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A.

Pauchard

L'AUTRE MONDE
SES POSSIBILITES INFINIES
SES SPHfRES DE BEAUTE ET DE JOIE

bpérienc es et Messages

les Editions Amou, et Vie


A. Pauchard

L'AUTRE MONDE
SES POSSIBILITÉS INFINIES
SES SPHÈRES DE BEAUTÉ ET DE JOIE

Expériences el Messages
d'Albert PAUCHARD
Ex.Pr4!.ident de la S. E. P. G.

Télépathiquement reçus et notés par" M .• J."

Les Editions AMOUR et VIE


ALBERT PAUCHARD
1878·1934
Président d'honneur
de la Société d'Etudes Psychiques de Genève
NOTICE BIOGRAPHIQUE
sur feu Albert PAUCHARD
Président d'Honneur de la Société d'Etudes Psychiques de Genève

Albert PAUCHARD naquit et mourut à Genève


(1878-1934). 1\ Ha(t flllf(.$~atl~ 1. f'" j 'i
Tout enfant. il s'intéressa au spiritisme.
Membre de la Société d'Etudes psychiques de Ge-
nève, il en fut successivement bibliothécaire, vice-
président. président et président d'honneur,
D'étroites relations d'amitié et de travaille liaient
à Léon DENIS et à Gabriel DELANNE. En 1911, il pas-
sa un an à Paris où il étudia l'occultisme avec PA-
pus (Dr ENCAUSSE) et développa le don magnétique
qu'il possédait, De plus en plus ses idées s'orientè-
rent vers le spiritualisme.
Sa vie fut consacrée à progresser, à servir Dieu et
son prochain,
Epuisé par le don continu de lui-même, il partit
subitement le 3 juillet 1934.
J'eus le bonheur de l'entendre et de le voir quel-
quefois après sa libération. La dernière vision eut
-8-

lieu en janvier 1935. Ensuite fatiguée, déprimée, je


n'eus plus rien de précis de lui, jusqu'au moment
où il chercha à m'atteindre par l'intermédiaire d'a-
mis en Hollande.
Il trouva, dans ce petit groupe absolument privé,
la possibilité de se manifester et de témoigner son
affection à ceux laissés en bas. Psychiste averti,
ayant dès ce monde-ci, déjà beaucoup compris de
l'autre, il devait pouvoir, dès son arrivée dans l'au-
delà, s'y mouvoir à l'aise.
Il raconte ce qu'il a vu, avec la simplicité, la con-
cision et l'humour qui le caractérisaient.
Son esprit curieux, chercheur, réfléchi, lui a fait
découvrir bien des choses.
Se rendant compte -des conceptions enfantines de
la grande masse, il a cherché ce qui pourrait aider
ses frères terrestres à comprendre la vie de l'Autre
Monde, à s'y adapter, à profiter de ses possibilités
infinies. C'est ainsi que l'idée de publier ces com-
munications s'est présentée.
Les « transcripteurs ~ nos amis, avaient eu un
bref contact avec lui, la veille de Noël 1934.
Il revint fin février 1935 :
c Comme j'ai pu prendre facilement contact avec
vous, je serais heureux de faire part à Antoinette et
à vous-mêmes, de mes premières impressions ici.
-9-
Voudriez-vous m'en donner la possibilité de temps
en temps ? ~
Ce fut le 4 mars que les communications commen-
cèrent.
Je remercie les « transcripteurs ~ d'avoir travail-
lé avec tant de persévérance et de modestie à notre
petit liure. C'est grâce à eux qu'il a pu être mis sur
pied.
Puissent ces messages apporter lumière, aide et
réconfort aux êtres qui souffrent, et cherchent à
comprendre ce que nous devenons après la mort.

Antoinette PAUCHARD.
AVANT-PROPOS

Le contenu des pages qui vont suivre a été reçu


au cours des premiers mois de 1935, ainsi que fin
1936 et début 1937, dans des conditions absolument
privées et très exclusives.
Leur auteur est d'avis que son livre n'a besoin
d'autre justification que lui-même et saura, bien -
le cas échéant - plaider sa cause tout seul.
Nous le pensons aussi.

LES TRANSCRIPTEURS.
PREMI~RE PARTIE:

L'AUTRE MONDE
SES POSSIBILITÉS INFINIES

!
1

Une lueur dans la nuit

Mais oui. J'étais avec vous depuis hier soir, déjà,


ct impossible de me faire entendre !
Mon grand ami, ne perdez pas courage quand
vous souffrez et dites-vous bien une chose : ce n'est
réellement ni M. X, ni Mme Y, ou Mlle Z, à qui vous
êtes redevable de ce qui vous arrive - car c'est
votre propre Ange gardien qui a Lui-même allumé
le feu sous votre c alambic s ,
Vous comprenez ?
Et, tenez, voici Son message même que je suis
venu vous apporter :

- BÉNIS LA MAIN QUI TE FRAPPE, CAR C'EST ELLE DONT


JE ME SERS POUR ACCOMPLIR EN TOI LE GRAND ŒUVRE.

SI TU COLLABORES AVEC MOI, TOUT S'ACCOMPLIRA 3


SANS RATURES ET AVEC LE MINIMUM DE SOUFFRANCE.

MAIS, SI TU NE COMPRENDS PAS LA SIGNIFICATION DE


L'ÉPREUVE, LE GAIN SERA PETIT ET LA SOUFFRANCE IN-
TOLÉRABLE !
-16 -

Voilà pour -ce soir.


A bientôt ! Et, la prochaine fois, ne me laissez
pas trop longtemps à la porte.
Quand vous n'allez pas bien, pensez à moi -
car je suis là pour cela.
-17 -

II

Le gardien du seuil

Mon bon ami, si vous saviez ! Plus on peut brû-


ler de scories sur terre, mieux cela vaut. Car tout
ce qu'on doit brûler ici on le brûle sans l'écran
amortisseur du corps matériel.
Comprenez maintenant pourquoi il est écrit :
« Bienheureux 'ceux qui pleurent ! ~
Tous, tant que nous sommes, nous 'avons au fond
de nous-mêmes une couche de lie que nous ne soup-
çonnons pas. Je ne savais pas à quel point cela était
vrai, avant de venir ici. Le « Purgatoire ~ n'est pas
une fantaisie, mais une réalité.
'Nous sommes de braves gens, vous et moi. En
venant ici, je m'imaginais que je n'y trouverais que
gloire et enchantement. Mais, le premier sentiment
de délivrance passé, nous sommes mis en face de
ce qu'on appelle soit « le prince des ténèbres ~, soit
« le gardien du seuil ~;
A vrai dire, ce n'est pas un être ayant une indivi-
dualité propre.. Il en a pourtant une dans une cer-
-18 -

taine mesure : celle que nous lui donnons en nous


identifiant avec lui - c'est de là qu'il tire sa vita-
lité et son pouvoir. Mais, par lui-même, il n'est
que la localisation de toutes les forces non-régéné-
rées de notre passé. Ces forces 'ne sont pas mau-
vaises en soi. Mais elles engendrent de la souffrance
par le simple processus de leur transmutation.
A ce propos, il est un point d'importance à con-
naître :
Quand nous naissons, nous apportons avec nous
une partie de ces formidables forces - mais une
partie seulement, car autrement nous serions écra-
sés sous le poids! C'est un lot que nous assumons
pour le travailler sur terre et qui représente, dans
la vie de chacun de nous, les « forces de ténèbres ~
de la terminologie chrétienne (1).
Pour ce qui est des expériences après le « grand
passage », je puis vous dire en bonne connaissance
de cause, ceci : c'est que nous sommes mis directe-
ment face à face avec tous les départements de notre
moi.
Différents « moi» se montrent alors à nous com-
me des personnalités séparées et autonomes - mais
intimement liées à notre propre conscience.
Je vous assure qu'on apprend alors - et alors

(1) Luc, XXII, 53.


-19 -

seulement - ce que c'est que la « connaissance de


soi-même » ! Et il n'est pas difficile d'en tirer les
conclusions. Vous ne soupçonnez même pas les
révélations qui résultent de ces rencontres objecti-
ves avec notre moi, vu sous ces différents aspects!
Il Y a des moments à passer qui ne sont pas gais,
jf' vous l'assure.
Comprenez-le bien, toutefois, il n'y a là aucune
idée de « punition pour des fautes commises ». Je
ne parle pas de « péchés». Je parle de la nature de
la connaissance qu'on acquiert ainsi, ct de l'incor-
ruptible manière dont cette prise de connaissance a
lieu.
Du reste, nous en reparlerons.
-20-

III

Une heure en Purgatoire

Mon cher ami, je vous entendais tantôt remar-


quer quelque chose comme ceci : c Des scories...
que j'en aie passablement à brûler pour mon comp-
te, je m'y attends bien. Mais qu'un brave homme
comme lui en ait eu un tel lot, je l'imagine diffici-
lement ! •
Vous vous trompez.
J'enfermais davantage les choses en moi que vous
avec votre tempérament nerveux. Voilà tout. Mais
j'ai connu à ma façon, moi aussi, des minutes de
rage intérieure, de critique désobligeante, et des
moments de profonde dépression.
Et maintenant, écoutez-moi bien. Ce n'est pas
une leçon que je vais vous faire. C'est LA COMMUNI-
CATION MÊME QUE, DEPUIS LONGTEMPS, J'AI RÊVÉ DE
VOUS APPORTER. Une communication si importante
que je ne comprends pas qu'elle ne soit pas toujours
donnée partout où prend place, entre habitants des
deux Mondes, une relation du genre de la nôtre.
-21-

Je m'explique :
Une fois ici, et le premier moment de bienheureu- 4· ry.42-'
se délivrance et de joyeux revoirs passé, nous des-
cendons dans une région plus ou moins obscure où
nous rencontrons le fameux « gardien du seuil ~.
Il semble que les choses se passent un peu différem-
ment suivant les individus. Le curieux, dans mon
cas, c'est qu'en m'en allant tout seul le long d'un
sentier solitaire j'ai été assailli par des guêpes -
ou quelque chose du genre - qui menaçaient de me
piquer (1).
Une Voix de tonnerre me dit:
- Hé bien, tu n'as pas à te plaindre. Car, si elles
t'avaient piqué, où en serais-tu I?
Et une compréhension spontanée m'est venue
q~e la chose était en rapport avec toutes les irrita-
bilités. toutes ·les pensées de critique, que j'avais
subies passivement sur terre. Si je les avais nour-
ries, les guêpes m'auraient piqué. Si je les avais
chassées, il n'y aurait pas eu de guêpes !
Or, il y en a eu passablement de ces pensées à
passer à travers mon âme sans éveiller en moi une
volonté active de les vaincre. Et voilà que je les ai
retrouvées iéi ! Un fait singulier, c'est que leur bour-
donnement éveillait en moi - mais en infiniment

(1) Cf. App.• 5 et 8.


-22-
plus intense - les pensées mêmes que ces guêpes
représentaient. A présent, elles étaient devenues à
mon égard quelque chose d'objectif, quelque chose
d'extérieur à moi et que je ne pouvais maîtriser.
- Marche ! Marche ! me dit la Voix de tonnerre.
Je marchais, je marchais! Cela me semblait long,
long à ne jamais finir. Et c'était très difficile que
de ne pas céder à une irritation extrême ! Car je
dois vous dire qu'ici les sentiments et impressions
sont centuplés - absolument comme la lumière
d'une lampe se trouve intensifiée lorsqu'un abat-
jour épais et sombre en est retiré.
Après un temps que je ne saurais estimer d'après
les mesures terrestres, je laissai derrière moi cet
essaim enragé. La demi-lumière environnante pa-
rut s'éclaircir un peu, et je vis - .sur un talus, au
bord de mon sentier - une Figure assise, accoudée
et la tête dans sa main.
Elle était plus claire que l'espèce de crépuscule
ambiant, et Elle exerçait une étrange fascination
sur moi. Lorsque j'arrivai près d'Elle, Elle leva la
tête en me regardant d'un air bienveillant et dou-
cement railleur. A ce moment même, et sans que
je puisse vous expliquer pourquoi, je sus que la
Voix venait d'Elle.
n - je dois dire « n :., maintenant - se leva et
m'invita d'un geste à continuer la route ensemble.
-23 -

C'était bon d'être en Sa compagnie. L'atmosphère


s'éclaircissait. Le sentier semblait moins aride. Il y
avait même des fleurs sur les bords, et nous avons
ainsi continué agréablement pendant quelque
temps.
A un moment donné, j'eus le sentiment qu'on
éprouve quand un nuage passe sur le soleil. Instinc-
tivement, par habitude terrestre, je regardai le ciel.
Mais il n'y avait pas de ciel ! Il n'y avait pas de
profondeur, pas de perspective, pas d'espace libre...
Il n'y avait que moi, dans une solitude désolante.
Je ne voyais plus mon Compagnon. Je ne voyais
qu'un nuage sombre qui descendait sur moi en pe-
sant lourdement.
- Marche ! Marche ! me redit la Voix de tonner-
re.
"Et je marchais !!
Je marchais parce que cela m'était ordonné, car
autrement je me serais laissé choir sous le poids
de la désolation.
C'était étrange: je n'entendais pas la Voix avec
mes oreilles. Je l'entendais en dedans de moi-même
- avec ma conscience tout entière.
Peuà: peu, le jour commençait à se faire. J'ai
senti la pression diminuer et... voilà de nouveau au
bord du chemin, sur le talus, mon grand Compa-
gnon!
-24-
. Il se leva quand j'arrivai près de Lui et continua
la route avec moi.
Sa Voix me dit :
- Voilà toutes tes dépressions et tes décourage-
ments subis passivement !
Il mettait l'accent sur le mot c passivement ~, et
une question non formulée montait dans mon es-
prit. Il répondit :
- Subir passivement, c'est croire à la c raison
d'être ~ de ces choses. C'est les considérer comme
justifiées et leur donner force vitale. Voilà pour-
quoi tu les as retrouvées ici comme des êtres ayant
~ une existence indépendante de toi. Tu les retrouve-
ras dans ta prochaine vie terrestre, pour les tra-
vailler. Si tu avais pris une attitude positive à leur
égard - si tu leur avais dit : c Passe derrière moi,
Satan ! ~ - alors, même si tu avais fini par succom-
ber, tu aurais néanmoins vaincu. Car, n'ayant pas
ta foi pour les vivifier, elles n'auraient pas pu con-
tinuer à subsister comme entités. Il est possible que
tu aurais retrouvé leur ombre ici, mais tu ne les au-
rais plus retrouvées à ton prochain retour sur ter-
re (1).

(1) Cf. App., 6.


-25-

IV

Un réveil

Je vous ai donné hier un échantillon d'expérien-


ces purgatorielles dans le cas d'un c brave homme :t
comme moi.
A la fin, j'étais exténué et je suis tombé dans un
sommeil profond.
En me réveillant, je me retrouvai dans ma mai-
son, rue C... Il semble qu'ayant besoin de repos je
m'étais mis dans mon Iit. Mais je ne l'ai pas fait
consciemment.
Sur le premier moment, je ne me suis pas rendu
compte du changement. J'étais seulement agréable-
ment surpris du sentiment de bien-être que j'éprou--
vais. Je regardai autour de moi. La chambre me fai-
sait l'effet d'être floue. L'idée me vint de me lever
et de m'habiller - et voilà que c'était fait. Instan-
tanément !
Alors, le souvenir m'est revenu.
Tout cela s'est passé en moins d'une seconde.
-26 -

La pensée de ma sœur m'a mis à son côté. Elle était


assise dans son fauteuil habituel. Je suppose que
c'était le jour même de la... (hésitation) sépulture
(1), à en juger par l'atmosphère de la maison et par
le comportement de ma sœur. Elle pensait forte-
ment à moi, mais elle était trop fatiguée et dépri-
mée pour que je puisse me faire sentir.
Elle a souvent été envahie par une immense déso-
lation. Mais, heureusement, elle ne l'a jamais subie
passivement. Elle a toujours su que c'était une fai-
blesse à surmonter et elle a bravement lutté. Aussi,
elle peut être tranquille. Elle ne la retrouvera pas
ici, dans son Purgatoire. C'était sage pour elle de
changer de logement. Nous avons beaucoup de con-
tacts ensemble. Elle s'en apercevra peu à peu da-
vantage.
Mais assez parlé de moi pour ce soir.
Je veux seulement encore vous dire - en répon-
se à la question que vous vous posiez tantôt à pro-
pos du Purgatoire des c amateurs de chasse :. -
qu'ici on récolte moins le fruit de ses actes que ce-
lui de ses sentiments, deses émotions et de ses ima-
ginations.
C'est tout pour l'instant. Vous comprenez le reste.

(1) Cf. App., 12.


-27 -

Deux victimes de l'inexistant

Je suis ravi de vous rencontrer après l'arrêt forcé


d'hier. Je vois que vous allez mieux, heureusement.
Avez-vous senti mon aide ? J'ai pu le faire parce
que votre moral était bon. Gardez votre courage -
et s'il y a des petits ennuis, il ne faut pas s'en faire.
On ne nous l'a jamais enseigné - au contraire !
J'ai rencontré ici, tout dernièrement, une pauvre
femme que j'espère pouvoir aider à la longue. Je
vais essayer de vous conter son histoire.
Je la voyais empêtrée dans des nœuds et des
nœuds de fils menus. Elle aurait pu les casser sans
aucune peine. Mais elle s'imaginait qu'elle était ar-
rêtée et ne pouvait pas faire un pas... Elle est in-
accessible pour son Ange Gardien dont, au reste,
elle ne soupçonne même pas l'existence. Toute sa
vie terrestre a été gâtée par sa nature trop vite ar-
rêtée au moindre inconvénient - même insigni-
-fiant. Une nature pusillanime.
Je pense qu'il me faudra bien de la persévérance
pour l'aider à sortir de là.
-28-
On rencontre de tout, ici. On y voit chacun tel
qu'il est - et chaque individu passe un temps plus
ou moins long dans son propre Purgatoire. Vous
serez les premiers à comprendre combien, en voyant
tout cela, on désire avertir ceux de la terre. Car un
peu de bonne volonté, le moindre effort - même
sans succès - fait une si énorme différence dans
les effets, ici 1
Un autre type dont je veux vous dire un mot
est quelqu'un qui a été très riche toute sa vie.
Finalement, la crise est venue et lui a fait perdre
la plus grande partie de sa fortune. Il lui en restait
de quoi mener une existence simple dont nous nous
serions très bien arrangés, vous et moi. Mais lui,
il a été accablé par un sentiment de pauvreté. Il se
sentait miséreux, et ce poids de pauvreté imaginaire
l'a déprimé à tel point que sa santé en a souffert.
Sa constitution a perdu sa résistance et, tout ré-
cemment, une grippe l'a emporté.
A présent, il se promène ici en loques 1 Il se ca-
che de honte lorsqu'il voit quelqu'un s'approcher
(1).
Je voudrais - ah ! comme je voudrais 1- pou-
voir lui dire qu'il n'est pauvre qu'en imagination 1
Mais l'heure de me comprendre n'est pas encore
venue pour lui...

(1) Cf. App., 7.


-29-
Morale : lorsqu'on se plonge, sur terre, dans un
sentiment de misère, on le crée ici - et on doit gé-
néralement y rester jusqu'à ce qu'on trouve la si-
tuation absolument insupportable.
Alors, du fond de notre moi jaillit l'aspiration
profonde qui est notre seul "et unique sauveur !

.'.}
-30-

VI

Différences

Bien des choses seront encore à vous communi-


quer à mesure que j'avance. Le Purgatoire n'est pas
la partie la plus importante de mes expériences ici,
mais il fallait d'abord en passer par là.
Notez bien que tout ce qui est « lieu ~, dans le
monde où je me trouve, ne doit pas être entendu
géographiquement. C'est une état de conscience ~.
Du moins, en disant cela, je crée dans votre esprit
la conception la plus rapprochée de la réalité.
Selon votre conception habituelle, deux person-
nes peuvent se trouver sur le même point, au mê-
me endroit, et pourtant être plongées l'une dans un
vrai paradis et l'autre dans un réel enfer. Au ris-
que de paraître peu clair, je vous dirai que ce e mê-
me point ~ n'est un même point que du point de vue
de vos conceptions terrestres.
Vous comprenez peut-être déjà qu'il est question,
ici, d'une autre, dimension - et le grand travail
du commencement est justement de s'y adapter. Il
en résulte ceci :
- 31-

Quand je veux me mettre en rapport avec vous,


je ne « vais ~ ni au dehors, ni en haut, ni en bas, ni
au nord ni au sud... Mais, plutôt, au dedans. Vous
saisissez ? Certes, ici on se déplace. Mais autrement
que dans le monde physique. Par exemple, je n'ai
pas besoin pour venir à vous de faire le voyage -
je puis vous atteindre sans avoir d'espace à fran-
chir au sens terrestre de la chose.
Entre parenthèses, il n'est pas donné à tout le
monde de s'adapter rapidement à ce nouvel état de
conscience, autant que je sache.
Lorsque je vous ai parlé du sentier aride et so-
litaire où je me suis trouvé à un moment donné,
dans les débuts, j'avais bien l'impression de me
déplacer à l'ancienne manière. Mais je sais à pré- 3
sent que c'était un état de conscience. Car les con-
ditions subjectives, ici, donnent l'impression d'être
objectives et prennent des formes symboliques et
tangibles.
Il y a encore bien des choses à dire à ce sujet.
Par exemple, dans ce monde-ci, nous avons à faire
un effort conscient, délibéré, pour concevoir l'exté-
rieur et agir vers l'extérieur - j'allais dire « ob-
jectivement s , mais je me suis rappelé que chez
vous cette expression aurait une autre portée qu'i-
ci. Le mode vital, dans le monde où je suis, est
-32-
moins orienté vers l'activité extérieure que vers l'in-
térieure. Nous vivons plutôt vers la profondeur.
Ceci n'implique aucunement que nous ne travail-
lons pas. Ceux qui, surtout, ne peuvent déta-
cher leur intérêt des souffrances terrestres, ceux-
là dirigent leurs énergies dans cette direction et
font beaucoup de bon travail en leur genre. Il y a
d'autres voies, sur notre plan aussi. Mais, comparé
à l'activité terrestre, ce travail extérieur est minime
en face de notre formidable activité subjective 1
Remarquez bien que cette activité subjective est
du réel travail qui fait, à nombre de personnes,
l'effet d'être objectif et prend des formes très di-
verses - comme, par exemple, d'assister à des
cours et le reste.
A propos de cette dernière remarque, ne vous
imaginez pas que l'enseignement se fasse, ici, com-
me sur terre. Il n'y a - du moins dans mon expé-
rience jusqu'à présent - ni cours ni conférencier.
Quelquefois il y a un maître. Souvent il n'y a per-
sonne. Dans les deux cas, la connaissance semble
venir - non pas de l'extérieur - mais comme par
une révélation directe, sans l'intermédiaire de l'in-
tellect. C'est une compréhension qui semble pous-
ser spontanément au dedans de nous-mêmes.
Pour en revenir à ce que je disais, sous une autre
forme : sur terre, on vit et on se développe surtout
-33-

par les contacts et les frictions avec le non-moi.


C'est, si je puis m'exprimer ainsi, la période de
dégrossissement. Après quoi, nous venons ici - et
nous récoltons notre moisson personnelle dans le ~
domaine des sentiments et des imaginations.
Tout comme il y a une vie intérieure sur terre,
bien que la vie terrestre soit avant tout faite d'ac-
tivités extérieures, ainsi y a-t-il une vie extérieure
ici - bien que la tendance normale soit vers l'ac-
tivité intérieure. Seulement, les proportions sont
changées, inversées. Prenez seulement déjà les ac-
tivités exigées par les nécessités physiques : elles
prédominent sur terre - mais ici il n'y a pas de
pain à gagner, pas de soins corporels. Veut-on exer-
cer le pouvoir créateur inné en chaque être hu-
main ? Sur terre, il faut y mettre la main. Ici, la
création s'effectue d'elle-même par le seul pouvoir
de l'imagination. Veut-on accomplir une œuvre
d'amour pour le prochain? Sur terre, cela nécessite
maintes démarches plus ou moins délicates ou ma-
laisées. Ici, pas besoin de rechercher le contact ex-
térieur, pas de distance à vaincre, pas d'enquêtes
sur le qui et le comment des individus. On voit cha-
cun juste comme il est. On sait facilement ce dont il
a besoin - c'est-à-dire: du secours moral ou spiri-
tuel, qui se donne d'une manière directe - PAR
TÉLÉPATHIE.
-34-
Dans ces conditions, voyez vous-mêmes à quoi se
réduisent le travail et la vie quand ils sont dirigés
chez nous, vers le dehors : bien peu de chose. Ajou-
tez à cela que la tendance naturelle à ce monde-ci
est de porter l'attention vers le CŒUR de la vie et
la SOURCE des sentiments... et que c'est au dedans
que nous trouvons le sentier qui nous conduit vers
un monde supérieur.
Un fait assez malaisé à expliquer de manière à
vous le faire un peu saisir, c'est que tout un domai-
ne de la vie que vous appelez « subjective ~ n'est
pas purement subjectif pour nous. Cela tient à ce
que nous nous trouvons dans un monde à quatre
dimensions et constitué de plus vivantes réalités
que sur terre. Joies et souffrances morales sont plus
que centuplées en intensité, et des impressions plus.
ou moins vagues sur terre prennent, ici, une forme
objective symbolique - comme mes « guêpes ~ et
mon lourd « nuage ~ de dépression, comme les
« fils menus ~ de la pauvre femme et les « loques ~
de l'autre.
Il arrive ainsi que l'on rencontre, sous une forme
extérieure, un grand désir ou une grande crainte
de jadis... La cruauté, pour sa part, crée des formes
terribles qui menacent et poursuivent celui qui les
a engendrées. Par contre, les sentiments élevés nous.
mettent en présence des formes délicates et lumi-
neuses qu'ils revêtent d'eux-mêmes.
-35 -

De plus, les sentiments et les émotions d'un genre


donné attirent leurs semblables et amènent ensem-
ble - pour leur mutuelle joie ou leur mutuel dé-
sagrément. selon le cas - ceux qui les ont cultivés.
Si bien que se forme, tout autour de nous, UN MON-
DE CRÉÉ D' APRÈS NOTRE PROPRE NATURE.

Davantage là-dessus plus tard.


- 36-

VII

Autres rencontres

Savez-vous qu'il y a ici nombre de gens qui ne


comprennent rien à leur état? J'essaie de les éclai-
rer, mais si de temps en temps j'ai réussi, il y a
aussi bien des cas où je n'ai trouvé que non-rece-
voir total.
Je veux vous raconter deux cas typiques :
Le premier concerne un homme qui, sur terre,
était un brave bourgeois du type dit c honorable ~.
Il se piquait d'être un intellectuel. Matérialiste, bien
entendu. Vous connaissez leurs théories. En consé-
quence de leur croyance que, quand on est mort, il
n'y a plus de conscience, beaucoup de ces gens s'en-
dorment pour un temps plus ou moins considérable.
Mais notre sujet, quoique du même avis - théo-
riquement parlant - avait peu pensé aux consé-
quences de la mort du corps. L'idée d'éternel som-
meil ne s'était pas gravée dans son esprit qui, d'ail-
leurs, était trop actif pour concevoir le repos ab-
solu.
-37 -

C'était un théoricien. Il continue à théoriser ici.


Il ne se rend même pas compte des conditions et des
exigences physiques disparues. Elles n'ont jamais
beaucoup compté pour lui. Il voit son cabinet d'étu-
de autour de lui, ainsi que sa chambre à cou-
cher (1), et il continue simplement son trantran
ordinaire de la terre.
Quant à son Purgatoire, il n'y est pas encore passé.
Il n'y a pas encore de place dans son être pour ce-
la. Il faut d'abord que son incessante et assez super-
ficielle activité' intellectuelle ait quelque peu cédé.
Ce sont les gens de cœur et d'imagination qui opè-
rent leur passage purgatoriel de bonne heure. Et
ce sont les négateurs de la survivance doués d'ima-
gination qui s'endorment. C'est une partie de leur
Purgatoire à eux - car ils sont conscients de la
seule chose qu'ils aient rêvée : leur inconscience.
J'ai demandé à mon Guide si je ne devais pas
tenter de faire comprendre à l'homme dont je vous
parle, sa situation. Il m'a dit que je ne serais même
pas entendu !
Cette activité doit d'abord s'épuiser. Il sera
fatigué, exténué, à la longue - et ce.sera par cette
voie qu'il commencera son Purgatoire. Dans un
cas comme celui-ci, le Purgatoire ne prend pas une

(1) Cf. ch. XIII ci-après.


- 38-

forme objective symbolique, l'individu n'étant pas


un imaginatif.
En somme, chaque être humain est une chose
unique en soi et se trouve, par conséquent, faire des
expériences uniques. Les ressemblances ne sont ja-
mais que très générales. Il y a des cas « analogues s ,
mais pas de cas « identiques».
Maintenant, le deuxième sujet :
C'était un pasteur. N'ayant pas trouvé ici les con-
ditions qu'il supposait, il ne croit pas à sa mort.
Il est très troublé par des choses qu'il ne s'explique
pas et s'imagine être devenu faible d'esprit.
J'ai voulu l'aider à comprendre, mais il a peur
de moi. Il se dit que, n'étant plus très solide menta-
lement, il risque d'être moins fermement ancré dans
la vraie doctrine et, ainsi, d'être induit par moi en
erreur.
Je ne l'ai jamais connu sur terre. Mais lui sait
qui je suis et, dans ses sermons, il a jadis donné
des avertissements - non pas contre ma personne,
et sans jamais mentionner mon nom - mais con-
tre nos doctrines.
Comment sortira-t-il de là ? Très simplement. Il
passera par son. enfer et son ciel théologiques. Ils
seront très flous tous les deux, car ils n'étaient pas
le fruit de son imagination, mais pures théories. Il
ne les a jamais visualisés.
- 39-

Quand il sera bien écœuré de la fadeur de son


paradis, il priera pour en être délivré. Il ne saura
pas comment. Peu importe. Il y aura tout de même
une profonde aspiration vers la délivrance - et
c'est elle qui décidera du reste.
J'ai pensé que ces cas vous intéresseraient.
-40-

VIII

« Et leurs œuvres les suivront... »

Bonsoir, mes amis. Nous nous occupons, à trois,


d'un cas difficile.
Il s'agit d'une malade imaginaire. Elle sait très
bien qu'elle est « passée s , et elle s'étonne de souf-
frir encore des mêmes maux que dans le corps phy-
sique.
Elle était sur terre une de ces personnes qui ont
besoin que tout le monde s'occupe d'elles. C'est un
cas de « fuite dans la maladie ». Pour être intéres-
sante et soignée, toute sa vie et toutes ses pensées
ont tourné autour de cette question capitale !
Elle a tant fait qu'elle a créé de vraies et per-
sistantes maladies - et les a conservées ici.
Comment la persuader du contraire ? En affir-
mant qu'elle ne peut être malade sans un corps
charnel.
C'est ce que nous avons entrepris de faire.
Au commencement, elle s'est fâchée. Elle nous a
pris pour des c Christian Scientist ».
-41-

A présent, elle nous écoute - mais d'un air ren-


frogné et en fermant énergiquement les yeux ! Dans
l'attitude de quelqu'un qui laisse passer sur sa tête
une tempête qu'il ne peut pas fuir.
Fuir ! Elle le voudrait bien, si elle le pouvait.
Mais on, dispose, ici, d'autres moyens de communi-
cation que sur terre. Il n'est pas indispensable d'ap-
procher quelqu'un pour s'en faire entendre.
Nous employons une méthode plus directe - la
TÉLÉPATHIE.

Elle ne trouve personne, ici, qui la traite en ma-


lade physique. Cela la vexe. Elle souffre réellement.
Mais nous pensons pourtant en venir à bout dans
assez peu de temps.
-42 -

IX

Dégagement

Permettez que je réponde aux questions que ma


sœur a posées dans sa lettre.
Si j'ai pressenti mon départ ? Oui et non. Tout
au fond de moi-même, j'ai toujours su. Mais la
conscience de surface croit toujours à la guérison.
Je veux te raconter exactement comment les cho-
ses se sont passées :
J'étais conscient de me retirer de mon fourreau
physique. C'était un petit moment plus ou moins
désagréable. Tout comme si le sang se retirait des
membres d'abord, puis du reste de mon corps pour
se concentrer au cœur. Un petit moment d'angoisse
tout corporel. Ensuite, la sortie du fourreau et -
un immense soulagement.
- Ça y est, me suis-je dit.
Pardon de ne pas avoir pensé à toi tout de suite.
Mais tu comprends combien mon attention tout en-
tière était dirigée vers ce monde nouveau qui a tou-
jours eu tant d'intérêt pour nous.
-43 -

Remarquable est l'impression du temps, qui n'est


pas mesuré comme sur terre. Ainsi, il m'a semblé
avoir passé des mois, au moins, dans les « Champs-
Elysées » - ou ce que je prenais pour tels. C'était
un état de béatitude sereine, une détente absolue.
J'étais plus ou moins conscient, au début, de pré-
sences chéries autour de moi. Figures familières et
aimées. Je me sentais reçu avec joieau sein de ma 2-
famille, après un très long voyage. Mais tout cela,
tout cela, comme « de loin ~ et à travers une brume..
J'avais un immense besoin d'être seul avec l'In-
fini - et l'Infini prenait la forme de prés fleuris
et sans horizon pour les borner. Pour parler plus
exactement, je ne sais s'il y avait réellement des
fleurs et des prés ; mais l'ambiance me paraissait
être celle de prairies larges, fraîches et fleuries.
J'étais constamment entouré de cette brume dorée.
Mais je pressentais plutôt que je ne voyais quelque
chose.
Toute mon attention se trouvait appelée à l'inté-
rieur. Je voyais « Moi-même ~. Je voyais en moi
non pas l'individu avec ses particularités, mais ce 4
que c'était que l' <!: Homme ~ ! J'en reparlerai plus
tard. Ici, je veux seulement te raconter mes expé-
*'
riences du début.
Après cette confrontation avec le « Dieu-en-
nous ~. je levai instinctivement mon regard vers le
-44-
haut - et voilà que mes yeux plongeaient dans les
Yeux les plus radieux qu'on puisse imaginer! Un
sourire rayonnant et bon, bon, bon.rplongeait tout
mon être dans un bain vivifiant. Mon être tout en-
tier n'était qu'exaltation ! Pour employer une ima-
ge physique, je te dirai qu'il me semblait qu'un cou-
rant de vie nouvelle passait dans mes artères - je
revivais!
A ce moment même j'étais c né ~ dans mon
nouveau monde et je revenais à la conscience de
mon moi personnel. Je voyais, oh ! bien des choses
nouvelles pour moi. J'allais et venais, je faisais des
rencontres nombreuses d'amis anciens et nouveaux.
Si bien que j'avais l'impression d'avoir déjà vécu
longtemps ici.
Peu à peu, j'ai senti une lassitude m'envahir.
J'avais envie d'un bain généreux. Je marchai de-
vant moi - et voilà que je me trouvai sur un sen-
tier étroit, au milieu d'un espace immense et aride...
21-)4 Tu sais le reste.
Et lorsque mon attention est revenue à toi, il
se trouvait que tout ce temps long et rempli équi-
valait à trois ou quatre jours terrestres 1
-45 -

Relativités

Si je puis m'exprimer ainsi, le temps ici est chose


tout à fait subjective.
Il y a dans ce monde-ci des gens qui font, et qui
ont eux-mêmes, l'impression d'être des nouveaux
venus. Et pourtant, d'après la mesure des années
terrestres, ils sont ici depuis très longtemps.
Ce sont des esprits immobiles. Il y a en eux une
inertie qui empêche le changement de conscience
de prendre place facilement. Ils vivent dans un du-
plicata de leur milieu et de leurs conditions terres-
tres. Ils n'ont pas même la capacité de concevoir
un autre mode de vie !
Ce sont généralement ce qu'on appelle de c bra-
ves gens •. Mais je vous assure qu'il y a bien des
criminels - et même de grands criminels - qui
avancent plus vite qu'eux sur le Sentier Spirituel.
Ils peuvent continuer dans cet état pendant cent
ans et plus, sans même s'en apercevoir. Ils ne voient
rien d'anormal là-dedans, car ils ne se rendent pas
-46 -

même compte qu'il puisse y avoir là quelque chose


d'anormal.
A leur façon, ils sont un peu comme les c dor-
meurs s . Seulement, avec une certaine conscience
d'eux-mêmes. Une conscience grisâtre.
A côté de cela, il y a d'autres catégories de gens
- et j'en ai fait l'expérience moi-même - qui, en
trois ou quatre jours terrestres, ont comme vécu
de longues années de temps, tellement les moments
étaient intensément vécus et riches en expériences.
Pour parler d'autres choses, laissez-moi vous dire
ce que j'apprends quelquefois quand des images se
dressent devant moi comme des formes objectives.
Par exemple, à propos de la brave dame qui se sen-
tait liée par les nœuds de fils menus.
Comme je réfléchissais à son cas, j'ai vu se dresser
devant moi le monde à deux dimensions, et un être
de ce monde enfermé dans un cercle de craie que
quelqu'un avait tracé autour de lui.
Il cherchait désespérément à en sortir.
Dès que j'ai eu compris cette image, elle a dispa-
ru. C'était celle de l'être humain dans son propre
monde. Il se heurte aux barrières des condi-
tions auxquelles il a affaire et cela dure aussi long-
temps qu'il se sent une créature à trois dimensions.
Pourtant, il a en lui quelque chose de transcen-
-47-

dant et d'indépendant par rapport à ces trois dimen-


sions. Sans doute, il ne fait pas disparaître ces con-
ditions mêmes, mais il prend sa liberté en passant
au delà - en les dépassant. Il ne les voit plus.
Vous objecterez: « C'est facile à dire! »
Certainement, il faut un grand effort. Mais vous
devez prendre note du fait que nous sécrétons 2-
nous-mêmes nos conditions - tout comme l'es-
cargot sécrète lui-même la matière qui devient en-
suite sa coquille.
Ne pas compter ces conditions comme des choses
appartenant à votre réelle dimension, c'est peu à
peu les anéantir.
-48-

XI

Excursion dans le passé

Je suis maintenant arrivé à cette liberté de mou-


vement qui me permet toutes les explorations que
je désire. Toutefois, je n'ai pas encore découvert
un monde où votre esprit aime volontiers aller -
celui des Anges et des Fées. J'ai plutôt exploré un
peu du monde du Passé...
Comme chacun de vous pourrait, moyennant un
peu de connaissance historique, reconstituer ima-
ginativement ce passé, ce ne sont pas des détails
que je me propose de vous décrire aujourd'hui -
mais plutôt le mode selon lequel se fait cette re-
constitution, d'après ma propre expérience.
La première chose qui m'y a conduit a été le dé-
sir de revoir mes parents. Il me faut vous dire,
d'abord, que mes parents ne sont plus dans le mon-
de où je me ~rouve. Vous vous rappelez qu'aux pre-
miers temps de mon c passage :., comme je vous
l'ai conté précédemment, j'ai vu des figures fami-
lières et aimées qui me saluaient. Mes parents
-49-

étaient là aussi. Mais la rencontre a été brève et


plutôt brumeuse, selon ma conscience du moment.
Maintenant je me demande s'il y a eu présence
actuelle. ou télépathique ? J'incline présentement L
vers la dernière hypothèse.
Quoi qu'il en soit, à un moment donné, le désir
de les revoir est devenu si fort que le pouvoir créa-
teur inhérent au désir s'est mis en action: j'ai revu
mes parents. J'étais en communication avec eux !
Mais ce qui est curieux, c'est que ce n'était pas
avec mes parents tels qu'ils doivent être maintenant
que je me voyais confronté. Je les voyais tels qu'ils
étaient dans mon souvenir, Des conversations. et
des scènes d'autrefois redevenaient actuelles. Ils
s'entretenaient, non pas avec leur fils d'à présent,
mais .avec celui du passé. Ma sœur, jeune fille, était
de la partie.
Mon désir de revoir mes parents était, dans le
fond, un désir de revoir un passé qui m'était cher.
J'avais pris le chemin à rebours !
Ce fait devenu clair, une chose m'intriguait :
celle de savoir s'il était possible de reculer plus loin
dans le passé.
Mon essai réussit.
Nos parents, jeunes époux. Nous autres, petits
enfants. Nos parents, adolescents, puis enfants à
- 50-

leur tour, etc ... etc ... Je n'aurai jamais le temps


d'entrer dans les détails de cette matière intensé-
ment intéressante. Il me suffira de vous dire que ce
n'étaient pas seulement des figures vivantes aux-
quelles j'avais affaire, mais que tout était histori-
quement exact dans les moindres particularités, et
en ordre chronologique inversé.
Une chose importante que j'ai alors apprise par
découverte personnelle, c'est que ce qu'on appelle
généralement « souvenir s , sur terre, n'est pas sim-
plement un phénomène cérébral. C'est une vérité
objective. On dirait que la Terre a sa mémoire à
elle qui retient tout - tout ! - dans les moindres
détails et ne s'efface jamais.
Bref, il ne se passe rien sur la Terre dont il n'exis-
te ici ce que je pourrais le mieux comparer à un
film cinématographique. Chaque scène, chaque évé-
nement, chaque image, cri, parole, etc ... est conservé
ici, dans le monde où je suis. C'est ce qui fait que
certains clairvoyants peuvent voir le passé, et que
je puis parler d'exactitude historique à propos de
faits - comme l'enfance de mes parents - que je
n'ai pourtant pas personnellement connus.
- 51-

XII

Autres différences

Je pense que vous vous demandez si je dois faire


toutes les découvertes par moi-même, ici, et s'il n'y
a jamais un Guide ou un Maître qui entre en scène?
Oui, généralement, je cherche et je trouve par
moi-même. C'est ainsi que ma nature est faite.
Il y a des personnes qui suivent des cours régu-
liers, ici comme sur terre. Car, de notre côté, on
trouve aussi ceux qui aiment enseigner. Mais le
processus est autre que chez vous. D'une part, à
cause de la télépathie. De, l'autre, parce qu'il s'agit
moins d'activité intellectuelle.
Les élèves s'éclairent, non en écoutant - quoi-
qu'ils ne s'en rendent pas toujours compte - mais
par' un procédé plus direct : comme si le Maître
éveillait leur conscience aux choses qu'Il veut leur
enseigner. Le savoir semble surgir du dedans.
Quant à moi, je ne voudrais pas nier que je ne
doive quelque chose à un - ou mon - Maître. Mon
récit du début vous en aura assez dit sur ce point-
-52-

là. Mais, en général, cette « illumination ~ est inté-


rieure et se fait comme en réponse à une question
qu'on se pose soi-même dans sa conscience.
Du reste, vous avez dû constater vous-mêmes
que lorsqu'il y a un sincère besoin de réponse à
quelque chose qui vous préoccupe, vous trouvez
cette réponse en vous - si vous prenez l'attitude
nécessaire.
Seulement, tout cela se passe plus aisément ici.
Une autre question :
Les gens, ici, ont l'apparence qu'ils se donnent
eux-mêmes dans leur sentiment. Souvent, quand le
« passage ~ a été comme une réelle délivrance, l'in-
dividu se sent soulagé et passe par une véritable
renaissance. Il se sent - et paraît pour tous ceux
qui le voient - rajeuni de 10, 20, 30 ans !
Les vêtements que je porte généralement, pour
mon propre compte, sont, je crois, comme aupara-
vant. Sauf que je suis quelquefois en militaire. Mais
on ne s'habille pas. Cela vient comme cela - tout
seul. Par suite, je suppose, d'une habitude de « se
penser » ainsi.
Des robes flottantes, ici ? Oui, j'ai vu cela. A y
réfléchir un peu, je crois m'être aperçu qu'en cer-
taines occasions solennelles tout le monde portait
la même robe flottante. Peut-être moi aussi. Mais
-53-

il n'y a pas de vêtement proprement dit. C'est plu-


tôt une forme et une apparence produites par - et
de - notre propre substance. Les habits, sur terre,
n'en sont qu'une grossière imitation.
-54-

XIII

1nsignifiances
Ceci est pour ma sœur, si vous le voulez bien
Il ne faut pas que tu te laisses entraîner "il des
regrets. C'est si peu important, si tu savais ! Je
voudrais que tu puisses penser à moi comme si j'é-
tais encore avec toi, ce qui est le cas souvent.
Et rien de solennel, s'il te plaît !
Mais oui. On entoure les soi-disant c: morts ~ de
tant de solennité ! Cela fait toujours plus ou moins
barrière. Le fait est que nous ne nous sentons au-
cunement autres que nous n'étions, et cela nous
produit une impression gênante que de voir les nô-
tres se comporter à notre égard, autrement qu'ils
ne le faisaient auparavant, alors que nous étions
encore parmi eux.
Je te remercie pour tous tes sentiments affectueux
et tes bonnes pensées, pour ton courage et tout ton
dévouement. Ce sont des dons précieux que tu me
fais là. Mais il y a encore au fond de toi des larmes
- 55-

qui sont une déclaration de mort - et cela ne peut


manquer d'être pénible pour moi. Je ne t'en fais
pas reproche, d'ailleurs. Je comprends trop bien !
J'ai seulement relevé le sujet pour t'en rendre plus
consciente.
Vois-tu, toi et moi nous avons vécu pour rendre
la cause de l'Immortalité plus connue. La première
chose est donc d'agir en conséquence. Pardonne-
moi, mais si tu savais comme je m'en fiche (sic) de
votre monument mortuaire - et comme c'est par-
faitement ridicule, vu d'ici !
Si j'avais le choix, je demanderais qu'on ne me
fasse rien du tout. Et si tu voulais, pour servir la
Cause, braver un peu l'opinion, comme je t'applau-
dirais de bon cœur ! Mais je ne te demande rien.
Mon indifférence pour cette affaire est plus grande
encore que mon déplaisir. Si tu trouves désirable
d'avoir un monument sur mon (hésitation, puis :)
« !! ~ ... fais-le. .
Tout de même, j'aimerais mieux voir tes pensées
dirigées sur la vie où je me trouve, plutôt que de
t'occuper de ma... (nouvelle hésitation) « dépouille
mortelle s (1).
Au moins, fais-moi un plaisir : celui de ne plus
t'occuper de ce tombeau, une fois fait le strict né-

(1) Cf. App., 12.


-56 -

cessaire - ou ce qui te semble tel. Tâche de me sui-


vre dans ce monde bienheureux, chaque fois que tu
penses à moi.
C'est curieux, mais je ne te vois pas très bien dans
ton nouvel appartement. Quand je suis avec toi,
c'est toujours rue c... J'ai cherché la cause de ce
fait, et ce que j'ai trouvé c'est que je ne me déplace
pas localement pour être avec toi - mais j'emploie
(si je puis m'exprimer ainsi, et j'hésite presque à
me servir de ce mot) une « télépathie ~ plus intime
que la télépathie ordinaire. Je deviens comme un
avec ton sentiment et ta pensée.
Mais ton image est encore, pour moi, entourée
du décor familier. Aussi ai-je toujours notre mai-
son de la rue C... ici - et c'est toujours ma demeu-
re à certains moments. Car, à nos moments passifs,
3 notre ancien entourage se forme autour de nous au-
tomatiquement. Il n'y a rien d'étrange à cela, et
c'est bel et bien une réelle demeure: Nous sommes
encore si près de la terre, là où je suis, que nous
avons besoin d'un monde objectif.
Si ce n'est pas notre propre volonté positive qui
le crée, et si notre curiosité ne nous mène pas dans
les mondes créés par autrui, alors nous rentrons
généralement dans le monde créé par nos habitudes.
Mais je ne veux pas dire, pour cela, qu'il n'y a pas
- 57-

autre chose ici ! La Terre a son âme vivante qui


crée son monde sur tous les plans.
Ici, je puis voyager et visiter tous les coins de la
terre si je le veux. Mais le mode selon lequel ont lieu
ces voyages et ces visites est tout autre que sur ter-
re - car nous ne rencontrons pas les obstacles créés
par les distances du monde à trois dimensions.
Où je me trouve au juste, spatialement parlant ?
Je pense que je suis dans la contre-partie astrale de
mon monde terrestre habituel. Je ne suis ni en haut,
ni en bas, mais plutôt au dedans... C'est difficile à
expliquer, par suite d'une autre dimension que tu
ne connais pas.
-58-

XIV

Simples remarques

Ce que je fais, jusqu'ici, c'est profiter d'une


issue dans votre esprit pour faire passer un rensei-
gnement. J'essaie d'imprimer sur votre conscience
des choses difficiles à exprimer en paroles. Je vous
demande donc un peu d'indulgence si je ne réussis
pas toujours à être clair. N'oubliez pas que le mode
de vie, ici, dépasse tellement celui de la vie sur
terre - nous y développons des facultés qui ne sont
qu'à l'état rudimentaire en bas !
Je saute du coq à l'âne dans mes communica-
tions, comme cela vient spontanément, ou à l'oc-
casion des questions qui passent dans votre esprit.
Je n'ai pas un cours suivi d'enseignement à donner.
Ce sont plutôt des impressions toutes personnelles.
Quelquefois aussi il arrive que ce que j'avais l'in-
tention de dire ne « passe ~ pas... C'est que la nature
de votre réceptivité particulière n'est pas c psychi-
que ~, mais c mentale •. La nature de ma relation
avec vous est donc mentale. Il en résulte que les
- 59-

faits concrets de la vie objective, ici, ne trouvent


pas d'issue à travers vous. Par contre, les faits mé-
tapsychiques sont très aisément saisis d'ordinaire.
Avec cela, il existe à la base de votre nature un
scepticisme qui est tout à la fois une gêne et une
sauvegarde. En conséquence, bien des choses vous
échappent de ce que je voudrais dire. Mais si vous
ne recevez pas tout, du moins ce qui « passe ~ n'est
pas faussé. J'aime mieux cela. Plutôt peu, mais jus-
te, que beaucoup mêlé d'idées préconçues ou d'ex-
cessive imagination.
Comment je travaille avec vous? Je suis assis à
la table de mon bureau - ou plutôt dans la contre-
partie astrale de celui-ci. Je parle de mon bureau
rue c..., car c'est là que je me plais surtout à tra-
vailler. J'écris. Par le fait de ma concentration men-
tale, ce que j'écris - mot par mot - s'imprime sur
votre mental. Le reste s'ensuit. Le processus est loin
d'être parfait, mais en général, je suis très satisfait
de notre collaboration.
Pendant que j'y suis; je voudrais vous expliquer
la raison de certaines dépressions de ces derniers
temps que vous ne comprenez pas. Elles viennent
de ce qu'il y a souvent autour de vous des person-
nes qui recherchent votre ambiance pour être dé-
livrées de leur oppression. C'est pourquoi vous res-
sentez vous-mêmes celle-ci. A ces moments-là, par-
-60-

lez aux invisibles selon que votre intuition vous le


dicte - et vous serez délivrés aussi.
Je reviendrai là-dessus à l'occasion.
Votre sentiment est juste. La Lune a une profonde
Ci influence en sens favorable chez vous. Entre paren-
....... thèses, il y a une relation intime entre la Lune et
notre monde, ici. Je ne comprends pas ce qu'elle
peut être astronomiquement - car nous apparte-
nons toujours à la Terre - mais il semble que l'in-
fluence de la Lune sur la vie terrestre passe par le
monde où je suis actuellement. Ce n'est donc pas
exclusivement une figure poétique que de dire des
« morts ~ qu'ils « descendent sur terre par la Porte
de la Lune s ,
En fait, le clair de lune facilite les communica-
tions entre les deux mondes. La lumière du soleil
les rend difficiles.
- 61-

xv

Purgatoire sur terre

Mon pauvre ami ! Ce n'est pas toujours drôle


d'avoir un corps physique, bien sûr. Mais, voyez-
vous, la grande affaire en pareil cas est de recon-
naître le but de nos souffrances, tout autant que
leurs causes.
En ce moment, vous travaillez - dans votre être
physique - à une grande purification spirituelle.
Et le fait important n'est pas tant dans le mal cor-
porel lui-même que dans celui de « subir une af-
fection contagieuse s (1). Comprenez-vous?
Gardez-vous seulement de tout mouvement de
révolte intérieure, et écartez de vous tout sentiment
- même fugitif - d'être une pauvre victime. Ce
que vous gagnerez à la fin de ce processus dépasse-
ra tellement l'épreuve du moment!
Je sais - j'ai toujours su - le grand chagrin
que vous aviez à cause de la nécessité de vous iso-

(1) T.B. C.
-62-

Ier des enfants. Ami, le danger n'est pas négligea-


ble. Mais il ne doit pas nécessairement conduire à
votre éloignement. Vous trouverez sûrement vous-
même de petits trucs amusants pour parer au dan-
ger en évitant les contacts physiques.
J'ai "des choses importantes à dire à ce sujet :
Quand vous trouvez la force de refuser les petites
joies dans le contact avec vos petites, parce que
c'est pour leur bien, il se produit quelque chose de
bien autrement essentiel que le simple fait négatif
d'écarter un danger.
Vu d'ici, il peut y avoir de très beaux résultats !
C'est comme une grande fleur lumineuse qui s'ou-
vre lentement et qui monte, monte, doucement, peu
à peu, comme un « don au Plus Haut ~ !
Vous pouvez diriger vous-même la formation. la
destination et le but des formes vivantes. ainsi
créées par le sacrifice.
Vous comprenez qu'ainsi vous avez un pouvoir
infiniment important pour faire du bien à vos chè-
res mignonnes.
Il est parfaitement exact qu'on peut aider autrui
en créant délibérément des formes de ce genre par
l'imagination. Mais leur pouvoir est infiniment plus
grand si elles sont vivifiées par le sacrifice né de
l'amour.
-63-

Dites-vous ceci : c La Fleur du Sacrifice ~ n'est


pas une façon de parler. C'est une glorieuse réalité!
Quant à votre mal même, mon bon ami, ne per-
dez pas courage. N'écoutez pas le tentateur. Ce que
vous pouvez liquider sur terre est gagné plus d'une
fois. Rappelez-vous ce que je vous disais au com-
mencement à propos de ces c forces ténébreuses ~
que nous apportons avec nous, en naissant, pour
les travailler ici-bas. Forces non régénérées de no-
2
tre propre passé.; Elles doivent - doivent ! -
être liquidées en bas.
La destinée qu'on est venu accomplir sur terre
doit être accomplie. Si ce n'est pas accepté avec une
intelligente résignation, c'est doublé ici. Je ne veux
pas vous faire un sermon en disant cela. c Vous- 3
même sauverez vous-même ~. Un autre ne peut
être que juste une occasion de mettre votre c vous-
même » en branle.
N'oubliez pas qu'il n'y a rien d'arbitraire ni de
punitif dans tout cela. C'est simplement un jeu de
conséquences résultant de causes jadis mises en
4
branle par vous-même, et dont vous devez dès lors
endosser la juste liquidation.
Je n'aime pas d'avoir ainsi l'apparence de vous
faire la leçon, mais c'est que - vues du -point où je
me trouve - tant de choses se montrent plus dai-
rement qu'en bas!
-64-

En somme, l'art de la vie consiste surtout q troll-


ver la juste réaction dans tout ce qui nous arrive,
et cette réaction n'est juste qu'autant qu'elle est
prise en positif.
Quand vous aurez décidément accepté votre lot
sans vous révolter, sans condamner ni critiquer ce-
ci ou cela... mais en faisant pleine confiance à l'A-
mour-Sagesse qui est derrière tout ce qui vous ar-
rive; alors la chose aura fait son œuvre - et vous
aurez nettoyé d'avance votre Purgatoire.
Entre temps, soignez-vous et fiez-vous toujours
à votre Ange Gardien dans votre misère.
Grâce à Lui des ouvertures justes tâchent de se
faire jour en vous, et Son pouvoir est plus grand
que le mien.
-65-

XVI

Anges gardiens

Je sais combien la question de l' c: Ange Gar-


dien ~ vous intéresse. Ce que je puis vous dire, selon
ma propre expérience, c'est qu'Il est « la boussole
au dedans de nous ~.
C'est là notre plus directe relation avec Lui.
Il y a aussi des Etres angéliques qui s'intéressent
à un ou plusieurs individus humains. Question
d'affinité qui, peut-être, a sa base dans un passé
très reculé.
Même dans le monde où je suis présentement, il
n'est pas toujours aisé de Les voir - ce qu'on ap-
pelle voir. Quand on s'aperçoit de Leur présence
ou qu'on converse avec Eux, c'est toujours par im-
pressions télépathiques. Et l'image ainsi reçue est
toujours fortement influencée, évidemment, par ce
qu'on s'était soi-même d'avance imaginé d'Eux.
Par quoi je ne veux nullement prétendre que
cette vision soit uniquement imaginaire - bien
entendu I
-66-

C'est curieux comme les catholiques - et aussi


les Anglais - vivent beaucoup plus en relations
avec les Anges, ici, qu'un froid protestant comme
moi!
Je vous ai entendus vous demander entre vous ce
que j'entendais personnellement par « Ange Gar-
dien », là où, à propos de vos difficultés physiques,
j'évoquais la pensée du vôtre dans votre esprit.
Au fond, la vérité vraie c'est qu'Il est notre MOI
DIVIN même - notre Eternel Compagnon.
Car le véritable Guide est au dedans de nous-mê-
me. Seulement comme, à notre présent stage, nous
ne pouvons généralement ni Le voir ni L'entendre,
ce Moi-Supérieur-en-nous attire Son semblable pour
« faire le pont ». Il emploie un Délégué - tel mon
Guide, par exemple. Mais, en réalité, les deux -
Ange Gardien et Délégué - sont une même chose
ensemble. intérieurement parlant. Considérés du
point de vue extérieur. Ils sont mutuellement dis-
tincts - le Délégué étant de race humaine. alors
que Celui qu'Il représente auprès de nous est de
nature angélique. Appelez-le Délégué, « Guide », ou
« Ange Gardien extérieur », c'est la même chose.
Du moins, c'est ainsi que les faits se sont mon-
trés à moi jusqu'ici.
Mais ce n'est pas tout, car en réalité l'Ange Gar-
dien proprement dit emploie, pour ainsi dire, une
-67-

chaîne de Délégués pour combler l'espace entre Lui


et nous. Délégués qui appartiennent à différents ni-
veaux d'existence correspondant aux divers dépar-
tements de notre être. Mais chacun des chaînons de
cette chaîne est lui-même un composé, et non pas
une seule et unique entité. Je veux dire par là que
chaque Délégué principal a Lui-même Ses propres
délégués. selon le besoin. C'est aussi à l'expérience
que je l'ai appris.
:\'aturellernent, les lie!lS que nous pouvons avoir
avec ces divers Amis ne sont pas les mêmes, et l'Ui
nous est plus intimement proche que l'Autre. 1\111i;;
cet Autre, pour Sa part, est capable d'influencer un
domaine spécial de notre être. En somme, il en va
de cela plus ou moins comme sur terre où, en vue
d'un travail donné, l'entrepreneur fait appel à des
spécialistes relativement à certains domaines parti-
culiers de l'entreprise.
Nous aurons encore à reparler de cette question
du « Guide ~ par la suite.
-68-

XVII

U ne bonne âme en peine

A travers votre conscience, j'ai assisté à votre


lecture de tantôt (1). A mon tour, je vais vous ra-
conter un cas qui vous intéressera, je crois. C'est
celui d'une brave femme que j'ai connue autrefois.
Elle était alors toujours en train d' c aider l'hu-
manité ~.
Et comment!
Quand je l'ai rencontrée ici, elle ne semblait pas
très heureuse et j'avais pitié d'elle. En réponse à
mes questions, elle s'est mise à me parler de la
Porte du Paradis - qui était trop étroite, gémis-
sait-elle.
- Votre état n'est donc pas paradisiaque ?
remarquai-je.
Elle me répondit qu'elle avait espéré entrer en
Paradis tout de suite après sa mort.

(1) Dans l'autre Monde, par A. P. SINNETT.


-69-

- Et qu'est-ce qui vous empêche d'y entrer, dans


votre Paradis ? insistai-je. Car il était clair qu'elle
entendait par là un endroit défini et bien délimité.
- La porte est trop étroite ! répéta-t-elle. Venez
plutôt avec moi, .vous le verrez vous-même.
Sur quoi, nous sommes partis ensemble. Après
quelque temps, nous sommes arrivés devant un très
large escalier de marbre qui conduisait à un formi-
dable Temple.
Elle monta l'escalier. Moi aussi...
- Mais que cherchez-vous dans ce Temple ? lui
demandai-je. Car j'avais bien promis d'aller voir
son Paradis, mais pas de l'accompagner à l'église.
Elle me regarda d'un air surpris :
- Comment ! Mais ne savez-vous pas que c'est
l'entrée du Royaume des Cieux ? !
Ne voulant pas la choquer, je ne dis rien. Bientôt
nous étions sous le Porche. Je ne trouvais pas le
passage si étroit après tout. Mais, comme nous en-
trions ensemble, je me rendis compte que nous n'é-
tions pas encore devant la fameuse porte. Celle-ci
se trouvait, en effet, tout au fond de l'édifice et on
y lisait, en lettres d'or - dorées, plutôt :

ENTRÉE DU ROYAUME DES CIEUX

Et en français, encore !
-ïO-

Arrivée là, ma bonne dame prend dans chaque


main une énorme valise - é-nor-me. vous dis-je!
et entreprend avec obstination d'entrer, sans vou-
loir un instant lâcher ses bagages.
Impossible, naturellement.
- Mais qu'avez-vous besoin de bagages en Pa-
radis? m'exclamai-je.
Elle me regarda, mi-surprise, mi-indignée :
- Mais, Monsieur, ce sonf toutes mes « bonnes
œuvres» !
Je vous avoue être resté stupéfait de cette sim-
plicité d'esprit. Que devais-je faire ?
J'ai fini par la quitter, assise -- d'un air découra-
gé - sur un de ses volumineux colis.
Comme quoi vous voyez que même les « bonnes
œuvres » peuvent être un terrible embarras pour
entrer en Paradis!
Je vois que cette histoire vous met dans un état
d'esprit qui n'a rien de funèbre. Vous avez raison:
il y a de l'humour ici ! C'est le pays des possibilités
infinies.
Inutile de vous dire que le Temple en question
était une forme créée par l'imagination de la brave
personne et par d'autres esprits de même envergu-
re (1).

(1) Cf. App., 2, 3 et 4.


-71-

La porte étroite, elle, était une leçon symbolique


que son Guide inconnu lui donnait de cette façon.
C'était facile à comprendre.
Incroyable, en vérité, comme la vie est riche et
intéressante ici !
-72-

XVIII

Bonté à courte vue

Ce soir, je voudrais vous raconter encore quelque


chose. Il s'agit aussi d'une dame. Son Purgatoire
actuel consiste à sentir par elle-même tout ce à quoi
elle a exposé les gens qui travaillaient pour elle,
sur terre.
Ne croyez pas qu'elle était dure, ni cruelle. Loin
de là ! Elle est - et était - une personne très
aimable et très bonne. Seulement, elle manquait
parfois de cette imagination qui fait qu'on se met à
la place des autres.
Elle avait une jeune couturière, une fille-mère,
sa protégée. Elle l'avait sauvée du suicide et s'était
occupée de lui trouver du travail dans plusieurs
maisons de sa connaissance. Tout cela, naturelle-
ment, était excellent. Malheureusement, elle ne se
rendait pas compte des conditions dans lesquelles
travaillait la pauvrette, quand celle-ci venait en
journée chez elle.
C'était dans un cabinet qui servait de lingerie.
-73-

Pas de soleil. En hiver, pas assez de lumière. Et,


pour tout chauffage, un poêle à pétrole qui empes-
tait l'air qu'elle devait respirer du matin au soir.
La pauvre petite, très reconnaissante envers sa
bienfaitrice qu'elle aimait et respectait, ne se plai-
gnait jamais.
Mais ce n'est pas tout.
Elle employait aussi une femme de ménage pour
tout le travail que son personnel ordinaire n'arri-
vait pas à faire. C'était une personne d'âge mûr
avec une très grande famille. Le cas était le même
que tout à l'heure. Elle avait pris cette femme par
réelle bonté et elle s'intéressait à ses enfants, étant
d'une nature charitable. Seulement, elle ne se ren-
dait pas compte combien la malheureuse était sur-
menée et - comme patronne - elle exigea le 100 %
du travail dû.
Elle n'a jamais su voir l'extrême fatigue de la
pauvre femme, dont la journée avait réellement
commencé trois heures déjà avant qu'elle-même ne
fût levée!
A présent, elle est consciente - et comment, ! -
du fardeau qu'ont eu à porter chez elle ses fidèles
servantes. Et, en même temps, elle se rend pleine-
ment compte de tout le dévouement affectueux et
de toutes les pensées de gratitude qu'éprouvaient les
deux femmes à son endroit.
-74 -

Ce sont là des « charbons ardents sur sa tête s ,


vous pouvez m'en croire !
Représentez-vous, en même temps, l'intensifica-
tion que prend tout sentiment dans ce monde-ci !
Et vous avez là un nouvel échantillon de ce que
peut être le processus purgatoriel chez quelqu'un
de bon, pourtant, et de charitable.
Si je vous donne ces exemples, c'est qu'ainsi pris
sur le vif, ils vous parleront plus directement que
bien des dissertations.
Cette dame passe, à l'heure actuelle, par un état
de conscience dans lequel elle s'identifie personnel-
lement et intensément avec les gens et conditions
dont je viens de parler. Car un moment vient pour
chacun, ici, où il doit prendre vivement conscience
non seulement de ce qui est bien et de ce qui est
mal, mais aussi de chaque joie - comme de chaque
souffrance - qu'il a causée à un autre.
Mais dites-vous bien qu'il faut être déjà d'un
certain développement pour passer cette sorte de
Purgatoire. Les âmes de moindre développement
n'en sont pas capables, n'ayant pas encore acquis la
possibilité de ressentir le degré de sympathie né-
cessaire.
-75 -

XIX

Choses et autres

Vous vous souvenez de ce que je vous disais une


fois à propos d'une quatrième dimension ici, et du
fait que le grand travail du commencement était
de s'y adapter. A vrai dire, ceci avait trait à la ma-
tière subtile de ce monde où je suis, et aussi aux
habitudes prises sur terre et qu'on apporte ici avec
soi.
Naturellement, il y a une grande différence dans
la conscience des divers individus sous ce rapport.
Au fond, il n'est pas tellement difficile de vous
représenter un peu les faits, si vous tenez compte
d'un point particulier ; c'est que la matière à la-
quelle nous avons affaire, ici, est extrêmement mal-
léable.
Quand nous quittons le corps physique, nous pas~
sons d'un monde où la matière offre une résistance
tenace dont nous avons pris l'habitude - à un mon-
de tout différent. Dans ce dernier, en effet, on a
beaucoup plus de pouvoir, notre matière à nous
-76-

obéissant et se pliant au gré, et selon les activités,


de notre imagination.
C'est une donnée que vous pouvez développer
aisément.
Par exemple, le fait que je me suis mis dans mon
lit, comme je vous l'ai raconté, était du pur auto-
matisme. Je ne prétends pas, certes, que la fatigue
n'existe pas ici. Mais ce n'est pas un lit qui peut
reposer de cette fatigue-là - c'est plutôt une har-
monie d'un genre ou d'un autre.
Je me vois en ce moment assis devant une table
pour travailler. Ce même travail pourrait être ac-
compli sans table ni écriture - par une sorte de
précipitation. Pourquoi alors suis-je installé à cette
table ? Par habitude ? Oui.
Maintenant, un mot au sujet des angoisses et dé-
pressions qui vous assaillent de temps à autre de-
puis quelques jours. Elles ne sont pas physiques,
non, mais psychiques. Rappelez-vous ce que je vous
racontais de mes « nuages sombres ~ dans les pre-
miers temps 1...
Cela tient à ce que vous rencontrez parfois sur
votre chemin ces e nuages ~ de votre passé. Ils doi-
vent - doivent! - être travaillés sur terre. Trai-
tez-les en entités étrangères et, si j'ose dire, regar-
dez-les fixement dans les yeux. C'est le seul moyen.
Il est bon aussi, à de pareils moments, de lire quel-
-77 -

que chose qui élève les pensées et fasse monter l'es-


prit à un plan supérieur. Mais, s'il est à propos de
le faire pour vous élever, il ne serait pas bon de le
faire pour fuir. Faites bien la différence aussi entre
c regarder» et c sentir » la dépression - ou quoi
que ce soit d'autre. Les résultats ne sont pas les
mêmes.
J'ai maintes fois vu, ici - vu. au sens le plus
littéral du terme - les entités obsédantes se fondre,
sous le ferme regard de l'Individu réel, comme un
bonhomme de neige à la chaleur du soleil.
Quand vous rencontrez de ces nuages sur votre
sentier, ne les chassez pas. Rendez-vous seulement
compte qu'ils sont là et, alors, regardez-les avec :>
sérénité - sans esprit d'hostilité. Car en les com-
battant, vous vous mettriez à leur niveau et devien-
driez vulnérable pour eux - sans compter les nou-
velles causes que vous mettriez en jeu par votre
combativité.
-78 -

xx

Guides et Maîtres

On rencontre ici, parfois, des Etres appartenant


aux Mondes Supérieurs. Je crois pouvoir distinguer,
parmi ceux de race humaine. trois catégories dif-
férentes :
Les Maîtres. les Guides et les Eveilleurs.
Je n'ai pas encore eu de contact avec les Maîtres.
Peut-être n'est-ce pas le moment. Peut-être aussi
n'est-ce pas ma ligne.
Le Guide, par contre, est toujours là quand je
rencontre une difficulté ou quand je suis en face
d'un problème. J'ai avec Lui un lien personnel et je
l'appelle avec un Nom. Je le sens comme un Ami
paternel, et Il m'a tout de suite été singulièrement
familier. Mais ce n'est pas toujours, ni dans toutes
les circonstances, que je vois ce grand Esprit par-
ticulier, et je n'oserais pas prétendre qu'Il s'occupe
de moi exclusivement.
Lors de mes expériences purgatorielles, le Guide
qui m'indiquait ce que j'avais à faire n'a pas
-79 -

été très clair pour moi en tant qu'individualité -


du moins sur le moment. La chose en soi, le fait de
Sa présence et de Son aide, était d'une telle impor-
tance pour mon état de conscience d'alors, que la
personnalité de Celui qui me donnait son avis au
moment utile venait plutôt à l'arrière-plan.
Les Guides donnent, aux moments critiques, une
indication - pas plus.
Les Maitres, Eux, enseignent davantage. On voit
même des écoles, ici. Naturellement, l'enseignement
dans notre monde n'est pas intellectuel. C'est en
éveillant des images et incidents symboliques qu'on
incite l'entendement à naître. En son genre, le cas
de la « porte étroite» en est un exemple.
Des Eveilleurs, si vous le voulez bien, je vous
parlerai une autre fois. Ils n'enseignent ni n'agis-
sent. Ils SONT - comme le soleil - et cela suffit !
Aux Maîtres, donc, le domaine de l'enseignement;
Aux Guides, celui de l'action.
Mais il serait vraiment présomptueux de croire
qu'on puisse être personnellement l'objet de l'at-
tention exclusive d'Un Guide ou d'un Maître. Dans
le monde où je suis - et à plus forte raison plus
haut - les relations sont beaucoup plus universel-
les que dans le monde ordinaire.
-80-

XXI

Les Eveilleurs

Je vous disais hier, à propos des Eveilleurs, qu'ils


SONT - et que cela suffit. Je veux vous raconter
quelque chose à ce sujet:
J'ai rencontré le Grand Vieillard.
Qui j'entends par là ? Celui qui possède la par-
faite sagesse, sans présenter en Lui-même la moin-
dre trace de décrépitude.
Quand nous nous trouvons devant Lui, c'est com-
me un rayon de soleil qui fait éclore la fleur de
notre âme. Vous étiez là aussi, tous les deux. Ma
sœur également, ainsi que quelques autres person-
nes qui nous sont très proches, à elle et à moi.
Sa venue était précédée d'une grande vague mu-
sicale, comme d'un puissant orgue. Mais, à vrai
dire, Il ne « vient ~ pas. Il est là ! Simplement. Et
chacun se sent réchauffé jusque dans les fibres les
plus secrètes de son être. Une lumière se fait en
nous...
-81-

C'est un bain spirituel auquel rien ne peut être


comparé.
Ne vous souvenez-vous de rien?
Votre corps dormait. Et je veux vous dire ici, à
ce propos, qu'il y a pour vous une vie en marge de
votre vie de veille et qui est peut-être plus impor-
tante que celle-ci. La vie que vous appelez normale
n'est qu'une partie infinitésimale de la vie intégrale
de chaque individu !
Le Grand Vieillard est le type de l'Eveilleur .:
Il n'agit pas - Il EST ! Il semble être absorbé
en Lui-Même et ne voir rien ni personne. Et pour-
tant, étrange contradiction, chacun sent un lien di-
rect avec Lui ~ et, par l'effet de Sa seule présence,
tous les germes de sagesse, amour et bonté qui sont
au cœur de chacun se développent d'eux-mêmes...
tout comme les germes contenus dans les semences
sous la première chaleur bienfaisante du printemps.
Cette Figure est d'une beauté et d'une grandeur
qui dépassent toute description. Elle est bien au-
dessus de lataille humaine, et Elle fait l'impression
d'un Roc et d'un Soleil en même temps : l'impres-
sion de quelque chose d'inébranlable et d'éternel.
C'est une vision qui ne dure qu'un instant, mais
d'un effet permanent. Après cela, on n'est plus le
même qu'auparavant. C'est comme si, d'enfant, on
était devenu homme mûr 1
-82-

Son aspect est celui d'un vieillard de parfaite


beauté. Cheveux blancs. Grande barbe blanche flot-
tante. Les yeux comme deux soleils ! Tout autour
de Lui, un immense halo de lumière. Il est assis
dans une attitude de méditation. Droit, et les mains
sur les genoux. Sa couleur dominante ? Blanc. Il
fait l'effet de blanc et azur comme un pic neigeux
contre le ciel bleu. Les yeux donnent l'impression
d'être fixés attentivement sur chacun en particulier,
et en même temps c'est comme s'Il ne nous voyait
pas, mais regardait, à travers nous, dans l'éternel.
Il n'appartient pas au Monde Angélique, mais à la
Race Humaine - le type « Humain» accompli !
On ne Le voit pas venir. A. un moment donné il y
a une grande multitude présente, pleine d'une at-
tente heureuse, et un joyeux murmure :
- Le Grand Vieillard !
Une glorieuse vague de musique, et - sans qu'on
sache comment - Il est là !
J'ai tenté cette description dans l'espoir de faire
descendre dans votre conscience ordinaire une pré-
cieuse expérience que vous avez faite avec ma sœur
et moi. Essayez de vous représenter la chose et de la
visualiser avant de vous endormir, elle et vous.
Vous devriez, à la longue, parvenir à Le voir.
Le voir dans votre esprit, bien entendu. Car, en vé-
rité, vous avez tous vu comme moi - et beaucoup
- 83-

d'autres avec vous. Pour elle, ce sera la consolation


de ses heures vides et solitaires, quand il fera froid
et gris dans son âme...
Vous vous demandez qui est ce Grand Vieillard '?
On parle ici du Grand Vieillard - mais on ne
donne aucune autre indication à Son égard.
Il n'y a pas à raisonner sur Lui.
On peut seulement Le subir - je veux dire :
éprouver la bienheureuse influence de Sa PRESEN-
CE pleine de sereine lumière, et Sa bienfaisante ac-
lion sur les plus pures et nobles valeurs en germe
au fond de chaque cœur.
-84-

XXII

Les animaux

Comme vous avez pu le voir, déjà, je n'ai pas


l'intention de me cantonner uniquement dans la
question purgatorielle. A l'occasion, je veux aussi
vous faire part de mes expériences en d'autres do-
maines.
Hier, je me proposais de vous parler un peu des
animaux. Mais les conditions n'étaient pas bonnes
et rien ne « passait :.. Elles sont meilleures, ce soir.
Je vais donc tâcher de vous raconter quelque chose
de ce que j'ai vu ici sur le sujet en question.
Là où je me trouve à présent, les animaux ne
semblent avoir possibilité d'accès et de séjour qu'en
dépendance de leur relation avec quelque personne
qui les a aimés sur terre.
Je veux dire par là que ce n'est pas ici leur mon-
de normal. Ils ne s'y trouvent élevés que par suite
de leur attachement à un être humain, car l'homme
- par son affection et par l'action chimique, en
quelque sorte, qu'elle exerce sur les êtres qui vien-
-85-

nent à son contact - élève l'âme de l'animal à un


plan supérieur de vie et de conscience.
C'est là un vivant exemple du miracle de l'Amour.
Oh, oui! Vous aurez beaucoup d'animaux avec
vous, ici, quand vous y serez. Certainement. Il y en
a même passablement dès à présent. Dans l'invisi-
ble ? Mais oui. Beaucoup de chats et d'oiseaux....
Mais je ne distingue pas toujours très bien les ani-
maux réels des c: ombres» laissées par ceux qui
sont repartis. Je vous reparlerai une autre fois de
cette question d' c: ombres »:
Vous disiez une fois, mon cher ami, que vous
aviez « pris en vous» - pour ainsi dire - plusieurs
de vos petits amis à poils et à plumes quand ils ont
semé leur corps physique derrière eux. Vous parliez
aussi d'une petite souris prise dans un piège et im-
possible à sauver, que vous aviez tuée d'un coup de
talon pour la libérer - ce qui, du reste, vous avait
rendu positivement malade pour des heures. Celle-
là aussi vous disiez l'avoir « prise en vous» - at-
tirée avec amour dans le manteau protecteur de
votre âme... Et vous faisiez cette remarque : « Ce
ne doit pas être en vain, il me semble ».
Non, ce n'est pas en vain. Tout cela est bien plus
important qu'on ne le soupçonne.
On voudrait - ah, comme on voudrait ! - faire
connaître, ce qui s'appelle « connaître », l'animal.
-86-

L'animal est, comme toute chose dans la nature,


une expression de la Vie Divine. Il s'agit surtout de
comprendre cette vérité fondamentale, et c'est lar-
gement, à mesure qu'il en prend conscience, que
l'homme se civilise.
C'est avec une véritable joie, je vous assure, que
j'ai pris connaissance des lois protégeant non seu-
lement les animaux domestiques, mais aussi les bê-
tes des champs et les oiseaux, dans les pays nordi-
ques - de sorte qu'on ne voit pas chez vous (1) le
spectacle, honteux et déshonorant pour un peuple,
d'oiseaux chanteurs et de vanneaux morts sur le
marché.
La question de tuer ? Elle est inévitable en soi.
Il s'agit seulement du quand, du pourquoi et du
comment!
Si, pour votre part, vous avez à traiter de l'abus
de l'animal par l'homme, faites ressortir ce point et,
surtout, jetez toute votre force contre la vivisection.
La plus fréquente cause de cruauté envers les
bêtes est le manque d'imagination et de réelle
connaissance. Si j'étais à votre place, je racon-
terais vos ravissantes expériences avec les -ani-
maux. Ecrivez-les pour les enfants, car c'est avec
eux qu'il faut commencer. En pays latin, il faut

(l) En Hollande.
- 87-

bien l'avouer, l'enfant est plutôt mal dirigé dans


ce domaine.
Pensez-y un peu : Connaissance de - et Intérêt
pour - l'animal, sont les meilleurs antidotes contre
la cruauté.
-88-

XXIII

Présentation

Non, je ne connais pas votre entourage, sauf tel


que je le vois reflété dans votre esprit. Ce n'est pas
qu'il nous soit impossible de voir le monde terrestre,
mais il faut pour cela une concentration spéciale -
et, même alors, il nous paraît vague et irréel.
Si, en ce moment même, par exemple, je vois
l'appartement de ma sœur, c'est plus facilement et
nettement à travers sa conscience que directement.
Toutefois, dans les plans plus bas, le contact avec
la matière nous est plus accessible et nous pourrons
en reparler.
Ce que je voudrais vous raconter aujourd'hui n'a
pas été vu par moi, mais m'a été dit par quelqu'un
avec qui je causais une fois sur le sujet. Il
avait fait la même expérience que moi. Expérience
qui, entre parenthèses, n'a pas été uniformément
confirmée par tous ceux à qui j'en ai parlé - preuve
que le chemin de l'un n'est pas celui de l'autre.
J'ajoute que, contrairement à ce que j'avais cru
-89-

tout d'abord, cet état de conscience qu'on appelle


c Purgatoire s n'est pas un fait continu qui se pro-
longe jusqu'à ce que la dernière scorie ait été brû-
lée. L'expérience de mon interlocuteur et la mien-
ne, comme d'ailleurs celle de beaucoup d'autres, est
que cet état va et vient, prend place et passe, on ne
sait ni quand ni comment.
L'ami dont je vous parle m'a fait part d'une de
ses aventures et je vais tâcher de vous la transmet-
tre. Mais il faut d'abord que je vous le présente lui-
même. Disons : Monsieur C..., professeur de musi-
que dans une ville de province. Homme extrême-
ment bon et honnête, seulement un peu vaniteux
de ses propres talents. Il me l'a lui-même dit en sou-
riant - tant il est vrai qu'on peut sourire à son
aise de ses propres défauts, une fois qu'on les a
surmontés.
C'est toujours bon signe d'entendre un homme ri-
re de lui-même. Lui ne l'avait pas fait sur terre. Il
était, par contre, très chatouilleux à l'endroit de sa
propre valeur. Cela dit, je lui laisse la parole (non,
ce n'est pas ce que vous supposez ; il ne vous par-
lera pas lui-même, mais c'est moi qui vous trans-
mettrai intégralement ses paroles) :
J'étais l'enfant de gens très humbles. J'ai perdu
mon père, jeune. Ma mère était en service chez une
dame aisée. Sans enfants elle-même, cette da-
- 90-

me s'est intéressée à moi. C'est elle qui a payé mon


éducation. Elle m'a envoyé dans un internat de
classe supérieure - et c'est ce fait même qui a été la
cause du développement, dans ma nature, de cer-
tains défauts en germe chez moi.
Mes camarades n'avaient pas été longs à avoir
vent de mes humbles origines. Certains d'entre eux
ne se gênaient pas pour me faire sentir le poids de
la différence. Pourtant, toute singulière que la cho-
se puisse sembler, ce n'étaient pas tant mes condis-
ciples que plusieurs de mes professeurs qui se mon-
traient injustes dans leur dédain à mon endroit.
Cet état de choses avait, tout à la fois, stimulé
mon ambition et éveillé en moi une attitude d'a-
gressivité passive. Toute ma vie, cette attitude a
été mon plus grand défaut. Mes contacts directs avec
mon prochain en étaient devenus extrêmement dif-
ficiles. Je n'étais vraiment moi-même que quand
j'enseignais. Mes élèves, en général, m'aimaient. Au-
trement, je ne pouvais rester en bonnes relations
avec personne, à la longue.
Pourtant, j'étais bien intentionné. Mon premier
mouvement était généreux et cordial. J'avais be-
soin de camaraderie. Tout allait généralement bien
jusqu'au moment où - à tort ou à raison - je
m'imaginais remarquer chez l'autre quelque mor-
gue dissimulée, quelque sentiment de supériorité à
-91-

mon égard, ou quelque forme de malveillance.


J'étais très susceptible. Et il arrivait ainsi qu'une
relation bien commencée finissait toujours par se
briser contre la malheureuse mentalité née des con-
ditions de mon enfance.
Ces quelques remarques étaient nécessaires com-
me introduction à ce qui va suivre :
-92-

XXIV

Le parc de beauté

Après ma mort physique, j'étais seul. J'ai tou-


jours aimé être seul. Le monde où je me trouvais
désormais était merveilleux. Peut-être la meilleu-
re idée que je pourrais en donner serait-elle de le
comparer à un immense parc - mais un parc na-
turel.
Il y a de ces endroits-là sur terre, certes. Mais
ceci dépassait toute imagination. C'était comme
une réponse directe à mon aspiration après la beau-
té. L'artiste en moi et l'adorateur de la nature trou-
vaient là la réalisation de leurs rêves les plus exal-
tés. Les arbres, les fleurs, les buissons de toute beau-
té, me donnaient l'impression d'être la sublimation
même de leurs pareils sur terre. Il en allait de mê-
me pour tout le paysage.
Je ne puis vous décrire la joie de vivre et la grâ-
ce exquise des mille menus petits êtres qui dan-
saient et jouaient d'une fleur à l'autre - de petits
personnages, j'entends. A certains moments, la brise
-93-

m'apportait les harmonies délicieuses d'une musi-


que parfaite - alors je prenais mon violon et je
me joignais à l'orchestre. Jamais la musique qui,
pourtant, a toujours été ma raison d'être, n'avait si-
gnifié pour moi tout ce qu'elle signifiait à cet ins-
tant même!
Combien de temps ai-je passé dans cette extase?
Un jour, un an - je ne saurais le dire. Mais un mo-
ment vint où mon âme ne pouvait plus vibrer avec
toute cette joie et cette beauté... Je crois que j'ai
fini par m'endormir.
En revenant à moi, je ressentis une irritation
indescriptible. La cause en était que je ne me sen-
tais plus chez moi, désormais, dans cet habituel
entourage terrestre que j'avais quitté et où je me
trouvais de nouveau en me réveillant !
Une profonde aspiration à le quitter encore et à
retrouver mon paradis perdu me ramena dans ce-
lui-ci. Sans savoir comment, je me retrouvai dans
le milieu de beauté et d'harmonie que vous savez.
Seulement - mon âme restait impuissante à y ré-
pondre.
Elle était encore rassasiée, comprenez-vous ?
Je voulais demeurer là, tout de même. Alors, voi-
ci que j'ai vu pâlir peu à peu l'éclat des choses...
Je me suis mis à appeler:
-94-

- Musique, de grâce ! Vie ! Harmonie


Un lointain écho me répondit :
-- Harmonie ! Harmonie ! Amour ! Amitié ! Fra-
ternité !!
J'écoutais, j'écoutais ! J'étais tendu de tout mon
être vers ces mots... Mon Dieu, quelle émotion ils
pouvaient éveiller en moi! Je sentais, pour la pre-
mière fois, que j'étais seul dans ce paradis de beau-
té.
Amour! Amitié! Fraternité!!
Tout à coup, sans voir personne, j'entendis une
Voix me dire :
- Mais allez-y donc, mon Enfant ! Cherchez
vos frères et vos sœurs en humanité...
A ma gauche, un sentier tortueux et étroit m'in-
vitait. Je m'y engageai. Je marchais vite. Il était
long. Mais, à la fin, j'aperçus au loin ce qui me sem-
blait être la silhouette d'une grande ville.
- Allez-y, me dit encore la mystérieuse Voix.
Je n'avais pas besoin de ce stimulant, car j'étais
envahi par une indicible nostalgie de contacts hu-
mains. J'entrai dans la ville. Dans les rues pleines
de gens, la foule se dirigeait dans une même
direction. Personne ne faisait attention à moi. En-
fin, j'arrivai à une belle et spacieuse place à l'om-
bre d'une magnifique cathédrale.
-95-

Certaines conversations que j'entendais autour


de moi me firent comprendre qu'on célébrait, ce
jour-là, la Fête de l'Amitié. Chacun s'était joint à
ses amis, et des groupes plus ou moins considéra-
bles s'étaient formés.
>
Moi seul étais sans ami.
Jamais je n'avais été conscient d'une solitude
pareille - d'un tel abandon. Mon cœur réclamait
un visage connu, un seul ami, des traits familiers !
A un moment donné, je crus reconnaître à quel-
que distance un homme avec qui j'avais été en con-
tact autrefois. Il y avait même eu entre nous un lien
amical. C'était un acteur très riche et très populaire.
Pendant un certain temps, nous avions fait de la
musique ensemble. En fait, il était - sans que nous
l'appelions ainsi - un peu mon élève. J'avais le
sentiment de lui rendre service. Lui, dans sa riches-
se, avait certaines attentions pour moi - ce qui me
rendait plus vivement conscient de notre différence
sociale. Bref, il commençait à m'irriter... et un jour
vint où je brisai nos relations.
Au cours des années qui suivirent, il essaya vai-
nement de reprendre contact. Je m'y refusai tou-
jours. Mais, plus je maintenais mon refus et plus
lui, enfant gâté, persistait dans ses tentatives. Et
voilà que c'était encore lui qui était là, devant moi!
Maintenant, toutefois, mes sentiments étaient au-
-96-
tres. C'était moi qui me réjouissais de le revoir, de
voir une figure familière. Presque au même instant,
il m'aperçut. Il accourut aussitôt, d'un air joyeux,
dans ma direction. Tout content moi-même, j'allai
à sa rencontre, les mains tendues.
Transporté de joie, il m'embrassait - quand....
- 97-

xxv

U ne épineuse affaire

... (1) une douleur aiguë me fit sursauter


Surpris, il me regarda comme pris d'un sentiment
pénible. Puis, il se retira en murmurant à part lui :
- Encore ! Toujours le même...
La chose me parut étrange, car j'avais bien l'im-
pression, moi, que c'était lui qui m'avait piqué avec
un objet pointu. Mais sa réaction montrait assez
qu'il n'y était réellement pour rien.
La mort dans l'âme, je revins sur mes pas. Je
m'étais juré que je me ferais des amis, et je regar-
dais de côté et d'autre, cherchant dans la foule une
âme fraternelle. Cependant, je ne .tenais pas à dé-
couvrir des amis d'autrefois, dans la crainte de me
brouiller de nouveau avec eux.
Une jeune femme avec un radieux visage m'atti-
ra. Elle faisait partie d'un groupe dont elle s'était

(1) Ces .., font suite aux ... terminaux de la page précé-
dente.
- 98-

un peu ecartee d'un air pensif. Il y avait en elle


un quelque chose de familier et de bon. Le seul fait
de la regarder m'était comme un baume. Elle m'a-
perçut et, avec une expression d'heureuse surprise
dans ses yeux, me tendit gentiment la main.
Je la pris - mais ce fut pour bondir en arrière
avec un cri de douleur! Cette main fine et douce me
semblait tenir cachée une épingle qui m'entrait
profondement dans les chairs.
Je m'en allai, sans répondre à ses questions in-
quiètes. Jamais encore je n'avais connu un pareil
accahlement de solitude. C'est, au reste, pourquoi
j'essayai encore et encore de me faire un ami ou
une amie...
Impossible ! La même douloureuse expérience se
renouvelait à chaque contact.
Pleurant au fond de moi-même des larmes de
feu, je m'eloignai de la foule, évitant avec soin les
rues fréquentées. Je souhaitais retrouver l'endroit
d'où j'étais venu. Je me disais que si les esprits de
la nature qui le peuplaient ne pouvaient pas sa-
tisfaire mon besoin de compagnie, du moins ils n'é-
taient pas traîtres.
Il faut croire, toutefois, que je me trompai de
direction. Car le chemin que je pris, au lieu de me-
ner aux beaux sentiers du parc, devenait de plus
en plus morne et aride à mesure que j'avançais.
- 99-

Impossible de vous dire ma désolation intérieure !


Si bien qu'à bout de forces, je me laissai choir en
criant :
- Pourquoi, mon Dieu ? Pourquoi '?! ... Quel mal
ai-je donc fait, et à qui, pour être ainsi condamné
il ne rencontrer que fausseté cruelle et malveillance
incompréhensible ?! 1...
Une nuit noire tombait sur mon âme.
- C'est l'Enfer, pen~ai-je.

Et je me supposai damné pour l'éternité.


Au moment même où mes pensées devinrent
vraiment intolérables, une prière profonde et spon-
tanée jaillit du fond de mon angoisse. Prière pour
un peu de lumière, un peu d'entendement. Car, plus
ou moins confusément, je sentais d'intuition que c'é-
tait l'entendement qui seul pourrait me libérer...
Presque instantanément l'obscurité se fit moins
dense et, tout aussi vite, - comme si un épais nua-
ge s'était retiré de devant le soleil - le jour revint.
Je m'aperçus alors que j'étais assis sur un bloc
de rocher, au centre d'une vaste étendue parsemée
de grosses pierres.
Quelqu'un était assis près de moi.
Encore tout endolori de mes récents contacts
avec mes semblables, je fis instinctivement le geste
de me reculer. Mais l'autre, un homme d'âge mûr
-100 -

au visage inflniment noble et bon, me rassura d'un


sourire.
Je ne demandais pas mieux que de rester près de
lui. Il me semblait le connaître très bien. Mon cœur
répondait spontanément à l'affectueuse lumière de
ses yeux...
- Vous avez demandé à comprendre, me dit-il.
Etes-vous sûr que votre désir d'entendement soit
sincère?
- Oh ! combien ! m'écriai-je.
- Eh bien, n'ayez donc pas peur et rapprochez-
vous de moi.
En toute confiance, cette fois, je me mis tout près
de lui. Avec un geste d'une infinie délicatesse il me
prit la main et la tourna, paume en dessus.
- Voilà la cause de votre mal, disaient ses yeux
profondément plongés dans les miens.
Je vis alors qu'une épine extrêmement aiguë m'é-
tait entrée dans la chair. Il ouvrit avec précaution
le vêtement que je portais et m'en montra une au-
tre, à l'endroit du cœur. Peu à peu, je découvris
ainsi des épines en maints points de mon corps.
A ma question non formulée, mon compagnon
répondit :
- C'est votre irritabilité, votre amour-propre et
votre méfiance qui les ont engendrées.
-101 -

Mais, en me répondant ainsi, il ne proférait au-


cun son avec les lèvres. Ici, un mot dit de la façon
dont il me parlait, ne vient pas frapper notre oreille
du dehors. Il jaillit au plus profond de notre propre
conscience. De là sa portée. Ce n'est pas dès lors à
une chose entendue et que l'on doit croire, qu'on
a ainsi affaire - mais à une évidence directe.
Après un moment de rêverie, je murmurai :
- Je comprends que moi seul puis extirper ces
épines. Mais comment ?
- En les regardant bien en face, me répondit-il.
Vous possédez toutes les qualités requises pour une
bonne amitié - si seulement toutes ces épines ne
vous rendaient pas chaque contact intolérable...
Ici s'arrête mon histoire.
J'ajoute seulement que les épines ont maintenant
disparu. Je me suis débarrassé d'elles simplement
en les regardant bien en face, en effet.
Peut-être mon exemple sera-t-il utile à quel-
qu'un.
-102 -

XXVI

Météores astraux

Bonsoir, mes amis. Il pleut et vente chez vous.


Mais ne pensez pas que nous ne connaissions pas,
nous aussi, le mauvais temps.
Je ne parle pas, naturellement, des conditions
climatologiques ordinaires, mais de ce que j'appel-
lerai - si vous voulez me comprendre - du bon
ou mauvais temps psychique.
Par exemple, on peut se trouver dans une foule
qui se passionne pour une question ou une autre.
Car on se rassemble ici comme sur terre et, comme
sur terre aussi, la foule est bien moins intéressante
que les individus qui la composent, pris à part. Or,
quand la tension devient trop forte, il se produit
dans notre atmosphère des phénomènes analogues
à un plus ou moins violent orage avec décharges
électriques.
Du reste, on peut également constater cette réac-
tion quasi-atmosphérique à propos de l'état d'âme
d'un simple individu. Ceci surtout en cas de dépres-
sion morale. Rappelez-vous les « nuages sombres
-103 -

et lourds» dont je vous ai parlé, dans mon propre


cas.
La seule mais importante différence, ici, avec le
mauvais temps sur terre, c'est qu'on n'est pas obli-
gé de s'y soumettre. Une fois que les causes et le ca-
ractère en sont connus, on est maître du temps.
Ceci pourra vous rassurer, je pense. Ainsi, par
exemple, on peut se trouver en plein milieu d'un
épais rassemblement et sous une pluie battante, et
pourtant se créer pour soi-même des conditions
parfaitement sereines.
Bien plus encore que sur terre, l'état de conscien-
ce prime tout, ici.
Vous vous demandez si je vois les auras?
Oui et non. Cela dépend de l'attention, d'ordi-
naire. Pour moi, je regarde presque toujours - par
habitude prise, je suppose - au fond des yeux.
Mais, dès que je pense « aura », je localise mon at-
tention sur ce point et je la perçois.
Vous de même, d'ailleurs - vous ne voyez pas
des choses pourtant évidentes, dès lors que vous ne
portez pas votre attention sur elles.
Et puis, il y a la question de disposition indivi-
duelle. Voyez la différence dans le récit de deux
personnes, à propos d'un même voyage accompli
en commun. A combien plus forte raison est-ce le
-104 -

cas ici, où la vie subjective est tellement plus in-


tense que sur terre et où les conditions extérieures
surgissent beaucoup plus promptement sous l'im-
pulsion de l'idée !
Pourtant, ici aussi il existe un monde entière-
ment indépendant de l'homme. Ceux qui ont l'âme
sereine le voient - et ce monde-là est merveilleux
de beauté. En tenter une description est hors de
question, car votre esprit ne ferait que tout ramener
à de beaux spectacles terrestres. N'oubliez pas la
mystérieuse Quatrième Dimension 1...
On doit avoir vécu ici quelque temps et avoir
atteint un certain degré de développement pour en
devenir conscient.
-105 -

XXVII

Moments d'humeur

Oui, c'est moi déjà. Je vous surprends, n'est-ce


pas ? .. En cc moment, je suis avec vous, assis sur
la chaise à côté du radiateur. Je vois votre chambre,
mais un peu floue. Les petites baies rouges, dans le
vase là-bas, ont un lumineux halo.
Hier, j'ai tâché de vous expliquer intérieurement
votre malaise psychique de la journée. La cause s'en
trouve dans un automatisme psychique que vous
connaissez très bien, et qui vous plonge dans votre
Purgatoire. Le processus est désagréable, mais salu-
taire. Ce que vous avez fait en ce sens sur terre,
vous n'aurez pas à le faire ici.
Quand l'harmonie et la sérénité de votre âme
sont troublées par quelque contact extérieur, faites
attention - car vous ne gagnerez rien à critiquer ')
ni à condamner. Dites-vous bien que c'est une op-
portunité qui vous est donnée pour travailler à vo-
tre purification, déjà, là où vous êtes.
C'est souvent l'œuvre même de Quelqu'un, en
~ 106-

vue de vous amener à un certain point de redresse-


ment, de rectification intérieure. Mais, de toute fa-
çon, dès qu'une âme soupire sincèrement vers le
bien et le vrai, toutes les Forces de l'Univers travail-
lent avec elle, et les opportunités utiles sont mises
sur son chemin à cet effet.
De savoir cette vérité raccourcit l'épreuve. Ce
ne sont pas des entités malveillantes qui agissent
là - c'est l'Amour-Sagesse même qui vous donne
cette opportunité.
Le sentiment que vous éprouvez souvent, à cer-
taines minutes désharmonieuses, qu'on vous obser-
ve dans l'Invisible comme « pour voir ce que vous
allez faire cette fois ... » correspond à un fait. Et
l'impression que vous avez que, quand vous avez
de nouveau succombé, le « quelqu'un» qui observe
se dit avec un certain désappointement, mais sans
se décourager: « Cela n'a pas encore réussi, cette
fois-ci, mais nous finirons bien par y arriver tout de
même » - cette impression-là est parfaitement
juste !
Si je sais ce qui se passe en Abyssinie? Non. Je
sais qu'il y a une guerre injuste. Mais il m'est dé-
conseillé de me mêler de ce qui se passe sur terre.
Quant à recevoir les âmes de ceux qu'elle envoie
en astral, ce n'est pas mon département en ce mo-
ment. Actuellement, je suis en préparation. C'est
-107 -

un processus de développement de conscience. Je


ne suis pas sur la ligne de l'activité extérieure, et
mon mode de développement est celui qui s'effectue
par l'élargissement de la conscience.
Peut-être comprendrez-vous, si je vous dis qu'il
y a des personnes qui sont en quelque sorte les
c: Mains» de Dieu. D'autres, Sa « Tête». D'autres
encore, Son « Cœur». Je suis de ces derniers. Nous
en reparlerons encore. Mais ce n'est là, naturelle-
ment, qu'une manière de dire les choses - car on
n'est pas ceci à l'exclusion de cela : être « cœur»
n'exclut pas d'être en même temps, et dans une cer-
taine mesure « tête » et « main s ,
En ce moment, je fais un formidable plongeon
en moi-même. Ce que je fais avec vous me demande
à peine un effort - car j'ai un grand lien avec vous,
et ce que nous tâchons de réaliser ensemble n'est
qu'une continuation de mon ancien travail.
-108 -

XXVIII

Le moi-fantôme

Je tiens à répéter - jamais je ne le ferai assez à


mon gré, je crois - ce que je vous ai déjà dit au-
paravant : c'est-à-dire que, dans mon expérience,
les moments purgatoriels ne se suivent pas d'une
manière continue. Ils vont et viennent. Ici comme
sur terre, les bons et mauvais moments ont leurs
propres saisons. Avec certaines personnes, ils se
succèdent plus ou moins rapidement, avec d'autres,
il y a plus ou moins d'intervalles. Chaque cas est
individuel.
Mais le fond est toujours un et le même : il faut
avoir vu et reconnu par soi-même toutes ses pro-
pres sottises. Les formes symboliques que prennent
ces expériences sont inhérentes à la nature humaine.
Ici, on les voit - tandis que, sur terre, l'organe qui
permettrait de les percevoir est absent.
Comme vous l'avez compris, j'ai toujours parlé,
jusqu'à présent, de spécimens moyens d'humanité.
Avec les types plus grossiers, il en va un peu autre-
ment. Mais vous avez déjà lu suffisamment à leur
-109 -

sujet. Quant aux personnes d'un degré supérieur de


culture et de sentiment, elles ont aussi leurs mo-
ments difficiles.
Tenez, tout dernièrement, j'ai rencontré un hom-
me très cultivé et très fin. Il avait fortement ses
sympathies et ses antipathies, quand il était sur
terre, et jamais il ne s'était demandé si la raison
n'en pouvait pas être entièrement subjective. A
ses yeux, la faute était toujours chez l'autre 1
Il m'a raconté lui-même, à un moment où nous
étions plusieurs ensemble à parler « Purgatoire s ,
que le moment le plus obsédant pour lui avait été
d'avoir à passer à travers un épais brouillard qui
bloquait totalement la perception du reste du mon-
de.
Il lui semblait que cette pénible condition n'aurait
jamais de fin !
Le brouillard qui l'enserrait ainsi avait une par-
ticularité curieuse : il faisait miroir.
Tout d'abord, il ne s'en était pas rendu compte.
Il voyait bien devant lui une image en mouvement,
mais il croyait que c'était le fantôme d'une per-
sonne qu'il avait cordialement détestée autrefois.
Il voulut regarder ailleurs. Inutile. De quelque côté
qu'il essayât de porter son regard, il la voyait en-
core. Il prit le parti de fermer les yeux - mais il
la voyait toujours 1
-110 -

Après un certain temps, l'image changea. C'était


maintenant celle d'une autre de ses anciennes con-
naissances - aussi quelqu'un qu'il n'aimait pas. Et
cette espèce de fantasmagorie se répéta encore et
encore... Les gens qui l'avaient jadis horripilé appa-
raissaient et disparaissaient tour à tour, se succé-
dant les uns aux autres.
C'était un genre d'épreuve, m'a-t-il dit, désagréa-
ble au-delà de toute expression !
Enfin, vint un moment où - absolument excédé,
décidément à bout- il appela son Guide à l'aide.
Aussitôt, il entendit une Voix paternelle lui dire:
- Mais, regarde donc bien, mon Enfant ! Cesse
donc de projeter ainsi ton image sur un autre et de
le condamner... Regarde bien qui sont ces fantô-
mes!
- Alors, m'a-t-il dit, j'ai regardé avec attention
ct - à mon intime horreur - c'est moi-même que
j'ai reconnu sous toutes ces formes ! Elles étaient
engendrées par mon attitude même envers les gens
dont je vous ai parlé.
S'adressant à son Guide, il Lui demanda :
- Mais, est-ce qu'il n'y avait donc rien de réel
dans les fautes que j'ai vues chez les autres ?
La Voix répondit :
- Elles comportaient une part de réalité. Mais
-111-

cela les regarde. Quant à toi, tu as maintenant af-


faire à ce qui te regarde : c'est-à-dire tes propres
façons de réagir aux impressions, purement subjec-
tives, que tu ressentais à l'endroit de ces gens.
Vous avez là un exemple de ce qu'on suppose,
sur terre, devoir être sans conséquence dans l'Au-
Delà. Ces cas semblent inoffensifs, et les livres en
parlent peu - ou point. Mais, une fois ici, les faits
ne permettent pas qu'on les ignore - et beaucoup
ont des surprises !
Notez bien, toujours, qu'il n'y a rien de punitif
dans toute cette affaire. Il s'agit uniquement de
conséquences aussi inévitables que naturelles. Elles
constituent la seule vraie et efficace manière, pour
l'intéressé, de connaître et de surmonter ses propres
imperfections.
Il faut se dire, aussi, que plus une âme est de bon-
ne volonté et sincèrement désireuse de comprendre.
plus vite son épreuve est passée. J'ajoute que, dès
la terre, beaucoup peut être déjà fait sous ce rap-
port par une attitude de réelle aspiration à voir
clair.
J'espère qu'en lisant ceci, plus d'un et plus d'une
y trouveront quelque chose qui pourra - dans leur
cas - utilement contribuer au processus de clari-
fication de leur vision.
-112 -

XXIX

Messages d'affection

Vous vous demandez comment les pensées affec-


tueuses qui nous viennent de la terre sont perçues
chez nous?
Cela dépend beaucoup des individus et de leur
mode particulier de réaction.
Personnellement, quand une vague d'affection
m'est adressée, je la ressens habituellement comme
-la chaleur heureuse d'un beau et bienfaisant so-
leil - un soleil moral, en quelque sorte. En même
temps, je deviens conscient de la personne qui me
l'envoie et je puis me mettre instantanément en
rapport intérieur avec elle.
D'autres m'ont dit percevoir l'affection des leurs
comme une lumière d'un rose délicat brillant. Ils
voient prendre à cette lumière des formes exquises
qui les remplissent d'une grande joie.
Vous avez là, à mon sens, l'exemple de deux ty-
pes bien caractérisés : le type rayonnant et le type
mental.
-113 -

Cela dit, il Y a quelques remarques que je vou-


drais vous faire en appuyant dessus de la manière
la plus sérieuse et la plus pressante.
Voyez-vous, l'affection est toujours un appui con-
sidérable. Certainement. Mais - elle peut avoir,
quelquefois, l'effet contraire. Surtout pendant les
premiers temps qui suivent la grande séparation.
Car le « deuil» de ceux de la terre peut considéra-
blement gêner la marche vers la lumière de ceux
qui viennent juste de passer à nous.
L'amour désintéressé, au contraire, et la foi en
l'indestructibilité de la vie sont des forces puissan-
tes pour libérer et pour soutenir - aussi bien ceux
qui les éprouvent que ceux qui en sont l'objet.
Essaie qui en doute !
Vous comprendrez aisément que, pour quelqu'un
qui commence à vivre ici d'une vie intensifiée - et
qui, naturellement, désire en faire part aux êtres
aimés qu'il a laissés derrière lui - il est .plutôt dé-
courageant de se voir ainsi « déclarer mort » par
eux ! Quelquefois il lui arrive de se heurter à des
brouillards épais et noirs, engendrés par le regret
et le chagrin des siens - et ainsi les êtres aimés de-
viennent, par leur propre fait, inaccessibles pour
lui. Je parle de choses vues, ne l'oubliez pas!
Vraiment, l'élément égoïste dans l'amour peut
être une terrible barrière entre les deux mondes, et
-114 -

une source d'indescriptible peine pour ceux qui ont


quitté la terre !
Il est curieux de constater que notre civilisation
est, sous ce rapport, très barbare. Qu'ont-ils fait,
ceux qui s'en réclament, du beau message du
CHRIST?
A quand le moment où les coutumes arriérées à
propos du « grand changement» feront place à une
mentalité et à une attitude plus éclairées ?
-115 -

xxx

Aurore d'un nouveau jour ...

Comme suite à notre dernier sujet, je veux vous


raconter quelque chose - une histoire d'en-bas.
cette fois.
J'ai connu dans le temps une jeune femme qui
a dû voir « passer ~ son mari adoré, juste avant la
naissance de leur premier bébé. Le coup était si
cruel que, pendant quelque temps, l'entourage re-
douta les plus graves conséquences. Pendant trois
jours, elle demeura dans un état d'apathie inquié-
tante.
Le jour de la sépulture, une vieille amie de la
maison demanda - et obtint - de pouvoir rester
seule avec elle, près de son lit.
La jeune femme ne donna, tout d'abord, aucun
signe indiquant qu'elle fût consciente de sa présen-
ce.
La bonne dame se mit alors à parler très douce-
ment. Elle s'adressait au mari"lui-même, tout com-
me s'il eût été réellement là. Elle lui dit de patienter
-116 -

un peu, que sa chère femme serait bientôt. de nou-


veau avec lui - car l'amour est un puissant fac-
teur. Que peuvent les forces de l'ombre contre l'a-
mour ?L.. Ne savait-il pas que celui de sa chè-
re femme était du plus pur aloi ? Cet amour-là
triomphera et lui rendra, à elle, la vie et le bonheur,
ainsi que le courage et la confiance pour continuer
son chemin dans une apparente solitude... Et bien-
tôt, il aura un petit être sur qui veiller, lui, depuis
l'Autre côté. Sa femme en 'sera consciente au fond
d'elle-même. Elle saura - saura! - dans son
cœur, que jamais il ne se désintéressera de son en-
fant et, de plus en plus, elle, la jeune maman, s'ou-
vrira à son esprit et percevra ses pensées... Elle se
rendra compte de sa présence, et leur bonheur se
continuera sur un plan plus élevé - le plan où l'on
accède par un grand sacrifice noblement accompli...
Or pendant qu'elle parlait ainsi, la jeune fem-
me semblait sortir de sa torpeur. Elle écoutait. Une
détente se faisait en elle. Les premières larmes
commençaient à couler... Elle s'appuya sur son cou-
de, buvant les paroles libératrices. Une extase ve-
nait dans ses yeux humides, et sur ses lèvres, qui
tremblaient, un sourire nouveau commençait à
poindre...
- N'est-ce pas, mon enfant ? dit la vieille dame,
en s'adressant à elle maintenant. N'est-ce pas que
-117 -

jamais vous ne le déclarerez mort ? Jamais vous ne


consentirez à la séparation ? Votre amour est plus
fort que les apparences. Il vous élèvera au-dessus de
la décevante illusion de « mort ~.
Dès ce jour même, la jeune femme reprit la vie
normale. Elle prit l'habitude de causer en pensée
avec son mari. Elle se refusa fermement à porter le
deuil, et, plus tard, elle parla beaucoup à l'enfant
de son père.
Peu à peu, le temps a fait son œuvre. L'amour
s'est purifié des liens trop étroits d'attachement.
Elle est devenue une femme très noble, et un vivant
témoignage - pour tous ceux qui l'ont connue -
que vraiment tout dépend de l'attitude qu'on sait
prendre à l'égard de la mort.
Inutile de dire qu'elle a été une précieuse aide
pour son mari, dans l'Au-Delà. Il n'a pas été gêné
dans sa progression normale et bienheureuse, et il
ne s'est pas trouvé séparé d'elle par le mur habi-
tuel des fausses conceptions au sujet de la mort.
Elle est toujours demeurée accessible pour lui, com-
me lui pour elle, et il a eu sa part - fort heureuse-
ment - dans leur bonheur à trois.
-118 -

XXXI

Produit d'orthodoxie

Voulez-vous dire à ma sœur de se fier à son in-


tuition quand elle a affaire à des documents du gen-
re qui l'a troublée ?
Elle peut - peut - distinguer le vrai du faux,
toujours, si elle fait parfait silence en elle-même.
Maintenant, laissez-moi vous raconter quelque
chose:
C'est à propos d'une dame, ici.
Il y a déjà quelque temps que j'ai fait cette ren-
contre. Quand elle était sur terre, c'était une très
orthodoxe chrétienne. Très psychique sans le sa-
voir. Très sûre de sa supériorité. Très intolérante.
Mais bonne, avec cela - autrement elle n'aurait
pas été sur ce niveau-ci.
Elle était très sûre d'entrer en Paradis.
Et, en effet -- elle a trouvé son Paradis
Ce qu'elle y goûtait, toutefois, n'était pas cet im-
mense bonheur que nous ressentons quand nous
-119 -

sommes en présence de l'Eternel Maintenant. C'é-


tait uniquement une « satisfaction toute personnel-
le ».
A son sentiment, tout - tout ! - était bien tel
qu'elle l'avait toujours su, et dit.
Elle ne se rendait nullement compte que la pau-
vre somme de bonheur qu'elle goûtait là n'était,
tout simplement, que ce qu'elle était capable de res-
sentir - et que la purification était encore à venir.
Le moment vint, et la vanité se manifesta tout
d'abord:
Elle - ELLE - ELLE Loo elle était en Paradis L••
Comme son mari devait regretter de s'être moqué
d'elle!
Elle exultait de satisfaction croissante, sans s'a-
percevoir que, peu à peu, son Paradis perdait son
pauvre éclat artificiel...
Dans sa conscience, il n'y avait qu'elle - ELLE -
ELLE l et toujours elle!!!
Mais, notre forme est étonnamment plastique, ici.
A mesure que son exaltation se poursuivait et
croissait, la brave dame s'enflait de seconde en se-
conde comme une montgolfière... La chose finit par
s'imposer à sa conscience et elle commença à se
sentir incommodée.
-120 -

Elle jeta un coup d'œil furtif autour d'elle pour


voir si personne ne s'en apercevait.
Mais il n'y avait personne...
n n'y avait que les emblèmes traditionnels du
Paradis orthodoxe, et - au centre de tout cela -
elle, ELLE, ELLE 1... mille fois reflétée telle quelle.
Son horrible ballonnement la remplissait d'un
dégoût sans nom.
Si bien qu'à la fin, n'en pouvant plus, elle se lais-
sa choir en priant pour être délivrée de ce Paradis
moqueur - pour être délivrée d'elle-même, sur-
tout, et du sentiment de son importance.
Un profond sommeil s'empara d'elle.
Combien de temps demeura-t-elle dans cet état?
Je ne sais. Mais, quand elle reprit conscience d'elle-
même, c'était dans son propre lit.
Elle crut tout d'abord que ce n'était qu'un rêve
- mais à présent, elle sait qu'il n'en était rien.
A ce moment même, commençait pour elle le
travail de son propre réajustement au monde réel
d'ici.
C'est alors que je l'ai rencontrée.
Présentement, je l'aide à retrouver son équilibre
et à prendre peu à peu sa juste position dans son
nouveau milieu d'existence.
Je réussis passablement.
-121-

Par la suite, d'autres expériences purgatorielles


seront encore à faire selon leur nécessité. En
attendant, ses efforts présents visent à atteindre la
conscience de son mari - dans l'intention de lui
faire amende honorable, en toute loyauté.
-122 -

XXXII

Au service de l'homme

J'ai fait la rencontre, ici, d'un docteur qui se


trouve dans un cas particulier. Il s'est à tel point
uni à son travail qu'il ne peut cesser de s'y adonner.
Il travaille surtout à travers d~s clairvoyants, et
il est parfaitement heureux de voir continuer ses
guérisons. Voilà déjà plus d'un demi-siècle qu'il
reste ainsi attaché à ses occupations préférées.
C'est, pour moi, un cas étrange de concentration.
Il a été conscient du fait de sa mort. Il savait
même, assez longtemps d'avance, qu'il allait mourir.
Une fois anrivé ici, il s'est mis aussitôt à s'adapter
à ses nouvelles conditions et à chercher une possibi-
lité de reprendre sa tâche. Il l'a trouvée et, depuis,
il ne s'est pas même donné le temps de s'intéresser
à autre chose.
Je lui ai demandé, une fois, s'il n'avait pas fait
certaines expériences - soit agréables, soit le con-
traire - très différentes de celles de la terre. Vous
-123 -

savez de quoi je veux parler. Il m'a répondu, d'un


air mi-surpris mi-abstrait
-Non.
Car il avait repris presque tout de suite son an-
cien travail.
Je ne sais pas combien de temps encore il conti-
nuera ainsi. En attendant, il sème de grandes béné-
dictions, sans même une seule pensée pour son pro-
pre mérite.
C'est là un bon exemple du fait que, pour chacun,
il y a une manière différente - en raison de son
tempérament propre et de sa réaction particulière
aux conditions qui l'environnent.
Chaque cas est individuel et donne lieu à des
expériences uniques.
J'aurai bientôt encore un cas intéressant à vous
raconter.
-124-

XXXIII

Les petits talents du subconscient

En bien des choses, la vie ici ressemble à celle


de la terre - avec de considérables différences
toutefois. Au commencement, elle nécessite un cer-
tain ajustement - lequel, d'ailleurs, n'est difficile
que pour les gens limités par des habitudes étroites
et matérielles.
Vous vous demandez si j'entends aussi par là
que nous ayons même certains des agréments d'en-
bas - des bicyclettes, des autos, etc., ?
Ma foi, mon cher ami, étant donné le pouvoir de
l'imagination créatrice, ici, tout est possible. Je vous
ai dit, dans les premiers temps, qu'à nos moments
de passivité, notre entourage habituel terrestre se
formait spontanément autour de nous - par l'effet
de l'habitude - et que c'était bien, en son genre, un
très réel entourage. Au moins sur le moment.
C'est la même chose, ici. Celui qui a passé sur une
machine la moitié de son temps, sur terre, celui-là
ne se libère pas du jour au lendemain de l'état de
conscience et des habitudes qui s'y rapportent. Vau-
-125 -

tomatisme psychique particulier à chacun, en rai-


son des habitudes terrestres, persiste dans ce mon-
de-ci et tend toujours à s'exprimer suivant les li-
gnes familières, selon l'occasion. C'est ainsi, par
exemple, que j'ai remarqué dans les premiers temps,
que le seul fait de me sentir en parfait bien-
être faisait inconsciemment surgir quelque chose
de mes jeunes années - et je me trouvais en uni-
forme!
S'il arrive - comme c'est possible - que, dans
un moment de distraction, je me trouve faisant une
course en « bécane », alors c'est par le fait d'un mé-
canisme psychique résultant de l'habitude.
Même chose pour un chauffeur, naturellement.
Seulement une possibilité d'ici que vous n'avez
pas sur terre, c'est que chez nous un automobiliste
enragé peut passer à toute vitesse à travers vous
sans même que vous vous en aperceviez !
Pourquoi?
Parce que seules les choses essentielles et logi-
ques ont une existence réelle. ici.
Lorsque quelqu'un pense délibérément à créer
quoi que ce soit - œuvre d'art, mécanisme, etc.. -
la force créatrice de la volonté ainsi dirigée engen-
dre, dans la matière plastique de notre monde, une
forme réelle et qui demeure.
-126 -

Mais l'auto du chauffeur de tout à l'heure, de


même que ma bécane supposée, ne sont que des
fantômes sans consistance réelle ni durée.
Quel monde riche en possibilités que celui-ci, si
vous saviez !
Oh ! non. On ne s'y ennuie pas, rassurez-vous.
A moins d'apporter avec soi le genre d'esprit qui
Ile s'intéresse à rien ou trouve à redire à tout.
Mais ce genre de mentalité-là n'a pas accès au
niveau où j'habite.
-127 -

XXXIV

Ravissements

Aujourd'hui, j'ai quelque chose de charmant pour


ma sœur :
Marguerite m'a conduit dans un vrai Jardin En-
chanté. Je n'aurais jamais supposé que cela pût
exister ! (1)
- Viens, m'a-t-elle dit. Je vais te montrer le
monde que j'aime par-dessus tout !
Elle m'a pris par la main et m'a conduit par un
long, long berceau de rosiers fleuris.
A l'autre bout, se trouvait un vaste champ rempli
des plus beaux lis blancs.
- Regarde bien, m'a-t-elle recommandé. Mais
regarde donc bien! Ne vois-tu pas ? ..
Et voilà que j'ai aperçu de petits êtres diaphanes
qui se mouvaient dans et entre les fleurs... Je n'en
croyais pas mes yeux !

(1) Il s'agit d'une jeune sœur, morte en bas âge, et tou-


jours demeurée, depuis. l'objet d'un très pur et cher sou-
venir. (Note des Transcripteurs).
-128 -

- Mais, dis-je, les contes de Fées sont donc vrais


.. ?
ICI ••..
Elle s'est mise à rire:
- Les contes de fées sont vrais partout ! Ici, on
prépare l'éclosion des fleurs sur terre. C'est de cette
façon que nous jardinons, nous autres. Mais, viens.
Allons plus loin !
Nous avons passé, je ne sais trop comment, à
travers le champ de lis sans même effleurer les
plantes. De l'autre côté' se trouvait un petit lac avec
de magnifiques nénuphars. Là aussi se trouvaient
ces gracieuses petites créatures. Elles avaient l'air
de s'amuser, mais - comme me l'a expliqué Mar-
guerite - elles sont réellement en train de vivifier
les plantes, parmi ou sur lesquelles elles s'ébattent.
Autour du lac se dressaient de hauts arbres sur
les branches desquels des oiseaux, connus et incon-
nus, sautillaient et chantaient à pleine gorge.
- Maintenant, il faut que tu regardes bien, me
dit Marguerite. Il faut tâcher de voir à travers le
voile des formes visibles.
-Et voilà que, vraiment, peu à peu, je me rendis
compte d'une Présence plus éthérée encore, et beau-
coup plus grande que les joyeux elfes, plus sérieu-
se, aussi, quoique rayonnante de joie ! C'est la Di-
rection même de ce monde enchanté, Celle qui en
contrôle les forces actives.
-129 -

Elle semblait, je ne sais comment, englober le


tout en Elle-Même. Et pourtant, à La voir, Elle n'é-
tait pas plus grande que la taille humaine. Comment
expliquer cela ?
Marguerite m'a dit que la forme visible pour nos
yeux n'était, pour ainsi dire, que Son « symbole»
- mais qu'il n'y avait pas un pouce de Son domai-
ne qu'elle n'enveloppât dans Son rayonnement et
où l'on ne sentît Sa présence.
Elle était glorieuse à voir !
Il semble que Son rôle est de vivifier la vie végé-
tale qui se prépare dans Son monde avant de des-
cendre sur terre.
Je voudrais pouvoir te parler un peu mieux de ce
beau Monde Enchanté où Marguerite semble beau-
coup aller, mais ce n'est pas aisé pour le moment.
Je vais au moins essayer d'ajouter quelques détails.
En ce qui concerne les petits elfes, tu peux te
reporter aux contes de fées de notre enfance - car
il y a là une tradition inconsciemment suivie. Na-
turellement, il n'y a pas en réalité chez ces petits
êtres les détails physiques d'habillement qu'on re-
présente dans les livres, car leur habillement est le
fait de leur propre émanation.
L'expression que je suis arrivé, peu à peu, à
distinguer chez eux, est quelque chose de très par-
-130 -

ticulier. Ce n'est que joie de vivre ! Ils ne sont pas


conscients d'accomplir une fonction dans l'Univers.
Ils n'ont pas le plus élémentaire sens de responsabi-
lité. La vie est d'une beauté sans mélange lorsqu'on
les regarde. Imagine-toi une fleur parfaite et un gra-
cieux oiseau réunis sous une apparence humaine
idéale. Et voilà les petits elfes des jardins !
Quant à la grande Personnalité dont j'ai parlé,
c'est comme qui dirait un Super-Elfe. Chez Elle,
même grande joie - mais plus profonde, moins
mobile. Un intense amour s'en dégage.
Son aspect ? Il Y a là toutes les couleurs - com-
me chez les petits elfes eux-mêmes - mais infini-
ment transparentes et délicates.
Etait-Elle posée dans l'espace, au-dessus de Son
domaine? C'est difficile à dire. Elle était là ! - une
Présence Individuelle. Et, en même temps, Elle don-
nait l'impression d'englober tout. Dans n'importe
quel coin de cet immense jardin on La voyait.
Apparence jeune ou de grand âge ? Impossible
vraiment, de comparer avec ce que l'on entend par
ces mots sur la terre. En fait, bien des choses, ici,
ne sont pas descriptibles en langage terrestre. On
le fait tant bien que mal, sans doute, et c'est la rai-
son de bien des contradictions apparentes.
Mais ce n'est pas tout.
Je suis aussi allé dans le Monde des Enfants.
-131 -

Tout y est clair et gracieux. On en sort comme


d'un bain purifiant. Je m'y suis renseigné sur bien
des choses, entre autres, sur le sort des enfants vi-
cieux. On m'a dit que, pour ceux-là, un brouillard
spécial les enveloppe comme fait le cocon pour la
chenille. Ce procédé a pour effet de dissoudre les
impuretés du passé - après quoi, ces enfants peu-
vent rejoindre les autres sur un plan plus élevé.
Les enfants normaux, eux, passent un temps heu-
reux. Ils se développent généralement très vite et
passent dans des régions plus éthérées. Les per-
sonnes qui ont pris sur elles la tâche de s'occuper
des tout-petits sont, pour leur part, des âmes tissées
de tendresse. Elles sont radieuses à voir !
On m'a dit que l'enfant qui vient ici se détache
très vite de la terre. L'Ame qui les reçoit et les soi-
gne prend, dans chaque cas, l'apparence familière
de la maman - et se modifie graduellement.
Et, maintenant, assez pour ce soir.
- 132-

xxxv

Duo

Encore un cas - le dernier d'ici quelque temps,


si vous le voulez bien.
Il s'agit d'un frère et d'une sœur -des jumeaux.
Tous deux appartenant à une même secte protes-
tante, très sévère et très étroite. Des gens très pieux.
Sans doute trouverez-vous instructif d'apprendre
quelle est la différence de leurs conditions, ici - et
pourquoi. Je vais tâcher de vous le dire :
Le frère, pasteur, homme digne, honnête, mais
intolérant, enfermé dans sa doctrine, sans imagina-
tion, incorruptible, infatigable dans l'exercice de
son ministère, était hautement estimé - non seu-
lement par ses paroissiens, mais par la ville en-
tière - sans pourtant être réellement aimé.
Sa sœur, elle, était d'une tout autre nature. L'é-
troitesse de sa croyance ne pouvait pas l'enfermer.
Son âme dépassait les limites de la foi qu'elle pro-
fessait. C'était une femme de grand cœur et de
sympathies universelles.
-133 -

Ils sont morts, tous deux, la même année.


En venant ici, elle a tout de suite trouvé son Pa-
radis. Non pas le Paradis conventionnel, toutefois,
car elle ne l'avait jamais créé en détail dans son
imagination. Mais une Gloire et une Félicité comme
celles qu'elle avait quelquefois timidement pressen-
ties, dans sa profonde confiance spontanée en l'a-
mour de son Seigneur.
Lui, qui avait toujours craint le Divin plus qu'il
ne l'avait aimé, est encore à l'heure actuelle assailli
de temps à autre par de profondes dépressions. Il
vit dans un monde sans couleur et sans joie, un peu
comme il l'a jadis fait sur terre. Il accomplit à peu
près les mêmes devoirs, dans un monde très res-
treint de braves gens étroits et « respectables ~.
Ses sermons sont encore pleins de menaces et
sans vie.
Il n'est même pas apte à se rendre compte de la
différence de condition entre sa sœur et lui. Il la
voit à son côté, comme toujours. Elle, par contre,
est bien consciente de son état à lui - et c'est le
seul point sombre dans sa propre existence bien-
heureuse.
Nous pensons qu'au moment voulu, elle réussira
à l'appeler à la vie.
Ce cas devrait pouvoir faire réfléchir bien des
croyants.
- 134 '-

Voilà, en effet, deux personnes - toutes deux


également vertueuses, toutes deux appartenant à
un même credo, toutes deux également conscien-
cieuses et fidèles.
Mais pour l'une, la doctrine était une prison qui
. empêchait l'expansion de l'esprit. Pour l'autre, cette
même doctrine n'était que le cocon où la chenille
se change en papillon.
Qu'importent, en vérité; croyances et doctrines?
Tout dépend de la vie intérieure et non du credo.
On peut se passer de toute croyance religieuse, ou
appartenir au dogmatisme le plus étroit - peu
importe. Le seul point réel tient en cette vivante
joie que crée, dans le cœur, un sentiment profond de
« l'unité fondamentale de toute vie » - joint à
l'intime et confiante certitude d'un immense
« Amour-Sagesse partout présent dans la Créa-
tion s ,
-135 -

XXXVI

Au revoir

Nos relations vont désormais devoir être suspen-


dues pour quelque temps. Il est nécessaire que je
rentre en moi-même et que, pour une période don-
née, je me désintéresse entièrement des choses ex-
térieures.
Je vais donc prendre congé de vous, ce soir.
Impossible de préciser pour combien de temps.
J'espère, toutefois, pouvoir revenir au cours de
l'hiver reprendre nos entretiens. En attendant, nous
avons encore cette soirée à passer ensemble.
Si je fais des projets en vue d'un second livre ?
Je ne saurais rien vous dire à ce sujet pour l'ins-
tant. Mais, avant de mettre le point final à celui-ci,
je voudrais faire dûment ressortir encore que, dans
tous les cas purgatoriels dont je vous ai parlé, il
s'agissait de gens qui ont réellement cherché le
bien. Leurs expériences - absolument vierges de
tout caractère punitif - leur sont advenues en con-
- 136-

séquence même de leur sincère volonté de bien faire


et de comprendre.
Et c'est grâce à elles qu'ils ont justement réalisé
leur aspiration.
Notez bien, d'autre part, .que ces expériences se
passent au sein même d'un monde qui, par lui-
même, est normalement beau et heureux - et que,
seul, l'état de conscience des individus en cause les
empêche momentanément d'en jouir. Absolument
comme, sur terre, on peut se trouver au sein de la
plus merveilleuse nature et, pourtant, n'en rien
voir, tant on est absorbé par des images et préoccu-
pations intérieures. Ici, ces images et préoccupa-
tions deviennent tangibles - là est toute la dif-
férence.
Je dis tout cela bien à dessein, car pour rien au
monde je ne voudrais que mes exemples purga-
toriels en viennent à créer une appréhension chez
mes lecteurs. Et c'est pour cette raison aussi,
que je tiens tout particulièrement à insister sur leur
caractère essentiellement passager.
Et maintenant, au revoir, mes amis. Je ne vous
dis pas adieu, car en réalité je ne m'éloigne pas de
ma sœur ni de vous. Je cesse seulement pour un
temps notre travail en commun.
SECONDE PARTIE :

l'AUTRE MONDE
SES SPHÈRES DE BEAUTÉ ET DE JOIE
- 139-

La Fée du Champ de Blé


- Bonsoir, mes amis. J'ai vu quelque chose de
splendide! J'ai vu la Fée d'un champ de blé - et
la manière dont elle s'y prend pour le vivifier.
Elle ne « travaille ~ pas. Non. Elle n'a aucun sens
de devoir ni de responsabilité à son endroit.
Elle s'en va seulement de-ci de-là, comme cela...
sans but apparent - mais avec un cœur plein de
joie à cause de toute la beauté qu'elle perçoit !
Elle voit le blé, sur son propre plan de cons-
cience, alors que - pour vos yeux terrestres - tout
dort encore du sommeil de l'hiver.
Elle parcourt le champ, en tous sens, sur ses
pieds légers... Et, à mesure qu'elle prend conscience
de la beauté de ce champ, son cœur s'emplit
d'amour - tant et si bien qu'elle en vient à vouloir
s'unir elle-même à toute beauté, la « prendre en
elle» tout entière !
Et la voilà qui étend son aura ... l'étend, l'étend...
l'étend encore - jusqu'à atteindre les plus extrê-
-140 -

mes confins du champ. Elle le prend vraiment tout


entier en elle et, quand elle le tient ainsi, l'amour
qu'elle éprouve va s'intensifiant encore - en même
temps que la lumière qui émane d'elle se fait, d'ins-
tant en instant, plus glorieuse et plus belle !
En s'étendant ainsi, elle paraît « se fondre ~ dans
le blé pour s'unir à lui. Là-dessus, la lumière aug-
mente encore et la voilà, elle. qui émerge à nou-
veau...
Elle reparaît comme en une nouvelle naissance.
plus radieuse que jamais du fait de son amour
même - tandis que, sous l'influence de sa présence,
LE PRINCIPE VITAL ENTRE EN ACTIVITÉ dans chacun des
grains matériels.
Comprenez-le bien : elle ne sait rien de tout cela.
Elle ne connaît pas votre matière physique.
Pour sa vision, à elle, le champ apparaît tel qu'en
été - un peu avant la floraison.
Sa conscience va uniquement à la beauté. qUI
éveille en elle l'amour.

,
Et l'amour fait son travail tout seul!
Jamais encore je n'avais réalisé à ce point com-
bien l'Amour est. vraiment. la base même de la
Création.
Toute création repose sur l'amour de la beauté.
7 et toute créature naît de la joie qui en résulte !
-141 -

C'est là le fondement même de l'Univers - et de


tout ce qui vit dans l'Univers.
Car L' A~JOl;n EST mIE MERYEILLEUSE FORCE CONS-
TRUCTIVE ...:.-. tandis que la haine, même dans ses
formes les plus anodines, est toujours destructive.
Voilà ce que j'ai découvert en face de cette splen-
dide expérience !
-142 -

II

A propos de la Réincarnation

- Ceci est pour ma sœur :

C'est très bien que tu traites ce sujet de la Réin-


carnation. Antoinette. Mais il faut que je t'avertisse
de ne pas le faire trop doctrinalement.
L'Apodiction ferme les esprits !
Tu atteindras un plus grand nombre de gens, et
des esprits plus élevés, en cherchant et en pensant
avec eux.
Cc n'est pas la réincarnation en soi qui importe,
mais ce il. quoi elle sert: DEVENIR ce que tu ES !
(C'est vous, mon ami, qui m'avez jadis passé cette
parole qui, depuis, a été la clé de toute ma vie !)
La réalisation de l'Individualité vraie. Le grain de
blé devenant une plante portant un épi plein. La
plante qui devient champ entier de plantes sembla-
bles, avec sa poésie et sa beauté. Voilà ce qui
compte!
Nous ne pouvons pas, toutefois, devenir « parfaits
-143 -

comme notre PERE des Cieux ~ en 80 ni même en


100 ans. L'évolution individuelle doit, par consé-
quent, se continuer après la carrière terrestre -
tout comme elle a dû commencer avant.
La vie que nous connaissons sur terre ne peut
être qu'un simple épisode, un fragment limité d'un
tout dont une extrémité se perd dans la nuit des
temps, tandis que l'autre est TENDUE VERS VN BUT
qui plonge dans les lointains de l'avenir.
C'est ce mouvement dirigé qui compte. Le proces-
sus lui-même - la réincarnation, donc - n'a qu'une
importance secondaire.
Ce serait dommage de fermer d'avance les es-
prits, qui ne peuvent pas accepter la réincarnation,
pour cette idée bien autrement fondamentale et
plus immédiatement et directement fructueuse.
Je ferai de mon mieux pour t'aider pendant ton
travail.
Nos amis t'aideront aussi.
Pour reprendre tout cela sous une autre forme et
le compléter en même temps, si faire se peut, laisse-
moi te dire entre autres choses ceci:
Ne te laisse pas entraîner dans des discussions,
si l'occasion s'en présente. Je parle ici surtout de
tes causeries.
Les discussions ne mènent à rien de bon.
-144 -

Il Y a bien des gens, intéressés à la question de


« survivance s , qui sont incapables d'accepter la
doctrine de la pluralité des existences sur terre.
S'ils viennent à toi avec leurs objections, ne te don-
ne simplement pas la peine de les convaincre.
Je te dis cela, parce que j'ai beaucoup appris
sur ce point encore dernièrement. Car on rencontre
1. aussi ce genre de cas, Ici, et je tâcherai de t'en ra-
conter quelque chose une autre fois, si faire se peut.
Le mieux que tu puisses dire, en pareil cas, c'est
qu'il n'est pas important d'accepter ou de rejeter
la réincarnation.
Ce qui est important, c'est de se rendre compte
du fait que la vie présente n'est qu'un court épisode
dans le voyage d'un individu vers la Réalisation du
MO/.
Voilà ce que je tenais à te dire ce soir.
-145 -

III

Pour entendre ...

Je suis beaucoup avec vous en pensée. Vous êtes


le lien entre moi et tout ce que j'ai de plus cher
sur terre.
J'ai découvert, par la pensée de ma sœur, que
vous êtes à la veille du Nouvel An, et je voudrais
lui envoyer mes meilleurs vœux - ainsi qu'à vous
tous.
Ma bonne Antoinette, une fois peut-être je te
parlerai directement. Mais, pour cela, il faut que
ton esprit ait trouvé sa sérénité joyeuse. Toutefois,
je puis - d'ores et déjà - te donner quelques in-
dications :
F AIS DES EXERCICES D'AUDITION SPIRITUELLE.

Ce qui nous empêche de communiquer librement


avec ceux de la terre, ce sont les pensées qui agitent
incessamment, et inutilement, l'esprit humain. Tout
comme une brise plus ou moins forte agite la sur-
face de l'eau.
-146 -

Cette activité mentale est semblable à la lumière


allumée dans une chambre. Elle se reflète sur les
vitres de la fenêtre et elle empêche de voir ce qui
est dehors, dans le vaste monde.
Qu'on éteigne la lampe et aussitôt - même dans
une lumière relative - le dehors se révèle.
Tu comprends déjà que j'entends, par ce « de-
hors », notre plus grande conscience, qui - elle -
n'est pas limitée par les parois de la conscience
ordinaire.
Pendant les moments où tu reposes, tâche de
cultiver cette attitude de silence de l'intellect et de
réceptivité.
Mais, fais attention. La simple suppression des
pensées ne mène qu'à leur rebondissement! Le vide
de ton esprit doit être un « vide positif » - non
pas un vide négatif.
Il faut une détente active - une attitude
d' « écouter par le cœur et par l'esprit s .
Je sais que c'est joliment difficile au commence-
ment, mais le succès est assuré moyennant désir et
persévérance.
Si je peux si bien travailler à travers notre amie,
c'est parce qu'elle n'est pas toujours dans le che-
min. Elle n'est pas médium dans le sens que l'on
-147 -

attribue couramment à ce mot - seulement, chez


elle, le chemin est libre.
Je vous souhaite une bonne année, mes chers
amis, ainsi qu'à toi, Antoinette, et aussi à tous nos
amis qui veulent bien penser quelquefois à moi.
-148 -

IV

Comment être là
ce n'est pas être là

Ceci est encore pour ma sœur, si vous le voulez


bien:
Ma bonne Antoinette, cela ne sert à rien de te
casser la tête sur la sagesse dont je t'inonde! Une
méthode bien plus simple et plus efficace, mais
qu'on ne t'a jamais enseignée pour tes études, c'est
de laisser tomber les idées dans ton cœur - comme
des graines dans la terre - avec un vif désir de les
voir éclore.
Alors, un travail secret prendra place au fond de
ton âme et - à un moment inattendu - la com-
préhension surgira dans ta conscience. comme un
éclair.
Fais donc cela, et surtout le soir - avant de
dormir.
R... ? Oui, je l'ai rencontré très vite après son
passage. Il va très bien et trouve la vie intéressante
-149 -

et belle - en dépit de certains moments inconfor-


tables, naturellement. Tu sais de quoi je veux
parler.
J'ai vu Marius, aussi. Mais nos chemins se croisent
peu. Je pense qu'il est aussi intensément occupé que
moi.
Frank ? Il va bien. Radieux dans son nouveau
monde! Non - je n'ai pas rencontré Léon Denis,
Mélusson ni Delanne. Ils doivent être déjà loin d'ici,
je suppose.
Quant à E... et M..., ce que je fais passer ainsi est
également pour eux, dans la mesure où ils y trou-
vent eux-mêmes à prendre.
N os intérêts changent rapidement dans cette nou-
velle vie. avec toutes ses possibilités insoupçon-
nées. (1)
On va de découverte en découverte. Les relations
familiales et amicales ne diminuent pas - au con-
traire - mais il arrive qu'elles occupent moins la
pensée qui, elle, a tant de nourriture nouvelle à
assimiler!
Quand telle ou telle personne aimée vient, pour
une raison ou pour une autre, dans le champ de
ma conscience, une « vague d'affection ~ jaillit du

(1) Cf. App.• 1.


-150 -

centre de mon être - et des ondes chaudes et lu-


mineuses surgissent qui vont, en s'éloignant, en
atteindre l'objet...
Généralement, je note comme effet, en pareil cas,
que cette personne va penser à moi - et qu'elle a
souvent l'impression que je. suis présent, en fait,
auprès d'elle. Elle croit même pouvoir indiquer ma
position dans la chambre. Ce n'est cependant pas le
cas, d'ordinaire. Je ne suis pas là, sauf par les ondes
que je viens de dire et par le sentiment qu'elles
convoient.
Le fait que la présence physique - pour présen-
ter la chose ainsi - n'est pas nécessaire pour éta-
blir une communication, change insensiblement le
mode de ces relations mutuelles.
Ainsi, quand tu dis comme cela t'arrive parfois:
« J'avais l'impression que mon frère était là ... » -
la réalité est que je me trouve alors sur mon fau-
teuil habituel, dans ma chambre habituelle. Comme
si c'était rue C... Mais ce n'est pas rue C... Seulement
sa contre-partie astrale ou, plus exactement, sa
« reconstitution ~ en substance astrale - recons-
titution issue d'une inconsciente et presque involon-
taire imagination, née d'une habitude chère (1).
Quand je - disons - « suis avec ~ toi, ce n'est

(1) Cf. Première Partie, ch. XIII et XIV.


-151 -

pas dans ton nouvel entourage, qui m'est étranger.


A moins que je ne fixe volontairement mon atten-
tion sur ce point, naturellement. Mais « je nous
vois» tous les deux dans l'ancien cadre familier.
On apprend vite, Ici, à s'adapter aux conditions
nouvelles et à employer les modes nouveaux de se
mettre en relation avec les autres - même avec
ceux restés sur terre.
Je dis cela, parce que j'ai souvent pu constater
que tel ou telle disait « me sentir» présent dans la
pièce, tout près, et même précisait l'endroit où
j'étais censé me trouver - comme je le disais tout
à l'heure.
Souvent, aussi, il est arrivé qu'une pensée pas-
sant dans l'esprit de quelqu'un donnait lieu à des
choses qui étaient prises pour des messages de ma
part - mais que je n'avais jamais communiquées.
Tu le sais maintenant par expérience.
C'est que, vois-tu, les impressions subjectives
individuelles et celles imprimées du dehors sur la
conscience sont parfois malaisées à distinguer. Ce
sont des -cercles qui s'interpénètrent, comme font
les ronds dans l'eau, et ce que bien des médiums
reçoivent n'est souvent - en conséquence - qu'une
goutte de vérité enveloppée dans des idées incons-
ciemment préconçues.
-152 -

Et maintenant, encore un mot avant de prendre


congé de toi pour ce soir. C'est à propos de tes con-
férences :
Propose à tes auditeurs d'attendre, pour poser
des questions, d'avoir eu le temps de réfléchir un
peu. Souvent, ils trouveront la réponse en eux-
mêmes - et ceci sera tant mieux pour eux ! En cas
de besoin, ils feront mieux de t'adresser les ques-
tions par écrit - et tu y répondras, soit individuel-
lement s'il y a lieu, soit dans la causerie suivante si
questions et réponses se trouvent avoir un intérêt
général.
Tu ne dois pas permettre que ton travail soit
abaissé par des stupidités ou des superficialités.
Souvent, je me dis qu'il y a bien des choses que
j'aurais faites autrement, jadis, si j'avais pu voir les
choses comme je les vois à présent. Car la superficia-
lité des gens, la plupart du temps, est effrayante.
Et toutes nos habitudes de travail l'encouragent !
Est-il étonnant, alors, que la Vie se charge de
rendre les âmes plus profondes par des déboires et
de la souffrance ? /
Réfléchis un peu à ce que je dis et, pour ta part,
ne contribue pas à encourager cette défectuosité
occidentale. Si tu es libre, va chercher un peu de
changement d'entourage de temps à autre. Je de-
-153 -

vrai, sous peu, suspendre momentanément nos en-


tretiens - mais j'espère pouvoir encore communi-
quer une ou deux fois avec toi, à travers nos amis,
avant ce temps d'arrêt.
-154 -

Conflits intérieurs ...

- Mon bon ami, regardez simplement les choses


enlace. C'est là tout le secret de notre progrès mo-
ral et spirituel. Ceux qui « luttent » contre leurs
fautes, qui « répriment » leurs tendances inférieu-
res, ceux-là ont sûrement quelque mérite - mais
peu de succès.
Il y a mieux à faire :
Se soustraire au « moi inférieur» et l'observer
froidement; le regarder agir et réagir, enregistrer
ses désirs et ses façons de faire, etc... comme étant
choses extérieures et étrangères à soi-même - c'est
là tout le secret.
Ceux qui réussissent à le faire progressent avec
une rapidité vertigineuse.
Notez-le bien: je peux le voir. Je constate là des
faits visibles. Ce n'est pas une théorie de ma part.
Je dirige toute mon attention, ces temps-ci, sur
le « secret de l'homme ». Une conclusion que j'en ai
-155 -

déjà amplement tirée, c'est que, quand on constate


- et cela, de façon répétée - à quel point les qua-
lités positives et négatives, chez chacun de nous,
dépendent de l'état corporel... alors, on se dit que /'\_
c'est une bien grande erreur de vouloir juger son
prochain.
Attention, toutefois - car je ne veux pas vous
induire en une autre erreur. Je n'entends pas nier
qu'il n'y ait de c vraies vertus» ni de « réels vices :t
dans l'âme humaine. Mais je veux dire qu'il est tou- i.
jours fort difficile de les distinguer de ce que je
voudrais appeler : les effets du sang et du système
nerveux - pour ne rien dire des conditions exté-
rieures !
Le vrai progrès d'un être humain se montre dans
la mesure où celui-ci sait séparer la « conscience du
Moi » - sa conscience en tant que « Moi » - de
tous les mouvements physiques, psychiques, émo-
tionnels et intellectuels, qui se passent en lui... tout 3
en restant, lui-même, inaffecté par ces courants et
remous. Tout comme - pour employer une image
qui vous est familière - un cavalier constate les
mouvements, caprices, etc ... de son cheval, mais ne
pense pas un instant à s'identifier à sa monture et
demeure inaffecté par ce qui se passe chez celle-ci.
L'exemple n'est pas neuf, mais il est toujours bon.
Voyez-vous, le simple fait d'observer et consta-
-156 -

ter froidement, vous rend capable de soustraire


toute vitalité aux mouvements intérieurs que vous
n'approuvez .pas. Donc :
Ne jamais COMBATTRE. Simplement RENIER ce
qu'on reconnait, chez soi, être indésirable.
Le second pas à faire est de remplir le « vide :.
ainsi produit, par ce qu'on reconnait DÉSIRABLE.
Dites-vous surtout bien une chose : c'est que LE
MOI SUPÉRIEUR, EN NOUS, NE FAIT PAS DE FAUTES ET
NE SOUFFRE PAS.

Eveillez donc en vous la conscience de ce MOI


Supérieur (1). Considérez ce qui ne Lui appartient
pas comme étant étranger à votre nature intime -
et regardez ces choses, par l'imagination, comme
étant « en dehors» de vous.
Même si cela vous demande toute une vie pour en
venir à bout et les vaincre, vous aurez tout de même
fait un immense pas vers votre libération de « l'in-
férieur ». L'homme fort et libre est l'homme qui
contemple de haut les mouvements de son âme.
C'est le secret de tout véritable progrès.
Et maintenant, bonsoir, mes chers amis ici
et là-bas!

(1) Cf. cha)? XXI. Aussi un ouvrage traitant très spécia-


lement ce point : The Secret Paih, par Paul BRUNTON.
-157 -

VI

Sur les Enfants

Les enfants ? Oui, je peux bien encore vous en


dire quelque chose. Je veux essayer (1).
Comme je vous l'ai dit jadis, les enfants sont
groupés ensemble sous la direction d'Anges Gar-
diens. En employant cette dénomination, je ne fais
pas de différence - du moins pour l'instant - entre
Entités du Monde Angélique et Entités Humaines.
Quelqu'un qui n'avait pas encore visité les en-
droits réservés à cet effet me disait, un jour, qu'il
n'y avait pas d'enfants, Ici. Il ajoutait que c'était lo-
gique car, à son avis, l'enfance était une question
de corps physique et - une fois le corps écarté -
l'âme est adulte.
C'était son point de vue.
Mais il faisait erreur car, sur le Chemin de Re-
tour vers la Patrie Céleste, on est en quelque sorte

(1) Cf. Première Partie, chap. XXXIV.


-158 -

l'être terrestre qui apporte avec lui son bagage


également terrestre. C'est seulement une fois ren-
trés de nouveau dans la Maison du PERE que ce
que nous appelons l' « âge ~ n'existe plus.
C'est une chose que vous pouvez facilement com-
prendre.
Il n'est pas davantage question qu'un vieillard
devienne tout de suite un jeune homme, Ici. Seu-
lement, les signes de décrépitude tombent : on ra-
jeunit toujours énormément.
Donc, les enfants sont bel et bien des enfants
aussi longtemps qu'ils sont encore le résultat de la
Terre. Je ne parle pas ici, naturellement, du MOI
Eternel - mais vous me comprenez.
Et ainsi, comme vous devez vous le rappeler
d'après ce que vous en disait notre Fée-amie (1),
sur le Chemin du Retour à la Terre les Ames rede-
viennent « enfants» à mesure qu'elles se rappro-

(1) Ceci fait allusion à une expérience d'un ordre très


particulier, dont le privilège fut accordé' aux Transcrip-
teurs sous des conditions strictes, et à laquelle l'auteur de
ce livre prit active part de temps à autre. Les deux cha-
pitres suivants condensent ~rièvem~nt, mais suggestive-
ment, I'enseignement auquel Il est fait allusion, d'une part
- de l'autre, la nature et la ravissante apparence de sa
gracieuse Source.
C'est le plus qui puisse être dit à ce sujet pour le mo-
ment.
-159 -

chent davantage du Monde où vous êtes actuelle-


ment. Mais, peu importe l'âge où Elles ont déposé
leur corps précédent ; avant de retourner En-Bas
pour une nouvelle incarnation, Elles font toutes un
séjour dans la Maison du PERE.
Comment les enfants, là où je suis, passent disons
~ leur temps » tandis qu'ils sont sous la tutelle de
leurs Gardiens ? S'ils suivent quelque genre d'en-
traînement ou de formation ? ..
Oui. Mais ce n'est pas dans le sens que vous lui
donnez. Ici les choses se passent autrement que' sur
Terre. Il n'est pas question d' « école» à la manière
.terrestre, mais on rassemble les enfants dans des
endroits - le mot n'est guère satisfaisant, je le
prends faute de mieux - où une lumière spéciale
les entoure et les baigne perpétuellement, où leur
besoin de présence maternelle est satisfait et où
une atmosphère de joie pure et douce est entrete-
nue par une Haute Présence, qui est constamment
là.
Appelez-la, si vous voulez, la MERE Divine -
une Entité Universelle et Omniprésente par nature,
sans doute, mais représentée localement, si je puis
m'exprimer ainsi,' par des Individus Humains ou
Angéliques à travers lesquels Elle se manifeste et
agit. Je parle de faits. Ici nous voyons, ne l'oubliez
pas!
- 160 - •

Ce que ceux-ci surveillent, encouragent et déve-


loppent chez leurs pupilles, c'est l'Imagination créa-
trice. .
Comment cela, dites-vous ?
Pour vous répondre, je suis obligé de prendre
des mots et des images terrestres qui vous soient
familiers et compréhensibles. Mais c'est justement
là mon problème ! Ces mots et ces images ont tou-
jours 'une double possibilité, malheureusement.
D'un côté, ils sont nécessaires pour vous donner,
même d'un peuloin, quelque idée des choses. Mais,
de l'autre, ils vous exposent au danger de prendre
dans un sem par trop terrestre les descriptions que
je puis tenter de vous offrir...
Disons donc - mais évitez soigneusement de
trop ramener ce que je dis à ce que les mêmes mots
représentent chez vous - disons que cette culture
se fait par des « danses s , des « représentations ~ et
des « jeux ~ où l'Imagination créatrice occupe la
première place.
C'est là le point caractéristique, autant que je
puisse savoir.
Les enfants - qui savent généralement qu'ils
auront, à un moment donné, à vivre sur Terre -
sont en outre maintenus jusqu'à un certain point
dans ce que j'appellerai, non sans quelque hésita-
-161-

tion, une 4: conscience terrestre ~. C'est ainsi, par


exemple, qu'ils possèdent des jouets et ils appren-
nent à les créer eux-mêmes par le pouvoir du
Désir imaginatif.
Oui - l'enseignement est donné tout à fait selon
les lignes de l'Imagination créatrice. C'est tout ce
que je puis vous en dire, pour mon compte. Mais
dans tout cela ne prenez rien trop à la lettre, je vous
en prie.
- 162-'

VII

Dans le Monde d'Avant-Naissance

MARIAN~E vous dit bonsoir !


Vous êtes loin, loin, loin - vous ne pouvez pas
m'entendre...
Je veux venir plus près, sur un rayon de lune
grand-père m'appelle tellement !

Mc voilà!
Je suis aussi venue sur les perles de ta flûte,
grand-père (1).
Oui : il y avait un ruisseau clair qui passait de-
vant moi, avec des perles dedans. - juste assez
grosses pour mettre mes pieds dessus.
Alors, je suis venue en sautant de perle en perle

(1) Appellation familière donnée à l'un des Transcrip-


teurs. - Apparemment. chaque note donnée par l'instru-
ment prenait forme de « perle ~ dans la substance plas-
tique de l'invisible.
-163 -

- et puis voilà, à l'autre bout, grand-père qui fai-


sait sortir ces perles pour m'inviter à venir !
Et c'est bon chez vous, ce soir!
Je vous conduirai là où vous n'avez pas été de-
puis votre naissance.
Vais-je vous en dire déjà un tout petit peu ?
Eh bien, c'est le Monde - le dernier Monde - où
les Ames se trouvent auant de descendre sur terre.
Déjà, elles y sont redevenues « enfants».
C'est un des Mondes que vous avez l'habitude
d'appeler astrals - mais ce n'est pas le même que
celui où les Ames viennent après la mort.
Les Vagues de Vie vont en sens inverse, dans l'un
et dans l'autre.
. Dans les Mondes à travers lesquels passe le Che-
min du Retour à la Terre il y a une apparente « dé-
croissance» et - dans le tout dernier - les Ames
ont toute l'apparence d'enfants.

Mais je vous donnerai ma vérité en imaqes et en


symboles.
Vous ne seriez jamais capables de vous imaginer
les faits de mon Monde, tels qu'ils se passent en
réalité.

Pensez-vous que je connaisse votre langage ?


-164 -

Non! Non! Non


Je ne parle pus comme le font les humains.
Je projette les images de ma vérité dans votre
esprit - et votre esprit les reflète selon son mode
propre.
Ainsi les mots de mon message ne sont pas de
moi.
Le message est de moi - mais les mots sont de
vous.
Moi, je ne me sers pas d'un langage émietté.
Nous ne nous exprimons jamais en paroles suc-
cessives, comme vous - mais nous communiquons
entre nous au moyen d'images symboliques, ou
directes.
Et par des harmonies de SONS, de FORMES et de
COULEURS.

Ne sentez-vous pas en vous la joie de mon Etre ?


Dans votre langage astrologique, j'appartiens au
Rayon de NEPTUNE.
Dites-moi : qui pensez-vous que je suis ?

Non. Je suis une e Fée ~ en train de devenir un


c Ange ~.
-165 -

Vous pouvez déjà voir un Ange Gardien en moi


c'est ma ligne de développement - mais je suis
encore très Fée aussi.

Mon travail, à moi, est sur le tout dernier Plan


avant la naissance.
Je n'appartiens pas à la catégorie des Anges de
la Forme et de la Croissance.
Ma tâche est très humble encore :
J'ai à garder les enfants - et à les conduire lors
de leur dernière étape.
Je joue avec eux, et je les instruis.
Et je conduis le dernier contingent (1) d'un Cycle
Solaire.
Voulez-vous que je vous parle un peu de mon
Convoi?
D'abord, c'est un peu prétentieux de dire c: mon ~
Convoi!
En vérité, il est conduit par un ETRE très Haut
et très Mystérieux.
Je comprends votre tendance à L'identifier avec
ce que vous savez du c: Dieu de la Mer :t.

(1) Celui du Signe des Poissons, du 20 février au 20 mars.


chaque année.
-166 -

Car Sa nature - qui est empreinte dans chacun


de Ses enfants - est comparable à la mer

Sans limites.
D'une profondeur insondable.
Et toujours en large mouvement.

La Musique et la Poésie sont dans cette nature


plus que partout ailleurs.
Quand je parle de LUI, mon àme semble briser
ses limites.
J'entre dans ma propre profondeur - et, quand
je touche le fond,
Je me trouve face à face avec LUI!

ADORATION!

BONHEUR

MUSIQUE

LUMIÈHE

Comment pensez-volis que les enfants de cet


ETRE tiendraient dans les limites d'un corps ter-
restre ? !
Il leur faut la Musique, la Poésie, le Rêve, le
Dévouement - pour échapper à leur prison !
-167 -

Je ne suis pas ce que vous pensez - mais ce


que vous pensez, c'est bien moi.
Je suis petite - et je suis très grande.
Je n'ai pas de mesure terrestre.
Je puis être dehors et dedans, chez vous et Ici, -
et ailleurs encore.
Tout en même temps !
Je vis dans la joie - et je pleure de la souffrance
que doivent connaître mes enfants.
Joie et Souffrance vont ensemble dans le Chant
de la Vie.
Et c'est beau -
BEAU!

Quand on voit que c'est beau - on est « prêt».


Quand on est prêt - on n'est plus obligé de
retourner sur Terre pour y apprendre à « chanter
bien» le Chant de la Vie.
Mais on peut -
Si l'on VEUT !

J'ai quelquefois un enfant qui est prêt,


Mais qui veut descendre quand même
IL EST BEAU A VOIR !
-168 -

Tous mes enfants sont beaux - mais tous n'ont


pas encore les « couleurs ~ (1).
Ils sont purs et diaphanes : les couleurs commen-
cent à apparaître - ici et là.
Chez les uns, moins - chez d'autres, davantage.
Mais ceux qui sont prêts rayonnent une gamme
de couleurs splendides;
ILs SONT PLUS BEAUX QUE LES ANGES !

Nous partons ensemble à l'heure de minuit -


et nous faisons toujours le « grand plongeon ~ ! ! !
Car je veux faire connaître à mes enfants le
Fond de la Mer.
Je leur montre les Ondines.
Puis nous sortons sur l'Autre Bord - et je les
mène dans des forêts impénétrables,
Où je leur fais voir les Nymphes.

Mes enfants se séparent toujours de moi à grand


regret.
Le souvenir des Mondes d'où ils viennent - et
de ceux que je leur ai montrés - ne disparaît
jamais de leur cœur.

(1) Cf. App., 10.


-169 -

Inconsciemment ils les cherchent, durant toute


leur vie terrestre.

Au moment de les déposer chez leurs mamans, je


confie à chacun un souvenir précieux - pour scel-
ler notre lien.
A l'un, je donne la Poésie.
A l'autre, la Musique.
A celui-ci, un Conte de Fées.
A celui-là, une Cellule de Prison - pour éveiller
le besoin de liberté.
Et, dans tous les cœurs, je sème une graine de
L'UNIVERSEL AMOUR.

Puis, à chacun, je laisse un splendide Coquillage


- pour prendre avec lui le Chant de la Mer
LA MUSIQUE DE L'INFINI•••

Afin qu'il se souvienne !


Afin qu'il se souvienne !
-170 -

VIII

Une description laborieuse mats exquise

Aujourd'hui, c'est moi de nouveau... C'est à cause


de vous que je suis venu en contact avec cette char-
mante Entité. Jusque-là, je ne m'étais pas intéressé
au Monde Extra-Humain. A présent, je fais des
expériences insoupçonnées auparavant...
Comment j'ai pris contact avec Elle ? Par une
sorte de télépathie faite d'impressions et d'images.
Elle n'a pas la moindre idée du langage articulé des
humains. On ne parle pas comme cela dans son
Monde.
Ma première impression d'Elle était celle d'une
douce lumière verte... Elle a une atmosphère ravis-
sante autour d'Elle ! Toute la Musique de la nature
semble émaner d'Elle, ou l'environner - je ne sau-
rais dire au juste.
Vous La décrire, comme je l'ai fait pour le Grand
Vieillard (1) ? Oui. Peut-être. Seulement, le Grand

(1) Cf. Première Partie, ch. XXI.


-171 -

Vieillard est de race humaine - n'oubliez pas ce


fait qui compte! Son apparence, même dans cette
gloire dont je n'avais encore eu, jusque-là, aucune
expérience, avait tout de même pour moi un élé-
ment familier. Tandis qu'ici... ! Enfin, je ferai de
mon mieux si vous m'aidez de vos questions.

Elle est transparente. et toujours en changement.


Pendant qu'Elle donnait son message, que votre
mental recevait en « mots », moi, je voyais tout se
passer en « images vivantes , et en « symboles :)
au-dessus de sa tête !
La réception n'était pas toujours impeccable.
Bien des choses s'humanisaient trop. Mais Elle a
tout de même réussi de manière assez satisfaisante
-vu la grande différence de conscience entre vous
et Elle. L'essentiel a été bien enregistré et - qui
plus est - le but a été atteint.
Pendant la transmission, tout son être était vi-
brant et si intensément vivant qu'il vous faudrait
faire un considérable effort d'imagination pour en
approcher, même de loin, la réalité ! Vous parlez
des Anges et des Rées comme d'un sujet qui vous
est comparativement familier, mais vous ne sau-
riez concevoir les intenses vibrations de ces Eires.
Elles sont telles que nous autres, Ici, ne pouvons
pas les supporter longtemps...
-172 -

Taille humaine? Oui. Quelquefois. Je n'ai pas eu


l'impression de plus petite que la taille humaine.
Quand l'apparition prenait une forme définie, la
grandeur et l'apparence étaient celles d'une jeune
fille, grande et très fine de charpente. Mais il ar-
rivait qu'Elle se fondait dans l'aura et alors Elle
dépassait de beaucoup la taille humaine. Cela de-
venait un jeu lumineux de formes changeantes qui,
à vous, faisait l'effet d'une « danse de pieds légers
sur votre conscience ~.
Quelquefois, Elle semblait curieusement humaine
et faisait réellement l'impress'on d'être habillée
d'une robe d'étoffe diaphane. J'avais même l'im-
pression d'une couronne de fleurs sur des cheveux
d'un blond argenté... D'autres fois, Elle disparais-
sait dans son aura qui prenait, alors, la forme d'un
ruisseau. On est continuellement dans un enchante-
ment près d'Elle !

La couleur? Je vous l'ai dit. Vert. Vert d'eau.


Mais avec des jeux de lumière faits de mille nuan-
ces. Souvent couleur de mer traversée de rayons
de soleil. Toutes les couleurs se jouent dans l'aura
qui L'enveloppe et forme ce qui semble être vête-
ment. Quand Elle fixe son attention sur nous, une
vague de vert très tendre et délicat émane de la
région de son cœur et nous enveloppe comme d'un
-173 -

manteau de sympathie - car la SYMPATHIE est un


sentiment fondamental pour Elle, la Racine même
de son être ct la Voie de son développement. La
seule chose qu'Elle ne comprenne pas, c'est l'animo-
sité. Elle n'a rien en Elle qui puisse réagir sur cette
vibration ; Elle en est repoussée comme par une
violente tempête!
Elle est impondérable et, je le répète, tout change
presque continuellement. Seul, le visage n'a pas
disparu devant moi - un adorable visage aux nuan-
ces nacrées, tout translucide et illuminé du de-
dans... Non, je ne crois pas avoir vu de pieds pro-
prement dits, mais plutôt - à l'endroit où ils au-
raient dû se trouver - d'intenses vibrations lumi-
neuses qui montaient dans sa forme comme des
courants magnétiques. J'avais parfois une impres-
sion de mains à gestes ondulants - et chaque mou-
vement de ces mains déversait des courants vitaux
- mais rien de stable dans sa forme, sauf à de
rares moments (1).

Les yeux? Très difficiles à bien saisir. Du moins,


pour moi. J'ai pu voir un regard, mais - pour dire
vrai - je n'ai pas observé les yeux. Du reste, ce
n'est pas seulement avec Elle... J'ai vu les Anges.
Pas souvent, mais j'en ai vu tout de même. Et,

(1) Cf. App., 9.


-174 -

toujours, j'ai été trop pris par le rayonnement lumi-


neux et par la réaction de mon âme à Leur aspect
pour songer à analyser ce que je voyais.
Pourtant, oui... vous avez raison. La lumière in-
térieure était considérablement plus forte à travers
les yeux. Forte aussi, quoique à un moindre degré,
derrière Elle - et formant un halo qui prenait des
formes changeantes, tantôt traînantes comme des
ailes repliées et tantôt s'étalant en immense éven-
tail.
Savez-vous, ami, que c'est plutôt avec un tire-
bouchon que je vous donne cette pauvre - et com-
bien incomplète - esquisse ? !
Son sourire ?... C'est ravissant L.. C'est rayon-
nant L.. Mais ce n'est pas un sourire humain - je
veux dire : à la maniere humaine. C'est le sourire
d'un radieux visage, intensément vivant et expres-
sif. Mais c'est beaucoup plus « jeu de lumière» que
« mouvement de traits ».
Quant à l'effet d'un semblable contact sur les
« corps subtils» humains : Poésie.
Etre avec Elle rend le cœur léger et la vie joyeuse.
Tous les germes de sens poétique qu'on a en soi
semblent se réveiller à son attouchement !

Inexplicable, pour notre compréhension humai-


-175 -

ne, que cette Créature de Beauté. de Poésie et de


Joie, que cette Fée, tour à tour espiègle et recueillie
- soit l'Agent choisi pour mener ceux qui vont par
le Chemin de l'Abnégation et du Sacrifice !
Il faut se rappeler, pourtant, que ce sont là les
substances dont est faite - métaphoriquement par-
lant - la Porte du Paradis.
Il m'a été communiqué que le travail qui L'at-
tend, dans l'avenir, sera en rapport avec la libéra-
tion de l'homme par la souffrance. Elle lui ouvrira
la porte de sa prison - la plus terrible de toutes -
celle du « moi séparé» !
Mais tout cela est l'avenir.
Vous ne me demandez pas comment Elle est ve-
nue à vous?
C'est par l'heureuse combinaison de votre aspira-
tion, à vous, avec la trame propre à l'âme de votre
femme. Je commence à voir bien des choses. Vous
avez - vous, ami - un lien avec le Monde des
Anges et des Fées, par votre mental. Question d'af-
finité. Chez l'amie, il n'y a pas de lien proprement
dit, mais elle est constituée de manière à étendre
la circonférence de son être intérieur, qui perd ainsi
ses frontières ct englobe bien plus de choses qu'elle
ne le soupçonne !
Ainsi, vous profitez de ses possibilités à elle -
-176 -

et elle, de son côté, profite de l'orientation que votre


foi et votre aspiration leur donnent. C'est cette
« aspiration », agissant dans la « sphère mentale»
de votre femme, qui a créé ce que notre Fée-amie
appelait la « route lumineuse » - le long de la-
quelle Elle est venue à vous tout au commencement
et, une autre fois, le « ruisseau clair avec des
perles »...

Voyez-vous, il se passe dans la vie humaine


bien plus de choses qu'elle n'est capable d'en ap-
précier à leur juste valeur.
C'est une expérience incalculable que j'ai faite
là, avec - et à propos de - vous deux. Cela a en-
core resserré nos liens, en y ajoutant de la Poésie
et de la Profondeur.
-177 -

IX

Partira... partira pas... ?

(Au cours du mois de mai 1936, les Transcripteurs


reçurent de leur libraire habituel un ouvrage en-
voyé « ci choix » - non sur leur demande, mais
sur l'initiative spontanée du libraire lui-même. En
soi, la chose n'avait rien d'extraordinaire, le cas
arrivant de temps ci autre, en raison d'une conven-
tion mutuelle ci cet égard.
Cet ouvrage était un assez fort volume, très ar-
tistiquement édité, et intitulé « The Quest of the
Golden Stairs » (1) - par Arthur Edw. Waite.
A vrai dire, l'idée de faire cette nouvelle acqui-
sition tïéoeilla alors aucun enchantement, les condi-
tions matérielles du moment s'y prêtant fort peu.
D'autre part, un coup d'œil jeté ci l'intérieur du
livre n'apporta pas grande inspiration, pour sa part.

(1) La Queste des Escaliers d'Or - pratiquement intra-


duisible en français, en raison du caractère tout spécial
de son texte où abondent des expressions et nuances de
langage sans termes correspondants chez nous. Des essais
ont été tentés, mais les résultats ont été décevants. Il faut
tout simplement lire cet ouvrage dans l'original.
-178 -

Il s'agissait là d'un écrit profondément mystique.


une sorte de roman supérieur de féerie, extrême-
ment beau comme langage et imagerie, mais abso-
lument en dehors du genre propre il la mentalité
et aux recherches particulières des Transcripteurs
en matière de c Monde Invisible ~. Il fut décidé de
le renvoyer il l'expéditeur, avec les c regrets ~ que
de droit en la circonstance.
I.Je paquet fut soigneusement refait, l'adresse
mise - pourtant, il ne partit pas ... Quelque chose -
disons: dans son atmosphère, et dans l'atmosphère
intérieure - semblait curieusement s'y opposer.
L'affaire c clochait ~ quelque part, apparemment.
Que faire ? Garder ? Hum !... Renvoyer ? Oui,
• 1
malS....

Tout en discutant ensemble ce bizarre problème,


l'un des Transcripteurs observa :
- Je ne sais pas... mais il me ,semble qu'il y a
autre chose qu'il ne paraît dans cette histoire. Ce
que je lis du livre ne me dit personnellement rien
de rien. Ce n'est po'! mon genre. en tout cas en ce
moment. Nullement intellectuel ni scientifique,
plutôt ortistico-poético-mijstique. Je dirais: l'œuvre
d'un Poète et d'un Maçon - lu comprends ? .. Si tu
le lisais un peu, pour voir et me dire ton avis ? ..
Alors ? lis-m'en plutôt un peu, ce soir, quand
-179 -

nous serons un moment ensemble et tranquilles, au


coucher du soleil...
Le projet ne se réalisa pas - du moins, ce jour-
là - et le livre resta empaqueté sur la table. Sans
cesse les yeux du principal intéressé y revenaient.
C'était plutôt curieux, cette quasi-obsession J••• On
le sortit de son emballage ... Mais ce fut pour l'y
remettre - et l'en sortir encore... Cela passait de
l'étrange au déconcertant J
De guerre lasse, la résignation au pire s'installa.
Une page fut mise en lecture ... puis deux. Et c'est
alors que les expériences commencèrent:

Tout d'abord, il devint évident. que lire ce livre


ci la façon ordinaire était simplement impossible,
mais qu'il fallait - il fallait et l'on devait, de par
la nature même du sujet et la structure du langage
- lire lentement, absolument sans hâte ni curiosité
intellectuelle, tout COMME SI LE TEMPS NE COMPTAIT
PAS, « N'EXISTAIT P_~S ~, en quelque sorte ... et en fai-
sant le silence entier, au dedans de soi.
Le livre c imposait ~ cela '- simplement, comme
par un invisible pouvoir.
C'était comme une musique. une harmonie, une
poésie, un parfum, une lumière, une pureté exquise.
une délicate brise ... qui sortaient de cette œuvre et
venaient envelopper et impréqner le lecteur. Il y
-180 -

avait là une incroyable richesse d'évocations im-


palpables de sentiment, d'images éthérées, de sym-
boles grandioses mais déconcertants, de subtilités
intraduisibles de beauté et de simplicité, tout à la
fois - mais rien où la raison et la logique pussent
trouver à prendre et à comprendre. Et cela faisait
penser à ce que disait une fois Tagore, à propos
de certains de ses poèmes où quelques personnes
disaient ne rien comprendre : « Comprendre ? ..
Pourquoi comprendre ? .. Cherche-t-on à compren-
dre le parfum d'une rose ? .. Il n'y a rien à com-
prendre : c'est un parfum, et c'est tout s ,
Et voilà que, peu à peu, le livre prit son lecteur et
l'emmena à la limite d'un Monde nouveau, où il
faut d'autres antennes de perceptions que le cer-
veau ordinaire. Les Transcripteurs se mirent à en
lire un peu, le soir, ensemble et à l'heure dite. Cha-
que jour. Si bien qu'il leur devint de plus en plus
impossible de penser à autre chose qu'à garder
pres d'eux cet exquis compagnon.

Non, bien sûr: il n'était plus question de le ren-


voyer au magasin, maintenant ! Et, pour l'un des
Transcripteurs, tout spécialement, en raison de cer-
tains faits des derniers temps (1), il devenait ultra-

(1) Ceci trouvera quelque éclaircissement plus loin, au-


tant que la chose puisse être d'intérêt ici.
-181-

évident que la réception inopinée d'un tel ouvrage


avait son point de départ plus Haut, et plus Pro-
fond, que l'initiative bien intentionnée d'un librai-
re ... Initiative qui, d'ailleurs, demeurait plutôt in-
compréhensible en elle-même pour les raisons déjà
dites.
Quelle idée avait bien pu lui prendre de leur en-
voyer cela ? ! ! !
En tout cas, le fait étant là, il n'y avait qu'à l'ac-
cepter --:- quitte à savoir plus tard... L'idée d'écrire
au libraire leur vint bien à l'esprit, certes, mais -
autre fait curieux - ne réussit pas à prendre forme.
De subtiles et intangibles impossibilités semblaient
rendre cette idée inutile.
Et voilà, effectivement, qu'un soir - tandis que le
soleil descendait lentement, dans une gloire d'or
mauve, derrière un rideau de jeunes bouleaux -
après la tranquille et sereine lecture à haute voix
d'un des tout premiers chapitres, la clarté fut faite
sur toute l'affaire...
Car, à l'improviste, vint un cordial :
-182 -

Le côté « âme »...

- Eh bien, mes bons amis, ne vous ai-je pas fait


envoyer un beau livre ? .. Oui, c'est une idée de
moi. N'ayant pas la possibilité de faire passer mes
expériences des derniers temps, je me suis mis à
vous chercher un livre qui contiendrait ce que je
désirais tant vous communiquer.
Je me meus, ces temps-ci, dans un Monde très
spécial - initié que j'y suis par ma sœur Margue-
rite (1).
C'est tout ce que vous pouvez en recevoir pour
l'instant ; mais f~i bien l'intention de vous en dire
plus long, à un moment propice.
C'est un Monde de Beauté et de Symboles. Les
c Contes de Fées ~ en parlent.
Le livre est très bon. (Pause). Voici quelqu'un
qui a un message à vous passer. Je lui laisse un
moment la place :

(1) Cf. Première Partie, chap. XXXIV.


-183 -

................................................
- La psyché humaine ne grandit pas par la lo-
gique, mais par des choses vues et senties.
L'homme du présent âge a progressé en sautillant
sur une jambe - je veux dire : par l'intellect seul.
La raison ne suffit pas pour développer le c côté
psychique s , qui est le récipient des forces et ten-
dances primordiales.
La situation actuelle du monde en général en est
une preuve.
La science est un géant - l'âme, un nain sous-
alimenté.
C'est pourquoi l'homme, sous une apparence de
grande culture, cache une âme à peine au-dessus de
la sauvagerie.
Il n'est aucun système politique ou économique
qui puisse remédier à ce manque d'équilibre.
,Quelques âmes ouvertes sont travaillées par les
Conducteurs Invisibles afin de développer le côté
c dme :..
Je n'entends pas la morale, ici ; je puis laisser ce
domaine à un nombre suffisamment grand dans le
monde!
Je veux plutôt parler d'une Science oubliée, et
dont les traces sont conservées dans les Contes po-
-184 -

pulaires et enfantins, les merveilleux Récits d'antan


et les Traditions mythologiques.
Je vous ai conduits là, sur la piste... Adieu !

C'est moi de nouveau, mes amis. Tout à l'heure,


c'était quelqu'un dont vous entendrez encore parler
et qui vous est, à sa manière, plus proche que moi .
Mais je suis aussi pour quelque chose, là-dedans .
Il y a un « programme ~ pour vous, et je le savais ;
en vous envoyant le livre, j'ai fait de mon mieux
pour collaborer dans cette direction. Voilà tout.
(Pause).
Ne sentez-vous donc pas l'Ame qui sort du pré,
là, devant vous ? .. Il Y a une tendresse infinie der-
rière l'apparence de cruauté dans la nature : un
3 Amour fort, qui sait conduire Ses enfants, par les
sentiers de la douleur, vers le Suprême Bonheur.
Les choses ne sont pas ce que vous pensez... Le
bonheur est autour de chaque créature, tout comme
l'air même que chaque vie respire sans en être cons-
ciente. Ce n'est pas une façon de parler. En disant
cela, je n'exprime que bien pauvrement et faible-
ment la réalité - une réalité qui se voit, se touche
et se goûte, Ici, ne l'oubliez pas !
Devenir conscient de ce BONHEUR inépuisable,
c'est devenir PLUS FORT QUE LA DOULEUR.
-185 -

La nature est, tout entière, plongée et baignée


dans cette « conscience de bonheur et de joie :..
Elle n'a pas encore, comme l'homme, une autre
sorte de conscience pour l'en séparer.
LA CONSCIENCE HUMAINE A ÉTÉ SEVRÉE DE L'AME
UNIVERSELLE - ET C'EST POURQUOI L'HUMANITÉ EST
LE « GRAND ORPHELIN ~.

Retournez à l'Ame Universelle, mes bons amis.


C'est le grand travail que je suis en train d'ac-
complir, à présent, avec vous.
Avant de vous quitter, ce soir, je veux encore
vous remercier de la lettre destinée à ma sœur.
J'avais fait tout mon possible pour l'atteindre par
une dame anglaise clairvoyante, et je n'ai réussi
que très partiellement. Glissez un message d'affec-
tion de ma part dans votre lettre.
Dites-lui que le brouillard se dissipera - ce n'est
qu'un « brouillard :..
-186 -

XI

U ne façon originale d'envoyer un livre

- Je sais que vous avez quelques questions à me


poser à propos du livre que je vous ai fait envoyer.
Voulez-vous les formuler clairement, tout haut,
mon bon ami?

Bon. C'est parfaitement juste : il y a, derrière ce


petit fait, tout un monde insoupçonné de vous, en
effet. Je vais tâcher de vous en dire quelque chose.
Vous vous demandez comment il se fait que j'aie
pu en prendre connaissance, étant donné qu'il est
écrit en anglais - une langue qui ne m'est aucune-
ment familière ?
C'est bien simple : je n'ai pas lu le livre - j'ai vu
les « images ~ qui en émanent. Ceci ne doit pas
vous être bien nouveau, je pense.
Nous conversons, Ici, avec des personnes arri-
vant des nationalités les plus différentes, et c'est
toujours sans la moindre difficulté. Inutile de vous
-187 -

dire que nous ne connaissons pas, chez nous, les


questions de c nationalité .s ; nous ne connaissons
pas davantage celle de c langues étrangères :t. Les
conversations prennent place sans parole articulée
- télépathiquement - n'oubliez pas ce fait impor-
tant ; et chacun des interlocuteurs a entièrement
l'impression d'entendre sa propre langue.
Comment j'ai pu repérer le livre chez votre li-
braire - et repérer votre libraire lui-même, que
pourtant je ne puis connaître?
C'est un peu difficile à expliquer, mais je vais
essayer.
Tout livre a sa propre atmosphère. Or, vous étiez
dans une période d'harmonie avec certaines condi-
tions de vie intérieure accordées au même diapason
que le livre en question - grâce à Marianne.
Je ne connais pas votre libraire, et je ne sais pas
s'il avait - ou non - cet ouvrage en magasin. Ce
n'était point nécessaire, pour la bonne raison que le
processus se fait bien autrement que vous ne suppo-
sez. Ce qui se passe, en pareil cas, n'est que l'effet
inévitable de courants vibratoires d'ordre corres-
pondant à la question en jeu.
Voyez-vous, ce livre est écrit sur un plan - ou,
si vous préférez, traite d'un Monde - avec lequel
votre état d'esprit se trouvait momentanément ac-
-188 -

cordé. Je pouvais voir des fils, pareils à des fils té-


légraphiques ou téléphoniques, entre cet ouvrage
et votre mental, les reliant mutuellement... Tout ce
que j'ai eu à faire, dans ces conditions, a simple-
ment été de mettre en œuvre certaines lois natu-
relles pour « approcher ~ le livre de vous. Voilà
tout.
Le fait que le libraire vous en a fait l'envoi n'était
que la conséquence quasi automatique, en quelque
sorte, de cette activité de ma part.
Ceci pour vous montrer qu'il ne faut pas cher-
'Cher à comprendre les choses d'un Plan avec l'esprit
qui convient aux lois et activités d'un autre Plan.
Autrement, on deviendrait vite par trop simpliste !
Ce que je puis vous dire de plus à propos des
« images ~ qui émanent d'un livre ? .. Question de
formes-pensées (1). Vous étiez dans un état spécial,
à cause de notre Fée-amie (2) : ce qui faisait que
vous c: attiriez à vous des forces d'une onde égale-
ment spéciale'> - et le livre en question était lui-
même accordé à cette même longueur d'onde...
Mais si, bien sûr, des formes-pensées - celles de
l'auteur, bien entendu - peuvent émaner d'un livre
neuf, jamais encore ouvert ni lu ! Vous croyez que

(1) Cf. A. BESANT et LEADBEATER : Les Formes-Pensées.


(2) Cf. plus haut, chap. VII et VIII.
-189 -

pareil livre n'a pas d'atmosphère, parce qu'il n'a


pas encore été manié et que nul lecteur n'a encore
mis ses propres formes-pensées, impressions, senti-
ments, etc... autour ? C'est une erreur.
Je vous le répète: tout livre a une - a son -
atmosphère.
Comment la chose se peut-elle d'un produit pure-
ment mécanique, en somme ; d'un volume sortant
de l'imprimerie ?
Je comprends que cela vous paraisse étrange ;
pourtant, c'est le cas. Impossible pour moi, présen-
tement, de vous en expliquer le mécanisme. Tout
ce que je puis vous dire, c'est que chaque FORME
contient une PENSÉE.
Oui, oui... vous avez raison. Dans ces conditions,
toute nature un peu c réceptive » devrait pouvoir
devenir consciente du contenu d'un livre sans avoir
nécessairement à le lire : le tenir entre ses mains
devrait suffire, en effet.
En principe, c'est le cas ...
-190 -

XII

De la logique à la Poésie

- Oui, ami, je veux essayer de vous donner ce


que vous désirez savoir. Ma remarque au sujet de
mes nouvelles expériences (1), vous a intrigué. Je
sais. Je vais donc lâcher de vous donner, ce soir, et
en aussi peu de mots que possible, le sens de ce que
j'ai appris ici.
Voyez-vous, l'existence sur terre est un reflet de
la vie dans les trois Plans suivants. Je veux dire, par
là, que ce qu'on expérimente dans ces trois Plans
successivement, après le « changement ~, on en fail
déjà l'expérience dès la vie terrestre - au moins
dans une certaine mesure.
Le développement de l'humanité parcourt ces
Plans - ou « Mondes ~ ct « modes ~ d'expérience
- l'un après l'autre, dès la terre même.
Chez les peuplades primitives, cela commence
par le développement de l'habileté physique. Mais

(1) Cf. chap. X.


-191-

déjà l'astral prend une grande place - le mental,


presque pas. La connaissance est, alors, acquise par
une sorte de « pénétration involontaire ~, comme
cela se produit encore au stade de l'enfance. C'est le
temps où toute connaissance arrive - et est expli-
quée - en SYMBOLES et en IMAGES.
Puis vient le développement mental. C'est le stade
caractérisé par la raison - et c'est là que nous en
sommes présentement. Mais l'évolution humaine
se fait en spirale : tout en montant, elle repasse
cycliquement par les mêmes points - bien que,
chaque fois naturellement, à un niveau supérieur à
l'ancien. Et cela fait que vous voyez se produire
autour de vous, à l'heure présente, un retour à
l'Instinct et au Symbolisme. Voire, même, à une
intense culture physique.
Après avoir quitté le Monde physique, le plan
normal d'existence est le Monde astral. Ce n'est pas
la raison qui est développée là, bien que rien ne
soit perdu de ce qui a été acquis En-Bas sous ce
rapport - cela va de soi.

Soit dit en passant, j'emploie les termes théoso-


phiques avec vous parce qu'ils vous sont familiers,
et sont d'ailleurs commodes. Eh bien: à un moment
donné, j'ai été conduit à apprendre le BUT et le
SENS de la vie astrale. Et c'est alors que j'ai com-
-192 -

mencé à faire certaines expériences d'ordre assez


spécial - expériences dont, justement, le livre que
je vous ai fait envoyer, de la façon que vous savez,
peut vous donner un aperçu.
Je vous ai déjà montré, dès les premiers
temps (1) et depuis, comment les sentiments et la
pensée créatrice engendrent des formes correspon-
dant à leur nature, - prennent forme tangible et
visible pour nous, Ici. Or, tout ce que nous appre-
nons, dans mon Monde, se fait - non pas exclusi-
vement, mais tout de même principalement - par
images symboliques : telle, par exemple, celle du
« chemin-à-rebours :. dont je vous parlerai une
fois (2).
Cela posé, j'en reviens à ce que je vous disais
tout à l'heure: c'est qu'à l'heure présente, la « rai-
son ~ n'est plus la déesse suprême dans les affaires
humaines, ni le but suprême du développement
humain. L'heure en est passée. L'astral - l' « ins-
tinct ~, si vous voulez - prend son tour, à côté
d'elle. Autrement dit : l'imagination, la poésie (je
ne parle pas de versification) et la musique, repren-
nent et intensifient leurs droits.
Des livres, comme celui que vous avez reçu de

(1) Cf. Première Partie et aussi : App., 2 et 3.


(2) Cf. chap. XXII.
-193 -

ma part, aident à ce développement. Il ne faut sur-


tout pas leur chercher une explication dite « ra-
tionnelle » - plus exactement : logique et raison-
née. Ils n'appartiennent pas à cette ligne mais à
celle que je viens d'esquisser. Leur seule raison
d'être est de faire agir, sur la subconscience, les
images VIVANTES ET AGISSANTES du livre.
Lisez-le sans vouloir à toute force comprendre.
Lisez comme un enfant regarde un livre d'images,
ou comme vous contemplez un nuage qui passe,
un reflet dans l'eau ou le soleil qui se couche...
Saisissez-vous ma pensée ?
C'est seulement longtemps après que vous décou-
vrirez les « germes » que cela incite à éclore en
vous et qui ajouteront de nouvelles facultés à votre
vie intérieure.
Je crois, maintenant, avoir tout dit de ce que je
pouvais utilement dire sur ce sujet. Ai-je été assez
clair?
Faites vos réflexions tout haut... Oui, naturelle-
ment. C'est pour cela que le livre ne vous disait
rien de rien, au début. Vous y cherchiez une ligne
rationnelle, comme dans vos livres ordinaires, et
vous n'y trouviez rien - ou fort peu - de cet
ordre... Essayez de lire, dans l'esprit que je viens de
vous dire, les poèmes de Walt Whitman - ils pren-
-194 -

dront alors un nouveau sens et une valeur nouvelle


à vos yeux.
Voulez-vous encore quelques explications sur ce
point?
Non ... ce que vous demandez sera plutôt à re-
prendre demain. Je vois la fatigue qui commence,
chez vous - chez l'amie, surtout - et le message
passera mieux après une bonne nuit de repos.
-195 -

XIII

Sur le même sujet. ..

- Je reprends le fil de vos dernières questions


d'hier. En somme, cela m'amène reprendre sous
ù

une nouvelle forme tout ce que je vous ai dit déjà.


Mais, comme la matière est d'importance, l'effort
vaut la peine qu'on le tente.
Je répète donc que l'époque d'aiguisage de l'intel-
lect touche à sa fin, le travail étant accompli sous
ce rapport. Un autre domaine demande maintenant
ù être développé : domaine tombé en dehors de la
conscience de l'homme dit « civilisé ».
Celui-ci doit maintenant en venir il recouvrer des
facultés innées. momentanément mises en « obscu-
ration » pour lui permettre de développer l'intel-
lect - la « raison ». Facultés encore actives chez
l'homme dit « primitif s , et dont le civilisé a dû
s' « appauvrir » passagèrement pour « croître s ,
Pesez cela.
Ainsi, tout un côté - disons « instinctif » - a
-196 -

été repoussé à l'arrière-plan de son être et, en con-


séquence, s'est trouvé profondément négligé.
01', l'époque actuelle montre un réveil de ce côté
néqliç«. Hèvcil spasmodique et plus ou moins vio-
lent, peut-être, mais qui trouvera sa direction.
L' «instinct ~ reprend ouvertement ses droits. Il
n'est plus « refoulé». Il se réveille et exige son juste
droit à étre. Il se mariera avec l' «intellect déve-
loppé » - la « raison éclairée », si vous préférez -
et des facultés insoupçonnées en résulteront.
Le livre dont il a tant été question entre nous,
réccmmcn t, pointe dans la direction des facultés
susdites - comme, d'ailleurs, tous ceux du même
ordre.
Comprenez-le bien : le monde de poésie est plus
proche de la SOURCE DE VIE que la logique.
Les « contes de Fées» sont plus réels - vous
savez ce que j'entends ainsi - que les « faits his-
toriques ».
Mais il y a une erreur à éviter soigneusement,
mon cher ami. Laissez-moi vous en dire quelque
chose:

Vous venez de remarquer à mi-voix, à l'instant,


que vous avez déjà senti en quelque mesure ce que
je viens justement de vous passer, et qu'en lisant le
-197 -

livre - ce fameux livre ! - il vous a semblé tou-


cher une réalité autrement vive que celle des faits
de la vie concrète... C'est bien cela ?
Oui. Sans doute. Mais, je le répète, il y a une
erreur à éviter avec soin - car elle est sérieuse et
ses conséquences vont loin. C'est celle qui consiste
à placer une « expression de la Vie» au-dessus ou
au-dessous d'une autre « expression de cette même
Vie» .
Voyez-vous, la 'vie spirituelle ne consiste pas uni-
quement dans ce qu'on est convenu d'appeler le
travail spirituel. La vraie vie spirituelle englobe
TOUTE MA:-IIFESTATION DE L'ÉNERGIE HUMAI:-IE.

En conséquence, une orientation exclusivement


« spirituelle» - selon la conception habituelle du
mot - est aussi incomplète et dangereuse qu'une
orientation exclusivement « matérielle ».
L'une n'est pas « supérieure» à l'autre, ni celle-ci
« inférieure » à celle-là.
Imprégnez bien votre conscience de ce fait :
Il n'y Cl aucune forme de vie « inférieure» dans le
domaine des activités humaines. Supériorité ou in-
fériorité tiennent uniquement, ici, au GENRE D'ESPRIT
qui est derrière l'activité considérée. Voila tout.
Vous hésitez à me parler à nouveau du livre ?
-198 -

Pourquoi ? .. Non, cela ne m'ennuie pas. De quoi


s'agit-il ? ..
J'ai compris, et je vais vous répondre. Comment
l'auteur s'est trouvé amené à l'écrire, et de quelle
façon ? Il a reçu les images dans sa subconscience.
et ces images ont monté à la surface aux moments
où il se rendait disponible pour les recevoir.
C'est le même procédé que j'emploie pour notre
travail en commun. Je vous montre les choses qu~
je veux dire à un moment où votre esprit - et
celui de l'amie, surtout - est encore libre de toute
pensée individuelle. Je veux dire: entre sommeil et
réveil, comme vous savez. Ces mots et ces images
restent déposés dans la subconscience et - au
moment où vous vous mettez en communion avec
moi, notre orientation collective, ainsi que l'état
d'esprit qui l'accompagne, permettent à ces choses
d'affleurer à la surface de la conscience de veille.
A condition, naturellement, que soit gardée une
passivité absolue - non pas négative, mais positive.
Mais vous savez assez tout cela, déjà.
Quant aux expressions qui émaillent le texte de
l'ouvrage et qui, bien qu'évoquant de glorieuses
visions, ne réussissent à créer dans votre esprit,
aucune image qui vaille - comme quand il parle
d'une « Cour d'Etoile '>, par exemple, ou autres
choses du genre -- je vous répète simplement ce
-199 -

que j'ai déjà dit : gardez les expressions, images,


etc ... dans votre intérieur, et ATTENDEZ LEUR
REVELATION SPONTANEE.
Car il n'y aura aucun profit si une explication ou
une description rationnelles vous sont données.
Vous l'avez souvent conseillé à d'autres à propos
des textes de l'Ecriture. Le cas est le même, ici,
comprenez-vous ?
- 200-

XIV

« Habitants du Ciel dès ce Monde... »

- Bonsoir Antoinette. Comme c'est bon de vous


voir ensemble ! J'ai longtemps poussé à la roue
pour que tu puisses en arriver là ... Mais c'est seule-
ment au moment de partir que tu te rendras compte
de tout cc que cette visite t'aura donné.
Tu aimerais avoir des récits de rencontres que
je fais Ici ?
Je veux plutôt essayer de vous dire un peu com-
ment sc font ces rencontres.
Il se produit Ici, là où je me trouve maintenant,
beaucoup moins de rencontres - disons « de
hasard » - que ce n'était le cas au début, quand
j'étais plus près de la terre. Les lois d'Affinité et
d'Affection sont beaucoup plus en évidence dans le
milieu où je vis il présent.
Entre deux ètres qui s'appellent l'un l'autre, une
vague d'affection surgit ct illumine d'une lumière
intense leur rapprochement. Celte lumière prend
- 201-

des formes variées. Tantôt ce sont comme de gran-


des ailes, tantôt des figures géométriques, tantôt
encore des fleurs...
C'est, pour ainsi dire, un jaillissement de choses
lumineuses !
Il est impossible de vous donner une idée, même
très approximative, de ce qui se produit à des
moments semblables. Ce que je vous ai décrit en
termes de lumière, j'aurais tout aussi b.en pu vous
le décrire en phrases musicales, car une intense
joie naît de ces rencontres - et cette joie même est
MUSIQUE.

Ici, tout est poésie. lumière. harmonie en ces


choses - seulement les relations sont moins étroi-
tement personnelles. On ne se demande pas tou-
jours qui est l'autre - car les frontières de la per-
sonnalité sont devenues bien transparentes. Il n'y
a pas de réticence : on peut se donner comme on
est. Il n'y a jamais l'ombre, même la plus faible,
d'animosité ni d'hostilité. On ne vit plus autant une
vie influencée par les habitudes terrestres...
On ne fait pas, non plus, de rencontres comme
je vous en décrivais dans les premiers temps. On
vit déjà dans la « Liberté des Enfants de DIEU ! ~
Certes, on rencontre encore avec plaisir les amis
d'autrefois, des âmes chères, mais la différence en-
- 202-

tre une rencontre amicale et une rencontre entre


âmes de même nature - même si la rencontre est
nouvelle - n'est pas grande. Le « facteur person-
nel ~ signifie désormais si peu en comparaison du
« facteur profond ~ !
Comprenez-le bien : dans un Monde comme celui
où je me trouve vivre présentement, il n'y a possi-
bilité de place ni pour l'animosité, ni pour l'égoïs-
me, ni pour la méfiance, ni pour l'exclusivisme
d'aucune sorte. Tout ce qui ressemble à quoi que
ce soit de ce genre s'en trouve, par sa nature même,
automatiquement exclu. Seul peut avoir accès à
un Plan, et subsister sur ce Plan, ce qui est à l'unis-
son de la vibration du Plan en question... ce qui en
a « la robe nuptiale », si vous voulez me com-
prendre.
Si ce doit être bon ? ! Tu ne peux pas t'imaginer
combien! Vous ne pouvez pas vous faire une idée
du bonheur que vous avez encore devant vous, et
qui vous attend !

Mais une chose à noter, c'est que cet état -


disons « céleste» - de conscience et de sentiments,
peut être éprouvé et réalisé dans le corps mortel,
pendant la période d'incarnation terrestre.
C'est là le chemin de développement que nous
suivons tous, et qui fait que nous revenons toujours
- 203-

sur terre jusqu'à ce que non seulement l'âme, mais


aussi le corps physique, soient SANCTIFIÉS.
Je VOUS laisse sur cette pensée, essayez de la mû-
rir un peu, car elle est d'une importance vitale pour
chacun de nous. Ici, nous pouvons le voir !
- 204-

xv

Les difficultés des T emps

- M... a sa part des difficultés de ce temps-ci, à


ce que je vois. C'est un sort général qui relie les
hommes. Heureux ceux qui le comprennent. Et
heureux notre ami, le jour où la plénitude de la
signification se révélera à son esprit. Il dira :
« Merci, PERE ! » Et il trouvera qu'il valait bien la
peine de passer par là...
On est « humain », au sens le plus noble du mot,
uniquement dans la me.sure où l'on utilise ses diffi-
cultés particulières comme marchepied.
Cela ressemble à un sermon ?
C'est pourtant bien la dernière chose à laquelle
je pense. Mais, comment exprimer autrement une
vérité qui est un « axiome spirituel» ?
Oui, je connais ses projets à travers ta propre
conscience, ma bonne Antoinette. Mais, vois-tu, je
commence à trop m'éloigner des choses de la pra-
- 205-

tique matérielle pour être bon conseiller dans ce


domaine.
Vu de plus haut, le succès - ce que nous ap-
pelons le succès - est tout autre chose que vu
d'En-Bas. Les vicissitudes de la vie terrestre nous
paraissent, à nous, d'un caractère si fugitif ! On
en arrive vite il n'en distiller que les résultats les
plus essentiels et les plus permanents,
Pour ceux d'En-Bas, c'est difficile ? Sans doute.
Mais te rends-tu compte que ce que tu appelles
difficile est le sort de l'humanité fout entière. phy-
siquement parlant ?... L'erreur de chacun est de
separer son lot du lot général ct de l'amplifier en le
regardant de trop près.
Je ne l'aurais peut-être pas dit, moi-même, quand
j'étais plongé comme vous dans la matière qui
aveugle. Mais, puisque c'est d'un plan supérieur que
je donne mon message, il me faut hien dire les
choses que je vois - comme je les vois.
Sortir du point de vue trop égocentrique. rendre
l'esprit plus universel. englober par la conscience
et dans la mesure où on en est capable tout le sort
humain - il Y a là un élément INCROYABLEMENT LIBÉ-
RATEUR.

La vie spirituelle n'est pas « connaissance et


croyance » - mais bien une intense « réalisation
- 206-

et activité intérieure :t. Ce qui, bien entendu,' n'ex-


clut pas toute activité saine et raisonnable pour
rendre ses conditions matérielles aussi bonnes que
possible.
L'un n'exclut pas l'autre.
Seulement, c'est le premier de ces deux facteurs
qui doit être le fondement du second. Car il est plus
vrai qu'on ne le suppose que, par le fait même de
trouver le juste équilibre et l'harmonie intérieure.
on engendre l'harmonie dans les conditions exté-
rieures.
Chacun en fait l'expérience à sa manière.
Mais, dis à mon ami que je ne me sens pas appelé
à faire la morale. Il doit savoir la chose déjà, par
lui-même.
- 207-

XVI

Espiègleries d'une petite Bible

- Le petit papa S... ? Je l'ai rencontré presque


tout de suite après son changement. Je veux vous 1-
en raconter quelque chose, car il y a une histoire
assez amusante à ce sujet.
Non. je n'ai pas été conscient du moment où le
petit papa S... a passé. Mais. à un moment donné.
il est venu lui-même à ma rencontre. Il avait une
expression bienheureuse - mais trop solennelle :
redingote. haut-de-forme. fleur à la boutonnière et
petite Bible à la main!
Nous étions. cela va sans dire. très heureux de
nous rencontrer.
- Eh bien ! petit papa S...• lui dis-je. êtes-vous
content d'être enfin arrivé ?
- Oui. bien sûr ! me répond-il. J'ai revu ma
femme. Je voulais vous chercher. et... voilà que je
vous rencontre par hasard !
Je lui explique qu'il n'y a point de hasard dans
- 208-

notre rencontre, mais que j'ai dû sentir son appel.


Je lui fais mes compliments sur son air rajeuni...
C'était bien le petit papa S..., tout de même - mais,
vraiment, il était tout à fait bien !
Je lui demande: « Pourquoi ces vêtements solen-
nels ? » n me répond que, dans un Monde comme
celui-ci, il doit vraiment porter ce qu'il a de mieux!
Nous avons passé un long moment ensemble.
Finalement, j'ai dû lui dire au revoir. Mais voilà
qu'il déclare avoir perdu sa Bible ! N'y pensant
plus. la chose avait disparu ...
n était très ennuyé. Mais je lui
ai expliqué l'inuti-
lité de chercher, Ici - car, en cherchant, il se met
naturellement dans la tête qu'il n'a pas la chose.
Résultat : il ne l'a pas.
Je lui dis:
- Dites-vous, à vous-même, que vous avez votre
Bible dans votre main - et elle y sera.
n a pensé que je plaisantais :
- Vous êtes toujours le même, Monsieur P...,
après si longtemps dans l'Au-Delà !
- Hé, mais... vous l'avez dans votre main, votre
Bible ! lui dis-je.
n regarde... C'était le cas.
- 209-

Il n'en revenait pas !


N'oubliez pas que c'était seulement le troisième
jour après son changement. Il éprouvera encore plus
d'Une surprise dans ce nouveau Monde. L'autre
l'avait gardé si longtemps qu'on a fatalement des
habitudes bien enracinées, quand on est si vieux.
Brave papa S,.. ! Il sera bien à l'aise, Ici, où tant
de personnes chères ont attendu son arrivée.
Si nous nous sommes revus depuis ? Oui. Je l'ai
rencontré plusieurs fois, et je l'ai parfois initié aux
lois de ce Monde-ci. Car, malgré son grand 'intérêt
pour là vie future, il avait eu trop tendance à l'envi-
sager du point de vue terrestre.
Papa S... n'était pas un esprit philosophique, ni
un psychologue métaphysicien. Mais il s'adapte
admirablement. Seulement, il ne veut pas. se passer
de ses habitudes d'église. Donc, il va à l'église -
ce qui ne lui fera point de mal, au contraire, car son
esprit foncièrement sincère et droit le mène, tout
naturellement, dans des endroits où il rencontre des
natures élevées.
Oui, bien sûr. Ily a des églises, Ici, et des gens
- beaucoup de gens - qui les fréquentent régu-
lièrement.
- 210-

XVII

La question de « Changement »

- J'ai compris, d'après ce que vous disiez entre


vous, que vous désiriez des relations de mes expé-
riences personnelles, Ici, comme jadis ?
Il me faut faire un effort pour me placer à votre
point de vue, car, de votre côté, le mot «expérien-
ce. comporte toujours une prépondérance d'idées
objectives - tandis que, du nôtre, la « réalité. n'est
pas tant dans la question c événements. que dans
celle de « réalisation intérieure •. Nous vivons de
façon prépondérante dans le subjectif.
Pour nous, tout effort vers l'extérieur disparaît
peu à peu. Il n'y a pas, Ici, de lutte à soutenir pour
l'existence. Le maintien du corps en bonne forme
ne demande aucun effort. Il n'y a point de sens
physiques, donc point d'activité correspondante non
plus.
Réfléchissez à ce simple point, et vous en verrez.
les immenses conséquences en fait d'existence et de
conscience.
- 211-

Par contre, chaque mouvement émotif est inten-


sifié à un point difficilement exprimable - ce qui
place aussitôt la base vitale de notre existence sur
un tout autre plan.
Comprenez-vous? C'est important ce que je vous
dis là.
Votre idée de la vie astrale est encore, malgré
tout, trop matérielle. Vous y cherchez une conti-
nuation de la vie sur terre. Vous y trouverez bien
certainement ce genre de chose, en raison de ce mé-
canisme né des habitudes prises dont je vous par-
lais dans les premiers temps. Mais ces habitudes
perdent, peu à peu, ce qui les alimente - la néces-
sité de les maintenir s'affaiblissant de plus en plus
avec le temps.
En même temps, le côté c sentiment ~ va toujours
s'intensifiant - et c'est dans le c sentiment ~ que
nous trouvons à présent notre substance vitale.
Autrement dit : c'est dans le domaine émotif que
nous sommes, Ici, soit heureux et sains, soit malades
et malheureux.
Cependant, tout se tient dans l'Univers et, sur un
plan donné - le nôtre, par exemple - on trouve
le reflet de tous les autres (1). Si vous comprenez ce

(1) E. BARKER : Letters (rom a Living Deaâ Man, vol. J.


- 212-

point, cela vous ouvrira plus d'un horizon. Disons,


pour le moment, que les faits et les images de la vie
terrestre ont leur contre-partie Ici. Mais cette con-
tre-partie est créée, non par une combinaison
d'énergies et de matériaux physiques comme chez
vous, mais par une combinaison de courants astro-
mentaux - c'est-à-dire une combinaison de senti-
ment et d'idée.
Antoinette, l'ami t'a mise en contact avec un
livre qui est très bon en son genre, mais il faut bien
noter qu'il y est question - en tout cas, pour une
bonne partie, comme ç'a été le cas avec mon pre-
mier livre - d'un plan touchant de très près à la
terre. Les âmes y sont encore tout imprégnées des
conditions terrestres qu'elles ont récemment quit-
tées. C'est pourquoi vous y trouvez tant d'institu-
tions et de constructions si semblables ou équiva-
lentes à celles de la terre.
Ces choses sont naturellement utiles à connaître,
3 mais il n'est pas bon d'en faire un cas excessif.
Ce qu'il faut savoir comprendre et garder dans
l'esprit, dans tout cela, c'est que les Mondes dits
« supérieurs • sont, chacun en son genre, le point
de rencontre - ou « carrefour s , en quelque sorte-
de courants de forces venant d'En-Haut et d'autres
venant d'En-Bas. Courants provenant des Créations
- 213-

Célestes, d'une part, et des Créations Terrestres, de


l'autre.
Pour moi, je n'ai pas c changé de Plan ». Mais,
chemin faisant, je me trouve « changer d'esprit :..
Comprends-tu ?
Les habitudes de ma vie terrestre pâlissent et
s'effacent peu à peu, n'ayant plus de raison d'être
ni rien qui les nourrisse. Mais je tiens à te dire,
toutefois, que je ne quitterai pas le Monde où je
me trouve avant que tu ne sois venue m'y rejoindre.
On « meurt :. à un Monde après l'autre. Mais,
plus diaphane est la substance et plus elle est sou-
mise au pouvoir de la volonté. Dès lors, la question
de « changement» devient davantage une question
de « volonté ».
Cela, chez les âmes d'un certain niveau de déve-
loppement, bien entendu.
Chez les autres, la conscience des choses du Plan
où elles se trouvent pâlit, à mesure que leur milieu
vital lui-même devient plus éthéré.
- 214-

XVIII

A bâtons rompus

- Non, bien sûr, ce n'est pas sur votre Plan que


nous nous rencontrons. Physiquement, vous êtes
tous trois autour du feu, sous la lampe. Mais, votre
conscience est Ici. avec moi. sur mon propre Plan.
Vous n'en êtes pas pleinement conscients - parce
que la conscience de veille tient trop de place dans
la combinaison - mais peu importe : la partie de
vous qui vibre à l'unisson de la Vie Supérieure
sait.

Mon cher ami. j'ai voulu vous prendre cette nuit


pour vous faire constater par vous-même quelque
chose... C'était au sujet de notre Fée-amie. Mais je
n'ai pas pu vous atteindre.
Pourquoi?
Cela tient à ce que votre mentalest trop positif,
trop actif - surtout en ce moment. Par contre, j'ai
pu atteindre notre amie qui vous passera le mes-
sage.
- 215-

Vous avez été conduits à unir vos deux vies et


votre travail, elle et vous, à cause de l'admirable
complémentarisme qui existe entre vos deux es-
prits. Votre esprit, à vous, est actif et alerte comme
une flèche qui part vers un but i son esprit, à elle,
est comme une coupe prête à recevoir - une coupe
qui a son ouverture uniquement tournée vers le
haut. Elle s'ouvre seulement pour recevoir les
choses supérieures. Quant à son plan ordinaire
d'existence, elle tourne la paroi de sa coupe de ce
côté-là - et elle reste bien elle-même. C'est pour-
quoi, elle n'est aucunement médium au sens psy-
chique du terme. Pour les entités qui grouillent
autour d'une table de séance spirite, elle est tota-
lement inaccessible. Sa réceptivité n'est pas une con-
dition absolue de son esprit. Elle s'ouvre vers le
côté qu'elle veut - et non autrement.
Ce genre de combinaison n'est possible que chez
des Ames de même valeur et dûment accordées au
même diapason.
Comment je constate que votre pensée part
comme une flèche vers un but ? Mais parce que je
vous connais, parbleu, mon bon ami !
Si vous m'auriez un peu c fusillé ~, par hasard?
Oh, assez souvent !
Par exemple ? .. Eh bien, votre esprit part avec
- 216-

ses questions avant qu'on ait eu le temps de prépa-


rer votre femme pour recevoir la réponse. N'est-ce
pas vrai?
Quant à me causer des effets trop troublants....
Que voulez-vous ? Je prends de ces flèches ce que
je peux, et je laisse passer le reste à côté de moi -
tout en admirant leur fine pointe et leur allure !
Savez-vous? Ce n'est pas une critique que je vous
fais là. C'est simplement une amicale constatation
entre nous.
Vous craignez de m'avoir causé de l'ennui avec
ces c volées de plumes :., comme vous dites ? .. Cer-
tainement, cela travaille... Cela fait toujours c sti-
mulant :., de simples flèches qui vont à leur but.
Si je veux dire par là qu'elles l'alteignent ? ..
Dame!
Non, les questions ainsi envoyées à quelqu'un ne
prennent pas toujours la forme de flèches, ou en-
core de cônes aigus, ou autre chose du genre. Cela
dépend du tempérament de celui qui questionne.
Il ya des questions qui sont comme des crochets qui
vous harponnent et ne lâchent pas prise... Cela, par
exemple, peut être gênant (1) !

(1) Cf. A. BESANT : L~. Forin~!I-Pen.ée!l, pl. 28 et 29.


- 217-

Antoinette, j'entends que tu voudrais savoir si


tu arriveras un jour, à m'entendre ou à me voir...
J'en doute. Mais à quoi bon, après tout ? Tu es
toujours en communion avec moi, intérieurement.
Essentiellement, nous restons unis. Seulement, il
était nécessaire que tu fisses un bout de chemin
toute seule. Une fois arrivée à destination, tu com-
prendras mieux que maintenant le pourquoi.
Le fait, pour toi, de retourner là-bas ne changera
rien à ce qui s'est créé pendant ton séjour ici. Les
frontières ne sont pas grand'chose pour moi. Mais
je suis plus heureux que je ne puis le dire que tu
aies renoué .les relations - car nous appartenons
à une même Famille Spirituelle, nos amis et nous.
Le travail ne cessera pas, bien que tu puisses être
apparemment éloignée - au sens tout terrestre du
terme. N'oublie pas que ma localisation n'est pas
géographique. Si elle pouvait l'être, par hypothèse,
c'est notre vieille Genève qui en formerait le point
- tu le sais bien. c Partir d'ici ~ n'est donc pas
c me quitter ~.
Maintenant, je voudrais te demander de recevoir
avec la plus grande indifférence tous les prétendus
messages qui te parviendront, comme émanant de
moi, de la part de personnes plus ou moins médium-
niques. En tout cas, quand ces messages ne te
semblent pas tout de suite évident. par eux-mêmes
- 218-

comme venant de moi. Je ne m'intéresse pas aux


petites choses de la vie ordinaire, et je ne prendrai
jamais une forme pieuse.
Quant à la Société, je crois que notre ami M...
lui donnera la direction voulue. Je serai avec lui en
esprit. Gardez toujours les choses' sur une base
universaliste. Englober et comprendre les méthodes
de développement données par d'autres lignes spiri-
tuelles. Elargir la connaissance et ne jamais im-
mobiliser l'esprit dans des sillons d'habitudes.
'L'habitude en matière de « conceptions» est la plus
grande entrave à l'expansion de la conscience.
La mission de votre jeune hindou, Krishnamurti,
est justement là : avertir contre la « cristallisa-
tion ».
Dis à notre amie, là-bas, et à tous ceux qui te
parlent de moi, que les relations de sympathie ne
sont pas rompues par la disparition du corps. Au
contraire, un rapprochement plus intime en résulte.
Les pensées dirigées vers moi, surtout quand elles
sont accompagnées d'un sentiment de sympathie ou
d'affection, m'atteignent directement.
Dis donc à notre amie que je ferai de mon mieux
pour ce qu'elle demande. Le résultat dépendra de
la sérénité de son âme. Qu'une âme aspire à la
c vérité qui dépasse tout moyen d'expression », et
- 219-

elle se trouve dans l'attitude vraie pour puiser à la


Source la plus pure.
Ce que je puis te dire sur la Vérité, et sur ce que
l'Evangile appelle l'Esprit de Vérité ?
L'Esprit de Vérité est, pour chacun de nous, la
prochaine étape de la vérité du moment - si tu
veux me comprendre. C'est le « mouvement conti-
nuel vers une plus parfaite vérité :1>. Mais aucun
être humain, si élevé soit-il comme altitude spiri-
tuelle, ne saurait dire qu'il possède la Vérité.
LA VERITE DEPASSE TOUTE EXPRESSION ET
NE PEUT ETRE ENFERMEE DANS UNE
FORM:ULE.
Ici, comme sur terre, la vérité individuelle est la
vérité individuelle, et ne change pas beaucoup avec
la mort.
Quant à ton petit groupe particulier, je n'ai qu'un
mot à te dire : PERSÉVÉREZ ! Persévérez, même
si un succès marqué se fait attendre - et aussi
longtemps que les diverses personnes qui consti-
tuent le groupe sont en harmonie. Si l'une ou l'au-
tre vient à perdre patience, il est préférable que
cette personne se retire.
Si j'ai assisté à vos réunions?
Je suis votre travail avec attention. Veille, sur-
- 220-

tout, à ce que rien ne soit accepté qui ne satisfasse


pleinement le bon sens - et prudence extrême
avec tout ce qui prend des allures de prédiction ou
de prophétie !
A demain.
-r-r- 221 -

XIX

A propos des « Maîtres »

- Me voilà ! C'est moi, Albert - bonsoir. Je


sais les questions que tu veux me poser, Antoinette,
mais ce sera malaisé d'y répondre ce soir. Les con-
ditions ne sont pas bonnes pour le moment. Ques-
tion de fatigue chez nos amis. Mieux vaut remettre
à une autre fois.
Demande-moi, de préférence, quelque chose de
nature plus générale ... Lis plutôt le passage dont
tu parles, veux-tu ?
4: ••• On rencontre parfois, Ici, des Etres ap{>artenant
aux Mondes Supérieurs. Je crois pouvoir distinguer,
parmi ceux de race humaine, trois catégories diffé-
rentes:
Les Maîtres, les Guides et les Eveilleurs.
Je n'ai pas encore eu de contact avec les Maîtres.
Peut-être n'est-ce pas le moment. Peut-être aussi n'est-
ce pas ma ligne... :. (1)
Oui, j'en ai eu depuis. J'ai même pu être, dans
un cas spécial, le messager d'un Maître à Son élève
sur le pian physique.
Les Maîtres s'occupent du développement d'une

(1) Cf. Première Partie, ch. XX.


- 222-

partie de l'humanité. La partie qui suit la même


ligne de développement qu'Eux-Mêmes ont prise
dans le passé.
Ce qu'a été pour moi ce contact ? Tu peux le
comparer à l'influence que tu ressentirais en pré-
sence d'une personnalité très supérieure... Ce n'est
pas une différence de nature, mais une différence de
degré. Comprends-tu ?
Si tu souhaites te renseigner davantage sur la
question des Maîtres, notre ami t'indiquera volon-
tiers de la lecture à propos de ces Etres élevés.
La forme qu'Ils ont pour moi? Celle d'Hommes
d'une HARMONIE PARFAITE, D'UN PUISSANT RAYONNE-
MENT et d'une INTENSE LUMINOSITÉ.
S'Ils viennent sur mon Plan, ou si c'est moi qui
vais à Eux ? Ils viennent sur tous les Plans : sur le
Plan terrestre aussi... Non, je ne puis te dire davan-
tage au sujet de ma fonction de messager, dans le
cas dont j'ai parlé. Pourquoi ? A cause de la grande
discrétion qu'un tel cas exige. Ces choses n'arrivent
pas si fréquemment !
Non, je ne vois rien à dire sur les Eveilleurs, pour
j'instant. Je t'ai donné une description très suffi-
sante, à ce sujet, dans l'histoire du c Grand Vieil-
lard ~ (1). Pourtant, note bien une chose
(1) Cf. Première Partie, ch. XXI.
-223-

La description que j'ai donnée n'est qu'un aspect


de leur activité. Car, vus de notre côté à nous, ils
semblent inactifs... Mais il y a un autre côté par où
Ils doivent appartenir au même ordre de travail que
les Maîtres. En fait Ils sont, les uns et les autres,
comme autant de Rayons d'Un même SOLEIL SPI-
RITUEL se reflétant dans - et agissant à travers -
des Esprits Humains différents.
- 224-

xx

Le Jaldin des Enfants

- Vous parliez entre vous, tantôt, du Monde des


Enfants - et tu aimerais savoir, pour ta part, si
je puis te dire quelque chose de plus au sujet du
Jardin où vit notre sœur Marguerite (1) ?
Eh bien, attendez.

M. - Je vois des images 1... Je vois des arbres, de


grands arbres.... et un lac avec des nénuphars.....
beaucoup de beaux nénuphars... Oh !... et puis de
petits elfes... oui, dans les nénuphars 1... transpa-
rents... un peu comme des libellules... Mais ce ne
sont pas des libellules... Ce sont des formes hu-
maines... Oui ... ce doit être des elfes... Ce sont de
petits êtres tout lumineux !
A présent, je vois deux jeunes filles... Beaucoup
plus grandes que les elfes... Elles sont enlacées...
elles se promènent en babillant... L'une d'elles doit

(1) Cf. Première Partie, chap. XXXIV.


- 225-

être votre sœur Marguerite... Tiens' Voilà des


bandes d'enfants qui courent vers elles... ils leur
tendent des fleurs... Cela ressemble à une scène
terrestre... Mais, tout de même, cc n'est pas sur
terre... Il y a une différence... C'est difficile à dire.
A travers les arbres, je vois les petits elfes lumi-
neux voler dans l'espace ... A gauche, il y a un im-
mense champ plein de lis blancs... Maintenant je
vois quelque chose de malaisé à définir... C'est com-
me lorsqu'on a deux; photos prises sur la même pla-
que... Je vois tout ce que je viens de dire... et puis,
sur le tout, j'aperçois une grande forme lumineuse...
Ce doit être une Fée... Oui, c'est une Fée... Elle en-
globe tout, tout... Vraiment, c'est comme sur une
plaque où l'on a pris deux photos.
Maintenant, je vois une petite rivière... L'eau
chante... Il y a un pont... Je passe le pont... Là-bas,
on dirait... oui, on dirait qu'il y a un palais... C'est
tout en lumière... Il y a là des femmes... beaucoup
d'enfants... et, tout autour, je vois des Etres lumi-
neux... Je ne sais pas ce que c'est... Je vois seulement
glisser des apparitions lumineuses de différentes
couleurs... des couleurs très, très tendres.
Comme à la frontière de tout cela... au delà de la
rivière, il y a une sorte de rocher plat... le paysage
devient plus sérieux... plus sévère, dirais-je... Il y a
là des arbres, mais avec des formes tourmentées...
- 226-

Oh !... mais on dirait... oui, on dirait aussi qu'il y


a des kobolds... des gnomes !...
Je suis la direction d'un chemin de sable... un peu
comme on en a parfois ici... J'arrive à quelque
chose qui fait l'effet d'être un désert... Mais rien de
désolé... simplement une mer de sable, avec ce
même genre de rocher plat... plat, oui... cela ressem-
ble à des plaques... Il y en a de place en place... Sur
tout cela, une lumière rose... et, au delà, la mer...
J'ai vu quelque chose comme cela, autrefois... Oh !
oui, en passant le canal de Suez... Mais, tout de
même, c'est quelque chose d'autre.
J'entre dans la mer... mais cela ne donne pas la
sensation ordinaire de l'eau ... Cela ne mouille pas...
Fini! Je ne vois plus rien.
J. - Tu dis que tu us aperçu des kobolds ?
M. - Oui. A gauche, sous ces arbres tourmentés,
parmi les racines tordues qui sortaient du sol...
C'étaient de ces êtres comme on les montre dans les
images des livres de fées... tout pareils. Voilà que
je revois le désert... les rochers en plaque... puis la
mer... Il n'y a pas de bateaux, mais je vois des va-
peurs qui montent de la surface et qui prennent des
formes quasi-humaines... Elles changent continuel-
lement... un peu comme font les nuages, mais plus
vite.
- 227-

J. - Ont-elles des couleurs?


M. - Non... Simplement comme des vapeurs qui
montent au-dessus de l'eau... Il semble qu'elles font
quelque chose... Est-ce que c'est une danse "?... On
dirait une danse... Mais c'est plutôt qu'elles accom-
plissent Une sorte d'action rythmique, pour ainsi
dire... Les formes sont humaines... mais j'ai l'im-
pression que ce n'est pas du tout un monde humain.
J. - Et le palais?
M. - Il revient de nouveau, maintenant que tu
en parles... Tout autour, je vois des formes humai-
nes ... et pourtant, pas vraiment humaines... C'est
peut-être des Elémentnux... Pourtant, c'est beau...
Peut-être des Dévas... ou des Fées ? .. Belles cou-
leurs, très délicates et éthérées... irréelles... Comme
"Si chacun de ces êtres était uniquement fait de
lumière... mais une lumière d'une certaine couleur...
Il n'y a pas de contours nets comme chez nous.
J. - Mais le palais lui-même, quelle apparence
a-t-il ?
M. - Il est fait... comment dire ?... Cela fait un
peu penser à du papier-vitrail... mais bien plus
beau ! C'est serni-transparent... opalescent... Comme
forme, on dirait un palais-cathédrale... Quand je
dis cathédrale, non tout de même... C'est bien un
palais... Grand !... Je le vois à distance, et comme
- 228-

s'il appartenait à un autre Monde ... Voilà que je re-


vois les jeunes filles enlacees... lit les enfants, beau-
coup d'enfants !,.. :\Iais j'en ai conscience, plutôt
que je Ill' les vois il proprement parler, ..
•••••••••••••• •••••••• o ••••••• •• ••••••••••••••••

- J'ai "oulu vous montrer un peu le milieu dans


lequel vit notre petite Marguerite. Elle fait mainte-
nant l'effet d'une jeune fille, ct je pense qu'elle res-
tera dans Cl' jardin jusqu'à son heure .de retour sur
terre, Car elle a vécu peu de temps, En-Bas, ct sa
récolte terrestre n'l'tait pas bien grande.
Je suis qu'on a l'mis hien des théories à propos
des enfants qui meurent jeunes. Mais theorie n'est
pas {ait et, du reste, les cas sont tellement indivi-
duels qu'il n'est pas possible de discuter là-dessus.
La seule chose que je crois avoir apprise, c'est
que quand la récolte terrestre pst PETITE, Il' chemin
à parcourir auant dl' reuc nir en incarnation est
aussi PIXS COI'RT.
- 229-

XXI

La Grande Expérience

« Toute mon attention se trouvait appelée à l'inté-


rieur. Je voyais Moi-Même. Je voyais en moi, non pas
l'individu avec ses particularités, mais ce que c'était
que l' « Homme» ! J'en reparlerai plus tard ... » (1).

Certainement. Je souhaite beaucoup pouvoir vous


donner une idée de cette expérience que, du reste,
chaque être humain doit faire à un moment donné
-:- soit dans un monde, soit dans l'autre.
Mais, il faut bien vous dire que l'expression qu'il
me sera possible de donner à cette réalisation reste-
ra nécessairement très incomplète.
C'était, pour commencer, une « confrontation ».
Je voyais, d'abord, Albert Pauchard ... tout comme
s'il était en dehors de moi, extérieur à moi-même.
Je l'observais dans toutes ses particularités et, tout
en faisant cela - tout en observant cet individu
particulier qui portait le nom d'Albert Pauchard -

(1) Cf. Première Partie, ch. IX.


- 230-

je me rendais compte que le Moi qui regardait ainsi


n'était pas « Albert Pauchard ».
En cet instant, j'ai peu à peu reconnu Qui j'étais.
Je ne voyais pas ce véritable Moi, mais je Le réali-
sais par une chaleur intérieure qui allait en s'inten-
sifiant ct en augmentant de lumière...
C'était comme si, du fond de mon être, une
lumière vivifiante se mettait à jaillir et à rayonner
en une SPHÈRE toujours plus large ! Mais c'était
tout autre chose que le phénomène terrestre cor-
respondant - car il y avait là une autre « dimen-
sion» qui allait en s'étendant.; comment vous dire
cela ? .. Non. C'est décidément impossible : vous
n'avez pas les mots qu'il faut, ni les images voulues.
Le rayonnement ne prenait pas seulement sa
marche vers le dehors : il se produisait aussi vers...
Ma foi, disons : le dedans - car je ne trouve pas
d'autre terme. Mais c'est exprimer là un fait que
vous ne pouvez aucunement vous représenter.
Cela s'accompagnait d'un sentiment de Jouis-
sance. de Bonheur et de Santé indicibles.
Pendant ce temps, Albert Pauchard était là, de-
vant moi, comme une image - mon image -
projetée sur un écran.
J'ai compris, alors, que notre « personnalité »
- 231-

n'est que l' combre » de notre Moi. Seulement,


c'est une « ombre» qui va en se perfectionnant à
travers les vies terrestres et les vies célestes - et
qui se dessine d'après les contours de Celui qui lui
a donné existence. Les contours du Moi réel.
C'est tout ce que je puis en dire.
Mais j'aimerais revenir un moment sur ce que je
vous donnais à entendre en commençant : que
chaque être humain doit faire cette expérience à
un moment donn~ - soit dans un monde, soit dans
l'autre.
CAR TOUTE LA VIE TEND VERS CET UNIQUE POINT :
DEVENIR CONSCIENTS DE NOTRE MOI RÉEL.
C'est la force directrice de toute l'Evolution.
Aucune influence extérieure ne peut empêcher cette
Réalisation. Ce n'est qu'une question de « matu-
rité ».

Comprenez-le bien : L'ASPIRATION CONSTANTE est


la force la plus active qui soit !
Si des méthodes de Méditation sont données, c'est
avant tout pour « activer cette aspiration» et - en
second lieu seulement - pour rendre le mental plus
souple.
Aucune Entité extérieure ne peut vous « donner» '\,
cette Réalisation.
- 232-

A ce qu'il me semble, il y a une petite erreur dans


votre conception du Moi réel. Car vous en parlez
comme étant quelque chose à part de vous-mêmes
ct en dehors de vous.
Jamais vous ne L'atteindrez ainsi.
Le Moi Su périeur, ct le moi inîérieur - pour
employer les désignations auxquelles vous êtes
habitués - sont une seule et niéme réalité, Tâchez
de VOLIS rendre pleinement compte de cela.
Cc n'est pas le Moi Su périeur qui doit être « at-
teint », en fait, car Il est là toujours - le fonde-
ment même de votre vic. Mais il s'agit seulement
pour votre conscience personnelle, qui pense au
Moi Su périeur comme dans un rêve, de s'éveiller
de son sommeil.
Cherchez à réaliser votre identité avec Lui
PAHFAITE IJ)E:\TIFICATIO:-: EST H~;ALISATIO"'.

J'entends que vous avez encore une question sur


un autre passage de mon livre. Voulez-vous le lire?
« Après cette confrontation avec le Dien-en-nons,
je levai insti activement les yeux vers le haut - et
voilà que mes yeux plongeaient dans les Yeux les plus
radieux qu'on puisse imaginer! Un sourire rayonnant
et bon, bon, bon, plongeait tout mon être dans un bain
vivifiant... :l> (1)

(1) Cf. ce même chapitre IX, y. +ri ~ ~


- 233-

C'étaient les Yeux de Celui qui est le Représen-


tant, pour chacun de nous, du PÈRE Céleste...
Le PÈRE Céleste se montre, quand le moment en
est venu - à chacun de nous - sous la forme qui 2
est notre propre Plus Haut Idéal.
Chez beaucoup de personnes, cette forme est celle
du CHRIST, tel qu'Il a généralement été représenté
par les artistes. Le sentiment d'adoration qui jaillit 3
alors dans leur cœur change tout, pour eux, en
une lumière absolument impossible à concevoir et
exprimer sur terre 1
Bonsoir, cher trio.
- 234-

XXII

Le Chemin à rebours

- Comme je vous le disais il n'y a pas longtemps,


à propos de la Réincarnation, j'ai eu des discussions
très animées sur ce point, Ici - et avec des esprits
tout à fait supérieurs.
Mais j'ai, finalement, abandonné tout essai de
les convaincre quoique ayant, pour moi-même,
d'excellentes raisons pour être sûr de mon affaire...
Oui, je dis bien : sûr - ce qui s'appelle sûr - car
j'ai des occasions de me rendre compte de sa réalité.
Le fait est que j'ai été conduit, par mon Guide,
sur le chemin du Temps-qui-va-à-Rebours. Je ne
suis pas encore allé là où l'on repasse ses existences
antérieures, mais j'ai pu me rendre compte que ces
existences ont eu lieu.
Vous l'expliquer de façon à vous en donner une
idée juste n'est pas très facile. Mais, si vous voulez
bien accepter mon explication pour ce qu'elle peut
vous donner, j'ai été là où l'on peut prendre le che-
min à rebours.
Ici, vous le savez, les états d'âme se traduisent gé-
néralement par des formes symboliques objectives
- 235-

- parfaitement réelles et tangibles, pour nous. Je


vous en ai plus d'une fois parlé jadis (1). Et le fait
de retourner en arrière, dans mon esprit, a fait
naître dans la matière plastique de notre Monde
un chemin - une route - plongeant en arrière
dans le passé ...
Jusqu'à présent, je n'ai pas pris cette route. Ce
n'est pas encore le moment, car je pourrais ainsi
me trouver trop distrait de ce que j'ai présente-
ment à faire.
Mais j'ai jeté un coup d'œil le long de la voie et
j'ai vu apparaître - comme en un défilé cinéma-
tographique - .des tableaux de mes vies passées...
Non - je n'ai pas le droit d'en parler. Du moins,
pas maintenant. Peut-être plus tard. Peut-être
jamais. La raison en est que je ne pourrais pas vous
passer les choses exactement telles quelles. Tout ne
m'y appartient pas. Il y a d'autres personnes im-
pliquées là-dedans. Notre vie est toujours liée à
d'autres vies...
Mais il y a au moins une chose que je puis te dire,
Antoinette; c'est que pendant bien des vies succes-
sives nous avons - toi et moi - fait route en-
semble... Mais oui. Parfaitement. C'est pour cela
qu'en cette existence-ci nous étions « si bien tous les
deux'> - comme tu le dis justement !
(1) Cf. Première Partie, passim.
- 236-

XXIII

Points de vue

- J'ai bien entendu. Vous me demandez SI Je


n'ai pas quelque chose à vous dire, vu de mon Plan,
au sujet des « temps nouveaux» et des courants qui
travaillent en ce moment l'Humanité... Mais je dois
vous dire qu'il m'est défendu, encore, de diriger
mon attention sur les événements qui prennent
place dans le Monde. Je ne dis pas « sur terre »,
mais « dans le Monde ».
Oui ... Cela me dérangerait de mes études. Juste-
ment.
Je puis seulement vous dire que ce que vous
appelez les « temps nouveaux» est déjà virtuel-
lement là.
Pour ma part, j'ai de quoi m'occuper. Il me faut
m'adapter pleinement aux lois du Plan où je vis
maintenant. Je sais très peu de chose des événe-
ments mondiaux, à moins que cela ne me parvienne
à travers la conscience que vous en avez vous-
mêmes.
- 237-

Ce que je dis là ne s'applique pas, toutefois, à


chacun de ceux qui se trouvent Ici. Seulement, j'ai
mon travail à faire. Voilà tout. J'ai devant moi une
tâche à accomplir, ct c'est : la Connaissance de
l'homme - et l'homme comme « individu» - et
des lois qui régissent son développement en tant
qu'homme.
Si je veux dire son développement sur terre ou
Ici, en astral ? .. Je vais tâcher de vous répondre.
Disons ccci, que vous comprendrez tout de suite:
Sur terre, l'homme porte en lui son moi astral ct
son moi mental. Les conditions de la vie terrestre
fixent son attention sur le monde matériel qui
l'environne, autrement il ne pourrait pas vivre.
Mais, sur le monde social aussi. Il y a l'éternelle
inter-action entre le moi ct l'entourage, comme vous
savez ! L'individu vit en société ct cette societe,
avec les lois indispensables à sa possibilité, influen-
ce toutes les manifestations de son être ct toutes
ses conceptions.
Or, Ici où je suis, les nécessités qui s'imposent
pour la conservation de la vic sur terre n' existent
pas. On peut parfaitement être seul sans s'ennuyer.
On peut s'apercevoir de bien des choses sans con-
versation, et, naturellement, aucune des raisons uti-
litaires courantes chez vous n'a de raison d'être
chez nous. Nous n'avons besoin ni de groupements,
- 238-

ni de lois sociales, ni de politique, ni d'économie,


etc ...
Dès lors, la première chose qu'on soit porté à
faire, dès qu'on s'est adapté aux conditions du
Monde astral, c'est de se demander ce qu'on EST
- dans la vérité des vérités -- et quel est le BUT
qu'on doit poursuivre.
Quand on est sur terre, on est trop facilement ten-
té de penser que tout Invisible a la figure tournée
vers la « fuite du temps terrestre» - car qu'est-ce
que la vie En-Bas, sinon une fuite du temps ? Mais
Ici, dès qu'on est libéré des habitudes prises, on ne
tourne pas le visage vers la fuite du temps : on
pénètre, par contre, de plus en plus vers le «cœur
des choses» - qui est l'Eternel Maintenant.
Avez-vous pu me suivre un peu ?
Ami, c'est un point CAPITAL à réaliser que CE
QUI SE PASSE SUR TERRE. N'EST PAS LE PLUS IMPORTANT.
On ne sème pas sur terre les Graines de la Vie Eter-
nelle. Elles sont semées Plus Haut.
Mais je veux répondre un peu à la question que
je sens chez vous, au sujet de ma remarque de tout
il l'heure que, sur terre, on est trop facilement porté
à considérer tout Invisible comme ayant les yeux
fixés sur la fuite du temps...
Je tâcherai de vous donner une image
- 239-

Pour une personne qui se trouve sur une haute


tour, le monde est constitué par les scènes qui en-
tourent immédiatement l'endroit où elle est. La
tour est, pour elle, le point essentiel - et le reste
est comme centré en ce point spécial.
Mais, pour quelqu'un qui regarde cette tour de
loin, celle-ci n'est aucunement le centre du monde:
elle n'est même, vue à suffisante distance, qu'un
simple atome dans l'immensité. On peut dire la
même chose de la terre - ou, si vous préférez, de
toute la vie terrestre.
Je me rappelle trop bien, à ce sujet, mon point
de vue lorsque j'étais Albert Pauchard de la rue
C... 12 ! J'avais beaucoup lu sur les Guides invi-
sibles, sur les Maîtres qui dirigent l'évolution hu-
maine, etc ... etc... Je m'imaginais vraiment que tous
ces Etres élevés étaient intensément intéressés par
cette infiniment petite fraction qu'est la vie sur
terre.

On comprend mieux quand on a changé d'atmo-


sphère!
- 240-

XXIV

A la Frontière de deux Mondes

- Bonsoir, cher trio. Je vais faire de mon mieux


pour vous satisfaire. Essayons :
La différence entre les conditions de mon milieu,
au début et maintenant, c'est que la « création ima-
ginative » se faisait jadis involontairement - tan-
dis que, présentement, je l'exerce par le moyen
d'une volonté bien dirigée. On apprend cela peu à
peu. Il en est de même avec les personnes que je
rencontre autour de moi.
Notez bien qu'il n'y a pas une différence de lieu,
en ce qui me concerne. Il y a seulement différence
de qualité. Par exemple, les vibrations sont plus in-
tenses. plus rapides. La lumière qui me parait nor-
male, à mon degré actuel, m'aurait aveuglé au dé-
but.
Encore : je vois autour de moi des paysages,et
je vois aussi des bâtiments. Oui, je vois même des
églises, des usines, des laboratoires de chimie, des
i( chantiers de construction... Mais tout cela est baigné

{.,)~-tc le. ~,,"L /!lb)c..... tif t \ .. cUr(~ J.a..c..~ iL. "IA...,""'........ , tJ.,.. \<!
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- 241-

d'une lumière que je ne puis désigner autrement


que comme « céleste s , Les choses ne semblent pas
éclairées du dehors, mais porter en elles-mêmes et
émaner spontanément leur propre lumière.
Chaque être et chaque chose sont, Ici, une lumière
dans une lumière - et non pas une lumière dans
des ténèbres qu'elle éclairerait... Je cherche, mais je
ne sais comment vous donner une meilleure ex-
plication. Ce n'est pas qu'il n'yen ait pas, mais
c'est qu'il faut tenir compte des limitations cau-
sées par votre mentalité terrestre... Ce sont elles
qui empêchent de VOlIS donner des descriptions
autrement que par approximation.
Je viens de vous parler de laboratoires, d'usines, de
chantiers de construction. C'est qu'Ici chacun trouve
la possibilité d'exprimer son idéal et de réaliser son
rêve terrestre. Il ne se heurte pas aux limitations
du cerveau, ni à celles des conditions extérieures.
Sa conception se trouve lumineusement exprimée,
et prend forme spontanément (1).
Ce n'est pas la le résultat de pensées claires et
profondes. C'est plutôt la réponse à des aspirations.
L'homme reprendra le même travail, conscien-
cieusement pensé et mûri cette fois, quand il pren-
dra une « nouvelle naissance» dans le Monde de

(1) Cf. App., 2 et 3.


- 242-

l'Intelligence - celui que vous êtes accoutumés à


appeler le Plan Mental.
Ici je voudrais ouvrir une parenthèse :
Comprenez bien que les Mondes - ou sphères
d'existence et de conscience - ne sont pas marqués
par des délimitations précises. On ne vit jamais
exclusivement dans un seul Monde. Pourtant, Ici,
les Mondes me paraissent davantage différenciés
entre eux - plus spécifiés. si l'on peut dire - que
sur terre;
Je vais tâcher de vous expliquer clairement ce
que j'en sais.
On ne vit pas seulement au sens matériel, pen-
dant qu'on est En-Bas. Derrière les « expressions»
matérielles, il y a les « énergies » astrales - les
forces de désir, et les émotions. Mais ce n'est pas
tout. Afin de réaliser ce que le désir tente d'attein-
dre, il faut l'intervention de l'activité mentale à plus
ou moins haute intensité.
Eh bien, c'est la même chose lei. Seulement, il y
a ceci en plus : que les choses portent en elles-
mêmes leur propre lumière - et que le désir et
l'émotion peuvent être connus directement en eux-
mêmes. Comprenez-vous ?
Le fait seul que le désir, ou l'aspiration, trouve
automatiquement sa propre réalisation dans la ma-
- 243-

tière particulière de notre Monde - aucune ma-


tière lourde et résistante comme la vôtre ne s'y
opposant - ce fait-là aboutit à ce que l'interven-
tion coopératrice de l'intellect n'est plus aussi étroi-
tement nécessaire.
Un moment vient, dans le cours des choses, où
l'on a épuisé toutes les possibilités de « création
spontanée ». Alors, un autre désir surgit : com-
prendre le comment et le pourquoi des choses.
C'est là où l'on glisse dans l'activité mentale ...
Vous saisissez ?
Mes relations, Ici, avec le milieu qui m'entoure,
sont des relations qui stimulent justement cette
dernière activité. Car je me trouve à la frontière
même des deux Mondes en question - le Monde du
Sentiment et celui de l'Intelligence, que vous ap-
pelez, vous, astral et mental, respectivement.
Et maintenant, écoutez:
Chez beaucoup de personnes, les bibliothèques
qui s'étaient formées automatiquement (1) autour
d'elles, à leur arrivée dans l'Au-Delà, sont créées
-là où je me trouve présentement - par la pensée

(1) Pour toute cette question, cf. la Première Partie et


les App. 2 et 3 ci-après.
- 244-

dirigée consciemment et volontairement. J'espère


que vous voyez aisément la nuance - car, Ici, tout
est surtout question de « nuances ».
Tenez, dernièrement j'ai rendu visite à Gabriel
Delanne. Il occupe une demeure affectant la forme
d'un demi-cercle, avec coupole transparente, et la
surface des parois est entièrement couverte de
rayons de bibliothèque - le tout rempli de livres
sur le sujet qui l'a toujours tant passionné.
Je lui ai dit :
- A quoi bon tout cela ? ..
Il a souri, en me tapant amicalement sur l'épaule
- geste bien terrestre, comme vous voyez ; souvenir
du temps d'autrefois... Puis il m'a dit :
- Je ne construis pas pour le présent, mais pour
l'avenir. Nous semblons bien donner forme, Ici, aux
« aspirations » de notre dernière vie terrestre et
créer, de plus, les « modèles» de ce qui se réalisera
physiquement dans notre prochaine incarnation -
du moins, dans la mesure où les conditions maté-
rielles le permettront, naturellement.
C'était, je l'avoue, toute une révélation pour moi.
Car, pour vous dire la vérité, je me suis très peu
occupé jusqu'à présent de la pensée du retour. Ma
ligne est plus philosophique. Je dirige mes tenta-
- 245-

cules spirituels vers la cause et le but des choses -


et je m'occupe relativement peu des formes.

Si vous me demandez quel est mon entourage


habituel... ma foi, je serai plutôt embarrassé pour
vous le dire. Tantôt, c'est comme une matériali-
sation de mon ancien entourage d'En-Bas ; tantôt
- en me mettant en relation avec vous - c'est
comme une photographie mentale, à plus de trois
dimensions, de votre propre entourage actuel.
Mais cela n'a d'existence que juste pendant que
mon attention se trouve tournée de ce côté.
Habituellement, mon entourage est le reflet -
et le symbole - de mon état d'âme. Quelquefois,
par exemple, je ne pourrais le décrire autrement
que comme un espace infini et sans forme ... un
coutant de lumière convergeant vers ce qui corres-
pond, chez nous, à ce qu'est pour vous le cerveau.
Dans ce courant de lumière apparaissent des for-
mes changeantes de figures angéliques : ce sont les
formes de mes pensées naissant dans le centre de
mon cœur.
Les réunions, Ici, se font selon des figures géo-
métriques. Voilà pourquoi, dans la vision de l'Amie,
l'autre soir, la foule avait l'aspect d'une sorte de
fleur (1).
(1) Ceci se trouve exposé au chap. XXVII.
- 246-

C'est que nous sommes, par excellence, dans le


Monde de la Beauté. C'est la substance même de ce
Monde-ci qui, lorsqu'elle est très active dans un
homme, sur terre, fait de lui un Artiste.
C'est de ces points de rencontre astro-mentale -
de ces réunions qui prennent place sur notre Plan
de Beauté - que jaillissent l'inspiration et la con-
ception artistiques.
Eh bien, je crois que je ne vais pas continuer à
vous briser la tête plus longtemps, ce soir. Mais
vous devez comprendre que ce n'est plus aussi
facile, à présent, qu'autrefois de vous donner des
descriptions de mon mode d'existence ,
- 247-

xxv

« Rêve aujourd'hui, réalité demain 1 »

- Je vois que mes histoires d'usines, de labora-


toires, etc... en ce qui concerne ma région, vous ~
intéressent.
Je veux essayer de répondre un peu à vos ques-
tions.
Vous me dites qu'une chose ne vous est pas claire.
Que, puisqu'il y a usines, laboratoires, chantiers de
construction et le reste, il doit naturellement y avoir
« personnel ~ attaché au fonctionnement de ces
divers centres d'activité. Soit : des contremaîtres,
des ingénieurs, des ouvriers, des employés.
A cela, je réponds : oui - naturellement.
Là-dessus, vous vous demandez de quoi il re-
tourne, en ce qui les concerne : si ce sont seulement
des formes-pensées du créateur de l'entreprise, ou
s'il s'agit d'autres âmes venant y travailler et y
poursuivre leur propre entraînement, trouvant là
une occasion de se développer selon leurs propres
lignes. C'est cela ?
- 248-

Eh bien, voici : c'est bien ce que vous venez de


dire, et c'est une question d'affinité d'idéal et de
collaboration spontanée qui régit ces agrégations
d'âmes dans un même centre d'activité donné.
Me comprenez-vous ?
Dans ces centres d'activité on procède à des
recherches en vue de faire, du travail, une « créa-
tion vivante ».
Attendez. (Pause.) On me dit, à ce sujet, qu'on
effectue là des recherches pour trouver les meil-
leurs moyens de réaliser une « unité harmonieuse
présidant à la création et la dirigeant ».
Je veux dire par là qu'ils souhaitent faire de
leurs usines, chantiers, etc ..., une reproduction -
ou reflet vivant - de la Grande Création elle-même.
Autrement dit: sur le principe d'une c hiérar-
chie» organisatrice et dirigeante, plus une « réponse
intelligente et joyeuse » du personnel, ils cherchent
les moyens d'une production parfaite - où chaque
.ouvrier, chaque employé, entre dans la joie créa-
trice et la partage..

C'est Ici, là où je me trouve à présent, que sont


faits les c rêves» d'après lesquels LA VIE TERRESTRE
SERA UN .TOUR MOULÉE.

C'est d'Ici que viennent les c INSPIRATIONS ~ QUI


- 249-

SONT REÇUES SUR TERRE, pour être ensuite réalisées


dans la mesure du possible En-Bas.

M. - Voilà que Monsieur P ... me montre quelque


chose... C'est une figure... un homme. Il rayonne
une forte lumière par les mains, par le front, et
aussi par la région du cœur...
Je comprends !... Il parlait fabriques, labora-
toires, usines, ete... Mais c'était une façon insuffi-
sante de nous faire passer ce qu'il entendait dire... .J
Il voulait exprimer beaucoup plus... Il voulait nous
faire entendre toute la vie qui se déroulait là !...
Là où il est.
Comme exemple plus clair, il me montre un
homme qui a le désir de « guérir »... et qui veut
revenir sur terre comme « bienfaiteur» - pour
ôter du monde « souffrance et cause de souffran-
ce » ...
Oh ! je sais 1... C'est lui-même que je vois là !...
C'est le rêve qu'il avait fait pour le réaliser dans
sa dernière existence... celle où nous l'avons connu
comme magnétiseur 1
- 250-

XXVI

Bref aperçu des divers Mondes

- Comme suite à ce que je vous disais hier, et


pour répondre aux questions que vous vous posiez
entre vous trois, je voudrais ajouter encore quel-
ques observations.
Vous vous demandez comment les réalisations
artistiques - en musique, en peinture ou en sculp-
ture, par exemple - se présentent sur notre propre
Plan?
Voici :
A vrai dire, on ne fait pas de musique sur des
instruments, comme chez vous. On ne peint pas
sur une surface - toile ou autre chose - et on ne
travaille pas à coups de ciseau et de marteau dans
du bois ou de la pierre. Non. C'est plutôt la CONCEP-
TION même de l'esprit de l'artiste - sa propre
« vision ~ et son propre « sentiment » - qui se
projette en FORMES et en COULEURS dans la ma-
tière exquisement responsive de notre Plan.
- 251-

Les mouvements que nous faisons sont harmo-


nisés, eux aussi, et rappellent la c: danse ~ - au plus
haut et noble sens du terme - soit lente et solen-
nelle soit, selon le cas, joyeuse et vive.
•• •••• o ••••••• •••••••• ••••••••••••••••••••••••••

M. - (Soudain : ) Oh L.. Je vois l'image d'un


parc... L'image est très claire... Et, dans ce parc, la
princesse Juliana et le prince (1)... Ils se tiennent la
main et ils font, très sérieusement, un vœu... Je
me sens, pour ainsi dire, dans leur état de conscien-
ce, très sincère et très beau !

- J'ai voulu vous montrer, par un exemple


accessible à votre esprit, comment les mouvements
propres à ce Monde-ci peuvent s'exprimer sur terre.
(Pause.)
Ce qui jaillit de nos rencontres, Ici ? Quel genre
de travail ? .. Je vais tâcher de vous le dire, bien
que ce ne soit pas très facile à rendre com-
préhensible. Je ne puis guère qu'affirmer des faits.
Le travail est autre, Ici, qu'il ne l'est dans votre
conception terrestre. Une « pensée ~ - une imagi-
nation créative - est un « travail ~. Ici, iln'y a pas

(1) La princesse Juliana, de Hollande, et le prince Ber-


nard - alors fiancés.
- 252-

de matière lourde à manier et à changer en formes.


Avec nous, penser c'est créer !
Vous devez pouvoir le saisir un peu, du reste,
après ce que je vous expliquais hier. Pour vous
particulièrement, ami, la question n'est pas nou-
velle. Au besoin, vous pourrez un peu suppléer à
ce qui demanderait trop de temps à aborder ici.
A quoi tient le séjour dans la région où je suis ?
Je vous l'ai déjà dit : ce n'est pas une place géogra-
phique - c'est un état de conscience. A mesure,
donc, que la conscience s'élargit et s'intensifie. on
change de milieu. Cela se fait de soi-même et insen-
siblement, par une sorte de croissance intérieure.
Nous n'avons pas, non plus, l'idée de temps -
bien moins encore qu'autrefois, tout au début, où
elle comptait déjà si peu ! On glisse insensiblement
dans l'Immuabilité - ou ce qu'on appelle « l'ETER-
NEL MAINTENANT » ...

Notez bien que quand je dis « région », j'entends


désigner ainsi ce qui est, tout à la fois, un état de
conscience et le milieu correspondant.
Notez également que les « Mondes successifs» ne

, sont pas à prendre comme s'il s'agissait des étages


d'un gratte-ciel ! .Je vous ai dit, déjà, que je me
trouve à la frontière du Monde de l'Imagination et
de celui de la Pensée, et vous devez vous souvenir
- 253-

que je vous ai demandé de ne pas prendre ces


expressions li la lettre.
En effet, cette séparation rigide n'existe pas. Il
est difficile de déterminer où finit l'un et où com-
mence l'autre. Il ne faudrait pas s'imaginer, non
plus, qu'on ne pense pas dans l'un, et qu'on ne sent
pas dans l'autre. Seulement, il y a une prépondéran-
ce marquée de l'un de ces processus sur l'autre.
Je dis processus - disons activités.
CHAQUE MONDE EST LE REFLET D'UN MONDE SUPÉ-
RIEUR.
Au delà du Monde de la Pensée, et supérieur à 4
lui, se trouve le Monde de l'Adoration (1).
Au delà de celui-ci se trouve le Monde de la Rai- 5
son Pure - celui où naissent les « Idées » et les
« Lois » qui régissent la Création (2).

Votre terre ?
Votre terre est un Monde Totalisateur : ELLE
REFLÈTE ET RÉUNIT EN ELLE TOUTES LES ACTIVITÉS DES
MONDES SUPÉRIEURS et les manifeste à son propre
niveau.

Soit : les Plans (1) Bouddhique (2) Atmique.


-254-
Vous ne pèserez jamais trop ce fait et ce qu'il
comporte!
Au delà du Monde de la Raison Pure - du Monde
des « Idées » - se trouve celui de la Volonté de
Création (1).
Je veux dire que TOUT EST LA - E;\/ « VOLO;\/TÉ :&.

Comprenez-vous ?
C'est le pôle supérieur d'un axe dont le pôle infé-
rieur est votre terre même. Du moins, c'est ainsi
que les choses m'apparaissent d'après ce qui m'a
été enseigné et montré Ici.
En résumé :
TOTALITÉ, En-Haut - et REFLET DE CETTE TOTA-
LITÉ. En-Bas.
A demain, cher trio !

(1) Monadique de la Théosophie.


- 255-

XXVII

A propos d'Anges

- Mon cher ami, je comprends bien votre désir


et votre question. Certainement, j'ai vu des Anges -
pas souvent, je le répète, mais j'en ai vu. Quant à
vous en parler, c'est une tout autre affaire !
Voyez-vous, je crois qu'il n'y a pas de descrip-
tion possible qui puisse éveiller chez vous une idée
suffisamment juste à cet égard. Je sais que vous
disposez de livres où ces descriptions sont tentées
avec toute la probité possible - mais elles restent,
malgré tout, si loin de la réalité que cela m'a dé-
couragé de faire l'essai pour mon propre compte...
Je ne pourrais, vraiment, rien vous donner de
meilleur que ce qui est déjà à votre disposition.
Si je ne pourrais, au moins, vous donner une idée
des circonstances où je suis venu en contact avec
Eux?
Oui, peut-être. Je vais faire tout mon possible.
Ayez un moment de patience.
- 256-

M. - J'ai des images... Mais vagues... Je vois


une foule... Il y a du mouvement là-dedans... Ce
mouvement fait des figures... Quelque chose comme
les pétales d'une immense fleur (1)...
Maintenant, voilà une intense lumière qui jaillit...
juste dans le cœur de cette espèce de fleur... Une
lumière blanche... grande... Elle s'étend 1... Il Y a
des couleurs qui apparaissent dans cette lumière
blanche... Elles sont en mouvement...
Oh ! je vois... Ce doit être un Ange ... grand ! .
fort 1... Il est tout fait de lumières de couleur .
Des couleurs très lumineuses et délicates... La foule
se prosterne... C'est peut-être un Ange très haut...
A présent, voilà de la musique... Je ne l'entends
pas, à proprement parler... je la sens, plutôt.
Tout disparaît !... Je n'ai plus devant moi qu'un
grand livre ouvert... Un livre avec des lettres gothi-
ques... ou quelque chose comme cela... Mais c'est
très, très éthéré... Comme si, dans tout cela, il n'y
avait pas impression de matière...
............................................... .
- Vous vous demandez ce que signifie ce livre ?

(1) Cf. plus haut, ch. XXIV, et ch. XXX ci-après.


- 257-
Il vaut mieux ne pas donner d'explication. Plutôt
attendre que la compréhension naisse spontanément
dans votre esprit.
Ces images correspondent à mon expérience
j'étais un de ceux qui composaient la foule.
- 258-

XXVIII

Sur le mode de communication

- Non, vous ne me dérangez pas. Du reste, ne


pensez pas que vous pourriez me déranger, même si
vous le vouliez. Ici, ce n'est pas comme sur terre.
sous ce rapport.

Une chose que vous ne savez pas encore, c'est que


le moment de mon message et celui de sa réception
par vous ne coïncident pas nécessairement. Il est
déjà arrivé, souvent, que la communication était
« imprimée » sur votre mental - mais vous ne
l'avez « reçue» que quelques jours plus tard.
Avec un peu d'attention. vous pourrez générale-
ment distinguer ces « messages à retardement :..
pour ainsi dire, de ceux qui vous parviennent au
moment même où je les donne. Dans ce dernier cas,
par exemple, je puis· toujours répondre sur-Ie-
champ aux questions que vous êtes induits à me
poser. Parce que je suis là, derrière. Mais dans le
premier cas, vos questions n'aboutissent qu'à causer
- 259-
une sorte de trouble hésitant et de flottement mo-
mentané dans la communication, comme si vous
aviez « coupé le fil »... C'est que le message est bien
là, lui - mais moi je ne suis pas actuellement oc-
cupé à vous le transmettre. Vous comprenez?
Oui, bien sûr, votre scepticisme m'est toujours
une gêne. Mais, comme je vous le disais dans le
temps, ce m'est aussi une garantie. Il est assez com-
préhensible que vous vous demandiez si ce que
vous recevez est bien de moi, ou si ce n'est que le
reflet de vos pensées à vous.
Pourtant, ne vous inquiétez pas à ce sujet.
Même si le fait arrive - comme c'est parfois iné-
vitable - je vous assure que je suis bien, bien con-
tent du résultat des communications qui prennent
ainsi place entre nous.
D'AILLEl'RS. S'IL EN ÉTAIT AUTREMENT, JE YOl'S LE
DIRAIS!

Comment je vous vois, en ce moment'? Si vous


pensez avec précision que je vous vois dans votre
entourage, alors il se fait en moi un appel qui a,
comme résultat, que je puis en effet vous voir dans
votre coin.
Mais, normalement, VOlIS êtes Ici - devant moi -
- 260-

avec votre nécessaire pour prendre des notes. Par-


fois, je vois tracer des mots autres que ceux que
j'entends... et vite j'arrive à la rescousse, trouvant
quelque stratégie pour sauver ma vérité 1...
Quand je veux faire passer des informations trop
étrangères à votre savoir, je vous les dis entre som-
meil et réveil- quand votre esprit est encore vierge
pour ce jour-là, que rien n'y est encore écrit et que
le monde extérieur n'a pas encore eu la possibilité
de l'intercepter.
Mieux je réussis à atteindre votre conscience céré-
brale dans ces conditions, et mieux - le soir venu
- mon message passe.
Il n'est pas question de c psychisme ), ici - au
sens habituel du terme, mais de c télépathie) C'est
pourquoi, je ne puis faire passer par vous des com-
munications dont vous n'avez pas en vous les élé-
ments.
Je ne pourrais pas, non plus, vous donner les
lettres une à une - en épelant - quand je ne réus-
sis pas, comme l'autre jour, à vous donner un nom
inconnu de vous. Cela, c'est l'affaire d'un médium
mécanique.
Avec vous, c'est une tout autre question. Je ne
vous donne pas les mots. en réalité, mais les idées -
et les mots correspondants surgissent d'eux-mêmes
- 261-

dans votre esprit. S'il n'y a pas de mots disponibles


chez vous, il va de soi que rien ne passe, C'est arrivé
plus d'une fois, comme vous savez. Ou bien, alors,
certains mots tendent à s'y substituer en quelque
manière, et c'est là que j'interviens pour remettre
les choses au point.
Quelquefois, en donnant mon message, il est
arrivé que votre esprit -'- ou celui de votre femme,
surtout - a dit aussi son mot. Mais, comme cela
cadrait toujours parfaitement avec ce que j'avais
à dire, ce n'était pas gênant. Au contraire : cela de-
venait une très précieuse collaboration.
S'il se trouvait qu'il n'y eût pas « unisson» entre
nous, il un moment donné, vous en seriez tout de
suite avertis par un sentiment discordant. Du reste,
je le répète, je vous en avertirais moi-même !

Quand votre femme voit des scènes et des


tableaux ou images, comme ç'a été plusieurs fois
le cas ces derniers temps, cela tient à ce que son
esprit ne répond pas seulement à des pensées, mais
aussi à des milieux et des scènes d'Ici.
Il est bien arrivé que j'aie poussé à la roue pour
que ce genre d'impression puisse prendre place
chez elle, mais cela n'a pas toujours été le cas - ni
même souvent. Ces images ont quelquefois été im-
primées sur sa conscience par une Volonté Supé-
- 262-

rie ure, comme vous le savez par expérience. Mais,


en général, elles sont spontanées et - saufexcep-
lion - sans conséquence particulière.
Dans un cas comme celui du « jardin d'enfants .,
par exemple, où elle avait l'impression d'entrer
dans une « eau qui ne mouille pas ., c'était une
image que son mental reflétait. Ce sont des « re-
flets •.
Bonsoir et à demain, peut-être.
-263-

XXIX

Conscience simultanée sur plusieurs Plans

- Comme je vous le disais il n'y a pas long-


temps, les Plans dits « Supérieurs ~ ne sont pas
superposés comme les étages d'un gratte-ciel, et ils
sont moins séparés entre eux que ne le sont, en leur
genre, le Plan terrestre et le Plan astral.
Tous les Mondes - ou Plans - s'interpénètrent.
Je puis être activement conscient dans plus d'un
Plan.
Pour l'instant, je me plais encore assez dans le
Monde astral - où j'ai la possibilité de bien des
recherches et bien des expériences - pour trouver
à propos de conserver le « corps » correspondant.

C'est au moment où l'esprit se détourne d'un


Monde qu'il le quitte.
Mais, de même que, tout en étant Ici, je puis
monter - dans ma conscience - vers les Mondes
Supérieurs, de même je pourra' toujours tourner
- 264-

ma conscience vers les Mondes que j'aurai laissés


derrière.
C'est l'intérêt qu'on y trouve qui fait que l'on con-
serve l'instrument - le « corps », donc - servant
à exprimer et à enregistrer dans un Monde donné.
Et c'est ainsi que certains peuvent rester présents
sur l'Astral jusqu'à ce que tel ou telle, qu'ils ont
décidé d'attendre, les ait rejoints.
Cette conscience sur plusieurs Plans différents
est, d'ailleurs, le cas sur terre - au moins dans une
certaine mesure. Votre vie terrestre n'est pas uni-
quement matérielle, n'est-ce pas ? Bien qu'incarné,
l'esprit peut « monter» et, à cette occasion, enre-
gistrer des impressions supérieures...
Un exemple?
Eh bien, mon ami, pensez aux gouttelettes sus-
pendues aux branches et qui reflètent la lumière du
matin... Rappelez-vous un peu les impressions
qu'elles font naître chez vous: n'est-ce pas « supé-
rieur », cela ? .
N'a-t-on pas, parfois - au cours de la vie ter-
restre - des impressions d'Immortalité, des éclairs
de Vie Cosmique? Et ne vous est-il pas arrivé bien
des fois de remarquer, pour votre propre compte,
que les plus simples faits de la nature vous révèlent
souvent plus que bien des livres ?
- 265-

N'éprouvez-vous pas, aussi, à certains moments


un bonheur inexplicable, une joie incompréhen-
sible que rien ne semble justifier? C'est là un signe.
Car la Vie Spirituelle, l'Expérience Spirituelle, si ..{
vous préférez, s'accompagne toujours d'un IMMENSE
BONHEUR!

Et maintenant, un mot sur la question que pose


ma sœur:
Oui, j'ai eu conscience du « passage» de la jeune
amie dont tu parles. Mais à travers toi. Dès le mo-
ment que tu l'as su toi-même. la nouvelle m'en est
arrivée. Je ferai ce qui me sera possible...

Non, ce n'est pas toujours possible. Question de


vibrations - de certaines vibrations qui doivent
s'harmoniser, à un moment donné, pour que mon
intervention soit possible. Cela fait partie des Lois
de mon Monde. Les rencontres ne sont plus aussi
faciles ni aussi utiles qu'autrefois, quand j'étais plus
près de la terre.
Mais tu n'as pas lieu de t'inquiéter. Notre jeune
amie trouvera accueil et aide, sans que j'aie à m'en
mêler personnellement.
A présent, je dois prendre congé. Bonsoir mes
chers l
- 266-

xxx

Dans le Monde de l'Adoration

Je pense que vous entendrez avec intérêt


la description d'une réunion, à laquelle vous avez
aussi pris part. Vous vous rappelez la relation que
je vous ai jadis donnée de I'apparifion du Grand
Vieillard -là aussi vous étiez présents en esprit (1).
Ceci se passait dernièrement. Ces réunions appar-
tiennent à un Monde plus élevé que vous ne le soup-
çonnez - au Monde dit de l'Adoration - et tous
ceux qui, même momentanément, élèvent leur esprit
jusqu'à ce Plan supérieur, peuvent y prendre part.
Ils sont alors attirés vers une Vibration à laquelle
leur Ame répond.
Extérieurement, ce qui prend place à un moment
donné ressemble à une Fontaine Jaillissante. Mais
ce n'est pas de l'eau qui jaillit - c'est une lumière

(1) Cf. Première Partie, chap. XXI.


- 267-

intense ! Pour d'autres, cette lumière est un son -


une note musicale qui vibre jusqu'aux extrêmes
limites de l'Univers Terrestre. Inutile de vous dire
que j'englobe, sous ce terme, les Plans les plus
élevés de notre Planète.
Lumière ct son engendrent une Vibration - le
mot est pauvre, mais je n'en ai pas d'autre - qui
trouve aussitôt écho dans les Ames, sur quelque
Plan qu'elles puissent être, capables de se mettre à
son unisson.
Leur esprit se tourne alors vers le « point cen-
tral »... Et voici que se forme, dans l'immensité, une
figure géométrique - comme d'une fleur, par
exemple - en mouvement du cœur (1) vers l'exté-
rieur, comme « appel s , et de l'extérieur retour au
cœur, en « réponse s .
C'est, si vous voulez, une « fleur stylisée» - et
l'effet ainsi produit, dans l'Ame des participants.
est la conscience momentanée de l'Unité de toute
Vie.
Le sentiment qui l'accompagne est une adoration,
et un chant exultant de joie intense ! Les courants
circulent activement dans la fleur - suivant les
contours de chacun des pétales pour, ensuite, jaillir
à nouveau au cœur de celle-ci !

(1) ou centre.
- 268-

Prendre part à une telle réunion enrichit l'esprit


et mùrit l'Ame. Et, quand on retourne à son Plan
habituel d'existence, on emporte - bien implantées
au fond de sa conscience - des Graines Spirituelles
qui germeront en leur temps.

De telles réunions ont lieu plus souvent que vous


ne supposez. Même si, dans votre « conscience em-
prisonnée », vous n'en savez rien de rien - la
Conscience Supérieure, elle, !J participe active-
ment... Votre manque de souvenir vient de ce que la
conscience ordinaire - la conscience dans le cer-
veau - est lu « geôlière de l'Ame » et exclut les
vibrations trop hautes.
A demain, cher trio. Je suis si content d'avoir pu
faire passer celte description, même dans toute sa
pauvreté!
Oui - c'est bien comme vous l'avez entrevu. Les
mouvements de l'Univers forment, vus d'une suffi-
sante distance.Toujours des figures géométriques -
4 et il y a correspondance entre certaines de ces
figures et les mouvements de l'émotion et de la
pensée.
Avec la musique, c'est la même chose. Mais
exprimé en sons. Si vous pouviez voir le mouve-
ment de ce que vous appelez « musique », vous
- 269-

assisteriez à des danses rythmiques de milliers d'ê-


tres impondérables...
SON, Con.ECH, LUMIÈRE - TOUT EST ANIMÉ !
-\
Je n'aurais pas pu vous dire tout cela, autrefois.
Il fallait que j'atteigne à l'état de conscience actuel,
pour être à même de vous passer ces observations.
Avec tout cela, c'est bien pauvre ce que je vous dis
là. Mais peut-être y trouverez-vous, tout de même,
une pâle - très pâle - idée du Monde qui est le
mien à présent.
- 270-

XXXI

Une c certitude :.

- Bonsoir, mes chers trois ! Vous ne sauriez


croire la peine que je me donne pour pouvoir vous
passer une description un peu satisfaisante des con-
ditions de vie d'Ici... Je ne crois pas pouvoir trou-
ver de meilleure collaboratrice pour cela que notre
amie, parce que je peux manier assez facilement
son imagination souple. Mais les conditions sont si
différentes.. lei, des lourds matériaux de travail ter-
restre, qu'une fois ma pensée habillée en langage
d'En-Bas, je crains parfois de n'avoir pas réussi à
vous en donner une idée juste.
C'est pourquoi je dois me restreindre à des géné-
ralités, bon gré mal gré.
Je compte donc sur vous, et sur l'intelligence de-
mes lecteurs plus tard, pour toujours tenir compte
de ce fait.
Vue à travers la conception des mortels, la vie
lei semble monotone et vide. Mais c'est loin d'être
le cas! En réalité, c'est si intense et si lumineux que
- 271-

l'existence terrestre nous fait l'effet d'un mauvais


rêve, par comparaison - un mauvais rêve vécu au
sein d'une nuit ténébreuse...
A notre niveau, on s'en détourne plutôt - car
notre regard est dirigé dans l'Autre Sens.
Quel motif nous pouvons avoir, alors, pour venir
à vous ? .. Un GRAND AMOUR qui voudrait par-
tager sa félicité avec ceux qui ne la possèdent pas
encore. Oui - cela!
L'amour fait des ponts. même avec les êtres qui
se trouvent dans les plus tangibles obscurités. -4
Pour en revenir à notre sujet, je vous ai déjà dit
du mieux que j'ai pu comment je vis dans un Monde
bienheureux -..,. et je vous ai une fois offert, comme
comparaison, ce qu'est sur terre, pour les grands
5
mystiques, la « transe religieuse :) ou l' « extase :..
Seulement la transe religieuse, sur terre, est un
état supra-normal. La différence est qu'elle est nor-
male. Ici.
Je ne puis donc, sous ce rapport et en ce qui nous
concerne, parler de « transe :.. Non. C'est une SÉRÉ-
SITÉ au-dessus de toute compréhension, et qui est
7
faite d'une directe certitude que l'essence de toute
chose est Amour et Joie!
Nous pouvons, par moment - surtout à cer-
- 272-

taines réunions spirituelles conduites par une En-


tité Supérieure -- voir, nous rendre positivement
compte, SAVOIR avec tout notre être, que « tout-
tout ce qui est, est parfaitement bien » ... que les
plus terribles souffrances ne durent, comparative-
ment, que l'espace d'un souffle, et que tout mène
finalement à une GRANDEUR et à un BONHEUR au
delà de toute expression !
J'ai fait l'expérience de la terre et je fais celle-
ci, maintenant - et je vous dis tout cela en bonne
connaissance des deux.

Je sais que je ne resterai pas dans cet état de


bonheur. Quand je ferai un pas de plus sur ce Che-
min, j'entrerai dans un nouvel état de la Vie. Vous
appelez cela le Plan Mental. La vie y sera plus inté-
ressante encore et plus active que maintenant.
J'entends par là qu'il y aura plus d'activité inter-
active. On y travaille davantage en relation avec
d'autres. On crée. On fait des recherches. Ceux qui
ont suivi le chemin de la science et des diverses
philosophies sont dans leur élément, là.
Mais je n'y suis pas encore, et je ne connais ces
choses que par ouï-dire.
Mes bonnes pensées pour toi, Antoinette. Oui, je
sais tout du « passage » de nos amis. Mais, en ce
moment, je ne peux pas m'occuper directement
- 273-

d'eux. Tranquillise-toi, ils n'en ont pas besoin. Je


suis allé les saluer, c'est tout. Mais cela leur a déjà
donné l'impression que je les ai guidés en quelque
manière.
Tout est bien pour eux.
- 274-

XXXII

le côté inconnu des Arbres

- Ah ! voilà les amis qui viennent me trouver...


Ma sœur n'est plus avec vous. Je l'ai sentie un
moment désemparée, mais j'ai pleine confiance
qu'elle retrouvera vite son équilibre. Le travail qui
l'attend demandera toutes ses forces - et toute sa
concentration. Dites-lui que je suis avec elle, et
qu'à l'occasion je lui chuchoterai quelque ins-
piration à l'oreille intérieure !
Si j'ai quelque chose à vous dire, ce soir? Aooir
à dire... oui ! Mais pouvoir... ! !
C'est ce qu'on va essayer tout de même" Peut-
être que si vous poussez à la roue, cela pourra aller.
Avez-vous une question prête ? .. Comment est
votre entourage invisible ? Tout grouillant de vie !
Mais oui.
Je n'ai pas besoin de vous parler de toutes ces
vies qui sont directement perceptibles pour vos
yeux, naturellement. Seulement là, derrière, il y a
- 275-

- comme vous devez le savoir - tout un monde de


créatures plus ou moins personnifiées (1), plus ou
moins stables de forme, qui sont les agents invi-
sibles de notre Mère la Nature. Mais cela n'a rien
de nouveau pour vous...
Je n'ai pas besoin de vous dire que ces agents ont
leur rôle conscient à jouer dans la croissance des
arbres et des plantes. Vous le savez déjà. Mais voici
quelque chose que vous n'avez pas encore consi-
déré, peut-être :
Leur lien avec les animaux est bien plus étroit
qu'avec les humains. Il est regrettable que l'homme
se soit tellement éloigné du reste des créatures.
Instinctivement, toutes le craignent. Savez-vous
pourquoi '?
'Parce qu'elles voient en lui, d'instinct, un « équi-
libre perdu ».
-Il Y a un abîme entre lui et le reste de la création
terrestre. Sa lumière d'intelligence n'est pas, en
général, la douce clarté qui rassure les autres
créatures... Je parle de cette lumière telle qu'elle se
montre à notre vision, Ici. Ce n'est pas une façon
de parler.

(1) Les diverses variétés d'esprits-de-la-nature, gnomes,


fées, etc.
- 276-

Mais, ici et là, un pont traverse le fossé. L'amour


de la nature fait ce genre de ponts.
Et, ce qui vous semblera sans doute étrange, c'est
que j'ai remarqué l'existence d'un pareil pont chez
des chasseurs, par exemple. Souvent. Simplement
parce que, chez le chasseur qui erre beaucoup seul
dans la nature, une unité s'établit peu à peu entre
la vie des bois et sa nature à lui.
Comprenez bien que le fait de détruire des
« formes» n'est pas en désharmonie avec les « for-
ces naturelles ~.
La Mère Nature ne prend pas la forme physique,
ni la durée de celle-ci, très à cœur. C'est la « vie »
présente dans cette forme qui compte - et cette
vie-là ne peut pas être détruite (1).
Ceci pour vous dire qu'il faut vous garder contre
un faux sentiment, ici. Ce n'est pas en tant que
« destructeur occasionnel ~ que l'homme est craint
par ses co-créatures. Nullement (2).
C'EST A CAUSE DE SON ÉLOIGNEMENT.

Les arbres ? .. Eh bien, les arbres - d'après ce


qu'il m'est donné de voir - ont un ... disons « régis-
seur », qui les anime. Il y a des groupes d'un cer-

(1) Cf. App., 11.


(2) Note de l'Editeur. - Conformément à nos engage-
ments, nous avons dû laisser subsister ce passage, bien que
nous ne partagions pas la même idée.
- 277-

tain genre qui ont un « régisseur :t en commun,


lequel - depuis les toutes petites plantes - les suit
et stimule leur croissance.
A mesure que des spécimens meurent ou sont
abattus, leur nombre diminue comme de juste, el
il en résulte que certains centenaires finissent par
avoir un « régisseur » pour eux tout seuls.
Cela tient à ce que l'entité ainsi attachée au grou-
pe se développe avec le groupe, et qu'elle « prend
conscience d'elle-même » à mesure que les arbres
croissent, vieillissent et diminuent en nombre.
C'est quand il n'y a plus qu'un arbre demeuré
debout que cette entité commence à devenir soi-
consciente - et je crois que,' pour cette raison tout
au moins, les bùcherons font un travail utile à leur
manière dans cette direction.
Une autre chose, c'est qu'il est vraiment curieux
de voir comment les arbres expriment dans leur
forme, spontanément, les mouvements propres au;r
êtres invisibles qui sont leurs agences vitales.
Comment cela ?
Difficile à décrire par des mots. Mais regardez-les
et faites-leur parler leur propre langue, vous ne
manquerez pas de sentir chez eux des expressions
spéciales.
Certains arbres sont comme un mouvement de
danse folle qui se serait figée. Ne trouvez-vous pas?
- 278-

D'autres sont comme une prière, d'autres expri-


ment comme un amour qui protège... Il y en a qui
sont comme une profonde méditation, d'autres
comme un jeu d'espièglerie ...
Je ne peux pas vous donner de détails, mais
regardez autour de vous et rendez-vous compte.
C'est plus facile pour vous que pour moi, car ce que
je vois, je dois généralement le voir à travers votre
propre conscience - autrement, cela me décentre-
rait trop de ma propre vie, Ici.
Etes-vous satisfait, ami ?
Alors, salutations à ma sœur et à mes amis là-
bas.
- 279-

XXXIII

Temps de Noêl

- Bonsoir, mes amis. Je vous souhaite un heu-


reux Noël!
Vous voulez bien passer cela à Genève ? Merci.
Mais je dois vous dire que, d'où je suis, je ne vois
pas bien la distance entre vous.
Ici, les distances n'existent pas, géographique-
ment parlant - et, du moment que vous êtes tous
les trois d'un même esprit. ma sœur et vous, je vous
aperçois comme étant réunis.
Ce n'est pas une façon de parler, non. Il faut
même que je fasse un effort spécial pour me mettre
dans votre état d'esprit et me rendre compte que,
pour vous, l'impression est autre.

Savez-vous comment je vois d'ici l'humanité en


général?
Grise comme un jour d'épais brouillard, en dé-
cembre. Je vous vois aller et venir, vous humains
sur terre, comme si vous marchiez dans un rêve ...
- 280-

Il me semble qu'en général ceux de la terre n'ont


pas leurs propres mouvements, mais qu'ils se meu-
vent plutôt comme par une sorte de mécanisme :
le mécanisme de t'habitude - habitudes « primor-
diales » créées par les instincts, et habitudes «con-
ventionnelles » qu'on appelle mœurs.
Par-ci par-là, le brouillard laisse passer une lu-
mière vivante...
Ce sont les êtres qui sont devenus « eux-mêmes»
- qui ont leurs mouvements libres, non plus auto-
matiques.
Quelque chose d'infiniment bienfaisant émane
d'eux et, tout comme la lumière des étoiles parvient
jusqu'à vous, ainsi la lumière de ces êtres simples et
clairs arrive jusqu'à nous.
Le reste ne dépasse pas la nébulosité embryonnale
dont je parlais tout à l'heure.
Comment je vois le temps de Noël, d'Ici?
Quand vient le temps de Noël, on voit se former
des lignes plus ou moins lumineuses qui tendent
à percer le brouillard - et, pour un moment, cela
semble plus clair sur terre.
Du moins, comparativement.
Dites à ma sœur que j'apprécie ses efforts pour la
préparation de la fête.
Je vous quitte maintenant.
- 281-

XXXIV

Un peu de Mécanique Humaine

Je profite de venir car il y a des sentiers de


lumière à travers tout votre pays.
De grandes forces positives ont été déversées, à
travers des millions de cœurs humains, sur ce pays
béni (1).
L'A.mour est une grande FORCE CONSTRUCTIVE, et
la Joie ouvre le chemin à des FORCES RÉALISATRICES.
C'est - pour ceux qui peuvent voir, comme nous
le voyons d'Ici - une chose réconfortante que
d'observer un grand mouvement harmonieux jailli
des cœurs d'un peuple uni.
Je tiens à vous dire ceci, à cause de certains
doutes et malaises que j'ai pu observer dans votre
mentalité.

Ami, j'ai emmené votre femme cette nuit, pour

(1) Ces allusions ont trait au mouvement de joie qui a


uni tout le peuple hollandais lors des fiançailles et du ma-
riage de la princesse Juliana et du prince Bernard.
- 282-

voir d'Ici la cause de toute cette Joie. Elle a eu


une espèce d'initiation sur les valeurs profondes
que renferme la vie sociale moderne de l'humanité
civilisée.
Le résultat se manifestera dans son œuvre, après.
Espérons que les conditions seront assez favorables
pour lui permettre l'expression de l'enseignement
reçu, pour le profit de bien d'autres.
Quant au sujet que vous venez de soulever à
l'instant entre vous, voulez-vous formuler claire-
ment votre pensée ? ..
Je crois que vous faites allusion à mes récits sur
les « habitudes continuées » - par exemple mon
entourage, ma maison, le fait de porter l'uniforme
parce que je me sentais rajeuni, ct autres sujets
que nous avons traités jadis ensemble (1) ?
Vous voulez plutôt parler de ma condition pré-
sente que de l'ancienne ? Oui. Mais tout cela se
tient.
Voyez-vous, l'homme ne sait pas jusqu'à quel
point ses conceptions et ses actions sont dirigées
par des désirs et des instincts bien cachés. Et c'est
à quoi je faisais allusion dans mes remarques de
Noël.

(1) Cf. Première Partie.


- 283-

Vous me direz que la psychologie nouvelle


s'occupe beaucoup de cette question. C'est entendu.
Mais « s'occuper d'une question» n'est pas encore
« prendre le fait par la base».
La réalité est que nous sommes ballottés entre
des motifs cachés multiples provenant d'automa-
tismes de race - au sens le plus large du mot -
et des aspirations vaguement senties dans quelque
moment de lueur... Mais les simples actions de la
vie journalière, nos actions habituelles - ce que
nous appelons nos « habitudes » - sont automa-
tiques, et nous prenons ces automatismes avec .,vus
en passant la frontière entre les deux Mondes.
Comprenez-vous ?
Seulement, une fois Ici, ie « pourquoi » de ces
habitudes n'existe plus. Et, tout comme la mer reste
encore longtemps houleuse après que la tempête a
cessé, de même ces automatismes se continuent bien
après que le corps physique dont ils proviennent a
cessé d'exister.
Peu à peu, ils pâlissent et - tout comme la mer
redevenue tranquille reflète le ciel .- ainsi notre
nature devenue sereine répond à une idée plus
haute. Vous me suivez?
Dès lors, peu à peu, la volonté libre prend le
volant en main. Le moment où cette transition a
- 284-

lieu est difficile à déterminer. Le processus se fait,


en général, graduellement.
Disons encore ceci :
Le « corps des désirs» - ce que vous appelez le
corps astral- est un engin puissant. Mais cet engin
est nourri en grande partie par les besoins phy-
siques... Or, dans les régions astrales qui sont le
plus voisines de la terre, la vie se continue large-
ment comme auparavant - comparativement -
avec des écoles, des églises, des villes' entières,
même des hôpitaux et des édifices publics ; mais,
à mesure qu'on progresse, ces choses disparaissent.
Ce n'est pas qu'elles soient « abolies » par une
force extérieure, non: elles sont plutôt « vidées du
dedans ».
Je pense que vous trouverez dans ces quelques
remarques de quoi met tre votre question au point.
Quant à vous parler des lieux où je vis, à pré-
sent, normalement - si tant est que de « lieu» on
puisse parler, en l'espèce - comment le faire. là
où vous n'avez pas les mots qu'il faudrait ? ..
- 285-

xxxv

Eclaircissements

- Depuis longtemps déjà, je cherche à vous


passer ce que vous m'avez demandé. Mais, je
vous assure, cela devient toujours plus difficile à
mesure que ma vie diffère davantage de la vie
physique.
Les messages qui constituent le premier livre sont
donnés du plan qui est encore tout imprégné de vit'
terrestre, et qui en est d'ailleurs grandement la
continuation.
Mais, plus nous quittons les Mondes extérieurs et
moins nous avons l'illusion des perceptions senso- 3
rielles, Le travail s'intériorise, car nous nous rap-
prochons de plus en plus du MOI Eternel.
C'est, dans le grand voyage de l'Enfant Prodigue,
le cycle de Retour.
Je ne veux pas dire que tout intérêt pour la vie
que nous venons de quitter s'est évanoui. Seule-
- 286-

ment, l'attention est tournée vers les Grands Prin-


cipes plutôt que vers la vie extérieure.
Si vous tâchez de vous rendre un peu réellement
compte à quel point toute activité - dans le sens
que vous y attachez - est le résultat des nécessités
physiques, vous comprendrez.
La conception qu'on se fait, sur terre, de la vie
dans les Mondes Supérieurs, est toujours beaucoup
trop matérielle encore - et trop simpliste.
Pour vous, cela semble peut-être un appauvrisse-
ment de la vie. En réalité, nous vivons d'une façon
si intense et dans un tel bonheur que vous ne sau-
riez aucunement vous en faire une idée avec votre
cerveau physique. Votre conscience cérébrale ne
pourrait jamais enregistrer, ni le corps matériel
supporter, une pareille intensité de vibration !
Dans ces conditions, mon ami, que dois-je donc
vous raconter sans risque de devenir trop abstrait "?
Je sais qu'il existe des livres sur la Vie Supé-
rieure, qui vous racontent des faits, des événe-
ments...
Mais je dois vous dire que, pour le faire, un voile
est jeté sur la réalité des choses - lesquelles se
trouvent ainsi dramatisées, pour ainsi dire, afin de
pouvoir. porter leur message d'une façon qui vous
parle.
- 287-

C'est le cas avec les récits d'Initiations, par


exemple (1). En réalité, la grandeur de la chose
dépasse infiniment les faits racontés. Ce que vous
lisez comme des actions, des gestes, des phrases
prononcées. etc... tout cela, en réalité, prend place
instantanément - dans un éclair d'illumination !
Et les cérémonies décrites ne sont qu'une très
faible tentative destinée à éveiller en vous les émo-
tions et la lumière qui, du moins, rappellent de loin
- mais tout de même - le véritable FAIT.
Chaque Ame humaine, quel que soit son niveau
d'évolution, doit - à un moment donné - venir
dans les lumineuses régions où je me trouve à
présent.
La différence entre une Ame et une autre réside
seulement dans la plus ou moins grande intensité de
la conscience.
Une chose encore à relever, c'est que la sépa-
ration entre deux Ames, deux MOI, est moins 5
étanche, Ici, que plus bas - et surtout que chez
vous. Déjà, au premier Plan d'où je vous ai adressé
mes messages du début, les gens échangent leurs
pensées en conversant par moyens télépathiques.
Mais Ici, la chose est infiniment plus intense !
Le simple fait de « penser ~ à un autre vous

(1) Cf. C. W. LEADBEATER : Les Maîtres et le Sentier.


- 288-

« unit» à tel point avec cet autre qu'on peut parler


d'une identification momentanée.
Les habitudes terrestres ne nous ont pas encore
tout à fait quittés. Par exemple, nous nous cons-
truisons encore des demeures, nous marchons, nous
nous asseyons...
Cela tient uniquement à des moments passagers
de reminiscence d'autrefois.
A vrai dire, ce qui se rapproche le plus de notre
état normal, Ici, c'est la transe religieuse des grands
mystiques - je me suis déjà expliqué là-dessus (1).
Je sais qu'un moment viendra où un autre côté
de notre MOI prendra ses droits. Et c'est le côté qui
correspond à « l'activité cérébrale s , sur terre. Le
côté mental.
Cela ne veut pas dire que la vie émotionnelle, qui
domine chez nous présentement, sera tout à fait
élaguée alors. Nullement. Car nous sommes tou-
jours un « tout».
Seulement, nos activités se tourneront de nouveau
vers la Création et les Lois qui la régissent. Nous
vivrons alors dans ce que Platon appelle le Monde
des Idées.
Mais mon temps n'est pas encore venu.

(l) Cf. plus haut, ch. XXXI.


- 289-

Dites il ma sœur que je suis toujours conscient de


cc qu'elle fait pour le travail auquel, uutrcf'oi.', j'ni
donné toutes mes forces. Et j'y participe encore il
un certain degré - elle doit l'avoir senti.
Je lui chuchoterai encore bien des idées, a
l'oreille spirituelle, pour sa prochaine conférence.
- 290-

XXXVI

Au revoir

-Mon pauvre ami, quel travail pour vous de


mettre debout notre livre !
Oui, quelle joie aussi, évidemment. Sans joie
l'effet en serait pauvre.
Je m'en remets entièrement à vous pour sa mise
en forme, en vue de l'impression.
Je ne pense pas qu'il soit longtemps sans paraître.
Le premier a fait beaucoup plus d'effet que vous
.ne le soupçonnez. Ceux dont le témoignage est venu
jusqu'à vous ne constituent qu'une infime partie de
tous ceux qui en ont profité.
Pour le moment, je crois être arrivé - ou à peu
près - à la limite de mes possibilités actuelles.
Plus tard, quand mes conditions vitales auront
eu à se modifier de nouveau, et si les circonstances
le permettent, il est possible qu'un autre volume
puisse voir le jour.
- 291-

Mais rien n'est à préciser d'avance.


Présentement, en tout cas, ce que j'essaierais de
vous dire encore prendrait facilement un ton de
monotonie - du moins, à vouloir le traduire en lan-
gage terrestre.
Ce que j'ai à dire dépasse par trop les possibilités
de la langue parlée ou écrite, et le mieux est d'en
rester là pour l'instant.
Cela ne veut pas dire, naturellement, que nos
rapports vont cesser du tout au tout. Car je n'en
resterai pas moins en contact spirituel avec vous
tous et je vous dirai encore plus d'un mot en pas-
sant, de temps à autre.
Dites bien surtout à ma sœur que je ne suis pas
hors d'atteinte, ni ne me désintéresse de son - de
notre - travail.

Et maintenant, merci d'avoir bien voulu être des


collaborateurs joyeux.
C'était infiniment précieux pour moi !
- 292-

APPENDICES

Il a semblé aux transcripteurs que, relativement


familières aux étudiants du Spiritualisme et de
l'Occultisme, certaines données couramment men-
tionnées dans le présent ouvrage pourraient se trou-
ver quelque peu déroutantes pour le lecteur occa-
sionnel. En conséquence, quelques notes d'ordre ré-
férentiel seront sans doute les bienvenues. Il existe
de nombreux traités spéciaux sur le sujet. Parmi
eux, un choix impersonnel a été fait de La Sagesse
Antique d'A. Besant - et le sommaire qui suit a été
emprunté à ses substantiels chapitres sur le Plan
Astral et le Kama Loka (ou Monde purgatoriel
d'après-Mort).
Bien qu'ayant lu ces chapitres il y a des années
et croyant suffisamment les connaître, les trans-
cripteurs se sont trouvés en face d'une constatation
bien inattendue. Et c'est que, non seulement leur
compréhension en l'espèce n'avait été que des plus
superficielle, mais encore, que bien des choses d'im-
portance leur avaient entièrement échappé : ces
mêmes choses, justement, que l'Auteur de notre
- 293-

livre ne cesse de mettre en vigoureux relief et ori-


ginale évidence ! Ce sont aussi celles qui constitue-
ront la majeure partie de ce qui suit :

1. Le Plan Astral - nom donné par l'Occultisme


au « Monde particulier d'existence, de conscience,
d'activité et de développement» auquel chaque être
humain accède lors de l'abandon du corps matériel,
à la mort - est la région de l'Univers voisine du
Plan Physique où se poursuit notre vie ordinaire.
Ce terme « voisine » n'est qu'approximatif. En
réalité, le monde astral est tout à la fois au-dessus,
au-dessous et autour de nous - bien plus : à travers
nous. De sorte que nous vivons et nous nous mou-
vons en lui comme le poisson dans l'eau - et s'il
nous demeure intangible, invisible, inaudible et
imperceptible, c'est que les particules qui consti-
tuent notre organisme physique sont trop lourdes
pour vibrer sous l'action de la substance astrale.

2. Sur le Plan Astral, la plupart des formes con-


crètes ont, lorsqu'on les compare aux formes con-
crètes d'ici-bas, un éclat et une translucidité qui
ont valu à l'ensemble du Plan son nom d'astral -
ou « étoilé » - tout impropre que soit cette
épithète, à rigoureusement parler.
Ce qu'il importe de bien saisir, c'est que les
- 294-

objets astraux sont des combinaisons de matière


astrale, tout comme les objets physiques sont des
combinaisons de matière physique, et que la mise
en scène du monde astral ressemble en grande
partie il celle de la terre - étant constituée dans
une large mesure par les contre-parties astrales des
objets physiques.

3. Une des caractéristiques les plus frappantes


de ce Pian, c'est la rapidité avec laquelle les formes
astrales changent leurs contours. Une entité astrale
peut modifier son aspect avec la plus étonnante
instantanéité. C'est que la vie, ici, est bien plus
active et la forme beaucoup plus plastique que dans
notre monde physique. La matière astrale, en effet,
présente cette particularité caractéristique de
prendre forme instantanément sous l'impulsion des
vibrations mentales. Elle répond continuellement
aux vibrations de la pensée, du sentiment ou du
désir - et les formes y surgissent spontanément
sous l'impulsion de ces forces, telles les bulles
gazeuses dans l'eau bouillante.

4. La durée d'une forme ainsi créée dépend de la


force de l'impulsion qui lui a donné naissance. La
netteté de ses contours dépend de la précision de la
pensée, et sa coloration varie selon la qualité (intel-
- 295-

lectuelle, dévotionnelle, passionnelle, etc.) de cette


pensée - ou, plus exactement, du sentiment, désir,
imagination, mis en jeu.
Dans cette substance astrale prodigieusement
responsive, la « pensée créatrice» humaine œuvre à
l'aise. C'est ici qu'on trouve tous les « cieux » maté-
rialisés qui jouent un rôle si important dans les reli-
gions populaires du monde entier. Les dévôts étroits
trouvent ici la satisfaction littérale de leurs désirs.
Par leur puissance imaginative, nourrie de l'écorce
stérile des Livres Saints, ils bâtissent inconsciem-
ment en matière astrale ce qu'ils ont rêvé. Ils édi-
fient dans l'astral : églises, maisons, écoles et tous
les cieux matériels qu'ils ont convoités...
D'autres, plus évolués, façonnent la substance
lumineuse de leur séjour en paysages admirables et
en océans de lumière, en montagnes aux pics nei-
geux et en plaines fertiles, scènes d'une beauté
féerique même lorsqu'on les compare à tout ce que
la terre possède de plus exquis.

5. On trouve, sur ce Plan Astral, une région, sépa-


rée du reste, non pas en tant que localité distincte,
mais par l'état conscient spécial des êtres qui s'y
trouvent. Elle renferme des êtres humains privés
de leur corps physique par la mort, et destinés à
subir certaines transformations purificatrices avant
- 296-

de pouvoir entrer dans la vie bienheureuse qui ap-


partient à l' « homme» proprement dit - à l'Ame
Humaine.
Elle comprend, à vrai dire, dés conditions de
souffrance temporaire et purificatrice - mais ne
renferme aucun lieu de « torture éternelle ~. Ces
souffrances sont uniquement l'effet de causes mises
en jeu par l'individu pendant sa vie terrestre - et
elles sont aussi naturelles et inévitables que les con-
séquences de nos erreurs dans notre monde physi-
que, car nous vivons dans un Univers régi par des
lois et où tout germe doit fructifier selon son espèce.
Nul ne peut y échapper. Sous la réaction pénible
(voire terrible parfois) des lois de la nature qu'il
a violées, l'individu apprend l'existence de ces lois,
ainsi que la misère qui survient lorsqu'elles ne sont
pas observées dans la vie et la conduite.
Il n'y a pas, ici. de punition arbitraire infligée
de l'extérieur - mais uniquement, encore une fois,
l'inéluctable effet de causes mises en jeu par l'inté-
resse. LA NATURE NE NOUS MÉNAGE GUÈRE, MAIS EN
FIN DE COMPTE SES LEÇONS SONT CLÉMENTES, car elles
assurent notre évolution et conduisent l'âme à la
conquête de l'immortalité.

6. Il importe de bien se dire que l'homme, en


traversant l'un ou l'autre des états purgatoriels
- 297-

auxquels il a personnellement affaire, n'est pas réel-


lement et définitivement débarrassé des passions ct
des désirs plus ou moins vils qui l'ont amené là. Ces
éléments persisteront à l'état de germes pour éclore
et former sa nature passionnelle lorsqu'il sera prêt
à renaitre dans le monde physique.

7. Dans le monde astral, nul ne peut être hypo-


crite et dissimuler ses pensées malpropres sous un
voile d'apparence vertueuse. Tout ce qu'un homme
est, il le parait - dans sa forme et dans son aspect
extérieur : rayonnant de beauté, quand sa pensée
est noble - repoussant de laideur, quand sa nature
est vile. Une fois délivrées de la matière lourde
et peu plastique du monde physique, les âmes ap-
paraissent sous la forme qui leur correspond et ont
exactement l'air de ce qu'elles sont.
8. Pour les habitants de l'Astral, les éléments,
formes, objets, etc... de leur monde, sont aussi réels.
substantiels. tangibles et solides que ceux de notre
monde physique pour nous. Le corps qu'ils em-
ploient leur est, à tous égards, aussi consistant de
leur point de vue, que l'est pour nous le nôtre, ici-
bas - bien que doué de propriétés inconnues du
nôtre.
Vus du plan terrestre ordinaire, ceux de l'astral
nous font l'effet vague et vaporeux - mais, vus de
- 298-

leur plan à eux, cc sont ceux de la terre qui pa-


raissent vaporeux el vagues.
CHAQl'E PLA X D'EXISTE1IlCE EST COXSISTAXT AVEC LUI-
MÈ~IE - et c'est ce que, dans l'étude de ces matières,
il importe essentiellement de ne jamais oublier.

9. Comme il a l'té dit un peu plus haut (i\o 3),


une entité astrale peut modifier son aspect avec la
plus extrême facilité et instantanéité, si elle le dé-
sire. Une fée de degré supérieur, par exemple, ou
un ange astral - pour nous en tenir à cet unique
Plan, le seul qui nous intéresse dans ce livre - pré-
sentent le plus habituellement un aspect analogue
au nôtre, bien que d'une perfection et d'une beauté
transcendantes inconnues parmi nous.
:\Iais ils sont tout aussi bien aptes à prendre
n'importe quelle autre forme li volonté, selon la
nature de leurs activités ou sentiments du moment :
flamme, couronne de lumière, fleur, buisson, ani-
mal, colonne de nuée, montagne, ruisseau, etc...
L'Ecriture mentionne maints faits de ce genre,
étranges pour nous, Ici-Bas, mais parfaitement nor-
maux Plus Haut, et les observations faites, de nos
jours, par des clairvoyants bien entraînés à cet
ordre d'études du Monde Intérieur, en confirment
la justesse.
- 299-

Quelques remarques de l'un d'eux (1) peuvent


être d'intérêt ici, à propos du chapitre auquel cette
note se rapporte (2). Un point qu'il relève à mainte
reprise est celui de l'instabilité de forme chez ces
êtres supra-physiques. Parlant d'un groupe de
« Sylphes» qu'il observait, il dit :
« ... Ici et là, des groupes se combinent en une
vertigineuse danse aérienne... Dans un enivrement
de joie, ils ondulent en grands cercles soudaine-
ment formés - tout aussi soudainement rompus...
Ils exultent dans le pouvoir et l'énergie vitale dont
leur monde aérien est chargé en ce splendide ma-
tin de printemps.
« Sous pareilles conditions, ils perdent fréquem-
ment toute apparence de forme humaine et ressem-
blent à des masses tourbillonnantes de force et
d'énergie vitale - avec, de moment en moment.
l'apparition soudaine de gracieuses formations rap-
pelant des ailes, de longues courbes qui sont comme'
des traînes, une suggestion de bras qui se balancent
onduleusement et de cheveux qui ·flottent dans le
vent ; de temps à autre, aussi, deux yeux flam-
boyants apparaissent, ou encore un visage d'une
beauté qui n'est point de cette terre et où se com-

(1) Geoffrey HODSON : Fairies at Work and at Play et


The Kingdom of Faerie.
(2) Chap. VIII de la partie II.
- 300-

binent, d'une façon impossible à l'homme, une inex-


primable joie extatique unie à une prodigieuse
virilité de pouvoir... ~
D'un autre degré d'Esprit-de-la-Nature qu'il put
observer tout à loisir, et dont il donne une descrip-
tion exquise et détaillée, il remarque :
« Il est curieux de noter l'impression d'instabilité
de forme qu'on éprouve ici : c'est comme si tout
était si éthéré, si subtil, que cela pourrait à tout
moment se fondre et disparaître... »

10. Le point auquel se réfère cette note (1) -


celui des couleurs du Corps Spirituel - n'est point
aisé à traiter en quelques lignes. Un ouvrage lui est
consacré, qui est unique parmi les classiques de
l'Occultisme moderne : l'Homme. Visible et Invi-
sible, par c.-w. Leadbeater. Les remarquables plan-
ches en couleur qui l'enrichissent sont d'un intérêt
tout particulièrement instructif. En ces matières,
l'étude de pareil livre est indispensable. Mais on
peut, au moins, en extraire et adapter au présent
besoin du lecteur ceci :
« Aux yeux du clairvoyant entraîné, un Corps
Spirituel de formation récente est trans parent.
irisé ... et presque vide en apparence ; car la force

(1) Chap, susdit.


- 301-

divine qui y est réellement contenue n'a pas encore


eu le temps de développer ses qualités latentes... et
conséquemment il ne s'y est encore développé que
fort peu de couleurs... tout au plus quelques éclairs
faiblement colorés.
« Avec le temps, les choses deviennent plus défi-
nies et un moment vient, dans le développement de
l'âme, où l'examen de son corps spirituel montre
que des couleurs excessivement délicates et éthérées
sont visibles à l'intérieur en certaine quantité... On
y trouve même une teinte légère de ce violet si déli-
cat, indice de l'amour et de la dévotion capables de
se tourner vers le plus haut idéal ; on y voit aussi
une légère teinte vert clair représentant la sympa-
thie et la compassion, ou, plus exactement, en révé-
lant la présence...
« A mesure que le progrès spirituel de l'homme
s'accentue, on observe que de nombreuses et belles
qualités se développent en lui, car le splendide
globe irisé est actuellement rempli des plus exquises
couleurs symbolisant, pour nous, les formes élevées
de l'amour, du dévouement et de la sympathie, aux-
quelles viennent s'ajouter un intellect raffiné et
spiritualisé, et des aspirations constantes vers ce qui
est divin...
« Composé de matière d'une ténuité, d'une im-
pondérabilité inconcevable, ce corps (spirituel),
- 302-

d'une vie intense et frémissant d'un feu vivant, se


transforme, à mesure que se parfait son évolution,
en un globe rayonnant de couleurs étincelantes.
dont les vibrations produisent des ondes de nuances
changeantes, nuances inconnues de nos mortels, et
dont notre langage ne saurait traduire l'éclat. la
douceur et la transparence.
« Prenez les couleurs d'un coucher de soleil
d'Egypte et ajoutez-y la merveilleuse douceur d'un
soir d'été de nos pays du nord ; exagérez encore
ces couleurs en lumière, en transparence et en
splendeur, autant qu'elles sont elles-mêmes supé-
rieures à celles que peut fournir la boîte à couleur
d'un enfant - et, malgré tout, celui qui ne l'a pas
vue ne saurait imaginer la beauté de ces sphères
radieuses qui étincellent dans le champ visuel d'un
clairvoyant, lorsqu'il s'est élevé jusqu'à ce monde
supérieur (1) ».

11. Ce que dit l'auteur au chap. XXXII (2) nous


remet en esprit la profonde et significative page de
Schopenhauer sur le même sujet, et nous croyons
ne pouvoir mieux faire que de la rapporter ici :
« La Nature semble toujours et en tout consi-
dérer la mort - cette mort si redoutable en ap-

(1) Op. cit., passim.


(2) Dans la deuxième partie de cet ouvrage.
- 303-

parence - comme un incident sans importance.


Elle manifeste clairement son sentiment à cet
égard en livrant la vie de chaque animal, et de
l'homme lui-même, à la merci des hasards les plus
insignifiants, sans intervenir pour le sauver.
« Considérez l'insecte placé sur votre chemin : la
moindre déviation, le mouvement le plus involon-
taire de votre pied, décide de sa vie ou de sa mort.
Voyez la limace des bois, dépourvue de tout moyen
de fuir, de résister, de donner le change à son ad-
versaire, de se cacher - véritable proie pour le
premier venu. Voyez le poisson se jeter, incons-
cient, dans le filet prêt à se refermer sur lui ; la
grenouille trouver, dans sa propre paresse, un obs-
tacle à la fuite où gît son salut ; voyez l'oiseau qui
ne sent pas le faucon planer sur lui, et les brebis
que, du fond du buisson, le loup compte et couve
des yeux!
« Armés d'une courte prévoyance, tous ces êtres
promènent innocemment leur existence au milieu
de dangers mortels qui les menacent à tout moment.
« Abandonner ainsi, sans retour, ces organismes
construits avec un art inexprimable, non seulement
à l'instinct de pillage des plus forts, mais encore au
hasard le plus aveugle, à la fantaisie du premier
venu, n'est-ce pas - de la part de la Nature -
déclarer que l'anéantissement de ces individus Lui
- 304-

est chose indifférente? C'est ce qu'Elle énonce très


clairement, et Elle ne ment jamais.
c Eh bien, si la Mère de toutes choses s'inquiète
aussi peu de jeter Ses enfants, sans protection, entre
mille dangers toujours menaçants, ce ne peut être
que par l'assurance que -s-Lorsqu'ils tombent - c'est
dans Son propre sein, où ils sont en sûreté, et
qu'ainsi leur chute n'est qu'une plaisanterie...
c: Si notre regard pénétrait assez bien au fond
des choses, nous nous rangerions certainement à
l'avis de la Nature. Aidés de la réflexion, nous de-
vons expliquer cette c: sécurité absolue», cette c: in-
différence» de la Nature en face de la mort des
individus, par ce fait que la destruction d'un tel
phénomène n'en atteint pas le moins du monde
l'ESSENCE PROPRE ET VÉRITABLE (1) ».
Enfin, il est un dernier ordre de remarques qui,
sans doute, ne laissera personne indifférent. Leur
évidence, en tout cas, ne pourra faire autrement que
de s'imposer d'elle-même à toute conscience droite
et compréhensive.
La conséquence en sera bien certainement, chez
plus d'un, une modification de point de vue et de
conduite - en matière de c: Cimetière» - dont ses

(1) (Cité par le Dr GELEY : De l'Inconscient au Cons-


cient).
- 305-

bien-aimés et amis, en Astral, auront tout lieu de


lui savoir gré et de se féliciter.
Le juge H..., qui - voici quelques années - fit
passer de si précieuses informations, par le canal
d'une de ses amies, expose la question en des ter-
mes si excellents, que le mieux est de les rapporter
ici :

12. « Je voudrais dire un mot à ceux qui sont sur


le point de venir à nous. C'est pour les adjurer d'ou-
blier aussi vite que possible le corps. après l'avoir
quitté.
e Oh, la terrible curiosité qu'il y a à revenir vers
la chose qu'on prenait jadis pour soi-même! L'idée
nous en vient de temps à autre, et elle peut être
assez forte, parfois, pour nous y ramener en dépit de
nous-mêmes. Il en est pour qui c'est une véritable
et morbide obsession, dont ils n'arrivent guère à se
libérer tant qu'un lambeau de chair adhère encore
aux os sur lesquels ils s'appuyaient en bas !
e Dites-leur de bannir cela de leur conscience,
sans rémission, de forcer leur attention vers autre
chose et de s'en aller, dans la Nouvelle Vie, libres
de pareilles attaches. Jeter un regard en arrière,
vers le Passé, est parfois à propos - mais pas sur
cette sorte de reliquat du Passé !
« Il n'est que trop facile, pour nous, de voir ce
- 306-

qui se passe dans le cercueil L.. Certes, je ne veux


pas vous causer de sentiment pénible, mais les
choses sont ce qu'elles sont - et je tiens à vous
avertir. La vue qui s'offre à nous dans la tombe, n'a
rien de gai ! C'est là, je pense, la raison pour la-
quelle tant d'Ames qui ne sont encore ici que depuis
peu de temps peuvent être si lourdes de mélanco-
lie. Elles vont malheureusement visiter l'endroit
qu'elles devraient justement fuir.
« Vous savez bien qu'ici, pour peu que nous pen-
sions nettement à une place donnée, nous sommes
sujets à nous y trouver tout de suite. Notre corps
est si léger qu'il suit le fil de la pensée sans presque
aucun effort...
« J'ai rencontré un jour, le long d'une avenue
bordée d'arbres - car nous avons des arbres, ici -
une grande femme toute vêtue de noir. Elle pleurait
- car nous avons aussi des larmes, Ici. Comme je
lui demandais la cause de son chagrin, elle tourna
vers moi des yeux d'une inexprimable tristesse :
- Je suis allée là-bas. me dit-elle...
« Mon cœur me faisait vraiment mal pour elle,
car je savais ce qu'elle éprouvait !... Le choc de
pareil spectacle se répète à chaque nouvelle visite,
et s'accentue à mesure que « l'objet» devient de
moins en moins semblable à ce qu'on aime à penser,
relativement à soi-même.
- 307-

« Depuis, je repense souvent à la grande femme


en noir, descendant l'avenue bordée d'arbres et
pleurant... Ce qui ré-attire ainsi une Ame vers ces
tristes restes de ce qui fut à Elle, c'est en partie la
curiosité de voir ce que cela devient..., en partie
aussi une sorte d'attraction magnétique... (1) ».
Et c'est aussi - Dieu sait combien ! - l'accent
que, sous l'influence de l'usage, des traditions et
des sentiments personnels mal informés, ceux de la
Terre mettent sur la question funéraire et les visites
de cimetière ... ce qui a pour fatal effet de ramener
l'attention de leurs bien-aimés, amis et connaissan-
ces, vers un lieu qu'ils devraient justement ÉVITER
et sur un objet qu'ils devraient, A TOUT PRIX.
OUBLIER!

(1) Letters {rom a Living Dead Man, transcrites par E.


BARKER.
TABLE DES MATIÈRES
NOTICE BIOGRAPHIQUE ••.•..••.•.•.••••••••.•••••• 7
AVANT-PROPOS DES TRANSCRIPTEUHS •••••••••••.••. 11
PREMIERE PARTIE
POSSIBILITES INFINIES
1. - Une lueur dans la nuit 15
II. - Le gardien du seuil 17
III. - Une heure en Purgatoire 20
IV. - Un réveil 25
V. - Deux victimes de l'inexistant 27
VI. - Différences 30
VII. - Autres rencontres 36
VIII. - Et leurs œuvres les suivront 40
IX. - Dégagement 42
X. - Relativités 45
XI. - Excursion dans le Passé ......... 48
XII. - Autres différences 51
XIII. - Insignifiances 54
XIV. - Simples remarques 58
XV. - Purgatoire sur terre 61
XVI. - Anges Gardiens 65
XVII. - Une bonne âme en peine 68
XVIII. - Bonté à vue courte 72
XIX. - Choses et autres 75
XX. - Guides et Maîtres 78
XXI. - Les Eveilleurs 80
XXII. - Les animaux 84
XXIII. - Présentation 88
XXIV. - Le Parc de Beauté 92
XXV. - Une épineuse affaire 97
XXVI. - Météores astraux 102
XXVII. - Moments d'humeur.................. 105
XXVIII. - Le moi fantôme 108
XXIX. - Messages d'affection 112
XXX. - Aurore d'un nouveau jour 115
XXXI. - Produit d'orthodoxie 118
XXXII. - Au service de l'homme 122
XXXIII. - Les petits talents du subconscient 124
XXXIV. - Ravissements 127
XXXV. - Duo 132
XXXVI. - Au revoir 135
SECONDE PARTIE
SPHERES DE BEAUTE ET DE JOIE
1. - La Fée du champ de blé 139
II. - A propos de la Réincarnation 142
III. - Pour entendre 145
IV. - Etre là n'est pas être là 148
V. - Conflits intérieurs 154
VI. - Sur les enfants 157
VII. - Dans le Monde d'Avant-Naissance 162
VIII. - Une description laborieuse 170
IX. - Partira partira pas ! 177
X. - Le côté « âme :. 182
XI. - Façon original~ d'envoy~r un livre 186
XII. - De la Logique a la Poésie 190
XIII. - Sur le même sujet 195
XIV. - Habitants du Ciel dès ce monde 200
XV. - Les difficultés des temps 204
XVI. - Espiègleries d'une petite Bible 207
?lVII. - La guestion de « changement> 210
XVIII. - A batons rompus 214
XIX. - A propos des « Maîtres > •......•.... 221
XX. - Le Jardin des Enfants 224
XXI. - La Grande Expérience 229
XXII. - Le « Chemin à rebours > ...•....•.•. 234
XXIII. - Points de vue 236
XXIV. - A la frontière de deux Mondes 240
XXV. - Rêve aujourd'hui ~ réalité demain ! .. 247
XXVI. - Bref aperçu des divers Mondes 250
XXVII. - A propos d'Anges 255
XXVIII. - Sur le mode de communication 258
XXIX. - Conscience simultanée 263
XXX. - Dans le Monde de l'Adoration 266
XXXI. - Une certitude 270
XXXII. - Le côté inconnu des arbres.. . .. .. 274
XXXIII. - Temps de Noël 279
XXXIV. - Un peu de mécanique humaine 281
XXXV. - Eclaircissements 285
XXXVI. - Au revoir ! 290
ApPENDICES ••••...•...•.•...••.••••••..••••••••• 292
« LES EDITIONS AMOUR ET VIE»
AUTRICOURT
21570 par BRION-sur-OURCE
R.C. 69 A 30 Châtillon-sur-Seine
C.C.P. 2.761.67 V

vous présentent quelques-unes de leurs œuvres


de « Culture Humaine ».

LE MAITRE PARLE, par Peter Deunov.


LA PAIX UNIVERSELLE par l'Harmonie Individuelle.
PRÉPARONS L'ÈRE NOUVELLE, par Suzanne Misset-
. Hopès.
POUR AIDER A LA NAISSANCE SPIRITUELLE.
PRÉSENCE DE VICTOR HUGO, par S. Misset-Hopès,
à la réimpression.
L'AUTRE MONDE. Ses possibilités infinies. Ses sphères
de beauté et de joie, par A. Pauchard.
DANS LES SPHÈRES DE BEAUTÉ ET DE JOIE, par
Albert Pauchard. .
DE L'INITIATION DE L'AME A LA VIE DE L'ES-
PRIT.
Messages reçus par inspiration, par W. de J ablonska.
Un ouvrage 12 x 18, 104 pages.

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