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Méthodologie de recherche

Loubaba RAFI
Docteur en sciences de gestion
Plan
 L’objet de la recherche: comment formuler l’objet de sa recherche?
 La collecte des données:
 L’étude de cas
 L’entretien
 Les techniques projectives
 La collecte des données par l’observation
 Les techniques d’analyse qualitative
 Les techniques d’analyse quantitative
 Structurer les résultats de la recherche:
 Les contraintes de rédaction
 La structuration et l’écriture
L’objet de la recherche

Qu’appelle-t-on objet de recherche?


L’objet de la recherche
Vue synoptique générale de la construction d’un processus de recherche

Concevoir Objet ou problématique et questions de recherche

Construire le canevas ou architecture de la recherche


Mettre en œuvre Collecter les données
Choisir l’échantillon
Coder et traiter les données

Interpréter les résultats


Analyser et évaluer
Apprécier leur validité

Source: Gavard-Perret et al. (2012)


Objet, problématique, questions de
recherche

 « Un projet de recherche constitue un système permettant de passer d’une intention générale à des

éléments de réponse » (Koenig, 2006).

 Problématique, « research topic » (Saunders et al. 2003)

 Question de recherche: expression précise et opératoire de l’objet de recherche (Allard-Poesi et

Maréchal, 1999)
Comment formuler l’objet de recherche?

 Quelle est la nature du projet?

 Est-ce une recherche de contenu ou une recherche de processus?

 Quelle démarche vais-je envisager?

 Quel type de présence sur le terrain puis-je négocier?

 Quels cadres théoriques sont pertinents?


Cheminement général de la recherche

Objet ou question de recherche

Design ou canevas de la recherche

Stratégie et instrumentation de la recherche

Résultats de la recherche
Collecte des données par l’enquête

L’enquête est un mode de recueil de données extrêmement répandu en sciences de gestion. Elle peut se
faire de de deux manières:
• De façon qualitative
• De façon quantitative
Enquête par méthode qualitative

Principales techniques de collecte des données qualitatives:

 L’entretien:

Entretien individuel

Entretien de groupe

 Les techniques projectives


L’entretien

Une des méthodes qualitatives les plus utilisées en sciences de gestion.


« Un dispositif de face-à-face où un enquêteur a pour objectif de favoriser chez un enquêté la
production d’un discours sur un thème défini dans le cadre d’une recherche ».

Les formes d’entretiens varient selon le nombre de répondants en interaction avec le


chercheur:

 L’entretien individuel

 L’entretien de groupe
L’entretien individuel

Les entretiens individuels sont bien adaptés pour l’exploration de processus individuels complexes
(compréhension, évaluation, décision, immersion, etc.) ou de sujets confidentiels, touchant à l’intimité de
l’individu ou encore tabous (la religion, la mort,, l’argent, etc.) et pour mettre en évidence des différences
individuelles.

On distingue trois formes d’entretiens individuels en fonction du niveau d’interaction entre l’animateur et
l’individu:

 Directif

 Semi-directif

 Non directif
Entretien non directif/ entretien libre ou en
profondeur

 L’entretien non directif se caractérise par son ouverture et sa souplesse.

 Il est utile lors des recherches sur des sujets tabous, dont l’objet est peu défini, nouveau ou mal

structuré.

 Le chercheur définit un thème général qu’il propose au répondant sans intervenir, mais en créant

un environnement dans lequel le répondant se sent parfaitement libre de s’exprimer sans

jugement.
Entretien semi-directif ou semi-dirigé

 L’entretien semi-directif est le plus utilisé en gestion, il est mené à l’aide d’un guide d’entretien

(grille ou canevas).

 L’ordre de discussion n’est toutefois pas imposé.

 La formalisation du guide favorise des stratégies d’analyse comparative entre les répondants.
Préparer un entretien individuel

 Un entretien individuel implique l’interaction d’un chercheur, d’un répondant et d’un


environnement.
 Pour limiter les biais et maximiser la qualité de la collecte, il convient de considérer avec
attention ces facteurs.

Qui? Combien? Où?

Favoriser la diversité des De préférence un lieu


profils par rapport à Pas de norme précise. neutre, calme, confortable
l’objet d’étude Optimum quand:
La saturation sémantique est
atteinte
Conduire un entretien individuel

Selon la nature de l’entretien-semi-directif ou non directif-, le chercheur aura besoin d’un guide plus ou
moins structuré.

Entretien non directif:

Le chercheur définit une consigne initiale permettant d’introduire le sujet de la recherche:

 Orientation générale de la formulation de la consigne


Conduire un entretien individuel

Entretien semi-directif:

Rédiger un bon guide d’entretien:

 Le guide d’entretien est l’inventaire des thématiques à aborder au cours de l’entretien.

 Le guide comporte généralement quatre parties, organisées selon le principe de l’entonnoir


Entretien semi-directif

Le guide d’entretien:

Introduction

Mélange de directivité/ formalisme Centrage du sujet


et de souplesse

approfondissement

Conclusion
L’entretien de groupe

 L’entretien de groupe consiste à réunir, autour d’un animateur, un ensemble de personnes

pour les amener à interagir.

 Le jeu des interactions et des influences réciproques élargit la réflexion et accroit la

production d’informations.
L’entretien de groupe

L’utilisation des entretiens de groupe est recommandée pour:

 Explorer des sujets/phénomènes assez vastes tels que l’attitude et les comportements d’un

groupe face à un objet d’étude

 Tenir compte de l’influence du contexte social sur les phénomènes de groupes.


Conduire un entretien de groupe

 Le guide d’un entretien de groupe repose sur la même succession de phases que l’entretien
individuel.

 La phase d’introduction: indique les règles de comportement attendues (écoute, respect des temps
de parole, absence de jugement)

 Les phases de centrage et d’approfondissement: le guide peut alterner des phases individuelles et
collectives, d’une part, et des phases écrites et orales, d’autre part.

 La phase de conclusion permet de synthétiser les idées exprimées par le groupe.


Complémentarité possible des formes
d’entretiens

 Entretiens individuels non directifs puis semi-directifs

 Entretiens individuels semi-directifs puis de groupe

 Entretiens de groupe puis individuels semi-directifs


Les techniques projectives

 Les techniques projectives ont été utilisées pour la première fois en marketing dans les années 1950 par
Haire avec ses célèbres listes de courses, l’une contenant du café soluble Nescafé et l’autre du café en
grains Maxwell et à propos desquelles on demande de décrire respectivement la ménagère qui les a
rédigées.

 Ces techniques visent à pallier les insuffisances des techniques directes de collecte de données (ex:
questionnaires) dans l’exploration des motivations profondes d’un individu, de sa personnalité, de ses
représentations, valeurs, attitudes, stratégies, intentions d’action, normes de jugement, etc.

 Le principe sous-jacent est celui de la projection présenté par Freud comme le « processus par lequel le
sujet expulse de soi et localise dans l’autre, personne ou chose, des qualités, des sentiments, des désirs,
voire des « objets » qu’il méconnait ou refuse en lui »
Les techniques projectives

Quatre écrans psychologiques derrière lesquels les individus voilent leur comportement

Ecran de la conscience

Ecran d’irrationalité

Ecran de tolérance

Ecran de politesse
Une variété de techniques projectives

Le chercheur collecte des réponses, aussi spontanées que possible sous forme verbale (écrite ou
orale). Nous distinguons plusieurs groupes selon la tâche demandée au répondant.
Une variété de techniques projectives

 Associer

Les techniques associatives consistent à présenter un stimulus (visuel, verbal ou sonore) à un individu ou
à un groupe et à demander de citer les mots ou images qui viennent spontanément à l’esprit.

L’hypothèse sous-jacente est de permettre à l’individu de révéler ses sentiments et opinions profonds à
propos d’un sujet. Au moment de l’interprétation des données, le chercheur compte:
1- la fréquence d’apparition de chaque mot cité, 2- le temps écoulé pour exprimer le mot, 3- le nombre
de personnes n’ayant pas répondu dans un temps raisonnable.
Une variété de techniques projectives

 Compléter

La technique consiste à demander au répondant de compléter, dans un temps limité et de manière


spontanée une phrase ou un paragraphe. Dans une version plus élaborée, on peut l’inviter à imaginer
ce qu’il ferait dans le cadre du scénario soumis, décrivant une situation précise.
Quelle que soit la longueur du stimulus, le répondant est amené à exprimer ses pensées face à la
situation, de manière plus complète et complexe que par simple association de mots.
Une variété de techniques projectives

 Construire

Ces techniques s ’apparentent aux précédentes puisque les répondants doivent imaginer la fin
d’une histoire, d’un dialogue ou d’une situation décrite. Toutefois, les stimuli proposés sont
moins structurés: il s’agit le plus souvent d’images, de dessins.
Une variété de techniques projectives

 S’exprimer

Ces techniques reposent sur le principe suivant: présenter au répondant une situation sous forme
verbale ou visuelle et lui demander d’exprimer, sous une forme soit verbale soit non verbale, les
pensée, sentiments, attitudes, etc. que pourraient avoir d’autres personnes.
Les avantages des techniques projectives

Pour le chercheur:

 Recueillir des données que le sujet ne veut pas ou ne peut pas exprimer.
 Accéder aux motivations profondes du comportement.
 Limiter le risque d’incompréhension, de mauvaise interprétation par le répondant.

Pour le répondant:

 Aspect ludique de la collecte des données.


Le questionnaire

Le questionnaire est une méthode quantitative de recueil d’informations. Il comprend un


ensemble de questions s’enchainant de manière structurée. L’objectif étant d’obtenir des données
quantifiables et comparables sur une population.
La rédaction du questionnaire

 La qualité du questionnaire est capitale pour la qualité du processus dans son ensemble. La

valeur du questionnaire est sensible à la qualité de la formulation des questions , à la

qualité de la formulation des modalités de réponse et à la qualité d’organisation du

questionnaire.
La rédaction du questionnaire

La formulation des questions

Les questions sont souvent formulées de manière fermée.

Les avantages des questions fermées:


• Plus grande facilité de réponse, d’administration et de traitement.
• Biais liés à la variabilité d’enregistrement des réponses moins grands: modalités de réponse
invariantes d’un répondant à l’autre.
• Réponses directement comparables d’un répondant à l’autre.
La rédaction du questionnaire

Les biais de formulation des questions

 Le vocabulaire employé doit être familier pour les répondants. Il faut éviter les termes techniques
et ceux qui peuvent avoir des sens différents entre différents groupes de répondants.

 Le vocabulaire doit être précis.

 Les questions « doubles » peuvent induire une incapacité à répondre.

 Les questions ne doivent pas induire la réponse.

 La longueur des questions peut également affecter la qualité des réponses. Il est recommandé de
formuler des questions courtes, ne dépassant pas 20 mots.
La rédaction du questionnaire

La formulation des modalités de réponse

 Les modalités de réponse permettent d’attribuer un chiffre à une caractéristique propre à un répondant: sexe, âge,
mais aussi attitude ou opinion.

Echelle: désigne le continuum sur lequel on situe les objets mesurés. Il existe quatre grands types d’échelles:
nominales, ordinales, d’intervalle et de rapport.
 Échelle nominale: chaque modalité correspond à un seul objet et les codes utilisés ne sont que la transcription
d’une réalité sans ordre, ni hiérarchie.
 Échelle ordinale: permet d’établir une relation d’ordre entre les modalités de réponse.
 Échelle d’intervalle: une échelle est dite d’intervalle si les distances entre chacune des modalités successives sont
égales. Échelle de Likert
 Échelle de rapport: consiste à recueillir un nombre, sans proposer de modalités spécifiques au répondant.
L’organisation du questionnaire

 Si les questions et les modalités de réponse doivent être formulées avec la plus grande
attention, l’organisation de ces questions est elle-même sensible à plusieurs biais qui
peuvent dégrader la qualité du questionnaire.

 Un questionnaire se compose d’un préambule (introduction), d’un corps (ensemble des


questions articulées sous forme de thèmes), d’une fiche signalétique et d’une conclusion
qui se limite à des remerciements.
Biais à circonscrire

 Au moment du discours introductif: le discours introductif donne l’occasion de limiter le


biais d’anxiété lié au comportement du répondant:

 Selon Rosenberg, tout sujet humain aborde la situation de questionnement avec un a priori qui
le pousse à croire que l’enquêteur cherche à évaluer sa santé mentale ou son degré de maturité
intellectuelle.

 Concrètement, les répondants essaient de démontrer par leurs réponses qu’ils sont des individus
compétents et équilibrés.

 Il est possible de réduire la tendance à l’anxiété en expliquant qu’il n’y a pas d’enjeu
d’évaluation de la personnalité
Biais à circonscrire
 Dans le corps du questionnaire: l’organisation du corps du questionnaire est régie par un ensemble de
règles de confort: regrouper les questions par thèmes, insérer des phrases de transition entre ces thèmes
et utiliser la technique de l’entonnoir. L’ordonnancement des questions peut influencer la manière de
répondre des sujets et provoquer des biais.

Les effets d’ordre: il y a effet d’ordre lorsque la position d’un item dans une série de questions va perturber
la manière dont l’enquête va répondre.

Malgré toute l’attention que peut porter le chercheur à la construction de son questionnaire, seule une
étape de prétest lui permet de garantir l’absence de biais.
Administration du questionnaire

 Comment choisir les répondants?

 Comment leur administrer le questionnaire?

 Comment limiter les biais inhérents à l’administration du questionnaire?


Le choix des répondants
Deux catégories de méthodes peuvent être distinguées:

 Les méthodes probabilistes, qui permettent de construire des échantillons représentatifs et qui
imposent au départ de disposer d’une liste exhaustive de la population.

 Les méthodes non probabilistes.


Les méthodes d’échantillonnage probabilistes

 Echantillonnage aléatoire simple: la sélection des répondants repose le plus souvent sur une
table de nombres tirés au hasard. A chaque nombre correspond un répondant.

 Échantillonnage systématique: le tirage repose sur un taux de sondage. La première étape


consiste à tirer un numéro de répondant au hasard. La seconde étape consiste à ajouter à ce
numéro, de manière itérative, le taux de sondage.

 Echantillonnage par grappes: un échantillon de sous-groupes de la population d’étude,


appelés grappes est choisi.
Les méthodes d’échantillonnage non
probabilistes
 Echantillonnage par convenance: est utilisé si aucune des autres méthodes disponibles n’est
envisageable. Il est justifié si le délai d’enquête est très court, si le budget est très faible et si
l’identification des répondants composant la population d’étude est difficile.

 Echantillonnage par jugement: repose sur l’opinion d’un ou plusieurs experts du secteur
d’activité.
Les méthodes d’échantillonnage

Quelle méthode d’échantillonnage retenir?

Les méthodes d’échantillonnage probabilistes doivent être privilégiés, étant les seules à permettre une
extrapolation des résultats obtenus sur l’échantillon à l’ensemble de la population d’étude.
L’extrapolation statistique à partir d’échantillons construits par les méthodes non probabilistes est tolérée.
Les modes d’administration du
questionnaire
En face à face, par téléphone, par voie postale, par internet. Ces solutions peuvent être
comparées selon trois critères:

 Le coût de recueil

 Sa durée

 La qualité des informations recueillies

En fonction de ses exigences et de ses ressources, le chercheur trouvera le meilleur arbitrage.


Les enquêtes par internet

Ces enquêtes peuvent être administrées d’une double manière:

 Soit par mail

 Soit en ligne

Les taux de réponse

Plusieurs variables peuvent l’affecter positivement:

 La plupart des recherches mettent en évidence que la personnalisation d’une enquête en ligne accroit le taux
de réponse

 L’intérêt personnel que peut avoir le répondant pour le thème abordé a un effet positif sur le taux de réponses

 Les problèmes techniques doivent être anticipés et résolus

 La question de la longueur du questionnaire reste controversée


Les enquêtes par internet

La qualité des données: les enquêtes par mail induisent des taux de non-réponse plus faibles.

Les biais d’administration du questionnaire:

 L’effet Pygmalion: le chercheur peut volontairement ou inconsciemment influencer les réponses


des individus interrogés dans un sens favorable à l’hypothèse de sa recherche.

 L’erreur systématique: Un mauvais choix dans les termes d’une question peut par exemple
amener l’ensemble des répondants à avoir une compréhension différente de celle souhaitée par le
chercheur.
La collecte des données par l’observation

L’observation est une méthode de collecte de données qui alimente traditionnellement la réflexion de
nombreuses disciplines en gestion.

 Qu’est ce que l’observation?

 Comment observer?
Qu’est ce que l’observation?

 L’observation, au sens étroit du terme, est une technique de collecte des données primaires visibles et
audibles. Mais l’observation peut également être définie de manière plus large comme une stratégie
particulière d’interaction avec le terrain.

L’observation comme technique: voire et entendre

 Observer consiste à voir ce que des personnes, des objets sont et font. L’œil et le regard du chercheur
sont alors les principaux vecteurs de l’observation.

 Il ne s’agit pas alors de voir mais d’évaluer un phénomène et de suivre ses évolutions.
Qu’est ce que l’observation?

L’observation comme exercice d’attention vigilante

 L’observation sollicite tous les sens du chercheur.

 Les éléments qui ne sont pas directement visibles ( parce qu’il peut ne rien se passer) ou écoutables
(parce que les acteurs peuvent ne rien dire) peuvent se révéler décisifs dans la compréhension du
phénomène étudié par l’observateur.

 Observer consiste à porter attention aux personnes, à leurs intentions, à ce qu’elles perçoivent
comme problèmes, aux contextes physiques, organisationnels,…etc.
Qu’est ce que l’observation?

L’observation comme mode d’interaction entre l’observateur et l’observé

L’observation est une stratégie d’investigation orientée vers un mode particulier d’interaction entre
le chercheur et son terrain. Deux options sont possibles :

 L’observation passive: caractérise les situations dans lesquelles le chercheur ne participe pas à
l’activité des personnes observées.

 L’observation participante: caractérise les situations dans lesquelles le chercheur participe à


l’activité des personnes observées.
Observer pour enrichir la collecte de
données primaires
 Observer pour aller au-delà des entretiens: l’observation directe permet de collecter des
données peu accessibles par d’autres moyens d’enquête. L’observation permet de repérer les
éléments tacites et de donner accès aux éléments implicites des discours des personnes interrogées,
grâce à une forme de socialisation de l’observateur.

 Observer pour éviter les biais de reconstruction a posteriori: l’observation offre la possibilité
d’accéder en temps réel à l’objet de recherche.
Outiller l’observation: prises de notes, enregistrement
audio et vidéo

 La prise de notes: les notes de terrain portent directement sur les situations observées.
Elles relèvent principalement les faits et les gestes des personnes observées, leurs
conversations et les contextes de leurs activités.

 L’emploi de la vidéo: filmer les acteurs en situation, dans leur environnement habituel,
n’est pas toujours facile.
Les techniques d’analyse qualitative

Une particularité principale de l’analyse qualitative réside dans le fait que les mots et/ ou les éléments
non verbaux issus des observations, entretiens, documents, etc. réunis par le chercheur ne sont pas
immédiatement accessibles à l’analyse ( Gavard-Perret et al.,2012).

« L’analyse qualitative est un exercice intellectuel pour faire émerger du sens » (Paillé et Mucchielli,
2003).
L’analyse de contenu

 L’idée centrale dans l’analyse de contenu est que les nombreux mots du texte sont classés
dans un nombre beaucoup plus petit de catégories.

Démarche générale:

 La préanalyse: Cette première phase renvoie à la lecture « flottante » que le chercheur doit
faire.

 L’exploitation du matériel: doit aboutir au codage des données.

 Le traitement des résultats et l’interprétation


Préparation du corpus

 Intervention sur le corpus:

Les données qualitatives textuelles peuvent nécessiter certains traitements préalables de


transcription, de correction et d’organisation .

 Indexation:

Le chercheur doit étiqueter/ numéroter chaque document, numéroter les pages, paragraphes et
autres sous-unités de texte pertinentes.
Catégorisation/ codage

Le codage correspond à une transformation, effectuée selon des règles précises, des données
brutes du texte.

 La rubrique

 La catégorie
Catégorisation/ codage

La rubrique

 La rubrique permet en lecture rapide de poser une étiquette sommaire sur un extrait, mais
sans délivrer d’informations sur le sens contenu dans cet extrait.

 Elle s’apparente à un simple étiquetage qui permet de repérer les grands groupes
d’éléments et de les différencier les uns des autres.
Catégorisation/ codage

La catégorie

 La catégorie se situe dans son essence, bien au-delà de la simple annotation descriptive ou
de la rubrique dénominative, elle est l’analyse.

 La catégorie est un condensé de significations.


Exemple
Extrait Rubrique Code Catégorie Code

« La stratégie du groupe a pour objectifs: Stratégie STRAT Leviers LEV_STRA


-le développement de ses activités stratégiques T_UTIL
d’exploration et de production, utilisés
-Le renforcement de sa position parmi les
leaders sur les marchés du gaz naturel,
-La consolidation de ses parts de marché
dans le marketing en Europe, tout en se
développant sur les marchés en croissance
rapide du bassin méditerranéen, d’Afrique et
d’Asie,
-La rationalisation de son portefeuille
Chimie en donnant la priorité à
l’amélioration de la rentabilité et au
développement des activités
pétrochimiques… »
Le codage

 Codage émergent: ne repose pas sur des catégories déjà constituées. L’idée est de faire

apparaitre les mots clés du corpus.

Le fil conducteur consiste à trouver des similarités, des analogies, ou au contraire des

différences, des oppositions et de procéder par rassemblements successifs des mots clés.

 Codage a priori: le chercheur construit une grille de codage sur la base d’une théorie

existante, d’un modèle déjà construit.

Il s’agit de confronter les différentes unités du corpus aux catégories définies a priori.
Analyser les données codifiées

• Le chercheur doit faire parler les données et vérifier si les tendances s’en dégagent, c’est-à-
dire si certaines évidences de différentes sources convergent vers des faits similaires (Yin,
1981)

• A l’étape de l’interprétation des données, le chercheur doit laisser aller sa créativité, son
imagination et concrétiser ses intuitions par rapport à l’explication du phénomène auquel il
s’intéresse.
Illustration par les verbatim

 Une analyse qualitative gagne à être illustrée le plus précisément possible par des citations

ou verbatim, extraits du corpus.

 Par les verbatim, le chercheur permet à toute autre personne de vérifier la pertinence du

codage proposé.
Autres formes principales d’analyses

Les formes existantes d’analyses qualitatives sont très nombreuses.

 L’analyse thématique:

Son fonctionnement n’est guère différent de celui de l’analyse de contenu. L’objectif est de
trouver les thèmes récurrents entre les différents documents ou entretiens du corpus et les
contenus qui s’y rattachent.

A la différence d’une analyse de contenu, l’analyse rhématique n’oblige pas le chercheur à


traiter de manière systématique la totalité des données du corpus.
L’analyse thématique

 Analyse verticale: consiste à travailler document par document, et de repérer au sein de


chaque document, les mots et idées clés, les thèmes qui lui sont propres.

 Analyse horizontale: se veut transversale, elle consiste à repérer les récurrences et


régularités d’un document à l’autre à l’intérieur du corpus total.
Analyse contextualisante

L’objectif est de faire parler un corpus en le mettant en rapport avec différents contextes
susceptibles de l’éclairer et de lui donner du sens.
Le contexte peut être historique, politique, sociologique, etc.
La qualité d’une analyse de données
qualitatives
 L’analyste doit s’assurer, par différents moyens, de ne pas se laisser aller à trop de
subjectivité dans l’analyse des données qualitatives qui nécessitent une interprétation plus
ou moins importante, selon l’objectif de recherche.

 Il s’avère nécessaire pour améliorer la qualité d’une analyse qualitative de s’assurer qu’elle
contient les caractéristiques suivantes (Weber, 1990):

 La stabilité: un codeur doit être capable d’obtenir, sur le même corpus, des résultats
identiques plusieurs fois de suite.

 La reproductibilité des résultats: le chercheur doit préciser la démarche adoptée.


La qualité d’une analyse de données
qualitatives

Pour améliorer la crédibilité d’une recherche qualitative, il est conseillé d’utiliser la

triangulation des données et des méthodes d’analyse, etc.


L’analyse des données quantitatives

L’analyse statistique nous réserve trois différentes méthodes pour décrire et expliquer les données

quantitatives:

 Les tableaux statistiques

 Les représentations graphiques

 Le calcul des différentes caractéristiques des populations étudiées


Les tableaux statistiques

 Les distributions non groupées: il s’agit de grouper toutes les observations et de les présenter
sous une forme plus simple à comprendre et à interpréter.

Modalités Effectifs Fréquences


M1 n1 f1=n1/n
M2 n2 f2=n2/n
M3 n3 f3=n3/n
M4 n4 f4=n4/n
Total n 1
Les tableaux statistiques

 Les distributions non groupées: exemple

Secteurs Effectifs Fréquences

Primaire 725

Secondaire 905

Tertiaire 1000

Total 2630
Les tableaux statistiques

 Les distributions groupées: les valeurs observées sont trop nombreuses et sont alors groupées
sous forme de classes distinctes.

Classes Effectifs Fréquences


[a,b] n1 f1
[c,d] n2 f2
[e,f] n3 f3
Total N 1
Les tableaux statistiques
 Les distributions groupées: exemple

Salaires Effectifs Fréquences


[5000, 15000] 125 0.71
[15000,20000] 25 0.14
[20000, 30000] 15 0.09
[30000, 35000] 10 0.06
Total 175 1
Les représentations graphiques

La représentation graphique est un deuxième moyen statistique qui sert à déceler et visualiser les principales
caractéristiques des données.
Différents modes de représentation graphique sont possibles, selon la nature de la variable étudiée.
Les représentations graphiques
La variable qualitative

6
 Diagramme en tuyaux d’orgue:
5

0
Catégorie 1 Catégorie 2 Catégorie 3 Catégorie 4
Les représentations graphiques
La variable qualitative

 Diagramme circulaire :

1er trim. 2e trim. 3e trim. 4e trim.


Les représentations graphiques
La variable qualitative

Secteurs d’activité Effectif d’entreprises

Primaire 15 200

Secondaire 23 850

Tertiaire 12 600

Total 51 650
Les représentations graphiques
La variable quantitative discrète

 Diagramme en bâtons : Le polygone de


fréquences
70

60

50

40

30

20

10

0
1/5/2002 1/6/2002 1/7/2002 1/8/2002 1/9/2002
Les représentations graphiques
La variable quantitative continue

 L’histogramme:
La réduction des données

La réduction des données observées consiste à les traduire en caractéristiques principales. L’objectif est de

porter des jugements sur les unités statistiques observées.

Les paramètres les plus utilisés sont les caractéristiques de tendance centrale: les quatre M (mode, médiane,

médiale et la moyenne).

Ces caractéristiques sont les plus utilisées dans un premier travail de description
Les caractéristiques de tendance centrale

Elles constituent les statistiques les plus utilisées dans un premier travail de description: le mode, la
médiane, la médiale et les moyennes.
Le mode

 Le mode correspond à la modalité observée le plus grand nombre de fois dans la série

statistique.

 Dans le cas d’une variable quantitative continue, on parle de classe modale, qui correspond

au grand effectif dans la distribution. La détermination d’un point modal dans ce cas, peut

se faire en utilisant la méthode de l’interpolation linéaire ou la méthode graphique.


Le mode
 Exemple:
La méthode graphique

Ages Effectifs
[5-10] 45
[10-15] 55
[15-20] 30
[20-25] 15
[25-30] 20
Total 165
Le mode
 Exemple: La méthode algébrique

Ages Effectifs
[5-10] 45 Mo=L1+(d1.a/(d1+d2)
[10-15] 55 L1: la limite inférieure de la classe modale.
[15-20] 30 D1: la différence entre l’effectif de la classe modale et
[20-25] 15 l’effectif de la classe précédente.
[25-30] 20
D2: la différence entre l’effectif de la classe modale et
Total 165
l’effectif de la classe suivante.
A: l’amplitude de la classe modale.
La médiane
Elle correspond à la valeur de la distribution statistique telle que la moitié des observations lui
sont inférieurs ou égales et l’autre moitié des observations qui restent lui sont supérieurs ou
égales.

Me

50% 50%

Le mode de calcul de la médiane change selon la nature de la variable statistique.


La médiane
 Cas de variable discrète:
 Si n est impair la Me est représentée par la valeur de rang (n+1)/2
Exemple:
Si on prend l’exemple des notes des cinq premiers étudiants dans une classe:

Notes Effectif
20 1
16 1
15 1
12 1
10 1
Total 5
La médiane
 Cas de variable discrète: (n est impair: suite)

On classe les notes dans un ordre croissant: 10; 12; 15; 16; 20

on aura par conséquent comme résultat de la médiane la valeur qui correspond à la modalité
X(5+1)/2, tel que:
n=5 donc Me=X(5+1)/2=X3= 15

La médiane correspond à la 3ème valeur, c’est-à-dire la 3ème note égale à 15.


La médiane
 Cas de variable discrète:
Si n est pair alors Me est égale à: Me= ½ (Xn/2+ xn/2+1)
Exemple:
Notes Effectifs
20 1
15 1
14 1
12 1
10 1
8 1
Total 6
La médiane
 Cas de variable discrète: (n pair: suite)

On classe les notes par ordre croissant:

8; 10; 12; 14; 15; 20

Tel que n=6 donc Me= ½( X3+x4)= 13


La médiane
 Variable discrète non unitaire:
Supposons que le nombre de notes de dix étudiants dans une classe s’établit comme suit:
10/ 12/ 20/ 10/ 15/ 12/ 14/ 12/ 14/ 15

Notes Effectif
10 2
12 3
14 2
15 2
20 1
Total 10

La médiane correspond à la valeur de rang (n+1)/ 2: n+1/ 2= (10+1)/2= 5.5


Elle est donc la 5,5 valeur dans l’ensemble de ces données.
La médiane
 Suite:
Nous devons calculer les effectifs cumulés:

Notes Effectifs Effectifs cumulés


10 2 2
12 3 5
14 2 7
15 2 9
20 1 10
Total 10

La médiane (5,5 valeur) se situe entre les deuxième et troisième valeurs. Par conséquent, la médiane se situe entre
les notes 12 et 14 de la classe.
Si on calcule la moyenne de ces valeurs, le résultat est de 13.
La médiane
 Variable continue:
La médiane est déterminée par la méthode de l’interpolation linéaire dans la classe médiane.
On doit procéder au calcul des ni cumulés croissants et déterminer la classe médiane.

xi ni Ni croissants
20-30 10 10
30-40 20 30
40-50 15 45
50-60 25 70
60-70 30 100
Total 100

La médiane correspond à la valeur de rang n/2 donc 100/2=50


Elle se trouve dans la classe médiane 50-60, d’où la méthode de l’interpolation linéaire.
La médiane
 Variable continue: (suite)

50 Me 60
45 50 70

60-50/ 70-45= Me-50/ 50-45

Donc la médiane est égale à: Me=(10x5)/25 +50= 52 um (um=100 dhs)

Le salaire médian est de 5200 dhs.


La médiale

 La médiale désigne la valeur de la distribution statistique qui partage la masse totale ε ni


xi et non les observations comme dans le cas de la médiane, en deux parties égales.

 La méthode de calcul est pratiquement la même que celle de la médiane, sauf qu’on se

base sur ε ni xi .

Donc on calcule la moitié de la masse totale: ( ε ni xi /2) et on détermine les ni xi croissants et

ensuite la classe médiale.


La médiale

xi ni Ni croissants ci Ni ci Ni ci
croissants

20-30 10 10 25 250 250


30-40 20 30 35 700 950
40-50 15 45 45 675 1625
50-60 25 70 55 1375 3000
60-70 30 100 65 1950 4950
Total 100 4950

La médiale correspond à la valeur pour laquelle la somme des observations qui lui sont inférieures est égale à
4950/2=2475, qui correspond à la classe médiale 50-60
La médiale

50 Ml 60
1625 2475 3000

60-50/ 3000-1625= Ml-50/2475-1625

Ml=56,18 u.m
La moyenne arithmétique

 Dans les caractéristiques de tendance centrale, la moyenne arithmétique demeure l’outil


statistique le plus utilisé et le plus significatif. Elle est égale à la somme des valeurs
observées divisée par le nombre total des observations.

Dans le cas d’une série statistique unitaire: X = ε xi/ n

Dans le cas d’une variable discrète: X= ε fi xi

Dans le cas d’une variable continue: X= ε fi ci


La moyenne arithmétique
 Exemple:

Ventes mensuelles Nombre de Ci nici


boutiques
100-110 10 105 1050
110-120 14 115 1610
120-130 20 125 2500
130-140 25 135 3375
140-150 13 145 1885
150-160 10 155 1550
160-170 8 165 1320
Total 100 13290

 X= 13290/100=132, 9
La préparation du travail de rédaction
Une nécessaire réflexion éthique et déontologique

Les technologies de l’information et de la communication rendent facile la violation des droits de

propriété intellectuelle.

 La falsification des données: désigne la publication de données fausses, volontairement manipulées

pour arriver au résultat espéré.

 Le plagiat: consiste à copier un auteur en s’attribuant des passages de son œuvre.


La structuration du contenu

Cadre conceptuel et
Introduction Revue de littérature Analyse de résultats Conclusion
méthodologie
L’introduction

 L’introduction doit donner envie au lecteur de se plonger dans l’ensemble du document.

 Elle doit expliquer très clairement l’objet de recherche et montrer l’importance du sujet.

Contexte et objet de recherche

Introduction
Questions de recherche et méthodologie

Contributions de la recherche

Organisation de la recherche
La revue de littérature

 La revue de littérature a pour objectif de mener une analyse critique en lien avec les questions de

recherche et elle permet de bâtir le cadre théorique de la recherche.


Le cadre conceptuel et la méthodologie de
recherche

 Le cadre conceptuel permet au chercheur de décrire son propre cadre de recherche, d’en montrer

l’originalité et la faisabilité.

 La description des choix méthodologiques doit être précise pour permettre à tout chercheur de répliquer

la mesure.
L’analyse de résultats

 L’analyse des résultats repose sur un exposé des résultats, suivi d’une discussion.
La conclusion

 La conclusion est une partie extrêmement importante.

Objet de la recherche

Contributions clés
Conclusion

Limites

Perspectives de recherche
Merci de votre attention

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