & Ministres des Chancel
nés de personnes publiques , & qui font leries , les Gardes des Livres & Registres
foi par eux-mêmes , tellement qu'ils ne des Chambres des Comptes & des Bu
peuvent être attaqués ni détruits que par reaux des Finances , 6c ceux des Hôtels-
la voie de l'infcription de Faux ; ( ce qui de-Ville , les Archivaires. Nous compre
s'entend lorsqu'ils font l'objet d'une pour nons aussi les Curés & Vicaires , les
suite purement civile ; car s'ils font atta Commis aux Aides , Gardes - Chasses ,
qués par la voie extraordinaire , leur nul les Arpenteurs , les Experts , & générale
lité devient alors une fuite nécessaire de la ment tous ceux qui ont prêté ferment en
condamnation de ceux qu'on accuse d'en Justice à cet effet. Nous appelions pcr~
être les auteurs ). Sous le nom Racles sonnes privées , non-feulement les simples
privés y nous comprenons ceux faits par particuliers qui n'ont aucun caractère pu
de simples Particuliers , ou même par des blic , mais même ceux qui , étant revêtus
Officiers publics hors leurs fonctions, & de ce caractère , commettent le Faux hors
qui ne font foi en Justice, qu'après qu'ils des fonctions publiques , comme , v. g. , un
ont été reconnus ou vérifiés vis-à-vis de Notaire qui falsifieroit un billet ou quit
ceux par qui l'on prétend qu'ils ont été tance fous seing privé , ou même un acte
faits. Nous mettons au nombre des actes public qu'il n'auroit pas passé.
PUBLICS , 1 °. ceux passés devant Notaires ; Ci) V. entr'autres la Décl. de Mai 1720 , qui
2°. les aBcs de Juflice , comme font les fera rapp. ci-après.
Arrêts, Sentences , Exploits , Informations ,
VIII.
Enquêtes , les Registres de Greffe , les
Procès-Verbaux des Commis & Employés II fuit de tout cela qu'il peut se com- g. Neuf
aux Aides , les Rapports faits en Justice mettre jusqu'à neuf différentes espèces de différente*
par les Médecins , Chirurgiens & autres Faux par Écrit. 1 °. Le Faux dans les Actes p«« "par
Experts ; 30. les Papiers Royaux , tels des Notaires 52°. le Faux dans les Actes de écrit-
que font tous actes passés fous le sceau du Justice ; 30. le Faux en Titres Ecclésiasti
Roi ; 4e. les Titres Ecclésiafliques , comme ques &. matière Bénésiciale 3 40. le Faux
font les rescrits de Cour de Rome , les dans les Lettres de la grande & petite Chan
Lettres de Prêtrise, de Diaconat, Sous- cellerie ; 50. le Faux dans les Papiers
248 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. III. Tit. V.
Royaux ou Publics ; 6°. le Faux en fait d'Ai- positions particulières qui font relatives, à
des ; le Faux en fait de Contrôle ; 8°. le chacune de ces différentes espèces de Faux ,
Faux dans les Registres de Baptêmes , Ma- nous croyons devoir les traiter ici fépa-
riages & Sépultures j 90. Enfin le Faux rément pour leur appliquer les Peines que
dans les Actes lòus signature privée. ces Loix & la Jurisprudence y ont atta-
Comme il y a dans nos Loix des dis- chées.

§. I. Vu Faux dans les Aftes des Notaires.

SOMMAIRES.

1. Trois manières dont ce Faux peut se 3. Faux commis par les Notaires hors leurs
commettre. fondions , assimilés fur ce point a defim-
2. Faux commis par les Notaires dans leurs ples Particuliers.
fondions ; comment puni. Diflindion du 4. Celui qui produit un Ade faux rien estpas
cas de la fimplesuppression. toujours quitte pour s'en défifier.

I.
t. Trois (^E Faux peut fe commettre de trois ma- du Notaire , tellement qu'il ne fe poursuit
«kmt^ce nieres , ou par les Notaires eux-mêmes , point comme ceux dont nous venons de
Faux peut dans les Actes qu'ils passent en cette qua parler , par la voie de l'inscription de Faux,
fe com
mettre. lité , ou par ceux-ci dans les Actes qu'ils ni par celle de l'accusation en Faux prin
passent hors leurs fonctions , ou enfin par cipal , íùivant la forme prescrite par l'Or
des Particuliers , qui contreferoient , ou al- donnance , il ne doit pas être puni auíli
téreroient les Actes de Notaires. rigoureusement que dans le premier cas ,
où le Faux tombe fur la piece même ; &
I I.
l'on peut dire de ce dernier cas , comme
2. Faux Loríque le Faux est commis par les de tous les autres où la peine de Mort
commis Notaires en leur qualité d'Officiers publics ,
parles No ne se trouve pas marquée expressément
taires dans l'on distingue , quant à la Peine , le Faux par la Loi , que la Peine en est l^illee à
leurs fonc commis par la fabrication ou l'altération
tions ; ï'arbitrage du Juge , qui doit la prononcer
comment des Actes , ( comme ,v.g.t s'ils y avoient plus ou moins forte , íùivant l'exigence
punis. Dis- inféré de fausses clauses , s'ils avoient dé
tinctiondu des cas & la qualité des Crimes.
cas de la livré des expéditions contraires à la mi
simple sup nute , ou s'ils avoient altéré cette mi ( 1) Voulans 8c desirans pourvoir aux inconvéniens
pression.
nute en changeant, ajoutant ou retran advenus par la multitude des Faux. Notaires , Ta
chant des clauses essentielles, ou en omettant bellions & Témoins qui sont en notre Royaume ,
faisa&s faux Contrats , Dépositions & Sermens en
ces clauses à dessein dans les choses dont témoignage Justice , dont plusieurs personnages ,
ïls feroient requis par les Parties , ou enfin tant Nobles qu'autres , ont été & font détruits , 8c
en contrefaisant la signature d'autrui , ) de bien íbuvent en danger de perdre leur vie , hon
celui qui seroit commis par la simple sup neurs & biens : ce que lefdits Faussaires n'ont crainte
8c ne craignent de faire , parce que la punition est
pression des minutes des Actes qu'ils au- aucune soys si légere & aisée , que cela ne leur en
roient passés , ou dont ils feroient les dé donne aucune peur ou doute d'en être repris : 8c à
positaires , comme les tenans de leurs pré cette cause voyans que c'est une chose qui pullule
& multiplie chaque jour , afin de donner plus grande
décesseurs , dont ils auroient le protocole.
peur 8c terreur à ceux qui s'en voudront mêfler ,
Dans le premier cas , les Notaires font nous qui désirons fur toutes choses réprimer & faire
punissables de mort , suivant la disposition punir & corriger telles fautes & crimes qui font si
de l'Ordonnance de François I à Argen- domageablesà notre pci;ple &c au bien public. Or
donnons , diíbns , statuons & déclarons que tous
ton , en 1 53 1 (1), renouvellée par l'Edit ceux qui font 8c feront atteints &c convaincus par
de Mars 1680 (2) , par la Déclaration Justice avoirfait & pajséfaux contrats , 8t porté faux
de 1710 (3) , & en dernier lieu par l'Ordon témoignage en Justice , feront punis 8c exécutés à
nance des Testamens , en 1 73 5 (4). A quoi mort , telle que les Juges l'arbitreront , selon l'exi
gence des cas ; nonobstant qu'on ait de coutume
notre Jurisprudence a ajouté celle de la les punir si rigoureusement , ou qu'il y ait Loi ou
Lacération des pieces déclarées fausses , avec Ordonnance contraire , à laquelle nous dérogeons.
dommages & intérêts au profit de celui Ord. de François J , donnét à Argenton , U mois de
Mars 1531.
qui a souffert de Faux , outre la Confis
cation des biens , ou d'une Amende qui
en tienne lieu dans les pays où la Confis (2) LoUIS , 8cc. LeRoi François I , l'un de nos
cation n'est point admise. Mais dans le cas Prédécesseurs , avoit , par l'Ordonnance de 1531 ,
où il ne s'agit que d'une fimple suppression ordonné la peine de Mort contre tous ceux qui fe-
roientatteints & convaincus d'avoir faits & passés de
d'Actes ; comme c'est alors moins un Faux , faux contrats & avoir porté faux témoignage, croyant
qu'un Vol particulier qui se fait de la part pouvoir , par la sévérité de son Ordonnance , &
k-s
DU FAUX , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 249
les prétentions que les Officiers, qui sont les pre pour les Faux de cette derniere efpece, sont n'eneffpss
miers dépositaires, auroicnt dû , par châtiment , celles des Galères pour les hommes , & t0ui0llr*
réprimer dans fa iburce la fréquence du Crime qui du Bannislement pour les femmes. On or- pour* s'en
attaque singulièrement la société , & qui trouble le
donne aussi dans tous ces cas la Lacération désister,
repos des familles.... Preamb. de fEdit de Mars
1681, dont les dispositions seront rapportées ci-après des pieces fausses ou falsifiées. Nous ver
fur le Faux des Actes de Justice , qu'il concerne princi rons d'ailleurs , en traitant de la procédure
palement. fur le Faux, qu'on peut pareillement or
( 3 ) V. cette Déclaration fur le Faux commis
donner cette Lacération , &. déclarer une
dans les Papiers Royaux & Publics , auxquels elle
piece fausse, fans prononcer aucune Peine
se rapporte spécialement.
( 4 ) Voulons que les Notaires , Tabellions ou contre celui qui l'a produite , pourvu qu'il
autres Personnes publiques , comme aussi les Té justifie d'ailleurs la tenir de ses auteurs ,
moins qui auroient signé les Tcstamens, Codiciles, ou d'un tiers , fans aucun dol de fa part.
ou autres Actes de derniere volonté , ou les Actes II fuit delà , que dès le moment que la
de souscription des Teítamens mystiques, fans avoir
vu le Testateur , & fans avoir entendu prononcer piece fausse a été produite , 6c qu'on a
ces dispositions , ou les lui avoir vu présenter lors déclaré vouloir s'en servir ; il ne suffit pas
de ladite souscription , soient poursuivis extraor à celui qui l'a produite de s'en désister ,
dinairement à la Requête de nos Procureurs & de pour être entièrement à couvert des pour
ceux des Hauts-Justiciers ; & condamnés , sçavoir ,
lesdits Notaires , Tabellions ou autres personnes suites & de la Peine de Faux , s'il y a preuve
publiques à la peine de Mort , èc les Témoins à d'ailleurs qu'il en soit l'auteur ou le com
telles Peines arTlictives ou infamantes qu'il appar plice , c'est-à-dire , pour se servir des ter
tiendra. Ordonnance des Teflamens , de 1735. art. mes de Farticle 1. du tit. 2. de l'Ordonnance
48. de 1737 , s'il est prouvé qu'il aitfait ou fait
I I L faire la piece faujj'e you qu'il en ait connu la
fausseté. C'est ce qui a été jugé par plusieurs
Lorsque le Faux est commis par les Arrêts , conformément à la disposition de
5. Faux
commis Notaires hors de leurs fonctions ( l'on veut la Loi Romaine (1) , suivant lesquels la
parles No dire , soit dans les Actes qui auroient été production de la piece sonne contre celui qui
taires hors
leurs fonc passés par d'autres Notaires ou Officiers l'a produite une présomption qui le met dans
tions , assi publics , soit dans les aóles qui auroient été la nécessité de justifier qu'il ne l'a fait que
milés fur
ce point à faits eux-mêmes sous seing privé ) la Loi par erreur , comme tenant cette piece de
de simples ne les distingue plus alors des simples par ses auteurs. C'est aussi ce qui résulte de la
Îtarticu-
iers. ticuliers qui auroient falsifiés des Actes de disposition de l'article 8. du titre 9. de
Notaires ; & nous voyons , d'après l'Edit l'Ordonnance de 1670 , où, après avoir
de 1680 fi) , que leur punition est laissée ordonné que la piece dont le défendeur dé
à la prudence des Juges , qui peuvent clare ne vouloir se servir, sera rejettée du Pro-
modérer , ou même augmenter leur peine cès,elle ajoute « sauf à pourvoir aux domraa-
jusqu'à celle de Mort , suivant l'exigence » ges & intérêts de la Partie , & à poursuivre
des cas , &. la qualité des Crimes. » le Faux extraordinairement par les Procu-
» reurs du Roi ou ceux des Seigneurs (2) ».
' ( 1 ) Et à l'égard de ceux qui n'étant Officiers ,
& qui n'ayant aucune fonction ou ministère public , ( r ) Praîbemus Iicentiam ut sive civiliter , sive
commission ou emploi, les Juges pourront les con criminaliter ut actore legem super prolatis codicil-
damner à telles Peines qu'ils jugeront , même de lis vel aliis instrumentis requiratur , incumbat pro-
Mort , selon l'exigence des cas & la qualité des batis fidei instrumenti , ci primitùs qui feripturam
Crimes. V. tEdit de Mars 1680. qui fera rapporté obtulerit , deindè ei qui strictâ iustantiâ Faìfum ar-
guere paratus fit. L. 24. Cod. ad Leg. Cornel. de Falf.
fous le §. suivant.
(1) Si le Défendeur déclare qu'il ne veut point se
IV. servir de la piéce , elle fera rejettée du Procès ,
sauf à pourvoir aux dommages & intérêts de la
Partie , & à poursuivre extraordinairement par nos
4. Celui Au reste il paroît en général , d'après la Procureurs ou ceux dïs Seigneurs. Ord. de 1670.
3u!t Pun" Jurisprudence des Tribunaux , que les Pei- tit. 9. art. 8. V. aussi sart. 2. du tit. z. de COrd. de
Acte faux nés les plus ordinaires qui se prononcent *73?-


LES LOIX CRIMINELLES, Liv. III. Tit. V.

§. II. Du Faux dans les A&es de Justice.

SOMMAIRES.

i. Comment puni suivant nos Loix. par rapport à la qualité des Acles ô
z. Dijlinclion suivant notre Jurisprudence h celle des Parties. -

i. Com- L'ON veut parler principalement ici du Justices des Seigneurs , les Officiers & Ministres
sofvaiu""1 Faux qui íè commet par la fabrication ou des Chanceliers , les Gardes des Livres & Registres
nos Loix. altération des Actes de Procédures , ou des des Chambres des Comptes 8c des Bureaux des
Finances , 8c ceux des Hôtels-de-Ville , les Archi-
Jugemens , Sentences , ou Arrêts. Ce Faux viers , 8t généralement toutes personnes faisant
doit être puni de Mort , suivant la dispo fonction publique par Office , Commission ou Sub
délégation , leurs Clercs 8c Commis qui feront
sition de l'Edit de 1680 , lorsqu'il est com
atteints 8c convaincus d'avoir commis Fausseté dans
mis par des personnes publiques , parmr la fonction publique par Office , Commission ou Sub
lesquelles cet Edit comprend nommément délégation , leurs Clercs 8c Commis qui seront
les Juges , Greffiers , & Ministres de Justice, atteints 8c convaincus d'avoir commis Fausseté dans
la fonction de leurs Offices , Commissions 8c Em
tant des Cours & Sièges Royaux , que des plois , seront punis de mort , telle que les Juges
Officialités &. Justices Seigneuriales , qui arbitreront , selon l'exigence des cas : 8c à l'égard
commettent des faussetés dans les fonctions" de ceux qui n'étant Officiers, 8c qui n'ayant aucune
de leurs Offices. Ensorte que ce n'est pro fonction ou ministère public , commission ou em
ploi, de la qualité ci-delfus, auront commis quelques
prement que , dans les cas où les faussetés faussetés , ou qui étant Officiers les auront commis
& altérations dont on vient de parler au- contre la qualité de leurs Offices, Commissions ou
roient été commises par ces Officiers pu Emplois , les Juges pourront les condamner en telles
Peines qu'ils jugeront , même de Mort , selon l'exi
blics hors de leurs fonctions , que leur
gence des cas , 8c la qualité des Crimes. ( Voulons
Peine pourroìt être modérée par les Juges , en outre que tous ceux qui auront falsifié les Lettres
aux termes de la même LoL de notre grande Chancellerie , 8c de celles qui font
établies près de nos Cours de Parlement , imité ,
contrefait , appliqué ou supposé nos grands ou pe
tits Sceaux, soient qu'ils soient Officiers, Ministres,
J-iOUIS , &c. Le Roi François I , l'un de no» ou Commis de nofdites Chancelleries ou non ,
Prédécesseurs, avoit , par l'Ordonnance de 1551, soient punis de mort. ) Si donnons en Mandement ,
ordonné la peine de Mort contre tous ceux qui 8cc. Edi: de Mars i6%o. rtg. I. 29 Maisuiv.
seroient atteints 8c convaincus d'avoir fait passer de
faux contrats , 8c avoir porté faux témoignage , il: ; . ;
croyant pourvoir , par la sévérité de son Ordon
nance , & la prétention que les Officiers , qui font Cependant ilparoît, d'après la Jurispru- 2. Distinc-
les premiers dépositaires, aurpient dû, par châti- dence des Arrêts , que l'on ne fuit pas tion {ai~
rnent , réprimer dans fa source la fréquence du
toujours à la rigueur la disposition <ìe cet jurisPru-
Crime , qui attaque singulièrement la Société , &
qui trouble le repos & la sûreté des familles : néan Edit , & que l'on distingue , quant à la Peine, dence P"
moins comme il est vrai que les Notaires ne soient la qualité des Aises de Justice sor lesquels [aPquaiité
pas les seuls qui soient les dépositaires de la foi est commis ce Faux , c'est-à-dire , qu'on Acte»
Ïublique , puisque l'on ne contracte pas moins ep
usticc q:ie pardevant eux , 8t qu'il est aussi im- punit moins sévèrement le Faux commis des* Par-
Sortant d'empêcher que les autres Officiers & dans des Actes de Procédures Civiles , àes.
linistres , auxquels nous avons confié notre au que celui qui se commet dans ceux de
torité , eu conservent religieusement le dépôt , & Procédures Criminelles ; que l'on punit
soient détournés d'en abuser , 6î que cependant
quelques- uns de nos Juges pnf été persuadés que auffi avec moins de rigueur le Faux com
l'Ordonnance , comprenant feulement les Notaires mis íur de simples Expéditions ; que
& les Témoins , ne leur laissoit pas la liberté de ceux commis fur des Originaux ou 'Mi-',
condamner à mort les Officiers 8c Ministres qu'ils
nutes , dont la perte est irréparable , &
ont convaincu d'avoir commis fausseté , ce qui
auroit causé beaucoup de diversité dans leur Juge ne peut se suppléer ; & pareillement les
ment, 8c donné esoérance d'impunité aux Coupa Faux qui se commettent dans les simples
bles : à quoi étant nécessaire de pourvoir , & d'ar Procès-Verbaux des Huissiers, ou Rapports
rêter le cours d'un mal qui feroit plus à craindre
s'il n'étoit prévenu par la rigueur de la Peine. A CES des Gardes-Chasses , & des Experts , que ,
CAUSES , & autres considérations à ce nous mou- ceux qui se commettent dans des Juge
vans , de l'avis de notre Conseil , qui a vu ladite mens ; & enfin , par rapporta ces Jugemens ,
Ordonnance , du mois de Mars 153 1 , avons dit ,
l'on distingue aussi, quant à la Peine , les Faux
statué 8c ordonné, 8c par ces Présentes , signées de
notre main , disons , statuons 8c ordonnons , vou qui se commettent dans les Arrêts & autres
lons & nous plaît que ladite Ordonnance, du mois Jugemens en dernier ressort , de ceux qui
de Mars 1531, soit observée ponctuellement scion se commettent dans de simples Sentences
sa forme 8c teneur ; & y ajoutant, que tous Juges,
Greffiers , Ministres de Juges , Justice , Police 8c qui font sujettes à l'appel. II y a des Arrêts ,
de Finance, tant des Cours Supérieures que Subal unentr'autres rapporté par Theveneau(i),
ternes , comme aussi ceux des Officialités 8c des du mois de Février 1566 , qui condamne
DIFFÉRENTES ESPECES. 2fi
DU FAUX , ET DE SES
particulièrement en traitant de la Calom
à la Potence un nommé Maréchal , Procu
nie. II en doit être de même des Gref
reur , pour avoir fabriqué un Arrêt de la
fiers , dont les fonctions ne font pas
Cour. Mais depuis ce temps-là on s'est un
moins importantes en cette matière , & qui
peu relâché de cette rigueur , comme il
font même d'autant plus condamnables
paroît d'après un Jugement Souverain rendu
dans les Faux qu'ils commettent en cette
aux Requêtes de l'Hôtel , le 1 6 Avril 1 76 1 ,
par lequel un nommé de la Solle, Avocat , qualité , qu'ils y joignent la violation d'un
convaincu d'avoir fabriqué un Arrêt du Dépôt public qui leur est confié. A l'égard
Conseil d'Etat du Roi , a été condamné des Faux qui se commettent par les Huis
seulement à être attaché au Pilori , Fleur- siers , comme lorsqu'ils font de faux Ex
delysé , & aux Galères pour trois ans. L'on ploits , ou qu'ils mettent fur leurs Exploits
distingue encore , quant à la Peine , la qua un faux contrôle , il y a des Arrêts qui
lité des Officiers publics qui commettent ont prononcé contr'eux la peine de la Po
le Faux , comme , v. g. , fi c'est un Juge , tence ; mais il paroît que la Peine la plus
un Greffier , ou un Huiflìer. Automne , en ordinaire , suivant les derniers Arrêts , est
fa Conférence du Droit (2) , rapporte un celle des Galères ou du Bannissement , avec
Arrêt du 20 Décembre 1594, qui s'est Amende honorable (4).
contenté de condamner à YAmende hono (r) V. Theveneau, fur les Ordonnances, tir.
rable , & à l'Interdiction , un Lieutenant- 17. art. 3.
Général de Condom , pour Faussetés par {i)V. Auîomne en fa Confér. fur la Loi pre
lui commises dans les fonctions de son of mière au Digeste ad Leg. Corne/, de Fais.
(3) Si quis Decurio testamentum , vel codicillos,
fice. Mais cette modération de Peine ne vel afiquam desicientis feripferit voluntatem , priva-
doit s'entendre fans doute que des Faussetés tifque instrumentis prazbuerit Oíîìcium , Decuriatus,
commises parles Juges enmatiere Civile (3); honore fepoíito , qusestioni , si ità popofeerit causa,
' fubdatur ; fed non statim définit este Decurio qui
car íi elles l'étoient en matière Criminelle , in hujusmodi facto fucrit deprehensus , quantum
& dans la vue de faire périr un innocent , enirr. ad Municipales pertinet nécessitâtes Decurio
elles devroient nécessairement donner lieu permanet , quantum ad rem gestam & veritatem
referendarn uti Decuriatus honore non poterit. L.
à de plus fortes Peines , & même à la Peine
il. Cod.ad Leg. Cornel. de Fais.
capitale , ainfi que nous l'avons observé en (4; V. Imburt , lastit. For. liv. 3. ch. n ; Bas
traitant du Crime de Concuflìon , 8c que set , tom, 2. Iiv. 9. tit. 5. V. aussi le Journ. des Aud.
nous aurons lieu de le voir encore plus tom. 4 & 6.

§. III. Du Faux commis dans Us Titres Ecclésiastiques .

SOMMAIRES.

1. Trois fortes de Titres fur lesquels cc & fe punit suivant les Canons.
3. Différence de nos Usages fur ce point
Faux peut fe commettre.
2. Faux dans les Bulles & Refcrits de 4. Simple connoijfance du Faux suffit pouf
Rome. De combien de manières fe commet opérer la déchéance des Bénéfices*

I.
1. Trois "^J ou S distinguons trois fortes de Titres Titre , & fous celui de verborum fignifi^
Xhrrt fur lesquels peut se commettre le Faux en catione , des Peines portées , tant contre
lesquels ce cette matière. i°. Les Bulles ô autres Ref- les Laïques , que contre les Ecclésiastiques
fe^am.1 cries de Rome ; 2°. les Actes qui consti qui contrefont ou falsifient ces sortes de
tuent les différens Ordres des Ecclésiasti Refcrits , ou même qui les retiennent &
ques , comme font les Lettres de Prêtrise , les produisent , les connoissant Faux. Ces
de Diaconat > Sous-Diaconat & de Ton Peines font celles de l'Excommunication
sure ; 30. enfin les Actes qui constituent contre les premiers , jusqu'à ce qu'ils aient
les Titres de Bénéfices , tels que les Acles réparé le dommage qu'ils ont causé ; &
celles de la Déposition & Privation des Bé
de Collation tj de Présentation t &c.
néfices contre les Ecclésiastiques , même
II. de la- Prison perpétuelle. De plus , les uns
& les autres doivent , suivant ce même
dans *ìn Quant aux Bulles & Refcrits de Cour de
Droit , être livrés au Bras Séculier , pour
Bulles & Rome , il est fait mention dans ìe Droit
être punis suivant la rigueur des Peines tem
de Rome Canonique des différentes manières dont
porelles attachées à ces sortes de Crimes.
De con»- le Faux peut se commettre en cette ma-
bien de tiere. L'on en trouve jusqu'à neuf exemples (1) Licct ad regimen : & infr:'i. Ut autem vario-
se com- sous le Titre des DÉCRÉTALES de crimine tates Falsitatis circà nostras Litteras deprehendere
valeatis : cas vobis praîfentibu9 Litteris duximus
met & se ■ falsì (j). II est aussi fait mention sous le même
pumt. ■* Ii 2
252 LES LOIX CRI «IN ELLES, Liv. III. Tít. V-
exprimendas. Frima species Falsitatis haec est , ut ques , celles de l'Edit de 1550 embrassent
falsa Bulla saisi*. Litteris adponatur. Secundo , ut généralement tous les Faux qui se com
fiíurn de vera Biilíá êxtrahatur ex toto , 8c per aliud
filum immissqm saisis Litteris itrseratur. Tertia , ut mettent dans les autres Titres Ecclésiasti
filum ah éa parte , in qnâ Charta applicatur inci- ques dont nous venons de parler. Nous
sum y cmtTcVa Bulla saisis Litteris immittatur sub voyons au surplus que cet Edit distingue ,
eadem plicatura cum silo similis canabis restaura- comme le Droit Canonique , les Peines des
tum. Quarta , cum à suueriori parte Bullae , altéra
pars fili sub plumbo reícinditur , 8c per idem filum Ecclésiastiques qui commettent le Faux en
Litteris saisis inserta reduciturintràplumbum. Quin- cette matière , de celles des Laïques qui
ta , cum Litteras , Bullatis , & redditis in eis aliquid tombent dans le même Crime ; & que
per raturam tenuem immutatur. Sexta , cum scrip-
tandis qu'il ordonne d'une part , relative
tura Litterarum , quibus fuerat adpositavera Bulla,
cum aqua , vel vino universaliser abolita feu délecta ment à ces derniers , qu'il fera procédé
eadem Charta cum cake 8c aliis juxta consuetum contr'eux suivant la rigueur des Ordon
artificium dealhaîa de novo rescribitur. Septima , nances , ce même Edit veut , à l'égard des
cum Charta? cui fuerat adposita vera Bulla , tota
liser abolitae vel abrasa; , alia subtilissima Charta Ecclésiastiques , qu'outre les Peines qui
ejùsdem qualitatis fcripta cum tenaciíìïmo glutino seroient prononcées contr'eux par les Juges
conjungitur. Eos etism à crimine Falsitatis non Royaux pour le Cas privilégié que ren
reputamus immuncs , qui contrà constitutionem ferme ce Crime , ils soient renvoyés , pour
nostram fcienter Litteras non de nostrâ , vel Bulla-
toris nostri manu recipiunt. Illosquoque , quiacce- le délit commun , à leur Prélat & Juges
dentes ad Bullam falfas Litteras cautè projiciunt, ordinaires , pour être procédé contr'eux ,
ut de vera Bulla cum aliis fig^llentuir, Sed ha» duœ tant par déclaration d'inhabilité perpétuelle
species Falsitatis poífiint facile non cemprehendi r
nisi vel in modo dictaminis , vel in formâ Scrip- de tenir & posséder Bénéfices en ce Ro
tura» , vel qualitate Chartœ falsitas cognoscatur. yaume , qu'autres Peines.
In casteris autem diligens indagator falsitatem po-
terit intueri, vel in adjunctione filorum , vel in col- (1) Tous ayant commis Fausseté au fait des Bé
latione Bullae , vel motione , vel óbtuíione , prae- néfices , soit en baillant Collations , Jmpétrations ,
fertim si Bulla non sit aequalis , fed alicubi magis Procurations , Instrumens , Réquisitions , Temps
tumida , 8c albi magis depressa. Cap. 5. Extr. d'Etude, Lettres de Degré , Mandats , Nomina
de Crimine Fa/fv.. Ad Falfariorum confundendam tions , 8c autres Actes ou Instrumens judiciaires ou
malitiam : & infrà., De communi fratrum noítro- extrajudiciaires en Cour de Rome , ou des autres
rum consilio duximus , statuendum , ut qui Litteris Collations , Provisions ou Présentations , soit ès
nostris utivolueriut , eas primò diligenter, ignoran- Registres des Notaires Apostoliques ou autres per
ter , eorum fera pœnitentia evitare nequibit Pœnas sonnes publiques , de quelque qualité qu'ils soient ,
inferius annotatas. Nos enïm omnes Falsarios Litte s'ils font Clercs , seront déclarés déchus du droit pof
rarum nostrarum , qui per se vel alios vitium Falsi fessoire prétendu auxdits Bénéfices , 8c punis de
tatis exercent , cum fautoribus 8c defensoribus fuis telle Peine que les Juges verront par le cas privilé
anathematis vinculo dacernímus" innodatos : statuen- gié , 8c renvoyés à leur Prélat 8c Juges ordinaires,
tes ut Clerici , qui -Falfarii fuerint depreheusi , pour procéder contr'eux , tant par déclaration d'in
omnibus Officiis 8c Beueficiis Ecclesiasticis perpé habilité perpétuelle de tenir 8c posséder Bénéfice
tue sint privati : ità quod qui per fe Falsitatis vitium en ce Royaume , qu'autres Peines , selon la qualité
exercuerit , postquam per Ecclesiasticum judicem du fait ; 8c quaut aux gens Laïques , fera procédé con
fuerint degradati , seculari pottstati tradantur , fe- tr'eux suivant la rigueur de nos Ordonnances. Edit
cundùm Constitutiones légitimas puniendi : per de Henri II.... tn 15 50.
quam & Laïcs qui fuerint de Falíìtate convicti
légitimé puniantur. Qui verò sub nomine nostro
Litteris saisis utuntur , si Clerici fuerint , Officiis I V.
8c Beneficiis Ecclesiasticis fpolientur. SiLaïci, tam-
diù maneant Excommunication i subjecti donec
satisfaciant competenter , ità tamen ut in istis 8c II fuit de-là , que tant les Ecclésiastiques 4. Simple
in aliis malitia graviùs quàm iiegligentia puniatur. que les Laïques qui falsifient les Actes dont connois sance du
Quod est de his qui falfas Litteras impétrant , sta- il s'agit, font également dans le cas des Faux suffit
tuimus observandum. Cap. 7. Extr. Ibid Pro Peines portées par l'Edit de 1680, contre poux opé
illo vero Falsario scelerato , quem ad mandatum rer la dé
nostrum capi fecisti , hoc tibi duximus confulen- ceux qui commettent le Faux dans des chéance
dum , ut in perpetuum carcerem ad agendam pœ- Actes publics , & hors les fonctions publi des Béné
fices.
nitentiam ipsum includas pane doloris , 8c aqua ques. En forte qu'il y a feulement cela de
angustia» sustentandum , ut commissa defleat, 8c particulier à l'égard des Ecclésiastiques ,
flenda ulteriùs non committat. Cap. 27. in fine
Extr. de verborum Jìgnis. que la Peine de Déchéance des Bénéfices
ne doit pas seulement avoir lieu contr'eux
dans le cas où ils auroient fait ou fait faire
I IX
la piece fausse , mais encore dans celui où
il seroit prouvé qu'ils ont eu connoissance
3.D!ffé- II paroît que ces dernieres dispositions de la fausseté. C'est la disposition de l'Or-
«os^Usa5 0nt ^ suivies par nos Loix , & notam- donnance de 1 670 (1), renouvellée par celle
gessur ce ment par l'Edit de Henri II , en 1550 , de 1737 (2).
point. vulgairement appelle YEdit des petites
Dates ; à la réserve néanmoins qu'au lieu ( 1)... Et en matière Bénéficiai , de priver le Dé-
que les dispositions du Droit Canonique fendeurdu Bénéfice contesté, s'il a fait ou fait faire
la piece fausse , ou connu fa Fausseté. Ord. de 1670.
ne portent uniquement que fur les Faux com tit. 9. art. o.
mis dans les Bulles 6c Rescrits Apostoli- (2).... Sauf au demandeur à eu tirer ( de la piece
PU FAUK , ET DE SES DIFFÉRENTES -ESPpCES.T 2*3
maintenue fausse ) telles inductions ou conséquences ou fait faire la pícce fausse , ou s'il én a connu îa
qu'il jugera à propos , ou à former telles demandes fausseté : ce qui pourra aussi être ordonné fur la
qu'il avisera pqur ses dommages ou intérêts , mêine feule rcqiúfitiQn de nos Prpcureurs-Gçnéraux , ou
en matière Bénéficiale , pour faire déclarer le dé de leurs Substituts. Ord.dùrmotsSe Juillh 1737. tit.
fendeur déchu du Bénéfice contentieux , s'il a fait 1. art. 12.

IV. Du Faux commis dans les Lettres de la grande & petite Chancellerie.

SOMMAIRES.

1 . Commentse commet ô se punit ce Faux , tures des Secrétaires. d" Etat.


& ce qu'il a de particulier. 3 . Quid , en fait de Paljìfication du Sceau
2 . Quid , du Faux commis dans les Signa- . Royal.

I-
Ce Faux se commet de plusieurs manières, ries , les Gardes des Livres & Registres de* Cham
I. Com
ment se bres des Comptes , & des Bureaux des Finances &
aux termes de l'Edit de 1680 , sçavoir , cíes Hôtels-de- Ville , les Arcbivaires, & généra
commet &
se punit ce en imitant , contrefaisant , appliquant , ou lement toutes personnes faisant fonction publique
Faux, 6c supposant les grands & petits Sceaux. II par Office, Commission ou Subdélégation , leurs
ce qu'il a Clercs ou Commis qui seront atteints & convaincus
de parti y a dans tous ces cas peine de Mort sui
d'avoir commis Fausseté dans la fouction de leurs
culier. vant ce même Edit. II y a même cela de Offices , Commissions & Emplois , feront punis de
remarquable , que cette Peine a lieu indis mort ; & â l'égard de ceux qui n'étant Officiers ,
tinctement contre toutes sortes de personnes & qui n'ayant aucune fonction ni ministère public,
Commission ou Emploi de la qualité ci-dessus , au
qui tombent dans ce Crime , c'est-à-dire , ront commis quelques Faussetés, ou qui étant Offi
qu'on ne distingue point , à cet égard , ciers les auront commises hors la fonction de leurs
les simples particuliers , des Officiers ou Offices , Commissions ou Emplois ; Nous avons par
Commis des Chancelleries. U y a encore le même Edit ordonné que les Juges les pourront
condamner à telles Peines qu'ils jugeront , même
cela de particulier à cette efpece de Faux, de mort, selon l'exigence des cas , & la qualité des
que la Confiscation en appartient , comme Crimes : & que tous ceux qui auront falsifié les
nous l'avons dit , à M. le Chancellier. Lettres de notre Grande Chancellerie , & de celles
établies près nos Cours, imité , contrefait, appliqué
Voulons en outre que tous cenx qui auront fal ou supposé un grand ou petit Sceau , soit qu'ils
sifié les Lettres de notre grande Chancellerie , 'St soient Officiers , Ministres ou Commis de nosdites
de celles qui font établies près de nos Cours de Par Chancelleries ou non , soient aussi punis de mort.
lement , imité , contrefait , appliqué ou supposé Mais ayant été informé que quelques-uns de nos
nos grands ou petits Sceaux , soit qu'ils soient Offi Juges n'ont condamné qu'aux Galères ceuxqui ont
ciers , Ministres ou Commis de nosdircs Chancel contrefait la signature des Secrétaires d'Etat & da
leries ou non , soient punis de mort. V. ÍEdit du nos Commandemens , fous prétexte que ladite Orr
mois de Mars 1680. rapportéfous le §. 2. ci-devant. donnance de 1 5 3 r , & l'Edit du mois de Mars 1680,
11e contiennent aucune disposition expresse à cet
I I. égard , Nous avons cru fur ce fait devoir expliquer
notre intention. A CES causes , disons, statuons 8c
t. Quid , Cependant comme il n'étoit parlé , dans voulons , ordonnons 8t Nous plaît , que tous ceux
du Faux qui contreferont les signatures de nos Conseillers
la disposition que l'on vient de rapporter , en tous nos Conseils, Secrétaires d'Etat & de nos
commis
dans les Si que des Faux qui se commettoient dans Commandemens, ès choses qui concerneront la fonc
gnatures les Lettres de Chancellerie , 8c qu'il s'en tion des Charges desdits Secrétaires d'Etat, soient à
des Secré l'avenir punis de Mort. Décl. du mois d'Août 1699.
taires d'E commettoit également dans les signatures
tat. des Secrétaires d'Etat 8c Conseillers du
III.
Roi en tous ses Conseils , auxquels les
Juges n'osoient appliquer la peine de Mort, II en doit être de même , 8c à plus forte J. Quid
sûr le fondement que cette efpece de Faux raison des Faux qui se commettent par la en fait d
ne se trouvoit point désignée expressément falsifica
contrefaction 8c supposition du Sceau Royal, tion du
par ce même Edit ; ce fut pour faire cesser puisque ceux-ci forment un Crime de Lese- Sceau Ro
entièrement ce doute qu'intervint la Dé yal,
Majesté au second Chef, 8c qu'ils font aussi ,
claration du mois d'Août 1 699 , par laquelle par cette raison , du nombre de ceux dont
la peine de Mort a été portée nommément la confiscation appartient à Sa Majesté , ex
pour ce dernier cas, comme pour le premier. clusivement aux Seigneurs Hauts-Justiciers
du lieu du délit. Nous avons un exemple re
marquable de la punition des Faux de cette
JLjOUIS... Par notre Edit du mois de Mars 1680 ,
donné pour l'exécution de l'Ordonnance du mois de efpece , dans un Jugement Souverain de la
Mars 153 1 , Nous avons ordonné que tous Juges , Chambre de l'Arsenal , rendu le 1 1 Jan
Greffiers , Ministres de Justice, Police & de Finance, vier 1738, qui condamne à la Potence le
tant de nos Cours & Justices subalternes , comme nommé Coulon , pour avoir fabriqué une
aussi ceux des Officialités & des Justices des Sei
gneurs , les Officiers & Ministres des ChanceJle- fausse Lettre de Cachet.
syV tí£5: t mkl CRIMINELL ES] Li'v. IH. TiVtTi

V. Du Faux dans les Papiers Royaux & Publics.

SOMMAIRES.
'* . .. -
f. Comment puni suivant nos anciennes Or- Royaux ô Publics suivant nbsr der- .
donnances. nieres Loix.
2. Ce qu'on doit entendre par Papiers

dit Seigneur & Bisayeul ayant été informé que quel


. Com- Suivant l'Ordonnance de François I à
SuniChâteau.Briant, en 1532, il y a peine de ques particuliers qui avoient contrefait la signature;
des Secrétaires d'Etat , avoient été seulement con
nos an- Mort portée indistinctement contre tous les damnés aux Galères fous prétexte que ladite Or
Ordon- Financiers Royaux qui font convaincus donnance de 1 5 31 , ni l'Edit .du mois de Mars 1680,
ne conteuoient aucune disposition précise à cet égard,
nances. d'avoir falsifié les Acquits , Quittances ,
il auroit expressément ordonné , par sa Déclaration
Comptes , & Rotes de- montre , &c. du 20 Août 1699 , que ceux qui contreferoient les
signatures desdits Secrétaires d'Etat de nos Comman-
Voulons & ordonnons que tous nos Financiers , demens , dans les choses qui concernent la fonction
de quelqu'état & condition qu'ils soient , qui se de leurs Charges, seroient punis de mort : ce qui a
trouveront avoir falsifié Acquits , Quittances , donné lieu à plusieurs Arrêts qui ont condamné au
Comptes & rtòlcs de montre , seront pendus & dernier supplice des Faussaires de cette espece ; &
étranglés. Ord. de François I. à Château- Briant, quelques personnes ayant entrepris de falsifier des
du 8. Juin. 1531. Billets de Monnoie, soit dans les signatures , soit dans
I I. les sommes , soit dans les dates & numéros , les Or
donnances tirées fur notre Trésor Royal , ainsi que
les autres Expéditions qui en émanent , nous avons
î. Ce La Déclaration de Mai 1720 , prononce cru qu'il importoit au bien général du Royaume ,
qu'on doit aussi généralement cette Peine contre toutes à la sûreté du Commerce , à l'intérêt de nos Su
entendre
par Pa personnes faisant fonctions 'publiques par jets d'ordonner que tous les Faussaires de cettequa-
piers Ro Offices , Commission de Subdélégation , qui lité seroient punis du dernier supplice , ainsi que
yaux & ceux qui seroient convaincus d'avoir falsifié ou al
Publics .falsifient , ou altèrent de quelque manière , téré les Registres ou autres Expéditions des Tréso
suivant les Papiers Royaux & Publics , notamment riers de nos Revenus casuels , des Trésoriers-Géné
nos der raux de l'Extraordinaire des Guerres , Receveurs des
nieres 'les Ordonnances fur le Trésor Royal , les
Consignations en espèces , Commissaires aux Saisies
Loix. Etats ou Extraits de Distribution , Res-
réelles,des Préposés à la Recette de nos Fermes ou de
eription, Récépisles,&les Registres & autres nos Finances , Receveurs & Trésoriers de nos Pays
rExpéditions des Trésoriers-Généraux , Re d'Etat , & tous autres qui sont chargés , par com
ceveurs de Consignations , Commissaires mission ou autrement , de la Recette du payement
ou maniement des fonds qui entrent dans les Caisses
aux Saisies réelles , & tous autres char royales ou publiques , fans que ladite Peine puisse
gés par commission ou autrement de la être modérée sous prétexte que les articles desdits
Recette des fonds qui entrent dans les Caisses Registres altérés ou falsifiés,ni lesdites Ordonnances,
Royales ou Publiques. Par la même Loi Quittances ou Expéditions seroientpour des sommes
très-modiques , ainsi qu'il â été ordonné par l'Or
il est fait défenses expresses aux Juges , donnance du feu Roi notre très - honoré Seigneur
comme par les précédentes , de modérer la & Bisayeul , du 11 Septembre 1706 , à l'égard des
Peine de Mort , & même d'avoir aucun Vols qui se commettroient .'dans nos Maisons
égard à la valeur ou à la modicité du pré Royales. A ces causes , &c Art. I. Voulons
que les Ordonnances , Edits & Déclarations du
judice que ces sortes de Faux auroient pu mois de Mars 1680 , Déclaration du 20 Août 1699 ,
causer. l'art. 7 des Lettres-Patentes du 2 Mars I7ió,soient
exécutés selon leur forme & teneur; & y ajoutant,
ordonnons que tous ceux qui seront convaincus d'a
J—«OU IS , &c. Par Ordonnance de François I, voir imité , contrefait, falsifié ou altéré , en quelque
du mois de Mars 1 5 3 1 , il est expressément porté , sorte & manière que ce puisse être, les Ordonnances
que tous ceux qui feront convaincus d'avoir fait tirées fur notre Trésor Royal , les états aux Extraits
& passé de Faux Contrats , seront punis de mort ; des distributions, ainsi que les Rescriptions , Récé
laquelle disposition de notre très-honoré Seigneur pissés ou autres Expéditions qui émanent de notre
& Bisayeul , par son Edit dit mois de Mars ió8o, Trésor-Royal , seront condamnés à mort par nps
a étendu à tous Juges , Greffiers , Ministres de Jus Juges , fans qu'ils puissent modérer ladite Peine ,
tice , Police & Finances, tant de nos Cours & Jus quoique pour semblable cas ils n'eussent jamais été
tices Royales 011 des Seigneurs , qu'à ceux des Offi repris ou punis , & fans avoir égard à la valeur oit
cialités & des Chancelleries, ainsi qu'aux Gardes des ù la modicité du préjudice que lesdites falsifications.,
Livres , des Registres des Chambres des Comptes altérations & changemens auroient pu causer, ,\ .
& des Bureaux des Finances , aux Officiers des Art. II. Vouions pareillement que tous ceux qni
Hôtels- de -Ville , aux Archivaires , & généralement seront convaincus d'avoir falsifié ou altéré des Re
à toutes personnes taisant fonctions publiques par gistres , Quittances , on Expéditions du Trésorier
Offices , Commissions ou Subdélégations , leurs de nos Revenus casuels j Trésoriers- Généraux de
Clercs ou Commis , laissant à l'arbitrage des Juges l'Extraordinaire dej Guerres , Receveurs des Con
de punir de mort ceux qui auroient commis des signations ou des Efpecer, Commissaires aux Saisies
Faussetés en tous antres cas, ainsi qu'ils le jtigeroientà réelles y thiscmble des' Préposes à-Ja Recette de n»s
propos ; au préjudice de laquelle déclaration notre- Fermes ou de nos Finances , Receveurs , ou Tréso
DU FAUX , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 255
riers de nos Pays d'Etat , & tous autres qui font changé ou falsifié tous Papiers Royaux ou Publics,
chargés par commiiìiou ou autrement de la Re soient condamnés au dernier supplice , fans que
cette , du maniement ou paiement des fonds qui les Juges puissent avoir égard à la modicité des som
entrent dans les Caisses Royales ou Publiques , mes , ni au plus ou moins de dommage que lesili-
soient punis de mort : fans que ladite Peine puisse tes falsifications , altérations ou changemens pour-
être modérée, pour quelque cause ou occafion que roient causer. Dàci. du 4. Mai 1720. reg. It 10
ce puisse être.... Art. III. Ordonnons aussi* , que Juillet suiv.
tous ceux qui ferout convaincus d'avoir altéré ,

§. VI. Du Faux en fait d'Aides.

SOMMAIRES.

î. Peine des Commis aux Aides & autres 2. Peine portée contre les Particuliers en
ayant serment en Justice , qui commettent pareil cas.
le Faux en cette matière. 3. Peine du Faux en fait de papier ou,
parchemin timbré.
t
T. Peine Il paroît , d'après les Ordonnances de damnés pour la première fois au Fouet , & â un
des Com Bannissement de cinq ans de l'Election de Paris ,
mis aux 1680 & de 1681 qu'il peut se commettre
Aides , & trois sortes de Faux en cette matière. Les ou de celle où la falsification aura été commise ,
autres avec Amende , qui ne pourra être moindre que le
ayant ser uns par les Commis aux Aides & autres quart de leurs biens ; & , en cas de récidive , aux
ment en ayant serment en Justice , qui fabriquent ou Galères pour neuf ans , avec Amende , qui fera
Justice , de la moitié de leurs biens. Même Ord. de \6%U
qui com font fabriquer de faux Registres , ou qui art. 21. Ibid. : . .
mettent le délivrent de faux Extraits lignés d'eux,
Faux en I I i.
cette ma ou bien qui contrefont les signatures des
tière. Juges : il y a dans tous ces cas peine de
Mort portée par la derniere de ces Loix. Enfin une troisième efpece de Faux qui peine
forme un objet particulier des dispositions ^F»uxen
Voulons que les Commis & autres ayant serment de l'Ordonnance des Gabelles , de 1680 ,pier ou
en Justice , qui auront fabriqué ou fait fabriquer de est celui qui se commet sur les Papiers & pwche-
faux Registres , ou qui en auront délivré de faux ex
traits signés d'eux , ou contrefait les signatures de parchemins timbrés , &c. II y a Peine , suivant ™£ '
nos Juges , soient punis de mort. Orp. des Fermes , cette Loi, de 300 liv. d'Amende pour la
de Juillet 1681. tit. comm. des Fermes, art. 20. première fois , & de 1 000 liv. en cas de
récidivé. , contre ceux qui contrefont le pa
I I. pier ou parchemin timbré ; & celle de
ï'Amende honorable & des Galères de cinq
». Peines Les autres se commettent par des Parti ans pour la première fois, & perpétuelles en
portées culiers qui falsifient les marques des Com càs de récidive , avec Amende de 1000 liv.
contre les
f>articu- mis , les Congés , Acquits , Passavàns , envers îe Roi , contre ceux qui contrefont
iers en pa Certificats & autres Actes qui doivent leur les moulins àu papier & parchemin.
reil cas.
être délivrés par les Commis ; comme auffi
les Lettres de Voiture , & Charte-Parties. !Défendons à toutes personnes de vendre & distri
buer du papier ou parchemin timbré , sinon de
II y a , suivant cette même Loi ; peine Tordre & pouvoir par éprit du Fermier de nos droits,
du Fouet & du Bannissement pour la pre ses Procureurs & Conseillers , à peine de 300 liv.
mière fois , & celle des Galères de neuf d'amende pour la première fois , & de rooo liv.
éá-cas-'de récidive ; & à cet esset permettons aux
ans en cas de récidive (1) , outre VK-
Commis (1c faire leurs visites dans les moulins &
mende. , . „ '/„ '.. magasins à papier , pour dresser leurs Procès-Ver
i • baux & être informés des contraventions : & fera
(1) Les Particuliers redevables de nos droits ^qui tenu , le Fermier de nos droits , démettre au G-resse
auront falsifiés les marques des Commis & autres de chacune Election une empreinte de fa marque,
ayant serment en Justice , les Congés , Acquits pour y avoir recours en cas de falsification. Ord. des
Passavàns , Certificats , & autres Actes qui; leur Gabelles , du mois de Mai 1680. tit. des droits fur le
doivent être délivrés par les Commis , feront con- Papier timbré, art. 20 & '21.

■ 1■ r

ì■> V
2j6 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. III. Tit.V.

VII. Du Faux en fait de Contrôle.

SOMMAIRES.

i . Peine des Commis du Contrôle qui en fal 3. Peine des Notaires , Greffiers & autres
sifient les Registres. qui déclarent faussement dans les Ex
z. Peine de ces mêmes Commis lorsqu'ils péditions des Acles , que les Minutes
laissent des blancs dans leurs Registres. ont été contrôlées.

I.
t. Peine Il se commet trois sortes de Faux en
des Com que commettent les Notaires , Greffiers faussement
mis du cette matière. Le premier par les Commis & autres ayant faculté de passer des actes |a"sédiei
Contrôle du Contrôle qui en falsifient les Registres. & Contrats , lorsqu'ils déclarent , dans les tions des
qui en fal
sifient les II y a peine de Mort portée contr'eux Expéditions qu'ils délivrent des Actes £fejjjm"e
Registres. par la disposition de l'art. z. de la Décla qu'ils ont passés , que les Minutes ont été te» ont été
ration du mois de Mai 1710 (1), qui veut contrôlées , quoiqu'elles ne le soient pas : j££trÔ1
que tous ceux en général qui font char ils doivent , suivant cette Loi , être pour
gés , par commission , ou autrement , de suivis extraordinairement , & condamnés
la recette , du maniement , ou du paiement aux Peines portées par les Ordonnances
des fonds qui entrent dans les Caisses royales contre les Faussaires.
ou publiques , & qui font convaincus d'avoir
falsifié ou altéré les Registres , soient punis
de mort , fans que ladite Peine puisse être
(i)-LiOUIS,
i)L( &c. L'établíssement du Contrôle des
modérée , pour quelque cause ou occasion
Actes des Notaires a eu pour principal objet Futi
que ce puisse être. lité de nos Sujets , en assurant la date des Con
trats, & nous avions lieu d'espérer que les différens
( 1 ) V. cette Déclaration rapp. sous le 5. précédent. Réglemens qui ont été faits fur cette matière ,
y avoient suffisamment pourvu : cependant nous
sommes informés que plusieurs Notaires , darrs la
I I. vue d'appliquer à leur profit les droits qui nous ap
partiennent, & abusant de la confiance publique ,
a. Peine Une autre eípece de Faux dont il est font mention du Contrôle sur les Expéditions qu'ils
de ces mê fait mention dans l'Edit de Contrôle de délivrent , quoique les Minutes n'aient pas été
mes Com contrôlées , & que ces contraventions demeurent
mis lors 1693, est celui que commettent les Con souvent impunies par la difficulté que font nos
qu'ils lais Juges & ceux des Hauts - Justiciers de poursuivre
sent du trôleurs qui laissent des blancs dans leurs extraordinairement lesdits Notaires , sous prétexta
blanc dans Registres.Cela leur est expressément défendu
leurs Re par ce même Edit ; à peine d'Amende , & que les Déclarations ci - devant intervenues n'ont
gistres. proriOncé en ce cas , pour la première contraven
de plus grandes Peines , suivant l'exigence tion , qu'une amende de deux cens livres \ mais
des cas. C'est aussi en conséquence de la fa comme une pareille prévarication , indépendam
ment de la contravention aux Edits & Déclarations,
culté laissée aux Juges par cette Loi ,
fúr le fait du Contrôle , ne peut être regardée que
d'augmenter la Peine suivant les circqnf- comme ' une fausseté qui mérite par cette raison
tances , que par un Arrêt du Grand-Con d'être réprimée par les Peines prononcées par
seil , du z 8 Mars 1720 , rapporté au Jour les Ordonnances contre les Officiers publics qui
iê rendent coupables du Crime de Faux dans la
nal des Audiences , un Contrôleur d'Exr fonction de leurs Offices. A ces causes... Voulons...
ploits , pour avoir ainsi laissé du blanc dans que-les Notaires , Tabellions , Greffiers ou autres
ses Registres , a été condamné au BanniCe- ayant faculté de passer des Actes & Contrats , qui
ment de cinq années. : „.,' seront convaincus d'avoir faussement fait mention ,
fur les Expéditions par eux délivrées des Actes qu'ils
auront passés , que les minutes ont été contrôlées,
( 1) Faisons défenses sous les mêmes Peines ( d'A
soient poursuivis extraordinairement, même pour la
mende ) & de plus grandes s'il y écheoh, auxdits
première -fois , & puissent être condamnés aux Pei
Contrôleurs de laisser aucun blanc fur leursdits Re
nes prononcées parles Ordonnances contre les Faus
gistres. . . . Edjt de Mars 1693. reg. le 16 Avril
saires. Enjoignons à cet effet à tous |nos Fermiers,
suivant. Sous-Fermiers , leurs Commis & autres , de re
III. mettre à la première réquisition , aux Substituts de
nos Procureurs-Généraux , & aux Procureurs des
Hauts-Justiciers , les Extraits des Registres de Con
d 'n""' Enfin une troisteme efpece de Faux en trôle , même de déposer les Registres , s'il est or
r« , Gref- matière de Contrôleur , & qui fait l'objet donné par les Juges , aux Greffes des Justices , pour
fiers & au- particulier des défenses portées par la Dé être ensuite rendus aux Commis après le Jugement
du Procès. Si donnons en Mandement , &c. Dâcl,
déclarent claration du z 8 Octobre 1734 (i), est celui du 28 Oclobre 1734. reg. le 15 Janvier 1735.

§. VIII.
DU FAUX , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPEC^ 257

§. VIII. Du Faux dans les Regijlres de Baptêmes , Mariages 6s*


Sépultures. * c '." -s r.- . ; j

ftf . -r. . f
SOMMAIRES.

1. Peine de ce Faux lorsqu'il est commis 2. Peine de ceux qui commettent cé Faux
par des Dépositaires publics. hors les souciions publiques.

I.
t. Peine (^E Faux est puni différemment suivant par un Arrêt de ce Parlement , du 14 Jan
lorsqu'il11* k qualité des personnes qui le commettent, vier 1734, confirmatif d'une Sentence de
est com- Ainsi , lorsqu'il est commis par les Curés , TOfficialité de Beauvais.
desDípo- ficaires t & autres Dépositaires publics
sitairejpu- de ces Registres , il peut donner lieu à la í I.
blics. peme capitale portée par l'Edit de 1680
contre les personnes publiques qui com Mais lorsqu'il est commis par des per- ». Peine
mettent le Faux dans leurs fonctions. Ce sonnes qui n'ont aucun caractère public , ^
qui ne doit s'entendre néanmoins que du ou qui , ayant cette qualité , auroient commis mettent ca
Faux qui tombe fur le Registre même ; car le Faux hors dé leurs fonctions , il y a J^"^"
s'il ne consistoit feulement qu'à délivrer des seulement lieu de , prononcer des Peines tions pu-
Extraits qui ne feroient pas conformes à corporelles & afflictives , ainsi que nous bllclue*»
ces Registres , la Peine en devroit être l'avons observé d'après cette même Loi.
moindre : l'on veut dire qu'il luffiroit , en Nous en avons d'ailleurs plusieurs exem
Ce cas , de punir ces Curés ou Vicaires ples dans la Jurisprudence des Arrêts , no
par la privation de leurs Bénéfices , & par tamment dans un Arrêt du Grand-Conseil,
Fincapacité d'en posséder aucuns à charge de 163X, rapporté au quatrième tome du
d'ames. C'est ce qui a été jugé entr'autres Journal des Audiences.

§. IX. Du Faux dans les Aâíes Privés.


■ ' . , ..- ■ . • *
SOMMAIRES... «

I. Ce qu'on doit entendre par Acies privés , 5. Autre exception quant aux Lettres-de-
Ô ce qui les distingue des Acies pu Change.
blics. 6. Troisième exception , tirée de la quantité
ï. l Affîmilés en cette matière ï suivant le . du préjudice.
Droit Romain. y. Quatrième exception en fait de Blancs-
3-. Distingués , suivant nos Loix ù notre Seings.
Jurisprudence-, ' J r 8. Cinquième exception en fait de Lettres
4. Exception quant aux Testamens. "interceptées par les Commis des Postes.

I ï. ■

t. Ce ]Nf ous avons dit que nous comprenons Quant à la Peine , nous avons vu que le Aslìmi-
entendre" í°us^e nom d'Actes privés en cette matière , Droit Romain ne distineuoit point cette ^sennîa~
o * m tiere de
fu A&et íanl ceux faits par de simples Particuliers , derniere eípece de Faux , de celui qui se Faux sui-
f" qu'ils *îue ceuî* ^ts P^r°^es Officiers publics hors commèttoit dans les Actes publics. L'on
dìttineue leurs fonctions. Nous avons aussi observé veut dire qu'il les asilijettissoit également main.
d|j?1-cte* en même temps ., qu'il y avoit , d'ailleurs l'un & l'autre à la Peine de la Loi Cor-
- cette différence entre les Actes de cette NELIE ( 1 ). Cette disposition est encore
eípece 6t les Actes publics , qu'au lieu que suivie dans l'Allemagne , comme il paroît
peux ci faisoient foi; par eux-mêmes , les par un article particulier de l'Ordonnance
Actes privés ne pcruvpient servir de preuve de Charles-Quint , qui ne met aucune
qu'autant qu'il&_ étoient reconnus ou due- différence fur ce point (2).
ment vérifiés / 8q c'est ce que nous aurons (ijPaulus rcfpondit Legis Corneliae Pœna teneri
lieu d'établir encore plus particulièrement orniíes qui etiam extrà tcstamentum caetera Falfa
en traitant de ^Instruction du Faux d'après signassent. L. i$.Js. x.ff. ad Leg. Corne/, de fais....
Sed & caetera qui inrationibus tabulis , Iitteris pu-
la nouvelle Ordonnance (1). " blicis aliave qua re sine couíignatione Falsum fecc-
runt , vel ut verum non appareat quid celaverunt,
(1) V. entr'autres les art. 3 & 4. du tit. -3. de subripuerunt , subjecerunt, resignaverunt. Même Js.
l'Ordònnaiicè du mois de Juillet 1737. i. ibid.
Kk
iíí L ÉS LQI X C R I M I N E L L E S , Li v. III. Tit. V.
(i) Seront punis en leur corps & en leur vie ceux fous seings-privés , ceux qui forment un quant aux

trouve aans iarauucic, ut ihv.uu i" — -t> -i — i r


qu'elle aura causé , le tout après avoir consulté la Aussi voyons-nous que les Taux commis
matière , ainsi qu'il sera dit à la fin de cette Ordon for ces sortes d'Actes , font punis dans les
nance. ORD.de Charles-Qvint , art. 112,. Tribunaux avec plus de rigueur & d'ap
pareil , que ceux commis íùr de simples Bil
I IL lets , & que l'on est dans l'usage d'ajouter
à la peine ordinaire du Faux celle de
Mais il n'en est pas de même parmi nous; l'Amende honorable. Nous avons entr'au-
3. distin
gués sui cette distinction se trouve formellement tres un Arrêt de ce Parlement , du 9 Juin
vant nos établie , comme nous l'avons vu , par la dis
Loix& no 1 749 , qui condamne un particulier à faire
tre Juris position de l'Edit de 1 680 , qui laisse , à Amende honorable au Parc Civil, pour avoir
prudence. l'arbitrage du Juge, la Peine du Faux , fabriqué défausses Lettres-de-Change. C'est
commis par les Officiers publics dans les encore pour prévenir ces sortes de Crime
Actes étrangers à leurs, fonctions. qu'a été rendue une Ordonnance de Police
auChâtelet de Paris, le 14 Août 1680, par
(1) Et à l'égard de ceux qui n'étant Officiers , ,
& qui n!ayant aucune -fonction publique , auront laquelle « il est fait défenses à toutes person-
commK quelques Faussetés , ou ^qui étant Officiers w nes de faire faussement fabriquer des Let-
lés àuronf commises hors la fon&iou de íéurs Offi » tres-de-Change , de les faire dater des
ces , les Jugés pourront les condamner à telles Pei
» Villes & lieux où elles n'ont point été fai-
nes qu'ils jugeront , même Se mort , selon l'exi-
gence des cas & la qualité des Crimes. Edit de » tes, & les faire signer faussement des
Mars , 1680. reg. le ly. MaiJfiiv. » noms de Tireurs & endosseurs ; & aux
» Agens de Change , de les négocier ; & à
» toutes personnes de les accepter , fous lès
U'. ' "" -j -j' Uíl OTïQ' " L ■ * « "1 » Peines portées par les Ordonnances ren-
4. Excep A la vérité, nous voyons aussi , qu'en » dues contre les Faussaires. II est eh-
tion quant même temps que cette Loi s'en rapporte » joint auxdits Agens de Change & de
aux Testa-
à la prudence des Juges íùr ce point , elle » Banque de donner avis incessamment au
leur donne le pouvoir déporter cette Peine » Procureur du Roi desdites faussetés , pour
jusqu'à celle de Mort , suivant l'exigence ». être , à fa diligence procédé contre les
des cas & . . la
... qualité
1 des Crimes .; xparce » Coupables suivant sa rigueur des Or-
qu'en effet ce Crime peut être plus ou >> donnances ».
moins grave suivant la qualité de l'Acte \' y j
privé où ce Faux est commis. Ainsi , par
exemple , celui qui seroit commis dans un La peine doit ausg être,., aggravée par
6. Troi-
Testament olographe ou mystique , devroit la auanûié du préjudice qui seroit r^fùlté siemt' ex-
sans contredit être puni avec plus de n- de eettç espece de Faux, comme s'il s'a- rcéeeptld0enia
miocM <!tnir mmmic spnlpmpns Hans -rr 1, r ^-lérable ÒOrtée auantité
préjar

portance de ces sortes d'Actes que nous


avons vu , d'après l'art. 48 de l'Ordonnance V; ■■ , y 11' 1 •
des. Testamens , qu'il y avoit peine de Mort
contre les Notaires qui feroient des actes II y a aussi une espece Úe Faux qui se Quà:
de suscription de Testamens mystiques fans _MmTT1HI Hn
* • if 1 t n. Z. r \ commetl en tt
connue cette matièreh _& mfi
qui est, des teptionen
les avoir vu présenter par le Testateur (1). luS punissables , commè • renfermant- Aiá fait dp
Nous trouvons d ailleurs , dans les notes abusde confiance & un vol qúaUfië:": c'est
fur Imbert, un Arrêt. de ce Parlement, celui qui se fait sur ks Bhncs-seintf que
du zo Septembre 1599 , condamne à Von Kt à rins & contre rinfention
J Amende honorable & en 9 ans de Bannis- de ceux - mt donné kur f nabr6i Cest
sèment, un particulier pour avoir fabnqué comme ron fçait ^;YfScc^on de cette
un faux Testament (2). derniere espece de Faux • & pour le pré

(1) V. art. 48. de I'Ord. du mois d'Août 1735. venir , qu'a été donnée ; la Déclaration du
rapp. ci-devant, 2 2 Septembre 1733(1), qui déclare nuls tous
(z) V. Imbert, liv. 3.CL2. not. 13. Billéts dont le corps n'est «crit de la main
de celui qui l'aura signé , ou du moins dont
V. la somme , qui s'y trouve portée , n'aura
été reconnue par une approbation écrite
f. Autre
exception II faut encore distinguer, parmi les Actes en toutes lettres de fa main.
DU FAUX , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 259
vaincus d'une infidélité criminelle dans l'excrcice
(i)LoUIS > &c. Voulons que tous Billets fous des emplois ou fonctions , dont le principal objet
signature privée au Porteur, à ordre ou autrement , est de veiller à la sûreté & à la distribution exacte
causés par valeur en argent , autres néanmoins que des Lettres ou Paquets qui leur sont consiés ; nous
ceux qui seront faits par des Banquiers , Négo- sçavons même que c'est le défaut d'une Loi íi néces
cians , Marchands , Manufacturiers , Artisans , f er saire qui a jette les Juges dans l'incertitudc fur la
miers , Laboureurs , Vignerons , Mauouvriers & condamnation qu'ils dévoient prononcer contre des
autres de pareille qualité , seront de nul eífet & Commis ou Employés dans les Postes qui avoient
valeur , si le corps du Billet n'est écrit de la main intercepté des Lettres ou Paquets pour s'approprier
de celui qui l'aura signé , ou du moins si la somme des effets qu'ils soupçonnoient y être enfermés , 011
portée audit Billet n'est reconnue par une appro qui s'étoient laissés corrompre pour les livrer à d'au
bation écrite en toutes lettres aussi de fa main , tres qu'à ceux à qui ils dévoient être remis. Et comme
faute de quoi le paiement n'en pourra être ordonné le violement d'un dépôt si important, & qui peut
en Justice. Déclarons nuls tous Billets & autres être regardé comme devenu nécessaire au public ,
promelfes ou Quittances sous signature privée , dont est une prévarication qui mérite d'être comparée au
le corps de récriture n'est point de la main de Crime de ceux qui divertissent les deniers publics
celui qui les a signés , ou lorsque l'approbation de dont ils sont dépositaires , ou dont ils ont le ma
la somme ou la quantité des denrées , marchandi niement, il nous a paru juste de mettre les Juges
ses , ou autres essets pour lesquels rengagement a en état d'appliquer aux uns la peine de Mort , qui
été contracté , n'est pas entièrement écrite en toutes a été établie par différentes Loix contre les autres ,
lettres , & fans chiffres, de celui qui aura signé ren afin de réprimer au moins , par la crainte du der
gagement. Si donnons , &c. Décl. du 30 Juillet nier supplice , ceux qui feroient coupables d'une
1730. V. aujsi celle du li Septembre 1733. reg. le 14 espece de trahison , à laquelle l'honneur & la for
OSobre suiv. tune de nos Sujets peuvent être intéressés. A ces
causes & autres considérations à ce nous mouvuns,
VIII. de l'avisde notre Conseil , de notre certaine science ,
pleine puissance & autorité royale , nous avons ,
qJemft ^'on Pourroit en&n rapporter au Faux par notre présente déclaration , dit , statué & or
exception des Actes privés celui que commettent les donné , disons , statuons & ordonnons , voulons &
nous plaît que les Couriers , Commis , Facteurs ,
en fau de Commis au Bureau de la Poste , qui déca-
Lettres in- . o rt j ii-i- Distributeurs ou autres Employés dans l'apport ou
terceptées chetent les Lettres & taquets dont la díí- la distribution des Lettres ou Paquets envoyés par
^)mmîs tr^3uti°n leur e^ confiée. La fréquence de la Poste , qui seront convaincus de prévarication ou
de larcin commis pour eux & pour d'autres , en
desPosles. ces fortes d'abus , & les conséquences fâ interceptant & décachetant frauduleusement des
cheuses qui en étoient résultées , a enfin dé Lettres ou Paquets , pour prendre les Billets ,
terminé le Législateur à donner une Loi Lettres - de - Change , Lettres d'Avis , Quittan
particulière en 1 742 , par laquelle il a cru ces , ou autres Essets enfermés dans lesdites
Lettres ou Paquets , ou recevoir eux-mêmes , en
devoir attacher à ce Crime la même Peine argent ou en marchandises , la valeur des essets
qu'il avoit portée par les Edits précédens actifs , ou la faire recevoir par d'autres que ceux à
contre ceux qui divertiflent les deniers pu qui ils appartiennent , ou supprimer lesdits Billets,
Lettres-de-Change , Lettres d'Avis , Quittances ,
blics dont ils font les dépositaires.
ou autres Essets , soient condamnés à la peine de
Mort j & à l'égard de ceux qui auroient seulement
intercepté ou soustrait , ouvert & décacheté lesdits
LoUIS , &c. Le grand avantage que rétablis Paquets, & retenu ou détourné lesdits essets qui y
sement des Postes procure à notre Royaume pour étoient enfermés , fans être cependant convaincus
la facilité & la promptitude du commerce , a porté d'en avoir abusé pour eux ou pour autres , suivant
les Rois nos Prédécelfeurs , & nous a engagés nous- ce qui a été dit ci-dessus , voulons qu'ils soient con
mêmes à protéger ÔC favoriser cet établilsement par damnés à la peine des Galères , à temps ou à per
les Edits 8c Déclarations qui en ont réglé la Régie & pétuité , ou à celle du Bannissement & de Blâme ,
l' Administration j mais il nous a été représenté qu'il selon la dissérence des cas & des circonstances. Sì
n'y avoit eu aucune Loi qui eût fixé le genre & le donnons en Mandement , &c. Décz. du z 5 Septem
degré de la Peine que méritent ceux qui sont con- bre 1741. reg. le 14 Décembre suiv.
26o LES LOIX CRIMINELLES, Liv.III.Tit.V

CHAPITRE SECOND.

Du Faux qui se commet par paroles , ou du Parjure , du Faux Témoignage


de la Subornation des Témoins , & de la Calomnie.

§. I. Du Parjure.

SOMMAIRES.

1. Deux sortes de Parjure. 6. Sa Peine suivant nos Loix.


2. Ce qu'on entend proprement fous ce nom. 7. Peine suivant notre Jurisprudence. Dis
3. Rarement puni , ô pourquoi ? tinftion de la Partie & du témoin.
4. Sa Peine suivant les Loix Romaines. 8. Dispofitions de diverses Coutumes fur,
5. Sa Peine suivant le Droit Canonique. ce Crime.

I.
1. Deux N^O U S avons eu lieu de parler de ce Crime qui fe rendent fur. ces sortes de fermens ,
Parjure en traitant du Blasphème , dont il forme qu'on appelle par cette raison litis-dici-
une espece particulière ; & nous avons soires , quand ils font déférés en même
observé en même temps qu'on devoit dis temps & par le Juge & par la Partie. Ce
tinguer deux sortes de Parjure ; Yun qui n'est pas cependant qu'il n'y ait dans les
consistoit à prendre le nom de Dieu en Loix des dispositions très-précifes fur U
vain, ou pour appuyer le mensonge ; & punition de ce Crime.
nous avons dit que celui-ci étoit du nom
bre des Crimes qui ne font point punissables IV.
parla justice des hommes (1). Uautre es
pèce de Parjure qui forme le Crime public
Suivant le Droit Romain , le Parjure ^SaPei-J
dont il s'agit ici , en ce qu'il joint à l'in- étoit puni indifféremment , tantôt du Ban- ne suivant
jure faite à la Majesté divine , le mépris
nissement (1) , tantôt du Fouet (z), tantôt r^^;
de la Justice humaine , en même temps
de la simple Infamie (3) , ou de la perte
qu'il cause un préjudice réel à un tiers ,
des Dignités (4).
est celui qui se commet par les Parties ou
par les Témoins à qui le serment est déféré (1) Pœna autem Stellionatûs nulla légitima est ,
en jugement , & qui jurent contre la cùm nec legitimum sit Crimen , soient autem ex hoc
extrà ordinem plecti \ dummodò non debeat opu9
connoissance qu'ils ont de la vérité.
metalli haec Pœna in plebeis egredi : in his autem
qui sunt in aliquo honore positi , ad tempus rele-
(1) Jurisjurandi contemptum Religio satis Deum
gatio , vel ab ordine motio remittenda est. L. 3. ff-
ultoretn habet , etiamsi Laesae Majestatis Crimen.
de Stellionatu.
L. 1, Cod. de reb. crédit. & jurejur.
(2) Si quis juraveritin re pecuniaria per genium
Priucipis , dare se non oportere , & pejeraverit vel
1 r. dari lìbi oportere vel intrà certum tempus jurave-
rit se soluturum nec solvit , Imperator noster cum
1. Ce Noup ne connoilïbns proprement fous pâtre rescripíit fustibus eum castigandum dimittere
qu'on doit le nom de Parjure en général , que celui & ità superdici temerè ne jurato. L. 13. Cod. de
entendre - r , rj jurejur.
propre- °iul & commet par les rames ; car pour
ment sous celui commis par les Témoins , nous le dif- (3) Si quis major annis ( viginti quinque ) ad-
ce nom. tjngUOns ordinairement fous le nom de versùs padta vel transactiones nullo cogente impe-
rio, sed libero arbitrio , & voluntate confectas pu-
Faux témoignage , dont il fera traité dans taverit esse veniendum , vel interpellando judicem ,
le §. suivant. vel supplicando principibus , vel non implendopro-
missa : eas autem , invocato Dei omnipotentis no-
III. mine eo a u dtore solidaverit , non solùm notetur
infamiâ , verùtn etiam actione privatus , restituta
3. Rare- Quoique l'espece de Faux dont nous Pœna , quae pactis probatur inserta , & rerum pro-
ment pu- voulons parler ici , forme fans contredit , prietate careat , & emolumento ; quod ex pactione
vel transactione il la fuerit consecutus : itaque om-
pourquoi? un Crime très-grave , par les raisons que nia eorum mox commodo deputabuntur , qui in-
nous venons de remarquer ; il faut néanmoins temerata pacti jura servaverint. L. ^1. fi. de transac.
convenir qu'il ne se punit que très-rare- ("4) In criminalibus verò negotiis dignitate quo-
ment dans la Pratique , tant parce que la que , quâ se per suum videlicet Perjurium indignos
preuve en est extrêmement difficile , que esse probaverint , ípolientur : ut in eos ntpotè il-
lustri dignitate per suum facinus privatos inconsultâ
parce qu'on ne peut rétracter les Jugemens etiam nostrâ pietate , judicibus Legumíèveritatem
DU FAUX, ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. i6t
exercere. Quibus illustrium dignitatutn privilcgio ment en commettant des actions pour lesquelles ,
hoc etiam adjiciendum elfe censuimus , ut hujuf- selon les Loix Impériales , & la présente Ordon
modi personae nullam ex cujuslibet judicis side scrip- nance , il encôurre d'ailleurs la Peine capitale , la
tis habita sententia conventionem nequc in civili , dite Peine aura lieu contre lui ; mais s'il violoit
neque in criminali causâ sustineant. L. ij.ff. de di- son serment de propos délibéré , & par des actions
gnitatibus. qui ne méritassent point la peine de Mort , il fera
puni comme un Parjure , par l'Amputation de la
V. main ou des doigts , ou autrement , ainíi qu'il vient
I d'être marqué dans le précédent article j & au cas
ç. Sa peí- Suivant le Droit Canonique , il y a même qu'on le crût capable dans la fuite de commettre
"e Droit* Peine contre ce Crime , que contre l'A- d'autres forfaits , on agira contre lui conformément
à ce qui fera prescrit ci-après dans l'art. 170. Ord.
Canoni- dultere , & l'Homicide prémédité. Cette
que' Peine est celle de l'Excommunication de Charles V. art. 108 & 109.
(3) Si ledit Parjurement se prouve, celui qm sera
contre les Parjures qui ne satisfont pas à Parjuré sera condamné en Amende arbitraire envers
la pénitence qui leur est imposée à ce sujet. nous & envers ledit Fermier , & ès dépens &
intérêts qu'icelui & occaíìon d'icelle , & en outre
Pra?dicandum est etiam , ut perjurium fidèles à restituer les dépens préjudiciables , si aucuns en
caveant , & ab hoc íummoperè abstineant, fcientes avoient été payés par ledit Fermier. Ord. de
hoc grande scelus esse : & in Lege & in Prophetis , Charles VII. de 1435 , rapportée par Guenois ,
& in Evangelio prohibitum. Audivimus enim quos- liv. 10. tìt. 17. art. 14.
dam parvi-pendere hoc scelus , & Jevem quodam
modo parjuriis pœnitentiae modum imponere , qui V I I.
nosse debent , taJem de parjurio pœnitcntiam im-
poni debere , qualem de & Adulterio , 6c de For-
nicatione , & deHomicidio spoutè commisso , & de Quant à notre Jurisprudence , il paroît, 7» Peine
cxteris criminalibus vitiis. Si quis verò perpetrato d'après les divers Arrêts qui font rapportés suivant
Perjurio aut quolibet criminali peccato , timens pœ- notre Ju
par Papon , Boniface , & au Journal rispruden
nitentiam longam , ad confefíìonem venire volue- ce. Dis
rit , ab Ecclesia repeliendus est , íivè , è commu- des Audiences , que la Peine de ce Crime tinction de
nione & consortio fidelium , ut nullus cum eo co- est devenue absolument arbitraire parmi la Partie
medat , neque bibet , neque oret , neque in domo nous (1) , & qu'elle se règle ordinairement 6k du Té-
suâ eum recipiat. Can. 17. caus. 22. qu. 2.
par les circonstances du plus ou moins de
préjudice que le Parjure peut avoir causé.
V I. Elle se règle auíîì quelquefois par la qualité
des personnes qui commettent ce Crime i
6. Sa Pei Suivant nos anciennes Ordonnances , car l'on doit punir , fans contredit , avec
ne suivant
rotLobT notamment les Capitulaires de Charlema- moins de rigueur , les Parjures commis par
gne , le Parjure devoit être puni de la Main les Parties , que ceux commis par les Té
coupée (1) ,& cette Peine est même en moins , lesquels n'ont pas un intérêt aussi per
core usitée en Allemagne , comme il paroît sonnel que celles-ci , à l'assaire pour laquelle
par la disposition de la Caroline (z). Ce le serment leur est déféré. C'est aussi par
pendant nous voyons d'un autre côté , par cette raison que nous ne punissons point
une Ordonnance de Charles VII (3) , du les faux fermens qui se prêtent par les
26 Août 1452, que cette Peine a été conver Accusés dans leurs interrogatoires.
tie en de simples Amendes , & Dommages &
Intérêts. ( 1 ) V. Papon en ses Arr. liv. 22. tit. 22.81
Bonif. tom. 5. liv. 3. ch. 13. V. aussi l'Arrêt du
9. Mars 1682. rapp. au quatrième tome du JoURN.
(ij Et campioni qui victus fuerit , propter Per
jurium quod ante pugnam commifit , dcxtera manus des Aud.
amputetur. Ç a p i t. Car. M a g n. lib. 4. VIII.
Cm 23.
(1) Celui qui fait un faux serment devant le Juge Nous avons plusieurs Coutumes où il est 8. Dispo
ou devant la Justice, ledit serment regardant un bien parlé de ce Crime , & entr'autres celles sitions de
temporel , en sorte qu'il lui en revienne quelqu'u- diverses
tilité , sera tenu préalablement à tout , de dédom de Bretagne , du Maine , d'Anjou & du Coutumes
Bourbonnois. La première déclare les Par fur ce Cri
mager celui à qui il fait tort par son faux ser me.
ment , au cas qu'il ait de quoi , ensuite sera dé jures infâmes & incapables d'Offices pu
claré déchu de tout honneur. Nous ne prétendons blics (1). Celles du Maine & d'Anjou veu
même rien changer à l'ufagc commun établi dans
l'Empire au sujet de l'Amputation des deux doigts lent qu'ils soient punis comme Faussai
avec lesquels ces sortes de Faussaires auront fait res (z) , & celle du Bourbonnois , qu'ils
un faux ferment ; mais celui dont le faux serment soient punis à l'arbitrage des Juges (3).
tendra à faire subir à quelqu'un une Peine crimi
nelle , sera condamné à la même Peine , de même (1) V. Cout. de Bretagne , art. 37 & 638.
?[ue celui qui sciemment , de propos délibéré , & (l) V. Cout. du Maine , art. 65. & celle d'An
rauduleusement , aura incité quelqu'un à faire un jou , art. 56.
pareil faux serment Celui qui violera son ser C3) V. Cout. du Bourbonnois , art. 362.
a62 LES LOIX CRIMIN ELLE S , Liv. III. Tit. V.

§. II. Du Faux Témoignage.

SOMMAIRES.

1 . Qu'eft-ce qu'un Faux Témoin. 5. Sa Peine suivant les Loix Romaines.


2. Faux Témoignage dans les Acles extra 6. Sa Peine suivant nos anciennes Or*
judiciaires. Sa seine. donnances.
3. Faux {Témoignage dans les Acles judi 7. Sa Peine suivant nos dernieres Loixi
ciaires. Exemples tirés de tOrdon- 8. Dijìinclion h cet égard suivant notre
nance. Jurisprudence.
4. Objet particulier des Loix rendues en 9. Quelle esl la Peine la plus ordinaire
cette matière. en cette matière.

t. Qu est- F > 0 N appelie en général Faux Témoins l'Acte de Souscription, doivent être condam
« qu un
ce rf . & . .
faux Té- tous ceux qui , a mauvais deliein , & dans nés à des Peines afflictives ou infamantes ,
moin. la vue de nuire à des tiers , violent leurs telles que les Juges l'arbitreront(i). A quoï
sermens , en déclarant les choses autrement l'on peut ajouter la disposition particulière
qu'ils les sçavent , ou en ne déclarant pas de l'Ordonnance de 1670 au íùjet des dé
celles qu'ils sçavent, ou bien en faisant deux clarations extrajudiciaires que font les Té
déclarations absolument contraires fur un moins , depuis qu'ils ont été ouis en infor
même fait (1). Ces déclarations font ou ju mation (3).
diciaires ou extrajudiciaires.

(ij Voulons pareillement que le Procès soit fait


(1) Pœna Legis Corncliae irrogatur si quis obre- à tous ceux qui auront supposé être les Pères 9
nuntiandum remittendumve testimonium , dicen- Mères , Tuteurs ou Curateurs des Mineurs , pour
dutn vel non dicendum pecuniam acceperit. L. 1. l'obtention des Permissions de célébrer des Maria
Js. 2. Js. ad Leg. Cornet, de Fais.... Eos qui diversa ges , des Dispenses de Bans , & des Main-levées
inter se testimonia prxbuerunt quasi Falsum fece- des oppositions formées à la célébration desdits
rint , & praescripto Legis teneri pronuntiat De Mariages ; comme aussi aux Témoins qui auront
impudentia ejus qui duobus déversa testimonia prar- certifié des faits qui se trouveront faux à l'égard de
buit , cujus ità anceps fides vacillât , quod Criminis l'âge , qualité & domicile de ceux qui contractent*
Falsi teneatur nec dubitandum est. L. 27. ibid... Qui soit pardevant les Archevêques & Evêques Dio
Falsa vel varia testimonia dixerunt, vel utrique parti césains , soit pardevant lesdits Curés & Prêtres lors
prodiderunt , à judicibus competenter punientur. de la célébration desdits Mariages ; & que ceux
L. 16. Js. de ttjlìbus. qui seront trouvés coupables desdites suppositions
& Faux Témoignages , soient condamnés, fçavoir,
I L les hommes à faire Amende honorable , & aux
Galères pour le temps que nos Juges estimeront
juste , & au Bannissement s'ils ne font pas capables
3. Faux 1 °. A l'égard des fausses déclarations qui de subir ladite peine des Galères , & les femmes
Témoi-
enagedans ^ ^ont extrajudiciairement , nous voulons à faire pareillement Amende honorable & au Ban
les Ades parler principalement de celles faites par nissement , qui ne pourra être moindre de neuf
cS.dsa les Témoins dans les Actes de célébration ans. Edit de Mars 1697. art. 3.
C
Peine.' de Mariages , ou en fait de Testamens , parce (1) Voulons que les Notaires , Tabellions , oa
qu'il y a des Peines particulières portées par autres personnes publiques , comme aussi les Té
moins quiauroient signé les Testamens , Codiciles ,
nos Loix dans ces deux cas particuliers. Ces ou autres Actes de derniere volonté, ouïes Actes
Peines font , fçavoir , au premier cas , celle de Suscriptions des Testamens mystiques , fans avoir
des Galères pour les hommes , & l'Amende vu le Testateur , & fans avoir entendu prononcer
honorable avec Bannissement pour les fem ses dispositions , ou les lui avoir vu présenter lors
de ladite Suscription , soient poursuivis extraordî-
mes qui font de fausses déclarations à l'é nairement à la Requête de nos Procureurs & de
gard de l'âge , domicile & qualité des con ceux des Hauts-Justiciers , & condamnés , savoir ,
tractai : cette Peine est portée par l'art. 4. lesdits Notaires , Tabellions , ou autres personnes
de l'Editde 1697. (1) Et au second cas publiques , à la peine de Mort , & les Témoins à
telles Peines affliclives ou infamantes qu'il appar
dont nous avons eu lieu de parler en traitant tiendra. Ord. du mois d'Août 1735. art. 4S.
du Faux qui se commet dans les Testamens ;
nous voyons , d'après l'article 48 de l'Or- ( 3 ) Défendons aux Juges d'avoir égard aux
déclarations faites par les Témoins depuis l'infor-
donnance de 1735, que les Témoins qui mation , lesquelles nous déclarons nulles. Voulons
souscrivent des Testamens fans avoir vu qu'elles soient rejettées du Procès : & néanmoins
le Testateur , ou lui avoir entendu faire ses le Témoin qui l'aura faite , & la Partie qui l'aura
dispositions , ou lui avoir vu présenter son produite, condamnés chacun en quatre cent livres
d'amende envers Nous , & autres plus grandes Pei
Testament mystique au Notaire pour dresser nes s'il y écheoiî. Ord. de 1670. tit. 15. art. 2.1.
DU FAUX , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 265
tantôt de la Déportation , avec Confisca
III. tion de biens pour les personnes libres ,
&dela Peine capitale pour les Esclaves (2) j
5. Faux 2°. Quant aux fausses déclarations qui & enfin loríque le Faux Témoignage étoit
"Sedans ^e ^ont judiciairement , nous voulons parler porté en matière Criminelle , il y avoit
íeT^ae* de celles qui se font en Justice par les Peine capitale , ou plutôt l'on ordonnoit
rwEitem Témoins à qui le Juge fait prêter serment la peine du Talion , c'est - à - dire , que
pies tirés de dire vérité. Ainsi nos Loix réputent l'on faifoit subir au Faux Témoin la même
donâancië coupables de Faux Témoignage tous ceux Peine qu'auroit subi l'Accusé , s'il avoit
' qui font des dépositions absolument con été convaincu du Crime qui lui étoit im
traires , soit dans le même Acte de Procé puté ( 3 ). II y avoit aussi dans le même
dure , soit dans deux différens. Nous avons Droit des Peines particulières portées contre
' un exemple de ce Faux Témoignage dans les Clercs qui tombent dans ce Crime (4).
la disposition de l'art. n du rit. 15 de l'Or-
donnance (1), qui veut que l'on poursuive (1) Qui Falsa in testimonia protulerit primùm
& punisse comme Faux Témoins ceux qui , quidem de Perjurio , deindè Falsi Crimine conve-
nitur : quod u enim in ipso testimonii tempore
lors de la confrontation , viennent à ré
mentiri suspicio fit , verberatur. Quod si is qui ex
tracter ou changer dans des circonstances Falso testimonio damnatus est ^civiliter agere contrà
essentielles , les dépositions qu'ils ont faites testem voluerit : quidquid damni fecit , ab eo reci-
dans PInformation & le JRicolement (2). pietf ac praetereà Falsiis ille testis definitam Legibus
Pœnam fustinebit j quod si etiam in ipsâ lite prin-
(r) Les Témoins qui, depuis le récolement , ré cipali convictus mendacii fuerit , officium judicis
tracteront leurs dépositions , ou les changeront dans esto , ut eum vel in totam litem quas illi mota
des circonstances essentielles , seront poursuivis & est , contrà quem testimonium dixit , vel in minus
punis comme Faux Témoins. Orp. de 1670. tit. 15. condemnet , vel etiam Pœnis subjieiat : servatis om
art. 11. nibus quae jam statuta sunt de his qui Falsum testi
monium perhibent. L. 13. Cod. de tesiib.
(2) V. ce qui fera dit fur la Preuve testimoniale au (2) Ejusque Legis ( Corneliae de Falsis ) Pœna in
sujet de plusieurs autres manières dont ou peut servos ultimutn supplicium est , ( quod etiam in
commettre un Faux Témoignage. Legc de Siccariis & Veneficis fervatur ) in liberos
verò deportatio. Inst. %. item 7. de pub. jud.
(*) Lege Cornelia de Siccariis tenetur.... qui fal
IV. sum testimonium dolo malo dixerit quo quis pu-
.blico judicio rei capitalis damnaretur. L. 1. fi: ad
•4. Objet Quoi qu'il en soit , c'est de ce Faux Leg. Cornel. de Siccariis.
particulier Témoignage commis en Jugement que nous (4) Reverendislìmis autem Presbyteris , vel Dia-
conis etiamsi inventi fuerint pro pecuniaria causa
renduesen voulons parler principalement ici , parce Falsum perhibuisse testimonium , sufficiat pro ver-
cette ma- c»eft ce[u[ en effet contre lequel s'é- beribus tribus annis separari à facro Ministerio &
oere. ,* , , 1 t •
levent également toutes les Loix , tant Monasterio tradi. Pro criminalibus autem causis,si
Falsum Testimonium dixerint, Clero nudatos legiti-
Civiles que Canoniques , comme faiíant mis fubdi Pœnis prae,çipimus. Reliquos autem omiies
tout-à-la fois injure i & à Dieu , dont il ih aliis etiam Ecclesiasticis Ordinibus constitutos, si
méprise la présence , & au Juge qu'il in Falsum testimonium cujuílibet causa: , sive pecunia
duit en erreur pour lui faire commettre ria; sive Criminalis , dixisse conviucantur , non
solùm Ecclesiastico Officio repelli , fed etiam verbe-
quelqu'injustice ; & enfin à LA Partie , ribus fubdi.... Noyen. 123. cap. 20.
contre laquelle ce Faux Témoignage est
rendu , & qui en devient la malheureuse
VI.
victime.

Falsidicus testis tribus perfonis est obnoxius : pri- Si l'on remonte aux plus anciennes Loix 6. SaPri-
mùm Deo , cujus praesentiam contemnit : inde jú- du Royaume , notamment aux Capitulaires ne suiv««
dici quem mentiendo fallit : postremò innocenti ,
quem Falso testimonio laedit. Uterque reus est , 8c de Charlemagne & aux Etablissemens de cienne"~
qui veritatem occultât , & qui mendacium dicit : S. Louis (1) , il paroît que l'on s'étoit Ordon-
d'abord contenté d'infliger au Faux Té- ",nnr°*
quia & ille prodesse non vult , & istc nocere desi-
derat. Cap. 1. Extr. de crim.sals. moin de simples Peines corporelles , telles
que celle du Poing coupé , outre les Peines
V. portées par le Droit Canonique , dont ces re
ligieux Princes ordonnent l'exécution. Mais
ï.SaPei- Suivant la Loi des douze Tables , le fur ce que l'expérience a fait voir que cette
ne suivant paux Témoin devoit être précipité du Peine , toute rigoureuse qu'elle est , n'étoit
les Loix Ti • a 1» \ 1 t •
Romaines Mont larpeyen. llparoit , d âpres les Loix point encore capable d'arrêter le progrès de
qui l'ont suivie , que la punition de ce ce Crime , qui n'avoit fait que se multiplier
Crime étoit devenue arbitraire , & qu'on sous le règne de François I , Ce Prince
la faifoit dépendre des circonstances du íe crut obligé d'augmenter la rigueur de
fait , ou de la qualité des Parties ; car nous ces premières Loix en prononçant , par son
voyons qu'on le punissoit , tantôt du Fouet 3 Ordonnance de 1 5 3 1 , la peine de Mort
avec des condamnations pécuniaires (1) , contre les Faux Témoins , de même que
264 LES LOIX CRIMINE LLES , Liv. III. Tit. V.
contre les Notaires , & cela , fans distin Edit ait été registré en notre Parlement de Besan
guer íùr ce point les matières Criminelles çon , au mois d'Avril de la même année, & qu'il or
des matières Civiles , & fans laisser aux donne expressément l'exécution de l'Ordonnance
du mois de Mars 1531 , Nous avons appris néan
Juges la liberté de modérer cette Peine , moins que l'on fait difficulté d'exécuter ladite Or
mais seulement de déterminer le genre de donnance audit Parlement de Besançon, & de pro»
mort (z). noncer les Peines y portées contre les Notaires con
vaincus d'avoir passé de faux Actes , & contre les
Témoins qui ont rendu de Faux Témoignages en
(1) De Perjurisut caveantur, &non admíttantur Justice , fous prétexte que cette Ordonnance n'y
testes ad juramentum antequam discutiantur.... & a pas été registrée : & voulant qu'une Loi si né
íi quis convictus fuerit Perjurii , perdat manum aut cessaire pour la conservation de la vie , de l'hon-
redimat. Capit. Car. Magn. lib. i. c. 10 neur & des biens de nos Sujets , y soit exécutée
Volumus atque praecipimus, ut omnes à Falso Testi- comme elle l'est dans tous les autres Parlemens de
monio se abstineant , scienter & hoc gravissimum notre Royaume , Nous avons résolu d'y pourvoir
scelus esse , & ab ipso Domino in Monte Sinaï en rappellant par notre présent Edit tout ce qui
prohibitum , dicente eo , non Falsum Tesiimonium est porté par ladite Déclaration. A ces causes , &
dixeris , sive Testis Falsus non erit impunitus. Sciât autres à ce nous mouvans de notre certaine science ,
etiam se quisquis hoc perpetraverit , aut tali poeni- pleine puissance & autorité royale , Nous avons par
tentiá purgandum , íìcut de Perjurio aut tali dam ces Présentes , signées de notre main , dit , statué ,
na tione & excommunicatione feriendum,sicut de Ho- & ordonné, disons , statuons & ordonnons, voulons
micidio , vel Perjurio. Summa cnim stultitia & ne- & nous plaît que , conformément ^ ladite Ordon
quitia est ut aliquis homo quiChristiano nomine cen- nance du mois de Mars 153 1 , tous ceux qui seront
setur , pro cupiditate argenti vel auri , aut vesti- atteints & convaincus par Justice d'avoir fait &
mentoruin sive agrorum , vel cujuslibet rei , sicut passé de faux contrats , & d'avoir porté de Faux
saepe contingere solet propter ebrietatem , aut ven- Témoignages en Justice , seront punis de mort telle
tris ingluviem , in tam grande scelus corruat, ut que les Juges l'arbitreront , selon l'exigence des cas,
aut septem annis in arcta asrumna sit , aut ab Ec- nonobstant toutes Coutumes , Loi & Ordonnance a
clesia sit repulsus , dicente Domino : quid prodest ce contraires. Si donnons en Mandement , &c. Edit
homini fi lucrttur universum mundum , anima vero de Novembre 1709. registré au Parlement de Besan
suce dttrimtntum faciat ? Capit. Car. Mac lib. 7. çon le 2.8 du mime mois.
c. ijçf.... V. aussi les Etablissement de S. Louis , en
172©. liv. 1. ch. 7. qui portent la mime Peine.
VIII.
(i) Ordonnons que tous ceux qui feront atteints
& convaincus par Justice avoir fait & passé faux
Contrats & porté Faux Témoignage en Justice , Cependant, comme Pexpérience a fait 2. Dífc
seront punit & exécutés à mort , telle que les Juges voir que les dispositions de cette première tÎBction \
l'arbitreront , selon l'exigence des cas. O r d. de • • • ect c£«ixd
Loi, prises à la lettre , seroient trop dures , suivant
François 1. en 1531.
eri ce qu'il arrivoit le plus souvent que notre Ju
teux qui avoient déposé ainsi contre la
V IL vérité , ne l'avoient fait que par erreur,
ou même par ignorance & simplicité ; 8t
7.SaPei- Les effets qu'a produits la rigueur de que d'un autre côté l'équité paroissoit de
ros^der"-' cette Ordonnance > dont nous avons rap- mander qu'on mît quelque différence
nieres porté le Préambule fous le 5. premier , entre les dépositions qui font faites en
tMa* ont paru tellement salutaires , que son exé
matière Civile , & celles faites en matière
cution en a été ordonnée successivement Criminelle , en ce que ces dernieres ne
par toutes les Loix rendues depuis ce temps- tendoient pas seulement à compromettre
là fur cette matière , notamment par l'E- les biens comme les premières , mais en
dit de 1 680 , & parla Déclaration de 1 720 , core l'honneur & la vie d'un innocent ;
que nous avons auffi rapportée sous les que l'on mît auffi quelque différence entre
§. précédens. II y a plus ; nous voyons qu'en les matières Criminelles elles-mêmes , en
1 709, dans l'intervalle de ces deux dernieres ce qu'il y en avoit de capitales , & de celles
Loix , il en a été rendu une particulière qui ne ì'étoient pas : c'est par toutes ces
pour faire exécuter au Parlement de Fran considérations fans doute que, suivant notre
che-Comté cette même Ordonnance de Jurisprudence actuelle , on a cru moins
15 31 , où elle n'avoit point été enregis devoir s'arrêter à la lettre qu'à l'efprit de
trée : en voici les termes remarquables. ces Loix , & qu'en conséquence les Cours
ne font plus dans l'uíage de prononcer la
peine de Mort que dans le seul cas où le
J-iOUIS, &c. A tous présens & à venir, Salut. Crime imputé par le Faux Témoin feroit
Par notre Edit du mois de Mars 1680 , Nous avons lui-même de nature à faire condamner l'Ac* ' \
ordonné entr'autres choses que la peine de Mort
eufé à cette Peine , s'il en étoit convain
prononcée par l'Ordonnance du Roi François I ,
du mois de Mars 1531 , contre les Notaires con cu ; c'est-à-dire , que nous, avons retenu
vaincus d'avoir passé de faux Actes , & contre les íùr ce point la peine du Talion établie
Témoins qui auroient rendu de Faux Témoignages par le Droit Romain. Nous en avons un
en Justice, auroit lieu contre toutes personnes exer
çant des fonctions publiques , qui seroient convain fameux exemple dans l'Arrêt du Parlement,
cues d'avoir fait des Faussetés dans l'exercice de leurs du 13 Février 1755 , qui condamne à la
Offices , Commissions ou Emplois ; & quoique cet Roue , avec Amende honorable, le nommé
Virloq ,

>
DU FAUX , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 265
Virloq , & à la Potence seulement le nommé sujet des falsifications qui se font des Papiers
Meunier, l'un & l'autre comme duement royaux 8c publics , en ce que les défenses
atteints & convaincus d'avoir fausiëment dé expresses qu'elle fait aux Juges d'avoir aucun,
posé du complot d'assassinat dont le nommé égard a La modicité des sommes , ni au
Francey accusoit le sieur le^oi de Pierrefite. plus ou moins de dommage que ces fortes
V. GuYPAP. en ses quest. p. 275. de faljìfications pourroient caujer, suppose
évidemment qu'elle leur laisse la faculté d'y
IX. ' avoir égard pour les autres cas qu'elle n'a
9. Quelle Mais hors les cas particuliers où ce pas jugé à propos de comprendre nom
est u Pei- Crime se trouve accompagné de circons- mément dans cette même disposition. Ne
ne la plus . ., 1 D« , n •
ordinaire tances aggravantes , il paroit que la reme peut-ost pas dire aussi que cette même Ju
en cette la plus ordinaire , suivant notre Jurispru- risprudence se trouve d'ailleurs fondée fur
matiere. jence ^ e^ CQ\\e des Galères , avec Amende
cette autre disposition de l'Edit de 1680,
honorable pour les hommes , & le Ban où , après avoir prononcé difertement la
nissement avec Amende honorable pour peine de Mort pour les Faux commis par
les femmes. L'on se contente même quel des Officiers publics , & dans des fonctions
quefois de prononcer de simples Peines publiques , le Législateur laiíîe aux Juges
infamantes , suivant la qualité des Parties , la liberté de prononcer cette Peine , suivant
& la modicité de l'objet íùr lequel le Faux l'exigence des cas , pour les Faux qui se
est tombé. Cette Jurisprudence paroît en commettent par de simples particuliers , ou
effet autorisée par cette derniere disposition même par des Officiers publics hors leurs
de la Déclaration de 17ÍÛ, rendue au fonctions ?

§. III. De la Subornation de Témoins.

SOMMAIRES,

1. Qu'ejl-ce que suborner un Témoin7. 5. Peine ordinaire de ce Crime suivant notre


2. Subornateur puni comme le Faux Té Jurisprudence.
moin.. 6. Quid , lorsque la Subornation esl faite
3 . Cas où il devient plus punissable. par VAccusé lui-même. :\>
4. Cas où ily a lieu de modérer fa Peine. 7 . Commentse prouve ce Crime.

I. , /;

1. Qu'est- O N appelle Subornateurs ceux qui, par moins eux-mêmes qui se sont laissés su
borner PromeM,es 011 Par menaces , engagent un borner. Cette Peine en général est celle de
Témoin î Témoin à déposer faux ; c'est-à-dire , à dé Mort, suivant l'Ordonnance de François I,
poser des choses autrement qu'ils les fça- en 1551 (1). A quoi le Droit Canonique a
vent , ou à ne pas dire ce qu'ils fçavent. joint celle de l'Excommunication 8c de
En forte qu'on ne peut regarder proprement l'infamie (2).
comme tels ceux qui engageroient seule
ment les Témoins à dire ce qu'ils sçauroient (1) V. I'Ord. de 15 31 rapportée fous le §. précé
dent. V. l'Arrét de Décembre 1669 , rapp. par
de vrai ; sur-tout s'il y avoit lieu d'appré
Brune au , part, i.tit. xi. max. xi.
hender que ceux-ci ne fussent retenus d'ail
(1) Si quis convictus fuerit aiios ad Falsa Testi-
leurs de dire la vérité , par la crainte ou
monia vel Perjuria attraxiíse , vcl quacumque cor-
par les promesses de ceux contre qui ils ruptione sollicitasse , ipse quidem usque ad Êxrtnm
auroient à déposer. vira: non communicet : hi verò , qui ei in Perjurio
consentisse probantur , posteà ab omni Testimonio
sunt removendi , & secundùm Legem infàmiâ 110-
Qui exigit pjrationem multùm interest , fi nescit
illum Falsum juraturum , an sciât ; si enim nescit , tabuntur. Can. 12. qu. 5.
& ideò dicit , jura mihi , ut fides et fiat , non est
peccatum ; tamen humana tentatio est. Si autem I I I.
scit eum feciíse , novit fecisse , videt fecisse , &
cogit jurare , homicida est. Ille enim suo se perju-
rio perimit : sed iste manum interficientis & im- L*on ne doit point s'étonner de la ri- vÇaso»
pressit & pressit. Can. 6. caus. 11. qu. 5. gueur de ces Loix , quand on considère que m devient d-VKnt
lus punis-
le Subornateur se rend doublement crimi- uMe
I I. nel , tant par le Faux qu'il commet , que
par celui qu'il fait commettre au Témoin
1. Sufeor- Nous venons de voir , d'après les Loix dont il se rend l'Homicide spirituel ( 1 ) ,
nateurpu- &1 Arrêts cités fur le S. précédent , qu'il & que d'ailleurs il y a toujours de fa part
m comme . . , \ 1 o l
le Faux y a même Peine portée contre les bubor- du dol & de la malignité ; au lieu que le
Témoin. nateurs des Témoins , que contre les Té- Témoin ne se laisse suborner le plus fou-
L 1
266 LES LOIX CRIMINE LLES , Lit. lU. Tit. V.
vent que par des vues d'intérêt , excitées du Talion , la Peine la plus ordinaire des
par le besoin & l'indigence , ou bien par Subornateurs est celíe des Gaíeres ou du
l'effet de la jeunesse & de la simplicité , Bannissement avec Amende honorable , &
ou même de la crainte. C'est aussi la distinc même quelquefois celle du Blâme feule
tion qui paroît avoir servi de motif â la ment , lorsque la Subornation n'a* point
disposition de l'Arrêt de 1755, que nous été faite à prix d'argent , & que d'aíMeurs
venons de citer , lequel , en même-tempS l'objet du témoignage est peu considéra
qu'il prononce la peine de la Roue contre ble (1). L'on trouve dans le Code de Ser-
Francey, pour avoir suborné Meunier , pillon (2) un Arrêt du Conseil, du 6 Ávril
s'est contenté de prononcer celle de là Po 1 673 , qui condamne le nommé le Mercier ,
tence contre ce dernier, en considération convaincu de Subornation de Témoins ,- à
de fa jeunesse. faire Amende honorable, & au Bannissement
de neuf ans.
(1) Me qui hominem provocat ad juratioaem &
scit eum Falsum juraturum , vincit horriicidam ; (1) ^.Boer. décis. 310» &qu. 319.
quia homicida corpus occisurus est , illc animam , (2) V. Code Criminel, tom. 3. p. 1170.
imò duas animas , &ejus, quem jurare provocaviií
& suam. Scis verum elfe , quod dicis , & Falsum
esse , quod ille dicit , & jurare compellis ? Ecce VI.
jurât , eccc pejerat, eccc périt. Tu quid iovenisti?
Imò & tu peristi , quid de illius morte te satiare II faut encore distinguer le cas où la 6. QuU,
voluiiìi. Can. caus. 22. qu. 5. Subornation auroit été pratiquée paf l'Ac- ^or^lue u
cule lui-même ; parce que , dans ce der- tionestfai-
I V.
nier cas , ce Crime feroit moins punissable ^rl'£["
4. Casoìi II y a cependant des cas où la Peine à cause de la faveur de la défense , fondée même,
décodé- ^U Subornateur pourroit être modérée , lur le Droit naturel.
rer sa pei- même en cas d'accusation de Crime capi-
ne* tal ; comme si sa Subornation n'avoit été VIL
suivie d'aucun effet , soit parce qu'il n'au-
Nous verrons au surplus , erî traitant 7. Com-
roit sait aucun usage des Témoins subor de la Preuve Testimoniale , que la né- ment
nés , soit parce que les dépositions de ceux- / ^ prouve ce
cessité de réprimer un Crime auílî dan- Crime,
ci auroient été déclarées nulles par quel
gereux à la société , jointe à la difficulté
que défaut de forme.
qu'il y a de le prouver , à cause des pré
cautions secrètes que prennent ordinaire
V.
ment ceux qui le commettent , a fait
5. Peine Au reste , il paroît d'après les différens que , dans nos usages , nous admettòfis
mesuîvut Arrêts rendus fur cette matière , qu'hors pour cette preuve les dépositions des Té
notre Ju- le cas particulier où la Subornation ten- moins subornés eux-mêmes , lorsqu'elles
n pru en- façfa à compromettre la vie d'un innocent ,
se trouvent conformes , & jointes à d'autres
& donneroit lieu par ce moyen à la Peine indices & présomptions considérables.

§. IV. De la Calomnie.

SOMMAIRES.

z. Çu'ejl-ce qu'on entendsous ce nom? 5. Peine des Avocats & Procureurs qui
2. De combien de manières se commet ce calomnient leurs Parties Adverses.
Crime ? 6. Quid , de l' Accusé qui fait des reproches
3 . Peines de ceux qui corrompent les Juges. calomnieux contre les Témoins.
4. Peine des Juges qui corrompent les Témoins.

I.
1. Qu'est- L'on comprend , fous ce nom, en général, Calomnie en traitant de VInjure , & des
entend0" tout ce ^ & dit , ou se fait dans la vue Plaintes & Accusations. Nous ne parlerons
sous ce de compromettre la vie , ou l'honneur d'un ici que des Calomnies qui se font verba
nom 3
innocent. lement , & parmi celles-ci nous en distin
I L guerons de plusieurs sortes. Les unes s'em
a. De Ainsi ce Crime peut se commettre , non- ploient dans la vue de corrompre le Juge
5e roanie- ^eu^ement Par paroles, mais encore par écrits; pour lui faire condamner un innocent. Les
res se com- comme , v. g. , par des placards & libelles autres s'emploient par le Juge lui-même ,
Crime? diffamatoires , & même dans les actes de qui cherche à induire les Témoins par des
Procédure. Nous aurons lieu de donner menaces ou des questions captieuses , à
des exemples de cette derniere espece de déposer faux dans un Procès pendant par-
DU FAUX , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 267
devant lui. D'autres s'emploient par des suivant le Droit Romain , peine d'inter- curenr*
Avocats y qui , dans leurs Plaidoyers , se diction du Barreau pendant un certain ^'n"10^
répandent en des déclamations calomnieu temps. II y avoit aufíì , suivant ce Droit , Parties
ses. II y en a aussi qui s'emploient par des la peine du Faux portée contre ceux qui Aiveri*s»
Accusés dans des reproches calomnieux citoient de fausses Loix (2). Nos anciennes •
qu'ils opposent aux Témoins lors de la Ordonnances , & notamment celle de
confrontation. II y en a enfin qui s'em 1539 (3), se contentoient de prononcer
ploient par les Accusateurs pour suborner l'Amende pour la première fois , contre
les Témoins. Nous venons de parler des les Avocats qui plaident des faits faux 8c
Calomniateurs de cette derniere espece calomnieux.» Mais il paroît que la Ju
dans le paragraphe précédent. Nous aurons risprudence a été plus loin : nous avons
lieu, en traitant des Injures, de parler des Arrêts qui, non contens.de prononcer
d'une autre espece de Calomnie qui se l'Interdiction, ont encore permis la prise
fait par de faux rapports ou de faux bruits à Partie contre les Avocats qui s'oublient
contre la réputation d'autrui. II ne nous jusqu'à ce point-là , pour les faire con
reste par conséquent qu'à marquer ici les damner à des réparations d'honneur , 8c. à des
Peines particulières que les loix & la Ju dommages & intérêts. II y en a d'autres
risprudence ont attachées aux quatre pre qui ont porté la rigueur jusqu'à ordonner
mières espèces de Calomnies dont nous ve leur radiation du Tableau , qui est la Peine
nons de parler. la plus humiliante fans doute pour des gens
d'une profession dont l'honneur fait le prin
I î I. cipal caractère. A l'égard des Procureurs
t. Peine j °. Corrupteurs des Juges. Ils font íujets , Calomniateurs , nous voulons parler sur
tout de ceux qui, au préjudice de leurs
qui cor- suivant le Droit Romain , à la peine de la Loi
rompent Cornélie , de Fa/sis ( i ) ; & , suivant notre Ju- Cliens, assistent fous main & frauduleu
" U8"' rísprudence , ils font punis de la même Peine sement leurs Parties Adverses ; il y a
contre ceux-ci une disposition remarquable
que les Subornateurs de Témoins , dont
dans la Caroline (4).
nous avons parlé précédemment.

(i) Pœna Legis Corneliâ: ( de Fallìs ) afficitur (1) Ordine Decurionum decem annis Advocatum
&qui judicem corruperit, corrumpeiidumve cura- motum , qui Falsum instrumentum cognoscente
verit. L. i.Jf. i.ff. de Leg. Cornel. de Falsis. Praeside recitavit , post finem temporis dignitatem
respondi reciperare : quin imo Corneliam , Falso
IV. - recitato , non facto , non incidit. Eadem ratione
Plebeium ob eamdem causam exilio temporario
pmiitum Decurionem post reditum rectè creari.
4. Peine 2°. Juges corrupteurs des Témoins. L'on L. 13. ff. ad Leg. Cornel. de Fais.
^ui veutPaj"lerde ceux qui induisent les Témoins
rompent à déposer faux contre un accusé. La Peine de ( 1 ) Si quis Falsis constitutionibus nullo autore
les Té- ce Crime , dont il est parlé dans le Droit (1 ) , habito utitur , Lege Corneliâ , aquâ & igni ci in-
terdicitur. L. 33. ad Leg. Cornel. de Fais. . . Qui
est laissée par nos Ordonnances , à l'arbi- oomine Praetoris Litteras Falsas reddidilse , edic-
trage des Cours qui prononcent ordinai tumve Falsum proposuiffe dicetur, ex causa, actione
in factum Pœnali tenetur : quamquam Lege Corne
rement dans ce cas , tantôt celle de l'A-
liâ reus sit. L. 15. ff. ad Leg. Cornel. de Falsis.
mende ou de l'Interdiction , tantôt celle de ■
lTncapacité de posséder aucuns Offices de (3) Et semblable peine ( d'Amende) de dix livres
parisis , voulons encourir ceux qui auront posé 8c
Judicature , & quelquefois même des Peines articulé calomnieusement aucuns taux faits , soit en
afflictives , s'il y a preuve qu'ils aient reçu plaidant ou par leurs écritures ou autres pieces de
de l'argent ou composé à cet effet (2). Procès. Ord. de 1539. art. 40.
(4) Un Procureur qui aura été convaincu d'avoir
(1) Lege Corneliâ de Siccariis & Veneficis tene- eu dessein , & au préjudice de son Client , donné
tur qui hominem occident.... Quive cum Magijlra- assistance à la Partie Adverse , soit dans les causes
tus effet publicove pr«eesset , operam dediíset quo civiles , soit Criminelles , fera contraint , avant
quis Falsum judicium prositeretur ut qui innocens toutes choses, de réparer, suivant l'étenduc de ses
conveniretur, condemnaretur... Quive cum Magistra- facultés , tout le dommage fait à fa partie , & en
tus Judexve quaestionis sub capitalem causam pecu- suite il sera exposé au carcan , fustigé publiquement,
niam acceperit ut publicâ Lege reus sieret. L. i.ff. & banni du pays , ou même puni d'une autre ma
ad Leg. Cornel. de Siccarr... Lege Corneliâ de Sicca nière , suivant la nature 8c circonstances du délit.
riis tenetur qui cùm in Magisiratu effet eorum quid Ord. Caroline , art. 115.
feccrit contra hominis necem quod Legibus per-
missum non sit. V. Z. 4. ibid....
V L
(1) V. au surplus ce qui a été dit à ce sujet en trai
tant du Crime de Concujsion.
4°. Accusé qui sait des reproches calom 6. ÇuiJ,
de l'Accu
nieux contre les Témoins. Lorsqu'il est sé qui fait
y- des repro
évident que ces reproches font faits plutôt
che* ca
V Peine 3°. Avocats ou Procureurs qui calom- par dessein d'injurier , animo injuriandi , lomnieux
des Avo- nient dans [eurs plaidoyers (1). II y avoit , que pour la propre défense de l'Accusé , il contre !e*
Témoins.
Ll 2
268 LES LOIX CRIMIN ELLES, Liv. III. Tit. V.
y a lieu de le condamner à une réparation séquemment imprimer aucune note contre
d'honneur , & à une Amende , ou même Thonneurdu Témoin.
à plus grande Peine , suivant la grandeur
de la Calomnie. C'est la disposition de l'ar (1) Que pour chacun fait de reproches calom-
ticle 41 de l'Ordonnance de 1539 (O* nieusement proposé qui ne sera vérifié par la Par
Cette Loi , ainsi que l'Ordonnance de tie , y aura condamnation ; c'est à sçavoir , en nos
Cours Souveraines , de vingt livres parisis , moitié à
1667 (2) réputent calomnieux les reproches
Nous , moitié à la Partie , ou de plus grande Peine
qui ne íbnt pas justifiés avant le Jugement. pour la grandeur de la Calomnie desdits proposans,
Mais hors le cas de cette Calomnie évi à l'abbréviation de Justice , ôt en la moitié moins
dente dont parlent ces Loix , il n'y a lieu en nos Justices inférieures. Ord. de 1539. art. 41*
à aucune Peine , ni même à aucune action (2) Les reproches contre les Témoins seront cir-
de la part du Témoin qui prétend que les constanciés & pertinens , & non en termes vague»
& généraux, autrement seront rejettés. . . . S'il est
reproches font calomnieux ; par la raison ,
avancé , dans les reproches , que les Témoins ont
comme disent les Auteurs , que ce qui est dit été emprisonnés , mis en décret, condamnés ou re
par exception n'est réputé ni accusation ni pris de Justice, les faits seront réputés calomnieux,
dénonciation , & que d'ailleurs les reproches s'ils he font justifiés, avant le Jugement du Procès,
par des écrous d'emprisonnement , décrets , con
qui se font en pareil cas , n'étant ni admis damnations ou autres actes. Ord. de 1667. tit. 23.
ni prouvés légalement , ils ne peuvent con- art. 2 & 3.

■ »»]. i^il r^irr n-f iv i"u..if,' UB„'j i , bj'JWI

CHAPITRE TROISIEME.

Du Faux qui se commet dans les Personnes.


i
Ce Crime se commet de six manières main-levée des oppositions faites à ce sujet í
différentes , qui vont faire la matière d'au- 40. par ceux qui présentent des personnes
tant de paragraphes , sçavoir , 1 °. par des pour d'autres à des Notaires , ou autres
femmes qui produisent des enfans dont elles Officiers publics , pour fe constituer des
disent fausi'ement être accouchées , ce qu'on créances , ou bien pour se libérer de leurs
appelle autrement supposition de Fart', dettes ; 5°- par ceux qui déguisent leur
20. par ceux qui supposent faussement être sexe, ou qui se masquent pour commettre
les maris des femmes dont ils veulent abu- plus impunément d'autres Crimes ; 6°. enfin
fer ; 30. par ceux qui se supposent aussi par çeux qui prennent de faux noms , ou
faussement être les Pères , Mères , Tuteurs qui s'arrogent de faux titres & de fauíîes
ou Curateurs pour favoriser les Permissions qualités au préjudice des Tiers.
& Dispenses en fait de Mariages , ou la

§. I. De la Supposition d'Enfans ou de Part.

SOMMAIRES.

1. Qiìentend- on par ce Crime ?, 7. Ce Crime n'es point imprescriptible parmi


2. Ce qui le rend très-grave & trèspuniffaèle. nous.
3. Sa Peine suivant le Droit Romain. 8. Sa punition eft arbitraire. Cas où elle est
4. Dispostion de ce Droit sur la poursuite jugée capitale.
de ce Crime. 9. Femme qui rapporte Vextrait baptijlaire
5. Différence de nos Usages a cet égard. deson enfant y ne peut être accusée de cc
6. Mari peut seul poursuivre ce Crime tant Crime.
qu'il vit.

1. Qu'en- ^ ous avons eu lieu , en traitant de Vin-


tend -on . 7 une nourrice , qui , après le décès de Pen
y*t ceCú- santicide > de parler de cette especede Faux sant qui lui auroit été confié , en suppo-
me ? qui se commet par la suppression que fait
seroit un autre ; Òù enfín lorsqu'on se dit
une fille ou femme de l'enfant dont elle pere ou mere d'un enfant qui n'appartient
est accouchée. Nous ne parlons ici que pas à celui qui se l'attribue.
de celui qui se commet par une femme qui
produit un enfant dont elle se dit fausse II.
ment accouchée , ou qui substitue un en On né peut douter que ce Crime \ a. Ce qui
fant à la place d'un autre , comme feroit qui joint le Vol au Faux , en ce qu'il tend Jès^íave
DU FAUX , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 269
íttrèi-pu- à faire entrer dans une famille un sang étran- pas de lui ; en forte que tant que le mari
nislable. ger ? & à lui enlever fes biens , en faisant vit , la poursuite n'en est pas même permiíè
réputer légitime un enfant qui ne Test pas , à ía femme , quoiqu'y ayant un égal in
ne soit des plus graves & des plus punifla- térêt : c'est ce qui a été jugé par plusieurs
bles , comme étant également contraire , & à Arrêts rapportés par Bardet & Soeve ,
Tordre public , & à l'intérêt particulier des & au Journal des Audiences.
familles.
V. Bardet , liv. i. ch. 82. V. Soeve , ch. 89,
Publicè interest partus non subjici ut ordinum & le Journ. des Aud. dans le Supplément au tom.7^
clignitas , familiarumquc salva íit. L. i. Js. 13. Sed V. aulîì BruneAU , tit. 22. part. 1. qui rapporte
un Arrêt du 29. Février 1712*
etiì. Js. de inspic. vtntr.
V I L
I I L
Nous ne suivons point non plus la dis- 7.CeCrK
$.SaPei- Aussi voyons-nous que les Loix Romai
ne suivant neS n'avoient rien oublié pour arrêter les position de ce même Droit , qui déclare
ce Crime imprescriptible. Nous avons aussi prescripTi-
Romain.' progrès de ce Crime , soit en l'assujettissant
des Arrêts ( un entr'autres, du 2 8 Mars 1665, ™ Parmif
à la Peine capitale (1) , soit en le déclarant n oui.
rapporté au Journal des Audiences ) qui ont
imprescriptible (2) & du nombre de ceux
jugé que l'action en Supposition de Part n'é-
dont le Procès doit être fait , même après
toit pas recevable, après la possession de
la mort de l'Accufé.
vingt-fept années de l'état de l'enfant pré-'
(1) Si partûs subjecti Crimen divers* parti obji- tendu supposé.
citur , causa capitalis in tempus pubertatis pueri
differri non debuit : íicut jam pridem mihi & Divo V I I L
Severo patri meo placuit. Neque enim veri hmile
est , eam quae afguitur , non ex fide causam suam 20. Quant à la punition de ce Crime , S. Saptr--
dcfensuramcùm periculum capitis subeat. L. 1. Cod. nous nous sommes aussi écartés de la difpo- n,í'on . ™
ad Leg. Corntl. de Falfis. f • -n • • arbitraire.
sition des Loix Romaines , qui avoient Cas où ei-
(2) Accusatiosuppositi partûs nullâ temporis praes-
criptionc depellitur, nec interest deceíserit neeneea attaché une Peine ordinaire à ce Crime , „ jìjf**
qui étoit celle du dernier supplice. Nous Cap'
quœ partum subdidiste contenditur. L. 19. Js, i.ff.
ad Leg. Cornel. de Fais. avons cru devoir nous conformer fur ce
pointa la disposition de l'Edit de 1680,
I V. qui laisse à l'arbitrage des Juges la Peine
de tous les Faux qui fe commettent hors
>Difpo- II y avoit d'ailleurs, suivant ce Droit ,
les fonctions publiques , & leur permet en
«°DrS cela ^e Particulier quant à ce Crime , que
même temps de pouvoir porter cette Peine
suriapour- quoiqu'il fíìt mis au nombre des Crimes
jusqu'à celle de Mort , suivant l'exigence
clírae6 " PUDncs > on n'admettoit néanmoins à le
des cas & la qualité des Crimes. C'est aussi
poursuivre , que les parens & autres qui y en conséquence de cette faculté que nous •
étoient intéressés.
voyons , d'après les Arrêts , que la Peine
Cùm suppoíìti partûs Crimen parrui tui uxori la plus ordinaire qu'ils prononcent en pareil
moveas apud Rectorem Provinciae institutâ accusa- cas , est celle de l'Amende honorable &
tionc id proba. L. 10. Cod. ad Leg. Cornel. de Fais.
du Bannissement perpétuel (1) , & que néan
moins lorsque ce Crime se trouve aggravé
par les circonstances , comme lorsqu'il tend
Dìfle- Quant à nos Usages particuliers en cette à déshonorer une maison illustre, & qu'il
««"usa mat*ere » nous ne connoissons aucune Loi se trouve joint à un abus de fonctions pu
ees à cet qui contienne , comme celles du Droit bliques , l'on est dans l'ufage de prononcer
îgard. Romain , des dispositions précises , soit fur la Peine capitale. Nous en avons un fameux
la punition de ce Crime , soit fur la ma exemple dans l'Arrêt de ce Parlement ,
nière de le poursuivre ; en forte que c'est rendu dans la cause de la Dame de Saint-
dans la Jurisprudence seulement qu'il faut Geran , par lequel la nommée Pigorreau ,
chercher les principes particuliers qui femme Beaulieu , qui s'étoit dite faussement
doivent nous régler fur l'un & l'autre de la mere de l'enfant , & la Sage-Femme qui
ces points. " •'• avoit favorisé cette supposition , furent
l'une & l'autre condamnées à la Potence,
V I.
fi) V* le Code Pénal , tit. 29. aux notes.
6. Mari D'abord , pour ce qui concerne la Pour- (2) Cet Arrêt, qui est du 5 Juin 1666 , fe trouve
peut seul ruue ce Qr'ime nous ne íùivons point rapporté dans les Causes célèbres. V. Bruneau y
▼re ce Cri- la disposition du Droit Romain , en ce qu'il tit. 11. part. 1.
m% tant admet généralement à cette poursuite tous 1 X.
les parens «autres qui peuvent y avoir quel- Ií reste à observer, quant à ía preuve o-Femmï
qu'intérêt. Nous n'y admettons feulement de ce Crime , que l'on n'est point rece- ciui rf,P*
que le Mari qui prétend que l'enfant n'est porte I cx~
vable à accuser une femme de Supposition h-iit bnP-
270 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. III. Tit. V.
tistaire de d'enfant , lorsqu'elle rapporte un extrait jugé par un Arrêt du 14 Février 171 3 , fée de <
son enfant Daptistaire , St que l'on n'est point admis à la rapporté au sixième tome du Journal des Crune*
être accu- preuve du contraire. C'est ce qui a été Audiences.

§. II. De la Supposition dans la personne d'un Mari.

SOMMAIRES.

1 . En quoi conjìfle ce Crime ? 2 . Puni de mort. Deux exemples remarquables.

1.

1. En quoi L'ON veut parler ici du Crime de celui sèment le nommé Martin Guerre , & avoir,'
consiste ce qU j se dit faussement être le Mari d'une en cette qualité , usé d'Impostures , Faussetés ,
femme pour en abuser , & s'arroger en con Adultère , Rapt , & autres cas. Par cet
séquence , fur fa personne , les autres droits Arrêt du i z Septembre 1 560 , ce particu
que donne cette qualité. lier fut condamné à faire Amende hono
rable , nud , en chemise , & ensuite à être
I I. pendu , &son corps jeté au feu. L'on trouve
encore un autre exemple mémorable de
4. Puni Comme dans ce Crime la profonation
ce Crime dans la personne du Faux Caille ,
& pour- ^u Sacrement se trouve jointe au Faux &
dont le Procès fut poursuivi au Parlement
que' au Vol , c'est sans contredit le cas d'y de Paris , & qui n'échappa à une pareille
De. C'est aussi ,
condamnation , que par fa mort anticipée
remarqua- comme 1 on lçait , celle qui a été pronon-
dans les Prisons.
w«. cée par le Parlement de Toulouse contre le
V. les Causes célèbres où l'un & l'autre de ces
nommé Arnaud Dutheil pour s'être dit fauf- Procès se trouvent rapportés.

§. III. De la Suppojition des personnes de Pere & Mère , Tuteurs ou

Curateurs en fait de Mariage.

SOMMAIRES.

1. Motifs particuliers de ceux qui commet 2. Leur Peinesuivant fEdit de 1697.


tent ce Crime.
I.

1. Mo- C E Crime se commet par ceux qui pren- Voulons pareillement que le Procès soit fait à
c'uliersrdênent la fausse <Iualité de Pere > Mere, Tu- tous ceux qui auront supposé être les Pertt ,
Mères , Tuteurs ou Curateurs des Mineurs pour
ceux qui teur ou Curateur , pour faciliter l'obtention l'obtention des Permissions de célébrer des Maria
commet- jes permissions de célébrer Mariage, &
ges. , des Dispenses de Bans , & des Mains-levées
Crime, des Dispensés de Bans , ou la main-levée des Oppositions formées à la célébration desdits
des dispositions faites au mariage. Mariages ; comme aussi aux Témoins qui auront
certifié des faits qui se trouveront faux à [égard de
I I. (âge , qualité & domicile de ceux qui contraâent , soit
2. Leur C'est contre les Coupables de ce Crime , pardevant les Archevêques & Evêques Diocésains,
vant l'Edlt aulu> 4ue contre les Témoins qui se prêtent à soit pardevant lesdits Curés & Prêtres lors de la cé
lébration desdits Mariages j & que ceux qui seront
de i6j7. favoriser ces sortes de Suppositions , qu'a été trouvés coupables desdites Suppositions & Faux
rendu particulièrement l'Edit du mois de Témoignages , soient condamnés , sçavoir , les hom
Mars 1697, qui condamne les uns 6c les autres, mes à faire Amende honorable , & aux Caleres ,
pour le temps que nos Juges estimeront juste, & au
sçavoir les hommes à faire Amende honora
Bannissement , s'ils ne sont pas capables de subir
ble , & aux Galères , & les femmes à faire ladite Peine des Galères , & les femmes à faire pa
pareillement Amende honorable , &au Ban reillement Amende honorable , & au Bannissement,
nissement, qui ne peut être moindre que qui ne pourra être moindre de neuf ans. Edit de
1697. art. 3.
de neuf ans.
DU FAUX , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 271

§. IV. De la Supposition de faux Créanciers.

SOMMAIRES.

1. Ce qu'on entend par ce Crime. 2 . Commentse punit dans notre Jurisprudence.

I.
1. Ce (^'est le Crime de ceux qui , pour se veut dire que c'est le cas de prononcer ,
tenT par constituer des Créanciers , ou se libérer de au lieu du Fouet & du Bannissement qui
ceCnme. leurs dettes, présentent des personnes pour font la Peine ordinaire du Vol , celle des
d'autres à des Notaires , Greffiers , & autres Galères à temps ou à perpétuité pour les
Officiers publics. hommes ; & de la Détention âuíïì à temps
ou à perpétuité, dans une Maison de Force ,
Si Créditer colludens cum Debitore íuo tibi
prsedium venundedit , falíum commisit , & nihil pour les femmes } ou bien de prolonger le
ossecir , sed se magis Crifninis accusationi fecit ob- temps de leur Bannissement , outre le Fouet
iioxium. L. 15. Cod ad Leg. Cornel. de fais. & la Marque qui leur est infligée dans tous
ces cas ; en observant toujours que le Ban
I I. nissement , à l'égard de celles-ci , ne peut
jamais , comme nous l'avons dit , être hors
a. Com- Comme dans ces sortes de Suppositions
ment puni f r • • r> • j tr 1 du Royaume , mais seulement hors du
suivant no- ce *aux le trouve joint au Crime de Vol ,
Ressort des Cours qui le prononcent.
tre Juris- il y a lieu par conséquent de prononcer ,
prudence. ^ans cecaS ^ ^eS pejnes pjus fortes que celles
V. l' Arrêt du 7 Août 1761. rapp.par Denisard,
qui font attachées à ce dernier Crime ; l'on verbo Notaire.

§. V. De la Suppojltion de Personnes , qui se fait par déguisement.

SOMMAIRES.

I . Ce qu'ilsautpourformer ce Crime. fimples insultes. Sa Peine.


1. Espèces de Suppojìtions dont il ne s'agit 4. Quid , des insultes faites aux personnes
point ici. du sexe déguisées.
3. Suppofìtiôn qui n'a pour objet que de

I.

1. Ce qu'il Cette Supposition ne forme proprement 1 1 Décembre 1 741 , qui défend ces sortes
faut pour un Crime , que lorsqu'elle tend à en faire de travestissemens, à peine d'être poursui
former ce
Crime. commettre d'autres ; comme lorsqu'on porte vis comme perturbateurs du repos public ,
des masques , ou que l'on prend les ha & à cet effet d'être arrêtés & conduits en
bits d'un autre sexe pour commettre des prison.
Assassinats , ou Vols , ou pour faire des
V. cette Ord. rapp. au Dictionnaire de Police de
insultes à des Tiers. Freminville , verbo Masque.

I I. I V.

a. Espèces Nous avons eu lieu de parler des Sup II y a cela de remarquable sur ce point , 4. Quii%
de Sup positions de la première 'espece , en traitant qu'on n'admet point dans notre Juriípru-
positions
dont il des Homicides & des Assemblées illicites. dence les personnes du sexe à se plaindre aux per
M s'agit Nous verrons , en traitant du Vol , celle des insultes qui leur auroient été faites f°™esd^u
point ici. qui fe commet relativement à ce Crime. étant habillées en hommes. Cette Jurifpru- gutfées.
dence , sondée íùr les défenses faites par
I I I.
la Loi divine (1) , est attestée par Papon (2),
3. Suppo Pour ce qui concerne la Supposition qui qui en rend cette raison , que ces sortes
sition qui n'a pour objet que de simples iníùltes , c'est de déguifemens , outre qu'ils ne peuvent
n'a pour
objet que par la nature de l'inlulte , & par la qualité porter profit , font cause de plusieurs Adul
de simples des Parties , c'est-à-dire, tant de celui à tères , Voleries & autres maux.
insultes.
Sa Peine. qui elle est faite , que de celui qui la fait ,
( 1 ) Non inductur mulier veste virili , nec vir
que doivent se régler les condamnations en utettir veste femineâ • nbominabilis Soirs] est apud
cette matière. Nous avons plusieurs Or Deum qui facit hxc. Dewer. cap. 2Z. v. 9.
donnances de Police , une entr'autres du Ci) F.Papon ça ses Arr. liv. 23. tit. 7.
37* LES LOIX CRIMINELLES , Liv. III. Tit.V.

§. VI. De la Supposition des Noms , Titres t> Qualités.

SOMMAIRES.

I. Peine de ce Crime suivant le Droit Ro & doit en, aggraver la Peine.


main. 4. Usurpateurs de noblesse. Leur Peine.
2. Exception en fait de changement de 5. Attribution de la connoijfance de ce Crime
nom. . . a la Cour des Aides. .
3. Ce qui forme le Crime en cette matière ,

I.
1. Peine I L est parlé de ce Crime dans le Droit quement le nom & qualité de Maisons ho- graver u
norables afin de s'en arroger les droits , ou peine"
mVsuivant Romain sous le titre de la Loi Cornélie
le Droit de ialjìs , qui assujettit en général ces sortes d'obtenir des grâces & des dignités qui
Romain. je fUpp0fltions à la Peine ordinaire du ne s'accordent qu'aux personnes d'un rang
Faux. distingué ; l'uíage est , dans ces derniers
cas , de condamner les imposteurs au Car
Falíì nominis vel cognominis adseveratio pcena can , & au Bannissement , & quelquefois
Falíì cocrcetur. L. 13. jf. Cornel. ad Leg. de Fais...
même aux Galères , lorsqu'ils ont fait servir
ces sortes de Suppositions à se procurer
II.
un libre accès dans les maisons , pour y
a.Excep- Nous distinguons , dans nos Usages , les commettre plus impunément des excro-
tionenfait motifs particuliers qui ont donné lieu à queries ou des débauches. A plus forte
de chan- 011 ,m raison ces Peines doivent-elles avoir lieu ,
gement de ces fortes de changemens ; parce qu n peut
nom. arriver qu'ils soient faits fans fraude , & lorsque la Supposition fe trouve accom
dans la vue seulement d'éviter quelque pagnée de la fabrication de faux titres j ou
danger, comme nous en avons des exemples de la soustraction de titres véritables. C'est
dans l'Ancien Testament , ou bien à cause de cette derniere efpece de Supposition
que le nom que l'on a changé auroit été que veulent parler principalement les Loix
flétri par la condamnation d'un autre par Romaines (i) &. qu'elles veulent être. pu
ticulier qui portoit le même nom. Mais nie de la manière la plus rigoureuse. V.
en même temps que nous avons adopté
fur ce point la disposition de la Loi (í) Qui se pro milite geflìt , & Falsis insignibus
usus est , vel Falso diplomate commeavit pro ad-
Unique, au Code de mutatione nominis (i) , milîi qualitate , gravislîmè puniendus est. L.iy.Js.
nous avons cru devoir y apporter cette ult. js. ad Leg. Cornel. de Fais. ,
modification particulière , que nous ne V. au surplus ce qui fera dit en traitant de la
Jurifdiction Militaire au sujet de ceux qui se disent
tolérons ces sortes de changemens qu'au
fauirement Soldats , & sont porteurs de faux con
tant que ceux dont on prend le nom ne gés, ou bien contre ces faux Soldats connus so«s
s'y opposent point , ou qu'il n'a point été le nom de paJJ'e-volans.
fait des défenses expresses par le Juge de V. encore ce qui fera dit fous le titre des Dé
lits de Police , au sujet des Faux-Sauniers St Con
continuer à prendre ce nom supposé ; parce trebandiers qui supposent de faux noms , & qui dé
que c'est une maxime constante dans ce guisent leurs noms & surnoms véritables , & de leur
Royaume , qu'il n'y a que le Prince seul Peine suivaut la Déclaration du iz Juin 172 1.
qui puisse permettre le changement de nom.
Ce qui fe fait par des Arrêts du Conseil ,
I V.
ou par des Lettres-Patentes duement en
registrées.
Mais la Supposition qui se fait le plus 4-Usiir-
(1) Sicut initio nominis, cognominis , pramomi- communément en cette matière , '& qui a noblesses6
nis , recognofcendi íìngulos impositio libéra est pri- aussi principalement donné lieu à la difpo- Leur Pei-
vatis : ità eorum mutatio inuoeentibus periculosa sition de nos Loix , c'est celle connue fous ne'
non est. Mutare itaque nomen , vel praenomen ,
sive cognomen sine aliqua fraude , licito jure , le nom d' Usurpation de Noblesse. II en est
si liber es , fecundùm ea , quaî sajpe statuta sunt , parlé sur tout dans Tait. Ilo de l'Ordon-
minime prohiberis : nullo ex hoc prœjudiciofuturo.
nance d'Orléans (i) , & dans l'art. 257 de
L. Unic. Cod. de mutatione nominis.
celle de Blois (2) , qui veulent que ceux
qui usurpent ainsi les nom & titres de no
I I I.
blesse, soient mulctés d'Amendes arbitraires
j.Cequî Ce n'est donc que lorsque ces fortes de par les Juges.
Crime en Suppositions font faites à mauvais desièin ,
cette ma- & qu'elles portent préjudice à des Tiers , ( i)Etoù aucuns usurperont faussement & contre
vérité les nom &c titres de noblesse, prendront ou
doitVn a^- comme fi des personnes prenoient publi porteront armoiries timbrées , ils feront par nos
Juges
DU FAUX , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 37-
Juges mulctés d'Amendes arbitraires , au paiement V»
d'icelles contraints par toutes voici. Okd. d'Or II a été rendu depuis ce temps- là plu- 7. Artri-
igans , art. il o.
fieurs autres Loix pour la punition &. la ^0°"^*
(i) Et à cette fin voulons être gardée l'Ordon- recherche des faux Nobles , notamment scneedece
nance faite fur la remontrance des Etats tenus à cellesdu3o Janvier 1703 , 16 Janvier 17 14, CoúTde*
Orléans contre ceux qui usurperont fatiilcmcnt , & 7 Octobre 1 7 1 7 , & enfin celle du 8 Octobre Aide*.
contre rérité , le nom & titre de Noblesse , pren
1727 , par laquelle la connoiíTance de ces
dront Je nom d'Ecuyer , ou porteront armoiries tim
brées , lesquels nous entendons être mulctés d'Amen sortes d'usurpations a été attribuée spéciale
des arbitraires par nos Juges , à la diligence & pour ment aux Cours des Aides. Nous aurons
suite de nos Procureurs , chacun eu son Siège. Ord. lieu de rapporter cette Loi en traitant de
dt Blors , art. 157.
cette Cour , & de fa compétence.

CHAPITRE QUATRIEME.

Du Faux dans les Choses de Commerce , ou du Faux commis dans les


Ouvrages d'Orfèvrerie , dans les Marques 6» Cachets des Fermes du Roi ,
dans les Marchandises 6* Denrées.

§. I. Du Faux dans les Ouvrages d'Orfèvrerie.

SOMMAIRES.

1 . Quid , a l'égard du Faux qui tombe fur 4. Abus de ces mêmes Poinçons en les
Us Monnoies. appliquant à dts Ouvrages de bas titre.
2. En quoi confijle le Faux dont il s agit Sa Peine suivant la Déclaration de
ici. 1739-
3. Falsification des Poinçons. Sa Peine 5. Quels Juges doivent connoître de ces
suivant la Déclaration de I724. Crimes.

i.Quid, Nous voulons parler principalement ici înstrumens d'Orfèvrerie dont il s'agit 1C1 , Faux iont
\_ 'p"" de cette efpece de Faux qui se commet se commet de deux manières , qui font mar- î1 . s aSlt
du Ki
qui tombe en falsifiant ou altérant des matières d'or quéespar les Déclarations du 4 Janvier I724,
Monnoies ^ ^'argent destinées à être vendues , & & par celle du 19 Avril 1739.
en leur appliquant de faux Poinçons &
V. ces Lois rapp. fous les deux Max.suiv.
instfumens d'Orfèvrerie. Pour les falsifi
cations & altérations qui se commettent I I L
dans les Monnoies , nous en avons parlé
d'avance fous le titre des Crimes de Lefe- La première , lorsqu'on calque , contre- 7. Faisi-
Majesté au second Chef, où nous avons tire ou contrefait les véritables Poinçons de^Poin-
vu d'après les Loix du Royaume , & no qui ont été établis clans les Villes où çons. Sa
tamment l'Edit de Février 1726 , qu'il y il y a Jurande , pour assurer le titre j^k^'s
avoit peine de Mort portée , non-feulement des ouvrages d'or £c d'argent. II y a cWation
contre ceux qui contrefaifoient ou alté- peine de Mort prononcée dans ce cas par de '7*4'
roient les espèces ayant cours , & ceux qui ì'article premier de la Déclaration de Jan
contribuoient sciemment à l'expoíìtion des vier 17 24 (1) , fur le fondement , Comme
espèces contrefaites ; mais encore contre il est dit dans le Préambule , que le Poin
les Ouvriers travaillans en fer ? qui fabri- çon est en quelque forte le garant envers
quoient des ustensiles , machines , balan les Sujets du Roi , de la bonté intérieure
ciers & outils fervans aux Monnoies , & & du titre des ouvrages d'or & d'argent
dont l'ufage ne leur étoit point connu , quí se répandent dans le Royaume.
à moins qu'ils n'en aient permission par écrit
des Officiers de laMonnoie, comme aussi
(1 ) Louis, &c. Les r ois nos Prédécesseurs ont
contre les Graveurs & autres qui ont gravé
voulu que le Crime de Faux fût puni de mort ,
des Poinçons , Quarrés , &. autres pieces & ils ont toujours porté une attention particulière
propres à la fabrication des Monnoies , fans à régler , par leurs Ordonnances , une bonne Po
permission des Officiers de la Monnoie. lice fur le fait des ouvrages d'or & d'argent qui
se fabriquent dans notre Royaume. Ils ónt établi
I I. des Maîtres & Gardes des Marchands Orfèvres
2. En quoi Le Faux concernant les Poinçons Sc dans toutes les Villes où il y a Jurande , pour
consista le
M m
274 LES L0IX CRIMINELLES, Liv.Hï. Tit.V.
veiller à ce que ces ouvrages fussent au degré de
bonté , par les épreuves à la coupelle de chacune IV.
Îiiece d'or ou d'argent qui se fabriquent , particu-
iérement dans notre bonne Ville de Paris , le "L'autre manière de commettre ce Faux 4- Abus
Poinçon appellé de la Maison Commune ne s'ap- efl. lorsqu'on abuse des Poinçons véritables JJ^prft
pliquant que fur les matières qui se trouvent au • ^ U és sur des ouvrages & çons en
titre & dans les remèdes prescrits par les Ordon- ^ . . *T ? , . ° \es ^ppi^
nances lorsque les ouvrages ne se trouvent pas matières qm etoient de titre , comme en f,-
avoir le degré deperfection, les Maîtres & Gardes, les coupant , en les entant, soudant, ou desouvr*.
après en avoir fait Pestai à leurs Maisons Com- appliquant fur d'autres ouvrages à bas titre, fj"e ^
munes, les coupent & les déforment, en forte que qUe ]'on vend & débite comme étant au Peine sui-
c'est ce Poinçon qui établit la foi publique , & qui dtse mis ks Ordonnances , & fans
est le garant de la bonté intérieure des matières. ,., r . _ \F, . ■ rr i n ««ration
Une Police si sagement établie nous oblige , pour lls *en* ét.é, P°"eS m efs*yésTt aux B"" de «739.
rintérêt de nos Sujets , & de ceux des Princes & reaux des Maisons Communes. II y a aussi
Etats qui commercent dans notre Royaume, non- peine de Mort dans tous ces cas , suivant
seulement de la maintenir , mais encore d'ajouter l'art. premier de la Déclaration du Io Avril
de nouvelles précautions pour prévenir lès abus j (I) - veut en QUtre cette peine
qui pourront s introduire ínr cette matière, en .m- scit écédJe de l'Amende honorable aux
poíant contre ceux ou celles qui seront convaincus v wvvw^*. . . , 1, .7" „ . .
d'avoir contrefait , en quelque manière que ce portes de la principale Eglise & de la
soit, tant le Poinçon de Paris, que celui des autres Jurisdiction du lieu où la fausseté aura été
Villes de notre Royaume, ensemble ceux de charge découverte
ou décharge , 6c ceux des mêmes ouvrages ou ca
chets de nos Fermiers , ou de s'être saisis desdits ■■-
Poinçons ou Cachetscontrefaits,& en avoir marqué (,) JLoulS , &c. Les Rois nos Prédécesseurs onf
les ouvrages, les mêmes Peines prononcées par nos toujours porté une attention particulière à établir ,.
Ordonnances contre les Faux Monnoyeurs , & ré- par leurs Ordonnances , une règle certaine fur le
gler par qui & en quelle Jurisdiction les poursuites Ëût des ouvrages d'or & d'argent qui se fabriquent
doivent être faites pour la punition du Crime , dans notre Royaume , pour assurer le titre desiiits
lorsqu'il se trouvera découvert par les Maîtres & ouvrages , & ont à cet effet établi des Maîtres 6c
Gardes de l'Orfévrerie , & par les Fermiers de nos Gardes Orfèvres dans toutes les Villes où il y a
droits. A cts CAUSts , &c. Art. I. Que ceux ou Jurande , lesquels sont chargés dTun Poinçon par
celles qui calqueront,contretireront, ou autrement ticulier appellé le Poinçon de Maison Commune
contreferont le Poinçon de Paris , celiri de Lyon, 6c ou de Contre-Marque , qu'ils n'appliquent fur les
le Poinçon des autres Villes de notre Royaume dans différens ouvrages d'or & d'argent , faits parles
lesquelles il y a Jurande, ou les Poinçons de nos Fer- Maîtres de leur Communauté , qu'après en avoir
miers,ou qui s'en serviront pour une fausse marque, fait l'essai , & lorsque tous ces ouvrages se trouvent
soient condamnés à faire Amende honorable aux au titre prescrit parles Ordonnances; en sorte que
portes de la principale Eglise & de la Jurisdiction ce Poinçon étabíit la foi publique , & est en quel-
du lieu où la fausseté aura été découverte j & à être que façon , envers nos Sujets , garant de la bonté
Îiendus & étranglés. . . Art. II. Pour prévenir intérieure & du titre des ouvrages qui sont ré-
es surprises qui pourroientêtre faites aux Fermiers parrdus dans le Public. C'est ce qui nous a obligés
de nos droits à l'égard du Poinçon de Paris, Lyon, pour l'intérêt de nos Sujets , & ceux des Princes
& autres Villes de notre Royaume , voulons qu'à & Etats qui commercent dans notre Royaume ,
Pavenir , à compter du jour de la publication des d'assurer d'autant plus cette confiance publique ,
Présentes , tous les ouvrages d'or & d'argent qui en prévenant les abus qui pourroient s'introduire
seront portés au Bureau de notre Fermier pour y fur cette matière, & d'imposer contre ceux ou celles
être marqués du Poinçon de décharge , soient en- qui se trouveroient convaincus d'avoir calqué ,
tiérement finis , achevés & polis , à peine de con- contretiré ou autrement contrefait , en quelque
siscation & de cent livres d'amende pour chacurie manière que ce soit , les Poinçons de contre-mar-
{>iece... Art. III. Voulons pareillement que lorsque que de Paris & des autres Villes de notre Royaume,
e Poinçon de la Maison Commune , &C celiri du les mêmes Peines prononcées par nos Ordonnances
Fermier de nos droits , se trouveront contrefaits , contre les Faux Monnoyeurs ; & par notre Décla-
& que le Procès-Verbal de la fausseté en aura été ration du 4 Janvier 1714 , Nous avons ordonné
dressé par les Commis du Fermier , dans la forme que tous ceux qui se trouveroient convaincus d'a*
preferitepar l'Ordonnance du moisde Juillet 168 1 , voir calqué , contretiré , ou autrement contrefait
aux titres des droits de la Marque fur l'or & fur lesditsPoinçons, seroient condamnés à faire Amen-
l'argent , la connoissance en appartienne en pre- de honorable , & seroient punis de mort. Mais
miere instance aux Officiers des Elections , & par étant informé qu'il s'étoit introduit depuis quelque
appel à nos Cours des Aides ; & s'il ne se trouve temps un autre abus d'autant plus dangereux, qu'il
falsifié que le Poinçon de la Maison Commune , est plus difficile à découvrir , & que différens Par-
ou que les Maîtres & Gardes de l'Orfévrerie , ou ticujiers abusent des Poinçons véritables qui ont été
les Officiers des Monnoies aient fait la saisie sans appliqués fur des ouvrages ou matières qui étoient
le secours des Commis de la Ferme , voulons que au titre , en les coupant desdits ouvrages , & les
la connoissance de la fausseté appartienne & soit entant , soudant , ou appliquant sur d'autres ou-
poursuivie & jugée en nos Cours des Monnoies... vragesà bas titre , qu'ils vendent &C débitent com-
Art. IV. Voulons au surplus que les Ordonnances, me étant au titre prescrit par nos Ordonnances ,
Edits, Réglemens& Arrêts concernant tes matières quoiqu'ils n'aient point été portés ni essayés au
d'or & d'argent , 8c la perception de nos droits Bureau des Maisons Communes ce qui répand
fur toutes matières , soient exécutés en ce qu'ils ne dans le Public une infinité d'ouvrages défectueux &
se trouveront contraires à ces présentes. Si donnons à bas titre , & peut porter un préjudice considé-
en Mandement , &c. Decl. du 4, Janvier 17x4. rable , non-seulement aux particuliers qui les ache-
regist. en la Cour des Monnoies. tent , mais encore aux Maîtres & Gardes des. Qrf&
DU FAUX , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 27?
Vrcs qui sont responsables du titre des ouvrages ,crite par nos Ordonnances , aux Greffes de nos
fur lesquels le Poinçon de contre-marque eíì applí- Cours des Monnoies , ou des Juges y ressortissans ,
qué , & aux Directeurs de nos Monnoies qui sont auxquels la connoissance de ce Faux appartient ,
trompés fur le titre & le prix qu'ils paient desdits pour y être poursuivis & jugés conformément à
ouvrages par le Poinçon dont ils paroiffent mar- ces Présentes... Art. III. Voulons au surplus que
qués ; & ce Crime étant une nouvelle espece de les Ordonnances , Edits & Déclarations , Arrêts &c
Faux d'autant plus punissable , qu'il est plus réflé- Réglemens concernant les matières d'or & d'ar-
chi& plus couvert par l'apparence du vrai, & que gent, & les Poinçons qui doivent être appliqués
ceux qui le commettent se voient à l'abri des Pei- dessus , soient exécutés en ce qu'ils ne se trouve*
nés qu'ils méritent , parce que nos Ordonnances ront contraires aux Présentes. Si donnons en Man-
& celles de tous nos Prédécesseurs ne l'ont pas dément, &c. DÉCL.du 19 Avril 1739- ngft- cn
prévu, & n'ont pas prononcé nommément con- la Cour des Monnoies.
tr'eux , nous avons jugé qu'il étoit important de r
punir ces abus , & d'en arrêter le cours , en impo- »•
fant contre tous ceux ou celles qui se trouveront . . r .
convaincus d'avoir abusé , en quelque manière que L on vient de voir, d âpres les dispositions j. Qatít
ce soit , des Poinçons de contre-marque de Paris de ces deux Loix , qu'elles n'ont fait l'une yJ^Sç™2
& des autres Villes de notre Royaume dans les- & l'autre que confirmer celles des anciennes nohre dé
quelles il y a Jurande & les avoir entés , soudés , Ordonnances & Réglemens concernant les «• CrH
ajoutes ou appliques fur des ouvrages d or ou d ar- 1, c 1, °. _ « , ■ m*î«
gent qui n'auront point été marqués , essayés , & mar?ueS d °r & d arSent » & ^ perception
marqués dans les Bureaux des Maisons Commu- des dr01ts sur ces matières : en forte que le
nés , les mêmes Peines que nous avons prononcées seul changement qu'elles aient apporté à
par notre Déclaration du 4 Janvier 1714 contre ces premières Loix , c'est à l'égard de la
ceux qui calqueront , contretireront , ou autrement Compétence des Juges qui doivent connoître
contreferont lesdits Poinçons , de quelque mamere . f & f £ F
que ce soit. A ces CAUSts , &c. Art. L Que tous Ge, ,un K / aUtre sle, c" r a,UX ' . 51 ,ce
ceux ou celles qui abusent , en quelque manière Çu e.Ues veulent que , lorsque la saisie des
que ce soit , des Poinçons de contre-marque de matières d'or & d'argent fur lesquelles ces
Paris & des autres Villes de notre Royaume dans Faux ont été commis , se trouve avoir été
lesquelles il y a Jurande , & qui les enteront , faite par les Commis des Fermes du Roi,
souderont,ajouterontouappliquerontsurdesou- laconnoissance de ces feux , ainsi que les
vrages d or ou d areent qui n auront point ete por- „ , ,r . 1 , . 71
tés, essayés & marqués dans les Bureaux de Mai- Proces-Verbaux qui en ont été dresses ,
sons Communes, soient condamnés à faire Amende soit alors portée au Greffe de I'Election ,
honorable aux portes desEglisesôc de laJurisdiction pour y être poursuivie & jugée en pre-
du lieu où la fausseté aura été découverte , & à être miere instance , par appel en la Cour des
punis de mort... Art. II Voulons à cet effet que Aides le tQUt suiyant h forme prercrite par
tous les ouvrages d or & d argent fur lesquels les- , , ,a F , . r ,
ditsPoinçonssetrouverontentés,foudés,ajoutés, 1 Ordonnance de l68l. Tit. des droits de
ou appliqués , en quelque manière que ce soit, marque fur l'or ô rargent. Au heu que
soient saisis & enlevés chez tous les Orfèvres de si la saisie a été faite par les Maîtres &
Paris & des autres Villes de notre Royaume , par Gardes des Orfèvres , fans le secours des
tous les autres Jurés, Officiers ou Préposés ayant Commis de la Ferme , la connoissance
droit de taire visite chez lesdits Orfèvres ou autres , • r • » 7T • ^
ouvriers , pour être par eux portés , dans les vingt- doit > siuyant. Ces mem« L^ > appartenir
quatre heures après la saisie , avec les Procès-Ver- en ce dernier cas à la Cour des Mon-
baux qu'ils en auront dressés dans la forme pref- noies.

§. II. Du Faux dans les Marques 6* Cachets des Fermiers des Droits
du Roi.

SOMMAIRES.

i. Peines portées par les anciennes Ordon- z. Tempérées par nos dernieres Loix,
nonces contre ce Crime.

L
i.Peïnei Suivant un Edit de Charles IX, donné notamment par rOrdonnance de Juillet no» <íer«
pafiMSan- à Avignon , le 14 Octobre 1564 , tous 1681 (1) , & encore plus particulièrement g£s
ciennes ceux qui font convaincus d'avoir falsifié par la Déclaration du 18 Octobre I720 (2),
Ordon" ou contrefait les marques du Roi qui font rendue contre les vendeurs de faux Tabac ,
nances
contre ce mises fur les pìeces de drap d'or & d'ar- suivant laquelle ceux qui ont contrefait
Crime. gent ? ou çQie ? doivent être punis ou faussement apposé les Marques & Ca-
comme FauxMonnoyeurs. chets , tant des Fermiers des Droits du
j j Roi , que des Fabriquans de Tabac dont
í'empreinte aura été mise aux Greffes des
s. Tem- Mais il paroît que la rigueur de cet lieux , doivent être condamnés , pour la
péréespar Edit a été tempérée par nos dernieres Loix, première fois , à l'Araende de mille livres,
Mm z
îj6 LES LOIX CRI MIN ELLES, Liv. III. Tit. V.
& à faire Amende honorable aux portes (1) Voulons que ceux qui auront contrefait , ou
faussement apposé les Marques & Cachets , tant
de la principale Eglise & de la Jurisdic-
du Fermier de nos droits , que des Fabriquans de
tion , & aux Galères pour cinq ans ; & , Tabacs , dont l'empreinte aura été mise aux Greffes
en cas de récidive , aux Galères perpé des lieux , soient condamnés , pour la première fois,
tuelles (2). à rAmende de mille livres , & faire Amende hono
rable aux portes de la principale Eglise & de la Jii-
(1) V. rOrdonnance des Fermes , du mois de risdiction , & aux Galères pour cinq ans } & , en
Juillet 1681 , tit. des droits de Marque fur l'or Ót cas de récidive , aux Galères à perpétuité. DÉct.
fur l'argent , art. 10. du mois £03obrt 1720. art. 43.

§. III. Du Faux dans les Marchandises & Denrées.

SOMMAIRES.

1 . Quid , dufaux Sel , & du faux Tabac. 3. Comment il se punit.


2. En quoi confifie le Faux dont on veut 4. Faux Commis par les Koituriers en fait
parler ici. de Vin. Sa teine.
I . :

dufauítSei N^ous ne parlons ici que des Marchan- de préjudice qu'ils peuvent causer , ou qu'ils
& du faux dises & Denrées qui font dans le Com- ont causé en effet dans le Public , ou sui
Tabac. merce , & non de celles de Contrebrande ,
vant les récidives. Telle est aussi la règle
comme le faux Tabac & le faux Sel , qui se trouve prescrite par les Loix d'Alle
dont nous aurons lieu de parler , en traitant magne (I}.
des Délits de Police auxquels ils se rap
(1) Celui qui par malice , & avec danger, falsifie
portent principalement. les Mesures , Poids , Epiceries ou autres Marchandi
ses , & s'en sert & les débite pour légitimes , fera re
I I. gardé comme criminel, banni du pays, après avoir été
fustigé, & subi d'autres Peines , suivant l'exigence des
a.Enquoì Les Marchandises & Denrées íùr lef- cas. Cette falsification pourroit avoir été pratiquée
Faíx doit *îuelles tombe le Faux dont ú est ici assez souvent , & avec assez de malice , pour que
le Coupable méritât la peine de Mort sur l'avis
•ìs'agitici. question , font principalement celles qui des Gens de Loi , ainsi qu'il fera marqué à la fia
font relatives à la nourriture & à la boisson , de cette Ordonnance. Caroline , art. 113.
& par conséquent nous comprenons dans
ce Faux toutes les fraudes qui se com IV.
mettent par les Marchands de Vin , par
Nous nous contenterons seulement d'ob- *A. Faut;
les Boulangers , Meuniers , & Bouchers ,
server ici , relativement au Faux qui se co«nmi$
lorsqu'ils vendent du pain , vin , ou viande ,
commet dans le Vin , qu'il y en a d'une Voituriê«
qu'ils ont dénaturés , en y mettant des
eípece particulière contre laquelle les eiî de
matières étrangères & nuisibles à la santé. Arrêts ont toujours sévi avec le plus de PeTne.Sa
II en faut dire de même , & à plus
rigueur ; c'est celle qui se commet par les
forte raison , des Epiciers & Apothicaires
Charretiers qui fraudent & gâtent le Vin
qui falsifient des drogues de Médecine en
qu'ils font chargés de conduire. II y en a
y mettant des choses qui, non - seulement
un entr'autres rapporté pár Mornac (I) , qui
peuvent nuire à la santé , mais à la vie
condamne le Charretier au Fouet dans les
même.
carrefours de la Ville , & à une Amende.
III.
L'' Arréûfte observe qu'il fut déclaré par le
3. Com- II y a íùr tout cela des Réglemens de Premier-Président , lors de ce même Arrêt,
punk.*1 se P°uce tîue nous aurons lieu de rapporter que désormais tous les Voituriers qui tom-
fous le dernier Titre de cette iere Partie , beroient dans ce même cas , seroient punis
& par lesquels il paroît que ces sortes de la Potence.
de Faux font punis avec plus ou moins
(i) V. Mornac , L. L. 27. Si cum to qui Vinum
de rigueur , suivant le degré de malice ou spurcavtrit , ff. ad Leg. Aquil.

1^
DU FAUX , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 277

§, IV. Des faux Poids & Mesures.

SOMMAIRES.

1. Enormité de ce Crime suivant l'Ecri 3. Quid , en fait de fabrication de faux


ture-Sainte. Poids & Mesures.
2. Diflingue en deux espèces quant à la 4. Quid , en fait de vente a faux Poids &
. Peine. Mesures.
I.
1. Enor- Jl est parlé de ce Faux dans l'Ecriture- n'est pas qu'il ne se trouve plusieurs cas
Crímesui- Sainte comme d'un Crime abominable aux où ces sortes de fraudes peuvent donner
▼ant l'E- yeux de Dieu. lieu à la Procédure extraordinaire , & être
criture- N
Sainte. Pondus 8t Pondus , Mensura &Mensura : utrum- punies de Peines afflictives & même cor
que abominabile est apud Deum. Devt. 25. & porelles ; comme lorsqu'il y a plusieurs
Prov. 20. récidives , ou que ce Faux se commet sur
IL de certaines denrées d'un usage journalier,
telles que le Pain. Nous avons là-desius deux
2. Dis- Nous distinguons , quant à la Peine ,
tmgué en deux sortes de Faux qui se commettent en Arrêts remarquables , l'un rapporté par
P A P O N ( 1 ) , qui condamne au Bannis
ces quant cette matière ; celui qui se fait par la fa-
à la Peine, brication de faux Poids & Mesures , & sement un Boulanger, pour avoir vendu
une seconde fois du pain de moindre poids
celui qui se fait par la vente à faux Poids
qu'il ne devoit l'être ; l'autre , rapporté au
& Mesures.
JOURNAL des Audiences , (2) , qui condamne
à la même Peine un Meunier , pour s'être
I.Quid, Quant à la fabrication de faux Poids servi d'une Mesure plus grande que l'Eta-
fabrica-de ^ Mesures , elle doit être punie , fans con- lon. On appelle Etalon la marque qui se
tion de tredit , de la peine du Faux ( 1 ) . Cette Peine, fait aux armes du Roi , & des Villes &
&UXMesuS furvant *es Eoix Romaines , étoit celle lieux où les Denrées & Marchandises se
res. de la Rélégation dans une Isle (2). Nous ve débitent. II en est parlé dans nos anciennes
nons de voir que cette disposition a été Ordonnances , notamment dans celle de
suivie parla CAROLINE , qui veut même que Henri III , en 1577 (3). II est aussi parlé
cette Peine puisse aller jusqu'à la capitale , dans l'Ordonnance de François I , à Evreux ,
suivant l'exigence des cas , & notamment en Avril 1 540 (4) , d'une autre espece
s'il y a récidive. Telle est aussi la règle de Faux qui se commet en fait d' Aunage
que nous suivons dans notre Jurisprudence , des Marchandises. II y a Peine , suivant
d'après la disposition de l'Edit de' 1680 , cette Loi , contre ceux qui se servent d'une
qui laisse aux Juges la liberté de prononcer Aune autre que celle marquée aux armes
cette derniere Peine , suivant l'exigence du Roi & des Communautés : sçavoir ,
des cas , pour les Faux qui se commettent contre les Seigneurs , de la Privation de
hors les fonctions publiques. leur droit d'Aunage , & même de leur
Jurifdiction ; & contre les Courtiers &
( 1) Oneransannonametiam staterae adultérins qui-
bus D. Trajanus Edictum proposiiit, quo Edicto Pœ- Auneurs , de Privation de leur état , &
nam Legis Corneliae in eos statuit. L. 6. Js. i.Js. de punition corporelle ; 6c enfín contre les
txtraord. \ Crimin. Marchands vendans ou achetans , de Con
(i)Decreto Divi Adriani prajceptum est in insulam
fiscation des Marchandises.
eos relegari qui Pondéra aut Menfuras falsasscnt.
L. 6. Js. \.ff. de extraord. crimin. L. 32. Js. I. Js. ad
Leg. Cornet, de Fais. (1) V. Papon , en ses Arr. liv. 6. n. 7.
I V. (2) V. Journal des Aud. tom. 7.
(3) Et pour obvier aux faux poids & aux fausses
4. Quid, 2°. A l'égard du Faux qui sè commet Mesures, nous mandons à tous nosdits Baillifs ÔC
Sénéchaux faire faire les Poids & Mesures Estq-
verne 1 à* Par *a VetltC * fUUX P°^S & Mesures , lonne's & marqués à notre marque , auxquels fe
faux Poids nous aurons lieu , en traitant des Délits ront pesés & mesurés lcsdits charges , fepticrs ou
tk Mesu- p0iice ^ Je remarquer les différens dé tonneaux , ainsi qu'il fera commode à ceux qui
res. feront lesdits transports , & plus expédient , pour
grés de Peine auxquels cette espèce de Faux
empêcher les fautes ou abus qui s'y pourroient com
peut donner lieu , suivant les Réglemens mettre. Ord. de Henri III , a Blois , en 1577.
faits à ce sujet. Nous observons seulement rapp. par Guenois , liv. 4. tit. XI. art. iz.
ici en général , que la Peine la plus ordi (4) Désirant toutes fraudes , fautes , abus & mal
naire en ce dernier cas , est celle de l'A- versations cesser , & être corrigées de notre temps,
mende pécuniaire qui se prononce par les & entre nos Sujets être gardée équité , foi & loyauté,
obvier & extirper tous Procès & différends qui ad-
Lieutenans Généraux de Police , fans l'ap- viennent & font advenus par ci-devant , au moyen
pareil d'une Procédure extraordinaire. Ce des fraudes , abus &c larcins faits fur le fait des
i78 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. III. Tit. VI.
- . . i ■ /■ 11 i o_ ordon
i j>a..i
d'Aulnage j_ privation , tant
, de »„_» dudit droit
.1-,,: que de
Aulnes & Aulnagts , disons , déclarons &
nons , voulons & nous plaît qu'une feule forme leurs Juriídictions ; & à tous Courtiers & Aulneurs
d'Aulner soit établie & ordonnée en notre Royau de privation de leurs états & offices , de punition
me , Pays & Seigneuries , qui aura de longueur trois corporelle , & d'Amende arbitraire : & aux Mar
Eieds sept pouces ÔC huit lignes , le tout à toise... chands , vendans & achetans , de confiscation des
efquelles Aulnes seront marquées à nos armes ; Denrées & Marchandises qui feroient par eux ache
& à chacun des bouts & coins , de nofdites Villes , tées & vendues, autrement qu'à ladite Aulne &
citez, lieues, & places nuëment nous appartenans, forme d'Aulner , en abolissant tous autres noms 8c
& ès autres des armoiries desdits Princes , Prélats , dénominations, & toutes autres quantités & Mesures
Ducs , Barons , Chatellains , & autres ayant droit pour le regard dudit Aulnage, fous les Peines devant
d'Aulnage , fans qu'il en puisse être autrement usé , dites. Ord. de François I. à Evreux en Avril
deux mois après la publication de ces Présentes , fur 1540. art. I. & 3. V. GVBNOIS , liv. 4. tit. XXT.
peine , c'est à fcavoir auxdits Ducs , Prélats , Com p. 667. & fuiy.
tes , Barons , Villes , Citez , & autres ayant droit

TITRE SIXIEME-

Des Crimes qui frappent principalement fur les Biens ; ou du Vol , & de

fes différentes Espèces,

SOMMAIRES.

1. Origine de ce Crime. 5. Causes qui servent a excuser ce Crime.


2. Sa définition. 6. Consentement présume de la personne
3. Pensée seule ne suffit pas pour leformer, volée.
ni le repentir pour rexpier. 7. Quentend-on par vol d'usage ?
4. Ne tombe proprement que sur les choses 8. Division du Vol en simple & qualifié,
mobiliaires. Quid , des immeubles. 1

1. On DE P U I S la distinction des Domaines Crime , il fàut , comme l'on voit, le con- p*


line de ce ( íuite nécessaire des passions auxquelles cours de plusieurs conditions essentielles : P^'j
les hommes íòntíùjets ) il n'aplus été permis , i°, qu'il y ait une soustraction ou enlève- u repentir
comme l'on íçait, de s'emparer du bien d'au- ment , contredatio. Ce qui suppose néces- p?«r Va"
sairement deux choses il'une que ce Crime ne pier"
trui contre son gré , sens aucun titre , & par
simple voie de fait; ou plutôt on n'a pu le faire se forme pas seulement par la pensée (1) ou
dès-lors fans commettre un Crime , & un par le simple effort pour le commettre (2) ,
Crime digne de punition exemplaire , com fùr quoi il faut excepter certains Vols qua
me étant contraire à Tordre de la société , lifiés , tels que ceux faits avec effraclion ,
en même-temps qu'il suppose une bassesse de ou les Vols de grand chemin , dans les
cœur & un esprit de fainéantise de la part de quels la simple aggression peut suffire pour
celui qui s'en rend coupable. Aussi voit-on rendre coupables de ce Crime , & en
qu'il est défendu & puni généralement dans faire subir la Peine. II faut aussi excepter
toutes les Nations. les Vols qui se commettent par complicité ,
dont nous parlerons dans un moment. Mais
I I. aussi dès qu'une fois le Vol se trouve con
s. Sa dé Le Vol est défini par les Loix , une sous sommé par la soustraction ou enlèvement ,
finition. traction ou abus frauduleux que l'on fait le Repentir & la restitution qu'en feroit le
de la chose d'autrui , en se l'appropriant coupable ne fùffiroient point pour le mettre
contre son gré ; ou même en le privant à couvert de la poursuite & des Peines
de l'usage & de la possession qui lui en que la Loi y a attachées (3). L'autre, que ce
appartient , pour en faire son profit parti Crime se faisant par l'enlévement , ne doit
culier , contre la prohibition du Droit des par conséquent frapper que sur des choses
Gens. mobiliaires t & non íùr des immeubles qui
ne font point traníportables d'un lieu à un
^ Furtum est contrectatio rei fraudulosa , lucri fa-
autre (4). Le Vol qui se commet à Tégard
ciendi gratiâ , vel ipfíus rei vel etiam usûs ejus poifef-
íîonifvc , quod Lege naturali prohibitum est admit- de ceux-ci n'est connu proprement que sous
tere. L. i.ff. de Furtis. les noms d'usurpation , d'invasion , ou drin-
trufion. Aussi donne-t-il lieu à des actions
III.
particulières qu'on appelle, en termes d'Or
3. Pensée Ainsi , pour que le Vol puisse former un donnance , Complainte ou Réinté grande ,
seule ne
DU VOL, ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 279
& qui peuvent dégénérer aussi en pour- (1) Ita tamen competit haec actio si doío malo-
quis rapuerit , nam qui aliquo errore ductus rem suain
fuites criminelles , comme lorsque cette
esse existimans & hnprudens juris , eo animo rapue
usurpation íè fait à force ouverte , ou par rit , quasi Domino iiceat etiam per vim reni suant
rébellion à Justice (5). Nous en avons donné offerre à possessoribus , absolvi débet : cui scilicef
des exemples en traitant des Usurpations conveniens est nec Furti teneri eum qui eodcm hoá
animo rapiat. Instit. Js. l. de vi bonor. Rapt.
de biens d'Eglise. Nous aurons lieu d'en
(2.) Aliquando autem etiam suae rei Furtum quis
parler encore plus particulièrement en trai committit : veluti si debitor rem quam creditorí
tant des Injures réelles , ou voies de fait. pignoris causâ dédit , substraxerit. Instit. Js. 10.
de oblig. quœ tx delicl. nasc.
(1) Inde sola cogitatio Furti faciendi non facit (3) In summa sciendum est quaesitum esse , ar»
Furem. L. 1. Js. i.js. de Furtis. impubes rem alienam amovendo , Furtum faciat ?
(z) Neque verbo , neque scripturâ qui Furtum & placuit , quia Furtum ex affectuFurandi consistic
facit hoc enim jure utimur ut Furtum sine contrecta- ita demum obligari eo crimine impuberem , si proxi-
tioae non fiat quare & opem ferre , vel consiliutn mus pubertati sit & ob id intelligat le dclinquere.
dare , tune nocetcùm secuta contrectatio est. L. 51. Instit. Js. 18. de oblig. quœ ex defiel. nasc.
Js. ie>. Js. de Furt.
(3) Quiea mente alienum quid contrectavit , ut (4) Difcipulos cùmper segetes transeundo velse-
lucri faceret , tametsi mutato consilio id postea Do rent spicas & ederent , ipfîus Christi vos innocentes
vocat , quia coacti famé hoc fecerunt. Can. z6. de
mino reddidit , Fur est ; nemo enim tali peccato pœ-
nitentia sua nocens esse desiit. L. 6$.Js. de Furtis. Consecr. dijl. 5.
(4) ... Furtum ab auserendo Instit. Js.x. de oblig. (5) ... Si quis propter neceslìtatem famis , aut nu-
quœ ex delicl. nascunt. . . Verum & quod plerique ditatus furatus fuerit cibaria , vestem , vcl pecus ,
probant fundi furti agi non posse. L. 15.fi'. de Furt... pœniteat hebdomadas tres : & si reddiderit , non
Unde quaeritur si quis de fundo vi dejectus sit aut cogatur jejunare. Cap. 3. Extr. de Furt. . . . Quod
condici possit quemadmodum potest remobili sub- enim non est licitum in Lege , nécessitas facit li-
repta. §. Ibid. citum. Nam & Sabbatum custodiri praeceptum est :
(5) Celui qui aura été dépossédé par violence ou Macchabaei tamen sine culpa sua in Sabbato pug-
voie de fait , pourra demander la réintégrande par nabant. Sic & hodie si quis jejunium aegrotus reus
action Civile & ordinaire, ou extraordinairement par voti non habetur. Cap. 4. Extr. de Regul. Jur. ibid,
action Criminelle j & s'il a choisi l'une de ces deux Voye\ Masuer , tit. des Peines. Voye\ auflì la
actions, il ne pourra se servir de l'autre , si ce n'est Caroline qui porte , art. 166: Si quelqu'un , pressé
qu'en prononçant sur l'extraordinaire , on lui eût par une véritable famine , que lui , fa femme & ses
réservé faction civile. Ord. de 1667. tit. 18. art. 1. enfans pourroient souffrir , veuoit à voler des nourri
tures , & que le Vol fût considérable & connu , les
I V. Juges , comme il vient d'être dit , consulteront sur ce
qu'ils auront à statuer.JLín tel Voleur , quoique re
2°. Nous avons dit en second lieu qu'il lâché fans punition , n'aura aucun recours contre
%. Netom- l'Accusateur pour raison de ses poursuites.
te propre- falloit , pour former ce Crime , que la
ment
furies jj£ soustraction fut frauduleuse : d'où il fuit
ses mobi qu'on ne peut regarder comme coupable V,
liaires.
de Vol celui qui ne l'auroit commis que
par erreur, croyant que la chose lui appar- 3". Nous avons ajouté , pour la troisième ^,Caof«»
tenoit (1) , & qu'au contraire on doit ré- condition du Vol , que la soustraction de- qui scr-
putertel , celui qui s'empareroit de fa propre voit être faite contre le gré de celui à^36^
chose , qu'il auroit mise en gage entre les qui la chose appartient : car si celui-ci en Crhae.
mains d'autrui (2). II fuit encore de ce qu'il avoit connoíssance , & qu'il ne réclamât
faut du dol & de la malice pour pouvoir .point (1) , ce feroít alors le cas de la maxime
commettre ce Crime , que les insensés ou Scienti ô volenti nulla fit injuria. II en
furieux, de même que les enfans qui n'ont feroit de même , si la résistance qu'il vou-
pas encore atteint l'âge où l'on puisse dif droit opposer à cette soustraction n'étoít
cerner le bien & le mal , ne peuvent être pas raisonnable , comme s'il ne s'agisioit
réputés coupables de ce Crime. (3) II fuit que d'une chose extrêmement modique ,
enfin de ce que , pour former ce Crime , ou qu'il auroit lui-même précédemment
il faut , de la part de celui qui le commet , abandonnée (2). A quoi Ton peut ajouter
une intention mauvaise , que si le Vol n'est le cas de la nécessité extrême dont on vient
fait que par nécessité , comme lorsqu'étant de parler.
pressé par une faim extrême , l'on vole du
pain ou autre chose commestible , l'on (1) Sed etíi credat aliquís ínvíto Domino se rem
n'est point dans le cas d'être puni comme commodatam íibi contrectare Domino autem vo-
Voleur ; telle est à cet égard la disposition du Ienteid fiat dicitur Furtum non fieri. Instit. Js. %r
de oblig. quee ex de/iâ. nasc.
Droit Canonique (4). Cependant il faut
(1) Si quis fpontè rem jecit vel jactavit quasi pra
convenir que cela n'empêcheroit point la
derelicto habiturus , tuque hanc rem tuleris an Furti
poursuite en Justice , à cause du trouble tenearis Celsiis. Lit. 11. digtst. Quœrit & ait :„fi
extérieur de Tordre public qui ne permet quidem ptitafti pro derelicto habitam , non teneris :
point les voies de fait ; ne fût-ce que pour quod si non putasti hic cfubitare posse ait, at tamer*
magis deffendit non teneri quia inquit res non iuter-
constater la réalité du besoin qui a déter vertitur ei qur eam fpontè rejecit» L. 43- Js. 10. js*
miné le Vol de Furtis.
2&r LES LÚÌX CKÍMÌN ELLES, L*v. Ils. Tìt. VI.
crenam invitaturus , & id peregrè scctrm tuterit , aut
; ; V I. li quis çquuirì gestandi causa commodatum sibi íon-
gius aliquo duxerit j quod veteres fcripserunt de
6. Con- 4d. Enfin nous avons dit que le Vol ne eó , qui in' aciem equum pérduxifset. Instit. L. 4.
Js. 6. de obtig. quœ ex delicl. nase.
présume0' se commettoit pas seulement par la souf- . . . Aíiquaudo autem etiam sua rei Fnrtnin quis
d- b per- traction ; mais encore par l'abus que l'on committit : veluti si débiter rem quam credilori
sonne vo- feroit ^e ja onofe d'autrui , en le privant pignoris causa dédit , fubstraxerit. js. 10. ibid.
de ¥usage & de la pojsejsion qui lui en
appatriendroit. La Loi nous en donne pour V I I.
exemple le Dépositaire qui íè serviroit de
Après avoir donné ces Notions prélimi- 7.Qu'ea^
la chóíe déposée entre ses mains j le Créan
naires fur la nature du Vol en général , il t^,d ^«J
cier qui se serviroit du gage à íui donné par
ne reste plus , pour donner une idée S^iige's
son Débiteur , ou même le Débiteur qui
exacte de ce Crime , qu'à remarquer les
fòustrairoit son gage des mains de son
différences qui se trouvent entre nos Uíages
Créancier (i). A la vérité les Vols de cette
& ceux du Droit Romain ; soit íùr la
derniere eípece font distingués des précé-
manière de le commettre , soit sur celle
dens quant à la Peine , comme nous le
verrons dans un moment. •• • -"■ de le poursuivre , & de le punir. Tel est
auíîî ì'objet que nous nous proposons de
(i) íuirrtim autcm fit , non íbîùm cùm quïs usus remplir , en rangeant d'abord toutes les
Capiendi cansâ rem âlìCnatTi amovet \ scd genera-
liter cùm quis alifinahï rem invito tìomino. Itáqùè différentes eípeces de Vol fous deux Classes
livc credltôr pignore , five is , apud quem res depo- principales , dont la première embrassera
íîta cil , ea re utatur , sive is qui rem uíêndâirs tous les Vols que nous appelions simples
accepit, inalium nsijin eain transférât, quàmcujus ou ordinaires , & l'autre ceux que nous
gratia ei data est , Flirtum cominitíit : tfe'tùfi fi
quis argeutum utendum acceperií quasi áiiiîCò'S aa appelions qualifiés.

CHAPITRE P R E M I Ê R.

Des Vols simples , 6* de leur Peine.

S O M MAIRE S,

1. Que doiton entendre par Vois jìmples ì 8. Quid , des Etrangers qui coopèrent au
2. Ce que le Droit Romain a de particulier Vol de ceux-ci.
a . ce sujet. 9. Troisième exception qui regarde Us Vols
3. Dispositions du Droit Canonique fur de simple usage.
cette matière. 1 o. Différcns exemples de Vois jìmples ,
4. Comment puni par nos Loix : Décla non exceptés.
ration de 1724 , principale règle cn 1 1 . Complices de Vols ; que doit-on entendre
cette matière. fous ce nom ? leur Peine.
5. Cas exceptés par notre Jurisprudence , 12. Cas où son ejl civilement responsable
conformément aux Loix Romaines* : du Vol , fans en être ni FAuteur ni le
6. Première exception qui concerne les In Complice.
sensés & les Impubères. 1 3. Héritier du Voleur , quand eji tenu.
7. Seconde exception qui regarde les fem 1 4. Quid , des Maures pour les Vols faits
mes , les fils de famille , les héritiers , par leurs Préposés.
& les alsociés.

I.
t. Que On appelle Vols simples , ceux qui ne font différentes Loix qui font contenues fous les je po
iloit-onen- rr , J * ■ ,? utres du Digeste .& du Code de Furtis , culier à «
tendre par accompagnes d aucunes circonitances ca-
&. fous celui des ïsstitutes de obligàtiertibus su,et*
VoU sim- pables de faire aggraver la Peine ordinaire
p s' que les Loix ont attachée à ce Crime. quA ex delitto nafeuntur t qu'en général
Nous comprenons ici , sous le nom de la peine ordinaire du Vol étoit purement
Loix, tant celles du droit Romain que du pécuniaire ; & que les Loix distinguent
Droit Canonique , & les Ordonannces du feulement, à cet égard -, les Vols mamfejles
de ceux qui ne l'étoient pas , en ne pla
Royaume.
nifiant ces derniers que de la peine du dou
II.
ble , au lieu de celle du quadruple qu'elles
a. Ce que Si l'on consulte d'abord le Droit Ro- avoient attachée aux premiers (1). C'est
Ronwin'a MAIN » l'on volt d'après les dispositions des auílì par cette raison , qu'elles ne mettent
ce
DU VOL , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 7 281
ce Crime qu'au nombre des Délitsprivés (2) , mot ce Droit veut qu'on ne considère point
dont la poursuite n'étoit permise qu'à ceux tant la chose dérobée , que l'intention de
qui y avoient intérêt ; & qu'elles laissent celui qui dérobe : & c'est pour cela qu'il ne
aussi le choix de cette poursuite , tant par met non plus aucune différence fur ce point
la voie civile , que par la voie crimi entre le mineur & le majeur, & qu'il ex
nelle , sous la condition néanmoins qu'après cepte seulement les impubères, comme étant
avoir pris l'une de ces voies , l'on ne pou- incapables , à cause de leur défaut de dis
voit revenir à l'autre (3) , & de plus , soit cernement , de faire injure à qui que ce
que la poursuite se fasse par la voie Ci soit (3). II excepte aussi , en faveur de l'in
vile ou par la voie Criminelle , ces mêmes tention , les Vols qui font faits dans une
Loix veulent que les Jugemens qui in- extrême nécessité. Mais hors ces cas parti
terviendroient dans tous ces cas, empor culiers, il déclare infâmes & incapables
tent également infamie contre le Con d'être admis en témoignage tous ceux qui
damné (4). commettent ce Crime (4) , & il veut fur-
tout , qu'on ne puisse les admettre à péni
(1 ) Furtorum autem duo sunt gênera , manifestum tence qu'après avoir restitué ce qu'ils ont
òínec manifestum.., manifestas Fur est , nec solíim is
pris , à moins qu'ils ne se trouvent dans
qui in ipso Furto deprehenditur , sed etiam is qui in
eo loco deprehenditur quo (Furtum ) fit; veluti qui ï'impossibilité absolue de le faire; & encore
in domo Furtum fecit & nondum egressus januam ne les difpense-t-il même , en ce dernier
deprehensus fuerit; & qui in oliveto olivarum , aut cas , que fous la condition qu'ils ne feroient
in vineto uvarum Furtum fecit, quamdiíi in eo olive pas dans la fuite en situation de pouvoir
to deprehensus fuerit. Imò ulterius furtum manifes réparer le tort qu'ils ont fait à leur pro
tum est extendendum, quamdiù eam rem Fur tenens,
visus vel deprehensus fuerit : sive in publico , sive chain : de quoi il charge également leurs
in privato , vel à Domino , vel ab alio antequam eo héritiers (5).
pervenitquo déferre vel deponere destinasses. Sed si
pertulistis, quò destinavit , tametsi deprehendatur ( 1 ) Pœnale est occulté auferre : multò majoris
eum re furtiva , non est manifestus Fur. Nec mani Pcena; est visibiliter eripere , auferre ergo nolenti
festum Furtum , quid sit , ex iis quae diximus intel- sive occulté , sive palamhabet praeceptum suura ;
ligitur : nam quo d manifestum non est , id scilicet Furti enim nomine bene intelligitur omnis illìcaa
nec manifestum est... Pcena manifesti Furti quadrupli usurpatio rei alient. Non enim rapinam permisit qui
est , tam ex servi quam ex liberi personâ : nec ma Furtum prohibuit: sed utique Furti nomine in Lege
nifesti. dupli. Instit.JJI 3 & 5. de oblig. qu* ex veteris Testamenti & Rapinam intelligi voluit. A
del'tcl. nafcunt. parte enim totum significavit , quidquid illicitè
(1) Meminisse oportebit mine Furti plerumque rerum proximi aufertur. Can. 13. caus. 14. qu. 5.
criminaliter agi & eum qui agit in Crimen subscri- (z) Fur autem non solhm in majoribus sed etiam
bere : non quasi publicum sit judicium , sed quia in minoribus indicatur ; non enim id quod Furto
visum esttemeritatem agentium etiam extraordina- ablatum est , sed mens Furantis attenditur. Can. 4.
ria animadversione coercendam ; non ideo tamen caus. 15. qu. 1 ,
minus , si qui velit, poterit civiliter agere. L. 91. (3) Illud relatum persquè est eos qui injuriant
ff. de Furtis. pati possunt , & facere poste : fané sunt quidam
qui facere non possunt , ut putà surïofus & impubes
(3) Si quis egerit vi bonorum raptorum , etiam
qui doli capax non est ; namque hi injuriam pati
Furti agere non potest.Quod si Furti elegerit in du-
soient , non facere , cum injuria ex affectu facientis
plum , agere potest & vi bonorum raptorum agere
consistât. Can. ix.caus. 15. qu. 12,
sic ut non excederet quadruplum. L. 88.ff. de t-urt.
(4) Constituimusiterum êcsirmamus cana Petrum
(4) Non poterit Praeses Provincix efficere ut Furti statuta cum omnibus qui nobiscum suntEpiscopis...
damnatum non sequatur infamia. V. L. 63. ff. de ut Fures... Similesque eorum nullatenùs ad accusa-
Furcis. tionem vel ad testimonium sint admittendi , quia
I I I. infâmes sunt & justè repellendi , quia funesta est
vox eorum. Cas. 9. cius. 3. qu. 5.
(5)Sires aliéna propter quam peccatumest,cum
3. Dispo- A l'égard du DROIT CANONIQUE : nous reddi possit non redditur , non agitur pcenitentia ,
sitio
DroítCa" VOyons ^ue ^e ^ol trouve Compris sed fingitur. Si autem veraciter agitur , non remit-
nonique dans le nombre des Crimes qui font ex- titur peccatum , nisi restituatur ablatum. Can. i.
fur cette pressément défendus par la Loi divine , caus. 14. qu. 6. . . Nemo qui rapit moriens si habet
tant dans l'Ancien que dans le Nouveau undè reddat, salvatur ; si eos quorum fuit invenire
non potest, Ecclesiae, vel pauperibus tribuat. Can.
Testament ; & qu'il y avoit même , suivant
4. caus. 14. qu. 5.
la Loi de Moyse , peine de Mort portée
contre ceux qui s'en rendoient coupables. I V.
Nous voyons aussi d'un autre côté , d'après
les dispositions particulières de ce Droit , Quant à NOS Loix particulières : il pa- 4. Com
ment puni
que l'on comprend fous lè nom de Vol en roît que, si l'on remonte aux premiers temps Ear nos
général toute Usurpation qui se sait du bien de notre Monarchie , l'on íùivoit la diípo- ^*t:io^é oii
d'autrui (1), sans distinguer celles qui font sition du Droit Romain, en ce que ce de 1714,
faites fur des meubles , ou des immeubles , Crime n'étoit puni ordinairement que par ou Princ>-
, . , 1. . 1 •/> pale règle
fans distinguer non plus celles qui se font des peines pécuniaires ; par la railon , comme i coniui-
secrètement , ou à force ouverte j qu'en un nous l'avons remarqué x '
, d'après nos Histo*- ter en.«t-
XXT te matière.
N n
-a82 LES LOIX CRIMINI LLES , Liv. III. Tit. VI.
: riens , que l'argent étant pour lors extrê cin est qualifié ou aggravé de quelque qualité , le
mement rare , toutes sortes de Crimes, à délinquant fera puni , suivant l'exigence du cas , de
la Peine ordonnée du droit. Covt. de NiverN.
l'exception de ceux de Lefe-Majesté &
ch. 1. art. 8.
autres que nous avons remarqués précédem (3) Et pour Furt non qualifié , ne fera imposée
ment , pouvoient se racheter par des compo peine de Mort s'il ne monte ou excède la somme
sitions , a prix d'argent. Mais il y avoir de dix liv. monnoie ; auquel cas s'ensuivra peine
aussi cela de particulier , & qui distinguoit de Mort ; sauf en tout l'arbitrage du Juge, selon la
qualité fîí circonstance du délit. Cour, de Bue-
ces anciens Usages de ceux du Droit Ro
TAGSE , art. 628.
main , c'est qu'à défaut de ces sortes de
compositions , le coupable étoit puni dans (4) LoUlS, &c.SALUT.L'attention & lesfoinsque
fa personne , par l'Abcision de quelqu'un notre Parlement de Paris a apportés par nos ordres ,
de ses membres , & même par le dernier dans les dernieres années de notre minorité , à la
supplice , lorsque le Vol étoit considérable , poursuite & à la punition d'un grand nombre de
gens fans aveu & prévenus de Crime , qui s'étoient
ou qu'il y avoit récidive. C'est ce qui paroît
répandus , tant dans notre bonne Ville de Paris ,
entr'autres par les Capitulaires de Charle- que dans nos Provinces , ont purgé notre Royaume
magne & des Rois ses prédécesseurs. Aussi de la plus grande partie de ces scélérats; mais l'expé-
voyons-nous , d'après les Loix qui font in rience ayantfait connoître à nosJuges qu'on ne vient
tervenues depuis ce temps -là , qu'à mesure aux plus grands Crimes que par degrés,& que le peu
que l'argent est devenu plus commun dans de sévérité que les Loix ont apporté jusqu'à présent
à punir les moindres Crimes , est la source qui pro
ce Royaume, & que le luxe s'est augmenté duit les plus grands , nous avons résolu d'y pour
avec les fortunes ; la Peine de ce Crime voir. A ces causes , &c. Art. I. Ceux & celles
est aussi devenue plus rigoureuse. Nous en qui se trouveront à l'avenir convaincus de Vol &
avons un exemple remarquable dans l' Or de Larcins faits dans les Églises , ensemble leurs
donnance de François I , de 1539, que Complices & Suppôts , ne pourront être punis de
moindre Peine que, sçavoir, les hommes de celle des
nous aurons lieu de rapporter en . traitant
Galères à temps ou à perpétuité , & les femmes flé
des Vols fur les grands chemins , & de ceux tries d'une marque en forme de la lettre V , &
faits avec effraction ; suivant laquelle ces enfermées à temps, ou pour leur vie , danslaMai-
sortes de Vols ne doivent être punis de fon de Force ; le tout fans préjudice de la peine de
moindre Peine que de la capitale. Nous Mort , s'il y écheoit , suivant l'exigence du cas...
Art. II. Le Vol domestique fera puni de mort...
voyons aussi , à la vérité , que parmi ces an
Art. III. Ceux ou celles qui n'ayant encore été
ciennes Loix , il n'en est aucune , à la réserve repris de Justice , se trouveront pour la première
de quelques Coutumes particulières , notam fois convaincus de Vol , autre que ceux comm i
ment celles de Bourgogne (1), de Niver- dans les Eglises, ou Vol domestique , ne pourront
nois (2) de Bretagne (3), qui porte des dispo être condamnés à moindre Peine que celle du Fouet,
& d'être flétris d'une marque en forme de la lettre
sitions précises fur la Peine des fols (impies.
V, fans préjudice de plus grande Peine s'ily écheoit,
Cependant, comme ceux-ci ne faifoient que suivant l'exigence des cas..- Art. IV. Ceux & celles
s'accroître journellement par l'indulgence qui , après avoir été condamnés pour Vol , ou fié*-
des Juges à l'arbitrage desquels cette Peine tris , pour quelqu'autre Crime que ce soit , seront
étoit laiíîee ; la nécessité de remédier aux convaincus de récidive en Crime de Vol , ne pour
désordres qu'entraînoit la fréquence de ront être condamnés à moindre Peine que , sçavoir,
les hommes , aux Galères à temps ou à perpétuité,
ce Crime , fur-tout dans ces derniers temps & les femmes à être de nouveau flétries d'un dou
où le luxe a été porté aux plus grands ble W , si c'est pour récidive de Vol , ou d'un sim
excès , a enfin donné lieu à la nouvelle ple V si la première flétrissure a été encourue pour
Loi intervenue fous le dernier règne , & autre Crime , & enfermées à temps ou pour leur
que nous croyons devoir rapporter ici , vie dans les Maisons de Force , le tout fans préju
dice de la peine de Mort s'il y écheoit, suivant l'exi
parce qu'elle fait aujourd'hui la principale
gence des cas... Art. V. Ceux qui serent condam
Règle qu'on doit consulter en cette ma nés aux Galères à temps ou à perpétuité , pour,
tière : l'on veut parler de la Déclaration quelque Crime que ce puiffe être , sqront flétris ,
du 4. Mars 1724 (4). avant d'y être conduits , des trois lettres G AL. •
pour , en cas de récidive en Crime qui mérite Peine
(1) Si aucun (porte l'article 5. du tit. premier des afHictive , être puni de mort... Art. VI. Seront les
Justices de la Coutume de Bourgogne) commet deux articles précédens exécutés , encore que les
lìmpleLarcin quiexcedede dix livres tournois pour Accusés euffent obtenu de Nous des Lettres de rap-
la première fois , il fera puni à l'arbitrage du Juge , ?el de Ban ou de Galères ou de commutation de
fans mort naturelle ou mutilation de membre ; 6c eine pour précédens Vols ou autres Crimes. Si
que s'il commet plus grand Larcin de dix livres pour donnons en Mandement , &c. Decl. du 4 Mars
la première fois , il fera puni corporellement , se 1714. reg. le 31 Marssuivant.
lon l'exigence des cas , & à l'arbitrage du Juge...;
& s'il commet autre Larcin , il en perdra la vie... V,
(ij Si aucun commet Larcin non excédant soixan L'on voit , d'après l'article 3 de cette d'pX par
te sols pour la première fois , il fera puni selon la
derniere Loi , que le Vol simple dont nous n.otre >a-
discrétion & arbitrage du Juge , jusqu'à mutilation
de membres excluiivement ; & pour la seconde voulons parler ici , n'est pas seulement puni, éíœnfor-
fois, jusqu'à mutilation de membres inclusivement; parmi nous, par des Peines pécuniaires, miment,
& pour la tierce , condamné à mort... Et si le Lar- comme il l'étoit chez les Romains , mais totdmì

\
DU VOL > ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 285
qu'outre cesi sortes de: condamnations où ses qui font cesser le Crime, & notamment
la restitution de la chose volée se trouve quant aux Impubères , en distinguant ceux
toujours comprise , cette Loi y a encore qui sont d'un âge voisin de la puberté , &
attaché des Peines corporelles , en voulant qui , étant pour lors capables de connoître
que le moindre Vol ne puilîè être puni d'une le mal , peuvent aussi , comme tels , être
moindre Peine que de celle du Fouet 8$. poursuivis non-feulement pour la restitution
de la Marque ; à quoi notre Jurisprudence des choses volées , mais encore pour être
a ajouté la peine du Bannissement. Ainsi, punis (2), quoiqu'à la vérité d'une Peine
comme ces derniérç$ peines ne peuvent moindre que celle portée par la Déclaration
être prononcées- qu'eniìiite d'une instruction de 1724 j telle par exemple que seroit le
extraordinaire , il en fàut conclure néces- Fouet fous la Cuflode , ou autre Peine non
sairement que nous ne connoiflòns plus , infamante. En forte que ce n'est que lorsqu'il
depuis cette Loi , l'usage {de poursuivre s'agit d'un de ces Vols qualifiés auxquels
ces fortes de Crimes par la voie civile , nos Loix ont attaché la Peine capitale ,
tel qu'il se pratiquoit chez les Romains, que l'on peut porter la Peine des Impubères
En sorte que nous ne distinguons , sor ce jusqu'à celle d'être pendu fous les aisselles ,
point , le Vol des autres Crimes publics , ainsi que nous l'avons remarqué en traitant
qu'eti ce qu'au lieu que ceux-ci peuvent de cette Peine.
& doivent même être poursuivis par les
(1) Ut puta furîofus & impubes qui doli capax
Parties publiques, fans qu'il soit besoin
non est , namque hi injuriam pati soient , non fa-
des Parties intéressées , il faut nécessaire cere , cìim injuria ex affectu fàcientis consistât.
ment , pour que cette Partie publique soit Cas. x. caus. 15. qu. \.
autorisée à poursuivre le Vol , qu'il y ait (2) In summa sciendum est quœsitum esse an im
une plainte ou dénonciation de la part de pubes rem alienam amovendo Furtum faciat,&
placuit , quia Furtum ex affectu Furantis consistit
celui qui prétend avoir été dépouillé in
ìtà demum obligari eo crimine impuberem si pro-
justement de fa propriété , ou de sa posses ximuspubertatisit, & ob id intelligat í'e delinquere.
sion. Mais aussi , dès qu'il y a une plainte JsSTIT.Js. 18. deohlig. qu* ex delicl. nacs.
engagée de la part de la Partie privée ,
celle-ci ne peut plus empêcher, par son dé VIII.
sistement, que cette plainte ne soit suivie
par le Ministère public , pour y faire appli 20. A l'égard de la seconde EXCEPTION 8.
quer les Peines portées par la Loi. 1,-1 11 r • • des htrar.-
qui exclut leulement de la pourluite cri- gers «juì
y j minelle , & n'empêche point qu'on ne puiííè coo^e|e^
être d'ailleurs poursuivi civilement pour la ceux-ci.
6. Premiè Cependant , quelque générale & absolue restitution des choses volées , & les domma-
re excep
tion qui que paroisse la disposition de cette Loi, ges &. intérêts ; nous en trouvons les quatre
concerne dans la Peine qu'elle ordonne relativement exemples fuivans dans les Loix Romaines
sis & ei« aux
les Insen- fímples > il íàut convenir qu'elle que notre Jurisprudence a adoptées fur çe
Impube- souffre plusieurs Exceptions dans la pra- point: íçavoir, i°. celui de la lemme qui
res
tique; Exceptions tirées des Loix Ro- vole son mari (1); 20. celui du f ils defamille
maines que notre Jurisprudence a cru qui vole ses pere&mere (2) ; 30. celui de
devoir adopter , comme étant fondées fur l' Héritier qui vole son co-héritier (3) ; 40.
des motifs d'équité & d'honnêteté publique , enfin celui de MAJJocié qui vole ses co-aflb-
& qui, par cette raison , n'ont point été ciés (4) ; l'on veut dire que dans tous ces
désapprouvées par nos Souverains , dans cas , où l'on peut présumer que les feus
les différens cas qui fe font présentés. Ces tractions ont été faites à d'autre intention
Exceptions font de trois sortes : les unes que celle de voler , à cause de l'espece de
excluent absolument la poursuite : d'autres droit que ces sortes de qualités donnent
n'admettent la poursuite que par la voie fur la chose même que l'on soustrait ,
civile seulement : d'autres enfin admettent l'honnêteté publique ne permet pas de
la poursuite criminelle , fans néanmoins prendre la voie criminelle pour en obtenir
qu'elle puisse aller jusqu'au Règlement à le recouvrement...... Cette derniere con-
Pextraordinaire. sidération doit avoir lieu fur-tout par rap-
y j j port aux soustractions faites par la Femme à
son Mari ou à fa succession, en ce que
7. Secon- 1 \ Quant à la première EXCEPTION qui l'action fameuse qui feroit intentée contre
tíonquírfr exclut toutes fortes de poursuites , nous elle à ce sujet , réfléchiroit nécessairement
garde les en avons donné des exemples en com- contre le mari lui-même , en compromet-
j*"1^"^ mençant , dans la personne des Insensés & tant l'honneur de son mariage. C'est aussi par
familière» des Impubères (1 ) ; ce qui ne doit s'entendre cette raison que le Droit Romain avoit établi
iífôcTé"86 néanmoins qu'avec les modifications que en ce cas une action particulière , & pure-
nous avons remarquées en traitant des Cau- ment civile, sous le nom à'Acìio rerumA/rtota-
Nn 2
284 LES LÒIX CRIMINELLES , Liv. IH/Trr. VI.
rum ( 1 ) , & que nous appelions , suivant non este actionem constituto jure : in quâ sententiâ
nos Usages , Acïìon en recelés Ô diver- & Julianus rectiffimè est. L. 1. ff. de act. rtr. amot.
.•/r„„
u emens? , dont
A * leitet
v~CC„+ elt , comme Ion (i) Si••mu
*:/. rem haereditariam
l. . c ìenoransin
b r 'i-ean causa
1
/***.,,:/.. « , r j ii- este subripuifti , Furtum te facere respondit Paulus.
sçait, de la faire priver de sa part dans les biens Reihœreditarix Furtum non fit,sicutnçc'ejus quae
recelés, 8c de la charger aussi de fa- part sine domina est, & nihil im mutât existimâtib íubri-
des dettes de la Communauté... II en est de pientis. L. 6. ff.de expil. htredit... Apparet autem
même de I'hÉRITIER qui se seroit emparé e*pilat* haer'editatis crimen eo casu intendi poste
des effets d'une succession commune; l'on ?uo «su Furt. a« nonpotest scilicet anteaditam
haereditatem
"" r, vel ^pou aditam
^ antequam
í res ab hae-
veut dire que la Peine ordinaire , suivant redepoffeffae sunt , nam in hune casum Furti aâîio-
notre Jurisprudence , en pareil cas , est de nem non competere palam est quamvis ad e'xìuben*
priver cet héritier de fa part dans ces dum agi poste si qui vindicaturus exhiberi desideret
mêmes effets , & de le réputer héritier pur palam sit. L. x.JJ. i.jf. -eod. tic. -:
($) Necum filio samilias pater Furti agere postît
8c simple ; de manière qu'il ne peut plus non juris constitutio, sed natura rei impedimento
dès-lors jouir du bénéfice d'inventaire ac est , quodnon magis cum his quos in potestateha-
cordé par la Loi. Ainsi nous ne distinguons bemus quàm nobiscum ipsi agere poffumus; Z. 16.
point comme oh faisoit dans le Droit Ro- ff. de Fun...
main , le cas où la soustraction auroit été (4) Qui sine dolo malo fecit , Furti non tenetur.
Et fané credendum est , eu m qui partis Dominus est
faite par cet héritier , après fa renonciation juré potiíis suo re uti quàm Furti consilium inire.
à l'hérédité , de celui où elle auroit pré L. ji.ff. profocio... Si socius communis rei Furtum
cédé cette renonciation Pour ce fecerit , ( potest enim communis rei Furtum facere)
qui concerne les Vols faits par les FlLS indubitatè dicendum est Furti actionem competere.
de Famille , l'on fuit , dans les pays du Z. 45. ff. de Furds
Droit Ecrit où la puissance paternelle a
i x. .
encore lieu , la disposition des Loix P^o-
maines , suivant lesquelles le pere n'étant
Cependant , quoique suivant la Jurispru- 9. Troî4
censé qu'une même personne avec son fils ,
dence générale des Tribunaux , la poursuite Jjf™^6**
il ne peut exercer aucune action contre ce
criminelle ne soit permise dans aucun des am regard
dernier , pour la répétition des effets qu'il quatre différens cas dont nous venons de jgles^°}g
prétend lui avoir été par lui volés ; ou du
parler ; il s'est néanmoins introduit un Usage usage»
moins il ne lui reste d'autre ressource que
particulier au Châtelet de Paris , d'admettre
celle de s'en venger fur le pécule de ce
la Plainte 8c l'Information , 8c même d'aller
fils , s'il en a un , ou bien de lui en faire
jusqu'au Décret & à l'Interrogatoire , pour
tenir compte, envers ses autres enfans, fur ,
s alìurer li les personnes que nous venons
sa légitime. Mais dans aucun cas , loit dans „ , * . ,^ ,. ,
les Pays du Droit Ecrit , soit même dans le f exceP^e/ V>? Pomt de fTPàces -danS
Pays Coutumier, l'on n'admet point la les recèles & spoliations qu elles ont faits i
car pour ces derniers , il n'est pas douteux
poursuite criminelle pour les Vols de cette
qu'ils font, comme tous autres étrangers
qualité ; 8c cela , non-feulement parce que ,
qui volent le bien d'autrui, dans le cas
comme nous l'avons dit , l'action pour Vol
d'être poursuivis & punis de la Peine ordi
étant de fa nature infamante , l'honnêteté
naire du Vol ; c'est ce qui se trouve porté
publique ne permet pas de l'intenter à ceux
expressément parles Loix Romaines (1),
contre lesquels elle devroit nécessairement
confirmées fur ce point par la Déclaration
réfléchir , mais fur-tout à cause de la qua
de 1724(2). II paroît néanmoins que l'on
lité d'héritiers présomptifs que la Loi donne
distingue , suivant notre Jurisprudence (3),
à ces mêmes enfans....... Enfin quant à
8c avec raison , ceux de ces complices qui
l'AssociÉ , c'est encore fur le fondement
n'ont participé au Vol que pour le profit
de ces mêmes principes que nous n'ad
particulier de la Femme ou des Héritiers
mettons point l'action criminelle contre
qui les ont employés , de ceux qui ont
lui , pour les soustractions qu'il auroit
faites des effets de la société auxquels apphque quel^es-uns des effets voles à
. « _ ■* mur T-vv/^fit* «irtiouli a«* I ^íì> r»»-*^ arts*
cette qualité lui donne un
Nous exceptons néanmoins
Romaine , le cas où il y auroit preuve
8c l'on se contente , à l'égard des autres ,
évidente de dol 8c d'abus de confiance de
de les punir du simple Bannissement (3). Au
fa part ; nous ne le distinguons point pour
reste , que doit-on entendre fous le nom des
lors des autres Etrangers.
complices de Vol\ 8c de combien de ma
(1) Rerum amotarum judicium singulare intro-
nières peut-on le devenir ? C'est ce que
ductum est adversíis eam qu<e Uxor fuit, quia non
placuit, cum ea Furti agere poste ; quibusdam existi- nous aurons lieu d'établir dans un moment.
mantibus ne quidem Furtum eam facere ut Nerva ,
Casiio , quia societas vitas quodammodo dominam ( 1 ) Si quis uxori res mariti subtrahenti opem con-
eam faceret ; aliis ut Sabino & Proculo Furto qui- siliumve accomodaverit , Furti tenebitur , sed etsi
dem eam facere sicuti filiapatri faciat, sed Furti Furtum cum ea fecit, tenebitur Furti, cum ipsânon
DU VOL, ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 2 g?
teneatur... ipsa quoque si opem Furi tulit Furti , non liter cum quis alienam rem invito Domino con-
tenebitur : sed rerum amotarum. . . Servi verò fui trectat. Itaque sive creditor pignore , sive is qui
nomine Furti eam teneri nequaqu?m ambigendum rem utendum accepit , in alium ufum eam trans
est. L. <)■*.. js- z. & l-ff. de Furc. férât , quam cujus gratia ei data est , Furtum
(i) Ensemble leurs Complices & Suppôts. . . . V. committit : veluti si quis argentum utendum ac-
art. premier deîa DÉCL. de 1714. rapp. ci-devant. ceperit , quasi amicos ad ccenam invitaturus
(3) V. de Renusson , Tr. de la Commun, part, & id peregrè fecum tulerit. Aut si quis equum
a. ch. x. Duplessis , fur la Cout. de Paris , tit. de gestandi causâ commodatum sibi longiùs aliquo
laComm. ch. 3. aux notes. duxerit. Quod veteres fcripferunt de eo qui in
acieni equum perduxisiet. Jnstit. Js. 6. de obllg.
X. . ' qut. ex delicl. nasc.
(i)Si pignore creditor utatur , Furti tenetur...eum
io.D!ffá- . 30. Enfin , quant à la troisième Excep- qui quid utendum accepit ipfe alii eommodave-
ples"6™" TION qui , en admettant la poursuite crimi- rit , Furti obligari refponfum est... ex quo fatis appa-
Vols fini- nelle, ne permet p as de la porter jusqu'au Ré- ret Furtum fieri ; & si quis ufum alienae rei in fuum
«ceptés°n g^ement ^ l'extraordinaire, c'est-à-dire, qu'au lucrum convertat , nec movere quem debêt quasi
nihil lucri fuigratiâ facif. L. 5 ^.Js. 1 & %. ff] de Furt.
Beu de prononcer ce Règlement , l'affaire
(3) Inficiando depositum , nemo facit Furtum :
doit être civilisée par le Renvoi à l'audience nec enim Furtum est ipfa inficiatio licèt propè Fur
ou par la Conversion des Informations en tum est. Sed si poffeffionem ejus apifcatur interver-
Enquête , parce que les condamnations tendi causâ facit Furtum. Nec refert in digito habeat
qui íè prononcent en ce cas , se résolvent annulum an dactyliotheca quem cum in deposito
ordinairement en dommages & intérêts. teneret, haberepro fuo destinaverit.Z..Ó7.^f](& Furt.
(4) Qui rem pignori dat, eamque fubripit , Furti
En forte que ce n'est que lorsqu'il se trouve aftione tenetur. L. ly.Js. j.ff. de Furtis.. . . Ali-
dans ces sortes de Vols , des circonstances quando autem etiam fuae rei Furtum qui committit :
qui les rendent qualifiés , qu'ils peuvent veluti si debitorrem quam creditori pignoris causâ
être poursuivis dans toute la rigueur de la dédit , fubstraxerit. Jnstit. J}. 10. de oblig. qu£ ex
procédure extraordinaire. Les Loix Ro delicl. nasc.
(ì ) Qin jumenta sibi commodatalongiíts duxerit,
maines nous en donnent pour exemple tous
alienave re invito Domino ufus sit , Furtum facit.
les différens Vols qui ne tombent que fur L. ifO.ff. de Furtis.
Vusage ou la possession , & qui ne consistent (6) Si mandavero tibi ut pro me in diem fide ju-
point principalement en voies de fait (1). beas , tuque pure fidejufleris & folveris : utiliùs
Ainsi il faut mettre de ce nombre les Vols refpondebitur intérim non effe tibi mandati actio-
nem fed cum dies venerit... si tibi centum dedero ut
quife commettent , 1 °. par les Dépositaires ,
ea Titio dares tuque non dederis fed confumpferis ,
Seque/lres-Gardiens\ & les Créanciers , & mandati & Furti teneri te Proculus ait , aut si ità
lorsqu'ils abusent & font leur profit parti dederim , ut quae velles , dares , mandati tantum-
culier des choses qui leur ont été confiées , modò. L. \x 1. & j.ffl de mandat, y. contra.
ou qui leur ont été mises, en gage GM- (7) Fullo &farcinator , qui pollienda vel far-
cienda vestimenta accepit si fortè his utatur ex
2°. Par le Fermierqui retiendroit> depuis l'ex-
contrectatione eorum , Furtum fecifle videtur :
piration de son bail , la jouissance des lieux quia non in eam caufam ab eo videntur accepta.
à lui affermés , contre le gré du Proprié L. 81. ff.de Furt.
taire (3) i 30. par le Débiteur qui déroberoit X I.
à son créancier , le gage qu'il lui auroit Mais on ne doit pas comprendre, dans 11.C0m-
donné (4) ; 40. par le Commodataire qui l'Exception dont nous parlons ici, le Vol vê"'^^
abuferoit du prêt qui lui auroit été fait en que commettroit le Débiteur qui soustrai- doit -on
changeant fa destination , comme si , ayant roit son billet des mains de son Créancier , 5n*'nd<£
emprunté un cheval pour faire une lieue , ou le Créancier qui déroberoit fa quittance nom ? leur
on lui en faifoit faire plusieurs , ou si l'on à son Débiteur (1) , parce que ces sortes Peme-
prêtoit ce même cheval à un autre (5) ; de Vols ne frapperoient pas seulement sur
mais ce cas particulier , que la Loi Ro l'usage , mais fur la propriété même. Aussi
maine met au nombre des Vols , n'est pas voit-on plusieurs Arrêts , un entr'autres
regardé tel parmi nous , ni même capable rapporté par BONIFACE (2) , qui admet la
de donner lieu à une poursuite criminelle , poursuite extraordinaire en pareil cas. A
mais seulement civile , pour se procurer des plus forte raison si ces billets & quittances
dommages & intérêts ; 50. par le Commis avoient été arrachés par violence , ou sur
qui retiendroit l'argent que son maître pris par trahison ; ce seroit même le cas
l'auroit chargé de recevoir , & qui l'ap- d'augmenter la Peine ordinaire du Vol , en
pliqueroit à son profit ; (6) 6°. par des la portant jusqu'aux Galères , fur-tout s'il
Ouvriers & Artisans , tels que Foulons , s'agissoit d'une somme considérable. II en
Tailleurs , Blanchisseurs 6c autres qui se faudroit dire de même du Créancier qui
scrviroient ou porteroient les habits , les recevroit en paiement de son Débiteur
linges , ou autres effets qui leur feroient une chose qu'il fçauroit appartenir à au
confiés (7). trui (3) , ou bien qui recevroit en gage
(1) Furtum autem fit cum folùm eos quis inter- une chose qu'il fçauroit ne point appartenir
cipiendi causâ rem alienam amovet : fed gênera- à celui qui la lui donne ; car dans tous ces
286 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. III. Tit. VI.
cas ce feroit un véritable Vol de propriété , leurs , ou en recelant la chose volée. Nous v
punissable par conséquent de la Peine aurons lieu de parler plus amplement des"
portée par la Déclaration de 17 24. A quoi complices de cette derniere efpece , en
l'on peut rapporter auíîì le Vol fait par le traitant du Vol par recelement. Nous ob-
Créancier qui retiendroit le gage après scrverons seulement , quant à présent , qu'on
la dette payée (4) , ou qui viendroit à le peut mettre au nombre de ces complices ,
nier (5) }& pareillement le Vol que feroit ceux qui achetent à bas pris des choses
celui qui retiendroit l'argent ou autres qu'ils fçavent avoir été volées , ou qui les
effets qu'il auroit trouvés , & dont il con achetent de personnes évidemment fu£>
noîtrost le vrai propriétaire (6). II y a plus ; pectes (2). H y a des Réglemens particuliers
dans le cas même où le propriétaire ne feroit de Police qui font des défenses expresses
point connu , malgré les diligences qu'on aux Libraires & aux Orfèvres d'acheter
auroit faites pour le découvrir l'inventeur des livres , ou de la vaisselle des Fils de
feroit tenu , suivant les Canonistes (7) , d'en famille ou des Domestiques (3). A l'égard
faire l'emploi au profit des Hôpitaux , à de tous autres Particuliers qui achetent
moins qu'il ne fût lui-même dans le cas de des choses volées , il est d'usage , dans
recevoir des charités. notre Jurisprudence , qu'à moins qu'ils
j n'aient fait cet achat dans les foires &
(1) Qui tabulas vel cautiones amovit , Furti te- marchés publics , ils peuvent être pour
nebitur , non tantùm pretii tabularum, verîim etiani
suivis pour la restitution des effets volés ,
ejus quod interfuit , quod refertur ad aestimatio-
nem ejus somma; quae in his tabulis continetur. fans qu'ils puissent même répéter le prix
Z. 17. ff] de Furt. ' . qu'ils en ont donné (4). L'on est auffi dans
{%) V. BoMF.tom. 5. Iiv. %■ tit. 5. l'usage d'accorder , en pareil cas , aux
(3 ) Furtiy* quoque res & qu* vi poffeffe sont Propriétaires , le droit de revendiquer ces
nec fi prœdicto longo tempore bona fide poffesla: &f * . ., , on
fuerint uso capi possunt : nam Furtivarum rerum effets par-tout ou lis les trouvent , & même
Lex duodecim Tabularum , & Lex Atilia inhibent d'en faire la recherche dans les maisons où
usocapionem ; vi possessarum Lex Julia & Plautia. l'on peut soupçonner qu'ils doivent se trou-
Instj t. ì.ff.2. de usucap. ver : ce qui se fait en vertu de la permission
(4)Creditorem quipoílsolutampecuniampignus du Juge j t aussi s» transporter luj.
non reddat, Furti ten*ri, si celandi animo retmeat * »-i 1 • 1 t r»

(5) Sic is qui depositum abnegat non statim mislaires du Chatelet etoient anciennement
etiam Furti tenetur , sed ità si intercipiendi causa, dans cet usage ; mais ils ne peuvent plus le
Z. i.ff. de Furt. faire aujourd'hui fans y être autorisés par une
(ó)Quialienum quid jacens lucri faciendi causâ Ordonnance du Juge , depuis le Règlement
íustulit , Furti obstnngitur , sive scit cujus fit , sive
fait par Arrêt du 9 Juillet 1712, rapporté
ignoravit. Nihil enim ad Furtum minuendum facit
quod cujus sit ignoret. L. 4 3 .ff. de Furt. au Journal des Audiences.
(7) Nemo qui rapit moriens , si habet unde
(1) Interdum quoque Furti tenetur quiipse Fur
reddat , salvatur ; si eos quorum soit invenire non
tum non fecit , qualis est is cujus ope & consilio
poterit, Ecclesiae vel Pauperibus tribuat. Can. 4.
Furtum factum est , inquo numéro est qui tibinum-
caus. 14. qu. 5... Si quid invenisti & nonreddidisti ,
mos excussit ut alius eos raperet , aut tibi obstiterit
rapuisti quantum potuisti fecisti. Quia plus non in
ut alius rem tuam exciperet. Et hoc veteres fcripse-
venisti ideò non plus rapuisti , quia ahenum negat
runt de eo qui panno rubro sogavit armentum , sed
si poffet & tolleret paucis interjectis. Can. 6,ibid.
si quid eorum per lasciviam & non datâ operâ ut
Furtum admitteretur factum est in factum actio dari
XII. ^ débet: at ubi ope Maevii Titius Furtum fecerit,
ambo Furti tenentur : ope & consilio ejus quoque
ii. Cas Nous venons de voir , d'après la Dé- Furtum admitti videtur qui fcalas fortè fenestris
où l'on est claration de 1724 , que cette Loi ne distin- sopponit : aut ipsas fenestras , vel ostium effringit
KsoS- guoit point , quant à la Peine , les complices ut a,ius Furtum faceret. Quiveferramenta ad effrin-
blc duVol, du Vol , de ceux qui en font les principaux &™um ' auJ ^calas llí {en^n$ %>onerentur com-
fans en • t. . c c modavent lciens cujus rei eratia commodavent.
être ni auteurs : en quoi elle n a fait que confirmer jNSTITmJjr luJeoAL autìxdel. nofc.
la disposition des Loix Romaines. L'on c
l'Auteur (2) Rapinam emere non licèt nisi eâ intentione
ni le Com entend fous le nom de Complices , en Cette ut cui est oblata reddatur. Can. 5. caus. 14. qu. 5...
pltce.
matière ( 1 ) , non-feulement ceux qui aident ... In civilem rem desideratis , ut agnitas res Fur-
tivas non priùs reddatis , quàm pretium soerit fo-
à commettre le Vol , ou qui le favorisent
lutum àDominis. Curate igitur cautiùs negotiari ,
de dessein prémédité , soit en y mettant ne non tantùm in damna hujusmodi sed etiam in
eux-mêmes la main , comme en tenant l'é- Criminis sofpicionem incidatis. Z. incivil. 2. Cod.
chelle , en introduisant le Voleur , en lui de Furth. . . Civile est quod à te adversarius tuus
fournissant de fausses clefs ou autres instru- exigit , ut rei quam apud te fuisse fateris , exhi-
mens , ou bien en partageant avec lui le beas venditorem. Nam à tranfeunte & ignoto te-
nuisse dicere non convenit, volenti evitare alienam
butin , mais encore ceux qui excitent à le bono viro sofpicionem. L. Civile , 5. ikid.
commettre , ou qui l'approuvent après qu'il (3) Nota. Ces Réglemens , qui font rapportés au
est commis , en donnant retraite aux Vo- Code de la. Police , font , fçavoir , 1?. quant aux
Î>U VOL , Eî DE SES DIFFÉRENTES ESPECES.
Orfèvres & Lapidaires , un Arrêt du Conseil , du du défunt : ensorte qu?il ne peut sWdis-
14 Janvier 1 707 , qui enjoint aux Orfèvres d'avoir penser qu'en renonçant à sa succession,
des Livres visés & paraphés par le Juge de Police, . ;
pour écrire leurs achats, les noms , qualités & ( 1 ) Nisi quantum ad eum pervenit. L. 10.ff.de
demeures des personnes desquelles ils achetent de bonis auihor. jud. foffid.
I'argenterie, bagues, diamans & autres bijoux. L'on (ì) Sed ejus hasredes &propinqui adquos bona
trouve auíîi rapporté au même endroit un Arrêt de pervenerunt ipsius ut pro eodem latisfaciant , cen-
la Chambre de Justice , du 1 1 Avril 17 16 , portant . i'urâ sunt Ecclesiasticâ compellendi. Cap. .14.
défenses aux Orfèvres , Lapidaires 8c autres d'à- Ext ra. de fepultur.
cheter aucune vaisselle ou matière d'or & d'argent - V. Faber , Instit. §. ult. de perpet. & tempor.
des Traitans , Gens d'Affaires , & autres personnes acl... Chopin , de prïvil. & ruflic. liv. 3 . part. t\ cap...
prohibées; & aux Graveurs & Ouvriers d'en effacer Coquil. fur- fart. 8. d* t'(t. des Justices deiaCoxt.
les armes , chifres & marques , fous les Peines por- de Nivern... & Brodeau fur Louet , Lett. A ,
tées par la Déclaration du 17 Mars de la même fomm. 18.
année , qui font le Bannissement Scl'Amende , & XIV. '
même la Confiscation , punition corporelle, & .
autre plus grande Peine s'il y écheoit. L'autre Attion civile dont nous trouvons u nu;j •
^.Quant auxI^^ilestporteparl'art.Sdu aussi de§ exemples dans les Loix a lieu des W
Règlement du 18 Fevr. 1713 , que ceux qui auront r ,., „1 . ,r , \ r r tres pour
» fait achat de Livres, papiers & parchemins, se- singulièrement- en fait des Vols & fous- les tfols
»ront tenus défaire mention de leurs noms &qua- -tractions faites par des Commis & autres sej^ P»
» lités fur leurs Registres , comme aussi de la qua- Préposés; & elle s'exerce contre Ceux qui ^ollu '
» lité , noms &c demeures des particuliers qui les les ont préposés à des fonctions dont ils
» auront vendus. Enjoint Sa Majesté auxdits Librai- ont abufë r commettre ces Vols. Cette
» res & tous autres de retenir les Livres qui leur f>- f t j 1
«seront présentés par personnes inconnues & fus- actlon ' ,dont notig aurons heu de parer
» pestes , & de les remettre dans les vingt-quatre encore plus particulièrement en traitant des
» heures entre les mains des Syndics & Adjoints , Injures & voies de fait , parce qu'elle
» qui seront tenus d'en avertir le Lieutenant-Géné- frappe également fur toutes fortes de dom-
» ral de Police, le tout à peine contre les Libraires, mages est connue dans le Droit Romain ,
» d être civilement relponlables des Livres voles » r , _ j>_ru • ra • t \
1». - • e Z. , u„ „. tantot lous le nom d action inhttoire (1),
» ou détournes qui le trouveront chez eux , d A- „ . . 10 11
mende arbitraire ,& d'interdiction pendant trois tantôt lous celui d action noxale ; & elle
» mois pour la première fois , 8c même de punition est fondée , suivant ce Droit , sur ces quatre
» corporelle en cas de récidive ; & contre les per- considérations principales : fçavoir , 1 °. que
» sonnes autres que lesdits Libraires , de punition ces Maîtres OU Préposans devant recueillir
» corporelle pour la première fois. V. Dictionn. r r,rofits oué leurs Pré Dosés neuvent seîrp
de Police aux mots Libraires & Orfèvres. ^ pronts que leurs A repoies peuvent taire
dans leurs fonctions , il est juste aussi qu ils

à ces sortes de Préposés font moins censés


XIII. suivre leur foi , que celle du Préposant
dont ils dépendent; 30. que l'ordre public
13. Hé- Ensin , indépendamment de l'Action cri- ne permet qu'on puisse se jouer impu-
Voteur ° mtne^e °iui a sieu tant contre les Auteurs nément de la bonne foi des citoyens , en
quand est du Vol que contre leurs Complices , pour se faisant représenter par des personnes" qui,,
la punition de ce Crime & les réparations ne seroient pas en état de répondre elles-
solidaires du dommage qui en est résulté ; mêmes de leurs actions ,'ou qui ne seroient
il y a encore une action civile qui peut pas d'une fidélité & d'une exactitude i-è- •
s'exercer , en cette matière, contre ceux connue ; 40. qu'enfin ces Préposans. doivent
qui ne font ni les auteurs ni les complices s'imputer à eux-mêmes leur imprudence, ,
de ce même Vol. Nous en avons entr'autres ( dans le mauvais choix qu'ik ont fait._ Nous
deux exemples remarquables dans les Loix. aurons» lieu d'en donner des exemples au
Le premier est celui de Yhéritier du Vo- sujet des Vols qui se font dans les Hô-
leur , qui , quoique n'ayant point participé telleries ou dans des Coches .&. Navires,
à son Crime, ne laiflè pas ,. aux termes des Nous en trouvons d'ailleurs un remar-
-Loix , d'être civilement responsable du quable dans l'Ordonnance de 1681 , à l'é-
' dommage causé par le Vol. Suivant le gard des Fermiers des Aides & Gabelles ,
Droit Romain , cette action n'avoit heu que cette Loi déclare civilement refppjj-
qu'autant qu'il y avoit preuve que l'héritier sables des faits de leurs Commis (6).
eût profité du Vol (1). Mais suivant notre II en doit être de même , suivant nos Au-
Jurifprudence , conforme fur ce point à teurs ( 7 ) , des Greffiers , pour le fait
Téquité du Droit Canonique (2), il suffit qu'il de leurs Commis; des Procureurs & No-
y ait preuve du Vol, pour que l'héritier du taires , à l'égard de leurs Clercs , des Tré-
Voleur soit tenu d'en répondre , afin de foriers , Receveurs , & autres Financiers ,
décharger , par cë moyen , la conscience à l'égard de leurs Co/nmis. Ces Auteurs
288 LES LOIX CRIMIN ELLES, Liv. III. Tit. VL
vont même jusqu'à prétendre , d'après la rentur , & factum hoc tam in Magistro quàm Insti-
Loi Romaine , que dans les cas où il seroit tore admittendum propter utilitatem. L. i.Js.<).
jff. deexercit. acl.
prouvé que ces Préposans auroient eû con-
noiíîance du Vol fait par leurs Préposés , (5) Quoniam sibi imputare débet qui praepofuit.
L.7.JJ. ult. ff. de inflit. acl.
& qu'ils n'auroient rien fait pour l'empê-
cher , on pourroit les poursuivre person (6) Chacun Fermier ou Sous-Fermier fera res
ponsable civilement de ses Commis , même le Fer
nellement eux-mêmes comme Complices.
mier général des faits ou délits du Sous-Fermier.
Ord. de 1 68 1. tit. commun, des Fermes.
(i) Institor appellatur ex eo quod negotio ge-
tendo institit nec multíim facit tabernae sit praepo- (7) V. Papon , en son Notair. tit. des Act. de
situs an cuilibet alii négociation!. L. yff. deinstit. quasi maléfice. V. aussi Mornac fur la Loi 8. au
action. ff. quod cum eo qui in alïen. potest , où il rapporte
(x)jEquum Praetori visum est sicutcommoda sen- un Arrêt pour lequel un Tireur d'or fut condamné à
timus ex actione institoria,itàetiam & nonobligarì répondre du fait de son Domestique , qui avoit em-
ex contractibus eorum. L. t. ff. de instit. aclion. porté une somme &argent qu'on lui avoit remis en
., (3) Et is cum quo contractum magis sequatur , son absence , saufson recours contre ce dernier , fur
fidem praeponentis quam praepositi. Zoes. ad tit. le fondement qu'il paroijsoit , par le Livre de ce
ff. de inflit. aH. Tireur Sor , qu'il étoit dans Pusage d'employer ce
(4) Omnia enim facta Magistro débet praestare Domestique à recevoir de l'argent qùon lui n-
qui eum prasposuit , alioquin contrahentes decipe- mettoit.

CHAPITRE SECOND.

Des Vois qualifiés.

SOMMAIRES.

"T. Qu'entend- on par Vols Qualifiés ? 4. Six classes principales auxquelles ces
h -lJ. J- /_ rw .,„„_•__ j. Jiirt efpe •
- i. Exemples tirés de la Déclaration de différences espèces de Vois peuvent se
de 1724. rapporter.
3 ., Autres Exemples tirés des Loix Romaines.

I.
x. Qu'en- N O US, appelions Vols Qualifiés , tous qu'elle nous donne de ces Vols Qualifiés, i".
par*Vols ceux *IU* ^e trouvent accompagnés , de dans ceux faits à l'Eglife; 20. dans les Vols
qualifiés? quelques circonstances qui les tirent de la Domestiques; 30. & enfin dans ceux qui se
classe ordinaire des Vols , & qui tendent font par Récidive : trois cas particuliers pour
à en faire aggraver la Peine. lesquels on voit aussi qu'elle a augmenté
la rigueur des Peines portées contre les
II. Vols ordinaires , qu'elle a íbin de distinguer
fous le nom de moindres Vois.
2. E«m- Parmi ces Vols Qualifiés , il y en a dont
pies tirés ies circonstances sont telles , qu'elles leur
de la Dé- c . . 1 tsi ■ ■ I I I.
claration ont rait donner des Dénominations particu
Je j7ï4. lières , comme sont ceux connus sous les II est aussi parlé de ces Vols Qualifiés j. Autre*
sous difsérens Titres du Droit Romain , "?mp^
noms de Concussion , defausse Monnoie, de
! Vente a faux poids ô mesures , d'Usure , notamment sous ceux du Digeste , de Efifrac- Loix Ro-
"de Banqueroutefrauduleuse , de Monopole , toribus & Expilatoribus.... de Plagiariis.... «naines.
de Stellionat , & de Réeellement. II y en a de Furibus Balneariis.... De Termino moto...
d'autres qui ne sont connus que sous le nom de Abigtis.... de vi Bonorum Raptorum ...
•générique de Vols Qualifiés, eh ce qu'ils Arborum Furtim cjtfarum.... de Incendio ,
sont seulement distingués par certaines cir Ruina & Naufragio.... de Furto adverfus
constances qui les rendent plus graves Nautas y Compones ô Stabularios.... Ce
que les Vols ordinaires ; & c'est de ceux-ci sont aufli ces différentes qualifications qui
dont veut parler principalement la Décla ont fait distinguer , dans ce Droit , les vo
ration de 1724 , par cette clause qu'on voit leurs de cette eípece , sous les noms de
à la fin de l'art. 3 , où , après avoir déterminé Latrones ou de Grajfatores , au lieu de
la Peine des Vols simples, cette Loi ajoute celui de Fures , qui ne s'y trouve employé
fans préjudice de plus grandes seines s'il que pour désigner les voleurs ordinaires.
y échet , suivant Vexigence des cas. Nous
I V.
avons vu d'ailleurs dans les art. 1 , 2 & 4 de
la même Loi , trois exemples diíFérens II paraît en général 9 d'après les diffé 4. Six
Classes
rentes
DU VOL ; ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 2Sg
{inncipa- rentes Loix qui ont été rendues fur cette LE LIEU , comme font ceux faits fur le
es aux matière , que toutes les espèces de Vols grand - chemin , dans les Eglises , dans les
quelles ces
différentes que nous appelions qualifiés , peuvent se Maisons Royales , dans les Hôtels des
espèces de réduire à ces six classes principales , que Monnoies , dans les Auditoires de la Jus
■Vols peu
vent se nous croyons devoir traiter ici séparément } tice , dans les Prisons , dans les Spectacles
rapporter. en ce que , parmi ces Vols , il y en a de & Bains publics. Dans la cinquième , il fera
plus graves les uns que les autres , & traité des Vols contre la foi publique ,
auxquels par conséquent les Législateurs comme ceux qui se font par l'enlévement
ont cru devoir attacher de plus sortes des bornes & limites , des gerbes de bled
Peines. Dans la première , nous placerons dans les champs , des bestiaux dans les pâ
tous les Vols qualifiés par la Manière turages , des linges de blanchissage fur les
dont ILS sont commis, comme senties étendoirs , du bois dans les chantiers , des
Vols faits avec effraction , avec armes , & arbres dans les forêts , des jeunes ceps &,
déguisement , & ceux faits par excroquerie des échalas dans les vignes , des légumes
& filouterie. Dans la seconde , les Vols dans les marais , des inltrumens de labou
qualifiés par LA NATURE DE LA CHOSE rage dans les champs, des volailles dans les
volée , comme font ceux des choses basses-cours , des poissons dans les étangs &
sacrées, des deniers royaux ou publics , & les réservoirs , des lapins dans les garennes,
les Vols de personnes libres , connus des abeilles dans les ruches , des pavés fur
autrement fous le nom de Plagiat. Dans la les grands-chemins , des cordages fur les
troisième , nous parlerons des Vols qua ports. Enfin dans la sixième clajse , nous
lifiés PAR les person nés , comme font ceux mettrons tous les Vols contre LA SURETE du
faits par les Domestiques , par les Gens de Commerce, tels que font ceux dont nous
Guerre , par les Gens d'Affaires , par les avons parlé plus haut , fous les dénomina
Vagabonds , par les Hôtelliers , Maîtres de tions particulières d'Uíùre , de Banque
Coches ou de Navires , par les Voituriers , route , de Monopole , de Stellionat , &. de
Meuniers & Serruriers. Dans la quatrième , Recélement.
nous comprendrons les Vols qualifiés PAR

§. I. Des Fols qualifiés par la Manière dont ils font faits , ou des Vols
faics avec Effraction , avec Armes , Déguisement > & Excroquerie.

Article Ier. Des Vols faits avec Effraóîion.

SOMMAIRES.

i. Pourquoi ainjì appelles ? 3. Effraction intérieure , diflìnguée de l'ex-


z. Différence entre nos Usages Ô ceux du téneure quant à la-Compétence feulement.
Droit Romain , fur ce point. 4. Comment se confiaient les bffraclions ?

I.
1. Pour- On appelle ainsi , les Vols où l'on a em- moindre Peine que du dernier supplice
appèiiés'í1 pl°y^ quelque rupture , ou fracture , pour C'est entr'autres là disposition de l'Edit de
y parvenir. François I , en Janvier 1534.
II.
Ceux qui feront duement atteints & convaincus
a. Diffé- II eft parlé de cette efpece de Vol íòus par Justice d'avoir , par insidiations & aggreflions
jence en- les Titres du Droit de Vi publica , & de conspirées & machinées , pillé & détroussé de nuit
les allans & venans ès Villes , Villages , & lieux
UsageTck Effraftorìbus. Mais au lieu que la Peine de notre Royaume , Pays , Terres &í Seigneuries ,
ceux du portée par ces Loix étoit simplement cor- eux mettant pour ce faire en embûche pour les gue-
main fur" porelle , telle que la condamnation aux ter & espier aux entrées & issues desdites Villes, les
détrousser & piller , & austi ceux qui feront de sem
ce point. Mines & au Fouet , l'expérience ayant fait blable eu & au-dedans lefdites Villes , guettans 8c
voir que de tous les Vols , il n'y en avoit espians de nuit les passaus , allans & vcnar.s par
point de plus dangereux que ce celui-ci , tant les rues d'icelles , & qui entreront au-dedans des
maisons , icelles crochetteront & forceront , pren
à cause de l'eípece d'impossibilité qu'il dront & emporteront les biens qu'ils trouveront
y a de s'en garantir , que parce qu'il esdites maisons , seront punis en la manière qui s'en
trouble eíîentiellement la sûreté publique , fuit : c'est à sçavoir , les bras leur seront rompus
en violant les asyles que chaque citoyen & brisés en deux endroits , tant haut que bas ,
avec les reins , jambes & cuisses , & mis fur une
doit trouver dans fa maison , nos Souve roue haute , plantée & élevée , le visage contre
rains ont cru ne pouvoir le punir d'une le ciel , où ils demeureront vivans , pour y faire
O o
290 LES LOIX CRIMINELLES, Liv.III.Tit. VI.
pénitence , tant & si longuement qu'il plaira à derniere Loi , que les Vols avec Effraction
notre Seigneur les y laisser ; & morts , jusqu'à ce ne seroient plus regardés désormais comme
qu'il soit ordonné par Justice. Edit de François I.
cas Prévôtaux , qu'autant qu'ils se trou-
en Janvier 1534....
veroient accompagnés de l'une ou l'autre
III.
de ces conditions : íçavoir , que l'efFrac-
3- Effrac Cette Loi ne met aucune différence , tion seroit faite avec port d'armes & vio
tion inté comme l'on voit , entre les Vols faits avec lence publique ; ou bien qu'elle seroit faite
rieure dis
tinguée de Effraction extérieure , de ceux faits avec dans des murs ou toits de maisons , portes
l'excérieu- Effraction intérieure. C'est aussi de cette & fenêtres extérieures.
re , quant
à la com manière qu'elle a toujours été entendue Les Prévôts connoîtront aussi de tous les cas
pétence dans notre Jurisprudence ; en sorte que s'il
seulement. qui font Prévôtaux par la nature du Crime , íça
se trouve une distinction particulière , íùr ce voir , des Vols faits avec effraction , lorsqu'ils fe
point , dans la Déclaration du mois de ront accompagnés de ports darmes & violence publi
que , ou lorsque teftradion se trouvera avoir été faite
Février 1 7 3 1 , ce n'est point relativement dans les murs ou toits des maisons & fenêtres exté
à la Peine de ces Vols , mais seulement par rieures j & ce quand même il n'y auroit eu ni port
rapport à la Compétence des Juges qui en d'armes ni violence publique. DÉCL. du mois de Fé
doivent connoître : c'est-à-dire , que , pour vrier 1731. art. 5.
faire cesser les conflits qui s'étoient élevés I V.
jusqu'alors entre les Juges royaux ordi
naires , & les Prévôts des Maréchaux qui C'est aussi pour constater la qualité de 4: Com
prétendoient juger également l'un & l'autre ces Effractions , que le Juge doit , en pareil ment se
commet-
de ces Vols en dernier ressort , fur le fonde- cas , se transporter sur les lieux , en dresser te^tìèïef-
ment que l'Ordonnance de 1670 n'avoit Procès-Verbal , & même se faire assister fractions*
mis aucune différence fur ce point , le Lé- d'Experts , si l'Effraction n'est pas abfolu-
gisiateur a cru devoir décider , par cette ment manifeste.

A R t. II. Des Vois avec Armes 6> Déguisement.

SOMMAIRES.

x. Pourquoi Von joint ici ces deux cir- Romain fur ce-point.
confiances. 3. Loi particulière , pour la sûreté de Paris,
z. Conformité de nos Loix avec le Droit

X
i.Pour-
r- No
1>|ous
U joignons ici ces deux différentes le Titre des Crimes de Lese-Majesté au second
S«j vff Circonstances , parce que c'est principale- Chef.
ces deux ment par leur réunion que ces sortes de (2) Défendons à toutes personnes , de quelque
circons- Vols deviennent qualifiés , & plus puniíîa- état qu'ils soient , d'aller par les Villes , Cités ,
tances. Fo rêts , Bois , Bourgs & Chemins , armés de harnois
bles que les Vols ordinaires. secrets ou apparens , seuls ou eu compagnie , mas
qués ou déguisés fous quelque cause que ce soit ,
I I. fur peine de confiscation de corps & de biens , fans
aucune exception de personne. Pareillement défen
dons à toutes personnes de recevoir , loger , ni re
s. Con- Le Droit Romain mettoit ces Vols au
céler telle manière de gens , soit par forme de logis
sormité de nombre des Crimes de violence publique ,
avec i°X auxquels il avoit attaché , comme nous & hôtellerie , ou en leurs maisons privées , fur les
Peines dessus dites. Ains aussi-tôt que telles per
Droit Ro- l'avons vu , la Peine capitale (1). Telle sonnes seront venues à leur notice & connaissance ,
«a'point.r e^ au^ k dhp°siri°n des anciennes Loix leur enjoignons de les venir déclarer à nos Offi
ciers plus prochains des lieux où ils auront été
du Royaume , notamment de l'Ordonnance trouvés , 8c où l'opportunité adonnera , fur peine
de François I , en Mai 1539 (2) , & de d'être dits complices & fauteurs des autres , & pu
celle de Blois (3) , qui prononcent la con nis de semblables peines : voulons que la moitié
des confiscations qui s'ensuivront desdits forfaits ,
fiscation de corps & de biens contre ceux soit appliquée à celui ou à ceux, soit serviteurs ou
qui font trouvés courans les campagnes autres qui les donneront & découvriront, & qu'icelle
ainsi armés & déguisés , pour y commettre moitié leur soit , fans autre déclaration , adjugée.
des voleries , meurtres & assassinats , & qui Décl. de François I. de i$i<).art.l , 3 fi» 4.
enjoignent en conséquence aux habitans (3) Quand aucunes voleries , meurtres & assassi
des lieux où ils passent , de courir dessus nats auront été commis par les chemins par per
sonnes masquées , voulons qu'il leur soit couru fus
au son du tocsin pour les arrêter , & même par autorité de Justice , & avec les Officiers d'i-
leur permettent de les tuer en cas de ré celle , en toute voie d'habileté & à son de toxin ;
sistance. & qu'étant appréhendés , ils soient punis par les
Juges des lieux fans dissimulation. Ord. de Blois ,
X 1) V. ce qui a été dit de la violence publique fous art. 198.
DU VOL , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 29 r
■ sommes bien-aises de les voir s'occuper à quelque
III. métier , parce que , par le moyen de leur travail y
ils évitent la débauche & le libertinage , gagnant de
quoi subsister & faire subsister plus commodément
j. Loi par- H a été rendu , depuis ce temps-là , une leurs familles , Ôt s'entretiennent dans une habitude
pour'îasû- Loi remarquable , qui a principalement de travail qui les rend plus propres à nous servir
retédePa- pour objet de veiller à la sûreté de la Ville quand nous les faisons marcher en- campagne ; &
ru. de Paris , en réprimant , par des Peines qu'ainsi nous voulons bien permettre à ces Soldats"
qui travaillent de quitter l'habit de Soldat , & d'en
sévères , la licence des soldats aux Gardes prendre qui íoient plus propres à leur métier ,
Françoises & autres , qui étoient dans l'ha- pourvu que , dans le temps de leur travail , ils ne
bitude de se déguiser &. changer d'habits , portent point l'épée ; mais nous voulons aussi , en ce
faisant, ôter autant qu'il nous est possible aux autres
pour s'introduire dans les maisons & assem Soldats qui ne travaillent point les occasions & les
blées publiques , & y commettre plus im moyens de commettre des meurtres & autres Cri
punément des Crimes : l'on veut parler de mes, dans lesquels la liberté de quitter l'habit de
la DÉCLARATION de 1690(1), par laquelle Soldat dans Paris , & d'y être l'épée au côté en
habit déguisé, les fait tous les jours tomber : sça-
il est porté expressément que ceux qui font chant que ces désordres ne peuvent être arrêtés ,ces
ainsi trouvés de jour ou de nuit , ayant Crimes prévenus , & la sûreté publique rétablie ,
l'épée au côté , & autres armes prohibées , qu'en défendant à tous Soldats du Régiment de
seront arrêtés 5c conduits dans les prisons du nos Gardes de se travestir , ni de se trouver l'épée
au côté en autre habit que celui du Régiment ,
Châtelet , & ensuite , sur les conclusions sous des Peines très-séveres. A CES Causes , &c.
du Procureur du Roi en ce Siège , jugés Que tous les Soldats du Régiment de nos Gardes-
en dernier ressort , & être condamnés aux Françoises qui seront trouvés de nuit 011 de jour
dans notre bonne Ville & Fauxbourgs de Paris ,
Galères , à temps ou à perpétuité. soit dans leurs quartiers , soit hors de leurs quar
tiers , dans les rues , Places publiques , Eglises ou-
maisons particulières , travestis & vêtus d'autres ha
(i)TjOUIS, &c. Les plaintes que nous avons bits que ceux du Régiment , ayant l'épée au côté
reçues des Meurtres , Vols , Violences & Filoute & autres armes prohibées par les Ordonnances ,
ries qui se commettent fréquemment dans notre même ne faisant point de désordre , soient arrêtés
bonne Ville & Fauxbourgs de Paris , par les Soldats & conduits dans les Prisons du Châtelet de notre-
du Régiment de nos Gardes -Françoises , pendant dite Ville , pour , fur le Procès-Verbal de l'Officier
qu'ils y font leur séjour , nous ayant obligé d'en qui les aura arrêtés en cet état , & fur les Conclu
faire rechercher les causes pour y apporter le re sions de notre Procureur audit Châtelet, y être jugés
mède convenable , & procurer aux habitans de no- en dernier ressort & fans appel , ni autre forme ni
tredite Ville de Paris une paisible & entière sûreté , figure de Procès , & condamnés à nous servir comme
Nous avons été informés que ce qui donne auxdits des Forçats fur nos Galères , fans qu'il soit en la li
Soldats la hardiesse de commettre les mauvaises berté des Juges de modérer cette Peine , mais bien de
actions , c'est l'espérance de n'être point reconnus l'arbitrer à temps ou à perpétuité , selon qu'ils l'esti-
pour Soldat* , parle moyen du changement de leurs merontà propos. Permettons néanmoins à ceux des
habits, & de pouvoir, parce déguisement, com Soldats dudit Régiment de nos Gardes , qui travail
mettre avec impunité , & cacher plus facilement lent de quelque métier & profession que ce soit, de
leurs Crimes j parce que paraissant dans le public quitter l'habit de Soldat , & de se revêtir des habits
vêtus comme des Gentilshommes ou Officiers de propres & convenables à leur métier, profession &
nos Troupes , cet habit , qui les déguise , ôte aux travail , à condition toutefois de ne point porter
autres hommes la défiance qu'ils pourraient avoir l'épée ni autre arme défendue pendant tout le temps
de ceux qui les approchent , s'ils les connoissoient qu'ils n'auront point l'habit de Soldat du Régimentr
pour Soldats, & donnent à ceux-ci la liberté d'en enjoignons au Lieutenant-Criminel de Robe-Courte,
trer dans tous les lieux & dans toutes les assemblées & au Chevalier du Guet de notredite Ville de faire
publiques , & d'y paraître fans être connus même arrêter tous les Soldats qui se trouveront en autre
delcurs Officiers , qui ne les souffriraient pas s'ils habit que celui du Régiment , ayant l'épée au côté ,
les connoissoient. Néanmoins , comme notre inten & au Lieutenant-Criminel , & à notre Procureur
tion n'est pas d'empêcher ceux des Soldats de notre- audit Châtelet, de tenir la main à l'exécution des
dit Régiment des Gardes qui sçavent un métier de Présentes. Décz. du 22 Juillet 1691. reg. le 2 Sep
le faire , ni même de travailler sur les Ports & tembre suivant.
dans les Halles & autres Marchés , à quelque va V. au surplus ce que nous avons dit fur le Faux
cation que ce soit , pendant qu'ils demeurent en commis par la supposition des personnes. V. encore ce
cette-dite Ville de Paris , dans le temps auquel ils qui fera dit fur le Port d'Armes & les Mascarades,
ne sent point de garde , & qu'au contraire , Nous en traitant des Délits de Police.
292 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. III. Tit. VI.

Art. III. Des Vols faits par Excroqueries ou Filouteries.

SOMMAIRES.

i. Comment font qualifiés & punis ces for- z. Leur Peine suivant nos Usages,
tes de Voleurs , dans le Droit Romain.

I.
i. Com- Les voleurs de cette eípece font connus, publicum , aut fustibus castigantur & dimittuntur ,
aut ad tempus relegantur. L. 7. ff. de extraord. crim.
qualifiés" dans le Droit Romain , tantôt fous le nom (1) V. Automne , en fa Confer. fur cette Loi.
te punis de Saccularii ou coupeurs de bourses ,
I L
deVoíeun tantôt fous celui de DireHariì , parce qu'ils
dans le s'introduisoient dans les maisons fous diffé- C'est aussi par cette raison que , suivant %. Lent
notre Jurisprudence , il est d'usage d'aug- Peine fui"
main! R°" rens prétextes, dans la vue d'y voler. ( i ) Les •« « -pv • «• • vint nos
uns & les autres dévoient , suivant ce même menter , en pareil cas , le Peine ordinaire usages,
Droit , être punis plus rigoureusement que du Vol , soit en prolongeant le temps du
les voleurs ordinaires , à cause de la trahison Bannislèment , soit même en portant cette
& de l'abus de confiance dont ces sortes de Peine jusqu'à celle des Galères , fùr-tout
Vols se trouvent accompagnés, (i) lorsque ces Excroqueries ont été répétées ,
& forment un objet considérable. Au reste ,
( i ) Saccularii qui vetitas in sacculo artes exercentes comme ces sortes de Vols se commettent
partem fubducunt , partem íubtrahunt ; item qui principalement à l'occafion des jeux , nous
Directarii appcllantur , hoc ell hi qui in aliéna cœna-
aurons lieu d'en parler plus amplement en
cula se dirigunt furandi aniino : plusquam sures pu-
niendi sunt. Idcircòque aut ad tempus iu opus dantur traitant des Délits de Police.

§. II. Des Vols qualifiés par la nature de la Chose volée } ou iu Vol


des Choses sacrées , des Deniers Royaux ou Publics ; Vol des Personnes
libres ou du Plagiat.

Art. I. Vol des Choses sacrées.

SOMMAIRES.

1. Distinction des choses sacrées , de celles 3. Quid , des Vols faits dans l'Eglise , des
qui font feulement consacrées a Dieu. choses non consacrées.
2. Quentend-onparchoses consacrées a Dieu ?

i.Distinc- -Nous avons eu lieu de parler de ce- Vol lequel scroit le Saint - Sacrement , doit être con
lion d« fous le titre du Sacrilège , où nous avons damné à perdre la vie par le feu. Celui qui aura
seulement volé des vases sacrés , d'or ou d'argent ,
crée" de" distingué les choses sacrées de celles qui fans qu'il s'y trouve rien de saint , ou des Patènes
celles qui sont feulement consacrées à Dieu. Le Crime de Calices , dans un lieu consacré ou non , ou bien
menteon- ^ & commet par le Vol des choses fa- qui aura forcé une Eglise consacrée , un Tabernacle
ou Sacristie , pour commettre de semblables Vols ,
sacrées à crées , telles que Calices 6c Ciboires , est sera puni de mort suivant l'exigence des cas , &
Dieu# ordinairement puni de la Potence ; & il doit
fur saris des Gens de Loi. Caroline , art. ijz.
l'être de la Peine du sacrilège , qui est celle
du Feu , lorsqu'il est accompagné de profa I L
nation d'Hosties consacrées. C'est entr'au A l'égard des Vols qui se font des choses *• Qu'en?
tres la disposition de l'Ordonnance Mili consacrées k Dieu , comme font les Lampes , ^^^kt
taire dumois de Juillet 1727 (1) , confor Encensoirs , Chasubles , & autres ornemens consacrées
me fur ce point aux Loix d'Allemagne (2) d'Eglise , ils peuvent auíîì donner lieu à la a Dieu ì
& à la Jurisprudence des Tribunaux. Peine capitale , suivant les circonstances.
(1) Quiconque aura pillé , volé ou dérobé, en C'est ce qui résulte de cette disposition par
temps de paix ou pendant la guerre , soit dans le ticulière de la Déclaration de 1 7 24 (1) ,
Royaume ou en pays ennemi , Calices , Ciboires ,
qui laiífe aux Juges la faculté de prononcer
ou autres biens d'Eglise , sera pendu & étranglé ;
& si , par les circonstances du Vol , il se trouvoit la Peine de mort , suivant l'exigence des
y avoir eu profanation de choses sacrées , il sera cas , pour des Vols faits dans les Eglises.
condamné au feu. Ord. de Juillet 172.7 , art. 26.
(1) Celui qui aura volé le Soleil ou Ciboire dans (1) Ceux ou celles qui se trouveront à l'avenir
DU VOL, ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES.- : 295
convaincus de Vol & de Larcins faits dans les puni auffi sévèrement que les premiers , l'Egfifette
Eglises , ensemble leurs Complices & Suppôts , ne rce .y est moins qualifié par la chose ch°íesTOB
pourront être punis de moindre Peine que r ^ , ,. A * » m A o- ,n conla-
le tout fans préjudice de la peine de Mort , s'il y que P» .le heu meme OÙ ll est fait ; c'est crées,
échet , suivant l'exigence des cas. Décz. de 1724. celui qui se fait de choses purement pro-
art. premier. fanes , comme mouchoirs , montres & bi-
III. joux , ou même de l'argent qui seroit ren
fermé dans des Troncs : nous nous réservons
5. QuU, II se fait encore, dans les Eglises , une déparier de ceux-ci en traitant des Vols
Édu dwli troisième espece de Vol , qui n'est point qualifiés par le lieu.

Art. II. Du Fol des Deniers Royaux & Publics.

N ous avons eu lieu de parler de ces Lese-Majesté au second chef, sous les noms
sortes de Vols en traitant des Crimes de de Pécuíat , & de Concussion.

Art. III. Du Fol de Personnes libres , ou Plagiat.

SOMMAIRES.

1. Peine de ce Volsuivant la Loi de Moyse. 5. 20. Plage commis par la vente des Chré
2. Sa Peine suivant le Droit Romain. tiens aux Sarrasns ; fa peine.
3. Difiinclion de quatre sortes de Plages 6. 30. Plage commis par les Bohémiens &
suivant notre Jurisprudence. Vagabonds ; fa peine.
4. i°. Plage commis par des Juifs envers 7. 40. Espece de Plage commispar les Corn-
les Chrétiens ; fa peine. mandans des Galères ; fa peine.

I.
1. Peine (^E Crime étoit réputé tellement grave n'avons d'ailleurs aucune Loi particulière quatre sor-
suivant U ^anS ^a Eoi de Moyse , qu'il ne devoit pas fur ce Crime ) nous distinguons quatre g"^1*"
Loi de être moins r
Moyse. puni n
que de la Mort. sortes de Plages , auxquels on a attaché des vant notre
Peines particulières. dence"1"
Qui Furatus fuerit hominem & vendiderit eum ,
çonvictus noxae morte moriatur. Ezod. ch. II. v. 16.
I V.
II. Une première espece de Plage qui se pra- 4- Plage
i. Sa Pet- II en est parlé dans le Droit Romain fous tiquoit anciennement dans ce Royaume , p°™™çS
U Drotr le ÚtTe de 13 L0Ì Fabm dC Plagiaríís > est celui que commettoient les Juifs qui juifs en-
Romain, suivant laquelle ces sortes de Vols étoient enlevoient des enfans chrétiens pour les q^^"
mis au nombre des Crimes publics , & faire mourir , en haine de la Religion de
dévoient être punis de la condamnation aux Jesus-ChRIST : il y a Peine du feu , suivant
mines lorsqu'ils étoient commis parl'achat, les Arrêts.
ou la vente que l'on faisoit de personnes V. entr'autres l'Arrêt du Parlement de Mets , du
qu'on fçavoit libres , afin de les réduire en 16 Janvier 1670 , contre le nommé Raphaël Levi ,
servitude (1). Cette Peine a même été por Juif, rapp. par Bruneau en ses Obscrv. Crimin.
tée jusqu'à celle de mort par l'Empereur part. 2. tit. 29. p. 451.
Justinien , sans distinguer le Vol des Es V.
claves , de ceux des personnes libres (2).
Une seconde espece de Plage qui étoit ^ piage
Ci) Si liberum hominem emptorsciensemerit, ca auffi fort usitée dans ces premiers temps , c°mmis
pitale Crimen adversùs eum ex Lege Fabia de Plagio n í • -r 1 r<ì--±~: parla ve
nascitur quo venditor quoque fit obnoxius , si sciens est celui qui se commettoit par les Chrétiens Te* 'des"'
siberum esse vendiderit. L. I. ff. de Lege Fabia de eux-mêmes, en vendant leurs propres enfans Chrétiens
Plagiariis Pœna pecuniaria statuta Lege Fabia ou ceux d'autrui aux Sarrasins , pour les fins-
in u su esse desiit , nain in hoc Crimine delecti
pro delicti modo cocrcciitur & plerumque in me- réduire en servitude. Nous en avons un
tallum damnantur. L. 7. ibid. exemple fameux dans le Procès qui fut fait
(1) Ac proptereà li quem in hujusmodi facinore fous Charles VII à Jacques Chœur , à
deprehenderis , capite eum plectere non dubitabis ,
cause des Vols de cette derniere espece.
utPœnae génère deterreri caeteri possint , quominus
istius modi audacia, vel servos , vel liberos aburbe La Peine en ce cas étoit celle de mort ,
distrahere atque alienare licèt audeat. L. 7. Cor», ad telle qu'elle est portée par la Loi de Moyse.
Leg. Fab. de Plagiar.
V. L'Arrêt du 19 Mai 1453 contre Jacques-
III. Cocin de Bourges , Argentier du Roi Charles VII ,
accusé d'avoir vendu & livré des enfans aux Sar
tinaionde Suivant notre Jurisprudence ( car nous rasins. V. Hist. de Fr.

/
294 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. III. Tit. VI.
ment qui sont rapportés au Dictionnaire de Po
V I. lice. L'un du 6 Juillet 1740 , confirmatif d'une
Sentence du Châtelet , qui condamne une Men
6. Plage Une troisième espece de Plage qui est diante pour avoir attiré & emmené avec elle un
paHesBo- aujourd'hui Ie plUS commun , est celui qui enfant hors du Royaume , à être battue & fustigée
nue de verges par {'Exécuteur de la Haute-Justice ,
héniens se fait par ces gueux , connus fous le nom dans tous les carrefours ordinaires , ayant la corde
& V«pa- je Bohémiens & Egyptiens , qui volent des au col , & écriteaux devant & derrière portant ces
enfans dans les lieux où ils passent , & qui mots : Fille qui a soustrait & emporté un enfant hors
mutilent leurs membres afin d'exciter la le Royaume ; & en l'un desdits carrefours flétrie
d'un fer chaud , en forme de Fleur- de-Lys , sor
compassion , & de fe procurer , par leur les deux épaules ; ce fait , conduite en la Maison de
moyen , des secours & des charités plus force de l'Hôpital-Général , pour y être enfermée
abondantes. Ils font punis de mort , & pa le reste de ses jours L*autre , du 2 j Janvier 1756,
qui condamne pareillement la nommée Françoise
reillement ceux qui , après les avoir volés ,
Chabanou , pour avoir volé un enfant , au Carcan ,
les emmènent hors du Royaume pour les avec écriteaux portant ces mots : Voleuse <£enfansy
vendre & en tjrer du profit. L'histoire du & à une détention perpétuelle à l'Hôpital-Général.
gueux de Vernon , rapportée dans les Causes V. Dictionnaire de Pouce au mot Vol.
célèbres , nous apprend tous les excès
odieux auxquels ces sortes de gens font ca V I L
pables de se livrer. L'on peut aussi rapporter
àu ce
„ Crime
v u.. ,, celui
^ que ^ commettent
w.^^ .....
des Ma Enfin ú sc commet encore une espece 7.Espe«
ris & Femmes qui , n'ayant point d'enfans , de P^ge dont il est parlé dans l'art. 200
ou les ayant perdus, en volent d'autres qu'ils de l'Ordonnance de Blois : c'est lorsque™ ie,
font passer pour les leurs , afin de se procurer deS Capitaines de Galères , ou leurs Lieu-
des héritiers. Les Vols de cette derniere es- tenanS & autres » retiennent les Galériens Galeres,
pece , quoique d'ailleurs très graves en ce au"delà du temps porté par le Jugement
que le Crime de faux s'y trouve joint g ne font de condamnation. II y a Peme contre ceu*
pas néanmoins punis avec la même rigueur ci de la privation de leurs états , suivant la
que les précédens , parce qu'ils n'ont pas même Ordonnance.
des fuites aussi dangereuses. Leur Peine or
Faisons défenses très-étroitement à tous Capitai
dinaire est celle du Fouet & du Carcan ; nes de Galères , leurs Lieutenans , & à tous au
& si c'est par des femmes , la détention dans tres , de retenir ceux qui y feront conduits outre Je
une Maison de Force. temps porté par les Arrêts 011 Sentences de con
damnation , fur peine de privation de leurs états»
Nous avons là-dessus deux Arrêts de ce Parle- Ord. de Blois , art. zoo.

§. III. Des Vols qualifiés far les Person nés , ou des Fols faits par des
Domestiques , par des Gens d' Affaires , Gens de Guerre , Hôtelliers ,
Maîtres de Coches & de Navires , Voituriers , Meuniers , & Serruriers.

Art. I. Des Vols Jaits par des Domejliques.

SOMMAIRES.

1. Pourquoi/ont réputés fi graves. 3. Peine de ces Vols suivant le Droi(


z. QiCcntend-on fous le nom de Domes Romain.
tiques , ô fi tous ceux qui font a nos ga 4. Comment punis suivant nos Loix.
ges y font compris ?

L
1. Pour- 0 u s mettons ce Vol au premier rang mettre à la Question tous les esclaves (Tune
quoi sont de ceux qui font qualifiés par les Personnes , maison où le Maître se trouvoit avoir été
graves! si parce que c'est fans contredit le plus pu
tué.
nissable , tant à cause de la trahison qu'il Cutn aliter nulla domus tuta esse poslìt , niff
renferme , qu'à cause de l'efpece d'impossi periculum capitis fui custodiam Dominis tam ab
bilité qu'il y a de s'en garantir par les Domeíticis quàm ab extraneis praestare servi co-
gantur , ideò S. C. Sillaniano introducta sont de
facilités particulières que donne cet état , publicâ quaestione à familiâ necatorum habenda.
de ravir non-feulement les biens de leurs L. l.ff. de Sénat. Cons. Sillaniano.
Maîtres , mais leur vie même qu'ils ont I I.
en quelque sorte dans leur disposition. C'est Sous le nom de Domestiques , l'on entend t. qu'«i-
aussi íùr ce fondement que s'étoit établi , en général tous ceux qui font au pain ô
dans le Droit Romain , l'ufage de faire au vin de leurs Maîtres. Telle est l'idée nom &
DU VOL , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 197
Domtfiu que nous en donnent les Etablissemens de porter ici les principes du Droit Romain soírant U
qutss8t& Saint Louis , en 1270 (i).D'oùil paroîtque fur cette matière, parce qu'ils ne concernent ì?!?!1 R<>"
tous ceux / « i r» • t r>/* t f \ r 1
qui som à I on pourroit conclure que les Peines por- proprement que les tjclaves íur lelquels
n°Ssfnf65 r^es contre *e Crime dont nous voulons les Maîtres ayant , comme l'on íçait , droit
compris? parler ici , ne devroient pas seulement s'ap- de vie & de mort, pouvoient se faire justice
pliquer aux Domestiques qui font en notre eux-mêmes des Vols commis par ces der-
puissance , & qui íbnt connus , dans nos niers. Nous avons feulement retenu quelques
Ordonnances , sous le nom de serviteurs ) vestiges de ce Droit , relativement aux ef-
mais encore généralement à tous ceux qui claves de nos Colonies ( 1 ) , comme nous
íbnt à nos gages , comme font ceux qu'on le verrons en traitant des délits de Police,
appelle Intendans , Gouverneurs 3 Préccp- II paroît au reste en général , d'après la
teurs 3 Pensionnaires , ùc. Cependant il faut Loi des douze Tables , confirmée par une
convenir que les Vols faits par ces der- Constitution de l'Empereur Frédéric, qu'on
niers ( quoique d'ailleurs plus punissables trouve rapportée au Livre II des Fiefs (2) ,
que les Vols ordinaires , à cause de l'abus que la Peine ordinaire de ces fortes de Vols,
de confiance qui s'y trouve joint (2) ) n'ont ne fulTent-ils que de cinq fols, étoit celle du
point, à beaucoup près , des caractères aussi dernier supplice,
graves que les premiers ; en ce qu'on ne ^ de Mars f6g ^ g<
peut dire d eux , comme des Domestiques (í) v% tit< 2?> dt pacettntnda , ss. 8.
ordinaires , que la garde des personnes &
des biens de leurs Maîtres leur est fpécia- I V.
lement confiée. Aussi voít-on que c'est Nous venons de voir , d'après l'Ordosl- «.G**
principalement contre ceux-ci , qu ont ete nancede Saint Louis, que la Peine portée ™ntP„„i
portées toutes les Loix qui ont été rendues par ^ Constitution ] a été usitée dès les ^
en cette matière. premiers temps dans ce Royaume. Mais
(1) Hons quand il embleà son Seigneur, & il est la Loi qui doit fixer principalement notre
à son pain Ôc à son vin , il est pendable , car c'est attention sur ce point , c'est la Déclaration
manière de trahison i&cjl à qui il a fait le me- de (j) qui prononce la Peine de
chef , le doit par droit u il a jnltice en la terre. ' ^ 7 1 * f. t *r » 11
ETABx.de S. Loub;e*. tijo.cA. ^o. Hv . premier. Mort > contre ces sortes de Vols , de la
Ci) y- l'Arrét qui fera rapp. ci-après , ea traitant manière la plus absolue & la plus précise ,
du Vol qualifié par la ^uantiti. , .t fans distinguer même la quantité de la
j j j somme qui en est l'objet.
. „ . • . • , ( 1 ) Le Vol Domestique fera puni de Mort. Art.
decesVol! US nÊ n0US afT"erons Point a raP' 2. de laDÉCL. de 1724.

Art. II. Des Vols par Gens d'Affaires.

.SOMMAIRES.

1. Qu'entend-on par Geni 'd'affaires 1 3. Quid , des Vols faits par les Gens
2. Pourquoi les Vois faits par ceux-ci font d'affaires , à d'autres qu'à leurs Pré
plus punissables que les fois ordinaires. pofans.

L .'<. IL
■N O U Svyoulons parler des Agens , Comme aux différens Vols dont nous par- á.pour/
tencP- on
par Gens Receveurs , Commis , & autres Préposés Ions ici , se trouve joint un abus particulier g°o' le*
d Affaires? ^ ja conduitede nos affaires , lorsqu'ils s'ap- des fonctions de ceux qui les font / ils íbnt pafsCeU"!
proprient les- deniers dont la recette leur fans contredit plus puniblables que les Vols cisompiuf
est confiée.' L'on.pewt^aussi rapporter à ces ordinaires ; & c'est par conséquent le cas ^ue"lssqûtf
fortes de Vols.,, ceux, faits par Gens de d'augmenter le temps du Bannissement , ou les Vo!»
Justice , tels que Grêffiers , Procureurs , même de porter la Peine jusqu'aux Galères r>er^'naiJ'

Huissiers , dont nous avons parlé en trai- à temps , lorsque le Vol est considérable.
tant de la Concussion, & du Faux commis T, . r r . v , ■•/■, ,
1 7 n ■ t-> V. ce qui sera dit sur les Vols qualifies par la
par gens de Justice. L on peut encore y Quantit/.
rapporter les Vols faits par les Commis I I I,
des Postes qui decachetent lés lettres &
paquets, pour ^approprier l'argentck effets Nous: avons vu , en traitant des Vols" l<Qf<
qui s'y trouvent renfermés , & contre les- simpIes , les cas particuliers où ceux qui ™s ™»
quels a été rendue la Déclaration du 2 5 Sep- ont préposé ces Gens d'affaires , deviennent ; Gen*
tembre 1742 , que 'nous avons rapportée' civilement responsables des Vols ûàt» à
fous le titre du Faux dans les Acles autrui par ces derniers. ie«r»
prives. y. la max. i$. du chap. premier de" ce íitfeV
296 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. III. Tit. VI.

Art. III. Des Vois faits par Gens de Guerre.

SOMMAIRES.

1 . Se commettent de quatre manières suivant maisons oh ilsfont logés ; leur Peine.


les Loix Militaires. 4. 30. Lorsqu 'ils volent les Marchands ou
2. i°. Lorsque les soldats volent des biens Vivandiers venans au Camp; leur Peine.
d'Eglise ; leur Peine. 5. 40. Enfin lorsqu'ils volent dans les cham
3. 20. Lorsqu'ils volent les meubles des bres des Casernes ; leur Peine.

I. IV.

ï.Secom- E S Vols peuvent se commettre de 30. II leur est encore défendu , sous Peine A- Lorf.
"uatrema* í"311*6 manières différentes , suivant nos de la vie , de voler ou piller les Vivandiers , {^nts
nieres fui- Loix Militaires qui ont aussi attaché , a ou Marchands venans dans les Villes & dans Mar-
Loix miil- c^acune d'elles , des Peines particulières. les Camps.
taires.
I I. Défend S. M. , fous peine de la vie , à tous lu
Soldats , Cavaliers ou Dragons , de voler ou piller Camp,
». Lors- 1 °. Lorsqu'ils volent des biens d'Eglise , les Vivandiers ou Marchands venans dans les Villes
3ateSleSvo- il Y a » c^ans ce cas ' Peme de mort , & cette & dans les Camps , & de prendre par force & fans
paiement, soit pain , vin , viande , bierre , brande
lent des Peine doit aller jusqu'au Feu s'il y a pro vin, ou autres denrées & Marchandises , tant dans
biens d'E- fanation des choses sacrées. les Marches des Villes & dans les Boutiques , que
dans les Camps ou en route. Art. zz. ibid.
Quiconque aura pillé , vole ou dérobé , en temps
de paix ou pendant la guerre , soit dans le Royau v. .,
me , ou en Pays ennemi , Calices , Ciboires , ou
autre bien d'Eglise , sera pendu & étranglé ; & si
par les circonstances du Vol , il se trouvoit y avoir 4°. Ensin lorsqu'ils volent , dans les f. Enfin
eu profanation de choses sacrées , il fera condamné chambres des Casernes , les linges , habits yo^*1* J
au feu. O R D. de 1717. art. 16. V. Cod. MìLit. ou équipages des autres soldats , ou bien dans les
tit. 17. le prêt ou pain de ceux de leur chambrée , ^s Case*-
III. il y a peine de Mort ou des Galères perpé- nés.
tuelles , suivant les circonstances.
3. Lors- 2°. Lorsqu'ils volent les meubles des
Fent Sie°" ma^°ns ou ^s font logés , il y a aussi Peine
Celui qui dérobera les armes de son camarade ,
meubles de mort. ou autre Soldat , en quelque lieu que ce soit , sera
des mai pendu & étranglé ; & celui qui dérobera dans les '•
sons où ils Défend S. M. , sons peine de la vie , de voler chambres des casernes , leur linge, habit ,ou équi
sontlogés. les meubles & ustensiles des maisons où ils seront page , ainsi que le prêt ou paîn de ceux de fa cham
logés , soit en route , ou en garnison. Art. 24. de brée, sera condamné à mort ou aux Galères perpé
tOrdonnance de ilíl- ibid. tuelles , suivant les circonstances. Ord. de 1727» ibid.

Art. IV. Des Vols faits par des Hotellitrs , Maîtres de Coches , da

Navires , & de Messageries»

... : SOMMAIRES.

1 . Pourquoi font ici réunis ces différens d'autres que les Hôtelliers , ùc.
Vols. 5. Exceptions suivant les Loix Romaines
2. Ne font réputés Délits privés parmi & notre Jurisprudence. ' \ 3 f. s "
nous , comme chéries Romains. 6. Exceptions particulières en saveur des
3. Pourquoi font punis plus rigoureusement Maîtres de Coches & Messageries.
que les Vols ordinaires. ' 7. Comment Von doit procéder a l'ejïimation*
4. Quid , Lorsque ces. Vols font faits par des effets volés.
• ■ 1 Y Ji . " . , ■ . . ;j M .. i

I. * 1 1.

i.Pour- ou S réunissons ici ces quatre espèces


Cependant nous ne suivons pòînt îà dis- a: N§
^réunis de Vols i ?arce se règlent . par Tes position de ce Droit , en ce qu'il ne mettoit 5?*nfe
ces diffé- mêmes principes , & qu'il se trouvent
tensVols. aussi ? par cette raison ^ compris fQUS le ces fortes de Vols qu'au nombre des Délits privés par-
privés y nous les regardons au contraire mi nous •
même Titre du Droit Romain. ... . comme Crimes publics , & par conséquent chez le*
V. le Tit. du ff. Naut. Caup. Stabul. comme sujets à la poursuite extraordinaire. Romains.
Nous
DU VOL , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECÊS. 297
Nous distinguons néanmoins , à cet égard , ce qui ne doit néanmoins s'entendre , à l'é-
le cas où le Vol seroit imputé aux Hôtel- gard de ces derniers , qu'avec les modifica
liers , ou Maîtres de Coche ou de Navire tions que nous remarquerons ci-après. Quoi
eux-mêmes, de celui où il seroit imputé qu'il en soit , c'est par une fuite de la nécessité
à. des Tiers , comme à leurs Domestiques où l'on est de se confier à ces sortes de Dé
ou autres qu'ils auroient reçus chez eux. positaires publics , que se sont établies deux
maximes générales en cette matière : l'une $
I I I. que dès le moment qu'il y a preuve que ces
effets ont été portés dans une Hôtellerie ,
3. Pour- Au premier cas , où le Vol se trouve ac-
Coche ou Navire , les Maîtres en demeu
punìs pi"» compagné d'abus de confiance & de viola- rent civilement responsables (3). L'autre ,
rigoureu- tion des droits de l'hoípitalité , on ne peut
quelles douter °iu'il n'y ai£ ^eu à ^a poursuite que cette preuve peut se faire par témoins ,
encore qu'il s'agiroit d'une somme au-def-
VolsorcK- extraordinaire contre ces Hôtelliers &
,lalres• Maîtres de Coche ou de Navire , & que íùs de 1 00 livres , nonobstant la disposition
générale de l'Ordonnance de 1 667 , qui ne
s'ils en font convaincus, ils doivent être
permet point cette preuve dans les matières
punis plus rigoureusement que les voleurs
qui excédent cette somme (4).
ordinaires. L'usage est , en pareil cas , de
porter la Peine jusqu'à celle des Galères , (1) Nauta;, Caupones , Stabularii , quodcujufque
& même avec d'autant plus de raison que , salvuin fore receperint , nisi restituant in eos judi-
comme nous Talions voir dans un moment , cium dabo. . . quia neceste est plerumque eorum
fidem fequi , & res custodia? eorum committere. . .
la feule circonstance du lieu où se com
Nisi hoc effet statutum mnteria daretur cum Fu-
mettent ces Vols , íùffiroit pour faire aggra ribus adversùs cos , quos recipiunt , coëundi ; cum ne
ver la Peine contre de simples particuliers nunc quidem abstineant hujufmodi fraudibus. L. i.
qui les y auroient commis. II y a en outre , fs. i.ff. Naut. Caup. Stab.
suivant le Droit Canonique (1), Peine d'ex (2) Exercitor navis , aut Cauponae , aut Stabuli de
dainno , aut Furto , quod in Nave , aut Cauponâ , aut
communication portée contre ceux qui ,
Stabulo factum sit , quasi ex maíeficio teneri vide-
pendant le cours d'une navigation , volent tur; si modo ipfìus nulfum est malcsicium fed ali-
des effets appartenans à des Romains 3 ou cujus eorum quorum operâ Navem , aut Cauponam ,
autres Chrétiens. autStabulum exercerçt, & aliquatenùs culpa; reus
est , quòd operâ malorum hominum uteretur. L. 5.
(1) Excommunication! subdantur qui Romanos Js. 6. fi', de oblig. & acl...
aut alios Christianos pro ncgotiatione , vel aliis ho- ( 3)Hoc tamen ipso quod in navem trusta: funtrecep-
nestis causis navigio rectos, aut capere, aut rébus fuis tae videntur. L. i.Js. 8. Js. de Naut. Caup. & Stabul...
spoliare pradumant. V. Cap. 3. Extr. de Raptorib.
(4)N'entendons exclure la preuve parTémoins pour
incend. Eccles.
dépôts faits, en logeant dans une Hôtellerie , entre
I V. les mains de l'Hôte 8c de l'Hôtesse , qui pourra
être ordonnée par le Juge , suivant la qualité des
4. Qzmì, Mais dans le second cas , où le Vol fait personnes , & les circonstances du fait. Ord. de 1667.
ces^v ì ^ans ^es Auberges , Coches ou Navires tit. ïo. art. 4.
iont faits ne seroit point imputé aux Maîtres eux- V.
par d'au- mêmes , comme en étant les Auteurs ou
les Hôtes- I£S Complices ; cela n'empêcheroit pas , Mais aussi, comme d'un autre côté il a ^.Excep-
liers , &c. qu'à cause de la confiance publique qu'on naru trop dur d'astùjettir indistinctement, tion [ai*
1 1 1^.1 r • ii- vant les
est obligé de donner aux personnes de cet dans tous les cas , ces Dépositaires publics Loix Ro-
état , ou plutôt de la nécessité où l'on est à répondre des effets apportés chez eux , en "^""j^
de confier fa personne £t ses biens à leur ce qu'étant obligés de donner un asyle à des risPruden-
discrétion (1), ils ne puisent être poursuivis gens inconnus , & n'ayant pas la liberté de «•
personnellement pour ces Vols ; non point , se choisir eux-mêmes les personnes qui
à la vérité , par la voie criminelle , mais viennent loger chez eux , tandis que celles-
par la voie civile feulement , pour les obli ci ont la liberté de se choisir des Hôtelle
ger à la restitution des choses volées, & ries , ils feroient continuellement exposés
aux dommages & intérêts des personnes à à devenir les victimes de la fraude & de la
qui ces Vols ont été faits. Cette poursuite perfidie de ceux-ci , qui pourroient abuser
est fondée fur la présomption légale que des Regks générales dont on vient de par
le Vol a été fait au moins par une íùite ler, pour s'enrichir à leurs dépens, & préci
de leur faute ou négligence , pour n'avoir piter ainsi leur ruine : c'est pour cela que les
pas veillé , comme ils le dévoient , à la Loix & la Jurisprudence ont cru devoir tem
sûreté des effets qui leur étoient confiés. pérer la rigueur de ces règles par plusieurs
D'où il fuit qu'ils n'en devroient pas moins exceptions , parmi lesquelles nous en trou
être tenus , quoiqu'il y auroit preuve d'ail vons d'abord deux remarquables , qui font
leurs , que ce Vol auroit été fait par leurs tirées des Loix Romaines adoptées parmi
propres Domestiques , ou même par des nous. La première sondée sur le cas fortuit ,
particuliers qui feroient logés chez eux (2) : ou la force majeure 3 comme lorsque le Vol
298 LES LOIX CRI MI NE LLES , Liv. III. Tit. VI.
eft fait avec effraction , & par d'autres que tellicr y que cela étoit bon lorsqu'il se trouvoit des
commeticemens de preuves ou des circonstances
leurs Domestiques ( i ) , la seconde for la fortes , mais qu'il ne falloit pas la permettre dans
remise qui auroit été faite dçs clefs à la tous les cas indifféremment : que si l'on examinoit
personne volée , avec avertìjsement de se tous les Arrêts qui ont admis la preuve par Té
tenir sur ses gardes ( 2 ). Cette exception moins contre les Hôtelliers , ils se trouveraient ren
dus fur des circonstances particulières : qu'il ferait
n'a pas néanmoins lieu à l'égard de trop dur de les abandonner à la discrétion des
ceux qui logent en chambre garnie , filoux & de toutes sortes de gens qui vont loger
parce qu'ils ont ordinairement des doubles chez eux. V. Procès-Verbal de Confcr. fur l'art. 4.
du tit. 29. de l'Ordonnance de 1667.
clefs ( 3 ). II y a aussi une troisième excep
(6) Observatum est ex causis quae de hujufmodi
tion qu'a introduit notre Jurisprudence , Furtis acta sunt in majori crimiuafique auditorio ,
sur le fondement que l'on ne doit pas juger judicari solere pro fama cauponis. V. Mornac fur
des Hôtelleries de nos jours avec la même la Lci première au ff. Naut. Caup. & Stab.
rigueur qu'on le faifoit dans le Droit Ro
main, où cette profession s'étoit rendue VI.
extrêmement suspecte , par la fréquence des
Vols qui se commettoient chez eux : cum ne Indépendamment des Exceptions dont 6. Excep-
nunc abjlineant ab hujus modi sraudibus : nous venons de parler , qui font communes j^JJ""
sçavoir , qu'au lieu de nous conformer à la aux Hôtelliers , Maîtres de Coche & de en faveur
maxime générale de ce Droit , qui charge Navire , il y en a encore deux particulières ^"^^
indistinctement les Hôtelliers de répondre qui font établies par les Réglemens , en ches &
des Vols faits dans leurs Hôtelleries , dès faveur des Maîtres de Coche & de Messa- Meffage-
le moment qu'il y a preuve qu'ils ont gerie. Uune , c'est que ceux-ci ne font point
reçu les effets ; nous ne connoissons tenus de répondre des Vols faits dans leurs
point d'autre règle en cette matière , sinon voitures , lorsque les choses volées ne se
qu'il faut pour rendre un Hôtellier res trouvent pas mentionnées dans les Registres
ponsable du Vol , que celui qui s'en plaint , qu'ils font obligés d'avoir pour y inscrire
rapporte de son côté , la preuve du dol tout ce dont ils font chargés. Uautre , que
ou de la négligence de cet Hôtellier ; même dans le cas où les choses volées se trou-
qu'en un mot , c'est principalement par la veroient mentionnées dans leurs registres,
qualité des parties & par les circonstances ils ne seroient point encore tenus de répondre
particulières du Vol , que l'on doit juger du Vol qui en auroit été fait , si d'ailleurs
s'il y a lieu d'admettre ou non la preuve par ce Vol étoit arrivé fur le grand-chemin ,
témoins que l'on offriroit contre les Hôtel & en plein jour , entre deux soleils , pour
liers (4). Telle est la modification remar íe servir des termes des Arrêts de Régle
quable que nous trouvons insérée à la fin de mens , qui ont ordonné , fur ce point ,
l'art. 4 1 . du tit. 2 9 de l'Ordonnance de 1 667, l'exécution de l'Edit de 1576, par lequel
que nous avons citée : modification qui fut ces Mesiàgers font déclai-és garans de tous
faite , comme l'on fçait , fur l'observation Vols , excepté de ceux qui leur font faits
judicieuse de M. le Premier Président de de plein jour fur les grands-chemins. Au
Lamoignon, lors du Procès-Verbal de surplus , cette derniere Exception ne doit
Conférence íùr ce même article ( 5 ) ; & s'entendre qu'avec cette condition , que les
c'est en conséquence que nous voyons , Messagers auroient eu foin de faire dresser ,
d'après les Arrêts rendus en cette matière , par les plus prochains Juges des lieux ,
que c'est principalement par la bonne ou un Procès-Verbal de la manière dont le
mauvaise réputation des Hôtelliers, que Vol auroit été commis , & qu'ils auroient
se décident les questions qui se présentent d'ailleurs satisfait à plusieurs formalités qui
à ce sujet (6). leur font prescrites en pareil cas , & dont
on va voirie détail dans l'Arrêt du 13 Dé
(1) Ex hoc Edictoomnimodò qui recepit tenctur cembre 167Ó, que nous croyons devoir
ctiam sine ciilpâ ejus periit , vcl díimuum ckitum rapporter ici , d'après le Journal des Au
est , nisi fi quid damni siitalis contigir. L; 3. ss. 1.
ff. Naut. Caup. Stab. diences.
(2) Si praedixerit ut unusquifque vectorum res Hias
servet neque damnum se praestaturum , & conseu- (1) La Cour, faisant droit fur les Conclu
serint vectores prasdictioni non conveuitur. L. 7. sions du Procureur - Général du Roi , ordonne ■
ff. 2. ibìd. que chaque fois que les Messagers partiront , soit
{l)V. les Arrêts du 15 Mars 1629, & 12 Décem qu'ils viennent à Paris ou qu'ils en sortent, ils se
bre 1654. rapp. au Journ. des Aud. ront tenus de dresser une feuille qui contiendra
(4) V. l'Arrêt du 27 Mai 1639 , rapporté par exactement tout ce dont ils feront chargés fur
Bardft, tom. 2. liv. 8. ch. 21. V. aussi l'Arrêt leurs Registres ; laquelle feuille fera signée & pa
du 15 Mars 1608 , rapp. par le Prêtre , cent. 1. raphée au bas de chaque page pa.r le Messager ,
ch. 19. ou son principal Facteur , résidant au lieu ou on
(5) II feroit dangereux ( dit ce grand Magistrat partira j fera laissé dans ladite feuille une grande
en parlant de la preuve Testimoniale ) d'eii faire une marge , à l'esset que ceux qui viendront à retirer
Loi générale , par la raison qu'il dépendrait de la les paquets & ballots puissent mettre à côté leur dé
foi de deux Témoins corrompus , de ruiner uii Hô- charge, qui fera contenue en ces termes : ( reçu U
DU VOL , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 19?
Contenu en cet article) & signée par celui auquel ou paquets , seront poursuivis extraerdinairement
le ballot ou paquet aura été délivré : & ne seront les devant le Lieutenant Criminel du Châtelct , à la
ballots , paquets , ou autres choses dont les Messagers Requête du Substitut du ProcureHr-Général , fans-
seront chargés, délivrés qu'à ceux qui seront por que les Messagers, Maîtres de Postes ou Bourgeois'
teurs des Lettres d'Avis : seront tenus les Messa soient tenus de se rendre Parties , fi bon ne leur
gers , ou leurs Facteurs , de garder les feuHlets de semble ; & sera le présent Règlement publié , tant
tous les Envois , & les tenir en liasse pour y avoir au Châtclet qu'au Bailliage d'Àmiens , même affiché
recours , & les représenter si besoin est ; & en cas par- tout où besoin sera, dépens compenses du con
que ceux qui chargeront les Messagers d'argent , sentement des Parties. Arrêî du 15 Décembre
papiers , paquets ou ballots , veuillent prendre une i6j6. rapp. au Journ. des Aud. tom* 3.
pjIus grande précaution , pourront faire inscrire fur
lce registre du Messager que les choses par eux en ; . ví i.
voyées doivent être portées par le Messager , ou ses
Facteurs , ès maisons de ceux auxquels elles feront
adressées ; auquel ca9 seront tenus lesdits Messagers Pour Ce" qui concerne Yévaluation des" 7. Com-
faire tenir lefdites choses à leur adresse par leurs effets volés , dans le cas où ces Dépofi- JJJ1'^
Facteurs ou autres personnes , dont ils demeureront taires publics font tenus de répondre , & céder à
responsables : lesdits Facteurs ou autres portant les qu'il n'y a pas preuve d'ailleurs , soit par 1tie0<)1imj~S.
dites choses ès maisons des Marchands ou Bourgeois,
auront la feuille d'envoi , fur laquelle rlsferontécrire les registres , fractures , ou autrement , du effet* y©-
la décharge en la forme ci-dessus. Ne pourront les montant de ces effets ; l'ufage est alors lós*
dits Messagers refuser de se charger de l'argent, des
de déférer le ferment à la personne vo
papiers , paquets ou ballots, à la condition ci-dessus
exprimée, de les envoyer ès mai sons de ceux auxquel lée , fans cependant que le Juge qui le
les ils seront adressés, à la charge qu'outre le port ordi' défère , soit tellement tenu de s'y rapporter ,
iiaire , il sera payé cinq sols au f acteur qui se traus qu'il ne puisse restreindre la quantité de
portera dans la maison du Marchand ou Bourgeois
auquel le paquet devra être délivré ; & si c'étoit mandée à certaine somme plus ou moins for
un ballot qui eût besoin d'être porté par un Croche- te , suivant les circonstances (1). Au reste il
teur, sera outre cela payé la rétribution du Croche- paroît, d'après les Réglemens du Conseil (2),
teur, sans néanmoins que lesdits Facteurs puissent que l'évaluation la plus commune , dans le
exiger lesdits cinq sols, àl'égard de tout ce qui sera
chargé simplement fur le Livre du Messager , sous cas des Vols faits aux Coches ou Message-
condition d'être porté au domicile de ceux auxquels ries , est de 150 liv. pour les malles.
il est adressé. Fait défenses à toutes personnes d'in
tercepter les Lettres d'Avis , ou de s'en servir , en (i)Sed officio Judicis débet taxatiouc jusjurandum
cas qu'elles tombent entre leurs mains pour retirer refraenari. L. 18. ff. de do/o ma/o.
les paquets , ballots , argent & papiers qui nc leur (z) V. les Arrêts du Conseil , du 3 Décembre
font pas adressés , à peine du fouet j & ceux qui 1687.21 Mai 1746. & 16 Août de la même année 9
seront prévenus d'avoir volé ou intercepté ces lettres rapp» au Code Voiturin.

Art. V. Du Vol fait par les Voituriers

ISf ous voulons parler principalement des avons vu qu'il étoit austi, par cette raifort,
Vols qui se commettent fur les Vins , par puni très-rigoureusement suivant notre Ju
ceux qui font chargés de les conduire à risprudence. Cette peine est celle du Fouet ,
leur destination. Comme ce Vol est ordi de l'Amende-honorable ou du Carcan. II
nairement accompagné de l'altération qui y a d'ailleurs , suivant l'Edit de Février
se fait de ces Vins , par le mélange d'eau 1 696 , Peine de mort contre les Voituriers
dont ces Voituriers fe servent pour le rem qui volent le Sel qu'ils font chargés de
plissage des Tonneaux , nous avons cru conduire pour la fourniture des Gabelles,
devoir le mettre au nombre des Faux qui V. Papon , liv. 23. th. 9. V. aussi l'Arrêt du
se commettent fur les denrées ; & nous 4 Août 1715. rapp. au Journal des Aud. tom. 6.

Art. VI. Des Vols faits par les Meuniers.

J. L est parlé de ce Vol dans la Loi Sa- Vol est puni du Bannissement à temps &
LIQUE , fous le titre de Funis in Molendino du Carcan (1). Mais au premier cas , où
commijjis , suivant laquelle il faut distin il dégénère en Vol contre la foi publique ,
guer , quant à la Peine , les Vols faits par il doit être puni de la Peine ordinaire dé
les Meuniers , de ceux faits par des Etran ces sortes de Vols , qui , comme nous le
gers dans les Moulins. II faut distinguer verrons dans un moment , est celle du
auíìi , par rapport aux Meuniers , les Vols Fouet , du Carcan , & des Galères de trois
qu'ils font en se servant d'une mesure plus ans. A l'égard des Etrangers qui volent des
grande qu'elle ne devroit être , ou bien en grains ou de la farine dans les moulins , ils
s'emparant furtivement des grains & farines doivent , à cause de la circonstance du
déposés en leurs moulins. Dans ce dernier lieu , être punis plus sévèrement que s'ils
cas , dont nous avons parlé en traitant du avoient commis ce Vol dans des maisons
Faux commis dans les poids & mesures , le particulières ; &. c'est le cas de les con-
Pp z
300 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. III. Tit. VI.
damner aux mêmes Peines que ceux qui (i) V. les Arrêts du z8 Septembre 1715 , & 5
volent dans les Auberges & dans les Bains Odobrc *7l6- au 6° tome du JoiIr,ial des
Audiences.
publics.

Art. VII. Vols faits par les Serruriers.

L'ON veut parler principalement des Vols ait mis la serrure en leur possession. Et dans le cas
que font les Serruriers à l'aide des fauíïès où il leur seroit commandé de faire une clef sur
une autre clef , soit entière ou cassée , leur ordonne
clefs. La difficulté de se garantir de ces sor «n ce cas d'essayer ou vérifier fur la serrure la clef
tes de Vols , jointe à la circonstance du Faux servant de modelé , & en présence du chef St maître
dont ils se trouvent accompagnés , font au de la maison où sera ladite serrure \ St leur enjoint
de ne délivrer ladite clef qu'au maître de la mai-
tant de motifs particuliers qui tendent à en
sou sous les Peines susdites... Leur défend sem
faire aggraver la Peine. Cette Peine est or blablement , sous les mêmes Peines , de faire au
dinairement celle de Mort. Nous avons cunes clefs fur dessins , modelé en cire , carton
là-dessus un Arrêt remarquable du Parle tracé , ou tous autres patrons que ce soit ; comme
aussi de délivrer , à quelques personnes que ce puisse
ment de Dijon (1) , que nous croyons de être, aucunes clefs brutes ou ébauchées, quand même
voir rapporter ici , parce qu'il contient un on feroit apparoir d'une destination. Demeure pa
Règlement dont les sages dispositions peu reillement très-expressément défendu , & sous les
vent servir de modelé en cette matière. mêmes Peines , à tous Serruriers , Compagnons &
Apprentifs , de vendre , remettre & débiter , sous
quelque prétexte , & à quelque personne que ce
(1) La Cour , faisant droit sur l'appcl à minimâ soit , des rossignols St crochets propres à ouvrir les
dudit Procureur-Général du Roi , dit qu'il a été fermetures , & ordonne aux Maîtres Serruriers de
mal jugé par ladite Sentence à I'égard dudit Bor tenir renfermés dans un lieu sûr les crochets Sc
nier j & réformant iceile , Ta déclaré & déclare rossignols qu'ils peuvent avoir pour le service du
atteint & convaincu d'avoir fabriqué de faulfes clefs. Public , sans qu'en aucun cas ils puissent les con
Tour réparation de quoi , a condamné & condamne fier à leurs Compagnons & Apprentifs , & seront
ledit Bornier à être pendu & étranglé , jusqu'à ce que les Maîtres Serruriers tenus de s'en servir eux-
mort naturelle s'ensuive, par l'Exécuteur de la Haute- mêmes quand ils en feront requis , ce qui ne pourra
Justice , à une Potence qui sera dressée au champ être fait qu'en présence du chef St maître de la
du Morimont de cette Ville } condamne en outre maison. . . Fait défenses à tous Ferroniers , Reven
ledit Bornier en cinquante livres d'amende envers deurs St Crieurs de vieilles ferrailles de se servir d'é
le Roi , déclare les biens dudit Bornier acquis au taux St limes , de relimer ou faire relimer aucunes
profit de qui il appartiendra j fur iceux préalable clefs ; leur fait défenses & à toutes personnes , quelles
ment pris ladite amende : & attendu la contumace qu'elles soient , d'exposer en vente , vendre & dé
dudit Bornier, ordonne que la condamnation fera biter aucune clef , vieille ou nouvelle , séparément
exécutée par effigie au champ du Morimont de cette de la serrure pour laquelle ladite clef aura été faite...
Ville. . . Faisant droit fur les plus amples ré Et pour éviter la fabrication des fausses clefs , a
quisitions du Procureur-Général du Roi , a fait très- ordonné & ordonne qu'aucuns Maîtres Serruriers ,
expresses inhibitions St défenses à tous Maîtres Ser Ferreurs , Taillandiers , Maréchaux ou autres Ou
ruriers , Compagnons St Apprentifs demeurans ou vriers travaillans à la forge, ne pourront travailler
travaillans dans 1 étendue du Ressort de la Cour , ou faire travailler dans les derrières de leurs mai
&à tous autres Ouvriers ou Artisans employés dans sons , ni en aucuns lieux cachés , à peine d'amende ,
les campagnes au fait de la Serrurerie , de faire , & d'être punis suivant l'exigence des cas. . . Or
pour quelque cause , ou sous quelque prétexte que donne qu'à la diligence du Procureur du Roi le
ce soit , ouverture d'aucunes serrures St fermetures présent Règlement sera imprimé pour être lu , pu
fermant à clefs, ressorts ou loquets, fi ce n'est par blié & affiché aux endroits accoutumés , tant en
Tordre exprès , en la présence , 8t sous les yeux du cette Ville qu'en toutes autres Villes du Ressort de la
maître ou chef de la maison particulière ou Com Cour, & exécuté en tout son contenu suivant sa forme
munauté en laquelle ils auront été appellés , sauf le St teneur ; auquel effet il sera envoyé aux Officiers
cas où , par Justice , auroit été donné mandement de Police desdites Villes, Bourgs & Lieux , qui en
de fraction , à peine d'être poursuivis par la voie remettront des exemplaires aux Syndics & Jurés
extraordinaire , suivant l'exigence des cas , même des Corps 5c Communautés des Ouvriers, Artisans
de la peine de Mort s'il y échoit. . . . Défend pa & Marchands qui y sont dénommés , dans les Villes
reillement à tous Compagnons & Apprentifs Ser où il y a Jurande & Maîtrise ; & seront tenus lef-
ruriers de travailler , forger & limer des clefs & dits Jurés de les registrer St faire registrer en son
serrures hors les boutiques de leurs Maîtres , en entier fur les Registres desdits Corps 8t Communau
quelqu'autres lieux que ce puisse être, soit maisons tés, chacun en droit soi^St d'en faire faire la lecture au
particulières ou communautés , soit dans les bou moins une fois chaque année dans une assemblée
tiques des Maréchaux, Ferreurs , Taillandiers , & générale. . . Ordonne pareillement aux Procureurs
autres Ouvriers travaillans à la forge , ni même d'Office St de Police d'en faire faire la lecture à
dans les boutiques des Maîtres, que de leur exprès trois tenues de jour consécutives , ou assemblées
consentement , à peine d'être le Procès fait & par générales des Communautés d'habitans dans les
fait , suivant la rigueur des Ordonnances , tant aux- lieux où il n'y a Jurande ni Maîtrise , 8t auxdits
dits Compagnons St Apprentifs contrevenans , Officiers de Police de certifier la Cour dans un
qu'aux autres Ouvriers qui auront prêté les outils , mois de ce qui aura été par eux fait en exécution
forges St boutiques ; fait pareilles défenses à tous du présent Arrêt. Arrêt de Régi, du Pari, de Dijon ,
Maîtres Serruriers, Compagnons & Apprentifs, de du n Août 1748. rapp. au Code de la Police , verb»
forger & faire forger aucunes clefs , qu'auparavant on Serruriers.
DU VOL , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 301

§. IV. Des Fols qualifiés par le temps , ou des Fols faits pendant la nuit

ou en temps de Ruine , Naufrage , ou Incendie.

Art. I. Du Fol fait pendant la nuit.

SOMMAIRES.

1. Pourquoi ce Vol est pluspunissable que les quant* la faculté de tuer le Voleur noc-
' Vols ordinaires, turne.
a. Dispositions particulières du Droit Ro- 4. Autre changement , par rapport h la dé-
main fur ce Crime. termination des Peines fur cette ma-
3. Modifìcatio/ts apportées par nos Loix , tiere.

I.
1. Pour- L'on ne peat douter que la Circonstance lorsque le voleur se met en état de dé
vôls sont de la Nuit ne tende à aggraver considérable- fense (2). Au surplus , cette faculté accor
plus punis- ment ce Vol , quand on considère les faci dée dans l'un & dans Vautre de ces cas ,
les "voîT lités particulières que donnent les ténèbres ne doit s'entendre ( comme nous l'avons
ordinaire» pour aflùrer l'effet du Vol , en mettant dit en traitant des causes qui font cesser
ceux à qui il est fait hors d'état de s'en ga le Crime (3) ) qu'avec cette modification par
rantir , & de pouvoir en acquérir la preuve. ticulière , que tout homicide étant réputé
A quoi l'on peut ajouter l'intention présu parmi nous digne de mort , il n'y a que le
mée de ces sortes de voleurs , d'en venir jus Prince seul qui puisse en remettre la Peine
qu'à l'homicide , dans le cas où l'on voudroit par des Lettres qu'il accorde à cet effet ,
les empêcher de consommer le Vol qu'ils & qu'il ne refuse jamais en pareil cas.
íè sont proposés de faire. •
(1) Fur nocturno tempore captus in Furto dum
res Furtivas cum portat fuerit occiíus , nulla ex hoc
Qui malè agit , odit lucem. homicidio qucrela nascatur. Capit. Car. Magn.
Fur nou venit , nifi ut furetur , & mactet , & lib. 5. c. 191.
perdat. Joan. c. 10. v. 10. (1) V. Bouthillier en sa Som. Rur./. 1. Th. 34.
(3) V. entr'autres le Chap. Perfòdiens du Droit
I I. Canonique , rapp. ci-devant , liv. premier , tit. 5.
ch. 3. max. x.
a.Disposi. C'est aussi par toutes ces raisons que les I V.
tions par- l0jx Romames permettoient de tuer le
ticulieres , _ * N _ ... A l'égard de l'autre disposition du Droit 4. Autre
du Droit voleur nocturne (i) , & quelles avoient Romain , suivant laquelle la punition de m""tgepar
Romain cru devoir tirer cette espece de Vol de la
l u r ce Cri ces sortes de Vols est laissée à Yarbitrage du rapport à
me. classe des Délits privés , pour les mettre Juge , nous avons vu , d'après la Décla- ladétermi"
dans celle des Crimes extraordinaires (2) , •1 i r»- jiri»« natlon des
ration de 1724 , que la reine du Vol n est Peines sor
dont la Peine étoit laissée à l'arbitrage du point absolument arbitraire parmi nous , cette ma~
Juge. tiere.
en ce que cette Loi veut impérieusement
( 1) Si latronem infìdiantem occidero , sceurus eroj que cette Peine ne puisse être moindre que
nain adversùs periculum naturalis ratio permittit celle du Fouet & de la Marque (1); en sorte
se defendere. L. 4. fi', ad Leg. Aquil. qu'elle ne laisse aux Juges que la liberté
("2jFures nocturnicxtraordinarièaudiendisecus &
causa cognita puniendi. L. 1. fi', de Furibus balntar. seulement , de pouvoir augmenter cette
Peine suivant l'exigence des cas. L'on ne
III. peut douter , d'après les circonstances ag
gravantes qui distinguent le Vol dont il
3. Modi Pour ce qui concerne nos Usages parti
s'agit , que ce ne soit ici l'un des cas où
fications culiers , relativement à l'une & à l'autre
apportées cette augmentation doit avoir lieu. Elle
par nos des dispositions de ce Droit , nous voyons
consiste ordinairement , suivant notre Juris
Loixquant d'abord , quant à la faculté de tuer le vo
à la facul prudence , dans la prolongation du temps
té de tuer leur de nuit, qu'elle se trouve formellement
du Bannissement.
le Voleur autorisée par notre ancien Droit François ,
nocturne. ( 1) Ceux ou celles qui n'ayant encore été repris de
mais fous ces deux conditions néanmoins ; Justice , se trouveront , pour la première fois , con
Yune qui se trouve marquée par les Capitu- vaincus de Vol , autres que ceux commis dans les
laires de Charlemagne , c'est lorsque le Eglises , ou Vol domestique , ne pourront être con-
voleur de nuit est surpris en emportant les damnés à moindre Peine que celle du Fouet , &
d être flétris d'une marque en forme de la lettre V ,
effets volés (1) ; l'autre qui est attestée par fans préjudice de plus grande Peine s'il y échet
Bouthillier , dans fa Somme Rurale , c'est suivant íerigence des cas. Décl. de 1724. art. 3.
joi LES LOIX CRIMINELLES, Liv. III. Tit. VI.

Art. II. Du Vol fait en temps de Ruine , Naufrage S» Incendie,

SOMMAIRES.

1. Pourquoi plus punissable que les autres 3. Distinction quant h la Peine, entre les
Vols. Vols qui se font dans ces trois differens
2. Preuve par témoins > admise pour tous les temps,
dépôts faits en pareil cas. ' \

1. Pour- es trois fortes de Vols font l'objet d'un dans le cas de l'augmentation de la Peine
punîssabíe Titre particulier du Droit Romain , suivant du Vol , dont il est parlé à la fin de l'ar-
que les au- lequel il paroît qu'ils dévoient être punis ticle 3 de la Déclaration de 1724. A l'é-
tres Vols. sévèrement que les autres Vols , à gard des Vols qui se font en temps de nau
cause de l'efpece de trahison & de l'inhuma- frage , nous avons , dans le Droit Cano
nité qu'ils renferment , en ce que l'on pro nique , & dans l'Ordonnance de la Marine ,
fite des malheurs d'autrui , & des troubles des dispositions particulières à ce sujet. Le
dont il fe trouve alors agité , pour lui en Droit Canonique prononce l'Excommu-
lever ses biens. C'est aufli par cette raison nication contre ceux qui s'emparent, Sc
que ce Droit asfujettiífoit également à la retiennent des effets des Chrétiens qui font
Peine de ce Crime , ceux qui recéloient naufrage (1). L'Ordonnance de la Marine ,
ces fortes de Vols , comme ceux qui les porte la rigueur jusqu'à prononcer la peine
commettoient. de Mort dans les quatre cas suivans ; fça-
voir , 1°. contre tous ceux en général qui
Hujus Edicti militas evidens &justisfima scveritas
est : ít quidem publicè interest nihil rapi ex hujuf- attentent à la vie ou au bien de ceux quï
modi caíìbus. L. ì.Jf. i. ff. de inetnd. ruin. & nauf. font naufrage (2) j 20. contre les Cavaliers
Non tantùm autem qui rapuit , verùtn is quoque ou Soldats qui courent à ces sortes de
qui recipit ex caufis suprà scriptis tenetur : quia
naufrages .(3); 30. contre ceux qui allu
receptores non minus delinquunt quàm aggreflbres.
L. X.JT. X. ibid. ment, pendant la nuit, des feux trompeurs
IL lùr les grèves de la Mer ou dans les lieux
périlleux , pour y attirer & faire périr les
2. Preuve C'est aussi en considération du trouble Navires (4) ; 40. enfin contre les Seigneurs
moituad- dont f°nt agités ceux qui ont Ie malheur des Fiefs voisins de la Mer , 8c tous autres
mise pour de fe trouver dans tous ces cas , que nos qui auroient forcé les Pilotes de faire
pôti se?» Ordonnances ont cru devoir excepter les échouer les Navires aux Côtes qui joignent
en pareil Dépôts qui se font en de pareilles circons leurs terres , pour en profiter , fous pré
cas tances , de la règle générale qu'elles ont texte du Droit de Varech ou autres (5).
établie pour exclure la preuve testimo L'on trouve aussi , dans la même Loi , des
niale dans toutes les matières dont l'objet dispositions particulières qui règlent ce qui
excède la somme de cent liv. doit être observé touchant la Sépulture des
N'entendons exclure la preuve par Témoins pour cadavres , & la Vente des effets qui font
dépôt nécessaire en cas d'incendie , ruine, tumulte , trouvés fur eux ; & c'est ce que nous aurons
ou naufrage, ni en cas d'accidens imprévus , où on lieu de remarquer en traitant de la Jurifdic-
ne pourroit avoir fait des actes , & aussi lorsqu'il y
tion de I'Amirauté.
aura un commencement de preuve par écrit. Ord.
de 1667. tit. 20. art. 3.
(1) Illietiam qui Christianos naufragium patien
I I I. tes ( quibus secundùm regulam fidei auxiliare te-
nentur ), damnatá cupiditatc spoliant rebus fuis, niíï
ablata reddiderint , excommunicationi se noverint
V Dis Au surplus , quant aux Peines usitées
tinction subjacere. Cap. 3. extr.
quant à la parmi nous contre ces fortes de Voleurs , (2) Enjoignons à nos Sujets de faire tout-devoir
Peine, en- il paroît que l'on distingue d'abord ceux pour secourir les personnes qu'ils verront dans le
tre '«Vols • voient en temps d'incendie & de ruine , danger du naufrage : voulons que ceux qui auront
qui se tont \ . r 1 r attente à leur vie & biens soient punis de Mort ,
clam ces de ceux qui volent en temps de naujrage ; fans qu'il leur en puisse être accordé aucune grâce ;
trois diffe & que l'on distingue aussi , parmi les pre laquelle , dès-à-présent , Nous avons déclarée nulle,
rens tems.
miers , ceux qui volent fous prétexte d'ai & défendons à tous Juges d'y avoir aucun égard.
der à sauver les effets , de ceux qui volent Ord. de la Marine , tit. 50. art. 2.
(3) Faisons défcnlès à tous Soldats & Cavaliers
les effets qui ont été jettés dans la rue , de courir aux naufrages , à Peine de la vie. V. ibid.
pour les garantir du feu : ces derniers ne art. 30.
font point punis aussi sévèrement , que les (4) Ceux qui allumeront de nuit des feux trom
peurs fur les grèves de la mer , & dans les lieux
autres qui joignent au Vol un abus parti
périlleux , pour y attirer 5c faire périr les Navires,
culier de confiance , & par conséquent font seront aussi punis de Mort , Sc leurs corps attachés à
DU VOL , ET m SES DIFFÉRENTES ESPECES* 505
un mât planté aux lieux où ils auront fait les feux. les Piloterou Locmans de faire échouer les Navires
rV.. 101a.
ibid. an.
art. 4^.
45 aux côtes qui joignent leurs Terres pour en profiter,
(S) Seront punis de Mort les Seigneurs des Fiefs fous prétexte de droit de Varech , ou autre tel qu'il
voisins de la mer , & tous autres qui auront forcé puisse être. V. ibid. art. 44.

§. V. Des Vols qualifiés par le Lieu.

Art. I. Du Vol fait fur les grands Chemins.

SOMMAIRES.

1. Comment font qualifiés & punis les aient assassiné ou non , & pourquoi.
Voleurs de cette espece , suivant le Droit 4. Et pareillement pour, une fìmple attaque ,
Romain. ou pour avoir accompagné le Voleur.
2. Dispofìtion -du Droit Canonique h ce 5. Réputé cas prévôtal , dijìinclion a ce
sujet. sujet.
3. Punis de la même Peine , soit quils

I.

1. Com I L est parlé , dans le Droit Romain (1), envisagés par nos Loix , qui punissent éga- me Peine-;
ment font de ces sortes de Voleurs , tantôt fous le lement de la Roue deux qui volent íur so"
qualifiés
òí punis nom de samofi Lairones \ tantôt fous celui les grands-chemins faná assassiner , comme sàssinéVu
k» Vo de GraJJatores ; & ils font déclarés pu ceux qui assassinent pour voler. En quoi non » &.
leurs de l'on peut dire que leurs dispositions n ont Pourclu01*
cette espè nissables de mort , fur le fondement que
ce suivant rien n'est plus intéressant pour la société , rien que de juste & de très-fage, malgré
le Droit
Romain. que de pouvoir voyager fans crainte ni les réclamations de certains Critiques dé
péril (2). nos jours , qui prétendent que (Jette parité
de rigueur ne tend qu'à multiplier les assas
(1) Famosos Larrones in his locis nbi grasiati sinats, en mettant les Voleurs dans la né
íunt, Furca figendos compluribus placuit. L. 28. cessité de chercher , par ce moyen , à
ff. 15. ff.de Panis. Grassatores qui praedae caûsâ id
faciuut proximi Latronibus habentur , & si cum s'assurer l'impunité de leurs Crimes. En
ferro aggredi & fpoliare inllituerunt , capite puiiiiin- effet , indépendamment des raisons fondées
tur: utique si siepius in itincribtis admiseruiit cœfcri , fur l'intérêt public , qui militent égaíement
in metallum dantur , vel ininsulas relcgautur. Ibid.
dans l'un & l'autre cas , & à ne consi
$. 10.
dérer que l'intérêt particulier du Voleur
(2) Publico eniru utile est sine metu & periculo
per itinera commeari. L. 1. §. ff.de his qui. lui-même , l'on ne veut , pour faire sentis
que cette critique est aussi peu réfléchie
que dangereuse , que lui opposer Texpé-
I I.
riençe journalière qui fait voir , qu'en fe
portant à ce dernier excès qui intéresse
j.Dispo- Les Loix Canoniques ne s'élèvent pas essentiellement Tordre public , le Voleur
íhion du avec moins de force contre ces fortes de
ne fait qu'assurer par-là d'autant mieux fa
■tonique à Voleurs , qu'elles assimilent aux Meurtriers perte > en ce qu'il excite contre lui l'acti-
ce ìujet. &. aux Assaíîìnats , parce qu'en esset elles sup
vité des poursuites , auxquelles on le voit
posent dans eux le même degré de noirceur rarement se soustraire : tandis qu'au con
&. de malice , & íùr-tout la détermination traire , en s'en tenant au simple Vol , qui n'in
absolue de tuer en cas de résistance (1). téresse que les particuliers , il est rarement
poursuivi , & encore plus rarement puni ,
(1) Est injusta miíèricordia denique in Iege , par le défaut de preuves suffisantes pour les
scriptum est de quodam , non misereberis illius. . . .
Itaque si quis Latronem filiis deprecantibus motus, convaincre. Qui ne fçait d'ailleurs que l'af-
8$ lacrymis conjngis ejus inflexus absolvendum sassinat étant du nombre de ces Crimes oc
putet, cui adhuc latrocinandi aspiret assedtus nonne cultes , qui peuvent se prouver par de
innocentes traditexitio , qui libérât multorutn exitia simples indices , celui qui le commet s'ex
cogitantem ? Certè si gladium reprimit , vincula
dilfolvit : cur laxat exitio , cur latrocinandi quà pose à être beaucoup plus aisément con- *
- patest clementiori viâ , non eripit facultatem qui vaincu que celui qui s'abstient de tuer ,
vpiuntatem extorqûere non potuit. . . . Can. 33. en ce qu'il peut s'élever contre lui une
Cans. 23, au. 4.
foule de témoins muets , que n'auroit point
III. à craindre ce dernier ; tels entr'autres que
ceux résultans du bruit des armes , des cris
3. Punis de la personne assassinée , des taches desang
de la m«- C'est aussi de cette manière qu'ils font
304 LES LOÌX CRIMÏNE LLES , Liv. III. Tit. VI.
vifs , ce qui se fait par un retentum qui fê
qui se trouveroient sur les habits du Meur
trier , des effets ou papiers du défunt dont ce
met au bas de l'Arrêt.
Meurtrier se seroit trouvé saisi , des armes
ou autres effets du Meurtrier lui-même , (1) Ceux qni feront convaincus d'avoir , par em
bûches & aggressions conspirées & machinées ,
qui pourroient se trouver sur le cadavre , ou pillé & détroussé les allans & venans ès Villes &
dans le voisinage du lieu où le meurtre Villages & lieux du Royaume , Pays , Terres &
auroit été commis ; & enfin plusieurs autres Seigneuries , en mettant embûches pour les guetter
indices de cette eípece , que nous avons & épier aux entrées & issues desdites Villes , &
aussi pour les détrousser & piller •■, & aussi ceux qui
indiqués en traitant du Meurtre , & de TAs ferent le semblable au-dedans desdites Villes ,
sassinat , & que nous aurons lieu de détailler guettant & épiant de nuit les passans , allans 8c
encore plus amplement en traitant de la venans par les rues d'icelles , seront condamnés à
avoir les bras , jambes , cuisses & reins rompus , &
Preuve conjecturale. à être attachés fur une roue le visage tourné vers le
Ciel , où ils demeureront vivans , tant qu'il plaira à
■ IV. Dieu les laisser en vie. Edit de François I. de
Janv. 1 5 34.
(z) Si quis ad rapinam faciendam aggreditur ,
reniement Non-feulement nos Loix ne distinguent aut iter agentem in praidiis adsederit , aut domum
aiterius nocturnus spoliator iutrârit & occisus fuerit,
pour une point , quant à la Peine , les Voleurs de mors Latronis ipsius à nemiue requiratur. Capit.
fimple at- grand-chemin qui n'assassinent point , de Car. Magn. L. 7. art. iìz.
taque , ou 0 • 11
pouravoir ceux qui analhnent(i) , mais elles portent
accompa- même la rigueur jusqu'à étendre cette Peine V.
gneleVo-, r. i„
w, à ceux qui n'auroient sait qu'une simple
attaque , sans être jparvenus à consommer Nous verrons , en traitant de la Juris- 5. Réputé
le Vol} jusques-là même qu'elles permet diction Prévôtale , que ces sortes de Vols
tent à ceux qu'ils attaquent , de les tuer font mis au nombre des cas prévôtaux , tinction à
tant par l'Ordonnance de 1670 (1) , que " suJít"
impunément (2). Elles font plus encore,
elles assujettissent , à la même Peine que ls par la Déclaration de Février 173 1 (z) ;
Voleur , tous ceux qui raccompagnent , 6c mais aveç cette distinction néanmoins , qu'au
ceux même qui lui donnent retraite. Ce lieu que les Rues & Fauxbourgs des Villes
qui ne doit s'entendre néanmoins , en ce étoient réputés grands-chemins aux termes
dernier cas, qu'avec certaines modifica de l'Ordonnance , ils ne font pluç réputés
tions , que nous aurons lieu de remarquer tels aujourd'hui depuis la Déclarátion de
en traitant du Vol par recélement. Nous 173 1 , qui , après avoir attribué , aux Pré
avons vu d'ailleurs , en traitant des Peines vôts des Maréchaux , la connoissmee des
capitales , qu'on étoit dans l'usage , suivant Vols fur le grand-chemin, ajoute, » fans que
la Jurisprudence des Tribunaux, de tem » les Rues des Villes & Fauxbourgs puissent
pérer alors la rigueur du genre de mort , » être censées comprises , à cet égard , fous
en ne faisant mourir sur la Roue que ceux » le nom de grands- chemins.
qui ont assassiné ; & à l'égard des autres ,
(1) V. Ordonn. de 1670. tit. i.art. 12.
en les faisant étrangler après quelques coups (2) V. Déclaration de Fcvricr 173 1. art. 5.

A r t. 1 1 1. Du Vol dans les Eglises. .

SOMMAIRES.

1. De quelle efpece de Vol d'Eglise l'on 3. Cas particulier ou cette Veine peut aller
veut parler ici. jufqua la mort.
2. Sa Peine suivant la Déclar. de 1724.

J.

«. De L E Vol dont nous voulons parler ici est sait dans les Eglises inter sacrum in sacro ,
pecè'6 de" ceki qui tombe fur des choses purement & non sacrum in sacro.
vol l'on profanes , trouvées dans les Eglises, telles
ì'e'U;tcipar~ que montres , bijoux, mouchoirs, deniers
' 1 f '.r :
renfermés dans les Troncs, & autres qui n'ont Ce font aussi les Vols de cette derniere a. SaPel-
pour objet ni les choses sacrées , ni les efpece qui font l'objet particulier de l'ar- '"e
choses consacrées a Dieu , dont nous avons ticle premier de la Déclaration de^ I724 ? ration de
parlé fous le Chapitre premier de .ce Titre. qui veut qu'ils ne puiíïènt être punis de '7M-
C'est de-là qu'est venue la distinction que moindre Peine que de celle des Galères à
font les Auteurs entre Vol d'Eglise & Vol temps ou à perpétuité pour les hommes , &
de
DU VOL , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. : 305
íe la flétrifliire avec réclusion à temps ou Ecclesiam unam personam eíse veraciter agnoscimus,
quaecumque Ecclesiae sunt , Christi sunt , & quae
perpétuelle dans les Maisons de Force , à [
Ecclesiae in supradictis , vel in quibuscumque
î'égard des femmes. « Le tout (ajoute cette speciebus , sive pollicitationibus , sive pignoribus ,
même Loi ) » fans préjudice de la Peine de íive feriptis , sive corporalibus rébus offeruntur ,
» mort , s'il y échet , suivant l'exigence Christo offeruntur , & qua; ab Ecclesia ejus quo-
cumque commento alienantur vel tolluntur , sive
» des cas ». alienando , sive vastando , sive invadendo , sive
minorando , sive diripiendo , Christo tolluntur , &
Ceux ou celles qui se trouveront à l'avenir con- si ab amico quippiam rapere furtum est, praecipuè
raincus de Vols & de Larcins faits dans les Eglises , Christo Domino nostro qui est Rex Regum , &
ensemble leurs Complices & Suppôts, *ne pourront Dominus Dominantium , aliquid auferre, alienare ,
être punis de moindre peine que , sçavoir les subripere , vel vastare sacrilegium est. Omnes
hommes de celle des Galères à temps ou à perpé namque Ecclesiae praedones manifestiífimè sunt
tuité , & les femmes d'être flétries d'une marque en sacrilcgi , & nullus sacrilegius , nisi per puram pro-
forme de la lettre V. & enfermées à temps ou pour batamque atque publicam pœnitentiam & per
leur vie dans la Maison de force ; le tout sans pré Ecclesiae satisfactionem Episcoporumque per manus
judice de la peine de Mort , s'il y échet , suivant impositionem juxtà canonicas lanctiones reconcilia-
l'exigence des cas. DÉCL. du 4 Mars 1714. reg. le tionem , Reguum Dei poslîdebit ; & non íblùm à
31 du même mois. regno Dei fit alienus , sed etiam à liminibus
Sanctae Ecclesiae & praecipuè ab illius quam laesit
V I I. usque ad praedictam satisfactionem extorris effi-
citur. Talium verò scelerum patratoribus nisi post
praedictam satisfactionem nec vivis , nec mortuis
î: Jj£ Les cas où la peine de Mort peut avoir communicare minimè debemus. Quia qui rapuit
o^cette ueu > en partant de la derniere disposition pecuuiam proximi fui iniquitatem facit , qui non
Peine peut de cet article , font , toutes les fois que les íblùm sacrilegi sed etiam sures sunt , &t insuper
anathematis vinculo damuati coratn Deo & Sanctis
qu'à iìf" Vols fe trouvent accompagnés de sacrilège ejus efliciuntur. Capitul. Car. Magn. L. 6. art.
ou d'effraction. Nous ne croyons pouvoir 305.
en donner des exemples plus précis , qu'en (1) Celui qui brisera & forcera les troncs destinés
rapportant ici les sages dispositions que con à assembler les Aumônes , ou qui tentera de les dé
pouiller par quelque subtilité , ou quelques autres
tiennent les Capitulair.es (1) &la Caro pratiques , doit être puni de son corps , fur l'avis
line (2) , relativement aux différentes es des Gens de Loi Celui qui de jour volera dans
pèces de profanations qui peuvent fe com une Eglise des choses consacrées peu considérables ,
& qui ne seront pas de ces articles importans , dont
mettre en cette matière.
il vient d'être parlé , comme scroit de la cire , des
cierges , nappes d'Autel , & où le Voleur ne se
( 1 ) Omnia quae Domino offeruntur , procul seroit servi ni d'escalade, ni d'effraction , ni d'aucun
dubio , Domino consecrantur , 8c non íblùm sacri- instrument dangereux & propre à la violence , ou
ficia quae à Sacerdotibus super, altare Domino qui volera quelques effets profanes que l'on auroit
consecrantur , oblationes fidelium dicuntur , sed réfugiés dans une Eglise , sans néanmoins que le
quaecumque ei à fidelibus offeruntur , five in man- Voleur ait forcé ladite Eglise ou Sacristie , ni fait
. cipiis , íive in agris , vineis , fylvis , pratis , aquis , une effraction dangereuse, sûr toutes les espèces de
aquarumve decuríìbus, artificiis , libris , ustensilibus, Vols contenues en cet article , la punition contre
pétris , aedificiis , vestimentis , pellibus , lauificiis , le coupable doit être proportionnée aux circonstances
pecoribus pascuis, membranis , mobilibus & immo- & distinctions qui s'y trouveront , comme il a été
bilibus , vel quaecumque de his rébus quae ad ci-dessus marqué clairement au sujet des Vols des
laudem Dei fiunt , vel supplementum Sanctae Dei choses profanes , en observant cependant que ces
Ecclesiae , ejufque Sacerdotibus atque ornatum praef- sortes de Vols d'Eglise méritent une plus grande
tare poísunt, Domino indubitanter consecrantur, & sévérité que les autres. V. Caroline , art. 173.
ad jus pertinent Sacerdotum , & quia Christum , & & 174.

Art. III. Du Vol dans les Maisons Royales.

C^Ette efpece de Vol a donné lieu à plu que quelqu'application que lui & les Officiers de
sieurs Déclarations , notamment à celles du la Prévôté de notre Hôtel aient eu jusqu'à présent
à rechercher , informer , & punir les auteurs , cou
15 Janvier 1677 7 Décembre 1682 (2), pables & complices de ces Vols , Taffluence de gens
& 11 Septembre 1706 (3), qui toutes s'ac de toutes sortes , fainéans & fans aveu, qui abordent
cordent également à y attacher la Peine de de toutes parts à notre Cour , ne leur a pas permis
jusqu'à présent d'empêcher la suite de ce mal *
Mort. Nous croyons devoir rapporter ici
d'autant plus que les peines établies pour la puni
ces différentes Loix , tant parce qu'elles tion de ces fortes de crimes ne font pas assez sévères
ont été données pour servir d'interprétation pour empêcher ceux qui s'adonnent à ces Vols., de
les unes aux autres , qu'à cauíè des divers continuer & récidiver par le profit & la facilité
qu'ils y trouvent , & qu'il est impossible de répri
enregistremens qui en ont été faits , tant au mer cette licence que par la sévérité des peines, en
Grand-Conseil , qu'au Parlement. renouvellant à cet effet & faisant exécuter la Décla
ration de François I , du premier jour du mois de
Novembre 1530 , par laquelle il aurcit ordonné, que
(i)LoUIS, &c. Le Procureur pour Nous en la ceux qui seroient convaincus desdits larcins seroient
Prévôté de notre Hôtel, Nous ayant remontré qu'il punis de mort. A CES causes, &c. que ladite Dé
s'est fait depuis plusieurs années , & qu'il se fait claration du premier jour de Novembre 1530 ,
encore journellement, divers Vols dans nos Maisons dont copie est ci-attachée fous le contre- scel de
Royales & dans tous les lieux où Nous logeons 7 & notre Chancellerie , soit exécutée selon sa forme &
Qq
LES LOIX CRIMIN ELLES-, Lrv. IILTit. VI.
teneur ', ce faisant , Nous voulons que les auteurs , Colbert , St scellé du grand Sceau de cire jaune :
coupables & complices des Vols St Larcins qui Conclusions du Procureur - Général du Roi : le
seront faits dorénavant dans l'enclos de la Maison Conseil a ordonné que lesdites Lettres feront lues
où notre Personne sera logée, ou de ceJles qui ser Se publiées en l'Audience du Conseil , Sc rogistrées
viront à nos Offices St Ecuries , soient punis de ès Registres d'icelui , pour être exécutées ,Tgardées,
mort , quoique pour semblables cas ils n'eussent 6 observées selon leur forme St teneur : enjoint au
jamais été repris ni punis , & fans avoir égard à la Substitut du Procureur-Général du- Roi dy tenir la
valeur 8t à l'estimation de ce qu'ils pourront avoir main, & d'en certifier le Conseil dans- -huitctine*-
volé. Si DONNONS EN MANDEMENT , &C. DÉCI. Arrêt d'enregistr. du Grand-Conseil , du 15 Dé
du 15. Janvier 1677. cembre 1682. .. . ^ .■ :. ..

(3) LoUIS , &c. Les Vols 81 Larcins qui ont été


( i ;T_iOUIS , Stc. Les Vols & Larcins qui ont été souvent faits dans nos Maisons , par la. facilité que
souvent faits dans nos Maisons , par la facilité que les Coupables ont trouvée à s'y introduire , Nous
les Coupables ont trouvé à s'y introduire , Nous ont porté à établir , par notre Déclaration du 19
auroit porté à établir la peine de Mort contre ceux Janvier 1677 , la peine de Mort contre les Auteurs ,
qui seroient Auteurs , Coupables St Complices de Coupables & Complices de pareil» Vols dansJ'en-i
pareils Vols dans l'enclos de la Maison où notre clos de la Maison où notre Personne serait logée,
Personne seroit logée , ou de celles qui serviroient à ou de celles qui serviroient à nos Offices St Ecuries,
r.os Offices & Ecuries , & d'autant que depuis ladite en quoi Nous n'avons fait que suivre l'exernple du
Déclaration auroient dû être punis de Mort , nos Roi François I, qui avoit fait une Loi semblable en
Officiers , qui ont jugé lesdits Coupables, n'ont pas Tannée 1530. Et depuis par notre Déclaration du
cru, aux termes de ladite Déclaration , devoir les 7 Décembre 1681 , Nous avons , en interprétant
condamner à cette Peine pour des Vols faits dans notre première Déclaration, ordonné que la m#me
l'avant-cour de notre Château de Versailles : Nous Pe Ine auroit lieu contre ceux qui commertrolen.t
avons estimé nécessaire d'interpréter ladite Décla des Vols ou Larcins dansl'étendue des cours, avant*
ration, afin qu'il ue reste aucun doute auxdits Juges. cours, cours de Cuisines, Offices St Ecuries de nos
A Cts causes , en confirmant notredite Déclara Maisons Royales St des autres Maisons où Nqtts
tion du 15 Janvier 1677 , dont copie collationnée serions logés , St qui serviroient à nosdits Offices
est ci-attachcc fous le contre-scel de notre Chan St Ecuries ; mais comme ces deux Déclaration*
cellerie , 8t interprétant icellc en tant que de besoin, n'ont point été adressées à notre Cour de Parle
Nous avons dit St déclaré , disons St déclarons , par ment de Paris, Sc que plusieurs Officiers en ladite
ces présentes signées de notre main , voulons St Cour doutent s'ils peuvent prononcer la peine de.
Nous plaît, que les Auteurs , Coupables St Com Mort contre les Coupables de ce. crime , jusqu'à ce
plices des Vols St Larcins qui seront faits à l'avenir que nosdites Déclarations y aient été enregistrées j
dans nos Maisons Royales , cours , avant-cours , Nous avons jugé à propos de faire cesser absolument
cours de Cuisine, Offices St Ecuries d'icelles , ou cette difficulté , afin que rien ne puisse empêcher
des autres Maisons où Nous serons logés , qui ser l'exécution d'une Loi rigoureuse , mais nécessaire
viront ànosdits Offices St Ecuries , seront punis de pour réprimer la licence de ceux que notre présence
Mort , quoique pour semblables cas ils n'eussent même ne peut contenir dans leur devoir. A CES
jamais été repris ni puni» , 8t fans avoir égard à la causes , Nous avons dit 8t déclaré , disons St d"é-
Valeur & estimation de ce qu'ifs pourront avoir volés. clàrons , par ces Présentes signées de notre main ,
Sl DONNONS EN MANDEMENT , Stc. DÉCZ. du 7. voulons St Nous plaît , qae nos Déclarations des
Décembre 1681. reg. au Grand - Conseil le 15 du 15 Janvier 1677 & 7 Décembre i6ti , soient
mime mois en ces termes Vu par exécutées selon leur forme St teneur; St en consé
le Conseil l'Edit en forme de Déclaration quence, que les Auteurs , Coupables St Complices
du Roi , portant confirmation d'une Déclaration des Vols St Larcins qui feront faits á l'avenir dans,
du 15 Janvier 1677. & interprétant icclle en tant que nos Maisons Royales , cours , avant-cours , cours de
besoin , que lesdits Auteurs , Coupables & Com Cuisines , Offices 8t Ecuries d'icelles , ou des autres
plices de Vols St Larcins qui feront faits à l'avenir Maisons où Nous serons logés , St qui serviront à
dans les Maisons Royales où le Roi fera logé , 8í nosdits Offices 8t Ecuries , soient punis de Mort,
qui serviront auxdits Offices St Ecuries , seront pu quoique pour semblables cas ils n'eussent jamais été
nis de Mort , quoique pour semblables cas- ifs repris ni punis , St fans avoir égard à la valeur Sc
n'eussent jamais été repris ni punis , St fans avoir estimation de ce qu'ils pourront avoir volé. Si
égard à la valeur St estimation de ce qu'ils pourront DONNONS EN MANDEMENT, Stc. DÉCL. du II Sep
avoir volé ; donné à Versailles au mois de Décembre tembre 1706. registfée en Parlement le 18 du mime
dernier , signé Louis , & fur le repli , par le Roi , mois.

Art. IV. Du Vol fait dans VHôtel des Monnoies.

lL y a peine de Mort portée par la Dé nos Prédécesseurs à rendre plusieurs Ordonnances


claration du 18 Avril 17 14 , contre ceux pour la sûreté de ces Matières , St notamment un».
Déclaration du 3 Décembre 1709. portant peine
qui volent dans les Hôtels des Monnoies , de mort contre les Ouvriers ^Journaliers , Commis
des eípeces & matières d'Or & d'Argent , St Inspecteurs des Monnoies, qui seront convaincus
Billon & Cuivre , soit qu'il y ait effraction d'avoir fait des Vols 8t Larcins dans l'exercice de
ou non. Nous croyons devoir rapporter leurs fonctions. Cependant , Nous avons été infor
mé que , sous prétexte que les Ajusteurs, ni leurs
ici cette Loi, à cause de l'importance de Officiers n'y sont pas nommément compris , St que
ses dispositions , & des matières qu'elle a d'ailleurs ils font chargés en gros , St solidairement ,
pour objet. des Matières qui leur font confiées , quoiqu'il leur
soit aisé d'en soustraire au préjudice des Directeurs,
les Officiers de notre Cour des Monnoies de Paris
ne se sont pas cru assez autorisés pour ordonner la
JLjOUIS , Sec. Salut. La facilité d'abuser dans peine de Mort dans un cas pareil , encore que le
les Hôtels des Monnoies de la confiance nécessaire divertissement fait d'une quantité de Matières d'or
pour la fabrication des Espèces , a engagé les Rois St d'argent est suffisamment prouvé. Et comme il
DU VOL , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 507
est nécessaire de ne plus laisser aux Juges aucun lieu yeurs , 8c autres personnes employées aux opéra
de douter de nos intentions à cet égard , même de tions qui regardent directement ou indirectement la
pourvoir de plus en plus à la sûreté des fonds qui fabrication de nos Monnoies, d'en séquestrer aucu
font dans les Ouvroirs 8c Bureaux des Hôtels de nos nes Espèces 8f Matières d'or 8c d'argent , billon 8c
Monnoies , ou en la possession des Ouvriers , Com cuivre, poinçons , carrés , machines 8c ustensiles ,
mis , Officiers & Préposés pour la fabrication , de même de les emporter ou faire emporter fans per
manière que personne ne puisse à l'avenir rien sé mission hors de nosdites Hôtels des Monnoies , fous
questrer. Aces causes, &c. voulons & Nous plaît quelque prétexte que ce puisse être , à peine d'être
que tous les Vols 8c Larcins qui seront faits doréna pareillement punis de Mort, fans que dans aucuns
vant des Espèces 8c Matières d'or 8c d'argent, bil desdits cas ladite peine de Mort puisse être jamais
lon 8c cuivre , faisant partie du fonds des Hôtels de remise ni modérée par les Juges à qui Ta connois-
nos Monnoies , avec effraction ou non , soient punis sance en appartient. Si donnons en mandement,.
de Mort , ce qui aura lieu à l'égard de toutes per &c. DÉcz.du 18 Avril 1714. reg. le 11 Mai dt ta
sonnes fans exception. Défendons en outre à tous mime année.
Ouvriers, Commis, Officiers , Ajusteurs , Monno-

Art. V. Du Vol dans ?Auditoire de la Justice.

SOMMAIRES.

1 . Diflinfiion entre les Vols qui se font suivant rancienne 3 & la nouvelle Juris
pendant , ou hors le temps de fAudience. prudence.
2. Peines des Vols faits a l'Audience , 3. Exemple remarquable de V'instruction que
fe fait en pareil cas.
I.

2í D' entre C'EST encore ici un des Vols qualifiés peut servir de modelé en cette matière >
les Vols par le lieu , à cause du respect dû à la Jus- dans un Arrêt notable de ce Parlement 9
qendant8c t*ce' ^ ^"aut n^anm0ulS distinguer , quant qu'on trouve rapporté dans le Recueil des
iiors^ie à la Peine , les Vols qui se sont pendant Loix Criminelles de Prévôt,
rAucle de ^a tenue ^es Audiences , de ceux qui se
toc " sont hors ce temps-là. C'est principalement Ce jour , pendant l'Audience , les Huissiers ont
des premiers dont nous voulons parler ici , amené au milieu du Parquet un jeune Garçon qui
parce qu'ils font aussi l'objet particulier des veuoit d'être arrêté comme volant dans l'Audience
des boutons à un Gentilhomme nommé Jean Char-
Arrêts , qui ont été rendus en cette ma rieres , Sieur des Orminieres ; 8c après qu'en pré
tière. A l'égard des autres Vols, comme sence dudit jeune Garçon ledit Charrieres a été oui
il n'est pas aussi difficile de s'en garantir en fa plainte , de ce qu'étant en l'Audience il avoit
que des premiers , on les punit d'une moin été averti que ce Garçon fui venoit de couper des
boutons de vermeil doré , il avoit couru après lui ,
dre Peine , quoique plus forte néanmoins 8c l'avoit attrapé saisi de ses boutons qu'il auroit
que: celle des Vols faits dans des maisons lai/ré tomber à terre , 8c qu'il y en avoit plusieurs
particulières. témoins : 8c après que Bignon , pour le Procureur-
Général du Roi , a requis qu'il fut donné acte audit
1 r. Charrieres de fa plainte , 8c qu'il fût informé du
contenu en icelle, 8c le procès présentement fait à
a. Peines Suivant l'ancienne Jurisprudence , on l'Accusé, lequel feroit interrogé
fjj* vào!s portoit la rigueur jusqu'à punir de mort ... La Cour a donné acte audit Charrieres de fa
plainte j ordonne qu'il fera informé du contenu en
rÀudi?n- ceux qui étoient surpris à voler pendant icelle, l'Accusé interrogé , 8c lc procès à lui fait 8c
CC t r™" l'Audience (i).Maisilparoît que , íuivantles parfait présentement : 8c aussi-tôt Me Pierre Tra
vers , Avocat en la Cour , premier Témoin , après
cienne & derniers Arrêts , on se contente de les con-
serment par lui fait de dire vérité , 8r après que
la nouvel- damner à l'Amende-honorable , au Fouet , l'Accusé a dit n'avoir aucuns reproches à proposer
prudence" a ^a Flétrissure , avec Bannissement , ou aux contre lui , de ce interpellé , 8c averti qu'après avoir
Galères à temps (2). entendu la déposition dudit Témoin , il n'y fera
plus reçu , a dit qu'étant au Barreau , il a été poussé
( 1 ) V. Papon , liv. 13. tit. 6. 8c Jovet , au mot assez rudement par ledit Garçon , 8c s'étant rangé
Crime ; LAROCHEFL. liv. 2. au mot Larron. pour le laisser passer , quelque-temps après on lui a
dit qu'il venoit de couper des boutons à un Gen
' (z) V. entr'autres, l' Arrêt du 8 Mars 1668. qui fera tilhomme qui étoit auprès de lui , qu'aussi-tôt auroit
rapporté en entier à la fuite de la maxime suivante. couru après l'Accusé , 8c l'ayant attrapé , lui auroit
vu dans les mains quelques boutons qu'il auroit
I I I. laissé tomber à terre , qui est tout ce qu'il a dit
sçavoir, 8c à quoi il a persisté 8c déclaré être la
Exem- II y a d'ailleurs cela de remarquable dans vérité; l'Accusé aussi-tôt a dénié le fait 8c dit qu'il
pieremar-
pie \z pUnition des Vols de cette espece , que étoit innocent Charles Bine: , second Té
quable de,*7, . - „* , . * moin , après serment par lui fait de dire vérité, 8c
rìnstruc- la condamnation le prononce oc s exécute après que l'Accusé,interpellé 8c averti comme dessus,
tion qui se Çur \e champ , après une instruction qui se a dit n'avoir aucuns reproches à proposer contre
l* fait ausíì sur le champ par les mêmes Juges ledit Témoin , 81 ne le connoître , mais qu'il étoit
reil cas. accusé innocemment , a dit qu'il est cousin-germain
qui tiennent l'Audience , & fans déplacer. dudit sieur Charrieres , 8c ne sçait autres choses du
Nous en allons donner un exemple , qui fait dont est question, sinon qu'ayant oui-dire que
Qq z
308 LES LOIX CRIMIN ELLES, Liv. III. Tit. VI.
l'on venoît de couper des boutons audit sieur Char- est une Revendeuse ; que depuis il a travaillé chez
riercs , il auroit couru après le Voleur, & ayant avec Jean Ribandat , Md. Passementier à Bordeaux 5 que
pluíieurs autres attrapé ledit Accuse , il avoitvules depuis qu'il en est sorti , il a demeuré environ cinq
boutons tomber à terre fous lui , qui est tout ce semaines à Tours , Où ii demeuroit chez un nommé
qu'il a dit sçavoir Eustache Charrieris , troi Maître Jacques , près le Palais.... Interrogé s'il n'est
sième Témoin , après serment pár" lui fait de dire pas vrai qu'il a arraché les boutons dont il est accusé,
vérité , & que l'Accusé , interpellé & averti comme & dont il a été trouvé saisi ? A dit qu'il ne sçait ce
dessus , a dit n'avoir aucuns moyens de reproches à que c'est , qu'il est innocent , & que si les Témoins
proposer contre le Témoin , a dit qu'il ne sçait autre l'accufent , c'est qu'ils se veulent damner , & qu'il
chose du fait , sinon qu'ayant entendu dire qu'on veut être pendu tout présentement s'il ne dit la
venoit de couper les boutons au Plaintif , il auroit vérité Interrogé ce qu'il venoit faire au Palais ?
couru après le Voleur , & quand ledit Accusé fut A dit qu'il étoit venu d'Orléans aveejun homme à qui
attrapé , il avoit vu les boutons tomber entre ses il avoit prêté douze fols & demi , lequel lui avoit
jambes , qui est tout ce qu'il a dit íçavoir, & à quoi dit qu'il avoit des Procès , & que par cette raison ,
il a persisté , & dit être véritable. . . . Gratien Roye, il étoit venu le chercher au Palais , pour être payé
Procureur à Mersien , âgé de vingt- trois ans ou en de ce qui lui étoit dû. . . . Interrogé du nom de cet
viron , lequel , après ferment par lui fait de dire homme à qui il avoit prêté de l'argent ? A dit qu'il
vérité , & que l'Accusé , interpellé , averti comme* ne le connoît point , it ne sçait point son nom ,
dessus , n'a dit avoir aucun reproche à proposer mais qu'ils étoient venus d'Orléans ensemble. . . .
contre lui , a dit qu'il étoit à l'Audience auprès du A lui remontré qu'ayant été vu saisi des boutons ,
Gentilhomme auquel on a coupé les boutons , qu'il c'étoit lui assurément qui les avoit volés : a dit qu'il
a vu l'Accusé se presser & passer entr'eux pour les est innocent &ne fçait ce que c'est Aussi-tôt
séparer , n'a pas observé ce qu'il avoit fait ; mais lesdits Travers, Binet, Charrieres , Roye & le Basle,
quelque- tems après, ce Gentilhomme s'étant plaint Témoins , ont derechef prêté serment de dire
qu'on lui avoit volé des boutons , il auroit vu la vérité ; ils ont successivement déclaré qu'ils persif-
place fraîche dont ils venoient d'être arrachés tout toient en leurs dépositions , & ont soutenu audit
fraîchement, mais ne les a point vu couper, qui est Accusé qu'elles étoient véritables , & qu'il étoit
tout ce qu'il a dit sçavoir & être véritable , & y a celui dont ils avoient voulu parler dans leurs dépo
persisté.... Philippe U Basic , Avocat en Parlement , sitions : il a derechef déclaré qu'il étoit innocent j
âgé de trente-un ans ou environ , lequel, après fer St ayant demandé conseil , lui a été donné Me Ri
ment par lui fait de dire vérité , & que l'Accusé , vières pour conseil , & enjoint aux Huissiers de le
interpellé & averti comme dessus , a dit n'avoir fouiller ì & après qu'il s'est retiré pendant quelques
aucuns reproches à proposer contre ledit Témoin , temps en l'un des coins de la Grand'Chambre , avec
qu'il ne connoît point , a dit qu'il s'est trouvé à ledit Rivières , à lui donné pour conseil , & que le»
l'Audience près de ce Garçon accusé , & qu'il a vu Huissiers l'ayant fouillé & ramené , ont dit ne lui
le Gentilhomme qui se plaint s'écrier que ce Garçon avoir trouvé aucune chose , sinon un petit couteau
lui venoit de couper ses boutons , qu'il s'est tourné & un peigne de corne , deux pieces de trente sols
aussi-tôt vers l'Accusé, &avu tomber, à diverses re & un sol marqué ; & ledit Accusé a été averti qu'il
prises , des boutons le long de son haut-de chausse , alloit être jugé, & qu'après serment par lui fait de
& a remarqué , lorsqu'il a été amené , qu'il étoit dire vérité , il a été oui fur les faits résultans du
fort interdit , qui est tout ce qu'il a dit sçavoir & Procès , £{ que Bignon, pour le Procureur- Général
être véritable , &y a persisté Et aussi-tót l'Ac du Roi , a requis ledit Mery accusé , être déclaré
cusé a été interrogé , ainsi qu'il ensuit , après fer duement atteint & convaincu d'avoir commis , en
ment par lui fait de dire la vérité. Interrogé fur son la Grand'Chambre , le crime dont il est accusé j &
nom , son âge , son pays, a dit qu'il s'appelle Pierre pour réparation , être condamné à servir le Roi
Mery , qu'il est âgé de quatorze ans & demi , & est comme Forçat neuf ans dans ses Galères : aussi-tôt
natif de Bordeaux A lui remontré qu'il ne dit tous Messieurs les Conseillers-Clercs s'étant retirés,
pas la vérité , ôc qu'à l'inspection de sa personne , il la matière mise en délibération ;
paroît plus âgé , a dit qu'il est innocent , qu'il dit la La Cour a déclaré & déclare ledit Pierre Mery
vérité , Sc n'a que quatorze ans & demi.. ..Inter duement atteint & convaincu du crime dont il est ac
rogé depuis quel temps il est à Paris ? A dit qu'il cusé; pour réparation , Fa condamné à faire Amende-
arriva seulement ( & la confrontation est inutile Honorable , nud en chemise , la corde au col , la
dans l'Arrêt de ió68. ) hier au soir. .. . Interrogé en torche au poing , l'Audience tenante en la Grand'
quel endroit il a couché , eu quelle maison , & le Chambre , & là dire & déclarer que méchamment ,
110m de son Hôte ? A dit qu'il a couché au Faux- comme mal-avisé , il a fait en la Grand'Chambre le
bourg Saint-Jacques , par où l'on arrive d'Orléans , Vol mentionné au Procès , dont il se repent , en
chez un Gargotier ou Vendeur de bierre , dont il demande pardon à Dieu , au Roi & à la Justice ;
ne fçait point le nom Interrogé à quelle enseigne ce fait , être fustigé & flétri dans la cour du Palais,
il a logé , combien il y a qu'il est sorti de Bordeaux au bas du grand dégré , en la manière accoutumée ,
& quel métier il fait ? A dit qu'il y a six mois qu'il par l'Exécuteur de la Haute- Justice, & banni pour
est parti de Bordeaux, il y a six mois qu'il est Passe neuf ans de la Ville , Vicomté & Prévôté de Paris;
mentier de son métier , & qu'il n'y avoit point à lui enjoint de garder son ban , & défense faite de
d'enseigne en la maison en laquelle il a logé cette récidiver , à peine de la Hart ; & en outre le con
nuit Interrogé chez qui il demeuroit à Bor damne en vingt-quatre livres d'amende vers le Roi.
deaux , & où il a demeure depuis qu'il en est sorti? Fait en Parlement , prononcé & exécuté , &c,
A dit qu'il demeuroit à Bordeaux chez fa mere , qui Arrit du 8 Mars 166%.

Art. VI. Du Vol dans les Prisons.

Les Prisons étant , comme nous Pavons commet , une habitude invétérée dans le
dit , fous la protection spéciale du Roi & Crime. Ausfi voyons - nous , d'après les
de la Justice , les Vols qui s'y font , font Arrêts , que les Cours ont coutume d'ajou
d'autant plus punissables , qu'en même ter , en pareil cas , à la Peine ordinaire du
temps qu'ils violent le respect dû à ces Vol , celle du Carcan dans le Préau de la
lieux , ils supposent , dans celui qui les Prison , avec un plus long bannissement.
DU VOL , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. $09
C'est entr'autres la disposition d'un Arrêt une paire de boucles d'argentà une personne
de ce Parlement , du 24 Janvier 1 7 3 6(1), con- de sa chambre , à être attaché au Carcan dans
firmatifd'une Sentence du Châtelet, qui con- les Prisons du Grand-Châtelet , avec écri-
damne le nommé Frontin , dit Duval , Pri- teau, fouetté , marqué & banni pour neufans»
sonnier au Grand-Châtelet , pour avoir volé (!) v. Collect. de Deeisart , verbo Vol.

Art. VII. Des Vois dans les Speêlacles & Bains publics.

I L y avoit , dans le Droit Romain (1) , une le plus souvent , lorsque ce Vol consiste en
Peine particulière , établie contre ceux qui peu de chose , comme v.g. des Mouchoirs,
voioient dans les Bains publics , & cette Cannes , Tabatières , Chapeaux , & autres
Peine étoit la condamnation aux travaux semblables , on se contente d'ajouter , à la
publics , qui répond à celles de nos Galères. Peine ordinaire du Vol , une prolongation
II paroît que c'est en effet le cas d'appliquer du temps du bannissement , c'est-à-dire ,
cette derniere Peine , qui s'emploie ordi- qu'au lieu de trois années , on porte le
nairement, comme nous Talions voir, dans les temps jusqu'à cinq ou neuf.
Vols faits contre la foi publique ; quoique (i) V. L. i.ff. de Furib. balntar.

§. V. Du Vol qualifié par la Quantité de la chose volée , ou par Récidives.

Art. I. Du Vol considéré par la quantité de la chose volée.

SOMMAIRES.

1. Difìinclion par rapport aux spoliations 2. Peine des spoliations faites par d'autres
a*hoirie ; exception à ce sujet. que par la veuve ou des héritiers.

I.
ï.Distînc- Nous trouvons deux exemples remar- avec effraction, il n'y ait des exemples de
ra^por" quables de ces sortes de Vols dans le Droit procédure extraordinaire autorisée contre
aux sPo- Romain , sous le titre Expilau h.tredita- ces veuves ou héritiers. Nous en avons
Se . tis (1) , & fous celui de Abigeis (2) , dont entr'autres deux remarquables (4) , Vun dans
«ception le premier regarde la spoliation d'une Hoi- l'Arrêt de ce Parlement , du 7 Décembre
ce sujet. rje ^ i'autre ie Yo\ d'un Troupeau entier de 1 7 1 5 , rendu sur les conclusions de M. FA-
bestiaux. Nous aurons lieu de parler de ce vocat-Général Joly de Fleury , contre une
dernier en traitant des Vols contre la foi veuve qui avoit fait , à l'aide de ses com-
publique. A l'égard de la ípoliation d'Hoi- plices , des recélés considérables de la fuc-
rie , nous avons eu aussi lieu d'en parler cession de son mari depuis fa renonciation
fous le titre des Vois simples , où nous à la communauté : Vautre dans un Arrêt
avons distingué , d'après les Auteurs (3), le du Parlement de Metz , rapporté par Au-
cas où cette spoliation auroit été faite par geard , contre une femme mariée , poursui-
une Veuve & par des Héritiers , de celui où vie par son mari pour un Vol nocturne par
elle feroit faite par des Etrangers. C'est de elle commis de nuit & avec effraction,
ce dernier dont nous voulons parler prin
cipalement ici, les autres n'étant point, {i)V. leliv. 47. du Digeste, tir. 19.... Apparet
comme nous l'avons dit , susceptibles de expiíatae haireditatis Crimen eo caíu intcndi potest
la procédure extraordinaire, tant à cause quo furti agi non potest scilicet ante aditam W.
, j • ir 1 ' 1. > • ditatem, vel poli aditam antequam res ab nscrede
du droit présume que ces veuves ou hen- possess« funt. £. i.ff. t.f. Expil. hœrtiit.
tiers ont surlachofe dont ils s'emparent , (l) r. le liv. 47. du Digeste , tit. 14. & leliv. 9.
qu'à Cause des motifs de décence & d'hon- du Code , tit. 37. de Abigeis Quantitas disccrnit
nêteté publique , qui ne permettent pas de Furem ab Abigeo , nam qui unum siiem subripuerir,
leur infliger des Peines qui réfléchiroient «" Fur coerccbitur , qui gregem ut Abigeus. L. 16.
.yP , ^ A §. 7. ff. de Tcems.
contre 1 honneur de ceux memes qui vou-
droient les poursuivre par cette voie. Ce < 3 > v°y- M ° R N * C ' f"r Á%LV \t Cfr
, ,r . 1 r 1 11 tx quib. cauj. tnfam. irrog. ou il tait cette dii-
n est pas néanmoins que , lorlque les dé- tincti0n remarquable : In quo tamen distingue ex
prédations faites par ceux-ci après leur quo jure utimur , si enim extraneus ille est qui hœ-
renonciation à la communauté ou à la suc- reditatem expilaverit , notoriac iuleum coníc/ibua-
rr r ri ' tur , íeu ut in vernaculo noítro est , insorm:!tiO!!es
cession, se trouvent extrêmement conside- fíJt > itali judicio agiturj & 'taiiqliam praBllo
rables , & qu'elles sont faites de nuit , & punitur , qui expilasse compertus est , Pœnaqucpro
$10 LES LOIX CRIMIN ELLES, Liv. IIL Tit. VI.
causis & pcrionis infligitur. Si autem cohœres , tune punis plus rigoureusement que les Voleur?
condemnatur de more , atque ex novissimis Sena-
tûsconsultis reítituere quicquid ex notoriis , feu ordinaires. Aussi voit-on , d'après les diffé-
informationibus , ut vocant, astulilTe eum proba- rens Arrêts qui ont été rendus en pareil
bitur. Texttis ta id quotidiani ac forenses , & qui cas , qu'on est dans l'usage de punir les
penè nunquam omittuntur ad hoc quaestioues ia fori coupables de ces sortes de déprédations ,.
deliberationibus sunt.
par des Peines afflictives & infamantes.
(4) V. ces Arrêts , dont le premier rapp.au sixième
tome du Journal des Audiences , &le dernier par Nous en trouvons entr'autres un exemple
Augeard , tome z. chap. 82. remarquable dans l'Arrêt rapporté par
BRUNEAU (i) , qui condamne un nommé-
I L Lavor , Intendant d'une grande maison ,
pour avoir extorqué plusieurs rentes, con
Pour ce qui concerne les spoliations. trats , actes , obligations & transports , k
2. Peine une amende -honorable sèche , & au Ban
des spolia d'Hoirie , faites par d'autres que par des
tions faites veuves ou des héritiers , comme v. g. par nissement pour neuf ans , de la Ville , Pré
par d'au vôté & Vicomté de Paris ; déclare nuls
tres que des Domestiques , Intendans , & autres
par la veu personnes à qui Tadministration des biens tous ces différens actes , & en outre le
ve ou des condamne en trois mille livres de répara
héritiers. d'une succession auroit été confiée. Nous
avons aussi observé , en même temps , que tions , & aux dépens du Procès. Cet Arrêt
ceux-ci , à cause de l'abus de confiance & est du 29 Mars 1708.
de la prévarication dans leurs fonctions , qui
(1) V. Bruneau, Observ. Crim. part. z. tit. z 3.
se trouvent joints à ce Vol , doivent être n. 13.

Art. II. De la quantité du Vol considéré par rapport aux récidives.

SOMMAIRES.

1. Sur quoi efi fondée Paugmentation de la comment elle doit se prouver suivant la
Peine en pareil cas. , Déclaration de 1724.
2. Dispositions de nos anciennes Loix a ce 4. Dispositions remarquables de la Caroline
sujet. sur cette matière
3. Ce qu'on doit entendre par récidive , ô

I.

Jst "ton-' L'AUGMENTATION de Peine,à laquelleces voit que les premiers Vols n'y font d'abord
dée l'aug- récidives donnent lieu , est fondée , comme punis que de simples Peines pécuniaires ,
jneintp^n l'on fÇ3^ ' ^r ^e danger des conséquences
les seconds de Peine corporelle , & les troi
en pareil qui résulteroient de l'indulgence dont on sièmes de la peine de mort.
caS* useroit en pareil cas , en ce que , comme
le porte le préambule de la Déclaration
de 1724 , l'expérience journalière fait voir III.
qu'on ne vient aux plus grands Crimes que
par degrés , Ô qu'il n'y a que la crainte Mais de toutes ces Loix , celle à laquelle ,3: Ce
d'un plus grand châtiment qui puisse rete nous devons principalement nous arrêter sûr qu'on doit
cette matière , c'est la déclaration de 1724, entendre
nir ceux qui seroient tentes de retomber par réci
dans les mêmes Crimes . . . C'est aussi de là qui , comme nous l'avons observé , n'a ajouté dive , &
à la Peine du Fouet qu'elle ordonne pour comment
qu'est venue cette maxime du Droit Ro elle doit se
main , qui veut que la rigueur des Peines un premier Vol , celle de la Flétrissure avec Íirouver
soit augmentée à proportion de la fré la lettre V. , qu'afin qu'au cas que le Vo uivant la
Déclara
quence des Crimes. leur vienne à commettre un autre Vol , tion de.
ou quelqu'autre Crime que ce soit, pour 17*4*
Crescentibus delictis Pœnaeexasperantur. lequel il eût déjà été flétri, la Peine puisse
être augmentée & convertie en celle des
II. Galères pour les hommes ; & à l'égard des
femmes , par la détention en Maison de
i. Dispo- C'est aussi sur le fondement de cette
r!os0nande m^me maxime °iue > suivant nos anciennes Force , après avoir été marquées de la dou
ble lettre IV, si c'est pour récidive de Vol ,
ciennes Loix , dont les dispositions se trouvent ou du simple V. , si c'est pour autre Crime.
Loix à ce renouvellées dans plusieurs de nos Cou
L'on voit au surplus , d'après le même
tumes , notamment dans celles de Bour article de cette Loi (1) , que la nécessité
gogne & de Nivernois , que nous avons de l'augmentation de cette peine est jugée
rapportées en traitant du Vol simple ; l'on
tellement indispensable , qu'elle doit avoir
DU VOL > ET DE SES DIFFÉRENTES: ESPECES. S $it
également lieu dans k cas même où les ^.íifg^^ 1,im^.0Var\", ^J:?0'6^ ?„íeYicn?sa.pI"s
rigoureuse- que- si le- Vol c toit moindre-: dans ces-
accusés auroient obtenu des Lettres dé cas on doit faire attention à la valeur de la chose
rappel de ban , de. Galères , & de commu volée ; & si- le Voleur a élé apperçu ou pris fur le
tation de Peine pour les Vols précédens , fáit , on doit de plus examiner frétât & la condition
ou pour d'autres Crimes. L'on, voit auíìì en . de celui qui a/olc
J«c««M™ a volé », *
& le préjudice que lc Vol a
uu puui _ ca&fe a, la personne volée , afin d'y proportionner
même-temps , qu il faut , pôur íondercette- la ^ine de Mort ou Coi Corporelle ; & comme cette
du discernement des
irtes lès fois que
y aient recours ,
en lent communi
tion , mais il faut que cette accusation quant les circonstances du fait , oí que , suivant
ait été íùivie d'un Jugement de condam leur avis , ils portent jugcffnent. Cependant , si le
nation , & que par ce Jugement l'accusé Voleur , pour commettre un pareil Vol , avoit
asealfedé- oufeit- effiactjo(t ,; o» s!étoir.trouvé'"irroé ,
ítít été convaincu de récidive eri Crime de conamç il. a été dit, cir.dêfliís , il fera jugé à Mort ,
Vol. ainsi qu'il a été marqué. O R D. a'e.^CU a r le s-
QêwtT , art. 160.... Lorsque qtielqn'un aura volé
pour la seconde feiSf , sens, néanmoins avoir escaladé
Ceux & celles qui , après avoir été condamnés ou fait effraction, comme il a été. dit , &t qi:e •_ es
pour Vol ou flétris de quelques autres Crimes que deux Vols auront été bien avérés par une recherche
ce soit , seront convaincus de récidive en Crime de exacte, ainsi qu'il a été indiqué ci-delsus au-dessus
Vol, ne pourront être condamnés à moindre peine de ladite recherche , que josnt à cela ces deux Vols
que , seavoir.les hommes aux Galères à temps ou à ne se monteront pas à la valeur de cinq florins ou
perpétuité , & les femmes à être de nouveau fl c tries au-dessus , dans ce cas le premier Vol rendra le
d'un double W» si c'est pour récidive de Vol , ou second plus considérable, 8c un pareil Valeur peut
d'un simple V. si. la première flétrissure a étéencou- ^ . co/^^,^ au Carcati 81 à ìa Fustigation. J Ou
rue pour amie
autre vjjiiiic
Crime , & enfermées a temps ou {çrcè ^ lìnvant- l'estimation- mr Juge , à f£ tenir pour
pour leur vie dan? les Maisons de Force i le tout toujours dans, le lieu où le délit, a été commis > à
sons préjudice , s'il y échoit , suivant l'exigence des. quoi il sér.a tenu 'pár Caution durable , fans que la
cas. Décl. de 1724. art. 4. circonstance de savoir pas'-été reconnu ni pris fur
le^ fait, ainsi qu'il a été marqué au sejet du: premier
Vol ,. puisse lui ótre d'.iiiviia avantage j mais fl ces
I V. deux Vols ensemble pilotent à la valeur d(j ciuq
ducats on au-delfus , on se conduira., suivant la
découverte que I'»nférád!c toutes les clrewiftances»
Enfin, nous ne croyons pouvoir pro eu y employant, i^vi^de»- Gens de Lot > c.pmj«e.< iíi
4. Dispo^ sera marqué qi-aurès, §t conrosmém^njt^à l^ticle,
suions re poser une Règle plus sûre, pour, diriger les précédent. Menu O a l*. art' lot. . . . '.-"*Cêtyii qui
marqua Jugemens qu'on doit porter en cette matiè
bles de la ayattt volé pour la 'ttíóisiéme ffcir'iert^rfcpTrs , cer
Caroline re, que celle qui nous est. tracée par la triple Vot.se trouvant bien. &• duarBflnic vérifiés * soi*
fur cette Caroline , dans les trois articles que nous v^nt ce qui « étfrpfffatef» 4<#wif4l
„„ „nnnrspr • découverte, de. kvéji.té.^ ftra.teiiíi-pouLun, Voleur,
allons rapporter. décrié . & n>ét -t pa-s tì^n, ^ tcW qul
3- ufé de violences,' H li»^' 'condamné à -'1* 'Mort ;
r Mais lorsque le Vol commis pour ía premier* sçav.oir , si. c'est uá> homme y à être;.péiidi4 ôcctjan'
fois sera considérable 8î de la valeur de cinq ducats, glc ; si c'est uue femme , à être précipitée dans l'ean,
ou au-dessus , & qu'U ne s'y trouvera aucune des ou à un autre genre dejiipplice, suivant Tissage de
susdites circonstances qui aggravent le Vol , la îfeinc, chaque pays. M#me.0ik>- <ib. A
jiz LES LOIX CRIMINELLES , Liv. III. Tit. VI.

§. V. Des Fols contre la Foi pvbliqvé.

SOMMAIRES.

i. Pourquoi font mis Jans une clajje parti- bien d'espèces? y


culière. 3. Raisons qui engagent à les traiter ici fí~
z. Quentend-on fous ce nom , ô de com- parement.
1 •<
I.
1. Pour N O u s avons cru devoir faire une classe les étangs & réservoirs ; 120. des lapins
quoi sont
mi s dans particulière de ces sortes de Vols, parce qu'ils dans les garennes 513°. des abeilles dans les
une classe font qualifiés en même temps , & par le ruches ; 140. des pavés fur les grands-che
particutie-
Lieu où ils font faits , & par la Nature de mins ; 1 5°. des cordages fur les ports.
la chose volée.
, m.
I I.
Quoique tous ces différens Vols íòient 3.Raisc
j. Qu'en Nous les appelions contre la foi publi également contraires à la foi publique, & que .V* ení
tend - on que ,'par ce qu'ils se font de certaines choses comme tels ils semblent devoir donner lieu fraiteT
fous ce
nom , & qu'on est obligé de laisser à la foi publique , à des Peines plus fortes que les Vols ordi- séParé"
de com - ■ 1 1 1* j» .ment.
en ce qu'on ne peut pas veiller continuel naires ; cependant , comme la plupart d er-,
bien d'es-
peces ì lement à léur garde. Nous mettons par tr'eux fe trouvent accompagnés de certai-.
conséquent de ce nombre, les Vols qui fe nés circonstances, qui bien-loin de tendre à en
font par l'enlévement 1 6. des bornes & faire augmenter la Peine , ne servent au con
limites dans les héritages de la campagne ; traire qu'à la faire modérer , telles que font
2?. des gerbes de bled dans les champs ; celles tirées de la modicité de l'objet , de la
30. des bestiaux dans les pâturages ; 40. des qualité des personnes , & des motifs qui les
linges de blanchissage fur les étendoirs ; ont fait agir , nous croyons devoir les re
50. des btiis de chauffage;, ou de charpente prendre successivement, pour leur appliquer
dans les chantiers ; 6ûi des -fruits & arbres les modifications particulières que notre
dans les jardins & forêts ; 70. de jeunes ceps- Jurisprudence a cru devoir apporter à. ce:
& échalas dans les vignes ; 8°. des légumes sujef, en même temps que pour marquer
dans les marais ; 90. des inflrument's de la les différences qui se trouvent entre nos:
bourage dans les champs 1 o°. des volailles usages , & ceux du Droit Romain en cette
dans les basses cours ; 1 1 °. des poissons dans matière.

Artì l. Du Vol & Enlèvement des Bornes óy Limites.

SOMMAIRES.

1. Crime réprouvé par la Sainte-Ecriture. 5. Reine de ce Crime suivant notre Juris


2. De combien' de manières fe commet. prudence & nos Coutumes.
3. Sa Peine suivant le Droit Romain. 6. Quid , de ceux qui arrachent les bornes
4. Diflindion suivant la Caroline. •._ , qui font mises dans les bois.

I.
. Crime CE
„ Cri
_ ime est réprouvé singulièrement par ont été posées ou plantées pour distinguer
parlaSain- l'Ecriture-Sainte , en ce qu'il renferme un & séparer les héritages; z°. lorsqu'on sup
te-Ecritu- faux. prime entièrement les anciennes bornes ,
Non assumes & transfères terminos proximi tui , pour en substituer de nouvelles dans un
quos íixerunt priores in posscssione tua , quam Do- lieu où il n'y en avoit jamais eu; 3 ".enfin
minus Deus tuus dabit tibi in terra quam acceperis
lorsqu'on a affecté de changer la face &
poíïïdendam. Devtbr. ch. 19. v. 14.
Pétat des lieux , pour apporter de l'obfcu-
I I. rité , & de la difficulté aux Jugemens des
s.De com Ils se commet de trois manières ; 1 lors Procès intentés pour raison des limites
bien de servant à la séparation des chemins , juri
manières que , pour aggrandir son héritage , l'on
se com transporte , d'un lieu à un autre , les bornes dictions , & héritages.
met.
qui y font , c'est-à-dire , les pierres , arbres , III.
haies , piliers , fossés , & autres choses qui Nous trouvons des exemples de ces trois „ 3«
1-/YV - Peine fi
diíìerentes

-
. DU VOL , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES, 315
vant le différentes espèces de Vols fous les deux térêts envers les personnes qui ont souffert
Droit Ro- dtres du Droit Romain , de Termino moto ( i ) de la transplantation ou suppression des
Ô Finium regundorum , suivant lesquels il bornes. Au surplus , ces Peines doivent
faut distinguer la qualité des personnes qui avoir également lieu , tant contre ceux qui
font cet enlèvement ou suppression de ôtent ou arrachent des Bornes , que contre
bornes , ainsi que le motif particulier qui ceux qui les transportent.
les y auroit porté , si c'étoit dans la vue
(1) V. Automne , en fa Conférence du Droit
d'en tirer un profit particulier , & de faire François , fur le titre finium regundor. au ss. ou il
un Vol. II y avoit , dans ce cas , Peine de s explique ainsi : Poenz: de Termino moto ut ca?tera;
la rélégation à temps plus ou moins long , omnes in uuiversà Galliâ , permittuntur arbitrio
judicantium , aliquaudo verberibus caeditur , & in
pour les personnes de condition honnête exilium mittitur. Ut ait Brijsonius.
& relevée ; & celle de la condamnation (1) Ceux qui ôtent ou arrachent Bornes sciem
aux Mines , pour les personnes viles. Mais ment , & ceux qui mettent fausses Bornes , doivent
si c'étoit seulement par ignorance ou par être punis comme Larrons. Çovt. de Bretagne ,
art. 635.
cas fortuit qu'on se seroit emparé des pierres
qui formoient ces bornes , il n'y avoit lieu V I.
qu'à la Peine de la Fustigation , outre les
II y a auflì deux espèces de Bornes dont 6. QuîJ;
réparations pécuniaires. il est parlé dans l'Ordonnance des Eaux & de. ceux
(i)Divus Hadriantis inhxc verba rescripsit : quin Forêts. Les unes fous le nom de Pieds-cor- chen'"**
pessimum factum lit eorum qui terminos sinium niers (i), qui font les limites ou enseignes B°5rn** t
causà positos proptilemnt thibitari non potest. De
Pœiiâ tamen modits cx conditionc personœ , & des extrémités des ventes de bois : il y a , mises dan»
mente facientis magis statui potest : nain si splen- contre ceux qui les coupent ou abattent , les boi*-
didiores personœ sunt , quae convincuntur , non des Peines particulières portées par cette
dubic occupandorum alienorum sinium causa ( id )
admiscrunt : & polfunt in tempus , ut cujusque pa- Loi. Ces Peines consistent dans une Amende
tiatur xtas , relegari : id est, si junior in longius ; de cent livres pour chaque pied-cornier
íi senior recisius. Si verò alii negotium gesserunt , arraché & déplacé ; & en cas de récidive ,
& ministerio funòti sunt : caitigari , & ad opus la privation de tous droits & coutumes
biennio dari. Quod si per ignorantiam aut fortuito
lapides furati sunt , sufficiat eos verberibusdecidere. aux ventes , & Bannissement à perpétuité
L. z.ff. de Ttrm. moto. des Forêts. L'autre eípece de Bornes , qui
fait aussi l'objet particulier de l'article 6 du
I V. Titre des Routes , de cette même Loi (2) ,
•4. Dis- Suivant la Caroline , il faut considérer consiste dans les Poteaux 3 Croix , Inscrip
suìvâm la tro*S cn°fes Pour la punition de ce Crime. tions 3 ô autres marques qui font mises
Caroline. La Nature de la chose , la Qualité de la pour distinguer les routes & chemins royaux
Personne, & le Danger ou préjudice qui en des Forêts. II y a Peine contre ceux qui
les rompent , les emportent ou les lacèrent ,
est résulté.
de 300 livres d'Amende , & de punition
Celui qui par malice & avec danger déplace , exemplaire.
détruit, ôte ou altère une borne , sera puni en son
corps , à proportion du danger qui en résulte , & fi) Pour estallons , baliveaux , paroir , arbres de
selon la nature de la chose & de la personne , après lisière, & autres arbres de réserve, cinquante livres ;
en avoir consulté. Ord. de Charzes-Qvint , pour pied cornier marqué de notre marteau, abattu ,
art. 1.14. cent livres , & deux cens livres pour pied-cornier
V. arrache & déplacé ; à raison du lieu néanmoins
l'Amende pour baliveaux de l'âge du taillis au-
j. Peine Pour ce qui concerne nos Usages partî- dessous de vingt ans , à dix livres. Ord. des Eaux
de ce Cn- cujiers en cette matière , il paroît en eéné- & Forêts , art. 4. //'/. des Peines & Amendes.
me íuivâiit .
notre Ju- ral , d'après notre Jurisprudence (1) &. nos (i) Ordonnons que dans les angles ou coins des
ceP&drÌn" Coutumes (2) , que la Peine de ce Crime est places , croisées , triviaires ou briviaires qui se ren
contrent ès grandes routes & chemins royaux des
Coutumes arbitraire , & dépend principalement des Forêts, nos Officiers des Maîtrises feront incessam
circonstances , à l'exception néanmoins ment planter des croix , poteaux ou pyramides à
qu'on ne peut prononcer une moindre Peine nos frais , ès Bois qui Nous appartiennent ; & pour
les autres , aux frais des Villes les plus voisines &
que celle du Vol , dans le cas où ce Crime
intéressées, avec inscriptions & marques apparentes
a été fait dans la vue d'en tirer profit -, du lieu où chacun conduit, fans qu'il soit permis à
& même cette Peine , à cause de la viola aucunes personnes de rompre , emporter , lacérer
tion de la foi publique qui accompagne ce ou casser telles croix , poteaux, inscriptions & mar
ques , à peine de trois cens livres d'amende 8c de
Vol , doit alors être portée à celle des Ga punition exemplaire. Même Ord. des Eaux & Fo
lères à temps , outre les dommages & in- rêts , Ut. des Routes 6- Chemins , art. 6.

R r
314 LES LOIX CRIMINELLES , Liv. III. Tit. VI.

Art. II. Du Fol de Gerbes de Bled dans les Champs.

SOMMAIRES.

1. Peine de ce Crime suivant nos anciennes actuelle. Règlement remarquable a ce


Loix & Coutumes. sujet.
' 2. Sa Peine suivant notre Jurisprudence

I.
de ceCri- C E Crime se commet ordinairement par neuf ans. Nous avons là-dessus deux céle- marquas
mesuivant jes Glaneurs. II en est parlé dans l'art. 8 de bres Arrêts , que l'on trouve rapportés ^? j &
denne"~ l'Edit de Henri II , du 11 Novembre dans le Code de Serpillon ; l'un du Parle-
Loix & 1 5 54 (1) , & dans l'art. 191 de la Coutume ment de Paris , du 2 3 Mai 1 7 3 1 , par le
Coutumes d.Etampes (2) % suivant lesquels il est dé quel plusieurs particuliers convaincus d'a
fendu de glaner avant l'enlevemerit des voir , pendant la moiflon , contre la dis-
grains , fruits , dîmes & champarts , à peine position de l'article 190 de la Coutume
d'être punis extraordinairement , comme d'Etampes , non-feulement glané avant
Larrons. l'enlevement des Gerbes , mais encore d'a
voir pris & volé des grains aux javelles ,
(1) Voulons que chacune année , un peu devant aux gerbes , & íùr les andains , ont été
que l'on faíse les moissons , que nos Lieutenans-
condamnés à être fouettés & marqués de la
Criminels , établis pour tous les Sièges , pour tous
les Sièges Préfidiaux , ou autres particuliers Royaux , lettre V. , & bannis pour neuf ans. L'autre
fassent chacun , en son détroit , publier & faire du Parlement de Dijon , du 17 Juin 1760 ,
commandement à toutes personnes oisives , soit par lequel différens particuliers , aussi con
hommes, soit femmes , qu'Us aient à s'employer
durant le temps d'Août , de métiver , cueillir & vaincus d'avoir glané & volé des grains
scier les bleds & grains à salaires raisonnables 5 & non moissonnés & moissonnés , en coupant
leur faisant défenses de non plus glaner , ce que des épis, ont été condamnés au Carcan
Nous avons permis aux gens vieux ou débilités de
pendant trois Marchés consécutifs, l'eípace
membres , petits enfans , ou autres personnes qui
n'ont pouvoir ni force de scier , après toutefois que de quatre heures , ayant des écritaux por-
le Seigneur ou Laboureur aura pris ou enlevé ses tans : Glaneurs & Voleurs de grains dans
gerbes , & que ceux à qui appartiennent les dîmes , les Champs , ôc. Ce dernier Arrêt con
soit Gens d'Eglise ou Personnes laïques , auront
enlevé leurs dîmes ou champarts , & non plutôt ni tient d'ailleurs un Règlement particulier ,
autrement; & où nos Lieutenans trouveront aucuns par lequel il renouvelle les défenses portées
Contrevenans ou Désobéissans , voulons qu'ils soient par l'Ordonnance d'Henri II, de 1554,
par eux punis comme Larrons , & voulons que les dont il ordonne l'exécution , en ces termes
Seigneurs Hauts-Justiciers en puissent jouir & aux
fins & limites de leurs Terres & Seigneuries , & remarquables (1) :
leurs Officiers d'en connoître & procéder à la puni
tion des Délinquans. Edit JHenri II du 11 ( 1) La Cour, faisant droit sur , &c. a ordonné que
Novembre 1554. art. 8. l'art. to de l'Edit d'Henri II , du 11 Novembre
(2) Toutes Personnes ayant prés en la saison que 1554 sera exécuté j & en conséquence a fait dé
l'on fauche & senne les premières & secondes fenses à toutes personnes valides & en état de tra
herbes , y trouvant Glaneurs avec fauchel , sacs ou vailler , de glaner ; leur enjoint de travailler & de
autres choses , glanant esdites premières &í secondes se louer aux Laboureurs , pour aider aux récoltes ,
herbes , avant qu'elles soient enlevées , peuvent oC néanmoins a permis de glaner aux enfans &
d'autorité privée ôter le foin , sac St fauchel dont autres personnes qui sont hors d'état ou qui n'ont
ils les trouveront saisis , & les amener en Justice , pas la force de travailler , & ce , seulement après
pour être punis comme ayant fait & commis Larcin. l'enlevement entier de tous les grains , fruits , dîmes
Cour. d'Ètampes , ch. 15. art. 191. & champart , le tout à peine d'être punis extraor
dinairement. Ordonne que l'Arrêt sera íu , publié &
affiché , & avec injonctions à tous Juges des Sei
I I. gneurs de faire tous les ans lecture du Règlement
à chaque tenue de jours , & à l'issue de la Messe
i.SaPei- H paroît, d'après les Arrêts, que les Paroissiale qui précédera les moissons de chaque
ne suivant Vols qui se font de grains, soit moisson- année. Arr. de Réel, du Tari, du Dijon , du 17
rtfpruden" n^S » ^01t non moissonnés , en coupant des Juin 1760. V. le Recueil imprimé des Arrêts de
cette Cour... V. Code Criminel de Serpillon , fur
ce actuel- épis , font punis du Carcan , du Fouet & l'art. 1 2 du tit. 1 de l'Ordonnance de 1670. p. 204.
menthe- *a Marque , & du Bannissement pour & suiv.
DU VOL , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 3 1 y

Á r t. III. Du Vol de Befliaux dans les Pâturages , & de VAbìgeau

SOMMAIRES.

X. Que doit-on entendre fous le nom d'A- 3. Sa Peine suivant nos anciennes Loix
bigeat ? & Coutumes.
2. Distinctions faites par les Loix Romai 4. Comment punis dans notre Jurisprudence
nes t pour la punition de ce Crime. acluelle.

I. I I I.
?• Q"e C E Crime fait l'objet d'un Titre parti- Si l'on consulte , sur ce point , la diípo- 3-S*P«-
entendre1 culier du Droit Romain (1) , fous le nom sition de nos anciennes Loix & Coutumes , "os^an^
sous le d'ABlGEAT , & il confiste dans l'enlévement il paroît que l'on considéroit principale- ciennes
nom á'A
HgtéU í que l'on fait des Chevaux , des Bœufs , ment , pour la punition de ce Crime , la CoMumL
Anes, Moutons, Porcs & Chèvres, soit qualité des Bestiaux fur lesquels il étoit
dans les Etables , soit lorsqu'ils paissent commis , & íur-tout s'ils étoient de service
dans les Champs. ou de labour. II y a dans ce cas peine de Mort
portée par une Ordonnance d'Henri III ,
( 1 )Abigei autem propriè (hi, habentur, qui pecora
expascuis vcl ex armeutis subtrahunt , & quodam- de 1586(1), renouvellée par une dispo
tnodo dcprzdantur , & abigendi studium quasi artem sition particulière de la Coutume de Bre
exercent, equos de gregibus, vel bovcs de armeutis tagne (2). Cependant la Coutume de Lo-
abduceutes. Caeterùm ii quis bovem aberrantem , dunois distingue judicieusement sur ce
vei equos in folitudine relictos abduxerit , non est
abigeus , sed Fur potiùs. L. i. §. i. ff. de Abig. point , entre le Vol des Chevaux ou Ju-
mens , & celui des autres Bestiaux. Ce n'est
I I. qu'au premier cas seulement qu'elle veut
que les Voleurs soient punis de Mort 3 &
». Dis- II paroît , d'après les Loix de ce Titre (1 ) , au second de l'Oreille coupée pour la pre
tinctions qUe ce Crime devoit être puni plus ou
les L>«r moins sévèrement suivant les circonstances. mière fois , & de la Potence pour la seconde.
Telle étoit aussi l'ancienne Jurisprudence ,
Romaines Ainsi l'on distinguoit, à cet égard , la ma- suivant la remarque de Bouthillier , en íà
ri^on^de n*ere dont il avoit été commis , si c'étoit avec Somme Rurale (4) ; & cette Peine devoit
ce Crime, armes ou autrement ; le lieu , si c'étoit avoir lieu indistinctement , soit que le Vol
dans l'Etable ou aux Champs; la qualité eût été fait dans une Etable , ou ailleurs.
des Bestiaux , si c'étoient des Chevaux ou (ij Quiconque dérobera aucun bestial , fera
des Bœufs , des Brebis ou des Porcs. II pendu & étranglé comme seront semblablement
íùffìfoit , suivant ce Droit , d'enlever un Che tous Larrous , Domestiques & autres. Edit de
Hbsri III. en 15 86. •
val ou un Bœuf, pour commettre l'Abigeat ; V. Automne eu fa Confér. du Droit François ,.
tandis qu'il falloit avoir enlevé cinq Porcs fur le titre du fF. de Abigeis.
ou dix Brebis , pour fe rendre coupable de (i) Ceux qui seront convaincus de Larcin de
ce Crime. II y avoit peine de Mort suivant chevaux, bœufs ou autres bêtes de service ou labeur,
feront punis de Mort. Covt. de Bretag. art. 617.
ce Droit , pour l'Abigeat commis avec (3) Celui qui emble cheval ou jument , doit être
armes ; & à l'égard des autres , la peine pendu. . . Celui qui emble bœuf ou vache , doit
ordinaire étoit la Rélégation à temps pour avoir l'oreille coupée ; autant est de moutons , brebis
les personnes de condition honnête , & de & autres bêtes à pied fourche , pour le deuxième
Larcin doit être pendu. Covt. de Lod. ch. 79.
la condamnation aux Mines pour les per art. 12 & 13.
sonnes viles. (4; V. Bouthillier, en fa Somme Rurale , liv.
xx. tit. 34.
( 1 ) Quamquam autem Hadrianws metalli Pcenam, I V.
item operis , vcl etiam giadii praestiterit : attamen
qui honestiore loco nati fuut , non debent ad hanc Mais il paroît que , suivant notre Juris- 4. Com-
Pcenam pertinere , sed aut relegandi erunt , aut mo- prudence actuelle , la peine de Mort n'a ™ent Puni
vendi ordini sanè qui cum gladio abigunt , hon
iniquè bestiis objiciuntur. L. 1. §. 3. ff. de Abig... jamais lieu pour ces sortes de Vols , lors- Jurispru-
Sed quia plerumquc Abigei & ferro utuntur , fi qu'ils font commis dans les Champs \ & ac"
deprehendantur, ideò graviter & puuiri eorum ad- qu'elle n'a lieu , à l'égard de ceux commis
miffiim solct. L. 2. ibid. . . Oves pro numéro ab-
actarum aut Furem , aut Abigeum faciunt , quidam dans les Etables , que lorsqu'ils se trou
decemoves gregem este putaverunt , porcos etiam vent accompagnés d'effraction : qu'en un
quinque , vel quatuor abactos : equum , bovem , mot , la Peine la plus ordinaire , dans tous
vel umitn Abigeatûs crimen facere. L. 3. ibid. . . ces cas, c'est celle du Fouet, du Carcan,
Eum quoque pleniùs coercendtjin , qui à stabulo
abegit domitum pectis , uou à sylvá ne» à grege. & des Galères à temps , comme des autres
L. 3. §. 1. ff. de Abig. Vols faits contre la foi publique.

Rr 2
$16 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. III. Tit. VI.

Art. IV. Des Vols de Toiles & Linges de Blanchisseusesfur les Etendoirs.

L'ON distingue, dans notre Jurisprudence, Linges appartiendroient. Ce n'est qu'au


parmi ces Vols , ceux qui seroient faits à premier cas seulement , que ces Vols font
des Blanchisseuses & Ouvrières en Linge réputés faits contre la foipublique , & qu'ils
qui auroient étendu des Toiles & Linges deviennent par conséquent íujets à la peine
appartenans à autrui , pour les blanchir & du Fouet , du Carcan , & des Galères pour
faire sécher , de ceux qui seroient faits aux trois ans , qui est attachée aux Vols de
Particuliers même à qui ces Toiles & cette qualité.

Art. V. Vol de Bois dans les Chantiers.

Il en faut dire de même de ce Vol, que des pour les Vols de Bois de charpente , ou
précédens. Nous ne distinguons point , à pour ceux qui ont été faits pendant la nuit,
cet égard , les Bois de chauffage , de ceux
de charpente. Nous ne distinguons point (r) Bois pris outre la volonté de celui à qui il'est,
non plus , si le Vol en a été fait de jour ou ne porte crime , s'il n'étoit charptnté pour merrain ,
de nuit. En quoi nous ne suivons point la à édif« » ou' dérobé de nuit , ou scié , ou faussement
j-r j i /-< j n merche , ou bois qui porte fruit , ou qui elt es pour-
disposition de la Coutume de Bretagne , pris herbrégement&prochatnes clôtures de la maison
qui n'admet la poursuite extraordinaire que p0ur la décoration d'icelle. Covt. de Buet. art. 611.

Art. VI. Des Fols d'Arbres & de Fruits dans les Jardins & Vignes.

Il faut d'abord distinguer, quant à la Peine, nés qu'à servir d'ornement. Nous avons ,
le Vol des Fruits , de ceux qui se font des fur ce dernier point , le célèbre Arrêt ,
Arbres même qui les portent ; ces premiers rapporté au Journal du Palais (i) , qui con-
sont sans contredit moins puniflàbles que damne au Bannissement un Gentilhomme
les derniers , tant parce qu'ils causent moins de Normandie , pour avoir coupé de jeunes
de préjudice , que parce qu'ils peuvent n'a- Arbres dans l'avenue d'un Château. C'est
voir été excités que par le besoin ou par auffi la disposition del'art. 611 de la Cou
la gourmandise , comme lorsqu'ils sont faits tume de Bretagne que nous venons de citer,
par des Ecoliers & de jeunes gens : au lieu A l'égard des Arbres volés dans les Forêts
que les derniers ne font faits ordinairement du Roi ou des Particuliers , il y a scule-
que dans la vue d'en tirer un profit parti- ment des condamnations d'Amende , pro
culier , ou de nuire à des Tiers , par un noncées pour la première fois contre ceux
esprit de vengeance ou de ressentiment, qui 1|S volent , comme nous le verrons en
Ainsi , tandis qu'il n'y auroit lieu , par rap- traitant des délits de Police dans les Bois,
port aux Vols des Fruits , qu'à de simples
Peines pécuniaires, qui pourroient être (Os. Journal du Pnlais, tome 2. //z-yò/. pag. 644.
prononcées par la voie civile ( hors néan- P.auíïì quant auxarii*sfhuriers,YAxtè% de Régi, du
moins le cas où ce Vol auroit été fait nui- ^rrft S? JuiIleV 6!8, nWonét
. par M. le rrelinent Bounier , 1. 1. ch. 33. par lequet
tamment , & que 1 objet en feroit COnílde- \\ est fait défenses à toutes personnes d'entrer dans
rable) la poursuite extraordinaire a toujours les jardin* & vergers de jour 8t de nuit , pour y
lieu dans le cas des Vols $ Arbres , soit cueillir des fruits , & de rompre des arbres , haies
c
fruitiers r -~ même
, soit 4 qu >-i r •
ils ne seroient j n.-
desti- vives & clôture '- à vpeine de rpunition corporelle.
r ..

Art. VII. Des Vols d'Echalas 6* de jeunes Seps dans les Vignes.

C E Crime est aussi mis , par les Arrêts , & il en donne pour raison , que , comme
au nombre des Vols contre la Foi publi- par ces sortes d'enlèvement , l'on privoit les
que , & punissable par conséquent de la Villes des bâtimens qui servent à les décorer,
peine des Galères de trois ans ; fur-tout lì l'on empêchoit ausij , par l'enlévement des
ce Vol est fait pendant que les Seps de Echalas , la culture des Vignes , qui font la
vignes sont attachés à ces Echalas. Le Droit richesse des pays où elles sont situées.
Romain le réputoit auffi très-grave , & le (T) Lex duedecim tabularum neque solvere per-
comparoit, quant au degré de Peine qu'il mittit liguum Furtivum aedibus , vel vineis junc-
méritoit, à l'enlévement furtif qui feroit fait tum » netIue vindicare. Quod providenter lex efficit,
d> une n_. * piece nécessaire
Poutre, ou autre ' rr • pour "e v^l a?difícia
vinearum cuIturasub hoc praetextu
turbeturP , sed indiruantur , vel
eUm qri'coo-
la construction ou entretien d'une maison, victus est junxisse , induplum dat actionem. Ugni
DU VOL, ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES, 317
autem appellatione continetur omnis materia ex in vineis tigni appellatione , omaia vineij necelía-
qua aedihcium confier viuea?que necessaria. Unde ria continentur , ut puta pertiese pedamenta. L. i.
quidam áiunt tegulam quoque 2c lapidera & test^m S, \^ fft.de tigno junçlo,.. Sciendjim est ocs qui arbores
caeteraque , (i qua aedificiis sunt utilia : tigna enitn & maximè vites ceciderint, etiam tanquam Latrones
à tegendo dicta sunt. Hoc ampliùí 8c calçem 8C puoixi. £. z. ff. arbor. fi/rt* casar.
arenam tignorum appellatione contineri. Sed 8c

Art. VIII. Du Vol de Légumes dans les Marais.

_ J ous avons, fur ces sortes de Vols , une ladite Sentence sortira son plein & entier estes .
N« condamne fadite Marie Toulouse en l'Amende
foule d'Arrêts de ce Parlement , qui s'est
ordinaire de douze livres. Et pour faire mettre le
toujours montré extrêmement rigide fur présent Arrêt à exécution , renvoie ladite Marie
ce point , comme intéressant essentiellement Toulouse Prisonnière pardevantle Lieutenant-Cri
l'approvisionnement de cette Capitale. C'est minel du Châtelçt. Arrêt du Parlement de Paris ,
du Z4 Avril 1741. V. Dict. de la Police , au mol
pour cela, qu'au lieu du fimple Bannisse - Voleurs de Jardins.
ment qu'elle prononce pour les Vols faits
(z) Vu par la Cour le Procès-Criminel fait par
dans les Marais de campagne , cette Cour est
le Prévôt de Paris , ou son Lieutenant-Criminel au
dans l'ufage depuiiirdes Galères à temps les Chátelet , à la requête du Substitut du Procureur-
Vols des Marais faits dans cette ville de Paris. Général du Roi , Demandeur 8c Accusateur , contre
Nous avons deux exemples remarquables , François Normand , Domestique dans les Auberges ,
& Julienne Moisan , femme dudit Normand , Dé
fur l'un & l'autre de ces Vols , dans les Arrêts fendeurs & Accusés , Prisonniers ès Prisons de la
de cette Cour , dont Yun est du 24 Avril Conciergerie du Palais à Paris , Appellant de la
1741 (1), & Yautre du 27 Septembre 1730 Sentence rendue par ledit Juge , le 6 Mai 1755.
par laquelle ils font déclarés duement atteints 2c
(2). Nous croyons , par cette raison , de
convaincus du Vol d'artichaux fait nuitamment dans
voir les rapporter ici , d'après l'Auteur du les Marais , mentionné au Procès ; pour réparation ,
Dictionnaire de Police. les condamne , sçavoir ledit Normand à être atta
ché au Carcan en la Place de Grève, & y demeurer
(1) Vu par la Cour le Procès Criminel fait par depuis midi jusqu'à deux heures , ayant écriteaux
le Prévôt de Paris , ou son Lieutenant-Criminel au devant & derrière, portant ces mots : Voleur d'ar-
Chátelet , á la requête du Substitut du Procureur- tichaux nuitamment dans les Marais \ & là battu
Général du Roi audit Châtelet , Demandeur & & fustigé nud de verges , par l'Exécuteur de la
Accusateur , contre Marie Toulouse , femme de Haute-Justice , 8c flétri d'un fer chaud en forme
Jean Dubut , Tambour des Gardes , 2c Fruitière , des lettres G A L. fur l'épaule dextre ; ce fajt ,
Défenderesse 2{ Accusée , Prisonnière ès Prisons de conduit à la chaîne, pour y être attaché 2t servir Ip
la Conciergerie du Palais á Paris , Appellante de Roi, comme Forçat sur ses Galères , pendant le temps
la Sentence rendue par ledit Juge, le 23 Mars 1741, & espace de trois ans \ & ladite Julienne Moisan
par laquelle ladite Marie Toulouse est déclarée d'être battue & fustigée nue de verges , par ledit
duement atteinte & convaincue du Vol de poireaux Exécuteur de la Haute-Justice , dans les lieux Sc
fait dans me piece de terre , près le Village d'Au- carrefours accoutumés , & à l'un d'iceux flétrie d'un
bervilliers , mentionné au Procès; pour réparation, fer chaud en forme de la lettre' V. fur l'épaule
elle est condamnée d'être battue 8i fustigée nue dextre ; ce fait , conduite à la Maison de Force de
de verges , par l'Exécuteur de la Haute- Justice , dans l'Hôpital-Général de la Salpétriere , pour y être
les lieux 8c carrefours accoutumes , même dans la détenue 8c renfermée pendant le temps St espace
Place publique du Village d'AubervílIiers , ayant de trois ans. II est ordonné que ladite Sentence fera ,
écriteaux devant & derrière , portant ces mots : à la diligence du Substitut du Proçureur-GénéraJ
Voleuse de Légumes dans la Campagne ; 8í audit du Roi , lue , publiée 8c affichée dans tous les lieux
lieu flétrie d'un fer chaud en forme de la lettre V', & carrefours accoutumés de la Ville & Fauxbourgs
fur l'épaule dextre j ce fait , bannie pour trois ans de Paris. Ouis 8c interrogés en la Cour ledit Fran
de la Ville , Prévôté 8c Vicomté de Paris , ou à la çois Normand & Julienne Moisan sur leursdites
fuite de la Cour \ la condamne en trois livres causes d'appel 8c cas à eux imposés : tout considéré...
d'Amende envers le Roi , à prendre fur ses biens : Notredite Cour met toutes les appellations au
& il est ordonné qu'à la diligence du Substitut du néant; ordonne que ladite Sentence sortira son plein
Procureur Général du Roi , ladite Sentence seroit & entier effet ; condamne lesdits François Normand
imprimée , lue , publiée & affichée dans tous les Sc Moisan en l'Amende. Ordonne que le présent
lieux & carrefours accoutumés de ladite Ville , Arrêt sera imprimé 2c affiché : 2c pour faire mettre
Fauxbourgs 8c Banlieue de Paris , même dans les le présent Arrêt à exécution , renvoie lesdits Accusés
Village de Pantin , la Chapelle, Áubervilliers , 2c Prisonniers pardevant le Lieutenant - Criminel du
autres circonvoisins. Ouie 2t interrogée en la Cour Châtelet. Fait en Parlement le 16 Mai 1755. Colla-
ladite Marie Toulouse sur ladite cause d'appel 8c tionné , Vaury. Signé Richard. Autre Arrêt
cas à elle imposés : tout considéré... Notredite du mfme Parlement du 16 Mai 1755. V. 2?/cr. de
Cour met l'appellation au néant ; ordonne que la Police , ibid.
318 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. III. Tit. VI.

Art. IX. Des yois de Çharrue, & Injlrumens de Labourage.

SOMMAIRES.

i. Dispositions des Coutumes à ce sujet. z. Veine suivant notre Jurisprudence.

t.Dispo-lL est fait mention de cette espece de pareillement puni comme Larron. Covt. de
íîtion des y i j s plusieurs Coutumes , notamment Brbtag. art. 603.
Coutumes * _ . ó j t»
à ce sujet, dans celles de Laudunois (i) & de Breta I l
gne (2) , dont la première veut qu'il soit Quant à notre Jurisprudence , il paroît 2. Perne
puni de peine corporelle. L'autre veut en que ce Vol est puni de la Peine ordinaire
général , que les Coupables soient punis des Vols contre la Foi publique. II y a prudence,
comme Larrons. même des Arrêts (un entr'autres rapporté
par Boniface (1) ) qui regardent la punition
(1) Toutes choses emblées aux champs , comme de ce Crime , comme tellement intéressante
harnois , foc de charrue , draps à polies , linges
pour Tordre public , qu'ils veulent que la
qui sèchent , & autres choses qui sont aux champs ,
hors la maison , sont en la garde de Justice \ & pour poursuite s'en faste par la Partie publique ,
ce les malfaicteurs doivent êtue punis corporelle fans attendrela plainte des Parties intéressées.
ment. Covt. de Lod. chap. 39. art. 15.
(l) V. l'ARRETdu Pari, de Provence, du 27 Mai
(2) Et si aucun prenoit les. biens délaissés par les 1667. rapp. par Bon IF. tom. 2. part. 3. liv. 1. tit. 15.
Laboureurs aux champs , & il lesrecéloit , il feroit ch. 15. & par Brillon au mot Vol.

Art. X. Des Fols de Volailles dans les Bajses-Cours.

.LjA Peine ordinaire de ces sortes de Vols Cependant lorsque ce Vol ne consiste qu'en
est , comme l'on sçait , celle du Fouet & un objet modique , on se contente de le
du Carcan. Elle va austì quelquefois jus punir d'une Amende , ou d'une simple Au
qu'aux Galères , lorsque le Vol est consi mône , outre les Dommages & Intérêts de la
dérable & est devenu fréquent dans un personne volée. L'on sçait au surplus quelle
canton , fur-tout s'il est fait de nuit & est la rigueur de la Discipline Militaire sur
avec escalade : elle est même portée jus ce dernier point.
qu'à la mort , si le Vol est fait avec effraction.

Art. XI. Du Vol des Pigeons dans les Colombiers.

Les Pigeons étant réputés , parmi nous , du Police de la Marre (4) un Arrêt de ce
nombre des oiseaux domestiques , & comme Parlement du 1 1 Juillet 1555, qui con
tels, faisant partie de notre patrimoine , damne un particulier pour avoir pris des
on ne peut par conséquent prendre , retenir, Pigeons aux filets , à être fustigé , avec
ni tuer les Pigeons d'autrui , fans commettre défenses de récidiver , fous peine de la Hart.
un Vol véritable. C'est ainsi qu'il est envisagé
dans nos anciennes Ordonnances & dans
(1) V. cette Ord. dans le Recueil des anciennes
nos Coutumes. II en est parlé entr'autres Ordonnances, par M. de Villevaux.
dans une Ordonnance de Philippe de Va (2) Défendons à toutes personnes , de quelque
lois, du premier Février 1350 & qualité ou condition qu'elles soient , de tirer de l'ar-
dans un Edit de Henri IV, du mois de quebusc fur les Pigeons , à peine de vingt livres
d'Amende pjrifis. . . Edit de Henri IV , du mois
Juillet 1607 (2) , & enfin dans plusieurs
de Juillet 1607. V. la Marre , Traité de la Police ,
Coutumes , notamment celles de Bretagne , tom. 2. liv. 5. tit. 23. ch. 4.
d'Etampes , & de Bordeaux (3) , d'après
(3) V. la Cout. de Bretagne , art. 390. celle
lesquelles il paroît que la Peine ordinaire d'ErAMPES,art. 192. ch. 15. & celle de Bordeaux,
en pareil cas , est celle de l'Amende pour art. 112. ch. n... y. au surplus Coquille , fur la
la première fois , & de la Fustigation pour Cout. de Nivernois , art. 1. ch. 19. Guyp. qu. 128.
Chasseneux , fur la Cout. du Duché de Bourgo-
la seconde. Cette Peine doit augmenter gue , tit. dernier.
lorsque le Vol est fait par surprise & tra
(4) V. le Traité de la Police de LA Marre , ea
hison. L'on trouve dans le Traité de la l'endroit qu'on vient de citer.
DU VOL , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 319

Art. XII. Du Vol de Poijfons dans un Etang & Réservoir.

OMME les Poissons font censés faire clarés duement atteints & convaincus ; sçavoir r
partie du fonds même auquel ils font atta ledit Levert d'avoir volé nuitamment des poissons
dans uuc boutique à poisson au Port de la Place aux
chés , l'on ne peut douter qu'il n'en soit veaux, appartenant aux héritiers Sauvé , & ledit
des Vols qui se commettent à cet égard , Gissard d'avoir participé audit Vol ; pour réparation;
comme de ceux qui se font des fruits de de quoi ils auroient été condamnés d'être conduits
& menés ès Galères du Roi , pour en icelles être
nos jardins , c'est-à-dire , qu'ils font éga détenus & servir ledit Seigneur Roi , comme For
lement sujet à la Peine des Vols contre çats , le temps & espace de neuf années , préala
la Foi publique. C'est ce qui paroît d'après blement conduits à la Place aux veaux de cette
les Ordonnances de François I , en 1536(1), Ville , par l'Exécuteur de la Haute-Justice B où ils
seroient marqués des trois lettres G A L. fur
&de Henri IV, en 1607 (2). La Coutume l'épaule dextre \ les condamne chacun en dix livres
de Nivernois (3) contient aussi une dispo d'Amende , applicable au pain des pauvres Prison
sition particulière à ce lùjet. Quant à notre niers de l'Hótel- de-Ville \ ordonne que les deux
cens quarante- neuf carpes remises , par provision ,
Jurisprudence , nous nous contenterons ,
à Claude Dusollier , Agent de Nicolas-Jcan-Bap-
pour faire juger de quel œil ces sortes de tiste Sauvé , Nicolas Hureau , & autres héritiers de
Vols font regardés parmi rious s de rappor défunt Jean Sauvé & Elisabeth Moniat , sá femme ,
ter ici un Arrêt de ce Parlement , d'après le 28 Décembre dernier , demeureront définitive
ment ; & seroit ladite Sentence lue , publiée &
l'Auteur du Dictionnaire de Police , par
affichée par-tout où besoin seroit. Ouis & inter
lequel un particulier , pour avoir volé nui rogés en la Cour Icsdits Jacques Gissard & Pierre-
tamment des Poissons dans une Boutique Romain Levert fur leurs causes d'appel & cas à
à Poisson de cette ville de Paris , a été eux imposés : tout considéré. Ladite Cour met
l'appellation &. Sentence de laquelle a été appellé
condamné au Carcan 8c aux Galères de au néant ; émendant , pour les cas résultans du
trois ans. Procès , condamne ledit Pierre - Romain Levert
d'être attaché au Carcan à un poteau qui , pour cet
(1) Les Larrons des garennes & étangs soient esset , fera placé à la Place aux veaux , ayant écri
punis comme les autres Larrons , selon la coutume. teaux devant & derrière, portant ces mots : ( Voleur
Ord. de François J, en Juillet 1536. ck. 3. art. 7. de Poijfons ) } & y demeurer pendant deux heures j
V. GUENOIS , liv. XI. tit. 14. Js. 24. ce fait, mené & conduit ès Galères du Roi , pour
en icelles être détenu & servir ledit Seigneur Roi,
(2) Selon l'Edit de notre grand oncle le Roi comme Forçat , pendant trois ans , préalablement
François, seront les Larrons des garennes & étangs marqué fur l'épaule dextre des trois lettres G A L.
très-rigoureusement châtiés & punis des Peines or & avant faire droit fur l'accusation contre Jacques
données contre les autres Larrons. Ordonn. de Gissard , ordonne qu'à la requête du Procureur-
Henri IV , en 1607. art. 8. V. Gvenois , ibid. Général du Roi , poursuite & diligence de son
Substitut de la Ville , il sera plus amplement infor
(3) S'il ell trouvé peschant en un étang , fossé ,
mé , pour raison des cas mentionnés au Procès ,
ou héritage d'autrui défendus , s'il n'y a convention
circonstances & dépendances , pardevant lesdits
au contraire, il fera puni comme de furt. Cour,
Prévôt & Echevins de cette Ville , contre ledit
de NiyERN , ch. 16. art. 3.
Jacques Gissard pendant trois mois , pendant lequel
(4.) Vu par la Cour le Procès criminel fait par temps il tiendra prison ; pour ce fait , rapporté ,
les Prévôt ÔC Echevins de cette Ville de Paris , à communiqué au Procureur-Général du Roi , & vu
la requête du Substitut du Procureur-Général du par la Cour , être ordonné ce que de raison : & pour
Roi , Demandeur ôc Accusateur , contre Jacques faire mettre à exécution le présent Arrêt , renvoie
Gissard , Pêcheur à vergé, & Pierre-Romain Levert, ledit Levert pardevant lesdits Prévôt & Echevins
Compagnons de rivière , Défendeurs & Accusés , de cette Ville de Paris. Fait en Parlement le 2ç>
Prisonniers ès Prisons de la Conciergerie du Palais , Mars 1735.. . Arrêt du Parlement de Paris , du
Appellans de la Sentence rendue fur ledit Procès , 29 Mars 1735. V. Dict. de la Police , au mot
le 5. Mars 1735. par laquelle ils auroieut été dé Voleur de Poijson.

Art. XIII. Du Vol des Lapins dans les Garennes.

jl L en doit être de ce Vol , comme de celui ouvrent les trous qui font dans les ga
des Poiíîbns dont nous venons de parler , rennes (4).
auquel il est aussi assimilé par les Ordon
nances dont nous avons rapporté les dis (1) V. les Ordonnances de François I. en Août
positions sur l'art. précédent (1). A quoi l'on 1536. & d'Henri IV. en Juillet 1607. rapportées
peut joindre les dispositions particulières ci-dessus.
des Coutumes du Maine (2) 8c de Bor s2) De Conils emblés de nuit en Garenne, & de
deaux (3) , suivant lesquelles il y a peine Poisson emblé de nuit en Etang , le hanoncoutumier
d'Amende pour la première fois , 8c celle de ce fait doit être puni corporellement , & nc
peut aucun de jour ne de nuit tendre ne thuferer
du Fouet en cas de récidive. Nous verrons ,
en autrui Domaine. Cour, du Maine, art. 163.
en traitant des Délits commis dans les Bois ,
quelle est la peine de ceux qui ruinent ou ( 1) Item. Ceux qui dérobent les Fuye» , Colorn-
220 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. III. Tit. VI.
biers & Garennes, ou qui les prendront à rêts , dommage donné. C o u t. de Bord. art. IIJ.
filets , &c. seront punis , pour la première fois , en chap.
l'Amende de 60 fols tournois , & pour la seconde (A) V- l'Ordonnance du mois d'Août 1669»
seront fouettés ,& outre lefdites Peines payeront le art. 10.

Art. XIV. Du Vol d'Abeilles dans les Ruches.

_iOMME les Ruches sont au nombre des & de les garder à vue. Nous avons là»
choses exposées à la Foi publique , ceux dessus des dispositions remarquables dans
qui volent les Abeilles qu'elles renferment, les Coutumes de Lodunois du Bour-
sont par conséquent dans le cas d'être pu bonnois (2).
nis d'une Peine plus forte que les Voleurs
ordinaires. Cependant , nous ne voyons pas (1 ) Et aucun prend ledit essaim d'aveltes en autrui
que l'on use à leur égard de la même rigueur fonds , & les emporte , il est réputé Larron, & fera
puni à l'arbitrage de Justice. Cout. de Lod.oA. 3.
que contre les autres Voleurs dont nous
art. 4.
venons de parler ; & même nous ne con-
noissons aucun exemple où on leur ait (z) Si aucun trouve ua Abeillon à miel & Efpave
appliqué la Peine des Vols ordinaires , telle en son Héritage qui ne soit poursuivi par celui à qui
il appartient , il est tenu de révéler au Seigneur Justi
qu'elle est portée par laDéclaration de 1724. cier , ou à un de ses Officiers en la Justice duquel
Ce qui vient fans doute de ce que les il est trouvé , dedans vingt-quatre heures après qu'il
Abeilles étant réputées , dans le Droit , des aura sçu ledit Abeillon être à son Héritage. Et fi
animaux sauvages de leur nature ,t & qui , ledit Abeillon n'est poursuivi de celui à qui il ap
partient , dedans huit jours , ledit Rélévant en aura
comme tels , devroient appartenir au îa moitié , & l'autre moitié fera au Seigneur Haut-
premier occupant , le Propriétaire des Justicier; & s'il ne le révèle & il en soit convaincu;
Ruches qui les contiennent ne peut avoir il rétablira ledit Abeillon & Efpave , & sera con
damné à l'Amende; £c s'il le prend en autrui fonds ,
d'action contre celui qui vient de s'empa
il fera condamné en Amende arbitraire & à ladite
rer des essains qui en font envolés , qu'au restitutiou. Cout. de Bourbon, chap. 16. art.
tant qu'il n'a cessé d'être à leur poursuite , 338.

Art. XV. Du Vol des Pavés fur les grands Chemins.

J.L y a une Ordonnance du Roi, du 4 Août gnerons & Laboureurs , déchargent pareillement
173 1 (i), qui défend à tous Particuliers des fumiers & autres immondices fur ces mêmes
Chemins de terre & les y laissent séjourner , ce qui
d'enlever aucuns Pavés, outils, & maté y cause de l'infection & empêche le passage des.
riaux des rues & chemins publics , à peine Voitures , même qu'ils anticipent chaque jour fur
du Carcan , avec écritaux portant ces mots ; la largeur desdits Chemins , soit en comblant les
Voleur de Pavés. Elle veut qu'en cas de Fossés , soit en abattant les Berges ; que les Bateliers
récidive , ils soient condamnés aux Ga ÔC Pêcheurs arrachent , en passant sous les Ponts ,
les fers & les bois qui les soutiennent , ce qui en
lères. provoque la ruine ; qu'enfin les Chartiers abattent
(1) Sa Majesté étant informée qu'au préjudice les Parapets de ces mêmes Ponts &c les Bornes qui
des Ordonnances, Réglemens & Arrêts de son Con font mises par ordre de Sa Majesté , soit pour dé
seil , l'Entrepreneur chargé de l'entretien du Pavé fendre lefdits Parapets, soit pour empêcher que les
de la Ville , Fauxbourgs & Banlieue de Paris ; de voitures ne fassent des ornières fur les accottemens
même que les Adjudicataires des Ouvrages neufs & des Chaussées dans les descentes rapides, & que tous
d'entretien des Ponts , Chemins & Chaussées du ces différens abus méritent des Peines proportion
Royaume , font troublés dans leurs travaux; qu'il nées à !a nature des délits, SaMajesté a ordonné & or
arrive fréquemment dans ladite Ville de Paris de donne que les Réglemens & Arrêts xle son Conseil,
même , que différens Particuliers enlèvent pendant concernant les Chaussées, grands Chemins & Voies
la nuit les Pavés conduits fur les Atteliers , & desti publiques seront exécutés selon leur forme & te
nés aux Ouvrages du lendemain ; que d'autres ont neur ; en conséquence , défend à tous Particuliers
dépavé des portions considérables de Chaussées , de dépaver les rues de Paris , de même que les
soit pour employer les Pavés à leur usage particu Chaussées des Fauxbourgs,, Banlieues &c Chemins
lier , soit pour les fendre ou débiter , à leur profit, publics; d'enlever aucunPavé desdites Rues, Chauf
aux Maîtres Paveurs pour les petits Ouvrages , soit fées , Atteliers, non plus que les Fers , B ois, Pierres
pour les réduire en poudre & les vendre aux Mar & autres Matériaux destinés aux Ouvrages ou mis
briers & autres Artisans ; qu'à l'égard des Chaus en œuvre, à peine, contre les Contrevenans, d'être,
sées des Banlieues, il arrive que les Gravatiers , au pour la première fois , attachés au Carcan , avec
lieu de conduire les Gravoisaux endroits indiqués écriteaux , fur lesquels fera écrit ( P'olcur de Pavés)
par le Prévôt des Marchands & Echevins de Paris, ou de telle autre matière qu'ils auront pris , ôi
déchargent lefdits Gravois fur les Chaussées dépa d'être, en cas de récidive, condamnés aux Galères;
vées & fur les Chemins de terre qui sont à côté, ce à l'effet de quoi leur procès leur fera fait & parfait
qui les encombre & les rend impraticables; que fur par tels Juges qu'il appartiendra. Défend à toutes
la plupart des Routes publiques les Jardiniers , Vi Personnes, de quelque qualité ÔC condition qu'elles
soient ,
DU VOL , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES.
soient , de recevoir , receler dans leurs maisons , fées de pavés & Chemins de terre que sur les
môme d'acheter aucuns desdits Pavés ou autres ma Ponts & dans les Rues des Bourgs & Villages; d'a
tériaux volés , à peine, contre chacun des Contre- battre aucunes Bornes mises pour empêcher le pas
venans , de mille livres de dommages & intérêts , sage des voitures fur les accottemens des Chauf
«Applicables un tiers à l'Hôtel-Dieu , si te délit est fées , celles qui défendent les murs de soutènement
commis dans la Ville de Paris, &à l'Hôpital le plus & les Parapets des Ponts , non plus que lesdits
prochain du lieu, quand le Vol aura été fait fur les Parapets , le tout à peine de confiscation des che
Chemins publics ; un tiers aux Dénonciateurs , & vaux , voitures & équipages, & de cinq cent livres
l'autre tiers à l'Entrepreneur de l'entretien desdites de dommages ik intérêts contre les Contrevenans ,
Rues & Chauffées , même de plus grande somme , applicables comme dessus , &c en outre de prison
si le Vol étoit plus considérable : permet auxdits contre ceux qui seront pris fur le fait : de toutes
Entrepreneurs, fur les avis qu'ils auront des recélés lesquelles condamnations les Maîtres desdites voi
desisits^Pavés & autres Matériaux , de les faire saisir tures óí équipages demeureront civilement garans
dans les lieux où ils pourront être , & à cet effet de & responsables, de même que les Syndics des Pa
faire transporter le premier des Commissaires du roisses , si la contravention est commise dans le
Châtplét fur ce requis , ou le plus prochain Juge Bourg ou Village de leur domicile, &t qu'ils n'aient
des antres lieux , pour du tout être dressé procès- duement averti les Contrevenans. Mande Sa Ma
verbal , fans qu'il loit besoin de permission particu jesté aux sieurs Commissaires départis pour l'exé-
lière d'aucun Juge ; & lesdits procès-verbaux vus cution de ses ordres dans les Généralités de Ion
& rapportés au sieur Directeur-Général des Ponts Royaume , & aux Officiers du Bureau des Finances
& Chauffées de la Ville & Généralité de Paris, & de Paris, de faire lire , publier afficher la pré
aux sieurs Commissaires départis dans les Provin sente Ordonnance par-tout où besoin sera , à ce
ces , être , fur leur avis , par Sa Majesté ordonné que personne n'en ignore , & de tenir la main, cha
ce qu'il appartiendra ; fait Sa Majesté itératives dé cun en droit soi , à son exécution : ordonne aux
fenses à tous Gravatiers , Laboureurs , Vignerons , Prévôts de l'Islede France & aux Officiers des Ma
Jardiniers & autres de combler les Fossés ou d'en réchaussées de prêter main-forte , même d'arrêter
abattre les Berges qui bornent la largeur des grands les Contrevenans , voitures , chevaux & harnois ,
Chemins, & d'anticiper fur cette largeur par leurs ainsi qu'il écherra, & d'en dresser Procès- V erbaux,
labours , ou autrement , en quelque manière qu'ils remettront à l'instant au sieur Directeur-Gé
que ce soit ; de planter aucuns arbres à une moin néral des Ponts & Chaussées dans la Généralité de
dre distance que celle de six pieds du bord exté Paris , & aux Greffes des sieurs Commissaires dé
rieur desdits Fossés Ô£ Berges , & de décharger au partis dans les autres Provinces de son Royaume.
cuns gravois , fumiers , immondices ou autre em Ord. du 4 Août 173 1. V. Code de la Voirie , t. x.
pêchement au passage public , tant fur les Chaus- p. 578.

Art. XVI. Du Vol de Cordages fur les Ports.

Il, y a , suivant l'Ordonnance de la Ma (1) Celui qui aura dérobé des Cordages, Ferrail
rine , de 1 68 1 ( 1 ) , Peine de flétrissure d'un les, ou ustensiles de Vaisseaux étant dans les Ports ,
fera flétri d'un fer chaud portant la figure d'une an
fer chaud , portant la figure d'une ancre ,
cre , & banni à perpétuité du lieu où il aura com
avec Bannissement à perpétuité du lieu où mis le délit ; & s'il arrive perte du Bâtiment ou
a été commis le délit , & même peine mort d'homme pour avoir coupé ou volé les ca
de Mort , dans le cas où ce Vol auroit oc bles , il fera puni du dernier supplice. Ord. de la
casionné la perte d'un bâtiment ou mort Marine , liv. 4. lit. de la Police des Ports , &c.
d'homme , pour avoir coupé ou volé les art. 16 Faisons défenses à toutes Per
sonnes d'acheter des Matelots , & Compagnons
Cables. La même Loi fait défenses à toutes de Bateaux , des Cordages , Ferrailles , & autres
personnes d'acheter des Matelots & Com ustensiles de Navires , à peine de punition corpo
pagnons de bateaux des Cordages , Fer relle. V. lbid. art. 17.
railles , & autres ustensiles de Marine , à
peine de punition corporelle.
322 LES LOIX CRIMINELLES, Liv.HI.TiT. VI.

§. VI. Des Fols contre la sûreté du Commerce ; ou de VUsure ;


de Banqueroute , du Monopole , du Stellionat 5 & du Recélement.

Art. I. De W/ure.

SOMMAIRES.

i. Deux sortes d'Usure suivant le Droit 8. Cinquième exception , en faveur -, de*


Canonique. Enormité de ce Crime. Cautions & Fidéjusseurs.
z. En quoi il consiste. Quid, de /'Antichrese9. Sixième exception , en fait de récom
ô de /'Anatocifme. pense volontaire pour travail & ièrvice
3. Différens cas où V Usure est permise rendu.
parmi nous. 1 o. Usures déguisées ; de combien despèces
4. Fremiere exception , Rente constituée ; suivant nos Loix.
ce qu'il faut pour fa validité. 11. Peines de l Usure en général 3 suivant
5. Seconde exception , Vente , Transaction , le Droit Canonique.
Échange , & autres contrats à titres oné 12. Peines de ce Crime , suivant nos Loix.
reux. 13. Peines suivant notre Jurisprudence.
6. Seconde exception , en faveur des Mar 14. Singularités remarquables de ce Crime
chands ô Négocians. quant a la poursuite.
7. Quatrième exception , en faveur du mari 15. Singularités quant a la preuve de cc
pour les biens dotaux. Crime.

,,Díu Suivant les dispositions du Droit Ca- Constitutionem Lateranensis Concilii contra
suíe"sui- NONIQUE , auquel nous devons principa- Uíurarios editam sub divinae maledictionis inter-
mmatione praecipimus inviolabiliter observari. Et
vant le lement nous en rapporter fur cette matière
quia quominus fœneratoribus aderit fœnerandi
nonlque. qui intéresse la conscience , on appelle Usure commoditas , eò magis adimetur fœnus exercendi
Enormité en général -, le profit que l'on retire de íbn libertas: hac generali constitutione sancimus...^
tl cc argent ; & comme il y a de certains cas V. Cap. t.tà. 5. de Usuris in-6°.
me
où suivant ce même Droit , ce profit peut (4) Usura pecuniaî quam percipimus sinefructu i
être permis , c'est ce qui a fait distinguer non est quia ex ipso corpore sed ex alia causa est
l'Uíiire en licite ô illicite. La première id est nova obligatio. L. 11t. ff. de verbor.
signifie.
est connue proprement fous le nom d'in
térêt ou arrérage ; la seconde a retenu le nom 1 r.
d' Usure : c'est le Crime dont nous voulons
Cette Usure illicite consiste dans le profit a.Enquoï
parler ici , & qui fait l'objet particulier des
que l'on retire de l'argent qu'on a prêté q"^^'
défenses portées, tant dans l'Ancien (1)
à cette intention ( 1 ) , soit que Cè profit YAntùhrc
que dans le Nouveau Testament (2) ,& re
consiste lui-même en argent ou en den- {>j^l0^%
nouvelles par le Concile de Latran (3) ,
rées (2) , soit qu'il se prenne íùr lè fruit me,
comme étant également contraire & aux
des immeubles , comme dans le cas de ce
maximes de la charité chrétienne , en ce
contrat qu'on appelle Antichrefe 3 par lequel
qu'elle n'a pour but que de satisfaire la
l'Emprunteur abandonne la jouissance de
cupidité de celui qui prête , en profitant de
son fonds au Prêteur , jusqu'à ce qu'il lui
l'indigence de celui qui emprunte ; & à ce
rembourse l'argent qu'il lui a prêté (3) ,
principe de Tordre physique , qui ne permet
soit enfin que ce profit consiste dans la
pas que l'argent, qui est stérile de fa nature ,
cu'mulation qui se fait des intérêts pour
puisle produire aucun fruit (4).
former un principal dont on retire des
(1) Non fœnerabis fratri tuo ad Uíuram pecu- intérêts , comme dans le cas de cet autre
niam , necfruges , nec quamlibet aliam rem : sed contrat , connu fous le nom d'' Anaiocifme (4).
alieno , fratri autem tuo absque Usurâ id quo in- Nous exceptons seulement en ce dernier
diget commodabis. Deuter. 23. v. 19. . . . Ne
cas les intérêts des deniers pupillaires , en
accipias Usuras ab eo , nec amplius quàm dedisti.
Levit. 25. v. 37. V. aussi Exod. 22. v. 25. Prov. ce que nous obligeons les Tuteurs de faire
28. v. 8. l'emploi de ces deniers au profit des mi
(2) Mutuum date, nihil inde sperantes. Luc.6. neurs , dans un certain temps qui est de
v. 35. six moix suivant la Jurisprudence de ce
(3) Usurarum voraginem , ( qua; animas dévo Parlement (5) , à peine de payer l'intérêt
rât & facilitâtes exhaurit) compescere, cupientes des intérêts qui íbnt restés oisifs entre leurs
DU VOL, ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 222
mains ; parce que tout l'argent des mineurs Loi i6. du Code V. aussi la Novelle 106 de
est considéré comme un capital par rapport nauûcis Usutis , & la Novelle 138 deUsuris Juprà
aux Tuteurs (6). duplum computandis.
(z) Nota. Chez les Romains , suivant la remar
que de COQUILLE , fur la ccut. de Nivern. ch. 2 r .
(1) Confuluit nos tua devotio an ille in judicio
animarum quasi Usurarius debeatjudicari, qui non art. 15. » les Usures se comptoient & se payoient
aliàs mutuo traditurus eo proposito mutuam pecu- »de mois en mois;&quand l'UTure, en cent mois,
niam crédit ut licet omni convention? cessante , » tournissoit ÔC égaloit le fort principal , elle étoit
plus tamen forte recipiat , &C utrum todem reatu » dite ctntéfine , d'autant que par chacun mois fe
criminis involvatur , qui ( ut vulgò dicitur ) non » payoit la centième partie du fort , les douze
aliter parabolam juramenti concedit, clonec, quàm- » pour cent par an w
vis sine exactione , emolumentum aliquod inde
percipiat : an negotiator Pcenâ consimili debeat I V.
condemnari , qui merces suas longé majori pretio
distrahit , si ad solutionem faciendam prolixioris
Parmi les différens cas où l'Usure est ré- 4. Pre-
temporis dilatio prorogetur , quam si ei ínconti-
putée licite parmi nous , nous remarquons en m,etr£ne*"
nenti pretium persolvatur. Verum quia , quid in
his casibus tenendum sit ex Evangelio Lucse ma premier lieu celui de la Renie confiituée. Renuconf-
nifesté cognoscitur ; in quo dicitur : Date muiuurn, Cette première exception fe trouve marquée tiu^*' |5~
nihil inde sperames. Hujusmodi homines
.. ,pro ìnten- par les Bulles des Papes Martin V & Ca- pour lava-
tione lucríj quamhabent; ( cum omnis Ufura & lixTeIII(i) , que nous avons reçues dans »<-■•*•
fuuerabundanria nmVilhPQtiir n 1 ...... , . . - ;, fous les conditions suivantes.

Créancier de cette rente aliène


cendi. Cap. 10. Extr. de Ufur. le fort principal , de manière qu'il ne
(z) Si feeneraveris homini , id est , mutuam puisse fe réserver la faculté d'en exiger le
pecuniam tuam dedisti , à quo aliquid plusquàm remboursement dans aucun temps , de la
dedisti expectes accipere , non pecuniam solùm , fed
part de son Débiteur : ce qui ne doit s'en
aliquid plus quàm, sive illud triûcum {itysive vinum,
sive oleum , sive quidhbet ahud ; si plus quàm de- tendre
■ néanmoins
„ »„qu'avec. deT certaines
. „. . ex- T
j-a- a • tr . \, ■ \ ceptions marquées par les Loix oí la Ju-
disti , expectas accipere , Fœnerator es , « in hoc .£ , n „ r , * „.
improbandus , non laudandus. Can. 4. caus. 14 nsprudence , telles que celles du Stellw-
qu. 3. nat {2) , de la l ente par décret des biens
(3) Si quis oblitus timorem Domini & Sanctam hypothéqués à la rente ; comme auíìi dans
scripturam qux dicit , ( pecuniam suam non dédit leS cas de ia vente jeS Offices , ou du défaut
ad Ufuram) post hanc coenitionem maeni Conciln 1 • c j> _ / • 1 c »m L < >
cfeeneravent , & centesimas exegent • aut
6 ex quoh- v de caution
, O d emploi,
r » loríqu
n ils • ont « ete •
betnegotioturpelucrumqu£sierit,aut perdiver- stipulés par le contrat. 2°. Que le Debi
_ , ^ j , j ...
soecics ,. vini vrA
sas Ipecics vel frimic
frugis , -ral
vel ~....A:U<.«
cujuflibetrei , í-our au
teur mi contraire
mnt^.v ait toujours
f. ' faculté
la '' ' ' de
'
emendo vel vendendo aliqua incrementa íufeepe- rembourser le principal de cette rente ,
rit,degradu fuodejectus alienus habeatur àClero.
hors néanmoins les cas qu'on vient d'ex
Can. 4. caus. 14. (ju. 4.
(4) V. l'Ordonnance de Philippe- le- Bel de cepter , où l'on peut les forcer au rembour
1 3 1 1 , qui fera rapp. fous la max. xn ci-après. sement. 30. Que l'intérêt stipulé par le
(5) y. Bretonnier en ses quest. de Droit, contrat ne puisse excéder le taux fixé par
verbo Intérêts. les Loix du Prince. Ce taux a été fixé en
{6) F. la Loi 58. ff. 4. ff. de adminijlr. Tutor.
dernier lieu par l'Edit de Février 1770 ,
au denier vingt, & il l'avoit été précé
I I I. demment au dernier vingt-cinq , par l'Edit
du mois de Juin 1766. 40. Que le principal
3. Dìffé- H fuit de-là , que l'on doit comprendre de la rente soit payé en deniers comptans (3).
où"ru"re généralement fous le nom d'Usure illicite 50. Que l'intérêt de cette rente soit stipulé
est permj- tout ce qui fe perçoit au-delà du fort prin- en argent, & non en bled , ni en marchan
noi^"1" c^Pa^ ^e i^rgen1 > ou autre chose que l'on dises , qui par la variation de leur prix ,
a prêté , hors les cas particuliers où ce peuvent excéder le taux légitime (4). 6°.
profit fe trouve formellement autorisé , Enfin qu'on n'en peut demander les arré
tant par les Loix Canoniques , que par rages que de cinq années ( 5 ).
celles du Royaume : car pour le Droit
Romain , nous ne croyons pas devoir nous (1). . . . Tamen nonnulli ex Venditoribus ipsi in
arrêter à en rappeller ici les dispositions , arcum pravum converlì , cupientes cum alterius
pecunia locupletari , hujusmodi census hue usque
comme contenant des maximes absolument
> , per
Pcr KOb
eos anteà
ai"ca libéré
<l»ere abfque
abique ulla
u a contradictione
contrad ctbne ib-
fo-
• é rangeres a nos mœurs en ce que les Us , eisdem Emptoribus tam Ecclesiasticis quàm
, „ Muaui
Usures y étoient tolérées (1) , ou du moins Secularibus solvere contradicunt & récusant, con*
n'y étoient punies que lorsqu'elles excé- fingentes hu;usmodi emptionis & venditionis con -
doient un certain taux qu'on appelloit , tractus fore 6c elfe TJfurarios , & illicitos , ipfos
EmptoresEcclesiasticos & Seculares,necnon Co!le-
dans ce Droit , Usure centéjìne (2).
gia , Canonicatus, & Prarbendas, & dignitates, Per-
ionatus , & Officia, Vicarios,& Altaria ac Bénéficia
. (1) V. les Titres du Digeste & du Code de hujusmodi ipsorum annuorum ccnsuum spoliant
Vsuris, notamment les Loix 10 & 19 au ff. & la perceptiene x & detinent spoliatos in animarum
Ss 2
r

324 LES LOIX CRIMIN1 LLES , Liv. III. Tit. VI.


suarum periculum eorumqiie Emptorum praejudi- bles rentes ; les paiemens desquels & desarrérages
cium , damnum & gravamen. Et proptereà an surmontent les biens du Vendeur, & le dernier perd
contractus emptionis&venditionis hujusmodi liciti son principal & arrérages , moyennant lesquels
existant à nonnullis hssitatur. Quare pro parte contrats se font plusieurs fausses ventes , fraudes &
eorumdem Cleri nobilium incolarum & habita- tromperies, desquels sortent plusieurs Procès, tant
torum Civitatis & Dicecesis Uratiílavien. nobis criminels que civils , & plusieurs y perdent leur
fuit humiliter fupplicatum, ut an contractus hujus avoir, tantVendeurs, qu'Acheteurs. Pour ce, nous
modi liciti vel illiciti cenferi debeant , declarare , desirans pourvoir à Tindemnité de nos Sujets, con-
& alias eis in prsemissis opportune providere de sidérans tels & semblables contrats êrre odieux & à
benignitate Apostolicâ dignaremur. Nos igitur hu restreindre , ordonnons que les Acheteurs de telles
jusmodi suppUcationibus inclinati , quia etiam ex rentes volantes & hypothèques , ne pourront de
relatione dilecti filii nostri Gulielmi , tituli fancti mander les arrérages que de cinq ans ou moins ,
Marci, Presbiteri, Cardinalis , cui negotium hujus & si outre iceux cinq ans aucune année d'arrérages
modi cum peritorum consilio commisimus exami- étoit échue , dont n'eussent fait question , ne de
nandum , comperimus contractus hujusmodi juri- mande en jugement , ne seront reçus à les deman
dicos,& juxtà determinationem Doctorum illicitos der : ains en seront déboutés par fin de non-rece
fore. Ad hujusmodi ergo ambiguitatis tollendum voir ; & en ce ne font comprises les rentes fonciè
dubium in prsemissis , praefatos contractus licitos , res portant directe ou censive. Ord. de Louis XII.
& juri communi conformes , ac ipsorum cenfuum à Lyon y en Juin 1510, art. 7 1 .
Venditores ad illorum folutiones ( remoto contra
dictions obstaculo) obligari auctoritateApostolica, v.
tenore praesentium ex certa scientia declaramus.
Constit. Hegimini du Pape Martin I". cap, I.
Extravag. commun, de Empt. & fendit Le second cas où l'Uíure devient licite , 5. Secon-
Nos igitur hujusmodi in hac parte suppUcationi tant suivant le Droit Canonique , que íui- f£„
bus inclinati & factos ex commissione felicisrecor- vant les Loix du Royaume , est celui de u, trias*,
dationís Martini Papae V. predecessoris desuper la vente d'un immeuble , fous la condition uoa>"h*n'
examinationem, & ejusdem predecessoris nostri de- d en payer le prix dans un certain temps ; tres con
clarationem attentiùs perstringentes , suisque vesti- fie que faute de payer ce prix dans le temps , j"ts
giis inhaerentes , ad omne super his ambiguitatis
tollendum dubium , praefatos contractus licitos , on en paiera l'intérêt ; parce que cet in- reux.
jurique conformes & Vendentes eosdem ad ipso térêt compense alors les fruits de cet im
rum solutionem cenfuum &reddiruum , juxtà dic- meuble , lequel en produit de fa nature ,
torum contractuum tenores , ( remoto contradic ce qui la fait appeller par les Auteurs
tions obstaculo ) efficaciter teneri auctoritate
Usure compensatoire. C'est auslì par une
Apostolicâ praesentium seriè declaramus... Cons
tit. de Callixt. 3. V'.ibid.cap. i. fuite de ce principe que l'on permet dans
nos Usages à celui qui vend son héritage
(1) Ayant reçu plainte qu'en aucuns de nos Par-
lemens il se pratique un usage contraire à nos avec la faculté de réméré , de stipuler les
Ordonnances, contraignant les Débiteurs au rachat intérêts du prix de cette vente , jusqu'à ce
des rentes à faute de paiement des arrérages, nous que l'Acheteur ait jugé à propos d'exer
avons aboli & abolissons ledit usage , & défendons cer cette faculté , parce que ces intérêts
à tous nos Juges , tant de nos Cours de Parlement tiennent alors lieu des fruits que ce dernier
qu'autres , de contraindre lesdits Débiteurs au ra
chat des rentes constituées , sinon en cas deJlellio- doit percevoir pendant le temps que doit
nat. Ord. de Louis Xlll. en Janvier 1619. art. durer cette faculté. C'est encore fur le même
149. fondement , que nous permettons , dans notre
(3) Voulant éclaircir l'intelligence du contenu Jurisprudence , de stipuler des intérêts dans
en notre Edit du mois de Mai dernier , afin qu'à une transaction , ou dans un contrat Re
l'avenir on n'en soit en peine , disons , déclarons & change , parce que ce font des actes à
ordonnons que nous n'avons entendu & n'enten titre onéreux , dont les intérêts forment
dons , par notre Edit des rentes rachetables, y com
une condition essentielle. En un mot , nous
prendre les rentes qui consistent en grains , vin ,
ou autres pareilles choses , mais seulement celles tenons pour maxime générale en ce Royau
qui consistent en prix d'argent. Ord. de Henri 11. me, que les intérêts peuvent être exigés
de Janvier 1553. légitimement , toutes les fois qu'ils font
(4) V. POrdonnance de Philippe-le-Bel , en stipulés pour d'autres causes que pour un
1 3 1 1 - qui serarapp. ci-après fous la max. XII. prêt ; ou même que , fans être stipulés ,
(5) La plùpart de nos Sujets , au temps présent, ils tiennent lieu de dédommagement à ceux
usent d'achats & ventes de rentes que les aucuns qui ont prêté leur argent , sous condition
appellent rentes à prix d'argent ; les autres , rentes d'être payés en un certain temps ; mais à la
volantes , pensions , hypothèques , ou rentes à rachat ,
vérité , dans ce dernier cas , pour que les
selon la diversité des lieux & pays oii se font iceux
contrats ; à causa desquels contrats plusieurs font intérêts deviennent légitimes suivant nos
mis en pauvreté & destruction , pour les grands Usages , il faut que le Débiteur ait été
arrérages que les Acheteurs laissent courir fur eux, constitué en demeure par une demande en
qui montent souvent plus que le principal , pour le Justice , & que cette demande soit suivie
paiement desquels faut vendre & distraire tous leurs
d'un Jugement de condamnation. C'est pour
biens , & tombent eux & leurs enfans en mendicité
& misère : aussi souvent les Acheteurs perdent le cela que les Jurisconsultes appellent cette
principal & arrérages , pour ce que le Vendeur Usure punitoire , comme étant la peine de la
auparavant avoit vendu à plusieurs autres sembla- négligence de l'Emprunteur.
DU VOL, ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 325
(1) L'interpellation ou demande en Justice des quelque couleur que ce soit. Ordonnance de Phí-
intérêts d'une somme principale , hors qu'elle eût lippe VI, du G Août 1349. art- 19.
été suivie de Sentence, ou que lesdits intérêts soient
adjugés par Sentence ou Arrêt , n'acquerra intérêt V I I.
pour plus de cinq ans , si elle n'est continuée & réi
térée. O&D. de Louis XIII. en Janvier i<Szc). art, Une quatrième Exception regarde les 7. Qua
150. trième ex
deniers dotaux dont il est permis au Mari ception en
V I. de percevoir les intérêts , comme devant faveur du
l'aider à supporter les charges du maria mari pour
les biens
ge (1). II en faut dire de même des in dotaux.
é.Troi- Une troisième Exception, qui a été in-
térêts que les Sujets du Prince perçoivent
cepáon* traduite en faveur des Marchands ô Ne de l'argent qu'ils lui ont prêté pour l'ai
va faveur gocians , c'est qu'ils peuvent exiger l'inté-
der à subvenir aux charges de l'Etat , en
chln^&L ^ ^U P"X ^ k Vente de ^eUI"S ^ar_ core même que la somme principale leur
Négociam chandises , toutes les fois que l'Acheteur seroit remboursée après un certain temps.
est en demeure d'en payer le prix dans le
L'on peut encore rapporter à cette ex
temps convenu , par la raison qu'il peut arri ception les intérêts que l'on perçoit de ces
ver que ces Marchandises feroient diminuées établilfomens connus sous le nom de Monts
de prix dans ce même temps-là. C'est fur de Piété , dont l'objet particulier est de
ce fondement que , par les Edits du mois pourvoir à la subsistance des Pauvres.
de Juillet 1601 , & du mois de Décem-
bre 1665 , il est permis aux Marchands ( 1 ) Salubriter & infrà. Sanè generum ad fructus
fréquentans les Foires de Lyon , de faire des possessionum, quae sibi à socero sunt pro numerata
promesiès avec stipulation d'intérêts , pourvu dote pignon obligataecomputandos in sortem, non
credimus compeïlendum. Cum fréquenter dotis
que ce soit pour causes de Marchandises.
fructus non sufficiant ad onera matrimonii suppor-
Ce que les Canonistes appellent lucrum ces- tanda. V. Cap. 16. Extr. de Usuris.
fans y damnum emergens.
VIII.
^Naviganti , vel eunti ad nundinas certam
uans pecuniae quantitatem cò quod suscipit in Une cinquième Exception regarde les 8. Cin
periculum recepturusaliquid ultra sortem ,Ufu- Cautions ou Fidéjujseurs qui , ayant été quième
exception
5-riusest censendus. I!le quoque qui dat decem contraints dépaver pour le Débiteur, peu- en taveur
dos ut a'io tempore totidem sibi grani , vini ,
vent retirer légitimement les intérêts de des Cau
" menfurx reddantur : quae licet tune plus tions & Fi-
utrum plus vel minus solutionis tempore l'argent qu'ils ont avancé à cet effet. dcjujjcurs.
"iturae , verisimiliter dubitatur : non débet
Jlurarius reputari. Ratione hujus dubii Pervenitad nos ex conquestioneR. Clericiquod
oisatur, qui pannos , granum , vinum , cum ipse pro C. & F. Clericis , mercatoribus Bo-
ic alias merces vendit , ut amplius quàm noniens. ndejusseritillis.praescriptam pecuniam non
:ant in certo termino recipiat pro eisdem, solventibus , coactus est satisfacere de eadem : ne
ea tempore contractus non fuerat vendi- igiturdispendiumpatiatur , undèvidetur praemium
. Cap.t). Extr. de Vsuris. meruiffe , Bonon. Episcopo dedimus in niandatis
s plerique propter privilégia nundinarum ut super debitis illis instrumenta quae sunt apud
iae concessapro debitis exigendiscontractis creditores inspiciat : & eorum transcripta suo si-
>re nundinarum , débita extrà nundinas gillo fignata vobis mittere non postponat. Man-
tracta inferibi faciunt, vel bona nundina- damus itaque Discretioni vestrae , quatenùs si ex
*um vel aliatanquam in nundinis contrac- concesiìone praedictorum Clericorum , vel aliàs lé
udeant privilegiis fupràdictis : prohibe gitimé vobis rem ità se habere constiterit : monea-
gïturïn tuturiim Pœnâ amissionss débit! , tis e,°í"dem ut memorato R pecuniam , quam pro
ìs apphcandi , coercentes eoldem Nota- eis solvit , restituant , ipsumque servent indem-
u lantes 6c ministros quostibet talia inferi nem ; alioquin de reditibus eorum praescripta dé
bentes falsò feienter pœnâ Falsi punimus. Ord. de bita faciatis exolvi , & damna etiam quae prepter
Philippe IV , à Montargis , en Janvier i » 1 1 . hoc pertulit, resarciri aut praedictos reditus sibi ad-
signetis tamdiù sine molestia detinendos , donec
Pour ce qu'aux Foires de Champagne & de
Brie , de nécessité se font prêts de grande quan ipsa damna resarcita siierint & débita sine diminu-
tité de créance de Foire en Foire, pour la délivrance tione soluta. Praefatos verò Clericos, si religionem.
fidei & juramenti fui eos violasse constiterit , ab
d'icelles Foires qui font six fois l'an, jaçoit que nous
défendons toutes manières d'Usures défendues de Officio & Beneficio suspendatis. V. Cap. i. Extr.
Dieu j & de sainte Eglise , & de nos Prédécesseurs de Fidejufforib.
Rois de France : nous défendons par efpécial , en I X.
faveur desdites Foires , & des Marchands & fré
quentans icelles , fur peine de corps & de biens , à Une sixième Exception , qui est aussi au 9. Sixiè
torisée , tant par le Droit Canonique que me excep
encourir pour celle fois que nuls Marchands ne tion en fait
prêtent point un an plus haut de quime livres par par nos Loix , c'est qu'il est permis au de récom
cent; sçavoir, pour chacune Foire, cinquante fols; Prêteur de recevoir quelque chose à titre pense vo
& pour menue quantité, ou mineur ou greigneur, ^ récompenfc pour seS peines & son tra- lontaire
tenus a 1 advenant. Et ce nous entendons de gain , ., * ' r, r . . pour tra
qui se prend de Foire pour prêt ou pour échange , vail » & meme d accepter tout ce qui lui vail & ser
vice ren
.ou pour autre manière de contrat semblable , fous est donné gratuitement , & par reconnois- du.
32Ó LES LOIX CRIMIN iLLES, Liv. III. Tit. VI.
sance , au delà du sort principal ; pourvu dans {'Ordonnance du Commerce , est celui
toutefois qu'il n'ait point prêté dans cette de l'Usure qui se fait par prêt fur gage ,
espérance & dans cette vue j car ce n'est dont il n'y a point d'Acte qui justifie le
point tant le fait , que l'intention qu'il faut , nantissement (2). Le troifieme enfin qui a
suivant le Droit Canonique (i) , considérer fait l'objet particulier de plusieurs' Loix ,
& notamment de la Déclaration du 2 2 Juin
en cette matière.
1 694 , est l'Usure qui se commet par ceux
(i) Ad nostram noveris audientiam perveniffe qui achetent & font des arrhemens de bled
quod cum R. Laïcus lator praefentium ab M. mu- en verd , & avant la récolte (3).
tuum recipere voluisset, creditor ne per Canonem
contrà Usurarios Editum poffet in posterum con- ( i ) Défendons aussi à tous Marchands & autres,
veniri , domos & olivas recepit ab eodem titulo de quelque qualité qu'ilssoient ,de supposerai: cm
eruptionis cum reverà contract us Usurarius agere- prêt de Marchandises appellé Perce de finance , la
tur : quod patet ex eo quod creditor debitori pro- quelle se fait par revente de la même Marchandise
mifit , quod quandocumque à septennio usque ad
à personnes supposées , & ce à peine , contre ceux
novennium daret , 60 uncias tarenorum , quae vix
qui en useront, en quelque sorte qu'elle soit dégui
dimidiamjustipretii contingebant , domos ejusres-
sée, de punition corporelle & confiscation de biens,
titueret & olivas. Quia igitur fraus & dolus cui-
fans que nos Juges puissent modérer la Peine. Ord.
quam patrocinari non debent : mandamus quate-
d'Orléans , art. 141.... Enjoignons à tous Juges,
nùs si res ità se habet y instrumento 'venditionis
non - seulement desnier action à tels vendans &
confecto in fraudem Canonis promulgati contra
supposeurs de prêt , mais aussi procéder rigoureu
Usurarios non obstante praedictum. M. ad resti-
sement contr'eux ÔC contre leurs Courtiers & Ra-
tuendos in domos & olivas ei , ad quem debent
cketeurs qui se trouveront être sciemment parti-
haereditario jure devolvi ( cum debitor sit univer-
cipans de tels trafics 8c marchandises illicites , par
sae carnis ingressus ) per Pcenam in Lateran.Conci-
mulctes , confiscation de biens , amendes honora
lio contra Usurarios promulgatam appellatione re-
bles , & autre Peine corporelle , selon les circons
mota compellas. Cap. 5 . Extr. de Usur.
tances, & fans aucune dissimulation ni connivence.
Ord. de Blois , art. xor.
■ , x. (1).... Aucun prêt ne fera fait fous gage qu'il n'y
en ait un acte pardevant Notaire, dont fera rete
10. Ufu- Hors les cas particuliers que nous ve- nue minute , Sí qui contiendra la somme prêtée ,
sées^De" nonS d'excepter , toute Usure qui se com- & les gages qui auront été délivrés, à peine de
combien met, ou en retirant des intérêts dans les restitution-des gages, à laquelle le Prêteur fera con
dçspeces cas défendus par les Loix , ou en retirant traint par corps, fans qu'il puisse prétendre de pri
suivant j • » a 1 /« vilège fur les gages , sauf à exercer ses autres ac
nos Loix. "es intérêts plus rorts que ceux que ces
tions. Ord. de Mars 1673. tit. 6. art. 8.
mêmes Loix permettent , doit être regardée
comme illicite & criminelle , & rend par
conséquent ceux qui les commettent , su (3) 1_jOUIS , &c... Le désir que nous avons de
jets aux Peines portées contre ce Crime. pourvoir au soulagement de nos Sujets , que les
Ces Peines ne frappent point seulement , charges extraordinaires de la guerre , & la disette
comme nous Talions voir d'après nos Loix , des années précédentes abeaucoupfaitsouffrir,nous
íùr ces Uíùres manifestes , & qui se com fait voir, avec une extrême satisfaction , que Dieu
s'étar.t laissé toucher par les prières des gens de
mettent directement comme celles dont
bien de notre Royaume , veut bien répandre ses
nous avons parlé en commençant , mais bénédictions fur Nous & fur nos Sujets par une
elles s'étendent encore íùr d'autres espèces récolte des plus abondantes que l'on ait vu depuis
d'Uliires qui se font indirectement par des plusieurs années. Mais nous sommes informes que
Prêts déguisés. Nous ne finirions point , si les Usuriers & autres gens avides de gains illicites ,
après avoir profité de la disette par le prix excessif
nous voulions rappeller ici toutes les diffé
auquel ils ont porté les grains , dont ils avoient
rentes formes fous lesquelles cette derniere fait amas , se préparent encore à priver les Pauvres
eípece d'Usure ne celse de se reproduire des avantages & du soulagement qu'ils espèrent de
chaque jour. Nous nous bornerons à donner tirer de l'abondance ; ôc que , profitant de l'indi-
ici des exemples de celles qui font les gence des Laboureurs & de ceux qui cultivent leurs
terres par leurs mains , ils achetent les grains en
plus fréquentes dans l'usage. Nous en trou
verd & fur pied , & en font des traités & arrhemens
vons trois remarquables dans nos Loix. défendus sous des Peines sévères par les sages Or
Le premier dont il est parlé dans les Or donnances des Rois nos Prédécesseurs , dans Tef-
donnances d'ORLÉANS &de Blois (t) , est pérance de mettre ces grains en réserve dans des
celui du Prêt appellé à perte de Finance , magasins détournés , & de ne les exposer en vente
que dans le temps de la cherté , & de causer, s'ils
( & que les Canonistes appellent Mohatra )
pouvoient , la disette , malgré la fertilité de Tan
lequel se fait lorsqu'on vend à crédit des née : 8c étant nécessaire , pour le bien & le soula
marchandises & autres effets mobiliers à gement de nos Sujets , particulièrement des Pau
un prix excessif, & que le Vendeur les vres, de remédier à des abus si préjudiciables au
fait ensuite racheter à vil prix par des per Public. A ces causes , Sec. que les Ordonnances
des Rois Louis XI, de Tannée 1461 y François I ,
sonnes interposées , & qui font connues
de 1539, Henri III , de 1 577 , & Louis XIII , de
autrement fous les noms de Courtiers , glorieuse mémoire , notre très-honoré Seigneur
d'Entremetteurs , & Proxénètes. Le se & Pere , de Tannée 1619 , fur le fait de la Police
cond exemple que nous trouvons marqué des grains , soient exécutées selon leur forme de

1
DU VOL , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. $27
teneur. Faisons très-expreffes inhibitions & dé- ment en vue les Juifs & les Lombards qui
sensés à tous Marchands & autres nos Sujets , de vexoient pour lors les sujets du Roi par
quelque qualité & condition qu'ils soient , de deS Usures excessives nQUS remarqi£ns
taire aucuns achats .marches , ou arrhemcns de grainst i> L i • », - ,, ^ .
en verd,surpied,& avant la récolte, kpemeál con- d abord parmi celles qui ont ete rendues
fiscation desdits grains , du prix d'iceux , de mille généralement contre toutes sortes d'Ufu-
livres d'amende contre chacun des contrevenans , ■ riers , la fameuse Ordonnance de Philippe
applicable , moitié à notre profit , & l'autre moi- le Bel de 131 1 (1) , que nous croyons
tié à celui du Dénonciateur , même de punition devoir rapporter ici tant parce qu'elle
corporelle en cas de récidive. Déclarons nuls & 1 l- 1 í
de nul effet tous les achats , m?rchés , traités & paroît avoir servi de base à toutes celles
arrhemens qui peuvent avoir été faits : défendons qui l'ont suivie , que parce qu'elle contient
à ceux qui les ont faits d'en poursuivre l'exécution d'ailleurs le détail de toutes les différentes
en Justice ou autrement , & à tous nos Officiers manières dont ce Crime se commettoit
& Justiciers d'y avoir aucun égard , à peine d'en alors , & qui se sont perpétuées jusqu'ici.
répondre en leurs propres & privés noms. Si don
L'on voit , à la suite de cette même Or
nons en Mandement , &c. De'clar. du 11 Juin 1694.
reg. le premier Juillet fuiv. donnance , une Déclaration donnée par le
même Prince (2) en Tannée suivante , par
X I. laquelle, pour lever les doutes qui s'étoient
élevés fur la première Loi, en ce qu'elle
n. Peine Quant aux Peines particulières que les paroisfoit avoir singulièrement pour objet
«n généra! Loix ont attachées à ces différentes espèces les Usures énormes & exceílives , n'y
suivant le d'Usures , soit ouvertes , soit déguisées , étant point parlé de la punition des Ufu-
Drcîlt Ca" nous voyons d'abord , qu'à l'égard du Droit res moins considérables, ce Prince dé-
noniqui.. çanonique t il prononce différentes Peines, clare formellement qu'il veut que ces der-

tant contre les Laïques , que contre les Ec- nieres Usures soient sévèrement punies , non
clésiastiques qui tombent dans ce Crime, point à la vérité d'une Peine auslì forte
Ces peines font celles de l'Excommunica- que la Confiscation de corps & de biens ,
tion & de la Privation de sépulture , & de qu'il avoit ordonnée pour les Usures énor-
plus de la Déposition & Privation de Béné- mes. C'est aussi , conformément à la diíìinc-
fìce à l'égard des Clercs. tion faite par ces deux premières Loix ,
entre la Peine de l' Usure énorme , & celle
Qui verò contrà fecerint , íì persona: fuerint des Usures moins considérables , qu'en
Ecclesiasticae, Patriarche, Archiepiscopi, Episcopi,
même temps que nous venons de voir d'une
suspensionis : minores verò persona: singulares ,
excommunicationis : si autem Collegium feu alia part , que les Ordonnances d'ORLÉANS &
Universités , indicti sententiam ipso° facto se no- de BLOIS (3) prononcent, contre ceux qui
verint incursuros. Quamsi per mensam animosusti- commettent ces grosses Usures appellées
nuerint induratœ terra; ipsorum. Quamdiù in eis £ pene de Finance , la Peine de la Confif-
iidem Usurarn commorantur ex tune Ecclesiastico cation de g & de bignS é VQ
fub aceant interdicto. Caeterum si Laici tuennt per , ,r j»
siiosordinarios ab hujusmodi exceffu omni cessante donnancede 1311, nous avons vu d un
privilegio,percensuramEcclesiasticamcompescan- autre côté que l'Ordonnance du Commerce
tur. Cap. 1. de Usuris in 6°.... Quamquam Uusurarii & la Déclaration de 1694 se contentent
manifesti de Usuris quas receperant satisfieri ex- de punir , par de simples Peines pécuniaires,
pressâ quantitate , vel indistincte in ultimâ volun- les moindres Usures telles que celles sakes
tate mandavennt : nihuominus tamen eis eccle- * r / l j
fiastica sépulture denegetur, donec de Usuris ipsis P^r prêts Jur gage (4), ou par achats des
fuerit prout patiuntur facilitâtes eorum , plenariè bleds en verdis).
satisfactum. V. ibid. Cap. i..„ Prastereà parcecianis
tuis Usuras recipere interdicas , qui si parere con-
tempserint, siClerici sint, eos ab Officio Beneficio-
fi)PmLIPPUS, Deigratiâ.... Pro reformatione
que suspendas : si Laïci , usque ad dignam satisfac-
publicâ Regni nostri , U furas à Deo prohibitas , &
tionem , ipsos vinculo excommunicationis adstrin-
à fanctis Patribus , nec non progenitoribus nostris
gas. Cap. 7. Extr. de Usur..... Si quis oblitus timo-
damnatas , prohibemus omnibus & singulis tam
rem Domini , & sanctam Scripturam , quae dicit :
Regnicolis nostris, quàm aliis in regno nostro quo-
( pecuniam siiam non dédit ad Usuram ) post hanc
modolibet contrahere genus , vel fpeciem quamli-
cognitionem magni Concilii faeneraverit , & cen-
bet Usiirarum , fed graviores Usuras fubstantias
tesimas exegerit , aut ex quolibet negotio turpe
populi gravius dévorantes profequimur attentiùs
lucrum quasierit , aut per diversus species vini ,
atque punimus. Pœnam enim corporis & bonorum
vel frugis , vel cujustibet rei , emendo , vel venden-
ipso facto incurret Regnicola vel Foreníis, qui con
do aliqua incrementa sirsceperit , de gradu suo de-
trà prohibitionem hujus praefumpferit Usuras gra
jectus , alienus habetur à Clero. Can. 4. caus. 14.
ves hujusmodi frequentare , feu per se vel alium 3
qu. 4.
se Usuris hujusmodi exercendis conferre recipien-
XII. do vel exigendo ultrà unum denarium in feptima-
na , quatuor denarios in menfe , vel quatuor soli-
ti. Peines A l'égard des Loix du Royaume, fans dos in anno pro libra. In nundinis verò Campa-
niae ubi pro expeditione nundinaruni mutuatur
de ce Cri- nous arrêter à rappeller ici les Ordonnances
«neiuivant 11 • 1 pecunia , vel creditur de nundinis ad nundinas ,
nos Loix. *es P^us anciennes , qui ont eu prmcipale- qusc fexies sunt in anno , propter grayes lummas
328. LES LOIX CRIMINELLES, Liv. III. Tit. VI.
mutuorum vel alias créditas , quae contrahuntur sidère & morari moresolito :dumsuprafcriptam&
ibidem, & in nundinarum favorem , infligimus alias ordinationesnostrastam pro factis monetarurr»
pœnam praedictam credirori , qualiter fubinte- quàm aliis editas & edendas fideliter servarint &
resse nomine , vel alio praefumpserit excederepro pacificè conversentur : hoc salvo quod Italici qui
fingulis nundinis supradictis lucrum quinquaginta praeterito tempore in regno nostro moram fece-
sohdorum pro singulis centum libris creditis , pro runt pro commiflis per eos nuper sibi per gentes
minori crediti quantitate prorata : quod intelligi- nostras expositis , nobis satisfaciant competenter ,
mus de lucro quod de mutuo reciphur , vel cambio si gaudere velint gratiâ supradictâ. Praemissam igi-
de nundinis ad nundinas , vel alio modo simili tur ordinationem nostram per vos Senechallos ,
contractas cujuflibet colore quaesito : ut si cre Baillivos,& Justitiarios nostros tam in assisisves-
ditor fupradictam quantitatem lucrum receperit , tris , quam aliis in quibustibet vestrae Jurifdict. sub-
vel exegerit , Pœnam committat praedictam : quia jectis publicari jubemus : &Praelatis , &Baronibus
verò funt pluresqui mutuantpecunias alterius licti Senechaliarium & Bailliviarum vestrarum inti-
contractas colore quaesito ; vel contractus alios mari : ut ipsi Praelati , Barones & alii Domini ter-
Ufurariis mutuis graviores frequentare evidenter rarurm aliam habentes justitiam , ordinationem
in fraudem gravium Ufurarum , hujufmodi Pcenâ eamdem in fuis justitiis faciant' publicari , & légiti
praedictâ eos profequimur , atque ferimus , taies mé observari intimantes eisdem quod in eorum
contractus Ufurarios esse consentes. Verum per defectum nos praemissa omrria faciemus in eorum
hoc non tollimus quominùs impunè creditor quili- justitiis légitimé custodiri : in cujus rei testimo-
bet intéresse legitimum praeter sortem sibi debi- nium sigillum fecimus praesentibus his apponi. Ac-
tam poffit exigere ex mutuo vel alio contractu tum apud montem Argi die Sabbati ante Purifica-
quocumque licito ex quo interesse rationabiliter tionem B. Mariae Virginis , anno Domini millesi-
licitè peti possit vel recipi. Sed ne in fraudem mo trecentesimo undecimo. Similis ordinatio re-
Usurarum maximè gravium in contractu mutui ab peritur in Caméra computorum Paris. Lib. A , fol.
initio interesse promittatur , vel etiam ex post 16. item similiter in libro alio dictae Camerae in
facto petatur , si quis ex contractu mutui , vel quo continentur ordinationes. S. Ludovici pro
alio credito ratione lucri faciendi , feu non facti tranquillo statu regni , fol. 66. Ord. de Philippe
propter folutionem non factam debiti prointeresse IV , en Janvier 1 3 1 1 .
nltrà quantitates exigere , vel recipere praesump
serit, Pœnam incurret praedictam , propter exceffum (i) Comme nous ayons par paroles expresses
enim praesumimus id fieri in fraudem hujufmodi défendues toutes manières d'Usures , jàpour ce que
Ufurarum. Praetereà prohiíemus ne quis creditor lit- nous plus afprement poursuivons les plus grièves
teras obligatorias mutui , vel alterius crediti ut lucrum Usures , ainsi comme ils viennent de greígneur ,
ex tempore convertatur in sortem , sacictt renovari , vel convoitise , iniquité & inhumanité , & qui plus
alias Ufurets , vel intéresse quomodolibet insortem con- grièvement tourmente le peuple & le commun des
vertat.Quod si quis contra fecerit, dictam Pœnam gens : nul homme de sain entendement ne devoit
ipso facto incurret. Caeterùm quia mutilantes plu- entendre que nous voulussions souffrir ce que nous
ries in fraudem Ufurarum pecunias vendunt , vel avons réprimé &C défendu expressément : mais à ce
cambiunt, & in contractu conventionem adjiciunt, que ne se donne lieu de doute à aucuns simples
ut solutio debiti eis fiat in alia valore , vel alia pecu- ou malicieux , nous déclarons que Nous , & l'Or-
nia,quàm ft Ma :i tradunt, volumus quodnullus te- donnance dessus dite , avons réprouvé & défendu ,
neatursolvere : n> quis creditor praefumat exigere , & encore réprouvons & défendons toutes manières
vel recipere in eo modo pecuniae traditae per enm , d'Usures , de quelque quantité quelles soient cau-
vel alios debitum in majore valore quàm in valore pe~ íees , comme elles font de Dieu & des Saints Pères
défendues : mais la Peine de corps ô d'avoir des
cun'u tradits. quantum videlicet & currebat com-
muniter juxtà ordinationes nostras tempore con susd. Nous ne mettons mie , fors contre ceux qui les
tractus , & quo pecunia tradita siiit : & si forfan plus greffes Usures recevront , useront ou fréquen
contrarium sit conventum , conventio talis ipso teront , selon qu'en l'Ordonnance susdite se tient :
facto sit nulla , creditorque contrarium faciens mais pour ce que nous ne receu mie expressément
tenebitur Pœnâ praedictâ , & rurfus plerique pro; - Usures de menue quantité , ains voulons être don
ter privilégia nundinarum Campanit concessa pro nées simplement , & de pleine barre & défense à
debitis exigendis contractis in tempore nundina tous ceux à qui seront demandées , afin qu'ils ne
rum , débita extra nundinas verò contracta inferibi les soient tenus de payer & répétition qui les au
faciunt , vel bona nundinarum ipfarum , vel alias ront payées, de quelque manière ou quantité soient
tanquam in nundinis contractas ut gaudeant privi- icelles Usures. Et voulons encore & commandons
legiis supradictis : prohibemus hoc igitur in futu- kelles Uuses , de menue quantité pour lesquelles Nous
rum Pœnâ amissionis debiti , fisci juribus appli- n avons pas mis la Peine susdite , être corrigées &
candi , coercentes eofdem Notarios sigillantes r.l punies ; & ceux qui les recevront , useront ou fré
ministrosquostibettalia inferibentes falsò fcieníer , quenteront , être corrigés & punis , ainsi comme
pœnâ Falsi punimus. Sanè licet propter damna & selon Dieu & droiture Si profit public des Sujets
onera quae ex praemiflis causis &aliis nos & regnum de notre Royaume fera à faire. Declar. du même
nostrum ex Italicorum mora feu residentia fus- Prince , en Décembre 1311.
tinuimus tempore prœcedenti , nuper inhibuisse- (3) V. les art. 441. de I'Ord. d'Orléans , & 361
mus , ne deinceps residentiam facerent in regno de celle de Blois , rapp. ci-devant fous la max. x.
nostro , fed exirent inde , quantum ad residen
tiam fupradictam , propter affectionem quam (4) V.l'art. 8. de I'Ord. du Commerce, de 1673.
ad patrias habemus Italiae , prout & nostri proge- rapp. au même endroit.
nitores habuisse noscuntur , Italicis praedictis rela- (5) V. encore la Décl. de 1694. fapp- ibid.
xamus inhibitionem hujufmodi : volentes quod Ita
lici mercatores quicumque nobis , regno nostro ,
EcclesiaîDei devoti , & pro defensione fidei nobis X I I I.
fideliter funt adhaerentes, ne dum ingredi pro mer-
caturis , & causis honestis , regnum nostrum , & C'est aussi fur le fondement de la variété 13. Peines
des dispositions de ces Loix , que s'est in- j,u0l^ntJu_
egredifub nostra protectione valeant , fed etiam re-
troduit
DU VOL V ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. $29
risprnden- troduit , dans notre Jurisprudence , eette à tous Marchands de leur prêter directement oir
<*• diversité de Peinés que nous voyons por indirectement Marchandise à perte de finances ,
bagues , bijoux, joyaux, fous promesses en blancs ,
tées par les Arrêts qui se rendent en cette
par acte simulé ou autrement. Fait pareillement
matière. II paroît en général , suivant ces défenses à toutes personnes d'exercer aucune Usure,
Arrêts , que dans l' application de ces Peines, ou de prêter deniers à profit ou intérêt , ou donner
l'on doit considérer principalement deux Marchandises à perte de finance par eux ou par
choses , la qualité de lapersonne qui est accu autres , encore que ce fût fous prétexte de Coni'-
meree , ou même d'être Courtiers , Proxénètes ,
sée d'Usure , & la qualité de l' Usure en elle-
Médiateurs ou Entremetteurs de tels prêts. ou tra
même ; c'est-à-dire , quant à l'Accusé , que fics , le tout à peine de nullité desdits prêts , con
l'on doit distinguer les Usuriers publics & fiscation de Marchandises & autres choses prêtées ,
d'habitude , de ceux qui ne le font pas ; & de punition corporelle. AkrÊT de Règlement,
& qu'à l'égard de l'Usure , l'on doit dis du 27 Août 1764.
tinguer aussi celles qui font énormes , de XIV.
celles qui font moins considérables. L'on
voit en effet , d'après les Arrêts rendus Que si ce dernier exemple de rigueur Sîn-
dans les différentes Cours , qu'elles íònt n'a pas encore produit tout l'effet qu'on j^^qua-
dans l'usage de condamner les Usuriers a lieu d'en attendre , ce n'est point tant , bles quant
d'habitude , & ceux qui commettent de fans doute , au défaut d'activité des Magif- }J*j"""~
grosses Usures , aux mêmes Peines , qui trats qu'il faut s'en prendre , qu'à la diffi
sont ordinairement corporelles ou affecti culté extrême qu'il y a de parvenir à la
ves , telles que l'Amende-honorable , le découverte des coupables de ce Crime ,
Carcan , le Bannissement ou les Galères ; au moyen des précautions secrètes & de
& en cas de récidive , la Confiscation de toute efpece qu'ils ont foin d'employer ,
corps & de biens , conformément aux dis pour en dérober la connoiísance. C'est auffi
positions des Ordonnances d'Orléans & de cette même difficulté qui a sait introduire ,
Blois que nous avons citées : ce qui ne doit dans notre Jurisprudence , des principes
s'entendre que de la Mort civile seulement, particuliers , relativement à la poursuite , &
Tandis que nous voyons d'ailleurs , quepour à la preuve de ce Crime. D'abord, quant
des Usures de moindre importance , qui à la Poursuite , il y a quatre choses à
feroient commises par d'autres que des remarquer íùr ce Crime ; 1 °. qu'il est mis
Usuriers de profession , l'on se contente par les Réglemens au nombre des cas
d'ordonner des Peines pécuniaires , ou tout Royaux (1) , & par conséquent que lors
au plus infamantes , telles que le Blâme , &c. qu'il est poursuivi contre les Ecclésiastiques ,
Au reste , il faut observer que , dans tous il donne lieu à l'instruction conjointe ,
ces cas soit que les Usures soient énormes comme formantun cas privilégié {z); i°. que
ou non , l'on prononce toujours la nullité comme étant du nombre de ces Crimes
des Actes qui les renferment , avec la con- publics auxquels les Loix ont attaché des
damnation des dommages & intérêts , Peines afflictives & infamantes , l'Usure ne
outre la restitution des intérêts usuraires doit régulièrement être poursuivie que par
que l'on impute fur le principal. Ces der- la voie extraordinaire ; que cependant, elle
nieres condamnations ont principalement peut aussi être opposée incidemment , &
lieu , lorsque ( comme il arrive le plus sou par forme d'exception dans un Procès Ci
vent ) ces Usures se commettent envers vil j pour repousser des demandes qui fe
des fils de famille, de la facilité desquels roient faites fur le fondement d'un contrat
l'on abuse pour précipiter leur ruine , en uíùraire ; qu'alors les Juges Civils , même
favorisant par ce moyen leur dissipation les Juges-Consuls , peuvent en connoître
Scieurs défordres.C'est aussi contre les Uíures & ordonner la nullité des Actes , avec la
de cette derniere efpece , que paraissent restitution des intérêts uíuraires, ou leur
avoir sévi principalement les derniers Ar imputation fur le principal : ce qui ne doit
rêts qui ont été rendus fur cette matière. s'entendre néanmoins , que lorsqu'il s'agit
Nous avons entr'autres un Arrêt de Règle d'un objet modique ; car si l'Ufùre est
ment du 27 Août 1764, qui mérite d'être énorme , les Juges doivent alors ordonner
rapporté ici. qu'il en fera informé à la requête de la
Partie publique (3) ; 30. que la poursuite
Nota. Cet Arrêt ordonne l'exécutiondes Ordon
de ce Crime ne peut être empêchée ni
nances & Réglemens de la Cour , notamment l'ar-
ticle 14 de l'Ordonnance d'Orléans , les art. 202 couverte par aucuns laps de temps j
& 361 de. celle de Blois , l'Arrêt de la Cour 40. enfin , il y a encore cela de remarquable,
du 26 Juillet 1565 , & celui du 26 Mars 1614 ,' suivant nos Loix , par rapport à la pour
celui du 29 Juillet 1745 , celui du 27 Mars 175 1 ,& suite de ce Crime , qu'elles font des
en conséquence fait défenses à toutes personnes de
injonctions particulières, tant aux Juges
prêter de l'argent aux enfans de famille étant fous
îa puissance de leurs Pere & Mere , Tuteurs ou de procéder avec foin à la recherche des
Curateurs , fans l'avis & participation d'iceux , & Usuriers , qu'aux Particuliers qui ont pris
T t
330 LES LOIX CRIMIN1 iLLES, Liv. III, TiiyVI.
des deniers à grosses Usures , & au-dessus elle y échet : comme au cpntrai.re , à faute de ce ;
ils encourront le double de la Peine , \% ? où par
du taux des Ordonnances , & généralement
ci-après ils en seront trouvés coupables évoquant
à tous ceux qui ont connoissance , même tous les Procès faits intentés pardevant lesDéputés,
aux Notaires , Commissaires , Enquêteurs Let. Pat. a"Hen ri 111 , du6. Q8ofcc 1 576.
& Greffiers, de venir à révélation aux
Monitoires qu'elles veulent être publiés à .. .. . "..',V."-.-' ;
cet effet (4) ; & même qu'elles promettent
2°. Quant à la Preute dç ce Grime, notre ïç; Sïna
des récompenses à ceux qui viendront les Jurisprudence a aussi établi plusieurs fin- PJÎ^V
dénoncer (5). gularités remarquables , qui forment autant preuve de
•ib d'exceptions particulières .aux ftegles gé- ce Ct«n«
• ( 1 ) V. PArrêt de Règlement pour Chaumont en nérales qui sont prescrites par nos. Loix
Bassigny, du 15 Juip 1659. en cette matière. La première , en ce qu'elle
(z) V. Dumoul.- Trait, des Usures, liv. 10. adrr;et la Preuve par témoins de l'Uíùre , .
n. 154— Fevret , liv. 8. ch. 2. lorsqu'elle est poursuivie par la voie civile ;
(3) V. LouET,Lett. A, ch. 14. & les Arrêts & cela à quelque somme qu'elle puisse sè.
des 16 Avril 1615.7 Juillet 1707. & 15 Juillet monter , nonobstant cette Règle générale
1710. rapp. au Journ. des Aud. établie par nos Ordonnances , notamment
(4) Pour éviter à ce qu'aucunes Usures ne se par celles de Moulins & de 1667, quî
commettent en notre Royaume , enjoignons k tous veulent qu'en matière civile , cette Preuve
nos Justiciers & Officiers que, fans dissimulation & ne puisse avoir lieu lorsqu'il s'agit d'un
à toute diligence , fur peine de suspension de leurs objét au-deflus de cent livres (1). La se
Offices & d'Amende arbitraire , chacun en son dé
conde^ en ce qu'elle admet pour témoins
troit & Jurisdiction , s'enquière de ceux qui com
mettent Usures manifestes , & par contrats feints ceux mêmes envers qui l'Usùre a été
ou simulés, & procèdent contre les coupables selon commise , contre la maxime générale , qui
la disposition de droit.. .JLt afin que chacun soit plus ne permet pas d'être témoin dans fa propre
enclin de dénoncer ceux qui commettent Usures , cause : Nemo tefiis in propria causa. Une
ordonnons que ceux qui les dénonceront à Justice
troisième singularité consiste en ce qu'on
auront la tierce partie des Amendes qui en vien
dront ; & aussi si tels délateurs , par Piffue admet pour preuve en cette matière , les
du Procès , étoient trouvés calomniateurs , feront dépositions des témoins singuliers fur cha
punis comme de raison. Ord. de Louis XII , en que fait , contre cette autre maxime tefiis
Juin 1 5 10. art. 64 & 66. . . V. aussi Part. 202 de unus , tefiis nullus. A la vérité , ces sortes
POrd. de Blois , rapp. sous la max. x. de témoins , ne font censés faire preuve que
(5) A nosamés & féaux les Gens tenant notre lorfqu?ils font en certain nombre ; ce nom
Cour de Parlement en la Chambre ordonnée pour bre doit être de dix , suivant les derniers
la recherche des Usures, désirant de tout notre pou
Arrêts (2). Enfin , une quatrième fìngtila-
voir extirper d'entre notre peuple un si pernicieux
& dommageable trafic , & faire venir en lumière rité , quant à la preuve de ce Crime , c'est
la vérité du fait & entremise desdites Usures , vous qu'on oblige les Usuriers d'exhiber leurs
mandons & commettons , voulons & nous plaît livres-journaux , contre la maxime qui
qu'incontinent & fans délai yous ayez à faire dé veut qu'on ne puisse être tenu dé' fournir
fense de par Nous & à son de trompe & cri pu
des titres contre foi-même : Nemo tenetur
blic , par tous les lieux que verrez bon être , â tqutes
personnes, de quelque qualité & condition qu'elles edere contra se {.(3). Ií y a même des Arrêts ,
soient , d'exercer Usures par eux ou par gens atti un entr'autres du Parlement de Toulpufe ,
trés ou interposés , ni de prêter deniers ou mar rapporté par Dolive (4) , qui a jugé que l'on
chandises , fous prétexte du Commerce public , à pouvoit forcer le Créancier à prêter ser
intérêt , soit sur gages , par déguisement d'obliga
ment qu'il n'avoit reçu que des intérêts
tions & contrats , ou autrement , s'entremettre du
fait des Usures , directement ou indirectement , en licites ( quoiqu'il y aille de fa turpitude)
quelque forte & manière que ce soit , fur peine sinon que le Débiteur feroit reçu à son
de punition corporelle , avec injonction à toutes serment. L'on sçait au reste qu'il en est de
personnes qui en sçavent & connoissent aucuns , l'Usure , comme des autres Crimes occultes
i'en venir a révélation à Justice dans six semaines
de leur nature , en ce qu'elle peut se prou
après la publication , à peine de mille Uvres parisis
d'Amende, applicable suivant PEdit , &depuni- ver par de simples indices & présomptions ,'
tion corporelle s'il y échet : comme au cas sem dont les plus ordinaires , suivant, les Au
blable délivré aux Dénonciateurs , en cas de con teurs, consistent dans les trois suivans :
damnation , le quart des Amendes , & confiscation fçavpir , la sacuhé de Rachat si c'est une
des Usures. Et néanmoins en tapt què touche les
vente , la lésion ou modicité du prix , &
Courtiers, Proxénètes & Entremetteurs des Usures
qui ne font qu'accommoder & prester leur nom Vhabitude d'usurer. A quoi l'on peut jojndre
pour autrui , qui , dans le temps susdit par toutes encore l'indice qui se tire de la rapidité
préfixions & délais, voudront venirà révélation , de la fortune , lorsqu'on n'en voit point
& déclarer à Justice la vérité du fait & entremise .d'autre cause.
desdites Usures , qu'il leur fera pour cette fois par
donné , & remis la Peine des fautes passées pour (1) V. Part. 54 de POrd. de Moulins , & Part,
ce regard , avec le profit de leur dénonciation ? fi a. du tit. io. de POrd. de 1667.
DU VOL , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES, $31
(z) V. l'Arrêt du 5 Janvier 1718 , rapp. au Journal (4) V. Dolive , en ses quest. de Droit , liv. 4.
des Aud. tom. 7. liv. 1. ch. 3. . . V. MoRNAC fur ch. 19. . . V. au surplus Sainte-Beuve , Pontas , 6c.
le tit. du Cod. ne quis in suâ causâ judicet. les Cens. mor. du P. Romain Joli. Tom. 3»
(3) y. Bouche l , au mot Usures.

Art. II. De la Banqueroute frauduleuse.

SOMMAIRES.

1. Origine de ce Crime > ô fa définition. 7. Veine des Complices , suivant les Loix.
z. En quoi diflinguéde la Faillite ; formali & les Arrêts.
tés particulières à celle- cí. 8. Peines particulières a ceux qui , se pré-
3. Trois objets différens des Loix rendues tendant Créanciers., rìaffirment point leurs-
contre la Banqueroute frauduleuse. Créances devant les Juges-Consuls.
4. Caractères particuliers auxquels on 9. Peine de ceux qui acquièrent des biens ou
peut reconnoître les Banqueroutiers frau des droits fur le Débiteursailli , dans les
duleux. dix jours avant fa faillite.
5. Caractères particuliers h leurs Com 10. Quels Juges doivent connaître de la
plices. Banqueroute , poursuivie civilement , ù
6. Peine des Banqueroutiers , suivant nos parla voie extraordinaire.
Loix & notre Jurisprudence.

I.

1. Ori-1 C E Crime tire son nom des Banquiers , mêmes Loix , à peine non-feulement d'être
^Hme* & Parce íue c'eft principalement contre ceux exclus du bénéfice de Cession , des Lettres
fa défini- de cet état qui malveríòient dans leurs de Répit , & de la faculté de pafler aucun
«on. fonctions , qu'ont été rendues les premières contrat d'atermoiement avec leurs Créan
Loix que nous avons fur cette matière : mais ciers, mais encore d'être poursuivis ex
depuis ce temps-là , il a été étendu géné traordinairement comme Banqueroutiers
ralement à tous Marchands , Négocians , frauduleux. Ces formalités consistent ,
même Gens d'Affaire (1) , qui après avoir suivant nos Loix , i°. à représenter leurs
emprunté de l'argent , ou acheté des Mar Livres & Registres duement cottés &
chandises à crédit , ou bien qui , après paraphés (2) ; z°. à donner un état exact
avoir dissipé les biens dont l'administration détaillé & certifié véritable de leurs biens
leur étoit confiée, prennent la fuite, & & dettes, tant actives que passives (3);
emportent leurs meilleurs effets , en fraude 30. à le déposer au Greffe ou chez un
de leurs Créanciers. Notaire (4). II faut d'ailleurs remarquer, que
ceux qui font dans le cas de simple Faillite ,
Ci) V. les Loix & les Arrêts qui feront rapportés
ci-après. • & qui , après avoir rempli toutes les for
malités dont on vient de parler , ont
I I.
été reçus à faire Cession , ou ont obtenu
jj: En quoi Nous disons en fraude des Créanciers , des Lettres de Répit j quoiqu'ils n'encou
dê la fail- pow distinguer la Banqueroute dont nous rent par-là aucune note d'Infamie , aux
lite ; for- parlons ici , de celle qui fe fait par l'im- termes de l'Ordonnance de 1629 , ils
parricuiie- puissance où l'on est de payer , à cause de ne laissent pas néanmoins que d'être exclus
res à celle- quelque événement malheureux & impré- de certains honneurs & privilèges dont
C1* vu , tels que l'Incendie , perte de Vaisseaux jouissent les autres ' Citoyens , notamment
& Marchandises , misère des temps , ou in de ceux de pouvoir être élus Maires &
solvabilité de fes propres Débiteurs. Celle- Echevins des Villes , Juges ou Consuls
ci est connue proprement fous le nom de des Marchands , d'avoir Voix active &
Faillite ; & bien-loin de former un Crime , passive daris les Corps & Communautés ,
nos Ordonnances veulent que ceux qui ont & d'être Administrateurs d'Hôpitaux , 8c
le malheur d'y tomber , soient réputés plus parvenir aux autres fonctions publiqijes }
dignes de commisération que de Peine (1). & même ils doivent être privés de celles
Ce qui ne doit s'entendre néanmoins qu'a dont ils étoient en poslèílion (5). . . ,
vec de certaines modifications qu'y ont
apportées nos dernieres Loix : fçavoir, (1) Déclarons que ceux lesquels non par leur
qu'outre la preuve que ces Débiteurs fail faute ou débauche , ains par malheur ou inconvé
lis doivent rapporter des malheurs & acci- nient feront tombés en pauvreté , & auront été
contraints à cette cause de faire cession dè biens ,
dens qui ont occasionné leur perte , ils
n'encourent pour cela infàmie, ni aucune marque,
sont encore tenus de satisfaire à certaines sinon la publication & affiche de leurs nOms ci-
formalités qui leur font prescrites par ces dessus mentionnes , Si en fera fait mention par ll
Tt 1
332 LE5 LOIX CRIMIN1 ;LLES , Liv. III. Tit. VI.
Sentence du Juge. Ord. de Louis XlII , en Jan gocians de bonne foi , avoit servi de prétexte k
vier 1619. art. 144. d'autres pour engager , par des voies frauduleuses ,
leurs Créanciers à souffrir des pertes très-considé
(2) Les Négocians , Marchands & Banquiers se rables par les contrats d'atermoiement ou autres
ront encore tenus de représenter tous leurs Livres actes , Nous aurions pris , par notre Déclaration
& Registres cottes & paraphés en la forme prescrite du 1 1 Janvier dernier , quelques précautions ca
par les articles 1 , 1,3,4, 5,6 & 7. du tit. 3. pables d'arrêter le cours de ces abus , si contraires
ci- dessus , pour être remis au Greffe des Juges & au bien du Commerce. C'est par les mêmes consi
Consuls , s'il y en a , sinon de l'Hôtel commun dérations que Nous avons pensé que le plus sûr
des Villes , ou ès mains des Créanciers , à leur moyen , pour faire cester les fraudes qui ont été
choix... Les Négocians & les Marchands , tant en ou pourroient être pratiquées , est d'obliger ceux
gros qu'en détail , & les Banquiers qui , lors de qui ont fait Faillite de donner à leurs Créanciers
leur faillite , ne représenteront pas leurs Registres une parfaite connoissance de l'état de leurs affaires,
& Journaux signés & paraphés, comme nous avons afin que ceux-ci ne puissent par erreur accorder à
ordonné ci-dessus , pourront être réputés Banque 1 leurs Débiteurs des accommodemens que fous des
routiers frauduleux. Art. 36 1 1 du tit. 11. de conditions où aucunes des Parties ne puissent être
dt l Ord. de 1673. léfées , & où elles trouvent un avantage mutuel &
réciproque'.A ces causes, &c.Ordonnons que tous
Voici le contenu des articles auxquels cette Ordon
Marchands, Négocians, Banquiers & autres qui ont
nance renvoie , par celui qui vient ■ d'être rap
fait ou feront Faillite , soient tenus de déposer un
porté... Les Négocians & Marchands , tant en gros état exacl , détaillé & certifié véritable de tous leurs
qu'en détail , auront un Livre qui contiendra tout
effets mobiliers & immobiliers , & de leurs dettes ;
leur négoce, leurs Lettres de Change, leurs dettes comme aussi leurs Livres & Registres aux Greffes
actives & passives , & les deniers employés à la
de la Jurifdiction Consulaire dudit lieu , ou la plus
dépense de leur maison. . . Les Agens de Change
prochaine ; & que faute de ce , ils ne puissent être
& de Banque tiendront un Livre - Journal , dans reçus à paJJ'er avec leurs Créanciers aucuns contrats
lequel feront insérées toutes les parties par eux né
d'atermoiement , concordat , transaction ou autres
gociées , pour y avoir recours en cas de contes
acles , ni obtenir aucunes Sentences ou Arrêts d'ho
tation... Les Livres des Négocians & Marchands ,
mologation d'iceux , ni se prévaloir d'aucun sauf-
tant en gros qu'en détail , seront signés , fur le
conduit accordé par leurs Créanciers; & voulons
premier & dernier feuillet , par l'un des Consuls
qu'à l'avenir , lesdits contrats & autres Actes ,
dans les Villes où il y a Jurifdiction Consu
Sentences & Arrêts d'homologation ôc sauf-con
laire , & dans les autres par le Maire ou l'un
duits , soient nuls & de nul effet , & que lesdits
des Echevins , fans frais ni droits , & les feuillets
Débiteurs puijsent être poursuivis extaordinairement
paraphés & cottés , par premier & dernier , de la
comme Banqueroutiers frauduleux , par nos Procu»
main de ceux qui auront été commis par les Con
reurs-Généraux ou leurs Substituts, ou par un seul
suls , ou Maire & Echevins , dont fera fait men
tion au premier feuillet. . . Les Livres des Agens Créancier , sans le consentement des autres , quand
de Change & de Banque seront cottés , signés &C même il auroit signé lesdits contrats, actes, ou sauf-
paraphés, par l'un des Consuls, fur chaque feuillet, conduits , ou qu'ils auroient été homologués avec
lui; voulons aussi que tous ceux qui ont précédem
& mention fera faite dans le premier du nom de
l'Agent de Change ou de Banque ; de la. qualité ment passé quelques contrats ou actes avec leurs
du Livre , s'il doit servir de Journal , ou pour la Créanciers , ou en ont obtenu des sauf-conduits ,
Caisse ; & si c'est le premier , second ou autre , dont ne puissent s'en aider ni prévaloir , ni des Sententes
sera fait mention sur le Registre du Greffe de la ou Arrêts d'homologation intervenus en consé
Jurifdiction Consulaire ou de l'Hôtel-de- Ville. . . quence. Défendons à nos Juges d'y avoir aucun
Les Livres-Journaux seront écrits d'une même égard , si , dans quinzaine pour tout délai , à
fuite , par ordre de date , fans aucun blanc , arrêtés compter du jour de la publication des Présentes ,
en chaque chapitre & à la fin , & ne fera rien les Débiteurs ne déposent leurs états , Livres &
écrit aux marges... Tous Négocians, Marchands, Registres en la forme ci-deffus ordonnée , & fous
les Peines y contenues , au cas qu'ils n'y aient ci-
& Agens de Change & de Banque , seront tenus ,
dans six mois après la publication de notre présente devant satisfait : & pour faciliter à ceux qui ont
Ordonnance , de faire de nouveaux Livres-Jour fait ou feront Faillite , jle moyen de dresser leurs-
naux & Registres , signés , cottés & paraphés , sui dits états , voulons qu'en cas d'apposition de scellés
vant qu'il est ci-dessus dit , dans lesquels ils pour fur leurs biens & effets , leurs Livres & Registres
ront, si bon leur semble , porter les extraits de leur soient remis & délivrés, après néanmoins qu'ils
leurs anciens Livres...Tous Négocians, Marchands, auront été paraphés par le Juge ou autre Officier
tant en gros qu'en détail , mettront en liasse les commis par le Juge qui apposera lesdits scellés ,
Lettres missives qu'ils recevront , & en Registre , & par un des Créanciers qui y assisteront ; & que
copie de celles qu'ils écriront. Art. 1. 2. 3.4. 5. les feuillets blancs , si aucuns y a , auront été bâ-
6 & 7. du tit. 3. de rOrdonnance de Mars 1673. tonnés par ledit Juge ou autre Officier , à la charge
qu'au plus tard après l'expiration dudit délai de
quinzaine, lesdits Livres & Registres , & Yétat des
effets actifs & paJJ'fi feront déposés aux Greffes
(3)J_jOUIS, &c. Le feu Roi de glorieuse mé de la Jurifdiction Consulaire, ou chez unNotaire ,
moire , notre très-honoré Seigneur & Bisaïeul , par celui qui aura fait Faillite ; sinon voulons qu'il
auroit estimé nécessaire , pour les causes contenues soit, censé réputé Banqueroutier frauduleux , & ,
en fa Déclaration du 10 Juin 171 5 , d'attribuer comme tel , poursuivi suivant qu'il a été précédem
aux Juges & Consuls là connoissance des Faillites ment ordonné. Déclarons nulles & de nul effet
& Banqueroutes , jusqu'au premier Janvier 17 16; toutes Lettres de Répit qui pourront être ci-après
& Nous en avions depuis prorogé l'exécution par obtenues , si ledit état des effets & dettes n'est atta
nos Déclarations des 7 Décembre 171 5 , & iode ché fous le contre-scel , avec un certificat du Greffe
ie mois. Mais comme nous avons été informés que de la Jurifdiction Consulaire , ou du Notaire entre
ce qui avoit été accordé en faveur des seuls Né- les mains duquel ledit état des effets & dettes ,
DU VOL, ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 355
avec les Livres & Registres, aura été déposé. N'en tard , après l'expiration dudit délai de quinzaine ,
tendons néanmoins , par ces Présentes , déroger lesdits Livres & Registres , & l'état des effets actifs
en aucune manière aux usages &C privilèges de la & passifs seront déposes au Greffe de la Juridiction
Juridiction de la conservation de Lyon , que nous Consulaire } ou che% un Notaire , par celui qui aura
voulons être observés comme ils l'ont été précé fait Faillite , sinon voulons qu'il soit censé '& ré
demment. DÉCL. du 13 Juin ìjió- reg. le 8 Juillet puté Banqueroutier frauduleux , & , comme tel ,
de la même année. poursuivi , suivant qu'il a été précédemment ordon
né. Déclarons nulles & de nul effet toutes Lettres de
Répit qui pourront être ci-après obtenues , fi ledit
(4) LoUlS, &c... N'entendons néanmoins que état des effets & des dettes n'est attaché fous le
tous ceux qui ont fait Faillite , ou la feront ci- contre-scel, avec un certificat du Greffier de la Juri
après , puissent tirer aucun avantage de l'attribu- diction Consulaire ou d'un Notaire, entre les mains
tion accordée aux Juges-Consuls , & des autres dis duquel ledit état avec les Livres &t Registres , aura
positions contenues en la présente Déclaration , ni été déposé ,1e tout sans déroger aux usages & privi
d'aucune délibération ou d'aucun contrat signé par lèges de la Juridiction de la Conservation de Lyon ,
la plus grande partie de leurs Créanciers , que nous ni à la Déclaration du 30 Juillet 1715 , intervertie
avons déclarés nulsôc de nul effet, même à l'égard pour le Châtelet de notre bonne Ville de Paris. Si
des Créanciers qui les auront signés , si les Faillis donnons en Mandement , &c. Décl. du 5 Mai
font accusés d'avoir , dans l'état de leurs dettes ou ijll. reg. le 12 Jnin suivant.
autrement , employé ou fait paroître des créances (5) Voulons que ceux qui auront obtenu des
feintes & simulées , ou d'en avoir fait revivre d'ac Lettres de Répit ou des Défenses générales, ne puis
quittées , ou d'avoir fuppoíé des transports , ventes , sent être élus Maires & Echevins des Villes , Juges
& donation de leurs effets en fraude de leurs Créan & Consuls des Marchands, ni avoir voix active &
ciers.Voulons qu'ils puiffentêtrepoursuivisextraor- passive dans les Corps & Communautés , ni être
dinairement comme Banqueroutiers frauduleux1, Administrateurs d'Hôpitaux, ni parvenir aux autres
pardevant nos Juges ordinaires ou autres Juges qui fonctions publiques, & même qu'ils en soient exclus,
en doivent connoitre , à la requête de leurs Créan en cas qu'ils fussent actuellement en charge. Ord.
ciers qui auront3ffirmé leurs créances , en la forme de 1673. 9* art'
qui fera ci-après expliquée, pourvu que leurs créan
ces composent le quart du total des dettes , & que III. ?. Troi*
lesdits Banqueroutiers soient punis de mort, suivant objets dif
la disposition de l'art. 1 x , tit.11.de POrdonnance Quant à la Banqueroute frauduleuse férais des
de 1673. . Voulons que tous Marchands, Négo- dont il s'agit principalement ici, on ne Loix ren
dues con
cians , Banquiers & autres qui ont fait ou feront peut douter que ce ne soit un véritable tre la Ban
Faillite , soient tenus de déposer un état exact , Crime , comme renfermant un Vol , & un queroute
détaillé & certifié véritable de tous leurs effets Vol qualifié y en tant qu'il blesse essentiel frauduleu
mobiliers & immobiliers, de leurs dettes , comme se.
lement cette bonne foi qui est l'ame du
aussi leurs Livres , Registres, au Greffe de la Juri
diction Consulaire dudit lieu , ou la plus prochai Commerce , en même temps qu'il entraîne
ne; & que faute de ce , ils ne puissent être reçus à la ruine des familles. Aussi voyons-nous
passer avec leurs Créanciers aucun contrat d'ater que la nécessité d'en arrêter le progrès ,
moiement , concordat, transaction ou autre acte , a donné lieu à une foule de Loix , par les
ni d'obtenir aucune Sentence ou Arrêt d'homolo
quelles nos Souverains ne fe font pas con
gation d'iceux , ni se prévaloir d'aucun sauf-con
duit accordé par leurs Créanciers ; 6c voulons qu'à tentés de prononcer desPeines contre ce Cri
l'avenir lesdits contrats ou autres actes , Sentences me en général , mais ils ont encore porté
ou Arrêts d'homologation & lauf-conduits , soient l'attention jusqu'à déterminer ,&. les caractè
nulsck de nul effet, &C que lesdits Débiteurs puissent res particuliers auxquels on pouvoit le re-
être poursuivis extraordinairement comme Banque
connoître , & la qualité des Juges à qui
routiersfrauduleux par nos Procureurs-Généraux ou
leurs Substituts , ou par un seul Créancier sans le la connoissance devoit en appartenir.
consentement des autres , quand même il auroit
signé lesdits contrats , actes ou faus- conduits , ou I V.
qu'ils auroient été homologués avec lui. Voulons
1 °. CARACTERES particuliers de ce Crime. 4. Carac
aussi que ceux qui ont précédemment passé quelques tères par
contrats ou actes avec leurs Créanciers , ou en ont Nos Loix distinguent , à cet égard , deux ticuliers
obtenu des sauf-conduits , ne puissent s'en aider &c sortes de Coupables : ceux qui en font les auxquels
prévaloir, ni des Sentences & Arrêts d'homologa principaux Auteurs , & ceux qui en font feu on peut re
connoître
tion intervenus en conséquence. Défendons à nos lement les Complices. Les Caractères parti la Banque
Juges d'y avoir aucun égard, si dans quinzaine pour route frau
culiers auxquels elles veulent qu'on puiste
tout délai, à compter du jourde la publication des duleuse.
Présentes, ces Débiteurs ne déposent leurs états , reconnoître les premiers qu'elles qualifient
Livres & Registres en la forme ci dessus ordonnée , de Banqueroutiers frauduleux , font ceux-ci ,
& fous les Peines y contenues, au cas qu'ils n'y aient suivant l'Ordonnance du Commerce (1):
ci-devant satisfait ; & pour faciliter à ceux qui ont lorsqu'on soustrait en même temps & fa per
fait ou feront Faillite le moyen de dresser leursdits sonne & ses effets à fes Créanciers ; qu'on
états , voulons qu'en cas d'apposition de scellé sur
leurs biens & effets , leurs Livres & Registres leur suppose de faux Créanciers 5 qu'on déclare
soient remis & délivrés , après néanmoins qu'ils au plus qu'il n'est dû aux véritables Créan
ront été paraphés par le Juge ou autre Officier com ciers ; qu'on ne représente pas , lors de fa
mis par le Juge qui apposera lesdits scellés , & par Faillite , ses Registres & Journaux signés
un des Créanciers qui y assisteront , & que les feuil & paraphés dans la forme prescrite par
lets blancs , si aucun y a , auront été bâtonnés par
la même Loi (2.) & suivant les Déclara-
ledit Juge ou autre Officier à la charge qu'au plus
334 LES LOIX CRIMIN1 XLES, Liv. III. Tit. VI.
ttons qui l'ont suivi ; lorsque dans son bilan qui , par des voies frauduleuses , cherchent à fruC-
ou état* que l'on donne de ses dettes , l'on trer leurs Créanciers , &fegarantir des poursuites
extraordinaires qui doivent être faites contr'eux.
employé des Créances feintes ou simulées ;
A ces causes , &c. Que tous ceux qui ont fait
qu'on en fait revivre d'acquittées ; qu'on Faillite ou la feront ci-après , ne puissent tirer au
suppose des transports , ventes & donations cun avantage de l'attribution accordée aux Juges
de ses effets , en fraude de ses Créanciers ; & Consuls , & des autres dispositions contenues
qu'on ne dépose point son bilan au Greífe aux Déclarations du io Juin , 30 Juillet, & 7 Dé
cembre 1 7 1 5 , ni d'aucune délibération ou d'aucun
ou chez un Notaire ; & en un mot toutes
contrat signé par la plus grande partie de leurs
les fois qu'on vient à manquer à quelques- Créanciers , que nous avons déclarés nuls & de
unes- des. formantés qui font prescrites , nul effet , même à l'égard des Créanciers qui les
par ces Loix , aux Débiteurs faillis , à auront signés , s'ils font accusés d'avoir , dans Pétat
peine d'être réputés Banqueroutiers frau de leurs dettes ou autrement , employé ou fait pa-
roítre des créances feintes ousimulées , ou d'en avoir
duleux. 2°. A l'égard des Complices &
fait revivre d'acquittées , ou d'avoir supposé des trans
Fauteurs 4e Banqueroutes , ces mêmes ports , ventes & donations de leurs effets en fraude
Loix réputent tels K tous ceux qui diver de leurs Créanciers : voulons qu'ils puissent être
tissent ou recèlent Les biens du Failli ; qui poursuivis extraordinairement comme Banqueroutiers
acceptent des transports, donations? & frauduleux pardevant nos Juges ordinaires ou au
ventes simulées , & qu'ils fçavent être faites tres Juges qui en doivent connoître , à la requête de
leurs Créanciers qui auront affirmé leurs créances-
en fraude des Créanciers ; qui se déclarent
en la forme qui fera ci-après expliquée , pourvu
Créanciers , ne l'étant pas , ou pour uiíë Îue leurs créances composent le quart du total des
plus grosse somme qu'ils ne le font (3) ; ettes , ôc que lesdits Banqueroutiers soient punis-
qui prêtent leurs noms aux Banquerou de mort , suivant la disposition de sart. 11 & 1%
tiers frauduleux , ou qui signent des con de s Ord. de 1673... Dec l. du 11 Janvier 1716.
reg. le 3 Mars suivant.
cordats avec le Débiteur failli , fans avoir
affirmé leurs Créances : sçavoir , pardevant
(3) Ceux qui auront aidé ou favorisé la Ban-,
les Juges du Châtelet , li c'est à Paris, & queroute frauduleuse , en divertissant les effets ,
pardevant les Juges-Consuls , dans les acceptant des transports , ventes ou donations si
autres Villes du Royaume (4). mulées , & qu'ils sçauront être en fraude des Créan.
ciers , ou se déclarant Créanciers ne l'étant pas , ou
' ' • * " pour plus grande somme que celle qui leur étoit
(1) La Faillite ou Banqueroute fera réputée ou due , feront condamnés en quinxe cent livres d'a
verte du jour que le Débiteur se sera retiré , ou que mende , 8c au double de ce qu'ils auront diverti
le scellé aura été apposé sur ses biens. Ord. úfe 1673. ou trop demandé au profit des Créanciers. Ord.
tit.xi.art. 1... Les Négocians & les Marchands , de 1673. ttu 1 *■ an- I3* •• Défendons à toutes
tant en gros qu'en détail, qui , lors de leur Fail personnes de prêter leurs noms pour aider ou favo
lite , ne représenteront pas leurs Registres & Jour riser les Banqueroutes frauduleuses , en divertissant
naux signés & paraphes comme nous avons or les effets, acceptant des transports, ventes, ou do
donné ci-deffus , pourront être réputés Banque nations simulées , & qu'ils sçauront être en fraude
routiers frauduleux. Ait. w.ibid. des Créanciers , en se déclarant Créanciers ne Cétant
(%)V. lesDécl. de Juin 171 5 , 6c de Mai 1711, pas , ou pour plus grande somme que celle qui leur
qui font rapp. ci-deflus à la fuite de la max. 1. étoit due , ou en quelque sorte & manière que ce puiffe
V. aussi laDéclaration du 1 1 Janvier 17 16. qui fuit. être. Voulons qu'aucun particulier ne se puisse dire
& prétendre Créancier , & , en cette qualité , assister
aux assemblées , former opposition aux scellés &
inventaires , signer aucune délibération ni aucuns
L OUIS, &c. Nous avons , par notre Dé contrats d'atermoiement , t^x*après avoir affirmé
claration du 7 Décembre 171 5 , continué jusqu'au dans Cetendue de la Ville , Prévôté & Vicomté de
premier Juillet prochain Tattribution de tous Procès Paris , pardevant le Prévôt de Paris , ou son Lieu
& différends civils , mus 6c à mouvoir pour raison tenant , & pardevant les Juges & Consuls dans les
des Faillites ÔC Banqueroutes , que le feu Roi , de autres Villes du Royaume où il y en a d'établis ,
glorieuse mémoire, notre très-honoré Seigneur &c que leurs créances leur font bien & légitimement
Bisaïeul avoit précédemment accordée aux Juges dues en entier , & qu'ils ne prêtent leurs noms
& Consuls par fa Déclaration du 10 Juin 1715. directement ni indirectement au Débiteur commun ,
Nous avons depuis été informés , que quelques par le tout fans frais. Voulons aussi que ceux desdits
ticuliers abusoient du bénéfice de ces Déclarations , prétendus Créanciers qui contreviendront aux défenses
en supposant des créances feintes & simulées , ou portées par ces Présentes , soient condamnés aux
faisant revivre des dettes par eux acquittées , au Galères à perpétuité, ou à temps, suivant l'exigence
moyen desquelles ils forçoient leurs Créanciers de des cas , outre les Peines pécuniaires contenues en
passer des contrats fous des conditions très-injustes ladite.Ordonnance de Í673 » & que les femmes
&C onéreuses , & se mettoient à l'abri des Procé soient , outre lesdites Peines exprimées par ladite
dures criminelles qui pouvoient être faites contre Ordonnance , condamnées au Bannissement perpé
eux, comme Banqueroutiers frauduleux. Et attendu tuel , ou à temps. Voulons que le contenu en la
que nous n'avons eu d'autre vue que celle de pré présente Déclaration , soit exécuté jusqu'au terme
venir la ruine des Marchands & Négocians , que porté par celle du 7 Décembre dernier , pour toutes
Nous avons cru être , par leur feule imprudence , les Faillites & Banqueroutes qui ont été ouvertes de
ou par des pertes imprévues , hors d'état de payer puis le premier Juillet 1715 , ou le seront dans la
régulièrement leurs dettes ; & que nous n'avons íuite. Si donnons en Mandement, &c. Decl. du it
jamais eu intention de procurer l'impunité de ceux Janvier 17 16. reg. en Parlement le 3 Mars fuiv.
DU VOL , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. " m
(4) V. aussi la DÉcl. du 3 Mai 17x2 , où ces teurs & Entremetteurs , leurs manières de vivre ,
mêmes dispositions se trouvant répétées. &c actes précédens & subléquens - , le temps qu'ils
auront défailli & fait Banqueroute , & des parties
& dommages qu'ils ont donnes ès personnages aux
V. quels., ils ont à besogner , &c procéder à la puni
tion & réparadoapar aménde honorable , punition
fi Peine corporelle 5c apposition au Çatfan vau Pilon , 6c
2°. Teint des Banqueroutiers & de leurs
des Ban- ^ r ^. aujrement à í'arbitre de Justice: &c iep^Lep&fts civiles,
qneron- Complices. Pious Nous voyons daoorsld'abord , par dommages ,& intérêts Ûqui4és , voulons &, ordon
tiers fui- l'Qrdonnance de François I , en Octobre nons que les Dçpíeurs, ( qui ont défailli & fait
Loìx&n" I53í> (0 > ^es Peines portées contre Banqueroute ) tiennent .prison, fernjiée jusqu'à plein
tre Juris- ce Crime , sont celles du Carcan ou Pilori , de entier paiement des amendes , tant envers nous
prudence. avec Amende-honorable , 8s. autres Peines qu'envers les Parties, & des adjudications du prin
cipal , dommages &C intérêts j liquidation faite
pécuniaires jusqu'à l'entier paiement des d'iceux , comme dit est. Ord. de François 1 , à
quelles le Condamné devoit tenir Prison : Lyon en Octobre IJ-3& ;
& que ces Peines doivent également avoir
lieu contre les Commis , Facteurs & En- , (2) Les Banmier.ojttiers frauduleux feront pour
tremetteurs des Banqueroutiers , que con suivis extraordinairement & punis de mort. Ord.
<íOrléans y art. 143.
tre les Banqueroutiers eux-mêmes. Mais
l'expérience ayant fait voir que les Peines
1 ,v ■ _ (3) Voulons que les Ordonnances faites contre
portées par cette première Loi , n etoient le^ rout£rs , & ceux ; doleusement &
point encore suffisantes pour arrêter le frauduleusement , font Faillite ou cession de biens ,
progrès d'un Crime aussi dangereux , les soient gardées , òt que les tromperies publiques
" ' ses Successeurs
Rois '"" , ont cru ne pou soient extraordinairement & exemplairement pu
voir trouver de moyen plus efficace pour nies. Ord. de Blois , àrt. 105.
l'extirper entièrement de leur Etat , qu'en
(4) Désirant pourvoir aux désordres & Crimes
y attachant la Peine capitale , outre les
plus fréquens que la corruption des mœurs , pro
condamnations pécuniaires dont nous ve cédant de la licence des troubles passés , à intro
nons de parler. Cette Peine se trouve por duire , & remettre en cetui notre Royaume la Jus
tée par les Ordonnances d'Orléans (2) & tice en son autorité & ancienne splendeur , afin que
de Blois (3) , renouvellée par l'Edit de sous elle nos Sujets soient conservés & maintenus
Henri IV, en Mai 1 609 (4) ; mais encore plus e" devoir Nous avons considère que l'une des
../ 1 w^v í 1 A choies a laquelle nous avons promptement a rerne-
partieuhérement par 1 Ordonnance duCom- dier,estPabus& tromperie évidente qui se commet
merce de 1673 (5)* Cependant il faut sous le nom & prétexte de Banqueroute , au pré
convenir que la rigueur de cette derniere judice des pauvres Veuves, Orphelins, & autres nos
disposition , n'est pas suivie exactement bons Sujets , par le moyen duquel Crime , qui se
rend fréquent , & comme ordinaire , faute d'être
dans la pratique , 8c fur-tout dans ce Par
puni comme il mérite , lafoi publique & confiance
lement , qui s'est conservé dans l'ufage de entre nos Sujets est grandement diminuée , Sc le
fe conformer à l'Ordonnance de Fran trafic & commerce quasi du tout ôté. Et d'autant
çois I, en se contentant de condamner que les anciens Rois nos Prédécesseurs auroient
les Banqueroutiers frauduleux à la Peine ordonné peu de Peine contre les Banqueroutiers ,
parce que , durant leurs règnes , l'infidélité &í cor
du Pilori. Nous en avons vu un exemple ré
ruption des mœurs ne s'étoit point encore si avant
cent dam la personne d'un nommé Roger , g/ffée ès cœurs de leurs Sujets $ le Roi François T ^
qui a été condamné ,& a subi cette der- notre très-honoré Seigneur & grand Oncle , sur les
niere Peine pendant trois jours consécutifs, avis qui lui furent donnés en la Ville de Lyon , or-
Sur quoi il faut néanmoins excepter les donna, en l'an 15 36, qu'il seroit extraordinairement
Banqueroutiers frauduleux, qui font des proçédé contre les Banqueroutiers faisant fraudu-
îeusement Faillite, leurs Facteurs & Entremetteurs,
personnes publiques , comme font les No- par informations , confrontations de témoins &
taires, les receveurs des consignations , autres voies extraordinaires , 8c la fraude décou
& autres qui manient les deniers royaux verte, les Coupables punis corporellement par
ou publics : ceux-ci sont toujours punis condamnations d'Amendes honorables & profita
de la Peine capitale, suivant notre Juris bles aux Parties intéressées , application au Carcan
& Pilori , &c autrement , comme il seroit arbitré par
prudence. Nous en avons vu aussi un
Justice ; & à tenir prison fermée , jusqu'à pleine &
exemple de nos jours , dans la personne entière satisfaction : & le Roi Charles IX , aussi
du Notaire D , condamné à mort par notre très-honoré Seigneur & Frère, fur les plain-
contumace , pour avoir ainsi abusé des dé- tes qui lui furent faites en l'assemblée des Etats ,
pôts qui lui avoient été confiés par diífé- tenus à Orléans , que ledit Crime de Banqueroute
rens narrirnlipr* se rendoit troP fréquent , ordonna que ceux qui
rens particuliers. feroient Faillite en fraude , seroient punis extraor
dinairement & capitalemcnt , lesquelles Ordonnan-
(i)Voulons en outre & ordonnons, que, contre ces le feu Roi dernier décédé auroit confirmées ,
les Banqueroutiers , soit procédé extraordinaire- par son Edit de Blois , de l'an 1 579 , & déclaré son
ment par informations , adjournement , confronta- intention être que ceux qui doleusement feroient
tions de témoins , & autrement extraordinairement Faillite ou cession de bien , fussent punis & châtiés
fur les fraudes & abus par eux commis , leurs Fac- exemplairement , fans statuer d'autres Peines plus
356 LES LOIX CRIMINE LLES, Liv. III. Tit. VI.
particulières contre les délinquans ; ce qui a rendu sition de l'Ordonnance de 1673 (2), que
ledit Crime si familier , que plusieurs de nos Sujets nous avons aussi rapportée ci-desius, qu'il
en ont souffert & souffrent journellement de gran
s'en faut bien qu'elle use à leur égard de
des pertes. Voulant faire cesser les plaintes qui
nous en ont été faites , après meure délibération , la même rigueur , en ce qu'elle se con
nous avons jugé nécessaire de rénouveller & aug tente de prononcer contre ceux-ci , de
menter lefd. Peines contre les Banqueroutiers & simples condamnations à une Amende de
Cessionnaires faisant Faillite en fraude. Pour ces 1 500 liv. , & à la restitution du double
causes , statuons & ordonnons , voulons & nous de ce qui auroit été diverti ou trop de
plaît que , conformément à l'Ordonnance de noîre-
mandé. A la vérité , nous voyons d'un
dit Seigneur & Frère , fur les plaintes des Etats
tenus à Orléans , il soit extraordinairement pro autre côté , d'après les Déclarations des
cédé contre les Banqueroutiers & Débiteurs fai 11 Janvier 171 6 & 3 Mai 1722, qu'on
sant Faillite & cession de biens en fraude de leurs ne s'en tient plus à de simples condamna
Créanciers, leurs Commis , Facteurs & Entremet tions pécuniaires vis-à-vis de ces Com
teurs , de quelque qualité & condition qu'ils
plices , mais qu'on y joint encore des Peines
soient ; & la fraude étant prouvée , ils soient exem
plairement punis de peine de Mort , comme Voleurs corporelles ou afflictives , telles que les
& Affronteurs publics ; & néanmoins parce que le Galères perpétuelles ou à temps pour les
plus souvent les Banqueroutiers font Faillite en hommes , & le Bannissement perpétuel ou
intention d'enrichir leurs enfans & héritiers , & à temps pour les femmes, lorsqu'ils font
pour couvrir plus aisément leur dessein malicieux ,
tombés dans quelqu'un des cas qui font
font transports & cessions de leurs biens à leurs-
dits enfans , héritiers , ou autres leurs amis , afin marqués par ces dernieres Loix , & no
de le leur conserver , Nous avons par même tamment , toutes les fois qu'ils prêtent leurs
moyen déclaré tels transports , cessions , vendi- noms pour aider ou favoriser les Banque
tions & donations de biens , meubles ou immeu routes frauduleuses , en divertiíîànt les
bles faits en fraude des Créanciers , directement
effets , acceptant des transports , ventes &
ou indirectement , nul & de nuls effet & valeur ,
faisant défenses à tous nos Juges d'y avoir égard : donations simulées , & qu'ils fçauront être
au contraire , s'il leur appert que Iesdirs trans en fraude des Créanciers , en se déclarant
ports , cessions , donations & ventes soient faites Créanciers , ne l'étant pas, ou pour plus gran
6c achetées en fraude defdits Créanciers , voulons de somme que celle qui leur est due , &c. (3)
les Cessionnaires , Donataires , &C Acquéreurs- , Toutes ces Peines doivent avoir lieu , à
être punis comme Complices desdites Fraudes &
Banqueroutes. Voulons aussi & Nous plaît que plus forte raison , lorsque ces Complices
ceux qui se diront contre vérité Créanciers defdits ont abusé des fonctions d'un Office public
Banqueroutiers , comme il avient souvent par dont ils étoient revêtus, pour faciliter la con
monopoles & intelligence , afin d'induire les vrais sommation de ce Crime ; il doivent alors être
Créanciers à composition & accord , soient aussi punis des mêmes Peines que les Banque
exemplairement punis comme Complices desdites
routiers eux-mêmes , conformément à
fraudes & Banqueroutes , faisant très-expresses
inhibitions & défenses à toutes personnes de retirer l'Ordonnance de 1539 , & à l'Edit de 1609.
lesdits Banqueroutiers , leurs Cautions , Facteurs ou C'est aussi fur ce fondement que , par un
Commis , biens , meubles & papiers , ni leur donner célèbre Arrêt du Parlement de Paris , du
aucun confort ni assistance , en aucune forte ni 3 o Mai 1673, le nommé Defves , Procureur
manière qui puisse être , à peine d'être punis
en la Cour, convaincu d'avoir été le Fauteur,
comme Complices , ainsi que dit est. Défendons
aussi à ceux qui font véritablement Créanciers , à le Conseil & le Receleur des effets d'un
peine d'être déclarés déchus de leurs dettes & Marchand Banqueroutier nommé Mercier,
actions , & autres plus grandes , s'il y échet , de a été condamné , comme ce dernier , au
faire aucuns accords , contrats , ni attermoiemens Pilori & aux Galères pour neuf ans, &
auxdits Banqueroutiers & leurs Entremetteurs ,
à payer solidairement avec lui les sommes
ains les poursuivre par les voies de Justice, suivant
notre intention. Permettons à un chacun de nos portées par cet Arrêt : à l'effet de quoi
Sujets , même fans décret ni permission , d'arrêter il est dit qu'ils pourroient être emprisonnés
les Banqueroutiers fugitifs , & les représenter à par les Créanciers , au retour des Galères.
Justice , nonobstanttous Jugemens , Arrêts , Usan-
ces & Coutumes à ce contraires. Edit de Henri
iy , du mois de Mai i 607. reg. le 4 Juin suiv. (1) V. les dispositions de l'Ordonnance de 1536.
& de l'Edit de 1609. rapp. fur la max. précéd.
( 5 ) Les Banqueroutiers frauduleux seront pour
suivis extraordinairemnt , & punis de mort. Ord. (z) V. l'art. 13. du tit. 11 de TOrd. de 1673.'
de 1673. tlt' X1- art- xu' rapp. ibid.
(3 ) Défendons à toutes personnes de prêter leurs
noms pour aider ou favoriser lesBanqueroutes frau
V I.
duleuses , en divertissant les effets , acceptant des
transports , ventes ou donations simulées , & qu'ils
6. Peine Pour ce qui concerne la punition des fçauront être en fraude des Créanciers , en se dé
des Com- Complices , nous venons de voir que les clarant Créancier ne l'ésant pas , ou pour plus
grande somme que celle qui leur est due , ou en
vàn" les" anciennes Ordonnances les avoient assi-
quelque sorte & manière que ce puisse être. Vou
Loix&ies milés aux Banqueroutiers mêmes fur ce lons qu'aucun particulier ne se puisse dire & pré
Arre"" point (1) ; mais il paroît, d'après la diípo-
tendre Créancier , & , en cette qualité , assister aux
assemblées ,
DU VOL, ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 557
assemblées , former opposition aux scellés ôcinven de leurs effets actifs & passifs. A ces causes , &c.
taires , signer aucune délibération ni contrat d'a Que dans toutes les Faillites & Banqueroutes ou
termoiement, qu'après avoir affirmé, dansl'étendue vertes ou qui s'ouvriront à l'avenir , il ne soit reçu
de la Ville , Prévôté & Vicomté de Paris , par- l'assirmation d'aucun Créancier , ni procédé à l'ho-
devant le Prévôt de Paris , ou son Lieutenant , & mologation d'aucun contrat d'atermoiement , fans
pardevant les Juges & Consuls dans les autres Villes qu'au préalable , les Parties se soient retirées de
du Royaume oíi il y en a d'établis , que leurs vant les Juges & Consuls auxquels les bilans ,
créances leur font bien & légitimement dues en titres & pieces seront remis pour être vus & exami
entier, & qu'ils ne prêtent leurs noms directement nés fans frais , par eux ou par des anciens Consuls
ni indirectement au Débiteur commun , le tout sons ou Commerçans qu'ils commettront à cet effet; du
frais. Voulons aussi que ceux desdits prétendus nombre desquels il y en aura tou jours un du même
Créanciers qui contreviendront aux défenses portées Commerce que celui qui aura fait Faillite , & de
par ces Préfentes , soient condamnés aux Galères vant lesquels les Créanciers de ceux qui feront en
à perpétuité ou à temps , suivant l'exigence des Faillite ou Banqueroute , feront tenus , ainsi que le
cas , outre les peines pécuniaires contenues dans Débiteur , de comparaître & de répondre en per-
j'Ordonnance dé 167 j ; & que les femmes soient, sonne; ou en cas de maladie, absence ou légitime
outre le/dites Peines exprimées par ladite Ordon- empêchement , par un fondé de procuration spé
nance , condamnées au Bannissement. D É c L. ciale , dont du tout sera dressé Procès- Verbal sans
du 11 Janvier 17 16. regijf. le 6 Février suiv, re- frais , par les Juges & Consuls , ou ceux qui seront
nouvelléc sur ce point par celle du 3 Mai ijn. commis pjr eux ; la minute duquel restera jointe au
bilan du Failli , qui fera déposé au Greffe des Juris-
VII. dictions consulaires , suivant l'art. ? . du Tit. II. de
notre Ordonnance du mois de Mars 1673 , & la
7. Peines copie d'icelui Procès Verbal remise au Failli ou
particuliè Ce n'est pas tout , indépendamment des
Créancier , pour être annexée à la Requête qui sera
res à ceux reines portées par ces Loix contre ceux de présentée pour l'homologati on des contrats d'ater-
qui, se pré ces Complices qui se déclarent Créanciers ne moiement& autres actes. Voulons que , faute par
tendant
Créan l'étant pas , il y en a encore de particulières ies Créanciers & Débiteurs de se conformer à ces
ciers , n'af portées contre les vrais créanciers eux- Préscntes , ainsi qu'aux autres dispositions portées
firment *a„^„ ■ j,; _ |.< 1 r»'L-. par notre Ordonnance du mois de Mars 1673 , 6c
point leurs memes qui , d intelligence avec le Débiteur î-v 1 • . ci -~
Créances r .... ,V • Pr ,r Déclarations intervenues en conlequence que , aux-
íailli,negIigeroient de se présenter pardevant quelleS n>est dérogé f les Créanci
devant les iers soient déchus de
Juges- les Juges-Consuls , pour être interrogés fur leurs créances , & les Débiteurs p( pourfuivii extraor
Consuls. la vérité de leurs Créances ; ces Peines , dinairement comme Banqueroutiers frauduleux ,
qui se trouvent mentionnées dans la Dé suivant la rigueur de nos Ordonnances. Si donnons
claration du 1 1 Janvier 1716 que nous en Mandement , &c. Décl. du 1 3 Septembre 1739.
regijl. le 18 Décembre 1739.
venons de rapporter , mais encore plus
particulièrement par la Déclaration du 1 5
VIII.
Septembre 1739(1) font celles d'être dé
chus de la faculté à'ajfisìer aux assemblées ,
II y a d'ailleurs , suivant la Déclaration 8. Peine
& même de la totalité de leurs Créances. de ceux
du 1 8 Novembre 1702(1), Peine de nullité , quiacquie-
prononcée contre toutes ceflions , tranf- rem nde§

(1) LoUIS , &c. Les abus & fraudes qui fe font ports , & autres Actes qui feroient faits fur ^"dro!»
introduits depuis quelques années dans les bilans les biens des Marchands qui font Faillite , fur le Dé-
des Négocians , Banquiers , & autres qui ont fait dans les dix jours qui auroient précédé cette
Faillite au préjudice des sages dispositions de notre Faillite ; & conséquemment celle de la pri- dix ;ours
Ordonnance de 167 j , & de nos différentes Décla- vation de tous droits d'hypothéqués pour sa
rations rendues à ce sujet, ayant causé , dans le ks obligations pardevant Notaires , qu'Us "
commerce , un dérangement notable , nous avons ■ tri j * » _ „ u
cru devoir chercher l'origine de ce désordre , pour croient P^ìees dans ce meme temps-la.
en arrêter le progrès , soit de la part du Créancier,
soit de celle du Débiteur ; l'un étant souvent simulé , T
& l'autre par des manœuvres aussi odieusesque cri- (i)JLiOUIS, &c. L'application que nous avons
minelles , forçant les vrais Créanciers à signer & à continuellement à tout ce qui peut être avantageux
acceptei des propositions injustes. Et comme nous au Commerce de notre Royaume , auroit donné
avons reconnu que ces abus viennent principalement lieu aux Négocians de nous représenter que rien ne
de ce que , par les Procédures qui se font à l'occa- peut contribuer plus efficacement à rendre le com-
sion des Faillites , les faux Créanciers compris dans merce florissant , que la fidélité & la bonne foi.
les bilans avec leslégitimes , s'exposent plus volon- Et quoique nous ayons fait plusieurs Réglemens
tiers à faire leur affirmation , parce qu'ils ne sont fur ce sujet , & principalement par notre Edit du
point connus des Juges; au lieu que s'ils paroissoient mois de Mars 1673, portant Règlement pour le
devant les Juges & Consuls qui , par leur état , sont Commerce des Marchands ou Négocians , tant en
plus particulièrement instruits des affaites du com- gros qu'en détail , il ne laisse pas de se commettre
merce , & de la réputation de ceux qui se disent souvent de très-grands abus dans les Faillite* des
Créanciers , les bilans feroient examinés d'une ma- Marchands , par des cessions , transports , obligá-
niere à être affranchis de toute fraude. A quoi étant tions & autres actes frauduleux , soit d'intelligence
nécessaire de remédier, afin qu'en assurant de plus avec quelques-uns de leurs Créanciers , ou pour
en plus la foi publique , si nécessaire d'ailleurs dans supposer des nouvelles dettes, & par des Sentences
le commerce , les Créanciers puissent traiter avec qu'ils laissent rendre contr'eux à la veille de leur
leurs Débiteurs , & que ces derniers n'en imposent Faillite , à l'effet de donner hypothèque & préfé-
jamais dans les états qu'ils sont obligés de donner rence aux uns , au préjudice des autres , ce qui
V v
$$8 LËS LOIX CR1MIN1 LLES, Liv. III. Tit. VI.
cause des Procès entre les véritables & anciens scellés , & à la confection des Inventaires
Créanciers j & les nouveaux & prétendus hypothé des biens du Failli , à l'homologation des
caires , fur la validité de leurs titres , & fait perdre délibérations des Créanciers , contrats d'a
en tout ou partie aux Créanciers légitimes ce qui
termoiement , & autres actes passés à
leur est dû , ou les oblige à faire des accommode-
mens ruineux ; que les Négocíans de la ville de l'occasion des Faillites , & à connoître des
Lyon , pour obvier aux inconvéniens , ont proposé saisies mobiliaires qui feront faites à cet
plusieurs articles en forme de Réglemens , qui ont effet , exclusivement aux Juges ordinaires
été autorisés & homologués par Arrêt du Conseil , qui peuvent feulement connoître , concur
du 7 Juin 1667, par lesquels il est porté entr'autres
remment avec eux , des saisies réelles , jus
. choses quetoutcs cessions & transports fur les effets
des Faillites seront nuls , s'ils ne font faits dix jours qu'au bail judiciaire exclusivement. Ces
au moins avant la Faillite publiquement connue ; mêmes Juges-Consuls font de plus autorisés ,
eue la disposition de cet article , qui est le treizième par une disposition particulière des Décla
dudit Règlement , explique l'article quatre de notre rations de 1739 (2) & 1722 (3) , à recevoir
Edit du mois de Mars 1673 , appellé le Code Mar
seuls l'affirmation des Créanciers , & à les
chand , au titre des Faillites , & prévient toutes les
difficultés & contestations auxquelles l'article dudit interroger fur la vérité de leurs Créances -y
Code donne lieu quelquefois fur la validité des à procéder à l'examen & à la réception
cessions , transports , & autres actes qui fe font à des bilans qui doivent être déposés en leur
la veille des Faillites : que ces difficultés cesseroient, Greffe par le Débiteur qui est en Faillite.
& qu'il y auroit moins de lieu à la fraude , s'il y Sur quoi néanmoins il faut observer , que
avoit une règle uniforme pour tout le Royaume ,
& un temps prescrit dans lequel les cessions , trans par les dernieres Loix qui ont confirmé
ports , & tous autres actes qui se feroient par les cette attribution , quant aux Procès civils ,
Marchands Débiteurs, feroient déclarés nuls, même il y a deux exceptions particulières ; Yune ,
les Sentences qui feroient rendues contr'eux. Aces qui est portée parla Déclaration du 30 Juil
causes , &c. Que toutes cessions 8c transports fur let 1 7 1 5 , en faveur du Lieutenant - Civil
les biens des Marchands qui font Faillite , seront
du Châtelet de Paris ; Vautre , qui se trouve
nuls & de nulle valeur , s'ils ne font faits au moins
dix jours avant la Faillite publiquement connue ; portée par les Déclarations du 5 Août
comme aussi que les actes & obligations qu'ils passe 1721 , & 3 Mai 1722 , en faveur des Juges
ront pardevant Notaires, au profit de quelques-uns de la Conservation de Lyon , qui font
<le leurs Créanciers , ou pour contracter de nou conservés dans leurs usages & privilèges de
velles dettes , ensemble les Sentences qui feroient
connoître des Faillites & Banqueroutes (4).
rendues contr'eux , n'acquerront aucune hypothè
que ni préférence fur les Créanciers chirographai-
res , si lesdits actes & obligations ne font passés ,
& si lesdites Sentences ne font rendues pareille (0 LoUIS , &c. Nous a\'ons été informés qu'un
ment dix jours au moins avant la Faillite publique grand nombre de Marchands & Négocians s'étant
ment connue ; voulons & entendons en outre que inconsidérément chargés d'une quantité surabon
notre Edit du mois de Mars 1673 , demeure en fa dante de Marchandises étrangères, & n'en pouvant
force & vertu , & soit exécuté selon fa forme & trouver assez promptement Te débit , étoient hors
teneur. Si donnons en Mandement , &c. Décl. d'état d'acquitter actuellement des emprunts qu'ils
du 18 Novembre 1701. reg. en Parlement le 15 du auroient faits ; ce qui auroit obligé quelques-uns
même mois. d'entr'eux de faire Faillite , & pouvoit en réduire
plusieurs à cette extrémité ; & comme nous avons
I X. 'appris qu'il y a plus d'imprudence que de mauvaise
foi dans leur conduite ; que le désordre arrivé dans
*). Quels 30. Juges qui doivent connoître de ce les affaires de quelques-uns , est capable d'en causer
l7nw.Crime- 11 &ut distinguer à cet égard , d'a un pareil dans la fortune d'un grand nombre d'au
noure de près les Loix que nous venons de rap- tres; que s'ils restoient exposés aux poursuites rigou
reuses de leurs Créanciers, St que la connoissance de
i'Jt'Xí- P°r*er > les Banqueroutes qui font pour-
ces Faillites fût portée en différentes Jurifdictions ,
quelle est suivies par la voie civile , de celles qui les conflits , la longueur ,l'embarras,& les frais des
t>pursui- ie font par ]a voje criminene Au premier procédures acheveroient de ruiner les Marchands
vie civile- . 1 . n. * .
ment. cas , ia connoiílance doit en appartenir aux & Négocians contre qui elles feroient faites , &
Juges Consuls auxquels elle a été attri cauferoient une perte certaine , tant aux Débiteurs
qu'aux Créanciers : Nous avons estimé que le bien
buée , à la charge de l'appel au Parlement ,
public & celui des particuliers exigeoient que nous
notamment par la Déclaration du 20 Juin fissions chercher les moyens d'arreter & de préve
171 5 (1), fur le fondement , comme il est dit nir les suites dangereuses du trouble qui est actuel
par le Préambule de cette Loi , que ces lement dans le commerce , 8c que nous ne pou
Juges , par leur profession , font particu vions y apporter un remède plus efficace pour
ménager également les intérêts des Créanciers Sc
lièrement instruits des affaires du Négoce ,
des Débiteurs , que d'attribuer , pendant un temps
& qu'administrant la Justice gratuitement , limité , la connoissance des procès & différends nés
& avec des tempéramens convenables , ils & à naître , à l'occasion des Faillites qui font sur
' facilitent aux Débiteurs , les moyens de fe venues ou qui surviendront dans la íúiife , à des
libérer , fans faire aucun préjudice à la sûreté Juges qui , par leur profession , font particulière
des Créanciers : & c'est en conséquence de ment instruits des affaires du négoce, & qui admi
nistrant la Justice gratuitement , ôcavec des tem
cette attribution, que ces Juges font auto
péramens convenables , facilitent aux Débiteurs
risés à faire procéder, à l'apposition des le moyen de se libérer sans faire" aucun préjudice
DU VOL , ET DE SÊS DIFFÉRENTES ESPECES.
à la fureté des Créanciers. A ces causes, &c. séquence de délibérations par eux prises & annexée»
Que tous les procès 6c différends civils , mûs&à à leur requête. Si donnons en mandement &c^
mouvoir pour raison des Faillites & Banquerou- D È c L a a. de Juin 171 5. regijl. le 16 Juillet
tes qui font ouvertes depuis le premier jour d'Avril suivant.
de la présente année , ou qui s'ouvriront dans la
fuite , soient , jusqu'au premier Janvier 1 7 1 6 , pôr- ( 1)Voulons que dans tôutes les Banqueroutes oiv
tées pardevant les Juges & Consuls de la Ville oíi vertes , ou qui s'ouvriront à ['avenir, il ne soit reçu
celui qui aura fait Faillite sera demeurant ; & pour l'affirmation d'aucun Créancier , ni procédé à l'ho-
cet effet, nous avons évoqué & évoquonstous ceux mologation d'aucun contrat d'atermoiement, fans
desdits procès & différends qui font actuellement qu'au préalable , les Parties se soient retirées de-
pendans & indécis pardevartt nos Juges ordinaires vant^ les Juges & Consuls auxquels les bilans , titres1
ou autres Juges inférieurs , auxquels nous faisons & pieces seront remis pour être vus & examinés fans
très-expresses inhibitions & défenses d'en connoî- frais , par eux ou par des anciens Consuls ou Com-
tre,à peine de nullité; & icetix procès & différends merçans qu'ils commettront à cet effet; du nombre
avec leurs circonstances & dépendances , nous desquels il y en aura toujours un du même com-
sons renvoyé & renvoyons pardevantlesdits Juges merce que celui qui aura fait Faillite, & devant
& Consuls , à qui nous en attribuons toute Cour , lesquels les Créanciers de ceux qui seront en Fail-
Jurifdiction & connoiffance , sauf l'Appel au Par- lite ou Banqueroute , seront tenus , ainsi que le
lement , dans le Ressort duquel lesdits Juges & Débiteur , de comparoître & de répondre en per-
Consuls font établis. Voulons que, nonobstant ledit sonne ; ou en cas de maladie , absence ou légitime
Appel , & sans préjudice d'icelui , lesdits Juges & empêchement , par "un fondé de procuration ípé-
Confuls continuent leurs Procédtires, & que leurs ciale ; dont du tout fera dressé Procès- Verbal fans
Jugemens soient exécutés par provision. Voulons frais , par les Juges & Consuls, ou ceux qui feront
pareillement que jufqu'audit jour premier Janvier commis par eux ; la minute duquel restera jointe
1Ï7 16 , il soit , par lesdits Juges & Consuls , à l'ex- au bilan du Failli , qui fera déposé au Greffe des
clusion de tous autres Juges & Officiers de Justice, Jurifdictions Consulaires , suivant l'art. 3 du Tit. II.
procédé à l'apposition des scellés & confection des de l'Ordonnance de 1673 ; & la copie d'icelui
Inventaires de ceux qui ont fait ou feront Faillite ; Procès- Verbal remise au Failli ou Créancier , pouf
& au cas qu'ils eussent des effets dans d'autres lieux être annexée à la requête qui fera présentée pour
que celui de leur demeure , nous donnons pouvoir l'homologation des contrats d'atermoiement ôc
auxdits Juges & Consuls de commettre telle per- autres actes. Voulons , faute par les Créanciers &
sonne que bon leur semblera pour lesdits scelles & Débiteurs de se conformer à ces présentes , ainsi
inventaires , qui seront apportés au Greffe de la qu'aux quatre dispositions portées par notre Or-
Jurisdiction Consulaire, & joints à ceux faits par donnance de 1673 , 8c Déclarations intervenues
lesdits Juges & Consuls. Voulons aussi que les de- en conséquence, auxquelles n'est dérogé, les Créan-
mandes à la fin d'homologation des délibérations ciers soient déchus de leurs créances , èc les Débi
tes" Créanciers , contrats d'atermoiement , & teurs poursuivis extraordinairement , comme Ban-
autres actes passés à l'occasion defdites Faillites , queroutiers frauduleux. Dèclar. du it, Septembre
s'oient portés pardevant lesdits Juges & Consuls , '739-
pour être homologués si faire se doit , & que les
dits Juges & Conluls puissent ordonner la vente (3) Voulons & nous plaît queles Juges & Con
des meubles , & le recouvrement des effets mobi suls en charge ayant seuls la connoiffance , la déci
liers , & connoissent des saisies mobiliaires , oppo sion & le Jugement des Procès ôc différends de leur
compétence ; faisons très-expresses inhibitions ínî
sitions , revendications , contributions , & géné
ralement de toutes autres contestations qui feront défenses aux Juges & Consuls anciens de s'y im
miscer , s'ils n'y font expressément ôc nommément
formées en conséquence desdites Faillites & Ban
appellés par les Juges & Consuls qui seront en
queroutes. N'entendons néanmoins empêcher
qu'il ne puisse être procédé à la saisie réelle , & aux charge , lorsque la matière y sera sujette , ck que
les Parties l'auront requis. Si donnons en Mande
Criées des immeubles , pardevant les Juges ordi
ment , &c. Dtd. du 1 5 Décembre 1712. reg. en
naires, ou autres quien doivent connoìtre jusqu'au
Parlement le 18 Janvier 1713.
bail judiciaire exclusivement , sans préjudice de
l'exécution du renouvellement des bans judi
(4) Déclarons nulles & de nul effet toutes Lettres
ciaires précédemment adjugés, & fans qu'il puisse
de Répit qui pourront être ci-après obtenues , si
être fait aucune autre poursuite ni procédure , si
ledit état des effets & dettes n'est attaché fous le
çe n'est en conséquence de délibérations prises par
contre-fcel , avec un certificat du Greffier de la
les Créanciers à la pluralité des voix , dont le
Jurifdiction Consulaire , Ou d'un Notaire , entre
nombre excède la moitié du total des dettes. Vou
les mains duquel ledit état , avec les Livres & Re
lons en outre que , jufqu'audit jour premier Jan
gistres auront été déposés ; letout fans déroger aux
vier 1716 , aucune plainte ne puisse être rendue , ni
usages ÔC privilèges de la Jurifdiction de la Conser
requête donnée à nn criminelle, contre ceux qui
vation de Lyon , ni i la Déclaration du 30 Juil
auront fait Faillite ; & défendons très- expressément
let 17 1 5 , intervenue pour le Chátclet de notre
à nos Juges ordinaires ôc autres Officiers de Justice,
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de les recevoir , si elles ne font auíii accompagnéesI
1 bonne ville de Pans. Art. 14.
n de la Decl. de 1711 í.
>
de délibérations, ôc du consentement des Créanciers
dont les créances excédent la moitié de la totalité X.
des dettes. Et quant aux procédures criminelles ,
commencées avant la date des présentes , & depviis
ledit jour premier Avril 1715 , voulons qu'elles 2°. Mais lorsqu'il s'agit de poursuivre ex- 10. Qu'ils f
soient continuées , ÔC que néanmoins nos Juges traordinairement ces mêmes Débiteurs , lorsqu'e'leí
ordinaires & autres Officiers de Justice soient tenus parce qu'ils se trouveroierìt dans quelqu'un est pour
suivie par
d'en surseoir la poursuite Si le Jugement , fur la
des cas où nous venons de voir que ces voie ex- la
simple réquisition des Créanciers dont les créances traordir.ai*
excéderont pareillement la moitié du total de ee mêmes Loix ordonnent cette poursuite re.
qui est dû par ceux qui ont fait Faillite , &î en con- comme ces Juges-ConíùJs n'ont point le.
Vv 2
34o LES LOIX CRIMIN ELLES, Liv.III. Tit.VL
droit de glaive , tellement qu'ils n'ont pas Bailliages & Sénéchauflees , la Banqueroute
même la faculté qu'ont les autres Juges Ci étant mise par les Réglemens au nombre des
vils , de connoître incidemment des matières cas royaux (2),
criminelles;dès le moment que les Créanciers
jugent à propos de prendre cette voie , ( ce (r) Vouloirs qu'ils puissent être poursuivis extraor«
qu'ils ne peuvent faire néanmoins , aux ter dinairement , comme Banqueroutiers frauduleux ,
mes d'une derniere Loi rendue íùr cette ma pardevant nos Juges ordinaires , ou autres Juges qui
en doivent connoître , à la requête de leurs .Créan
tière (i ) , qu'autant qu'ils y font autorisés par
ciers, qui auront affirmé leurs créances en la forme
des délibérations qui soient signées du quart qui fera ci-après expliquée y pourvu que leurs
au moins des Créanciers ) ce n'est plus créances composent le quart du total des dettes , ÔC
alors devant les Juges-Consuls, mais par- que lefdits Banqueroutiers soient punis de mort ,
devant les Juges ordinaires , qu'ils doivent suivant la disposition de l'art. 1 1 & 1 1 de l'Ordon-
nance de 1673. DÈ.CL. du 11 Janvier 1716.
porter la plainte qu'ils rendent à cet effet.
Au reste , l'on doit entendre par Juges or (i) V. l'Art. de Régi, pour Chaumont en Baffi-
dinaires y les Lieutenans - Criminels des gny , du X5 Juin 1659.

Art. lìl. Du Monopole.

SOMMAIRES.

í. Définition de ce Crime , ô de combien 4. Monopole fur les grains ; objet principal


de manières peut se commettre. de nos dernieres Loix.
2. Sa Peine suivant le Droit Romain. 5. Sa Peine suivant notre Jurisprudence
3. Différentes espèces de Monopole , suivant acluelle.
nos anciennes Loix.

I.

1. Défi- L'ON entend fous ce nom , toute entre- étoit la Déportation ou Exil perpétuel
nition de prise ou association tendant à gêner ou à avec la Confiscation des biens.
ce Crime,
& de com détruire la liberté du Commerce. Ainsi ,
bien de l'on comprend , parmi les Coupables de (1) Annonam adtemptare & vexare , vel maximè
manières soient Dardanarii : quorum avaritia obviam itum
peut se ce Crime , non - seulement ceux qui font
est tam mandatis , quàm constitutionibus ; manda
commet des amas de bled , de vins , & autres den
tre. tas ità cavetur : debebis custodire ne Dardanarii
rées , pour en procurer la disette , & les ullius mercis sint : ne aut ab his qui fructos fuos
1 vendre à un prix exorbitant j mais encore acquis pretiis vendere nollent , ne annonae oneretur,
les Marchands qui complotent secrète Pœnâ autem in eos variè statuitur : nam plerumque
si nëgociatoressunt , negotiatiove eistantum inter-
ment entr'eux de ne vendre leurs Mar
dicitur , interdum & relegari soient , humiliores
chandises que dans un certain temps , & à ad opus publicum dari. L. 6.ff. de extraord. crimen.
un certain prix qui ne pourroit être dimi
(2) Lege Julia de annona , Pœna statuitur ad-
nué ; ou de vendre des Marchandises d'une
versìis eum qui contrà annonam fecerit , societa-
qualité peur une autre j ou bien de vendre des temve coierit quâ annona carior fiat. L. 1. ff. de
Marchandises gâtées pour de bonnes ; ou Lege Jul. de Annona.
enfin de procurer la disette de ces Mar-
(3) Jubemusne quis cujuscumque vestis , vel
> chandifes , en arrêtant les Vaifleaux qui piscis , vel pectinum forte aut echini , vel cujustibet
en font chargés, & en mettant de nouveaux alterius advictum , vel ad quemeumque usum perti-
Impôts. L'on y comprend aussi les Arti nentis speciei , vel cujuílibet materiae pro suá* au-
sans & entrepreneurs de certains ouvrages , toritate , Monopolium atideat exercere ; neve quia
qui complotent entr'eux de demander un illicitis habitis çpnventionibus conjuret , aut pacif-
catur , ut species diversorum corporum negociatio-
certain prix pour leurs salaires , & en cas
nibus ; non minoris quàm inter se statuerintvenun-
de refus , de ne point continuer les Ou dentur; si quis autem Monopolium ausus fuerit
vrages & entreprises qu'ils ont commencé. exercere , bonis propriis exspoliatus , perpetuitate
damnetur exilii. L. Unie. Cod. de Monop.

I I.
I I I.
í. Sa Peî- L'on trouve plusieurs exemples des uns
ne suivant & des autres fous les titres du Droit Ro- II est aussi parlé de ces différentes espèces 3: Diffé
ie uroit . t r> • • o j rentes es
Romain. main de extraord. trimin. (1) . & de la de Monopoles dans les anciennes Ordon
pèces de
Loi Julie de Annona (2) ; mais plus par nances du Royaume , notamment dans Monopo
ticulièrement dans la Loi Unique , au Code celles du Roi Jean en 1355 (1) , & dans le suivant
nos an
de Monopoliis (3) , d'après laquelle il pa- celles de Louis XII en 1508 (2) , de ciennes
roît que la Peine ordinaire de ce Crime , François I en 15 17 (3) & 1539 (4)- Les Loix.
DU VOL , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 341
trois premières regardent principalement faire aucunes Congrégations ou Assemblées grandes
les Officiers publics qui font des trafics & ou petites , ni pour quelque cause ou occasion que
ce soit , ni faire aucuns Monopoles , & n'avoir
sociétés par eux ou par d'autres , en fait ou prendre aucunes intelligences les uns avec les
de marchandises ou denrées : ce qu'elles autres du fait de leurs métiers , fur peine de Confis*
leur défendent fous de grièves Peines , ou cation de corps & de biens. Idem à Filltrs-Cot-
tre la privation de leurs Offices & des Amen terets , en Août 1539. art. 191.
des arbitraires ; & la derniere a principale
ment pour objet les complots faits entre IV.
les Ouvriers ô Artisans en cette matière,
& veut qu'ils soient punis de la Confisca Mais de tous les Monopoles , celui qui 4. 1VW-
tion de corps & de biens (5). paroît avoir fixé le plus particulièrement Fat- f°^J™*
tention de nos. Législateurs , parce qu'en objet prin-
(1) Pour ce que nous avons entendu qu'aucuns efFet il est le plus dangereux de tous , en ce j^1' ^sm
de nos Officiers marchandent & font marché de qu'il frappe fur la chose la plus nécessaire niere»
diverses Marchandises , pourquoi Marchandise est à la vie , c'est le Monopole qui se commet Loix'
fort empirée & notre peuple grevé. Si avons or
sur les bleds. Aussi voyons-nous • qu'il a
donné par meure délibération de nos Officiers ;
c'est à sçavoir les gens de notre Grand-Conseil , donné lieu à une infinité de Loix £c de
les gens de notre Parlement , des Requêtes de notre Réglemens. Nous venons de voir que la
Hôtel , les Maîtres de nos Comptes , les Trésoriers, Loi Romaine appelloit DARDANARII ceux
Receveurs , Collecteurs , Maîtres des Eaux & Fo qui tomboient dans ce Crime. A l'égard
rêts, Eschançons , Sommeliers , Bariliers , Panne-
de nos Loix , celle à laquelle nous croyons
tiers , Maîtres d Ecuries & Maîtres des Monnoies ,
Gardes, Contre-Gardes, & Officiers d'icelles, Maî devoir nous arrêter . principalement ici ,
tres des Garnisons , Sénéchaux , Baillifs , Prévôts , parce qu'elle a pourvu généralement à tous
nos Procureurs, Secrétaires , & Clercs des Mar les moyens de réprimer & de prévenir ce
chands de Paris , quant au fait de Peau , Châte Crime , & qu'elle a servi de règle à celles
lains ou autres Juges deNous ou d'autres Seigneurs,
qui I'ont suivie , c'est la Déclaration du
dorénavant par eux , ni par interposées personnes ,
ne marchandent , ne fanent marchander , ne s'ac mois d'Août 1699 (O* Nous voyons en
compagnent ou participent en Marchandises , fur effet qu'en 'même temps que d'une part
peine de perdre la Marchandise , & d'être punis elle renouvelle les défenses portées par les
grièvement à notre volonté : & ne donneront Let anciennes Loix , de faire des amas de bled
tre ne feront grâce au contraire , & renonceront à
& de les transporter dans les pays étrangers*
leur Office ou à la Marchandise , & si aucuns y
en a qui fur ce ayent impétré Lettres ou grâce fous peine de la vie , & de la confiscation de;
de Nous , nous tenons & réputons pour nulles & grains , charrettes , & de trois mille livres
de nulle valeur , fur quelque forme de paroles d'Amende ; comme auíìi d'enharrer &
qu'elles soient octroyées. Et si aucuns s'efforcent acheter des bleds en verd avant la récolte ,
d'user desdites Lettres contre notre Ordonnance , à peine de nullité des ventes , perte des
ils seront punis si comme dessus est dit , & avec ce
perdront ladite Marchandise. Ord. du Roi Jean , deniers donnés d'avance , privation de la
en 1355. art. 6. faculté de faire le commerce de grains , de
trois mille livres d'Amende , & même de
(1) Défendons à tous nos Officiers des Aides &
Tailles qu'ils ne se mêlent ou entremettent , par punition corporelle , s'il y échet : cette
eux ou par autres , de faire aucun fait de Marchan même Loi contient &autre par: un Règle
dise , en quelque manière que ce soit , sur peine ment des plus sages pour empêcher les
de privation de leurs Offices , & de restitution des progrès de ce Crime , en prescrivant de
gages qu'ils auroient pris durant le temps qu'ils certaines formalités qui doivent être ob
auront exercé le fait de ladite Marchandise. ORD.de
servées , tant de la part des Marchands
Louis XII , à Paris le 1 1 Novembre 1508. art. 42.
de bled , que de la part des Particuliers qui ,
(3) Et en suivant les Ordonnances anciennes , fans être Marchands de profeflion , veulent,
inhibons & défendons à nos Grenetiers & Contrô s'ingérer à faire le • commerce des bleds.
leurs de n'exercer par eux ni par autres aucun
fait ne Marchandise , & n'avoir part ni société avec Ces formalités font : sçavoir, i°. quant aux
autres Marchands , & mêmement en Marchandises Marchands , de ne pouvoir faire des so
de sel en leurs greniers ni ailleurs , en quelque ciétés pour le commerce des bleds avec
inaniere que ce soit , fur peine de privation d'Of d'autres Marchands de bleds ; 6c qu'en cas
fice & d'amende arbitraire. Ord. de François I.
qu'ils veuillent les faire avec d'autres que
à Montreuïl y le dernier Juin L517.
des Marchands , ils soient tenus d'en passer
(4) Défendons à tous Marchands & autres de Acte par écrit , & de les faire enregistrer
commettre au fait de Vivres & Marchandises au
aux Greffes des Justices ordinaires & de
cuns Monopoles, conventicules ou fraudes, au pré
judice de Nous ôc de la chose publique , ni autre Police : le tout à peine de confiscation des
ment contrevenir ni excéder en tout ce & les dé grains , & d'être déclarés incapables d'en
pendances. Ord. de François /, à Paris le 10 faire à l'avenir le commerce j a0, à l'égard
Juin 1539. des Particuliers qui veulent faire le com
(5) Défendons à tous les Maîtres , ensemble merce de bled , cette Loi exige qu'ils
aux Compagnons & Serviteurs de tous Métiers , ne puissent le faire qu'après en avoir de-
$42 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. III. Tit. VI.
mandé & obtenu la permission des Officiers notre Royaume , qu'après en avoir demandé &
des Justices ordinaires, & après avoir prêté obtenu la permission des Officiers de nos Justices
r j q, c -t ~~-~~ìíu.Ì~ „„o ordinaires , dans retendue desquelles us rendent ,
serment devant eux & fait enregistrer ces . fc a'voir ^ serment4devant eux f & e*
permissions aux Greffes des Justices ordi- avoir fait enregistrer les actes , avec leurs noms ,
naires , & dans ceux des Juges de Police , surnoms 8c demeures, aux Greffes des mêmes Juf-
dans les lieux où il y en a : le tout à peine tices , à peine de confiscation des grains qui se
de confiscation des grains, de cinq cens trouveront à eux appamnans , dont un.tiers fera
v j» a j„ j>a* '„ •_, „„tiQ. délivre au Dénonciateur , de cinq cent livres d a-
livres d Amende , d être déclares incapables , ,,,, , , .» c. . . c
" " , r o l a- r j • mende ,8c d être déclare incapable de faire le trafic
de faire le trafic & marchandises de grains ; & marchandise de grains. . . Art. II. Et à l'égard
3 °. enfin , par une derniere disposition , cette de ceux qui ont fait par le passé trafic & marchan-
même Loi excepte seulement de toutes ces dise de grains , .ils seront tenus , dans un mois après»
formalités , les Négocians du Royaume & la publication des Présentes, de satisfaire à tout ce
autres qui voudront faire vendre des grains qujest contenu au précédent article, fous les mÊmes
" ^ . ° Peines y portées... Art. III. Et si ceux qui auront
des pays étrangers. obtenu la permission demeurent dans des Villes 8C
lieux où les Officiers des sieurs Hauts-Justiciers ,
Lies Maires , Echevins, Consuls ou autres que nos
OUIS, 8cc. Les soins que nous avons pris Juges ordinaires aient l'exercice de la Police , ils
depuis ces dernieres années pour faire fournir les 'seront tenus , outre les formalités prescrites par le
bleds & les autres secours nécessaires à nos Peu- premier article , de faire enregistrer lesdites per-
ples, dans quelques Provinces oìi ils en manquoient, missions aux Greffes desdites Jurisdictions de Poli-
nous ont fait connoître que ce qui avoit le plus ce, avant que de pouvoir faire ledit trafic & mar-
contribué à augmenter leurs besoins , n'avoit pas chandise, sous les mêmes Peines...Art. IV. Voulons
tant été la disette des récoltes, que l'avidité de que les précédens articles soient exécutés fans pré
leur profession , se sont néanmoins ingérés à en judice des déclarations que les Marchands de grains
faire le commerce , Tunique but de ces sortes de de notre bonne ville de Paris ont accoutumé de faire
gens étant de profiter de la nécessité publique , ils à THôtel de ladite Ville , & des Statuts , Réglemens
ont tous concourru , par un intérêt commun , à & Usages particuliers des autres Villes de notre
faire des amas cachés , qui , en produisant la ra- Royaume , sur le fait du commerce de grains ,
reté 6c la cherté des grains , leur ont donné lieu auxquels nous n'entendons déroger... Art. V. Dé-
de les revendre à beaucoup plus haut prix qu'ils fendons à tous Laboureurs , Gentilshommes , Offi-
ne les avoient achetés : Nous eussions dès-lors ciers , soit de Nous, soit des Seigneurs Hauts-Jus-
tâché de remédier à cet abus , si nous n'avions cru ticiers ou des Villes de notre Royaume , à tous
devoir attendre une saison plus convenable , 8c une Receveurs &C Fermiers de nos droits, Commis à nos
récolte plus abondante que la derniere pour y pour- Recettes , Caissiers ôc à tous autres intéressés dans
voir plus sûrement. Les avis que nous avons reçu le maniement de nos Finances, ou chargés du re-
de l'heureux succès de celle qui s'acheve présente- couvrement de nos deniers , de s'immiscer directe
ment dans la plupart des Provinces de notre Roya u- ment ou indirectement , sous prétexte de sociétés
me , Nous ont fait juger qu'il étoit temps de prendre ou autrement, à faire le trafic & marchandise de
les précautions nécessaires pour faire cesser un dé- grains , à peine de confiscation desdits grains , oU
sordre si contraire aux boanes mœurs Ôc à Tordre du prix d'iceux , dont un tiers sera délivré au Dé-
de la Police , 8c si préjudiciable il nos Sujets. Et nonciateur , de deux mille livres d'amende , & de
après avoir fait examiner en notre Conseil les punition corporelle s'il y écheoit ; & à nos Juges
moyens les plus propres pour y parvenir , Nous de leur en accorder la permission , à peine d'inter-<
avons cru qu'il, n'y en avoit point de meilleur que diction. . . Art. VI. 11 ne sera payé à nos Juges
de suivre la voie que nos Prédécesseurs nous ont ordinaires , par lesdits Marchands de bleds , pour
tracée par leurs Ordonnances , en obligeant ceux ladite prestation 8c réception du serment, que trente
qui veulent faire le trafic 8c la marchandise de sols, 8c aux Greffiers que vingt sols pour tous droits,
grains , d'en faire leurs déclarations devant les Offi- compris Texpédition 8c le papier timbré : leur fai->
ciers de nos Justices , 8c de prendre leurs permis- sons défenses d'en exiger, prendre ni recevoir davan-
sions, avec défenses à toutes autres personnes d'en tage, à peine de concussion.. .Art. VII. N'entendons
faire le Commerce, 8c en y ajoutant de nouvelles néanmoins assujettir aux permissions ôc enregistre-
précautions pour en assurer réexécution également mens portés par ces Présentes , les Négocians de
dans tous les temps , soit d'abondance ou de di- notre Royaume 8c autres qui voudront y faire venir
sette. Nous ne doutons pas que cet ordre étant une des grains des pays étrangers, ni ceux qui voudront
fois bien établi , & rendu perpétuel Sc ordinaire , en temps d'abondance en faire sortir en vertu des
le Public n'en reçoive des avantages considérables, permissions générales 8c particulières que nous en
aussi-bien que'les bons 8c véritables Marchands de aurons données... Art. VIII. Faisons défenses à
bleds 8c autres grains , par rengagement où ils se tous Marchands de grains de faire ni contracter
trouveront de veiller , pour leurs propres intérêts, aucunes sociétés avec d'autresMarchandsde grains,
à empêcher que d'autres personnes n'en fassent des soit des mêmes Villes 8c lieux de leurs demeures ,
amas , 8c par la facilité qu'ils auront de faire leurs soit des autres Villes 8c lieux de notre Royaume ,
achats fans y être troublés , 8c de se mettre par- à peine de confiscation des grains appartenans aux-
là en état de fournir abondamment , 8c à meilleur dits Marchands associés , dont un tiers sera délivré
marché , tant notre bonne ville de Paris , que les au Dénonciateur , de deux mille livres d'amende ,
autres Villes de notre Royaume. A ces cÁustS, 8cc. 8c d'être déclarés incapables de faire à l'avenir le
Art. I. Nous avons fait 8c faisons très - expresses trafic 8c marchandise de grains. Art. IX. Les Mar-
inhibitions 8c défenses par ces Présentes , signées chands de grains qui voudront contracter des so
dé notre main , à toutes personnes, de quelque ciétés générales ou particulières avec d'autres per-
qualité qu'elles soient , de faire à l'avenir trafic 8c sonnes pour raison dudit trafic 8c marchandise de
marchandises de blecis , seigles , avoines 8c autres grains , seront tenus d'en passer des Actes par écrit,
grains pour les acheter , vendre 8c revendre dans ÓC de les faire enregistrer dans un mois au plus
DU VOL , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 543
tard après leur date , aux Greffes de nos Justices rêts de Réglemens qui ont été rendus à notre Ju-
ordinaires , & en ceux de la Police , si elle est ce sujet par les différens Parlemens , nous ^aÌ?"
exercée par autres que par nos Juges , sous les nous contenterons d'observer ici en géné- le.
Peines portées par le premier article , & de plus . ,. . . , j r> • i
grande Peine, s il y écheoit, dont les Marchands, ral > qu indépendamment des Peines pécu-
qui auront contraaé les sociétés non enregistrées , maires auxquelles ces Cours sont dans
demeureront responsables en leurs noms l'usage de condamner les Coupables de ce
Art. X. Faisons défenses auxdits Marchands & à Crime , conformément à la Déclaration que
tous autres , de quelque qualité & condition qu'ils nous ven0nsde rapporter,elles profitent aussi
soient, denarrher ni acheter les bleds , «autres . c - . , , . * . T .
grains en verd , fur le pied & avant la récolte , quelquefois de la faculté que cette même Loi
l peine de nullité desdites ventes , de perte des leur donne de prononcer des Peines corpo-
deniers qu'ils auront fournis d'avance pour lesdits relies s'ily échet, en puniflànt plus ou moins
achats , d'être privés de la faculté de faire corn- rigoureusement les Coupables de ce Crime ,
merce de grains , de trois mille liv. d'amende , qui fulvant ies circonstances. Parmi ces cir-
ne pourra être remise ni modérée , & de punition
corporelle s'il y écheoit... Art. XI. Et quant aux constances , il paroît qu'on considère sur
enarrhemens de grains qui peuvent avoir été faits tout , pour l'augmentation de la Peine ,
six mois avant la date des Présentés, Nous les avons celles de la conspiration & de Yattroupe-
cassés ôc révoqués : déclarons nuls tous marchés , ment dont il est parlé dans l'Ordonnance
contrats & conventions passés pour raison de ce , de François I , & qui ont fait mettre ce
& voulons que ceux qui y ont eu part soient punis ✓ > ; í t>
suivantla rigueur de nos précédentes Ordonnances. Crime au nombre des cas Royaux par
Si donnons en Mandement , &c. Dècl. d'Août les Arrêts de Réglemens (i) , lorsqu'il est fait
1699. rcg. le 16 Octobre suiv. entre personnes de même état, jusqu'au
xi ♦ // :> . j j ~ • /' ; r nombre de fix au plus.
Nota. // a eu rendu depuis ce temps-U plusieurs *
autres Déclarations que nous m croyons pas devoir
V. entr'autres l'Arrêt de Règlement pour Sens ,
rappeller ici , tant parce quelles n ont fait que re
du premier Juin 1550. & celui pour Angers, du
nouveler cette première Loi } que parce qu'elles n'ont 10 Octobre 161 1.
été déterminées que par des circonstances particulières.
Nota. 11 y a encore une e/pece de Monopole
dont nous aurons lieu de parler en traitant DE LA
V. Police des Bois ; c'est celui qui se commet par
des Marchands & Adjudicataires des bois du Roi ,
SaPe Quant à notre Jurisprudence actuelle , qui ont comploté enireux de ne pas enchérir les
ne suivai sans entrer dans le détail d'une foule d'Ar- unsfur les autres.

Art. IV. Du Stdlionat.

SOMMAIRES.

1 . Quentend-on fous ce nom , & son origine ? prudence.


2. Deux fortes de Stellionataires , suivant 4. Conditions nécejjaires pour ajfujeuir a
le Droit Romain. la contrainte par corps une femme Jiel-
3. Peine de ce Crime suivant notre Juris lionataire.

i.QQ'en- Ce , . Crime,, qui tire son nom d'une ef- falfis (t). II paroît en général , d'après les
íous ce pece de Léfard , appellé Stellio , qu'on dit dispositions de ce Droit , qu'on y distingue ,
nom ,& être extrêmement fin & rusé, s'entend quant à la Peine , deux sortes de Stel
n=i généralement de toutes sortes de fraudes lionataires : les uns sont ceux qui vendent
qui ne sont distinguées dans le Droit par une même chose à deux personnes diffé
aucune dénomination particulière. rentes ; les autres qui engagent ou hypo
thèquent à une personne le même immeu
Stellionatum aiitem objici poste his qui dolo quid
fecerunt sciendum est : scilicet si aliud Crimen non ble qu'ils avoient déjà engagé à une autre.
sit qnod objieiatur. Quod enim in privatis judiciis Ceux - ci étoient regardés comme moins
est de dolo actio , hoc in criminibus Stellionatûs coupables que les premiers , qui dévoient
persecutio. L. ^.jf. de crimin. Stellionatûs. être punis dela Peine ordinaire du Faux
tandis que ces derniers dévoient seulement
I I. l'être de Peines extraordinaires , c'est-à*-
dire , que leurs Peines étoient lailfées k
1. Deux Il est parlé de ce Crime dans le Droit ,
l'arbitrage des Juges (2).
StóHon? sous les Titres du Digeste & du Code de
taires fui- Crimine Stellionatûs ; & comme il ren-
(1; Qui duobus insolidùm eamdem rem diversis
ï>roit Ro- ^erme une efpece de faux , il en est aussi contractibus vèhdidit , Pcena saisi coercetur. L. zi,
parlé fous le Titre de la Loi Cornelia de js. de Leg. Cornel. de Falsis. •-
344 LES LOIX CRIMIN ELLES, Liv. III. Tit. VL
(i) Impiobum quidem & criminosum fateris (1) Ne pourront les femmes & filles s'obliger ni
easdem res pluribus pignoraffe ( difllmulando ) in être contraintes par corps , si elles ne font Mar
posteriore obligatione , quod eaedem aliis pignori chandes publiques , ou pour cause de Stellionat
tenerentur... Nec tamen injuria Stellionatûs cri- procédant de leur fait. . . . Les septuagénaires ne
mine petitur , cum fciens alienam rem , te non con- pourront être emprisonnés pour dettes purement
sentiente , velut propriam suo nexuerit creditori... civiles , si ce n'est pour Stellionat recélé , &C pour
Stellionatûs accusatio inter crimina publica non dépens en matière criminelle , & que les condam
habetur. ... Z. 1 6* l. de crìmìne Stellionatûs. nations soient par corps. V. ORD.de 1667. tit. 34.
Maximè autem in his locum habet , si quis fortè art. 8 & 9.
rem alii obligatam , diísimulatâ obligatione , per
calliditatem alii distraxerit vel permutaverit , vel IV.
insolutum dederit. Nam hae omnes species Stel-
lionatum continent. Sed si quis merces fupposuerit,
vel obligatas averterit , vel ( si ) corruperit , œquè II y a seulement cela de remarquable 4. Con
- Stellionatûs reus erit. Item si quis imposturam fc- quant auxfemmes mariées, que ,pour qu'elles cessaires ditions né
cerit , vel collusionem in necem alterius , Stellio- puissent être íùjettes à cette contrainte , en pour assu
natupoterit postulari, & utgeneraliterdixerim dé cas de Stellionat , il faut les trois conditions jettir à la
ficiente titulo criminis hoc crimen locum habet : contrainte
suivantes; sçavoir , i°. qu'elles fassent un par corps
' nec est opus species enumerare : Pcena autem Stel
une fem
lionatûs nulla légitima , cum nec legitimum crimen commerce public ; 20. que le Stellionat me Stel-
sit. Soient autem ex hoc extrà ordinem plecti; dum- procède de leur fait; 30. enfin, qu'elles lionataue.
modò non debeat opus metalli híec pœna in ple- soient séparées de bien d'avec leurs maris ,
beiis egredi ; in his autem qui sunt in aliquo ho soit par contrat de mariage , soit par l'au-.
nore positi ad tempus relegatio , vel ab ordine mo-
torité de la Justice ; car si elles se sont
tio retinenda est ; qui merces suppressit specialiter
hoc crimine postulari potest. L. 3. ff. ibid. obligées conjointement avec leurs maris ,
avec lesquels "elle feroient en communauté
de biens , elles ne peuvent alors , aux
I I I. termes de l'Edit du mois de Juillet 1680(1),
être réputées personnellement Stelliona
V Peine Nous ne connoissons aucune Loi , m ... taires , ni par conséquent sujettes à la con
^Vsu'van't m^me ^e Coutume (à la réserve de celle de trainte par corps , mais peuvent feulement
"otre1VJu- Bretagne (1) ) qui contienne des dispositions
être contraintes solidairement au paiement
rispruden- précises fur la Peine de ce Crime ; en forte
ce* • que c'est- principalement la Jurisprudence des dettes pour lesquelles elles fe feront
obligées avec leurs maris , par saisie &
des Arrêts qu'il faut consulter en cette vente de leurs biens , ou acquêts , ou con-
matière. Or il paroît , d,'après les Arrêts quêts.
rendus en pareil cas , que. la Peine est éga
lement arbitraire dans l'un & dans l'autre
espece de Stellionat dont nous venons de (1) LoUIS , &c. Les différentes interprétations
parler , c'est-à-dire , que cette Peine est que Nous apprenons que l'on donne à Particle 8.
plus ou moins rigoureuse , selon que le Vol du tit. 34. des décharges des contraintes par corps
de notre Ordonnance du mois d'Avril 1667, concer
est plus ou moins considérable. II y a des
nant les femmes & les filles , particulièrement en
Arrêts qui ont porté cette Peine jusqu'au ce qui regarde le Stellionat procédant de leur fait ,
Bannissement , au Fouet , 6c même à PA- Nous obligent à y pourvoir, en forte que nos Cours
mende-honorable. Mais en général on se & Juges suivent en cela une Jurisprudence uni
contente de prononcer des Peines pécu forme ; sçavoir faisons que , de notre propre mou
niaires , & le plus souvent même ne pour- vement , certaine science , pleine puissance & au
torité royale , en confirmant ledit art. 8 , & l'ex-
íùit-on les Stellionataires que par la voie
pliquant ou interprétant que de besoin est ou se-
civile. C'est ce qui paroît résulter de cette roit , avons dit , statué & ordonné , disons , sta
disposition de l'Ordonnance de 1667 » <îui tuons & ordonnons par ces Présentes , signées de
veut que , pour mieux assurer l'effet des notre main , que les femmes & filles ne pourront
condamnations pécuniaires , qui font pro s'obliger ni être contraintes par corps , si elles ne
font Marchandes publiques , ou pour cause de Stel
noncées contre les Stellionatairés , ils
lionat , qu'elles auroient commis procédant de leur
.puissent être contraints par corps , fans fait ; sçavoir lorsqu'elles s.Tont libres & hors de la .
distinction d'âge , ni de sexe, c'est-à-dire, puissance de leurs maris , ou que lorsqu'elles se
íjue cette contrainte doit avoir également seront réservées , parleur contrat de mariage , l'ad-
lieu , tant contre les septuagénaires , que 'ministration de leurs biens , ou seront séparées de
biens d'avec Ieurfdits maris , fans que les femmes
contre les femmes & les filles , quoique les
qui se seront obligées conjointement avec leurs ma
uns & les autres soient d'ailleurs déclarés ris , avec lesquels elles seront en communauté de
exempts de cette contrainte pour leurs det biens , puissent être personnellement réputées Stel
tes purement civiles. . lionataires , ains seront solidairement sujettes au
paiement des r dettes pour) lesquelles elles seront
"' :I
obligées aye"Ç Ieurfdits maris par íaisie , & vente
(1) Tous Stellionataires, c'est-à-dire, faux ven de leurs biens propres ou acquêts & conquêts ,mais
deurs , ou qulauroient vendu même chose à deux, ne pourront être contraintes par corps. Si donnons
seront punis comme Larrons & Faussaires. Cout.
en Mandement ; &c. Dtcu du mcis de Juil- '
- %de Brutag. art. 68i. ht 1680. ' - 1 -• 1 : *
r.
DU VOL , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 34J
V. le Recueil imprimé des Edits , Déclarations » en Chef, du Conseil de Koulîìllon, par corps, au
& Arrêts du Coaíèil & du Parlement de Tou m rachat d'une rente constituée de deux cens livres ,
louse , tom. z. pag. 100. où cette Loi se trouve » moyennant quatre mille livres , a déchargé ladite
rapportée ; & à Ta suite il est fait mention d'un » Pelissier de la contrainte par corps portée par les-
Arrêt du Conseil privé du Roi , du 5 Juillet 1680 , » dites Sentences & Arrêts, saufau nommé Leblanc,
qui , « sans s'arrêter aux Sentences du Châtelet & » Créancier , à se pourvoir sur les biens de ladite
» Arrêts du Parlement de Paris , des 9 Mars 1677 , » Pelissier & de son défunt mari , ainsi qu'il jugera
» & 10 Juillet 1679 , en ce qu'ils condamnent Fran- » à propos , dépens compenses ».
» çoise Pelissier , veuve de Bertrand Barutel, Greffier

Art. V. Du Recélement de Vol.

SOMMAIRES.

1 . Pourquoi mis au nombre des Vols qua- 4. Recélement du Voleur par des étrangers ,
lifiés. fa Peine suivant nos Loix.
2. Deux sortes de Recélemens en fait de 5. Recélement de la chose volé: , fa Peine.
Vol. 6. Quid , de ceux qui achetent une chose
3. Recélement de la personne du Voleur , qu'ils feavent être volée,
par ses propres parens.

I.

'"o^mis" N ous mettons le Recélement au nombre admodùm puniendos : non enim par est eorum
au nombre des circonstances qui rendent le Vol qua- delictum , & eorum qui nihil ad se pertinentes
dualisié°»S ^fi** Parce clue l'expérience a fait voir qu'il Latrones recipiunt. /.. i.Js. de Receptator.
qu est la cause la plus ordinaire de l'impunité ,

& conséquemment de la fréquence de ce IV.


Crime ; & même que le plus souvent , sans
cette ressource , les Voleurs ne se seroient Au second cas où le Recélement du 4. Recé-
point portés à le commettre. Voleur est fait par des étrangers , il faut 'e.m,em du
r . , Voleur
Pessimum genus est Receptatorum sine quibus encore diltinguer , parmi ces étrangers , par des
nemo latere diù potest , & praecipitur ut perindè pu- ceux qui ont des fonctions publiques dont
niantur, atque Latroncs in pari causa habendisunt, ils abusent pour favoriser la retraite des suivant
quia cum apprehendere Latrones postent pecuniâ Voleurs , de ceux qui n'en ont point : nos Lout»
acceptâ vel íubreptorum parte , dimiserunt. L. i.
ff, de Receptatorib. tandis que ces derniers ne sont sujets ,
suivant nos Loix & notre Jurisprudence ,
I I. qu'à la Peine ordinaire du Vol ( &. encore
faut-il pour cela qu'il y ait preuve qu'ils
a. Deux Ce Recélement peut se faire de deux
sorte» de manières , ou en retirant chez foi la per- ont eu connoissance du Vol , & qu'ils en
Recéle- . ont profité de quelque manière (1) ) : les
mens en sonne du Voleur , ou en retirant seulement
autres , qui joignent à ce Crime une pré
fcitdeVoL la chose volée.
varication particulière dans les fonctions
I I I. de leur état, .doivent auflì être punis plus
•3. Recé rigoureusement que les premiers. Ces Peines
1 °. Quant au RECÉLEMENT de la per
lement de néanmoins sont différentes suivant le plus
la person sonne du Voleur , il est puni différemment
ou le moins d'importance de leurs fonc
ne du Vo suivant la qualité des Recéleurs eux-mêmes ,
leur par tions} ainsi, par exemple, les Huissiers &
ses pro c'est-à-dire , que l'on considère s'ils font
Archers qui favorisent la retraite des Vo
pres pa des parens du Voleur , ou bien si le Re
rens. leurs qu'ils sont chargés d'arrêter , les
célement est fait par des Etrangers. Au
Bateliers qui passent de nuit les Voleurs ,
premier cas , nous avons vu , en traitant de
contre les défenses à eux faites par les
ceux qui approuvent le Crime , qu'à cause
Réglemens , doivent être punis plus sévè
des motifs d'affection naturelle , présumée
rement que les Aubergistes qui reçoivent
de la part de ces l'artns , la Loi ne per
& logent chez eux , pendant plus d'une
met pas en général , qu'on les punisse aussi
nuit , les vagabonds & gens fans aveu ; c'est
sévèrement que les étrangers (1) ; en-
pour cela qu'au lieu de la Peine des Ga
forte que ce n'est que dans le cas où il
lères que nos Ordonnances prononcent
y auroit preuve que ceux-ci ont profité du
contre ces derniers (2) , elles veulent que les
Vol , & qu'ils en auroient eu connoissance ,
premiers soient punis de la même Peine que
qu'ils pourroient être poursuivis person
les Voleurs qu'ils recèlent , ou dont ils
nellement comme Complices de ce Crime.
favorisent la retraite (3). Ainsi , cette Peine
(1) Eos apud quos adsinis , vel cognatus Latro peut aller jusqu'à celle de mort , qui se
conservatus est , neque absolvendos , neque severè trouve portée exprelîement par la Loi
X x
?46 LES LOIX CRIMIN LLLES, Liv. III. Tit. VI.
tions , dommages & intérêts adjugés aux Parties
des Lombards , contre les Bateliers qui
intéressées. Ord. de Blois , art. 193.
paíîènt des personnes qu'ils íçavent être
Voleurs , avec les effets volés , fans les
arrêter ou faire arrêter (4) ; & par l'Or-
donnancede S. Louis (5) contre les femmes 2°. Quant au RECÉLEMENT qui fefait «.Recè
Recékuíès des larrons meurtriers ; & en de la chose volée feulement , nous avons {f^se"
fin , par l'Ordonnance de Blois contre les eu lieu d'en parler en traitant des Vois volée. Sa
Seigneurs & autres Officiers , à la fuite simples y & nous avons observé qu'il falloit Pcine*
de la Cour , qui recèlent & favorisent la distinguer , à cet égard , ceux faits par les
retraite des Coupables contre lesquels il y femmes mariées ou veuves , ou par des
a décret pour Crimes & Délits (6). héritiers , de ceux faits par des étrangers
leurs Complices ; & que tandis que les
( 1) Quia cum apprehendere Latrones posscn t pecu- premiers , qui sont connus proprement fous
tira acceptâ, vei fubreptorum parte , dímiscrunt. L. I. le nom de Recélés , ne pouvoient donner
ff. de Receptat. ci-devant citée.
lieu qu'à d«6 Peines pécuniaires , les der
(2) Défendons à tous Taverniers & Cabaretiejs niers au contraire , lorsqu'il y avoit preuve
«le recevoir & héberger dans leurs maisons gens fans
aveu plus d'une nuit, fur peine de Galères, & leur que ces étrangers avoient eu connoissance
enjoignons , fur pareilles peines , de le venir révé que la chose , qui leur avoit été donnée en
ler à Justice. Ord. de Blois , art. 360. garde , avoit été volée , étoient sujets à la
(3) Si quis de Fure nefciens aliquid comparave- Peine ordinaire du Vol. Telle est aussi ,
rit , quasrat accepto fpatio venditorem. Qnem fi comme nous l'avons vu , la disposition des
non potticrit invenire , probct se cum Sacramento Loix Romaines (1) , confirmée en dernier
& teftibus innocentem , & quod apud eursl cognos-
lieu par l'article premier de la Déclaration
citur restituât. EtFurem quaerere non désistât. Quòd
íiFuremcelarevoXutúx., & perjurans posteà detectus de 1724, qui ne met aucune distinction
fuerit , tanquam ille Fur, ità iste in crimine damne- quant à la Peine , entre les Complices de
tur. Capit. Liy. 5. art. 191.... Vol, & ceux qui en sont les principaux
(4) Si Pontinarius Furem hominem sciens trans- auteurs (2). Cependant il faut convenir que
pofuerit cum re Furtivâ , collega Furis fit , & cum l'on n'en use point avec la même rigueur
eo Furtum non componat quod si liberum eum dans notre Jurisprudence actuelle , & que
fugacem trajccerit, animaj fuse incurrat periculum,
quod non retinuerit vei retinendum procuraverit. l'on fe contente de condamner les Recé-
V. Leg. Lomgobard. Lib. t. de La:ron. Forb. tit. de leurs au simple Bannissement , au lieu du
Ftìxtis. Fouet & de la Marque , qui est la Peine
[5] Femmes qui font avec Meurtriers & avec ordinaire des Voleurs.
Larrons , Bi les consentent s'ils sont à ardoir , & se
aucuns on aucunes leur faisoit compagnie qui les [ 1] Et praecipitur ut perinde puniantur ut Latrones.
consentissent & ne emblassent rien , si leur feroit- L. i.ff. de Receptatorib.
t'on autre tant de peine , comme si eux l'eussent [2] Ceux & celles qui se trouveroDt à l'avenir con
emblé j & si les Meurtriers qui tuent les gens vaincus de Vol , ensemble leurs Complices & Sup
apportent aucune chose que soit à ceux qui auront pôts , ne pourront être punis de moindre Peine , sa
tués, 8c ils l'apportent chez aucune ame, soit hons
voir , &c. Art. I. de IûDecl. du 4 Mars 1724.
ou femmes , & ils scachent bien que eux sont Lar
rons ou Meurtriers , & ils les reçoivent , ils sont
pendables comme si Meurtriers font selon droit V L
écrit en Code de Sacr. Ecclés. en la loi qui com-
mence jubemus SeJT. i. (Kconomus ; & en Décrétales II fe commet aussi une eípece de Recé- 6. Qúit
de Officio delegati L. quia qu&fitum ; car li consenteurs lement de la part de ceux qui achetent des d^
fi font auslì bien punis comme maufeteurs. Ord.
de Louis IX , en 1270. ch. 32. liv. 1. effets qu'ils íçavent avoir été volés. Nous tent une
avons vu , en traitant des Vols (impies , cll°se r
[6] Et d'autant que plusieurs de nos Sujets don '. . , . J r . ' qu Us lça-
nent confort , aident & recèlent les Coupables , que ceux-ci , quoique devant être punis , vent être
contre lesquels il y a décret pour Crime & Délit , íuivant nos anciennes Loix , de la même voléc*
même qu'aucuns dcsojts Coupables se retirent à Peine que les Voleurs eux-mêmes , ne le
la fuite desdits Seigneurs qui sont près de notre
sont cependant , suivant notre Jurispru
Personne , ou parmi nos Gardes , où les Sergens
n'osent les appréhender , & exécuter les décrets de dence , que par la perte du prix qu'ils ont
Justice , défendons à tous nos Sujets , de quelque donné des effets volés , ou par la restitution
état & qualité qu'ils soient , de recevoir ni recéler de ces effets ; & encore faut-il pour cela deux
aucuns Accusés & poursuivis en Justice pour Crime
choses i i °. qu'il y ait preuve qu'ils avoient
& Délit ; ains leur enjoignons de les mettre ès
mains de ladite Justice , fur peine d'être punis de lieu de soupçonner le vol , comme s'ils
la meme Peine que seront les Coupables. Mandons avoient acheté ces effets d'un inconnu (i),
& enjoignons en outre aux Capitaines de nos Gar ou des écoliers , ou bien des domesti
des , Prévôts de notre Hôtel ou Lieutenans , si-tôt
qu'ils eu seront requis , interpellés ou avertis , d'ap ques : nous avons rapporté les Régle-
préhender, tantlefdits Coupables qui se retireront mens particuliers de Police , faits contre les
à notre fuite ou parmi nos Gardes , que ceux austî Libraires & les Orfèvres qui tombent dans ces
qui les auront recélés & favorisés , pour être punis
deux derniers cas. (2)2°. II faut d'ailleurs ex
selon la rigueur de nos Ordonnances , fur peine de
répondre en leur propre & privé nom des répara- cepter, comme nousl'avons vu d'après les Ar-
DE L'INJURÊ , ET DE SE DIFFÉRENTES ESPECES. 547
têts , le cas particulier où les achats auroient tempus íufficienter à judice constitutum : quem si
non potuerit invenire , adprobet se aut sacramento ,
été faits en Foire ou dans les marchés publics. aut testibus innocentem quàd eum Furem nescierit
& quod apud eum agnofeitur , accepta pretii me-
[r] Si quis Furtivam rem scienteremere praesump- dietate restituât : atque ambo datis invicem sacra-
serit , & exindè probatus fuerit , similem rein mentis promittant , quod Furem sideliter quaîrenr.
reddat , illi cujus pecuniam comparaverit salva Quod si omninò Furem invenire nequiverint , rem
videlicet ejus justifia in altero Si quis de Latrone tantùm quautùm empía est , Domino rei Emptor
Furtivam rem scienter ad custodiendum acceperit ex integritate reformet. Si verò Dominus rei Furem
quasi Fur componat Universam rem nuili in- noverit , & eum public;ire noluerit , rem ex toto
genuo liccat de incognito homine comparare , iiisi amittat, quam emptor quiete postldeat , haec & de
certè fidejussorem adhibeat , cui credi poíîit ut servis forma servabitur. Cavit. Car. Magn.
excusatio ignorantia* auferatur. Quod (i aliter fecerit Lib. 5. art. 195. & 196. & Lib. 6. art. 272
qui comparaverit , àjudice districìus auctoreminfrà [2] V. ce qui a été dit fur le Vol simple.

TITRE SEPTIEMÈ.

Des Crimes contre la Société , qui frappent tout- à-la-fois fur la Personne ,

fur VHonneur , & fur les Biens ; ou de I'Injure , & de fes différentes

Espèces.
SOMMAIRES.

t. Qu'est-ce que VInjure en général' , ô dans 3. "Division de I'Injure en trois classes prin-
quelsens nous en voulons parler ici. cipales.
z. Ce qu'il faut pourformer un délit en cette 4. Objets particuliers qui doivent faire la
matière , exceptions. matière de ce Titre.

I.

Qu'est- js ^ON entend sous le nosll d'Injure en est faite dans la vue d'offenser , injuriandì
Hniureen général ) tout ce e& &ât contre le animo (1). D'où il suit qu'on ne peut
générai,& Droit (1). Ainsi dans ce sens, l'on peut regarder proprement comme Injure ,
íenT noui <**re <Vxe l'Injure Comprend toutes les diffé- les offenses qui font faites dans les cas
tnvouions rentes espèces de Crimes qui peuvent inté- permis par la Loi , comme celles faites
jwier ici. Teffer je pUDlic & les particuliers , & par par un pere qui corrigeroit son enfant , ou
conséquent ceux de Lese-Majesté divine & un Précepteur son disciple (2) , par un
humaine , d'Homicide , de Faux , de Luxure Juge qui condamneroit sur des preuves
2k de Vol , dont nous venons de parler, juridiques (3) , par un témoin qui dépo-
Mais I'Injure proprement dite , dont nous seroit ensuite d'une assignation , par un
voulons parler ici , est cette espece de délit accusé qui reprocheroit valablement le té-
qui n'a dans le Droit aucune dénomination moin qui le charge , par une partie qui
particulière , & qui consiste dans tout ce déféreroit à la Justice des faits injurieux
qui se dit f lè fait, ou s'écrit, tendant à dont elle rapporteroit la preuve (4). II en
offenser les particuliers , soit dans leur per- faut dire de même des offenses qui feroient
sonne , soit dans leur honneur , soit dans faites dans la nécessité d'une légitime dé-
leurs biens. fenfe (5) , ou celles faites par des enfans
. r -. T . . „ . . _ & des furieux (6) , ou même celles aux-
/ il Injuria ex eo dicta est , quod non jure fiat n i r • • •> r r
omneenimquod/io/z jure fit , injuria fieri dicitur. la personne injuriée se seroit VO-
Hoc generaliter. Spécialiser aut«m injuria dicitur ' lontairement exposée en jouant (7) , OU en
contumelia. Interdum injuria appellatione damnum fg travesti liant (8).
culpâ datum siguisicatur: ut in Lege Aquilia dicere
solemus. Interdum ìniquitatem , injuriam dicemus. r,] Cum enim ;n:uria ex zfcfa faclenÛS coa-
Nam cum ( qms ) iniquè vel injustè sententiam sistatt... ltaque pati quis injuriam etiamsi non sen-
dixit, injuriam ex eo didam , quod jure & justitia tiát st socere> Nem0 nisi qui sit fe injuriam
caret quasi non injuriam : contumeham autem a facere etiam(i nesciat qilid faciat> z> , # de
COiitemnendo. L. i.ff. de injur. & famof. lìbell. injun •

• I I, [2] Verberíbus impunita sunt à Magistro allata


vel parente quoniam cmendationis non injuria; gra-
^ v. M™,o i:cní ,„„ x ^ /r, „ A „ ^„,.„„ tiâ videntur adhiberi , puniuntur cum quis per
2.cSquil Nous disons tendant a offenser , parce iram ab ^ lsatJs ^ u ^ §> J fsde
taut pour qUe c ejt par rmtention principalement que panis.
Eeren"se forme I'Injure , ou plutôt qu'elle ne [3] is qui jIire publico mimmon videtur injuri*
ççtw ma- forme elle-même un délit , qu'autant qu'elle faáeudx causáhoc facerc : 1111 is enim executio non
Xx
348 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. III. Tit. VIL
habet injuriam. L. iì. §. i.f. de ìnjur... Quod rei- des personnes qui la commettent, ou envers
- -- * - i* i _ . ■* — ■/» • « /-» .

faciat -, sed ád vindictam Majestatis publicae respi- nement qui i


ciat: actione injuriarum non tenetur. L. H- fi. de Ces différens points de vue que nous allons
ìnjur. la considérer dans les trois Chapitres íui-
Ul Si non convitii causâ te aliquid injuriarum vans , qui répondent en même temps aux
dixiise probart potes , fides veri à calumniâ te def- trois différens caractères fous lesquels nous
fendit. L. 5. Cod. de injur. .... Eum qui nocentem
l'avons définie , en disant qu'elle consiste
infamavit non esse bonum aequum ob eam rem
condemnari , peccata enim nocentium nota esse , & dans ce qui est dit , fait , ou écrit , pour
oportere & expedire. L. il.ff. de injur. offenser quelqu'un (2). Ainsi , dans le premiers
[5] Qui prouve injure lui avoir été faite ( hors nous traiterons de l' Injure yerbale , dans
Je cas de la nêceflìti d'une légitime défense. ) , l'In- le second , de VInjure réelle ou par voie
juriant n'est reçu,pour avoir la réparation de l'injure, Pesait. & dans le troisième, de YInjure
a vérifier le tait par lequel il a injurie. Covt. de J , ' , ... V(Y* . J
par lequel
par écrits ou des libelles diftamatoir es.
Bretagne , art. 6ji.
[6] Sunt quidam qui facere injuriam non possunt [1] Atrocem injuriam aut personâ, aut tempore j
ut puta furiosus & impubes , namque hi pati inju aut reipsâ. L. \. ff. de injur.
riam soient non facere 5 cùm enim injuria ex essectu [2] Injuria autem committitur non solùm cum quis
facientis consistât , conscquens erit diccre hos , sive pugno pulsatus.... Sed etsi cui convitium factum fue-
puisent , sive convicium dicant injuriam fecilse non rit vel si quis ad infamiam alicujus libellum
videri. L. $.ff. de injur. scripserit. Institut.Js. 1. de Injur.
[7] Itaque pati quis injuriam etiamsi non fentiat I V.
poteíi facere nemo , nisi qui scit se injuriam facere
etiamsi nesciat quid faciat. Quare si quis per jocum C'est dans le cours de cette discussion l ^ objetî
percutiat, aut dum certat, injuriarum non tenetur. que nous aurons foin de distinguer ce que p^rticu-^
L> 3- §• 3.- fi- de injur.
chacune de ces différentes espèces d'Injures doivent"
[8] V. cc qui a été dit fur le faux par supposition a de particulier , soit quant à la manière de faire la ma*
de personnes.
la commettre , soit quant à celle de la
I I I. poursuivre & de la punir. Nous avons
vu , en traitant des causes qui font ceíìer
Mais comme l'intention avec laquelle le Crime , les différentes manières dont
3. Divi
sion de une Injure a été commise ne peut se ma- l'Injure peut s'éteindre. Nous aurons lieu
troL^cUs- "lester que par les circonstances dont elle de le voir encore plus particulièrement
ses prind- est accompagnée , & que parmi ces cir- dans la seconde partie de cet Ouvrage ,
pales' constances il y en a qui la rendent plus ou où il fera traité de ceux qui ne peuvent
moins grave , soit par la cause qui a porté accuser , ni être accusés. Nous verrons auíîî
à la commettre , soit par la qualité de en même temps , quelles font les capacités
Yobjet fur lequel elle frappe , soit par celle nécessaires pour accuser en cette matière.

CHAPITRE PREMIER.

De VInjure verbale.

SOMMAIRES.

j. Quentend-on par Injure verbale , & com & doitse poursuivre , aux termes des Ré~
ment peut s'excuser. glémens.
2. Cas particuliers ou l'on peut être admis à 7. Quatre principes particuliers a cette
p rouver la vérité de cette Injure. espece d'Injure , relativement a la pour
3. Qu'entend-on par Injure directe , ô par suite.
Injure indirecte. 8. Injure verbale qualifiée , comment doit
4. De combien de manières l'une & l'autre s'entendre.
de ces injures peuvent se commettre. 9. Comment doit se poursuivre & se punir.
5. Comment doit se régler leur poursuite & Peines particulières de celles commises
leur punition. par des Gens de Robe & Plaideurs. •
6. Injure verbale simple ; comment se punit

I.
1 . Qu'en- ^->v
tencU on y^J N appelle de ce nom tous propos ou- & la réputation d'autrui (1). Cette espece comment
verba"è"& trageans qui se tiennent contre l'honneur d'Injure est connue dans le Droit fous, le j|ufer<
DE L'INJURE , ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 549
nom de Convice , & elle comprend non- autres dont nous aurons lieu de parler en
seulement la calomnie , mais encore la traitant de ceux qui peuvent accuser. Elle
simple- médisance , parce qu'en effet c'est: , se commet encore indireclement , lorsqu'on
comme nous l'avons dit , la feule intention se sert pour injurier du ministère d'autrui ,
de diffamer qui forme un délit en cette comme lorsqu'on le fait faire par ses Enfans
matière. En forte qu'il n'y auroit pas moins ou par ses Domestiques (2).
lieu à l'action d'Injure, quoiqu'elle feroit
[ 1] Per semetipsum alicui fit injuria , aut per alias
fondée íiir des faits véritables , & dont on personas , per semetipsum cùm directo ipsi cui patri
offriroit la preuve (2) , ou même qui fe- familias , vel matri familias fit injuria ; per alias ,
roient d'ailleurs notoires & publics , s'ils cùm per confequentias fit ut cùm fit liberis meis ,
vel uxori. L. i.Jf. l-ff- de injur Servis autein
n'étoient devenus tels par un Jugement ou
ipsis qnidem nulla injuria fieri intelligitur ; sed Do
autre Acte authentique ; ou du moins si mino per eos fien videtur. Insiit. ff. 3. de injur.
ces Crimes n'étoient opposés par une voie V. au surplus ce qui fera dit dans la seconde partie
juridique , telle que celle de l'Accusation & de cet Ouvrage , fous le titre de l'Accusa-
tevr.
Dénonciation , ou de la Déposition devant
[2] Si mandato meo facta fit alicui injuria , ple-
le Juge (3).
rique aiunt tain me qui mandavi , quàm eum qui
fuscepit injuriam teneri Idemque ait etíì filio
[r] Generaliter vetuit Praetor quid ad infamiam
alicujus fieri j proindè quodcumque qtiis fccerit, vel meo mandavero ut tibi injuriam faciat. L. 11. ff.
de injur.
dixerit ut alium infamet , erit actio injuriarum. L.i$.
ff. 27. ff. de lnjur. I V.

[2] V. la Loi 18 , au même titre du Digeste de Ces Injures verbales , soit directes , soit 4. De
injuriis , & l'article 672 de la Coutume de Bre indirectes , se commettent auíîì de diffé- 'ombien
tagne , rapporté ci-devant à la fuite de la ma . de manie-
xime 11. rentes manières , tantôt expressément par res l'une
des apostrophes , chansons , imprécations , ^ * autr*
[3] S'il est avancé dans les reproches , que les
Témoins ont été emprisonnés , mis en décret , con reproches diffamans & menaces (1) ; tantôt jurCs peu-
damnés ou repris de Justice , tes faits feront réputés tacitement & obliquement, par des réti- vent se
calomnieux, s'ils ne font justifiés avant le Jugement , * , , commet-
cences , ironies , allégories , paroles equi- tre>
du Procès par des écrous d'emprifonnemc.nt , dé
voques & à double sens. Elle se commet
crets , condamnations ou autres actes. Ord. de
1667. tit. 23. art. 2. encore secrètement , & dans l'absence de
la personne injuriée (2) , ou bien ouvertes
II. ment 6c en face ; au premier cas , les Ca-<
nonistes rappellent proprement médisance ,
ft. Cas par- II y a feulement un cas particulier où
& au second contumélie. Enfin , cette Injure
ticuher où cette preuve pourroit être admise ; c'est:
se commet aussi contre les morts , de même
être admis celui où ces faits seroient opposés par forme que contre les vivans , comme lorsqu'on
prouver ç¥exception , comme v. g. si une concubine
insulte à leur mémoire par des diffamations
de cette2 & présentoit pour recueillir un legs à elle calomnieuses (3).
Injure, fait par un Testateur , le Juge devroit alors
admettre les héritiers à la preuve qu'ils [1] Si quis pulfatus quidem non est , verum
offriroient du concubinage , pour repousser manus adversus eum levata saepè territus quasi
vapulaturus non percuíTìt , utili iujuriarum actione
cette demande. II en est de même en fait tenetur. L. 15. ff de injur.
d'Adultère, comme nous l'avons observé [2] Convicium nou tantùm praesenti , verùm ab-
en traitant de ce Crime. senti , quoque fieri poste Labeo scribit. L. $.ff. 7. ibìd.
V. ce qui a été dit sur le Crime d'Adulterc , max. [3] Si fortè cadaveri defuncti fit injuria cui hse-
xvj. redes bonorum posseífores exstitimus : injuriarum
1 1 1. nostro nomine habemus actionem. Spccíat enim
ad existimationem nostrani , si qus ei fiat injuria.
L. i. §. 4. ff. de injur.
3. Qu'en- L'Injure verbale se commet de plusieurs
tend - on manières , qu'il est important de distinguer V.
par Injure . . » n. 11
direfie & ici , parce que c est par elles , comme nous
par injure Talions voir , que doivent se régler les Dans tous Ies oifférens cas dont nous ^ Com.
indiretfe. différentes manières de poursuivre & de venons de parler , la poursuite & la puni- ment doit
punir ces sortes de délits. D'abord elle; fg tion de l'Injure doivent se régler par sa p|'ur.
commet ou direíiement fur la personne Nature & par ses Circonstances , qui la fuite &
rendent , ou simple , ou qualifiée. lion.pum"
même qu'on veut injurier , ou indireclement
dans la personne de ses proches , & autres
V I.
qui sont dans fa dépendance ( 1), comme v. g.
celles qui sont faites aux Pères & Mères , Nous appelions Injure verbale smple , 6. Inju-
dans la personne de leurs Enfans , aux Maris celle qui ne se trouve accompagnée d'au- ™ verbale
dans celle de leurs Femmes , aux Maîtres cune circonstance capable de faire aug- Comment
"dans celle de leurs Domestiques aux menter la Peine ordinaire de ces sortes de ^P"™ &
Abbés dans celle de leurs Religieux, & délits. Cette Peine ordinaire ne consistoit, nirauxter
7<o LES LOIX CRIMINELLES, Liv. III. Tit. VII.
< r - _ . _ . % ri ï Â . _ . •„/_- - -' '7 *
me* de* suivant le Droit Romain , qu'en de simples baies ne doivent être traitées que civilement , & non
ReSle" condamnations pécuniaires , parce que cette extraordinairement par informations & autres procé
dures criminelles. V. tom. i. de ce Recueil.
Injure étoit mise dans ce Droit au nombre
des délits privés. Mais suivant notre Ju
V I I. I
risprudence , l'on est dans l'usage de joindre ,
aux Peines pécuniaires qui se prononcent
II y a d'ailleurs plusieurs choses à remar- 7. Quatre
en pareil cas ( telles que l'Amende , les
quer quant à la poursuite des Injures ver-
Dommages-Intérêts & les Dépens ) la con
baies , & qui font autant d'exceptions îíersàcet-í
damnation à une Réparation d'honneur, par
Acle mis au Greffe , avec des défenses de particulières qui doivent la faire celîer. La "i,,^00
récidiver. L'on y ajoute aussi quelquefois première , c'est que l'on peut prévenir les relative-
condamnations dont on vient de parler , ment }*
la permission d'afficher & publier la Sen , , . , . -rc poursuite
tence. Au reste , comme ces sortes de Peines par des réparations volontaires , qui le ront de ce Cri»
par des écritures que l'on fait signifier avant me«
ne font point infamantes de leur nature , &
peuvent par conséquent se prononcer sans k Jugement (1). Laseconde, que ces sortes
l'appareil de la Procédure extraordinaire , d'Injures peuvent aussi s'éteindre par la
qui suppose des Crimes méritans Peines compensation qui s'en fait avec d'autres
afHictives ou infamantes , c'est pour cela Injures de la même qualité , qu'on auroit
que non-feulement les Injures de cette es reçues de la part de celui qui voudroit en
pèce peuvent, suivant nos Usages , se pour faire la poursuite (2). La troisième, que cette
suivre par la voie de la simple Assignation , poursuite doit encore cesser , lorsqu'il y 3
aussi-bien que par celle de la Plainte (1), mais eu des marques de réconciliation données
même qu'il est défendu expressément , par de la part de l'offensé , soit expressément ,
des Réglemens particuliers des Cours (2) , comme v.g. par le désistement ou la tran
de procéder par la voie criminelle en pareil saction qui auroit été faite à ce sujet , soit
cas ; c'est-à-dire , que fur les plaintes qui tacitement , comme si l'on avoit bu £t
leur font présentées pour ces sortes d'In mangé avecl'offensant depuis ce temps-là (3)}
jures , les premiers Juges doivent , au lieu fur quoi il faut néanmoins observer, d'a-
d'ordonner l'information & le décret , se près les Auteurs (4) , que comme ces marques
contenter de renvoyer les Parties à l'Au- de réconciliation peuvent n'être excitées
uniquement que par les principes de la.
dience (3).
charité chrétienne , elles n'empêchent pas
( 1 ) « Ce n'est pas ( dit M. tAvocat Général talon , d'ailleurs les poursuites de l'ofïensé , pour
» tors du Procès- verbal de f Ordonnance de 1670.) les Dommages & Intérêts qui doivent
» que toutes sortes d'accusations crimine iclles doi- résulter de l'Injure. Une quatrieme quai fin-,
» vent être poursuivies par récolement & confron
gularite , par rapport à l'action en faic
» tations des Témoins : il y auroit souvent de la
w vexation d'en user ainsi ; mais ce que l'on doit pre£ d'Injures verbales, c'est qu'elle ne pasle?
» crire aux Juges , est qu'en matière légere , comme point à Théritier, ni contre ï'héritier , à
y> d'injures & autres semblables , ils ne doivent pas moins toutefois que l'injure ne touche l'hon^
» même permettre d'informer , mais d'aíìîgner les
» Parties, & les régler fur le champ. Que si outre neur de la famille de celui qui a été injurié
» les injures , il y a quelqu'excès , mais qui ne soit ou que celui-ci en ait entamé la poursuite dej
w pas fort considérable , ils peuvent & doivent, au son vivant (5). Enfin, une cinquième singula-.
» lieu de décréter l'information , ordonner que ce- rité, en cette matière , consiste en ce que ces
» lui duquel on se plaint sera assigné , & sur le
j) récit qui sera fait à l'Audience des informations , sortes d'Injures se prescrivent par l'espacq
» arbitrer la réparation. » V. le Procès-verbal d'une année (6). C'est une des Règles de notre;
de Conférence fur ÍOrdonnance de 1670, art. 3. Droit François , conforme fur ce point h,
//'/. 21. la disposition du Droit Romain (7).
(2.) V. ces Arrêts de Réglemens rapp. par Duluc ,
liv. 12. tit. 3. par Imbf.rt , liv. 3. chap. 22. n. ia. f 1) V. dans lestyle du Châtelet , liv. 3. tit. 7. une
& par Papon , en ses Arrêts , liv. 8. tit. 3. art. 13. formule de Requête que l'on peut présenter en pa-|
(l)Nota. L'on trouve dans le Recueil des Edits reil cas.
enregistrés au Parlement de Franche-Comté , une (2) V. Pures in Cod. de injur. Z. 33.^ de régi
Lettre circulaire écrite de la part de cette Cour aux injur. . . . En injures verbales y a compensation , fî
Juges de son Ressort , en date du 1 1 Mars 1689, qui l'une injure est aussi grande que l'autre. Cour da
porte entr'autres , relativement à ces sortes d'injures , Bretagne , art. 673.
ces termes remarquables Encore que les actions
^injures puissent être civilement intentées , de même (3) Injuriarum actio cx asquo & bono est , 8*
que criminellement , néanmoins pour éviter les vexa ■ dijfimulatione aboletur ; si quis enim injuriam de-
tions & donner plus de moyens aux Défendeurs de liquerit , hoc est statim paisus ad animum siiuni
se servir du bénéfice de IOrdonnance ancienne , /'/ non revocaverit : posteà ex peenitentiá remistain
est nécejfaite de faire quelque distinction en matière injuriam non poterit recelere. Secundùm ha;c ergo
d'injures , en laissant à fActeur la liberté de les aequitas aétionis omnem metum cjus abolere vide-
traiter criminellement à fégard des réelles & des tur , ubicumque contra aequum quis venit proindè
verbales qui causent un scandale, de conséquence , ou & si paclum de injuria iutercessit , & fi tranfaclum ,
qui emportent un Délit qui exige la vengeance publi & si jusjurandum exaétum erit , áctio injuriarum
que : mais hors de ces deux cas , toutes injures ver- non teuebit. L. iu §, i.jf. de injur»
DE L'INJURE, ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 351
(4) V. Jul. Clar. queji. 58 \ Masuer , tit. des à l'Eglise , & pendant le service divin , ou
Injures, au Palais du Prince , ou bien à l'Auditoire
(5) ïnjuriarum actio neque haeredi , neque in de \z Justice , pendant la tenue de l'Au-
hœredem datur. Semel autcm lite contestatâ hanc A\ence
actionem etiam ad successores pertinere. £. 13. 4e
tnjur. V. à ce sujet l'Arrêt du iz Janvier . _ ,
1586, rapporté par Anne Robert , liv. 4. ch. iì. .(0 Ait PraMor qui adverses bonos mores con-
& l'Arrêt du 9 Décembre 1556, rapporté au Jour- vicftim » CU1 fcc»st« cuJ"sve °Pera factui? elI= dice'
nal des Audiences , tome 1. liv. 8. chap. 47. V. en- T"r » ^versus bonos mores convicium fieret ,
core les Arrêts rapportés parC*RONDAS,cu ses Ob- In eum J"dicium dabo. L. 15. S- ff- dt tnjur.
servations , aumot/st/uríj; &parBoi/VOT , tome i. (2) Fecissc convicium non tantùm is videtur ,
quest. il. qui vociferatus est , verum is quoque qui comitavit
(6) Si in rixam inc.nselto calore prolapsus ho- ad vociserationem alios , vel qui summilit ut
micid.i convicium objecisti , & ex eo die annus voc.screntur Sed quod adjicitur à Prsctoread-
exceslit : cùm injuriarum actio ex eo tempore pr*s- vcrfuï bonos mores ostendit , non omnem m unum
cripta fit , ob injuria: admissum conveniri non potes. collatam vociserationem Pratorem notare , sed eam
L. S. Coi. de Injur. «P* .mordus improbatur quatque admfa-
_ '. „. . - .... ' imam vel invidiam alicujus lpeòtant. L. 15. $. 5.
(7) Toutes actions d injures font tollues par an g, g< # d( in:un
& jour. Loysbl , inst. Cour. Liv. 5. tit. 3. , . .'. . , . . . - . ,.
^ (3) "^C autem fere sent quae ad mfamiam ali
cujus h'utit , sive vel cantet aliquod quod pudorem
VIII. alieni Ixdat Appellare est blandá oratioue
alterius pudicitiam atteutare , hoc enitn non est con-
«.!«*»- Par Injure verbale qualifiée , nous en- ^"m facere , sed adverses bonos mores adtenrare.
re verbale , ' • 7 11 Mime L. 15. §. 15. fr IO. . »
^lìfiéc. tendons au contraire toutes celles qui , par ... Les injures faitei aux femmes se punissent au
Comment leur nature ou par leurs circonstances , double Lorssz , inst. Cout. liv. 6. tit. 1.
tendre.'"" peuvent mériter des Peines plus fortes que max* H»
celles dont nous venons de parler. 1 °. L'In- I X.
jure est dite qualifiée par fa nature , lors
qu'elle consiste en des expressions qui font En effet , comme toutes les différentes 0. Com-
telles qu'on ne peut leur donner aucune espèces d'Injures dont nous venons de se^^
interprétation qui puisie les faire excu- parler , intéressent particulièrement Tordre vre & se
fer (1) , comme lorsqu'on impute à quelqu'un & l'honnêteté publique , & par cette rai- Jî""'^^-
un Crime grave , en le traitant de Voleur son doivent nécessairement donner lieu à culière*
& ftAJsajfin , ou bien lorsque ces exprès- des Peines plus fortes que des réparations ^mmise»
lions consistent en des imprécations & des d'honneur par écrit , & autres que nous par des
blasphèmes , mais fur-tout lorsqu'elles ren- avons dit pouvoir suffire pour les simples j**™ dt
ferment une calomnie évidente. 20. L'Injure Injures verbales : l'on est dans l'ufage de
est dite qualifiée par ses circonfiances , lors- prononcer contre les coupables de celles-
que ces circonstances font tellement graves , ci , une punition exemplaire , dont la moin-
qu'elles la font dégénérer dans un Crime dre est celle de la Réparation faite à l'Au-
public , à cause du trouble & du scandale dience en présence de plusieurs personnes >
qu'elles causent dans la société. Ces circonf- ou de l'Admonition , ou de l'Interdiction à
tances se tirent ou du motif, comme lorsque temps , ou bien de l'Abstention des lieux
l'Injure est dite avec préméditation, & par où l'offensé fait sa demeure (1). Nous disons
l'effet d'un ressentiment injuste ; ou de la la moindre , parce qu'il y a de certaines In-
maniere dont elle est proférée , comme jures verbales qui peuvent donner lieu à des
lorsqu'elle est dite avec des gestes indécens Peines afflictives ou infamantes , telles par
ou des cris séditieux (i) ; ou bien de la exemple que celles qui feroient proférées
qualité des Fardes , c'est-à-dire , tant de à l'Eglise , & auroient causé un trouble
l'injuriant que de la personne injuriée , au Service divin ; celles qui feroient accom-
comme si elle est commise par un inférieur pagnées de blasphème , ou qui feroient
envers son supérieur , par un sujet envers proférées contre le Souverain par des Pré-
lon Prince , par un enfant envers ses pere dieateurs séditieux , ou même contre des
& mere , par un domestique envers son Magistrats , étant dans leurs fonctions ,
maître , par un vassal envers son Seigneur , íùr-tout si ces Injures se trouvoient évi-
par des soldats envers leurs Officiers f par demment calomnieuses. II est certain que
les roturiers envers les Gentilshommes , dajis tous ces cas , l'on ne pourroit se dis-
par des laïques envers des Ecclésiastiques', . penser d'ordonner la poursuite extraordi-
ou par des plaideurs envers des Magistrats ; naire , & prononcer en conséquence quel-
ou bien si elle est commise envers des per- qu'une des Peines de la qualité de celles
sonnes du sexe , par des propos tendans à dont nous venons de parler , comme v. g.
les corrompre & à blesser leur pudeur (3). le Blâme , l'Interdiction à perpétuité, l'A-
Enfin , cette Injure peut encore devenir mende-honorable , le Bannissement , les
qualifiée par le lieu , ou par le temps où Galères , & même la Mort , comme en
elle auroit été proférée : comm esi c'étoit fait d'accusation calomnieuse , ou de faux
3J2 LES LOIX CRIMIN1 LLES , Liv.IIÏ. Tìt. VIL
témoignages qui tendroient à faire périr un celles qui consistent en démentis ou menaces
innocent. Nous avons eu lieu de donner de coups de main , & qui font accompa
des exempies de ces sortes de punitions , gnées de quelque geste. Ainsi , au lieu de
en traitant des Crimes de Lefe-Majesté deux mois de Prilòn qu'il ordonne pour
divine & humaine , & des différentes espèces le premier cas , il veut qu'au second l'of-
de Faux qui fe commettent par paroles. fensant soit puni de quatre mois de Prison ,
Nous aurons lieu de parler , fous le Cha outre la satisfaction particulière qu'il doit
pitre suivant , de la manière dont se pu donner à l'offenfé , en lui demandant par
nissent les Injures particulières qui se don. Par Vautre disposition , le même Edit
commettent par des enfans envers leurs distingue aussi les Injures verbales qui onÇ
pères & mères , par les domestiques envers été repoussées par d'autres Injures pareilles
leurs maîtres , & par des valîaux envers ou plus fortes , de celles qui ne l'ont point
leurs Seigneurs. Pour ce qui regarde les été ; il veut qu'au premier cas , celui qui
Injures verbales qui font proférées par des a repoussé l'Injure soit puni de trois mois
Soldats contre leurs Officiers , comme aussi de Prison , & en même-temps privé de la
celles qui se commettent entre des Gentils satisfaction qu'il auroit pu attendre de la
hommes & Gens de guerre , nous aurons part de son aggresseur , lequel doit tou
lieu d'en parler en traitant de la Jurifdiction jours être également puni , soit que l'In
Militaire , & notamment de la compétence jure ait été repoussée ou non (3).
des Tribunaux , íùr le point d'honneur.
Nous observerons seulement , par rapport
(1) V. les Arrêts rapportés par Augeard ,
aux Injures de cette derniere efpece , qu'in tom. 2. chap. 25. & chap. 49. dont le premier
dépendamment des Loix générales qui ont regarde des Injures graves dites à un Prêtre , Sc
été rendues au sujet des offenses commises l'autre des Injures faites avec menaces , violences ,
entre les Gentilshommes & les Officiers Mi & capables d'intimider un esprit fort.
litaires , il y en a une particulière au sujet
(2) Que celui de nos Officiers ou autre Personne
des Injures qui se commettent tant verbale qui fera profession de robe, qui aura proféré, sans
ment que par voie de fait, de la part des Gens sujet , des paroles injurieuses contre quelqu'un ,
de Robe envers les Gentilshommes & autres comme sot , lâche, traître , ou autres semblables ,
fans que lefdites paroles aient été repoussées par
qui font profession des armes , comme aussi d'autres semblables ou plus graves , puisse être
de celles qui se commettent par des Plai condamne à tenir prison pendant deux mois y &
deurs à l'occaíion des Procès qu'ils ont entre qu'après qu'il en fera sorti , il soit tenu de déclarer
à rÓíFeníé , que mal-à-propos & impertitiemment
eux, l'on veut parler de l'Edit de 1 704(2), que
il l'a offensé par des paroles outrageantes , qu'il les
l'on trouvera rapporté à la fuite du Chapitre reconnoît fausses & lui en demande pardon*
suivant , parce qu'il concerne plus particuliè Que celui qui aura démenti ou menacé de coups
rement les Injures par voies de fait. Nous de main ou de bâton, tienne prison durant quatre
mois j & qu'après qu'il en fera sorti , il en demande
nous contenterons de remarquer ici d'a pardon à Í Offensé avec les paroles les plus capa
vance , que cet Edit contient , relativement bles de le satisfaire. Edit de Décembre 1704.
aux Injures verbales" , deux dispositions art. 1. & 1.
fort sages , & qu'on peut regarder comme
(3) Si l'Offenfé a répliqué par Injures pareilles
autant de maximes générales en cette ma ou pius fortes , il fera condamné à trois mois de
tière. La première , en ce qu'il distingue , Prison , sans qu'il lui soit demandé pardon par
quant à la Peine , les Injures qui se com l'Agresseur qui n'en sera pas moins condamné à
six mois de Prison. V. l'art. 2. de la Décl. du 12.
mettent par de simples paroles injurieuses ,
Avril 1723. qui fera rapp. dans le tit. de la Jurisd.
comme celles de sot , lâche , traître , ôc. de de MM. les Maréchaux de France.

CHAPITRE
DE L'INJURE, ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. 355

CHAPITRE SECOND.

De VInjure réelle , ou par voie de Fait.

SOMMAIRES.

1. Qu'entend- on par Injure réelle , & ce 9. 30 Qualité des Parties qui la commet
qu'elle a de particulier. tent , ou envers qui elle efl commise.
2. Comment se commet sur les personnes. 1 o. Peine des Injures commises par les En-
3. Comment elle frappe fur l'honneur. fans envers leurs Pères & Mères.
4. Comment elle attaque les biens. 1 1 . Peine des Injures commises par les Do
5 . Ce qu'elle a de différent & de commun avec mestiques envers leurs Maîtres.
l' injure verbale , par rapport a la poursuite. 12. Peine des Injures commises par les.
6. Trois choses à considérer , relativement a Vaffaux ou. Censitaires envers leur Sei
sa Peine. gneur.
7. i°. Motifparticulier qui a porté a la 13. Peines particulières pour les Injures
commettre. concernant les Gens de Robe , & les Plai
8. 20. Sa qualité , ou la manière dont elle deurs.
a été commise.

I.
1. Qu'en- C^Ette seconde eípece d'Injure consiste, Sages-Femmes qui opèrent contre les règles
paMnjuTe comme nous l'avons dit , dans tout ce qui de leur art (2).
réelle , & se sait dans la vue d'offenser quelqu'un,
a départi- ^e a Par conséquent cela de particulier , (1) Injuria autem committitur , cum quis pugno
pulsatus , aut fustibus caesus , vel etiatn verberatus
culier. & qui la distingue également , & de l'In- erit. InJlit.Js. 1. de Injur.
jure verbale , &. de celle par écrit , qu'au (1) f. L. 27. ss. 17. íF. ad Leg. Aquil.
lieu que ces deux dernieres ne tendent pro
prement qu'à attaquer l'honneur , l'Injure III.
réelle peut se commettre tout-à-la-sois
fur la personne , sur l'honneur , & sur les 2°-L'injure réelle frappe aussi fur YHon- j. Com*
neur{\) , comme lorsqu'on attente à la pu- ™a"pees„
biens.
deur d'une femme (2) , ou que , pour l'honneur.
Omnemque Injuriatn , aut in corpus inferri , aut insulter un homme marié , on met des
ad dignitatem , aut ad infamiam : in corpus fit cum
quis pulfatur j ad dignitatem , cum cornes mntronae cornes fur fa porte ; ou bien que l'on met
abducitur ; ad infamiam , cum pudicitia adtcmp- à d'autres quelques signes qui dénotent
tatur. L. i.Js. i.ff. de Injur. l'infamie , commeune roue , une potences) ,
ou lorsque , pour ruiner le commerce d'un
I I. Marchand , on fait mettre le scellé sur ses
effets , fous prétexte de faillite (4) ; qu'on
1. Com- 1 . Elle frappe fur la Personne (i ) , lorsque fait insulte à des Seigneurs & Gentils
Tomme? l'on bat & r°n exCede quelqu'un , soit hommes , en effaçant leurs noms & leurs
furies psr- par des soufflets, coups de poings , coups armes qui seroient dans une Eglise , Ci
íoniK,. (je pjecjs ou ayec bâtons , épées , fu
metière ou ailleurs , en détruisant les mo-
sils , & autres armes ; ou bien qu'on porte numens & les sépulcres de leur famille ,
la main fur lui pour le battre , ou que , ou en mettant delìus quelque chose d'in
fans le frapper , on levé la main ou un famant , en abattant ou mutilant des sta
bâton , ou canne fur lui , ou même lorsqu'on tues (5) ; lorsqu'on affecte du mépris pour
se contente de le pouffer , de le prendre fes Supérieurs , en ne leur rendant point
par l'habit , au collet , qu'on, lui crache les honneurs qui font dus à leur rang &
au visage , qu'on lui jette des ordures , ou à leur dignité ; ou enfin lorsque , pour faire
qu'on les met devant fa porte ; qu'on le Injure , on affeòte de refuser l'entrée , ou
fait mordre par son chien , ou bleíîèr par même de ne point convoquer à une aflèm-
quelqu'autre animal dangereux qu'on n'a blée ceux qu'on sçait en avoir le droit.
pas foin de contenir ; & à plus forte raison ,
lorsqu'on met quelque chose de nuisible (1) Ait Piaetor ne quis ìnsamandi causâ fiat , si
quis adversïis ea fecerit prout quxque res erit ani-
lùr son passage , ou dans son manger , & madvertatn. L. 15.Jp. 15.ff.de injur.
dans fa boisson : ce qui s'applique princi (2) Ad infamiam cum pudicitia adtemptatur.
palement aux Médecins , Apothicaires & V. L. 1. ci-delíus rapp... Sive quis matrem fami-
Y y
5J4 LE5 LOLX CRIMINELLES, Liv. III. Tit. VIL
lias,aut praetextatum,pr«etextatamve sectatus fuerit, quod falsum ptito , si tamen injurias faciendœ causa
sive cujus pudicitia attentata esse dicetur. Inst. Js. i. immittitur. L. 44. ff. de Injur. 1
de Jnjur... Attentari pudicitiae dicetur cum id agi- V. le tit. du ss. Arbor. furt. cœsar. . . . . •
tur ut ex pudico impudicus fiat. L. iQ-ff- de Injur. .... V. encore la L. 5. -ss. 4. ss. de Injur. & la
( i) Híec autem ferè sunt quae ad infamiam L. 17. ss. 19. Sc 2(5. ss. ad Leg. Aquìl.
alicnjus fiunt ut puta ad invidiam alicujus veste
lugubri utitur , aut squalida , aut íì barbam demit- • -V- ■ V.
tat , vel capillos submittat. L. 15. Js. 27. ff. de
Injur.
(4) Si creditor meus cui paratus sum solvere, in Mais ce n'est pas seulement par la ma f. Ce
Ju'elle a
Jnjuriam mèarh fidejussores meos interpellaverit , nière de la commettre , que cette Injure e diffé
Injuriarum tenetur. . 19. ff. de Injur. réelle est distinguée de l'Injure verbale ; rent & de
(5)ConstitutionibusPrincipalibuscaveturea qua elle Test encore par la manière dont on commun
avec l'In
infamandialteriuscausâiniK^numentapublicaposita doit procéder à sa porsuite , & à sa puni- jure ver
sunttollidemedio. L. tf.ffl de Injuriis... Si statua tion> ^ Quant à la POURSUITE, nous bale , par
patris
- tui m mouumcnto -rponta - • , sains caela- est
- : trouvons ces ^ deuxt ,-rr,
différences rapport à
remarqua la
sepulcri violati agi non posse, Injuriarum posse La- pour
beo scribit. L. 27. ibid. bles entr'elles. L'une , en ce qu'au lieu que suite.
l'Injure verbale peuí se poursuivre par la
I V. voie civile , l'Injure réelle , comme plus
grave de fa nature à cause des impref-
4. Com- . 30. Ënfin cette Injure frappe encore sur fions particulières qu'elle fait fur la per-
âttaqneìei ^cs ^uns (O > comme lorsque, dans la feule sonne qui en est l'objet, doit toujours se
biens. envie de nuire , & de faire iníùlte à quel- poursuivre par la voie extraordinaire ; avec
qu'un , fans espérance d'ailleurs d'en tirer cette modification néanmoins , que fi l'on
aucun profit particulier (car autrement ce a commencé la poursuite par la voie ci-
seroit un Vol ) , on dégrade ses biens, soit vile , nos Loix ne permettent plus de re
meubles , soit immeubles , de son autorité venir alors à la voie criminelle , quoi-
privée; qu'on le trouble dans fa jouissance , qu'elles lahTent d'ailleurs aux Juges la fa-
fur-tout après qu'il y auroit été maintenu culté de renvoyer à procéder à fins civiles ,
par Arrêt (2) , ou bien que l'on empêche quand on a pris la voie extraordinaire,
les Commissaires & Gardiens de se mettre Une autre différence , qui est aussi fondée íur
en possession des choses dont la garde leur les mêmes motifs de l'intérêt public, con-
est confiée par la Justice , & en général fiste en ce qu'au lieu que l'injure verbale
lorsqu'on empêche quelqu'un d'user libre- peut s'éteindre par une Réconciliation ta-
ment de fa chose , ou de son droit , ou que cite & par la Prescription d'un an , l'In-
l'on lui cause quelque dommage , comme jure réelle ne peut se remettre , de même
si l'on coupe sejs arbres , si l'on détruit ses que les autres Crimes , que par une cessa-
plantations ; si l'on casse ses portes , ses tion de poursuites pendant l'efpace de vingt
fenêtres ; si l'on tue ou blesse son chien , années ( 1 ). Au surplus , nous voyons d'un
ou ses autres animaux ; si l'on empoisonne autre côté , que cette Injure réelle est assi
ses étangs ; si l'on corrompt son bled & milée à la verbale , quant à la poursuite ,
détériore son vin (3). en ces trois points. Le premier, c'est que
cette Injure pouvant , de même que la
(1) Si quis bona alicujus , vel rem unam per verbale , nous être faite , soit directement
Injuriam occupaverit , Injuriarum actione tenetur. à nos personnes , soit indirectement dans la
L. i$.Js. JI.
personne d'autrui (2) , elle peut aussi , comme
(2) Celui qui aura été dépossédé par violence celle-ci , se poursuivre par tous ceux géné
ou voie de fait , pourra demander le réintégrande
par action civile & ordinaire, & extraordinairement ralement qui ont intérêt de s'en procurer
par action criminelle; & s'il a choisi l'une de ces la réparation , soit qu'ils l'aient reçue dans
deux actions , il ne pourra se servir de l'autre , si ce leurs personnes , ou bien dans celles de ceux
n'est qu'en prononçant sur l'extraordinaire on lui
qu'ils ont dans leur puistance (3), ou aux
eût réservé l'action civile. Ord. de i66j. tit. 18.
art. 2. . . Le Procès fera extraordinairement fait & quels ils ont l'efpérance de succéder , ainsi
parfait à ceux qui , par violence & voie de fait , que nous aurons lieu de rétablir plus parti
auront empêché directement ou indirectement culièrement en traitant de ceux qui peuvent
l'exécution des Arrêts ou Jugemens , 8c seront con
damnés solidairement aux dommages & intérêts de accuser. Le second , en ce que cette pour
la Partie , & responsables des condamnations por suite peut aussi avoir lieu , non - seule
tées par les Arrêts & Jugemens , & en deux cent ment contre ceux même qui ont commis
livres d'amende , à quoi nos Procureurs fur les l'Injure , mais encore contre ceux qui
lieux tiendront la main. Même Ordonnance,
titre 27. art. 7. l'ont fait commettre , ou qui y ont con
couru de quelque manière , soit par compli
( 3 ) Si inferiorum Dominus aedium superioris
vicini fumigandi causâ fumum faceret ; aut íï supe- cité ou autrement (4). Le troifieme enfin , en
rior vicinus in inferiores aides , quid aut projecerit, ce que cette poursuite ne peut se faire vis-à-
aut essuderit negat Labeo Injuriarum agi , posse vis de certaines personnes que nous avons
!

DE L'INJURE, ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. $5$


dit être formellement exceptées par les Lieu , du Motif & de V Evénement* T«lle
Loix , c'est-à-dire , qu'elle ne peut avoir est aussi la règle que nous suivons dans
lieu vis-à-vis des Pères , Mères , Maîtres notre Jurisprudence ; car ( à la réserve des
& Précepteurs qui maltraiteraient leurs Injures qui se commettent entre des Offi
enfans , domestiques , ou écoliers , pourvu ciers Militaires , Gentilshommes , & des
toutefois qu'ils n'eussent pas excédé les .Officiers de Robe , pour lesquels il y a ,
bornes d'une correction légitime : à plus comme nous le verrons dans un moment ,
forte raison vis - à - vis des' Magistrats & des Peines déterminées par des Réglemens
autres qui ne feroient qu'exécuter les ordres particuliers ) nous ne trouvons d'ailleurs
de la Justice (5). II faut encore en dire de dans nos Loix aucune disposition précise
même à l'égard du Mari , pour les mauvais sur le genre des Peines attachées à cette
traitemens dont il uferoit envers fa Femme : espece de délit. D'où il réíulte par consé
l'on veut dire que celle-ci ne pourroit quent que le plus ou moins de rigueur de
le poursuivre criminellement â cet effet , ces Peines doit dépendre principalement
mais seulement intenter contre lui une des circonstances , c'est-à-dire , tant de la
demande en séparation de corps & d'habi qualité de ces Injures considérées en elles-
tation devant le Juge Civil. Mais hors ces mêmes , que de celles des personnes qui
cas particuliers où les voies de fait font les font , ou à qui elles font faites ; mais
formellement autorisées , il est certain que fur-tout du motif ou de la cause particu
toute personne qui s'ingéreroit à se faire ainsi lière qui a porté à les commettre.
justice par soi-même , seroit sujette à être
(1) De Injuria nunc extra ordinem ex causâ &
poursuivie criminellement , comme réfrac personá statui solet. L. 4$.ff- de Injur.
taire à cette Loi générale du Royaume qui
défend toute voie de fait entre particu
V I I.
liers.

(1) V. l' Arrêt de Règlement du 13 Mars 1666. i?. t)'abord , quant au MOTIF ou à la 7. i6.Mo-
Cause qui a porté à faire l'Injure , il faut îif Parti.cu;
(1) Per ícmetipsum alicui fit Injuria , atit per 1 r y y her qui a
alias personas per semetipíìim , cum directe ipsi cuiconsidérer , comme nous 1 avons vu en porté à la
patri familias , vel main familias fit Injuria. Per traitant des causes qui fervent à produire "eramet*
alias , cum per confequentias fit , aut cum fit liberis
le Crime en général , si l'Injure a été faite
meis vel uxori. L. 1. §. ff.de Injur. »
avec dol &. préméditation , ou bien dans la
(3) Item si liberum hominem qui mihi bonâ fide
serviebat quis cseciderit distinguendum , & si in chaleur dun premier mouvement ; ou enfin
contumeliam meam pulsatus , competat mihi Inju- si elle n'a été que l'effet d'une simple faute
riarum actio. 15. §.48.^ de Injur. ou imprudence (1). Nous avons observé que
(4J Non íblùm is Injuriarum tenetur qui fecit dans ce dernier cas elle ne pouvoit donner
Injuriam , hoc est qui percnflìt: verùm ille quoque lieu qu'à de simples condamnations pécuniai
continetur qui dolo fecit vel qui curavit , ut cui
res, qui pouvoientse prononcer par la voie
mala pugno percuteretur... Si mandato meo facta
sit alicui injuria , plerique aiunt, tàm me qui man- civile ; 8c cela non-seulement contre ceux
davi, quàm eum qui siifcepit, Injuriarum teneri 5 qui commettent ces fautes & imprudences, ,
Proculus rcóiè ait si in hoc te conduxerim ut Inju mais encore contre ceux , qui les ont pré
riam facias , cum utroque nostrum Injuriarum agi
poste , quia meâ operá facta sit Injuria ; idemque ait posés à l'acte dont l'Injure est résultée , &
& si filio meo mandavero , ut tibi Injuriam faciat. qui étoient tenus de veiller à leur conduite ,
L. II. §. l.ff. de Injur. comme font les pères & mères à l'égard de
(5) Adjicitur adversus bonos mores ut non omnia leurs enfans , & les maîtres à l'égard de
orrninò qui verberavit , sed qui adversus bonos leurs domestiques , ou même de leurs ani
mores verberavit teneatur ; cjeterùm si quis corri- maux , lorsqu'ils n'ont pas foin de les con
gendi anitno , aut si quis emendandi , non tenetur.
L. 15. §. 38.^ de Injur* tenir : mais c'est ce que nous aurons lieu
d'établir encore plus particulièrement en .
V I. traitant des Délits de Police. Nous avons aussi
observé en même temps , qu'il y avoít de cer
6. Trois z°- Quant à la punition de ces Injures tains cas où la faute &. l'imprudence étoient
^{•^ *r réelles , nous remarquons d'abord que , tellement inexcusables par leur nature ôc
relative- suivant le Droit Romain , ces fortes d'In- leurs conséquences pour l'ordre Public ,
Peise * si> ^ureS ^e Pun^^°^ent Par ^es Peines extraor qu'elles pouvoient donner lieu à la poursuite
dinaires (1) , c'est-à-dire , que les Peines en extraordinaire , & par conséquent à des
dévoient être plus ou moins rigoureuses, condamnations à Peine afflictive ou infa
suivant les circonstances , parmi lesquelles mante. A l'égard des Injures commises par
on confidéroit principalement , comme nous dol & avec préméditation , elles se punissent
l'avons vu en traitant des Causes qui ser plus sévèrement que les autres , en ce que ,
vent à aggraver ou à diminuer le Crime , comme nous l'avons dit , c'est le dol qui
celles tirées de la Personne , du Temps , du forme le principal caractère du Crime ;
Y y 2
3f6 LES LOIX CRIMINE LLES , Liv. m. Tit. VIT.
tellement que la simple machination , lors circonstances peuvent servir à la rendre
qu'elle est manifestée par quelqu'Acte ex plus punissable. Nous en. avons donné pour
térieur , fait dégénérer l'Injure en Assassi exemples , en traitant des causes qui fervent
nat 3 & la rend par conséquent punislable a aggraver le Crime : sçavoir, quant au
de la Peine de ce Crime. Ce n'est donc Temps , comme si l'injure avoit été
proprement qu'à l'égard des Injures qui faite publiquement , & en face de tout le
íè commettent dans un premier mouve monde (4) , ou lorsqu'elle a été faite dans 1«
ment , que , pour juger les différens degrés temps où la personne offensée étoit en ses
de Peines qu'elles peuvent mériter , il faut fonctions , & revêtue de ses habits de céré
considérer les circonstances particulières monie (5) ; & quant au Lieu , comme quand
qui se tirent de la qualité de l'Injure en elle est faite à l'Eglise , dans le Palais du
elle-même , & de la qualité des Parties qui Prince, dans l'Auditoire de la Justice, dans
la commettent , ou envers qui elle a été une assemblée publique , ou même dans
commiíe (2). notre propre maison (6). Nous avons auíïi
remarqué en même temps , que par le lieu ,
( 1) V. Partie Ire ? Iiv. 1. tit. 3. chap. i. les Loix vouloient encore parler de l'en-
z& 3. droit du corps ou la blessure avoit été
{1) Atrocem Injuriant , aut personâ , aut tempore , faite , en déclarant celle faite au visage
aut rc ipía fieri Labeo ait. L. 7. §. 8. si', de lnjur.
plus punissable que si elle étoit faite ail
leurs , fur-tout à l'égard des femmes ,
VIII.
dont la beauté fait le principal appanage (7).
8. 40. Sa 2°. Par rapport à la qualité de l'Injure Enfin , il y a encore cela de particulier à
tíani °rë réelle > ou la maniere dont elle a été l'Injure réelle , & qui la distingue de la
dont elle a commise , il y a plusieurs choses à consi- verbale , c'est que comme elle laisse des
^.esecom" dérer : sçavoir , si cette Injure a été faite traces après elle , on doit auíîì , pour juger
avec aggreiììon ; si elle a été faite avec de fa grièveté , considérer Yévénement qui
armes , si elle a été faite avec avantage , s'en est ensuivi , parce qu'en effet si la mort
ou lorsqu'on étoit accompagné de plusieurs venoit à s'ensuivre de la blessure qu'on
personnes (1) ; si elle a été faite furie corps auroit reçue , fût-ce même après les qua
même de la personne insultée , ou seule rante jours ; & s'il paroissoit d'ailleurs par
ment íùr ses habits (2) ; si elle a été faite le rapport des Médecins que la bleíîùre en
d'une manière cruelle & à coups redoublés , auroit été la cause immédiate , ce feroit le
ou si le coup avoit été porté fur un endroit cas de la Peine de l'Homicide , comme
du corps qui feroit mortel , ou s'il avoit nous l'avons observé en traitant de ce
causé la mutilation d'un membre , ou défi Crime (8). Cette derniere circonstance sert
guré une personne pour le reste de ses auíïi à faire augmenter les Dommages &
jours 5 ou bien si cette injure avoit été faite Intérêts , pour le préjudice que ces sortes
d'une manière ignominieuse , comme si d'Injures peuvent causer dans nos biens.
l'on avoit attenté à la pudeur d'une fem
me ; si l'on avoit attaqué l'honneur d'une ( I ) V. quant aux Injures faites avec aggreflìon
maison , en affichant à la porte une roue & armes , les distinctions faites parl'Edit de 1704 ,
qui fera rapporté à la fin de ce chapitre.
une potence , en mutilant des statues , &
(i) Quaslìionisquod dicimus re Injuria atrociorem
violant des sépulcres. Dans tous ces cas fieri utrum íi corporis inferatur atrox sit , an etii
où l'Injure est de nature à produire des non corporis , ut puta vestimentis scilîìs comite
effets durables & scandaleux , il est certain abducto , vel convicio dicto , & ait Pomponius ,
etiam sine pulsatioue atrocem dici Injuriam , per-
que de simples réparations d'honneur , ou sonâ atrociratem faciente. L. %.ff. de lnjur.
des Peines de Prison ôc d'Abstention des (3) Si rixati fuerint homines , & percilííerit quis
lieux , ne pourroient suffire , & qu'il y auroit mulierem prasgnantem , & abortivum fecerit , si
lieu à des Peines corporelles , afflictives , ipsavixerit subjacebit damno, quantum expetierit
maritus mulieris , & arbitri judicaverint. . . Si au-
ou au moins infamantes , avec des répa tem mors ejus fuerit subsecuta reddet animam pro
rations civiles plus ou moins considérables. animâ. Capit. Car. Mag. Lib. 6. art. iz.
II y a même des cas où les Peines peuvent aller (4) Atrocem Injuriam , aut personà , aut tempore,
jusqu'à celle de Mort , comme lorsque l'In autre ipía fieri Labeo ait. . . Tempore , íìludis & in
confpectu , an Praetoris in conspectu , an in soli-
jure se trouve accompagnée de profanation tudine Injuria facta sit, multùm intéresse ait , quia
&.sacrilège, ou de certaines circonstances qui atrocior est quae in conspectu fiat. L. j.Js. 8. de lnjur.
la font dégénérer dans les Crimes de Rapt , (5) Atrocem sine dubio Injuriam eisefactam mani-
festum , si tibi illata est cum esses in Sacerdotio, &
de Kiol , ou de Y Encife , c'est-à-dire , lorsque
dignitatis habitum & ornamenta pra:ferres , &
cette Injure est commise envers une femme ideò vindictam potes eo nomine perfequi. L. 4.
groiîè , dont on fait périr l'enfant (3). II faut Cod. de lnjur.
ausii considérer , quant à la qualité de l'In (6) Sedsi inThcatro vel in Foro , caedit & vulne-
rat , quanquam non atrociter , atiocem Injuriam
jure réelle , le temps & le lieu où elle a été facit. L. ç).Js. 1. de Jnjur.
commise , parce que l'une & l'autre de ces (7) Vulneris magnitudo atrocitatem facit , & non
DE L'INJURE, ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES. $57
minquam locns vulneris , veluti oculo percusso. L. 7. portée par les Capitulaires de Charle-
fi', de Injur. magne (2), non-feulement contre les enfans
(%) Nihil interest occidat quis , an causam mortis
praebeat. L. 15.fi. ad Leg. Cornel. de Sicar. qui frappent leurs pères & mères , mais
V. ce qui scra dit fur la Prescription du Crime, méme qui les outragent de paroles , & les
sous le titre de ceux qui ne peuvent être accusés. maudissent. Nous avons retenu l'ufage de
cette Peine, relativement aux Injures réelles
I X. qui feroient commises par les enfans envers
leurs pères & mères , comme il paroît par
9 3 '.Qua 30. Enfin , quant à la qualité des per
lité des sonnes qui commettent , ou envers qui l'In- plusieurs Arrêts rapportés par Brillon,
Parties qui BOUCHEL, LA ROCHEFLAVIN, EXPILLY(3)i
la com jure est commise ; c'est par-là principale
mettent , ment qu'on peut suivant la Loi , s'asiurer ce qui s'exécute même avec tant de rigueur ,
ou envers que dès le moment qu'il y a eu plainte
qui elle est du plus ou moins d'atrocité de l'Injure , portée en Justice de la part des pères &
commise. & par conséquent du plus ou moins de
mères , il n'est plus en leur pouvoir de
rigueur qu'on doit garder dans leur puni
soustraire leurs enfans à la vindicte publi
tion (i).L'on ne peut douter en effet, que l'In
que ; eníòrte que ce n'est proprement qu'à
jure réelle , commise par des Ensans envers
l'égard des injures verbales , qu'il paroît
leurs Pères & Mères , par des Domestiques
que notre Jurisprudence s'estunpeu relâchée
envers leurs Maîtres, par des Soldats envers
de la rigueur des Peines portées par nos
les Officiers qui leur font préposés , par de
anciennes Loix. Et encore voyons-nous
simples Particuliers envers des personnes
que même dans ce dernier cas les Cours
distinguées par leur état , tels que gens d'E
ne laissent pas que de sévir d'une manière
glise , Magistrats , Gentilshommes , Officiers
particulière contre les enfans qui ont le
Militaires , & à plus forte raison par des
malheur de se livrer à un pareil excès.
sujets envers leur souverain , ne soient
Nous en avons un exemple remarquable
plus graves & plus punissables que celles
dans un Arrêt de ce Parlement du 8 Août
commises entre des personnes d'une con
1731 , qui décrète de prise de corps un
dition égale. Nous avons déjà eu lieu d'en
fils , pour Injures grossières dites à fa mere.
donner des exemples , quant à la punition
des Injures qui se commettent envers les Ci) Q»i perçussent patrem suum aut matrem ,
gens d' Eglise & envers les Magiflrats , & morte moriatur. Exod. cap. 21. n. x$
autres Officiers ou Minisires de la Justice, . . . Qui maledixerit patri suo aut matri , morte
moriatur : patri matrique maledixit , sanguis ejus
en traitant des outrages faits aux Prêtres ,
sit super eum. Levit. cap. 20. n. 9.
& de la Rébellion a Justice. Nous verons , (2) Qui perçussent patrem suum aut matrem ,
en traitant de la Jurifdiction Militaire , les morte moriatur. . . Qui maledixerit patri suo veí
Peines portées contre les Soldats qui osent matri , morte moriatur. Cap. Car. Magn. L. c.
c. 7 & 8.
en venir . aux voies de ..fait vis-à-vis. , de leurs (3) V. Brillon , verbo Pere... Bouchel , eu
Officiers , comme aufli celles qui font pro- fa Uibl. au mot Injure , en ses Plaidoyers,
noncées dans les Tribunaux du point d'hon
neur , pour les Injures commises entre les
X I.
Gentilshommes & les Gens de Guerre. II
ne nous reste plus par conséquent , qu'à
donner ici des exemples particuliers de la 2°. Injures commises par les domejìiques i,.pe;ne
punition des Injures qui se commettent envers leurs Maîtres. Les mêmes raisons qui des Inju-
ont excité la sévérité de nos Loix contre les "fs..co™"
par des ensans envers leurs pères & mères, miles par
par des domejìiques envers leurs maîtres , personnes de cet état , lorsqu'ils osent s'em- ìesDomes-
par des vassaux envers leurs Seigneurs ; & parer furtivement du bien de leur Maître , "^"eure
enfin , de celles qui se commettent par les les ont auffi armé d'une rigueur particulière Maîtres,
Gens de Robe qui outragent les Gentils contre les Injures &. voies de fait que ceux-
hommes & autres faisant profession des ci osent commettre envers la personne de
armes , ou bien par des Plaideurs qui usent ces Supérieurs (1 ) ,sçavoir ,les conséquences
de voies de fait à l'occasion des Procès qu'ils dangereuses que ne manqueroit pas d'en-
ont entr'eux. traîner l'impunité de ces sortes d'écarts ,
à cause des facisités particulières que donne
(1) Personâ Injuria atrocior fit , ut cum Magis- cet état pour les commettre , & de la diffi
tratui , parenti , patronove fiat. L. 7. §. 8. de
culté de pouvoir s'en garantir. Auffi voyons-
Injur.
X. nous d'après les Arrêts (2), que les Injures
lo. Peine &. mauvais traitemens qui ne feroient pu
des Inju injures commises par les "Enfans en nis à l'égard de tous autres particuliers ,
res com vers leurs Pères & Mères. II en est parlé dans que de simples réparations d'honneur , & de
mises par
les ensans l'Ecriture - Sainte comme d'un Crime des condamnations pécuniaires , ne le font ja-
envers plus détestable , & digne du dernier fup- maismoins , par rapport aux Domestiques ,
leur* Pères
& Mères. plice la même Peine se trouve aussi que de Peines corporelles, dont la plus
358 LES LOIX CRIMINE LLES, Liv. III. Tit. VIL
ordinaire , lorsqu'il ne s'agit que d'Injures Coutume d'Anjou , liv. 2. part. 3. tit. 4. chap. ï.
verbales , est celle du Fouet , à laquelle Papon , liv. 8. tit. 3.
(2) V. les Arrêts du 31 Décembre 1536. &C 23
on joint le Carcan 6c le Bannissement , Septembre 1566. rapp. par LA Rochefl. chap. 22.
lorsque l'Injure a été commise par voie art. 2. & 4.
de fait (3). ' (3) V. Collection de Jurisprudence , au mot
Félonie.
{^)V. la RocHEFL.aumême endroit qu'on vient
(i)Quœdam injuria; à liberis hominibus factae levis de citer.
nonnullius momenti videntur : enim verò à servis
graves sunt : crescit enim contumelia ex persona X I I L
cjus qui coiitumeliam fecit. L. 17. §. 3. ff. de
Iniur.
(z) V. les Arrêts rapportés par DuLUC , liv. 40. Injures réelles commises par des Gens 13. Peine»
tit. 3. LA ROCHEFL.IÌV. 2. tit. 5. art. 4. BOUCHEL ) de Robe ou par des Plaideurs. Comme ces portées
Bibl. Fr. au mot Chambrìtrt. par l'Edit
(3)Fr.auiïilcsdeuxArrêtsdeso Septembre 1712, Injures peuvent donner lieu à des Peines de 1704
& 14 Juillet 1715 , qui font rapp. par Denisard , plus fortes que celles qui se prononcent pour les
au mot Domestique. Injures
dans les Tribunaux du point d'honneur , concer
V. au surplus ce qui fera dit à ce sujet par c'est-à-dire , que leur punition peut être nant les
rapport aux Esclaves de nos Colonies , sous le titre
des Délits de Police. portée jusqu'à des Peines afflictives 6c infa frens de
R obe &
mantes , leíquelles ne peuvent être pronom les Plai
cées que par des Juges ordinaires ; c'est deurs.
X I L
cette considération particulière qui a donné
lieu à l'Edit de 1704, dont nous avons
îî. Peine 30. Injures commises par les Kaffaux en
parlé en traitant de l'Injure verbale , 6c que
des Inju vers leur Seigneur. Ces sortes d'Injures font
res com nous croyons devoir rapporter ici en entier,
mises par connues proprement fous le nom de félonie , avec d'autant plus de Raison , qu'il établit
les Plai quand elles font commises par des Proprié
deurs , des maximes importantes pour tous les
Vassaux , taires de Fief, 6c leur Peine ordinaire est , Jugemens qui peuvent se rendre en cette
Censitai comme l'on fçait , celle de la perte , ou
res,envers Commise du Fief au profit de leur Seigneur. matière , en marquant les divers degrés de
Jeur Sei Peine 6c satisfaction qui doivent avoir
gneur. •Cette peine a même lieu pour de simples
lieu , fuivantles différentes espèces d'Injures.
Injures verbales , telles qu'un démenti (i).
Nous avons vu , fur le Chapitre précédent ^
Elle feroit fans contredit plus forte en fait
ce que cet Edit avoit de particulier relati
d'Injures réelles , 5c pourroit aller jusqu'à
vement aux Injures verbales ; il nous reste
celle de la réparation d'honneur à l'Au
à observer , par rapport aux Injures réelles
dience , & autres que nous avons dit être at
dont il s'agit ici , que cet Edit distingue ;
tachées aux Injures qualifiées , outre la perte
quant à la Peine , 1 °. les coups de main qui
du Fief 6c les Dommages 6c Intérêts (2).
ont été précédés de soufflets ou de coups de
Mais il n'en feroit pas de même des Injures
bâton, de ceux qui ne l'ont point été; 2 ".qu'il
qui feroient commises par de simples Cen
distingue aufii les coups de main qui font
sitaires , lesquels font tenus à des devoirs
donnés par-devant , de ceux qui font donnés
particuliers envers leur Seigneur dont ils
par-derriere , avec surprise , 6c de destein
tiennent originairement ce qu'ils pofìedent ;
prémédité; 30. enfin ceux donnés par une
ce feroit le cas de leur appliquer les mêmes
personne feule 6c fans avantage , de ceux don
Peines qu'aux Domestiques qui fe portent
nés avec avantage, 6c étant accompagné.
à des excès envers leurs Maîtres* L'on trou
Nous allons voir qu'il y a dans tous ces
ve, dans la Collection de DENISARD (3) ,
cas des Peines différentes , 6c que ces Peines
un Arrêt du Parlement de Rouen du 12
consistent dans un temps plus ou moins
Octobre 1754 , qui , pour des Injures ver
long de Prison , outre les satisfactions par
bales ( graves à la vérité , ) proférées par
ticulières qui doivent fe donner à l'offensé.
des Habitans d'Habloville contre la Dame
Nous verrons d'ailleurs que ce n'est pro
de ce lieu , les condamna à lui demander
prement que pour les Injures qui fe com
pardon à genoux , à l'iíîue de la Messe
mettent entre des Plaideurs à l'occasion
Paroissiale. A l'égard des Injures réelles,
des Procès qu'ils ont entr'eux , que doivent
nous en trouvons un autre exemple dans
avoir lieu les Peines afflictives dont il est
un Arrêt du Parlement de Toulouse , rap
parlé dans cet Edit.
porté par LA Rochefl. (4) , qui condamne
plusieurs Habitans d'une Commanderie ,
pour avoir offensé 6c blessé le commandeur
Louis , &c. Les Rois Henri IV & Louis XIII ,
leur Seigneur , à faire Amende-honorable , notre très-honoré Seigneur & Pere de glorieuse
avec Bannissement de la Commanderie , 6c mémoire , ayant , par différends Edits & Déclara
en de grosiès Amendes pécuniaires. tions donnés en conséquence , défendu , sous les
peines y contenues, les combats en duel ot ren
contres préméditées , Nous avons confirmé , dès les
(1) V. Brillon , verbo Félonie ; Bacqi/et , des premières années de notre règne, des-Loix si pieuses
Droits de Justice , chap. 11. . . . Chopin , fur la &si nécessaires pour L conservation de. la Noblesse
/

DE L'INJURE, ET DE SES DIFFÉRENTES ESPECES/ $j<)


de notre Royaume , qui en fait la principale force ; fensé , que mal-à-propos & impertinemment iíl'a
Nous y avons ajouté dans la fuite toutes les pré offensé par des paroles outrageantes , quai les re-
cautions que Nous avons estimé les plus efficaces , connoît fausses fie lui en demande pardon.. Art. II.
pour les faire observer dans toute leur étendue ■ , 8c Que celui qui aura démenti , menacé de coups de
nos Cousins les Maréchaux de France Nous ayant main ou de bâton , tienne Prison durant quatre
proposé de leur part différentes Peines pour pré mois ; 8c qu'après qu'il en sera sorti , il en demande
venir les auerelles entre les Gentilshommes & pardon à l'Offensé avec les paroles les plus capa
autres qui font profession des armes , en punissant bles de le satisfaire. . . . Art. III. Que celui qui
sévèrement ceux qui en offenseroient d'autres par aura frappé d'un coup demain ou autre semblable ,
des paroles outrageantes , par des coups de main tienne Prison pendant deux ans , ii le soufflet ou
8c par d'autres coups , Nous eu avons ordonné l'exé- coup de main n'a point été précédé d'un démenti ,
cution ; 8c Dieu a donné une si grande bénédiction 8c qu'en ce cas il demeure eu Prison durant un an
fur les foins différens que Nous avons continué de seulement , 8c que dans l'un ou l'autre cas , il se
prendre pour les faire exécuter, que le succès ayant soumette à recevoir des coups semblables de l'Of
répondu aux espérances que Nous avions eu lieu fensé , 8c qu'il lui demande pardon. . . Art. IV.
d'en concevoir , Nous avons eu Ja satisfaction de Que celui qui aura frappé de coups de bâton après
voir presqu'entiérement cesser sous notre regne ces avoir reçu un soufflet ou coup de main , tiendra
funestes combats qui se pratiquoient dans notre Prison durant deux ans, 8c s'il n'a point été frappé
Royaume , par une opinion invétérée qui régnoit auparavant , qu'il y sera tenu durant quatre ans ;
depuis tant de siécles dans l'esprit de ìa Nation , 8c qu'après qu'il eu sera sorti , il demande pardon
contre le respect qui est dû aux Commandemens à l'Offensé. . . Art. V. Que les Juges puissent or
de Dieu 8c à notre autorité : mais comme il se donner , en tous les cas ci-dessus , que lefdites sa
pourroit trouver dans la fuite quelques personnes , tisfactions se feront en présence de telles personnes,
même du nombre des Officiers qui font profession 8c seront exécutées eu présence d'un Greffier ou
de la robe , qui s'oublieroieut jusqu'au point d'ou autre Officier qu'ils estimeront a propos de nommer
trager , en différentes manières , des Gentilshommes 8c de commettre , dont il sera dressé Procès-
8c autres Personnes qui font profession des armes , verbal. . . Art. VI. Celui qui aura offensé 8í ou
8c que les Juges établis dans uotre Royaume pour tragé sa Partie à l'occasion d'un Procès intenté 8c
juger & punir en leurs personnes les Crimes de poursuivi devant les Juges ordinaires , pourra ,
cette nature qu'ils pourroient commettre , ne outre les Peines spécifiées ci-dessus , être encore
pourroient pas prononcer contr'eux les Peines 8c les condamné au Bannissement , ou à s'abstenir , pendant
satisfactions convenables à telles offenses , si elles le temps que les juges estimeront à propos , des
n'étoient établies auparavant par notre autorité. A lieux où il fait fa résidence ordinaire... Art. VII.
ces causes , 8c voulant prévenir des excès qui mé Celui qui aura frappé seul 8c pardevant de coups
ritent une punition encore plus sévère en leurs de bâton , canne ou autre instrument de pareille
personnes que dans celle des autres , Nous avons dit nature de dessein prémédité , par surprise ou avec
8c déclaré , disons 8c déclarons , par ces Présentes avantage , sera condamné à tenir Prison pendant
signées de notre main , ce qui fuit. Article Pre quinze ans ; 8c celui qui l'aura fait par-derriere ,
mier. Que celui de nos Officiers ou autre Personne ( quoique seul ou avec avantage ) en se faisant
qui fera profession de robe , qui aura proféré , fans accompagner ou autrement, sera enfermé dans une
sujet , des paroles injurieuses contre quelqu'un , Prison durant vingt ans dans des lieux éloignés de
comme , sot , lâche , traître , ou autres semblables , trente lieues de celui où l'Offensé fera sa demeure
fans que lcfdites paroles aient été repoussées par ordinaire. Si donnons en mandement , Sec. Edit
d'autres semblables ou plus graves , puisse être con du Roi en Septembre 1704. reg, en Parlement le 3 1
damné à tenir Prison pendantdeuxmois •■, 8c qu'après du mime mois.
qu'il en sera sorti , il soit tenu de déclarer à l'Of-

CHAPITRE TROISIEME.

De Vlnjure par écrit y ou Libelle diffamatoire,

SOMMAIRES.

I. Quentend-on par Libelles diffamatoi 6. Peine des Libelles contre de Jîmples Par
res ? ticuliers.
z. Ce qui rend cette Injure plus grave que 7. Deux conditions requises par la Loi ,
les autres. pour [application de la Peine en ce der
3 . Punie par toutes les Loix. nier cas.
4 Sa peine suivant le Droit Canonique. 8. Comment se sait cette application , fui-
5. Peine des Libelles contre [Etat & la vant notre Jurisprudence.
Religion.
I.

tek?-UÒT Sous le nom de Libelles diffamatoires core de ceux qui sont signés par les Parties ,
par Libel- nous ne voulons pas parler seulement de tels que Lettres , Billets , Mémoires t
ses diffa- ces Ecrits furtifs qui se distribuent sans nom Requêtes , imprimés ou non , lorsqu'ils
d'Auteurs , comme Placards 3 Chansons , tendent à la diffamation d'autrui. Nous
Vers , Pasquinades , Hijloriettes ; mais en- compr.enons aussi fous ce nom les diffa
360 LES LOIX CRIMINE LLES , Liv. III Tir. Vil.
mations qui se font autrement que par écrit , Peines des Séditieux (3). Ces Loix ont été
comme celles par Gravures , Peintures , renouvellées par des Réglemens du Con
Estampes , & autres choses semblables. seil , & en dernier lieu par la Déclaration
de 1757 (4) , que nous avons rapportée en
(1) Si quis librum ad infamiam alicujus perti- entier fous le titre de VAthéisme , suivant
nentem fcripscrit , composuerit , ediderit , dolove
malo fecerit, quo quid eorum fieret : etiamsi altc- laquelle il y a peine de Mort portée , non-
rius nomine ediderit , vel fìne nomine utj de ea r< feulement contre tous ceux qui seroient
agereliceret j & si condemnatus sit , qui id fecit , convaincus d'avoir composé , fait composer
intestabilis ex Lege esse jubetur. L. 5. §. 9. ff. de ou imprimer , mais même contre les Im
Injur. & samos. libell.
primeurs , Libraires , Colporteurs , & autres
I I. qui auroient répandu dans le Public , des
Libelles qui tendent à attaquer la Religion
1. Ce qui C'est ici , fans contredit , de toutes les & l'Etat (5).
rend cette Injures , la plus grave de fa nature., en ce
grave que qu'au neu °iue ^es autres peuvent n'être que
(1) Si quis famosum libellum sive domi , sive
les autres. l'efFetd'un premier mouvement, & ne laisser in publico , vel quocumque loco ignarus repererit ,
que des impressions passagères qui peuvent aut corrumpat priusquam alter inveniat , aut nulli
aisément s'effacer avec le temps ; celle-ci , confiteatur inventum. Si verò non statim easdem
au contraire , suppose nécessairement une chartulas , vel corruperit , vel igni consumpserit j
sed vim earum manifestaverit , sciât se quasi aucto-
malice réfléchie , qui laisse des traces subsis rem hujusmodi delicii capitali sententiae stibju-
tantes íùr le bien le plus précieux de la gandum. Sanè , si quis dcvotionis fuse , ac salutis
vie civile , &. dont la perte est la plus dif pubiicas custodiam gerit : nomen suum profiteatur',
& quœ per famosum [ libellum ] persequenda puta-
ficile à réparer, qui est V Honneur.
verit , ore proprio edicat : ita ut absque ulla trepi-
datione accédât , sciens , quidem , quod íì adsertio-
nibus fuis veri fides fuerit opitulata , laudem
III. maximam, & praemium à nostra clementia conse-
quetur : lin verò minimè héec vera ostenderit ,
3. Punie Aussi voyons-nous toutes les Loix , tant capitali Pœna plcctetur. Hujusmodi autem libellus
alterius opiniouem non lxdat. L. 1. Cod. de samos.
feYLoix" Civiles que Canoniques , s'élever également libell.
contre cette espece d'injure , comme la plus
(2) Défendons à toutes Personnes , fur peine de
contraire à l'ordre de la société humaine ,
Confiscation de corps & de biens ,de faire ni semer
en même-temps qu'aux principes de la cha Libelles diffamatoires , attacher Placards ni mettre
rité chrétienne. eq évidence aucune autre composition ds quelque
chose qu'elle traite' , fans permission du Grand-
I V. Sceau , & à tous Libraires d'en imprimer aucuns , à
peine d'être pendus & étranglés. Lett. Patent.
du 10 Septembre 1563.
4.SaPei- Suivant les Loix Canoniques , il y a
(3) Défendons pareillement à tous Sujets du
le Droit 1 Pe*ne d'Excommunication contre ceux qui Royaume d'écrire, imprimer , exposer en vente ,
Canoni- osent afficher ces sortes d'écrits ou pla publier & distribuer aucuns Livres , Libelles ou
que, cards dans les Eglises , de même que contre Ecrits diffamatoires imprimés ou écrits à la main ,
les Auteurs (1). II y a aussi , suivant ce contre l'honneur Se la renommée des Personnes ,
notamment concernant notre Personne , celle de
même Droit , peine de Fouet contre les nos Conseillers, Magistrats 8c Officiers, ou contre
Clercs qui tombent dans ce Crime (2). les affaires publiques & le Gouvernement , &c. à
peine d'être punis comme Criminels de Lcse-
(1) Si qui inventi fuerint famosos libellos in Majesté. Ord. de Janvier 1619. art. 179.
Ecclesiâ ponere , anathematizentur. Can. 3. cauf. 5.
qu. 3. (4) Ceux qui imprimeront , vendront , exposeront ,
distribueront ou colporteront des Livres ou Libelles
(2) Qui in alterius famam publicè scripturam ,
contre la Religion , le service du Roi , le bien de,
aut verba contumeliosa , confixerit , & repertus
l'Etat , la pureté des mœurs , l'honneur & la répu
íbripta non probaverit , flagelletur : & qui ea priùs tation des familles oi des particuliers , seront punis
invenerit riimpat , si non vult auctoris fadti causam suivant les rigueurs des Ordonnances ^ & qu'à l'é-
iacurrere. Can. 1. cauf. 5. qu. 1. gard des Imprimeurs , Relieurs & Colporteurs , ils
seront en outre privés & déchus de leurs privilèges
ÔC immunités , & déclarés incapables d'exercer leur
V.
profession fans pouvoir jamais y être établis. Régi,
du Cons, du 28 Février 1725. art. 99.
5. Peine Dans le Droit Romain , il y avoit Peine
fes 1 lbel" capitale prononcée indistinctement contre [5] Tous ceux qui seront convaincus d'avoir
les contre r * composé , fait composer ou imprimer des Ecrits
l'Etat&ia les Auteurs & distributeurs de Libelles tendans à attaquer la Religion , à émouvoir les
Religion. attaquoient l'Autorité souveraine , ou esprits , à donner atteinte à í'auterité du Roi , & à
troubler l'ordre & la tranquillité de l'Etat , seront
bien la Religion (1). C'est aussi principale punis de Mort... Tous ceux qui auroient imprimé
ment contre ces sortes de Coupables qu'ont lesdits Ouvrages , les Libraires, Colporteurs & au
été rendues les premières Loix du Royau tres Personnes qui les auroient répandus dans le
Public , seront pareillement punis de Mort. DÉc.
me, qui les déclarent Criminels de Lefe-
de 1757. art. 1 & z. f. cette Loi rapp. en entier
Majejié (2) , & , comme tels , sujets aux fous le titre de XAthéisme , &c.
VI.
DE L'INJURE , ET DE SES DIFFÉRENTES EáPECES. 361
des formes prescrites parles Ordonnances ;
V I. (or, quelles doivent être ces formes ? C'est ce
que nous aurons lieu d'établir d'après les
6. Peine Nous voyons auflì , d'aprês cette der- dispositions des Réglemens particuliers
fe" comrê mere ' (lu'e^e disiingue > quant à la pour la Librairie 8c Imprimerie , que nous
de simples Peine , les Libelles 8c Ecrits de la qua rapporterons dans un moment íbus le titre
Particu lité dont nous venons de parler , de ceux
lier» des Délits de Police). L:'autre , que cette
qui n'intéressent que la réputation des Par Loi s'en rapporte à la prudence des Juges
ticuliers , en ce qu'au lieu de la Peine ca {>our l'application de cette Peine , suivant
pitale qu'elle veut avoir lieu indistinctement 'exigence des cas.
contre les premiers , cette Loi se contente
d'ordonner , pour les derniers , lorsqu'ils (1) A Tégard de tous les autres Ecrits, de quel
ne se trouvent pas d'ailleurs revêtus des que nature qu'ils soient , qui ne sont pas de la
fw-mVprescrites par les Ordonnances , la 9ua,itf, Por.tée «• IWcle premier , vouions que ,
1 n 1 i > 11 - xaute d avoir observe les formalités prescrites par
peine des Galères a perpétuité , qu elle veut nQS Ordonnances , les Auteurs , Imprimeurs , Li-
étre prononcée par les Juges , suivant 1 exi- braires , Colporteurs & autres Personnes qui les
gence des cas. Ce font auíîì les Libelles de auroient répandues dans le Public , soient condam-
cette derniere espece qui ont fait l'objet nés aux Galères à perpétuité ou à temps , suivant
f
particulier de la plupart des Loix que nous Exigence des cas. D^lar. du Roi de 1757. art. 3.
avons fur cette matière. L'on veut parler des
VIII.
Capitulaires (1) des Edits de Charles IX,
en 1561 (2), &en 1571 (3) , renouvellés
C'est en conséquence de la faculté laiíìee 8. Com
par l'Ordonnance de Moulins (4) , suivant
aux Juges par cette derniere Loi , que nous fc-f"ce„e
lesquels ily a auslì Peine corporelle, fçavoir,
voyons , par les Arrêts qui font intervenus applica-
celle du Fouet pour la première fois, & de la sui-
en cette matière ', que
* les Cours
_ font dans vain uuui
vie pour la seconde , tant contre les Im l'ufage • de ne prononcer les Peines corpo- Jurispru-
primeurs 8c semeurs de Placards & Libelles relles dont 011 vient de parler , que dans dence'
diffamatoires , que contre les Auteurs &
les cas où la diffamation portée , par cçs
Compositeurs de ces Libelles.
Libelles feroit des plus graves , soit par
(1) Qui in alterius famam publicè scripturam , l'atrocité des Crimes qui feroient imputés
aut verba contumeliosa confinxerit , & repertus calomnieufement par ces íbrtes de Libelles ,
sçripta non probaverit , flagelletur , & qui ea prius soit par la qualité distinguée des Parties
invenent , rumpat , si non vult auctores facti cau- contre lesquels ils feroient composés ; 8c
fam incurrere. Çapit. £.7. art. zj$.
que pour les autres Libelles on se contente
(a) Voulons que tous Imprimeurs , Semeurs &
Vendeurs de Placards & Libelles diffamatoires , de prononcer l'Amende honorable avec le
soient punis pour la première fois du Fouet , & Bannissement à temps. A quoi l'on joint
pour la seconde fois de la Vie. Décl. de Charles IX. la Lacération par la main du Bourreau ,
en 1 561. art. 13. 8c la condamnation au Feu de ces mêmes
(3J Défendons , à peine de punition corporelle, Libelles , lorsqu'ils font évidemment ca
tous Libelles , Livres peints & Portraits diffama
lomnieux , ou qu'ils contiennent des im
toires , & fera procédé extraordinairement , tant
contre les Auteurs , Compositeurs , Imprimeurs , putations graves , comme celles de Crimes
que contre ceux qui les publieront à la diffama capitaux. Nous voyons aussi , que ces Cours
tion d'autrui. Ordonn. de Charles IX. en 1571. distinguent , parmi ces Libelles , conformé-
art. 10. Ir , , , . „ . ment à la disposition du Droit Romain , (1)
(4) Défendons tres-etroitement à tous nos Sujets . > •„„ c..Z.*:c a, „ „ : r
• • Sr„ f . les écrits rurtirs oc anonymes qui lont ìm-
d eenre , imprimer oc expoler en vente aucuns Li- . , r . * j r f
vres, Libelles ou Ecrits diffamatoires Scconvicieux pnmes lans être revêtus des formes pref-
contre l'honneur &c la renommée des personnes , crites en fait d'Imprimerie , de ces écrits
fous quelque prétexte ou occasion que ce soit , & injurieux qui se font 6c se débitent ou
déclarons tels Scripteurs , Imprimeurs & Ven vertement dans le cours du Procès comme
deurs , & chacun d'eux infracteurs de paix & per
étant signés par les Avocats & par les
turbateurs du repos public , & comme tels voulons
qu'ils soient punis des peines contenues ès Edits Parties , tels que font les Mémoires 8c
du Royaume ; enjoignons à nos Sujets qui ont tels Requêtes , Imprimés \ l'ufage est , dans ce
Livres ou Ecrits de les brûler , fur les peines des dernier cas, d'ordonner la suppression de
dits Edits. Ordonn. de Moulins , art. 77. ces Mémoires 8c Requêtes , avec une Ré
paration d'honneur par écrit. On se con
VII.
tente même de la simple Suppression, lorsque
7. Deux
conditions Nous venons de voir que, suivant la dis- ces Mémoires font injurieux , fans calom-
requises position de la Déclaration de 1757(1), pour nie ( 2 ). Ce qu'on peut dire à plus forte raison
par la Loi
pour l'ap que la peine des Galères qu'elle ordonne des Ecrits fous signature privée , comme
plication relativement à ces fortes de Libelles puisse Lettres mijjìves 8c autres semblables , dont
de la Pei
ne en ce avoir lieu , il falloit deux choses ; Yune l'effet n'est point aussi dangereux , parce
""dernier que ces Libelles ne fussent point revêtus qu'ils ne se répandent point avec le même
cas.
Zz
362 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. III. Tit. VIII.
éclat, & qu'ils ne deviennent publics que men adjectum sit, & jure communi injuriarum agi
par l'indiscrétion de ceux à qui ils font poterit. Nec enim prohibendus est privato agere
judicio quod publico judicio praejudicatur : quia
confiés. L'on est même dans l'usage, en
ad privatam causam pertinet. Plané si actum sit
ce dernier cas , de ne point admettre Fac publico judicio , denegandum est privatum : simi-
tion en Injure (3). liter ex diverfo. L. 6 .ff. de Injur. & samos. libcll.

(1) Quod Senatusconsultum neceffarium est cum (1) V. Imbert , liv. 3. chap. xx. Papon , liv. 8.
nomen adjectum non est ejus in quem factum est , tit. 3.
tune ei ,quia difficilis probatio est , voluit Senatus (3) V. l'Arrêt du 1 5 Mai 1688. rapp. au Journ.
publicâ qusstione rem vindicari. Cacterum si no- des Aud. tome f.

TITRE HUITIEME-

Des Délits contre la Police.

SOMMAIRES.

1. Qu'entend-on par Délits de Police , & en . 4. Juges particuliers en cette matière.


quoi font diflingués des autres. 5. Différens objets Jur lesquels peuvent se
2. Ce qu'ils ont de particulier quant a la commettre ces Délits.
Peine. 6. Réglemens de Police dont il n'ejl point
3. Ce qui les diflingue quant a leur Pour parlé icu
suite.
L

i- Qu'en- Nous appelions Délits de Police toute de la Procédure extraordinaire , & à l'Au-
par Délits Contravention aux Réglemens particuliers dience.
de Police, faits pour la Police extérieure de TEtat. I V.
somdufi» Ces Délits íbnt distingués de ceux dont
gués des nous venons de parler , par trois endroits 3*. Enfin quant à la qualité des Juges
*utres* principaux ; sçavoír , par la manière de les qui doivent connoître de ces Délits , il y cuej1
a encore cela de particulier , qu'au lieu cette mad
punir , par celle de les poursuivre , & enfin que les autres Crimes font de la Compé- nere*
par la qualité des Juges qui en doivent
tence de tous Juges ordinaires en géné
connoître.
ral, la connoifsance . des Délits de Po
1 r.
lice est principalement réservée à certains
Quant à leur Peiné, ces Délits font JuSes qui/ont préposés singulièrement à
I." Ce
ou ils ont distingués des autres Crimes , en ce qu'au cette partie de la Justice contentieuíe ; tels
departicu- i- • n 1 que font les Lieutenans-Généraux de Po
lier quant neu ^ ceux-ci font punissables de leur
à la Peine, nature, comme troublant directement Tor lice dans les Villes ; les Prévôts des Ma
dre public ; les Délits dont nous parlons réchaux , & les Juges Seigneuriaux dans
ici ne deviennent íujets à quelque Peine , les Campagnes ; les Trésoriers de France
qu'autant que ces Peines fe trouvent atta pour ce qui concerne la police des Rues
chées à la violation des défenses portées & des Chemins royaux & publics j les Juges
par les Réglemens particuliers qui ont été dfs Ça.ux ^ Forêts pour le fait de la police
rendus à ce sujet • enforte que c'est cette des Bois , de la Chaise & de la Pêche ; les
violation qui forme proprement le Délit Juges de l'Amirauté pour la police des
en cette matière. Havres & des Ports ; les Juges Militaires
pour la police des Troupes , tant fur mer
I I I. que fur terre ; les Juges d Eglise pour la
police Ecclésiastique ; & enfin les Corn-
3. Ce qui 20. Quant à leur Poursuite , ces Délits font missaires départis dans les Provinces pour
gue quant au^' distingués des autres Crimes , en ce de certains cas de Police qui leur íbnt ípé-
a leur qu'au lieu que ceux-ci font , de leur nature , cialement attribués par des Arrêts du Con-
poursujte. susceptibles de la poursuite extraordinaire , feil. Nous aurons lieu , en traitant de la
comme devant donner lieu à des Peines pu- Compétence de ces différens Juges , de rap-
bliques & exemplair.es , les Délits de Police porter les Edits d'Attributions particulières
ne devant au contraire être punis ( du moins qui leur ont été faites à ce sujet. Nous obfer-
pour la première fois ) que par des con- verons feulement ici en général , que les Ju-
damnations pécuniaires , doivent s'instruire gemens qui fe rendent en cette matière font
& fe juger sommairement, fans l'appareil exécutoires par provision & nonobstant l'ap-
\

DES DÉLITS CONTRE LA POLICE,


pel. II y enya même qui se rendent en der- laPolice particulière qui s'exerce dans lesTri. Police
nier ressort par le Lieutenant-Général de bunaux Eccléfiafliques & Militaires parce n?ft 'ilK
Police de cette Ville de Paris , comme nous que nous aurons lieu d'en parler , en trai tant parlé ici.
le verrons en traitant de la Jurifdictíon de l'une & de l'autre de ces Jurisdictions.
particulière de ce Magistrat. Nous ne parlerons point Hon plus des Ré-
V. glemens de Police qui concernent le Luxe ,
sens^bT re^e 9 nous a^ons vo*r ' d'après les & qui font connus autrement fous le nom
jets fur les- dispositions des divers Réglemens dont la de Loix Somptuaires , parce que ce ne
P«- contravention forme les Délits dont il font proprement , comme l'on fçait, que
commet- s 'agit , qu'ils roulent íur ces dix Objets des Loix de circonflances. L'on veut dire
trecesDé^ principaux , qui vont faire la matière d'au- que ces Réglemëns ayant pour objet de
tant de Chapitres particuliers; fçavoir , réprimer les excès dans les dépenses , soit
1 °. íùr le Culte extérieur de la Religion y pour la table , soit pour les habits , soit
1°. fur ies Mœurs ; 30. fur les Jeux défen- pour les ouvrages d'Orfèvrerie , leur appli-
dus ; 40. fur les Mendians , Vagabonds , & cation a cesié avec les circonstances qui
Gens fans aveu ; 50. fur les Contreban- y ont donné lieu. C'est aussi par cette
diers, 6°. fur les Esclaves de nos Colo- raison que , dans la discussion où nous
nies ; 70. fur la Librairie & Imprimerie ; allons entrer des Réglemens particuliers
8°. fur les Vivres & Boisions ; 90. fur la qui concernent les dirîerens Objets que
• fureté & commodité des Rues des Villes , nous venons d'indiquer , nous ne nous arrê-
& Port d'Armes fans permission ; 1 o°. enfin terons à rappeller ici que ceux qui font '
fur la Police des Campagnes en fait de actuellement en vigueur , & dont l'exé-
Bois , de Chaise , & de Pêche. cution fe trouve ordonnée par les der-
V I. nieres Loix qui ont été rendues en cette
6. Régie- Nous ne dirons rien ici , de ce qui concerne matière.
mens de . 1

C H A P I T R E P RI M I E R.

Des Délits concernant la Police en fait de Religion , ou des Assemblées


tenues pour l'exercice d'autre Religion que la Catholique ; des Irre've'rences
dans les Eglises ou les Cimetières ; de /'Inobservation des Dimanches &
Fêtes , & de celle des jours d'Abstinence ; du Trouble dans Tordre
des Processions , & enjin des Abus dans les Confrairies & dans les
Pèlerinages.

§. I. Assemblées pour Vexercice Vautre Religion que la Catholique.

ìNous avons une foule de Loix , tant les hommes , & de la Détention aussi per-
anciennes que nouvelles , qui contiennent pétuelle contre les femmes , 6c qu'elle a de
des défenses les plus expresses à ce sujet, plus ajouté celle de Mort contre ceux qui font
notamment les Edits de Février 1561 , & ces sortes d'aslemblées en armes. Au reste
Septembre 1668 (1). A quoi il faut joindre nous voyons que pour d'autant mieux
la Déclaration du 26 Janvier 1663 (2) , assurer l'exécution de ces premières Loix ,
qui veut que les Idolâtres & Mahométans il est fait des défenses particulières, par cette
qui voudront fe faire Chrétiens, ne puissent même Déclaration (4), de recevoir dans
être instruits ni faire profession d'autre Re- aucun office ou fonction publique , soit
ligion que la Catholique , Apostolique & en titre , soit même par commission , ceux
Romaine. Mais la derniere Loi qu'il faut qui ne rapporteront pas une attestation du
consulter principalement íur cette matière , Curé , ou en son absence , du Vicaire de
est la Déclaration du 14 Mai 1724 (3), la Paroisiè dans laquelle ils demeurent ,
qui a renouvellé par rapport aux Pro- de l'exercice actuel qu'ils font de la Reli-
te'flans , la disposition des Loix précéden- gion Catholique, Apostolique & Romai-
tes contre ceux qui s'assemblent pour l'exer- ne. C'est aussi par une fuite dés mêmes
cice d'une autre Religion que la -Catholi- précautions que, par une nouvelle Loi
que, à la réservé seulement qu'elle a con- intervenue en 1 7 3 8 (5), il a été défendu
verti la peine de la Confiscation de corps d'inhumer ceux à qui la sépulture ecclé-
& de biens , prononcée par ces premières , siastique n'est point accordée , qu'après en
en celle des Galères perpétuelles contre avoir obtenu la permission du Juge de Po-
, - -2ì 2
564 LES LOIX CRIMINE LLES , Liv. III. Tit. VIII.
lice des lieux , laquelle doit ,être donnée été .reçues & soussertes. Si donnons en mandement,'
par une Ordonnance rendue fur les Con &c. Déclar. du 26 Janvier 1663.
clusions du Ministère public, où il fera (3) Voulons & Nous plaît que la Religion Ca
tholique,;Apostolique & Romaine ,soit feule exer
fait mention du jour du décès , du nom &
cée dans notre Royaume , Pays & Terres de notre
qualité de la personne décédée. obéissance ; défendons à tous nos Sujets , de quel-
qu'état , qualité & condition qu'ils soient , de
(1) N'entendons approuver deux Religions dans faire aucun exercice de Religion autre que ladite
notre Royaume , mais une, celle de notre Mere Religion Catholique , & de s'assembler , pour cet
la Sainte Eglise , en laquelle nos Prédécesseurs ont effet , en aucun lieu , & sous quelque prétexte que
vécu ; défendons , à peine de confiscation de corps & ce puisse être; à peine , contre les hommes, des
de biens , à toutes Personnes , fans distinction de Galtres perpétuelles , & contre les femmes d'être
qualité & condition , tout exercice de Religion au rasées & renfermées pour toujours dans les lieux que
tre que la Catholique , Apostolique & Romaine. nos Juges estimeront à propos , avec confiscation
Ord.des^ Février 1561.0" Septembre 1668. des biens des uns & des autres , même à peine de
Mort contre ceux qui se seront assemblés en armes...
Déclar. du 14 Mai 1714. art. 1. j
(i)JLiOUIS, &c. Les soins continuels que Nous (4) ... . Ordonnons que , suivant les anciennes
prenons pour la conversion de ceux de la Reli Ordonnances des Rois nosPrédéceffeurs , ôcl'ufage
gion Prétendue Réformée , ont déjà eu de fi heu observé dans notre Royaume, nuls de nos Sujets ne
reux succès , que Nous avons lieu d'espérer de la pourra être reçu en aucune Charge de Judicature
bonté divine que ce qui reste de nos Sujets de ladite dans nos Cours , Bailliages , Sénéchauffées , Prévô
Religion , connoissans enfin les erreurs dans les tés & Justices , ni dans celles des Hauts-Justiciers,
quelles ils sont à présent engagés , rentreront dans même dans les places de Maires & Echevins , &C
le scia de l'Eglise , pour y trouver leur salut , que autres Officiers des Hôtels-de-Ville , soit qu'ils
nous souhaitons avec tant d'ardeur de leur procu soient érigés en titre d'Office, ou qu'il y soit pourvu
rer; & comme nous sommes informés que dans par élection ou autrement , ensemble dans celles de
le nombre considérable de Gens de toutes Nations Greffiers , Procureurs , Notaires , Huissiers & Ser-
& Religions qui abordent dans notre Royaume ; gensfde quelque Jurisdiction que ce puiffeêtre , &
il y en a eu quelques-uns , par le passé , qui , étant généralement dans aucun Office oufonclion publique,
tombés entre les mains de ceux de ladite R. P. R. soit en titre ou par commission , même dans les
ont été instruits dans leur fausse Doctrine , Nous Offices de notre Maison & Maisons Royales , fans
avons estimé nécessaire d'y pourvoir à l'avenir , ÔC avoir une attestation du Curé , ou , en son absence ,
d'empêcher qu'on ne puisse abuser de leur igno du Ficaire de la Paroisse dans laquelle ils demeu
rance, pour les engager dans une Religion contraire rent , de leurs bonnes vies 8c mœurs, ensemble de
à leur salut. A CES CAUSES , &c. que tous Maho l'exercice actuel qu'ils font de la Religion Catho
métans & Idolâtres qui voudront se faire Chrétiens, lique, Apostolique & Romaine. Même Déclar. de
ne puissent être instruits ni faire profeífion d'autre 1714. art. n.
Religion que de la Catholique , Apostolique & (5) Ne seront inhumés ceux auxquels la sépul
Romaine : faisons défenses aux Ministres de la ture ecclésiastique ne sera pas accordée , qu'en ver
R. P. R. & aux anciens des Consistoires , de souf tu d'une Ordonnance du Juge de Police des lieux,
frir les Personnes de la qualité susdite dans leurs rendue fur les conclusions de notre Procureur , ou
Temples & Assemblées , fur peine d'amende arbi de celui des Hauts-Justiciers , dans laquelle Or
traire, qui ne pourra être moindre que de la somme donnance fera fait mention du jour du décès & du
de 500 livres, d être privés pour toujours de faire nom & qualité de la personne décédée ; & fera
aucunes fonctions de leur ministère dans notre fait au Greffe un Registre des Ordonnances qui
Royaume , & à'interdiclion pour jamais de l'exer- seront données audit cas , fur lequel fera délivré
cice de la R. P. R. dans les Temples & autres des extraits aux parties intéressées. Déclar. du 9
Heux où les Personnes de la qualité susdite auront Avril 1736. art. 13.

§. II. Irrévérences di ns les Eglises 6* Cimetières.

L'ON veut parler de celles qui , fans Particuliers (6) , & même ceux concer
former absolument ce qu'on appelle trouble nant le Domaine du Roi (7) ; lorsqu'on
au Service divin, & violation de Sépulcre affiche des Pieces de Théâtre à la porte
dont nous avons parlé en traitant des Crimes des Eglises (8) 20. A l'égard des Cime
de Lefe Majesté divine , tendent à causer du tières, lorsqu'on y étale des marchandises ,
scandale , & à blesser le respect dû aux lieux ou qu'on y tient des Foires & Marchés (9),
saints (1) , sçavoir , i°. quant aux EGLISES , II y a dans tous ces cas , outre les censures
lorsqu'on y donne des spectacles profanes Ecclésiastiques , peine d'Amende & de
& indécens (2) ; lorsqu'on s'y promené (3) , Prison suivant les Loix & Réglemens par
qu'on ne s'y tient pas dans une posture dé ticuliers que l'on va rapporter ici.
cente , íùr-tout pendant la célébration de
(1) Pavete ad Sanctuarium meum , ego Domi-
la sainte Messe , & les jours solemnels (4) ,
nus. Levit. 26. Nolite facere dorrrum patris mei,
que l'on y tient des propos de négociation domum negociationis. Joann. 2. 16. Domus mea
& affaires particulières (5) ; qu'on y pu domus orationis vocabitur : vos autem fecistis fpe-
blie des annonces concernant les affaires luncam Latronum.^uttA. 21. v. 13.
temporelles , comme font les actes de Jus (2) Turpem etiam illum abusum inquibusdam
tice £t autres qui regardent l'intérêt des frequentatum Ecclesiis , quo in certis anni celebri
DES DÉLITS CONTRE LA POLICE. tff
tatibus nonnulli cum mitrâ , baculo , ac vestibus cas. Et fera la présente Ordonnance lue , publiée
Pontificalibus , more Episcoporum benedicunt, alii & affichée par-tout oìi besoin sera , à ce que per
ut Reges ac Duces induti , quod Festum íatuorum sonne n'en prétende cause d ignorance^ Ord. du
vel innocentium, íèu puerorum in quibusdamre- 11 Décembre 17^9.
gionibus nuncupatur , alii larvales ac théâtrales jo-
(5) La Cour fait défenses â tous M.inans &
cos , alii choreas ac tripudia marium ac mulierum
Habitans de la Ville de Paris , & autres Villes du
facientes , ut homines-ad spectaculum & cachinna-
Ressort , dorefnavant eux promener ès Eglises ,
tiones moveant alii còmessationes ac convivia ibi
tant Cathédrales , Régulières ôí Collégiales , que
dem praeparant , hœc sancta Synodus detestans ,
Paroissiales , ni tenir aucuns propos de négociation
statuit , & jubet tam Ordinariis quam Ecclesiarum
ou affaires particulières 8c négoce , mêmement de
Decanis & Rectoribus , sub poena suspensionis
vant 8* aux heures que le Service Divin se fait , sur
omnium proventuum Ecclesiasticorum trium men-
peine de dix livres parisis d'amende pour la pre
fiurn spatio , ne haec aut similia ludibria , neque
mière fois , de prison pour la seconde , & de puni
etiam mercantias , feu negociationes nundinarum
tion exemplaire pour la troisième. Arrêt de Régi,
ìn Ecclefiâ ( quae domus orationis effe débet ) &
du 22 Janvier 1550. V. l'Auteur des Loix Ecclés.
etiam in caemeterio exerceri ampliùs permittant ,
ch. 6. des Eglis. max. 17.
transgressorefqueper censurant Ecdesiajlicam aliaque
juris remédia punire non negligant. Omnes autem (6) Les Curés, leurs Vicaires & autres Ecclésias
confuetudines , ftatuta aut privilégia , que is non tiques ne seront obligés de publier aux Prônes ni
concordant decretis ( nisi tortè majores adjicerent pendant l'Office Divin , les Ailes de Justice 8c
Pœnas ) irrita effe haec sancta Synodus decrevit. autres qui regardent l'intérêt particulier de nos Su
Datum in Seffione publicâ Basile* in majoriEccle- jets ; voulons que les publications qui en seront
siâ folemniter celebratâ , die Jovis nonâ mensis Ju- faites par des Huissiers , Sergens ou Notaires , à
nii anno à Nativitate Domini Pragm. Sancl. l'issuedes Grand'Meffes de Paroisse , avec les affi
tit. 18. capit. Unie, de Speclac. in Eccles. non fa- ches qui en seront par eux posées aux grandes
ciendis. portes des Eglises , soient de pareille force & va
leur , même pour les Décrets , que si lesdites pu
(3) Défendons à toutes Personnes , de quelque
blications avoient été faites aux Prônes, nonobs
qualité & condition qu'elles soient , de se promener
tant toutes Ordonnances & Coutumes à ce con
dedans les Eglises durant la célébration du Service
traires , auxquelles nous avons dérogé à cet égard.
Divin ; enjoignons aux Huissiers & Sergens , fur
Edit du mois a"Avril 1695. art. 31.
peine de privation de leurs états , de mettre &
constituer Prisonniers ceux qui se trouveront con
trevenir à la présente Ordonnance. Ordonn. de
Blois , art. 39. (7)T
J—1 OUIS , &c. L'obligation dans laquelle
(4) Faisons très-expresses inhibitions & défenses Nous sommes de procurer autant qu'il Nous est
à toutes Personnes de quelle qualité , état , sexe & possible , que le Service Divin soit célébré avec
condition qu'elles soient , de se comporter dores- toute la décence & la dignité convenables , &c que
navant irrévéremment dans les Eglises des Villes nos Sujets y assistent aussi assiduement qu'ils le*
ou de la Campagne , par paroles , gestes ou autres doivent , Nous a engagés à défendre , par l'article
aclions indécentes > ni occuper le Sanctuaire des Au 22 de notre Edit du mois d'Avril 1695 , que l'on
tels , fur peine de désobéissance ; mandons à tous y publiât aucune chose profane qui pût l'inter-
rompre ; & comme nous avons été informés qUe
nos Juges ,tant de Jurifdictions Royales , que Su
balternes 8" Seigneuriales , chacun en droit foi , cette disposition n'étoit point exécutée pour ce qui
regarde nos affaires , 8c que les articles des Or
qu'ils aient dorénavant à garder, faire garder exac
tement notredite Ordonnance par tous les endroits donnances d'Orléans &,de Blois, que les Rois
de leur Jurifdiction , de procéder à cette fin , si Charles IX 8c Henri III nos prédécesseurs ont fait,
besoin est , contre les Coupables par informations, pour empêcher que nos Sujets ne fussent détour
décrets , condamnations d'Amende & autres Actes nés d assister au Service Divin , ne sont pas obser
de Justice , pour en faciliter l'exécution. Ordonn. vés aussi ponctuellemeet qu'il seroit à désirer ,
de Louis XIV , du 13 Mai 1 6 50. Nous avons estimé nécessaire d'y pourvoir. A ces
causes, ôíc. Que l'article 22 de notre Edit du
Sa Majesté étant informée que les Ordonnances mois d'Avril 1695 , ^olt exécuté scion sa forme
des Rois ses Prédécesseurs , même celles qu'Elie a 8* teneur , même à l'égard de ce qui regarde nos
rendu depuis son avènement à la Couronne , au propres affaires , que les publications en soient fai
sujet du respect dû aux Eglises , ne font pas obser tes seulement à l'issue des Messes des Paroisses par
vées avec toute l'exactitude que demande un devoir lçs Officiers qui en seront chargés , 8* que les
íi saint & si important , 8* sur lequel l'indécence & publications qui seront faites de cette sorte , soient
l'habitude du scandale semble ne pas cesser de de même effet & vertu , que si elles étoient faites
Îirévaloir , Sa Majesté a ordonné & ordonne que aux Prônes desdites Messes , nonobstant tous Edits,
esdites Ordonnances^ Arrêts 8c Réglemens rendus Déclarations 8c Coutumes à ce contraires , aux
fur un point si essentiel de la Religion , feront quels Nous avons dérogé 8c dérogeons à cet égard.
exécutés , à peine de désobéissance , & sur les au Ordonnons pareillement que les articles 23 , 24
tres peines y contenues : enjoint à toutes Personnês 8*25 de l'Ordonnance d'Orléans , & le 38e de
de se comporter dans les Eglises avec la décence & celle de Blois, portant défenses de tenir des Foires
la vénération convenables à la sainteté du lieu ; & Marchés , & des Danses publiques les Diman
mande 8" ordonne Sa Majesté au sieur de Sartine , ches 8c Fêtes , d'ouvrir les Jeux de Paume & Ca
Conseiller en ses Conseils , Maître des Requêtes barets, 8c aux Bateleurs & autres Gens de cette
ordinaire de son Hôtel ', Lieutenant-Général de sorte , de faire aucune représentation pendant
Police de la Ville , Prévôté & Vicomté de Paris , les heures du Service Divin, tant les matins , que
d'y tenir la main , même de l'informer des contra les après-dînées , soient exécutés : enjoignons à
ventions 8* de ceux qui les auront commises , tous nos Juges & autres reffortissans nuement en
pour y être pourvu avec toute la diligence & la nos Cours de Parlement , de les faire lire 8c pu
sévérité qu'il conviendra, suivant l'exigence des blier de nouveau dans leurs Ressorts , avec no-
366 LES L O I X CRIMINELLES, Liy, III. Tit. VIII.
tre présente Déclaration , & d'en certifier nos- Offices Divins , ce qui cause non-seulement du
dites Cours en la manière accoutumée , & à eux scandale au Public , & détourne les peuples de leur
& tous autres Juges de punir les Contrevenans dévotion ordinaire , mais encore est contraire au
par condamnations d'Amende & autres Peines respect dû à des lieux si saints. Ladite Cour , pour
plus graves ; s'il y échet, suivant l'exigence des remédier à cet abus , a défendu & défend très-ex-
cas. Si donnons en mandement , &c. Décl. du prestement à tous Marchands , Merciers & autre*
16 Décembre 1698. regijlrée le 3 1 Décembre suivant. Gens de négoce
p ,, d'exposer
j; . ci-après
V en vente leurs
marchandées & denrées iur les Cimetières & por*
(8) V. l'Ordonnance du 24 Juillet 1718 , qui
défend ces sortes d'affiches , à peine de destitution
contre les Afficheurs.
. (9) La Cour Souveraine du Parlement de Besan- {« marchandises 8c denrées : ordonnant pour ce
con , ayant vu les Remontrances à Elle présentées ^ Cour ' aux JPr°"l^eurs d.u R<?1 d?ns
mr les Officiers des Bailliages de cette Province, ?aillaê" > ceux.des Vassaux nere le heu de
à la rentrée de ìa Saint Martin derniere , a ordon- leur reffort \ ^ poursuivre en Justice les Contre-
né & déclaré par Edit , ordonne & déclare ce ve"ans» en !es fe/ant condamner à Amende & à
qui s'enfuit..... Les désordres & irrévérences qui la Co"fis"tlon susd!te' à, P«ne d en repondre.
?e commettent journellement dans les Villes, «et de Règlement du Parlement de Besançon du
Bourgs & Villages de cette Province , par les io _óV«/»A« i «84. Voyez tome 1 du Recueil des
Marchands , Merciers & autres personnes de né- Edlts enregistres en ce Parlement,
goce , lesquels , au lieu d'exposer en vente leurs Voyez au surplus , quant à la clôture des Cime-
marchandises 6c denrées fur les Marchés & Pla- tíeres , les dispositions des Conciles de Milan , de
ces publiques destinés à cet effet , les débitent Bade , Bordeaux, Bourges & autres qui fontfrap-
& exposent au contraire fur les Cimetières & au- portées au Mém.du Clergé, tome 5. pag. 1334.
devant des portes des Eglises, même pendant les 1645. Sc 1650.

§. III. De ['Inobservation des Dimanches & Fêtes.

,'EST une efpece de Crime de Lese-Ma- claration du 16 Décembre 1698, qui


jefté divine, qui se commet toutes les sois que défendent aux Juges de leur en donner la
l'on tombe dans quelqu'un des cas íuivans , permislion (8) 50. par les Juges qui rendent
qui font marqués par les Ordonnances & des Jugemens , & par les Huissiers qui dors-
Réglemens ; íçavoir , 1 °. lorsqu'on s'occupe nent des Exploits & font des Exécutions ces
ces jours-là des Spectacles & choses pro- mêmes jours-là : il y a , outre la nullité de ces
fanes (1) ; que l'on y tient des Foires , Mar- différens actes , des Peines particulières por
ches & Danses publiques , contre les dé- tées par les Loix , íçavoir , contre les Juges
sensés portées par -les Ordonnances d'Or- celles des dommages&intérêts des Parties(9),
léans (2) & de Blois (3) , & par l'Arrêt & contre les Huílììers une Amende de trois
des Grands'Jours de Clermont, du 14 Dé- mille liv. (1 o). 6°. Enfin par tous les Ouvriers
cembre 1665 (4) , suivant lesquels il y a & Artisans qui travaillent de leur métier
peine d'Amende arbitraire pour la première les jours de Dimanches & de Fêtes : il y
fois , & de la Prison pour la seconde , contre a contr'eux peine d'Amende , de Confis-
ceux qui tombent dans ces cas. II y a aussi , cation des marchandises , meubles , outils ,
íliivant l'Arrêt de Règlement dont on vient & en outre de la Prison. Ces Peines font por-
de parler , peine d'Amende de cent livres tées par d'anciennes Ordonnances (1 1), dont
contre les Seigneurs ou leurs Officiers Texécution a été renouvellée de temps à
qui les souffrent. 20. Par les Marchands ô autre par divers Réglemens de Police (12)*
Colporteurs qui étalent leurs marchandises où sont désignés ceux de ces difFerens états
ces mêmes jours-là sous les piliers des qui peuvent s'en rendre réfractaires , & du
Halles, fur les parapets des Quais & des nombre desquels ne sont pas même. ex-
Ponts , &. sous les principales portes de la ceptés les Protefians auxquels il est fait des
Ville, mêmes Peines que defllis (5). 30. Par défenses particulières , par les Edits (13),
les Cabaretiers 3 Taverniers & Maîtres d'avoir boutique ouverte ces mêmes jours-
de jeu de Paume qui reçoivent du monde là. En un mot les Loix n'exceptent, en
en leurs maisons pendant les heures du cette matière , que ceux-la seulement, qui se
Service divin. II y a ausìì peine d'Amende trouvent dans le cas d'une nécessité pres-
pécuniaire $t de Prison portée contr'eux santé , comme lorsqu'il s'agit de pourvoir
par les mêmes Ordonnances d'Orléans & au péril imminent d'un bâtiment, d'en-
de Blois (6), & par la Déclaration du 16 Dé- lever des grains, des foins, & autres
cembre 1 698 {j). 40.Var les Joueu rs defarce , fruits qui pourroient se perdre par le
Bateleurs , & autres semblables , qui jouent retard j & encore ne peut-on le faire ,
les jours de Fêtes & de Dimanches aux dans ce dernier cas , qu'ensuite de la per-
heures du Service divin 5 il y a peine de mission accordée par l'Eglife , conformé-
punition corporelle portée contr'eux par ment à une Ordonnance du 13 Mai 1701,
l'Ordonnance de Blois, & par la Dé- non enregistrée, mais publiée à Paris par
DES DÉLITS CON' sRE LA POLICE. 367
ordre du Lieutenant-Général de Police. II chacun des Contrevenans. . . . Arrêt des Grands -
y a aussi , suivant les Canons , des excep Jours de Clermont du 14 Décembre 1665.
tions particulières fondées fur des actes (5) Sa Majesté étant informée que les Ordon
de chanté envers le prochain , ou fur la nances qui enjoignent l'obfervation des Fêtes 6C
déférence pour les ordres donnés par des Dimanches étant communément négligées par les-
Artisans des Fauxbourgs de Paris , 6c spécialement
Supérieurs (14). par ceux du Fauxbourg Saint Antoine, ainsi que par
quelques autres petits Marchands , Colporteurs ou
( 1 ) Dies Festos Majestati Altifíìmar dedicatos Gens fans aveu , qui étalent fur les Parapets des
nullis volumus voluptatibus occupari , nec ullis Quais 6c des Ponts , fous les Piliers des Halles , &
exactionem vexationibus profanari. Dominicum fous les principales Portes de la Ville, lesquels , à
itaque diem ita semper honorabilem decernimus, la vue des Commissaires & des autres Officiers de
& venerandum , ut à cunctis executionibus excu- Police , emportent leur marchandise qui souvent
setur : nulla quemquam urgeat admonitio : nulla ne leur appartient pas, 6c croyent que leur pauvreté
fidejuflìonis flagitetur exactiô , taceat apparitio , ne leur permettant pas de payer les Amendes qui
advocatio delitescat : sit ille dies à cognitionibus peuvent être prononcées contr'eux,leur contraven
alienus : praeconis horrida vox silescat : respirent à tion demeurera impunie , à quoi étant juste & né
controversiis litigantes , & habeant fœderis inter- cessaire de pourvoir. Sa Majesté , de l'avis de Mon
vallum : ad sese simul veniant adversarii non ti-
seigneur le Duc d'Orléans , Régent , a ordonné 6c
mentes , subeat animos Vicaria pœnitudo : pacta ordonne que les Ordonnances anciennes 6c nou
conférant , transactions loquantur. Nec hujus ta- velles rendues touchant les Fêtes & Dimanches ,
men religion diei otia relaxantes , obscaenis quem seront exécutées selon leur forme 6c teneur : enjoint
quam patimur voluptatibus detineri. Nihileodem à tous Marchands , Artisans, 6c à toutes autres Per
die íibi vindicet scena theatralis , aut circenfe cer •
sonnes , de quelque qualité 6c condition qu'elles
tamen , aut ferarum lacrymosa spectacula : & si in soient , de s'y conformer , à peine de désobéissan
nostrum ortum , aut natalem celebranda solemni- ce : veut 6c entend que les Artisans des Faux-
tas incideret , differatur. Amissionem militias , pros- bourgs , ensemble ceux qui étaleront les jours de
criptionemque patrimonii sustinebit , si quis un- Fêtes 6c Dimanches fur les Quais & Ponts , devant
quam hoc die Festo Spectaculis interesse , vel cu- & aux environs des Eglises , & dans les autres
jufcumque judicis apparitor praetextu negotii pu- lieux ci-dessus indiqués , soient tenus de vuider la
blici feu privati , haec quae hâc Lege statuta funt , Ville , fans qu'ils puissent revenir jusqu'à nouvel
crediderit temeranda. L. 11. Js. 1. Cod. de Feriis,
ordre. Mande & ordonne Sa Majesté au Lieutenant
(i) Défendons à tous Joueurs de farces , Bate Général de Police de fa bonne Ville , Prévôté &
leurs & autres femblab'es , jouer efdits jours de Vicomté de Paris d'y tenir la main , 6c de faire pu
Dimanches & Fêtes aux heures du Service Divin , blier la préfente Ordonnance par - tout où besoin
fe vêtir d'habits ecclésiastiques , jouer choses disso sera , même d'informer Sa Majesté des contraven
lues 6c de mauvais exemple , à peine de prison & tions qui y seront faites ; le tout fans préjudice de
punition corporelle , & à tous Juges leur bailler l'exécution des Arrêts & Réglemens rendus fur ce
permission de jouer durant lesdites heures même sujet , & des polices ordinaires & extraor
Défendons à tous Cabaretiers-Taverniers , Maîtres dinaires qui seront faites 6c continuées comme par
de Jeu de paume, recevoir , esdites heures du Ser le passé. Ord. du 11 Mars 1718.
vice Divin, aucunes personnes de quelque qualité
(6) V. les mêmes articles des Ordonnances d'Or
qu'elles soient , & à tous Manans ôc Habitans des
léans 6c de Blois , rapp. ci-dessus.
Villes , Bourgades & Villages , même à ceux qui
íont mariés 6c ont ménage , aller boire & manger (7) V. aussi la Déclaration du 16 Décembre
ès Tavernes 6c Cabarets , & auxdits Taverniers 6c 1698. rapp. fous le §. précédent , qui renouvelle
Cabaretiers les y recevoir , à peine d'Amende arbi à ce sujet la disposition des articles de I'Ordon-
traire pour la première fois , & de Prison pour la nance d'Orléans 6c de Blois, dont on vient de par
seconde.Enjoignons à tous Juges ne permettre qu'il ler.
soit aucunement contrevenu au contenu ci-dessus ,
à peine de suspension d états & privation d'iceux, ( 8 ) V. encore les mêmes Ordonnances d'Or
en cas de longue dissimulation & connivence. Ord. léans & de Blois , 6c la Déclaration de 1698 , que
d'Orléans , art. 14 & 25. l'on vient de citer. 4

(3) Enjoignons à tous nos Juges de faire garder (9) Défendons aussi , aux mêmes Peines que
& observer étroitement les défenses portées par les dessus , ( fçavoir nullité des Jugemcns , Ô dommages
Ordonnances faites à Orléans , tant pour le regard & intérêts des Parties ) à toutes nos Cours Souve
des Foires & Marchés & Danses publiques ès jours raines de s'assembler ni procéder à la visitation &
de Fêtes , que contre les Joueurs de farces , Bate jugement desdits Procès ès jours de Dimanches 6C
leurs , Cabaretiers , Maîtres de Jeu de paume & autres Fêtes de l'Eglise. . . . Ord. de Moulins , art.
d'Escrimes , fur les peines contenues esdites Or 69. V. aussi l'Edit des épices & vacations du mois>
donnances. Ord. de Blois , art. 38. d'Août 1669. art. z6. qui a renouvellé la même
disposition ... Sit ille dies à cognitionibus alienus...
(4) La Cour , faisant droit sur les conclusions du Respirent à Controversiis litigantes. V. L'. 11.Js. 1.
Procureur-Général du Roi , ordonne , conformé Cod. de Feriis , ci-devant citée.
ment aux Ordonnances , que les Danses publiques
& Fêtes baladoires seront & demeureront suppri (10) ,V. à l'égard des Huissiers les Arrêts des
mées; fait défense d'en tenir aucune , ni de tenir Parlemens de Paris , de Bretagne , de Flandres , de
Foires 6c Marchés dans l'étendue du Ressort ès- Bourgogne , rapp. par Papon , par Hevin sur
jours de Dimanche 6c Patron , & autres Fêtes an Frain ,'par Pinaut , & par BouvOT , verbo Vice,
nuelles & solemnellcs , 6c à tous Seigneurs Hauts- qui déclarent nuls les exploits & saisies par eux
Justiciers , tant Ecclésiastiques que Séculiers , 6c à faités les jours de Dimanches 6c Fêtes , conformé
leurs Officiers , de permettre lesdites Fêtes bala ment à cette disposition de la Loi que nous venons»
doires , à peine de cent livres d'Amende contre de citer. . . , Vel quis unquam hoc die Festo Spec
368 LES LOIX CRIMINE LLES , Liv. III. Tit. VIII.
taculis intéresse , vel cujuscumque judiciis appa- Réglemens susmentionnés , & au grand scandale
ritor praetextu negotii publici feu privati haec quae du Public , que ledit Vaultrin lui a dit être en
hâc Lege statuta funt crediderit temeranda. Z. n. droit de faire travailler ledit jour de Saint Lau
Js. i . Cod. de Feriis. rent , & d'obliger ledit Lafrique à lui fournir des
Ouvriers , & qu'ieelui Lafrique lui a dit ne pou
(i i) Faisons inhibitions & défenses à toutes Per voir se dispenser d'obéir audit Vaultrin , pourquoi
sonnes de charrier ne mesurer bleds , & à tous lui Commissaire a cru qu'il étoit de son devoir de
Mesureurs de bleds , Crocheteurs & Portefaix, de Nous en faire son rapport à la présente Audience ;
faire ouvrages ou porter faix ès jours de Dimanches & à cet effet, il a délivré son Ordonnance à Fran
& autres Fêtes ès jours & heures défendues de l'E- çois Fournival , Huissier à verge au Châtelet , en
glife , fur peine de punition corporelle. Edit de vertu de laquelle lesdits Vaultrin & Lafrique ont
Henri IIJ. en i 58 j. Y. Theven. fur les Ordonn. été assignés par Exploit du jour d'hier , pour y
tit. 11. art. 4. répondre ; fur quoi Nous , après avoir oui ledit
Commissaire de Facq en son rapport , ledit Vaul
(12) Sur ce qui Nous a été représenté par le trin en ses défenses , les Gens du Roi en leurs
Procureur du Roi, que combien qu'il soit expressé conclusions , & que ledit Lafrique n'est comparu ,
ment défendu par les Ordonnances, par les Arrêts, avons donné contre lui défaut ; & pour le profit ,
&c par les Réglemens de Police , à tous Marchands t ordonnons que les Ordonnances du Roi , Arrêts
Artisans i Crocheteurs & Portefaix , Charretiers f du Parlement & Règlement de Police , seront exé
Plâtriers , Voituriers , Lavandières & autres Cens (fe cutés selon leurforme & teneur; & en conséquen
journée , de vendre , débiter , voiturer, laver, blan ce , faisons très - expresses inhibitions & défenses
chir le linge & travailler les jours de Dimanches Óf à tous Marchands , Ouvriers , Artisans de cette
de Fêtes de commandement , à peine de punition Ville & Fauxbourgs de faire aucun commerce, trar-
corporelle , d'amende ôf de prison , suivant l'exi*- vaillerni faire travailler les Dimanches & lesjours
gence des cas ; néanmoins plusieurs personnes de fêtés par l'Eglise , sous les peines porïées par les
différentes conditions ne laissent pas de contrevenir dites Ordonnances & Réglemens; & pour la con
aux défenses portées par ces Réglemens : à quoi travention commise par lesdits Vaultrin & La
étant nécessaire de remédier & de faire cesser le frique , les avons condamnés : fçavoir ledit Vaul
scandale que causent de telles contraventions, re- trin en cent livres d'aumône , & ledit Lafrique en
quéroit que fur ce il fût par Nous pourvu. Nous , cinquante livres aussi d'aumône , applicables au
faisant droit sur ledit Réquisitoire , avons , con pain des pauvres Prisonniers du Châtelet : leur
formément aux Ordonnances , Arrêts & Régle faisons défenses de récidiver , fous plus grande
mens de Police , fait itératives & très expresses dé peine ; pourront même leurs Ouvriers être empri
fenses à tous Marchands , Artisans , Crocheteurs sonnés fur le champ en cas de récidiv:. Mandons
& Portefaix , Voituriers , Charretiers , Plâtriers , aux Commissaires au Châtelet de tenir la main à
Lavandiers & Lavandières 6í autres Gens de jour l'exécution de notre présente Sentence , laquelle
née , de vendre , débiter , voiturer & travailler sera exécutée nonobstant ôc sans préjudice de l'ap
les jours de Dimanches & de Fêtes de commande pel , imprimée , publiée & affichée aux Places ,
ment , sous les peines portées par lesdites Ordon Carrefours & lieux accoutumés de cette Ville, mê
nances,^ de confiscations des marchandises, outils, me au-devant & aux portes de la maison en ques
meubles , chevaux & harnois : mandons aux Com tion , & aux portes desdits Vaultrin & Lafrique ,
missaires du Châtelet de tenir la main à l'exécu & encore à la porte du Bureau des Maîtres Ma
tion de la présente Ordonnance , qui sera exécutée çons de certe Ville , & enregistrée fur le registre
nonobstant & sans préjudice de l'appel , publiée de leur Communauté. Ce fut fait & donné par
6c affichée dans les Places , Carrefours & autres Messire René Hérault , Chevalier, tenant Siège
lieux accoutumés de cette Ville & Fauxbourgs de de l' Audience de la Police. Sentence de Police du
Paris , afin qu'il n'en soit prétendu cause d'ignq- 21 Août 1739.
rance. Ord. de Police du 11 Janvier 1696.
(13) Seront ceux de la nouvelle Religion tenus
Sur le rapport fait en jugement devant Nous à
garder nosLoix politiques, même celles qui sont
l'Audience de la Chambre de Police du Châtelet de
reçues en l'Eglise Catholique en fait de fêtes ÔC
Paris , par Mc André de Facq , Conseiller du Roi ,
jours chomables. Edit de Henri III , à Saint-
Commissaire - Enquêteur - Examinateur en cette
Germain-en-Laye , du 17 Janvier 1561. art. 9.
Cour , préposé pour la Police au Quartier Saint-
Ceux de la Religion qu'on dit Réformée seront te
Denis , contenant que, quoique parles Ordon
nus de garder & observer les fêtes indictes en
nances du Roi , les Arrêts du Parlement & les
l'Eglise Catholique & Romaine , & ne pourront ès
Réglemens de Police , il soit fait défenses à tous
jours d'icelles besoigner , vendre ni étaler à bou
Marchands & Artisans de cette Ville de travaillcr&
tiques ouvertes ,&ès jours esquels l'usage de chair
faire aucun commerce les Dimanches & jours de
çst défendu par ladite Eglise, les Boucheries ne s'ou
Fêtes prescrits par l'Eglise , néanmoins le sieur
vriront. Autre Edit du même Prince à Paris en Mai
Vaultrin , Architecle , & Nicolas Lafrique de Beau-
157$. art. 1 5.
lieu , Maître Maçon à Paris & Entrepreneur de bâ-
timens , qui ont entrepris la conduite & la cons
truction d'un bâtiment , faisant le coin des rues (14Ì Conquestus est nobis & infrà, Quamvis non
Poissonnière & neuve de Cléry , y ont fait travail prorogari , fed expediri deceat quaestiones : débet
ler le jour de Saint Laurent dernier , tant le matin tamen judicialis strepitus diebus conquiefeere Feria-
que le soir , nonobstant les défenses que lui Com tis , qui ob reverentiam Dei noscuntur esse statuti :
missaire leur avoit faites ; & y ont employé treize scilicet Natalis Domini , Sancti Stephani , Joannis
Ouvriers , dont aucuns ont taillé de la pierre, d'au Evangelistœ, Innocentium , Sancti Sylvestri , Cir-
tres ont travaillé aux corniches des entablemens, cumeisionis ,Epiphaniac , feptem diebus Dominicae
d'autres aux cheminées , & les autres à différens Paffionis, Refurrectionis cum feptem fequentibus,
autres ouvrages , tant en dedans qu'en dehors la Afcensionis, Pentecostes , cum duobusqui fequun-
maison , au mépris des Commahdemens de l'Egli tur, Nativitatis Joannis Baptistae , Festivitatum om
se , des Ordonnances , Mandemens ',* Arrêts &£ nium Virginisgloriosce, duodecim Apostolorum, &
pracipuè
DES DÉLITS COP TRE LA POLICE. 1 569
prsecipuè Pétri & Pauli , beati Laurentii , Dediea- (15) Sciendum estquòd opéra corporalia possunt
tionis beati Michaelis , Solemnitatis omnium Sanc- fieri in Sabbato propter quatuor. Primòquòd prop
torum , ac diebus Dominicis , cœterisque solemni- ter necejfuatern , undèDominusexcusavit Diícipu-
tatibus quas singuli Epifcopi in luis Dicecesibus , los evellentes spicas in Sabbato , ut dicitur Matth.
cumClëro & Populo duxerint, solemniter vene- 22. f Secundo propter uûlitaum , undè dicitur in
randas : quibus utique solemnibus Feriis, ( nisi né Evangelio Matth. n. quòd Sacerdotes faciebant
cessitas urgeat , vel pietas suadeat ) usque adeò con- omnia quje erant necessaria in templo in die Sab-
venit ab hujusmodi abstinere , ut consentientibus bati. Tertio propter proximi utilitatem , undè Do-
etiam partibus, nec processus habitas teneat, nec minus curavit in die Sabbati , habentem manum
sententia quam contingit diebus hujusmodi promul- aridam , & confutavit Judseos , reprehendentes
gari. Licet diebus Feriatis qui gratiâ Vindemiarum eum , ponens exemplum de ove , Matth. 22.
vel Messìum ob nécessitâtes hominum indulgentur, Quartò propter Superions autoritatem , undè Do-
procedi valeat , si de partium processerit volunta- minus praccepit Judaeis , ut circumciderent in die
te. Cap. 5 . Extra de Feriis in honorem Dei & Sanc- Sabbati, ut dicitur Joan. 7. S.Thomas. Opufcul.
torum. 4. de tertio prscepto.

§. IV. Inobserva ion de /'Abstinence.

DEPUIS rétablissement du Christianisme dentés , relativement à l'obligation de l'Abs


daus ce Royaume , l'obligation de l'Absti- tinence , & fous les peines y portées , hors
nence en certains jours marqués par ' l'E- les cas de Nécessité & de Permission dont
gliíè, & principalement pendant le Carême, nous venons de parler.
a toujours fait partie des Loix de l'Etat ,
comme de la Religion. C'est ce que nous (1) Si quis sanctum quadragesimalc jejunium
voyons par les plus anciens Capitulaires (i) pro dcspectu Christianitatis contempserit , & car-
de nos Rois , qui défendent , fous peine nem comederit , morte moriatur , neceffitate re-
de la vie , ces fortes de transgressions , motâ. C.iphul. Reg. Francor. V. Balus. tom. 1.
Col. 15 1.
lorsqu'elles font faites par mépris pour la
Religion &. hors les cas de nécessité. Ces (2) Pranerea de illis qui in quadragesima , vel
cas de nécessité , tels qu'ils font marqués in aliis solemnibus jejuniis infirmantur , & petunt
sibi esum carnium indulgeri ; respondemus quòd
par l'Eglife (2) , font ceux de maladie &
cum non sub:aceat legi nécessitas , desiderium infir-
infirmité , dont la réalité doit être consta morum, cum urgens nécessitas exigit, supportare
tée par des rapports de Médecins , íùr potes& debes , ut majus periculum in eis evitetur.
le vu desquels les permissions s'accordent Jnnoc. IIl. Cap. 2. Extra. de Observ. jcjuniorum.
en pareils cas par les Evêques ou les (3) Par un Edit de Henri II du s Janvier 1 549 ,
Curés des Paroistès (3). Au reste il paroît , ( rapporté par Lamarre , d'après Fontanon ) il est
d'après les Réglemens qui ont été faits en fait défenses aux Bouchers, aux Rôtisseurs, aux
cette matière , qu'ils n'ont pas feulement Poulailliers , aux Revendeurs, & à tous autres ,
d'exposer en vente en public, au temps de Carême,
pour objet de punir ceux qui violent
aucune viande de boucherie , de volaille ou de
l'Abstinence fans y être autorisés par des gibier , à peine , pour la première contravention ,
permissions de l'Eglife , mais encore les de cinquante livres d'amende , 6c pour la seconde,
Bouchers , Chaircuitiers , Cabaretiers & de cent livres , &jde punition corporelle. Permis
Traiteurs , & autres qui vendent , débitent, néanmoins aux malades & aux personnes affoiblies
& donnent à manger pendant le Carême de par la vieillesse d'en user en ce temps , cn faisant ,
apparoir de leur indisposition par certificat du Mé
la viande de boucherie & de la volaille (4). decin ou autrement. V. le Traité de la Police de
II est même ordonné aux Ossiciers de Po Lamarre , liv. 2. tit. g. . . . Les Geôliers ne pourront
lice de faire des perquisitions à ce íìijet vendre de la viande aux Prisonniers , aux jours qui
dans les Hôtels des Princes & des Seigneurs font défendus par l'Eglife , ni permettre qu'il leur
de la Cour (5). Nous observerons néan en soit apporté de dehors , même à ceux de la Re
ligion Prétendue Réformée , si ce n'est en cas de
moins , à l'égard des Bouchers & Chaircui
maladie &par ordonnance de Médecin. Ordonn. de
tiers , que les défenses qui leur étoient 1670. tit. 13. 4rt. 27.
faites par les anciens Réglemens , d'exposer
(4) Notredite Coursait défenses à tous Bouchers,
de la viande en vente pendant le Carême , Rôtisseurs , Vivandiers, Hôteliers , Cabaretiers . ôc
ont été levées par une derniere Loi donnée à toutes autres Personnes , de vendre , débiter &
en 1774 (6), qui a révoqué le privilège donner à manger pendant le Carême aucune vian
exclusif accordé jusqu'alors à rHôtel-Dieu de de boucherie , volaille ni gibier , à peine , pour
chacune contravention, de cent lrvres parisis d'a
de Paris pour le débit de la viande pendant
mende , bannissement & punition corporelle. Dé
ce temps-là. L'on voit par cette Loi , que fend , fous les mêmes peines aux Habitans des
nous croyons devoir rapporter ici , les mo Villes & Villages des environs de Paris , d'y en
tifs particuliers qui ont donné lieu à cette envoyer ou d'y en apporter : permet néanmoins
révocation ; l'on y voit aussi en même- aux personnes qui se trouveront malades pendant
le Carême, après qu'elles en auront obtenu permis
temps que , par cette révocation , notre
sion , d'envoyer quérir la viande à la Boucherie de
religieux Prince n'a point entendu déro l'Hôtel-Dieu , laquelle se tiendra au Parvis de
ger en aucune manière aux Loix précé- Notre-Dame Sc non ailleurs. Enjoint aux Boa-
Aaa
37o LES LOIX CRIMINE LLES, L ìv. III. Tit. VIII.
chers' de PHôtel-Dieu de la tenir garnie de bonne rendu une Déclaration , le premier Avril 17x6 ,
viande de toutes sortes pour le secours des Mala qui a été enregistrée au Parlement ; mais qu'au
des ; la vendre à prix raisonnable à ceux qui au préjudice de cette Loi , & de la prohibition de
ront permission d'en manger ; faire registre de la donner du gras dans les Auberges & Chambres
quantité & du prix de la chair qu'ils vendront aux garnies , il s est néanmoins glissé un abus auquel
Malades , ensemble de leurs noms &c demeures , les précautions que nous avons prises jusqu'ici n'ont
fur peine d'amende arbitraire. Arrêt de Régi, du pu encore remédier ; & comme il est nécessaire ,
Pari, de Paris , du z. Mars i 575. non-feulement de le prévenir par la fuite , mais
même de punir ceux qui se trouveront en contra
(5) Sa Majesté voulant que les défenses qu'elle vention , i! requiert qu'il Nous plaise y pourvoir.
a faites les années précédentes , de porter, vendre Sur quoi Nous , faisant droit sur le Réquisitoire
& débiter les viandes en la Ville & Fauxbourgs de du Procureur du Roi , ordonnons que la Décla
Paris , & aux lieux circonvoifins pendant le Carê ration de Sa Majesté , du premier Avril 1716 ,
me , soient exactement observées, & qu'un désor fera exécutée selon sa forme & teneur ; & en con
dre si contraire aux Loix de l'Eglise & aux Régie - séquence : Art. I. Faisons défenses à tous particu
mens de la Police , soit sévèrement réprimé : Sa liers , Rôtisseurs , Cabaretiers, Hôtelliers, Auber
Majesté a ordonné & ordonne à Pierre Savery , gistes , Traiteurs , & Logeurs en Chambres garnies,
Exempt du Prévôt de la Compagnie de rifle de de donner à manger du gras chez eux pendant le
France , de se transporter depuis le premier jour Carême , & à ceux qui y seront logés , fans une
de Carême , jusqu'à la veille de Pâque , dans tous permission expresse du Curé de leur Paroisse deNous
les Hôtels des Princes & des Seigneurs de fa Cour $C visée , à peine de trois cens livres d'Amende , &
autres , de quelque qualité & condition qu'ils de plus grande , en cas de récidive.... Art. II. Leur
soient , & dans les Hôtelleries , Auberges , Caba enjoignons de prendre à l'Hôtel-Dieu , ou dans
rets & Maisons des particuliers , tant de la Ville de les Boucheries établies dans Paris par les Adminis
Paris , que Fauxbourgs d'icelle ; & encore aux trateurs dudit Hôtel-Dieu, toutes les viandes dont
Bourgs de Charenton , Charentonneau , la Pissot- ils auront besoin , sous les peines prescrites par
te, Ville de SaintDenis , Bourg de Saint-Cloud , & l'article 7 de ladite Déclaration... Art. III. Ordon
autres lieux circonvoifins , faire par - tout une nons que le gras fera apprêté dans des cuisines sé
exacte perquisition & recherche des viandes de parées de celles où s'apprêtera le maigre , & que
boucheries , volailles & gibiers exposés en vente , ceux qui feront gras chez lefdits Aubergistes , Trai
& qui ser ont préparés pour y être vendus pendant teurs & autres , seront tenus de manger séparément
le Carême , ou pour être apportés en la Ville dans leurs chambres , fans scandale , à peine de
de Paris ; s'en saisir , comme aussi de toutes celles trois cens livres d'Amende pour chaque contraven
qui seront trouvées sur chevaux , charrettes , har- tion contre lefdits Cabaretiers , Traiteurs & au
nois, coches & bateaux , & faire transporter le tres.... Art- IV. Leur faisons très-expresses défen
tout à l'Hôtel-Dieu , en vertu de la présente , sans ses, sous les mêmes peines , de donner du gras à
que pour ce regard il soit besoin d'aucuns Arrêts autres qu'à ceux qui feront logés chez eux , & dé
ni Jugemens , ni que les Administrateurs puissent nommés dans les permissions qu'ils auront obte
consentir à la restitution des choses saisies , pour nues de Nous, & d'en porter en ville dans des mai
quelque cause 8c occasion que ce soit ; veut en sons particulières , sous quelque prétexte que ce
outre Sa Majesté que tous ceux & celles qui , fans, puisse être. Mandons , &c. Ord. de Police , du z6
avoir leur permission datée en la présente année Janvier 1743.
1704 , seront trouvés saisis de viandes , gibiers 8c
volailles, lesportans, conduisans & voiturans ,
tant par terre que par eau , soient pris , arrêtés
(óïJLíOUIS , &c. Le Privilège exclusif accordé à
& conduits , fur bonne & sure garde , dans les
Prisons du Châtelet ; que leur procès leur soit fait l'Hôtel-Dieu pour la vente & le débit de la viande
& parfait par le Lieutenant-Général de Police , pendant le Carême, lui ayant été plus onéreux que
& soit exécuté comme pour fait de Police , non profitable, lorsque l'exercice en a été fait par ses
obstant oppositions ou appellations quelconques, Préposés , il auroit ci-devant préféré de le céder 1
conformément aux Ordonnances Mande & or- . moyennant une somme de cinquante mille livres ;
donne Sa Majesté à tous ses Officiers , même à mais ce privilège n'étant pas moins préjudiciable
ceux des Régimens de ses Gardes Françoises & Suis au public par les abus qui en résultent nécessaire
ses , & autres Sujets qu'il appartiendra , de donner ment, par les fraudes multipliées, à la faveur des
main-forte audit Savery pour l'exécution de la pré quelles on est jusqu'ici parvenu à en éluder l'effet ,
sente , toutes les fois qu'ils en seront par lui requis, sans que les pauvres en aient profité , &i par les
à peine de répondre , en leurs propres & privés poursuites sévères , souvent ruineuses , auxquel
noms , de l'impunité de ceux qui se trouveront y les ils se trouvoient exposés ; Nous avons pris la
avoir contrevenu. Ord. de Janvier 1704. résolution de subvenir aux besoins de ceux de nos
Sujets que leur état d'infirmité met dans la néces
Nota. 11 y a eu depuis ce temps-là une Déclara sité de faire gras pendant le Carême, & notamment
tion du Roi, du premier Avril iyi6 , enregistrée au des pauvres malades , en leur procurant des mo
Parlement , portant défenses de donner du gras dans yens plus faciles d'avoir les secours qui leur font
les Auberges & Chambres garnies , & dont Cexécution indispensables : Nous avons reconnu qu'il n'en
a été renouvellée , par une. Ordonnance de Police , du pouvoit être de plus capables de remplir ces vues
16 Janvier 1743 , dont les sages dispositions méri charitables , que de rendre au commerce des vian
tent d'être rapportées ici. des, pendant le Carême , une liberté qui ne peut
& ne doit entraîner l inobservation des règles de VE-
Sur ce qui Nous a été remontré par le Procureur gltfc. Mais si d'un côté il est de notre bonté de pro
du Roi , que , pour éviter les fraudes qui s'étoient curer du soulagement aux habitans de notre bon
introduites au préjudice du privilège de l'Hôtel- ne Ville de Paris ; Nous avons cru également di
Dieu, dans la vente & distribution de la viande, gne des vues de justice & de piété qui nous ani
& empêcher la transgression de la Loi de l'Eglise ment , de ne point faire perdre à l'Hôtel-Dieu le
sur l'observation du Carême , Sa Majesté auroit bénéfice que cc-tte Maison est dans l'ufage de reti
DES DÉLITS CONTRE LA POLICE. 571
rer de l'exercice de son privilège , & de mainte- qu'il a retiré jusqu'à présent de l'exercice' de son

A ces causes , &c. Art. I. Le commerce ÔC l'en- Sceaux & entrées de Paris , fur les bceuf» , veaux ,
trée des viandes, gibier & volailles , fera libre dans moutons & porcs , dont la régie fera faite , pen-
la Ville , Fauxbourgs- &C Banlieue de Paris , pen dant le Carême, pour notre compte par nos 1 er-
dant le Carême... Art. II. La vente & le débit en miers ; sauf, dans le cas ^insuffisance du produit
seront faits : sçavoir , du bœuf , veau & mou desdits droits régis , à parfaire par 'Nous , au pro
ton , par lés Maîtres & Marchands Bouchers ; du fit de l'Hôtel-Dieu , ladite fommeude cinquante
gibier & de la volaille , par les Rôtisseurs ; 8c du mille livres... Art.. V. Seront , au surplus , les
porc frais 6c salé , par les Chaircuitiers... Art. Hí. Arrêts & Réglemens concernant l'ufage du gras
11 fera tenu à cet effet , le Lundi de chaque semai pendant le Carême ,& ceux concernant le fuit , la
ne , un Marché à Sceaux ; tous les Vendredis un cuisson des abattis , les marchés de Sceaux , de la
Marché à la Halle aux veaux ; & tous les jours Vallée, & de la Halle aux Veaux , exécuté > en ce
de la semaine, à 1 exception du Vendredi , un Mar- qui n'est pas contraire aux dispositions des Prê
ché de volaille & du gibier fur le carreau de la sentes. Si donnons cn Mandement, &c. Declùr. du
Vallée, le tout en la manière accoutumée. Art. 15 Décembre 1774. regiji.en Portement le 10 ian~
JV. Et pour assurer àl'Hôtel-Dieu le même secours vier de farinée Juivantc.

§. V, Trouble dans tordre des Processions.

SOMMAIRES.

t. De quelles Processions Von veut varier 3. Règlement particulier pour la Procession


principalement ici. de la Fête du Trts-Saint-Sacremcnt.
2. Délits qui peuvent se commettre en cette 4. Règlement particulier pour la Procession
matière. Cas particuliers où la Peine doit du jour de UAssomption*
en être aggravée.

I.

Ï.Deqnel- Nous voulons parler principalement des remarquable dans un Arrêt du ParlemenC
les Proces
sions l'on deux Procelììons solemnelles qui se font , de Rouen , du 1 2 Juin 1721 (2) , dont les
veut par tous les ans , les jours de la Fete-Dieu , & sages dispositions méritent d'être rapportées
ler princi de FAssomption de la sainte Vierge. ici.
palement
ici.
II. ( 1 ) Défenses très-expresses font faites , ce requé
rant le Procureur du Roi , 5c conformément aux
Ordonnances ci-devant rendues, à tou; particuliers,
i. Délits II se commet , â cet égard , trois sortes de quelque qualité & condition qu'ils soient , de
qui peu
vent se de Délits punissables d'Amendes suivant tirer aucuns pétards ou fufé?s , boites , pommeaux
commet les Réglemens , qui déclarent en même- d'épées ou saucissons , pistolets , mousquetons ,ou
tre en cet autres armes à feu dans les rues , dans les cours
te matière. temps les pereS & maîtres civilement res ou jardins , & par les fenêtres de leurs maisons ,
ponsables de ceux Commis par leurs en les jour; de la Fête-Dieu ,& autres Fêtes , pen
fans & leurs domestiques ; sçavoir , 1 e. lors
dant que les processions passeront dans les rues,
qu'on néglige de tendre de tapisseries le avant qu'elles passent, ni même après qu'elles au
devant des maisons , dans toutes les rues ront passé , à peine de quatre cens livres d'Amen
de , pour la première fois , contre les contreve-
où ces Proceílions doivent passer , ou qu'on
nans , dont les pères ÔC mères feront "civilement
les détend avant qu'il se soit écoulé une tenus & responsables pour leurs enfans, les maî
demi - heure depuis que ces Processions tres &C chefs des maisons pour le^rs serviteurs Óc
font paíîëes ; 20. ou bien lorsqu'on tire , pen domestiques. Enjoignons à tous bourgeois de ten
dant que passent ces Procelììons , des fu dre ou de faire tendre le devant de leurs maisons
sées , pétards , pistolets , mousquetons , & dans toutes les rues par lesquelles les processions
du Très-Saint-Sacrement doivent passer; leur dé*
autres armes à feu (1)53°. mais fur-tout lors
fendons de commencer à détendre ou faire déten
qu'on commet pendant ce temps-là' quel dre , sinon une demi-heure après que les proces
ques irrévérences ou actes de' violence sions seront entièrement passées , en forte qu'il n'y
scandaleux : il y a même , dans- ce dernier arrive auc.in accident , soit par la chûte des échel
cas , lieu d'ordonner des Peines plus fortes les , ou en toute autre manière ; 8c seront les con-
trevenans condamhés en cent livres d'Amende ,
que de simples Amendes pécuniaires , &
dont les pères , les maîtres & les. cheiv dè,s mai
d'y joindre celle de l'Amende honorable*; sons &c familles feront civilement responsables
avec la condamnation à une 'somme an-^ pour -leurs enfans „ serviteurs & 1 domestiques ,
nuelle pour l'entretien d'une lampe &. des mêjnepour les Tapissiers & autres ouvriers qu'ils
torches à brûler à perpétuité devant leSaint- • auront employés. Mandons , Sic. Órdonn. de Po
lice:, du iS Mai 1 719... ' t •'
Sacrement. Nous pn avons -un, 'exemple
Aaa z
37* LES LOIX CRIMINE LLES, Liv. III. Tit. VIII.
(x) Notredite Cour , par son Jugement & nys, qu'à l'Audience du Bailliage d'Alençon, &
Arrêt , Parties ouies , & notre Procureur-Général, par-tout ailleurs où besoin sera; le tout aux dépens
après la déclaration passée & signée par les Parties desdits du Neveu. Enjoint au Substitut de notre
desdits Potiers & de Villers , qu'elles prennent Procureur-Général au Bailliage d'Alençon de tenir
droit par les charges , a mis & met l'appellation , la main à Texécution d'icelui , &c de certifier notre
& ce dont est appel , au néant ; émendant & cor Cour dans le mois des diligences qu'il aura faites
rigeant, évoquant le principal trouvé en état d'être à cet effet. Si donnons en Mandement , &c Arrêt
jugé , & y faisant droit , a condamné & condamne du Parlement de Rouen , du ix Juin 1711.
lesdits du Neveu , pere & fils , solidairement , &
Nota. II pourra paroître surprenant que des con
par corps , en cinq cens livres d'Intérêts envsrs les
damnations de cette qualité aient été prononcées
Parties de Néel , & aux Dépens : & faisant droit sur
fans instruction à l'extraordinaire.
les plus amples Conclusions de notre Procureur-
Général , a condamné ledit du Neveu , pere , en
vingt livres, & ledit du Neveu , fils, en cinquante III.
livres d'Amende envers Nous, a ordonné & or
donne que ledit du Neveu fils fera tenu , huitaine
après la signification du présent Arrêt , d'ajpjler Nous avons d'ailleurs , relativement à t \. Rt-t
au jour de Dimanche à genoux devant le crucifix , l'une & à l'autre de ces Processions , des g^SS*.
tenant en sa main une torche ardente du poids de Réglemens particuliers qui en règlent l'or- pour la
deux livres , à la Messe paroissiale de Saint-Denys-
dre & la discipline. Ainsi , i°. quant à la ^^te
fur-Sarton , à la fin de laquelle il déclarera à haute
& intelligible voix qu'il demande pardon à Dieu Procession de la Fete-Dieu , nous trou- du Très-
vons dans nos Ordonnances Militaires , Sa,m"
des irrévérences par lui commises , & du scandale # crcxnc&t*
public qu'il a causé ledit tx Juin 1711 , dont Pro notamment dans celle du 25 Jum 1750 (1) ,
cès-Verbal fera dressé par le Sergent , de la querel renouvellée en dernier lieu par celle du
le : a condamné & condamne en outre lesdits du premier Mars 1768 3 plusieurs dispositions
Neveu , pere & fils , solidairement , & par corps ,
à payer tous les ans ,à perpétuité , le premier jour qui prescrivent la conduite que doivent
de Juin , cent vingt livres de rente à ladite Eglise garder les Troupes , soit d'Infanterie , soit
de Saint-Denys , franche 8t quitte de toute indem de Cavalerie , pour rendre les honneurs qui
nité & droits d'amortissement , dont eux , leurs sont dus au Saint-Sacrement , tant lorsqu'il
héritiers , successeurs & ayant cause au Fief , passe devant elles étant assemblées , que
Terre & Seigneurie de Saint-Denys de la Touche ,
ne pourront s'affranchir , fous quelque prétexte lorsqu'il s'agit de l'escorter.
que ce soit ; ladite rente , à courir du premier
Juin dernier, de laquelle il sera employé annuel Aux Processions du Saint-Sacrement, l'Infanterîe
lement ce qui conviendra pour l'entretien d'une bordera la haie dans les rues où elles devront pas-
lampe qui brûlera à perpétuité , jour & nuit , de fer ; la Cavalerie fera en bataille fur les Places les
vant le Saint-Sacrement , & pour acheter , par le plus commodes , & les Grenadiers marcheront
fur deux files, des deux côtés du dais, la bayon-
dit Trésorier en charge , huit torches de cire qui
nette au bout du fusil. Ord. du 15 Juin 1750 , art.
brûleront aux deux bouts du marche-pied de l'Au
73... V. au surplus , les art. 1. 2. 3. 4. 5. 6 & 7 de
tel pendant le Service divin de l'Octave du Saint-
Sacrement , & seront portées ardentes , par forme la nouvelle Ordonnance du premier Mars 1 768.
de réparation , aux côtés & derrière du dais , aux
processions qui se feront dans ladite Paroisse 3 du IV.
rant ladite Octave , par huit pauvres habitans du
lieu choisis par le sieur Curé , auxquels fera au-
môné , par le Trésorier , à chacun trente sols , le 2°. A l'égard de la Procession du jour 4, ré.
résidu de ladite rente vertira 3 moitié pour la dé de I'Assomption , l'on sçait qu'elle doit kJJJ?™*.
coration de ladite Eglise , & l'autre moitié sera son institution à la piété de Louis XIII , pou^u*
distribuée par ledit sieur Curé aux pauvres de la qui , par son Ordonnance du 1 o Février 1638, Procession
dite Paroisse qui assisteront au Service pendant l'Oc
tave ; enjoint aux Trésoriers présentement en char a mis , par un Vœu spécial , son Royaume l Affomp-
ge , &à leurs successeurs en ladite Paroisse de Saint sous la protection de la sainte Vierge. L'on tioa.
Denys , de tenir la main à l'exécution de ladite voit par cette Loi mémorable , dont nous
fondation, à peine d'en répondre personnellement; croyons devoir rapporter ici les disposi
à l'effet de quoi sera délivré aux- Parties de Néel tions , qu'il y est fait des injonctions ex
deux grosses exécutoires du présent Arrêt,dont une
presses , tant aux Archevêques & Evêques ,
sera déposée dans le coffre du Trésor : a déclaré
& déclare lesdits du Neveu , pere & fils , déchus de faire célébrer la même solemnité dans
& privés de toutes prétentions aux droits , hon toutes les Eglises de leurs Diocèses , qu'aux
neurs & préséances dans ladite Eglise de Saint- Cours de Parlement , & autres Cours Su
Denys ; leur a fait défense de prendre séance en périeures , Corps de Ville , & Officiers
icelle ailleurs qu'au bas de la nef, à laquelle fin
des lieux , d'y assister dans leurs habits de
leur banc y fera incessamment transporté à la di
ligence des Trésoriers : a pareillement fait défenses cérémonie. .'. . . .j
auxdits du Neveu , pere & fils , de troublera l'ave-
nir la célébration du service divin ; à eux enjoint
de s'y comporter avec honneur & révérence , fous JLouis , &c. Dieu , qui élevé les Rois au Trône
peine de punition corporelle : ordonne que ledit de leur grandeur, non content de nous avoir donné
du Neveu fils gardera prison jusqu'à l'actuel paie l'efprit qu'il départ à tous les Princes de la terre
ment desdites cinq cent livres d'intérêts , & que le pour la conduite de leurs peuples , a voulu prendre
présent Arrêt sera imprimé , lu , publié & affiché y un foin si spécial de notre personne 6c de notre
tant à l'issue de la Messe paroissiale de Saint-De- Etat ,que Nous ne pouvons considérer le bonheur
DES DÉLITS COIS TRE LA POLICE. $7$
du cours de notre règne fans y voir autant d'effets Royaume , Nous lui consacrons particulièrement
merveilleux de fa bonté , que d'accidens qui nous notre Personne , notre Etat , notre Couronne Sc
menaçoient. Lorsque Nous sommes entrés au gou nos Sujets, la suppliant de Nous vouloir inspirer
vernement de cette Couronne , la foibleífe de notre une sainte conduite & défendre avec tant de soin ce
âge donna sujet à quelques mauvais esprits d'en Royaume contre l'effort de tous ses ennemis , que
troubler la tranquillité ; mais cette main divine soit qu'il souffre le fléau de la guerre , ou jouisse
soutint avec tant de force la justice de notre cause , de la douceur de la paix , que Nous demandons à
que l'on vit en même-temps la naissance & la fin Dieu de tout notre cœur , il n? forte point
de ces pernicieux desseins. En divers autres temps des voies de la grâce , qui conduisent à celles de
l'artifice des hommes & la malice du démon ayant la gloire. Et afin que la postérité ne puisse man
suscité & fomenté des divisions non moins dange quer à suivre nos volontés à ce sujet , pour mo
reuses pour notreCouronne , que préjudiciables à nument & marque immortelle de la consécration
notre Maison , il lui a plu en détourner le mal avec présente que Nous faisons , Nous ferons construire
autant de douceur que de justice ; la rébellion de de nouveau Je grand Autel de PEglise Cathédrale
l'hérésie ayant aussi formé un parti dans PEtat, qui de Paris , avec une image de la Vierge qui tienne
n'avoit autre but que de partager notre autorité , entre ses bras celle de son précieux fils descendu
il s'est servi de Nous pour en abattre l'orgueil , & de la Croix ; Nous serons représentés aux pieds
a permis que nous ayons relevé ses saints Autels & du Fils & de la Mere , comme leur offrant no
en tous les lieux où la violence de cet injuste parti tre Couronne & notre Sceptre : Nous admonestons
en avoit ôté les marques. Si Nous avons entrepris le sieur Archevêque de Paris , & néanmoins lui en
la protection de nos Alliés , il a donné des succès joignons que tous les ans , le jour & Fête de l'As
si heureux à nos armes , qu'à la vue de toute l'Eu- somption , il fasse faire commémoration de notre
rope , contre l'espérance de tout le monde , Nous présente Déclaration à la grand'Messe , qui se
les avons rétablis en la possession de leurs Etats , dira en son Eglise Cathédrale , & qu'après les Vê
dont ils avoient été dépouillés. Si les plus grandes pres dudit jour , il soit fait une Procession en la
forces des ennemis de cette Couronne se sont ral dite Eglise , à laquelle assisteront toutes les Com
liées pour conspirer sa ruine , il a confondu leurs pagnies Souveraines & le Corps de Ville , avec
ambitieux desseins, pour faire voir à toutesles Na pareille cérémonie que celle qui s'observe aux
tions que comme fa Providence a fondé cet Etat , Processions générales ix plus solemnelles. Ce que
fa bonté le conserve , & sa puissance le défend. Nous voulons aussi être fait en toutes les Eglises ,
Tant de grâces si évidentes font que , pour n'en tant parochiales , que celles des Monastères de
différer pas la reconnoissance , fans attendre la paix ladite Ville & Fauxbourgs ; & en toutes les Vrles,
qui nous viendra fans doute de la même main dont Bourgs & Villages dudit Diocèse de Paris. Exhor
Nous les avons reçues , & que Nous desirons avec tons pareillement tous les Archevêques & Evêques
ardeur pour en faire sentir les fruits aux peuples de notre Royaume , ôí néanmoins leur enjoignons
qui nous font soumis , Nous avons cru être obli de faire célébrer la même folcmnké en leurs Eglises
gés, nous prosternant aux pieds de fa Majesté di Episcopales , & autres Eglises de leurs Diocèses ;
vine , que nous adorons en trois Personnes, à ceux entendant qu'à ladite cérémonie les Cours de Par
de la sainte Vierge , & de la sacrée Croix , où nous lement & autres Compagnies Souveraines , & les
révérons l'accomplissement des Mystères de notre principaux Officiers des gilles y soient présens. Et
Rédemption , par la Vie & la Mort du Fils de d'autant qu'il y a plusieurs Eglises Episcopales qui
Dieu , Nous consacrer à sa grandeur par son Fils ne sont point dédiées à la sainte Vierge , Nous ex
rabaissé jusqu'à nous , & à ce Fils par fa Mere hortons lefdits Archevêques Ht Evêques, en ce cas,
élevée jusqu'à lui; en la protection de laquelle Nous de lui dédier la principale Chapelle desdites Egli
mettons particulièrement notre Personne , notre ses , pour y être faite ladite cérémonie , & d'y
Etat , notre Couronne & tous nos Sujets , pour ob élever un Autel avec un ornement convenable à
tenir par ce moyen celle de la sainte Trinité par une action si célèbre , & d'admonester tous nos
son intercession , & de toute la Cour céleste par peuples d'avoir une dévotion toute particulière à la
son autorité & son exemple. Nos mains n'étant pas Vierge , d'implorer en ce jour fa protection , afin
assez pures pour présenter nos offrandes à la pu que , sous une si puissante Patrone, notre Royaume
reté même , Nous croyons que celles qui ont été soit à couvert de toutes les entreprises de ses enne
dignes de la porter, les rendront hosties agréables; mis ; qu'il jouisse longuement d'une bonne paix ;
& c'est chose bien raisonnable , qu ayant été mé que Dieu y soit servi & révéré si saintement , que
diatrice de ses bienfaits , elle le soit de nos actions Nous & nos Sujets puissions arriver heureusement
de grâces. A ces causes , &c. Nous avons déclaré à la derniere fin pour laquelle nous avons tous été
& déclarons que prenant la très-sainte & très-glo- créés : cartel est notre plaisir. Dec!, de Louis XJII,
rieusc Vierge pour protectrice spéciale de notre du 10 Février 1638.

§. V I. Des Abus dans Us Confrairies & Pèlerinages.

: I.

l*.j4.BVS dans les Confrairíes. L'on veut choses purement profanes. Ce font ces dif-
parler de ceux qui se commettent , tant férens abus , joints aux inconvéniens dan
par rétablissement que l'on fait de nouvelles gereux qui étoient réíùltés de ces sortes
Confrairies fans être autorisées par des d'associations , par les factions qu'elles ten-
Lettres-Patentes , que par les malversations doient à favoriser contre l'Etat, qui avoient
qui se pratiquent dans ^administration des d'abord fait proscrire dans tout le Royaume
Confrairies même qui font duement éta celles des Artisans & gens de Métier ,
blies , en employant une partie de leur comme l'on voit par d'anciennes Ordonnan
revenu en des Banquets , Festins & autres ces (1). A l'égard des autres Confrairies qui
374 LES LOIX CRIMINE LLES, Liv. III. Tit. VIII.
subsistent encore actuellement parmi nous , Reine notre très-honorée Dame 8c Mere, de notre,
comme font celles de Dévotion ou qui font très-cher 8c très-amé Frère le Duc d'Anjou, 8c de
plusieurs autres Princes 8c Gens de notre Conseil ,
établies pour exercer des Œuvres de cha
Nous avons ordonné 8c ordonnons , voulons 8c
rité envers le prochain > & pareillement Nous plaît, que les Ordonnances 5c Réglemens des
celles établies parmi les Gens de Juflice ou Rois nos Prédécesseurs, touchant les Etablissemens
entre les Marchands ô Négocians , dans des Commurfautés Religieuses, Séminaires 8c Con
la vue d'attirer par-là les bénédictions du ciel frairies , soient exactement observés : faisons ex
presses inhibitions & défenses à toutes Personnes ,
fur leur commerce : l'usage n'en a été conser
de quelque qualité & condition qu'elles soient ,
vé , comme il paroît d'après les Loix & Ré- d'entreprendre telle nature d'Etablissement fans
glemens , que íbus les conditions suivan notre permission , avec Capprobation des Evêques dio'
tes ; fçavoir , qu'elles soient d'abord revêtues céfains & consentement des Villes } auxquels Nous
de l'approbation des Evêques & du consen enjoignons ne souffrir aucun des Etablissemens ,
tement des Villes où elles font érigées , fans au préalable avoir vu notre permission por
tée par nos Lettres-Patentes enregistrées dans nos
ck ensuite autorisées par des Lettres-Paten
Cours Souveraines. Et d'autant que Nous sommes
tes duement enregistrées (2) , & qu'enfin bien informés qu'il y a plusieurs Communautés
après que les charges du Service divin 8c Séminaires qui sont établis , fans avoir observé
seront déduites , le reste du revenu qui les formes susdites , voulons & Nous plaît que nos
proviendra de ces Confrairies , fera em Baillis , Sénéchaux, leurs Lieutenans & autres Ju
ges Royaux se transportent aux Communautés 8c
ployé à l'instruction de la jeunesse , ou pour
Maisons qui se sont établies depuis dix années ,
les pauvres (3) , & non point à des Banquets pour leur faire représenter les Lettres portant no
ou Festins , lesquels font défendus expres tre permission; 8c en cas qu'il se trouve aucunes
sément par ces mêmes Loix , à peine d'A Communautés , Séminaires 8c Maisons de Reli
mende (4). gieuses , établis fans avoir observé les formes
désirées par nos Ordonnances , Nous voulons 8c
(1) Suivant nos anciennes Ordonnances & Arrêts entendons que nosdits Juges Royaux qui en feront
de nos Cours Souveraines , seront abattues , inter la visite , leur fassent commandement de se séparer
dites 8c défendues toutes Confrairies de Gens de incessamment 8c rompre leurs Communautés , à
Métiers & Artisans par tout notre Royaume. Edit peine d'être procédé contre ceux qui les compo
de François 1 , en Août 1539- art' sent , comme désobéiffans à nos Ordonnances , ce
que nosdits Juges seront tenus d'exécuter inconti
nent après la publication des Présentes , 8c d'en
voyer leurs procès-verbaux des diligences qu'ils
(2)J_jOUIS, &c. Les Rois nos Prédécesseurs auront faites , pour l'exécution des Présentes, à
ayant jugé combien il étoit important pour Tordre notre Procureur-Général , afin que par lui Nous
de l'Etat & le bien de leur service qu'il ne se fît puissions être informés de l'ordre qui aura été tenu
dans ce Royaume aucun Etablissement de Maisons par nosdits Juges. Si donnons en mandement , 8cc.
Régulières , Communautés, SéminairesSc Confrai Déclar. du 7 Juin 1659. reg. le 11 Juillet de la mêtm
ries , fans leur autorité 8c permission portées par année.
Lettres-Patentes scellées du grand Sceau, ils ont de
temps-en-temps , pour maintenir un Règlement si (3) Ordonnons que les deniers1 & revenusde tou
juste , si utile 8c si nécessaire , fait défenses , par tes Confrairies (à la charge du Service Divin dé
diverses Ordonnances, de faire aucunEtablissement duite 8c satisfaite ) soient appliqués à l'entretene-
de cette nature fans leur permission expresse , vérir ment des Ecoles 5c Aumônes ès plus prochaines
siée dans nos Cours Souveraines , avec le consen Villes ou Bourgades & Villages oìi lefdites Conr
tement des Evêques 8c des Villes où les Etablisse.- frairies auront été instituées , fans que lcsdits de;
mens dévoient être faits , ce qui a été long-ter;; ps niers puissent être employés à d'autres iifages ,
religieusement observé. Néanmoins nous avons de pour quelque cause que ce soit. Commandons
puis eu avis que , par un abus & licence préjudicia très expressément à nos Officiers 8c aux Maires 8c
bles à notre autorité & au public , tous ces bons Echevins , Capitouls 8c Conseillers desdites Vil
& utiles Réglemens ont été méprisés , 8c que l'on les 8c Bourgades , chacun en son endroit , d'y
a entrepris, contre Tordre de l'Eglise, avec mé avoir l'ceil , à peine de s'en prendre à eux. Ot J.
pris de notre autorité , établi des Maisons Régu d Orléans , art. 10. ..... •
lières, des Communautés , des Séminaires\ des . . . Enjoignons aussi faire exécuter réaument 5ç
Confrairies en plusieurs endroits^de notre Royau de fait les Ordonnances faites pour ôter 8c inter
me , fans le consentement des Evêques 8c des dire les Confrairies, Assemblées 8c Banquets accou-'
Villes , 8c fans nos Lettres-Patentes duement Vé tumés-po^r bâtons 8c autres choses semblables , 8c
rifiées , ce qui a causé un grand scandale & fait les deniers- être employés suivant le contenu esdi-
naître diverses plaintes de voir l'autorité de TE- tes Ordonnances ; ce que pareillement entendons
glife méprisée , & nos Loix 8c Ordonnances vio être exécuté pour le regard de la réception des
lées, dont on voit tous les jours arriver de grands ^Maîtres en tous Arts , Disciplines & Métier* , fans
ìnconvéniens , la licence faisant entreprendre d'é permettre , par nos Juges y la commutation. des
tablir souvent des Communautés fans aucun reve Banquets en argent ou aútrè chose équivalente qut
nu , en forte que l'on en a vu plusieurs être obli pourroit être donnée pour parvenir auxdites ré
gées d'abandonner leurs Couvens , 8c laisser par ceptions. Ord* de Moulins , crt. 74. . * . . .
décret les lieux qui ctoient consacrés à Dieu ; d'au . . . Suivant les anciennes Ordonnances des Rois
tres ont eux-mêmes formé des règles & des cons nos Prédécesseurs ^-Nous-avons défendu -8C '-dé set» -
titutions pour leurs Communautés fans être ap<- dorls toutes Confrairies de Gens de Métiers & Ar
prouvées. A ces cavses , voulant arrêter le cours tisan ^Assemblées Scljaçquets, 8cfera:le revenu
d'un tel abus , après avoir fait mettre cette affaire desdites; Confrairies employé , tant à la. célébrai
«n délibération en notre Conseil , de lavis tion du Service Divin, j'selçja ['Ordonnante qiu,
• ■ v 1de
I '■ ■>la
DES DÉLITS' CON TRE LA POLICE. 375
eft sera faite par l'Evêque diocésain , qu'à la nour prétexte d'aller en Pèlerinage , fans aupa
riture des pauvres du Métier & autres œuvres pi ravant en avoir , obtenu la permission ex
toyables. Òrdonn. de Blois , art. 37. . *•
presse de Sa Majesté , signée par un Secré
(4) L'Ordonnance faite à Orléans , concernant taire d'Etat, à peine des Galères perpé
les Confrairies des Métiers , fera gardée & obser tuelles pour les hommes , & de telles Peines
vée selon sa forme & teneur ; Ôc ajoutant à icellé , afrìictives que les Juges estimeront conve
seront du tout inhibées & ôtées les Confrairies de nables à l'égard des femmes j & pour cet
nouvelles entreprises & dressées par les Compa . eífet , il est enjoint aux Prévôts des Maré
gnons des Métiers , le tout fur peine de cent livres
parisis d'amende , applicables comme dessus , fur chaux de les arrêter & conduire en prison ,
les Contrevenatts , & de suspension d'état contre pour leur être le Procès fait & parfait,
les Juges qui y conniveront & dissimuleront. Ori. çorhmè à des vagabonds , par les Juges
■du i i Novembre 1577. des lieux où ils auront été pris , en première
instance , & par appel au Parlement.Comme
I L on ne peut bien connoître l'esprit de ces
r
différentes Loix , qu'en rapprochant leurs
20. ABUS dans. les Pèlerinages. Nous dispositions , nous allons les rapporter ici.
voulons parler principalement de ces voya
ges de dévotion qui se font pour Notre- (i)Que tous ceux qui voudront allèr en pèleri
nage à Saint- Jacques en Galice, Notre-Dame de
~Dame de Lorette , Saint- Jacques , ôc.
Lorette , & autres lieux Saints hors du Royaume,
Comme íl étoit résulté de ces sortes de feront tenus de se présenter devant leur Evêque
Pèlerinages différens abus , en ce qu'ils diocésain , pour être par lui examinés fur les mo
servoient le plus souvent de prétexte pour tifs de leur voyage , & prendre de lui attestation
vagabonder, & excroquer le Public par par écrit , outre laquelle ils seront encore tenus de
retirer des Maires , Jurât"; , Echevins , Consuls ,
des quêtes que l'on faifoit à ce sujet , nos
Capitouls ou Syndics des lieux de leur demeure ,
Souverains ont cru devoir y remédier & un certificat contenant leurs nom , surnom , âge,
les prévenir par des Réglemens particu qualité , vacation , s'ils sont mariés ou non , &. la
liers. Nous en remarquons de deux sortes. déclaration qu'ils auront faite du lieu où ils veu
Les uns concernent les Pèlerins étrangers lent aller en pèlerinage ; comme aussi retireront
pareilles attestations du Lieutenant-Général 67 Subs
qui voyagent dans le Royaume & y font
titut du Procureur-Général en la Sénéchaussée ou
des quêtes. Les autres regardent les Sujets Bailliage dont ils dépendent , lesquels certificats
du Roi qui sortent du Royaume pour aller & attestations lefdits Maires , Echevins, Jurais,
dans les Pays étrangers , fous prétexte de .Consuls , Syndics , Lieutenans Généraux & autres
Pèlerinage. Ces Réglemens prescrivent àux Officiers , feront, tenus de leur faire expédier gra
uns & aux autres des formalités particu tuitement & fans frais , en leur portant , par lef
dits Pèlerins , l'atteííation des Evêques diocésains,
lières fous différentes Peines. Ainsi, 1 °. quant & d'en retenir autant dans le Greffe , pour y avoir
aux Pèlerins étrangers , il est enjoint par recours , si besoin est ; faisant en outre inhibitions
l'Editde 1671 (1) , renouvelle par les Dé & défenses auxdits Lieutenans-Généraux , Substi
clarations de 1686 (2) & 1717 (3) , aux tuts du Procureur - Général , Maires , Consuls ,
Magistrats 8c Juges de Police des lieux , lors Jurais , Echevins , Capitouls ou Syndics , d'expé
dier lesdites attestations & certificats aux mineurs,
que ces Pèlerins ne leur représentent point
enfans de famille , Apprentifs oc femmes mariées ,
des attestations par écrit , tant de la part qu'il ne soit apparu par préalable du consentement
des Maires , Echevins , Lieutenans de de leurs Pères , Tuteurs , Curateurs , ou plus pro
Police , & Procureurs du Roi ou Fiscal des ches parens, Maîtres de métier , &de leu. s Maris.-
lieux de leur demeure , que de la part de Et seront tenus lefdits Pèlerins, en allant, de repré
senter lesdites attestations & certificats aux Magis
leurs Evêques Diocésains , ( lesdites attesta
trats & Juges de Police des Villes & Bourgs qui
tions , contenant leur nom , qualité , âge , se trouveront sur leur route, desquels ils prendront
vacation , & s'ils font mariés ou non ) de les certificat de leur arrivée &t de la représentation
faire arrêter & punir du Carcan pour la desdites attestations & certificats , lesquels seront
première fois , du Fouet par manière de enregistrés au Greffe desdites Villes & Bourgs de
castigation pour la seconde , &. enfin pour leur passage , moyennant quoi , pourront libre
ment aller dans toutes les terres & lieux de l'obéif-
la troisième fois des Galères. Mais cette sance du Roi , sans qu'il leur soit fait empêche»
derniere Peine ne peut être prononcée , ment , & feront reçus ès Hôpitaux pour ce éta
suivant ce même Edit , qu'après que le blis , suivant les conditions de leurs fondations ;
Procès leur aura été fait & parfait , comme & où lefdits Pèlerins ne se trouveront pas munis
à des vagabonds ô gens fans aveu , par defdites attestations ou certificats , enjoint à tous
Juges , Magistrats , Prévôts des Maréchaux ,
les Juges des lieux où ils auront été pris ,
Vice-Sénéchaux , leurs Lieutenans , Exempts Sc
en première instance, & par appel aux Cours autres Officiers , Maires , Consuls , Echevins ,
du Parlement. 20. Quant aux Sujets du Roi , Jurats , Capitouls & Syndics des Villes & Bourgs
il leur est aussi fait défenses par les mêmes dans lesquels. passeront lefdits Pèlerins , de les arrê
Loix , mais encore plus particulièrement ter & les conduire dans les prisons de ladite Ville ,
ou , s'ils sont arrêtés à la campine, dans celles de
par une derniere Déclaration intervenue
la Ville la plus prochaine, où le Roi veut que par
en 1738 (4) , de sortir du Royaume sous les Juges de Police ils soient punis du Carcan pour
376 LES LOIX CRIMINE LLES, Liv. III. Tit. VIII.
la première fois , nonobstant opposition ou appel la plupart se flattant que s'ils étoient arrêtés en
lation quelconque , & fans autre forme ni figure quelques endroits faute de représenter des certifi
de procès ; après quei leur fera donné sauf-con- cats , on ne leur feroit subir que la peine portée
duit par lesdits Juges pour leur retour en leur pour la première contravention, parlimpossibilité
pays ; 6c en cas de récidive , ou que lesdits pèle où se trouveront les Juges deles convaincre d'avoir
rins continuent leurdit pèlerinage , seront punis du déjà été repris de Justice pour le même sujet ; à
Fouet par manière de castigation , en présence & quoi étant nécessaire de pourvoir pour l'intérêt
paf ordonnance des mêmes Juges , par les Valets public 8c la police générale. A CES causes, &c.
des Conciergeries des Maifons-de-Villes , les Geô qu'aucuns de nos Sujets ne puissent aller en pèleri
liers des prisons , & autres personnes à ce prépo nage à Saint-Jacques en Galice , Notre-Dame de
sées ; 6c en cas de contravention pour la troisiè Lorette , & autres lieux hors de notre Royaume ,
me , leur fera le procès fait ôí parfait comme à fans une permission expresse de Nous, signée par
Gens vagabonds & fans aveu , par les Juges des l'un des Secrétaires d'Etat & de nos commander
lieux oii ils auront été pris , en première instan mens , fur l'approbation de l'Evêque diocésain , à
ce y & par appel aux Cours de Parlement ; & ne peine des Galères à perpétuité contre les hommes,
pourra la peine être moindre pour les hommes & contre les femmes de telles peines affiictives
que des Galères , le Roi se remettant auxdites que nos Juges estimeront convenables. Enjoignons,
Cours d'en modérer le temps , suivant l'exigence pour cet effet , à tous Juges , Magistrats , Prévôts
des cas 6c qualités des personnes. Edit du mois des Maréchaux , Vice-Senéchaux , leurs Lieute-
d'Août 1671. nans , Exempts , & autres Officiers , Maires , Con
suls , Echevins , Jurats , Capitouls 8c Syndics des
Villes & Bourgs de nos frontières , dans lesquelles
Lo UIS , &c. Les abus qui s'étoient jglissés passeroient lesdits pèlerins , un mois après la publi
dans notre Royaume , sous un prétexte spécieux cation de ces présentes , de les arrêter 8c conduire
de dévotion 8c de pèlerinage, étant venus à un tel dans les prisons desdites Villes 6c Bourgs , ou s'ils
excès que plusieurs de nos Sujets avoient quitté sont arrêtés à la Campagne , dans celles de la Ville
leurs parens, contre leur gré, laissé leurs femmes la plus prochaine , pour leur être le procès fait 5c
& enfans fans aucuns secours , volé leurs Maîtres parfait , comme à Gens vagabonds 8c fans aveu ,
& abandonné leurs apprentissages, pour passer leur par les Juges des lieux où ils auront été pris, en
vie dans une continuelle débauche , même que première instance , par appel en nos Cours de Par
quelques-uns fe feroient établis dans des pays étran lement. Si donnons en mandement , &c. Declar.
gers oìi ils se feroient mariés , bien qu'ils eussent du 7, Janvier 1686.
laissé leurs femmes légitimes en France , Nous au
rions cru pouvoir arrêter le cours de ces désordres, (3) Sa Majesté s'étant fait représenter les Décla
en ordonnant par notre Déclaration du mois rations du feu Roi son Bisayeul , du mois d'Août
d'Aoùt 1671 , que tous ceux qui voudroient aller 1671 , 8c du 7 Janvier 1686 , portant défenses à
en pèlerinage à Saint Jacques en Galice, Notre- tous ses Sujets d'aller en pèlerinage à Saint-Jacques
Dame de Lorette , & autres lieux saints hors de en Galice , à Notre-Dame de Lorette , 6c autres
notre Royaume , feroient tenus de se présenter lieux hors de son Royaume, fans une permission
devant leur Evêque diocésain , pour être par lui expresse de Sa Majesté , contre- signée par l'un des
examinés fur les motifs de leur voyage , 8c de sieurs Secrétaires d'Etat 8c de ses commandemens,
prendre de lui une attestation par écrit , outre la- surl'approbation de l'Evêque diocésain, à peine des
3uelle ils retireroient du Lieutenant-Général ou Galères à perpétuité contre les hommes,& de telles
u Substitut du Procureur-Général du Bailliage ou peines afflictives contre les femmes , que les Juges
Sénéchaussée dans lesquels ils feroient leur de des lieux estimeroient convenables. Et Sa Majesté
meure , ensemble des Maires 8c Echevins , Jurats , étant informée qu'au préjudice desdites Déclara
Consuls 5c Syndics des Communautés, des certi tions , plusieurs de ses Sujets négligeant de deman
ficats contenant leurs nom, âge, qualité, vacation, der des permissions , ou abusant en diverses ma
& s'ils étoient mariés ou non , lesquels certificats nières de celles qu'ils ont obtenues, sous le prétexte
ne feroient point donnés aux mineurs enfans de spécieux de dévotion , quittent leurs familles, leurs
famille , femmes mariées 8c apprentifs , fans le con parens ou leurs Maîtres & leur profession , pour
sentement de leurs Pères , Tuteurs , Curateurs , s'abandonner à une vie errante , pleine de fainéan
Maris & Maîtres de métiers ; 8c qu'à faute par les tise 8c d'un libertinage qui les portent souvent jus
dits pèlerins de pouvoir représenter lesdites attes qu'au crime , ou sortant du Royaume dans l'espé-
tations aux Magistrats 6c Juges de Police des rance de s'établir ailleurs , 8c ne trouvant pas , à
lieux où ils passeroient , 8c d'en prendre d'eux en beaucoup près, dans vin pays étranger les avantages
arrivant , ilsíeroient arrêtés & punis , pour la pre qu'ils trouveroient dans leur Patrie , en s'adonnant
mière fois , du Carcan; pour la seconde , du Fouet, au travail , & tenant une meilleure conduite , la
par manière de castigation ; 6c pour la troisième , plupart meurent de misère sur les chemins, &
condamnés aux Galères comme Gens vagabonds 8c les autres risquent d'être enrôlés de gré ou de force
Gens fans aveu. Et d'autant que Nous avons été pour toute leur vie dans les Troupes des Puissances
informés que plusieurs Enfans de famille , Artisans voisines : qu'enfin , il arrive même quelquefois que
& autres personnes , par un espiit de libertinage , des Soldats , engagés par toutes sortes de devoirs
ne laissoient pas d'entreprendre de faire des pèleri au service de Sa Majesté , se mêlent parmi ces Va
nages hors de notre Royaume , fans avoir observé gabonds, & , à la faveur de leur nombre, désertent
ce qui est porté par notredite Déclaration , les uns de ses Troupes , 8c passent aussi en pays étranger.
évitant de passer dans les Villes où ils fçavent qu'on Et Sa Majesté jugeant nécessaire , pour le bien de
leur demandera exactement des certificats; les au son service 8c pour celui du public ' oc de la police
tres se servant de fausses attestations , dans la con générale du Royaume, d'arrêter le cours de'ces
fiance qu'ils ont que les personnes préposées pour désordres, en retranchant absolument le prétexte
les examiner , ne pourront pas s'en appercevoir, ne qui les fait naître , Sa Majesté , de l'avis de M. le
connoissant pas les signatures des Evêques 8c Juges Duc d'Orléans, Régent, a fait 6c fait très-expresses
des lieux où lesdits pèlerins font leur demeure , 6c inhibitions 6c défenses à tous 6c chacun de ses
Sujets ,
DES DÉLITS CON TRÈ LA POLICE. 377
Sujets , de quelqu'âge , sexe , qualité & condition condamnés aux Galères , comme Vagabonds 6c
qu'ils soient , d'aller dorénavant en pèlerinage à Gens fans aveu. Mais ceux que Poisiveté & la dé
Saint-Jacques en Galice, Notre-Dame de Lorette, bauche déterminoient à entreprendre ces fortes de
Notre-Dame de Mont' Ferrât, & autres lieux hors voyages , ayant trouvé le moyen de se soustraire
des terres 6c pays de fa domination , pour quelque a loblervâtion dés formalités qui leur étoient pres
cause & sous quelque prétexte que ce puisse être , crites & aux Peinss dues a leurs contraventions ,
fur peîne des Galères à perpétuité contre les hom le feu Roi juçeá .a propos d'y pourvoir de nou
mes , & contre les femmes de telles Peines afflicìives veau ; &L par la Déclaration du 7 Janvier 1686 , il
que les Juges des lieux estimeront convenables ; fit défenses 3 tous ftfs Sujets d'aller en pèlerinage
déclarant nulles & de nul effet toutes les permis hors du Royaume , fans fa permission expresse
sions qui pourroient en avoir été précédemment ac- signée par l'un de fes Secrétaires d'Etat & de ses
cordées:enjoignant, pour cet effet,aux Archevêques commandemens , fur l'approbation dés Evêques
& Evêques de son Royaume de faire lire 6c publier diocésains , à peine des Galères à perpétuité con
tous les trois mois la présente Ordonnance par les tre les hommes , & de telle Pein» afflictive contre
Curés de leurs Diocèses , aux Prônes de leurs les femmes , qui feroit estimée convenable par les
Eglises Paroissiales , afin qu'aucun n'en prétende luges. Quoiqu'une Loi si sage dùt faire cesser en
cause d'ignorance : mande & ordonne Sa Majesté tièrement ces abus , Nous sommes cependant in
aux Gouverneurs 6c ses Lieutenans Généraux ou formés qu'ils ont repris leurs cours , & que plu
' Commandans dans ses Provinces , aux Intendans sieurs femmes , enfans de famille , Artisans , Ap
& Commissaires départis pour l'exécution de ses prentis* , & autres personnes abandonnent leurs
ordres dans lefdites Provinces, aux Gouverneurs familles & leurs professions pour mener une vie
particuliers & Commandans de ses Villes & Places errante & licencieuse , & pour sortir de notre
frontières, aux Maires, Echevins, Consuls & Jurats Royaume , sous prétexte de pèlerinage ; 6c vou
defdites Villes , aux Prévôts des Maréchaux , Vice- lant maintenir une Loi si conforme à la pureté de
Sénéchaux , leurs Lieutenans, & à tous autres Offi la Religion 6c à l'intérêt public , Nous avons jugé
ciers , de tenir la main, chacun en ce qui les con à propos d'en ordonner de nouveau l'exécution.
cerne , à l'exécution de la préfente , & de faire arrê A os causes , &c. qu'aucuns de nos Sujets ne
ter & conduire dans les Prisons prochaines tous puissent aller en pèlerinage à Saint-Jacques en
ceux qui , fous prétexte desdits pèlerinages , paroî- Galice , Notre-Dame de Lorette , 6c autres lieux
tront disposés à sortir du Royaume , après la publi hors de notre Royaume , fans une permission expresse
cation qui en fera faite , pour être leur Procès de Nous , signée par l'un des Secrétaires d'Etat 6t
fait 8í parfait par les Juges des lieu* comme à des de nos commandemens , fur l'approbation de
Vagabonds & Gens fans aveu , faníp'réjudicier a'u . l'Evêque diocésain , à peine des Galères à perpé
surplus , à l'égard des Soldats , à l'exécution d6s tuité contre les hommes , 6c de telle Peine afflic
Ordonnances militaires rendues contre les Déser tive contre les femmes , qui fera estimée conve
teurs. Oad. du 15 Novembre 1717. nable par nos Juges. Enjoignons , pour cet effet ,
à tous Juges , Magistrats , Prévôts des Maréchaux,
Vice-Sénéchaux , leurs Lieutenans , Exempts 6C
autres Officiers , Maires , Consuls , Echevins ,
(4) LoUIS, &c. Le feu Roi notre très-honoré Jurats , Capitouls & Syndics des Villes Sc Faux-
Seigneur & Bisayeul , voulant réprimer les abus bourgs de nos frontières, dans lesquelles passe-
qui se commettoient , sous le prétexte spécieux de roient lesdits Pèlerins , un mois après la publica
dévotion & de pèlerinage, régla, par faDéclaration tion de ces Présentes , de les arrêter & conduire
dumois d'Août 1671 , les formalités qui dévoient dans les Prisons defdites Villes 6c Bourgs , ou ,
être observées par ceux qui voudront aller en s'ils font arrêtés à la Campagne , dans celles de la
pèlerinage à Saint-Jacques en Galice, à Notre-Dame Ville la plus prochaine , pour leur être le Procès
de Lorette , 6c aux autres lieux Saints hors du fait 6C parfait comme à Cens vagabonds &fans aveu ,
Royaume , 6e ordonna que les Contrevenans se- par les Juges des lieux oh ils auront été pris , en
roient arrêtés & punis pour la première fois du première instance , 6C par appel en nos Cours de
Carcan , pour la seconde du Fouet , par manière Parlement. Si donnons en mandement. Decl. du
de castigation , & que pour la troisième , ils seront 1 Août 1738.

Bbb
378 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. III.Tit. VIII.

CHAPITRE SECOND.

Des Délits contre la Police des Mœurs ; ou de la Contravention aux


Réglemens faits au sujet de /'Education de la Jeunesse ; des Spectacles
& Bains publics ; des Femmes de mauvaise vie ; de la fréquentation
des Cabarets ; des Mascarades & Charivaris.

§. I. Délits au sujet de /'Education de la Jeunesse.

SOMMAIRES.

commettre des Délits en cette ma-


1 . Importance de cet objet.
2. Six sortes de personnes qui peuvent tiere.

I.
i. Im- C'EST ici , fans contredit , un des objets tout à ceux dont les pères & mères ont
Se cetob- 1" P*us imPortans de la Police , puisqu'il fait profession de la Religion Prétendue
jet. ne tend rien moins qu'à former des íùjets Réformée ) & qu'ils n'ont pas foin de
capables de servir utilement la Religion , les fàire assister au Service divin les jours
l'Etat & leur Patrie , aussi-bien que leur de Dimanches & Fêtes , & même de les
conduire à la Messe tous les jours ouvriers ;
famille.
comme aussi lorsqu'ils négligent d'appren
I I.
dre à lire , Ht même à écrire à ceux qui peu
i. Sir Les Délits en fait d'Education de la vent en avoir besoin : le tout ainsi qu'il fera
sortes de jeunesie peuvent se commettre par six sortes ordonné par les Archevêques & Evêques ,
qui °p"u- de personnes , aux termes des Déclarations lesquels , suivant l'Edit de 1695 (7) ,
vent com- de 1698 & de 1724 ; fçavoir , i°. par les ont le droit de les interroger dans le cours
Délits en Pères ô Mères , Tuteurs , de. lorsqu'ils de leurs visites , & même d'en mettre
cette ma- n'ont pas foin d'envoyer leurs enfans aux d'autres en leurs places , s'ils ne font pas
t,cre* Catéchismes & \ l'Ecole. II y a contre satisfaits de leur doctrine & de leurs
eux peine d'Amende (1) , laquelle ils font meurs. 5°- Par les Procureurs du Roi ou
tenus , suivant une nouvelle Déclaration Fiscaux des lieux , qui n'ont pas foin
de 1701 (2), de payer par provision , & de fe faire remettre par les Maîtres & Maî
nonobstant l'appel qu'ils interjetteroient des tresses d'Ecole un état des Ecoliers qui
Jugemens de condamnation : & pareille n'assistent point aux Catéchismes ( 8 ).
ment ils font puniflables d'Amende , sui 6°. Enfin par les Juges qui ne font pas les
vant une déposition particulière de la Dé diligences nécessaires pour l'exécution des
claration de 1724(3), lorsqu'ils envoient Réglemens dont on vient de parler , &
élever leurs enfans dans les pays étrangers qui négligent de punir les réfractaires. II
fans en avoir obtenu la permission par écrit y a dans tous ces cas , suivant ces Régle
de S. M. , signée d'un des Secrétaires d'E mens , peine d'Amende , & même plus
tat. 20. Par les Curés & Vicaires , lors grande , suivant l'exigence des cas (9).
qu'ils ne veillent pas avec une attention
(1) Enjoignons à tous les pères , mères , tuteurs,
particulière íùr l'instruction des enfans de
& autres personnes qui sont chargées de l'éduca
leurs Paroisses , & fur-tout de ceux qui ne tion des enfans , & nommément de ceux dont les
vont pas aux Ecoles (4). 30. Par les Ar pères & mères ont fait profession de la Religion
chevêques & Evêques qui ne satisfont pas Prétendue Réformée , de les envoyer auxdites
aux injonctions qui leur font faites par les Ecoles 6c aux Cathéchismes jusqu'à l'âge de qua
torze ans , fi ce n'est qu'ds soient des personnes de
mêmes Loix (5) , de s'informer exactement
telle condition qu'elles puissent les faire instruire
de ces instructions , & de s'en faire rendre chez eux par des Précepteurs bien instruits de la
compte dans le cours de leurs visites , Religion & de bonnes mœurs , ou les envoyer aux
par ceux qui font chargés de l'éducation Collèges. DÉCL. du 13 Décembre 1698. ars. 10.
de ces enfans , lesquels font tenus de les leur V. aussi la DÉCL. du 2.4 Mai 1714. art. 6.
représenter s'ils l'exígent. 40. Par les Maî
tres & Maítrejses dEcole qui doivent être (1) H>OUIS , &c. Nous avons , par l'article 10
établis dans chaque Paroisiè (6) , lors-, de notre Déclaration du 13 Décembre 1698 ,
qu'ils négligent d'apprendre le Catéchisme ordonné que les enfans de ceux qui ont été de la
aux enfans qui leur font confiés , (&fur- Religion Prétendue Réformée seroient envoyés aux


DES DÉLITS CON TRE ÍA POLICE. 37?
Ecoles & Gathéchismes par leurs pères , mères , profession de la Religion Prétendue Réformée, du
tuteurs , 8c autres personnes chargées de leur édu Catéchisme &c des Prières qui font nécessaires t
cation , à peine de condamnation d'Amende , ou pour les conduire à la M<_sse tous les jours ouvriers f
de plus grande Peine , suivant l'exigence du cas ; & leur donner l'instruction dont ils ont besoin fur ce
quoiqu'en la plupart des lieux ils aient été exacts à sojet , & pour avoir soin , pendant le temps qu'ils
remplir ce devoir, néanmoins Nous avons été iront auxdites- Ecoles r qu'ils assistent au Service
informés qu'en quelques autres il y en a qui non- Divin tous les Dimanches 6c les Fêtes ; comme
feulement n'y ont point satisfait , mais ont appelle aussi pour apprendre à lire , & même à écrire , à
des condamnations d'Amendes prononcées contre ceux qui pourront en avoir besoin ; le tout cn la
eux , bien que modiques , pour s'en mettre par-là manière prescrite par Part. 25 de notre Edit du
à couvert , dans l'espérance qu'ils ne seront pas mois d'Avril 1695 , concernant la Jirrisdictiort
poursuivis , ÔC qu'ils pourront , évitant la Peine , Ecclésiastique , & ainsi qu'il fera ordonné par-les.
continuer leurs contraventions. A ces causes , &c, Archevêques & Evêques ; & que dans les lieux ou
que toutes les condamnations d'Amendes qui seront il n'vaura point d'autres fonds , ií puisse être im
prononcées en conséquence de 1 article iodenotre- pose fur tous les Habitans la somme qui manquerai
dite Déclaration , soient exécutées par provision , pour leur subsistance jusqu'à celle èe 150 liv. paf
nonobstant l'appel , si elles ne font que de dix sols an pour les Maîtres ,& 1 00 liv. pour les Maîtresses
& au -dessous. Si donnons en mandement , &c. & que les Lettres nécessaires en soient expédiées»
Decl. du 16 Oclobre 1700. sans frais , fur les avis que les Archevêques &£i
Evêques, &C les Commissaires départis dans les
(3) Quant à Péducation des enfans de ceux qui Provinces pour Pexécution de nos ordres , leur en
cmt ci-devant professé la Religion Prétendue Ré donneront. Même Décl. art. y.\V. aussi -l'art. 5 des
formée, ou qui sont nés de parens qui en ont fait la Decl. de 1714.
profession , voulons que PEdit du mois de Janvier
1686 , & les Déclarations du 1 3 Décembre 1698 , (7) Les Régens , Précepteurs , Maîtres & Maî
& 16 Octobre 1700, soient exécutés dans tout ce tresses d'Ecoles des petits Villages , feront approu-
qu'ils contiennent ; & en y ajoutant , nous défen vés par les Curés des Paroisses , ou autres personnes?
dons à tous nosdits Sujets d'envoyer élever leurs en Ecclésiastiques qui ont droit de le faires;,. & les
fans hors du Royaume, à moins qu'ils n'en aient ob Archevêques & Evêques , ou leurs Archidiacres r
tenu de nous la permission par écrit , signée de dans le cours de leurs visites , pourront les inter
l'un de nos Secrétaires d'Etat , laquelle nous n'ac roger , s ils le jugent à propos , fur le Catéchisme ,
corderons qu'après que nous aurons été luffifam- en cas qu'ils l'apprennent aux enfans du lieu , Sc
ment informés de la catholicité des pères & mères, ordonner que l'on_en mette d'autres en leur place /
& ce , à peine , en cas de contravention , d'une s'ils ne sont pas satisfaits de leur doctrine ou de leur»
Amende , laquelle fera réglée à proportion des mœurs , & même en d'autres temps que celui de
biens & facultés des pères & mères desdits enfans , leurs visites , lorsqu'ils y donneront lieu , pour les
& néanmoins ne pourra être moindre que de la mêmes causes. Edit d'Avril 1695. an- 25*
somme de six mille livres , & fera continuée pour (8) Pour assurer encore plus Pexécution de
chaque année que leurs enfans demeureroient en l'article précédent , voulons que nos Procureurs r
pays étrangers , au préjudice de nos défenses , à ceux des Seigneurs Hauts-Justiciers , se fassent
quoi nous enjoignons à nos Juges de tenir exacte remettre tous les mois , par les Curés , Vicaires ,
ment la main. Decl. du 14 Mai 1714. art. 4. Maîtres & Maîtresses d'Ecole , ou autres qu'ils
(4) Enjoignons aux Curés de veiller , avec une chargeront de ce soin , un état exact de tous les
attention particulière , fur l'instruction des enfans enfans qui n'iront pas aux Ecoles ou aux Caté
dans leurs Paroisses , même à l'égard de ceux qui chismes & Instructions, de leurs noms, âges , sexes,
n'iront point auxdites Ecoles.... Même Decl. du 1 3 & des noms de leurs pères & mères , Tuteurs ou
Décembre 1698. art. V. aussi l'art. 6 de la DÉCL. Curateurs , ou autres chargés de leur éducation y
de 1714. & qu'ils aient soin de rendre compte , au moins
tous les six mois, à nos Procureurs-Généraux, cha
(5) Et néanmoins enjoignons aux Archevêques cun dans leur ressort , des diligences qu'ils auront
& Evêques de s'informer soigneusement desdites faites à cet égard , pour recevoir d'eux les ordres &
instructions. Ordonnons aux pères & autres qui en les instructions nécessaires. Décl, du 14 Mai 1714.
ont l'éducation, & particulièrement aux personnes art. 7.
les plus considérables par leur naissance & par leurs
(9) Enjoignons à nos Juges , Procureurs , & à
emplois , de leur représenter les enfans qu'ils ont
ceux des Seigneurs qui ont la Haute-Justice , de
chez eux , lorsqu'ils l'ordonneront dans le cours
faire toutes les diligences , réquisitions & ordon
de leurs visites , pour leur en rendre compte.
nances nécessaires pour Pexécution de notre volon
Même Décl. de 1658. art. V. auíîl l'art. 6 de la
té à cet égard , & de punir ceux qui feroient né-
Décl. de 1714. gligens d'y satisfaire , ou qui aui oient la témérité
(6) Voulons que l'on établisse des Maîtres & d'y contrevenir de quelque manière que ce puisse
Ses Maîtresses d'Ecole dans toutes les Paroisses où être , par des condamnations d'Amende , ou plus
il n'y en a point pour instruire tous les enfans , & grande Peine , suivant Pexigence des cas. Décl. du
nommément ceux dont les pères & mères ont fait 13 Décembre 1698. art. 15.

II. Des Spectacles & Bains publics.

i°. Spectacles publics. Nous avons don- mettre en cette matière , d'après ía djípo-
né d'avance , en traitant de l'inobscrvation tion de l'Ordonnance d'Orléans , qui dé-
des Dimanches & Fêtes , des exemples fend expressément aux Joueurs de farce ,
particuliers des Délits aui peuvent fe com- &. aux Bateleurs , de fe revêtir d'habiís>
r * Bbb *
380 LES LOIX CRIMINEI LES , Liv. III. Tit. VIII.
Ecclésiastiques , & de jouer choses disso puissent blesser l'honnêteté publique, fur peine
d'être déclarés infâmes , & autres Peines qu'il
lues & de mauvais exemple , à peine de
écherra : enjoignons à nos Juges , chacun en son
prison & punition corporelle. Nous voyons district , de tenir la main à ce que notre volonté
d'ailleurs que , par une disposition parti soit religieusement exécutée ; & en cas que lesdits
culière de la Déclaration de Louis XIII, du Comédiens contreviennent à notre prélente Dé
4 Avril 1641 (1) , il est fait défenses ex claration , nous voulons & entendons que nosdits
Juges leur interdisent le théâtre , & procèdent
presses à toutes personnes de faire dans ces
contr'eux par telles voies qu'ils jugeront à propos ,
Spectacles aucunes aclions malhonnêtes y selon la qualité de l'action , sans néanmoins qu'ils
& d'user de paroles lascives ou à double puissent ordonner plus grandes peines que l'Amen
entente , qui peuvent blesser l'honnêteté de ou le Bannissement ; & en cas que lesdits Comé
publique , à peine d'être déclarés infâmes , diens règlent tellement les actions du Théâtre ,
qu'elles soient du tout exemptes d'impureté , nous
& autres Peines qu'il écherra. Nous avons
voulons que leur exercice, qui peut innocemment
encore fur ce point des Réglemens parti divertir nos Peuples de diverses occupations mau
culiers au sujet de la Police qui doit se vaises , ne puissent Içur être imputé à blâme , ni
garder aux Spectacles de la Comédie (z) , préjudicier à leur réputation dans le commerce
de l'Opéra (3) , & autres qui font autori public ; ce que nous faisons, afin que le désir qu'ils
sés par le Gouvernement. Suivant ces Ré auront d'éviter le reproche qu'on leur a fait jus
qu'ici , leur donne autant de sujet de se contenir
glemens , qui font rapportés par la Marre , dans les termes de leur devoir des représentations
& qu'il est d'autant moins permis d'igno publiques qu'ils feront , que la crainte des Peines ,
rer , que leur exécution est renouvellée de qui leur seroient inévitables, s'ils contrevenoient à
temps à autre par des Ordonnances de Po- la présente. Décl. de Louis Xlll du 4 Avril 1641.
liçe qu'on voit affichées aux portes de ces (1) Nous, conformément aux ordres de Sa
Spectacles , il paroît qu'il y en a qui con Majesté , avons fait très-expresses défenses à toutes
cernent particulièrement les Acleurs de ces sortes de personnes , de quelque qualité , condition
Spectacles par rapport à la discipline qu'ils & profession qu'elles soient , de s'attrouper & de
s'assembler au-devant & aux environs des lieux
doivent garder dans l'exeroice de leur état ;
oii les Comédies font récitées & représentées , d'y
& d'autres qui regardent ceux qui asfiflent à porter aucunes armes à feu , de faire effort pour y
ce Spectacle. II y a contre les premiers , entrer , d'y tirer l'épée & de commettre aucune
suivant la Déclaration de Louis XIII , que autre violence , ou d'exciter aucun tumulte , soit
nous venons de citer , peine d'Interdiction au-dedans ou au-dehors , à peine de la vie , & d'être,
du Spectacle , & autre plus grande , suivant procédé extraordinairement contr'eux comme per
turbateurs de la sûreté & tranquillité publique ;
la qualité de l'action , laquelle ne peut comme aussi faisons très-expresses défenses à tous
néanmoins aller au-delà de l'Amende & Pages & Laquais de s'y attrouper , d'y faire aucun
du Bannissement : & à l'égard des Specta bruit ni désordre , à peine de punition exemplaire
teurs , il y a peine d'Amende , & même & de deux cent livres d'amende , au profit de
de la vie , contre ceux qui commettent l'Hôpital- Général , dont les Maîtres demeureront
responsables & civilement tenus de tous les désor
dans ces Spectacles quelques désordres &
dres qui auront été faits ou causés par lesdits Pages
violences. C'est aussi dans la vue de pré & Laquais ; & en cas de contravention , mandons
venir ces désordres , que , par les mêmes aux Commissaires du quartier de se transporter sur
Réglemens , il est fait défenses expresses à les lieux , & aux Bourgeois de leur prêter main-
tous vagabonds , gens fans état , &. même forte , même de nous informer fur le champ des
dits désordres , afin qu'il y soit dès l'instant pourvu ,
à tous Soldats , de se trouver aux environs
& que ceux qui s'en trouveront être les Auteurs ou
des lieux où se trouvent ces Spectacles , Complices , de quelque condition qu'ils soient ,
à peine de Prison ; & de plus , les pères puissent être saisis & arrêtés , & leur Procès fait &c
& mères y font déclarés civilement respon parfait , selon la rigueur des Ordonnances , &c.
sables des Amendes qui font prononcées Ord. de Police du 9 Janvier 1673. F. le Traité
de Police de la Marre , ibid.
contre leurs enfans & domestiques.
(3) Sur ce qui nous a été représenté par le
Procureur du Roi , que Sa Majesté voulant non-
(1) LoUIS, &c. Les continuelles bénédictions seulement maintenir en tous les lieux de cette Ville
qu'il plaît à Dieu répandre fur notre règne , nous l'ordre & la sûreté qui s'y trouve à présent , mais
obligeant de plus en plus à faire tout ce qui dépend encore faire ressentir à tous ses habitans de nou
de nous pour retrancher tous les déréglemens par veaux effets de la tranquillité dont ils jouissent, il
lesquels il peut être offensé ; la crainte que nous lui a plu d'établir depuis peu à Paris une Académie
avons que les Comédies qui se représentent utile & des Ecoles de Musique , & de pourvoir aussi en
ment pour les divertiffemens des peuples , soient même temps , par l'expédition de ses ordres exprès,
quelquefois accompagnées de représentations peu à la sûreté particulière du lieu oìi cette Académie
honnêtes , qui laissent de mauvaises impressions est établie. Et d'autant qu'il importe que chacun
dans les esprits , fait que nous sommes résolus de soit informé de la volonté de Sa Majesté , &
donner des ordres précis pour éviter tels inconvé- qu'Elie prétend qu'il soit procédé extraordinaire
niens. A ces causes , nous avons fait & faisons ment contre ceux qui au-dedans ou au-dehors &
très-expresses inhibitions & défenses , par ces Pré proche de l'Académie exciteront quelque tumultej
sentes (ignées de notre main , à tous Comédiens de & qui troubleront les Spectacles íz Divertiffemens
représenter aucunes aclions malhonnêtes , ni d'user publics , requéroit le Procureur du Roi que fur ce
d aucunes paroles lascives ou à double entente , qui il fût pourvu , afin que par le respect qui est dû aux
DES DÉLITS CON TRE LA POLICE. $gi
Volontés de Sa Majesté , plus que par la crainte du de parler de ces Bains en traitant des Vols
châtiment , & qu'ainsi par la connoissance de la qualifiés par le lieu. II paroît , d'après les
protection particulière qu'il lui plaît de donner , en Réglemens , qu'il se commet à cet égard
faveur des Arts &c du Public , à l'Académie de
Musique , ceux qui se trouveront à ces représenta trois sortes de Délits. 1 °. Par les Fermiers
tions n'y fassent aucun désordre , ©í qu'aucun de &. Loueurs de ces Bains , lorsqu'ils n'ont
ceux à qui l'entrée en est détendue n'ait la témérité pas foin de tenir le Bain des femmes séparé
dè s'y présenter. Nous , conformément aux ordres de celui des hommes. 20. Par les Particu
de Sa Majesté , avons fait & faisons très-expresses liers qui se baignent avec indécence. 30 Enfin
défenses à tous Vagabonds & Gens fans condition ,
par ceux qui íè montrent nuds fur les bords
même à tous Soldats , de se trouver aux environs
du lieu où l'Académie de Musique est établie, les & graviers de la rivière , & fur les bateaux
jours de représentations qui y seront données au chargés ou vuides. II est fait mention , dans
Public , à peine de Prison ; & à tous Pages & La le Dictionnaire de Police (1) , d'une Sen
quais , d'y faire ni exciter aucun bruit ni désordre , tence de Police du Prévôt des Marchands
à peine de punition exemplaire & de deux cent de Paris , du 2 Juin 1 742 , qui contient
livres au profit de l'Hôpital-Général , dont les
Maîtres demeureront relponsabfes & civilement des défenses expresses pour tous ces diste-
tenus des violences & désordres qui auront été rens cas ; sçavoir , à peine de trois cens
faits par lesdits Pages 8c Laquais. Faisons pareille livres d'Amende contre les Fermiers &
ment défenses , & fous les mêmes Peines , à toutes Loueurs de ces Bains , & de la confiíca-
sortes de personnes, de quelque qualité & condition " tion de leurs bateaux & équipages , & à
qu'elles soient , de faire effort pour entrer dans le
peine de trois mois de Prison contre ceux
lieu de l'Académie , de porter aucunes armes à feu
dans celui des représentatioos , d'y tirer l'épée & qui se baignent d'une manière indécente ,
d'y faire aucune insulte ou querelle , à peine de la ou qui se montrent nuds sur les bords de
vie. Mandons aux Commissaires du quartier , en la rivière. II y a aussi différentes Ordon
cas de contravention , d'en informer , de se trans nances de Police du Châtelet, citées par
porter sur le lieu toutes fois & quantes il fera né
l'Auteur du nouveau Code de Police (2) ,
cessaire , & au premier avis qui leur en fera donné,
même de faire arrêter ceux qui auront fait ou excité qui font défenses de se baigner dans réten
quelque violence ou désordre , & contrevenu à la due de la rivière destinée à y puiser de
présente Ordonnance , laquelle sera exécutée selon l'eau , à Peine de Prison & d'amende , dont
fa forme & teneur , nonobstant oppositions ou ap les Pères & Mères , Maîtres & Maîtresses
pellations quelconques , & fans préjudice d'icelles,
font déclarés responsables pour leurs en-
lue , publiée & affichée par-tout oìi besoin sera ,
afin que personne n'en puisse prétendre cause d'igno fans, apprentifs, serviteurs & domestiques,
rance. Ord. de Police du 1 1 Décembre 1671. V. le & à peine de Fouet contre les gens fans
Traité de la Police de la Marre , ibid. aveu.
(1) y. Dictionnaire de la Police , au jnot
I I. Bains.
(x) V. Code de la Police , tome 1 , titre 4 ,
28. Bains publics. Nous avons eu lieu S- 3.

§. III. Femmes de mauvaise vie.

Nous avons vu , en traitant du Crime de de particulières contre les Cabaretiers &


Maquerélage , les Peines particulières qui les Limonadiers qui les retirent chez eux à
sont portées , tant contre les femmes dé des heures indues.
bauchées , que contre ceux qui se prêtent
à leur débauche , soit en cherchant à cor (i)Les femmes d'une débauche & prostitution pu
rompre la jeunesse pour la livrer à ces pros blique & scandaleuse , ou qui en prostituent d'au-
tituées publiques , soit en leur donnant re tres , seront renfermées dans un lieu particulier
destiné pour cet effet dans la Maison de la Salpê-
traite en leur maison. Nous avons en même- triere , lorsqu'elles y seront conduites par ordre de
temps donné un exemple récent de la ma Sa Maiesté , ou en vertu des Jugemens qui seront
nière dont se prononcent ces Peines dans rendus pour cet effet au Châtelet par le Lieutenant
notre usage actuel. II ne nous reste plus qu'à de Police , à l'encontre desdites femmes , fur les
faire voir ici la manière dont ces Peines Procès qui leur seront instruits , pour y demeurer
durant le temps qui fera ordonné , Sa Majesté
s'exécutent , tant à l'égard des femmes pros
voulant que les Sentences dudit Lieutenant de Po
tituées , que de celles qui les prostituent, lice en ce fait particulier , & dont Sa Majesté lui
pendant leur détention dans une Maison attribue , en tant que besoin est , toute Jurisdiction
de force , en rapportant un Règlement & connoissance , soient exécutées comme de Juge
particulier de Police qui a été sait à ce su en dernier ressort. Si en jugeant un Procès criminel
les Juges à qui la connoissance du Procès criminel
jet. (1). Nous verrons d'ailleurs, dans le §. sui
appartiendra , trouvent à propos de condamner à la
vant , qu'indépendamment des peines por même Peine des femmes convaincues dudit Crime
tées par nos Loix contre ceux qui louent de débauche publique , qui se trouveront comprises
leurs maisons à ces prostituées , il y en a dans lesdits Procès , elles pourront être aussi enfer
3#r LES LOIX CRIMINE LLES , Liv. III. Tit. VHÍ.
mées dans le même lieu , en vertu des Arrêts ou les Directeurs qui en auront le foin particulier le,A
Jugemens qui interviendront pour cet effet.Lesdites trouveront à propos. Lefdits Directeurs pourront,
femmes entendront la Messe les Dimanches & après quelque temps , permettre à celles desdites
Fêtes , & seront traitées des maladies qui leur femmes qui paroîtront avoir regret de leurs dé
pourront survenir fans sortir du lieu où elles seront sordres , de travailler à des ouvrages moins rudes,
renfermées, qu'en cas d'une nécessité indispensable'. & d'acheter , du gain qu'elles y pourront faire , .
Elles prieront Dieu toutes ensemble un quart jusqu'à demi - livre de viande chaque jour que
d heure matin & soir , & durant la journée on leur l'on en peut manger , ou des fruits , ou autres
fera lecture du Catéchisme & de quelques Livres rafraîchissemens , ainsi que lefdits Directeurs le
de Piété pendant le travail auquel on trouvera à jugeront à propos. On punira les juremens & les
propos de les employer. Elles seront habillées de autres fautes que lefdites femmes pourront com
tiretaine avec des sabots. Elles auront du pain , du mettre par le retranchement du potage , en les
potage & de l'eau pour nourriture , & une pail mettant au carcan dans les mal-aises , certain temps
lasse , des draps £c une couverture pour se cou de la journée , ou par les autres voies semblables 8t
cher. On les fera travailler le plus long-temps 6c usitées7 dans ledit Hôpital , que les Directeurs esti
aux ouvrages les plus pénibles que leurs forces meront nécessaires. Régl. duxo Avril 1684.
le pourront permettre , en la manière en laquelle

§. IV. Des Mascarades , & Charivaris.

l°.r^ÍAscARADES. Nous avons eu lieu" âe assemblées entre des personnes que le masque rend
parler de ces sortes de déguisemens , en tant égales en apparence , quoiqu'elles soient de condi
tion bien différente. Sa Majesté , de l'avis de M. le
qu'ils tendent à favoriser d'autres Crimes ,
Duc d'Orléans, Régent du Royaume, a de nouveau
tels que le Faux , le Vol, même les Meurtres fait très-expresses inhibitions & défenses à toutes
& Assassinats. Nous n'en parlons ici qu'en personnes masquées, dequelque qualité & condition
tant qu'ils forment de simples Délits de qu'elles soient, de porter des épeesou autres armes ,
Police , par les contraventions aux défenses ou d'en faire porter par leurs Valets , à peine de
désobéissance contre les Maîtres , & de Prison contre
faites par les Réglemens de Police dans
les Domestiques : enjoint au sieur de Baudry , Con
les deux cas íùivans. L'un , lorsqu'en temps seiller en ses Conseils , Maître des Requêtes ordi
de Carnaval on va par les rues , soit de naire de son Hôtel , Lieutenant-Général de Police
jour , soit de nuit , avec armes & bâtons. de fa bonne ville de Paris, de tenir la main à l'exé-
Uautre , lorsqu'à la faveur de ces dégui cution de la présente Ordonnance, qui sera publiée
& affichée par-tout où besoin sera , à ce qu'aucur*
semens on cherche à s'introduire par force
n'en prétende cause d'ignorance. Ord. du y No
& violence dans des assemblées faites à vembre ijio.
l'oecasion des Nôces & festins , fous pré
texte qu'il y a des violons. II y a dans (1) Sur ce qui nous a été remontré par le Pro
le premier cas , suivant une Ordonnance de cureur du Roi qu'il arrive fréquemment des que
relles & désordres chez les Marchands de Vin ,
1720 (1) , peine de désobéissance contre
Traiteurs de la Ville & Fauxbourgs de Paris , à
ceux qui portent des épées & autres ar l'oecasion des violons ou autres instrumens que
mes , & de Prison contre les domestiques l'on a coutume d'y avoir lors des repas & festins de
par qui ils en font porter ; & quant au der noces ou autres assemblées qui se font chez lef
nier cas , nous voyons par les Réglemens , dits Traiteurs , & que les abus proviennent de ce
& entr'autres par une Sentence de Police que la plupart des jeunes gens & tapageurs de
nuit croient être autorisés par un prétendu usage ,
du Châtelet , du 1 1 Décembre 1 742 (2) , principalement dans le temps du Carnaval , à en
que ces sortes de violences font défendues , trer , même de force , dans tous les lieux oh. il y a
à peine , contre les contrevenans , d'être des violons ; ce qui trouble la tranquillité de ces
traités & poursuivis comme perturbateurs assemblées ; que souvent même ils y obligent les
du repos public ; & de plus il y a peine violons à jouer pendant toute la nuit, & exercent
des violences contre les Traiteurs , leurs femmes,
de mille liv. d'Amende contre les Violons
enfans & garçons , lorsqu'ils veulent s'y opposer
qui jouent à la réquisition de ces contre & les congédier : pourquoi requéroit que fur ce
venans , & de deux cens livres d'Amende il y fût incessamment par Nous pourvu. Nous , fair
contre les Traiteurs & Marchands de Vin sant droit sur le Réquisitoire du Procureur du Roi ,
qui n'ont pas foin d'avertir de ces sortes de faisons très-expresses inhibitions &C défenses à toutes
personnes , de quelque état , sexe , qualité & con
violences les Commissaires 6c les Officiers
dition qu'elles soient, masquées ou non masquées ,
du Guet. qui n'auront point été invitées aux repas , festins
de noces, & assemblées qui se feront chez lefdits
(1) Sa Majesté voulant faire observer & re- Marchands de Vin , Traiteurs , de jour ou de nuit,
nouveller les défenses ci-devant faites à toutes per d'y entrer sous prétexte qu'il y a des violons , &
sonnes masquées de porter des épées ou autres d'user d'aucunes violences pour s'y introduire , à
armes , & cette attention n'étant pas moins néces peine d'être traités & poursuivis comme perturba
saire , tant pour assurer la tranqu.llité publique & teurs du repos public , & à cet effet arrêtés &
la décence des assemblées de nuit , plus fréquentes conduits en prison. Défendons aussi très-expressé
dans cette saison qu'en aucune autre , que pour ment aux Violons & autres Joueurs d'instrumens
empêcher les accidens qui peuvenr arriver dans ces qui se trouveront dans lefdites assemblées , de jouer
DES DÉLITS CON TRE LA POLICE.
à la réquisition desdits contrevenans , à peine de icelle , & par les Officiers de Sa Majesté assemblés
cent livres d'Amende , & de plus grande , s'il y à la rentrée de la Saint-Martin de la présente
échoit. Enjoignons aux Traiteurs , Marchands de année 1675 , ladite Cour a déclaré & ordonné
Vin chez ieíquels il se commettra de pareilles ce qui s'enfuit. . . Et d'autant que l'on a reconnu
contraventions , d'en avertir les Commissaires de de grands abus & désordres dans les Villes& Com
leur quartier , ainsi que les Officiers du Guet , à munautés de la Province , par le libertinage de la
l'effjt de faire arrêter & conduire en prison ceux jeunesse , qui , fous prétexte de se divertir au pré
qui les auront commises , pour être jugés suivant judice des nouveaux mariés , par des Charivaris ,
la rigueur des Ordonnances & Réglemens , à peine dont ils usent avec tant d'excès , que l'on en a vu
contre les Traiteurs qui n'en auront pas donné avis, arriver en plusieurs lieux diverses querelles , meur
de deux cent livres d'Amende pour la première fois, tres & outrages. Ladite Cour , pour empêcher
& de plus grande en cas de récidive. Mandons aux semblables inconvéniens , défend & interdit lesdits
Commissaires au Châtelet,&aux Officiers du Guet Charivaris , à quelque cause que ce soit , non pas
de tenir exactement la main à l'exécution de la pré même des droits prétendus par ladite jeunesse fur
sente Ordonnance , qui sera imprimée , publiée & lesdits mariés , à peine de cent livres d Amende
affichée par-tout où besoin sera, & notamment dans contre un chacun des contrevenans , & autres Pei
les maisons , salles & jardins des Maîtres Traiteurs, nes arbitraires. ArkET , en forme d Edit , du Pari,
Marchands de Vin , à ce que personne n'en pré de Dole , du 10 Décembre 1675. V. le Recueil des
tende cause d'ignorance. O h d. de Police, du i 1 Dé Edits & Déclarations , enregist. au Pari, de Fran
cembre 1741. V. le Code de la Police , tom. 1. che-Comté , tom. 1.
. . . Sur le rapport à Nous fait par Me. Julien-
I L Etienne Divot , Conseiller du Roi , Commissaire en
cette Cour , qu'au préjudice aux Arrêts de la Cour,
Ordonnances , Sentences & Réglemens de Police ,
20. Charivaris. Nous les mettons au qui font défenses à toutes personnes de s'attrouper
nombre des Délits de Police , parce qu'ils les nuits , & d'interrompre le repos public , fous
tendent à troubler la tranquillité publique. quelque prétexte que ce soit , même fous prétexte
Quoiqu'il soit fort rare de les voir faire la de faire des Charivaris ; néanmoins les nommés
matière d'une poursuite judiciaire , à cause le Roy, Me. Menuisier, Carqueville son compagnon,
& Geoffroy deux frères , Bourreliers , demeurans
de la liberté qu'on a de les prévenir , en tous rue du Temple , entre les rues Pastourelle &
se conformant à de certains usages établis Porte-Fouin , auroient le Lundi , 9 du présent mois,
à cet égard , il faut néanmoins convenir que, fur les neuf heures du soir, attroupé aux environ*
lorsqu'ils se trouvent accompagnés de cer de leur porte une nombreuse populace composée
taines circonstances qui les font dégénérer de domestiques , ouvriers & autres , & les au
roient excités à faire un Charivari extraordinaire
en ajjemblées illicites , comme lorsqu'ils
depuis ladite heure jusqu'à minuit , à l'occasion
fonts faits avec armes , violences & extor d'une veuve qui demeure même maison que ledit
sions , il y a lieu d'en poursuivre criminel le Roy , &qui doit se marier incessamment ; qu'ils
lement les Auteurs , & de les punir par des ont fait réitérer ce Charivari le lendemain , 10 du
Peines corporelles ou infamantes (t). Nous même mois , par une populace aussi nombreuse ,
partie armée de chaudrons , poêles , sifflets ,. &
en avons plufieurs exemples dans les Arrêts
partie de sonnettes & de couvercles de marmites ,
des Parlemens de Paris, de Toulouse, de en forte que ce bruit donna lieuausieurAntheaume,
Grenoble & de Dijon. Mais hors ces cas Brigadier du Guet à cheval , de s'y transporter avec
particuliers , la peine ordinaire de ces sor Guillaumy , Strgent du Guet , & fort Escouade;
tes de Délits , lorsqu'ils font déférés à la qu'à leur approche toute cette populace se sauva
Justice, est une Amende de cent livres, ainsi dans la maison dudit le Roy , dont la porte fut
fermée fnns qu'ils pussent en arrêter aucun , sinon
qu'il paroît par les deux Réglemens que un particulier domestique qu'ils emmenèrent chez
nous allons rapporter (2). lui Commissaire , qui , de son ordonnance , l'en-
voya ès Prisons du Grand-Châtelet , & du tout
( 1 )V. les Arrêts rapportés par la Rochefl. li v. 6. dressa son Procès- Verbal ; qu'ayant considéré ce
rit. 19; Basset, tom. 1. liv. 9. tit. 6.ch. 4. Bouvot, procédé de la part desdits le Roy, Carqueville
tom. 1. part. 3. au mot Charivari. V. aussi Bro- & Geoffroy frtres , ont été assignés à la Requête
deau , en son Comment, sur l'art. 37. de la Cout. du Procureur du Roi , par exploit des 1 1 & 1 z
de Paris, où il rapporte un Arrêt de ce Parlement , du présent mois , par Brion de la Cour , Huissier
du premier Août 1638, qui confirme ( ce font à Verge en certe Cour , à comparoir à cette Au
les termes de l'Auteur qui avoit écrit dans cette dience. Sur quoi Nous , après avoir oui ledit Com
affaire ; avec Amende du fol appel & dépens , la missaire Divot en son rapport , ledit le Roy en
procédure extraordinaire , le décret de prife-de- ses défenses , & les Gens du Roi en leurs Conclu
corps & la Sentence définitive du Sénéchal d'Au sions , Nous avons donné défaut contre lesdits Car
vergne , qui avoit déclaré les nommés Rudet & queville & Geoffroy frères , non comparans ; &
consorts suffisamment atteints & convaincus de pour le profit, Nous ordonnons que les Arrêts de
l'assemblée illicite , extorsions , violences & Cha la Cour , Sentences & Réglemens de Police con
rivaris mentionnés au Procès , & les condamne en cernant la tranquillité & le repos public , se
l'Amende envers le Roi , & réparation envers les ront exécutés selon leur forme & teneur ; tk. en
Parties des Sommes , avec défenses de récidiver , conséquence faisons défenses à tous bourgeois &
fur peine de punition corporelle , & avec dépens , habitans de cette Ville d'exciter , le soir & la nuit,
le tout solidairement. aucune émotion populaire pour faire des Chariva- /
ris , à peine de cent livres d'Amende , dont les Pei es
(1) Sur les remontrances faites à la Cous Souve & Mères seront responsables pour leurs Enfans ,
raine du Parlement à Dole , par les Fiscaux en & les Maîtres & Maîtresses pour leurs Ouvriers ,
3&4 LES LOIX CRIMINE LLES, Lit". III. Tit. VIII.
Ápprentifs 8c Domestiques , même contre lesdits pour les quatre assignations par lui données. Man
Domestiques crainte d'ctre emprisonnés ; & pour dons aux Commissaires au-Châtelet de tenir exacte
les contraventions commises par lesdits le Roy , ment la mam , chacun dans l'étendue de leur quar
Carqueville Sc Geoffroy frères, Nous les condam tier , à L'exécution de -la présente Sentence , qui
nons pour cette fois seulement, par grâce, & sans sera exécutée nonobstant oppositions ou appella
tirer à conféquencé , chacun en dix livres d'amende tions quelconques , & fans préjudice d'icelles ;
envers le Roi, lesdits leRoy & Carqueville solidaire imprimée , lue , publiée & affichée dans tous les
ment , comme icelui le Roy civilement responsable lieux & carrefours ordinaires & accoutumés' de
dudit Carqueville son compagnon. Leurfaisons dé cette Ville , £c notamment aux portes desdits íe
fenses de récidiver sous plus grande peine ; fur les Roy , Carqueville & Geoffroy. Sent, de Police ,
premiers deniers provenant desquelles Amendes , du 1 j Mai 1735. V. k Diction, de Police au
Nous avons adjugé audit Brion de la Cour, cent sols mot Charivari.

§. V. De la fréquentation des Cabarets , & des Peines portées , tant contre


ceux qui lesfréquentent , que contre les Cabaretiers qui leur donnent à boire.

I.

1 °. Contre ceux qui fréquentent les dont les Pères & Mères font déclarés res
Cabarets. Nous voulons parler principa ponsables pour leurs Enfans & Domesti
lement de ces ivrognes d'habitude contre ques. Par le même Arrêt , toutes promesses
lesquels se sont élevées dans tous les temps & obligations contractées pour dépenses
les Loix de l'Eglise (1) & de l'Etat (2) ; faites aux Cabarets , font déclarées nulles ,
fur le fondement que ce vice , fruit ordi & il est fait injonction particulière aux
naire de l'oisiveté , étoit la source d'une Juges des lieux de tenir la main à son
infinité de désordres , auíïi contraires à Tor exécution , à peine d'en demeurer respon
dre public , que ruineux pour les familles. sables.
Nous pourrions citer à ce íiijet une foule
d'Ordonnances , à commencer par les Ca- (1) Epifcopus , aut Presbyter , aut Diaconus
pitulaires de nos Rois. Mais celle à laquelle aleae atque ebrietati desserviens , aut desinat , aut
nous croyons devoir nous arrêter princi certè damnetur ; Subdiaconus , aut Lector , atft
palement ici , comme contenant les dispo Cantor similia faciens, aut desinat,aut communione
privetur similiter etiam Laïcus. Can. 1. Dist. 35.
sitions les plus précises , & en même-
temps les plus rigoureuses à ce íùjet , c'est (x) Et pour obvier aux oisivetés , blasphèmes ,
l'Ordonnance de François I, en 1536 , homicides & autres inconvéniens & dommages qui
qui prononce la peine de la Prison contre arrivent* l'ébriété, est ordonné que quiconque fera
ceux qui sont trouvés ivres pour la pre trouvé ivre, soit incontinent constitué & détenu Pri
sonnier au pain ôc à l'eau pour la première fois; & íi
mière fois ; celle du Fouet pour la secon
secondement il est repris, fera, outre ce que devant,
de ; 6c autres plus grandes Peines pour les battu de verges ou fouets dans laPrison,& la troisième
récidives subséquentes. Nous y joindrons fois fustigé publiquement ; & s'il est incorrigible ,
auflî la disposition de l'Ordonnance d'Or fera puni à!amputation csoreil/e , dinfamic , &c
léans (3) , qui fait défenses à toutes per de bannissement de fa personne , & si est par ex
près commandé , aux juges , chacun en son terri
sonnes domiciliées & ayant ménage d'aller
toire & district , d'y regarder diligemment , & s'il
boire & manger dans les Cabarets , à peine advient que par ébriéte , ou chaleur de vin , les
d'Amende arbitraire pour la première fois , ivrognes commettent aucun mauvais cas , ne leur
Sa de Prison pour la seconde. Enfin nous fera pour cette occasion pardonné , mais seront
croyons devoir ajouter encore à ces anciens punis de la Peine due audit délit , &C davantage
Réglemens celui fait en dernier lieu par le pour ladite ébriété , à l'arbitrage du Juge. Ord.
de François 1 , du mois d? Août 1 j 36. art. 1.
Parlement de Dijon (4) , qui contient les
dispositions les plus sages & les plus dé (3) Défendons. . . à tovis Manans &£ Habitans
taillées fur cette matière. Par cet Arrêt, des Villes , Bourgades & Villages , même à ceux
qui a été rendu fur les réclamations de qui sont maries 6c ont ménage , d'aller boire &
manger ès Tavernes & Cabarets , & auxdits Ta
plusieurs Curés de son Ressort, au sujet
verniers ÔC Cabaretiers les y recevoir , à peine d'A
des désordres les plus scandaleux que cette mende arbitraire pour la première fois , & de Pri
fréquentation de Cabarets entraînoit dans son pour la seconde. Ord. d'O&LÉANS , art. 15.
leurs Paroisses , il est fait défenses expresses
à tous habitans mariés , à leurs enfans &
domestiques de fréquenter les Cabarets des (2) LoUlS , &c. Vu par notredite Cour de Par
lieux de leur domicile , ou dans la distance lement de Dijon , la Requête de nos amés Charles
d'une lieue aux environs , & aux Cabare Magdelenat, Prêtre Curé deQuarré, Claude Pilane,
Prêtre-Curé de Saint-Léger de Fourcherette; Simon
tiers & Taverniers de les y recevoir en
•aucun temps , à peine contre les uns & Oudin , Prêtre Curé de Cussy ; Jacques Forestier ,
Prêtre Curé de Savigny en Terre -Pleine ; Jean
les autres de cinquante livres d'Amende, Soupolx , Prêtre-Curé de Montréal; François Mad-
lenat ,
DES DÉLITS COIS TRE LA POLICE. :
dalenat,Prêtre-Curé d' Angely-.Thomas Talimettre, baretiers d'ouvrir leurs Tavernes ScCabarets lesdits
Prêtre-Curé de BufTìere; François Boullenot,Prêtre jours, sous pareille Peine de cinquante livres d'A
Curé de Trevilly ; Antoine Ragiiin, Prêtre-Curé de mende contre chacun contrevenant-, applicable
Saint-Branché ; Edme Joly, Prêtre-Curé de Sauvi- -comme dessus; & fera le présent Arrêt lu & pu
gny-le-bois ; 8c Edme de Santigny , Prêtre-Aumo- blié aux Prônes desdites Eglises Paroissiales, affiché
nier à Marcaut; à ce qu'attendu qu'au préjudice aux portes d icelles , &í enregistré aux Regjstres des
de leurs foins, remontrances 8c applications conti dites Justices des lieux , même lu à chacune tenue
nuelles envers leurs Paroissiens pour les obliger de des jours , à ce qu'aucun n'en prétende cause d'i
se soumettre aux Arrêts de notredite Cour , con gnorance. Si mandons j 6cc. A rret du Parlement
tenant défenses de fréquenter les Tavernes 8c Ca de Dijon , </« 1 2 Janvier 1718.^. DlCT. DE POLICE
barets , ìceux continuent d'y aller dans Tous les au mot Cabaret. ,
temps , même les jours de Fêtes 8c Dimanches
pendant les Services divins, en sorte que ceux def- I L 1
dits habitans à qui il reste quelques fentimens de
piété & de Religion , en -font scandalisés ; 8c ayant 20. Contre les Cabarêtiers et Mar
égard qu'on commét dans des Cabarets qui ne
sont que pour les voyageurs,des excès infmjs,qu'on chands de Vin. Nous venons devoir, d'a
s'y plonge dans la débauche , qu'on y tient des près l'Ordonnance d'Orléans, & PArrêt de
discours injurieux , accompagnés très souvent de Règlement du Parlement de Dijon , quelles
blasphèmes , juremens du saint nom de Dieu ; sont les Peines particulières qui se pronon
qu'on y fait des dépenses capables de ruiner les cent contre çeux-ci , lorsqu'ils dónnent à
familles; que les enfans 6c domestiques,^ l'exemple
boire à des personnes domiciliées , qui ont
de leurs Pères 8c Maîtres , y font des débauches
surprenantes , 8c que , pour y subvenir , les uns & ménage. II y a encore plusieurs autres Dé
les autres empruntent 8c dérobent ; qu'on s'y bat lits qui peuvent se commettre de leur parc
8c maltraite , & qu'enfin de là naissent une infinité en cette matière, 8c pour lesquels ils sont
de désordres 8c de Procès qui causent la ruine des aussi punissables de différentes Peines , sui
familles , il plaise à notredite Cour , par sa pru
vant des Réglemens particuliers ; íçavoir ,
dence 8c par son autorité , arrêter le cours desdits
désordres , 8c rênouvellant la disposition des Arrêts i°. lorsqu'ils donnent à boire les jours de
généraux fur ce intervenus , notamment de ceux Dimanches & Fêtes pendant le Service
des 21 Mai 16S6 , % Décembre 1699 , 8c 25 Sep divin (1) , ou bien les autres jours à des
tembre 1717. Conclusions de notre Procureur-Gé heures indues (2) ; ( l'on appelle heures in
néral^ oui le rapport de notre amé& féal Antoine-
dues , suivant un Règlement cru Conseil ,
Bernard Bouhier deLantenây , Conseiller & Com
missaire en cette part... Notredite Cour a or de 1724 (3) , lorsqu'ils donnent à boire
donné 6c ordonne aux habitans maries des Paroisses après les huit heures du soir en hiver , 5c
ci-dessus & de tons autres de ce ressort , ensemble lès dix heures du soir en été ) ; 20. lors
à leurs enfans & domestiques , de se conformer aux- qu'ils retirent chez eux des femmes &
dits Arrêts : ce faisant ,• leur défend expressément
filles de mauvaise vie (4) ; 30. lorsqu'ils
de fréquenter les Cabarets des lieux de leurs domi
ciles , 8c de ceux qui sont de distance d'une lieue donnent retraite à des Vagabonds ou à des
aux environs ; aux Cabareúers 8c Taverniers de Contrebandiers (5) ; 40. lorsqu'ils donnent
les y recevoir , & de leur donner à boire , manger, à manger gras pendant les temps d'Absti
& jouer dedans ou dehors leurs Cabarets, en quel- nence (6) ; 50. lorsqu'ils tiennent ou per
ue temps que ce soit , à peine de cinquante liv. mettent de tenir chez eux des Brelans
'Amende contre chacun des contrevenans , appli
& jeux défendus (7) : 6°. enfin , lorsque ,
cable*; pourmoitié auxSeígneurs&auxFabriquesdes
Eglises Paroissiales desdits lieux , dont les Pères , dans le Vin ou les Vivres qu'ils donnent
Mères , Maîtres , Maîtresses , Tuteurs Sc Curateurs ils mêlent quelque chose d'étranger &
demeurent responsables pour leurs Enfans, Domes capable de nuire' à la santé (8). Nous
tiques 8c Mineurs : déclare les promesses , obliga voyons d'ailleurs , que , par uri article par
tions 8c contrats qui seront passes pour dépenses
ticulier de l'Ordonnance de Blois (9) , il leur
faires dans lésdites Tavernes Sc Cabarets > nuls 8c
de nul effet ; défend aux Juges d'y avoir égard : -est fait défenses de faire ancune acquisition
permet néanmoins auxdits habitans d'envoyer ache par Contrats, pour dépenses cte bouche par
ter dans lesdites Tavernes 8c Cabarets du vin à eux fournies, à peine de nullité de ces
pot , & autres choses nécessaires à leurs subsistan Contrats.
ces , pour les consumer en leurs maisons ; enjoint
aux Officiers locaux de tenir la main à l'exécution
du présent Arrêt , à peine d'en demeurer respon (1) Défendons à tous Cabaretiers , Taverniers ,
sables en leurs propres 8c privés noms ; aux Pro Maîtres de jeux de paume , recevoir ès heures du
Service divin , esdits jours de Dimanches 8c Fêtes ,
cureurs d'Office de faire informer fans connivence
ni dissimulation des contraventions qui y seront avicunes personnes, de quelle qualité qu'elles soient,
faites ; 8c aux Juges de condamner , même par à peine d'Amende arbitraire pour la première fois ,
corps , les contrevenans au paiement de ladite 8c de Prison pour la seconde. Ord. d'OR léjns ,
Amende , fans pouvoir la remettre ni modérer , arc. 25. / '.aussi l'art.38 de TOrd.de Blois ,8c la Décl.
8c en outre à plus grande Peine en cas de réci du 16 Dec. 1698, qui confirment cette disposition.
dive ; 8c afin que le Service divin soit célébré avec (2) La Cour ordonne que les Ordonnances ,
la décence 8c dignité convenables , 8c que lesdits Arrêts & Réglemens de notredite Cour , seront
habitans y assistent aussi assiduement qu'ils le doi exécutés selon leur forme 5c teneur ; fait itératives
vent , leur fait défenses de tenir des jeux 8c danses défenses à toutes sortes de personnes de fréquenter
les Dimanches 8c Fêtes de Patron, 8c autres établies les Cabarets ou autres lieux où se vendent vins ,
par l'Evêque Diocésain , 8c aux Taverniers 8c Ca- eaux-de-vie , cafés ou autres liqueurs pendant la
386 LES LOIX CRIMINE LLES, Liv. III. Tif. VIII.
nuit & autres heures indues , & pendant le service Enjoint Sa Majesté aux sieurs Intendans & Com
divin ; fait pareilles défenses à tous Hôtes , Ca- missaires départis dans les Provinces , & à tous ses
bateliers , Taverniers , Limonadiers & autres de Juges & Officiers qu'il appartiendra , même à ceux
les y recevoir , à peine contre lesdits Hôtes , Ca- des Seigneurs , de tenir la main à l'exécution du
baretiers , Limonadiers & autres , d'une Amende présent Arrêt , conformément aux Ordonnances ,
pour la première fois , qui ne pourra être moindre Arrêts & Réglemens de ses Cours de Parlement.
de cinquante livres dans les Villes , & de vingt liv. Arrêt du Conseil d'Etat du Roi , du 4 Janvier
dans les Bourgs & Villages ; & contre ceux qui 1714.
auroient fréquenté lesdits Cabarets & autres lieux ,
d'une Amende au moins de vingt livres dans les (4) Sur quoi Nous , après avoir oui ledit Com
Villes, & de cinq livres dans les Bourgs & Villages ; missaire Regnard le jeune en son rapport , ledit
& à peine contre les uns & les autres de Prison Dagory en ses Défenses , & les Gens du Roi en
pour la seconde fois , & d'une Amende au moins leurs Conclusions , avons donné défauts contre les
du double de celle ci-dessus , même de punition dits Scellier , Beaugrand & Durot nos comparans,
corporelle s'il y échet , & notamment en cas de ré quoique duement appellés ; & pour le profit , or
cidive : enjoint aux Officiers des Bailliages , Séné- donnons que l'Ordonnance du Roi susdatée , les
chaussées & autres Jurifdictions Royales , ensemble Arrêts , Sentences & Réglemens de Police seront
aux Officiers des sieurs Hauts-Justiciers de tenir la exécutés selon leur forme & teneur ; & en consé-
main à l'exécution du présent Arrêt , de faire fré quence,faisonstrès-expresses inhibitions & défenses
quentes visites dans les Cabarets , & autres lieux , auxdits Dagory, Scellier, Beaugrand & Durot, de
aux temps & heures prohibées , d'informer Sí pro retirer chez eux desfilles de mauvaise vit, des filous,
céder contre les contrevcnans parles voies de droit, vagabonds , & gens fans aveu , ni de donner à
à peine d'en répondre en leur propre & privé nom, boire après les heures prescrites par lesdits Régle
même défaire emprisonner ceux qu'ils trouveroient mens j fous les Peines y portées , même de plus
en contravention dans le cas de la récidive: enjoint grande en cas de récidive ; & pour la contraven
pareillement aux Officiers des Maréchaussées de tion par eux commise , les condamnons , fçavoir,
leur prêter main forte pour l'exécution du présent lesdits Dagory , Scellier & Baugrand , à soixante
Arrêt, & d'arrêter ceux qu'i's trouveroient aussi en livres d'Amende chacun , 6í ledit Durot en cent
contravention en cas de récidive : ordonne en outre livres aussi d'Amende , sur lesquelles Aiuendes fera
que le présent Arrêt sera lu , publié & enregistré prise celle de dix livres que nous avons adjugée
aux Bailliages & Sénéchaussées du Ressort , lu , pu audit Havin , Huissier , pour ses frais. Et fera notre
blié aux Prônes des Messes Paroissiales , & affiché présente Sentence exécutée , nonobstant oppositions
où besoin sera. Si mandons mettre le présent Arrêt ou appellations quelconques , & fans préjudice d'ì-
àexécution, suivant sa forme & teneur. Arrêt du celles ; imprimée , lue , publiée & affichée dans les
Parlement de Paris , du 10 Février 1724. lieux ordinaires & accoutumés de cette Ville , &
notamment aux portes des maisons des particuliers
(3) Le Roi étant informé qu'on a donné une in ci-dessus dénommés, à ce que personne n'en ignore.
terprétation contraire à ses intentions à l'Arrêt du Sent, de Police , du 18 Mars 1735. ^ DlCT. DE
Conseil , du 11 Janvier 1713 , qui permet aux Hô- POLICE au mot Cabaretiers.
telliers & Cabaretiers & autres vendans vins &
boissons, de les débiter à toutes heures , même les (5) V. La Sentence de Police ci-dessus. V. au fil
Fêtes & Dimanches , excepté les heures du Service les Réglemens qui seront rapportés ci-après furies
divin ; comme si Sa Majesté avoit entendu par cet Vagabonds ÓC fur les Contrebandiers.
Arrêt déroger aux Ordonnances concernant la Po
(6)JMe Règlement de Police du 16 Janvier 1 743 ,'
lice , & aux Arrêts & Réglemens rendus par ses
rapporté ci-devant au sujet de VAbstinence.
Cours de Parlement , & autoriser la fréquentation
des Cabarets à toutes heures de la nuit. A quoi (7) V. les Réglemens qui feront rapp. ci-après
étant nécessaire de pourvoir; oui le rapport du sieur au sujet des Jeux défendus.
Dodun , Conseiller ordinaire au Conseil Royal ,
(8) V. aussi les Réglemens qui seront rapportés
Contrôleur-Général des Finances, Sa Majesté ctant
en son Conseil , a permis & permet aux Taverniers, au sujet des Vivres & Boissons.
Cabaretiers & autres vendans vins & boissons d'en (9) Défendons auffi auxdits Taverniers & Caba
faire la vente à toutes heures du jour , excepté les retiers de faire aucunes acquisitions pour dettes &
Fêtes & Dimanches pendant le temps du Service tailles de dépenses de bouche , faites en leurs Ta
divin ; leur fait défenses de tenir les Cabarets ou vernes & Cabarets , pour pain , vins , & autres
verts , & d'y donner à boire & à manger , & d'y denrées par eux fournies , fur peine de nullité des
recevoir aucunes personnes après huit heures dusoir contrats ; & à tous Notaires de passer tels contrats,
en hiver , & après dix heures dusoir en été , à peine fur peine d'Amende arbitraire. Ord. de Blois ,
d'être punis suivant la rigueur des Ordonnances. art. 361. rapp. ci-dev.
DES DÉLITS CONTRE LA POLIÇE. 387

CHAPITRE TROISIEME.

Des Jeux défendus.

SOMMAIRES.

î. Quentend-on par Jeux défendus ? 3. Trois sortes de dispostions à cet égard


2. Différentes espèces de Jeux défendus par suivant les Réglcmens.
les Réglemens.

I. \

1. Qu'en- Nous ne parlons ici que des Jeux de forme qu'ils puissent être déguisés. L'on
UMjêux hasard , & non de ces Jeux dont l'exer- y comprend aussi ceux connus fous le nom
St/caiL? cice est autorisé par les Loix (1) , parce de Blanque , Tourniquet , Cheville , ou à
qu'ils consistent principalement dans Fa- tirer dans un Livre , & même des Loteries
dresse des Joueurs , & qu'ils tendent à particulières non autorisées par le Gouver-
procurer en même-temps , & de la vigueur nement , à cause des fraudes qui peuvent
au corps , & de la dissipation à l'efprit. s'y commettre.

(1) Senatusconsultum vêtait inpecuniam ludere, (i)r.surtout cela les Ordonnances & Réglemens
prseterquàm , si quis certet hastà, vel pilo jaciendo, qUi feront rapportés ci-après,
vel currendo , saliendo , luctando , pugnando, quod
virtutis causa fit. L. i.Jf. de ^Uatorii'. III

* ^* II paroît , d'après les Réglemens qui ont 3. TroU


a.Diffé- Sous le nom de Jeux de hasard font été rendus en cette matière , qu'ils con- ^^j_de
rentes es- compris , íùivant les Réglemens tant an- tiennent trois sortes de dispositions, dont les tions à cet
Çeu" dé- ciens que nouveaux , les Jeux de De\ , de unes concernent ceux qui tiennent des Aca- *|*rtd Jjjj*
fendus par ia Bassette , du Hoka , du Pharaon, du démies de Jeux ; les autres, les personnes qui Régie-
menfc6 '"Lansquenet , du Biribi , de la Roulette, les fréquentent, ouïes Joueurs ;& enfin ceux
du Mormonique , du Pair ou non , du Tope de la troisième efpece regardent les obliga-
ô Quinte , du Pajsedix , du Quinquenoux , tions & les promejfes qui ont été faites
\ du Quinte , des petits Paquets , & pour le Jeu , soit qu'elles aient été dégui«
autres semblables , fous quelque nom &. fées ou non.

§. I. De ceux qui tiennent des Académies de Jeux.

L'ON veut parler, tant des Propriétaires desquelles on voit que, non-content d'a-
de maisons qui y tiennent ces sortes d'A- voir ordonné par la première que ceux
cadémies , ou qui les louent à cet effet , qui tiendroient ces Académies de Jeux ,
que des Cabaretiers , Maîtres de Paume , seroient punis d'Amende arbitraire , & dé
fie autres personnes publiques qui font meureroient responsables en . leur propre
métier de donner à jouer à des Jeux de ha- & privé nom de la perte des deniers qui y
fard. L'on veut parler aussi des Marchands , feroit faite , ce Prince ajoute , qu'ils seront
Artisans , Colporteurs qui donnent à jouer en outre déclarés infâmes , intejlables ,
dans les Foires & Marchés , soit aux Car- incapables de tenir des Offices royaux , &
tes , soit aux Dez , soit à la Blanque , Tour- bannis pour jamais des Villes où ils auront
niquet, Chevilles, ou à tirer dans un Livre , tenu ces Académies ; & de plus que les
& autres Jeux de cette efpece. C'est contre maisons où se tiendroient ces Académies ,
ces trois sortes de Réfractaires que portent demeureroient confisquées, s'il étoit prouvé
principalement les Loix &. Réglemens , qu'on y eût joué six mois durant, z °. A Té
tant anciens que nouveaux , qui ont été gard des nouveaux Réglemens faits contre
faits fur cette matière. D'abord , quant ceux qui tiennent des Académies de Jeu ,
Réglemens anciens t nous voulons nous en remarquons de trois sortes. Les
parler de l'Ordonnance de S. Louis , en uns qui font émanés de l'Autorité royale ,
1 254 (1) , de l'Edit de Henri III à Blois , parmi lesquels nous distinguons fur-tout
en Mars 1577 (2), mais principalement l'Arrêt du Conseil, revêtu de Lettres-Pa-
des deux Ordonnances de Louis XIII , tentes du 21 Avril 1691 (5) , &l'Ordon-
en 161 1 (3) & 1629 (4) , par la derniere nance du 21 Avril 1763 (6). Les autres
C c c 2
388 LES LOIX CRIMINELLES, Livr. III. Tit. VIII.
qui font émanés des Parlemens , dans le faire banqueroute à leurs Créanciers, à la ruine de
nombre desquels nous remarquons deux plusieurs bonnes familles. Pour à quoi remédier :
Sçavoir faisons , que Nous , touchés d'un bon &
célèbres Arrêts des Parlemens de Pans (7) soint desir ^ & ne Voulant omettre aucune chose qui
& de Bordeaux (8). D'autres enfin sont dépende -de notre autorité : Nousavons , de Pavis
portés par des Ordonnances de Police (9) , & prudent conseil de la Reine Régente , Notre très-
qui ordonnent l'exécution des Loix & Ré- honorée Dame &c Mere , des Princes de notre
glemens faits à ce sujet. Ilparoît, d'aprèsees Sang, & autres Princes , & Officiers de notre Cou
ronne , & autres Seigneurs de notre Conseil , étant
derniers Réglemens , que les Peines qui
près de Nous , fait & faisons par ces présentes si'
se prononcent contre ceux qui tiennent gnées de notre main , très-expresses inhibitions 6c
ces Académies de Jeu , font en général plus défenses à toutes personnes de quelque qualité &
fortes que celles portées contre ceux qui condition qu'elles soient de tenir Brelans en aucu
y jouent ; l'on veut dire qu'au lieu d'une nes Villes ÔC endroits de notre Royaume , ni s'as
sembler pour jouer aux Cartes ou aux Dés ; même
simple Amende pécuniaire que l'on se con
aux propriétaires détenteurs de leurs maisons , ou
tente de prononcer contre ceux-ci , 6c qui . Locataires d'icelles , d'y recevoir ceux qui y tien
suivant l'Arrêt du Conseil dont on vient dront lesdits Brelans , ou joueront esdits Jeux , à
de parler , est fixée à trois mille livres , peine d'amende arbitraire , ou d'autre punition s'il y
les premiers ne peuvent être condamnés à échet , & Hêtre en leur propre & privé nom refpor,'
une moindre Amende que defìx mille livres sables de la perte des deniers qui y fera faite , & tenus
à la restitution d iceux. Enjoignant à cette fin aux
pour la première fois ; & ils doivent en outre, Juges ordinaires de chacune de nos Villes , de se
en cas de récidive , être condamnés à avoir transporter ès maisons & lieux où ils seront avertis
leurs maisons fermées pendant un certain y avoir Brelans & assemblées , se saisir de ceux qui
temps , bannis du lieu où ils tiennent s'y trouveront , ensemble de leur argent, bagues ,
ces Académies ; & même quelquefois l'on joyaux, & autres choses exposées aux jeux, en faire
distribuer les deniers aux Pauvres des Hôtels-Dieu;
y ajoute le Fouet & le Carcan , suivant le
auxquels dès-à-présent, comme pour lors, Nous les
grand nombre de récidives (10). avons affectés & adjugés , affectons & adjugeons;
& en outre faire 6c parfaire le Procès , tant aux
(1) Inhibemus districtè ut nullus omninò ad Joueurs qu'aux propriétaires & Locataires qui les
saxillos ludat , sive ad aléas & tharos , & scolasde- recevront , comme infracteurs de nos Loix & Or
ciorum etiam prohibemus & prohiberi volumus donnances , qui auront encouru la rigueur d'icelles.
omninò , & tenentes eas districtiùs puniantur , fa- Si donnons en mandement } &c. Decl. du 30
brica etiam deciorum prohibeatur. O m. D. de Mai 1611, enregistrée au Pari, de Paris, le 13 Juin
S. Louis , en 1154. suivant , ainsi qu'il s'enfuit ; lues , publiées & regis-
(z) Défendons très-expressément aux Hôteliers, trées : Oui , & ce Requérant le Procureur-Général
Cabaretiers., & Taverniers , détenir ou permettre du Roi , & fur les Peines y contenues ; la Cour
en leurs maisons Berlans , Jeux de Dés , Cartes fait inhibitions & défenses à tous Propriétaires des
& autres débauchemens pour la jeunesse , ni en- maiíons , Locataires & fous-Locataires , Tripo-
fans mineurs , & autresgens débauchés ; même leur tiers, Cabaretiers, Hôtelliers , Cuisiniers , & autres
faire pour cet effet nul crédit , fur peine de perdi- de quelque qualité , condition & sexe qu'ils soient,
tion de leurs dettes , & fans qu'il leur soit permis de tenir & recevoir en leurs maisons Assemblées
ni loisible en faire aucunes poursuites contre eux. dites de Brelans ou Académies , y permettre les
Défendons à tous nos Justiciers & Officiers d'avoir Jeux de Cartes &c de Dés défendus ; & à tous Or-
aucun égard aux promesses , cédules , ou obliga- sèvres , Lapidaires , Jouailliers , Tapissiers , & au
rions qui pourroient pour telle occasion à l'avenir tres de s'y trouver,tenir marques & comptes, aider
être faites,ains dcs-à-présentles déclarons nulles&de &favorifer lesdits jeux,yporter,envoyer,preter par
nul effet. ORD.de H tSRY lll^à Blo'ts^en Mars 1 5 77 promesses , en blanc , ou autrement , directement
ou indirectement,fournir or ou argent monnoyé ou
non monnoyé, bagues , pierreries, meubles , &
C3) LoUIS , &c. Les Rois nos prédécesseurs , marchandises , à peine de confiscation d icelles, &
mus d'un zele singulier envers leurs Sujets , 'ont de autres Peines contenues aux Lettres; déclarant dès-
temps en temps par bonnes & saintes Loys ap à présent les promesses en blanc , ou autrement, à
porté le remède convenable aux vices & mauvaises cause , Sc pour cc qui aura été baillé pour jeu de
coutumes , qui pouvoient détourner leurs susdits Cartes & Dés , nulles , fans que par le contenu en
Sujets du chemin de la vertu, altérer les conditions icelles aucunes actions soient reçues , ains seront
honorables de leurs Officiers , & généralement ap- deniées , & a défendu aux propriétaires des mai-
porter du désavantage aux familles des meilleures sons les affermer à personnes reconnues tenir Bre-
Villes du Royaume où le Jeu s'étoit introduit. Pour lans , recevoir Joueurs à cette fin : avant qu'en faire
réprimer la licence duquel ayant été fait de beaux baux, s'informeront de leurs qualités & conditions;
Réglemens & Ordonnances , même s'étant ensuivis & en cas de contravention , leur enjoint faire vui-
plusieurs Arrêts de nos Cours Souveraines contre der iceux contrevenans , 8c les dénoncer à Justice ,
les Brelans , 6c ceux qui en pratiquoient l'usage : à peine de privation de la propriété , réunion au
Nous l'avons à notre grand regret , trouvé si corn- Domaine du Roi , fans que le présent Arrêt puisse
mun à notre avènement à la Couronne , que nous être pris pour commination seulement ; & ordonne
avonsvu en peu de temps plusieurs de nos Officiers, que copies collationnées seront envoyées aux Bail
& Sujets de différentes qualités, après avoir esdits liages Si Sénéchaussées , pour y être lues , publiées
Brelans , aux Jeux de Cartes, & de Dés, dissipé ce & registrées ; & conformément à ce présent Arrêt,
que l'industrie de leurs Pères leur avoit , avec un procédera l'exécution, à la diligence des Substituts
long travail , honorablement acquis, été contraints du Procureur Général du Roi ; auxquels , à peine
d'emprunter de grandes & notables sommes de de d'en répondre en leur nom,la * our enjoint l'en cer-
niers , ÔC icelles encore perdues & consommées , tifier. Arrêt denreg. de lad. Décl. du 23 Juin 1611.
DES DÉLITS CON TRE LA POLICE. ! 389
(4) Défendons & interdisons à tous nos Sujets ses Lieutenans-Généraux en ses Provinces 8c Ar
de recevoir en leurs maisons les assemblées pour mées , Gouverneurs particuliers de ses Villes 6c
le Jeu que l'on appelle Académies ou Brelans , ni Places frontières, comme aussi aux susdits Intendans
prêter ou louer leurs maisons à cet effet; déclarons 6c Commissaires départis , aux Juges de Police*,
dès-à-présent tous ceux qui y contreviendront , 6C Prévôts de ses Camps & Armées , 6c autres ses Jus
qui se prostitueront à un si pernicieux exercice , ticiers 6c Officiers de faire publier le présent Arrêt,
infâmes , intcflablcs , 6c incapables de tenir jamais chacun dans l'étendue du pouvoir de fa charge , à
Offices royaux. Enjoignons à tous nos Juges de les ce qu'aucun n'en prétende cause d'ignorance , &c de
bannir pour jamais des Villes oîi ils seront con veiller & tenir la main chacun en ce qui le concerne
vaincus d'avoir contrevenu au présent article.Vou- à sa ponctuelle exécution , de sorte qu'il n'y puisse
lons en outre que lesdites Maisons soient confis être contrevenu impunément; veut S. M. qu'aux
quées sur le Propriétaire , s'il est prouvé que ledit copies dudit Arrêt duement collationnées, foi soit
exercice y ait été fait six mois durant , sauf*leur ajoutée comme à l'original. Arrêt du Conseil
recours contre lesdits Locataires. . . Déclarons en d'Etat du Roi , du 15 Janvier 1691 , revêtu des
outre ceux qui se trouveront convaincus d'avoir été Lbttres-PatíSTES qui s'ensuivent. . . . ...
trois fois auxdites Académies , infâmes 6c intesta-
bles , comme dessus. . . Voulons que les opposi
tions de ce chef soient reçues contre eux, lorsqu'ils JLiOUIS , &c. Salut : Nous vous mandons &
se présenteront pour être reçus en quelques Offi ordonnons par ces présentes signées de notre main ,
ces que ce soit , nonobstant toutes les permissions que suivant l'Arrêt cejourd'huidonné en notre Con
& brevets qu'aucuns pourroient avoir obtenus de seil d'Etat, Nous y étant , ci attaché sous le contré-
nos Prédécesseurs & de Nous: lesquels Nous avons fcel de notre Chancellerie, vous ayez , chacun en ce
révoqués 6C révoquons, & ne voulons que nos Juges qui vous concerne , 6c dépendra de vous , à vous
y ayent aucun égard : ains que nonobstant iceux ', employer , & tenir la main à son exécution selon
ils punissent tous les Contrevenons selon la rigueur sa forme 6c teneur. Commandons à celui de nos
du présent Eúït.ORD.du 15 Janvier 1629 , art. 157. Huissiers ou Sergens , premier fur ce requis , de
faire pour l'exécution dudit Arrêt tous exploits, si
(5) Le Roi étant en son Conseil , ayant été in
gnifications , & autres actes requis 6c nécessaires ,
formé , que nonobstant les défenses réitérées , qui
fanspour ce demander d'autre congé ni permission,
ont été faites depuis plusieurs années de fa part ,
nonobstant clameur de Haro , Chartre Normande ,
l'on n'a pas laissé dans aucunes des Villes de son
prise à partie , & autres choses à ce contraires.
Royaume , même dans ses Armées 6c Places fron
Mandons en outre, & ordonnons aux Gouverneurs
tières, de jouer au Hoca , 6c à la Bassette , que l'on
particuliers de nos Villes j Places & frontières, ou
désigne sous le nom de Pharaon , Barbacolle , & de
Commandans en icelles , de veiller 6c tenir la
pour & contre , pour éluder les Peines ordonnées
main , selon l'autorité de leurs charges , à l'exécu
contre ceux qui joueroient à ces jeux. S. M. vou
tion dudit Arrêt ; de sorte qu'il n'y puisse être con
lant Qter tous prétextes de désobéissance à cet égard,
trevenu impunément , & parce que dudit Arrêt on
& «en même-temps toute espérance d'impunité : aura besoin en divers lieux : Nous voulons qu'aux
S. M. étant en son Conseil , a défendu 6c défend
copies d'icelui , & des présentes , duement colla
très-expressément , tant aux Officiers des troupes ,
tionnées , foi soit ajoutée comme aux originaux :
qu'à toutes autres personnes de quelque qualité 6c
car tel est notre plaisir. Lettres-Patent, du 1 j
sexe qu'elles soient, de jouer aux Jeux de Hoca ou
Janvier 1 691.
Pharaon, Barbacolle , & de la Rassette, ou pour 6c
contre , sous quelque nom 6c forme qu'ils puissent (6) Sa Majesté étant informée , que malgré
être déguises, ni d'y donner à jouer chez eux , sous les soins qu'on s'est donné pour faire exécuter ses
quelque prétexte que ce puisse être , à peine contre Ordonnances , concernant les Jeux de hasard , il
ceux qui auront joué aux susdits Jeux , de mille liv. s'en est cependant établi un si grand nombre dans
d'amende , 6c à ceux qui auront donné à jouer chez différens quartiers de la Ville 6c Fauxbourgs de Pa
eux, ou souffertqu'on y ait joué, desix mille liv. aussi ris , même aux environs , qu'il est de la derniere im
d'amende , pour chacune contravention ; lesquelles portance d'y pourvoir, pourfaire cesser tous les dé
amendes , S. M. veut être appliquées ; sçavoir , un sordres qui s'y commettent , & qui sont également
tiers à son profit , un tiers aux Pauvres du lieu contraires aux bonnes mœurs , à la fureté publique,
où !a contravention aura été commise , & l'autre & à la conservation des biens des Citoyens : A ces
tiers au Dénonciateur, &lesa dès à-préfent décla causes , S. M. a fait de nouveau très-expresses in
ré 6c déclare encourues par lesdits Contrevenans , hibitions 6c défenses à toutès personnes, de quelque
fans que , sous quelque prétexte que ce soit , ils en rang , dignité , 6c condition qu'elles soient , de don
puissent être déchargés , voulant qu'ils soient con ner à jouer , ni jouer aux Jeux déjà prohibés par les
traints au payement d'icelles par toutes voies , mê Ordonnances de S. M. > 6c notamment à ceux ap-
me par corps ; 6C à l'égard de ceux qui n'auront pas pellés les trois Dés , le Tope & Quinte , & le Passe-
le moyen de payer lesdites amendes , elles seront dix, le Quinquenove } la Dupe, le Birihì , la Rou
converties envers eux : sçavoir , ladite amende de lette , le Mormonique , le Hoca , la Bassette , te
quatre mille livres, en quatre mois de prison; & Pharaon , le Pair ou Non , le Quinte , les Petits-
celle de six mille livres , en la Peine d'un an de pri Paquets , 6c autres semblables, fous quelques noms
son. Enjoint très-expressément S. M. aux Inren- & formes qu'ils puissent être déguisés , que S. M.
dans , & Commissaires départis dans ses Provinces défend très-expressément, voulant qu'il ne puisse y
& Généralités , & en ses Armées , à tous Juges de être joué dans aucuns Hôtels ou Maisons que ce
Police, Prévôts en ses Camps & Armées, & autres puisse être, même dans les Maisons Royales, à
Juges qu'il appartiendra , de s'employer chacun en peine de désobéissance & de prison. Enjoint S. M.
droit loi à l'exécution du présent Arrêt : Voulons au sieur de Sartine , Conseiller en ses Conseils ,
que les Jugemens & Sentences qui seront par eux Maître des Requêtes ordinaire de son Hôtel , déte
rendues contre les Contrevenans soient exécutées nir la main à l'exécution de la présente Ordonnan
nonobstant oppositions,appellàtions, & autres em- ce , 6C de l'informer des contraventions , afin qu'il
pêchemens quelconques , pour lesquels ne fera dif y soit par Elle pourvu avec toute la sévérité conve
féré : Enjoint en outre S. M. à tous Gouverneurs , nable , sans préjudice des condamnations qui pour
390 LES LOIX CRIMINE LLES , Liv. III. Tit. VIII.
roient être prononcées contre ces Contrevenans , proches du lieu où ils auront donné à jouer,
en exécution des Arrêts du Parlement , & des Ré même à peine de punition corporelle en cas de
glemens de Police, que S. M. veut' être exécutés récidive ; comme aussi fait défenses à tous J jges
selon leur leur forme Si teneur ; 8i sera la présente Royaux Si autres du Ressort de ladite Cour d'ac
Ordonnance lue , publiée & affichée par-tout où corder aucune permission , sous quelque prétexte
besoin sera , à ce que personne n'en ignore. Ord. que ce soit , de donner à jouer auxdits Jeux , à
du xi Avril. 1765. peine d'interdiction ; & en outre enjoindre aux
Prévôts des Maréchaux 8i leurs Lieutenans , cha
( 7 ) Sur la Requête présentée par le Procu cun dans leur département , de tenir la main à
reur-Général du Roi , contenant qu'encore que l'exécution de l'Arrêt qui interviendra fur ladite
toute sorte de Jeux de hasard aient été très-íévére- Requête , de saisir & arrêter ceux qu'ils trouveront
ment défendus, tant par les anciennes & les nouvel en contravention , St de les conduire dans les Pri
les Ordonnances , que par les Arrêts Si Réglemens son» du lieu où ils auront donné à jouer , & de
de la Cour, cependant il y a un grand nombre de faire remettre pareillement entre les mains des
personnes répandues dans les environs de Paris & Officiers dudit lieu les chevaux , marchandises 5c
dans les Provinces qui fréquentent régulièrement équipages des contrevenans , ensemble l'argent du
toutes les Foires 8i Marchés des Villes , Bourgs Jeu, Procès Verbal préalablement dressé dés choses
& Villages du Ressort de ladite Cour , Si qui fous par eux saisies , pour y être ensuite pourvu par les
prétexte de débiter quelques marchandises de peu Officiers du lieu, ainsi qu'il appartiendra , suivant
de valeur , y donnent publiquement à jouer , soit l'Arrêt qui interviendra , lequel sera lu , publié Sic.
aux Cartes , ou aux Dez , ou à tirer dans un Livre , Ladite Cour ordonne que les Arrêts & Régle
ouà d'autres Jeux également prohibés. Que la plu mens contre les Jeux de hasard , seront exécutés
part de ceux qui tiennent ces sortes de Jeux , font dans toutes les Villes Si lieux de son Ressort
ou des Filovix qui cherchent à gagner leur vie par selon leur forme Si teneur ; & en conséquence ,
une industrie criminelle , ou des gens repris de fait très-expresses inhibitions 8t défenses à tous
Justice , qui , se voyant chassés des Villes oìi leur Marchands , Colporteurs, Artisans & autres , de
conduite est trop connue, courent la campagne pour quelque qualité & condition qu'ils soient , de don
abuser de la crédulité des peuples qui ne Tes con- ner à jouer dans les Foires ou Marchés , Si autres
noissent pas , ou enfin des Soldats sortis du service , lieux des Villes , Bourgs 8i Villages du Ressort,
qui n'ayant aucune profession certaine, ne peuvent soit aux Cartes ou aux Dez , soit à la Blanque ,
s'occuper qu'à faire du mal; que tous les Jeux qu'ils Tourniquet , Cheville , ou à tirer dans un Livre ,
présentent à des personnes grossières Si ignorantes & à tous autres Jeux de hasard généralement quel
sont pleins de pièges Si de tromperies , par lesquels conques , à peine de cent livres d'Amende Si de
ils sont toujours assurés de gagner quand il leur confiscation de l'argent du Jeu , ensemble desdits
plaît , sanscourir jamais aucun nfquede perdre; 8c Jeux , Marchandises , Chevaux Si Equipages à eux
qu'outre qu'un grand nombre de gens de la cam appartenans , lesquels seront saisis pour être ven
pagne , attirés par l'amour du jeu Si par l'efpoir dus, & le prix appliqué aux Hôtels-Dieu Si-Hôpi
d'un gain qu'ils ne font presque jamais , y perdent taux les plus prochains des lieux où ils auront ddnné
des sommes considérables par rapport à la médio à jouer auxdits Jeux , à peine de punition corpo
crité de leur fortune , dans un temps où ils peuvent relle en cas de récidive : défend à tous Juges Sc
à peine fournir aux besoins de leur famille, & porter autres de permettre de jouer auxdits Jeux , à peine
les charges de l'Etat, ces sortes de Jeux sont presque d'interdiction. Enjoint aux Officiers de Police de
toujours suivis de vols , d'attroupemens , de que constituer Prisonniers les contrevenans , Si de re
relles & de violences qui troublent la tranquillité mettre entre les mains des Officiers des lieux les
Si la fureté publique , & auxquels on ne sçauroit choses saisies , comme Chevaux, Marchandises, Sic.
remédier plus promptement qu'en retranchant la Arrêt du Parlement de PariVidu 8 Février 1708.
cause d'un mal qui est la source d'une infinité de V. Dict. de la Police au mot Jeu.
maux encore plus grands ; 6c il est d'autant plus
nécessaire d'y pourvoir par l'autorité de la Cour , ($) Ce jour , la Cour , toutes les Chambres
qu'il y a plusieurs Sièges subalternes , & fur-tout assemblées , un de Messieurs a dit : qu'il croit que
dans les petites Justices , où les Officiers se con la Cour trouvera bon qu'il ait l'honneur de l'infor-
tentent d'obliger ceux quitiennent ces sortes deJeux mer qu'on a été très-lcandalifé de ce que , fans
à leur demander une permission qui ne s'accorde respect pour les Arrêts , pour lesquels en différens
pas gratuitement , après quoi ils ne ferment que temps , & notamment le 5 Septembre 1736 , &
trop souvent les yeux fur les désordres dont ces Jeux le 6 Février 1739 » *a Cour, en se conformant
sont presque toujours accompagnés. Aces causes, aux Ordonnances de nos Rois , fait défenses très-
requéroit qu'il plût à la Cour ordonner que les Or expresses à toutes personnes , de quelque sexe, rang,
donnances } Arrêts & Réglemens contre les condition Si qualité qu'elles soient , de jouer les
Jeux de hasard , seront exécutés dans toutes les Jeux de hasard , de prêter leurs maisons pour ces
Villes & lieux de son Ressort , -selon leur forme & sortes de Jeux , sous la peine de trois mille livres
teneur , Sc en conséquence fait très expresses inhi d'Amende pour chaque contravention , applicable
bitions & défenses à tous Marchands , Colporteurs, un tiers au dénonciateur , & les deux tiers aux
Artisans 8i autres , de quelqu'état , qualité & condi Hôpitaux des lieux où les contraventions auroient
tion qu'ils soient , de donner à jouer dans les Foires été commises ; Amende , au paiement de laquelle
& Marchés , Si autres lieux des Villes , Bourgs ou on seroit contraint par corps ; Si sous la peine ,
Villages du Ressort de ladite Cour , soit aux Cartes contre les Officiers de Judicature , de suspension,
ou aux Dez , soit à la Blanque , Tourniquet , Che durant deux ans dans l'exercice des fonctions de
ville, ou à tirer dans un Livre, & à tous autres leurs Offices. Cependant on a joué ouvertement
Jeux de hasard généralement quelconques , à peine ces sortes de Jeux durant tout l'hiver , avec un excès
de cent liv. d'amende Si de confiscation de l'ar- si immodéré , que les séances commencées à dix
gent du Jeu , ensemble desdits Jeux , marchandises, ou onze heures du soir , étoient poussées jusqu'à
chevaux & équipages à eux appartenans , lesquels huit , neuf, Si dix heures , même jusqu'à midi du
seront saisis pour être vendus , & en être le prix lendemain matin ; qu'il est connu qu'on continue
appliqué aux Hôtels-Dieu ou Hôpitaux les plus encore actuellement de jouer quelques-uns de ces
I

DES DÉLITS CON TRE LA POLICE. 1


Jéú* , les plus dangereux; que dans les maisons & que personne n'en prétende cause d'ignorance ,
dans lesquelles on affectoit d'avertir le Public qu'on ordonne qu'il sera imprimé , publié &C affiché dans
recevroít tous ceux qui voudroient jouer, il s y la présente Ville, aux; lieux accoutumés, & envoyé
introduifoit des gens de toute espece , &c ne vou dans tous les Sièges , Sénéchauffées & Bailliages
lant pas être connus; , se déguisoient sousdes ha du Ressort de la Cour , pour y être enregistré , lu ,
bits de masque ; que la désobéissance aux défen public & affiché par-tout oîi besoin sera , à-lá di
ses , qui n'avoient pour objet que de maintenir le ligence des Substituts du Procureur-Général du Roi,
bon ordre , d'empêcher la ruine totale de, bien des lesquels seront tenusr de certifier la Cour de leurs
particuliers , pouvoir naître de très-gràhds maux, diligences dans le mois , -même lesdits Jurats de
le dérangement dans les affaires des chefs de fa Bordeaux. ARRET du Parlement de Bordeaux , du 6
mille , la dissipation & le libertinage de la jçunesse , Mars iy6yrapp.au CODE de la Police , t. \. p. 418.
des vols domestiques , & souvent le renversement
de la fortune des Négocians; qu'il est d'autant plus (9) Sur ce qui Nous a été remontré par le Procu
digne de Pattention que la Cous doit au bien pu reur du Roi , qu'au préjudice des défenses portées
blic , d'arrêter la fuite de ces Jeux , toujours rui par les Ordonnancesôc par les Arrêts de la Cour ,
neux , que si elle n'avoit pas la bonté d'y pourvoir, & notamment par ceux des 16 Septembre i6$o ,
les Joueursse croiroient autorisés par elle-même à les & 18 Juillet 1687, &que notamment ces mêmes
continuer.Sur quoi le Procureur- Général duRoî oui, défenses plusieurs fois réitérées , & les Jugemens
&,jui retiré , eue délibération La Cour fait itéra rendus en conséquence , plusieurs personnes conti
tives inhibitions &• défenses à toutes sortes de per nuent de donner à jouer publiquement dans leurs
sonnes,^ quelque sexe & qualité qu'elles soient, de maisons aux Jeux de la Bassette & du Lansquenet ,
jouer dans rétendue du Ressort de ladite Cour , les & autres Jeux de hasard , d'où il s'ensuivoit tous
Jeux de Hoca, Pharaon, Roue de fortune,la Bassette, les jours de très-facheux inconvéniens ; & étant né
Biribi , Pour & Contre , la Roullette , Jeu de Dez , cessaire d'y pourvoir , requéroit que les défenses
Passedix , Trente & Quarante , & autres Jeux de portées par lesOrdonnahces & par les A rrêts rendus
hasard , sous quels noms & formes qu'ils puissent à ce sujet , fussent publiés de nouveau. Nous , ayant
£tre déguisés , & de souffrir que lesdits Jeux soient égard audit Réquisitoire , avons , conformément
joués dans leurs maisons , ni d'y recevoir gens mas aux Ordonnances & auxdits Arrêts , concernant les
qués pour les jouer , à peine de trois mille livres Jeux de hasard , fait itératives & très-expresses dé«
d'Amende pour chaque contravention contre cha fenses à toutes personnes , de quelque qualité &
que contrevenant , applicable , le tiers au Dénon condition qu'elles soient, de donner à jouer dans
ciateur , & les deux tiers aux Hôpitaux des lieux leurs maisons à aucuns Jeux de hasard , & particu
oíi la contravention aura été commise, au paiement lièrement aux Jeux appellés du Hocka , de la Bas
de laquelle Amende les contrevenans seront con sette , & du Lansquenet ; à peine contre les contres
traints par toutes voies & raisonnables , & par venans de trois mille livres' d' Amende , applicable ,
corps ; 6c à l'égard des Officiers de Judicature , un tiers au Roi , un tiers à l'Hôpital-Général , ÔC
par suspension dans l'exercice des fonctions de leurs l'autre tiers au Dénonciateur , fans préjudice de
charges durant deux ans , outre ladite Amende ; plus grande Peine s'il y échet , en cas de récidive ;
& attendu la difficulté de trouver des preuves , ' au paiement de laquelle Amende les Propriétaires
ladite Cour ordonne que la notoriété publique en des maisons dont les Locataires donneront à jouer
fera une suffisante , & néanmoins qu'à la Requête auxdits Jeux , & y assembleront & y recevront des
du Procureur-Général du Roi , il sera informé des Joueurs après les présentes défenses publiées , &
contraventions du présent Arrêt : sçavoir , en la après que lesdits Propriétaires auront été avertis
présenté Ville , Fauxbourgs & Banlieue d'icelle , par les Commissaires du quartier , conformément
pardevant les Commissaires qui seront à ces fins auxdits Arrêts , ils seront solidairement con
commis & députés; & dans les Sénéchauffées &c traints avec lesdits Locataires , jusqu'à la somme
Bailliages du Ressort de la Cour , à la Requête de mille liv. , & en outre leurs maisons fermées pen
des Substituts du Procureur-Général du Roi, dant fix mois , si lesdits Propriétaires ne justifient
pardevant les Juge» & Lieutenans de Police qui en bonne forme avoir donné congé aux Locataires
pourront se transporter dans les maisons & lieux après qu'ils auront été duement avertis. Enjoint ,
qui leur seront indiqués. Enjoint à toutes per &c. OnD. du Police, du 14 Nov. 1694. F. DlCT.
sonnes de leur ouvrir les portes ; & , en cas de de Police au mot Jeux.
refus , permet auxdits Officiers de faire procé
der par bris & rupture d'icelles , lesquels Juges (10) Nous disons que ledit Maréchal est déclaré
& Lieutenans-Généraux de Police feront la Pro duement atteint & convaincu d'avoir contrevenu
cédure nécessaire pour l'entiere instruction des aux défenses portées par les Ordonnances du Roi,
dites contraventions , jusqu'à Jugement définitif Arrêts de la Cour , Sentences & Réglémens de
exclusivement. Au surplus , permet ladite Cour au Police touchant le fait des Académies & Jeux de
Procureur- Général du Roi , & à ses Substituts , Brelans; ledit Panouze , d'avoir baillé à jouer,
d'obtenir Monitoires , & faire procéder par Cen fourni des Cartes & Dez audit Maréchal ; pour ré
sures &c Fulminations Ecclésiastiques aux formes de paration de quoi les avons condamnés , sçavoir ,
droit ; pour la Procédure des Commissaires de la ledit Maréchal , joint ses repréhensions précéden
Cour , & les informations desdits Juges & Lieute tes , à être battu & fustigé nud de verges au carre
nans-Généraux de Police faites à la Cour, rappor four dudit Châtelet , & devant la porte de la Foire
tées j & au Procureur-Général du Roi communi Saint -Germain , & outre en 400 livres parisis
quées , y être pourvu , ainsi que de raison , & en d'Amende , applicable , sçavoir , le tiers au Roi ,
conformité des Ordonnances , même extraordinai l'autre au Pain des Prisonniers du Grand-Châtelet,
rement , si le cas y écheoit. Enjoint aux Jurats de la & l'autre tiers à l'Hôtel-Dieu , & aux filles de
présente Ville de tenir la main à l'exécution du Y Ave Maria, par moitié : tiendra ledit Maréchal
présent Arrêt dans l'étendue de leur Jurisdiction , Prison jusqu'en fin de paiement de ladite somme ,
même d'instruire la procédure contre les contre & ledit Panouze à ajjìfter à ladite exécution avec
venans , jusqu'à Sentence définitive inclusivement , ledit Maréchal ; faisons au surplus très-expresses
sauf l'appel en la Cour ; & afin qu'il soit notoire , inhibitions & défenses à icelui Maréchal de plus
392 LES LOIX CRIMINELLES, Liv.HI. Tit, VIII.
commettíe telle faute , ni éaffocier avec aucuns mêmes Peines. Et à ce qu'aucuns n'en prétendent
Académistes , sur peine des Galères: & ce requérant cause d'ignorance , sera notredite Sentence lue &
ledit Procureur du Roi , sont aussi faites pareilles publiée à son de trompe , & affichée par les carre-
défenses à toutes personnes , de quelque qualité & fours de cette Ville & Fauxbourgs. Sent, de
condition qu'elles soient , de plus tenir telle Aca- Police , du 20 Novembre 1643. V. la Marre liv.
déraie encettedite Ville & Fauxbourgs, furies 3. tit. 4. ch. 5.
... • - r

§. 1 1. De ceux qui jouent ci des Jeux iéfenius*

SOMMAIRES.

1 . Sept sortes de Résraclaires aux Réglemens 5. Peine des Majeurs qui jouent avec des
faits a ce sujet, Mineurs ô fils defamille.
z. Peine des Ecclésiastiques , suivant les 6. Peine de ceux qui prêtent à des Mineurs
Canons. pourjouer.
3. Peine des Gens de Guerre , suivant les 7. Peine de ceux qui jouent fur des gages.
Loix Militaires. 8. Peine de ceux qui jouent les Deniers
4. Peine des Joueurs en général 3 suivant royaux.
nos Réglemens.

I.

1. Sent N^OS Loix distinguent plusieurs sortes de Peine des Officiers est , suivant l'Ordon-
sortes de réfractaires à cet égard , & contre lesquels
réfractai- ? r» • ■ v nance Militaire ,du premier Mars 1 768 (1) ,
res aux Ju- elles prononcent des Peines particulières. celle de la Prison de trois mois pour la
gemens Elles distinguent d'abord les Ecclésiastiques
faits à ce première fois , de six mois pour la seconde ,
sujet. & les Militaires des simples Particuliers. & d'être caífés & renfermés pour deux ans
Elles distinguent eníuite , parmi ces Parti dans une citadelle ou château , en cas de
culiers , ceux qui , étant majeurs , jouent récidive , & cela indépendamment de PA-
avec des mineurs & fils de famille , ou mende de mille livres prononcée contr'eux
qui leur prêtent de l'argent ou autres effets par le Règlement du Conseil de 1691 ,
pour jouer , ou bien qui jouent fur des que nous avons rapporté (2). Quant aux
gages. Elles distinguent enfin ceux qui Soldats qui auront joué à des Jeux de hasard ,
jouent les Deniers du Roi , dont la recette ils doivent , suivant la même Ordonnance ,
leur est confiée. être punis de la prison pendant quinze
jours (3); & lorsqu'ils font convaincus d'a
I I.
voir trompé au Jeu , ils doivent de plus ,
suivant une disposition particulière de l'Or-
2. Peine i°. Quant aux Ecclésiastiques qui s'a-
des Ecclé- donnance de Juillet 1721 (4), être punis
i; a-,.,.Qi donnent à des jeux de hasard , indépen
corporellement. Au surplus , il est enjoint
sé vant les damment des Peines portées par les Loix
Canons. Rovaume contre tous les Joueurs en par lé même article aux Commandans &
Gouverneurs 3 lorsqu'ils les surprendront
général , il y a encore , suivant les Loix
dans ces Jeux , de faire rompre les tables ,
Canoniques , celle de TExcommunication
machines & ustensiles servant auxdits Jeux ,
lorsqu'ils persistent à jouer après les Mo-
& de faire mettre en Prison ceux qui tien
nitions qui doivent se faire en pareil cas.
dront lefdits Jeux. ,'
Epifcopus , aut Presbyter , aut Diaconus aleae(1) Les Officiers généraux & les Commandans
atque ebrietati defferviens , aut desinat , aut certè
des Places, conformément à l'art. 15 du tit. 19 ,
damnetur , Subdiaconus , aut Lector , aut Cantor
empêcheront avec le plus grand foin , que les Trou
similia faciens , aut desinat , aut communione pri-
pes qui seront sous leurs ordres , ne jouent aucun
vetur, similiter etiam Laïcus. Can. i. dijl. 35.
Jeu de hasard ; & ils s'en prendront aux Comman
dans des Corps si cela arrive , ainsi que S. M. s'en
prendra à eux si fa volonté à cet égard n'est pas
í I I. exactement suivie.... Tout Officier , de quelque
grade qu'il soit, qui aura joué malgré cette défense,
3. Peine 2°. A l'égard des Gens de Guerre, il fera mis la première fois en prison pour trois mois ,
des Gens v a suivant les Loix Militaires , des Pei- 6c il en (era rendu compte au Secrétaire d'Etat >
de Guerre J * •''•%• ' ■' 1 • ayant le Département de la Guerre , & au Com
suivant les nés particulières portées , tant contre les mandant de la Province ; en cas de récidive , il fera
LoixMili- Officiers qui jouent à des Jeux de hasard,
mis en prison pour six mois ; & enfin la troisième
que contre les Soldats , non-feulement fois , il fera caste , & renfermé pour deux ans dans
lorsque ceux-ci jouent à des Jeux défen une Citadelle , Fort ou Château. Okd. du premier
dus , mais même lorsque , jouant à des Jeux Mars 1768 , tit. 20 art. iS & 40. . . . Les Soldats j
Cavaliers , ou Dragons , cjui tiendront des Jeux dé
permis , ils trompent leurs camarades. La
fendus , seront condamnes suivant la rigueur des
Ordonnances.
DES DÉLITS CONTRE LA POLICE.
Ordonnances. Ceux qui auront joué , seront plus aux Pères & Mères , Tuteurs , Cura
mis en prison pour quinze jours. Même Ordon. art.
teurs , & autres plus proches Parens , la
31. ib'îi. faculté de poursuivre cette restitution , 6c
(z) Sa Majesté a défendu & défend très-ex
répétition de dommages 6t intérêts.
pressément , tant aux Officiers des Troupes, qu'à
toutes autres personnes, de quelque qualité & sexe (1) Et parce que nous avons entendu que plu
qu'elles soient , de jouer aux Jeux de Hoca ou Pha sieurs de nos Sujets , mineurs & en bas Age , ont
raon , Barbacolle , & de la Bassette , ou Pour & été tirés par des inductions à Jeux de hasard , aux
Contre , sous quelque nom & forme qu'ils puissent quels ils ont perdu & consommé leur jeunesse &
être déguisés , à peine contre ceux qui auront joué substance : avons ordonné que les deniers &: biens
auxdits Jeux , de mille livres d'amende. Arrct du perdus en tels Jeux , pourront être répétés par les
Conseil d'Etat du Roi , du 11 Janvier 1691. dits Mineurs , leurs Pères , Mères , Tuteurs , &
f 3) Tout Soldat , Cavalier , ou Dragon qui tri Curateurs , ou plus proches parens : Et voulons
chera, ou pipera au Jeu, fera puni corporellement: iceux biens leur être rendus , pour employer au
Veut S. M. , que si dans les Camps , ou dans les profit desdits Mineurs , & éviter leur ruine 6c des
Places , il s'étublissoit des Jeux de hasard , & ca truction. Ordonn. de Moulins , art. 59,
pables d'engendrer querelles, lesCommandans ou ( 2 ) Permettons aux pères , mères , aïeuls ,
Gouverneurs fassent rompre les tables , machines aïeules , & aux tuteurs de répéter toutes sommes
& ustensiles servant auxdits Jeux , & qu'ils fassent qui auront été perdues fur le Jeu par leurs Enfans
mettre en prison ceux qui tiendront lesdits Jeux. ou Mineurs , fur ceux qui les auront gagnées :
Ordonn. du premier Juillet 1717 , art. 43. Voulons qu'elles leur soient rendues , & ceux qui
auront gagné lesdites sommes , condamnés à la
I V. restitution d'icelles , avec dépens , dommages &
4. Pei 30. A Yégard des Majeurs qui jouent intérêt-». Ordonn.de 1619, art. 140.
ne des emr'eux a des Jeux de hasard , l'Ordonnance
Joueurs en V L
général de Moulins (1) veut qu'ils soient punis sui
5°. A Yégard de ceux qui prêtent h ces 6. Peine
luit ant vant la rigueur des Ordonnances. La Dé de ceux
nos Régle- Mineurs pour jouer : l'on veut parler prin
claration de Louis XIII , en 161 1 (2), ne qui prè—
mens. cipalement des Orfèvres , Jouailliers , Ta- tent aux
prononce contr'eux , comme nous l'avons pislìers (1) qui leur prêtent de l'argent , Mineurs
vu , qu'une Amende arbitraire ; 6c ce n'est pierreries 6c autres meubles pour jouer , pouri°
que lorsqu'ils font convaincus d'avoir été
ou qui répondent pour eux (2). La Loi veut
jusqu'à trois fois aux Académies de Jeu ,
qu'ils soient punis par la perte des deniers
qu'ils encourent la peine d' Infamie , sui
6c effets par eux prêtés , 6c de plus par la
vant une disposition particulière de l'Or
confiscation de corps 6c de biens , comme
donnance du même Prince , en 1629 (3).
séducteurs 6c corrupteurs de la jeunelîe.
Nous avons vu d'ailleurs que , par le Rè
glement du Conseil de 1691 (4), rap ( 1 ) V. l'Arrêt d'enregistrement de la Déclara
tion de 161 1 , rapportée ci-devant.
porté ci-devant, l'Amende contre les Joueurs
(2) Défendons à toutes personnes de prêter ar
en général se trouve fixée à une somme de gent, pierreries , ou autres meubles , pour jouer,
mille livres. ni répondre pour ceux qui jouent , à peine de la
(1).... Sans , par ces présentes , approuver tels perte de leurs dettes , & nullité des obligations ,
Jeux entre Majeurs , pour le regard desquels , en» comme dit est , & de confiscation de corps & de
tendons les Ordonnances de nos prédécesseurs être biens , comme Séducteurs , Corrupteurs de la Jeu
gardées , & y être tenu la main par no » Juges , ainsi nesse, & cause des maux innombrables que l'on
que la matière y fera disposée. Ordonn. de Mou voit provenir chaque jour. Ordonn. de 1619 , art.
lins art. 59- 138.
(2) V. la Déclaration de Louis XIII. en 161 1 , V I I.
ci-devant rapportée.
(3) Déclarons en outre ceux qui se trouveront 6°. Quant a ceux qui jouentfur des gages , » pe;Bff
convaincus d'avoir été trois fois aux*dites Acadé outre la Peine portée contre tous les Joueurs de. .ceux
mies , infâmes & inteflablcs , comme dessus. Voy. en général , ils doivent suivant l'Ordon- ^"'deTga-
l'Ordonn. de «619, art. 137. nance de 1 629 (1 ) , ainsi que ceux qui auront &«•
(4) Sa Majesté fnit défenses à toutes Personnes
gagné ces gages , être punis par la confis
de quelque qualité & sexe qu'elles soient , de jouer
aux Jeux de Hoca , Pharaon , Barbacolle ,ÔC de la cation de ces mêmes gages au profit des
Bassette, ou Pour & Contre , sous quelque nom& Pauvres , le tiers réservé au Dénonciateur.
forme qu'ils puissent être déguisés , à peine de mille II y a même de plus , contre ceux qui les
livres d'amende. Arrêt du Conseil d'Etat du Roi , auront gagnés , la Peine d'être condamnés
duiK Janvier 169 1. en pareille somme , que celle pour laquelle
V. ils auroient gagné lesdits gages.
<;. Peine 40. Quant aux Majeurs qui jouent avec (1) Ordonnons pareillement que tous ceux qui
des Ma- des AUneurs & fils de famille , il y a contre
jc-.:rs qui joueront fur gages perdront les gages qu'ils auront
jouent eux , suivant l'Ordonnance de Moulins (1) , exposés , & ceux même qui les auront gagnés , &
avec des 6c celle de 1629 (2) , outre les Peines por seront confisqués fur eux au profit des pauvres ,
Mineurs réservant le tiers au Dénonciateur ; & outre ce ,
& tils de tées contre tous les Joueurs en général, celle
lamiile. ceux qui les auront gagnés , seront condamnés en
de la Restitution de tous les deniers qu'ils pareille somme que celle pour laquelle ils au
ont gagnés à ceux-ci , avec dépens , dom ront gagné lesdits gages applicables comme dessus,
mages 6c intérêts. Ces Loix donnent de Ordonn. de 1629 , art. 1 39.
Ddd
394 LES LOIX CRIMINELLES , Liv.JII. Tit. VIII.

§. III. Promesses 6> Obligations faites pour le Jeu.

,Es Promesses & obligations, soit dé (i) Déclarons toutes Dettes contractées pour le
guisées ou non , soit qu'elles aient été faites Jeu nulles , & toutes obligations & promesses fai
tes pour le Jeu , quelque déguisées qu'elles soient ,
par des Majeurs ou des Mineurs, sont égale
nulles & de nul effet , & déchargées de toutes obli
ment déclarées nulles par les Loix & Ré- gations civiles ou naturelles : Voulons eri outre que
glemens que nous avons cités , notamment contre icelles, le fait du Juge soit reçir, nonobs
par l'Edit de Henri III , de 1 577 (i) , par tant toutes Ordonnances à ce contraires , auxquel
TOrdonnance de Louis XIII , en 1629(2), les nous avons dérogé & dérogeons pour ce re
gard : Voulons & ordonnons que toutes lesdiîes
& par l'Arrêt d'enregistrement de la Dé
promesses soyent cassées , & le porteur d'icelles ,
claration donnée par le même Prince en soit le premier créancier ou le cessionnaire, soyent,
161 1 (3). II y a seulement deux choses non-seulement déboutés de leur demande à fin de
à remarquer fur ce point d'après TOrdon paiement des sommes portées par lesdites promes
nance de 1629 j fçavoir, d'une part , que ses , mais aussi étant prouvé qu'elles viennent du
Jeu , condamnés envers les pauvres en pareille
cette Loi admet la preuve par témoins en
somme , qui fera celle contractée auxdites promes
cette matière , encore que la somme soit ses.... Et que la preuve par Témoins soit reçue , non
au-desíùs de cent livres , en quoi elle dé obstant que les sommes excédent cent livres, à
roge à la disposition de TOrdonnance de quoi Nous avons dérogé pour ce regard. ... Et
Moulins , renouvellée fur ce point par d'autant que Teffrénée passion du Jeu porte quel
TOrdonnance de 1667. Et de Vautre , qu'en quefois jusqu'à jouer les immeubles : Nous voulons
èc déclarons , que nonobstant la perte & délivran
fait d'aliénation des immeubles pour dettes ce desdits immeubles, quoique déguisés en vente ,
de Jeu , les Femmes , &. les Créanciers des échange ou autrement , les hypothèques demeu
Joueurs qui auroient fait cette aliénation , rent entières aux femmes pour leurs conventions,
ne laissent pas que d'être conservés dans & aux créanciers pour leurs dettes , nonobstant
leurs hypothèques fur ces immeubles non tous décrets , s'il est prouvé que l'aliénation des
dits immeubles procède du Jeu , le tout fans déro-
obstant la délivrance qui en auroit été faite
f;er à notre Edit de Mai 161 1 , fait pour les Bre-
par ces Joueurs , sous les titres déguisés de ans & Jeux de hasard , & à l'Arrêt de notre Cour
vente , échange ou autrement. de Parlement de Paris , fur ce donné le 13 Juin
(1) Défendons à tous nos Justiciers & Officiers ensuivant : lesquels Nous voulons demeurer en
d'avoir aucun égard aux Promesses , Cédules , ou leur force & entier Ord.de 1619 , art. 138 ,
Obligations, qui pourroient pour telles occasions à 140 & 141.
l'avenir être faites : ains dès-à-présent les déclarons
nulles & de nul effet. Edit de Heurt J1J , à (3) V. cet Arrêt à la fuite de l'Edit de 161 1 i
Blois , en Mars 1 577. rapporté ci -devant.

CHAPITRE QUATRIEME.

Des Délits contre la Police au sujet des Meniians , Vagabonds , Gens


Jans aveu.

§. I. Des Mendians.

SOMMAIRES.

1 . Trois espèces de Mendians. 4. Différens objets fur lesquels porte cette


2. Mendians invalides. Ce qu'on entend Loi.
fous ce nom , ô ce qui les rend punis 5. Précautions prescrites a leur égard.
sables. 6. Peines portées contr'eux.
3. Mendians valides. Idée que nous en donne 7. Juges qui en doivent connoître.
la Déclaration de 1724. 8. Manière d'inslruire leur Procès.

I.
e*'Tr0d ^^®VS distinguons d'après les Réglemens à l'égard de ceux de la troisième efpece ,
Mendians! tro^s fortes de Mendians ; les Mendians nous nous réservons à en parler en traitant
invalides , les Mendians valides , & enfin des vagabonds , parce qu'ils se trouvent
les Mendians valides qui sont en même- compris dans les mêmes Réglemens.
temps vagabonds & gens fans aveu. Nous I I.
ne parlerons ici que des deux premiers ; i°. Mendians invalides. Nous appel- a. Men-
inva-
DES DÉLITS COI JTRELA POLICEì 39^
lides. Ce Ions ainsi , tous ceux que leur âge & leur (4) Enjoignons aux Mendians invalides , ou qui
2™Tfous úrárroirá met nors d'état de travailler & par leur grand âge font hors d'état de gagner Jeur
vie par leur travail , même aux Enfans , Nourri
ce nom , d'exercer aucun métier qui puisse les faire ces , & Femmes grosses qui mendient , faute de
& ce quï subsister , comme sont les enfans , les vieil- moyen de subsister , de se présenter pendant ledit
ptmiflk- ^ai"ds , les malades & estropiés , les nour temps dans les Hôpitaux les plus prochains de leur
ries, rices, & femmas grosses. L'on doit entendre demeuie , oíi ils feront reçus gratuitement , & em
fous le nom $enfans , en cette matière , ployés au profit des Hôpitaux à des ouvrages pro
portionnés à leur âge, & à leursforces , pour four
aux termes des Réglemens , notamment des
nir du moins en partie à leur entretien & à leur
Déclarations de 1 700 (1) & 1 764 (2) , ceux subsistance ; & à l'égarddu surplus , dans les cas où
qui font au-dessous de quinze à seize ans ; les revenus des Hôpitaux ne feroient pas suffifans ,
& fous le nom de vieillards , ceux qui ont Nous fournirons les secours nécessaires à cet effet :
passé foixante-dix ans. Comme l'impuissance Voulons en conséquence , qu'après ledit délai de
quinzaine expiré, les Hommes & Femmes valides
où font ceux-ci de fe procurer par leur tra
qui seront trouvés mendians dans notre bonne Ville
vail de quoi subsister , les rend plus dignes de Paris, & autres Villes & lieux de notre Royau
de commisération que de peine lorsqu'ils me , même les Mendians & Mendiantes invalides ,
se livrent à la mendicité , & qu'on ne peut &C Enfans , soient arrêtés , & conduits dans les Hô
dire d'eux , comme des Mendians valides. , pitaux généraux les plus proches des lieux oíi ils
auront été arrêtés , & dans lesquels les Mendians
que cette mendicité est le fruit de l'oisiveté
invalides seront nourris pendant leur vie ; les En
& du libertinage , c'est pour cela qu'ils ont fans , jusqu'à ce qu'ils aient atteint l'âge suffisant
toujours été distingués de ces derniers dans pour gagner leur vie par leur travail ; & à l'égard
les Loix Pénales qui ont été rendues fur des Femmes grosses & des Nourrices , elles seront
cette matière ; & qu'en un mot ils ne de gardées pendant le temps qui fera jugé convenable
viennent punissables , . suivant ces mêmes par les Directeurs desdits Hôpitaux;& au cas qu'ils
soient arrêtés une seconde sois mendiant , soit dans
Loix (3) , que lorsqu'ils négligent de pro les mêmes lieux où ils auront été arrêtés & renfer
fiter des ressources qu'elles leur offrent pour més , soit en quelqu'autres lieux de notre Royau
assurer leur subsistance , soit en se présen me, les invalides seront retenus dans lefdits Hôpi
tant aux Hôpitaux destinés à cet effet (4) , taux pendant leur vie pour y être nourris , tk les
soit en fe retirant dans le lieu de leur nais hommes & !es femmes valides, condamnés par les
Officiers ci-après nommés à être renfermés dans
sance (5) , ou bien lorsqu'ils contreviennent lefdits hôpitaux , pour le temps & espace de trois
aux défenses qu'elles leur font de mendier mois au moins ; & en outre , marqués avant leur
dans les Eglises , où leur aspect & leur élargissement, d'une marque enforme de la lettre
importunité peut troubler l'attention des M. au bras , 6l ce, dans Pintérieur de la prison ou
Fidèles. II y a même des Réglemens par de l'Hôpital , sans que cette marque porte infa
mie ; Sc au cas que les uns ou les autres foientarrê-
ticuliers qui leur défendent de mendier aux tés mendiant une troisièmefois , en quelque lieu que
portes des Eglises , & notamment une Dé ce puisse être , les femmes valides soient condam
clamation du mois d'Août 1685 , rendue nées par les Officiers ci après nommés, à être en
au profit de l'Hôpital-Général de Besan fermées dans les Hôpitaux généraux pendant le
çon (6) , & dont l'exécution a été renou- temps qui fera jugé convenable, qui ne pourra être
moindre de cinq années au moins ; & à l'égard des
vellée par un Arrêt du Parlement de cette
hommes 6c des femmes invalides , & hors d'état
Province (7). de travailler , ils seront tenus dans lefdits Hôpi
taux , pour être les hommes & les femmes invali
(1) Enjoignons à toutes sortes de personnes, des , nourris & alimentés pendant leur vie , & em
tant Hommes que Femmes , de quinze ans & au- ployés au profit de l'Hôpital aux ouvrages dont ils
dessus y valides , & capables de gagner leur vie , pourront être capables , eu égard à leur âge & leurs
de travailler , &c. Déclar. du 15 Juillet 1700, infirmités Permettons à ceux desdits Men
arc. 1 dians qui voudront se retirer dans le lieu de leur
naissance ou domicile , de se présenter dans ledit
(1) Ils seront condamnés. . . Sçavoir, les Hom temps de quinzaine à l'Hôpital-Général le plus pro
mes valides de seize ans & au dessus , jusqu'à soi chain du lieu où ils font actuellement, où leur fera
xante & dix ans commencés , à trois années deGa- donné un Congé ou Passe port , qui fera mention
leres. ... Et ceux de foixante-dix ans & au-dessus , de leur nom, surnom , âge , naissance, & domi
ainsi que les Infirmes & les Enfans qui n'au- cile , de leur signalement, & des principaux lieux
roient pas atteint l'âge de seize ans , renfermés dans de leur route , ensemble du lieu où ils voudront se
les Hôpitaux , &c. Déclar. du 3. Août 1764, art. 3. retirer , dans lequel ils seront tenus de se rendre
(3) Enjoignons aux Mendians qui ne font pas dans un délai , qui ne pourra être plus long que
en état, à cause de leurs incommodités, ou de leur celui qui est nécessaire pour faire le voyage , à rai
caducité, de gagner leur vie par leur travail , & de son de quatre lieues par jour , dont fera fait men
se retirer dans les lieux de leur naissance , de fe tion dans le Congé ou Passe-port , qu'ils seront te
présenter aux Hôpitaux généraux des lieux où ils nus de faire viser par les Officiers municipaux de
í'ont, ou de ceux qui en font les plus proches, tous les lieux où ils passeront, moyennant quoi, &
pour y être reçus , en cas qu'ils se trouvent de la pendant ledit temps feulement, ils ne pourront être
qualité ci- dessus marquée , & traités ainsi que les inquiétés ni arrêtés , pourvu qu'ils ne soient point
autres pauvres : Leur défendons de mendier , à trouvés attroupés en plus grand nombre que celui
peine pour la première fois du fouet , & du car de quatre, non compris les Enfans. Dec!, du 18.
can, 6c pour la seconde , d'y être enfermés. Dec/, Juillet 1714 , art. 1 , a, 3 & 4.
du 15 Juillet 1700, art. 5. (5) Enjoignons à tous Mendians , tant Hommes.
Ddd 2
3^ LES LOIX CRIM1N ELLES, liv.îll Tit. Vlir.
: -que Femmes , de prendre incessamment un emploi
' pour subsister , fi mieux ils n aiment se retirer dans
' iè lieu de leur naissance , ou de leur domicile , dans un Mi
mois , àoompter du jour -de la publication des Pré-
fentes à Paris ; après lequel temps, lesditsMendians 20. Mendians valides. Ce font ceux ?. m^,.
valides ou invalides , qui seront trouvés mendians contre lesquels ont sévi principalement
dans notre bonne Ville de Paris , & autres lieux & toutes les Loix , tant anciennes que mo- queS'nous
Villes de notre Royaume , seront arrêtés , pour y
€tre nourris & gardés pendant le temps qui fera dernes qui ont été rendues fur le fait de en donne
jugé convenable par lesdits Directeurs desdits hô la mendicité ; parce qu'en effet l'on n'a náoa j~
pitaux , pendant lequel temps Nous ferons pour ceífé de regarder dans tous les temps ces i7H-
voir à leur subsistance Au cas qu'il n'y ait sortes de gens comme de véritables fléaux
Î>oint d'hôpital général dans la distance de quatre
dans la société , en ce qu'ils font censés
ieues du lieu où lesdits Mendians auroient été ar
rêtés : Voulons qu'ils soient conduits dans les pri ne s'être livrés à un exercice aussi bas que
sons les plus prochaines , d'où ils seront ensuite par un esprit de fainéantise & de liberti
■transférés dans l'Hôpital général le plus proche , nage. L'on ne peut donner une idée plus
& fera pourvu par nos ordres , à leur subsistance , pathétique de toutes les diíférentes espèces
ipendant le temps qu'ils seront détenus dans lefdites
de désordres dont ces fortes de gens font
prisons, & aux frais de leur translation dans lesdits
-hôpitaux. Déel. de 1750 , au. 1 eri. capables , & en même -temps de la nécessité
où l'on a été d'employer , pour les répri
mer, les précautions les plus exactes &
les plus rigoureuses que celle qui nous
&c. Défendons à toutes Personnes de
*ous sexes & âge , de quelqu'état qu'ils puissent en est donnée dans le Préambule de la Dé
•&re , valides ou invalides , ( à la réserve des Reli claration du mois de Juillet 1724 (1) î
gieux & Religieuses qui en ont le droit , & en ont Loi d'autant plus remarquable en effet ,
•usé par le passé ) , de mendier dans ladite Ville de qu'en même-temps qu'elle réunit , fur ce
Èesançon , ni aux portes d'iceile , aux portes des
point, toutes les dispositions principales
•maisons, dans les rues , ni ailleurs, publiquement,
•ni en secret , de jour ou de nuit , fans aucunes ex des Loix précédentes , son exécution fe
ceptions des Fêtes solemnelles , Pardon ou Jubilés, trouve ordonnée nommément par une der
<«i d'Assemblées , Foires ou Marchés , ni pour quel niere Loi rendue au sujet de la mendicité j
ques auti es causes cjue ce soit : Enjoignons pour l'on veut parler de la Déclaration du 20 Oc
cette fin à tous Faineans , Vagabonds , & fans aveu tobre 1750, dont nous avons rapporté plus
m profession , de se retirer incessamment de la
dite Ville après la publication des Présentes , le haut les dispositions , pour ce qui concerne
tout à peine du fouet contre les Contrevenans les Mendians invalides (2).
■de l'un & de l'autre sexe. Déclar. du mois d'Août
1685 , reg. le 3 Septembre suivant.... V. le Recueil
■des Edits enregistrés au Parlement de Fr. Comté , tonu (i)LiOUIS , &c. Nous avons toujours vu avec
premier. une peine extrême depuis notre avènement à la
Couronne , la grande quantité de Mendians de l'un
(7) Ladite Cour ordonne que tous les pauvres & de l'autre sexe , qui font répandus dans Paris ,
mendians qui ne font pas en état présentement de & dans les autres Villes & lieux de notre Royau
gagner leur vie , seront tenus de se retirer dans la me , & dont le nombre augmente tous les jours ;
Paroisse dont ils font natifs , un mois après la pu l'amour que Nous avons pour nos peuples, Nous a
blication du présent Arrêt. Leur fait défenses de fait chercher les expédiens les plus convenables ,
vaguer & de demander l'aumône après ledit temps pour secourir ceux qui ne sont réduits à la mendi
passé ; à peine d'être , tant les Hommes que les cité, que parce que leur grand âge ou leurs infir
Femmes , enfermés durant huit jours dans les pri mités les met hors d état de gagner leur vie ; &
sons les plus prochaines , & attachés au carcan, fur notre attention pour Tordre public , & le bien gé
le procès-verbal des Officiers qui les auront arrê néral de notre Royaume, Nous engage à empêcher,
tés; & en cas de récidive, des galères pendant trois par des Réglemens sévères , que ceux qui font en
ans contre les Hommes valides , & les Garçons au- état de sublister par leur travail , mendient parfai
dessus de seize ans ; & du fouet & du carcan à dif- néantise , & parce qu'ils trouvent une ressource plus
férens jours de marchés contre les Estropiés , & les sûre , & plus abondante dans les aumônes des per
Femmes qui ne seront point grosses ; & du fouet en sonnes charitables , que dans ce qu'ils pourroient
cas de récidive contre les Garçons au dessus de gagner en travaillant : ils font en cela d'autant plus
douze ans , qui seront en état de faire quelque tra punissables , qu'ils volent le pain des véritables Pau
vail. Fait très-expresses défenses à toutes personnes vres , en s'attribuant les charités qui leur seroient
de leur donner retraite plus d'une nuit , à peine de destinées; & Tordre public y est d'autant plus inté
dix livres d'amende , même de plus grande s'il y ressé , que Voisiveté criminelle , dans laquelle ils vi
échet. Ordonne que ceux qui se trouveront estro vent , prive les Villes & les Campagnes d'une infi
piés , ou attaqués de maladies , ou qui paroîtront nité £ouvriers nécessaires pour la culture des terres ,
incurables , seront conduits dans les Hôpitaux gé & pour les Manufactures , & que la dissolution & U
néraux les plus prochains. Enjoint aux Adminis débauche , qui font la fuite de cette même oisiveté ,
trateurs de les y recevoir fur les certificats des Cu les portent insensiblement aux plus grands crimes.
rés , & des Juges & Procureurs-Fiscaux desdites Pour arrêter le progrès d'un si grand mal auquel on
Paroisses , & les faire nourrir ôc traiter comme les a voulu remédier dans tous les temps , mais fans
autres pauvres. Arrêt du Parlement de Besançon du 7 succès jusqu'à présent ; Nous avons fait examiner
Mai 1709. V, le même Recueil , tom, 4. en notre Conseil les dissérens Réglemens faits par
DES DÉLITS CON TRE LA POLICE. $97
les Rois noí prédécesseurs , & ceux faits par diffé laquelle Nous Nous étions proposés de^arinir les»
rens Princes & Puissances de lTiurope!, fur une ma Mendians de nos Etats , n'ayant pas été aussi-bien
tière qu'on a toujours regardée comme un objet exécutée depuis le commencement des dernieres
principal dans tôus les Etats bien polices ; fií Nous guerres , qu'elle l'avoit été pendant plusieurs an
avons reconnu que ce qui avôitpuempâcher le suc nées , le nombre des Mendians s'étoit tellement
cès du grand nombre de Réglemens ci-devant augmenté , qu'il étoit à propos d'y apporter des
faits à ce sujet , est que ^exécution n en avoit pas remèdes encore plus efficaces que ceux qui ont
été générale dans tout le Royaume , & que les Men- été employés jusqu'à présent A ces causes.
dians chassés des principales Villes ayant eu la fa Préamb. de la Déclar. du 10 Oclobre 1750. V. aussi
cilité de se retirer ailleurs , ils auroient continué l'art. 4 de cette Loi.
dans le même libertinage , ce qui les auroit mis à
portée de revenir bientôt dans les lieux mêmes d'où IV.
ils auroient été chassés ; que Von n'avoit pas pourvu
suffisamment à /.'entretien des Hôpitaux , ce qui
avoit obligé dans différens endroits les Directeurs L'on voit d'avance , d'après ces Préambu- 4. p;^.
des hôpitaux à ouvrir les portes à ceux qui y étoient les, que les dispositions de l'une & l'autre de ren*. <*-
renfermés ; que Ton n'avoit point offert de travail Y» . • • 1 .. r Jets >ur lés
ées Loix portent principalement lur ces qua- queis pop.
& de retraite aux mendians valides , qui ne pou- tre objets, dont le premier regarde les précau- £ . cett«
voient en trouver , ce qui leur avoit fourni un pré tions générales pour empêcher la mendicité , u
texte de transgresser la Loi, par l'im possibilité où
ils avoient prétendu être de pouvoir l'exécuter , & tend à ne laisler aucun prétexte à ceux qui
faute de travail & de subsistance ; & qu'enfin les s'adonnent à ce genre de vie , lorsqu'ils font
Peines prononcées n'étant pas ajse% sévères , ni au en état de travailler. Le second tend à déter
cun ordre établi pour reconnoure ceux qui auroient
miner les différens degrés de Peines que doi
été arrêtés plusieurs fois , & les punir plus sévère
vent subir ceux de ces Mendians qui font
ment pvur la récidive : la trop grande facilité de se
soustraire à la dispojìtion de la Loi , & le peu de arrêtés une seconde ou troisième fois , ou
danger (Titre convaincu à cause de la légèreté de la bien lorsqu'ils ont abusé des facilités parti
Peine, en auroit fait totalement négliger les dis culières que leur donne cet état pour com
positions. Pour prévenir ces mêmes inconvéniens , mettre d'autres Crimes. Le troisième , à
Nous avons pris les moyens qui nous ont paru les fixer la qualité des Juges qui doivent pro
plus sûrs , pour que notre présente Déclaration fût
également exécutée dans toute l'étendue du Royau noncer ces fortes de punitions. Le qua
me : Nous donnerons les ordres nécessaires pour la trième enfin , à prescrire la manière dont
subsistance des Hôpitaux, &où leurs revenusne se on doit procéder à linflruclion de leur
trouveroient pas suffisans , Nous y suppléerons de Procès. Nous allons reprendre séparément
nos propres deniers , & Nous espérons même que
tous ces différens objets pour leur appli
nos peuples contribueront volontairementpar leurs
charités à une Œuvre si sainte & si avantageuse à quer les dispositions des Réglemens parti
l'Etat , & qui leur sera si peu à charge , que quand culiers qui les concernent ; car l'on fçait
même chaque particulier ne donneroitpar aumône qu'indépendamment des deux Loix que
aux Hôpitaux , chaque année , que la moitié de ce nous venons de citer , il y en a encore plu
qu'il distribueroit manuellement aux Mendians ,ce sieurs autres qui ont été rendues contre
seul secours seroit plus que suffisant pour les besoins
de tous les Hôpitaux du Royaume ; & en propo ces Mendians valides , en même-temps que
sant une subsistance & un travail ajjuré à ceux des contre les Vagabonds &. gens fans aveu ,
Mendians valides qui n en auront pu trouver , Nous notamment les Edits & Déclarations des
leur ôtons toute excuse de désobéir à la Loi , & 31 Mai 1682 , 28 Janvier 1687, 25 Juil
Nous sommes par- là en état d'établir des Peines let 1700, 8 Janvier 1719 , 5 Juillet 1722 ,
plus sévères , puisqu 'ils font entièrement les maîtres
12 Septembre 1724, que nous aurons lieu
de les éviter ; Nous tevons même jugé à propos de
mettre différens degrés à ces peines , en les pronon de rapporter fur le §. suivant.
çant plus légères pour la première contravention ,
plus sévères pour la seconde , & en ne faisant porter V.
toute la rigueur de la Loi que contre la tioifieme -
contravention , qui ne peut mériter ni excuse ni
compassion ; & Nous prenons en même - temps les i°. Précautions générales contre la Çi PréJ
précautions les plus exaiìes pour reconnoure , mal mendicité. Ces précautions se trouvent mar- cautions
gré leurs artifices & leurs déguifemens y ceux qui quées par les Déclarations du 1 2 Octobre £re]g„res
étant arrêtés pour une seconde sois , voudroient ca 1686 , & 28 Janvier 1687 > ^ ont été re- égard,
cher leur première détention. Nous espérons par ces
justes mesures , & par la fermeté que Nous appor nouvellées íùr ce point par les art. 1 , 2,3,
terons à l'exécution de notre présente Déclaration, 4 & 5 de la Déclaration de Juillet 1724 (1),
faire cesser enfin un si grand désordre , distinguer suivant lesquels il paroît que ces précau
le véritable pauvre , qui mérite tout secours & tions consistent à exiger , 1 °. que les Men
compassion , d'avec celui qui se couvre faussement dians valides soient tenus dans quinzaine ,
de son nom pour lui voler sa subsistance , & de
rendre utile à l'Etat un grand nombre de Cito à compter du jour de la publication de
yens qui lui avoient été à charge jusqu'à présent : la Loi , de prendre un emploi pour sub
A CES CAUSES, &c. Préamb. de la Décl. du 18 Juil sister de leur travail. La nouvelle Décla
let 1714. regist. le z 5 du même mois. ration du 20 Octobre 1750 (2) prolonge
ce délai jusqu'à un mois , & leur laistè le
(i)LoUlS, &c Nous avons été informés
que notre Déclaration du 18 Juillet 1719, dans choix de fe retirer pendant le même-temps
398 LES LOIX CRIMINE LLES, Liv. III. Tit. VIII.
dans le lieu de leur naissance & de leur do vrage , & fans la permission duquel ils ne pourront
micile. 2°. Que dans le cas où ils ne trouve- s'absenter ; ils seront employés aux ouvrages des
Ponts ÔC Chaussées , ou aux autres travaux publics
roient peint d'ouvrage dans ce délai , ils & autres fort;s d'ouvrages qui seront ;ugés conve
soient tenus de s'engager aux Hôpitaux pour nables: leurs journées seront payées entre les mains
s'en procurer; en sorte que s'ils font trouvés du Sergent au profit de l'Hôpital , fur le pied qui
mendians après ce délai , ils doivent être aura été convenu avec les Directeurs , qui leur
arrêtés & conduits dans les Hôpitaux-Gé donneront toutes les semaines une gratification fur
le montant de leurs journées , qui fera au moins du
néraux. La Déclaration de 1750 (z) ajoute
six.eme du produit , & même une plus forte s'ils se
que s'il n'y a point d'Hôpital-Général dans sont bien acquittés de leur travail. Si quelqu'un
la distance de quatre lieues du lieu où ces desdits Engagés trouve dans la fuite' un emploi
Mendians seront arrêtés , ils seront con pour subsister , pourront en connoissance de cause
duits dans les Prisons les plus prochaines , lui accorder son congé ; ils l'accorderont pareille
ment à ceux qui voudront entrer dans nos troupes;
d'où ils seront ensuite transférés dans l'Hô-
&C ceux defdits Engagés qui quitteront le service
pital-Général le plus proche. 3 °. Que s'il s'en desdits Hôpitaux fans congé , ou pour aller' servir
trouve, parmi eux , qui préfèrent defe retirer ailleurs , ou pour reprendre leur premier état de
dans le lieu de leur domicile , ils seront tenus fainéantise & mendicité, seront poursuivis extraor
dans ce cas , pour ne pas s'exposer à être dinairement , & condamnés en cinq années de ga
lères Voulons en conséquence , qu'après le
arrêtés , de se munir d'un congé ou passe
dit délai de quinzaine expiré , les Hommes & Fem
port qui leur sera donné par les Directeurs mes valides , qui feront trouvés mendians dans no
des Hôpitaux, & qu'ils feront viser par tre bonne Ville de Paris , & autres Villes & lieux
les Officiers Municipaux des lieux où ils de notre Royaume, soient arrêté;, & conduits dans
passeront. 40. Que pour s'assurer de ceux les hôpitaux généraux les plus proches des lieux où
ils auront été arrêtés, & nourris au pain & à l'eau,
qui ayant été arrêtés une première fois ,
pendant le temps qui fera jugé à propos par les Di
auront été mendier dans d'autres Provin recteurs & Administrateurs desdits hôpitaux , qui
ces , & y auront commis d'autres Crimes ne pourra être moindre de deux mois ; & au cas
qui mériteroient un châtiment plus sévère , qu'ils soient arrêtés une seconde fois mendiant ,
il seroit établi un Bureau de Correspon soit dans les mêmes lieux oii ils auront été arrêtés
dance entre l'Hôpital-Général de Paris , & renfermés , soit en quelqu'autres lieux de notre
Royaume , ils seront condamnés par les Officiers
avec les autres Hôpitaux du Royaume (5) , ci-après nommés , à être renfermés dans lefdits hô
par le moyen des Registres exacts qu'on pitaux , pour le temps & espace de trois mois au,
fera obligé de tenir , dans les uns & dans moins , & en outre marqués , avec leur élargisse
les autres , de tous les Mendians qui au ment , de la lettre M. au bras , & ce , dans Inté
ront été arrêtés. 50. Enfin, c'est encore dans rieur de la Prison ou de l'hôpital , fans que cette
marque porte infamie ; 5c au cas qu'ils soient ar
les mêmes vues , qu'il est fait par toutes ces
rêtés pour la troisième fois mendiant , en quelque
Loix des injonctions expresses aux Offi lieu que ce soit , les Femmes valides soient con
ciers des Maréchaussées & de Police (6) damnées par les Officiers ci-après nommés , à être
de faire recherche & perquisition exacte renfermées dans les hôpitaux généraux , pendant le
de tous les Mendians , tant dans les Villes temps qui fera jugé convenable , qui ne pourra être
moindre de cinq années , même à perpétuité s'il y
que dans les Campagnes , & de les arrêter
échoit, & les Hommes valides aux galères , pour
ou prêter main-forte à ceux qui les arrê cinq années au moins Permettons à ceux
teront. II y a même , suivant la Déclara defdits Mendians , qui voudront se retirer dans le
tion de 1 700 (7) , des défenses générales lieu de leur naissance ou domicile , de se présenter
faites à tous particuliers de rien donner à dans ledit temps de quinzaine à l'hôpital général
le plus prochain du lieu où ils sont actuellement,
ces sortes de Mendians , à peine de cin
ÓÙ il leur fera donne un congé ou passe-port , qui
quante livres d'Amende. fera mention de leur nom , Jumom , âge , naissance ,
& domicile , de leur signalement , & des principaux
(1) Enjoignons à tous Mendians , tant Hommes lieux de leur route , ensemble du lieu où ils vou
que Femmes , valides &C capables de gagner leur dront se retirer , dans lequel ils seront tenus de fe
vie par leur travail , de prendre un emploi pour rendre dans un délai , qui ne pourra être plus long
subsister de leur travail , soit en se mettant en con que celui qui est nécessaire pour faire le voyage ,a
dition pour servir, ou en travaillant à la culture des raison de quatre lieues par jour , dont sera fait
terres ou autres ouvrages ou métiers dont ils peu mention dans le congé & passe-port, qu'ils seront
vent être capables , & ce , dans quinzaine , du jour tenus de faire viser par les Officiers municipaux de
de la publication de la présente Déclaration tous les lieux où ils passeront ; moyennant quoi, ÔC
Et pour ôter tout prétexte aux Mendians valides , pendant ledit temps seulement , ils ne pourront
qui voudroient excuser leur fainéantise & leur être inquiétés ni arrêtés , pourvu qu'ils ne soient
mendicité, sur ce qu'ils n'ont pas pu trouver de tra pas trouvés attroupés en plus grand nombre que
vail pour gagner leur vie : Nous permettons à tous celui de quatre , non compris lesenfans. .. Etpour
Mendians valides , qui n'auront pointtrouvé d'ou connoître plus facilement ceux qui auront été déjà
vrage dans ledit délai de quinzaine , de s'engager arrêtés une première fois , ou contre lesquels il y
aux Hôpitaux, qui, au moyen dudit engagement, auroit d'ailleurs des plaintes ou autres , qui méri
seront tenus de leur fournir la subsistance Ô£ l'entre- tent d'être approfondis : Nous voulons, & ordon
tien. Ces Engagés seront distribués en compagnies nons , qu'il soit établi en l'Hôpital général de Paris,
de vingt hommes chacune,sous le commandement un Bureau général de correspondance avec tous
d'un Sergent, qui les conduira tous les jours à l'ou- les autres hôpitaux du Royaume ; on y tiendra un
DES DÉLITS CONTRE LA POLICE. $99
reoìflre exact de tous les Mendians qui seront arrê (j) Défendons à toutes Personnes de quelque
tés , contenant leurs noms, surnoms, âges , naissan qualité & condition qu'elles soient T à peine de
ces & pays , ainsi qu'il aura été par eux déclaré , cinquante livres d'amende applicable aux hôpi
avec les autres circonstances principales qu'on aura taux généraux des lieux , de donner aucune cho
pu tirer de leurs interrogatoires , & les principaux se auxdits Mendians, soit dans les Eglises, dans
fignalemens de leurs personnes ; & tous les hôpi les rues , ou aux portes , & fans préjudice des au
taux de Province tiendront un pareil registre des mônes qui se font aux Pauvres honteux dans leurs
Mendians amenés en leur maison , dont ils enver maisons ou ailleurs. Dérfar. du 25 JuilUt 1700,
ront une copie toutes les semaines au Bureau gé art. 2. ..'..1..
néral établi à Paris, fur lesquelles copies , on for
mera au Bureau de Paris un registre général de V I,
tous les Mendians arrêtés dans toute l'etendue du
Royaume , fur lequel on portera , au nom de
chaque Mendiant , les notes & observations ré PEINES des Mendians valides. Si l'on 6. Peine*
sultant de leurs interrogatoires , & ce que l'on aura remonte aux anciennes Loix , il paroît que p^tées
pu découvrir à leur sujet dans les copies des regis coatr'etu.
les Peines portées contre ces Mendians
tres des autres hôpitaux ; on y tiendra auflì un re
gistre alphabétique du nom de tous lesdits Men valides étoient déjà des plus rigoureu
dians ; on fera imprimer à fa fin de chaque se ses , dès les premiers temps ; car nous
maine , la copie de ce qui aura été porté pendant voyons par deux Ordonnances , Vune de
le cours de la semaine sur le registre général , & François I (1) , Vautre de Henri II, (2) ,
sur le registre alphabétique , & il en sera envoyé
qu'il y a des Peinés corporelles prononcées
Un imprimé à chacun des hôpitaux du Royaume,
ensemble à tous les Officiers de Police & de Ma contr'eux pour la première fois ; fçavoir ,
réchaussée : au moyen de quoi , chaque hôpital par la première celle du Fouet , & par la
ayant les renseignemens nécessaires des Mendians derniere celle des Galères. II y a eu , de
arrêtés dans toute l'étendue du Royaume , on dé puis ce temps-là , différentes Ordonnances
mêlera facilement ceux qui, ayant été arrêtés pour
données , tant pour Paris que pour les Pro
tine première fois , auront été mendier dans d'au-
tres Provinces , dans Pefpérance de n'y être pas vinces. 1 °. Quant à celles concernant cette
reconnus , ou ceux contre lesquels il y aura d'au Capitale , nous remarquons fur-tout la Dé
tres sujets qui méritent un châtiment plus sévère. .. claration du 16 Avril 1685 (3)j suivant
Enjoignons à nos Lieutenant-Criminel de Robe- laquelle la Peine des Mendians valides
Courte,& Chevalier du Guet de notre bonne Ville
domiciliés en cette Capitale , & qui y font
de Paris , Prévôt de l'Iste de France , & autres
Officiers , &t généralement à tous nos Prévôts , & arrêtés après le temps qui leur est marqué
Officiers de Maréchaussée , & Archers , Commis pour travailler à des ouvrages publics
saires , Huissiers , & autres Officiers de Police , indiqués à cet effet , est celle d'être
Officiers & Archers des hôpitaux , de faire per renfermés pour la première fois dans les
quisition 8c recherche defdits Mendians & Vaga
Maisons de Bicêtre ou de la Salpétriere ,
bonds , d'arrêter & faire arrêter tous ceux de la
qualité ci dessus exprimée , tant dans les Villes & pour la seconde , des Galères de cinq
que dans les Campagnes , grands Chemins , Fer ans quant aux hommes , & du Carcan pour
mes , & autres Lieux , de prêter main-forte aux les femmes âgées de plus de quinze ans j
dits Lieutenans-Géncraux de Police , & aux Ar & à l'égard des filles & garçons au-dessous
chers des Pauvres. Enjoignons auxdits Archers ÔC
de cet âge , la Peine est feulement d'une
Huissiers d'exécuter ce qui leur fera ordonné pour
l'exécution de la présente Déclaration. Dédar. détention plus ou moins longue dans les
du 26 Juillet 1724. Maisons de Force dont on vient de parler.
20. Pour ce qui concerne les Mendians vali
des qui font arrêtés dans les Provinces , il y
(ì)LoUIS , &c. Enjoignons à tous Mendians, a , suivant une Déclaration du 8 Janvier
tant Hommes que Femmes , de prendre incessam 1687 (4) , des défenses de récidiver pour
ment un Emploi pour subsister , si mieux ils n'ai la première fois ; du Fouet , de la Flétris
ment se retirer dans le lieu de leur naissance ou de
sure & du Bannisièment du Ressort de la
leur domicile , dans un mois , à compter du jour
de la publication des Présentes. . . . Dédar. du 20 Jurisdiction pour la seconde ; & ces Peines
Oclobrc 1750, art. 1. doivent avoir lieu , tant contre les femmes ,
que contre les hommes , lesquels doivent
(3) Au cas qu'il n'y eût point d'Hôpital général
en outre être punis des Galères à perpé
dans la distance de quatre lieues du lieu où lesdits
Mendians auroient été arrêtés : Voulons qu'ils tuité , lorsqu'ils font arrêtés pour la troi-
soient conduits dans les Prisons les plus prochai fieme fois. Mais de toutes les Loix ren
nes, d'où ils seront ensuite transférés dans l'hôpi- dues íur le fait de la mendicité , celle à
tal général le plus proche , & fera pourvu par nos laquelle nous croyons devoir nous arrêter
ordres à leur subsistance , pendant le temps qu'ils
ici , parce que fes dispositions ont été con
seront détenus dans lesilites prisons , & aux frais
de leur transtation dans lesdits hôpitaux. Mìmc firmées , quant aux Peines , par ía Déclara
Déd. de 175 o, art. 2. tion du 20 Octobre 1750 (6) , qui, comme
nous l'avons observé, est la derniere Loi
(4) V. l'art. 4. de la Déd. de Juillet 1724.
rendue fur le fait de la mendicité , ( les
(5) V. l'art. 5. de la même Déd. autres concernant plus particulièrement
(6) V. aussi l'art. 6. de la même Déd* les Vagabonds } c'est la Déclaration du
4oo LES LOIX CRIMINE LLES, Liv. III. Tit. VIII.
18 Juillet 1724, suivant laquelle il faut moins , & les femmes à être renfermées
distinguer , pour la punition des Mendians , dans les Hôpitaux - Généraux pendant le
ceux qui n'ont commis que de simples con temps qui fera jugé convenable , & qui ne
traventions aux Réglemens faits fur la pourra être moindre de cinq années , 6c
mendicité , de ceux dont les contraventions même à perpétuité s'il y échoit.
à ces Réglemens íè trouvent accompa (1) Ordonnons que ceux qui seront Mendians
gnées d'autres circonstances qui aggravent valides, seront contraints de besongnerôí labourer,
leur délit , ou qui en forment elles-mêmes pour gagner leur vie ; & où il y auroit défaut on
de particuliers ; comme lorsque ces Men abus desdits Mendians valides , chacun pourra
les prendre , ou faire prendre , & les mener à
dians font arrêtés en demandant l'aumône
la prochaine Justice , avec deux témoins ou
avec insolence ; lorsqu'ils se disent fausse plus , qui en puiffent déposer , pour les punir , 6c
ment Soldats , & représentent de faux con corriger publiquement de Verges & Fouets ; & oh
gés ; ou enfin qu'ils se trouvent déjà flétris l'on trouvera lescìits Mendians être obstinés, & ne
d'une Fleur -de - Lys , ou de quelqu'autre vouloir travailler à gagner leur vie , ils seront pu
nis comme devant ; ÔC outre par Forban de leurs
marque infamante. Dans tous ces cas , qui
personnes , à temps ou à perpétuité , du pays ou de
se trouvent détaillés dans l'art. 6 de la Dé la Jurisdiction , & à l'arbitrage des Juges. Et quant
claration de 1724 (7) , renouvellée par aux bonnes Villes de Bretagne , comme Rennes ,
l'art. 3 de celle de 1750 ,.il y a contre ces Nantes, Vannes , & autres semblables , seront gar
sortes de Mendians , quoiqu'arrêtés pour dées les Ordonnances faites à Paris , touchant l'ali-
la première fois , peine des Galères au ment des pauvres , d'autant qu'à chacune Ville les-
dites Ordonnances se pourront adapter. Ord. de
moins de cinq ans pour les hommes , &
François 1. en Août 1536.
de, la Détention à l'Hôpital-Géiiéral , à
(1) Désifans pourvoir Sc subvenir aux vrais pau
temps ou à perpétuité , pour les femmes. vres malades qui sont dignes de l'aumône , & aux
Mais il n'en est pas de míme par rapport Valides, ôter toute occasion d'oisiveté, & leur
aux Mendians qui n'ont commis que de donner moyen de gagner leur vie ; ordonnons aux
simples contraventions aux Réglemens ; Prévôts & Echevins de notre Ville de Paris , dres
leur Peine ne doit proprement se régler ser dans huit jours , après la publication des pré
sentes, Œuvres publiques , en deux ou trois divers
que par le : nombre de leurs récidives. En
lieux de ladite Ville.... Auxquelles Œuvres, Nous
effet, l'on yoit d'abord que suivant cette voulons toutes sortes de pauvres valides , habi
Loi , pour la première contravention où tués &C demeurans dans notrcdite Ville , & Faux-
ces Mendians valides viennent à tomber , bourgs d'icelle , être reçus & admis , avec inhibi
en ne profitant pas du délai d'un mois, qui tions Ô£ défenses à toutes Personnes , de quelque
leur est donné par cette Déclaration (8) , qualité. & 'sexe qu'ils soient , de ne plus quêter,
mendier , ou demander l'aumône par les rues ,
pour prendre un emploi qui les mette en portes des Eglises , ni autrement en public , fur
état de subsister , soit en se mettant en peine , quant aux Femmes , du Fouet , 6t d'être
condition pour servir , ou en travaillant à bannies de notre Prévôté £í Vicomté de Paris ; &
la culture des terres , ou autres ouvrages quant aux Hommes , d'être envoyés aux galères ,
dont ils peuvent être capables , ou bien pour y tirer par force à la rame ; & lesquels , si
après lesdits établissemens d'ouvrages , inhibitions
qui, faute d'avoir pu trouver du travail
& défenses susdites , étoient trouvés faisant le con
dans ce délai, ne se seront pas mis en de traire , Nous voulons être pris , & appréhendés
voir de s'en procurer , en s'engageant à prisonniers , par le premier de nos Huissiers ou
l'Hôpital le plus prochain du lieu de leur Sergens , à la requête d'un chacun , qui premier
demeure , ils doivent , s'ils font trouvés les aura trouves ; & par notre Prévôt de Paris , la
vérité sommairemrnt connue , être punis comme
mendians après l'expiration de ce délai,,
dessus , nonobstant oppositions ou appellations
être arrêtés & conduits dans les Hôpitaux- quelconques , pour lesquels ne voulons être au
Généraux les plus prochains des lieux q$ cunement différé. Edit de Henry 11. du 9 Juillet
ils auront été arrêtés , & y demeurer 1547, art. I & l.
renfermés , & être nourris au pain & à l'eau
pendant le temps qui fera jugé à propos ( 3 ) LoUIS , &c. La bonté que Nous avons pour
tous nos Sujets , nous engageant à procurer les
par les Directeurs desdits Hôpitaux , &
moyens de garantir leur vie à ceux qui ont la vo
qui ne pourra être moindre de deux mois ; lonté de s'employer aux ouvrages dont ils sont ca
& au cas qu'ils soient arrêtés une seconde pables , & le bon ordre que Nous desirons mainte
fois , ils seront renfermés pendant un temps nir dans notre Royaume , obligeant de contrain
plus considérable , qui ne pourra être moin dre à travailler, ceux qui par fainéantise , &par
dérèglement, ne veulent pas se servir utilement
dre de trois mois ; & de plus , avant que
pour eux &pour leur patrie , des forces qu'il a plu
d'être renvoyés, feront marqués au bras d'une à Dieu de leur donner : Nous avons fait commen
marque en forme de la lettre M , laquelle cer différens ouvrages dans les Provinces de notre
néanmoins n'emportera point note d'infa Etat , & Nous avons appris avec beaucoup de plai
mie ; & enfin ce n'est que lorsqu'ils font sir le succès que ces entreprises ont eu jusqu'à cette
heure -y & comme il est juste, que ceux de- nos Su
arrêtés pour la troisième fois , qu'ils doivent jets dé notre bonne Ville de lJaris, & de ses envi
être condamnés par les Juges ; fçavoir , les rons ,qui n'ont pas de métier , reçoivent -la même
hommes aux Galères pour cinq aimées au grâce , & que rien ne peut être plus efficace pour
entretenir
DES DÉLITS CONTRE LA POLICE. 401
entretenir une bonne Police , que d'occuper ainsi pressément à ceux qui seront enrôlés pour travailler
les Fainéans, que fa grandeur y attire : Nous avons auxdits ouvrages , de vaquer par la Ville durant
ordonné à nos chers & bien amé> les Prévôts des les heures qui feront réglées pour le travail par
Marchands & Echevins d'icelle , d'y faire conti- le Prévôt des Marchands Û£ Echevins, & de quitter
nuer les ouvrages qui ont été commencés pour Iefdits atteliers fans un congé exprès d'un Officier
son embellissement & fa commodité ; mais comme qui fera préposé pour cet effet par lesdits Prévôts
il feroit impossible que ce dessein pût réussir aussi des Marchands & Echevins , à peine d'être mis au
avantageusement que nous le désirons , si nous ré Carcan dans l'attelier , ou punis d'autre* ou moin
tablissons un ordre certain pour son exécution , Sc dres Peines , ainsi qu'il fera ordonné par lesdits
d'ailleurs la paresse de ceuv qui ne voudroient pas Prévôts des Marchands & Echevins , fur le rapport
Î travailler dans un temps où Nous leur procurons qui leur en fera fait par l'Officier qui fera préposé
•s moyens de le faire avec utilité , méritant en pour la conduite des atteliers , fans aucune forme
core une punition plus sévère ; Nous avons estimé ni figure de Procès , ni fans appel ; comme aussi
nécessaire d'y pourvoir par un Règlement, qui aura défendonsàceux qui feront ainsi enrôlésde mendier
lieu seulement durant que les atteliers publics y par la Ville & Fauxbourgs , à peine , pour la pre-
seront ouverts : A ces causes, &c.Que tous Men miere sois , d'être enfermés durant un mois dans les
dians valides , encore qiiils aient un métier , & Maisons de Bicctre & de la Salpétriere destinées à
tous Fainéans & Vagabonds fans métier , fans con cette fin , & pour la seconde sois des Galères du
dition & fans emploi , lesquels ne sont pas natifs rant cinq ans à l'égard de hommes , 6c à l'égard
de notre bonne Ville de Paris, de ses Fauxbourgs, des femmes , du Fouet & d'être rasées , & enfer
& de dou^e lieues aux environs , aient à en sortir mées pendant un mois dans ladite Maison de la
dans trois jours après que la publication de ces Salpétriere , Ôí ci u Fouet par un Correcteur à l'é
Présentes aura été faite par les carrefours d'icelle , gard des garçons & filles au-dejjous de auin-te ans ,
& autres lieux accoutumés , & de se retirer dans & d'être enfermés & corrigés dans les Maisons de
leur pays pour y travailler dans les atteliers que l'Hôpital-Général durant le temps qui fera jugé
Nous avons fait établir , ou ailleurs , aux ouvrages convenable , le tout par le Jugement du Lieutenant
dont ils font capables , à peine d'être enfermés du de Police , & , en son absence , de l'un des deux
rant un mois dans les lieux qui sont destinés à cet Lieutenans particuliers, à commencer par l'ancien,
effet dans les Maisons d<- Bicêtre & de la Salpé- & du Lieutenant au Bailliage du Palais , dans le
triere pour la première fois , & la seconde des Ga- cas ci-dessus exprimé , ÔC ce , fans autre forme nk
leres durant cinq ans à l'égard des hommes; & du figure de Procès , que la représentation de Pacte de
Carcan à l'égard des femmes , qui seront âgés les leur enrôlement, signé de l'Officier qui l'aura reçu,
uns ÔC les autres de auir.^e ans 6- au -de£us , & du l'Extrait des Registres de l'Hôpital Général ,& le
Fouet & de plus longue détention dans lefdites Procès- Verbal de leur capture,signé&affiimé par-
Maisons de Bicctre & de la Salpétriere , pour les devant lesdits Juges, par deux Officiers & Archers
garçons & filles qui auront moins de quinte ans. qui l'auront fait ; l'interrogatoire desdits Mendians,
Enjoignons à tous Mendians valides , tant hommes , & Conclusions de notre Procureur & fans appel
femmes , qu'enfans au-de[fus de dou\e ans , natifs Ordonnons que l'Officier qui recevra les Enrôle-
de notredite Ville de Paris , & de douze lieues mens à l'Hôtel-de-Ville , fera lecture , à ceux qui
aux environs , & qui s'y sont habitués depuis trois seront enrôlés, des Peines établies par ces Présentes,
ans , & qui auront la santé 6c la force nécessaires & qu'il en fera mention dans Pacte d'enrôlement ;
pour travailler aux ouvrages publics , soit qu'ils que l'on en fera pareillement lecture dans les Mai
aient un métier , soit qu'ils n'en aient pas , d'aller sons de Bicêtre & de la Salpétriere , à ceux qui
travailler aux atteliers qui sont ouverts , & de auront été enfermés pour y avoir contrevenu , ÔC
s'enrôler à cet effet fur le Registre qui fera tenu qu'elles feront publiées dans notre Ville de Paris
en l'Hôtel-de-Ville par le Greffier ou autre Offi- une fois chaque mois , durant que les atteliers fe-
cier qui fera commis par le Prévôt des Marchands: ront ouverts ; qu'il en fera affiché des copies dans
ordonnons au Lieutenant-Criminel de Robe-Cour lesdits atteliers, dans les Prisons où l'on menera les
te , au Chevalier du Guet , Commissaires , Huissiers dits Mendians , 6c dans les Maisons de Bicêtre & de
& Sergens du Châtelet , de faire arrêter & d'ar la Salpétriere, aussi-bien que dans les autres lieux
rêter tous ceux de la qualité exprimée ci-dessus publics. Si donnons cn Mandement ,&c Décl. du
qui seront trouvés mendians en notredite Ville de 13 Avril 1685.
Paris , & ses Fauxbourgs , pour être procédé sui
vant la disposition de ces Présentes , à 'a punition
de ceux qui n'y seront pas nés ou habitués depuis (4) LoUIS, &c. Les désordres considérables que
trois ans, par le Lieutenant de Police, & par le cause l oisiveté de ceux qui , pouvant s'appliquerà
Lieutenant au Bailliage du Châtelet , à l'égard de des ouvrages convenables pour subsister par leur tra
ceux qui seront arrêtes dans les Cours , Salles 6c vail , s'adonnent à la mendicité, nous auroient por
Galeries du Palais ; & ce fans aucune forme ni fi tés à renouveller les défenses de mendier faites par
gure de Procès , en dernier ressort & fans appel , nos Ordonnances , & celles des Rois nos Prédéces
& pour conduire à l'Hôtel de notredite Ville ceux seurs, & à établir contre les Mendians valides la
desdits Mendians valides qui en seront natifs , 6c peine des Galères , par notre Déclaration du ix
de douze lieues aux environs , ou qui y seront ha Octobre dernier ; & d'autant que cette Déclara
bitués depuis trois ans , afin d'y être enrôlés pour tion n'établit aucune Peine contre les femmes qui
travailler aux ouvrages publics ; comme aussi or ne sont pas moins punissables de leur oisiveté,
donnons aux Directeurs de l'Hôpital -Général d'en lorfqu'étant en état de travailler , elles s'adonnent
voyer aux Prisons du Châtelet , ou en la Concier à la mendicité , & que d'ailleurs il s'est trouvé
gerie du Palais , ou audit Bureau de l'Hôtel-de- quelques difficultés dans l'exécution de cette Dé
Ville , les personnes desdites qualités qui seront claration , au sujet de la compétence des Juges qui
prises mendiantes par les Archers des Pauvres , 6c en doivent connoître , c< de la qualité de ceux qui
même les enfans de douze ans & au-dessous qui sont sont sujets à la Peine portée par icelle : Nous avons
dans ledit Hôpital , ou qui n'auront pas une grande voulu expliquer plus amplement nos intentions à
disposition pour apprendre les métiers auxquels on cet égard. A CfS causes Ik autres à ce Nous mou-
a accoutumé de les instruire ; défendons très-ex- vans , en confirmant notredite Déclaration du ix
E e e
402 LES LOIX CRIMINE .LES , Liv. III. Tit. VIII.
Octobre dernier : Nous avons fait & faisons par arrêtés , & que le Procès leur soit fait & parfait paf
ces Présentes , signées de notre main , très-expres le Lieutenant-Général de Police de notredite Ville
ses inhibitions & défenses à toutes personnes de de Paris , pour être ensuite lesdits Procès criminels
l'un & l'autre sexe , qui sont valides , de mendier, par lui juges en dernier ressort avec les Officiers du
fous quelque prétexte que ce soit ; & en cas qu'au Châtelet , au nombre de sept au moins. V. ibid.
cuns soient trouvés mendians , voulons que ceux DÉCL. de 1724 , art. 3.
qui font vagabonds & fans domicile soient pris &
condamnés par les Prévôts de nos Cousins les V I I.
Maréchaux de France : sçavoir , les hommes à
servir sur nos Galères à perpétuité, & les femmes à JUGES qui doivent connoître des Men- u7"e'u|"
être fustigées , flétries & bannies ; & quant à ceux
dians valides. II faut encore distinguer à ^enfeon^
& à celles qui font domiciliés , & qui feront trouvés
mendians dans les Villes où à la Campagne : voulons cet égard, suivant les Réglemens , ceux
qu'ils soient arrêtés de l'ordonnance de nos Baillis de ces Mendians qui font en même-temps
& Sénéchaux , ou leurs Lieutenans , & que leur Vagabonds , de ceux qui ne le font pas ,
Procès leur soit par eux fait, sauf l'appel; & qu'aux comme ayant un domicile certain. Quant
femmes & filles il soit fait pour la première fois
à ces derniers dont il est parlé principale
défenses de récidiver; & en cas de récidive , qu'elles
soient condamnées à être fustigées , flétries 6c ban ment dans la Déclaration de Janvier 1687,
nies du ressort de la Juridiction ; & pour la troi que nous avons rapportée plus haut, ils
sième fois , qu'ils soient condamnés par nosdits doivent , aux termes de la Déclaration de
Juges en dernier ressort & fans appel , au nombre Juillet 1724 (1) , confirmée íùr ce point
de Juges ou gradués requis par nos Ordonnances , par la Déclaration d'Octobre 1750(2) , s'ils
à servir sur nos Galères à perpétuité. Enjoignons
auxdits Prévôts de nos Cousins les Maréchaux de font arrêtés à Paris , être jugés par le Lieu
France qui trouveront à la Campagne des Men tenant-Général de Police , & dans les Pro
dians domiciliés , de les arrêter & conduire dans vinces par le Lieutenant-Criminel des Bail
les Prisons de la Ville la plus prochaine du lieu de liages , à la charge de l'appel aux Parle-
la capture , pour être juges par nos Baillis & Séné mens. Mais si , outre le fait de la mendicité ,
chaux , suivant la disposition de la présente Décla
ils ont commis quelqu'autre Crime , ils
ration. DÉCL. du z8 Janvier 1687.
dpivent être jugés par le Juge ordinaire
(5) Voulons au surplus , que notre Déclaration des lieux où ce Crime aura été commis,
du 18 Juillet 1714 , pour la Peine des Mendians ,
lequel pourra aufíì en même-temps leur
dont il est fait mention dans l'art. 6 , soit exécutée
selon sa forme & teneur. DÉCL. du 20 Oclobre infliger les Peines portées par les Régle
1750, art. 4. mens faits pour la mendicité , dans le cas
où il n'y auroit pas lieu de prononcer contre
(6) Les Mendians qui seront arrêtés demandant
l'aumône avec insolence, ceux qui se diront fausse eux de plus grandes Peines (3). Quant
ment Soldats , qui sont porteurs de congés , qui ne aux Mendians qui íont en même-temps
seroient pas véritables; ceux qui , lorsqu'ils auront Vagabonds , c'est-à-dire , qui n'auroient
été arrêtes & conduits à l'Hôpital , auront déguisé point de domicile certain , il y a , comme
leurs noms & surnoms , & le lieu de leur naissan
nous le verrons plus particulièrement fous
ce; ensemble, ceux qui seront arrêtés contrefaisant
les estropiés ou qui feindroient des maladies qu'ils le §. suivant , ces quatre choses à remar
n'auroient pas ; ceux qui se seroient attroupés au- quer par rapport à la Compétence de leurs
dessus du nombre de quatre , non compris les En- Juges. La première , qu'ils peuvent non-
fans, soit dans les Villes ou les campagnes, ou qui feulement être jugés , comme les Mendians
auroient été trouvés armés de fusils , pistolets ,
non Vagabonds par les Lieutenans-Géné-
épées , bâtons ferrés , ou autres armes; & ceux qui
se trouveroient flétris d'une Fleur de Lys ou de la raux de Police , &. par les Lieutenans-Cri-
Lettre V. , ou autre marque infamante , seront con minels dans les lieux où il n'y a point de
damnés, quoiqu'arrêtés Mendians pour la première Lieutenans-Généraux de Police , mais en
fois ; sçavoir , les Hommes valides, aux galères au core par les Prévôts des Maréchaux , tel
moins pour cinq années ; & à l'égard des Femmes
lement que ceux-ci doivent avoir la pré
ou des Hommes invalides , au Fouet dans inté
rieur de l'Hôpital , & une détention à l'Hôpital gé férence íùr les Lieutenans-Généraux de
néral , à temps ou à perpétuité , suivant l'exigence Police , & íùr les Lieutenans-Criminels ,
des cas ; laissant au surplus à la prudence des Juges lorsqu'ils ont décrété avant eux. i°. Une autre
de prononcer de plus grandes Peines s'il y échoit. différence qui fe trouve entre ces Mendians
DÉCL. du 18 Juillet 1714 , art. 6.
vagabonds & les simples Mendians valides ,
Nota. Le même article fe trouve répété dans fart. c'est qu'au lieu que ceux-ci íbnt jugés à la
3 de la DÉCL. de 1750. charge de l'appel , les Mendians vagabonds
(7) Et faute par lesdits Vagabonds d'avoir satis ne peuvent jamais l'être qu'en dernier ressort.
fait dans ledit temps d'un mois à notre présente Une troisième observation , quant à la Com
Déclaration : Voulons qu'en vertu d'une simple pétence des Juges qui doivent connoître de
Ordonnance de nos Officiers ci-après nommés, ces Mendians vagabonds , c'est que lorsqu'ils
rendue fur la Requête de notre Procureur au Châ-
font arrêtés dans les Cours , Salles & Ga
telet , ou fur les procès-verbaux des Huissiers , Ser-
gens , Archers , & autres Ministres de Justice , & leries du Palais , c'est au Lieutenant-Géné
conclusions de notredit Procureur au Châtelet, ral du Bailliage du Palais ( 4 ) qu'en doit
tous ceux de la qualité ci-dessus exprimée , soient appartenir la connoiífance , à la charge de
DES DÉLITS CON TRË LÀ POLICE. 405
les juger pareillement en dernier ressort , crite , & avec le nombre de sept Juges au moins.
& de se faire assister à cet effet du nom DÉCL. du 18 Juillet 1714, art. 9.
bre de sept Juges au moins. Enfin une
quatrième observation à faire , quant à la
compétence en cette matière ; c'est que (5) LoUIS, &c. Nous avons ordonné par notre
Déclaration du 18 Juillet dernier , registrée au Par
lorsqu'il s'agit de rébellion faite aux
lement du 16 du même mois , que tous les Men
Archers & Officiers de Police dans le dians & Gens fans aveu se retireroient dans leur
temps qu'ils arrêtent ces Mendians à Pa pays , à peine d'être arrêtés , & conduits à l'Hòpi-
ris , la connoissance en est attribuée au tal général pour la première fois , & des galères
Lieutenant-Général de Police exclusive pour la seconde récidive; & quoique nous eussions
tout lieu d'espérer que les Bourgeois de notre bon
ment à tous autres Juges , par une Loi
ne Ville de Paris concourroient unanimement à
particulière du mois de Septembre 1 724 (5) , l'exécution de cette Déclaration , si utile pour Tor
postérieure d'environ deux mois à la Dé dre public & le bien général de notre Royaume ;
claration dont nous venons de parler. cependant , Nous sommes informés qu'il est arri
vé plusieurs rébellions dans la Ville de Paris , à
l'occasion de la capture , & de la conduite desdits
(1) Le Procès fera fait auxdits Mendians , en Mendians & Vagabonds , dont la connoissance &
cas qu'il échoit de prononcer la marque , pour la instruction ont été portées devant le Lieutenant-
première récidive ; ou en cas de la seconde récidive, Criminel du Châtelet de Paris, quoiqu'elles ne
ou de l'article précédent; sçavoir , s'ils sont arrêtés soient qu'une suite 6c une dépendance de notre
dans les filles où il y a des Lieutenans-Genéraux Déclaration du 18 Juillet dernier , dont la connois
de Police établis , Fauxbourgs & Banlieues d'icel- sance est attribuée en dernier ressort & sans appel
les , par lesdits Lieutenans-Géneraux de Police ; & au Lieutenant-Général de Police , au sujet de l'en-
en cas d'absence , maladie, ou autre légitimeempê- tiere exécution de ladite Déclaration , circons
chement , le Procès leur fera fait & parfait dans tances & dépendances : A ces causes , &c. Art.
notre bonne Ville de Paris par l'un des Lìeutenans- I. Faisons très expresses inhibitions & défenses à
Particuliers au Châtelet , & dans les autres Villes toutes personnes , de quelque qualité & condition
parles Licutenans-Criminels Pourront aussi qu'elles soient , de troubler les Officiers établis
les Lìeutenans- Criminels de Robe - Courte de no par notre Déclaration du 18 Juillet dernier , dans
tre bonne Ville de Parii , ensemble les Prévôts- les fonctions de leur commission ; à peine contre
Généraux de nos Cousins les Man chaux de France , les Contrevenans d'être poursuivis extraordinai
& leurs Lìeutenans , instruire les Procès desdits rement , & d'être punis suivant la rigueur des
Mendians & Vagabonds , qu'ils auront arrêtés dans Ordonnances. . . . Art. II. Ordonnons que le Pro
les Villes & Lieux où il y auroit des Lieutenans- cès fera fait & parfait par le Lieutenant-Général
Généraux de Police , à la charge de faire juger leur de Police de notre bonne Ville de Paris à ceux qui
compétence , ôede satisfaire aux autres formalités seront prévenus d'avoir insulté ou troublé , en
prescrites par les Ordonnances , & de se faire assis quelque sorte ou manière que ce soit , lesdits
ter des Officiers des Sièges Présidiaux , Bailliages Officiers 8c Archers , lorsqu'ils seront employés à
ou Sénéchaussées Royales , au nombre de Jept au observer les Mendians , ou à la conduite & capture
moins. DÉCL. du 18 Juillet 17x4 , art. 7 & 8. d'iceux , & ce fur les Procès-Verbaux desdits Offi
ciers & Archers , dans lesquels ils seront répétés
(1) Voulons au surplus que notre Déclaration par forme de déposition , fur les interrogatoires
du 18 Juillet 1714 pour la compétence des Accusés , les récolemens & confrontations
& la forme des procédures mentionnées ès art. 7 , desdits Officiers & Archers , & des témoins qui
8 & 11, soit exécutée selon sa forme & teneur. auront été entendus dans les informations. . . .
DÉCL. du 10 Ocìobre 1750 , art. 4 V. les Art. III. Voulons à cet effet , que les Brigadiers
mêmes articles de la Décl. de 1714. & Sous-Brigadiers des Archers commis à la cap
ture des Mendians , soient tenus de faire dans le
(3) Voulons qu'au cas , que ceux qui seront ar jour leur rapport en forme , du trouble qui leur aura
rêtés comme contrevenans à la présente Déclara été apporté dans l'exécution de leurs fonctions ,
tion , se trouvant accusés d'autres crimes , qui ne fur un Registre qui fera déposé au Greffe de la
soient pas de la compétence des Lieuténans-Géné- Police du Châtelet , après qu'il aura été cotté &
raux de Police , & autres Officiers ci-dessus nom paraphé , dans toutes ses pages , par le Lieutenant-
més , ils soient tenus d'en délaisser la connoissance Général de Police. Si donnons en Mandement,
aux Juges qui en doivent connottre , suivant nos &c. Décl. du ìx Septembre ìji+.reg. le 17 Septem
Ordonnances ; à la charge néanmoins par lesdits Ju bre suivant.
ges de prononcer contre les Accusés qui auroient
contrevenu à la présente Déclaration les Peines VIII.
portées par icelle , au cas qu'il n'échoie pas de
prononcer contre eux de plus grandes Peines.
Mime Décl. art. 1 1 . Forme de procéder a Vinftruttion des s.Manie-
Procès faits aux Mendians valides. Cette re d''"s-
(4) N'entendons comprendre dans les* articles r r 1 - • 1 truire leur
précédens , en ce qui concerne la Jurisdiction du forme se trouve marquée principalement pr0CèS.
Lieutenant-Général de Police, & Lieutenant-Cri par l'art. 7 de la Déclaration de Juillet
minel de Robe-Courte de notre bonne Ville de 1724(1), auquel il est pareillement ren
Paris , les Mendians & Vagabonds , de la qualité voyé , fur ce point, par la Déclaration de
ci-dessus marquée , qui seront arrêtés dans les
1750 (2). II en est aussi fait une mention par
Cours , Salles & Galeries de notre Palais à Paris ,
contre lesquels il fera procédé par le Lieutenant- ticulière dans les art. 2 & 3 de la Déclara
Général au Bailliage dudit Palais , aussi en dernier tion du 17 Septembre 1724 (3), que nous
ressort , & fans appel , en la forme ci-dessus pres- venons de rapporter. II paroît , par la réu-
404 LES LOIX CiUMINE LLES, Liv. III. Tit. VIII.
nion de ces articles , que ce Procès doit assistés des autres Officiers des Sièges Présidiaux
Bailliages ou Sénéchaussées Royales du lieu de
d'abord commencer par un Procès-Verbal leur établissement, au nombre de sept, & con
qui doit être dreílé par les Officiers de formément aux Déclarations des 16 Avril 168s »
Maréchaussée qui arrêtent ces Mendians ; 10 Février 1699 , n Janvier 1700, & 27 Août
& fi c'est à Paris , par on Rapport fait & 170.1.... Dècl. de Juillet 1714. art. 7.
inscrit íùr le Registre de Police du Greffe. (i) Voulons au surplus que les art. 6 , 7 , 8 & 1 1
Qu'ensuite il doit être fait une information , de la Déclaration du 18 Juillet 1714 , soit pour
lors de laquelle ces Officiers peuvent être la Peine des Mendinns dont est fait mention dans
répétés fur leurs Procès-Verbaux & Rap l'art. 6 , soit pour la Compétence & la forme des
Procédures mentionnées ès art. 7 , 8 &c 1 1 , soient
ports. L'on peut auíli , dans le cas où les
exécutés selon leur forme & teneur. Dici. du
Mendians auroient été renfermés dans les %o Oclobre 17 50. art. 4.
Hôpitaux , faire servir de preuve en cette
(3) Ordonnons que le Procès fera fait & parfait
matière les Dépositions de deux témoins , par le Lieutenant-Général de Police de notre bonne
qui íeroient extraites des Registres de ces Ville de Paris , à ceux qui seront prévenus d'avoir
Hôpitaux. Au surplus , l'on doit procéder insulté ou troublé, en quelque sorte & manière que
aux interrogatoires , récolemens & con ce soit , lesdits Officiers & Archers , lorsqu'ils seront
frontations, comme dans tous les autres employés à observer les Mendians , ou à la capture
d'iceux ; & ce furies Procès-Verbaux desdits Offi
Procès Criminels qui s'instruisent à l'ex-
ciers & Archers , dans lesquels ils seront répétés pa
traordinaire ; cette Procédure étant néces forme de déposition fur les interrogatoires des Ac-
saire , comrne l'on sçait , pour astèoir des eufés , les récolemens & confrontations desdits Offi
condamnations à Peines afflictives & infa ciers & Archers , & des Témoins qui auront été en
mantes , telles que celles qui font portées tendus dans les informations. . . . Voulons à cet effet
pour la seconde & la troisième récidive. que les Brigadiers & Sous-Brigadicrs des Archers
commis à la capture des Mendians , soient tenus
A l'égard de la première contravention , de faire dans le jour leur rapport en forme, du trouble
comme elle n'est pas de nature à donner qui leur aura été apporté dans l'exécution de leurs
lieu à des Peines de cette qualité , ( à moins fonctions , fur un Regiflrc qui fera, déposé au Greffe
qu'elle ne soit accompagnée des circonstances de la Police du Châtelet , après qu'il aura été
aggravantes dont nous avons parlé d'après coté & paraphé dans toutes ses pages par le Lieu
tenant-Général de Police. Décl. du 1 1 Septembre
l'article 6 de la Déclaration de 1724) il
1714. art. i & 3.
paroît qu'il n'est besoin , pour pouvoir appli
(4) Permettons à ceux desdits Mendians qui vou
quer les Peines qui y font attachées , d'autre
dront se retirer dans le lieu de leur naissance , ou
preuve pour la conviction des Coupables , domicile , de se présenter dans ledit temps de
que leur aveu 3 ou le défaut de représenta quinzaine à l'Hôpital-Général le plus proche dií
tions des Congés & Paíîeports qu'ils étoient lieu oh ils sont actuellement , où leur sera donne
obligés de prendre , lorsqu'ils font sortis des un Congé ou Passeport qui fera mention de leur
Hôpitaux , conformément à l'art. 4 de la nom , surnom , âge , naissance & domicile , de leur
signalement , & des principaux lieux de leur route ,
même Déclaration de 1724 (4). ensemble du lieu où ils voudront se retirer , dans
lequel ils seront tenus de se rendre dans un délai
(1) Le Procès fera faitauxdits Mendians, en cas qui ne pourra être plus long que celui qui est
qu'il échoie de prononcer la Marque pour la pre nécessaire pour faire le voyage , à raison de quatre
mière récidive , ou en cas de la seconde récidive , lieues par jour , dont sera fait mention dans le
ou de l'article précédent , sur le Procès verbal de Congé ou Passeport qu'i/j front tenus de faire viser
capture & affirmation d'icelui , par voie d'infor par les Officiels Municipaux de tous les lieux où
mation , ou fur la déposition de deux témoins , ex ils passeront ; moyennant quoi , .& pendant ledit
traites des Registres des Hôpitaux pour ceux qui y temps seulement , ils ne pourront être inquiétés
auroient été enfermés , ensemble sur les interro ni arrêtés , pourvu qu'ils ne soient pas attroupés en
gatoires des Accusés , récolement & confronta plus grand nombre que celui de quatre , non com
tion ; 8c seront les condamnations prononcées en pris les enfans. Décl. du 18 Juillet 1714. reg. te
dernier ressort & fans appel par lesdits Officiers , 16 du même mois.
DES DÉLITS CONTRE 'LA POLICE. - 40$

§. III. Des Vagabonds & Gens fans avm.

SOMMAIRES.

1. Ce qu'on doit entendre fous te nom de 5. Loix Pénales rendues pour Paris.
Vagabonds. 6. Loix générales pour lout le Royaume.
2. Différences espèces de Vagabonds. 7. Bohémiens , Egyptiens ; pourquoi diflin-
3. Exceptions en faveur des habitans de gués dès autres Vagabonds ; leur Peine ,
certaines Provinces. & celles de ceux qui leur donnent re~
4. Deux fortes de Loix qui concernent les traite. '
Vagabonds.

,'•5^ Sous le nom de Vagabonds en général à leurs Officiers , d'apporter aucun trouble
entendre" font compris , suivant la Déclaration du ni empêchement à leur passage , à moins
sousd mois d'Août 1764 , qui est la derniere Loi qu'ils ne soient trouvés mendians , & ré
gabonds.3 rendue fur cette matière , tous ceux qui fractaires aux Loix rendues fur le fait de
depuis six mois révolus n'auront exercé ni la mendicité.
profession ni métier , & qui , n'ayant aucun
( 1 ) N'entendons néanmoins , que fous prétexte de
état ni aucun bien pour subsister , ne peu la présente Déclaration, il puisse être apporté aucun
vent être avoués , ou certisier de leurs trouble ou obstacle aux Habitans de nos Pays de
bonnes vie &. mœurs par personnes dignes Normandie , Limofin , Auvergne , Dauphine ,
de foi. Bourgogne , & autres , même des Pays étrangers ,
qui ont accoutumé de venir , soit pour faire la ré
V. art. i. de la Déclaration du 3 Août 1764 , colte des foins ou des moissons , ou pour travailler, ,
qui fera rapp. en entier à la fuite de la max. vi ci- ou faire commerce dans nos Villes & autres lieux
après. de notre Royaume. Défendons aux Prévôts de nos
Cousins les Maréchaux de France , leurs Officiers
& Archers , & à tous autres , d'apporter aucuns em-
z. Diffé- Cette Loi ne distingue point les Vaga- pêchemens à leur passage ; notre intention étant
renteS de Donds °iui ne *°nt point Mendians , de qu'il ne soit apporté aucun trouble à tous nos Su
peoces jets , même aux Etrangers qui viendront pbúr tra
Vaga ceux qui mendient , & elle comprend vailler dans les Villes ou Provinces de notre
bonds. par conséquent dans fa disposition ces Royaume , ni à toutes autres personnes allans &
Aventuriers qui courent les campagnes venans dansnosdites Provinces , s'ils ne font trou
fous le nom de Bohémiens ô Egyptiens ; vés mendians contre les défenses portées par notre
présente Déclaration. Ord. du 18 Juillet 1714 ,
comme aussi ces Pèlerins étrangers qui
art, iz.
paflènt dans le Royaume , fans être munis (i) ^entendons néanmoins , que , fous prétexte
des certificats qu'ils doivent avoir. Nous de la présente Déclaration , il puisse être apporté au
avons eu lieu de parler de ces derniers , cun trouble, ou obstacle aux habitans de nos Pays
en traitant des Délits de Police fur la de Normandie , Limosin , Dauphiné , Auvergne ,
Bourgogne , & autres , même des pays étrangers ,
Religion ; il ne nous reste à parler ici
qui ont accoutumé de venir , soit pour faire la ré
que de ceux connus fous les noms de Va colte des foins ou des moissons , ou pour travailler,
gabonds en général , & de Bohémiens & ou faire commerce dans nos Villes ,ou autres lieux
Egyptiens. de notre Royaume. Défendons aux Prévôts de nos
I I I. Cousins les Maréchaux de France , leurs Officiers
& Archers, Síàtous autres, d'apporter aucun em
y Excep- t°. Vagabonds ô gens fans aveu. Nous pêchement à leur passage ; notre intention étant
qu'il ne soit apporté aucun trouble à tous nos Su
fâveur des remarquons d'abord , à l'égard de ceux-ci , jets , même aux Etrangers qui viendront pour tra
habitans que , suivant un article particulier de la vailler dans Jes Villes ou Provinces de notre
nesTro-" Déclaration de Juillet 1724(1), renouvellée Royaume, ni à toutes autres personnes allans ÔC
vinces. par celle du 2 Octobre 1750 (2) , il ne faut venans dans nosdites Provinces , s'ils ne sont trou
point comprendre fous le nom de Vaga vés mendians contre les défenses portées par notre
présente Déclaration. Dec!, du 10 Oclobre 1750.
bonds t les habitans de certaines' Provinces
aru <.
du Royaume , tels que ceux de Norman I V.
die , du Limofin , de YAuvergne , Dau-
pkiné , Bourgogne , ùc. même des Pays Mais hors ces cas particuliers qui sont 4. Deux
étrangers qui ont accoutumé de venir exceptés formellement par ces Loix , tous £°r!es de.
faire la récolte des foins ou des moissons , ceux généralement qui íont trouvés ainsi concer-
ou pour travailler ou faire commerce dans efrans dans le Royaume , fans y exercer ™nt les
les Villes & autres lieux du Royaume. II aucun métier , & fans pouvoir être avoués bonds,
y a , suivant ces Loix , des défenses ex de personnes dignes de foi , après les six
presses faites aux Prévôts des Maréchaux & mois qui leur font accordés pour vuider le
4o6 LES L01X CRIMINELLES , Liv.IÍI.Tit. VIII.
Royaume , doivent être arrêtés , poursuivis rons , d'en sortir , à peine d'être enfermés
& punis somme Vagabonds , aux termes pendant quinze jours pour la première fois ,
des Réglemens rendus en cette matière. & pour la seconde de cinq ans de Galères ,
Parmi ces Réglemens , nous en remarquons pour les hommes , & du Fouet & du Carcan ,
d'abord de deux sortes ;'les uns qui pres- àl'égard des femmes & des garçons qui fe-
crivent la forme dont on doit procéder à ront âgés , les uns & les autres , de dix-huit
leur égard , & la qualité des Juges qui en ans & au-dessus , & d'une plus longue dé
doivent connoître ; les autres qui détermi- tention pour les garçons & filles qui auront
"nent le genre de Peines qui doivent leur moins de dix-huit ans. 50. La Déclaration
être infligées. Nous nous arrêterons feu- du 27 Août 1701 (5), par laquelle il est
lement ici à ces derniers , parce que nous enjoint à tous Mendians & Vagabonds qui
aurons lieu de rapporter les autres en font dans la Ville & Banlieue de Paris de
traitant de la Jurifdiction Prévôtale dont prendre des emplois & de se mettre en
on sçait que ces fortes de Vagabonds font condition , d'aller travailler à la culture des
justiciables , comme étant mis au nombre terres ou aux ouvrages & métiers auxquels
des cas Prévôtaux par la qualité des Accu- ils peuvent être propres , dans un mois après
fis. Nous venons d'ailleurs d'en donner la publication de cette Loi, passé lequel
d'avance une notion sommaire fur le para- temps ils doivent être arrêtés & punis
graphe précédent , par la distinction que du Bannissement du Ressort de la Prévôté
nous avons faite à cet égard , entre les & Vicomté de Paris pour la première fois ,
jìmples Mendians , & ceux qui font en même- & condamnés aux Galères pour la seconde,
temps Vagabonds. 6°. Enfin l'Ordonnance du 12 Novem-
y bre 1749 (6) , par laquelle il est porté que
tous Mendians , Vagabonds & gens fans
Loix A l'égard des Réglemens qui concernent aveu généralement quelconques , de quel-
Pénales la punition de ces Vagabonds , il y en a qu'âge ou sexe qu'ils puissent être , qui
pouí Pa- dont les dispositions font générales pour feront trouvés , soit dans les rues de Paris
ris." *** tout le Royaume ; d'autres qui concernent ou à la porte des Eglises , soit à la cam-
particuliérement ceux de ces Vagabonds pagne ou aux environs de Paris , soient
qui sont trouvés dans la Ville de Paris, arrêtés & conduits dans des Maisons de
Nous remarquons fur-tout , parmi les der- Force , pour y demeurer tant & si long-
niers , les six suivants : fçavoir , i°. l'Or- temps qu'il fera jugé nécessaire,
donnance de François I , en Avril
1 5 58 (1) f qui leur enjoint de vuider cette (0 Faisons exprès commandement à tous Vaga-
Capitale dans vingt-quatre heures , à peine bonds < gens oisifs >, sans aveu > ™ mé,tie,r > vuld«
j la
de t Hart.
u a. fait
5c F 'u en meme-temps
* „ * des
1 notre. Ville
. ocrauxbourgs
«. 1 *\r de Pans,
*• jdedans
• dvinct-
tb
.injonctions
. 'particulières
... f~. .
aux Commiíîaires tneSj à peinedeía Hart.... Et afin que lePrefen-
quatre heures âpres la publication de ces Lieu-
. de quartier de s'en enquérir, & de les tenant-Criminel de notredite Ville de Paris puisse
.faire arrêter. 2°. Un Edit de Henri II, plus aisément & certainement connoître lesdits
en Avril 1558 (2) , qui fait aussi pareilles Vagabonds , gens oisifs, fans maître ni métier ,
injonctions aux Quartiniers de cette Ville, enjôlons aux Commissaire, d* Chaula eux re-
- * „ ., > „ T . , . tirer es quartiers & endroits de notredite v ille ou
& aux Propriétaires & Locataires des mai- iIs ont ^ oráonnás , & illec chacun cn son quar.
sons , d'en donner avis aux Commislkires , tier , faire le devoir de fa charge , fenquérir &in-
sinon d'être punis comme Recéleurs. 30. Le former de toutes les personnes de la qualité dessus
Règlement général de Police pour cette dite, &iceux prendre ou faire prendre & constituer
Ville de Paris , du 30 Mars 1 63 5 (3) , par Prií°nnie" , & amener ès Prisons du Châtelet ,
1 , m st • • ; , -.t \ W r pour , par ledit Lieutenant-Criminel , 8c Officiers
lequel il est enjoint a tous Vagabonds fans 5udh &âtdet f êtr<SCondamnés à pe)ne de Mon %
condition & aveu de prendre service & s'iis sc trouvent avoir contrevenu à notre préfente
condition dans vingt-quatre heures , sinon Ordonnance & cri public fur ce fait. Ordon. de
de vuider cette Ville & Fauxbourgs, à Frasçois 1 , en Mai 1539.
peine contre les hommes d'être mis à la (z) Enjoignons aux Commissaires du Châtelet
chaîne & envoyés aux Galères , & contre de Paris , chacun en son quartier , de s'enquérir &
les femmes & filles du Fouet , d'être ra- informer des Vagabonds , gens oisifs , fans aveu >
fées & bannies à perpétuité , fans autre maître ni métier , iceux prendre ou faire prendre
forme de Procès. 40. Une Déclaration du ^constituer Prisonniers... Pareillement enjoignons
r>> • * -, v, , 11 r 1/1 • aux Quatermers , Cinquanteniers , oc Uixamiers d«
10 Févner 1 699 (4) , par laquelle le délai Mite ville & FauxboUrgs , rechercher & fçavoir
de vingt-quatre heures donné par ce Ré- au vrai, chacun en son quartier, quels personnages
glement a été prolongé à trois jours} pen- y demeurent, logent 8c habitent j quel état & va-
dant lequel temps il eít enjoint à tous Fai- cation ils exercent , ou s'ils sont oisifs. Et à cette
néans, Vagabonds , fans métier & fans fin', les Mat\r" d". ma'ffns & hFs í {o'l!P™'
j. . • 1 • r ■£■ pnctaires ou Locataires) seront tenus leur bailler
condition m emploi qui ne font pas natifs £ar roolle |e| noms & ^ de ceux % lo.
de Pans, ou de douze Ueues aux envi- geront, fans y faire fraude ni receller aucun, à
DES DÉLITS CON TRE LA POLICE, 407
peine de Confiscation desdites maisons quant aux ouvrages & métiers auxquels ils peuvent être
Propriétaires , ÔC quant aux Locataires de confis propres , dans un mois après la publication des
cation de leurs meubles , & Amerde arbitraire , & Prélentes ; passé lequel temps , en vertu d'une sim
outre de répondre des fautes qui pourroient être ple Ordonnance de nos Officiers ci-après nom
faites & commises par ceux qu'ils auroieftt fraudu més , rendue fur la Requête de notre Procureur
leusement recélésjlefquels rolles lesdits Quàrtiniers au Châtelet , ou fur les Procès-Verbaux des Huis-
6c Cinquanteniers respectivement seront tenus fiers , Sergens , Archers , & autres Ministres de
mettre de quinze jours en quinze jours pardevers Justice , 6c Conclusions de notre Procureur au
lesdits Commissaires qui résideront en leurs quar Châtelet , tous ceux de la qualité ci-dessus se
tiers, &lesdits Commissaires devers le Lieutenant- ront arrêtés , & leur procès fera fait & parfait
Criminel , dedans le lendemain : ensemble les in par le Lieutenant-Général de police , pour être les
formations , Procès-verbaux & autres actes qu'ils procès par lui jugés eh dernier Ressort avec les
auront faits contre lesdits oisifs ou Vagabonds , Officiers du Châtelet, au nombre de sept au moins,
fans attendre qu'ils soient payés de leurs salaires , & seront lesdits Vagabonds condamnés pour la
sollicités ni poursuivis par aucune'Partie plaintive, première fois à être bannis du Ressort de la prévôté
sauf toutefois à leur faire taxe , telle que de raison ; & Vicomté de Paris ; & pour la seconde aux Ga
pour, par ledit Lieutenant-Criminel , estre après lères pour trois ans. Décl. du 27 Août 1701.
procédé contre les Coupables , ainsi qu'il appar
(6) Sa Majesté ordonne que tous tes Mendians ,
tiendra par raison. Ord. de Henri 11 , en âvril ,
Vagabonds & gens fans aveu , généralement quel
1558. art. 2. & 3. conques , qui seront trouvés , soit dans les rues de
(2) Sur ce que le Procureur du Roi nous a re Paris , soit dans les Eglises , ou à la porte defdites
montré , que quelque foin que l'on ait pris de faire Eglises , soit à la campagne & aux environs de
exécuter les Ordonnances par Nous ci-devant faites Paris , de quelqu'âge ou sexe qu'ils puissent être ,
fur le fait de la police de cette Ville de Paris , pour soient arrêtés & conduits dans des Maisons de for
empêcher les désordres qui s'y commettent d'ordi ce , pour y demeurer tant & si longuement qu'il
naire , néanmoins soit que la malice des hommes fera jugé nécessaire. Ord. du Roi ,dun Novembre
s'augmente de jour en jour , ou que les Officiers »749-
discontinuent leur travail , le mal n'est pas dimi V I.
nué; au contraire les Vagabonds fk gens mal vivans
courent plus que jamais , & le prix des denrées est A Tégard des Loix Pénales qui con- & l©íx
venu à tel excès , que le peuple en est grandement tiennent des dispositions générales pour géniale»
incommodé. Requérant être fur ce pourvu de re
mède convenable. Considéré lequel Réquisitoire , tout le Royaume t il paroît d'abord , que fi {^Roy»^
& après avoir mandé & pris avis de plusieurs Offi l'on remonte à nos anciennes Ordonnances , me.
ciers & notables Bourgeois de cettedite Ville pour ( fur-tout à celles faites dans des temps de
ce assemblés à divers jours dans la Chambre civile trouble ) les Peines portées contre les Va
du Châtelet , mëme informés des achats & débit gabonds qui couroient les Provinces n'é-
des marchandises & denrées , avons , ce requérant
toient pas moins rigoureuses que celles por
ledit Procureur du Roi , ordonné ce qui ensuit.
Avons enjoint , suivant les Ordonnances & Arrêts tées contre ceux qui se retiroient dans la
de la Cour ci-devant donnés , à tous Vagabonds Ville ou aux environs de Paris ; puisqu'il y
fans condition & aveu , même à tous garçons a , comme nous l'avons vu en traitant des
Barbiers , Tailleurs , & de toutes autres conditions , Vols par recélement , peine des Galères
& aux filles & femmes débauchées de prendre ser
portée par l'Ordonnance de Blois contre
vice & condition dans vingt-quatre heures , sinon
vuider cette Ville & Fauxbourgs de Paris , à peine les Hôtelliers qui logent des personnes
contre les hommes d'être mis à la chaîne & en inconnues pendant plus d'une nuit , fans
voyés aux Galères , & contre les femmes & filles venir les révéler à la Justice (1). Si l'on
du Fouet , d'être rasées & bannies à perpétuité , consulte les Loix rendues fous les derniers
fans autre forme de Procès. Régl. de Police , du
règnes , l'on voit que ces Peines ont va
30 Mars ió 5 5. V. LA MARRE , tom. I.L. I.tit.
8. ch. 3. rié ; qu'elles ont d'abord été celles du
Bannissement ou des Galères pour la
(4) Tous Mendians valides , encore qu'ils aient
première fois ; que ces Peines ont ensuite
un métier , & tous Fainéans & Vagabonds fans
métier , fans condition & fans emploi , qui ne font été converties , par la Déclaration du
pas natifs de Paris ou de douze lieues aux environs 12 Mars 171 9 (2) , en celle d'être trans
en sortiront dans trois jours du jour de la publi portés dans les Colonies \ mais que cette
cation , à peine d'être renfermés pendant quinze derniere Peine a enfin été abrogée par la
jours pour la première fois ; & pour la seconde , Déclaration de 1722 (3), laquelle ordonne
cinq ans de Galères pour les hommes , & du Fouet
& du Carcan à l'égard des femmes qui seront en même-temps l'exécution de la Décla
âgés les uns & les autres de dix -huit ans & au- ration de 1700, relativement aux Peines
dessus , & d'une plus longue détention pour les que celle-ci prononce contre les Vaga
garçons & filles qui auront moins de dix-huit ans.... bonds. En forte qu'il paroît que c'est à
Ceux qui seront natifs de Paris seront tenus d'aller cette Déclaration de 1700 qu'il faudroit
travailler aux atteliers qui y seront ouverts , fous
principalement s'arrêter pour la punition
les Peines ci-deffus. Decl. du 10 Février 1699.
V. Cod. Milit. tom. 2. tit. 107. de ces fortes de Coupables : & c'est en
effet celle qui a servi de règle jusqu'en
(5) Enjoignons à tous Vagabonds qui sont dans
1764, que l'expérience ayant fait voir que
la Ville , Fauxbourgs & Banlieue de Paris , de
prendre des emplois , de se mettre en condition , la Peine du Fouet qui étoit ordonnée pour
d'aller travailler à la culture des terres ou aux la première fois par cette Loi (4) , non plus
4o8 LES LOIX CRIMINE LLES, Liv. III. TiT.VÍIL
que celle du Bannissement qui se trouvoit leur enjoignons , fur pareilles peines , de venir les
révéler en Justice. Ord. de Blois art. 340.
portée par d'autres Loix rendues pour cette
(2) Voulons & Nous plaît que les Ordonnan
Capitale , notamment par la Déclaration du ces , Edits & Déclarations au sujet des Vagabonds
27 Août I761 , n'étoient point encore suffi & gens fans aveu , soient exécutés selon leur for
santes pour contenir ces Vagabonds ; & que me & teneur \ 8c cependant voulons que nos Cours
d'un autre côté, l'on n'avoit point assez gardé & autres Juges de notre Royaume , Pays , Terres
dans toutes ces Loix la juste proportion & Seigneuries de notre obéissance , dans le cas oíi
lefdites Ordonnances , Edits & Déclarations pro
qu'il devoit y avoir dans l'application de
noncent la peine des Galères contre lefdits Vaga
ces Peines , relativement aux différens âges bonds , puissent ordonner que les hommes seront
& aux différens sexes de ces Vagabonds.C'est transportés dans nos Colonies , pour y travailler
pour remédier à tous ces inconvéniens qu'a comme engagés , soit pour un temps , soit pour
été donnée, le 3 Août de la même année 1764, toujours , conformément à notre Déclaration du
8 Janvier dernier , fans que ladite peine puisse
une Déclaration (5) , par laquelle la peine
être regardéé comme une mort civile ni emporter
du Fouet & du Bannissement dont on vient confiscation. Déc l. du 11 Aiars 17 19.
de parler a été convertie en celle des (3) Voulons & Nous plaît que les Déclarations
Galères de trois ans pour la première sois des 15 Juillet 1700, 8c 17 Août 1701 , contre les
à l'égard des hommes , & en celle d'une Mendians & Vagabonds , soient exécutées selon
leur forme & teneur , sans qu'il puisse être permis
Détention dans une Maison de Force pen
à l'avenir à nos Cours & Juges d'ordonner que les
dant le même-temps , contre les femmes. contrevenansauxdites Déclarations soient transpor
L'une & l'autre de ces Peines doivent être tés dans nos Colonies , révoquant à cet égard nos
portées jusqu'à neuf ans , & même à per Déclarations des 8 Janvier & 11 Mars 1719. En
pétuité , s'il y échet , en cas de récidive. joignons à nos Cours 8c Juges de condamner à la
Enfin cette Loi prévoit encore le cas où peine des Galères ceux qui contreviendront aux-
dites Déclarations des 31 Mai 1681,25 Juillet
il se trouveroit, parmi ces Vagabonds , de 1700, 17 Août 1701 ,dans le cas 8c suivant les for
jeunes gens au-dessous de seize ans , & des mes y prescrites. Décl. du premier Juillet 1711.
vieillards au-dessus de soixante-dix ans , les (4; Enjoignons à tous Mendians , Fainéans , Va
quels ne seroient point en état de subir la gabonds fans condition & fans emploi , de sortir
peine des Galères , & elle veut que cette des Villes & autres lieux où ils se trouveront , dans
quinzaine après la publication de notre, présente
Peine soit convertie ( à l'égard de ceux-ci ) en
Déclaration , & de se retirer incessamment , &
celle de la détention dans une Maison de par le plus droit chemin , dans les lieux de leur
Force , comme pour les femmes. Enfin l'exé- naissance. Leur faisons défenses de s'attrouper en
cution de cetteLoi a été ordonnée en dernier plus grand nombre que celui de quatre , comme
lieu par un Arrêt du Conseil, du 2 1 Octobre aussi de demeurer fur les grands chemins , & d'aller
dans les Fermes de la campagne fous prétexte d'y
1767 (6), portant établissement de nou
demander l'aumône; àpeine, à l'égard des hommes ,
velles Maisons de Force où doivent être d'être fustigés pour la première fois , 8í pour la se
enfermés ceux qui , aux termes de cette conde , à l'égard de ceux qui n ont pas vingt ans ,
Loi , ne sont pas dans le cas de subir la du Fouet & du Carcan , & ceux de Váge de vingt
peine des Galères. Nous croyons devoir ans a au-dejjus , d'être condamnés aux Galères pour
rapporter ici l'une & l'autre de ces Loix cinq ans ; & à l'égard des femmes , d'être enfermées
pour un mois dans les Hôpitaux ; & en cas de ré
en leur entier , comme devant servir de
cidive , d'êtrefustigées & mises au Carcan. Dec l. dtt
règle à la Jurisprudence actuelle. Nous z 5 Juillet 1700. regist. le n Août suivant.
croyons devoir aussi y ajouter en même-
temps une Loi particulière qui a été ren
due en 1 7 1 8 , au sujet des attroupemens (5) 1_jOUIS , &c. Les plaintes que Nous recevons
faits avec armes par les Vagabonds qui se fans cesse des désordres commis dans les différentes
répandoient alors dans les Campagnes provinces de notre Royaume , parles Vagabonds &
Gens fans aveu , dont le nombre paroît se multi
pour y faire des incursions , ainsi qu'on en plier chaque jour , Nous ayant paru mériter toute
a vu plusieurs exemples , fur-tout dans les notre attention , Nous Nous sommes fait rendre
Provinces limitrophes : l'on veut parler compte des dispositions des Ordonnances qui ont
d'une Ordonnance du 10 Novembre de été données fur cette matière , soit par Nous , soit
la même année 17181 Loi d'autant plus par les Rois nos prédécesseurs ; & Nous avons re
connu que la peine du Bannissement n'étoit pas ca
remarquable en effet , qu'elle contient les
pable de contenir des gens dont la vie est une es
précautions les plus sages qui doivent être pèce de bannissement volontaire 8c perpétuel , 8c
gardées en pareil cas , tant de la part des qui , chassés d'une province , passent avec indiffé
Juges , Officiers de Maréchaussée , & même rence dans une autre , oíi fans changer d'état , ils
des Commandans des Troupes , que de la continuent à commettre les mêmes excès.C'est pour
remédier efficacement à un si grand mal que Nous
part des habitans des Provinces qui peuvent
avons résolu de l'attaquer jusques dans fa source, en
être exposés à de pareilles incursions. substituant à la peine du bannissement , celle des
galères à temps pour les valides, 8c celle d'être ren
(1) Défendons à tous Tavcrniers & Cabaretiers fermés pendant le même terme , pour ceux que
de recevoir & héberger en leurs maisons gens fans leur âge , ou leurs infirmités , ou leur sexe ne per
aveu plus d'une nuit , fur peine des Galères , & mettront pas de condamner aux galères. Cette ri
gueur
DES DÉLITS CON TRE LA PÓLICE. 409
gueur Nous a paru d'autant plus nécessaire , que ce oùik auront été arrêtés ou jugés, au cas qu'il y ait
n'est que par la sévérité des peines que l'on peut dans lesdits Hôpitaux , maisons de force ôc de cor
espérer de retenir ceux que l'oisiveté & la fainéan rection actuellement existantes .... Art. VIII. A
tise pourroient engager à continuer ou à embrasser l'égard des Provinces où il n'y aura pas de Maisons
un genre de vie qui n'cíl pas moins contraire à la de force , lesdits Vagabonds, Gens íans aveu & au
religion & aux bonnes mœurs , qu'au repos & à la tres , condamnés par Arrêt ou Jugement en dernier
tranquillité de nos sujets : A CES CAUSES , &c. . . ressort à être renfermés , seront reçus dans les Hô
Art. I. Les Vagabonds & Gens fans aveu , Men- pitaux de charité on Maisons de force des Provinces
dians ou non Mendians , seront arrêtés & conduits les plus voisines , & ils y feront nourris & entrete
dans les prisons du lieu où se trouvera établi le nus à nos frais. Voulons en conséquence que le
Siège de la Maréchaussée , d'où dépendra la bri montant de leur dépense soit payé & remboursé de
gade qui en aura fait la capture } & leur procès leur trois mois en trois mois auxdits Hôpitaux ou Mai
fera fait & parfait en dernier ressort , par les Pré sons de force , par les Fermiers de notre Domaine ,
vôts de nos couíins les Maréchaux de France ou en vertu des exécutoires qui seront expédiés , au
leurs Lieutenans , & en leur absence , parles Asses nom du Receveur ou Trésorier desdits Hôpitaux ,
seurs en la Maréchaussée , ôí par eux jugés conjoin parles Intendans & Commissaires départis de notre
tement avec les Officiers des Bailliages ou Séné- Conseil dans les Provinces. Si donnons en man
chaussées , dans le ressort desquels est situé ledit dement , &c. Decl. du 3 Août 1764. registrée le
Siège de la Maréchaussée , le tout conformément à z 1 du même mois.
notre Déclaration du 5 Février 173 1 , & fans pré-
judicicr à la compétence des Préïidiaux , concer (<5) Le Roi étant informé que fa Déclaration du 3
nant lesdits Vagabonds & Gens fans aveu , suivant Août 1764 , concernant les Vagabonds 8i Gens
les dispositions des Art. VII , VIII & IX de notre- fans aveu , n'est pas exécutée complètement & avec
dite Déclaration , lesquels seront exécutés suivant l'cxactitude que son utilité exigeroit , sous le prétexe
leur forme & teneur. . . . Art. II. Seront réputés que dans la plupart des Provinces , les Hôpitaux ne
Vagabonds & Gens fans aveu , & condamnés com sont pas suffisamment rentés , & qu'ils n'ont pas de
me tels , ceux qui depuis fix mois révolus n'aurout Lieux de force assez sûrs pour recevoir ceux des
exercé ni profession ni métier, &c qui n'ayant aucun Vagabonds qui , aux termes de la Loi , doivent être
état ni aucun bien pour subsister , 11e pourront être condamnés à y être renfermés : Oui le rapport du
avoués ou faire certifier de leur bonne vie & sieur de l'Averdy , Conseiller ordinaire , & au Con
mœurs par personnes dignes de foi. . . Art. III. Les seil Royal , Contrôleur Général des Finances : Le
Vagabonds & gens fans aveu , qui seront arrêtés Roi étant en son Conseil , a ordonné & or
dant les deux mois , à compter du jour de la publi donne : Art. I. Que la Déclaration concer
cation de notre présente Déclaration, seront con nant les Vagabonds & Gens fans aveu , du 3 Août
damnés auxPeines portées par nos précédentes Or 1764 , fera exécutée Art. II. Qu'en consé
donnances & Déclarations \ & à l'égard de ceux quence , il sera préparé & établi , dans les diffé
qui seront arrêtés passé ledit délai , ils seront con rentes Généralités du Royaume , des Maisons suffi
damnés , encore qu'ils ne fussent prévenus d'aucun samment fermées pour y retenir les Vagabonds &
autre crime ou délit ; sçavoir , les Hommes valides Gens fans aveu , qui , conformément à ladite Dé
de seize ans & au-dessus jusqu'à soixante-dix ans claration , seront condamnés à être renfermés .■ . .
commencés , à trois années de galères ; & ceux de Art. III. Que ceux qui seront détenus dans lesdi-
íêixante-dix ans & au-dessus , ainsi que les infir tes Maisons , seront nourris & entretenus aux frais
mes , les Filles ou Femmes, à être enfermés pen- de Sa Majesté , ainsi qu'il est prescrit par l'Article
dans le meme-temps de trois années dans l'Hôpital VIII. de ladite Déclaration j 6c ce , suivant les or
le plus prochain , le tout fans préjudice de plus dres particuliers qui feront donnés à ce sujet aux
grande Peine , suivant l'exigence des cas : A l'égard Intendans & Commissaires départis .... Art. IV.
des Enfans qui n'auroient pas atteint l'âge de seize Qu'il fera établi dans chacune desdites Maisons
ans , ils seront envoyés dans lesdits Hôpitaux pour un Concierge , qui tiendra un régistre en forme ,
y être instruits , élevés & nourris , fans néanmoins contenant les noms &c surnoms de ceux qui auront
qu'ils puissent être mis en liberté que par nos or été conduits dans lefdites Maisons , & un bref ex
dres Art. IV. Lesdits Vagabonds & Gens trait des jugemens qui les ont condamnés , lequel
fans aveu , de l'un & de l'autre sexe , seront tenus fera tenu de donner un reçu de leur personne aux
à l'expiration du terme de leur condamnation , de Officiers ou Cavaliers de Maréchaussée qui les y
chaisir un domicile fixe &í certain , & par préfé conduiront Art. V. Qu'il sera arrêté au con
rence celui de leur naissance , & de s'y occuper de seil , un état des Châteaux , Maisons & autres
quelque métier ou travail , qui les mette eu état Lieux , qui seront destinés à retenir ceux qui auront
de subsister ; sans néanmoins qu'ils puissent s'éta été condamnés à la Peine d'y être renfermés , duquel
blir dans notre bonne Ville de Paris , & à dix lieues état il sera envoyé un extrait à chacun des Commis
de notre résidence, aux Peines portées par nos Or saires départis ,& aux Prévôts-Généraux des Maré
donnances Art. V. Dans les cas où lesdits chaussées. Enjoint S. M. aux Intendans 8c Commissai
particuliers feroient arrêtés de nouveau , & con res départis, de tenir la main à l'exécution du pré
vaincus d'avoir repris le même genre de vie , ils sent ArièuARRET du Conseil d'Etat , duziOâ. 1767.
seront condamnés , savoir , les Hommes valides au-
dessous de soixante-dix ans, à neuf apnées de galè (3) Sa Majesté étant informée qu'il s'est répandu
res ; & en cas de récidive aux galères à perpétuité ; dans ses Provinces & Pays de Picardie , Artois ,
& les Hommes de soixante-dix ans Ôc au-dessus , Haynault , Cambresis , Soissonnois , des Trois-
les Infirmes , Femmes & Filles , à être enfermés Evêchés , de Champagne & Brie , & même en la
pendant le même temps de neuf années , dans l'Hô Généralité de Paris , un grand nombre de Vaga
pital le plus prochain , & en cas de récidive, à per bonds & Gens fans aveu , qui , s'attroupant avec
pétuité. . . . Art. VI. Pourront les septuagénaires port d'armes , forcent les Habitans de la Campagne
dont le terme de la détention fera expiré , deman à les recevoir en leurs maisons 8c à leur fournir des
der à rester dans les Hôpitaux où ils auront été ren vivres , empêchent les Fermiers de Sa Majesté de
fermés , auquel cas ils ne pourront être congédiés. percevoir les droits de ses Fermes , s'opposant à
.... Art. VII. Les Hommes , Femmes & Filles , main armée à l'exécution des ordres de la Justice ,
& les Enfans de l'un & de l'autre sexe qui auront 8c commettent continuellement des désordres &
été renfermés ou placés dans les Hôpitaux , en vertu violences qui intéressent également I'autorité de
de notre présent e Déclaration , & les septuagénaires Sa Majesté , la sûreté publique 8c le repos des
qui auroient demandé à y demeurer, seront nourris Particuliers. A quoi étant nécessaire de pourvoir
& entretenus aux frais des Hôpitaux de la Province avec toute la sévérité que demande l'importauce
Fff

«
\

410 LES LQIX ÇRIMÏN1 a LE S, Liv. III. Tit. VIII.


de cet objet. Sa Majesté , de lavis de M. le Duc somme de cent livres , eu rapportant une expédition
d Orléans , Régent , a ordonné 8c ordonne , veut du Jugement de condamnation 8c un certificat
& entend quç par les foins des Gouverneurs fy ses comme ils auront fait ladite capture Défend
Litutenans-Généraux en (susdites Provinces , des Sa Majesté à tous particuliers , de quelque condi
Officiers généraux 8c particuliers Commandons les tion qu'ils soient , de donner retiaite dans leurs
. Troupes que Sa Majesté y ¥ fait assembler j & Châteaux , maisons , granges , moulins , ou autres
des lntendans defdits Pays 8t Généralités , il soit dépendances , auxdits Vagabonds attroupés , 8í de
fait incessamment dans toutes les Villes , Bourgs , leur y fournir aucuns vivres , à peine de la. vie j
.Villages , Paroisses 8t Communautés defdits Pays voulant Sa Majesté que dans le cas où ils s'y tr >u-
& Généralités , une perquisition exacte des Vaga veroient obligés par force , ils aient à en donner
bonds & Gens fans aveu , arrêtés & constitués pri avis dans les vingt-quatre heures au Commandant
sonniers daus les Prisons royales les plus prochaines des Troupes , établi dans le lieu le plus voisin de
du lieu où ils auront été arrêtés.... Veut Sa Majesté celui où lesd;ts Vagabonds auront logé. . . . Enjoint
que par les Prévôts des Maréchaux il soit envoyé , pareillement Sa Maje.ílé , sous la même peine ,
toutes les Semaines , des états de tous les Vagabonds aux Gardes des bois appartenaps à Sa Majesté ou
ëí Gens fans aveu arrêtes tans attroupement ni à des particuliers ses Sujets , de donner avis audit
port d'armes dans l'étendue de leur ressort , au Se Commandant du nombre des Vagabonds 8c Gens
crétaire d'Etat de la Guerre , ensemble un mémoire faus aveu qui se retireront ou passeront dans les
détaillé de leur caractère , âge , taille , force ou bois dont ils auront la garde.... Défend Sa Majesté,
infirmités , afin que , fur le compte qui en fera sous la rr.çme peine , à tçus les Fermiers des Ponts
rendu à Sa Majesté , Elle puisse donner fes ordres & Pajsagts , Meuniers , Lavandiers , & autres
pour faire passer aux Colonies ceux qui seront en ayant Bacs ou Bateaux fur les Riviens , de passer
état d'y servir , 8c pourvoir à la punition des autres.... ou laisser passer leídit Vagabonds attroupés j leur
Déclare Sa Majesté Vagabonds 8c Gens fans aveu enjoignant Sa Majesté , eu cas de violence pour les
ceux qui n'ont ni profession , ni métier, ni domi y obliger , d'eu donner avis audit Commandant
cile certain , ni bien pour subsister , 8c générale dans les vingt-quatre heures Les Cavaliers
ment ceux qui ne sont avoués & ue peuvent certi Dragons 8c Soldats qui seront trouvés en la com
fier de leurs bonnes vie 8c mœurs par personnes pagnie defdits Vagabonds , qui leur donneront se
.dignes de foi. . . . Veut Sa Majesté que pour faciliter cours ou assistance , ou qui s'écarteront dans le plat
de plus en plus cette perquiíitiou , tous les Paysans , Pays desdites Généralités avec du faux sel , du faux
Artisans & Marchands du plat pays des Généralités tabac ou des marchandises de contrebande , seront
de Paris , d'Amiens , Soilfons 8c Châlons , soient mis au Conseil de Guerre 8c. condamnés à mort ,
tenus , dans l'efpace d'un mois du jour de la publi quand bien même ils seroient porteurs de congés
cation de la présenté , de prendre un certificat des expédiés en la forme prescrite par l'Ordonnance
lntendans ou de leurs Subdélégués , contenant du z Juillet 17 16. Veut au surplus Sa Majesté que
leurs noms , âge , qualité , domicile , taille 8c les ladite Ordonnance , celle du 27 Septembre 1711 ,
lignes particuliers auxquels on pourra les recon- 8c autres antérieures , concernant ceux de ses Trou
noître , lesquels certificats leur feront délivrés gra pes qui frauderont les droits de ses fermes , soient
tuitement, Sa Majesté se réservant de dédommager exécutées selon leur forme 8c teneur Et afin
lesdits subdélégués des frais qu'ils seront tenus de que les défenses portées par la préfente Ordonnance
faire pour leur expédition fous Paysans , Mar soient connues de tous ceux qu'il appartiendra ,
chands ou Artisans qui , après ledit terme d'un veut Sa Majesté que par les Commissaires ordi
inois , seront arrêtés à une lieue de distance de naires de fes guerres , elles soient publiées à la tête
leur domicile , fans être porteurs dudit certificat , de ses Troupes , dont ils auront la police , 8c que,
seront mis en prison pour y rester jusqu'à ce qu'ils par les soins des lntendans desdites quatre Géné
.aient justifié de leur bonne conduite & payé vingt ralités , 8c de ceux de Flandres , Artois , Hainault
livres d'amende , qui fera délivrée , par Tordre de 8c des Evêchés , elle soit publiée pendant trois
l'Intcndant , à celui qui les aura arrêtés Les Dimanches consécutifs , à l'issue des Messes pa
Paysans domiciliés dans les Pays d'Artois , dans le roissiales , & affichée par-tout où besoin fera.
Cambresis , eu Hainault , dans les Evêchés 8c Pays Mande Sa Majesté 8c ordonne aux Gouverneurs 8c
circonvoisins , soit qu'ils soient établis sous ur.e à ses Lieutenans-Généraux en ses Provinces 8c
domination étrangère ou sous celle de Sa. Majesté, Armées , lntendans en icelles , Gouverneurs de ses
ne pourront entrer dans lefdites, Généralités , fans Villes & Places , Directeurs 8c Inspecteurs Généraux
être porteurs pareillement d'un certificat de leur fur fes Troupes , Baillis , Sénéchaux , Prévôts , Juges,
Curé , légalisé par le Juge des lieux , 8c expédié en leurs Lieutenans, aux Commissaires de ses Guerres ,
la forme ci-dessus prescrite , sous les peines portées 8c à tous autres ses Officiers 8c Sujets qu'il appar
dans l'artiçle précédent. . . .Tout Particulier porteur tiendra , de s'employer 8t tenir la main à l'exacte
d'un certificat faux , ou expédié par un autre , fera observation de la présente. Orv. du 10 Jfovcmbre
réputé Vagabond , 8c con^me tel , constitué prison 17 18. V. Code Militaire , tom. z , tit. evi 1. p. 545.
nier pour être transporté aux Colonies, ... Au cas
que Jefdits Vagabonds 8c Gens saps aveu s'attrou
pent avçc armes , pour courir dans lefdites pro V I I.
vinces & Pays , mande & ordonne Sa Majesté aux
Officiers généraux 8c particuliers commandant les
Troupes qui y sont 8í feront ci-après , de leur 2 °. B OHÉMIENS ET EGYPTIENS. Nous fai- 7- Bohé-
courir fus , de les attaquer à force d'armes par-tout sons ici un article particulier des Vagabonds ^p"fe'nf"
où ils les trouveront , 8c de faire main-basse fur
eux. . . . Veut Sa Majesté que lorsque quelqu'un de cette derniere eípece , parce qu'ils Ont Pourquoi
defdits Vagabonds armés & attroupés aura été ar fait aussi Tobjetde plusieurs Loix particulie- ^'"f^
rêté par lefdites Troupes , ou autres ses Sujets , le res , & qu'ils doivent être d'autant plus ri- tre$ Vaga-
Procès lui soit fait suivant les ordres de l'Officier goureusement punis, qu'ils joignent ordinai- ^"^j
général commandant lefdites Troupes , pour être
ledit procès jugé militairement par le prévôt ou ses rement à la qualité de Vagabonds celle de ne,&cei-
Lieutenans, qui seront départis par Sa Majesté à la Brigands . & quelquefois même celle de les.deceux
fuite d'icelles, cn la forme observée dans ses camps . qui leur
Séducteurs , en se faisant passer pour De- donnent
& armées Lorsqu'un defdits Vagabonds armés vins & Diseurs de bonne aventure. II ne retraite'
& attroupés aura été jugé en la forme ci-dessus
prescrite , celui ou ceux qui en auront fait la capture faut donc pas s'étonner , fi les moindres Pei
seront payés , par les ordres de l lntendaut , de la nes , que nous voyons être portées contr'eux
DES DÉLITS COIS TRE LA POLICE. 411
par ces Loix , font celles des Galères per (3) Disons & ordonnons que toutes Personnes
pétuelles contre les Hommes , 8c d'être ra qui se mêlent de deviner ik se disent Devins ou
Devineresses , vuideront incessamment le Royaume
sées & détenues pendant un certain temps après la publication de notre présente Déclaration,
dans les Hôpitaux , pour les .Femmes , à peine de punition corporelle Défendons à
lesquelles doivent de plus , si , après être toutes personnes superstitieuses, défait, par écrit,
ou par paroles, soit en abusant de l'Ecriture-Sainte
sorties des Hôpitaux , elles viennent à re
ou. des Prières de l'Eglíse , soit en disaut ou faisant
prendre ce genre de vie , être fustigées & des choses qui n'ont aucun rapport aux causes
bannies à perpétuité du Royaume. Nous naturelles , voulons que ceux qui se trouveront les
avons là-deflùs quatre Loix remarquables ; avoir enseignées , ensemble ceux qui les auront
miles en usage & qui s'en seront servis pour
sçavoir , une Ordonnance de François I , quelque fin que ce puisse être , soient punis exem
en Juin 1539 (1) , un Arrêt du Conseil plairement 8c suivant l'exigence des cas. ... Et s'il
d'Etat, du 13 Septembre 1666 (2), l'Edit se trouvoit à l'avenir des personnes assez méchantes
pour ajouter & joindre à la superstition l'impiété &
de Juillet 1682 (3), & les Déclarations
le sacrilège , sous prétexte d'opération de prétendue
des 3 & 1 1 Juillet de la même année (4) , magie , ou autre prétexte de pareille qualité ,
qui ajoutent des défenses expresses à tous nous voulons que celles qui s'en trouveront con
Seigneurs & Gentilshommes (5) de donner vaincues , soient punies de mort. Edit de Juillet
1682. articles 1. 2. & 3. regisiré le 31 Août
retraite à ces sortes de Vagabonds , à peine
suivant. . .
de privation de leurs droits de Justice , de
confiscation de leurs Fiefs , & même d'être (4) Enjoignons à nos Baillis , Sénéchaux , leurs
poursuivis extraordinairement pour être Lieutenans , comme aussi aux Prévôts des Maré
chaux, Vice-Baillis & Vice-Sénéchaux , d'arrêter &
punis de plus grandes Peines , s'il y écheoit. faire arrêter tous ceux qui s'appellent Bohèmes ou
Egyptiens y leurs femmes, enfans , & autres de leur
(1) Enjoignons à nos Baillis, Sénéchaux 011 leur fuite ; de faire attacher les hommes à la chaîne ,
Lieutenans & autres Officiers , chacun en fou en pour être conduits dans nos Galères & y servir à
droit , faire commandement à tous ceux qui s'ap perpétuité ; & à l'égard de leurs femmes & filles ,
pellent Bohémiens ou Egyptiens , leurs femmes , ordonnons à nofdits Juges de les faire raser la pre
enfans & autres de leur fuite , de vuider , dedans mière fois qu'elles atiront été trouvées menant lá
le temps qui leur fera préfix , nos Royaumes & vie de Bohémieus , & de faire conduire dans les
Pays de notre obéissance , à peine de Galères & Hôpitaux les plus prochains des lieux les enfans qui
de punition corporelle ; & s'ils font trouvés & re ne seront pas eu état de servir dans nos Galères ,
tournent après ledit temps , nos Juges feront fur pour y être nourris & élevés comme les autres enfans
l'heure , fans autre forme de Procès , raser aux qui y sont enfermés : & en cas que lcfdites femmes
hommes leurs barbes & aux femmes & enfans continuent de vaguer & vivre en Bohémiennes , de
leurs cheveux; & après délivreront les hommes aux les faire fustiger & bannir hors du Royaume , le
Capitaines de nos Galères , pour nous y servir l'es- tout fans autre forme ni figure de Procès. Décl.
pace de trois ans. Ord. de François I , à Paris du 11 Juillet 1682. reg. le 24 Août suivant.
en Juin 1539»
( 2 ) Seront tenus les Vagabonds , Bohèmes & Gens (5) Faisons défenses à tous Gentilshommes ,
fans aveu , de vuider le Royaume dans un mois* du Seigneurs Hauts-Justiciers & de Fiefs , de donner
jour de la publication ; enjoint, ledit temps passé , retraite dans leurs châteaux & maisons auxdits Bo
aux Prévôts des Maréchaux , & à tous Juges & hémiens & à leurs femmes ; en cas de contraven
Officiers qu'il appartiendra , de les arrêter par-tout tion , que lefdits Gentilshommes & Hauts- Justiciers
où ils pourront être appréhendés , les faire attacher soient privés de leurs Justices } que leurs Fiefs soient
à la chaîne & conduire dans les Galères pour y réunis à notre Domaine , même qu'il soit procédé
servir comme Forçats , le tout íàns autre forme ni contre eux extraordinairement, pour être punis d'une
figure de Procès. Arrêt du Conseil d'Etat du 13 plus grande Peine si le cas y échoit , & fans qu'il
Septembre 1666. V, Code Militaire , tome 2» soit à la liberté de nos Juges de modérer ces peines*
titre 107. Decl. du 3 Juillet 1682. rtgist. le 4 Août suivant.

Fff *
4i2 LES LOIX CRIMINELLES, Liv.III.Tit. VIII.

CHAPITRE CINQUIEME.

Des Délits en fait de Contrebande.

O N appelle Contrebandiers en général Faux-Saunage , d'autres le faux Tabac ,


tous ceux qui vendent & débitent cer d'autres enfin concernent les Cartes à jouer.
taines Marchandises qui font prohibées par II y en avoit d'une quatrième efpece que
lès Loix du Royaume , ou même qui nous ne rappellerons point ici , parce que
vendent des Marchandises non prohibées , leur exécution a cessé entièrement parmi
fans observer les formalités prescrites par nous ; l'on veut parler de celles concernant
ces mêmes Loix. Parmi les Loix qui ont été la prohibition des Toi/es des Indes , dont
rendues en cette matière , nous en distin on fçait que l'usage a enfin été autorisé par
guons de quatre sortes ; les unes regardent les Déclarations des 5 Septembre & 11
la Contrebande en général , d'autres le Octobre 1759.

§. I. De la Contrebande en général.

SOMMAIRES.

1 . Deux Loix a consulter principalement en 6. Peine des Commis qui font etintelligence
cette matière. avec eux.
2 . Peine des Contrebandiers en général. Dis 7. Peine des Juges qui négligent d'in
tinction a ce sujet. former fur les avis qui leur font don
3 . Ce qu'il y a de particulier sur la peine des nés.
Galères en cette matière. 8. Peine des Syndics de Communauté qui
4. Observations générales fur la conversion ne sonnent pas le tocsin fur les Contre
des Amendes. bandiers qui passent.
5. Peine de ceux qui donnent retraite aux 9. Peine des Gens de Guerre qui font ou fa
Contrebandiers. vorisent la Contrebande.

I.
1 oíxD^UX L ^ principale Loi que nous avons à donnée au mois d'Avril 1734(2) , au sujet
consulter consulter sur cette matière , c'est la Dé- de la Contrebande qui se fait par les Gens
principa- claration du 2 Août 1720; parce que son de Guerre, que nous croyons égale
lement en , . ... n u t
cette ma- objet particulier eít , comme 1 annonce le ment devoir rappeller ici, tant à cause
tiere. Préambule (1) , d'augmenter la rigueur de l'importance de ses dispositions , que
des Peines portées par les précédentes parce que , comme on le voit par son Préam
Loix , fur ce qu'elles ont été reconnues bule , le Prince s'est proposé d'y réunir
inmffiíantes pour réprimer la licence des toutes celles des Réglemens faits jusqu'a
Contrebandiers. Suivant cette Loi , il pa- lors à ce sujet.
roît qu'il y a des Peines particulières por
tées , non-feulement contre les Contreban (1) LoUIS , &c. Nous avions lieu de croire , que
les peines que Nous avons prononcées par nos Or
diers & leurs Complices en général , mais
donnances & Déclarations contre les Contreban
encore contre les Cabaretiers qui leur diers, & les ordres que nous avons donnés pour ré
donnent retraite & recèlent leurs Marchan primer l'exercice de la Fraude & de la Contrebande
dises ; contre les Commis & Employés des en arréteroientle cours ; mais étant informés qu'elle
se commet avec plus de licence que jamais , Nous
fermes qui favorisent leur passage , ou ne avons résolu de faire cesser cet abus par des dispo
donnent pas avis aux Juges des rébellions sitions égalementsévères & justes , qui établissent
qui leur font faites, & n'en dressent pas des Peines proportionnées à la qualité des délits.
des Procès-Verbaux fur le champ ; contre Preamb. de la Déclaration, du 2 Avril 1719.
(2) V. l'Ordonnance du mois d'Avril 1734 ,
les Juges qui négligent d'informer fur qui fera rapportée à la fuite de la max. 9. de ce g.
l'avis qui leur a été donné de ces rébel
lions ; enfin contre les Syndics ù Habi- I I.
tans des Bourgs & Villages qui ne sonnent Peine des Contrebandiers en général. La de** £5'"e
pas le tocsin fur les Contrebandiers lors Déclaration de 1729 distingue à cet égard treban-
qu'ils passent étant attroupés , avec port les simples Contrebandiers , c'est-à-dire , di,er? ?"
• » jt 1 m- général.
d'armes & des ballots. II y a eu , depuis ceux qui n ont commis d autre délit que Distinc-
cette Déclaration , une Loi particulière la Contrebande , de ceux dont la Contre- ??n à ce
sujet.
DES DÉLITS CONTRE LA POLICE. 41*
bande se trouve accompagnée de certaines lages , ou à la Campagne , feront punis de mort ,
eucore qu'ils n'eussent alors aucunes Marchandises
circonjiances aggravantes , comme lors-
de Contrebande , & qu'ils fussent moins de cinq.
qu'ils íbnt attroupés en un certain nom Même Decl. art. 3.
bre , & avec port d'armes , qu'ils forcent
(4) Ceux qui auront été Employés dans nos Fer
les postes & les corps-de-gardes , & qu'ils mes en qualité de Commis ou de Gardes , qui se
font rébellion aux Gardes i ou bien lorsque ront arrêtés avec du Tabac , ou autres Marchan
ces Contrebandiers auroient été employés dises de Contrebande , lcront condamnes aux galè
res pour cinq ans , & en cinq cens livres d'umende ,
auparavant dans les Fermes du Roi en
quoiqu'ils ne fulscnt attroupés ni armés. Même
qualité de Gardes ou de Commis. A l'é- Decl. art. 9.
gard des (impies Contrebandiers , la Peine
ordinaire est , suivant cette Loi , sçavoir , I I I.
pour les Hommes , celle des Galères de
trois ans , & de cinquante livres d'Amen II y a cependant plusieurs choies à 5;ceqn'il
de , & , en cas de récidive , des Galères à observer relativement aux Peines des Ga- ^^P""
perpétuité , & de mille livres d'Amende leres & des Amendes dont nous venons ia peine
& à l'égard des Femmes , celle du Fouet , de parler. i°. Quant AUX GALERES , nous de* Gale-
de la Fleur-de-lys & du Bannissement de remarquons d'abord que l'Ordonnance de
trois ans, & cinq cens livres d'Amende pour 1680 (1) , par les art. 7 & 9 du tit. 17 ,
la première fois, & de la Détention pendant a prévu le cas où celui qui feroit con-
leur vie à l'Hôpital,en cas de récidive (i) : damné à cette Peine ne feroit pas en état
au lieu que pour les Contrebandiers qua- de la subir , & elle veut qu'alors cette
Ufi.es dont nous venons de parler , ils doi- Peine soit convertie en celle du Fouet
vent être punis de plus grandes Peines & de la Flétrissure , & du Bannissement
suivant la même Loi. Elle prononce la perpétuel. Mais cette commutation de
peine de Mort , lorsque cet attroupement Peine a été révoquée par une Loi posté-
est fait avec armes au nombre de cinq rieure donnée au mois d'Août 1689 (2) >
& au-dessus , & celle des Galères de cinq suivant laquelle les Condamnés aux Galères
ans , & mille livres d'Amende , lorsqu'il pour Crime de Faux-Saunage ne peuvent
est fait sans armes & au-dessous de ce nom- plus être reçus à proposer aucune incapa-
bre (2). II y a aussi peine de Mort contre cité , sous quelque prétexte que ce soit ,
les Contrebandiers qui forcent les postes , mais doivent être attachés à la chaîne &
encore qu'ils feroient attroupés dans un conduits à Marseille pour y être visités par
moindre nombre (3). Enfin il y a peine des les Officiers des Galères ; & s'ils íont
Galères de cinq ans pour la première fois trouvés incapables de servir en mer , ils
contre ceux des Contrebandiers qui au doivent être mis à l'Hôpital établi pour
roient été dans les Fermes (4). les Forçats incapables de servir , dans le
quel ils seront nourris & entretenus aux
(1) Ceux qui porteront ou débiteront du faux frais de l'Adjudicataire des Fermes. Nous
Tabac ou autres Marchandises de Contrebande , remarquons en second lieu que , suivant
dans notre bonne V ille de Paris ou autres lieux de une disposition particulière de la Déclara
ìotre Royaume , & pareillement tous Recéleurs ,
Complices ou Fauteurs desdits Fraudeurs , ou Con- tion du 1 5 Février 1744 (3) , cette Peine ,
rebandiers , seront condamnés pour la première lorsqu'elle ne s'ordonne que par conver
bis aux galères pour trois ans , & eu cinq cens li sion faute du paiement de l'Amende , ne doit
res d'amende ; & en cas de récidive , aux galères point être accompagnée de la marque ordi
frpétuelles , & en mille livres d'amende : Vou
lus que les Femmes qui se trouveront dans l'un naire des Lettres G. A. Z. , comme quand
cas ci-dessus marqués , soient condamnées au elle est ordonnée par une condamnation
fott, à la fleur-de-lys, au bannissement pour trois principale & originaire. Enfin nous remar
ani, &en cinq cens livres d'amende pour la pre-
mite fois , & à être renfermées pendant leur vie quons en troisième lieu que , dans ce même
dan. j Hôpital ou Maison de force le plus près du cas de la conversion , la peine des Galères
lieu tj la condamnation aura été prononcée. Decl. ne doit jamais être ordonnée à perpétuité ,
du 2 ioât 1729 , art. 6. en sorte que le Condamné a toujours la
(2) 3eux qui seront convaincus d'avoir porté du faculté de s'en affranchir , en payant l'A
Tabac Toiles peintes , ou autres Marchandises mende (4).
prohibes , en Contrebande , ou en fraude , par at
trouperont , au nombre de cinq au moins , avec
port d'ames , seront punis de mort , 8t leurs biens (1) La Peine des galères prononcée contre ceux
confísqus , même dans les lieux où la confiscation qui se trouveront incapables de nous servir sera
n'aura ps lieu j & s'ils font fans armes & au- convertie \ sçavoh , celle des Galères pour lìx ans ,
dessous cii nombre de cinq , ils seront condamnés en celle du Fouet & de la Flétrissure } celle des Ga
aux galers pour cinq ans , & en mille livres d'a lères pour neuf ans , aussi en celle du Fouet , Flé
mende charnu , payable solidairement. Même Dec. trissure , & de plus au Bannissement perpétuel de
art. 1. notre Royaume ; Leur enjoignons de garder leur
Ban , à peine de la vie. Okd. de 1680 , tit. 17 ,
(3) Les Contrebandiers qui forceront les postes art. 7. . . . Ceux qui seront insusrisans de payer l'a-
& les Corpsde-Garde établis dans les Villes , Vil- mende , 6c incapables en même-temps de nous ser-
414 LES LOIX CRIMINE LLES, Liv. III. Tit. VIII.
vir dans nos Galères , seront fustigés , flétris & ban ce Jugement ; la rigueur de cette dispo
nis à perpétuité de notre Royaume. Mime Ojw. , sition a été enfin tempérée par une der
art. 9. ibid. niere Loi intervenue en 1759 (5) , suivant
(2) Voulons que la Commutation des Peines de laquelle les condamnés à l'Amende font
Galères , portée par les art. 7 & 9 de notre Edit admis à la payer , même après qu'ils au
du mois d'Août 1680 , soit & demeure révoquée roient commencé de subir la Peine portée
dès maintenant & toujours , & que ceux qui seront
Convaincus du Crime de Faux-Saunage , & condam par le Jugement de conversion , lequel
nés aux Galères, ne puissent être reçus à proposer demeure en ce cas fans effet & comme
aucune incapacité , sous quelque prétexte que ce non avenu. Cette Loi fait plus ; elle distin
soit \ & que fans y avoir égard , ils soient attachés à
la chaîne , & conduits en notre Ville de Marseille , gue aussi en même-temps celles des Peines
pour y être visités ou fait visiter par nos Officiers des corporelles & infamantes qui doivent être
Galères, & servir sur mer s'ils en sont trouvés capa exécutées par provision , & nonobstant
bles \ & si au contaire, ils ne peuvent servir , être l'appel , de celles dont l'exécution doit
mis dans l'Hôpital établi pour les Forçats incapa
bles de servir , dans lequel ils seront entretenus & être suspendue par l'appel.
nourris aux frais de l'Adjudicataire de nos Gabelles
de France , ainsi qu'il est accoutumé. Si donnons
(1) V. Part, 2 , tit. 3 , §. 1.
EN MANDEMENT. &c. Let. Pat. du mois a"Août
1685. ' (2) Si les Condamnés ne payent pas l'amende
dans le mois , du jour de la prononciation de la
($) A l'égard de ceux qui auront été poursuivis à Sentence , elle fera convertie •■, sçavoir , celle de deux
fins civiles , contre lesquels il n'échoira de pronon cens livres , en la Peine du Fouet ; celle de trois
cer la peine des Galères à temps , que fur la simple cens livres , à l'ég-ird des Hommes , en Galères
Requête du Fermier , faute du payement , & par pour trois ans , & à l'égard des Femmes & Filles à
conversion des amendes auxquelles ils auroient ori un Bannissement pour cinq ans du Ressort du Gre
ginairement été condamnés : Défendons à nos Juges nier où elles auront fait le Faux-saunage , de celui
de leur imposer la susdite peine de la Flétrissure. de leur domicile, & de celui de notre bonne Ville
Dec. du IS Février 1744 , art. 3. de Paris. Ord. de 1680 , tit. 17 , art. 8. . . . Les
condamnations portant peine afflictive , ne pour
(4) V. l'Arrêt d'enregistrement fait en la Cour ront intervenir qu'après une instruction entière de
des Aides , de la Déclaration de 1756, qui fera Témoins , récollement & confrontation , comme
rapp. à la fuite de la max. suivante n°. 5. dans les autres Crimes : N'entendons toutefois com
prendre au présent Article les conversions qui se
font de droit, en vertu des Présentes , des condam
I V. nations pécuniaires en Peines corporelles : Voulons*
qu'elles soient déclarées par nos Juges fur une sim
^Obser/ 20. A l'égard des Amendes qui se pro- ple Requête fans nouvelle instruction. Mime Ord*
vationsee- 0 ^ • ., 1 n^ art. 21. Ibid.
néraiesiur noncent en cette matière , 11 y a aulii ces
la conver- trois choses à remarquer. La première , (3) Voulons que notre Déclaration du premier
Con des 1, p • \ ^ j j Mars 1723 , registrée en notre Cour des Aides de
Amendes. ^ue * 011 *ult a cet égard , comme nous Paris , le ij Avril suivant , soit exécutée selon sa
l'avons observé en traitant de la Peine en forme & teneur , par tous les Juges qui connoissent
général (I) , cette maxime du Droit Ro de nos Droits de Gabelles ; & en conséquence ,
main , qui non habet in xre solvat in cute. que la conversion des Peines & Amendes établies
contre les Faux-sauniers par l'Ordoimance des Ga
L'on veut dire , que faute de paiement des belles du mois de Mai 1680 , Edits , Déclarations
Amendes auxquelles les Contrebandiers ou Arrêts rendus depuis , ne puisse être prononcé»
font condamnés , cette Peine est convertie par les Juges à qui la connoissance en appartient
en des Peines corporelles , lesquelles peuvent que fur la réquisition , ou du consentement d
l'adjudicataire de notre Ferme générale des Gabe
néanmoins fe prononcer fans instruction les 5 &ce , à peine de nullité , & de répondre p?
extraordinaire ( 2 ) & fur la simple requête lefdits Juges , en leur propre & privé nom , ds
du Fermier , dont le consentement est né amendes auxquelles lefdits Faux-sauniers auront fé
condamnés , & des dommages & intérêts dudit A'
cessaire à cet effet ( 3 ). Nous verrons au
judicataire. Decz. du 29 Novembre 1729.
surplus , en traitant du Faux-Saunage , que
les condamnations d'Amendes qui font (4) Les Faux-sauniers , Faux- tabatiers , & Con
trebandiers , qui tomberont en récidive , & csltre
prononcées contre les femmes, peuvent lesquels nos Ordonnances & Réglemens ont tebli
être exécutées contre leurs maris. La se la Peine des Galères, outre l'amende , serons austi
conde , que les Peines corporelles qui condamnés par le même Jugement à la peinfde la
s'ordonnent dans le cas de cette conver Flétrissure , comme dans le cas de l'article décè
dent , fans néanmoins que ladite Flétrissurfpuisse
sion , de même que pour les récidives , ne à leur égard emporter Peine de Mort , quad mê
peuvent jamais aller jusqu'à la mort (4). me ils retomberoient pour la troisième fis dans
La troisième enfin , qu'au lieu que , suivant le même geare de Fraude. Decz. du 15 Février
les premières Loix rendues en cette ma 1744.
tière , cette conversion devoit avoir lieu
par le seul défaut de consignation de l'A
(S) INOUIS, &c. Par les Ordonnances, Edits &
mende dans un mois depuis le Jugement Réglemens précédemment rendus, il a éé ordonné
de condamnation, fans qu'on puiíîe être que les Vagabonds & Gens fans aveu , Artisans ,
admis à la consignation depuis ce temps- Gens de métier , Facteurs , Messagers , v'oituriers ,
Crocheteurs , Gens de peine , Gens repris de Justi
là , encore même qu'il y auroit appel de ce , Matelots , & autres Personnes de crtte qualité ,
DES DÉLITS CONTRE LA POLICE. 415
Îjjii seront condamnés cu des amendes pour Faux- Mars 1756 Suit l'Arrêt d'enregistrement
âuhage , Contrebande & contravention à nòs Or de la COUR DES AIDES , regiflré enla Cour des Ai-
donnances , & qui nc pourront les payer dans le des , oui y & ce requérant le Procureur-Général du
mois , seront, sur la Requête de l'Adjudicataire de Roi , pour être exécuté selon fa forme & teneur ,
nos Fermes , condamnés à la Peine des Galères. fans préjudice néanmoins de ïarticle 3 de la Décla
Nous sommes informés que lorsque les Jugemens ration de 1744 5 qui fera exécuté scion fa forme £»
qui prononcent cette peine par conversion , & faute teneur ; en conséquence , ordonne que les condamnés
de payement des peines pécuniaires , font interve aux Gal/res par conversion , é> faute de payement
nus , les Condamnés ne font plus admis à payer lef- de l'Amende , ne seront point marqués ; £> en autre
dîtes amendes , pour se soustraire à la Peine des a la cjiarge que l'art. 2 de la présente Déclaration
Galères. Les Ordonnances & Réglcmens précé n'aura lieu que pour les condamnés pour Faux-
demment reudus , prescrivent aussi que dajis le cas saunage & restitution des Droits des Gabelles feule
où il e# prononcé par le même Jugcmeut des pei ment , le tout sauf Cappel que le Procureur Général
nes corporelles & afflictives , & des amendes con du Roi pourroit interjetter. Ordonne au surplus
tre les Faux- sauniers & Contrebandiers récidiveurs, [exécution de fart. 6 du tit. 26 de fOrdonnance de
íh seront tenus de consigner dans un mois les 1670 , Çf que copies collationnées de la présente
Amendas auxquelles ils seront condamnés 5 & que Déclaration , & du présent Arrêt , seront envoyées
passé cp délai , les condamnations de Galères fe aux Greniers à Sels , & dépôts des Sels , pour y
ront1 exécutées nonobstant Fappcl des Sentences j & être lus , publiés . & registrés , l'Audience tenant.
quoique l'art. ô^du tir. zó de POrdonnance du Enjoint aux Substituts de Procureur-Général du
mois d'Août 167V5 , prescrive que loifqu'une Sen Roi d'y tenir la main y & de certifier la Cour de leurs
tence porte condamnation de Peine corporelle , de diligences au mois. Arrêt d'enregist. de la Cour
Galères, de Bannissement à perpétuité ou d'Amen des Aides , du 2 Juin 1756.
de-honorable , soit qu'il y ait appel ou non , l'Ac-
cusé & son Procès seront renvoyés en nos Cours ,
l'art. 26 du tit. 17 de l'Ordonnance du mois de
Mai 1680 f en renouvellant la disposition de la
Déclaration de 1667 , a ordonné que l'appel des
Sentences définitives , même de celles qui porte
2°. PEINE des Cabaretìers , Fermiers , & ^.Peined
ront peines afmctivcs , ne fera reçu , que les sommes
auxquelles monteront les condamnations , tant pour autres gens de la Campagne qui donnent ceux qui
- donnent
Jes Amendes , que pour les restitutions de nos retraite aux Contrebandiers , ou recèlent retraite
Droits de Gabelles , 11'ayent été actuellement con leurs Marchandises , ou même qui n'aver- jrue^a^on""
signées entre les mains du Commis de l'Adjudica
taire de nos Fermes : ce qui a donné lieu à plu tiiïènt pas le Brigadier des Fermes, pour diers.
sieurs de nos Cours & Juges , de douter si la dis courir fur lesdits Contrebandiers. Leur
position de l'Ordonnance de 1670 , à laquelle il Peine , suivant la même Déclaration de
n'a point été dérogé expressément par celle de 1729 (I), est de mille livres d'Amende
1680 , ne devoit pas continuer à s'exécuter : &
voulant interpréter favorablement le recouvrement pour la première fois , & du Bannijsement
&la régie des revenus destinés à supporter lescharges pour la seconde.
de l'Etat , Nous avons résolu d'expliquer plus claire
ment nos intentions fur ces deux points : A ces cau
ses , &c. . . . Art. I. Ceux qui auront été condam ( 1 ) Défendons aux Cabaretìers , Fermiers, & autres
nés aux Galères faute de payement, & par conver gens de la Campagne , de donner retraite aux Con
sion de l'Amende contre eux prononcée , seront ad trebandiers ou à leurs 'Marchandises , à peine de
mis à payer ladite Amende après le Jugement de con mille livres d'Amende pour la première fois , Ôc
version , & même après qu'ils auront commencé à subir de Bannissement en cas de récidive , même d'être
la peine contre eux prononcée ; & feront auffi-tót poursuivis comme Complices desdits Contreban
remis en liberté , de même que s'ils avoient payé diers , & d'être condamnes , s'il y écheoit , aux
. ladite Amende immédiatement après la con Peines portées par l'article précédent , si ce n est
damnation ; {• /( Jugement de conversion contre que dans les vingt-quatre heures au plus tard iís
eux prononcé demeurera en ce cas fans effet & aient requis le Juge le plus prochain , ou les Offi
comme non avenu Art. II. L'article 6. ciers de la Maréchaussée , de se transporter en leurs
du titre 16 de l'Ordonnance du mois d'Août maisons , à l'esset d'y dresser Procès- Verbal de la
1670 fera exécuté , lqrsque les Sentences des pre violence que les Contrebandiers auroient faite pour
miers Juges qui ressortissent en nos Cours au se procurer l'entrée de leurfdites maisons , à la
ront prononcé contre les Faux-sauniers , Contreban quelle réquisition lesdits Juges ou lesdits Officiers
diers , & autres Contrevenans aux Ordonnances de Maréchaussée seront tenus de satisfaire fur le
de nos Fermes , la Peine de Mort ou autres con champ , à peine d'interdiction. Voulons en outre
damnations emportant mort civile ; ce qui aura pa que lesdits Cabaretìers ou Fermiers soieut tenus ,
reillement lieu dans le cas où elles prononceront dans le même délai , de faire avertir les Brigades
des peines infamantes contre les Ecclésiastiques , les de nos Fermes qui font les plus proches du lieu
Gentilshommes , les Pourvus d'Offices Royaux , & de leur demeure , à l'esset de courre fur les Con
tous autres jouifsans des Privilèges de la Noblesse : trebandiers , fous les mêmes Peines que dessus.
Voulons en conséquence , qu'auxdits cas lefdites Décl. de 1719» art. 7.
Sentences ne puissent être exécutées qu'après qu'el
les auront été confirmées par les Arrêts de nos
Cours } & que dans tous les autres cas , l'art. 16.
du tit. 17 de l'Ordonnance de 1780 , soit exécuté V I.
selon sa forme & teneur ; & en conséquence l'ap
pel interjetté par ceux qui seront condamnés à des
Peines corporelles & afflictives , ne pourra être reçu 30. PEINE des Commis & Employés qui 6. Peine
qu'après que les Peines pécuniaires prononcées par font d'intelligence avec les Contreban- des Conl"
}•
lefdites Sentences auront été exécutées ; & fi elles diers ✓ N • 11- 1 1 íT-1 11,15 <fUt
(1) , ou qui négligent de dreíler leurs sont d'in-
ne le font dans le mois , du jour de la signification , Procès - Verbaux des rébellions qui leur telllgence
les Sentences passeront en force de chose jugée. Si * svsc eux
DONNONS EN MANDEMENT , &C. DÉCZ. du 30. font faites , & d'en donner avis aux Juges ;
4i6 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. III. Tit. VIII.
ils doivent , au premier cas , être punis de cée solidairement contre les Communautés. V.
Decl. de 1729 , art. 8.
Mort , & au dernier t être déclarés inca
gables de tous emplois , & même de pu I X. ;
nition corporelle s'il y échoit. II y a , au
surplus , cela de remarquable par rapport à 6°. Peine des Gens de Guerre qui font 9. Peine
— ■ • des Gens
ces sortes de Rébellions , que les Commis ou favorisent La Contrebande. C'a é~té , È£"
qui tuent les Contrebandiers en pareils cas comme nous l'avons dit , pour réprimer qui font
ne font sujets à aucune poursuite , & que les excès dangereux auxquels s'étoient (^J*v™
les Loix imposent un silence absolu au portées les Troupes fur ce point , qu'a Contre-
Ministère public sur ce point particulier (3). été donnée l'Ordonnance du mois d'Avril
1734 (i) , qui a renouvelle les dispositions
de toutes celles qui ont été rendues précé
(1) Les Commis & Employés de nos Fermes ,
qui seront d'intelligence avec les Fraudeurs & Con demment fur cette matière. L'étendue &
trebandiers , & favoriseront leur passage , seront la variété de ses dispositions ne nous per
punis de mort. DÉcz. de , art. 2. mettant pas d'en donner ici une exacte ana
lyse , nous nous contenterons de la mettre
(i) En cas de Rébellion de la part des Contre
bandiers contre les Commis de nos Fermes , ordon fous les yeux de nos Lecteurs , en observant
nons aux Commis d'en dresser leur Procès - verbal en général , qu'elle ne comprend pas feule
fur le champ , & d'en donner avis dans vingt- ment dans ses dispositions les simples Soldats
quatre heures aux Juges qui en doivent connoître ,
& Gendarmes, mais encore les Commandans
à peine d'être déclarés incapables de tous Emplois ,
même de punition corporelle s'il y échet. Même des Places où ils font en Garnison , ainsi
Décl. art. 4. que les Officiers dans les temps de leur
marche , lorsque ceux-ci font eux-mêmes
("3) Ne fera faite aucune poursuite contre les la Contrebande , ou qu'ils la favorisent en
Employés qui auront tué des Fraudeurs ou Contre
bandiers de Tabac en résistant } imposons silence en ne permettant pas aux Employés de faire
ce cas à tous nos Procureurs. Décl. du 17 Octobre la visite lorsqu'ils le demandent , tant des
1720. havrefacs des Soldats , que des valises &
porte-manteaux de ces Officiers. Les Peines
VII. qu'elle veut être prononcées dans tous ces
cas, font, sçavoir, contre les Commandans
& (officiers , d'être privés de leurs emplois ,
7. Peine 4°. Veine des Juges qui 3 fur Vavis à
en cas de connivence , tolérance & inat
des Juges eux donné des Rébellions , n'informent pas
tention ; d'être déclarés responsables des
««"asn- a.ujf-tôt , & dans les vingt-quatre heures.
contraventions faites par les Soldats , &
former fur Cette Peine est de lTnterdiction , & de trois
d'être tenus en leurs noms de répondre
leuTsom1 cens livres d'Amende,
des Amendes auxquelles ceux-ci pourroient
donnés.
être condamnés ; & à l'égard des Soldats
Dans le cas de I'article précédent , ordonnons à trouvés en Contrebande , il y a Peine de la
nos Juges d'informer desdites rébellions , dans les Prison , avec Amende & confiscation de
vingt-quatre heures après qu'ils cn auront eu avis ,
Marchandises pour la première fois, & celle
à la Requête du Fermier ou de nos Procureurs , à
peine de trois cens livres d'Amende 8í d'interdic des Galères perpétuelles en cas de récidive ,
tion. DÉcz. de 1729 , art. 5. même celle de Mort , & d'être traités
comme Déserteurs lorsqu'ils font la Con
trebande avec armes , ou bien lorsqu'ils en
VIII.
íònt trouvés saisis étant éloignés de leurs
Troupes au-delà des distances prescrites.
8. Peine ç°. Peine des Syndics des Bourgs & Cette Loi prescrit au surplus les formalités
dks S de" Villages où pafíeroient les Contrebandiers & précautions qui doivent être gardées
Commu- attroupés avec port d'armes & de ballots , & pour aflùrer la preuve & la punition de
íìesonnent ?*" nc fonneroient pas le tocsinfur eux. La ces sortes de Délits.
>as le toc- même Déclaration de I729 veut qu'ils
( i)Sa Majesté s'étant fait représenter les Ordon
Conue-" f°ient punis de cinq cens livres d'Amen- nances rendues fur la Traite & le Commerce du
bandiers de , qui fera prononcée solidairement , tant Faux-Sel , du Faux-Tabac , & des Marchandises de
m pas- contre les Syndics , que contre les Com Contrebande , les 18 Oct. ió88 , 30 Juillet 1698 ,
uent. 16 Octobre 1701 , 22 Octobre 1707, 15 Octobre
munautés. 1709, 27 Septembre 1711 , J2 Mai 1714, 15
Novembre 17 15 , 20 Décembre 17 19 , & 30 Juil
let 1720; elle a jugé nécessaire d'en rassembler
Ordonnons aux Syndics , Manans & Habitants les principales dispositions dans la présente , & mê
des Bourgs & Villages , par lesquels il passera des me d'y en ajouter de nouvelles , qui fassent con
Particuliers attroupés , avec port d'armes & de bal noître fes intentions d'une manière si précise, qu'on
lots , fur leurs chevaux , de sonner le Tocsin , à pei- ne puisse impunément s'en écarter , & que les
9e de cinq cens livres d'Amende , qui fera pronon- Chefs & les Officiers de ses Troupes soient tenus
dorénavant
DES DÉLITS CON TRE LA POLICE. 417
dorénavant |de concourir à réprimer une licence Faux-Tabac que pour leur usage seulement ,
également préjudiciable au service de Sa Majesté , Art. IV. Ceux qui feront Commerce de Faux-
à la Discipline Militaire , & au bien de ses Fermes : Sel , de Faux-Tabac ou de Marchandises prohi
c'est dans cette vue que Sa Majesté a ordonné & or bées , si c'est avec port-íarmes à feu } feront con
donne ce qnisuit Art. I. Défend très-expres- damnés par le Conseil de Guerre à être pendus &
sément Sa Majesté à tous Chefs , Officiers , Gar- étranglés ; si c'est fans port-d 'armes , its feront con
des-du-Corps , Gendarmes , Chevaux - Légers & damnés aux galères perpétuelles : Veut Sa Majesté r
Mousquetaires de fa Garde , Gendarmes , ou Che que les Cavaliers , Dragons ou Soldats , qui seront
vaux-Légers des Compagnies de fa Gendarmerie , trouvés saisis fur eux, hors le lieu de leur logement,
Grenadiers à cheval , Cavaliers , Dragons & Sol de plus d'une livre de Faux-Tabac , ou qui en au
dats de ses Troupes Françoifes & Etrangères , de se ront chacun dans leurs Chambres ou Casernes,
charger de Faux-sel , Faux-Tabac ou Marchandises soient réputés avoir lefdits Faux-Tabac & Faux-
de Contrebande , pour quelque cause & fous quel Sel pour en faire commerce : A Tégard des Mar
que prétexte que ce soit ; à peine , aux Chefs , Of chandises prohibées , autres que le Faux-Sel & le
ficiers , Gardes-du-Corps , Gendarmes , Chevaux- Faux-Tabac , Sa Majesté se remet à la prudence des
Légers & Mousquetaires de fa Garde , Gendarmes, Officiers qui composeront le Conseil de Guerre ,
ck Chevaux-Légers des Compagnies de fa Gendar d'infliger les peines établies par le présent article ,
merie , & Grenadiers à Cheval, de confiscation , ou celles énoncées dans l'article précédent, suivant
tant desdites Marc handifes * Contrebande , Faux- qu'ils auront lieu de juger par la quantité des Mar
Sel & Faux-Tabac , que des Harnois , Chevaux , chandises prohibées , que ceux qui en seront trou
Charrois & autres Equipages à eux appartenans , vés saisis , les auront pour leur usage ou pour en
fur lesquels il s'en trouvera ; & en outre d'être faire commerce. . . Art. V. Ceux des Cavaliers r
personnellement châtiés, soit par Prison , Amende , Dragons ou Soldats , qui seront arrêtés dans les
ou Cassation de leurs Emplois , &même de leur être Provinces frontières, pour les cas énoncés dans les
le Procès fait extraòrdinairement , suivant l'exigen- deux articles précédens ,soit parles Employés des
ce des cas , ainsi qu'il fera décidé par Sa Majesté , Fermes , par les Maréchaussées , ou autres , seront
fur le vu des procès-verbaux des Commis , & au conduits & remis au pouvoir des Officiers de lTLtat-
tres preuves qui seront adressées au Secrétaire d'E Ma jor , pour y être jugés par le Conseil de Guerre,
tat de la Guerre , pour lui en rendre compte ; & sans avoir égard à la dépendance du lieu oìi ils
à peine auxdits Cavaliers , Dragons & Soldats pourroient avoir été arrêtés : Ordonne & enjoint
d'être châtiés , ainsi qu'il fera ci-après expliqué.... très expressément Sa Majesté , aux Commandans
Art. II. Tout Cavalier , Dragon ou Soldat , absent des Places , de faire assembler fans délais , le Con
de fa Troupe , avec congé expédié dans les for seil de Guerre , pour en icelui,sur le procès-verbal
mes prescrites par Sa Majesté , qui fera arrêté étant des Employés & autres, & fur le rapport & con
porteur de Faux-Sel , Faux-Tabac ou Marchandises clusion du Major ou Aide - Major de la Place ,
de Contrebande , fera conduit & écroué à la re procéder contre les coupables, &iceux condamner
quête du Fermier , dans les Prisons les plus pro aux peines ci - dessus ordonnées , fans que lefdits
chaines du lieu oìi il aura été arrêté , pour lui être Officiers puissent s'en dispenser , sous quelque pré
son procès fait , & jugé par les Juges ordinaires texte que ce puisse être ; & pour ôter aux Cava
•des Fermes , suivant la rigueur des Ordonnances liers , Dragons ou Soldats les moyens de faire le
rendues fur le fait desdites Fermes , fans qu'il commerce de Faux-Sel , de Faux-Tabac , & de
puisse être réclamé par ses Officiers ; & lorsqu'il Marchandises prohibées : Sa Majesté leur a défen
fe trouvera absent & éloigné de sa Troupe , au- du & défend de sortir des Villes où ils seront en
delà des distances présentes , fans être muni d'un garnison ou en quartier , fans congés expédiés dans
congé , il fera écroué comme Déserteur ; dans les les formes prescrites ; à peine contre ceux qui se
Prisons Royales les plus prochaines du lieu où il trouveront éloignés desdites Villes, places & lieux
aura été arrêté, pour être conduit au Régiment au-delà de la distance prescrite par les Ordonnances
dont il fera , & y être condamné par le Conseil de Sa Majesté , fans être munis d'un congé , d'être
de Guerre à la Peine de mort Art. III. Lors punis comme Déserteurs Art. VI. Et à l'égard
que ceux qui , étant en garnison ou en quartier des Troupes étant en garnison ou en quartier dans
dans ies Villes , & autres Lieux où la Ferme du les Provinces intérieures , les Délinquans seront
Tabac est établie , useront de Faux-Tabac , ledit conduits , & écreués dans les prisons les plus pro
Faux-Tabac sera confisqué , & ceux qui en seront chaines du lieu où ils auront été arrêtés , pour être
trouvé* saisis , feront arrêtés & condamnés par le leur procès fait & jugé dans la forme prescrite par
Conseil de Guerre; sçavoir, pour la première fois , l'article précédent , dans un Conseil de Guerre ,
à trois mois de Prison , & à cent livres d' Amende au qui sera pour cet effet tenu & assemblé par Tordre
profit des Fermiers , dont il fera fait retenue fur les du Commandant de la Garnison ou du Régiment,
appointemens de l'Officier qui se trouvera com & ce , sur les conclusions du Major òu Aide- Ma
mander la Compagnie dans le lieu du délit , par le jor du Régiment dont seront lefdits Délinquans....
Trésorier-Général de l'Extraordinaire des Guerres, Art. VII. Défend très- expressément Sa Majesté
ou son Commis chargé du payement de ladite aux Cavaliers , Dragons & Soldats de se travestir ,
Compagnie ; & ce , suivant les ordres de l'Inten- ou changer leurs habits de Cavalier , Dragon &
dant dans le département duquel elle se trouvera , Soldat ; à peine, contre ceux qui seront trouvés dé
& sur la simple quittance du Commis du Fermier, guisés dedans ou dehors la garnison , quoique dans
au bas d'une copie collationnée de la Sentence ren les distances permises , de tenir prison pendant trois
due contrs le Coupable , & en cas de récidive , ils mois : Entend Sa Majesté , qu'il reste toujours au
seront condamnés aux Galères perpétuelles. Entend Régiment un nombre suffisant d'Officiírs pour les
Sa Majesté , que les Cavaliers , Dragons ou Soldats contenir , & que par les Majors , Aides-Majors ou
2ui ne seront trouvés saisis fur eux , hors le lieu autres Officiers , chargés du détail , il soit fait régu
a leur logement , que d'une livre de Faux-Tabac lièrement deux fois le jour , le matin & le soir ,
& au-dessous , & ceux qui n'en auront chacun dans l'appel des Cavaliers , Dragons & Soldats de leurs
leurs Chambres ou Casernes , que jusqu'à concur Régimens , pour rendre compte aux Gouverneurs
rence de deux livres , soient réputés n'avoir ledit ou Commandans des Places, de ceux qui ne s'y se-
Ggg
4i8 LES LOIX CRIMINI LLES, Liv. III. Tit. VIII.
ront pas trouvés présens Art. VIII. Enjoint les fois que les Employés desdites Fermes jugeront
Sa Majesté aux Commandans deídites Places, de à propos de faire des visites dans lesdits Châteaux ,
faire faire la revue desdites Troupes toutes les fois Forts ou Citadelles , le Commandant leur en per
qu'ils en seront requis , pour connoître les abscns , mettra l'entrée fans aucun retardement : il en fera ,
& procéder contre eux suivant la rigueur des Or pour cet effet , donner la consigne au Corps-de-
donnances..-. Art. IX. Veut aussi Sa Majesté , que Garde de l'entrée, & commandera fur le champ,
les Cavaliers, Dragons ou Soldats, qui trois jours lorsqu'ils se présenteront , un Officier pour les
après que le Régiment fera sorti de la garnison , accompagner , & empêcher qu'on ne leur apporte
seront trouvés dans les Placas & Lieux circonvoi- aucun obstacle ou difficulté dans les visites & per
sins des endroits où ils étoient en quartier d'hiver , quisitions qu'ils jugeront à propos de faire , & ce ,
soient arrêtés & punis comme Déserteurs , si ce n'est sous les peines ordonnées par l'article précédent....
qu'ils fussent restes malades aux hôpitaux , ou s'ils Art. XVII. Enjoint S. M. aux Officiers defesTrou-
n'ont des congés en forme. . . . Art. X. Les accu pes de prêter main forte aux Employés , lorsqu'ils
sations qui ne tendront qu'à la peine de prison ou en seront requis , pour arrêter des Faux-Sauniers ,
d'Amende pécuniaire , seront jugées fur le vû des Faux-Tabatiers & Contrebandiers , sous peine de
procès- verbaux des Employés des Fermes, par eux désobéissance ; & aux Cavaliers , Dragons & Sol
affirmés véritables , fans qu'il soit besoin de réco- dats d'arrêter ceux qu'ils pourront découvrir : &
lement ni de confrontation. . . . Art. XI. Celles pour les encourager de plus en plus à concourir
qui se trouveront susceptibles de peines afflictives , en ces occasions au bien des Fermes , elle ordonne
ne pourront être jugées qu'après une instruction en que lorsqu'ils auront arrêté seuls, & sansl'assistan-
tière , par audition de Témoins , récolement & ce d'aucun Employé des Fermes,des Faux-Sauniers,
confrontation : Déclare Sa Majesté, le témoignage Faux -Tabatiers ou Contrebandiers, ils auront pour
de deux Gardes , conforme dans la répétition & récompense les Chevaux , Charrettes , Armes &
confrontation , suffisant pour la conviction des Equipages de ceux qu'ils auront arrêtés ; indépen
Accusés. . . . Art. XII. Enjoint Sa Majesté aux damment de quoi il leur fera payé cent sols pour
Commandans de ses garnisons ou quartiers , expo chaque minot de faux Sel emplacé au grenier lc
sés à la contrebande , & au commerce de Faux- plus prochain du lieu où la capture aura été faite ,
Sel , Sc de Faux-Tabac , de tenir soigneusement la & quinze livres pour chaque quintal de faux Tabac
main à ce qu'aucun Cavalier , Dragon ou Soldat qu'ils auront pareillement emplacé dans les plus
n'en puisse sortir armé de Fusil , Pistolets , Bayon- prochains Bureaux ou Entrepôts de la Ferme du
nettes , & même avec le Sabre & l'Epée ; à peine Tabac. Veut Sa Majesté que dans les cas où ils
d'être responsables des dommages qui pourroient n'auront saisi que le faux Sel ou le faux Tabac ap
être commis au moyen desdites armes , tant au partenant aux Faux Sauniers , ou Faux-Tabatiers ,
préjudice desdites Fermes que des particuliers. . . . il ne leur soit payé que le quart des sommes ci-
Art. XIII. Leur enjoint pareillement, lorsqu'ils en deflusi sçavoir vingt-cinq sols pour l'emplacement
seront requis par les Directeurs des Fermes , d'or de chaque minot de faux Sel , & trois livres quinze
donner une Garde aux portes , brèches & autres sols pour l'emplacement de chaque quintal de faux
endroits desdites garnisons ou quartiers , exposés Tabac , outre les Chevaux , Charrettes , Armes &
au Faux-Saunage ou à la Contrebande , & même Equipages abandonnés ou pris fur les Fraudeurs ,
de commander des Détachemens à la première ré dont ils jouiront en quelque cas que ce puisse être.
quisition des Employés , pour courir fus aux Faux- Veut néanmoins Sa Majesté que dans le cas où les
sauniers & Contrebandiers. . . . Art. XIV. Lors captures auront été faites par les Troupes , con
que les Employés auront avis de quelque dépôt da jointement avec les Employés des Fermes, lesdits
Sel , de Tabac , de Marchandises de contrebande Employés participent aux récompenses ci-dessus ,
dans les casernes , greniers , écuries & logemens à proportion de leur nombre & de leur qualité ; en
des Troupes , ils s'adresseront au Commandant de sorte cependant que le Commandant des Troupes
la garnison ou de quartier, pour ordonner aux Offi ait un tiers de plus que le Commandant des Em
ciers d'aller avec eux pour leur faciliter la visite , & ployés, & qu'un Garde des Fermes ait autant qu'un
faire arrêter ceux qui fe trouveront en contraven Soldat. A 1 égard du Tabac & du Sel pris par les
tion ; ce qui ne pourra être refusé ni différé de la Employés qui seront conduits dans lesdits Gre
part dudit Commandant & autres Officiers , à pei niers , Bureaux & Entrepôts , sous Pefcorte desdi
ne d'être personnellement responsables des dom tes Troupes , elles auront pour ladite escorte vingt
mages & intérêts du Fermier , même d'être privés sols pour chaque minot de Sel ou quintal de Ta
de leurs emplois, si le cas y écheoit, ainsi qu'il fera bac qui y seront emplacés. Quant aux Marchandi
décidé par Sa Majesté furie vû des procès-verbaux, ses de contrebande prises par lefdites Troupes, Sc
& autres preuves qui seront administrées au Secré déposées par elles aux Bureaux des Fermes , il leur
taire d'Etat de la Guerre , pour lui en rendre fera réglé par les Fermiers Généraux une récom
compte. . . . Art. XV. La contrebande & le com pense proportionnée à la valeur desdites Marchan
merce du Faux-Sel & du Faux-Tabac , ne pouvant dises Art.XVIII. II fera de plus payé aux-
se faire dans les Forts , Citadelles & Châteaux , dites Troupesquinze livres pour chaque Faux-Sau
fans que les Commandans & autres Officiers de nier, Faux-Tabatier ou Contrebandier , pris avec
l'Etat-Major en soient informés , Sa Majesté dé Armes , Sel , Tabac & Marchandises de contre
clare qu'elle les rendra responsables en leur propre bande , & par elles écroué dans les prisons de
& privé nom des contraventions qui pourroiennt s'y la Ville , où le Bureau, le Grenier ou le Dépôt
commettre ; & que fur les preuves qui seront ad des Fermes le plus prochain fera établi , & dix liv.
ministrées au Secrétaire d'Etat de la Guerre des pour chacun de ceux qui seront pris fans Armes.
dires contraventions , soit qu'elles aient été com 11 fera en outre payé auxdites Troupes vingt sols
mises par connivence , tolérance & inattention pour la conduite de chacun de ceux qui auront
defdits Officiers-Majors , elle les privera de leurs été arrêtés par les Employés , & qu'elles auront
Emplois , & ordonnera , fur ce qui fera dû de escorté à leur réquisition jusqu'aux prisons
leurs appointemens , des retenues proportionnées Art. XIX. Lefdites sommes seront payées , en ver
aux dommages & intérêts qui auront pu en résul tu de la présente Ordonnance , par les Receveurs
ter au préjudice des Fermes.... Art. XVI. Toutes des Greniers à Sel ou Bureaux de Tabac où lefdites
DES DÉLITS CON TRE LA POLICE. ' 419
captures auront été faites , au Commandant du de la Compagnie dont ils seront , soit mis en prison
Détachement par qui elles auront été faites , & ce , pour un rnois à son arrivée dans fa garnison , qu'il
immédiatement après que les procès -verbaux des soit privé de la moitié de sa solde pendant ledit
dites captures auront été faits & rédigés par les temps , & que le Cavalier , Dragon ou Soldat qui
Employés des Fermes ou par les premiers Juges fur s'en trouvera porteur , soit pareillement arrêté ,
ce requis , fans qu'il puisse être apporté aucun re conduit lié à la tête du Régiment , & mis en prison
tardement à la confection desdits procès-verbaux, en arrivant à la garnison , pour être mis en Conseil
ni aucune difficulté au paiement desdites sommes , de Guerre , & y être condamné aux peines portées
fous quelque prétexte" que ce puisse êfre par les art. 3 & 4 de la Présente Ordonnance ,
Art. X X. Le Commandant du Détachement suivant que les quantités de faux Tabac ou de Mar
chargé de la conduite des Faux - Sauniers , Faux- chandises de contrebande dont il se trouvera char
Tabatiers & Contrebandiers , prendra toutes les gé , dénoteront qu'il les avoit pour son fimple
précautions nécessaires pour leur sûreté ; déclarant usage , ou pour en faire commerce , & ce, confor
Sa Majesté que s'il s'en sauvoit quelqu'un , elle mément auxdits articles ... Art. XXIV. Indépen
l'en rendroit responsable en son propre & privé damment de la demi-solde d'un mois retenue aux
nom. Veut pareillement Sa Majesté que les Com- Maréchaux des Logis & aux Sergens , qui fera
mandans des Détachemens qui auront fait des appliquée aux Fermiers-Généraux , il leur sera de
saisies de faux Sel , faux Tabac , ou de Marchandi plus payé , fur les appointemens du Capitaine , un
ses prohibées , remettent exactement dans les Gre dédommagement proportionné aux quantités de
niers à Sel , dans les Bureaux de Tabac , ou dans faux Sel & de faux Tabac qui auront été saisis dans
ceux des Traites , la totalité desdits faux Sel , faux fa Compagnie , suivant les ordres qui seront don
Tabac ou Marchandises prohibées , en même nom nés par Sa Majesté fur le rapport qui lui fera fait de
bre , espece , volume , mesure ou poids qu'ils les la nature 5c de la force de la contravention
auront saisis , à peine de répondre en leur propre Art. XXV. Enjoint Sa Majesté à tous Chefs &
& privé nom de ce qui pourroit en être soustrait Officiers de ses Troupes, marchant fur des routes,
ou diverti, & d'être châtiés, soit par Prison , Amen de les faire mettre en bataille lorsqu'ils en seront
de pécuniaire & cassation de leurs emplois , ainsi requis par les Employés établis fur leur passage ,
qu'il fera décidé par Sa Majesté furie vu des procès- & de tenir la main à ce qu'ils fassent la visite des
verbaux & autres preuves qui seront administrées havresacs des Cavaliers , Dragons & Soldats, ainsi
au Secrétaire d'Etat de la Guerre , pour lui en que des coffres , valises & porte-manteaux que les
rendre compte Art. XXI. S'il arrivoit que les Officiers pourront avoir avec eux ... Art. XXVI.
Employés des Fermes , conduisans des Prisonniers, Les coffres , valises & porte-manteaux des Officiers
fussent spoliés & maltraités par des Gendarmes , dans lesquels il se trouvera du Sel , du Tabaç ou
Cavaliers , Dragons & Soldats de ses Troupes , soit des Marchandises de contrebande seront saisis par
dans les Villes & lieux de leurs garnisons , de les Employés , & demeureront , avec tous les effets
leurs quartiers ou des environs , ceux qui auront qui s'y trouveront renfermés , confisqués au profit
spolié la capture à main armée , seront punis de des Fermiers-Généraux, envers lesquels lesdits Offi
mort ; & ceux qui auront favorisé la spoliation , ciers seront en outre condamnés en une Amende
seront condamnés aux Galères , sauf plus grande de cent livres , dont la retenue sera faite fur leurs
peine s'il y écheoit : leur procès fera pour cet effet appointemens... Art. XXVII.Lorfque ladite visite
instruit par le Prévôt de la Maréchaussée , & jugé devra être faite à l'entrée ou à la sortie d'une Place
fur fonrapportau Conseil de Guerre qui sera assem de Guerre , le Commandant de la Troupe sera te
blé dans le lieu de la garnison ou du quartier , en nu , à la réquisition qui en sera faite par les Em
la forme ci-dessus prescrite.... Art. XXII. Veut ployés , de la faire mettre en bataille avant que
en outre Sa Majesté qu'en ces sortes de cas ; le d'entrer dans la Place, ou après qu'elle en sera sor
Régiment dont seront les Accusés demeure respon tie, & de commander des Officiers pour veiller à ce
sable de la perte du Sel, du Tabac, & des Marchan que la visite soit faite fans>aucun trouble. Veut S.M.
dises prohibées , au prix que lesdits Sel & Tabac que les Majors des Places , & , en leur absence ,
se vendent dans les Bureaux les plus prochains des les Aides-Majors , se rendent aux portes fur le lieu
lieux où la spoliation aura été faite , &c de tous où la Troupe sera en bataille , pour veiller à l'exé-
les dépens , dommages & intérêts du Fermier & cution de ce qui est en cela des intentions de S. M...
des Employés qui auront été maltraités ; & que Art. XXVIII. Lesdits Majors ou Aides-Majors ren-
fur le Jugement & l'état qui en fera dressé par . dront compte aux Commandans des Places de ce
lesdits Fermiers ou leurs principaux Commis , visé qui se sera passé dans lefd. visites ; & en cas de déso
par l'Intendant de la Province , & adressé au béissance ou de violence , & de mauvais traitemens
Secrétaire d'Etat de la Guerre , il soit pourvu au àl'égard des Employés, lesdits Commandans cn
dédommagement par retenue sur le Régiment rendront compte ausii-tôt à Sa Majesté, qui rendra
Art. XXIII. Lorsqu'un Corps de Troupes partira personnellement responsables les Chefs & Officiers
d'une garnison ou d'un quartier où les Fermes des conduisant la Troupe , des dommages & intérêts
Gabelles ÔC du Tabac ne seront pas établies , ou de ses Fermes , & de ceux qu'auront pu souffrir
de quelques lieux voisins des Provinces ou Pays' les Employés maltraités... Art. XXIX. Tout Offi
exempts desdites Fermes , pour s'acheminer dans cier commandant une Troupe en marche , sera res
ceux qui y seront sujets , les Maréchaux des Logis ponsable des contraventions commises par ceux
dans la Cavalerie & dans les Dragons , & les Ser- étant sous ses ordres , & tenu en son nom de payer
gens dans l'Infanterie , visiteront exactement les ha- les Amendes auxquelles ils pourront être condam
vrefacs de ceux qui font fous leurs charges , pour nés... Art. XXX. Pour ôter tout prétexte aux
empêcher qu'ils ne transportent aucune quantité Troupes d'user de faux Tabac , il y aura dans les
que ce puisse être de faux Sel , de faux Tabac , 6c Cantines établies par les soins des Fermiers géné -
de Marchandises de contrebande : veut S. M. que raux une quantité suffisante de Tabac , pour leur
si dans les visites qui pourront être faites dans le fournir celui qui sera nécessaire pour leur consom
cours de la route, ainsi qu'il fera ci-après expliqué, mation , sur le pied de douze sols la livre , poids
quelques Cavaliers , Dragons & Soldats s'en trou de marc... Art. XXXI. Le Tabac sera fourni dans
vent saisis , le Maréchal des Logis ou le Sergent lefdites Cantines , pour les Sergens & Soldats , &
42© LES «CRIWI:N;E-Lt€S, Liv. III. Tit. VIII.
pour ks<kndflcm.es , Rr^adierá»>C.avaliefs,&Dra- ticle a ellçs ne pourront en exiger dans les autres
gons d«S Troupes de $a Majesté , tgnt Erançoifes Bureaux 6c Cantines de leur route ; & afin que les
qu'Etrangères ",jt raison «l'une ilivçe par mpis^ba- Commis puissent faire le décompte des quantités de
çun : kurfait SaMajesté -trièsrexpresses inhibitions Tabac .qu'ils devront -fournir", à proportion du
&;défenses d'en exiger ;une plus grande quantité ; nombre des jours certifiés par les routes , fur lef-
çnjoignapt Sa Majesté aux Commandans &C autres quelles lefdites troupes devront marcher , il leur
Officiers .desdîtes T-fOUpes , de tenir ila main à en fera fourni des .copies , au bas desquelles les
Ì'exécutÌQn du présent, article... Art. XXXII.Les Commandans ou Officiers chargés du détail, certi-
ÇomraisjçnSPS lefdites Cantipes , feront ladtítri- fieront pareillement les quantités qui aurontéfé dé-
bution du Tjibac ;aux Régimens ou Compagnies,^ livrées pour le temps de la marche... Art. XXXVI.
proportion du.n«nìbre effectif d'Hommes dont ils A l'égard du Sel nécessaire à la consommation des
feront cpmpojes,, suivant les revues des Gomissai- Troupes,, Sa Majesté a fixé à sept liv.res le minot ,
iqs des-Guerres , desquels pour cet effet ieur.déli- non compris. deux.livres un fol six deniers pour les
vreront unextrait defdites revues signé d'eux droits manuels , le .prix dejcelui qui leur fera four-
Art. XXXIU- >Le Tabac fera délivré les premiers ni dans les Pays feulement où la Gabelle a lieu,
jours d? chaque quinaaine, à ceux qui feront char- Cette fourniture fera faite ,par les Receveurs des
gés par les Officiers des jRégim.ens ©u Compagnies Greniers à Sel , à raison d'un quart de minot de Sel
de le recevoir pourtovt le Corps , ■& d'en faire la par mois, pour quarante-deux Gendarmes , Cava-
dístribuíipn en détail a\uc Gendarmes, Soldats, liers, Dragons ou Soldats, .& à proportion pourun
Cavaliers ou Dragons : Voulant Sa Majesté , que nombre plus petit ou plus grand, de laquelle sour
ies Préposés auxdrtes Recettes & Distributions , niture , lefdits Receveurs fetont tenus défaire men
dient tenus de l'aller prendre dans la Cantine de tion fur leurs registres.. . . Art. XXXV'U. Veut
Ja Ville où lefdits Régimens ouCompagnies seront au surplus Sa Majesté,, que la présente Ordonnance
$n garnison .j & au cas que iefdits Régimens & soit ponctuellement exécutée selon fa forme &te-
Çompagnies faient dispersés dans ,1e plat Pays , neur , nonobstant tout ce qui pourroit s'y trouver
«ju'ils aillent le prendre à la Cantine de la Ville la de contraire dans les précédentes , auxquelles Sa
£lus prochaine des quartiers Art. XXXIV. Majesté a dérogé & déroge par la présente , son in-
es Commandans ou Officiers,chargés du détail de tention étant qu'elle serve de règle à 1 avenir dans
chaque Troupe a feront tenus de donner tous les tous les cas qui font relatifs au commerce du faux
•mois, •& toutes les foi^que ladite Troupe changera Sel , ôc.dcs Marchandises de Contrebande. Mande
de garnison ou de quartier , leurs certificats au bas 6c ordonne Sa Majesté aux Gouverneurs 6c ses
<des extraits de revues , de la quantité de Tabac qui Lieuttmans Généraux en ses Provinces , Gouver-
Jui aura ^été fournie. . . . Art. XXXV. Les Trou- neurs particuliers de ses Villes & Places , Intendant
-pesqui,aurpnt reçu des ordres pour rentrer dans le 6c Commissaires départis dans lefdites Provinces ,
jtoyaume , feront tenues de Xe fournir au premier aux Directeurs & Inspecteurs-généraux de ftsTrou-
JBureau général ou Entrepôt de leur route, de touí pes, Colonels , Mçstres de Camp, 6c autres Offi-
je Tabac de Cantine dont elles auront i>efoinpour jciersdefdites Troupes, & aux •Commiíïaires de*
le temps de leur marche ; 6c celles qui passeront Guerres , ordonnes àlenr conduite 6c police t de
jd'une Province dans une autre, seront pareillement tenir la main , chacun à son égard , à l'exacte ob
tenues de se fournir à la Cantine du lieu de leur servation & exécution de la présente , laquelle Sa
garnison, du Tabac qui leur sera nécessaire pour le Majesté veut être lue , publiée &c affichée par tout
lemps qu'elles devront marcher, le tout , confor- où besoin sera , à ce quaucun n'en prétende cause
mément aux articles ci-dessus ; au moyen de quoi d'ignorance , & qu'aux copies d'icelles dûemcnt
& lorsque les Troupes auront omis de lè fournir de collationnées , foi soit ajoutée comme à l origi-
Tabacaans les endroits indiqués par le présent ar- nal. Ord. du 15 Février 1734.
DES DÊLlfS CONTRE LA POLICE, 4I1

§. II. Du Faux - Saunage.

SOMMAIRES.

1. Qu'entend- on par Faux-Saunage ? $. Peine en cas de supposition de faux noms


2. t tines des ìaux-^auniers. & de faux domicile.
3. Peines des femmes qui font le Faux- 6. Conversion des Peines en cette madère.
Saunage. 7. Peines des Complices de Faux-Saunage.
4. Peine des ehfans qui font le Faux-Sau- 8. Manière de procéder lors de la capture
& du Jugement des Faux-Sauniers.

k1i?"IIÌ"On appelle Faux-Saunage en général gné cPatrcime circonstance qui tende à


par Faux- toute vente & débit qui se fait du Sel , Faggraver ; l'on veut dire qu'il ést commis
Saunage? ^Gjt ^e venant des Pays étrangers íàns
par -de simples Particuliers non armés ni
permission par écrit du Roi , soir -même attroupés jusqu'au nombre de cinq , &
du Sel du Royaume qui seroit pris ailleurs qui n'ont point {Tailleurs été employés pré
que dans les Greniers & Regrats du Roi. cédemment dans le6 Fermes , la peine or
II est parlé principalement de cette espece dinaire est celle de 200 livres d'Amende
de fraude dans l'Ordonnance des Gabelles , pour la première fois , & des Gakres de
de 1680 (1) , dont les dispositions ont étére- six ans , avec Amende de trois cens livres
nouvellées , ou augmentées successivement en cas de récidive. Mais lorsque le Faux-
par l'Edit d'Août 1683 , Par ^s Décla Saunage est fait avec armes & attroupe
rations du 23 Mars 1688, du 16 Octo ment , au nombre de cinq & au-defïùs ,
bre 1696, du 5 Juillet 1704 , <Iu 21 il y a peine de Mort suivant lTOrdonnance
Avril 1705 , &dui2 Juin i72 2.11paroît, des Gabelles ( 1 ) , renouvellée fur ce point
d'après ces Loix , qu'elles contiennent deux par la Déclaration du 5 Juillet 1 704 (2) : en
sortes de dispositions , dont les unes con fin s'il est fait avec attroupement en moindre
cernent ies Peines qui doivent être por nombre que cinq , mais avec armes , il y
tées , tant contre les Faux-Sauniers de l'un a , pour la première fois , peine des Galères
& l'autre sexe , que contre leurs Compli pour trois ans , avec Amende de trois cens
ces : les autres , les formalités particulières livres , & , en cas de récidive , peine de
qui doivent être observées , tant de la part Mort. Au surplus, il y a cela de remarquable,
des Commis ou Gardes-Sels , lors de leur que ces Peines doivent avoir également lieu ,
capture , que de la part des Juges qui pro suivant l'Ordonnance des Gabelles (3) ,
cèdent à Instruction & au Jugement de contre ceux qui auroient acheté du Sel
leur Procès. des Faux-Sauniers , si ce n'est qu'il y eût
(1) Déclarons faux Sel , dans toute l'étendue de preuve que c'étoit pour leur usage seule
notre Royaume , le Sel venu des Pays étrangers ment ; car , en ce dernier cas , ils ne doivent
fans notre permWfion par écrit, duquel nous déîen- être condamnés qu'en deux cens livres d'A
dons le commerce , à peine de Galères perpétuel
mende pour la première fois , en cinq cens
les. . . . Déclarons auflì faux Sel dans l'étendue de
nos Fermes générales des Gabelles, le Sel de notre livres pour la seconde , & en mille livres
Royaume , qui aura été pris ailleurs que dans nos pour la troisième , & ainsi des autres à pro
Greniers & Regrats. Oh.d. des Gabelles du mois de portion. La Déclaration du 1 3 Mars 1688 (4)
Mal 1680 , tic. 17. art. 1 & l. va plus loin encore , en ce qu'elle veut
que tous ceux en général qui font trouvés
I I.
dans la Campagne saisis de faux Sel , soient
î. Peines 1 °. Peine contre les Faux-Sauniers. Les sujets aux mêmes Peines que les Faux-Sau
Sauniers*" Loix distinguent d'abord , à cet égard , niers , encore qu'ils déclareroient n'avoir
les hommes, des femmes. Elles distinguent acheté le Sel que pour leur usage seule-,
ensuite , dans les uns & les autres , leurs ment. Que si le Faux-Saunage a été fait
differens âges , & les autres circonstances par un Particulier qui auroit été employé
qui peuvent accompagner ce délit comme précédemment dans les Fermes du Roi , il y
en fait de supposition de faux noms ou a Peine, en ce cas, des Galères pour cinq ans,
domiciles. Enfin elles prévoient le cas où & de cinq cens livres d'Amende , suivant la
les Coupables ne pourroient subir les con Déclaration du 2 Août 1729 (5). Enfin si
damnations qui seroient prononcées contre celui qui est convaincu de Faux-Saunage
eux , en ordonnant qu'elles soient alors étoit d'une qualité qui rendît ce délit plus
converties en d'autres Peines, i*. Quant grave , comme s'il étoit Noble , ou s'il étoit
aux hommes qui font le Faux-Saunage , Officier du Grenier à Sel , ou bien s'il étoit
lorsque ce délit ne se trouve accompa- du nombre des Préposés par l'Adjudicataire
422 LES LOIX CRIMINJ LLES, Liv. III. Tit. VIII.
des Fermes , il y a dans le premier cas , (5) Ceux qui auront été employés dans nos Fer
suivant l'Ordonnance des Gabelles ( 6 ) , mes en qualité de Commis ou de Gardes , qui se
ront arrêtés avec du Tabac 011 autres Marchandi
peine de Dégradation de Noblesse , & pri
ses de Contrebande , seront condamnés aux Ga
vation des Charges dont le Coupable seroit lères pour cinq ans , & en cinq cens livres d'Amen
revêtu ; & dans les deux autres cas , il y de, quoiqu'ils nefussentattroupés ni armés. Décl.
a peine de Mort , tant contre les Officiers du í. Août 1729. art. 9.
du Grenier à Sel (7) , que contre les Com (6) Déclarons les Nobles qui font assez lAches
pour commettre ledit Crime , déchus , & leur
mis (8).
postérité , des avantages de la Noblesse. Voulons
qu'ils soient privés de leurs Charges , & que leurs
(1) Voulons que ceux qui s'en trouveront saisis Maisons qui auront servi de retraite aux Faux-Sau*
( de faux Sels) ou qui seront convaincus d'en faire niers , soient rasées, Art. i 3 de rOrd. des Gabel
trafic , soient condamnés ; sçavoìr , les Faux-Sau les , de 1680. tit. 17.
niers attroupés avec armes , aux Galères pour neuf (7) Défendons aux Officiers de nos Greniers &
ans , & en cinq cens livres d'Amende , & en cas de des Dépôts de faire aucun commerce de Sel , à
récidive , pendus & étranglés ; les Faux-Sauniers peine de la vie. Même Ord. art. xi.
fans armes , avec chevaux , hamois , charrettes ou (8) Les Commis , Capitaines , Gardes & autres
bateaux , condamnés pour la première fois en trois Préposés1 par ^Adjudicataire , qui seront convain
cens livres d'Amende , & en cas de récidive aux cus d'avoir fait le Faux-Saunage , ou d'y avoir par
Galères pour neuf ans , & quatre cens livres d'A ticipé en quelque manière que ce soit , seront pu
mende; les Faux-Sauniers à porte-col , fans armes, nis de mort. Même Ord. art. 1 o.
condamnés pour la première fois en deux cens liv.
d'Amende , & ën cas de récidive aux Galères pour
six ans , & trois cens livres d'Amende. Ord. de III.
1680. th. 17. art. 5.
(1) La Ferme générale de nos Gabelles compo 2°. A l'égard des Femmes qui font le 3. Peine
sant un des principaux Revenus de notre Cou Faux- Saunage , il y a contr'elles peine de ^e*s {™~-
ronne ; Nous avons apporté tous nos foins , en fai l'Amende de cent livres pour la première font ie
sant l'Ordonnance du mois de Mai 1680, pour y fois , celle du Fouet & de trois cens liv. ^a"f'Sau"
établir une bonne Régie , & réprimer l'abus du 7 nage.
Faux-Saunage ; Nous avions lieu de croire que les d'Amende pour la seconde , & enfin celle du
Peines qui y font portées contre ces différentes Bannissement perpétuel hors du Royaume
espèces de Faux - Sauniers à port d'Armes , avec en cas de récidive (1). Que si, après avoir
chevaux , équipage ou à porte col , en arrête- été condamnées au Bannissement , elles vien
roient le cours ; mais les avis que Nous rece
nent à enfreindre leur ban , elles seront ren
vons de plusieurs Provinces de notre Royaume ,
que le Faux-Saunage se commet avec plus de li fermées en prison pendant un an , pour la
cence & de hardiesse que jamais , nous faisant con- première infraction , & pendant deux années,
noître que ces Peines ne font pas capables de reti en cas de récidive (2). Enfin , faute par elles
rer de ce mauvais commerce les Fainéans & Va de payer les Amendes auxquelles elles font
gabonds qui s'y font une fois abandonnés, lesquels,
condamnées , ces condamnations doivent
en changeant de noms , en passant du Ressort des
Greniers dans lesquels ils ont été condamnés, dans être exécutées contre leurs maris , solidaire
d'autres où ils font inconnus , trouvent le moyen ment & par corps , suivant la Déclaration
de se soustraire à celles qui font établies contre les du 23 Mars 1688 (3).
récidiveurs. A cts causes, Voulons que les Faux-
Sauniers attroupés au nombre de cinq & au- dessus, (1) Les femmes & les filles coupables de Faux-
armés de Fusils , Pistolets , Bayonnettes , Epées , Saunage seront condamnées pour la première fois
Bâtons ferrés ou autres Armes offensives , soient en cent livres d'Amende , & pour la seconde au
punis de Mort;& ceux qui seront en moindre nom Fouet , & entroiscens livres d'Amende, &, cn cas
bre que de cinq , avec Armes , soient condamnés de récidive , feront , outre les Peines ci-dessus ,
pour la première fois aux Galères pour trois ans , bannies à perpétuité hors du Royaume. OhD. des
& en trois cens liv. d'Amende; & , en cas de réci Gabelles , tit. 17. art. y.
dive, à la mort. Voulons que les Faux-Sauniers à
porte-col , fans Armes , soient condamnés pour la (z) Augmentant à notre Ordonnance du mois
première fois , conformément à l'art. 3 du tit. 17 de Juin 1680 , voulons qu'à Tavenir les femmes
de l'Ordonnance des Gabelles de 1680 , en deux & filles qui auront rompu leur ban , soient de
cens livres d'Amende. Decl. du 5 Juillet 1704. plein droit emprisonnées dans les Prisons de la Ju-
(3) Déclarons ceux qui achetent le Sel des Faux- risdiction oíi elles auront été condamnées , qu'elles .
Sauniers pour le revendre,fujets aux mêmes peines y restent pendant une année pour la première in-
que les Faux-Sauniers. Voulons que ceux qui l'a- jraclion , 6c de deux années en cas de récidive au
chetent pour leur usage seulement, soient condam Faux-Saunage , de nouvelle condamnation au Ban
nés pour la première fois en deux cens livres d'A nissement & nouvelle infraction de leur ban , fans
mende , pour la seconde fois cinq cens liv. , pour que nos Juges en puissent diminuer le temps , sous
la troisième mille livres, & ainsi à proportion , en quelque prétexte que ce soit. DÉCL.du 16 Oclobre
cas de récidive. Ohd. des Gabelles , tit. 17. art. 16. 1696 , regijl. le 19 Octobrssuivant.
(4) Voulons que les Particuliers trouvés à la cam (l) Voulons que les Sentences prononcées contre
pagne saisis tle faux Sel , soient punis comme les les femmes convaincues de Faux-Saunage, soient
autres Faux-Sauniers , nonobstant leurs déclara exécutées par les Peines pécuniaires , tant contr'el
tions qu'ils l'auront acheté pour leur usage. Vou les , que contre leurs maris , solidairement &c par
lons au surplus que les art. 5 & 16 du tit. 17 de corps , fans néanmoins que faute de paiement , il
notre Ordonnance du mois de Mai 16S0 , soient puisse être rendu aucun Jugement de contraven
exécutés. Decl, du 1 } Mars 1686. tion contre le mari. Die l. du 13 Mars 1688.
DES DÉLITS CON TRE LA POLICE, 425
& l'autre sexe , qui , étant pris en Faux-Saunage 9
I V. supposeront de faux noms, ou déclareront de faux
domiciles par les interrogatoires qu'ils subiront de
4, Peine 30. A l'égard des Enfans qui font le
de*font"e Faux-Saunage , l'Ordonnance de 1680 (1) vant les Juges de nos Gabelles ou autres , soient
condamnés , sçavoir , les hommes , aux Galères
?aùx°Sau- veut que si ces enfans font audesious de pour cinq ans , & les femmes en cinq ans de Ban
quatorze ans , & qu'ils demeurent avec nissement. DÉCl. du 18 Juin \-jxx.art. \.
leurs pères & mères , ceux-ci soient dé (x) La supposition du domicile de la part des
clarés civilement & solidairement responsa Accusés, fera jugée fur le certificat du Curé , du
Syndic & de deux principaux Habitans de la Pa
bles des Amendes & restitutions des droits roisse dans laquelle ils auront déclaré être domi
de Gabelles auxquelles ces enfans seront ciliés , portant qu'ils n'y font point connus; lequel
condamnés. La Déclaration du 21 Juin certificat nous avons déclaré suffisant pour éiablir
1722 ajoute : qu'ils pourront même être la conviction de faux , sans préjudice au Fermier
contraints par corps à en faire le paiement, de nos Gabelles des autres preuves qu'il lui fera
libre de fournir par pieces & par témoins. Mime
fans néanmoins que le défaut de paiement DÉCL. art. 1.
puisse donner lieu à une conversion en peine
affiictive à leur égard (2). Au surplus cette V I.
derniere Loi veut que les enfans qui ont
50. Conversion des Veines en cette matière. 6. Ccm-
atteint l'âge de quatorze ans soient sujets
L'Ordonnance distingue à cet égard trois J"^íon
aux mêmes Peines que ceux qui ont atteint Peine»
cas différens ; celui où le Condamné aux en cette
leur pleine majorité (3). Galères est hors d'état d'y servir ; celui matière,
(1) Les pères & mères seront responsables civi où le Condamné à l'Amende ne peut ou
lement & solidairement de leurs enfans mineurs ne veut la payer ; enfin celui où le Con
demeurans avec eux , & non mariés , qui feront le
damné aux Galères 8c à l'Amende ne peut
Faux-Saunage ; & l'hypothéque pour les Amen
des & restitution de nos droits de Gabelles aura subir ni l'une ni l'autre de ces condam
lieu en ce cas , fur leurs biens du jour de la con nations. Au premier cas , la peine des
damnation rendue contre les enfans. Ord. de 1680. Galères doit être convertie en celle du
tit. 1 7. art. 6. Fouet & de la Flétrissure (1). Au second
(1) Voulons que les Faux- Sauniers de l'un &c de
cas , la peine d'Amende , si elle est de deux
l'autre sexe , qui n'auront pas atteint l'âge de qua
torze ans , soient seulement condamnés aux Amen cens livres , doit être convertie en celle
des portées par le titre 17 de notre Ordonnance de du Fouet ; si elle est de trois cens livres ,
1680 , selon l'exigence des cas ; du paiement des en celle des Galères de trois ans pour les
quelles Amendes leurs pères & mères , lorsque les hommes , & de Bannissement de cinq ans
«nfans demeureront avec eux , seront & demeu pour les femmes (2). Enfin au troiseme cas
reront civilement responsables , & comme tels con
où le condamné ne peut íùbir ni l'une ni
traints par corps au paiement d'icelles , ainsi que
leurs enfans mineurs , fans néanmoins qu'au défaut l'autre de ces Peines , elles seront conver
de payer lefdites Amendes , la conversion puisse ties en celles du Fouet , de la Flétrissure
être ordonnée en peine affiictive. DÉ cl. du 1 1 Juin 8c du Bannissement à perpétuité hors du
ijzi. art. 4. Royaume (3). II y a d'ailleurs cela de re
(3) Déclarons tous Faux-Sauniers de l'un & de
marquable par rapport aux Conversions
l'autre sexe , qui auront atteint l'âge de quatorze
ans accomplis , sujets aux Peines portées par notre qui se font ainsi de plein droit, en vertu de
Ordonnance des Gabelles de 1 680 , ainsi qu'à cel l'Ordonnance , qu'elles peuvent être pro
les ordonnées par l'article premier de notre pré noncées par les Juges , fans instruction ex
sente Déclaration , de la meme manière que ceux traordinaire , & fur une simple Requête du
& celles qui auront atteint l'âge de majorité. V.
Fermier ; au lieu que pour les autres condam
Même DÉCL. art. 3.
nations à peine afflictive qui se prononcent
V.
en cette matière , elles ne peuvent l'être
5. Peine 4*- Peine en cas de supposition de faux qu'après une instruction entière par audi
en cas de nom f ou domicile de la part des Faux-Sau-
tion de témoins , récolement 8c confron
tlondë niers. Ils doivent , suivant la Déclaration du tation (4). Nous avons vu au surplus , d'a
^"deT"5 1 2 ^U*n I7ZZ (0 >être condamnés , sçavoir , près les déclarations de 1685 , de 1729,
domiciî" les hommes aux Galères pour cinq ans , 8c 1744 8c 1756, rapportées fur le §. précé
les femmes en cinq ans de Bannissement. dent (5) , qu'il y avoit ces quatre choses
Cette Loi prescrit aussi en même temps la à remarquer par rapport à la Conversion
manière dont doivent se prouver ces sortes de ces Peines. La première , que la con
de suppositions ; elle veut que le certificat version de la peine des Galères en celle
du Curé , & de deux principaux Habitans du Fouet 8c de la Flétrissure qui se trouve
de la Paroisse dans laquelle ces Faux-Sau portée par l'Ordonnance de 1680 , à l'é
niers auroient déclaré être domiciliés , puisse gard de ceux qui sont incapables de servir ,
suffire pour opérer la conviction du faux , ou qui sont insuffisans de payer l'Amende ,
s'il porte que ces Faux-Sauniers n'y font a cessé d'avoir lieu depuis la Déclaration
point connus (2). de 1685 > qui veut °iue les uns 8c les autres
(1) Voulons que tous les Faux-Sauniers de l'un soient attachés à la chaîne 8c conduits à
424 LES LOIX CRIMINE LLES, Liv. III. Tit. VIII.
Marseille pour y être vifités 6c renfermés clefs aux Employés des Fermes ; comme aussi
dans un Hôpital , s'ils font jugés hors d'état les Syndics des Communautés où passent
de servir fur mer. La seconde , que ces ces Faux-Sauniers , qui n'en donneroient
conversions ne peuvent fe faire que fur pas avis aux Employés , ou ne feroient pas
la Requête & du consentement du Fer sonner le tocsin fur eux , ou enfin qui resu-
mier. La troisième , que la peine des Ga seroient de prêter main-forte à ces Em
lères qui s'ordonne par conversion , n'est ployés ) des autres Complices qualifiés qui
point accompagnée de la marque ordinaire abuferoient de leur état pour favoriser le
des Lettres G. A. L. La quatrième enfin , Faux-Saunage , comme feroient les Commis
que cette Peine ne peut jamais être pro des Fermes ou les Officiers des Greniers k
noncée à perpétuité , les Condamnés ayant Sel qui conniveroient avec eux , & les
toujours la faculté d'être admis au paiement Nobles qui leur donneroient retraite dans
de l'Amende. leurs maisons. Nous avons vu , en traitant
(1) La peine des Galères prononcée contre ceux de la Contrebande eh général , qu'à l'égard
qui se trouveront incapables de nous servir , sera des Commis des Fermes qui font d'intelli
convertie , sçavoir , celle des Galères pour six ans gence avec les Contrebandiers , ils doivent
en celle du Fouet &C de la Flétrissure , & de plus
être punis de mort suivant l'Ordonnance
au Bannissement perpétuel de notre Royaume ;
leur enjoignons de garder leur ban , à peine de la des Gabelles (2); & que pour le seul cas
vie. Ord. de 1680. tit. 17. art. 7. où ils négligeroient de dresser des Procès-
(2) Si les Condamnés ne payent l'Amende dans Verbaux des Rébellions qui leur auroient
le mois du jour de la prononciation de la Sentence, été faites , & d'en donner avis aux Juges ,
elle fera convertie , sçavoir , celle de deux cens li
ils font déclarés incapables de tous emplois,
vres en la peine du Fouet , celle de trois cens livres
à Pégard des hommes en ia peine des Galères pour & même punissables de peines corpo
trois ans , & à l'égard des femmes & filles , en un relles (3). Nous avons vu aussi en même
Bannissement pour cinq ans du ressort du Grenier temps , qu'à l'égard des Juges qui négli-
oh elles auront fait le Faux-Saunage , de celui geoient d'informer de ces Rébellions fur
de leur domicile , &de celui de notre bonne Ville l'avis qui leur en étoit donné , ils dé
de Paris. V. Même Ord. art. 8. ibïd.
(3) Ceux qui seront insuffisans de payer l'A voient être punis de l'interdiction & de
mende , & incapables en même -temps de nous trois cens livres d'Amende (4). La même
servir dans nos Galères , seront fustigés , flétris , Ordonnance ajoute ici , relativement aux
& bannis à perpétuité de notre Royaume. Méme Officiers des Greniers a Sel qui colludent
Ord. art. 9. avec les Faux-Sauniers , la peine de Con
(4) Les condamnations portant Peines affiictives
fiscation de leurs Offices , & d'être décla
ne pourront intervenir qu'après une instruction en
tière par audition de témoins , récolement & con rés incapables d'en tenir à l'avenir (5). Enfin
frontation , comme dans les autres Crimes. N'en quant au Nobles , indépendamment de la
tendons toutefois comprendre au présent article les déchéance des avantages de la Noblesse , &
conversions qui se font de droit , en vertu des Pré de la Privation de leurs Offices , qui est pro
sentes, des condamnations pécuniaires en Peines
noncée contre ceux d'entr'eux qui font assez
corporelles. Voulons qu'elles soient déclarées par
«os Juges fur une Requête , fans nouvelle instruc lâches pour faire la Contrebande , l'Ordon
tion. V.mîme Ord. de 1680. art. 11. nance veut qu'ils soient punis en outre par la
(5) V. ces Loix à la fuite de la maxime 3 & 4 du Confiscation, & le Rasement de leurs mai
§. précédent. sons qu'ils ont fait servir d'asyle aux Con
trebandiers (6). Mais il n'en est pas de même
7. Peine ^ pe[ne Jes Complices de Faux-Saunage. à l'égard de tous autres Particuliers qui
ies Corn- TJ . 1 i 1 »-i j • .
lices de II paroit en général quils doivent être n'ont aucune des qualités dont nous venons
aux-Sau- tenus solidairement de toutes les Amendes de parler ; la même Loi se contente de
qui font prononcées contre les Faux-Sau prononcer contre ceux-ci de simples con
niers (I). Cependant il y a d'ailleurs des Pei damnations pécuniaires (7). Sur quoi il faut
nes particulières prononcées contr'eux par néanmoins observer que , comme il s'étoit
nos Loix , suivant lesquelles il faut distinguer élevé quelque doute fur les dispositions de
à cet égard les fimples Complices qui cette Loi , relativement aux Propriétaires
donneroient feulement retraite aux Faux- des Ponts , Bacs & Bateaux, qui passent
Sauniers , ou leur administreroient des vi ou laissent passer les Contrebandiers de
vres , & retireroient chez eux du faux faux-Sel , comme aussi par rapport aux
Sel , ou enfin qui favoriseraient leur éva Syndics des Communautés qui ne font pas
sion de quelque manière , ( comme , v. g. , leurs diligences pour les faire arrêter , il
les Fermiers , Meuniers , ou autres Pro a été rendu , en interprétation de cette
priétaires des Ponts , Bacs ù Bateaux , même Loi , deux Déclarations par forme
qui passeroient ou laisseroient passer les de Lettres-Patentes , les 15 Janvier &
Faux-Sauniers , & qui n'auroient pas foin 16 Mai 1724 (8) , par lesquelles les con
d'attacher tous les soirs leurs Bateaux à damnations pécuniaires , qui doivent se pro
serrures ôc cadenats , & d'en remettre les noncer dans l'un &. l'autre cas , se trouvent
fixées
DES DÉLITS CON TRE LA POLICE,:.: 42?
fixés d'une manière précise , avec des défen trouveront, & de trois cent liv. d'Amende contre cha
cun des Contrevenais , à la charge néanmoins par
ses expresses àux Juges de les modérer.
lesdits Commis , Capitaines & Gardes de ne point
C'est aulï par cette raiíòn que nous croyons abuser defdites clefs , & de n'apporter aucun préju
.devoir les rapporter l'une & l'autre à la fuite dice ni retardement au Public ui auxdits Proprié
des dispositions de cette première Loi (9). taires , leurs Fermiers & autres , & de remettre le»
clefs , quand elles leur seront demandées pour Iç ser
vice du Public , fur les Peines qui écherront: enjoi
> (í) Défendons à tous nos Sujets de retirer dans gnons à tous Juges & Officiers de nos Fermes de se
leurs maisons les Faux-Sauniers , le.ijr Sel & équi conformer dans leurs Jugemens aux dispositions du-
pages , & de leur administrer aucuns rivr.es , à peiue dit Arrêt & des Présentes , à peine d'en répondre
de Complicité. Ord. de i<S8o. tit. ijïart. 14. en leur propre ÔC privé nom , tant de TAmende
que de tous dommages & intérêts de notre Fermier,
(z)Les Commis, Capitaines, Gardes, & autres Lettrbs-Pjtbntes du 15 Janvier 1724.
Préposés par 1'Adjudicata.ire , qui feront convaincus
d'avoir fait le Faux-Saunage, ou d'y avoir participé (9) A CES CAUSES , de l'avis de notre Conseil r
Nous avons , suivant & conformément auxdits ar
en quelque manière que ce soit , seront punis de
ticles 14 & 15 du tit. 17 de notre Ordonnance
moTt< Y. Mime Ord. art. 10.
de 1680, & audit Arrêt du 3 Juin 1704, que
(3) En cas de rébellion de la part des Contre Nous voulons & entendons être exécutés selon leur
bandiers contre les Commis de nos Fermes , or forme & teneur, fait & réitéré, & par ces Présente»
donnons aux Commis d'en dresser leur Procìs-Ver- signées de notre main , faisons & réitérons les,
bal fur le champ , & d'en donner av is dans vingt- expresses inhibitions & défenses y portées , à tou»
quatre heures aux Juges qui en doivent connoître , Particuliers , de quelque qualité & condition qu'il»
à peine d'être déclarés incapables de tous Emplois , soient , de retirer dans leurs maisons les Faux-Sau
mcine de punition corporelle s'il y échet. Dr.cz. du niers , leur Sel & leurs Equipages , & de leur ad
2 Août 1729. art. 4. ministrer aucuns vivres , fourrées & autres den
(4) Défendons aux Officiers de nos Greniers à rées , comme austl à tous Fermiers des Ponts £t
Sel de faire aucun Commerce de Sel , à peine de Passages , Meuniers & Lavandiers , & autres ayant
la vie , ni de colluder avec les Faux-Sauniers , à Bacs& Bateaux fur les rivières, de passer ou laisser
peine de confiscation de leurs Offices , & d'être passer lesdits Faux-Sauniers , le tout à peine de Com
déclarés incapables d'en tenir à l'avenir. V. art. 11. plicité } à l'effet de quoi voulons que lesdits Bacs
dt fOrd. ibid. & Bateaux soient attachés la nuit à des chaînes de
fer Sl serrures fermant à clefs du côté des Paroisses
(5) Dans le cas de l'art. précédent, ordonnons à des Greniers , à peine de confiscation , & de troi»
nofdits Juges cYinformer defdites rébellions dans cent livres d'amende payable par les Propriétaires ,
les vingt-quatre heures après qu'ils en auront eu Fermiers ou Receveurs desdits Bacs ftc Bateaux ,
avis , à la Requête du Fermier ou de nos Procu & leurs Commis ou Préposés solidairement : Or
reurs , à peine de trois ceus livres d'Amende & donnons que les S T N D 1 C S & Habitons des
d'Interdiction. Décile 1729. art. 5. Bourgs & Communautés dans lesquels les Faux-
(6) Déclarons les Nobles qui sont assez lâches Sauniers passeront & s'arrêteront attroupés ou non
pour commettre ledit Crime , déchus , & leur posté attroupés , feront tenus à l infant de faire sonner
rité , des avantages de la Noblesse j voulons qu'ils le tocsin au principal clocher , £■ avec la plus grosse
soient privés de leurs Charges , & que leurs niai- cloche de la Paroisse , pendant (espace d'un quart -
sous qui auront servi de retraite aux Faux-Sauniers, d'heure & plus s'il est nécessaire , & en mime temps
iòient rasées. V. art. 13. de ÍOrd. de donner avis de/dits passages ou séjours aux Re
ceveurs des Greniers ou aux Capitaines & Gardes
(y) Chacun des Coupables sera condamné en des Brigades des Gabelles les plus prochaines , à
l'Amende portée par l'art. précédent , & seront les moins que les Gardes 6* Employés ne surviennent
Complices du même fait tenus solidairement de auquel cas lesdits Habitons feront tenus de cesser &
toutes les Amendes comprises dans une même faire cejfer le tocsin , le tout à peine de CINQ CENT
condamnation. V. Mé/ne Ord. de 1680. art. 4. LIVRES D' A M E N D E solidairement payable par
(8) A ces causes , de lavis de notre les Syndics desdits Bourgs , Paroijses & Commu
Conseil , vu l'Arrét du 13 Mai 1660 , Nous avons , nautés dans lesquels les Faux Sauniers auront passé
conformément à icelui , ordonné , & par ces Pré & séjourné , sans avoir par eux fait sonner le tocjin
sentes signées de notre main , ordonnons que & envoyé les avis en la manière ci - deffus , jauf
l'art. 15. du tit. 17. de l'Ordonnance de 1680 , sor néanmoins auxdits Syndics leur recours contre ceux
le fait de nos Gabelles , sera exécuté selon fa forme desdits Habitons qui feront à leur diligence person
& teneur j & en l'interprétant eu tant que de be nellement convaincus d'avoir favorisé par leur jilenct
soin , & y ajoutant , faisons très-expresscs inhibi ou autrement le passage ou séjour défaits Faux-Sau
tions & défenses à tous Propriétaires des Ponts niers , & donné lieu à ladite Amende : voulons qu'à
& Bacs établis fur les rivières situées dans l'éten- l'égard desdits Syndics des Bourgs, Paroisses & Com
due de notre Ferme , & leurs Fermiers , à tous Voi- munautés , les seuls Procès- Verbaux de deux des
turiers , Bateliers , Pécheurs , Lavandìers , Meuniers Gardes & Employés des Brigades des Gabelles ,
& autres Particuliers , de quelque qualité & con rendus en la forme prescrite par l'Ordonnance ,
dition qu'ils soient , qui auront des Bateaux & Na soient crus jusqu'à inscription de faux , & , comme
celles , d'y passer ni souffrir être passés des Gens cie tek , suffisans pour établir la preuve du passage ou
Guerre ou autres personnes , portant , conduisant séjour des Faux-Sauniers, & des contraventions aux
du faux Sel : leur enjoignons d'attacher la nuit dispositions desPréíeiites^faisons défenses à tousJuges
Isursdits Bateaux & Nacelles à chaînes de fer & de réduire ni /no*/// fr lesdites Amendes, à pehe d'in
ferrures fermant a clefs du côré des Paroisses des terdiction des fonctions de leurs Offices, & de plus
Greniers j de remettre tous les soirs , au soleil grande s'il y échet ; voulons que ledit Arrêt ôc ces
couchant , lesdites clefs des serrures & cadenats Présentes soient lus , publiés & affichés dans tous
aux Commis , Capitaines & Gardes préposés à la les Bourgs , Paroisses & Communautés de l'étendue
conservation des droits de nos Fermes ; comme auffi des Gabelles , à l'entrée & principale porte des
de leur prêter main-forte , si besoin est , & les passer Eglises , issue des Messes Paroissiales : desquelles
síins retard à toutes les heures qu'ils le désireront , lecture & publication sera donné acte aux Employés
soit de jour , soit de nuit , le tout à peine de pri des Gabelles par les Syndics & deux principaux
vation des Ports , Passages & Lavanderies , confisca Habitans au moins de chacune defdites Paroisses
tion des Bacs, Bateaux, Nacelles & Equipages qui s'y & Communautés. Si vous Mandons que ces Pré-
Hhh
426 LES LOIX CRIMINE LLE S, Liv. III. Tit. VIII.
sentes vous ayez à faire lire , publier & enregistrer, résultant de leur qualité de Gardes , puisse
& le contenu en icelles garder & observer selon également suffire pour opérer leur entière
leur forme & teneur ; voulons qu'aux copies dudit
Arrêt & des Présentes , duement collationnées par conviction , & les faire condamner à ces
l'un de nos amés & féaux Conseillers-Secrétaires , dernieres Peines. 30. Enfin pour ce qui
foi soit ajoutée comme à nos originaux. Lettres- concerne les Jugemens qui fe rendent en
Patentes du 16 Mai 1714. cette matière , l'Ordonnance distingue entre
les Jugemens préparatoires & les Jugemens
VIII. définitifs ; elle veut , à l'égard des premiers ,
que leur exécution ne puisse être empêchée
8. Manie- Manière de procéder contre les Faux- par l'appel , mais seulement par des Arrêts
te de pro- Sauniers. L'on veut parler de la conduite de défenses ou de surséance qui feroient
de la cap- q.u* doit être gardée , tant pour leur cap rendus fur le vu des charges & fur les
ture & du ture , que pour l'instruction , & les Jugemens Conclusions des Procureurs-Généraux ; &
des Faux- Q™ & rendent en cette matière. L'on par rapport aux Jugemens définitifs , après
Sauniers, trouve les formalités prescrites fur tous avoir enjoint expressément aux Juges de
ces points dans les art. 17,18, 19 , 20 , prononcer ces Jugemens dans les vingt-
21 , 22 , 24 , 25 , 26 & 27 du tit. 17 de quatre-heures ; à peine de répondre en leurs
l'Ordonnance de r 680, d'après lesquels propres &, privés noms de toutes les sommes
on voit d'abord , quant a la Capture t auxquelles les condamnations peuvent mon
qu'elle peut être faite , non-feulement par ter , la même Loi ordonne que l'exécution
les Commis & Employés , mais même de ces Jugemens ne pourra pareillement
indistinctement par toutes fortes de per être empêchée par l'appel qui en feroit
sonnes privées , encore qu'il n'y auroit pas interjetté , à moins que l'Accufé ne paye
de décret , à la charge toutefois par celles- ou ne consigne , dans le mois du jour de la
ci de les conduire aulïi-tôt pardevant les prononciation de ces Jugemens , les som
Officiers du Grenier à Sel (1). La même mes auxquelles il est condamné , & dont
Loi les décharge auíîi en même-temps de elle veut qu'il soit réservé un tiers pour
toutes poursuites dans le cas où ils vien- le Dénonciateur (2).
droient à tuer les Faux-Sauniers : en forte
qu'elle ne met d'autre différence entre les ( 1) Déclarons tous Juges , tous Officiers , même;
captures faites par ceux-ci , & celles faites toutes personnes , quoique privées , compétentes
pour la capture des Faux-Sauniers , portant , con
par les Gardes & Employés , sinon que , pour duisant , débitant ou resserrant leur Sel , sans qu'il
ces derniers , elle veut qu'il en soit dressé soit besoin de décret ni de commission , à la charge
Procès-Verbal par les Gardes , ainsi que qu'ils seront incessamment conduits , avec leur Sel
Si Equipage , devant les Officiers de nos Greniers..,
- des rébellions qui leur font faites ; comme Ne sera tait aucune poursuite contre ceux qui auront
aussi que, lorsqu'ils trouvent du faux Sel dans tué des Faux-Sauniers en résistant ; imposons silence
les maisons des personnes domiciliées , ils en ce cas à tous nos Procureurs. . . . Le Procès-
aient foin d'en prendre deux échantillons Verbal signé de deux Gardes , & par eux affirmé
véritable , fur lequel ils sont répétés devant l'un,
qu'ils mettront dans deux enveloppes ca de nos Officiers des Greniers à Sel , & de l'inter-
chetées chacune de leur sceau , dont ils rogatoire des Accusés fur ce qui est contenu , fans
en emporteront une , 6c laiíTeront l'autre signification des faits &t articles , suffiront sans antres
au maître de la maison , lequel fera assigné Procédures , pour les condamnations pécuniaires...
Voulons néanmoins à l'égard des personnes domi
en conséquence à rapporter cet échantillon ciliées , dans la maison desquelles aura été trouvé
pour être visité par Experts , & être fur le du faux Sel pour leur usage , outre le Procès-Verbal y
tout, après son interrogatoire, ordonné ce qu'il soit pris des échantillons du Sel , qui seront
mis en deux enveloppes 6c cachetées chacune du
que de raison. 20. Quant à l'Instruction qui
sceau du Commis ou des Gardes , dont l'une serg
doit se faire en conséquence de ce Procès- laissée au maître de la Maison , & l'autre emportée
Verbal, l'Ordonnance veut que ce même par les Gardes , dont ils feront mention dans le
Procès-Verbal , après qu'il a été signé & Procès-Verbal , en vertu duquel seront les Particu
liers assignés à comparoir en personne , pour être
affirmé par deux Gardes , qui ont ensuite l'échantillon par eux rapporté & visité par Experts ,
été répétés pardevant les Officiers du Gre & fur le tout , après leur interrogatoire , être or
nier à Sel , puisse , étant joint aux interro donné ce que de raison... Les condamnations por
gatoires des Accusés , fur ce qui y est tant peine afiìictivene pourront intervenir qu'après
une instruction entière par audition de témoins ,
contenu , être suffisant pour les faire con récolement & confrontation , comme dans les
damner à des Peines pécuniaires : & lors autres Crimes. N'entendons toutefois comprendre
qu'il s'agit de prononcer des Peines qui au présent article les conversions qui se font de
droit en vertu des Présentes , des condamnations
exigent une instruction à l'extraordinaire , pécuniaires en Peines corporelles ; voulons qu'elles
la même Loi veut auffi , que les dépositions soient déclarées par nos Juges fur une simple Re
conformes de ces deux Gardes , & dans quête , fans nouvelle instruction. . . Déclarons le
lesquelles ils auront persisté lors de leur con témoignage de deux Gardes , conforme dans la ré
pétition & confrontation qui en sera faite , suffisant
frontation à l'Accufé , qui n'auroit d'ail pour la conviction des Accusés , sauf les reproches
leurs d'autre reproche à leur faire que celui procédaut d'ailleurs eje leur qualité de Gardes...
DES DÉLITS CONTRE LA POLICE, i 427
Enjoignons à nos Juges de prononcer les Sentences des que pour les restitutions de nos drqit§ de Ga-
dans les vingt-quatre heures ,. à peine de répondre bellcs , n'aient été actuellement consignées entre les ,
en leurs propres & privés noms de toutes les sommes mains du Commis dé l'Adjudicataire , fur lesquelles
auxquelles les condamnations se trouveront monter.;. consignations seront pris les frais de la conduite des
L'appcl des assignations personnelles qui seront Condamnés. . . Les Sentences , soit qu'il y en ait
données à sins civiles , des permissions d'informer , appel ou non , paíTerout en force de chose jugée ,
décrets , Ordonnances & autres instructions , n'en & seront pleinement exécutées , si les sommes ne
pourra empêcher ou retarder l'exécution. Défendons sont payées ou consignées dans le mois du jour de
á nos Cours des Aides de donner aucun Arrêt de la prononciation. Ord. de 1680. rit, 17. art. 17.
défense ou de surséance sans voir les charges & 18 , 19 , 20, 11 , 22 , 24, 25 , 16 & 27.
informations , & fans Conclusions de nos Procu (1) Le tiers des Amendes & des biens confis
reurs-Généraux. ... Ne sera reçu l'appcl des Sen qués , autres que le Sel , sera baillé au Dénoncia
tences définitives , même de celles qui prononce teur ; & au lieu du Sel qui sera mis dans nos Gre
ront Peine afflictive , que les sommes auxquelles niers , lui seront baillés vingt sols par mmot.
monteront les condamnations , tant pour les Ameu- V. Même Ord. art. 23.

. III. De la Contrebande en fait de Tabac.

SOMMAIRES.

1 . Qu'entend-on par cette espece de Contre ou achetant du faux Tabac.


bande ? 9. Peine de ceux qui vendent du Tabac
2. Loix qui la concernentparticulièrement. en fraude fur les Kaisseaux 0 Galères
3. Dijférentes manières de la commettre & de du Hoi.
la punir. 1 o Peine des Préposés h la vente du Tabac
4. Peines de ceux qui vendent du Tabac non qui vendent du Tabac en fraude.
marqué. 1 1 . Peine de ceux qui retirent dans leurs
5. Peine de ceux qui contrefont la marque maisons des fraudeurs de Tabac. .
du Tabac. 12. Manière de procéder contre les frau
6. Peine de ceux qui transportent le Tabac deurs de Tabac.
en fraude avec armes & attroupe 13. Formalités particulières aux Procès-
ment. Kerbaux qui fe dressent en pareil cas.
7. Peine de ceux qui vendent du Tabac fans 14. Formalités relatives a íinflruclion &
permission du Fermier. aux Jugemens qui fe rendent en cette
8. Peine de ceux qui font trouvés vendant matière.

ten?U'en" ^ appelle faux Tabac celui qui ne se notamment la Déclaration du 2 Août 1729,
pa» cette trouve point marque des Plombs & Cachets & l'Ordonnance Militaire de ì 7,34. Nous
c^e de ^e *a Ferme > dont l'empreinte est déposée n'en parlerons ici , que d'après les Loix
bande? au Greffe (1). On appelle aulìì Contreban qui concernent plus particulièrement cette
diers en ce genre , ceux qui s'ingèrent à ven forte de Contrebande ; telles que l'Or
dre ou distribuer du Tabac , quoique marqué donnance des Fermes , du mois de Juil
ou cacheté de la marque du Fermier , lans let 1681 , dont les dispositions ont été
avoir un ordre ou pouvoir par écrit de étendues dans la íùite , fur ce point , par
la part de ce dernier , ou de ses Procureurs les Déclarations du 10 Décembre 1707 ,
& Commis (2). du premier Octobre 1720, & enfin par
celles des ier Mars & 12 Juillet 1723.
(r) Déclarons Tabacs en fraude tous ceux qui Nous allons voir au reste , d'après ces Loix ,
ne se trouveront pas marqués des Plombs ou Ca
qu'elles portent également , comme les pré
chets de la Ferme, dont l'empreinte est déposée au
Greffe des Elections. Déct. du 16 Décembre 1707. cédentes, fur ces deux objets principaux ,
art. 2. dont l'un tend à déterminer les Peines qui
(2) Le Fermier sera tenu d'avoir une Marque & doivent être prononcées , tant contre les
Cachet , pour plomber ou cacheter les Tabacs , fraudeurs de Tabac , que contre leurs Com
tant en corde qu'en poudre j & les empreintes def-
plices ; Vautre , la manière de procéder
ditesMarques & Cachets seront déposées auxGreífes
des Elections , & où il n'y a point d'Election , aux contre les uns & les autres , dans tous les
Greffes des Jurisdictions des Fermes, pour y avoir différens cas , soit pour la capture , soit
. recours en cas de besoin. DÉcz. du premier Août pour la saisie du faux Sel , soit enfin pour
ijii.art. 6.
les Jugemens qui fe rendent en cette ma
I I. tière.
I I I.
u?jaL<»:* Nous avons déja eu lieu de parler de
cément0" cette efpece de délit , d'après les Loix ren- Peines de la Contrebande en fait de Tabac. ?• D;ffé_
particuiié- dues contre la Contrebande en général , Cette Contrebande- se fait de plusieurs ma- nieres"^
remenu 0 *
Hhh 2
LES LOIX C-RIMINE LLES, Uv. Ils. Tir. VIII.
la corn- rieres qui donnent lieu à autant de Peines à perpétuité (1). Même Peine est zafíì pro
mettre & particulières suivant nos Loix. noncée par cette Loi contre ceux qui au
de la pu- * ... ront aidé à faire le débit du Tabac ainsi
tut. contrefait. La Déclaration du premier Août
I V. 1721 (2) prononce dans tous ces cas la
peine du Faux , & en outre la confisca
'4. Peine Elle se fait, i°.par ceux qui vendent tion des Tabacs , & de mille livres d'A
qui "en- ou distribuent du Tabac non marqué ni mende. •■> . - >
dent du cacheté de la Marque du Fermier des Droits
Iîqué.°n^ RoL L'Ordonnance de 1687 distingue (O Voulons que ceux qui awont contrefait les
à cet égard le Tabac en corde , de celui en Marques & les Cachets du Tabac dont l'empreinte
aura été mise aux Greffes des lieux , ou qui les
poudre j elle veut , au premier cas , que ces auront aidé à en faire le débit , soient condamnés
fraudeurs soient condamnés , pour la pre pour la première fois à l'Amende de cent livres ,
mière fois , en trente livres d'Amende pour à faire Amende honorable aux portes de la prin
cipale Eglise & de k Jurisdiction , & aux Galères
chaque livre de Tabac depuis une jusqu'à
pour cinq ans ; & , en cas de récidive , aux Ga
dix , en cinq cens livres depuis dix jusqu'à lères à perpétuité. V. Mime Ord. de 1681. art. 24.
cinquante , & en mille livres au-dessus
(1) Faisons défenses à toutes personnes de les
de cinquante livres de Tabac , outre la imiter ( ces Marques & Cachets du Fermier ) ni
Confiscation du Tabac ; & pour la seconde contrefaire , à peine de faux , tant contre ceux qui
fois , au Bannissement de trois ans ; & enfin , les auront fabriqués , que contre ceux qui les au
en cas de plus ample récidive , au Carcan ront fait faire ou s'en feront servis j & en outre
á peine de Confiscation des Tabacs qui auront été
& au Bannissement à perpétuité. Quant marqués , & de trois mille livres d'Amende , appli
aux fraudeurs de Tabac en poudre , leur cable un tiers au Dénonciateur , l'autre tiers à l'Hô-
Peine est seulement , pour la première fois , pital le plus prochain du lieu de la Confiscation ,
& l'autre tiers au Fermier. Décz. du premier Août
d'une Amende de dix livres pour chaque
172 1. art. 6.
once , depuis une once jusqu'à une livre
de Tabac ; celle de trois cens livres depuis V I.
une livre jusqu'à dix ; celle de cinq cens
livres au-dessus de dix livres de Tabac ; 30. Par ceux qui transportent le Tabac en 6. Peine
enfin , en cas de récidive, cette ;Loi veut fraude avec armes & attroupement. L*Or- ^
qu'ils soient punis de la même Peine que donnance de 1 68 1 veut qu'ils soient punie portem le
les fraudeurs de Tabac en corde. des mêmes Peines que ceux qui contrefont jj,nde en
les Marques du Tabac. Cette Loi ne avec at-
Ceux qui seront surpris en vendant ou exposant distingue point le nombre de ceux qui for- j™*}**"5
en vente aucun Tabac en corde ou en poudre ,
non marqué ni cacheté comme dessus , seront , ment cet attroupement. Mais cette distinc
outre la Confiscation , condamnés , sçavoir , à l'égard tion a été faite , comme nous l'avons vu ,
du Tabac en corde , tant étranger que du crû de parl'art. 4 de la Déclaration du 2 Août
notre Royaume , en trente livres d'Amende pour 1729 (1) , qui prononce la peine de Mort
chacune livre de Tabac , depuis une jusqu'à dix ;
en cinq cent livres d'Amende depuis dix jusqu'à avec Confiscation des biens contre ceux
cinquante , & en mille livres d'Amende au-dessus qui portent du Tabac & autres Marchan
de cinquante livres de Tabac , le tout pour la pre dises de Contrebaride , étant attroupés avec
mière fois 5 en deux mille livres d'Amende , & au
armes au nombre de cinq & au-destus , &
Bannissement de trois ans pour la seconde fois j &
en cas de plus ample récidive , au Carcan & au celle des Galères seulement pour ceux
Bannissemeut à perpétuité } & à l'égard du Tabac attroupes fans armes & dans un moindre
en poudre , en dix livres d'Amende pour chacune
nombre que cinq (2).
once , depuis une once jusqu'à une livre ; en trois
cent livres d'Amende depuis une livre jusqu'à dix ;
en cinq cent livres au dessus de dix livres de Tabac, (1) Voulons auíîique ceux qui seront convaincus
& le tout pour la première fois ; & , en cas de d'avoir transporté des Tabacs cn fraude étant attrou
récidive , aux Peines portées pour le Tabac en corde. pés avec armes , soient condamnés aux Peines por»
V. Ord. de 168 1. art. 29. tées par l'article précédent. V. Même Ord. art. 25.
(1) V. cet art. 4 de la Déclaration de 1729.
rapp. fous le §. 1 de ce titre.

5. Peine 2°- Par ceux qui contrefont les Marques v 1 r.


de ceux £ fa Cachets du Tabac , dont Vempreinte
trrfont°"â a mise au Greffe. Leur Peine , íùivant 4°. Par ceux qui vendent ou distribuent 7. Peine
fans permission du Fermier . du Tabac de. ceu*
Marque la même Ordonnance , est , pour la pre-
du Tabac* miere fois, de cent livres d'Amende, & en corde ou en poudre , quoique marque ou dent du
cacheté de sa Marque. Ils doivent , íuivant Taba.csent
en outre Amende honorable aux portes de , _ , •» f z ' permii-
la principale Eglise , & à celles de la Ju 1 Ordonnance de 1681 (i) , outre la con- s,on du
fifeation du Tabac , être punis de trois Fermier-
risdiction , & aux Galères pour cinq ans ;
& , en cas de récidive , celle des Galères cents livres d'Amende pour la première
DES DÉLITS CONTRE LA POLICE. 429
fois , & de mille livres en cas de récidive. livres d'Amende , qui ne pourra pareillement être
modérée. Déclarons Tabacs en fraude tous ceux
qui ne se trouveront pas marqués des Plombs ou
(1) Défendons aussi à toutes personnes de vendre Cachets de la Ferme , dont l'empreinte elt déposée
& distribuer du Tabac , tant en corde qu'en pou au Greffe des Elections. Même Décl. art. i.
dre , encore qu'il soit marqué ou cacheté de la
Marque du Fermier de nos droits , sinon de fort
Ordre & ponvoir par écrit , ou de les Procureurs I X.
& Commis , à peine de Confiscation & de trois
cent sivres d'Amende pour la première fois , & de
mille livres en cas de récidive ; & à cet effet , per 6°. Par ceux qui vendent ou débitent du 9. Peine
mettons aux Commis de faire toutes les visites de ceux
Tabac , de quelque espece que ce soit , sur qui ven
néceffaires , & de dresser leurs Procès Verbaux des
contraventions , auxquels fera foi ajoutée , comme les Vaisseaux ù Galères du Roi. L'Or- dent du
Tabac en
pour hos droits des autres Fermes. Ord. de 1CÌ1 , donnance de 1681 (i) , renouvellée fur ce fraude fur
tit. i. art. 9. point par la Déclaration du 17 Octobre les Vais
seaux &
1720, veut qu'ils soient punis de Peines Galères
VIII. corporelles , & d'une Amende de trois cens du Roi.
livres , dont elle déclare responsables les
t. Peine 50. Par ceux qui sont trouvés vendant Officiers qui l'auront souffert. Nous avons
qui "ont ou ac^ctanC du Tabac en fraude , c'eft- vu au surplus , que la même disposition se
trouvés à-dire , du Tabac qui n'est point marqué trouve portée par l'article 29 de l'Ordon-
ou^adíe- ^es pl°mbs & cachets de la Ferme. Ils nance du 20 Avril 1734, à l'égard des
tant du doivent , suivant la Déclaration du 1 6 Dé- Offìciers-Commandans des Troupes en mar
bac* Ta_ cembre 1707 (i) , être condamnés en mille che. Nous avons vu aufîì, d'après les art. 3 o ,
livres d'Amende , outre la Confiscation , 31, 32, 33, 34 & 35 de la même Loi,
tant des Tabacs que Chevaux , Charrettes qu'elle y établit un Règlement particulier
& Equipages. La même Loi veut aullì pour prévenir les fraudes qui peuvent se
que , faute par eux de consigner une somme commettre , en cette matière , de la part des
de trois cens livres , fur & en déduction Soldats , en pourvoyant à ce qu'il leur soit
de cette Amende de mille livres , dans le fourni dans les Cantines la quantité de Tabac
mots du jour de la signification ou pro qui sera nécessaire pour leur consommation.
nonciation du Jugement de condamnation ,
cette Amende soit convertie , sur la simple (j) Défendons aussi à tous Soldats & autres étant
Requête du Fermier , sçavoir , en la peine dans les Garnisons fur les Vaisseaux & Galères ,
des Galères à l'égard des simples Artisans , & à ceux qui nous y servent volontairement , ou
ou Voituriers , & en celle du Fouet & par force , de vendre ni débiter aucun Tabac ea
corde ou en poudre , à peine de punition corpo
du Bannissement de cinq ans pour les femmes relle s'il y échet , St de trois cent livres d'Amende,
& filles , & en même Peine à l'égard de au paiement de laquelle les Officiers , Comites ,
ceux des Condamnés qui se trouveront Sous-Comites Ôt Argousins qui l'auront souffert ,
seront contraints par saisie de leur solde ckappoin-
incapables de servir sur les Galères.
temens , entre les mains des Receveurs te Payeurs.
V. Même Ord. de 168 1. art. 18.
(1) Voulons que tous ceux qui seront trouvés Nota. Que ces mêmes termes se trouvent répétés
saisis , ou vendant du Tabac en fraude , soient dans fart. 13 de la Décl. du 17 Octobre 1710.
condamnés en mille livres d'Amende au profit de
J'Adjudicataire de notre Ferme du Tabac , outre
la Confiscation , tant des Tabacs que Chevaux & X.
Charrettes , fans que ladite Amende puisse être
réduite & modérée , fous quelque cause & pré
texte que ce soit. Les Condamnés seront tenus de 70. Par ceux qui étant Préposés a la vente 10. Peine
consigner dans le mois du jour de la signification des Pré
dans les Magasins du Roi , ou qui ayant posés à la
ou prononciation de la Sentence , la somme de
trois cent livres , fur & en déduction de ladite permission du Fermier de vendre & débiter du rente du
Amende de mille livres , & ce entre les mains du- Tabac , vendent & débitent des Tabacs en Tabac qui
vendent
dit Adjudicataire , ses Procureurs , Commis & Pré fraude ô non marqués de la Marque de la du Tabac
posés , sinon , & à faute de ce faire dans ledit en fraude.
temps , l'Amende fera convertie fur une simple Ferme. Ils doivent être punis des Galères ,
Requête du Fermier , & fans frais ; sçavoir , en la suivant la Déclaration du 16 Décembre
peine des Galères à l'égard des Vagabonds & Gens 1707 (1).
lans aveu, Artisans, Gens de Métier , Facteurs ,
Messagers , Voituriers, Crochereurs , Gens de Peine,
Gens repris de Justice , Matelots & autres personnes ( 1 ) Défendons à tous ceux qui scron t Préposés à la
de cette qualité , & en la peine du Fouet & du vente du Tabac dans nos Magasins , & à ceux qui en
Bannissement de la Province pour cinq ans à l'é vendent en vertu des Commissions ou Permissions
gard des femmes & filles de cette qualité j & en du Fermier , sous le titre d'Entreposeurs , Débitans ,
cas que lesdits Condamnes se trouvent incapables Distributeurs , Détailleurs ou autres , de vendre &
de Nous servir dans nos Galères , ils seront avoir chez eux aucun Tabac en fraude & non mar
Fustiges , Flétris & Bannis pour cinq ans. Dúcl. qué de la marque du Fermier, à peine de Galères,
du 16 Décembre. 1707. art. 1 Faisons qui ne pourra être modérée ni commuée pour
défenses à toutes peribnnes d'acheter aucun Tabac quelque cause que ce feit. DécL. du 16 Décembre
en fraude , à peine de Confiscation & de mille 1707. art. II.
430 LÉS LOIX CRIMINELLES, Liv. III. Tit. VIII,
ces Procès-Verbaux , soit dans le cas où il
X I. s'agit de procéder , ou non , par la voie ex
traordinaire , soit enfin dans les cas où ils
ii. Peine 8°. Par ceux qui retirent dans leurs peuvent ordonner l'élargissement des Ac
de ceux maisons les Porteurs & Voituriers de Tabac,
qui reti cusés , nonobstant l'appel du Fermier. Tou
rent dans ou qui souffrent que les Tabacs y soient en tes ces formalités^ se trouvent marquées prin
leurs mai treposés. II y a des défenses expreíîes por
sons des cipalement par la Déclaration du 16 Dé
fraudeurs tées à ce sujet par Fart. 27 de l'Ordon- cembre 1707, dont nous allons appíiquer
de Tabac. nance de 168 1 (1) , qui veut que les Con- successivement les dispositions à chacun de
trevenans soient punis comme Complices. ces deux points principaux.
La même disposition se trouve répétée par
l'art. 23 de la Déclaration du 17 Octobre XIII.
1720. La Déclaration du 16 Décembre
1707(2), met aussi au nombre des Com i°. Quant aux Procès-Verbaux , il y 13. For-
plices en ce genre les Fermiers des Coches, a plusieurs choses à remarquer suivant mall.tés
S t • r • v >-i parucuiie-
Carosses & Messageries qui se chargent des cette Lol Ln premier lieu , qu ils peuvent res aux
Tabacs en corde & en poudre , fans être se faire , non-seulement par des Commis y°rcbèas~x
accompagnés des factures des Commis du & Gardes du Tabac, mais encore par quisedref-
Bureau des Tabacs. Enfin la Déclaration toutes autres personnes ayant serment en^tenP*v
du premier Août 172 1 (3), porte aufii Justice , lesquelles font autorisées par cette
des Peines particulières contre les Nobles Loi à les arrêter & constituer Prisonniers ,
qui font ou favorisent la fraude en fait de & même à les faire assigner fans être
Tabac ; sçavoir , celle de la Dégradation tenus de prêter un nouveau serment j &
de Noblesse , Privation de leurs Charges elle veut de plus que ces Procès-Verbaux
s'ils en ont , & de plus le Rafement de étant par eux affirmés , soient crus & fassent
leur Maison qui aura servi de retraite aux foi en Justice jusqu'à l'inscription de
fraudeurs. Faux (1). 20. La même Loi veut auíîi
qu'à l'égard de ceux dressés par les Gardes
(1) Défendons à tous nos Sujets de retirer dans & Commis (z) , ils puissent être reçus
leurs maisons les Porteurs & Voituriers des Tabacs pareillement en Justice , quoique signés
en fraude , ni de souffrir que les Tabacs y soient
entreposés. Ord. de 1681. tit. 1. art. 27. V. aujsi par un seul, pourvu qu'il soit alfisté
fart. 14. du tit. 17. de fOrd. de 1680. d'ailleurs , dans les captures & saisies , par
(2) Faisons pareillement défenses, suivant & un Huissier ou Archer , & qu'il ait affirmé
conformément à l'Arrêt de notre Conseil du son Procès-Verbal pardevant les Juges de
14 Août 1688 , à tous Propriétaires ou Fermiers
des Coches , Carosses & Messageries de se charger l'Election , ou pardevant le Juge ordinaire
d'aucuns Tabacs en corde ni en poudre fous les dans les lieux où il n'y a point d'Election.
factures des Commis du Bureau du Tabac , dont 3 °. La même Déclaration veut encore , que
les Conducteurs seront porteurs^ & à cet effet ,
permettons aux Commis dudit Adjudicataire de lorsque ces Gardes requièrent main-sorte
faire toutes visites nécessaires conformément à aux Prévôts des Maréchaux (3) , ceux-ci
l'art. 9 de l'Ordonnance du mois de Juillet 168 1 , soient tenus de la leur donner, à peine
concernant le Tabac , & à l'art. 11 du tit. 14 de de répondre des dommages & intérêts du
l'Ordonnance des Fermes, du mois de Février 1687.
DÉcz. du 16 Décembre 1707. Fermier. 30. Enfin elle enjoint pareillement
(3) Vouions que l'art. 13 du tit. 17 du Faux- & fous la même Peine , aux Officiers de
Saunage , de l'Ordonnance des Gabelles du mois l'Election (4) , lorsque les Gardes requiè
de Mai 1680 , soit commun pour la Ferme du rent leur transport , de íè rendre íùr les
Tabac : en conséquence , déclarons les Nobles qui
seront assez lâches pour commettre le Crime de lieux , 6c de faire faire l'ouverture des Mai
fraude du Tabac, déchus , eux 8c leur postérité , sons , Places ou Châteaux , même les Hô
des avantages de la Noblesse : voulons qu'ils soient tels des Princes , Couvens & autres lieux
privés de leurs Charges & Emplois , & que leurs
Privilégiés. Elle enjoint encore par la
maisons qui auront servi à la fraude , ou de retraite
aux Fraudeurs , soient rasées. DÉcz. 4u premier même disposition aux Commandans &
Août 1721. autres Officiers des Places, Châteaux ,
Maisons Royales , de celles des Princes ,
XII.
Seigneurs', même aux Chefs & Supérieurs «
des Maisons Régulières, de faire cette
1 2. Ma Manière de procéder contre les fraudeurs
nière de de Tabac. Nous remarquons d'après les ouverture des portes , à peine de défo-
procéder béiíîànce , &. d'être tenus de tous les dom
contre les loix deux sortes de formalités qui s'em
fraudeurs ploient à ce íùjet ; les unes regardent les mages & intérêts du Fermier (5).
de Tabac.
Procès-Verbaux qui se dressent, tant pour ( I ) Permettons aux Commis & Gardes des
les captures que pour les saisies qui font Gabelles , Aides , Traites , & autres nos Fermiers ,
faites en pareil cas ; les autres regardent la ensemble tous Particuliers ayant ferment en Justice ,
d'arrêter les Vendeurs & Porteurs de Tabac en
Manière dont les Juges doivent procéder , fraude , & de faire toutes les Saisies & Procès- Ver
soit dans le cas de l'inscription de Faux contre baux nécessaires , même de constituer Prisonniers
DES DÉLITS CONTRE LA POLICE. 4$r
ceux de la qualité marquée par l'article premier l'Appel du Fermier : nous les trouvons auíìï
des Présentes , íkpar notre Déclaration du 18 Sep marqués parla même Déclaration de 1707 ;
tembre 1703 , donner toutes assignations , ainsi 011
de même que pourroient faire les Commis & Gar sçavoir, i°, quant aux Inscriptions de faux -y
des de notre Ferme du Tabac., fans qu'ils soient cette Loi veut , par l'art. 5 , qu'on suive , à
affirmés , soient crus & fassent foi en Justice jusqu'à cet égard , les mêmes formalités que celles
inscription de faux... Décl. du 16 Décembre 1707 ,
prescrites , pour les Inscriptions de faux
art. .3.
contre les Procès-Verbaux des Commis
(z) Voulons qu'un seul Commis ou Garde de aux Aides , par la Déclaration du 14 Avril
notre Ferme du Tabac , assisté d'un Huissier , Ser
gent Royal ou Archer de Maréchaussée puisse faire 1 699 , dont elle rappelle les dispositions
toutes saisies & captures de Tabac en fraude , & dans le même article (1). 2°. A l'égard des
arrêter les fraudeurs de la qualité ci - dessus mar- Cas particuliers OÙ cette Loi veut que les
quée.&'^e leurs Procís-Verbaux, affirmés parde- Juges nc pujssenf ordonner ' Instruction
vant les Officiers de "Election , soient reçus en 0 j - r r • 1 • 1
Justice T ainsi & de meme que s il avoit ete rait extraordinaire , ce sont , suivant les articles
par deux Commis ou Gardes du Tabac. ... Et ea 6 & 7 de la même Loi (2) , toutes les
cas que ledit Procès-Verbal soit fait dans un lieu fois qu'il ne s'agit que d'une simple saisiè
où il n'y ait point d'Election , voulons qu'il puisse
de Tabac en fraude, ou bien qu'il n'est
être affirmé devant lé plus prochain Juge des lieux ,
ce qui aura lieu tant pour le présent article que pour question que d'une fimple plantation de
le précédent , sans tirer à conséquence, & sans que Tabac , ou autres pareilles contraventions ^
ledit Juge puisse prétendre aucune Jurisdiction pour & que d'ailleurs il ne leur auroit été fait
la suite de l'assaire. Mime Décl. art. 4.
aucune réquisition par écrit de la part du
(j)v . Enjoignons aux Prévôts des Maréchaux , Fermier à cet effet } il leur est alors enjoint
Baiilifs & Vice - Sénéchaux , leurs Lieutenans expressément de juger toutes les causes
Exempts & Archers , d'aísister & prêter main-forte de cette eípece sommairement & à YAu
aux Commis du Tabac toutes fois 6c quantes qu'ils
en seront requis , à peine de répondre en leurs dience , sans qu'ils puissent les appointer ;
propres & privés noms des dommages du Fermier. mais seulement , si le cas le requiert , or
Mime Décl. art. 3. donner un Délibéré , ck fans qu'ils puisiènt
toutefois , en ce dernier cas , prendre
(4,) Enjoignons aux Officiers des Elections de se
transporter fur les lieux à la première réquisition aucunes épices pour les . Jugemens qu'ils
qui leur en sera faite parl'Adjudicatairedc la Ferme rendront j le tout à peine de concussion ,
du Tabac , ses Commis ou Préposes , à peine de prise à partie , & restitution du quadruple.
répondre des dommages 8c intérêts dudit Adjudi
cataire , à la charge par lui de payer lesdits Offi 30. Les cas où ces Juges font au contraire
ciers de leurs frais & salaires raisonnables. Mime tenus dinflruire extraordinairement le
Décl. art. 10. ■' Procès aux Accusés , font au nombre de

(5) Permettons , conformément à notre Arrêt du trois , suivant l'art. 8 de la même Loi (3) ;
Conseil, du même jour 14 Août 1688 , à TAd sçavoir , lorsqu'il y aura une Inscription de
judicataire de notre Ferme du Tabac, ses Procureurs faux reçue en fait de rébellion ; loríqu'il s'a-
ou Commis , de faire leurs visites dans les Places ,
gira dutranfportdeTabac avec attroupement
Châteaux , Maisons Royales , celles des Princes &
Seigneurs, Couvens, Communautés & autres lieux & armes ; enfin lorsqu'on prétendra que les
prétendus privilégiés , en se faisant accompagner Marques & Cachets de la Ferme auront
par le premier des Officiers de l'Election fur ce été contrefaits. 40. Pour ce qui concerne
requis , auquel Nous enjoignons de s y transporter
avec les Commis de ladite Ferme à la première Yélargissement des Prisonniers , la faculté
réquisition , de viser, arrêter & parapher les Pro de l'ordonner n'en est accordée aux pre
cès-Verbaux de visites & saisies qui seront faites par miers Juges , quand il y a un appel intçr-
lesdits Commis en leur présence. . . . Comme auffi jetté de la part du Fermier , que dans le
enjoignons aux Gouverneurs , Capitaines , Con
cierges & autres Officiers desdites Piaces , Châteaux cas particulier qui se trouve marqué par
& Maisons Royales , celles des Princes & Seigneurs , l'art. 9 de la même Loi (4) ; sçavoir , lorsque
Chefs & Supérieurs des Maisons Religieuses 6c le Prisonnier aura donné une caution de
Communautés , & autres lieux pretendusPrivilégiés, se représenter , ou de payer les Amendes en
de faire faire ouverture defdites Maisons & lieux ,
toutes fois ôt quantes qu'ils cu seront requis par cas qu'il y soit condamné par les Arrêts
lesdits Officiers des Elections , à peine de déso qui interviendront fur les appels , & il est
béissance , & d'être tenus , chacun en droit soi , fait des défenles expresses à ces premiers
de tous les dommages & intérêts du Fermier. Mime
Juges d'ordonner des élargissemens en tous
Décl. art. 15.
autres cas , à peine de répondre en leur
X I v.x propre & privé nom des dommages &
14. For intérêts du Fermier. Enfin , il reste à ob
malités re 2 °. Quant aux Procédures particulières qui server , par rapport aux Appels qui s'inter
latives à
l'instruc- concernent les Juges en cette matière , soit jettent des Sentences portant condamna
tion & aux pour l'infcription de faux , soit pour les cas tions à des Amendes , ou à des Peines affecti
Jugemens ves, que , suivant une disposition particulière
cjíii se ren- où ces Juges doivent ou ne doivent pas
cìent en ordonner Tinstruction à l'extraordinaire ; de la Déclaration du premier Août 1721 (5),
cette ma soit enfin pour ceux où ils peuvent ordonner ces, appels ne peuvent être reçus, &. les
tière.
l'élargissement des Prisonniers, nonobstant Sentences doivent passer en force de chose
4p LES LOIX CRIMINE LLES , Liv. III. Tit. VIII.
jugée , à moins que les condamnés appellans pour le Jugement dudit délibéré , à peine de con
cussion , prise à partie» &.de restitution du quadru
ne consignent dans le mois du jour de la
ple ; ce qui aura lieu , tant pour cet article que pour
prononciation ou signification de la Sen le précédent. Même Déci. art. 6 & 7-
tence. (3).. .N'entendons néanmoins comprendre dans
lesdits deux articles les causes ou affairée crimi
(i) Voulons aussi que ce qui est porté par notre nelles où il se trouvera une inscription de faux
Déclaration du 14 Avril 1099 , concernant les reçue , une rébellion , un transport de Tabacs avec
Inscriptions de faux contre les Procès-Verbaux des attroupement & armes , & où l'on prétendra que
Commis aux Aides dans le Ressort de la Cour des les Marques & Cachets de la Ferme auront été
Aides de Paris , soit exécuté à l'égard des inscrip contrefaits , lesquelles seront instruites & jugées en
tions de faux contre les Procès- Verbaux concernant la forme prescrite par les Ordonnances. Même
le Tabac ; ce faisant , que ceux qui voudront s'ins- Décl. art. 8.
crire en faux contre lesdits Procès-Verbaux soient ( 4 ) Lorsque quelque fraudeur de la qualité
tenus , dans les trois jours après les échéances des marquée par aotre Déclaration du 17 Septembre
assignations qui leur seront données pour répondre 1703 , ou par l'article premier des Présentes , aura
fur lesdits Procès- Verbaux , de le déclarer en l'Au été arrêté & constitué Prisonnier , défendons aux
dience ou par écrit , faute de quoi , & ledit temps premiers Juges de les élargir , même en vertu du
passé , ils n'y seront plus reçus... Qu'aucune personne Jugement qu'ils pourroient rendre , quand le Fer
ne soit reçue à l'Inscription de faux sans avoir con mier du Tabac se trouvera appellant dudit Juge
signé préalablement eri deniers , ès mains du Re ment par acte signifié dans les vingt-quatre heures
ceveur des Amendes , pu des Fermiers de nos Do de la signification , sinon en donnant par lesdits
maines , l'Amencle de soixante livres pour les ins Prisonniers caution de se représenter ou de payer
criptions de faux qui seront formées dans les Elec les Amendes en cas qu'ils y soient condamnés par
tions , & celle de cent livres pour celles qui seront les Arrêts qui interviendront fur lesdites appella
formées en nos Cours des Aides... Qu'aussi-tót que tions , le tout à peine par lesdits premiers Juges
les inscriptions de faux auront été reçues , & le d'en répondre en leur propre & privé nom. Mime
même jour , les Infcrivans seront tenus de la signer , DÉcz. art. 9.
faute de quoi ils en demeureront déchus... Qu'en cas f 5) Ceux qui auront été condamnés par les Sen
d'inscription de faux reçue dans la forme ci-dessus , tences à des Amtndts ou à des Peines affliSives ,
dans les trois jours après , faute de quoi faire ledit ne pourront être reçus Appellans qu'ils n'aient
temps, lesdits moyens de faux ne pourront être ad consigné dans le mois du jour de la prononciation
mis. Et en cas que les moyens soient déclarés per- desdites Sentences ou signification d'icelles à per
tinens & admissibles , les Infcrivans seront tenus , sonne ou domicile , la somme de trois cent livres
dans le jour suivant , de prendre l'Ordonnarice du portées par les Déclarations des 25 Janvier 1689 ,
Juge pour faire entendre les témoins , & de lui & 6 Décembre 1707, entre les mains du Fermier,
déclarer dans le même jour les noms , surnoms , ses Procureurs ou Commis ; & en conséquence , fai
qualités 8e demeures de ceux dont ils voudront sons défenses à tous Procureurs , Huissiers &Sergen«
le servir , sans qu'ils puissent dans la fuite en faire de signer ni signifier aucun acte ni reliefs d'appel ,
entendre d'autre... Défendons aux Officiers de nos qu'il ne leur soit apparu de la quittance de ladite
Cours des Aides , des Elections Sc autres , d'accorder consignation, faite dans ledit temps d'un mois, dl
aux Accusés d'autres ni plus longs délais que ceux ladite somme de trois cent livres , de laquelle quit
ci-dessus ordonnés , à peine de nullité. Déci. du 16 tance ils seront tenus de donner copie par l'acte de
"Décembre 1707. art. 5. signification d'appel , le tout à peine de nullité &
de cent livres d'Amendes , tant contre chacun de
(2) Défendons aux premiers Juges d'instruire nos Procureurs , que contre chacun des Huissiers &
extraordinairement les Procès dans lesquels il ne Sergens qui auront signé lesdits actes d'appel , au
s'agira que d'une simple saisie de Tabacs en fraude , paiement desquelles Amendes ils seront contraints ,
par répétition, récolemcnt , ou confrontation, ni même par corps : & faute par les Parties condam
même d'interroger les Prisonniers s'ils n'en font nées d'avoir fait ladite consignation dans le délai
requis par écrit , à la Requête du Fermier , ses ci-dellus , voulons qu'elles ne soient plus reçues à
Commis ou Préposés. . . Leur enjoignons de juger les faire , ni à interjetter appel desdites Sentences ,
lesditcs causes sommairement & à l'Audience , lesquelles passeront en force de chose jugée , & seront
comme aussi celles où il ne fera question que de la exécutées selon leur forme & teneur. Faisons dé
plantation de Tabac , ou autres pareilles , fans les fenses à toutes nos Cours & Juges de recevoir lesdits
appointer \ oc en cas que pour l'éclaircisscment appels , ni d'y avoir égard , & à tout ce qui peut
de l'assaire ils soient obligés d'ordonner un déli être fait en conséquence , à peine de nullité &
béré , leur défendons de prendre aucunes épices cassation. Décl. du premier Août 172 1. art. 34.

CHAPITRE
DES DÉLITS CONTRÉ LA POLICE. 433

CHAPITRE SIXIEME.

Des Délits de Police en fait de Cartes à jouer.

SOMMAIRES.

1 . Six sortes de Délits qui peuvent se com de 1751.


meure en cette matière. 3J . Jugement rendu par
4 des Commijsaires
M du
2. Leur Peine suivant /' Arrêt du Conseil " Conseil , en exécution de cet Arrêt.

ZfêSZ LEs différentes espèces de Délits qui se Exemple remarquable de la manière dont il en exéca-
lits qui commettent à cet égard , depuis qu'il a plu s'exécute , en rapportant un Jugement en cct
peuvent se au Roi établir des droits fur les Cartes à
commet- • ■ . dernier ressort , rendu en 1 7 54 par des Com
treencet- jouer i se trouvent marques par lAr- missaires du Conseil , contre un particulier
te matière. rêt fa Conseil du 9 Novembre 1751 , convaincu d'avoir fabriqué des Cartes fur
d'après lequel il paroît qu'ils consistent des Moules 8c Coins faux & contrefaits , &
dans ces six principaux , auxquels ce mê qui le condamne au Bannissement pour trois
me Arrêt a attaché des Peines parti ans , 8c en trois liv. d'Amende envers le Roi.
culières ; sçavoir , 1 °. lorsqu'on contrefait
le Papier que le Régiflèur du droit des Nous , par délibération de Conseil & Jugement
en dernier ressort : oui, sur ce , le Procureur-Géné
Cartes a fait fabriquer pour leur impression ;
ral de la Commission en ses conclusions , avons dé
20. lorsqu'on fabrique des Gravures & des claré les deux Moules de têtes & Valets, le Coin
Moules ou Planches propres à imprimer & plaque de cuivre , représentant la Fortune , le
des Cartes ; 30. lorsqu'on recoupe les Car Bluteau du mot Sixain , les deux Cachets , les deux
tes ; 40. lorsqu'on débite des Cartes réas pieces amovibles à la Tête d'Aigle , la piece amo
vible au Cœur enflammé , les deux autres du Roi
sorties , recoupées ou fabriquées en fraude ;
de Siam , les deux Bluteaux du Grand Gustave , les
50. lorsqu'on vend des Cartes fans permission deux Moules à l'enseigne & à Padreffe du Grand
par écrit du Régisseur ; 6°. enfin , lorsqu'on Gustave , faux & faujjement fabriqués , & les dix-
s'oppose à la visite & exercice des Commis sept Bandes de papier blanc, les six de papier brouil
du Régisseur. lard , Feuilles d'enveloppes , Jeux & sixains , Em
preintes de la Tête d'Aigle , du Cœur enflammé &
I I. du Roi de Siam , Feuilles de moulage , Cartons
peints & non peints , & généralement toutes les
4. Leur A la réserve des deux premières espèces
Cartes & figures de Rois , Dames & Valets , rouge
Pe' n'Ar" ^e délits qui , suivant cet Arrêt , doivent
& noir, mentionnés au Procès , avoir été calqués,
rêt du donner lieu à la Procédure extraordinaire , empreints , & tirés fur lesdits Coins & Moules
Conseil de & £tre pUníS ( sçavoir , le premier de la faux ; & pour les cas résultans du Procès : Disons
17î " Peine du Faux , 6c le second de celle du que ledit Chavanieux est banni pour trois ans de la
Ville & Fauxbourgs de Paris , & le condamnons en
Carcan & d'une Amende de mille livres
trois livres d'amende envers le Roi , à prendre fur
pour la première fois , & des Galères de ses biens; à lui enjoint de garder son ban , sous les
neuf ans , avec pareille Amende , en cas de peines portées par les Déclarations du Roi , qui
récidive ) , les quatre autres ne font déclarés sont les Galères , en cas qu'il soit trouvé dans la
punissables , par ce même Arrêt , que par dite étendue ne gardant point son ban ; que ledit
Pommier fera mandé en la Chambre , pour y être
de simples condamnations d'Amende avec
blâmé en présence des Juges, & condamné en
confiscation des Cartes , Outils & Usten trois livres d'Amende , à prendre fur ses biens ;
siles ; & cette Amende est de cinq cens & à l'égard dudit le Clerc, avant faire droit fur les
livres seulement , pour le cas de l'opposition plaintes & accusations intentées contre lui : Disons
à la visite des Commis du Régisseur , & de qu'il fera plus amplement informé des faits men
mille livres pour les cas de la Recoupe des tionnés au Procès; oc cependant ledit le Clerc
élargi , & mis hors des Prisons , à la charge de se
Cartes , du Débit de celles qui font réaflor-
représenter à toutes assignations , & en élisant par
ties , & enfin de la Vente fans permission lui domicile au Greffe en la manière accoutumée.
par écrit du Régisseur. Ordonnons } qu'après le Jugement définitif dudit
le Clerc , lesdits Ustensiles faux & Ouvrages faus
I I I. sement fabriqués seront portés au Bureau de la
Régie , pour être ; sçavoir , lesdits Ustensiles faux ,
3. Juge- L'étendue des dispositions de cet Arrêt , cajses & brises , & lesdits Ouvrages faussement fa
ment ren- COmpofé de vingt-quatre articles , ne nous briqués , lacères en présence du Greffier de la
du par des r 11 Commission , dont fera par lui dressé Procès ver
Commis- permettant pas de le rapporter ici en en- bal ; quoi faisant , ledit Greffier en sera & demeu
faires du áer nous nous contenterons de donner un rera bien & valablement déchargé : & sera le pré-,
Confeil ,
I ii

434 LES LOIX CRIMINELLES, l<iv. III. Tit. VIII.


sent Jugement imprimé , lû , publié & affiché dans est permise , & par-tout où besoin sera. Jugement
tous les lieux , carrefours accoutumés de la Ville rendu par des Commijfaires du Roi , en dernier ref-
& Fauxbourgs de Paris , même dans toutes les fort , du 3 Avril 1754... V. le Dictionnaire de
Villes du Royaume où la Fabrication des Cartes Police au mot Cartes.

CHAPITRE SEPTIEME.

Des Délits de Police concernant les Esclaves de nos Colonies.

S O M M A I jR E S. >

1. Deux Réglemens principaux fur cette Peine , & ce qu'il y a de particulier à


matière. Végard de ceux-ci,
2. Peines portées contre yuatrc sortes -de 5. Délits commis par les Affranchis ; en
personnes , par ces Réglemens. quoi confîfle leur Peine.
3 . Délits commis par les Esclaves ; de corn- 6. Peines des Contraventions faites par les
bien de fortes ; leur Peine. Juge* & Ces Réglemens.
4. Délits commis par les Maîtres ; leur

I.
ì.Deux IVous avons là-dessus deux Réglemens Fèves ou autres Légumes ô Denrées. Au
Résle- . particuliers , l'un porté par l'Edit du mois premier cas , elle veut que l'Esclave soit
menspnn-1,. . . ' * r .
cipaux sor d Août 1683, "autre par l Ldit du mois puni de Peine afflictive , même de Mort
cène ma- (je ]\|ars 1724. Nous nous contenterons de si le cas le requiert ; & au dernier , la Peine
rapporter ici les dispositions de ce dernier , en est laissée à l'arbitrage du Juge , qui
parce qu'il n'a fait que répéter celles con pourra , s'il y échet , condamner les Cou
tenues dans le premier , relativement aux pables au Fouet & à la Marque ; 4°. lorsque
ces Esclaves sont fugitifs ou marons (4) , ils
Délits dont il s'agit.
doivent être punis des Oreilles coupées &
I I. de la marque d'une fleur-de-Lys sor une
épaule pour la première fois , & pour la
a. Peinesi H paroît , d'après ces Loix , qu'elles pro seconde du jarret coupé & de la marque sur
portées noncent des Peines particulières , non-seule- l'autre épaule ; & enfin pour la troisième ,
quatre sor- ment contre les Esclaves qui délinquent de la Mort ; 5 e. lorsqu'ils sont trouvés saisis
tes de per- soit envers leur Maître , soit envers toute d'armes offensives ou de gros bâtons (5) ,
«s Ré le- autre personne libre t mais encore contre il y a peine contr'eux du Fouet & de la
mens. les Maîtres eux-mêmes qui abusent de l'au- Confiscation des armes , hors le cas néan
torité qu'elles leur donnent fur ces Esclaves ; moins où ils seroient envoyés à la chaste
comme auíîì contre les Affranchis qui don par leur Maître ; 6°. enfin lorsqu'ils sont
nent retraite aux Esclaves fugitifs , ou qui trouvés attroupés avec les Esclaves d'autres
manquent de respect à leur ancien Maître ; Maîtres , de nuit , ou fur les grands che
& même contre les Juges qui viennent à mins , & dans des lieux écartés (6). II y a
s'écarter des règles qui leur sont prescrites punition corporelle ordonnée dans tous ces
par ces mêmes Loix. cas , laquelle ne peut être moindre que du
Fouet 8c de la Fleur-de-Lys , & peut même
III.
être portée à celle de Mort , en cas de fré
3. Délits 1 °. Délits des "ESCLAVES ; il y en a de six quentes récidives.
"nTsEs- *°rtes suivant les Réglemens ; fçavoir ,
(1) L'Esclave qui aura frappé son Maître , sa
c'iaveVDe i°. lorsqu'ils frappent leur Maître , ils doi-
Maîtresse , le Mari de sa Maîtresse ou leurs Enfans ,
desoïte"- vent^tre Pums de mort (Oî 2°. lorsqu'ils avec contusion ou effusion de sang , ou au visage ,
leur Peine! frappent toute autre pefonne libre , ils sera puni de mort. . . . Edit de Mars 172.4 ,
doivent être rigoureusement punis , & mê art. 37.
me de mort , s'il y échet (2) ; 30 lors (ij Quant aux excès & voies de fait qui seront
qu'ils commettent des vols (3) , la Loi commis par les Esclaves , contre les Personnes li
bres ; Voulons qu'ils soient sévèrement punis , mê
distingue , à cet égard , les vols qualifiés ,
me de mort s'il y échet. Même Edit , art. 2,8.
parmi lesquels elle comprend ceux de Che
f 3) Les Vols qualifiés , même ceux de Chevaux ,
vaux , Mulets , Boeufs ou Vaches , & ceux
Cavales , Mulets , Bœufs ou Vaches , qui auront
qui ne le font pas ; comme loíqu'ils ne été faits par les Esclaves ou par les Affranchis * se
portent que fur des Moutons, Chèvres , Co ront punis de Peine afflictive , même de mort , fi
chons , Volailles j Grains , Fourrage , Bois , le cas le requiert. . . Les Vols de Moutons , Che

. DES DÉLITS CON TRE LA POLICE; t 43 j


vres , Cochons, Volailles, Grains , Fourrage, Pois, (0 Défendons aussi à tous nos Sujets desdits
Fèves , ou autres Légumes & Denrées , faits par les pays , de quelque qualité & condition qu'ils soient,
Esclaves , seront punis , selon la qualité du Vol , par de donner ou faire donner de leur autorité privée
les Juges , qui pourront , s'il y échet , les condam la question ou torture à leurs Esclaves , fous quel
ner d'être battus de verges par l'Exécuteur de la que prétexte que ce soit , ni de leur faire „ou faire
Haute-Justice , & marqués d'une Fleur de Lys. faire aucune mutilation de membre ; à peine de con
Même Edit , art. 19 & 30. fiscation des Esclaves , & d'être procédé contre eux
(4) L'Esclave fugitif qui aura pris la fuite pen extraordinairement : leur permettons seulement ,
lorsqu'ils croiront que leurs Esclaves l'auront méri
dant un mois , à compter du jour que son Maître
l'aura dénoncé à Justice , aura les oreilles coupées , té , de les faire enchaîner & battre de verges ou de
& fera marqué d'une Fleur de Lys fur ùne épaule ; cordes. Même Edit de Mars 1714, art. 38.
& s'il récidive pendant un autre mois , à compter (1) Enjoignons aux Officiers de Justice établis
pareillement du jour de la dénonciation , il aura le dans ledit pays , de procéder criminellement contre
jarret coupé , & il fera marqué d'une Fleur de Lys les Maîtres & les Commandeurs qui auront tué !
• [. •
fur l'autre épaule , & la troisième fois il fera puni leurs Esclaves , ou leur auront mutilé \es membres',
de mort. Art. 3 1 ibid. étant fous leur puissance ou sous leur direction , &
(5) Défendons aux Esclaves de porter aucunes de punir le meurtre selon Yatrocité des circonstan
armes offensives , ni de gros bâtons ; à peine du ces ; & en cas qu'il y ait lieu à l'absolution , leur
Fouet & de confiscation des armes au profit de permettons de renvoyer , tant les Maîtres que les
celui qui les en trouvera saisis , à l'exception seu Commandeurs absous , fans qu'ils ayent besoin
lement de ceux qui seront envoyés à la chasse par d'obtenir de nous des Lettres de grâce. Même Edity
leurs Maîtres , & qui seront porteurs de leurs bil art. z<j.
lets ou marques connues. Ibid. Edit de 1714 , (3) Seront tenus' les Maîtres, en cas de vol ou
art. 11. d'autre dommage causé par leurs Esclaves, outre la
(6) Défendons, pareillement aux Esclaves appar- Peine corporelle des Esclaves , de réparer le tort en
tenans à différens Maîtres , de s attrouper le jour leur nom , s'ils n'aiment mieux abandonner 1 Es
ou la nuit , fous prétexte de noces ou autrement , clave à celui auquel le tort aura été fait , ce qu'ils
soit chez un de leurs Maîtres ou ailleurs , & en seront tenus d'opter dans trois jours , à compter de
core moins dans les grands chemins & les lieux celui de la condamnation , autrement ils en seront
écartés , à peine de punition corporelle , qui ne déchus. Même Edit , art. 31.
pourra être moindre que du Fouet , 8c de la Fleur
de Lys ; & en cas de fréquentes récidives , & autres V.
circonstances aggravantes , pourront être punis de
mort ; ce que nous laissons à Farbitrage des Juges. 3 °. Délits qui se commettent par les Af f. Désirs
Enjoignons à tous nos Sujets de courre fus aux franchis. Les Réglemens en distinguent commis
par les Afr
Contrevenans , de les arrêter & conduire en pri de deux sortes ; sçavoir , d'une part , lors franchis ;
son , bien qu'ils ne soient Officiers , & qu'il n'y que ces Affranchis donnent retraite aux Es en quoi
ait encore contre les Contrevenans aucun Décret. consistent,
claves fugitifs, & de l'autre lorsqu'ils man & leur Pei-
Même Edit f art. 13. quent au respect singulier qu'ils sont tenus ne*

I V. de porter à leurs anciens Maîtres , à leurs


Veuves & à leurs Enfans. Au premier cas
4- Délits 2°. Délits des MAÎTRES envers leurs Es il y a contr'eux peine d'Amende de trente
commis claves. L'on veut parler des excès auxquels livres par chaque jour de Rétention de
par les
Maîtres ; ils se livrent, lorsqu'au lieu d'une simple l'Esclave fugitif ; Amende au paiement
leur Pei correction dont ils peuvent user envers ces de laquelle ils ' peuvent être contraints par
ne , & ce
qu'il y a Esclaves , comme de les faire enchaîner ou corps ; &. faute de pouvoir la payer , ils
de parti battre de verges ou de cordes , ils portent doivent être réduits à la condition d'Es
culier à
l'égard de la cruauté jusqu'à leur faire donner la tor claves , 6c vendus comme tels ; de manière
ceux-ci. ture, mutiler leurs membres , ou même les que si le prix de la vente excède l'Amende ,
tuer. Ces Maîtres doivent dans tous ces cas , le surplus doit être délivré à THôpital (1).
suivant les Réglemens (1) , être poursuivis Au second cas , ils doivent , aux termes
extraordinairement, & punis ;íçavoir , pour des Réglemens , être punis plus grièvement
le cas de la mutilation , par la confiscation pour ces sortes d'Injures , que s'ils les avoient
des Esclaves; &. pour celui du meurtre , commises envers d'autres particuliers (2).
la Peine en doit être réglée suivant Patro-
cité des circonstances (2). II y a d'ailleurs (i)Les Affranchis ou Nègres libres qui auront
cela de remarquable en ce dernier cas , que donné retraite dans leurs Maisons aux Esclaves fu
gitifs , seront condamnés par corps , envers le Maî
lorsqu'ils en font renvoyés absous par les
tre , en une amende de 30 liv. par chacun jour de
Juges , ils ne font point obligés d'avoir rétention , & les autres personnes libres , qui leur
recours à des Lettres de Grâce. II y a auront donné pareille retraite , en 10 liv. d'Amen
encore cela de particulier, par rapport à ces dé, aussi pour chaque jour de rétention ; & faute
Maîtres ; qu'en cas de vol ou de dommages par lesdits Nègres affranchis ou libres , de pouvoir
payer l'Amende , ils soient réduits à la condition
causés à autrui par leurs Esclaves , ils font
d'Esclaves & vendus , & si le prix de l'Amende
tenus de les réparer , ou bien d'abandonner passe la vente , le surplus fera délivré à l'Hôpital.
l'Esclave : ce qu'ils doivent opter dans Edit de Mars 1714, art. J4.
trois jours , sinon déchus de cette fa (z) Commandons aux Affranchis de porter un
culté (3). respect singulier à leurs anciens Maîtres , à leurs
le
I ii 2
LES LÔIX CRIMINELLES, Liv.III. Tit. VIII.
436
Veuves & à leurs Enfans ; en sorte que l'injure joint , dans U cas ou l^s Jugemens
* Q- IV U* -J y -- l
qu'ils léur auront faite , soit punie plus grièvement portent condamnation à mort contre les
Îue si elle étoit faite à une autre personne } les Esclaves , de les faire estimer avant l'exé-
)irecteurs toutefois francs & quittes envers eux cution par deux Experts qu'ils nommeront
de toutes autres charges , services & dròits utiles
d'office , pour le prix de l'estimation en être
que leurs anciens Maîtres voudroient prétendre ,
tant fur leurs personnes , que fur leurs biens & payé<aux Maîtres qui les auront dénoncés ,
successions en qualité de Patrons. Même Edit , & qui n'auront point d'ailleurs participé à
art. <y leurs Crimes. La même Loi veut que , pour
V I. le paiement du prix de cette estimation , il
soit imposé par le Conseil Supérieur une
6. Peine 40. Devoirs particuliers des Juges en
taxe sur chaque tête de Nègre (4).
vlntions* cette ma"ere' Nous venons de voir , d'après
(1 ) V. l'art. 39 , à la suite de la max. ì. ci-dessus.
faites parl'art. 39 de l'Edit de 1724 (1) , qu'il y
' (ì) Défendons ì tous Officiers de notredit Con
"ces Ré- av0^ s lnìon^OIÏi exprefles faites aux seil , & autres Officiers de Justice établis auxdits
glemens. Officiers de Justice de proeéder criminel pays , de prendre aucune taxe dans les Procès cri
lement , & de punir les Maîtres qui mu minels contre les Esclaves , à peine de concussion.
tilent, ou tuent leurs Esclaves. L'on trouve Edit de Mars 17x4, art. 37.
encore dans le même Edit trois autres dis (3) Voulons que les Esclaves, qui auront en
couru les peines du Fouet , de la Fleur de Lys ,&
positions particulières qui concernent les Ju des Oreilles coupées , soient jugés en dernier res
ges. La première porte des défenses expresses sort par les Juges ordinaires , & exécutés , fans qu'il
à ces Officiers de prendre aucune taxe dans les soit nécessaire que tels Jugemens soient confirmés
Procès criminels qu'ils instruisent contre les parle Conseil Supérieur, nonobstant le contenu en
Esclaves , à peine de concussion (2). Par la l'art. 16 des présentes , qui n'aura lieu que pour les
Jugemens portans condamnations de mort , ou de
seconde il leur est enjoint , dans les Juge-
jarret coupé. Mime Edit , art. 33.
mens qu'ils rendent en première instance , (4) L'Esclave condamné à mort sur la dénoncia
lorsqu'il ne s'agit point de condamnation à tion de son Maître , lequel ne sera point complice
mort ou de jarret coupé , mais seulement de du crime , sera estimé avant l'exécution par deux
la peine du Fouet , de la Fleur-de-Lys , ou des principaux Habitans, qui seront nommés d'of
fice jpar le Juge , & le prix de l'estimation en fera
des Oreilles coupées , de juger en dernier
paye ; pour à quoi satisfaire , il fera imposé par
Ressort , & de faire exécuter leurs Juge notre Conseil Supérieur , sur chaque tête de Nègre,
mens -, fans attendre qu'ils soient confirmés la somme portée par l'estimation , laquelle sera ré
par Arrêts du Conseil Supérieur (3). glée sur chacun desdits Nègres , & levée par ceux
Enfin par la troisième il leur est aussi en- qui feront commis à cet estet. Même Edit , art. 36.

CHAPITRE HUITIEME.

Délits en fait àt Librairie & Imprimerie»

SOMMAIRES.

1. Deux sortes de Réglemens en cette ma- i o. Livres fans nom dImprimeur , ni


tierc. d'Auteur , ni de la Ville oh ils ont été
2. Réglemens fur la forme t dont il s'agit imprimés.
principalement ici. 11. Livres fous un faux nom d'Imprimeur,
3. Qualité des Peines pvrtées par ces Ré- 12. Livres imprimés hors du Royaume.
glemens. 13. Livres imprimés ailleurs que dans /'Offi-
4. Différentes espèces de Délits qui se corn- cine ou Ouvroir.
mettent en cette matière. 14. Livres imprimés avec Rouleaux.
5. Livres imprimés fans permissions portées 15* Imprimeries privées.
par des Lettres du grand Sceau. 1 6. Défaut de fourniture du nombre
Livrets imprimés Jans permission du Juge d'Exemplaires prescrits par les Régie-
de Police. mens,
7. Arrêts imprimésfans permission des Cours 17. Faux Cartouches imprimés ou gravés
ou des Procureurs-Généraux. 18. Libraires ù Imprimeurs non Catholi-
8. Mémoires imprimés fans signature dAvo- ques.
cats ou Procureurs. 19. Protes, Correcteurs & Compositeurs qui
9. Livres imprimés fans approbation du contrevienne/u aux Réglemens ; leur
Censeur. Feine.
I.
1. Deux I L y a deux sortes de Réglemens fàits íùr diflférens Délits , auxquels ils ont attaché mens
Réglé- dC cette matiere j dont la contravention forme des Peines particulières. Les uns regardent "elr"
DES DÉLITS CON TRE LA POLICE. 4*7
la Qualité des Livres qui font l'objet de
l'Imprimerie & de la Librairie 5 les autres I V.
concernent les Formes qui doivent s'obser Ces Délits font , 1 °. lorsqu'on imprime 4. Diffe-
ver par rapport à l'imprestion & à la vente ou que l'on réimprime des Livres , ou que ree"îess *T
de ces Livres. Nous avons eu lieu de parler l'on grave des Livres de Musique , Cartes délits qui
des contraventions de la première eípece de Géographie , fans en avoir obtenu la Per- se coin~
•n' D • 1 r» • «i „ t n . mettent en
fous le Titre de l'Injure par écrit ou des mission , m le Privilège ; 20. Iorlqu on im- cette nu-
Libelles diffamatoires , où nous avons remar prime des Livres fans Approbation des Cen tiere.
qué les Peines particulières qui íont portées seurs ; 30. lorsqu'on contrefait des Livres
tant contre les Auteurs , que contre les Im imprimés, munis de Privilèges $4°. lorsqu'on
primeurs & distributeurs de ces Libelles,lors- imprime ou vend desLivressans nom d'Impri
qu'ils tendent à attaquer la Religion , l' Auto meur , ou qu'on ne met point le nom de l'Au-
rité Royale , & la Réputation d'autrui. Nous teur , ni celui de la Ville où les Livres ont
ne nous occuperons ici que de ceux qui pres été imprimés ; 50. lorsqu'on supposé un faux
crivent les formalités dont l'oraiffion ou la nom d'Imprimeur , ou qu'on prête son nom
violation donne lieu à de certaines Peines à un autre ; 6°. lorsqu'on fait imprimer hors
établies par ces mêmes Réglemens. Parmi du Royaume ; 70. lorsqu'on fait imprimer
les Réglemens de cette derniere efpece , ailleurs que dans son Ouvroir ou Officine ;
l'on en remarque aussi de deux claíTes diffé 8°. lorsqu'on imprime avec des Rouleaux ;
rentes : les uns , qui font portés par des Loix 90. lorsque l'on a des imprimeries privées ;
générales du Royaume : d'autres qui se io°. lorsqu'on ne fournit pas les Exemplai
trouvent consignés dans des Statuts parti res , dans le nombre prescrit pas les Régle
culiers aux Communautés des Libraires & mens ; ii°. enfin, il y a aussi des Peines
Imprimeurs. Nous ne nous arrêterons point portées contre les Protes , Correcteurs &
à la discussion de ces derniers , qui regardent Compositeurs qui travaillent à l'impressiort
proprement la discipline en fait du com des Livres non revêtus des formes prescri
merce d'Imprimerie 6c de Librairie , & tes par ces mêmes Loix. nous allons re
comprennent par conséquent , dans leurs prendre tous ces différents Délits , pour
dispositions , non-feulement les Imprimeurs leur appliquer les dispositions des Loix par
& Libraires , mais encore leurs Compa ticulières qui les concernent.
gnons & Apprentifs , les Fondeurs , Re
lieurs , Correcteurs & Colporteurs , & autres V.
dont les souciions font relatives à ce com
merce. Nous nous contenterons de ren i". Livres ou autres Ouvrages imprimés >ou Litre»
voyer nos Lecteurs , íùr ce point , au gravés fans permiffwn. Nous distinguons , à f^"™^*
Code de la Librairie , ou plutôt au nou cet égard , quatre sortes de Permissions, dont missions
la nécessité se trouve prescrite par des Loix Porté«
veau Règlement du 30 Août 1777 , qui , . T r par des
en même temps qu'il renouvelle les princi & Réglemens particuliers. La première & Lettres da
la plus générale est celle qui s'accorde par |r*ní
pales dispositions des précédens , ajoute fur
d'autres plusieurs changemens & modifica des Lettres du grand Sceau, sous le nom
tions remarquables. de Privilège ; c'est aussi celle dont il est fait
mention dans les Loix les plus anciennes ,
I I. notamment dans l'Ordonnance de Moulins
de 1 566 (1) , dans la Déclaration de Char
1. Régie- Pour ce qui concerne les Réglemens gé- les IX en 1571 (2), dans les Lettres-Pa
reforme n^raux P°nce ^ur cette matière , nous tentes de Henri III en 1 586 (3) ; & enfin
dont°iís'a- allons les rappeller ici , tels qu'ils se trou- dans la Déclaration de Louis XIII en
git princi- vent indiqués dans les Préambules des Dé 1626 (4) , dont les dispositions ont été
paiement ciarations <jes 2 ]yjaj 1 7 1 y ; & x 0 1728,
renouvellées en dernier lieu par les Déclara
qui en ordonnent l'exéçution. tions du 2 Octobre 1707 (5) , du 1 2 Mai
1717 (6) , & du io Mai 1728 (7) , suivant
' . U I. lesquels il y a , contre les contrevenans ,
Peine de Confiscation d'Exemplaires , d'A
Qualité H paroît , d'après ces différentes Loix ,
mende , de Clôture de Boutique , & même
\c% Peines qu'il se commet , en cette matière , plusieurs
port4* ju. fortes de Délits auxquels elles ont attaché de Déchéance de Maîtrise & du Carcan ,
suivant l'exigence des cas. '
{■íemens. des Peines particulières , dont les plus or
dinaires sont celles de l'Amende , de la ( 1 ) Défendons à toutes personnes que ce soit ,
Confiscation des Exemplaires , & de la Clô d'imprimer ou faire imprimer aucuns Livres 011
ture des Boutiques. On y joint aussi quel Traités fans notre Congé ou permission , & Lettres
de Privilèges expédiées fous notre grand-Scel ; au
quefois celles de la déchéance de Maîtrise , quel cas aussi enjoignons à rimprimeur d'y mettre
du Carcan , & des Galères , suivant l'exi- & insérer son nom , & le lieu de sa demeurance.
gence des cas , ou le nombre des récidives. Ord. de Moulins , an. 78.
438 LES L01X CRIM1NE LLES, Liv. III. Tit. VIII.
(z) Défendons Pimpreflion en notre Royaume du Conseil des 7 Septembre 1701(1) ; 16
de tous nouveaux Livres , fans notre Permission Décembre 171 5 (2) & 22 Juin 1723 (3),
par Lettres de notre grand-Scel , auxquelles fera suivant lesquels il y a , contre ceux qui né
attachée la certification de ceux qui auront vu & vi
gligent de prendre ces sortes de Permissions ,
sité le Livre ; & ne fera loisible d'imprimer aucun
Livre , fans au commencement & première page mêmes Peines que celles portées dans les cas
d'icelui , nommer l'Auteur & l'Imprimeur. Décl. précédens.
de Charles IX. du 16 Avril 1571 , art. 10.
(1) . . . Ordonne qu'aucuns Imprimeurs , Li
(3) Défendons à tous Imprimeurs & Libraires
braires ou autres , ne pourront faire imprimer ou
de faire mettre aucuns Livres fur la presse , ni im
réimprimer , en aucun lieu du Royaume , aucuns
primer , ni faire imprimer iceux , que premier ils
Livrets , fans en avoir obtenu Permission des Juges de
n'ayent eu le Privilège accordé par nous signé ,
Police des lieux , & fans une Approbation de per
& scellé en bonne & due forme , duquel les-
sonnes capables & choisies par lesdits Juges pour
dits Imprimeurs seront tenus de retenir par-devers
l'examen desdits Livrets : fous lequel nom de Li
eux copie duement collationnée. Lettres-Patentes
vrets , ne pourront être compris que les Ouvrages,
tfHenry 111. du iz Oclobre 1586.
dont rimpression n'excédera pas la valeur de deux
(4) Faisons défenses d'imprimer , vendre ni dé feuilles en caractère , dit Cicero. Arrêt du Con
biter aucuns Livres imprimés fans Lettres -Patentes , seil , revêtu de Lettres-Patentes , du 7 Septembre
signées & scellées du grand Sceau. Ord. de Louis 1701 y art. 1.
XU1 y en 16x6 , art. 66.
(z) Fait défenses d'imprimer aucuns Livrets ou
(5) II est ordonné qu'aucun Libraire ou autres , Feuilles volantes fans permission des Juges de Po
ne pourront faire imprimer ou réimprimer dans lice des Lieux , & fans une Approbation de per
toute l'étendue du Royaume aucun Livre , fans en sonnes capables ou commises, fous les Peines por
avoir préalablement obtenu la Permission par Let tées par les Réglemens. Arrêt du Conseil du 16
tres scellées du grand Sceau. Lettres- Patentes du Décembre 1715.
2 Oclobre 1701.
(3) Le Roi s'étantfait représenter en son Con
(6) Faisons inhibitions & défenses à tous Impri seil l'Arrêt du 7 Septembre 1701 , portant Règle
meurs , Libraires , Colporteurs & autres , de quel- ment pour la Librairie, &les Lettres expédiées fur
qu'état & condition qu'ils soient , d'imprimer , icelui du z Octobre suivant , par lesquelles il est
vendre , débiter , ni distribuer aucuns Livres , Li fait défenses à tous Libraires, Imprimeurs ou Au
vrets , Libelles , Feuilles volantes ou autres Ouvra- teurs , de faire imprimer ou réimprimer dans l'é
Î;es , qu'en vertu de Privilèges généraux ouparticu- tendue de son Royaume aucun Livre , fans en avoir
iers , obtenus de Nous ,j| ou de Permission des préalablement obtenu la permission par Lettres
Officiers de Police , dans le cas où il leur est permis scellées du grand Sceau , ni aucuns Livrets , fans en
d'en accorder , suivant les Lettres-Patentes du z avoir obtenu Permission des_ Juges de Police des
Octobre 1701 , le tout à peine contre les Libraires lieux , & fans une Approbation de personnes capa
ou Imprimeurs d'interdiction pour un temps , ou bles & choisies par lesdits Juges , pour l'examen
de privation de leur Maîtrise pourtoujours , & tant desdits Livrets , sous lesquels noms de Livrets , ne
contre eux que contre les Colporteurs, Distribu pourrpient être compris que les Ouvrages , dont
teurs & autres , de confiscation des exemplaires , l'impression n'excéderoitpas la valeur dedeux feuil
mille livres d'Amende pour chaque contravention , les en caractère , dit Cicero , ensemble l'Arrêt du
dont la moitié appartiendra au Dénonciateur, l'au Conseil d'Etat , du 16 Décembre 1715 , par lequel
tre moitié aux Hôpitaux les plus prochains , s'il n'y ces dispositions auroient été renouveílées sous les
en a point dans le lieu , & d'être appliqués au car Peines portées par ces Réglemens ; & Sa Majesté
can , même d'être condamnés aux Galères suivant étant informée que l'exécution desdits Réglemens
l'exigence des cas. Décl. du 12 Mai 17 17. donne lieu à répandre dans le Royaume un grand
nombre de Livres contre la Religion , l'Etat & les
. (7) A l'égard des autres Ouvrages ou Ecrits , qui
bonnes mœurs , & voulant y pourvoir , tout con
n'étant de la qualité & fur les matières ci-deffus
sidéré : Sa Majesté; en son Conseil , a ordonné &
marquées , auront été imprimés fans Privilège ni
ordonne que lesdits Arrêts & Lettres-Patentes des
permission ; laissons à la prudence & à la religion de 7 Septembre & z Octobre 1701 , ensemble ledit •> 1
nos Juges, par rapport auxdits Ouvrages seulement,
Arrêt du 16 Décembre 1715 3 seront exécutés se
de prononcer contre les Imprimeurs &c Auteurs ,
lon leur forme & teneur ; 6c en conséquence , fait
telle peine qu'ils jugeront convenable , suivant
Sa Majesté défenses à tous Imprimeurs , Libraires
l'exigence des cas ; leur enjoignant néanmoins de
ou autres , d'imprimer ou faire imprimer aucuns
tenir sévèrement la main à ce que tous ceux qui
Livres , même Livres d'Usages , de Classes & au
auront eu part à la composition , impressioa ou
tres de quelque nature qu'ils puissent être , fans Pri
distribution de tous Libelles , de quelque nature
vilèges ou permissions du grand Sceau , ni aucuns
qu'ils puissent être , soient punis suivant la rigueur
Livrets ou Feuilles volantes , fans permission des
de nos Ordonnances. Décl. du 10 Mai 1 718. arr. 5.
Juges de Police des lieux , & fans une Approbation
de personnes capables à ce commises , fous les pei
V I. nes portées par les Réglemens. Enjoint Sa Majesté
aux Sieurs Intendans & Commissaires départis
6. Livrets Une seconde efpece de Permission^ qui a dans les Provinces , Sc aux Officiers de Police
^"pe*. lieu seulement pour des Livrets , Feuilles des lieux , de tenir la main à l'exécution du pré
mission du volantes & Pieces fugitives dont l'impres- sent Arrêt , lequel sera lu , publié & affiché par
Poifce dC ^on n'excede pas la valeur de deux Feuilles tout où besoin sera. Arrêt du Conseil du zz Juin
1713-
en caractère dit Cicero , s'accorde par le V I I.
- Lieutenant-Général de Police. II elt parlé
principalement de celle-ci dans les Arrêts Une troisième efpece de Permission regarde imprfmé"
DES DÉLITS CONTRE LA POLICE. 459
sans per- les ARRETS des Cours Supérieures. Celle-ci 1* Permission du lieutenant - General de Police du
!Tisl£n doit être accordée par ces Cours elles-mêmes lieu 1 sur les conclusions du S ubstitut du Procureur-
ou par les Procureurs-Généraux dans ces fMrald, Roi en ladite Wdiction de la Police,
«...„ r r ■ jt>ìi -i- le tout lans aucuns frais : Ordonne que le présent
r«Trs-Gé- Cours , suivant des Réglemens particuliers , Arrêt sera lu & publié en la Communauté des
náaux. tant du Grand-Conseil (i) , que du Parle- Avocats §c Procureurs de la Cour , signifié au Syn-
, ment (z) : le tout à Peine d'Amende contre die de la Communauté des Libraires & Imprimeurs
les Imprimeurs , & de Suspension de leurs de cctte ville de Paris • & Ç°Ples collationnées ,
fonctions , en cas de récidive. envoyées au* Bailliages , Senechaussees & autres
7 . Sièges du Reslort , pour y ctre lu , puphe , enre
gistré : enjoint au* Substituts du Procureur-Gé-
- (1) Vu par le Conseil ladite Requête : le Conseil néral du Roi d'y tenir la main , 8; d'en certifier la
ayant égard à ladite Requête. La Cour ordonne Cour dans, un mois. A R RE T du Parlement de
que les anciens Arrêts de Règlement seront exécu- Paris, , du 30 Juin 1719. • —
tés selon leur forme & teneur ; en conséquence , ,
fait défenses à tous Imprimeurs d'imprimer aucuns V T T T
Arrêts du Grand- Conseil à toutes personnes de ' *'
les faire imprimer , fans avoir préalablement obte
nu une permission expresse du Conseil ou du Pro- Enfin , une quatrième espece de permis- %.Mimoì-
cureur-Général audit Conseil ; à peine contre les rwn regarcJe jes REQUETES & MÉMOIRES "ïJT™
Contrevenais de deux cent livres d Amende pour • se d&iílribuent dans des affaires pendantes signale
la première fois ;& à regard des Imprimeurs , en 3 . „ .. , - . r Avocat*
cas de récidive , d'être suspendus de leurs fondions dans les Tribunaux , lesquels ne peuvent JX^.
pendant trois mois ; comme aussi fait défenses à s'imprimer , suivant les Réglemens , que reurs.
toutes personnes , & à tous Afficheurs , d'afficher fur la signature des Avocats ou des Pro-
ni faire afficher, en quelque lieu, ou fous quelque cureurs , mise au bas de ces Mémoires &
prétextequece^ Requêtes (i).Sur quoi il y a deux chofesà
Conseil, sl la permission n en est expreslementpor- \/ n , ~.
, téeefdits Arrêts, ou fans en avoir préalablement observer ; ìune^ que dans les affaires pen-
obtenu par écrit le consentement dudit Procureur- dantes au Conseil , il ne peut s'imprimer de
Général , fous pareille Peine de deux cent livres Mémoires ni de Requêtes qui ne soient
d'Amende pour la première fois ; & à l'égard des signés par l'un des Avocats au Conseil (2).
Afficheurs,en cas de récidwe , fous telle peine qu'il VaMre ^ est intervenu en dernier lieu un
appartiendra. Ordonne que le présent Arrêt sera -o 1 t • * 1 t • 1
lu , publié & affiché oii besoin sera , & signifié à la Règlement qui a encore porté plus loin les
Requête dudit Procureur-Général du Roi , au Syn- précautions que les précédens , en ce qu'il
die de la Communauté des Libraires & Imprimeurs défend Fimpreíîìon de tous Mémoires ,
de cette Ville de Paris , pour être exécuté selon fa Consultations , & autres Ecrits , quoique
Sentir teneUr' ***** ^ Grand'Conseil du 1 5 rigné5 par des Avocats , lorsqu'ils font faits
eptem re 1717. pour des affaires qui ne font point conten-
(1) La Cour ordonne que les Arrêts des 14 Jan- rieuses , & avant qu'elles soient devenues
yier 1690 & 4 Mai 1717 , seront exécutés selon contradictoires ; comme aussi Imposition
leur forme & teneur : ce faisant , fait défenses à ' 1 „„„ T . • „. fc.Lj:i r
„toutes
. sortes
f . de , perionnes
r , taire
de r- ■ *imprimer aucun_ en
. vente de ces Impriméstr », avant
. qu
t, il loit
Arrêt, St à tous Imprimeurs d'en imprimer fans intervenu un Jugement définitif fur ces
permission de la Cour ; à peine contre les Contreve- affaires , & même pendant Tannée qui fui-
nans de deux cent livres d'Amende pour la première vra ce Jugement: le tout à Peine, contre
fois ; & à l'égard des Imprimeurs , en cas de réci- les Imprimeurs , de trois cent livres d'A-
dive, d'être suspendus de leurs fonaions pendant m£nde & ^ de Déchéance de Maî.
trois mois, a 1 exception néanmoins des Arrêts de -r < » • o 1
Réglemens, & de tous ceux qui concernent l'or- tnse> en cas de récidive; & contre les
dre & la discipline publique , qui doivent être im- Parties , de cinq cens livres d'Amende ,
primés par les foins du Procureur-Général du Roi, Dommages & intérêts, & d'être les uns
&par lui envoyés dans les Bailliages , Sénéchauf- & Jes autres poursuivis extraordinairement,
fées & autres Sièges du Ressort , en exécution des s^ t l>exigence des cas. L'on veut parler
Arrêts qui lont ainn ordonne; & encore des 1 1 i-w 1 • 1 o j
Arrêts d'ordre & d'homologation des contrats fe ^ Déclaration du 18 Mars 1774, dont
pour être signifiés aux parties : fait en outre inhi- «s sages dispositions méritent d'être rap-
bitions & défenses , fous les mêmes peines , à ton- portées ici (3).
tes sortes de personnes , lors de l'impression des
Arrêts , dont la permission auroit été accordée par (1) N'entendons comprendre dans la disposition
l'Arrêt même , ou postérieurement à l'Arrêt , d'y des Présentes... les Mémoires , Placets , Requêtes ,
insérer aucun autre titre que le nom des Parties & Faclums, ou autres écritures , servans aux jugemens
la date , ni d'y ajouter aucun autre imprimé , soit des procès pendans tant en nos Conseils que devant
Mémoire , Factum , Abrégé , Précis du Fait ou nos Cours & Juges , qui seront imprimés , pourvu
autrement , en quelque forte & manière que ce qu'ils soient signés d'un Avocat ou d'un Procureur
puisse être, sauf, au cas que la Partie juge nécef- en la manière accoutumée. Die/, du 11 Maimj.
faire d'y faire ajouter quelqu'autre titre ou Mé- (i) Le Roi en son Conseil , de l'avis de M. le
moire , de se pourvoir en la Cour , ainsi qu'il ap- Chancelier , a ordonné & ordonne , que les Arrêts
partiendra ; fait pareillement inhibitions & dé- & Réglemens publiés fur 1s fait de rimprimerie ,
fenses à tous Imprimeurs établis hors de cette Ville seront exécutés selon leur forme & teneur ; & en
de Paris , d'imprimer aucuns Arrêts dont la Cour conséquence , fait très-expresses inhibitions & dé-
auroit ordonné i'impression , fans en avoir obtenu fenses à tous Imprimeurs d'imprimer aucuns Mé-
440 LES LOIX CRIMINE LLES, Liv. III. Tit. VIII.
moires , sous quelque titre & dénomination que ce dénomination que ce puisse être, s'ils ne sont signés
soit , dans les affaires qui font portées dans les d'un Procureur ou d'un Avocat , comme par le
Conseils de Sa Majesté, & dans les Commissions passé... Art. VI. LesLoix, Ordonnances, Edits
qui en font émanées , fans que lefdits Mémoires & Réglemens concernant la décence, la gravité ÔC
íoient signés de l'un des Avocats au Conseil, quand la modération que doivent observer les Défenseurs
même ils le feroient de la Partie ou de telle autre des Parties , seront exécutés selon leur forme & te
personne que ce puisse être , 8c sans que le nom de neur ; & en conséquence, faisons très-expresses in
î'Avocat au Conseil qui en aura signé la minute , hibitions & défenses à tous Avocats & Procureurs
ensemble le nom dePImprimeur, sa demeure & la d'user de termes injurieux envers leurs Confrères ,
date de Tannée , y soient marqués ; Fait aussi pa les Parties tous autres , & d'employer des faits
reilles inhibitions & défenses à toutes personnes , inutiles & étrangers à la cause ; leur enjoignons de
de quelqu'état & qualité qu'elles soient , de faire se renfermer dans les bornes d'une défense raison
imprimer ou distribuer lefdits Mémoires , & à tous nable & légitime , le tout à peine de suspension de
Libraires , & Colporteurs & autres de les vendre , leur état , ou autre plus grande s'il y échoit: Enjoi
& autrement distribuer , comme aussi à tous Huis gnons à nos Avocats & Procureurs-Généraux, & à
siers de les signifier ; le tout à peine contre chacun leurs Substituts , de tenir la main à l'entiere exécu
des Contrevenans de cinq cens livres d'amende , tion des dispositions de notre présente Déclaration.
applicable aux dépenses communes des Avocats aux Si donnons en mandement , &c. De'cl. du Roi , du
Conseils , même de plus grande peine s'il y écheoit. 1 8 Mars 1774.
A&RET du Conseil du 17 Oclobre 1740.
I X.

(3) LoUlS, &c. Les abus qui n'ont que trop 2°. Livres imprimés 3 ou réimprimés fans
souvent résulté de l'usage qui s'est établi de faire rApprobation du Censeur, La néceíììté de
imprimer des Mémoires , Consultations & autres cette Approbation , pour 1'impreíîìon & la
Ecrits pour l'instruction des contestations qui s'élè réimpression des mêmes Livres , se trouve
vent entre nos Sujets , ayant été portés à un excès prescrite par les mêmes Loix , qui exigent
qui n'est pas moins contraire au bien de la Justice
qu'à la tranquillité des familles & à l'honneurdu les permissions dont nous venons de par
Barreau. Nous avons jugé nécessaire de renouveller ler , mais plus particulièrement encore par
les dispositions des anciennes Ordonnances & des l'Ordonnance de Louis XIII en Janvier
Réglemens intervenus fur cette matière , & d'y 1629 (1), par l'Arrêt du Conseil d'Etat
ajouter les précautions qui nous ont paru les plus du 22 Mars 1682 (2) ; & enfin par des
capables d'en assurer l'exécution , fans nuire à la li
Lettres-Patentes du 28 Octobre 1701 (3) ,
berté qu'exige une défense légitime & raisonnable.
A ces causes , &c. . . . Art. I. II ne poura être suivant lesquels il y a aussi mêmes Peines
imprimé aucuns Mémoires , Consultations ou au portées pour cette espece de contravention
tres Ecrits , que fur les affaires contentieuses , & que pour les précédentes.
seulement lorsque l'affaire sera devenue contradic
toire ; à l'effet de quoi l'Imprimeur sera tenu , (t) Duquel manuscrit , à cette fin , seront faites
avant qu'il puisse en commencer l'impression , de deux copies , dont l'une portant fotrginal de ladite
se faire remettre , & de conserver pour sa décharge Attestation ( du Censeur ) , sera laissé ès mains de
un certificat signé de I'Avocat , du Procureur de la nofdits Chancelier ou Garde des Sceaux , & l'autre
Partie , ou du Greffier du Tribuaal oíi l'affaire a été collationnéesuricelle , ès mains du Libraire ou Im
portée , contenant qu'il y a contestation en cause... primeur au nom duquel fera délivré ledit Privi
Art. II.Faisonspareillement très-expresses inhibi lège , remettant néanmoins à la discrétion & pru
tions & défenses aux Parties de faire imprimer , & dence de nofdits Chancelier & Garde des Sceaux ,
aux Imprimeurs d'imprimer aucuns Mémoires à de dispenser de cette observation ceux qu'ils ver
consulter , quand même ils feroient signés, sauf aux ront devoir faire , soit par le mérite & dignité des
Avocats à rappeller clans leurs Consultations les Auteurs , ou autres considérations. Défendons à
faits ôcles questions fur lesquels ils font consultés, tous lefdits Libraires & Imprimeurs de contrevenir
en observant toutefois la modération & la décence à la présente Ordonnance , sur les Peines portées
convenables à la noblesse de leur profession. . . . par ladite Ordonnance de Moulins , & d'être inter
Art. III. En cas de contravention aux deux articles dits pour un an de l'exercice & trafic de leur état ,
précédens , les Imprimeurs seront condamnés en & de fermer leur boutique pendant ledit temps.
trois cent livres d'amende pour la première fois , Ord. de Louis XIII. en Janvier 1629.
6c en cas de récidive, ils seront déclarés déchus de
la Maîtrise , à temps , 011 même à perpétuité ; & à (2) Le Roi étant informé que les Libraires , tant
l'égard des Parties , elles seront condamnées en cinq de la bonne Ville de Paris , que des autres Villes de
cent livres d'amende , & aux dommages & intérêts son Royaume , par un abus dont l'expérience fait
envers la Partie intéressée : pourront en outre lef- tous les jours connoître le préjudice , s'ingèrent de
ilits Imprimeurs & lesdites Parties être poursuivis faire imprimer les nouveaux Ouvrages des Au
extraordinairement , suivant l'exigence des cas ... teurs , en les intitulant de second , troisième ou
Art. IV. Défendons pareillement , & fous les mê quatrième tome , ou la suite des Ouvrages , pour
mes peines , à toutes personnes , fans exception , de l'impression desquels les mêmes Auteurs ont obte
vendre ou de faire vendre , & aux Imprimeurs , nu le Privilège en conséquence des Approbations
Libraires & autres quelconques, d'exposer en vente des Docteurs à ce préposés, lefdits Imprimeurs pré-
aucuns Mémoires , Consultations & autres Impri tendans qu'il n'est plus nécessaire , non-feulement
més concernant des affaires pendantes actuellement d'obtenir d'autres privilèges pour lefdits Ouvrages
en Justice , avant qu'il soit intervenu fur i ce Iles nouveaux , mais encore de les faire approuver , &
un Jugement définitif, & même, pendant l'an- comme il est arrivé souvent que dans ces nouveaux
née qui suivra ledit Jugement Art. V. II Ouvrages , on a glissé des maximes & des matières
ne pourra être imprimé aucuns Mémoires , Con suspectes , & qui auroient empêché l'impression
sultations ou autre Ecrits , fous quelque titre & desdits nouveaux Ouvrages, s'ils avoient été vus en
DES D.ÉLITS CONTRE LA POLICE. 441
la manière ordinaire' j que d'ailleurs , Sa Majesté été faite. II est principalement fait mention menr ni
a encore été informée que les Libraires entrepren de ces sortes de Délits dans la Déclaration S?";
nent journellement d'insérer dans Jes Livres , dont
l'impression leur est permise , des Préfaces , Aver- de Henri II , du 27 Juin 1 5 5 1 (1) , dans Ville oìi il*
tissemêns , ou Epîtres Dédicatoires , dans lesquels celle de Charles IX, du 1 6 Avril 1 571 (2) , ™£f™'
les Auteurs glissent des choses qu'ils n'ont osé met dans PArrêt du Conseil d'Etat du 24 Mars " **
tre dans les corps des Livres , connoissant bien que
161 8 (3) , & enfin dans PEdit d'Août
les Examinateurs n'auroient pu les approuver ; &
Sa Majesté voulant y" pourvoir , & mettre un borí 1686 (4) , suivant lequel il y a Peine de
ordre à rimprimexrei& Librairie : Sa Majesté étant Confiscation , d'Amende , & même plus
en son.Coníèil , a défendu & défend très-expressé grande Peine s'il y échet.
ment à tous Imprimeurs , Libraires , d'imprimer ,
vendre & débiter aucuns Livres , sous prétexte de
tomes fui vans , & qu'ils auront du rapport ou seront ( 1) II est aussi défendu â tous Imprimeurs de
la suite de ceux qui auront été approuvés, & pour faire l'exercice& état d'impression , sinon en bonnes
l'impression desquels il aura été donné des Privilè Villes & Maisons ordonnées & accoutumées à ce
ges , si lesdits Livres ou Tomes nouveaux n'ont été faire, & non en lieux secrets , & que ce soit fous
vus 6' approuvés , & que fur ladite Approbation , il un Maître Imprimeur , duquel le nom , le domicile
n'ait été expédié nouvelles Lettres de Privilèges. & la marque soient mis aux Livres par eux impri
A Sa Majesté pareillement défendu 8c défend très- més , le temps de ladite impression & 1c nom de
expressément à tous Imprimeurs & Libraires , de l'Auteur , lequel Maître Imprimeur répondra des
mettre dans les Livres pour lesquels ils auront ob fautes & erreurs qui , tant par lui que sous son
tenu le Privilège , aucun Avertissement , Préface ou nom & par son ordonnance , auront été faites &
Epître Dédicatoire , s'il n'y a eu une Approbation commises. Déct.de Henri II , du 27 Juin 155 1 ,
particulière de celui qui aura approuvé le corps du art. 8.
Livre , à peine de punition. Mande & ordonne
Sa Majesté , au Lieutenant-Général de Police en (2) Ne fera loisible d'imprimer aucuns Livres fans,
la Ville, Prévôté Òt Vicomté de Paris , & tous au au commencement & première page d'icelui , nom
tres ses Officiers qu'il appartiendra , de tenir la mer I'Auteur & l'Imprimeur. Décl. de Charles IX ,
inain à l'exécution du présent. . Arrest du Conseil du 16 Avril 1571. art. 10.
d'Etat , du 22 Mars 1682. (5) Le Roi en son Conseil a fait très-expresses
inhibitions & défenses à tous Libraires & Impri
(5) Ordonne qu'aucuns Livres ou Livrets ne pour
meurs de vendre aucuns Livres esquels les noms des
ront être imprimés ÔC réimprimés , fans y insérer au
Libraires & des Villes où l'impression aura été faite
commencement ou à la fin , des copies entières ,
ne soient expressément & difertement spécifiés ,
tant de Permissions fur lesquelles ils auront été im
fur peine de confiscation & de punition corporelle
primés ou réimprimés } 'que du jugement de ceux qui
s'il y échet. Arrêt du Conseil , du z^Mars 1618.
les auront lus & approuvés avant l'obtention desdi
tes Permissions. Lettres-Pat. du 28 OSobre (4) Tous les Libraires & les" Imprimeurs impri
170 1 , art. 6. „ meront & feront imprimer les Livres en beaux
caractères, fur de bon papier, & bien corrects, avec
X. le nom & la marque de l'Imprimeur qui' en aura . .,, . •
fait l'impression \ & lorsque lesdits Livres feront
imprimés aux dépens des Libraires , & pour leur • » ■
10. Con- 30. Contrefaclion des Livres qui ont été compte , rimprimetir qui en fera l'impression fera -
trefaction imprimés avec Privilège. Indépendamment tenu de mettre son nom à la fin desdits^ Livres , ,
des Livres outre le nom & la marque du Libraire qui aura
imprimés des Peines qui se trouvent portées dans les été mise sur la première page desdits Livres } le
avec Pri Privilèges mêmes , contre ceux qui tombent tout à peine de Confiscation & d'Amende , & de
vilège.
dans ces sortes de contraventions , il se plus grande peine s'il y échet. Edit d'Août \6%6
art. 3.
trouve , à cet égard , une disposition parti
culière dans l'Ëditdumois d'Août 1686, X I I.
suivant laquelle , non-feulement ces Amen
des ne peuvent être modérées parles Juges,
50. Livres imprimés fous un faux nom Livres
mais les Contrevenans doivent être punis
de Libraire ou d' Imprimeur. II est parlé dé s°us un
corporellement , & déchus de Maîtrise ,
cette espece de Délit dans une Déclaration d-imp™'™
en cas de récidive (1).
de François I , en 1539 (i) mais principale- ffleur.
ment dans l'Edit du mois d'Août 1686(2) ,
fi) Défendons à tous Imprimeurs & Libraires de
contrefaire les Livres pour lesquels il aura été ac qui veut que les Libraires & Imprimeurs
cordé des Privilèges ou continuations de Privilèges , qui tombent dans ce cas soient punis comme
de vendre & débiter ceux qui sont contrefaits, sous Faussaires , déchus de leurs Privilèges , &
les Peines portées par lesdits Privilèges , qui ne
déclarés incapables d'exercer cette pro
pourront être modérées ni diminuées par les Juges ;
& en cas de récidive , les Contrevenans seront pu fession. L'on peut rapporter à ce délit cette
nis corporellement , & seront déchus de la Maî autre espece de fraude dont il est parlé dans
trise , sans qu'ils puissent directement ou indirecte le même Edit (3) , & qui se commet par
ment s'entremettre du fait de rimprimerie ou du
Commerce de Livres. Edit du mois dAoût i6%6 , les Libraires-Imprimeurs ou leurs Veuves
art. 65. qui prêtent leurs noms pour tenir Impri
merie ou Boutique de Libraire , vendre
XI. & négocier les Livres. II y a peine en ce
dernier cas de confiscation des Imprime
11. Livres ' 40. Livres fans nom d'Imprimeur , ni ries & des Livres , avec Amende de cinq
fans nom d'Auteur , ni de la ville où l'imprejjîon a cens livres , tant contre ceux qui ont prêté
dlmpri-
Kkk
442 LES LOIX CRÎMINE LLES, Liv. III. Tit. VIII.
ainsi leurs noms , que contre ceux qui s'en Réglemens, suivant lesquels ils doit être pose
font servis. une enseigne publique d'Imprimerie dans leï
maisons où se fait l'impression , &la porte de
( i ) Ne pourront prendre les Maîtres Imprimeurs rimprimerie ne doit être fermée , pendant
8c Libraires les marquis des uns des autres , ains tout le temps du travail , que par un simple
chacun en aura une à par soi , différentes les unes
des autres j en manière que les Acheteurs des Livres loquet , & il ne doit y avoir aucune porte
puissent facilement connoître en quelle officine les de derrière par laquelle on puisse faire sortir
Livres auront été imprimés , 8c lesquels se vea- clandestinement les imprimés , le tout à
dront auxdites officines , 8c non ailleurs. Dicl. dt
peine d'Interdiction de six mois , cinq cens
François I. du dernier Août 1539. art. 16.
livres d'Amende , déchéance de Maîtrise ,
(1) Comme aussi défendons à tous Libraires 8c 5c même d'autre plus grande punition en
Imprimeurs de supposer aucun autre nom de Li
braire ou Imprimeur , & de le mettre au lieu du cas de récidive.
leur en aucun Livre , 8c d'y apposer la marque
d'aucun autre Libraire ou Imprimeur , à peine (1) Défendons expressément à tous Imprimeur»
d'être punis comme faussaires , 8c de trois mille de travailler ou faire travailler ailleurs que dans
livres d'Amende , 8c de confiscation des exemplai les maisons où ils demeurent , ou dans celles à la
res... Et à l'égard de ceux qui auront supposé les porte desquelles sera posée une enseigne publique
noms 8c marques des uns des autres , seront pu d'Imprimerie. Ordonnons que , conformément aux
nis comme faussaires , privés 8c déchus de leurs anciens Réglemens , la porte de leur Imprimerie
privilèges 8c immunités , 8c déclarés incapables de ne sera fermée , pendant tout le temps de leur tra
pouvoir jamais exercer fart 8c profession d'Impri vail , que par un simple loquet ; comme aussi leur
meurs 8c de Libraires. Edit d'Août i6%6. art. 5 faisons très-expresses inhibitions 8c défenses d'avoir
& 6i. dans leurs maisons ou autres lieux où ils imprime
(3) Les Maîtres Libraires , Imprimeurs 011 leurs ront , aucunes portes de derrière par lesquelles ils
Veuves ne prêteront leurs noms à qui que ce soit puissent faire sortir clandestinement aucuns impri
pour tenir Imprimerie ou boutique de Librairie , més , le tout à peine d'interdiction pendant suc mois ,
vendre ou négocier des Livres , à peine de confis 8c de cinq cent livres d'Amende , qui ne pourra
cation des Imprimeries 8c Livres au profit de la être remise ni modérée par nos Juges , môme dé
Communauté , 8c de cinq cent livres d'Amende , chéance de la maîtrise , ou autre plus grande pu
8c de pareille somme contre ceux qui se seront nition en cas de récidive. Décl. du 10 Mai 1718.
servi du nom desdits Imprimeurs 8c Libraires. art. 7.
V. Mime Edit , art. 64.
X V,

XIII.
8°. Livres imprimés avec Rouleauxl x^.UftH
Cette manière d'imprimer , comme plus imprimés
13. Livres 6°. Livres imprimés hors du Royaume. propre à favoriser lés fraudes , est absolu- f^^ott'
hoPrÌtdéu ^e^a e^ défendu expressément par plusieurs
ment proscrite par différentes Loix , &
Royaume Ordonnances , notamment par une Décla notamment par la Déclaration de 1728 ,
ration de Charles IX,en Septembre 1572(1), qui la défend expressément à tous Impri
& par l'Edit du mois d'Août 1 686 (2) , sui meurs , à peine d'interdiction pendant six
vant lesquels il y a peine de confiscation mois , d'Amende de cinq cens livres , dé
de tous les exemplaires , & en outre d'une chéance de la Maîtrise , & autre plus grande
Amende qui a été fixée à quinze cens liv. punition en cas de récidive.
par la derniere de ces Loix.
. (1) Défendons à tous Imprimeurs de se servir
( 1) Seront faites inhibitions 8c défenses à tous pour leurs Imprimeries de Rouleaux , à peine d'in
: Marchands Libraires 8c Imprimeurs de ce Royaume terdiction pendant six mois , 8c de cinq cens livres
de faire imprimer hors la France , fur peine de d'Amende , même déchéance de la maîtrise , &
confiscation des Livres imprimés , 8c d'Amende autre plus grande punition en cas de récidive. Décl.
,•' arbitraire. Dêcl. de Charles IX , du 10 Sep du 10 Mai 1728. art. 8.
tembre 1572 , art. 11.
(z) Défenses sont faites à tous Imprimeurs & XVI.
Libraires d'imprimer ou faire imprimer aucuns
Livres de Privilège hors du Royaume , à peine de
confiscation de tous les exemplaires qui se trouve 90. Imprimeries privées. Les défenses faites ,5. \mi
ront , 8c de quinze cens livres d'Amende pour la à cet égard concernent généralement toutes primeries
première fois , applicable moitié au profit de la sortes de personnes , même les Communau- Pnvée**
Communauté. Edit d'Août i6%6 , art. 6.
tés Ecclésiastiques ou Laïques , & elles
portent également fur les Imprimeries qui
XIV, se font avec prestes , comme celles faites
avec rouleaux. La peine , en cas de con
T4. Livres y0. Livres imprimés secrètement & ailleurs travention , est suivant la Déclaration du
IXuí* $ue dans ^Officine. II est fait une mention 1 o Mai 1728, fçavoir , contre de simples
que dans particulière de cette eípece de Délit dans Particuliers , une Amende de trois mille
VOfficine. la Déclaration du jo Mai 1728 (1) , qui livres, dont seront responsables les Proprié
ordonne à ce sujet l'çxéçution des anciens taires & principaux Locataires des maisons j
DES DÉLITS CON TRE LA POLICE. 44$
& contre les Communautés Séculières ou c'est ce qui a donné lieu à l'Edit du mois
Régulières qui ont ces sortes d'Imprime d'Août 1 7 1 7 , par lequel il est fait défenses
ries dans leurs maisons , soit à la Ville ou à tous Graveurs , Imprimeurs , Libraires &
à la Campagne , celle de la déchéance de autres , de graver , imprimer , vendre &
leurs Privilèges , outre l'Amende de trois débiter des formules de Cartouches pareils
mille livres. à ceux gravés pour les Congés Militaires ,
à peine des Galères perpétuelles. Le même
(i) Défendons très-expressément à toutes per Edit détermine en même temps la qualité
sonnes , de quelqu'état & condition qu'elles soient,
des Juges qui doivent prononcer cette
& à toutes Communautés Ecclésiastiques ou Laï
ques', Séculieresou Régulières , d'avoir dans leurs Peine , en voulant qu'en cas de concur
maisons , à la Ville ou à la Campagne , des Im rence entre le Juge du lieu où l'impreffion
primeries privées , soit avec Prejfe , Rouleaux , ou ou la gravure du faux Cartouche a été
autrement , le tout à peine , sçavoir , contre les faite, & le Juge du lieu où le faux Cartouche
particuliers , de trois mille livres d'amende , dont
a été exposé en vente ou débité , celui qui
les Propriétaires , s'ils demeurent dans la maison ,
ou les principaux Locataires des maisons seront auroit le premier informé & décrété soit
responsables , & contre les Communautés , de la préféré.
même peine de trois mille livres d'amende , &
d'être en outre déchues de tous les Privilèges &
Immunités à elles accordés , tant par Nous que (.)LoUIS,&c.Nous avons été informé que dans
par nos Prédécesseurs. Même Déclar. art. i z. les Formules en forme de Cartouches que Nous
avions fait adresser aux Majors ou Officiers char
gés du détail de nos Troupes , pour servir à l'expé
XVII.
dition des Congés supposés , on a non-feulement
falsifié les noms des Officiers préposés pour les si
j 7. Défout io°. Défaut de fourniture du nombre des gner, mais encore les Sceaux ou Cachets par Nous
Exemplaires prescrit par les Réglemens. envoyés à chacun de nos Régimens; & comme les
nombre Ce nombre se trouve marqué dans tous Peines que les Officiers de nos Troupes peuvent
d'eiem- jes Privilèges qui s'obtiennent en cette prononcer suivant les Ordonnances de la Guerre ,
contre les Soldats coupables d'un tel crime , ne fuf-
prescrit matière ; oc la reine qu encourent ceux
par les Ré- qUi ne satisfont pas à l'obligation de les fisoient peut-être pas pour empêcher le progrès , si
g emens. fournir ^ e^ ^ suivant l'Edit du mois d'Août Noiu n en imposions d'assez rigoureuses pour con
tenir les Graveurs & Imprimeurs , qui abusent de
1686 (1) celle de la nullité de leurs Pri leur art , pour favoriser le libertinage des Soldats
vilèges. par des Congés faux & supposés : Nous avons jugé
a propos d'y pourvoir avec la sévérité que ce nou
veau genre de crime peut mériter , & de faire sça-
(1) Tous Libraires & Imprimeurs faisant im yoir nos intentions fur ce sujet à nos Cours & au
primer des Livres avec Privilège , seront tenus tres Juges ordinaires , auxquels le Jugement & la
de mettre en notre Bibliothèque publique deux punition desdits Graveurs & Imprimeurs appar
Exemplaires des Livres en blanc , desquels ils tient : A ces causes, &c. Nous avons par le pré
tireront acquit , un en celle de notre Château sent Edit, perpétuel & irrévocable, fait très expres
du Louvre , & un en celle de notre très-cher &c ses inhibitions & défenses à tous Graveurs , Im
féal Chancelier de France , huit jours après les primeurs , Libraires & autres , de graver , im
impressions des Livres achevées , le tout à peine primer , vendre & débiter des Formules de Car
de nullité des Privilèges. Seront pareillement tenus touches , pareils à ceux que Nous avons fait gra
de remettre un autre Exemplaire des Livres entre ver pour les Congés Militaires , à peine de Galères
les mains des Syndics & Adjoints de la Commu perpétuelles : Voulons qu'à cet effet , le Procès
nauté des Libraires & Imprimeurs qui s'en charge soit fait ÔC parfait à ceux qui auront contrevenu à
ront au profit de ladite Communauté. Edit d Août notre Edit , par le Lieutenant-Criminel du Bail
1686 , art. 9. liage &c Sénéchaussée des Lieux oìi lesdites For
mules de Cartouches auront été gravées ou im
XVIII.
primées , &c le Bailliage ou la Sénéchaussée du
Lieu où elles auront été exposées en vente , ou
18. Faux 1 1 °* Faux Cartouches imprimés ou gravés. débitées , la préférence appartiendra à celle des
Cartou- Cette espece de Délit se commet par les deux Jurifdictions qui aura la première informé &
primés'oú Imprimeurs & Graveurs qui contrefont décerné un décret contre les Accusés , le tout à la
charge de l'appel à nos Cours de Parlement. Si
gravés, les formules des Cartouches envoyés par
donnons , &c. Edit du mois d' Août 1717.
le Roi aux Majors des Régimens pour
servir à l'expédition des Congés Militaires. X I X.
Comme les Officiers des Troupes ne peu
vent prononcer des Peines que contre les 12°. Libraires & Imprimeurs non Catholi- 19. Lîbraî-
Soldats seulement qui se servent de ces ques. Nous avons vu' , d'après la Déclaration "r^e„™"
faux Cartouches , & que néanmoins il étoit du 12 Mai 1724, rapportée fous le titre de non Ca-
important , pour empêcher le progrès de l'Hérésie , qu'il y avoit des défenses ex- Cliques,
ces sortes de Délits , de contenir , par des presses d'admettre à l'état de Librairie 6c
Peines rigoureuses , ceux qui abusent ainsi de Imprimerie ceux qui ne rapporteroient pas
leur art pour favoriser le libertinage des une attestation de Catholicité , donnée par
Soldats par des Congés faux & supposés } les Curés (1). II est intervenu depuis ce
Kkk 2
444 LES LOIX CRIMINÍ LLES, Lrv. ITI. Tit. VIII.
temps-là un Arrêt du Conseil d'Etat, du en conséquence , que par le Lieutenant-Général de
Police de ladite Ville , en présence du sieur Abbé
1 1 Septembre de la même année (2) , qui ,
Robinet , commis à l'insoection de la Librairie en
en ordonnant l'exécution des anciens Ré- ladite Ville , il fera procédé à la visite des Livres
glemens faits à ce sujet , prononce la Desti qui se trouveront dans les Boutiques & Magasins
tution de l'état de Librairie contre les desdits Cailloue , pour être , tous ceux dont le Com
nommés Cailloue , Libraires à Rouen , de merce est prohibé par lefdits Réglemens , lacérés
la Religion Prétendue Réformée , & leur & brûlés , & les autres vendus à leur profit en la
manière qu'ils jugeront convenable : Fait Sa Ma
défend d'en continuer l'exercice & de faire
jesté nouvelles & très expresses défenses , à tous
aucun commerce de Livres , à peine de Lieutenans-Généraux de Police, 6c autres ayant
quinze cens livres d'Amende , & même de Inspections: Jurildiction sur la Librairie Si Impri
punition corporelle , s'il y écheoit. Le mê merie , d'admettre ni souffrir dans l'exercice de la
me Arrêt charge les Commissaires départis Profession d'Imprimeurs ou Libraires aucuns sujets
qui n'ayent fait leurs preuves de Catholicité , &C
dans les Provinces & Généralités du Royau
n'en fassent exercice actuel , conformément aux
me de tenir la main à son exécution , & à Edits , Arrêts & Réglemens , 6c notamment à l'Art.
celle de ces Réglemens. XLV. du Règlement du 28 Février 1713 , & à
l' Article XIV. de la' Déclaration du 14 Mai der
(1) Art. XIV. Les Médecins, Chirurgiens , nier, que Sa Majesté veut & entend être exécutés
Apothicaires , &. les Sages-Femmes , ensemble les selon leur forme & teneur. Enjoint , &c. Anét
Libraires & Imprimeurs ne pourront être aussi ad du 11 òeptembre 1714.
mis à exercer leur Art & Profession dans aucun lieu
de notre Royaume, fans rapporter une pareille at X X.
testation , de laquelle il fera fait mention dans les
Lettres qui leur seront expédiées , même dans la 130. Peine des Protes, Correcteurs ou io. Pro-
Sentence des Juges à l'égard de ceux qui doivent Compofueurs qui contreviennent aux Ré- 1'^^'^
prêter serment devant eux , le tout à peine de
glemens. Ces contraventions font principa- Composi-
nullité. lement , aux termes de l'Edit d'Août 1 686 , teurs iui
' 7 contre-
renouvellées par les articles 1 o & 1 1 de la viennent
(i)I_iERoi étant informé que lesnommés Jacques- Déclaration du 10 Mai 1728 ( 1 ) , lors- JJ R*j£
Nicolas , & François-Denis le Tourneur , Oncle &
qu'ils travaillent à l'impression d'un Livre Peine',
neveu ,quiont obtenu, après les examens & épreu
ves ordinaires , des Arrêts de son Conseil, pour être ou autre ouvrage , sur la copie duquel ils
rcçjis Libraires cn la Ville de Rouen , & les nom ne verront pas le Privilège ou la Permis
mes Cailloue frères , qui exercent cette Profession sion transcrite & signée par Nmprimeur.
ouverte de la Religion prétendue réformée , & un Leurs Peines en ce cas font , suivant ces
Commerce journalier de Catéchismes, & autres Li
Loix , les mêmes que celles que nous avons
vres de cette Religion , qu'ils tirent des Pays Etran
gers , ou même sont imprimer dans le Royaume : vu être portées contre les Imprimeurs qui
& Sa Majesté s'étant fait représenter les Arrêts du contreviennent à toutes ces formalités.
Conseil d'Etat des 14 Mai, & 19 Juillet 1685 , &
les Réglemens faits depuis , tant par le feu Roi que ( 1) Toutes les Peines portées par les Articles II ,
par Sa Majesté , fur le fait de la Librairie , par les III , V, VI , VII, VIII & IX de notre présente
quels il auroit, entre autres choses, été fait défenses, Déclaration , contre les imprimeurs , auront égale
fur les Peines y portées, non-feulement à tous Li ment lieu, suivant les différens cas, contre les Protes,
braires & Imprimeurs , faisant profession de la Re Correcteurs 5c Compositeurs, ensemble contre les
ligion prétendue Réformée,de faire à l'avenir aucu Distributeurs Sc Colporteurs de Libelles dans ce
nes fonctions de Libraires & Imprimeurs , mais en qui peut les regarder Et afin que tous les
core à tous Lieutenans-Généraux de Police, & au Protes, Correcteurs ou Compositeurs des Imprime
tres commis pour la Réception desdits Libraires &C ries ne puissent excuser leurs contraventions , sous
Imprimeurs , d'en admettre à l'avenir aucun de la prétexte qu'ils ont présumé que rimprimeur pour
Religion prétendue Réformée. Et voulant tenir la lequel ils travaillent avoit obtenu un Privilège ou
main à l'exécution de Réglemens aussi sages & une permission , & qu'on ne peut leur imputer leur
aussi'nécessaires pour le maintien de la Religion ignorance fur un fait dont ils ne sont pas chargés :
Catholique, Apostolique & Romaine : Oui le rap Ordonnons qu'à l'avenir , fur la copie du Livre ou
port ; Sa Majesté étant en son Conseil , a ordonné Ouvrage qu'il s'agira d'.mprimer , les Imprimeurs
& ordonne que les Arrêts obtenus par lefdits Jac seront tenus de transcrire en entier le privilège ou
ques-Nicolas & François-DcnisleTourneur,pour la permission par eux obtenus , & de signer la copie
être reçus Libraires en ladite Ville de Rouen , de qu ils en auront écrite fur celle dudit Livre ou Ou
meureront nuls &£ fans effet , & que lefdits Cail vrage : Défendons auxdits Protes, Correcteurs ou
loue frères seront & demeureront destitués de la Compositeurs , de travailler à l'impression d'aucun
Profession de Libraires : leurfait Sa Majesté défen Livre ou Ouvrage , fur la copie duquel ledit privi
ses d'en continuer aucun exercice, ni de faire , soit lège ou permission n'auront pas été transcrits & si
par commission ou autrement, aueunCommerce de gnés parl'Imprimeur ; &en cas de contravention ,
Livres , soit d'impression de France ou des Pays voulons qu'ils soient sujets aux mêmes Peines que
Etrangers , à peine de quinte cent livres d'amende lefdits Imprimeurs , conformément à l'article pré
& de punition corporelle s'il y écheoit. Ordonne cédent. Dcd. du 10 Mai 1718 , art. 10 <S' 11.
DES DÉLITS CONTRE LA POLICE. ï 445

CHAPITRE NEUVIEME.

Délits contre la Police des Filles ; ou des Délits au sujet des Vivres t
des Boisson s , des Remèdes, & de ceux commis contre la Sûreté
& Commodité des Rues.

§. I. Délits de Police quant aux Vivres.

JLi'On comprend sous le nom de Vivres , l'Amende , de la Prison , Confiscation des


le Pain , la Viande & le Poisson. D'abord, Marchandises. II arrive auffi quelquefois
quant au Pain , il se commet des Délits que ces contraventions sont punies de Peines
par trois sortes de personnes : 1 °. par les corporelles , comme lorsqu'elles se trouvent
Laboureurs qui font le Commerce des accompagnées de Faux & de Monopole,
Grains , qui en occasionnent la cherté , en ainsi que nous l'avons observé en traitant
amassant du bled pour plus de deux années de ces Crimes.
dans leurs Greniers , ou qui empêchent l'ap-
provisionnement de la Capitale, en ne con ( 1 ) Ceux qui prennent & tiennent Terres à Fer
duisant pas , comme ils y sont tenus , les me, soit del'Eglise , ou autres personnes , ne pour
bleds qu'ils veulent vendre aux Marchés ront par eux ou personnes interposées , tenir ÔC gar
publics ; 2°. par les Marchands de Bleds der Bleds en greniers , ou autres lieux , plus de deux
ans , sinon pour la provision de leurs maisons , fur
qui vont Tacheter ailleurs qu'aux Marchés
peine de confiscation de leurs Grains , & de cent
publics , ou qui vont au-devant des Mar livres parisis d'amende , de laquelle le quart fera
chands Forains pour en faire leur provision ; adjugé au dénonciateur , & à celui qui aura fait la
30. enfin par les Boulangers qui achetent prise & saisie ; & néanmoins , en cas de nécessité ,
du bled hors le Marché public & dans l'ë- fera permis aux Officiers de la Police des lieux de
faire ouvrir les greniers en tout temps quand besoin
tendue de huit lieues autour de cette Ca
sera. Ceux qui voudront faire trafic ou marchan
pitale , à l'exception seulement du Marché dises desdits Grains, pour les acheter, vendre & re
de Limours , où il leur est permis d'en vendre en ce Royaume , seront tenus faire enregis
acheter en le justifiant par des certificats. trer leurs noms , surnoms & demeurances aux Gref
Quant à la VIANDE , il se commet aulîì des fes Royaux des lieux , fur peine de confiscation des-
dits grains , & d'amende arbitraire... Ne fera per
Délits particuliers par les Bouchers , Ckair-
mis aux Laboureurs , personnes Nobles , Officiers
cuitiers & Traiteurs qui exposent en vente du Roi , ou principaux Officiers des Villes , de faire
des Viandes de mauvaise qualité. II s'en trafic ou marchandise de grains Et quant
commet de même à l'égard du PoiJJ'on , de aux Marchands qui en feront trafic, ils seront tenus
la part des Marchands qui en vendent lors d'amener leurs grains au Marché public de la
Ville où ils résideront , une fois le mois pour le
qu'il est corrompu , ou qu'il n'est pas mort
moins, si plus souvent n'est ordonné , & d'en avoir
de mort naturelle. Nous avons fur tout à cet effet toujours quantité en grains èsdites Vil
cela une foule de Réglemens qu'il seroit les , 6c déclarer les autres lieux esquels ils feront
trop long de rapporter ici , & que l'on leurs achats & amas de grains , autrement seront
peut voir dans le Traité de la Police de privés de ladite faculté de se mêler de revendre
LA Marre. Nous nous arrêterons feule grains, & condamnés en cent livres parisis d'a
mende , applicable comme dessus. . . Que lesdits
ment àoÇeux qui ont été faits pour les
Marchands ne pourront faire achats de bleds ni ar-
Bleds , comme formant l'objet le plus im rhemens d'iceux à deux lieues près des Villes aux
portant de la Police en cette matière. Parmi quelles ils habitent, ne quant a la Ville de Paris ,
les Réglemens particuliers qui concernent de sept à huit lieues près icelle ; ains iront faire
cette denrée , nous en remarquons six prin leurs trafics au loin , fans empêcher que les grains
du pays prochain lefdites Villes , ne soient amenés
cipaux ; fçavoir , le Règlement de Police ,
au marché d'icelles , & ce , fur peine de confisca
générale de France, du 4 Février 1635 (1); tion desdits grains, & de cent livres parisis d'a
le Règlement général de Police pour la mende , de laquelle le quart fera adjugé au dénon
Ville de Paris , du 30 Mars 1635 (2); ciateur , & à celui qui aura fait la prise ou saisie...
l'Ordonnance de Louis XIV , du mois de Que lesdits Marchands n'iront au - devant des
grains qui seront amenés auxdites Villes par eau
Décembre 1672 (3) ; les Arrêts de ce
ou par terre , fur semblables Peines de confiscation
Parlement, des 7 Septembre 1700 (4), & & d'amende , applicable comme dessus
8 Mai 1680 (5) ; enfin la Déclaration du RÈGLEMENT de la Police générale de France, du
19 Avril 1723 (6) , d'après lesquels il 4 Février 1635 » art' 4» 5 ' 8 6" 9. V. auffi rFdit
paroît que les Peines les plus ordinaires (THenry 111. à Paris en Novembre 1577, tit. 1.
qui se prononcent pour les contraventions art. 7.
commises en cette matière , sont celles de (2) Les Marchands de Bled ne pourront faire
446 LES LOIX CRIMINE LLES , Liv. III. Tit. VIII.
leurs achats de Bled à dix lieues près de cette Ville (<;) La CouR...Et surl'interventiondesHabitans
de Paris , ni empêcher que les grains étant dans & Communauté du Bourg de Limours , seront les-
ladite étendue soient amenés ès Marchés d'icelle , à dites Lettres-Patentes du mois de Juillet 1643 ,
peine de confiscation d'iceux.Pareilles désensessont l'Arrêtde vérification d'icelle duySeptembre 1644,
faites à toutes personnes d'acheter les grains en vert, & les Arrêts & Règlement de Police exécutés ; 6c
ni iceuxarrher avant la cueillette, à peine de quatre suivant iceux , fait désenses auxdits Boulangers d'a
cent livres parisis d'amende Comme aussi cheter aucuns Bleds ni Farines dans l'étendue de
faisons défenses à tous Marchands &C autres per huit lieues à Tentour de Paris , hors les Ports , Pla
sonnes d'aller au-devant des Grains qui seront sur ces & Marchés de ladite Ville , Marché & Foires
le chemin d'être amenés en cette Ville , tant par de Limours , & à la charge toutefois par ceux qui
eau que par terre , les arrêter , acheter ni empê auront acheté des grains & Farines audit Marché
cher d'arriver ès Ports & Marchés , fur les mêmes de Limours , de rapporter certificat du Mesureur
peines que dessus. : . . Lesdits Marchands seront du lieu , de la quantité qu'ils auront achetée ; 6C en
tenus amener incessamment leurs grains ès Mar cas de contestation fur les Bleds & Farines achetés
chés , Ports & places publiques de cette Ville ; les par lesdits Boulangers au-delà de huit lieues de
vendre &C débiter en personne ou de leurs familles , cette Ville de Paris, qu'ils seront aussi tenus d'en
& non par personnes interposées , les débiter dans apporter certificat , le tout à peine de trois cent
le premier ou second marché après qu'ils y seront livres d'amende , 6C de confiscation. Autre Arrêt
arrivés ; Sc s'ils y demeurent jusqu'au troisième , se du même Parlement , du% Mai 1680. V. Ibid.
ront mis au rabais fans qu'ils puissent serrer ni met
tre lesdits grains en greniers , fans légitime cause
& notre permission , à peine de confiscation des (6) LoUÍS , &c. L'attentíon que Nous avons à
Marchandises , & d'amende arbitraire. Règle procurer à nos Sujets l'abondance des choies les
ment général pour la Police de Paris , du 30 plus nécessaires à la vie, Nous a porté à Nous faire
Mars 1635. informer exactement , toutes les années , de la force
des récoltes de chaque Province ; 61 tous les mois ,
(3) Afin que tous les Bourgeois soient préférable du prix des grains & des autres Marchandises 6c
ment fournis de grains dont ils auront besoin , & Denrées qui en font le principal Commerce , afin
éviter que les Ports soient dégarnis , défenses soient d'être toujours en état d'en empêcher la cherté , 6C
faites à tous Hôtelliers , Maîtres Greniers 6c Regra- d'entretenir entre ellesune juste balance. Mais par
tiers , de faire acheter des grains & farines fur les mi les moyens qui nousont paru pouvoir produire
Ports , par eux ou par personnes interposées , jus le plus efficacement cet effet , Nous n'en avons
qu'aux jours de Marché, & après midi ne pourront point trouvé de plus sûr qu,e .celui de faire suffi
enlever à la fois plus grande quantité que six sep- samment pourvoir les Ports, Halles & Marchés pu
tiers d'avoine &deux septiers des autres grains , ÔC blics de provisions nécessaires, & d'empêcher qu'ils
ne leur sera permis avoir dans leurs maisonsique n'en soient dénués par les ventes qui s'en font con
deux muids d'avoine à la fois , 6c huit septiers de tre la disposition des Réglemens & Ordonnances
chaque forte des autres grains 6C Légumes ; le tout de Police , dans les magasins & greniers particuliers
à peine de confiscation du surplus desdites Mar fans être portés aux Halles & Marchés -, ce qui fait
chandises, & ne pourront lesdits Regratiers, vendre que les Marchés n'étant pas suffisamment garnis
& débiter grains qu'à la petite mesure du boisseau , de grains , le prix en peut augmenter au milieu
demi boisseau 6c au- dessous. ... Ne pourront aussi même de l'abondance, par l'intelligence criminelle
les Boulangers de gros & petit pain , enlever de de ceux qui en tiennent des Magasins. Cela opère
dessus les Ports , par chacun jour , plus grande de plus une infinité de faux mesurages & de plain
quantité de deux muids de Bled 6c un muid de Fa tes , les Officiers Mesureurs n'étant pas avertis des
rine; & les Pâtissiers plus de six septiers de Bled & ventes qui se font dans les Greniers , & ne pou
trois septiers de Farine, à peine de confiscation de vant, quand ils y seroient appelles , se trouver en
cequïls auront acheté au par-dessus desdites quan même-temps en plusieurs endroits ; & cela prive
tités. Ord. de Louis XIF. à Paris au mois de Dé- d'ailleurs les Fermiers de nos Domaines & les Sei
temkre 1672 , art. 8 & 10. gneurs particuliers, des Droits qui leur font dûs
fur les grains qui se portent dans les Marchés.
(4) Ce jour, la Cour, ce requérant les gens du A ces CAUSts , &c. que dorénavant, & à commen»
Roi, Maître Henry-François Daguesseau portant la cer du jour de la publication des Présentes , les
parole : Fait défenses à tous Laboureurs d'acheter Bleds , Farines , Orges , Avoines & autres grains
des Bleds ailleurs que dans les Marchés, fous pré ne pourront être vendus , achetés ni mesurés ail
texte de semence , ou quelqu'autre que ce puisse leurs que dans les Halles èc Marchés , ou fur les
être, fans y en amener & vendre une pareille quan Ports ordinaires des Villes, Bourgs & lieux de no
tité, à peine de confiscation des Bleds qu'ils auront tre Royaume ôù il y en a d'établis : Faisons très-
achetés , 6C d'une amende qui ne pourra être moin expressesinhibitions& défenses à tous Marchands ,
dre que de cinquante livres , si ce n'est qu'ils rap Laboureurs, Fermiers, Boulangers, Pâtissiers,"Bras-
portent au Juge de Police du lieu une preuve au seurs de Bière , M ùniers;, Grainiers , & à toutes
thentique qu'ils n'auront pas recueilli de Bled en autres perfonnesgénéraìement , de quelque qualité
la présente année ; & qu'en conséquence , ils en & condition qu'elses'soient , de vendre ni d'ache
ayent obtenu la permission par écrit , d'acheter des ter ailleurs que dans les Ports , Halles & Marchés
Bleds , fans en rapporter la même quantité , la publics , aucuns Bleds , Farines , & autres grains ,
quelle en ce cas leur sera accordée fans frais : Or ni d'y envoyer aucunes Montres ou Echantillons,
donne que le présent Arrêt sera envoyé aux Bail pour les Tendre ensuite fur le tas , dans les gre
liages , Scnéchaussées & autres Sièges du Ressort , niers, granges , maisons ou magasins particuliers;
lu, publié & affiché par-tout où besoin sera : Enioint à peine de confiscation des choses vendues ou ache
aux Substituts du Procureur-Général du Roi d'y te tées hors lesdits Ports , Halles 8c Marchés, & de
nir la main, 6C d'en certifier la Cour incessamment. mille livres d'amende contre chacun des Vendeurs
Arrêt du Pari, de Paris , du 7 septembre 1700. & Acheteurs , dont letiers appartiendra au Dénon
V. le Traité de LA Marre. Liv. 5 , tit. 5. ciateur , fans que cette peine puisse être réputée
DES DÉLITS CONTRE LA POLICE. 447
comminatoire , ni modérée par aucun Juge , sous Marchés , soient exécutés selon leur forme &c te-
quelque prétexte que ce soit : Voulons au surplus , neur. Si donnons en mandement , &c. DÉcu
que les Edits ÔC Déclarations rendus concernantle du 19 Avril 1713.
Trafic &C Commerce des Bleds , & la Police des

§. II. Délits de la Police quant à la Boisson.

J.j'On comprend sous le nom de BOISSON prévenir les maux que ce bretrvage pourroit causer
le Vin y la Bière , P Eau-de-vie & les a la santé s'il étoitsophistiqué;- elles portent que les
Brasseurs seront tenus de faire la Bière & Cervoise
Liqueurs. Ainsi* les Délits particuliers à de bons Grains , tenus nettement , bien germés &
cet égard , se commettent par les Marchands brasincs , fans y mettre Yvraie , Sarazin , ni autres
de Vin , les Brafleurs de Bière , & les Dis mauvaises matières , fur peine de quarante livres
tillateurs qui altèrent la qualité de ces Parisis d'Amende, que les Jurés visiteront les Hou
Boissons par les mélanges qu'ils y font de blons auparavant qu'ilssoient employés , pourvoir
s'ils sont mouillés , échauffés & gâtés , afin que s'ils
certains ingrédiens qui les rendent nuisibles
sont trouvés défectueux , les Jurés en fassent rap
à la santé. Nous allons donner des exem port à la Justice , pour faire ordonner qu'ils seront
ples des diverses manières dont peuvent jettes en la rivière , si taire se doit .... II leur est
se commettre ces Délits par les Marchands aussi détendu de nourrir ou de tenir en leurs mai
de Vin , & par les Brasseurs de Bière , tels sons où sont leurs Brasseries, aucuns bœufs, va
ches , porcs , oisons ni cannes , à caufc de l'infec-
qu'on les trouve énoncés dans leurs propres
tion , ordure & puanteur que cauferoient ces ani
Statuts, rapportés au traité de la Police maux dans les Brasseries , qui ne peuvent être te
de LA Marre (i). Nous ajouterons , quant nues trop nettes , le tout à peine de confiscation fie
aux Marchands de Vin , deux Sentences d'Amende Les mimes Statuts portent en
de Police, rapportées par le même Auteur, core , qu'aucuns Revendeurs de Bière & Cervoise
en détail , n'en pourront vendre si elles ne sont
par la première desquelles (2) il est fait dé
bonnes, loyales , marchandes &C dignes d'entrer au
fenses à tous, Marchands de Vin , Vigne corps humain , fur les mêmes peines de confisca
rons & autres personnes vendant Vin en tion & d'Amende ; & enjoignons aux Jurés de vi
gros & en détail, de mettre dans leurs Vins siter de temps en temps les maisons de ces Reven
de la litarge , du bois des Indes , des rai deurs , attendu que les Bières peuvent être gâtées
& altérées depuis qu'ils les ont achetées dans les
sins de bois , de la colle de poisson & au
brasseries. la Marre , ibid. p. 585
tres drogues & mixtions capables de nuire (z)Nous ordonnonsque les Réglemens de Police
à la santé de ceux qui pourroient en boire , seront exécutés selon leur forme & teneur ; & pour
à peine de cinq cens livres d'Amende & de la contravention commise par ledit Nicolle , en
punition corporelle , outre la Confisca mêlant de la Litarge dans le vin par lui vendu
tion des Vins qui doivent être répandus audit Dennequin : Nous l'avons condamné en
trente livres d'Amende envers le Roi , lui faisons
fur le pavé ; & par la derniere (3), il est dé très-expresses inhibitions & défenses de récidiver
fendu généralement à toutes sortes de per sous plus grandes Peines ; &c à tous Marchands de
sonnes , & fous les mêmes Peines , d'ap Vins , Vignerons , & autres Personnes vendant
porter ni faire apporter en cette Ville au Vins en gros & en détail , ou en faisant pour leurs
cuns Vins de raisins de Bois , si ce n'est provisions dans l'étendue de la Ville, Prévôté &
Vicomté de Paris, de mettre dans leurs Vins de la
pour l'ufage des Epiciers ou Teinturiers ,
Litarge, Bois des Indes, Raisins de bois , Colle de
& en conséquence d'ordres signés d'eux. Poisson , & autres drogues & mixtions capables de
nuire à la santé de ceux qui en pourroient boire ; le
(1) Par les Statuts des Marchands de vin de tout à peine de cinq cens livres d'Amende & de
Paris , il leur est défendu de vendre ni débiter en punition corporelle. A l'égard dudit Dour , dit
détail dans leurs maisons , boutiques , caves ou cel l'Hermite , après qu'il a soutenu & mis en fait que
liers , aucune Bière , Cidre , Poiré , Eau-de-Vie , le Vin qu'il a vendu audit Bilieux , n'est point de
ou autres Liqueurs ou Breuvages qui sontincompa- son crû , qu'il l'a pris dans le cellier d'un autre
fibles avec le vin , ou qui puissent servir à le mé Habitant du même lieu de Saint -Leu-Taverny : Or
langer , sophistiquer ou falsifier, à peine de confisca donnons qu'à fa diligence , il fera tenu de le mettre
tion , & d'Amende arbitraire : il leur est aussi dé en caule , 6c de le taire comparoir à la huitaine à
fendu , sous les mêmes Peines , d'avoir en leurs mai notre Audience du matin, sinon fera fait droit ; 8c
sons aucune lie puante , aucuns vins râpés , puans afin que personne n'en prétende cause d'ignorance,
ou passes. Les Gardes de leur Communauté qui sera la présente Sentence , lue , publiée & affichée ,
doivent tenir la main à cette discipline , sont obli tant en cette Ville que dans lesdites Paroisses d'Ar-
gés par les mêmes Statuts, de faire tous les ans plu genteuil, &. de Saint-Leu-Taverny, ainsi que dans les
sieurs visites dans les caves & dans les cabarets , & autres bourgs & villages de ladite Ville , Prévôté
fur les rapports qui en sont faits à la Police par & Vicomté où il y a des vignobles : enjoint aux
l'un des Commissaires. V. la Marre , Traité de Curés 8t Vicaires de lire &c publier aux Prônes
Police, Liv. 4. tit. 9. p. 583. de leurs grandes Messes , par trois différens jours ,
notre présente Sentence , qui sera exécutée , nonob
Les nouveaux Statuts du 16 Mars 1630 (ce stant &c lans préjudice de l'appel. Sssr.de Police ,
font les termes de la Marre ) contiennent d'au du %j Septembre 1697 , rap. par LA Marre , L. 4.
tres dispositions qui ont toujours ce même objet de tit. p. p. 583.
448 LES LOIX C R I M I N E L L E S , Liv. III. Tit. VIII.
( 3) Sur quoi , Nous , après avoir oui les Gens du conséquence d'ordres signés d'eux , dont les Habi-
Roi en leurs conclusions , & ledit Porcher en ses tans , Charretiers & Voituriers seront porteurs ; le
défenses , avons ordonné que les Réglemens de Po- tout à peine de cinq cens livres d'Amende ÔC de
lice, & notredite Sentence du 27e jour de Septem- punition corporelle; & pour la contravention
bre 1697 , seront exécutés selon leur forme & te- commise par ledit Denis Porcher , lavons condam-
neur; & conformément à iceux , faisons très-ex- né en trente livres d'Amende : Ordonnons que
presses & itératives défenses à tous Marchands de lesdits quatre barils de Vin de Raisins fur lui saisis ,
Vins , Vignerons , & autres Personnes vendant seront défoncés , & le Vin répandu fur le pavé , en
Vins en gros & en détail , ou qui en recueillent présence du sieur de la Besnardiere , & à la repré-
pour leurs provisions dabs l'étendue de la Prévôté sentation , seront les Gardiens contraints par corps,
& Vicomté de Paris , de mettre dans leurs Vins de & moyennant la délivrance , en demeureront bien
la Litarge , du Bois des Indes , des Raisins de bois , & valablement déchargés , & fera notre Présente
de la Colle de Poisson , ni autres Drogues & Mix- Sentence , lue , publiée & affichée , tant en cette
tions , capables de nuire à la santé de ceux qui en Ville , que dans les Paroisses de Saint-Leu-Taver-
pourroient boire : défendons pareillement à tous les ny , Saint-Brice , & autres Bourgs & Villages de la
Habitansdes Villages circonvoisins ,&àtoutes for- Ville, Prévôté & Vicomté de Paris ou il y a des
tes de Personnes, d'apporter ni faire apporter en Vignobles. Ce fut fait & donné , &c. Sent, de
cette Ville aucuns Vins de Raisins de bois , si ce Police , du 14 Février 1701. V. LA Marre , ibid.
n'est pour l'usage des Epiciers ou Teinturiers , & en p. 5 84.

§. III. Des Délits de Police quant aux Remèdes.

L'On veut parler principalement de ceá íeitx qui la composent ; & que * pour plus grande
Empiriques , qui , contre les dispositions des dans l'"soge desdits Rfmedes , les Maladies
Réglemens (1) , se mêlent d'administrer des * 1« "rconstances auxquelles ils seront juges ap-
„ o 1 , • • r t phcables , soient spécifiées dans leldits Brevets «
Remèdes de leur invention , fans être auto- priviieges. Arrêt du Conseil d'Etat , du 17 Mars
risés par l'approbation des premiers Méde- 173 1 , concernant la Discipline & la Police des trois
cins & Chirurgiens du Roi, & fans la Corps de la Médecine , art. 1 Ne pourront lesdits
permission des Juges de Police. L'on veut Brevets & privilèges , être accordés que pour le
parler aussi , en général , de tous ceux qui ^ & eíPace de tr°ls ans > Paffé .le5Iuel temP? »
r.. ^ í r • 01 cm j jì ieront tenus ceux en faveur de qui ils auront été
s ingèrent a faire les professions de Mede- expédiés > de ks rapporter pour^en obtenir le re.
cins , Chirurgiens , d'Apothicaires & Sages- nouvellement , qui ne fera délivré que fur les cer-
Femmes , fans s'être fait agréer dans aucun tificats donnés parles Médecins & Chirurgiens des
de ces Corps , & fans avoir subi les exa- Lieux où lesdits Remèdes auront été employés ,
mens nécessaires pour leur réception. Nous sur,le bon ^.qu'ils auront produit ; & en cas
j» 1 1 t\i 1 j \/i • qu aucuns desdits brevets ou Privilèges ayent été
avons vu , d âpres la Déclaration du 4 Mai ^pédiés un temps indéfini ? £m pQurront
1727, rapportée fous le titre de 1 Herisie , avoir iieu que pendant ledit temps de trois années,
que les uns & les autres ne peuvent être à compter du jour de leur date , le tout à peine
reçus à exercer leur profession en ce Royau- ^e nullité , mille livres d'Amende applicable aux
me , qu'en justifiant de leur Catholicité par Hôpitaux des Lieux , même de punition exem-
J« attesfariorK de leur Curé" f*?1 T 'on voit P 3ire COntre C6UX ^m aUr°nt ' ledlt tempS passe »
des atteltations de leur Uure Qz;. .L on voit continué à distribuer leurs remedes fans avoir ob-
d ailleurs quil est fait des injonctions par- tenu Je renouvellement de leurs brevets dans la
ticulieres , par la même Loi , aux Médecins , forme prescrite ci-deslus. V. Même Arrêt , art. a.....'
Chirurgiens & Apothicaires d'avertir les • • • Pour éviter toute surprise dans le Public de
parens du malade du danger où il fe trou- la Pa«,des Distributeurs desdits remedes qui au-
ve , pour lui faire administrer les Sacremens Sg ete exímines ^/^LT"; ordoT Sa
j i>í? !■/ / \ rr c jelte , que 1 original des affiches sera conforme a la
delfcgliíe (3) ; comme aulii aux Sages- teneur des Brevets qui les autoriseront , & visé du
Femmes d'avertir les Curés de la naissance premier Médecin ou de tel autre qui fera par lui
des Enfans , pour leur administrer le Baptê- préposé à cet effet , à peine de cinq cens livres d'A-
me.Il y a d'ailleurs, par rapport à celles-ci , mende- V. Même Arrêt , au. 4.
des aRéglemens -Aparticuliers ,j notamment », ., ... , . ce temps-la
,
P . , p., -IVota. 11 est intervenu depuis , .le 10
un Arrêt de ce Parlement , du 1 2 Decern- Septembre 1 754 , un nouvel Arrêt du Conseil d'E-
bre 1 7 2 6 (4) , & une Sentence de Police , du tat , qui ajoute aux dispositions du précédent , que
24 Mars 1730 (5) , qui veulent qu'outre les tous ceux qui auront obtenu les Brevets dont il s'a-
Lettres de capacité qu'elles font tenues gir. ne pourront faire imprimer aucune relation de
d'avoir , elles ne puissent faire aucunes prisons opérées par leurs remedes , qu'après une
- 7 , , ,r . , permiínon du premier Médecin , fur lavis de la
fonctions qu après les avoir présentées au Commission ; & que dans les Lieux oìi ils distribue-
Châtelet , & y avoir prêté serment ensuite ront leurs remedes , ils seront terius de communi-
de l'information faite de leur vie & mœurs, quer un double de leur Brevet aux Doyens des Fa
cultés , Collèges , & Aggrégation de Médecine def-
( 1 ) Ordonnons qu'il ne fera à l'avenir expédié dits Lieux ; ou s'il n'y en a pas , à ceux des Lieux
ni délivré aucuns Brevets par son premier Méde- les plus voisins où il y en aura ; que lesdits Doyens,
cin , pour la distribution des Remedes particuliers, auront foin d'informer exactement le premier Mé-
qu'après avoir été examinés à la Commission , & decin du succès ou des inconvéniens qui seront
en conséquence d'une Délibération signée de tous résultés de l'usage desdits Remedes. Les Ma
gistrats
•- DES DÉLITS CON T=R E VKj HOOLC EJ. 1 4491
gistrats ne pourront permettre à ceux qui auront ou Prêtres envoyés par eux , de leur faire voir les.
obtenu des Brevets , de distribuer leurs Remèdes dits Malades;, soient condamnés en telle Amende
qu'après que lesdits BreVets auront été présentés qn'il appartiendra , rrtéme- les-Médècins , Apothi
auxdits Doyens des Facultés de Médecine ; que caires & Chirurgiens interdits en cas de récidive j
défenses font faites à ceux qui auront obtenu les- 1 le tout , suivan^tl'exigence des cas. Même Déclar.
dits Brevets , de les transporter ou communiquer à art. S.
d'autres , ni établir des Commissionnaires pour la Nota. Suivant ,1a Déclamation du S. Mars 1711 y
distribution de leurs Remèdes ; comme aussi de il est enjoint aux MédecinsYle^feçònd jour qu'ils- vi
prendre des habits étrangers ni aucun autre dégui siteront les Malades aftaqués-íé fièvre ck% a\itre -ma
sement que ce soit , pour distribuer lesdits Reme- ladie qui , par fa nature , peut avoir, trait à la-jnortr
ëés , de visiter aucuns Malades , ni en recevoir de les avertir de se confesser , ou dedeur en satire
chez eux pour des consultations , de se charger du donneravis par leurs familles•;• 8c.il íçur est défen-;
traitement d'aucunes Maladies , & d'entreprendre du , ainsi qu'aux Chirurgiens Sé- Apothicaires', dans
aucune opération chirurgique au préjudice des Ré- les lieux où il n'y a point de Médecins , à peine de
elemens. Enfin, le même Arrêt fait encore des dé 300 liv. d'Amende pour là première fois , d'inter
fenses expresses à tous Colporteurs de vendre & de diction pendant trois mois pour la seconde , & çn^
transporter dans les Provinces aucunes Drogues , fin de déchéance de tous leurs Degrés &í incapacité
excepté les Drogues simples & autres permises par d'exercer leur profession pour la troisième ; de vi
les Réglemens ; & pareillement de vendre aucunes siter les Malades le troisième jour , s'il ne leur pa
compositions officinales ou pharmaceutiques,qu'a- rois, par un certificat signé du Confesseur defdits
près avoir obtenu une Permission du premier Mé Malades, qu'ils ont été confessés, ou du moins qu'il
decin , fur l'avis de la Commission , comme ceux a été appellé pour les voir j| & qu'il les a vus en
qui ont des Privilèges pour débiter des Remèdes effet pour les préparer à recevoir les Sacremens.
particuliers , le tout fous différentes peines
. . ..Voulons pareillement que les Licences ne puis (3) Enjoignons aux Sages-Femmes , & autres
sent être accordées, dans les Universités du Royau personnes qui assistent les femmes dans leurs accou-
me , à ceux qui auront étudié en Droit ou en Mé chemens , d'avertir lés Curés des lieux de la nais
decine , que fur les attestations semblables que les sance des enfans ; &à nos Officiers , & à ceux des
Curés leur donneront, &qui seront par eux repré Sieurs qui ont la Haute- Justice, d'y tenir la main ,
sentées à ceux qui leur doivent donner lefdites Li ÔC de punir les contrevenans par des condamna
cences , desquelles attestations il fera fait mention tions d'amendes , même par de plus grandes pei
dans les Lettres de Licence qui leur feront expé nes , suivant l'exigence des cas. Même Déclar. de
diées , à peine de nullité. N'entendons néanmoins 1714. art. 3.
assujettir à cette Règle, les Etrangers qui viendront ... (4) Notredite Cour ordonne que nos Edits, Dé
étudier & prendre des Degrés dans les Universités clarations , Statuts des Chirurgiens , registrés en
de notre Royaume, à la charge que, conformément notredite Cour, & Arrêts de notredite Cour,seront
à la Déclaration du i6 Février 1680, & à 1 Edit du exécutés ; ce faisant , que lorsque les Sages-Fem
mois de Mars 1 707 , les Degrés par eux obteríus ne mes auront obtenu de la Partie :de Normant des
pourront leur servir dans notre Royaume. Décl. Lettres de capacité de Maîtrise , elles prêteront
du 14 Mai 1714. art. 13.... Les Médecins , Chi serment au Châtelet en la manière accoutumée ,
rurgiens , Apothicaires & Sages-Femmes ne pour après l'information faite de leurs vie & mœurs , à
ront être aussi admis à exercer leur Art & Profes la requête du Substitut de notre Procureur-Géné
sion dans aucun lieu de notre Royaume , fans rap ral au Châtelet , dont leur fera délivré Acte ; le
porter une pareille attestation , de laquelle il fera tout en la manière accoutumée , dépens compen
fait mention dans les Lettres qui lui seront expé sés. Si mandons mettre le présent Arrêt à exécu
diées ; mais dàns la Sentence des Juges , à l'égard tion. Arrêt du Pari, de Paris , du 1 x Décembre \jí6'.
de ceux qui doivent prêter serment devant eux , le V. Dict. de Police , au mot Sage-Femme.
tout à peine de nullité. V. ìbid. art. 14. . . Voulons (5) Nous disons , oui fur ce le Procureur du
que les Médecins , à leur défaut , des Apothicaires Roi , que les Arrêts du Parlement des 1 z Décembre
& Chirurgiens qui seront appellés pour visiter les 1716 & 3 Septembre 1718 , &c les Sentences par
Malades , soient tenus d'en donner avis aux Curés nous rendues fur les conclusions dudit Procureur
& Vicaires des Paroisses , dans lesquelles lesdits du Roi , les 9 Janvier 1718 & 1 5 Juillet 1719 ,
Malades demeureront, aussi -tôt qu'ils jugeront que seront exécutés selon leur forme & teneur ; &en
la maladie pourroitêtre dangereuse , s'ils ne voient conséquence , faute par lefdites Marie-Anne Ver-
qu'on les y ait appellés d'ailleurs , afin que lesdits genet , &c. d'avoir satisfait auxdits Arrêts & Sen
Malades , & nommément nos Sujets nouvellement tences , & d'avoir exhibe leurs lettres de capacité
réunis à l'Eglife, puissent en recevoir les avis & les à Maîtrise , & prêté le ferment devant nous , in
consolations spirituelles dont ils auront besoin , & formation préalablement faite dè leurs vie &
les secours des Sacremens lorsque lesdits Curés ou mœurs , à la requête du Procureur du Roi en la
Vicaires trouveront lesdits Malades en état de les manière accoutumée , ordonné qu'elles demeure
recevoir. Enjoignons aux parens , serviteurs & au ront déchues de leur Maîtrise de Sage-Femme , &
tres personnes qui seront auprès desdits Malades , interdites d'en faire aucunes fonctions ; leur fai
de les faire entrer auprès d'eux , & de les recevoir sons défenses de donner aucun rapport en Justice ,
avec la bienséance convenable à leur caractère ; & à peine de faux ; que leurs enseignes feront dépen
voulons que ceux desdits Médecins & Apothicaires dues, & que l'amende de 600 liv. prononcée par
& Chirurgiens qui auront négligé ce qui est de lefdites Sentences contre lefdites Marie - Anne
leur devoir à cet égard, & pareillement les parens, Vergenet , &c. Sentence de Police du Châtelet , du
serviteurs & autres , qui font auprès desdits Mala Z4 Mars 1730. V. Dict. de Police , au mot Sage-
des , qui auront refusé auxdits Curés ou Vicaires, Femme, ibid.

LI!
4ja LES UOîIX CRIMINELLES, Liv. III. Tit. VIII.

..... iy. Délits de Police contre la Sûreté des Rues,

SOMMAIRES.

i. Quatre Jones de Délits en cette matière. mettent par trois sortes de personnes.
t. i°. Port d'Armes Jans permission. Sur 4. 30. Délits en fait d'Incendies t se com-
. quoi portent les Délits qui se commettent mettent de plusieurs manières.
a ce sujet. ■ 5. 40. Délits au sujet des Chevaux ô des
}. 20. Délits en fait de Bátimens ; se com- Chiens ; Réglemens a ce sujet.

1. Quatre Nous distinguons quatre fortes de Délits Le second , la- qualité des personnes auxquel-
DéS în en cette matière , d'après les Réglemens ; les l'usage de certaines armes est permis. Le
cette ma- i°. ceux concernant le Port d'Armes fans troisième, hforme &. la longueur que doivent
dere' permissions ; 20. ceux qui regardent le avoir les épées & pistolets d'arçon , pour
péril des Bátimens; 30. ceux contre la ceux qui ont droit de porter ces fortes d'ar-
Police en fait d'Incendie ; 40. enfin ceux mes. Le quatrième , de distinguer la qualité
qui se commettent contre la Police établie des armes qui peuvent être portées pendant la
au sujet des Chevaux , des Chiens , & autres nuit , de celles qui ne peuvent l'étre que pen-
Animaux dangereux qu'on n'a pas foin de dant le -our. Letinquieme enfin , de marquer
contenir. Nous avons vu d'ailleurs , en trai- les différens degrés de Peines qui doivent
tant des Crimes commis par fauie & impru- être prononcées , non-feulement contre ceux
dence , quelles font les Peines portées par les qui contreviennent aux défenses portées par
Loix Romaines contre ceux qui font chargés ces Réglemens , mais encore contre ceux qui
de la garde des Furieux & des Insensés , fabriquent , qui vendent ou débitent des ar-
pour les excès que ceux-ci peuvent com- mes dont l'usage est prohibé,
mettre étant en liberté. Nous avons vu
aussi en même temps celles qu'encouroient -j-
les Pères & Mères qui laissent à leurs En- (i)1^0UIS,&c.... voulant pourvoir à la sûreté
fans la conduite des Chevaux qu'ils n'ont de notre bonne Ville de Paris, & empêcher la Fa-
ni la force ni l'adresse de contenir. Nous h"Ts & Port/"T P">h»"« P?r le*ancie™es
. r , . it • « Ordonnances 8t Reelemens de Pouce : Nous vou-
nous arrêterons feulement a rappeller ici ions&ordonnons que toute Fabrique, débit, port
les dispositions particulières des Réglemens & usage de pistolets de poche , soit à fusil , foie à
de Police , qui íbnt relatives aux quatre rouet , bayonnettes , poignards , couteaux ensonne de
espèces de Délits que nOUS venons d'ill- poignards , dagues , épées en bâtons , & bâtons àfer-
diauer ' remens , autres que ceux qui font f-.rrés p.ir le bout 9
* j t : soient & demeurent pour toujours généralement
abolis ,& défendus à tous nos Sujets & autres per-
sonnes quelconques dans notre Royaume & Pays
9. t'.Poft I PORT D'ARMES fans permission. Nous de notre obéissance , à peine , contre les Fourbis?
d'Arme* avons eu lieu de parler d'avance de Cette f urs , Armuriers , Couteliers & Marchands qui \e<> fa-
mííîion"" efpece de Délit fous le titre des Crimes briqueroient & dtbitero.ent ci-anrès, de confiïca-
sur quoi de Lese-Maiesté au second Chef , où nous tl°" desdlte? ' cen* d'amende apph-
portentles ..,..* », r, i, * r cables , moitie a Nous , & 1 autre moitieatix de-
Délit, qui avons distingué le Port d Armes qui ie nonciateurs . & d mterdiaion de la Maîtriie pen-
Settew à troUve accomPagn^ de violence & d'aíiem- dant un an pour la première sois , & de privation
« sujet, blée illicite , du simple Port d'Armes dont d'icelle en cas de récidive. Et à l'égard des Cowa-
il s'agit ici , comme formant un objet par g"ons travaillans en chambre , à peine d'être fusti-
ticulier des Réglemens de Police. Parmi g« & flétris pour la première soi, & pour la íe-
, , 0 r conde d être envoyés aux Galères. Et , en cas de
ces Réglemens nous remarquons fur-tout &d>usoge d€sdites armes, par um autres Par-
l'Edit de Décembre 1667 (O» dont Ies ticuliers , Nous voulons qu'ils .soient constitués pri-
dispositions ont été renouvellées íùcceíîi- sonniers & condamnés à deux cens livres d'amen-
vement par les Déclarations des 2 3 Mars de ; & en cas d'insolvabilité des contr,?venans , ils
1728 (2) , & 25 Août 1727 (ï). II paroît «fendront prison pendant six mois ; & oìi ilsréci-
d,/acres
1 ces Loix,
t ■ j
dont. nous
... croyons
_ r. devoir
JL-^ii. diveroient,' ceux y qui auront
» „ rpaye
7 , us , deuv-,,cens
,.
" r . . , ' " - . J , livres leront condamnes en i amende de mille h-
rapporter ici les dispositions , parce qu elles vres à Nous app]iC3ble ; & , quant aux insohailes ,
s'expliquent mutuellement , & que l'on n'y ils feront condamnés aux Galères. N'entendons
contrevient le plus souvent que faute de néanmoins comprendre , en ces présentes désen-
les connoître , qu'elles portent principale- ses» les ^ayonnaies à reffonr qui se mettent au bout
ment fur ces cinq points , dont le premier *" J~ à, f™ tàl la les:
, • n , via • quelles toutefois ne pourront être fabriquées ru
tend a déterminer la qualité des armes qui debitees que par les Ouvriers qui feront par Nous
font défendues à toutes sortes de personnes, commis à cet effet , & fans que ksdites bayonnettes
DES DÉLITS CON TRE LA POLICE. 4J1
à ressort puissent être par eux vendues ni délivrées les grands Hôpitaux , Sergens 6c autres Officiers de
qu'aux Oíììciersqui feront par Nous préposés, qui hsttee , lorsqu'ils feront commandés pour l'exécu-
leur en délivreront le Certificat , & tiendront re tion des Ordres d'icelles. Faisons pareillement dé
gistre de la quantité par eux fournie , fous les mê- fenses à toutes personnes, allant de nuit dans notre
rnes peines. Voulons que leídites bayonnettes 6c Ville de Paris 6c Fauxbourgs d'icelle , de porter
armes prohibées ci-dessus , trouvées chez lefdits aucunçs épées , à peine de prison , & d'être procédé
Fourbisseurs, Armuriers 5i Marchands Clinquail- exiraordinairement contre eux > & punis comme
lers , par la recherche qui enaétc faite par nos Or vagabonds , s'il y échoit. N'entendons néanmoins
dres , ensemble ce qui pourra s'y trouver ci-après , coaiprcndre , dans cette présente prohibition , les
&C généralement chez tous nos autres Sujets, soient Gentilshommes & Officiers, tant de notre Maison , de
rompues & brisées ; 6c à cet effet enjoignons à toutes nos Troupes que de Justice , & autres portant livrées
sortes de Personnes , de quelque qualité 6c condi & casaques cC drehers , écussons & autres marques de
tion qu'elles soient , de remettre dans huitaine, pour leurs Charges , & qui ont droit d'en porter, pourvu
toutes préfixions 6c délais , du jour de la publica qu'ils soient éclairés de flambeaux ou autres lu
tion des présentes , fçavoir , pour notre bonne mières , autres que des lanternes sourdes. Ne pour
Ville de Paris , entre les mains du Commissaire du ront aucunes personnes porter dans notredite Ville
Quartier ; 6c , dans les Provinces , ès mains des de Paris des épées de jour , s'ils ne font Gentilshom
Officiers de Police , à peine , contre lefdits Armu mes , ou Officiers de notre Múifon , de nos Trou
riers 6c Marchands , de confiscation d'icelles & de pes , Compagnies de nos Ordonnances , Soldats des
deux cens livres d'amende pour la première fois ; Régimens de nos Gardes , tant Françoiscs que Suis
d'interdiction de leur Maîtrise pour la seconde, oC ses » ou autres Préposés pour l'exécution des Or
de privation d'icelle pour la troisième ; 6c , encas dres de Justice , à peine de deux cens livres d'a
de garde 6c de recélement desdites armes par les mende ; & en cas d'insolvabilité , d'être procédé
Particuliers , ils feront condamnés à deux cens li contre eux extraordinairement , comme gens fans
vres d'amende, applicable, moitié àNous , 6c moi aveu. Voulons que ceux qui arriveront dans notre
tié au dénonciateur. Comme aussi voulons 6c or dite Ville de Paris , & qui n'auront qualité ni droit
donnons que tous pistolets d'arçons n'aient pas moins de porter l'épée ou autres armes , soient tenus, à
de quin\e pouces de canon ; & à l'égard des autres leur arrivée , de les poser entre les mains de leurs
qui auront moins de longueur , Nous en avons dès- Hâtes » dont ils chargeront le registre , pour en
à-présent défendu , tant la fabrique que la vente , donner par lefdits Hôtes leurs déclarations aux
débit , port 6c usage. Enjoignons à tous Ouvriers Commissaires de leurs Quartiers , qui seront tenus
qui s'en trouveront chargés , & à tous autres, de de prendre garde qu'il y soit commis aucuns abus
s'en défaire 6c les envoyer hors de notre Royau ni contraventions , à peine d'en répondre en leurs
me , dans deux mois du jour de la publication des propres 6c privés noms. Ne pourront les Soldats
présentes , fous les mêmes peines par Nous or de nos Gardes , tant Françoifes que Suisses, vaguer
données fur le fait des pistolets de poche. Pareil la nuit hors leur Quartier ou Corps-de- Garde ,
lement ordonnons que les Epées ne pourront avoir s'ils font en Garde , à six heures du soir depuis le
moins de longueur que deux pieds & demi de lame , jour & fête de Toussaint , & à neuf heurts du soir
non compris tt talon d'icelles & la garde ; 6c en depuis le jour 6c fête de Pâque, avec épées ôt au
conséquence enjoignons à tous Fourbisseurs , Mar tres armes , s'ils n'ont ordre par écrit de leur Ca
chands &r autres , qui s'en trouveront chargés, de pitaine , à peine des Galères ; à l'effet de quoileur
s'en défaire, & de les envoyer hors de notre Royau procès leur fera fait & parfait par le Juge de Po
me , dans le míme-temps de deux mois du jour de lice; & pendant le jour, ne pourront lefdits Soldats
la publication des présentes , fous les mêmes pei marcher en troupes , ni être ensemble hors de leur
nes. Faisons très-expresses inhibitions 6c défenses Quartier, en plus grand nombre que quatre avec
auxdits Ouvriers, Marchands 6c à tous autres , de leurs épées , fous les mêmes peines. . . . Défen
fabriquer, vendre , débiter & porter des épéesde dons au Prévôt de Paris , ses Lieutenans , & à
moindre longueur , fous les mêmes peines ordon tous autres Juges & Officiers de Justice qu'il ap
nées , pour le fait des bayonnettes 6c autres armes partiendra , de décharger des Amendes encourues
ci-dessus prohibées. Faisons pareillement défenses ceux qui auront été condamnés , si ce n'est que
à tous les Fourbisseurs , Ouvriers Couteliers & les condamnations aient été rendues par défaut ,
Compagnons defdits Métiers * de se retirer dans 6c après que nos Procureurs 6c Receveurs des
les Collèges & autres semblables Communautés , dont Amendes auront été entendus , à peine de nullité
ils seront tenus de vuider dans quinzaine , du jour & d'en répondre en leur propre & privé nom. Edit
de la publication des présentes , à peine de cent de Décembre 1667.
livres d'amende , &C de plus grande s'il y échoit ; &
aux Principaux defdits Collèges 6c autres Préposés
à la direction d'iceux & défaites Communautés , (t) LoUIS, &c Les différens accidensqui
de les y recevoir , à peine de deux Cens livres d'a font arrivés de l'usage & du port des couteaux en
mende. Défendons en outre à tous nos autres Su*- forme de poignards , des bayonnettes & pistolets de
jets, de quelque qualité fit condition qu'ils puissent poches , ont donné lieu à différens Réglémens , &
être , de porter de nuit , dans notre bonne Ville de notamment à la Déclaration du 18 Septembre i66d,
Paris 6c Fsuxbourgs d'icelle , aucunes armes à feu , & à l'Edit du mois de Décembre iè66. Néan
fous prétexte de leur défense , ou quelqu'autre que moins , quelqu'expresses que soient les défenses à
ce soit , à peine de confiscation d'icelles , & de É^t' égard , l'usage &t le port de ces sortes d'armes
loo liv. d'amende. Comme pareillement Nous paroît se renouveller ; 6c , comme il importe à la
avons défendu & défendons le port desdites aimes sûreté publique que les anciens Réglémens qui
à feu de jour dans notredite Ville de Paris , à tou Concernerit cet abus soient exactement observés ,
tes personnes autres qu'aux Officiers de notre Mai Nòtfs avons cru devoir les remettre en vigueur.
son , ceux des Compagnies de nos Ordres , Gardes & A cès causes , Nous avons dit 6c déclaré , disons
Archers , ceux de la Prévôts de notre Hôtel , Conr>s- & déclarons par ces Présentes , signées de notre
tabìie & Maréchaussée , Archers établis pour U cap main, roulons & Nous plaît que la Déclaration
ture des pauvres tneadiuns , & conduite d'iceux , dans du 18 Décembre 1660 , au sujet de la fabrique 6c
Lll 2
4J2 LES LOIX CRIMINl ÎLLES, Liv. TH. Tit. VIII.
port d'armes , soit exécutée , selon sa forme & res du soir depuis le jour & fête de la Toussaint
teneur. Ordonnons en conséquence qu'à l'avenir & à neuf depuis le jour &: fête de Pâque ; le tout
toute fabrique , commerce , vente , débit , achat , à moins qu'ils n'aient un ordre par écrit de leur
port & usage des poignards , couteaux en forme de Capitaine; faute de quoi ilsferont condamnés aux
poignards , soit de poche , soit de fusil , des hayon- Galères pour trois ans. . . . Art. II. Dans les autres
nettes , pistolets de poche , épées en bâtons , bâtons heures du jour , ne pourront lefdits Soldats mar
à serremens , autres que ceux qui font ferrés par le cher en troupes, ni être ensemble hors de leur
bout , cy autres armes offensives , cachées & secrettes , Quartier , en plus grand nombre que quatre avec
soient & demeurent pour toujours généralement leurs épées , fous les mêmes peines. . . . Art. III.
abolis & défendus : enjoignons à tous Couteliers , Les Cavaliers , Dragons & Soldats des autres Ré
Fourbisseurs , Armuriers 6c Marchands , de les gimens , ou Compagnies de nos Troupes qui se
rompre & briser incessamment après l'enrégistre- trouveront à Paris , ne pourront pareillement va
■ ment des Présentes , si mieux ils n'aiment faire guer la nuit avec épées ou autres armes, dans au
rompre & arrondir la pointe des couteaux ; en cun lieu ou Quartier de notredite Ville , au-delà
sorte qu'il n'en puisse arriver d'inconvéniens , à des heures ci-dessus marquées , ni être même de
peine , contre les Armuriers , Couteliers , Fourbif jour avec leurs épées ou autres armes , en plus
feurs & Marchands y trouvés en contravention , de grand nombre que celui de quatre , sous les
confiscation pour la premièrefois , d'amende de cent mêmes peines Art. IV. Faisons très-expres
livres & d'interdiction de leur Maîtrise pour un an, ses inhibitions ÔC défenses , tant auxdits Sol
& de privation d'icelìe en cas de récidive , même de dats de nos Gardes Françoise^ & Suisses , qu'à
peine corporelle , s'il y échet ; & contre les garçons ceux des autres Régimens de nos troupes , &c
qui travailleroient en chambre , d'être fustigés £flé à tous Particuliers , de quelqu'état & condition
tris pour la première fois, & pour la seconde d'être qu'ils soient , de faire le racolage ni aucun
condamnés aux galères ; & à l'égard de ceux qui por engagement forcé , sous quelque prétexte que
teront fur eux lefdits couteaux , bayonnettes & pis ce puisse être , à peine du Carcan & des Galères...
tolets , & autres armes offensives , cachées & se Art. V. Ordonnons à tous Officiers & autres
crettes , ils seront condamnés en six mois de prison^ chargés de faire des recrues à Paris , de laisser la
& en ùnq cens livres d'amende. N'entendons néan liberté aux Soldats qu'ils auront engagés , leur dé
moins comprendre , en ces présentes défenses } les fendons de les tenir en chartre-privée : ce qui fera
bayonnettes à ressort , qui se mettent au bout des observé sous les mêmes peines , & autres prescri
armes à feu pour l'usage de la Guerre , à condition tes par les Ordonnances.... Art. VI. Défendons
que les Ouvriers qui les fabriqueront , seront te pareillement à tous Aubergistes, Cabaretiers , Lo
nus d'en faire déclaration au Juge de Police du geurs en chambres garnies , & à tous autres Par
lieu , & fans qu'ils puissent les vendre ni débiter ticuliers, de recevoir & retenir che2 eux , en char
qu'aux Officiers de nos Troupes, qui leur en dé tre-privée , aucuns Cavaliers , Dragons ou Sol
livreront certificat , dont lefdits Ouvriers tien dats , sous quelque prétexte que ce loit , à peine
dront registre paraphé par nosdits Juges de Police. d'être poursuivis extraordinairement, & punissui-
Si DONNONS EN MANDEMENT , &C. DECL. du 13 vant la rigueur des Ordonnances.... Art. VII. Ne
Mars 1718. régist. en Pari, le 20 Avrilsuivant. pourront les Sergens , Cavaliers , Dragons & Sol
dats de nos Troupes , faire aucuns engagemens ,
fans y être autorisés par une permission expresse ,
(3) LoUlS, &c. . . . Les Rois nos Prédécesseurs & par écrit, de leurs Capitaines ; & pour les Ré
ont regardé dans tous les temps la Police de notre gimens dans lesquels ils serviront , à peine de nul
bonne Ville de Paris , comme un objet digne de lité desdits engagemens : voulons que , fur les sim
leur attention & de leurs soins ; c'est dans cette ples Procès-verbaux qui auront été dressés de la
. vue qu'ils ont fait , en différentes occasions , des contravention au présent Article , les coupables
Réglemens également importans , & que le feu soient condamnés à garder prison , par forme de
Roi notre très-honoré Seigneur & Bifayeul auroit correction , pendant tel temps que nos Juges arbi
pourvu , par Edit du mois de Décembre 1666 , à treront , même poursuivis extraordinairement ,
la sûreté des Habitans de cette Ville , en renouvel- s'il y écheoit. . . . Art. VIII. Enjoignons aux Offi
lant les défenses portées par les anciennes Ordon ciers , Sergens , Cavaliers , Dragons & Soldats ,
nances , fur la fabrique , le débit , port & usage & à tous autres Particuliers qui auront commission
des armes prohibées , & en prévenant par diffé- de fàire des recrues à Paris , d'en faire préalable
. rentes dispositions les abus qui se pourroient faire ment leur déclaration au Lieutenant-Général de
des armes dont la fabrique est autorisée , & dont Police , à peine de nullité des Engagemens
le port est permis à quelques-uns de nos Sujets. Art. IX. Seront tenus les Sergens , Cavaliers , Dra
Les dispositions de cet Edit règlent aussi la disci gons & Soldats de nos Troupes , qui auront per
pline qui doit être observée, par rapport à la sû mission de rester à Paris , d'y porter l'habillement
reté publique , par les Soldats des Régimens de uniforme de leur Régiment ; & en cas de contra
nos Gardes Françoifes ôt Suisses. Mais comme l'ef- vention , pourront être condamnés , par forme de
pérance de l'impunité a introduit divers abus con correction, à garder prison , sur les simples Pro
traires à l'esorit de ces Réglemens , qui d'ailleurs cès-verbaux qui seront dressés de la contravention,
n'ont pas pourvu à tous les cas fur lesquels il est conformément à l'Art. VII. ci-dessus , & pour tel
nécessaire de faire connoître nos intentions , Nous temps qu'il fera arbitré par nos Juges. . . . Art.X.
avons cru , en renouvellant des Loix dont l'ob- Ne pourront aucuns Soldats de nos Troupes servir
servation est si nécessaire , devoir nous expliquer dans des maisons particulières , en qualité de Do
encore plus précisément , tant sur ce qui concerne mestiques , à peine de Galères. Enjoignons , sous
Tordre public } que sur les peines qui doivent être les mêmes peines, à ceux qui pourroient actuel
prononcées contre les contrevenans. A ces cau lement servir en ladite qualité en notre bonne Ville
ses. . , Art. I. Aucuns des Soldats de nos Gardes de Paris , de se retirer sous leurs Drapeaux , huit
Françoifes & Suisses ne pourront vaguer la nuit , jours après la publication de notre présente Décla
hors de leur Quartier ou Corps- de-Garde , avec ration. . . . Art. XI. Faisons défenses à tous Parti
épées ou autres armes , à commencer à six heu- culiers , de quelque qualité ôc condition qu'ils
DES DÉLITS CON TRE LA POLICE. 45$
soient , autres que les Officiers du Guet , & autres fréquemment , par la négligence que l'on apporte
Préposés pour la Garde & sûreté publique , de à réparer les Maisons & les Bâtimens de ladite
porter de jour ou de nuit , dans la Ville & Faux- Ville , devant être un des principaux objets de la
bourgs de Paris, aucunes armes à feu, fous quelque vigilance des Officiers de notre Châtelet de Paris,
firétexte que ce puisse être , même de la défense de auxquels les foins de la Police sont confiés , & la
eurs personnes ; ce qui fera exécuté , à peine de longueur des procédures formant souvent des pré
confiscation desdites armes & de deux cens livres textes aux Propriétaires , pour éloigner des répara
d'amende... Art. XII. Seront au surplus l'Edit du tions, dont le moindre retardement entraîne quel
mois de Décembre 1666 & notre Déclaration du quefois des suites si funestes : Nous avons cru , dans
ai Mars 1718 , exécutés selon leur forme ôc te cette partie importante de la Police de notre bonne
neur , notamment en cç qui regarde le port d'ar Ville de Paris , devoir établir une procédure fixe
mes, fabrique & débit d icelles ... Art. XIII. En & certaine , qui pût , par fa régularité & par fa
joignons à tous ceux qui arriveront dans lad. Ville simplicité, donner en même-temps aux luges une
& Fauxbourgs de Paris , & qui n'auront ni qualité connoissance exacte des maisons , & aux Parties ,
ni droit pour porter l'épée ou autres armes , de les un moyen facile pour se faire entendre , maisqui
déposer, dès le jour de leur arrivée, entre les mains pût aussi , cn cas de refus ou de délai de la part
de leurs Hôtes , qui en chargeront leurs registres des Propriétaires , ouvrir une voie régulière pour
pour en donner leur déclaration aux Commissaires faire cesser promptement le péril , & pour mettre
de leurs Quartiers, lesquels seront tenus de veiller nos Sujets dans une pleine ÔC entière sûreté. &c.
à empêcher les contraventions & abus qui pour- A ces causes, &c. Qu'en cas de péril imminent
roient arriver à cet égard Art. XIV. La con- des Maisons &: Bâtimens de notre bonne Ville de
noissance de l'exécution de notre présente Déclara Paris , il en soit usé par les Officiers du Châtelet
tion & des contraventions qui pourroient y être en la forme & manière qui s'enfuit.... Art. I. Les
faites , appartiendra au Lieutenant -Général de Po Commissaires auront une attention particulière ,
lice de notredite Ville , sauf l'appel en notre Cour chacun dans leur quartier , pour être instruits des
de Parlement. Si donnons en mandement , &c. Maisons & Bâtimens où il y auroit quelque péril...
Décl. duij Août 1737. Art. II. Aussi-tôt qu'ils en auront eu avis , ils se
transporteront sur le lieu , & dresseront Procès-
III. verbal de ce qu'ils y auront remarqué , & qui
pourroit être contraire à la sûreté publique.. . .
l?t's m^rit 2°* &M'U de Police en fait de BATIMENS. Art. III. Ils feront assigner sans retardement , à la
de Bâti- Ces Délits se commettent par trois sortes requête de notre Procureur au Châtelet , les Pro
; se de personnes : 1 °. par les Propriétaires priétaires , au premier jour de l'Audience de la
commet- Police de notre Châtelet de Paris.... Art. IV. Les
par des maisons , qui négligent de réparer des
trois sor- Bâtimens qui tombent en ruine ; 20. par assignations feront données au domicile du Pro
priétaire s'il est connu , & s'il est dans l'étendue
sonnes?"" les Architetlcs ô Màçons qui occasionnent de notre bonne Ville de Paris & Fauxbourgs d'i-
cette ruine par leur mauvaise construction j celle ; sinon les assignations pourront être données
30. enfin par les Couvreurs ù Ouvriers à la Maison même où Te trouvera le péril , en par
qui , travaillans r la construction ou dé lant au principal Locataire , ou à quelqu'un des
Locataires , en cas qu'il n'y en ait point de princi
molition des Bâtimens, n'ont pas foin de
pal , & vaudront leftlites assignations , comme si
mettre un signe pour avertir les passans. elles avoient été données au Proprétaire.... Art. V.
Les uns & les autres font déclarés , dans Au jour marqué par l'affignation ,1e Commissaire
tous ces cas , punissables d'Amende , outre fera son rapport à l'Audience , & si la Partie ne
la réparation des Dommages & Intérêts compare pas , le Lieutenant-Général de Police ,
fur les conclusions d'un de nos Avocats , ordon
qui font résultés de ces contraventions.
nera , s'il y échoit , que les lieux seront visités par
Nous avons , fur cet objet particulier de un Expert , qui fera par lui nommé d'office. . . .
la Police , un Règlement remarquable dans Art. VI. Si la Partie compare , & qu'elle ne dénie
la Déclaration du 18 Juillet 1729 (1) , point le péril, le Lieutenant Général de Police or
que nous croyons devoir rapporter ici , donnera fur les susdites conclusions , que la Partie
fera tenue de faire cesser le péril , dans le temps
parce qu'elle prescrit en même temps la ma
qui fera par lui prescrit , & sera enjoint audit
nière dont doivent procéder les Officiers Commissaire d'y veiller Art. VII. Au cas que
de Police dans les visites qu'ils font tenus la Partie soutienne qu'il n'y ait aucun danger,
de faire pour découvrir les périls imminens elle aura la faculté de nommer un Expert de sa
des Bâtimens. Nous verrons au surplus , part , pour faire la visite , conjointement avec
l'Expert qui sera nommé par notre Procureur au
en traitant de ia Compétence des Juges ,
Châtelet , ce qu'elle sera tenue de faire sur le
qu'indépendamment des Officiers de Police , champ , sinon sera passé outre à la visite de l'Ex
il y en a d'autres, à qui le foin de pourvoir pert seul , qui aura été nommé par notredit Procu
à ce qui regarde la sûreté des Bâtimens , reur.... Art. VIÏI. La visite sera faite dans le temps
a été également confié en certains cas : l'on qui aura été prescrit par la Sentence , en présence
de la Partie , ou elle duement appellée , au domi
veut parler du Bureau de MM. les Tréso
cile de son Procureur , si elle a comparu , sinon
riers de France, & de cette Jurifdiction au domicile prescrit par l'article 4 ci-dessus , &c
particulière , connue fous le nom de la Ma ce , soit que la Sentence ait été donnée contra-
çonnerie. dictoirement , ou par défaut , d'attendre l'expira-
tion de la huitaine ; & en cas qu'il y ait deux Ex
perts , & qu'ils se trouvent de dìfférens avis , il en
(i)LiOUIS , &c. La sûreté des Habitans de no fera nommé un Tiers par le Lieutenant - Général
tre bonne Ville de Paris , & l'attention nécessaire de Police , à la première Audience , Partie pareille
pour prévenir I06 accidens , qui n'arrivent que trop ment préfente , ou duement appellée au domicile
454 LES LOIX CRIMIME LLES , Liv.III. Tit. VIII.
de son Procureur Art. IX. Sur le vu du rap lumières enfermées dans des lanternes :
port de l'Expert ou des Experts , la Partie ouie à contre les Maçons & les Charpentiers qui
rAudience , ou elle duement appellce au domicile font des mal-façons en adossant des man
de son Procureur, s'il y en a, ou s'il n'y en a point,
en la forme prescrite par l'art. 4 ci-dessus ; & oui teaux & tuyaux de cheminée contre des
le Commissaire en son rapport , ensemble notre cloisons de maçonnerie , ou qui placent
Avocat en ses conclusions , le Lkutenant-Général des pieces de bois dans ces tuyaux , ou,
de Police ordonnera , s'il y a lieu , que dans le posent des átres de cheminées fur les so
temps qui fera par lui prescrit , le Propriétaire de lives &. planchers : contre les Boulangers
la Maison sera tenu de faire cesser le péril , & d'y
& Pâájjìcrs qui ne fe fervent pas d'etei-
mettre à cet effet des Ouvriers , à faute de quoi ,
ledit temps passé , & fans qu'il soit besoin d'autre gnoirs de fer ou de cuivre pour éteindre
jugement , sur le simple rapport du Commissaire , leurs braises , qui font sécher leur bois
portant qu'il n'y a été mis d'Ouvriers , il en fera dans leurs fours , ou qui font construire
mis de l'ordonnancedudit Commissaire, aux frais des soupentes au - dessus de leurs fours :
de la Partie , à la diligence du Receveur des Amen
contre les Marchands de paille qui en
des , ciui en avancera les deniers , dont il lui fera
délivre par le Lieutenant-Général de Police, exé laissent séjourner devant leurs portes : contre
cutoire fur la Partie , pour en être remboursé par les Artificiers qui essayent leurs artifices
privilège 8c préférence à tous autres , fur le prix dans les environs de la Ville & Fau xbourgs ,
des matériaux proveuans des démolitions , & sub ou aux Promenades publiques , & géné
sidiairement fur le fonds & superficie des bâtimens
ralement contre tous ceux qui font com
desdites Maisons. . . . Art. X. Dans les occasions
oii le péril seroit si urgent, que l'on ne pourroit at merce & débit de la poudre a canon. II
tendre le jour de l'Audience , ni observer les for y a , comme on va le voir , dans tous ces
malités ci- dessus prescrites , fans risquer quelques cas , peine d'Amende plus ou moins forte ,
accidens fâcheux ; en ce cas , les Commissaires du & quelquefois même celle de la Prison.
Châtelet pourront en faire leur rapport au Lieute
nant général de Police , en son Hôtel , ck y faire
appeller les Parties en la forme prescrite par l'ar- (1) Sur ce qui nous a été représenté parle Procu
tjcle 4 ci-dessus , lequel pourra ordonner par pro reur du Roi , que si les Incendies qui arrivent dans
vision ce qu'il jugera absolument nécessaire pour Paris y font quelquefois du progrès, c'est souvent
la iûreté publique. . . Art. XI. Seront les Senten par la faute des Propriétaires & Locataires des
ces & Ordonnances rendues à ce sujet , exécutées maisons , qu'on n'a pu encore jusqu'ici parvenir à
par provision, nonobstant & fans préjudice de l'ap- désabuser de cette prévention populaire , qu'il en
pel: Si donnons en mandement, &c. Dècl. coûte de l'argent pour le secours des Pompes & des
du 18 Juillet 1719. Officiers préposés pour ce Service public , ce qui
leur donne lieu de négliger d'avoir recours à ces
•I V. Officiers ,& souvent même de leur refuser l'entrée
de leurs maisons lorsque les Incendies commencent
à s'y déclarer ; que d'ailleurs les Réglemens fur
4. 30. Dé- 3 °. Délits de Police en fait ^'INCENDIES. cette matière sont si ignorés par la plupart des ha
d" e"nfaÌt ^e ^e Pr^verur ^es naites funestes bitans de cette Ville , soit par leur ancienneté , ou
dies ; se qu'entraînent ces fortes d'accidens , qui parce qu'ils se trouvent dispersés dans un nombre
commet- peuvent frapper tout-à-la-fois fur les per d'Ordonnances particulières rendues en différens
temps & en différentes occasions ; & comme cet
ceurs ma- sonnes & fur les biens , a toujours fait ,
objet est un des plus intéressans de la Police , puis
nieres. comme l'on fçait , l'un des objets princi
qu'il tend également à conserver la vie & les biens
paux des Réglemens de Police. Mais de des habitans de cette Capitale , il est obligé de re
tous ces Réglemens , celui auquel nous quérir qu'il Nous plaise y pourvoir par une Or
croyons devoir nous arrêter principalement donnance, qui enrappellant toutes les dispositions
des anciens Réglemens , en rende l'exécution plus
ici , c'est une Ordonnance de Police du
f>rompte & plus notoire : Sur quoi , Nous , fai-
io Février 1735 (1) , comme contenant ánt droit fur le réquisitoire du Procureur du Roi,
dans ses dispositions un détail des plus cir- ordonnons que les Arrêts , Réglemens , Sentences
constanciés de toutes les différentes espèces & Ordonnances de Police , fur le fait des Incen
de Délits qui peuvent fe commettre en dies , seront exécutés selon leur forme & teneur ;
cette matière, non-feulement de la part & en conséquence.... Art. I. Faisons très-expresses
• inhibitions & défenses , conformément à nos Or
des Propriétaires & Locataires des mai donnances des 16 Juin 1671 & n Avril 1698 , à
sons qui n'ont pas foin de faire ramoner tous Maîtres Maçons , Charpentiers , Compagnons
leurs cheminées , ou qui vont dans des & Manœuvres, de faire à l'avenir aucuns manteaux
magasins , granges , greniers , & autres & tuyaux de cheminées » adossés contre des cloi
lieux où il y a des choses combustibles , sons de maçonnerie & charpenterie , de poser des
âtres de cheminées fur des solives des planchers ,
avec des lumières non enfermées dans des
ôc de placer des boisdans les tuyaux , lesquels ils
lanternes ; mais encore contre les Charre construiront de manière que les enchevêtrures 8c
tiers , Palefreniers 8c autres qui portant les solives soient à la distance de trois pieds des
aussi des lumières fans lanternes , ou qui gros murs ; en sorte que les passages défaites che
fument leurs pipes dans les écuries ou minées aient environ dix ou douze pouces de lar
geur , & trois pieds de long , en ce , non compris
dans les Halles aux Bleds : contre les Me
les six pouces de charge de plâtre, qui seront con
nuisiers , Layetiers , Boiffeliers , & Tour tre lesdits bois de chacun côté , le tout revenant à
neurs qui travaillent la nuit fans avoir leurs quatre pieds d'ouverture au moins entre lesdits
DES DÉLITS CON TRE LA POLICE.
bòîs , dont les recouvremens de plâtre , tant fur les deniers pour toujours de la Halle & de leur tra
solives , chevêtres & autres bois , seront de six vail ; pourront même être emprisonnés en cas de
pouces , en forte qu'il n'en puisse arriver aucun contravention : défendons aux Fruitiers, Tendeurs
Incendie ; le tout à peine de mille livres d'Amen de sacs , Ramasseuses & autres Personnes fréquen
de , d'âtre déchu de la Maîtrise pour les Maîtres , tant dans la Halle au Bled , d'y apporter des chau
& de tous dépens , dommages & intérêts envers drons à feu s'ils ne sont couverts de grillages de
les Propriétaires des maisons ; pourront même les fer , à peine de cent livres d'Amende , d'interdic
Compagnons & Ouvriers , travaillans à journées tion de la Halle , même de plus grande en cas de
ou áutrenterit , être emprisonnés en cas de con récidive , de laquelle Amende les Pères & Mères
travention.... Art. II. Défendons , suivant & con demeureront civilement responsables pour leurs
formément aux mêmes Ordonnances , à tous Pro Enfans , & pareillement les Maîtres & Maîtresses
priétaires de souffrir qu'il soit fait en leurs Maisons pour leurs Garçons , Servantes & Domestiques....
aucunes malfaçons de la qualité ci-deffus énoncée, Art. VIII. Défendons très-expressément à tous
à peine de pareille Amende, & d'être tenus de faire Gagne - deniers & autres Personnes , de quelque
abattre à leurs frais & dépens , toils les tuyaux , qualité & condition qu'elles soient, de fumer dans
âtres & manteaux de cheminées , qui ne se trou la Halle au bled de cette Ville , sous les peines
veront pas conformes à ce qui est prescrit au pré prescrites par notre Sentence du 16 Mai 17 17
cédent article Art. III. Ordonnons que notre Art. IX. Disons que les Arrêts du Parlement,
Ordonnance du 12 Janvier 1719 fera exécutée ; & Sentences &RégIemens qui ont été faits pour pré
en conséquence , enjoignons à tous Propriétaires , venir l'Incendie des Bateaux de Foin , seront exé
Locataires 011 fous-Locataires de Maisons , de faire cutés selon leur forme & teneur... Art. X. Sera
exactement ramoner les cheminées des appartemens notre Sentence du 18 Novembre 1719 exécutée;
& autres lieux par eux loués, fous-loues , ou oc & en conséquence , faisons défenses à tous Mar
cupés, à peine de deux cens livres d'Amende con chands & Marchandes , faisant commerce de Pail
tre ceux quife trouveront habiter les Maisons ou le , d'en laisser séjourner au-devant de leurs por
Chambres dans les cheminées desquelles le feu tes , tant le jour que la nuit , à peine de cent li
aura pris , faute d'avoir été ramonées , quand mê vres d'Amende & de confiscation : leur enjoignons
me il ne s'en fût ensuivi aucun accident... Art. de resserrer lesdites pailles en lieux clos & sûrs ,
IV. Faisons défenses à tous Bourgeois & Habitans pour qu'il ne puisse en arriver aucun accident....
de cette Ville , de quelque qualité & condition Art. XI. Disons que notre Ordonnance du 6 Fé
qu'ils soient , de tirer à l'avenir aucuns coups de vrier 1733 fera exécutée ; en conséquence, faisons
fusils dans les cheminées , en cas d'Incendie , char très-expresses inhibitions & défenses à tous Mar
gés à balle ou de gros plomb , & ce, fous telles chands, Bourgeois & autres Habitans de cette Ville
peines qu'il appartiendra , conformément à notre & Fauxbourgs, & notamment à ceux qui logent
Ordonnance du a 1 Juin 1716... Art. V. Seront nos rue de la Tannerie , & aux environs de la Place de
Sentences des 16 Mai 1717 & 6 Mai 1719, exécu Grève , de faire aucun Magasin de Charbon &
tées ; & en conséquence , faisons défenses à tous poussière de Charbon à l'avenir dans leurs Mai
Bourgeois & Habitans de. cette Ville , aux Voitu- sons , sous quelque prétexte que ce puisse être , à
riers , Loueurs de Carrosses , Marchands , Loueurs peine de cinquante livres d'Amende contre les Con-
de Chevaux , aux Charretiers , Cochers, Palfre- trevenans , & de confiscation dudit Charbon
niers & Valets d'écuries , d'entrer dans les Gre Art. XII. Faisons défenses raux Menuisiers , Laye-
niers & Magasins où il y a du foin , de la paille , tiers , Bahutiers, Tourneurs & Boisseliers , de tra
du Charbon ou d'autres Matières combustibles , & vailler la nuit fans avoir leurs lumières enfermées
dans les Ecuries , avec aucunes lumières, si lesdites dans des Lanternes , à peine de cent livres d'A
lumières ne sont renfermées dans des lanternes , mende. .. Art. XIII. Ordonnons que l'Arrêt du
bien & duement closes & fermées ; en sorte qu'il 30 Avril 1719 , portant Règlement pour le débit
ne puisse arriver aucun accident : Leur faisons ausiî de la Poudre à Canon , Fusées , & autres Artifices,
défenses d'entrer dans lefdits Magasins , Greniers fera exécuté selon sa forme & teneur ; & en con
& Ecuries , avec des pipes remplies de tabac allu séquence, faisons défenses à (tous Marchands Mer
mé , & d'y fumer , le tout sous peine de deux cens ciers , Clinquaillers , Blinblotiers & autres , de
livres d'Amende par chacune defdites contraven faire aucun commerce ni débit de Poudre à Ca
tions , même de plus grandes peines en cas de ré non , soit fine , soit commune , Fusées volantes , &
cidive. . . Art. VI. Faisons très-expresses inhibi autres Artifices , dans l'étendue & l'intérieur des
tions & défenses , conformément à nos Ordonnan limites , &c des Fauxbourgs de cette Ville. Faisons
ces des 8 Novembre 1710 , 16 Mai 1717 , 18 Mai pareillement défenses aux Propriétaires, Engagistes
& 19 Novembre 1718 , à tous Marchands Pail- ou principaux Locataires des Maisons , Boutiques
leurs , d'entrer dans leurs Granges , Greniers , 6c ou Echoppes , de louer leurldites Maisons , Bouti
autres endroits où ils serrent leur Paille , pendant ques ou Echoppes , dans ladite Ville & Faux
la nuit , avec lumières , si elles ne sont renfermées bourgs , pour en faire un pareil commerce. Faisons
dans des lanternes , à peine de trois cens livres d'A en outre défenses aux Artificiers d'essayer leur Ar
mende pour la première contravention , & de pu tifice dans les environs de la Ville & Fauxbourgs ,
nition exémplaire en cas de récidive. Leur défen ni dans les promenades publiques, mais seulement
dons, sous les mêmes peines , de travailler ou faire dans les lieux écartés , & par nous indiqués , le
travailler esdits Greniers , Granges & autres lieux tout sous les Peines portées par ledit Arrêt
penflant la nuit , & avant le jour en aucune saison , Art. XIV. Enjoignons aux Boulangers & Pâtissiers
ni de travailler avec aucune lumière , pour quel de cette Ville & Fauxbourgs , d'avoir des étei-
que cause & sous quelque prétexte que ce puisse gnoirs de fer ou de cviivre pour éteindre leur brai
être>... ArT\ VII. Ordonnons que notre Ordon se. Leur faisons défenses de s'en servir d'autres , de
nance du 15 Décembre 1730 , fera exécutée ; en faire sécher leur bois dans leurs Fours , & de faire
conséquence , faisons défenses à tous Gagne-de construire des soupentes au dessus desdits Fours ,
niers , Charretiers & autres Personnes fréquentant à peine de cinq cens livres d'Amende. Ordonnons
dans les Halles , d'y allumer des feux , à peine de que dans un mois , du jour de la publication de
cent livres d'Amende , d'interdiction aux Gagne- notre présente Ordonnance , ceux qui ont actuelle
4)6 LES LOIX CRIMINE1 ,LES , Lrv. III. Tit. Vin.
ment des soupentes au-deffus desdits Fours , feront sons defdits Propriétaires ou Locataires. Enjoi
tenus de les faire démolir , fous les mêmes peines gnons pareillement à tous les Habitans de la rue
que dessus : à Peffet de quoi les Commissaires au ou fera l'íncendie r & même à ceux des rues ad
Châtelet feront des visites chez les Boulangers , jacentes , de tenir la porte de leurs Maisons ou
chacun dans leur quartier , une fois le mois au verte , & de puiser de l'eau dans leurs Puits , pour
moins. . . . Art. XV. Ordonnons que nos Sen le service des Pompes publiques & des Ouvriers
tences & Ordonnances des premier Juillet 172.9 , employés audit Incendie , à peine de cinq cens li
10 Juin , 30 Août 1750 y & 13 Juillet 1734 , fe vres d'Amende contre ceux qui refuseront de prê'
ront exécutées ; & en conséquence , faisons très- ter secours , ou de faire ouverture de leurs Mai
expresses inh-.bitions & défenses à tous particuliers, sons. . . . Art. XIX. Disons que notre Sentence du
de quelque qualité ÔC condition qu'ils soient , de 29 Janvier 1716 fera exécutée ; & en conséquence,
tirer aucuns Pétards , ou Fusées , Boètes , Pom que les Marchands Epiciers-Ciriers , les plus pro
meaux d'Epées ou Saucissons, Pistolets , Mousque chains de l'íncendie , seront tenus d'avoir leurs
tons , ou autres Armes à feu , dans les Rues, dans Boutiques ouvertes , & de fournir en payant , fur
les Cours ou Jardins , & par les fenêtres de leurs les ordres du Commissaire au Châtelet , tous les
Maisons , pour quelque cause & occasion que ce flambeaux nécessaires pour éclairer aux Ouvriers
soit , & nommément les Jours de la Fête-Dieu , de travaillans audit Incendie , à peine de deux cens li
la veille & Fête de St. Jean-Baptiste , les Jours de vres d'Amende.... Art. XX. Ordonnons que tous
Réjouissances publiques , de se servir de Fusils , les Maîtres Maçons , Charpentiers , Couvreurs ,
Pistolets , & autres Armes à feu , pour tirer au Plombiers &í autres Ouvriers & Artisans , seront
blanc , ni autrement , même dans les Cours & Jar tenus, au premier avis qui leur fera donné de quel
dins des Fauxbourgs , à peine de quatre cens li que Incendie , & fur la réquisition des Commissai
vres d'Amende , de laquelle Amende les Pères & res & autres Officiers de Police , de íe transporter
Mères seront civilement responsables pour leurs à l'instant de l'avertissement sur les lieux où fera
Enfans , & les Maîtres & Chefs de Maisons , pour l'íncendie, d y faire transporter leurs Compagnons,
leurs Apprentifs , Compagnons, Serviteurs & Do Ouvriers ÔC Apprentifs , avec les ustensiles néces
mestiques ; pourront même les Contrevenans être saires pour aider à éteindre le Feu le plus promp
emprisonnés fur le champ... . Art. XVI. Enjoi tement qu'il fera possible , à peine de cinq cens
gnons expressément , conformément aux susdites livres d'Amende contre chacun defdits Maîtres ,
Ordonnances , à tous Propriétaires & Locataires Compagnons , Ouvriers & Apprentifs : Ordon
de Maisons , lorsque '1 on allume des feux pour nons en outre que les Jurés des Communautés
des Réjouissances publiques ,de fermer leurs Bou» des Maîtres Maçons , Charpentiers , Couvreurs ÔC
tiques , de faire fermer <k boucher exactement les Plombiers, seront tenus de faire imprimer par cha
Fenêtres , Lucarnes , Yeux de Bœuf, & généra cune année une Liste , contenant les noms & de
lement toutes les ouvertures des Greniers des Mai meures des Maîtres de leur Communauté , & d'en
sons à eux appartenantes , ou par eux occupées , délivrer des Exemplaires aux Commissaires au
soit que lesdits Greniers soient vuides ou remplis , Châtelet, au sieur Commandant du Guet, & au
comme aussi de fermer les fenêtres & portes des tres Officiers de Police , lesquelles Listes , lesdits
Chambres , Remises , Angars , & Ecuries , de mê Jurés seront tenus de faire imprimer par distinc
me que les Soupiraux & Ouvertures des Caves , tion de chacun quartier ; le tout conformément
Caveaux , & autres endroits dans lesquels il y au- aux Arrêts 6c Réglemens de Police , & no
roit de la Paille , du Foin , du Bois , des Ton tamment à nos Sentences des 7 Mars 1670 , 10
neaux, du Suif , & autres Matières combustibles , Juillet 1706 & 19 Janvier 1716. .. . Art. XXI.
à peine de deux cens livres d'Amende contre les Disons que l'Ordonnance du 23 Février 1716 ,
Contrevenans: Ordonnons en outre aux Marchands fera exécutée selon sa forme & teneur ; & en con
Epiciers , pendant ledit temps , de tenir les Portes séquence, que l'Inspecteur des Pompes fera tenu
& Soupiraux de leurs Caves & Magasins exacte de faire poser régulièrement aux coins des rues des
ment fermés , & aux Chandeliers & Grainiers affiches , de six mois en six mois , des lieux où les
de retirer les bottes de Foin & Paille qu'ils ont Pompes sont déposées , des noms & demeures des
coutume d'étaler en dehors de leurs Boutiques , Gardiens desdites Pompes , lesquels Gardiens ne
sous les mêmes peines de deux cens livres d'A pourront loger qu'aux environs des Pompes qu'ils
mende. . . . Art. XVII. Enjoignons pareillement à doivent servir : Mandons aux Commissaires au
t)us Propriétaires des Maisons où il y a des Puits, Châtelet , & enjoignons aux Officiers du Guet ,
de les maintenir en bon état ,en sorte qu'il y ait au & autres Officiers de Police , de tenir la main à
moins vingt-deux pouces d'eau , de les faire net l'exécution de notre présente Ordonnance, qui sera
toyer, curer, & même creuser , lorsque ladite imprimée , lue , publiée & affichée par-tout où be
quantité d'eau viendra à diminuer. Enjoignons aussi soin sera , à ce que personne n'en ignore. Ord. de
atixdits Propriétaires ou principaux Locataires, de Police ,du 10 Février 1725.
les entretenir de bonnes & suffisantes poulies, &
d'avoir soin à ce qu'elles soient exactement & jour V.
nellement garnies de cordes , & d'avoir en icelles
un ou plusieurs sceaux , qui puissent servir au be 4°. Délits de "Police au sujet des Che- ç.40.Dí^
soin; le tout sous les peines portées par les Ordon VAUX & des CHIENS qu'on n'a pas foin !"$ au su
nances des 20 Janvier 1727 & 15 Mai 1734. ...
Art. XVIII. En cas d'Incendie , seront tenus les de contenir. Nous avons , relativement Chevaux
Bourgeois & Habitans chez lesquels le Feu aura aux Chevaux , plusieurs Réglemens qui &h. des
pris , de faire ouverture de leurs Maisons aux se trouvent rappelles dans une Ordonnance Régi"- '
Commissaires au Châtelet, aux Officiers du Guet, de Police du 30 Janvier 1767 (1) , que mens à "
& autres Officiers de Police , qui se présenteront nous croyons , par cette raison , devoir rap- su,et*
pour leur prêter secours ; & en cas de refus , fe
porter ici , & suivant lesquels il y a des
ront les portes enfoncées & brisées fur les ordres
des Commissaires du quartier , qui seront tenus Peines d'Amende & de Prison , & d'être
de dresser procès-verbal du refus d'ouvrir les Mai- responsables des dommages & intérêts
causés
DES DÉLITS CON TRE LA POLICE. 457
causés par les blessures & autres accidens de conduire lesdites Voitures autrement qu'à pied ,
qui s'en seroient ensuivis , portées nommé à peine de cent livres d?amende , & de confiscation
de leurs Chevaux & Charrettes ; pourront même
ment, i°. contre les Charretiers & Voitu- les Contrevenans être arrêtés & constitués prison
riers qui font galopper leurs Chevaux dans niers, conformément aux Ordonnances des 18 Sep
les rues étant montés dessus , au lieu de tembre 1716 & 15 Octobre 1734. . . • Art. II.
les conduire à pied ; 2°. contre ceux qui Défendons pareillement , & fous les mêmes Pei
menent a Vabreuvoir plus de deux Chevaux nes , aux Boulangers , Plâtriers , Meuniers , Voitu-
riers , & tous autres de faire trotter leurs Chevaux
à la fois ; 30. contre les Pères & Maîtres
& Mulets , dans les rues de la Fille & fauxbourgs
qui confient la conduite des Chevaux & de Paris. . . Art. III. Enjoignons aux Voituriers
Mulets à leurs enfans ou domestiques , au- qui conduisent du Moèlon , des Pierres à Plâtre ,
dessous de l'âge de dix-huit ans (i). A l'égard des Matériaux , soit que lefdits Matériaux entrent
des Chiens , les Délits qui se commettent par les Barrières, ou qu'ayant été déchargés fur lés
contre la Police établie par les Réglemens Ports , ils en soient enlevés pour être conduits dans
les différens atteliers , de garnir leurs Voitures de
fur cet objet particulier , font , lorsque ridelles , devant , derrière & des côtés, de manière
leurs Maîtres n'ont pas foin de les empê qu'il ne puisse rien tomber aux risques des passans,
cher de mordre les Passans , soit en les èc de ne charger fur leurfdites Voitures plus de
menant en lesse , soit en les tenant enfer quarante-trois à quarante-quatre pieds cubes ; en
més , fur- tout lorsqu'ils sçavent qu'ils sont forte que cinq desdites voies ne puissent former
qu'une toise de deux cent seize pieds cubes. Se ront
sujets à mordre ; à plus forte raison s'en ren
pareillement tenus les Carriers , leurs Voituriers,
dent -ils responsables lorsqu'ils excitent ceux des Entrepreneurs , & autres qui conduisent
eux - mêmes ces animaux à mordre ; il ou font voiturer des Pierres dures d'Arcueil , Meu-
y a dans ce dernier cas une action d'in don , Saint Cloud , Bombaux , Pierre de Souche ,
jure qui , comme nous l'avons vu en trai Vaugirard , Chaillot, Passy , la Vallée de Fécamp,
Saint-Maur , Maisons & Lambourdes , même de
tant de ce Crime , peut donner heu à de
celles de Saint- Leu, Troussy & Vergelct, à l'excep-
plus fortes Peines qu'à de simples Amendes tion de ceux qui chargent fur des Binards , de ne
& dommages & intérêts qui se prononcent mettre & faire charger fur chacune des Voitures
ordinairement dans les premiers cas , comme ordinaires à deux roues que vingt-huit à trente
il paroît par une Sentence de Police du z o pieds cubes de Pierres, y compris les boulins & lits
tendres ; & les Gravatiers , & Voituriers de fable ,
Avril 1725 (2) , que nous croyons devoir
ceux qui enlèvent , voiturent les Décombres &i Dé
également rapporter ici. molitions des Bâtimens, seront également obligés
1
d'avoir leurs tombereaux de grandeur convenable,
(1) Sur ce qui nous aété représenté parle Procu solides & bien clos , de les charger quarrément , 5c
reur du Roi , "qu'au préjudice des Arrêts du Parle de manière qu'il ne puisse tomber aucuns gravats ,
ment , des Ordonnances & Réglemens de Police , ni se faire d'épanchemens dans les rues , le tout
les Charretiers & Voituriers qui conduisent des conformément à l'Ordonnance de la Jurifdiction
Voitures dans Paris, continuent de monter fur leurs Royale des Bâtimens , Ponts & Chaussées de Fran
Chevaux, & se tiennent dans leurs voitures , ce qui ce, du 5 Décembre 1738 , & à l'Arrêt du Conseil
donne lieu à beaucoup d'accidens ; qu'il y a plu du 19 Septembre 1747 , à peine de cent Uvres d'a
sieurs de ces Voitures qui n'ont ni écriteaux ni nu mende , de confiscation des Matériaux , Voitures ,
méros; que ceux qui menent des pierres & du moë- & Chevaux , tant contre les Voituriers , que contre
Ion , chargent leurs charrettes au dessus des ridel les Carriers , En'repreneurs , & autres qui les au
les ; que les Maraîchers & les Voituriers de plâtre ront employés : Enjoignons aux Commis des Por
ne se servent point de bannes ; & que les Auber- tes & Barrières, & des Ports , ainsi qu'à ceux du
gistes,Hôtelliers. Loueurs de Carrosses, de Chevaux Régisseur des Droits établis fur les Matériaux , 'de
ôt autres , conduisent &font conduire dans Paris , veiller à l'exécution du présent article , de dresser
&aux Abreuvoirs, plusieurs Chevaux attachés en des Procès Verbaux des contraventions qu'ils au
semble , qu'ils font courir dans les rues de Paris ; ront constatées , & fur lesquels il fera par Nous
& comme toutes ces contraventions intéressent ensuite ordonné ce qu'il appartiendra
essentiellement Tordre & la fureté publique , il a Art. IV. Ne pourront les Cabaretiers , Hôtelliers ,
cru devoir requérir qu il Nous plût y pourvoir : A Marchands de Chevaux , Voituriers , Loueurs de
cts causes, &: tout considéré , Nous , faisant droit Carrosses , Messagers & autres , de quelqu'état &
sur le réquisitoire du Procureur du Roi, ordonnons condition qu'ils soient , conduire & faire conduire ,
que les Arrêts & Réglemens du Parlement , les soit aux Abreuvoirs ou ailleurs , dans cette Ville &
Sentences & Ordonnances de Police, & notamment Fauxbourgs, leurs Chevaux & Mulets en plus grand
les Ordonnances des 18 Septembre 1716 , 13 nombre de trois, attachés en queue , y compris ce
Août, 3 Septembre 1719 , xi Juin 1731 , 15 Oc lui fur lequel le Conducteur fera monté : Leur dé
tobre & 4 Décembre 1734, seront exécutés selon fendons de les confier à leurs Enfans, Domesti
leur forme & teneur ; & en conséquence ques ò' autres , au-dejjous de l'âge de dix-huit ans ,
Art. I. Faisons défense à tous Charretiers, Voitu & de faire courir ou trowr lefdits Chevaux & Mu
riers , garçons Bouchers , & autres qui conduisent lets dans les rues ; le tout à peine de saisie , confis
des Charrettes & Tombereaux dans les rues de cette cation , & de cinquante livres d'amende pour cha
Ville & Fauxbourgs, chargés ou non chargés, d'en que contravention : Pourront même les Conduc
conduire qui ne soient pas bonnes , bien condition teurs être emprisonnés fur le champ. . . Art. V.
nées , & d'une construction assez solide , pour sup Disons que les Jardiniers , Charretiers , Voituriers
porter les fardeaux dont elles seront chargées , de & tous autres , qui enlèvent les Fumiers des Mai
faire courir ni trotter les Chevaux , de confier leurs sons de cette Ville & Fauxbourgs , seront tenus de
Voitures à des Enfans qui ne soient p.:s en état de mettre fur les Charrettes, Charriots , Tombereaux
les conduire , de s'éloigner de leurs Chevaux , & & autres Voitures , une Banne de longueur & lar-
M mm
LES LQ1X CRÍM1NE LLES, Liv. III. Tît. VIII.
geur suffisante , pour les bien couvrir , de manière & Arcbers du Guet , & de Robe-Courte, aux Ins
qu'il ne puisse tomber aucun Fumier desdites Voi pecteurs de Police , &. tous autres qu'il appartien
tures dans les rues , à peine de saisie & confiscation dra , de tenir la main à l'exécution de notre pré
dès Voitures , Chevaux , & de cinquante livres d'a sente Ordonnance , qui sera imprimée; , lue , pu
mende. . . .'.'Art. VI. Ordonnons pareillement , bliée Ô£ affichée par-tòut où besoin sera , à ce que
fous lès mêmes peines , aux Voìtur'urt & Plâtriers , personne n'en ignore. Ord. de Police , du 30 Jan
qui amèneront du plâtre à Paris , de se servir de vier 1767. V. Code de Police , tom. 2.
Bannes assez longues & 'assez larges , pour couvrir
leurs Voitures , & d'avoir fur leurs Charrettes ou (1) Nous , faisant droit sur le susdit réquisitoire
Tombereaux, au-dessous du plâtre , & aux côtés , du Procureur du Roi , disons que les Ordonnances,
le long dès ridelles , des nattes propres à soutenir Sentences & Réglemçns de Police , seront exécutés
leur plâtre.... Art, VII. Enjoignons áuxdits Plâ selon leur forme & teneur; & en conséquence, fai
triers , aux Brajfeurs , Gravatiers , Boyatiers , Bou sons défenses à tous Marchands , Artisans , Ou
chers , & généralement à tous ceux qui se servent de vriers, Compagnons , Gens de journée , Sc autres
Charrettes , Haquets ou Tombereaux , d'avoir des personnes généralement quelconques , dè laisser
plaques de fer peintes en blanc , dè douze pouces vaguer' dans les rues de cette Ville & Fauxbourgs
de long , fur dix pouces de lár'ge', lesquelles ferons de Paris , soit de jour , soit de nuit , les Chiens qui
attachées fur deux planches , fermant les ouvertu leur appartiendront ; leur enjoignons de les tenir
res des ridelles , & joignant les limons desdites enferpiés & attachés dans leurs maisons , fans que ,
Voitures , où au Collier de leurs Chevaux , pour sous qíielque prétexte que ce puisse êtrè , il leur soit
ceux qui n'auront pas de ridelles , fur lesquelles permis de se raire suivre par lesdits Chiens , ni de
plaques, fera écrit en lettres & chiffres noirs, d'un les mener avec eux, à moins qu'ils ne les tiennent
pouce de hauteur, non-feulement le numéro , mais attachés en tcffe\ comme auffileur faisons défenses
encore Tes noms ÔC surnoms des Propriétaires d'i- d'exciter 8ç agacer lesdits Chiens dans les rues pour
çelles; le tout à peine décent livres d'amende con les faire battre les uns contre les autres ; le tout à
tre chacun des contrevenans ,' & 'de confiscation peine 'de deux cent livres d'amende contre chacun
des Charrettes, Haquets ôíTombercaux, qui seront des contrevenans ,même d'être procédé contre eux
trouvés fans plaques dans la forme ci-dessus pres extraordinairement s'il y échet, & d'être civilement
crite , des Chevaux & Marchandises , dont leídites responsables des torts & dommages que lesdits
Charrettes , Haquets où Tombereaux seront char Chiens pourroient causer : Faisons pareillement dé
gés , & de plus grande peine en cas de récidive... fenses^ tous Gagne-Deniers , Ecarisseurs de Che
Art. VIII. Les Ordonnances & Sentences de Po vaux & autres , de faire tirer des Charrettes &
lice des 30 Avril 1700, 5 Mars 175 1 , y Février Chaises dans les rues de Paris , aux Cours , aux
1757 & 11 Août 1758 , seront exécutées selon Champs-Elisées, & aux promenades publiques, par
leur forme & teneur; en conséquence, faisons très- aucuns Chiens , à peine de pareille somme de deux
expresses défenses à tous Marchands , Loueurs de cent liv. d'amende contre chacun des contrevenans;
Chevaux & de Carrosses , & à toutes personnes , de leur enjoignons de tenir les Chiens , dont ils pour
quelque qualité & condition qu'elles soient , de ront avoir besoin , enfermés & attachés dans leurs
faire courir ou troter , essayer ou faire essayer , maisons , fans qu'il leur soit permis , sous quelque
exercer ou faire exercer aucuns Chevaux dans les prétexte que ce soit , de les laisser sortir & vaguer
rùes de la Ville & Fauxbourgs de Paris, sinon dans dans lès rues , à moins qu'ils ne les tiennent en
le Marché public , lieux & endroits destinés pour ltsse : Ordonnons que la présente Sentente fera , à
cet effet , à peine de trois cent livres d'amende , la diligence dud'.t Procureur du Roi , imprimée
même de prison. .... Art. IX. Seront les Maî lue , publiée & affichée dans tous les lieux & car
tres des Voitures , des Conducteurs d'icelles , & des refours accoutumés de cette Ville , Fauxbourgs &
Chevaux , "civilement garants & responfahles de Banlieue de Paris, même aux Portes du Cours , dù
toutes les peines portées par les différens articles de Bois de Boulogne , du Parc de Vincerines , à ce
la présente Ordonnance , & les Pères & Mères pour que personne n'en prétende cause d'ignorance.
leurs Enfans. . . . Art.' X. Mandons aux Com Sentence de Police du Châtelet de Paris , du 10
missaires au Châtelet , & enjoignons aux Officiers Avril 1715.

§. V. Délits de Police contre la Propreté & Commodité des Rues.

C E S Délits se commettent par quatre trzpreneurs du Nétoiement des Rues , ou les


sortes de Personnes , contre lesquelles il Vuidangeurs qui n'ont pas foin d'enlever
y a des Peines d'Amendes plus ou moins & faire enlever les Immondices , Gravois
fortes , portées par les Réglemens ; sçavoir , & Décombres, & autres choses qui em
i °. par les Propriétaires ou Locataires de barrassent le passage des Rues & peuvent
Maisons , qui n'ont pas foin de faire ba nuire aux Passans : 30. par les Artisans , qui
layer tous les matins devant chez eux , 6c laissent au-devant de leurs Portes ou le long
de pouíîèr les Immondices à côté des murs de leurs Maisons , les Immondices & Su-
de leurs Maisons ; ou qui , dans le temps perfluités provenant de l'exercice de leur
de gelée &. de neige , n'ont pas foin de Art. : 40. enfin par les Charretiers qui lais
relever les neiges , casser les glaces & les sent répandre le fumier qu'ils enlèvent ,
mettre par morceaux le long des murs ; ou par des voitures ou tomberaux qui ne font
bien qui jettent ou souffrent qu'il soit jette pas suffisamment clos , ou bien lorsqu'ils
par leurs fenêtres ou par leurs portes , des mettent dans leurs tombereaux des Gravois ,
Ordures , Immondices & autres choses capa Terres , & Décombres avec les Immondi
bles de nuire aux Pallàns : 20. par les En- ces, 8c les conduisent aux Voiries : çeux-cî
I

DES DÉLITS CON TRE LA POLICE. 459


doivent , en ce dernier cas , être emprisonnés pour chaque contravention , 8c de plus grande en
cas de récidive. . . Art. V. Enjoignons a l'Entre
fur le champ , aux termes des Réglemens.
preneur du Nettoiement de fournir exactement le
Nous avons donné , d'avance, d'après les Ré nombre de tombereaux suffisant en bon état , gar
glemens de Police rapportés fous le §. nis de sonnettes Sc de numéros , à l'effet de faire
précédent , quelques exemples des Contra régulièrement tous les jours l'enlévement des im
mondices dans toutes les rues de cette Ville Se
ventions dont nous venons de parler, & Fauxbourgs , lequel enlèvement commencera aux
des Peines qui y íònt attachées ; mais nous heures qui lui sont prescrites j d'avoir , pour le ser
ne croyons pouvoir en donner une idée plus vice de chaque tombereau ^ un Charretier Sc un
précise & en même temps plus complette , Rctrousseur , auxquels il fournira les pelles Sc ba
lais nécessaires , à peine de cent livres d'amende
qu'en mettant sous les yeux de nos Lec pour chaque contravention... Art. VI. Ne pourra
teurs une Ordonnance de Police du 9 Jan ledit Entrepreneur charger dans ses tombereaux ,
vier 1767 (1) , par laquelle l'on va voir qu'il soit avec les immondices ni autrement , les gravois ,
terres St feuilles de jardins , fumiers , 8c autres terres
a été pourvu de la manière la plus sage à Sc décombres qui ne regarderont point le service ,
tous les divers accidens qui peuvent résulter à peine de pareille amende de cent livres pour
de ces sortes de contraventions. chaque contravention : seront les Charretiers con
vaincus d'en avoir charge Sc conduit aux Voiries ,
('i)Snr ce qui Nous a été remontré parle Procureur emprisonnés fur le champ.. . . Art. VII. Seront
du Roi , que s'appercevant de réexécution des tenus tous ceux qui auront chez eux des gravais- ,
Réglemens concernant le Nettoiement , & que les poteries , bouteilles cassées , verres à vitres , mor
habitans de cette Ville ne sc conforment point aux ceaux de glaces ou vieilles ferrailles , de les rassem
Edits , Ordonnances 8c Arrêts du Parlcmeut,8i no bler dans des paniers ou autres ustensiles pour les
tamment à l'Arrêt du 30 Avril 1663 , à l'Edit du 1 1 porter dans la rue , Sc de les mettre dans un tas
Décembre 1666 , Seaux Ordonnances de Police du séparé de celui des boues , fans pouvoir les mêler
4 Janvier 1759, il seroit obligé de requérir qu'il avec lefdites boues , ni les jetter par les fenêtres $
y soit par Nous pourvu. A CE s causes , Nous , tai le tout à peine de cent livres d'amende pour la
sant droit sur le Réquisitoire du Procureur du Koi , première fois , Sc de plus grande en cas de récidive...
ordonnons : Art. I. Que les Edits , Arrêts Sc Ré Art. VIII. Faisons défenses à tous Particuliers , de
glemens concernant le Nettoiement des Rues, seront quelqu'état Sc condition qu'ils soient , de jetter
exécutes selon leur forme St teneur ; St en consé par les fenêtres dans les rues , tant de jour que
quence que tous Bourgeois St Habitaus de la Ville de nuit , aucunes eaux , urines , matières fécales ,
81 Fauxbourgs de Paris , de quelqu'état St condi Sc autres ordures , de quelque nature qu'elles puissent
tion qu'ils soient , feront tenus de faire balayer être , à peine de trois cens livres d'amende , dont
régulièrement au-devant de leurs maisons tous les les Maîtres seront responsables pour leurs Domes
matins à sept heures, depuis le 15 Février jusqu'au tiques , Sc les Marchands Sc Artisans pour leurs
15 Octobre , 8t à huit heures depuis le 15 Octobre Apprentifs Sc Compagnons... Art. IX. Ordonnons
jusqu'au 15 Février , Sc de pousser les ordures & à tous Particuliers de renfermer dans leurs maisons
immondices à côté des murs de leurs maisous , leurs Charrettes , Haquets 6' autres Voitures 'faisant
& d'en faire des tas , afin que l'Entrepreneur du embarras , ou pouvaut donner lieu à des accidens :
Nettoiement puisse les enlever. . . Art. II. Seront permettons de saisir 8c mettre en fourrière toutes
pareillement tenus lesdits habitans , dans les temps celles qui seront trouvées en contravention ; Se
de gelée 8t de neige , de relever les neiges , de seront les Contrevenans condamnés en cinquante
rompre 5c casser les glaces qui seront an - devant livres d'amende. . . Art. X. Ne pourront les En
de leurs maisons , Sc de les mettre par tas Sc mon trepreneurs de bâtiment , Maîtres Maçons , les
ceaux le long des murs de leurs maisons ; leur Propriétaires des Maisons qui feront travailler par
défendons de jetter dans la rue les neiges & glaces économie Sc autres , rassembler des matériaux au-
de leurs cours Sc jardins , le tout conformément aux delà de ce qu'ils peuvent employer dans l'espace
dispositions des Réglemens Sc Ordonnances de Po de trois jours , lesquels ils seront tenus de placer
lice.... Art. III. Faisons très-expresses inhibitions dans les lieux qui leur seront indiqués par les
Sc défenses de balayer ni faire balayer les immon Commissaires de chaque quartier , à peine de con
dices dans les ruisseaux , ni fur les bords d'iceux , fiscation Sc de trois cent livres d'amende pour
dans les temps de pluie , ni dans aucun autre temps , chaque contravention, Sc de plus grande s'il y échet...
sous quelque prétexte que ce soit, le tout à peine Art. XI. Seront tenus les Menuisiers , Charpentiers ,
de cinquante livres d'amende pour chaque con Selliers , Charrons , Tonneliers Sc autres Ouvriers ,
travention , Sc de plus grande si le cas y échet ; de renfermer chez eux dans leurs boutiques , ma
pourront même , dans le cas de contravention , les gasins Sc autres emplacemens , les marchandises &
Suisses , Portiers & autres Domestiques être empri matériaux dont ils font commerce , fans pouvoir
sonnés , conformément à la disposition de l'art. 18 les laisser séjourner au-devant de leurs portes ou
du Règlement du Parlement , du 30 Avril 1663.... le long des murs de leurs maisons , sous pareille
Art. IV. Défendons pareillement à tous Particu peine de trois cent livres d'amende pour chaque
liers , de quelqu'état Sc condition qu'ils soient , de contravention , Sc de plus grande s'il y échet, . . .
jetter ui souffrir qu'il soit jetté dans les rues aucunes Art. XII. Et en ce qui touche la fermeture des
ordures de jardins , feuilles , immondices , cendres trous & autres ouvertures par lesquelles on jette le
de lejfivc , ardoises , tuiles , tuilots , raclures de che fumier dans les rues, Nous ordonnons que l'art. 19 de
minées , gravois , ni d'y mettre ou faire mettre au l'Arrêt du Parlement , du 30 Avril 1663 ,. sera exé
cuns fumiers ni autres ordures , de quelque eípece cuté selon fa forme 8c teneur... Ord. de Police , du
que te puisse être , à peine de vingt livres d'amende 9 Janvier 1767.

m,

M m m r
46d LES LOÍX CRIMINELLES, Liv. III. Tit. VIII.

CHAPITRE DIXIEME.

Des Délits contre la Police des Campagnes; ou des Délits en fait de


Bois 9 en fait de Chasse & de Pèche,

§. I. Délits en fait de Bois.

SOMMAIRES.

t. Ce qiCon doit entendre en général par Dé 11. 8°. Par les Vtgabonds ô gens inutiles
lits en fait de Bois. quifont trouvés dans les Forêts.
2. Dix-huit espèces de Délits , O Juges 12. 9e. Par les Patres qui laijfent vaguer les
qui en doivent connoître. Befìiaux dans les Bois.
3. Régiemens fur les frais de procédure en 13. 1 o*. Par ceux qui les menent en glandée
cette matière. fans permission.
4. Peines des Délits qui fe commettent, 14. Par ceux qui charment 0 brûlent
1 *. par ceux qui coupent ô arrachent des des Arbres.
Arbres. 15. 12°. Par ceux qui allument des feux
5. 2°. Par ceux qui les ébranchent & désho dans les Bois. ,
norent. 16. 130. Par ceux qui arrachent des Plans.
6. 30. Par ceux qui coupent les Bali 1 7. 140. Par ceux qui font des Cendres dans
veaux , ôc. les Forêts.
7. 40. Parles Marchands de Bois qui font 18. 1 50. Par ceux qui enlèvent des Sables ou
monopole. font de la Chaux , hors la distance prescrite.
8. 50. Par les Adjudicataires de Bois , qui 19. 160. Par ceux qui abattent les fruits
en prennent plus qu'il n'y en a de com des arbres.
pris dans les ventes. 20. 170. Par ceux qui arrachent les Ins
9. 6°. Par les Ouvriers qui emportent du criptions ô Poteaux.
bois des forêts. 21. l8°. Par ceux qui plantent des bois, cons
10. y0. Par ceux qui font trouvés de nuit truifent des Maisons , & font des amas
dans les Forêts. de bois dans les Fôrêts.

L
1. Ce l^íòús vouions parler principalement des huit fortes de Délits , auxquels elle a at- doivent
emendíf Délits 1ui se commettent dans les Forêts taché différentes Peines , qu'elle veut être coonoitre:
par Délits du Roi , comme ayant fait l'objet particu- prononcées par des Juges particuliers qu'elle
Bois?" de ^er ^e k P°nce établie fur cette matière , a aussi établis à cet effet , & qui font
par l'Ordonnance des Eaux & Forêts du connus fous les noms de Grands - Maîtres ,
mois d'Août 1669 qu'on fçait avoir ras Maîtres Particuliers , Gruyers , & Officiers
semblé toutes les dispositions des anciens de la Table de Marbre , dont nous aurons
Réglemens faits à ce sujet. A l'égard des lieu de parler , en traitant de la Compé
Délits qui fe commettent dans les Bois des tence des Juges.
Communautés ou dans ceux appartenans à
V. l'Ordonnance de 1669 , tit. I, 2 , 3 , 4 & 13.
des Particuliers , & qui font connus plus où il estparlé de ces différens Officiers ,& de l'éteu-
proprement fous les noms de Vois ou de due de leur Jurisdiction.
Dégradations , nous avons eu lieu d'en
parler , en traitant des vols contre la foi I I I.
publique , & des injures. Ce n'est pas néan C'est à la fuite de la Discussion Som- 3. Régie-
moins qu'il n'y ait dans la même Ordon maire où nous allons entrer de tous ces
nance des dispositions relatives aux Délits différens Délits & de leurs Peines , que nous Procédure
de cette derniere efpece , comme nous le croyons devoir placer un nouveau Ré- en..c"te
verrons dans un moment. 1 1 1 n• , , n r matière,
glement qui a ete fait en 1760 (1) , au su
jet du paiement des frais de l'instruction des
I I.
Procès Criminels qui fe font dans les Maî
». Dix- Nous observerons feulement ici en gé- trises des Eaux & Forêts , lorsqu'il n'y a pas
huit efpe- néral , qu'il paroît , d'après les différens de Partie civile ; Règlement d'autant plus
Hts &Ju- Òtres de cette Loi , qu'il peut fe commet- remarquable en effet , qu'il pourvoit en mê
ge» qui en tre contre la Police des Bois jusqu'à dix- me temps , & íùr la qualité des frais qui doi
. DES DÉLITS CON TRE LA POLICE. , 461
vent entrer dans les Exécutoires , & fur la gérs , Coutumiers , Pâtres , Poissonniers , Marchai êi
Ventiers , leurs Facteurs , Gardes-Ventes , Bûche
manière de parvenir au recouvrement de ces rons , Charretiers , Maîtres de Forges , Fourneaux,
frais , ainsi que des Amendes qui font atta Tuilliers, Briquetiers , & tous autres Employés à
chées à ces sortes de Délits , & enfin fur les l'exploitation des Forêts & des Atteliers des Bois
moyens d'empêcher l'impunité de ces Dé provenans , l'ameude fera double. Même Ord. tit.
des Peines & Amendes , art. i & 5.
lits , en excitant les Collecteurs des Amen
des à en faire la poursuite qu'ils négli-
V.
geoient auparavant , parce qu'ils étoient
chargés de la faire à leurs propres frais , 2°. Par ceux qui ont échoupé s ébrancké ïi**-P«
moyennant une modique rétribution de & déshonoré les Arbres , en les coupant ""ébrln-
deux fols pour livre , qui leur étoit adjugée par la tête. II y a , dans tous ces cas , même che"t &
par l'Ordonnance , íur les Amendes qu'ils Peine que si on les avoit abattus par le norent.h°~
pourroient recouvrer. pied ; & cette Peine est d'une Amende
plus ou moins forte , suivant la qualité des
(i) V. ce Règlement à la fin de ce §. n°. 6.
Arbres.

I V. Ceux qui auront échoupé , ébranchc & désho


noré des Arbres payeront la même amende au
pied le tour , que s'ils les avoient abattus par le
4. Peines Ces Délits se commettent , 1°. par ceux pied.. Mime Ord. de 1669 , article 1 , titre des
des Délits arracnent & coupent a pied quelques Peines , &c.
mettent , arbres dans les Forêts du Roi. Ils doivent
»•• Par. être punis exemplairement , outre une V I.
coupent& Amende de cinq cens livres , suivant Var-
arrachent tick II du litre de la Police , de l'Ordon- 30. Par ceux qui coupent les Baliveaux , 6. 3°.Par
" r nance de 1 669 (I). Mais suivant les art. 1 & 5 Etalons , Parois , Arbres de litière & autres ceux qui
7 7 J coupent
du Titre des Peines ù Amendes de la même Arbres de réserve. La Peine est de cinquante les Bali-
livres pour chaque pied-cornier abattu , veaux>&c«
Loi (2) , il faut distinguer , à cet égard , d'a
bord la qualité des Contrevenans ; si ce & de deux cens livres pour pied-cornier
font de simples particuliers , ou s'ils font arraché & déplacé ; & à l'égard des Bali
du nombre de ceux qui font employés à veaux de l'âge du Taillis , au-dessous de
l'exploitation des Forêts. II faut distin vingt ans , l'Amende est de dix livres par
guer , en second lieu , la qualité des Ar chaque pied.
bres ; s'ils font fruitiers ou non. II sauf Pour Etalons , Baliveaux , Parois , Arbres de li
distinguer , en troisième lieu , le temps où sière, & autres Arbres de réserve, cinquante livres 5
les Délits ont été commis ; si c'est depuis pour pied-cornier , marqué de notre Marteau ,
le lever du soleil jusqu'au coucher , ou de abattu ,cent livres , & deux cent livres pour pied-
cornier , arraché & déplacé : réduisons néanmoins
puis le coucher jusqu'au lever. Et enfin l'amende pour Baliveaux , de l'âge du Taillis , au-
il faut encore distinguer la manière dont dessous de vingt ans , à dix livret. Ord. de 1669 ,
ces Délits ont été commis ; si c'est par art. 4. tit. des peines , &c.
scie , ou avee feu , ou bien si c'est sans feu
& fans scie. Dans tous ces cas , l' Amende VII.
doit être plus ou moins forte, comme nous
Talions voir d'après la disposition de ces 4°. Par les Marchands Adjudicataires 7.4°. par
articles. qui formeroient Monopole ou complot en- ["an^~
tr'eux de ne point enchérir les uns fur les Bois qui
(1) Faisons très-expresses défenses d'arracher au autres. II y a,contr'eux, Peine de l'Amende font mo"
arbitraire , laquelle néanmoins ne pourra n°p° e'
cuns plans de Chênes , Charmes ou autre bois dans
nos Forêts fans notre permission & attache du Grand- être moindre que de mille livres, & déplus
Maître , à peine de punition exemplaire & de cinq
cent livres d'amende. Ord. de 1669 , art. 12. tit. la Confiscation des ventes & le Bannisse
de la Police. ment des Forêts suivant la disposition de
(2) L'Amende ordinaire pour Délits commis de l'article 23 du titre de l'Ordonnance de
puis le lever jusqu'au coucher du soleil , fans fiu & 1669.
fans scie , par personne privée , n'ayant charges ,
usage , atteliers dans nos Forêts , Bois & Garennes , Les Marchands Adjudicataires , ni autres par
fera pour la première fois de quatre livres pour ticuliers , de quelque qualité que ce soit , ne pour
chacun pied de tour de Chêne , 8c tous Arbres ront faire aucunes associations secrètes , ni em
Fruitiers indistinctement , même de Châtaiguer , pêcher par voies indirectes les enchères fur nps
cinquante sols pour chacun pied de tour de Saule , Bois j & où ils se trouveroient convaincus de mp-
Hêtre , Orme , Tilleul , Sapin , Charme & Frêne , nopole ou complot , concerté entre eux , par parole
v & trente sols pour pied d'Arbre de toute autre espèce, ou par écrit , de ne point enchérir les uns fur les
vert & en état ■ , & sera le tout pris ik mesuré demi- autres : Voulons qu'outre la confiscation des ven
pied près de terre.... Si les Délits se trouvent avoir tes , ils soient condamnés en une amende arbi
été commis depuis le coucher jusqu'au lever da soleil, traire , qui ne pourra être au-dessous de mille livres,
pur scie on par feu , soit par les Officiers des Forêts & bannis des Forêts. V. Ord. de 1669 , art. 13.
cudes Chasses , Arpenteurs, Laveurs, Gardes via- tit. de tAssiette , &c.
7 ^

462 LES LOIX CRIMINE LLES, Liv. III. Tit. VIII.


rôles précédens , lesquels seront tenus de se retirer
VIII incessamment à deux lieues de nos Forêts à peine
d'être mis au carcan trois jours de marchés consé
t. f. Par 5°. Par les Adjudicataires qui prennent cutifs , & d'un mois de prison. . . Si les Gardes-
Mai teaux ou Sergens à garde les employent dans
les Adjudi d'autres bois que ceux compris dans leurs leurs Procès verbaux , après qu'ils auront été décla
cataires de
Bois qui ventes. Ils doivent être punis comme vo rés inutiles & Vagabonds , en conséquence d'aucun
en pren leurs , suivant l'art. 48 du même tit. de de leurs rapports précédens , ils seront eux-mêmes
nent plus cette Ordonnance , qui concerne YAJsiette condamnés , & contraints au payement des som
qu'ilil n'y mes & amendes dont ils se trouveront chargés....
cn a de des Bois , &c. Sera envoyé un état , contenant le nom & deícrip-
compris tiou de tous les inutiles & Vagabonds d'une Maî
dans les Ne pourront les Marchands Adjudicataires , re
ventes. trise , au Greffe des autres Maîtrises voisines , &
tenir dans leurs ventes d'autres Bois que ceux qui s'il se trouve que pour n'être pas reconnus, ils ayent
en proviendront , à peine d'être punis , comme s'ils changé de nom , qu'ils soieut condamnés aux Ga
avoient volé les Bois ainsi retirés contre notre pro lères , s'ils y peuvent servir , sinon en telles autres
hibition. Même Ordonn. de 1669 , art. 48. //'/. de Peines corporelles & exemplaires qui seront arbi
ÍAffitttt. trées par nos Officiers des Forêts. Ord. des Eaux
I X. & Forêts , tit. de la Police , art. 36 & 37.

9. 6*. Par 6°. Par les Ouvriers qui emportent des (1) Toutes Maisons bâties fur perches dans Fen-
les Ou- B0is Jes Forêts du Roi. Ils doivent être ceinte , aux reins & à demi-lieue de nos Forêts ,
par des Vagabonds 8c inutiles , seront incessamment
emportent punis de l'Amende de cinquante livres pour démolies , & leur sera fait défenses d'en bâtir à l'a-
des Bois la première fois , & de punition corporelle venirdans la distance de deux lieues de nos Bois &
desForêts. r , , • ' r r
en cas de récidive. Forêts , fur peine de punition corporelle. V. art.
17. ibii.
Défendons à tous Marchands Adjudicataires de X I I.
nos Bois , ou ceux des particuliers joignant nos Fo
rêts , & même aux Propriétaires qui les feront user ,
d'en donner aux Bûcherons & autres Ouvriers , 90. Par les ¥ âtres, Gardes & Conducleurs iî.9°.Par
pour leurs salaires , à peine de répondre de tous les des Bestiaux , qui les laijjent vaguer dans le*.
délits qui se commettront dans nos Forêts pendant les Bois. II y a aussi Peine d'Amende sent va-
les usances , & jusques au récolemcnt des ventes ; 8c ou moins forte , suivant la quantité des |^r.11er les
aux Bûcherons & autres Ouvriers travaillans dans tiauz
nos Forêts , d'emporter , sortant des Atteîiers , au Bestiaux 6c des récidives. Ainsi , l'Amende dans les
cun Bois scié , fendu ou d'autre nature , à peine de pour un Cheval , Bœuf ou Vache , est Bois-
cinquante livres d'amende pour la piemiere fois , double de celle pour des Veaux , Chèvres
& de punition en récidive.. V. Ord. de 1669 , art.
& Moutons ; 6c cette Amende est portée
ló. tit. de /a Police des Bois.
jusqu'au quadruple pour la troisième fois.
X. II y a en outre Peine de Bannissement des
Forêts contre les Contrevenans , dont les
10. 7*. Par 7°- Par ceux qui font trouvés de nuit Maîtres , Pères & Chefs de famille , Pro
ceux qui dans fa Bois avec des haches , scies > priétaires , Fermiers 6c Locataires des mai
serpes , &c. Ils doivent être emprisonnés , sons où ils résident, font déclarés civilement
dans les & condamnés en cinq livres d'Amende responsables.
Forets* pour la première fois , en vingt livres pour
la seconde , & pour la troisième , bannis Les Bestiaux trouvés en délit , ou hors des lieux ,
des routes & chemins désignés , seront pareillement
de la Forêt. confisqués , & où les Bêtes ne pourroient être sai
sies , les Propriétaires seront condamnés en l'a-
Les Usagers , & autres personnes , trouvés de mende , qui sera de vingt livres pour chacun
nuit dans les Forêts , hors des routes & grands che Cheval , Bœuf ou Vache , cent sols pour chacun
mins , avec serpes , haches , scies ou coignées , se Veau , trois livres pour Mouton ou Brebis , le
ront emprisonnés , & condamnés pour la première double pour la seconde fois , & pour la troisième le
fois en cinq livres d'Amende , vingt livres pour la quadruple de l'amende , bannissemont des Forêts
deuxième , & pourla troisième , bannis de la Forêt. contre les Pâtres & autres Gardes & Conducteurs ,
Ord. des Eaux £• forêts , article 34 , titre de la
desquels en tout cas les Maîtres , Pères , Chefs de
Police. Famille , Propriétaires , Fermiers & Locataires des
X I. Maisons y résidans , demeureront civilement res
ponsables. V. Ord. des Eaux Sf Forêts , tit. des
n. 8°. Par 8°. Par les vagabonds ô gens inutiles Peines & Amendes , art. 10.
bonds*^& sont trouv*s "uns les forêts. II y a ,
Gens inu- contre ceux-ci , Peine du Carcan 6c de la XIII.
tiies^qui Prison pendant un mois (1) ; ils doivent de
vés' "dans plus être punis de Peine corporelle , lors- io°. Par ceux qui , fans en avoir le droit , ij.i0°.Par
les Forêts, qu'ils s'avisent de bâtir des maisons fur
menent les Porcs en glandée dans les Forêts T"
perches , à une distance moindre de deux du Roi. Ils doivent être punis de cent livres en glandée
lieues des Forêts du Roi (2). d'Amende , 6c les Maîtres font déclarés ref- sa™ PCT_
ponfables , en ce cas , de leurs Gardes- mi lon*
( 1 )Ordonnons que dans trois mois après la publica
tion des Présentes , il sera fait un rôle exact en chaque Cochons.
Maîtrise du nom de tous les Vagabonds & inuti
les , qui auront été employé» plusieurs fois fur les Défendons á toutes Personnes , autres que ceux
DES DÉLITS CON TRE LA POLICE. 465
employés dans J'état qui fera arrêté en notre Con que les tonneaux ne soient marqués du Marteau du
seil , d'envoyer ou mettre leurs Porcs en glandée Marchand , fur peine d'amende arbitraire 8c de
dans nos Forêts, s'ils n'en ont le pouvoir du Marchand confiscation. V. Mime Ord. art. 21.
Adjudicataire, à peine décent livres d'Amende 8c
de confiscation , moitié à notre profit, & l'autre moi
tié au profit du Marchand , & demeureront les XVIII.
Propriétaires responsables de ceux qu'ils commet
tront pour la garde de leurs Porcs. Ord. des Eaux
1 5 °. Par ceux qui enlèvent les sables ou 18. Tf".
& Forêts , tit. des Glandits , art. 4.
terres , ou qui font de la chaux a cent Par ceux
qui enlè
perches de distance des Forêts du Roi. II vent des
X I V.
y a Peine contr'eux d'une Amende de cinq sables ou
font de la
cens livres. chaux hor»
14. ti*. Il0« Par ceux charment & brûlent la distança
Par ceux des Arbres , ou en enlèvent les écorces. II Défendons à toutes personnes d'enlever dans re prescrite.
tendue 8c aux reins de nos Forêts, Sables , Terres ,
ment' &" Y a punition corporelle, suivant Fart. 22
Marnes ou Argiles , ni de faire de la Chaux , à cent
brûlent du même tit. de la Police des Bois. perches de distance , sens notre permission expresse 5
des Ar 8c aux autres Officiers de le souffrir , sur peine de
bre». Faisons défenses à toutes personnes de charmer
cinq cens livres d'amende , 8c de confiscation de
ou brûleries arbres , ni d'enlever l'écorce , fous pei Chevaux 8c Harnois. V. Ord. dts Eaux & Forits ,
ne de punition corporelle. Ord. des Eaux & Fo- tit. de la Police , art. 12.
rits , tit. de la Police , art. 22.

X I X.
X V.

if. 12".
12" Par ceux qui allument du feu dans 1 6°. Par ceux qui abattent ou enlèvent des »9-
Puí aUu* ^es ^°'s ^u ^ ^aut v°irP"nc'Pa^ement> fruits des arbres. Ils doivent être punis d'une ^ a"a"*
men/des à ce íùjet , la Déclaration du 3 Novembre Amende de cent Uvres , suivant la même tent le*
íeiBols"* l7l4> (?ue noUS avons rapportée fous le Ordonnance.
Titre du Crime d'Incendie.
Faisons défenses aux Usagers , 8c à tous autres ,
d'abattre la Glandée , Feine & autres Fruits des Ar
XVI. bres , les amasser ni emporter , ui ceux qui seront
tombés , sous prétexte d'usages ou autrement , à pei
ne de cent livres d'Amende. V. Ord. des Eaux &
16. 13*. 130. Par ceux qui arrachent des Plans. Forits , tit. de la Police , art. 27.
Par ceux y a COntr'eux Peine d'Amende de cinq
qui arra- J . . »
chem des cens livres , avec punition corporelle. X X.
Plans.
Faisons très -expresses défenses d'arracher aucuns
Plans de Chênes , Charmes & autres bois dans nos 170. Par ceux qui arrachent les Infcrip- 10.17»;
Forêts, fans notre permission 8c attache du Grand- tions ô Poteaux. II y a peine contr'eux par ceux
j ■ *^ qui arra—
Maître , à peine de punition exemplaire , 6c de cinq de trois cens livres d'Amende , & de Puni- chem les
cens livres d'amende. V. Ord. des Eaux & Forits ,
tit. de la Police , art. 1 1, tion exemplaire , suivant l'art. 6 du Titre î;"^"^
des Routes & Chemins Royaux , &c. Poteaux.
XVII. Ordonnous que dans les angles ou coins des pla
ces croisées, triviaires 81 bîviaires, quj se rencontrent
17. 14°. I4°' P31" ceux 1Uí font des Cendres dans ès grandes Routes 8c Chemins Royaux des Forêts ,
nos Officiers des Maîtrises feront incessamment
Par ceux les Forêts du Roi. Ils doivent être punis planter des Croix, Poteaux, ou Pyramides à nos
de! «n- d'Amende arbitraire , avec confiscation des frais , ès Bois qui nous appartiennent ; 8c pour les
dres dans Bois vendus , Ouvrages & Outils , suivant autres, aux frais des Villes plus voisines 8c intéres
le» Forets. ja m£me Ordonnance, sées , avec inscriptions 8c marques apparentes du
i lieu où chacun conduit , sons qu'il soit permis à au
cunes personnes de rompre , emporter , lacérer ou
Défendons aux Marchands , Rentiers, Usagers biffer telles Croix , Poteaux , Inscriptions 8c Mar
$C à toutes autres personnes , de faire cendres dans ques , à peine de trois cens livres d'Amende 8c de
nos Forêts , ui dans celles des Ecclésiastiques ou punition exemplaire. V. Ord. des Eaux & Forits ,
Communautés ; aux Usufruitiers , & à nos Officiers tit. des Routes , &c. art. 6.
de le souffrir , à peine d'amende arbitraire , & de
confiscation des Bois vendus, Ouvrages 8c Outils ,
XXI.
& privation de Charges contre les Officiers , s'il n'y
a Lettres-Patentes , vérifiées fur l'avis des Grands-
Maîtres. V. sOrd. des Eaux & Forits , tit. de la 1 8°. Enfin , par tous ceux en générai qui
plantent des Bois dans les Forêts du Roi{t) , Par ceux
Police , art. 19. qui plan
Les Marchés qui se feront en vertu des Lettres- gui construisent des maisons à plus près que tent des
Patentes , seront enrëgistrées aux Greffes des Maî demi-lieue de distance de ces Forêts (2) , bois, cons
trises , & ne pourront les cendres être faites qu'aux truisent
places & endroits désignés aux Marchands par les ou qui , exerçant quelque métier où Ton des mai
Grands-Maîtres ou Officiers. V. Mime Ordonnance emploie du bois , cojnroe Cercliers , Van sons , ou
art. 20. font des
niers , Tourneurs , Sabotiers , tiennent amas de
Faisons défenses à toutes autres personnes de le bois d;ins
des Atteliers dans la même distance de ces
ver Attelicrs de cendre , ni en faire façonner ail les Forêts.
leurs que dans les ventes , ou en faire transporter Forêts (3) , ou qui , habitant les mdiTôils
464 LES LOIX CRIMINE .LES, Liv. III. Tit. VIII.
situées dans les Forêts du Roi , y font plus ces Collecteurs , fous le prétexte de la remise que
grands amas de Bois que ce qui est nécessaire Nous leur avons accordée de cinq fols pour livre du
montant de leur recette , par l'article 19 de notre
pour leur chauffage (4) ; ou enfin qui étant Edit du mois de Mai 1716. L'attention que Nous
Officiers de ces Forêts , y tiennent taverne devons à cette partie d'administration, & au main
ou exercent quelque métier où l'on em tien de la Police établie par les Réglemens , Nous
ploie du bois. II y a , dans tous ces cas , a fait chercher les moyens de pourvoir à ces objets,
Peine d'Amende , de Confiscation , Démo en évitant autant qu'il est possible les abus & les
inconvéniens. Le compte que Nous Nous sommes
litions des maisons ; & de plus , si ce font
fait rendre du montant des amendes qui se pro
des Sergens à garde & autres Officiers noncent dans les différens Sièges des Eaux & Forêts
des Forêts , celle de la destitution de leurs de notre Royaume , Nous a mis à portée de recon-
Places (5). noître que les cinq fols pour livre attribués aux
Collecteurs des amendes , par l'Edit du . mois de
Mai 17 16 , étoient pour eux d'un produit si mé
(iì Défendons à toutes personnes de planter bois diocre , que Nous n'avons point cru qu'il fût juste
à cent perches de nos Forêts fans notre permis- de les charger des frais de capture , conduite , gîte
lion expresse , à peine de cinq cent livres d'amende, & geolages des condamnés aux Amendes , loin de
& de confiscation de leurs Bois , qui seront arra pouvoir rejetter encore fur eux ceux des procédu
chés ou coupés. Ord. des Eaux & Forêts , tit. de res extraordinaires , poursuivies à la Requête de
la Police , art. 6. nos Procureurs ès Sièges des Maîtrises particulières;
(ì) Défendons à toutes personnes de faire cons Nous Nous proposons de faire connoître à ce sujet
truire à l'avenir aucuns Châteaux , Fermes & Mai nos intentions , en prescrivant les précautions qui
sons dans l'enclos , aux rives & à demi-lieue de nous ont paru nécessaires , pour mettre nos Procu
nos Forêts , fans espérance d'aucune remise ni mo reurs ès Maîtrises particulières en état de faire agir
dération des peines d'amende , & de confiscation leur ministère , lorsque la vindicte publique le re
du fonds & des bâtimens. Même Ord. art. 18. quiert , &c les Collecteurs à portée de suivre avec
(3) Les Cercliers, Vanniers , Tourneurs , Sabo plus d'exactitude le recouvrement des amendes :
tiers & autres de pareille condition , ne pourront A ces causes, &c. . . Art. I. Les frais qu'il con
tenir atteliers dans la distance de demi-lieue de viendra faire pour l'instruction des procès criminels
nos Forêts , à peine de confiscation de leurs mar ès Sièges des Maîtrises particulières des Eaux & Fo
chandises & de cent livres d'amende. V. Même rêts , & pour réexécution des Sentences 6i Jugemens
Ord. art. 13. qui interviendront fur iceux , auxquels il n'y aura
(4) Ceux qui habitent les maisons situées dans point de partie civile , & dont Nous sommes tenus,
nos Forêts & fur leurs rives , ne pourront y faire seront avancés & payés par les Receveurs des
commerce ni tenir atteliers de Bois , ni en faire amendes desdites Maîtrises , fur les exécutoiresjdes
plus grand amas que ce qui est nécessaire pour leur Officiers desdits Sièges , visés , attendu remploi
chauffage , à peine de confiscation , d'amende arbi qui fera fait du montant d'iceux dans l'état de nos
traire , & des démolitions de leurs maisons. V. Bois , par les sieurs Grands -Maîtres des Eaux & Fo
Même Ord. art. 30. rêts , chacun dans son département Art. II.
(5) Ne pourront les Sergens à garde , ni autres Ne pourront dans lefdits exécutoires être compris
Officiers de nos Forêts , tenir Taverne ni exercer aucunes épices , droits & vacations des Juges, ni les
aucun métier oii l'on emploie du bois , à peine de droits & salaires des Greffiers , mais simplement la
Destitution & de cinquante livres d'amende , outre simple nourriture , & frais de voitures des Juges &
la confiscation des Bois qui se trouveront dans leurs Officiers qui se transporteront hors de leur rési
maisons, V. Même Ord. art. 31. dence, à l'effet desdites instructions, lesquels nour
ritures & frais de voitures Nous réglons ; sçavoir ,
sept livres dix fols au Maître Particulier ou Lieute
LoUIS , &c. Nous sommes instruits , que mal nant , cent fols au Procureur pour Nous , quatre li
gré les précautions prises par tous les Réglemens , vres quinze fols au Greffier , qui fera tenude four
pour assurer le recouvrement des amendes qui se nir lesexpéditions & papier timbré, 8c trois livres
prononcent aux Tables de Marbres , Chambres des à l'Huissier. . . . Art. III. Seront en outre com
Eaux & Forêts , près nos Parlemens , & aux Sièges pris dans lefdits exécutoires , le pain , médicamens
des Maîtrises particulières des Eaux & Forêts , le & conduite des prisonniers, les salaires des Sergens
recouvrement est cependant extrêmement négligé. & Archers qui feront la conduite ou capture, ou
Les Collecteurs de ces amendes , dans la crainte assigneront les témoins , les salaires & voyages des
de supporter indistinctement tous les frais de pour- témoins, tant pour informations que pour réco-
fuites contre les condamnés aux amendes , ou les lemens & confrontations , & les frais des exécu
laissent évader, ou à la faveur de Procès-Verbaux tions Art. IV. Faisons très-expreffes inhibi
de Carence , souvent équivoques , se mettent en tions & défenses à tous nos Officiers des Eaux &
état d'employer en reprise, ou en non-valeur dans Forêts de décerner, & aux Grands-Maîtres de viser
leurs comptes , le montant des Condamnations ; ce aucuns exécutoires fur nos Receveurs des amen
qui , indépendamment du préjudice qu'en souffre des, pour des procédures qui auroient dû êtrepour-
cette partie de recouvrement , rend les délits plus fuivies à la Requête des parties Civiles , à peine de
fréquens par Tassurance de rimpunité ; d'autant restitution du quadruple du montant desdits exécu
plus que Nous sommes informes que nos Procu toires. . . . Art. V. Les condamnés aux amendes
reurs ès Sièges de Maîtrises , ne veillent point avec seront contraints au paiement d'icelles par toutes
, l'exactitude nécessaire à la poursuite des crimes & voies,même par emprisonnement de leur personne,
• abus , dont la connoissance appartient à nos Offi conformément à ce qui est prescrit par l'art. 18 du
ciers des Eavix & Forêts , parce qu'incertains fur titre 31 de l'Ordonnance des Eaux & Forêts du
quels fonds les frais de poursuite dévoient être mois d'Aoûr 1669 ; & dans le cas oû il seroit né
pris , ils ont craint de les faire supporter aux Col cessaire d'user de la voie de l'emprisonnement ,
lecteurs des amendes , depuis qu'un usage con n'entendons que les Collecteurs des amendes puis
traire à nos intentions s'est introdnit , d'en charger sent , sous le prétexte de la remise des cinq fols
pour
.DES DÉLITS CON TRE LA POLICE. 46s
pour'.livre , que Nous leur avons attribués fur le Officiers de Justice , d'affister ou prêter main-forte
montant de leur recette , par Particle 19 de notre à la première réquisition qui leur sera faite aux
Edit du'mois de Mai 1716 , être tenus des frais de Gardes-Généraux , Collecteurs des Amendes ,
capture , conduite , gîte , & geolage des Condam pour la capture & conduite des Prisonniers, en leur
nés aux Amende» ; mais feront lefdits frais avan représentant , à l'égard des non domiciliée , ícs con
cés & payés par les Receveurs desdites Amendes , traintes visées par nos Procureurs efdites Maîtrises...
fur les exécutoires des Officiers des Maîtrises , visés Art. VIII. Et pour procurer aux Receveurs des
comme il est dit ci-dessus, par lefdits sieurs Grands- Amendes le remboursement des sommes qu'ils
Maîtres , chacun dans son département. /. . . .' auront avancées pour le montant desdits exécu
Art.VI. Notre intention étant que les Collecteurs toires , seront tenus lefdits sieurs Grands-Maîtres
des Amendes ne puissent abuser de cette facilité , d'envoyer, avant le premier Mai de chaque annce,
pour s'épargner les frais dont ils font tenlis pour au sieur Contrôleur- Général de rios Finances , un
le recouvrement defdites Amendes : Voulons que état des exécutoires par eux visés , pour en êtrefait
lefdits Collecteurs ne puissent user de la voie de emploi en dépense sous le nom desdits Receveurs ,
í'emprisonnement contre les domiciliés , qu'après dans les étaîí de nos Bois de: chaque' Généralité ,
les avoir discutés dans leurs meubles & biens , qui seront arrêtés fcn notre Conseil ; & en rappor
qu'ils ne puissent également en faire usage , à l'é- tant par les Receveurs-Généraux de nos Domaines
f;ard des non-domiciliés , qu'après avoir fait viser & bois , lefdits exécutoires duement visés , avec
eurs contraintes par nos Procureurs efdites Maîtri les quittances desdits Receveurs des Amendes , les
ses , chacun dans son ressort ; & ne pourront nof- sommes qu'ils auront payées leur seront passées
dits Procureurs viser lefdires contraintes qu'après & allouées dans leurs états 8c comptes , fansaucune
qu'il leur aura suffisamment apparu de poursuites difficulté , en vertu des Présentes. Si donnons en
èc diligences convenables de la part desdits Collec Mandement, &c Dzcz.du 14. Novembre 1760 ,
teurs contre les non-domiciliés: & faute par lefdits enregistrée le 10 Décembresuivant en ces termes
Collecteurs de se conformer aux présentes disposi Registrée en U ChamUre des Comptes oui , & ce
tions , ils seront personnellement tenus desdits frais requérant te Procureur-Général du -Roi , pour être
de capture, conduite , gîte &eeoIage, fans qu'ils exécutée selon sa forntt & teneur , à la charge
puissent les employer en dépenses dans les comptes qu'au cas où il y auroiï 'i:u à contrainte par iorps
qu'ils rendent aux Receveurs des Amendes contre les condamnés aux Amendes , /'/ fera joint
Art.VII. Ordonnons que l'art. 28 du tit. 3 de ladite auxexècutoires , certificat du iuffiitut du Procureur-
Ordonnance de 1669 sera exécuté selon fa forme Général du Roi esdits Sièges des Maîtrises des Eaux
& teneur; en conséquence enjoignons très-expres- & Forêts , que les Procédures prescrites avant les
sément à tous Prévôts-Généraux , Ueutenans de contraintes par corps ont été faites , conformément
Robe-courte , Exempts & Archers , & à tous autres à Cart. 6 des Préfentes , le- 20 Décembre 1 760.

§. II. Délits en fait de Chajfe.

SOMMAIRES.

ï. Pourquoi la Chasse a cejsé d'être libre k 4. Lieux prohibés pour la Chasse. .


tout le monde. - 5 . Temps ou il nesl pas permis de chasser.
2. Loix a consultersur ce point. Observations 6. Manières de chasser prohibées.
préliminaires fur la qualité des Peines ad- 7. Efpece de Gibier dont la chasse esl dé-
. - jugées en cette matière. ; < , ' fendue. . . ; ''" J" J"
3. Personnes a qui la chasse esi défendue.

I. Pour Personne n'ignore que , dans son origine, en de justes bornes yen ne permettant l'exer-
quoi la
Chasse a la Chasse étoit libre &. permise à tout le cíce ' de la Chassé, qu'à de' certaines per
cessé d'ê mondev Mais l'exp&ience ayant fait voir sonnes, & fous de certaines conditions ,
tre libre
à tout le dans la fuite , que cette faculté indéfinie de qu'ils ont jugé à propos d'y attacher par
monde. chasser entraînoit plusieurs inconvéniens leurs Ordonnances. jEn sorte que les con
dangereux , notamment en ce qu'elle dé- traventions à ces Lòix qui forment les
tournoit les Laboureurs de la culture des Délits dont nous vouions parler ici , ne se
terres , & rendoit la multitude des fainéans , commettent- pas feulement , comme nous
qui se livroient à cet exercice , également Talions voir , dé la pànfdé ceux qui , fans
nuisible & redoutable à leur pays , soit par avoir les qualités prescrites par les Ordon
le dépeuplement du Gibier , soit par la dé nancés , se donnent la liberté de chasser, mais
gradation des Récoltes , & fur-tout par encore de la part de Cèux même qui, ayant
leurs contraventions aux Ordonnances , qui ces qualités, en abusent, en "chassant en
défendent le Port d'armes fans permission. de certains temps ou erí dè certains lieux ,
Ce fut ìa nécessité de faire cefîer toûs çes avec de certains inftrumens , '&" íùr: dé' cer
différens abus , qui détermina enfin nos tains 'animaux dorit Ha Chasse leur est
Souverains,,, à l'exemple des Empereurs expressément prohibéé par :cê!S -"mêmes
Romains > de resserrer cette même faculté Lpix: -■ 1
'j - - - / '•■ .'v N n n
466 LES LÔIX Cltl toítfËLLÈS, Liv. III. Tiï.Vni.
rêts ; mais avec cette modification néan
1 1. moins , que lorsque ces Délits font commis
dans rétendue des Capitaineries Koyáles ,
i. Loix à Parmi les Loix que nous croyons de
consulter voir consulter principalement sírr cette les Officiers de ces Capitaineries en peu
sur ce vent connoître concurremment avec Les
point ; ob matière , nous nous arrêterons fur-tout à
servations r Ordonnance de 1 669 , qui ne s'est pas Officiers des Maîtrises des Eaux & F©--
prélimi rêts (8>. .;
naires fur contentée , comme nous allons le voir i de
la qualité renouveller sor de certain* powíts , mais
des Peines (i}Les Ordonnances des Rois nos Prédécesseurs,
& des Ju qui a même ajouté , & dérogé fùr pïufi'etífs fur le fait des Chasses , & spécialement celles des.
ges en cet autres , aux anciens ftéglemëns qui avoient mois de Juin 1601 , & Juillet 1607, seront ob
te matière.
été en vigueur jusqu'alors , & notamment servées en toutes leurs dispositions , auxquelles nous-
aux Edits de Juin 160 1 , & de Juillet n'avons point dérogé en ee qu'elfes ne contiennent
1 607 ( 1 ). Mais avant que d'entier dans* íe rien de contraire à ces présentes. Ord. des Ëau»
& Forcis ,tk. 30 des ChajJ'ts , art. t.
détail des dispositions que contient cëttê
derniere Loi , fous un "ìitre particulier (z) Détendons à nos Juges & à tous autres de
condamner au dernier fhpp-lice pottr le fait de
qu'elle a consacré à ce sujet , nous croyons Chasse y de quelque qualité que soit la contraven
devoir faire ici deux observations prélimi tion , s'il n'y a d'autre Crime mêlé qui paisse mé-*
naires , doiít l'une regarde la qualké des- riter cette Peine, nonobstant fart. 14 de l'Or-
Peines qui peuverît être prononcées en donfnance de 1601 , auquel nous dérogeons expres
cette matière , Vautre la qualité des Juges sément à cet égard. Même Okd. art. z. ibid.
qui doivent les prononcer. 1 °. Quant à ía ( j \... A peine contre les Roturiers , des Amen
des 6i autres condamnations indicles par FEdit de'
qualité des Peines , nous observons d'abord
íóoì , à la réserve de ía peine de Mort ci-dessus
en général , que ces Peines ne peuvent áboíie à cet égard. Même Ord. art. rj. ibid.
jamais aller jusqu'à celíe de Mort suivant
(4) Èt afin que le présent Edit soit inviolable
une disposition particulière de cette Or ment observé & gardé pour l'avenir , Nous vou
donnance (2) , qui a dérogé sur ce point lons 6c ordonnons que les infra&eurs & contreve-
à celle des Edits de 1601 & 1 607 ;& qu'à nans aux défenses portées par icelui , soient punis
l'égard des autres Peines , soit afHictives , ainsi qu'il s'enfuit. A sçavoir ceux qui auront chassé
ioit pécuniaires , qui peuvent être pronon aux Cerfs , Biches & Faons , en quatre-vingt-trois
écus un tiers d'Amende ; & aux Sangliers & Che
cées pour ces sortes de Délits, en même vreuils , en quarante-un écus deux tiers s'ils ont
temps que nous voyons- óTune part que de quóì payes ; sinon , & en défaut de ce , seront
cette Ordonnance renvoie , fur ce point , battus de verges fous la custode jusqu'à effusion
aux Edits que nous venons de citer (3), de song*... Kilsy retournent pour la seconde fois ,
& dont nous croyons par conséquent de & après ladite punition , seront battus de verges
autour des Forêts , Bois , Buissons , Garennes , 6c
voir rappeller ici les dispositions (4) , elle auwes. lieux Où iís auront délinqué , & bannis de
établit, d'ailleurs cés trois,, particularités quinze lieue à l'entour Après kfdites punitions ,
remarquables à ce sujet : ïa première , que s'il» y retournent pour la tierce fois , seront en
lorsque les condamnations pécuniaires qui voyés" aux Gaferés dii battus1 de verges , & bàririîs
se prononcent eíi cette matière , n'excèdent perpétueìïéme'rrt de rtotfe Royaume , & ïëurs
biens confisqués : & s?tts étaient irkot-fígiWes ,
point une somme de soixante livres , pour
obstinés ,\ & íécidivoient après lefdites punitions,
toute réparation , fans autre Peine , ni enfreignant leur ban , seront punis du dernier
Amende , ces condamnations doivent être supplice , s'il est ainsi trouvé raisonnable par les
exécutées par provision , & nonobstant Juges qui feront leur procès , à la conscience des
l'appel qui feroji interjetté des Jugement quels nous aurons remis d'en ordonner, selon l'esi»
gence des cas..... Ceux duì aiiront contrevenu aux
qui les prononcent (5 ) : la seconde , que dans
défenses susdites , & chassé par plusieurs & diverses
le câs même où ces condamnations íèroient fois auxdits Cerfs , Biches ôcFaons fans avojf .été pu
telles- , que leur exécution devroìt être nis , feront condamnés en cent soixante-six cens
suspendue par l'appel , les Accusés., prison deux tiers d'Amende s'ils ont de quoi payer en
niers ne peuvent être élargis par provision , défaut de ce , seront bàffus dé Verges aux environs
des Forêts , Bofs , Buissons , Garennes 6c autres
qu'après avoir consigné l'Amende à la-;
lieux oii ils auront déliriqoé , & bannis à trente
quelle ils font condamnés (6) : la troisième lieux à l'entour ; & en chacun desdits cas , les Ve
enfin , qu'il est fait des défenses expresses naisons , Chiens , Filets , Bâtons St Engins Confis
aux Juges , par la même Loi , de modérer qués Si après ladite punition ils contreviennent
sti commuer les Peines & les Amendes auxdites défenses , ils feront punis en la forme Sc
manière qde cetix qui auront contrevenu la tierce
qu'elle a attachées aux différens Délits qui
fois , -ainsi qull est ci-deffus déclaré.;.... Cewx qui
se commettent en cette matière (7). t°* Pour atiront .chassé aux menues Rites & Gibier v feront
ce qui concerne la qualité des Juges qui condamnés pour la première fois en six écus deux
peuvent prononcer ces fartes de Peine.s,* tiers^d?Amende , s'ils ont de quoi payer ; sinon , &
TOrdonnance veut que ce soient les mêmes én'défaut de ce , demeureroni un moís en Prison au
pain & à l'eau ; la seconde au double de ladite
que Ceux auxquels elle attribue 1a con-
Amende ; 8c en défaut de payer , seront battus de
noissance des Délits commis dans les Ëoìs , verges ídus la Custode , ôc mis au Carcan trois
c'est-à-dire , les Officiers des Eaux & Fo- heures , à jour & heure du marché ; à la tierce fois ,
DES DÉLITS CON TRE LA POLICE. 467
outre lesdites amendes , battus de verges autour diligence de nos Procureurs , fans néanmoins
des Garenne» , Bois , Buissons & autres lieux oíi qu'ils puissent exclure les Capitaines & Lieu-
ils auront délinqué , & bannis à quinze lieues tenans des Chasses d'assister à l'une & à l'autre , si
à l'entour... Ceux qui après avoir chassé par plu bon leur semble , & d'y avoir séance & voix dé-
sieurs fois auxdites menues Bêtes & Gibier, & lans libérative ; sçavoir , le Capitaine avant le Maître ,
avoir été punis , seront repris & appréhendés par & le Lieutenant du Capitaine avant celui de la
Justice , seront condamnés en treize écus un tiers Maîtrise , ès cas ci-dessus seulement. . . Exceptons
d'amende s'ils ont de quoi ; sinon , & en défaut de toutefois les Capitaines des Chasses de nos Maisons
ce , seront battus de verges fous la Custode , & Royales de Saint-Germain-en L aye, Fontainebleau ,
mis au Carcan comme dessus : & en chacun des Chambort,Bois de Boulogne, Varenne du Louvre
dits cas , les Venaison & Gibier , Chiens } Oiseaux , & Livry , que Nous maintenant , & en tant que
Filets , Bâtons & Engins confisqués ; & si après la besoin seroit , confirmons dans leurs titres & pos
dite punition ils récidivoient , ils seront punis en sessions $instruire & juger , à la diligence de nos
là forme & manière que ceux qui auront contre Procureurs en ces Capitaineries, tous Procès civils
venu à la tierce fois.... Pareillement ceux de nos- 8c criminels pour fait de Chasse , en appellant avec
dits Officiers fur le fait de nofdites Chasses & eux les Lieutenans de Robe-Longue , & autres
Forêts qui auront contrevenu à nos défenses , ou Juges & Avocats pour Conseil... Exceptons aussi
usé dé négligence ou connivence à l'endroit des les Capitaines des Chasses de nos Maisons Royales
irifracteurs , seront condamnés , en chacun desdits de Vincennes & Compiegne , & ceux dont les
cas , aux peines & amendes ci - dessus déclarées états ont été par Nous envoyés à la Cour des Aides
pour la première fois ; & outre , pour la seconde , depuis la révocation , auxquels nous attribuons pa
suspendus pour un an ; & pour la troisième , prives reille Jurifdiction qu'à ceux de Saint- Germain-en-
de leurs Offices... Et où , en aucuns autres cas de Laye , Fontainebleau , Chambort & Varenne du
nofdites défenses , la peine n'auroit été exprimée Louvre. Même Ord. art. 31 , 31 6~ 33. ibid.
par notre présent Edit , Nous voulons que les In
fracteurs & Contrevenans soient condamnés par III.
nos Juges & Officiers en telles peines & amendes
qu'ils verront qu'au cas appartiendra , selon la 1 °. Personnes à qui la Chasse est pro- 3. Person-
qualité du délit... N'entendons toutefois que les
hibée. II n'y a , suivant les Ordonnances du ""q,^
peines inflictives du corps soient exécutées , sinon
fur les personnes viles & abjectes , & non fur d'au Royaume , que quatre sortes de personnes est défen-
tres, táit de Juin 1601 , art. 1.... Et d'autant à qui la Chasse soit permise par leurs états ; due*
que la fréquence des Délits qui se commettent en sçavoir , les Seigneurs Hauts-Julticiers , les
nofdites Forêts , procède de l'impunité : Voulons Seigneurs deFies(i) , les Nobles & les Mi
& entendons les Délinquans être condamnés &ç
litaires (2) ; mais avec cette distinction néan
punis par les mêmes peines portées par l'Edit du
Règlement général des chasses , du mois de Juin moins , que les deux derniers ne peuvent
1601 , vérifié en notre Cour de Parlement , fans user de ce droit , sur les terres des Sei
qu'elles puissent être modérées en aucune façon que gneurs Hauts-Justiciers & de Fief, fans
ce soit. Edit deJuillet 1607 , art. 10. leur permilììon ; & qu'à l'égard des Sei
(5) Les condamnations qui n'excéderont point gneurs de Fief , ils ne peuvent chasser que
la somme de soixante livres pour toutes restitu dans l'éteridue de leurs Fiefs. II y a d'ail
tions & réparations , fins autre peine ni amende ,
leurs , relativement aux Seigneurs Hauts-
seront exécutées par provision & fans préjudice de
l'appel. Ord. des Eaux & Forées , th. 30 des Chases , Justiciers , plusieurs exceptions remarqua
art. 58. bles , qui font tirées des circonstances du
(6) S'il y a appel d'un Jugement rendu pour le temps , du lieu , de la qualité du Gibier ,
fait de la Chasse , & que la condamnation ne soit de la manière de chaflèr & autres que nous
que d'une amende pécuniaire pour laquelle l'Ap- aurons foin de relever dans la fuite : à quoi
pellant se trouvât emprisonné , il ne pourra être il faut joindre encore cette modification
élargi pendant l'appel qu'en consignant l'amende.
particulière qui se trouve marquée dans un
Même Ori. art. 32. ibid.
article de cette Ordonnance , où , en même
(7) Défendons aux Officiers d'arbitrer les amen temps qu'elle permet à ces Seigneurs Hauts-
des en peines , ni les prononcer moindres que ce
qu'elles sont réglées par la présente Ordonnance , Justiciers de chasser fur les terres des Sei
ou les modérer ou changer après le Jugement , à gneurs de Fief qui font situées daus l'éten-
Îieine de répétition contr'eux , de suspension de due de leur Haute-Justice , elle veut qu'ils
eurs charges pour la première fois , & de priva ne puissent user de cette faculté qu'eux-
tion en récidive. Menu Ord. cit. 32, des peines , mêmes en personne , & non par leurs Do
art. 14.... Sans que, pour quelque cause que ce
mestiques , ni autres qu'ils enverroient y
soit , les Juges puissent remettre ou modérer la
peine , à peine d'Interdiction. Même Ord. th. 30 chasser. A l'égard des simples Roturiers ,
des Chajses , art. 28. tels que Marchands , Artisans , Bourgeois
(8) Voulons que nos Officiers des Eaux & Fo & Habitans des Villes & Villages, toute
rêts , & les Capitaines des Chasses connoissent , efpece de Chasse leur est absolument dé
concurremment & par prévention entr'eux , en ce fendue par l'art. 2 5 du même tit. de cette
qui regarde la capture des Délinquans , saisie des Loi, à peine de cent livres d'Amende pour
Armes , Bâtons , Chiens , Filets & Engins défen
la première fois , du double pour la se
dus , contraventions à la présente Ordonnance , &
information première seulement : mais quant à conde , & du Carcan & Bannissement de
l'instruction & Jugement , ils appartiendront au trois ans hors du Ressort de la. Maîtrise
Lieutenant de Robe-Longue , à la poursuite & pour la troisième j &cela , indépendamment
N 11 n 2
468 LES LOIX CRIMINI LLES, Liv. III. Tit. VIII.
des autres Peines qu'ils encourent lorsqu'ils & autres condamnations indictes par l'Edit de 1 6 o 1 ,
à la réserve de la peine de Mort ci- dessus abolie
portent l'audace jusqu'à chasser à bruit dans
à cet égard. Mime Ord. art. 13.
les Forêts du Roi , ainsi que nous l'avons
observé d'après l'art. 13 de la même Loi , (4) Quant aux Prêtres , Moines & Religieux f
3ui tomberoient dans cette faute , & n'auroient pas
qui renvoie lùr ce point à l'Edit de 1 60 1 ,
e quoi satisfaire à l'amende , il leur fera défendu
dont nous avons aussi rapporté les disposi pour la première fois de demeurer plus près des
tions (3). Nous verrons d'ailleurs , en traitant Forêts , Bois , Plaines & Buissons , que de quatre
de la Jurisdiclion Ecclésiastique , que les lieues , & en cas de récidive , en seront éloignés de
personnes de cet état font également dix lieues , par saisie de leur temporel , & par tou
comprises dans ces défenses , conformément tes autres voies raisonnables , conformément à la
Déclaration de François premier , du mois de
aux dispositions du Droit Canonique. C'est Mars de Tannée 15 15. Mime Ordonn. article 35.
auíîì ce qui résulte de la disposition d'un au.
article particulier de cette Ordonnance (4) , I V.
par lequel il est porté que , faute par ceux-ci
de payer les Amendes auxquelles ils seront 2°. Lieux prohibés pour la Chasse. Ce 4. Lieu»
font ceux qu'on appelle les Plaisirs du P^ib£
condamnés , ils pourront être contraints à
s'éloigner des Forêts à une certaine dis Roi , dont il est parlé dans les art. 14 & Chasse.
tance , qui sera de quatre lieues pour la 15 de l'Ordonnance que nous venons de
première fois , & de dix lieues en cas de rapporter. L'on y comprend auíîì généra
récidive. L'on fçait d'ailleurs qu'aux ter lement toutes les terres qui font situées
mes de la Déclaration du 27 Juillet 1701 , dans l'étendue des Capitaineries Royales
les Seigneurs Ecclésiastiques font tenus de de Saint-Germain-en-Laye, Fontainebleau ,
commettre une personne pour chasser sur Chambort, Vincennes, Livry, Compiegne ,
leurs terres , & d'en faire enregistrer la Bois de Boulogne & Varenne du Lou
commiflìon au Greffe de la Maîtrise des vre. L'Ordonnance défend absolument la
Eaux & Forêts. Chaste dans tous ces lieux , à toutes sortes
de personnes , & même aux Seigneurs
( 1 ) Déclarons tous Seigneurs Hauts-Justiciers , Hauts-Justiciers qui ont des terres voi
soit qu'ils aient censive ou non , en droit de pou sines , à moins qu'ils ne soient dans une
voir chasser dans l'étendue de leur Haute-Justice , certaine distance qui se trouve marquée par
quoique le Fief de la Paroisse appartienne à un cette même Loi , ou qu'ils y soient d'ail-
autre , fans néanmoins qu'ils puissent y envoyer leurs autorisés par les deux articles que
chasser aucun de leurs Domestiques, ou autres per
sonnes de leur part , ni empêcher le Propriétaire nous venons de citer , ou bien qu'ils aient
du Fief de la Paroisse de chasser aussi dans l'éten obtenu à cet effet des permissions parti
due de son Fief. Ord. des Eaux & Forêts , tit. 30 culières de Sa Majesté, qui révoque à cet
des Chajfes , art. 16. égard toutes les permissions générales qui
(i)...Permettons à tous Seigneurs, Gentilshommes pourroient avoir été données par des pré
& Nobles de chasser noblement à force de Chiens & cédentes Loix (1) : le tout à peine , fçavoir ,
Oiseaux dans leurs Forêts , Buissons , Garennes & contre les Seigneurs & Gentilshommes , de
plaines , pourvu qu'ils soient éloignés d'une lieue désobéissance & de quinze cens livres d'A
de nos plaisirs , même aux Chevreuils & Bêtes
mende , & à l'égard des Roturiers , l'Or
noires dans la distance de trois lieues... Leur per
mettons aussi de tirer de l'Arquebufe fur toutes donnance renvoie fur ce point aux Peines
sortes d'Oiseaux de passage & de Gibier , hors le portées contr'eux par l'Edit de 1 60 1 , dont
Cerf & la Biche , à une lieue de nos plaisirs, tant nous avons rapporté plus haut les disposi
fur leurs Terres que fur nos Etangs , Marais & tions (2).
Rivières. Même Ord. art. 14 & 1 5. ibid.
(3) Faisons défenses aux Marchands, Artisans , (1) Défendons à toutes personnes , de quelque
Bourgeois &Habitans des Villes, Bourgs, Paroisses, qualité & condition qu'elles soient , de chasser à
Villages & Hameaux , Paysans & Roturiers , de l'Arquebufe ou avec Chiens , dans l'étendue des
quelqu'état & condition qu'ils soient , non possé Capitaineries de nos Maisons Royales , de Saint-
dant Fiefs , Seigneuries & Haute-Justice , de chasser Germain-en-Laye, Fontainebleau, Chambort, Vin
en quelque lieu , forte & manière , & fur quelque cennes , Livry , Compiegne , Bois de Boulogne , de
Gibier de poil & de plume que ce puisse être , à Varenne du Louvre , même aux Seigneurs Hauts-
peine de cent livres d'amende pour la première Justiciers , & tous autres , quoique fondés en titres
fois , du double pour la seconde , & pour la troi ou permissions générales , ou particulières, Décla
sième d'être attachés trois jours au Carcan dudit rations , Edits & Arrêts , que Nous révoquons à cet
lieu de leur résidence , à jour de Marché, & bannis égard, sauf à Nous d'accorder de nouvelles permis
durant trois ans du ressort de la Maîtrise , sans que , sions , ou renouveller les anciennes en faveur de
pour quelque cause que ce soit , les Juges puissent qui bon nous semblera. Ordonn. de 1669 , tit. des
remettre ou modérer la peine, à peine d'Interdic Chajfes , art. 20.
tion. Même Ord. art. 18. Ibìd... Faisons défenses à (1) A peine , contre les Seigneurs , de désobéissan
toutes personnes, de quelque qualité qu'elles soient, ce & de quinze cent livres d'amende , & contre
de tirer ou chasser à bruit dans nos Forêts,Buissons, les Roturiers , des amendes & autres condamna
Garennes & Plaines, s'ils n'en ont titre ou per- tions indictes par l'Edit de 1 601 , à la réserve de la
anilsion , à peine contre les Roturiers des amendes peine de mort ci-dessus. Même Ord. art. 13. ibid.
DES DÉLITS CON T R E LA POLICE. 469
Forêts & Garennes du Roi , ou bien dans
V.. celles des Communautés Ecclésiastiques ,
ou même de simples Particuliers. II y a
«.Tempt 3°« Temps prohibés pour la Chasse. Sui-
d'ailleurs des défenses expresses portées par
«« U n'est vant l'art. 1 8 du Titre des 'Chasses de l'Or-
la même Loi , à peine de dix livres d'A
^ec^aSfer! donnance de 1 669 , qui a renouvelle fur mende , contré ceux qui , ayant des héri
ce point ì'art. 18 de fEdit de juin 1601 , tages clos de murs dans l'étendue des Ca
il faut distinguer , à cet égard , la Chaise qui pitaineries, y font des trous , coulisses ,
fe fait fur les terres ensemencées , de celle ou autres passages qui puistent y donner
qui fe fait dans les vignes. La première l'entrée au Gibier j elle excepte feulement
celle d'être permise dès le moment que le les trous ou arches qui servent au cours
bled est en tuyau ; au lieu que la prohibi des ruisseaux , & des ventouses , chante-
tion de la derniere ne commence qu'au pleures & autres ouvertures nécessaires à
premier Mai de chaque année. II y a , con ï'écoulement des eaux (5).
tre les Contrevenans , dans l'un & l'autre
de ces cas , Peine de cinq cent livres d'A (1) Interdisons la Chasse aux Chiens-couchans en
mende , & en outre , privation de tous tous lieux , & l'usage de tirer en volant , à trois
droits de Chasse , Dépens , Dommages & lieues près de nos plaisirs , à peine de deux cent li
Intérêts envers les Propriétaires , ou Usu vres d'amende pour la première fois , du double
pour la seconde , & du triple pour la troisième , ou
fruitiers de ces Terres ou Vignobles.
tre le bannissement à perpétuité hors de l'étendue
Défendons à tous Gentilshommes , & autres de la Maîtrise. V. Même Ord. tit. des Chasses , an. 1 6.
ayant droit de Chasse , de Chasser à pied ou à che
(z) Interdisons à toutes personnes, fans distinc
val , avec Chiens ou Oiseaux , sur terres ensemen tion de qualité , de temps , ni de lieux , l'usage
cées , depuis que le Bledfera en tuyau. , ÔC dans les des armes à feu , brisées par la crosse ou par le ca
Vignes , depuis le premier jour de Mai jusques après non, & des cannes & bâtons creusés , même d'en
la dépouille , à peine de privation de leur Droit de porter , fous quelque prétexte que ce puisse être, 8c
Chasse , cinq cens livres d'amende , 5c de tous dé à tous Ouvriers d'en fabriquer oc façonner , à peine
pens, dommages & intérêts envers les propriétaires contre les particuliers de cent livres d'amende , ou
ou Usufruitiers. V. Ord. des Eaux ó- Forêts , tit. tre la confiscation pour la première fois , & de pu
des ChajJ'es , art. 18. nition corporelle pour la ieconde ; & contre les
Ouvriers , de punition corporelle pour la première
V I. fois. V. Même Ord, art. 3 . ibid.

6. Ma- 4°. Manières de chajser prohibées. Nous (3) Faisons auslî défenses à toutes personnes dë
"h ffer dC en distinguons ^e quatre sortes d'après l'Or- chasser à feu , & d'entrer ou demeurer de nuit
dans nos Forêts , Bois& Buissons endépendans ,ni
prohibées. donnance ; la Chaste aux Chiens couchans ; même dans les Bois des particuliers avec Armes à
celle avec Armes a feu brisées par la Crosse feu , à peine de cent Uvres d'amende , & de puni
ou par le Canon , ou bien avec des tion corporelle s'il y échet. V. Même Ord. art. 4.
Cannes ou Bâtons creusés ; la Chaste au ibid.
Feu \ & enfin celle avec de certaines espèces (4) Tous Tendeurs de Lacs, Tirasses, Tonnilles,
de Filets ou Pièges , qui font marqués par Traîneaux , Bricoles de corde & de fil-d'archal ,
la même Loi. II y a , dans le premier cas , Piéces Ó£ Pansderets , Colliers , Halîiers , de fil ou
de soye , seront condamnés au Fouet pour la pre
Peine de deux cens livres d'Amende pour
mière fois , & en trente livres d'amende ; & pour
la première fois , du double pour la se la seconde, fustigés, flétris , & bannis pour cinq ans
conde , du triple pour la troisième , avec hors l'étendue de la Maîtrise ,soit qu'ils ayent com
Bannissement à perpétuité hors du Ressort mis délits dans nos Forêts, Garennes & Terres de
de la Maîtrise (i). Au second cas , il y a Peine notre Domaine . ou en celles des Ecclésiastiques ,
Communautés & particuliers de notre Royaume ,
de cent livres d'Amende contre les Parti
fans exception. V. Même Ord. art. 1 1 .
culiers Contrevenans , outre la Confisca
tion des armes pour la première fois, & puni (5) NosSujets qui ont Parcs , Jardins, Vergers ,
& autres héritages clos de murs dans l'étendue des
tion corporelle en cas de récidive ; de plus
Capitaineries de nos Maisons Royales, ne pourront
contre les Ouvriers qui auront fabriqué ou faire en leurs murailles aucuns trous , coulisses , ni
façonné ces sortes d'Armes , Peine de puni autres passages qui puissent y donner l'entrée au
tion corporelle pour la première fois (2). Gibier , à peine de dix livres d'amende ; &C s'il
Dans le troisième cas , il y a Peine de cent y en avoit aucuns défaits présentement, leur en
joignons de les boucher incessamment fur la même
livres d'Amende , & même de punition
peine. Même Ord. art. xi &n. ibid.
corporelle s'il y échet (3). Enfin, dans le
quatrième cas , qui regarde les Instrumens V I I.
de Chaste prohibés , il y a Peine du Fouet
& de trente livres d'Amende pour la pre 5°. Espece de Gibier ou Animaux pro- 7.Esp«re
mière fois ; pour la seconde , du Fouet avec ktbés pour la Chasse. II faut d'abord distin-
Bannissement pour cinq ans hors du Res guer , à cet égard , les animaux qui font , Chasse est
sort de la Maîtrise (4). Le tout sans distin par leur nature , nuisibles aux hommes , de desenu0e-
guer si ces Délits ont été commis dans les ceux qui ne le font pas. Dans îe nombre
LLES, Liv. III.Tit. VIII.
470 , LES LOIX CRIMINE
personnes , à Peine de cent livres d'Amende
des premiers , nous mettons les Loups , les
pour la première fois , du double pour la
Renards , les B/éraux, les Loutres , Oc. A
seconde , & du Fouet & Bannissement à
l'égard de ceux-ci , bien-loin que la Chasse
six lieues de la Forêt pendant cinq ans
soit prohibée dans aucun temps à ceux qui
pour la troisième , de prendre , dans les
ont droit de porter les armes , l'on voit
Forêts , Garennes , Buissons & Plaisirs du •
au contraire qu'elle est recommandée ex
Roi , aucuns aires d'Oiseaux , de quelque
pressément par nos anciennes Ordonnances ,
espece que ce soit ; & en tous autres lieux ,
qui ont été renouvellées íùr ce point par
des œufs de Cailles, de Perdrix & Faisans (I) ;
l'art. premier du tit. 30 de l'Ordonnance
& par le second , cette Loi veut que ceux
de 1669. A l'égard des autres animaux
qui seront convaincus d'avoir ouvert ou
dont la Chasse est défendue , il faut encore
ruiné les Halots ou Rabouillieres qui sont
distinguer , quant à la punition de ceux
dans les Garennes du Roi, ou des Particu
qui violent ces défenses , les Chasses qui
íe font à la grosse bête , comme celle du liers , soient punis comme Voleurs (2).
1
Cerf, de la Biche , Chevreuil , &c. de celle (0 Défendons à toutes personnes de prendre en
qui se fait pour le menu gibier , comme nos Forêts, Garennes , Buissons & Plaisirs , aucuns
Lapin t Lièvre , Perdrix , Faisan , &c. Aires d'Oiseaux, de quelque espece que ce soit, &
Cette distinction se trouve marquée par en tout autre lieu , les œufs de Cailles , Perdrix &c
l'Edit de 1601 , dont nous avons rapporté Faisans , à peine de cent livres pour la première
fois , du double pour la seconde, & du Fouet & du
plus haut les dispositions. Nous nous con Bannissement pour la troisième , à six lieues de la
tenterons de rapporter ici celles de l'Ordon Forêt , pendant cinq ans. V. Même Ord. art. 8.
nance qui regardent les aires d'Oiseaux , les (z) Voulons que ceux qui seront convaincus d'a«
œufs de Cailles , Perdrix , Faisans , 8c les voir ouvert ou ruiné les Halots ou Rabouillieres qui
Garennes du Roi. Ces dispositions font por font dans nos Garennes ou en celles de nos Sujets ,
tées par les articles 8 & 1 o du tit. 3 o , par le soient punis comme Voleurs. Même Ord. an. 10.
premier desquels il est fait défenses à toutes ibid.

§. II. Des Délits en fait de Pêche.

SOMMAIRES.

1. Ce que ces Délits ont de commun avec 5. Quid , de la Pêche dans les Rivières
ceux en fait de ChaJJ'e. navigables.
2. Difiinclion générale quant aux lieux ou 6. Personnes a qui la Pêche es prohibée*
7. Temps prohibés pour la Pêche.
se fait la Pèche.
3. Pêche dans la Mer , libre a tout le 8. In ?rumens prohibés pour la Pêche.
9. Manière de Pêcher défendue.
monde ; exception.
4. Pêche dans les Rivières non navigables , 1 0. Poijsons dont la Pêche efl prohibée.
a qui en appartient le droit ; obligation des* 1 1 . Trouble a l'exercice de ce droit.
Propriétaires des fonds voisins à ce sujet.

I.
«s E)é1îts L es mêmes raisons qui ont donné lieu à des Maîtrises , à l'exclusion de tous autres
ont de la prohibition de la Chasse , ont aussi donné Juges (1).
commun jjeu à ceue de la Pêcne. Aussi , nous allons
avec ceux . , , , i n* i (1) Tous Maîtres Pêcheurs de nos Rivières , &
en fait de voir , d après le 1 ìtre concernant la reche , ceux de nos particuliers , qui ont droit de Pêche fur
Pêche. qUi eft à la fuite de celui de la Chasse , que les Fleuves & Rivières navigables , répondront pour
le droit de Pêche , en général , est égale les délits qu'ils y commettront , par - devant les
ment du nombre de ceux attachés à la sou Officiers des Maîtrises , & non par-devant les Ju
ges des Seigneurs , auxquels nous en interdisons la
veraineté de nos Rois , 6c que les Délits qui
connoissance , & seront condamnés suivant la ri
se commettent à cet égard , roulent , comme gueur des Ordonnances. V. Ord. des Eaux & Fo~
ceux en fait de Chasse , sur la qualité des rets , tit. de la Pêche , art. XI.
personnes , fur celle des instrumens , fur
le temps , fur le lieu , fur la manière de I I.
pêcher , fur la qualité des Poissons , &
II y a cependant quelques distinctions à »• Distinc-
çnfin fur les différens troubles que l'on
peut apporter à l'exercice de ce même faire , d'après la même Loi , relativement |'a°" j>*"j£
aux lieux fur lesquels ce droit peut s'exer- aux lieux
droit. Nous verrons aussi en même temps ,
que les Peines que l'Ordonnance a atta cer ; l'on veut dire qu'il faut distinguer , ípS^f
chées à ces différens Délits , doivent être à cet égard , trois sortes de Pêches : celle
également prononcées par les Officiers qui se fait dans la mer ; celle* qui se fait

'M A
t

DES DÉLITS CON TRE LA POLICE. 471


dans les Fleuves ou Rivières navigables ; (z) Déclarons la Pêche de la Mer libre & com
& enfin celle qui se fait en des Rivières mune A tous nos Sujets, auxquels Nous permettons
non navigables. de la faire , tant en pleine Mer que fur les Grèves ,
avec les Filets & Engins , permis par la présente
I I !
Ordonnance. Ord. de la Marine , du mois <ÍAoùt
5. Pêche D'abord , quant à la Pêche dans La Merr 1 68 1 , Liv. f. tit. \. d* la Ptche , art. i.
u» b l'on sçait qu'elle a toujours été permise à (3)Faisons défenses aux Seigneurs des Fiefs , voi
sins de la Mer , & à tous autres , de lever aucun
jj'toatk tout le monde ; tellement qu'il y avoit
Droit en deniers ou en espèces , fur les Parcs & Pê
monde ; même , suivant le Droit Romain , une ac-
excepuon. tjQn partiCuliere a* Injure , contre ceux qui cheries r6c fur les Pêches qui se font en Mer ou sur
les Grèves , & de s'attribuer aucune étendue de
vouloient en empêcher Fexercice (i). La Mer pour y pêcher à l'exelusion d'autres , sinon en
même faculté a été couíìrmée par nos vertu d'aveux & dénombrement reçus en nos
Chambres des Comptes avant l'année 1544 , ou de
Loix , notamment par l'Ordonnance de la
concession en bonne forme , à peine de restitution
MARINE du mois d'Août 1 68 1 (2) , qui fait du quadruple de ce qu'ils auront exigé , & de
défenses , non-feulement à tous Seigneurs quinze cent livres d'amende. Même Ord. art. 9.
de Fiefs voisins de la Mer, de lever aucun tit. 3.
droit pour les Pêches qui s'y font , à peine (4) Faisons pareillement défenses à tous Gou
de restitution du quadruple & de quinze verneurs , Officiers & Soldats des Isles & des Fo
rêts , Villes &C Châteaux , construits siir te Rivage
cens livres d'Amende (3) , mais encore à
de la Mer , d'apporter aucun obstacle à la Pêche
tous Gouverneurs , Officiers & Soldats des dans le voisinage de leurs places , & d'exiger des
Ifles , des Forêts , Villes & Châteaux cons Pêcheurs argent ni poisson pour la lextr permettre ,
truits fur le rivage de la Mer , d'apporter à peine contre les Officiers de perte de leurs em
aucun obstacle à la Pêche , dans le voisi plois , & contre les Soldats , de punition corporelle.
Même Ord. art. 1 o. ibid.
nage de leurs Places , & d'exiger des Pê
(5) Faisons défenses à toutes personnes, de quel
cheurs Argent ni Poissons pour la leur que qualité & condition qu'elles puissent être , de
permettre ; à Peine , contre les Officiers , de bâtir ci-après fur les Grèves de la Mer aucuns
la perte de leurs Emplois , & contre les parcs , dans la construction desquels il entre bois
Soldats , de punition corporelle (4). C'est ou pierres , à peine de trois cent livres d'amende ,
& de démolition des parcs à leurs frais. Même Ord.
encore par la même raison qu'il est fait
art. 8. ibid.
défenses , par la même Loi , à toutes per (6) Les Pêcheurs pourront se servir des Rets ou
sonnes , de quelque qualité & condition Filets appelles Folles , Dreiges , Tramaux , ou Tra-
qu'elles puissent être , de bâtir fur les maillades, ou autres mentionnés en la présente Or
Grèves de la Mer , aucun Parc , dans la donnance , dans les temps & en la manière ci-après
construction duquel il entre du bois ou réglée. Même Ord. art. 6. cit. 1. . . . Permettons
de tendre fur les Grèves de la Mer , & aux Bayes
pierres , à peine de Démolition & de trois
6i embouchures des Rivières navigables , des Filets
cens livres d'Amende (5). A la vérité , la appellés hauts & bas Parcs , Ravoirs , Courtines &
liberté qu'elle accorde aux Pêcheurs à cet Venets , de la qualité & en la manière prescrite
égard , n'est point tellement indéfinie > par les articles suivans. Même Ord. art. i.tìt. 3.
qu'ils puissent en user dans tous les temps , (7) II y aura toujours au Greffe de chaque Siège
d'Amirauté , un modelé des Mailles de chaque es
& de toutes sortes de manières. L'on voit ,
pèce de Filets , dont les Pêcheurs demeurans dans
par les autres dispositions qu'elle contient î'étendue de la Jurisdiction , se serviront pour faire
fous le même Titre , qu'elle prescrit en leur Pêche , tant en Mer que surlesGreves : Enjoi
même temps la forme & la qualité des gnons à nos Procureurs de tenir soigneusement la
Filets dont ils peuvent user (6) , & qu'elle main à l'exécution du présent article , à peine de
répondre des contraventions en leur nom. Même
veut en outre , & pour mieux s'assurer des
Ord. art. 16. tit. 1.
contraventions qui pourroient se commet
I V.
tre en cette matière , qu'il y ait toujours ,
au Greffe de chaque Siège de l'Amirauté , 2°. A Végard des Rivières non na- 4. Pêche
vigables. II faut encore distinguer , suivant leS*
un modelé des mailles de chaque eípece
de Filets dont les Pêcheurs se serviront les Auteurs (1) , entre celles qui font d'une non navi-
certaine largeur , comme de sept pieds & Sab}" ; à
pour faire leur Pêche , tant en Mer , que
íùr les Grèves (7). Nous verrons au sur plus , & celles qui ne forment que de sim- p^tienHe
pies Ruisseaux. A l'éeard des premières , droit ;°bli*
plus , en traitant de la compétence des 1 1 • 1 t»a 1 ■ 0. cation des
Officiers de l'Amirauté , auxquels cette le droit de Pèche en appartient aux îsei- proprké-
Ordonnance attribue la connoissance de gneurs Hauts-Justiciers ou de Fief, exclu- «ai|"es df
sivement à tous autres , suivant ces mêmes f°n" ;V"~
ces sortes de contraventions , qu'il peut u cc
s'en commettre de plusieurs autres espèces Auteurs ; mais lorsqu'elles font d'une moin- sujet,
en cette matière , que nous aurons lieu de dre largeur que de sept pieds , c'est aux
rappeller fous le nom de Délits Maritimes. Propriétaires des héritages qui y abou
(i)Si quîs in mari pifcari aut navigareperhibea- tissent , que la Pêche en doit appartenir.
tur. . . In omnibus his caíìbus injuriarum actione (1) Les petites Rivières ou Chemins font aux Sei
utendum est. L. t. jj. 9. jf. ne quid in loco publ. gneurs des Terres , & les Ruisseaux aux particuliers
5. itin.fiac. Tenanciers. Loysel, Inst. Cout. Liv. i. tit. z.
472 LES LOIX CRIMINE LLES , Liv. III. Tit. VIII.
max. 6. . . . S'il n'y a titre ou possession immémo fois , de deux cens livres pour la seconde \
riale au contraire , laquelle vaut titre. Bacquet, avec pareille Confiscation , & même d'au-
des Dr. de Just. ch. 30. LoYSEL , Tr. des Seign. , &
tres punitions plus sévères s'il y échet (1).
LE Bret , Tr. de la Souver. .. . .
(1) Défendons à toutes personnes , autres que
V. Maîtres Pêcheurs , reçus ès Sièges des Maîtrises ,
5. Pèche 30. Ce n'èst donc proprement qu'à Té- par les Maîtres particuliers ou leurs Lieutenans,
dansiesPu- j j Fleuves & Rivières navigables , de Pêcher fur Fleuves & Rivières navigables , à
vieres na- D . . 6 »
vìgabUs. que le droit de recne appartient unique peine de cinquante livres d'amende , & de confis
cation du poisson , filets & autres instrumens de
ment au Roi , comme , étant attaché à fa sou
Pêche , pour la première fois , & pour la seconde ,
veraineté (1); de manière que les Seigneurs de cent livres d'amende , outre pareille confisca
ni autres ne peuvent y exercer ce droit , tion , même de punition plus sévère s'il y échet.
qu'autant qu'ils en ont une permission ex Ord. des Eaux & Forêts , tit. de la Pèche , art. I.
presse de Sa Majesté , ou qu'ils y font fon V I I.
dés en titres & possession valables (2). C'est
2°. Temps prohibés pour la Pêche. Sui- 7. Temps
aussi par une fuite de ce droit de propriété ,
vant les articles 4, 5 & 6 de l'Ordonnance
que les Isles & Islots , & .autres accessoires
des Eaux & Forêts ,ces temps font, i°. les Pêche,
de ces Rivières appartiennent également à
jours de Dimanches & Fêtes -, il y a
Sa Majesté. C'est encore par une fuite de
peine de quarante livres d'Amende contre
ce même droit , que les Seigneurs & Pro
ceux qui pêchent ces jours-là (1). 2°. II
priétaires des fonds qui aboutissent à ces
y a aussi pareilles Peines contre ceux qui
Fleuves & Rivières , font tenus , suivant
pêchent les autres jours , lorsqu'ils le font
une disposition particulière de l'Ordon-
à autres heures que depuis le lever du so
nance (3) , de laisser le long des bords , la
leiljusqu'à son coucher (z). 30. Enfin, il y
quantité de vingt-quatre pieds de place en
a encore des défenses expresses de pêcher
largeur , pour chemin royal & trait des
dans le temps de la Fraie ; fçavoir , aux
chevaux , fans pouvoir y planter des arbres:
Rivières où la Truite abonde fur les autres
le tout à peine de cinq cens livres d'a
Poissons , depuis le premier Février , jus
mende , de Confiscation de ces arbres , &
qu'à la mi-Mars ; & aux autres Rivières ,
d'être contraints de réparer les chemins à
depuis le premier Avril , jusqu'au premier
leurs frais.
Juin : le tout à peine de vingt livres d'A
(1) Les grands Chemins & Rivières navigables mende pour la première fois , avec un mois
appartiennent au Roi. LoYsel , ibid. max.
de prison ; & du double de l'Amende ,
(1) Déclarons la propriété de tous les Fleuves &
Rivières , portans bateaux, & leur fonds fans arti avec deux mois de prison pour la seconde ,
fices & ouvrages de main , dans notre Royaume &c & de plus , le Carcan , Fouet & Bannisse
Terres de notre obéissance , faire partie du Do ment du Ressort de la Maîtrise pour cinq
maine de notre Couronne, nonobstant tous titres & années (3).
possessions contraires, sauf les droits de Pêche,
Moulins , Bacs & autres Usages que les particu (1) Défendons à tous Pêcheurs de pêcher aux
liers peuvent y avoir par titres & possessions va jours de Dimanches & de Fêtes , fous peine de
lables , auxquels ils seront maintenus. Ordonn. de quarante livres d'amende ; & pour cet effet , leur
1 669. th. 27. art. 61. enjoignons expressément d'apporter tous les Same
(3) Les Propriétaires des Héritages aboutissans dis & veilles de Fêtes, incontinent après Soleil cou
aux Rivières navigables , laisseront le long des bords ché, au logis du Maître de communauté , tous leurs
vingt-quatre pieds au moins de place en largeur , engins & harnois , lesquels ne leur feront rendus
pour Chemin Royal & Trait de Chevaux , fans que le lendemain du Dimanche ou Fête après So
qu'ils puissent planter arbres , ni tenir clôture ou leil levé , à peine de cinquante livres d'amende &
haye , plus près que trente pieds du côté que les d'interdiction de la Pêche pour un an. V. Ord.
bateaux se tirent, & de dix pieds de l'autre bord , dis Eaux & Forêts , tit. de la Pêche , art. 4.
à peine de cinq cent livres d'amende , confiscation (2) Leur défendons pareillement de pêcher en,
des arbres , & d'être les Contrevenans contraints à quelques jours & faisons que ce puisse être , à autre
réparer & remettre les Chemins en état , à leurs heure que depuis le lever du Soleil jusques à son
frais. Même Ord. ût. 18 , art. 7. coucher , sinon aux Arches des Ponts , aux Mou
lins & aux Gords où s'étendent des rideaux , aux
V I. quels lieux ils pourront pêcher , tant de nuit que
6. Person- 1 °" Personnes a qui la Pêche efl défendue. de jour , pourvu que ce ne soit à jours de Diman
nés à qui Ce sont tous ceux qui n'ont pas été reçus ches & Fêtes , ou autres défendus. V. Même Ord.
est prohU Maîtres Pêcheurs au Siège des Maîtrises , art. 5.
bée. ou bien qui , comme nous venons de le (3) Les Pêcheurs ne pourront pêcher durant le
temps de Fraye , fçavoir , aux Rivières oíi la
voir d'après Fart. 61 du Titre de la Police Truite abonde fur tous les autres poissons, depuis le
de la même Ordonnance , n'auroient pas premier Février jusqu'à la mi-Mars ; & aux autres ,
d'ailleurs acquis le droit de Pêche par titre depuis le premier Avril jusqu'au premier de Juin ,
ou possession valable. II y a peine contre à peine pour la première fois de vingt livres d'a
ceux qui pêchent fans avoir aucun de ces mende & d'un mois de prison , & du double de .
l'amende , & de deux mois de prison pour la se
droits ni qualités , de cinq cens livres
conde , & du carcan, fouet & bannissement du res
d'Amende , & de Confiscation du Poisson sort de la Maîtrise , pendant cinq années , pour la
& instrumens de Pêche pour la premiere- troisième. V. Même Ord. art. 6. itid.
Vlil.
DES DÉLITS CON TRE LA POLICE* I 47$,
à la Coque du Levant , Momie & autres
viiL. drogues ou appas (2) ; 30. enfin celles de
8.!nstru- 30. Inst1rumens prohibés pour la Pêche, faire des Trous dans la Glace, Marais ,
métis pro- çQ çont en général tous ceux qui peuvent Etangs & Fosses , & d'y porter des flam
U Pêche, tendre au dépeuplement des Kmeres. JL Or beaux , brandons & autres feux (3). Cette
derniere manière de pêcher est défendue x
donnance met de ce nombre ceux appelles
le Gilles , le Tramail , le Furet J Y Epervier , à peine d'être puni comme voleur. II y a aufli
punition corporelle pour ceux qui se servent
le Chafj'on & le Sabre ; & pour les autres
d'appas , tels que Coque du Levant t & à
dont elle ne fait pas mention , elle renvoie
l'égard des Pêches de la première efpece \
aux anciennes Ordonnances , parmi les
la Peine est une Amende de cinquante li
quelles nous remarquons íùr-tout celles de
vres pour les Contrevenans , & d'être
Charles le Bel, du mois de Juin 1326 , &
bannis des Rivières pour trois ans. II y á
de Charles le Sage, en Juillet 1376 , &
aussi Peine d'Amende de trois cens livres
Septembre 1407 , où ces Instrumens se
trouvent énoncés fous les noms de Bas- contre les Maîtres Particuliers, ou leurs
Lieutenans qui auroient donné des Permis
Rebouers , de Chapelet , Garnis , Vallois ,
sions pour ces sortes de Pêches.
Amende , fluferois , le Trap , le Jullois ,
touroye , la ChaJJe de Marche-pied , le ( r ) Leur défendons eu outre de bouiller avec
Chiquet , le Rouaille , Hamo'és , Sueurs , Bouilles ou Rabots , tant fous les chevrins , raci
Sogals , NaJJes , Pellées , Jonchées , Ligné ' nes, saules , oziers , terriers & arches, qu'en autres
lieux , ou de mettre lignes avec échets & amorces
du long , Hameurs , Hameçon , le grand
vives , ensemble de porter chaînes & clairons en
Roborin , le Puifoir , /a Trable h bois , leurs Batelets , & d'aller à la Fare , ou de pécher
/a Bourriche , /a Chatte , /e Ramerey , dans les Noues avec filets , tk d'y bouiller pour
Saisines & Fragros. La Peine attachée , prendre le Poisson & le Fray qui a pu y être porté
par le débordement des Rivières , fous quelque
par cette derniere Loi , aux Contraventions prétexte , eu quelque-temps & manière que cc soit ,
de cette efpece , est de cent livres d'A à peine de cinquante livres d'Amende contre les
mende pour la première fois, & de puni contrevenans , & d'être bannis des Rivières pour
tion corporelle pour la seconde (1); &elle trois ans , & de trois cens livres contre les Maîtres
Particuliers 011 leurs Lieutenans , qui en auront
veut que ces Peines ne puissent être modé donné la permission. Ord. de 1669 ,,x/r. de la Pêche ,
rées par les Officiers des Maîtrises , aux- art. ií.
quels elle enjoint en même temps de faire (z) Défendons à toutes Personnes de jetter dans
les Rivières aucune Chaux , Noix vomique , Coque
brûler tous ces différens Engins , à l'issue
du Levant , Momie , & autres Drogues ou Ap
de leur Audience , au-devant de la porte pas , à peine de punition corporelle. Même ordon.
de leur Auditoire (2). art. 14. ibid.
(l) Faisons défenses à toutes personnes d'aller
(1) Défendons très-expressément aux Maîtres Pê fur les Mares , Etangs & Fossés , lorsqu'ils fe
cheurs de se servir d'aucuns Engins & Harnois pro ront glacés , pour en rompre la glace & y faire des
hibés par les anciennes Ordonnances, furie fait de trous , ni d'y porter flambeaux , brandons & autres
la Pêche , & en outre de ceux appellés Gilles , Tra feux , à peine d'être punis comme de vol. Même
mail , Furet , Epervier , Chajfon & Sabre , dont Ord. art. 18. ibid.
elles ne font point de mention , & de tous autres
qui pourroient être inventés au dépeuplement des X.
Rivières , comme aussi d'aller au Burandage , &
mettre des Bacs en Rivière , à peine de cent livres 5°. Efpece de Poissons dont la Pèche f»o.PoiÊi
d'Amende pour la première fois , & de punition eft défendue. Ce font tous ceux en général ^"pêche*
corporelle la seconde. V. Ord. des Eaux & Forêts ,
th. 31. de la Pêche , art. 10. qui n'ont point la longueur prescrite par est prohi-
l'Ordonnance , sçavoir , celle de cinq pouces béc"
( 2 ) Si les Officiers des Maîtrises trouvent des
Engins & Harnois défendus , ils les feront brûler à entre l'oeil & la queue , pour les Tan
1'issue de leur Audience , au-devant de la Porte de ches , Perches & Gardons ; & de fìx pouces
leur Auditoire , & condamneront les Pêcheurs fur
qui ils auront été saisis , aux peines cidessus décla pour les Truites , Carpes , Barbeaux , Brê
rées , fans les pouvoir modérer , à peine de fus-' mes & Meuniers. Elle veut que , tant les
pension de leurs Charges pour un an. Même Ord. Pêcheurs que les Marchands qui ont acheté
art. 15. ibid.
quelques-uns de ces Poissons qui soient de
I X. moindre longueur , soient tenus de les re-
jetter dans la Rivière , à peine de cent li
9. Mame- 4°* Manières de pêcher défendues. L'Or- vres d'Amende & de Confiscation.
re de pê- donnance en distingue de trois sortes quant
tïàat' à la Peine > l0- celles de Rouiller ou Fouil Les Pêcheurs rejetteront ès Rivières les Truites,
Carpes, Barbeaux, Brêmes & Meuniers qu'ils au
ler avec Bouille & Rabots , d'aller à la
ront pris ayant moins de six pouces entre l'ceil &
Fare , de pêcher dans les Noues avec Fi la queue , & les Tanches , Perches & Gardons qui
lets , & d'y bouiller , pour prendre le en auront moins de cinq , à peine de cent livres
Poisson & le Fray qui a pu y être porté d'Amende , & confiscation contre les Pêcheurs &
Marchands qui en auront vendu ou acheté. V. Mê
par le débordement des Rivières (i) ;
me Ordonn. des Eaux & Forêts , tit. de la Pêche ,
2°. celles à la Chaux , à la ftoixvomique, art. 12.
O 00
474 LES LOIX CRIMINE ,LES, Liv. III. Tit. Vin.
(1) Nul, soit Propriétaire ou Engagiste , ne pour
ra faire Moulins , Batardeaux , Ecluses , Gords ,
Pertuis , Murs , Plans d'Arbres ,amas de Pierres , de
ii. Trou- 6°. Trouble a Vexercice du droit de Pêche. Terre Se de Fascines , ni autres Edifices ou empê-
chemens nuisibles au cours de l'eau dans les Fleuves
«rcfce dë I/Qrdònnance appelle ainsi , toutes les en-
& Rivières navigables Se flottables, ni mêmeyjet-
ce droit, freprises qui se Font par ceux qui , de leur ter aucunes ordures , immondices , ou les amaiser
autorité privée , empêchent le cours de sur les Quais fie [Rivages , à peine d'Amende arbi
ì'eau des Rivières navigables & flottables, traire : Enjoignons à toutçs personnes de les ôter,
dans trois mois du jour de la publication des Pré
par des Moulins , Batardeaux , Ecluses , sentes } Se si aucuns se trouvent subsister après ce
&ords , Pertuis , Murs , Plans d'Arbres , temps , voulons qu'ils soient incessamment ôtés fie
Amas de Pierres , de Terre , & de Fascines ; levés à la diligence de nos Procureurs des Maîtri
ou bien qui jettent des ordures & immon ses , aux frais fie dépens de ceux qui les auront faits,
ou causés , fur peine de cinq cens livres d'Amende ,
dices dans ces Rivières , ou les amassent tant contre les particuliers , que contre le Juge 8c
fùr les Quais & Rivages (i), ou même notre Procureur , qui auront négligé de le faire ;
qui tirent des terres , sables & autres ma fie de répondre en leur privé nom des dommage;
Se intérêts.... Ceux qui ont fait bâtir des Moulins ,
tériaux à six toises près de ces rivières (2) }
Ecluses , Vannes , Gords , fie autres Edifices , dans
à plus forte raison lorsqu'ils s'ingèrent à l'étendue des Fleuves fie Rivières navigables & flot
détourner l'eau de ces rivières par des tables , sens en avoir obtenu la permission de Nous
tranchées , fossés & canaux (3). L 'Ordon ou de nos Prédécesseurs , seront tenus de les dé
molir , sinon le seront à Içurs frais fie dépens. Ord.
nance veut que , dans ce dernier cas , ils de 1669 , tit. de la Police , art. 42 & 43.
soient punis comme usurpateurs , & que (2) Ne seront tirés Terres , Sables Se autres Ma
Jes choses soient réparées à leurs dépens; tériaux , à six toises près des Rivières navigables ,
$t dans les autres cas , il y a peine de démo à peine de cent livres d'Amende. Même Ordonn. art.
40.
lition & d'Amende arbitraire , laquelle ne (3) Défendons à toutes personnes de détournes
peut être moindre de cent livres , pour le l'eau des Rivières navigables fie flottables , ou d'en
cas particulier de la traite des sables & assoiblir fie altérer le cours par tranchées , fossés ,
canaux , à peine contre les contrevenans d'être pu
autres matériaux à six toises près des Ri nis comme usurpateurs , fie les choses réparées à
vières. leurs dépens. V. Mime Ord. art. 44.

Fin de la première Partie.

1
*
LES

LOIX CRIMINELLES

DANS LEUR ORDRE NATUREL.

SECONDE PARTIE.

DE L'INSTRUCTION ET DE LA PREUVE

EN MATIERE CRIMINELLE-

<c i== ggSggflg ===== —===»>

LIVRE PREMIER.

DE ^INSTRUCTION CRIMINELLE EN GÉNÉRAL.

^ous avons vu , d'après la définition du Crime en général , qu'il y avoit Matière


cette différence entre les Matières Criminelles & les Civiles , qu'au lieu mier u-
que celles-ci n'obligent qu'en vertu du consentement exprès des Parties , c'eji vre'

par le fait seul du Crime , & fans qu'il soit besoin d'aucune convention
particulière de fa part , que le Coupable s'oblige à la Peine qui efl atta
chée à ce Crime ; c'efl-à-dire , à la réparation du tort que ce Crime peut
causer 3 soit au Public , soit aux Particuliers. C'ejl de cette obligation
tacite , que naît l'Aâion pour poursuivre le Crime , & en faire ordonner la
punition , & c'ejl Vexercice de cette même AÓiion qui forme ce que nous
appelions Instru ct ion Criminelle.

En effet , la Loi ríauroit pourvu qu'imparfaitement au bien & à la sûreté


publique quelle a pour objet , Ji, en même temps qu'elle a déterminé la nature
& la punition des Crimes , elle n'avoit indiqué les moyens nécessaires pour
• en acquérir la preuve , & en convaincre les Coupables. Aufji voyons-nous

que la nécessité de recourir a ces moyens , qui peuvent seuls assurer la légi-
timité de la condamnation de V Accusé , a toujours été reconnue che^ toutes
les Nations policées , comme étant fondée fur ces deux maximes inviolables
du Droit naturel & du Droit des Gens , qui ne permettent pas de fe faire
jujlice à soi-même , ni de condamner personne fans l'entendre. En forte
que s'il fe trouve , entre ces Nations , quelques différences fur cette matière ,
ce n efl que relativement aux Formes judiciaires que chacune d'elles a jugé
O OO Z

I
47^
à propos de se choisir , comme plus conformes à son goût & à sa conjïitá-
tion particulière.

De-là vient que les Usages établis à cet égard par le Droit Romain font
différens de ceux marqués par le Droit Canonique , comme ceux-ci ne font
pas toujours conformes à ceux consacrés par les Loix du Royaume. Nous
voyons même ( à Végard de nos Loix ) qu'elles ont singulièrement varié
relativement à ces formes ; qu'avant ^Ordonnance de François I , de i 539 ,
Vinflruttion sefaifoit publiquement parmi nous , comme che^ les Romains ;
c'ejl-à-dire , que les Procès Criminels s'injiruifoient , comme les Affaires
Civiles à l'Audience , ou l Accusé pouvoit se défendre par le ministère d'un
Avocat & d'un Procureur , produire ses Témoins , reprocher ceux qu'on
lui opposoit , & enfin faire usage de toutes les preuves qu'il croyoit pou
voir faire servir à sa justification. Mais les divers abus qui étoient résultés
de ces anciens usages , fur- tout par les facilités dangereuses qu'ils donnoient
à l' Accusé de corrompre & faire rétracter les Témoins qui le chargeoient ,
ont enfin donné lieu au changement qu'a cru devoir y apporter VOrdonnanct
que nous venons de citer , en exigeant que l'injlruâion Je fît secrètement , cV
que les Accusés fussent tenus de se défendre par leur bouche , sans pouvoir
être admis à la preuve de leurs faits justificatifs , qu'âpres l'entiere instruc
tion du Procès.

Aussi , les dispositions de cette Ordonnance ont été tellement justifiées pat
l' expérience , qu'elles ont servi de base à toutes les Loix qui ont été rendues
depuis ce temps- là } fur le fait de V Instruction criminelle. Parmi ces
Loix , la plus remarquable Jans doute , comme ayant fixé généralement
tous, les points auxquels V Ordonnance de François 1 n'avoit pas suffi
samment pourvu , en même temps qu'elle a assujetti également tous les Tri
bunaux f
soit Laïques ,/oit Ecclésiastiques à fes dispositions ; c'ejl lafameuse.
Ordonnance du mois d'Août 1670 , connue fous le nom d' Ordonnancé
Cr i min elle y parce qu'elle fait encore aujourd'hui notre principale règle
en cette matière ; je dis principale , parce qu'en effet , s'il a paru d'autres
Loix depuis celle-ci , elles n'ont fait que confirmer ses dispositions dans tous
les points fur lesquels elles n'y ont point dérogé expressément ; & que fi elles
y ont changé , ajouté , ou retranchéfur d'autres , ce n'a été que pour remédier
à certains inconvéniens que l 'expérience a fait découvrir dans l'exécution de
quelqu'une des parties de cette Loi , notamment pour ce qui concerne les
Cas Prëvôtaux , le Faux principal & incident , les Cas Privilégies , & les
De'lits Militaires , autant d'objets importans , qui ont paru devoir donner
lieu à des Injlruâions particulières , & que nous croyons , par la même raison ,
devoir traiter séparément de l'Instruction ge'nérale , qui se fait en vertu de
cette derniere Loi.

Je n'ignore point qu'il s'ejl élevé de nos jours quelques critiques contre la ri
gueur de certaines formalités établies par cette Ordonnance. Mais fans
m!arrêter à rappeller ici les argumens fur lesquels on prétend les fonder,
& que j'ai déjà eu lieu de relever dans le Commentaire que j'ai donné
de cette Loi Jous le titre ^'Instruction Criminelle , & dans ma Réfutation
du Traité des Délits & Peines , je n'ai besoin , pour en faire voir toute
la frivolité , que de leur opposer le Procès- Verbal de Conférence qui a été
fait , lors de la rédaction de cette même Loi , ou toutes les raisons pour
& contre se trouvent amplement discutées & approfondies par les plus
grands Magifirats que la France avoit alors. Ce n'ejì pas néanmoins , qu'en
même temps que je ne puis m'empêcher de regarder comme une efpece de
témérité de vouloir enchérir fur les lumières , Vexpérience , & les vues pa
triotiques de ces grands hommes , je ne me croie obligé de convenir d'ailleurs
que cette même Loi , toute sage qu'elle soit , ne laisse pas d'être encore sus
ceptible de quelque réforme fur de certains points ou son exécution peut en
traîner des inconvéniens dangereux , ainsi que je II ai fait voir dans un
Mémoire particulier que l'on trouvera à la Juite de cette seconde Partie.

uoi qu'il en soit , c'efl d'après l'ordre aufji simple que méthodique qui a été
établi , par cette Ordonnance , dans les dispositions qu'elle contient , que j'ai
cru devoir procéder dans la Dijlribution des différens Titres & Chapitres
qui doivent composer ce premier Livre , en considérant d'abord Clnjlruftion
Criminelle sous deux points de vue principaux , dont l'un regarde la qualitë
des Personnes , l'autre celle des Actes qui doivent composer cette Instruc
tion. Par les Personnes , nous voulons parler du Juge , de /'Accusateur,
& de /'Accusé. Par les Actes , nous entendons comprendre toutes les For
malités qui s'emploient dans les différentes Inflruéiions , tant générales que
particulières , que nous venons d'annoncer.
478 LES LOIX CRI Ml N ELLES , Liv. I. Îit. I.

TITRE PREMIER.

Du Juge Criminel en général -, de sa Jurifdiâlion & Compétence.

SOMMAIRES.

1. Définition du Juge Criminel en général. sérens Tribunaux ; ô comment doit se


2. Trois choses a confidérera son égard. prouver suivant les Loix.
3. Arbitres ne peuvent connaître des matiè 8. Formalités pour la réception des Juges
res criminelles ; ô pourquoi. tant Royaux , que Seigneuriaux.
4. Qu'ejl-ce que la Jurisdiclion , & comment 9. Droit de Glaive ; caractère diflinBis
se confère. de Juge Criminel : Juges qui ne Pont
5. Par qui doivent se donner les Provisions point.
de V Office de Juge. 10. Sur quoi peut s'exercer ce droit , ou la („
6. Religion , Mœurs & Science. Loix qui Compétence du Juge ; point des plus im-
exigent ces trois Qualités dans le Juge. portans en cette matière.
7. Age que doivent avoir les Juges des dis-

I.

i. Défi N appelle Juge en matière Cri aux fonctions de Juges , les simples Gra
nition du minelle , celui à qui le Prince dués , suivant Tordre du Tableau , dans les
Juge Cri a jugé à propos de conférer une cas d'absence , récusation , ou autre empê
minel en
général. autorité publique , pour exer chement légitime des Juges ordinaires j ou
cer fur fes Sujets le Droit de bien en cas d'insuffisance du nombre des
Glaive , dans les cas particuliers qui lui font Officiers nécessaires pour les Jugemens qui
attribués par les Loix. se rendent en cette matière.

I I. (1) Aux procès qui seront jugés , à la chargede


l'appel , par les Juges Royaux ou ceux des Sei
a-Troi» Ainsi, il y a trois choses à considérer gneurs auxquels il y aura des conclusions à peine
afftictiye , assisteront au moins trois Juges , qui se
choses à principalement dans un Juge , en cette ma- ront Officiers , fi tant il y en a dans le Siège , ou
àsoíégaTd tiere '* J° rAutorité publique , dont il doit Gradués , & se transporteront au lieu où s'exerce la
être revêtu ; z°. le Droit de Claive , qu'il Justice , si l'Accufë est prisonnier , & seront présens
au dernier interrogatoire. Ord. de 1676, tit. 25 , art.
a droit d'exercer en vertu de cette Auto
10.
rité ; 30. enfin, les Cas particuliers, fur
lesquels il peut exercer ce même droit. V.

I I I. Les Provisions se donnent , ou par le «• Par qui


Roi directement , ou par les Seigneurs à donneHes
3. Arbi- Nous disons , en premier lieu , que le
qui le Roi a concédé le droit de Justice ; provisions
tres , ne Juge criminel doit avoir une autorité pu-
car, comme nous Tavons dit, & que nous de Juge,
connoítre blique : en quoi il est distingué des simples
desmatie- Arbitres , lesquels n'ayant qu'une autorité aurons lieu de Tétablir encore plus parti
neiies"m " privée , qu'ils tiennent du consentement culièrement dans la fuite , le Roi est le
seul véritable Juge dans son Royaume ; de
des Parties , ne peuvent par conséquent
de manière que la Justice ne peut y être ad
être Juges en matière criminelle , où il s'a
ministrée que par Ceux à qui il a jugé à
git de disposer des biens qui tiennent essen
propos d'en communiquer le pouvoir , de
tiellement à Tordre public , tels que la vie ,
quelqu'une des manières que nous ve
ou l'honneur des Citoyens.
nons de remarquer. II y a plus , ce n'est
I V. pas seulement aux Juges , que nos Souve
rains ont jugé à propos d'imposer cette
4. Qu'est- L'Autorité publique dont nous venons obligation d'avoir des Provisions ou Com-
3uri?dic la ^e PaI"ler > e^ connue autrement fous le milîîons du grand Sceau , mais encore gé
tion , & nom de JuRISDICTION. Elle se confère de néralement à toutes Personnes qui doivent
comment rjeux manières ; ou par des Provisions par exercer des Offices de Judicature , de Po
ie confère. ... • r j < r ■
ticuheres qui le donnent a ce íujet , ou lice & de Finance , même ceux de Greffiers ,
bien par l'effet d'une disposition générale Procureurs , Notaires & Huissiers. C'est ce
de l'Ordonnance ( 1 ) , qui permet d'appeller qui est porté expressément par un dernier
DU JUGE CJUMîNE
Règlement du Conseil d'Etat du 1 1 Novem l'intçrêt public : Oui le rapport, Sa Mpjeûé étant
bre 1 724 (> ) , dont les dispositions font trpp en son Conseil , a ordonné 6c ordonne que ledit
Arrêt de son Conseil d'Etat du if Septembre
importantes, pour n'être pas rappellées ici. 1 718, sera exécuté selon sa forme 6ç teneur; §t
en conséquence , fait Sa Majesté défenses aux dits
Efquiron , Boyer , de l'Hoste , Marion Requiem 6c
(1) JLtE Roi ayant , par Arrêt de son Conseil du autres, de faire aucunes fonctions 4'Huissier, à
> 5 Septembre 1718, en conformité des Edits des ppine de nullité, 8c mille livres d'Amende , dont
mois de Juin 1653 , 8c Avril 1664 , de la Décla les Juges defd>ts Sièges qui les auront reçus de
ration du mois de Décembre 1656 , 6c des Arrêts meureront solidairement responsables T & à (puces
du Conseil des 19 Décembre 1647, n Janvier autres Personnes , de quclquétat & condition .quel
1650, 9 Septembre 1654, ix Novembre 1657 , les soient , d exercer aucuns Offices de Justice , Pq-
dernier Avril 1668 , premier Mars 1686 8f 1 Juil licc , Finance ou Domaniaux , fort* Provisions de
let 1689 , ordonné que tous ceux qui exercent les Sa Majesté , ou Commissions du GranJ-Sceaif , con
Offices de Judicatyre , Police , Finance ou Doma formément audit Arrêt , 6c sous le$ Peines y por
niaux , fans provisions expédiées en la Grande tées. Enjoint Sa Majesté aux Sieurs Intcndans 6c
Chancellerie , demeureroient interdits du jour de Commissaires départis dans les Provinces & Géné
la publication dudit Arrêt, fans qu'ils puissent en ralités de son Royaume , de tenir la main à ('exé
faire aucunes fonctions , à peine de nullité , avec cution du présent Arrêt, nonobstant toutes opposi
défenses , tant à eux qu'à toutes autres Personnes tions &t autres empêchemens quelconques , pour
de quelque qualité & condition qu'elles soient » lesquels il ne fera différé , 6c dont si aucuns inter-
d'exercer à l'avenir aucun desdits Offices fans pro vienpent,Sa Majesté s'est réservée , 6c à son Con
visions, à peine de faux , mille livres d'Amende seil , la connoissance, 8cicelle interdit à toutes les
applicable, moitié au dénonciateur , 6c l'autre au Cours 6c autres Juges. Arrêt du Conseil d'Etat du
profit de l'Hôpital des lieux ou de la Ville la plus 11 Novembre 1714.
prochaine ; voulant S4 Majesté , que les Proprié
taires des Greffes 6c Notariats , qui ont droit de V L
commettre à l'exercice defdits Greffes 6c Notariats,
ou de les affermer , soient tenus de faire prendre Mais il ne suffit pas , pour pouvoir exer- 6. Re-
cer çette autorité publique , d'avoir des l^'°"r't &
des Commissions en ladite Grande Chancellerie à
leurs Commis ou Fermiers , deux mois après la Prpvisions du Prince , ou des Seigneurs h Scitnce :
date de leurs Commissions ou Baux à ferme , à pei cet effet ; il faut encore avoir les Capacités Lo."1 1UI
ne de faux contre les Commis ou Fermiers f 6c de
nécessaires pour remplir TOrrìce de Jugé, ces trois
mille livres d'Amende , applicable comme dessus,
contre lefdits propriétaires ; faisant défenses à tous sortes : ces
Parmi capacités, l'on en distingue de trois j^'J* j
celles qui regardent la Personne du ge"s ' '
Juges, de recevoir aucuns propriétaires à l'exercice
desdits Offices , pour quelque cause 8c prétexte que Juge , commme font Ta Religion , les Moeurs ,
ce soit , sans Provisions , Ratifications ou Commis la Science , & l'Age compétent : celle6 qui
sions du Grand-Sceau , selon la nature d'iceux > à concernent les Formalités qui doivent pré
peine d'interdiction 6c de privation de leurs fca-
céder & accompagner fa RÉCEPTION ,
ges, laquelle peine ne pourra être levée ni modé
rée, avec injonction à ses Procureurs, dans ses Siè "comme font Tlnformation de vie & mœurs ,
ges 6c Juridictions . même dans celles des Domai l'Examen qu'il doit subir fur la Loi , le
nes engagés , ou en leur absence , à ses Avocats 6c Serment qu'il doit prêter pardevant le Juge
leurs Substituts , de faire publier ledit Arrêt , 6/ de qui préside à fa Réception. II y en a enfin
vérifier fur les registres des Greffes les réceptions
qui regardent \exercice de ses fonctions ,
des Procureurs , Notaires , Huissiers o Sergens ,
3ui auront pu s'ingérer dans les fonctions def- comme celles d'avoir un TRIBUNAL qui soit
its Offices , fans Provisions ou Commissions du afiòrti du nombre d'Ofîìciers nécessaires
Grand - Sceau , ensemble de requérir 6c faire pour raíîìster dans ses fonctions , comme
publier l'interdiction de ceux qui n'y auront pas font les Aflèfleurs , les Conseillers , les Gref
été reçus en vertu de Provisions , Ratifications
fiers , Procureurs du Roi ou Fiscaux , &
ou Commissions du Grand-Sceau , à peine contre
lefdits Procureurs, Avocats ou Substituts , d'inter les Huissiers ; comme auíli d'avoir une
diction de leurs Offices , en cas qu'ils tolèrent que Prison , & conséquemment un Geôlier ,
lefdits Procureurs, Notaires , Huissiers ou Sergens, pour veiller à la Garde des Prisonniers.
continuent leurs fonctions deux mois après la date Nous verrons , en traitant des Acles de
dudit Arrêt : Voulant Sa Majesté , que lorsque la l'Instruction , en quoi consistent les fonc
nécessité requerroit que les Juges nomment un
tions particulières des Officiers & Ministres
Greffier , il ne pût exercer plus de trois mois , fans
de la Justice , dont nous venons de parler.
P rendre une Commission du Grand-Sceau, à peine
d e faux à l'égard dudit Greffier - Commis , 6c de Nous nous arrêterons seulement ici à l'exa-
mille livres d'Amende contre le Juge qui l'aura men des conditions nécessaires pour être
souffert plus long-temps ; 6c Sa Majesté étant infor admis aux fonctions de Juge , suivant les
mée que les nommés Bernard Esouiron 6c Jean
Loix du Royaume. Nous avons , relative
Boyer s'ingèrent de faire les fonctions d'Huissier
dans la Judicature de Castel-Sarrazy , 8c les.nom- ment aux qualités personnelles que doit avoir
rnés Jacques de l'Hoste , Michel Marion 8c Jean le Juge, du côté de la Religion , des \Iozurs &
Requiem , dans le Siège de Saint Porquier ; de mê de la Science , des dispositions particulières
me que d'autres particuliers dans la Sénéchauflce de nos Capitulaires ( 1 ) , qui ont confirmé fur
6c Siège Présidial de Beziers , fans y être autorisés
ce point celles des Loix Canoniques (2) &
par aucunes Provisions de Sa Majesté, ni Commis
sions du Grand- Sceau :6c voulant faire cesser un Civiles , (3) dont les sages maximes méri
pareil abus , également contraire au bon'ordre 6c à tent d'être rapportées ici.
48o t,E$ LÒÎX CRtMlK ELLES, Liv. I. Tit. I.
1 (i)Ut quibus data est potéstas, juste judicent , les cas particuliers où il peut y avoir de
sicut scriptum est : justi judicate^filii hominum ; non Tincompatibilité dans ces Offices , à cause
in muneriòus , quia munera excttcant corda pruden-
des parentés &. alliances , & elle prescrit auíïi
lium , & subyertunt verha justorum ; non in adula-
tiont , ne'c in conjìderatione persont Sicut m en même temps la nécessité de recourir à
Deuteronornìo dictum est. .... Quòd Jvstum est des Lettres de vétérance pour ceux qui
judicate tfive civis fit ille , five peregrinus , nulla fit s'étant démis de leur Office après avoir
distintlio perfonarum , quia Dei judicium est ; primùm servi vingt années , veulent continuer à
namiqtie judicí diligenter discenda est lex à sa- avoir séance & voix délibérative dans le
pientibus populi composita, ne per ignorant iam à
même Siège. 20. Quant aux dispositions de
viâ veritatis erret ; & dìim ille rectum intelligit ju-
" dicium , caveat ne declinaverit & per adulationem l'Edit du n ois de Février 1672 (2) , Ton
aliquorum , five per amorem cujuslibet amici , voit qu'après avoir renouvellé celles des
aut per timoremalicujus potentis, aut propter prae- Edits de Décembre 1665 ,& de Juillet 1669,
mium , à recto judicio. Rectum autem & honef- qui èxigeoient pour les Offices de Prési
tum videtur ut judices jejuni causas audiant & dis
dent des Cours Supérieures , l'âge de qua
cernant. Capit. Car. Aîagn. Lih. i. c. 61.
(x) Provide autem de omni Plèbe viros poten- rante ans accomplis , celui de trente-sept
tes , & timëntes Deuní , in quibus fit veritas , & pour les Offices de Maîtres des Requêtes ,
qui oderint avaritiam ; & constitue ex eis tribu- & celui de trente pour les Offices des
" nos , & centuriones , & quinquagenarios , & de- Sièges Présidiaux , le tout à peine de nul
" canOs qui judicent populum omni tempore ; quid- lité des provisions &. de confiscations des
quid autem majus fnerit , référant ad te } & ipsi
minora tantunvmodò judicent. Exod. 18,21.... Offices , à moins qu'on en ait obtenu dis
. . . Praîcipiens judicibus , videte , ait , quid facia- penses par des Lettres du grand Sceau ,
tis : non enim hominis exercetis judicium, l'ed Do- ce même Edit prescrit en outre des forma
mini. 2. Paralip. 19, 6. . . . Erudimini qui judicatis lités particulières fur la manière dont doit
terram. Pf. 1. y. 1 1.... Data est à Dominopotestas se faire la preuve de ces différens âges , &
vobis , & virtus ab Altissimo. Sap. 6. 4 Subjecti
du temps de service qui doit les précéder.
ígitur estote omni humanae creaturae propter
Deum : five Régi , quasi praecellenti ; sive Duci- 30. A l'égard de la Déclaration du 30 Dé
bus , tanquam ab eo miífis ad vindictam makfac- cembre 1679 (3) , il paroît que son objet
torum , laudem verò bonorum. S. Pctr. x. 13. 14. particulier a été de déterminer l'âge que
(3) Judices Romani , Juris disceptatores , non 'dévoient avoir les Officiers des Bailliages
aliter litium primordium accepere , nisi prius
• antè sedem judicialem sacrosanctae deponantur & Sénéchaussées , & autres Sièges subal
Scripturae , & hx permaneant non solìrm in prin- ternes dont il n'étoit fait aucune mention
cipio litis ,' sed etiam in omnibus cognitiònibus dans l'Edit de 1 669 , en le réduisant à vingt-
jusque ad ipsum terminum , & desirtitivae sententiac sept années au lieu de trente que ce pre
recitationem. Sic etenim attendentes ad facrofanc- mier Edit exigeoit pour les Officiers des
tas Scripturas , & Dei praesentiâ consecrati, ex ma
Sièges Présidiaux. 40. Par l'Edit de No
jore Praesidio lites diriment scituri quod non ma-
gis alios judicant , quàm ipsi judicantur : cùm vembre 1683 (4) > l'âge de tous les différens
etiam ipsis magis , quàm partibus terribile judi Officiers , tant des Cours Supérieures &
cium est. Si quidem litigatores sub hominibus ipsi Présidiaux , que des autres Sièges , a été
autem , Deo infpeclore adhibito , causas proferunt réduit à vingt-cinq années seulement , à
trutinandas. Z. 1 4. Cod. de Judic.
l'exception des Maîtres des Requêtes , pour
V I I. lesquels ce même Edit exige l'âge de trente-
un ans. 50. Enfin suivant la Déclaration de
8. 'Ap 29. Quant à I'Age nécessaire pour pou-
vent ì°o\t vo"" ^tre zdmis aux fonctions de Juge dans 17 13 (5), les Officiers qui avoient ob
les Juges les- différens Tribunaux, soit supérieurs, tenu des Lettres de dispense d'âge , &
^ *Ê*T'íbit inférieurs : nous avons là-deíîûs cinq qui ne pouvoient , aux termes de ces
bunaux;& Loix remarquables que nous croyons de- Lettres , avoir voix délibérative avant l'âge
doítTe31 vo*r ^ga^ement rapporter ici , parce qu'en de vingt-cinq ans dans les Jugemens des
Procès auxquels ils affiftoient , ont été ad
prouver même temps que les dernieres dérogent
|nivaut mis à être nommés Rapporteurs , & à avoir
aux précédentes relativement à la fixation
jios Loix. en cette qualité voix délibérative dans les
de l'âge des différens Officiers , elles or
donnent leur exécution pour le surplus. Procès qu'ils rapporteroient.
Ces Loix font les Edits d'Août 1669, de (i)LoUIS, &c. L'Administration de la Justice
Février 1672 , la Déclaration du 30 Dé étant le premier & le principal devoir des Rois,
cembre 1679 , l'Edit de Novembre 1683 , Nous n'avons rien obmis pour nous acquitter d'une
enfin la Déclaration du 20 Mai 171 3. obligation si indispensable : l'application extraordi
naire que nous y avons donnée , Nous a fait obser
L'on voit d'abord , par la première de ces
ver par nous-mêmes les abus qui s'y font glissés, &
Loix (1), qu'indépendamment des dispo fait rechercher les moyens les plus propres pour
sitions qu'elle contient fur la fixation de rendre la vigueur à nos Ordonnances & faire régner
l'âge , tant des Préíìdens des Cours Supé la Justice dans fa plus grande pureté. Mais comme
rieures , Maîtres des Requêtes , & Con on peut faire un mauvais usage des meilleures
Loix , & que toute leur force dépend de celle des
seillers dans ces Cours , que des Officiers
Magistrats qui les exécutent : aussi Nous avons esti
des Sièges Prélidiaux , elle détermine encore mé que' la réformation principale de la Justice ,
conlistoit
DU JUGE CRI MI NE L EN- GÉNÉRAL, &c. 4gi
COrtíìstoit en celle des Juges , &i qu'il importoit les vétérans , fous quelque titre & qualité que ce
principalement de n'en commettre la dignité qu'à puisse être , fans qu'il leur soit apparu de nos Let
des personnes choisies * qui fussent d'une intégrité tres à cet effet , à peine de nullité ; & seront les Offi
& capacité éprouvées , & d'un âge ajjtrç mûr pour ciers qui ont été reçus vétérans ou honoraires fans
répondre au Public de ' texpérience nécejsaire pour nos Lettres, tenus de se retirer dans six mois par-de-
en bien soutenir l'autorité. C'est par ces considéra vers Nous , pour leur être pourvu autrement , &
tions que Nous avons jugé à propos d'établir par à faute d'en rapporter dans ledit temps & icelui
un Règlement solemnel , qui fût exécuté dans tou passé , seront & demeureront lesdits Officiers vé
tes lés Compagnies de notre Royaume , l'âge re térans privés de l'entrée des Compagnies , 6c dé
quis par les anciennes Ordonnances , pour être chus des Privilèges attribués auxdites Charges.
admis aux Charges de Judicature , selon leursdiffé- Edit d'doût 1669. •;• :« '
rentes dignités, régler les degrés de Parenté qui ren
dent les Offices incompatibles dans un même Siège ,
fixer le prix des Charges fur un pied proportionné, (i)JL40UIS, &c. Comme la Réformation prin
& retrancher ces titres & privilèges étrangers que cipale de la Justice dépend particulièrement de
la licence des temps a fait affecter , au mépris des celle des Juges , qu'ils distribuent à nos Sujeís^ ainsi'
principaux avantages , & des véritables honneurs Nous n'avons rien obmis pour les régler, & empê
de l'ancienne Magistrature : A ces catjshs , &c. cher qu'aucuns ne fussent reçus dans les Offices de
que le Règlement par Nous fait pour raison de Judicature, qu'ils n'eussent l'âge , l'expérience &la
l'àge requis pour entrer dans les Charges de Judi capacité requis , pour soutenir avec créance &
cature , porté par notre Edit du mois de Décembre dignité dans le puplic le poids. & la grandeur d\iri'
1665, soit exécuté aux clauses & conditions ci- si saint Ministère. Mais comme les abus prévalent
après exprimées : ce faisant , qu'aucun ne soit ci- aisément aux meilleures Loix ; aussi quelques pré
après pourvu , admis ni reçu dans les Offices de cautions qui aient été apportées par les anciennes
Présidens de nos Cours qui jugent en dernier res Ordonnances , confirmées par nos Edits des mois
sort , qu'il n'ait atteint l'âge de quarante années de Décembre 1665 & Juillet 1669 , pour régler
accomplies ; en celles de Maîtres des Requêtes or avec certitude l'âge , le temps du service , & les au
dinaires de notre Hôtel , qu'il n'ait été pourvu d'Of tres qualités nécessaires aux principaux Magistrats,
fice de la qualité requise , n'en ait actuellement & I on n'a pas laissé d'en éluder l'exécution : à quoi
assidûment fait les fonctions pendant dix années étant important de pourvoir , & de contenir par lat
entières , 6c n'ait trente - sept ans accomplis ; en rigueur des peines ceux qui , oubliant leur de->
celles de nos Avocats & Procureurs-Générsux , voir , se voudroient porter à de semblables entre
qu'ils n'aient atteint l'âge de trente années , & en prises : A ces causes , &c. que nos Edits des mois
celles des Conseillers esdites Cours , Maîtres, Cor de Décembre 1665 & Juillet 1669 , soient exécu
recteurs, & Auditeurs des Comptes, l'âge de vingt- tés selon leur forme & teneur ; ce faisant , qu'au
sept ans. Voulons en outre que les Baillis , Séné cun ne puisse être pourvu , reçu ni admis dans les
chaux , Lieutenans Généraux & Particuliers , Ci Offices de Présidens des Cours & Compagnies supé
vils , Criminels, Présidens aux Sièges Présidiaux ne rieures , qu'il n'ait l'âge de quarante années; & qu'il
puissent être admis ni reçus auxdits Offices, qu'ils n'ait été pourvu d'Office de Judicature en nos
n'aient atteint l'âge de trente ans; & à l'égard des Cours , & n'en ait actuellement & assidûment fait
Conseillers 8c de nos Avocats & Procureurs esdits les fonctions pendant dix années , & ceux des Maî
Sièges , n'entendons qu'ils soient admis ni reçus es tres des -Requêtes , qu'ils n'aient été pourvus d'Of
dites Charges , qu'ils n'aient atteint l'âge de vingt- fices de Judicature en nos Cours , n'en aient actuel
sept ans complets &C révolus ; le tout à peine de lement il assidûment fait les fonctions pendant dix
nullité des provisions , réception ^ & de privation des années entières , & n'aient trente sept années , ou
Offices ; & fans que les parens au premier , second qu'ils n'aient fait la Profession d'Avocat , & plaidé
& troisième degré , qui sont de Pere & Fils , de avec réputation en l'une de nos Cours pendant
Frère , Oncle 8c Neveu , ensemble les Alliés jus vingt années , & en ceux des Conseillers esdites
qu'au second degré , qui sont beau-Pere , Gendre Cours , Maîtres , Correcteurs 8c Auditeurs des
& beau-Frere , puissent être reçus à exercer con Comptes, l'âge de vingt-sept années : Voulons pa
jointement aucun Office,foit dans nos Cours ou Siè reillement que les Baillis , Sénéchaux, Lieutenans-
ges inférieurs , dont fera fait mention dans les Pro Généraux , Particuliers , Civils & Criminels, Pré
visions , qui contiendront clause expresse , que les sidens aux Sièges Présidiaux , ne puissent être ad
pourvus n'auront aucuns parens ni alliés au» sus mis auxdits Offices , qu'ils n'aient atteint l'âge de
dits degrés , à peine de nullité des provisions , & trente années , 8c les Conseillers , nos Avocats &
des réceptions qui pourroient être faites , même de Procureurs esdits Sièges , celui de vingt-sept ans
perte des Offices,dont les Porteurs de Résignations, accomplis ; le tout à peine de nullité des Provisions
Démissions ou Nominations , seront tenus de faire qu'ils pourroient avoir obtenues , réceptions faites
leurs soumissions en personne, ou procuration spé en conséquence d'icelles , & privations de leurs
ciale ; & sans pareillement que les Officiers titulai Offices , qui demeureront acquis à notre profit de
res , reçus , & servans actuellement dans nosdites plein droit, pour en disposer ainsi qu'il nous plaira,
Cours & Sièges , puissent ci-après contracter al & fans qu'ils puissent être pourvus d'aucun autre
liance au premier degré de beau-Pere ou Gendre ; Office de Judicature , qu'après avoir obtenu nos
autrement & en cas de contravention , Nous avons Lettres , signées en Commandement , portant per
déclaré & déclarons POffice du dernier reçu va mission 8c dispense expresse , & sans que ladite dis
cant à notre profit : & à l'égard des parens & al pense puisse être insérée dans les Provisions qui
liés ,tant Conseillers d'honneur que vétérans , jus seront accordées, voulant qu'il en soit expédié des
ques au deuxième degré de parenté & alliance , Lettres séparées , 8c ne pourront lesdites peines être
leurs voix ne seront comptées que pour une , si ce censées ni réputées comminatoires , Nous réser
n'est qu'ils se trouvent de différens avis. Ne pour vant à notre Personne la connoissance & Jugement
ront nosdites Cours donner entrée & séance ni des contraventions qui seront faites à la présente
voix délibérative aux Officiers qui se seront démis Déclaration par ceux qui auront été pourvus des
de leurs Charges après avoir servi vingt ans , ni les Offices de nos Cours ; 8c à l'égard de celles des
faire. jouir des privilèges & droits dont jouissent Officiers subalternes , Nous en avons renvoyé 8c
482 LES LOIX CRIMIN ELLES , Liv. I. Tit. I.
renvoyons la connoissance à nos Cours , chacune Généraux puissent donner aucunes Conclusions. Et
dans son ressort : Ordonnons néanmoins à nos Pro àl'égard de ceux qui seront reçus dans les Baillia'
cureurs-Généraux de Nous informer par chacun ges^Sénéchaujsées^txont tenus nos Procureurs efdits
an des diligences qu'ils y auront faites , & des Ar Sièges d'envoyer par chacune année à nos Pro
rêts qui seront intervenus ; & à cet effet , seront te~ cureurs - Généraux les noms de ceux qui y au
nus xeux qui poursuivront des Provisions d'aucuns ront été reçus , les actes de leurs réceptions , avec
desdits Offices de rapporter deux Extraits de leurs les copies collationnées des Registres de leurs Bap
Baptifiaires collationnés fur le Registre dont ils têmes : Enjoignons à nos Procureurs-Généraux d'y
seront tirés , par les Lieutenans-Genéraux de nos tenir la main , de faire pour raison de ce toutes les
Baillis & Sénéchaux des lieux, légalisés & certifiés diligences nécessaires, & de nous en rendre comp
conformes auxdits Registres par lesdits Juges , à te , pour y être par Nous pourvu , ainsi que de rai
peine de suspension de leurs Charges , en cas que son ; & en cas que lesdits Certificats soient déclarés
lesdits certificats ne se trouvent conformes auxdits nuls fur les dénonciations qui en auront été faites ,
-Registres, &de quinze cens livres d'Amende con le tiers du prix des Offices qui nous seront acquis ,
tre les Curés, leurs Vicaires ou Clercs , qui auront en conséquence desdites dénonciations , fera déli
délivré lesdits Extraits , au paiement de laquelle vré au Dénonciateur fur le pied de la fixation por
Amende ils feront contraints par saisie de leur tée par notre Edit du mois de Décembre 1665, par
temporel, desquels Extraits Baptifiaires ceux qui le Trésorier de nos Revenus Cafuels , fur l'extrait
poursuivront des provisions desdits Offices feront des Registres de nos Procureurs-Généraux, qui se
tenus de mettre , l'un ès mains de nos Chancelier ra signé d'eux par forme de certification : & à l'é-
qu Garde de nos Sceaux , avec la déclaration par gard des Offices non fixés par ledit Edit , le tiers
laquelle ils se soumettront à la perte desdits Offices du prix porté par le contrat de Pacquisition fera
à notre profit , en cas que le contenu efdits extraits délivré au Dénonciateur par celui qui fera par
ne se trouve véritable, & attacheront l'autre à leurs Nous pourvu dudit Office. Edit de Février 1672.
Provisions & Requête : comme aussi , seront tenus,
ceux pour les Provisions desquels il est requis un
temps de service , de rapporter \Arrêt de réception (3) LOUIS, &c. Par notre Edit] du mois de
en fOffice qu'ils auront exercé , & les Certificats de Juillet 1669 , Nous aurions entr'autres choses or
nos Procureurs-Généraux, qu'ils certifieront véri donné que ceux qui voudroient entrer dans les
tables, aux peines ci-deffus ; & pour prévenir les Charges de Baillis, Sénéchaux, Lieutenans-Géné-
fraudes qui pourroient être commises dans lesdits raux , Civils & Criminels , & Présidens des Sièges
Registres , & en interprétant les art. 8,9, 10 & Présidaux , ne pourroient être pourvus ni admis
1 1 du titre ao de nos Ordonnances du mois d'A efdites Charges s'ils n'avoient l'âge de trente ans
vril 1667 : Voulons que les Curés ou Ficaires des accomplis ; & bien que notre intention n'ait pas
Paroisses , soient tenus de rapporter au Greffe du été d'astreindre les Lieutenans-Généraux, Civils &
Siège Présidial du. Ressort dans lequel ils sont si Criminels ou Particuliers des Sièges , Justices
tués, lés Registres des Baptêmes & Mortuaires , te Royales qui ne ressortiffent pas nuement en nos
nus par eux ou leurs prédécesseurs depuis qua Cours de Parlement , néanmoins parce qu'il n'en a
rante années , pour être paraphés par ledit Juge, & pas été fait de distinction par notredit Edit , ni
fans que les Certificats qui seront rapportés , puis par les anciennes Ordonnances, même par l'art.107
sent faire foi ni être réputés valables , si les Re de celle de Blois , auxquels notredit Edit est con
gistres dont ils auront été tirés n'ont été para forme dans les Baillis , Sénéchaux & Lieutenans-
phés en la forme ci-dessus , dont le Juge fera tenu Généraux , Particuliers , Civils & Criminels , &
de faire mention dans ledit extrait , sous les mêmes Présidens des Bailliages & Sénéchaussées princi
peines : & d'autant qu'il arrive que les Pères & pales: Nous avons résolu, pour prévenir toutes dif
Mères font donner le même nom à plusieurs de ficultés , d'expliquer fur cela nos intentions. Sça-
leurs Enfans , voulons que dans les Extraits , celui voir faisons que Nous , pour ces causes & autres à
qui voudra s'en servir soit tenu de déclarer s'il ce Nous mouvant , de notre propre mouve
estseul enfant de ses Pere & Mere , auquel le nom ment, certaine science , pleine puissance & autorité
qu'il porte aura été donné ; & en cas qu'il en ait Royale, avons , enexpliquant notredit Edit du mois
plusieurs , déclarer s'ils font vivans oh décédés , de Juillet 1669,8c dérogeant quant à ce à l'art. 107
le jour de leur naissance, & la Paroisse en laquelle de l'Ordonnance de Blois , de Tannée 1579 , dit,
ils ont été baptisés , & en rapporter les Certificats. déclaré coordonné, disons, déclarons & ordon
Enjoignons à tous Curés & Vicaires a"interpeller ceux nons par ces Présentes, signées de notre main, vou
qui présenteront des Enfans mâles au Baptême , lons 6c Nous plaît que nos Sujets qui voudront se
de déclarer si lesdits Pères & Mères ont d'autres faire pourvoir de Charges de Baillis , Sénéchaux ,
enfans de même nom , le jour de leur naissance , & Vicomtés, Prévôtés, Lieutenans-Généraux , Civils ,
là oíi ils ont été .baptisés , & d'en faire mention Criminels ou Particuliers des Sièges des Justices
fur leurs Registres, fur les peines ci-dessus ; & se qui ne ressortiffent point nuement en nos Cours de
ront tenus nos Procureurs-Généraux , de recevoir, Parlement en matière civile , & nos Avocats &
chacun à leur égard , les dénonciations qui leur Procureurs defdits Sièges , puissent être pourvus &
seront faites des falsifications & autres fautes qui reçus efdites Charges , pourvu qu'ils aient atteint
pourroient avoir été commises dans les Registres Mâge de vingt-sept ans accomplis ; au surplus que
ou Extraits , pour la preuve desquelles leur fera notredit Edit soit exécuté selon sa forme &£ teneur
loisible de compulser toutes les pieces qu'ils estime à l'égard de l'âge que doivent avoir nos autres
ront nécessaires , même les contrats de mariage , Officiers de Judicature y dénommés. Déclar. du
partages & autres actes de famille , même de se 30 Décembre 1679.
faire rapporter les Registres des Baptêmes , &C en
tirer des copies , quii seront collaûonnées par un
Huissier de la Cour , en présence de celui qui pour (4) Louis , &c. Par nos Edits des mois de Dé
suivra pour être reçu , s'il a été baptisé dans le lieu cembre 1665 , Juillet 1669 , Février 167a , Nous
où ladite Cour a été établie ; sinon , enverront avons fixé l'âge auquel nos Sujets pourroient êi rs
commission au Juge-Royal du lieu pour faire la pourvus des Offices de Judicature en nos Cours &
dite collation, & ce, avant que nosdits Procureurs- Sièges subalternes, étant persuadés que rien n'eá
DU JUGE CRIMINEl . EN GÉNÉRAL, &c. 485
plus capable d'imprimer le respect & la soumission ans accomplis , en vertu des dispenses que Nous
pour les ordres de la Justice , que lorsqu'on la voit leur avons accordées , Sc ceux qui y seront reçus
administrée par les Magistrats , dont l'âge , l'expé- dorénavant , en vertu des dispenses que Nous leur
rience &C la capacité répondent dans le Public au accorderons , puissent être nommés Rapporteurs, &
poids & à la grandeur de leurs dignités , qui les qu'ils aient voix délibérative dans les procès qu'ils
rendent dépositaires des Loix , & les Arbitres de la rapporteront , de la même manière que les autres
vie & des biens de nos peuples. Pour cet effet , Officiers des mêmes Compagnies & Jurisdictions,
Nous avons ordonné que nul ne pourroit être pour qui ont l'âge requis par nos Ordonnances , encore
vu d'aucun Office de Conseiller en nos Cours & que les dispenses qu 'ils ont obtenues , & celles qu'ils
en nos Sièges Présidiaux , qu'après avoir atteint obtiendront , portent expressément qu'ils nauront
l'âge de vingt- sept ans accomplis,ni de Maîtres des voix délibérative qu'à fâge de vingt cinq ans accom
Requêtes, qu'à lâge de trente-sept ans, & après plis , laquelle condition Nous voulons seulement
avoir servi dix ans en un Office de la qualité re avoir lieu pour les affaires dont ils ne seront pas
quise : Nous avons depuis , par notre Edit du mois Rapporteurs. Décl. du 20 Mai 17 13.
d'Avril 1679 » portant rétablissement des Etudes
du Droit Civil &c Canonique , ordonné que nul ne
pourroit être reçu au serment d'Avocat, qualité in VIII.
dispensable pour être pourvu d'un Office de Judi-
cature , qu'après avoir fait trois ans d'étude, & du
rant icelles, fait les Actes , soutenu les Thèses , & 3 °. A l'égard de la manière dont on doit g. Foma-
pris les dégrés de Bachelier & de Licencié ; & procéder à la RÉCEPTION des Juges , tant ^é\él°UT_
comme Nous sommes informés que ceux qui ont des Cours Supérieures , & en dernier Res- tion des
dessein d'entrer dans la Magistrature , exécutent fort , que des Sièges Royaux , & même J"Ses»tant
ponctuellement notre Edit de 1679 : Considérant
que l'application qu'ils donnent ainsi à apprendre de ceux des Seigneurs, soit pour l'infor-que Ses-
les Loix, & à s'instruire de la Jurisprudence Fran mation de vie & mœurs, soit pour l'exa- gneunaux.
çoise , peut suppléer les deux années que Nous men sur la Loi , soit pour le serment ; on
avons ordonné par nosdits Edits de 1665 , 1669 & la trouve marquée , sçavoir , quant aux
1671 , être ajoutée à l'âge de vingt-cinq ans , porté
premiers , par les articles 117 & 119 de
par nos anciennes Ordonnances : Sçavoir fai
sons , que Nous , pour ces causes & autres à ce l'Ordonnance de Blois (1) , & quant aux
Nousmóuvans de notre propre mouvement , grâce derniers, par l'art. 55" de l'Ordonnance
spéciale, pleine puissance ôí autorité Royale, avons d'Orléans (2) , & par l'Edit du mois* dé
dit , statué ÔC ordonné , disons , statuons & or Mars 1693 (3) , dont il nous suffira de rap
donnons par ces Présentes , signéesde notre main , porter ici les dispositions.
voulons &C Nous plaît, que ceux qui voudront être
admis aux Offices de Conseillers en nos Cours , &
en ceux de Conseillers , nos Avocats & Procureurs (1) Voulons que les Examens qui se feront à
en nos Sièges Préfidiaux , y puissent être admis l'avenir en nos Parlemens Sc Cours Souveraines ,
à l'avenir à l'âge de vingt-cinq ans accomplis , des pourvus d'Offices sujets jl l'examen, soient faits
pourvu toutefois qu'ils ayent satisfait à toutes les matinées Sc non les après-dînés , Sc que , fur la
les conditions portées par notre Edit du mois Loi qui leurfera baillée , ils soient trois fours après ,
d'Avril 1679 , & à notre Déclaration du 6 Août fans plus long délai ou remise , examinés , tant
1681 , dont ils seront tenus de rapporter les fur icelle Loi Sc Pratique , que fur la fortuite ou
preuves & actes nécessaires , lesquelles seront at verture de chacun Livre , qui fera en trois endroits
tachées fous le contre-scel des Lettres de provi pour le moins. Et où pour les plus grandes occu
sions. Quant à> ceux qui voudront être admis aux pations denofdites Cours, 8c ne pourroient vacquer
Charges de Maîtres des Requêtes ordinaires de auxdits examens dedans ledit temps ,, leur fera la
notre Hôtel : Voulons pareillement qu'ils puissent Loi changée pour y répondre au troisième jour en
en être pourvus à l'âge de trente-un ans aussi ac suivant , sans qu'au cas qu'ils ne seroient trouvés
complis , après avoir Jeni fìx ans en un Office de suffifans par leursdits examens , il leur puisse être
la qualité requise ; & à l'égard de ceux qui vou baillé délai d'étude , ou sac à rapporter ; & pour
dront être admis aux Charges de Conseillers-Maî le regard de l'examen des Maîtres des Requêtes &
tres , Correcteurs & Auditeurs en nos Chambres des Conseillers de nos Cours de Parlement , feront ,
Comptes : Voulons pareillement qu'ils puissent en outre les Présidens Sc Conseillers qui voudront ar
être pourvus à Yâge de vingt-cinq ans , dérogeant , gumenter , commis Sc députés pour cet effet deux
quant à ce seulement , à nosdits Edits de 1665 , Conseillers de chacune Chambre des Enquêtes ,
1669 & 1671 , lesquels au surplus sortiront leur pour, avec les Présidens d'icelles , examiner ceux
plein 8c entier effet. Si donnons en mandement qui se présenteront pour être reçus auxdits états.
à nos Amés & Féaux les Gens tenant notre Cour Faisons expresses inhibitions 8c défenses à ceux qui
de Parlement à Paris , que ces Présentes ils ayent toucheront à quelque degré de parenté , proche
à faire lire, publier .Sc enregistrer , & le contenu alliance ou grande amitié , ou qui auront poursuivi ,
en icelles entretenir , garder & observer selon sa parlé ou usé de recommandation pour ceux qui auront
forme Sc teneur , sans y contrevenir 4 ni souffrir été pourvus auxdits états , d'aflister ou opiner aux
qu'il y soit contrevenu en quelque sorte .& maniè dits examens, 8c de ceux qui seront tenus se purger
re que ce soit. Car tel est notre plaisir. Edit du par serment , avant que pouvoir assister auxdits
mois de Novembre 1683^' • examens... Auparavant la réception de ceux qui se
. ' . t V--. -I- * - ront par Nous pourvus d'aucuns Offices de Judi-
cature , fera informé de leur vie, mœurs & conver
(5) L OUIS, Sec... A ces causes, &c. Voulons sation , & se feront les informations par les Juges
& Nous plaît , que les Conseillers des Compagnies des lieux auxquels lefdits pourvus auront résidé par
Supérieures, & les Officiers des autres Jurisdictions les cinq années précédentes. Et ne seront ouis en
de notre Royaume , emi ont été reçus jusqu'à pré icelle que Témoins de qualité , dignes de foi & hors
sent , avant que d'avoir atteint l'âge de vingt-cinq de tout soupçon de faveur & alliance , qui seront
484 LES EOIX CRIMIN ELLES, Liv. I.Tit.L
nommés & produits par nos Procureurs-Généraux nue : A.ces causes, &c. que tous les Particulière
ou leurs Substituts , auxquels défendons , sous peine qui seront ci-après pourvus par les Seigneurs , tant
de privation de letirs états , de recevoir les noms Ecclésiastiques que Séculiers, dans l'éteodue de neu
desdits Témoins de la part de ceux qui auront été tre Royaume, Pays, Terres , Seigneuries de notre
pourvus ; 6c pour le regard de l'âge , fera doréna obéissance , pour exercer les Offices de Judicature de
vant vérifié par l'extrait des Registres des Baptê leurs Justices , soient tems , avant que d'enfaire au
mes , 6c par l'affirmation des plus proches parens cune fonclion , de se faire recevoir par les Officiers
qui seront mandés à cette fin , & ouis d'offices. de nos Cours ou Jurifdiclions Royales à leur choix ,
Òrd. de Blois , art. 1 17 & 1 ip. dans l'étendue desquelles lefdites Justices Seigneu
riales font situées: comme aussi, que les Procureurs
( 1 ) Tous Officiers des Justices & Jurifdiclions desdits Seigneurs , Greffiers , Notaires ou Tabel
subalternes ou des Hauts-Justiciers , ressortissans par- lions , Procureurs postulans , & Huissiers ou Ser
devant nos Baillis & Sénéchaux , seront examinés , gens , soient reçus 8c prêtent le serment par-devant
avant qu'être reçus , par un de nos Lieutenans ou les Juges des Seigneurs , dans les Justices desquels
plus anciens Conseillers du Siège , après sommaire ils doivent exercer leurs fonctions , à condition
information de leurs bonnes vie & mœurs , fans toute toutefois de se faire immatriculer au Greffe des Jus
fois que pour ce nofdits Lieutenans ou Conseillers tices Royales où les appellations desdites Justices
du Siège puissent prendre aucune chose pour leur des Seigneurs se relèvent , le tout à peine de faux
vacation. Enjoignons à tous Hauts-Justiciers sala & de cinq cens livres d'Amende ; 8c à l'égard de
rier leurs Officiers de gages honnêtes , faire admi ceux des Officiers des Seigneurs , qui ont été ci-
nistrer Justice en lieu certain , & avoir Prisons sû devant pourvus & exercé lefdits Offices fans s'être
res , lesquelles , d'autant qu'elles ne doivent servir fait recevoir ou immatriculer en nosdites Cours ou
que pour la garde des Prisonniers , nous défendons Jurisdictions , Nous les en avons , par grâce spé
ôtre faites plus basses que le rez-de-chaussée. Ord. ciale , & sans tirer à conséquence , dispensé & dis
d'Orléans , art. 55. pensons , au moyen de la finance qui Nous fera
par eux payée quinzaine après la signification des
Présentes , fur les quittances du Garde de notre
(}) LoUIS , &c. Comme fa distribution de la Trésor Royal , & les deux sols pour livre , sarcel
Justice est une des principales obligations dont les les du Commis préposé par Nous à faire ledit re
Rois font redevables envers leurs Peuples : Nous couvrement , conformément au tarifattaché sous
avons toujours donné une application particulière le contre-fcel des Préfentes ; à quoi faire ils feront
à réprimer les abus qui s'y commettent , & à éta contraints comme pour nos propres deniers 8c af
blir des Régies , fur lesquelles les Juges qui la ren faires : Voulons 6c Nous plaît , que les Juges qui
dent , & les Officiers qui font les actes nécessaires se feront recevoir à l'avenir, & les autres Officiers
pour l'instruction des Procès , puissent se conduire immatriculés fur les Commissions ou Mandemens
à l'avenir ; & l'expérience Nous ayant fait con- desdits Seigneurs, payent pour les frais de réception
noître que les plus grands désordres qui s'y étoient & droits d'enregistrement , tant à nos Juges , Pro
glissés , provenoient de la licence que des Particu cureurs Généraux, ou Substituts, que Greffiers, les
liers fans caractère se donnoient d'instrumenter droits portés par le Tarif, qui en sera pareillement
dans les Jurisdictions , & d'autres même qui , non fait & attaché sous le contre-fcel des Présentes ;
obstant les décrets & les interdictions prononcés leurs faisons défenses de prendre davantage , & à
.contr'eux , ne laissoient pas de continuer leurs toutes personnes de contrevenir à ce que dessus ï
fonctions ; en forte que les Actes qu'ils faisoient Enjoignons à nos Procureurs-Généraux desdites
étant souvent déclarés nuls , il s'est trouvé que Cours » & à leurs Substituts de tenir la main cha
beaucoup de nos Sujets qui étoient bien fondés , en cun dans son Ressort , à ce que les Présentes soient
ont dansla forme été entièrement ruinés. C'est pour exécutées selon leur forme 6c teneur. Si donnons
remédier à ces abus, que les Juges de nos Bailliages, EN MANDEMENT , &c. . . . Edit du mois de Mars
.Présidiaux , Sénéchaussées & Prévôtés , font obli- 1693.
-gés de se faire recevoir en nos Cours & Jurisdic
tions , &C les Huissiers & Sergens de s'y faire imma I X.
triculer , ôcd'en faire mention dans les Actes qu'ils
rbnt,afin que,par cette formalité, les Juges & le Pu
4°. Mais ce n'est point encore assez , 9. Droit
blic connoissent ceux fur la foi desquels ils peuvent
se reposer. Et comme Nous sommes informés que pour pouvoir être Juge en matière crimi de Glaive;
ces abus se commettent encore avec plus de liberté nelle , d'avoir les capacités dont nous caractère distinctif
dans les Jurisdictions Seigneuriales de notre Royau venons de parler ; il faut encore , comme du Juge
me , par la négligence des Seigneurs, qui souffrent nous l'avons dit , avoir le Droit de Glaive , Criminel ;
que la Justice y soit rendue par des personnes fans ou autrement le Droit de Sang, en vertu Juges ne Pont
qui
capacité, & quelquefois même fans être pourvues
duquel il puisse punir les Coupables des point.
de leurs Commissions ou de leurs Mandemens ,
ce qui ne seroit pas si commun , fi les Ordonnances Crimes qui lui font déférés ; parce qu'en
des Rois nos Prédécesseurs avoient été exécutées , effet , il y a de certains Juges auxquels nos
particulièrement celle d'Orléans , art. 5 5 , qui veut Loix ont refusé absolument ce pouvoir , tels
que tous les Officiers des Jurisdictions subalternes, que font les Juges ô Consuls , les Moyens
& des Seigneurs Hauts-Justiciers , soient examinés
ô Bas Jujîiciers : il y en a d'autres auxquels
avant que d'être reçus par le Lieutenant-Général
du Bailliage ou autre Jug« de la Justice Royale , elles ne l'accordent que dans de certains
dans l'étenducie laquelle laJustice Seigneui iale est cas , comme font les Lieutenans-Généraux
située, & l'art. 89 de la même Ordonnance , qui des Bailliages , qui ne peuvent connoître
■défend de recevoir aucuns Sergens fans inquisition
des matières criminelles , que lorsqu'elles
préalable : A quoi désirant pourvoir , 6c faire en
font incidentes aux procès Civils (i£ :>
sorte que dans les Jurisdictions Seigneuriales , la
Justice n'y soit administrée à l'avenir que par des
(1) Tous Juges , à la réserve des Juges & Con
personnes dont l'état soit certain , & probité con*- suls , & des moyens &bas Justiciers , pourront con-
DU JUGE CRIMINEL, EN GÉNÉRAL, &c. 485
noître des Inscriptions de Faux incidentes aux affai- c'est ici le point le plus important en cette
res pendantes pardevant eux , & des Rebellions matière, fuivant Ja maxime, qui veut qu'il
commues a 1 exécution de leurs Jueemens. Ord. de , . . , « «A» i
1670 , tìt. 1 , art. 20. n y ut pomt de plus grand defaut dans un
Juge , que le défaut de pouvoir ; tellement
X. que l'Ordonnançe a cru devoir en faire
l'objet de son premier Titre : c'est aussi ,
»o. Sur Çe n'est pas tout ; indépendamment du par la même raison , que nous croyons 4e-
^^|P^lfc Droit de Glaive y qiii est nécessaire- pour voir en faire ici un article séparé , en don-
ce drok , juger en matière criminelle , il faut encorç , nant d'abord , dans les deux Chapitres fui-
°"|*com" comme nous Tavon» dit , que les Cas par- vans , une notion générale des causes qui
§u Juge ; (iculiers fur lesquels le Juge veut exercer peuvent produire ou faire ceíîèr cette
point im- ce Droit , soient du nombre de ceux dont Compétence ; & en comprenant ensuite ,
Seneat? la connoissance lui est attribuée , ou du sous un Titre particulier , les différens cas
«ère. moins ne lui est pas interdite expressément fur lesquels elle peut s'exercer , par cha-
par les Ordonnances > & c'est cette con- cune des différentes espèces de Juridictions
noissance qui forme ce Droit particulier Criminelles qui font connues dans ce
qu'on appelle COMPÉTENCE. Or , comme Royaume.

CHAPITRE PREMIER.

De la Compétence des Juges en matiere Criminelle , & des Causes qui fervent
à V'etablir.

SOMMAIRES.

1 . Qu'efl-cè que la Compétence, en Matiere 4. Qualité de l'Accufé ; troisième cause de


Criminelle ? Compétence ; exemples des différens Pri-
2. Juge du lieu du Délit ; pourquoi pré- vileges a cet égard.
féré ; & ce qu'on doit entendre fous ce 5. Connexité des matières ; quatrième ex-
nom. ' ception k la Règle , en faveur du Juge
3. Nature du Crime ; autre cause deCom- du lieu du Délit ; ce qu'on doit entendre
pétence ; cas où elle peut avoir lieu. par-là.

I.

1. Qu'est- La Compétence en Matiere Criminelle, Juge du lieu du Délit , fur celui du Domi-
Compé-1* e^ *e Dr0^ qu'ont certains Juges de con- eile , que lorsqu^e l'Accufé avoit été arrêté
tence en noître de certains Crimes , ou de certains dans le lieu même où il avoit commis le
Criminel- Accusés , par préférence & à l'exclusion de Crime. On conçoit assez d'ailleurs les mô
le ? tous autres. Elle s'établit de quatre ma- tifs particuliers qui ont «Jonné lieu à l'éta-
nieres , suivant nos Loix ; par le lieu du blissement de cette Règle ; sçavoir , d'une
Délit y par la nature du Crime , par la qua- part , la plus grande facilité d'acquérir les
lité des Personnes , & enfin par la connexité preuves du Crime (6) ; & de l'autre , la plus
des accusations : Ratione Loci , Materu , grande utilité pour le bien public , par
Perfonx & Connexitatis. , l'exemple de la punition du Coupable ;
à qyoi l'on peut ajouter la consolation par-
j j ) táculiere de ceux qui ont souffert de son
u ■ ■, c-'-t j Crime (7). L'on doit entendre auffi , par lieu
-.ï/. • • 1 ^ r ,/ du D élit, celui de la Capture de l'Accufé ,
•êÙiâfu * * N°ÏS í^005 ^îí ComPétenceTs ë" lorsqu'il s'agit de ces sortes de Crimes que
Détit, tablit pal-le Lieu DU Délit ratione Loct. ^ faM & continus , parce
pourquoi Telle est la Régie générale que nous ^ g er Jétuent d-un ^ à un autre
« quw trouvons étabhe par 1 article premier du ^mme y [e R Cest ainsi ^ a été
*XsTe'Tl*ep^^ décidé par MM. les Commissaires , lors de

k singulièrement celle de 1 art. : 3 5


donnance de Moulins (4) , par lequel a "7 w -œ 1 r ■ a , .„
, , , » t» r ■ t ti- 11 j t> r ( 1 ) La connoissance des Crimes appartiendra aux
été abrogé 1 usage etabh par celle de Rouf- Ju^es' dcs lieux ou ils auront été commiSi 0rd, dt
sillon (5) , de ne donner la préférence au ^-j0, tlt. 1. art. 1.
486 LES LOIX CRIMIN ELLES , Liv. I. Tit. I. [
(i) Scrvos puniendos ubi deliquisse arguantur ,
dominumque eorum , si velit eos defendere , non I V.
polfe revocare in Provinciam suam , sed ibi opor- ■
terc defendere ubi^dclinqueriut. L. 7. Js. q- js. de
Accusât. 30. La Compétence se règle encore quel- 4.Quali-
quefois par la Qualité DES Accusés , ra-
( 1) Ibi semper causâ agatur , ubi Crimen ad-
mittitur. Can. i , caus. 3 , qu. 6. tione Perfon* , c'est-à-dire , qu'il y a des sieme cau-
Accufés qui ne peuvent être jugés que par de fe^C001*
(4) En déclarant & ajoutant à nos précédentes
Ordonnances , voulons que la connoi/Tance des certains Juges , pardevant lesquels ils peu- exemples
Délits appartienne aux Juges des lieux où ils au vent demander d'être renvoyés , ou être re- des °'?é"
,. , 1 r» • /,- rensPnyi-
ront été commis , nonobstant que le prisonnier ne vendiques par les Parties publiques , comme ieges à cet
soit surpris en flagrant délit , & fera tenu le Juge sont par exemple , les Ecclésiastiques , & les
du domicile renvoyer le délinquant au lieu du Dé
lit , s'il en est requis. Ord. de Moulins , art. 35. Militaires , dont nous venons de parler. Nous
voulons parler aussi des Privilèges qu'ont
(5 ) Si le Délinquant est pris au lieu du Délit ,
les Ducs & Pairs , &les Officiers des Cours
son procès fera fait & jugé en la Jurifdiction où le
Délit aura été commis , fans que le Juge soit tenu Supérieures , de ne pouvoir , lorsqu'ils font
le renvoyer en autre Jurisdictien dont YAccusé ou accusés , être jugés que par leurs propres
le prisonnier se prétendra domicilié. Ord. de Rous Cours , toutes les Chambres assemblées ,
silion , art. 19.
à l'exception seulement de ceux de la
(6) Ubi instructio sufficiens & nota testimonia Chambre des Comptes, qui, suivant une
& veriíîìma pcJfunt argumenta praestari. L. 2. C. Ubi disposition particulière de l'Ordonnance ,
de ratioein. tam publ. q. privât, agi opp.
doivent être jugés en la Grand'Chambre
(7J Ut & conspectu deterreantur alii ab eisdem du Parlement de Paris. Nous comprenons
facinoribus , & solatio fit cognatis&affinibus inter-
aussi , dans le nombre des Accusés privilé-
remptorum , eodem loco Pœna reddita in quo la-
trones homicidia fecistent. L. 28. Js. 25 , Js. de fiés , les Gentilshommes , & les Officiers de
ïcenis. ustice , qui , comme nous le verrons , ont
le droit particulier d'être jugés , en matière
I I I. criminelle , par les Grand'Chambres des
Parlemens dont ils ressortissent; les Juges
de la Prévôté de l'Hôtel , qui ne peuvent
j. Nature 20. La Compétence s'établit aussi , comme
l'être que par le Grand-Conseil ; les Juges
íutíîcTJ nousl'avons dit, par la Nature du Crime ,
de l'Election & du Grenier à Sel , que par
se de Com- ratione Materis. , parce qu'en effet il y a la Cour des Aides ; les Prévôts Généraux
enobdîe ^e certa*nS Crimes dont la connoissance des Monnoies , que par la Cour des Mon-
peut avoir est attribuée à des Tribunaux particuliers , noies j les Officiers des Eaux 8c Forêts' ,
exclusivement à d'autres. Ainsi , par exem que par le plus prochain Présidial de leur
ple , le Crime de Lese-Majesté au premier Ressort ; les Officiers de Maréchaussée ,
chef ne peut , comme nous l'avons dit en que par les Juges de la Connétablie ; &
traitant de ce Crime , être jugé ailleurs ainsi des autres Juges Subalternes qui ne . ,
que dans les Parlemens , de même que les sont justiciables que des Tribunaux d'ou
Duels, lorsqu'ils sont commis dans des ils ressortissent, & où ils ont été reçus.
Villes où ces Parlemens tiennent leurs
Séances. Nous verrons aussi , dans un mo
ment , qu'il y a de certains Crimes qui ne
peuvent être jugés que par des Baillifs &
Sénéchaux, & qui forment ce qu'on ap 40. Enfin , nous avons dit que la Com Con
pelle Cas Royaux ; & qu'il y en a d'autres pétence pouvoit aufli s'établir par la CoN- nexité d(S
matières ;
qui ne peuvent l'être que par les Prévôts NEXITÉ , ratione Connexitaûs. Ainsi , par quatrième
des Maréchaux & des Présidiaux , & qui exemple , le Juge pardevant lequel est exception
à la règle
font appellés par cette raison Cas Prévô- portée l'accufation d'un Crime , peut con- en faveur,
taux & Préjìdiaux ; & qu'il y en a enfin noître incidemment des autres Crimes dont du Juge du
lieu du
qui n'ont ni l'une ni l'autre de ces quali ce même Accusé se trouve coupable; il Délit; c«
tés , & qui sont connus , tantôt fous le nom peut connoître aussi de tous les Complices qu'on doit
de simples Cas ordinaires , parce que la de cet Accusé , & cela , sur le fondement entendre
par-là, [
connoissance en appartient à tous Juges de la maxime Ne dlvidatur contìnentia.
.-„.. ''-3
Ordinaires du lieu du Délit , cérame sont Caufii C'est aussi conformément à cette ■ ■ 1
les Prévôts Royaux & les Juges Seigneu maxime , qu'en fait de Faux , qui se com-
riaux ; & tantôt fous les noms de Délits m's%,;- incidemment >. ou par la Partie quz
Militaires , de Délits Eccléfìafliques , & produit une Piece faussé dans les Procès
Privilégiés , qui ont aussi leurs Juges par Civils , ou par les Témoins qui déposent
ticuliers , comme nous le verrons en trai faux , tant en matière civile que crimi
tant de ces fortes de Jurifdictions. nelle , les Accusés sont tenus de procéder
L EN GÉNÉRAL, T&c. 487
DU JUGE CRIMINE
devant le Juge saisi du Procès principal , comme nous Pavons vu , autorisés par
fans pouvoir demander^ leur renvoi parde- POrdonnance, à connoître de la Rébel
vant le Juge du lieu du Délit. II en est de lion faite à Pexécution de leurs Jugemens.
même à Pégard des Subornateurs , & des
V. au surplus ce qui sera dit en traitant de la Ju
Accusateurs qui font poursuivis pour Ca ridiction Prévotale , relativement aux cas particu
lomnie. Enfin, c'est encore par une fuite liers où les Prévôt» des Maréchaux pèuyent , eu
de cette maxime , que tous Juges , à la vertu de la connexité , connoître des cas ordinaires
d'après la dispolit ion de l'art. 23 du tit. 2 de l'Or-
réserve feulement des Juges - Consuls , donuance , & des art. 17 & 18 de la Déclaration
& des Moyens & Bas Justiciers , font , du 5 Février 1731.

CHAPITRE SECOND.

Des Causes qui font cejfer la Compétence en matière Criminelle ; ou de la.


Demande en Renvoi , de la P rêvent ion , Récusation , Prise
a Partie, Evo cation , Règlement de Juges.

§. I. De la Demande en Renvoi.

SOMMAIRES.

1 . Deux fortes d'Incompétences. 5 . Temps où doit se faire le Renvoi. '


Incompétence absolue ; ce que c'est. 6. Manière de procéder au Renvoi ; cas
3 . Incompétence respective ; cas où elle a particulier où les Minutes doivent être
lieu. renvoyées.
4. Par qui le Renvoi peut être demandé ; 7. Manière de pourvoir aux frais du Procès
différence entre les Parties publiques & Criminel.
privées fur ce point. 1

I.
\. Deux (^ETTE Demande a lieu , toutes les fois que Ions parler de celle qui n'a lieu que rela- respectí-
fortes d in- . T 1 . , rr ■ • tivement à de certaines Matières & à de yJ,ì °,
compéten-le Juge pardevant lequel une affaire cn- _ # elle a lieu.
«*• minelle est portée , est , ou devient incom certaines Personnes , dont la connoinance
pétent d'en connoître. Sur quoi il faut dis a été réservée spécialement à d'autres Juges
tinguer, avec les Auteurs, deux fortes que celui qui veut en connoître , quoique
d'Incompétences, l'une absolue & l'autre celui-ci ait d'ailleurs les capacités néces
respective. saires pour connoître des Matières Crimi
I I. nelles en général. Nous aurons lieu d'en
donner des exemples particuliers , en trai
a.Incom- Nous appelions absolue , Pincompétence
tant de la Compétence des différentes Ju
pé^nce qui résolte de Pincapacité inhérente dans la
ridictions Criminelles de ce Royaume.
que c'est. Personne même du Juge, de connoître des
L'on peut austì rapporter à cette Incompé
matières criminelles en général , soit par le
tence respective , celle des Juges auxquels
défaut des qualités & conditions que nous
la connoissance de certaines personnes a
avons dit être nécefl'aires pour former une
été absolument interdite par nos Loix ,
Jurisdiclion Criminelle , soit par l'exclusion
comme sont les Juges Seigneuriaux , rela
formelle prononcée par la Loi contre cer
tivement aux Matières Criminelles de leurs
tains Juges , de connoître ces fortes de
Seigneurs ; les Prévôts des Maréchaux ,
matières , comme font les Juges-Consuls
relativement à celles des Ecclésiastiques ;
& les Moyens & Bas-Justiciers } soit enfin
& tous autres Juges , soit Royaux , soit
par le défaut d'aptitude de devenir jamais
Ordinaires , lorsqu'il s'agit de Délits pure
Compétent , comme n'étant ni Juge du
ment Ecclésiastiques , ou Militaires.
lieu du Délit , ni celui de la capture du
domicile , ou du privilège de PAccufé ; & (1) N'entendons néanmoins exclure les Juges des
n'étant d'ailleurs fondé fur aucune des Seigneurs de connoître de tout ce qui concerne les
causes que nous avons dit être nécessaires domaines , droits & revenus ordinaires... Et à l'égard
des autres actions où le Seigneur fera partie ou in
pour établir la Compétence , ratione Loci , téressé , le Juge n'en pourra connoître. O r d. de
Materi.e , Person* , & Connexitatis. l66j , tit. 24 . art. xi.
I II. (2) Les Ecclésiastiques ne seront sujets en aucun
cas , ni pour quelque Crime que ce puisse être , à
pétenc»11" Par Incompétence respective , nous vou- la Jurisdiction des Prévôts des Maréchaux , ou Ju-


LES LOIX CRIMINELLES, Liv. I. Tìt. I.
488
ges Présidiaux.en dernier Ressort. Déct. du 5 Fi
vrítr 17 il , art. xi. "V- VL
Enfin , quant à la manière de procéder 6. Manîe-
I V. ensuite de ce Renvoi , la même Loi pres- céder1"™
crit deux formalités rèmarquables à ce Renvoi-,
4. Par qui Mais dans le cas où la demande en íùjet : la première consiste en ce que , si cuiierT"'^
le Renvoi Renvoi peut avoir lieu , par qui doit-elle en conséquence de ce Renvoi , il est or- les minu-
peut être donné , par le Juge à qui il est fait , que d?J~e
demandé ; être formée , dans quel temps & comment
différence doit-il être procédé en cette matière ? Nous le Procès & l'Accusé lui seront envoyés , envoyées,
entre les le Juge qui renvoie est tenu de satisfaire à
Parties pu trouvons , dans le Titre premier de l'Or-
bliques & donnance , des dispositions préciíès fur ces l'une & à l'autre de ces demandes , à la
privéesíur trois points. D'abord, quant aux Personnes réserve seulement qu'au lieu des Minutes
çe point.
qui peuvent former cette- demande , l'Or- de la Procédure , il doit se contenter de
donnance y admet également les Parties n'envoyer que les Grosses ( 1 ) , si ce n'est
privées ( comme font ï'Accufateur & l'Ac dans les deux cas de YInscription de Faux
cusé ) & les Parties publiques , ( c'est-à- & de la Prévarication des Juges , qui se
dire , les Procureurs du Roi^ ou Fiscaux ) : trouvent formellement exceptés par une
mais avec cette différence néanmoins , qu'au Loi particulière , intervenue en 1681 (2),
lieu qu'elle permet à ces Parties publiques qui n'avoit d'abord été envoyée qu'au
de pouvoir requérir ce Renvoi en tout Parlement de Toulouse , & qui est devenue
état de cause , les Parties privées ne peu ensuite générale pour tout le Royaume,
vent plus être reçues à le demander , après
(1) Les grosses des informations & artres pieces
un certain temps qu'elle a déterminé ; fça- & procédures qui composent le procès , 011 qui au
voir , pour le Plaignant , dès le moment ront été jointes , ensemble toutes les informations ,
qu'il, a rendu plainte devant le Juge , qu'il pieces & procédures faites pardevant tous autres
Juges , concernant l'Accusation , seront portées au
voudroit ensuite décliner & pour Greffe du Juge pardevant lequel l'Accusé sera tra
VAccusé, depuis qu'il a entendu la lecture duit , s'il est ainsi par lui ordonné.
du premier Témoin, qui lui est faite lors
de la confrontation (z). Ce qui ne doit (i) LOUIS , &c. Nous avons été informés qu'il est
s'entendre néanmoins , dans ces deux der en usage eu notre Cour de Parlement de Toulouse
que dans les procès criminels qui s'y poursuivent
niers cas, que lorsque le Juge à qui l'on >ar appel des procédures ou Jugemens définitifs des
demande le Renvoi , n'est pas absolument Iuges ordinaires 8t subalternes , l'on fait apporter
Incompétent , parce qu'il n'est pas au pou au Greffe criminel de notredite Cour les origi
voir d'une Partie de donner , par son ac naux des plaintes , informations , ricolemens , con
frontations , 6» de toutes les Procidures qui ont ctá
quiescement , un droit de Jurischction à un faites par lesdits Juges ordinaires & subalternes ;
Juge qui n'en a point. & parce que l'expérience a souvent fait voir qu'il
en est arrivé de grands inconvéniens à la Justice ,
soit parce que ceux qui ont été chargés desdites
(1) Celui qui aura rendu sa plainte devant un
procédures , n'ayant pas pris les précautions néces
Juge , ne pourra demauder le Renvoi devant un au
saires pour les conserver , les ont égarées , ou partie
tre, encore qu'il soit Juge du lieu du Délit. Ord.
d'icelles , soit que bien souvent lesdites procédures
de 1670 , tit. 1 . art. 2. leur ont été enlevées par les Parties intéressées.
(2) L'Accusé ne pourra aufìî demander son renvoi A quoi voulant pourvoir & contribuer de tous nos
après que lecture lui aura été faite de la déposition soins pour faire rendre justice à nos Sujets ; sçavoir
d'un Témoin lors de la confrontation. Mime Ord. faisons que Nous , &c. voulons & nous plaît que les
art. 3. ibid. originaux des procédures faites par uos Juges or
dinaires, ou Juges des Seigneurs , pour crimes de
V. quelque nature & qualité qu'ils soient , dans Yé-
tendue du Ressort du Parlement de Toulouse, de
meureront toujours ès Greffes desdits Sièges , fans
5. Temps A l'égard du Temps où doit se faire ce qu'en aucun cas , 5c sous quelque prétexte que
fafre0 íese Renv°i > l'Ordonnance veut" que ce soit ce puisse être , notredite Cour puisse ordonner la
Renvoi, dans les trois jours après qu'il a été de remise au Greffe criminel de ladite Cour , mais
simplement des grosses, dont fera expressément fait
mandé , à peine de nulbté des Procédures mention dans les Arrêts ou Commissions qui s'ex
faites depuis la réquisition, d'interdiction pédieront en la Chancellerie près notredite Cour.
contre les Juges , & des Dommages & Pourra néanmoins notredite Cour , ordonner la re
mise des originaux desdites procédures lorsqu'elles
Intérêts des Parties.
seront arguées de faux , ou que les Juges qui les
auront faites seront accusés dt prévarication. Si
( 1) Les premiers Juges seront tenus de renvoyer donnons en Mandement , &c. Décl. du 15 Juillet
le procès & les Accusés qui ne seront de leur 1681.
compétence pardevant les Juges qui en doivent VII.
connoître , dans trois jours après qu'ils en auront
Vautre formalité prescrite par la même 7".M,oJ^
été requis , à peine de nullité des procédures faites
depuis la réquisition , d'interdiction de leurs Char Loi , au Juge par qui le Renvoi est fait , voirPaux
ges , des dommages & intérêts des Parties qui en c'est de pourvoir en même temps aux frais frais du
auront demandé le Renvoi. Ord. de \6j6. tit. 1.
du port des Procédures & de la Translation CrimineL
art. 54.
du
0

DU JUGE CRI MINE L EN GÉNÉRAL,&c. 489


du Prisonnier, en délivrant un Exécutoire rifdiction qui en devra connoître \ & pour cet esset
fera délivré exécutoire pour le Juge qui en aura
d'abord contre la Partie civile, s'il y en
ordonné lc renvoi ou le port des Charges & Infor
a une ; & s'il n'y en a point , ou qu'elle soit mations. ÛRD.dt \66y.tit. i.art.6.
insolvable , contre le Seigneur de la Juris-
diction qui en doit connoître , ou contre VIII.
le Receveur du Domaine du Roi. Nous Au reste , ce n'est pas seulement , comme
avons vu , en traitant des Frais du Procès nous l'avons annoncé , par la Demande en
Criminel , sous le Titre des Veine* pécut Renvoi qu'un Juge, qui n'est point d'ailleurs
niaires , les Cas particuliers où les Sei absolument incompétent, peut être dépouillé
gneurs sont dispensés d'avancer ces sortes de la connoissance d'un Procès Criminel
de frais. Nous avons auflì observé en même dont il est saisi* : nous allons voir qu'il peut
temps ceux où l'Accusé pouvoit être obligé l'être encore de plusieurs autres manières
de les avancer lui-même , dans le nombre qui font également cesièr fa Compétence ;
desquels on peut comprendre ceux qu'il fçavoir , ou par l'on propre fait , Comme lors
emploieroità faire valoir son privilège en qu'il se laisse prévenir par un autre Juge ,
cette matière. ou qu'il s'est rendu suspect aux Parties , &
s'est mis dans les cas de la Kécusation &
(i) Les frais pour la translation du Prisonnier , de la Prise à Punie , ou bien par le fait
je port des Informations Sc Procédures feront faits
par Ja Partie civile s'il y en a j sinon par le Rece du Prince , comme en fait d'Evocation &
veur de notre Domaine ou du Seigneur de la Ju- de Règlement des Juges.

§. II. De la Prévention. .'•

SOMMAIRES.

1 . Ce qu'on entend par Prévention. nance a ce sujet.


z . En auoi elle dijsere de la Concurrence. 4. Motifs de cette Loi , expliqués par
3. Trois maximes établies par l'Ordon- M. Pussort.

I.
1. ce On appelle P revention , en matière Cri- origine commune , par leur émanation di
t^nd" pâ*r" minelle , le Droit particulier qu'a un Juge recte de l'autorité Royale. En sorte que si par
Préven- de connoître d'un Crime , dont la connoif- le premier de ces articles où elle exclut la
sance appartient auflì à un autre qui s'en Prévention entre ces Juges , l'Ordonnance
est laissé dépouiller par l'estet de fa négli admet les Bailliss & Sénéchaux à Connoître
gence à informer & décréter dans le temps des accusations portées devant les Prévôts
prescrit par l'Ordonnance. Royaux , lorsque ceux-ci ont négligé d'in
former & décréter dans les trois jours
I I.
depuis le Crime commis ( 1 ) ; c'est alors moins
1. En quoi La Prévention diffère par conséquent de par l'estet de la Prévention que par celui
dela co"- ce *îue ^on apPe^e Concurrence , qui est de la Dévolution qui s'opère en leur faveur ,
currence. le droit qu'ont divers Juges de connoître de la même manière que celle autorisée
concurremment du même Crime ; tellement par le Droit Canonique en matieré de
que celui qui en est saisi le premier en de Collation de Bénéfices. Une autre maxime
meure Juge , pourvu qu'il ait informé & établie par l'Ordonnance à ce lujet , c'est
décrété avant l'autre , ou le même jour. que de même qu'elle exclut la Prévention
entre les Juges Royaux , elle veut auslî
III. que cette exclusion ait également lieu entre
3. Troi$ II est parlé de la Prévention dans les art. 7, les Juges des Seigneurs , encore même que
maiimes 8 & o du tit. i de l'Ordonnance de 1 670 , où celui de ces Juges qui voudroit l'exercer
«rabhes „ < ... . , / C
par l'Or- elle etabht trois maximes remarquables a ce feroit supérieur & Juge de Ressort de l'au
donnance sujet. La première , que les Juges Royaux tre (2); ce qui vient pareillement de l'égalité
" ' ( parmi lesquels sont compris , tant ceux de leur origine. Enfin une troisième maxime
connus sous le nom de Bailliss & Séné établie par cette Loi, c'est qu'en même
chaux , que ceux qu'on appelle Prévôts temps qu'elle autorise la Prévention sur
Royaux , & qui , comme relsortissans aux les Juges des Seigneurs qui ont négligé
premiers , sont qualifiés par la même Loi d'informer & décréter dans les vingt-quatre
de Juges Royaux Subalternes ) n'ont point heures , elle n'accorde ce droit qu'aux seuls
de Prévention entr'eux ; c'est-à-dire , qu'ils Bailliss 6c Sénéchaux , & en exclut con
ne peuvent exercer ce droit les uns fur les séquemment les Prévôts Royaux. A la vérité
autres, par la raison qu'ils ont tous uae elle ajoute à la fin du même article ces
Qqq
49o LES LOIX CRIMIN1 LLES , Liv, I. Ïit. I.' : «:
deux exceptions remarquables ; Yune en nelle... . L' Absolue est celle qui se fait sans reven
dication , comme dans les Coutumes de Verman-
faveur de certaines Coutumes qui autorisent
dois , Senlis , Compiégne & autres ; & la Condi
les Prévôts Royaux à user de ce droit tionnelle , à la charge de revendication , comme
envers les Juges des Seigneurs ; Yautre en dans Anjou , Touraine , le Maine , Poitou & au
faveur de l'usage établi au Châtelet de tres j&même dans aucunes de celles-ci , il faut
que le Seigueur revendique lui-même. . . . Les Ju
Paris (3). ges Royaux vont plus avant , & sont autorisés par
les Arrêts contre les Juges des Seigneurs : ainsi il
(1) Nos Juges n'auront aucune Prévention entre est vrai de dire , que cette disposition ne résiste
eux : au cas néanmoins que trois jours après le Cri point à l'esprit général du Royaume. ... La Pré
me commis , nos Juges ordinaires n'aient informé & vention , non - seulement a lieu dans la Ville &
décrété , les Juges Supérieurs pourront en connoî- Fauxbourgs de Paris , mais encore dans toute l'é-
tre. Ord. de 1670 , tit. L. art. 7. 1 tendue de la Prévôté de Rheims , dans laquelle le
Lieutenant-Criminel prévient toujours le Juge de
(2) Ce que nous entendons avoir lieu entre les l'Archevêché , quoique ce soit la première Pairie
Juges des Seigneurs , encore que celui qui auroit de France ; & la plus grande partie de l'Etat s'en
prévenu fût Juge Supérieur ti de Reisort de l'autre. trouve bien , parce que la plupart des Juges des
V. art. 8. ibid. , Seigneurs étant fans aucune capacité , les crimes
demeurent impunis ou par leur foiblesse , ou
(3) Nos Baillifs & Sénéchaux ne pourront pré par l'autorité des Seigneurs , dont ils dépendent
venir les Juges Subalternes & non Royaux de leur absolument. La Justice est incomparablement
Reisort, s'ils ont informé & décrété dans les vingt- mieux rendue , & avec plus de sévérité & de dé
quatre heures après le Crime commis. N'enten cence , par les Juges Royaux Les Seigneurs
dons néanmoins déroger aux Coutumes à ce con souffrent peu de cette Prévention , la Justice leur
traires , ni à l'usage de notre Châtelet de Paris. étant onéreuse , par les frais qu'ils font obligés
V. art. 9. ibid. de faire pour l'instruction des Procès des Accusés ,
& pour l'exécution des Condamnés ; & à l'égard
I V. des droits utiles qu'ils en pourroient retirer , par
les Adjudications d'amendes & par les confiica-
tions , il n'est pa? nécessaire que les Procès soient
4. Motifs Nous ne croyons pouvoir donner une jugés par leurs Officiers pour les emporter , par
'oiexpfi- P*us íu^e ^ P^us P/^cise ^es Motifs ce que c'est une fuite de la Mouvance & du Res
[ués par particuliers qui ont donné lieu à l'établiste- sort. . . . Que les Justices des Seigneurs sont ou mê
Á' Pus" ment de la Prévention accordée par ce lées avec celle du Roi , ou elles en font séparées :
si elles en sont séparées , 6c établies dans des lieux
dernier article aux Baillifs & Sénéchaux différens , les Juges des Seigneurs peuvent aisé
fur les Juges des Seigneurs , ainsi qu'aux ment prévenir, & s'ils ne le font pas , ils doivent
Exceptions portées par ce même article en s'imputer leur négligence; que si elles sont mêlées ,
c'est aux Officiers à veiller à leur devoir ; & loris- -
faveur de certaines Coutumes , & de l'usage
que le Roi a établi des Juges Royaux , ce ne peut
du Châtelet dont nous venons de parler , avoir été qu'à condition qu'il n'y auroit pas entr'etix
qu'en rapportant ici la Réponse du célèbre de concurrence , mais que la prévention appartien- -
M. PUSSORT aux objections qui lui furent droit à ses Officiers : il y auroit même de grands
inconvéniens que le Juge d'un Seigneur pût con-
faites íùr tous ces points 4e la part des noître du différend de ses enfans , de fa famille &
autres Commissaires , lors du Procès-Verbal de ses domestiques. . . . Quant aux Ordonnances,
de- Conférence fur ce même article dont celles qui ont été ci dessus rapportées ne défendent
pas la prévention ; mais elles confirment chacun
elle détermina la rédaction. Nous verrons
dans son droit. . . . L'on pourroit dire davantage ,
au surplus ( en traitant de la Jurisdiction & faire une grande distinction entre la Justice Ci
Prévôtale ) que les Baillifs. & Sénéchaux vile & la Justice Criminelle. La Civile a píi passer
n'ont pas seulement le droit de Prévention pour patrimoniale, & c'est le fondement de toutes
les Ordonnances qui ont été alléguées ; mais quant
sur les Juges des Seigneurs» mais encore à la Criminelle , elle est d'une nature bien diffé
fur les. Prévôts des Maréchaux lorsqu'ils rente : la véritable propriété de cette Justice , qui
ont informé & décrété avant ceux-ci , ou s'appelle jus gladii , est un droit de sang sur les Su
jets du Roi , résidant , à proprement parler , en la
le même jour*. Nous verrons austì en même
main de Sa Majesté , qui le communique à íes Offi
temps , que tel est l'avantage des Baillifs & ciers. ... Le Roi énerve souvent la Justice Civile
Sénéchaux en cette matière » que la Pré des Seigneurs , quoique patrimoniale, par la con
vention doit également avoir lieu à leur cession des Committimus , q*i soustrait à ces Jus
tices Seigneuriales leurs principales matières , &
profit par l'effet de la diligence des Juges qui font plus naturellement de leur compétence j il
de Seigneurs & des Prévôts Royaux qui semble qu'il y a- bien plus de raison , que les Offi
auróient informé ou ^décrété avant ces ciers du Roi aient du moins la prévention dans les
affaires Criminelles , dont la vengeance appartient
fnêmes Prévôts. :
particulièrement au Souverain , comme étant un
Droit Régalien de fa Couronne , qu'il n'est jamais
M. Pussort a dit , que comme il n'y a rien qui présumé abandonner entièrement-, cn sorte que le«
forme plus de contestations que les Préventions , concessions qui ont été faites des sautes-Justices à
qui retombent toujours fur les Parties , aussi le ses Sujets , ne s'entendent avoir été faites qu'à ectre
Roi s'est particulièrement appliqué à en arrêter le condition, que ses Officiers pourront toujours exer
cours. Mais encore que cela ait été décidé par cer la Justice , si les Officiers des Seigneurs ne sont
le Droit Civil & Canonique , néanmoins il se pas assez diligens défaire leur devoir. Qu'en effet ,
trouve un titre de supp/enda negligentia Prcèlato- lors de la réformation de La Coutume de Paris en
rum , qui est le titre ro du premier Livre des Dé 1579 , les trois Etats ayaut . rédigé les articles en
crétâtes. . . . Qu'en France il y a deux sortes de leur faveur j pour rétablissement dé ces Justices, ils
Préventions , l'une Absolue , & l'autre Condition- furentréjéttés, fans- qirér'lss Commissaires voulussent

*
DU JUGÉ CRIMINE L EN GÉNÉRAL, &c. 491
permettre qu'il ea fût fait mention dans leur Pro mandois ; mais cela prouve clairement qu'on n'a
cès-Verbal Qu'an surplus , Ja Jurisprudence pas toujours si favorablement considère les Justices
de ces préventions n'est pas si inconnue au Parle particulières des Seigneurs, & néanmoins on pour-
ment , qu'il n'ait rendu plusieurs Arrêts & Régle- roit apporter quelque tempérament à cet article ,
mens fur cette matière. II s'en trouve un rendu en en donnant le temps de vingt-quatre heures aux
faveur du Juge de Ribemont contre Je Juge du Juges des Seigneurs qui ont leur Justice mêlée avec
Duché de Guise , & un autre en faveur du Baillis celle du Roi , fans déroger à la possession des Ju
de Noyon , contre le Juge de la Pairie du même ges Royaux. V. Procès~y'eròal de Confír.sur ÍOrd,
lieu. II est vrai que c'est dans la Coutume de Ver- de 1670. tit. I. art. 9.

§. III. De la Récusation en Matière Criminelle.

SOMMAIRES.

1 . Quejl-ce que la Récusation en général ? 7. Causes non marquées par TOrdonnance ,


2. En quoi diffère de fIncompétence. Ô qu'elle n'entend point exclure.
3 . Ordonnance criminelle ; s'en rapporte h S. Loi particulière contre ceux qui prennent
l' Ordonnance civile fur ce point. des Cejfwns fur les Juges.
4. Deux sortes de causes de Récusation sui 9. Comment se prouvent les causes de Récu
vant l'Ordonnance de 1667. sation.
5. Causes tirées des parentés ù alliances ; 10. Manière de procéder fur les Récusa
ce qu'il y a de particulier en matière tions.
Criminelle h cet égard. 1 1 . Peine de ceux qui succombent dans la
6. Causes sondées fur les faits personnels Récusation.
» aux Juges.

1. Qu'est- La Récusation est une Exception dé- minelle ne s'étant point expliquée précisé
Récusa-'* clinatoire par laquelle un Juge , qui est ment , elle a voulu par-là s'en rapporter à
tion en gé- d'ailleurs compétent , est dépouillé de la TOrdonnance de 1667 , qui en a fait le
néral ì connoiíîance d'un Crime , parce qu'il est sujet d'un Titre particulier.
reconnu pour suspect aux Parties ; & que
cette suspicion est fondée sur des causes légi I V.
times & qui font prouvées suivant TOr
donnance.
Or il paroît en général d'après ce Titre , 4. Deux
I I.
qui est le vingt-quatrieme de cette Ordon- JjjJ?* de
a. En quoi II y a par conséquent cette différence nan ce , que la Récusation doit être son- Récusa-
diffère de entre la Récusation & l'Incompétence , & dée sur deux-Causes principales , dont Tune tlon
t«nce.mpe même l'Evocation , qu'au lieu que celles- r- • 1 ' C ir U vantlUr-
fe tire des parentes U alliances ; 1 autre donnance
des faits personnels aux Juges qu'on veut de l667-
ci tendent à dépouiller le Tribunal entier
de la connoiífance du Procès Criminel, la Ré récuser.
cusation ne frappe que sur la personne seule
V.
du Juge ; de manière que si elle se trouve
fondée , elle n'a d'autre effet que de faire
remplacer ce Juge par d'autres Officiers du Quant aux Parentés & Alliances , TOr- y Causes
donnance établit trois différences remar- nr6es ,des
même Tribunal j & il n'y a que le cas où , parentés
ceux-ci se trouveroient tous également quables entre les matières Civiles & les & aiiian-
matieres Criminelles à cet égard. J^a pre- ces,..; ce
suspects , qu'il faudroit se pourvoir aux v , ' cju u y a
Cours Supérieures pour faire renvoyer miere consiste en ce qu'au lieu qu'en ma- departicu-
tiere Civile Ton ne peut récuser au-delà du 1ieren,roa"
l'affaire dans un autre Siège. 1 1 1 1 o il- • t,ere Cn-
quatrieme degré de parente & alliance m- minelle à
III. clusivement (1) , on peut néanmoins le faire cet égard,
en matière Criminelle , jusqu'au cinquième
3. Ordon Nous avons dit que la Récusation devoit degré inclusivement (2). La seconde , en
nance Cri être fondée fur des causes légitimes & bien ce qu'on peut même récuser en cette ma
minelle ;
s'en rap- prouvées : mais quelles font les causes qui tière , en quelque degré que ce soit , lorsque
Forte a doivent être réputées légitimes ? comment le Juge porte le nom .& les armes de Tune
Ordon
nance Ci doit s'en faire la preuve ? comment doit- des Parties. La troifieme , enfin, en ce qu'au
vile fur ce il être procédé au Jugement de Récusa lieu qu'en matière Civile les Parties peuvent
point.
tion ? & enfin quelles Peines encourent consentir par écrit à ce que le Juge qui
ceux dont la Récusation est rejettée , comme se trouve parent dans un degré prohibé
fondée sur des causes insuffisantes , ou non puisse connoître de leurs affaires , elJes ne
prouvées ? C'est íùr quoil 'Ordonnance Cri- peuvent le faire en matière Criminelle, pas
Qqq 2

1
492 LES LOIX CRIMIN ELLES, Liv. I. Tit. î.
même dans le cas où la Partie publique nataire , soit enfin comme Maître ou Do
s'accorderoit avec elles à ce sujet. Au mestique de l'une des Parties (6) ; 90. enfin
surplus , cette Loi ne distingue point en lorsqu'étant simple Juge Seigneurial , il veut
cette matière les parentés & alliances qui s'ingérer à connoître des causes Criminelles
font communes aux deux Parties , de celles de son Seigneur (7).
qui ne le font pas (3) , comme elle le fait
en matière d'Evocation , ainsi que nous le (1) Le Juge pourra être récusé , s'il a un diffé
verrons dans un moment. rend fur pareille question que celle dont il s'agit
entre les Parties , pourvu qu'il y en ait preuve par
écrit ; sinon le Juge en fera cru à fa déclaration ,
(1) Les Accusations en matière Civile seront va fans que celui qui proposera la récusation puisse être
lables en toutes Cours, Jurisdictions & Justices , fi reçu à la preuve par témoins , ni même á deman
le Juge est parent ou allié de l'une des Parties jus der aucun délai pour rapporter la preuve par écrit.
qu'aux Enfans des Cousins issus de Germain , qui Ord. de i66y , tit. 14. art. $.
font le quatrième degré inclusivement , & néan
moins il pourra demeurer Juge , fi tûutcs les Par (1) Le Juge pourra être récusé , s'il a donné con
ties y consentent par écrit. Ord. de i66j , rit. 24. seil ou connu auparavant du dissérend , comme
art. 1. Juge ou Arbitre ; s'il a sollicité ou recommandé , ou
«'il a ouvert son avis hors la visitation & jugement ;
(%) Le Juge pourra être récusé en matière Cri en tons lesquels cas il fera cru à fa déclaration ,
minelle , s'il est parent ou allié de l'Accusateur ou s'il n'y a preuve par écrit. Mime Ordonn. art. 6,
de l'Accusé , jusqu'au cinquième degré inclusive ibid.
ment ; & s'il porte le nom & armes , & qu'il soit
de la famille de l'Accusateur ou de l'Accusé , il (3) Sera aussi récusable le Juge qui aura Procès
s'abstiendra , en quelque degré de parenté ou d'al en son nom , dans une Chambre en laquelle l'une
liance que ce puisse être , quand la parenté ou al des Parties fera Juge. V. art. 7. ibid.
liance fera connue par le Juge , ou justifiée par l'une (4) Le Juge pourra être récusé ,pour menace par
des Parties, fans qu'en l'un ni l'autre cas, il puisse lui faite verbalement ou par écrit depuis l'instance ,
demeurer Juge , nonobstant le consentement de ou dans les six mois précédens la récusation propo
toutes les Parties , même de nos Procureurs-Géné sée , ou s'il y a eu inimitié capitale. V. art. 8. ibid.
raux-Fiscaux des Seigneurs. Mime Ordonn. art. 1.
ibid. (5) Le Juge fera aussi récusable , si lui ou íës
Enfans , son Pere , ses Frères , Oncles , Neveux ou
( Tout ce qui est ci-dessus ordonné en matière ses Alliés en pareil degré , ont obtenu quelque bé
Civile & Criminelle aura lieu , encore que le Juge néfice des Prélats , Collateurs & Patrons Ecclésiasti
soit parent ou allié commua des Parties. Mime ques ou Laïques , qui soient Parties intéressées ea
Ord. art. 3. ibid. l'assaire , pourvu que les Collations ou Nomina
tions aient été volontaires & non nécessaires. V.
V I. art. 9. ibid.
(6) Si le Juge est Protecteur ou Syndic de quel
6. Ganses A l'égard des causes fondées fur des que Ordre , & nommé dans les qualités , s'il est
furies faits fam personnels aux Juges , elles ont Abbé, Chanoine , Prieur , Bénéficier , ou du Corps
d'un Chapitre , Collège ou Communauté , Tuteur
personnels principalement lieu dans les cas fuivans ,
aux Juges. ^ue nQUS trouvons marques dans les honoraire ou onéraire , subrogé Tuteur ou Cura
teur , & Héritier présomptif ou Donataire , Maître
articles 5 , 6 , 7 , 8 , 9 & 10 du même ou Domestique de l'une des Parties , il n'en pourra
tit. 24 de l'Ordonnance de 1667 ; fçavoir , demeurer Juge. V. art. 10. ibid.
1 °. lorsque le Juge a un différend fur pareille ( 7 ) N'entendons néanmoins exclure les Juges
question que celle dont il s'agit entre les des Seigneurs , de connoître de tout ce qui concerne
les Domaines , Droits & Revenus ordinaires ou
Parties (1) ; 20. lorsqu'il a donné conseil ou cafuels , tant en Fief que Roture , de la Terre
connu auparavant du même différend en même, des Baux , fous- Baux & Jouissances , cir
qualité d'Arbitre (z)-, 30. lorsqu'il a solli constances , dépendances , soit que l'assaire fût
cité , recommandé , ou ouvert son avis hors poursuivie sous le nom du Seigneur ou du Procu
reur-Fiscal ; & à tégard des autres adions où le Sei
le temps de la visite & Jugement du Pro gneur fera Partie ou intéressé , le Juge n en pourra
cès (3) ; 40. lorsqu'il a un Procès en son connoître. V. art. II. ibid.
nom dans une Chambre en laquelle l'une
des Parties se trouve du nombre de ses V I I.
Juges; 50. lorsqu'il a fait des menaces depuis
l'instance ou dans les six mois précédens ;
Mais ce n'est pas seulement aux différentes 7> Çauses
6°. lorsqu'il y a preuve d'inimitié capi
Causes de Récusation dont nous venons de non mar-
tale (4) ; 70. lorsqu'il se trouve engagé
parler , que l'Ordonnance entend réduire f*or"0j|"
par quelque bienfait reçu de l'une des
toutes celles qui peuvent être employées en nance , ûc
Parties , comme Collation de bénéfice
cette matière : nous voyous que par un article Jen'ead
faite en ía faveur : ce qui s'entend lorsque
particulier , à la fuite de ceux que nous ve- point
la collation a été libre & non forcée (5) j nons de citer ( 1 ) , la même Loi y déclare clure-
8°. lorsqu'il a un intérêt indirect à l'affaire
formellement qu'elle n'entend point exclure
dont il s'agit , soit en qualité de Syndic
par-là les autres moyens de fait &. de droit
ou membre d'un Ordre , Communauté ou
pour lesquels un Juge peut être récusé.
Corps de Chapitre , íbit comme Tuteur
ou Curateur , soit comme Héritier ou Do- (1) N'entendons aussi exclure les autres moyens.
DU JUGE CRI MINE L EN GÉNÉRAL, &c. 49$
I3e fait ou de droit pour lesquels un Juge peut être Cédant: Voulons que ceux qui auront récusé leur»
récusé. Ordonn. de 1667 , r/7. 24. art. iz. Juges fur ce fondement , soient en outre condam
nés en deux mille livres d'Amende , en nos Cours
de Parlement , Grand-Conseil & autres nos. Cours ,
VIII. mille livres aux Requêtes de notre Hôtel 8c du
Palais , cinq cens livres aux Préiidiaux , Bailliage»
& Sénéchaussées, trois cens livres eu nos Châtelle
8. Loi Parmi ces moyens de fait & de droit, dont nies , Prévôtés , Vicomtés , Elections , Greniers h
particolíe- ncms aurons lieu de donner divers exem- Sel 8c aux Justices des Hauts-Justiciers , tant des
ceux°quíe pies en traitant de la Prise a Partie , nous Duchés 8c Pairies , qu'autres ressortissant nuement
prennent n0us contenterons de remarquer ici celui en nos Cours , 8c deux cens livres aux autres Justi
fions CsuT résultant de la qualité de Débiteur de l'une ces Seigneuriales *, le tout applicable , fçavoir, moi
tié à NousSc aux Hauts-Justiciers dans leurs Justices
les Juges, des Parties ; parce que les abus multipliés & l'autre moitié à la Partie , fans que lefdites
Amendes puissent être remises ni modérées: Voil
qu'avoient fait de ce moyen certains Plai
ions que la même Peine soit prononcée contre
deurs , qui , dans la vue de fe ménager un ceux qui , fans avoir pris des transports 8c cessions
prétexte pour récuser leurs Juges , affec- de droits , auront formé frauduleusement des
toient de fe procurer des droits fur eux , Amendes contre leurs Juges , pour avoir un prétex
te de les récuser sans aucun fondement légitime :
áu moyen des celîìons qu'ils fe faiíbient N'entendons néanmoins comprendre dans la pré-
faire par leurs Créanciers , ont donné lieu sento Déclaration , les transports , cessions 8c ac
à une Loi particulière qui mérite d'être quisitions de droits qui écherront par successions ,
rapportée ici (i). partages, donations faites en contrats de mariages,
ou en faveur des héritiers présomptifs ou par des
dispositions testamentaires; ensemble, par des traités
faits fans fraude entre des créanciers 8c leurs débi
(ijlLiQUIS, &c. Nous avons appris que depuis teurs , en vertu de créances acquises avant que les
quelques années , le cours de la Justice est sou demandes , instances ou procès aient été portes
vent interrompu par des récusations frauduleuses , dans la Jurifdiction où la récusation sera proposée ,
qui sont fondées fur des créances feintes ou vérita ou catre des créanciers seulement, en conséquence
bles , que des Plaideurs se fqnt céder lúr les Juges d'un abandonnement de biens fait par leur débi
devant lesquels ils plaident actuellement , ou fur teur commun. Dans tons lesquels cas , il sera per
des demandes vaines 8c illusoires qu'ils affectent de mis à ceux qui auront acquis •'fur leurs Juges des
former contre eux , & par lesquelles ils prétendent droits de cette qualité , de les excercer-contre eux
les obliger à deícendre de leur Tribunal, pour de par les voies ordinaires de la Justice , fans être su
venir leurs Parties ; en forte que li cet abus pouvoit jets aux Peines portées par notre présente Déclara
être toléré , les Plaideurs se rendroient bientôt les tion ; 8c sera statué fur les Requêtes de récusation
Maîtres du choix de leurs Juges , en retranchant qu'ils pourront présenter contre lesdits Juges , sui
de ce nombre tous ceux qu'il leur plairoit de regar vant la disposition des Ordonnances 8c la qualité
der comme suspects , fans aucune cause raisonnable : des circonstances , ainsi qu'il appartiendra , dont
Nous croirions avoir trop d'indulgence pour la ma nous chargeons l'honneur 8c la conscience des Ju
lice des hommes , si nous différions plus long temps ges qui en doivent connoître. St donnons en MAN
de réprimer un tel artifice , dont le but est de DEMENT â nos Amés 8c Féaux Conseillers , les
changer la face d'un Tribunal au gré d'une Partie Gens tenant notre Cour de Parlement , à Dijon ,
injuste ou prévenue , 8c de faire perdre à des Par que ces Préfentes ils aient à faire lire , publier 8c
ties plus simples 8c plus droites , ou l'avantage de registrer , 8c le contenu en icelles garder 8c obser
conserver un bon Juge , ou la facilité d'obtenir une ver selon fa forme 8c teneur. Décl. du 2.7 Mai
Ïrompte expédition. Nous joignons à ces motifs 1705.
obligation dans laquelle nous sommes dé conser
ver l'honneur des Magistrats , que Nous regardons I X.
comme faisant partie de la Justice même } 8c après ■
avoir maintenu Tordre des Jnrifdictions dans notre
Ordonnance du mois d'Août 1669 , contre ceux Quant à la Preuve des causes de Reçu- 9. Com-
qui , par des transports simulés , font un mauvais fation , il faut encore distinguer suivant nient fe
usage de leur Privilège , pour dépouiller leurs Juges l'Ordonnance : il y a de certaines Causes ses0 cause
naturels de la connoissa-uce des causes dont le Ju
gement leur appartient ; Nous employons encore dont elle veut que la preuve soit rapportée *|. Rí cu-
avec plus de plaisir notre autorité à défendre 8c à par écrit , comme dans les cas où il s'agit
soutenir la dignité des Magistrats contre les efforts de justifier que le Juge a un différend lùr
de ceux qui ,par des cessions beaucoup plus odieu
ses, achetent le droit de faire injure à leurs Juges , pareille question , qu'il a donné conseil ou
& souvent à ceux dont ils redoutent la plus la droi connu auparavant du différend en qualité
ture & l'intégrité. A ces causes , &c. Qu'aucun de de Juge ou d'Arbitre ; qu'il a sollicité ou
nos Sujets , de quelqu'état & condition qu'il soit , ouvert son avis avant le Jugement. A l'é-
ne puisse prendre 8c accepter, directement ni indi
rectement , des transports ou cejsions des droits liti gard des autres causes , elle se contente
gieux ou non litigieux , à prix d'argent 011 autre de la preuve par Témoins : du reste , elle
ment , fur les Juges devant lesquels ils plaideront , veut que , faute par le Récusant de rappor
depuis le jour que leurs causes , instances ou procès
ter l'une ou l'autre de ces preuves , le Juge
auront été portés devant leídits Juges , jusques au
Jugement ou Arrêt définitif : Déclarons toutes les en soit cru à sa déclaration.
cessions qui seront faites en ce cas , 8t pendant ledit
temps , nulles 8c de nul effet , ensemble toutes les V. les art. 5 8c 6 rapp. ci-dessus.
demandes 8c procédures faites en conséquence ,
sans que les Juges puissent y avoir aucun égard ,
soit en statuant fur les récusations fondées fur de X.
pareils transports ou autrement , ni même que le
Gestionnaire puisse avoir aucun recours contre le Par rapport à la Maniers de procéder
LES LOIX CRIMIN ELLES, Liv. I. Tit, I.
494
procéder sur la demande en Récusation , elle se oc Jugement du Procès , qu'après avoir déclaré en
la Chambre les causes pour lesquelles il ne peut de
cusàtíorw" trouve encore marquée par diíFérens articles
meurer Juge , & que fur fa déclaration ,' il n'ait
du même Titre de l'Ordonnance de 1667(1), été ordonné qu'il s'abstiendra. Même Ordonn. art.
notamment pour ce qui concerne la forme 18 , tit.
dans laquelle elle doit être proposée , & (4) Sera procédé à l'instruction & au Jugement
le nombre des Juges nécessaire pour les des Procès-Criminels , nonobstant toutes les appel
Jugemens qui doivent statuer fur cette Ré lations , même comme de Juge incompétent ôc ré
cusé ; & íi les Accusés refusent de répondre , fous
cusation (2). L'Ordonnance Criminelle a seu
prétexte d'appellations , le Procès leur fera fait
lement apporté ces deux changemens re comme à des muets volontaires , jusqu'à Sentence
marquables à ce sujet ; l'un consiste en définitive. Ord. 1670. tit. 25. art. 2. •
ce qu'au lieu qu'en matière Civile le Juge ($) Les Procédures faites volontairement , &
doit , auífi-tôt qu'il y a une demande en fans protestations depuis leurs appellations , ne
Récusation formée contre lui , s'abstenir pourront leur être opposées comme fiiis de non-re
cevoir. Même Ord. art. 3. ibid. ,
de connoître de la cause pour laquelle il
est récusé (3) , il doit au contraire , en matière
Criminelle, passer outre à l'instruction , X I.
nonobstant la Récusation formée contre
lui (4). L'autre, en ce qu'en matière Ci Enfin , quant à la Peine de ceux qui'^n. Peine
succombent dans une demande en Récu- qui f„cx_
vile , celui qui , après avoir proposé la
Récusation contre un Juge , continueroit fation , elle consiste dans des Amendes plus combemà
ou moins fortes , suivant la qualité des^ ecui*
à procéder devant lui, ne pourroit plus
dès-lors être admis à demander un autre Tribunaux où cette Récusation est por
Juge : tandis qu'au contraire on ne peut tée ( 1 ) , & de plus dans des Réparations
opposer en matière Criminelle aucune fin d'honneur que l'Ordonnance veut être ad
de non-recevoir à l'Accusé pour les Pro jugées aux Juges récusés , s'ils le deman
cédures qu'il auroit faites volontairement dent ; mais dans ce dernier cas , elle ne
pardevant le même Juge qu'il auroit ré permet pas qu'ils puissent demeurer Juges
cusé (5). dans l'affaire.

( 1 ) Les Récusations seront proposées par Re (1) Celui dont les Récusations auront été décla
quête , qui en contiendra les moyens , & fera la rées impertinentes & inadmissibles , ou qui en aura
Requête signée de la Partie ou d'un Procureur été débouté , faute de preuve , fera condamné en
fondé de procuration spéciale , qui sera attachée à deux cens livres d'Amende en nos Cours de Parle
lad. Requête. Pourra néanmoins le Procureur, en cas ment , Grand-Conseil , & autres nos Cours \ cent
d'absence de fa Partie , signer la Requête fans pou livres aux Requêtes de notre Hôtel , & au Palais 5
voir spécial , pour requérir que le Juge ait à s'abste cinquante livres aux Présidiaux , Bailliages , Séné-
nir, en cas que lui ou la Partie ait reconnu quel chaulfées ; trente-cinq livres en nos Châtellenies ,
ques causes de Récusation. Ord. de 1667 , tit. 2.4. Prévôtés , Vicomtés , Elections , Greniers à Sel , &
art. 23. aux Justices des Seigneurs , tant des Duchés-Pairies,
(1) En toutes Juridictions , même aux Justices qu'autres ressortissants nuement en nos Cours , 8c
des Seigneurs , les Récusations devant ou après la vingt-cinq livres aux autres Justices de Seigneurs ;
preuve , seront jugées au nombre de cinq au moins, le tout applicable , fçavoir , moitié à Nous ou aux
s'il y a six Juges ou plus grand nombre , y com Seigneurs dans leur Justice , l'autre moitié à la
pris celui qui est récusé ,&s'il y en a moins de six, Partie , fans que les Amendes puissent être remises
ou même si le Juge récusé étoit seul , elles, feront ni modérées. Ord. de 1667. tit. 27. art. 29.
jugées au nombre de trois , & en l'un & en l'autre (2) Outre les condamnations d'Amende , le Juge
cas , le nombre des Juges fera suppléé , s'il est récusé pourra demander réparation des faits contre
besoin , par les Avocats du Siège s'il y en a , sinon lui proposés , que nous voulons lui être adjugée sui
par les Praticiens , suivant l'Ordonnance du Ta vant la qualité & la nature des faits , auquel cas il
bleau. Même Ord. art. 25. ibid. ne pourra demander Juge. Même Ordonn. art. 30.
(3) Aucun Juge ne pourra s'abstenir du rapport ibid.
DU JUGE, CRIMINEL N GÉNÉRAL, &c. 495

fy IV- De la Prife à Partie en matière Criminelle.

SOMMAIRES. .

1 . Ce qu'on entend sous le nom de Prise a S» Quatre cas où. de fìmples contraventions
Partie. " 1 . \ aux Ordonnances donnent lieu a la Prise
2. Deux conditions prescrites par les Régie- a Partie.
mens à cet effet. < 6. Ce que la Prise a Partie a de Commun
3 . Causes qui peuvent y donner lieu s sui avec la Récusation. <•
vant le Droit Romain , ô nos Ordon 7. Formalité particulière établie par notre
nances. Jurisprudence en cette matière.
4. Causes qui ont cesse d'avoir lieu parmi nous.

t
1. Ce T i A Prise à Partie en matière Criminelle vel sordes. L. i$.Js. 1. js. de Judic. & ubi quisq.
qu'on en ag.
tend sous a lieu toutes les fois qu'un Accusé , ou une
le nom de Partie civile intime le Juge en son propre (2.) Défendons à tous Juges , par-devant lesquels
Prise à les Parties tendront à fin de non-procéder, de se dé
Partie. 8c privé nom , afin de le rendre responsable clarer compéteus , & dénier le renvoi des causes ,
de ses dommages & intérêts. dont la connoissancene leur appartient par nos Edits
t & Ordonnances, fur peine d'être pris à partie, au
cas qu'ils aient ainsi jugé par dol , fraude ou concus
II. sion , ou que nos Cours trouvent qu'il y ait faute
manifeste du Juge, pour laquelle ils doivent être con
damnés en son nom. Ord. de Blois, art. 148.
î. Deux Pour pouvoir être admis à user d'une
conditions voie auíîi extraordinaire qui fait descendre ( 1) Défendons à tous nos Juges , comme aussi
prescrites aux Juges Ecclésiastiques , & des Seigneurs , de re
par les Ré- le Juge de son Tribunal pour venir lui-
glemens à même défendre sa cause comme Partie , en tenir aucune cause , instance ou procès , dont la
cet effet. connoistance ne leur appartient ; mais leur enjoi
même temps qu'elle tend à le dépouiller gnons de renvoyer les Parties par-devant les Juges
de la connoiíîànce d'un Procès dont il étoit qui doivent en connoître , ou d'ordonner qu'elles se
pourvoiront , à peine de nullité des Jugemens j &
saisi , les Ordonnances & Réglemens exi en cas de contravention , pourront les Juges être
gent , de la part de ceux qui veulent la ten intimés & pris à partie. Ordonnance de z66y , //'/. 6.
ter , deux conditions également rigoureuses , art. 1. ' .
dont la première regarde les Causes fur (4) Enjoignons à tous Juges de nos Cours , Ju
lesquelles elle doit être fondée ; l'autre ridictions & Justices , & des Seigneurs , de procé
les formalités nécessaires pour la faire ad der incessamment au Jugement des causes , instances
& procès qui feront en état d'être jugés à peine
mettre dans nos Usages. de répondre en leur nom des dépens , dommages
-i ■
& intérêts des Parties Si les Juges dont il y
I I I. a appel , refusent ou sont négligens de juger la
cause , instance ou procès qu'il fera en état, ils fe
1 °. Quant aux CAUSES qui peuvent don ront sommés de le faire ; & commandons à tous
3. Causes Huissiers òí. Sergens qui en seront requis , de leur
ner lieu à la Prise à Partie , nous en remar
qui peu faire les sommations nécessaires , à peine d'inter
vent y quons cinq principales , dont les trois pre diction de leur charge Les sommations se
donner mières , qui font tirées des dispositions du ront faites aux Juges en leur domicile , ou au
lieu sui Droit Romain (1 ) , adoptées fur ce point par Greffe de leur Jurifdiction , en parlant à leur Gref
vant le fier ou aux Commis des Greffes. .... Après deux
Droit Ro nos Ordonnances (z) , font la fraude, la sommations de huitaine en huitaine, pour les Juges
main & haine , & la concussion ; persraudem , ini-
nos Or ressortissans nuement cn nos Cours, & trois jours en
donnan micitias ô sordes. Les deux autres , qui trois jours pour les autres Sièges , la Partie pourra
ces. font fondées uniquement fur la disposition appeller comme de déni de Justice , & faite inti
mer en Jbn nom le Rapporteur s'il y en a , sinon ce
de nos Ordonnances , se tirent d'une part lui qui devra présider : lesquels Nous voulons être
de Vincompétence absolue du Juge lorsqu'il condamnés en leurs noms aux dépens , dommages
veut se retenir les causes dont la connoif- & intérêts des Parties , s'ils font déclarés bien in
timés. Ordon. de i66j. tit. 25. de la Prise à Partie ,
fance lui est interdite par les Ordonnan
art. 1 , 2. , 3 fr 4. '
ces (3) ; & l'autre le déni de Justice qui
I v. . ■• ■
feroit fait par le Juge compétent , lorsque ,
nonobstant les sommations qui lui font
faites dans le temps, & de la manière Nous ne mettons point par conséquent 4. Causes
prescrite par l'Ordonnance , il se met en au nombre des moyens de Prise à Partie ^é
refus de juger les affaires Criminelles qui ceux qui ne font fondés que fur de smples voir lieu
feroient en état de l'être (4). Erreurs defait ou de droit , dont il est parlé Parmi

( r ) Judex tune litem íiiam facere intelligitur , dans les Ordonnances de François I , en
«uni tvidens arguitur ejus gratia , vel iuimicitia , Décembre 1540, & de Henri III, en
49 6 % Ë $ & í) ì X 45 R ì Al I ft E Ë L Ê S ■§ fci L5 t i U

47-
de se rendre en personne dans , les Cours (4) Les sitis de non-procéder feront jugées som
fur l'appel de leur Sentence , pour en iòu- mairement par nos Juges ,sans appointer les Parties
à mettre par- devers eux \\ :fyffi sep fait préalable
teriir le bien-jugé. H en faut dire de même
ment droit fur ies fins de ihn - recevoir, proposées
des simples contraventions aux Ordonnan & alléguées par les Défendeurs , auparavant que
ces , lesquelles étant moins présumées l'effet régler tt appointer les "Parties en contrariété &
du dol que de l'inattention & de Tinexpé- preuve de leurs faits , fans en faire aucune réserva
tion; 8c en cas de contravention , pourront lesdús
rience du Juge , ne font point par consé Juges être intimés 8c pris à, partie , en leur propre
quent capables de l'empêcher d'aflìster au & privé nom. Mímt Ord. dé Blois , art. 54.
Jugement qui feroit rendu , après que les
nullités qui feroient résultées de ces con '^VL' . .' ? •.
traventions , auroient été rectifiées.
Pour ce qui concerne la Preuve de ces 6. Ce que
V. Causes de Prise à. Partie dont nous venons la. Prise à
Parrie a de
de parler , ainsi que le genre de Peine que commun
ç. Quatre II faut néanmoins convenir qu'il y a de doivent subir ceux qui viennent à y suc avec la Re
cas où de culation.
simples certains cas marqués par nos anciennes comber faute de preuves ; il en doit être
contra Ordonnances, où de simples contraventions de même à cet égard qu'en fait de Récu
ventions
aux Or peuvent former des moyens de Prise à sation , à la réserve seulement qu'outre la
donnances Partie De ce nombre font entr'autres , Peine portée contre ceux qui succombent
lleít'T'ia ce^es mentionnées dans les art. 135, 143 , dans la Prise à Partie , il y en a encore
Prise à 147 & 154 de l'Ordonnance de Blois , de particulières qui doivent être pronon
Partie.
dont le premier défend, fous peine de la cées contre les Juges dans le cas où ils
■ Prise a Partie , aux Présidiaux de procéder font déclarés valablement pris à Partie en
par Commissaires à la visite & Jugement matières Criminelles : ces Peines sont
des Procès (1) ; le second fait aussi défenses , celles de l'Amende 6c autres plus grandes ,
sous la même Peine , aux Conseillers de fe suivant la qualité des faits (1). II faut voir
charger d'aucunes informations qui ne leur fur ce dernier point , ce que nous avons dit
auroient point été distribuées par les Pré- en traitant des Crimes de Concussion & de
.sidens de la Chambre ; comme aulîì d'in Calomnie.
terroger les Accusés décrétés de prise de
(1) Les Juges qui seront trouvés avoir fait fautes,
corps ou d'ajournement personnel , s'ils n'y
notables en Texpédition des Procès- Criminels , fe
ont été autorisés par les Cours (z). Le troi- ront condamnés en grosses Amendes envers Nous
seme veut que cette Prise à Partie ait lieu pour la première fois ; 8c pour la féconde , seront
en général pour toute saute manisefle qui suspendus de leurs Offices pour un an ;. & pour la
troiíieiiie, privés de leursdits Offices , & déclarés
auroit été commise par les Juges dans inhabiles de tenir Offices Koyaux , 8c néanmoins
l'instruction des Procès (3). Le quatrième condamnés en tous los dommages 8c intérêts des
enfin permet encore cette Prise à Partie dans p/irties ■> H1" seront taxés 8c modérés selon les qua
le cas où le Juge auroit appointé fur des fins lités des matières. Ord.de François I. en Août 1 5 39,
art. 143 & 144.
de non procéder , ou fur des fins de non rece
voir , au lieu de les juger à l'Audience (4). VIL

(f) Suivant l'Edit fait à Paris au. mois de Janvier Une autre Condition nécessaire pour 7. Forma
faire admettre la Prise à Partie , & qui est lité parti
, avons défendu aux Juges Préjìdiaux de pro culière c-
céder à la viíitatiou8c jugement d'aucun procès par fondée principalement sur notre Jurispru tablie par
Commissaires , fur peine de nullité des Sentences dence , c'est qu'il faut pour cela une Per notre Ju
8c Jugemcns qui seront par eux donnés , 8c des dé rispruden
pens , dommages 8c intérêts des Parties , par les mission expresse des Cours dont ressor- ce encettç
quelles ils pourront être pris à Partie en leur propre tissent les Juges qu'on voudroit intimer. madère.
8c privé nom. Ordon. de Blois , art. 135. Cette condition est prescrite par un célèbre
{1) Défendons à nofdits Conseillers de se char
Arrêt de Règlement du Parlement de Pa
ger d'aucunes informations , li elles ne leur sont
distribuées par les Présidcns , 8c auffi d'interroger ris (1) , dontles dispositions ont été trouvées
les Appellaiis , soit d'un décret de"prise dc'coroT, si %es > qu'elles ont -été adoptées par les
ou d'ajoiimement personnel, si par notredite Cour autres Parlemens du Royaume,
n'est ordonné , fur peine de nullité , 8c de répétition
des dépens , dommages 8c intérêts des Parties , en (1) Ce Jour , les Grand'Chambre 8c Tournclle
leur propre & privé nom. Même Ordon. de Blois , assemblées, les Gens du Roi sont entrés , 8c Maître
art. 143. Henry-François Daguesseau , Avocat dudit Seigneur
(O Défendons a tous Juges , par-devant lesquels Roi, portant la parole , ont dit à la Cour... Que com-
Jes Parties tendront à sin de non- procéder , de se me le zele dont c!le est animée pour tout ce qui re-
déclarcr compétens 8c dénier le renvoi des causes , garde l'honneiir des Juges, ne se renferme pas dans
dont la connoissance ne leur appartient par nos les bornes de la Compagnie , 8t qu'il se répand fur
Kdits 8c Ordonnances , fur peine d'être pris à par- tous ceux qui ont une portion de ce caractère émi-
tit , au cas qu'ils aient aiiili jugé par dol, fraude rient , dont elle possédé la plénitude , ils croyent
devoir


DU JUGE CRIMINE L EN GÉNÉRAL,&c. 497
devoir lui proposer aujourd'hui d'autoriser par un nom , quand même il auroit été assez malheureux
Règlement général , & de confirmer pour toujours pour en abuser Par ces Considérations ,
un ancien usage , digne de la sagelsc des premiers ils ont requis qu'il plût à la Cour faire défenses à
Magistrats , & de la protection qu'ils doivent don toutes Personnes, de quelque état& qoalitéqu'elles
ner aux Juges subalternes , dont l'honneur est remis soient , de prendre à partie aucuns Juges , ni de les
entre leurs mains. . . . Que cet usage , qui a paru faire intimer en leur privé nom , fur l'appel des Ju-
si favorable qu'il s'est introduit lans le secours gemeus par eux rendus, fans e:i avoir obtenu aupa
d'aucune Loi , ne permet pas que l'on intime au ravant la permission, nomraémcntoc expressément ,
cun Juge en son propre & privé nom , ou qu'on le par un Arrêt de la Cour , à peine de nullité des pro
prenne à partie , sans en avoir auparavant obtenu la cédures , & de telle Amende qu'il plairoit à ladite
permission de la Cour : c'est à elle feule qu'il ap Cour arbitrer : Enjoindre à tous ceux qui croiront
partient de donner aux Parties la liberté d'attaquer devoir prendre des Juges à partie , de se contenter
leurs propres Juges , & elles doivent garder un si d'expliquer simplement , & avec la modération con-
lence respectueux sur la conduite des Ministres de venable , les faits 8c les moyens qu'ils estimeront né
la Justice , jusqu'à ce que la Justice elle-même ou cessaires à ìa décision de la Cause , sans se servir de
vre la bouche à leurs plaintes Que quoique termes injurieux , & contraires à l'honneur & à la
les Arrêts de la Cour ayent presque toujours main dignité des Juges , à peine de punition exemplaire j
tenu cette maxime dans toute fa pureté , il faut & ordonner que l'Arrêt qui interviendroit fur leurs
avouer néanmoins qu'elle a souffert quelques at conclusions , seroit lû & publié dans tous les Bail
teintes dans des espèces particulières , parce qu'il liages , Séuéchaussées & Sièges du Ressort
n'y a point eu jusqu'à présent de véritable Règle Les Gens du Roi retirés , la matière mise en déli
ment qui l'ait rendu absolument inviolable : Et bération. Ladite Cour, faisant droit sur les èon7
comme ils ont l'honneur de parler aujourd'hui dans clusions du Procureur-Général du Roi , fait défenses .I.
le Tribunal qui représente toute la Majesté du Par à toutes Personnes, do quelque état& qualité qu'el-,
lement , 8í auquel seul il appartient de faire des les soient , de prendre à partie aucuns Juges , ni 4e,
Réglemens , iis demandent à la Cour , qu'il lui les faire intimer en leur propre & privé nom , sur
plaise de prêter les secours nécessaires d'une auto l'appel des Jugemens par eux rendus , fans en avoir
rité solemnelle , en un usage que la raison feule a auparavant obtenu la permission expressément par
établi : Et pour mieux marquer encore combien l'Arrêt de la Cour , à peine de nullité des procédures
l'honneur des Juges inférieurs lui est précieux, ils & de telle Amende au il conviendra. Enjqint à tous
lui proposeront de renouveller par ce Règlement , ceux qui croiront devoir prendre des Juges à parties
les défenses qu'elle a si souvent faites à tous les de se contenter d'expliquer simplement & avec la
Plaideurs , de ne se servir jamais d'aucunes expres modération convenable, les faits .& les moyens
sions injurieuses , capables de blesser la dignité des u'ils estimeront nécessaires à la décision de leur
Juges qui auront la disgrâce d'être pris à partie. aufe , fans fe servir de termes injurieux & contrai-t
Qu'ils le contentent de jouir de la liberté que Tor res a fhonneur & à la dignité des Juges , à peine de
dre public leur accorde , de faire descendre leur punition exemplaire : Ordonnons que le- présent
Juge de son Tribunal , & de le rendre égal à eux , Arrêt sera envoyé aux Bailliages & Sénéchaussée»
en ['obligeant à devenir leur Partie ; mais qu'ils du Ressort pour y être lû & publié : Enjoint aux
respectent toujours le caractère , dans le temps mê Substituts du Procureur- Général du Ro,i , d'y tenir
me qu'ils croyent avoir droit de se plaindte de la la main , & d'en certifier la Cour dans un' tflois. . .
personne , & qu'ils n'oublient jamais que celui Arrêt de Régl. du Parlement de Paris , du 4
qu'ils attaquent, a été autrefois leur Juge , toujours Juin 1699.
digne de respect par l'honneur qu'il a de porter ce

§. V. De l'Evocation en madère Criminelle.

SOMMAIRES.

1. Qu'entcnd-on par Evocation en général? 8. Formalités générales pour toutes fortes


2. Nous en connoijsons de deux sortes. d' t vocations.
3. Ordonnance de 1737 ; règle principale en 9. Peine de ceux qui y succombent.
cette matière. 10. Dispofìtions particulières de l' Ordon
4. Deux sortes de dispositions dans cette nance pour les Evocations en matière Cri
Loi. minelle. , ,'. '. .'
5. Dispositions de cette Loi qui font com 1 1 . Cas où elle ne peut avoir lieu.
munes a toutes sortes d' Evocations. 1 2. Formalités particulières que doit remplir
6. Deux sortes de causes qui peuvent y don CAccusé qui veut évoquer.
ner lieu. 13. Différence de fEvocation en matière
7. Cas où l' Evocation ne doit être admise , . Criminelle , & de celle en matière Civile ,
tant en matière Civile que Criminelle. quant à leurs effets.

t II.
t. Qu'en- Sous le nom d'Evocation , en général , on Nous connoissons deux sortes d'Evo- 1. Nous
** E*ò- enten£* Ie Jugement par lequel on ôte à cations dans nos Usages ; l'une qui se fait n",^""
cation en un Tribunal la connoissance d'une affaire de l'Auto rite du Prince par des. Lettres de deux
général ì qUj v eft pensJante , pour la faire juger par qu'il accorde à cet effet , & qui s'ap- sortes*
un autre. Cette voie diffère par consé pelle par cette raison EVOCATION par
quent de celle de la Récusation , qui ne main Souveraine ; l'autre est celle qui se
frappe seulement que sur la Personne du fait par les Tribunaux Supérieurs , loríque
Juge. fur l'appel des Jugemens interlocutoires
R r r
498 LES LOIX CRIMINELLES, Liv.I.Tit.I.
portés devant eux , ils jugent à propos fans néanmoins que les procédures qui auroient été
faites avant la publication , suivant les Régies éta
d'évoquer le principal de l'afFaire dont les blies par les titres de l'Ordonnance du mois d'Août
premiers Juges font restés saisis, pour la 1669, puissent être déclarées nulles, fous prétexte
juger conjointement avec l'appel de l'inci- qu'elles ne scroient pas conformes aux dispositions
nouvelles des Présentes. Si donnons en MANDE
dent. Nous aurons lieu de parler de celles-
MENT. Même Ord. art. dernier.
ci en traitant de YAppel des Jugemens Cri
minels. C'est de la première seulement que
nous entendons nous occuper ici , parce I V.
qu'elle a fait aussi l'objet principal des Loix
qui ont été rendues fur cette matière. Parmi le grand nombre de dispositions 4. Deux
que contient cette Loi , il y en a qui íbnt
communes à toutes les Evocations , soit ùons dans
III. en matière Civile , soit en matière Crimi- cette L<
nelle. II y en a d'autres qui font particu
3. Ordon- Parmi ces Loix, nous en remarquons lières aux Evocations en matière Crimi
nance de (]eux principales ; fçavoir , l'Ordonnance
nelle.
cipaîe're- du mois d'Avril 1 669 , & l'Ordonnance
gleencet-du u Décembre 1737. Nous nous arrê- ( 1 )Les Règles & formalités ci-dessus établies pour
initie r G * terons uniquement
* à celle-ci9 , tant parce les Evocations des affaires civiles , auront lieu pareil
que , comme l'annoncefon Préambule (1) , lement pour celles qui, feront demandées en ma
tière criminelle , lorsqu'il y aura une partie civile , à
elle réunit toutes les dispositions des diffé l'exception néanmoins de ce qui fera dit dans les
rentes Loix qui avoient été rendues jus articles suivans. Ordon. de 1737 , titre premier ,
qu'alors , que parce que , suivant une dif art. 59.
position générale qu'on voit à la fin de la
V.
même Ordonnance (z) , elle a été faite pour
tenir lieu à l'avenir des dispositions conte
Dispositions communes a toutes les Evo 5.Dispo3
nues dans les Titres 1 , z & 3 de TOrdon-
cations. Le grand nombre & l'étendùe litions de
riance de 1 669 , à laquelle elle déroge en cette Loi
de ces . dispositions ne nous permettant pas qui sont
tant que de Éesoin à cet effet.
de les détailler ici , nous nous bornerons à commu
nes à tonr
en indiquer les principaux objets , avec tes sortes
les articles qui ont le plus de rapport à la d'Evoca
(1) J—íOUIS , &c. La forme de procéder fur les tions,
demandes eitEvocation ou. en Règlement dé juges , matière que nous traitons. II paroît , d'a
soit eiì matière civile ou en matière criminelle, près ces articles, que ces objets font de
avoit été réglée fi exactement par le feu Roi notre quatre espèces différentes ; les uns tendent
tres-honoré Seigneur 8c Bifayeul , dans les trois
premiers titres de son Ordonnance du mois d'Aoút à désigner les Causes qui peuvent donner
1669 , qu'il ne sembloit pas qu'on pût désirer une lieu à révocation ; .les autres à marquer les
nouvelle Loi fur ces matières. Mais, la mauvaise foi Cas particuliers où elle ne peut être admi
ou l'artifice
veaux détoursdes Plaideurs
pour ayant inventé
éluder réexécution de nou
de cette Or se ; ceux de la troisième eípece regardent
donnance , il a fallu y opposer de nouvelles pré les Procédures néceíîàires pour introduire
cautions par des Déclarations postérieures. Etayant & instruire les Evocations lorsqu'elles font
jugé à propos de les faire revoir dans notre Con contestées ; & enfin ceux de la quatrième
seil , Nous avons reconnu que pour le bien com
tendent à déterminer la Peine que doivent
mun de nos sujets , 8c pour la conservation de Tor
dre desJimisdictions , il étoit nécessaire , non-seule subir ceux qu^ succombent dans leur de
ment de réunir les dispositions de ces Déclarations mande, en Evocation. .
à celles de l'Ordonnance de 1669 , pour ne former
qu'une feule Loi ,. mais d'y suppléer íput ce qui
pouvoit y avoir été omis , & d'y éclaircir tout ce V I.
qui aroit paru mériter une plus grande explication ,
afin que rien ne manquât à la .perfection & à futi
lité d'une Loi , qui n'ayant pour objet que des con 1 °. Causes de FEvocation. L'Ordonnance g. Deut
testations préliminaires , où il ne s'agit que de don en assigne deux principales ; fçavoir , d'une {°^*s ***
ner ou de conserver des Juges certains aux Parties,
ne fçauroient être trop simples & trop faciles ù-,en- part , les Parentés & les Alliances ,.& de peuvent y,
tendre & à observer. A CES CAUSES , 8cc. . . '. . l'autre le Fait propre des Juges. 1 °. Quant Heu. doi»«r
Préamb. de l'ORD. du 1.1 Décembre 1737. aux Parentés ù Alliances , l'on voit par
(1). . . Voulons que la présente Ordonnance à les premiers articles de cette Loi (O ,
compter du jour de la publication qui cn sera faite, qu'après en avoir déterminé les degrés \i
soit gardée 8t observée dans toute lc tendue de notre & la mahiere dont ils doivent se compter
Royaume , Terres & Pays de notre obcil&nce, petur.
taïît"^n iígne directe qUe collatérale , elle
y tenir lieu et l'avenirdes dispositions contenues dans-
les Tit. 1 , 2 & 3 de l'Ordonnance du mois d'Août fixe ensuite le nombre des parens 8ç alliés,
1669, auxquels, à cet effet, Nous avons dérogé 8c qui est nécessaire pour donner lieu à ces
dérogeons en tant que besoin seroit : abrogeons pa Evocations , suivant la qualité des dïfférens
reillement toutes Ordonnances, Lotix, íiourames ,
Statuts , Réglcmens , Styles Sc Usages diffèrent', -& Tribunaux , tant de ceux d'où l'on veut
qui seroient contraires à notre prcsenteOrdonnance, évoquer , que de ceux où le renvoi' doit
DU JUGE CRIMINE LEN G Ê N Ê R A L , &c. 499
être fait ensuite de Invocation (2). 2°. A l'é-
gard du Fait propre t l'Ordonnance veut VIII.
qu'il ne puiíîè être regardé comme une
cause suffisante d'Evocation , que lorsqu'il 30. Formalités pour toutes les Evocations 8. Forma-
íè trouve établi par la preuve de ces trois en général. Ces formalités regardent , 1 °. la '"f5 gení"
circonstances ; sçavoir , 1 °. que le Juge a sol rrocuratton Jpeciale qui est nécessaire a toutes for-
licité en personne ■> z** qu'il a consulté ; 30.
cet effet (1) ; i°. le temps où doit être si-| «" Ma
qu'il a fourni aux frais du Procès (3). gnifiée la cédule évocatoire (2}; 3*. le délai
pour y répondre (3) ; 40. les. Lettres qui
( O V. Art. z , 3 & 4 , du titre premier de ladite s'accordent pour renvoyer l'aífaire dans un
Ordonnance , d'après lesquels il paroît qu'on peut autre Tribunal (4) ; 50. la manière dont
évoquer des Parens & Alliés en ligne directe , As-
doit se faire la preuve , tant des Parentés ,
cendans ou Dcscendans , en quelque degré que ce
soit , & même en ligne collatérale , jusqu'au troi que du fait propre (5) ; 6°. enfin XAssigna
sième degré inclusivement, & que s'il se trouve des tion qui doit se donner au Conseil pour
Parens & Alliés d'un degré plus proche à un plus être statué sur les exceptions & contesta
éloigné , ils seront comptés fur le pied du degré le
plus éloigné. tions qui se font à ce sujet (6).

(1) V. Art. 7 , 8 , 9 & 10. V. aussi les art. 33 ,


34 & 35 , ibid. ( 1) V. Article 38 , 30 & 40 du même tit.
l'Ordonnance.
(3) V. Art. 67, 68, 69, 70, 71 ,73, 74, 82, (1) V. Art. 41.
tbid.
(3) V. Art. 41 & 43. ,
VIL (4) V. Art. 44 , 45 & 46.
(5) V. Art. 47 , 48 , 49 , 50 & 5i.
(6) V. Art. 53.
7. Cas oh 2°« Cas oh r Evocation ne peut avoir
rEvoca- lieu en général. L'on en remarque de cinq
I X.
doit être espèces , d'après les différens articles de la
admise , même Ordonnance ; sçavoir , 1 °. en fait
tant en ma- - -• • -■■ 4°. Peine de ceux qui succombent à PEvo- 9- Peine
"eTe^Q-
tiere C de Pontés & Alliances communes , à
vile , que moins que celui qui demande l'Evocation cation. Cette Peine , qui est portée par jj';
Criminel- ne çQ-lt cj»un degré plus éloigné du Juge l'art. 79 de l'Ordonnance , est une Amende combem.
de trois cens livres envers le Roi , & de
que celui contre lequel elle est obtenue (1);
40. en fait de Parentés & Alliances des Offi cent cinquante liv. envers la partie , outre
ciers qui font décédés ou bien qui se seront la condamnation en tous les dépens de
démis de leur Office , ou dont Yintérêt a cejjé l'instance en Evocation (1) : elle doit avoir
depuis la demande en Evocation (2) ; 30. en également lieu contre ceux qui se désistent
fait d'Alliance , lorsque le mariage qui de leur demande en Evocation , hors les
l'a produite ne subfifle plus , & qu'il n'en cas exceptés par l'article 18 rapporté ci-
rel\epointd'enfans(rìy40. en fait de Paren devant ; sçavoir , lorsque depuis la demande
tés & Alliances des Syndics , Tuteurs , Cura en Evocation il fera survenu le décès &
teurs , Administrateurs , Corps 6c Commu la démission d'un des Officiers , Parens ,
nauté , lorsque l'aífaire qu'on veut évoquer Alliés , du chefdesquels on vouloit évoquer ,
ou bien que l'intérêt de ces Parens & Alliés
ne les intérelîè point personnellement (4) ;
aura entièrement cessé.
40. en fait de Causes &. Procès dont la con-
noiífance a été attribuée exprestement à la
Chambre des Eaux & Forêts : l'Ordon ( 1) L'évoquant qui succombera en matière Ci
vile ou Criminelle ì de quelque manierc & en quel
nance veut qu'on ne puisse évoquer de cette
ques termes que la prononciation soir faite , & pa
Chambre dans aucun cas (5); 6°. enfin reillement celui qui se désistera de son Evocation ,
lorsqu'après avoir été débouté d'une pre sans qu'il soit survenu de nouveau aucune des cau
mière demande en Evocation , on veut en ses portées en l'art. 18 de la présente Ordonnance,
seront condamnés en tous les dépens , en trois cent
tenter une nouvelle , fans qu'il soit survenu livres d'Amende envers Nous , & en cent cinquante
depuis ce temps-là aucune nouvelle Parenté livres envers la partie , lesquelles Amendes ne pour
ni Alliance (6). ront être remises ni modérées. Ordon. de 1737 »
art. 79.

(1) V. Art. 17 , du tit. premier de l'Ordonnance X.


<Je 1737-
(1) V. Art. 18 & 19.
50. Dispofitions particulières aux Evo- 10. Dís-
í3) V. Art. 5. cations en matière Criminelle. Elles por- Poíì.tl0",
(4) V. Art. 20. tent lur trois points principaux , dont le re£de l'Or-
(5) f. Art. 24. premier regarde les cas particuliers où donnance
Ì1T-. . 0 • »• pour le*
{6) V. Art. 77 & 78. I Lvocation ne peut avoir lieu en cette |voca.
Rrr 2
joo l,es loix crimin ELLES, Liv. I. Tit. I.
tions en matière ; le second , les formalités que doit 6c par ce moyen , se procureut souvent dans une
mariera remplir l'Accusé décrété de prise-de -corps autre Cour , ou l'absolution de leur crime , qu ra
Criminel doucissement des justes Peines qu'ils méritent \
le. avant que de pouvoir être admis à présenter quelques autres Accusés , à qui tous ces prétextes
sa Cédule évocatoire ; le troifieme enfin manquent , font lignifier des cédilles évocatoires
regarde la différence qui se trouve entre du chef de quelques Juges , à qui ils imputent d'ar
voir fait leur fait propre des Procès qu'ils veulent
l'effet que produit TEvocation en cette évoquer, Sl ils choisissent toujours, à cet effet, celui
matière , & celui qu'elle opère en matière qui a un mombre suffisant de Parens ou Alliés pour
Civile. Nous venons de voir au surplus , évoquer , & demandent ensuite un délai pour faire
quant à la Peine de ceux qui succombent recevoir le fait propre \ 8c cette procédure qui a
des longueurs inévitables , n'est que trop ordinaire
dans leur démande en Evocation en ma dans les Procès pendants dans les Parlemens éloi
tière Criminelle , que cette Peine est la gnés , quoique dans ce cas Nous n'ayons accordé
même que pour les Evocation? en matière aucun délai par notre Ordonnance de 1669 , pour
obtenir un Arrêt de notre Conseil , qui admette la
Civile. preuve du fait propre ; Nous avons cru qu'il étoit
x i: d'autant plus nécessaire d'expliquer nos intentions
fur toutes ces nouvelles subtilités , que si elles
étoient tolérées , non-feulement la Justice se trou-
II. Cas i °. Cas particuliers où PEvocation ne peut veroit en fort grand danger , 8c les crimes les plus
oìi elle ne avoir lieu en matière Criminelle. Ils font graves demeureroient impuuis ; mais rien ne feroit
Í>eut avoir plus capable de ralentir le zele de nos Procureurs-
ieu. marqués par les art. 61 , <>2 , 63 & 64, de Généraux , parce qu'ils se verroient tous les jours
cette Ordonnance , mais encore plus par arrêtés par de semblables évocations , & qu'ils fe-
ticulièrement par la Déclaration du 1 o Mai roieut réduits daus la fâcheuse nécessité d'agir en
1710 , que nous croyons devoir rap leur nom en notre Conseil , pour les faire déclarer
nulles dans tous les Procès Criminels qui se pour
porter ici , parce qu'on y verra en même suivraient à leur seule Requête. A CES causes , &c.
temps les motifs particuliers qui y ont Art. I. Que nul ne puisse évoquer aucuns Procès
donné lieu. II résulte des dispositions de Criminels du chef des Parens ou Alliés de nos
Procureurs- Généraux en nos Cours , quand ils font
cette Loi (1) , confirmées par l'Ordonnan- poursuivis à leur feule Requête , 8c qu'ils n'y ont
ce (2) , qu'on ne doit point admettre les aucun intérêt personnel. . . . Art. II. Voulons
Evocations qui ne font fondées que fur aussi qu'aucun Accusé ne puisse évoquer du chef
les Parentés & Alliances du chef des Pro- des Parens ou Alliés de ceux qui , étant intéressés
à la vengeance du crime , ne se sont pas néanmoins
cureurs-Gínéraux y lorsqu'ils font Accusa déclarés Parties civiles , sauf à récuser ceux qui se
teurs , non plus que celles du chef des trouveront leurs Parens ou Alliés au degré de l'Or-
Complices de l'Accusé , ainsi que du chef donnance Art. III. Ne pourront les Accu
sés évoquer du chef des Parens ou Alliés de leurs
des CeJJionnaires des intérêts civils. II en
Complices , non plus que du chef des Parens ou,
résulte auffi qu'on ne doit avoir aucun égard Alliés des Ceffionnaires des intérêts civils, ....
aux Evocations qui seroient demandées par Art. IV. Défendons , conformément à l'art. 43 du
ceux qui , quoiqu'ayant intérêt au Procès titre premier , de notre Ordonnance de 1669 , de
signifier aucune cédule évocatoire , fondée fur le
Criminel qu'ils voudroient évoquer , n'au- fait propre des Juges , s'il n a été reçu auparavant
rqient pas voulu s'y rendra Parties Civiles. par un Arrêt de notre Conseil , fans que , fous quel
que prétexte que ce soit , il puisse être accordé au
cun délai pour obtenir cet Arrêt par nos Cours où
(1) INOUIS, 8íc. Quelques précautions que Nous les Procès seront pendans } déclarons nulles 8c
ayons prises jusqu'à présent , pour empêcher l'abus de nul effet , toutes les cédules évocatoires , signi
des Evocations des Procès, tant Civils que Crimi fiées dans le cas ci-dessus 5 & en conséquence or
nels , qui n'ont été introduites que comme un se donnons qu'il fera passé outre par nos Cours au Ju
cours , pour garantir nos Sujets del'oppreífion qu'jls gement desdits Procès comme avant la signification
pourroient souffrir , par le crédit des Parens & Alliés desdites cédules évocatoires... Art. V. Voulons au
de ceux contre qui ils plaident : Nous apprenons surplus, que nos Ordonnances, Edits 8c Déclarations
néanmoins qu'elles sont devenues , par les efforts de concernant les Evocations 8r les Cédules évocatoi
la chicane , le moyen le plus ordinaire pour traver res , soient exécutés selon leur forme 8c teneur. Si
ser l'instruction , 8c arrêter le Jugement des affai DONNONS EN MANDEMENT , 8cc. Décl. du 31
res , fur-tout en matière Criminelle ; les Accusés , Mars 1710, regiftrée U 14 Avril suivant.
pour se procurer l'impunité à la faveur du temps ,
ou pour éloigner leur condamnation , ayant sou (1) Les Procès Criminels ne pourront être évo
vent recours à cette voie fans le moindre fonde qués du chef des Parens 8c Alliés de nos Procu
ment ; les 11ns faisant signifier des cédilles évoca reurs Généraux , lorsqu'ils ne feront Parties que
toires du chef des Parens ou Alliés de nos Procu comme exerçant le ministère public Aucun
reurs-Généraux en nos Cours , dans les Procès qui Accusé ne pourra évoquer du chef des Parens ou
ne se poursuivent qu'à leur Requête ; les autres en Alliés de ceux qui ne seront point Parties des Pro
font signifier du chef des Parens ou Alliés de ceux cès , encore qu'ils fussent intéressés à la punition du
qui font intéreffés dans la punition de leurs crimes, crime ou délit. ... Ne pourront pareillement les
18c qui cependant ne se sont pas déclarés leurs Ac Accusés évoquer du chef des Parens 8c Alliés de
cusateurs : quelques-uns portent même leur témé leurs complices , ni du chef des Parens 8c Alliés des
rité jusqu'à évoquer dq chef des Parens & Alliés Ceffionnaires des intérêts civils. . . . Déclarons
de leurs propres complices j d'autres se prévalans de nulles & de nui effet toutes les Cédules évocatoi
l'aviditc ou de l'impuissance des Parties Civiles , se res qui seroient signifiées dans quelqu'un des cas
font céder leurs droits moyennant des sommes portés dans les trois articles précédens : Voulant
considérables , fous le nom de personnes qui ont un que fans y avoir égard , il soit passé outre par nos
nombre suffisant de Parens de ces cessionuaires , Cours à l'instruction 8c au Jugement des Procès
du jtfÇsE çzfmnzMmtGiKt&Ai. sec. joi
Criminels , comme avant la signification desdites être reputes comminatoires. .Aí//7j< 0.r.e>. a/v. 60.
Cédules évocatoires. Oro< des Evocations dt 1737, í/4» I. - r -r ....
tit. 1. art. 61 , 61 y 61 & 64.
(2.) Dans les Procès Criminels qui pourront être
•1 íujejs à Evocation à cause des parentes & alliances
X I I. de la Partie , les Ëvoquans feront tenus de faire si
gnifier à nos Procureurs-Généraux, dans les Cours
dont l'Evocation fera demandée , leurs Cédules évo
11. For- Formaliú prescrite if. l'Acufí qui veut catoires , comme aussi de leur faire faire uue som
"ul,.,í*.. évoquer. L'Ordonnance veut que s'il a été mation d'aíîìster à l'enquête, en cas qu'il y soit pro
particuhe- , 2 , . * ■rr a cédé , & de leur fajre signifier ladite étiquete dès
m que décrète de pnle-de-corps , n ne punie, etne qu'elfe £sra faite, le tout .1 peint de nullité débites
d°il ,"m- admis à présenter sa Cédule évocatoire ,
Cédules évocatoires : Enjoignons à nos Procureurs-
cusé qui qu âpres qu il aura satisfait aux trois con- Généraux d'envoyer à notre Chancelier, dans quin
doit évo- ditions suivantes ; fçavçir , la première , zaine du jour de la signification desdites Enquêtes ou
quer* qu'il se sera mis en état. , & en aura justifié desdites Cédules évocatoires, dans les casoùiln'au-
roit été procédé à l'enquête , leur consentement aux-
par son acte d'Ecrou qui doit être attaché dites Evocations , ou leurs moyens pour. l£s empê
à ía Cédule évocatoire (1) ; la seconde , cher, le tout par forme d'avis , & fans qu'il» puis
sent être assignés & rendus Parties dans ksdites ins
qu'il sera tenu de faire signifier cette Cé
tances d'Evocation ; &c fautepar eux d'envoyer ledit
dule évocatoire , avec l'Acte d'Ecrou , avis dans ledit déjai , il y fera pourvuparnotre Con
aux Procureurs-Généraux des Cours dans seil , ainsi qu'il appartiendra. Mímt Ojwox. art.
les Prisons desquelles il fera détenu (2) ; 65. tit. 1.
la troisième enfin , que, s'il s'agit de faire (3) V. le même art. 6$ ci-dessus.
procéder à une enquête de fa part , il sera
tenu pareillement , à peine de nullité de
XIII.
fa Cédule évocatoire, de faire faire une
sommation à cette Partie publique d'assister
à cette enquête , & de plus de la lui faire 3 °. Différence entre l'Evocation en matière 1J. Dif
signifier auífi-tôt après qu'elle fera ache Criminelle , ô celle en matière Civile , quant férence de
l'Evoca
vée (3). a leurs effets. Elle consiste en cé qu'au tion en ma
lieu qu'en matière Civile la demande en tière Cri
minelle, &
(1) Les Accusés contre lesquels il y aura un dé Evocation a l'effet de suspendre l'instruction de celle en
cret de prise-de-corps subsistant & non purgé , ne dès le moment que la Cédule évocatoire est matiereCi-
pourront signifier aucune Cédule évocatoire , ni s'en consentie , ou qu'il y a une contestation viie, quant
servir fur quelque prétexte que ce soit , s'ils ne à leurs ef
engagée sur ce point , l'instruction qui se fets.
font actuellement en état dans les Prisons des Juges
dont le décret est émané , ou dans celles de la Cour fait au Conseil sur la contestation de la
dont ils veulent évoquer , & il en fera fait men Cédule évocatoire en matière Criminelle
tion dans les Cédules évocatoires , avec lesquelles il n'empêche pas que la Procédure qui a été
fera donné copie de l'écrou , qui fera attesté par le
Juge ordinaire des Lieux , quand l'Accufé se fera commencée contre l'Accufé ne soit con
remis dans d'autres Prisons que celles de la Cour tinuée , & jusqu'à ce qu'il ait été statué sur
d'où il prétend évoquer : seront pareillement te l'Evocation (1).
nus leíHits Accusés de faire apparoir dudit écrou
au Juge qui fera l'enquête , en cas qu'il y soit (1) L'instruction des Procès criminels, dans les
procédé. Voulons que jusqu'à ce qu'ils ayent satis cas même où ils peuvent être sujets à révocation ,
fait au contenu dans le présent article , il ne puisse fera continuée jusqu'au Jugement définitif exclusi
être procédé aucunes poursuites ni procédures fur vement , nonobstant toutes Cédules évocatoires si
l'Evocation , & qu'il soit passé outre à l'instruction gnifiées ; ce qui aura lieu pareillement pendant le
& au jugement des Procès Criminels , fans que cours de l'instance en Evocation , fans que ladite
les Accusés puissent se pourvoir en notre Conseil Instruction puisse être suspendue ni retardée , ni
par voie de cassation ou autrement , contre les que les Procès Criminels puissent être civilisés avant
Arrêts même définitifs qui feroient intervenus fur qu'il ait été statué fur l'Evocation. Même Ord. art.
lesdits Procès , lesquels , audit cas , ne pourront 67 , ///. 1.
502 LES L01X CRIMINELLES, Liv. I. Tit. I.

■ *-
§. VI. Des Réglemens de Juges en matière Criminelle. - . Y

SOMMAIRES. : ,

1. Deux Titres particuliers de V Ordon 6. Cas où P Accusé peut y être admis ,


nance de 1737, fur les Réglemens de après avoir été débouté de son délina-
Juges. toirei
2. Combien de sortes de Conflits peuvent y 7. Ce que doitfaire V Accusé décrété de prife-
donner lieu , & par qui doivent être de^corps pour s'y faire admettre:
8. Dans quel Tribunal doit être porté le Rè
3. Réglemens de Juges en matière Criminel glement fur les Conflits des Prévôts des
le ; en quoi font diflingués de ceux en Maréchaux & des Lieutenans-Criminels
matière Civile. en fait de Cas Prévôtaux.
4. Cas particuliers, qui peuvent y donner 9. Ce quily a de commun entre les Régle
lieu. mens en matière Criminelle , & ceux en
5. Forme des Lettres ou Arrêts qui s'ob matière Civile , quant a ? Instruction ô
tiennent a ce sujet. '--quanta la Peine.
L »■

t. Deut I L y a dans l'Ordonnance des Evocations .Ville , de manière que les Conflits ne puiflent
Titres par
ticuliers deux Titres particuliers , dont l'un con se terminer par voie de conférence entre les
de l'Or cerne les Réglemens de Juges en matière Avocats 6c Procureurs - Généraux de ces
donnance
de 1757 Civile , & l'autre les Réglemens de Juges Çours , les Parties puissent alors s'adreíjèr
fur les Ré en matière^ Criminelle. Comme il y a dans, áu Conseil pour y être pourvu ( 3 ) Au
glemens
3c Juges. l'un 6c l'autre de ces Titres des dispositions Jïcondjcas où le Conflit s'est élevé entre les
qui font communes à ces deux Réglemens j Lieutenans-Criminels 6c les Prévôts des Ma
d'autres qui font particulières aux Régle réchaux , la même Loi veut qu'il soit réglé
mens de juges en matière Criminelle , nous par le GRAND-CONSEIL (4). Dans le troi
allons commencer par les dispositions qui sième cas où il s'agit d'un Conflit entre les
les concernent également. .. Juges subalternes dépendans de différentes
Cours , c'est au Conseil du Roi de régler
II. •-■■■» » à laquelle de ces deux Jurifdictions la con-
noiíìànce doit appartenir (5). Ensin dans
le quatrième cas où il s'agit du Conflit
s. Com II paroît d'abord , d'après les dispositions entre deux Juges ressortissans en la même
bien de
sortes de générales de cette Ordonnance , dans l'un Cour, c'est à cette Cour de les régler entre
Conflits & l'autre de ces Titres , qu'il faut distin eux, en renvoyant , íùr l'appel des Parties ,
peuvent guer quatre fortes de Conflits qui peuvent
y donner ou fur la réquisition des Procureurs-Géné
lieu,& par donner lieu aux Réglemens de Juges ; raux , la connoistance à celui qu'elle juge
qui doi i°. celui qui s'élève entre deux Cours Su
vent être à propos (6).
jugés. périeures qui veulent connoître de la même
affaire; 2°. celui qui s'élève entre les Pré
(j.) Lorsque deux de nos Cours ou deux Jurif-
vôts des Maréchaux 6c les Lieutenans- diction» inférieures , indépendantes l'une de l'autre >
Criminels des Bailliages , lorsqu'il s'agit de & non ressortissantes en inême Cour, feront saisies
Cas Prévôtaux ; 30. eelui qui s'élève entre d'un même différend , les Parties pourront se pour
voir en Règlement de Juges ; & fur le vû des ex
deux Jurifdictions Subalternes , indépen ploits qui leur auront été donnés dans lesdite*
dantes l'une de l'autre , 6c qui ressortissent Cours ou Jurisdidtions , il leur fera expédié des
à différens Tribunaux Supérieurs ; 40. ensin Lettres en notre Chancellerie , portant permission
celui qui s'élève entre les Juges Subalternes de faire assigner les autres Parties en notre Conseil ,
ou accordé un Arrêt sur leur Requête , par lequel
qui ressortissent aux mêmes Cours. Au pre. il sera ordonné que ladite Requête sera communi
mier cas , c'est au Conseil du Roi à qui quée auxdites Parties , pour être statué fur le Rè
il faut s'adresser pour obtenir des Lettres glement de Juges ainsi qu'il appartiendra. Ord.
ou un Arrêt qui règlent à laquelle de ces des Evocations de 1737 , tit. 1. art. 1.
Cours Supérieures doit appartenir la con- {z) Pour régler les conflits de Jurifdiction qui fa
noissance(i). L'Ordonnance excepte néan formeront entre nos Cours de Parlement & nos
Cours des Aides, qui seront établies dans la même
moins à cet égard les Conflits qui s'élèvent Ville , nos Avocats & nos Procureurs-Généraux ,
entre le Parlement 6c la Cour des Aides ; elle dans chacune defdites Cours , s'assembleront au
veut qu'ils soient réglés par les Avocats 6c Parquet de nofdites Cours de Parlement , tous les
Procureurs-Généraux de ces Cours , assem mois Sc jours fixés , ou plus souvent s'ils en font
requis , pour conférer & convenir fur la compé
blés au Parquet du Parlement (2) ; & que si tence de l'une ou de l'autre Cour ; & en consé
ces Cours ne font point établies clans la même quence des résolutions qui seront prises entr'eux ,
DU JUGE CRIMINEL EN GÉNÉRAL, &c. f<y;
fera dònhé Arrêt dans la Cour qui fera jugée incom les formalités particulières que doit obser
pétente , fur l'avis de nos Avocats & Procureurs- ver l'Accusé qui a été décrété de prise-
Généraux en ladite Cour , portant renvoi de la con
testation en la Cour qui fera jugée compétente ; & de-corps ; le cinquième tend à fixer la
en cas de diversité , ils délivreront leurs avis avec qualité du Tribunal qui doit juger- les
les motifs aux Parties , pour leur être fait droit fur Conflits qui s'élèvent pour les Cas Prévô-
le tout en notre Conseil ,. en la forme ordinaire ,ce
taux ; &. enfin le fixieme regarde le Juge-
qui sera pareillement observé en matière Crimi
nelle. V. art. 23. ibid. ) . jment & les Peines qui doivent se prononcer
(3) Les Conflits de Juridiction qui se formeront en cette matière. >
entre ses Cours qui ne font point établies dans la 1 ■ .1 . '■ t
même Ville , ne pouvant se terminer par voie de SI V.
conférence entre nos Avocats & Procureurs-Géné
raux des deux Compagnies , il y sera pourvu en
notre Conseil 5 à l'efFet de quoi les Parties qui 1 °. Quant aux Cas particuliers qui peuvent 4. Cas par
ticuliers
y seront intéreírées , pourront obtenir des Lettres donner lieu au Règlement de Juges eh qui peu
ou un Arrêt , pour y apporter , & y faire instruire matière Criminelle , ils font marqués par lè vent y
& juger leurs demandes en Règlement des Juges , premier article du titre 3 de l'Ordonnan donner
ainsi & de la même manière qu'il a été réglé par les lieu.
dix-neuf premiers articles du présent titre. V. art. ce , où elle veut que ce Règlement ne puisse
24. ibid. avoir lieu, que lorsque deux Cours ou deux
(4) La connoiíTance des Conflits de Jurifdiction Jurisdictions indépendantes l'une de l'au
qui naîtront entre les Lieutenans Criminels & les tre , &. non ressortissantes en la-, même Çour ,
Prévôts des Maréchaux , pour fçavoir auquel des ont informé & décrété , pour raison du
dits Officiers la connoissauce d'un crime qui doit ê tre
jugé présidialement ou prévôtalemeut , sera envoyée même fait, contre les mêmes Parties.
pour être jugée en dernier relfort , appartiendra à
notre Grand-Conseil , auquel Nous faisons dé Le Règlement de Juges aura lieu en matière
fense de faire expédier aucunes commissions , ni de Criminelle , lorsque deux de nos Cours , ou deux
donner audience aux Accusés contre lesquels il y Jurisdictions indépendantes l'une de l'autre , & non
aura un décret de prise-de-corps subsistant , à moins ressortissantes en la même Cour , auront informé
qu'ils ne soient actuelleme.it en état , soit dans les & décrété pour raison du méme fait contre les mê
Prisons des Juges qui les auront décrétés ou dans mes Parties. Ord. des Evocations de 1737 , tit. 3.
celles' dudìt Grand-Conseil , & qu'il ne lui en ait art. 1.
apparu des extraits tirés du registre dèla Geolc , eh
bonne forme , attestés & signifiés , ainsi qu'il a été
dit ci-dessus dans Part.' 4 , le tout à peine de nullité.
V. Mime Ord. tit. 3. art. 6. .
2°. A l'égard de la Forme que doivent 5. Forme
(5; V. l'art. 1. du tft. 2. rapp. ci-dessus , où il est avoir les Lettres ou Arrêts du Conseil qui des Let
parlé de deux Jurisdiâions inférieures , indépendan tres ou Ar
tes tune de tautre & , non-ressortissantes en même ordonnent le Règlement de Juges en ma rêts qui
Cour. ; ' ' - • tière Criminelle , l'Ordonnance veut que s'obtien
nent à ce
(6) Les Conflits de Jurisdictions qui se forme cette forme soit la même que celle qu'elle sujet.
ront en matière Civile ou Criminelle , entre les pre a établie pour ìes Réglemens en matière
miers Juges ressortissans en la même Cour , y se
Civile , à la réserve feulement qu'il doit
ront réglés ÔC jugés par la voie d'appel , & fur les
concluíioas de notre Procureur-Général en ladite être porté dans les Lettres ou Arrêts qui
Cour, ou fur la réquisition qqu'il pourra faire , lors se donnent en matière Criminelle , que Vins
même qu'il n'y aura point d'appel interjette par les truclion fera continuée en la JurifdicTion qui
Parties , le tout en observant les règles & formalités
fera commise par ces Lettres ou Arrêts , jus-
en tels cas requises & accoutumées. Mime Ord. tit.
1. art. ij. qu'au Jugement définitif exclusivement , en
attendant que le Règlement de juges ait été
III.
terminé & jugé.

3. Régle- A l'égard du Règlement de Juges en Les Lettres ou Arrêts de Règlement de Juges ,


mens de mature Criminelle , dont il s'agit principa porteront que l'instruótton sera continuée en la Ju
Juges en rifdiction qui sera commise par lefdites Lettres on
matière lement ici , nous trouvons dans le troisième Arrêts jusqu'à Jugement définitif exclusivement',
Criminel & dernier titre de la même Ordonnance , en attendant que le Règlement de Juges ait été
le; en quoi
sontdiitin- tous les caractères particuliers qui distin terminé & jugé ; feront au surplus lefdites Lettres
gués de ou Arrêts expédiés en la même forme & manière ,
guent ces sortes de Réglemens , de ceux en
ceux en avec les mêmes clauses qu'en matière Civile. V. art.
matière matière Civile.Ilparoît, d'après les différens 2. ibid.
Civile. articles de ce titre , que l'Ordonnance s'est V I. . ■' ' '
proposée de statuer sur cinq points princi
paux , dont le premier regarde les cas
particuliers où ce Règlement peut avoir 30. Pour le cas particulier où l'Ordon- 6. Cas où
lieu en matière Criminelle ; le second, nance permet à l'Accusé , qui a été débouté 1 Accu[e
t f t/ f ■ 1 a a t peutyetre
la forme des Lettres ou Arrêts qui s'obtien de Jon déclinatoire parles Arrêts ou Juge- admis a-
nent en pareil cas j le troisième regarde mens en dernier ressort , de se pourvoir en Prf5, ?,voir
■n t t jt » n 1 r fi 11 etedebou
l'Accusé qui veut se pourvoir en Règle Règlement de Juges , c est lorlqu il a ete té de í'on
ment de Juges après avoir été débouté de décrété , pour le même fait , par une Cour déclmatoi-
son déclinatoire ; le quatrième a pour objet ou Jurifdiction d'un autre Ressort que celle • * .',
504 LES LOIX CRIMIN ELLES, Liv. I. Tit.L j
où il est poursuivi , & qui l'a débouté de est désigné par l'Ordonnance pour régler bon al doit
son déclinatoire. Mais hors ce cas particu les Conflits qui s'élèvent entre les Lieute- être porté
le Règle
lier, l'Ordonnance ne lui lailîè que les nans-Criminels & les Prévôts des Maré ment fur le
Conflitdes
voies de droit pour se pourvoir contre les chaux , pour fçavoir auquel des deux doit Prévôts
Arrêts qui l'ont ainsi débouté de son décli appartenir la connoissance d'un Crime qui des Maré
natoire. doit être jugé Présidialement ou Prévôta- chaux Sc
des Lieute
lement; ce Tribunal est le Grand-Conseil , nans-Cri
Ne pourront néanmoins les Accusés , qui auront auquel cette Loi enjoint en même-temps minels en
été déboutés des déclinatoires par eux proposés , se fait de Cas
pourvoir en Règlement de Juges , si ce n'est qu'il de n'accorder de commission aux Accusés Prévòtaux
ait été informé & décrété pour le même fait , par décrétés de prife-de-corps qu'après s'être
une autre Cour ou Jurisdiction d'un autre ressort , assuré qu'ils se sont mis en état dans fes
le tout sans préjudice auxdits Accusés de se pour
Prisons , ou dans celles du Juge qui les aura
voir par les voies de droit , contre les Arrêts ou
Jugemens rendus en dernier relsort qui les auront décrétés , de la manière qu'il a été dit ci'
déboutés de leur déclinatoire : ce qu'ils pourront devant.
faire lors méme qu'aucune autre Jurisdiction n'aura
informé & décrété contre eux pour le même fait. La connoissance des Conflits de Jurisdiction qui
V. art. 3. ibid. naîtront entre les Lieutenans-Criminels & les Pré
vôts des Maréchaux , pour fçavoir auquel desdits
V I I. Officiers la connoissance d'un crime qui doit être
jugé présidialement ou prévôtalement , fera ren
y. Ce que 4°. Quant aux formalités que doit rem voyée pour être jugée en dernier ressort , appartien
doit faire dra à notre Grand-Conseil : Nous faisons défenses
l'Accusé plir l'Accusé qui est décrété de prise-de- de faire expédier aucune Commission , ni de donner
décrété de corps pour être admis à se pourvoir en audience aux Accusés contre lesquels il y aura un
prise - de-
corps pour Règlement de Juges, l'Ordonnance exige décret de prife-de-corps subsistant , à moins qu'ils
s'y faire quatre choses de fa part : i°. qu'il com ne soient actuellement en état , soit dans les Pri
admettre. sons des Juges qui les auront décrétés , ou dans
mence par se mettre en état dans les Pri celles dudit Grand-Conseil, & qu'il ne lui en ait ap
sons du Juge qui a rendu le décret , ou paru par les extraits tirés du registre de la Geôle en
dans celles des Cours dont ce Juge ressor bonne forme, attestés & signifiés , ainsi qu'il a été
tit; 20. qu'il justifie de son emprisonnement dit ci-dessus dans l'art. 4; le tout à peine de nullité.
Méme Ord. art. 6. ibid.
actuel par un acte d'écrou en bonne for
me , attesté par le Juge ; 30. qu'il fasse I X.
signifier cet acte d'écrou à la partie pu
blique de la Jurisdiction où il sera pour Enfin pour ce qui concerne Plnsiruc- 9. Ce qu'U
suivi : 40. & qu'enfin ce même acte d'écrou tion , le Jugement & la qualité des Peines y a de
commun
soit attaché sous le contre-fcel des Lettres que doivent subir ceux qui viennent à suc entre les
Régle
en Règlement de Juges ou de la Commis comber dans leur demande en Règlement mens en
sion qui fera expédiée fur l'Arrêt , le tout de Juges en matière Criminelle , l'Ordon matière
Criminel
à peine de nullité & déchéance de plein droit nance renvoie fur tous ces points aux dis le, & ceux
desdites Lettres ou Arrêts. positions des art. 17, 18, 23, 24, 28 & 29 du en matière
titre précédent qui concerne les Réglemens Civile ,
Aucunes Lettres ou Arrêts de Règlement de Ju quant à
de Juges en matière Civile (1) , c'est-à-dire , l'instruc-
ges ne feront accordés en matière Criminelle , aux
en partant de ces différens articles, que tion , &
Accusés , contre lesquels il y aura un décret de quant à la
prife-de-corps subsistant , s'ils ne font acluelhment les défendeurs aux Réglemens de Juges en Peine.
Prisonniers daus les Priions des Juges qui auront matière Criminelle , pourront , comme en
rendu des décrets , ou des Cours supérieures aux matière Civile , anticiper les délais des assi
dits Juges , & s'ils n'en rapportent ticrou en bonne
forme St attesté par le Juge ordinaire des lieux , en gnations (2) Que les Réglemens feront
cas que l'Accusé se soit remis dans d'autres Pri instruits & jugés sommairement dans la
sons que celles desdites Cours , lequel écrou fera forme prescrite pour les Réglemens fur
signifié aux Parties Civiles , si aucunes y a , ou à les procédures qui fe font au Conseil (3)...
leurs Procureurs , & à nos Procureurs -Généraux ou
à leurs Substituts , dans les Juridictions Royales Que si le Conflit s'est élevé entre les Cours
dans lesquelles le Procès fera pendant, ouauxPro- de Parlement & les Cours des Aides, il
cureurs des Hauts - Justiciers dans la Justice des doit être réglé par l'avis des Gens du Roi
quels ils seront poursuivis ; le tout à peine de nul
de l'une & l'autre de ces Cours , assemblés
lité Ledit acte d'écrou fera attaché sous le
contre-fcel des Lettres en Règlement de Juges ou au Parquet du Parlement , & qu'en cas
de la Commission expédiée fur l'Arrêt ; faute de quoi qu'ils ne puissent fe terminer par voie de
l'Accusé demeurera déchu de plein droit , lesdites conférence , les Parties pourront alors íe
Lettres ou Arrêts feront regardés comme non-
pourvoir au Conseil (4).... Que les Cours
avenus , & il fera passé outre à l'Instruction & au
Jugement du Procès comme avant icelles , fans ne pourront , en cas de Conflit , prononcer
qu'il soit besoin de le faire ordonner aussi par Arrêt des condamnations d'Amende pour distrac
de notre Conseil. V. les art. 4 & 5 du méme tit. 3. tion ou transport de Jurisdiction ; & qu'elles
de l'Ordonnance de 1737.
ne devront point non plus souffrir qu'il en
VIII. soit prononcé aucune par les Juges qui leur
font subordonnés , le tout à peine de nul-
Ç. Dans 5°. Quant à la qualité du Tribunal qui lité de ces condamnations , contraintes 6c
quel Tri-
Procédures
DIVISION DES JUGES EN MATIERE CRIMINELLE , &c.
5°5
Procédures faites en conséquence (5)... Et C 4 ) Y. les art. 23 & 24. du même tit. 2 , qui
qu'enfin celle des Parties qui succombera dans font rapp. à la fuite de la max. 2. ci-dessus.
les Réglemens de Juges en matière Crimi (5) Faisons au surplus très-expresses inhibitions
nelle, devra être condamnée aux mêmes & défenses à toutes nos Cours de prononcer ni faire
Amendes que celles qui succombent dans les exécuter aucunes condamnations d Amende , pour
distraction ou transport de Jurifdiction , ni de souf
Evocations en matière Civile ; sçavoir, en frir qu'il en soit prononcé aucune par les Juges qui
trois cens liv. envers le Roi , & en cent cin leur font subordonnés ,• le tout à peine de nullité
quante liv. envers la Partie, & en outre aux desdites condamnations , contraintes & procédures
dépens, dommages Suntérêts des Parties (6). faites en ^queuce. V. art. 28. m.

( 6 ) Désirant néanmoins empêcher l'abus que


(1) Les dispositions des art. 17 , 18, 23, 24, plusieurs Parties font des instances & Réglemens
28 , 29 du titre précédent , feront pareillement ob de Juges , qu'elles introduisent en notre Conseil, ou
servées à l'égard des Réglemens de Juges qui se auxquelles elles donnent lieu ,dans la seule vue d'é
formeront en matière Criminelle , & ils seront ins loigner le Jugement du fond de leur contestation :
truits & jugés en notre Conseil , en la forme & Voulons que ceux qui succomberont dans lefdites
manière que les Réglemens de Juges eu matière Ci instances , puissent être condamnés en notre Con
vile. Ord. de 1737 , tit. 3. art. 7. seil , s'il y échoit , en la même Amende , & applica
( 2 ) Les Défendeurs en Règlement de Juges , ble de la même manière que les Evoquans qui suc
pourront se présenter sans attendre l'échéance des combent clans leurs demandes , suivant ce qui est
délais , & procéder avec l'Avocat au Conseil , nom porté par l'art. 79. de notre présente Ordonnance ,
mé dans les Lettres ou dans l'Arrêt , qui fera tenu au titre des Evocations , & en outre aux dépens ,
d'occuper j & le présent article sera observé , tant dommages & intérêts de leurs Parties , laquelle
en matière Civile qu'en matière Criminelle. Même Amende pourra même être augmentée dans les cas
Ord. tit. 2. art. 17. qui le mériteront , ainsi qu'il sera jugé à propos en
(3) Les Réglemens de Juges seront instruits & notre Conseil. Art. 29. ibid.
jugés sommairement en la forme prescrite par les
Réglemens fur les procédures qui se font en notre V. au surplus l'art. 79 , rapp. à la fuite de la max.
Conseil. V. art. 18. ibid. 9. du %. précédent.

TITRE SECOND-

Division des Juges en matière Criminelle , & de l 'Origine des différentes

espèces de Junsàicîions connues en cette matière.

SOMMAIR ES.

1 . Divijîon des Juges en général. 1 1 . Commissaires euvoyés par le Roi dans


2. Deux Jurisdiclions principales , suivant les Provinces.
. . le Droit Romain. 1 z. .Conseil du Roi : pourquoi a été établi.
3. Roi , seul véritable Juge dans son Ro 1 3. Origine des Grands Baillifs & de leurs
yaume. Lieutenans.
4. Origine des Jurisdiclions Criminelles. 14. Etablissement des Cas Royaux.
, 5. Concession primitive des Droits de Jujìice 15. Introduclion de /'appel des Juges Sei
par nos Rois. gneuriaux aux Baillifs.
6. Qualification des premiers Officiers , aux 1 6. Institution des Cours supérieures.
quels fut faite cette conceJJion. 17. Création de la Jurifdiction Prévôtale.
7. Sous-Inséodation faite par ceux-ci a 18. Combien la Conceffion des Fiefs a été
leurs Officiers subalternes : Origine de la nuisible d l'Autorité Royale.
' Pairie. 19. Evénemens qui ont fait rentrer cette
8. Nouvelle fous-Inféodation faite par ces Autorité dans ses premiers Droits :
derniers. Origine de la Haute , Moyenne Distinciion des Droits de Fiefs & de
! Justice. '' ■
ù Baffe-Justice.
' 9. Usurpation de la Propriété des Droits de 20. Division des luges , suivant nos usages
Justice. ' actuels. '
. iq. Trouble ù Confufion qui en font ré- '21, Combien il importe de ne point les
'.-i fultès. confondre.
I.

stoii *des Î-iES Juges étant , comme nous l'avons dit , nomination particulière. Ainsi comme ces
Juges en les Organes & les Ministres des Loix , Loix , considérées en général , se divisent
général. conséquemment des différentes qualités
d'abord en Loix Divines , & en Loix Hu
des Loix dont l'exécution leur est con maines , la première Division qui se fait
fiée, que leurs Jurisdictions tirent leurdé- des Jurisdictions en cette matière , est donc
Sss
5dÔ LES LOIX CRIMINELLES, Liv. I. Tit. II.
celle de Jurisdiction Spirituelle , & de Ju Etats , exercer cette Jurisdiction par lui-
ridiction Temporelle.- même , se voit obligé d'en confier l'admi-
nistration à des Tiers , & de la partager
en différens Tribunaux , auxquels il a com
IL
muniqué les portions d'autorité qu'il a
cru nécessaires à cet effet , & dont ils font
i. Ce que Cette distinction se trouve établie , non-
l'on doit comptables à S. M. qui est à leur égard , ( pour
entendre seulement par le Droit Canonique , mais me servir de la comparaison de certains
par Jims- encore par les Loix Romaines , notam
diction Eo Auteurs ) comme un Soleil qui leur com
clésiasti- ment par la Novelle 6 de l'Empereur munique ses rayons (i) , ou comme la Mer
que. Justinien (i). Nous verrons , en trai
est à l'égard des Fleuves , lesquels , après
tant de la Jurisdiction Ecclésiastique, que
différens trajets , lui reportent enfin les eaux
nos Rois ne se sont pas montrés moins
qu'ils avoient puisées dans son sein (i).
jaloux que les premiers Empereurs Chré
tiens de maintenir l'exercice de l'une & (1) V. Cassiod. Lib. 6. variar. Epist. 23.
de l'autre de ces Juridictions. Nous ob (2) A Principe omnes Jurisdictionum rivuli pro-
cedunt , sicut omnia flumina per meatus terra; fluunt
serverons seulement ici en passant , qu'il à mari & ad mare refluunt. Azon. in summ. de
faut bien se garder de confondre , sous le Jurisdic. omn. Judìc.
nom de Jurifdiclion Eccléjiaflique , cette
I V.
Jurisdiction Spirituelle qui s'exerce prin
cipalement fur les ames , & regarde le for Ainsi , à considérer d'abord les Jurifdic- 4. Origi
intérieur de la conscience , avec cette Ju tions fous ce point de vue général , l'on peut ne des Ju-
risdictions
risdiction purement temporelle & exté dire qu'elles font toutes également Roya Criminel
rieure , qui consiste à vuider les différends les , comme ayant pris leur source dans un les.
des Ecclésiastiques , & qui s'exerce publi centre commun , qui est l'autorité du Sou
quement dans les Officialités , en vertu de verain. Cependant il faut convenir que par
la Concession particulière que nos Rois en la Succession des temps , ces mêmes Ju-
ont faite à l'Eglise. rifdictions ont éprouvé plusieurs révolu
tions remarquables , dont il est néceíîàire
( i ) Maxima quidem in homînibus stint dona de rappeller ici les véritables causes , pour
Dei à superna collata clemenria , Sacerdotium , & pouvoir se former une juste idée de l'état
ImperiumV&c illud quidem divinis ministrans , hoc
où elles se trouvent aujourd'hui.
autem hutnanis praesidens , ac diligentiam exhi-
bens : ex uno eodemque principio utraque proce-
dentia , humanum exornant vitam. Ideòque nihil V.
íìc erit studioíum Imperatoribus fient Sacerdotum
honestas : cùm utique & pro illis ipfi semper Deo Nous savons , d'après PHistoire de notre Ç. Conces
íupplicent. Nam si hoc quidem inculpabile- fit un- Nation (1) , que nos premiers Rois qui con sion primi
tive des
dique , & apud Dcum fiduciâ plénum : Imperium quirent les Gaules , pour mieux se conser droits de
autem rectè & compétentes exornet traditam Rem-
publicnm , erit consonantia qua;dam bona j omne ver le fruit de leurs conquêtes , crurent de Justice par
nos Rois.
quicquid utile est humano conferens generi. Nos voir diviser leur Etat en différentes parties ,
igitur maximam habemus sollicitudinem circa vera dont ils confièrent le gouvernement à leurs
Dei dogmata , ck circa Sacerdotum houestatem Capitaines , 8c à leurs principaux Officiers ,
quam illis obtinentibus credimus , quia per eam
maxima nobis bona dabnntur à Deo ; & ea quae pour les tenir d'eux en Fiefs , leur vie du
sunt sirma habebimus , & quae nondùm hactenus rant , à la charge de Foi & Hommage , &
vencrunt , acquiremus... Beuè autem universagerun- de les accompagner à la Guerre lors de
turSccompctenter , si rei principium fiatdecens&
la convocation du Ban & arriere-Ban. Ils
amabile Deo. Hoc autem futurum esse credimus ,
fi sacrarum Yegularum observatio custodiatnr , quam y joignirent aussi en même-temps le Droit
justi & latidandi & adorandi Inspectores & Mi- de Juflice , à l'imitation des Romains , qui ,
«istri Dei verbi tradiderunt Apoltoli , & Sancti Pa après avoir vaincu les mêmes Gaulois ,
tres custodierunt & explanaverunt Novell. 6.
tit. 6. Praefat. ■■. ' confièrent à leurs Officiers , fous le nom
de Préfets , & de Préfidens de Provinces ,
I I ï. l'administration de la Justice qui étoit
exercée auparavant par les Druides , con
3. Roi , La Jurisdiction dont nous allons nous jointement avec les Nobles (1).
seul véri occuper ici , est connue autrement , fous le
table Juge (1) V. Grégoire de Tours , Liv. 6. chap. 22.
dans son nom de Jurisdiction Laïque ou Séculière , Pasquier, Liv. 2. chap. 1. Loyseau , Tr. des
Royaume. parce qu'elle s'exerce dans les Tribunaux Offices , Liv. 1. ch. 3... V. aussi l'Abrégé Chronol.
Séculiers , & par des Juges Laïques. Celle- du Prési. Henault.
ci ne réside & ne peut résider proprement.,
. ' . VI. . ' - .
comme nous l'avons dit , que dans la Per
sonne du Roi , qui est le seul véritable Les Officiers , à qui nos premiers Rois 6. Qualifi
Juge de son Royaume , mais qui ne pou distribuèrent ainsi leurs Gouvernemens , cation des
premiers
vant . à cause de la vaste étendue de ses furent connus sons les noms de Ducs , de Officiers à
DIVISION DES JUGES EN MATIÈR¥^RIMINËLLE , &c. 507
qui fut fai Marquis, Comtes & Barons. L'on appel- ment , auquel l'on sçait qu'a été réuni cet
te cette loit Ducs y ceux qui étoient préposés à ancien Tribunal-, coiínu"sous le nom de la
concession une Province entiereJ; Marquis , ceux Cour des Pairs/ n. jji : '- .
dont le Gouvernement étoit moindre , &
V I I I.
s'exerçoit far une frontière ; Comtes , Céux*-
dont le Gouvernement moins étendu que Quoi qu'il en soit , la même licence , ctbnt - 8; No«-
celui des Ducs , s'exerçoit dans l'intérieur avoient cru pouvoir user les Grands Vafí J^j§™î
du Royaume ; & enfin l'on qualifioit de faux par les inféodations quftlsi firent uàtion íatte
Barons , ceux dont le Gouvernement" s'é- leurs Officiers subalternes , servit bientôt §"nie^
tendoit seulement sur une Ville ou Cité. de prétexte à cés derniers, pour fe croire aiia Origine "
torifés à suivre leur exemple , en établiílant à. ^ee la^QU*
V. Marculph. Formul. lib. i & 2.
leurtour des/arrière-Fiefs , à lachargècqu'ils^enne &
i
VII. releveroient d'eux comme ils reíevoient ^affe Ju£r
eux-mêmes des Grands Vassaux; & c'est
'7. Sous- Nous fçavons aussi , d'après les mémes de-là qu'est venue la distinction des Justi-
Inféoda- Auteurs, qu'à peine ces premiers Officiers ces Suzeraines , Hautes 3 Moy£nnejí\<&
tion faite
par ceux- furçnt-ils, revêtus de. ces nouveaux titres , Bajfes , dont nous aurons lieu de parler dans
ci à leurs qu'ils û crurent en droit d'en user à l'é- un moment.
Officiers
subalter gard des Militaires : qui leur étoient su -'il X. ;'« J
nes : Ori- bordonnés , de la même stjanreré dont le
Pine de la Çe ne fut pas, tpût ^ profitant des trou-
airie.
j • 1 1 1 ^. j i il j 1 l xi&u Art iuijjiuiiv ulj i vguv.j . j-c* -C6S t
charges sous lefqu seconde Race , l'ori'yit bientôt les 'Petits } Droit«.d«
leur avoient été concédés. Ces derniers comme les Grands Vassaux , porter l'au- u ice"
surent connus , tantôt fous le nom de VI
dace- jusqu'à vouloir .^arroger la, propriété
COMTES j quasi Viçecomitum gerentes ; tan
de la Justice, dont l'administratíon ' he leuir
tôt fous ceux de VlGUIER , quasi Vicarii
avoit été confiée qu'à -vie seulement. A' 1?
yel alteriùs Kicesgerêntes ; de, Vidame ,
vérité", íl paroît qu'il y en eut quelques~
Vsùedomini , &de PRÉVÔT , quasi Pr.epo-
uns d'enfr'eux , qui , pour couvrir leurs
fiti'juridicundo , suivant la qualité de ceux
usurpations & s'y perpétuer / 'prirent Iç
de ces premiers, Officiers dont ils- - te- parti de demander" au Souverain'. desJ"per-
noient
rr -n des
> Concessions. .On
' ' ,-i les .appejlpit
>XK ■ r. *missions particulières , pour. . poliederJhù.-*&
nere-
austi
t, BANNERETS,
. j , 'Xparcecnqu ils portoient
tT; ■ -„la •
ditairement „€>'•> iSpropriété
& a titre de ^jZï-âïà ce meme
Bannière dans le Ban' & arnere-Bán, oc , •. , T a- '.• ì ".r .; f A^ ^PJ j„
^ 1 r ■• -r i droit de Justice : ce qui arriva ìur-tout çlU
Châtelains, lorsqu'ils exerçoient' feule
temps de Charles Martel.
ment la Justice dans l'enceinte d'un. Châ
teau , quasi Caflellorum cuflodes. Cepen . . . ., X. -
dant il faut remarquer avec ces Auteurs ,
Tarit que ces Justices ne furent qu'a vie 10. Troùi
que ces dernieres Concessions ne surent
point faites avec la même étendue de pou seulement, & qu'elles furent ; réglées par JJjJ^j
voir que les premières, & qu'en conférant ^ Qualité des Seigneurs dont elles prove- enfâftr*
à ceux-ci les Droits de Justice , dans la noient originairement , il fut aisé de diítin- sultéS-

portion des Fiefs qu'ils leur fous-inféo guer l'étendue de leur pouvoir ; & ce ne
doient , ces grands Vaíîaux eurent foin de fut que lorsque ces Jurifdictions devinrent
se réserver à eux-mêmes la connoissance héréditaires , que tout fut confondu : en
des affaires les plus importantes , & sur forte que l'on vit dès-lors de simples Vas
tout de celles qui les intéressoient person faux , tels que les Vicomtes & Châtelains ,
nellement , ou qui regardoient la punition posséder de Hautes , Moyennes & Basses-
des Crimes. L'on sçait d'ailleurs , qu'à l'é- Justices , aussi-bien que les Ducs , les Mar
gard de ces dermeres , elles se terminoient quis , les Comtes & les Barons.
ordinairement , ou à l'amiable par la mé
X h
diation de leurs Parens ou Amis , ou par
l'Assemblée des Barons, & le plus souvent Mais enfin ces usurpations, ou plutôt, u, Cc.ni
missaires
par le Duel , ou le Combat en Champ-clos les vexations qui èn _ furent bientôt la —envoyés
qui avoit lieu à défaut d'autres preuves; de fuite , ayant réveillé l'attention de nos Rois parle Roi
manière que ceux qui avoient le défavan- devenus plus puilîàns , ils se mirent en de- p^-inçe^
tage en ce Combat , perdoient leur Procès, voir de prendre les moyens les plus effi-
C'est vraisemblablement de l'usage qui caces pour y remédier. La première tenta-
s'établit alors parmi ces Grands Vassaux , tive qu'ils crurent d'abord devoir employer
d'être jugé par leurs Pairs , qu'est venu à ce sujet , ce fut d'envoyer de temps à
le Privilège de la Pairie , dont nous au- autre des COMMISSAIRES dans les Provin- ...
rons lieu de parler en traitant du Parle- ces , pour entendre les plaintes des Peu- _ .:
Sff 2
jq8 LES LOIX CRI'MIN ELtES , Liy.tK; Tit. IL
pies fur les injustices des Jugemens qui s'y d'un autre côté le soulagement de leurs Cours Su-
Sujets , qui étoient obligés , fur-tout de- Péneure$-
rendoient , & dont l'appel étoit alors porté
par-devant le Roi mêmet. j ; puis l'agrandissement considérable de leurs
Etats par la réunion des grands Fiefs de
XII. la Couronne , de yenir plaider de fort loin
-nr-Crfh- ir-rCesCommiflàires, connus autrement íous en la Cour , íur Pappel des Sentences dqs
JSÍ5ïî"'fe nom de Miffi Dominici , étoient tirés premiers Juges , ils prirent le parti d'éta
*ètô «*- du Gonseil que nos Rois ont toujours eu blir des Cours Supérieures pour rendre
. \ ( ; auprès de leur personne , pour les aider à dé- la Justice en dernier Ressort. Parmi ces
an.s. - eider les grandes affaires d'Etat j fur-tout Cours , l'on distingue d'abord les Parle-
à cause de la difficulté qu'il y avoit de MENS , à commencer par celui de Paris ,
-r.r.-.
rassembler les Etats-Généraux , dont les comme le plus ancien , les autres ayant été
occupations multipliées ne permettoient pas créés fucceflìvement, , suivant le besoin ,
d'ailleurs de pouvoir y examiner à fond la en différentes Provinces. Mais comme ces
plupart des affaires contentieuses qui étoient Cours ne pouvoient suffire à l'expédition
de toutes les affaires contentieuses de leur
portées devant eux. .. .
Ressort , nos Souverains , toujours atten
XIII. tifs au maintien de^la Justice dans leur
Etat, ont cru devoir y suppléer, entêta? '
Où- Ces Commissaires du Roi , qui avoient
gìne des d'abprdété choisis parmi les Evêques, les blissant d'autres Cours, Supérieures aux
Bari!îlfsS'& Comtes &: les Barons , furent ensuite rem- quelles ils attribuèrent certaines matières ,
qui , par leur importance & leur étendue ,
d« leurs placés'par de GrandS-Baillifs qui étoient
sembloient exiger des Tribunaux particu
nan»"" °-es Se%neurs de marque. Mais comme
liers. ...*,.*
s::'.. . çèux-cî se trouvoient partagés entre les
xvi 1.
fonctions c^e la Justice & les fonctions Mi
litaires , lès abíènces-fréquentes que celles cí Enfin , pour accélérer encore davantage 17. Créa-
lêur occasionnoient , les déterminèrent bien la décision des affaires de moindre imppr- j^"-^.1*
tôt à. se fàíre' suppléer eux-mêmes, dans
tance, & fur-tout pour assurer une plus tíon Pré-
Vàcîministratipn de la Justice , par des LlEU- prompte punition de certains crimes qui de- vôtalc-
TËNÀNS, à quí ils s'en rapporterenftellement soloientles campagnes , nos Rois ajoutèrent
íùr cette partie , que ces derniers ne furent
à l'établiíîèment des Cours Supérieures celui
plus dêsrlçrrs connus eux-mêmes , que fous le
de la Jurifdiction Prévôtale & Préjìdiate ,
nom, de. Bflillifs & Sénéchaux. C'est aussi avec pouvoir de juger en dernier Ressort
Ja qualification qui leur est donnée par nos lés cas que nouí appelions Prévôtaux , &
Ordonnancés. que nous ' aurons lieu de remarquer , en
'XI V. traitait de cette Jurifdiction.
14. Motifs Nos Rois ne s'en tinrent pas là ; pour
de l'cta- mettre un nouveau frein aux abus qui ré- X V I II.
ites^Cas" íultoient de la trop grande étendue des L'on voit, par ce Tableau général des 18.C0m-
Royaux, droits attachés aux Justices Seigneuriales ,
différens changemens que l'adminiitration concession
.t>:. ■■ ils crurent devoir les restreindre, pour
de la Justice a éprouvés depuis rétablisse- des Fiefs a
augmenter ceux des Baillifs qu'ils venoient
ment des Fiefs , que cet établisièment , àTào-
d'établir. Ce qu'ils firent de deux maniè
qui avoit d'abord paru íì avantageux dans torìté Ro-
res j l'une , en réservant aux Baillifs la con-
fon principe , en ce qu'il tendoit à lier
:noifïànce des Cas Royaux , fur le fonde
plus étroitement les membres à leurs Chefs,
ment qu'il n'étoit ni juste ni bienfaisant que
au moyen des engagemens qu'ils contrac-
le Souverain fût obligé d'aller demander
toient envers lui par la foi &. hommage à
Justice à ses Vassaux , dans des affaires qui
chaque reprise de Fief, a failli néanmoins
concernoient son Domaine , ou le bien de
de renverser la Monarchie Françoise ; en ce
son Etat. que , d'une part , nos premiers Rois , pour
X V. se faire des créatures , ont épuisé leurs
ï\ întro- ^n autrc expédient que nos Rois em- Domaines en les inféodant ; en même temps
ductionde ployèrent, afin de ménager à leurs Baillifs qu'ils ont diminué considérablement leur
JugesSel- ^e m°yen de connoître même des Cas or- Autorité en rendant héréditaires les digni
gneuriaux dinaires qui étoient portés devant les Juges tés de Ducs , Marquis, Comtes , auxquels
aux Bai1" Seigneuriaux ; ce fut d'introduire Y Appel ils avoient attaché tout-à-la-fois , & í'ad-
lift.
de leur Jugement pardevant ces mêmes ministration de la Justice , & le comman
Baillifs , pour qu'ils "pussent les réformer. dement des Armées : tandis que d'un autre
côté les grands Seigneurs , après avoir formé
XVI. des Fiefs immenses , & s'être attaché la
16. Inst
tuxion dès Ils firent plus encore j pour procurer Noblesse par des Sous-Inféodations , de-
DIVISION DES JUGES EN MATIERE CRIMINELLE , &c. 509
vinrent si puiílans , qu'ils affectèrent l'indé- différens Juges , que nous aurons lieu de
pendance , jusqu'à faire la guerre au Sou- distinguer ceux qui font connus fous les
verain mêmè. noms de Juges Supérieurs , & de Juges fn-
XIX.- ■ ■ férisurs ou Subalternes, déjuges d'Appel,
& de Juges à la charge d'Appel ; de Juges
1 9- Evé- Mais enfin l'-établisïèment des Fiefs ayant en première Infiance , & de Juges en der-
nemens ceíTé d'être nécessaire pour la défense de nier Ressort.
qui ont
uit rentrer l'Etat , depuis que les Rois , par la réu X X I.
cette auto nion des grands Fiefs à la Couronne, ont
rité dans
ses pre été en état de lever & d'entretenir des
miers Troupes soudoyées , les choses font heu Toutes ces distinctions font d'autant plus «i.Com-
droits : effentielles en cette matière , que , comme po^dT
distinction reusement , par ce moyen , rentrées dans leur
des droits état naturel 8c primitif, suivant lequel il nous allons le voir en traitant de chacun de ne pas les
de Fiefs & ces différens Juges en particulier , il y en a coníondre
de Justice. n'y a & ne peut y avoir , comme nous
l'avons dit, de Jurisdiction dans ce Royaume qui ne jugent jamais qu'à la chargé de
qui ne relevé du Roi , parce qu'il est de l'Appel , tels que les Juges Seigneuriaux
la nature de la Monarchie de n'avoir point & les Prévôts Royaux ; qu'il y en a d'au-
d'égal : maxime qui a donné lieu à cette tres , tels que les Baillifs & Sénéchaux ,
autre également constante , que Fief 0 qui font en même temps , & Juges d'Appel ,
Juf/ice n'ont rien de commun , c'est-à-dire , relativement aux Prérôts Royaux & ^ux
que celui qui veut donner une Terre en Juges Seigneuriaux, (à l 'exception néan
Fief, ne peut , fans l'autorité du Roi, y moins de ceux des Pairies dont le privi
ajouter le droit de Justice ; comme au lège est de reflbrtir nuement dans les Cours )
contraire , la Justice peut s'exercer fans & Juges à la charge òìAppel, relativement
qu'il y ait de Terre à laquelle elle soit an aux ('ours dont Us restbrtistent ; qu'il y en
nexée. a aulìì qui font en même temps , ík Juges
X X. d'Appel , & Juges en dernier Ressort ,
comme font les Cours Supérieures aux-
îo. Di D'après ces Observations préliminaires , quelles resiòrtislènt des Tribunaux infé-
vision des pour procéder avec ordre dans la Division rieurs ; qu'il y en a d'autres qui font Juges
Juges sui
vant nos des différentes espèces de Jurifdiótions Cri- en dernier Ressort , comme sont les Lieu-
Usages ac minelles qui font connues dans ce Royaume, tenans-Criminels des Bailliages où il y a
tuels.
( car c'est íbus ce point de vue seulement un Présidial établi. Nous verrons même que ,
que nous entendons les considérer ici ) parmi les Juges en dernier Resiòrt , il y en
nous les rangerons d'abord fous les deux a qui jugent à la charge d'Appel en cer-
Claíîës principales de Jurifdictions ordi- tains cas , comme font les Prévôts des Ma-
naires , & de Jurifdictions extraordinaires, réchaux en fait de Duel ; qu'il y en a enfin
Nous distinguerons ensuite, parmi les Juges qui jugent en même temps , & en première
ordinaires , ceux connus dans nos Ordon- Instance , & en dernier Reflòrt , comme
nances fous le nom de Juges Seigneuriaux font les Cours Supérieures lorsqu'il s'agit
& de Juges Royaux ; & c'est dans le détail des Procès Criminels de leurs Membres ,
où nous entrerons des Droits particuliers &. dans d'autres cas dont la connoisiànce
qui font attachés aux Jurifdictions de ces leur est spécialement réservée par nos Loix.

, C H A P I T R I PREMIER.

Des Juges ordinaires en matière Criminelle.

L'ON entend , par Juges ordinaires en Jurisdiction desquels a été attaché origi
général , tous Ceux qui connoilfent de tou nairement ce droit de GLAIVE , qui forme,
tes sortes de Matières , & entre toutes fortes comme nous l'avons dit , le caractère dif-
de Personnes , dont la connoisfance ne leur tinctif de la Jurisdiction Criminelle parmi
est point interdite expressément par quelque nous. Nous en connoiflbns de quatre sortes ,
Loi particulière. Mais les Juges ordinaires les Juges Seigneuriaux, les Prévôts
en matière Criminelle dont nous voulons Royaux , les Baillifs & Sénéchaux ,
parler principalement ici , font ceux à la & les Parlemens.
;

yio LES LOIX CRIMINELLES, Liv. I. Tit. IL

§. I. Des Juges Seigneuriaux en matière Criminelle.

SOMMAIRES.

I. Incertitude de Porigine des Hautes , Mo raines ; ce qui les, difiingue en cette


yennes & Baffes Jufiices. matière.
z. Déclarées patrimoniales par nos Ordon 7. Avantage particulier des Juges Seigneu
nances. riaux fur les Prévôts Royaux.
3. Juges Seigneuriaux considérés fous quatre 8. Cas dont ils ne peuvent connoître au pré
points de vue différens. judice des Bailliss ù Sénéchaux ; excep
4. Droits particuliers a la Haute Jufiice en tion quant a la Procédure.
matière Criminelle. 9. Cas dont ils ne peuvent connoître au pré
5. Droits des Moyens & Bas - Justiciers judice des Prévôts des Maréchaux ; deux
suivant les Coutumes. modifications à ce sujet.
6. Jufiices des Pairies , 0 Jufiices Su\e-

I. I I.
i.Incer- L'ON vient de voir , d'après l'examen où Quoi qu'il en soit , íàns nous jetter dans ». Déda-
í'origine16 nous sommes entrés de l'origine & des un plus ample détail íùr ce point , il nous Í^F"^"
des Hau- changemens successifs qu'ont éprouvés les suffira d'observer en général que les Justices par nos
yennes* & différentes espèces de Jurisdictions dans le Seigneuriales ayant enfin été déclarées pa- °rdon-
Basses M- Royaume , que les Justices Seigneuriales , trimoniales par la Déclaration de 1536,
uws' après avoir été toutes établies fur le même rendue en interprétation de l'Edit de
pied , ont été subdivisées ensuite en trois Cremieux (1) , on les a dès-lors regardées
classes différentes , fous les noms de Haute , comme faisant partie des Jurisdictions or
Moyenne & Baffe Justice. L'on ne sçait dinaires , & en cette qualité comme formant
pas au juste la véritable Epoque de cette sub le premier degré dans Tordre des Jurisdic
division. II y a des Auteurs qui prétendent tions ordinaires : en forte qu'on ne peut au
qu'elle vient de la différence des Dignités jourd'hui les dépouiller des droits attachés
qui se trouvoient entre ceux qui possédoient à cette qualité , que dans les cas seulement
les Fiefs auxquels ces Justices étoient où ils en font formellement exclus par les
attachées , chacun ayant fçu usurper plus Loix du Royaume.
ou moins d'autorité suivant le rang qu'il
tenoit. II y en a d'autres qui font remonter (1) François , parla grâce de Dieu, Roi de
plus haut l'origine de ces trois différens France : A nos Amés &Féaux Conseillers, lesGens
degrés de pouvoir , en les assimilant à ces tenant notre Cour de Parlement, à Paris: Salut &
trois espèces de Jurisdictions qui étoient dilection- Comme pour faire cesser les différens dé
bats & controverses, qui ont été puis aucuns temps
connues chez les Romains fous les noms entre nos Baillifs , Sénéchaux & autres nos Juges
de Merum , Mixtum-Impcrium , & fimplex ressortissans en notredite Cour fans moyen , & les
Notio. Mais de tous ces fentimens , aucun Prévôts , Châtelains & autres nos Juges subalter
ne nous paroít absolument exact ; car nous nes , fur Pexercice de la Justice à Nous apparte
voyons, d'une part, qu'il se trouve plusieurs nant , & obvenir aux frais , mises Sc longueurs ,
esquels ont été ncs Sujets àl'occasion desdits diffé
différences essentielles entre les Usages des
rends & innovation des procès , pour le soulage
Romains & les nôtres , soit pour la forme , ment & tranquillité de nosdits Juges , qui auroient
soit pour les droits qu'ils avoient attachés été appointés à informer fur l'exercice & jouis
à chacune de ces trois espèces de Juris sance de leurs Offices en plusieurs & diverses ins
dictions ; mais íiir-tout pour ce qui con tances^ l'exercice de notredite Justice diversi
fiée , & mise en grand trouble & confusion : Nous
cerne la nature des Fiefs , dont on fçait
ayons , après avoir eu avis de notredite Cour , &
que l'origine est principalement attribuée nos Avocats & Procureur-Général , par grande
aux Lombards. Nous voyons aufìì d'un & mûre délibération des Princes de notre Sang,
autre côté , que , dans l'état actuel où se & des Gens de notre Confcil privé étant près
trouvent les Justices Seigneuriales parmi Nous , ordonné & statué par Edit perpétuel & ir
révocable , que nosdits Baillifs , Sénéchaux & au
nous , il y a de Hautes-Justices qui font
tres Juges Présidiaux , & nosdits Prévôts , Châte
possédées par de simples Nobles , & même lains & autres nos Juges inférieurs exerceront res
par des Roturiers ; tandis qu'il y en a de pectivement notre Justice , selon qu'il est à plein
Moyennes & de Basses qui font possédées contenu en noídites Ordonnances & Edits , fans
par de grands Seigneurs : en forte qu'il n'y qu'il y ait par ci après aucun procès , différend ,
ne controverse en nosdits Juges , pour raison de
a proprement que les Seigneuries Suze
Pexercice de notredite Jurisdiction : Et combien
raines qui fe soient conservées dans leur qu'en ce faisant , n'ayons aucunement touché la Ju-
ancien état. rifdiclion quont nos Sujets & Vajfaux en leurs Ter~
DIVISION DES JUGES EN MATIERE CRIMINELLE , &c. 511
res & Seigneuries , mais seulement réglé & départi avec lesquels ils peuvent se trouver en
l'exercice de notre Justice accoutumée , être exer concurrence dans cette matière.
cée par nosdits Juges Présidiaux & subalternes , &
n'y puissent nosdits Vassaux avoir aucun intérêt ,
I V.
perte ni dommage , & ne soient aucunement com
pris audit Règlement ; leur demeurant leurs Justices
i°. Juges Seigneuriaux considérés en- 4. Droits
& l exercice d'icelles en leur entier , entre toutes
treux. Nous avons distingué trois ■ diffé- {^''""j
personnes , & de toutes causes & matières , comme ils
cm eu par ci-devant. Et ayons voulu par nos Edits rens degrés dans la Jurisdiction Seigneu- Haute Jus-
& Ordonnances privilégier & favorablement trai- riale , ceux de la Haute , Moyenne 6c Bafíè- tjceenma.
ter les Gens nobles , vivant noblement , nos Justi- T rt" rt* tiere Cri-
Justice. Cette distinction est d'autant plus mìoelle.
ciables , en baillant la connoissance de Jurisdiction
importante en matière criminelle , que ce
de leurs causes & différends à tous nos Juges Pré
sidiaux , comme aussi d'iceux auroit eu par ci-de n'est qu'à la Haute-Justice seulement qu'a
vant , & icelle interdisant auxdits Prévôts , Juges été réservé par nos Loix le droit de con-
subalternes. Ce néanmoins aucuns de nosdits Vas- noître de ces matières. L'on veut dire
faux ayant Justice en leurs Terres & Seigneuries , qu'elle a feule le droit de Glaive, ce droit
prétendant leur être préjudicié par ladite Ordon de Sang , en vertu duquel les Juges Hauts-
nance , ont donné & formé opposition à icelle ,
combien qu'ils n'y aient intérêt aucun, fur laquelle Justiciers peuvent prononcer toutes sortes
opposition , pourroient nosdits Vassaux entrer en de peines corporelles , jusqu'à celle de
învolution de procès , frais & mises à notre grand Mort. Ce qui donne par conséquent aux
regret & déplaisir , si, sur ce, par Nous n'y étoit Seigneurs qui la font exercer , le Privilège
pourvuide provision à ce convenable. Pour ce, est- d>avoir des Carcans ou Piloris, 6c des
il que Nous ( qui voulons relever nos suiets & t? u r> --u i ■ r> • t j
Vassaux, de frais, mises & dépens, tollir & ôter Patibulaires; Privilège dont
les doutes & difficultés qu'ils pourroient avoir) de- íont formellement exclus les Moyens &
sirant les favorablement traiter & soulager : Avons Bas-Justiciers , qui peuvent seulement pro-
dit , déclaré ^déclarons par ces présentes ,.que noncer de simples Amendes pécuniaires
par l'ordre & Règlement qu'avons mis entre nosdits pour des délits légers , pourvu qu'elles
Juges Présidiaux ÔC subalternes , n'avons aucunement
n'excèdent point le taux fixé par les
compris en nosdites Ordonnances & Edits nosdits Vas
saux ayant en leur Metes & Seigneuries , Jurisdic Coutumes. <•■<>
tion & Justice-; mais seulement nos Justiciables V.
qui ont à subir Jugement par-devant nosdits Juges ,
& des causes & matières , dont la connoissance leur Suivant la Coutume de Paris , l'Amende 5. Droits
a de tout temps appàrtenu & appartient. Et vou que peut prononcer le Moyen-Justicier ne d" ^ M£'
lons & Nous plaît, que tous & chacuns nos Vassaux peut excéder 60 f. Parisis , & celle du Bas- Bas-JuíH-
ayant Justice , l'exercent & fassent exercer entre Justicier est fixée à 1 o f. Parisis seulement. ciers (ui~
toutes Personnes nobles & plébées , & de toutes Aï 1 • t -i 1 r* vant les
causes & matières , dont la connoissance leur ap A la vente , il y a de certaines Coutumes Coutumes
partient ; & tout ainsi qu'ils ont fait & pu faire au qui étendent beaucoup plus loin le pou
paravant nosdites Ordonnances & Edits, par les voir des Moyens-Justiciers , jusqu'à* leur
quels n'aurons voulu & entendu aucunement pré- permettre de prononcer le Bannissement
judicier à la Justice & exercice d'icelle;/naij au con
& autres Peines au-dessous de celle des
traire privilégier & favoriser nosdits Vassaux , même
les Nobles vivans noblement , comme dit est. Si vous Galères 6c de la Question : de ce nombre ,
mandons & enjoignons que notre présente décla sont entr'autres celles de Senlis , Mon-
ration vous fassiez lire , enregistrer & publier à ce treuil , Saint-Omer , Artois , Maine 6c
qu'aucun n'en prétende cause d'ignorance , & que , Blois. Mais ces dispositions singulières ne
la difficulté , ainsi même en soit & demeure par ci- font point suivies dans notre Jurisprudence ,
après entre nosdits Vassaux & Sujets , en faisant
garder , entretenir ÔC observer ledit ordre & Rè comme étant directement contraires à la dis
glement , à plein contenu en nosdits Edits & Or position textuelle de l'Ordonnance , qui astì-
donnances entre nosdits Juges , pour lequel tant mile les Moyens 6c Bas-Justiciers aux Juges
seulement ont été faites nosdites Ordonnances & 6c Consuls en ce point , qu'elle les exclut
Edits : car ainsi Nous plaît être fait , nonobstant absolument de la faculté qu'elle accorde à
ladite opposition , & autres oppositions faites & à
tous autres Juges , même Civils , de con-
faire. Decl. de François 1. du 24 Février 1 5 37.
noître du Faux Incident 6c de la Ré
bellion commise à l'exécution de leurs Ju-
III.* gemens.

Tous Juges , à la réserve des Juges-Consuls &


3. Juges Ainsi, pour déterminer d'une manière des Bas & Moyens - Justiciers , pourront connoître
Seigneu- plus exacte la Compétence , ou les différens des Inscriptions de faux, incidentes aux affaires
sidérés Cas dont les Juges Seigneuriaux peuvent pendantes par-devant eux , & des rebellions com-
sous qua- ou ne peuvent pas connoître en matière mises à l'exécution de leurs Jugemens. Ordon. de
devuedi" Criminelle, nous croyons devoir les con- l&7° > *• ««»*o.
férens. sidérer fous quatre points de vue différens ; VI'
d'abord entr'eux , ensuite relativement aux
Prévôts Royaux, aux Baillifs 6c Séné- Au reste, quand nous parlons de Haute- '6. Justices
chaux , ôc aux Prévôts des Maréchaux Justice en matière Criminelle , nous corn- Pa£
j 12 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. I. Tit. II.
Justice» prenons également celte attachée aux Pai- gneuriaux se trouvent d'ailleurs exclus de
««"«qui ries > & à ces Seigneuries qu'on appelle Su- la connoissance des Cas Royaux , comme
les distin- yeraines , par la raison que celles-ci n'ont étant spécialement réservée aux Baillifs &
gueencet- point droit de ressort en cette matière , Sénéchaux. Nous verrons d'ailleurs , en
tematiere. r . J
comme elles 1 ont en matière Civile ; I on traitant de la Jurisdiction Ecclésiastique ,
veut dire que l'appel des Jugemens Cri qu'ils ne peuvent également connoître des
minels qui s'y rendent , se portent directe Cas privilégiés , mais seulement du Délit,
ment aux Cours , omijfo medio , comme commun. Nous avons vu , d'après une dis
ceux des simples Hauts-Justiciers : avec position particulière de l'Ordonnance de
cette différence néanmoins, qu'à l'égard 1670 , que ces Juges Seigneuriaux ne pou-
des Juges de Paint , l'appel de leurs Juge- voient connoître des Causes Criminelles
mens doit se porter nécessairement aux de leur Seigneur. Nous voyons enfin que ,
Cours dans tous les cas , soit qu'ils aient suivant notre Jurisprudence constante , ces
été rendus en matière Civile ou Crimi- mêmes Juges ne peuvent connoître des
nelle j au lieu que pour les Juges Su\e- Délits commis par les Juges Royaux ,
rains , les Accusés ont le choix de porter même hors de leurs fonctions. II nous reste
cet appel ( loríque leurs Jugemens ne por- à observer , qu'à la réserve de certains Cas
tent point peine afflictive ) par-devant les particuliers , dont ils font formellement
Baillifs & Sénéchaux, ainsi que nous le exclus du Droit de connoître à peine de
verrons plus particulièrement en traitant nullité de leurs procédures , ces Juges Sei
de l'Appel. gneuriaux font d'ailleurs autorisés par une
Toutes Appellations de Sentences préparatoires, disposition générale de nos Loix , en leur
interlocutoires &i définitives , de quelque qualité qualité de Juges ordinaires , de commencer
qu'elles soient , seront directement portées en nos les premiers actes de procédures qui font
Cours , chacune à son égard , dans les accusations
nécessaires pour constater la qualité des
pour Crimes qui méritent Peine afflictive , & pour
• les autres Crimes , à nos Cours ou aux Baillifs & Délits qui leur font déférés , soit . qu'ils
Sénéchaux , au choix & option des Accuses. Ord. forment des Cas Royaux ou Prévôtaux :
de 1670 , tit. l6. art. i. cette faculté leur a été confirmée en dernier
• . • VII. lieu par l'art. 21 de la Déclaration du 5
Février , qui ne les oblige à ordonner le
7. Avafl- 1". Juges Seigneuriaux conjìdérés relative renvoi qu'après qu'ils ont informé , dé
pairi ment aux Prévôts Royaux. II y a cela crété , & interrogé les Accusés de ces diffé-
des
Juges Sei- "e remarquable en laveur des Juges oei- rens Cas.
gneuriaux gneuriaux , que non-feulement ils connoif- Voulons que tous Juges du lieu du délit , Royaux
YÔu *Ro- ^ent j comme les Prévôts Royaux , de tous ou autres , puissent informer , décréter & interro
yaux. les Cas ordinaires , ( nous appelions ainsi ger tous Accusés , quand même il s'agiroit de cas
Koyaux ou de cas Prévôtaux. Leur enjoignons d'y
tous ceux qui ne font point du nombre des procéder aussi- tôt qu'ils auront eu connoissance def-
Cas Royaux , Prévôtaux , Privilégiés , ou dits crimes, à la charge d'en avertir incessamment
de ceux que nos Loix ont attribués nom nos Baillifs & Sénéchaux dans le Ressort desquels
ils exercent leur Justice , par Acte dénoncé au
mément à de certains Juges , comme font
Greffe Criminel desdits Baillifs & Sénéchaux , les
les Délits commis par les Employés aux quels feront tenus d'envoyer quérir aussi incessam
Fermes , par les Collecteurs des Tailles , ment les Procédures 6c les Accusés. Décl. da 5.
par les Faux-Sauniers , ceux commis en Février 173 1. art. l.
fait de Chaste &. de Pèche , & autres dont IX.
nous aurons lieu de parler en traitant de
3 °. Juges Seigneuriaux considérés relative
la Compétence des Juges extraordinaires ) ; 9. Cas
ment aux Prévôts des- Maréchaux. Nous domiisne
mais qu'ils ont de plus cet avantage parti avons dit que ces Juges étoient également coîwoítTe
culier de connoître des affaires des No exclus de la connoistance des Cas Prévô- au préju-
bles , dont la connoissance est absolu taux , comme ils l'étoient des Cas Royaux. p"vô^s
ment interdite à ces Prévôts R.oyaux , Cela ne doit s'entendre néanmoins , aux des Marí-
comme noús venons de le voir d'après la termes de la Déclaration de 173 1 , que jgU"^0.
Déclaration de 1537 rapportée ci-dêstùs. nous venons de citer , qu'avec ces deux dificaaons
modifications remarquables : la première , a ce suieu
VIII.
que cette exclusion ne frappe uniquement
8. Cas 2°. Juges Seigneuriaux conjìdérés relati- que sur les Cas Prévôtaux par la nature
dont ils ne vementaux BAILLIFS ÔSÉNÉCHAUX. Nous
peuvent . . / du crime ; car *pour ceux qui
A . ffont feule-
connoître avons vu qu'ils pouvoient être prévenus ment Prévôtaux par .la qualité des Accu-
dicePrdes" Par ces ^a^^s & Sénéchaux , lorsqu'ils fés , comme lorsqu'il s'âgit de Délits corn
Baillifs & avoient négligé d'informer 6c décréter dans mis par des Vagabonds , Mendians ou
chaux -ex les vingtcîuatre heures pour les Cas ordi- Gens repris de Justice., les' Juges Sei-
ception naires arri vés dans leur Resiòrt. Nous ver- gneuriaux font autorisés d'en connoître
?"ocedure ronS Un momeDt ^ue ces Juges Sei- concurremment,- & par prévention avec
les
DIVISION DES JUGES EN M, iTIERE CRIMINELLE , &c. 5; 1 5
les Prévôts des Maréchaux , s'ils ont in noîtroat , à la charge de l'appel en nos Cours de
Parlement , des crimes qui ne sont pas du nombre
formé & décrété avant eux ou le même
des cas Royaux ou Prévôtaux par leur nature , &
jour (i) ; fur quoi il faut néanmoins excep qui auront été commis dans l'étendue de leur Siège
ter les Déserteurs , leurs Fauteurs & Su- & Justice par les Personnes mentionnées dans les
bornateurs , dont cette même Loi veut que art. 1 , 2 de la présente Déclaration , même de la
contravention aux Edits & Déclarations fur le fait
les Prévôts des Maréchaux connoissent , à de la Mendicité , & ce , concurremment & par pré
l'exclusion de tous Juges ordinaires (2). La vention avec lefdits Prévôts des Maréchaux, ôtpré-
seconde modification qui fe trouve aussi férablemeut à eux s'ils ont informé & décrété avant
portée par la même Loi , relativement eux , ou le même jour. Décz. du 5 Février 173 1 ,
art. 10.
aux Cas Prévôtaux par la nature du Crime ;
(2.) .... A l'exception néanmoins de ce qui con"
c'est qu'en même-temps qu'elle exclut les cerne les Déserteurs , Subornateurs & Fauteurs des
Juges Seigneuriaux du Droit d'en connoî- dits Déserteurs , dont les Prévôts des Maréchaux
tre , elle les autorisé à pouvoir informer , connoitront seuls , à l'exclusion de tous Juges ordi
décréter & même interroger les Accusés naires. Mime Decl. art. 7.
de ces sortes de Cas ; après quoi elle veut (3) Si les mêmes Accusés se trouvent poursuivis
pour des cas ordinaires , soit par-devant nos Baillifs,
qu'ils en fassent le renvoi , non point au Sénéchaux , soit par-devant nos Prévôts , Châte
Prévôt des Maréchaux , mais aux Baillifs & lains ou autres nos Juges , même ceux des Hauts-
Sénéchaux dont ils assortissent (3) : en forte Justiciers , & qu'ils íoient aufll prévenus des cas
prévôtaux par leur nature , & qu'ils aient donné
que, par ce moyen , leur diligence sert à pro
lieu aux Prévôts des Mnréchaux ou aux Juges Pré-
roger la Jurifdiction des Baillifs & Séné (ìdiaux de commencer de; procédures contre eux ,
chaux , en même-temps qu'à diminuer celle la connoistance des deux accusations appartiendra
des Prévôts des Maréchaux , comme la moins auxdits Baillifs & Sénéchaux à l'exclufîon ries Pré
vôts , Châtelains ou autres Juges subalternes , &
favorable , en ce qu'elle est la plus rigou {•référablement auxdits Prévôts des Maréchaux , si
reuse. esdits Baillifs &. Sénéchaux ou autres Juges à eux
subordonnés , ont informe & décrète avant lefdits
(1) Nos Prévôts, Châtelains & autres nos Juges Prévôts des Maréchaux & Juges Préfidiaux. Mime
ordinaires , même ceux des Hauts-Justiciers , con- Déclar. art. 17.

§. 1 1. Des Prévôts Royaux en matière Criminelle.

SOMMAIRES.

1 . Pourquoi dits Prévôts Royaux ? 5 . Cas dont la connoijsance leur esl expressé
2. Connus autrement fous les noms de Vi ment prohibée.
comtes & de figuiers. ' 6. Ce qu'ils ont de commun avec les Juges
3. Loix anciennes qui règlent leur com Seigneuriaux.
pétence ; ce qui résulte de leurs dispositions. 7. En quoi ils en font diflingués.
4. Ne peuvent connoître des Cas Royaux 8. Suppression des Prévôts établis dans les
ni Prévôtaux , mais seulement décréter Villes ou il y a Bailliage.
& interroger a ce sujet.

i.Pour- N^Ous disons Prévôts Royaux , pour les pouvoient même les destituer & les punir
quoi dits distinguer des Prévôts Seigneuriaux , à lorsqu'ils étoient en faute.
Royaux, l'instar desquels ils paraissent avoir été
( i)V. Entr'autres, les Ordonnances de Philippe
établis.
Auguste en 1180, de S. Louis en 1154 > & de
' I I Charles VII. en 144}.

a. Connus L'on ne fçait pas bien précisément la I I I.


autrement véritable Epoque de PEtablissement de ces
fous les
noms de Prévôts : il y a lieu de croire que leur Quant à la compétence de ces Prévôts 3. Loix qui
Vicomtes origine remonte à des temps voisins de Royaux , elle se trouve réglée par disse- íeefrle"òm.
& de Vi-
guiers. celle des Baillifs & Sénéchaux dont ils rentes Loix , notamment par l'Edit de Cre- pétence ;
furent d'abord établis les Lieutenans , ainsi mieux ( 1 ) , & par deux Déclarations d'Henry ^eUI Tdc~
que l'annoncent les noms de Vicomtes & II , données en interprétation de cet Edit leurs dis-
de Viguiers , qu'ils ont retenus en certai en 1554 (2) & 1559 (3), d'après lesquelles Positions-
nes Provinces , telles que la Normandie & l'on voit que ces Prévôts font maintenus ,
le Languedoc. C'est aussi fous ces diffé- comme Juges ordinaires , dans le droit de
rens noms qu'il en est parlé dans les an connoître en première instance de toutes
ciennes Ordonnances (1) , suivant lesquelles Causes Civiles , Criminelles & de Police ,
il paroît qu'on appelloit des Jugemens de dont la connoissance n'auroit pas été attri
ces Prévôts aux Baillifs & Sénéchaux qui buée nommément aux Baillifs & Séné-
Ttt
514 LES LOIX CRIMIN ELLES, Liv. I. Tit. II.
chaux , & aux Prévôts des Maréchaux , ou ties soient justiciables des Hauts-Justiciers , 8c fans
bien ne leur auroit pas été prohibée ex préjudice à la Haute Justice de nos Sujets , 8c quel
conques Lettres impétrées ou à impétrer à ce con
pressément en faveur d'autres Juges ; & il traires. Déclar. de Henry II. en interprétation de tE-
est fait défenses expresses , par ces mêmes dit de Cremieux , du 17 Juin 1554, registrée au Par
Loix , aux Baillifs & Sénéchaux de rien en lement de Paris , le 1 5 Novembresuivant.
treprendre fur la Jurisdiction de ces Prévôts,
fous prétexte de Prévention ou d'Evocation , f3)Jt~lENRY, par la Grâce de Dieu , Roi de
& autrement que par la voie de V Appel. France , à tons présens 8c à venir : Salut. Comme
<i) De toutes autres Causes Civiles, Personnel par ci-devant , notre très-honoré Seigneur 8c Pere ,
les , Réelles , Mixtes de Crimes & de D/lits dont le Roi dernier décédé , que Dieu absolve , eut par
ci-dejsus n est fait mention , la connoilsance en ap son Edit , donné à Cremieux au mois de Juin
partiendra en première instance auxdits Prévôts Cf 15 36 , publié 8c vérifié en notre Cour de Parle
Châtelains , & non à nosdits Baillifs 8c Sénéchaux , ment à Paris le 16 Avril 1537 ensuivant , 8c pour
lesquels auront le ressort 8c counoillance d'appel , les bonnes , justes 8c raisonnables causes 8c consi
soíi que lesdits Prévôts aient eu la connoissance de dérations y contenues ; désirant fur- tout faire cesser
les débats , différends 8c Procès , qui lors se mou-
leur ordinaire , ou par nos Lettres de relief , resci
voient entre les Baillifs , Sénéchaux , 8c Prévôts ,
sions 8c autres obtenues en nosdites Chancelleries ,
attributives de Jurisdiction , excitatives ou autre Châtelains , 8c autres Juges inférieurs de ce Royau
me , bailler Règlement certain 8c par articles de
ment , en quelque manière que ce soit , fors 8c ex
la connoissance de Cause 8c Jurisdiction , dont cha
cepté les appellations qui font interjettées des
cun d'eux auroit à connoître , sans aucunement y
Prévôts 8c Conservateurs des Privilèges des Uni
contrevenir ni aller au contraire , furies peines por
versités de notre Royaume , lesquelles relsortiroat
tées par icelui Edit. Et depuis notre avènement à
sans moyen en nosdites Coûts de Parlement ,
la Couronne , nous étant duement avertis que nos
comme aussi feront de nosdits Prévôts , Châ
Baillifs 8c Sénéchaux, ne perdoient pour ce pren
telains , 8c autres nos Juges exécuteurs des Arrêts
dre Cour , Jurisdiction 8c connoissance des Causes
de nosdites Cours de Parlement. Edit de Cremieux
8c Matières appartenant en première instance á
de 1536 , art. 20.
nosdits Prévôts 8c Châtelains , à la grande foule
Quant au fait de la Police, voulons & entendons de notre peuple , 8c intérêt de nous , 8t qu'ils in-
que nosdits Prévôts y vacquent 8c entendent , &
terprétoient comme bon leur sembloit les sens &
en aient la première connoissance , fans que nos
substance de plusieurs articles d'icelui Edit , 8c tout
Baillifs , Sénéchaux 8c autres Juges Présidiaux s'en
au contraire 8c l'intention 8c vouloir de notredit feu
entremettent, sice n'est par appel chacun en son
Pere. Au moyen de quoi , voulant à ce pourvoir 8c
ressort , & auront nosdits Prévôts la Réception des
remédier, tant pour la conservation de nos Droits
Sermensdes Maîtres des Métiers Jurés , 8c la con
8c.Domaines , 8c abréviation de la Justice , que sou
noissance de tous les différends qui procéderont à
lagement de nos sujets : Nous aurions par notre
cause desdits Métiers en première inltance. Même
Edit du mois de Juin 1554, publié 8c enregistré
Edit , art. 25. en notre Cour de Parlement de Paris , le quinzième
C 2 ) Parquoi Nous voulant à ce pourvoir & jour de Novembre ensuivant , dit & déclaré là-
mettre fin , de notre certaine science , pleine puis dessus nos vouloir 8c intention , 8c fur ce , baillé
sance òc autorité Royale : Avons derechef, en tant interprétation des articles d'icelui Edit de Cre
que besoin seroit, dit 8c déclaré , disons 8c décla mieux ; 8c encore que lesdits Baillifs 8c Sénéchaux
rons , voulons 8c nous plaît , que suivant nosdits aient dû suivre le ièns 8c substance portés par les
Edits , lesdits Prévôts , & chacun d'eux en son dits Réglemens 8c interprétation defdits Edits, fans
égard, auront connoissance en première instance , aller ni venir au contraire , 8c iceux entretenir , gar
& non lesdits Baillifs , Sénéchaux , leurs Lieutenans der 8c observer de point en point selon leur propre
& autres Juges-Présidiaux , de toutes Matières réel forme 8c teneur, toutefois lesdits Baillifs , Séné
les , pour raison d'héritages roturiers , & non- No chaux ou leurs Lieutenans , fans y avoir égard , vou
bles , soit que les Parties soient Nobles ou Rotu lant vexer 8c travailler en Procès 8c autres lon
rières , des Matières d'Eglises , Nous ayant Lettres gueurs iceux Prévôts 8c Châtelains, n'ont pour cela
de Garde- Gardienne; & toutes autres Causes & Ma cessé de contrevenir 8c d'entreprendre Cour 8c Ju
tières Civiles , Personnes réelles , Mixtes de Crimes risdiction des Causes , dont en première instance la
& Délits , dont la connoissance n'est attribuée aux connoissance appartient à nosdits Prévôts 8c Châte
dits Baillifs , Sénéchaux 8c autres Juges Présidiaux , lains 8c autres Juges inférieurs. Quoi voyant les
par lesdits Edits , suivant & ainsi qu'il est contenu dits Prévôts 8c Châtelains l'entreprise 8c Jurisdic
par lesdits art. 5 , 9 & 20 : Et si aucune entreprise tion , 8c semblablement nosdits Sujets être distraits
ou connoissance en première instance , avoit été de leur Juge ordinaire par limitation ainsi faite par
faite depuis la publication dudit Edit , fous ombre nosdits Baillifs 8c Sénéchaux , de Tordre donné par
que les Parties contendantes font Justiciables de nos prédécesseurs Rois en la Justice de notre Royau
Hauts - Justiciers ou autrement ; Avons dès-à-pré me , auroientomis plusieurs appellations, 8c formé
sent , comme dès-lors , déclaré , déclarons , suivant une infinité d'instances fur les Réglemens 8c inter
ledit Edit , icelles Sentences ou appointemens nuls prétations desdits Edits , tant en notre Conseil
& de nul effet ; 8c si leur défendons très-expressé Privé 8c notredite Cour de Parlement , qu'autres
ment dorénavant d'entreprendre icelle première nos Cours Souveraines , à la grande foule de nosdits
couuoissance ,8c directement ou indirectement con Officiers 8c Sujets , instances, áuroient nosdits Pré
trevenir à nosdits Edits faits fur le Règlement desdits vôts 8c Châtelains été contraints laisser l'exercice
Juges , fur les peines indites 8c contenues en iceux... de leurfdits Etats 8c Offices , 8c nosdits Sujets dis
Si vous mandons , commandons 8c très - expressé traits de leur négoce 8c affaires chacun à son égard.
ment enjoignons par ces présentes , que notre Dé Er si au moyen desdites entreprises ainsi faites par
claration , vouloir 8c intention , ensemble tous les lesdits Baillifs 8c Sénéchaux , fur la Jurisdiction
Edits 8c Ordonnances par ci-devant faits fur le desdits Prévôts 8c Châtelains , se diminue grande
Règlement desdits Présidiaux , Prévôts & autres ment en notre Domaine , à raison de fémolument
inférieurs , vous fassiez observer de point en point , provenant tant des Amendes qu'autres exploits de
selon leur forme & teneur , contraignant à ce faire Justice , par le degré de Jurisdiction clesdits Pré
lesdits Baillifs 8c Sénéchaux , 8c tous autres qu'il vôts , faits premièrement 81 avant toute œuvre ,
appartiendra , par toutes voies dues Sc raisonnables : en la faveur 8c soulagement de nos Sujets , póur
Car tel est notre plaisir , nonobstant que les Par- leur être rendue toute justice en première instance,
DIVISION DES JUGÉS EN MATIERE CRIMINELLE , &c. 515
& fur les lieux de leurs domiciles &c demeurauces , comme nous l'avons dit , font auto-
& lesdits Baillifs & Sénéchaux , Prélidiaux , Ma rifés par l'art. 21. de la Déclaration du
gistrats Civils & Criminels , créés & établis aux
Villes capitales , pour connoître & décider princi mois de Février (2) , en qualité de ju
palement des causes d'appel des Sentences desdits ges ordinaires du lieu du Délit , d'infor
Prévôts , Châtelains & Juges inférieurs, étant dans mer , décréter & même interroger les
lesdites Provinces Art. I. Sçavoir faisons ,
Accusés.
qu'après avoir eu l'avis de nos Avocats & Procu
reur en la Cour de Parlement de Paris , auxquels
les articles ont été communiqués , contenant les (i) Connoîtront nosdits Baillifs & Sénéchaux y
faits & moyens pour lesquels entrent en conten & autres Juges Prélidiaux , des Crimes de Leíê-
tion & différends nosdits Baillifs , Sénéchaux , Pré Majesté, fausse Monnoie, Assemblées illicites, Emo
vôts & Chastelains , fur lesquels est besoin les ré tions populaires & Port- d'Armes , Infraction de
gler , le tout bien vu & entendu en nótredit Privé fauve-garde , & autres Cas Royaux , & non lesdits
Conseil, Nous délirant extirper toutes occalìons &c Prévôts. Edit de Cremieux , art. 10.
moyens par lesquels nosdits Baillifs &. Sénéchaux , (z) V. cet art. n , rapporté fur le §. précédent ,
Prévôts , Chastelains pourroient être induits à for max. 8.
mer entr'eux tels différends , & par iceux nosdits
Officiers & Sujets être enveloppés de grande con V.
fusion & circuit de procès, &en outre faire garder
Tordre introduit par nos prédécesseurs Rois , & de
tout temps observé à l'exercice de Justice , selon De ce que suivant les mêmes Régle- y. Cas
le degré de Jurisdiction , à ce que nos Sujets de mens que nous venons de rapporter, les <3ont .la
leurs différends soit rendu Justice par leurs Juges
naturels en première instance ,& par premier degré Prévôts . Royaux ne peuvent connoître des so^cTîeûr
de Jurisdiction sur les lieux de leur demeurance Matières dont la connoijsance leur a été est «pres-
auprèsd'icelle, de certaine science, pleine puissance prohibée , il en faut aulìì conclure Qu'ils íàmí"J-
& autorité Royale , avons dit & déclare , statué & „e n'nt ™nn„îfrA Aa , ■ ™ proh.ke.
ordonné eu tant que besoin est ou seroit par Edit f ?T ^ CO™01tre de CCTtainS crimes , . .
qu
perpétuel & irrévocable , disons , déclarons , sta dont la connoissance a été attribuée à des
tuons & ordonnons , voulons &Nous plaît , que le Juges particuliers , exclusivement à tous au
dit Edit de Cremieux , & Déclaration fur icelui tres , tels que ceux de l'Eleciion , du Gre
par Nous faite à Laon , soient gardés , observés , & nier à Sel y des Eaux & Forêts , de l'Ami
entretenus sous la modification , déclaration , en la
propre forme & manière qu'il fera dit ci-après : c'est rauté & autres Juges extraordinaires y dont
à sçavoir que dorénavant nosdits Prévôts & Chaste- nous parlerons dans la ÍÙite.
lains aient connoissance en première instance du fait
de Police , & tout ce qui en dépend , & toutes au
tres causes Civiles & Criminelles , procès & diffé- V I.
rends d'entre nosdits Sujets , si n'est que par nos
Edits & Ordonnances la connoissance leur fût ex- JJ suit encore de ces mêmeg Réglemens 6 Ce
preffément prohibée , & attribuée auxdits Baillifs & D , . D r ° „ . » ~~
Sénéchaux , auquel cas Nous faisons défenses à nos- que ces Pavots Royaux ne sont pas feule- 3™sco™
dits Prévôts d'en prendre connoissance , ains les re- ment assimilés aux Juges Seigneuriaux , mun avec
mettre pardevant nosdits Baillifs , auxquels nous sur les deux points que nous venons de re- ,u8e*
faisons semblablement défenses de ne prendre au- marquer mais encore sur plusieurs autres JjJ—
cune Cour ou Jurisdiction ni connoilîance des eau- 1 > r w"*° """"i naux.
fes dont en première instance en appartient con- notamment en ce que , I °. ll n'y a point de
noître à nosdits Prévôts ; & si aucunes s'offroient Prévention entr'eux (i) , & qu'ils peuvent
pardevant eux , les renvoient incontinent fur le feulement acquérir par leur diligence ce
champ audit Prévôt , hors que ne fût requis par
lesdits Prévôts ou Parties litigantes , & fur les droit de Prévention , au profit des Baillifs
peines portées par nosdits Edits , & encore les con- & Sénéchaux , fur les Prévôts des Maré
veuans être déclarés à Nous rebelles , & comme tels chaux , lorsqu'ils ont informé &. décrété
exemplairement punis.Enjoignons à notreProcureur- avant ceux-ci ou le même jour (i ) ; z °. qu'ils
Général , 8r ses Substituts , chacun en leur égard,
d'acquérir & conclure contre les contrevenans , ainsi font aussi , comme les Juges Seigneuriaux ,
qu'ils verront être à faire , & à nos amés & féaux Justiciables des Baillifs 6c Sénéchaux pour
Conseillers , les Gens tenans notre Cour de Parle- ]es malversations qu'ils peuvent commettre
ment a Pans , Juges , Préside!», & autres nos Ju- , nc , ^ çnn/x:nna ,^ . . oncn m>;u
ges , chacun en leurs droits , de faire telles punitions dans leurs fonctions (3) ; 30. enfin qu'ils
qu'au cas appartiendra. Autre Déclar. de Henry II , ne font point Juges d'appel en matière
du mois de Juin 1559. reg. le 30 Juillet suivant. Criminelle , ne pouvant y avoir, comme
nous l'avons dit , que deux degrés de Ju
I V.
risdiction en cette matière : en forte que
'4. Ne peu De ce qu'aux, termes de ces Loix , les l'appel des Jugemens qu'ils rendent les uns
vent con Prévôts Royaux ne peuvent connoître des & les autres d°it se porter directement au
noître des
Cas Ro- Matières qui font attribuées nommément Parlement , lorsqu'ils poononcent des con-
Íaux ni aux Baillifs & Sénéchaux , ô aux Ju- damnations à peine afflictive ; & qu'à l'é-
révô-
taux,mais ges Préfidiaux , il s'enfuit qu'ils ne peu- gard de ceux qui prononcent de moindres
feulement vent connoître des Cas Royaux , non Peines> l'appel n'en doit être porté aux
décréter& plus que des Cas Prévôtaux , qui font ar- Bailliages que lorsque les Accusés veulent
interroger
à ce sujet. rivés dans l'étendue de leurs Prévôtés ( 1 ) , bien y consentir (4).
mais feulement user à cet égard .de la r \ r/ j-„ „ . •. . . , „ ,
. _ , , , T _ P . (1) V. ce qui a etc dit en traitant de la Préven-
meme faculté que les Juges Seigneuriaux , „<>„, sous le titre précédeut.
Ttt 2
ji6 LES LOIX CRIMIN ELLES, Liv. I. Tit. II.
(i)V' l'art. 17 de la Déclar. de 173 1 , rapp. sur dans les lieux où il y avoit des Bailliages dans le»
le §. précédent, max. 9. & Sièges Présidiaux , ont été supprimées Jy"^
(3) Et où lesdits Châtelains & Prévôts scroient & réunies à ces Bailliages. L'on va voir liage,
négligens de procéder contre les Délinquans , ils par le Préambule de cet Edit , les sages
en seront punis & mulctés par nos Baillifs & Sé
néchaux , auxquels nous enjoignons de ce faire. V. motifs qui y ont donné lieu , & qu'il n'a
Edit de Cremieux , art. xxi. V. aussi l'art. XI. du fait que renouveller fur ce point les dispo
tit. 1 , de l'Ordonnance de 1670 , qui comprend sitions des Ordonnances d'Orléans & de
parmi les Cas Royaux la correclion des Officiers de Rouslïllon.
Justice.
(4) Et quant aux Matières criminelles dont le pro
cès auroit été fait extraordinairement , les Appel- ( 1) JiiO U I S , &c. Inexpérience a fait voir de
lans des Sentences de Tortures , Bannissement , puis long-temps combien il est important de dimi
Amende honorable , dernier supplice , ou autre peine nuer le nombre des degrés de Jurifdictions , foie
afflictive de corps , données par lesdits Prévôts ou pour épargner à ceux qui ont le malheur de plaider
«utres Juges inférieurs en nos Cours de Parlement , des frais inutiles & encore plus onéreux , .foie
hormis le moyen des Baillifs & Sénéchaux , seront pour leur procurer une plus prompte expédition.
merìés ès Conciergeries denofdites Cours , esquelles Ce fut dans cette vue , que pour empêcher au
lesdites causes d'Appel feront jugées : mais s'ils ap moins qu'il n'y eût deux degrés de Jurifdictiondans
pellent simplement , la connoissance en appartien la même Ville , le Roi Charles IX. ordonna par
dra à noídits Baillifs , Sénéchaux , ou à leurs Lieu- l'art. 50. de l'Ordonnance d'Orléans , & par l'art.
nans , & aussi des appellations des Sentences non 24 de celle de Roussillon , que toutes les Prévôtés ,
adjugeant les peines susdites , & qui peuvent être Vigtieries & autres Jurifdictions Royales & subal
jugées fans amener les prisonniers, pose qu'ils n'ap- ■ ternes qui se trouvoient établies dans les mêmes-
pellassent formellement en nosdites Cours de Par Villes que les Sièges des Bailliages ou Sénéehaus-
lement. Mime Edit de Cremieux , art. xxu. sées auxquelles elles étoient ressortissantes , demeu-
reroient supprimées ; mais comme cette disposition
F", l'art. 1. du tit. 26 , de l'Ordonnance de 1670, ne devoit avoir lieu qu'à mesure que les Offices ,
rapp. fous le §. précédent, max. 6. dont la suppression y est annoucée , viendroient à.
vaquer , l'exécution en fut si long-temps dissérée ,
que le Roi Henry III. se contenta d'ordonner par
V I I. l'art. 238. de l'Ordonnance de Blois , que les Offi
ces de ces Sièges subalternes feroient réduits au
même nombre où ils étoient suivant la première
7. En quoi Au surplus, nous avons vu, en traí- création qui en avoit été faite ; mais cette Loi ,
ilsls en font
foi tant des Juges Seigneuriaux , que ceux - ci n'ayant pas été mieux exécutée que celles qui l'a-
1 lngues* avoient cet avantage particulier íùr les voient précédée , l'attention continuelle que Nous
donnons à tout ce qui intéresse le bien de nos Su
Prévôts Royaux , qu'ils pouvoient con-
jets , Nous a engagés à remplir en partie l'objet que
noître des causes criminelles des Nobles, les Ordonnances d'Orléans & de Roussillon avoient
dont la connoissance étoit interdite aux eu en vue , par la suppression effective que Noua
Prévôts ( 1 ) ; mais aussi que ces Prévôts avons faite de plusieurs Sièges de la qualité mar
quée par les Ordonnances , & qui s'est exécutée de
avoient de leur côté cet avantage fur les concert entre les Officiers de ces Sièges & ceux des
Juges Seigneuriaux , qu'ils n'étoient point Sièges supérieurs établis dans les mêmes Villes.
sujets comme ceux-ci à la Prévention des L'avantage que les Habitans de ces lieux en ont re
Baillifs & Sénéchaux , qui pouvoient seu cueilli , Nous auroit porté à en faire jouir égale
ment le reste de notre Royaume; mais la conjonc
lement user du droit de Dévolution à l'é- ture d'une guerre allumée presque dans toutes les
gard de ces Prévôts , lorsqu'ils négligeoient parties de l'Europe , ne Nous ayant pas paru un
d'informer & décréter dans les trois jours temps propre à l'exécution de ce dessein, Nous pro
fitons avec plaisir du retour de la paix , que le Ciel
du Crime commis dans l'étendue de leurs
a accordée à nos vœux , pour faire revivre la dispo
Prévôtés (2). sition des anciennes Loix qui ont été faites fur
cette matière ; & pour en assurer entièrement l'esset
V. la Décl. de François I, du 24 Février 1537, par la suppression actuelle des Sièges , dont l'inuti-
rapp. fous le §. précédent, max. 2. lité aété reconnue depuis si long-temps, en ne lais
sant subsister dans chaque Ville qu'un seul Siège
(2) V. ce qui a été dit fur la Prévention au Titre
Royal , dont les appellations feroient toujours por
précédent.
tées en nos Cours de Parlement & Conseils supé
VIII. rieurs de notre Royaume , Nous n'y pourvoirons ce
pendant qu'en prenant toutes les précautions néces
saires pour assurer le remboursement des Officiers
8.Suppref. II reste à remarquer que par un nouvel qui seront supprimés , & concilier par ce moyeu
leur intérêt particulier avec le bien public : A CES
PrTvôS Edk, du mois d'AYrU J747 (O, les Pré- Causes , &c. Edit du mois d'Avril 1740 , registré U
établies vôtés Royales qui se trouvoient établies 13 Juin suivant'

1
DIVISION DES JUGES EN MATIERE CRIMINELLE , &c. 517

§. III. Des Bailliss & Sénéchaux en matière Criminelle.

SOMMAIRES,

f. Etymologie des mots Bailliss & Séné- rapports différens.


chaux. 8. Dmfiinclion au sujet de sa compétence.
2. A quoi se réduit leur pouvoir depuis la 9. Cas particuliers dont il ne peut connoî-
création de leurs Lieutenans. tre.
3. Différentes classes de Juges dans les Bail- 1 o. Cas dont il connoît concurremment avec
liages. etautres Juges.
4. Lieutenant-Criminel ; ce qui le difiingue 1 1 . Cas dont il connoît exclufivement a tous
des autres Officiers du Bailliage. . autres Juges.
5. Lieutenant-Criminel du Châtelet de Pa- 12. Motifs de Rétablissement des Cas
ris ; ses prérogatives. Royaux.
6. Lieutenant-Général du Bailliage du Pa- 13. En quoi ils confisent suivant VOrdon-
lais , affimiléaux autres Bailliss & Séné- nance de 1670.
chaux en matière Criminelle. 14. Cas Royaux suivant les anciens Régie-
7. Lieutenant-Criminel confidéré fous deux mens.

t. Ety- L E mot Baillisy suivant nos Auteurs , (1) Nos Bailliss & Sénéchaux pourront , si bon
mologie vient de celui de bail, qui signifie en an- leur semble , assister à tous Jugemens qui se don
neront en leurs Sièges , fans néanmoins y avoir
BaiiipiU c*en langage françois , garde , proteclion , voix ni opinion délibérative , ni pour ce prendre
Sénéchaux, parce que le principal objet de l'instítution aucun émolument. Ord. de. Blois 3 art. 246.
de ces Juges a été de venir au secours
de ceux qui étoient opprimés par les Sei
I I I.
gneurs. Aussi avons-nous vu , en parlant
de l'origine des Jurisdictions , que les
Grands-Baillifs avoient remplacé les Ces Lieutenans , tels qu'ils font aujour- ?. Díffe-
d'hui, font divisés en trois classes ; fçavoir , rentes das-
Commissaires du Roi , connus fous le nom Zs- / / r • y-, • • ses de /u-
de Miffi Dominici. On les appella dans la teutenans-Ueneraux , Lieutenans - Lrimi- ges ^ans
fuite Sénéchaux , mot qui , suivant Loy- nels , & Lieutenans- Particuliers. U y a les Baillia-
encore en de certains Sièges , comme au ges"
SEAU , signifie en bas Allemand , Domesti
ques ou Gens de la Cour , parce que c'étoit Châtelet de Paris , des Lieutenans-Géné-
ordinairement des Courtisans à qui ces pla raux de Police , dont nous nous réservons
ces étoient confiées. de parler en traitant des Juges extraordi
naires en matière Criminelle ; parce qu'en
V. Loyseau , Traité des Offices , liv. 1 . ch. 4. effet ceux-ci ne connoissent de ces matières
qu'en vertu des attributions particulières
I I. qui leur en ont été faites. II y a aussi , outre
ces Lieutenans , d'autres Officiers attachés
aux Bailliages , pour y faire également les
4. A quoi Quoi qu'il en soit , ces Bailliss & Séné-
fonctions de Juges ; ceux-ci font connus
se réduit chaux , dont les fonctions étoient d'abord
voir Pde- partagées entre l'exercice des Armes & fous les noms à'Affeffeurs & de Conseil
lers , & ils ont des droits particuliers qui
puis^ la î'administration de la Justice , ayant dans
leur ont été confirmés par les Réglemens
de léurs ^a ^te n^S^S^ celles-ci pour se livrer
dont nous allons parler dans un moment.
Lieute- entièrement aux premières , nos Rois se
nans.
virent enfin forcés de leur ôter cette admi
nistration pour la confier à leurs Lieute I V.
nans , auxquels ils donnèrent des Provisions
immédiates à cet effet : de manière que Mais de tous ces Officiers , celui dont 4. Lieute
ceux-ci font dès-lors devenus Juges en chef nous voulons parler principalement ici, nant-Cri
minel ; ce
des Bailliages , tellement que les Bailliss parce que fes fonctions font uniquement qui le dis
& Sénéchaux n'ont plus aujourd'hui le droit destinées à la connoissance des matières tingue des
autres Of
de prononcer les Jugemens , mais seule Criminelles, & qu'ils ne connoiflent des ficiers du
ment d'y assister & de faire intituler les affaires Civiles qu'incidemment à celles- Bailliage
en cette
Jugemens en leurs noms ( 1 ) , & qu'en un ci (1), c'est le Lieutenant-Criminel des matière.
mot c'est proprement des Lieutenans dont Bailliages & Sénéchaulîëes. A l'égard des
veulent parler nos Ordonnances , fous les Lieutenans - Généraux , nous allons
noms de Bailliss & Sénéchaux. voir , d'après les Réglemens particuliers
51g LES LOIX CRIMII> ELLES , Liv. I. Tit. II.
qui ont été faits entr'eux & les Lieutenans- de Parlement , un Lieutenant - Criminel , qui
Criminels, que ces deux Offices ne peuvent aura la. connoiffance , jugera & décidera de tous Cas ,
Crimes , Délits & off'.nfes qui seront faits , commis
être réunis dans une même personne (2) ;
& perpétués au Bailliage , Sénechaujsée , Prévôté 9
qu'ils ne peuvent connoître des matières Baillis & Siège où il sera établi , & ressort d'iceux ;
Criminelles que lorsqu'elles font incidentes tout ainsi que font de présent les Lieutenans des
au Civil , comme en matière de Faux , de Baillifs , Sénéchaux , Prévôts , Baillifs & autres Ju
Rébellion commise à l'exécution de leur ges susdits , fans que dorénavant ils en aient au
Jugement , ou d'insultes qui leur font faites cune connoissance. Et s'il en étoit intenté procès
par-devant eux, voulons & ordonnons qu'ils soient
dans leurs fonctions (3). Pour ce qui con renvoyés par lesdits Lieutenans-Criminels , qui se
cerne les Lieutenans Particuliers , il ront par Nous établis esdits lieux en son ressort, 6C
paroît à la vérité , suivant l'Edit de leur auxquels Offices Nous pourvoirons ci-après de gens
création (4) , que leurs fonctions s'étendent notables suffisants & expérimentés , qui jouiroient
fur les matières Criminelles comme fur les de tels 6c semblables droits , autorités , prérogati
ves , prééminences , honneurs , profits & émolu
Civiles , tellement qu'ils peuvent , non-feu
ment , en leur qualité & regard que font lesdits
lement assister les Lieutenans - Criminels Lieutenans desdits Bailliages , Sénéchaussées , Pré
dans leurs Jugemens , mais même les rem vôtés , Baillifs , Juridictions 6c dessusdits. Si don
placer en cas d'absence , récusations , & nons en mandement par ces mêmes Présentes à
autres légitimes entpêchemens (5) ; comme nos Amés & Féaux les Gens de nos Cours de Par
lement, Baillifs, Sénéchaux , Prévôts & autres nos
ils peuvent auffi être remplacés eux-mêmes
Justiciers 6c Officiers , ou à leurs Lieutenans , pré
dans ce dernier cas par les ASSESSEURS (6) & sens & avenir & à chacun d'eux , si comme à lui
Conseillers , & même par les anciens Gra appartiendra , que nos présens Edit , Création &
dués du Siège , suivant Tordre du Tableau. Erection , ils fassent publier & enregistrer en nos-
dites Cours 6c Juridictions , 6c chacun en droit
soi , 6c iceux observer & garder selon leur forme
& teneur , en faisant & souffrant , & laissant joujr
< i)Fr A N Ç O I S , par la Grâce de Dieu , Roi
& user lesdits Lieutenans-Criminels , qui seront
de France : A tous ceux qui ces présentes Lettres
par Nous pourvu* 6c établis esdits Lieux , du fait &
verront , Salut : Comme par ci-devant , plusieurs
exercice de leursdits Offices , ensemble des hon
doléances 6c clameurs nous aient été faites par no
neurs , autorités, privilèges, prérogatives , droits,
tre Peuple & Sujets , de grandes longueurs 6c dissi-
profits , revenus 6c émolumens dessusdits , tout
V mulations qui ont été & font faites par nos Bail-
ainsi , & par la forme & manière que dessus est dit,
lifs 6c Sénéchaux , à l'expédition & décision des
fans leur ,en faire , ne souffrir être fait, mis , & or
Procès 6c Sentences des Criminels, Malfaiteurs, 6c
donné aucun destourbier ou empêchement. Car
autres Matières Criminelles qui sont introduitespar-
tel est notre plaisir. Edit de François I. du\\ Jan-
devant eux , lesquels pour leur négligence ou par
v'ur 1522.
trop être chargés & occupés d'autres affaires ôc
procès , demeurent assoupis, ou tombent à si gran (2) Sçavoir faisons , que Nous , après avoir fait
de longueur , que les cas demeurent impunis , 6c mettre cette matière en délibération , tant avec les
les Parties intéressées non - fatisfâites. En quoi , Gens de notre Conseil , auquel étoient plusieurs
Nous , par les Confiscations & Amendes qui nous Princes & Seigneurs de notre Sang , & autres
en viendroient , & aussi nosdits Sujets 6c chose pu grands 6c notables Personnages étant lès Nous ,
blique , sommes grandement intéressés ; & à cette que ceux que Nous aurons établis au Conseil
cause , après avoir par plusieurs fois mis cette ma près de notre très-chere ÔC très-aimée Compagne
tière en délibération de notre Conseil ; & sur ce , la Royne : Avons par leur avis & délibération or
l'avis des Gens d'icelui, avons été mus 6c conseillés donné & ordonnons , que ledit Edit fait par notre
de créer 6c ériger en chacun Bailliage , 6c Séné- dit feu Pere , au mois de Janvier 1 522 , sortira son
chaussée, Prévôté ou Baillifs de notre Royaume res plein 6c entier effet , & sera entretenu de point en
sortissant sans moyen en nos Cours de Parlement , point selon saformeôc teneur , en tous les Sièges
un Lieutenant- Criminel , pour connoître de toutes Présidiaux établis & à établir par Nous &nos Suc
les causes criminelles provenant , 6c qui seront in cesseurs par tout notre Royaume, Pays & Seigneu
tentées esdites Juridictions , ainsi qu'il y en a en ries de notre obéissance. . . Et en ce faisant , qu'en
aucuns Sièges de notredit Royaume , mêmement en chacun de nosdits Bailliages , Sénéchaussées , Pré
notre Prévôté de Paris : Et à cette cause , soit be vôtés & Juridictions Présidiales de notre Royau
soin , sur ce , décerner nos Lettres de ladite Créa me , y aura un Juge & Magistrat Criminel , lequel
tion , pour ce est-il , que Nous voulant & désirant Nous avons de nouveau créé , érigé & établi , & par
fur toutes choses pourvoir à la punition & correc Edit perpétuel & irrévocable, créons, érigeons, &
tion des Crimes , Délits Sc Maléfices qui se font & établissons en chef titre d'Office formé , aux gages
commettent en notredit Royaume , 6c en faire faire de cent livres tournois , à iceux avoir , 6c prendre ,
prompte 6c briefve justice , pour donner crainte & lui être baillés 6c délivrés par chacun an , fur les
terreur auxdits Malfaicteurs ; aussi , à ce que nos deniers ordonnés être levés pour l'entretenement
dits Droits de Confiscation & Amendes ne soient de chacun Siège Présidial , & selon qu'il est dit 6c
défraudés comme ils ont été , & pour autres bon ordonné pour les autres nos Officiers , Conseillers
nes 6c grandes raisons 6c considérations à ce Nous & Magistrats d'iceux , par notre Edit du mois de
mouvant : Avons, par l'avis & délibération de no Mars dernier passé. . . . Lequel Magistrat 6t Juge
tredit Conseil , crée , érigé & établi, créons , éri Criminel avec le Lieutenant Particulier , & les Con
geons & établissons de notre propre mouvement , seillers par Nous établis en chacun Siège Présidial ,
pleine puissance 6c autorité royale , en chacun de qu'il appellera selon la gravité & poids des marie-,
nosdits Bailliages , Sénéchaussées , Prévôtés , Bail res , & aussi qu'icelles matières le requerront, con-,
lifs & Juridictions de notredit Royaume, 6c Sièges noîtra , jugera & décidera , privâtivement à tous nos
d'iceux ressortissans fans moyeu en noldites Cours autres Juges , de tous Crimes , Délits 6c Offenses
DIVISION DES JUGES EN MATIERE CRIMINELLE , &c. 519
quî seront faits , commis & perpétrés au Bailliage , cider les Causes & Matières Civiles : comme font
Sénéchaussée , Siège & Ressort où il fera établi , & falfité de Lettres & Témoins , & autres semblables
la connoiffance leur appartient par l'Ordonnance , matières , desquels dépend & efl connexe la decifon
vaquera exactement au fait rie fa charge ysans de la matière civile : & fans que l'attribution faite
qu i1, puijse accepter , tenir ni exercer aucun autre aux Lieutenans-Criminels puisse aucunement pré-
Office de Lieutenant - Général , Civil ni Particu judicier aux Greffiers Civils des appeaux : lesquels
lier , ne foi divertir à autres matières , ni assister pour la perception des droits & émolumens appar-
au Jugement d'aucuns Procès Civils en quelque tenans à leur Greffe , jouiront respectivement com
matière que ce soit. A ces fins , avons ledit état de me ils ont accoutumé. Edit de Henry U , du mois
Juge & Magistrat Criminel desjoint , defuny , sépare de Novembre 1554, art. 1 j.
& éclipsé , desjoignons , désunissons , séparons & Appartiendront audit Lieutenant-Général YIns
éclipsons lesdits Offices de Lieutenant Généras , Ci truction de toutes les Instances Criminelles , Incidentes
vil & Particulier , a néanmoins cassé , révoqué & aux Affaires civiles , non distribuées , comme Inscrip
annullé , cassons , révoquons & annulions toutes & tions de faux , Subornations de Témoins , faillites
chacunes les provisions , déclarations, dispenses & ô Banqueroutes , Rébellions , Abus , Malversations
autres Lettres, que lesdits Lieutenans -Généraux , & Faussetés commises par les Procureurs , Greffiers ,
Civils & Particuliers ont par ci-devant obtenues , Notaires , Huissiers & autres ; & pourra décréter lef-
tant de notredît feu Pere , que celles qu'ils pour- dites Affaires hors les Inscriptions de faux , dont
roient avoir obtenues , ôç pourroient encore obte les informations faites seront par lui rapportées &
nir de nous , en quelque forme qu'elles aient été , décrétées en la Chambre du Conseil , toutes lesquelles
ou puissent être octroyées , & mis & mettons à Instances Criminelles & Incidentes , étant instruites
néant pour ce regard tous Arrêts & Jugemens don & décrétées , feront jointes au principal , pour le tout
nés en faveur défaits Lieutenans-Généraux, Civils être jugé à fAudience ou appointé en droit , s'il y
& Particuliers , par lesquels , au préudice dudit échoit , & le procès mis en distribution.... Edit de
Edit de mil cinq cens vingt-deux , auroit été or Septembre 1697, article 1 , registré au Parlement de
donné , qu'ils pourroient tenir & exercer lesdits Besançon , le 14 Novembre suivant.
Offices de Lieutenans-Généraux & Particuliers ,
& lesdits Offices de Lieutenans-Criminels ensem- (4) Avons statué & ordonné que les Lieutenans
blement , avec les dispenses qu'ils auroient obte Particuliers de nofdits Bailliss , Prévôts & Séné
nues pour tenir lesdits offices , & tout ce qui s'en chaux , tant de nos Sièges Présidiaux, que Royaux,
est ensuivi , fans qu'en vertu desdites Provisions , connoîtront à l'avenir du Civil seulement , ainsi
Déclarations , Arrêts & Dispenses ni autrement , que font lesdits Lieutenans - Généraux Civils , ÔC
en quelque manière que ce soit , ils puissent tenir, déjoignant & désunissant de leurs Offices la con
n'exercer lesdits Offices de Lieutenant-Criminel , noiffance & Jurisdiction Criminelle , & de notre
avec lesdits Offices de Lieutenans-Généraux , Ci certaine science , grâce spéciale , pleine puissance
vils & Particuliers, quelques Lettres qu'ils en puis & autorité Royale , avons créé & etabli, créons &
sent de Nous obtenir.... Et pour ce que par ci-de- établissons en chef & titre d'office formé en chacun
vant aucuns desdits Lieutenans-Généraux & Par de nofdits Sièges Présidiaux & Royaux , un Office
ticuliers , ont pris & unis à leursdits Offices , les de Lieutenant-Particulier- A(Jejseur-Criminel , & de
dits états de Lieutenans-Criminels,& ont payé com nofdits Bailliss , Prévôts & Sénéchaux , & áe Con
position de finance à nous , ou à notredit feu Pere: seillers en nos Sièges Présidiaux & Royaux , lequel
en ce cas , & en faisant par eux duement apparoir portera le titre de notre Conseiller , & en l'absence
ce qu'ils en auront payé , Nous les en ferons rem du Lieutenant-Général-Criminel , & comme fai-
bourser , sans qu'ils puissent iceux Offices résigner soit le Lieutenant-Particulier-Civil, aura connoif
ni autrement en diíposer , à présent ni pour l'ave- fance de toute matière Criminelle & de tous les
nir , ains en avons retenu la totale & entière pro droits attribués aux Lieutenans Généraux-Crimi
vision & disposition ; Sc dès-à-présent aussi ne se nels par lesdits Edits de leur création , tout ainsi
ront par Nous reçus à iceux résigner ceux qui que faifoit ledit Lieutenant - Particulier ou Asses
n'auront|íait ouferont apparoir duement avoir payé seur ; & outre tiendra le premier lieu & séance ,
& financé, ains y fera par Nous pourvu comme tantauxdits Sièges Présidiaux que Royaux , après
vacant en vertu de notre présent Edit.... Autre Edit lesdits Lieutenans Généraux-Criminels , Particu
de Henry II. du mois de Mai 1551. liers , Civils , & au- dessus de tous les Conseillers
desdits Sièges ; même aura voix délibérative en
(3) Ordonnons que nos Lieutenans - Criminels l'Audience , au Conseil , & distribution des Procès
connoissent & aient la Jurisdiction de tous Cri Civils & Criminels , à son tour & rang , auxdits
mes , Délits & Offenses , dont nos Bail/ifs , Séné Sièges Présidiaux ou Royaux où il fera pourvu :
chaux ô Lieutenans-Civils souloient connoître pri- connoîtra pareillement, en l'absence ou récusation
vativement contre les Baillits 8c Sénéchaux & dudit Lieutenant-Particulier Civil , &r au préjudice
Lieutenans-Civils , hors qu'il fût question d'excès des Conseillers auxdits Sièges , de toute matière
commis entre Parties plaidant par-devant eux & civile ; comme à semblable le Lieutenant-Parti
au comptant d'iceux procès , pourvu que l'excès culier - Civil connoîtra dudit crime en l'absence
ne soit fait en la présence du Juge exerçant son Office , ou récusation dudit Lieutenant-Particulier-Asses-
ou en son auditoire & contravention faite au sait de seur-Crimincl : & pareillement jouira de pareils
Police de Ville ou Justice , & d'autres Matières droits & privilèges , autorités & prééminence que
criminelles quelles qu'elles soient appartenant aux font lesdits Lieutenans-Généraux & Particuliers ,
Sièges des Bailliages , & y sont attribués , tant par Civils & Criminels , pour être «tés maintenant , &
cet Edit , qu'autres de Nous & de nos prédéces à l'avenir , pourvu auxdits Offices de Lieutenans-
seurs , le Règlement de laquelle Police demeure à sau Particuliers , Assesseurs-Criminels, & Conseillers
torité du Juge Civil , & la connoiffance de la contra auxdits Sièges Présidiaux & Royaux , par Nous &
vention au Juge Criminel , sors & réserve seulement nos Successeurs Rois , quand vacation y écherra ,
des matières Criminelles , INCIPESTES & préjudi de personnes idoines & capables. Edit de Henry 111,
ciables aux procès Civils pendans par - devant les du mois de Juin 1686.... Et quant aux Lieutenans -
Bailliss & Lieutenans • Civils , fans la décision & Particuliers , & Conseillers auxdits Sièges , ils pour
connoiffance desquels ue pourront faire droit & dé ront affìster & vaquer aux Jugemens & instructions
J20 LES LOIX CRIMIN ELLES, Liv. L Tit. II.
dtsdits procès criminels , & participer aux émolu- dans son Siège , & qui se trouvent formel
mens selon leurs Réglemens , & en leur défaut & lement exceptés par nos Ordonnances ,
absence les plus anciens Avocats ; le tout ainsi qu'il comme nous le verrons' auffi , en traitant des
sera avisé pour le bien de la Justice par notredit actes de l'Instruction. Nous ne parlerons ici
Juge & Magistrat Criminel. V. fart. 5. de CEd.it de
que des Droits particuliers qui font atta
Henry H , du mois de Mai 1551, rafp. ci-dejfus.
chés à cette place par le dernier Règlement
(5) Et à Pégard des Lieutenans -Particuliers , or fait en 1685 entre le Lieutenant-Crimi
donne qu'ils auront le droit de présider en toutes
nel (1) , les Lieutenans-Particuliers (2) ,
rencontres & actes publics , & particulièrement
tous les Officiers des Bailliages, autres toutefois que les Conseillers (3) , & même les Commis
les Lieutenans- Généraux & les Lieutenans-Crimi- saires du Chatelet (4), qui ont auffi des
nels.... Pour Pabsence , ou empêchement des Lieu fonctions particulières dans radministration
tenans Criminels, ils présideront au Criminel, tant de la Justice Criminelle , où ils ont été
à l'Audience qu'en la Chambre du Conseil ; qu'ils conservés par l'Ordonnance de 1700, re
demeureront Rapporteurs des procès qu'ils auront
instruits en l'absence desdits Lieutenans- Criminels, lativement à de certains actes de l'Instruc
pourvu que instruction en soit parfaite lors de son tion.
retour , auxquels néanmoins le Lieutenant-Cri
minel pourra assister & présider.... La distribution (1) Aussi-tôt que les procès- criminels seront
des procès d'Appel qui seront portés par-devant instruits , ils feront distribués par le Lieutenant-
les Lieutenans-Criminels y se fera comme celle des Criminel , en présence du Lieutenant-Particulier
procès civils j & en telle sorte que les Lieutenans- qui sera de service à l'Audience du Présidial , ou
Particuliers puissent avoir à leur tour de l'autre en son absence , ou du plus ancien des
Conseillers qui seront de service au criminel , &
(6) Et à l'égard des AJfejseurs , ordonnons que
qui se trouvera au Châtelet lorsque la distribu
les procès qui seront en état seront rapportés sui
tion se fera à l'issue de la derniere des Audiences
vant Tordre d'ancienneté , & que l'exécution des
qui fera tenue ce jour-là audit Châtelet. Edit du.
Sentences appartiendra au Rapporteur , sauf aux
mois de Janvier 1685 , art. 31.
cas prohibés par les articles de l'Ordonnance , fur
le fait des descentes , comptes & autres , dont (ì) Celui des Lieutenans-Particuliers qui fera
les Rapporteurs sont exclus, laquelle fera exécu de service à l'Audience du Présidial , tiendra , en
tée , & suivant icelle Sentence nommera celui qui l'absence des Lieutenans Civil , de Police & Cri
fera la descente ou l'exécution de ladite Sentence- minel , les Audiences des Chambres Civile , de
Ordonné au surplus qu'en cas de contestation fur Police &c Criminelle ; & l'autre Lieutenant Particu
les articles contenus en ces présentes, circonstan lier tiendra les Mercredis & Samedis les Audiences
ces & dépendances , & autres qui pourroient sur des Criées , & fera toutes les autres fonctions des
venir , les Parties se pourvoiront au Parlement de dits Lieutenans- Civil , de Police & Criminel en
Besançon , pour y être réglé ainsi qu'il appartien cas d'absence , récusation ou autre empêchement
dra. Déclar. du 15 Janvier 1694. regijì. au Parlement légitime , le tout en la manière qu'ils l'ont fait jus
de Besançon , le 15 Février 1695. qu'à cette heure. Même Edit , art. 1 4.
(3) Aucun des Conseillers ne pourra prendre
place aux Audiences , ni assister au Jugement des
procès-civils & criminels, s'il n'y est actuellement
ï.Lieute- Parmi les Lieutenans - Criminels des de service , ou s'il n'y est appellé par celui qui y
nant-Cri- Bailliages & SénéchauíTées , nous croyons présidera, pour remplir le nombre des Juges néces
Châtelet " devoir aussi distinguer Celui du Chatelet saires en l'absence & au défaut de ceux qui y ser
vent actuellement ; & ceux des Conseillers qui se
de Paris ; de Paris , qui , quoiqu'attaché à une Ju- trouveront de service au criminel , sans avoir servi
gativej.r0" risdiction qui n'avoit d'abord été établie
deux ans , assisteront seulement à la visitation &
que fous le fimple nom de Prévôté , a jugement des procès-criminels qui seront jugés en
néanmoins des avantages particuliers , non- dernier ressort , fans y pouvoir opiner. Même Edit
feulement íùr les autres Prévôts Royaux , art. 17.
en ce qu'il jouit de tous les droits qui (4) Les Commissaires auront soin d'informer soi
caractérisent les Bailliages & SénéchauíTées , gneusement le Lieutenant-Criminel & notre Pro
mais encore fur les autres Lieutenans-Cri cureur au Châtelet, des crimes qui arriveront dans
I'étendue des quartiers où ils seront distribués ,
minels , tant par I'étendue de son Ressort ,
dans le jour qu'ils en auront eu connoiffance ; &
que par les Privilèges particuliers qui lui s'il arrive quelque difficulté considérable au sujet
font accordés par nos Loix & Ordon des plaintes qu'ils recevront , ou des réquisitions
nances dans de certaines matières dont la des Parties , pour faire arrêter des personnes hors
connoissance a été attribuée spécialement le flagrant délit , ils en informeront le Lieutenant-
Criminel , lequel y pourvoira fur le champ , fans
à ceux - ci , soit pour la concurrence &
aucuns droits ni vacations. Même Edit , art. 16.
même la préférence qui lui est accordée
en de certains cas vis-à-vis les Prévôts des V I.
Maréchaux , les Lieutenans de Robe-
Courte , &les Lieutenans-Généraux de Po Nous pouvons auíîì mettre dans la classe 6. Liente-
lice , comme nous le verrons en traitant de des Bailliss & Sénéchaux , celui connu «am- Cri-
la compétence de ces ditférens Officiers , sous le nom de Lieutenant-Général du Bagage11
soit pour la confirmation faite en fa faveur Bailliage du Palais, parce qu'il connoît *> Paiai*.
de certains usages établis anciennement des mêmes Crimes , lorsqu'ils font commis îSîims
dans
DIVISION DES JUGES EN MATIERE CRIMINELLE , &c. pi
Baïllifs & dftns l'Enclos du Palais , que les Lieute- ils partagent les fonctions , ainsi qu e nous
chaux en nans-Criminels lorsqu'ils íbnt commis dans aurons lieu de rétablir plus particulière
partiel
matière l'étendue de leur - Bailliage. L'on trouve ment en traitant de la Jurisdiction Prévô-
Criminel- dans je dg de /sl tale. Nous verrons en même temps qu'ils
des preuves de l'origìne de Cette Jurisdiction concourent aussi fur ce point avec d'autres
qu'il prétend être plus considérable par fa Officiers connus fous les noms de Lieute
possession que par fes titres , en ce que , nans - Criminels de Robe - Courte , & de
suivant les Lettres Primordiales de cette Vice-Baillifs & Vice- Sénéchaux. Ce n'est
Jurisdiction, qu'il rapporte fous la date du donc proprement que fous le premier de
mois de Janvier 1358, « elle n'avoit pas , ces rapports , que nous allons les considérer
» dit-il, le droit de connoître des actions ici, c'est-à-dire, que nous allons examiner
» Criminelles dans des cas graves. » Quoi en quoi consiste la Compétence des Lieu-
qu'il en soit, il paroît par nos dernieres tenans-Criminels des simples Bailliages , &
Loix , & notamment par la Déclaration du même de ceux des Bailliages où il y a
18 Juillet 1724 (2), que nous avons rap des Présidiaux , lorsqu'il ne s'agit seulement
portée en traitant des Mendians & Vaga- que des cas Royaux ordinaires.
bonds , que les pouvoirs de ce Juge font
VIII.
aujourd'hui les mêmes que ceux des autres
Bailliages & Sénéchaussées du Royaume. Cette Compétence se trouve réglée 8. Distino
j tions au
non-seulement par le premier Titre "e - sujet de sa
(1) Nota. Ces Lettres portent » que le Concierge
» du Palais ( car c'est ainsi que s"appelloit d'abord le l'Ordonnance de 1670 , dont elle fait le compéten
Baillis du Palais , parce qu'il étoit originairement principal objet , mais encore par plusieurs ce.
le Concierge ou Gouverneur du Palais dans le Réglemens
glemens qui ont été faits depuis
epuis cette
temps qu'il faisoit la demeure de nos Rois, & Loi entre ces Officiers & les Lieutenans-
avant: que Louis le Hutin l'eût abandonné au Par-
Généraux des Bailliages. II paroît , d'après
lement pour y administrer la Justice ) » pourra
» faire prendre & emprisonner tous ceux Ô£ celles ces Réglemens , qu'il y a des cas dont
» qui auront fait ou fait faire au Palais , dans son les Lieutenans Criminels ne peuvent con
» Enclos & ses dépendances , quelques faussetés , noître ; qu'il y en a d'autres dont ils peuvent
« larcins , ou quelqu'autres mauvaises actions , & connoître concurremment avec d'autres Ju
» les garder dans ses prisons jusqu'à ce qu'il soit ges ; qu'il y en a enfin dont ils doivent con
» sçu si dans ce qu'ils ont fait il y a Crime capi-
» tal ; ÔC que si les cas se trouvent Civils , il en noître privativement à tous autres Juges.
» aura la connoissance , punition & correction...
I X.
V. le Traité de Police de la Marre , Livr 1 ,
tit. 9. chap. 5. i°. Dans le nombre des Cas particuliers ? c**psar"
(V) N'entendons comprendre dans les articles
dont les Lieutenans-Criminels ne peuvent jont ;i ne
précedens , en ce qui concerne la Jurisdiction du
connoître , il faut d'abord mettre tous ceux p*"1 con":
Lieutenant-Général de Police , & Lieutenant-Cri dont la connoissance a été spécialement n0ltre*
minel de Robe-Courte de notre bonne Ville de
Paris , les Mendians & Vagabonds de la qualité réservée au Parlement , comme sont les
ci-dessus marquée,qui seront arrêtés dans les Cours, Crimes de Lefe-Majesté au premier Chef,
Salles & Galeries de notre Palais à Paris , contre ceux commis lfiS Ducs & Pairs ou
lcíqucls il lera procède par le Lieutenant- General , , , i. j r> ti
au Bailliage dudit Palais , aussi en dernier Ressort quelqu un des Membres de ces Cours. II
& fans appel , en la forme ci-dessus prescrite , & saut y comprendre ausíi le Duel , lorsqu'il
avec le nombre de sept Juges au moins. Dtd. du est commis dans les Villes où ces Parle-
1% Juillet 1714, art. 9...^. au surplus l'Edit du mois mens tiennent leur séance, & autres cas
Ì2ctobr^ lJlì ' ,fcryaiîî de R0ëSlement ^ les qui font marqués dans les anciennes Or-
Orhciers du Chatelet de Pans ,& ceux du Bailliage 1 1 r j
du Palais donnances que nous aurons lieu de rap-
y j j peller en traitant de ces Cours. Nous avons
vu d'ailleurs, en traitant des Délits de Police ,
7-Lieute- H ne reste donc plus qu'à fçavoir quels que par une disposition particulière de l'Or-
n^w-Cri- sont les objets particuliers fur lesquels doit donnance des Fermes t la connoissance des
íìdérésous rouler la compétence des Lieutenans- Cri- Crimes commis par les Employés aux
deux rap- minels. Pour cela , il en faut distinguer de Fermes du Roi étoit absolument interdite
1>ort$
■osts dis- a
é rens. deux fortes : les uns qui font attachés à de à tous Juges ordinaires. Nous avons enfin
simples Bailliages , & qui ne jugent jamais observé , d'après la Déclaration du 5 Février
qu'à la charge de l'Appel au Parlement ; 1 7 3 1 , que la connoissance des Déserteurs ,
d'autres qui font attachés à des Bailliages de leurs Subornateurs & Fauteurs étoit ré
auxquels il» y a un Présidial uni. Ceux- servée aux Prévôts des Maréchaux , exclu
ci peuvent non-feulement connoître des sivement à tous autres Juges. II en faut
mémes cas que les premiers ; mais ils ont dire de même des Crimes commis contre
de plus le dreit de connoître des cas Pré- la Discipline des Troupes , comme nous
vôtaux , & de les juger en dernier Ressort le verrons en traitant de la Jurifditfion
comme les Prévôts des Maréchaux dont Militaire. •
Vvv
$22 LES LOIX CRIMIN ELLES, Liy. ï. Tir. IL
que des Juges Seigneuriaux ; tels que font
■ "HX
ceux de la Prévention , de Y Appel, de
io.Ca$ 2°- Parmi les Cas dont ces Lieutenans- YEntérinement des Lettres de Grâce ;
dom il Criminels peuvent connoître concurrem- comme aussi les Gas Privilégiés dont nous
connoit ment avec * afc autres Juges
concur- , ., y en a ou, aurons lieu de parler en traitant de la Ju
, il
remment ìls peuvent concourir même avec les Cours ridiction Ecclésiastique. Mais ce qui dis
uesJuges! Supérieures , tel que celui de YAppel des tingue principalement les Baillifs & Sé
1 r m.
Jugemens rendus par les Juges de leur néchaux des autres Juges , tant Royaux ,
Ressort , lorsqu'ils ne portent point de con que Seigneuriaux , c'est , comme l'on íçait,
damnation à peine afflictive. Nous avons la connoissance de ces Cas qu'on appelle
observé que nos Loix laissoient aux Ac Royaux.
cusés le choix de porter cet Appel , ou au X I I.
Bailliage , ou dans les Cours (i). Nous Nous avons observé d'avance, en trai- ,4-Moti&
avons vu d'ailleurs , en traitant des Crimes tant de l'origine des différentes Jurifdic- de Péta-
de Duel , du Maquérelage , & de ceux tions , que la distinction de ces Cas avoit J^fc»»*
concernant la Mendicité , que les Baillifs d'abord été établie fur le fondement qu'il Royaux,
pouvoient en connoître concurremment n'étoit ni juste ni bienséant que le Roi
avec les Prévôts des Maréchaux , & le demandât la justice à ses Vassaux pour ce
Lieutenant-Général de Police. Nous avons qui concernoit les droits particuliers de
vu encore , d'après la disposition de laDécla- son Domaine. Mais , comme cette raison
ration de Février 1731, qu'à la réserve n'étoit point suffisante pour exclure les
du Crime de Désertion , les Baillifs & Sé Prévôts Royaux de la connoissance de ces
néchaux pouvoient connoître , même des Cas , il a fallu , pour leur donner cette ex
cas Prévôtaux commis dans l'étendue de clusion , déterminer Tapplication de ces
leur Ressort , pour les juger à la charge Cas à certains Crimes particuliers qui ten-
de l'Appel , lorsqu'ils avoient décrété avant doient plus directement à blesser Tordre
les Prévôts, ou le même jour, & même public établi dans le Royaume , & dont
lorsque le Prévôt s'étoit laiflë prévenir par la punition exigeoit par conséquent un
les Juges subalternes de ces mêmes Baillifs. plus grand degré de pouvoir & d'autorité
que n'en avoient ces Prévôts Royaux. En
(1) Et quant aux matières Criminelles dont
forte que , dans l'état actuel , ce n'est point
procès auroient été faits extraordinairement , les
Appellans des Sentences de Torture,Bannissement, tant par l'énormité de ces Crimes en eux-
Amende honorable , dernier supplice , ou autre mêmes , que par le danger des conséquences
peine affliclive de corps donnée par lesdits Prévôts qu'ils peuvent avoir contre le maintien de
ou autres Juges Supérieurs en nos Cours de Par l'Ordre public & de l'Autorité Royale, que
lement , omis le moyen des Baillifs & Sénéchaux ,
l'on doit juger de ces sortes de Cas. Ainsi
seront menés ès Conciergeries de nosdites Cours ,
esquelles lesdites causes d'Appel seront jugées; mais comme cela dépend d'une infinité de cir
s'ils appellent simplement, la connoiíïance en appar constances qu'il n'étoit guere possible de
tiendra à nosdits Baillifs , Sénéchaux , ou à leurs prévoir , ou du moins de réunir dans une
Lieutenans. Et aussi des appellations des Sentences feule & même Loi , voilà pourquoi , après
non adjugeant les peines susdites , & qui peuvent
en avoir marqué un certain nombre comme
être jugées fans amener les prisonniers , posé qu'ils
appellassent formellement en nosdites Cours de Par les plus qualifiés , l'Ordonnance de 1670 a
lement. Edit de CRkMiEUX , art. iz... V. sur cru devoir , relativement aux autres ,
tout l'art. 1. dutit. 26 de l'Ordonnance de 1670. renvoyer aux dispositions des anciennes
Ordonnances & Réglemens , par cette
XI. clause indéfinie qu'on voit à la fin de l'ar-
1 1 . Cas 3 °- Enfin , quant aux Cas particuliers dont ticle XI du tit. 1 , & autres Cas expliqués
dont il ces Baillifs & Sénéchaux doivent connoître par nos Ordonnances & Réglemens.
«xclusive- e^cLujiycment a wus autres Juges , il y
XIII.
ment à en a dont ils peuvent connoître , même au
tres Juges! z l'exclusion des Lieutenans-Géné- Ces Cas, tels qu'ils se trouvent énoncés IJ# £n
dans ce même article XI , font au nombre <JU0^stils
raux, comme lorsqu'il s'agit de Procès
civilisés , & généralement dans toutes les de onze : fçavoir , 1 °. le Crime de Lèse- fuj"ànt
affaires qui font portées devant eux par la Majesté en tous ses Chefs ; z°. le Sacrilège l'Ordon-
avec effraction ; 30. la Rébellion aux Man- d<
voie de la Plainte, quoiqu'incidentes aux
Procès Civils. II y en a d'autres dont ils démens émanés du Roi ou de ses Officiers ;
peuvent connoître à l'exclusion des Pré 40. la Police pour le Port d'Armes -, 50. les
vôts Royaux en particulier , comme lors Assemblées illicites ; 6°. les Séditions &
qu'il s'agit de Crimes commis par des Emotions populaires , & Force publique ;
Nobles & par des Officiers de Judicature. 70. l'Altération ou Expoftion de la saujse
II y en a enfin dont ils peuvent connoître Monnoie \ 8°. la Correction des Officiers
à l'exclusion ,# tant des Prévôts Royaux , Royaux pour les malversations par eux
DIVISION DES JtJGES ENT MATIERE CRIMINELLE, Sec.
cômhtifes dans leurs Charges ; 9°. CHéré- chandifes défendues par les Ordonnan
te j io,°. le Trouble fait au Service Divin ; c« ('10)5 les Démolitions de Murs &
le Rapt & Enlèvement fait des" Per-, Fortifications des failles {\\) \ l'Incendie
sonnes par force ù violence.. Nous avons des Biens Royaux, Futiles Royales, &
eu foin, en traitant des différens. Crimes de leurs Fortifications (12) ; /' Incendie des
dont nous Venons de parler, dé-remarqùèr Eglises & Lieux publics (13) ; les Entre-
les circonstances particulières, 'qu? peuvent/ prises fur les Murs des Villes (\\ 4) ; le l/ol
leúr'donner le caractère de Cas Royal. . dei Deniers Patrimoniaux & Oclrois des •
'■■'r'.'... t [•"-'; ! . Vitles Royales (15); la Deflruclion des
.ir'X ImVì. grands Chemins (16); le Bris de Prison
'• • •■' ,r> ' :\ Royale (17)} la Diffamation des ■ Ma-
14. Cas A l'égard des autres Cas Royaux, non riages bien famés (18) ; l'AJfaffinât pré-
Swandes énoncés dans cette" Loi, & pour lesquels médité, ô le Meurtre de guet-a-pens (1 9) ;
elle renvoie aux anciennes Ordonnances le Recélement des Coupables de Cas Royaux
Régie- & Réglemens des Cours i comme il y a (zó) ; les Crimes commis par Gens de Guerre
quelque diversité dans la Jurisprudence des hors leurs fondions (21).
Cours fur ce point , nous nous contente-
(i)f.l'Arrêtde Laval,
rons d'indiquer ici les Réglemens de ce
(i) P• même Arrêt.
Parlement qui font les plus célèbres , & (3 : P. aussi même Arrêt , & ceux d'Angers & de
qui font connus fous les noms d'ARRETS</£ Mont- Didier.
Sens, de Mont-Didier , Laval y &. à! Angers , (4) V. les Arrêts de Laval & de Montpensier.
d'après lesquels il paroît qu'on doit ajouter (5) V. PArrêt de Mont-Didier.
au nombre des Cas Royaux énoncés dans (<S) V. les Arrêts de Montpensier & de Laval.
(7) V. les Arrêts d'Angers ôc de Mont-Didier.
l'Ordonnance, ceux qui suivent. Les liures
(8) V. PArrêt d'Angers.
verbales proférées contre le Souverain (1) ; (9) V . même Arrêt & celui d'Angers.
les Libelles composés contre le service du ( i o) V. aussi les Arrêts de Sens , d'Angers & de
Roi (2) ; les Injures ô Excès commis Mont-Didier.
contre les Messagers Royaux dans leurs (11) V. encore les mêmes Arrêts.
( 1 2) V. PArrêt d'Angers.
souciions (3) > rinfraclion de Sauve-garde
( 1 3 ) V. les Arrêts de Sens & de Mont-Didier.
ou Assurément du Roi (4) ; le Transport (14) V. mêmes Arrêts.
d!or ô d'argent hors du Royaume (5) ; la (15) /'. les Arrêts de Sens & d'Angers.
Falsification du Sceau Royal (6) ; le Pé- (16) V. PArrêt de Laval.
culat (7) j les Malversations commises par (17) V. même Arrêt.
les Huissiers & Notaires Royaux (8) ; le (18) V. même Arrêt de Laval & celui de Mont
pensier.
Monopole fait par conspiration & avec
(19) ^. Arrêt de Laval.
attroupement , jusqu'au nombre de fix ù (20J V. Arrêt de Mont-Didier.
plus (9) ; le Trafic & Commerce de Mar- (21) V. même Arrêt.

§. I V. Des Parlemens , & de leur Compétence en madère Criminelle,

SOMMAIRES.

1 . Ce qui diflingue les Parlemens des autres cas dont elles connoijsent , tant en première
Cours en matière Criminelle. Infiance quefur lAppel.
2. Chambre de la TourneIle , Tribunal 5. Grand'Chambre feule ; Cas particuliers
ordinaire en cette matière ; fa compé dont elle connoît en madère Criminelle.
tence. 6. Quid , de la Chambre des Enquêtes en
3 . Chambres assemblées ; de quoi elles con- cette matière.
noiffent. 7. Chambre des Vacations ; objets de son
4. Grand'Chambre & Tournelle ajfemblées ; établissement ùdefa compétence.

I.

distique ' N°us avons observé , en traitant de l'O- Juges ordinaires , de Juges de Privilèges ,
les Parle- riginedes Jurifdictions en général , les motifs de Juges d'Appel, de Juges en première
mens des particuliers qui ont donné lieu à l'Etablif- Infiance y 6c toujours celles de Juges en
îì Litres * *
Cours en sèment de ces Cours Supérieures (1). Nous dernier Ressort. Mais, pour cela, il faut distin
Criminel nen Par^erons ^ > relativement à leur guer dans les Parlemens les différentes
te. Compétence en matière Criminelle; &nous Chambres dont ils íbnt composés ; parce
allons voir , que tels font leurs avantages à qu'en effet il y a de certaines matières
cet égard , qu'elles y exercent également , Criminelles qui ne fe jugent qu'à la Chambre
suivant les différens cas , les fonctions de de la Tournelle seulement ; d'autres , que
Vvv 2

1
524 LES LOIX CRIMIMELLESvLív. I. Tit. II. ï
par toutes les Chambres assemblées ; d'autres, » qu'annuel , au moins que par chacun an, les Qffi-,
que par la Grand? Chambre & la Journelle,-, « ciers d'icelui étoient gables & reyocablesau
rr 11' > d
assemblées jiautres, que par 1la-r j>r"L
Grand Cham- »„ plaisir
£atentesduqup
Roi.feCeRJ
quifcnr
le connoît par les Lettres--
envoyeFencore à pré:
bre feule ; d autres , que par la Chambre des „ fent tous leS ans p0ur l'ouvertHre du Parlement;
Enquêtes , & d'autres enfin , que par la Cham- » & aussi par la réitération du serment qui s'y fait
bre des Vacations. Nous ne parlerons pas ici » chacun an le lendemain de Saint-Martin; combien
de la Chambre des Requêtes du Palais, parce » I11* l" vrais Officiers ne soient tenus de jurer
11 „„„„lff. des matières, r ■ 1 » qu
n à~,1 entrée cde■ leurs Offices
e .?, comme il ferayjín
dit
aue celle-ci ne connoit cri- . . Cí.. „
" . ,, ... j , T >» au Chapitre suivant. Et de sait , Bodin rapporté
nunelles qu incidemment , comme les Juges n que le Roi Henry n. étant venu un jour au Par-
Civils^ seulement pour les juger à la charge >» lement , fâché de la difficulté qu'on faisoit de vé-
d'Appel. Nous ne parlerons pas non plus » rifier quelques Edits , dit que son Parlement
d'une Chambre particulière , connue fous » n'auroit point de puissance , s'il ne lui envoyoic )
le nom de Chambre Souveraine des Eaux « se* Lettres-Patentes , pour en faire l'ouverture
. , , , - ., ►» chacun an : ce qui en étonna quelques-uns. «
& forets , qui a ete établie , comme 1 on LoYSEAU f Tsm des Liv. 1 ,ch. 3 , n* 86 , 87
sçait , dans chaque Parlement , pour y juger . & 88.
en dernier Ressort, & par Appel des Maî- v
trises , toutes les matières concernant les I !•
Eaux & Forêts , soit au Civil , soit au
Criminel; parce que nous aurons lieu de CHAMBRE DE LA TouRNELLE. Nouscom- «.Cha*
rapporter l'Edit de son établissement , en mençons par cette Chambre , qui est com- kredeb
traitant de la compétence des Juges des posée , comme l'on sçait, de Conseillers ie, Tribu-
Eaux & Forêts que cet Edit concerne de la Grand'Chambre & de celle des En- Mí or&-
nanre
principalement. quêtes (1) , parce qu'elle a été détachée cette " ~
de celles-ci pour ne connoître uniquement
,(OPraetereà,
, n x propter
» rsubiectorum
u- a a
nostrorum <îue
n , des • matières. Criminelles »; tellement
.
commodum & causarum expeditionem , proponi- <ïu on ne Peut y Juger aucune matière Cl-
mus ordinare quòd duo Parlamenta Pariais , & vile , à moins qu'elle ne soit incidente à
duo Schataria Rothomagi diesque Trecenses bis celles-ci (2). C'est auflì , comme Tribunal
tenebuntur in anno , & quòd Parlamentum apud ordinaire de ces fortes de matières , que
Tholosam tenebitur sicut solebat temporibus re- cette Chambre connoît généralement de
troachs, n gentes terra: consentiantquod a Praehden- ,. . . 0 ,
tibus in Parlamento pnzdicto non appelletur. Ord. toutes celles dont la connoissance n'a pas
de Phil. le Bel, à Paris en 1307. V. Posta- ete réservée expressément aux autres Cham-
nos 9 Liv. i.tit. 3. bres par des Attributions particulières. C'est
Nota. C'est , commel'on sçait , en vertu de cette en<;ore Pour, cela W* Voa Y PS^ 1«
Ordonnance, que le Parlement, d'ambulatoire qu'il quêtes Civiles qui se prennent contre les
étoit , est devenu sédentaire à Paris. Voici ridée Arrêts rendus en cette Chambre préféra-
que nous donne de ce qu'étoit autrefois le Parle- blement à la Grand'Chambre , qui , comme
ment M« Charles Loyseau , Avocat au Parle- nous le verrons dans un moment , d'après
ment de Pans, d âpres Bodin & Budee.» Al égard 1H1 n . 1 * > 1 d 1 - j
w du Parlement (a fontfis termes), lorsqu'il Itoit ™ Règlement fait pour le Parlement de
» ambulatoire, il est certain que,par une autre rai- 1 oulouse , ne peut connoître des matières
» son , les Officiers d'icelui etoient révocables , à Criminelles que lorsqu'elles font incidentes
» sçavoir qu'ils n'étoient que Commissaires & non au Civil, ou dans des cas d'Attributions
» pas Officiers ordinaires : car c'étoit une assem- particulières. C'est encore par la même
» blee de certaines personnes du Conseil du Roi . , « t^ttt. vin t ^ t- -
» qu viil choisifloit
l rir-.a& députent
j' , une s- j
fois ou deux 1»l an, railon
. . que
» lar lOURNELLEconnoit
. .r . paraccu-
.r _
n ( ainsi que Dion rapporte qu'Auguste faisoit des mutation ( fur les Réquisitoires des Procu-
» Sénateurs Romains ) pour juger en son nom , & reurs-Généraux ) des dissérens Crimes com-
» comme ses Assesseurs , certaines grandes causes, mis par un même Accusé qui se trouve
» touchant les Droits de fa Couronne , & les pro- poursuivi dans différentes Jurifdictions de
» cès des Pairs de France ; d'où s'enfuit que ce n'é- son Ressort< Au reste deux h sr ,
» toit pas une Julhce ordinaire , au moins que les . . 7 -, . ,
» Juges du Parlement n'étoient pas vrais Officiers , remarquer relativement a la Compétence de
» ainsi qu'encore aujourd'hui , le Conseil privé du cette Chambre ; Yune , qu'elle ne connoît
>♦ Roi n'a point de Jurifdiction ordinaire , & les jamais de ces matières que par la voie de
>♦ Conseillers d'icelui ne sont que Commissaires ; I'AppeL qui est porté devant elle, ou par
» aussi n'ordonnent-ils rien en leur nom mais font ks parties ou par le Ministère Public,
» toujours parler le Roi en tout ce quils ordon- * * . , *. „ _., . .
„nent; comme pareillement fait encore le Parle- ou meme I1» lui estv dévolu de droit ,
» ment , ensuite de ce qu'il faisoit lorsqu'il étoit le comme dans le cas où la Sentence du pre-
» Conseil du Roi , avant qu'être réduit en Cour mier Juge porte condamnation à Peine
» ordinaire , dit Bodin en ce 4*. chap. du Liv. 4... affiielive , ainsi que nous le verrons en
» . Et depuis qu'il fut fait sédentaire & érigé par tsaitant dfi rA j j, le Ress
» Philippe le Bel en Cour ordinaire ; encore Bu-
w DÌE, ôc autres grands personnages, ont tenu que de cette Chambre ne s'étend pas feulement
» jusques à l'Ordonnance de Louis XI , qui a in- &r des Juges inférieurs ordinaires , tels
» troduit la perpétuité des Offices , il n'étoit que font les Juges Royaux & Seigneuriaux

1
DIVISION DES JUGES EN MATIERE CRIMINELLE , &c. yiy
dont nous venons de parler , mais qu'il frais expédiés; & conséquemment , les procès Ci
comprend encore , comme nous allons voir vils seroient auffi plutôt 8c brièvement expédiés en
la Grand'Chambre : Sçavoir faisons, que Nous
dans un moment , certains Juges extraor
désirant fur toutes choses voir de notre temps nos
dinaires-y tels que ceux de l' Amirauté , de dits Sujets être relevés des frais , dépenses & vexa
la Connétablie , les Lieutenans Généraux tions, avoir bonne ôi brieve expédition de justice
de Police , les Juges du Bureau du Do les Crimes & Délits punis , corrigés & réprimés
maine , de /'Hôtel-de- Ville t & même les promptement , à la terreur des mauvais , honneur
de Dieu & soulagement de notre peuple. Pour
Juges des Requêtes de l*Hôtel , hors les
ces causes , & autres considérations à ce Nous •
cas où ceux-ci font autorisés par des com mouvans : Avons par grande & mûre délibération ,
missions extraordinaires du Conseil , à juger de notre certaine science St autres considérations ,
en dernier Reslòrt. pleine puissance & autorité royale , statué & or
donné , statuons & ordonnons par Edit perpétuel
& irrévocable , que désormais notredit Parlement,
(i) Nos Conseillers , tant de la Grand'Chambre séant nosdits Présidens & Conseillers , qui font ou
que des Enquêtes de nos Parlemens , qui seront seront ordonnés à tenir ladite Tournel e Crimi
destinés pour le service de la Tournelle , vaqueront nelle , dès qu'ils entreront en notredite Cour, s'en
diligemment à Pexpédition des prisonniers &Juge- iront en ladite Tournelle , ainsi que font tous ceux
mens des procès Criminels , fans se distraire àd'au- des Enquêtes , fans foi arrêter en ladite Grand'
tres affaires , suivant nos anciennes Ordonnances Chambre de notredit Parlement , & en icelle va
& Réglemens. Ord. de Blois , art. 139. queront & entendront diligemment aux Jugemens
& expéditions des procès Criminels, soit de peine
de mort ou autres peines corporelles , en expédiant
(i)FrANÇOIS, &c. Comme puis l'avénement premièrement les prisonniers enfermés ; tk ayanf
à notre Couronne , toute notre sollicitude ait été égard aux cas qui , pour le bien de la Justice , re
& est encore à présent de tenir nos Sujets en bonne quièrent expédition prompte , &: les Arrêts & Ju
paix &: tranquillité , & que bonne & brieve Justice gemens qui y seront faits & donnés eldites matiè
fans laquelle il est très-difficile pouvoir régner , res, Voulons être de tel effet , autorité ou vertu ,
soit administrée au soulagement des bons , & cor que s'ils étoient donnés & faits en ladite Grand'
rectement des mauvais ; connoiflant par expérien Chambre de notre Parlement , fans qùen ladite
ce , que la longueur d'icelle est cause que plusieurs Tournelle ils y puissent expédier aucunes Matières
ont été contraints de laisser la poursuite de leur bon civiles y soit Requêtes ou Expéditions ,ains le faire
droit , que les Crimes & Délits qui ont pullulé , &c en ladite Grand'Chambre de notredit Parlement ,
encore de présent pullulent plusque jamais en notre & les autres Matières Criminelles voulons être
Royaume , n'ont été corrigés & punis , & même expédiées & jugées , tant en plaidoiries qu'autre
ment au moyen de ce que notre Cour de Parle ment , en ladite Grand'Chambre & en ladite
ment, pour les grandes matières & multitude de Tournelle , ainsi qu'il a été fait par ci-devant , pour
Procès , dont elle est chargée , n'a pu vaquer à Ja vu toutefois , que s'il étoit question de Clcrkature 011
prompte expédition des Crimes & prisonniers qui (fìmmuniíe's, au Jugement desquelles ont accoutumé
ont été amenés , dont les aucuns font échappés , d'être les Clercs , auflìde Crises de Gentils-Hommes
obstant ce que en la Tournelle Criminelle , qui n'a ou d'autres Personnages d Ht.it , leur procès fera
accoutumé tenir que les jours de plaidoiries par ci- rapporté en ladite Grand'Chambre. . . . Ord. dé
devant , on a accoutumé durant notredit Parlement fnASçOis 1 , à Paris au mois £Avril 1515, por
juger aucun à mort , combien qu'ils y soient deux tant e'iablijfemcnt de la Chambre de la Tournelle.
Présidens & douze Conseillers Laïques, dont huit
font de la Grand'Chambre de notredit Parlement
& quatre des Enquêtes de notredite Cour , qui est I I I.
nombre suffisant , que les Ordonnances de nos /'
Prédécesseurs à juger tous procès Criminels , & Chambres assemblées. La compétence v cfcam-
qu'en ladite Grand'Chambre , lefdits Criminels de ces Chambres en matière Criminelle ^"blí^\
puissent être condamnés à mort par l'un desdits Pré
sidens & feux Conseillers : A CETTt cause, &que n'est pas seulement remarquable par le droit is quoi el
durant ce temps des Vacations de notredite Cour, particulier qu'elles ont de juger en même fes con-
noiíTent.
eût été par ci-devant par nosdits Prédécesseurs , temps , & en première Instance , St en
commis & ordonné un ou deux des Présidens & dernier Ressort , contre la règle gé
fix ou sept Conseillers en icelle, qui au Jugement nérale qui veut que Tordre des Juris-
desdits Criminels ont procédé , non-feulement des
dictions soit suivi en cette matière; mais
peines de Question , fustigation & amputation de
membres, mais aussi de la Mort à ceux qui l'a- elle l'est encore , & par la qualité des
•voient mérité ; par quoi ledit nombre de deux Pré Personnes , & par celle des Matières qui
sidens & dix ou douze Conseillers , notredite Cour font l'objet de cette Compétence. D'abord ,
séant , pourroient trop sévèrement & équitable- quant à la qualité des Personnes (1 ) , l'on sçaít
ment juger , que durant le temps des vacations d'i
que c'est principalement en faveur des.
celle, fans plus totalement y occuper notredite Membres de ces Cours , lorsqu'ils fontSí ."
Grand'Chambre ; & après qu'avons fait cette ma
tière communiquer à plusieurs grands personna accusés de quelque Crime , qu'a été établi
ges de notre Conseil , & autres expérimentés en le Privilège de n'être jugés que par leur
telles matières , ayons trouvé qu'en faisant ladite propre Cour. Quoique ce Privilège ne se
Tournelle Criminelle continuelle , tout ainsi que ladite trouve porté par aucune disposition précise
Grand'Chambre de notre Parlement & Cham
de nos anciennes Loíx , il faut néanmoins
bre des Enquêtes , & qu'on y puisse juger à mort
& autres peines corporelles , les procès Criminels convenir qu'il n'est pas moins constant í
seront plus facilement , brièvement & à moindres l'Ordonnance le íùppofe ainsi , par l'ex-
526 LES LOIX CRIMIN ELL&S, Liv. I. J^t.JI.-mt
ception qu'elle a établie sur ce point , rela (4) Sinon que pour grande &xvidente Cause , np^
tredite Cour en retienne, connpiflance,, dont éri
tivement aux Officiers de la Chambre des
chargeohs leur conscience. 'V. l'art. z8. de ï'Ord.
Comptes dont nous parlerons dans un de 1453 , rapp.ci-deffus.'''1-'0 t 1 1
moment (2) , & il se trouve d'ailleurs con
firmé , non-feulement par rapport aux Par-
lemens , mais même à l'égard des autres IV,
Cours Supérieures, par une disposition
particulière de l'Edit de rétablissement du GRAND'CHAMBRE ET TOURNELLE affem- 4- Grand"-:
Grand-Conseil , que nous aurons lieu de blées (1). C'est par cette réunion , qui forme &h^0bu7n
rapporter en traitant de ce Tribunal. C'est ce que POrdonnance appelle Grand'ChaM- nelle as-
par une fuite de ce Droit que les Parlemens BRE assemblée , que la Chambre de la Tour- g£b1^
ont de juger leurs Membres , toutes les nelle , qui de sa nature ne peut con- elles con-
Chambres assemblées , que les Ducs ET noître des matières Criminelles autrement n0lsse.ntea
. . . première
Pairs , qui font réputés Membres de ces que par la voie de r Appel y peut juger instances
Cours où ils sont reçus , doivent ausfi y ces matières en première Instance. C'est sur, rAP--
être jugés en matière Criminelle (3). Nou,s auíîì par cette réunion , que la Grand'Cham-
observerons néanmoins à cet égard que le bre qui , depuis que la Tournelle en a
Parlement de Paris , comme formant Pan- été détachée , ne peut connoître des ma
cienne Cour des Pairs dont il a retenu tières Criminelles que lorsqu'elles sont
le nom , prétend en avoir le droit exclusif , incidentes au Civil , peut en connoître
& que ce droit lui est contesté par les directement par la voie de la Plainte ou
autres Parlemens. z°. Quant à la qualité Accusation principale. II faut cependant
des Matières dont ces Chambres connois distinguer , quant aux Personnes & aux
sent , ce sont , suivant nos Loix , celles Matières qui font l'objet de cette compé
qui sont les plus importantes & qui exi tence , qu'il y a de certains Accusés dont
gent un plus grand degré de pouvoir & cette Chambre ne peut connoître que sur
d'autorité que n'en ont les Tribunaux VAppel des Jugemens rendus contr'eux
ordinaires , pour faire Justice & aíîurer par les premiers Juges , & lorsqu'ils le de
l'exécution de leurs Jugemens (4). mandent ; ce qu'ils peuvent faire en tout
état de cause. II y en a d'autres dont
(1) Ne voulons que les Gens denotredit Parle elle peut connoître également & en première
ment connoiffent d'aucunes causes Criminelles en
Infiance & fur rAppel, lorsqu'ils le de
première instance , dont la connoiffance appartient mandent aussi. II ky a enfin de certains Ac
ou doit appartenir aux Baillifs & Sénéchaux ou au
tres Juges de notre Royaume ; ains voulons qu'ils cusés & de certains Crimes qui ne peuvent
les renvoyent par-devant lesdits Baillifs , Sénéchaux être jugés ailleurs que dans cette Chambre.
ou autres Juges , finon que pour grande & évidente 1 °. Les Accusés qui ne peuvent être jugés
cause , notredite Cour en retienre la connoiffance , que fur V Appel, tk lorsqu'ils le demandent,
dont en chargeons leur conscience. Ord. de CHAR
sont les Eccléfiasìiques , les Gentilshommes ,
LES VII , en 1453 » art-
les Secrétaires du Roi , & les Officiers de
(z) V. l'art. zi. du tit. premier de POrdonnance Judicature ; ce qui ne doit s'entendre néan
de 1670, qui fera rapporté ci- après.
moins qu'avec les modifications portées
f 3) Ordonnons que dorefnavant ne ferontintro- par les Loix qui ont été rendues successi
duites en notredite Cour de Parlement , sinon les vement íùr cette matière , notamment par
causes èc procès qui de leur nature & droit y doi
les Edits de François I (1) & de Henri II (2),
vent être introduites & traitées : c'est à fçavoir....
Item , les Causes des Pairs de France , & leurs en 1540 & 1554, par POrdonnance de
causes touchant leurs Terres retenues en Pairie , Moulins (3), par celle de 1670 (4) , &
aussi en Apanage & les Droits d'icelle , &c. . . en dernier lieu par la Déclaration du 2 6 Mars
Ord. de Charles VIL en 1453 , art. 5 1676 (5) , que nous allons rapporter ici.
» L'autre prérogative des Pairs , est qu'ils ont
2°. Les Accusés qui peuvent être jugés
» séance & voix délibérative au Parlement de Pa-
» ris , qui est la Cour des Pairs. . .Et qu'en qua- par la Grand'Chambre , tant en première
» lité de Conseillers en cette Cour , ils ont le privi- Instance que fur Y Appel , lorsqu'ils le de
» lege que les causes qui touchent ou l'honneur mandent , sont , suivant cette même Dé
» de leurs personnes ou Pétat de leurs Pairies, doi- claration de 1676 , qui explique sur ce
» vent être traitées au Parlement de Paris en pre-
point ce que POrdonnance de 1 670 a voulu
» miere instance , privativement à tous autres Par-
» lemens & autres Juridictions du Royaume, inf- entendre par les Officiers de Judicature
dont les Procès Criminels ont accoutu- •
» truites & jugées toutes les Chambres assemblées ;
» ce qui est commun à tous les Conseillers du Par mé d'être jugés à la Grand'Chambre ,
ti lement , & encore ce qui est particulier aux Pairs les Trésoriers de France , les Préfìdens Pré-
» di France , appelles tous les autres Pairs étant lors fìdiaux , Lieutenans - Généraux , Lieute-
» à Paris, comme il est bien prouvé par du Tillet,
» qui traite aussi de la forme & solemnité ancienne nans-Criminels , Lieutenans-Pàrticuliers ,
» d'adjourner les Pairs de France. » Loxseau , Avocats & Procureurs du Roi des Sièges
Tr. des Seigneur, ch. 6 , n°. 49. Royaux ressortijsans nuement dans les
DIVISION DES JUGES EN MATIERE CRIMINELLE , &c. 527
Cours , & même les Prévôts Royaux qui minelle de notredite Cour , que l'on appelle la
ont séance & voix délibérative dans les ^W/í , en ayent pris une connolffance au Juge-
r> ■//■ r c ' ' l tr> , -o v~c~ i«» mentdiceux, lans avoir fur ce nos Lettres spe-
Bailhages <J oenech.au ffees. l . hnnn les -, x \ n . c, , í
f*" * r » • i ciales à eux adressantes. Et au moyen de ce , plu-
Accuses qui ne peuvent être jugés en sieurs desdits Nobles & de nosdits Officiers ont été
première instance ailleurs que dans la Grand'- longuement détenus prisonniers , parce qu'ils n'oat
Chambre du Parlement , font , suivant l'Or- pu avoir si prompte expédition en ladite Grand'
donnance de 1670, les Officiers de la Chambre , qu'ils eussent pu avoir en ladite Tour-
CHAMBRE DES COMPTES(Ó) 4°. Quant nelle' ? ,cause des P^oiries & autres g^ndes affai-
• 1 • n- e • ' res qui surviennent de pur en pur en ladite Grand
aux Crimes qui doivent àufli être juges en Chambre f comme de{rus est dit. Pareillement que
première instance par la Grand'Chambre , par ci-devant en toutes Matières Criminelles , les
nous avons vu, d'après la disposition de renvois des Clercs & réintégrations en la franchise
l'art. 97. de l'Ordonnance de 1493 , que le & immunité Ecclésiastique, ont été seulement ju-
Parlement pouvoit connoître de tous les gf en ladite Grand'Chambre de notredite Cour
, ., r . , „ _ r oí non en ladite Chambre Criminelle ;& au moyen
cas ou il y avoit grande & urgente cause. de ce > ilafoUu yoir les procès entiérement ei/la_
Parmi ces cas, nous remarquons fur-tout dite Grand'Chambre , & lesdites Cléricatures
les trois íùivans qui ont été exceptés par & immunités jugées , & convenu & convient le
des Loix postérieures : sçavoir , 1 °. le Crime pl«s souvent les revoir en ladite Chambre Crimi-
de Lefe-Majeflé au premier chef'(7); 2°. le "elle, que l'on dit la Journelle, qui estgrahdelon-
r\ 1 1 / Vi // • Y 1» gueur & perdition de temps, ou lesdites Clen-
Duel, lorsquil a ete commis dans len- Lures & immunités étoient jugées & décidées en
ceinte des Villes où le Parlement tient ía iaci;te Chambre Criminelle ès procès Criminels ,
séance, ou bien entre personnes de grande qui sont jugés quant au principal en icelle inconti-
qualité & importance; 30. Y Infraction du nent après, sansj-evoirlefdits procès, l'on pourroit
Ban (8) , lorsque le Bannissement a été pro- jceux ÌuBsr définitivement ; pour obvier auxdites
> 1 n 1 » r -t longueurs, ÔCabreeer la Justice autant que verrions
nonce par le Parlement même, soit en ôtre rcqub , poA qualité du ternes & grande
confirmant ou infirmant les Sentences des multitude de procès : avons par l'avis & délibéra-
premiers Juges. Au reste , nous venons de tion de plusieurs Grands & Notables personnages
voir que la Déclaration de 167Ó va en- de notre Conseil étant en l'entour de notre per-
core plus loin que les précédentes , en ce sonne, & des ?ens de notre Cour de Parlement, sta-
cu-dle veut que ce privilège puisse avoir ^Z^^Jê^^S^
heu généralement pour tous les Frocés dìls NûbUs & de nos Officiers , s'ils nefont de bien
instruits à la Requête des Procureurs-Gé- grande & notable qualité , puissent , ainsi que ladite
néraux , lorsqu'ils jugent à propos de les Grand''Chambre de notredite Cour avisera , & que
porter directement en cette Chambre (9). Par elk sera ordonné , être vues t jugées & décidées en
ladite Chambre Criminelle , que l'on appelle la
FTournelle de notredite Cour de Parlement , nonobsi-
RANCOIS , par la Grâce de Dieu , Roi de tant ladite ancienne Observance & Ordonnance de
France : Sçavoir faisons , à tous présens & à venir , nos Antécesieurs , ou quelques privilèges par Nous
que nous désirant singulièrement bonne , brieve & ou nos prédécesseurs octroyés, auxquelles Ordon-
prompte Justice être administrée à nos Sujets , en nances , ancienne Observance & privilège si au-
maniere qu'à la longue poursuite d'icelle , ils ne cun en avoit , avons pour le bien & abréviation de
soient vexés ni travaillés, & ne consomment leurs Justice & prompte expédition des prisonniers, dé
biens en frais , mises & dépens ; duement avertis rogé & dérogeons par ces présentes , de notre cer-
qu'en notre Cour de Parlement à Paris , en la taine science , pleine puissance & autorité Royale ;
Grand'Chambre d'icelle , y a plusieurs causes d'ap - & aussi , que dorénavant les Matières Criminelles
pel & autres Instances , long-temps appointées au qui feront vuidées & décidées en notredite Grand'-
Conseil , en aucunes desquelles a été ordonné que Chambre , esquelles y aura renvoi requis par le
les parties informeroient , tant par Lettres que par Privilège de Clerc ou réintégration de franchise ou
Témoins , & en ont plusieurs desdites parties pour- immunité Ecclésiastique , que incontinent après les■
suivi & poursuivent de jour en jour l'expédition , dites Cléricatures ou immunités décidées , si le pri-
laquelle les Présidens & Conseillers étant en ladite fonnier est débouté d'icelles & principal procès est
Grand'Chambre de notredite Cour de Parlement , en état de juger , il soit promptement & incontinent
ne leur peuvent donner si promptement & briéve- après défini par nosJPréfidens & Conseillers Laïques
ment qu'ils desireroient , tant pour cause des plai- en ladite Grand1Chambre ; & qu'à cette fin , quand
doiries , qui occupent la plupart du temps , qu'au- les incidens des Cléricatures & immunités y seront
tres grandes affaires qui surviennent en ladite jugés, il y ait compétent nombre de nosdits Con-
Grand'Chambre , ès jours de Conseil , de nos droits seillers Laïques, pour donner Jugement définitifs'il
de Régale & autres droits , prérogatives & autori- y échoit, quant au principal, & que ces Causes &c
tés de notre Couronne , qu'aussi de grandes matie- Matières Criminelles qui seront vues & définies en
res de Duchés , Comtés & grosses Baronnies , des ladite Chambre Criminelle , que l'on appelle la
Pairies & autres causes, lesquelles, par l'institution Tournelle de notredite Cour , lesdites Cléricatures
de la Cour de Parlement , Ordonnances de nos & immunités incidentes en icelles soient jugées 8c
Antécesseurs ou ancienne observance d'icelle notre- décidées en icelle Tournelle , pour ce que deux de

que les procès


des Nobles & de nos Officiers , ont été vus & définis nés en seront déboutées , nosdits Présidens & Con-
en ladite Grand'Chambre seulement, sans que nos seillers Laïques étant en laditeChambre Criminelle,
ÇSrésidens & Conseillers étant en la Chambre Cri- que l'on dit la Tournelle de notredite Cour, procé-
528 LES LOIX CRIMIN SLLES, Liv.'I. Tit. II. i
dent promptement & définitivement au Jugement instruire 8c juger en la Chambre de la Tournelle , à
desdits procès Criminels , se faire se peut. Si don laquelle voulons aussi lesdites instructions être ren
nons EN MANDEMENT , &C Edit de FRANÇOIS 1 , voyées par ladite Grand'Chambre , si , pour les em
en Juin 1540. pêchemens & occupations d'icelle 3 lesdites instruc
tions ne peuvent être faites promptement & com
modément , ainsi qu'il est requis en telles ma
ci) Henry , par la Grâce de Dieu , Roi de nières ; 8c néanmoins voulons en tout cas qu'au
France. A tous ceux qui ces présentes Lettres ver Jugement desdits procès Criminels qui seront faits
ront : Salut. Comme par Edit de notre très-ho- en ladite Grand-Chambre , assistent les Présidons
noré Seigneur & Pere , donné à Fontainebleau au &Conseillers de laGrand'Chambre étant du service
mois de Juin 1540, publié en notre Cour de Par de la Tournelle *, 8c quant aux procès instruits par-
lement, pour le soulagement de nos Sujets & brieve devant nos Juges 8c hors nosdites Cours , entre
Justice ,& la correction de plusieurs grands crimes les personnes susdites , les appellations interjettées
& délits , eût été statué & ordonné entre autres des instructions se pourront juger en la Tournelle ,
choses , que les procès criminels des Nobles & de nonobstant le débat des parties ; 8c semblablement
nos Officiers , s'ils nétoient de bien grande & nota les appellations des Jugemens définitifs , si les per
ble qualité , fussent vus & jugés en la Chambre sonnes condamnées ne requièrent être jugées en la
Criminelle, que l'on appelle la Tournelle de notre- Grand'Chambre; auquel cas , il fera procédé
dite Cour , ainíì que la Chambre du Plaidoyer , se- comme dessus. Ord. de Moulins , art. 38.
roit avisé & ordonné au cas qu'elle n'y pût vaquer, (4) Les Ecclésiastiques 8c les Gentilshommes ,
nonobstant les anciennes Ordonnances de nos pré 8c nos Secrétaires , pourront demander en tout état
décesseurs Roys , suivant lesquelles auparavant les de cause d'être jugés , toute la Granl Chambre du
procès Criminels de la qualité susdite , au- Parlement où le procès fera pendant assemblée ,
roient été jugés en ladite Chambre : eût été aussi pourvu toutefois que les opinions ne soient pas
ordonné que les immunités & Cléricatwes incidentes commencées ; 8c s'ils ont requis d'être jugés en la
& autres procès Criminels , qui ne seroient de la Grand'Chambre , ils ne pourront demander d'être
qualité susdite , seroient vus & jugés en ladite renvoyés à la Tournelle : ce qui aura lieu à l'égard
Tournelle, y assistant deux Conseillers clercs. Dé des Officiers de Justice dont les procès Criminels
puis , par notre Edit donné à Compiegne au mois ont accoutumé d'être jugés ès Grand'Chambres
de Mai dernier passé , aurions voulu que lesdits de nos Parlemens. Ord. de 1670, tit. 1 , art. 21....
Procès des Nobles & de nos Officiers , semblable Nos Secrétaires & nos Officiers de Judicature , du
ment les Cléricatures & immunités soient jugés en nombre de ceux dont les procès criminels ont
ladite Grand1 Chambre , selon & ainsi qu'il est porté accoutumé d'être portés en la grande ou premiert
Chambre de nos Cours de Parlement, ne pourront
par l'Edit de l'an 1515, fait par notre Seigneur 8c
Pere : Sur quoi les gens tenant notredite Cour de être auífi jugés en aucuns cas par les Prévôts des
Parlement Nous auroient fait remontrer par leurs Maréchaux ou Juges Présidiaux en dernier Ressort.
Députés les inconvéniens qui s'ensuivoientà la re- Décl. du 5 Février 173 1.
tardation de Justice , au moyen que notre Grand'-
Chambre , pour les empêchemens ordinaires ès (5) Louis , &c. Le Roi François I désirant pro
Plaidoiries , Vérifications ôc Publication de nos curer une prompte expédition des procès crimi
Edits & Lettres-Patentes , Réceptions d'Officiers , nels, auroit, par son Edit du mois d'Avril 1514,
matières de Police 8c autres affaires , ne pouvoit si établi perpétuelle une Chambre établie quelques
promptement vaquer à la visitation & Jugement années auparavant en notre Cour de Parlement de
desdits procès ; comme il est très requis & néces Paris , pour soulager la Grand'Chambre pendant
saire : sçavoir faisons , que par avis 8c délibération qu'elle donnoit audience , du Jugement des procès
• des gens de notre privé Conseil, avons permis & instruits pour des crimes qui ne méritoient pas la
permettons à la GrandiChambre du Plaidoyé de notre mort , & ordonné que cette Chambre connoîtroit
dite Cour , renvoyer en la Chambre Criminelle , que de tous procès criminels , à la réserve de ceux
ron appelle la Tournelle , les procès Criminels des où il s'agiroit de cléricature ou de crimes commis
Nobles & Gentilshommes , & de nos Officiers qui ne par des Gentilshommes ou autres personnages d'E
seront de bien grande & notable qualité : Voulons tat ; & comme il survint dans la fuite quelques
aussi & Nous plaît, pour le bien 8c abréviation de contestations fur ce sujet entre les Grand'Chambres
Justice , que les immunités & cléricatures proposées & celles des Tournelles établies en notredite Cour
par les prisonniers , incidemment ès procès pen & dans nos autres Parlemens , le Roi Charles IX
dants en ladite Tournelle , soient jugées & décidées expliqua les derniers termes de cet Edit de 15 14
en icelle Tournelle ; appelles deux de nos Conseil en faveur des Officiers Royaux , 8c ordonna entre
lers d'Eglise pour y assister, nonobstant notre Edit autres choses , par l'art. 38 de son Ordonnance faite
donné à Compiegne au mois de Mai dernier passé , à Moulins en 1 566 , que les procès criminels qui
les Ordonnances de Nous 8c de nos Prédécesseurs leur pourroient être faits, seroient instruits & jugés
& quelqu'autres à ce contraires , auxquelles de no par les Grand'Chambres de nos Parlemens lorsqu'ils
tre certaine science , pleine puissance & autorité le demanderoient ; & d'autant qu'il ne seroit pas
Royale , & pour la plus prompte expédition des juste que tous les Officiers de Judicat ire , dont
dits prisonniers , avons dérogé 8c dérogeons par le nombre est beaucoup augmenté depuis ce temps,
ces Présentes. Si donnons en mandement , 8cc. jouissent indifféremmentde ceprivilegesousprétexte
Edit de Hen ry 11 , du mois de Janvier 1554. des termes généraux dans lesquels cetteOrdonnance
est conçue, & que d'ailleurs la Grand'Chambre de
(3) Et pour régler les différends qui ont été ci- notre Parlement de Paris , se trouvant chargée de
devant en nos Cours pour la connoistance des plusieursprocès civi!s,oùles audiences nepourroient
causes & procès Criminels des Gens de l'Eglise , pas donner le temps nécessaire pourl'expédition de
Nobles & Officiers , déclarons & voulons que les tous les procès criminels où nosOfficiers pourroient
procès introduits en première instance en nosdites être accusés , Nous avons jugé à propos & estimé
Cours, soient instruits & jugés en la Grand' Cham de régler , par une Loi précise , ceux de nos Offi
bre , (ìfairese peut , &si lesdits dccusés le requièrent : ciers de Judicature qui auroient cet avantage ; &
autrement , 8c fans ladite réquisition , se pourront voulant aussi rendre les poursuites & Jugemens des
Procès
>

DIVISION DES JUGES EN MATIERE CRIMINELLE , &c. 529


procès criminels instruits à la Requête de notre les affaires Criminelles , exclusivement à la Ke» ncmt
Procureur-Général au. Parlement de Paris plus so- Chambre des Enquêtes. Nous voyons £0{te^a"
lemnels., comme étant la plûpart importans à no même , que depuis cet établissement la tiere Cri-
tre service & au bien de la Justice. A ces causes , Grand.Chambre a continué de connoître minelle*
&c. Que les procès criminels qui seront instruits
entre les Trésoriers de France , Préfidens des Préfi- des matières Criminelles préférablement à
diaux , Lieutenans-Généraux , Lieutenans-Crìminels la Tournelle , lorsqu'il s'agissoit de Crimes
ou Particuliers , nos Avocats 6 Procureurs des Bail capitaux (i). Mais enfin par les dernieres
liages , Se'néckaujsées &c Sièges Royaux ressortif- Loix, & notamment par l'Edit du mois de
sans nuement en nos Cours de Parlement , & les
Février 1682 (2) , servant de Règlement
Prévôts Royaux , Juges Ordinaires qui ont séance
& voix délibérative dans les Bailliages & Séné- entre la Grand'Chambre & la Tournelle
chaussées , & introduits en première injlance en notre du Parlement de Toulouse , il paroît que
Cour de Parlement de Paris , soient instruits & jugés la Grand'Chambre se trouve aujourd'hui
en la Grand'Chambre fi faire se peut , & que les tellement dépouillée de la connoislance des
appellations des Instructions & Jugemens définitifs matières criminelles , qu'à l'exception de
prononcés contr'eux y soient pareillement jugées,
celles qui íbnt incidentes au Civil , comme
le tout fi les Accuses le requièrent ; fans quoi lesdits
procès feront instruits & jugés en la Chambre de en fait de Faux incident , de Rébellion à
la Tournelle. Voulons que les procès Criminels qui l'exécution de ces Arrêts , & des Crimes
font &seront ci-après poursuivis à la Requête de notre ou Rixes qui arrivent dans son enceinte
Procureur • Général , soient instruits & jugés en la cette Chambre n'en connoît plus aujourd'hui
Grand'Chambre lorsqu 'il estimera à propos de le de qu'autant qu'elle s'y trouve autorisée par
mander. Si donnons en Mandement , &c. Décl. du
des Edits d'attribution particulière. Nous
z6 Mars 1676.
en avons d'ailleurs un exemple remarquable
(7) Ne pourront les Présidens , Maîtres ordinai dans la Déclaration du 26 Juillet 171 3 (3) ,
res , Correcteurs 1, Auditeurs , nos Avocats & Pro
qui attribue à la Grand'Chambre la connois-
cureurs-Généraux de notre Chambre des Comptes
à Paris , être poursuivis ès causes & matières cri fance de l'appel des Jugemens rendus par le
minelles ailleurs qu'en la Grand'Chambre de notre Lieutenant-Général de Police contre les
Cour de Parlement de Paris. Ordonn. de 1670 , Filles de mauvaise vie. A la vérité cette Loi
ùí. 1. art. iz. 'V. au surplus ce qui fera dit fur la restreint ce droit au cas seulement où ces
Compétence de cetie CHAMBRE.
Jugemens ne contiendroient point de con
(8) Déclarons que ne voulons & entendons que damnation à peine afflictive ou infamante ,
notre Cour de Parlement connoisse , &c. sinon que ou même que , fans contenir aucune de
des crimes de Lèse- Majesté & autres cas à elle ré
ces Peines , ils auroient été rendus ensuite
servés , tant par nos Ordonnances , que selon les
anciennes constitutions du p3ys, ou quelques autres d'une instruction extraordinaire , comme
cas , pour grande & évidente cause , notredite Cour en fait de Maquérelage , Prostitution pu
en retienne la connoiíTance , dont nous chargeons blique , & autres Crimes que ce premier
leur honneur & conscience. Ord. de François 1 , Juge est tenu d'instruire par récolement &
á Ys fur Thille , en Décembre 1 5 3 3 , cA. 13, art. 1 . confrontation : car , en ce dernier cas , elle
V. Guenois , liv. 3 , tit. I.
veut que l'Appel en soit porté , non en la
(9) Voulons au surplus que nos Cours de Par Grand'Chambre , mais en la Tournelle.
lement connoissent en première instance des cas Nous verrons aussi , en traitant des Lettres
portés par notre Edit, quand ils seroient arrivés dans
de Grâce , que lorsqu'elles font obtenues
l'enceinte ou ès environs des Villes où nosdites
CouVs sômTéartes" ou'bim plus'îoinV entreTìes par des Gentilshommes ou par des Offi-
personnes de telle qualité & importance que nosdites ciers Royaux , c'est à la Grand'Chambre
Cours jugent y devoir interposer leur autorité ; &c que doit s'en faire l'entérinement.
hors de ces cas , les Juges susdits à la charge de
l'Appel , ainsi qu'il est porté par notre Edit. Si don (1) A la Tournelle criminelle seront expédiés
nons en Mandement , &c Décl. du 30 Décembre les procès criminels le plus bries & diligemment
1679 , contenant ampliationfur PEdit des Duels. que faire se pourra , toutefois si , en définitive , con-
(to) Voulons que dans les autres cas les Juges venoit de juger d'aucun crime qui emporte peine
"qui auront prononcé la condamnation , connoissent capitale , le Jugement fera fait en la Grand''Chambre ,
de ladite infraclion de Ban 3 si ce n'est que la peine & voulons que quand le Jugement du cas crimi
du Bannissement ait été prononcée par Arrêt de nos nel se fera en ladite Chambre , que l'un des Pré
Cours de Parlement , soit en infirmant ou confir sidens & Conseillers Clercs aillent en, une autre
mant les Sentences des premiers Juges , & quand Chambre pour besoigner aux autres procès & be-
même l'exécution auroit été renvoyée auxdits Ju soignes du Parlement. Ord. de Charles Fil ,
ges ; auquel cas le procès ne pourroit être fait & £7î x433 » arí' 2Ï*
parfait à ceux qui seront accusés de ladite infrac
tion de Ban que par nosdites Cours de Parlement.
Décl. du 5 Février 173 1 , art. 1. (2) LoUIS ,&c. La punition des crimes devant
être considérée comme le moyen le plus solide
pour maintenir la société civile parmi nos Sujets,
Nous avons toujours pourvu , autant qu'il est venu
à notre connoissance , à tout ce qui a pu retarder
^.'Grand'- Grand'Chambre. Nous venons de voir
le châtiment des criminels , & empêcher nos Juges
seuiTcaf <ïu'avant Rétablissement de la Tournelle , de rendre la Justice ; & étant bien informés que ,
particu-* c'étoit à la Grand'Chambre que se jugeoient par un usage abusif, on plaide en la Grand'Chambre
s X X x

I
530 . LES LOIX CRIMINE CLES , Liy. I< Tjt. II.
de notre Cour de Parlement de Toulouse, les Rc- ne pouvoit suffire , comme étant occupée
tjuíics civiles que les Accusés prennent contre les principalement des affaires qui se traitent
Arrêts d'instruction qui font rendus contr'eux en à l'Audience. D'où il suit , que cette Cham
la Chambre Tournelle dudit Parlement , & que
bre , hors les cas d'attributions particulières
même l'on fait les instructions des affaires crimi
nelles indiitinctement «n ladite Grand'Chambre , qui lui font faites par Lettres-Patentes pour
d'où ;J arrive des inconvéniens considérables & juger de certaines affaires au Criminel ,
dont les Accusés tirent avantage, particulièrement n'en peut connoître que dans ces deux
à legard des affaires civiles , par les longueurs qui cas seulement qui sont marqués par l'Or-
se rencontrent en la plaidoierie d'icelles , attendu
donnance j l'un , lorsque les matières Crimi
la multiplicité des causes dont la Grand'Chambre
est chargée, & que d'ailleurs les Juges ne peuvent nelles font incidentes aux Procès Civils
être informés , comme le sont ceux de la Tour- qui font pendans en cette Chambre (1) j
nelle , du mérite des accusations. A quoi étant né l'autre , c'est en fait d'appel porté devant
cessaire de pourvoir , &c. Voulons & nous plaît elle des Jugemens Criminels qui ne pro-
que les Requêtes civiles que l'on prendra doréna
nonceroient point de condamnations à
vant contre les Arrêts rendus en la Chambre Tour-
nelle dudit Parlement de Toulouse , soient plai- Peine afflictive , du nombre de celles dont
dées &C jugées en ladite Chambre de la Tournelle , l'Appel est dévolu de droit dans les Cours (2),
fans que la Grand'Chambre en puisse prendre 6c encore faut-il en ce dernier cas deux cho
connoissance , pour quelque cause & sous quel ses ; Yune , que cet appel y soit porté de la
que prétexte que ce puisse être , dérogeant , en part de YAccusé à qui l'Ordonnance laisse
tant que de besoin est ou seroit , à tous usages à ce
contraires. Voulons en outre que les crimes des faculté d'acquiescer à ces sortes de Juge
Accusés soient portés en ladite Chambre de Tour mens ; &T autre , qu'il n'y ait point d'Appel
nelle , fors le cas où il s'agit de Rébellion à l'exé a minima de la part du Ministère public ;
cution des Arrêts de ladite Grand'Chambre , de la parce que tel est l'effet de cet Appel , qu'il
police générale des Duels , des procès des Gen empêche auíïì-tôt la Chambre des En
tilshommes & Ecdéjìajliques qui auront demandé &
quêtes de pouvoir se retenir la connoisiance
obtenu leur renvoi à la Grand'Chambre , des crimes
ou Rixes qui arrivent dans Penceinte du Palais , du Procès qui y donne lieu , & qu'elle est
des matières qui sont édiclales , conformément à obligée de le renvoyer à la Tournelle pour
ce qui est porté par la Déclaration du mois de donner fuite à l'instruction extraordinaire
Novembre 1679 > des affaires qui concernent les qui doit se faire en conséquence de cet Ap
Collèges , en la même manière que ladite Grand'
pel , jusqu'au Jugement définitif inclusive
Chambre a accoutumé d'en connoître ; & à cet
effet seront les informations & matières qui ne seront ment.
pas , comme dit est , de la compétence de la Grand'
( 1 ) Tous Juges , à la réserve des Juges & Con
Chambre , portées au Greffe Criminel de notredite
suls &£ desBas & Moyens-Justiciers, pourront con
Cour , à la diligence de nos Procureurs ès Sièges
noître des Inscriptions de faux incidents aux affai
subalternes dans lesquels elles auront été faites.
res pendantes par - devant eux , 6* des Rébellions
Si donnons en Mandement , &c. Edit du mois de
commises à fexécution de leurs Jugemens. Ordonn. de
Février 1681 , reg. au Parlement de Toulouse , le,..
F. le Recueil de Toul. p. 36. 1670 , tit. r. art. 10.
(1) Si la Sentence dont est appel n'ordonne point
(3 ) Voulons que fur ledit Appel, soit que l'affaire de peine afflictive , Bannissement ou Amende ho
ait été jugée fur le simple procès-verbal du Com norable , & qu'il n'y en ait appel interjetté par nos
missaire , ou fur le récit & le vu des informations , Procureurs ou ceux des Justices Seigneurales , mais
les parties procèdent en la Grand'Chambre de ladite seulement par les parties civiles , le procès fera en
Cour , encore qu'il y ait eu un décret fur lesdites voyé au Greffe de nos Cours par le Gremer du pre
informations , & que la fuite de la procédure ait mier Juge, trois jours après le commandement qui
obligé le Lieutenant-Général de Police à ordonner lui en fera fait , s'il est demeurant dans le lieu de
que lesdites femmes ou filles seront enfermées pour rétablissement de nos Cours ; dans la huitaine , s'il
un temps dans la Maison de Force de l'Hôpital- est hors du lieu ou dans la distance de dix lieues ;
Général : en cas de Maquérelage , prostitution pu & s'il est plus éloigné , le délai fera augmenté d'un
blique , & autres oíi il écheoira peine afflictive ou jour pour dix lieues , à peine d'interdiction contre
infamante , ledit Lieutenant-Général de Police fera le Greffier, & de cinq cens livres d'Amende , &
tenu d'instruire le Procès aux Accusés ou Accusées les délais & procédures prescrites par notre Ordon
par récolemens ou confrontations , suivant nos nance du mois d'Avril 1667 seront observés par
Ordonnances & les Arrêts & Réglemens de notre les présentations. . . Si les procès de la qualité
Cour , auquel cas l'Appel fera porté en la Chambre mentionnée en l'article précédent font instruits
d? la Tournelle , à quelque genre de peine que en nos Cours de Parlement , ils seront distribués
les Accusés ou Accusées aient été condamnés. ainsi que les procès civils. Même Ord. de 1670 ,
Décl, du 16 Juillet 17 c 3 , reg. le 9 Aoûtsuivant. tit. z6 , art. 1 1 à 11.

V L VIL

Chambre des Enquêtes. Cette Cham- Chambre des Vacations. Nous ne 7-Cham-
la Cham- kre n»a fa£ établie , comme il paroît par les pouvons donner uneidéeplusprécife des Mo- •
bredesEn- „ . \ . . ,r r
quêtes en dilpoiitions de nos Loix qui la concernent , tifs particuliers qui ont donné lieu à l'éta- objet de
cette ma- que pCur procurer une plus grande expé blislement de cetce Chambre , & en même y2re^«
dition des Procès Civils qui s'instruisent temps des Objets fur lesquels doit rouler fa Sc de fa
compétence tant au Civil qu'au Criminel , comPéteih
par écrit , & auxquels la Grand'Chambre

1
DIVISION DES JÚGES E'-M MÂTURE CRÍMïNËLLÊ , &c. 5^1-
qu'en rapportant ici l'Edit de 1 669 (1) , & la bre de juger par provision , si non aux affaires bit.
elle pourroit juger définitivement. . . Si aucuns
Déclaration du 4 Septembre 1675 (z), ser
'ôáuse ríónr le civil est appointée en la Chambre des
vant de Règlement pour cette même Cham Vacations , elle ne pourra être jugée , hi même
bre , d'après lesquels on voit que fa comi^é- distribuée , mais elle fera renvoyée aux Enquêtes
tence embrasse généralement , pour ce qui pour être mise en distribution générale après
concerne le Criminel, toutes les matières le 1 1 Novembre'.- . . La Chambre des Vacations
connoîtra des Requêtes à fin de défenses 011 í tir-
dont peut connoître la Chambre de Tour-
séances à l'exécution des Sentences & Jugèmens,
nelle , à l'exception
t >, -, de trois cas, seulement
, quoiqu'il fîit question de choses excédentes son
ouxette Chambre ne peut rendre que des J^uvoir, fans néanmoins que l'exécution puisse être
Arrêts provisoires : sçavoir, 1 °. en fait à'Ap- sursise aux Matières sommaires ni aux Sentences
pel comme d'abus ; 2°. en fait d'accusation de t de.provision , en donnant caution , à quelque som-
Crime de Rapt; enfin , lorsqu'il s'agit mes qu'elles puissent monter , s'il y a contrats,
de l'Appel des Jugemçns rendus dans des obIl8ati?n? ? Promesses reconnues ou condamna-
n » */• • '-r 'r • ' j t? ì'r n- tions précédentes par Sentences, dont il n y ait
lJroces Criminels faits a des Ecciejiajtiques < /. ,
ou a des Gentilshommes ; parce que , comme
nous l'avons vu , ceux-ci ont le droit de de
mander à être jugés par la Grand'Çhambre Elle connoîtra pareillement des Requêtes à fin d'op
position à l'exécution des Arrêts , auxquels le ûe-
& la Tournelle assemblées. ideur en Requête n'aura été partie ou duement
manc 11' • .. i*i 1... i c . i_ r, '
appellé , ou qui auront été rendus à faute de se pré
senter, ou en l'Audience à faute de .plaider : le tout
(1) LoUIS, &c. Encore que la Chambre des Va suivant les art. 1 , 1 & 3 du titre 3 5 de notre Or
cations de notre Cour de Parlement de Paris n'ait donnance du mois d'Avril 1667; ce qui aura lieu ,
été instituée que pour juger les procès criminels tant à l'égard des Arrêts donnés avant la Chambre
pendant la cessation de la Tournelle , & les affaires des Vacations , qu'à l'égard des Arrêts qui auront
civiles de peu de conséquence jusques à mille li été rendus par ladite Chambre... Voulons ce que
vres seulement , & au-dessous , néanmoins le pou dessus être exécuté , à peine de nullité des procédu
voir en a été étendu beaucoup au-delà de fa natu res qui seront faites , & des Arrêts qui intervien
relle compétence. A.quoidésirant pourvoirfteempê- dront , & de tous dépens , dommages & intérêts
cber la continuation des abus qui s'en font ensuivis : contre les parties , 6i de cent livres d'Amende con
A ces causes , &c. Que le premier Président de tre les Procureurs en leurs noms , nonobstant tous
notre Cour de Parlement^de Paris présidera le pre- Régïernenï& ùfagèsà ce contraires, que nous avons
mier jour que tiendra la Chambre des Vacations y abrogé & abrogeons par ces Présentes. Si donnons
& avec le Président qui fera en tour de la tenir , EN mandement à nos Amés & Féaux Conseillers,
qui seul continuera de la présider pendant l'entiere les Cens tenans notre Cour de Parlement à Paris ,
durée d'icelle : seront nommés dans nos Lettres de que ces Présentes ils ayent à faire publier & enre
Création pour la Chambre des Vacations , pour gistrer le contenu en icelles garder & observer
chacun an , l'un des Présidens de notre Parle selon sa forme & teneur , cessant & faisant cesser
ment , à commencer par le second , &c ainsi suc tous troubles & empêchemens qui pourroient être
cessivement d'année en année , les deux plus an mis & donnés, nonobstant tous Edits, Déclarations,
ciens Conseillers clercs , les dix plus anciens Con Réglemens &í usages à ce contraires , auxquels Nous
seillers Laïques, & un Conseiller de la Religion pré avons dérogé & dérogeons par ces Préfentes. Car
tendue réformée aussi successivement d'année en tel est notre plaisir , & afin que ce soit chose ferme
annee , à commencer par le plus ancien d'entre & stable à toujours , Nous avons fait mettre notre
eux: le tout selon l'ordre du Tableau. .. Le Pré- seei à cesdites Présentes. Edit du mois d'Août
sident & les Conseillers nommés dans la création , ^69 , portant Règlement pour la Chambre des
ne pourront s'absenter durant la Chambre des Va Vacations.
cations , fans avoir obtenu notre ordre par écrit , &
en cas d'absence , maladie ou légitime empêche
ment , aucun autre n'y fera subrogé. . . Les Arrêts (i) LoUIS , &c. Ayant par notre Edit du mois
de la Chambre^des Vacations pourront être donnés d'Août 1 669 , excepté les Appellations comme d'a
de huit Juges , tant au criminel qu'au civil. . . . bus & le crime de Rapt , des Matières dont Nous
La Chambre des Vacations instruira &c jugera pour avons attribué la connoissance à la Chambre par
le criminel toutes les causes, même celles du Rôle, Nous ordonnée durantJe temps des Vacations de
& les Instances & procès dont la connoissance ap notre Cour de Parlement de Paris : Nous avons été
partient à la Chambre de la Tournelle. . . . Excep informés qu'il s'y étoit présenté plusieurs appella
tons néanmoins le crime de B api , & ce qui con tions comme d'abus , auxquelles il auroit été néces
cerne l'état des personnes , les appellations comme saire de pourvoir , soit pour la conservation &C
d'abus , & les Requêtes civiles , tant principales l'autorité de la puissance légitime des Prélats , dans
qu'incidentes A l'égard du civil , elle ins- les bornes prescrites par les Saints Décrets & par
truira & jugera , tant en première instance que nos Ordonnances ; que d'ailleurs il y avoit eu des
par appel , en l'Audience les Matières sommaires , accusations de Rapt oh l'autorité des premiers
ainsi qu'elles font expliquées par les cinq premiers Juges n'étant pas suffisante , il auroit fallu avoir
articles du titre dix-feptieme de notre Ordonnance recours à celle de ladite Chambre pour y apporter
du mois d'Avril 1667. . . Et ne pourra juger les des remèdes nécessaires : & désirant que nos Sujets
Instances ou procès appointés ou conclus avant le y puissent trouver promptement le secours dont
septième Septembre, soit en la Grand'Çhambre ou ils ont besoin , particulièrement dans les matières
autres Chambres des Enquêtes pour le petit crimi- qui ne peuvent très-souvent souffrir aucun retar •
nel , ni pour le civil , encore qu'il tut question de dément fans des préjudices irréparables. A ces
Matière sommaire , & que le Rapporteur tut de la causes , &c. Que la Chambre établie pendant les
Chambre des Vacations... Défendons à la Cham- Vacations de notre Parlement de Paris, puisse
, Xxx z
5^2 LES L01X CRIMINELLES, Liv. I. Tir. 9fi:i
recevoir toutes les Appellations comme d'abus qui bration des Mariages que l'on voudroit faire par
y font portées , & rendre fur icelles tous Arrtts cette voie , que pour la punition des Ravisseurs ,
provisoires , ainsi & en la même manière que notre leurs Fauteurs & complices , de même que la
Cour de Parlement le fait & peut faire pendant Chambre de la Tournelle criminelle de notre Par
le temps de fa séance , fans néanmoins qu'elle puijfe lement le pourroit faire , à la réserve des Afrêts
les juger définitivement ; & que pareillement elle définitifs fur le procès instruit fur ces accusations,
puisse recevoir toutes plaintes de crimes de Rapt , Car tel est notre plaisir , &c. Décl. du 4 Septembre
donner les Arrêts de défenses & autres qu'elle 1675 » feglfir^c k 7 du même mois,
estimera nécessaires , tant pour empêcher la célé- .j 7 "*

"...
CHAPITRE SECOND.

Des Juges extraordinaires en matière Criminelle»

SOMMAIRES.

1. Qu'entend- on fous le nom de Juges ex- jamais Juges d'Appel. . r ;


traordinaires. 4. Juges extraordinaires Inférieurs ; quels
2. Quels font les Juges Supérieurs qui font font-ils.
en même temps Juges d'Appel & en der- 5. Pourquoi l'on commence ici par les Cours
nier Ressort. Supérieures.
3. Quels font les Juges Supérieurs qui ne font

l
1. Qu'en- N^ous appelions ainsi , tous les Juges qui jamais qu'à la charge de PAppel. Ainsi nous férieun *
tend -on ne connoifsent des matières Criminelles mettons d'abord de ce nombre les Juges fjuelssontî
nomdeJu- qu'en de certains cas dont la connoiíîànce de la Prévôté de l'Hôtel , de I'Election,
ges ex- leur a été attribuée expressément par les du Grenier h Sel, des Traites, y & les Pré-
îes?rdinai E^its de leur création, ou autres Loix posté
vôts , & Gardes des Monnoies dont nous
rieures. venons de parler. Nous y mettons auflî
I I. certains Tribunaux extraordinaires dont
nous avons dit que l'Appel se portoit au
a. Quels Parmi ces Juges , il y en a de deux sor Parlement , comme sont ceux des Eaux &
font les Ju tes , comme parmi les Juges ordinaires ; les
ge* Supé Forêts , de Y Amirauté , de la Connétablie ,
rieurs qui uns font Supérieurs , les autres Inférieurs. dè la Chambre du Domaine , de YHôtel-
sontenmê- Dans le nombre des Juges Supérieurs ,
me temps de- Ville , de la Conservation de Lyon , &
Juges il y en a qui font en même - temps , &. Ju même le Lieutenant-Général de Police 8c
d'Appel & ges d'Appel , & Juges en dernier Ressort ;
Juges en les Juges des Requêtes de l' Hôtel , hors
dernier d'autres qui font seulement Juges en der les cas où ceux-ci sont autorisés , par des
Reflbrt. nier Reflbrt. Du nombre des premiers sont attributions particulières , à juger en der
le Grand-Conseil , qui connoît de TAp nier Ressort.
pel des Jugemens de la Prévôté de l'Hôtel ;
la Cour des Aides , qui connoît aussi par V.
l'Appel des Juges de í'Election , du Gre
nier à Sel , & des Traites ; & la Cour des Nous allons donner une Notion géné- í.potn
MoNNOlES , qui est encore Juge d'appel raie de toutes ces Jurisdictions extraordi- <îuoi
des Prévôts & Gardes des Monnoies. naires , à la réserve de la Jurìfdiclion Pré- «"uì ^pae
vôtale dont nous avons cru devoir faire les Çour"
I I I. un article séparé , tant parce qu'elle par- ^uPéneu"'

ticipe des Jurisdictions ordinaires avec les


3. Quels Les Juges Supérieurs extraordinaires ,
sont les Ju quelles elle concourt le plus souvent , qu'à
qui jugent seulement en dernier Ressort ,
ges Supé cause de l'importance & de l'étendue des
rieurs qui sans être jamais Juges d'Appel, sentie CoN-
ne sont ja matières qu'elle a pour objet. Nous com
SEiL-PRivÉ,la Chambre des CoMPTEs,les
mais Juges mençons parles Cours Supérieures, com
d'Appel. Commissaires du Conseil, les Prévôts
me ayant précédé rétablissement des Juris
des Maréchaux & les Présidiaux.
dictions inférieures qui en relso misent ; 8c
I V. nous traiterons eníùite successivement de ces
dernieres dans l'ordre que nous venons d'in
4. Juge* par Juges Inférieurs extraordinaires , nous diquer , fans prétendre pour cela leur assi
«traordi- 1 0 1 1 •
naires In- entendons parler de ceux qui ne jugent gner aucun rang particulier.
DIVISION DES JUGES EN MATIERE CRIMINELLE £ &c 55$

§. I. Du Conseil du Roi en matière Criminelle.

S» O M M A I R E. S.

1. Pourquoi mis au nombre des Juges ex- 4. Divison de ce Conseil en cinq classes
'"*• iraordinaires. . '' .„ r différentes.. '' ' '■ •
2. Par quelle voie connoît- des madères 5 . Conseil-Privé dont il fagit ici ; sa supé
Criminelles. riorité & Vétendue de son pouvoir en cette
3. Pourquoi ce Conseil a été établis & quelles matière.
étoient ses fonctions primitives.
• ' ■■ ■) "V ••> t-'ii '■ "•' '«.'
•■ '\ i ■
1. Pour- ]NJ O u s mettdns ce premier Tribunal au dans la fuite divisé en cinq Classes différen- étoient ses
quoi mis 1 T tes , dont chacune eut auíïï fa dénomination fonct.l?n*
au nom. rang des Juges extraordinaires en matière • f i« • primitive»
bredesJu- Criminelle , parce qu'il ne connoît en effet particulière, selon la qualité des matières
fraordlnâi- de ces matières que lorsqu'elles y íbnt por- qu'elle a pour objet ; fçavoir, le Conseil
**** tées par des voies extraordinaires , telles d'Etat , le Conseil des Dépêches , le Con
que celles de la Révision , de la Cassation , seil des Finances , le Conseil du Com
deï Evocation , & du Règlement de Juges; merce , & le Conseil des Parties ou Conseil-
& encore n'en prend-il connoissance , par Privé.
ces différentes voies, que relativement au I V.
Rescindant , & pour renvoyer en conséquen
Nous ne parlerons ici que du Dernier , 4. Dîvi-
ce le Rescisoire , ou la discussion du fond , à
parce que c'est Celui qui est spécialement Consetien
celui des Tribunaux ordinaires ou extraor
destiné à connoître des affaires Criminelles cinq cias-
dinaires qu'il juge à propos. qui y sont portées par quelques-unes des sci d:tk"
rentes.
, 1 1. quatre voies dont nous avons parlé plus haut;
a Par Nous avons remarqué , au sujet de PO- fçavoir , par celles de la Révifion , de la
queii'es rigine des Jurisdictions en ce Royaume , Cassation , de Y Evocation , & du Règle
noî" de"" *Iue ' m^me ^S ^es Preimers temps , nos ment de Juges. Nous avons déjà eu lieu
matières Rois ont toujours eu auprès d'eux des Con- de parler de ces deux dernieres Voies , en
Criminel- fejllers , pour les aider à décider les affai traitant des Causes qui font cesser la Com
res importantes qui intéressoient l'adminif- pétence des Juges. Nous verrons , en trai
tration de la Justice , ainsi que celles de la tant des Lettres de G'race , les Cas particuliers
Milice & de§ Finances ; às quoi ils furent qui peuvent donner lieu à la Révifion. Enfin ,
engagés fur-tout par la difficulté de rassem pour ce qui concerne la CaJJation des Arrêts ,
bler les Etats. Ce Conseil fut d'abord pré les moyens & Procédures pour y parvenir
sidé par les Maires du Palais , qui étoient íè trouvent marqués fous un Titre parti
proprement ce qu'on appelloit Préfet du culier du nouveau Règlement du Conseil ,
Prétoire chez les Romains. Mais l'abus du 18 Juin 1738. "
que firent ceux-ci de leur autorité fous V.
les Rois de la première & seconde race ,
" II nous reste seulement à observer Con
força enfin Ceux de la troisième à diviser seil- Privé
ici en général , que telle est la supé
cette même autorité, en créant des Offi dont il s'.i-
riorité de ce Conseil-Privé sur les git ici ; fa
ciers particuliers , tant pour la Justice , supériori
autres Cours , soit ordinaires , soit ex
que pour la Milice & pour les Finances. té & Té-
traordinaires , qu'indépendamment du droit tendue de
Celui qui fut préposé singulièrement pour son pou
qu'il a de réformer leurs Jugemens dans
la partie de l'Administration de la Justice , voir en
les cas marqués par les Lqix ; c'est encore cette ma
dont il est encore aujourd'hui regardé tière.
de ce premier Tribunal que íbnt émanées
comme le Chef , fut le CHANCELIER , auquel
les Commissions extraordinaires pour juger
on donna, pour l'assister dans ses opérations,
en dernier Ressort , dont nous aurons lieu
d'autres Officiers qui furent d'abord choisis
de parler^ dans un moment; & que c'est
parmi les Commissaires dont nous avons
aussi de son sein , que sont tirés les Maîtres
parlé fous le nom de Mijsi Dominici , &
des Requêtes qui forment ce Tribunal
qui íbnt connus aujourd'hui fous les noms
particulier connu fous le nom de Chambre
de Conseillers d'Etat , & de Maîtres des
des Requêtes de l' Hôtel , dont nous au
Requêtes.
rons lieu de parler en traitant des Juges
III. extraordinaires inférieurs , parce que cette
x. Pour- ^e Conseil , qui fut d'abord érigé fous Chambre ne juge qu'à la charge de l'Appel ,
01 oi ce la dénomination générique de Conseil hors les cas des attributions particulières
Conseil a d'Etat , parce qu'on y traitoit sénérale-
qui lui font faites pour juger en dernier
& quelles ment de toutes les affaires de 1 htat , fut Ressort.
/

534 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. I, Tit. ïï:

§.. II. Du Grand-Conseil en matière Criminelle,

SOMMAIRES.

i. Origine de ce Tribunal. qtfelles ont de remarquable en faveur


z. De quoi connoît en matière Criminelle. du Magijlrat qui la préside actuelle
3. Loix constitutives de cette Cour ; ce ment.

t. Origine IN^ous plaçons ce Tribunal immédiatement jouit pas seulement du droit de connoître
4 bunai. aPr^s ^e Conseil du Roi , parce qu'il recon- des Causes Criminelles de ses Membres ,
noît le même Chef , qui est M. le CHANCE ainsi que de tous les Procès Criminels
LIER (1) ; que ses Arrêts font également scel incidens aux contestations qui font pen
lés du grand Sceau , & s'exécutent dans tout dantes pardevant lui , tels que le Faux , les
le Royaume , fans qu'il soit besoin de Pa- Rébellions a lexécution de ses Arrêts , Mé
reatis ni de Permission du Juge des lieux Cz). pris de Justice y & Insultes commises envers
ses Officiers (3)^ mais qu'il connoît encore
(1 ) V. la preuve dans les Loix qui seront rapp. de plusieurs matières Criminelles qui lui ont
à la suite de ce §.
été attribuées par des Loix particulières ,
(z) Voulons que les Arrêts , Ordonnances & confirmées par ces derniers Edits,notamment
Mandemens rendus darìs les Matières qui font at
en ce qui concerne les Recélés des corps
tribuées à notre Grand-Conseil -, & qui seront scel
lés de notre Grand-Sceau, soient exécutés dansl'é- morts des Bénéficiers , & les Procès Crimi
tendue de notre Royaume , ainsi que les Arrêts de nels incidens aux contestations pendantes
nos Cours le font dans les limites de leur Ressort, au Conseil du Roi (4). Nous verrons , dans
fans que les Huissiers, Sergensôc autres Exécuteurs un moment , en quoi consiste fa compétence ,
desdits Arrêts , Ordonnances & Mandemens , soient
relativement au Juge de la Prévôté de
tenus avant de faire lesdites exécutions, de les pré
senter à nos Cours ou autres Juges, & leur deman l'Hôtel , soit au grand , soit au petit Cri
der à cet effet aucune permission. Edit de Juillet minel. Nous avons vu d'ailleurs , en traitant
1775 , art. 13. des Réglemens de Juges , qu'en vertu d'une
disposition particulière de l'Ordonnance des
I L
Evocations , le Grand-Conseil avoit le droit
de connoître des Conflits qui s'élevoient en
ì. De Nous ne parlerons ici de ce Tribunal , tre les Lieutenans-Criminels des Bailliages
quoi con- comme fes autres Cours , que relativement
noitenma- • s* • - n a & Sénéchaujsées ou il y avoit un Préfìdial
ticre Cri- a la compétence en matière Criminelle , oc uni 3 & les Prévôts des Maréchaux. Nous
minelle. nous observerons d'abord à cet égard, qu'aux
voyons aussi d'un autre côté , que , par un
termes de l'Edit de fa création par Charles Arrêt du Conseil , revêtu de Lettres-Paten-
VIII du mois d'Août 1497 , confirmé par tes du 1 1 Janvier 1768 , le Grand-Conseil
celui de Louis XII du mois de Juillet de est autorisé à connoître des Demandes en
Tannée suivante , les Offices de ce Tribu Caffiation des Jugemens de compétence , ren
nal ayant été érigés en Offices ordinaires... dus' en saveur du Prévôt des Maréchaux
pour avoir telle autorité souveraine dans & des Juges Préfidiaux , & des Procédu
tout le Royaume , que les autres Cours Sou res faites en conséquence. A la vérité ces
veraines en ont en leurs limites Ô Res derniers objets d'Attribution , & plusieurs
sort , ôc. II paroît qu'à le considérer fous autres dont jouissoit ce Tribunal , ne se
ce premier point de vue , l'on feroit fondé trouvent point rappellés dans les dispositions
à le placer dans la classe des Tribunaux de l'Edit de Juillet 1775 que nous venons de
ordinaires ; & même avec d'autant plus citer , & c'est ce qui a obligé cette Compa
de raison , que le premier de ces Edits a gnie de déclarer , comme elle a fait par son,
été rendu , comme l'on sçait, sur la repré Arrêt d'enregistrement de cet Edit , qu'elle
sentation des Etats du Royaume assem se réservoit de supplier tres-humblement SA
blés à Tours , & que par le dernier ce Majesté en tout temps > & en toutes
Tribunal est déclaré très-néceffiaire au bien occasions , de rétablir la Jurifdiclion de
du Royaume ; & qu'enfin il joint à tout son Grand-Conseil dans toute son intégrité ,
cela la qualité de Juge d'Appel, relative telle qu'elle a été établie par les Rois ses
ment à la Prévôté de l'Hôtel dont nous Prédécesseurs.
parlerons dans un moment. Mais fans aller
jufques-là , & à ne partir que des dispositions (1) V. l'un & l'autre de ces Edits à la fuite de
ce §, & principalement celui de Louis XII , dont
des dernieres Loix qui ont fixé fa compé réexécution a été ordonnée par l'article 16 de l'Edit
tence en cette matière , nous voyons que le du mois de Juillet 1775 , qui a fixé la compétence
Grand-Conseil , dans son état actuel , ne du Grand- Conseil. .
DIVISION DES JUGES EN MATIERE CRIMINELLE ,T &c. f 35
siì Ordonnons que les Présidens , Conseillers , accoutumés à avoir à Pentour d'eux un grand nom
nos Avocats 6c Procureurs Généraux de notre bre de gens de Conseil : c'est à sçavoir , le Chan
Grand-Conseil , ne pourront en Matière crimi celier , qui est le chef de la Justicede France , les
nelle être jugés que par notredit Grand Conseil, les . Maîtres des Requêtes ordinaires de sHôtel , 8r au-
Semestres assemblés , conformément au privilège ; tres gensíc autres Officiers , lesquels ensemble ont
accordé à nos Cours supérieures par les Rois «Os fait 8c représenté le Grand» Conseil d'iceux nôs
Prédécesseurs. V. sart. 1 1 de CEdit , portant rétà- prédécesseurs 8c de Nous ; auquel Grand-Confèil
blijj'cmcnt du GRAND-CONSEIL , du mois de No ayent éu , tomme encore font traitées & accoutumées
vembre 1 774 , reg. au Pari, le u du même mois. - traiter Us grandes & principales matières <& affaires de
notre Royaume , desquelles à froíclks' progéniteurs
(3) V. l'art. 1. de l'Edit de Juillet 1775 » W** a
& prédécesseurs , & à Nous appartenoit 8c appar
fixe la compétence du Grand Conseil.
tient la totale Sc souveraine conrtoissènec ; pareille
(4) V. le même art. 1. ment depuis , pour ce que toutes lesdites Matië/es
n'eussent pu être traitées audit Grand^Conselrl, eus
sent 6c ayent été établies & ordonnées autres Cours
III.
Souveraines ; c'est à sçavoir à Paris , Toulouie 8c
autres lieux, & en icelles Cours Souveraines , 'qu'on
Loix Au surplus , pour qu'on ne puisse me dit Parlemens institués, 6c ordonnés? certain nombre
C(W1de «t- soupçonner de partialité dans ce que je de Présidens, Conseillers 6c autres Officiers , poúr
en dernier ressort 8c souveraineté , «5c ès limites à
te Cour ; pourrois dire à l'avantage d'un Tribunal
ontqdeelre-dont ïú sonneur■d'être Membre , je me ainsl établies eux , connoître
, que n'agueres Nousdeconsniéránt
toutes Matières ; & soit,
davantage

manquabìe contenterai de mettre ici fous les yeux de que sommes


>mmes débiteurs de Justice à tous nosSujets ,
en "veusr mes Lecteurs les Edits de Charles VIII ( 1 ) , 8c qu'en notredit Grand Conseil, qui souventesfois
St aSta & de Louis XII ( 2) , comme formant fes est ambulatoire, ont été 6c sont, selon les cas occur-
préûL Loix constitutives , & ayant servi de base à Iens' introduites es,pk<s grandes affaires de notredit
,1 -i r - • , \ .rw »-i Royaume, tant héréditaires, bénéficiâtes qu'autres,
toutes celles qui les ont suivies (3 ). Qu il me ksq/uelles n'ont pu & ne peuvent être vuidées , à
soit feulement permis de remarquer ici , pour caufe <je ce qu'audit Grand-Conseil n'y a eu nom-
Thonneur de cette Compagnie, que dans bre limité deConseillersqui eussent gages pour faire
la Liste des Officiers dont elle fut composée , continuelle résidence ; ainsi qùe plus 8c souventes
lors de son établissement en. forme de Cour , fois est advenvi , que les Chanceliers , à faute de ce,
se sont trouvés petitement accompagnés de gens de
par l'Edit de Charles VIII , en 1497 , elle Conseil qui pussent vaquer & soigneusement en
a la satisfaction d'y voir , à côté des Polir tendre avec eux , tant au fait de notre Chancellerie
gnac, des d'Efiaing, des Saint-André , ùc. qu'à vuider lesdites causes , procès 8c ai'tres gran
l'un des Auteurs du MAGISTRAT qui la pré des Matières furvenans en notredit Grand-Conseil :
side aujourd'hui si dignement , ce célèbre A CETTE cause , après ce que avons fait débattre
cette Matière en notre présence , 8c qu'il Nous a
Jean de Nicolai , qui , après avoir suivi semblé que pour mieux 8c promptement adminis
ce même Prince dans son expédition du trer Justice , seroit très-expédient , requis , 8c né
Royaume de Naples , en qualité de son cessaire d'établir 8c ordonner en notredit Grand-
Chancelier , fut honoré à son retour de Conseil , outre les Maîtres des Requêtes ordinaires
la dignité de Prentier-Président de la Cham- de notre Hôtel • u" bon & limité nombre de gens ,
bre
„ des
, Comptes
ro 1 de ci-ri
Paris ; • Dignité
&, , , que 1 f*»» ^W^l^IZ^^^
Justice, gens d Eglise 8c laïques, afin que les Matie-
1 attachement & la fidélité inviolable de .res , procès 8c autres grandes affaires , survenant
ses Defcendans envers leur Souverain ont en icelui notredit Grand-Conseil , fussent Sc soyent
fait perpétuer jusqu'ici dans cette illustre mûrement délibérées , 5c à chacun Justice promp-
Maiíon ; tellement qu'elle a l'avantage fin- ornent administrée: lesquels Conseillers ou cef-
gulier ( je pourrois même dire untque) d'avoir ?!° nombre d'e,ux *m scroieAnt -T' ,rf^er &
S »V n- j • » 1 • suivre continuellement notre Ame 8c Féal Chan-
donne successivement depuis pres de trois Ceuf R , qui à présent est, 8c ceux qui seront après,
siécles , jusqu'à dix Premiers-Présidens à feront institués Conseillers ordinaires en notredit
cette même Chambre ; &cela fans parler des Grand- Conseil ; 8c quant ils vaqueront par le tré-
autres distinctions qu'elle a acquises par ses ou cession de ceuxqui à présent y seront mis ,
ils seront dits vacans 8i impétrables , 8c en leurs
services Militaires , que l'on fçait avoir
lieux pourvu d'autres , fans ce que ledit nombre
toujours partagé ses fonctions (4). puisse être augmenté , pourquoi soit requis y pour
voir. Sçavoir faisons , que Nous les choses dessus
dites considérées , voulans ÔC desirans de tout
(:oCi
1 ) \j HARLES , &c. A tous ceux qui ces Présen notre cœur , en ce donner bon ordre 8c provision.
tes Lettres verront : SALUT.Pour distribuer 8c admi Pour ces causes 8c autres grandes considérations
nistrer Justice à tous nos Sujets de notre Royaume, à ce Nous mouvans , eu fur ce en grande 8c meûre
nos très-nobles Progéniteurs & Prédécesseurs Rois délibération avec les Princes Sc Seigneurs de notre
de France , considérans 8c attendans qu'ils sont Sang 8c lignage , & autres grands & notables Per-
■ Ministres de Justice, que Justice est celle par la- sonnages de divers états , lesquels , pour ce avons
quelle les Rois 8c Princes règnent , les Royaumes, aff'emblés , avons dit , déterminé , statué & ordonné ,
Principautés 8c Seigneuries sont entretenus en & par la teneur de ces présentes , de notre propre
leurs Grandeurs Souveraines , Droits 8c Préémi- mouvement, certaine science , pleine puissance SC
nences , l'Eglise en fa liberté , tous crimes 6c autorité Royale , disons , déterminons , statuons
maléfices punis 6c corrigés ; la Marchandise a 8c ordonnons , qu'avec notredit Chancelier , qui
cours , le peuple vit en repos 8c tranquillité ; ayent à présent est 8c sera le temps à venir , 8c outre le
à cette cause de grande ancienneté , toujours eu 6c nombre desdits Maîtres des Requêtes ordinaires
536 LES LOIX CRIMINELLES , Liv. I. Tit. II.;
de notre Hôtel * il y aura dorénavant pour 1'assis- avoient été 6c étoient , selon les cas occurrens , in
tance de notredit Grand-Conseil , le nombre de troduites les plus grandes Matières & Affaires de
dix-sept Conseillers, tant d'Egliscque Laïques, geas son Royaume tant héréditaires , bénéficiâtes' ,
clercs & bien expérimentés en fait de Justice, qu'autres; lesquelles n'avoient peu & ne poiivoierit
comme dessus est dit ; lequel nombre , de dix-sept être vuidées , à cause de ce qu'audit Grand-Conseil
Conseillers , Nous avons érigé , & par ces Pré- n'y auroit auparavant nombre suffisant & limité àe
sentes érigeons en Offices ordinaires 6c en Collège. Conseillers ordinaires , qu'eussent eu gages pour y
Et pour dès-à-présent & dorénavant assister audit faire continuelle résidence ; & tellement qu'il étoit
Grand-Conseil, seront les personnages qui s'en- souvent toutesfois advenu , que les Chanceliers, à
suivent. C'est à sçavoir, nos Amés & Féaux Con- faute de ce , s'étoient trouvés petitement accompa-
seillers , Maîtres Philippe Bodot , Guillaume de gnés de gens de Conseil , qui pussent vaquer &
Sandaville , Quill. de Polignac , Hug. de Doujac , soigneusement entendre avec eux , tant au fait de
Ant. (TEJlain , Franç. d'Estain , Nie, Moviere , la Chancellerie , qu'à vuider lesdites causes &
Jehan Nicolai , Pierre de Saine- André , J. Bur- procès & autres grandes matières survenantes audit
delot , Guill. des Dormans , J. Dargouge , Math. Grand-Conseil : voulant & désirant pourvoir au
Hippolyte-Phil. des Astars , Michel Rice , Nie. bien de Justice , eût pour lesdites causes , & autres
des Hommes & Amaury Tevy d'Hormilié : les- bonnes & raisonnables considérations , qui à ce le
quels dessus nommés , & chacun d'eux nommés en mouvoient , & par l'avis 6c mûre délibération des
. un rôle fait à cette cause & signé de notre main , Princes & Seigneurs de son Sang & autres nota-
Nous a plein informés de leur grande suffisance , bles personnages pour ce assemblés-, statué & or-
idoinctés , sciences , littératures , prudhommies 6c donné, qu'avec ledit Chancelier ,&.avec le nombre
bonnes expériences; avons rctenus&t retenons esdits des Maîtres des Requêtes ordinaires de son Hôtel ,
Offices de nos Conseillers ordinaires en notredit y auroit delà en avant en Passistance dudit Grand-
Confeil; &iceux Offices leur avons donné & don- Conseil le nombre de dix-sept Conseillers , tant
nons par ces Présentes , pour les tenir 6c exercer d'Eglise que Laïques , Gens clercs & bien expéri-
dorénavant aux gages qui par Nous leur ont été mentes au fait de Justice , qu'il érigea en Offices
ordonnés à plain déclarés audit rôle, signé de notre ordinaires & C olleges , & dès-lors y pourvurent de
main 6c autres Honneurs , Droits', Prérogatives , bons 6c notables personnages & fuffirans, auxehar-
qu'ont accoutumé avoir les Conseillers de Cours ges & conditions contenues en ses Lettres ; que ce
Souveraines ; 6c quand il adviendra que lefdits ivir ce , on octroya ainsi, comme plus à plain peut
Offices vaqueront par mort , cession ou autrement, apparoir ; & ensuivant , lesquelles qui siirent dès-
Nous y pourvoirons d'autres ; 6c pour ce que lefdits lors bien 6c duement vérifiées , publiées 6c entrete-
Confeillers dessus nommés ne pourroient conti- nues audit Conseil , ladite Ordonnance sortit effet,
nuellement résider en Cour , Nous voulons 6c or- 8f lefdits Conseillers servirent ordinairement au
donnons qu'après ce que la moitié dudit nombre bien 6c honneur de notre Seigneur , & cousin , &
d'iceux Conseillers auront servi trois mois entiers , de Justice 6c aussi de nous , qui l'avons depuis no-
duquel service apparoîtra par la certification de t*e avènement à la couronne , fait entretenir jus-
notreditChancelier présent & advenir, ils par congé quesà présent & avons encore intention faire ; par
de Nous ou d'icelui notre Chancelier , se pourront quoi seroit besoin déclarer sur ce notre vouloir , &
retirer trois autres mois en leurs maisons 6c affai- en octroyer nos Lettres : Sçavoir faisons , que Nous
res , 6c incontinent les trois mois échus , seront les choses dessusdites considérées , voulant pour le
tenus revenir.En outre, ordonnons que dorénavant bien de nous , de Justice 6c toute la chose pu-
nuls autres Conseillers , quels qu'ils soient , n'en- blique de notre Royaume , entretenir le corps &
treront ni assisteront en notredit Grand-Consoil , Collège de notre Grand-Conseil , comme à Noas
même au Jugement des procès, si nommément ils très-nécejsabe , honorable , utile & profitable , & à
n'y étoient conviés par Nous ou icelui notre Chan- tous nos Royaumes , Pays , Terres & Seigneuries,
celier. Si donnons en mandement par ces Pré- eu fur ce l'avis 6c délibération des Princes 6c Sei-
sentes à notredit Chancelier que des dessus nom- gneurs de notre Sang & Lignage , & autres notables
més , & de chacun d'eux pris 6c reçu le ferment personnages de plusieurs 6c divers Etats. Pour ces
en tel cas accoutumé, il les mette 6c institue en sai- causes , & autres à Nous mouvant , ledit corps 6c
sine 6c possession desdits Offices, 6c d'iceux, enfem- Collège érigé par notredit feu Seigneur & cousin .
ble desdits gages à eux ordonnés , & autres hon- comme dit est, avons avoué, confirmé & appuyé ,
neurs , droits , prérogatives , profits 6c émolumens Vavouons , confirmons & approuvons , de notre cer-
accoutumés , les fasse jouir paisiblement , 6c à eux taine science , grâce spéciale , pleine puissance &
obéir , & entendre de tous ceux , 6c ainsi qu'il ap- autorité Royale , par ces présentes , quant au nom-
partiendra ès choses touchans & regardans lefdits bre des personnages ci-après nommés. Et en outre ,
Offices. Mandons en outre à nos Amés 6c Féaux afin que notredit Conseil soit toujours de bien en
les Trésoriers de France. . . . Que par celui qui mieux fourni de grands & notables personnages, 6c
fera commis à faire le payement des gages par que plus convenablement ils puissent satisfaire &
Nous ordonnés , ils les fassent payer 6c à chacun fournir aux charges qui ont accoutumé être expé-
d'eux dorénavant par chacun an , aux termes 6c à diées en notredit Grand-Conseil , ledit nombre de
la manière accoutumée , 6cc. Edit de Charles dix-sept Conseillers avons cru & amplifié d'un no-
Vlll. Donné au Donjon en Bourbonnais , le se- table Prélat, 6c de deux autres personnages Cohseil-
cond jour d'Août 1497 > reg'fir^ en la Chambre 1ers & de deux Secrétaires , dont l'un fera Greffier
des Comptes , étant pour lors à Moulins en Bout- de notredit Conseil ; & avons voulu , statué & or-
bonnois. donné, voulons, statuons & ordonnons qu'avec no-
Ltre Chancelier , qui à présent est , ou sera pour le
OUIS, par la grâce de Dieu, Roi de France : tems à venir , 6c outre le nombre des Maîtres des
A tous ceux qui ces présentes Lettres verront : Requêtes ordinaires de notre Hôtel, y aura doré-
Salut. Comme notre très-cher Seigneur & cousin, navant pour l'assistance de notre Grand Conseil le
le Roi Charles VIII. de ce nom, que Dieu absolve, nombre de vingt Conseillers , tant d'Eglise , que
considérant qu'il étoit ainsi, comme Nous sommes Laïques , & notre Procureur-Général en notredit
débiteurs de Justice à nos Sujets , & qu'en son Conseil, pour poursuivre, soutenir & défendre nos
Grand-Conseil , qui toutefois étoit ambulatoire , Droits , Autorités 3 Prérogatives & Prééminences
de
DIVISION DES JUGES EN MATIERE CRIMINELLE, &c. 537
de la chose publique de notredit Royaume , & les- Hôtel , qui étant alors en très-petit nombre , &t
dits Greffiers 8f Secrétaires , qui seront tous Gens souvent chargés de commissions importantes pour
lettrés & expérimentés au fait de Justice ( comme le bien de l'JEtat , ne pouvoient rendre un service
dit est ) , & icelui au nombre de vingt Conseillers assidu & continuel en notredit Grand- Conseil ; &
en tant que besoin seroit , pour raison & cause de quoique les Chanceliers de France aient toujours
notre avènement à la Couronne , Nous avons érigé été regardés comme les seuls Chefs & les Préíidens
& érigeons en Offices ordinaires en Corps , Cour & nés de cette Compagnie , des considérations parti
Collège , qui fera institué en notre Grand-Conseil , culières engagèrent le Roi François I à y créer ,
& qui aura autorité souveraine par tous nos Royau en Tannée 1 541 , un Office de Président , pour y
me , Pays , Terres fi* Seigneuries , & toute telle avoir rang & séance au-dessus des Maîtres , & y
quont nos autres Cours Souveraines , établies en di présider en l'abscnce du Chancelier de France. . .
vers lieux de notre Royaume , en leurs limites & Prbamb. de ÍEdit du mois de Janvier 1738 , por
ressorts , & pour dorénavant assister en notredit tant suppression de tOffice du premier Président
Grand-Conseil.... Edit de Louis XII. du 3 Juillet Grand- Conseil.
1498, dont texécution a été ordonnée par fart. 16. de (4) Aymakd-Charles-François de Nicolai,
fEdit de Juillet 1775 , qui a fixé la Compétence du premier Président actuel du Grand-Conseil , a été
Grflnd- Conseil. successivement Colonel de Dragons , & Colonel de
la Légion Royale •■, . . . N. . . DE Nicolai , son
( 3J LoUlS , par la grâce de Dieu , Roi de France Oncle paternel, vient de mourir revêtu de la dignité
& de Navarre. A tons présens & avenir : Salut. de Maréchal de France.
Notre Grand-Conseil ayant été originairement éta Nota. Le Procureur - Général du Roi au
bli à la suite des Kois nos Prédécesseurs , pour va Grand-Conseil est M. Débonnaire, Magistrat dis
quer à Instruction & au Jugement des affaires qui tingué par son intégrité & ses lumières , ainsi que
étoient d'une trop longue discuflîon pour pouvoir par l'ancienneté de fa Famille dans la Magistrature ,
être expédiées dans nos autres Conseils , il a été Pere de M. de Forges , Maître des Requêtes ,
fait successivement plufieurs créations de Charges déjà connu lui-même si avantageusement par la Place
de Conseillers , pour y rendre la Justice , conjoin de confiance qu'il remplit au Conseil du Roi , dans
tement avec les Maîtres des Requêtes de notre la Partie contentieuse des Finances.

§. III. De la Çh ambre des Comptes , & de sa Compétence en matière

Criminelle.

SOMMAIRES.

1. Ancienneté de cette Cour. 2. Trois choses remarquables quant à fa


í Compétence en matière Criminelle.
I.
i.Ancîen-JL, 'Etablissement de cette Cour est de Castro. V. Loysez , Opufcul.y fur tarticle du
netedecet- . Parlement
te Conr. si ancien , qu'on ne peut en fixer la véri
L'an 1408 , au mois de Mars , le Roi
table Epoque , du moins , si l'on en juge Charles VI étant à Chartres, fit une Ordonnan
par ce passage des Registres Criminels du ce , par laquelle » il déclara les Gens des Comptes à
Parlement, rapporté parLoysel (i),où » l'exercicc des Faits , Appointemens & Jugemens
» de la Chambre & dépendances , être sujets au Roi
il dit qu'au mois de Mars de l'année 1345,
» tant seulement , sans moyen & fans ressort aucun
commencèrent a siéger a Paris deux Cours , » eu Parlement ou ailleurs ; & qu'en, ce qui tou-
le Parlement & la Chambre des Comp- » che les Finances du Roi , tant ordinaires qu'extra-
TES. Telle est aussi l'idée que nous en » ordinaires, ils pourroient donner Jugemens & Ar-
» réts que bon leur sembleroi: , fans que personne
donne le Roi François I. dans le Préam » en pût appeller » Vrai est que suivant l'an-
bule de son Edit de 1520 (2), portant cienne Coutume , si quelqu'un se vient plaindre
Règlement entre cette Chambre & le au Roi de la Chambre , il ordonne que l'on pren
Parlement , où il appelle ces deux Cours dra deux, trois ou quatre personnes du Parlement ,
sages & suffisans , pour avec ceux de la Chambre
les deux principales & anciennes de voir , corriger & amender ce qui auroit été fait si
son Royaume. C'est encore ce qu'a vou métier est. C'est ce que j'ai appris des Recueils
lu faire entendre le feu Roi Louis XV , de M. Hotman, où il dit que cela fut ordonné, pour
éviter qu'en cas d'appel on ne fût contraint de por
dans le Préambule de fa Déclaration du 7
ter ailleurs les Comptes & autres piéces de la Cham
Janvier 1727 (3) , portant Règlement en bre. V. Loysez. Opufcul. fur (art. de la Chambre
tre cette Chambre & la Cour des Aides , des Comptes.
lorsqu'il a dit que l'attention singulière
que les Rois ses Prédécesseurs avoient (z)François , &c. Sçavofr faisons , que Nous
donnée dans tous les temps , pour conser voulant pourvoir à ce que les Cours & Juridic
tions de notre Royaume , mêmement celles de no-
ver Tordre dans l'administration des Fi tredite Cour de Parlement & Chambre desdits
nances , les auroit engagés à établir une Comptes qui font pour le fait de la Justice & de
Chambre des Comptes , &c. nos Finances , les deux principales & anciennes de
notre Royaume Préamb. de fEdit de François I.
» (r) Dans le Registre Criminel de la Cour de en Novembre 152.0.
» l'an 1 345 , 2 1 die Martii : il y a , inceperunt fédère
duce Camerœ , videlicet Auditorum Juris , in qua est (3.)LoUIS, Sec. L'attention singulière que les
Prœfdens Dominus de B U C I A c O , & Auditorum Rois nos Prédécesseurs ont donnée dans tous les
terra? confuetudinarice , in qua est Prœfidens Dominus temps , pour conserver l'Ordre dans Tadmiuistra-
Y y.y

>
LES LOIX CRIMINELLES, Liv. I. Tit. II.
55»
tion des Finances , les auroit engagés à établir une par l'Edit de Charles IX, du mois de
Chambre des Comptes , pour veiller principale Mai 1567 (3) , dont l'exécution a été or
ment à la reddition des Comptes de ceux qui
avoient le maniement de leurs deniers , & consta donnée en dernier lieu par la Déclaration
ter par toutes sortes de voies les sommes dont ils du 7 Janvier 1727 (4) , portant Règlement
étoient redevables Préambule de la Déclara* entre cette Cour & la Cour des Aides
tion du 7 Janvier 1717. de Paris , où elle a été enregistrée.
II.
Ci) Ne pourront les Présidens , Maîtres ordinai
res , Correcteurs , Auditeurs , nos Avocats & Procu
2. Trois Quant à la compétence de cette Cham-
choses re- k Matière Criminelle , qui est le seul reurs-Généraux de notre Chambre des Comptes à
marqua- . o 1 » 1 Paris , être poursuivis ès causes & Matières crimi
blés quant point de vre fous lequel nous entendons nelles , ailleurs qu'en la Grand'Cbambre de notre
à fa Com- 1'envisager ici , elle se trouve fixée par deux Cour de Parlement de Paris. Pourront néanmoins
petenceen P _ ,7 , , r pour crimes commis hors la Ville , Prévôté & Vi
matière lortes de Keglemens , dont les uns ont comté de Paris , nos Baillifs & Sénéchaux infor
Criminel- été faits entr'elle 6c les Parlemens , les au mer , & s'ils font capitaux , décréter à l'encontre
tres entre cette même Cour & la Cour d'eux , à la charge de renvoyer les procédures à la
Grnnd'Chambre pour être instruites & jugées ; Seau
des Aides. II réíùlte de ces Réglemens
cas que les Parties aient volontairement procédé
trois choses remarquables , relativement à par-devant cnx , elles ne pourront se pourvoira la
la compétence de cette Chambre , & qui Grand'Chambre que par appel. Ordonn. de 1670 ,
la distinguent des autres Cours. La pre tit. 1. art. 22.
mière , qu'elle n'a aucun droit de ressort ,
c'est-à-dire qu'elle ne connoît par appel ( Z )Fr A N Ç O î S , &c. Item. Voulons & ordon
d'aucun Jugement rendu par des Tribu nons que les doléances & plaintes qui seront inter-
jettécs par aucuns des Préíidens , Maîtres des Comp
naux inférieurs. La seconde , qu'elle n'a tes , Correcteurs, Clercs , Greffiers ôí autres Offi
point , comme les autres Cours , le droit ciers de ladite Chambre , de ladite Correction ,
de connoître des Causes Criminelles de ses Amende , Suspension & Privation de leurs Offices ,
elquels seroienr par ladite Chambre condamnés
Membres , & que ces Causes . doivent , pour avoir délinqtié en l'administration de leurs
comme nous l'avons dit , être portées dans Offices , ou pour désobéissance ou autres malversa
la Grand'Cbambre des Parlemens pour y tions , ou pour no garder nos Ordonnances , & au
être jugées , tant en première instance qu'en refus 0:1 délai de ne les instituer esdits Offices ,
lesdites Matières se vuideront par révision en ladite.
dernier ressort. C'est la disposition de l'ar- Chambre du Conseil , en laquelle toutesfois esdits
ticle 2 1 du titre premier de TOrdonnance (1) cas y aura plus grand nombre de nos Couseillers
qui a dérogé íur ce point à la disposition de notredite Cour , de deux que ne feront nosdits
Gens des Comptes. Edit de François I. du mois dt
du Règlement sait par François I au mois
Décembre 1520.
de Décembre 1520 (2), suivant lequel il
paroît que ces causes Criminelles dévoient
(3)ChARLES , par la Grâce de Dieu , Roi de
se juger conjointement par les deux Cours. France. A tous préíens &à venir : Salut. Comine
La troisième enfin, c'est qu'en général cette Nous ayous connu grand désordre eu l'administra
Chambre ne peut connoître d'autres ma tion de nos Finances , &c que plusieurs Crimes
Abus , Fautes & Malversations y commises , \eè-
tières Criminelles que de celles qui font in quels néanmoins demeurent impunis , & procéder
cidentes à la ligne de compte , comme à partie telle impunité1, à cause des différends qui
Divertissement & Rétention de Deniers font en notre Cour de Parlement 8c notre Cham
Royaux , Péculat , Falfìfication & Alté bre des Comptes fur la compétence ou incompé
tence &c la connoissance desdits Crimes , qui tourne
ration des Regiflres , faux Acquits & au grand dommage de Nous ôc de nofdites Finan
autres ayant trait aux comptes seulement ; ces. Et pour y donner Règlement , avons voulu, sta
& encore voyons-nous , qu'aux termes tué &c ordonné , voulons & Nous plaît , que aux
Causes Criminelles qui pourroient intervenir en
des Loix qui lui en attribuent la connois-
notredite Chambre des Comptes , fera procédé par
sance , le droit de cette Chambre se trouve nosdits Gens des Comptes à l'iustruction d'icelles ,
borné à cet égard à procéder seule à Ins jusqu'au Jugement de Torture exclusivement , &
pour prendre des conclusions définitives de Tor- •
truction des Procès Criminels qui se font
ture , Nos Avocats &c Procureurs - Généraux , tant
dans tous ces différens cas , jusqu'au Ju de notredite Cour de Parlement , que de notredite
gement de Torture exclusivement ; & que Chambre des Comptes s'assembleront , pour , d'un .
lorsqu'il s'agit de procéder à ce Jugement commun accord 8c avis , prendre lesdites conclu
sions , & feront juges lefdits procès , soit par Juge
de Torture , ou de juger définitivement
ment définitif ou de Torture , en la Chambre des
ces Procès , cette Chambre est tenue Conseillers de notredite Chambre des Comptes , où ,
d'appeller à cet effet un Président du Par assisteront un Président de notredite Cour de Par
lement & six Conseillers de Grand'Cham- lement , cinq Conseillers d'icelle Cour ou six au
plus , 8c un Président en notredite Chambre , avec
bre , lesquels , avec un Président & six cinq Maîtres des Comptes ou six au plus , y préfi- •
Maîtres des Comptes , fur les Conclusions dant celui de notredite Cour de Parlement , avec
des Procureurs-Généraux des deux Cours , un Greffier de notredite Cour & un Greffier de
rendent conjointement l'Arrêt qui doit notredite Chambre , lesquels jugeront en dernier
ressort , Sc nonobstant oppositions ou appellations
décider en dernier Ressort de tous ces quelconques. Si donnons en mandement à nos
différens cas. Telle est la règle prescrite Amés 6c Féaux les Gens te nans notredite Cour de. .
DIVISION DES JUGES EN MATIERE CRIMINELLE, &c. 559
Parlement & Chambre de nos Comptes , que notre Janvier 1347 , 4 Février 1450 , ii Septembre
présent Edit , Statut & Ordonnance ils fassent 1,5 5 1 , Décembre 1557 , Février i$66 & Mai
lire , publier & enregistrer , garder & observer , & 1567 seront exécutés •■, en conséquence , que les
maintenir de point en point selon sa forme &c te Officiers de notre Chambre des Comptes coutinue-
neur , nonobstant tous autres Edits & Lettres à ce rout d'en connoître & de les juger , en se confor
contraires : Car tel est notre plaisir. Edit de Char mant toutesfois à la disposition des Edits de 1566
les IX. du mois de Mai 1567. & 1567 Enjoignons à notre Chambre des
(4) Et quant aux Affaires criminelles incidentes Comptes de procéder à l'instruction , Visite & Ju
à la ligne des Comptes, comme Divertissement & gement des Procès-Criminels , fans y apporter au
Rétention de nos deniers , Péculat , Falsification & cun retardement pour quelque cause , & fous quel
Altération de Registres , faux Acquits & autres ayant que prétexte que ce puisse être , & toutes autresi
trait aux Comptes feulement , ordonnons que les affaires cessantes Dec/, du 7 Janvier 1727 , art»
Edits , Déclarations & Lettres - Patentes des 18 4 6-5-.

§. IV: De la Cour des Aides , & de fa Compétence en matière Criminelle.

SOMMAIRES.

1. D1où cette Cour a tiré fa dénomination, & les Parlemens ; ce qui en résulte pour
z. Extension de fa Jurisdiclion par le Roi le Criminel.
Jean. 5. Réglemens entre les Cours des Aides &
3. Deux sortes de Réglemens qui ont les Chambres des Comptes -, leurs disposi
fixé fa Compétence en matière Crimi- tions fur cette matière.
ntlle. 6. Arrêt d'enregistrement fait a la Cour des
4. Réglemens entre les Cours des Aides Aides de la Déclaration de 1727.

1.
, D'oj, -i-i *-< Nom de cette Cour annonce assez ELUS, parce qu'ils furent choifis dans chaque
Le
cette Cour quel a été l'objet primitif de son Etablis- Bailliage : & d'autres pour juger en der
b tiré sa fè'jnent & de sa Compétence. L'on veut nier Refjort des Appellations des Jugemens
dénomma- . f . . . ,
tion. dire qu elle a ote originairement établie rendus par ces premiers , dans le nombre des
pour connoître des différends qui surve- quels ils furent eux-mêmes choisis fous le
noient íur le fait de ces Tributs extraor nom de GÉNÉRAUX DES Aides : & c'est de
dinaires qui surent appelles Aides , parce ces derniers que fut formé ce Tribunal
qu'ils étoient imposés pour suppléer aux Supérieur qu'on appelle aujourd'hui la Cour
tributs ordinaires , connus fous le nom de des Aides , qui réunit par ce moyen la
Taille , qui étoit le revenu provenant du qualité de Juge d'Appel à celle de Juge
Domaine du Roi , lequel ne suffisant pas en dernier Ressort.
pour les nécessités du Royaume , il fallut
y pourvoir par le moyen de ces nouveaux I I I.
Impôts , qui devinrent enfin perpétuels & Quant à la Compétence de cette Cour j. Deux
ordinaires fous le règne de Charles VII. en matière Criminelle dont il s'agit princi sortes de
palement ici ; il paroît , d'après les divers Régie-
I I. mens qui
Réglemens qui ont fixé cette Compéten ont fixé fa
ce , qu'il en faut distinguer de deux sortes ; Compé
*.Exten- Mais ce n'est pas seulement à la con tence en
jugale- * noiflance des Tailles que la Jurisdiction les uns qui ont été faits entre les Cours matière
Criminel
tion par le de cette Cour se trouve bornée aujour- des Aides & les Parlemens ; les autres faits le.
RoiJean. j»^. pon fça£t qu'elle a été étendue de entre ces mêmes Cours & les Chambres
puis ce temps-là à d'autres Impôts qui des Comptes.
se prennent , tant íur le Sel , que sur d'au- I V.
tres Marchandises qui se vendent & débitent
dans le Royaume , & qui font connues fous 1 \ A l'égard des Réglemens de la première 4. Règle
le nom de Gabelles , & de Traites. L'éta- efpece , nous remarquons d'abord un Edit ment en
tre les
blissement de ces derniers impôts est attri de Louis XII , en 1500 (1) , qui déter Cours des
bué particulièrement , à une Ordonnance mine les différentes Matières 6c les diffé Aides 8c
les Parle
du Roi Jean , du 28 Décembre 1455,011 rentes Personnes fur lesquelles la Jurisdiction mens ; ce
ce Prince ordonne la levée du huitième Criminelle de cette Cour peut s'exercer. qui en ré
denier par livre fur le Sel & autres Mar Nous voyons aussi que , par un Edit de sulte pour
le Crimi
chandises & Denrées qui feroient vendues. François I , en 1559 (2) , dans le nombre nel.
' Ce fut aussi par cette Loi , que ce Prince des Justiciables de cette Cour se trouvent
établit en même temps des Juges pour con compris les Généraux des Finances , dont
noître des différends qui furviendroient à le Parlement vo.uloit s'attribuer la con-
l'occafion de ces impôts ; fçavoir , les uns noiílànce; Edit d'autant plus remarquable y
en première Infiance , qui furent appellés qu'il prescrit en même temps la forme
Yyy z
j4o tES LOIX CRI MIN E L L E S , Li v. I. Tit. II. 7
dont doivent se régler les Conflits qui dent 8c déterminent en première instance , conrcoí-
tront , décideront & détermineront ordinairement j
s'élèvent entre les Parlemens & ces Cours,
8c nosdits Généraux , Conseillers faisant Corps 8c
Enfin les dispositions de ces premières Loix Cour Souveraine , a fur le fait de la Justice , des
se trouvent renouvellées d'une manière en dits Aides , en cas d'appel , dernier ressort , 8t Sou
core plus précise par une derniere Décla veraineté , en tous cas Civils & Criminels , de
quelque qualité qu'ils soient , 8t jusques à la con
ration du 20 Janvier 1720, servant de damnation 8c exécution corporelle , 8c mêmement
Règlement entre la Cour des Aides de de mort 8c abseision de Membres inclusivement , si
Montpellier & le Parlement de Toulouse , le cas survient 8c échet , entre les Receveurs , Fer
d'après laquelle il paroît, i°. que les Cours miers , Collecteurs 8t Officiers , tant à cause de
leurs Offices qu'autrement , 8c quelconques autres
des Aides ont , comme les autres Cours personnes que cc soient , de quelqu'état, autorité ,
Supérieures , le droit exclusif de connoître privilèges qu'elles usent ou soient fondés , ès choses
en première Instance &. en dernier Ressort touchans 8c regardans le fait des Aides des susdites
circonstances , dépendances d'iceux : Et tout ainsi
des Causes Criminelles de leurs Membres ,
que des Causes ordinaires , non touchans , ne con-
lorsqu'il s'agit de fautes, abus & malver cernans le fait desdits Aides , dont les Prévôts ,
sations par eux commises dans l'exercice Baillifs, Sénéchaux 8c autres Juges ordinaires de
de leurs Offices , ou des injures & excès notredit Royaume, ont accoutumé connoître con
noissent en première instance , 8c en cas d'appel 8c
commis contre la personne desdits Officiers , dernier ressort , nosdites Cours de Parlemens. . . «
au mépris de leurs Charges dans les fonc Sans ce qu'icelles nosdites Cours de Parlemens ni
tions d'icelles (3) ; 20. qu'à l'égard des autres Juges ordinaires ou Commissaires quel
autres cas pour lesquels ces Officiers pour- conques , tant Séculiers qu'Ecclésiastiques en puis
sent ne leur loise orés ne pour le temps à venir,
roient être poursuivis extraordinairement prendre ou retenir aucune Cour , Jurisdiction ou
aux Cours de Parlemens , ils ne peuvent connoissance , soit en première instance, en cas 8c
y être instruits & jugés par le Parlement , matière d'appel , ni autrement en quelque manière
que ce soit, laquelle Nous leur avons à toujours in
que toutes les Chambres aiìèmblées (4) ;
terdite , 8c défendue 8c interdisons par cesdites Pré
30. que ces Cours connoissent encore en sentes.. . . Edit de Louis XII. du mois de Juin 1500.
première Instance des fautes , abus &. mal V. Fontan. liv. 3. tit. 7.
versations que les Juges de leur Ressort
auroient commises dans leurs fonctions (5) ; (i)François , par la Grâce de Dieu , Roi de
40. que ces Cours connoissent aussi , mais 1- rance.... Comme fur l'avertissement à Nous fait des
empêchemens par vous , Gens de notre Cour de
seulement par la voie de l'Appel, des excès Parlement , donnés à l'exécution des deux Arrêts ,
& malversations que les Gardes , Commis donnés par les Gens de notre Cour des Aides ; l'un,
& autres , ayant serment en Justice , qui sont contre Simon Radin 8c Jacques Chicot , dit de
Villeneuve, 8c l'autre contre Gabriel 8c Melen,
employés dans l'administration des Fermes ,
Trésorier de France , en la Chambre 8c Généralité
peuvent commettre dans l'exercice de leurs de Bourgogne 8c ses Complices , pour les crimes
fonctions (6) ; 50. qu'au surplus, ces mêmes 8c délits contenus , 8c portés par les procès crimi
Cours ne peuvent connoître en première nels contre eux respectivement faits ; Nous avons
enjoint 8c ordouné par nos Lettres - Patentes , à
Injlance d'aucunes matières Criminelles qui vous 5iGens de notredite Cour de Parlement , de nous
font de la compétence des Juges de leur faire entendre les causes & moyens qui vous
Ressort (7). auroient mus d'empêcher l'exécution desdits Arrêts,
r A quoi satisfaisant , Nous auroient été présentées
(i)jL*OUIS , 8tc. Et néanmoins en ce faisant, par Me René Baillet , notre Conseiller 8c Président
avons voulu , statué , ordonné 8c déclaré , voulons, en notredite Cour de Parlement , 8c Barthélemy
statuons , ordonnons 8c déclarons , derechef 8c d'a Faye , aussi Conseiller en icelle , vos remontrances ,
bondant , par Ordonnance , Edit , Statut Royal , contenant les causes qui vous ont mû de faire les
perpétuel & irrévocable , que de toutes les Causes , dits empêchemens , desquels en leur présence au
Querelles, Débats , Rebellions, Injures, Outrages, rions fait faire lecture en notre Conseil- Privé : Et
Batures , Meurtres, Exactions , Concullìons, Frau après avoir fur ce oui M. Pierre de la Place ,
des , Fautes , 8c quelconques Excès , Crimes , Dé notre Conseiller 8c Premier Président en notredite
lits , Maléfices , Faussetés, Procès & Matières , qui Cour des Aides , Jean Echarron , aussi notre Con
viendront , soudront 8c procéderont de tout le fait seiller 8c Président , 8c Jean Prévôt Général, Con
desdits Aides , Tailles , Gabelles , quatrième Hui seiller en icelle notredite Cour , 8c vu les Edits 8c
tième , Imposition foraine , Impositions ou équiva Ordonnances de nos prédécesseurs Ross , fur réta
lons à icelle , Octrois 8c Composition en lieu de blissement 8c institution de notredite Cour des Ai
Tailles 8c Aides , Dons , Récompenses , Assigna des , pour juger , tant civilement que criminelle
tions, Crues, Traites, Quart de Sel , Fournissement ment des Matières à elle attribuées en Souverai
de Greniers à Sel , 8c de tous autres Aides , Dons, neté 8c dernier ressort , 8t les susdits deux Arrêts
Octrois 8c Impôts mis fur & à mettre à l'avenir donnés à l'encontre desdits Radin , Chicot 8c
par Nous 8c nos Successeurs , pour le fait & con Melen, avons dit 8c ordonné, disons 8c ordonnons
duite de la Guerre , entreteuement de notre Etat , que lesdits Arrêts donnés en notredite Cour des
de la Maison de France , des Princes & Seigneurs Aides , tant contre lesdits Radin 8c Chicot , que
de notre Sang 8c Lignage , & autres graves Person contre ledit Trésorier Melen , 8c Complices , fe
nages & Gens de notre Conseil , Tuition & Défense ront exécutés selon leur forme 8c teneur , nonobstant
de nosdits Pays , Terres 8c Seigneuries des Sujets, les empêchemens , inhibitions 8c défenses faites
Villes & Places d'iceux , comment qu'ils soient par vous , Gens de notredite Cour de Parlement ,
uommés , appellés , censés & réputés leurs circons pour lesquelles ne voulons être différé. Et pour évi
tances & dépendances , lesdits Efleus , Grenetiers, ter qu'a l'avenir tels 8c semblables différens , pour
Contrôleurs , 8t autres Juges desdi's Aides , chacun raison de compétence ou incompétence de Juris
en leur Election , Greniers , Fins & Limites de diction , ne sourdent 8c adviennent entre vous noC-
<eurs Ressorts , Juridictions , en connoissent , déci- dites Cours j voulons qu'iceux avenans soient amia
DIVISION DES JUGES EN MATIERE CRIMINELLE , &c.
blement & fraternellement entre vous traités 6c (5) Connoîtra notredite Cour de toutes Matières
composes , & qu'à cette fia , nos Avocats & Pro concernant la Police & Discipline des Juges relîor-
cureur Général en notredite Côur des Aides, aient tissans en icelîe, comme Cour des Aides , 6c de la
incontinent à communiquer & conférer desdits dif- correction & punition deídits Juges , auxquels elle
férens avec nos Avocats; & Procureur-Général de pourra seule faire 6i instruire le proccs,s'il y ccheoit,
notredite Cour de Parlement , & où ils n'en pour- lorsqu'il s'agira des Fautes , Abus ou Malversations
roient tomber d'accord ; voulons que vous , Gens de par eux commises en l'exercice de leurs Offices ,
notredite Cour des Aides , ayez à députer & com comme aussi des Injures 6c excès commis entre leurs
mettre aucun des Présidens 6c Conseillers d'icellc , personnes , au mépris de leurs charges , dans les
selon que le cas le requerra, pour avec vous Gens de fonctions d'icelles , le tout néanmoins dans les cas
notredite Cour de Parlement, en la Grand'Chambre seulement pour lesquels lesdits Juges ressortiílcut
d'ícelle conférer. & communiquer desdits différens , en ladite Cour , & fans que sous ce prétexte elle
& iceux accorder , vùider & terminer 5 & on ne puisse prendre connoissance desdites Fautes , Abus,
pourrez vous en accorder , voulons en être par vous Malversations , Injures 6c excès , lorsqu'il s 'agira
respectivement référé pour en être par nous or de leurs autres fonctions, pour lesquelles ils nc ref-
donné , fans qu'autrement il soit loisible procéder sertissent pas en ladite Cour , ni pareiliemeut des
entre' vous, soit par appel ou inhibitions & défen procès civils 6c criminels que lesdits Juges pour
ses. Si vous mandons-, &c. Edit de François I. du roient avoir personnellement 6c .hors l'exercice de
mois de Déctmbtt 1559. V. Ftlleau , part. 1. tit. 2. leursdites fonctions, de tous lesquels cas la conneis-
chap. 5» sance appartiendra , suivant la disposition des Or
donnances, à notredite Cour de Parlement , 011 aux
Juges qui y ressortíssent médiatement ou immédia
(3) INOUIS, &c. Connoîtra pareillement notre tement. Mime De'cl. art. 66.
dite Cour des Aides , privativement à tous autres (6) La connoissance des Fraudes, Malversations,
Juges , de toutes Matières concernant la Police & Concussions , Violences & autres Excès ou Abus
la Discipline de ladite Compagnie , correction & que les Gardes , Commis ou autres ayant ferment
punition des Officiers qui la composent , auxquels en Justice , employés dans I'administration de nos
elle pourra feule instruire & faire le procès extraor Fermes 6c sous-Fermes , même de celles de l'Equi-
dinairement , s'il y écheoit , lorsqu'il s'agira de valent 6c des Etapes , ou dans la perception de nos
fautes, abus ou malversations par eux commises en Droits & de ceux d'Octroi , pourront commettre
l'exercice de leurs Offices , comme auffi des injures dans l'exercice de leurs fonctions , appartiendra cu
& excès commis contre la personne desdits Offi première instance aux Juges reifortissans en notre
ciers , au mépris de leurs Charges , dans les fonc dite Cour des Comptes , Aides 6c Finances qui doi
tions d'icelles. Dèclar. du 20 Janvier íj$6 , servant vent connoître desdites Matières , 6c par appel à
de Règlement sur la Jurisdiclion du Parlement de ladite Cour; &à l'égard des autres Procès ou Con
Toulouse , & sur celfe de la Cour des Aides de Mont testations Civiles 011 Criminelles que lesdits Gar
pellier , art. 64. , des , Commis ou autres ci-dessus mentionnés pour
Nota. Cette Déclaration n'a fait que renouvel- ront avoir personnellement 6c hors l'exercice de
ler fur ce point l'art. 6. de l'Edit du mois de Mars leurs fonctions , ils ne pourront être portés que
155 1 , qui porte que» la Cour des Aides 6c Finan- devant les Juges ordinaires & par appel , suivant
>> ces connoîtra & décidera de tout ce que deisus , Tordre des degrés de Jurisdiction , en notredite
» privativement à tous nos autres Juges tels qu'ils Cour de Parlement. N'entendons néanmoins déro
» soient, des Déréglemens, Punitions des Présidens ger par la présente disposition au Privilège qui a
» Généraux ,6c Conseillers , Avocats & Procureur- été accordé par l'art. 35. du titre commun des Fer
» Général, Greffiers, Huissiers , Receveurs ou autres mes de l'Ordonnance du mois de Juillet iC8i ,
» Ministres d'icelle Cour, Elus, Grenetiers 011 Rece- anxdits Gardes, Commis & autres ci-dessus Som
3) veurs de Magasin, Contrôleur, Receveur de nos més , de ne pouvoir être décrétés que par nos Ju
ìì Aides & Tailles , Juges des Traites, Maîtres des ges, pour crimes ou délits commis dans les dépar-
j> Ports , leurs Lieutenans & autres, nos Juges & Of- temens où ils sont employés , lequel article fera
y> ciers , reifortissans en notre Cour , étant question
exécuté selon fa forme 6c teneur. Même Déclar.
» de Faux, Abus ou Malversations commis en leurs
art. 67.
» charges 6c administration , injures 6c excès faits
(y) Voulons qu'à l'cxception des cas marqués
»> en leurs Personnes au contempt des autorités, pré-
par les articles 4 , 7 , 1 1 , 2 1 , 26, 34 , 35 , 36 ,
» rogatives , prééminences de leurs Offices & Etats.
46 , 64 & 66 de la présente Déclaration , \notredite
Edit de Henri II. du mois de Mars 1551, contenant
Cour des Comptes , Aides 6c Finances ne puissa
Création de la deuxième Chambre de la Cour des Aides,
connoître en première instance d'aucune des Affai
art. 6. res qui sont de fa compétence , lesquelles ne pour
(4) Et à l'égard de tous autres cas pour lesquels ront y être portées que par appel des Jugemens
lesdits Officiers pourroient être poursuivis extraor
qui auront été rendus par les Juges à clic ressortis-.
dinairement ; voulons que les Accusations inten
sans. Même Déclar. art. 70.
tées contre eux, ne puissent être instruites & jugées
qu'en notredite Cour de Parlement , toute la
Grand'Chambre assemblée. Défendons à tous Ju V.
ges d'en prendre connoissance , à peine de nullité
de leurs procédures & Jugemens. Pourront néan 2°. A l'égard des Réglemens particuliers f. Régie,
moins nos Baillifs 6c Sénéchaux du lieu du Délit , qui ont été faits entre les Cours des Aides mens en
informer contre lesdits Officiers, pour crimes com
& les Chambres des Comptes , nous re tre íes
mis hors la Ville & Gardiage de Toulouse , 6c si Cours dej
lesdits crimes sont capitaux , décréter contre eux, à marquons fur-tout la Déclaration du 7 Jan Aides &
ladite charge de renvoyer les procédures àla Grand' vier 1727, dont nous avons déja eu lieu les Cham
Chambre, pour y être Instruites 6c jugées ; 6c au de parler en traitant de cette Chambre. L On bres des-
Comotes 1
cas que lesdits Officiers aient volontairement pro voit d'abord par le Préambule de cette Ieu^s. dit*
cédé devant lesdits Baillifs ou Sénéchaux , ils ne
pourront se pourvoir en ladite Grand'Chambre que Loi(i) que l'etabhíîement des Cours des fur cens
par appel , le tout conformément à ce qui est porté Aides en général a pour objet de juger matie:e-
parle dernier article du titre premier de l'Ordon- tous les différends qui peuvent naître dans
nance de 1670 , à l'égard des Officiers de notre
Chambre des Comptes de Paris.... Même Déclar. la levée des Droits Royaux ; comme auíìï
du 20 Janvier 1736. art. 65. d'empêcher les exactions , concussions ,
542 LES LOIX CRI MI N ELLES, Liv. h Tit. II.
fraudes qui pourroient être commises , tant lits ayant trait à rAdministration des Fi
par les Juges de leur Ressort , que par les nances , qui seroient commis par. tous
Commis à la perception de ces Droits. L'on Comptables , soit au Conseil , soit à la
voit aussi que , par le dernier article de Chambre ; comme aussi de tous abus , fautes
cette même Loi , la Cour des Aides est & malversations commises en leurs états ,
maintenue dans le droit de juger de toutes charges & administrations , à l'exception
les affaires dont la connoissance lui est néanmoins des Crimes spécifiés par l'art. 4
attribuée parles Edits de Juin 1500, & de cette même Déclaration , & dont la
Mars 1551 (2) que nous venons de rap connoissance est réservée expressément à la
porter , ainsi que des autres Edits & Dé Chambre des Comptes : sçavoir , les affairer
clarations qui les ont suivis. Criminelles incidentes à la ligne de compte j
comme Divertissement & Rétention des
( 1 ) Dans la même vue de conserver Tordre Deniers Royaux , Péculat , Falsification ,
dans rAdministration des Finances, & voulant pré
Altération des Registres & autres ayant
venir les abus & malversations qui pourroient sur
venir dans la perception de leurs revenus, les Rois trait aux Comptes seulement.
nos Prédécesseurs auroient créé une Cour des Aides
pour juger tous les différends qui pourroient nattre (1) Registrées en la Cour des Aides, oui & ce
dans la levée de leurs Droits, empêcher les exactions requérant le Procureur-Général du Roi , pour être
& concussions , & procéder à la vente des immeu exécutées selon leur forme & teneur j en consé
bles des comptables en demeure de satisfaire au quence ordonné , conformément à l'art. 6. desdites
paiement de leurs Dettes. Prêamb. de la Déclara Lettres , que les Edits des mois de Juin 1500 ,
tion da 7 Janvier 1727. Décembre 1510 , Mars 155 1 , 12 Août 1669,
(i) Maintenons au surplus les Officiers de notre registrés en la Chambre des Comptes , & l'Edit
Cour des Aides dans le droit de juger toutes les du mois d'Août de la même année, & autres Edits
affaires dont la connoissance leur est attribuée par & Déclarations concernant la Juridiction de la
les Edits de Juin 1500 , & Mars 1551 , & autres Cour , seront exécutés ; ce faisant , que la Cour
nos Edits &. Déclarations. V. art. 6. de la même continuera de connoître par elle , ou par les Offi
Diclar. ciers de son Ressort , de tous les Délits ayant trait
VI. à rAdministration des Finances , commis par tous
coupables , soit au Conseil , soit à la Chambre ;
6. Arrêt Au reste , nous ne croyons pouvoir comme aussi de tous abus , fautes & malversations
commises en leurs Etats , Charges & Administra
d'enregis- donner une plus juste idée de la Compé- tions , à l'exception néanmoins des crimes spéci
soft^r la tence de ces Cours , considérées relativement fiés par l'art. IV desdites Lettres du 7 Janvier 1727,
Cour des aux Chambres des Comptes , qu'en rappel- lesquels le Roi ordonne être jugés en la Chambre
des Comptes , se conformant toutefois aux dispo
la Décla- lant K* l'Arrêt d'enregistrement qui a été
sitions des Edits de 1566 & 1567 -y que conformé
ration de fait en la Cour des Aides de Paris , de ment à l'art. 3. desdites Lettres du 7 Janvier 1727,
,7*7« cette même Déclaration de 1727 (1) , dont toutes les oppositions fur les Deniers provenans de
nous venons de parler. L'on voit par cet la vente des meubles , & fur les autres biens des
Débiteurs du Roi , ensemble toutes contestations
Arrêt , qu'après avoir ordonné l'exécution & demandes autres que les provisoires , lesquelles
des Edits de 1 500 , 1520 , 1 55 1 , & 1 669 , pourroient retarder la vente des meubles , seront
ainsi que de cette Déclaration qui les a portées en la Cour , conformément aux susdites
confirmés , cette Cour déclare qu'elle con Lettres du 7 Janvier 1727 , & à l'Edit du mois
de Décembre 1520. Fait à Paris , les Chambres
tinuera de connoître par Elle , ou par les assemblées. Arrêt d'enregistrement de la Cour des
Officiers de son Ressort , de tous les Dé- Aides , du 5 Février 1727.
DIVISION DES JUGES EN MATIERE CRIMINELLE , &c. 543

§. V. De la Cour des Monnoies , & de sa Compétence en madère Criminelle,

SOMMAIRES.

1. Ancienne dénomination de cette Cour , Maréchaux , ô les Baillifs ô Séné


& pourquoi a été établie, chaux.
z. Suppression de la Cour des Monnoies de, 6. Cas dont elle connoît concurremment &
Lyon. par prévention avec les Juges Royaux
3. Différens objets de la Compétence de ordinaires.
cette Cour en matière Criminelle. 7.. Cas dont elle connoît concurremment avec
4. Cas dont elle connoît privativement h tous les Juges des Elecìions.
autres Juges. 8. Cas dont le Lieutenant-Général de Po
5. Cas dont elle connoît concurremment lice doit connoître préférablement a cette
ô par prévention avec les Prévôts des Cour,1

I.
1. Ancien- |^ES officiers de cette Cour s'appelloient Cueilleurs & Amasseurs d'or & de Paiiloles de no-
ne déno- ~ . . , , , ff tredit Royaume , Pays , Terres & Seigneuries , en
mination originairement les henerauxdes Monnoies ,
de cette corame ceux de la Cour des Aides s'appel- ce qui concerne leurs Charges, Offices, Etats, &
Métiers. Et aussi leur avoit été attribuée la Jurisdic
pourquoi loient les Généraux des Aides ; ôc ils ont tion & Cohcrtion, par concurrence & prévention à
a ete eta" été pareillement établis avec le droit de nos autres Juges ordinaires , contre les Faux-Mon-
blie noyeurs , Rongneurs de Monnoies , Allocateurs d'i
pouvoir juger en dernier Ressort , tant au celles , & Infracteurs de nos Ordonnances fur le
Civil qu'au Criminel , de toutes les affaires cours & mile de nos Monnoies & des Monnoies
qui font relatives à la Monnoie , 81 par étrangères , auxquelles nous donnons & défendons
le cours &mife en nosdits Royaume , Pays , Terres
conséquent de tous les Délits qui se com
& Seigneuries ; 6c aussi pour connoître des appel
mettent à ce sujet. lations qui feront interjettées , tant des Prévôts ,
I I. Gardes & autres Officiers de nofdites Monnoies ,
que des Conservateurs de Privilèges de nofdites
a. Sup- L'on distinguoit ci-devant deux .Cours Mines, ès Causes & Matières desquelles ils doivent
connoître par nofdites Ordonnances , à la charge
Selfcour ^es Monnoies en- ce Royaume , qui jouis- que s'il étoitappellé des Sentences & Jugemens de
des Mon- soient chacune de"s mêmes Privilèges & notredite Chambre , lesdites appellations scroient
Lyon de Attributions dans l'étendue de leur Ressort ; décidées & déterminées eu notre Cour de Parlement
à Paris. Au moyen desquelles appellations lesdits
la première établie à Paris , par Edit de Maîtres & Officiers , Changeurs, Orfèvres & autres
• " Henri II, du mois de Janvier 1551 (1); l'au dessusdits , craignent lesdits Jugemens de notredite
tre établie à Lyon , par Edit de Louis XIV , Chambre , & ne font curieux de bien verser en
du mois de Juin 1704. Mais auv moyen leurs Etats , Offices & Métiers, se confiant par le
dit appel , lequel prend quelquefois long trait de
de la suppression faite de celle-ci par Edit temps de esgarer & déguiser leurs Faultes , Mal
du mois d'Août 1771 (2) , la Cour des versations & Abus , au grand dommage de NousSc
Monnoies de Paris est restée la feule Cour de nos Sujets Sçavoir faisons , que Nous
Supérieure en cette matière. voulant fur ce pourvoir , après avoir mis la matière-
en délibération avec aucuns Princes de notre Sang ,
& autres grands & notables Personnages , pour ce
N R Y , par la grâce de Dieu , Roi de convoqués & assemblés en notre Privé-Couléil , Sc
France, à tous présens & à venir : Salut. Comme par lavis d'icelui , avons créé , érigé & étabii ,
de long-temps & d'ancienneté ait été instituée & créons , érigeons & établissons par ces Présentes,
établie notre Chambre de nos Monnoies , en notre notredite Chambre des Monnoies , Séant à Paris en
Ville & Cité de Paris , par nos Prédécesseurs Cour & Jurisdiction Souveraine & supérieure, pour
Rois de France ( que Dieu absolve ) , & par Nous y être connu , jugé &. décidé par Arrêt xm dernier
confirmée , avec un Président & dix Conseillers- ressort & sans appel, de toutes Matières Civiles &
Généraux , nos Avocats & Procureurs , & autres Criminelles , dont la coniioissance appartient ~& est
Officiers , pour Nous conseiller en ce qu'il Nous attribuée à ladite Chambre par Ordonnance , tant
convient faire pour donner ordre au fait de nos- de Nous que de nos prédécesseurs Rois : Soit en.
dites Monnoies ,par lesquelles font estimées toutes première instance ou par appel desdits Gardes , Pré
choses qui font nécessaires pour Tissage- des hom vôts & Conservateurs des Privilèges des Mines
mes , & inventées pour la facilité du commerce des Coutre lesquels Jugemens St Arrêts , nul ne fera
uns aux autres , & par lesquelles toutes choses re reçu , sinon par la voie de proposition d'erreur ès
çoivent leur certain prix & estimation. En laquelle matières, lesquelles par nos Ordonnances, l'on peut
Chambre lesdits Généraux ont entière connoissan- proposer erreur , & tout ainsi qu'en nos autres
ce, Jurisdiction & Superintendance , privativement Cours Souveraines , à la charge toutefois , que pour
à tous Juges , tant de nos Cours Souveraines que donner lesdits Arrêts , il y aura toujours le nombre
Juges ordinaires de nos Royaume , Pays , Terres de neuf pour le moins , lesdits Généraux de nos
& Seigneuries , pour juger & déterminer si lesdites Monnoies , avec le Président ou le plus ancien des
Monnoies font fabriquées des poids & loi, ou de dits Généraux pour l'abfence dudit Président , de
dans les remèdes , fur ce ordonnés , 8c de Faultes , façon qu'esdits Jugemens , ils soient toujours en
Malversations & Abus qui fe commettent au faitde nombre dix Et afin que chacun fçache de
nofdites Monnoies , tant par les Maîtres particu quelles Matières icelle notre Cour devra con
liers & Officiers d'icelles , que Changeurs, Orfè noître , & qu'aucun trouble 011 empêchement
vres , Joyalliers , Affineurs , Départeurs , Batteurs n'y soit mis par nos Cours de Parlement , Chambre
d'or Se d'argent, Mineurs & Officiers de Mines , des Comptes , Baillifs , Sénéchaux 8c Juges quel-.
3T44 LES LOIX CRIMIN ELLES, Liv. I. TiT. II.
conques : avons dit , déclaré & ordonné , disons , y déposés , de l'inculpation des poinçons des Maî
déclarons & ordonnons par ccsdites Présentes , de tres Orfèvres du ressort , du tableau des Changeurs ,
notre certaine science , plsine puissance & autorité tant en titre qu'en commission, & généralement de
Royale , Delphinale & Provençale , que notredite tout ce qui appartient au dépôt des Greffes de no
Cour des Mounoies connoîtra sans appel 6» en der tredite Cour des Monnoies, concernant les actes de
nier rejfort , comine dit est , privativement à tous la Jurisdiction qu'elle a exercée.
Juges , soit de nos Cours Souveraines , Chambre IV. Conservons dans leurs droits , usages , émolu-
des Comptes & autres de nosdits Royaumes, Ter mens , Privilèges & Jurisdiction, le Prévôt-Général
res ] Pays & Seigneuries , des Deniers de Boites de des Monnoies, établi dans le ressort de notredite
toutes nosdites Monnoies , ensemble des Faultes & Cour des Monuoies de Lyon , son Lieutenant, son
Malversations commises , & qui se commettront Assesseur , & notre Procureur en ladite Prévôté ,
par les Maîtres - Gardes , Ouvriers , Manouvriers , sauf l'appel en notre Cour des Monnoies de Paris ,
Changeurs , Affineurs , Départeurs , Batteurs d'or & dans tous les cas appartenans à la Juridiction pri
d'argent , Mineurs , Cueìlleurs dor de Paillole , O/^?- vative.
vres , Joyaulliers , Graveurs , Balanciers & autres V. Ordonnons que tous les Officiers fermentes en
faisant fait de nosdites Monnoies , circonstances & dé notre Cour des Monnoies de Lyon , fassent inces
pendances , íst yu/ concerne leurs Charges , Etats samment déposer , sans frais , au Greffe de notre
& Métiers , Visitations & rapports , yuí /« Maîtres Cour des Monnoies de Paris, expédition en forme
d'iceux Métiers seront tenus faire dorénavant , c'est à de l'acte de leur réception , & qu'ils continuent
sçavoir en notredite Ville de Paris , pardevant les d'exercer leurs Offices sous fa jurisdiction , sans qu'il
Généraux de notredite Cour des Monnoies : Et aux soit besoin de nouvelles réceptions , ni d'autres for
autres Villes de notredit Royaume , Pays , Terres malités pGur cette fois seulement.
& Seigneuries, pardevant les Gardes & Prévôts d'icel- VI. Voulons qu'aussi-tôt après la publication &
les Monnoies , chacun en son détroit & ressort. enregistrement de notre présent Edit, il soit procé
Edit de Henry II, du mois de Janvier 155 1. dé , en la manière ordinaire , à la liquidation de
tous les Offices de notredite Cour des Monnoies
(i)LoUIS , &c. Salut. Le vœu de nos Peuples , de Lyon ; à l'esset de quci les propriétaires de la
joint à l'expérience du passé , nous a fait adopter fiuance desdits Offices seront tenus de remettre
irrévocablement le principe de la stabilité dans nos leurs titres de propriété , quittances de finance
Monnoies ; ainfi les motifs qui avoient porté le feu & autres pieecs , ès mains du Contrôleur - Géné
Roi notre très-honoré Seigneur & Bisaïeul , à éri ral de nos Finances , ponr être pourvu au rem
ger une Cour des Monnoies dans la ville de Lyon , boursement du prix desdits Offices aiusi qu'il appar
ayant cessé , nous trouvons dans l'Edit même qui tiendra ; & en attendant que ledit remboursement
l'institua , des motifs déterminans pour ne pas la soit effectué, les propriétaires desdites Finances se
laisser subsister. L'ordrc public nous en pí^sente en ront payés de l'intérêt, à raison de cinq pour cent
core de nouveaux ; & Nous avons eu occasion de de la somme principale à laquelle lesdites Finances
reconnoître combien il importoit à la Police géné auront été liquidées.... Edit de suppression'de la Cour
rale des Monnoies de notre Royaume , que le Juge des Monnoies de Lyon , du mois d?Août 1771.
ment qui constate & maintient leurs titres , portât
fur des opérations parfaitement uniformes , ce qui III.
ne peut s'exécuter qu'en le rendant à notre Cour
des Monnoies de Paris, ainsi qu'elle en jouissoit au II paroît , d'après les Edits & Régie- 3. Diffé-
paravant. Aces causes 8c autres à ce nous mou
vant , de l'avis de notre Conseil , & de notre cer mens qui concernent cette Cour , que parmi -""5°\
taine science , pleine puissance & autorité Royale , les dilférens cas qui forment l'objet de fa Compé-
Nous avons par le présent Edit perpétuel & irré compétence en matière Criminelle, (i)ily ^«"cour
vocable , dit , statué & ordonné , disons , statuons &
en a dont elle connoît privativement à tous en matiez
ordonnons , voulons & nous plaît ce qui fuit ;
Art. premier. Nous avons éteint ftc supprimé , autres Juges ; d'autres dont elle connoît ^"'«"n*1-
éteignons & supprimons notre Cour des Monnoies concurremment & par prévention , tant
établie dans la ville de Lyon : Voulons en consé avec les Prévôts des Maréchaux , qu'avec
quence que la Jurisdiction , soit privative , soit cu
les Baillifs , Sénéchaux , Prévôts Royaux ,
mulative , exercée ci-devant par ladite Cour , dans
l'etendue des Provinces , Généralités & départe- même avec les Juges des Elections. II y en
mens de Lyon , Dauphine , Provence , Auvergne , a enfin dans la concurrence desquels le
Toulouse , Montpellier , Montauban & Bayonne , Lieutenant-Général de Police de cette ville
soit réunie à notre Cour des Monnoies de Paris ,
à compter du jour de la publication du présent Edit. de Paris doit être préféré (1).
II. Voulons que les causes , instances & procès ,
(1) L'on peut voir ces anciens Edits & Régle-
soit civils , soit criminels , actuellement pendans &
mens dans le Traite des Monnoies , de CONSTANT ,
indécis en notre Cour des Monnoies de Lyon ,
imprimé à Paris en 1698 j notamment ceux de Mars
soient instruits & jugés, suivant les derniers erre-
en 1554 , de Mai 1557 , de Juin 1635 , de Mars
mens , en notre Cour des Monnoies de Paris ; &
1645 , du 29 Août 1Ó51 , du 30 Juin 1696 , & un
que les boîtes dont le travail ne seroit pas jugé,
Arrêt de Règlement du t6 Février 1687.
y soient envoyées , avec les deniers y emboîtés &
les procès-verbaux y relatifs.
III. Ordonnons qu'à la requête du Substitut de I V.
notre Procureur - Général , Içs Juges-Gardes de la i°. Les cas particuliers dont la Cour 4-c**
Monnoie de Lyon se transporteront aux Greffes
de notre Cour des Monnoies, de Lyon , à l'esset d'y des Monnoies connoît privativement à conno*It
dresser , eu présence des Greffiers , inventaire-som tous autres Juges , font 1 °. YAppel des privative-
maire des papiers & effets appartenans auxdits Jugemens Ciiminels qui fe rendent par les au_
Greffes , dont copie fera remise auxdits Greffiers
pour leur décharge j & que sous quinzaine , après Juges, Gardes , Prévôts-Généraux & Pro- tre* Juges,
li confection dudit inventaire, envoi sera fait au vinciaux des Monnoies ; & par conséquent
Greffe de notre Cour des Monnoies de Paris, des elle connoît généralement de tous lés
minutes des Greffes de notredite Gourdes Mon Crimes & Délits dont ces premiers Juges
noies de Lyon , ensemble des registres des déli
vrances , & autres documens servant au jugement peuvent connoître, à l'exception néanmoins,
desdites boîtes 5 comme auffi des étalons des poids de certains cas dont nous verrons qu'ils
peuvent
DIVISION DES JUGES EN MATIERE CRIMINELLE , &c. 545
peuvent connoître pour les juger en dernier I'Election , sont , toutes les fois qu'il s'agit sent coa-
Ressort , en appellant le nombre des Gra- de Falsification , Contrefaision t & Altéra- mentTvec
dués requis à cet effet ; 20. ces Cours con- don du Poinçon de la Maison commune, les Juge»
Hoissent auslì en première Instance des causes qui s'applique fur les matières d'or & d'ar- lec"
Criminelles de leurs Membres , ainsi que de gent. Suivant la Déclaration du 4 Janvier
lous les Juges de leur Ressort, pour les 1724(1), que nous avons rapportée fous
malversations par eux commises dans leurs le Titre du Faux , lorsque la contrefaction
fonctions i 30. elles connoisient pareille- ne porte que fur le Poinçon de la Maison
ment , tant en première Instance , que par Commune , & non fur celui du Fermier
Appel , des Malversations & Délits que des Droits du Roi , ou bien que la
commettent dans leurs fonctions les Mai- saisie de ce faux Poinçon a été faite par
tres , Directeurs & Trésoriers des Monnoies ; les Maîtres & Gardes de l'Orfévrerie , ou
comme aussi les Affineurs , Batteurs , 77- par les Officiers des Monnoies , fans le fe-
reurs d'or , Changeurs , Orfèvres &. autres cours des Commis du Fermier , la con-
qui travaillent aux ouvrages d'or & d'ar- noissance de cette fausseté doit alors appar-
gent ; 40. elles connoissent de plus en tenir à la Cour des Monnoies ; mais lorsque
première Instance , exclusivement à tous cette fausseté tombe en même temps , &
autres Juges , des Vols & Larcins qui se sur le Poinçon de la Maison Commune ,
commettent dans les Hôtels des Monnoies ; & fur celui du Fermier , & que le Procès-
50. enfin ces Cours connoisient générale- Verbal de la fausseté de ces Poinçons a été
ment de toutes les contestations qui fur- dressé par le Commis du Fermier dans la
viennent par rapport à l'exécution de leurs forme prescrite par l'Ordonnance des Fer-
Arrêts , notamment pour ce qui concerne mes , c'est aux Officiers des Elections que
les Restitutions , Confiscations & Amendes cette même Loi veut qu'en appartienne la
adjugées par ces Arrêts. connoissance , par Appel en la Cour des
v . . Aides.
V. fur tout cela l'Edit de Janvier 1 5 5 1 que nous
venons de rapporter. (t) Voulons pareillement que lorsque le Poin-
V. aussi quant aux Vols faifs aux Hôtels des Ç°n de la Maison commune & celui du Fermier de
Monnoies, la Déclaration du 18 Janvier 17x7, nos droiti se trouveront contrefaits que le Pro-
que nous avons rapportée fous le titre des Fols cès-verbal de la fausseté en aura été dressé par les
qualifies par le Liev. Commis du Fermier , dnns la forme prescrite par
l'Ordonnance du mois de Juillet 1681 , au titre
"' . des Droits de la Marque jur Cor & fur Pargent , la
t r> j 1 /"» j n/r connoissance en appartienne en première instance
f. Cas 2°. Les Cas dont les Cours des Monnoies aux officiers des Eleaions,& par appel,ànos Cours
dom elles peuvent connoître concurremment & par pré- des Aides; & s'il ne se trouve falsifié que le Poin-
sent con- vention avec les PRÉVÔTSDES MARÉCHAUX çon de la Maison commune , ou que le> Maîtres
currem- & LES BaILLIFS & SÉNÉCHAUX , font les & Çardes ^ Orfèvrerie ou les Officiers des Mon-
ment &.,-,. , r> , • • At> • o, r* noies ayent fait la faine sans le secours des Com-
nar pre
par oré- Crimes de fabrication.» Altération
. & Zsx- . de
mis , la
/ Ferme,
c ,
voulons . connoissance
que la -«r , ,la
de
Iv"rTes P°JUlon de fauJje Monnote , circonstances fausseté appartienne , soit poursuivie & jugée en
Prévôts & dépendances. notre Cour des Monnoies. . . . Décl. du 4 Janvier
chaux y. le même Edit de Janvier 155 1 , rapporté V T T T
les Baiìlifs ci-dessus. V 1 X 1.
3»«xéné~ A «Xeï0* kS a?de/ 1 1 & • 1 d" tÌtrC prCmÌer Enfin V** ^ Cas particulier de la con- 8. Cas
"«u*. de l Ordonnance de 1670 , qui comprennent ces ? r> 1 r dont le
mêmes Crimes au nombre des cas Royaux & des currence de cette Cour avec le LIEUTENANT- Lieute.e
Cas Prévôtaux. GÉNÉRAL DE Police de cette Ville de Pa- nant-Gé-
V I. ris , pour raison des saisies de faux Poinçons po"[ejoît
faites chez les Maîtres Orfèvres de cette connoître
6. Cas Les Cas dont ces Cours connoissent aussi Capitale , ainsi que la Police entre ces P[éfíra"à
íonnofs" concurremment prévention avec les Ju- Orfèvres , le Lieutenant-Général de Police «Ss.
sent con- GES ROYAUX Orditt aires , lbnt , 1 °. les doit avoir la préférence , ainsi qu'il a été
mTntm& Larcíns des matierfs d'or & d'argent , qui décidé formellement par des Lettres-Pa-
Par pré- se íbnt chat les Orfcvres Ô autres travaillons tentes du 24 Décembre 1746 (1) , qui
aveTies en orô en argent ' Z°Ae BiLlonnaëci & ce cassent un Arrêt de la Cour des Monnoies
Juges Ro- qui en dépend ; 30. le Transport des matie- de Paris, par lequel cette Cour avoit or-
yauxordi- res ctor & d'argent hors le Royaume. donné l'apport en son Greffe des ouvrages
V. l'Edit de Septembre 1638. . & matières d'or & d'argent saisis fur les
y. aussi l'Edit de Février 1716 , concernant les Maîtres Orfèvres de cette Ville , & qui ne
Transports d'efpeces hors du Royaume. lui permettent de connoître que de ce qui

y j j concerne le titre\ la bonté & alliage des


matières , la Marque ô le Poinçon feule-
7. Cas Les Cas dont ces mêmes Cours con- ment , fur les raoports qui lui feront don-
coaaois- noiflènt concurremment avec les Juges de nés par les Gardes de l'Orfévrerie.
Z z z
546 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. L Trr. II.
L notre Conseil du 15 Mat 1721, lorsque, lesdits
OUIS , &c. ... A ces causes , de l'avis de Ouvrages auront été saisi; par le Fermier des droits
notre Conseil , qui a vu ledit Arrêt ci-attaché sous de Marque fur l'or & l'argent , & que lesdits Ou
ïe contre-scel de notre Chancellerie ; Nous avons vrages ne seront marques d'aucuns poinçons , ou
ordonné, & par ces Préfentes signées de notre que les Poinçons auront été jugés faux. Voulons
main , ordonnons que lesdits Edits , Arrêts 8c Ré- & entendons que , confc .mément à l'article vingtr
glemens concernant l'Orfévrerie , & notamment un du Règlement générai fur le fait de l'Orfévrerie
l'Arrêt du Conseil d'Etat du 30 Décembre "670, rendu le 30 Décembre 1^79 , notredite Cour des
servant de Règlement général , & lesclits Arrêts Monnaies ne corwoijjè que de ce qui concerne ìe litre ,
du Conseil du 1 5 Juin 1701 , 15 Mai 171a & 13 bonté & alliage des matières , la Marque & le Poinçon
Avril 1730 , seront exécutés selon leur forme Sc te- feulement , ó- ce fur les rapports qui lui feront donnes
neur ; & en conséquence , sans avoir égard à 1 Ar- par/es Gardes de l'Orfévrerie , & que la connoiffa n
rêt de notredite Cour des Monnoiesdu 14 Dé- ce du surplus , & généralement toute la Police en.-
cembre 1 746 , que nous avons caste , ni à tout ce tre lesdits Orfèvres , appartiennent au Sieur Lieute-
qui s'en est ensuivi , faisons défenses à notredite nant-Général de Police. Si vous mandons que ces
Cour des Monnoies d'ordonner l'apport en son Présentes vous ayez à faire registrer , & le conte-
Greffe des Ouvrages & Matières d'or & d'argent , nu en icelles exécuter selon leur forme & teneur:
saisis fur les Maîtres Orfèvres de notre bonne Ville cartel estriotre plaisir. Lettrzs-Pathht. au 14
de Paris ou leurs Veuves, & fur tous autres parti- Décemb. 1 745 , reg. le 16 Mai 1746.
culiers , sinon dans les cas prescrits par notre Dé
claration du 23 Novembre 1711 , & l'Arrêt de

§. V I. Des Commijsaires du Conseil en madère Criminelle.

SOMMAIRES.

1. Quid, des Commijsaires nommés par les 3. Commijsaires fixes & permanens pour ju-
Cours Supérieures. ger les Contrebandiers.
2. Deux sortes de Commijsaires du Conseil.

I.

N ous ne parlons ici que des Commissaires la Bastille : tantôt parmi les Membres des
des
missaires du Conseil y & non de ces Commissaires Cours Supérieures , ou bien dans de cer-
paTu* Particuliers <lui sc nomment par les Cours taiues Chambres de ces Cours , comme la
Cours Su- Supérieures pour Instruction & le Jugement Grand ' hambre & . tes Enquêtes : tantôt
périeures. des Procès ; parce qu'il n'y a que les pre- enfin l'on prend pour les former des Oíîì-
miers , comme tenant directement leur pou- ciers de Sièges inférieurs , tels que ceux
voir du Roi , & le représentant en cette des Requêtes de l'Hôtel, & du Châtelet. Nous
partie , qui puissent avoir le droit de juger en avons vu auíìì plusieurs exemples de nos
en dernier Ressort ; 6c que ce droit ne peut jours,
être communiqué aux derniers par ces III.
Cours qui tiennent elles-mêmes leur pou
voir du Souverain , suivant la maxime qui L'autre espece de Commissaires dont 5.
ne permet pas au Délégué d'en subdéléguer nous voulons parler principalement ici > "^f*ir^
un autre. parce qu'ils forment un Tribunal fixe <& perma-
Delegati non dicuntur propriè Jurisdictionem perpétuel, ce sont ceux connus fous le nom J™5^
habere,fed tantùm alienœ Jurisdiâionis exercitium. de ChAMBRE ARDENTE , qui sontprépo- Contre-
L. $.Jf. de Officio ejus cui m*md. ejl Jurijd. séspour juger en dernier Ressort les Contre- bandi««
j j bandiers 8c Faux-Sauniers qui commettent
des violences 6c des désordres dans les
t. Deux Nous connoissons deux sortes de Com- Provinces de leur district. Ces sortes de
O^Jt missaires du Conseil : les uns qui ne le font Commissions s'exercent;, comme l'onfçait,
seires du que pour de certaines affaires 6c pour un cer- dans trois Villes de ce Royaume ; à Va-
Conseil. tain iempS f de manière que leur pouvoir lence , à Reims , & à Saumur. Comme c'est
expire auíîi-tôt après que l'affaire est ter- par les termes dans lesquels font conçues
minée , ou que le temps que les Com- les Loix de leur établissement , que fe trouve
missions dévoient durer se trouve écoulé, fixée l'étendue du pouvoir de ces Com-
Ceux-ci se prennent, tantôt parmi les Mem- miliaires , tellement qu'ils ne peuvent s'en
,bres du Conseil du Roi , comme sont les écarter fans exposer leurs Jugemens à une
Conseillers d'Etat , 6c les Maîtres des Re- cassation inévitable , nous ne pouvons
quêtes , auxquels on aíììgne certains lieux en donner une idée préciíe qu'en mettant
pour instruire 6c rendre leur Jugement ; ici l'une de ces Loix fous les yeux de nos
nous en avons des exemples dans l'éta- Lecteurs : ce font les Lettres - Patentes por-
blissement de la Chambre de Justice de la tant établissement de cette espece de Tri- '
Commission de 1''Arsenal , 6c de celle pour bunal dans la Ville de Reims.
DIVISION DES JUGES EN MATIERE CRIMINELLE , &c. 547
nativement , parmi les Substituts de nos Procureurs
(1) LoUlS , &c. La multiplicité des Contre Généraux desdites deux Cours Art. V. Vou
bandes qui se font sur les Frontières de notre lons que lesdits Commissaires connoissent de tous
Royaume , Nous a paru un objet d'autant plus di les faits d'introduction de Marchandises de Con
gne de notre attention , que non-feulement les Fer trebande , Faux-Sel , Faux-Tabac , & de tous les
miers de nos Droits , mais encore les Fabriquans Attroupemens , Violences , Rébellions , Séditions
& Commerçans en souffrent un préjudice considé occasionnées par lefdites Contrebandes.... Art.VI.
rable. Nous avons été informés d'ailleurs que la vie Ladite Commission connoîtra en dernier iiejjort ,
errante & vagabonde à laquelle plusieurs Habitans des Accusations de Contrebande formées contre les
des Frontières font invités parl'attrait de la Fraude, Vagabonds , Gens fans aveu , ou qui auront été ci-
leur fait contracter fort souvent la malheureuse devant condamnés à Peines corporelles , Bannisse
habitude du Crime & de la Violence : c'est à quoi ment ou Amende honorable .... Art. VÎI. Elle
Nous avons voulu pourvoir en prononçant contre connoîtra pareillement en dernier Ressort des Con
les Contrebandiers les Peines les plus sévères. Ce trebandes avec attroupement & Violence publi
pendant les excès commis depuis quelques années que , accompagnées de Meurtres , Excès , Séditions
Nous ont fait recourir à des remèdes extraordi éc Emotions populaires, soit que les Accusés soient
naires ; & parmi les différens moyens qui Nous de la qualité portée dans l'article 6 , soit qu'ils n'en
ont été proposés , Nous avons adopté par préfé soient pas , à l'exception néanmoins de ceux qui se
rence celui qui a été employé plusieurs fois en sem ront désignés ci-après ; ÔC seront réputés lesdits
blables occasions parles Rois nos Prédécesseurs , Contrebandiers être dans le cas de l'attroupement,
comme le plus propre à remplir la double vue que s'ils ont commis la Contrebande au nombre de
Nous Nous proposons de réunir dans un seul & trois ou au-dessus , avec armes , fans titre , ni per
même Tribunal , un grand nombre de Procès con- mission , ou de cinq hommes & au-dessus , même
nexés entr'eux,ÔC d'y faire juger définitivement & fans armes. Seront pareillement réputés être dans
fans appel ceux qui , par leur nature & suivant les le cas de la violence publique , quand ils seroient
Loix de notre Royaume, seroient susceptibles d'ê en moindre nombre, s'ils ont attaqué les Em
tre jugés prévôtalement. En conséquence , après ployés , Commis & Gardes des Fermes , ainsi que
avoir déjà établi par nos Lettres-Patentes , données dans le cas de forcement de Postes , & de Recousses
à Versailles le 23 Août 1764, une Commission à de prisonniers & de Reprises violentes , spoliation
Saumur , composée des Commissaires choisis dans & enlèvement de Marchandises , Faux-Sel & Faux-
notre Cour des Aides de Paris s à l'esset d'y juger Tabac saisis par les Employés .... Art. VIII. Les
lesdits Faux-Sauniers & Contrebandiers faisant la Reiéleurs & Complices, de contrebandiers , dont
fraude à force ouverte , ou autres spécifiés dans nos- le procès fera jugé en dernier ressort par ladite
dites Lettres , dans l'étendue des Généralités de Commission , y seront pareillement jugé en der
Tours , Bourges , Moulins & Poitiers : Nous Nous nier ressort Art. IX. Les accusations prin
sommes aussi déterminés d'en établir une sembla cipales, intentées par le ministère public ou par les
ble dans la Ville de Rheims , & de la composer de Fermiers de nos droits , contre les employés ,
Commissaires choisis dans nos Cours des Aides de commis , & gardes de nos Fermes , pour avoir
Paris & de Metz , dans le ressort desquelles font distrait à leur profit , & volé en tout ou en partie le
situées les Provinces pour lesquelles Nous établis Faux-Sel , le Faux-Tabac , & aurres marchandises
sons ladite Commission : A ces causes , & autres à & contrebande saisies par eux ou par d'autres ;
ce Nous mouvant , de l avis de notre Conseil , ôí avoir entretenu des intelligence avec les Frau
de notre certaine science, pleine puissance & auto deurs ; avoir favorisé en quelque manière que ce
rité Royale , Nous avons ordonné , Si. par ces Pré soit leur passage ou leur commerce; avoir fait eux-
sentes signées de notre main , ordonnons ce qui mêmes la contrebande de faux-sel , de faux- ta
fuit. . . . Art. I. Nous avons établi & établissons bac & autres marchandises prohibées , seront ins
une Commission dans la Ville de Rheims , pour truites & jugées par ladite commission en dernier
instruire & juger le Procès des Contrebandiers & ressort Art. X. Les employés , commis &
Faux-Sauniers , des Commis , Gardes & Employés gardes de nos Fermes , accusés d'avoir fait ou sous
de nos Fermes , infidèles ou prévaricateurs , & des crit des procès-verbaux faux & calomnieux dans
Complices des uns 04 des autres , dans tous les cas les affaires qiìi doivent être jugées en dernier res
qui seront énoncés par ces Présentes , & ce , dans sort par ladite Commission , ou d'avoir rendu dans
l'étendue des Généralités du Soissonnois , de la Pi les mêmes affaires un faux témoignage , lors des
cardie , de la Champagne & des trois Evêchés. . . . informations , récollement & confrontation , y se
Art. II. Ladite Commission fera composée de troi« ront pareillement poursuivis & jugés en dernier
Officiers , dont deux de notre Cour des Aides de ressort Art. XI. Connoîtra en outre ladite
Paris , & un de notre Parlement & Cour des Aides Commission en dernier ressort , de l'exécntion des
de Metz , que Nous nommerons chacun en parti Jugemens par elle rendus en dernier ressort
culier , par des Lettres expédiées en notre Grande Art. XII. Les Ecclésiastiques & Gentilshommes ,
Chancellerie , lesquelles seront enregistrées en nos- Officiers servant dans nos Troupes , & qui sont
dites Cours des Aides, que Nous nommerons pareil dans le cas de l'Edit de la Noblesse Militaire , du
lement par des Lettres expédiées en notre Grande mois de Novembre 1750, Officiers chargés de ren
Chancellerie } & d'un Greffier , qui fera pareille dre la Justice en notre nom , & autres personnes
ment par nous nommé , & prêtera serment en ladite qui jouissent du privilège de la Noblesse , ne pour
Commission... Art. III. Lesdits Officiers, Commis ront être jugés par ladite Commission en dernier
saires , auront rang entr'eux à ladite Commission , ressort , encore qu'ils soient accusés des cas portés
suivant leur rang de Président & de Conseillers , & par les art. 7,8,9, 10,11 ci dessus ; mais s'ils
la date de leur réception dans leur compagnie. Le n'en sont , ladite Commission instruira le procès
cas arrivant de vacance d'une desdites trois places, suivant les régies ordinaires de la procédure , jus
il fera par Nous substitué dans ladite commission , qu'à jugement définitif; & en cet état , elle sera
un Officier de la même Cour , dont étoit celui qui tenue de les envoyer avec tous les Accuses en celle
aura occasionné la Vacance Art. IV. Le de nos deux dites Cours des Aides , dans se ressort
Substitut de notre Procureur- Général de ladite de laquelle le délit aura été commis, pour être pro
Commission sera par Nous nommé ôc choisi alter- noncé par ladite cour définitivement & en dernier
Zlî 2
548 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. I. Tit. II.
rassort, à l'égard de tous les accusés. .. Art. XIII. par Nous nommés , lesquels commissaires pour-
Les commissaires par Nous nommés ne pourront ront prononcer ledit Jugement à l'extraordinaire,
juger définitivement , qu'en appellant avec eux des fur le vu desdites piéces , fans interroger eux-mêmes
gradués , au nombre requis par les Ordonnances.... les accusés. . . . Art. XVIII. Lesdits Subdélégués
Art. XIV. Dans les cas où les circonstances du ayant fait l'instruction , pourront être du nombre
procès feront connoître qu'il est de nature à être des gradués appellés par nos commissaires pour
jugéen dernier ressort , en conséquence des art. 6 , juger définitivement .... Art. XIX. ladite Com-
7 , 8 , o , 10 & 1 1 , les commissaires ordonneront mission fera régie pour la discipline intérieure ,
qu'il sera subi par les Accusés un interrogatoire , suivant les Réglemens & usages de nos Cours des
dans lequel on leur déclarera qu'ils vont être jugés Aides ; lesdits commissaires se conformeront au
en dernier ressort &c sans appel Art. XV. surplus , aux Edits , Déclarations & lettres-paten-
Pourront les commissaires par nous nommés, sub- tes enregistrées en nofdites Cours des Aides, &
déléguer tels gradués qu'ils jugeront à propos , Arrêts & Réglemens d'icelles. Et seront par eur
pour faire l'instruction des procès criminels , dont réputés Rcádivcurs , & jugés comme tels les con-
Noiis attribuons la connoissance à ladite commis- trebandiers qui auront déjà été mulctés de peines
sion , rendre tel jugement qu'ils croiront nécessaire afflictives , infamantes ou pécuniaires , pour des
pour ladite instruction, à Pexception du Règlement faits de même nature , dans les cas portés parnos
à l'extraordinaire , & ce , jusqu'à jugement définitif Ordonnances Art. XX- Lors de la cessation
exclusivement .... Art. XVI. II fera aussi com- de ladite Commission , les minutes des jugemens
mis par le Substitut de notre procureur-général en &de toutes les procédures seront portées au greffe
ladite commission, tel gradué qu'il jugera à pro- de nos cours des Aides , chacune pour ce qui
pos , lequel avant que de faire lefdites fonctions , pourra concerner leur ressort. Si vous mandons
íera tenu de prêter serment devant le Juge de la que ces Présentes vous ayez à faire lire , publier 6c
Subdélégation , s'il n'a pas d'ailleurs serment en enregistrer , & le contenu en icelles garder , obier-
Justice ; après l'instruction faite , elle fera renvoyée ver & exécuter selon leur forme & teneur , nonobs-
en la commission , pour y être l'accusation jugée tant toutes choses à ce contraires. Car tel est notre
définitivement .... Art. XVII. Lorsqu'il y aura plaisir. Lettres- Patentes , portant établijfement d'une
lieu de régler à l'extraordinaire la procédure faite CommiJJlon à Rheims , pour juger les Contrebandiers
par lesdits subdélégués , des copies de ladite procé- &c. , du zi Novembre 1765 , regist. tn la Cour des
dure seront par eux envoyées aux commissaires Aides le % Janvier 1766.

§. VII. De la Chambre des Requêtes de l Hôtel.

SOMMAIRES.

j . Idée générale de cette Chambre. 2 . Comment peut connoître des matières


Criminelles.
I.
1. r!id/e Cette Chapbre , qui exerce fa Juris- cependant , d'après dissérens exemples de
le" cette diction dans TEnclos du Palais à Paris , Commiíîìons données à cette Chambre pour
Chambre. efl. COmposée , comme l'on íçait , d'un cer- juger en dernier Ressort , que la disposition
tain nombre de Maîtres des Requêtes, pré- de ces Loix ne s'exécute plus avec la même
posés par le Conseil du Roi pour juger rigueur. Quoi qu'il en soit , il paroît cer-
à la charge d'Appel au Parlement de Paris , tain en général , qu'à la réserve de ces Com-
des Causes pures personnelles des Officiers missions particulières qui se donnent de
de la Maison du Roi , lesquels ont aulìi le temps à autre à cette Chambre , elle ne
droit de porter les mêmes Causes à la peut, non plus que celle des Requêtes du.
Chambre des Requêtes du Palais , s'ils le Palais , connoître des matières Criminelles
jugent à propos. qu'autant qu'elles font incidentes aux af
faires Civiles qui font portées devant elle ;
I !• l'on veut dire qu'elle jouit à cet égard de la
même faculté que l'Ordonnance accorde à
i. Com- Nous disons que cette Chambre ne peut tous Juges Civils , autres que les Juges-
"nnoiM conn°ître que des Causes pures personnelles Consuls & les Moyens & Bas Justiciers (5).
desmatie- des Officiers de la Maison du Roi, & pour II y a cependant des Auteurs , tels que
^j^"""" les jugera la charge de l'Appel} c'est ce qui Rebuffe & Papon , qui prétendent que
est porté expressément par les Edits de Phi- cette Chambre a le droit particulier de
LIPI'E IV, en Février 1318 (r), & de çonnoître du Faux commis dans les Lettres
FRANÇOIS I, en Août 1439 (2). Maisl'Or- de Chancellerie ; mais je ne trouve aucune
donnance de Blois (3) , confirmée fur ce point Loi précise fur laquelle on puisse fonder ce
par un Edit de Louis XIV , du mois d'Oc- sentiment. Guenois (6) , dans fa Conférence
tobre 1 648 (4) , va encore plus loin , en des Ordonnances , fait seulement mention
ce qu'elle veut que cette Chambre ne dans une note d'une Charte Normande du
puisse , quelqu'atribution qui lui soit faite , 22 Avril 1458 , suivant laquelle les Maîtres
juger en dernier Ressort dans aucun cas , des Requêtes connoijfent , dit-il , de la sal
in peine de nullité. Nous venons de voir jification des Sceaux , des Causes des Offi-
DIVISION DES JUGES EN MATIERE CRIMINELLE ; &c, 549
ces du Pays de Normandie qui nefont fieffés sons, que Nous voulans, en tant qu il nous est pos
■ou héréditaires., • . sible, donner ordre à 1 état de notre Justice , & re
lever nos Sujetsde grandes Peines, Travaux , Frais.
& mises , &L conserver à nosdits conseillers, maî
(1) Comme plusieurs de nos Sujets se soyent tres des requêtes de notre Hôtel , leur Jurifdictiort
dolens de ce qu'ils font travaillés par-devant les enúere , ainsi qu'ils ont eu de tout temps & ancien
Maîtres des Requêtes, Nous ordonnons que lesdits neté : Pour ces eaufes &c considérations , à ce nous
Maîtres des Requêtes de notre Hôtel, n'ayent pou mouvans, par l'avis & délibération de plusieurs-
voir de nul faire adjolirner par-devant eux , ni en Princes de notre Sang & autres grands Personna
tenir Cour ni connoiffance , si ce.n'est pour cause ges de notre conseil étroit , avons par Loi &i Edit
d'aucun office de Nous donné , duquel soit débat en , perpétuel & irrévocable , dit , statué &C ordonné ,
tre parties , ou que l'on fit aucunes demandes pures disons , statuons & ordonnons , voulons & Nous
personnelles contre aucun de notre Hôtel. Ord. de plait , de notre propre mouvement , certaine scien
Philip. IF. en Février 1318 , art. 6. ce , pleine puiffance &. autorité Royale , que tous
& chacuns les Procès dijfaens qui pourront sourdre,
& mouvoir pour raison de nos Offices , en quelque
(r) Fr A N Ç O I S , &c. pere légitime & admi maniéré qu'il eût été pourvu par Nous ou autres
nistrateur de notre très -cher &très-amé fils le duc ayans ou prétendans de Nous pouvoir , tant de
de Bretagne , Dauphin de Viennois, Comte de Judicature- de notre Domaine, Tailles, Aides, Ga
Valentinois & Dioys , à tous présens & à venir. belles, Traites, Impositions, qu'autres quelcon-..
Comme Nous ayions été avertis par notre amé ques , fans aucuns en réserver ni excepter , & par
& féal procureur-général en la Chancellerie de quelque genre de vacation qu'il n'y eût été obtenu
France & requêtes de notre Hôtel , que la Cour soit par création , Mort, Résignation, Forfaiture r
& Jurifdiction de nos amés & féaux conseillers Déclaration ou autrement , en quelque manière
& Maîtres des Requêtes de notre Hôtel , soit que ce soit , seront jugés , décidés & déterminés
grande, notable, ordinaire , fondée de très-grande en première instance , par-devant nosdits Amés &
ancienneté , & à eux appartiennent plusieurs beaux Féaux Conseillers les Maîtres desRequêtes de notre
Droits, Prérogatives & Prééminences, & entr'autres Hôtel en leur Siège de notre Palais à Paris , & les
la connoiffance & Jurifdiction de toutes les causes appellations qui seront interjectées des Sentences de
& Procès mus &c à mouvoir , touchant les différens nosdits. Conseillers, Maîtres des Requêtes de notre
qui naissent pour raison de tous les Offices royaux Hôtel , seront relevées en notre Cour de Parlement
de notre Royaume , Duché de Bretagne & Dau- à Paris & illec jugées en dernier reffort,fans ce que
phiné,& lesdits Droits , lesdits Maîtres des Re nos Gens de notredit Grand-Conseil , Prévôt de
quêtes ayent, de tout temps immémorial joui & usé Paris , Baillifs , Sénéchaux y Juges & Officiers ni
sans contravention , ce neanmoinsl'anmil sept cens autres quelconques de notre Royaume , Duché de
vingt-neuf par importunité d'aucuns , étant lors en Bretagne & Dauphiné , en puissent entreprendre
tour de notre Personne , qui vouloient ôter la Ju^ Cour , Jurifdiction hi connoiffance, laquelle Nous
risdiction de nosdits Conseillers & Maîtres des Re leur avons interdite & défendue, interdisons & dé
quêtes , & la transférer aux Gens de notre Grand- fendons par cefdites Préf.ntes , & néanmoins dé
Conseil , aurions , à leur grande sollicitation , ins clarons nul & de nul effet & valeur tout ce qui
tance & poursuite , décerné Lettres-Patentes en for se fera au contraire. Edit de François 1. en Août
me d'Edit, adressantes aux gens de notredit Grand-
Conseil , pour avoir & prendre la connoiffance • (3) Les Maîtres des Requêtes ne pourront ins
.desdits différens qui se pourroient mouvoir & in truire & juger eh leur Auditoire autres Matières
tenter pour raison des Offices RôySu*, "Voulans
que celles dont la connoiffance leur appartient par
que les différens defdits Offices fitffeht "jugés & dé nos Edits & Ordonnances , ni juger en dernier res
cidés par- devant nosdits conseillers de1" notredit
sort ni souverainement aucuns Procès r quelques
Grand-Conseil ou pardevant lesdits Maîtres des Lettres attributives de Jurisdiclion tk renvoi qui
Requêtes en leur Siège de notre palais à Paris, par
leur puiffent être faites desdites Causes , le tout fur
concurrence & prévention l'un- de l'autre qui se-
peine de nullité. Ord. de Blois , art. 99.
roit,8í est un grand intérêt &C préjudice de la chose
publique & des pauvres sujets de notre Royaume ; (4) Ne pourront lesdits Maîtres desRequêtes r
lesquels à cause de grands frais & immenses qu'il a instruire & juger en leur Auditoire Matières au
fallu & faut faire à la fuite de notredit Grand- tres que celles dont la connoiffance leur appartient
Conseil , pour raison de leurs Offices , ont été consu par nos Edits & Ordonnances , ni juger en dernier
més , & souvent contraints de quitter leurs Droits ressort ni souverainement aucuns Procès , quelques
qu'ils auroient efdits Offices , & aussi nofdites Let Lettres attributives de Jurifdiction & renvoi qui
tres dudit Edit ne furent oncques publiées en notre leur puiffent être faites defdites causes , le tout fur
Cour de Parlement à Paris , ni en l'auditoire de peine de nullité. Edit de Louis XIV. en Oclobrc
nosdits conseillers, maîtres des Requêtes de notre 1648 , art. 14. reg. le 24 du même mois.
dit Hôtel , ains seulement en notredit Grand-
(5) V. l'art. 10. du tit. 1, de l'Ordonnance de
Conseil , auquel notredit Procureur Général en la
1670.
chancellerie de France , & Requêtes de notredit
Hôtel, ne fut oui ni appelle . .... Sçavoir fai (6) V.Guenois , Liv, \. tit- 18 ,§-8,
550 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. I. Tit. II.

§. VIII. Des Li eutenans-Ge n érau x de Police en matière


Criminelle.

SOMMAIRES.

1. Pourquoi mis au nombre des Juges ex 3. Objets particuliers de la Compétence de


traordinaires. ces Juges ; & les Cas dont ils connoijsenc
2. Difiinclion entre le Lieutenant-Général concurremment & à l'exclufion des autres
de Police de Paris , & ceux des Pro Juges.
vinces.
I.

1. Pour- [V qus mettons ces Juges au nombre des toute notre application à ces deux choses; elle a été
quoi nus .. 0 . _ . . , suivie de tant de succès, & plusieurs défauts de la
•u nombre Juges extraordinaires en matière Cnmmel-
Police ont déjà été si heureusement corrigés , que
«trawir *e ' Parce ^ ^eur Juridiction n>est > comme
chacun excité par les commodités qu'il en reçoit,
foiits, ' l'on íçait , qu'un démembrement des Tri concourt & prête volontiers la main pour la per
bunaux Civils , & qu'elle est purement fection d'un si grand Ouvrage ; mais il est néces
correclionelle , en ce qu'elle ne peut infliger saire que la Réformation que Nous y apporton
que des Peines qui ne demandent point soit soutenue par des Magistrats ; & comme les
fonctions de la Justice & de la Police font souvent
une instruction à ï'extraordinaire : en forte
incompatibles & d'une trop grande étendue pour
que s'il est de certains Cas où elle peut être bien; exercées par un seul Officier dans Paris ,
en infliger d'autres , ce n'est qu'autant Nous aurions résolu de les partager , estimant que
qu'elle s'y trouve autorisée par des Attri l'administration de la Justice contentieuse & dis
butions particulières qui lui ont été faites tributive , qui requiert une présence actuelle en
par des Edits postérieurs à ceux de son beaucoup de lieux , 6c une assiduité continuelle ,
soit pour régler les affaires des Particuliers , soit
établissement. pour Pinspection qu'il faut avoir sur les Personnes
a qui elles font commises , demandoit un Magistrat
I I.
tout entier ; & que d'ailleurs , la Police qui consiste
à assurer le repos du Public & des Particuliers , à
a.Distínc- Cependant, il faut distinguer , parmi ces purger la Ville de ce qui peut causer les désordres ,
íe°Lieute- Edits , ceux qui concernent le Lieutenant- à procurer l'abondance , & à faire vivre chacunse-
lon sa condition & son devoir , demandoit aussi un
nant - Gé- Général de Police de cette Ville de Paris ( 1 ) ,
Magistrat particulier qui pût être présent à tous.
Poiice^e ^e ceux concernent les Lieutenans- A ces causes , & autres considérations à ce Nous
Paris , & Généraux de Police établis dans chaque mouvans , de l'avis de notre Conseil , & de notre
Provinces5 ^iHe du Royaume où il y a Parlement , certaine science , pleine puissance & autorité Roya
' Chambre des Comptes , Présidial , Bail le , Nous avons éteint & supprimé , & par ces Pré
sentes signées de notre main , éteignons & suppri
liage, & autres Jurifdictions Royales (2).
mons l'Office de Lieutenant Civil de notre Prévôt
II s'en faut bien que ces derniers jouissent de Paris , dont étoit pourvu le feu sieur d'Aubray,
des mêmes droits & privilèges que le Pre fans que, pour quelque cause, prétexte & occasion
mier , qui , à cause de l'importance de ses que ce soit , ledit Office puisse être ci- après rétabli
fonctions dans une Ville auíîì étendue que ni créé , érigé de nouveau : Ce faisant , Nous
avons créé , érigé & établi , & par ces mêmes pré
celle-ci , jouit d'une telle considération lors
sentes , créons , érigeons & établissons en titre
qu'il s'en acquitte dignement , qu'indépen d'Offices formés , deux Offices de Lieutenant-Civil
damment des avantages particuliers qui du Prévôt de Paris pour la Police , pour être lesdites
font attachés à fa place , tant par l'Edit de deux charges , remplies & exercées par deux diffé-
fa création , que par d'autres qui l'ont suivi , rens Officiers , & fans que ci-après elles puissent
être jointes & réunies pour quelque cause & sous
il a encore celui d'être nommé Commijfaire
quelque prétexte que ce puisse être. Et pour régler
de la Cour , pour instruire & juger en les fonctions desdites Charges , voulons & Nous
dernier Ressort ceux qui sont détenus à la plaît , qu'au Lieutenant-Civil, appartiendra, &c...
Bastille pour Crimes d'Etat , & même de Et quant au Lieutenant de police , il connoitra de la
réunir dans fa personne la dignité de Con sûreté de la Ville , Prévôté & Vicomté de Paris ,
seiller d'Etat. Nous en avons un exemple du port d'Armes prohibées par les Ordonnances ,
du nettoiement des Hues & Places publiques , cir
íbus les yeux (3). constances & dépendances ; donnera les ordres
nécessaires en cas àìIncendie ou d' Inondation ;
connoîtra pareillement de toutes les provisions
(1) LoUIS, &c. A tous présens & à venir : nécejjáires pour la subsistance de la Ville, Amas;
Salut. Notre bonne Ville de Paris étant la Capi Magasins qui en pourront être faits , du taux
tale de nos Etats & le lieu de notre Séjour ordi & prix d'icelles : de l'envoi des Commissaires 6c
naire , qui doit servir d'exemple à toutes les autres autres personnes nécessaires sur les Rivières ,
Villes de notre Royaume ; Nous avons estimé que pour le fait des Amas de Foin , Bottelage , con
rien n'étoit plus digne de nos foins , que d'y bien duite & arrivée d'icelui à Paris , comme faisoit ci-
régler la Justice & la Police, & Nous avons donnés devant le Lieutenant-Civil exerçant la police ; ré-.
DIVISION DES JUGES EN MATIERE CRIMINELLE, 8cc. $p
glera les Etaux des Boucheries , &C adjudication }§s sommes convenues, pour raison de ce, suivant
d'iceux; aura la Visite des Halles , Foires ù Mar- leurs consentemens ci-attachés fous le.çcsntre-fcel
chés , des Hôtelleries , Auberges , Maisons garnies , de notre Chancellerie, bdit de Criaiìm du Lieute-
Brelands , Tabacs & lieux mal /j/híj ; aura la çon- nant-Général de Police de Paris , du mois de Mars
noiffance des Assemblées illicites , Tumultes , Sedi- .1667.
Désordres qui arriveront à l'occasion d'iceUes;
</« Manufactures & dépendances d'icelles , des b(cM- Tr
iions, des Maures & Gardes des six Corps des Mar- (i) INOUIS, &'C. A tous présens & à venir : Salut.
chands , des Brevets d' Apprentijjage & Héception des Par notre Edit du mois de Mars 1667 , Nous avons
Maîtres , de la Héception des Rapports , des Visites créé & érigé en titre d'Office , un notre Conseiller-
desdits Gardes, à l'exécution de leurs Statuts & régie- Lieutenant-Général de Police, en notre bonne
mens , & des renvois des Jugemens ou avis de notre Ville & Fauxbourgs de Paris , pour y exercer la
Procureurfur le fait des Arts & Métiers , & ce , en la Police séparément d'avec la charge de Lieutenant-
même forme & mamere que les Lieutenans-Civils Civil en notre Châtelet , suivant qu'il a été réglé par
exerçant la Police en ont ci-devant bien 6c duement ledit Edit. L'avantagc qu'ont reçu les Bourgeois de
usé. Pourra étalonner les Poids & Balances de tou- notredite Ville de Paris de cet établissement , Nous
tes les Communautés de la Ville & Fauxbourgs d'i- a paru si considérable , que Nous avons cru devoir
celle, à l'exclusion de tous autres Juges ;connoîtra le procurer à tous nos autres Sujets , en établissant
des Contraventions qui feront commises à Cexécu- unJembiable OJfìce en chacune des Filles & Lieux de
tion des Ordonnances , Statuts & liéglcmcns pour notre Royaume oà l'établijjemint en fera juoe né-
le fait de l'Imprimerie par les Imprimeurs , en l'im- cefsairc\ mais comme Nous sommes informés qu'il
prcsjion des Livres & Libelles défendus , & par les a déjà été créé par les Rois nos prédécesseurs de
Colporteurs en la vente & distribution d'iceux. Les pareils Offices , dont les fonctions n'ont jamais été
Chirurgiens feront tenus de lui donner les déclara- bien réglées , 6c qui , dans la plupart des lieux , se
tions de leurs Blessés & qualités d'iceux. Pourra trouvent aujourd'hui réunis à d'autres Offices, dont
connoître de tous les Ddhiqu.ms trouvés en fia- les fonctions font seules capables d'occuper ceux
grant délie en jait de Police , leur faire & par/aire qui en font pourvus, enforte que celles de la Pol ice
leur procès sommairement & les juger seul , sinon fc trouvent entièrement négligées , au grand préju-
èscas où il s'agira de peines afflitìives , & audit dicedeinos Sujets. Nous avons jugé a propos de
cas en fera fon'Yapport au Préfidial en la manière les supprimer , & de pourvoir au remboursement
accoutumée ; & généralement appartiendra audit des Finances qui auront été payées , afin de rendre
Lieutenant de Police ^exécution de toutes les Or- rétablissement desdits nouveaux Offices uniforme
donnances , Arrêts & Rédemens , concernant le fait dans toute l'étendue de notre Royaume, Pays ,
d'icelles,circonstances&dépendances,pour en faire Terres & Seigneuries de notre obéissance. A ces
les fonctions en la même forme & nianiere qu'ont causes , & autres à ce Nous mouvans , de notre
fait ou ont eu droit de faire les ci-devant pourvus certaine science, pleine puissance Sc autorité Roya-
de la Charge de Lieutenant - Civil , exerçant la le , Nous avons par le présent Edit perpétuel &
Police ; le tout sans innover ni préjudicier aux irrévocable , éteint & supprimé , éteignons & fup-
Droits & Juridictions que pourroient avoir, ou primons les Etats & Offices de nos Conseillers-
possession en laquelle pourroient être les Lieutenans Lieutenans-Généraux de Police , ci-devant créés
Criminel , particulier , 6- notre Procureur audit Châtelet dans toutes les Villes de notre Royaume, à l'excep -
& même les Prévôts des Marchands & Echevins de la- tion de notre bonne Ville de Paris , soit que lefdits
dite ville , de connoître les Matières ci-dessus men- Offices soient possédés par des Titulaires ou réunis
tionnées , ce qu'ils continueront de faire bien & à d'autres corps d'Offices , ou aux Hôtels de Villes,
duement, comme ils auroient pu faire auparavant: que les propriétaires d'iceux rapportent incessam-
íeront tenus les Commissaires au Châtelet , Huis- ment en notre Conseil leurs titres de propriété ,
fiers & Sergens , d'exécuter les Ordres & Mande- pour être procédé à la liquidation de leur Finance,
mens desdits Lieutenans Civil & de Police , même & pourvu à leur remboursement ; & du même
les Chevaliers du Guet , Lieutenant - Criminel de pouvoir & autorité que dessus , Nous avons créé
Robe-Courte & Prévôt de l'Ifle ; comme aussi les & érigé , créons & érigeons en titre d'Officeformé &
Bourgeois , de prêter main-forte à l'exécution des héréditaire , un notre Confciller-Lieutenant-Gcnéral
Ordres & Mandemens , toutes fois & quantes ils en de Police dans chacune des Fi/les & Lieux de notre
seront requis. Aura ledit Lieutenant de Police son Royaume , Pays , Terres & Seigneuries de notre
Siège ordinaire & particulier dans le Châtelet , en obéissance oà il y a Parlement , Cour des Aides ,
la Chambre présentement appellée la Chambre Ci- Chambre des Comptes , Sièges Préfidìaux , Bail-
vile ,& entendra en icelle les rapports des Com- liages , Sénéchauflées ou autres Jurifdiclions Roya~
missaires , 6c y jugera sommairement toutes les les , pour en faire les fonctions ainsi que notre
Matières de Police les jours de chacune semaine Lieutenant-Général de Police , créé pour notre
pu à tels jours qu'il jugera nécessaires , ÔC aura en bonne Ville de Paris , par notre Edit du mois de
outre la disposition d'une autre petite Chambre à Mars 1667 , à Cinstar duquel Nous avons créé pr.r
côté jusqu'à ce qu'il ait été par Nous pourvu fur le le présent Edit lefdits Offices , dont les pourvus
fait desdites Chambres..... Jouiront lefdits Lieute- auront entrée , rang & séance dans les Bailliages &
nans Civil & de Police , chacun à leur égard , des autres Juridictions Royales des lieux où ils seront
mêmes Droits , Avantages , Honneurs & Préroga- établis immédiatement après les Lieutenans-Géné-
tives , qui ont appartenu > & dont ont bien 6c due- raux, ou autres premiers Juç;es, & voix délibérative,
ment joui ou dû jouir les ci-devant Lieutenans- ainsi que tous les autres Officiers deídits Sièges ; &
Civils, en l'une & l'autre desdites fonctions; & fera afin que les Fonciiuns soient certaines & ne puijj:nt
procédé à leur réception efdites charges au Parle- leur être contestées , Nous voulons Sí ordonnons
ment, installation en leurs Sièges en la manière ac- que lefdits Lieutenans - Généraux de Police çon-
coutumée , Nous réservant au surplus la libre & noissent de tout ce qui concernera la sûreté des vil-
entiere disposition defdites charges pour cn dif- les 6c lieux où ils feront établis , du port d'Armes
poser toutes fois & quantes que bon Nous semblera prohibées par nos Ordonnances, du Natoyement
en remboursant à ceux qui seront pourvus d'icelles des Rues & Places publiques , de l'Enuetenement

í
552 LES LOIX CRIMIN ELLES, Liv. I. Tit. U.
des Lanternes dans les Villes oh rétablissement en fur ceux qui seront par Nous ordonnés , dont fera
a été fait , cir confiances & dépendances , de toutes les fait emploi dans nos Etats , & le payement leur en
provisions nécessaires pour la subsistance desdites fera fait par les Receveurs desdits Octrois & de
Filles , des Amas & Magasins qui en seront faits , niers patpimoniaux desdites Villes & Communau
du Taux & prix des Denrées ; auront la visite des tés , & par les Receveurs-Généraux de nos Finan
Halles , Foires & Marchés , des Hôtelleries , Au ces ou autres qui en seront chargés par nos Etats ,
berges , Maisons garnies , Cabarets , Cafés , Ta fur leurs simples quittances , qui seront passées &
bacs & autres Lieux publics ; auront la connoissance allouées fans difficulté dans la dépense des comp
des Assemblées illicites , Séditions , Tumultes & Desor tes desdits Receveurs par-tout où besoin sera: Vou
dres qui arriveront à toccasion d'icelles , des Manufac lons que toutes provisions soient expédiées au profit
tures & dépendances (ficelles , des Elecjions des Maî des Acquéreurs , fur les quittances de Finances qui
tres &• Jurés de chacun Corps des Marchands & Mé leur seront délivrées par le Trésorier de nos Reve
tiers , des Brevets d'Apprentissage & Réception des nus cafuelsen exercice, & celles de deux fols pour
Maîtres , dés rapports & procès-verbaux de visite livre qui leur seront délivrées par celui qui fera par
des Jurés , & de rexécution des Statuts & Régle- Nous préposé pour l'exécution du présent Edit.
mens des Arts & Métiers ; donneront tous les or Ordonnons aux Officiers de nos Cours de Parle
dres nécessaires clans les cas d'Incendie ou Inonda ment de procéder incessamment à la réception
tions ; feront Y Etalonnage des poids , Balances & desdits Lieutenans-Généraux de Police en la ma
mesures des Marchands & Artisans desdites Villes nière accoutumée, aussi-tôt qu'il leur apparoîtra de
&Fauxbourg<; d'icelles, à l'exclufion de tous autres nos Lettres de provisions. Si donnons en mande
Juges ; connoìtront de l'exécution de notre Décla ment à nos Amés & Féaux Conseillers , les gens
ration du dernier Août 1699 , touchant U Trafic tenant notre Cour de Parlement, Chambre de nos
des Bleds ; recevront le srment de ceux qui vou Comptes & Cours des Aides à Paris , que ces pré
dront faire trafic desdits Bleds & autres grains , à sentes ils ayent à faire lire , publier & registrer ,
l'exclufion de tous nos autres Juges, auxquelsNous même en temps de Vacations , & le contenu en
en interdisons la connoissance ; connoìtront aussi icelles exécuter selon leur forme & teneur , cessant
des contraventions qui feront commises à l'exécu- & faisant cesser tous troubles & empêchemens qui
tìon des Ordonnances , Statuts & Réglemens faits pourroient être mis ou donnés , nonobstant tous
pour le fait de la Librairie - Imprimerie : Seront Edits, Déclarations & autres choses à ce contraires ,
tenus les Prévôts des Maréchaux , Vice-Baillifs , auxquels Nous avons dérogé & dérogeons , même
leurs Lieutenans , Exempts 8c Archers, Huissiers 8c à notre Edit du mois d'Août 1691 , portant créa
Sergens , d'exécuter les ordres & mandemens des tion des Maires , en ce qui se trouvera contraire à
dits Lieutenans de Police, comme aussi les Bour ces présentes, aux copies desquelles, collationnées
geois & Habitans desdites Villes , de prêter main- par l'un de nos Amés & Féaux Conseillers & Secré
forte à l'exécution de leurs ordres & mandemens taires , Voulons que foi soit ajoutée comme à l'ori-
toutefois & quantes ils en seront requis ; assisteront ginal ; Car tel est notre plaisir. Edit de Création
à toutes les Assemblées de Villes , & y auront voix des Lieutenans-Généraux de Police des Provinces ,
délibérative ; parapheront tous les Buletins qui se du mois cCOclobre 1699 , registre' le 1 6 du même mois.
ront délivrés par les Jurats , Capitouls , Consuls ,
Maires , Echevins pour les logcmens de gens de (3) M. Lenoir.
guerre, & généralement appartiendra auxdits Lieu-
tenans-Généraux de Police Vexécution de tontes les I I I.
Ordonnances , Arrêts & Réglemens concernant le
fait d'icelles, circonstances & dépendances , pour en
faire les fonctions en la même forme & manière
Quant à la Compétence de ces Juges 3. Objets
que fait le Lieutenant -Général de Police de notre- en matière Criminelle , l'on voit , d'après J?amc,u~,
dite Ville de Paris. Auront lesdits Lieutenans-Gé-
néraux de Police , leur Siège ordinaire dans le Pa les Ldits que nous venons de rapporter , Compé-
lais ou Auditoire de chaque Ville , où ils tiendront & d'autres que nous avons eu lieu de rap- tenc.e de
leurs Audiences aux jours & heures qu'ils trouve porter en traitant des Délits de Police , & les Cai
ront plus convenables , & jouiront des mêmes qu'elle s'étend généralement fur toutes les dont *}*
honnìirs , prérogatives , privilèges , droits & au 1 • 0 • r /• • n , , connois-
tres ayjantages dont jouissent les Lieutenans-Géné- contraventions qui lont faites aux Règle- sent con-
raux desdits Présidiaux, Bailliages & Sénéchaussées, mens de Police en fait de Religion , de ^e"*£~.
même de l'Exemption des Tailles , Subsides , loge- Mœurs , de Vivres, de Boissons ; comme inclusion
mens des Gens.de guerre, Tutelles , Curatelles & aussi à ceux faits pour la sûreté & corn- des autr«
nomination d'icelles, du service du Ban &arriere- modité des Rues , pour le port d Armes , ug""
Ban , généralement de toutes charges publiques ,
6c pareillement ceux faits contre la Dé
du Droit de Committimus , & d'un Franc-Salé que
Nous avons fixé ; sçavoir > pour ceux qui seront éta bauche publiaue , les Assemblées illicites %
blis dans les Villes où il y a Parlement ou autres la Mendicité , le Vagabondage 3 ì'Impref-
Cours Supérieures, à un minot , & dans les autres fìon & la yente des Livres prohibés , les
Villes & Lieux un demi-minot , qui leur seront Jeux défendus. Nous avons aussi observé
délivrés en la manière ordinaire. Leur avons en
en même temps que , parmi ces différens
outre attribué & attribuons la somme de cent
trente-trois livres six fols huit deniers de gages Délits , il y en avoit dont les Lieutenans-
effectifs à départir entr'eux , suivant les Rôles qui Généraux de Police ne pouvoient connoître
en seront arrêtés en notre Conseil , à prendre íur qu'à la charge de l'Appel au Parlement ,
les revenans-bons , tant des deniers patrimoniaux comme font ceux concernant la Religion ,
& d'Octrois des Villes & Communautés où ils se
les Mœurs , les Vivres , la Sûreté & com
ront établis , que des fonds qui s'imposent en au
cunes de nos Provinces pour les gages des Officiers modité des Villes (1) , Y Impression ô la
desdites Villes & Communautés, après les charges Vente des Livres défendus (z) le Port
ordinaires acquittées ; & au défaut desdits fonds , d'Armes (3) , les Assemblées illicites, les
Jeux
DIVISION DES JUGES EN MATIERE CRIMINELLE , &c. 553
Jeux défendus , la Débauche publique , & publique (6) , ô les Rebellions commises
sur-tout le Maquérelage , pour lequel nous par les Mendians & Vagabonds qui sont
avons vu que ces Juges sont tenus de pro- arrêtés dans cette Ville de Paris (7).
céder par la voie extraordinaire (4) ; &
qu'il y en avoit d'autres qu'ils peuvent juger (O ^ le Titre des Délits contre la Police, oh
en dernier Ressort , en se faisant assister du sont rappellées toutes les différentes espèces de
nombre de Juges requis à cet effet. Parmi Delits mentionnes dans les Edits qu'on vient de
, o 1 ff rapporter,
ces derniers , nous en avons aulli diltingue
de deux sortes en fait de Compétence : les <*> Y' Suant ^x nvres défendus les Loix fur
, , T 1 t» r 1 llmpnmene , rapp. lous le meme Titre, notam-
uns dont tous les Juges de Police en gé- mení la Déclar. du ix Mai 1717.
néral peuvent connoître concurremment _ , _ , . ,
1 (3) V. quant au Pon-d. Armes, la Declar. du 15
avec les Prévôts des Maréchaux , & même Août 1737 , rapp. ibid.
par prévention lorsqu'ils ont décrété avant
(4) V. quant au Maquérelage , la Déclar. du z6
ceux-ci , comme font les Délits commis Juillet 171 3, rapp. fous le Tit. des crimes de Luxu
par les Mendians qui sont en même temps re, ch. 1. §. 4. max. 4.
V~agabonds (5) , par les Condamnés aux
(5) V. quant aux Mendians & Vagabonds , les
Galères ou Bannissement , hors le Cas toute- Déclar. du 18 Juillet 1714, & du X5 Août 1 701,
fois où ces Peines ont été prononcées par rapp. fous le Titre des Délits de Police, ch. 4. §.1.
Arrêt des Cours Supérieures , qui , comme max. 5
nous l'avons dit , peuvent seules en con (6) l '. quant à la Débauche publique , le Règle
noître. Les autres y dont la connoissance ment de Louis XIV. du 19 Avril 1684, rappor
est attribuée singulièrement au Lieutenant- té fous le Titre des crimes de Luxure , ch. t. y 4.
max. 4. V. aussi la Déclar. du 16 Juillet 171 3 ,
Général de Police de cette Ville de Paris ,
rapp. ibid.
h l'exclujìon de tous autres Juges. Nous
(7) V. quant aux Rebellions des Mendians , la
avons mis dans la classe de ces derniers ,
Déclaration du n Septembre 1714, rapportée fous
d'après les Déclarations du 20 Avril 1 684 , le Titre des Délits de Police , chap. 4. §. premier,
& du 12 Septembre 1724, la Projlitution maxime 7.

§. IX. Des Juges des Eaux & Forêts en matière Criminelle.

SOMMAIRES.

1 . Uijlinclion généralesuivant l' Ordonnance 6. Grand- Maître des Eaux & Forêts ; de
des Eaux & Forêts. quoi il connoît relativement au Cri
2. Objet de la Compétence de ces Juges en minel.
matière Criminelle. 7. Maîtres Particuliers , leurs Licutenans
3. Six fortes de I r bunaux qui Composent & Gardes- Marteau ; quelles font leurs
cette Jurifdiclion. fondions en cette matière.
4. Chambre Souveraine des Eaux ô Forets ; S. Juges Gruyers, de deux fortes; Bornes
pourquoi a été établie ; exception. de leur pouvoir en cette matière.
5. Table de Wlarbre; son rétablissement à 9. Juges des Capitaineries Royales ; Di/iinc-
Paris , & fa Compétence actuelle. tion quant à leur Compétence.

î.

1. Distinc- Suivant l'Ordonnance des Eaux & Forêts, & des Bois. A l'égard des autres Crimes
íaîe 8 fui- de 1 669 , qui est la principale Règle que nous qui seroient commis dans les Forêts ou
vant rOr- devons suivre en cette matière , il faut fur les Eaux envers des personnes qui
dësTaux d'abord distinguer Quels sont les Objets passent , comme sont les Vols , Meurtres ,
& Forêts, dont la connoissance est réservée à cette Ju Rapts , Brigandages <& Excès , la même
ridiction en général , & ensuite Quels sont Loi ne veut pas que les Juges des Eaux
les différens Tribunaux qui la composent , & Forêts en puissent connoître : elle leur
& leurs divers degrés de pouvoir. permet seulement d'informer & de décréter
les Coupables , lorsqu'ils les ont íurpris en
II. flagrant délit. Nous avons vu , en traitant
des Délits de Police , quels sont les diffé
de hCom- 1 ^es Objets de la Compétence de cette rentes espèces de Délits qui peuvent se
pétence de Jurisdiction en matière Criminelle se trou- commettre relativement à la Chajje & à
ces Ju8es vent marqués par les art. 1 ,7 &8 du premier la têché , & aux Bois , & nous avons
en matière * \ ',' nn
Criminel- Titre de cette Loi (1 ) ; & ils consistent dans rapporté fur chacun d'eux les Réglemens
le- tous les Délits qui sont commis en fait particuliers qui les concérnoient.
pu a Voccasion de la Chasse & de la Pêche , (1) Les Juges établis pour le fait de nos Eaux &C
A a aa
574 LES LOIX CRIMIN ELLES, Liv. I. Tit. II.
Forets connoîtront , tant au civil qu'au crimi
nel, de tous différends qui appartiennent à la Ma
tière des Eaux & Forêts, entre quelques personnes (1) LoUIS , par la grâce de Dieu , Ror de France
& pour quelque cause qu'ils aient été intentés. . . . & de Navarre : A tous présens & à venir , Salut.
Les mêmes Sièges connoîtront de toutes causes , Aussitôt la Paix conclue par le Traité des Pyrénées,
instances & procès mus fur le fait de la Chasse & Nous donnâmes toute notre application à rétablir
de la Pêche , Prises des Bêtes dans les Forêts , & Tordre dans nos revenus , & principalement dans
Larcins de Poisson fur l'eau ; même informeront notre Domaine , dont les Forets font une des plus
des Querelles , Excès , Affàffìnats & Meurtres com • nobles parties ; & comme les dégradations qui
mis à roccasion de ces choses , & en instruiront & avoient été faites pendant la Guerre , les avoient
jugeront les procès , soit entre Gentilhommes , presque entièrement ruinées, Nous en aurions fait
Officiers , Marchands , Bourgeois , Ouvriers , Bat- cesser les ventes dans la plus grande partie , fait
teliers , Garenniers , Pêcheurs & autres , de quel procéder à la Réformation générale, formé plu
que qualité que ce soit , fans distinction quel sieurs Réglemens pour en fixer la coupe & l'ufa-
conque ; leur en attribuant , en tant que besoin ge; & pour ne rien omettre fur une matière qui mé-
seroit , toute Cour , Jurisdiction & connoissance , ritoit une attention particulière , Nous rassemblâ
& l'interdisant expressément à tous autres Juges, mes en un corps d'Ordonnances , au mois d'Août
à peine de nullité & d'amende arbitraire contre les 1669 ■> tout ce qui pouvoit établir une bonne Po
Parties qui les auront requis de procéder lice & des Réglemens utiles pour la conservation
Sans préjudice toutefois à la Ju & l'ufage de nos Bois & Forêts , ceux des Ecclé
risdiction des Capitaines des Chasses que Nous siastiques , des Communautés & des Particuliers ,
maintenons en leurs droits , ainsi qu'il fera dit au & pour tout ce qui concerne la Chasse & les Eaux.
chapitre de la Chasse. ... A l'égard des autres L'avantage que Nous en avons reçu , &c l'augmen-
crimes , qui ne concernent les cas &: matières ci- tation du revenu de nos Forêts ont été les fruits
dessus , comme Vols , Meurtres , Rapts , Brigan de nos foins ; & comme Nous avons eh vue de
dages & Excès fur les personnes qui passent , ils n'en puis long - temps d'établir une Jurisdiction pour
pourront connoître , quoique commis dans les Fo connoître privativement & en dernier rejjort de tout ce
rêts ou fur les Eaux , sinon qu'ils eussent surpris les qui regarde nos Forêts , & généralement de tout ce
coupables en flagrant délit ; auquel cas ils en infor qui est attribué aux Tables de Marbre ; afin que
meront & décréteront seulement , & renvoyeront faisant cesser les conflits , & supprimant les diffé
incessamment le prisonnier avec les charges , & rens degrés de Juridictions , les affaires puissent
toute sûreté , aux Juges à qui la connoissance en être expédiées avec plus de diligence & à moins
appartient par les Ordonnances. Ord. de 1 669, tit. de frais : A ces causes , & autres à ce Nous mou
vant, de notre certaine science , pleine puissance &
1. art. 1 , 7 & 8.
autorité Royale, Nous avons ,-par le prélent Edit
perpétuel & irrévocable , éteint & supprimé > étei
I I I. gnons & supprimons les Sièges & Juridictions des
Tables de Marbre établis près de nos Cours de
Parlement de Paris , Rouen , Toulouze , Dijon ,
3. Six sor- . 20. Quant aux différens TRIBUNAUX qui
Bretagne,Metz & autres Parlemens de notre Boyau-
bunluJ" composent cette Jurisdiction , nous en re- me , & tous les Officiers qui les composent , & les
qui com- marquons de six sortes , dont nous allons Chambres de Réformation des Eaux & Forêts éta
t^Jurisdic- traiter séparément à cause de la diversité blies en aucuns de nos Parlemens ; & révoqué Sc
tioB. de leur pouvoir : sçavoir , la Chambre révoquons l'Edit du mois de M3rs 1558, en ce
qu'il portoit rétablissement des Juges en dernier
Souveraine des Eaux '& Forêts ; la Table
ressort efdites Tables de Marbre ; au rembourse
de Marbre ; le Grand-Maître ; les Maîtres ment desquels Offices supprimés , Nous voulons
Particuliers , les Juges Gruyers , & les qu'il soit incessamment procédé , suivant les liqui
Juges des Capitaineries Royales. dations qui en seront faites en notre Conseil , sur
les quittances de Finance , Provisions & Titres
qu'ils seront tenus de représenter & mettre ès
mains du Sieur Controleur-Général de nos Finan
I V.
ces dans le mois. Et au lieu desdites Tables de Mar
bre , Chambres de Réformation & Juges en dernier
•4. Cham- i°. Chambre Souveraine des Eaux & rejjort , Nous avons créé & érigé , créons & érigeons
xahfe°Udes F°r*ts- Nous avons déja eu lieu de parler de en chacune de nos Cours de Parlement de notre Royau
me , & au Conseil Supérieur a"Alsace , une Cham
Eaux & cette Chambre , en traitant des Parlemens ,
bre composée du nombre de Juges & Officiers
pourquoi ^'ont e^e *a*c Part^e- Nous ne pouvons mieux
ci-après déclarés , ^pour ^uger privativement , à
a été éta- la faire connoître qu'en rapportant ici l'Edit l'exclusion de toutes autres Cours &c Juges , en
Jriie. jjg son établissement dans chaque Parlement dernier ressort & fans appel , toutes les Injlances &
du Royaume (1) , où l'on voit qu'elle est procès civils ù' criminels concernans les fonds , pro
destinée particulièrement à connoître en. priétés & contestations de nos Eaux & Forêts ,
Istes & Rivières , Bois tenus en Gruerie , Grai-
dern-er Ressort de l'Appel des Maîtrises
rie & Segrairie , Tiers & Danger , Apanages ,
des Eaux & Forêts , dont connoifloient Usufruit , engagemens.& par indivis , & de tous
auparavant les Juges de la Table de Marbre ceux qui leur seront renvoyés par Nous ou notre
qui ont été supprimés par le même Edit. Conseil , & ceux qui leur seront portes ou envoyés ,
Nous observons néanmoins qu'il y a quel par lés Grands-Maîtres des Eaux & Forêts de leur
département. Commé aussi Nous voulons & en
ques Parlemens , & notamment celui de
tendons que lefdites Chambres jugent eh-dèïnier
Paris, où la Table de Marbre a été rétablie Rejjort & fans - Appel toutes les appellations des Sen
par une Déclaration particulière que nous tences &Jugemens repdas parles Grands -Maîtres
allons rapporter dans un moment. des Eaux £c Forêts }L ÔC;que^les Appellations des
DIVISION DES JUGES EN MATIERE CRIMINELLE , &c. 555
Sentences & Juge mens rendus par les Juges des Création d'une Chambre Souveraine des Eaux à fo
Seigneurs & Communautés Ecclésiastiques & Laï rêts près Us Parlemens , du mois de Février 1 704 >
ques , & de celles rendues par tous autres Juges registre le 4 Marssuivant*
concernant les Eaux er Forets , Pêches & Chases ,
fans exception , soient relevées & jugées en der V.
nier Ressort esdites Chambres des Eaux & Forêts
de nofdits Parlemens , fans qu'elles puissent être
relevées en autres Cours , lesquels Jugemens en Table de Marbre. Nous venpns d'ob- j. TaMe
dernier Ressort seront rendus au moins par dix Ju- server que cette Chambre , qui tient son bre . ' 1
ges de la Chambre près notre Cour de Parlement Siège dans l'Enclos du Palais à Paris , après rétablisse,
de Paris , & par huit dans les autres. Et à l'égarddes avoir été supprimée par l'Edit d'Etablilfe- ^
Appellations des Sentences & Jugemens qui seront ment des Chambres Souveraines des Eaux Compé-
rendus par les Officiers des Maîtrises de notre cher tence ac-
& bien-amé le Grand-Veneur , & des Capitaineries & Forêts près les Parlemens , a ete re-
Royales refermes , il en soit usé comme par le passé, tablie par un Edit postérieur. II paroît d'a-
jusqu'à ce que nous en ayons autrement ordonné, près cet Edit , qui est du mois de Mai
Comme aussi nous voulons que lesdites Chambres ^04(1), que cette Chambre a été confir-
jugent en dernier Ressort toutes les Affaires qui se
mée dans le droit qui lui étoit accordé par
trouveront pendantes en nofdits Parlemens , ou
èfdités Tables de Marbre au jour de la publica l'Ordonnance de 1 669 de connoître en pre
tion du présent Edit , lesquelles Nous avons à cet mière Injlance des affaires qui lui font portées
effet évoquées & évoquons à Nous & à notre Con ou envoyées par les Grands-Maîtres; comme
seil , & icelles renvoyées & renvoyons esdites aussi de connoître par. la voie de V Appel
Chambres Souveraines des Eaux & Forêts , pour
des Sentences & Jugemens rendus par
y être instruites suivant les derniers erremens , &
jugées en dernier Ressort. Déclarons nuls tous les les Officiers des Maîtrises & autres Juges
Jugemens qui front rendus à l'avenir en (feutres Ju- Inférieurs de leur Ressort : le tout néan
risdiclions qtfcfdites Chambres , &c. Et d'autant que moins à la charge de l'Appel au Parlement ,
les Grands - Maîtres des Eaux li Forêts ont hors certains cas où cette Chambre est au
toujours été les principaux Officiers desdites torisée à juger en dernier Ressort. Parmi ces
Eaux & Forêts , 8c que par notredite Ordonnance
du mois d'Août 1669 , Nous leur avons accordé derniers cas , nous remarquons d'abord ceux
la faculté d'avoir séance & de faire rapport des concernant les Délits & Malversations
Affaires avec les Officiers de nos Cours dé Parle commis dans les Bois , lesquels se trouvent
mens , Nous voulons que ceux qui seront pourvus formellement exceptés par l'art. 5 du tit. 1 3
desdites Charges de Grands Maîtres , prêtent ser de la même Ordonnance. Nous remarquons
ment 6c soient reçus au Parlement de leur Ressort
en la manière accoutumée , installés esdites Cham auffi ceux dont il est fait mention dans la
bres des Eaux & Forêts; qu'ils y aient entrée , voix Déclaration du 13 Septembre 1 7 1 1 , quî
délibérative , & séance après le premier & le plus veut que la Table de Marbre connoiste
ancien Conseiller , étant en habits noirs , avec également en dernier Restòrt des Appel
manteaux & épées , & non autrement , fans néan lations des Sentences des Maîtrises , &. des
moins qu'ils puissent se trouver esdites Chambres ,
Juges des Seigneurs qui prononcent des
assister aux Audiences, ni aux Jugemens des procès
plus de deux Grands-Maîtres à la fois , pour évi- Peines affiiclives pour Crimes Sc Délits
ter à confusion. Voulons aussi qu'i's rapportent commis en fait & à l'occafion de la Chajse.
esdites Chambres les Procès qu ils auront instruits Mais il faut, pour qu'elle puisse juger en
ou fait instruire , ou renvoyés, & qu'ils n'auront dernier Ressort dans ces Cas particuliers ,
pas ni2es es Sieees des Maîtres, en procédant aux , , j n 1 -
, tc~~~~.:~~J » vi „ le concours des Officiers du Parlement qui
vilites , ventes Sc reformations , encore qu ils ne 4 „ A"
soient pas gradués : & pour faire cesser les con- íe rendent a cet effet dans cette meme
testations qui leur seront faites par les Juges des Chambre , au nombre de huit : sçavoir ,
lieux , voulons que lefdits Grands M :ìtres préscn- , un Président , & sept des plus anciens Con-
tement pourvus , & leurs successeurs , jouissent à fei\leTS ; de manière qu'il y ait deux fois
l'avenir du droit de Commhùmus de même 6c com
autant de Conseillers au Parlement que
me les Présidens & Conseillers de nos Cours de
Parlement, auxquels nous avons à cet effet attribué d'Officiers de la Table de Marbre.
& attribuons ledit droit de Commïtûmus. Voulons
aussi que lefdits Grands- Maîtres exécutent privati-
vement à tous autres Juges les Arrêts de nosdites (1) LoUIS , &c. Nous avons, par notre Edit du
Chambres des Eaux & Forêts , qui interviendront mois de février 1704, éteint Sclupprimé le Siège
en exécution des Lettres-Patentes qui seront par & la Jurifdiction de la Table de Marbre établie
Nous accordées aux Ecclésiastiques & autres , tant près notre Cour de Parlement de Paris , & des Ju
pour ventes ordinaires , qu'extraordinaires des ges en dernier ressort ordonnés par l'Edit du mois
Bois , qu'autres cas concernant les Eaux & Forêts, de Mars 1558, pour juger en dernier ressort à la
conformément à notredite Ordonnance du mois dite Table de Marbre les procès & différends con-
d'Août 1669, &c... Vouions que les Officiers cernans les Eaux & Forêts, au lieu desquels Nous
des Maîtrises jugent en première Instance tous aurions par le même Edit du mois de Février der
les procès & différends concernant lesdites Eaux nier , créé le nombre d'Officiers nécessaires pour
& Forêts , conformément à notre Ordonnance du former une Chambre près notre Cour de Parle
mois d'Août 1669, & que les Appellations des ment de Paris , avec pouvoir de connoître & de
Jugemens & Sentences qui seront par eux ren juger privativement, &c à l'exclusion de tous autres
dues , soient relevées & jugées esdites Chambres Juges , en dernier ressort & fans appel , toutes les
des Eaux & Forêts , & non ailleurs.... Edit de instances ÔC procès civils & criminels concernant
Aaaa z
556 LES LOIX CRIMIN ELLES , Liv. I. Tit. II.
le fonds, propriété & toutes contestations pour rai Connoîtront aussi de toutes les Appellations ie Sen
son de nos Forêts , Eaux , Hies , Rivières , Bois te tences & Jugemens rendus par les Officiers des Maî
nus enGruerie , Grairie & Segrairie, Tiers & Dan trises &c autres Juges Inférieurs de leur Ressort ;
ger , Apanages , engagemens &c autrement. Cet comme aussi des Jugemens émanés des Jujlices Sei
Etablissement , qui depuisla Réformation générale gneuriales , concernant la matière des Eaux & Fo
de nos Forêts , faite & achevée en l'année 1669 , rêts ; leur défendons très-expressément de surseoir
Nous avoit paru nécessaire pour la conservation de l'exécution des Jugemens rendus pour Délits , Mal
nos Forêts,& pour l'exécution de notre Ordonnan versations , Confiscations & Destitutions dont il
ce du mois d'Août de la même année 1669, Nous sera appellé , à peine d'Interdiction & d'Amende
auroit été très-utile , & Nous l'aurions rait avec arbitraire Les Appellations des Grands-Maîtres,
succès, fi Nous n'avions jugé qu'il étoit plus conve leurs Lieutenans & autres Officiers de la Table de
nable au bien de la Justice , de laisser aux Officiers Marbre seront relevées & jugées en nos Cours d*
de notre Cour de Parlement , la Jurisdiction & la Parlement en la manière ordinaire , ès cas qui ne
connoissance de ces Matières dans toute leur éten seront point de la compétence des Juges établis pouf
due , & fans y donner atteinte : A quoi Nous Nous juger en dernier ReJJ'ort. Ord. de 1669 > tlt* r* aTt- r-
sentons d'autant plus portés, que se désintéressement í & 7.
des Officiers de ce Corps dans l'administration de
( 3 ) Toutes Appellations de Jugemens rendus
la Justice , leur zèle pour notre service , dont ils
fur le fait d'Usage , Abus , Délits & Malversations
nous ont donné des preuves depuis long-tcmps ,&í
commises dans nos Eaux & Forêts , ou en celles de
les nouveaux secours que nous espérons trouver
dans cette Compagnie , pour les dépenses de la nos Sujets , seront jugées au Siège de la Table de
Marbre par les Juges établis pour y juger en der-
Guerre que Nous sommes obligés de soutenir ,
nier Ressort , soit qu'il y échoie mort civile ou
Nous sollicitent fans cesse de leur donner des mar
naturelle , ou toute autre peine. Même Ord. art. 3.
ques publiques de la satisfaction qui nouà en de
meure : A ces causes & autres à ce Nous mou- ibid.
vans , de l'avis de notre Conseil, & de notre cer
taine science , pleine puissance & autorité Royale,
Nous avons par le présent Edit révoqué & révo (4) J_iOUIS, &c. Nous avons ordonné par Part. 1."
quons celui du mois de Février dernier 1704 , en ce du rit. 13. de notre Ordonnance du mois d'Août
qu'il porte la Suppression de la Table de Marbre , & 1669, que toutes les Appellations des Maîtrises par
des Juges en dernier ressort près notre Cour de ticulières & Jugemens rendus par les Juges des Sei
Parlement de Paris. Avans pareillement éteint & gneurs , concernant la matière des Eaux & Forêts ,
supprimé les deux Offices de Présidens , & les vingt- leroient portées aux Sièges des Tables de Marbre ,
deux Conseillers créés par ledit Edit pour compo auxquels Nous avons attribué , par l'article 5 du
ser ladite Chambre. Voulons & ordonnons que même titre de notredite Ordonnance , la con
nonobstant ledit Edit , ladite Table de Marbre , les noissance en dernier Ressort de tous les Délits ,
Officiers qui la composent , & les Juges destinés Abus & Malversations commis dans les Eaux fie
pour juger en dernier ressort en ladite Table de Forêts , soit qu'il échoie mort civile ou naturelle ,
Marbre les Matières des Eaux & Forêts , soient & ou toute autre Peine; & Nous avons ordonné par
demíwent pour toujours rétablis , pour exercer & l'article premier du titre z6 de notre Ordonnance
faire leurs fonctions, comme ils faisoient ou pou- du mois d'Août 1670 , que toutes les Appellations
voient faire avant ledit Edit , à la charge que nos des Sentences , tant de nos Juges que de ceux des
Amés & Féaux lesPréfidens St Conseillers de la Seigneurs, seroient portées directement dans, nos
Grand'Chambre de notredite Cour de Parlement , Cours, lorsqu'elles seroient intervenues fur des
qui exerceront la Jurisdiction en dernier ressort à accusations pour crimes qui méritent peine afflic*
ladite Table de Marbre de Paris , y tiendront Bu tiva , fur l'exécution desquels articles de nosdites
Ordonnances Nous avons appris qu'il s'est formé
reau & les Audiences nécessaires, avec les Officiers
plusieurs contestations dans les Sièges des Tables
de ladite Table de Marbre , toutes les fois que les
de Marbre , fur ce qu'on y auroit prétendu que
affaires le requerront , ôc que tant lesdits Juges en
sous les termes de Délits &C Abus commis dans les
dernier ressort , que les Officiers de ladite Table
Eaux Ô£ Forêts , dont il est parlé dans l'art. 5. du
de Marbre , se conformeront & feront exécuter
tit. 13 de notredite Ordonnance de 1669 >k* c"~
notre Ordonannce du mois d'Août 1669 , concer
nant lefdites Eaux & Forêts : Voulons que ce qui a* mes ôí Délits commis en fait de Chaffc dévoient être
été par Nous statué par ledir Edit , pour les fonc compris, & qu'on de voit les juger en dernier Res
tions des Grands-Maîtres des Eaux &£ Forêts soit sort aux Tables de Marbre , comme les autres cas
exécuté , & que lesdits Grands-Maîtres aient leur porté; par cet article ; qu'autrement il arriveroit
séance en ladite Table de Marbre , comme ils l'a- que , contre la disposition expresse de l'article pre
voient avant ledit Edit , même avec les Juges en mier du tit. 16. de notredite Ordonnance de 1670 ,
dernier ressort, après le dernier de nos Conseillers ceux qui en seroient accusés seroient obligés d'es
de la Grand'Chambre , fans qu'ils puissent s'y ren suyer trois degrés de Jurisdiction , lors même qu'il
contrer plus de deux à la fois. Edit du mois de Mai seroit intervenu contr'eux des condamnations à
1 704 , portant rétablissement de la Table de Marbre peine affliclive , puisque dans ce cas les Appellations
des Jugemens qui les prononceroient devroient être
de Paris.
portées aux Tables de Marbre en nos Cours; 8c
( i ) Les Tables de Marbre de nos Palais de comme les contestations formées à ce sujet ont été
Paris , Rouen & autres , jugeront tous les procès jugées difFéremment dans les Sièges des Tables de
civils & criminels concernant le fonds & propriété Marbre , Nous avons résolu de faire cesser toutes
de nos Eaux & Forêts , Istes & Rivières , Bois tenus ces difficultés , & de prévenir tout différend fur
en Gruerie , Grairie , Segrairie , Tiers ôc Danger , cette matière , en expliquant clairement nos inten
Apanage , Usufruit , Engagement & par indivis , tions fur la manière dont seront jugées , doréna
& tous ceux qui leurferont portés ou envoyés par les vant , dans les Sièges des Tables de Marbre , les
Grands-Maîtres des Baux & Forêts de leur départe Appellations des Jugemens qui prononceront des
ment , à la charge néanmoins de Y Appel aux Parle- peines afflictives pour des crimes & délits commis
mens où ils ressortissent ès cas sujets à l'Appel à l'occasion de la chasse. A ces causes , &c. Vou-r
DIVISION DES JUGES EN MATIERE CRIMINELLE , &c. J57
lof» & Nous plaît, que toutes les Appellations des de notre Ordonnance du mois d'Août 1669 , ól y
Jueemeos rendus par les Officiers des Maîtrises par- ajoutant , Nous avons par ces présentes , signées de
ticulieres , & par les Juges des Seigneurs , pour Us notre main , dit , déclaré & ordonné , disons , dé
crimes y excès & délits commis pour U fait cy â í1oc clarons & ordonnons , voulons &t Nous plaît, que
casion de la chajsc , qui prononcent des peines efflic- toutes les Appellations des Jugemens rendus par Ici
tives , soient jugées aux Sièges dés Tables de Marbre Officiers des Maîtrises particulières <S' par les Juges
par les Juges établis pour y juger en dernier Res des Seigneurs ,pour cfci Crimes , Excès & Délits com
sort. Voulons que les Appellations d* toas Us autres mis pour le fah 6' à Foccasion de la chasse , qui pro
Jugemens rendus dams les Maîtrises particulières , noncent des peines affliclives ,soient jugées aux Sièges
& dans les Justices des Seigneurs , pour fait de des Tahles de Marbre , par les Juges étal-lis pour y ju
chasse , qui ne prononceront pas des peines affliclives , ger en dernier reflort : Voulons que les Appellations
B* puifjent être jugées en dernier Ressort dans les Ta • de tous les autres Jugemens rendus dans les Maî
kUs de Marbre , & qu'elles /oient jugées en nos Cours trises particuliere5,& dans les Justices des Seigneurs
de Parlemens. N'entendons néanmoins qu'on puisse, pour fait de chasse, qui ne prononceront pas des peines
fur le fondement de notre présente Déclaration , affliclives, ne puifjent être jugées en dernier ressort dans
donner atteinte par incompétence à ce qui a été les Tables de Marbre , & qu'elles soient jugées en
jugé jusqu'à présent différemment sur les matières nos Cours de Parlement : n'entendons néanmoins
de chaíl
à la chargi
donnons en
1711, reg. â Toulouse le 28 Novembre fuiv. les matières de chasse aux Sièges des Tables de
Marbre , soit à la charge de l'appel , soit en der
nier ressort , &c. Dícl. du Roi du 13 Sepiembrc
(4) J_jOUIS , &c. A tous ceux qui ces Présentes 171 1. ; - .'
Lettres verront : Salut. Nous avons ordonné par
l'art. x. du tit. 15. de notre Ordonnance du mois
• . • .■ *•
d'Août 1669, que toutes les Appellations des Maî
trises Particulières 8c des Jugemens rendus par les
Juges des Seigneurs , concernant la Matière des Grands-Maîtres. Nous venons de voir, 6. Grartcf-
Eaux &Forêts, scroient portées aux Sièges des Ta d'après l'Edit de Création, des Chambres Maìtredî* Eaux &
bles de Marbre , auxquels Nous avons attribué par Souveraines , -quels sont: les droiis & le6 Forêts; de
l'art. 5 du même titre de notre Ordonnance , la fonctions des Grands^Maîtres , relativement quoi il
connoissance en dernier ressort de tous les Dé connoît
lits , Abus & Malversations commises dans les aux affaires Criminelles qui se jugent danfc relative
cesChambres (i).Nous voyons auíìì d'après ment au
Eaux & Forêts, soit qu'il échoie mortcivileou na Criminel.
turelle , ou toute autre peine ; & Nous avons or un litre particulier de l'Ordonnance qui
donné par l'art. premier du titre 16 de notre Or concerne ces Officiers (2) , renouvelle paf
donnance du mois d'Août 1670 ,que toutes lesap- l'Edit du mois de Mai 1716 (3) , que lá
pellations des Sentences , tant de nos Juges que de r> , j t I- A- 1
cenx des Seigneurs , scroient portées directement Compétence de ces Juges en matière Cnmi-
dans nos Cours , lorsqu'elles scroient intervenues neIle ne confìíte pas feulement a connoitre ,
fur des accusations pour crimes qui méritent pei â la charge de VAppel au Parlement , des
ne afflictive; fur lexécution desquellesdites Or Délits & Malversations commuas. , tant
donnances, Nous avons appris qu'il s'est formé plu- par leurs Officiers , que par d'autrqs' parti
lìeurs contestations dans les Sièges des Tables de
culiers ; mais qu'ils ont de plus le droit
Marbre , fur ce qu'on y auroit prétendu que dans
les termes de délits & abus commis dans les Eaux de juger en dernier Ressort les Èucherons ,
& Forêts, dontil est parlé dans l'article 5 du tit. 13. Charretiers, Pâtres 61 autres Ouvriers em
de notredite Ordonnance de 1669 , les crimes & ployés à l'exploitation des Bois , pour raison
délits commisvn fait de chaffè y doivent être com des Abus & Malversations par eux com
pris , & qu'on devoit les juger en dernier refjort aux
mis au sujet des Eaux & Forêts ; - mais
Tables de Marbre , comme les autres cas portés
fax cet article ; qu'autrement il arriveroit que con pour cela ils font tenus de st transporter
tre la disposition expresse de l'art. premier du tit. au Préfidial du lieu du Délit où ils ont
16. de notredite Ordonnance de 1670 , ceux qui la première séance avec voix délibérative ,
en scroient accirfés scroient obligés d'essuyer trois opinent les derniers , & après que le Juge
degrés de Jurisdiction , lors même qu'il scroit in
qui préside au Siège aura recueilli les voix.
tervenu contr'eux des condamnations à peines af
fectives , puisque dans ce cas , les appellations des
Jugemens qui les prononceroierrt devroient être (1) V. ce qui est dit des Grands- Aíaùres dans
portées aux Tables de Marbre , & les appellations l'Edit de création des Chambres Souveraines des
des Tables de Marbre en nos Cours; & comme les £aux & Forêts rap orté ci.deffus à la suite de la
contestations a ce lujet ont ete jugées difteremment
dans les Sièges des Tables de Marbre , Nous avons
résolu de faire cesser toutes ces difficultés, Scde (2) Pourront (les Grands-Maîtres ) en procédant
prévenir tout différend àl'avenir fur cette matière, à leurs visites , faire toute forte de réformations ,
en expliquant clairement nos intentions fur la ma- & juger de tous Délits , Abus & Malversations
rúeredont seront jugées dorénavant , dans les Sié- qu'ils trouveront avoir été commis dans leur Dé-
ges des Tables de Marbre , les appellations des Ju partement , soit par les Officiers , ou par les Parti
gemens qui prononceront des peines afflictives pour culiers , & faire le procès aux coupables. . . " Pro
des crimes & délits commis à Poccasion de la céderont contre les Officiers qu ils trouveront en
chasse : A ces causes , & autres à ce Nous mou faute ,par Informations, Décrets , Saisies & Arrêts
vant , de notre certaine science , pleine puissance & de leurs Personnes & de leurs Gages : instruiront ,
autorité Royale , en interprétant l'art. 5. du tit. 1 3. ou subdélégueront pour Pinstruction,ÔC feront leur
558 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. I. Tit. Hv "!
procès , nonobstant oppositions ou appellations Lieutenant que l'instruction doit être faites-
quelconques , jusques à Sentence définitive inclusi- Ouant à la Compétence de ces Sièges , eller

ront conduire l'Accusé , s'il est prisonnier , aux par les art. i , 7 & 8 du titre premier de
prisons , pour y être jugé par eux ou leurs Lieute- l'Ordonnance de 1 669 (2) , & par les ar-
nans , suivant la rigueur des Ordonnances ; &ce- jicles 2 du titre 4 (3) , & art. premier du
pendant les interdiront de toutes fonctions , même ^ de la même Ordonnance (4).
de 1 entrée des Forets , & commettront en leur ' ^rr/
place personnes- capables , jusqu'à ce qu'autrement
par Nous en ait été ordonné. ... A l'égard des (i)Î-(OUIS, &c... Salut. Nous avons reconnu
Bûcherons y Charretiers , Pâtres , Gardes de Bêtes , & par les Procès-verbaux & Avis des Commissaires,
autres Ouvriers employés en ^exploitation & voitu par Nous employés pour la Réformation des Eaux
res des Bois , les Grands-Maîtres auront plein pou & Forêts de notre Royaume , & par le compte qui
voir de .leur faire & parfaire le procès en dernier Nous a été rendu de l'état des Bois de notre Do-
ressort , pour raison des Abus& Malversations com maine , par ceux qui ont été par Nous commis
mis au fait & à l'occasion des Eaux Sc Forêts, les pour l'exercice & fonction des Charges de Grands-
quels ils jugeront au Présidial du lieu du Délit t Maîtres des Eaux & Forêts , que la plus grandé
au nombre de sept Juges au moins , fans qu'à l'é partie des Désordres , Abus & Délits qui s'y com
gard de toutes autres personnes , ils puissent les ju mettent , provient de ce qu'il n'y a pas suffisam
ger en Matière criminelle autrement qu'à la char ment d'Officiers pour y veiller , & de ce que l'éloi-
ge de l'appel : Pourront néanmoins seuls 5c fans gneinent des lieux où les Sièges des Maîtrises parti
appel , destituer les Sergens, Commis & Préposés à culières & des Grueries font établis, ne permet pas
la garde des Forêts , Garennes , Chemins , Prés , aux Officiers de faire des visites aussi fréquentes
Bois , Eaux , Rivières & Ruisseaux , tant de nos dans toute l'étendue de leurs Départemens qu'il
Domaines , que de ceux tenus en Gruerie , Grai- feroit nécessaire , pour prévenir ces désordres ou
rie , Tiers & Danger. Ord. de 1669 , tit. 3. art. 4 , pour châtier les Délinquans. A ces catjsfs , & au
j & 6. tres à ce Nous mouvant , de l'avis de notre Con
(3) Voulons que les articles 4 & &de l'Ordon seil , & de notre certaine science, pleine puissance ,
nance de 1 669 soient exécutés , & en conséquence, & 01 autorité
aiu"°ri[e Royale,
rvoyaie, Nous
nous avons
; par le présent Edit
que les Grands-Maîtres, en procédant à leurs visi- perpétuel & irrévocable , créé , érigé & établi ,
tes , jugent & connoissent de tous Délits , Abus-& creons , érigeons & établissons huit Sièges de Maî
Malversations qu'ils trouveront avoir été commis trises particulières de nos Eaux & Forets , &c. cha
dans leurs Départemens , soit par les Officiers ou cun desquels Sièges fera composé du Maùre-par-
Particuliers , ou par les Bûcherons , Charretiers , ticulier , un Lieutenant , un Procureur pour Nous ,
Pâtres, & autres Employés en l'exptoitation & voi un Garde- Marteau , un Greffier, deux Audienricrs ,
tures des Bois , & fassent le procès aux coupables deux Arpenteurs , un Sergent Collecteur des Amen
en la Maîtrise ou au Présidial du lieu du Délit , des, restitutions &r confiscations , & du nombre des
suivant la distinction établie par les art. 4 &ó. ... Sergens qui fera estimé nécessaire pour la conserva-
Si néanmoins , par la longueur de l'instruction ou tion des Eaux & Forêts dans 1 étendue desdites
par d'autres raisons , les Grands-Maîtres n'avoient Maîtrises , &c. Et jouiront lesdits Officiers de sem
pas jugé dans le cours de leur visites , ils renvoye- blables Droits , Pouvoirs , Autorités & Jurisdic"-
ront leiiprocès aux Maîtrises , pour y [être instruit tions , dont jouissent les Officiers des autres Maî
& jugé , à la charge de l'appel aux Tables de trises de notre Royaume , & ainsi qu'il est porté
Marbre ou Chambre des Eaux & Forêts établies par notre Ordonnance fur le fait des Eaux & Fo
près les Parlemens,à la réserve des procès qui doi rêts du mois d'Août 1669 , &c Edit de Création de.
vent être jugés aux Présidiaux en dernier ressort , Maîtrises du mois de Novembre 1689.
lesquels ils seront tenus de juger & faire juger eux- (1) V. les articles 1,4,5 & 6 , rapportés ci-
mêmes au Présidial du lieu du Délit, suivant les dessus , max. 1.
art. 6 & 8. du tit. des Grands-Maîtres , de l'Or (3) Lorsqu'ils ( les Maîtres Particuliers ) ne fe
donnance de 1669. Edit de Mai 1716 , art. 39. ront pas gradués , le Lieutenant au Siège fera l'irf
& 40. truction & le rapport en toutes affaires civiles 8c
criminelles , 8c les Maîtres auront voix délibéra-
V I I. tive &c la prononciation ; mais où ils se trouveront
gradués , le Lieutenant n'aura simplement que le
7. Maî- Maîtres Particuliers des Eaux ô rapport & son suffrage , l'instruction , le Jugement
tres Par- Forêts ; leurs LlEUTEN ANS , & les Gardes- & la prononciation , suivant la pluralité des voix ,
tant en l'Audience, qu'en la Chambre du Conseil.
u^ATL',
leur» Lucu* Marteau. Nous réunissons ici ces trois Ord. de 1669. tit. 4. art. 1.
tenans & fortes d'Offices , parce que , aux termes
Gardes- ( 4 ) Assistera aux Audiences & en la Chambre
Marteau . de FOrdonnance des Eaux & Forêts , re du Conseil , au Jugement des affaires, où il y aura
quelles ' nouvellée par l'Edit de Création de nou- voix délibérative , & en leur absence administrera
sont leurs veues Maîtrises , du mois de Novembre
fonctions _ » 1 a la Justice , à l'exclufion de tous Avocats & Prati
en cette 1 089 , ils compoíent ordinairement le meme ciens , si par Nous , par le Grand-Maître ou son
matière. Tribunal , & que ces deux derniers ont Lieutenant à la Table de Marbre , il n'en est au
trement ordonné , & s'il n'est question de juger fur
été établis pour assister le premier dans
les rapports. Même Ord. tit. 7. art. 1.
ses fonctions , & pour présider en son ab
sence , à l'exclufion de tous Avocats & VIII.
Praticiens ; tellement que lorsque le Maître
Particulier n'est point Gradués c'est par le Juges-Gruyers. Nous en distinguons de 8. Juges-
Gruyers ,
DIVISION DES JUGES EN MATIERE CRIMINELLE , &c. jy9
de deux deux sortes d'après nos Loix ; les Gruyers Loi font trop importantes pour que nous
Roínes de R°yaux dont ^ e^ parlé principalement omettions de la rapporter ici.
leur pou- fous le tit. 9 de l'Ordonnance de 1669 > ìr
cette ma- & les Gruyers Seigneuriaux qui n'ont été (i)lLoUIS , &c. En rendant notre Ordonnance
tiere. établis que depuis cette Ordonnance , par des Eaux & Forêts du mois d'Août 1669 , Nous
l'Edit de Mars 1707 (1). Ceux-ci ont été avons espéré pourvoir également à la conservation
ensuite , par un autre Edit du premier Mai Bois des Ecclésiastiques , des Communautés &
_ ' r , - T „. tr o • des Particuliers, comme a ceux qui nous appartien-
1708(2) , reums aux Justices des Seigneurs, nent, & les mettre pour toujours en état de trou-
tan t Laïques qu'Ecclésiastiques , pour jouir ver dans la libre disposition de leurs Bois les se-
des mêmes droits que ceux portés par l'Edit cours dont ils peuvent avoir besoin : néanmoins
de leur création. II paroît , d'après ce pre- Nous avons été informés qu'il se commet dans l'ex-
mierEdit, que ces Gruyers Seigneuriaux Ploitatìon desdits ^Sedans toute la Matière des
~ r»- '1 r ■ a taux & Forets deídits Ecclésiastiques , Commu
ant allimiles en tous points aux Uruy ers nautés & Particuliers, des malversations & contra-
Royaux , c'est-a-dire , qu ils y font de- ventions si considérables , qu'ils sont entièrement
clarés également reflòrtilîàns par Appel aux ruinés & dégradés , & que cela provient de ce
Maîtrises particulières , en même temps <lu'iIs n'ont Point d'Officiers qui puissent en répri-

Sy ^^^^.^ -v41iv « par l'une ou l'autre des Parties, nues Juee_ _


juger que des Délits dont FAmende a été gneurs en informer s'ils ne sont fondés en titre
fixée à la somme de dou\e livres , confor- confirmé par nos Lettres, sous les peines de nullité
mément à la disposition de l'art. 3 du tit. 9 de leur procédure & de cinq cent livres d'Amen
de l'Ordonnance (3) de . 669. Mais l'ex- f >*.s'il a,mve ^e,<|u,efois «P» \es propriétaires
, . <» -v • 1 / des nois entreprennent de poursuivre devant lel-
penence ayant fait voir depuis ce temps- dits Juges des Seigneurs les Réparations des Dé-
là , qu'il étoit résulté plusieurs inconvéniens lits commis dans leurs Bois & Rivières , les Accu-
dangereux , tant de la disposition de cet sés les arrêtent aussitôt par les défenses qu'ils fur-
Edit , qui vouloit que ces Juges connussent prennent aux Maîtrises particulières , sous prétexte

des Maîtrises qui n'en pouvoient connoître iisse trouvent engagés en des conflits de Jurisdic-
que lorsqu'ils étoient requis & qu'ils avoient tions ou des Appellations, comme de Jugesincom-
prévenu les Gruyers , que de celle par la- pétens, qui les consomment en frais de procédure ,
quelle les Appellations de < ces Gruyers & donnent par leurs longueurs les moyens aux Ac-
1
dévoient h
être r directement
portées i- a. . aux Mai-
Xír « cules de
tion de leurspMalverfations.
faire penr les preuves ,Nous
ôcd eviter
avonslaestimé
puni-

tnfes ; en ce qu'on avoit reconnu que cette devoir chercher les moyens de remédier à ces abus,
multiplicité de degrés ne tendoit le plus & entre tous ceux qui Nous ont été proposés, celui
souvent qu'à occasionner l'impunité des d'établir en faveur des Seigneurs une Jurifdict ion
Délits . à retarder l'expédition des Procé- Pour connoître , dans retendue de leurs Justices &
, o a a 1 1 T Seigneuries , de tout ce qui peut concerner la Ma-
dures , & meme a empêcher les Jugemens : tie* des Eaux & Forêts,& de créer à cet effet dans
c'est pour y remédier qu a été rendue en chacune d'icelles un Juge-Gruyer , pour y exercer
17 15 une nouvelle Déclaration (4) , par fur les Bois, Eaux & Forêts deidits Ecclésiastiques,
laquelle il a été ordonné d'une pan , que Communautés & Particuliers , les mêmes & fem-
lorfque les Délits avoient été commis dans ïabl" fondions que n°s Officiers font dans nos
itî-j c • v t'r a- 1 Bois, Eaux & Forets, un Procureur pour nous pour
BoiS df tSe£T^ Ecclefiafillues ' les requérir , & un Greffier pour l'expédition des Sen-
Ofhciers de la Maîtrise pouvoient en con- tenceS & Ordonnances desdits Juges , Nous a
noître lorsqu'ils avoient prévenu les Juges paru d'autant plus convenable , que nos Officiers
Gruyers, Jans qu'ilfût besoin qu'ils eujjent ne prennent aucune connoissance des Bois StFo-
été requis ; & cela, soit que les Délits rêts dans Tétendue des Terres des Seigneurs de
eussent été commis car les Seianeurs Ec- notre Royaum,e >& 3U lls ne reçoivent aucuns fa-
eunent ete commis^ par les òeigneurs c c kires ni droit sur ce su et A CES CAUS£S &c> ^
Ckjiafìiques eux-mêmes , OU par d autres lons & ordonnons que lefdits Officiers présentement
. Particuliers : mais que , lorsqu'ils étoient ctéés , exercent dans lefdites Justices Ecclésiastiques ,
commis dans les Bois des Seigneurs Laï- les mêmes fonctions qu'exercent nos Gruyers dans
ques , ils n'en pouvoient connoître par nos Eaux & Forits » & en outre connoiffent en pre-
prévention & fans en avoir été requis, si miere mstance , des Maîtres Particu-
r y ni r y' • t a • «ers , Tables de Marbre &C tous Juges ordinaires ,
ce n est lorsque c étoient les Seigneurs eux- Royaux & deS Seigneurs, de toutes Affaires &
memes qui avoient commis le Délit. D'une Matières concernant ks Eaux & Forêts , Usages, Dé-
autre part la même Loi ordonne que les lits , Abus , Dégradations & Malversationsfur iceuXy
Appellations des Gruyers , qui étoient àe tous différends fur la Chaffe & la Pêche , du fait
portées précédemment devant les Officiers des Marais » Pàtis-> Communes , Landes , Ecluses ,
des Maîtrises , ne le scroient plus désormais ìfoulins \ La/ánJ!r t Po'^ons & detBoìs; Q,'erd~
, ' , T , r , „ ,, . les, bxces & Alni[\inats commis a l occasion de ce ;
que pardevant les Juges de la Table de jugeront de tous ces Délits , ,& condamneront les
-Marbre. Les dispositions de cette derniere contrevenans aux Amendes portées par notre Or~
560 LES LOIX CRIMI1 ELLES , Liv. I. TiT.II.
donnancede i66?,les conclusions duProcureurpour jour de la publication de notre Edit; en conséquen
Nous préalablement prises , leurs Sentences seront ce de laquelle faculté plusieurs des Seigneurs qui
exécutées par provision , nonobstant l'appel , lans ont été informes de cette création, ont réuni lesdits
préjudice d'icelui , pour les condamnations pécu Offices à leurs Justices ; mais d'autres qui n'ont
niaires qui n excéderont la somme de dowte Uvres. pu Têtre assez à temps, n'ayant point obtenu ladite
Feront lesdits Juges-Gruyers l'Assiette , Martelage réunion , &. se trouvant dans le cas de Texclusion
& Recolemens des Ventes des Bois du Ressort de portée par ledit Edit , ils Nous auroient très-hum
la Jurisdiction ou des Seigneurs où ils seront éta blement supplié de vouloir bien leur accorder la
blis , ainsi que les Grands-Maîtres , Maîtres-Parti même grâce qu'à ceux qui ont acquis ôt réunis
culiers ou Gruyers ont coutume de faire dans nos lesdits Offices , aux offres par eux faites d'en payer
Forêts; & mettront les Adjudicataires en possession la Finance , qui sera réglée proportionnément à la
des Adjudications quiauront été faites des Bois ap- valeur de ces Offices; ce que Nous aurions estimé .
partenans aux Seigneurs Laïques. Leur enjoignons devoir leur accorder, d'autant plus qu'en les mettant
d'y faire observer notredite Ordonnance de 1669, à couvert des inquiétudes que cet établissement leur
suivant sa forme & teneur , & sous les peines y peut causer , & rendant la chose uniforme sur cette
portées. Voulonsque lesdits Juges-Gruyers visitent matière , Nous recevrons toujours le secours que
a cet effet, au moins deux foii l'année, lesdits Bois, Nous avons espéré de la vente de ces Offices. A ces
en la même forme & manière que les Officiers des causes , &c. Voulons & Nous plaît que Us Offices
Maîtrises doivent procéder à la visite de nos Bois de nos Conseillers-Juges-Gruyers , Procureurs pour
& Forêts , pour y faire les mêmes observations des Nous & Greffiers créés par notre Edit du mois de
Délits , Dégradations , Dégâts , Abroutissemens *, Mars 1707 , ensemble les fonctions & les droits
Malversations, Abattis ou Omissions de Baliveaux, y attribues , soient & demeurent réunis , comme
Pieds Corniers , Arbres de Lizieres & autres réser Nous les réunissons par ces Présentes , à toutes les
vés , Bornes , Fossés , & généralement de tout ce Justices , Terres ó" Seigneuries Ecclésiastiques &
qui aura été fait contre Tordre établi dans nos Bois Laïques de Tétendue de notre Royaume , Pays,
& Forêts de notredite Ordonnance, &c. Pour éviter Terres & Seigneuries de notre obéissance , í'oit
la multiplicité des degrés de Jurisdiàion , Nous" vou haute , moyenne ou basse , ou sous tel titre qu'elles
lons & entendons que \appel des Ordonnances ou soient établies & érigées , pour être à Tavenir les
Jugemens desdits Juges - Gruyers soit relevé direcle- fonctions desdits Offices faites par les Juges &
tncnt en nos Maîtrises particulières dans le Ressort Officiers desdites Justices , ou par tels autres que
desquelles lesdits Juges-Gruyers seront établis. Joui les propriétaires defdites Terres & Seigneuries y
ront ces nouveaux Officiers des Gages : Défendons voudront nommer ou commettre , ainsi & comme
aux Maîtres particuliers , ou autres Juges de nos il est porté par ledit Edit, & jouir par lesdits Juges
Eaux & Forêts, de troubler ces nouveaux Officiers ou Particuliers qui seront choisis par lesdits Sei
dans leurs fonctions , & de prendre connoijsance à gneurs , de tous les droits, émolumens , vacations,
Pavenir desdites Matières des Eaux & Forêts en privilèges , exemptions & autres facultés portées
première infiance , & aux Parties & aux Procureurs par ledit Edit , fans aucune différence, changement
de se pourvoir par- devant eux , à peine de nullité ni diminution , sinon des gages portés par ledit
des Jugemens , & autres procédures, dépens , dom Edit , que Nous en avons expressément retranchés
mages & intérêts , de trois cens livres d'amende & supprimés ; pourront lesdits Seigneurs désunir
pour chacune contravention, applicable moitié aux lesdits Offices présentement unis à leurs Justices ,
Pauvres , l'autre aux Juges-Gruyers. Enjoignons si bon leur semble , & les vendre à telles person
anxdits Juges-Gruyers, Procureurs pour Nous, & nes , & pour tel prix , clause & conditions qu'ils
Greffiers , de faire , un mois après leur Réception , jugeront bon être , le tout en payant par eux la Fi
la visite des Bois & Forêts de leur Ressort, pour nance de la réunion , & les deux fols pour livre
dresser leurs procès -verbaux de Tétat d'iceux , 6c des d'icelle , fur le pied & ainsi qu'elle sera fixée par
Délits , Abus & Malversations qui s'y trouvent les rôles qui en seront arrêtés en notre Conseil ,
commis , fur lesquels sera par Nous pourvu en moitié comptant , & l'autre moitié dans deux mois
connoissance de cause , conformément à l'Ordon- du jour de la signification qui leur en sera faite; au
nance de 1669 Edit du mois de Mars trement , & à faute de quoi , ils y feront contraints
1707. ainsi & comme il est accoutumé pour nos deniers
& affaires , & par les mêmes voies. Didar. du Roi ,
du premier Mai 1708.
(z)X^O U I S , &c. Par notre Edit du mois de f 3) Les Gruyers ne pourront juger que des Dé
Mars 1707, Nous avons créé des Offices de nos lits dont TAmende sera fixée par les Ordonnances
Conscillers-Juges-Gruyers, Procureurs pour Nous à la somme de dou^e livres & au dessous ; mais si
& Greffiers , pour être établis en chacune des Jus elleétoit arbitraire ou excédente cette somme, ils
tices & Seigneuries Ecclésiastiques & Laïques de seront tenus de renvoyer la Cause & les Parties
notre Royaume , Pays , Terres & Seigneuries de par-devant le Maître-Particulier de leur Gruerie ,
notre obéissance , pour faire les fonctions, & jouir à peine de cinq cens livres d'Amende pour la pre
des gages & droits portés par notre Edit , même mière fois , & d'Interdiction pour la récidive. Ord.
de trois livres par chacun Baliveau qui n'aura pas de 1667, tit. 9, art. 3.
été réservé dans les coupes des Bois que les pro
-
priétaires ont exploités ou fait exploiter , depuis
& compris Tannée 1675 » à la charge néanmoins (4) LoUIS, &c Nous avons été informés que \
que ceux desdits Seigneurs, propriétaires ou Com le droit attribué aux Officiers de Juges-Gruyers
munautés qui réuniront lesdits Officiers à leurs créés par notre Edit du mois de Mars 1707, de
Justices , ou qui les acquerront , demeureront dé connoìtre en première Instance , à Texclusion des
chargés & dispensés du paiement desdits Baliveaux Officiers des Eaux & Forêts , & de tous les Abus
pour les Bois à eux appartenans , ou qui seront qui se commettent fur les Eaux & Forêts possédées
dans leurs Justices ; à Teffet de quoi Nous aurions par les Seigneurs & Communautés , tant Eclésiaf-
accorde auxdits Seigneurs la faculté de réunir les tiques que Laïques , & par tous les particuliers ,
dits Offices, gages & droits à leurs Terres & Sei devenoit préjudiciable au public , parce que ces
gneuries , avec la préférence pendanttrois mois , du Officiers ayant réuni à leurs Justices , par notre
Déclaration
DIVISION DES JUGÉS EN MATIERE CRIMINELLE , &c. 561
Déclaration du premier Mai 1708 , ceux qui en ont Procès Criminels pour le fait de chasse , en
été pourvus étant entièrement dans leur dépendance, appellant avec eux les Lieutenans des Maî-
n'osent faire aucunes poursuites contr eux lorlqu ils Q ^ T „ A
ont commis eux-mêmes a„L desj„, malversations
.^«^..w fur r... leurs
i»..rc trises & autres Juges & Avocats pour con
Bois } & lorsqu'ils font quelques poursuites contre seil. Sur quoi il y a néanmoins ces deux
les Délinquans , ce n'est le plus souvent que pour choses à observer : l'une , que la faculté de
en assurer davantage l'impunité , soit en les dé
juger en cette matière n'a pas été accordée
chargeant purement & simplement , soit en 11e
condamnant qu'en des Peines très-légcres des Gens également par l'Ordonnance à tous les Ca
fans aveu qui n'ont pas commis les Délits ; 6í c|né pitaine^ des çhaíîes , mais seulement à ceux
par le même Edit ayant ordonné qud'l'appcl des dés JViíûsons Royales de Saint Germain-en
Jugemens des Juges Grufers des Seigneurs scrou Laye,' Fontainebleau , Chambort ; la Varen-
porté directement anx M aitnses
cette dlspoliu>n
particulières,
poùr re-
les ne- *du» Louvre, Vincennes ' , Compiegne.,
r .' • & a
Délinquans se servent de cette dlspcfsitjpn p
tarder l'expédition des matières dfes'EàW'& forêts, leurs Lieutenans : Vautre , que les droits $ç
& en empêchent souvent le Jugement par la "mul procéder à la capture des Délinquans, & d'as
tiplicité des degrés de Jurisdiction , & le grand
nombre des Procédures ; & comme Celui qui Nous sister aux Jugemens rendus dans lés Mâîtrr-
a été représenté à ce íûjet Nóiis a paríi mériter ses,qui étoient accordés parla même Loi aux
tonte notre attention , Nous avons résolu d'y' pour autres Capitaines des chasses , ont cessé d'a
voir. A ces causes , &c. Vouions & Nous plaît que voir lieu j au moyen de la suppression totale
nos Officiers des Eaux & Forêts exercent fur les
Eaux fi> Forêts des Pre[iaa) fi^ aûtres Ecclésiasti qui a été faite de ces Officiers , par la Dé-
ques , Chapitres & "Cómmunautés Régulières Sé claratiòndu 12 Octobre 1699 (3).
culières & Laïques de notre Royaume , la même
Jurisdiclion que celle qu'ils exercent fur les nôtres ^
en ce qui concerne le fait des Usages , Délits , (1) Lés memes Sièges des Eaux & Forêts con-
Abus fi' Malversations qui s'y commettent , fans qu 'il noïtront de toutes Causes , Instances 8c Procès fur
soit besoin quils aient prévenu , ni qu 'ils en, aient le fait de la Chasse fans préjudice toutefois à
été requis ; encore que les Délits n aient pas été la Jurisdiction des Capitaines des Chaises , que
commis par les Bénéficiers dans les Bois dépendons nous maiiitenons en leurs droits , ainfi qu'il sera
de leurs Bénéfices ; <k. à l'égard des Usages , Abus, dit au Chapitre de la Chasse. O s d. de 1669 ,
& Malversations qui concernent les Eaux & Forêts tit. ï. art. 7.
qui appartiennent aux Seigneurs Laïques ou autres (2.) Voulons que nos Officiers des Eaux & Fo
Particuliers , les Officiers de nos Eaux & forêts en rêts , & les Capitaines des Chasses , conuoissent
connaîtront pareillement , fans quils en aient été concurremment & P'"* prévention entr'eux en ce
requis , ni quils aient prévenu lorsque les Propriétaires qui regarde la capture des Délinquans , avec in
desdites Eaux fi* Forêts auront eux-mêmes commis formation première seulement •■, mais quant à l'ínf-
des Délits fi> Abus ; mais ne pourront en prendre truction& Jugement , ils appartiendront aux Lieii-
connoiffance quand ils auront été con\mJs par d'au tenans de Robe-Lonôué , fans néanmoins quUls
tres , h moins qu 'ils n en aient été requis fi» quils puissent exclure les Capitaines & Lieutenans des
aient prévenu les Juges Gruyers des Seigheurí. Vou Chasses d'assister à l'un & tà l'autre , si bon leur
lons que toutes les Appellations des Jugemens ren semble , & d'y avoir séance & voix délibérative.....
dus par les Juges Gruyers & les autres Affaires Même Ord. tit. des Chasses , art. 31 Exceptons
des Seigneurs particuliers fur le fait des Eaux & toutefois les Capitaines des Chasses de nos Maisons
Forêts , soient relevées- direclement aux Sièges des Royales de Saint-Germain-en-Laye , Fontainebleau ,
Tables de Marbre , comme avant notre Edit du mois Chambort , Bois de Boulogne , Varenne du Louvre fi»
de Mars 1707 , que .Nous entendons être au sur Livri , que nous maintenons , & en tant que besoin
plus exécuté selon fa forme & teneur , ensemble seroit , confirmons dans leur titre & possession
nos autres Edits , Ordonnances & Déclarations , d'instruire & juger , à la diligence de nos Procureurs
Arrêts & Réglemens concernant les Eaux & Forêts , en ces Capitaineries, tous Procès Civils & Crimi
en ce qu'ils ne font pas contraires à notre présente nels pour fait de Chasses , en appellant avec eux
Déclaration. Si donnons en Mandement , &c. Decl. les Lieutenans de Robe-Longue & autres Juges
du 8 Janvier 1715. & Avocats pour Conseil Exceptons aussi les
Capitaineries des Chasses de nos Maisons Royales de
I X. Vincennes & Compiegne , & ceux dont les Etats ont
été par Nous envoyés à la Cour des Aides , depuis
juges Juges des Capitaineries Royales. la révocation , auxquels Nous attribuons pareille
Jurisdiction qu'à ceux de Saint-Germain-en-Laye ,
Ses Capi- Nous avons vu que par l'Edit de Créa- Fontainebleau , Chambort , la Varenne du Louvre.
Royaï- tÌ0" des Chambres Souveraines des Eaux Même Ord. art. 32 fi» 33. ibid.
distinction & Forêts , ces Officiers font conservés
quant à dans leurs anciens droits. Or ces droits qui
leur Corn- (3) LoUIS, &c. A ces causes, &c. Voulons &
pétence. sont marqués par l'art. 7 du tit. premier (1) , Nous plaît que nos Edits , Déclarations , Ordon
& par les art. 31 ^ 32 & 33 du tit. 30 (2) nances & Réglemens concernant les Capitaineries
de l'Ordonnance de 1 669 , consistent , re des Chasses de la Varenne du Louvre , Bois de Bou
logne , Vincennes , Saint-Germain , Livry , Fontai- .
lativement au Criminel , non-seulement à nebleau , Monceaux , Compiegne , Chambort , Blois ,
pouvoir procéder , concurremment avec les Hallate , Corbeil & Limours , soient exécutés selon
Officiers des Maîtrises , à la capture des leur firme fi» teneur , en ce qui concerne chacunç
desdites Capitaineries , & Nous confirmons ., en
Délinquans au fait des chasses , à assister tant que de besoin, les Officiers d'icelles dans les
au Jugement des Procès Criminels qui se pouvoirs , Privilèges & Juridictions que Nous leur
rendent dans les Maîtrises , & d'y avoir avons attribués , fans prétendre pour ce rien innover
séance & voix délibérative ; mais encore à en leur étendue ni Jurisdiction : & de notre même
autorité Royale , Nous avons éteint & supprimé ,
instruire & juger à la Requête des Procu éteignons & supprimons les Capitaineries d<s Chajpts
reurs du Roi desdites Capitaineries , tous de Longjumeau , &c. toutes lesquelles Capitaineries,
Bfabb

1
562 LES LOI X CRI M IN ELLES, Liv. I. Tít. U. ,
Officiers & Gardes d'icelles , & généralement toutes leur donns leur Charge , de défendre la .Chasse
celles gui ne font pas nommément réservées & main- dans toute ou partie de l'étendua de leurs pouvoirs
.tenues par ces Présentes , ensemble leurs Officiers & & Gouveruemens , ni donner aucunes Commissions
Gardes , Nous avons éteint & supprimé , éteignons de Capitaines , Lieutenans ou Gardes des Chasses ,
& supprimons,,. fous <juel<i:ie /prétexte , nom , titre fans néanmoins préjudicier aux permissions que
&. qualités ' qu'elles puilfeur avoir' été établies & Nous avons ci-devant données , & que Nous pour
érigées , soit en vertu de nos proviltans , soit en rions ci-après accorder à certains Gouverneurs , dp
vertu des commUfioas de notre grand Veneur , ou faire conserver la Chasse pour leurs plaisirs dans
de notre grand Louvetiçr , ou autrement , fans l'étendue & dans les bornes qui leur ont été ou
qu'elles puissent être ci-après rétablies , fous quelque seront désignées par nos Brevets , que Nous avons
prétexte que ce soit. Faisons très-expresses inhibi dès-à-présent déclarés .nuis , àu. cas que l'étendue
tions & défenses aux Capitaines, Lieutenani, Gardes & les bornes n'y soient pas. comprises } lesquels
2k autres Officiers , de s'iugérer ci-après dans l'exer- Gouverneurs ne pourront, sous prétexte detdites per
cice & fonctions de leurs prétendues Charges r 8c missions, commettre aucuns Capitaines, Lieutena.ns
4!en prendre la qualité , & à nos Officiers des Tables ou autres Officiers-, de qi.elquenom&qualrté que ce
-de Marbre , Eaux & Forêts , & à tous autres , de soit , dans l'étendue à eux désignée , maisfeulementse
les reconnoître en aucune ininïiere Faisons pa servir de Gardes pour y conserver la Chasse ; ni pa
reillement défenses à tous les Gouverneurs de nos reillement obliger les Propriétaires des Terres qui
^Provinces & Gouverneurs particuliers des Villes & se trouveront dans l'étendue à eux désignée , à
Places , de prendre la qualité de Capitaines des d'autres devoirs & sujétions que celle de s'absteaif
Chasses , ni s'ingérer , sous prétexte de l'autorité que de la Chasse. Décl. du iz Oclobre 1699.
t ' '. ~, , ...

.Cl
§. X. Des Juges de ['Amirauté en matière Criminelle.

. SOMMAIRES.

i.D'oìt cette Jurifdiclion tire son nom. charge de PAppel au Parlement.


z^Sieges Généraux de l'Amirauté ; pourquoi 5. Quels font les Délits ù les Personnes dont
^appellés auffi Table de Marbre. -'• ces Sièges peuvent connoître.
3 . Sièges Particuliers de '['Amirauté ; quels 6. Prévôts de la Marine ; en quoi confise
font-Us.^ leur Jurifdiclion , & comment doivent pro
4. Cas particuliers dont les Sièges Généraux. céder au Jugement.
connoiJJ'ent en première Injiance , a la

I. ■ - >■
1
cet t'ejTíîs Cette Jurifdiction tire son nom de son 16 18 , cës trois Jurifdictions tenoient leurs
díàion ti-Chef , qui est le Général' des Armées Na- Sièges à jours différens , dans un lieu com
re son vales ; & c'est auíïì fous le nom de. l'A-
mun , où étoit une Table de Marbre.
MIRAL de France que la Justice se rend «, "* * • •
dans ces fortes de Siège. C'est lui qui en
v ' l i it
nomme les Officiers , lesquels font pourvus
en conséquence par le Roi. II a même le
A l'égard des Sièges Particuliers de j. Sièges
droit d'y présider en personne , après qu'il
l'Amirauté , ils font établis, dans tous les ^rr"c^
a été reçu & prêté serment au Parlement
Ports & Havres du Royaume. On les ap- l Amirau-
de Paris.
pelle aussi Sièges Inférieurs , parce qu'ils j*^ ^eis
IL refiortiflent par Appel aux Sièges Généraux
1. Sièges II faut distinguer , parmi les Amirautés dont nous venons de parler.
Généraux établies dans ce Royaume , deux sortes de
ráuté Sièges ; les uns Généraux , les autres Pár- I V.
pourquoi ticuliers. Les Sièges Généraux font ceux
l'abL de établis près les Parlemens auxquels ils ref- Quant à la Compétence des uns & des 4. Cas par
Marbre. sortissent par Appel. Nous n'en connoif- autres en matière Criminelle , nous obser ticuliers
sons que trois dans ce Royaume ; l'un établi verons d'abord , qu'à l'égard des Sièges Gé dont les
Sièges Gé
à Paris , l'autre à Rouen , & le troisième néraux , ils ont cela de particulier , qu'ils néraux
à Rennes en Bretagne. Le Siège Général connoisient, non-feulement par Appel des connois
sent en
de l'Amirauté de Paris se tient à la Table Jugemens criminels qui se rendent dans les première
de Marbre dans l'Enclos du Palais : fur quoi Sièges Particuliers , lorsque lës Jugemens ne Instance ,
à la charge
il faut remarquer que le nom de Table de prononcent point de condamnation à Peine de l'Appel
Marbre s'applique également à trois fortes affliclive i mais qu'ils connoissent encore en au Parle
ment.
de Jurifdictions ; fçavoir , à la Chambre première injiance , St à la charge d'Appel
des Eaux & Forêts dont nous venons de au Parlement , des matières Criminelles dans
parler , à la Connétablie dont nous parle
rons dans un moment , & à l'Amirauté
dont il s'agit ici -, parce qu'avant l'incen-
die de la Grand'Salle du Palais , arrivé en par tous autres que par des Gentilshommes
DIVISION DES JUGES EN MATIERE CRIMINELLE , &c. 565
pour Délits arrivés dans les vaisseaux fur la
(2) J-J OUIS, &c. Sur ce qui Nous a été repré-
Mer , ou dans les Ports ; 20 qu'ils connois-
lenté , que souvent il s'élevoit des Contestations
fent aussi généralement de tous les Délits qui entre les Juges ordinaires des Elus , touchant la
font commis dans le lieu de leur établijje- connoiísance & Jurisdiction des Matières , tant Ci
ment , lorsqu'il ne s'y trouve point de Siè viles que Criminelles , & de Police, & de tous Cas
arrivés fur les Quais - à quoi voulant pourvoir , &c
ges particuliers pour en connoître. interprétant en tant que besoin seroit les Ordon
nances de 1430 , de 1543 & ^e 1 Par
(1) Les Rémissions accordées aux Roturiers pour quelles Nous & les Rois nos prédécesseurs aurions
Crimes , dont la connoiísance appartient aux Offi attribué aux Juges des Amirautés la connoissance
ciers de l'Amirauté , feront adressées & jugées ès en définitive de toutes choies quelconques , surve
Sièges d'Amirauté , ressortissans par appel en nos nantes à la Mer , fur les Grèves , Duelles , &c.
Cours de Parlement. Ordon. de 1681 , titre 2. A ces Causes , & autres à ce nous mouvant, nous
mrt. 2. avons déclaré ík déclarons par ces Présentes , lignées
de notre main , voulons 6c nous plaît , conformé
(2) Les Officiers des Sièges Généraux de l'Arni- ment à l'Arrêt rendu en notre Conseil d'Etat , Nous
rauté aux Tables de Marbre , connoîtront en pre y étant , le 31 Décembre 1686 , pour le port de
mière instance des Matières , tant Civiles que Cri Dunquerque , que les Juges de l'Amirauté con-
minelles , contenues en la présente Ordonnance , noissent des Matières , tant Civiles que Criminel
quand il n'y aura pas de Sièges particuliers dans le les , contenues en notre Ordonnance de 168 1 , en
lieu de leur établissement , & par appel hors les semble des cas qui pourront arriver fur la Mer , ses
cas où il écherroit peine afflictive , auquel cas fera Ports , Havres & Rivages , & fur les Quais , même
notre Ordonnance de 1670 exécutée. Même Ord. entre Particuliers & Personnes privées , fans que
de 1Ó81 , art. 13. ibid. lesdits Officiers puissent y être troublés par nos
Juges ordinaires , ni par les Juges des Seigneurs
■y-, particuliers ; leur faisant défenses de s'immiscer
dans la connoiísance des Cas qui arriveront ès lieux
_ , _ 1, 1 • • i- ci-dessus expliqués , à peine de nullité. Si DONNONS
10m leí Les Délits, qui font 1 objet particulier FN mandlmknt , &c. Lettres-Patentes en
font les
Délits
Délits 6& ^e ^a Compétence des Sièges Inférieurs , forme de Déclaration du 31 Janvier 1604 , reg. le
~
les Person- sont marqués par divers Réglemens, tant 20 Février Juivant.
c" Sièges anciens que nouveaux , mais fur-tout par ("3) Comme aussi des Délits qui seront commis
peuvent l'Ordonnance du mois d'Août 1 68 1 (1 ) , qui par ceux qni feront la Garde des Cotes , tant qu'ils
connoître. ^ ^ . renouvellée fur ce point par des feront fous les armes. . . . Ordon. de 1681 , tit. 2.
art. 9.
Lettres-Patentes en forme de Déclaration
(4) Recevront les Maîtres des Métiers de Char-
du 31 Janvier 1694(2) : & ils consistent
entier de Navire , Calfateur , Cordier , Tressier ,
dans les Pirateries, Pillages, Désertions V.oilier & autres Ouvriers , travaillans seulement
tïEquipages , & généralement dans tous à la construction des Bátimens de Mer , de leurs
les Crimes & Délits qui fe commettent Agrès & Appareaux dans les lieux où il y aura
Maîtrise , & connoîtront des Malversations par eux
fur la Mer , fes Ports , Havres , rivages , commises dans leur Art. Même Ord. art. 11.
& ÍÙr les Quais , par toutes sortes de per- ibid Et pour ceux qui feront prévenus de
sonnes , même par ceux qui font la garde Meurtres , Assassinats , Blasphèmes ou autres Cri
mes capitaux commis en Mer , les Maîtres , contre-
íùr les Côtes , tant qu'ils font fous les
Maîtres & quartiers-Maîtres , seront tenus, à peine
armes ; à l'exception néanmoins des autres de cent livres d'amende solidaire , d'informer cou-
Militaires , lesquels né font justiciables que tr'eux , de fê saisir de leurs personnes , de faire les
;duCorifeil de Marine , comme nous le ver Procédures urgentes & nécessaires pour i'instruction
de leur Procès , ot de les remettre avec les Coupa
sons en traitant de ce Tribunal. Ils connoif- bles entre les mains des Officiers de l'Amirauté du
fent auíîi des Malversations que les Ouvriers lieu de la charge ou décharge du Vaisseau dans
travaillans à la construction des Bâtimens hotré Royaume. Même Órdon. Lìv. 1. titre r.
de Mer & de leurs agrès commettent art. 23.
dans leur Art. II y a d'ailleurs cela de re V I.
marquable , qu'à l'égard des Crimes capitaux
qui fe commettent fur Mer , tels que Meur
II y a aussi des Officiers particuliers éta- 6. PrévAts
tres , Assassinats , Blasphèmes , &c. , la
,. , ,„ , blis dans les principaux Ports du Royaume , de la Ma
meme Ordonnance enjoint aux Maîtres, ^ Bnst $ockefon Toulon^ Mar. rine ; cn
Contre-Maîtres , Quartiers-Maîtres , a peine rdlk] [e HaJvre Port. Louis & Bayonne , quoi con
siste leur
de cent livres d Amende de faire les Pro- ^ ^ exescent à rexclusion des gfficiers Jurisdic
tion , &
cédures urgentes & nécessairesi pour lmsr,de l'Amirauté, leur Jurisdiction fur les comment
truction du Procès des Coupables , &. de doivent
Déserteurs de la Marine , dont ils font te procéder
les remettre aux Officiers de l'Amirauté
nus d'instruire le Procès & le porter au au Ju
au lieu de la charge ou décharge des vais ment.
Conseil de Marine , ou aux Présidiaux ,
seaux dans ce Royaume.
pour y être jugés en dernier Ressort. Ceux-
(1) Connoîtront ( les Juges de l'Amirauté ) pa- ci font connus fous les noms de Prévôts de
*eillement des Pirateries , & des Pillages & Défer- Marine ou de leurs Lieutenans , qui ont été
tions des Equipages, & généralement de tous Cri- tréés par Edit du mois d'Avril 1707 (l)
mes & Délits commis fur la Mer , fes Ports
Havres & Rivages Ordonn. de i<58 1 , titre 2. à l'instar des Prévôts des Maréchaux dont
4trt. 10. ils exercent aussi les mêmes fonctions dans
Bbbb 2
r

564 LES LOIX CRIMIN ELLES, Liv. I, Tit. II,; ;


les lieux où ils font établis , c'est-à-dire , Exempts , huit Procureurs pour Nous , huit Gref
fiers , & cent Archers qui seront par Nous distri
qu'ils doivent également faire juger leur bués dans ces mêmes Villes & Ports , & dans les
Compétence au Préfidial dans le Reflbrt Départemens qui en déperwtent , pour y exercer
duquel la capture a été faite. II y a feu leurs Offices sous les ordres de ceux à qui ils seront
lement cette différence , à l'égard du Juge subordonnés. Le Prévôt ou son Lieutenant jdana
chaque Prévôté recevront les dénonciations qui
ment définitif, que si le Crime n'avoitpas leur seront faites des Déserteurs , dont le Greffier
été commis dans l'étendue du Bailliage où tiendra Registre. Voulons qu'à la Requête de no-
est établi le Préfidial qui auroit jugé tredit Procureur & fur ses conclusions , Le Procès
soit instruit contre les Déserteurs , & rapporté au
la Compétence de ce Prévôt , il est pour
Conseil de Marine par le Prévôt ou son Lieutenant.
lors tenu , suivant la Déclaration du 27 Les Prévôts , & les Lieuteuans , & à leur défaut
Septembre 1714(2), de faire transférer les Exempts avec les Archers , arrêteront les Défèr^
T Accusé dans les Prisons du Bailliage Royal teurs , nonobstant qu'il n'y ait point de Décret dé
cerné & pour donner des marques d'honneur &
dans le Reflbrt duquel le Crime a été de distinction aux Prévôts & leurs Lieutenans ,
commis , pour y procéder à ^Instruction Nous avons dérogé & dérogeons par ce présent
& au Jugement de son Procès avec les Edit aux Rcglemens du 23 Septembre 1673 , 7
Officiers de ce Siège , qui pourront appel- Juin 1674 , & autres qui peuvent avoir été rendus
fur la fonction des Prévôts & leurs Lientenaus ; &
ler des Gradués à cet effet , s'ils ne se trou en conséquence , voulons qu'à l'avenir le Prévôt ou
vent pas en nombre suffisant pour juger en le Lieutenant , lorsque l'instruction sera achevée ,
dernier Reflbrt. & les Procès en état d'être jugés , en fassent le rap
port au Conseil de Marine , assis & découverts
Edit du mois d'Avril 1704.
( 1 ) Ï&OUIS , &c. La Création que Nous avons
faite de plusieurs Officiers de Mariue , dans la vue • (2) H/OUIS ,&c. Salut. Voulons & Nous plaît ,'
d établir uu meilleur ordre dans notre Service , que lorsque les Prévôts de la Marine ou leurs Lieu
n'auroit pas son entière perfection , si nous ne don tenans auront été déclarés compétens par le Préfi
nions en même-temps les moyens de faire observer dial , dans le Ressort duquel la capture aura été
nos Ordonnances par les Officiers Mariniers , Ma faite , & que le Crime n'aura pas été commis dans
telots , Pilotes , Soldats & autres destinés à la Navi l'étendue du Bailliage où est établi le Préfidial qui
gation , en établissant , sous le titre de Prévôté , des aura jugé la compétence , l'Accusé soit transféré
Juridictions stables & permanentes dans les prin dans les Prisons du Bailliage Royal le plus prochain
cipaux Ports de notre Royaume , composés d'Offi du lieu où le Délit aura été commis , pour y être
ciers en titre , qui pourront par leur soin & vigi procédé par lesdits Prévôts à l'instruction & au Ju
lance aider à l'administration de la Justice , à répri gement desdits Procès , avec les Officiers dudit
mer les désordres , & punir ceux qui en commet Siège , qui pourront appeller des Gradués quand
tront. A ces causes, & autres à ce Nous mouvans, ils ne se trouveront pas un nombre suffisant : Vou
de notre certaine science , pleine puissance & auto lons au surplus que notredite Déclaration du mois
rité Royale , avons , par ce présent Edit , révoqué les de Décembre dernier soit exécutée selon fa forme
Commissions ci-devant données pour exercer les & teneur. Donnons en mandement à nos Amés
Offices de Prévôt , Lieutenant , Exempt , Procu & Féaux les Gens tenant notre Cour de Parlement
reur pour Nous , Greffiers 6c Archers dans nos à Paris , que les Présentes ils ayent à faire lire
ports & Villes Maritimes, & par notre même Edit publier & registrer , & le contenu en icelles gar
créé & érigé , créons & érigeons une Jurisdiction der & observer selon leur forme & teneur , npnobs-
sous le nom de Prévôté de la Marine , dans les tant tous Edits , Déclarations , Réglemens & autres
Villes de Brest, Rochefort , Toulon , Marseille , choses à ce contraires , auxquels nous avons dé
Dunkerque , le Havre , Port-Louis & Bayonne j & rogé & dérogeons par la Présente ; aux copies des
pour composer ces Jurisdictions , Nous avons créé quelles , collationnées par l'un de nos Amés Sc
& érigé , créons & érigeons en titre d'Offices héré Féaux Conseillers-Secrétaires , voulons que foi soit
ditaires , huit nos Conseillers-JWvo/í de Marine & ajoutée comme à l'original. Car tel est natte plaisir.
des Galères , huit nos Conseillers -Lieutenans , huit Dbcz. du 3 Septembre 1714-
DIVISION DES JUGES EN MATIERE CRIMINELLE , &c. 565

§. XI. Des Juges de la Co n n ét ablie en madère Criminelle.

SOMMAIRES.

I . Origine de cette Jurisdiclion , & pourquoi cent fous les noms de MM. les Maré
ses Jugemens font intitulés fous les chaux de France ;cr ce qui diflingue celle-
noms de Connétables & Maréchaux de ci des deux autres.
France. 3. Sa Compétence en matière Criminelle ,
~ï, Trois fortes de Jurifdicìions qui s'exer- suivant les Articles fondamentaux.

l III.
1. Origine CjEtte Juridiction , comme la précé Nous ne croyons pouvoir donner une 3. Objets
de cette
Juridic dente , tire son nom de son Chef ; parce idée plus exacte des objets particuliers fur particu
liers de fa
tion , & que le CONNÉTABLE étoit comme l'on lesquels roule la Compétence de cette Compé
Î>ourquoi Jurisdiction en matière Criminelle , qu'en tence en
es Juge- sçait , pour les Années de terre , ce qu'est
matière
mens font 1'Amiral pour les Armées navales. Cette les rappellant ici d'après TExTRAlT des dif Criminel
intitulés Charge , tant qu'elle a subsisté , étoit sans férentes Loix rendues en faveur de ce Siège , le , suivant
fous les les Arti
noms de contredit la première du Royaume. Ce fut qui est connu sous le nom à'Articles fon cles fonda
Connéta le grand pouvoir qui y étoit attaché , qui dé damentaux (1) , tel qu'il se trouve rap mentaux.
bles & Ma
réchaux de termina Louis XIII à la supprimer en Tannée porté au Code Militaire. L'on voit par les
France. 1627 , sans néanmoins apporter aucun chan art. 1,2,9,11 & 1 2 qui regardent prin
gement à la Jurisdiction qui en dépendoit , cipalement le Criminel , que la Connéta
ìinon de la faire exercer sous le nom de blie connoît à la charge d'Appel au Par
MM, les Maréchaux de France , ou plutôt lement , i°. de tous Excès , Crimes & Ué-
de ne faire plus qu'un Collège , dans le fait , lits commis par les Gens DE GUERRE
de la Justice des Maréchaux de France avec au Camp ou en leurs Garnisons , ainsi que
U Connétablie ; tellement que les Jugemens des Insultes qui pourroient être faites a ces
qui se rendent en cette Jurisdiction ne s'in- derniers ; 2°. des INFRACTIONS de Sauve-
titujent plus aujourd'hui que fous le nom des Garde , Logemens de Gens de Guerre fans
ÇpNN ÉTABLE ETMARÉCJfAUX DE FRANCE. commission & fans route , ou qui fe font
, ■ 1 dans les Maijons des Exempts & Privi
II légiés , ainsi que de tous Crimes & Délits
faits a cette occafon ; 30. des Malversa
tions des Trésoriers des Guerres & leurs
». Trois Au reste, il ne faut point confondre le Tri
fortes de Commis^ 4°. des Malversations des Prévôts
bunal dont noys parions ici , avec ces deux^
Juridic Des Maréchaux , de leurs Officiers ô Ar
tions qui autres Jurifdictions Militaires qui s'exercent
s'exercent chers ; 50. des Rebellions faites h ceux-
également sous le nom de MM. les Ma
fous les ci dans leurs foncïions ; 6°. des Contra
noms de réchaux de France, l'une pendant la guerre,
MM. les ventions aux Edits fur les DUELS , Ô Or
fk. qu'ils font exercer par le Prévôt Gé
Maré donnances fur le port dArmes & Chasses ;
chaux de néral de Tarmée ; & Vautre y k, laquelle
France, & 70. des Crimes de ceux qui étant aux gages
les Maréchaux de France président eux-
ce qui dis & à la solde du Roi , désobéissent a leurs
tingue cel mêmes , & qui est connue sous le nom de
le-ci des Chefs , & fe retirent du Camp de l'armée
Tribunal du Point d'Honneur. Nous
autres. faus congé du Roi , ou de ceux qui ont
aurons lieu de parler séparément de ces
pouvoir de le donner ; 8°. enfin de Penté
deux dernieres , en traitant de la Jurisdiclion
rinement des Lettres d'Abolition obtenues
Militaire dont elles font partie. La Jurisdic
tion dont il s'agit ici «st le Tribunal con pour fait de Crimes , tant par les Gens de
Guerre , que Commissaires , Contrôleurs 9
tentieux auquel MM. les Maréchaux de
France renvoient toutes les Affaires qui 'iré oriers , Payeurs , Commis , Prévôts
demandent une instruction judiciaire ; & elle des Maréchaux exerçant leurs Offices en
s'exerce , non en dernier Ressort comme Commission t au Camp 3 ou en Gar
celles dont nous venons de parler , mais nison.
à ;la charge de T Appel au Parlement. Elle (1) Article premier. Déclarons qu'aux Con-
est connue autrement sous le nom de Siège nestable & Mareschauxde France , ou leur Lieute
nant-Général à la Table de Marbre du Palais à
ginárai de la Connétablie & Maréchaussée
Paris | appartient en première instance , privative-
de France d la Table Çe Marbre du Pa ment à tous nos autres Juges , la connoissance & Ju
lais a Paris , parce qu'elle fait partie , & risdiction des Cas , Causes & Matières qui ensui
est même la première des trois JuriíHictions. vent. A sçavoif , de tous Excéds , Dommages , Cri
mes , & Délits commis & perpétrez par les Gens
qui fiégeoient anciennenoent à J# Tflble de.
dArmes de nos Ordonnances & antres Gens de
Marbre. •;. .-.r Guerrt , soit de pied ou de cheval , au Camp , en
w

566 LES LOÍX CRIMINELLES , Liv. I. Tit. II.


Garnison , y allans & venans ou tenans les champs , Sçavoir , en Matière Criminelle par ceux non estons
èc aussi des Excéds & Efforts qui peuvent estre de leur gibier , ou dtfny de Justice }'Et en Matière
faits deffufdits ; des Infractions de Sauvegarde , Lo- Civile , des Destitutions Suspensions ou Interdic-
gemens de Gens de Guerre , fans commission & fans nons par eux faites de leurs Officiers & Archers ,
route , ou qui íe font dans les maisons des Exempts: Taxes de leurs Salaires & Vacations j Deffenfes k
& Privilégie^ , & de tous Crimes & Délits faits à toutes Parties de se pourvoir au Grand-Conseil ou
cause & à (occasion /iceux Art. II. De tous ailleurs qu'audit Siège pour res matières fnfdites , à
Procès & Différents procédant du Fait de la Guerre peine de Nullité , Cassation de procédures ', ft de
& Gendarmerie , comme des Rançons , Butins , trois cens livres tsAmende contre les Contrevenons ,
Prisonniers de Guerre , Explorateurs , Espions , qu'il est permis aux Officiers de la Connestablie
Proditeurs , Transfuges , Déserteurs Militaires , de déclarer encourue , fans que les Officiers- dùdit
Destitutions & Cassations de Gens de Guerre } de Grand- Conseil en puissent décharger lesdits Coa-
la Reddition des Villes , Chasteaux & Forteresses trevenans } avec Inhibitions & Deffenfes aux" Ar
rendues aux ennemis du Roy , par Faute & Mal chers & autres cy-dessus .dénommez , d'introduire
versations ; des Gentils - Hommes sujets au 2ía/i & les Causes dont lesdits Officiers de la Connestablie
Arriere-Ban , des Actions & Poursuites qui en peu doivent connoistre , ailleurs qu'en leur Siège , & aux
vent estre faites j semblablement des Appellations, Procureurs de la Cour & Solliciteurs de relever leurs-
interjettées des Maires & Echevins des Villes de Appellations ; leur Enjcint de faire leur présenta
notre Royaume , fur le Fait de la Milice , Guet & tion au Greffe d'iceluy , encore que les assignations
Garde des Bourgeois & Habitans , ensemble des fussent données ailleurs , a peine de cent livres d'A
Délits & Différents survenus entr'eux , ou antres mende. Enjoint aufdits Prévosts , Vice - Baillifs y
Particuliers dans les Coprs de -garde desdites Villes ; Vice - Stnefchaux , Lìeutenans - Criminels de Robe-
& de tous Cas & Crimes faits & perpétrez par Per Courte , d'envoyer de trois mois en trois mois les
sonnes estant fous les Armes Art. IX. Con- Procès-verbaux de leurs Chevauchées audit Greffe ,
noistrons les Mareschaux de France ou leur Lieu à peine de Radiation de leurs Gages , avec Deffenfes
tenant-Général par prévention , de tous Crimes & aux Receveurs , Payeurs «í'iceux den faire paye
Cas Prévoftaux , qui feront juge\ au Siège de la ment qu'il ne leur ait apparu le Certificat de tEn-
Connestablie & Marefchauffée de France à la Table voy ou Apport d'iceux , à peine de Répétition allen-
de Marbre du Palais , au nombre porté par les Or contre desdits Payeurs Art. XII. Des Lettres
donnances , qui fera remply des anciens Avocats d'Abolition , Rémission , Pardon & Innocence qui
de la Cour , même de tous autres Délits , & contre s'obtiennent & impetrent pour les Mesfaits & Dé
toutes fortes de personnes , sauf d'en faire le renvoi lits susdits faits par les Gens d'Ordonnances , Gens
s'il en est requis , après riuformation & le Décret de Guerre de pied ou de cheval , Commissaires , Con.-
exécuté ; comme aussi des Contraventions faites trôlleurs , Trésoriers , leurs Clercs & Commis & au
aux Edits de fa Majesté fur le Fait des Duels & tres Officiers de la Gendarmerie & des Guerres y
Rencontres contre toutes Personnes & en tous Prévosts des Mareschaux , Vice - Baillifs , Vice- St
Lieux ; ensemble des Contraventions aux Ordon nefchaux , Lieutenans - Criminels de Robe - Courte ,
nances, touchant le Port-d'Armes & Chasses Chevaliers du Guet , leurs Lieutenans , Officiers & Ar-
Arx. XI. Des Fautes , Crimes , Abus & Malver- chers, lesquels feront addreffe[ aufdits sieurs Ma'rts-
fations commises par les Prévosts des Mareschaux , Chaux de France ou leur Lieutenant-Général à ladite
.Vice Baillifs & Vice- Sénéchaux , leurs Lieutenans , Table de Marbre , & iìiec en poursuivre , requérir &■
Assesseurs, Lieutenans- Criminels de Robe - Courte , demander sEntérinement ; & les Parties intéressées y
Chevaliers du Guet , Officiers & Archers de leurs estre Adjournées *
Compagnies , en (Exercice & Fonclion de leurs
Charges , Estats & Commission ; des Excéds S» jf?f- : Extrait des Ordonnances , Edits & Déclara
tellions à eux faites St à ceux par eux appeliez en tions , ou les dou[e anciens Articles Fondamentaux 7
Ayde de Justice ; des Réglemens fur le Faicl de enregistrés en la Cour , fi" publiés en la Communauté
leurs Estats &£ Commission ; des Procès & Diffé des Avocats & Procureurs , dits vulgairement /'Or
rents qui surviennent entr'eux , leurs Officiers 6c donnance de, 1 356 , pour la Justice Militaire & Ju-
Archers ; des Provisions , Nominations Destitu rifdiclion Royale , Civile , ■ de Police & Criminelle
tions ou Suspensions de leurs Archers 5 Taxes de du Siège Général de la Conèftablìe & Marefchauffée
leurs Salaires & Vacations ; des Montres , Police de France , à la Table de Marbre du Palais a Paris ,
& Discipline de leurs Compagnies ; & femblable- universelle pour tout le Royaume. Art. tì II IX ,
meut des Appellations interjettées defdits Prévosts. XI & XII. ~ . , . .../ •■

XII. De la Chambre du Domaine en matière Criminelle* ^ 7\ ì

S O M M A I R E S.

1 . Différentes dénominations de cèite Cham a quant a fa Compétence en matière Crimi


ère. nelle. ;
2. Confédérée fous deux différens rapports '.'"1 : '

F- -J

rentS'S- Cette. Jurisdiction est connue , tantôt aussi Jurisdidion de 'la PToyerie , depuis la
nomina- sous le nom de Chambre du Trésor , & tantôt réunion qui a été faite à ces Offices de
cette de *°us cek" ^e Bureau des Finances , parce
celui de Grand-Voyer de France , par Edit
Chambre, que ce sont les Trésoriers de France qui de Février 1626 (i). -"- :'»■■ .'...'A :\
en sont les Chefs & les Présidens-nés ; & r : .. ""' \" . "«•■*' ^ k
. que c'est fous leurs noms que s'intitulent
(i)Loy IS, &c. Avons attribué & attribuons à
les Jugemens qui s'y rendent , depuis que tous les Bureaux de nosdits Présideirs'& Trésoriers
ces Chambres ont été réunies. On l'appelle Généraux de France , établis en chacune Généralité
DIVISION DES JUGES EN MATIERE CRIMINELLE , &c. 567
de notre Royaume ( fors à celui de Bretagne ) pa doivent commettre telles Personnes solvablcs &c suf
reil Pouvoir , Jurisdiction 8c Connoissance , que fisons qu'ils verront être à faire , peur recevoir les
celle attribuée á notre Chambre du Trésor à Paris» deniers qui pourront venir à causc desdites commis
par le susdit Edit de Tannée 1543. . . . Voulons à sions. Et défendons à tous nos Secrétaires , fur peine
cet effet , que chacun desdits Bureaux , au-dedans de privation de leurs Offices , qu'ils ne failent rien
des fins & limites de leurs Généralités , jugent , au contraire de ces Ordonnances, sinon qu'ils eus
connoiflent & décident en première instance , & sent eu, sur ce, charge de Nous par Lettres-Paten
privativement à nosdits Baillifs , Sénéchaux , Pré tes , signées de notre main. Ord. des Charles VII.
vôts , leurs Lieutenans & autres Juges , de tous du 4 septembre 1443 , art. 16. V. Guenois , liv. II.
Procès , Differens qui se pourront mouvoir 8c ia- titre 3. §. 33.
tenter , pour raison de notredit Domaine , &c. . .
Etd'aborìdant , suivant les Edits des mois de No-
vembre 1607 & Février 162.6 , par lesquels est (2)sXENRY. )Hi . . . Notis voulons que notre Grand
donné pouvoir à notre Grand-Voyer , de connoître Voyer oti autres par lui commis , aient la connois
dans nos Villes , Fauxbourg & grands chemins , sance de ladite Voyerie , tant dedans les Villes ,
du fait de ladite Voyerie , 8c à notre Chambre du Fauxbourgs & grands Chemins , vulgairement ap-
Trésor , de tous les differens qui interviendront pellés Chemins Royaux , 8c que nos Amés 8c Féaux
pour les Droits dûs 8c affectés audit Grand Voyer , Conseillers les Gens de notre Chambré du Trésor
8c suppreffìon de ladite Charge de Graud Voyer , de Paris , connoissent de tous Differens qui inter
& réunion d'icelle aux Charges 8c Offices de nos viendront pour leurs Droits dûs & affectés à ladite
dits Prcsidens & Trésoriers Généraux de France : Voyerie , auxquels Nous attribuons la connoissance
avons attribué 8c attribuons â chacun des Bureaux de tels Differens qui y seront par eux jugés 6c ter
de nosdits-' Présidens 8t Trésoriers Géuéraux de minés , nonobstant 8c faus préjudice de l'appel jus
France y èsfins & limites de leurs Généralités , la ques à la somme de 10 livres Pariíis d'amende 6c
Jurisdiction en première instance de ladite Voyerie , au-dessous , 8c pour les sommes excédantes 10 livres
circonstances 8c dépendances d'icelle , 8t des Villes Parisis par provision , pour ce qui est de notre Do
8c lieux dépeudans de nos Justices Royales cn pre maine seulement , & du Prévôt de Paris , pour ce
mière instance , pour juger & décider tous Procès qui regarde la Police , comme les Alignemens ,
8c 'Differens qui seront meus 8c intentés , tant Périls éminiítis 6c autres cas semblables de la Ville
pour raison d'icelle Voyerie , que dépendance. 8c Fauxbourgs d'icelle ,par appel en notredite Cour
Edit de Louis XIII , du mois d'Avril \6ij. Voyez de Parlement , la moitié desquelles amendes à
Filleau , partie 2 , titre 10 , chap. 4. Nous réservées , sera mise entre les mains du Re
ceveur de notre Domaine de ladite Ville , 8c l'au
tre moitié appartenant audit Grand Voyer 8c les
I I. dits Commis , pour 8c au lieu des frais qu'il con
vient faire journellement en l'exerciee de fa Char
ge , au payement desquelles les Particuliers seront
a Confi- Quant à la Compétence de cette Chambre contraints en vertu des Sentences ou extraits du
déréesous en matière Criminelle, elle consisté àcon^ Greffe en la manière accoutumée. . . . Voulons 8c
deux diffé- noître , en tant que Bureau des Finan Nous plaît , que ledit Grand Voyer 8c ses Commis
rens rap- aient l'oeil 6c connoissance du pavement desdites
çons , ces (1) , à la charge d'Appel au Parlement,
CUom é so ^es Malversations commises au fait, des Rues , Voyes , Quais 8c Chemins $ 6t où il se trou
vera quelques Pavés cassés , rompus ou enlevés ,
ten«Pen recettes générales des Finances 5 6c en tant
qu'ils les fassent refaire 8c rétablir promptement ,
matière qUe Jurifdiclion de la V\oyerie (2) , de même faire l'ouverture des Maisons des Refusons
Criminel d'icerles , aux dépens des Détenteurs desdites Mai
le. toutes les Contraventions qui font faites
sons , injonction préalablement faite auxdits Dé
aux Réglemens concernant la police des tenteurs , 8c prendra garde que le pavé neuf soit
Bâtimens t des grands Chemins & des bien fait, 8c qu'il ne se trouve plus haut élevé que
Ponts & Chauffées. Elles connoît ausfi , en celui de fou voisin. Ord. de Henry IV. de Décembre
1607 , art. 2,36* 11. V. Guenois , liv. 12. th. 16.
cette derniere qualité , des Vois ô Dé §. 321 , 322 fi» 330.
gradations qui lé commettent, tant pour
( 3 ) Défendons à toutes Personnes de troubler
le Pavé que pour les Arbres qui bordent les Paveurs dans leurs Atteliers , d'arracher les
les chemins , & autres Matériaux destinés pieux mis pour la sûreté de leurs Ouvrages , les
aux ouvrages publics ou mis en œuvre (3). bornes placées pour empêcher le passage des Voi
tures fur les accotemens de chaussée, celles qui dé
fendent les parapets des Ponts , non plus que les
parapets 8c anneaux de fer attachés auxdits Ponts ,
(i)(^H ARLES. .. . Avons ordonné & voulons fous peine de trois cens livres d'Amende , d'enlever
que dorénavant ne soient faites ni scellées aucunes aucuns Pavés des Rues , Chaussées ou Atteliers , ou
Commissions fur le fait des Finances , soit par ma les Fers , Bois , Pierres ou autres Matériaux destinés
nière de Reformatis , ou de donner pouvoir à au aux Ouvrages publics ou mis en œuvre j à peine con
cuns Commissaires , de composer avec aucuns qui tre les Contrevenans d'être pour la première fois
auroient dilinquê , ou touchant autres Matières , attachés au Carcan , 8c en cas de récidive , con
comme fur le fait des Finances , Fiefs , Amortisse- damnés aux Galères \ faisons défenses à toutes Per
mens ou autres choses quelconques , dont pourroit sonnes de quelque qualité & condition qu'elles
venir aucune Finance , sinon qu'icelles Commis puissent être , de recevoir ou recéler en leurs Mai
sions & Puissance aient été par Nous comman sons , même acheter aucuns desdits pavés 011 autres
dées , & qu'icelles soient expédiées par les Gens de matériaux volés , à peine de mille livres d'amende ;
nos Finances ; c'est à sçavoir , par nosdits Tréso le tout ainsi qu'il est ordonné par le Règlement du
riers , quand la chose touchera le sait de notre Do 4 Août 173 1. Ordonn. du Bureau des Finances t du
maine , & par nosdits Généraux , quand ce fera 29 Mars 1754» art. 9.
pour autres Finances extraordinaires , afin qu'ils en V. au surplus l'Ordonnance du Roi du 4 Août
aient connoissance , & en fassent Registre devers 173 1 , au sujet du Vol des Pavés sor les grands
eux, pour sçavoir quelle exécution en aura été faite Chemins , rapp. sous le Tit. des Vols contre la foi
par lesdits Commissaires , 8c qu'auslï puissent 6c publique.
568 LES LOIX CRIMINELLES, LiV.I. Tit. II.

§. XIII. Des Juges àe VHôtel- àe-Vïlle & Prévôts des M arc h an d s

en matière Criminelle.

SOMMAIRES.

1. Changemens apportés a la Constitution Paris ; objets particuliers de sà Com


primitive de ces Juges. pétence j ô comment s exerce fa Jurifdic-
2. Prévôts des Marchands de la Ville de tion.

I.

i.Chan- Ç es Juges , à les considérer dans leur à ía Jurisdiction ; ses fonctions font préci
fpportLà origine , avoient cela de particulier , qu'ils ne sément les mêmes , à ce qu'il paroît , que
la conslj- tenoient point , comme ceux dont nous ve- celles qu'exerçoit à Rome le Magistrat
mWvc^'ë nons ^e parler, leurs Provisions du Roi, mais appellé Prtfeclus Annonx , & elles con
«s Juges, feulement des Villes qui avoient obtenu sistent principalement à maintenir les Ré-
de Sa Majesté le Privilège de les nommer glemens des Vivres íur les Ports & Quais
par la voie de l'élection & à la pluralité de cette Ville j & c'est en conséquence qu'U
des suffrages. Mais cette forme a été chan a le droit de connoître , à l'exclusion du
gée par les derniers Edits (i) qui ont établi Lieutenant - Général de Police ( 1 ) ,
successivement des Maires perpétuels , alter de tous les Délits , Fraudes & Malversa
natifs , triennaux & mi-triennaux dans toutes tions qui fe commettent par ceux qui font
les Villes du Royaume , excepté celles de Préposés à la conduite & à la vente des
Paris & de LYON,&les ont confirmés dans Provisions de Paris venant par eau , parmi
le droit de rendre la Justice ordinaire, Civile lesquels font compris les Jaugeurs de Vin ,
& Criminelle dans les lieux où elle appar Mouleurs de Bois , & les Mesureurs de
tient au Corps de Ville , & où les anciens Charbon fur les Ports , & fur les Quais. II
Maires électifs la rendoient ; comme auflì connoît aussi , par une suite du même pou
dans le droit de connoître de tout ce qui voir, des rixes 6c querelles qui arrivent
regarde la Police dans les Villes & lieux entre les Bateliers & autres Gens d'eau
où les Offices de Lieutenans - Généraux de fur les Ports de cette Ville , & générale
Police ont été réunis aux Communautés , ment de tous les torts qu'ils peuvent se
avec pouvoir de juger des causes person faire entr'eux en montant ou descendant
nelles , Civiles & Criminelles des Habitans les rivières. Auffi la Jurisdiction de l'Hôtel-
de cette ,Ville , & ce par prévention avec de-Ville de Paris est-elle compoíee de tous
le Maire , & même de connoître des Appel les Officiers néceííàires pour l'instruction
lations qui pourroient être interjettées des des Procès. C'est le Prévôt des Marchands ,
Sentences rendues dans la Vicomté & Mai qui y fait les fonctions de Préfìdent ; & les
rie de cette Ville , à la charge de l'Appel Echevins , celles A'AjfeJfeurs ou Conseillers.
au Parlement. II y a aussi un Procureur du Roi & un
Greffier qui font pourvus en titre d'office ,
(i) V. à ce sujet les Edits d'Août 1692 , d'Oc & ne font point amovibles , comme les au
tobre 1699 , d'Août 1702, & fur-tout celui de Dé
tres Officiers de ce Siège. ~
cembre 1706 V. aussi les Lettres- Patentes
du 26 Août 1676 , portant établissement d'un Ma
gistrat dans la Ville de Besançon.
( 1) FRANÇOIS I.,&c Nos très -chers & bien
amés les Prévôts des Marchands & Echevins ,
I I. Bourgeois , Manans , & Habitans de notre bonne
Ville & Cité de Paris , Nous ont remontré , 8cc.
Les Maires des Villes de Paris & de Lyon, requérans à ces Causes ? 8c aussi que les Amendes ,
2. Prévôts Confiscations & Forfaitures qui échéent & s'adju
des Mar qui font exceptés par ces Edits , font connus
chands de gent en la Prévôté , Echevinage de notre bonne
la Ville de particulièrement fous le nom de Prévôts Ville & Cité de Paris , font communes à Nous &
Paris ; ob des Marchands. Nous aurons lieu de à ladite Ville ; 8c qu'à cette Cause , le Procureur
jets parti parler dans un moment de la Jurisdiction d'icelle Ville , prend & de toute ancienneté a ac
culiers de coutumé de prendre de notre Cour générale , Subs
fa Compé de ce dernier , en traitant de la Conserva titution, au moyen de laquelle ledit Procureur pos
tence , & tion de Lyon , à laquelle il préside. A l'é-
comment tule , requiert & conclud ès Procès 8c Affaires sur
s'exerce la gard du Prévôt des Marchands de cette venants en l'Auditoire d'icelle Ville , ès dépendan
Juridic ces pour Nous 8t icelle Ville, & aussi que lesdits
Capitale , dont nous voulons parler prin
tion. Prévôts 8c Echevins après leurs Elections , font par
cipalement ici à cause des privilèges & Nous ou nos Officiers confirmés , reçus 8c insti
attributions particulières qui ont été faites tués ; 8c font à leur Création 8c institution à Nous ,
notre
DIVISION DES JUGES EN MATIERE CRIMINELLE , &c. 5^9
notre Chancelier ou l'un des Préstdëns de notre traires au bien de la Justice , à Tordre public & à
Cour de Parlement , le serment accoutumé en tel -la díemító.í**» M*^*- _ -" : ,r-a i yrare puoilC 6C A
la dignité des Magistrats qui sont établis d'y pren
cas , ÔC que les Appellations qui s'inrerjettent rfe/^
dre part } Nous avons estimé nécessaire de Nous
d'us Prévôts , Echevins ou leurs Lieutenans , sont
faire rendre compte de quelques difficultés que la
ressortissantes en notre Cour de Parlement , ÔC que
création de plusieurs charges , les Officiers qui en
partant
j _ yj a„ matière de privilégier ÔC favoriser
^.iiviicgici «t iavo ruer eux , ont été pourvus, la dwersitedes usagesdans le; diffé
scieurs Sentences & Jugemens ès points & choies
rentes Juridictions, & la multitude des affaires que
dessusdites , pour l'avancement de justice, ÔC de la
ta grandeur de notre bonne Ville de Paris , & le
Police & Gouvernement de notredite Ville , que
commerce que Von y fait , ont produit depuis plu
notre plaifir soit donné & octroyé à ladite Ville, &
sieurs années entre nos Officiers du Châtelet & les
en tant que besoin èft , statuer & ordonner en la
Prévôts des Marchands & Echevins de notredite
faveur d'icelte VÛÌê\ que ledit Prévôt des Mar
Ville, & voulant leur donner encore plus de moyen
chands & Echevins , quî de présent sont & seront
de continuer à Nous rendre dans la fuite les servi
pour l'avenir & leurs Lieutenans , ne puissent ci- ces que Nous en recevons avec beaucoup de satis
après être intimés ni pris à partie, ni auffi condam faction , ôc garantir en même-temps nos Sujets de
nés par les Juges en amendes envers Nous , sinon l'embarras oh ils se trouvent , lorsqu'ils ne sçavent
ès .UJt.L,uuj
casesquels par les wruiMinances
p<w ics Ordonnances de nosprédé-
nosprédé" paspas précisément
précisément àà qui
qui ils
ils doivent
doivent s'adresser
i
s'adresser pour de-
y» »«.«•»
pour de-
cesseurs, nos Juges peuvent être intimés, pris à mander Justice
manrlpr liiftl/-^ , & pour recevoir les ordres qui
partis , multés & condamnés ; & lesdites Sentences doivent être donnés suivant les différentes o.ccur-
qui se donneront par eux en petites causes & ma- rences. Après avoir entendu le rapport qui Nous a
beres pures , civiles ôc personnelles , ÔC qui n'ex- été fait en notre Conseil desdites difficultés , Nous
céderont la somme de 15 livres tournois pour une avons estimé nécessaire de les terminer par notre
fois payer , seront mises à exécution , ensemble la présent Règlement , & de prévenir les suites fà-
condamnation entière des dépens, nonobstant op- cheufes qu'elles pourroient avoir à l'avenir , eh dé
positions ou appellations quelconques ;& auffi les clarant ainsi notre vo,lr.nt - a - .

«1 contenu au dernier article d'icelles dernières dit, ordonné ôc déclaré & par c« Prtf^ti T
Ordonnances de notre feu Se eneur ôc beau-Dere • enées de notre „1 j / P ?es Frésentes , si-
^ Matières de Délits. 9 AJLtïïffib ZZfttïS&St' ^l'o^
fions lesdites nos Ordonnances , ,& ès confections Lieutenant-Général du Ï^S'inSftï
d'enquêtes & autres interlocutoires » ils puissent Hce & les p!>2 v 2 de Paris pour la Po-
nonobftant U A™p11o*;™crt„; rlÍL l^ l^1 1' !" PreVG^/es Marchands & Echevins

ai ia rurme que nos juges peuvent taire par nofdi-


- - — "«■«j o- aunes trrains , ÔC les fassent
tes Ordonnances , & auffi leur octroyer droit de exécuter à cet égard , ensemble les Réglemens de
Faculté d'avoir en l'Hôtel de ladite Viíle prisons Police , ainsi qu'ils ont fait bien ÔC duement jus
pour la garde desdits Transgrejseurs & Délinquans , qu'à cette heure : c'est à sçavoir , que le Lieutenant-
& fur le tout leur impartir nos Lettres convenables. GénéraLde Police connoisse dans l'étendue . de la
Pourquoi Nous désirant l*entretenemerit des privi Prévôté ÔC Vicomté de.Peris', ôt mêmédans les
lèges de ladite Ville & Cité , & le bien ôc augmen huit lieues ou environ de la Ville , de tout ce qui
tation d'icelle pour le singulier amour & affection regarde la vente , livraison 6c voiture des Grains
que lui portons, comme à celle qui est chef & ca que l'on y amène par terre , quand même ils au-
pitale de notre Royaume. Pour ces causes ôc au roient été chargés par la fuite fur la terre , à quel
tres , ôcc. leur confirmons , ratifions 6c apprenons que distance que ce puisse être dans ladite Vtîle .;
tous les privilèges , exemptions , donS ôc octrois comme aussi de toutes les contraventions qui pour
faits par nos prédécesseurs Roys de France â ladite roient être faites auxdités -Ordonnances ôc Régle
Ville , 6c voulons qu'elle en use ôc soit entretenue mens , quand même on prétendroit que les Grains
en tous les Droits , Franchises & Libertés , des auroientété destinés pour cette Ville , Ôc qu'ils de-
quels elle a usé & jouit encore duement ; & en ou vroient y être amènes par eau , ÔC ce , jusqu'à ce
tre, afin que les ManansôcHabitans d'icelle soient ?[u'ils soient arrivés au lieu oh l'on doit les charger
plus enclins à Nous servir & obéir , comme à leur ur les Rivières qui y affluent » & que les. Prévôts
Roi ôt Souverain Seigneur ,& qu'elle puisse mieux des Marchands ôc Echevins connoissent de leur .
être fournie & pourvue de vivres & Marchandises , part de la vente ôc livraison desdits Grains , lorsr
& que la Justice d'icelle Ville puissent être mieux qu'elles se feront dans le lieu oìt ils doivent être
exercée, entretenue & obéie, donnons ôc octroyons embarqués fur lesdites Rivières , ôc pareillement de
de nouveau à notredite Ville de Paris , à l'utilité la voiture qui s'en fera paf icelles.; ÔC si dans les
& faveur d'icelle, voulons ôc déclarons, & en tant Procès qui sont portés devant eux pour raison des
que métier est , ordonnons & statuons que lefdits ventes ôc livraisons ainsi faites, Ôc des voitures des
Prévôts des Marchands & Echevins de notredite dits Grains , ils trouvent qu'il y ait eu quelque con
ville de. Paris & leurs Lieutenans , ne pourront ci- travention aux Ordonnances & Réglemens de Po
après être intimés , ni pris à partie , ni aussi être mul lice , ils en prendront connoissancs , ÔC pourront
tés & condamnés par leurs Juges , finon ès cas es- ordonner , fur la réquisition qui fera faite d'office
quels par nos Ordonnances , nos Juges le peuvent par notre Procureur ôc de la Ville , tout ce qu'ils
être , & outre que notredite ville pourra, avoir en estimeront nécessaire pour l'exécution de nos Or
VHôtel d'icelles prisons pour Cexercice de ladite donnantes ôc Réglemens... Art. II. Que les Pré
Justice'.: aux charges d'y garder , nourrir & entre vôts des Marchands ôç Echevins reçoivënt en la
tenir ceux qui seront emprisonnés ainsi qu'il appar manière accoutumée les déclarations de tous les
tiendra , & qu'il se fait par les Geôliers & Gardes vins qui arrivent en notredite Ville de Paris ,
de nos prisons. Edit de François I. en Janvier qu'ils prennent connoissance de tout ce qui regarde
la vente ôc le commerce de ceux qui doivent y
f^F rtTTTR ri.u '•' eire conduits
être conduits ,, dedans
dedans ôc
ÔC depuis le lieu
liêu où l'on les
les coíflks dé ^ÌkZTT*\^ CaUscnt Charge/"l,r leS Rivkres > e"semble de ùl voîtu e
les conflits de Juruchctxon etant également cort- par icelles , ÔC incidemment aux procès qui feront

c c c
po LES LOIX CRIMINELLES, Liv. I. Tit. II. í
intentés pour ce sujet , des contraventions qui pour- lelottissement, dans ledit temps , permettons aux
roient avoir été faites à nosOrdonnances & Régie- Voituriers ou à celui à qui lesdits Bois appartien-
mens de Police , lorsqu'ils seront dans les lieux où dront de les faire descendre à terre sans en de-
l'on les charge , ty tant quils seront dans les bat- mander la permission à aucun Juge , & d'en dispo
sa,? , fur les ports & fur tEtape de cette Ville , fer , après néanmoins que la visite aura été faite...
& que le Lieutenant-Général de Police ait toute Art. IV. Que les Prévôts des Marchands fie
Jurifdiction , Police & connoissance fur la vente Echevins connoissent de tout ce qui regarde les
& commerce qui se fait desdits Vins , lorsque l'on Conduits des Eaux & entretien des Fontaines publi-
les amène far terre eh cette Ville , & des contra- ques , & que le Lieutenant-Général de Police con
ventions qui peuvent être faites aux Ordonnances noisse de Tordre qui doit être observé entre les por-
& Réglemens de Police , même fur ceux qui ont teurs d'Eau , pour l'y puiser & pour la distribuer à
été amenés par les Rivières , aussi-tôt qu'ils feront ceux qui en ont besoin , , ensemble de toutes les
transportés des batteaux fur lesquels ils ont été contraventions qu'ils pourroient faire aux Régle-
amenés des ports & Etapes de ladite Ville, dans les mens de Police , & qu'il puisse pareillement leur
maisons & caves des Marchands de Vins , & fans faire défenses d'en puiser en certain temps & en
que les Officiers de la Ville puissent y faire au- certains endroits de la Rivière lorsqu'il le jugera à
cune visite , ni en prendre depuis aucune connois- propos. . . Art. V. Que les Prévôts des Mar-
sance , sous prétexte des Mesures ou fous quel- chands & Echevins prennent connoissance & ayent
qu'autre que ce puisse être. . t . Art. III. Que les Jurifdiction fur les Quais , pour empêcher que l'on
Prévôts des Marchands 8ç Echevins connoissent de n'y mette aucunes choses qui puissent empêcher la
la Voiture qui se fait par eau des Bois merrains & navigation sur la Rivière , & pour en faire ôter
de chirronnage , & qu'il$ règlent les ports de cette celles qui auroientété mises ,& pareillement celles
Ville oìiils devront être amenés 8í déchargés , & qui pourroient causer le dépérissement des Quais,
que le Lieutenant-Générat de Police connoisse de de l'entretien desquels ils font chargés , & fans
tout ce qui regarde Tordre qui doit être observé qu'ils puissent y faire construire à Tavenir aucunes
entre les Charrons & autres personnes qui peuvent Échoppes ni aucuns autres Bâtimens , de quelque
employer, lesdits Bois de merrain & de charron- nature que ce puisse être , fans en avoir obtenu no-
nage , que Ton amène en notredite Ville de Paris : tre permission. Voulons au surplus que le Lieute-
& pour prévenir les contestations qui peuvent ar- nant-Général de Police exerce fur lesdits Quais
river au sujet de la décharge defdits Bois à terre , toute la Junfdiction qui y est attribuée dans le reste
voulons que le Voiturier qui les aura amenés , ou de notredite Ville , & qu'il puisse même y faire
celui à qui ils appartiendront , soit tenu de faire si- porter les neiges lorsqu'il le jugera absolument né-
gnisier.au Bureau des Maîtres Charrons, par un cessaire pour le nettoyement de la Ville , fiepour
Huissier ou Sergent du Châtelet , Tarrivage defdits la liberté du passage dans les rues. Edit de Juin
Bois ,afin que les Jurés en.fassent la visite & lottif- 1700 , portant Règlement entre le Prévôt des Mar-
sèment dans les trois jours qui suivront celui de la chands ,6* le Lieutenant-Général de Police de cette
signification; & àfaute par eux de faire la visite fie Ville de Paris. e
'
'-.";-. . .'«**'
§, XIV. D es^ Juges de la Conservation de Lyon en matière Criminelle»

i.
SOMMA I.R E S.

1. Délits dont ils connoijfent a fexclusion 2. Quid lorsqu'il ne se trouve parmi eux
de tous autres Juges. .'. ... .aucun Gradué. ** »
. 1 " •' •!.<:!'/.-*. 'j ■ ' ".? r. ~ . . . '11.. : :• ■ •
. V' ■•■■> I.L-: , " .1.1. • , . A . ■

dònPfíl'* î^'^n connoft aflefc tous les Privilèges qui Mais comme il peut arriver que parmi £ QuU}
connois- distinguent cette Junfdiction de toutes les les Officiers qui composent cette Jurisdic- J^g^^g
clusion'dë ^utreS <Iuant«au Civil. Nous n'en parlons tion, il ne se trouve aucun Gradué pour ve parná
.tous au- ici que relativement au Criminel. Nous instruire les Procès dans les cas dont nous
tres Juges, voyons d'après les anciens Réglemens, venons de parler, le même Edit y a pourvu
renouvelles par l'Edit de Juillet 1 669 (1 ) , làgement , en exigeant d'unepart que ces Of-
que ces Juges, à la tête desquels est le ficiers soient tenus de nommer,pour procéder
Prévôt des Marchands , connoissent , à la à cette instructions juger avec eux, un Offi-
çharge d'Appel au Parlement , de tous les çier de la Sénéchauffée , lequel ne pourra
Délits commis en fait de Négoce, Manu- néanmoins prétendre aucune préséance fur le
fatfu-rc & Commerce de Marchandises , Prévôt des Marchands ; & de Vautre , qu'ils
pourvu néanmoins que Tune des Parties soient tenus pareillement de nommer de
soit Marchand ou Négociant : ils connoissent trois ans en trois ans un Gradué pour faire
aussi privativement à tous autres Juges , les fonctions de Procureur du Roi dans le
des Banqueroutes des Marchands , Négo- même Siège (1). — ; ' :. ,• . . : ..J-î í «ì t
cians y Manufacturiers , & de leurs Com- \ -: .i . . j, k •
plices. t ■« i -on
"j (1) -LiOUIS, &c. Art. I. Lesdits Prévôts des
(1) V. les dispositions de cet Edit à la fuite Marchands & Echevins de notre boqne Ville de
de la maxime suivante. Lyon , Juges-Conservateurs désdites Foires con-
DIVISION DES JUGESyEN-MATIERE CRIMINELLE , &.c. 571
noîtront , privativemeut auxdits Officiers de la dite nomination , fans queux ni lui soient tenus
Sénéchaussée 8c Siège Présidial de ladite Ville , 8c de prendre aucunes Lettres de provision ou confir
à tous autres Juges", de tous procès mûs & à mation , dont Nous les avons , en tant que de besoin ,
mouvoir pour le fait de Négoce & Commerce dispensés 8c dispensons : voulant que notre présent
de Marchandises , circonstances 8c dépendances , Edit lui serve , & auxdits Prévôts des Marchands ,
íbit en temps de Foire ou hors de Foire , en ma Echevins , Juges-Conservateurs , 8t à leurs succes
tière civile & criminelle , de toutes négociations seurs esdites charges , de toutes Lettres 8c autres
faites pour raison desdites Foires & Marchandi actes qui pourroient être fur ce nécessaires; 8c après
ses, circonstances 8c dépendances , de toutes socié Iesdits trois, ans expirés , fera procédé à nouvelle
tés , commissions , trocs , changes , rechanges , vi nomination, fans que , pour quelque cause & occa
rement de parties, courtages , promelses , obliga sion que ce soit ,' ledit Officier ou Gradué puisse
tions , lettres-de-change , 8c toutes autres affaires être continué , ni que Iesdits Prévôts des Marchands
entre Marchands & Négociant en gros ou en détail, 8c Echevins puissent à l'avenir user de la faculté
Manufactures de choses servant au négoce , & au qui leur avoit été accordée par notre Edit du mois
tres , de quelque qualité & condition qu'ils soient , de Mai 1655 » de nommer deux Avocats en ladite
pourvu que l'une des parties soit Marchand ou Jurisdiction. Pourront néanmoins , en cas de mala
Négociant , & que ce soit pour fait de Négoce , die, absence , ou légitime empêchement dudit Offi
Marchandise ou Manufacture... Art. IV. Connoîtront cier ou Gradué, en nommer ou commettre un autre
pareillement de toutes Lettres deRépi, Banqueroute , pour faire les mêmes fonctions... Art. XV. Et inter
Faillites & Déconfitures de Marchands , Négo- prétant notre Edit du mois de Mai 1655 , avons
cians & Manufacturiers do choses servant au né ordonné 8c ordonnons que lorsqu aucun dudit Corps
goce , de quelque nature qu'elles soient ; & en cas Consulaire ne sera gradué , & qu'il s'agira d'une des
de fraude , procéderont extraordinairement 8c cri matières susdites , en laquelle on peut se servir du
minellement contre les Faillis , auxquels ils feront ministère des Avocats & Procureurs , Iesdits Prévôts
& parferont le procès suivant la rigueur des Or des Marchands 8c Echevins feront tenus de nommer
donnances , à ïexclusion de tous autres Juges un Officier de ladite Sénéchaussée & Siège Présidial ,
Art. XIII. Quoi faisant , Iesdits Prévôts des Mar pour instruire 8c juger lesdites affaires , & y pronon
chands 8c Echevins nommeront 8c établiront de trois cer, suivant la forme 8c manière prescrite par notre
ans en trois ans un Officier de probité 8c suffisance dit Edit, fans qu'ils puissent être tenus d'en nommer
connues pour faire la fonction de notredit Procureur pour toutes les autres qui ne sont point de la qua
en ladite Conservation , gratuitement 8c fans frais , à lité susdite , 8c sans qu'ils puissent prétendre la
peine de concussion , lequel Officier ou Gradué , préséance sur le Prévôt des Marchands , lequel tien
ainsi par eux choisi , nommé 8c établi , fera ladite dra toujours le premier rang fyséance , encore qu'il ne
fonction eu vertu de notre présent Edit , 8c de sa- soit Gradué. ..Edit de Juillet 1669 ,art. 1 , 4 , 13 fi» 15.

§. XV. Des Juges de la Prévôté de € Hôtel en matière Criminelle.

SOMMAIRES.

i. Origine de cette Jurisdiction , & son état tiere Criminelle. ,y ■.


acluel. 3 , Dernier Règlement qui en a fixé tous les
2. Distinction quant a sa Compétence en ma- Objets.
<•
L

dé°sí?u- C ETTE Jurisdiction est ainsi appéllée, parce commis à la fuite1 de la Cour, & à dix
risdiction, qu'elle a été attachée originairement à lieues aux environs , qui doivent être jugés
&u>nétat l'Office de Grand-Prévôt de l'Hôtel } en dernier Ressort , & qui pour cet. effet
qui est une des premières Charges de da doivent être rapportés par le Lieutenant-
Maison du Roi. Elle s'exerce aujourd'hui général qui a lait l'instruction , ou..au
alternativement par deux Lieutenans-Géné- Grand-Conseil , ou pardevant les Maîtres
raux qui font nommés , non par le Prévôt des Requêtes , à son choix. En íbrte que
.de l'Hôtel , mais par Sa Majelìé elle-même , ce 'n'ést proprement que pour les matières
à titre de Commiílion. Elle est composée du petit Criminel , ou. les simples Délits
d'ailleurs, comme les autres Tribunaux qui de Police qui fe commettent dans les Mai
ont l'exercice de la Justice Criminelle , d'un sons Royales , Bâtimens , Cours & Jardins
Procureur du Roi & d'un Greffier. II y a aussi en dépendans , que l'Appel des JugemerìS
des Procureurs & des Huissiers qui font at rendus dans ce Tribunal doit être porté
tachés singulièrement à ce Tribunal. nécessairement au GrandrConseil. • '. 7\

I I. I I I.

2. Distinc- Nous avons dit , en traitant du Grand- Mais que doit-on entendre fous le nom . Der;
à °r£om- Conseil t que cette Jurisdiction y reflor- de Cas Prévôtaux & de Délits de Police nier Ré-
pétenceen tissoit par Appel. II faut néanmoins distin- relativement à ce Tribunal ? &. quelles font a
Cdmiiiel 8uer ' l"2"*- au Criminel ; il y a de certains les Personnes fur lesquelles il peut exercer fixé tous
fa Jurisdiction ? C'est ce que l'on trouve lesobjets'
le. Crimes , tels que font les Cas Prévôtaux
C ccc 2
572 LESLOIXCRIMIN ELLES, Lt^Ví. Tit. IL
marqué de la manière la plus précise dans en appartiendra qu'au cas qu'il eíit prévenu les
Juges ordinaires. . . Art. IX. Ne seront compris
un dernier Règlement du Conseil , du pre
dans le nombre des. Commensaux , Officiers , ou
mier Avril 1762 (1) , dont il nous suffira autres personnes attachées a la fuite de Sa Ma
de rapporter les dispositions , pour fixer les jesté, ou à celle de la Reine , de la Famille
idées qu'on doit se former de sa Compétence Royale , que ceux qui font inscrits dans les états
sur ces matières , en observant néanmoins enregistrés en la Cour des Aides de Paris... Art. X.
que l'Arrêt qui le Contient n'a point été re- La Jurifdiction dudit Prévôt
, r n'aura
. lieu
,,,fur lesdites
,
t j t ?.. .. n * .„„ „ - ~-n.-'~ .. personnes que pendant le lervice qu elles doivent
vêtu de Lettres-Patentes enregistrées au J Sa M^ Jk h Reine & à h Royalç %
Grand-'Coníeil. fans qu'après le temps dudit service expiré , il
puisse continuer de l'exercer s'il n'y a eu aupara
vant un procès-verbal de capture , ou une infor
0) LoUIS , &c. Art. t Le Prévôt de l'Hôtel mation commencée par lui ou son Lieutenant. . *
de Sa Majesté connoìtra , à l'exclusion de tous Art. XI. Dans les cas oìi ledit Prévôt ne seroit
autres Juges , de tous Crimes & Délits commis compétent qu'à raison du lieu oii Sa Majesté auroit
dans les Palais , Châteaux & Maisons Royales fait son habitation , si elle vient à en changer , il
dans lesquelles Sa Majesté fera Jon habitation ac- ne pourra exercer sa Jurifdiction qu'autant qu'il y
tutlle , ôt dans les bâtimens , cours , basses-cours , aura eu auparavant un procès-verbal de capture ,
& jardins en dépendans , même dans les logemens ou une information faite par lui ou par son Lieu
loués par ses ordres , pour supplément desdits Pa tenant. . . Art. XII. Déclare au surplus Sa Ma
lais & Châteaux... Art. II. La disposition de Par - jesté qu'elle n'entend préjudicier par le présent
ticle précédent sera observée à l'égard de tous les Règlement aux privilèges accordés à certaines per
lieux quiseroient habités par Sa Majesté, en voyage sonnes à raison de leur dignité ou de leur état ,
ou autrement... ART. III. Ledit Prévôt connoìtra qui seront gardés & observes ainsi qu'ils l'ont été
pareillement , à l'exclusion de tous autres Juges , ou dû l'être ci-devant... Art. XIII. Ledit Prévôt
des Crimes & Délits commis dans les PaLiis des ne connoìtra du crime de Rapt , de Violence ou
Tuileries , du Louvre & Luxembourg , Bâtimens , de Séducììon , à l'exclusion de tous autres Juges ,
Cours & Jardins en dépendan* , même dans les lo que dans le cas seulement où il aura été commis
gemens destinés aux Artistes dans les Galeries du dans l'intérieur du Palais , Maisons Royales &
Louvre , aux Gobelins & à la Savonnerie ; & ce , Châteaux dans lesquels Sa Majesté fera son habi
encore que Sa Majesté ne soit pas actuellement tation actuelle , ou dans leurs dépendances ; & les
en la Ville de Paris.... Art. IV. Dans tous les au Juges ordinaires en connoìtront en tous autres cas,
tres Çhâteatix & Maisons Royales où Sa Majesté & à l'égard de toutes personnes , fans exception...
ne fera pas fa demeure actuelle , la Jurifdiction Art. XlV. Dans toutes les causes & procès ci
criminelle fera exercée par les Juges ordinaires , vils dont la connoissance appartient audit Prévôt ,
ainsi que dans tous les autres lieux de leur terri il connoìtra pareillement du faux quiyfera incident,
toire , même à l'égard des Gouverneurs , Capitai fans que , sous prétexte du lieu ou de la personne,
nes , Suisses , Portiers , Gardes-Çhasses , ou de ceux il puisse connoître du faux incident aux causes &
à qui Sa Majesté auroit accordé des logemens dans procès pendans devant tous autres Juges
leldits Châteaux & Maisons. . . . Art. V. Lorsque Art. XV. Ne pourra ledit Prévôt connoître en
Sa Majesté commandera ses Armées en personne , aucun cas du crime du Duel , circonstances &
ledit Prévôt aura la connoissance de tous Crimes dépendances , encore qu'il eût été commis dans
& Délits commis dans le quartier du Roi des lieux ou par des personnes soumises à fa Ju
Art. VI. Ledit Prévôt fera faire exactement des rifdiction , sauf à lui d'informer dudit crime ,
rondes ou patrouilles dans les dix lieues à la ronde même d'arrêter les prévenus en flagrant délit : au
du lieu qui fera actuellement habité par Sa Ma quel cas , il fera tenu de renvoyer les charges , in-
jesté ; fera arrêter les Vagabonds , Gens fans aveu j formationsSc procédures, & ceux qu'il auroit arrê
ou autres qui troublero'tcnt la fureté & la tranquillité tés , dans, les Cours de Parlement & Conseils Supé
de la Cour , & pourra leur faire le procès lorsqu'il rieurs , pour y être ledit procès continué à la pour
aura prévenu les Juges ordinaires... Art. VII. Ledit suite & diligence des Procureurs- Généraux de Sa
Prévôt connoìtra , à Vexclufìon de tous Juges , des Majesté, en la forme portée parles Ordonnances...
crimes & délits commis dans ladite étendue de dix ART. XVI. Les Lettres à?abolition , de pardon &
lieues , tant en la personne de ceux qui font de de rémission qui auroient été accordées pour crimes
service auprès de Sa Majesté, de la Reine, & de & délits instruits par ledit Prévôt , lui feront
la Famille Royale , que par lesdites personnes adressées , & fera par lui procédé à leur entérine
actuellement de service ; fans que , soin aucun pré ment, en ia forme prescrite par les Ordonnances...
texte , il puisse y prendre connoissance dèfdits Art. XVII. Dans toutes les matières attribuées
crimes & délits , à l'égard d'aucuns autres que audit Prévôt, les Juges ordinaires pourront informer
de ceux portés au présent article & au précédent.... ôedécréter , à la chargede renvoyer le procès &
Art. VIII. N'entend Sa Majesté comprendre dans les Accusés audit Prévôt ,' informer & décréter
ladite étendue de dix lieues la Ville de Paris & poiìr crimes commis dans tous les lieux où
ses Fauxbotirgs ; dans" lesquelles Villes & Faux- il peut exercer fa Jurifdiction , encore que la
bourgs ledit Prévôt ne pourra exercer aucune Ju connoissance du crime ou délit ne lui appartînt
rifdiction criminelle , si çe n'est seulement dans les pas , à la charge pareillement de renvoyer le
lieux portés par l'article 3 du présent Arrêt ; & à procès & l'Accufé aux Juges ordinaires qui en
l'égard des crimes & Délits commis dans ladite doivent connoître... Art. XVIII. Ledit Prévôt
/Ville & Fauxbourgs d'icelle , pendant que Sa Ma ou son Lieutenant pourra rendre seul les Ordon
jesté y fera , il n'en pourra connoître que lorsqu'il nances pour permettre d'informer , & pour décré
í.'agira de crimes & Délits commis entre personnes ter ; & à Pégard du Régjemenl a Textráordinaire ,
attachées à son service , ou à celui de la Reine & & autres Jugemens préparatoires , interlocutoires
de la Famille Royale : & en cas qu'ils aient été oudéfinitifs , il ne les pòúrra rendre qu'avec./7.v
commis entre lesdites personnes &c des Bourgeois Maîtres . des Requêtes de CHôtel au moins , ou fìx des
de ladite Ville , pu autres , la connoissance ne lui Conseillers du Grjnd-Confeil ou des Cours de Parle-
DIVISION DÉS JUGES EN M ATIERE CRIMINELLE , &c. 573
tnent ; 8c lorsque Sa Majesté sera en voyage ou tiendra exclusivement à tous autres Juges
hors du lieu ordinaire de son habitation , s'il ne Art. XL. Les Ordonnances & Réglemens concer
se trouve pas à fa fuite suffisamment de Maîtres nant la propreté des Rues , des Lieux que S. M.
des Requêtes ou desiits Conseillers pour remplir habitera , & pour les Boues & Lanternes , seront
ledit nombre , il y appellera six des Officiers des faits par le Juge ordinaire des Lieux , & il con
Bailliages ou Séncchaussées , même des autres noîtra de toutes les contraventions ôc contesta
Justices Royales qui se trouveront les plus proches tions ce concernant ; sauf , en cas de négligence
des lieux où Sa Majesté fera ; & les Jugemens ainsi de fa part , à y être pourvu de Pautorité de S. M. ,
rendus , feront exécutés en dernier Ressort & fans ainsi qu'il appartiendra Art. XLI. Les Or
Appel... Art. XXV. Ledit Prévôt connoîtra du donnances de Police rendues par ledit Prévôt se
bris des Scelles par lui apposés, fans que, sous aucun ront exécutées, nonobstant oppositions ou appella
prétexte , il puisse connoître des actions en recélé tions quelconques & fans préjudice d'icelles , sauf
& divertissement , lesquelles seront portées devant l'appel au Grand-Conseil de Sa'Majesté
les Juges ordinaires... Art. XXXVllL La Police Art. XLII. Veut néanmoins Sa Majesté , que si
fur tous Vivandiers , Marchands ou Artisans pri elles ont été rendues pendant le cours de ses voya
vilégies qui seront à la suite de ladite Cour, appar- ges , ou ailleurs que dans le lieu de son habitation
• tiendra audit Prévôt, à l'exclusion de tous Juges ; ordinaire , ou qu'il se trouve à sa suite trois des
&à l'égard de tous autres Vivandiers , Marchands Maîtres des Requêtes de son Hôtel , Pappel en soit
& Artisans, elle appartiendra aux Juges ordinaires porté par-devant eux , pour y être statué en dernier
du lieu , fans préjudice néanmoins audit Prévôt, ressort , sommairement & sans frais , en la forme
ou son Lieutenant , de faire des visites de Police prescrite par le Règlement du Conseil pour l'ins-
chez eux, & notamment chez les Cabaretiers , truction des incidens... Art. XLIII. Ledit Prévôt
pour la sûreté & bon ordre de ladite Cour. . . . aura la Police des Spectacles qui auront été établis
Art. XXXIX. Ledit Prévôt pourra faire publier , par permission de S. M. dans les lieux oìi elle fera
toutes les fois que besoin sera , les Ordonnances Ion séjour , &c... Arrêt du Conseil , du premier
pour la Police de ladite Ville , même en rendre Avril 1761, portant Règlement pour la Jurifdiclion
de nouvelles s'il est nécessaire, & la connoissance de la Prévôté de FHôtel.
de tout ce qui concernera leur exécution lui appar-

§. XVI. Des Juges de VEleèTion , du Grenier à Sel , 6» des Traites.

SOMMAIRES.

1. Pourquoi ces trois espèces de Jurisdic- sous ce nom 3 & leur Compétence quant
lions font ici réunies. au Criminel.
2. Juges de tEleftion ; de quoi connoijsent 4. Juges des Traites ; pourquoi appellés
en matière Criminelle , suivant les Régie- ains : Délits particuliers dont ils con-
mens. - noijfent.
3. Juges du Grenier a Sel ; ce qu'on entend

. I.

1. Pour- N"ous réunissons ici ces trois espèces de pour cette même Cour , notamment la
^o°ses"S ^u£es ' tant Parce qu'ils ressortilfent éga- Déclaration de Louis XII , du 24 Juin
ces'de îu- lement , comme nous l'avons dit , à la Cour 1500 (1), par laquelle nous avons vu
risdiaions des Aides , que parce qu'ils se trouvent que la Compétence de ces Juges s'étendoit
réunies." d'ailleurs compris dans les dispositions des généralement fur tous les Crimes ô Dé
mêmes Réglemens. Cependant , comme lits qui se commettent au sujet des Ai
d'un autre côté ces Jurisdictions , quiavoient des , Tailles , Gabelles & Impositions Fo
d'abord été réunies , ont eníbite été déta raines envers les Collecteurs , Sergens ,
chées , & fixées à des objets particuliers de Exécuteurs des Rôles , & les Fermiers des
Compétence , nous croyons par cette rai Aides , ou qui se commettent par ces der
son devoir les traiter ici séparément. niers dans leurs fonctions. Nous ajoute
rons seulement à ces dispositions , celles des
Ordonnances de 1680 (2) & de 168 1 (3),
II.
,'14 * J par lesquelles ces mêmes Juges font autori
sés à connoître exclusivement à tous au
2. Juges Juges des Elections. Nous avons déjà
de l'Elec- tres à la charge d'Appel en la Cour des
tion ; de eu lieu de parler dé ce Tribunal en trai Aides , des contraventions qui se com
«juoi con- tant de la Cour des Aides ; & nous avons
noiflent en mettent au sujet du Papier ô Parchemin
matière observé que c'est parmi les Elus qu'ont timbrés , & du Tabac.
Criminel été choisis les premiers Officiers qui ont
le suivant composé cette Cour. Quant à la Compé
les Régle- {i~)V. cette Déclaration rapp. ci-devant , sous
tence en matière Criminelle , nous en le Titre de la Cour des Aides.
avons aussi indiqué d'avance les objets (z) Déclarons la connoissance des contestations
principaux , d'après les Réglemens faits pour tous nos droits compris dans nos Réglemens
574 LES LOIX CRIMINE LLES , Liv. 1. Tit. IL
ô des mois de Mai & de Juin 1680 , appartenir privativement à tous autres Juges , des
à nos Officiers des Elections & des Greniers à affaires , tant Civiles que Criminelles con
Sel en première instance , excepté seulement pour cernant la Ferme générale des Gabelles ,
nos droits , pour lesquels Nous avons établi ou avec les mêmes fonctions & attributions
commis d'autres Juges ; à la charge , en l'un & l'au
dont jouiffoient les Officiers des Greniers à
tre cas , de l'appel en nos Cours des Aides , dans
des matières oìi l'appel est recevable. Ord. de Sel avant l'Edit du mois de Janvier 1685.
Juillet 168 1 , tit. commun des Fermes , art. 50. . . . Cette Loi confirme au surplus les Dispo
Défendons aussi , fur pareilles peines , à tous nos sitions de l'Ordonnance des Gabelles du
Juges & Jurifdictions ordinaires de décréter contre mois de Mai 1680 (3) , en ce qui concerne
eux ( les Commis de nos Fermes ) pour le fait de la manière dont ces Juges doivent procé
leurs Commissions ou Emplois , & pour les cas
arrivés dans le cours & à l'occasion de leurs exer der contre ceux qui tombent en contra
cices : Déclarons les Officiers de nos Eleclions des vention fur ces matières ; notamment en ce
Greniers à Sel , Juges des Traites , & autres de qu'elle veut qu'ils n'en puissent connoître
pareille qualité , seuls compétens , d'en connoître qu'à la charge d'Appel en la Cour des Aides;
en première Instance , respectivement pour ce qui & que leurs Sentences , lorsqu'elles porte
les concerne , à la charge de l'appel en notre Cour
ront des condamnations de Peines afflictives ,
des Aides. Même Ordonn, art. 36. ibid.
ne puissent être rendues que par trois Offi
Ceux qui auront contrefait les Timbres Sc ciers au moins , &. signées d'eux ; & enfin
Moules du papier & parchemin , ou qui leur au-
qu'en cas d'absence d'aucun d'eux , il soit
roient aidé à en faire le débit , seront condamnés à
l'amende de mille livres , à faire amende hono pris à leur place des Gradués ou anciens
rable aux portes de la principale Eglise & de la Praticiens qui signeront pareillement : le
Jurisdiction , & aux Galères pour cihcj ans ; & , tout à peine de nullité , dommages & inté
en cas de récidive , aux Galères à perpétuité rêts , &. de mille livres d'Amende.
La connoissance des contraventions appartiendra
en première Instance aux Officiers de nos Elections,
& par appel en notre Cour des Aides. Ordonn. du (1) Enjoignons très-expressément auxdits Offi
mois de Juin 1680fur le fuit des Entrées , Aides , & ciers punir les Tranfgrejfeurs de nos Ordonnances
autres droits y joints , Tit. des droits fur le papier suivant icelles , & les condamner à la restitution de
& parchemin timhre's , art. 11 & 1%. nos droits ; & ceux des Marchands Fournisseurs
même au quadruple de ce qui se trouvera avoir
(4) Les contestations ( fur le Tabac ) seront ju été par eux fraudé : lesquelles nos Ordonnances
gées en première instance par nos Officiers des Nous enjoignons très-expressément auxdits Grene-
Elections où ils font établis , & ailleurs par nos tiers & Contrôleurs garder & observer étroit, sans
autres Officiers que Nous commettrons , & , en dissimulation ni modération ; & condamner les
cas d'Appel , par nos Cours des Aides. Ord. de coupables , outre la restitution desdits droits , en
Juillet 168 1 , tit. du Commerce du Tabac , art. 30... amende , telle que le forfait méritera , à peine d'en
Les différends civils & criminels qui naîtront en répondre en leurs propres & privés noms. Edit de
exécution du présent Règlement , seront jugés en Henri III , du mois de Mai 1 577 , art. 4.- .
première Instance par les Officiers de nos Elections
dans les lieux oii il y en a , & dans ceux où il
n'y en a point d'établies , par les Juges qui con- (1) LoUIS, &c. Par notre Edit du mois de Jan
noissent de la vente exclusive du Tabac , & par vier 1685 , Nous aurions, pour les considérations
Appel en la Cour des Aides. Déclar. du 17 Oâobre y contenues , supprimé les Officiers des Greniers à
iyxo , art. 25. Sel établis dans les Villes où il y a des Elections ,
& quelques-uns d'eux unis & incorporés dans le
III. Corps des Officiers defdites Elections , avec attri
bution de la Jurisdiction concernant lès droits de'
notre Ferme générale des Gabelles de France; 6c
3. Juges Juges du Grenier a Sel. Nous vou- par autre Edit du mois de Mai 1691 , pour en
du G«- Ions parler de ces Officiers qui sont pré- gager tous lesdits Officiers des Eleclions & Gre
ce" qu'on posés singulièrement pour le fait des Ga- niers à Sel , à s'attacher par leur propre intérêt à
emend belles , c'est-à-dire , de cette espece d'Im- l'augnientation des ventes , Nous leur aurions attri
nem,&sa P°c & met ^ur *e ^ > & ^ont *a Per_ bué neuf fols six deniers pour chacun minot de Sel
vendu 6c distribué dans les Greniers 8c Chambres
Compé- ception se sait , comme celle de la Taille , à Sel dépendansde notre Ferme générale des Ga
teac\ sur chaque famille suivant sa faculté. C'est belles de France , en payant la Finance qui a été
quant an t
Criminel, auíh en cette quante , que ces Juges con- réglée modérément en notre Conseil ; mais comme
noiíTent , privativement à tous autres Ju cette union au Corps des Elections , & cette nou
ges , du baux-Saunage , & généralement velle attribution de neuf fols six deniers par minot
de Sel n'a pas produit l'effet qu'on en devoit atten
de tous les Délits qui se commettent au
dre pour notre intérêt 8c celui du public, en ce que
íùjet des Gabelles (1). Ces attributions font lesdits Officiers unis étant trop occupés dans les
portées principalement par l'Edit du mois fonctions de leurs charges pour le fait des Aides
d'Octobre 1694 (2) , portant désunion de & Tailles &C autres droits qui dépendent de la
la Juriídiction des Gabelles , du Corps des Jurisdiction desdites Elections , ils négligent de
faire les chevauchées dans ,le ressort de leurs Gre
Elections , auquel nous avons vu qu'elle a
niers , & les autres fonctions nécessaires pour la
été attachée dans son principe , & création conservation &c augmentation des droits defdites
de nouveaux Officiers pour former une Gabelles; ce qui donne lieu à l'impunité'du Faux-
Jurisdiction particulière , & connoître , Saunage &c autres malversations qui ruinententié-
DIVISION DES JUGES EN MATIERE CRIMINELLE , &c. 57 $
sèment la régie de notre Ferme desdites Gabelles, bres à Sel dépendantes des Greniers à Sel de notre
D'ailleurs voulant bien foire considération fur les Royaume , même de ceux établis dans notre Pro
humbles prières qui nous ont été faites par plu- vince de Bourgogne ; lesquelles Chambres à Sel
sieurs des Officiers defdits Greniers supprimés , de Nous avons supprimé & supprimons, en tant que
les vouloir rétablir en la fonction des Charges besoin est ou seroit ; & au lieu d'icellcs , Nous
qu'ils exerçoient avant laditefuppression, aux offres avons créé , érigé & établi , en chacun des lieux
qu'ils Nous ont faites de payer en notre Trésor où lefdites Chambres à Sel font établies , 6c avec
Royal la Finance des gages & droits que Nous le même ressort dépendant de chacune desdites
voudrions leur attribuer , & fur les instances qui Chambres à Sel , un notre Conseiller-Président ,
Nous ont été faites d'établir en chacun des Gre- un notre Confeiller-Grenetier, un notre Conseiller-
niers non unis, même dans ceux établis dans notre Contrôleur , un notre Procureur , & un Greffier ,
Province de Bourgogne , un notre Confeiller-Pré- de la même manière & sur le méme pied que ceux
lìdent,pour y rendre plus particulièrement la justice ci-dessus créés clans les autres Greniers de notre
ànos Sujets : & voulant aussi pourvoir à l'incommo- Royaume. Edit du mois d'Otlobre 1694 , portant
dité de nos Sujets ressortissans des Chambres à Sel désunion de la Jurifdiclion des Gabelles du Corps des
dépendantes de nos Greniers , de ne pouvoir lever Elections , & création d'un nouveau Corps d'Offi
du Sel dans lefdites Chambres , que lorsque les ciers de Grenier à Sel , regiflré au Parlement le 19
Officiers de nofdits Greniers peuvent s'y transpor Octobre , & à la Cour des Aides le 2Z Novembre de
ter; ce qu'ils ne font pas assez'souvent pour le la même année.
soulagement de nos Sujets , lesquels souffrent aussi (3 ) Les Officiers de nos Greniers de dépôt con-
beaucoup de préjudice d'être obligés , pour foire noîtront en première Instance , & à la charge de
ce qui concerne
Ordonnance , & des
contraventions qui y pourroient être faites dans l'é-
est établie ; ce qui les consomme en frais. A quoi
tendue de leur Ressort... Seront les Sentences por
étant nécessaire de pourvoir , & après en avoir
tant condamnation des peines afflictives , rendues
délibéré en notre Conseil , Nous avons trouvé à
par trois Officiersau moins, & signéesd'eux; pour
Eropos de rétablir un Corps d'Officiers dans les
ront être pris en leur place des Gradués ou an
eux oìi il y a des Elections , pour connoître sépa ciens Praticiens , qui seront pareillement tenus de
rément & privativement aux Officiers établis & les signer , le tout à peine de nullité , dommages
unis dans lefdites Elections , du fait , tant civil ,
& intérêts des parties, & de mille livres d'amende.
que criminel , concernant la Ferme générale des
Ordonn. des Gabelles du mois de Mai 1680 , tit. 18 ,
Gabelles de France , avec les mêmes fonctions &
Juridictions que les Officiers des Greniers avoient art. 1 & 1 1 .
auparavant l'Editdumois de Janvier i685;en sorte
I V.
que les Officiers établis & unis dans lefdites Elec
tions demeurent réduits dans la feule connoissance
& Jurifdiction du fait des Aides , Tailles , & autres Juges des Traites. On appelle ainsi
droits qui en dépendent , fans qu'à l'avenir ils les Officiers établis pour veiller à la per des 1 rai-
puissent connoître des affaires de ladite Ferme des tes; pour
ception des droits du Roi fur les Marchan quoi ap-
Gabelles ; ce que Nous estimons d'autant plus
dises qui entrent & sortent du Royaume , Î>ellés ain-
"nécessaire , que le produit de notre Ferme des i : Délits
Gabelles est un revenu solide de notre Couronne , 8c ,qui , en cette qualité , connoistent de particu
fur lequel est assigné .le paiement des. rentes créées tontes les Fraudes & Malversations & Dé liers dont
fur l'Hôtel de notre bonne Ville de Paris, & des fas qui peuvent se commettre à ce sujet, ils con-
gages & augmentations de gages acquis par les j Commis & G^.des qu*autres noiíTent.
Officiersde nos Cours oc autres particuliers ,& que .r ,. . , , ... 1 1 /-«
Nous destinons les deniers qui proviendront de la Particuliers , a la charge d Appel en la Cour
vente des charges de cette création, pour satisfaire des Aides. Ces attributions leur ont été
aux dépenses ordinairesôc extraordinaires de notre faites par PEdit de FRANÇOIS I , du mois
Maison, au défaut des fonds qui y étoient desti- d'Avril 1 5 18 (1) , renouvelle par l'Ordon-
nés,- dont Nous avons été obligés de-Nous servir nanœ du moiS de Février 1687 (2) , & en
pour soutenir les grandes depeníes de la guerre. , . • ». ht-j- j o \ s
-XtÉs'tAUSES ,&crNous avons pàr notre présent dermer heu par 1 Edit de Septembre 1 69 1 ,
ÍËditpérpétuei & irrévocable, créé,& érigés créons qui a érige cette Jurifdiction en Offices for-
& érigeons eh titre d'Office formé en chacune des mes & héréditaires ('3).
Villes oìi il y a des Elections établies , un notre
Conseiller-Président , ún notre Conseiller Grene- ( 1 ) Et si aucuns sont trouvés en présent meffait
tier , un notre Conseiller-Contrôleur , un notre transgressant ces présentes Ordonnances , permet-
Procureur , & un Greffier, pour composer une Ju- tons & néantmoins enjoignons auxdits Receveurs
risdiction particulière , & connoître privativement ou Huissiers, Sergens & autres entremetteurs du
à tous autres Juges , même à ceux des Elections , fait defdites Traites & Impositions Foraines , de
des affaires tant civiles que criminelles , concer- prendre, par vertu de cette Ordonnance, fans autre
nant la Ferme générale des Gabelles de France , commission , lefdits Trangresseurs & Infracteurs ,
avec les mêmes fonctions & attributions dont ensemble leur Vin , Marchandises ou Denrées par
jouiffoient les Officiers des Greniers à Sel avant eux menées & transportées, avec les Chevaux, Har<
l'Edit du mois de Janvier 1685. Comme aussi nois & Voitures , dont elles seront conduites &
Nous avons créé ÔC érigé , créons & érigeons en menées. Et voulons que contre lefdits Infracteurs
titre d'Office formé dans chacun des Greniers non soit procédé par déclaration de confiscation des
unis au Corps des Elections , même dans ceux éta- Vins , Marchandises & Denrées , Chevaux , Har-
blis dans notre Province de Bourgogne , un notre nois & Voitures ,&par condamnations d'Amende
Conseiller-Président. Et encore par le même pré- envers Nous , selon que le cas le requerra : & de?
sent Edit , Nous avons distrait , séparé & désuni , deniers quiyssiront defdites confiscations & amen-
distrayons, séparons ÔC désunissons toutes les Cham- des defdits droits de Traite & Imposition Foraine ,
71 .-• * 7>
576 LES LOIX CRIMIN ELLES, Liv. I. Tit. II.
avec les frais préalablement pris sitr la totalité ; en de 1667 , qui leur défend de prendre aucuns droits
soit baillé la moitié au preneur , & l'autre moitié fur les Négocians pour l'expédition 8t vérification
à Nous ; desquelles condamnations ledit principal de leurs acquits & congés , a fait qu'ils sont la
Receveur fera tenu Nous en tenir & rendre plupart vacaus en nos Revenus ca fuels ; ensorte que
compte , avec les autres deniers de fadite recette. Nous avons été obligé de commettre des personnes
Lesquelles Ordonnances enjoignons à notre Pro pour les exercer , leíquelles , étant sujettes à révo
cureur fur le fait des Aides en notredit pays d'An cation , ne s'appliquent pas à se bien inílruirede nos
Ordonnances & Réglemens , ni à rendre la Justice
jou , faire entretenir &L en poursuivre les procès
à nos Sujets comme ils le doivent suivant nos in
fur le dû de son Office. Ord. de François 1 , en tentions. C'est ce qui nous a fait prendre la réso
Avril 1518, art. 1 5. lution de supprimer tous ces Offices vacans ; & au
(ì) La connoiffan'ce de tous les différends civils lieu d'iceux , d'en créer d'autres héréditaires , &
& criminels concernant nos droits de sortie & d'en d'y attribuer des gages qui puissent faire subsister
trée , & de ceux qui naîtront en exécution du pré ceux qui en seront par Nous pourvus : comme aussi
d'accorder à ceux qui seront par Nous pourvus
sent Règlement , appartiendra en première Instance
de quelques-uns de ces Offices l'hérédité , a*ec des
aux Maîtres des ports , leurs Lieutenans , Juges des augmentations de gages héréditaires , afin qu'ils
Traites , & autres auxquels Nous l'avons attribuée puissent s'appliquer tous , avec désintéressement , à
par leurs provisions ou commissions , chacun dans rendre la Justice à nos peuples , St à faire exécuter
l'étendue du Ressort qui lui aura été marqué , & nos Ordonnances. A CES CAUSES, &c. Nous avons
par Appel en nos Cours des Aides. Défendons à par le présent Edit perpétuel & irrévocable , éteint
tous autres Juges , même aux Officiers de nos ^.supprimé, éteignons & supprimons tous les Ojficts
Elections , d'en prendre connoisfance , à la réserve de nos Maîtres des Ports , Juges des Traites ou de
toutefois de ceux de l'Election de Paris , qui pour la Douane, ci-devant créés & établis pour connoître
ront en connoître en première Instance dans l'é de nos droits de sortie & d'entrée , & autres droits
tendue de leur Ressort... Ils connoîtront aussi des y joints , sous quelque titre & qualité que ce puisse
Malversations & Fraudes des Commis & Gardes , être , qui sont tombés vacans en nos Revenus ca-
& des concussions , violences & autres excès par fuels ; & au lieu d'iceux, Nous avons créé & érigé ,
eux commis dans l'exercicede leurs Commissions , créons fi" érigeons en titre íOffices formés 6* hérédì~
tains, fçavoir, un notre Conseiller-Président, Juge
& ils pourront procéder contr'eux extraordinaire
de nos droits de sortie & d'entrée , & autres droits
ment jusqu'à la Sentence définitive inclusivement... y joints , un notre Conseiller-Lieutenant , un notre
Dans les Jugemens où il échéra condamnation à Procureur, un Greffier, & deux Huiffiers-Sergens
peine afflictive, ils se feront assister au moins Royaux , pour composer une Jurisdiction en chacune
de trois Officiers ou Gradués. Ordonn. du mois de des Villes & lieux de notre Royaume , Terres ,
Février 1687 , tic. 1 1 , art. 1 , 3 & 6. Pays de notre obéissance, Où il y a des Bureaux éta
blis pour la levée & perception de nos droits , & que
Nous trouverons à propos d'établir , à la réserve
(3) LoUIS, &c. Les droits de Traites, d'Imposi de nos Officiers de ladite qualité qui sont à pré
tions Foraines & Domaniales , & autres que les sent dans aucuns desdits lieux avec provisions de
Rois nos Prédécesseurs ont trouvé à propos de faire Nous , que Nous avons maintenus & conservés ,
lever fur les Marchandises & Denrées qui sortent maintenons & conservons dans la fonction de leurs
de ce Royaume , & qui y sont apportées de Pays Offices , & auxquels Nous avons par le présent
étrangers, & de nos Provinces réputées étrangères, Edit accordé & accordons l'hérédité , pour par eux,
les ont engagés d'établir des Officiers fous le titre & ceux qui seront pourvus desdits nouveaux Offices,
de Maîtres des Ports ou Juges des Traites , afin de connoître en première Infiance de tous les diffé
tenir la main à la levée & perception desdits droits rends Civils fi» Criminels concernant nofdits droits
dans tous les lieux où ils jugeront nécessaire d'é de sortie 6» tsentrée , fi» autres y joints , chacun
tablir des Bureaux auxquels ils ont attribué la Ju dans l'étendue du Ressort qui lui aura été désigne
ridiction civile & criminelle en première Instance , par nos Lettres de provision , & jouir par eux des
des différends & contraventions qui arrivent à cette exemptions de toutes assemblées de Villes , de
occasion, lesquels furent créés en titre d'Offices par Guet , de Garde , de Porte & de Ville -, & autres
Edit du Roi Henri II , du mois de Septembre 1 549 , attribués par les Edits de Création , avec pouvoir
& confirmés par sesLettres-Patentes du ^Novembre auxdits Huiffiers-Sergens Royaux , d'exploiter dans
1551. Nous avons trouvé ces Offices si nécessaires tout notre Royaume : comme aussi Nous avons créé
au bien de nos Peuples & à la conservation de nos & érigé, créons & érigeons en titre d'Offices formés
droits, que Nous en avons confirmé rétablissement & héréditaires , fçavoir , un notre Conseiller-Proh
par notre Edit du mois de Mars 1607 ; mais le cureur & un Greffier dans les Juridictions qui
peu de gages qui leur sont attribués , suffisant à seront établies pour les dépôts de Sels dans les cinq
peine pour payer l'annuel & les prêts dont ils sont lieux des pays rédimés de Gabelle , énoncés dans
chargés , & les retranchemeus de leurs droits ma notre Ordonnance du mois de Mai 168 1. Edit du
nuels faits en dissérens temps , même par notre Edit 17 Septembre 1691.

$. XVII.
DIVISION DES JUGES EN MATIERE CRIMINELLE , &c. J77

§r-XVII. Des Prévôts Généraux, Prévois Provinciaux & Gardes des

Monnoies , & de leur- Compétence en matière Criminelle.

Juges-Gardes étabHs dans nos Monnoies , Provinces


, OUS avons déja eu lieu de parler de ces
N. . & Généralités , soient^ relevées en notre Cour des
Juges , en traitant de la Cour des Mônnoíes , Monnoies. Edit de Juin 1704 , portant création
comme se trouvant compris dans la dispo de la Cour des Monnoies de Lyon , art. 10.
sition des Réglemens ( 1 ) qui ont été
(3) Et d'autant qu'il est nécessaire que les Ar
faits pour cette Cour , à laquelle ils reflbr- rêts de ladite Cour soient exécutés avec autorité 7
tissent (2). Nous observerons seulement en sorte que la force demeure a la Justice , Nous
îci en général , que la Compétence de ces avons , par le présent Edit , supprimé le Lieutenant
du Prévôt Général des Monnoies , l'Exempt ôc les
Juges en matière Criminelle porte égale huit Archers étáblis dans le Département de Lyon-
ment fur toutes les différentes espèces de nois ; ordonnons qu'ils remettront ses quittances
Malversations qui se commettent, tant par les de Finance , provisions & autres titres pardevers le
Orfèvres & autres travaillans au fait de Contrôleur-Général de nos Finances , dans un mois
après la publication du présent Edit , pour être
Monnoie , que par les Merciers & autres procédé à la liquidation de leur Finance, & pourvu
trasiquans en or & en argent, {kmême contre à leur remboursement. Et par çe même présent
les Particuliers qui auroient chez eux des Edit , avons créé & érigé , créons & érigeons ère
titre d'Office héréditaire pour servir dans l'étendue
fourneaux prohibés : avec cette différence du Reliort de notre Cour des Monnoies7» Lyon ,
néanmoins , qu'au lieu que les Juges-Gardes un notre Conseiller Prévôt-Général de nos Mon
des Monnoies ne peuvent jamais connoître noies , un notre Conseiller-Lieutenant r un notre
de ces matières qu'à la charge de VAppel Conseiller-Assesseur , & un notre Conseiller- Pro
cureur pour Nous , quatre Exempts , un Greffier ,
en la Cour des Monnoies , les Prévôts trente Archers , ftc un Archer Trompette... Sera
Généraux , & les Prévôts Provinciaux tenu le Prévôt de faire juger en notre Cour des
peuvent connoître en dernier Ressort de Monnoies les Procès qu'il aura instruits contre les
Accusés & Délinquans , dont il aura fait les cap
certains Cas qui font exceptés par les Ré tures dans l'étendue de la Généralité de Lyon,
glemens , notamment des Crimes de fause Forez & Beaujolois ; & à cet effet lui avons donné
Alonnoie , Altération , Exposition , Billon- rang & séance entre les Conseillers de ladite Cour ,
nement & Transport des Monnoies & Ma à la charge par lui & ses Lieutenans , Assesseur ,
Exempts & Archers d'y prêter serment... Et pour
tières d'or & d'argent prohibées , dedans & ôter tout prétexte de Conflits de Jurisdiction , vou
dehors le Royaume. Mais pour cela, ils lons que le Prévôt connoisse , privativement à tous
font obligés d'appeller le nombre de Gra autres Prévôts , & par concurrence avec les Juges-
Gardes des Monnoies , de tous les crimes & Délits
dués requis par les Ordonnances ; & ils
commis parles Justiciables de ladite Cour, jusqu'à
font même tenus , aux termes des derniers Sentence définitive inclusivement , sauf fAppel en
Réglemens , ( & notamment de l'Edit de la Cour , & par prévention & concurrence , de faux
Juin 1704, portant création de la Cour Monnoyeurs , Rogneurs , Billonneurs , Transport des
Monnoies & Marchandises d'or & d'argent prohibées
des Monnoies de Lyon à l'instar de celle dedans & dehors notre Royaume , avec pouvoir 5c
de Paris (3) ) lorsque les Crimes font faculté audit Prévôt, son Lieutenant , Assesseur &
commis dans l'étendue de la Prévôté de Exempts d'informer & décréter pour tous les cas
Paris , ou de la Généralité de Lyon , de ci-dessus contre les coupables , auxquels il fera le
procès , appellant un Assesseur avec lui pour les
porter les Procès par eux instruits aux rccolemens & confrontations. . . Voulons que les
Cours des Monnoies , pour y être jugés procès par lui instruits hors la Généralité de Lyon ,
€n dernier Ressort; & s'ils font commis pays de Forez & Beaujolois , soient jugés par le
plus prochain Présidial , avec le nombre de Juges
ailleurs , au plus prochain Présidial du lieu
Gradués porté par nos Ordonnances , après néan
du Délit. moins que la compétence en aura été jugée
Et d'autant que depuis le pouvoir donné à notre
Cour des Monnoies à Paris , de juger en dernier
(1) V. ces Réglemens rapportés ci-devant íbus
Ressort , il est intervenu plusieurs Edits , Déclara
le Titre de la Cour des Monnoies. tions & Réglemens concernant fa Jurisdiction &
f2) Voulons qu'à Pavenir les Appellations des Compétence , ses Privilèges & Exemptions , Nous
Généraux Provinciaux de nos Monnoies dans les voulons que le tout soit commun avec notre Cour
Provinces du Ressort de notre Cour des Monnoies , qui sera établie à Lyon. Mime Edit de 1704 , art.
créés par le présent Edit , & les Appellations des l8,2I, 22 y 2.3 &

Dddâ
J78 LES LOIX CRIMINELLES, Liv.I. Tit. III.

TITRE TROISIEME.
► • ; ' " *■ ( - . \

De V Accusateur en général.

SOMMAIRES.

ï. Pourquoi F Accusateur est placé ici avant 3. Comment se sormoit l'Accusation dans le
tAccusé. Droit Romain , & Peine de ceux qui y
z. Cas particuliers oh le Juge peut procéder succomboient.
sans Accusateur. 4. Différence de nos Usages fur ce point.

OU S mettons ici l'Accusateur avant dommages & intérêts des parties intéressées. Ord.
cufateur l'Accusé s parce que le plus souvent celui- de Bíois , art. 184.
est placé c- n>efl. p0int connu dans le temps que
ici avant , a r • o ... n I I I.
l'Accusé. se forme 1 Accusation , & qu il n est pro
prement constitué tel que par le décret
qui se rend íùr le vû des charges & in L'on comprenoit , chez les Romains, fous 3. Com
le norri d'Accusateur toutes sortes de Per ment se
formations. sormoit
1 L sonnes qui déféroient un Crime public à l'Accusa
la Justice : Ils l'appelloient Crime public , tion dans
le Droit
». Cas par- Ce n'est pas qu'il n'y ait aussi de cer- pour le distinguer des simples Délits privés Romain ,
ticuiíers tains Cas , où le Juge peut commencer son dont l'accufation n'étoit permise , suivant & Peine
de
peut6 pro- instruction fans y être provoqué par un eux , qu'à ceux-mêmes qui y avoient un qui j
céder fans Accusateur , tels que ceux du flagrant intérêt particulier. A la vérité nous voyons luccom-
Accusa boiesta
délit , ou des Crimes publics & notoires. aussi en même temps , que pour empêcher
teur.
Nous voyons même que les Ordonnances que cette faculté générale d'accuser ne dé»
lui en font une injonction exprefle (1). générât en pure vexation , ce même Peuple
Ce qui ne doit s'entendre néanmoins qu'avec y avoit attaché de certaines conditions,
cette modification , que dès le moment dont la rigueur fervoit à en tempérer {'exer
qu'il s'est assuré du fait par les informations cice. Ces conditions consistoient d'abord à
&. les Procès-Verbaux qu'il dresse fur les aslùjettir celui qui vouloit accuser à la
lieux , il ne peut passer outre , ni rendre formalité de P Inscription ( 1 ) , suivant la
aucun Jugement qui tende à inculper l'Ac quelle il devoit comparoître en personne
cusé , si son ministère n'y est excité par un devant le Magistrat, lui présenter ie libelle
Accusateur , lequel est pour les causes Cri de son Accusation , par lequel il lui dé-
minelles , ce qu'est le Demandeur pour les claroit avec serment qu'il s'obligeoit de
Causes Civiles. donner caution , & de persister dans son
Accusation jusqu'au Jugement , ou bien
( 1) Enjoignons à tous nos Juges , & les Baíirs- de garder Prison en même temps que l'Ac
Juíticiers , informer en personne & diligemme«t , cusé. L'effet de cette Inscription étoit tel ,
fans divertir à autres actes , des crimes & Désirs
qui feront venus à leur conneiffanee , vaquer & que si par l'événement l'Accusation ne se
procéder , toutes choses délaissées, à la confection trouvoit pas fondée , c'est-à-dire , que l'Ac-
des procès criminels , íèlon îe contenu au soixante cufateur n'eût pu [fournir aucune preuve ,
& quatrième article de •'Ordonnance faite aux ou qu'il eût prévariqué de quelque manière,
Etats tenus àOrléans , ensemble faire pracès-verbal
de plaintes & dénonciations qui leur auront été soit en colludant avec l'Accuse , soit en se
faites des crimes & délits commis en leur Ressort. désistant avant le Jugement fans en avoir
Et afin de connoître quel devoir & diligence ils y obtenu la permission du Juge , il devenoit
auront fait , enjoignons à nos Prévôts , Chaftelains ,
& tous autres Juges inférieurs, d'envoyer auxBail- dans tous ces cas punissable de la Peine
lifs & Sénéchaux, ou leurs Lieutenans, le rôle des du Senatus-Consuhe Turpillien , qui étoit
procès criminels qu'ils auront jugés , & lesdits celle de l'infamie , avec une Amende ; &
Baillifs & Sénéchaux envoyer semblable rôle à nos même de la peine du Talion , lorsqu'il y
Cours de Parlement & Procureurs - Généraux en
icelles, lesquels , & leurs Substituts en chacun Siège , avoit preuve de calomnie (2). Ce n'est pas
& semblablement les Procureurs Fiscaux des Sei tout : nous remarquons encore que , suivant
gneurs , seront tenus de faire diligente poursuite & le même Droit Romain , cette faculté d'ac
recherche desdits crimes , fans attendre quil y ait cuser avoit reçu d'ailleurs plusieurs restric
Instigateur , Dénonciateur , ou Partie Civile j le
tout fur peine de privation de leurs états en cas tions remarquables relativement à la qua
de connivence ou de négligence , 8c de tous dépens , lité des personnes qui se préfentoient à cet
DE L'ACCUSATEt R EN GÉNÉRAL. 579
effet (3) ; qu'il y en avoit auxquels cette quelque rigoureuses qu'elles fussent d'ail
faculté étoit absolument refusée , comme leurs , n'étoient point encore suffisantes
étoient les Infâmes , les Esclaves ; d'autres pour empêcher & prévenir les inconvéniens
à qui cette faculté n'étoit permise qu'en dangereux qui pouvoient résulter de cette
de certains cas , comme les Femmes , les Faculté indéfinie d'accuser , en ce qu'elle
Pupilles , les Soldats , & les Magistrats , ouvroit une libre carrière à l'esprit de ven
qui n'étoient admis à accuser que lors geance , de jalousie & de cupidité , que rien
qu'ils y.avoient un intérêt particulier (4) j le plus souvent n'étoit capable d'arrêter :
comme aussi Y Accusés qui ne pouvoit non ce sont toutes ces Considérations qui ont
plus être admis à accuser son Accusateur donné lieu à ces deux Changemens remar
qu'après s'être purgé par lui-même del'accu- quables , que notre Jurisprudence a cru
sation formée contre lúí (5). . ' „_ *j devoir apporter aux dispositions des Loix
Romaines en cette matière. L'un , c'est que
(1) Sicui Crimen objiciatnr , prsecedere débet in nous ne connoissons plus ni l'Inscription , ni
Crimensuscriptio quae res ad id inventa est, ne facilè le Cautionnement , ni l'obligation de tenir
quis proíiíiat an accusationem , cum sciât inultam Prison , ni les autres Peines du Sénatus-
sibi accusationem non futuram. . . Cavent itaque
singnli quòd Crimen objiciant, & praeterea perse- Consulte Turpillien, non plus que celle
veraturos se in Crimine- usque ad Sentcntiam. L. 7. du Talion ; quoiqu'on en trouve encore
Js. 1. ff.de Accusât. & Inscript. quelque vestige dans nos anciennes Loix ( 1 ) ,
(1) Accusationis ordinem jam dudum Legibus & qu'il en reste même encore aujourd'hui
institutain servari jubemus : ut quicumque in dis- dans les Loix d'Allemagne (2). Ce n'est
crimeu capitis acccríitur', non statim reus qui accu- pas au íiirplus que les accusations calom
sari potuit cxilìiinetur : ne subjectam innocentiam
feriamus , sed quisqais illeeiè qui Crimen intendit , nieuses & mal fondées ne soient sujettes
in judicium veniat , nomen rei indicet , vinculum à quelques Peines parmi nous , ainsi que
inicriptipnis arripiat , custodiae, iìmilitudinem habita nous le verrons , d'après l'article 7 du
tamen dignitatis xstimationé patiatu'r , nec impu- titre 3 de l'Ordonnance de 1 67.0. L'autre
nitam fore noverit licentiam mentiendi cum calum-
niantesad vindìclam poscatsimilitudo supplicii. L. 17. Changement consiste en ce que nous avons
Cov. de Accusât. & Injcript. banni entièrement ces actions populai
(3) Qui accusare possunt intelligemus fiscierimus , res ( 3 ) , par lesquelles toutes sortes
<jui non possunt. Itaque prohibentur accusare , alii de personnes , jusqu'aux Etrangers même ,
propter lèxum , vel setatem ut Mulier , ut Pupillus : étoient admis à accuser , lorsqu'ils n'a-
alii propter sacramentum ut qui Jiipendium me- voient d'ailleurs aucune des incapacités
rtnt : alii propter Magisìratum potestatemve, in quà
agcutes sine fraude in jus evocari non possunt : alii prononcées dans le Droit : c'est-à-dire , qu'il
propter delictum proprium , ut Insamts : alii propter ne suffit pas parmi nous de n'avoir aucune
turpem quaefium , ut qui duo judicia adversùs duos incapacité légale pour accuser j mais qu'il faut
reos subscripta , habent nummosve ad accusandum ,
de plus avoir un intérêt légitime à l'accusa-
vel non accusandum acceperint: alii propter con-
ditionem suam , ut libtrtini contra Patrouos. L. 8. tion que l'on veut former. Par intérêt légiti
ff. de Accusât. & Inscript. me , nous entendons parler de celui qui se
(4.) Tamen omnes fi suam injuriam exequantur trouve fondé sur l'une , ou sur l'autre de ces
mortemvc propinquorum defendunt , ab accusatione deux causes : sçavoir , ou sur Vavantage qu'en
non excluduntur. L. u.js. ibid. doit tirer le tuèlic, par la réparation exem
(5) Si quis reus factus est purgare se débet , nec plaire du trouble & du scandale que le Crime
ante potest accusare quàm fuerit cxculàtus , ut non lui a causé } ou sur le dédommagement dû
relatione criminum sed innocentiá reus purgetur. au Particulier qui a souffert de ce Crime ,
X. 5. ff.de public. Judic.
soit directement dans fa personne , soit indi
rectement dans celle de ses proches , & de
IV. ceux qu'il a en fa dépendance (4). Or
comme l'un & l'autre de ces Intérêts peu
4. Diffé- Nous verrons dans un moment , en trai- vent se rencontrer dans le même Crime \
* ol^Usa8 tant ^e ^eux *lu* peuvent ou ne peuvent voilà pourquoi nous ne connoissons aussi
ges fur ce pets accuser , ce que nos Usages ont de proprement que deux sortes d'Accusateurs j
point. commun & de différent de ceux des Ro l'un que nous appelions Partie publique ,
mains en cette matière. Nous observerons parce qu'il est chargé spécialement de la
seulement ici en général , que l'Expérience vindicte publique ; &. l'autre Partie privée ,
ayant fait voir d'une part , que la crainte de parce qu'il n'a droit que de poursuivre
s'exposer à la rigueur des Peines établies des condamnations relatives à son intérêt
par le Droit Romain , retenoit le plus particulier. Cependant , comme l'une &
souvent ceux qui pouvoient donner con- l'autre de ces Parties ont d'ailleurs des
noissance à la Justice des Crimes les plus devoirs & des formalités particulières à
atroces , & dont l'impunité tendoit à en remplir , nous croyons devoir en traiter
favoriser le progrès ; & de Vautre , que les séparément.
formalités établies dans ce même Droit , (1) Ordinamus quòd si :iliqtiis accusator, vel
D d d d 2
580 LES LOIX CRIMINE LLES, Liv. I. Tit. III.
clentintiator appareat , & voluerit prosequi contra les circonstances de l'afFaire , jusqu'à la décision dont
aliquem , nomcn ejus in inscriptione ponatur, & si il vient d'être parlé. On permettra , taut à-1'Accusa
calumniator repcriatur, ad cognitionem Sencschalli teur qu'à celui qui voudra fournir ses défenses ,
vel Judicis puniatur. Ord. de Philippb IV , de de communiquer avec Us personnes qu'ils voudront
1304. V. GUESNOIS , liv. IX , tit. z , ss. 2. employer , soit pour servir de cautipp., soit pour
avoir des preuves comme il a été dit.... Ordonn. de.
(i) Lorsque l'Accusateur sera hors d'état de four Charibs-Qvint , art: Í4Ì « 'CL-
nir la susdite caution , & qu'il voudra néanmoins
poursuivre la Procédure Criminelle , il sera tenu (3) V. le Tit. du ff. de popularib. acliontb. liv, 47.
de se constituer prisonnier avec l'Accusé , ou d'être (4) Si sua m injuriam exequantur mo'rtemve pro-
mi s en sûreté , selon la situation des personnes , & pinquorum défendant. L. u. fs. de Accusât* d\ L"j
i/,"-.'1 :n rr ~ii ,3

CHAPITRE PREMIER.

De la Partie publique. "in)


- 1

SOMMAIRES.

1. Qu entend on sous le nom de Partie pu- • poursuivre sans le concours de la Partie


blique ? privée.
2. Officiers publics ,suivant le Droit Romain; 8. Ses devoirs quant à la preuve du Crime.
en quoi différoient des nôtres. 9. Dtu< sortes de Conclusions qu'elle doit
3. Trois Classes différentes d'Officiers publics prendre. ~ f]
parmi nous. 10. Ses devoirs qUant aux Prisons & aux
4. Procureurs-Généraux ; pourquoi ainsi ap- Prisonniers. 1 ' • ■
1 1 . Ses devoirs quant xdtlx frais de . VIns
pellés : éminence de leurs fonctions.
5 . Trois sortes de Subflituts de ces premiers truction & du Jugement.
Officiers \ Edits de leur création. 1 2. Pourquoi nefi sujette à aucune con
6. Cinq Objets principaux fur lesquels doi damnation personnelle de Dépens envers
vent rouler les fonctions de la Partie publi l'Accusé.
que en matière Criminelle. 1 3 . Cas particulier où elle est sujette a la.
7. Crimes particuliers que cette Partie ne peut prise a Partie.

I.

1. Qu'en- Sous le nom de Partie publique , nous fungitur, sicut exigere pœnam déserta; accuíàtionis
sous °ie comprenons tous Officiers publics qui font non potest , ità judicare ut ea inferatur fententia
sua non potest. L. 3. Cod. ubi caus. Fisc. . ... Ad
nom de chargés principalement du foin de pour ■siscum pertinentes causas Rationa/is decidat omnibus
vue f" suivre la vindicte publique, c'est-à-dire, concussionibus prohibendis. L. 5. Cod. ibid. V. aussi
de faire réparer par des Peines publiques la Loi z du même Titre.
le trouble & le scandale que le Crime a
pu causer à la société. Nous disons prin III.
cipalement ì parce que les fonctions de ces
Officiers n'ont pas feulement pour objet
II faut distinguer , parmi les Officiers qui %. TroU
la vindicte publique ; mais encore de veiller font chargés de la vindicte publique dans ^|^sdif"
à l'exécution des Ordonnances en géné
ce Royaume , trois Ordres différens aux- d'Officiers
ral , & au maintien des droits particuliers quels nos Loix ont attaché des fonctions P^lic*
de la Jurifdiction à laquelle ils font attachés.
plus ou moins étendues , suivant la qualité nous)*
des Tribunaux où ils doivent les exercer :
II.
fçavoir , en premier lieu , les Procureurs-
GénÉRAUX , qui ont leurs fonctions près
s. offi- II faut donc bien distinguer les Officiers
des Cours Supérieures. Noub comprenons
bit" sol" ^0nt nOUS Par^ons ici •> ^e ceux d°nt il
aussi fous ce nom les Avocats - Géné
vant'ie parlé dans le Droit Romain fous le nom
Droit Ro- ç\e Nationales , dont les fonctions étoient raux , qui , comme l'on fçait , parta
gent également les fonctions du Ministère
quoi diffé- uniquement bornées aux affaires Civiles
roient des qUi intéreflbient le Fisc : tellement que la public , avec cette différence feulement ,
que ceux-ci ont la parole , c'est-à-dire , .que
Loi ne leur accordoit , quant au Criminel ,
leurs fonctions consistent principalement à
que la simple faculté de poursuivre l'exé
prendre des conclusions à ¥Audience ; au
cution des Jugemens qui prononçoient la
lieu que c'est aux Procureurs-Généraux
Confiscation des biens.
qu'appartient la plume ou le droit exclusif
Procurator meus qui vice Praesidis Provinciae non de prendre des conclusions par écrit. Les
DE L' ACCUS ATEUR EN GÉNÉRAL
Officiers publics du second ordre sont les !tione '& impedimento , ac sine praejudïcio juris-
PROCUREURS I>U ROI qui sent attachés aux ■?Nem:pr*terëàquòd infidèles, feu injuriosos &
~ t» 7\ -i» nnprobos aperte exactores , vel de uuiris luipec-
Sieges Royaux ( a quoi 1 on peut rapporter tos . aut turpem vjtam ducentes , in suo non fus
ées Officiers publics connus fous le nom ' tìncbunt erro/e , irnmò eprum excessifs corrigent
de Promoteurs , qui font , dans les Sièges .'Muâ fide- :
de l'Officialité , les mêmes .fpnctions qu£ (3) Magistratus is est in quem omnes siiasactiones
les Procureurs du RqÌ dans leç Sièges -Principes, populus uuiversè transcrij>serunt, asilurn
Rovaux^ Fnfin les Officiers nufclks' du ^egum , arxiastitiae innocentiae v.m paísœ , aut ju-
iioyaux;. tnnu ies umciers puancs au ákM cirCumV€M* propugnaculum y in-tercessor re-
■ troisième ordre sont les PROCUREURS ÏÍS- rum malarum , seasor rerum bonarúm , prœsentis
CAUX qui font attachés aux Justices Sej- serrj^er animi actor & defensor , de Sententia juris.
gneujiales. ^Çuitarii. V/ BVnÉlÊ (n fts Forerifesl

I V.
y.

4. Procu De tous ces Officiers , il n'y a que ceux


reurs-Gé du premier Ordre dans qui Ton peut dire Çe fut aussi pour soulager ce Magistrat ï-TYoì*
néraux ; dans des fonctions aussi importantes & Substhufs
pourquoi que réside proprement le foin de la vindicte
ainsi ap publique. Auflì voit-on qu'anciennement aussi étendues, qu'il lui fut permis dès les de ces pre-
pelles : é- premiers temps d'avoir auprès de fa per- g^eerrss °£~
minence ils étoient les fwU qui fussent pourvus
de leurs par Je Roi à cet effet ; ce qui leur a fait sonne des Substituts qu'il se choisissoit, & ditsdeíeur
fonctions. qui ont été enfin pourvus en titre d'Office créatlon-
donner le nom de Généraux. Ils font connus
autrement fous le nom de Gens du Roi , par Edit du mois de Mai 1586 (1). Mais
nom qui vient originairement , suivant la Ceux-ci n'.ayant encore pu suffire à cause
remarque des Auteurs (1) , de ce que par de l'augmentation du nombre de Tribu
les anciennes Ordonnances r & notamment naux , l'on fut obligé de créer successive
celle de Philippe-le-Bel en 1302 , ils y ment de nouveaux Substituts pour faire
sont qualifiés de Gentes noflras...... Nous dans les Bailliages & autres Sièges Royaux
voyons en effet que ces Magistrats jouis ordinaires les mêmes fonctions que les
soient dès ces premiers temps ., comme ils Substituts du Procureur-Général dans les
jouissent encore , de la plus Ijtaute coníì- Cours : & ce font ceux dont nous venons
-dération. L'on en peut juger par la for de parler fous le nom de Procureurs du
mule du Serment qu'ils piêtoient devant Roi , qui doivent leur établissement , fça-
le Roi , où ils s'engagent entr'autres « de voir ceux créés pour les Bailliages &
» faire justice aux grands comme aux Sénéchaussées , à l'Ëdit de François I , du
» petits , aux étrangers comme .aux ci- mois d'Août 1522 (2), 6c ceux créés pour
» toyens , fans aucune acception de per- les autres Sièges Royaux , à l'Edit de
» sonne ou de nation ; de garder ck con- Henri II, du mois de Novembre 1553 (3)-
» server les droits du Roi , fans néan- Ce ne fut pas tout j comme il s'étoit in
,» moins aucun préjudice des droits d'au- troduit dans la fuite quelques abus relati
-» trui; de faire observer les Usages &les vement aux fonctions des Procureurs du
» Coutumes des lieux , & de ne point Roi qui négligeoient la poursuite des Cri
» souffrir dans leur Jurifdiction de gens mes , & qui íubstituoient en leur place ,
» fans religion & Perturbateurs du repos en cas d'absence , des Gradués , qu'ils pou-
» Public , d Usuriers , & de gens scanda- voient révoquer à volonté , le Roi Henri III
» leux & de mauvaise vie, mais de les crut devoir faire cefler ces abus , en. créant
» punir fans aucune dissimulation (2) ». dans chaque Siège Royal des Officiers
C'est aussi íùr ce fondement que Budée , sous le nom de Substituts , pour suppléer
en parlant du Procureur-Général , l'appelle aux Procureurs du Roi en cas d'absence ou
•» le- Dépofitaire de tous les intérêts du de légitime empêchement. Cette derniere
» Prince & du Public , l'ajyle des Loix , création a été faite par un Edit du. mois
de Mai 1586 (4) , que nous croyons de
» le rempart de la jujlice & de l'innocence
voir rapporter ici , de même que les pré-
» attaquée (3) ».
cédens , pour qu'on puisse juger des pré
rogatives , & de l'etendue des fonctions qui
( 1 ) V. le Traité de la Police de la Marre ,
liy. 1 , tit. x. ont été attachées originairement à chacun
de ces Officiers en particulier.
(2) Imprimis jurabunt quòd quamdiù fuerint in
administratione vel officio sibi commisso , facient
justum judicium omnibus períbnis , magnis &
parvis , extraneis & privatis , cujufcumque coudi- (O Henri, par lagracede Dieu , Roi de France
îionis existant , & subditis quibuscumqne , sine per- & de Pologne : A tous présens 8í à venir , Sallt.
íònarum acceptione , vel nationum scrvando & Comme pour se bien & utilité de nos Sujets en
custodiendo diligenter usagia locorum & consue- l'administration de la Justice , nos Prédécesseurs Rois
tudines approbatas.Iníuper jurabunt jura nostra bonâ ayent faits plusieurs bons Réglemens , & établi ,
fidé requirere , custodire & salvarc , .suie diidlnu- créé& érigé les Offices qu'ils ont peníe nécessaires
jgz LES LOIX CRIMINM ìLLES, Liv. I. Tit. III.
à la prompte expédition & vuidange des procès : les rapports des Requêtes civiles , propositions
ce néantmoins sommes duement avertis de ce qui d'erreurs , procès civils & criminels , & Com
se passe journellement en no» Cours de Parlement missions , fans que les Procureurs des parties plai
& autres nos Juridictions au fait de la Justice , dantes puissent dorénavant convenir d'autres Ad
même que nos Procureurs-Généraux admettent à joints en tous actes de Justice où l'on a de coutume
leurs Parquets , & prennent pour leurs Substituts prendre Adjoints , tant pardevant nofdits Con
des Avocats , lesquels , postulaus & mamans les
seillers de Parlement , Requêtes de notre Palais ,
affaires du commun , se chargent des iuformations ,
procès Civils & Criminels des parties pour lesquelles qu'autres Jurifdictions Souveraines, que desdits
îe plus souvent ils ont écrit , plaidé & consulté , au Substituts , & ce fur peine de faux ; déclarant
grand dommage de nos Sujets , dont peut advenir dès-à-préfent toutes Enquêtes , Commissions &
pluCeurs inconvéniens j aussi que les Substituts , pour autres actes de Justice où ils n'auront assisté après
se préparer de faire leur rapport devant nos Procu la publication de ces présentes , nulles & de nul
reurs & Avocats Généraux , des procès étant en effet & valeur ; lesquels Substituts voulons être
leurs mains , prennent & se font avancer salaires & employés en toutes Commissions , tant ordinaires
épices ,voire plus grand bien souvent que nosCon- qu'extraordinaires , ès Cours & Compagnies oìt
feillers , fans que lefd'ts salaires viennent aucu ils seront établis. Et afin que nos Sujets puissent
nement en taxe , ains demeurent en pure perte de plus facilement avoir expédition , ordonnons pour
ceux qui les ont avancés. A quoi il est nécessaire notre Parlement de Paris le nombre d efdits Adjoints
de pourvoir & remédier , ne désirant moins que de nos Cours Souveraines , & Substituts de nos
nofdits Prédécesseurs Padminist ration & exercice Procureurs & Avocats-Généraux être de seize ;
de la Justice : considérant que le meilleur moyen en nos Parlemens de Tholose & Bordeaux cha
de parvenir à l'exécution de ce que dit est , & de cun dix : aux Parlemens de Rouen , Dijon , Gre
pourvoir au soulagement de nofdits Procureurs & noble , Aix & Bretagne six : & en notre Grand-
Avocats Généraux , lesquels journellement , pour Conseil huit : ès Cours de nos Aides quatre. Aux
la multitude des grandes & urgentes affaires esquelles quels Offices fera par Nous dès-à-préfent pourvu
ils font empêchés pour notre service , ne peuvent & dorénavant , quand vacation y écherra , par
seuls vaquer à voir les procès qui se présentent , mort , résignation ou autrement. Si donnons en
pour y prendre conclusions , est de leur bailler des Mandement à nos amés & féaux Conseillers les
Substituts qui auront serment à Nous & à Justice , Gens de notre Cour de Parlement de Paris , &
& seront gens notables , expérimentés, secrets y & autres nos Cours de Parlement de notre Royaume ,
qui n'aviront aucun maniement des affaires des Grand Conseil , Cour des Aides & autres nos Jus
particuliers, à ce que les parties plaidantes puissent ticiers & Officiers à qui il appartiendra , que
plus promptement & fidellement être expédiées. notre présent Edit de création , établissement , ils
Avons par meure délibération des gens de notre fassent lire , publier , observer & garder inviola
Conseil , où ont été vus Jes avis qui Nons ont été blement , cessant & faisant cesser tous troubles &
fur ce donnés , créé & érigé , ordonné ôc établi , empêchemens au contraire» Car tel est notre plai
& par ce présent notre Edit perpétuel & irrévoca sir. Et afin que ce soit chose ferme & stable à tou
ble , créons , érigeons & établissons en litre d'Office jours , Nous avons fait mettre notre fcel à ces
formé en chacune de nos Cours de Parlement , présentes , desquelles , parce que l'on en pourra
Grand- Conseil , Cours des Aides , & autres Cours avoir affaire en plusieurs & divers lieux , Nous
Souveraines oùNous avons Procureurs-Généraux, voulons qu'au vidimus d'icelles duement colla-
des Substituts qui s'intituleront nos Conseillers & tionnées , foi soit ajoutée comme au présent ori
Substituts de nos Procureurs-Généraux , qui feront ginal. Edit de Henri 111 , du mois de Mai 1586.
du corps des Compagnies où ils feront établis , &
y auront entrées pour aller ès Greffes , tant civils (a) François, &c. c réons & ordonnons en
que criminels , fe chargeront des informations & tous & chacuns les Sièges des Bailliages , Séné-
procès pour en faire leur rapport devant nofdits chaussées & Jurifdictions de notre Royaume, dont
Avocats & Procureurs-Généraux , comme aupa les appellations ressortissentnuement &. fans moyen
ravant souloient faire les autres Substituts : lequel en nos Cours de Parlement , un Procureur . pour
rapport fera modérément taxé par notredit Procu Nous en chef & titre a°Office formé ; comme ès
reur-Général au bas de ses Conclusions , ayant fur autres Sièges principaux , pour iceux Offices êtrç
ce pris l'avis de nofdits Avocats & Procureurs-Gé tenus & exercés dorénavant par ceux qui seront de
néraux, & ce ès procès où il y aura partie civile, 8c par Nous à tels droits , profits & émolumens , hon
laquelle taxe pourra être couchée en dépense contre neurs , franchises & libertés qui font 6c appar
la partie qui succombera. Lesquels Substituts tien tiennent à nos autres Procureurs étant de présent
dront Registre des Conclusions prises par nofdits efdits Sièges principaux défaits Bailliages , Sièges
Procureurs & Avocats-Généraux, pour y avoirre- & Jurifdiclions , & à tels gages qui leur seront par
cours quand il y écherra , & manieront toutes les Nous , en les pourvoyant , ordonnés , fans qu'ioeux
affaires de notre Parquet , fous & en Pabfence de nos Procureurs eux difans Généraux efdits Baillia
notre Procureur-Général ; signeront les Conclusions ges & Jurifdictions, & Sièges principaux, puis
en ladite absence ou empêchement ; jouiront aux sent substituer , pourvoir ni ordonner en aucune
Grands- Jours & Chambres que pourront envoyer manière que ce soit. Edit de François 1 , du mois
de nos Cours par les Provinces , fans qu'ils puissent d'Août 1511. V. Guesnois , Hv. 2 y tit. 6.
plaider , consulter , ni manier affaires d'autrui ; aux
quels , à ce qu'ils puissent plushonorablement faire
leurs charges au soulagement des pauvres , & iceux (3} HeNRI, par lagrace de Dieu, Roide France:
promptement expédier , donnons cent écus de gages A tous présens & à venir , Salut. Comme pour
par chacun an, qui seront payés parles payeurs des rendre l'expédition de la Justice brie ve & prompte
gages & droits de nofdites Coins de Parlement , au soulagement de notre pauvre peuple , nos Pré
Grand-Conseil , Cours des Aides , & autres nos décesseurs Rois ayant dès long-temps ordonné en
Cours Souveraines , & employés ès états comme la plupart des Villes de notre Royaume , Pays ,
nos autres Officiers d'icelles. Et d'autant que Nous Terres & Seigneuries , Officiers & Ministres parti
craignons que telle occupation ne soit suffisante culiers & séparés, entr'autres les Baillifs , Siné-
pour totalement les emn^"~: , vóirl'^ «n'outre ch"uv^i«-|fws^r:i te $í Pfcv3tl^auxque1s síttoit
DE L'ACCUSATEU R EN GÉKIÉ R AL. jffj
été respectivement attribué la connoiffance d'au- présidiaux , ès cas qu'il fera besoin & nécessaire ;
cunes matières pour les Appellations qui {croient & pareillement de tous autres actes 6c différends ,
intentées des Sentences ou Appoihtemens donnés lesquels nosdits Prévôts ont accoutumé connoìtre
par lesdits Prévôts, reíTortir huctnent & être relevés & juger, & qui leur sont attribués par nos Edirs
fiardevant nosdits Baillits & Sénéchaux : étant dès^ & Ordonnances , 6c jouir au surplus par ceux qui
ors leur intention cju'en çhacun Siège desdits Bail en seront ci-après par noHS. pourvus, des honneurs,
liages j Sénéchauffées & Prévôts, fussent mis& autorités, prééminences, franchises, libertés* droits,
institués Procureurs pour eux, comme étant Offices prérogatives , profits & émolumens qui y appar
très requis & nécessaires, pour procurer, conserver tiennent^ tels qu'ont accoutumés nos autres Pro
& poursuivre les droits de notre Domaine , puni cureurs defdits Bailliages & Sénéchauffées , fans
tion & correction des Crimes &c Maléfices qui se que plus par ci après nosdits Procureurs d'iceux
commettent chacun jour sur les lieux , frire garder Bailliages , Sénéchauffées & Sièges Présidiaux, puis
& entretenir nos Edits & Ordonnances fur le fait sent 6c leur soit loisible eux entremettre en la con
de la Justice & administration politique, & suivant noiffance 6c communication d'aucuns procès &
ce auroient été pourvus dcsdits états de nos Offices différends mûs 6c poursuivis pardevant nosdits Pré
de nos Procureurs esdits Bailliages & Sénéchauffées, vôts , 6c autres matières dont la connoiffance leur
& quant à nofdites Prévôtés n'y auroit été pourvu , appartient , ni pareillement à l'entrée & assistance
quoique ce soit en la plus grande partie d'icelles , ès jours 6c ordinaires defdits Prévôts ni autrement,
fous ombre que celui qui étoitProcureur audit siège en quelque manière que ce soit , quelques provisions
ordinaire des Bailliágts & Sénéchauffées occupoit qu ils aient obtenues 6c jouissance au contraire : à
& procuroit pour Nous aux expéditions du Siège quoi Nous avons dérogé 6c dérogeons , ôíc. Edit
de la Prévôté qui c-stcause + joint la grande affluence du mois de Novembre 1553.
des causes & matières , foin & diligence qu'il con
vient nosdits Procureurs avoir s'êmplôyerà la
prompte expédition de nos Mandemens & Ordon (4) H.ENRI , par la Grâce de Dieu , Roi de France
nances qui leur font chacun jour adressés , que le & de Pologne : A tous présens & à venir , Salut.
plus souvent nofdites affaires demeurent en arriére Comme depuis n'agueres , à la prière 6c requête
& fans poursuite , chose que nous prévenons &C d'un bon nombre de nos Sujets , ayons , pour le
tenons pour certain advenir ci-après de beaucoup bien & xitilité de la Justice , & pauvres parties
plus , au moyen de ce que Nous aurions depuis 6c poursuivantes leurs droits en icelle , créé des Substi
n'agueres créé & ordonnéen plusieurs nos bonnes tuts de nos Procureurs, Avocats-Généraux & Ad
Villes , Sièges Présidiaux ,6c augmenté le nombre joints des Conseillers de nos Parlemens 6c Cours
d'Officiers & Ressorts desdits Sièges , qui fait qu'un Souveraines en titre d'Office , & en iceux obmis à
seul Procureur pour Nous en la Ville où il y a employer la création en titre d'Office des Substi
Siège Présidial ne pourroit assister , vaquer & en tuts de nos Procureurs 6c Avocats en nos Cours
tendre suffisamment aux expéditions de justice qui Inférieures , Sièges Présidiaux, Bailliages,, Séné
se traitent esdits Sièges Présidiaux & Prévôts , & chauffées & prévôts en la place de ceux qui sont
accomplistement de nosdits Mandemens. Pourquoi commi) 6c députés par eux aux lieux où ils ne
& auffifm'il n'est raisonnable celui notre Procureur peuvent vaquer , soit par leur absence ou autres
qui occupe en la première cause 6c instance , occu affaires , d'autant que , en première instance , les
per & procurer en la cause d'Appel comme ce seroit, dits Substituts , ou la plus grande partie d'iceux ,
n'y ayantqu'un Procureur pour nous efùites Villes conviennent à la poursuite des Malversations ou
esquelles sont Sièges présidiaux & Prévôtcs,attendu Dé'.its , ou n'en font telle poursuite & recherche
que , comme dit est , les Appellations desdits pré que leur Charge 6c le bien & le soulagement de
vôts ressortiffent auxdits Sièges présidiaux : Nous nos Sujets le requiert , comme ils feroient s'ils
aurions avisé, pour la poursuite , conservation & avoient serment à Nous , 6c non à ceux qui les
augmentation de nosdits droits , devoirs 6t Juri commettent, lesquels craignans l'índignation pour
dictions , créer & ériger en titre d'Office formé en le pouvoir qu'ils ont de les destituer de leurs Char
chacune Prévôté des Villes esquelles il y a Siège ges , n'osint entreprendre choses, ni faire pour
Présidial , & Siège de Prévôts , un Procureur pour suite aucune de Justice autre que celle qui plaît à
Nous, outre celui-ci , pourvu en chacun des Sièges ceux qui ont pouvoir de les déposséder à leur vo
Présidiaux defdits Bail iages & Sénéchauffées. Sça- lonté. Pour à quoi remédier à ce qu'en l'abfcnce
voir faisons que Nous , pour les causes susdites, ÔC ou négligence de nosdits Procureurs esdits Sièges ,
autres bonnes & justes considérations Nous mou- Prévôts , Bailliages & Sénéchauffées , il y ait gens
vans, par l'avis des Gens de notre Confeil-Privé,& idoines , suffisons 6c capables en expérience & pro
de notre certaine science , pleine puissance 6c auto bité qui puissent intenter &C poursuivre les droits
rité Royale , avons dit , déclaré * statué , voulu 6c de notre Domaine , procurer la punition des
ordonné , disons , déclarons , statuons , voulons Sc Crimes 6c Délits , soulager & maintenir le bon
ordonnons &c Nous plaît , par cet Edit perpétuel 6c droit des veufs ^ orphelins ; Si ce en toute liberté.
irrévocable , qu'en chacun Siège de nos Prévoies des Sçavoir faisons , qu'après avoir mis cette matière
Villes de notredit Royaume , rejjortijjaat nuement par- en délibération de notre Conseil, de l'avis d'icelui ,
devant nosdits Bail/ifs & Sénéchaux , ou leurs Lieute- 6c de notre certaine science , pleine puissance & au
nans , & où ily a Siège Préfidial , fera mis , institué torité royale , avons , en conséquence de notredit
& établi un Procureur pour Nous , que Nous y avons Edit, n'étant lesdit> Officiers moins nécessaires esdits
créé & érigé , créons & érigeons en titre d'Office formé Sièges inférieurs qu'efdites Cours , par Edit perpé
paur ajjifter aux expéditions de Justice civiles, po tuel & irrévocable , créé & étsbli en titre d'Office
litiques & criminelles , avoir communication de en chacun de nosdits Sièges , Bailliages , Sénéchauf
toutes informations faites par autorité , commis fées , Prévôts , Chambres de notre Trésor , Sièges
sions & mandemens de nosdits Prévôts , ou leurs de nos Elections , Table de marbre 6c lieux proches
Lieutenans , procès & différends y poursuivis 6C de nos Forêts , les Suhjliiuts de Procureurs , en tel
intentés civilement ou extraordinairement , & ef- nombre qui fera par Nous avisé pour le bien 6c
quels Nous aurons & pourrons avoir directement futilité de notre service ,qui seront à nos gages ,
ou indirectement intérêt ou conclusions qu'il appar lesquels, en l'absence , récusation & empêchement
tiendra , avec & appellés nos Avocats cldits Sièges ou négligence de nosdits Procureurs , prendront
584 LES LOIX CRIMIN ELLES, Liv. I. Tit.IIL
conclusions , intenteront procès , appelleront ainsi Procureurs-Fiscaux des Seigneurs , seront ténus de
&c comme font nosditsProcureurs ou autres l'exer- faire diligente poursuite Sc recherche desdits cii-
mes , fans attendre qu'il y ait Instigateur Dénon
cice ordinaire de leur vacation. Voulons qu'en la
ciateur ou partie civile , le tout fur peiue de: pri
présence de nosdits Procureurs , & pendant qu'ils vation de-Jeurs états eu cas de connivence ou négli
ne seront empêchés en leurs Charges de Substituts gence , & de tous dépens , dommages & intérêts
suivant les Réglemens ci-devant par Nous donnés des parties intéressées. Ord.de oiois , art. 184..»
en nos Parlemens en cas semblables , ajjljìer & S'il n'y a point de partie civile , les procès feront
être Adjoints à nos Juges , en tous autres Acles de poursuivis à la diligence & fous le nom "de nos
Justice oh ils ont accoutuméprendre Adjoints, auxquels Procureurs , ou des Procureurs des Justices SeignétÇ-
Offices fera par Nous dès-à- présent pourvu , sans riales.... Ord. de 1670 , tit. 3. art. 8.
qu'autres y puissent pourvoir advenant vacation,foit ; (1) Enjoignons à nos Procureurs 8c à cenx dés
par mort , résignation , forfaiture , &c. Si donnons Seigneurs de poursuivre incessamment ceux qui
en Mandement à nos amés & féaux Conseillers seront prévenus de crimes capitaux ou auxquels
les Gens tenant notre Cour de Parlement de Pa il écheoira peine afflictive , nonobstant toutes tran
ris, Sc autres Cours de Parlement de notre Royau sactions & cessions de droits faites par les parties ;
me , & de tous autres nos Officiers à qui il appar & à l'égard de tous les autres , seront les transac
tions exécutées , fans que nos Procureurs ou ceux
tiendra , que notre présent Edit , création & éta
des Seigneurs puissent en faire aucune poursuite.
blissement , ils fassent lire , publier , garder & ob
Même Ord. tit. 25 , art. 19.
server inviolablement , cessant & faisant cesser tous ( 3) V. ce qui a été dit en traitant de chacun
troubles & empêchemens au contraire ; & pour ce
de ces crimes.
que de ces présentes l'on pourra avoir affaire en
plusieurs & divers lieux , Nous voulons qu'au vi- VIII.
dimus d'icelles duement collationnées , foi soit
adjointe comme au présent original. Car tel est 2 °. Par rapport à la Preuve , nous verrons , 8. ses de-;
notre plaisir. Edit de HENRI lll , du mois de Mai en traitant de l'Information & des In- *oir$ «»
1586. terrogatoires , que cette Partie publique est qU"ntàia
V I. principalement chargée d'administrer les Preure,
Témoins , de fournir des Mémoires par
6. Cinq Nous ne parlerons ici que des fonctions
objets ticuliers contre l'Accusé > & en un mot de
de ces Officiers publics , qui font relatives
princi procurer généralement toutes les preuves
paux fur aux matières Criminelles; & nous obser
lesquels qui peuvent tendre à fa conviction.
verons en général , que ces fonctions rou
doivent
rouler les lent principalement fur ces cinq Objets , (1) V. l'art. i. du tit. i. de l'Ordonnance de 1670.
fonctions que nous aurons lieu de développer plus (2) V. aussi l'art. 3. du tit. 14 de la même Loi.
de la Par
tie publi particulièrement, en traitant des Actes
I X.
que en ma de rinstruction : fçavoir , fur la qualité des
tière Cri
minelle. Crimes qu'ils font tenus de poursuivre ; 30. Pour les Conclufions , nous verrons 9. Denf
sur celle des Preuves qu'ils doivent admi auílì, en traitant de llnstruction; qu'il y en a ^J** de
nistrer , fur les devoirs qu'ils ont à remplir de préparatoires qui fe donnent dans le fions qu'ek
à l'égard des Prisons & des Prisonniers ; cours de l'instruction , & notamment pour le Ie (*oit
enfin fur les frais nécessaires pour l'Ins- Décret & le Règlement à l'extraordinaire ; p n e*
truction & le Jugement des Procès Cri & qu'il y en a aulîì de définitives qui doivent
minels. fe donner pour le Jugement. Ausfi c'est
V I I. pour mettre ces Officiers en état de donner
les unes & les autres , que l'Ordonnance
7. Crimes i°- Quant à la qualité des Crimes que leur permet de prendre en communication
jjanicu- les Parties publiques font tenues de pour-
toutes les pieces de la Procédure , fans
cette Par6 suivre , ce font généralement tous ceux néanmoins qu'ils puissent assister à leur con
tie ne peut qui troublent Tordre & la tranquillité pu- fection, hors les cas particuliers des Procès-
vreíans'le khque , & qui méritent par conséquent Verbaux , & notamment de ceux qui se font
consente- d'être punis par des Peines publiques &
Pae"iedpí exemplaires ; & cela , soit qu'il y ait Partie en matière de Faux (2).

vée. privée ou non (1) , ou même que celle-ci ' (1) V. l'Ord. de 1670, tit. 10, art. 1 & 22 ;
tit. 7, art. 9 & 11 \ tit. 11 , art. 3 & 4; tit. 14 ,
ait transigé fur ces Crimes (2). A la vé art. 17 j tit. 17, art. 12 & 145 tit. 16, art. 2,9,
rité il y a de certains Crimes , tels entre 22 & 35 ; tit. 24 , art. 1 & 2 j tit. 26 , art. 1C1 ,
autres que le Rapt de Séduclion , ¥Adul & tit. 28 , art. 8.
tère , la Supposition de Part , les mauvais (2) V. aussi l'Ordonnance dumois de Juillet 1737,
tit. 1 . art. 10.
traitemens exercés par les Enfans envers
X.
leurs Pères & Mères (3), & autres semblables
qui regardent principalement l'honneur & 4°. Quant aux devoirs de la Partie pu- io. Se»
l'intérêt particulier des familles ; lesquels , blique relativement aux Prisons & aux devoirs
quoiqu'étant de nature à donner lieu à des Prisonniers , nous aurons lieu d'en donner p^fs"™ &
Peines publiques , ne peuvent néanmoins plusieurs exemples d'après l'Ordonnance & aux Pa
être poursuivis par la Partie publique fans ies Réglemens particuliers faits pour la sonmers*
le concours de la Partie privée. Police des Prisons.
(O Lesquels ( Procureurs-Généraux ) & leurs V. l'Ord.de 1670, tit. 13. art. 1, 26, 29, 35.
Substituts ea chacun Siège , &. semblablement le» V. aussi l'Arrêt de Règlement du 18 Juin 1704 ,
art.
DE L'ACCUSATEU R EN GÉNÉRAL. 58 j
art. 19 & 38, & celui du premier Septembre 17 17 , fonctions par des vexations & prévarica
art. 27 , 28, 30 , 31 , qui feront rapportes ci-après tions qu'elle commettroit dans son minis
fous le Titre des Prisons.
tère , l'on a cru devoir ménager aussi , dans
tous ces cas , tant aux Parties Civiles qu'à
X I. l'Accusé , qui pourroient en souffrir , les
mêmes ressources que nous avons dit pou
11. Ses Enfin par rapport aux frais qui se font voir être employées contre les prévarica
quantum **ur *a poursuite de la Partie publique ,
tions qui sont commises par les Juges : sça-
frais de nous avons déja eu lieu d'en parler d'a- voir , la Récusation , & la Prise à Par
tion&du vance > en traitant des Peines pécuniaires , tie. Ces deux voies peuvent aussi avoir
Jugement. & nous avons observé que (hors les cas lieu dans les mêmes Cas , & doivent être
particuliers où l'Ordonnance veut que ces accompagnées des mêmes formalités que
irais puissent être pris fur le Domaine du celles que nous avons remarquées par rap
Roi , comme lorsqu'il s'agit de Cas Royaux , port aux Juges ; avec cette différence seu
ou même de Cas ordinaires qui ont été lement quant à la Prise a Partie , qu'in
commis dans l'étendue des Justices Royales , dépendamment des trois cas à1Inimitié , de
comme auíìi dans l'mjendue des Justices Fraude & de Concussion qui peuvent y
seigneuriales , dont les Juges se sont laissés donner lieu , il y a encore , suivant les
prévenir) c'est à la Partie publique de pour Loix & Réglemens , plusieurs Cas parti
suivre le recouvrement de ces frais , d'a culiers où cette Partie publique peut être
bord fur la Partie Civile , & à défaut , ou recherchée personnellement , & condamnée
en cas d'insolvabilité de celle-ci , sur les aux dommages & intérêts des Parties , &
Seigneurs Engagistes ou Hauts-Justiciers , notamment , 1 °. lorsqu'elle s'ingère d'accuser
mais jamais contre l'Accusé , à l'exception fans avoir de Dénonciateur , hors les Cas
de certains actes del'instruction qui tendent où il y a un corps de Délit constant & rumeur
uniquement à fa défense , comme en cas publique (2) ; 30. lorsqu'elle néglige de rem
de demande en renvoi , d'entérinement de plir les formalités prescrites par l'Ordonnan
Lettres de Grâce , & d'Appel , lorsque cet ce pour les dénonciations , & notamment
Appel est libre de la part de l'Accusé (2). qu'elle n'a point de Registre à cet effet ;
3 °. lorsqu'elle reçoit pour Dénonciateur une
_ (1) V. l'Ordorinnnce de 1670 , tit. 1 , art. 6 , & personne notoirement insolvable ou mal-fa-
tit. 2.5 , art. 16 & 17 , & tit. 26 , art. 14.
mée; 40. lorsqu'étant requise de nommer son
(2) V. la même Ordonnance , tit. 17 , art. 19 , & Dénonciateur après le Jugement , elle refuse
tit. 28 , art. 7... V. aussi les Notes de M. Bourdin ,
fur fart. 159 de l'Ordonnauce de 1539. de le faire (3); 50. enfin toutes les fois qu'elle
contrevient aux dispositions des Réglemens
particuliers des Cours. Nous ne croyons pou
XII.
voir en donner des exemples plus précis &
plus détaillés, qu'en rapportant ici les dispo
I î. Pour Au reste, de même que la Partie publique sitions d'un Règlement fait en 1698 par le
quoi n'est ne peut en général répéter aucuns dépens
sujette à Parlement de Franche-Comté , entre le Pro
aucune contre l'Accusé qui a succombé dans le
condam Procès Criminel ; celui-ci ne peut aulîi , cureur du Roi du Bailliage de Besançon , &
nation per le Lieutenant-Criminel de la même Ville (4).
sonnelle en cas d'absolution , en répéter aucun contre
de dépens cette Partie publique : & cela par la raison ,
envers (1) V. l'Arrêt de Règlement du Parlement de
l'Accusé. comme on vient de le voir , que le mi Toulouse , du premier Juillet 1747 , rapporté au
nistère de cette Partie publique est forcé. tom. 1. du Recueil des Edits enregistrés dans ce
C'est auflì par la même raison qu'il est dé Parlement. . . V. aussi les Arrêts du Parlement
de Paris des 26 Mai 1691 & 28 Juin 1695 rapp.
fendu , comme nous l'avons vu , d'évoquer
au Journ. des Aud. \
du chefdes parens & alliés des Procureurs-
Généraux , lorsque ceux-ci ne sont Parties (2) V. l'article 6 du titre 3 de l'Ordonnance de
1,670. * ,
que comme exerçans le ministère public, (t).
(l) V. le même Arrêt de Règlement du Parle
( 1) V. l'art. 61 de l'Ordonnance du mois d'Août ment de Toulouse de 1747
I737« . . . Nos Procureurs ou des Hauts-Justiciers seront
tenus de nommer le Dénonciateur s'ils en font re
XIII. quis , après que l'Accusé aura obt/nu un Jugement
& Arrêt d'absolution , afin de recours des dépens ,
dommages & intérêts contre qui il appartiendra.
M Cas Cependant , en même temps que l'on a Ord. ÍOrléans art. 73. . . V. AYRAUT , Instruct.
particu
iiers où ei- cru devoir favoriser cette Partie publique Judic. Liv. 2. part. 4.
le est su- à cause de la rigueur attachée à ses fonc-
jette à la
Prise àPar- tlOnS , & fur-tout de l'avantage que le (4) Í-íA Cour , par forme de Règlement provi
«e- Public peut retirer de l'activité de ses pour soire, a déclaré. . . . Art. I. Que dans les Ma
tières qui ne mériteut pas Peine afflictive , ou ne
suites , comme elle peut abuser de ces mêmes seront infamantes , les Requêtes des Plaintes où il y
E e ee
I

586 LES LOIX CRIMIN ELLES, Liy. I. Tit. III.


aura Partie Civile seront reçues & répondues par requièrent point fa présence. . . . Art. X. II lui
1c Juge , fans les communiquer au Procureur du est enjoint de poursuivre incessamment toutes lej
Roi j mais Icrfque dans les Matières graves , & Casses criminelles où il est seul Partie; & à l'égard
qui exigeront la vengeance publique , le plaintif ne de celles où il est seulement Partie jointe , de don
voudra pas se porter Partie Civile , le Juge sera ner ses conclusions fans aucun retardement , en forte
obligé d'envoyer la Requête de plaintes par le que la Justice n'en souffre , & que personne n'ait sujet
Greffier Criminel au Procureur du Roi , pour qu'il de s'en plaindre. . . . Art. IX. Aux affaires du
ait connoilsance du crime , & qu'il en poursuive petit criminel où il y aura Partie Civile , le Procu
le châtiment d'office. . . . Art. II. Ne pourront ni reur du Roi n'aura aucune vacation , si ce n'est
le Juge ni le Procureur du Roi , dans les cas qui lorsque, étant joint avec ladite Partie , elle voudra
11e méritent pas Peine afflictive ou infamante , & bien se servir de son ministère pour faire la procé
auxquels ledit Procureur du Roi fera joint à la dure , sauf à être pourvu furl'Accusé s'il y échet.. . .
Partie Civile , se transporter sur les lieux , qu'ils Art. XII. Ne pourra ledit Lieutenant - Criminel
n'en soient expressément requis par la Partie Ci rendre aucun Jugement ni rien ordonner fur le ren
vile , affiliée de son Procureur ou par procuration voi des Accusés qui auront transigé avec les Parties
spéciale , de laquelle réquisition il devra confier Civiles , fans les conclusions du Procureur du Roi...
par écrit signé du Procureur & de la Partie íï elle Art. XIII. Ledit Procureur du Roi ne pourra
est présente & a l'usage des Lettres.... Art. III. prétendre journée , ni vacation au grand ni au pe
En tous autres cas où il n'y aura point de Partie tit Criminel , lorsqu'il ne travaillera pas actuel
Civile , comme la poursuite de la procédure dé lement en personne Art. XIV. Le Substi
pend du devoir du Procureur du Roi , il est remis tut du Procureur du Roi ne pourra s'entremettre
à fa religion de conduire le Juge en campagne pour dans aucunes affaires , si ce n'est pour suspi
entendre les témoins ou les faire ouir á la Ville , cion , maladie , ou absence dudit Procureur du
s'il se trouve ainsi convenir pour éviter plus grands Roi , qui ne pourra être moindre de trois jours
frais. . . . Art. IV. Dans les Matières Ugeres pour les cas ordinaires & pour ceux qui requerront
qui peuvent être traitées civilement , la Cour fait célérité , après vingt-quatre heures d'absence , à la
défenses aux Officiers d'y procéder criminellement , réserve néanmoins des cas graves & pressants qui ne
à peine des dépens , dommages & intérêts des Par souffrent point de retardement Art. XV.
ties , & d'être punis comme concussionnaires , Qu'au retour du Procureur du Roi , son Substitut
quand même ils en auroient été requis parla Partie lui remettra en mains les pieces pour faire les pour
Civile , fans toutefois que par cet article il soit suites ultérieures , fans qu'il puisse s'ingérer dans
dérogé au Règlement , qui laisse la liberté aux aucune fonction dudit Procureur du Roi contre son
Parties d'agir criminellement en Matière d'injures. gré , hors des cas ci-dessus , à peine de lui ressar-
.... Art. V. Et à l'égard des Matières graves cir tous les dommages & intérêts. . . . Art. XVI.
ou infamantes , qui méritent Peines afflictives ou Lorsque ledit Substitut vacquera aux fonctions de
qui demandent la vengeance publique , il fera loi l'office dudit Procureur du Roi , soit pour suspi
sible au Procureur du Roi, d'aller fur les lieux avec cion , maladie ou absence , comme sus est dit , fa
le Juge , soit qu'il y ait Partie Civile ou non , & journée à la campagne sera taxée à six livres , & à
recouvrera ses journées fur íAccusé en cas de la Ville aux deux tiers de ce qui est réglé par le tarif
conviction , ou fur la Partie Civile quand elle l'aura audit Procureur du Roi Art. XVII. Ledit
requis Art. VI. Toutes Informations , Substitut ne pourra servir ni occuper en qualité de
Actes & Procédures des Causes Criminelles , de Procureur dans les Causes au petit Criminel , ni
vront reposer dans une Chambre particulière , dans celles où l'Eglise ou le public ont intérêt, encore
au soin & à la charge du Greffier Criminel , où que le Procureur du Roi n'y soit pas joint
il donnera libre accès aux Juges & aux Gens du Art. XVIII. A l'Audience du Bailliage , le Substi
Roi , toutes & quantes fois que bon leur semblera , tut du Procureur du Roi aura fa place & séance à
& les leur communiquera , en mettant leur porté la tête des Procureurs , & dans les Processions &
fur son registre : leur interdit néanmoins de s'en Assemblées publiques , il marchera à la fuite des
retenir aucune , incontinent après que l'acte au su Avocats & Procureurs du Roi j & lorsque le Gref
jet duquel ils les auront pris en communication sera fier dudit Bailliage s'y rencontrera , ledit Substitut
consommé , le tout à peine contre lesdits Juges , se mettra à fa gauche , fans qu'il puisse marcher ni
Procureur du Roi & Greffier de deux cent livres siéger à côté defdits Avocats & Procureurs du Roi.
d'amende. . . Art. IX. Le Procureur du Roi ne ARRET de Règlement du Parlement de Be
pourra se trouver a la Chambre au tems que s'y fe sançon , iíu 4 Septembre 1698. V. le tome pre
ront les informations , interrogatoires, récollemens mier du Recueil des Edits enregistrés en ce Par
& confrontations , attendu que semblables actes ne lement.

t
DE ^ACCUSATEUR EN GÉNÉRAL, 5*7

CHAPITRE SECOND.

De la Partie Privée.

SOMMAIRES.

i. Pourquoi appellée ainsi. 3. Division de ce Chapitre.


z. Trois espèces de Parties privées.

ï. Pour- ^[ous appelions cette Varûe,privée , parce ni comme Partie civile , ni comme Plai
Sellée ain- qu'elle ne peut , comme celle dont nous gnant , mais qu'il se contente de provoquer
fi. venons de parler , conclure à une Peine la Partie publique , en lui donnant avis
publique contre celui qu'elle accuse , mais du Crime pour qu'il en fasse la poursuite
seulement à de simples réparations civiles en son nom. Cependant il ne laisse pas
& pécuniaires pour le tort que le Crime que de s'obliger par-là envers l'Accusé ,
lui a causé. Elle peut néanmoins requérir de manière que si celui-ci parvient à se
la jonction de la Partie publique , pour faire renvoyer absous , il peut le poursuivre
la Peine que le Crime peut mériter. pour ses dommages & intérêts , après qu'il
se l'est fait nommer par la Partie publique ,
I I. qui , comme nous venons de le dire , ne
ra. Troïs Nous distinguons trois sortes de Parties peut se dispenser de le faire.
espèces de • / , > 1» 11
Parties privées (1) : 1 une que nous appelions (1) V. le tit. 3. de l'Ord. de 1670, & notamment
■privées. PaRTIE Civile , parce qu'en même temps les art. 5 , 6 & 7 qui seront rapportés ci-après fous
le Titre de la Plainte.
qu'elle défère le Crime à la Justice , elle
s'oblige à le poursuivre à ses frais , f c à III.
administrer les Témoins & autres preuves
nécessaires pour parvenir à faire condamner Nous verrons , en traitant des Actes de 3- Dm-
l'Accuse à la réparation du tort qu'elle a Instruction , quelles font les formalités chapte?
souffert de son Crime..... LJ'autre , qui s'ap-
particulières que l'Ordonnance veut être
pelle simplement Plaignant, parce qu'ilsc observées dans les trois différentes espèces
contente de déférer le Crime à la Justice par d'Accusations dont nous venons de parler.
une plainte qu'il en rend , fans vouloir s'o Ce que nous venons d'en dire fuílìra pour
bliger à le poursuivre à ses frais. Mais il faut , faire sentir d'avance les différences estën-
luivantl'Ordonnance,pour que ce Plaignant tielle| qui se trouvent entre nos Uíàges
puisse s'exempter d'avancer lés frais , qu'il & ceux du Droit Romain , soit quant à
n'ait point déclaré se rendre Partie Civile , la manière d'introduire une accusation ,
soit par la plainte , soit par un acte subsé soit quant à la nature des Peines qu'en
quent : ou bien que , s'il a fait cette décla courent ceux qui viennent à y íuccomber ;
ration , il ait eu foin de s'en départir dans les mais fur-tout quant à la qualité des Per
vingt-quatre heures , faute de quoi il ne sonnes qui peuvent , ou ne peuvent pas
peut plus y être reçu : & encore le désis accuser. C'est à la distinction de ces Qua
tement qu'il seroit dans les vingt-quatre lités que nous croyons devoir nous arrêter
heures ne pourroit-il servir qu'à le dispenser ici , parce qu'elles forment en effet le prin- "
des frais qui se feroient depuis ce temps- cipal point de différence qui le trouve
îà , & n'empêcheroit pas qu'il ne fût d'ail entre la Jurisprudence Romaine & la nôtre.
leurs condamné à ceux faits précédemment , C'est aufli pour en donner une idée plus
ainsi qu'aux dommages & intérêts de l'Ac- précise , que nous allons examiner dans
cusé , & même à plus grande Peine , si les deux §. suivans , d'une part , les Con
la plainte étoit jugée calomnieuse Enfin ditions nécessaires pour pouvoir accuser ,
une troisième espece de Partie privée est & de Vautre , les Causes particulières qui
celle connue sous le nom deDÉNONCi ATEUR, peuvent empêcher l'exercice de cette fa-;
parce qu'il ne veut paroître ouvertement culté.

E e e e z
r

588 LES LOIX CRIMINELLÉS,Liv.I.fiT.IÍI.

§. I. De cewA: qui peuvent accuser parmi nous.

SOMMAIRES.

1 . Deux choses nécessaires pour pouvoir 4. Quid , de ceux qu'on a en fa puissance,


accuser dans nos Usages. 5. Capacités de l Accusateur \ comment peu-
2. Intérêt direci & indirects ce que c'est. vent se déterminer en cette matière.
3. Qu'entend- onsous le nom de Proches.

t. Deux Pour pouvoir accuser parmî nous , il brus , &c. ; 30. enfin ceux auxquels on
choses né- faut nécessairement deux choses : d'une tient par les liens de la reconnoijsance 9
pour pou- part , avoir un Intérêt particulier à l'accu- comme font les héritiers , & les donataires.
'dans ^on » & ^e l'autre » avoir les Capacités
nos Usa- requises par la Loi à cet effet. IV.
ges.
I I. A l'égard des Personnes que notre avons 4- Q^i
en notre puissance , nous voulons parler qu'onTe*
1. imé- **• Quant à l'iNTÉRET , il doit être ou principalement de ceux que la Loi a mis u puuïatt,
fêt direct, direct , comme lorsque l'on poursuit l'in- en notre dépendance , comme font les Pu- ce*
«"îo? jure qu'on a soufferte dans fa personne , ou pilles à l'égard de leurs Tuteurs 5 les Re
c'est. dans son honneur , ou dans ses biens ; ou ligieux à l'égard de leurs Supérieurs ; les
indirect , comme lorsque l'injure nous a Domestiques à l'égard de leurs Maîtres.
été faite dans la personne , l'honneur ou L'on veut aussi parler de l'autorité parti
les biens de nos proches , ou de ceux que culière qu'ont les Corps ô Communautés
nous avons dans notre puissance. fur chacun de leurs Membres.
I I I.
V.
5. Qu'en- Nous comprenons fo'us le nom de Proches
tend - on trois fortes de personnes : fçavoir , 1 °. ceux 2°. Quant aux capacités qui font re 3M
cites de
fous le à qui l'on tient par/cj liens du sang, soit quises par nos Loix dans la personne dé l'Accusa
nom de l'Accusateur , nous ne croyons pouvoir teur ;coa*i
Troches. en ligne ascendante ou descendante , comme ment peu
sont les Pères & Mères, Aïeuls ou Aïeules, mieux les déterminer que par le détail vent le dé-,
Enfans , petits Enfans ; soit en ligne colla où nous allons entrer dans le §. suivant , des terminer
térale , comme font les frères & sœurs , différentes espèces d'incapacités qui peuvent en cettq
matière,
oncles & tantes , neveux , cousins , &c. ; se rencontrer en cette matière , d'après cette
20. ceux à qui l'on tient par les alliances , maxime générale du Droit Romain , qui
veut que tous ceux-là puissent accuser qui
parmi lesquels on doit mettre fans con
tredit au premier rang les maris & les n'en sont point empêchés par la Loi (1),
femmes , puisqu'ils font eux-mêmes les
(1) Qui aceufare possunt intelligemus , si scie-
sources des alliances qui fe contractent ; rimus qui non poilunt. L. 8. ff. de Accusât. Sr
les beaux-peres , belles-meres , gendres & Inscript.

§. II. De ceux qui ne peuvent accuser.

SOMMAIRES.

1. Trois Causes qui rendent incapables en 5.1e".Transaction sur Crime ; son effet rela-
cette matière. tivement k l'Accusateur & à F Accusé.
2. Incapacité t.rée du défaut d'intérêts soit 6. 2°. Défilement pur ô fimple j en quoi
public , soit privé. diffère de la Transaction , & quel est son
3. Incapacité légale 3 de deux espèces ; effet'
exemples. y0. Cession de droits en cette madère ,
4. Incapacités tirées du fait de tAccusa- admise dans nos Usages fous plufieurs
teur-, de trois espèces. modifications.

t. Trois Suivant nos Loix & notre Juriípruden- à la faculté d'accuser parmi nous. La pre- en cette
rendentuv ce ' nous remarcIuons trois fortes d'incapa- miere est tirée du défaut d'intérêt ; la se- matiere'
capable» cités qui font autant d'obstacles particuliers conde est l'incapacité légale , ou celle tirée
DE L'ACCUSATEl R EN GÉNÉRAL. 589
âeì dispositions de la Loi , & la troifieme cas seulement où cette injure réfléchirait
enfin est tirée du propre fait de l'Accusa nécelîàirement contr'eux , comme si elle
teur , qui s'est interdit à lui-même l'exercice étoit faite dans les fonctions où ils ont
de cette faculté par la remise de ses droits. employé ces Domestiques , & que ceux-ci
auroient reçu cette injure à l'occasion de
I L la querelle de leurs Maîtres. Ainsi nous ne
suivons point à cet égard la disposition du
a. Inca- 1 *• Incapacité tirée du désaut d'intérêt. C'est
pacité ti- une maxime générale parmi nous , que , Droit Romain , qui admet indistinctement
faut d'in- comme il peut le rencontrer deux sortes la poursuite des Maîtres pour les injures
térêt.soit d'intérêts dans une même accusation , sça- faites à leurs Esclaves , ou plutôt nous ne
EfctfVá. voir > Intérêt public & l'intérêt privé, la suivons plus que relativement à nos
' c'est auffi parle désaut de l'un ou de l'autre Esclaves d'Amérique 3 comme nous l'avons
de ces intérêts , que le droit d'accuser cesse vu d'après l'art. 3 de l'Edit du mois de
absolument parmi nous. Ainsi , c'est par le Mars 1685 (6).
défaut d'intérêt public que ceux qui font (1) Enjoignons à nos Procureurs & à ceux des
chargés des fonctions du Ministère public , Seigneurs de poursuivre incessamment ceux qui
ne font point recevables à accuser dans seront prévenus de Crimes capitaux , ou auxquels
il escherra Peine afflictive, nonobstant toutes tran
les Cas où il ne s'agit que d'un Délit lé sactions & cessions de droits faites par les Parties ,
ger (i), ou bien d'un Crime grave qui & à l'égardde tous les autres, seront les transactions
íntérefleroit uniquement l'honneur & la exécutées , fans que nos Procureurs ou ceux des
fortune des Particuliers , lesquels , par des Seigneurs puissent en faire aucune poursuite. Ord.
de 1670, tit. 25 , art. 19.
raisons secrètes , ne jugeroient pas à propos (1) V. ce qui a été dit à ce sujet, en traitant de
de s'en plaindre. Nous en avons donné ces différens Crimes.
<les exemples en traitant du Rapt de Sé (3) V. l'art. 1. du tit. 27 de l'Ordonnance de
1670, qui commence par ces mots .La Veuve & les
duction , des Injures , de l'Adultere , & des
Enfans , & les Parens du Condamné , &c.
mauvais traitemens des Enfans envers leurs (4) V. le Tit. du ff. de Ais quee ut indignis aufe-
Pères & Mères (i). C'est auffi par une runtur , 8í la Loi 29 de jure Fisci , eod. tit.
fuite du même principe , que , lorsqu'il s'agit (5) V. Ayraut en son Inst. Judic. liv. 2.
(6) V. ce qui a été dit sous le Titre de l'injure ,
d'un Crime qui n'intéreíferoit que la So & fous le Titre des Délits de Police concernant
ciété en général , les parties privées ne les Esclaves d'Amérique.
font point reçues à en accuser ; les actions
populaires étant , comme nous l'avons dit , III,
entièrement abrogées parmi nous. A plus
forte raison , si ces mêmes Particuliers n'a- 2°. Incapacité légale. Cette incapacité 3. inca- -
voient souffert aucun préjudice du Crime , est ou absolue , ou relative. Nous appelions P3^
soit dans leur personne , íbit dans celle de abfolue , l'incapacité de ceux à qui les Loix deuxèspe-
leurs proches ou de ceux qui font en refusent la faculté d'exercer personnelle- cet-
leur dépendance. C'est encore fur le fon ment aucune action en Justice. Ainsi nous
dement du défaut d'intérêt que nous n'ad ne comprenons pas seulement ceux qui sont
mettons point les Parens & Alliés à pour morts civilement, soit par la profession
suivre le Crime au préjudice des Parens publique de leurs vœux , comme les Re
qui feroient plus proches qu'eux , tels que ligieux ; soit par l'effet d'un Jugement de
íbnt la Vtuve & les Enfans à qui nos condamnation à quelqu'une des Peines
Ordonnances (3) ont non-feulement accordé qui emportent la mort Civile , telles que
la faculté d'accuser préférablement à tous celles des Galères ou du Bannissement
autres Parens , mais même leur en ont fait perpétuel ; mais encore de tous ceux qui
un devoir particulier : tellement qu'il y ne peuvent fe défendre ni intenter au
avoit peine d'indignité prononcée contre cune action que par le ministère d'au
eux par la Loi Romaine (4) dans le Cas trui, comme font les Pupilles , les Infen-,
où ils refufoient de le faire , à moins qu'il fés , les Femmes , 8c en un mot généra
n'y eût preuve d'ailleurs de leur impuis- lement tous ceux qui ne peuvent le faire
lance absolue , & en faire les frais; ce que fous le nom & l'autorité de leurs
qu'on peut dire à plus forte raison d'un Tuteurs , Curateurs , ou Maris ; ce qui ne
Pere qui négligeroit de poursuivre l'injure doit s'entendre néanmoins qu'avec les mo
faite à son enfant , & cela sans considérer difications que nous avons remarquées fous
s'il est héritier ou non de cet enfant , le Titre de l'injure.... L'incapacité relative
parce que ce devoir vient , comme le re est ainsi appellée , parce qu'elle n'a lieu
marquent les Auteurs , jure fanguinis , non que vis-à-vis de certaines personnes , &
jure fuccejfionis (5). C'est auffi par le dé qu'elle n'empêche pas d'agir contre d'au
faut d'intérêt que nous n'admettons point tres- L'on met au nombre de ces sortes
les Maîtres à poursuivre les injures faites d'incapacités , toutes celles qui font fondées
à leurs Domestiques , si ce n'est dans les fur de certains motifs de bienséance &
590 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. I. Tit. III.
d'honnêteté publique , qui ne permettent Ì9> v- Brxllon, vcrbo Accuser. V. auíft l'Arrêi,
pas d'user d'une voie aussi rigoureuse que du ì8 Févnct w'
celle de l'Accusatíon vis-à-vis des personnes I V.
à qui l'on doit des égards particuliers , &
dont le déshonneur pourroit réjaillir fur 3«. Incapacités tirées du fait de t Accusa.- 4.i„c»í
l'Accusateur lui-même. Ainsi , par exem- teur lui-même , par la remise de ses droits. P?citéí *
pie, les ENFANS ne font point admis à Cette remise peut se faire de deux manières; dVÎ'Awï
accuser leurs PeRES ET Mères (i) , non ou expressément , comme par- des Actes de í«eur;de.
plus que ceux-ci à accuser leurs Enfans, Transaction , de Désistement ,& de Cession
lorsqu'il ne s'agit que de simples Vols , de Droits : ou tacitement, par fa négligence
quoiqu'ils puissent le faire pour de mauvais à poursuivre le Crime pendant le temps
traitemens qu'ils en auroient reçus (2) qUe la Loi accordoit à cet effet. Nous ne
20. La Femme ne peut non plus accuser parlerons ici que de celles qui se font par
directement son mari , même en cas de Transaction , Désistement & Cession de
sévices & mauvais traitemens ; mais elle peut Droits , parce qu'elles concernent singulié-
feulement le poursuivre civilement en ce rement l'Accusateur. A l'égard de celles de
dernier cas pour faire prononcer fa sépa- la derniere [espece qui regardent la Pres
ration de corps & d'habitation : il faut ce- cription , nous nous réservons à en parler en
pendant excepter les Crimes de Bigamie traitant de l'Accusé , parce qu'elles forment
& de Poligamie , pour lesquels nous avons Une exception particulière en fa faveur ,
vu qu'elle étoit admise à prendre la voie qUi Je met non-seulement à couvert des
extraordinaire contre son mari (3).... 3°. Le poursuites de l'Accusateur privé, comme
Mari ne peut de même accuser fa Femme celles dont nous allons parler ici, más
pour simple Vol , mais seulement pour fait méme de celles de l'Accusateur public.
d'Adultère ou d'Empoisonnement , ou autre
eípece d'attentat qu'elle auroit fait à fa V.
vie (4) 40. Les Héritiers du Mari ne
peuvent non plus accuser fa Veuve d'A- Quant à la Transaction sur Crime : y'-T™*
dultere, mais feulement lui opposer ce l'on n'a jamais douté , d'après cette maxime cS^faí
Crime par forme d'exception , pour la faire générale suivant laquelle il est permis à effet rèia-
décheoir de ses reprises & conventions tout le monde de renoncer au droit qui [.'Ae™^*
matrimoniales (5)... 50. Les SERVITEURS ne lui est acquis, que la Transaction ne fut «ur & k
peuvent non plus , par la irìême raison , également admise en matière Criminelle
accuser leurs Maîtres par des corrections comme en matière Civile. II faut cepen-
légeres qu'ils en auroient reçues (6) dant convenir qu'elle n'a point un effet
6°. Les FRERES ne font point non plus admis auslì étendu dans le premier cas que dans
à accuser leurs Frères & Sœurs hors le le dernier , en ce que la Transaction faite
cas du Parricide (7). Nous avons même en matière Criminelle ne peut , comme
des Arrêts qui ont déclaré les Oncles non- nous l'avons dit , empêcher les poursuites
recevables à accuser leurs neveux pour de la Partie publique que dans le cas feu-
Crime d'Usure ; d'autres qui ont exclus des lement où le Crime fur lequel on a transigé
Parensde la faculté d'accuser leur Parente scroit tellement léger de fa nature, qu'il
d'Impudicité (8). 70. Enfin c'est encore par ne pourroit donner lieu à des Peines afflic-
le même motif de l'honnêteté publique tives ou infamantes (1) : en forte que tout
que, suivant notre Jurisprudence , les Pa- l'«ffet qu'elle produiroit vis-à-vis de la
ROlSSIENSnefont point admis à rendre plain- Partie qui auroit transigé , ce feroit d'em-
te contre leur propre Curé , mais ïeulement pêcher qu'elle ne puisse se joindre à la Par-
à prendre la voie de la dénonciation , & tie publique pour obtenir des réparations
que ce droit d'accuser n'appartient qu'aux Civiles plus amples que celles qu'elle au-
Seigneurs (9). r0lt obtenues par la Transaction. II y a
plus ; comme ces sortes de Transactions
(1) V. ce qui a été dit fous 1c Titre des Injures se font le plus souvent à prix dargent ,
tar vouât fait. bien-loin de servir à la justification de
( 2 ) V. Pères 8c Mères , ce qm a ete dit lous le ... ri „ ' . , , „.
Titre du Vol & des injures. 1 Accuse avec qui elle auroit été faite ,
(3) V. ce qui a été dit sous les mêmes Titres & on pourroit les regarder , suivant les Au-
sous celui du Crime de Bigamie. teurs (2) , comme rbrmant un indice parti-
átflduSreT' 3 dltsoUS TÌtr" d" & Culier COntre 1UÌ ' à mOÌnS l"'11 ne Parut
(S) V. ce qui a été dit fous le Titre de YAdultère, d'ailleurs que cette somme n'auroit été
(6; v. ce qui a été dit sous le Titre des injures, donnée que pour éviter Pemprifonnement
(7) v. ce qui a été dit eu traitant du Parricide, oul'éclat d'un Procès dispendieux. C'est aussi
(8) V. les Arrêts rapportés par GAUTHIER dans t 1 -i ■ j- t
fes Plaidoyers , tom. 1, Plaid. 16 > par PtLEus .m pour écarter de pareils indices, que les
ses Instit. For. liv. 7. Accuses ont foui de íaire passer ces Acte«
DE L'ACCUSATÉU R ÎRÍÏ GJÉNÉR AL. 591
fous le nom de tierces personnes qui fe fur les poursuites de la Partie publique , les
font fort de leur consentement à cet effet (3). dommages & intérêts qui lui seroient dûs
Ces transactions se font auflì quelquefois pour le tort que le crime lui auroit causé ,
par ceux dans la puissance desquels se de même que si la poursuite auroit été faite
trouve l'Accusé , tels que les Tuteurs , les à ses propres fi ais.
Curateurs , & les Maris ; à plus forte raison
par les Héritiers après la mort de l'Ac- .V.'KARiu. qu. 104.
V. au surplus ce cpii fera dit fous Ic Titre de
cusé. L'on sçait au surplus que ces sortes la Plainte relativement au Temps où doit se faire
d'Actes peuvent se faire en tout état de ce désistement.
cause , & même avant qu'il y ait aucune
poursuite commencée. L'on sçait auíîì qu'ils V I I.
peuvent être rescindés par les mêmes voies
& fur les mêmes moyens que ceux faits en 30. Enfin , pour ce qui concerne la Ces 7. 3'. Ces-
matière Civile, sauf qu'en matière Crimi sion de Droits en matière Criminelle ; c'est , sion de
droits en
nelle on n'a pas le même égard à la mino comme l'on sçait , la voie que prennent ordi cette ma
rité qu'én matière Civile (4). L'on sçait nairement ceux qui ne sont pas en état de tière ; ad
mise dans
enfin , que l'on peut transiger parmi nous poursuivre un Procès criminel. Ayraut nos Usa
fur toutes sortes de Crimes , & que nous en parle comme d'une voie frauduleuse , qui ges fous
plusieurs
n'admettons point les exceptions que le s'employoit de son temps par les Parties modifica*
Droit Romain a voulu établir à cet égard , Civiles , « lesquelles cédoient, dit-U, leur tions.
notamment en fait d'Adultère & de Rapt (5) ; » droit & action à une tierce personne
& cela par la raison , comme nous venons » qu'elles fçavoient être l'ami de l'Accusé ,
de le dire , que nonobstant ces Transac » qui de son côté n'en faifoit aucune pour-
tions , nous avons toujours un Accusateur » fuite pour . se laisser sorclorre de faire
nécessaire parmi nous , dans la personne » venir les Témoins & les confronter , &
des Gens du Roi. » de donner par ce moyen ouverture à
» l'Accusé d'obtenir son absolution ». Aussi
(1) V. l'art. 19 du tit. 25 de s'Ordonnance de voyons-nous que , tandis que nos Loix sup
1670, rapp. ci-devant.
(2) V. Farinet , qu. 5 ; Imbert, Iiv. 3. ch. 9. posent en général la validité de ces sortes
(3) V. Ayraut, Inlrruct. Judic. Iiv. 2 , art. 3. de cessions , en ce qu'elles ne permettent
(4) V. l'Arrêt du 3 Septembre 1706, rapp. au pas, comme nous l'avons observé, d'évoquer
Journ. des Aud. du chef des Ceíïìonnaires d'intérêts civils ,
(5; V. L. 30, Cod. ad Leg. Jul. de Adult.... &
L. Unie. ss. ulc. Cod. de Rapt. Virg. &. que d'ailleurs elles prononcent la nullité
des cessions que des Parties , qui au-
V I. roient des Procès devant des Juges qui
leur seroient suspects , se feroient faire par
6. a°- Dé 2 °. A l'égard du DÉSISTEMENT , nous vou les Créanciers de ces mêmes Juges , afin de
sistement lons parler de. cet Acte particulier qui se s'en faire un moyen de récusation con-
pur & sim
ple ; en donne depuis la Plainte , par lequel celui tr'eux ( 1 ) , elles regardent , d'un autre
quoi diffè qui l'a rendue , déclare qu'il s'en désiste pu côté , ces sortes de Ceíïìonnaires d'un
re de la
Transac rement & simplement , comme y ayant été œil si peu favorable , qu'elles les distin
tion , & induit par erreur ou par surprise. Ce Dé guent des autres Accusateurs par ces
quel est
son effet. sistement diffère par conséquent de la Tran quatre endroits principaux, i". En ce
saction dont nous venons de parler en ces qu'ils font tenus de donner caution pour
trois points. i°. En ce que celle-ci peut la sûreté des frais & des condamnations
se faire avant toutes poursuites & dans la qui seroient obtenues contr'eux (2). 20.
feule vue de les prévenir. 20. En ce que Qu'ils font sujets à la contrainte par
par la Transaction , l'Accufateur & l'Ac corps , pour le paiement du prix de la
cusé s'engngent réciproquement ; au lieu cession qui leur a été faite (3). 30. Que
que dans le Désistement , il n'y a que l'Ac dans ' le cas où ils viendroient à réussir dans
cufateur seul qui s'engage. 30. Enfin , en leurs accusations , ils ne peuvent répéter
ce qu'au lieu que l'objet de la Transaction fur les biens de l'Accusé que le montant
tend principalement à disculper l'Accusé , du prix de cette cession. 40. Qu'enfin , s'ils
le but particulier du Désistement est, de la viennent à succomber dans leur accusation ,
part de celui qui le donne , de se dispen ils font tenus , comme les autres Accusa
ser lui-même d'avancer les frais du Procès teurs , à la peine de la calomnie.
Criminel , parce qu'il ne feroit pas en état
(1) V. Ayraut, Instruc. Judic. Iiv. 2 , art. 4 ,
de le faire. C'est auíîì par cette raison , que
n. 83 & fuiv.
s'il y avoit preuve de l'impuissance absolue (2) V. ces Loix rapp. fous les Titres de YEvo
où il auroit été à cet égard , ce Désiste cation & de la Récusation.
ment n'empêcheroit pas qu'il né puislè ob (l) V. Bouchel, Bibl. au mot cejston £Acliori...
Imbert ,Prat. Iiv. 3 , ch. 10... V. encore Ayraut ,
tenir contre l'Accusé qui feroit condamné ibid.
592 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. I. Tit. IV.

TITRE QUATRIEME

De VAccusé.

SOMMAIRES.
0
1. Qu'entend - on par Accusé en géné- guent du Défendeur en Matière Civile,
ral ? 3. Privilèges ù exceptions qui lui font par-
2. Formalités rigoureuses qui le diflin- ticulieres.

I.

t. Qu'en NOus appelions ainsi en général , tous tiere Civile , nous voyons auflî , d'une autre
tend - on Ceux qui sont poursuivis pour raison côté , qu'elles ont établi en faveur de ce
par Accu- $\xn crime comme en ayant été les auteurs
fé en gé- . ' ,. ' même Accusé , certains Privilèges qui le
né»i ? ou les complices. distinguent avantageusement des Défendeurs
ordinaires ; notamment en ce qu'elles le
I í.
dispensent d'avancer les frais nécessaires
pour l'instruction de son Procès ; qu'elles
». For- L'on voit par - là que l'Accusé est en
lui permettent de proposer en tout temps
maiités ri- Matière Criminelle , ce qu'est le Défen-
ses exceptions déclinatoires , tandis que le
quHedif"- deur en Matière Civile. Cependant , il
Défendeur ne peut les proposer qu'à l'entrée
tinguent fàut convenir qu'il y a entr'eux plusieurs
de la Cause ; qu'elles ne l'assujettissent à au
deur «T" différences remarquables que nous ne fe-
cune fin de non-recevoir ; qu'elles exigent
matiere rons qu'indiquer ici , parce que nous au-
Civile. rong |]eu je jes développer plus particu de plus sortes preuves pour fa condamna
tion ; qu'elles veulent qu'en cas d'égalité de
lièrement en traitant des Actes de l'Ins-
voix , on passe à l'avis le plus doux j &
truction. Ces différences consistent en-
qu'en cas de doute, l'on penche entièrement
tr'autres , en ce qu'au lieu que nos Loix
pour fa décharge. Mais enfin , le principal
permettent au Défendeur de se défendre
avantage que nos Loix donnent à l'Ac
par Procureur , d'avoir connoiflance des
cusé sur le simple Défendeur , se tire de la
Témoins qu'on veut lui opposer , avant qu'ils
qualité des Exceptions qu'elles lui permet
soient entendus , & généralement de faire va
tent d'employer pour fa défense. En effet,
loir toutes ses preuves & moyens de défenses
comme l'Accusé n'a pas seulement íès biens
pendant le cours de l'instruction qui se fait
à défendre , mais encore fa vie & son hon
contre lui : elles veulent au contraire que
neur , les règles de la Justice & de l'huma-
l'Accusé soit tenu de se défendre par sa
nité demandoient qu'on lui ménageât des
propre bouche ; qu'il ne puisse avoir con
ressources particulières pour repousser une
noiflance de ses Témoins , ni les reprocher
accusation dont les conséquences font si
que lors de la Confrontation , & qu'enfin ,
dangeureuses pour lui ; & ces ressources
iî ne puisse être admis à la preuve de ses
font ce que nous appelions proprement
faits justificatifs , qu'après l'entiere instruc
Faits justificatifs. Nous verrons , en traitant
tion de son Procès.
des Actes particuliers de l'instruction , com
ment & dans quel temps ces faits justificatifs
I I I. doivent être proposés , ainsi que la manière
dont doit s'en faire la preuve. Nous ne
û ef"&" ^a*s ^ » ^'une Part » nos Loìx paroissent ferons qu'en marquer ici les différentes es
Excep- user d'une plus grande rigueur envers pèces , en déterminant les Cas particuliers
tions qui l'Accusé qu'envers les Défendeurs en Ma-
lui font * où l'on ne peut être accusé.
particuliè
res.

CHAPITRE
DE L* A C C U S É. 593

CHAPITRE PREMIER.

De ceux qui ne peuvent être accusés , ou des Exceptions en faveur de

l'Accufé.

SOMMAIRES.

i. Deux choses nécessaires pour pouvoir être 2. Trois sortes etexceptions qui peuvent être
accusé. employées en cette matière.
I.

i.DmPouR pouvoir être accusé , suivant nos les poursuites de la Partie privée pour ses
«ssíref" Loix & notre Jurisprudence , il faut néces- dommages & intérêts ; de ce nombre font
pour pòu- sairement deux choses : d'une part , être celles tirées de la Mort de l'Accusé, & des
voir être l'Auteur ou le Complice d'un crime ; & de Lettres de Grâce du Prince : 3 °. il y en a
accu C" l'autre , n'avoir en fa faveur aucune des aufli qui font cesser seulement les poursui-

Exceptions , qui , suivant ces mêmes Loix , tes de la Partie civile , fans empêcher celles
peuvent mettre à couvert de toutes pourfui de la Partie publique , comme dans les cas
tes en cette matière. de Transaction , de Désistement , & de Ces
sion de droits , dont nous venons de donner
j £ des Exemples. Enfin , les Exceptions de la
troisième efpece font celles qui , fans faire
1. Trois Parmi ces Exceptions, nous en remarquons cesser l'accufation , peuvent être em-
rfExcep- de tro's fortes ; les unes qui font cesser , ployées par l'Accufé , pour parvenir à fe
tions qui non-feulement l'accufation , mais le crime faire décharger de cette même accusation , ,
€tre6em-m^me qu'elles supposent n'avoir jamais comme font les moyens d'Incompétence ,
ployées existé , comme font celles tirées du défaut de Récusation , de Nullité de procédures ,
matière? d'âge de raison , ou , du cas fortuit dont les reproches de Témoins & autres faits
nous avons donné des exemples en trai- juflificatifs que l'Accufé peut articuler lors
tant des Causes qui font ceffer le Crime : de ses interrogatoires & confrontations ,
d'autres , qui font cesser seulement Vaccu- & même dans les Requêtes d'atténuation
sation fans faire cesser le Crime ; & parmi que l'Ordonnance lui permet de donner
celles-ci , nous en distinguons auffi de trois tant en première instance , que fur l'appel.
espèces : 1 °. il y en a qui servent à écarter Nous verrons en traitant de la Preuve , en
m en même-temps & l'accufation de la Partie quoi peuvent consister les Exceptions de
publique , &. celle de la Partie privée ; cette derniere efpece : il ne nous reste à
comme font celles tirées de la Prescription parler ici que de celles de la seconde espe-
&. de la maxime Non bis in idem : 2 °. il y en ce , qui regardent la prescription , la maxi-
a d'autres qui font cefíer feulement l'accu- me Non bis in idem , la monde rAccusé , &
sation de la Partie publique , sans empêcher les Lettres de Grâce du Prince.

I. De VException tirée de la P rescribtion du Crime.

SOMMAIRES.

1. Deux sortes de Prescription en géné- Vont sait admettre; Crimes qui ríysontsu-
ral. jets ; ses différens effets suivant la Juris-
" 2. Prescription proprement dite ; différens prudence des Cours.
temps pour l'acquérir. 6. prescription de trente années ; Cas parti-
3. Prescription d'une année ; pourquoi elle a culier où elle a lieu ; rigueur de notre Ju-
été établie. risprudence sur ce point.
4. P'rescription de cinq ans ; deux Cas où elle 7. Péremption d'instance ; comment s'ac-
a principalement lieu parmi nous. quierten Madère Criminelle ; & quels font
5 . Prescription de vingt années ; raisons qui ses effets.

r» E •
1. Deux
r\es"ip-e -M ous distinguons d'abord deux sortes de qui tend à détruire Yaclion qu'on avoitorigi-
tìons en Prescriptions en Matière Criminelle : l'une , nairement de poursuivre le Crime : l'autre ,
général. ' p f ff
594 LES LOIX CRIMIN ELLES , Liv. I. Tit. IV.
qui tend seulement à anéantir Yinjìance ou à' Adultère, est celle par laquelle le mari cas où elle
la procédure qui avoit été commencée à ce qui , comme nous Favons dit , a seul le p^"^"
sujet ; celle-ci est connue proprement sous droit d'accuser de ce Crime , est exclus du lieu parmi
droit de le faire , lorsqu'il a laissé écouler nous"
le nom de. Péremption d'mjance.
cinq années fans s'en plaindre. Une autre
I I. Prescription de cinq années , est celle éta
blie par I'Ordonnance contre le condamné
î. Pres- Al'égard de la Prescription qui frappe sur
cription Yaclion , ou de la Prescription proprement par contumace à quelqu'une des Peines
qui emportent mort naturelle ou civile ,
meiwdîte; dite ; nous en remarquons de quatre efpe-
différens ces , qui font admises parmi nous en Ma- ck qui ne se représente point pendant les
cinq années , à compter du jour de l'exé-
po^rVac- ticre Criminelle ; sçavoir, celle d'un an ou
cution de son Jugement par effigie , ou par
quérir. la prescription annale , celles de cinq , de
tableau. L'effet de cette Prescription est
vingt , & de trente années , lesquelles ont
d'opérer la Mort Civile & la confiscation
chacune leurs principes particuliers.
des biens , comme nous le verrons en trai
I I I. tant des Actes de l'Instruction d'après le
3. Pres 1 °. Prescription d'une année : celle-ci n'a tit. 17 de la même Ordonnance. II y a
cription lieu que pour de simples injures verbales , encore une troifieme efpece de Prescrip
d'une an
née ; pour c'est-à-dire , que le silence que garderoit tion de cinq années , introduite par le Droit
quoi a été la personne offensée pendant une année , à Romain , pour empêcher qu'on ne puisse
et;tabiie.
commencer depuis qu'elle a pu probable attaquer l'état d'un défunt après ce temps-
ment être informée de l'injure, pourroit là , 6c dont nous ne parlerons point ici ,
suffire pour en opérer la Prescription. La parce que , comme nous Talions voir dans
raison que rendent les Jurisconsultes de un moment , la mort éteint entièrement
la différence qui se trouve sur ce point en le Crime parmi nous , à la réserve de cer
tre les injures verbales , & les injures réel tains Cas particuliers , pour lesquels nos
les dont la prescription est la même que Ordonnances veulent que le Procès soit
celle des autres Crimes ; c'est que l'Ac- fait au cadavre , ou à la mémoire du défunt.
tion pour celles-ci vient de la Loi , &
V. ce qui a été dit sur l'Aduhere.
comme telle ne peut s'effacer que par un V. les art. Z9 & 30 du tit. 17 de I'Ordonnance.
consentement exprès , ou par un long es V. le Tit. du Dr. Rom. ne de statu defunclorum post
pace de temps ; au lieu que l'Action pour quinquennium queratur.
l'injure verbale venant du Préteur , ne de-
V.
voit durer , comme toutes les autres actions
introduites par ce Magistrat , que pendant 30. Prescription de vingt années. Cette f. Pres
une année. Mais la raison particulière qui Prescription doit , comme l'on sçait , son cription
nous a fait admettre la disposition du Droit de vingt
origine à la fameuse Loi Qv JERELA au Code années ;
Romain sur ce point , c'est que ces sortes ad Leg. Cornel. de Falss : elle a été éta raisons qui
d'injures ne laissant aucunes traces après l'ont fait
blie pour avoir lieu contre toutes sortes de admettre;
elles , font censées facilement remises : en Crimes qui ne se trouvoient point formel Crimes
forte que la dissimulation de la personne of qui n'y
lement exceptés dans le Droit ; & elle a été font su
fensée pendant l'espace d'une annéë em adoptée parmi nous fur le fondement de ces jets ; set
porte une renonciation tacite de sa part différens
deux motifs également favorables , Yun effets sui
au droit qu'elle avoit d'en poursuivre la tiré de ce qu'un temps aussi long pouvoit vant la Ju
réparation. ridiction
avoir occasionné le dépérissement des preu desCours.
Ci) V. Bonif. p. 3 , liv. i.tit. 3 , ch. 9 ; FachiN, ves que l'Accusé auroit pu avoir pour
liv. 8. ch. 9. établir son innocence , ou du moins pour
(z) Si autemin rixam inconsulto calore prolapsus atténuer son Crime : Yautre a été d'empê
homicidii couvicium objecisti , & ex eo die annus
cher que l'Accusé ne demeure perpétuelle
exccsiit, cum injuriarum actio annuo tempore pres-
cripta íit , ob injuriée admissum couveniri non potes. ment dans Tincertitude de son état , & ex
L. 9. Cod. de Injur. posé à une nouvelle peine , après avoir
(3) Lex Cornelia de Injuriis competit ei qui in déjà expié son Crime par la crainte de ses re
injuriam agere volet ob eam rem quod si pulsa-
tum , verberatum , domumve suam si introitum esse mords qui l'ont poursuivi pendantunsi long
dicat. L. $.js. temps. Mais aussi , nous nous sommes écar
(4) Ait Prœtor , ue quid infamandi causâ fiai, si tés des dispositions du Diroit Romain quant
qtiis adversùs ea fecerit prout quaeque res erit ani- aux exceptions qu'il établit , en ce que
maclvertam. L. 17. Js. 25. ff'. de Injur.
nous ne connoiflòns point d'autres Crimes
I V. imprescriptibles dans nos usages que ceux
de Leze-Majesté au premier Chef, & du
4. Pres- 2°. Prescription de cinq années. Nous en Duel (1) : ce qui ne doit même s'entendre
dePcinq connoissons de deux sortes en matière Cri- en ce dernier cas , que lorsqu'il y a eu des
ans; deux minelle. La première , qui a lieu en fait poursuites commencées contre les Coupa-

O
D E V A C C V S É.
bles de ce Crime 5 car , autrement il peut
se prescrire dans les vingt années comme
V I I.
les autres , s'il n'y a point eu de plainte en
Justice. Pour ce qui concerne l'effet de
cette Prescription , nous n'avons point là- Péremption d'Instance. Cette espèce 7. Pé
de Prescription s'acquiert par la ceíîation remption
dessus une Jurisprudence absolument cons d'Inítan-
de poursuites pendant l'efpace de trois an ce ; com
tante ; car nous remarquons avec Breton
nées. Elle a par conséquent cela de parti ment s'ac
nier (2) , qu'il y a des Parlemens, tels quiert en
culier, qu'elle ne frappe point, comme les matière
que ceux de Paris , de Toulouse , & de
précédentes , fur faclion ou le droit de Criminel
Bourdeaux , qui jugent que cette Prescrip- le, & quels
poursuivre , mais seulement fur la procé font les
tion de vingt années a l'effet de déchar
dure qui auroit été commencée en consé effet».
ger en même-temps , & de la peine , & des
dommages & intérêts : tandis que d'autres , quence de cette action , laquelle peut par
notamment ceux de Grenoble & de Di conséquent être reprise par tout autre qui
auroit intérêt à cette poursuite. L'on n'a
jon , jugent au contraire que Faction pour
jamais douté que cette Péremption d'Ins
les dommages & intérêts résultans du Cri
tance ne puisse avoir lieu en Matière Cri
me dure trente ans.
minelle , comme en matière Civile (1).
(1) V. l'art. 35 de l'Edit des Duels , du mois
d'Août 1679 , qui , après avoir déclaré ce crime L'on a seulement établi ces deux diffé
imprescriptible , ajoute , à moins qu'il n y ait ni exé rences entr'elles : Yune , que la Péremp
cution , ni condamnation , ni plainte. tion en Matière Criminelle n'a lieu que con
V. Bretonnier ea ses Que/!, de Droit , au mot tre les Parties privées, &. non point contre
Trescription.
la Partie publique : Vautre , qu'au lieu qu'en
V I.
Matière Civile l'inítance se forme par
: 6. Pres 4°. Trescription de trente années. Celle- l'assignation , & par conséquent que c'est
cription ci n'a lieu en Matière Criminelle que dans depuis ce temps-là que commencent à
de trente courir les trois années nécessaires pour
•années ; un seul cas , celui de Yexécution d'un Ju
.«as parti gement par contumace qui auroit con former la Péremption de l'Instance , ce
culier où damné un Accusé à quelque peine corpo n'est que par le Décret seulement que
elle a lieu;
rigueur de relle ou afflictive , c'est-à-dire , que cette l'Instance Criminelle est censé formée ;
notre Ju exécution , qui se fait , comme nous le ver de manière que la Péremption ne se trouve
rispruden
ce sur ce rons , par un Procès-verbal , a l'eífet de acquise dans ce dernier cas , que par le laps
point. proroger la prescription de vingt années de trois années qui fe feroient écoulées de
dont nous venons de parler , à celle de puis l'exécution qui auroit été faite de ce
trente années. II y 'a plus ; telle est la ri Décret , soit par la capture , soit par le
gueur de notre Jurisprudence fur ce. point > Procès-verbal de perquisition de l'Accufé
que si le Jugement de contumace portoit décrété. II y a au surplus cela de commun
condamnation à quelqu'une des peines aux entre ces deux Péremptions, qu'elles n'ont
quelles nos Ordonnances ont attaché la . point lieu dans les Cours , mais seulement
Mort Civile f après l'expiration des cinq dans les Tribunaux inférieurs où les Par
années qu'elles accordent à l'Accusé con ties peuvent obliger les Juges d'aller en
tumax pour se représenter ; la Représenta avant, sinon appeller du déni de Justice
tion que feroit ce même Accusé , depuis après les deux sommations prescrites par
l'expiration des trente années nécessaires l'Ordonnance j que de plus elles ne s'ac
pour opérer la Prescription de íbn Crime , quièrent point de plein droit , c'est-à-dire ,
n'empêcheroit pas qu'il ne restât toujours qu'elles ne peuvent être prononcées par le
fous le poids de la Mort Civile qui se feroit Juge , que lorsqu'elles font opposées par les
opérée de plein droit par l'exécution de Parties j & qu'enfin elles n'ont point l'effet
son Jugement ; & c'est sur ce fondement , d'anéantir les Ailes probatoires , tels que
que par un Arrêt du 4 Mars 1738 , rap les Procès-verbaux , Informations & En
porté par Bretonnier , il a été jugé quêtes qui auroient été faits jusqu'alors , &
qu'un homme condamné à mort par con & qui ne peuvent être détruits qu'avec Fac
tumace , qui avoit prescrit .la peine pro tion même , par l'effet de la Prescription de
noncée contre lui , ne pouvoit participer vingt ou trente années.
aux successions ouvertes dans fa famille ,
même depuis qu'il avoit prescrit le V. l'Arrêt du iz Mai 1711 , rapp. au Journal des
Audiences.
Crime.
V. Louet , Lett. P , ch. 37 & 38.... V. Bonif.
V. Bretonnier à l'endroit ci-devant cité. tom. 1 , liv. 1 , tit. 13.

Fífí.2

:
j96 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. I. Tit. IV.

§. II. De l'Exception tirée de la maxime Non bis in idem.

SOMMAIRES.

1. Motifs fur lesquels efi fondée 4. Qmd,en Cas de Jugement nul & collusoire
cette
Maxime. par le fait de PAccusé.
2. Cas particulier où un nouvel Accusateur 5, Quid , de VEcclésiastique qui se trouve
peut être admis. poursuivi pour le même Crime parde-
3. Cas où l' Accusé peut être poursuivi vant rOfficial & pardevant le Juge
de nouveau y pour des Crimes du même Laïque.
genre.

,.„o,if,CETTEMaXime,quiaétíétabliee„gé- ( 1) Si accusator decesserit , aliave qua: causa et


suti$le est n^ra^ Par toutes íes Loix , tant Civiles impedierit quominùs accusare postìt , & si quid si-
mife nomen rei abolitur postulante reo idque &
fondée que Canoniques (1) , pour empêcher que Lege Julia de vi & Senatusconsulto cautum est ,
cette ma- l'état des hommes ne demeure dans une in ita ut liceat alii ex integro repetere reum. L. 3.
certitude perpétuelle , a été reçue d'autant Js. 4-js. de Accusât....
V. Ayraut, ínstruc. Judic. liv. 3 , part. 1 ,n. 22.
plus favorablement en matière Crimi
(2) V. l'art. 19 , tit. 25 de l'Ordonnance de 1670,
nelle , que le péril y est beaucoup plus rapp. ci- devant.
grand pour l'Accusé , lequel se verroit par I I I.
des accusations ainsi réitérées , exposé
continuellement à devenir la victime des II faut considérer en second lieu la qua- 3. CasoS
lité du Crime , dont l'Accusé a été ren- f*oag
corruptions & subornations de Témoins.
Ainsi , elle a lieu dans cette Matière toutes voyé absous , ou pour lequel il a été con- poursuis
damné à une peine trop légere > afin de de aoa~
les fois qu'on veut poursuivre de nouveau
un Accusé pour un Crime dont il auroit sçavoir si le Crime pour lequel on veut le Q4me°di
été absous par un Jugement dont il n'y poursuivre de nouveau est précisément le
auroit poin d'appel. Elle a lieu aussi , dans même que celui dont il avoit obtenu l'ab-
le cas où cet Accusé auroit été condamné solution. Ainsi , par exemple , en fait de
par ce Jugement , en une moindre peine que Vol , d'Usures , & de Concussion , si depuis
ce Crime paroissoit mériter. le Jugement d'absolution que l'Accusé
auroit obtenu pour ces sortes de Crimes ,
( 1 ) In iisdem Criminibus quibus quis liberatus il avoit commis d'autres Faits d'Usures ,
est, non débet Praesespati eumdem accusari. L. 7.
Js. z. js. de Accusât De his Criminibus quibus de Vol & de Concussion , cette absolution
absolutus accusatus, non potest iterùm accusatio re- n'empêcheroit pas qu'il ne puisse être pour
plicari. V. Can. fi illico 23 , qu. 4. suivi de nouveau pour ces derniers Cri
mes, quoique du même genre que ceux
II-,
dont il auroit été absous ; parce qu'ils se
a. Cas Cependant , suivant les Loix & la Juris- trouveroient différens dans leurs espèces.
oTunnôu- prudence , il y a plusieurs choses à con- L'on peut aussi en donner pour exemple
vei Accu- sidérer dans l'application de cette Maxime. celui qui , après avoir tué un homme ,
ê"tUrPad- En premier lieu , la Qualité de celui qui veut viendroit à le voler : il est certain que l'abfo-
mis. poursuivre de nouveau , pour sçavoir si c'est lution qu'il obtiendroit relativement à l'ho-
la même personne qui avoit intenté la pre micide , n'empêcheroit pas qu'il ne puisse
mière accusation , & qui en veut former une être poursuivi pour la restitution de la
nouvelle contre le même Accusé ; ou bien chose volée.
si c'est un autre Accusateur qui se présente : Sed & si aliud crimen objieiat , veluti , quòd
car dans ce dernier Cas la Maxime ne peut domum sua m prxbuit ut stuprum mater familias
être opposée avec le même succès que dans pateretur , quòd alterum deprehensum dimiserit ,
le premier , fur-tout s'il y a preuve que ce quòd pretium pro comperto stupro acceperit , & si
quid (imile idipsum Libcllis comprehendendum erit.
nouvel Accusateur n'avoit aucune con- L. 3. js. 3. §. de -Accusât. Si Adulteriumcum incesr
noissance des premières poursuites, & qu'il to committetur , ut puta cum privigna , nuru , no-
y avoit néanmoins un intérêt particulier : verca , mulier similiter quoque punietur , id enim
remoto etiam Adulterio eveniret. L. 38. js. ai Leg.
comme feroient des enfans & héritiers qui
fui. de Adult.
voudroient venger la mort de leur pere ou
I V.
de celui auquel ils ont succédé (1) ; ou bien
la Partie publique qui voudroit accuser Une troisième chose à considérer , c'est en cas de
d'un délit , dont on auroit obtenu la dé la Manière dont cet Accusé seroit parvenu ^"p^JJ
charge par la voie civile , ou même criminel à se procurer sa décharge : l'on veut dire ìusoirepar
le , sans fa jonction (2). que s'il y avoit preuve que cet Accuse eût j,^faits,de
DE V A c c u s t. 597
employé pour cela des voies frauduleuses ; V.
comme s'il avoit supprimé des charges ou Ensin , il faut aussi considérer en cette f. (Tnlf,
corrompu des témoins , ou le Juge lui-mê
matière la Qualité des Tribunaux pardevant li..: ■
me (i) ; il paroît que, dans ces derniers Cas , lesquels on fait ces poursuites ; comme ,
quili trou>
H poiirroit être sujet à de nouvelles recher v. g. , fi c'étoit un Prêtre qui eût commis ve pour
ches de la part du même Accusateur. Mais le Crime pour lequel il auroit été pour suivi pour
le nuìiiie
pour cela , il saudroit que celui-ci commen suivi pardevant le Juge Ecclésiastique qui Crime
çât par se.pourvoir par Requête Civile con par-devanc
l'auroit renvoyé absous , ou même con l'Omoal
tre ì'Arrêt qui auroit prononcé cette dé damné à quelque Peine : cette décharge òu & par de
charge : c'est ainfi que î'observa M. l' Avo vant le Ju
condamnation n'empêcheroit pas qu'il ne ge Laitue.
cat-Général X»lon , lors d'un Arrêt du 6 puisse être poursuivi de nouveau pardevant
Juin 1 63 2 , rapporté par Bajidet (2). le Juge Laïque , fi ce Crime sormoit un cas
privilégié. II y a même cela de particulier ,
(1 ) V. I'Arrêt du Parlement de Paris , du mors de comme nous le verrons en traitant de la Ju
let 1707 , rapp. par Corberon en ses Plaido
Juille ridiction Ecclésiastique , que si ce même
yers , ch. 90.
Accusé avoit été renvoyé absous par le Juge
(z) V. Bardet , tom. 2 , liv. 1 , ch. 32.... V. aussi Laïque , il ne pourroit plus être sujet à de
Bonif. tom. 2 , part. 3 , liv. 1 , tit. 16, ch. 2
nouvelles poursuites pardevant le Juge d'E
V. encore l'art. 34 du titre 25 de l'Ordonnance de
1667 , qui veut que la Requête Civile ait lieu lors glise , pour ce même Crime.
que la Procédure prescrite par les Ordonnances n'au V. I'Arrêt du 30 Juillet 1707 , rapp. au Journ.
ra pas été observée. des Aud.

§. III. De l Exception tirée de la mort de ï Accusé.

SOMMAIRES.

i . Deux sortes et "Exceptions a la Maxime , 3. Tems de la mort doit être aussi consdére
qui veut que le Crime soit éteint par la en cette matière.
mort. 4. Jugement de condamnation s'éteint par
2. Crimes qu'on peut poursuivre après la rappel.
mort.
I. I II.

1. Deux C'EST une Maxime constante parmi nous ,


sortes Les autres Exceptions regardent les ,.Temp*
d'Excep- comme chez les Romains, que le Crime est dissérens Temps où la mort de l'Accufé de la more
tion» à la éteint , quant à la peine , par la Mort du doit être
maxime , est arrivée , c'est-à-dire , qu'il faut dis aussi con
qui veut coupable. Mais nous avons ausli là-dessus tinguer à cet égard , si c'est avant ou de sidéré en
que le Cri deux sortes d'Exceptions qui font particu cette ma
me soit puis l'accusation qui a été intentée contre tière.
éteint par lières à nos usages. lui. Au premier Cas , il n'y a lieu à aucune
la more.
Peine contre la Personne , ni même con
I I. tre les Biens du défunt : en forte que ses héri
tiers ne peuvent être recherchés à ce sujet ,
a. Crimes Les unes regardent de certains Crimes ,
poursul-Ut Pour lesquels nos Ordonnances veulent hors les Cas particuliers que nous venons
d'excepter d'après l'Ordonnance. Mais au
vre après que le Procès soit fait aux Coupables , mê-
u mort. me apres ieur mort. Ces Crimes font , sui second Cas où cette mort ne feroit survenue
que depuis l'accusation formée contre lui ,
vant l'art. premier du tit. 22. de l'Ordon
il faut encore distinguer , si c'est avant , ou
nance de 1670, au nombre de quatre ;
depuis le Jugement : car si cette mort avoit
. Sçavoir , 1 °. Les Crimes de Le\e-Majeflé ,
précédé le Jugement , l'Accufé se trouveroit
ilivine ou humaine ; 2 °. le Duel ; 3 °. YHomi
également par-là à couvert de toute peine ,
cide de soi-même ; 40. la Rébellion a Justi
même pécuniaire ; parce qu'il est censé
ce à force ouverte , à l'occasion de laquelle
mort integris fiaiûs , tant qu'il n'y a point
le Coupable auroit été tué. Nous verrons
eu de Jugement de condamnation contre
dans la íùite la procédure particulière qui
lui. Cependant s'il y avoit preuve que ses
doit se faire à ce sujet (1).
héritiers eussent profité du fruit de son
Crime , comme en fait de Vol , d'Usure &
\ 1) Le procès ne pourra être fait au cadavre &
à la mémoire du défunt , si ce n'eít pour crime de de Concussion , nos Auteurs font d'accord
Lese-Majesté divine ou humaine , dans le cas où il que cette mort n'empêcheroit point ceux-ci
rschet de faire le procès aux défunts , Duel , Ho d'être poursuivis pour la restitution & les
micide de soi-même , ou Rébellion à Justice avec
force ouverte , dans la rencontre de laquelle il aura dommages & intérêts ; non point à la vé
«té tué. Ord. de 1670 , tit. iz. art. I. rité par la voie Criminelle , mais par la
598 LES LOIX CRIMIN ELLES, Liv. I. Tit. IV.
voie Civile seulement. Ce n'est donc que ult. Ext R. de Sepult Voyt[ COQUILLE J
dans le Cas , où cette mort seroit survenue qu. 8.
depuis le Jugement de condamnation , que I V.
ces héritiers ne pourroient se dispenser de
satisfaire aux condamnations pécuniaires Au reste , par Jugement de condamna- 4; Juge*
qui seroient portées contre le défunt par tion, nous voulons parler des Arrêts &
ce même Jugement : & cela fans considé autres Jugemens en dernier ressort ; car si nation ; '
rer si ces héritiers ont profité ou non du la condamnation n'avoit été prononcée *'*te^
fruit de son Crime. En quoi nous ne sui que par un Jugement sujet à l'appel, & p^.
vons point la disposition du Droit Ro que l'Accusé fût venu à m.ourir dans le
main ( i ) , mais celle du Droit Canoni cours de l'appel qu'il en auroit interjetté ,
que (2) , qui veut que dans tous les Cas , ou même d'un appel qui seroit de droit ; il
l'héritier soit tenu de décharger la cons seroit censé mort integris status , de ma
cience du Défunt. nière qu'il n'y auroit lieu à aucune sorte
de poursuites ni contre lui , ni contre ses hé
(1) V. le Tit. 17 du Code de delinâ. Defuncl.
quhm hœred. coréen. ritiers suivant la maxime , Appellatio extin-
(2) V. cap. Litteris E X T R. de Rapt. & cap. guit judicatum in Criminalibus.

§. IV. Des Lettres du Prince.

SOMMAIRES.

1. Vlufieurs choses a confidércr par rapport 1 1 . Lettres de rappel de Ban ou de Galères ;


a ces Lettres. ce qu'elles ont de commun avec les pré
2. Différentes espèces de Lettres , tant gé cédentes.
nérales que particulières. il. Lettres pour ester à droits leur effet &
3. Cas particuliers oìt ces Lettres peuvent la manière dont elles s'entérinent.
avoir lieu. 1 3 . Lettres de Révison ; Cas particulier oìt
4. Lettres de Rémission , de deux sortes. elles doivent être employées. «
5. Lettres de Pardon ; ce qui les distin- 14. Cas qui ne font point graciables.
1 5 . Effets que produisent les Lettres de Grâce
6. Lettres dAbolition ; loix qui les concer en général.
nent. 1 6. Conditions nécessaires pourparvenir a leur
7. Abolition générale ou Amnistie ac obtention.
cordée à des Communautés ou a des Dé 17. Qualité des Juges auxquels elles doi
serteurs. vent être adreffées.
8. Abolition sondée sur des Privilèges parti 18. Manière de procéder a rEntérinement
culiers , pour de certains Cas. des Lettres d'Abolition , de Rémission &
9. Lettres de Réhabilitation ; ce quon ap de Pardon.
pelle ains , & quelsfont leurs effets. 19. Forme particulière pour les Lettres de
1 o. Lettres de Commutation de Peine ; leur Révison.
effet particulier.

I.

«: Plu- X L y a plusieurs choses à considérer par de l'Ordonnance de 1670 , qu'il faut d'à- particule
sieurs cho- J ,A T 0
bord distinguer toutes ces Lettres en deux reí'
ses à con- rapport a ces Lettres , & que nous allons
sidérer par examiner séparément : sçavoir , 1 °. leurs dif Classes principales , dont la première com
cesPLet-3 férentes Espèces ; 20. les Cas particuliers prend les Lettres de Justice , ainsi appel-
uej. ©ù elles ont heu ; 30. les Cas qui n'en font lées , parce qu'elles s'accordent pour des cas
point susceptibles j 40. les conditions né qui font rémiíîìbles suivant les règles de
cessaires pour parvenir à leur obtention ; l'exacte Justice , & que le Prince s'est en
50. la qualité des Juges auxquels elles doi gagé de les accorder en pareil cas : De ce
vent être adressées ; 6°. Enfin la Manière nombre, font les Lettres de Rémiffion &
dont on doit procéder à leur Entérine de Pardon, lesquelles peuvent aussi , par cette
ment. raison , être levées dans les petites Chancel
I I. leries près des Parlemens Les autres
s'appellent proprement Lettres de G race ,
2. Diffé- 1 °. Différentes espèces de Lettres du parce qu'elles ne s'accordent que par la
peceV dê Prince- Nous voyons d'après les observa- pure Grâce du Roi , & pour des Cas qui
Lettres , tions de MM. les Commissaires , lors du font tellement graves de leur nature ou
íaks8"que Procès-verbal de conférence fur le tit. 1 6 par leurs circonstances , qu'ils ne peuvent
DE VA C C U S É. 599
être effacés que par l'effet de son Autorité l'art. 2 dudit titre , il ne puisse être expédié ès
Chancellerits près nos Cours , que les Rémissions
souveraine. C'est auflì pour cela , qu'elles qui font de Droit , comme pour Homicides invo
ne peuvent êtres scellées qu'en la Grande lontaires , ou qui font commis dans la nêceffiti
Chancellerie. De ce nombre font celles d'une légitime défense de la vie , &que pour les au
connues fous le nom de Lettres d'Aboli tres cas qui ont besoin de notre Grâce particu
lière , elles ne puissent être expédiées qu'en notre
tion t de Révision , de Réhabilitation , grande Chancellerie , néanmoins Nous sommes
Lettres pour esler a droit , Lettres de bien informes que , dans les Chancelleries près
Rappel de Ban ou de Galères , & enfin les nosdites Cours , non - feulement il s'expédie des
Lettres de Rémission pour des cas qui ne peu
Lettres de Commutation de Peines In
vent être remis que par Nous , mais que même ,
dépendamment de ces Lettres de Grâce fous çe prétexte de légitime défense de la vie , on 1
particulières , il y en a de générales , qui y obtient des Rémissions en faveur de ceux qui ont \
s'accordent à plusieurs en même-temps ; tué par chaleur , ou par reJJ'entiment de quelque in
jure reçue sur le champ sans avoir couru risque de la
comme font les Amnisties accordées à vie j d'où il arrive que les plus Scélérats trouvent
des Villes ou Communautés entières , ou à l'impunité de leurs crimes 5 & étant important de
des Déserteurs. II y en a aussi qui font ac remédier à cet abus , qui est d'une très-dangereuse
cordées à l'occafion de quelque événement conféquence pour 1c bien de la Justice , & inté
resse íi notablement la Société civile. Sçavoir fai
extraordinaire , tels que ceux de Y Entrée sons , voulons & Nous plaît , que notre Ordon
des Rois , de leur Sacre , de leur Mariage nance du Mois d'Août 1670 soit exécutée selon fa
& de la Naissance des Princes. II y en a forme & teneur ; & ce faisant , qaès Chancelle
ries établies près nos Cours , les Lettres de Rémis
enfin qui s'accordent en vertu de quelque
sion seront accordées seulement pour les Homi
Privilège particulier , comme font celui cides involontaires , ou qui seront commis dans
qu'a V Evêque d'Orléans lors de fa première la nécessité d'une légitime- défense de la vie, fans
entrée dans cette fille ; & celui connu fous qu'en autre cas il en puisse être expédié , à peine
de nullité , & en répondre par nos amés & féaux
le nom de la Fierté de Rouen. Gardes-fccl desdites Chancelleries en leurs propres
& privés noms. Si donnons en Mandement. Edit
I I I. du mois de Juin IÓ78. '
5. C« par- Ç^s particuliers où ces Lettres ont lieu. (3) V. les Déclarations de 1683 & 1686, qui
ticuliers «T ' . .... seront rapportées fous la maxime 6 ci-après.
oùcesLet- Nous ne pouvons mieux déterminer ces
tres peu- Cas , qu'en donnant ici une notion fom-
avoir maire de la forme dans laquelle s'expédie V.

chacune des différentes Lettres que nous 2°. Lettres de Pardon. Ce font , fui- ^.Lettres
venons d'indiquer. vant l'Ordonnance , celles qui s'accordent " °"j
pour des Crimes auxquels il n'écheoit point distingue.
IV. Peine de mort , & qui néanmoins ne peu
4. Lettres 1°. LETTRES DE RÉMISSION. L'on ne vent être excusés , comme par exemple ,
fìon^dé doit comprendre proprement fous ce nom, lorsqu'on s'est trouvé présent dans une oc- .
deux sor- aux termes de l'Ordonnance , que les Let- casion où il s'est commis un meurtre , &
te** tres qui s'accordent pour des Homicides que l'on n'a point empêché , le pouvant
involontaires , ou pour ceux commis dans la faire. Ces Lettres fe levent , comme celles
nécessité d'une légitime défense. Cependant de Rémission pour Homicides involontai
il paroît d'après l'Edit de Juin 1678 res , dans les petites Chancelleries près les
les Déclarations de 1683 ï686 (z) , que Cours (1).
l'on peut y comprendre auffi les Lettres (1) Les Lettres de Pardon seront scellées pour
qui s'accordent pour des Homicides com les cas efquels il n'efcheoit point peine de Mort , &
mis dans un premier mouvement. En forte qui néanmoins ne peuvent être excusés. Ord. de
qu'il n'y a d'autre différence entre ces 1670, tit. 16. art. 3.
Lettres , sinon qu'au lieu que les premiè
V I.
res peuvent être scellées dans les petites
Chancelleries près des Cours , celles-ci Lettres d'Abolition. L'on appelle 6. Lettres
ne peuvent l'être qu'en la Grande Chancel ainsi en général , toutes, celles qui s'accor- jj^0^
lerie. dent pour des Cas plus graves que ceux qui , qui ' les
suivant l'Ordonnance , donnent lieu aux Let- conter-
(1) Les Lettres de Rémission seront accordées
tres de Rémission & de Pardon , & qui néan
pour les Homicides involontaires feulement, ou
qui feront commis dans la nécessité d'une légitime moins ne íbnt point du nombre de ceux que
défense de la vie. Ord. de 1670 , tit. 16. art. z. cette Loi déclare absolument irrémissibles.
Ainsi , l'on doit ranger proprement dans
( z) Louis, &c. Par notre Ordonnance du mois cette claíTe les Lettres de Rémission du
d'Août 1670 , pour les Matières Criminelles , au Grand Sceau , dont nous venons de parler
tit. 16 : Nous avons précisément expliqué nos in
d'après l'Edit de 1678. C'est aussi ce qui
tentions pour la qualité des cas pour lesquels les
Lettres de Rémission & d'Abolition pourroient être paroît résulter de la disposition des Décla
accordées , & bien que , suivant la disposition de rations du 22 Novembre 1 68 3(1)61 du 10
óoo LES LOIX CRIMINE LLES , Liv. I. Tit. IV.
Août 1686 (z), qui veulent que les Juges mént d'icelles , quand l' Exposé que l'Impétrant nouS
aura fait par Itsditts Lettres se trouvera conforme
procèdent à l'entérinement de ces Lettres ,
«dix charges £' informations , ou que les circonstan
encore que le mot d'ABOLlTlON n'y seroit ces ne seront pas tellement différentes quelles chan
point employé , pourvu toutefois, efl-il gent la QVAllié de faâion , & ce , suivant ce qui
dit par la première de ces Loix , que í'ex- est porté par l'art. premier du tit. iócse notre Ordon
nance de 1670 , Sí nonobstant qu'en nosdites Let
posé de ces Lettres se trouve conforme tres Je mot iAboIITïo^ n y seroit pas employé ,
aux charges & informations , ou que les ce que nous r.e voulons pouvoir nuire ni préjudi-
circonstances ne soient pas tellement dif cierauxdits Impétrans , nonobstant aussi tous usages
férentes qu'elles changënt la qualité de "à1 ce contraires , sauf à nosdites Cours , après ledit
entérinement fait, à nous faire des Remontrances,
l'aclion. A quoi la derniere a cru devoir & à nos autres Juges à représenter à notre Chance
ajouter ces mots remarquables , & la na lier ce qu'ils trouveront à propos fur l'atrocité des
ture du Crime. Crimes , pour y faire pour l'avenir la considération
convenable. Si donnons en Mandement à nos amés
(i)LoUIS,&c. Salut. Nous avons été informés 8c féaux Conseillers les Gens tenans notre Cour de
qu'en procédant par nos Cour» au Jugement des Parlement à Paris, que ces Présentes ils aient à faire
Rémissions que nous estimons à propos d'accorder lire, publier. & enregistrer, & le contenu en scellés
á nos Sujets , & qui sont signées de Nous , contre entretenir & scire entretenir , garder & observer
signées par l'un de nos Secrétaires d'Etat , ìk de nos sclon leur forme 8c teneur , fans y contrevenir ni
Commaademens , & scellées de notre grand Sceau , souffrir qu'il y soit contrevenu en quelque sorte &
nosdites Cours , non-feulement déboutent les Impé mauierc que ce soit : Car tel est notre plaisir, Décl.
trans de l'entérinement desdites Lettres , mais les du 22 Novembre 1683.
condamnent en des peines asilictives , quaud les cas
énoncés clans lefditcs Lettres ne font pas des Ho (i)LoUIS, &c. SA LUT. Par une Déclaration du
micides involontaires, qn commis dans une légitime 22 Novembre 1683, Nous avons entr'autres choses
défense de la vie, bien même que l'expose desdites ordonné que les articles 2 & 27 du tit. 16 de no
Lettres se trouve conforme aux charges & infor tre Ordonnance Criminelle du mois d'Août 1670,
mations , nosdites Cours ét3nt perluadées qu'elles seroient exécutés selon leur forme 8c teneur , 6c
se conforment, en ce faisant , à ce qui esc porté par qu'à l'cgard des Réir.iJ/ìons dont nous aurions signé
les articles 2 & 27 du titre 16 de notre Ordon 8c fait contresigner lus Lettres par un de nos Secré
nance criminelle du mois d'Août 1670 j & d'ail taires d'Etat îxde nos Commandemens , 8c sceller
leurs , p;.rce que le terme à'Abolition , au moyen de notre Sceau , !cs Juges auxquels il écherroit d'en
duquel nosdites Cours estiment qu'il n'y a pas lieu faire l'adresse , eussent à procéder à l'entérinement,
d'examiner les charges, ne se trouvant pas énoncé quand l'Ëxposc , que l'Impétrant nous auroit fait
dans lefditcs Lettres, il n'y a pas lieu d'avoir égard par ses Lettres , se trouveroit conforme aux charges
aux Rémissions dans leiqucllcs ces termes n'oiít & informations ,nou que les circonstances ne seroient
pas-été employés. Et comme leldits articles 2 & pas tellement différentes , qu'elles changeassent
27 ne doivent s'entendre que pour les Rémissions la qualité de íadion. Et depuis ayant été informés, ,
qui s'expédient en Chancellerie près nos Cours que , par une mauvaise interprétation donnée à la
seulement , que notre intention n'a point été non dite Déclaration , en procédant par nos Cours au *
plus d'affoiblir les Grâces que nous faisons à nos Jugement de quelques Rémissions , il en auroit été
Sujets , en n'usant pas des termes ftAbolition , les registrees , dont les circonstances changeoient tout-
quels même n'ôtent pas à nos Cours &. Juges la à-fait non - seulement la qualité de Icclion , mais
liberté d'examiner si l'expolé des Lettres est cou- même la Nature du Crime , dont par ce moyen
forme aux charges & information*. A quoi étant ph.sieurs sent demeurés impunis contre notre inten
"nécessaire de pourvoir , en forts que la puissance tion : savoir faisons , qu'à ces causes , 8c autres à
que Dieu a mise eu nos mains ne soit pas iuutile ce Nous mouvaus , de notre propre science, pleine
à nos Sujets , envers lesquels Nous voulons bien puissance & ; utorité Royale , Nous avons par ces
user de clémence, sçavoir taisons, que pour ces cau Présentes signées de netre main , dit , déclaré &
ses & autres à ce Nous mouvaus , de notre propre ordonné , disons , déclarons & ordonnons , vou
mouvement, gleine puissance St autorité Royale , lons 8c Nous piaít , que dans les Rémìjjìons que
Nous avons par ces Présentes , signées de notre nous aurons fait sceller de notre grand Sceau , íì
main, dit , déclaré & ordonné , disons , déclarons les circonstances résultantes des charges & infor
òí ordonnons , voulons tí Nous plaît que les art. 2 mations se trouvent différentes de celles portées
& 17 du Titre 16 de notre Ordonnance du mois par l'Expolé de nos Lettres ,en forte qu'elles chan
d'Août 1670 , soient exécutés selon leur forme 8c gent la qualité de fedien ou la. ncture du crine j
teneur , 8c aient lieu seulement pour les Chancel en ce cas nos Cours & nc s Juges auxquels l'Adresse
leries étant près nos Cours , & ce faisant, défen en aura été faite , aient à en surseoir le Jugement
dons aux Maîtres des Requêtes 8c Gardcs-Scel des- & l'entérinement , jusqu'à ce qu'ils aient reçu de
diies Chancelleries , de sceller aucune Rémission , nouveaux Ordres de Nous , fur les informations
si ce n'est pour les Homicides involontaires , ou que nous voilons être incessamment envoyées à no
pour ceux qui seront commis dans nnc légitime dé tre Chancelier par nos Procnrenra-Généraux dans
fense de la vie , Sc quand l'Impétrant aura couru nos Cours , 8c par nos autres Jurifdictions , avec
risque de la perdre, sans qu'en autre cas il en puisse les Lettres qui auroient été par Nous accordées ,
être expédié, à peine de nullité. Et en conséquence, pendant lequci temps, leur défendons de faire au
défendons à nos Cours & Juges de procéder à cunes procédures , ni d'élargir les Impétrans. Vou
l'entérinement des Lettres de Rémission expédiées lons au surplus que notre Déclaration du mois
esdites Chancelleries pour autres cas que ceux ex d'Octobre 1683 , lóit exécutée selon fa forme 8c
primés ci- dessus, quaud même l'cxpose se trouveroit teneur , en ce qui n'y est dérogé par ces présentes.
conforme aux charges. ... Et quant aux Rémissions Si donnons , Sec. Décl. du 6 Août i685.
que nous avons estimé à propos d'accorder pour
d'autres Crimes , 8c qu'à cet esset , nous en aurons VII.
signé St fait contresigner les Lettres par un de nos Abolition générale. Elle est connue au- ?• Ab?*
Sccrér;iires d'Etat Ik de nos Commandemens, 8c trement, comme nous l'avons dit, fous le n'éra"eSou
sceller de notre grand Sceau , voulons 8t ordon
nons que nos Cours 8c Juges , auxquels il écherra nom , d'Jmni/lie , & elle s'accorde or- Amnipu
d'eu faire l'adrcssc, aient à procéder à l'entérine- dinairement pour les Rébellions , Sédi- à^sCom
tions
D E L' A C C U S É. 601
munautés tions ou Violences commises par des Vil- lement : fçavoir ; 1 °. VAjJaffnat prémédité ;
Déser-deS ^es ou Communautés , ou bien pour le
2°. le Meurtre de Guet-a-pens\ 31 les
teurs. Crime de Désertion. Cette eípece d'Aboli Outrages , Excès ou Recouffe des Frison-
tion n'est point portée par de simples Let mers pour Crime > des mains de la Justice ,
tres de Chancellerie , comme la précé commis ou machinés a prix d'argent , ou
dente , mais par un Edit ou Brevet éma même fans autre engagement \ 40. le Rapt
né directement du Prince. Elle n'est point commis par violence ; 50. les Excès &
aussi , pour cette raison , íùjette comme Outrages commis en la personne des Ma
celle-ci à la formalité de l'entérinément , & gistrats ou Officiers Royaux , Huissiers ,
n'a besoin pour être suffisamment vérifiée Scrgens , exerçant , faisant ou exécutant
&t avoir son effet , que d'être inscrite íùr quelque Ade de Justice ; 6°. enfin par une
les Registres de ces Villes & Commu derniere disposition , cette même Loi ex
nautés. cepte aussi généralement tous les Forfaits
VIII. '& autres Cas notoirement réputés non
graciables dans ce Royaume. Au reste , le
8. Aboli- Abolitions fondées sur des Privilèges. Brevet qui s'accorde en pareil cas fur les
*j?n, s°n~ Nous avons distingué de deux sortes de Lettres Déprécatoires de l'Evêque , con
déelurdes r» ■ -, ?..
Privilèges lnvileges en cette matière : les uns , qui tient toujours , comme les autres Lettres
j>.articu- ^ font attaches à de certains Evénemens ex- de Grâce , la réserve des réparations civi
de certains traordinaires , tels que ceux de l'Entrée des les , & dommages & intérêts envers ceux
cas. Rois & Reines , de leur Mariage , de leur à qui il en auroit été adjugé par le Ju
Sacre , ou de la Naisiance d'un Dauphin , gement de condamnation , & il s'expédie
& autres qui causent une réjouissance pu fans aucun frais , & doit être présenté dans
blique. Les autres qui font attachés à de les six mois , passé lequel temps les Impé-
certaines Villes du Royaume , notamment trans en demeurent déchus.
à celle d'Orléans , lors de la Première en
trée de son Evêque , & à celle de Rouen , (1) LoUIS , &c. Le pouvoir du glaive & la pu
dont le Chapitre jouit , comme l'on sçait , nition des Crimes par la sévérité des peines étant
un des attributs les plus inséparables de la Puissance
de toute ancienneté , d'un certain Privi
Souveraine, il n'appartient aussi qu'à Elle feule
lège qu'on appelle la Fierté , & qui con d'en faire grâce & d'user de clémence envers les
siste à pouvoir délivrer tous les ans , le coupables. Mais dans l'exercice d'un Droit dont les
jour de l'Afcension , à la fuite d'une Pro Souverains font avec raison si jaloux , les premiers
cession solemnelle , un Prisonnier condam Empereurs Chrétiens , par un respect filial pour
l'Eglise , donnoient un accès favorable aux suppli
né à mort pour Crime capital, en lui fai
cations de ses Ministres pour les criminels , & à
sant porter la Châsse de Saint Romain sur ses leur exemple , les anciens Rois nos prédécesseurs
épaules. Ce Privilège, qui s'étendoit d'a .déféroient sauvent à l'intercession charitable des
bord fur toutes sortes de Crimes , a été Evêques, fur-tout en des occasions folemnelles où
restreint dans la fuite , notamment par une l'Eglise usoit aussi quelquefois d'indulgence envers
Déclaration du 25 Jauvier 1597, qui ex les Pécheurs , en se relâchant de i'austérité des
Pénitences Canoniques. C'est à quoi l'on doit snns
cepte formellement les Crimes de Lefe- doute attribuer ce qui paroît s'être pratiqué dtpuis
Majeflé , d'Hérésies , de Faujfe-Monnoie , plusieurs siécles à l'avénement des Evêques d'Or
de Violentent de Filles & d'Assassinat de léans , pour la délivrance des prisonniers pour
Guet-a-pens A l'égard de celui de crimes , qui au jour de leur entrée solemnelle dans
VEvêque d'Orléans , il a aussi été restreint leur Siège Episcopal , se trouvoient dans les prisons
de cette Ville. Mais cet usage n'étant pas soutenu
par une derniere Loi donnée en 1753 (1) , par des titres d'une autorité inébranlable , & les
qu'il nous suffira de rapporter ici , pour effets trop susceptibles d'abus n'ayant jamais reçu
donner une idée générale de ces sortes de ni les bornes légitimes ni la forme régulière qui
Privilèges , & des justes bornes qu'ils doi auroient pu leur convenir , il a éprouvé la contra
vent avoir dans nos usages actuels. Nous diction de nos principaux Officiers charges de la
dispensation de la Justice ,& du maintien de notre
voyons en effet par cette Loi , qu'au lieu autorité , & non seulement il a donné lieu à der.
qu'anciennement ce Privilège s'étendoit incertitudes dangereuses fur l'état des hommes , &
généralement fur tous les Prisonniers qui fur le sort des familles , mais il s'est même quel
fe trouvoient alors dans les Prisons de la quefois trouvé fatal à ceux de qui la confiance
Ville d'Orléans , & en quelques lieux qu'ils aveugle s'est reposée de leur sûreté fur fa foi. Un
objet si digne de notre attention demande qu'il y
eussent commis le Crime , & même de quel
soit pourvu par Nous ; & après l'avoir mis en con
que genre que fût le Crime , hors seule sidération dans notre Conseil , Nous voulons nous
ment celui de Lefe-Majeflé ; ce Privilège en expliquer de la manière que nous avons jugé
n'a plus lieu aujourd'hui que pour les Cri la plus propre à concilier le Privilège avec les
mes commis dans l'étendue du Diocèse Droits inviolables de notre Souveraine Puissance ,
à exclure les abus qu'on en voudroit faire , & à
d'Orléans , & lorsque ces Crimes ne se
remédier aux inconvéniens qui pourroient s'y ren
trouvent point d'ailleurs du nombre des contrer. Animés du même esprit que les Rois nos
fìx suivans , que cette Loi excepte formel- prédécesseurs, Nous n'avons pas cru pouvoir reíu-
Gsgg
602 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. I. Tit. IV.
fer quelqu'égard favorable à un usage que son an
tiquité rend vénérable dans la singularité même , I X.
& pour lequel sollicite en quelque forte la sainteté
des Evêques, qui dès les premiers siécles de l'Eglise Lettres de Réhabilitation. Ce sont 9. Lettre*
ont ilh.stré le Siège d'Orléans , Nous avons jugé celles qui s'obtiennent par celui qui , ayant J^^c*
plus digne de Nous de le régler, en le rappellant à
satisfait aux Peines , Amendes , & condam- qu'on áp-
une forme légitime, &C lui donnant des bornes con
venables, ôede l'aífermir fur desfondemens solides nations Civiles contre lui prononcées , a fc^^g
qu'il ne sauroit tenir que de notre autorité. A ces recours à la clémence du Prince pour être i0nt leurs
causes, &c. Voulons & Nous plaît, qu'aux termes réhabilité dans fa réputation , afin d'ôter effetí*
à venir, à perpétuité , les Evêques d'Orléans , pro la note d'infamie , ou la mort civile qui
mus au Siège Episcopal de cette Ville, au jour de l'empêche d'agir , & lui ôte les moyens
leur première entrée , & prise de possession solem-
nelle dudit Siège Episcopal , puissent donner aux de pouvoir subsister. Ces Lettres , comme
prisonniers qui se trouveront actuellement consti étant fondées fur la feule clémence du
tués en toutes prisons quelconques de ladite Ville , Roi , doivent être scellées du grand Sceau,
pour crimes commis seulement dans Yétendue & & ont leur effet aufsi-tôt qu'elles font
limites du Diocèse d' Orléans , & non ailleurs , au accordées; de manière que les Juges aux
tres néanmoins que les crimes ci-après exceptés
quels elles font adressées doivent procé
par ces Présentes , leurs Lettres d'Intercession &C
Déprécation à nousadressantes,fur lesquelles Nous der à leur entérinement , fans examiner fi
accorderons & ferons expédier fans aucuns frais, elles font conformes aux charges, sauf néan
auxdits Criminels , nos Lettres de grâce , Rémiffìon moins aux Cours de faire à ce sujet telles
ou Pardon fur ce nécessaires , à la supplication def- représentations à Sa Majesté , qu'elles ju
dits Evêques , dont les Lettres déprécatoires feront
gent à propos.
attachées fous le Contre- scel , pour être nosdites
Lettres entérinées pareillement fans aucuns frais
(1) Enjoignons à nos Juges, même à nos Cours,
par nos Cours & Juges , en la manière accoutu
d'entériner les Lettres de Rappel , de Ban , ou de
mée , ainsi qu'il appartiendra , suivant les disposi
Galères , Commutation de peines & de Rehabili
tions de nos Ordonnances. Voulons à cet effet ,
tation qui leur seront adressées , fans examiner si
qu'en notifiant de la part defdits Criminels les
elles font conformes aux charges 6c informations ,
Lettres déprécatoires par eux ainsi obtenues defdits
sauf à Nous représenter par nos Cours ce qu'elles
Evêques d'Orléans , il soit sursis pendant le temps
jugeront à propos. Ord. de 1670 , tit. 16. art. 7.
& espace de six mois , à compter du jour de leur
date , à tout Jugement de leurs procès, pour raison
desdits crimes y mentionnés , & à l'exécution des X.
Jugemens qui pourroient être précédemment in
tervenus fur lefdits procès , meme que ceux des Lettres de commutation de Peine. 10. l«-
Impétrans defdites Lettres déprécatoires, lesquels
On appelle ainsi , celles par lesquelles le ttes de
se seroient remis volontairement dans les prisons
de la Ville d'Orléans , à l'effet de les obtenir def K01 , ayant égard aux lervices que lui a tion ^c
dits Evêques , ayant assisté & participé à la solem- rendus le Condamné , ou par d'autres consi- Peine;ìeur
nité de leur entrée , ainsi qu'il est accoutumé , dérations particulières , veut bien commuer tkolierT"
soient & demeurent en liberté pendant le temps & la Peine qui a été prononcée contre lui
espace de six mois , fans que , pour raison desdits
•Crimes mentionnés auxdites Lettres , il puisse être en une moindre , comme , v. g. , celle du
attenté à leur personne; le tout sans préjudice des dernier supplice , en celle des Galères ou
Instructions criminelles qui pourroient être faites du Bannijement , ou d'une Prison perpé
& continuées pendant !e cours dudit temps ; passé tuelle , ou même en celle de servir S. M.
lequel terme & délai de six mois , faute par tous dans fes armées , pendant un certain temps.
Impétrans des Lettres d'Intercession de présenter
nos Lettres de Grâce , Rémission ou Pardon fur Ces Lettres doivent aussi , comme les pré
icelles j ils demeureront déchus pleinement de la cédentes , être scellées en la Grande Chan
dite Intercession & Déprécation pour leur retard cellerie, & y être entérinées par les Juges ,
& négligence , tout ainsi que si elle n'étoit jamais fans examiner si elles font conformes aux
avenue , 5c fera passé outre à toute poursuite & à charges ou non , sauf les représentations
tout Jugement contr'eux, avec toute exécution qui
dont on vient de parler ; mais elles n'ôtent
pourroit s'ensuivre. Exceptons néanmoins de tout
effet , application & conséquence du contenu de point , comme celles-ci , l'infamie encourue
ces Présentes , lc Crime á Jstastìnat prémédité , par le Jugement de condamnation.
ceux de Meurtre ou outrage } & excès , ou RecouJJe
des prisonniers pour crimes des mains de la Justice , V. le même art. 7 ci-dessus.
commis ou machinés à prix d'argent , ou fous au
tres engagemens , celui de Rapt commis par vio X I.
lence , ceux d'excès ou outrages commis en la per
sonne de nos Magistrats , ou Officiers , Huissiers Lettres de rappel de Ban , ou de 1 1. Let
ou Sergens , exerçant , faisant ou exécutant quel- Galères. Ce font celles par lesquelles le tres de
qùacle de Justice , les circonftances & dépendances Rappel de
Roi veut bien , par un effet de fa clé Ban ou de
defdits Crimes , telles qu'elles font prévues ÔC mar
mence , décharger de la peine des Galères , Galères ;
quées par nos Ordonnances , & tous autres For- ce qu'elles
jaits & cas notoirement réputés non -graciables dans ou du Bannissement , celui qui y a été con
ont de
notre Royaume. E D i t du mois de Novembre damné , ou bien le rappeller , dans le cas commun
où il auroit déjà commencé à exécuter son avec les
»753- précédens
DE L' A C C U S É. 605
Jugement : mais elles n'ont pasl'esset d'ôter le mal-jugé ou Terreur de fait dans- la
l'infamie encourue par ce Jugement , non quelle feroient tombés les Juges , & elle
plus que de rétablir le Condamné dans ses a remplacé fur ce point la voie de la Pro
biens , à moins qu'il n'y en ait une clause position d'erreur qui étoit usitée avant l'Or
expresse & positive. Ces Lettres font auflì donnance. Quant à la Procédure particu
du nombre de celles qui doivent être scel lière qui se fait à ce sujet , nous aurons lieu
lées du grand Sceau , & entérinées fans d'en parler dans un moment , en traitant
examen. de la forme de procéder à l'entérinement
des Lettres de Grâce.
V. le même art. 7 ci-deffus.

X I V.
X I I.

t». l«- Lettres pour ester a Droit, L'on Cas qui ne font point graciables. Nous 14. C«
avons donné d'avance des exemples parti- q*" ne sont
ester Pà" aPPe^e anrâ » les Lettres qui font accordées
droit; leur en grande Chancellerie aux Condamnés culiers de ces cas , d'après la Déclaration ciaMef/**
effet, & la par contumace qui ont laissé écouler les donnée en 1755 ( 1 ) au sujet du Privilège de
dont elles cinq années de l'Ordonnance íàns fe repré- l'Evêque d'Orléans , où , après avoir désigné
sWéri- fenter , afin de les relever du laps de temps , certains Crimes qu'elle excepte spéciale
IKnt" & de les recevoir à eficr à droit : c'est-à- ment , cette Loi ajoute , par une disposi
dire , à pouvoir procéder en Justice pour tion générale , qu'elle entend comprendre
faire juger de nouveau leur cause , & íè dans la même exception tous les autres
purger, s'il y a lieu , des cas pour lesquels Forfaits & cas notoirement réputés non
ils ont été condamnés : mais ils ne peu graciables dans le Royaume. Ainsi il faut
mettre d'abord au nombre de ces derniers r
vent , suivant l'Ordonnance , être admis à
profiter du bénéfice de ces Lettres , qu'en ceux qui fe trouvent mentionnés dans l'art.
se constituant Prisonniers. L'esset de ces 14 du titre 16 de l'Ordonnance (2), parce
Lettres , íùivant la même Loi , est que si qu'en effet tous les autres semblent de
le Condamné par contumace à une Peine voir s'y rapporter. Ces Cas font au nom
qui emporte la confiscation de ses biens , bre de quatre ; sçavoir , 1 °. le Duel ; 20. les
AJsaJJinats prémédités 3 parmi lesquels on
vient à être absous ou condamné en une
Peine qui n'emporte point la Confiscation , doit comprendre le Meurtre , le Poison Sc
rIncendie ; 30. la Recouffe des Prisonniers
il rentre dès-lors dans la possession de ses
biens , meubles , & immeubles , mais dans pour Crime des mains de la Justice ; 40. Le
l'état feulement où ils se trouvent alors , Rapt commis par violence , qui comprend
& fans aucune restitution des Amendes , aussi le Viol. ; 50. Les Excès ô Violences
intérêts civils , & fruits des immeubles. commises envers des Officiers exerçant
Quant à la Procédure nécessaire pour l'en- quelqu'Acte de Justice. A quoi l'on doit
térinement de ces Lettres , elle ne con ajouter fans contredit le Crime de Le^e-
siste que dans la consignation de l'Amende , Majefié au premier ckesy quoiqu'il n'en
& dans le Jugement qui les entérine , par soit point parlé dans cette Loi , puisqu'il
lequel il est ordonné que l'Accusé fera oui est même le seul qui se trouve excepté par
& interrogé devant le Conseiller - Rap les premières Loix qui ont été rendues íùr
porteur. cette Matière.

y. Part. 28 dutit. 17 de l'Ordonnance de 1670, {i)V. Ia Déclar. de 1756 , rapportée ci-devant.


qui fera rapporté fous le titre de la Contumace. (1) Ne seront données aucunes Lettres d'Aboli- .
■ tion pour les Duels ni pour les Assassinats prémé
dités , tant aux principaux Auteurs qu'à ceux qui
XIII.
I les auront assistés pour quelqu'occanon- ou prétex
ì3.l«- Lettres de Révision. Ce font celles te qu'ils puissent avoir été commis , soit pour ven
ger leur querelle ou autrement , ni à ceux qui à
•vision6 cal ^ue ^e accorcle à des Accusés qui ont prix d'argent ou autrement, se louent ou s'enga-
particulier été jugés contradictoirement , pour faire gent pour tuer , outrager , excéder ou recourre
doiven" revoir tout ^e nouveau leur Procès , tant des mains de la Justice les prisonniers pour crime ,
ítre em- par rapport à l'instruction , que par rapport ni à ceux qui les auront loués ou induits pour ce
ployée*, au Jugement de condamnation même. Elles faire , encore qu'il n'y ait eu que la feule machina
tion ou attentat, & que l'esset n'en soit ensuivi pour
font la voie ordinaire pour revenir contre
crime de Rapt commis par violence , ni à ceux quï
un Arrêt ou Jugement rendu en dernier auront excédé ou outragé aucun de nos Magistrats,
Ressort : ce qui s'entend lorsque cet Arrêt, ou Officiers , Huissiers & Sergens , exerçant ,
ou ce Jugement ne renferment point d'ail faisant ou exécutant quelqu'acte de Justice; & si au
leurs des contraventions formelles à. l'Or cunes Lettres d'Abolition ou Permission étoient ex
pédiées pour les cas ci-dessus, nos Cours pour
donnance , qui les rendent susceptibles de
ront nous en faire leurs Remontrances , & nos au
lá vqie de la' Cassation : car la Révision tres Juges représenter à notre Chancelier ce qu'ils
n'a principalement pour objet que d'établir estimeront à propos. On. d. de 1670, «r. 16. art. 4.
604 LES LOIX CRIMIN ELLES, Liv. I. Tit. IV.
nullité Nous avons vu au resta,
X V. en traitant de l'Homicide , qu'à la réserve
seulement de ceux que le Prince a déclaré
if. Effets EFFETS que produisent les Lettres de par ses Loix n'être sujets à aucune pour
V?r P?" Grâce. Ces effets font différens suivant la suite , comme ceux faits par des Commis
duilentles . . , T T1
Lettres de qualité de ces Lettres. II y en a qui ne des Fermes auxquels on fait rébellion >
grâce en font cefler que la Peine publique que de- ou par ceux qui tuent des personnes mar
voit subir le Criminel , soit sur sa per quées allant en armes par les campagnes j
sonne , soit sur ses biens par les Confiscations il n'est aucune efpece d'Homicide , même
ô Amendes , mais non point les Domma ceux commis par cas fortuit , & par des
ges ô intérêts qui font dûs à la Partie Ci Furieux & Insensés , pour lequel il ne soit
vile : de ce nombre font les Lettres dAbo nécessaire de recourir à des Lettres de Gra- j
lition , de Rémiffion , & de Pardon , & mê ce , si l'on veut éviter la peine de mort qui
me celles de Réhabilitation. Aufíi voyons- est attachée à ce Crime. En quoi nous ne .
nous , que ces Lettres portent toujours une suivons point la disposition du Droit Ro
réserve particulière en faveur de cette Par main , qui déclaroit exempt de toutes
tie Civile. II y en a d'autres qui tendent à faire poursuites ceux qui tuoient des Vo
décharger celui à qui elles sont accordées leurs nocturnes, & les Pères qui tuoient
de toutes Peines , soit corporelles , soit leurs filles surprises en adultère. (1 )... Enfirt
pécuniaires : de ce nombre sont les Let une quatrième condition nécessaire pour
tres de Révifion t & celles pour ester parvenir à l'obtention des Lettres de Grâ
à Droit II y en a enfin qui , non-lèu- ce , c'est que les Crimes pour lesquels
lement n'exemptent point des Peines pé elles sont demandées , soient de nature à
cuniaires celui qui les obtient , mais qui mériter une Peine corporelle , ou bien que
ne l'exemptent pas même entièrement de les Jugemens de condamnation portent
la Peine publique , en ce qu'elles ne font des Peines de cette qualité , c'est-à-dire ,
que convertir la Peine à laquelle il étoit que ces Lettres ne peuvent avoir lieu
condamné en une moindre , comme sont les lorsqu'il ne s'agit que de simples Peines
Lettres de Commutation de Peines , de Rap afflictives , infamantes ou pécuniaires : il y
pel, de Ban, ou des Galères. a des défenses expresses aux Gardes des
Sceaux de les accorder , & aux Juges d'y
XVI. avoir aucun égard (2).

16. Con- CoNDITlONS nécessaires pour parvenir a (1) V. ce qui a été dit fous le titre des Homicides
ditions né- pobtention de ces Lettres. Parmi ces condi- JìmpUs.
cellaires (ì) Nous défendons auxdits Gardes des Sceaux,"
pour par- tions , nous en remarquons quatre principa
de ne bailler aucunes Grâces ni Remission des Cas -j
le™ * les. La première , qui est commune à tou- pour lesquels il ne fexoit requis imposer peine cor
tention. " tes ces Lettres , c'est que celui qui les de porelle ; & fi elles étoient données avi contraire ,
mande doit s'avouer coupable du Crime Nous défendons à tous nos Juges de n'y avoir un
pour lequel il prétend les obtenir Une égard comme deffus , & en débouter les Parties ,
seconde condition qui regarde également avec condamnation d'amende. Art. ij% de COr-
donnance de 1 539.
toutes les Lettres , c'est que l'exposé en doit
être véritable 8c confirme aux charges & XVII.
informations : ce qui doit s'entendre , com
me nous l'avons vu d'après les Déclara Juges auxquels ces Lettres doivent être 17-Qua;
tions de 1683 & 1686, lorsque les cir adressées. Nos Loix exigent deux choses ^
constances contenues dans cet Exposé ne à cet égard : l'une , que ces Juges soient aueis elle»
sont point tellement différentes des char Royaux & non simplement Seigneuriaux ; ^2tó
gés , qu'elles changent entièrement la qua l'autre , que ces Juges Royaux soient en fée*,
lité de l'Action & la nature du Crime ; au même-temps les Juges du lieu où le délit
trement ces Lettres doivent être rejettées a été commis. Nous entendons par Juges
comme Obreptices & Subreptices. On ap Royaux; i°. les BAILLIFS ET SÉNÉCHAUX
pelle Obreptices , les Lettres où l'on avan auxquels nous avons vu que nos Loix ont
ce quelques faits contre la vérité , & Su accordé ce droit exclusivement aux Pré
breptices , celles où l'on a caché de certains vôts Royaux (1). z°. Nous entendons auflî
fàits qu'on fçavoit devoir empêcher l'ob- sous le nom de Juges Royaux , ceux des
tention de ces Lettres s'ils étoient con Cours Souveraines auxquels les Lettres
nus Une troisième condition doivent être adresiees , à l'exclusion des
qui est encore prescrite pour toutes ces Baillifs & Sénéchaux, dans ces deux Cas
Lettres en général , c'est que si elles sont particuliers ; l'un , lorsque ces Lettres sont
obtenues par des Gentilshommes , elles obtenues par des Gentilshommes ou par des
doivent nécessairement contenir la men Officiers de Justice (z) : l'autre , c'est lors
tion expresse de leur qualué à peine de que ces Cours se trouvent saisies de l'appel
DE L' A ■ «Z C U S Ê. 6of
des îugemens définitifs des premiers Ju truction sur les lieux. O R D. de 1670, th. 16.
ges , & que les Impétrans se trouvent arc. 12.
transférés dans leur prison , & leur Procès
apporté à leurs Greffes. C'est entr'autres (3)LoUIS , &c. Salut. Nans avons été infor
la disposition de l'art. 2. de la Déclaration més qu'il s'est introduit depuis plusieurs années
différens abus dans l'expédition des Lettres de Jus
du 3 Mai 1723 (3), que nous croyons
tice , émanées des Chancelleries établies près nos
devoir rapporter ici en entier , parce qu'elle Cours ,, par le relâchement de quelques Officiers
prescrit en même - temps les formalités desdites C hancelleries, lesquels non-feulement in
particulières que doivent remplir les Offi fèrent dans les Lettres de Rescision & autres sem
ciers de la Chancellerie, relativement à blables des clauses arbitraires & insolites dont it
l'expédition de ces Lettres. II y a auíîi naît journellement des procès ruineux aux Parties,
mais qui présumant trop de leur pouvoir , expé
des Lettres qui doivent être adressées aux dient des Lettres de Rémission pour des Homicides
PrÉSIDIAUX , comme en fait'de Cas Prévô- hors des cas dans lesquels les Ordonnances leur
taux (4) : mais il faut pour cela deux con ont permis de les expédier ; & souvent par intelli
ditions qui font prescrites par deux der gence ík faveur pour les Impétrans , font YAdresse
nieres Loix : la première , qui eít portée desdites Lettres ,à d'autres Sièges que ceux auxquels
elle doit être faite suivant lesdites Ordonnances :
par la Déclaration du 5 Février 1731 , c'est
Et voulant apporter l'ordre &la réforme nécessaire
que l'Accusé , par qui ces Lettres font ob dans une matière aussi importante au bien de la
tenues , ne soit ni Ecdéjìajlique (5) ni Justice , après nous être fait représenter toutes les
Gentilhomme (6) , parce que , aux termes Ordonnances, Edits & Déclarations des Rois nos
de cette Loi , les Présidiaux ne peuvent prédécesseurs fur cette matière, Nous avons trouvé
que l'Ordonnance donnée par le Roi François I
connoître des Accusés de l'une &. de l'au à Villicrs-Cotterets en Tannée 1539 avoit borné le
tre de ces qualités. L'autre condition qui pouvoir des Officiers desdites Chancelleries , à la
se trouve prescrite par la Déclaration du feule expédition des Lettres de Justice, au nombre
27 Février 1 703 (7) , c'est qu'il saut , pour desquelles furent comprises celles de Piémission
que ces Lettres puissent être adressées aux pour Homicides commis , dans le cas où l'Impé-
trant y auroit été contraint pour le salut & défense
Sièges Présidiaux , que les Crimes qui y
de sa Personne. Cette disposition fut suivie par l'Or
donnent lieu aient été commis dans le donnance faite à Orléans en Tannée 1560, laquelle
ressort des Bailliages auxquels ces Prési ne permet à ces Officiers d'expédier de semblables
diaux font unis : car s'il avoit été commis ail Lettres , qu'en cas de Droit ; mais le feu Roi , par
leurs , çe scroit au Bailliage dans le relîbrt son Ordonnance de 1670 , art. z du tit. 1 6 , ayant
permis TExpédition des Lettres de Rémission pour
duquel le Crime a été commis que ces
les Homicides involontaires , ou qui auroient été
Lettres devroient être adressées , suivant commis dans la nécessité d'une légitime défense de
cette derniere Loi. Nous avons vu d'ail la vie , ces termes , quoique renfermant au fond la
leurs en traitant des Juges extraordinaires , même disposition , ont néanmoins donné lieu aux
qu'il y en avoit parmi eux , notamment Officiers desdites Chancelleries d'étendre arbitrai
rement ôc à leur volonté le cas de légitime Dé
ceux de l' Amirauté , de la Connétablie ù
fense i à quoi le feu Roi n'auroit encore suffisam
de la Prévôté de t'Hôtel , qui pouvoient ment remédié par son Edit du mois de Janvier
connoître de l'entérinement des Lettres 1681 & par fa Déclaration du ìx Novembre 1683,
obtenues pour des Cas dont ils avoient quoique en des termes plus conformes à Tefprit des
l'attribution exclusive. anciennes Ordonnances ; & quant à YAdrcst des
dites Lettres de Rémission, Nous avons trouvé que,
suivant toutes les Ordonnances & Déclarations des
( 1 ) Connoîtront nosdits Juges ressortissans en Rois nos prédécesseurs , elle ne peut être valable
nofdites Cours fans moyen ,& non lesdits Prévôts, ment faite qu'à nos Baillis & òenechaux , £c autres
autres Juges inférieurs , de la vérification des Let Juges ressortissans nuement en nos Cours , dans le
tres de Rémission , Abolition , Pardon , Rappel de Ressort desquels les crimes ont été commis ,àl'ex-
ban , tant des Cas desquels nosdits Prévôts auront ception seulement de celles impetrées par des Per
connoiffance , qu'avitres , dont mention fera faite sonnes de condition noble , lesquelles , suivant l'Edit
esdites Lettres. Et seront les procédures faites par d'Amboife de Tannée 1 57a, l'Ordonnance de Blois
lesdits Prévôts apportées «s Greffes desdits Baillia 1579,0c celle du feu Roi de Tannée 1670, doi
ges §c Sénéchauffées. B dit de Ç $ k m 1 eux , vent être adressées à nos Cours Supérieures ; &
m, 1 1. Nous avons cru devoir fur le tout expliquer si di-
'ï * * * fertement no i intentions , que les Officiers desdites
fx) Les Adresses de Grâces , Pardons & Rémis Chancelleries ne puissent à l'avenir s'en écarter. A
sions obtenues par les Personnes n'étant de noble ces causes , &c. . . . . , . Art. ï. 11 ne fera expédié
condition » feront faites aux Juges ordinaires , ref- aucunesLettres de Rémission dans les Chancelleries
Hprfiíïansnuement & immédiatement en nos Cours établies près nos Cours , si ce n'est pour les Homi
de Parlement ; & quant aux Gentilshommes & cides purement involontaires & arrivé? par cas for
Officiers i "Voulons l'Edit d'Amboife être inviola tuit', ou dans les cas ou ceux qui les auront commis
blement gardé. O&b. de Blois , arc, 199, . , . Les y auront été contraints par lanécessité d'une légiti
Lettres obtenues par les Gentilshommes ne pour me Défense , & pour éviter un péril évident de la
ront être adressées qu'à nos Cours , chacune sui vie , sans qu'il y ait eu aucune querelle qui ait pu y
vant faJurifdiction &c la qualité de la matière , qui donner occasion : Faisons défenses à nos Conseil
pourront néanmoins , si - la Partie Civile le re lers Secrétaires de signer & présenter au Sceau
quiert , & qu'elle le juge à propos , renvoyer Vins- aux Maîtres des Requêtes , ôí Gardes-SççU desdites
6o6 LES LOIX CRIMINi <LLES, Liv. I. Tit. IV.
Chancelleries , de sceller aucunes Lettres de Ré (6) Voulons qu'à l'avenir les Gentilshommes,
mission pour tous autres Cas que ceux ci dessus , à jouissent du même Privilège , si ce n'est qu'ils s'en
peine de nullité des Lettres , &C de plus grande s'il fussent rendus indignes par quelque condamnation
y échoit , contre lesdits Officiers , & de tous dé qu'ils eussent subie , soit de peine corporelle , ban
pens , dommages & intérêts des Parties , & à nos nissement ou amende honorable. Art. ix.ibid.
Cours & autres Juges de les entériner , à peine de
nullité des Arrêts ou Jugemens.... Art. II. Ordon
nons que Y Adresse des Lettres de Rémission expédiées (7)J-iOUIS, &c. Salut. Par ootre Déclaration
efdites Chancelleries ne pourra être faite , lorsque du 29 Mai I70Z , Nous avons entr'autres choses
les Impétrans seront de condition roturière , qu'à ordonné que le Pouvoir attribué aux Juges Prési
nos Baillis & Sénéchaux , ou autres Juges ressortif- diaux de connoître en dernier ressort des Cas Pré-
sans nuement en nos Cours, & dans le Ressort des vôtaux, n'auroit lieu que pour les Crimes commis
quels l'Homicide aura été commis , fans que, fous dans l'étendue des Bailliages & Sénéchaussées , oi*
prétexte d'Arrêts de Défenses ou d'Appels des Dé les Sièges Présidiaux sont établis ; mais nous appre
crets , ou autres procédures d'Instruction , ni en nons que cette Déclaration a fait naître une nou
tels autres cas que ce soit , lesdites Lettres puissent velle contestation entre les simples Bailliages & Sé
être adressées à nos Cours, fi ce n'est seulement aux néchaussées auxquels les SiégesPrésidiaux sont unis,
Casoù elles se trouveront saisies de VAppel des Ju les uns soutenant que la Jurisdiction des Prési
gemens définitifs des premiers Juges, & que les Im diaux , en matière criminelle , étant à présent ren
pétrans auront été transférés dans leurs prisons, ÔC fermée dans ses anciennes & ses véritables bornes ,
leurs procès apportés en leurs Greffes, ce que Nous les Bailliages 8c Sénéchaussées des lieux où il y a
voulons être pareillement exécuté pour l'Adresse Siège Présidial , ne doivent plus connoître de l'en-
des Lettres de Grâce qui seront expédiées en notre ténnement des Lettres de Rémission , de Pardon ,
grande Chancellerie , signées en Commandement & autres de semblable qualité , obtenues par des
par nos Secrétaires d'Etat Art. III. Les Personnes de condition roturière , que lorsque le
Gardes-Scels desdites Chancelleries établies près Crime , pour lequel elles font obtenues , a été commis
nos Cours , seront tenus d'envoyer au Garde-des- dans le Ressort desdits Bailliages & Sénéchaussées ;
Sceaux de France, dans le premier mois de chaque & les autres prétendans au contraire que l'art. 1 3
quartier de Tannée , un Etat des Lettres de Rémis du tit. 16 de notre Ordonnance du mois d'Août
sion qui auront été expédiées efdites Chancelleries 1670 , leur attribuant purement & simplement la
dans le quartier précédent , à peine d'interdiction... connoissance de l'entérinement desLettres obtenues
Art. IV. Faisons de très-expresses défenses auxdits par des Personnes de qualité roturière , on ne peut
Officiers d'insérer dans les Lettres de Rescision qui admettre la nouvelle distinction proposée par les
seront expédiées & scellées efdites Chancelleries , simples Bailliages & Sénéchaussées, fans attaquée
aucunes clauses de relief ,soit de laps de temps ou la disposition de notre Ordonnance ; & quoîqu'en
de fin de non-recevoir , acquiefcemens , consente- eff«tla lettre de cet article semble favoriser lapré-
mens , actes approbatifs , & autres semblables tention des Bailliages & Sénéchaussées auxquels les
clauses insolites & contraires aux Ordonnances , à Sièges Présidiaux sont unis , Nous avons cru néan
peine de nullité defdites Lettres , & d'interdiction moins que ces Sièges ne pouvant plus exercer au
comme ci-dessus. . . . Art. V. II fera fait au com cune Jurisdiction en matière criminelle , hors le
mencement de chaque année une liste qui contien Ressort de leur Bailliage & Sénéchaussée , ils n'a-
dra les noms des Officiers defdites Chancelleries voient plus aucun prétexte de demander que les
qui feront obligés de faire le Service par quartier , Lettres de Rémission leur fussent adressées , lors
en sorte qu'à chaque tenue du Sceau il s'y trouve , qu'il s'agit de Crimes commis dans le Ressort d'un
outre le Garde-Scel , un Audiencier , un Contrô autre Bailliage ou Sénéchaussée , parce qu'en ce
leur & un Secrétaire, à peine contre les Abfens de cas, ils ne sont ni Juges naturels du crime, de quel
fadiation des Droits attachés au Service actuel, les que qualité qu'ils soient , ni Juges supérieurs en
quels accroîtront aux présens , & déplus grande cette partie , de ceux auxquels la connoissance en
s'il y échoit. . . . Art. VI. Voulons que toutes les appartient. Nous avons d ailleurs considéré que
Expéditions qui seront présentées au Sceau soient l'ordre public & le bien de la Justice demandent
visées & signées par le Garde-Scel , & après qu'el également que le Juge du crime soit auffi ( autant
les auront été scelleés, elles seront taxées par l'Au- qu'il est possible ) le Juge de l'entérinement des
diencier , puis contrôlées & remises au Secrétaire Lettres de Grâce qu'il nous plaît d'accorder au cri
qui y mettra son paraphe, & le Scellé qu'il signe minel , 6c que cette Régie ne doit jamais souffrir
ra ; 6c fera tenu deux Registres defdites Expédi d'exception , que lorsque le caractère du Jugen'est
tions , l'un par PAudiencier , l'autre par le Con pas assez élevé pour recevoir l'Adresse de nos Let
trôleur, qui les signeront , de même que le Secré tres de Rémission , ou que celui de l'Accusé
taire de Service à la fin de chaque tenue du Sceau, Pexempte en ce cas de la Jurisdiction des premiers
le tout à peine d'Interdiction contre les contreve- Juges pour le soumettre à celles de nos Cours de
nans. Si donnons en Mandement , &c. Dkct. du Parlement. Ainsi Nous avons jugé à propos , en.
3 Mai 17x3. nous conformant à Pesprit de l'Ordonnance de-
(4) L'Adresse des Lettres obtenues par des Per Moulins, & à la disposition expresse de celle de
sonnes de qualité roturière fera faite à aos Baillis Blois , de rétablir l'ancien ordre des Jurisdictions,,
& Sénéchaux des lieux où il y à Siège Présidial ; &c & de ne pas priver de la connoissance d'un Cas
dans les Provinces où il n'y a pas de Siège Prési Royal , des Officiers qui , suivant la règle établie
dial , l'Adresse se fera aux Juges ressortissans nue par les anciennes & nouvelles Ordonnances de
ment en nos Cours ,& non autres, à peine de nul notre Royaume , sont Juges de tous Cas Royaux
lité de Jugement. Même Ord. art. 1 yibid. - fans aucune distinction. A ces causes , &c. Que
l'art. 35 de POrdonnance de Moulins, & Part. 199;
(5) Les Ecclésiastiques ne feront sujets en aucun de l'Ordonnance de Blois soient exécutés selon
cas , ni pour quelqoe crime que ce puisse être , à la leur forme 6c teneur , & en conséquence , que con
Jurisdiction des Prévôts des Maréchaux , ou Juges formément auxdits articles , l'Adresse des Lettres
Présidiaux en dernier ressort. Decl. du 5 Février de Rémission , Pardon , & autres de semblable qua
173X, an. u. lité , obtenues par des Personnes de qualité rotu-z
DE V A C C U S É. 607
rìefc , soit faite à nos Baillis & Sénéchaux rcssor- donnance veut que ce Juge ne puisse pro
tissans nuement en nos Cours de Parlement , dans le céder à l'entérinement des Lettres , sauf à
Rejfort desquels le Crime aura éié commis , fans cjue décerner des Exécutoires contre les Gref
nos Baillis & Sénéchaux des lieux où il y a Siège
fiers qui seront en demeure (4) Une
Préfidial puissent prétendre que l'Adresie leur en
doive être faite , u ce n'est lorsque le crime aura quatrième formalité consiste dans l'Acte
été commis dans le Ressort de leur Bailliage ou Sé- de Signification qui doit être fait de ces
néchaussée ; dérogeant à cet égard , autant que bç- Lettres aux Parties intéressées , pour en
foinferoit, à la disposition de l'art. 13 du titre 16 voir prononcer l'entérinement , & y for
de notre Ordonnance du mois d'Août 1670 , &
mer leurs moyens d'opposition si elles en
de tous autres Edits & Déclarations à ce contrai
res : Voulons néanmoins, que dans le cas oh le cré ont (5), tels que feroient ceux résultans de
dit des Accusés seroit à craindre dans le Bailliage ce que l'Impétrant n'auroit point encore
dans le Ressort duquel le Crime aura été commis , satisfait aux réparations civiles qui leur
les Lettres de Rémission ÔC autres de semblable font dues ; ou de ce que ces Lettres n'au-
nature puissent être adressées au Bailliage ou à la
roient point été présentées dans le temps ,
Sénéchauffée la plus prochaine , non-suspecìe. Ce
que nous n'entendons avoir lieu qu'à l'égard des ou bien de ce qu'elles feroient obtenues
Lettres qui doivent être scellées en notre grande pour des Cas Irrémissibles , ou enfin de ce
Chancellerie. Si donnons en mandement , &c. que ces Lettres feroient Subreptices ou
Décl. du 27 Février 1703 , régijîrét ley Mars sui Obreptices ; 6c notamment si l'Impétrant y
vant. avoit celé fa qualité de Gentilhomme.
XVIII. Cette opposition se fait par Requête à la
quelle ces Parties peuvent joindre telles
18. Ma FORME de procéder a tEntérinement des pieces qu'ils jugeront à propos , & aux
nière de Lettres de Grâce. Nous ne parlerons ici quelles l'Impétrant pourra répondre par
frocéderà
entérine que des formalités qui doivent accompa une autre Requête , dans le délai qui fera
ment des gner l'entérinement des Lettres d'Aboli ordonné à cet effet (6) La cinquième
Lettres tion y de Rémission , de Pardon , ô de Révi est la Communication que doit prendre la
d'Aboli
tion , de sion , parce que l'Ordonnance a établi , Partie publique de ces Lettres , pour y
Rémission pour parvenir à leur entérinement , des former aulîì son opposition dans le cas où
& de Par
don. Procédures particulières qu'elle n'exige elle ne les trouveroit pas conformes aux
point, comme nous l'avons vu , pour les charges & informations , ou qu'elles au-
autres Lettres. Nous allons d'abord com roient été obtenues pour des Cas non ré-
mencer par celles qui font communes à mifsibles (7) La sixième regarde la
ces trois premières , & nous terminerons manière dont doit se faire la Présentation
par les procédures relatives aux Lettres de de ces Lettres a V Audience : l'Impétrant
Révision... Les Formalités de l'entérinement doit alors être tête nue & à genoux ; &
dont il s'agit ici se trouvent marquées après que la lecture a été faite de ces
par les art. 15,16, 17,18,19,20,21, Lettres , il doit affirmer ces trois choses
22 , 23 , 24, 25 , 26 , 27 du tit. 16 de fur l'interpellation qui lui en fera faite par
l'Ordonnance de 1 670 , d'après lesquels le Juge qui préside : i°. que ces Lettres
nous en remarquons fix principales. La contiennent vérité ; z°. qu'il a donné
première regarde le Temps où doit se faire charge de les obtenir ; 3". enfin qu'il en
la présentation de ces Lettres : l'Ordon tend s'en servir ( 8 ) ; & il" est défendu
nance veut que ce soit dans les trois mois du aux Juges & aux Greffiers de pren
jour de leur obtention , passé lequel temps , dre ni recevoir aucune choie de l'Impé
l'Impétrant en doit demeurer déchu (1) trant pour l'attache , la lecture ou la pu
La seconde, Y Etat où doit se trouver blication de ces Lettres , non plus que
l'Accusé lors de la présentation de ces pour le conduire & le faire entrer à l'Au-
Lettres : l'Ordonnance veut qu'il soit alors dience & fous quelque prétexte que ce
dans les Prisons du Juge auquel elles font soit , à peine de concussion & de restitu
adressées , & qu'il y demeure pendant toute tion du quadruple (9).... La septième est
l'instruction , jusqu'au Jugement définitif , l' Interrogatoire que doit ensuite subir l'Ac
sans qu'il soit permis au Juge de l'élargir cusé étant en prison , par-devant le Rap
à caution ou autrement (2) ; & faute par porteur nommé à cet effet : cet interro
lui de se rendre dans les Prisons , Cette gatoire doit rouler sur les faits résultans
Loi veut qu'on continue contre lui l'inf des charges & informations La hui
traction par contumace, & qu'on fasse tième formalité regarde la Faculté que
exécuter les décrets (3) Une troisième l'Ordonnance laisse aux Parties publiques
formalité concerne l' Apport , qui doit être & civiles , de faire informer par addition ,
fait incessamment au Greffe de ce même & de faire récoler &. confronter les té
Juge , de toutes les charges &. informa moins , nonobstant la présentation de ces
tions , même de celles faites depuis l'ob- Lettres (10) La neuvième consiste dans
tention de ces Lettres ; & jusques-là l'Or- un autre interrogatoire , que le même Im
6o8 LES LOIX CRIMINE LLES, Lit. I. Tit. IV.
pétrant doit subir en présence de tous les l'Instruction , Jugement & Exécution de la Contu
mace, jusqu'à ce que l'Accusé soit actuellement en
Juges immédiatement avant le Jugement
état dans les Prisons du Juge auquel l'Adreffe en
définitif (i i). . . La dixième enfin est le Ju aura été faite. Art. 17. tu. ibidem.
gement définitif, qui doit statuer fur ces (4) L es Charges & Informations , & toutes les
Lettres , soit en les entérinant si elles se autres pieces du procès , même les procédures fai
trouvent conformes aux charges & infor tes depuis l'obtention des Lettres , seront incessam
mations , & revêtues d'ailleurs des condi ment portées aux Greffes des Juges auxquels l'A
dreffe en fera faite. Ce que nous voulons avoir lieu
tions que les Loix exigent pour leur vali à l'égard des Lettres de Révision. A rt. 1 8. ibid.
dité , ou bien en en déboutant l'Impétrant , (5 ) Défendons à tous Juges , même à nos Cours,
si elles ne font point conformes aux charges de procéder à l'entérinement des Lettres, que tou
ou si elles manquent de quelqu'une des tes les Informations & Charges n'aient été appor
conditions essentielles dont nous venons tées & communiquées à nos Procureurs , vues &
examinées par les Juges , nonobstant toutes som
de parler (i z) : fur quoi il faut néanmoins dis
mations qui pourroient avoir été faites aux Greffes
tinguer , comme nous l'avons vu , d'après de les apporter, & les Diligences dont les Deman
la Déclaration de 1686 , entre les Lettres , deurs en Lettres pourroient faire apparoir , sauf à
dans l'exposé desquelles il se trouveroit des décerner des Exécutoires , & ordonner d'autres
t circonstances tellement différentes de cel peines contre les Greffiers qui seront en demeure.
Art. 25 . tit. ibid.
les résultantes des charges & informa
(6) Les Lettres seront signifiées à la Partie ci
tions, qu'elles changeroient entièrement vile , & Copie baillée , avec Assignation , en vertu
la qualité de l'action , & la nature du Cri de l'Ordonnance du Juge, pour fournir ses moyens
me ; & les Lettres qui feroient obtenues d'opposition , & procéder à l'entérinement , & se
pour des cas qui feroient déclarés absolu ront les formes & délais prescrits par notre Ordon
nance du mois d'Avril 1667 observés , si ce n'est
ment irrémissibles par nos Loix : ce n'est
que la Partie civile consente de procéder avant
proprement que dans le premier Cas que l'échéance des délais , par Acte signé & duement
les Juges font autorisés à débouter l'Im signé. Art. 19. ibid.
pétrant de ces Lettres ; car à l'égard des (7) Les Parties pourront produire devant les Ju
Lettres obtenues pour des cas non rémif- ges auxquels elles seront renvoyées , de nouvelles
sibles , la disposition de l'Ordonnance , qui piéces qui feront attachées à une Requête , de la
quelle íera baillé Copie à la Partie : ensemble des
permettoit également aux Juges de débouter pieces pour y répondre aussi par Requête , dont
les Impétrans dans ce dernier Cas , a été fera pareillement baillé Copie dans le délai qui fera
changée par la même Déclaration , qui ordonné , passé lequel , & après que le tout aura
veut que les Juges suspendent alors leur été communiqué à nos Procureurs , fera procédé
Jugement , jusqu'à ce qu'il en soit ordonné au Jugement des Lettres fur ce qui se trouvera pro
duit. Art. 10. ibid.
autrement par Sa Majesté, fur le vû des char Ne pourra être procédé au Jugement des Let
ges 6c informations qui seront envoyées tres, qu'elles n'aient été, ensemble le procès, com
à M. le Chancelier par les Procureurs Gé muniqués à nos Procureurs. Art. 10. tit. ibid.
néraux ou par leurs Substituts. II faut aussi ( 8 ) Les Demandeurs en Lettres d Abolition ,
observer, que dans le Cas mêm£ où ces Rémission & Pardon seront tenus de les présenter
à l'Audience, tête nue & à genoux , & affirme
Juges ordonnent l'enté rinement de ces
ront , après qu'elles auront été lues en leur pré
Lettres , ils peuvent ajouter une condam sence, qu'elles contiennent vérité ; qu ils ont don
nation à une Aumône ou à une Abstention né charge de les obtenir , & qu'ils s'en veulent ser
des lieux , ou même à quelque somme , vir ; après quoi seront renvoyés en prison. Art.
pour être employée à des Prières pour 21. tit. 16.
( 9 ) Défendons aux Lieutenans Criminels &
l'ame du Défunt , fur-tout si ces Lettres le
tous autres Juges , aux Greffiers & Huissiers de
portent ainsi. prendre ni recevoir aucune chose , encore qu'elle
leur fût volontairement offerte, pour l'attache ,
(1) Les Lettres feront présentées dans trois mois lecture ou publication des Lettres, & pour con
du jour de l'obtention , passé lequel temps , défen duire & faire entrer l'Impétrant à l'Audience , &
dons aux Juges d'y avoir égard. Et ne pourront les fous quelqu'autre prétexte que ce soit , à peine
Impétrans en obtenir de nouvelles, ni être relevés de concussion & de restitution du quadruple. Art.
du laps du temps. Okd. de 1670 , th. 16. art. 16. 23. ibid.
(2) Ne pourront les Lettres d'Abolition , Ré (10) Nos Procureurs & la Partie civile , s'il y
mission , Pardon , & pour ester à droit , être pré en a , pourront , nonobstant la présentation des
sentées par ceux qui les auront obtenues , s'ils ne Lettres de Rémission & Pardon , informer par ad
font effectivement Prisonniers & Ecroués ; & fe dition , & faire récoler & confronter les Témoins.
ront les Ecrous attachés aux Lettres , & eux con Art. 22. ibid.
traints de demeurer en prison pendant toute l'ins- (11) Les Impétrans seront interrogés dans la
truction , & jusqu'au Jugement définitif des Let Chambre , fur la Sellette , avant le Jugement , &
tres. Défendons à tous Juges de les élargir à cau l'Interrogatoire rédigé par écrit parle Greffier , &
tion ou autrement , à peine de suspension de leurs envoyé avec le procès en nos Cours , en cas d'Ap
charges, & de payer par eux les condamnations pel. Art. 26. ibid.
qui interviendront contre les Accusés. Art. iy (1 ij Si les Lettres de Rémission êí Pardon font ob
ibidem. tenues pour des cas qui ne soient pas rémiffibles ,
(3) L'Obtention & la Signification des Lettres ou si elles ne ,fbnt pas conformes aux Charges , les
ne pourront empêcher l'exécution des Décrets, ni Impétrans en seront débontés. Art. 27. tit. 16.
XIX.
i

D E U A C C 17 S É. 609
(3) L'Avis des Maîtres des Requêtes- de nstre:
XIX. Hôtel , & l'Arrêt de notre Conseil seront attachés:
fous le Contre-Scel des .Lettres de Révision , ôc
19. For- Formalités particulières aux Lettres de l'Adresse fuite à celles de nos Cours , on le procès-
me parti- Révision. Ces formalités sont marquées par auïa été jugé. Art. 9» ibid,
pour les les articles 8,9,i8&28du tit. 16 de (4) Les Impétrans des Lettres de Révision qui
^«tres de l'Ordonnance , pù il est parlé , 1 °. de la succomberont, seront condamnés en trois cens li
vres d'amende envers Nous , & cent cinquante li
1 ' Requête qui doit íê présenter au Conseil à
vres envers la Partie. Art. 28. ibid.
ce sujet (1) ; 20. de t'Apport , qui s'ordonne
en conséquence ; des Charges ô Informa ( S ) Art. I. Les Demandes en Révision feront
formées par Requête en forme de vu d'Arrêt , à
tions au Greffe du Conseil (2) ; 30. du Ren laquelle fera jointe la Copie signifiée , ou une Ex
voi qui íè fait aux Maîtres des Requêtes pédition en forme de l'Arrêt, ou du Jugement rendu
de l'Hôtel, pour avoir leur avis (3) ; en dernier Ressort , qui donnera lieu à ladite de
40. enfin de l Arrêt du Conseil rendu fur mande , sinon elle ne pourra être reçue
Art. II. Ladite Requête sera signée d'un Avocat
cet avis par lequel «es Lettres font ou au Conseil , sans que le Demandeur soit tenu de
accordées ou refusées ; & dans ce dernier la faire signer par deux anciens Avocats , ni assu
cas , il y a contre celui qui les demande r jetti à la consignation ou condamnation d'amende ,
condamnation d'amende de 450 livres pro ni même aux délais prescrits pour les Demandes en
cassation , si ce n'est toutefois qu'il eût conclu , par
noncée par l'Ordonnance (4). Mais pour don lamême Requête , à la cassation des Arrêts ou Ju-
ner des idées encore plus précises à ce su femens rendus en dernier Ressort, dans le procès
jet , nous croyons devoir ajouter ici aux ont il demandera la Révision , auquel cas toutes les
Règles établies par le tit. 4 au sujet des Demandes
dispositions de ce même titre de l'Ordon
en cassation feront observées Art. III. Les
nance , celles contenues dans le Tit. 7. de dispositions des art. 7 , 20 & 11 dudit titre, au
la première partie du nouveau Règlement sujet de la nomination des Rapporteurs pour les
du Conseil du 28 Juin 1738 (5) , qui parois- Requêtes en cassation , & de îa communication
desdites Requêtes , seront pareillement observées à
lènt ne rien laisser à désirer íur cette ma l'égard des Requêtes en Révision Art. IV.
tière. Lorsque , fur le rapport qui fera fait de ladite Re
quête au Conseil, elleparoîtra mériterun plus grand
(1) Pour obtenir des Lettres de Révision de Pro examen , il fera ordonné que les Charges & Procé
cès , le condamné fera tenu d'exposer le fait avec dures du procès dont la Révision est demandée ,
íès circonstances , par Requête qui fera rapportée seront apportées au Greff« des Requêtes de l'Hôtel ,
en notre Conseil , & renvoyée , s'il est jugé à pro pour ladite Requête & lefdites Charges , Informa
pos , aux Maîtres des Requêtes de notre Hôtel , tions & Procédures , communiquées auxdits sieurs
pour avoir leur avis ,que Nous voulons ensuite être Maîtres des Requêtes étant en quartier aux Re
rapporté en notre Conseil. Et ii les Lettres font quêtes de l'Hôtel , & par eux , fur le Rapport de
justes , il fera ordonné par Arrêt qu'elles s;ront celui qui aura été commis fur la Requête en révi
expédiées & scellées ; & pour cet effet elles seront sion , donné leur avis fur la Demande portée par
lignées par un Secrétaire de nos Commandeniens. ladite Requête , ainsi qu'il appartiendra
'Ord. de 1670. tit. 16. art. 8. A R T. V. Ledit Avis fera remis au sieur Rappor
teur , figue desdit» sieurs Maîtres des Requêtes ,
(2) Les Charges & Informations de toutes les & il en fera par lui rendu, compte au Conseil , pour
autres Pieces du procès , même les procédures faites y être statué ainsi qu'il appartiendra , soit en dé
depuis l'Obtention des Lettres , seront incessam boutant le Demandeur de fa demande , soit en or
ment portées aux Greffes des Juges , auxquels donnant qu'il sera procédé à la Révision du pro
TAdrelfe eu sera faite ; ce que Nous voulons avoir cès-criminel ; à l'effet de quoi les Lettres à ce né
lieu à l'égard des Lettres de Révision. Art. 18 , cessaires seront expédiées en la forme ordinaire.
ibid. Régi, du Conseil du 28 Juin 1738 , part. 1 , tit. 7.

Hhhfc
$iò LES LÓIX CRIMINELLES, Liv. I. Tit. V

s '.

TITRE CINQUIEME-

Des Actes qui composent l'injlru&ion Criminelle.

SOMMAIRES."

1. L' Importance de ces Acles t & danger 3. Différentes Instructions Criminelles , sui
de romission de leurs formalités. vant ces Loix.
2. Différentes Loix qui prescrivent ces for- 4. Quatre espèces différentes dAcles qui
malités. doivent y être employés.

1. Impor L'ON ne peut douter de l'importance de commencement de cette seconde Partie ^


tance de cette Partie de l'Instruction , lorsqu'on elle n'a pas seulement perfectionné celles
ces Actes,
& danger considère les conséquences dangereuses que qui l'ont précédé , mais elle a encore servi
de l'omif- peut entraîner l'omiíîion des Formalités qui de Base à toutes celles qui l'ont suivi :
fien de
leurs for doivent la composer , soit pour le Public , tellement qu'elles en ordonnent l'exécution
malités. en ce que cette omission ne tend rien moins dans les Cas ôù elles n'y ont point dérogé
qu'à favoriser l'impunité des Crimes , en exprestëment. Ces dernieres Loix, que
occasionnant le dépérissement des preu nous avons aussi annoncées en commençant ,
ves : soit pour le Particulier qui a souffert sont la Déclaration du 5 Février 1 7 3 1 ,
de ce Crime , en ce qu'elle tend à le priver concernant les Cas Prévôtaux : l'Ordon-
de la juste réparation qu'il a droit d'en at nance du mois de Juillet 1737, fur le
tendre : soit enfin pour le Juge lui-même Faux principal ô incident t 6 la Recon-
qu'elle met dans le cas de supporter les noiffance des Ecritures privées en matière
frais d'une nouvelle instruction , outre les Criminelle : les Edits & DÉCLARA
dommages & intérêts dont elle le rend TIONS concernant la Jurifdiction Ecclé
responsable envers les Parties. C'est aussi siastique fur les délits communs & privi
d'après toutes ces considérations , que, dans légiés : & enfin les Ordonnances concer
l'Analyse que nous nous proposons de don nant la Jurifdiction Militaire , soit du Con
ner ici des différentes I-oix qui ont pres seil de Guerre , soit des Tribunaux du
crit les formalités nécessaires pour la vali Point d'Honneur.
dité de ces Actes , nous avons cru devoir y
III.
porter l'attention la plus scrupuleuse , soit
pour ne point nous écarter de l'efprit de C'est d'après ces différentes Loix , que j. Diff^
ces mêmes Loix , soit pour remplir en mê- nous distinguons cinq différentes espèces [^"m*
me-temps l'obligation que nous impose le d'Instructions Criminelles, qui vont faire Criminel-
Titre de cet Ouvrage , d'éviter toute dis la matière d'autant de Tkres particuliers ; jjffi^j*
fçavoir , 1 °. L'INSTRUCTION qui se fait en D°S
cussion de Questions controverfées , fur les
quelles on peut consulter d'ailleurs le Com général, suivant l'Ordonnance Criminelle
mentaire particulier que nous avons donné de 1670 $ 20. l'Instruction qui se fait
de ces mêmes Loix , fous le titre d'Ins- pour les Cas Prévôtaux , suivant la Décla
truction Criminelle. ration du 5 Février 1 73 1 ; 30. L'INSTRUC
TION qui se fait en Matière de Faux prin
I L cipal & incident , & de la Reconnoiílance
des Ecritures & Signatures privées en Ma
a. Diffé- Nous disons différentes Loix , parce que , tière Criminelle , suivant l'Ordonnance du
rentes comme nous allons voir , nos Législateurs
prescri-UI ne se f°nt Pas contentés de prescrire diffé- mois de Juillet 1737 ; 40. l'Instruction
qui se fait dans les Tribunaux Ecclésiasti
vent ces rens Actes pour former une Instruction
formalités Criminelle en général ; mais ils ont encore ques , pour les Délits communs & privilé-
giés ; 50. enfin L'INSTRUCTION qui se fait
établi différentes espèces d'Instructions , pour les Délits Militaires dans le Conseil
suivant les différens Cas où ils les ont cru de Guerre , ou dans les Tribunaux du Point
nécessaires , à cause de la qualité des Ma d'Honneur.
tières ou des Personnes qu'elles ont pour I V.
objet. Parmi ces Loix , nous remarquons
fur-tout l'Ordonnance de 1 670 : Loi en ef Pour ce qui concerne la Qualité des dif- 4- Qua-
fet d'autant plus remarquable en cette ma- férens Actes qui doivent être employés diffèrent"
iiere , que , comme nousl'avons observé au dans chacune de ces Instructions , nous ob- d'Actesqui
DES ACTES DE ^INSTRUCTION CRIMINÉXLE , &c. 611
doivent y scrverons aussi en général, qu'il y en a de les Cas privilégiés contre les Ecclésiasti
eue em- qUatre sortes j i°. les uns, qui s'emploient ques ; & les formes particulières dont on
en toutes sortes d'Instructions Criminelles doit procéder dans ïa Jurisdiction Mili
8c contre toutes sortes d'Accusés , par taire ; 30. il y a aussi des Actes qu'on ap
ce qu'ils font absolument ejjentiels pour pelle purement Accessoires en cette Ma
former une preuve légale en cette Ma tière , parce qu'ils n'ont lieu ^incidem
tière : tels font la Plainte , l' Information , ment aux Instructions Criminelles , comme
le Décret , /' Interrogatoire , le Récolemcnt font les Exoines , les Sentences de provi
(í la Confrontation ; 2°. d'autres, qui ne son, les récusations , les Saifies & Anno-
font essentiels qu'à de certaines Infime- tations , les hlargtjfemens > &c. 40. II y en
tions pour lesquelles ils ont été établis , a enfin qui font regardés comme Arbitrai-
comme font par exemple le Jugement de res , parce qu'ils dépendent principalement
Compétence enfa.it deCasPrévòta.ux'y le Pro- de la prudence des Juges auxquels l'Or-
cès verbal de l'état des Fieces arguées de donnance s'en rapporte à cet égard ; comme
Faux , ôc autres Actes concernant les Ex- dans les Cas où il s'agit d'admettre l'Accusé
verts ù les Fieces de comparaison en Ma- à la preuve de fes Faits justificatifs , & de
tiere de principal 8c de Faux incident ; lui nommer un Conseil 3 ou un Curateur.
les AÊtes de la Procédure conjointe , pour

TITRE SIXIEME-

Des Aâies de llnjlruttion Criminelle en général , suivant lOrdonnance


de 1670.

NOus ne pouvons suivre , dans la dis Cours. Dans la seconde , nous placerons
tribution de ce Titre , un ordre plus les Actes particuliers de l'instruction qui se
simple 8c plus méthodique que celui qui fait contre l'Accusé contumax. Dans la
nous est tracé par cette Ordonnance. Nous troisième, nous traiterons de l'instruction
croyons seulement , pour mieux fixer l'at- particulière qui se fait contre les Accusés ,
tention de nos Lecteurs fur les dissérens qui ne peuvent fe défendre que par le minis
objets qu'embrasse cette Loi, devoir les tère d'autrui , comme font les Etrangers qui
ranger fous ces cinq Classes principales , qui n'entendent point la Langue Françoise ;
feront la matière d'autant de Chapitres par Ceux qui font sourds & muets tout à la
ticuliers. Dans la première , nous com fois ; les Corps 8c Communautés ; Ceux à
prendrons les Actes de l'instruction qui fe la mémoire desquels on fait le Procès ; &
font contre l' Accusé présent , tant en pre enfin , Ceux dont on veut purger la
mière instance , que fur l'appel dans les mémoire.

CHAPITRE PREMIER.

Des Aâes de VlnjlrucTion qui se sont contre VAccusé présent , tant en


première Instance , que sur /'Appel dans les Cours.

^Nous comprenons parmi ces Actes la sions définitives ; les Requêtes d'atténuation ,
Plainte, Accusation , & Dénonciation ; le 8c Conclusions Civiles ; le dernier Interroga
Procès-verbal du Juge ; le Rapport des Mé toire ; le Jugement de Torture ; la Sentence
decins 6c Chirurgiens ; l'Information ; le Mo- qui admet à la preuve des Faits justificatifs ;
nitoire ; le Décret qui donnera lieu d'exami le Jugement définitif; enfin les Procédures
ner en même temps ce qui concerne la Police & les Arrêts qui se rendent dans les Cours
des Prisons , & l'Elargissement des Prison fur l'appel , tant des Jugemens interlocutoi
niers ; l'Exoine ; la Sentence de Provision ; res , ou préparatoires , que définitifs. Nous
l'Interrogatoire ; le Jugement de Conver allons traiter de chacun de ces Actes en par
sion ; le Règlement à l'extraordinaire ; le Ré- ticulier , pour leur appliquer les dispositions
colement ; la Confrontation , Scies Conclu de l'Ordonnance qui y font rektives.

Hhhh 2
6i2 LES l>0 IX CRÏMINELLES, Liv. I. Tit. VI.

tf. h P« la Plaints , Accusation , & Dénonciation.

SOMMAIRES.

i . Trois différentes voies p$r lesquelles peut 6. Formalités relatives au Juge.


s'introduire un Procès Criminel. 7. Formalité concernant l'Acle en lui-
I. Plainte ì çe que c'efi. même.
3. Plainte en quoi diffère de VExploit. 8. Accusation ; ce qu'on doit entendre fous
4. Quatre fortes de formalités qui h con ce nom ; Cas particuliers où la partie
cernent, publique doit la former.
5. Formalités niâmes à la qualité- du 9. Dénonciation } quand elle a lieu : forma
Plaignant., lités qui lui font propres.

différent» Çe sQnt ici les trois différentes Voies Partie Civile (2). Nous avons vu d'ailleurs ,
k?" if" Par le%elles P»11 s'introduire un Procès en traitant des Peines pécuniaires , la qua-
e que es < . ]\tó Ao /~t>11f>c rm'í>nrr\nrf>nî- rpnv As\r\t 1f><
peut s'in- Criminel. lité de çelles qu'encourent ceux dont les
troduire T T Plaintes sont jugées calomnieuses , ou sim
un Procès 1 *'
Criminel. plement mal-fondées (3). Nous ne ferons
a ' Plainte. C'est une déclaration qui se que rapporter ici les dispositions de l'Or-
cë que'' fait au Juge par un Particulier au sujet d'une donnance qui sont relatives à ces deux
c'est. injure qu'il prétend avoir reçue , soit di derniers objets.
rectement dans fa personne , soit indirecte
ment dans çelle de ses proches ou de ( 1) V. cc qui a été dit ci-devant de la Partie pri
vée , ch« 2. max. 2.
ceux qu'il a en puissance ; & de laquelle (z) Les Plaignans ne feront réputés Parties Ci
il demande qu'il soit informé , afin d'en viles , s'ils ne le déclarent formellement , ou parla
obtenir la réparation. Plainte , ou par Acte subséquent qui se pourra faire
en tout état de cause , dont ils pourront se dépar
tir dans les vingt-quatre heures, & non après. Et
I I I. en cas de désistement , ne seront tenus des frais
faits depuis qu'il aura été signifié , fans préjudice
3. En quoi La Plainte est en matière Criminelle ce néanmoins des dommages & intérêts des Parties.
ÍÊÎToi?6 qu'est l'exploit d'assignation en matière Ord. de i6yq , tit 3. art. 5.
xp 0"' Civile , avec ces deux différences néan (3) V. le Titre des Peines pécun. §. 5 , max. 3.
( 4 ) Les Accusateurs & Dénonciateurs qui se
moins ; l'une , qu'elle ne se signifie point
trouveront mal-fondés , seront condamnés aux dé-
à la Partie contre laquelle elle est rendue , peus , dommages & intérêts des Accusés , & à
& qui n'y est même désignée le plus sou plus grande peine s'il y écheoit : ce qui aura au/îì
vent que sous le nom de Quidam ; Vautre , lieu à l'égard de ceux qui ne se seront rendus Par
ties , ou qui s'étant rendus Parries se seront désis
que les conclusions que l'on y prend ne tés , si leurs plaintes font jugées calomnieuses. Tit.
peuvent tendre qu'à la simple permission 3 ì 7-
d'informer , celles qui tendent à la répa
ration du délit ne devant se prendre qu'a- V I.
près Instruction. , par une Requête parti
2°. Par rapport au Juge qui reçoit la 6. Forma-
culière qui se donne à cet effet , & qu'on
plainte , l'Ordonnance abolit à cet égard [!^"s
appelle pour cela Requête de Conclufions
l'ufage où l'on étoit auparavant de faire Juge,
Civiles.
recevoir les plaintes par les Huissiers, Ser-
. I V.
gens , Archers , ou par des Notaires (1) : &
4-Trois Quant aux formalités particulières que elle excepte seulement les Commissaires du
formalité! ^Ordonnance exige pour'ìa validité d'une ChdteletÇz) qu'elle confirme dans leur ancien
qui ia con- Plainte , il y en a qui regardent la qualité ^e recev°ir les Plaintes ; mais sous
cernent- de celui qui la rend ; d'autres qui regardent ces deux conditions néanmoins : l'une, qu'ils
qui regarde
le Juge qui la reçoit j d'autres la plainte seront tenus de remettre ausíì-tôt , & au
en elle-même } d'autres enfin la Peine at plus tard dans les vingt-quatre heures , les
tachée aux plaintes calomnieuses & mal Plaintes qu'ils auront reçues 6c autres Pro
fondées, cédures au Greffe. L''autre , de veiller à ce
V. qu'il soit fait mention de cette remise par
le Greffier au bas de l'Expédition que ceux-
^. Form* i°. A l'égard du PLAIGNANT, nous avons ci donneront de ces Plaintes , pour être
lités rela
tives à la vu , en traitant de l' Accusateur privé , ensuite communiquées au Lieutenant-Cri
qualité du quelles sont les qualités nécessaires pour minel qui a seul le droit de répondre la
Plaignant. p0uvojr accufer parmi nous (i). Nous Plainte : ce qu'il fait sur une Requête par
avons auffi remarqué en même-temps ce ticulière qui lui est présentée à cet effet.
qui distingue le simple Plaignant , de la Cette réponse consiste dans une Ordonnance

O
PES ACTES DE INSTRUCTION CRIMINELLE , &c. 6} 3
de Ce Juge , portant la permission d'infor- écrites par le Greffier en présence du Juge. Ord.
mer telle qu'elle lui est demandée. II arrive * 1670 ■> tiu 3 ' art. " 1 & z.
aussi quelquefois , qu'au lieu d'accorder cette (i) Tous les feuillets des plaintes seront signés
par le Juge & par le complaignant, s'il fait ou peut
permission, ce Juge se contente de ren signer , ou par son Procureur fondé de procuration
voyer les Parties à l'Audience , comme spéciale , & sera fait mention expresse sur la Mi
lorsqu'il s'agit d'un Délit léger & de na nute & sur la Grosse de sa signature, ou de son re
fus : ce que Nous voulons être observé par les Com
ture à ne pouvoir entraîner que des con
missaires du Châtelet de Paris. Art. 4. ibid,
damnations pécuniaires. Cela lui est même
enjoint expreflëment en matière d'injures VIII.
verbales , comme nous l'avons observé en
traitant de cette espece de Délit. Accusation. L'on appelle proprement s. Accu-
ainsi , la Plainte qui est donnée par la Par- jjo"
(1) Défendons aux Huissiers , Sergens , Archers tie publique que nous avons dit être le entendre
& Notaires de les recevoir ( les Plaintes ) , à peine
de nullité, & aux Juges de les Jeur adresser , à peine seul & véritable Accusateur parmi nous , ™£ . "
d'interdiction. Tit. 3 , art. 1. comme pouvant feule conclure à la Peine particu-
( 2 ) N'entendons néanmoins rien innover dans que mérite le Crime. Cette Accusation se p"sáfu
la fonction des Commissaires de notre Châtelet de fait par une Requête ou Réquisitoire que bHoueí" Olt
Paris , pour la réception des plaintes qu'ils feront donne cette Partie publique , par laquelle ,a *orn"
ormer.
tenus de remettre au Gresse , ensemble toutes les ,, , , , ,v ,, r c
Informations & Procédures par eux faites dans les elle demande la permission d informer }&
vingt-quatre heures, dont ils feront faire mention elle peut avoir lieu dans trois cas dlste
par le Greffier au bas de leur Expédition , & si c'est rens : le premier est lorsque cette Partie
avant ou après midi , à peine décent livres d'amen
publique rend Plainte d'office , & fans y
de , moitié vers Nous , & moitié vers la Partie qui
s'en plaindra. Tit. 3 , art. 3. être excitée par la Dénonciation de qui que
ce soit , comme lorsqu'il s'agit de flagrant
VII. Délit ou de Rumeur publique , & autres
Cas que nous avons remarqués en traitant
. Forma- 30. Enfin , quant à PACTE de Plainte des devoirs de cet Accusateur (1) : le second
T;,l con- en lui-même, l'Ordonnance prescrit trois est celui de la Dénonciation dont nous allons
rnant
ÎAaT en formalités principales pour en aslùrer la parler dans un moment(2) : le troisième enfin
lui-même, validité : la première , que cette Plainte soit est celui du Désistement que la Partie privée
rendue par le Plaignant en personne ou auroit fait de fa Plainte. La Partie publique
par son fondé de procuration spéciale, passée est alors tenue d'y suppléer & de reprendre
devant Notaires. La seconde , qu'elle soit la poursuite en son nom (3) : ce qu'elle fait ,
rendue, ou par Requête présentée au Juge, non par Requête, comme dans les deux
ou par un Procès-Verbal que le Juge fait premiers cas , mais par de simples Conclu-
dresser par son Greffier en présence du Plai- fions qu'elle donne fur le vu de la Plainte
gnant , ou de son fondé de Procuration. & de la Procédure Criminelle qui lui est
L'Ordonnance met seulement cette diffé communiquée.
rence entre ces deux formes , qu'elle veut
(1) V. ce qui a été dit ci-dev3nt de la Partie pu
que la Plainte par Requête n'ait de date blique.
que du jour seulement que cette Requête a (1) V. l'art.6 qui sera rapporté sur la max. suiv.
été répondue par le Juge (1) : & cela , tant (3) S'il n'y a point de Partie civile , les procès se
pour empêcher que le même Plaignant ne ront poursuivis à la diligence & fous le nom de nos
puisse en rendre une autre pardevant un Procureurs , ou des Procureurs des Justices Seigneu
autre Juge , que pour mettre le Juge qui riales. Ord. de 1670 , ///. 3 , art. 8.
la répond en état de distinguer, dans le I X.
concours de deux Plaintes respectives ,
celle qui est faite par récrimination , & Dénonciation. Cette troisième manière 9. Dénon
conséquemment lequel des deux Plaignans de déférer un Crime à la Justice a lieu ciation ;
, r . , ,■ .' quand elle
doit rester Accusateur ou Accusé. Enfin une toutes les fois qu un particulier , qui croît a lieu : for-
troisieme formalité qu'exige cette même Loi avoir sujet de se plaindre du Crime , mais JU?1"^"'
après la rédaction de la Plainte , c'est qu'elle qui n'ose le poursuivre ouvertement , soit propres,
doit être signée dans tous les feuillets , parce qu'il n'est pas en état d'avancer les frais
tant par le Juge que par le Plaignant , ou du Procès , soit parce qu'il en craint l'é-
par son fondé de Procuration, & qu'il doit vénement , prend le parti de s'adresser au
être fait mention de leur signature , ou du Ministère public à qui il fait fa déclaration
refus fait par ceux-ci de signer , tant fur la fur ce qu'il fçait relativement au Crime
minute que fur la groflè de cette Plainte (2). qu'il dénonce Quant aux formalités ,
particulières à cet acte , l'Ordonnance exige
( 0 Les Plaintes pourront se faire par Requête , deux choíes pour fa validité : la première ,
« auront date du jour feulement que le Juge , ou in jt>-o j
en son absence le plus ancien Praticien du lieu , <Iue les Procureurs du Roi & ceux des
les aura répondu». Pourront aussi les plaintes être Seigneurs à qui font faites ces dénoncia-

V
614. LES LOIX CRIMIN ELLES, Liv. L Tir. VI.
tions , les fassent écrire & íìgner par les avons vu , en traitant de l'Accufateur \
Dénonciateurs fur un Registre que ces Offi quelles font les Peines de ceux dont les
ciers font tenus d'avoir à ceteffet(i); ckque dénonciations font jugées calomnieuses ;
dans le cas où ces Dénonciateurs décla- nous avons parlé auífi de l'obligation où
reroient ne fçavoir ni écrire ni signer , ou étoit la Partie publique de nommer le Dé
refuferoient de le faire , les dénonciations nonciateur après le Jugement , lorsqu'elle
íòient écrites en leur présence par le Greffier en étoit requise (2).
du Siège qui fera tenu de faire mention
du refus de ligner de la part de ce même ( 1) Nos Procureurs & ceux des Seigneurs auront
Dénonciateur. Uautre t que ces dénoncia un Rtgijlre pour recevoir & faire écrire Jes dénon
ciations qui feront circonftanciées & signées par les
tions soient circonftanciées , c'est-à-dire , Dénonciateurs , s'ils savent signer, sinon elies se
qu'elles ne doivent point être conçues en ront écrites en leur présence par le Greffier du Siège
termes vagues & généraux , mais avec qui en sera mention. Art. 6 , th. 3.
désignation précise de la personne , du temps, (1) V. ce qui a été dit ci devant de la Partie pu
& du lieu où le Crime a été commis. Nous blique.

§. II. Des Procès - Verbaux des Juges.

SOMMAIRES.

1. Qu'ejl-ce que le Procès-Verbal du Juge 5 . Formalités prescrites par l'Ordonnance a


considéré en général ? cet égard.
2. Ce qui le dijlingue en matière Crimi 6. Formalités particulières suivant les Ré
nelle. glemens.
3. Cas particuliers où il doit avoir lieu. 7. Nécessité de ces Acles en matière Crimi
4. Temps où le Juge doit y procéder. nelle ; fur quoi sondée.

I.

t. Qu'est- Sous le nom de Procès- Verbal en gé- ou bien lorsqu'il s'agit de se procurer des
Procès6 k n^ral » l'on entend un Narré exact que fait pieces de conviction contre l'Accufé.
Verbal du le Juge des faits dont il a une connoissance
Jén^an Per^onne^e ?Pour s'être transporté lui-même V. l'art. r du tit. 4 qui fera rapporté à la fuite
de la max. 5 ci-après.
8 fur les lieux où ces faits fe font passés.
I V.
I I.
2°. Temps ou le Juge doit procéder a <:« V Temp»
i. Ce qui Pour la validité du Procès-Verbal en Acles. L'Ordonnance veut que ce soit sur^^g
guedifju- mat^ere Criminelle , il y a trois choses à le champ , c'est-à-dire , aussi-tôt qu'il a céder,
ge en gé- considérer suivant le Titre 4 de l'Ordon- connoissance du Crime , soit par la Plainte ,
néral" nance de 1670 : i°. les Cas particuliers où soit par la Clameur publique, en cas de
ces sortes d'Actes doivent avoir lieu ; 20. le flagrant délit.
Temps où le Juge doit y procéder; 30. enfin V. le même art. qui fera rapporté ci- après.
les Formalités de ce Procès-Verbal , teUes
qu'elles font prescrites , tant par ce titre V.
de l'Ordonnance , que par les Réglemens.
30. Formalités des Procès- Verbaux sui-\. Forma-
vant l'Ordonnance. Nous en remarquons de Iltes preí"
I I L • entes par
quatre espèces : la première concerne lai'Ordon-
3. Cas par- 1 ^-as °^ ^es Procès- Verbaux doivent rédaclion qui doit être faite de ce Procès- "an«actt
ticuliers être employés. Quoique l'Ordonnance ne Verbal fur le lieu même où font trouvées
avoir lieu! menti°n f°us ce Titre que de deux les personnes blessées , ou bien le cadavre
Cas feulement , fçavoir , celui de YHomi de la personne homicidée (1) : la secon
cide , & celui des simples Blessures , il y de , la mention qui doit être faite dans ce
a néanmoins , comme nous le verrons en Procès-Verbal de Yétat où s'est trouvée
traitant de la Preuve tirée du corps de la personne blessée ou le corps mort ,
Délit , plusieurs autres Cas où ces fortes comme aussi de la manière & de Yendroit
d'Actes font également indispensables aux du corps où le Délit a été commis , & géné
termes des Réglemens , notamment en fait ralement de toutes les circonstances qui
d''Incendie , de Poison , Viol , de Vois peuvent servir à la décharge ou à la con-
faits avec effraclion , falsification d'Ecritu viclion de celui que l'on prétend en être
res , & généralement dans tous les Crimes l'auteur (2) : la troisième , la remise qui doit
qui laiííènt des traces subsistantes après eux , être faite au Greffe dans les vingt-quatre
DES ACTES DE L'INSTRUCTION CRIMINELLE , &c. 61 ?
heures , tant de ce Procès-Verbal , que des contribuera la connoissancedufait;4°. enfin
armes , meubles , papiers & autres effets si ce Particulier est absolument inconnu ,
qui peuvent servir à la preuve , pour le le Juge doit faire exposer son cadavre dans
tout faire eníùite partie des pieces du Pro- un lieu public , tel , par exemple , que la
cès (3) : la quatrième enfin, la communiai- Morgue dans cette Ville de Paris; & ailleurs,
tion qui doit être faite de ce Procès- Verbal , la Geôle ou FHôtel- de- Ville , pour que les
auíli-tôt après la remise au Greffe, à la Partie Paífans puissent le reconnoître. II y a aussi ,
publique, pour qu'elle donne fes conclu- comme nous verrons en traitant de la
fions. Preuve (2), des Réglemens particuliers, fon
dés fur les mêmes principes , qui prescrivent
(i) Les Juges dresseront fur le champ , & fans
aux Juges la nécessité de se faire assister
déplacer, procès-verbal de l'état auquel seront trou
vées les personnes bhjféts ou le corps mort , ensem d'Experts dans les autres cas où le corps
ble du lieu où le délit aura été commis , & de tout du Délit ne peut se vérifier par la simple
ce qui peut servir pour la décharge ou conviction, inspection , & sans le secours de l'expérience
Tit. 4 , art.
u 1.
&del'art.
(2) V. même art.
( 3) Les Procès-verbaux feront remis au Greffe dans ( 1) V. cette Déclaration rapportée en entier ,
les vingt-quatre heures ; ensemble les armes , meu fous le titre du Suicide.
bles & nardes qui pourront servir à la preuve , & (2) V. ci-après le Titre de la preuve tirée du
feront ensuite partie des pieces du Procès. Mime corps du Délit.
Tit. art. 1. VII.
V I.
Au reste , les Juges doivent donner d'au-
fttZ°mi*Ì •4*' ^orma^tes particulières de cès A des tant plus d'attention dans la rédaction de p.NéWP
dculiere*" suivant les Réglemens. Nous voulons ces sortes de Procès-Verbaux , que , comme ce*
sui vant les parler principalement de celles qui font nous le verrons plus particulièrement en matière
^'c~ marquées par les Déclarations du 5 Sep- traitant de la Preuve , ils ne servent pas ^.f™'™1"
tembrei7iz (1) pour le cas particulier seulement à empêcher qu'on puisse supposer fondiêl"0*
où il a été trouvé un cadavre dans la ri- des Crimes à des innocens , en les faisant
viere ou dans les rues de Paris , & que l'on passer pour avoir homicidé des personnes
ignore la véritable cause de fa mort. Sui qui , dans la fuite , feroient trouvées vivan
vant cette derniere Loi , le Juge doit alors tes , comme il est arrivé plus d'une fois
faire quatre choses : 1 °. se faire assister de faute d'avoir pris cette précaution , mais
Médecins & Chirurgiens pour s'assurer de encore à établir la Compétence du Juge
la véritable cause de la mort de ce Parti- qui en doit connoître , en déterminant le
culier ; c'est ce que paroît d'ailleurs supposer lieu où le Crime a été commis , & la qualité
évidemment l'Ordonnance p en plaçant les de ce Crime , s'il forme un Cas Royal ou Pré
Rapports immédiatement à la fuite de ce votai. C'est aussi par ces raisons , fans doute de ,
Titre : 2 ".apposer son sceau sur son front, pour que nos Loix veulent que ces sortes de
en faisirla Justice &empêcher qu'on nepuisse Procès-Verbaux fassent par eux-mêmes une
le changer ; 30. faire une information fom- foi entière, fans être sujets à vérification ni
,maire fur le champ , où seront entendus reconnoifíànce , ainsi que nous le verrons
tous ceux qui font en état de déposer de la plus particulièrement , en traitant de la
cause de la mort , du heu , & des vie & Preuve du corps du Délit,
mœurs du défont , & de tout ce qui pourra VAe mêmeTitre de la Preuve tirée du Corps du Délit.

§. III. Des Rapports des Médecins & Chirurgiens.

SOMMAIRES.

1. Cas particuliers où ces Rapports doivent quant a la Preuve.


avoir lieu. 4. Cas 0» la Partie Civile peut demander
2. Se font de deïïx manières suivant VOr- une contre-visite.
donnance. 5 . Conditions nécessaires pour la validité de
3. Distinction de ces deux Rapports , . ces Rapports.

I.
i.Cas par O N entend fous le nom de Rapport en des Sages-Femmes , relativement aux Fem
ticuliers cette Matière, une déclaration & narré exact mes ou Filles condamnées à mort , qui fe
•ìi ces
. .-
Rapports que font les Médecins & Chirurgiens , íùi- déclarent enceintes (1), dont nous aurons
doivent vant les lumières de leur Art , de l'état des heu de parler fous le titre des Sentences ù
avoir
blessures qu'ili ont trouvées , soit fur une Jugemens.
personne vivante , soit sur un cadavre. L'on (1) V. l'art. 23 du tit. a5 de l'Ord. de 1670 , sui
comprend aussi sous ce nom , le Rapport vant lequel ces Rapports doivent être faits dans la
6i6 LES LOIX CRIM1N ELLES, Liv. I. Tit. VI.
forme prescrite par l'Ord. de 1667 , au titre des (1) Les Personnes blessées pourront se faire visi
Experts. ter par Médecins & Chirurgiens , qui affirmeront
I I. leur rapport véritable : ce qui aura lieu à î'égard
des personnes qui agiront pour ceux qui feront dé
de Sdeux * Nous verrons , en traitant de la preuve cédés ; & fera le Rapport joint au procès. Ord. de
1670, tit. 5. art. 1.
manières du Corps du délit , ce qui doit faire l'objet
suivant principal du contenu de ces Rapports , (2) Pourront néanmoins les Juges ordonner une
l*Ordon- r 1 , t> f 1 ■ 1 seconde visite par Médecins ou Chirurgiens nom
sauce. aux termes des divers Keglemens qui ont més d'office , lesquels prêteront le serment , dont
été rendus íur cette Matière. Nous n'en sera expédié Acte , & après leurvisite , en dresseront
parlerons ici que relativement à leur for & signeront fur le champ leur Rapport , pour être
remis au Greffe & joint au procès , fans qu'il puisse
me & d'après les dispositions du tit. 5. de
être dressé aucun procès-verbal , à peine de cent li
l'Ordonnance ( 1 ) , suivant laquelle ces rap vres d'amende contre le Juge , moitié vers Nous ,
ports se font de deux manières ; les uns , & moitié vers la Partie. Art. 2. ibid.
íur la simple réquisition faite aux Méde
cins ou Chirurgiens de la part des Parties I V.
plaignantes > & ce font ceux dont il est:
Cette seconde visite ne s'ordonne ordi- 4- Cas 08
parlé dans le premier article de ce titre ;
nairement , que lorsque çe premier rapport , civUe"10
les autres dont il est parlé dans l'art. sui
sait sur la simple réquisition des Parties , peut de-
vant du même titre , se font ensuite d'une
ne fe~ trouve point affez circonstancié , ou uriTwii-.
permission demandée au Juge , soit par les
qu'il n'a pas été fait avec les formalités re- tre-»ifite,
Parties intéressées , soit par le Ministère
quifes ; & sur tout lorsque la Partie contre
public.
laquelle ; on voudroit se prévaloir de ce
(1) V. ces dispositions rapportées à la fuite de rapport pour la faire condamner à une pro
la max. fuiv. vision , demande elle-même qu'il soit fait
I I I. une Contre-visite par d'autres Médecins &
j. Dis- L'Ordonnance met cette différence en- Chirurgiens qu'elle indiqueroit.
ce^ìeax tre ces ^eux *°rtes de Rapports , que dans
Rapports le premier , les Médecins &. Chirurgiens V.
preuve* Peuvent ï procéder fans être tenus de prê
Au reste , tous ces différens Rapports <j. Cors»
ter serment entre les mains du Juge , 6c que
peuvent être faits valablement par toutes
ce n'est qu'après leur rapport qu'elle les
sortes de Médecins & Chirugiens , pour- pouriavai
astreint à les veniraffirmer véritables (1) ;au vu qu'ils aient été reçus Maîtres dans les "dl,é^e
lieu que les derniers ne peuvent procéder
Villes où la Maîtrise est nécessaire pour ports,
à la visite & au rapport qu'après avoir
exercer cet Art ; & que , dans les lieux où
prêté serment entre les mains du Juge (z). Ce
il n'y a point de Maîtrise, ces Médecins
qui fait regarder ceux-ci , comme méritant
& Chirugiens aient été reçus & prêté
beaucoup plus de foi que les premiers,
serment entre les mains des Juges ordinai
lesquels ne peuvent servir tout au plus
res des lieux. L'on fçait d'ailleurs que les
qu'à faire décréter l'Accufé ou le faire con
défenses portées par l'article dernier de ce
damner à une provision : tandis que les
même titre ( 1 ) , de n'employer à ces Rap
derniers peuvent servir de preuve pour
ports d'autres Médecins ôc Chirurgiens que
constater í'existence du Crime , & par con
ceux commis par le premier» Médecin du
séquent pour donner, lieu à la condamna
Roi , ont cessé d'avoir lieu depuis que les
tion de l'Accufé , lorsqu'il se trouve d'ail-
Médecins & Chirurgiens Royaux , qui
leurs convaincu d'en être l'auteur , tant
avoient été créés par l'Edit de 1692 pour
par l'Information , qu'autres charges dont
faire seuls les rapports ordonnés en Justice ,
il fera parlé ci-après. C'est aussi ce qui ré
ont été réunis au Corps des Médecins £t
sulte évidemment de cette disposition de
Chirurgiens.
l'Ordonnance , par laquelle elle permet au
Juge , en ce dernier cas , d'ordonner une (1) Voulons qu'à tous les Rapports qui feront or
seconde visite des Médecins & Chirurgiens donnés en Justice , assisté au moins un des Chirur
giens commis de notre premier Médecin , ès lieux
qu'il nomme òìoffice , & à qui il fait prêter où il y en a , à peine de nullité des Rapports. Ord*
fermenta cet effet, de 1670, tit. 5. art. 3.

$. IV.
DES ACTES DE ^INSTRUCTION CRIMINELLE , &c. 6r7

§. I V. De V Information.

SOMMAIRES.

1. Qú'ejl-ce que l'Information ? 5. Devoirs du Juge , avant que de procéder


2. Deux choses à considérer dans cet Acle. a raudition des Témoins.
3. Par qui doivent être adminiflrés les 6. Devoirs du Juge , en y procédant.
Témoins. 7. Devoirs du Juge , après y avoirprocédé.
4. Devoirs des Témoins dans l'Informa 8. Devoirs des Greffiers en cette Ma
tion. tière.
I.

». Qu'est- L'Information est Un Acte secret de la point fe présenter pour déposer , qu'après
í'Inforaa- Procédure criminelle , par laquelle le Juge avoir été assignés , autrement ils , doivent
•ion ? ou Commissaire délégué en cette partie , fait être rejettés par le Juge comme suspects (1 ) y
rédiger en sa présence par lé Greffier ou il faut feulement excepter le cas du fla
autre , commis à cet effet , les dépositions grant délit où le Juge peut les entendre
des témoins assignés en vertu de son Ordon d'office & fans assignation. Un second de?
nance , à la Requête des Parties publiques voir du Témoin , est de comparoître de
ou civiles , pour avoir la preuve du Crime , vant le Juge dans les délais marqués par
8c de son Auteur. l'exploit d'assignation qui lui est donnée j.
& cela de quelle qualité que soit ce Témoin,
I L
Laïque , Ecclésiastique , ou Religieux ;
chose?6" k'°n vort par-là , qu'il faut d'abord con- à peine contre les premiers d'y être con
confidérer sidérer deux choses dans une Information traints par amende , pour la première fois j
€ans cet en général ; la forme dans laquelle il doit & par corps , s'ils persistoient dans leurs
e' être procédé à la rédaction de cet Acte ,
refus après avoir été réassignés ; & à l'é-
& la preuve qui en peut résulter. Nous au gard des Eccléfiafliques , d'y être aussi con
rons lieu de parler plus particulièrement traints par amende , & même par la saisie
de ce dernier objet, en traitant de la Preuve de leur temporel , à défaut de paiement de
testimoniale. Nous nous arrêterons feule cette amende ; 8c enfin par rapport aux Reli
ment à ce qui peut concerner la Forme de gieux, il y a aussi peine contre les Supérieurs
cet Acte , d'après les dispositions du tit. 6 qui ne les feront comparoir, de saisie du tem
de l'Ordonnance. Or , parmi ces disposi porel de leur Couvent , &. de plus , de la sus
tions , il y en a qui concernent Ceux qui pension des Privilèges accordés à leur Or
doivent administrer les témoins , d'autres qui dre (2). L'Ordonnance n'excepte pas même
regardent les Témoins qui doivent déposer les Impubères ; quoique ceux-ci ne puis
dans l'Information , d'autres les Juges qui sent être entendus en Matière civile , elle
doivent les entendre,, d'autres enfin les Gref veut que le Juge ait tel égard que de rai
fiers qui doivent rédiger leurs dépositions. son à la nécessité ou à la solidité de leur té
moignage (3). Cependant, quelque générale
III. que paroisse la disposition de cette Loi , il
5. Par i°. Quels font CEUX qui doivent admi- faut convenir qu'il y a de certaine6 Per
3-1. sonnes , telles que les Confesièurs , les
vent iîll
être nìfírcr
,J les Témoins dune Information"1.
J Ce
admims- sont , suivant le premier article de ce titre Conseils , les proches Parsns , Maris &
Femmes , & autres que nous aurons lieu de
Témoin* ^e l'Ordonnance , tant les Parties civiles
que les Parties publiques. C'est par consé remarquer en traitant de la preuve testimo
quent à la Requête de ceux - ci seulement niale , à l'égard desquelles celte rigueur
doit cesser aux termes des Réglemens .•
que les Témoins doivent être aflìgnés , &
cette assignation doit être donnée dans les qu'il y en a d'autres auíîì , où les Témoins
délais, prescrits par l'Ordonnance civile à assignés pour comparoître au lieu où se
laquelle cette derniere Loi s'en rapporte fait l'Information , doivent être dispensés
fur ce point. '• de le faire , comme lorsqu'ils en font em
pêchés par quelque cause légitime , telles
(1) Les Témoins feront administrés par nos Pro que la maladie , la détention dans une Pri
cureurs ou ceux des Seigneurs , comme aussi par les
son ou Maison de Force ; ou qu'il s'agit
parties civiles. Ori. de 1670 , tit. 6 ,art. 1.
d'entendre en témoignage une Religieuse ;
IV. ou enfin lorsque ce Témoin fe trouve dans
de?eTé-* -'" xK' Devoirs dies TÉMOINS dans l'Infor- un trop grand éloignement de ce même
lieu , le Juge doit dans ce dernier cas , ex-
Tom* mation. Le premier de ces devoirs-, c'est pédier une Commission rogatoire au Juge
dans Un- - r .- j «
formation, comme nous venons de le dire , de ne du lieu de la demeure du Témoin , pour
Iiii


-
óiS LES LOIX CRIMIN ELLES , Liv. I. Tit. VI.
procéder à son audition ; & dans ies deux vile en Matière d'Enquête , il fuit de là que
premiers , il doit se transporter lui-même le Juge peut en admettre un aussi grand
auprès du Témoin , pour recevoir fa dépo nombre qu'il le juge nécessaire pour in£
sition , ce qui s'entend lorsque ce Témoin truire íà religion ; & cela , non-seulement
est dans son ressort , autrement c'est encore à cause de la nécessité d'empêcher l'impu-
le cas de la Commission rogatoire. nité des crimes , mais encore parce qu'il
peut arriver que la plûpart de ces Témoins
( i) V. Ayraut en son Instr. judic. liv. 3 , part. 1 ,
íèroient administrés par des Accusateurs
n. zi.... V. aussi l'Arrêt du 21 Août 1705 , rapp.
au Journ. des Aud. suspects ; ou que parmi les Témoins assi
(1) Toutes les personnes assignées pour être ouies gnés il y en auroit d'une certaine qualité,
en témoignage , récolées ou confrontées , feront qui ne leur permettroit pas de déposer
tenues de comparoître pour satisfaire aux Assigna
tions, & pourronty être les Laïques contraints par dans l'affaire dont il s'agit , ainsi que nous
amende fur le premier défaut , & par emprisonne aurons lieu d'en donner des exemples par
ment de leurs personnes en cas de Contumace , ticuliers , en traitant de la preuve testimo
même les Ecclésiastiques par amende, au paiement
niale.
de laquelle ils feront contraints par saisie de leur
temporel. Enjoignons aux Supérieurs Réguliers d'y ( 1) Les Témoins, avant qu'être ouis , feront appa
faire comparoître leurs Religieux, à peine de saisie roir de l'ExpIoit qui leur aura été donné pour dé
de leur temporel , & de suspension des Privilèges à poser , dont sera fait mention dans leurs déposi
eux par Nous accordés. Ord. de 1670 , tit. 6, art. 3. tions. Pourront néanmoins les Juges entendre les
(l) Les Enfans de l'un & de l'autre sexe , quoi- Témoins d'Office , & fans assignation , en cas defla
qu'au- dessous de lage de puberté , pourront être grant délit. Ord. de 1670 , tit. 6 , art. 4.
reçus à déposer , sauf en jugeant d'avoir par les
Juges tel égard que de raison , à la nécessité & so V I.
lidité de leur témoignage. Tit. 6 , art. 2.
z\ En procédant à l'audition des Té- 6.Dermit
V. moins, les Devoirs du Juge sont, i°. depJ^^
les entendre chacun séparément & secrète- d*"-
•[.Devoirs 30. Devoirs du JUGE dans lInforma-
^u,iufL tion. II y en a de trois sortes : les uns qu'il ment , sans l'assistance d'aucune autre per
avant que / jj sonne que de son Greffier (1); 20. de leur
de procé- doit remplir avant que de procéder à l'au-
faire prêter serment de dire la vérité , leur
dition des ^ition des Témoins , d'autres en y procé-
demander leur nom , surnom , qualités &
Témoins. dant , d'autres enfin après y avoir pro
demeures , s'ils sont Parens , Alliés , 5<rr-
cédé. 1 °. Avant que de procéder a raudi
viteurs ou Domestiques des Parties ; ( il
tion des Témoins , nous venons de voir de
faut nécessairement faire mention de ces
quelle manière le Juge doit se comporter ,
deux dernieres Qualités , comme n'étant
tant à l'égard de ceux des Témoins assi
point synonymes ; de manière que l'o-
gnés qui refusent de comparoître sans au
mission de l'une ou de l'autre emporteroit
cune raison légitime , qu'à l'égard de ceux
la nullité de la déposition , suivant la Juri£
qui ont des raisons pour en être diípensés.
prudence de ce Parlement) (2); 30. de faire,
II nous reste à parler ici des autres forma
mention de leur réponse íùr tous ces points ;
lités préliminaires qu'il doit remplir à cet
4°. de leur faire faire lecture de la Plainte fur
égard : elles consistent principalement dans
laquelle ils doivent déposer ; 50. de faire
les quatre suivantes qui font marquées ,
rédiger leur Déposition , tant à charge qu'à
tant par l'Ordonnance que par les Régle-
décharge (3).
mens ; fçavoir , 1 °. qu'il doit , s'il n'est que
Juge délégué , ou s'il ne connoît de l'affaire ( 1) Les Témoins seront ouis secrètement & sépa
qu'en qualité de simple Gradué , comme rément , & signeront leur déposition , après que
lecture leur en aura été faite , & qu'ils auront dé
dans les cas de Pabfence ou de quelqu'au- claré qu'ils y persistent j dont mention sera faite
tre légitime empêchement du Juge ordi par lc Greffier , sous les peines portées par l'art. V.
naire , faire mention de l'une & de l'autre ci-dessus. Art. 1 1 , tit. 6.
de ces qualités en tête de PInformation , à (2) Les Témoins prêteront serment , & seront en*
quis de leur nom , surnom , âge , qualité , demeure ,
peine de nullité; 20. qu'il doit aussi, avant que & s'ils sont Serviteurs ou Domestiques , Parens ou
d'entendre les Témoins qui se présentent , Alliés des Parties , & en quel degré ; & du tout
leur faire représenter l'exploit en vertu sera fait mention , à peine de nullité de la déposi
tion , & des dépens , dommages & intérêts des Par-
duquel ils ont été assignés par-devant lui ,
tics contre le Juge. Att. 5. ibid V. l'Arrêt
& faire mention de cette représentation à du 8 Avril 1702 , & celui du 31 Mars 171 1 , rap
la tête de chaque déposition. II faut néan portés au Journal des Audiences.
moins excepter le cas du flagrant délit , ( 3,) La déposition de chacun Témoin fera rédigée
à charge ou à décharge. Tit. ibid. , art. 10.
où le Juge peut entendre d'olfice les Té
moins fans aucune assignation préalable (1).
vu
Au reste , comme l'Ordonnance Criminelle
n'a point sixé le nombre des Témoins qui 30. Enfin', après avoir procédé a l'audi- 7-Deroir».
peuvent être entendus dans une Infor- tion du Témoin , le devoir du Juge con- aprè$USy
jmation , comme l'a fait l'Ordonnance Ci- siste , i °. à lui faire faire lecture de fa dé- avoir pro
cédé.
r

DÈS ACTE^ DE L'INSTRUCTION CRIMINELLE , &c. «9


position ; 2°. à lui demander s'il y persiste;
3°. à faire mention de là réponse ( i) ; 40. en VIII,
cas qu'il veuille y ajouter ou diminuer , en
faire aulîì mention à la fuite de cette dé Devoirs des GREFFIERS dans tlnforma- 8. Devoir»
position (2) ; 50. à lui demander s. 'il requiert tion. II y en a qui regardent leurs Qualités , des Gref
fiers en
salaire , & dans ce cas , le taxer suivant la d'autres leurs Fonctions. Les devoirs de la cette ma
qualité & la distance du domicile du Té première efpece fout qu'il faut néceílàire- tière.
moin (3), en faire mention à la fin de sa dépo ment , pour pouvoir faire les fonctions de
sition ; 6°. à lui faire signer fa déposition,ainsi Greffiers , être , ou fondés en titre d'office ,
que les renvois s'il y en a ; 70. à faire men- c'est-à-dire , fur les provisions du Roi, si
tion de cette signature ou de son refus de c>est en Justice Royale ; & fur des Corn
signer, en cas qu'il ne puisse ou ne veuille missions particulières des Seigneurs, si c'est
le faire ; 8°. enfin , le Juge doit signer lui- dans une Justice Seigneuriale ; ou du moins
même chaque déposition , & de plus co- avoir prêté ferment en Justice à cet effet ,
ter toutes les pages de l'Information par ce qiI'on appelle autrement être Commis
première & derniere. Cependant , si depuis au Greffe. L'Ordonnance de 1670 (1)", re-
oes signatures , le Témoin déclaroit avoir houvellée fur ce point par une Déclaration
encore quelque chose à ajouter à fa dépoli- du Roi de 1671 (2) , ne veut pas qu'aucun
tion , le Juge doit l'insérer à la marge , autre que ce Commis puisse suppléer au Gref-
par forme de renvoi qu'il fera pareille- fier Titulaire , à la réserve seulement de ceux
ment signer par le Témoin , & qu'il signera choiíîs par les Commissaires du Conseil
lui-même. L'Information etant ainsi close du Roi , à qui cette Loi permet de pren-
& achevée, si le Juge vient à remarquer dre toute autre personne pour faire les
qu'il s'y soit glissé quelque nullité ou d fonction» de Greffier , en leur faisant prê
faut de forme , il pourra la recommencer , ter serment ; & elle abolit en même-temps
& faire contraindre les Témoins à venir dé l'ufage où étoient anciennement les Con
poser de nouveau (4). Mais si ces nullités ne seillers des Cours , de se servir à cet esset
viennent à se découvrir que lors de la vi de leurs Clercs ; &. elle ne laisse à ceux-ci
site du Procès ; c'est alors aux Juges qui la faculté de le faire que dans les seuls cas
procéderont à cette visite , de prononces d'absence ou de maladie , ou autre légi
ía nullité de l'Information , & d'ordonner time empêchement des Greffiers ou des
que les Témoins qui y ont été entendus , Commis *au Greffe ( 3 ). II y a aussi une
feront ouis de nouveau , le tout aux frais Condition particulière, prescrite par les Ré-
du Juge qui aura commis cette nullité (5). glemens , à peine de nullité , & de tous
Nous avons vu d'ailleurs d'après l'art. 3. dépens , dommages & intérêts des Parties ,
du tit. 3. de rOrdonnance , que les Corn- p0ur pouvoir faire les fonctions de Gref-
missaires du Châtelet qui ont procédé à fier ; c'est qu'ils aient vingt - cinq ans ac-
une Information , doivent la remettre au complis (4) A l'égard des Fondions
Greffe du Châtelet dans les vingt - quatre particulières aux Greffiers en fait d'Infor-
heures. mation ; elles consistent , i°. à faire lec-
(1) Les Témoins feront ouis secrètement & sé ture au Témoin de la plainte fur laquelle
parément, & ligneront leur déposition , après que il doit déposer (5) ; 20. à rédiger sa déposi
leclure leur en aura été faite , & qu'ils auront dé
claré qu'ils y perjtjient , dont mention fera faite tion sans y mettre d'interligne ; 30. à lui
par le Greffier , loas les peines portées par l'art. 5 en faire lecture après qu'elle est faite ;
ci delsus. Ord. de 1670 , tit. 6 , art.' 11. 40. à la lui faire signer après l'avoir signée
(2) La déposition fera écrite par le GreíTìer en
lui - même , & en cas de refus de signer
présence du Juge , & Jignée par lui , par le Gref
fier & Ic Témoin s'il lait ou peut ligner ; linon en de la part du Témoin , en faire mention ,
fera fait mention , & chaque page fera cotée & si de même que de la déclaration que le Té
gnée par lc Juge , à peine de tous dépens , dom moin feroit qu'il y persiste (6) ; 50. lui faire
mages 8c intérêts. Art. 9 , ibid.
(3) La taxe pour les frais 8c salaires du Témoin approuver & signer les ratures & les ren
fera faite par le Juge. Défendons à nos Procureurs vois s'il y en a , les faire aussi signer par le
&à ceux des Seigneurs , & aux Parties de donner Juge , le tout à peine de tous dépens ,
aucune chose au Témoin , s'il n'est ainsi ordonné.
dommages & intérêts des Parties ( 7 ) ;
Art. 13 , ibid.
(4) Les dépositions qui auront été déclarées 6°. à ne point se dessaisir , ni communiquer
nulles par défaut de formalité , pourront être réité la minute de l'Information & autres piè
rées , s'il est ainsi ordonné par le Juge. Art. 14 , ces secrètes du Procès à qui que ce soit ,
ibid.
(5) S'il est ordonné que les Témoins feront ouis si ce n'est au Rapporteur , ou à la Partie pu
une seconde fois , ou le procès fait de nouveau, à blique , qui s'en chargeront fur son Re
cause de quelque nullité dans la procédure. leJuíje gistre , 6c seront tenus de les rendre ; fça-
qui saura commise fera condamné d'en faire ies frais, wir , le Rapporteur , dans vingt - quatre
6c payer les vacations de celui qui y procédera , Sc
encore les Dommages & Intérêts de toutes les Par heures,&. la Partie publique dans trois jours,
tics. Même Ord. tit. 15. art. 24. à compter du jour qu'ils s'en sont chargés
I iii 2

1
Ó2Q LES LOIX- CRIMIN SLL ES , Liv. I. Tit. Yh l
( 8 ). C'est aussi dans un pareil espace de lant pourvoir. A ces causes , &c. . . ComaiBsaussi
en interprétant les art. 6 & 7 du titre de* infor
trois jours, à compter de celui où l'Informa-
mations de notre Ordonnance du mois' d'Août
tion a été achevée , si elle est faite au lieu 1Ó70 , donnée fur la procédure criminelle , défen
de la Jurisdiction, &. dans un plus grand dé dons à tous Juges , mime de nos Cours , de^cqm-
lai , si elle elt faite ailleurs , à raison d'un mettre leurs Clercs ou autres Personnes pour écrite
les Informations , Interrogatoires , Procès-verbaux \
jour par dix lieues , que Ceux qui ont été Récolemens , Confrontations , 6* tous autres A&es
commis par les Conseillers des Cours pour & Procédures en Matière criminelle dedan t ou dehors
faire la fonction de Greffier , doivent re- leurs Sièges, sous quelque prétexte & occasion que
jnettre au Greffe la minute de ces infor ce soit , même de maladie , absence r ou autre légi
time empêchement des Greffiers , de commettre les
mations, & en charger le Registre (9). Ily a Clercs des Juges , même de nos Cours , fi" aucunes
aussi dans le même titre de l'Ordonnance Personnes , qu'ils n'ayent servi acluellement pendant
des dispositions particulières , qui prescri deux ans entiers en leur Greffe , fans néanmoins
que ceux qui exécuteront des Commissions émanées
vent aux Greffiers la nécessité & la forme
de Nous puissent être empêchés de commettre telles
des Registres qu'ils doivent avoir , 6c de Personnes qu'ils aviseront , auxquels ils seront prê
l'envoi qu'ils doivent faire chaque six mois ter le serment , conformément à notredite Ordonnance.
des Extraits de ces mêmes Registres (10). Déclar. du 1671.
Au reste , c'est ensuite de la communica (4) V. l'Arrêt du Conseil du 11 Novembre 1714,
rapp. à la suite de la max. 5 du tit. des Juges
tion , que la Partie publique est autorisée à Criminels cn général.
prendre de cette information & autres piéces
(5; V. les Arrêts du 13 Juin 1709 8c du 12
du Procès qui y font jointes , qu'elle doit Août 1712 , rapp. au Journ. des Aud.
donner ses conclusions pour le Décret qui se (6) Les Témoins seront ouis secrètement & sé
décerne en conséquence. Cependant le parément , 8í signeront leur déposition , après que
Juge n'est point tellement lié par ces con lecture leur eu aura été faite , 8í qu'ils atront dé
claré qu'ils y persiflent , dont mention sera faite
clusions , qu'il ne puisse ou modérer le
par le Greffier , sous les peines portées par l'art. 5
Décret , ou même , au lieu de décréter , ci-dessus. Art. n, ibid
ordonner un simple renvoi à l'Audience, Aucun interligne ne pourra être fait , & fera
lorsqu'il voit I que l'arFaire est de nature à tenu le Greffier faire approuver les ratures , 8c
signer les renvois par le Témoin 8c par le Juge ,
ne pouvoir donner lieu qu'à de simples
sous les mêmes peines. Art. iz , ibid.
condamnations pécuniaires , comme par
(7) Défendons aux Greffiers de communiquer
exemple dans le cas de simples injures, ver les Informations 8c autres pieces secrètes du pro
bales. cès , ni de se dessaisir des Minutes , siuou ès mains
de nos Procureurs , ou de ceux des Seigneurs , qui
s'en chargeront fur le registre , 8t marqueront Jc
(1) Les Juges , même ceux de nos Cours , ne jour 8c l'heure , pour les remettre incessamment 8c
pourront commettre leurs Clercs ou autres person au plus tard dans trois jours, à peine d'Interdiction
nes pour écrire les Informations qu'ils feront de contre le Greffier , & de cent livres d'amende ,
dans ou dehors leur Sicge, s'il y a un Greffier, ou moitié vers Nous , & moitié vers la partie. Art. 15.
un Commis à l'exercice du Greffe , si ce n'est qu'ils ibid... Pourront aussi les Rapporteurs retirer Jes Mi
fussent abscns , malades , ou qu'ils eussent quel- nutes , pour s'en servir dans la visite du procès , 8c
qu'autre légitime empêchement. Ord. de 1670 , tit. seront tenus les remettre vingt-quatre heures après
6 , art. 6. le Jugement , sous les mêmes peines. Art. 16 ,
(z)Pourront néanmoins ceux qui exécuteront des ibid.
Commissions émanées de Nous , commettre telles (9) Les Greffiers commis par les Officiers de
personnes qu'ils aviseront , auxquelles ils feront nos Cours , seront tenus remettre leurs Minutes ès
prêter lc serment. Art. 7 , ibìd. Cours qui les auront commis , dans trois jours
après la procédure achevée , si elle s'est faite au
lieu de la Jurisdiction , ou dans les dix lieues , 8c
(3) I_iOUIS , &c. Comme aussi, quoique Nous fera le délai augmenté d'un jour pour la distance
ayons par les articles 6 & 7 du titre des Informa
de chaque dix lieues : à peine de quatre cens livres
tions de notre Ordonnance du mois d'Avril 1670
d'amende , moitié vers Nous , 8c moitié vers la
pour les Matières Criminelles , ordonné que les Partie , 8c de tous dépens , dommages 8c intérêts.
Juges , même ceux de nos Cours , ne pourront
Ce qui sera exécuté par le Greffier commis , quoi
commettre leurs Clercs ou autres personnes pour
qu'il n'eût encore reçu les salaires , dont en ce cas
écrire Jes Informations qu'ils feront dedans ou
lui sera délivré Exécutoire par le Greffier ordi
dehors leurs Sièges , s'il y a un Greffier ou Commis
naire , suivant la taxe du Commissaire , qui n'en
à l'exercice du Greffe , si ce n'est qu'ils fussent ma
pourra prétendre aucuns frais. Art. ij , ibid.
lades , absens , ou qu'ils eussent quelques légitimes
empêchemens , à l'exception toutefois de ceux qui (10) Enjoignons aux Greffiers , Gardes-sacs de
exécuteront des Commissions émanées de Nous , nos Cours, Grand-Conseil 8c Cour des Aides, de
lesquels pourront commettre telles Personnes qu'ils tenir un Registre particulier relié 8c chiffré , con
aviseront , auxquelles ils feront prêter le serment ; tenant au premier feuillet le nombre de ceux dont
néanmoins plusieurs Juges & Officiers de uosditcs il sera composé ; ce qui aura lieu aux Sièges Prési-
Cours 8c Jurisdictions obligent les Greffiers & leurs diaux , Bailliages , Sénéchaussées , Maréchaussées ,
Commis de déclarer qu'ils ont des empêchemens Prévôtés , 8i toutes les autres Justices Royales 8c
légitimes de vaquer auxdites procédures , 8c sous Seigneuriales , dont le registre sera paraphé en tou
ce prétexte , & de ce que Nous avons par notredite tes ses feuilles par lc Juge Criminel , pour y être
Ordonnance exprimé les Informations , prennent par les Greffiers, tant de nos Cours que les autres ,
occasion de se servir de leurs Clercs & autres Per enregistrées toutes les Procédures qui seront faites
sonnes pour écrire les Informations , Interrogatoi ou apportées , 8c leur date $ ensemble le nom 8c la
res, Récolemens , Confrontations , 8c autres Actes qualité du Juge 8c de la Partie, de fuite & fans au
.& procédures en Matière Criminelle : à quoi vou- cun blanc : pour raison de quoi , le Greffier ae
/

DES ACTES DE ^INSTRUCTION CRIMINELLE , &c. 621


pourra prendre aucuns droits ni frais , & seront te- ficiers qui doivent prendre communication des, Pie-
jius se charger & décharger sur le Registre les Of ces. Art. 18 , ibid.

§. IV. Du Monitoire en matière Criminelle.

S O M M AIRES.

1 . Ce qu'on doit entendre sous ce nom. 6. Curés & Vicaires ; leurs Devoirs parti
2. Cinq fortes de Personnes a considérer en culiers quant a la Publication & aux Ré
cette Matière. ' ' vélations.
3. Qui font ceux qui peuvent le demander. 7. Opposais a la Publication ; ce qu'ils
4. Juge qui accorde la permijjion de l'obte font tenus de faire en conséquence.
nir ; ses Devoirs a cet égard. 8. Témoins révélans leurs obligations en
5. Official qui l'accorde j fa peine en cas de cette matière.
refus.
; L ..":"».

Ce L'ON entend fous ce nom , des Lettres Monitoire doit être conçu en termes va
qu'on doit qui font accordées par l'Official Diocé gues & généraux , & de manière qu'il ne
entendre sain , ensuite de la Permission donnée par le puhTe porter aucune atteinte à l'honneur
fous ce
nom. Juge , soit Laïque , soit Ecclésiastique , qui &. réputation des Personnes qui , par Vévé-
est saisi du procès-criminel , fur la Requête nement , pourroient fe trouver innocentes
des Parties publiques ou civiles , pour les (1). 30. Qu'ils soient tenus d'avancer les
faire publier par les Curés" ou Vicaires aux frais nécessaires pour parvenir à l'obten-
Prônes des Paroisses où le Délit a été com tion & à la publication de ce Monitoite ,
mis , à l'effet d'obliger ceux qui peuvent ôc notamment les Droits particuliers qui
en avoir connoissance , de venir révéler ce iònt dus à ce sujet , tant aux Officiaux & à
qu'ils fçavent , fous peine d'excommunica leurs Greffiers , qu'aux Curés & Vicaires ,
tion; comme aufíì , pour' mettre les Parties dont nous allons parler dans un moment.
qui ont intérêt d'empêcher cette publica 40. Ensin l'Ordonnance veut encore , qu'en
tion , en état de pouvoir y former leur op cas d'opposition à la publication du Mo
position. nitoire , ils soient tenus de faire assigner
1 I. les Opposans par-devant le Juge qui a per
mis l'obtention du Monitoire pour venir
a. Cinq Ainsi cinq fortes de Personnes à consi- déduire leurs moyens d'opposition ; & cela
s°rrts"nnde dérer dans un Monitoire : celui qui le de-
dans trois jours au plus tard , si ce n'est
a confidé- mande , le Juge qui donne la Permission que ceux-ci aient pris le parti de fe . •
reren cet- l'obtenir , l'Official qui l'accorde , les
pourvoir par la voie de l'Appel comme
Curés & Vicaires qui doivent le publier , d'abus (2).
les Parties qui s'opposent à sa Publication ,
enfin les Témoins qui viennent à révéla (1) Les personnes ne pourront être nommées
tion. L'Ordonnance prescrit à chacun d'eux ni désignées par les Monitoires , à peine de cent
des Devoirs particuliers que nous allons livres d'amende contre la Partie , & de plus grande
s'il y ccheoit. Ord. de 1670 , tit. 7. art. 4. •
remarquer successivement d'après le tit. 7.
de cette Loi. (z) V. les art. 8 & 9 du titre 7 de la même Or
donnance qui seront rapportés ci-après à la fuite de
* III. la maxime.

i°. Ceux qui peuvent demander le Moni- IV.


sont ceux
qin peu- toire' Ce font , comme nous venons de
vent le de- l'annoncer , les Parties publiques , ou civi- z°. Juge qui permet d'obtenir Monitoire. 4. juge
mander. jes L'Ordonnance leur prescrit trois cho L'Ordonnance accorde ce pouvoir à tou- qnî accos
ses à cet égard ; elle veut en premier lieu tes sortes de Juges , soit Royaux , soit Sei- mission dê
qu'ils présentent leur Requête au Juge gneuriaux , soit même Ecclésiastiques , l'obtenir ;
saisi du procès - criminel , par laquelle ils par-devant lesquels se poursuit le procès- VcwégMd
lui demanderont la permission d'obtenir ce criminel qui donne lieu au Monitoire 5 8c
Monitoire de l'Official , lequel peut seul elle permet à ces Juges d'accorder cette
l'accorder , attendu qu'il s'agit d'imposer permission , encore même qu'il n'y auroit
une peine spirituelle telle que l'Excommu- dans les informations aucun commence
nication. z°. Que clans l'expofé de cette ment de preuve , ni de refus de déposer de
Requête , ils aient foin de ne nommer ni la part des Témoins , & conséquemment
désigner la Personne contre laquelle ils en tout état de cause. Ce qui ne doit s'en
prétendent l'obtenir : c'eft-à-dire , que le tendre néanmoins qu'avec les deux restric- '
622 LES LOIX CRIMIN ELLES, Liv. I: Tit. VI.
tions suivantes , qui font marquées par voir s'il est Diocésain , n'y ayant que celui-
l'artiçle 1 8 de l'Ordonnance d'Orléans , 8c ci qui puisse l'accorder ; il doit de 'plus
par l'art. 26 de l'Edit de 1695 (1). Uune, être adressé aux Curés 8c Vicaires des Pa
qui concerne également r 8c les Juges , 8c les roisses où l'on prétend . que le délit a été
Officiaux , c'est que le Monitoire ne doit commis ; enfin , il doit être signé par le
être accordé que lorsqu'il s'agit de crimes Greffier qui l'a expédie (4).
graves , 8c qui causent un scandale pu
blic (2). L'autre , qui regarde plus parti (1) Enjoignons aux Officiaux , à peine de saisie
culièrement les Juges , c'est qu'il faut que de leur temporel , d'accorder les Monitoires que le
Juge aura permis d'obtenir. Ord. de 1670 , tit. 7.
la preuve de ces crimes soit tellement dif art. 2.
ficile , qu'elle ne puiífe s'acquérir autre (1) Les Monitoires ne contiendront autres faits
ment que par la voie du Monitoire ; & que ceux compris au Jugement qui aura permis
cela afin de ne point compromettre trop de les obtenir, à peine de nullité , tant des Moni
légèrement la rigueur des censures de l'E- toires , que de ce qui aura été fait en conséquence.
Art. 3. ibid.
gUse (3).
Les Officiaux ne pourront prendre ni recevoir
pour chacun Monitoire plus de trente fols , leur
(1) Tpus Juges, même Ecclésiastiques , & ceux Greffier dix, y compris les droits du Sceau , &les
des Seigneurs pourront permettre d'obtenir Moni- Curés ou les Vicaires dix fols , à peine de restitu
toires , eucore qu'il n'y ait aucun commencement tion du quadruple, fans néanmoins qu'en lieux où
de preuves , ni refus de déposer par les Témoins. usage est de donner moins , les Droits puissent être
Ord. de 1670 , tit. 7. art. I. augmentés. Art. 7. ibid.
(2.) Ne pourront aussi les Prélats , Gens d'Eglise , (3) V. les art. de l'Ordonnance d'Orléans , &
Officiaux, décerner Monitoires , & user de Censu de l'Edit de 1695 rapp. ci-dessus.
res Ecclésiastiques , sinon pour crime & scandale
public. Ord. d'Orléans , art. 18. V I.
(3) Les Archevêques ou Evêques, & leurs Offi
ciaux , ne pourront décerner des Monitoires , que 4°. Curés ô Vicaires. Leurs Devoirs , lors- 6. Curés
pour des Crimes graves & Scandales publics , & que les Monitoires leur font adressés pour ^s .
nos Juges n'en ordonneront la publication que dans
les mêmes Cas , & lorsque l'on ne pourroit avoir en faire la publication , font , 1 °. de pro- devoirs
autrement la preuve. Edit du mois d'Avril 1Ó95 , céder à cette publication fur la première f^""^
art. ifi. réquisition qui leur en est faite , à peine , en à la pubii-
cas de refus de leur part , de la saisie de catI0n, jr
V. r » aux reve-
leur temporel ; 8c s'ils persistent dans leur ìaúons.
refus , nonobstant la signification qui leur
5. Official 30. Official ; ses Devoirs en fait de Moni- est faite de cette saisie , l'Ordonnance per
qm lac- toire . jiS consistent principalement en ces
corde * ifl . . met alors au Juge de nommer d'office un
Peine 'en trois Points. Le premier , qu'il est tenu d'ac- autre Prêtre en leur place , 8c d'ordonner
fus de corc^er^e Monitoire que le Juge aura permis
la distribution de ce temporel au profit des
d'obtenir , fans qu'il lui soit permis d'en Hôpitaux ou des Pauvres du lieu : ce qui
trer dans l'examen des raisons qui ont dé se fait ensuite d'une Requête particulière ,
terminé le Juge à donner cette Permission ; qui lui sera présentée à cet effet. 20. De
tellement qu'il peut y être contraint par la faire cette publication à haute 8c intelligi
saisie de son temporel , dont les revenus, ble voix aux Prônes des Messes Paroissia
en cas qu'il persiste dans son refus , feront
les , par trois Dimanches consécutifs (r).
distribués aux Hôpitaux 8c Pauvres des
30. De recevoir les Révélations des Per
lieux ; 8c de plus , ce refus peut encore sonnes qui se présentent , 8c de les rédiger ,
donner lieu à l'Appel comme d'abus : ce qui
telles qu'elles leur seront faites , fur un sim
ne doit s'entendre néanmoins qu'avec les
ple cahier dans lequel ils feront mention
deux restrictions que nous venons de re des noms , surnoms 8c qualités des Révé-
marquer d'après l'Ordonnance d'Orléans lans , 8c du contenu de leurs révélations ,
&de l'Edit de 1695 (1). Le second y qu'il
qu'ils leur feront signer après les avoir si
ne doit inférer dans le Monitoire que les
gnées eux-mêmes ; 8c en cas de refus de
Faits qui font compris dans le Jugement signer de la part de ces Révélans , ils doi
qui a permis de l'obtenir , à peine de nul
vent aussi en faire mention ; 8c en un mot ,
lité du Monitoire , 8c de ce qui auroit été
observer à leur égard les formalités pres
fait en conséquence ( 2 ). Le troisième ,
crites par les Informations , à la réserve
qu'il ne doit recevoir pour le Monitoire
seulement qu'ils ne doivent point leur faire
qu'il accorde , de plus grands droits que
prêter serment , par la raison que les révé
ceux qui luisent taxés par l'Ordonnance (3).
lations de ces Témoins ne peuvent servir
L'on fçait au reste , dans quelle forme doit
de preuve qu'autant qu'elles font conver
être expédié ce Monitoire , 8c qu'il doit
ties en forme de déposition par la répéti
fur-tout y être fait mention de la qua
tion qui doit s'en faire devant le Juge saisi
lité de l'Oíîìcial qui l'açcorde , pour fça-
du procès-criminel (2). 40. D'envoyer ces

1
DES ACTES DE L'INSTRUCTION CRIMINELLE , &c. 62 5
révélations , aussi-tôt après qu'ils les ont re- fans Commission ni Mandement , y être assignés,
çues , au Greffe de la Jurisdiction où le pour comparoir à certain jour & heure dans les
trois jours pour le plus tard , si ce n'est qu'il y eât
Procès est pendant (3). 50. Enfin de ne pren appel comme d'abus. Ord. de 1670, tit. 7 , art. 8.
dre de plus grands Droits pour avoir fait ( 1 ) L'Opposition fera plaidée au jour de l'Assigna
les Publications , que ceux qui leur font tion , & le Jugement qui interviendra exécuté non
obstant opposition ou appellation , même comme
taxés par l'Ordonnance. II y a aussi , rela d'abus. Défendons à nos Cours & à tous autres Ju
tivement aux frais du voyage de celui ges de donner des défenses ou surféances , & les
qu'ils ont chargé de cet envoi , une dispo exécuter si ce n'est après avoir vu les Informations
sition particulière de la même Loi , qui y & le Monitoire , & fur les Conclusions de nos Pro
cureurs. Défendons nulles toutes celles qui pour-
a pourvu, en autorisant le Juge à décerner roient être obtenues. Voulons , fans qu'il soit be
un Exécutoire à cet effet. soin d'en demander main-levée , que les Arrêts ,
Jugemens & Sentences soient exécutés , & les Par
( 1 ) Les Curés & leurs Vicaires seront tenus , à ties qui auront présenté Requête , à fin de défenses
peine de saifie de leur temporel , á la première ou surféances , & les Procureurs qui y auront oc
réquisition , faire la publication du Monitoire , qui cupé , condamnés en cent livres d'amende qui ne
pourra néanmoins , en cas de refus , être faite par pourra être remise ni modérée , applicable moitié
un autre Prêtre nommé d'office par le Juge. Ord. à Nous , moitié à la Partie. Art. 9. ibìd.
. de 1670 , tit. 7. art. 5.
(2) Si , après la saifie du temporel des Offi
VIII.
ciaux , Curés ou Vicaires , à eux signifiée, ils refu
sent d'accorder & de publier le Monitoire , nos 6°. Témoins qui sçavent quelque chose 8. Té-
Juges pourront ordonner la distribution de leurs
fur le Monitoire. Ils doivent venir le révé- ré_
Revenus aux Hôpitaux , ou Pauvres des lieux.
Art. 6. ibìd. ler aux Curés & Vicaires , à peine d'en- leurs obfi-
(3) Les Révélations qui auront été reçues par courir l'Excommunication portée par les gations e»
les Curés ou Vicaires seront envoyées par eux ca Lettres Monitoriales (1) ( fur quoi il faut tiere.
chetées au Greffe de la Jurisdiction où le procès
fera pendant , & pourvu par le Juge aux frais du néanmoins excepter certaines personnes
voyage s'il y écheoit. Même Ord. tit. 7. art. 10. qui en font déclarées exemptes par les Ca
nons , comme font les Parens ou Alliés
VIL jusqu'au quatrième degré inclusivement ,
& généralement tous ceux qui ne sçavent
7. Oppo ?o- 5°' Opposans à la publication du Moni- que ce qu'ils ont appris du Coupable
lans a ia 1 toire. Ceux-ci font tenus , à peine de nul- fous la Loi du secret , comme font ses
lon -""ce de leur opposition , d'élire domicile dans Conseils , & Amis intimes ). Ils doivent
qu'ils 'sont le lieu de la Jurisdiction du Juge qui a aussi , & lorsqu'ils font assignés pour venir
faire* en* Pernns l'obtention du Monitoire , afin déposer devant le Juge qui doit les répé
consé- qu'ils puissent y être assignés par celui qui ter liir les révélations qu'ils ont faites
fluence. |»a obtenu , pour déduire leurs moyens d'op -
aux Curés & Vicaires , comparoître dans
position : ce qu'ils doivent faire dans les les délais portés par les exploits d'assigna
irois jours pour le plus tard , ( hors le cas tion ; faute de quoi ils peuvent être con-
toutefois où ils prendroientla voie de l'ap- traints par les mêmes voies que les autres
pel comme d'abus , qui leur est aussi ou- Témoins. Cette assignation doit se donner
verte en pareil cas, suivant l'Ordonnance), à la Requête de la Partie publique. Elle
& le Jugement qui interviendra|fur la plai- peut l'être aussi à la Requête de la Partie
doirie devra être exécuté , nonobstant op- civile , à qui l'Ordonnance permet de
position ou appellation , même comme d'à- prendre communication du nom & domi-
bus , & fans que cette exécution puisse cile de ces Révélans , pour qu'elle puisse
être retardée par les Arrêts de défenses ou faire assigner ceux que la Partie publique
surféances qui feroient donnés par les Cours, jugera à propos de faire entendre d'après
si ce n'est après avoir vu les informations \z communication qu'elle aura prise elle-
& le Monitoire , &. fur les conclusions des même de ces révélations (2).
Procureurs-Généraux. II y a même , en cas
d'omission de ces dernieres Formalités, Pei (1) Cum íùper causa quae vertitur inter Prae-
ne de nullité prononcée contre les Défenses nestinem Episcopum & Subi. Abbatem , lie testi-
qui feroient accordées , fans qu'il soit besoin monium vestrum necessarium mandamus , quate-
nùs perhibituri testimonium veritati , Apoltolico
d'en demander la main-levée ; & de plus , vos conspectui praesentetis. Si verò non veneritis ,
il y a peine de cent liv. d'amende , tant sciatis vos ab Officio & Beneficio Eclesiastico Apos-
Contre la Partie qui auroit présenté fa Re tolicâ auctoritate suspenses. Etsi nec sic veneritis,
Excommunicationis Sententiam , & depoíìtionis
quête à fin de défenses , que contre le Pro
poteritis formidare. Alexander III , Cap. unie,
cureur qui auroit occupé. txtrà de cogendis Tejiibus vel non.
(2) En Matière Criminelle, nos Procureurs &
( 1 ) Les Opposans à la publication du Monitoire ceux des Seigneurs , & les Promoteurs aux Officia-
seront tenus élire domicile dáns le lieu de laJurif lités auront communication des Révélations des
diction du Juge qui en aura permis l'obtention , à Témoins , & les Parties civiles de leur nom & do-
peine de nullité' de leur opposition j & pourront , micile seulement. Tit. 7, art. 11.
■.

624 LES LOIX CRIMINELLES, Liv.I.Tit. VI.

§. VI. Du Décret , de son Exécution, de la Police des Prisons , & dt


V Elargissement provisoire,

SOMMAIRES.

1. Qu'est-ce que le Décret , ô ce qu'il cution , ou Réglemens concernans Us


faut considérer principalement dans cet Prisonniers & les Prisons.
Aile. 10. Devoirs des Huissiers après avoir arrêté
2. Règles générales pour le Décret. un Accusé.
3. Formalités particulières a chaque espece II. Devoirs des Seigneurs Hauts-Justiciers
de Décret. relativement aux prisons.
4. Décret a*assigné pour être oui ; ce 12. Devoirs des Geôliers ô Guichetiers a
qu'on doit entendre proprement fous ce l'égard des prisonniers.
nom. 1 3. Devoirs des Greffiers de la Geôle fur le
5. Décret a*ajournement personnel ; ce qui même sujet.
le distingue du Décret d'affigné pour être 14. Devoirs des Procureurs du Roi ou Fis-
oui, eaux sur la même matière.
6. Décret de prise de corps ; ce qui le disin- 1 5. Devoirs des Parties Civiles , parrap-
gue des précédens. port aux alimens des prisonniers.
7. Cas particuliers oh il peut avoir lieu. 1 6. Devoirs des Juges , relativement a la.
8. Formalités qui doivent accompagner son Police des prisons.
exécution. 17. Leurs Devoirs par rapport a l'Elargif-
9. Formalités qui doivent suivre son exé- sèment provisoire.

I.

1. Qu'est- Le Décret qui fait l'objet particulier du des lieux 01) l'on est seulement tenu d'élire
Décret & Tit. 1 0 de l'Ordonnance , est un Jugement domicile (2) ; & qu'en un mot , elle ne
ce qu'il préparatoire, qui se rend sur le vu des Char- peut être empêchée que par des Arrêts de
jéutconsi" ges 6c Informations, &sur les conclusions de défense & de surséance , & encore sous de
cipaie- la Partie publique ; par lequel il est ordonné certaines conditions que nous aurons lieu
ce! Acte"* <ïu'une ou plufieurs personnes connues , de remarquer en traitant de l'appel dans
ou même inconnues , pourvu qu'elles les Cours Une seconde Règle en
soient d'ailleurs désignées par leur figure , cette matière , c'est que le Décret doit être
habits ou de quelqu'autre manière , lèront rendu sur le vu des Charges & Informa-
ou simplement ajsignées pour être ouies , ou dons. L'on entend fous le nom de Char-
ajournées a comparoir en personne , ou ges , les Procès - verbaux du Juge , les
bien seront prises au corps & constituées rapports des Médecins & Chirurgiens , &
prisonnières , pour être interrogées fur les généralement toutes les piéces qui peuvent
faits réfultans des Charges & Informations, tendre à conviction. La nécessité de ce vu des
Ainsi il y a , comme l'on voit d'après cette Charges & Informations est une íùite de
Définition , deux choses à considérer prin- l'obligation que l'Ordonnance impose au
cipalement dans le Décret ; d'une part , les Juge fous ce même titre , de considérer ,
Conditions nécessaires pour la validité d'un avant que de décerner un Décret , ces trois
Décret en général ; & de l'autre , les For- choses , la nature du Crime , la qualité des
malités particulières qui concernent cha- Parties , & la qualité de la Preuve (3). . . ,
que efpece de Décret & leur exécution. Enfin , une troisième Règle générale en
_ cette matière ; c'est que le Décret ne doit
être rendu que fur les Conclufions de la
i.llegles Règles générales pour le Décret. Nous Partie publique (4) , c'est-à-dire , que les
pour"1" en remarquons trois principales. La pre- Juges ne peuvent décréter d'office & de
Décret, miere , que le Décret doit contenir un Ju- leur propre mouvement. II y a néanmoins
gement , parce qu'en effet , c'est par le Dé- de certains cas où ils font autorisés à lê
cret que l'on devient Accusé , inscribitur faire , tant par l'Ordonnance, que par les
inter Reos : &• c'est aussi , en tant que Ju- Réglemens ; fçavoir , i°. en fait de Procès-
gement , que le Décret eíl sujet à la voie verbaux des Juges (5) , dont il fera parlé
1 de l'appel ; mais avec cette différence néan- dans un moment } z°. lorsque le Décret est
moins des autres Jugemens interlocutoi- prononcé dans le cours de l'instruction d'un
res , que l'appel n'en suspend point l'exécu. Procès-civil (6) ; 30. lorsqu'il s'agit de f^iré
tion (1); que de plus cette exécution peut se arrêter un Témoin reconnu Faussaire . Ifffk
faire sans permission ni Pareatis du Juge de la confrontation -, 40, enfin , lorsque
dans
DES ACTES DE L'INSTRUCTION CRIMINELLE , &c. 625
dans la visite du Procès les Juges assem- des termes d'AJsigné pour être oui, onem- d'Assigné
ploie dans celui d'Ajournement personnel P°ur
blés trouvent à propos de décerner de
nouveaux Décrets. ceux à'djfigne a comparoir en personne.
20. En ce que ce Décret d'Ajournement
( r) Sera procédé à l'exécution de tous Décrets ,
personnel emporte l'interdiction de l'Offi-
même de Prise de corps , nonobstant toutes appel
lations , même comme de Juge incompétent ou ré cier public (1) : ce que ne fait point le Décret
cusé , & toutes autres , fans demander pérmiflìon d'Aiìigtié pour être oui (2) 30. En ce que
ni Pareatis. Ord. de 1670 , tit. 10. art. 12. dans le Décret d'ajournement personnel , il
(2) Seront néanmoins tenus ceux à la Requête
desquels les Décrets feront exécutés , élire domi doit être fait mention exprestè du titre de
cile dans le lieu où se fera l'exécution , sans attri VAccusation. Cette formalité íè trouve pres
buer toutefois aucune Jurisdiction au Juge du do crite aux premiers Juges , à peine d'interdic
micile élu. Art. 13. ibid. tion , par l'Edit du mois de Décembre 1 680
(3) Selon la qualité des crimes , des preuves &
des personnes , fera ordonné que la Partie assignée (3 ) , que nous aurons lieu de rapporter en en
pour être ouie , fera ajournée à comparoir en per tier fous le titre de C Appel , parce qu'il a prin
sonne % ou prise de corps. Tit. 10. ibid. art. 2. cipalement pour objet de déterminer cer
(4) Tous Décrets seront rendus fur les Conclu
tains Décrets d'Ajournemens personnels ,
sions de nos Procureurs ou de ceux des Seigneurs.
Art. 1. du mime tit. IO. contre lesquels les Cours ne peuvent donner
(5) V. art. 5. du même titre rapporté ci- après , des Défenses , fans avoir vu les Charges 6c
max. vu. Informations. 40. En ce qu'au lieu que
(6) En instruisant les procès ordinaires , les Ju
ges pourront, s'il y écheoit , décerner Décret de l'Ordonnance ne prescrit aucun délai pour
prise de corps ou d'Ajournement personnel , sui les assignations qui se donnent en consé
vant la qualité de la preuve , & ordonner l'Instruc- quence du Décret d'Assigné pour être
tioa à l'extraordinaire. Mime Ord. tit. 22. art. 2. oui , & qu'elle s'en rapporte à la prudence
du Juge fur ce point , elle veut que les
I I I.
délais pour les aiìignations qui se donnent
«. Forma- Formalités particulières a chaque Décret. sur le Décret d'Ajournement personnel ,
ticuliereT Nous venons de voir, d'après l'article 2 soient *°ien les mêmes que ceux pour les affì-
à chaque de ce titre de l'Ordonnance, qu'il y a gnations en Matière Civile (4). 5 °. Enfin , en
espece de trois sortes de Décrets , celui $ assigné' ce qu'au lieu que le défaut de comparu-
Décret.* pour être oui , celui $ Ajournement per- tion fur le Décret d'Assigné pour être oui
sonnet, & celui de Prise de corps. Ils ont dans le délai fixé par le Juge , a seulement
chacun des formes & des effets particu- l'effet de faire convertir ce Décret en celui
*
liers , que nous allons distinguer ici , d'a d'Ajournement personnel (5) , le défaut de
près l'Ordonnance & les Réglemens. comparution sur ce Décret d'Ajournement
personnel dans les délais fixés par l'Ordon-
I V. nance opère la Conversion de ce Décret en
celui de prise de corps. Nous croyons de
4. Décret Décret d' AJJtgi;é pour Ure oui. C'est le voir observer ici , relativement à la conver^
d'Assigné moincjre de tous les Décrets : auílì se dé-
pour être . sion de ces Décrets , que par un dernier
oui ; ce cerne-t-il pour des cas moins graves , & il Edit du mois de Juillet 1775 , qui fera rap-
ente^dír a des effets moins rigoureux que les deux porté fous le titre de la Contumace de pré-
propre-" autres. II se prononce ordinairement pour j*ence j Tusage de lever des défauts au Gref-
«nòm?* des delits quí í?nt de .nature à ne méritej; fe , en pareil cas , a été abrogé,
ni peine afflictive , ni infamante , & qui
peuvent néanmoins donîrer lieu à des pei (1) Le Décret d'Ajournement personnel ou de
nes .plus fortes ,. que de simples condamna prise de corps , emportera de droit Interdiction.
Ord. de 1670 , tit. 10. art. 11.
tions pécuniaires à l'égard desquelles
noqs avons dit que les Juges , au lieu de (1) L'Ordonnance d'Assigné pour être oui contre
un Juge ou Officier de Justice , n'emportera point
décréter , dévoient , fur le vu de la plainte d'interdiction. Art. 10. ibid.
ou de l'Information , renvoyer les Parties (3) Voulons que tous Juges Royaux & des Sei
à l'Audience (5). Nous ne croyons pouvoir gneurs , soient tenus d'exprimer à l'avenir dans les
donner au reste une idée plus exacte de ce ajournemens personnels qu'ils décerneront, le titre
Déçret, qu'en marquant les caractères de l'accufation pour laquelle ils décréteront, à pei
ne contre lefdits Juges ordinaires & des Seigneurs
qui font particuliers au Décret d'Ajourne d'Interdiction de leurs Charges.... Edit de Décembre
ment personnel dont nous allons parler. i6«o.
(4) L'Ajournement personnel sera converti en
Décret de prise de corps , si l'Accusé ne compare
dans le délai qui fera réglé par le Décret d'Ajour
^. Décret Décret d* Ajournement personnel. Ce Dé nement personnel , selon la distance des lieux , ainsi
cent" cret €^ distingué de celui à'ajsigné pour qu'aux Ajournemens en Matière civile. Art. 4.
ibid.
personnel; être oui par plusieurs endroits remarqua-
(5) L'Assignation pour être oui fera convertie eti
dTstimniè6 b^es* l0- D'ahord , quant à la forme , en ce Décret d'ajournement personnel , si la Partie ne
du Décret qu'au lieu que dans ce dernier on íè sert compare. Art. 3. ibid.
Kkkk
626 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. I. fY-r; VI.
quées ou désignées par leurs habits & autres
V I. marques suffisantes (3)... Un troisième Cas,
c'est celui des Procès-verbaux qui se dref-
f. Décret Décret de prise de corps. Comme ce sent par les Juges & autres Officiers , ou
ío-?CceDécret est le plus rig°ureux de tous>en même par des Ministres subalternes de la
q u'i^dis- ce qu'il ne tend pas seulement, comme ce- justice j teiS que ies Huissiers, Sergens ,
linrguéedde$ lui d'Ajournement personnel , à priver des Verdiers & Gardes-Forêts. Mais il y a
FC" C"S fonctions publiques ceux qui en font revê- néanmoins cette différence , quant aux es
tas , mais encore à priver les Citoyens de fets ces Procès-verbaux , que lorsqu'ils
leur liberté même ; l'Ordonnance a cru font dressés par des Officiers de Cours Su-
devoir auíìi s'expliquer d'une manière plus prieures , comme Président & Confeil-
précisc fur ce dernier Décret , en déter- /ers f ces pr0cès-verbaux seuls peuvent
minant fous ce même Titre , & les différens opérer ce Décret ; au lieu que ceux des
Cas où il peut avoir lieu , & les Formali- juge$ inférieurs ne le peuvent , qu'après
tés qui doivent accompagner & suivre son que ieurs Assistans ont été répétés fur ces
exécution. C'est en traitant de ces dernie- Procès-verbaux (4). II en est de même de
xes , que nous aurons lieu d'examiner ceux des Huissiers & Sergens ; lorsque ces
les Réglemens particuliers pour la Police procès-verbaux font faits pour cause de Ré-
des Prisons , ainsi que les Conditions né- bellion à Justice , ils peuvent ausiì donner
cessaires pour donner lieu à un Elargisse- neu au Décret de prise de corps , après
ment provisoire. qu'ils ont été répétés & leurs Recors :
mais pour les Procès-verbaux faits pour
VII. toute autre cause , ils ne peuvent , même
après cette répétition , donner lieu qu'au
7.Caipar- i°. Cas particuliers oìt le Décret de , Décret d'Ajournement personnel. L'Or-
oùu'peut/""'!/^ de corps peut avoir lieu. L'on en re- donnance excepte feulement à cet égard
avoir heu. marque cinq principaux, d'après le même les Procès-verbaux des Verdiers & Gardes-
titre 1 o de l'Ordonnance. Le premier , dont Forêts, qu'elle confirme dans le privilège
nous venons de donner un exemple , est que leur donne l'Ordonnance des Eaux
celui où le Décrété d'ajournement perfon- & Forêts , de pouvoir faire décréter de
nel a laissé convertir ce Décret en celui prise de corps fur leurs simples Procès-
de prise de corps , faute de comparoître verbaux (5)... Un quatrième Cas où le Dé
dans les délais de l'Ordonnance. A la vé- cret de prise de corps peut encore avoir
rite , il y a, suivant l'art. 21. du même titre lieu , c'est en fait d'accusation pour Crime
de l'Ordonnance , cette différence entre le de Duel (6) ; l'Ordonnance veut que la
Décret de prise de corps qui s'opère ainsi par feule notoriété publique fans information
la conversion , & celui qui est prononcé précédente , puisse suffire pour faire décré-
originairement contre l'Accusé , qu'au pre- ter de prise de corps celui qui en est pré-
mier Cas , l'effet de ce Décret cesse aussi- venu. ... Un cinquième Cas , est en fait
tôt après l'interrogatoire que subit l'Ac- de Crimes commis par des V~agabonds ô
cufé ; de manière que s'il est Prisonnier , Gens fans aveu. L'Ordonnance veut que
on ne peut lui refuser son élargissement , ceux-ci puissent être décrétés & emprifon-
à moins qu'il ne soit survenu de nouvelles nés fur la feule plainte de la Partie publi-
charges , soit par des aveux qu'il auroit que (7) Un sixième Cas , est celui de la
'faits dans cet interrogatoire, soit par la dé- plainte des Maîtres contre leurs Domefli-
position de nouveaux Témoins qui au- ques (8). L'Ordonnance veut que fur cette
roient été entendus depuis le Décret (1). Au plainte , ces Domestiques puissent être dé
lieu que l'effet du Décret originairement crétés & emprisonnés Un septième
lancé contre l'Accusé , ne peut cesser que Cas où l'Ordonnance permet d'arrêter &
par un Jugement définitif de décharge , d'emprisonner , fans même qu'il y ait de
quoiqu'il puisse d'ailleurs être suspendu Décret précédent, c'est celui où l'Accusé
par VExoine ou par FElargissement provi- est pris en flagrant délit , ou a la clameur
foire , dont nous allons parler dans un mo- publique. L'Ordonnance n'exige alors
ment Un second Cas où le Décret d'autre Formalité qu'une simple Ordon-
réel ou de prise de corps peut avoir lieu , nance du Juge , portant qu'il fera arrêté
c'est lorsqu'il paroît par le vu des Charges & écroué , & que l'écrou lui íèra signi
fie Informations , que le Crime est de nature fié en parlant à fa personne (9)... Enfin , il
à mériter Peine afflictive & infamante (2). y a aussi un Cas particulier , où l'Accule ,
L'Ordonnance veut que dans ce_Cas,ì'on quoique décrété de simple assigné pour
puisse décréter de prise de corps toutes sortes être oui, ou d'Ajournement personnel,
de personnes domiciliées , & même incon- peut être arrêté en comparaissant fur l\m
nues , pourvu qu'elles soient d'ailleurs indi- ou l'autre de ces Décrets j c'est celui. , où, par
DES ACTES DE L'INSTRUCTIÓN CRIMINELLE , &<!. 627
délibération secrète des Cours , (car cela ne doit point , comme . celle des autres
eít défendu à tous autres Juges ) , il a Décrets , être précédée d'une signification à
été résolu qu'en comparoissant , il sera domicile , & que ce n'est qu'après que cette
arrêté (10). Personne a été arrêtée & constituée pri
sonnière que ce Décret doit lui être noti
( 1 ) Les Accusés contre lesquels il n'y aura eu fié (1). Mais si , en procédants cette exé
originairement Décret de prise de corps , seront cution , T Huissier s'en trouvoit empêché par
élargis après l'Interrogatoire , s'il ne survient de les Rébellions & violences qui lui seroient
nouvelles charges , ou par leur reconnoissançe , ou
par la déposition de nouveaux Témoins. Ordon. de faites, tant de la part de la Personne qu'il
1670, Tit. 10. art. zi. vouloit arrêter , que par d'autres quiseroient
; (1) Ne fera décernée prise de corps contre les venues à son secours , il doit alors en dres
Domiciliés , si ce n'est pour crimes , qui doivent ser son Procès-verbal de la manière dont
être punis de peine afflictive ou infamante. Ord. de
ìCyo , tit. n. art. 19. nous venons de le dire : il doit de plus , dans
(3) Pourra , si le cas le requiert , être décerné ce cas , requérir main-forte de la part des
prise de corps contre les personnes non connues, & Gouverneurs des Provinces , Bailliss , Sé
fous les désignations de l'habit de la personne , &
néchaux , Maires , Echevins des Villes &
autres suffisantes , comme aussi à l'indication qui en
sera faite. Mime Ord. art. 18. ibid. des Prévôts des Maréchaux , auxquels
( 4 ) Les Procès-verbaux des Présidens & Con l'Ordonnance en fait même une injonction
seillers de nos Cours pourront être décrétés de prise expresse. Au reste , de quelle manière doi
de corps , ceux de nos autres Juges d'Ajourne
ment personnel seulement , sinon après que leurs vent se comporter ces Huissiers , après
Assistans auront été répétés. Tit. 10. art. 5. qu'ils ont arrêté la Personne décrétée ?
(5) Les Procès-verbaux des Sergens ou Huissiers C'est ce que nous allons voir en trai
même de nos Cours, ne pourront être décrétés , tant des Formalités qui doivent suivre
sinon en cas de rébellion à Justice , d'Ajournement
personnel seulement ; mais après qu'ils auront été immédiatement l'exécution de çe Dé
répétés , & leurs Recors , les Juges pourront décer cret (2).
ner prise de corps , si le cas y échoit. N'entendons
néanmoins rien innover à l'ufage des Maîtrises de I
nos Eaux & Forêts, dans lesquelles les procès ver (1) Les Huissiers , Sergens , Archers , & autres
baux des Verdiers, Gardes & Sergens font décrétés Ossiciers chargés de l'exécution de quelques Dé
même de prise de corps. Tit. 10. art. 6. crets ou Mandemens de Justice , auxquels on aura
( 6 ) Pourra être décerné prise de corps fur la fait rébellion , excès ou violence, en dresseront pro
feule notoriété pour crime de Duel , fur la plainte cès-verbal , qu'ils remettront incontinent entre les
de nos Procureurs , contre les Vagabonds , & fur mains du Juge , pour y être pourvu , & en être en
celles des Maîtres pour crimes & Délits domesti voyé une Expédition à notre Procureur-Général ,
ques. Tit. ibid. art. 18. fans néanmoins que l'Instrudtion & le Jugement
(y) V. même art. 18 ci-dessus. puissent être retardés. Ordonnance de 1670, tit. 10.
(8) V. aussi même art. 18. art. 14.
(9) Après qu'un Accusé pris en flagrant délit , (1) Enjoignons à tous Gouverneurs , nos Lieu-
ou à la clameur publique , aura été conduit Prison tenans-Généraux des Provinces & Villes, Baillis ,
nier , le Juge ordonnera qu'il fera arrêté 6c Sénéchaux , Maires & Echevins , de prêter main-
écroué , & l'écrou lui fera signifié parlant à fa per forte à l'exécution des Décrets & de toutes les Or
sonne. donnances de Justice , même aux Prévôts des Ma
( 10) Celui contre lequel il y aura Ordonnance réchaux , Vice-Baillis , Vice-Sénéchaux , leurs Lieu-
d'Assigné pour être oui, ou Décret d'Ajòiirnemcnt teuans & Archers , à peine de radiation de leurs
personnel , ne pourra être arrêté Prisonnier , s'il ne gages en cas de refus , dont il fera dressé procès-
survient de nouvelles charges , ou que , par Déli verbal par les Juges , Huissiers ou Sergens , poi:r
bération secrète de nos Cours , il ait été résolu , être envoyé à nos Procureurs - Généraux chacun
qu'en comparoissant il sera arrêté, ce qui ne pourra dans leurKessort, & y être par Nous pourvu. Même
être ordonné par aucunautre de nos Juges. Tit. 10. Ord. art. 15. ibid.
art. 7.
VIII. I X.

8. Forma- Formalités qui doivent accompagner Formalités qui doivent íìiivre l'exécu 9.Forma
Hdoivent
. Vexêcution du. décret . de *.prise de corps. tion des Décrets de* prise de corps. Ces lités qui
f~ -L *■ doivent
accompa- Cette exécution se fait , ainsi que doit le Formalités font prescrites , tant par le ti suivre son
exTcution" Porter ^e Décret même , de deux manie - tre 1 o de l'Ordonnance , que par le titre exécution,
ou Régle-
' res , ou fur la Personne du Décrété par la 13 de la même Loi , concernant la Police mens con
capture qui en efi faite , ou íùr ses biens , des Prisons. II paroît ( d'après les disposi cernant les
par la saisie & annotation que l'on en Prison
tions de ces deux différens titres , dont niers & les
fait. Nous ne parlerons ici que de la pre l'exécution a été ordonnée par deux Arrêts Prisons.
mière , parce que nous aurons lieu de par de Règlement de ce Parlement , qu'on
ler de l'autre , fous le titre particulier qui peut regarder comme autant de modelés
regarde l'Instruction par Contumace. Nous en cette matière ; l'un du 1 8 Juin 1 7 1 7 , qui
observerons seulement ici en général , qu'il a pour objet les Prisons de cette Capitale ;
y a cela de particulier, par rapport à l'exé- l'autre du 1 er Septembre de la même an
1 cution du Décret de prise de corps qui se née, qui concerne les Prisons des Provinces
foit sur la Personne , que cette exécution de son Ressort ) que, parmi les Formalités
Kkkk 2
6l8 LES EOIX CRIMINELLES, Liv* I. Tit. VI.
qu'ils prescrivent , .il y en a qui concer hardes 6c meubles qui pourront servir à la preuve
du procès , remis au Greffe fur le champ , & le
nent les Huissiers & Archers qui exécu
surplus rendu à l'Accusé, qui signera l'ínventaireSc
tent les Décrets ; d'autres , les Seigneurs le procès-verbal : sinon fur l'un & fur l'autre fera
Hauts-Justiciers , relativement à la sûreté fait mention de son refus. Même Ordonn. tit. 13.
des Prisons ; d'autres , les Geôliers , Gui mrt. 7.
chetiers & Greffiers des Geôles , qui font (3) Les Prisonniers mis en des PrisoDS emprun
chargés de la garde des Prisonniers ; d'au tées feront incessamment transférés. Même ordonn.
tit. 13. art. 38.
tres , les Procureurs du Roi ou des Sei
gneurs , relativement aux foins qu'ils doi (4) Aucun Huissier , Sergent , Archer , ou autre
vent prendre de ces Prisonniers , & à leurs Officier de Justice , ne pourra être Greffier des
Geôles , Concierge , Geôlier ni Guichetier , à peine
alimens ; d'autres , les Parties Civiles , re de cinq cens livres d'Amende envers Nous , 8c
lativement aux alimens de ces mêmes Pri de peine corporelle s'il y écheoit. Même Ordonn.
sonniers ; d'autres enfin qui font particu art. 3. ibid.
lières aux Juges , & ont pour objet la ma XI.
nière dont ceux-ci doivent pourvoir à
l'obfervation des Réglemens de Police des
Devoirs des Seigneurs Hauts-Justiciers n.De-
Prisons , & aux Elargissemens provisoires. à regard des Prisons. L'Ordonnance leur™" dís
r • n . seigneurs
en prescrit de quatre sortes. 1 °. Elle veut HautsJus-
X. qu'ils aient foin de tenir les Prisons sûres , f^^j
& disposées de manière que la íànté des aUi Pn-
10. De- i°. Devoirs des Huistiers & Archers Prifonniers n'en puisse être incommodée (i)..so
Huissiers6* Par raPPon a J'exécution des Décrets. 20. L' Arrêt du 1 Septembre 1717 , por
après a- Nous venons de voir quels font ces De tant Règlement pour les Prisons de Pro
voir arrêté voirs dans les Cas particuliers où on veut vinces , ajoute que , faute par eux de faire
unAccusé. jes gj^pêcher d'exécuter ces Décrets , par construire ou rétablir les Prisons , elles le

des Rébellions & des violences. Nous ne feront à la diligence des Procureurs du
parlons ici que de ceux qu'ils doivent rem- Roi des Sièges d'où ressortiflent les Hau-
plir après le Décret exécuté par la capture tes-Justices , aux frais des Seigneurs , dont
de l' Accusé. Ces Devoirs consistent, i°. à leur sera délivré exécutoire (2). 30. Une
conduire incessamment ceux qu'ils ont ar- autre obligation que leur impose la même
rêtés , dans les Prisons , fans pouvoir les dé- Loi, est de nommer des Geôliers qui fa-
tenir en des maisons particulières , sinon chent lire & écrire , à peine de privation
pendant leur conduite , & en cas de péril de leur droit de Haute-Justice (3). La Dé-
& d'en/éventent (1). 20. De faire une exacte claration du 7 Novembre 1724 (4) , veut
description & inventaire des effets dont se. de plus que les Seigneurs Engagistes
trouvent saisis ceux qu'ils arrêtent , & de soient tenus de pourvoir les Prisons de
les déposer au Greffe (2); 30. 6c s'ils les Geôliers fidèles, qu'ils présenteront aux
ont constitués Prisonniers en des prisons Procureurs-Généraux des Cours , & qui
empruntées , de les transférer incessamment seront tenus de prêter serment devant le
dans celles du Juge qui a décerné le Dé- J"ge des lieux , après qu'il aura été infor-
cret , & de les y faire inscrire sur le Re- mé de leurs vie & mœurs à la Requête des
gistre de la Geôle (3). 40. Enfin, il leur Procureurs Généraux ou de leurs Subfti-
est défendu expressément de faire les fonc- tufs ; & faute par ces Seigneurs Engagistes
tions de Greffiers de Geôle , non plus d'y satisfaire , la même Loi veut qu'il soit
que celles de Concierges , Geôliers & pourvu à la garde des Prisons par les Cours
Guichetiers (4). du Parlement , des Personnes qui leur se
ront présentées par les Procureurs Géné-
( 1) Les Accusés qui auront été arrêtes feront ín- raux > .aPres qu'ils auront été informés de
celsumment conduits dans les prisons , sa;is pouvoir leurs vie & mœurs , & qu'il aura été par eux
être détenus cn maison particulière, si ce n'est pen- prêté serment en tel CaS requis & accou
dant leur conduite ,& en cas de péril , d'enléve- / 1 ✓ .a -uw • r >-i n
ment , dont fera fait mention dans le procès-verbal tUsl^ : £ ,t0,Ut ( ) ainsi qu ll est porte
de capture & de conduite , à peine d'Interdiction par la Déclaration du 11 Juin précédent.
contre les Prévôts , Huissiers ou Sergens , de mille 4°. Enfin une autre obligation des Seigneurs
livres d'atnende envers Nous , & des dommages 6c
Hauts-Justiciers regarde les Baux des Pri
intérêts des Parties. Ord. de 1670 , tit. 10. art. 16.
sons Seigneuriales. L'Ordonnance leur dé
( 2 ) Ils auront ( les Concierges , Geôliers & fend , fous la même peine de privation de
Greffiers des Geôles ) encore un autre Registre
coté 6c paraphé aussi par le Juge , pour mettre , leur droit de Justice , d'exiger une rede
par forme d'inventaire , les papiers , hardes 6c meu vance annuelle de ceux à qui elles font
bles , desquels le prisonnier aura été trouvé saisi , affermées plus forte que celle portée par
6c dont fera dressé procès-verbal par ÍHuiffier , Ar- ces baux & , u f g ^ J; j
cher , 011 Sergent qui aura fait t emprisonnement , T , ',. \ . "xec Pdl le
qui fera assisté de deux Témoins , qui signeront J"ge des lieux (5) ; mais par la Déclaration
avec lut son procès-verbal 5 6c seront les papiers , du 1 1 Juin de la même année 1724 (6) , les
DBS ACTES DE ^INSTRUCTION CRIMINELLE , &c. 629
Geôliers des Prisons situées dans l'étendue la Ferme de nos Domaines, donnoient lieu souvent
aux actions des Geôliers , qui croyoient pouvoir se
des Domaines du Roi ont été absolument
dédommager du prix de leurs Fermes , en faisant
déchargés du prix de leurs Baux ou Fermes payer aux prisonniers des droits au-delà de ce qui est
dss Prisons , fur le fondement que ces permis par les Ordonnances & par les Arrêts de
Baux donnoient souvent lieu à des exac nos Cours de Parlement. Ces abus Nous ont paru
d'autant plus importans , que le pouvoir des Geô
tions de la part des Geôliers , qui croyoient liers fur ceux qui sont détenus dans leurs prisons ,
pouvoir se dédommager du prix de leurs Fer ne permettant pas souvent d'avoir des preuves
mes , en faisant payer aux Prisonniers des surfilantes de leurs prévarications , & ne pouvant
Droits au-delà de ce qui leur est permis par cette raison être dépossédés par leurs baux, les
Réglemens que les Rois 110s prédécesseurs ont faits
par les Ordonnances , & par les Arrêts des pour la Police des prisons , étoient souvent fins
Cours de Parlement. exécution : c'est ce qui Nous a déterminé à décharger
les Geôliers de payer aucune chose pour le loyer ,
ou ferme des Prisons , afin qu'il n'y ait à l'avenir
(1) Voulons que les Prisons soient sûres , & dis aucun obstacle qui puisse arrêter ou retarder l'exé-
posées en forte que la santé des Prisonuiers n'en cution entière des dispositions de nos Ordonnances ,
puisse être incommodée. Ordonn. de lóyo , lit. 13. par rapport à un objet si important pour Tordre
art. t. public. A CES causes , &c. Que les Geôliers des
(1) Les sieurs Hauts-Justiciers du Ressort de la prisons soient déchargés , comme Nous les déchar
Cour seront tenus d'avoir des prisons au rez-de- geons par ces Présentes , à compter du premier
chaussée , en bon & suffisant état , & d'y mettre Janvier dernier , du prix de leurs Baux ou Fermes
des Geôliers de la qualité requise par l'Ordonnance, defdites prisons que Nous avons distrait à cet esset
si fait n'a été , dans trois mois , autrement feront de la Ferme de nos Domaines , fans que Iefdits Baux
construites 8c rétablies à la diligence des Substituts ou Fermes puissent y être à l'avenir compris , pour
du Procureur-Général du Roi des Sièges Royaux quelque cause & sous quelque prétexte que ce
où les appellations des Justices desdits Hauts-Justi puisse être. Voulons que par nos Cours de Parle
ciers reflortilsent médiatement ou immédiatement j ment il soit commis à la garde defdites prisons des
& à l'égard des Hautes-Justices ressortissantes nue- personnes capables , qui leur seront présentées par
ment en la Cour, à la diligence des Substituts du nos Procureurs - Généraux^ , apris qu'ils auront été
Procureur-Général des Sièges Royaux les plus pro informés de leurs vie & moeurs , & qu'il aura été
chains qui sont en droit de connoître des cas Royaux par eux prêté le ferment en tel cas requis & accou
d;ins retendue desd. Hautes-Justices, dont fera déli tumé. Si donnons, en Mandement , &c. Déclar. du
vré exécutoire de l'autorité des Juges desdits Siè 1 1 Juin 1724.
ges Royaux , contre les Receveurs des Terres &
Seigneuries d'où dépendent lesdites Hautes-Justices. XII.
Arrit du premier Septembre IJIJ , art. 32.
f3) Tous Concierges & Geôliers exerceront en
Devoirs des Geôliers ô Guichetiers- la. De
personne , non par aucun Commis , & sçauront
lire & écrire : & daus les lieux où ils ne le fça- Nous venons de voir quelles font les Obli voirs des
Geôliers
vent, eu fera nomme d'autres dans six semaines , gations particulières que l'Ordonnance & &Guiche»
à peine contre les Seigneurs de privation de leur les Réglemens prescrivent aux Seigneurs tiers à l'é
droit. Ord. de 1670 , tit. 13. art. 2. gard des
à l'égard des Geôliers , en exigeant que l' Tison
ceux-ci sachent lire & écrire , & qu'ils niers.
(4)J_jOUIS , &c. A ces causes, &c. Que les soient d'ailleurs de bonnes mœurs. Nous
E"gagi/tes de nos Domaines qui ont des Prisons allons rappeller ici , d'après les mêmes Ré
comprises dans leur engagement , soient tenus d'en
glemens , les autres Devoirs qui font at
tretenir lesdites Prisons de toutes réparations , ?c
d'y pourvoir de bons & fidèles Geôliers qu'ils pré tachés aux fonctions de ces Geôliers &
senteront aux Procureurs-Généraux de nos Cours Guichetiers. Pour ce qui concerne les
de Parlement, & qui seront tenus de prêter devant Geôliers , .nous remarquons d'abord , qu'ils
nos Juges des lieux le Serment en tel cas requis &
ne peuvent , aux termes de l'Ordonnance ,
accoutumé , après qu'à la Requête de nosdits Pro
cureurs-Généraux , ou de leurs Substituts , il aura joindre à leurs qualités celles d'Huissiers ,
été informé de leurs vie & mœurs. Voulons que Archers ou autres OsHciers de Justice (1) ;
faute par Iefdits F-ngagistes de pourvoir lesdites pri 20. qu'ils ne peuvent exercer qu'en person
sons de bons & fidèles Geôliers , il soit pourvu à
la garde d'icelles par nos Cours de Parlement , en la ne , & non par aucun Commis (2) ; 30. qu'ils
manière prescrite par notredite Déclaration du n doivent donner des Gages raisonnables
Juin dernier , 8í qu'il soit même , li besoin est , aux Guichetiers & autres Personnes qu'ils
assigné auxdits Geôliers tels gages qu'il appartien
préposent à la garde des Prisonniers (3);
dra , dont le paiement sera pris par préférence fur
les revenus desdits Domaines engagés. Si donnons moyennant quoi , il est fait des défenses
en Mandement &c. Déclar. du 7 Novembre 1724. expresses à ces derniers , par les Régle
($) Les baux à ferme des prisons Seigneuriales mens (4) , de rien prendre des Prisonniers , ni
seront faits en présence de nos Juges , chacun dans de ceux qui viennent les visiter , à peine
leur Ressort , & ils en taxeront la redevance annuel de restitution du double , de privation de
le , qui ne pourra être excédée par les Seigneurs,
leur emploi , & même de punition cor
ni affermée à d'autres , à peine de décheoir entière
ment de leur droit de Haute-Justice. Ord.de 1670 , porelle s'il y écheoit ; 40. qu'ils doivent
r/7. 13. art. 39. avoir deux Registres cotés & paraphés par
le Juge , dont l'un devra contenir l'in-
(6) LOUIS , &c. Nous avons été informés que les ventaire des papiers , hardes & meubles
baux des Prisons , dont le produit fait partie de trouvés fur l'Acçufé , & l'autre les écrous

t
6$o LES LOIX CRIM1N ELLES, Liv. I. Tiï\ VI.
& recommandations , les élargissemens & pieds, s'il n'est ainsi ordonné par mandement
les décharges (5). L'Ordonnance prescrit signé du Juge (18); 1 7 °. qu'ils ne doivent
en même temps la forme que doivent avoir point les laisser vaguer (19); 180. qu'il
les écrous & recommandations , en exi leur est défendu d'empêcher leur élargisse
geant qu'il y soit fait mention des Arrêts , ment sous prétexte de frais , nourriture ,
Jugemens 8c autres Actes , en vertu desquels gîtes , geôles, & aucune autre dépense (20) ;
ils seront faits , des noms , surnoms & qua 190. enfin qu'il leur est défendu généra
lités du Prisonnier , de ceux de la Partie lement de commettre envers ces Prison
qui les fera faire, ainsi que du domicile niers aucune exaction , excès , ni violences
qui fera par elle élu au lieu où la Prison ou mauvais traitemens , pour la preuve
est située , & de plus que la recommanda desquels l'Ordonnance veut que la dé
tion soit signifiée aux Prisonniers en par position de six Témoins, quoique singu
lant à leur personne , dont il doit être fait liers & intéressés personnellement, puisse
mention dans le Procès-Verbal de l'Huif- suffire (21).... Au reste, quant aux fr tines
sier,le tout à peine de nullité (6) ; 50. qu'ils que l'Ordonnance veut être prononcées
ne doivent laisser aucun blanc dans l'un ni contr'eux en cas de contravention au Rè
l'autre de ces Registres (7) ; 6°. qu'il leur glement qu'elle établit fous ce même titre 7 ,
est défendu de faire des écrous & décharges on voit qu'à la réserve des Cas particuliers
fur des feuilles volantes , & qu'il leur est auxquels elle à attaché nommément celle
pareillement défendu de délivrer aucun des Galères , tels que ceux où ces Geô
écrou à d'autres qu'à ceux qui font actuel liers délivreroient des écrous ou des dé
lement Prisonniers (8) ; 70. qu'ils doivent charges fur des feuilles volantes , ou qu'ils
porter incessamment , & au plus tard dans délivreroient des écrous à ceux qui ne
vingt-quatre heures , aux Procureurs du feroient pas actuellement Prisonniers , les
Roi & des Seigneurs , les écrous & recom Peines ordinaires pour les autres Cas font ,
mandations qui leur font faites pour Cri suivant une disposition générale de cette
mes (9) ; 8°. qu'ils ne doivent prendre au même Loi , celle de Destitution , de trois
cuns autres droits que ceux qui leur font cens livres d'Amende , & même de punition
taxés par le Juge pour les Extraits qu'ils corporelle s'il y échoit (22).
en délivreront (10); 90. qu'ils ne doivent
non plus rien prendre des Prisonniers , (1) Aucun Huissier , Sergent , Archer , ou autre
quand même il leur seroit volontairement Officier de Justice , ne pourra être Greffier des
offert , non plus que recevoir aucune avance Geôles , Concierge , Geôlier ni Guichetier , à peine
de cinq cens livres d'Amende envers Nous , & de
pour leur nourriture , gîte & geolage (11); corporelle s'il y échoit. Ordonn. de 1714 , tit. 13.
10°. qu'ils ne peuvent leur vendre de la art. 3.
viande les jours défendus (12) ; 1 1°. qu'ils (1) Tous Concierges & Geôliers exerceropt en
font tenus de visiter au moins une fois personne , & nou par aucun Commis , ÔC sçauront
chaque jour ceux de ces Prisonniers qui lire 8c écrire 5 & dans les lieux où ils ne le íça-
font renfermés dans les cachots , & de don vent , en fera nommé d'autres dans six semaines ,
à peine contre les Seigneurs de privation de leur
ner avis aux Procureurs [du Roi ou des droit. Même Ord. art. 1. ibid.
Seigneurs , de ceux qui font malades , pour
(3.) Enjoignons aux Geôliers de donner des gages
être transférés s'il est besoin (13); 1 2 °. qu'ils raisonnables aux Guichetiers & autres personnes
doivent avoir foin de mettre les hommes par eux préposées à la garde des prisonniers. Même
Prisonniers dans des chambres séparées Ord. art. 4.
de celles des femmes (14) ; 130. qu'ils ( 4 ) Tous les Geôliers seront tenus de nourrir
doivent auíîi empêcher la communication leurs Guichetiers , & de leur donner à chacun au
de quelque personne que ce soit avec les moins cent livres de gages par an , aux quatre ter
mes accoutumés , en présence des Substituts du Pro
Prisonniers qui font dans les cachots , & cureur-Général du Roi , qui viseront les quittances
ne pas souffrir qu'il leur soit donné au desdits gages , à peine de nullité desdites quittan
cunes lettres ou billets (15); 140. qu'ils ces : fait défenses auxdits Guichetiers , à peine de
ne doivent non plus permettre la commu restitution du double , & d'être privés pour toujours
de leur emploi , même de punition corporelle s'il y
nication de quelque personne que ce soit écheoit , d'exiger , demander ou accepter aucune
avec les Prisonniers détenus pour Crimes , chose , en quelque manière & sous quelque prétexte
avant que ceux-ci aient íùbi leur interroga que ce soit , tant des prisonniers lorsqu'ils entrent
toire , à moins que cette permission ne dans la prison ou qu'ils font à la Morgue , montent
pour l'instruction & le Jugement de leur Procès, que
soit accordée par le Juge (16) ; 150. qu'ils de ceux qui les amènent , écrouent, recommandent
doivent tirer les Prisonniers des cachots ou déchargent , les viennent visiter , leur font des
aussi-tôt qu'il leur est ordonné par le Juge , aumônes , ou les délivrent par charité. Art. 19. de
íArrêt du 18 Juin 1777.
fans pouvoir exigér ni prendre pour cela
aucun droit (17) ; 160. qu'il leur est dé (5.) Les Greffiers des Geôles où il y en a , ou les
fendu d'enfermer aucun Prisonnier dans les Geôliers & Concierges , seront tenus d'avoir un
Registre relié , coté & paraphé par le Juge dans
.cachots, .& de leur mettre les fers aux tous les feuillets , qui seront séparés en deux co
DES ACTES DE ^INSTRUCTION CRIMINELLE , &c. 631
lonne* pour les écrous & recommandations , & pour visiter les prisonniers enfermés dans les cachots au
les élargissemens 8c décharges. Mime Ord. art. 6. moins une fois chaque jour , & de donner avis à
ìbìd Us auront encore un Registre côté & para nos Procureurs 8c à ceux des Seigneurs, de ceux qui
phé auflî par le Juge, pour mettre , par forme d'in seront malades , pour être visités par les Médecins
ventaire , les papiers , hardes & meubles, desquels & Chirurgiens ordinaires des prisonniers , s'il y en
le prisonnier aura été trouvé saisi , & dont sera a , sinon par ceux qui seront nommés par le Juge ,
dressé Procès - Verbal par l'Huissier , Archer , ou pour être , s'il est besoin , transférés dans les cham
Sergent qui aura fait remprisonnement , qui sera bres 8c après Jeur convalescence , seront renfer
assisté de deux Témoins qui signeront avec lui son més dans les cachots. Même Ord. tit. ibid. art. 21.
Procès-Verbal j & seront les papiers , hardes 8c
Qieubles qui pourront servir à la preuve du pro (15,) Les hommes Prisonniers 8c les femmes se
cès , remis au Greffe fur le champ , & le surplus ront mis en des chambres séparées. Même Ord. tit.
rendu à l'Accusé , qui signera l'inveutaire &ï,le pro ibid. art. 20.
cès-verbal : sinon fur l'un & fur l'autre fera fait men {16) Ne sera permise aucune communication aux
tion de son refus. Même Ord. art. 7. ìbìd. prisonniers dans les cachots , ni souffert qu'il leur
(6) Les recommandations des prisonniers feront soit donné aucunes lettres ou billets. Même Ord.
nulles, si elles ne leur font signifiées parlant à leurs tit. ibid. art. 17.
personnes, & copie baillée , dont sera fait mention (17J Défendons aux Geôliers 8c Guichetiers de
dans le procès-verbal de l'Huissier qui fera la re permettre la communication de quelque personne
commandation. Ord. de 1670 , tit. 13 art. 12. que ce soit avec les prisonniers détenus pour crime
Les écrous 8c recommandations feront mention avant leur interrogatoire , ni même après , s'il est
des Arrêts , Jugemens , & autres Actes , en vertu ainsi ordonné par île Juge. Ord. de , tit. 13.
desquels ils seront faits , du nom , surnom 8c qua art. 16.
rté du prisonnier , de ceux de la Partie qui les
fera faire , comme aussi du domicile qui sera par (1%) Ne pourront aussi les prisonnniers être tirés
lui élu au lieu où la prison est située , fous pa des cachots , s'il n'est ainsi ordonné par le Juge \
reille peine de nullités & ne pourra être fait qu'un auquel cas ils le seront incessamment 6c faus user
écrou , encore qu'il y eût plusieurs causes de l'em- de remise par les Geôliers & Guichetiers, ni pren
prisonnement. Même Ord. art. 13. iíid. dre 6c recevoir aucuns droits ou salaires , encore
même qu'ils leur fussent volontairement offerts.
(7) Les Greffiers & Geôliers ne pourront laisser Même Ord. tit. ibid. art. 18.
aucun blanc dans leurs Registres. Même Ord. tit.
ibid. art. 8. (19) Défendons aux Geôliers de aisser vaquer
les prisonniers pour dettes ou pour crimes fur
(8) Leur défendons, à peine de Galères, de dé peine de Galères , ni de les mettre dans les ca
livrer des écrous à des personnes qui ne seront point chots , ou leur attacher les fers aux pieds , s'il n'est
actuellement prisonniers, ni faire des écrous ou dé ainsi ordonné par mandement signé du Juge , à
charges fur feuilles volantes, cahiers, ni autrement, peine de punition exemplaire. Même Ord. tit. ibid.
que fur le Registre coté 8c paraphé par le Juge. art. 19.
Même Ord. tit. ibid. art. 9.
(20) Ne pourront les Geôliers , Greffiers des
(9) Le Geôlier ou Greffier de la Geôle sera Geôles , Guichetiers 8c Cabaretiers ou autres, em
tenu de porter incessamment , & dans les vingt- pêcher í'élargissement des prisonniers pour frais ,
quatre heures pour le plus tard , à nos Procureurs nourriture, gîte , geolage, ou aucune autre dépen
ou à ceux des Seigneurs , copie des écrous & re se. Même Ord. tit. ibid. art. 30.
commandations qui seront faites pour crimes. Même
Ord. tit. ibid. art. 15. (21) Enjoignons aux Juges d'informer des exac
tions , excès , violences , mauvais traitemens 8c
( 10) Leur défendons de prendre aucuns droits contraventions à notre présent Règlement , qui
pour les emprisonnem^fis , recommandations & dé seront commises par les Greffiers des Geôles , les
charges ; mais pourront seulement, pour les extraits Geôliers 8c Guichetiers , dont la preuve sera conv
qu'ils en délivreront, recevoir ceux qui seront taxés plette , s'il y a six Témoins , quoiqu'ils déposent
par le Juge , & qui ne pourront excéder , sçavoir , chacun de faits singuliers 8c séparés , 8c qu'ils y
en toutes nos Cours 8c Justices , dix fols , 8c la soient intéressés. Même Ord. tit. ibid. art. 37.
moitié en celle des Seigtieurs , fans néanmoins pou
voir augmenter ès lieux où l'ufage est de donner (22) Les Greffiers des Geôles , Geôliers & Gui
moins. Même Ord. tit. ibid. art. 10. chetiers , seront pareillement tenus d'exécuter notre
présent Règlement , à peine contre le Greffier d'In
fil) Défendons à tous Geôliers , Greffiers & terdiction , de trois cens livres d'Amende , moitié
Guichetiers , &c à l'aucien des prisonniers , appellé vers Nous , 8c moitié aux nécessités des prisonniers,
Doyen , ou Prévôt , fous prétexte de bien-venue , 8c de plus grande s'il y écheoit j 8r contre les
de rien prendre des prisonniers en argent ou vivres ,
Geôliers 8c Guichetiers , de Destitution , de trois
quand même il scroit volontairement ossert , ni cens livres d'Amende applicable comme dessus ,
de cacher leurs hardes , ou les maltraiter ou excé 8c de punition corporelle. Même Ordonn. art. 36.
der , à peine de punition exemplaire. Même Ord. ibid.
tit. ibid. art. 14.
XIII.
(12) Les Geôliers 8c Guichetiers ne pourront re
cevoir des Prisonniers aucunes avances pour leur Devoirs des Greffiers de la Geôle. Parmi 13. De-
nourriture , gîtes & geolages , & seront tenus don ces Devoirs , il y en a qui leur font communs Greffier»*
ner quittance de tout ce qui leur sera payé. Même avec les Concierges 6c Geôliers , tels que deiaGeo-
Ord. tit. ibid. art. 22V
ceux de ne pouvoir joindre à leur qualité '^me sù-
(13) Les Geôliers ne pourront vendre la viande celles d'Huissier , Sergent , Archer , ou j«.
aux prisonniers aux jours qui font défendus par
autres Officiers de Justice ; comme aussi
l'Eglise , ni permettre qu'il leur en soit apporté de
dehors , même à ceux -de la Religion Prétendue d'avoir deux Registres , dont l'un pour
Réformée , si ce n est en cas de maladie , & par or les écrous & recommandations , élargiíîe-
donnance de Médecin. Même Ord. tit. ìbìd. art. 27. mens , & décharges, l'autre pour la descrip
(,14) Enjoignons aux Geôliers 8c Guichetiers de tion par forme d'inventaire des effets de l'Ac-

\
632 LES LOIX CRIiMIN LLES , Liv. I. Tit. VI.
cusé ; d'observer les formes prescrites par solution ou d'élargissement , le même jour qu'ils
auront été rendus j & s'il n'y a point d'Appel par
TOrdonnance pour la valité des écrous nos Procureurs ou ceux des Seigneurs dans les vingt-
6c recommandations ; de ne laisser dans quatre heures , mettre les Accusés hors des Prisons ,
leurs Registres aucun blanc ; de ne déli éc l ecrire fur le Registre de la Geôle ; comme aussi
vrer des écrous ôc des décharges fur des ceux qui n'auront été condamnés qu'en des peines
& réparations pécuniaires , en consignant ts mains
feuilles volantes ; de ne prendre que les du Greffier les sommes adjugées pour Amendes ,
droits qui leur font taxés par le Juge ; 6c Aumônes & Intérêts civils , faus que faute de paìe-
•de porter dans les vingt - quatre heures mens d'épices , ou d'avoir levé les Arrêts , Sentences
& Jugemens , les prononciations ou les élargisse-
aux Procureurs du Roi ou des Seigneurs
mens puissent être différés j à peine contre le Gref
la copie des écrous & recommandations fier d'Interdiction, de trois cens livres d'Amende,
qui font faites pour Crimes : le tout à Dépens , Dommages & Intérêts des Parties. Ne
peine d'Interdiction , de trois cens livres pourront néaumoins les prisonniers être élargis s'ils
font détenus pour autre cause. Même Okd. tir. ibid.
d'Amende , 6c de plus grande Peine s'il y art. 29.... Ne pourront les Geôliers , Greffiers des
écheoit (1). II y a auffi des devoirs qui leur Geôles , Guichetiers & Cabaretiers , ou autres ,
font particuliers. De ce nombre font, 1 °. que empêcher l'élargissement des prisonniers pour frais ,
ces fortes de Greffiers ne peuvent être éta nourriture, gîte, geolage , ou aucune autre dépense.
Mime Ord. tit. ibid. art. 30.
blis que pour des Prisons Royales , & non
pour des Prisons Seigneuriales (2)5 2°.qu'ils (4) Ne pourront les Greffiers des Geôles , & les
font tenus , à peine d'Interdiction , de trois Geôliers de nos prisons , & de celles des Seigneurs ,
prendre ni recevoir aucun droit de consignation ,
cens livres d'Amende , 6c de tous Dépens , encore qu'il leur fût volontairement offert j & les
Dommages & Intérêts des Parties , lors deniers consignés feront délivrés entièrement aux
qu'il y a des Sentences ou Arrêts qui Parties , lans en rien retenir fous prétexte de droits
prononcent l'abfolution ou l'élargissement & de recette , de consignation ou de garde , ou
pour épices , frais & expédition des Jugemens ,
des Accusés détenus dans les Prisons , ou nourritures, gîtes , geolage, & toute autre dépense
même qui ne prononcent contr'eux que des prisonniers , à peine de concussion. Mimt Ord.
de simples condamnations pécuniaires ; tit. ibid. art. 33.
d'en faire la lecture à ces Accusés le jour
même que les Jugemens ont été rendus ; X I V.
comme aussi de les mettre en conséquence
hors des Prisons (3). L'Ordonnance excepte
ces deux Cas feulement ; Yun est celui où Devoirs des Procureurs du Roi ou des i+De-
l'Accufé se trouveroit d'ailleurs détenu en Seigneurs. Ils font tenus, aux termes de ïPtn *"
Prison pour d'autres Crimes que ceux TOrdonnance , de faire la visite des Pri- reUrs da
mentionnés dans ces Jugemens ; Vautre sons , 6c des Prisonniers , au moins une fois Roi ouFf
qui regarde particulièrement ceux de ces chaque lemaine , pour recevoir leurs plain- ma
Jugemens qui ne prononcent que des Peines tes , 6c s'asturer si les Réglemens de Po- tiœ.
pécuniaires , telles qu'Amendes , Aumônes , lice y font exactement observés ( 1 ). Us
6c intérêts Civils ; c'est que ceux qui y font font aussi chargés par la même Loi de
condamnés ne doivent être élargis qu'après commettre quelqu'un pour la fourniture du
qu'ils auront consigné entre les mains dûi pain des Prisonniers (2).
Greffier les sommes qui forment le montant
de ces condamnations , fans qu'on puifle
(1) Nos Procureurs & ceux des Seigneurs feront
comprendre néanmoins dans cette consi tenus visiter leurs Prisons une fois chaque semaine ,
gnation les épices ni le coût des Arrêts pour y recevoir les plaintes des prisoumeis. Ord.de
6c Sentences qui portent ces sortes de con 1670 , tit. 13. art. 35.
damnations , non plus que les frais de con (2) Celui qui fera commis par notre Procureur ou
signation , de nourriture , gîte , geolage , ceux des Seigneurs pour fournir le pain des prison
m aucune autre dépense dont feroient te niers , sera remboursé sur le fonds des Amendes
nus ces Prisonniers : ce que TOrdonnance s'il est suffisant, sinon sur le revenu de nos Domai
nes ; & où notre Domaine fe trouvera engagé ,
défend à ces Greffiers à peine de Con les Engagistçs y seront contraints ; & ailleurs les
cussion (4). Seigneurs Hauts- Justiciers , même les receveurs &
.... ♦ . . Fermiers de nos Domaines , ceux des Engagistes&
des Hauts-Justiciers respectivement , nonobstant op
(1) V. les art. 3 , '6* , 7 , 8 , 9 , 10 , ri , -, positions ou appellations, prétendu manquede fonds
13 , 14, 15 & 16 , rapportés ci-dessus au sujet des Ôí paiemeus faits par avance, & toutes saisies , sauf
Geôliers. ' . à être pourvu de fonds aux Receveurs fur Tannée
suivante , & faire déduction aux Fermiers fur le
(2) II n'y aura aucun Greffier de Geôle dans les prix de leurs baux. Mime Ord. art 16. ibi.i.{: .
prisons Seigneuriales , & n'en fera établi aucun de
nouveau dans les Royales, ordon. de , tit. 13.'
art. 5. xv. • • : :£

( 3 ) Tous Greffiers , même de nos Cours &


ceux des Seigneurs , seront tenus prononcer aux
Accusés les Arrêts , Sentences 5c Jugemens d'ab- Devoirs des Parties Civiles par rapport T0?*
aux
DES ACTES DE ^INSTRUCTION CRIMINELLE , &c. 6tf
risonniers. L'Ordonnance distingue ks biens du Prisonnier par préférence à tous crean-
PartìesG- aux Prisonniers.
ciers. Ord. dt i6no , tit. 13 , art. 2,3.
rapport" f°us ce même Titre deux sortes de Pri-
aux ali- fbnniers ; ceux détenus pour Dettes Civiles (1) Sur deux sommations faites à dissérens jour»
Príson-deS a *a Requête de leurs Créanciers , ceux aux Créanciers qui feront en demeure de fournir
la nourriture au Prisonnier , 8t trois jours après la
mers. détenus pour Crimes à la Requête des Par- derniere , le Juge pourra ordonner son élargisie-
ties publiques ou civiles : elle veut , quant ment, Partie présente, ou duementappellée.Af//n*
aux premiers , que les alimens leur soient °RD- M- iHdem.
fournis par les Créanciers qui les ont fait ar (3) Les Prisonniers pour crime ne pourront pré
rêter ou recommander, & que ceux-ci puissent tendre d être nourris par la Partie civile , & leur
y être contraints solidairement , sauf leur fera fourni par le Geôlier , du pain de l'eau , 8í de
la paille bien conditionnés , suivant les Réglemeus.
recours entr'eux , & à en être remboursés Ord. dt 1570, art. 25 , ifid.
fùr les biens des prisonniers par des Exé
cutoires qui leur seront délivrés à cet
(4) L»OUIS , &c. Salut. Par notre Ordonnance
effet (1). La même Loi veut de plus que , du mois d'Août 1670 , titre XIII, art. 23 , Nous
faute par les Créanciers de satisfaire aux avons ordonné que les créanciers qui auront faic
deux sommations qui leur seront faites arrêter ou constituer Prisonniers , ou recommander
leurs Débiteurs , seront tenus leur fournir la nour
successivement à dissérens jours , il soit
riture suivant la taxe qui en sera faite par le Juge ,
procédé , trois jours après la derniere , à & contraints solidairement , sauf leur recours entre
'élargissement des Prisonniers (2). Mais il eux , ce qui auroit lieu à 1 égard des Prisonniers
n'en est pas de même par rapport aux Pri pour crimes détenus seulement pour intérêts ci
vils après le Jugement , & qu'il seroit délivré exé
sonniers pour Crime ; cette Loi veut que cutoire aux Créanciers & à la Partie civile , pour
ceux-ci soient nourris aux dépens du Roi être remboursés fur les biens du prisonnier par
pendant tout le temps de l'instruction de leur préférence à tous Créanciers ; & par l'art. XXIV.
Procès (3) & elle a pourvu en même temps Nous avons ordonné que fur deux sommations
faites dissérens jours aux Créanciers qui seront
fur ce point, comme nous venons de le voir, en demeure de fournir la nourriture aux Prison
en chargeant d'une part la Partie publique niers , trois jours après la derniere , il seroit fais
de commettre quelqu'un pour faire les droit sur l'éíargissement , Partie présente ou due-
avances nécessaires à ce sujet ; & de Vautre ment appellce \ mais l'expérience Nous a fait con-
noître que les Prisonniers ne tirent pas de notre
en marquant la manière dont ces Commis Ordonnance l'avantage que Nous leur avons voulu
peuvent s'en procurer le recouvrement : procurer , parce qu'ils sont pour la plupart dans
en forte qu'il n'y a , suivant cette Loi , î'impuissance de fournir aux frais nécessaires pour
faire les sommations , & obtenir en connoissance
qu'un seul cas où les Parties Civiles sont de cause leur élargissement : A quoi étant néces
tenues de fournir les alimens ; c'est celui où saire de pourvoir. A CES CAUSES, &c. Art. I. Dé
les Prisonniers ne sont détenus que pour des fendons à tous Huissiers & autres Officiers de Justice
Amendes ou des Intérêts civils auxquels ils d'emprisonner aucun de nos Sujets pour dettes , de
quelque qualité , nature qu'elles soient , sans consi
ont été condamnés envers elles : elle veut gner entre les mains du Greffier de la Prison ou
qu'alors ces Parties civiles puissent être con du Geôlier la somme nécessaire pour la nourriture
traintes , de même que les Créanciers , à du Prisonnier pendant un mois , suivant les Ré
glemens qui en ont été ou pourront être faits par
faire les avances de ces alimens , íauf à
les Juges des lieux , à peine d'Interdiction
s'en faire rembourser sur les biens du Con Art. II. Leur défendons , fur même peine , de
damné par le moyen des Exécutoires qui recommander aucun Prisonnier sans consigner pa
leur seront délivrés à ce sujet. Mais la reille somme , en cas toutefois qu'elle n'ait été
consignée par celui qui aura fait emprisonner , ou
Déclaration du 6 Janvier 1680 (4) a été par ceux qui auront précédemment fait recom
encore plus loin , en ce qu'elle veut que , mander le Prisonnier Art. III. Faisons pareilles
faute par ces Parties Civiles de fournir défenses aux Greffiers des Prisons & aux Geô
ces alimens dans les huit jours après la liers de recevoir aucun Prisonnier pour dettes, ni
aucune recommandation que les sommes mention
sommation qui leur en sera faite à personne nées ès articles précédens ne leur aient été déli
ou à domicile , les prisonniers soient élar vrées , à peine d'être contraints en leur nom de
gis par les Juges des lieux où ils font dé les payer au Prisonnier comme s'ils les avoient
reçues , sauf leurs recours contre les Créanciers j
tenus. Telle est la disposition de l'article
& se chargeront les Greffiers & Geôliers desdites
premier de cette derniere Loi , que nous sommes fur leur Registre particulier qu'ils tiendront
croyons devoir rapporter ici en entier , à cet esset , lesquelles sommes ils remettront tous
comme contenant un Règlement général les deux jours entre les mains des Prisonniers , pour
être employées à Tachât des alimens nécessaires
pour les alimens des Prisonniers. pour leur nourriture , ainsi qu'ils aviseront.......
Art. IV. Enjoignons , fur pareilles Peines , aux
(1) Les Créanciers qui auront fait arrêter ou Huissiers & autres Officiers qui feront les emprî»
recommander leur Débiteur , seront tenus lui four sennemens & les recommandations , d'avertir ceux
nir la nourriture suivant la taxe qui en fera faite à la Requête desquels ils seront faits de continuer
par le Juge , & contraints solidairement, sauf leur à payer par chacun mois pareille somme par avance,
recours entr'eux. Ce que Nous voulons avoir lieu duquel avertissement & du payement de la somme
à l'égard des Prisonniers pour Crimes , qui , après ils feront mention dans le Procès verbal d'empri
Je Jugement , ne seront détenus que pour intérêts sonnement ou dans l'acte de recommandation.........
civils ; fera néanmoins délivré exécutoire aux créan Art. V. Après l'expiration des premiers quinze
ciers & à la Partie civile , pour être remboursés fur jours du mois pour lequel la somme nécessaire
LI11
634 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. I. Tit. VI.
aux alimens du Prisonnier n'aura point été payée , sonniers. Nous en remarquons de quatre juges rekj
les Conseillers de nos Cours commis pour la visite espèces d'après les Réglemens que nous £vep^|*g
des Prisons ou Juges des lieux , ordonneront l'E-
largilsement du Prisonnier sur la simple réquisition , venons de rapporter. Le premier est de des Pri-
sans autre procédure , en rapportant le certificat du veiller. à l' exacte obfervation'des différentes íons*
Greffier ou Geôlier que la somme pour la conti formalités établies par ces Réglemens , soit
nuation des alimens n'a poiut été payée , & qu'il
en informant des contraventions qui y íbnt
ne lui reste aucuns fonds entre les mains pour
lefdits alimens , pourvu , & non autrement , que faites , soit en infligeant aux Contrevenans,
les causes de l'emprisonnement & des recomman- les Peines telles qu'elles font portées par
dations n'excèdent point la somme de deux mille ceS mêmes Réglemens (i). Le second, de
livres ; St en cas que la somme soit plus grande , _.strjstn_-r \Z. ÍUro\fí-emPnc nrnvismrpx
le prisonnier se pourvoira par Requête , qui sera ordonner les élarglllemens provijoires
rapportée dans les Cours & Sièges , fur Jaquelle que dans les Cas & dans la forme prescrite
lcs Cours ou Juges prononceront son élargissement , par l'Ordonnance , dont nous parlerons
& dans l'un & l'autre cas mention fera faite du dans un moment (2). Le troifieme, de ré-
certificat dans l'Ordonnance de Décharge , Sen
tence ou Arrêt d'Elargislement.... Art. VI. Le pri gler les droits .appartenans aux Geôliers ,
sonnier qui aura été une fois élargi à faute de payer Greffiers des Geôles & Guichetiers (3). Le
les sommes nécessaires pour ses alimens , ne pourra quatrième enfin, d'affister à la confection
être une seconde fois emprisonné ou recommandé
à la requête des mêmes Créanciers pour les mêmes des Baux des Prisons Seigneuriales , & d'en
causes , qu'en payant par eux les alimens par avance taxer le prix (4) Au reste , quoique ,
pour six mois ; iinon qu'il en soit autrement or aux termes des Réglemens , notamment
donné par Jugement contradictoire.... ART. VII. En de celui du premier Septembre 171 7 (5) ,
joignons aux Greffiers des prisons & aux Geôliers
de délivrer gratuitement les certificats de la cessa renouvelle en dernier lieu par la Décla
tion des paiemens à la première réquisition qui ration du 6 Février 1753 , la Police des
Jeur en fera faite par le prisonnier ; comme aussi Prisons , en général , soit déclarée appar-
de délivrer les quittances des paiemens aux Créan
nir aux Lieutenans-Généraux des Baillia
ciers , en payant par lefdits Créanciers cinq sols feu
lement pour chaque quittance , de quelque somme ges , & qu'ils aient le droit de procéder à
qu'elle puilfe être , fans que lefdits Greffiers & Geô la réception des Greffiers & Geôliers , &
liers puissent exiger plus grands droits , ni retenir de parapher leurs registres , cela n'empê
aucune somme fur celles qui seront consignées pour
les alimens des Prisonniers Art. VIII. Seront che pas que les Lieutenans - Criminels
tenus les Greffiers ou Geôliers de rendre compte n'aient auffile droit de connoître des Prison
des sommes consignées en leurs mains pour lefdits niers qui font détenus par leur Ordonnance ,
alimens , toutes les fois qu'ils en seront requis par ainsi que de tous les Crimes qu'ils commet-
le Prisonnier ou fes Créanciers qui lès auront ■ tent dans les Prisons ; notamment des Bris
payées ; & en cas de décès ou d'élargissement du
Prisonnier , de rendre ce qui en restera à ceux de Prisons , & de l'Evasion de ces Prison
qui les auront avancées Art. IX. Les sommes niers ; & conséquemment que ce ne soit
consignées seront rendues aux Créanciers un mois aussi à eux de prononcer leur élargissement
après la consignation , en cas que le Prisonnier
déclare , fur le Registre qui fera tenu par lefdits dans les Cas marqués par l'Ordonnance :
Greffiers & Geôliers , qu'il n'entend recevoir de ses ces droits leur ayant été spécialement ré
Créanciers aucuns deniers pour les alimens. Pourra servés par les mêmes Réglemens,
néanmoins le Prisonnier révoquer dans la fuite la
déclaration par lui faite , & demander ses alimens
par une feule sommation qu'il fera tenu de faire fi) Enjoignons aux Juges d'informer 'des exac
à ses Créanciers au domicile élu par l'écrou , dont tions , excès , violences , mauvais traitemens 8c
mention fera faite fur ledit Registre ; St en cas de contraventions à notre présent Réglement,qui seront
refus ou de demeure de la part des Créanciers , il fera commis par les Greffiers des Geôles , les Geôliers
pourvu à son élargissement, ainsi qu'il est porté par les & Guichetiers , dont la preuve sera complette s'il
articles précédens.... Art. X. Ceux qui auront été y a six Témoins , quoiqu'ils déposent chacun de
condamnés en matière criminelle cn des Amendes faits singuliers & séparés , & qu'ils y soient inté
envers Nous & envers les Seigneurs Hauts-Justiciers , ressés. Ord. de 1670 , tit. 13 , art. 37.
& en des dommages & intérêts & réparations Ci
viles envers les Parties Civiles , seront mis hors des (1) Enjoignons aux Lieutenans-Criminels & à
Prisons en la manière ci-devant prescrite , à faute tous autres Juges d'observer & faire observer les
de fournir les alimens par les Receveurs des Amen Réglemens ci-dessus ; leur défendons d'ordonner
des , Seigneurs Hauts-Justiciers & Parties Civiles , aucun élargissement , sinon en la forme prescrite , à
chacun à leur égard , huit jours après la somma peine d'Interdiction & de tous Dépens, Dommages
tion qui leur en fera faite à personne ou à domi & Intérêts des Parties. Mime Ord. art. 34. ibid.
cile ; & à cet esset seront tenus lefdits Receveurs
des Amendes , Seigneurs Hauts-Justiciers & Par (3) Les Juges régleront les droits appartenans
ties Civiles , en cas d'Appel des Sentences fur Procès aux Geôliers , Greffiers des Geôles & Guichetiers,
Criminels , d'élire domicile en la maison d'un Pro pour vivres , denrées, gîtes , geolages , extraits d'é-
cureur de la Jurisdiction où l'Appel ressortit , dont largissemens & décharges, dont fera fait un tableau
sera fait mention par la prononciation ou signifi ou tarif qui sera posé au lieu le plus apparent de
cation desdites Sentences aux Accusés ; & à faute d'é la Prison , & le plus exposé à la vue. Même
lire domicile , il fera pourvu à leur élargissement Ord. art. II , ibid.
parles Juges des lieux où ils seront détenus. Décl. (4) Les baux à Ferme des Prisons Seigneuriales
du 10 Janvier ióSo , art. io. seront faits en présence de nos Juges , chacun dans
leur Ressort, ôc ils eu taxeront la redevance annuelle
XVI. qui ne pourra être excédée par les Seigneurs , à
16. De peine de décheoir entièrement de leurdroit de haute;
voirs des Devoirs des Juges a l'égard des Pri- Justice. Mime Ord. art. 39 , ibid.
DES ACTES DE L'INSTRUCTION CRIMINELLE
(5) Les Lieutenans-Géuéraux des Sénéchaussées d'Elargissement en traitant des devoirs
& Bailliages Royaux , & antres premiers Juges des des Greffiers que l'Ordomjance a chargés;
Justices ordinaires du Ressort de la Cour , chacun
en ce qui concerne les Prisons dépendantes de fa spécialement de ce foin (2). A l'égatd de
Jurisdiction , procéderont à l'avenir , les cas échéans., l'Elargissement provisoire dont û s'agit
à la réception des Geôliers préposés auxditcs Pri principalement ici , il faut distinguer , sui
sons , & des Greffiers d'icelles où il y en a d'éta
vant l'Ordonnance , entre les décrétés d'a
blis , même coteront & parapheront fans frais ,
par première & derniere , les Registres desditcs journement personnel qui ont laissé con
Prisons , que lefdits Greffiers & Geôliers sont vertir ce décret en celui de prífe-de-corps „
obligés de tenir , chacun en droit foi , en la & ceux qui ont été décrétés originaire
forme prescrite par l'Ordonnance du mois d'Août
1670 , & par les articles 13 & 17 du présent ment de prise-de-corps. L'Ordonnance veut
Arrêt , & au défaut des Lieutenans - Généraux qu'à l'égard des premiers I'Elargisfement
& premiers Juges , ces mêmes fonctions tou provisoire ait lieu auffi-tôt après qu'ils ont
chant la réception dés Greffiers & Geôliers , & le
subi leur interrogatoire , à moins ( ajoute-
paraphe defdits Registres , seront faites & rem
plies par les Lieutenans-Criminels ou autres pre t-elle ) qu'il ne soit survenu contr'eux de
miers Officiers de chaque Jurisdiction dont dé nouvelles charges , soit par les aveux qui
pendent lefdites Prisons , à commencer par le plus leur feroient échappés , soit par la déposi
ancien , selon Tordre du tableau , sans an surplus
préjudicier aux droits & Jurisdictions des Juges tion de nouveaux Témoins (3)» Mais à
pour ce qui peut regarder les bris des Prisons , l'égard des derniers , elle ne permet leur
les évasions des Prisonniers , &C les Crimes commis Elargissement que sous ces deux condi
par les Prisonniers dans les Prisons , pourquoi en tions expresses ; l'une, que cet Elargissement
fera usé dans chaque Siège comme pur le passé ,
fans rien innover à cet égard , non plus qu'à la soit ordonné par le Juge , en sorte que le
Jurisdiction particulière , Civile & Criminelle , telle simple consentement des Parties Civiles ,.
que peuvent & doivent avoir les Juges fur les Pri & même Publiques , ne pourroit suffire à
sonniers détenus par leurs Ordonnances , soit pour
cet esset (4) ; l'autre , que ce Juge , & même
empêcher leur communication avec d'autres per
sonnes , ou leur donner un Conseil dans les Cas les Cours Supérieures , ne puissent ordon
portés par l'Ordoiinance , soit pour statuer fur leur ner cet Elargissement que fur le vu des
liberté & réintégrande , radiation ou décharge de informations de ? Interrogatoire , des Con-
leurs écroiJs , ou pour les faire recommander de
nouveau , & pourvoir autrement auxdits Prison clusions de la Partie publique ; comme aussi
niers arráés de leur ordonnance , ainsi qu'il appar des réponses de la Partie Civile s'il y err
tiendra par raison , faus toutefois qu'à l'occasion de a une , ou du moins de la sommation qui
la détention des Prisonniers , les Juges , de l'ordon- auroit été faite à celle-ci de répondre (5).
nance desquels ils sont détenus , puissent prendre
aucune connoissance de ce qui concerne la Police
des Prisons en général , au préjudice des Lieutenans-
Généraux & autres premiers Officiers des Sièges (1) Ne pourront auslî les Accuses être élargis après
le Jugement , s'il porte condamnation de Peine
auxquels il appartient d'en connoître. Arrêt de
Règlement du premier Septembre 17 17 , art- 31. afflictive , ou que nos Procureurs & ceux des Sei
gneurs en appellent , encore que les Parties Civiles
y consentent , & que les Amendes , Aumônes &
XVII. Réparations aient été consignées. Ord. de 1670 , tin
10 f art. 24.

17. Leur» Elargissement des Prisonniers. Nous (2) V. l'art. 29 du tit. 13 de l'Ordonnance rapp.
Devoirs venons de voir , d'après l'Ordonnance & ci- dessus.

port à"!" les Réglemens , qu'il y a deux íòrtes d'E- (3) Les Accusés contre lesquels il n'y atira eu-
largisse- largissement ; l'un provisoire , qui s'accorde originairement décret de prise de corps , seront
élargis après l'interrogatoire , s'il ne survient de
visoiie/0" avant Ie Jugement définitif ; l'autre qu'on nouvelles charges , ou par leur reconuoissanee , ou par
appelle définitif , parce qu'il est une la déposition de nouveaux Témoins. Mime Ord. art.
fuite du Jugement définitif qui prononce 21 , ibid.
l'abfolution de l'Accuse , ou qui ne le con (4) Les Prisonniers pour Crimes ne pourront
damne qu'à des Peines pécuniaires dont il être élargis s'il n'est ordonné par le Juge , encore
auroit consigné le montant entre les mains que les Procureurs ou ceux des Seigneurs , & les
Parties Civiles y consentent. Même Ord. art. 23-.
du Greffier : car si ce Jugement pronon- ibid.
çoit des Peines afflictives , ou même si ,
ne prononçant que des Peines pécuniaires , (5) Aucun Prisonnier pour Crime ne pourra être
élargi par nos Cours & autres Juges , encore
il y en avoit Appel de la part de la Partie qu'il se fût rendu volontairement prisonnier sans
publique , cet élargissement ne pourroit avoir vu les Informations , l'interrogatoire , les
avoir lieu, encore que les Parties Civiles Conclusions de nos Procureurs ou ceux des Seigneurs,
& les Réponses de la Partie Civile s'il y en a , on
y confentiroient (1). Nous avons eu lieu
sommation de répondre. Même Orjjohn. aru
de parler d'avance de cette derniere eípece 22.

L1H 2
636 LES LOIX CRIMINELLES, Liv.I. Tit. VI.

§. VII. De l'Exoine.

SOMMAIRES.

1. Qu'est-ce que l'Exoine'1. 5. Quelles' font les causes légitimes de l'E


z. Plujieurs choses a conjìdérer suivant xoine ?
r Ordonnance. 6. Comment ces Causes doivent être prouvées!
3. Par qui t Exoine peut être proposé. 7. Forme de procéder pour l'admijjion de
4. Par qui doit être présenté a la Justice. l'Exoine.

I V.

i-Q^'est- L'Exoine , qui fait l'objet particulier du 20, Par qui tAccusé doit faire présenter 4: Paf quf
xoine? " Titre xi de l'Ordonnance, est une excuíè son Exoine a la Justice. L'Ordonnance p°éfenfé à
que la personne qui vient d'être décrétée , veut que ce soit par un fondé de Procura- la Justice,
ou même qui a été condamnée par contu tion spéciale , 6c que cette Procuration
mace , fait présenter à la Justice par un soit passée devant Notaire , & qu'il y soit
fondé de fa Procuration spéciale , pour fait mention du nom 3 du lieu , & de la
être dispensé de eomparoître sur son décret Paroist'e où l'Accusé se trouve alors , &
à cause d'une maladie ou d'une blessure de la cause pour laquelle il ne peut compa-
attestée par les Médecins d'une Faculté ap paroître.
prouvée.
(1) L'Accusé qui ne pourra comparoir en Justice
I I.
pour cause de maladie ou blessure , fera présenter
ses excuses par Procuration spéciale passée devant
1. Plu Ainsi , plusieurs choses à considérer pour Notaire , qui contiendra le nom de la Ville , Bourg
sieurs cho la validité d'un Exoine ; la qualité de celui ou Village , Paroisse , Rue 8e Maison où il sera
ses à con détenu. Ord. de 1670 , art. 1 , tit. 11.
itérer fui- qui peut être admis à le proposer , la per-
donnincT ^onne Par <lu* ^ ^e présenter à la Justice ,
V.
la cause pour laquelle l'Exoine peut être
reçu , la manière dont cette cause doit être
3f. Causes de l'Exoine. L'Ordonnance f: Quel-4
justifiée , & enfin les formalités nécessaires
n'en admet aucune autre que celle fondée ç^1"!"
pour la réception de cet Exoine.
sur une maladie ou sur une blessure (1). giúmesde
Ainsi , l'on ne doit avoir égard à celles son- ^««ì
III. dées fur d'autres causes , telles que l'absence
nécessaire ou forcée , le grand éloignement
5. Par qui i°. Par qui r'Exoine peut être proposé. des lieux , &c. parce qu'il peut y être sup
l'Exoine Qeft , suivant l'Ordonnance , par Y Accuse pléé par des Commissions rogatoires ou
peut être *
proposé, seulement (i), & non point par l'Accusá- par des saufs-conduits. Auflì voyons-nous
teur , parce que celui-ci doit être toujours que l'article de l'Ordonnance où ces causes
prêt à remplir ses fonctions. Nous venons sont marquées , a passé , lors du Procès-
auíli d'observer que cet Accusé peut être Verbal de Conférence , fans aucune récla
admis à le proposer non-seulement auíîì-tôt mation de la part des Commissaires, & que,
après le décret pour en empêcher la con d'un autre côté , les Auteurs qui prétendent
version , si ce décret n'est que d'aíïìgné en ajouter d'autres , ont écrit avant cette
pour être oui , ou d'ajournement person Loi (2).
nel (z) , ou bien pour surseoir l'exécution
de ce décret , s'il est de prise-de-corps j mais (1) L'Accusé qui ne pourra comparoir en Justice
même après qu'il a été rendu un Jugement pour cause de maladie ou bleísure V. ce même
art. 1 rapp. ci-dessus.
de condamnation par contumace contre
(2) V. Ayraut , Instr. Jud. liv. 4 , part, z
l'Accusé depuis ce décret (3).
V. aussi Boucheuil , Bibl. verbo Assistance.

(1 ) L'Accusé qui ne pourra comparoir en Justice...


Çjtp.de 1670, tit. xi, art. 1. V I.
(2) V. les art. 3 8t 4 du tit. 10 de la même Ord.
au sujet de la Conversion des Décrets. 4°. Preuves de ces Causes. L'Ordon- 6. Com-
(3) Ceux contre lesquels la Contumace aura été nance veut qu# les Maladies & Blessures Cj"[esces
instruite & jugée , ne feront reçus à présenter Re dont il s'agit soient attestées par un Mé- doivent
quête , soit en première instance ou en cause d'Ap decin d'une Faculté approuvée , qui déclare être prou-
pel , qu'ils ne se soient mis cn état : ils pourront
néanmoins proposer leurs Exoir.es. Méme Ord. tit. avec serment par - devant le Juge des
1$, art, 4. lieux , la qualité & les accidens de la Ma-

À
f

DES ACTES DE L1NSTRUCTION CRIMINELLE , 8cc. 637


ladie ou Blefìùre , & qu'elles font telles continuée contre l'Accusé par contumace ;
que l'Accusé ne pourroit se mettre en che- -& au premier , qu'il sera surfis à l'instruc-
min sàns péril de la vie ; de laquelle décla- tion de la contumace pendant un certain
ration le Juge doit dresser íòn Procès- temps., lequel fera auíîì fixé par le même
verbal , qui fera joint , ainsi que l'attesta- Jugement , & que jufques-là l'Accusé de-
tion , à la procuration dont on vient de meurera dans la maison où il est détenu ma
parler ti). lade,.... Que si cependant cet Accule
«toit tellement malade qu'il fût en danger
(1) La Procuration ne sera point reçue fans rap de mourir , le Juge doit alors , si le lieu où
port d'íin Médecin de Faculté approuvée , -qui
déclarera la qualité & les accidens de la maladie l'Accusé est détenu se trouve dans l'éten-
ou blessure , & que l'Accusé ne peut se mettre en due de fa Juridiction , se transporter lui-
cherrrm Tans péril de Ver vie , dont la vérité sera même auprès du Malade pour procéder à
-attestée par seruncnt dn Médecia par-devant le Juge son interrogatoire , & ensuite charger quel
Au lieu , dont fera dressé Procès-Verbal qui sera
auíîì joint à la Procuration. Ord. de 1670, tit. n , qu'un du Malade ; & si c'est hors le lieu de
art. l. íà Jurisdiction , il doit donner une com
mission rogatoire au Juge du lieu pour qu'il
V ï I.
s'y transporte lui-même.... Enfin , si pen
dant le cours de l'instruction qui se feroit
7. Forme 50. Formalités pour parvenir a Vadmif- sur cet Exoine , l'Accusé venoit h mourir
àtr?tpowfion dtVExoine. Ces Formalités fontmar
uci UUUI <* de ***
**w sa AMaladie
* ou a^S^rUM***
Blessure ), VW1UÍUV
comme «1W1 alorsJ
l admis- aquees par les art. 3 , 4 & 5 de ce ut. 11 , son crmie se trouveroit éteint par son dé-
íExoine! & elles C0RÍÎstent en ce que le fondé de cès , il ne pourroit plus y avoir lieu à l'inf-
procuration doit d'abord donner commu- truction par contumace. En forte qu'il ne
nication de la procuration dont nous ye- resteroit plus à la personne qui auroit été
nons de parler à la Partie publique , ainsi chargée de la garde de ce Malade qu'à faire
qu'à la Partie civile , s'il y en a une , avec constater ce décès par un rapport de Méde
sommation à celle-ci de se trouver à la cins & de Chirurgiens Chirurgiens ,, furfur le
le vu
vu duquel
duque
première Audience , pour voir recevoir elle obtiendra un Jugement qui la déchar
l'Exoine (1). . . . L'Incident étant porté à gera de cette garde.
l'Audience , les Juges doivent , si les cau-
íès de l'Exoine leur paroissent légitimes ,
(r) L'Exoine sera montré à notre Procureur ou
ordonner que , tant la Partie publique que à celui des Seigneurs , & communiqué à la Partie
la Partie civile , informeront respective Civile , s'il y en a , qui fera tenu fur un simple
ment de la vérité de l'Exoine dans un bref acte de se trouver à l'Audience , où l'exoine sera
présenté & reçu , fans que le porteur des pieces
délai , qui sera fixé par le même Juge soit tenu de déclarer qu'il" est envoyé exprès pour
ment (2), & passé lequel il fera statué íùr les présenter, & qu'il a vu l'Accusé. ORD.de 1670,
ce qui íe trouvera produit relativement à tiu 11, art. 3.
l'Exoine (3) Que s'il y a eu une in (2) Si les causes de l'Exoine paroissent légitimes ,
formation faite de la part de l'une ou l'au il sera ordonné que nos Procureurs ou ceux des
tre des Parties , ou cette information con Seigneurs & les Parties , informeront respectivement
dans un bref délai de la vérité de l'Exoine & du
tiendra la preuve de la vérité de l'Exoine , contraire. Mime Ord. art. 4. ibid.
ou elle ne la contiendra point : en ce dernier
(3) Le délai pour informer étant expiré , sera
cas , les Juges ordonneront la jonclion de fait droit fur l'incidcnt de l'Exoine fur ce qui se
cette information , pour être la procédure trouvera produit. Même Ord, art. 5. ibid.

§. VIII. Des Sentences de Provision,

SOMMAIRES.

lé Ce qu'on entendpar ces sortes de Sen 4. Cas où il y a lieu d'adjuger des provi
tences. sons.
2. Pourquoi le titre de l'Ordonnance qui 5. Cas ou elles ne doivent point être ad
les concerne n'es placé qu'après celui du jugées.
Décret. 6. Privilèges des Jugemens qui les con
|. Trois objets principaux de cette Loi dans tiennent.
ce titre.
I I,

u on én- N^ous voulons parler ici de ce Jugement II paroît d'abord que , comme ces de- 2. Ponr-
rend par interlocutoire , qui s'obtient fiir la requête mandes en provision font fondées princi- ^jLÍq "
ce* sortes d'une Personne blessée , laquelle demande paiement fur les rapports des Médecins & donnant
Chirurgiens , qui fe font aussi-tôt après la °PX les
ces. les lecours neçelíaires pour Jes altmens (j u j *■ a concerne
médicamens. plainte , ces sortes de Jugemens devroient n'est placé
638 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. I. Tit. VI

qu'après auflì naturellement être placés à la fuite de


celui du ces premiers actes de la procédure Crimi V.
décret.
nelle. Cependant , comme d'un autre côté ,
20. Cas ou il y a lieu de rejetter les deman- <. Cas oU
il est nécessaire, avant que de pouvoir sta
des en Provision. Ces Cas font, i°. lors- ;«£e«
tuer fur une pareille demande , de connoî-
qu'il n'y a pas preuve de la Maladie & point êtrq
tre celui contre lequel doit s'exécuter le des B lejfures parle rapport des Médecins* ^jugées.
Jugement qui accorde la provision , & que . -M
ce n'est que par le Décret qui fe rend fur le & Chirurgiens dans la forme prescrite par
vu des Charges 6c Informations que l'on l'Ordonnance. 20. Lorsqu'il n'y a pas de
preuve par les Informations , que ces Ma
peut en avoir une connoissance juridique
ladies ou Blessures proviennent du fait de
voilà pourquoi ce n'est qu'à la fuite du
la Personne contre qui: la Provision est de
titre des Décrets que l'Ordonnance a cru
mandée. 30. Lorsqu'il ne s'est pas encore
devoir placer celui-ci concernant les Sen
écoulé un intervalle de quinzaine depuis
tences de Provision. que la première Provision a été accordée
(1). 40. Enfin , lorsqu'il se présente en mê-
I I I.
me-temps deux Parties pour demander une
3. Trois Suivant les différentes dispositions de ce provision ; l'Ordonnance défend aux Juges,
objets titre I2 ^ il paroît que l'Ordonnance s'y' à peine de suspension de leurs Charges , 6c

qui peuvent
Le
■n deuxième
-r ,\ les
• Cas- où a la demande
« -r ten r ,I K.
fi „ „1 art. 8_ rapp. ci-apres , &
0 1,, art. 3 rapp. ci-
Provision ne doit point être admise. Le deiïus.
troisième enfin , de marquer les Privilèges [z] Ne pourront les mêmes Juges accorder de»
particuliers qu'elle a voulu être attachés Provisions à l'une & à l'autre des Parties , à peine
aux Jugemens qui ordonnent ces Provi- f **hu« Charges , &de tous dépens ,
_ o ^ dommages & intérêts. Ord. de 1670, tu.i.art. 12.
lions.
I V. v r.

4. Cas où 1 °. Cas oà les Provisions peuvent avoir 30. Privilèges attachés aux Sentences de 6. Privî-;
a y a lieu i- Çgs Çag ÇQnt Jes mêmes qUe ceux qUi
Provisions. L'on en remarque de cinq sor- jPg**^
desFrovi- peuvent donner lieu à l'Exoine ; sçavoir , tes d'après l'Ordonnance ; sçavoir , i°. que qui les
fions. ceux Maladie & de Blessure : mais avec ces Sentences peuvent être rendues fur la contien^
cette différence néanmoins , qu'il ne suffit simple Requête de ceux qui les deman
pas pour faire admettre ces Provisions , dent , 6c fans qu'il soit besoin de conclu
comme en fait â'Exoine , que les Mala sions de la Partie publique (1). 20. Que
dies 6c les Blessures soient constatées par ces Jugemens doivent être rendus fans épi
le rapport des Médecins 6c Chirurgiens ; ces (2). 30. Que les Juges ne peuvent sur
mais il faut de plus , qu'il paroisse d'après seoir à les rendre , ni joindre au Procès les
les Charges 6c Informations , que ces demandes qui leur font faites à ce sujet (3).
Blessures 6c Maladies ont été occasion 40. Que Pexécution de ces Sentences ne
nées par le fait même de celui contre le peut être sursise par l'appel , si ce n'est
quel on demande la Provision. Au reste , dans deux Cas seulement ; Yun , c'est lors
comme ces sortes de Provisions ont pour que ces Provisions excédent le taux qui est
objet de pourvoir aux alimens 6c aux mé- marqué par l'Ordonnance , suivant la qua
dicamens de la personne blessée , lorsque lité des Tribunaux : ce taux est de 200 liv\
la Provision accordée à cet effet ne suffit pour les Sièges Royaux qui ressortissent
pas pour subvenir à l'un & à l'autre de ses nuement aux Cours ; de 120 liv. pour les
besoins ( i ) , l'Ordonnance veut que le autres Sièges Royaux Subalternes ; 6c en
même Juge puisse accorder une seconde fin de 100 liv. pour les simples Juges Sei
Provision , mais fous la réserve néanmoins gneuriaux (4). L'autre , c'est lorsque les
qu'il y ait un intervalle de quinze jours de Cours Supérieures par - devant lesquelles
l'une à l'autre de ces Provisions , 6c qu'il l'appel de ces Sentences est porté , jugent
ne pourra en accorder d'autres (2). à propos d'en suspendre l'exécution par
des Arrêts de défenses ou furféances : mais
(O Les Juges pourront , s'il y eschet , adjuger à
leur Partie quelques sommes de deniers pour pour en même -temps que l'Ordonnance laisse
voir aux alimens & médicamens. Ord. de 1670 , ///. cette faculté aux Cours , elle ne leur per
12 , art. 1. met d'en user qu'après avoir vu les Infor
(z) Ne pourront aussi donner qu'une seconde mations , les rapports des Médecins 6c Chi
Provision si elle est jugée nécessaire , pourvu qu'il
y ait quinzaine au moins entre la première & la rurgiens , 6c qu'ensuite des conclusions
seconde. Mîme Ord. art. 3. des Procureurs-Généraux (5). 50. Enfin , un

J
DES ACTES DE L'INSTRUCTION CRIMINELLE , Sec. 6$$
dernier Privilège accordé par l'Ordon- _ (4) Les Sentences de Provisions rendues par nos
Baillifs , Sénéchaux , & autres Juges ressortissans
nance en cette matière , consiste en ce nuement en nos Cours , qui n'excéderont la somme
qu'elle ne veut pas que les deniers adjugés de deux cens livres j celles des autres Juges Royaux
pour provision puiflènt être saisis ni con qui n'excéderont six vingt livres , & des Juges des
signés au Greffe , & qu'elle permet de Seigneurs qui n'excéderont cent livres , seront exé
cutées nonobstant & fans préjudice de l'Appel. Même
contraindre au paiement la Partie condam Ord. art. 7. ibid.
née , nonobstant ces saisies & consigna
(5) Ne pourront nos Cours surseoir ni défendre
tions (6). l'exécution des Sentences de Provision , fans avoir
vu les charges & informations , &\les rapports des
( 1) Les Juges pourront, s'il y écheoir,adjuger à une Médecins & Chirurgiens , & que le tout n'ait été
Partie quelques sommes de deniers pour pourvoir aux communiqué à nos Procureurs - Généraux : & les
alimens & médicamens ; ce qui fera fait- fans con défenses ou surséances n'auront aucuu esset à l'é-
clusions de nos Procureurs ou ceux des Seigneurs. gard de la Provision , si elles ne font expressément
Ord. de 1670 , art. i , tit. n. ordonnées par l'Arrêt , pour lequel ne seront prises
( î) Ne pourront aussi donner qu'une seconde provi aucunes épices. Mime Ord. art. 8. ibid.
sion , si elle est jugée nécessaire , pourvu qu'il y ait
quinzaine au moins entre la première & la se (<5) Les deniers adjugés par Provision ne pourront
conde , sans qu'ils puiJJ'cnt recevoir aucuns émolu- être saisis pour frais de Justice , ou quelqu'autre
mens de l'une ni de l'autre , ni de tous les inci- cause ou prétexte que ce soit , ni consignés au Greffe
dens qui naîtront en conséquence. Mime Ord. ou ailleurs, à peine de nullité des Consignations ,
art. 3. ibid. d'interdiction contre les Greffiers & leurs Commis
($) Les Sentences de Provision ne pourront être qui les auront reçus ; & pourront , nonobstant les
sursises ni jointes au Procès par les juges qui les au saisies & prétendues consignations , les Parties con
ront ordonnées , fous pareille Peine. Même Ord. damnées être contraintes au paiement. Mime Ord.
art. 4. ibid. art. 5. ibid.

. §. IX. De V Interrogatoire en madère Criminelle.

SOMMAIRES.

1. Qu'eji-ce que FInterrogatoire en Ma 5 . Formalités qui lui font communes avfc


tière Criminelle , & quel est son objet ? son Greffier par rapport a la rédaction de
2. Trois sortes d'Interrogatoires a difiin- cet Acte.
guer en cette Matière. 6. Formalités qui regardent principalement
3. Quatre sortes de Formalités prescrites VAccusé.
par [Ordonnance fous ce titre. 7. Formalités relatives aux Fardes Publi
4- Formalités particulières au Juge. ques & Civiles. „

I.
ï. Qu'est- L'INTERROGATOIRE en Matière Crimi lorsque l'Accusé est surpris en flagrant dé
ceque l'In-
terroga- nelle , est un Acte ou Procès-verbal dressé lit ; d'autres , qui se font après l'Instruction
toire en par le Juge , assisté de son Greffier , con par le Rapporteur, assisté d'un autre Juge ,
matière
Criminel tenant les demandes & les réponses de l'Ac- en exécution du Jugement qui condamne
le, Scquel cusé , & d'ont l'objet n'est pas seulement l'Accusé à la Torture ; d'autres enfin , qui
, est son ob
jet ? de tirer l'aveu de son Crime , mais en se font aussi après l'Instruction , en pré
core la vérité des faits qui peuvent tendre sence de tous les Juges assemblés pour
à fa décharge ; car il peut y poser ses faits procéder au Jugement définitif, & que l'on
justificatifs (1). appelle par cette raison le dernier Interro
. (1) L'Accusé ne sera point reçu à faire preuve gatoire : ceux-ci ont lieu , comme nous
d'aucuns faits justificatifs , que de ceux qui auront verrons , tant en première instance que fur
été choisis par les Juges , du nombre de ceux qu'il l'appel. Nous ne parlerons ici que des In
aura articulés dans les interrogatoires Sc confronta
tions. terrogatoires qui se font par le Juge seul
I I. de l'Instruction , parce que nous aurons
Ainsi deux choses à considérer dans l'In- lieu de traiter des autres , suivant Tordre
a. Trois
sortesd'In- terrogatoire en général , fa forme , & la qu'ils doivent tenir dans la procédure,
terroga-
toires en preuve qui peut en résulter. Nous aurons I I I.
matière lieu de l'envifager plus particulièrement Parmi les différentes Formalités que 3.Qnatre
Criminel fortes de
le. fous ce dernier point de vue , en traitant l'Ordonnance prescrit , fous ce titre 14 qui
Formali
de la preuve vocale : nous n'en parlerons concerne cette première efpece d'Interro tés pres
ici que relativement à l'Instruction ; fur gatoires , il y en a qui font particulières crites par
l'Ordon
quoi nous remarquons d'abord trois sortes au Juge , d'autres qui lui font communes nance lous
d'Interrogatoires , dont il est fait mention avec son Greffier , d'autres qui regardent ce Titre.
dans l'Ordonnance ; les uns , qui se font principalement l'Accusé , d'autres enfin qui
par le Juge seul de l'Instruction , aussi-tôt font relatives aux Parties publiques &
après , ou même avant le Décret , comme civiles.


640 LES LOIX CRIMIN ELLES, Liv. I. TiT.lV. ;
I V. ces , Supposition de part & autres Crimes
4. Forma- i". Formalités particulières au Juge. ou il s'agit de [état des Personnes (6) ; 3 9. 2
lités par- £es Formalités regardent fa qualité , le réitérer les Interrogatoires autant de fois
au Juge. /e/n/w , le lieu & les précautions dont il que le cas paroîtra le requérir , & sur tout
doit user envers l'Accusé. i°. Quant à fa à la fuite de chaque nouvelle information ,
qualité , il faut , non-seulement avoir celle qui fera faite dans le cours de l'instruction (7);
de Juge en général, mais encore celle de Juge 40. Enfin à ne rien exiger ni prendre des
ordinaire du lieu du délit. Cette derniere qua Accusés pour l'Interrogatoire , sauf à faire
lité est tellement eflentielle en cette matière , payer les droits par la Partie civile s'il y
qu'aux termes de la Déclaration du 5 Février en a une (8).
173 1 (1) , il est même fait des injonctions (1) Voulons que tous Juges du lieu du Délit ,
expresses à ces íbrtes de Juges , quoique Royaux ou autres , puissent informer , décréter 8c
interroger tous Accusés , quand même il s'agiroit
simplement Seigneuriaux , non-feulement de Cas Royaux ou de Cas Prévôtaux \ leur enjoi
d'informer & décréter , mais même d'in gnons d'y procéder aussi-tôt qu'ils auront eu con-
terroger les Accusés des Cas Royaux ou noissance desdits Crimes , à la charge d'en avertir
incessamment nos Baillifs 8c Sénéchaux dans le
Prévôtaux , sauf à renvoyer ensuite l'Ac Ressort desquels ils exercent leur Jiístice , par acte
cusé par-devant les Juges qui en doivent dénoncé au Greffe Criminel desdits Baillifs 8c
connoître. Nous comprenons aussi fous le Sénéchaux , lesquels feront tenus d'envoyer quérir
nom de Juges en cette matière les Com aussi incessamment les Procédures 8c. les Accusés.
DÉcz. de Février 173 1 , art. 21.
missaires du Châtelet , à qui l'Ordonnance (2) Les Commissaires de notre Châtelet de Paris
permet d'interroger pour la première fois pourront interroger pour la première fois' les Accusés
les Accusés pris en flagrant délit , les Do pris en flagrant délit , les Domestiques accusés par
mestiques accusés par leurs Maîtres , & leurs Maîtres , & ceux contre lesquels il y aura
décret d'ajournement personnel seulement. Ord. de
ceux contre lesquels il y a Décret d'ajour 1670 , tit. 14 , art. 14.
nement personnel (2). ... x°. A l'égard du (3) Les Prisonniers pour Crimes seront interro
temps où le Juge doit procéder à cet Acte , gés incessamment, & les interrogatoires commencés
au plus tard dans les vingt-quatre heures après
l'Ordonnance veut que ce soit aussi-tôt que leur emprisonnement , à peine de tous dépens ,
l'Accusé est arrêté , & au plus tard dans les dommages & intérêts contre le Juge qui doit faire
vingt -quatre heures après son emprison l'Interrogatoire ; & à faute par lui d'y satisfaire ,
nement : & ce à peine de tous dommages il fera procédé par un autre Officier , suivant
Tordre du Tableau. Meme Ord. art. 1. ibid.
6c intérêts , & d'être remplacé dans ce Cas (4) II sera procédé à l'Interrogatoire au lieu où
par un autre Officier du Siège suivant Tor se rend la Justice dans la Chambre du Conseil , ou
dre du Tableau ( 3 ). 3 °. Par rapport au de la Geôle \ défendons au Juge de les faire dans
leurs maisons. Même Ord. art. 4. ibid.
lieu où doit se faire cet Interrogatoire ,
(5) Pourront néanmoins les Accusés pris en fla
l'Ordonnance veut que ce soit dans le lieu grant délit, être interrogés dans le premier lieu qui
même où se rend la Justice, ou bien dans sera trouvé commode. Même Ord. art. 5. ibid.
la Chambre du Conseil , ou dans celle de (6) Les Accusés, de quelque qualité qu'ils soient ,
seront tenus de répondre par leur bouche , fans le
la Geôle , & non point dans l'Hôtel du ministère de Conseil , qui ne pourra leur être donné ,
Juge (4). II faut néanmoins excepter les Cas même après la confrontation , nonobstant tous usages
de Maladie de l'Accusé , où le Juge doit contraires , que nous abrogeons , h" ce n'est pour
se transporter auprès de lui , ou bien don Crime de Péculat , Concussion , Banqueroute frau
duleuse , Vol de Commis ou Associés en affaires de
ner une Commission rogatoire au Juge du Finances , ou de Banque , Fausseté de Piéces , suppo
lieu où il se trouve détenu : il faut excepter sition de Part , 8c autres Crimes où il s'agira de
aussi le Cas du flagrant délit, où l'Ordon l'état des Personnes } à l'égard desquels les Juges
pourront ordonner , si la matière le requiert , que
nance permet d'interroger les Accusés dans
les Accusés , après l'Interrogatoire , communique
le lieu qui fera le plus commode ( 5 ). . . . ront avec leur Conseil ou leurs Commis. Laillons
• 40. Enfin , quant aux précautions dont le aux devoirs 8c à la religion des Juges d'examiner ,
Juge doit user envers l'Accusé , elles con avant le Jugement , s'il n'ya point de nullité dans la
Procédure. Mime Ord. art. 8. ibid.
sistent principalement dans les quatre points (7) L'Interrogatoire pourra être réitéré toutes les
fuivans ; 1 °. à ne point se servir en l'inter- fois que le cas le requerra , 8e sera chacun Interroga
rogeant de termes captieux & menaçans ; toire mis en cahier séparé. Mime Ord. art. 15.
20. de ne permettre qu'il soit assisté d'au ibid.
(8) Défendons à tous Juges , 8e à ceux des Seigneurs,
cun Conseil lors de l'Interrogatoire , ni de prendre, recevoir , ni se faire avancer aucune
même depuis , que dans deux Cas particu chose par les Prisonniers pour leur interrogatoire ,
liers; fçavoir , lorsqu'il ne s'agit point de Cri ou pour aucuns autres droits par eux prétendus; sauf
à se faire payer de leurs droits par la Partie Civile ,
mes capitaux , ou bien lorsqu'il s'agit de cer
s'il y en a. Mime Ord. art. 16. ibid.
tains Crimes que l'Ordonnance a cru devoir
excepter , comme exigeant des discussions V.
plus particulières , tels que ceux de Pécu- 2°. Formalités communes au Juge & ç- Fornu-
lat , de Concussion , Banqueroute fraudu au Greffier. Celles-ci concernent princi- lîùVont
leuse , Voh de Commis , ou en Affaires de paiement la procédure , 6c la rédaction de commu-
Finances ou de Banque , Fausseté de Fié- î'Interrogatoire ; & elles consistent , 1 °. en ç^-
ce

1
DES ACTES DE L1NSTRUCTION CRIMINELLE, &*. 641
fier par ce que le Juge ne doit permettre à son veut ou sçait signer , sinon sera fait mention de
son .refus; le tout à peine de nullité , & de tous
ía rédac- Greffier de procéder a cet Interrogatoire
dépeus , dommages & intérêts contre le Juge. Même
tiondecet que l'Ordonnance veut être fait par le Ord. art. 13. ibid.' ,
Acte. Juge lui-même en personne , & écrit sous Nota. II y a encore une nouvelle formalité recom
ia dictée par le Greffier , à peine de nullité mandée aux Juges par t'Edit de Juillet 1775 , rap
porté fous le Titre de la Contumace de présence r
de cet Acte , de l'interdiction , & de 500 liv. au sujet de ÍEleclion du domicile de îAccusé , & de
d'amende , tant contre le Juge que contre la mention qui tn doit être faite dans le premier In
le Greffier (i)..2°. A interroger séparément terrogatoire.
chaque Accusé Jprsqu'il y en a plusieurs , V L
& à rédiger leurs Interrogations dans des : 30. Formalités particulières a r Accusé. ^J0Tm*Z
cahiers séparés (2).. 3°. A faire prêter fer
Elles consistent , i °. en ce qu'il doit fe pré- regardent'
ment à l'Accusé au commencement de cha senter en Personne fans être assisté de Con- pnncipaie-
que Interrogatoire & en faire mention (3).
seil (1) ; z°. qu'il doit répondre par sapro- ^! '
40. A lui demander son nom , son sur
pre bouche aux Interrogats qui lui font
nom , sa qualité , son âge & sa demeure.
faits ; autrement l'Ordonnance veut que le
50. A lui représenter les pieces, hardes ,
Procès lui soit fait comme à un Muet vo
meubles & papiers qui peuvent servir à la
lontaire (2) , hors les Cas particuliers où-
preuve de son Crime , & lui faire parapher
les Accusés sont hors d'état de se défendre
les écritures , sinon faire mention de son
par eux-mêmes , & où elle permet de
refus (4) 6°. A l'interroger fur les faits &
leur nommer des Curateurs ; comme lors
inductions résultantes, tant de ces Pieces
qu'il s'agit de faire le Procès à dés Ac
que des Charges Informations. 70. A ne
cusés qui sont sourds , ou muets , à des
faire aucune . rature ni interligne dans la
Insensés , à des Communautés , au Cada
minute des Interrogatoires ; & si l'Accusé
vre ou à la mémoire du défunt , & autres
veut y faire quelque changement, d'en
que nous aurons lieu de remarquer en trai
faire mention à la fuite de l'Interroga-
tant des Instructions particulières qui se
toire (5). 8°. A lui en faire lecture à la fin de
font contre ceux qui ne peuvent se défen
chaque séance , si l'Interrogatoire en de
dre que par le ministère d'un Tiers. Nous
mande plusieurs. 90. A lui demander s'il
ne parlerons ici que de l'Exception parti
persillé dans ses réponses , & s'il veut y
culière que fait cette Loi , sous ce même
ajouter ou diminuer ; & dans le cas qu'il
titre , en faveur de l'Accusé qui n'entend
veuille y ajouter , insérer ce qu'il dira à la
point la Langue Françoise (3). Elle veut
fuite de l'Interrogatoire. 1 o°. Enfin le Juge
qu'il lui soit nommé un Interprète , qui
doit lui faire signer son Interrogatoire ,
sera choisi parmi les Interprètes ordinaires
ou faire mention de son refus , & le signer
du Roi s'il y en a , sinon qui fera nommé
lui-même après l'avoir coté & paraphé
d'office par le Juge après lui avoir fait
dans toutes ses pages (6).
prêter serment : lequel Interprète aura soin
(1) Le Juge fera tenu váquer en personne à d'expliquer à l'Accusé les Interrogatoires
l'Interrogatoire , qui ne pourra en aucun cas être qui lui sont faits par le Juge , & d'expli
fait par le Greffier , à peine de nullité & d'inter quer aussi au Juge les réponses de ce mê
diction contre le Juge & le Greffier , & de cinq
cens livres d'amende envers Nous contre chacun me Accusé ; comme aussi de signer , ainsi
d'eux , dont ils ne pourront être déchargés, ç>rd. que l'Accusé , l'Interrogatoire qui sera
de 1670 , tit. 14 , art. 2. écrit en Langue Françoise; 30. enfin TOr-
(i) Encore qu'il y ait plusieurs Accusés , ils fe
donnance laiílè encore , sous ce même titre ,
ront interrogés séparément , sans assistance d'autre
personne que du Juge &• du Greffier. Même Ordonn. à l'Accusé la faculté particulière de pren
art. 6. ibid. dre droit par les charges (4) , 8c de de
(3) L'Accusé prêtera le serment avant d'être in- mander en conséquence , par une Requête
terroeé
.. , , & en
_ ,sera fait mention ', à *peine de nul- /-\>iii-
fe\ mi f IIP lui nprmpt«jj
lui permet Ht» donner
rlr»nní>r en
pn pareil*i
r\nrpil
lite. Meme Ord. art. 7. ibid. (5) qu'elle de
(4) Les hardes , meubles & pieces servant à la cas, d'être déchargé de l'accusation : ce
preuve , seront représentés à l'Accusé , sinon fera qui jie doit néanmoins avoir lieu , comme
fait mention de la cause de son refus , & fera nous Talions voir , que lorsque de leur
l'Interrogatoire continué fur les faits Sc inductions
résultantes des hardes , meubles & pieces , & l'Ac côté les Parties Publiques & Civiles ont
cusé tenu d'y répondre sur le champ , sans qu'il pris droit fur son Interrogatoire , & qu'il
lui en soit domié autre communication , si ce n'est ne s'agit pas d'un Crime public.
ès cas mentionnés en l'article huitième ci-deflus ,
3près néanmoins que l'Interrogatoire aura été ache (1) Les Accusés , de quelque qualité qu'ils soient,
vé. Même Ord. art. 10. ibid. seront tenus de répondre par leur bouche fans le
{$) Ne fera faite aucune rature ni interligne dans ministère de Conseil , qui ne pourra leur être donné,
la minute des Interrogatoires ; & si l'Accusé y fait même après la confrontation, nonobstant tousuíàges
aucun changement , il en fera fait mention dans la contraires , que Nous abrogeons. Ord. de 1670 ,
fuite de l'Interrogatoire. Même Ord. tit. ibid. art. 11. tit. 14 , art. 8.
(6) L'Interrogatoire fera lu à l'Accusé à la fin (2) Le Juge lui fera fur le champ trois interpella
de chaque séance , coté , paraphé en toutes ses tions de répondre , à chacune desquelles il lui dé
pages , 6c signé par le Juge ík par l'Accusé , s'il clarera qu'autrement fou procès lui scra fait comine
M m mm
641 LES LOIX CRIMIN ELLES, Lïv. L Tit. VI.
i un muet volontaire , & qu'après il ne fera plus reçu est une fuite de la Communication dont
à répondre fur ce qui aura été fait en fa présence on vient de parler , c'est la faculté que
pendant son refus de répondre : pourra néanmoins
le Juge , s'il le trouve à propos , donner un délai l'Ordonnance laisse à l'une & à l'autre de
pour répondre , qui ne pourra être plus long de ces Parties de prendre droit par tlntcrro-
vingt-quatre heures. Mime Ord. tit. 18, art. 8. gatoire de l'Accusé , pour faire juger à
(3) Si l' Accusé n'entend point la Langue Fran l'Audience l'affaire dans l'état qu'elle est.
çoise , l'Interprete ordinaire, ou , s'il n'y en a points
Une quatrième Formalité qui est particu
lière à la Partie Civile , c'est la faculté
que l'Ordonnance lui donne d'établir ses
Juge les réponses de l'Accusé , & sera le tout écrit
en Langue Françoise , signé par le Juge , l'Inter demandes par une Requête , dans un cer
prete & l'Accusé , sinon mention sera faite de son tain délai qui lui ,fera donné par le Juge ,
refus de signer. Mime Ord. tit. 14 , art. 1 1. passé lequel elle veut qu'il soit procédé au
(4) L'Accusé de Crime auquel il n'écherra peine Jugement (4). Enfin une cinquième For
afflictive, pourra prendre droit par les charges, après
avoir subi l'Interrogatoire. Mime Ord. art. 19 , ibid. malité , qui est aussi particulière à la Partie
(5) Si nos Procureurs ou ceux des Seigneurs , & Civile en cette matière , c'est l'obligation
la Partie Civile font reçus à prendre droit par l'In où elle est de payer les droits qui font dûs
terrogatoire , & l'Accusé par les charges , la Partie au Juge pour l'Interrogatoire qu'il fait subir
Civile pourra donner fa Requête contenant ses
demandes , & l'Accusé ses réponses , dans le délai à l'Accusé (5).
qui sera ordonné au Jugement , encore que les
Requêtes ou les Réponses n'aient point été four (1) Nos Procureurs , ceux des Seigneurs 8c les
nies. Mime Ord. art. zo , ibid. Parties Civiles pourront donner des Mémoires aux
Juges pour interroger l'Accusé , tant sur les faits
V I I. portés par l'Information , qu'autres , pour s'en servir
par le Juge , ainsi qu'il avisera. Ord. de 1670 , tit,
7. Forma- 4°« Formalités relatives aux Parties Pu- 14 , art. 3.
lit** reia- hliques & Civiles. Nous en remarquons de {1) Les Interrogatoires feront incessamment com
tives aux . 1 ~ r * r,^. * , muniqués à nos Procureurs ou ceux des Seigneurs ,
Partie» Pu- cinq sortes fous ce meme litre 14 ; la pre- pour prendre droit par eux ou requérir ce qu'ils
biíques & miere , qui est commune à ces Parties , aviseront. Mime Ord. art. 17. ibid.
Cmies. c»efl, qU'eues peuvent donner des Mémoi (3) Sera aussi donné communication des Inter
rogatoires à la Partie Civile en toutes sortes de
res particuliers aux Juges pour s'en servir , Crimes. Mime Ord. art. 18. ibid.
ainsi qu'il avisera , dans les Interrogatoires (4) Si nos Procureurs , ou ceux des Seigneurs £
qu'il fait subir à l'Accusé (1). La seconde , & la Partie Civile , font reçus à prendre droit par
l'Interrogatoire , & l'Accusé par les Charges , la
qu'ils peuvent avoir aussi également l'un &
Partie Civile pourra donner fa Requête contenant
l'autre Communication des Interrogatoires ses demandes , & l'Accusé ses réponses , dans le
subis par l'Accusé ; mais avec cette diffé délai qui sera ordonné ; passé lequel sera procédé
rence néanmoins , qu'au lieu que cette au Jugement , encore que les Requêtes ou les Ré
ponses n'aient point été fournies. Mime Ordonn»
Communication doit être faite incessam
art. 20. ibid.
ment à la Partie publique , pour requérir (5) Défendons à nos Juges & à ceux des Sei
en conséquence ce qu'elle avisera (2) , il gneurs de rien prendre , recevoir , ni se faire avan
dépend absolument de la Partie Civile de cer aucune chose par les Prisonniers pour leur In
terrogatoire , ou pour aucun autre droit par eux
prendre ou ne pas prendre cette Commu prétendu , sauf à se faire payer de leur droit par
nication (3). Une troisième Formalité , qui la Partie Civile s'il y en a. Mime Ord. art. 18. ibid.

§. X. De la Comerjìon des Procès Criminels en Procès ordinaires»

SOMMAIRES.

ï. Que doit-on entendre par Conversion en nance & les Réglemens.


Procès ordinaires ? 3. Quatre choses à remarquer d?après l*Or
2. Plufieurs autres manières de civiliser donnance , relativement a la Conversion
un Procès Criminel suivant VOrdon- dont il s'agit ici.

I.

^ 1. Que JjA Conversion dont nous voulons parler propos de civiliser les Procès , en conver-
tendr^par > l'objet particulier du tit. z o de tissant l'Information en Enquête , & en or
Conrer- l'Ordonnance (1) \ & elle a lieu toutes les donnant en conséquence que l'Accusé fera
Prôcèsor- fc"s 3ue *es Juges du Siège où s'instruit le sa Contre-enquête , & qu'à cet effet la Par
dinaires? Procès , ayant remarqué , tant fur le vû de tie Civile lui fournira un extrait des noms ,
l'Interrogatoire que des Charges & Infor surnoms , âges , qualités & demeures des
mations , que le Crime qui a donné lieu à l'ac- Témoins de l'Information , afin que cet
eufation , n'est pas de nature à mériter des Accusé puisle fournir contre eux ses re
Peines afHictives'ou infamantes , jugent à proches $ le tout en la manière prescrite par
DES AÔTES DE L'iNSTRUCTIOtt^RIMINELLE , Ôdb. 643
28 de l'Ordonnance de 1 667 , au tit. Cours 7, si•- ce - n'est qu'elles
T.' - connoisseni , après
. avoir
l'art 0 , vu les
es clrarges
íteirges ,. que
aue la matière est légere
legere & ne méme-
des Enquêtes. rite uhe plus ample instruction 5 auquel cas pourront
les évoquer , à la charge de les juger fur le champ à
(1) S'il paroît avant la Confrontation des Té l'Audience, 6c faire mention, par ì'Arrêt, des charges
moins que l'aíFaire ne doit pas être poursuivie cri- & informations , le tout à peine de nullité. Ord.
roiníUement , les Juges recevront les Parties en de iójo,at. 15 , art. • •* •
Procès ordinaires , -& pour cet effet ordonneront
que les informations seront converties en Enquêtes , (2) V. les art. 19 & 20 du tit. 14 , rapp. ci-dessus,
& permis, à l'Accusé d'eu faire de sa part dans les f 3) V. les Réglemens rapportés fous le titre de
formes prescrites pour les Enquêtes. Ord. de 1670, ïInjure.
tit: 10 , art. 3. (4) V. à ce sujet le style du Chátelet.
'•.'** * -K.. ■
I I.
III.
t. Plu- Cette manière de Civiliser un Procès ,
sieurs au- n'eft. pas cependant la feule qui soit usitée
tres
nieres ma-de parmi nous ; nous en avons pluheurs 1 au- Enfin, pour ce qui concerne la Civilisation 3. QuatM
choies à
civiliser tres qui sont également autorisées par l'Or- qui se fait depuis l*Interrogatoire , & dont remarquer
Oiminel* donnance , & par les Réglemens. Nous ve- il s'agit principalement ici , il y a ces qua d'après
íuivant nons d'en donner un premier exemple , tre choses à remarquer , d'après les dispo l'Ordon
nance rela
nScí"' d'après les art. 19 & 20 du tit. des Inter sitions de rOrdonnance fous ce titre 20 ; tivement à
rogatoires (1) , par lesquels l'Ordonnance i°. que l'Ordonnance s'y servant du mot laConver-
sion dont
permet au Juge, lorsque l'Accusé a pris droit de Juges au pluriel , donne par-là nécessai il s'agit ici.
par les Charges , & que les Parties Publiques rement à entendre que cette Conversion ne
& Civiles ont pris droit par les Interrogatoi-. peut fe faire de l'autorité du Juge seul de
res , de renvoyer les Parties à l' Audience. l'Instruction ( r ) ; 20. que comme cette
Un autre exemple de Civilisation du Pro Conversion ne fe prononce ordinairement
cès , qui est auíîì marqué par l'Ordon que pour des Crimes qui font de nature à
nance , ck dont nous aurons lieu de parler ne pouvoir donner lieu qu'à de simples
en traitant de l' Appel , est celui de L'Evo- condamnations pécuniaires , elle peut par
CATION DU PRINCIPAL , laquelle a lieu conséquent s'ordonner fans conclusions
toutes les fois que , fur le vû des Charges de la Partie publique (2); 3 °. cependant,
& Informations , les Cours trouvent que comme d'un autre côté , pendant le cours
Parfaire ne mérite pas une plus ample ins de l'Instruction qui fe fait ensuite de cette
truction , & qu'elle est susceptible d'être Conversion , il peut survenir de nouvelles
jugée à l'Audience. Mais indépendamment preuves contre l'Accusé , l'Ordonnance ,
de celles marquées par l'Ordonnance , il y qui ne veut pas que le Crime reste impu
a encore deux autres espèces de Civilisa ni , a cru devoir aussi faire une réserve
tion qui font usitées dans notre Jurispru particulière à ce sujet, en laissant aux Ju
dence (2) ; l'une qui se fait auíîì-tôt après ges la faculté de reprendre , même après
la Plainte , lorsque le Juge à qui elle est cette Conversion , la voie extraordinaire
présentée , reconnoiífant que le délit , qui toutes les fois que la matière s'y trouve
en est l'objet , est tellement léger de fa nature disposée (3)... 40. C'est encore sur le fonde
qu'il ne peut donner lieu qu'à des condam ment du même principe, que , par une autre
nations pécuniaires , comme , v. g. en fait de disposition du même titre , l'Ordonnance
simples injures verbales , renvoie les Parties permet aux Juges , lorsque, dans un Procès
à l'Audience. II y a même , comme nous Pa commencé parla voie civile , ils viennent à
vons vu , des Arrêts qui leur font des in remarquer qu'il peut y avoir lieu de pronon
jonctions expreifes à ce sujet (3) Vautre cer quelque Peine corporelle , d'ordonner
efpece de Civilisation se fait auíîì-tôt après que le Procès fera poursuivi extraordinai
i Information , & elle a lieu, lorsque le rement , & même décerner des Décrets de
Juge reconnoissant par cette Information , prise de corps , ou d'ajournement personnel,
que le délit qui avoit d'abord paru grave suivant la qualité de la preuve.
suivant la plainte , se trouve tellement at
( 1) Les Juges recevront les Parties en Procès ordi
ténuée par les dépositions des Témoins ,
naires, &c. V. l'article premier rapporté ci-dessus.
qu'il ne peut, par l'événement de l'instruc-
tion , donner lieu pareillement qu'à des (2) Encore que les Parties aient été reçues en Pro
cès ordinaires , la voie extraordinaire fera reprise ,
condamnations pécuniaires , juge à propos fila matière y est disposée. Ord. de ìóyo , tit. zo ,
d'ordonner , fur le vu de cette Information , art. 5.
le renvoi des Parties à l'Audience , avec les (3J Les Juges pourront ordonner qu'un Procès
Gens du Roi. (4). commencé par voie Civile fera poursuivi extraor-
dinaircment , s'ils connoiilent qu'il peut y avoir lieu
O) Les Procès Criminels pendans pardevant les à quelque' peine corporelle. Même Ord. tit. ibid.
Juges des lieux ne pourront être évoqués par nos art. t.

M mmm 2
644 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. h Tix. VI.

§. XI. Du Règlement à ï'Extraordinaire.

SOMMAIRES.

i. Pourquoi Von sait ici un article séparé 4. Peut-il être rendu par le . Jugz seul de
de ce Règlement, l'Inflruclion ?
z. Que doit-on entendre par Règlement a 5. Dans quels Cas doit-il avoir lieu ì
lyextraordinaire ? 6. Quid , lorsque le Minislere public ejl
3. NéceJJîté de ce Règlement avant que de seule Partie.
pajserau Récolement. Exception.

L
' m"" QuoiQu'il soit' parlé, sous le même ti- moins certains Cas qui requièrent une
fairîci un tre 1 5 de l'Ordonnance , du Règlement à prompte célérité , comme lorsque les Té
aarédec" ^extraor^na^re > du Récolement & àe la moins sont fort âgés , malades , valétu
Régie- Ce Confrontation , comme ces trois Actes de
dinaires ou prêts à faire voyage , ou enfin
l'Instruction ont des principes fcc des for qu'il y auroit quelqu'autre urgente néces
malités qui leur sont propres , nous croyons sité : elle permet alors aux Juges de pro
devoir les traiter ici séparément. céder au Récolement , encore qu'il n'y au
roit aucun Jugement qui l'ordonne.
1 I.
(1) Ne pourra être procédé au récolement des
a. Que On appelle Règlement a fextraordi- Témoins , qu'il n'ait été ordonné par Jugement.
doit-on
tplc en- a naire , un Jugement préparatoire, qui se Pourront néanmoins les Témoins fort âgés , mala
Régie-1*" rend ensuite de l'Interrogatoire de l'Ac- des , valétudinaires , prêts à faire voyage , ou pour
quelqu autre urgente nécejpté , être répétés avant qu'il
ment à cusé , & íùr k vu des Charges & Infor y ait aucun Jugement qui l'ordonne j & ne vaudra
l'extraor-
dinaire ? mations , par lequel les Juges ayant recon la répétition du Témoin pour confrontation contre
nu que l'accusation méritoit d'être instrui le contumace , qu'après qu'il aura été ainsi ordonné
par le Jugement de défaut de contumace. Ordonn.
te , comme pouvant donner lieu à des Pei
de 1670 , tit. 15 , art. 3.
nes afflictives ou infamantes , ordonnent
que les Témoins qui ont été ouis dans I V.
l'Information , & autres qui pourroient être
ouis de nouveau , seront récolés dans leurs 2°. Qùe ce Règlement doit être rendu a- Peut n
non par le Juge seul de l'Instruction , mais 虣f*
dépositions, & íi besoin eflt confrontés à
l'Accusé j & qu'à cet effet, ces Témoins par tous les Juges du Siège , dans le mê- ge seut de
seront aíîìgnés dans un délai compétent , me nombre qu'il en faut pour le Juge- ,;0"st}UC~
suivant la distance des lieux, la qualité ment définitif (1). C'est ce qui paroít ré
des personnes & de la matière (1), & que sulter de Part. 1 2 du tit. 2 5 , qui veut que
faute de comparoître dans ce délai , ils les Jugemens , tant d'inflruólion que dé
seront pour le premier défaut condamnés à finitifs , pasient à l'avis le plus doux : ce
l'amende , & même contraints par corps en qui suppose par conséquent la pluralité
cas de contumace (2). des Juges. C'est aussi ce que l'on peut in
duire de la disposition de Part. 4 du tit. 2
( 1 ) Si l'accusation mérite d'être instruite , le Juge
ordonnera que les Témoins ouis ès informations , de la même Loi , qui veut que toute Sen
& autres qui pourront être ouis de nouveau , seront tence Prévôtale , soit Préparatoire , soit In
récolés en leurs dépositions , & si besoin est con terlocutoire , soit Définitive , ne puiflè être
frontés à l'Accufé 3 & pour cet effet qslignés dans ua
rendue qu'au nombre de sept Juges , qui
délai compétent, suivant la -distance des lieux , la
qualité des personnes & de la matière. -Ordonn. de est nécelìàire pour former les Jugemens en
1670 , tit. 15 , art. I. dernier ressort. Cependant , il faut convenir
(2) Les Témoins défaillans seront pour le pre que ces dispositions de l'Ordonnance ne
mier défaut condamnés à l'amende ; & en cas de
font pas exactement observées dans la Pra
contumace , contraints par corps, suivant qu'il fera
ordonné par le Juge même. Ord. tit. ibid. art. z. tique, fur le fondement fans doute qu'il
n'est parlé du Juge qu'au singulier , dans
I I I. la disposition même de cette Loi , qui
prescrit la nécessité du Jugement en cette
^. Néces L'on voit "par-là que , pour la validité
sité de d'un Règlement à l'extraordinaire , il faut matière (2).
ce Rcgle- plusieurs choses ; 1 °. qu'il y ait un Juge
ment a- (1) Les Jugemens, soit définitifs ou d'instruc
vant que ment qui Pordonne , c'est-à-dire , qu'il ne tion , passeront à l'avis le plus doux , si le plus sé
rie passer peut y avoir de Récolement ni Confronta vère ne prévaut d'une voix dans les Procès qui lè
au l\école- jugeront à la charge de l'Appel , & de deux dans-
meut. Ex tion fans un Jugement préalable qui l'or- ceux qui se jugeront en dernier Ressort. Ord. dt
ception. donne (1). L'Ordonnance excepte néan- 1670 , tit. 15 , art. ìz.
DES ACTES DE L'INSTRUCTION CRIMINELLE , &c. 64c
(z) Aucune Sentence Prévôtale , préparatoire , prononcées qu'ensuite d'une Instruction ex
interlocutoire ou définitive , ne pourra être rendue traordinaire,
qu'au nombre de sept au moins , Officiers ou Gra
dués , eu cas qu'il ne se trouve au Siège nombre
( 1 ) Si {Accusation mérite dtêtre instruite
suffisant de Juges , & feront tenus , ceux qui y
V. 1 art. premier du tit. 15. rapp. ci-devant fout
aurout assisté ,de ligner la minute , à peine de nul
lités & le Greffier de les en interpeller, à peine la maxime z....
(z) Dans les Crimes esquels il eschet peine asïïic-
de cinq cens livres d'amende contre lui & contre
tive, les Juges pourront ordonner le récolement &
chacun des Refusons. Ordonnance de 1670 , tit. z ,
la confrontation des Témoins qui n'aura été faite , si
art. 24.
leurs dépositions fout charge considérable. Mêmi
Ord. de 1670 , art. 9 , ibid.
V.
V t
\. Dans 3 °. Que comme ce Règlement ne doit
SUft-a** avoir lieu, suivant l'Ordonnance , que C'est aussi par la raison que l'accusatíon 6. Quid;
«voirUn! dans les Cas où l'accuíation mérite d'être de ces sortes de Crimes doit se poursui- îSSsteri"
instruite dans toute la rigueur de la procé- vre à la Requête de la Partie publique , public est
dure extraordinaire (1) , il fuit de-là qu'il comme étant la feule qui puislè conclure ^e ^
ne peut être prononcé qu'en fait d'accusa- aux Peines dont nous venons de parler ,
tion de Crime qui soit de nature à méri- que s'est établie cette maxime dans notre
ter des Peines afflictives ou infamantes (2) , Jurisprudence, que le Règlement à l'ex-
parce qu'en effet ces sortes de Peines ne traordinaire doit avoir lieu toutes les fois
peuvent , comme nous l'avons dit , être que le Ministère public est feule Partie.

§. XII. Du Récolement de Témoins.

SOMMAIRES.

•I. Qu'ejl-ce que le Récolement , en matière 5. Récolement ne peut être réitéré \ & pour
Criminelle ? quoi ?
2. En quoi diffère des Répétitions qui se 6. Comment doit s'entendre la disposition
font fur les Monitoires & fur les Procès- de ^Ordonnance , qui permet d'ouir
verbaux. de nouveaux lémoins lors du Récole
3 . Cas où la Répétition des Témoins a le même ment.
effet. 7. Récolement des Accusés qui en chargent
4. déposition fans Récolement ne prouve que d'autres par leur interrogatoire.
lorsquelle tend a la décharge. 8. Forme de procéder au Récolement,

I I I.

£ taie k LE Récolement est un acte qui se fait II y a cependant , comme nous venons ?• Ca,s oî»
de l'obferver , une forte de Répétition qui ,ft;0ne^
Récole- en conséquence du Règlement à l'extraor-
matiere" binaire > Par lequel le Juge fait répéter à peut tenir lieu de Récolement suivant Témoins
l'Ordonnance (1) i c'est celle qui se fait *^tmême
Criminel- chaque Témoin assigné pardevant lui ,
lc • dans les délais & fous les Péines marquées dans le Cas de quelque urgente nécessité ,
ci-devant , la lecture de la déposition qu'il comme à l'égard des Témoins âgés , mala
a faite dans TTnformation , pour fçavoir des , valétudinaires ou prêts à faire voya
s'il y persiste , & s'il n'a rien a y ajouter ge. II y a seulement cette différence entre
ou diminuer. cette espèce de Récolement, & celui qui
est précédé du Règlement à l'extraordi-
I I.
naire , que s'il est fait pendant lTnstruction
a. En quoi Ainsi il ne saut point confondre cet Acte de la contumace , il ne peut servir de
diffère des avec les Répétitions de Témoins , dont preuve au Procès , à moins que cela ne
Répéti
tions qui nous avons parlé en traitant des Monitoi soit porté expressément par le Jugement de
se font sur res , ou des Procès-verbaux des Juges ( 1 ) : contumace.
les Moni 1
toires & ces sortes de Répétition ne tenant lieu
(1) S'il est ordonné que les Témoins seront ré-
fur lesPro- elles-mêmes , comme nous l'avons dit , que
cès - Ver colés & confrontés , la déposition de ceux qui n'au
baux. de simples dépositions , & comme telles , ront été confrontés ne fera point de preuve , s'ils
ne pouvant servir de preuve qu'autant qu'el ne font décédés pendant la contumace. Ord. de
1670 , tit. 15 , art. 8.
les sont confirmées par le Récolement dont
nous voulons parler ici (2). IV.
(1) V. l'art. 5 du Titre 15 , qui fera rapporté
L'on voit par-là , que c'est le Récole- 4;Dépo-
ci-après.
(z) V. ce qui a été dit fur le Monitoire & fur le ment qui donne la force aux dépositions
Décret. des Témoins ; tellement que si les Té- ment ne
646 LES LOrx 'CRÍMÌN Ë L L E Sy-tiiv. ì. W
prouve moins qui auroient déposé dans l'ínforma- auroient chargé d'autres Accusés. L'Ordon
qu,eiie°rí" ^on ven°ient a mourir fans avoir été ré nance veut que ceux-ci soient récolés fur
tend à la colés , leurs dépositions ne pourroient faire lTnterrogatoire , comme ces autres Témoins
décharge. aucune preuve coníre I'Accufé : encore mê íùr TInformation ; parce que ces déclara
me , efl-il dit par l'Ordonnance (1 ) , qu'ils au tions tiennent alors lieu de déposition (1).
roient été ouis pardevant l'un des Confeil- C'est auffi ce qui résulte clairement de la
liers des Cours ; qu'en un mot , ce n'est disposition de cette loi , par laquelle elle
que dans les cas feulement où ces dépositions veut qu'on observe , à l'égard de la con
tendroient à la décharge de I'Accufé , que frontation qui fe.sait des Accusés les uns
cette Loi permet aux Juges d'en faire lec aux autres , les mêmes formalités que pour
ture lors de la visite du Procès (2). les témoins.

(1) Les Témoins seront récolés , encore qu'ils (1) Tout ce que dessus aura lieu dans les con
aient été ouis pardevant un des Conseillers de nos frontations qui seront faites des Accusés les uns aux
Cours , 6c que le Récolement se fasse pardevant autres. Ord. de iójo. tit. 15 , art. 13.
lui. Ord. de 1670 , tit. 15 , art. 4.
(1) La déposition des Témoins décédés avant le
Récolement , fera rejetrée , & ne fera point lue VIII.
Jors de la viíite du Procès , fi ce n'est qu'ils aillent
à la décharge ; auquel cas , leur déposition fera
lue. Mime Ord. tit. 17 , art. 21. • Enfin , quant à la manière dont l'Ordon- 8. Forme
nance veut qu'il soit procédé au Récole- j*^"
V. ment , elle consiste dans les formalités colement.
suivantes. 1 °. Dans la représentation del'ex-
5.Rcco- C'est aussi dans la vue d'empêcher que ploit par chaque Témoin , lequel doit être
lement ne l'on ne puiífe porter atteinte à la preuve entendu séparément , comme dans TInfor
Féitéré^ck Hul ^e trouve acquise par ce Récolement , mation (1). 20. Dans le serment que le
pourquoi, que l'Ordonnance défend absolument de Juge doit lui faire prêter. 30. Dans la lec
réitérer ces fortes d'Actes. ture qu'il doit lui faire faire par le Greffier
de la déposition qu'il a faite dans TInfor
Le Récolement ne fera réitéré , encore qu'il mation. 4°. Dans Tinterpellation qu'il doit
ait été fait pendant l'abfence de I'Accufé , & que
le Procès ait été instruit en différens temps , & faire à ce Témoin , ensuite de cette lecture ,
qu'il y ait plusieurs Accusés. Ord. de 1670 , tit. 15. de déclarer s'il entend persister dans fes dé
art. 6. positions , ou bien s'il veut y ajouter ou
V I. diminuer. 50. Dans la mention de la ré
ponse du Témoin , telle qu'il Ta faite sur
6. Com Ainsi , quand par l'article premier de ce cette interpellation. 6°. Dans la lecture qui
ment doit titre , l'Ordonnance permet d'ouir , lors du doit être faite à ce Témoin de son Réco
s'entendre
Ja disposi Récolement , des Témoins qui ne l'auroient lement. 70. Enfin , dans les signatures qui
tion de pas encore été , elle n'entend point pour doivent être faites de ce Récolement dans
l'Ordon
nance, qui cela , que les dépositions de ces Témoins toutes ses pages , tant par le Témoin que
permet puissent faire preuve , qu'après qu'elles au par le Juge , lesquels doivent de plus le
d'ouir de parapher aussi dans toutes ses pages ; & en
nouveaux ront été confirmées par un Récolement
Témoins particulier ; celui où ils les ont faites ne cas de refus de la part du Témoin , il en
lors duRé- doit être fait mention au bas du Récole
colement. devant tenir heu que d'Information à leur
égard. ment.
VII.
(1) Les Témoins seront récolés séparément , &
7. Réco Au surplus , fous le nom de Témoins en feront après le serment , & lecture faite de leur
lement des déposition , interpellés déclarer s'ils y veulent ajou
Accusés cette matière , l'on ne parle pas seulement ter ou djminuer } & s'ils y persistent , fera écrit
qui en de ceux qui ont déposé dans l'Informa- ce qu'ils voudront ajouter ou diminuer , & lecture
chargent à eux faite du Récolement , qui fera paraphé &
d'autres tion, mais encore des Accusés ou de leurs
par leur signé dans toutes ses pages par le Juge & par le
Complices , qui par les déclarations qu'ils
Interroga Témoin , s'il sçait ou veut signer , sinon sera fait
toire, auroient faites dans leurs interrogatoires mention de son refus. Ord. de 1670 , tit. 15 , art. 5.
1

DES ACTES DE INSTRUCTION CRIMINELLE , &c. 647

§. XIII. De la Confrontation,

SOMMAIRES.

1. Qu'est-ce que la Confrontation7. Juge de Pinstruction.


2. Sous le nom de Témoins ,font compris les 5. Témoin récolé & non confronté , ne peut
Accusés qui en chargent dautres. servir de preuve ; Exceptions.
3. Témoin ne peut être confronté fans avoir 6. Attention que doivent avoir les Juges en
été récolé , quoiqu'ilpuisse être récoléfans cette matière ; fur quoi fondée.
être confronté ; h pourquoi ? 7. Forme de procéder a la Confrontation sui
4. Juges du Siège peuvent ordonner la Con vant VOrdonnance.
frontation t qui ne l'auroit pas été par le

t
1. Qu'est. C'Est l'Acte de procédure qui se fait en- peut arriver que telles dépositions , qui peuvent
ordonner
Confron* fi"te ^u Récolement des Témoins , par le- ne paroissent pas faire charge aux yeux du la Con
ì quel le Juge représente ses Témoins à Juge de l'Instruction , pourroient être en frontation
visagées d'un œil différent par les autres qui ne l'au
l'Accusé , tant pour qu'ils puissent le re- roit pas
connoître , & assiirer si c'est le même dont Juges du même Siège , lors de la visite du été par le
Procès , ou même par les Cours Supérieu Juge de
ils ont parlé dans leur déposition , que pour Finstrocs
mettre cet Accusé en état de reconnoître res fur l'appel qui feroit porté devant
lui-même ses Témoins , & de fournir con- elles : voilà pourquoi l'Ordonnance a cru
tr'eux ses reproches , & même d'y poíèr devoir laisser à ces Juges assemblés la li
ses autres faits justificatifs , ainsi qu'il est au berté de suppléer à ce que le Juge de
torisé par l'Ordonnance (i). l'Instruction auroit omis de faire fur ce
point (1).
(1) L'Accusé ne sera point reçu à faire preuve
d'aucuns faits justificatifs , que de ceux qui auront (O Si l' Accusation mérite d'être instruite , le
été choisis par les Juges du nombre de ceux que Juge ordonnera que les Témoins ouis ès Informa
l'Accusé aura articulés dans les Interrogatoires & tions , & autres qui pourront être ouis de nouveau ,
Confrontations. Ord. de 1670 , tit. 28. art. 1. seront récolés en leurs Dépositions , & , si btsoia
est , confrontés à l'Accusé , & pour cet effet assi
I I. gnés dans un délai compétent , suivant la distancé
des lieux , la qualité des personnes & de la ma
\. Sous Sous le nom de Témoins en cettè ma
le nom de tière. Ord. de 1670 , tit. 15. art. t.
Témoin tière, nous comprenons également les Accu (2) Dans les Crimes esquels il échet peine
font com sés qui ont chargé quelqu'un de leurs Co- afflictive , les Juges pourront ordonner le récole
pris lesAc
cusés qui Accusés , dans leurs Interrogatoires & leurs ment fie la confrontation des Témoins , qui n'aura
en char été faite , si leurs Dépositions font charge consi
Récolemens (1).
gent d'au dérable. Mime Ord. art. 9. ibid.
tres. (1) Tout ce que dessus aura lieu dans les Con
frontations qui seront faites des Accusés les uns aux V.
autres. Mime Ord. art. 23. ibid.
Mais aufli , en même-temps que l'Or- «.Témoin
III. donnance laifle aux Juges la liberté d'or- récol*on^
g. Témoin Quoique l'on ne puisse confronter les donner que le témoin par eux récolé soit fromé, ne
ne peut
être con Témoins fans avoir auparavant été réco- confronté , elle veut que dès qu'une fois S*"*^1?
fronté fans lés , on peut néanmoins récoler des Té ils l'ont ordonné ainsi , la déposition de EwepV**
avoir été ceux qui n'auroient point été confrontés
récolé 1 moins fans les confronter eníìiite à l'Ac
quoiqu'il cusé ; & c'est ce que l'Ordonnance donne ne puisse faire aucune preuve contre l'Ac
puisse être
récoléfans à entendre par ces mots , ù fi besoin est cusé : elle excepte seulement le cas où le
être con confrontés , dont elle veut qu'il soit fait Témoin feroit décédé pendant la contu
fronté ; & mention dans le Règlement à l'extraordi- mace de l'Accusé (1), parce qu'alorselle
{pourquoi.
naire (1) ; parce qu'en effet , il peut arri permet d'y suppléer par une confrontation
ver que le Témoin à qui l'Ordonnance per littérale qu'elle veut être faite à l'Accusé
met à'ajouter ou diminuer fa première dé qui s'est représenté , de la déposition de ce
position lors du Récolement , l'auroit fait Témoin décédé , & dans les mêmes for
de manière que fa déposition ne feroit plus mes que si ce Témoin étoit présent : avec
charge contre l'Accusé , & rendroit par con cette différence néanmoins qu'il ne peut
séquent sa Confrontation à celui-ci absolu alors fournir contre ce Témoin d'autres
ment inutile. reproches que ceux dont il rapporteroit la
I V. preuve par écrit (*). II y a encore une au
tre Exception que nous avons remarquée
4. Juges
du Siège Cependant , comme d'un autre côté , il fur le Récolement : c'est que les déposi-

1
,648 LES LOIX CRI MIN ELLES, Liv. I. Tit. VI,
tions des Témoins non récolés ni confron qu'il aura oui la lecture de la déposition du
tés , ne laissent pas que de servir de preuve Témoin dpnt on yient de lui lire les pre
lorsqu'elles tendent à lá décharge de l'Ac- miers articles : de quoi il fera aussi fait
cusé (3). -t 1 mention (5) 6°. Que si l'Accusé pro
(1) S'il cil ordonné que les Témoins seront ré pose en conséquence quelques reproches
colés & confrontés , la Déposition de ceux qui contre le Témoin , le Juge doit s'enqué
n'auront été confrontés ne fera point de preuve , rir de. celui-ci , fi ces reproches font véri
s'ils ue' font décédés pendant la Contumace. Q/2/.
de 1670 , tit. 15. art. 8. \ tables , & faire écrire par le Greffier tout
(z) Si le Témoin qui a étérécolé est décédé ou ce qui fera dit à ce sujet , tant de la part
mort civilement pendant la Contumace , fa Dépo du Témoin que de la part de l'Accusé (6) :
sition subsistera , & en seía faite Confrontation lit
térale à l'Accusé dans les formes prescrites pour nous verrons en traitant de la Preuve tes
la Confrontation des Témoins , & n'auront eu ce timoniale , en quoi peuvent consister ces
cas les Juges aucuns égards aux reproches , s'ils ne reproches 70. Après que l'Accusé aura
fout justifiés, même Ord. lit. 17. art. 2.2. fourni ses reproches , ou qu'il aura déclaré
(3,) Dans la visite du Procès fera faite lecture de
la Déposition des Témoins qui vont à la décharge , qu'il n'en veut pas fournir , le Juge fera
quoiqu'ils n'aient été récolés ni confrontés , pour faire par le Greffier la lecture a tAccusé de
y avoir égard par les Juges, même Ordonn. titi 15. la déposition que le Témoin aura faite >
art. 10. ' tant dans l'Information que dans son Réco
V L
lement ; après quoi il interpellera l'Accusé
6. Atten- L'on peut juger , par ce que nous venons de déclarer fi le contenu dans cette déposition,
doivent"6 ^e ^re » ^e t0Ute l'ÌmPortance de cet Afte ' du témoin est véritable ; il interpellera
avoir les qui doit servir également , ou à opérer la auffi d'un autre côté le Témoin de décla
Ju5«s en conviction de l'Accusé par les aveux & les rer fi [Accusé esl celui dont il a entendu
tfere ; fur contradictions qui peuvent lui échapper , parler dans la Déposition & Récolement ,
quoi son- ou à dévoiler la calomnie & la fausseté de & il aura soin de faire rédiger par écrit
l'accusation qui lui a été suscitée. D'où il tout ce qui sera dit , tant par l'Accusé que
faut conclure en même-temps , que le Juge par le Témoin (7) 8° Que si depuis
ne sauroit apporter trop d'attention à la la lecture qui lui aura été faite de la dépo
rédaction de cet Acte , & à y remplir exac sition du Témoin , l'Accusé vouloit lui op
tement toutes les formalités qui font pres poser quelques reproches , il ne doit plus
crites par rOrdonnance. y être reçu qu'autant qu'il rapporteroit la
preuve de ces reproches par écrit (8) ; ce
VIL qu'il peut faire suivant l'Ordonnance en
7. Forme Ces formalités consistent ; i°. à avoir tout état de Cause ( 9 ). Nous avons vu
derPà°îa" ^°*n ^ue ^a con^ront;at^on ^01t écrite dans un d'ailleurs , en traitant de la Compétence des
confronta- cahier séparé de celui du Récolement (1)... Juges , que l'Accusé ne pouvoit plus de
tÌOn l'Or" 2°" ^ Ven" ^'^CCU^ ^e la Prison OÙ mander son renvoi dès le moment qu'il
donnance*. il doit être pour lors , afin qu'il ne puisse avoit oui la lecture de la déposition du
avoir la liberté de corrompre & suborner premier Témoin lors de la confrontation
les Témoins , & à faire venir auffi le Té (10) 90. Que s'il y a au Procès des
moin qui doit lui être confronté ; car ils effets & pieces servant à conviction con
doivent l'être séparément les uns après les tre l'Accusé , & qui peuvent être à la
autres (2). 30.... L'Accusé £k le Témoin connoissance des Témoins , le Juge devra
étant ainsi en présence l'un de l'autre , le auffi leur en faire la représentation , &
Juge doit leur faire prêter serment , & les faire mention des déclarations qu'ils fe
interpeller de déclarer s'ils se connoissent , ront à ce sujet (11) io°. Que si l'Ac
Jfaire écrire par le Greffier les déclarations cusé a quelque interpellation à faire au
qu'ils feront l'un & l'autre à ce sujet , ainsi Témoin confronté , au sujet des variations
que la mention de la prestation de leur ser ô contradictions où celui-ci pourroit être
ment (3) 4°. Le Juge doit ensuite tombé , il doit les communiquer alors
faire faire letfure par son Greffier à l'Ac au Juge qui fait lui - même cette in
cusé des premiers articles de la déposition terpellation pour l'Accusé , dont il doit
du Témoin , contenant son âge , sa qua auffi être mention dans l'Acte , ainsi que
lités sa demeure , skies relations qu'il peut des réponses qui y font faites de la part du
avoir avec l'Accusé ou son Accusateur , Témoin (12) n°. Que si les déclara-
soit comme son Parent ou Allié , soit tions que feroit le Témoin lors de la con
comme son Serviteur ou son Domestique frontation , étoient telles qu'elles empor-
(4).... 50. Cette lecture faite, lé Juge teroient une rétractation absolue de fa pre
doit interpeller ensuite l'Accusé de fournir mière déposition , quoique confirmée par
ses reproches , si aucuns il a contre le Té son Récolement , ou même qu'elles la
moin , & il doit Yavertir en même-temps changeroient dans des circonstances essen
quV/ ne fera plus reçu à les fournir , après tielles , le Juge doit alors le faire arrêter
&
DES ACTES DE ^INSTRUCTION CRIMINELLE , &c. 649
& lui faire son Procès comme à un faux reproches, & ce que le Témoin & l'Accusé diront,
sera écrit. Même Ord. art. 17. ibid.
Témoin (13) 14°- Que si depuis la Í7 ] Après que l'Accusé aura foiirtíi' ses repro
confrontation , ou même auparavant le ches, ou déclaré qu'il n'en veut point fournir, lec
Témoin s'avifoit de donner par écrit des ture lui iera faite de la Déposition 8c du Récole-
déclarations extrajudiciaires , qui ten- rnent dii Témoin, avec interpellation de" déclarer
s'ils contiennent vérité , & si l'Accusé est celui dont
droient à détruire ce qu'il auroit dit dans i! a entendu parler dans ses Dépositions 8c Réco-
la déposition faite en Justice , l'Ordon- lemens , & cc qui fera dit par l'Accusé 8c le Té
nance veut que , non-feulement le Juge n'ait moin , sera ausli rédigé par écrit. Mime Ord. art.
18. ií'id. .
aucun égard à ces sortes de déclarations ,
[8] VAccuse ne sera plus reçu à fournir de re
mais encore , que tant le Témoin que la proches contre le Témoin , après qu'il aura enten
Partie qui auroit produit ces déclarations , du la lecture de fa Déposition. Méme Ord. art. 19. ib.
soient condamnés chacun en 400 liv. d'a [9] Pourra néanmoius en tout état de cause pro-
poiér des reproches , .s'ils sont justifiés par écrit.
mende, & même à plus grande Peine s'il y Même Ord. art. 1 o. ibid.
écheoit (14) 150. Enfin la confronta [to] L'Accusé ne pourra aussi demander son ren-
tion étant faite , le Juge doit avoir foin de voi , après que lecture lui aura été faite de la Dé
la faire signer & parapher dans toutes les position d'un Témoin >. lors de la Confrontation.
Même Ord. tit. T. art.' i» '
pages par l'Accusé & par le Témoin , sinon " [i r] V. l'art. 10 du tit. 14, des Interrogatoires
faire mention de leur refus ; il doit aussi la rapportés ci-dessus.' ■ .
signer lui-même dans toutes les pages (15). [u] Si l'Accusé remarque dans la Déposition du
Témoin quelque contrariété ou circonstance qui
puisse éclaircir le fait, 8c justifier son innocence, il
[1] Les Confrontations feront écrites dans un pourra requérir le Juge d'interpeller le Témoin
cahier séparé, fie chacune en particulier paraphée de les reconnoître , fans pouvoir lui-même faire in
& signée du Juge dans tontes les pages , par l'Ac terpellation au Témoin; 8c seront les remarques , in
cusé 8c par le Témoin , s'ils savent ou veulent li terpellations , reconnoissances 8c réponses aussi ré"
gner , (inon sera fait mention de la cause de leur digées par écrit. Même ord. art. II. ibid.
refus. Ord. de 1670, tit. 15. art. 13. [13] Les Témoins qui depuis lè Récolement
[ 1 J Pour procéder à la Confrontation du Té- rétracteront leurs Dépositions ,- ou les changeront
' moin , l'Accusé fera mandé \ 8c après le serment dans des circonstances essentielles , seront poursui
prêté par le Témoin 8c par l'Accusé , en présence vis & punis comme faux témoins. Méme Ord. art.
l'un de l'autre , le Juge les interpellera de déclarer 1 1 . ibid.
s'ils se connoilsent. Même Ord. art. 14. ibid. [14] Défendons aux Juges d'avoir égard aux
. V. méme art. x<\. Déclarations faites par les Témoins depuis l'infor-*
[4 J Sera fait ensuite lecture à l'Accusé des pre mation , lesquelles nous déclarons nulles j voulons
miers articles de la Déposition du Témoin , conte qu'elles soient rejettées du procès ; & néanmoins le
nant son nom , âge , qualité 8c demeure , connoif- Témoin qui l'aura faite , & la Partié qui l'aura
sance qu'il aura dit avoir des Parties , 8c s'il est leur produite, condamnés- chacun en quatre cens livres
parent ou allié. Même Ord. art. 15. ibid. d'amende envers Nous , & autre- plus grande peine
[ 5 ] L'Accusé sera ensuite interpellé par le Juge s'il y écheoit. Méme Ord. art. il. ibid.
de fournir sur le champ ses reproches contre le Té [15] Les Confrontations seront écrites dans un
moin , si aucuns il a ; & averti qu'il n'y fera plus Cahier séparé, 8c chacune en particulier paraphée
reçu , après avoir entendu la lecture de fa Dépo & signée du Juge dans toutes les pages , par l'Ac
sition , dont fera fait mention. Méme Ord. art. 16. cusé 8c par le Témoin s'ils savent ou veulent si
ibid. gner , sinon sera fait mention de la cause de leur
[6] Les Témoins seront enquis de la vérité des refus. Méme Ord. art. 13. ibid.

§. XIV. Des Conclusion* définitives de la Partie Publique.

SOMMAIRES.

1. Pourquoi appellées définitives. 4. Temps oà elles doivent se donner.


2. Cas particuliers ou elles peuvent tendre a. 5. Quelle doit être leur forme suivant V Or'
des Jugemens interlocutoires. donnance ?
3 . De quelle importance font ces conclusions.

I. I t
"i. Pour- On appelle définitives ces Conclusions , Cependant, quoiqu'appelléesí/e/írt/wVíí) i. Câs
peUées^ tant pour les distinguer de celles que cette ces Conclusions ne font pas toujours les Partic"_
± . hersou el-
finitives. Partie publique doit donner dans le cours dernieres que cette Partie puisse donner les peu-
de l'instruction , & que l'on appelle pour dans le procès - criminel ; car il peut arri« TAt±^
cela Conclusions préparatoires , que parce ver qu'elles ne tendent feulement qu'à des jugemens
qu'elles se donnent au moment que les Ju Jugemens interlocutoires , comme lors- interlocur
qu'il s'agit d'ordonner de nouvelles Infor-* t0'res*
ges doivent s'assembler pour rendre le Ju
gement définitif : c'est aussi pour cela que mations , ou de faire réparer quelques
le titre de l'Ordonnance qui les concerne, omissions ou nullités de la procédure , ou
précède immédiatement celui des Jugemens bien de faire ordonner la Torture : tout cela
définitifs. étant une fuite de son Ministère , par
N nn n
650 LES LOIX CRIMINELLES , Liv. f. Tit. VI.
lequel il est chargé , COmme nous l'avons tion auront été parachevés , nos Procureurs ou
vu , de veiller à l'exécution des Ordon- «ux,des *ei«neu" Prendror>t communication du
' Procès , pour y donner leurs Conclusions denm-
nances en même-temps que de conclure tives , ce qu'ils feront tenus de faire incessamment.
à la Peine publique que peut mériter le Ord. de 1670, tit. 14. art. 1.
Crim
III. V.

1. De L'on peut juger par-là de toute l'impor- Quant à la Forme de ces Conclu- ^Quelle
quelle im tance & la nécessité de ces Conclusions , fions , l'Ordonnance prescrit trois choses. feu"f0^
portance
sont ces qui est telle en effet , que c'est par elles i°. Que ces Conclusions soient données suivant
Conclu que doit se régler , comme nous le verrons par écrit ; elle excepte seulement à cet \^*°n~
sions.
dans un moment , & Vétat dans lequel doit égard le Procureur du Roi du Châte-
paroître l'Accusé lors de son dernier In let , qu'elle confirme dans Pusage de les
terrogatoire , &le nombre des Juges qui donner de vive voix à l'Audience dans des
est nécessaire pour aflister aux Jugemens affaires de peu d'importance & qui requiè
des Procès-Criminels. II ne faut donc pas rent célérité (1). 2°. Qu'elles soient cache
s'étonner si ces Conclusions font l'objet tées (2). 30. Enfin qu'elles ne contiennent
d'un titre particulier de l'Ordonnance , & point les raisons fur lesquelles elles font
si elle y a prescrit avec tant de foin & le fondées , afin , fans doute , que ces raisons
temps '8c. la forme dans laquelle doivent ne puissent influer fur l'opinion des Ju
cire données ces conclusions. ges (3) -

IV. [1] Leur défendons d'assister à la visite ou au Ju


gement du procès , ou d'y doimer leurs Conclur
'4.Temps Nous remarquons d'abord , quant au fions de vive voix , dont nous abrogeons l'usage^
N'entendons néanmoins rien innover à ce qui s'ob
doive^se Temps 3 que cette toi exige que, pour se serve dans notre Châtelet de Paris. Même Ord. art.
donner, mettre en état de les donner au plutôt, cette Z. ibid.
Partie publique ait foin de prendre commu [2] Les Conclusions seront données par écrit &
nication du Procès-Criminel ausiì-tôt après cachetées , 8f ne contiendront les raisons fur les
le Récolement & la Confrontation (i). quelles elles seront fondées. Mime Ord. art. 13.
ibid.
[ 1 ] Après que le Récolement & la Confronta- [3] V. ce même art. 3.
I
§. XV. Des Requêtes d'Atténuation & de Conclusions Civiles.

SOMMAIRES.

x. Divers intérêts de l'Accusé , & de la les Requêtes dont il s'agit ; & pourquoi
Partie Civile dans un même Procès- font ainsi appellées ?
Criminel. 3. Conditions particulières qu'elle a attachées
2. Motifs de l'Ordonnance , en autorisant à cette faculté.

I.
1. Divers
intérêts de En prescrivant la nécessité des Conclu- culier de la même Loi , où elle abroge les donnance
rAccusé, flons de ia Partie publique , comme étant anciennes procédures qui fe faifoient à ce en auto
risant les
Partie Ci- singulièrement chargée de veiller à l'inté- sujet (1) , elle a bien voulu permettre l'u- Requêtes
vile dans rêt public , l'Ordonnance n'a pas cru de- fage des deux Requêtes respectives , dont dont U s'a
git ; &
ProcÏÏ"12 voir aussi négliger les intérêts de la Partie nous voulons parler ici , auxquelles elle pourquoi
Crimine!. privée : Nous voulons parler , tant de la veut que les Parties puissent joindre telles font aim!
appellées?
Partie Civile que de l'Accusé , comme pieces qu'elles jugeront convenables pour
étant , chacun de leur côté , également inté appuyer leurs prétentions. La Requête qui
ressés au sort du procès-criminel qui est en- est donnée par la Partie Civile est connue
tr'eux ; fçavoir , la Parue Civile , à cause sous le nom de Requête de Conclusions ci
de la réparation du tort réel qu'elle peut viles , parce qu'elle a pour objet de parve
avoir souffert du Crime qu'elle a déféré à nir à avoir les Réparations civiles qui lui
la Justice 5 & YAccusé , à cause du dédom sont dues par l'Accusé (2). Celle qui se
magement qui peut au contraire lui être donne de la part de l'Accusé s'appelle Re
dû pourl'injuste accusation que cette Par quête d'Atténuation , parce qu'elle tend
tie civile lui a suscitée. à détruire où à diminuer la force des preu
ves & argumens que la Partie civile a em
I I.
ployés clans fa Requête , & conséquem
a. Motifs Cest p0ur Cela que , par un titre parti- ment à faire condamner celle-ci à des Ré-
de l'Or-

1
DES ACTES DE L'INSTRUCTION CRIMINELLE , &c. 6p
ugé fur ce qui aura été produit devant les Juges
parafions d'honneur , avec des dommages
des lieux. Même Ord. art. 3. ibid.
& intérêts , pour l'insulte & calomnieuse
accusation qu'elle a formée contre cet Ac I I t
cusé* L'on voit par la disposition de ce der 3. Condi
nier article , que ces sortes de Requêtes tions par
ticulières
[ i ] Abrogeons les appointemens à ouir-droit , n'ont pas seulement lieu en première ins qu'elle a
produire, bailler défenses par atténuation , causes tance , mais encore íùr l'appel. L'on y attachées
& moyens de nullité , réponses , fournir moyens à cette fa
d'obreption , & d'en former , donner conclusions voit auíïï que , pour empêcher que , tant culté.
civiles , & tous autres appointemens Abrogeons l'Accusé que la Partie civile , ne puissent
aussi l'usage de fournir des Conclusions civiles , dé abuser de la faculté qui leur est donnée à
fenses , avertiisemens , inventaires , contredits ,
cet égard , pour retarder le Jugement dé
causes & moyens de nullité d'Appel , Griefs & Ré
ponses , Commandement ou Forclusion de produire finitif & occasionner par ce moyen le dé
ou contredire, pris à l'Audience ou au Greffe. Ord. périssement des preuves , l'Ordonnance
de 1670 , tiu 13. art. I. a cru devoir y attacher en même-temps
[ z ] Pourront néanmoins les Parties présenter ces deux conditions remarquables : Yune ,
leurs Requêtes , & y attacher les Pieces que bon que les Juges ne puissent avoir égard à ces
leur semblera , dont sera baillé copie à l'Accusé ,
Requêtes & à ces piéces qu'autant qu'elles
autrement la Requête & Piece seront rejettées , &
pourra l'Accusé y répondre par Requête qui sera auront été fignifiées , & qu'il en aura été
aussi signifiée , & baillé copie , comme aussi des donné copie 3 & Vautre , que faute par la
Pieces qui y seront attachées , fans néanmoins qu'à Partie civile ou par l'Accusé de donner
faute d'en bailler par l'Accusé ou par la Partie ,
le Jugement dii procès puisse être retardé j ce qui ces Requêtes , il soit passé outre au Juge
aura pareillement lieu en cause d'Appel , qui sera ment définitif.

§. XVI. Du dernier Interrogatoire,

SOMMAIRES.

1 . Pourquoi appellé dernier Interrogatoire, 3. Changemens remarquables apportés a


z. Dijîingué de toits les autres en trois points cette Loi par les Déclarations de 16 81
suivant l'Ordonnance. & 1703.

I.
1. Pour N^OUS l'appellons dernier Interrogatoire , 30. En ce que l'Interrogatoire dont il s'a
quoi ap
pellé der parce qu'il doit précéder immédiatement git n'a pas feulement heu en première ins
nier Inter le Jugement définitif. Ce n'est pas néan tance , comme ceux dont nous venons de
rogatoire.
moins qu'il ne puiíîè y en avoir d'autres parler , mais qu'il doit encore être subi sur
qui se subissent depuis celui - ci , comme Yappel (3).
ceux qui ont lieu en fait de Jugement de
[1] V. les art. z & 15 du tit. 14 des Interroga
Torture , dont nous allons parler dans un
toires rapportés ci-dessus.
moment. [2] Aux Procès qui seront jugés , à la charge de
I I. l'appel par les Juges Royaux , ou ceux des Seigneurs
auxquels il y aura des conclusions de peine afflic-
tive , assisteront au moins trois Juges. . . . Art. io.
2. Dis II paroît d'après les dispositions de l'Or tit. 24 de la même Ordonnance Si par-devant
tingué de donnance , que cet Interrogatoire est dis les premiers Juges les conclusions de nos Procu
tous les reurs , ou de ceux des Seigneurs , & en nos Cours
autres en tingué de tous les autres en ces trois les Sentences dont est appel , ou les conclusions de
trois points. 1 °. En ce qu'au lieu que les pre nos Procureurs-Généraux portent condamnation de
points sui miers Interrogatoires se font par le Juge
vant l'Or peine afflictive , les Accusés seront interrogés fur
donnance. seul de r Instruction , qui peut les réitérer, la Sellette. V. le même titre 14 de (Ordonnance , ar
ticle 21.
comme nous l'avons vu , autant de fois
[3] Les Accusés seront interrogés en nos Cours
que le cas le requiert , celui dont il s'agit fur la Sellette , ou derrière le Barreau , lors du Ju
se fait en présence de tous les Juges assem gement du procès. Même Ord. tit. 25. art. 15.
blés y lesquels peuvent même faire alors
xhacun en particulier , par l'organe de ce III.
lui qui préside , des Interrogats à l'Accusé Mais, depuis l'Ordonnance, il a été rendu ?. Charn
(1). 20. En ce qu'au lieu que les premiers successivement deux Déclarations du Roi , gemens re
Interrogatoires se subissent toujours par marqua
qui y ont apporté plusieurs changemens re bles ap
l'Accusé , étant debout & nue tete le marquables ; sçavoir , celle du 1 2 Janvier portés à
dernier Interrogatoire doit , suivant la mê cette Loi
1681 (1), quiavoit d'abord été rendue pour par l'Or
me Loi , se subir par l'Accusé , étant sur la le Parlement de Grenoble , & dont l'exé- donnance
Sellette , lorsque les conclusions de la Par de 1681 &
cution a été ensuite ordonnée pour tout 1703.
tie publique tendent à Peines arHictives (2). le Royaume par la Déclaration du 13
N n n n 2
6j2 LES LOIX CRIMIN ELLES, Liv. I. Tit. VI.
Août 1707 (2). Ces changemens consistent, déclaré & ordonné , déclarons & ordonnons par
ces Présentes signées de notre main , Voulons &
i°. en ce qu'au lieu que l'Ordonnance nous plaît , que tous les Procès-criminels qui se
sembloit n'avoir prescrit la nécessité du poursuivront , soit par - devant les Juges des Sei
dernier Interrogatoire que pour les Cas gneurs , ou Juges-Royaux subalternes , ou dans nos
Cours, lesquels auront été réglés à l'extraordinaire,
seulement où les Conclusions de la Partie
& instruits par Récolement & Confrontation , les
publique tendoient à Peine affiiclive , ces Accusés seront entendus par leur bouche dans la
dernieres Loix en ont également établi Chambre du Conseil derrière le Barreau , lorsqu'il
la nécessité pour tous les Procès-Criminels n'y aura point de condamnation , ou des conclu
sions à peine afflictive : & à cet effet avons abrogé
qui ont été réglés a l'extraordinaire , & & abrogeons tous usages à ce contraires , ledit ar
injlruits par Hécolement & Confrontation ; ticle 21 du titre 14 de l'Ordonnance de 1670 j sor-
2°. en ce que l'Interrogatoire qui se fait tissant au surplus son plein & entier effet. Si don
nons ea Mandement , &c. Diclar. du 21 Janvier
en ce dernier Cas , au lieu d'être subi par
1681.
l'Accusé íyr la Sellette , ainsi que l'exigeoit
l'Ordonnance , doit se subir seulement
(2jL OUIS, &c. Nous avons ordonné par no
derrière le Barreau , hors le cas néanmoins tre Déclaration du 12 Janvier 168 1 , qu'en tous les
où il s'agit de Conclusions à Peine afflic Procès-Criminels qui se poursuivroient par-devant
tive ; 30. enfin nous trouvons encore dans les Juges des Seigneurs , ou les Juges-Royaux su
balternes, ou dans nos Cours , qui auroient été ré
la disposition de ces dernieres Loix cette glés à l'extraordinaire , & instruits par récolement
différence remarquable entre les Interro & confrontation , les Accusés seroient entendus par
gatoires dont il s'agit , & ceux qui se su leur bouche dans la Chambre du Conseil , derrière
bissent dans le cours de l'Instruction ; en ce le Barreau , lorsqu'il n'y auroit pas de conclusions à
peine afflictive, ce que nous aurions principalement
qu'au lieu que ceux-ci tendent principa ordonné pour remédier à un abus qui s'étoit intro
lement à convaincre l'Accusé par l'aveu duit dans notre Parlement de Grenoble , & dans
de son Crime , le dernier Interrogatoire les Sièges de son Ressort, de ne point entendre les
Accusés lorsqu'il n'y avoit point de condamnation
dont il s'agit a principalement été établi ,
des premiers Juges, ou de conclusions à peine afflic
suivant ces Loix , pour favoriser sa dé tive , ayant depuis été informés que le même abus
fense : l'intension du Légiflateur n'ayant s'est introduit dans quelques-unes de nos Cours , &
jamais été , comme il l'annonce dans le dans les Jurisdictions en dépendantes j ce qui au-
ioit douué lieu à plusieurs instances en cassation ea
Préambule, <le priver dans aucun cas l'Ac notre Couscil contre différens Arrêts, par lesquels ,
cusé du droit naturel qu'il a de se défendre fur le fondement d'un usage auísi abusif , ou sous
par sa propre bouche devant tous les Juges prétexte que notre Déclaration de 168 1 ne regar-
doit que le Parlement de Grenoble & les Sièges de
assemblés , non plus que d'ôter à ces mêmes
son Ressort , on auroit condamné des Accusés fans
Juges le moyen de s'éclaircir par eux- les enteudre 5 & comme rien n'est plus contraire à
mêmes de toutes les circonstances du fait notre intention , & même à l'esprit de notre Or
fur lequel ils ont à prononcer. donnance de 1670, qui n'a jamais été de priver les
Accusés dans aucuns Cas , du droit naturel qu'ils
ont de se défendre par leur bouche , ni d oter aux
( 1) I_/0U1S , &c. Nous avons été informés qu'en Juges les moyens de s'éclaircir par ces voies des cir
plusieurs Jurisdictions ordinaires de notre Royau constances des actions qui se poursuivent extraor
me, & mémcdans aucunes de nos Cours, & par dinairement , Nous avons résolu de remédier à ce
ticulièrement en celle de Grenoble , lorsqu'on pro désordre , par une Déclaration générale qui soit exé
cède au Jugement des Affaires criminelles par ré- cutée dans toute 1'étendue de notre Royaume. A ces
colement & confrontation , l'on n'entend point les causes, &c. Que notre Déclaration du 12 Janvier
Accuses , quand il n'y a point de condamnation des ió8i soit exécutée selon fa forme & teneur dans
premiers Juges , ou des conclusions à peine afflic tout notre Royaume j & en conséquence , en expli
tive. Et comme notre intention n'a point été en ré quant & interprétant en tant que besoin seroit l'ar-
glant parle vingt-unieme article du titre 14 de no ticle 21 du titre 14 de notre Ordonnance de 1670,
tre Ordonnance de 1670 , que les Accusés contre qu'en tous les procès qui se poursuivront, soit par-
lesquels il y auroit conclusions ou condamnations devant les Juges des Seigneurs ou les Juges Royaux
à peine afflictive, seront interrogés fur la Sellette , subalternes , ou de nos Cours, qui auront été réglés
de priver nos Sujets accusés d'autres Cas , à raison à l'extraordinaire , & instruits par récolement &
desquels il n'écheoitpas peine afflictive, du secours confrontation , les Accusés seront entendus par leur
qu'ils peuvent tirer en se défendant par leur bou bouche dans la Chambre du Conseil , derrière le
che , ni ôter aux Juges des moyens de s'éclaircir Barreau , lorsqu'il n'y aura pas de conclusions , ou de
par cette voie , des circonstances des actions pour condamnation à peine afflictive ; ce faisant , avons
lesquelles on procède contre les Accusés. Sçavoir dérogé & dérogeons à tous usages à ce contraires j
saisons que Nous , pour ces causes , & autres à ce ledit article 21 du titre 14 de notre Ordonnance de
nous mouvant , de notre certaine science , pleine 1670, sortissant au surplus son plein & entier effet.
puissance & autorité Royale , en ajoutant audit ar Si donuons en Mandement , fkc. Dicl. du 13 Avril
ticle 2 r du titre 14 de l'Ordonnance de 1670 , avons 1703.

.-
DES ACTES DE ^INSTRUCTION CRIMINELLE , &c. ^5^5

§. XVII. Du Jugement qui admet VAccuse à la preuve de ses Faits justificatifs

SOMMAIRES.
Manière de procéder a lyexécution de cù
1. Qu'entendon proprement fous le nom de 5.
Faits justificatifs , & de quelle qualité doi Jugement.
Qualité des Témoins qu'on peut ouir
vent-Us être ? 6.
dans /'Enquête qui se fait a ce fu-
2. Temps ou ils doivent être proposés ;
distinction de ceux qui forment des Ex jet,
Etat ou doit fe trouver VAccusé pendant
ceptions péremptoires. 7«
3. De quels acles doivent être tirés cesfor l'Enquête.
Procédure qui doit suivre la confection
tes de Faits. 8.
4. Forme duJugement qui en ordonne la preuve. de l'Enquête*

I.
de Pinstructîon (1). Cependant la Juriípru- tìons péS
■t. Qu'en Sous le nom de Faits justificatifs , nous dence a cru devoir apporter un sage tem- ^pt0*-
tend - on Comprenons principalement ces sortes d'Ex
propre pérament íiir ce point , en distinguant
ment fous ceptions qui s'emploient dans le cours du
le nom de Procès - Criminel par l'Accusé , soit dans parmi ces Faits ceux qui font tellement
Faitsjusti décisifs de leur nature , qu'étant prouvés ,
ficatifs , & les Interrogatoires & Confrontations , soit
de quelle même dans fa Requête d'atténuation , pour ils doivent nécessairement emporter la dé
qualité charge de l'Accusé ; de manière qu'ils
doivent-ils se défendre contre une accusation injuste. rendent une plus ample instruction abso
être ? C'est la manière de parvenir à la preuve
de ces faits qui fait î'objet particulier du lument inutile , comme dans le Cas où
Tit. 28 de l'Ordonnance , par lequel cette l'Accusé offriroit la preuve de la suborna
Loi se propose de déterminer , tout-à-la- tion pratiquée envers les Témoins qu'on
fois , le temps où l'Accusé peut être admis auroit fait entendre contre lui , ou bien
à demander cette preuve ; les sources par s'il s'agiíïòit de prouver que la personne
ticulières où ces faits doivent être puisés ; qu'on prétend que ce même Accusé auroit
la forme du Jugement qui l'admet à cette tuée seroit encore vivante , & autres sem
preuve ; la manière dont ce Jugement doit blables que l'on appelle Exceptions pé
remptoires , parce qu'elles, ne tendent pas
s'exécuter ; la qualité des Témoins qui peu
seulement à faire cesser la preuve du Crime ,
vent être entendus en cette matière ; l'étatoù
doit se trouver l'Accusé pendant l'Enquête mais le Crime même.
qui se fait à ce sujet ; enfin la Procédure qui (1) Défendons à tous Juges , même à nos Cours ,
doit être faite en conséquence de cette même d'ordonner la preuve d'aucuns Faits justificatifs , ni
Enquête. Au reste , pour ce qui concerne d'entendre aucuns Témoins pour y parvenir , qu'a
près la visite du procès. Ordon. de 1670 , tit. zS*.
la qualité que doivent avoir ces Faits , l'Or
art. 1.
donnance , ne s'expliquant pas précisément
III. .
íùr ce point , a voulu par-là sans doute i
s'en rapporter à la prudence des Juges. 2°. D'ou les Faits justificatifs doivent 3. De
Nous verrons cependant , en traitant de la
être tirés. L'Ordonnance veut que ce soit ^dój-"
Preuve , quels font ceux de ces Faits qui des Interrogatoires & des Confrontations vent ètr*
peuvent être regardés comme pertinens &
de l'Accusé. Nous venons d'observer que %
admissibles , aux termes des Réglemens. c'est íùr-tout dans le dernier Interrogatoire, Faits,
Nous avons vu d'avance , en traitant des
comme étant destiné principalement à fa
Exceptions de l'Accusé en général , qu'il
voriser la défense des Accusés , que ces Faits
faut bien distinguer celles-ci , des Faits justi
dévoient être puisés (1). Nous avons vu
ficatifs proprement dits ; en ce qu'elles ne
d'ailleurs que ces mêmes faits pouvoient
tendent pas seulement , comme ceux-ci , à
encore être articulés dans la Requête dAt
faire décharger de l'Accusation , mais à
ténuation que l'Ordonnance permettoit à
empêcher l'Accusation même. l'Accusé de donner , & en même temps
de pouvoir y joindre telles pieces qu'il
I I.
croiroit convenables à fa défense (2).
». Temps i °, Temps où l'Accusé peut être admis a
[1] L'Accusé ne sera point reçu à faire preuve
vent* être ^a Prettve de ces Faits. L'Ordonnance veut
d'aucuns Faits justificatifs, que de ceux qui auront
proposés ; que ce ne puisse être qu'après la vistte du été choisis par les Juges , du nombre de ceux que
procès ; en quoi elle paroît exclure l'Ac- l'Accusé aura articulés dans les Interrogatoires &
qui sor- eufé de la faculté de pouvoir fàire aucune Confrontations. Mémt Ord. art. 1. ibid.
£^"* preuve de ces mêmes faits pendant le cours [2] V. Fart. 3 du tit. 23 rapp. ci-devant.
6J4 LES LOIX CRIMINE LLES , Liv. ï. Tit. VI.
& ne fera point élargi pendant Instruction de la
I V. preuve des Faits justificatifs. Mime Ordonn. art. 5.
ibid.
[3] Les Témoins seront assignés à la Requête de
4. Forme 3 °« Forme du Jugement qui admet a la Preuve
nos Procureurs, ou de ceux des Seigneurs , St oui»
de Juge- des Faits justificatifs Suivant l'Ordon- d'office par le Juge. Même Ord. art. 6. ibid.
e^ordon- nance , ce Jugement doit d'abord contenir
neiapreu- une mention expresse des Faits dont la preu- V I.
ve* ve est ordonnée , & il doit y être dit que
cette preuve se fera par Enquête (1). II doit 50. Qualités des Témoins qui peuvent 6. Quai
être ouis dans l'Enquête des Faits justifica- des
auflì y être fait mention de la somme qui ■r xt j n 1 Témoins
devra être consignée au Greffe pour fournir tirs JNous avons vu , en traitant du Re- qu'on peut
aux frais de cette Enquête : l'Ordonnance colement , que l'Ordonnance vouloit que ^
veut que cette somme soit consignée d'a lors de la visite du Procès il soit fait lecture qui ie iin
de la déposition des Témoins qui n'auroient * cesi»j«t,
bord par l'Accusé (2) , parce qu'en effet ,
comme l'Enquête se fait en sa faveur, il pas été récolés lorsque ces dépositions vont
est juste qu'il en supporte les frais. Cepen à la décharge de l'Accusé (1) : d'où il faut
dant , comme il peut arriver que cet Accusé conclure qu'on peut entendre dans l'En
soit hors d'état de faire ces avances , l'Or quête des Faits justificatifs , des Témoins
donnance ne veut pas qu'il soit pour cela qui , par leurs qualités , feroient repro-
frustré entièrement de cette Preuve , & chables , & qu'on pourroit avoir égard à
elle ajoute que dans ce cas ces frais seront leurs dépositions , si d'ailleurs ces déposi
avancés par les Parties Civiles ou par les tions tendoient à la décharge de l'Accusé.
Receveurs du Domaine du Roi ou des [1] V. l'art. 21 du titre 17 de l'Ordonnauce rap
Seigneurs. portée ci-devant.

[1] Les Faits seront insérés dans le même Juge V I L


ment qui en ordonnera la preuve. Ord. de 1670 ,
tit. 28. art. 3..... 6°. Etat dans lequel doit se trouver lyAc 7. Etat
[2] L'Accusé sera tenu de consigner au Greffe la où doit se
cusé pendant l'Enquête. L'Ordonnance trouver
somme qui sera ordonnée par le Juge, pour four
nir aux frais de la Preuve des Faits justificatifs , s'il veut qu'il soit en Prison , & qu'il ne puisse l'Accusé
peut le faire : autrement les frais feront avancés même être élargi pendant tout ce temps- f|^|tçi
par la Partie civile , s'il y en a ; sinon par Nous, ou là , de peur qu'il n'abuse de sa liberté pour
par les Engagistes de nos Domaines , ou par les Sei
gneurs Hauts-Justiciers , chacun à son égard. Mtmt corrompre les Témoins*
Ord. art. 7. ibid.
V. l'art. 5 rapp. fur la max. 5. ci-dessus.
V.
VIII.
^. Manie- 40. "Exécution du Jugement qui admet a 70. "Procédure qui doitsuivre la confection *■ Procé*
céder aí'e" ^ Preuve ^es FaitS justificatifs.... Ce Ju-
de l'Enquête. L'Ordonnance prescrit trois doífsuivrá
xécution gement étant rendu , il doit auflì-tôt , ou sortes de formalités à cet égard : elle veut , 1» consec-
de ce Ju- Ju moins dans les vingt-quatre heures au r°. que cette Enquête soit jointe au"/"1 u"
gement. , , . N . 0 * , , . -,
plus tard (1), être prononce a 1 Accule ,
Procès-Criminel ; 20. qu'elle soit commu
que le Juge fait venir à cet effet, & qu'il
niquée à la Partie Publique (1) , pour que
interpelle en même temps de nommer les
celle-ci donne les Conclusions qu'elle
Témoins qu'il veut faire entendre , en lui
trouvera convenables à ce sujet; 3 °. enfin
déclarant que faute par lui de les nommer
que cette Enquête soit de plus signifiée à
fur le champ , il n'y fera plus reçu ; &
la Partie Civile , s'il y en a une , pour y
que pareillement après qu'il aura nommé
faire telle réponse qu'elle jugera à propos :
ses Témoins , il ne fera plus admis à en
à l'effet de quoi elle permet à cette Partie
nommer d'autres (2). Ces Témoins étant
de donner une Requête , & d'y joindre
ainsi nommés , l'Ordonnance veut qu'ils
telles pieces que bon lui semblera , &. dont
soient assignés , non à la Requête de l'Accusé ,
elle sera tenue de donner copie à l'Accusé ,
non plus qu'à celle de la Partie Civile , mais
ainsi que de la Requête j elle permet aussi
à celle de la Partie Publique seulement ,
en même temps à l'Accusé de donner de
& qu'ils soient ensuite ouis d'oíììce par le
son côté une Requête en Réponse à celle-
Juge (3).
ci , & d'y joindre les pieces qu'il jugera à
[ 1 ] Le Jugement qui ordonnera la preuve des propos , dont il fera tenu pareillement de
Faits justificatifs , fera prononcé incessamment à donner copie à la Partie Civile ; le tout
l'Accusé par le Juge , & au plus tard dans vingt- fans que ni l'un ni l'autre puisse faire au
quatre heures , & fera interpellé de nommer les
Témoins, par lesquels il entend les justifier, ce cune instruction ultérieure : ce qui leur est
qu'il fera tenu de faire fur le champ , autrement il défendu expressément par la même Loi (2).
n'y fera plus reçu. Ord. de 1670 , tit. 28. art. 4.
[2] Après que l'Accusé aura nommé une fois les ( 1) L'Enquête étant achevée , elle fera commu
Témoins , il ne pourra plus en nommer d'autres , niquée à nos Procureurs , ou à ceux des Seigneurs
»

DES ACTES DE L'INSTRUCtlON CRIMINELLE , &c. 6 ft


pour donner leurs conclusions , 8c à la Partiecivile , seront sur le fait de l'Enquête , Jlesquelles Requêtes
s'il y en a j & fera jointe an procès. Ord. de 1670. , & Pieces seront signifiées respectivement , & Co-
tii. a8. art. 8. -, ' ; - .. pies baillées, fans que pour raison de ce il soit be-
[1] Les Parties pourront donner leurs Requêtes , soin de prendre aucun Règlement. Même Ordonh.
auxquelles elles ajoirteïo.nt telles pieces qu'elles avi- art. 19. ibid.

XVIII. Des Jugemens àt Quejlion , ou Torture.

De la Question.

SOMMAIRES.

I. Question confidçrée ici , quanta la Pro- 4. Question préparatoire ; slfe deuxfortes.


cédure feulement. ■ • . S.. Conditions nécessaires pour pouvoir For-
t. Quatre Objets principaux \de l'Ordon- donner.
I . nance fur ce point. 6. Forme du Jugement qui Vordonne.
3. Différentes efptcù1 de Questions suivant 7. Forme de procédera l*exécution . de ce
cette Loi. •>. '"Jugement.

1. Oues- N OUS ne parlerons ici de la Question bouche l'aveu d'un Crime dont il se trouve
tion consi- qUe relativement à la Procédure qui doit d'ailleurs presqu'entiérement convaincu par
quamà ía accomPaSner & íuivre le Jugement qui la preuve considérable qui se trouve au Pro-
Procédure l'ordonne , telle qu'elle est marquée sous cès (2). C'est aufifì cette Question prépara-
seulemenr. je -pitre 19 de l'Ordonnance. A l'égard toire qui , comme la plus importante , fait le
des principes, particuliers qui concernent principal objet du titreque nous analysons ici.
ce genre de Peine s ainsi que le degré de
Preuve qui peut en résulter , nous avons . £rlPar ]e. JuScment dc ™rt » « ?.™T™ êt™ °r-
A rA . ' . , . donne que le Condamne lera pareillement apph-
deja eu lieu d en parler en traitant de la qué ;lla Question, pour avoir révélation desCom-
Peine, & nous aurons lieu d'en parler en- pliecs. Ordon.de 1670 , tit. 19. art. 3
core plus amplement fous le Titre de la Si ce,ui 9ui aura éJé condamné à mort par Ju-
p r -, gement Prévôtal & en dernier ressort , prcalable-
trreuve. nient app]iqUe a Ja Question , révèle aucuns de ses
II» . Complices qui soient arrêtés fur le champ , la con
frontation pourra en être faite , encore que le Pré-
1. Qua- Quant aux dispositions de l'Ordonnance vót n'ait été déclaré compétent pour connoître des
tre objets qui font relatives à cette Procédure , nous Çompl»«s h sera tenu néanmoins de faire après ju-
Brinci- ■ j» u j >„11 ~ 1 * r ger fa compétence. Même Ord. art. 4. ibid.
faux de remarquons d abord quelles roulent fur w yu y a preuve considérable contre l'Accufé
l'Ordon- ces quatre objets principaux ; fçavoir , fur d'un crime qui mérite peine de mort & qui soit cons-
ce Do'nt17 ^a distinction des différentes espèces de Ques- tant , tous Juges pourrout ordonner qu'il fera appli-
' tions qui peuvent s'ordonner dans les Tribu- f£ra ,a Q"^™ , au cas que la preuve nc soit pas
* ~A , • , n. ■ iuínlante. Ord.de 1070, tit. 10. art. 1.
naux , lur les conditions neceílaires pour
y donner lieu , fur la forme du Jugement qui j y
les ordonne , & enfin fur la manière dont v
doit s'exécuter ce Jugement. ' Cette Question préparatoire est distinguée *• Q«s-
par l'Ordonnance en deux espèces diffe- pTrâto'ìrej
I I I.
rentes : l'une est la Question avec réserve
réfei de deux
S.Diffé- ï". Différentes espèces de Questions, de preuves ; l'autre est la Question fans ré- sortes'
rentes ei L'Ordonnance en distingue d'abord de deux serve de preuves. L'eftet de celle-ci est tel ,
eccs "dë
Questions sortes : l'une connue fous le nom de Question que si l'Accusé souffre , sans rien avouer ,
«tte Loi Pr^Paraloirc > Parce qu'elle s'ordonne par il doit être absolument déchargé de toute
un Jugement préparatoire qui doit précéder autre Peine , & même de l'accusation : au
le Jugement définitif ; l'autre, qu'on ap- lieu que la Question avec réserve de preuves
pelle Question préalable , qui s'ordonne par ne s'ordonnant que pour des Crimes plus
le Jugement définitif même. II est parlé graves , & dont les indices font plus preíîàns
de celle-ci dans les art. 3 & 4 de ce même que dans le cas de la première , l'Ordon-
Tit. 19 (1), où l'on voit qu'elle a été nance laisse aux Juges la faculté de pou-
établie principalement pour obliger , par voir condamner l'Accufé , encore même
la rigueur du tourment , le Condamné à qu'il n'auroit rien avoué , à toute autre
révéler ses Complices , qui doivent être Peine que celle de Mort. Elle leur permet
artêtés & lui être confrontés. Au lieu que même de prononcer cette derniere Peine
la Question préparatoire a été particulié- dans le cas où depuis le Jugement de Tor-
rement introduite pour obliger l'Accufé à ture il feroit survenu de nouvelles preuves
se déceler lui-même , & pour tirer de sa contre l'Accufé (1).
\
6$6 LES LOIX CRIMINELLE^ Liy. I. Trr. VI.
( i ) Les Juges pourront aussi arrêter , que nonobs- de ceux rendus par de premiers Juges ;
>ut la condamnation à Ja Question, les preuves sub- car n0US voyons d'ailleurs , par une autre
listeront en leur entier , pour pouvoir condamner '■,'/> r ' j t •
rAccusé à tomes sortes de peines pécuniaires ou déposition de cette Loi,que ceux-ci ne
afflictives; excepté toutefois celle demorí, àla- peuvent être exécutés , ni par conséquent
quelle l'Accusé qui aura souffert la Question sans prononcés à l'Accusé qu'après qu'ils ont
rien avouer , ne pourra être condamné , fi ce n'est éú confirmés par ìes Cours (3).
qu u survienne de nouvelles preuves depuis la Quel- . f , .\ ?fj
tion. Même Ord. tit. 10. art. ì. r \r\zc 1 - » t _ ■ v ..• j
' (1) Défendons a tous Juges , a I exception de nos
•y . ' , , Cours seulement , d'ordonner que l'Accusé sera pré-
■. " senté à/la Question sans y être appliqué. Ord. de
Jò?0rí' 2<\ 9nÌtÌOnS «fyfùrcs pw dotner x*f°> g de condamnation â la Quef-
cessaires " "f? a «K Q.ueftl0n préparatoire.^ Ces con- tion fera dressé & signé fur le champ ; & le Rap-
pour pou- ditions sont de trois sortes suivant l'Or- porteur affistê de tun des autres Juges , se transpor-
voir l'or- donnance : I °. que le Crime soit de nature "ra , fans divertir, en la Chambre de la Question ,
donner. a, mériter la. peine
? 1 Mort
de mu „ que le
-y i°. 1 £r/> 6<le íiid^
pour raire rprononcera
. 1 Accule. Meme Ordonn.

corps du Délit soit confiant; 30. qu'il y (3) Les Sentences de condamnations à la Quef-
ait dejà au Procès une Preuve considérable tion ne pourront être exécutées., qu'elles n'aient été
contre l'Accusé (1). Nous avons vu, en confirmée par Arrêt de nos Cours. Mime Ordonn,
traitant des différentes espèces de Crimes , 7' ' ' VII
quels font ceux auxquels nos Loix ont
attaché la peine de Mort. Nous verrons , ■. „ ,., . „ ,
„ .... •* . j 1 „ Q i> i^l 4 • rormalites qui concernent l exécution 7. Forme
en traitant de la Preuve , ce que Ion doit, .7 , ~ 3 ^ r %• < n aÍ n™,*.
. t _ , n'/-. n . n, du Jugement de lorture. Ces formalités, telles 3 F, -
entendre par corps de Délit confiant, oc , n deràlexe-
ce que 1i> on
* doit
1 • entendre
f... « /r par
aussi ». ^av,
I qu ,elles
£ 2 deíontportees parlesart.
C£ mPême tkP I son£ 8 £
, 9, Qu'e
10, 1k1 curion de
ce ,uge-
considérable.
J . . n
Jtvapporteur s , etant
, ?
transporte» dans
j 1 Cnam-
la ^í. raem-

( 1 ) S'il y a preuve considérable contre l'Accusé bre de la question , assisté du Commissaire &
d'un crime qui mérite peine 4e mort , & qui soit du Greffier , sera faite parce Greffier lecture
enflant, tous Juges pourront ordonner qu'il fera à rAccusé du Jugement qui le condamne à
applique a la Question , au cas que la Preuve ne , _ . „ 1 1» r • v
soit pas suffisante. Même Ordonn. de ió7p , ut. 19. Ia Question , & avant que de 1 y faire apph-
an. u quer, il lui fait prêter serment (1) & subir
VI. - un interrogatoire pour sçavoir s'il persiste
' ' à ne point vouloir avouer son Crime.
6. Forme 30. Formalités qui doivent accompagner 2 °. Après lui avoir fait signer ce premier
rnent^qui ^ Jugemeat de Torture. L'Ordonnance en Interrogatoire , ou mention de son refus ,
l'ordonne. prescrit de trois sortes. La première consiste le Rapporteur fera appliquer l'Accusé à la
dans la mention expresse qu'elle veut être Question. 30. Pendant qu'il est dans le
faite dans ce Jugement , que l'Accusé sera tourment , il lui fera subir un nouvel In-
appliqué, & non pas seulement présenté à la terrogatoire. 40. Si l'Accusé vient à avouer ,
Question (1). Ce n'est qu'aux Cours Supé- le Juge peut faire modérer & relâcher une
rieures feulement qu'elle permet d'user de partie des rigueurs de la Question , suivant
cette restriction par de certaines considéra- la faculté qui lui en est donnée par l'Or-
tions , comme lorsque les Accusés font donnance (2) ; en forte que ce n'est que
impotens , ou d'un âge extrêmement avan- lorsqu'il persiste à dénier , ou qu'il vient à
cé , ou malades & affligés de certaines varier dans ses aveux 3 que cette Loi veut
f incommodités qui ne leur permettroient qu'on lui fasse subir toute la rigueur de ce
pas de supporter la Question fans danger tourment. 5 °. Si cependant il venoit à dénier
évident de la vie. 20. Une autre formalité depuis qu'il auroitété entièrement tiré de la
que l'Ordonnance prescrit pour la validité Question , il ne pourroit plus y être remis de
de ce Jugement , c'est qu'il doit auffi con- nouveau , quand même il feroit survenu d'ail-
tenir la nomination d'un Rapporteur , & leurs de nouvelles preuves contre lui. C'est
d'un Conseiller du Siège pour lui servir ce qui est porté expreíîëment par la même
& AJfiflant dans l'exécution de ce Juge- Loi , qui défend de pouvoir appliquer deux
ment (2). Enfin les formalités de la troi- fois l'Accusé à la Question pour un même
sieme elpece regardent la rédaclion , la fait (3). 6°. L'Accusé étantôté de la Question
signature & la prononciation de ce Juge- doit être interrogé pour la troisième fois (4).
ment à l'Accusé , que l'Ordonnance veut Ce dernier Interrogatoire roulera princi-
être faite auffi-tôt que ce Jugement est paiement fur les déclarations qu'il aura
rendu. II faut néanmoins observer , quant faites pendant la Torture , & fur les faits
à la Prononciation , que cette disposition qui auront été par lui confessés ou déniés,
de l'Ordonnance ne doit s'entendre que Le Juge le lui fera signer comme le pre-
des Jugemens en dernier Ressort, ou des mier , sinon fera faire mention de son re-
Arrêts qui ordonnent la Torture , & non fus. 70. Enfin l'Ordonnance veut qu'il soit
dreflï

1
DES ACTES DE L'JNSTRUCTION CRIMINELLE , &c. 657
dressé par le Rapporteur & par le Com- «e pourra plus y être remis. Même Ordonn. art. 10.
missaire un Procès-Verbal , dans lequel tM'
ils rendront un compte exact , & de l'état (3) Quelque nouvelle preuve qui survienne ,
de la Question, & des réponses, confef- J^«u« ne Pourra *tre /PP^ deux fois à la
- , B • • * f , Queltion pour uu meine fait. Mime Ord. art. ix.
lions , dénégations & variations qui ont été mj,
faites r
par l'Accusé v sur chaque ^ article desln- ,(4). Apres
. . que I„ Accule
. „ aura ete tire de la ^ ,
Quef-
terrogatOireS tjon j a sera çur ìe champ & derechef interrogé
, XTI. r, ,. . , , . , , r fur ses Déclarations ,& fur les Faits par lui con-
(1) L Accuse sera interrogé âpres avoir prête fer- fessés ou dénies & Interrogatoire par lui íigné ,
ment , avant qu'il soit appliqué à la Question , & finon scra fait memion de son refus> Mfmt Ord.
lignera son Interrogatoire , sinon sera tait mention arU lIt -^-^
de son refus. Ord. de 1670 , tit. 19. art. 8.
(1) II fera loisible aux Commissaires de faire (5) La Question fera donnée en présence des
modérer & relâcher une partie des rigueurs de la Commissaires , qui chargeront leur Procès-Verbal
Question , si l'Accusé confesse 5, & s'il varie , de le de l'état de la Question , & des Réponses , Confef-
faire mettre dans les mêmes rigueurs ; mais s'il a sions , Dénégations & Variations à chaque article
été délié & entièrement ôté de la Question , il de l'Interrogatoire. Même Ord. art. 9. ibid.

§. XIX. Des Jugemens définitifs en matière Criminelle.

SOMMAIRES.

1. Pourquoi appellés définitifs ? 7. Nombre des voix qui doivent prévaloir en


2. Trois sortes de Jugemens définitifs en cette matière.
cette matière. 8. Formalités quant a la rédaction de ce Ju~
3. Plusieurs conditions nécessaires pour la gement.
validité d'un Jugement définitif 9. Formalités concernant lexécution des Ju-
4. Temps ou II doit être procédé k ces Juge- gemens d"Abfolution.
mens. 10. Formalités concernant les Jugemens de
5. Lieu où ils doivent fe rendre. Condamnation.
6. Nombre des Juges qui doivent y assister.

I.

quoi ap- N O u s appelions Définitifs le Jugement íùr l'Appel des Sentences des - premiers
îTvf í.ont nous parlons ici , tant pour le distin- Juges. Ceux-ci font appelles propre-
ni 1 s* guer des Jugemens Préparatoires & Inter- ment Arrêts : nous aurons lieu d'en parler

locutoires , qui se rendent dans le cours de plus particulièrement en traitant de PAp~


l'instruction , que parce que c'est en effet par pel. Nous verrons aussi , en traitant de la
ce Jugement que le Juge consomme son Jurisdiction Prévôtale , ce qu'on doit en-
pouvoir; tellement qu'il ne peut plus le tendre par Jugemens Prévôtaux. Ainsi il
changer ni le rétracter. ne nous reste à parler ici que de ceux de
la première efpece , parce qu'ils font aussi
I L l'obj et particulier du Tit. 25 de l'Ordon-
nance , dont nous nous proposons de rap-
ïorJr°de , IlfaUt cependant distinguer d'apres r Or- ller ici ies dispositions.
Jugemens donnance trois sortes de Jugemens defini-
«léfinitifs tifs. II y en a qui se rendent en première III.
marient.6 infiance , & à la charge de l'appel ; ceux-
ci sont connus proprement fous le nom de II paroît , d'après les dispositions de ce pi„_
Sentences, & font émanés des Tribunaux Titre, que l'Ordonnance y prescrit plu- sieurs con-
inférieurs. II y en a d'autres qui font ren- sieurs conditions essentielles pour la vali- cèssa"rese
dus tout à la fois , & en première infiance & dité d'un Jugement définitif en matière p°ur lava-
en dernier ressort , tels que font les Juge- Criminelle. Parmi ces conditions , il y en Ìemem
mens Prévôtaux , & ceux rendus par des a qui regardent le temps ; d'autres le lieu définitif.
Commissaires du Roi ; ( l'on peut aussi met- où il doit être procédé à ce Jugement \
tre de ce nombre les Jugemens rendus par d'autres le nombre des Juges néceíîàifè
Contumace , lesquels , quoique rendus par pour le former ; d'autres le nombre des
de premiers Juges , ne peuvent , comme voix qui doit prévaloir en cette matière ;
nous le verrons , ceíïèr que par la repré- d'autres enfin , la forme dont il doit être
lentation de l'Accusé ). II y en a enfin qui procédé à la Rédaction & à YExécu-
íe rendent par les Cours supérieures , non- tion de ces Jugemens , tant de ceux qui
seulement en première instance & en der- prononcent V absolution , que de ceux
nier ressort , comme ceux dont nous ve- qui portent des Condamnations contre
nons de parler , mais qui de plus se rendent l'Accusé.
O o o o
658 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. I. Tit. VI.
& elle enjoint expressément aux Juges de
I V. s'y rendre à cet effet (1).

{1) Aux procès qui seront jugés à la charge de


4.Tempi 2°. Temps 0* il doit être procédé au Ju-
l'Appel par les Juges-Royaux , ou ceux des Sei
êïe 'pto- gement définitif. L'Ordonnance contient gneurs , esquels il y aura des Conclusions à peine
cédé, à ce deux dispositions remarquables à ce sujet. afflictive , allìsteront au moins trois Juges qui se
Jugement. pas ja premlere f e{[e veut qUe Jes Juges y ront Officiers , ti tant il y en a dans lc Siège , ou
Gradués , & fi transporteront au lieu où s exerce
procèdent inceíîàmment , & par préférence la Justice , // 1Accusé est prisonnier , & seront pré-
à tous autres (1) , fans pouvoir être ar sens au dernier Interrogatoire. Ordonn. de 1670 ,
rêtés par aucun appel , même comme de tit. 1$. art. 10.
Juge incompétent & récusé (2) : avec ces V I.
deux modifications néanmoins ; Yune ,
qu'ils seront tenus de déférer aux Arrêts 30. Nombre des Juges nécessaire pour 6. Nom-
de défenses & de lùrséance qui seroient lesj Jugemens Criminels. Suivant l'art. IO bredesJ.4-
donnés par les Cours fur l'appel de la de l'Ordonnance que nous venons de CÌ- boivent y
Partie Civile ; Vautre , que les acquieíce- ter , ce nombre doit être au moins de trois *sslster-
mens que donneroient les Accusés aux Juges dans les Tribunaux inférieurs , lors
procédures qui seroient faites contr'eux qu'il y a des conclusions à peine afflictive ;
depuis leurs appels , ne pourroient leur être & si ce nombre ne se trouve point parmi
opposés comme fins de non-recevoir (3). les Officiers qui composent le Siège , ou
Par une autre disposition de l'Ordonnance , que ceux-ci soient absens ou obligés de
qui concerne le temps t elle veut que les s'abstenir pour quelques autres empêche-
Jugemens soient rendus le matin , & non mens , il doit être pris d'anciens Gradués
de relevée (4) , lorsque les conclusions de suivant Tordre du Tableau (i).
la Partie publique tendent à la mort , ou
(i)V. le même art. 10. cité sur la max. précéd.
qu'il s'agit de Crimes qui méritent Peine
afflictive. Nous avons vu d'ailleurs , en trai VII.
tant des délits de Police contre la Reli
gion , qu'il étoit expressément défendu aux 40. Nombre de voix nécessaire pour pré- 7. Nom-
Juges , tant par les Canons , que par les valoir en cette matière. Suivant l'Ordon- b|*de(J^1
Ordonnances , notamment celle de Mou nance , lorsqu'il y a parité de voix pour la vent p4-
lins (5) , de rendre aucun Jugement les Condamnation & l'Absolution de l'Ac- va,oir M
jours de Dimanches & de Fêtes , à peine cusé , celles qui tendent à l'Absolution , ùac
de nullité & de dommages & intérêts des doivent l'emporter fur les autres : en sorte
Parties. qu'il faut qu'il y ait une voix de plus pour
déterminer la Condamnation de l'Accufé
(O Enjoignons à tous Juges , même à nos dans les Procès qui se jugent à la charge
Cours , de travailler à l'expédition des affaires cri
minelles , par préférence à toutes autres. Ord. de de l'appel , & deux voix dans ceux qui se
1670 , tit. 15. art. 1. jugent en dernier ressort (1).
(1) II sera procédé à FInstruction & au Juge
ment des procès-criminels , nonobstant toutes Ap (1) Les Jugemens soit définitifs ou d'Instruc
pellations , même comme de Juge incompétent & tion passeront à lavis le plus doux , si le plus sé
récusé ; & si les Accusés refusent de répondre , sous vère ne prévaut d'une voix dans les procès qui se
prétexte d'Appellations , le procès leur sera fait jugeront à la charge de l'Appel , & de deux dans
comme à des muets volontaires jusqu'à la Sentence ceux qui se jugeront en dernier Ressort. Mime
définitive. Même Ord. art. 1. ibid. Ordonn. art. 11. ibid.
( 1) Les procédures faites contre les Accusés volon
tairement & fans protestation depuisîeurs Appel VIII.
lations , ne pourront leur être opposées comme fin
de non-recevoir. Même Ord. art. 3. ibid.
(4) Aucun procès ne pourra être jugé de relevée , 5°. Formalités qui concernent la Ré- 8.Fonn»-
íì nos Procureurs ou ceux des Seigneurs y ont pris daclion des Jugemens Criminels. Nous en
des conclusions à mort , ou s'il y écheoit une peine distinguons de quatre sortes d'après l'Or- rion de «
de mort naturelle ou civile, de Galères ou Bannisse donnance ; la première consiste en ce ,uSement-
ment à temps. N'entendons néanmoins rien inno
ver à l'usage observé par nos Cours. Même Ordonn. que ces Jugemens doivent contenir né-
art. 9. ibid. ceflàirement ou Y Absolution ou la Con-,
(5) V. le Can. Conquestus , & l'art. 69. de damnation de l'Accusé ( 1 ) , c'est-à-dire ,
YOrd. de Moulins , rapp. fous le tit. des Délits
qu'à défaut de preuves suffisantes pour
de Police , chap. i , §. 3.
condamner l'Accufé , les Juges doivent né
cessairement l'ablòudre. Cependant , com
V. me il peut arriver que , fans qu'il y ait au
Procès des preuves suffisantes pour faire
y Lieu 2*. Lieu où doivent se rendre ces Juge- condamner l'Accufé à la peine ordinaire
ven'tls se0 ' L'Ordonnance veut que ce soit
du Crime , il y ait néanmoins quelque
rendre, dans le lieu même où s'exerce la Justice , commencement de preuves , ou même quel-
DES ACTES DE ^INSTRUCTION CRIMINELLE , &c, 6w
<jue léger soupçon contre lui , qui ne per- Jugemens d'Absolution. Ces Formalités « iront
mettent pas de l'absoudre entièrement ; dont nous avons eu lieu de parler fous le ^âesJb.
c'est pour cela que notre Jurisprudence titre du Décret , en traitant des Devoirs gemens
a cru devoir apporter fur ce point deux des Greffiers relativement aux Prisonniers , ..^it*~
tion.
tempéramens qui n'ont point été désap- sont de deux sortes* La première consiste
prouvés par le Législateur, comme étant dans la prononciation qui doit être faite de
conformes à l'efprit de l'Ordonnance. L'un ces Jugemens par le Greffier à l'Accusé , le '
est celui du plus Amplement informé h jour même qu'ils font rendus. L'autre regar-
temps ou indéfini , dont nous avons parlé de l'élargijjement de ce même Accusé , aussi-
fous le titre des Peines. L'autre est celui tôt après cette prononciation ; ce qui ne
du Hors de Cour , dont nous avons égale- doit avoir lieu néanmoins , comme nous
ment parlé fous le même titre , en obfer- l'avons remarqué d'après l'Ordonnance
vant que son principal effet étoit d'empê- sous le même titre , que fous ces deux con-
cher que l'Accusé ne puisse prétendre des ditions : l'une , qu'il n'y ait point d'appel
dommages & intérêts contre son Accusa- de ces Jugemens par la Partie publique ;
teur (i) Une seconde Formalité , qui l'autre, que cet Accusé ne se trouve point
concerne particulièrement les Jugemens détenu pour quelque autre cause , c'est-à-di-
de Condamnation; c'est que les premiers re, qu'il n'ait pas été décrété pour quelqu'au-
Juges font tenus de motiver ces Condam- tre Crime que celui fur lequel est inter
nations , en exprimant les Cas particuliers venu le Jugement. Nous avons vu d'ail-
dont l'Accusé est déclaré duement atteint leurs , en traitant des devoirs de la Partie.
& convaincu , & ne point se contenter de publique , que l'Ordonnance accorde à PAc-
dire vaguement pour les cas résultans du cusé ainsi renvoyé absous , la faculté de
Procès , comme font les Cours fupérieu- forcer cette Partie publique de lui nom-
res (2) Une troisième Formalité , qui re- mer son dénonciateur, afin qu'il puisse
garde aussi les Jugemens de Condamna- le poursuivre pour ses dommages & inté-
tion ; c'est que ces condamnations doivent rêts (i).
y
* être . ,fportées dans
r . Tordre , j &. fui- ,(1). ~ « -
1 ous Greffiers »,de nos Cours
, même ^ o ceux

vant la forme prescrite par 1 Ordonnance àes Seigneurs , feront tenus prononcer aux Accusés
& par les Réglemens. Or , en quoi doit les Arrêts , Sentences & Jugemens d'Absolution ou
consister cet ordre &. cette forme ? C'est d'Elargissement , le même jour qu'ils auront été
ce que l'on peut voir dans le second Livre ™dm ' & s>il n'l "Jg" d*PPcl. Par .n0' Pr0^
- • n • j n • rcurs, ou ceux des Seigneurs dans les vingt-quatre
de la M.première Partie de cet Ouvrage^,
w qui heures , mettre les Accusés hors des priions , &
concerne les différentes espèces de Peines l'écrire fur le Registre de la Geôle j comme aussi
ceux qui n'auront été condamnés qu'en des peines
usitées parmi «nous! Enfin , une qua & réparations pécuniaires , en consignant ès mains
trième Formalité , que l'Ordonnance veut du Greffier les sommes adjugées pour amendes ,
être commune à tous les Jugemens défini aumônes & intérêts civils, fans que, faute de paie
tifs , soit à' absolution , soit de Condamna ment d'épices , ou d'avoir levé les Arrêts , Senten
ces & Jugemens , les prononciations ou les élar-
tion -y c'est qu'ils doivent être signés par giíTcmens puissent être diffères , à peine contre le
tous les Juges qui y ont assistés), afin Greffier d'interdiction, de trois cens livres d'amen-
•de pouvoir s'aíïùrer par-là si ces Jugemens de, dépens , dommages & intérêts des Parties ne
pourront néanmoins les prisonniers être élargis ,
í>nt été rendus par un nombre suffisant :
s'ils sont détenus pour autre cause. Ord. de lóyo ,
fur quoi l'Ordonnance excepte néanmoins tit. it. art. 29.
ies Cours qu'elle confirme dans l'ufage où X.
elles sont de faire signer les" Arrêts par le
7°. Formalités concernant Inexécution I0 por_
Rapporteur & le Président feulement.
des Jugemens de Condamnation. Cette malités
( i) Après la confrontation des Témoins , l'Ac exécution est différente suivant la qualité nantie*
cusé ne pourra plus être reçu en procès ordinaire ,
mais sera
mais ìera prononce cienniuvemenr air
prononcé définitivement ion absolu-
fur son auiuiu- des Peines qui font l'objet de ces Condam- Jugemens
tion ou fa condamnation. Ordonn. de 1670 3 tit. 10. nations. Ainsi , ou ces Peines sont corpo- dam„°r"
*ru, vk - j d í 1 j n 1 j relies . ou simplement afflictives & infaman- tion.
f2) V. 1 Arrêt de Règlement du Parlement de ' <• «/«/• 1 t
Toulouse du. . . dans le f. Tome du Recueil des ou enhn, elles sont seulement pécu-
Edits enregistrés en ce Parlement, p. 122 & 123. niaires. A l'égard des premières, l'Or-
(3J Tous Jugemens , soit qu'ils soient rendus à donnance veut que l'exécution des Juge-
la charge de l'Appel, ou en dernier ressort, seront menS qui ks contiennent sc fasse le jous
signés par tous les Juges qui y auront assisté , à peine
d'interdiction, des dommages & intérêts des Par même qu'ils sont prononcés à l'Accusé (1),
ties , & de cinq cens livres d'amende. N'entendons & non point celui où ils sont rendus ,
néanmoins rien innover à l'ufage de nos Cours , parce que ces Jugemens étant sujets , com
dont les Arrêts seront lignés par le Rapporteur & le me nous le verrons dans un moment , à
Président. Mime Ord. tit. 25. art. 14.
l'appel de droit , ils ne peuvent être exé
I X. cutés qu'après qu'ils ont été confirmés par
«. Forma les Cours : en sorte que , comme ce n'est
lité con- 5°. Formalités concernant l'exécution des
O o o o 2

-
66o LES LOIX CRIMINELLES, Liv. I. Tit. VI.
que depuis que PAccusé a été renvoyé , par 31 Mai 1682 , qui porte des Peines par
ces mêmes Cours , devant les premiers Ju ticulières contre ceux qui. viennent à en
ges pour l'exécution de son Jugement , freindre leur Ban 30. Enfin quant
que la prononciation doit s'en faire à cet a l'exécution des Jugemens qui ne pro
Accusé , ce n'est aufli que dans le jour noncent que des Condamnations pécu
»même de cette prononciation que doit s'en niaires (8) j nous avons vu aussi en trai
faire l'exécution. II y a encore , suivant tant du devoir des Greffiers , qu'ils ne font
l'Ordonnance , d'autres Formalités parti pas seulement tenus de prononcer aux Ac
culières qui doivent accompagner l'exécu cusés le Jugement de leur absolution , le
tion de ces Jugemens lorsqu'ils pronon jour même qu'ils ont été rendus , & de
cent la Condamnation à Mort, ou bien procéder en conséquence à leur élargisse
qu'ils condamnent à l'Amende honorable ; ment ; mais même loríque ces Jugemens
sçavoir , qu'au premier Cas , l'exécution prononcent contre les Accusés des Peines
doit s'en faire dans le lieu même où lë pécuniaires , telles qu'Amende , Aumône ,
Crime a été commis ; à moins que les Dépens , Dommages & Intérêts , & que
Cours , par des considérations particuliè ceux-ci ont en conséquence consigné au
res , ne jugent à propos d'ordonner qu'elle Greffe le montant de ces condamnations (9).
fera faite ailleurs (2). Elle veut aussi que Au reste , nous avons vu en traitant de
le Sacrement de Confession soit offert au ces Peines pécuniaires , ce que chacune
condamné avant que de le conduire au d'elles avoit de particulier , soit pour
lieu du Supplice j & de plus , qu'il soit leur imposition , soit pour leurs effets ; &
assisté d'un Ecclésiastique , qui ne le quitte nous avons observé entr'autres , relative
point jusqu'à ce qu'il ait été exécuté (3). ment à YAmende , qu'elle devoit se pro
Elle veut enfin , que si la personne con noncer au profit du Roi ou des Seigneurs ,
damnée à mort est une femme & qu'elle se & qu'elle ne pouvoit jamais se cumuler
déclare enceinte , les Juges ordonnent avec YAumône ; qu'à l'égard de V Aumône ,
qu'elle fera visitée par une Matrone, qui elle ne pouvoit être déclarée applicable
en fera son rapport dans la forme mar qu'au profit des Hôpitaux & des Prisons
quée par l'Ordonnance Civile fous le titre ou autres œuvres pies ; que pour les Répa
des Experts : en forte que si,parl'événement rations Civiles ô les dommages & inté
de ce rapport , cette femme se trouve ef rêts , ils emportoient de plein droit la con
fectivement enceinte , l'exécution de ce trainte par corps ; & qu'enfin pour ce qui
Jugement doit être retardée jusqu'après ses concernoit la condamnation aux Dépens ,
couches (4) Au Deuxième Cas , où il elle emportoit la solidité lorsqu'elle étoit
s'agit de l'exécution du Jugement qui con prononcée contre plusieurs Accusés ; &
damne à lAmende honorable , nous avons qu'au surplus, l'on devoit observer pour
vu , en traitant de cette Peine , qu'en cas la taxe de ces dépens les mêmes règles
de refus de la part du Condamné de pro que celles prescrites par l'Ordonnance Ci
noncer les termes dans lesquels il est dit , vile (10). II nous reste seulement à obser
par le Jugement , que doit être faite cette ver ici , quant aux Frais qui s'emploient
Amende honorable , il lui soit fait par le pour parvenir à l'exécution des Jugemens
Juge trois injonctions consécutives , après de condamnation dont nous venons de
lesquelles , s'il persiste encore dans Ion re parler , que les Juges sont autorisés' par
fus , il peut être condamné à une plus deux articles particuliers de ce même
grande Peine (5).... 20. Pour les Juge titre 25 de l'Ordonnance , à décerner des
mens qui prononcent de simples Peines Exécutoires à cet effet , d'abord contre la
affiiclives ou infamantes , telles que le Partie Civile (n), & à défaut , ou en cas
BanniJJement a temps ou le Blâme , com d'insolvabilité de celle-ci , contre les Sei
me l'appel de ces Jugemens n'est point de gneurs engagistes , ou contre les Rece
Droit, ainsi que ceux dont nous venons veurs du Domaine des Seigneurs ôu du
de parler , & que l'Ordonnance laisse aux Roi (1 2).
Condamnés la liberté d'y acquiescer ou
non (6) ; c'est pour s'asiurer de leur dis (1) Les Jugemens feront exécutés le même jour
qu'ils auront été prononcés. Ord. de 1670 , tit. 25.
position à cet égard , que la même Loi art. 21.
veut que ces sortes de Jugemens soient (2) Si les Arrêts rendus fur l'Appel d'une Sentence
prononcés à l'Accusé le jour même qu'ils portent condamnation de peine afflictive , les con
sont rendus. A quoi les Réglemens (7) damnés seront renvoyés fur les lieux fous bonne &
sure Garde , s'il n'est autrement ordonné par nos
ont ajouté , comme nous l'avons vu , rela Cours par des considérations. M'me Ord. tit. 16.
tivement aux Condamnés au Bannissement , art. 16.
çette Formalité particulière , que , lors de la (3J I.e Sacrement de Confession fera offert aux
condamnés à mort , & ils feront assistés d'un Ec
prononciation de leur Jugement , il doit
clésiastique jusqu'au lieu du supplice. Même Ordonn.
leur être fait lecture de la Déclaration du tit. 25. art. 24.
DES ACTES DE L'INSTRUCTION CRIMINELLE , &c. 661
(4) Si quelque femme devient , ou après avoir les dépens en matière civile soit exécuté en matière
été condamnée à mort , paroît ou déclare être en criminelle. Mêmt Ord. tit. ibid. art. 20.
ceinte , les Juges ordonneront qu'elle fera viíitée (11) Les Juges pourront décerner exécutoire
par Matrones qui seront nommées d'Office , & qui contre la Partie civile , s'il y en a , pour les frais
feront leur rapport dans la forme prescrite au titre nécessaires à l'instruction du procès, 8c à l'exécution
des Experts , par notre Ordonnance du mois d'Avril des Jugemens , fans pouvoir néanmoins y coin»
1667 ^ & si elle se trouve enceinte , l'exécution prendre leurs Epices , Droits 8c Vacations, ni les
sera différée jusqu'après son Accouchement. Même Droits & Salaires des Greffiers. Ord. de 1670 ,
Ord. tit. ibid. art. 23. / tit. 25. art. 16.
(5.) Si les condamnés à l'amende honorable re (12) S'il n'y a point de Partie civile , ou qu'elle
fusent d'obéir à Justice , les Juges feront tenus leur ne puisse satisfaire aux exécutoires , les Juges cn
en faire trois différentes injonctions , après lesquelles décerneront d'autres contre les Receveurs de notre
pourront les condamner à plus grande peine. Même Domaine où il ne fera point engagé , qui les ac
Ord. art. 22. ibid. quitteront du fonds par nous destiné à cet efFet ; &
(<5) V. l'art. ir du tit. 16 qui fera rapporté ci- si notre Domaine est engage , les Engagisics , leurs
après fur l'Appel... V. aussi l'art. 21 du tit. 2$ , Receveurs 8c Fermiers seront contraints au paie
rapp. ci-devant. ment , même au-deíTus du fonds destiné pour les
(7) V. l'Arrêt de Règlement du Parlement de frais de Justice. Et dans la Justice des Seigneurs ,
Paris du 12 Mars 1685 , rapp. fous le titre des eux , leurs Receveurs 8c Fermiers feront pareille
Peines afflictives. ment contraints , 8c les Exécutoires exécutes par
(8) V. l'art. 6 du tit. 25 qui fera rapp. ci- provision 8c uonobstant l'Appel , contre les Rece
après fur l'Appel. veurs ou Engagistes de nos Domaines , 8c les Sei
(9) V. l'art. 29. du tit. 13 rapp. ci-devant max. 9. gneurs , sauf leur recours contre la Partie civile ,
(íoj Voulons que ce qui a été ordonné pour s'il y en a. Même Ord. art. 17. ibid.

§. XX. De l'Appel m matière Criminelle.

SOMMAIRES.

1. Définition de tAppel, la Partie publique.


z. Pourquoi est regardé comme Voie ordi 4. Autre différence tirée de sOmiíTo
naire. Medio.
3 . Différence entre les madères Civiles ô 5. Trois sortes de Jugemens sujets à l'Ap
Criminelles , par rapport à l'Appel de pel en cette matière.

I.

nit'on^dè L'appeL considéré en général est une Parties Publiques & Civiles. C'est pour viles &
rAppel, voie de droit , par laquelle celui qui pré cela que l'Ordonnance se • sert ici du mot CrimineI-
l JL ' J E> • T1 1 les » Par
tend avoir reçu quelque grief d'une Sen générique des Parties. II y a plus , nous rapport à
tence rendue par un premier Juge , s'a allons voir qu'il y a même de certains cas Ia bl?artie
où cette Loi veut que l'Appel ait lieu de pu
dresse à son Juge Supérieur pour le faire
réparer. Mais l'Appel en Matière Crimi droit y encore même que ces Parties au-
nelle dont nous voulons parler ici , est la roient acquiescé aux Jugemens. II suffira
voie ordinaire , dont l'Ordonnance permet, d'observer ici que , tant cet Appel de droit ,
tant à l'Accufé , qu'aux Parties Publiques que la faculté que l'Ordonnance accorde
& Civiles , àor se servir pour faire réparer aux Parties Publiques , d'interjetter Ap
par les Cours Supérieures les griefs qu'ils pel des Jugemens Criminels fans le con
prétendent avoir reçus des Jugemens , tant cours des Parties privées , forment autant
préparatoires 8c interlocutoires , que défi de différences essentielles entre les Matiè
nitifs , qui ont été rendus par de premiers res Criminelles & les Civiles fur ce point.
Juges.
I I. I V.

a. Pour- Nous disons d'abord que l'Appel est Nous avons dit , en troisième lieu , que 4. Autre
recélé1 une v°ie ordinaire, pour le distinguer de l'Appel se portoit devant les Cours Supé-
comme cette voie extraordinaire , par laquelle les rieures. C'est encore ici une différence re- ì'omifome-
voie ordi- jUges Supérieurs peuvent dépouiller les marquable qui se trouve entre les Matie- d'°'
premiers Juges de la connoissance du Pro res Criminelles & les Civiles ; en ce qu'au
cès Criminel dont ils font saisis ; & qu'on lieu que , dans celles-ci , les Appels doivent
l'appelle Evocation du principal , dont nous se porter nécessairement devant les Juges
allons parler dans un moment. • Supérieurs immédiats du ressort , tels que
font les Baillifs & Sénéchaux à l'égard
III. des Prévôts Royaux & des Juges Seigneu
riaux, les Appels de Jugemens Criminels
3. Diffé- Nous avons dit , en second lieu , que cette rendus par ces derniers doivent se porter
rence eh- vo'ie pouvoit être employée , non-seule- directement aux Cours Supérieures omiffo
tieres G- nient par Y Accusé , mais encore par les medio (1). 11 faut néanmoins distinguer
66* LES LOIX CRIMIN ELLES, Liv. I. Tit. VI.
avec l'Ordonnance sur ce point , entre les ture qu'elles soient , seront directement portées
Appels qui font interjettes des Jugemens en nos Cours , chacune à son égard, dans les Accu
sations qui méritent peine afflictivc , & pour les
portant condamnation à des Peines afflic- autres crimes à nos Cours ou à nos Baillis & Sé
tives , & ceux des Jugemens qui ne pro néchaux , au choix & option des Accusés.
noncent point ces sortes de Peines (i). Ce
n'est que des premiers seulement que doit V.
s'entendre la maxime dont nous venons de
Nous venons de voir d'après la diíposi- f. Trois
parler ( i ) ; car pour les derniers , l'Ordon
tion de l'Ordonnance , que l'appel n'avoit fc^^
nance laiíïè à ì'Accusé la faculté de pou
pas seulement lieu pour les Jugemens dé- sujet» à
voir porter indifféremment son appel , soit
finitifs , mais encore pour les Jugemens 1,APP«len
devant les Baillifs & Sénéchaux , soit de i b • i • „ ° cette nu-
preparatoires & interlocutoires : oc comme tiere,
vant les Cours.
chacun de ces Appels se règle par des princi
(i) Toutes Appellations de Sentences prépara pes particuliers , nous croyons devoir les
toires, interlocutoires & définitives, de quelque na- traiter séparément ici.

Art. I. De VAppel des Jugemens préparatoires.

SOMMAIRES.

1. Qu'entend - on par Jugemens prépara posées comme fins de non-recevoir.


toires ? 5. Arrêts de défenses j quand & fous quel
2. Pourquoi PAppel de ces Jugemens neji les conditions peuvent être accordés.
point suspensif. 6. Evocation du principal ; Cas particulier
3. Trois Modifications particulières a cet oh elle peut avoir lieu.
égard. 7. Manière de procéder fur ces sortes
4. Procédures faites contre rAccusé de d Appels.
puis son Appel, ne peuvent lui être op

tendron*" Sous le nom de Jugemens préparatoi- prétexte d'appellations , leur procès leur fera fait
par Juge- res , nous voulons parler principalement comme à des Muets volontaires jusqu'à la Sentence
mens pré- jgg Ordonnances portant permiffion ctin- définitive. Même Ord. tit. 25. art. 2.
parat01res former t ou d'obtenir Monitoire ; des Dé
I I I.
crets , ô des Réglemens a rextraordinaire.
Cependant , comme d'un autre côté il j. Trou
I I. pourroit arriver aussi que ces Appels se- «?odifica-
roient fondés fur des causes légitimes , qui úcuiieres
2. Pour- II y a cela de remarquable par rapport rendroient une plus ample instruction inu- "cet
qe|0de^ces ^ l'Appel de ces sortes de Jugemens , & tile , ou même qui pourroient servir d'ail-
Jugemens qui le distingue des autres Appels qui s'in- leurs à faire augmenter ou diminuer la ri
n'est point terjettent en cette matière , qu'il n'a jamais
u pen 1 ' l'effet suspensif', c'est-à-dire , qu'il n'em gueur des Décrets qu'on attaqueroit par
cette voie , la même Loi a cru devoir mé
pêche point les Juges dont est Appel de nager aux Parties trois sortes de Ressour
paífer outre à l'instruction (1) , par la rai ces contre les Griefs qu'elles pourroient
son que le retard qu'on apporteroit à l'exé- ressentir de ces Jugemens préparatoires ,
< cution des Jugemens dont ces Appels se- & qui forment autant de modifications
roient interjettes, pourroit donner lieu à particulières à la règle générale qu'elle
l'impunité des Crimes , en occasionnant le vient d'établir.
dépérissement des preuves. C'est auíîì par
I V.
la même raison , que l'Ordonnance ne per
met pas même à ces premiers .Juges de
La première de ces Ressources , qui a été 4. Procí-
déférer à ces sortes d'Appels , encore qu'ils dures fai
introduite en faveur des Accusés Appel-
seroient qualifiés comme de Juges incom- tes contre
lans , c'est que les procédures qui sont'fai- I'Accusé
pétens ô récusés. depuis son
tes contr'eux depuis l'Appel qu'ils ont in-
Appel, ne
(1) Aucune appellation ne pourra empêcher terjetté , quoique faites volontairement & f>euvent
ou retarder l'exécution des Décrets , l'instruction fans protestation de leur part , ne peuvent ui être
&le Jugement. Ord. de 1670 , tit. 16. art. 3. opposées
leur être opposées comme fins de non- comme
(2) II fera procédé à l'instruction & au Juge recevoir (1). fins de
ment des procès-criminels , nonobstant toutes ap non -rece
pellations , même comme de Juge incompétent & (1) Les procédures faites avec les Accusés vo voir.
ricusi 5 & si les Accusés refusent de répondre sous lontairement , & fans protestation depuis leurs ap-
DES ACTES DE L'INSTRUCTÍON CRIMINELLE , &c. ' 66$
pellations , ne pourront Jeur être opposées comme nez tant par les Juges Ecclésiastiques que par les
ri us de non-recevoir. Ord. de 1670 , tit. 25. art. 3. Juges ordinaires, en ce que lesdits Juges Ecclésiasti
ques se servant simplement de ces voyes pour faire
V. venir tes Accusez fans ordonner des Décrets de prise
de corps , il arrive que fans aucune connoissance
de cause , & fur toutes sortes d'affaires , les procé
5. Arrêt» Une autre Ressource qtfe l'Ordonnance dures defdifs Juges Ecclésiastiques font sursises , 8c
de défen- a encore ménaeée à l'Accusé Appellant que par cette sorseance les coupables demeurent
sesjquand, O . 1 r
& soui de ces Jugemens préparatoires , elt celle fans chastiment. L'inconvénient desdites Deffenscs
n'est pas moins grand à l'égard des Décrets décernez
condi- des ArrêíS dc <tèsenfts * sursiancts ,
par les Juges ordinaires pour crime de faux , pour
1 peu- qu'elle permet aux Couss d'accorder fur malversations d'Officiers dans l'exercice de leurs
être ces fortes d'Appels : ce qu'elle ne fait charges , ou quand c'est contre ceux qui ont des
Accordes • •
néanmoins que sous ces deux conditions coaccusez à l'égard desquels il y a des Décrets de
prise de corps ; arrivant par ce moyen qu'avant que
qu'elle exige à peine de nullité , sçavoir , la partie civile ait obtenu la levée desdites Dessen
que ces Cours në puistent accorder ces dé- ses , la plufpart des preuves dépérissent. Et vou-
fenfes ílxr l'appel d'Un Décret de prife.de lant y remédier, & contribuer toujours à ce qui peut
corps , qu'après avoir VU les Charges & In- dePendre ^ poui feire rendre à nos Sujets
une prompte justice , Sçavoir faisons , que Nous
formations , & fur les Conclusions des pour ces causes & autres à ce nous mouvans , de
Procureurs Généraux de ces Cours ( 1 ). Mais nostre propre mouvement, pleine puissance & auto
l'Edit de Décembre 1680 (2) est encore allé rité royale ; Avons dit , déclaré & ordonné , disons ,
déclarons & ordonnons par ces préfentes signées
plus loin que l'Ordonnance à cet égard ,
de nostre main; Voulons & Nous plaist, que nos Cours
en ce qu'il veut que ces deux conditions ne puijsent à tavenir donner aucuns Arrejis de Def
aient également lieu pour les défenses qui fenscs d'exécuter Us Décrets d'adjournement person
seront accordées fur l'appel des Décrets nel , au après avoir vû tes informations , lorsque les
dits Décrets auront èsté décernez par les Juges
òìajournemens personnels qui auront été Ecclésiastiques , & par les Juges ordinaires Royaux ,
décernés par les Juges d Eglise , ou bien & des Seigneurs , pour faujfete[ , pour malversations
qui auront été décernés par les Juges or d'Officiers dans texercice de leurs charges , ou
dinaires dans quelqu'un de ces trois cas ; lorsqu'il y aura d'autres coaccusé^ contre lesquels
il aura e/fé décretté de prise de Corps ; & asin que
i°. pour Faujseiés \ 20. pour Malversa nostre intention puisse estre exécutée fans diffi
tions a* Officiers dans l'exercice de leurs culté , Voulons que les Accusez qui demanderont
Charges ; 3 °. & enfin toutes les fois que le ainsi des Dessenses , soient tenus d'attacher à leur
Requeste la copie du Décret qui leur aura esté si
Décrété d'ajournement personnel aura
gnifié , que tous Juges Royaux 6c des Seigneurs
d'autres Coaccusés qui seront décrétés de soient tenus d'exprimer à l'avenir dans les adjour-
prise de corps. C'est aussi pour cela que ce nemens personnels qu'ils décerneront , le titre de
même Edit exige que ceux qui demande fAccusation pour laquelle ils décréteront , à peine
contre lesdits Juges ordinaires & des Seigneurs d'in
ront ainsi des défenses , soient tenus d'atta terdiction de leurs charges ; Et que toutes les Rê-
cher à leur Requête la copie du Décret queftes tendantes ainsi afin de dessenses d'exécuter
qui leur aura été lignifié ; & qu'il veut aufli , les Décrets d'adjournement personnel soient com
muniquées à nostre Procureur-Général pour veiller
comme nous l'avons observé ailleurs , que
au bien de la Justice > & y faire cr qui dépendra
les premiers Juges soient tenus d'exprimer de fa charge. Et d'autant que les Accusez qui au-
dans les ajournemens personnels qu'ils dé roient esté décrétiez d'adjournement personnel pour
cerneront , le titre de l' Accusation pour d'autres cas que ceux exprimez cy dessus pour-
roient prétendre que nosdites Cours seroient obli
laquelle ils décréteront. gées de leur donner des Arrests de dessenses lors
qu'ils les en requerreroient ; Nous voulons & en
(1) Ne pourront nos Cours donner aucunes tendons que nosdites Cours puissent refuser lesdits
défenses ou furféances de continuer l'instruction Arrests de dessenses , selon que par le titre de l'Ac
des procès-criminels , fans voir les charges & in cusation il leur paroistra convenable au bien de la
formations, & fans conclusions de nos Procureurs- Justice. Si donnons en mandement , &c Edit de
Généraux , dont il fera fait mention dans les Ar Décembre 1680.
rêts , si ce u'est qu'il n'y ait qu'un ajournement
personnel ; déclarons nulles toutes celles qui pour V L
ront être données j vouions que , fans y avoir
égard , ni qu'il soit besoin d'en demander main
levée , l'instruction soit continuée , & les parties Enfin uné troifìeme Ressource indiquée 6. Evo-
qui les auront obtenues , & leurs Procureurs , con- par l'Ordonnance en pareil cas > est celle p"^"p^"
damnés chacun en cent livres d'amende applica- de PEvocation du principal , qu'elle per- cas parti-
bles , moitié à la partie , & moitié aux pauvres , met enCQre aux Cours d'ordonner fur ces cfeti oìx
qui ne pourront être remises ni modérées. Ord. de ~ ., , , , . ,, , 1 elle Peut
1670 , tit. 16. art. 4. sortes d appel (1) : mais elle veut pour cela le avoir lieu.
concours de ces quatre circonstances , à
peine de nullité. La première , que la Ma
(1) I-jOUIS , &c. L'application continuelle que
Nous donnons à faire rendre la justice à nos Sujets , tière soit légere , c'est-à-dire , qu'elle soit
Nous a fait reconnoistre les divers préjudices qu'elle telle qu'elle ne puisse donner lieu à des
reçoit dans les dessenses que nos Cours accordent Peines afflictives ou infamantes. La deu
de passer outre à {'exécution des Décrers d'adjour xième , que cette Evocation soit demandée
nement personnel , suivant l'arricle 4 du titre 16
de nostre Ordonnance criminelle de 1670. Ces in- par Pune ou l'autre des Parties ; car ces
convéuiens s'étendent , à l'égard des Décrets décer- Cours ne peuvent l'ordonner d'office , &

/
664 LES LOIX CRIMIN ELLES, Liv. I. Tit. VI.
de leur propre mouvement. La troisième , ne consiste en autre chose , sinon , que ces procéder
que le principal évoqué soit jugé sur le sortes d'appels doivent être instruits & ju- ^"ïíor'
champ ù a P Audience. La quatrième en gés à l'Audience íùr les conclusions du peis.
que
fin ■> "1 ,
7 dans l'Arrêt qui
1 intervient ,
' il Ministère public , lequel s'exerce alors ,
soit fait mention du vu des Charges & In non par les Procureurs Généraux , mais
formations. par les Avocats Généraux , qui , comme
nous l'avons observé , ont le droit de porter
[i] Les procès - criminels pendans pardevant la parole dans les affaires d'audience : &
les Juges des lieux ne pourront être évoqués par c'est íur la lecture que font ceux-ci des
nos Cours, si ce n'est qu'elles connoissent , après Charges & Informations , que les Cours
avoir vu les charges , que la matière est légere , &
ne mérite une plus ample instruction ; auquel cas rendent leurs Arrêts , par lesquels , ou elles
pourront les évoquer , à la charge de les juger fur renvoient par-devant les premiers Juges ,
le champ à l'Audience , & faire mention par l'Ar pour continuer l'instruction dans toute la
rêt des charges & informations ; le tout à peine rigueur de la procédure extraordinaire ;
de nullité. Ord. de iójo , tit. z6. art. 5,
ou bien elles ordonnent Y Evocation du
principal dont nous venons de parler (1).
VII.
(1) Les Appellations de permission d'informer
des Décrets , & de toutes autres instructions , se
7. Ma- Quant à la manière de procéder fur l'ap- ront portées à l'Audience de nos Cours & Juges.
niere de pel de ces Jugemens préparatoires , elle Ord. de 1670 , tit. z. art. z.

Art. II. De l 'Appel des Jugemens interlocutoires.

SOMMAIRES.

1. Deux sortes de Jugemens interlocu 3. Cas où ils ont Peffet suspensif.


toires. 4. Manière de procéder fur ces sortes
2. Cas ou ils n'ont point l'effet suspenfìs. dAppels.

I. I I I.
1 ,Pej* I L faut distinguer, quant à l'Appel , deux Mais il n'en est pas de même des Juge- y Cas
sortes
Jugemens fortes de Jugemens interlocutoires en Ma- mens de la derniere efpece , lesquels ont Pe&J j££
toires°CU" tiere Criminelle ; les uns , dont les íùites en quelque forte l'effet des Jugemens dé- pensif,
font réparables en définitive , telles que finitifs , en ce qu'ils laissent des traces que
font les Sentences de Provifion , ou les Sen cet derniers ne peuvent entièrement effacer:
tences 8ELargijsement , ou bien celles con ce qu'on peut dire sur tout des Jugemens de
cernant l'Exoine , Oc. Les autres , qui ten Torture , dont la rigueur est telle , comme
dent à dénaturer le Procès , & laissent des nous l'avons observé , qu'ils ne peuvent
impressions qui ne peuvent aisément se répa être exécutés qu'après avoir été confirmés
rer : de ce nombre sont les Sentences de con par les Cours , soit qu'il y en ait appel ou
version en Procès ordinaires , Ô les Juge non de la part des Accusés.
mens qui ordonnent la Quejlion ou la Torture.
IV.
I I.

2. Cas où A l'égard des Jugemens de la première Au reste , quant à la manière de procéder 4. Manie-
ils n'ont
point' ref- e^Pece > comme leur exécution requiert fur l'Appel de ces Jugemens interlocutoi- ^eerprs°"
set sospen- célérité , & que le retard qu'on y appor- res y elle est la même pour les uns comme ce$ sortes
flt teroit pourroit occasionner le dépérisse
pour les autres , c'est-à-dire , qu'ils ne d'Appels,
ment des preuves , l'Appel qui en est inter- s'instruisent , & ne se jugent point à l'Au
jetté n'est pointsuspensf, mais seulement dé- dience , comme l'appel des Jugemens pré
volutis, comme ceux des Jugemens prépara paratoires , mais feulement à la Chambre
toires: en forte que l'exécutionn'en pourroit du Conseils comme ceux des Jugemens
être arrêtée que par des Arrêts de défenses. définitifs , dont nous allons parler.

Art. III.
DES ACTES DE ^INSTRUCTION CRIMINELLE , &c. 66$

Art. III. De CAppel des Sentences définitives en matière Criminelle*

SOMMAIRES.

ìk En quoi diflingué des autres Appels. doivent s'introduire ces Jones- dAp-
2. Exception à la Maxime , Appellatio pels.
extinguit judicatum in Criminahbus. 4. Manière dont on procède dans les, Cours
3. Diflintfion quant a la manière dont fur ces Appels»

i.'Enquoi T /Appel dont il s'agit ici, n'est: passeu- tenu de íè remettre en état pour y procéder
des'amres lement distingué de ceux des Jugemens íur cet appel (z).
Appels, préparatoires & interlocutoires , dont nous
venons de parler , en ce qu'il a toujours ( 1 ) Les Sentences des premiers Juges qui ne
l'effet de suspendre l'exécution des Juge contiendront que des condamnations pécuniaires ,
mens dont il est interjetté ; mais il a encore seront exécutées par manière de provision, & non
obstant l'appel , en donnant caution; si, outre les
cela de particulier , & qui le distingue des
dépens dans les Justices des Seigneurs , elles n'ex
Appels des Jugemens définitifs qui font cèdent la somme de 40 liv. envers la Partie , & de
rendus en Matière Civile , qu'il anéantit 20 liv. envers le Seigneur , dans les Jurisdictions
absolument , comme nous l'avons dit , le Royales qui ne reflbrtiflent nuement au Parlement,
Jugement qui est attaqué par cette voie : si elles n'excèdent 50 liv. envers Nous ; & dans les
Bailliages & Sénéchauflees où il y a Présidial, Siè
de manière que si le condamné vient à
ges de Duchés & Pairies , & autres resibrtissans
mourir pendant le cours de cet appel , il nuement en nos Cours de Parlement , 1 00 liv. en
* est censé mort integris Jìatâs. vers la Partie , & 50 liv. envers Nous , & se char
geront les Receveurs de nos amendes, des sommes
I L qui nous seront adjugées par forme de consigna
tion , fans frais ni droits , ôí feront tenus de les em
a. Ex Cependant cette maxime , qu' Appella ployer en recette après les deux années de la con
ception à tio extinguit Judicatum in Criminahbus , damnation , s'ils ne justifient les avoir restituées
la maxime en vertu d'Arrêts de nos Cours. Ord. de 1670. //.»
jippdlaúo n'est point fans exception , suivant l'Or- 26. art. 6. v
extinguit donnance qui distingue d'abord à cet .... Défendons à nos Cours de donner aucunes
judicatum
in Crimi- égard les Appels des Sentences , portant défenses ou furséances , d'exécuter les Sentences
nalibus. condamnation à Peines afHictives ou infa qui n'excéderont les sommes ci-deflus ; déclarons
mantes , de ceux des Sentences qui ne pro nulles celles qui pourront être données; voulons ,
fans qu'il soit besoin d'en demander main levée ,
noncent que des condamnations pécuniai
que les Sentences soient exécutées par provision ,
res. Ce n'est proprement qu'aux premiers & que les Parties qui auroient demandé des dé
qu'elle permet d'appliquer la maxime dont fenses ou furséances , & les Procureurs qui auront
nous venons de parler , & non aux der signé les Requêtes , ou fait quelques autres pour
niers que cette Loi veut n'avoir un effet suites , soient condamnés chacun en cent livres
d'amende , qui ne pourra être remise ni modérée.
suspensif que dans ces deux cas seulement ;
Aiême Ord. arc. 8. ibid.
Vun y lorsque ces condamnations pécuniai
res se trouvent . excéder la somme que (2) Si nos Procureurs des lieux , ou ceux des
Justices Seigneuriales sont Appellans , les Accusés,
cette Loi a fixée , suiyant la qualité des
s'ils sont prisonniers, & leurs, procès seront en
Tribunaux , pour que l'exécution des Juge voyés en nos Cours , ck s'ils en ont été élargis de
mens qui contiennent ces sortes de con puis la prononciation de la Sentence , &. avant
damnations aient une exécution provi l'appel, ils seront tenus de fe rendre en état lors
soire , nonobstant l'appel. Cette somme est du Jugement du procès en nos Cours , ainsi qu'il
de 40 liv. pour les Justices Seigneuriales , fera par1 elle ordonné. Ménx Ord. th. 26. arc. 1 3.
1 • *
de 75 liv. pour les Justices Royales qui
ne ressortissent nuement au Parlement , de ni.
150 ljv. pour les Bailliages & les justices ,
Sièges de Duchés 8ç Pairies , ressortissant . II faut encore distinguer , suivant l'Or- V Dis
nuement au Parlement (1). Uautre , c'est lors donnance , quant à la Manière dont doit tinction
quant à ta
que l'appel de ces sortes de Jugemens est s'introduire l'appel des Jugemens défini manière
interjetté par la Partie publique parce que tifs j qui portent condamnation à quelque dont doi
vent s'in-
cet appel a toujours ì'efFet suspensif malgré Peine. II y en a , dont elle veut que l'appel troduire
l'acquiescement que les Parties : Civiles & soit de droit, tels que font les Jugemens , ces sortes
d'Appels.
l'Accusé auroient donné au Jugement : de qui portent condamnation à quelque Peine
manière que si l'Accusé avoit été élargi de corporelle , ou aux GalereS & Bannisse
puis ce Jugement après avoir satisfait à ment perpétuel , ou même à l'amende ho
ces Condamnations pécuniaires , il seroit norable : elle veut que , dans tous ces cas,
P P p p

\

666 LES LOIX CRIMINELLES, Liv. I. Tit. VI.


soit qu'il y ait appel ou non , l'Accusé & rant dans le lieu de rétablissement de nos Cours ;
son Procès soient envoyés dans les Cours , dans la huitaine , s'il est hors du lieu ou dans la
& que s'il y a plusieurs Accusés, ils y ílsta.n" de dix heu,es'!; & est Plus t h
r • iit r deIai iera augmente d un jour pour dix lieues , a
soient envoyés également , sens excepter peine d'interdiction contre le Greffier , & de çoo I
même ceux qui auroient été renvoyés ab- d'amende ; & les délais & procédures prescrite;
sous par le même Jugement , non plus que par notre Ordonnance du mois d'Avril 1667 , se
ront observés pour les Présentations. Même Ord.
ceux dont le Procès n'auroit pas encore
art. 11. ibid.
été jugé (i). A l'égard des autres Juge-
I V.
mens qui contiendroient des condamna
tions à de moindres Peines que celles dont Enfin quant à la manière dont on procède 4. Manie*
nous venons de parler , la même Loi dans cette Chambre de la Tournelle, fur redont°n
t , x r> • • • r Procede
veut que l'exécution de ceux-ci ne puisse i»Appel des Jugemens Criminels qui y lont dans les
être empêchée que par l'appel qui en feroit portés .; nous la trouv0ns trouvons marquée dans Cours .sur
f o t A rr>- , Ces Ap^;
interjetté ou de la part de l'Accusé , ou les art. 9 , 10 et 15 du meme litre 26 pei$,
de la part de la Partie Civile, ou de la part de l'Ordonnance , par lesquels elle veut ,
de la Partie Publique (2) ; mais avec cette i°. qu'incontinent après l'arrivée de l'Ac
différence néanmoins , que lorsque l'appel cusé & de son Procès dans les Cours , ce
est interjetté par VAccusé , il a le choix , Procès soit remis par celui qui s'en est
comme nous î'avons dit , de le porter ou chargé , au Greffier , qui doit aussi-tôt en
par-devant les Cours , ou par-devant les donner avis , tant au Président de la Cham
Baillifs & Sénéchaux , d'où ressortissent bre ( 1 ) , pour qu'il nomme un Rapporteur,
les Juges qui ont rendu le Jugement dont qu'aù Procureur-Général, pour qu'il prenne
est appel ; & que si l'appel est interjetté par communication de ce même Procès , & qu'il
la Partie Civile t au lieu d'être porté à la donne ses Conclusions : ce qu'il fait ensuite
Tournelle, comme les autres appels qui du Rapport qu'il se fait faire du Procès par un
■S'interjettent en cette matière , cet appel de ses Substituts à qui il en fait la distribu
doit être porté en la Chambre des Enquê tion , fans que celui-ci puisse aller prendre
tes , où l'Ordonnance veut qu'il soit distri lui-même ce Procès au Greffe (2). C'est après
bué comme les Procès Civils ; & enfin , si que ces Conclusions ont été remises au
cet appel est interjetté par la Partie Pu Greffe cachetées , suivant la forme pres
blique , l'Ordonnance veut qu'il ait pour crite par l'Ordonnance , que le Rapporteur
lors le même effet que les Appels de doit faire, au jour indiqué par le Prési-
droit , c'est-à-dire , que dans quelque temps dent, le Rapport de ce* Procès en pré-
qu'il soit interjetté, íoit même depuis que le fe

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