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LAPETER,

R T
DE 1

ESSAI
THÉORI-PHYSIQUE
ET MÉTHODIQUE,
A l'usage des Personnes cOliflipées, des
Personnages graves & austeres des
Dames mélancoliques, & de tous, ceux
qui font esclaves dupréjugé

REINE DES
iit
Suivi derhifloire de PsT-E N-L-A
AMAZONES,
la.
Tort vu
de

trouve l'origine des Vuidarigeuts.


NOUVELLE ÉDITION.
Augmentée de laSociété des FRANÇ$-PÂTEUHSM
y
pour ceux qui délireront être initiés.

ENWESTPHALlÉy
•p';f-
Ghe? FILOP,ENT-Q, rue Pet-en-Gueule,
auSoufflet.'-À-V'
M.DCC. LXXVI.
A
LEURS EXCELLENCES
i MESSEIGNEURS
CARNAVAL
ET
CAREME-PRENANT.

Messeigneurs,

Soxx quelsauspices> inieux


s que
fous ceux deVos EXCELLEN-
CES , pouvait paraître/'Art de
PéterEtqu'ejl- il besoin d*expo-
ferici les raisons que j'ai de vous
?
l'offrir Le Public les fait déjà
: il
toutes fait que cet Ouvrage
été entrepris & compafé avec votre
a

aveu Sf que CARNAVAL &


,
CAREM E-P RENAN T doi-
vents'intéresserau fort d'un Livre,
quisérvira à son Auteur de voiture
- dans la route de l'immortalité.
D'ailleurs bien
capables yous-
mêmes de le produire, qui feroit

YQ$ fixentZtEWÇE f
plus capable d?ensentirleprix que
f
JE devroisfaireici
,
Sr Célébrer votre origine
votre élogt
qui va
Jeperdre dans les fièc/es dont on ne
Je fluvient-plus; je parcourrois

Aïeux ;
enjuitel'HiJloire de vos illustres
je passeroisenjin à vos

rité de passèr en proverbe;


vertus & à vos talens qui ont mé-

la connoissance que j'aide ma


mais

mal-adrejfey & la peur que j'au-


Vos
s
rois de caffir les nés de
ExcÈLLENeE à COUpS
d'elzcenjôir, ne me permettent pas
d'en courir les risques
à la tete
d'un Ouvrage où vousaurei fou-
vent besoin de ce précieux organe.

JE fuis avec un profond refpecl


& un dévouement continuel,

MESSBZCNEURS;
*

DE VOSEXCELLENCES;

Le très-humbletrès-
obéissant Serviteur,
CAPUT APRINUM CELERRIMUM.
* AU LECTEUR.

vous ne
vous le faites
A

Iz*efl honteux

deveï le faire (*

(*) Si
VIS
,
Leéleur, que
depuis' le 'temps que vous pétez
fachteïpas
, ).
encore comment
& comment vous
,
,

l'on se rappelle que de graves Auteurs


se (ont exercés par plaisanterie sur des matieres
plus indécentes encore; que le célébré Dotteur
Swift a fait un Traité de la Chaise percée Se des
Latrines publiques qui a pu donner l'idée de
,
l'Art de se débarrasser du superflu des aliments9

;
si bien détaillé dans la premiere dissèrtation des
Mémoires de l'Académie Troyenne enfin, si l'on

bauche de Carnaval ,
peutconifdérer cette Brochure comme une dé-
elle pourra trouver grâce
On s'imagine communément que
les pets rie différent que du petit au

fiere.
grand, & qu'aufond, ils font tous
de lamême eJpèce : erreurerreur grof-
groj^

,
Cette mature que je vous offre
aujourd'hui analysée avec toute
rexactitude pojJihle, avoit été ex-
,
trêmementnégligéejusqu'àpréfet;
non pas qu'on la jugeât indigne
d'être maniée, mais parce qu'on
ne Veftimoit pas susceptibled'une
certaineméthode & de nouvelles
découvertes.On se
trompoiu
Péter efl un art, & par consé-
quent> une chose utile à la vie s
comme, diflntLucien, Hermogene >
Quintilien, &c. Il efl en effet plus
cffentiel qu'on ne pense ordinaire-

aux yeux des Lecteurs les plusséveres, &peut-


être même dérider leur front fédeu.
«
mentdesavoir péter> propos.à
poursortir,
Un PET qui, a fait un
vain effort
Dans les flancs déchirés reportant sa
furie,
Souvent cause la mort.
D'un mortel constipé qui touche au
sombre bord

vie. , pourroir
Un PET à temps lâché,
la
sauver

& avec goût


fèraifintir
,
Enjin oh peut peter avec règle
comme je vous le
dans toute lafuite de
cet Ouvrage.
Je ne balance donc pas à faire
part au Publicde mes recherches
& de mes découveites, sur un Art
dont on ne trouve rien de satisfai-
sant dans les plus amples Dic-
:j ,
tionnaires &en effet il n'y cjl
incroyabk),,
pas quejlioh (chofl
", de lanomenclature mime decet
Art ydont je pré/enteaujourd'hui
lesprincipesauxCurieux.
ART
L'
DE-PETER.
EXORDE PÉRIODIQUE.
Co MME

préhendé admonesté
,
,
ainsi foit que MARC-
TULLE-CICERON ait repris, re-
blâmé &
vitupéré Panastius (offic. z.), de

matiere sans la définir,


s'emberner jusqu'au nez dans la
& sans
;
faire sentir à ses Auditeurs cedont
est question comme ainsi foit aussi
que cet inimitable Orateur ait dans
le même Livre des Offices, oublié
aüssi-tôt lui-même un conseil si
fage, siprudent,sisàlutaire & si
:
bien placé nousquivoulons éviter
les reproches que nous pourrions
nous attirer avecjultice, en tom-
bant dans le mêmedéfaut, & pro-
fiter de l'avis, des remontrances,
des leçons & des foutes de l'Ora-
teur Romain, nous n'attaquerons
& ne traiterons pas méthodique-
ment dupet, qu'au préalable, nous
n'en ayions donné une définition
authentique & satisfaisante.
PREMIERE PARTIE
Des Pets proprement dits. ;

CHAPITRE PREMIER.
Définition du Pet en général.
L E pet que les Grecs nomment
7ro^j les Latins,Crépitus ventris;
l'ancien Saxon, Purten ou Furten;
,
le haut Allemand Fartzen 8c
l'Anglois,Fart est, un composé
devents qui sortent tantôtavec
bruit, & tantôtsourdement&sans
en faire.
Il y a néanmoins des Auteurs
afîez bornés &même assez témé-
JWespour foutçnir avec abfutfUtç
arrogance & opiniâtreté, malgré
Calepin & tous les autres Diction-
naires faits ou à faire, que le mot
pet, proprement pris, c'est-à-dire,
dans son sens naturel, ne doit
s'entendre que de celui qu'on lâche
avec bruit; & ils se fondent surce
vers d'Horace qui ne suffit point
pour donner l'idée complette du
pet. -
Nam difplofa sonat quantum rifica
pepedi. SAT. 8.
J'ai pété avec autant de tintamar-
,
re qu'en pourroit faire une vessie
biensoufflée.
Mais qui ne fènt pas qu'Horace

,
,

le
dans ce vers, a pris motpedere,
péter
& qu'étoit-il besoin,
dans un sens générique
pour faire
entendre que le mot pederesigni-
?

en for ? St.-Evremond ,
,fie un sonclair, qu'il se restreignît
à expliquer l'espèce dupetqui éclate
tant
agréablePhilosophe, avoit un idée
cet
àxxpkt bien différente de cellequ'en
-
a le
prise vulgaire
soupir; &, il
: félon
disoit
lui, c'étoit
jour à
un un
sa maîtresse devant laquelle il avoit
fait un pet :
Mon cœur, outré de déplaisirs,
Etoit si gros de Tes soupirs
Voyant votre humeur si farouche,
Que l'un deux se voyant réduit
A n'oser sortir par la bouche,
Sortit par un autre conduit.

Le pet est donc, engénéral, un


vent renfermé dans le basventre,
causé, comme les Médecins le pré-
tendent, par le débordement d'une
pituite attiédie, qu'unechaleur foi.
; ,
ble a attenuée ei, détachée sans la
dissoudre ou produite félonles
paysans & le vulgaire, par l'usage
de quelques ingrédients venteux
ou d'aliments de même nature. On
peut encore le définir, unair com-
primé, qui, cherchant à s'échapper,
parcourt les parties internes du
corps}&fortenfin avecprécipita*
tioti quand iltrouve uneissue que
la bienséanceempêche de nommer.
Mais nous ne cachons rien ici;
cet être se manifeste par l'anus,
foit par un éclat, foit làns éclat:
ta ntôt la nature le chasle sans efforts,
& tantôt l'on invoque le secours de
,
Fart, qui, à l'aide de cette même
nature lui procure une naissance
aiséé,cause de la délégation,sou-
vent même de la volupté. C'est ce
qui a donné lieu au proverbe, que
Pour vivre fain & longuement3
Ilfautdonner àsonculvent.
Mais revenons a notre définition,
& prouvons qu'elle est conforme
aux regles les plus faines de la
Philosophie, parce qu'elle renfer-
me le genre, la matiere & dif-la
sérence, quià nempe confiâtgenere,
materiâ& differentiâ, I°. Elleren-
ferme toutes les causes & les espè-
;
ces nous le verrons par ordre
2.°. Comme elle est confiante par
;
le genre, il n'y point de doute
qu'elle
éloignée,
qu'elle ne le foit aussi par sa cause
quiest celle qui engen-
dre les vents, savoir lapituite, &
les aliments mal atténués.Discu-
tons ceci avec fondement, avant
de fourrer le nez dans les espèces.
Nous disons donc que la matiere
du petest attiédie & légèrementat-
ténuée.
Car de même qu'il ne plut ja-
mais dans les pays les plus chauds,
ni dans les plusfroids, la trop
grande chaleur absorbant dans ces
premiers climats, toutes fortes de
fumées & de vapeurs, & l'exces-
;
sive gelée empêchant dans les au-
tres, l'exhalation des fumées com-
il
me au contraire pleut dans les
(
régions moyennes & tempérées
comme Font très-bien observé
Cardan)
Bodin, meth. hill. Scaliger &
: de même , aussi lorsque
la chaleur estexcessive, non-seule-
ment elle broye & atténue les ali-
mens, mais elle dissout & consume
toutes les vapeurs, ce que le froid
ne sauroit faire, & c'est
l'empêche de produire la moindre
ce qui
fumée. Le contraire arrive lorsque
la chaleur est douce & tempérée.
Sa foiblesse l'empêche de cuire
parfaitement les aliments .;
les atténuant que légércment, W
& ne
pituite du ventricule & des intestins
peut exciter beaucoup de vents qui
deviennent plusénergiques en pro-
portion de laventosité des aliments,
lesquels mis en fermentation par la
chaleur médiocre procurent des
,
fumées fort épaisses & tourbillon-
nantes. On fent cela nettement par
la comparaisôn du printemps& de
l'automne, avec l'été & l'hyver, &
par l'art de la distillation au feu 1

médiocre. I
CHAPITRE II.
Desdifférences du Pet, notamment
du Pet & du Rot, & démonstra-
tion totale de la définition du
PET.
N o u s avons dit plus haut que
le pet fort par l'anus. C'est en quoi
il differe du rot9 ou rapport Espa-
gnoL Celui-ci, quoique formé de
la même matiere, mais dans l'esto-
mac, s'échappepar en-haut, à cause
du voisinage de l'issue, ou de la
dureté & réplétion du ventre, ou
de quelques autres obstacles qui ne
lui permettent pas de prendre les
voies inférieures. Selon nos forma-
lités, le rotva de pair avec lepet,
:
quoique, félon quelques-uns, il foit
plus odieux que le pet même mais
n'a-t-on point vu, à la Cour de
Louis-le-Grand, un Ambassadeur,
au milieu de la splendeur & de la
magnificence qu'étaloit à ses yeux
étonnés cet auguste Monarque
lâcher un rot des plus mâles &: ,
assurer que, dans son Pays, le rot
fairoit partie de la noble gravité
,

qui y régnoit
conclure
?
plus
On ne doit donc
défavorablement
pas
contre l'un que contre l'autre; &
que le vent forte par en-haut ou
par en-bas, il y a parité, & il ne
doit rester aucun Scrupule là-dessus.
En effet, nous lisons dans FURE-
TIERE, Tome Z desonDiction-
naireUniversel,
Comté de
y
quedans îe
Suffolck,un vassàl de-
voit faire devant le Roi, tous les
>
jours de Noël un faut, un rôt,
& un pet.
Maisil
dans la
ne fàut pas mettre le rot
-

classe des vents coliquatifs,.


ni dans celle du murmure & du
gazouillement du ventre qui font
aussi des vents du même genre, &
qui grondant dans les intestins,tar-
dent
à se manifester, & font comme
le prologue d'une comédie, ou les
avant-coureurs d'une tempête pro-
chaine. Les Filles & les Femmes
qui se ferrent étroitement pour se
dégager la taille, y font particuliè-
rement sujettes. Dans elles, félon
Fernely l'intestin queles Médecins
appellent Ccecum, est si flatueux &
si distendu que les vents qu)il
contient ne font pas un moindre
combat dans la capacité du ventre
n'en faisoient, autrefois ,
que ceux
qu'Eole retenoit dans les cavernes
de ses montagnes d'Eolie : en forte
qu'on pourroit, à leur faveur, en-
sur mer,
treprendreun voyage de long cours
ou au moins en faire
tourner les moulins à vent.
Il ne nous relie plus ici pour la
,
preuve complette de notre défini-
tion qu'à parler de la causefinale

:
,&
du pet, qui, tantôt efl la fanté- du
corps désirée par la nature
tantôt une délégation ou un plaisir
procuré par l'art mais nous re-
mettons à en traiter avec les effets.
Voyez le Chapitre qui en parle.
Cependant*nous observons que
nous n'admettons point, & que
nous désavouons toute fin contraire
au bon goût & à la fanté, de pa-
reils abus ne pouvant trouver place
poliment& honnêtement au nom-
bre des fins raifbnnables &délec-
tantes.
CHAPITRE III.
Division du Pet.
A PRÈs avoir expliqué la nature
& la causedupet, il nous reste à
procéder à sa. justedivision, & à
examiner ses espèces différentes
,
pour les définir ensuite relative-
ment à leurs affections.
Prohléme.

Il s'éleve ici naturellement une


question : la voici.
Comment faire, dira-t-on la ,
juste division d'unpet? C'est un in-
crédule qui parle. Faut-il le mesu-
rer à l'aune, au pied, à la pinte,
mi
?
au boisseau Car, quæfunt cadem
tertio, funt inter se.
eadem
Non : & voici la solution qu'en a
donnée un excellent Chymifle ;
naturel.
; ,
rien même de plus facile & de plus
Enfbuez,dit-il
l'anus
votre nez dans
la cloison du nez divisant
l'anus également, vos narines for-
-
meront les bassins de la balance
donc votre nez servira alors. Si vous
(entez de la pesanteur en mesurant
le pet qui sortira,ce fera un figne
qu'il faudra le prendre au poids; s'il
;
est dur,;à l'aune ou au pied s'il

meleux ,
est liquide, à la pinte; s'il est gru-
au boisseau &c. mais si
vous le trouvez trop petit pour
faire l'expérience, faites comme
les Gentilshommes Verriers; souf-

,
flez au moule tant qu'il vous plaira,
je veux dire jusqu'à ce qu'il ait
acquis un volume raisonnable.
Mais parlons sérieusement.
Les Grimauds de Grammaire
;
divisentles lettres en voyelles & en
consonnes ces Messieurs effleurent
ordinairement la matiere : mais
nous quifaisons profession de la
faire sentir & goûter telle qu'el le
, -
eft»
caux, Muets
proprementdits.
,
est, nous divisonsles pets en lo-
& en ou VejJèa

Les Pets vocaux, fontnaturelle-


,
ment appellés Pétards,duinot
péter relativement aux espèces.
différentes des fons qu'ils produi-
sent, comme si le bas-ventre étoit
rempli de pétards. Consultez là-
dessus Willichius Jodochus dans
ses Thèses du P~~
Or, le Pétardestunéclat bruyant
engendré par des vapeurs sèches.
Il est grand ou petite,selon la
variété .de ses causes ou de-sescir-
confiances. -'
Le grand pétardeftpleni-yocal,
ou vocal, par excellence ; & le petit
s'appelle Jcrni-vocal.

Du PLEN/-VOCAL OU
GRANDP-E t. ,',:
LegrandPet-pétard,oupleni-
"*

vocal-plein, se manifeste avec grand


brIDt non-;seulement en raisondu
calibre ample& spâcieux qui le pro*
,
duit.,comme celui des paysans ;
mais encore à caufç de lagrande
multitudede vents causés par la
déglutition d'une quantité confidé*
rabled'aliments Hatueux, ou par
la médiocrité de la chaleur naturelle
du ventricule & des intestins. On
peut comparer ce phénixdes pets,
à Vexplofion des canons, des grqfc
ses velues, oc du vent des Pédales
&c. La démonstration des tonner-
res - par AriItophanes, n'en donner
,oit qu'une très-foible idée; elle
n'ce point palpable comme celle
des canons oc comme une dén
,
charge faite pour renverser des
,

lon ,
murs, ou pour ouvrirun batail-
ou pour saluer
quiarrive dans une ville
un Seigneur
ëcc.
I

,\
V 0 B J E C T TO N.
,
Des Adversaires du Pet.
Ce n'eflpointpar leftn que le
pet flous choque > disent-ils : s'il
u'avoitquedes MP-ROM TÙ1 P
;
harmonieux, loin denous offinfir
il sauroit nous plaire mais il est
i
toujourssuivi d'une odeurdisgra-
cieuse qui
:
compose son ejJênce, &

plutôt entendre qu , il
qui afflige notre odorat voilà en
quoi il efl coupable. Il nesyejl pas
fait -rfe
q u 1 disperse
lasérénitédenosvifâges quelque-
foismême affii traître pour nous
:
des cotpufcules infectsqui troublent

làisséprévoir
quer à la
, il
porter des coupsqu'ilne nous a pas
sourdine
vientnous atta-
; aJ!ê{ souvent
précédé d'un bruitsourd, isse fait
i suivre deplushonteuxsatellites, &
f
ne laisse jamais aucun douteJùrsa
tnauvaifecompagnie.
,; -
RÉPONSE.
C'ell bien mal connoitre lepet f
que de le croire si criminel &
coupa ble dç tant de grossiéretés,
Le,vravct ou le pet clair, n'a
pointd'odeur, ou du moins si peu
qu'ellen'a pas assez de forçe pour
traverserl'espacequi se trouve entre
son embouchure & le nezdes as-
sistants. Le mot Latin Crepitus ,
qui exprime lepet, ne sîgnifie qu'un
bruit sans odeur; mais on le con.-
fondordinairement aveç deux au-
tres ventosités mal-faifantes, donc
l'une attristel'odprat, & se nomme

pet muet, pu pet ;


vulgairement vesse,ou, si l'on veut,
féminin & l'autre
qui présente le plus hideux specta-
cle, que l'on nomme petépais,ou
ae
pet maçon. Voilà le faux prin-
cipe sur lequel se fondent les entÍe.
plis du pet; mais il est aisé de les
(confondre en leur montrant que
lç ~e~r~enemçntd~io~
>

c'- *
des deux monstres dont on vient
dé donner une notiongénérale.
,

corps , ;
Tout air qui s'entonne dans le
& qui après
comprimé, s'en échappe,
y avoir
se
été
nom-
me ventosité & par-là lepet clair;
la vesse & le pet de maçon, con-*
:
viennent entr'euxcommedans leur
genre mais le plus ou le
,
môinsde
sejour qu'ils font dans lé corps le
plus ou le moins d'âisance qu'ils

,
trouvent à s'échapper, constituent
leur différence & les rendent to-
talement dissemblables. Le - pet
clair, après s'être entonné dans lé
corps; parcourt sans obstacles les
différentes parties internes qui fé
trouvent sur son passage, & fort
avec plusou moins de fracas. Le
pet épais ou de maçon, après avoir
tenté plusieurs fois de s'échapper,
trouvant toujours les mêmes obs-
tacles, rebrousse chemin, parcourt
souvent le même espace, s'échauffe,
& se charge de différentes parties de
matiere grasse qu'ildétacheeû
chemin : ainsi affaissé par Son propre
poids, il vient se réfugier dans 14
basse région; & se trouvant enve-
loppé d'une matiere trop Jluide;,
qui n'attendoit elle-même que le
;
moindre mouvement pour faire
irruption
,
il décampe enfin sans
beaucoup de bruit & entraîne
avec lui tout le butin dont il s'est
chargé. La i>effe, également gênée

voyage que le pet de maçon elle


s'échauffe également, se charge en
:
& retenue aupassage, fait le même

chemin de parties graslès vient


, ,
solliciter sa lortie parles Pays-bas,
avec cette différence que trouvant
un terrein sec & aride,elle n'aç..

-a butiné en chemin ,
quiert point de nouveaux biens;
'fflais chargée feulement de ce qu'elle

; elle déloge
sans aucun bruit & fait part, en
fortgant, de ce qu'elle ade plus
disgracieux pour l'odorat.
Mais après avoir répondu aux
obje&ions des adversaires dupet,
reprenons notre division. ::,.:,' ,,:
Vr , ces pets ressemblent aux
éandns-, &c. ou aux tonnerres eA-i
-

riftophanes comme on voudra.


-
oucomposé *
Quoiqu'il en foie, ils font simple
Les pets simples consistént dans

,
un grand coup, seul & momen-
tané. Priape les compare comme
nous l'avons déja vue à des outrés
crevées* <
1

*
Difplo/a fl/tzat quantumvejica*

Ils se font,lorsque la matiere èti }

compôsée de parties homogènes,


lorsqu'elle est abondante, lorfquo
la fissure par on elle fort est assez
large ou assez distendue, ou enfin
lorsque le sujetqui les pouffe est
robuste & ne fait qu'un seulefforts
Les pets composés partent par

:
plusieurs grands coups, & éclat
par éclat semblables à des vents

aux autres ,
continuels qui se succèdent les uns
à peu près comme
quinze ou vingt coups de fusil tirés
de fuite, & comme circulairement.
On les nomme Diphtongues, ôc
l'on soutient qu'une personne d'une
forteconflitution en pourroit foire
:
une vingtaine tout d'une tire. -,"
CHAPITRE IV.
,
Raî/onPhysique ,
fins ou
Diphtongue.
tirée, du bon
-
Analyfl du PET
-,

LE
pet est diphtongue lorsque
l'orifice est bien large,que la ma-

gales ,
tiere est copieuse, lesparties iné-
mêlées à la fois d'humeurs
chaudes & tenues, froides & épais-
;
ses ou lorsque la matière ayant un
foyer varié, elle est obligée de re- .-

fluer dans différentes parties des


intestins.
Alors elle ne peutêtre réfoute
d'une feule fonte, ni se contenir
dans les mêmes cellules intestina-
les, ni être chassée d'un seul effort.
Elle est donc obligée de s'échapper
avec éloquence à intervalles variés
,
& inégaux, ju(qu'à ce qu'il n'en
resteplus, c'est-à-dire jusqu'au
dernier souffle. Et voilàpourquoi
,
leson se fait entendre à mesures
inégales &pourquoi, pour peu
qu'onfasse d'efforts, on entend
une canonnade plus ou moinsnom-
breuse, où l'on croit ques'ârticu-
lent desfyllables diphtonguées
telles que celles-ci,papapax, pa ,
pa pa pax,papapapapax, &c.-'
<^4RISTOPH. in nuhib. parce qu'a-
lors l'anus ne se referme pas exac-
tement, & que la matiere est vic-
torieuse de la nature. (.
Rien de plus joli que le mécha-
nismedespets diphtongues, & c'est
1

à l'anus seul auquel on en a l'obli-


gation. :

D'abord iro. Il faut..:'le supposer


âfîez ample par lui-même, & en-
touré d'un sphincter fort & élafii-
que.
i°. Il faut une suffisante quantité
de matiere égale pour produire
d'abord un petsimple.
,
3°. Après le premier coup, que
l'anus se refermemalgré lui mais
àon pas cependant si exactement
que la matiere qui doit être
,
plus

ter de l'orgasme
t
forte que la nature,ne puisse point
l'obliger de s'écarter & lui susci-
(de l'irritation).
4°. Qu'il se referme un peu, &
se r'ouvre ensuite, toujours al-
ternativement ; & combat aioli
avec la nature qui tend toujours à
expulser la matiere & a la dissoudre;
I 5°. Enfin, qu'il retienne, si le
cas l'exige, le reste des vents pour
les rendre dans un temps plus com-
mode. On peut appliquer ici l'épi-
gramme deMartial, liv. tz, oît
il dit & peditdeciesque viciefque, &c.

-
,
Mais nous en parlerons ailleurs.
C'est, sans doute de ces pets
diphtongues dont Horace fait l'hit
à
toire l'occasionde Priape. Il ra~
conte qu'un jour ce Dieu incivil
en lâcha un terrible, qui effarou-
cha une troupe de sorcieres occÙ.
pées à des enchantements dans son -

Yoifinage.- En effet, si ce pet n'eût


ité quesimple,vraisemblablement
frayées,
les sorcieresn'eussent poîntété e&
& n'eussent point aban-
donné leurs travaux magiques ni
leurs serpents, pour se réfugier
à toutes jambes dans la ville ;
mais il est probable que Priape
,
commença
éclat
par un petsimple avec
tel que Celui d'une vessie
bien tendue; mais que Ce bruit fut
aussi-tôt suivi d'un pet diphtongue;
& celui-ci d'un autre encore plus
,
fort,qui épouvantèrent les Magi-
ciennes déjà effrayées & les con-
craignirent de prendre effective-
;
ment la fuite. Horace ne s'expli-
que point lgà-dessus mais il est
visîble qu'il n'en a voulu rien dire
dans la crainte d'être diffus, &
qu'il ne s'est tû que parce qu'il
savoit
que chacun en étoit infor-
mé. Cette petite remarque nous
a paru nécéssaire , & convenir à
l'explication de cepassage qui ne
peut paroître obscur & difficile qu'à
ceux qui nesavent point de Physique:
nous n'en dirons pas davantage
CHAPITRE V,

-
Malheurs & accidents causésparles
Pets diphtongues. Hijloired'un
Pet quifit enfuir le Diable, &
.le rendit bien sot.Maisons déli-
vrées des Diables par la ml-
diation des Petsdiphtongues,
Raisons & axiomes,
Si le pet diphtongue estpluster-
rible que le tonnerre & s'il etl
constant que la foudre quile fuit
,
a écraséunç infinité deperfonnes,
a rendu sourds les uns, Ôc hébété
les autres, il eff: donc hors de
doute qu'un pet diphtongue, s'il ne
,
foudroyé pas est capable non-

,
seulement de causer tous lés ac-
cidents du tonnerre maisencore
detuersur le champ les gens spir
blés, d'un génie pusillanime &
,

:,

susceptibles depréjugés. Nous, POR*


tons ce
jugement en raisondes
ingrédients dont il est formé, &
de l'extrême compression l'air,de
qui,devenu libre, ébranle telle-
-

ment en sortant les colonnes de


,
l'air extérieur.,qu'il peut détruire,
déchirer & arracher en un clin-

,
d'œil les fibres les plus délicates
du cerveau donner ensuite jun
mouvement de rotation rapide à la
tête, lafaire tourner surles épaules
comme une girouette, brifer à la
fcptiemevertèbrel'étuide la moelle
allongée, & par cette destruction
.donner lamort.
,
,'.
Toutes ces causes fontproduites
par l'usage des raves,. des aulx
des pois, des feves, des navets, &
,
engénéral par tous les autres ali*
ments venteux dont on connoît les
vertusmaléficientes & quifor-
mentle ,
fort clair,successif & court
par intervalles que l'on entend lors
de l'éruption du pet. Hélas ! corn*
bien de poulets tués dans les œufs
vpmbiendefçetusavortés où £sots£
,
-
fésdans lefein

une
la
par même
diable
force

grande
de
de
l'explosion

aux
I
leursmeres

du malinesprit, y consentit fpus


Le
en a pris la fusite plus
dune fois. Entre plusieurs histoires
qu'on lit à ce sujet, je vais en rap-*
porterune,dont la vérité éft conG*
Le diable tourmentait depuis
long-temps un homme pour qu'il
se donnât alui. Cet homme
vant plus résister
ne
pou^
persécutions

trois conditions qu'il lui proposa


sur le champ, 110. Il lui demanda
quantité d'or & d'ar-
gent ; il la reçut dans l'instant.
2.0. Il exigea qu'il le rendît invifi^
ble; le diable lui en enfçjgna les
moyens, & luien fit, faire J'expé,.
rience sans l'abandonner. Enfin cet
homme étoit fprt embarrassésur
ce
,
qu'il lui propoferoit en troifie*
me lieu qui pût mettre lediable
-

dans l'impossibilité de lesatisfaire ; ,


& comme son génie ne lui four-*
fljffojt point à l'instantl'expédient
qu'il en attendoit, il fut saisi d'une
peur dont l'excès le servit par
hasard fort heureufementy & le

,
làuva. de la griffe. On rapporte que
dans ce moment critique il lui
échappa un pet diphtongue, dont le
tapageressembloit à celui d'une
décharge de mousqueterie. Alors
:
saisissant avec présence d'esprit cette
occasion, il dit au diable Je veux
que tu m'enfiles tous ces pets, & je
Juis à toi. Le diable essayal'enfile-
,
ment; mais quoiqu'il présentât d'un
côté le troude l'aiguille & qu'il
tirât de l'autre à belles dents, il ne
put jamais en venir à bout. D'ail-
leurs, épouvanté par l'horrible tin-
de
tamarre ce pet, que les échos
d'alentouravoient rédupliqué; &
confus, forcené même, de se voir
il
pris pour dupe, s'enfuit en lâ-
chantune vesse infernale qui in-
"feaa tous les environs, & délivra
de la forte ce malheureux du dan-
ger éminent qu'il avoit couru.
; Il n'estpas moins confiant par
- tout
,
les villages, les hameaux ;
tout l'univers, dans tous les Royau-
mes les Républiques, les villes,
dans
toutes les familles & les châteaux
decampagne où ily a des bonnes,
des vieilles & des bergers , dans
les Livres & les histoires anciennes,
qu'il s'est trouvé une infinité de
maisons délivrées des diables par
le secours des pets, sans doute des
petsdiphtongues. En effet, c'eflr le
;
plus grand spécifique que nous con-

,
noiflionspour bannir le diable &
l'Art de péter que nous présentons'
aujourd'hui en nous faisant des -
amis, nous attirera certainement la
bénédiction des peuples qui en fbnc

; ;;
tourmentés. Noussommes persua-
dés qu'ilfaut tromperVart par
l'art, la fourbeparlafourbe qu'un
clou pouffe Vautre qu'une grande
,
lumiereen effaceunepetite &que
les sons les odeurs, &c. en absor-
bentd'autres moinsfortes;partant,
J'Ange des ténèbres fera offusqué
par le -flambeau que nous mettons
,
..dans la main desmalheureux qu'il
séduira
aura
& quiconque le tiendra
à
plus rien craindre,
Le petit
;
: pet diphtongue est un
tonnerre depoche, quel'on trouve
font ;
aubesoin là vertu & sa salubrité
avives & rétroactives il est
<4'ua prix infini, & a été reconnu
pour tel dans l'antiquité la plus
;
reculéedelà
qu'ungros
le proverbe Romain
y
pet vaut un talent.
-
Ordinairement le pet
gue n'a pas de mauvaise odeur à ,
diphton-
:moins, qu'il ne foit engendré de
quelque putréfaction dans les in-
teftins,-ou qu'il n'ait séjourné &
couvé trop long-temps dedans ou
dessous un être mort qui commen-
çoit à se pourrir, ou à moins que
4es aliments que l'on a pris n'ayent
^té corrompus eux-mêmes. Pour
enfairele difeernement, j'enap-

,
pelle à l'odorat le plusfin ; le mien
n'y réuffiroir pas & le Lecteur

^cerveau comme moi.


:n'cft peut-êtrepoint enrhumé du
-
C HA P ITRE V I.
Du Semi-Vocal ou petit Petit,s
LEpetit pet, ou le semi-vocalf

de l'embouchure ,
est celui qui fort avec moins de
fracas que ,1egrand foie à eaufe
,
ou de PifTue
trop étroite du canal par où il
s'exprime, (comme font ceux des
;
Demoifelîes ) foit à causede
la petite quantité de vents qui se

;
trouvent renfermés dans les intes- ,

tins.
Ce petse divise en clair, moyen
& aspiré. ,-
Du Petclair.
Ce pet est un semi-vocal, ou
petit pet, composé d'une matiere
très-sèche & très-déliée., qui se
portant avec douceur le long du
,
canal de sortie, qui est fort étroit
souffleroit à peine une paille.
Demoiselle;
On Tappelle vulgairement pet de
il n'allarme point
les nez sensuels &n'est point
,
- indécent
comme la vesse & Jepet
de maçon.

Du pet afplrê.
,
Lepetaspiré est un petit pet
semi-vocal, composë d'une matiere
l'idée & le goût ,
humide & obscure. Pour en donner
je ne (aurois
mieux le comparer qu'à un pet
d'oie; & peu importe que le cali-
bre qui le produit, foit large ou
il
étroit; en si chétif, qu'on fent
bien qu'il n'est qu'un avorton.
le
C'est petordinaire des Bou-
langeres.
t
1 f DuPet moyen.
Ce dernierrient en quelque forte
un juste milieu entre le pet clair &
lepet asPiré; parce que la matiere
homogène dont il est composé,
étant de qualité & de quantité
gérée ,
médiocre, & se trouvant bien di-
elle fort d'elle-mêmesans
,
(
,
le moindre effort par l'orifice qui,
pour lors n'est ni trop ferré ni
trop ouvert. C'est le pet de ceux
qui s'ennuyent de leur pucelage,
& des femmes de Bourgmestres.

Caujes des Petsprécédents.


II y a trois causes principales de
la variété des fons dans ces trois ,

;
genres de pets comme dans tous
les autres (avoir la matiere du vent
la nature du canal, & la force du
Sujet.
1°. Plus la matiere du ventest
sèche, plus le son du petest clair;
plus elle est humide, plus if.ell'
obscur ; plus elle éA: égale& do
même nature,plus il eH. simple;
'<& plus elleest hétérogène,plus
inultifonore.,
le pet est
': 2°.Par rapport à la nature du
canal, plus il fera étroit, plus le
son fera aigu;plus il fera large,
plus le son aura de gravité. La
preuve résulte de la délicatessè ou
la
de grosseurdes intestins, dont
l'inanition ou la plénitude fait beau-
coup au son : car on fait que ce qui
est vuide, est plussonore que ce
quiest plein.
Enfinlatroisieme cause de la dif-
sérence du son , consiste dans la
vigueur & dans les forces du sujet ;
.Car plus lanature pouffe fortement
&vigoureusement, plus le bruit
xlu pet est grande & plus ce der- H
nier est étoffé.. I
:,' Il est donc clair que e efl
-
de là E
différence des causes que naît celleB
dessons.On le prouve facilement
parl'exemple desflûtes, des trom- I
pettes 6c des flageolets. Un flûte à
parois épaisses & larges, donne un
son obscur ; une flûte mince ôc

flûte dont les


;
étroite, en rend un clair & enfin
paroistiennent le
une
milieu entre l'épais & le mince,
rend un son mitoyen, La constitu-
tion de l'agent est encore une cause
qui prouve cetteassertion. Que
quelqulun, par exemple, qui a le
vent Bon, embouche unç trom-
pette , il en tirera infailliblement
des(fons très-forts; & le contraire
arrivera, s'il a l'haleine foible &
courte. Disons donc que les instru-
ments à vent font bien inventés &
bien utiles pour rappréciation des
;
pets que par eux on tire des con-
jectures très-certaines, s'il y en a,
de la différence des fons des pets.
O admirables flûtes, tendres fla-
geolets graves cors dechasle !
,
&c. vous êtes bien faits pour être

: on
f

cités dans l'art de péter quand


vous embouche mal & vous fa-
vez rendre une raison juste d'un
bouchehabile
soufflez
ciens.
vous
donc
fait
,
ion perçant ougrave, quand une
résonner
habilement
,; -
:
:
Musi-

.A..,
CHAPITRE
CHAPITR 1

EVII.
Queflionmuflcalc. Duo singulier.
Belle inventionpour faire enten-
dre un concert àun sourd.
UN savant Allemand proposé
1

a
;
ici une question fort difficile à ré-
lavoir s'il. peut y avoir de
;
foudre
lamusique dans les pets?
il y a dela musique
Distinguo
dans les pets diphtongues, concedo
dans les autres pets, nego,
;
Lamusique qui résulte des pcts
diphtongues, n'estpas de celle qui
s'exprime par lavoix, ou par l'ini-
pulsion de quelque chose desonôre
comme"d'un-violon, d'une guit-
,
tarre, d'un clavecin, &c. Elle ne
dépendque duméchanisme du
sphincter de l'anus, qui se resser-
rant ou s'élargissantplus ou moins,
forme des fohs tantôt graves &- ,

tantôt aigus: mais la musique en


question est du genre de celle qui
s'opete par le souffle; &, comme
nous l'avons dit plus haut, elle est
analogue aux Tons de la flûte, de
Or,
la trompette , desflageolets, &c.
les pets diphtongues font les

,
seuls capables' defaire de la mufw
relativement à leur nature ,
que

;
comme on peut le voir, Chapitre3,
de ladivisïondupet donc il peut
la
y avoirde musique dans les pets.
L'exemple suivantéclaircira ençore
mieux la question.
,
Deux petits garçons, mes com-
pagnons d'école avoientchacun
un talent dont ils
:s'amusoient
vent & moi aussi l'un rottoit tant
qu'il voilloitsurdifférentstons,&
fou-

l'aiitre pétoit de même. Le der-


nier, pour y mettre plus d'élégance
& de raffinement, se fcrvoit d'un
à
petit clayon egoucrer des fioma-
sur lequel il ajuftoit une feuille
ges,
(le papier ; puiss'asseyant? dçffysjk
nnd,$c tortillant les feffcs, il ren-
doit des fons organiques & flûtés
de toute espece. J'avoue que la mu-
lique n'en étoit pas bien harmo-
nieuse, ni les modulations fort fa-
vantes; qu'il feroit même, difficile
d'imaginer des regles de chant pour
un pareil concert, & de faire aller
çnfemble comme il faut les bas &

les, les hautes & baffes contres


mais j'ose avancer qu'un habile
:
:
hauts dessus, les tailles & baffertail-
-
maître de musique en pourroit ti-
rer un systême
transmis à la postérité ,
originaldigned'être
& inferit
:
une diatoniquedistribuée à
dans l'art de la composition c'efl
la Py-
thagoricienne, dont on trouvera les
Chroma en ferrant les dents. On y
réuffiroit certainement, en ne s'é-
carrant point desprincipes & des
notions que - nous avonsdonnés
précédemment. Le tempérament
& le régime des personnes servi-
ront dans cette opération de flam-
bçalt, & de bouuble. Veut-on o b-
-

à'
?
tenir des fons aigus adressez-vous
à uncorps rempli de fumées fubti-
les & à un anus étroir. Voulez-vous
des fons deux fois plusgraves
- ?
faites jouer un ventre plein de fu-"
mées épaiffcs, & un cqnal large.

;
Le sac à vents fees ne rendra que
à
des fons clairs le sac vents hu-
mides n'en produira que d'obscurs.
En un mot, le bas-ventre eH: une
orgue polyphtongue qui rend plu-
,
d'unmagasin ,
sieurs fons ; d'où l'on peut sans
se gêner beaucoup, tirer, comme
au moins douze
tropes ou modesdefons, dont on
choisira feulement ceux qui font
consàcrés aux agrénlents, tels que
Je Lyxoleidien, l'Hypolyxoleidien
Je Dorique, &l'Hypodorique :
car
,
en Jes employant cous indistincte-
menc, &en anMant les fimà-vo-*
caux; on diminueroit les fons au
pointqu'on ne les entendroit pas
bien on feroit, à
runulbn, plu-
;
ou
,
fleurs fons aigus ou graves qui ren-

-',
droient lg'touss'ue inspide ~d~
, J
fagréable; ce- qu'on ne toléreroit,
tout au plus que dans un charivari
ou un grand-chœur. Un axiome de
philosophie mettra en garde contre
cet inconvénient; ce qui est trop
sensible détruit le sentiment : àfin-

,
sibili in supremo gradudestruitur
sensibile. On ne fera donc rien que

;
de modéré
plaire
& l'on fera sur de
autrement on épouvante-
roit, en imitant les fons, bruyants
des catarages de SchafFoufe , des
montagnes d'Espagne, des sauts de
Niagara ou de Montmorency dans
le Canada, qui rendent les hommes
sourds & font avorter les femelles
avant qu'elles soientgrossès.
Cependant le son ne doit pas
être si foible qu'il fatiguel'Au-
-

,
diteur en lui faisant faire detrop
grands efforts, & l'obligeant d'ap-
porter trop d'attention pour l'en-
a
tendre.En tout il y unmilieu à
garder.
EJlmodus in rébus^Junt certidcniquefines,
-
Quos ultrà citràque nequitconsistere reclum.

En gardant soigneusement ce
,
conseil d'Horace, on fera toujours
bien & l'on fera applaudi. ,-
Mais avant que de finir ce Cha-
pitre, je ne saurois me dispenser
en bon citoyen, qui cherche à dé-
dommager,autant
,
qu'ilest en lui,
des torts de la nature ceux de ses
-amis envers lesquels elle a usé de
rigueur; je nesaurois,dis-je,
me dispenser de communiquer un
moyen par lequel on pourra faire
eparticiper un sourd à cette musique.
Qu'il prenne une pipe à fumer,
qu'il en applique la tête à l'anus
d'un concertant, qu'il tienne l'ex-
trémité du tuyau entre les dents;
par le bénéfice de contingence, il
saisira tousles intervalles des fons
dans toute leur étendue ce leur
douceur. Nous en avons plusieurs
exemples dans Cardan & Baptijle.
Porta de Naples. Et si quelque
autre personne qu'un sourd,de
quelque qualité- & condition qu'il
foit, veut avoir ce plaisir & parti-
ciper au goût, il pourra comme le
sourd, tirer fortement son' vent ;
alors il recevra toutes les sensations-
& toute la volupté qu'il pourroit
prétendre. -.
SECONDEPARTIE.

-CHAPITRE PREMIER.
;

dit
Des Pets
Pets muets
muets , malproprement
ma lproprement
dit ffes. Diagnojlic & Pro-
:
gnôfëç. --,:", -
CE a d'articuler
SS NS
-

,
,,'

& fàifons-
nous comprendre maintenant sans
parler.
Les pets muets, vulgairement
appellésvesses, n'ont point de son ,
& se forment d'une petite quantité
de vents très-humides.
On les appelle en Latin Vissa,
-
du verbe visit-c en Allemand
Feisten; & en Anglois, Fitch ou
Vetch.
1"
Les vesses font ou sèchesou foi-
reuses.Lessèches 'sortent sans bruit,
& n'entraînent point avec elles de
matiere épaissè.,
Les foireuses,au contraire, font
composées d'un vent taciturne &
pbfcur. Ellesemportent toujours
avec elles un peu de matiere liqui-
;
de les vesses ont la vélocité d'une
flèche ou de la foudre, & font

:
insupportables à la société, par l'o-
deur fétide qu'elles rendent si Pon
regarde dans sa chemise, on verra
y
le corps du délit qu'elles impri-
ment ordinairement. C'est une
règle établie par Jean DifPautere,
qu'une liquide jointe à unmuette
;
dans la même fylIabe, Eût brève
la voyelle douteuse ce qui signifie
que l'effet de lavesse foircufe cft.
,
très-prompt. Cum muta liquidant
jungensinsyllabâeâdem ancipitem
pones vocalem quce brevis esto. J'ai
lu quelque part, quun diable du
pays Latin voulant un jour lâcher
un pet, ne fit qu'unevessefoireuse ,
dont il embérna ses culottes &
que maudissantla trahison
;
de son
derricre, il s'écria avec colere &
indignation : Nusquam tuta fides ;
!
il n'y a doncplus de bonne foi
dans le monde Ceux-là fontdonc
très-bien, qui, craignant ces fortes
de vesses, ont foin de-mettre bas
:
leurs culottes, & de lever leur
,
chcmife avant de les lâcher je les
appelle gens fages prudents oc
prévoyants.
Diagnostic & Prognojiic*
Comme les vesses foireuses for-
tent sans bruit, c'est un figne qu'il
n'y a pas beaucoup de vents. L'ex-
crément liquide qu'elles entraînent,
donné lieu de croire qu'il n'y a rien
à appréhender pour la fanté, &
qu'elles font salutaires. D'ailleurs,
elles indiquent la maturité de la
matiere, &qu'il esttemps de sou-
lager ses reins & son ventre, sui-
vantcetaxiome:
Muturum stercus eji importabile pondus.
C'est un lourd fardeau que l'en-
vie démesurée d'aller à la felle,

;
envie qu'il faut satisfaire au plus
vîte sans quoi on feroit la besogne
de ce diable du pays Latin. Voycî
plus haut. ,', ,
1,

-
,
,CHAPITRE
tJes Pets &Vzjfcs affectés

,
navets

ouinvolontaires,
invololZtaires.
ON donne aux
,-'

uns &
aux

des choux
autres
unemême causeefficiente, relati-
vcment à la matiere des vents qui
,,
font engendrés par l'usage des
oignons, des,aulx des raves, des
des pois, des feves, des lentilles,
,
des haricqts &c. Ils font affectés
Se
ils le rappor-
tent tous aux espèces précédentes.
Le ptt affecté ne se passe guere
parmi les honnêtes gens, si ce n'cft
parmi ceux qui logent ensem ble
& qui couchent dans le même lit.

quelques-uns ,foit
Alors on peut affecter d'en lâcher
pour se
rire, foit pour se faire pièce, &
les pouffer même si dodus & si
faire

diflinds, qu'il n'y ait personne qui


,
IL

,
des ragoûts
&

-
ne les prenne pour des coups de
coulevrines. J'ai connu une Dame
qui fp couvrant l'anus avec sache-
mise, s'apprpchoit d'une chandelle
récemment éteinte, & pétant &
veffant lentement & par gradation,
la rallumoitavec la. derniere adres-
;
se mais une autrç qui la voulut
imiter ne réussit point, & réduisit
la mèche en une poudre ardente
qui se dissipa bientôt dans l'air, &
se brûla le derrierre, tant il çft
à
vraiqu'iln*estpaspermis toutle
monde, d'aller à Corinthe. Mais un
amufcment plus joli, c'est de rece-
voir une vejjc dans sa main, ce.
l'approcher du nez de celui ou de
celle avec qui l'on est couché, &.-
de les faire juger du goût ou de
l'cfpcce. J'en connois qui n'aime.
roient pas trop ce jeu-là.
Le pet involontaire se fait sans
,
la participation de celui quilui
donne l'être & arrive ordinaire-
ment lorsqu'on est couché sur le.
?
dp^ pu qu'on fç baissè, pu lorsque
Ton fait de grands éclats de rire,
1
ou enfin quand on éprouve de la
crainte. Cette forte de pet est or-
dinairement excusable.
-
1

C H
APlT RE III.
[Des effets des Pets & des Vecs.
- -

Leur utilité particulière.


APRÈS çauses
avoir parlé des
des pets & des vesses il ne nous
,
;
rçfte plus qu'à dire quelque chose
de leurs effets & comme ils font
de différente nature, nous les ré-
duirons à deux genres,c'est-à-dire,
à celui des bons & des mauvais.
Tous pets bons, font toujours
très-falucaires par eux-mêmes, en
tant que l'homme se débarrasse
d'un vent qui l'incommode.Cette
évacuation détourne plusieurs ma---
ladies, la douleurhypocondriaque,
lafureur, la colique, les tranchées,
la passion iliaque-, &c.
Mais lorsqu'ils font resserrés
lorsqu'ils remontent, ou qu'ils ne
,
trouvent pas de sortie, ils attaquent
le cerveau par la prodigieuse quan-
tite des vapeurs qu'ils y portent
ils corrompent l'imagination, ren-
;
dent l'homme mélancolique & fré.
nétique,& l'acca blent de plusieurs
autresmaladies tres-fàcheuses. Delà
les fluxions qui se forment par la
diflillation des fumées de ces mé-

reux lorsqu'on
;
téoressinistres,& qui descendent
dans les parties inférieures heu-
n'en est quitte que
pour la toux, les catharres, &c,
comme les Médecins le disent &
le démontrent sans cesse. Mais
félon moi, le plus grand mal est
,
d'être incapable de toute applica-
tion & d'être rebuté par l'étude &
le travail. Appliquons-nous donc,
cher Lecteur, à nous débarrasser
aussi-tôt de toute envie depéter,
dé tous vents tranchants, du moin-
dre mal-aise, enfin, causé par les
vents; & aurisque de faire tapage,

-
tôt que de nous incommoder & ,
chefs concitoyens rendons - les
promptement , & lâchons-les plu-
de nous exposer a devenir hypo-
condriaques,
çondriaques, mélancoliques, fréné-
tiques & maniaques.

,Partez comme moi de ce prin-


cipe
,
cher Leéteur, qu'il y a une
;
utilité particulière en pétant qui
regarde chaque individu vous en
des convaincu par le bien que la
présence du pet vous procure, ce
vous le ferez encore plus par les
exemples que je veux vous citer
dé personnes qui ont été dangereu-
sement incommodées pour avoir
retenu leurs vents.
Une Dame, au milieu d'une
assemblée nombreuse, est tout-à-
coup attaquée d'un mal de côté,;
allarméed'unaccident si imprévu,
elle quitte une fête qui sembloit
n'être que pour elle, & dont elle
étoit l'ornement. Tout le inonde y
prend part : ons'agite, on s'inquiè-
te, on vole à son secours; les dis-
ciplesd'Hypocrate requis précipi-

,
tamment, s'assèmblent,consultent,
recherchent la causedu mal, citent
force Auteurs s'informent enfin
de la conduite & du régime quela
:
Dame a tenu la malades'examine,
& se rappelle qu'imprudemment
elle a retenuun gros pet qui lui

,
demandoit son congé.
Une autre sujette aux vents*
retientdouze gros pets captifs qui
successivement essayent de se faire
,
jour : elle se met à la torture pén-1
dant une longue séance elle se
:
présenteensuite à une table bien
servie, croyant y faire figure qu'ar-
:
rive-t-il ? Elle dévore des yeux des
mets dont elle ne peut tâter tout
est plein, son estomac rempli de
vents nepeut plus recevoir de nour-
riture.
Un Petit-Maître, un Abbé poli,
un grave Magistrat, tous trois éga-
lement contrefàits dans leurs diffé-
rentes façons,font de leurs corps
y
une caverne d'Eole; ils intro-
dussent les vents, l'unpar ses éclats,
l'autre dans sesdoétes entretiens, &
le dernier dans ses longues haran-
gues. Bientôt ils Tentent l'éffort
d'une violente tempête intestine :
ils se roidissent contre sa fureur
d'eux lâche le moindre
;
pas un ne
pet. De retour chez eux, une vio-
lente colique, que toute la Pharma-
cie peut à peine appaiser, les abat

doigts de la mort. ,',


impitoyablement,& les met à deux
, ,
Que de biens au contraire
à !
cher Leâeur, ne procure point un
pet lâché propos Il dissipe tous
les (ymptômes d'une maladie fé-
rieuse; il bannit toute crainte, & '--
tranquilife par sa présence les esprits
allarmés.Tel, se croyant dange-
reusement malade, appelle à fôn
secours les seccateurs de Galien,
qui tout-à-coup faisant un pet.co-
pieux, remercie la médecine,&.
se trouve parfaitementguéri.
Tel autre se leve avec un poids
;
énorme dansl'etfomac
lit tout gonflé
:.il
fortdu
il n'a cependant
point fait d'excès le jour précédent.

aucune nourriture ;
Sans goût, sansappétit, il ne prend
il il
s'inquiète,
s'allarme :
la nuit vient, & nelui
apporte d'autre soulagement que la
foible espérance d'unsommeil in-
terrompu. A l'instantqu'il se met
baffe région : ;
au lit, une tempête s'élève dans la
les inteflins émus
semblent se plaindre &, après de
violentes secousses, un gros petse
fait jour, & Iaiffe notre malade
* tout confus de s'être inquiété pour
si peu de chosè.
Une femme esclave du préjugé,
n'avoit jamais connu les avantages
du pet. Depuis douze ans, viaïrne
malheureule desamaladie, & peut-
être encore plus de la médecine"
elle, avoit épuisé tous les remedes.
Eclairée enfin sur l'utilité des pets,
ellepéte librement, elle péte fou-
;:
vent plus de douleurs,. plus de ma-

se bien porter
santéparfaite.
j
ladie il n'etfplus question que de
elle. jouit d'une
Voilà les grands avantages que
-
:
le pot procure à chaque particu-
lier qui peutaprès cçla lui difpu-
ter son utilité, au moins particu-
liere ? Si la vejje trouble l'écono-
mie de la société par sa nature
;
mal-faifante, le pet est son antidote
il la détruit, & il est sur de l'em-
pêcher de paroître,dès qu'il a eu
lui-même assez de forcepour se
faire un passage: car il est évident,
& on ne peut en doutep, pour peu
qu'on examine lesnotions que nous
avons données dupet & de la vcjfe,
qu'on ne vesle que parce qu'onn'a
,
pas voulu péter; & par conséquent
que,
]a vesse
la n'aura
ve~e .I;1'aura '-lieu.'1.'
par-tout où setrouvera lepet,
point
point -
-
CHAPITRE IV.
Avantages des Petspour la So-
ciete.
-

XjNEmpereurCZ^UD
• - -,

E,
cet Empereur trois fois grand, qui
ne songeoit qu'à la fanté de les
-

sujets, ayant été informé que quel-


ques-uns d'eux aboient porté le
respect jusqu'au point d'aimer mieux
périr que de péter en sa présence,
& ayant appris, (au rapport de
Suétone, de Dion & de bien d'au-
tres Historiens)qu'ils avoient été
tourmentés, avant de mourir,de
coliques affreuses, fit publier un
édit, par lequel il permettoit à tous
ses sujets de péter librement, même

,
h sa table pourvu qu'on le fît
clairement. C'étoit sans doute
par antiphrase qu'on lui avoit donné
,
le nom de Claude, du mot Latin
claudere fermer; car, par son édit,
il faisoit plutôt ouvrir les organes
du pet, qu'il ne les faisoit fermer.
Et ne feroit-il donc pas à propos
de faire revivre un pareil édit,
qui, félon Cujas,vfe trouvoit dans
l'ancien code, comme une infinité
d'autres qu'on en a retranchés ? -

L'indécence que l'on attache au


pet, n'a pour principe que l'humeur
& le caprice des hommes. Il n'est
point contraire aux bonnes moeurs>

;
par conséquent il n'estpoint dan-
gereux de le permettre d'ailleurs
nous avons des preuves qu'on péte
librement dans pl ufieurs endroits,
,
& dans quelques parties même du
monde poli & il est de la plus
grande cruauté de conserver là..,.
dessusle moindre scrupule.
Dans une certaine paroisse dis-
lieues (*) ,
tante de Caën de quatre à cinq
un particulier ,
droit féodal, a exigé long<emps,
par

(*)Recueil des anciens usages & droits


des Seigneurs, Tome J j.
&peut encore exiger aujourd'hui,
un pet & demi par chacun an.
Les Egyptiens avoient fait du
pet un Dieu, dont on montre en-
core les figures dans certainscabi-
nets (*).
Les
1moins bruyante sortiede leurs ou
anciens, cfaprès la plus
pets,
tiroient des augures pour le temps
serein ou pluvieux.
Ceux de Pélouse adoroient le
pet. Si l'on n'étojt retenu par la
crainte de trop prouver ne pour-
roit-on pas,conclure que le pet,
bien loin d'être indécent, renfer-
me la plus parfaite & la plus ma-
jestueusedécence,puifqu'il est le
ligne extérieur du respecte d'un
;;
sujetenvers son Prince; le tribut
d'un vaffaI à son Seigneur digne

,,,'&
de l'attention d'un Cësar J'an-
nonce des changemens de temps;
&,pour tout dire,l'objet du culte
-, abrégé 1
(*) Diction. de la Fable, par
Chomprc, au mot Crepitus ventris.
1 &
& de la vénération d'un grand peu-
ple?
Mais continuons de prouver par
d'autres exemples encore, que le
pet est avantageux à la société.
a
Ily des ennemis de la société,
dont le pet arrête les efforts.
Par exemple; dans un cercle
nom breux, un
le secret d'ennuyer :
petit-maître trouve
depuis une
heure il étale ses graces; il montre
ses dents, & dit force impertinen-
ces dont il assomme ses auditeurs.
Un pet échappé l'arrête tout court,
& vient fort à propos tirer tous les
esprits de captivité, en faisant divi-
iion au babil assassin de leurennemi
commun. Ce n'est pas tout, le pet
procure encorexdes biens réels. La
conversation est le lien le plus char-
y
mant de la société; lepet fournie
à merveille.
Une assemblée brillante, depuis
deux heures garde un silence plus

;
morns que celui qui regne à la
grande Chartreuse les uns fètai-
rance
,
fentpar cérémonie, les autres par

:
timidité d'autres enfin par igno-
Tonest prêt de le séparer
sans avoir prononcé un mot. Un
fait entendre au travers d'un
pet se
;
pannier furieux aussi-tôt un mur-
mure sourd prélude à une longue
dissertation, que la critique dirige
&
C'elt
que la plaisanterie assaissonne,
donc à ce pet que la société

:
»

est redevable de la rupture d'un


silence burlesque, & de la matiere
d'une conversationenjouée lepet
est donc également utile à la société
en général. On pourroit ajouter
qu'il lui est: agréable.
Les ris, & fouyent les éclats
,
qu'excite le pet dès qu'il se fait en-
tendre prouvent
:
aÍfez ses agré-

ses approches;
ments & ses charmes le plus sé-
rieux personnage perd sa gravité à
il n'est point de
prud'hommie qui tienne contre lui;
le son harmonieux & imprévu qui
conflitue son essence ; dissipe la
léthargie des esprits. Pans une
troupe de Philosophes attentifs aux
pompeuses maximes qu'un d'en-
tr'eux débiteavec méthode, qu'un
petseglisse incognito, la morale
déroutée prendaussi-tôt la fuite ;
on rit, on Ce pâme, & la nature
se donne carriere d'autant plus
volontiers, qu'elle est plus souvent
gênée dans ces hommesextraor-
dinaires.
Qu'on ne dise point, par un
dernier trait d'injufiice, que les
ris qu'excite le pet, font plutôt des
signes de pitié & de mépris, que la
marque d'une véritable joie; le pet
contient en lui-même un agrément
essentiel, indépendant des lieux &
des circonstances.
Près d'un malade, une famille
en pleurs attend le fatal moment
fils,
un ;
qui doit lui enlever un chef,un
frere un pet, parti
f avec
fracas du lirdu moribond, ufpend
la douleur des assistants,faitnaître
une lueur d'espérance, & excite
au moins un sourire.
Si, près d'un moribond , ou
tout ne respire que la trifieffe, le
pet peut égayer les esprits & dilater
?
les cœurs, doutera-t-on du pouvoir
de ses charmes En effet, étant
tions, il varie ses agréments,
susceptible de différentes modifica-
par-là il doit plaire généralement.
&
Tantôt précipité dans sa sortie, im-
pétueux dans fun mouvement, il
imite le fracas du canon; & pour
lors, il plaît à l'homme de guerre :
tantôt retardé dans sa course,gêné
dans son passage par les deux hé-
mispheres qui Je compriment, il
imite les instruments de musique.

,
Bruyantquelquefois dans ses ac-
cords souvent flexible & moelleux
dans sa modulation, il doit plaire
aux ames sensibles, & presque à
tous les hommes, parce qu'il en est
peu qui n'aiment la musique. Le
pet étant agréable, son utilité, tant
particulièreque générale,étant bien
démontrée, sa prétendue indécence
combattue & détruite, qui ppurriJ,
,
lui refuser son suffrage ? Qui osera
déformais le taxer d'indécence
quand on le montre permis &
approuvé en certains endroits ,
les loix feules du préjugé
on fait voir qu'il ne
;
proscrit feulement en d'autres par
blesse
quand
ni la
polirelfe ni les bonnes mœurs
>
parce qu'il ne frappe Jes organes
que d'un son harmonieux, & qu'il
n'afflige jamais l'odorat par une
|
vapeur malfàisante ? Pourroit-on
même le regarder comme indiffé-
rent, puifqu'il est utile à chaque
particulier, en dissipant ses inquié-
tudes sur les maladies qu'il crai-
gnoit, & en luiapportant de grands
loulagements ? La société enfin fe-
roit-elleassez ingrate pour ne pas
s'avouer redevable envers lui, lore.
qu'il la débarrasse des importuns
qui l'accablent, & qu'il contribue
à ses plaisirs, en faisant naître par-
tout où il se trouve, les ris & les
?
jeux Ce qui est utile,agréable &
honnête, efl censé avoir une botite
& une valeur rieUes. Cic. L. r
desOffices.
-CHAPITRE V.
Moyens de dijjimuler un pet, en
faveur de ceux qui tiennent au
prejuge.
LEs anciens, loin de blâmer les
Péteurs, encourageoient au con-
traire leurs disciples à ne point se
gêner. Les Stoïciens dont la philo-
sophie étoit la plus épurée dans ces
temps-là, disoient que la devise des
hommes étoit, à la liberté; & les
plus excellents Philosophes Cice-
ron
,
lui-même,
suadés
,
qui en étoient per-
préféroient la doctrine
stoïque aux autres fettes qui trai-
toient de lafélicité de la vie hu-
maine.
;
Tous convainquirent leurs ad-
versaires & par desarguments
sans replique, ils les obligèrent de
recpnnoitre que parmi les précep-
tes salutaires de la vie, non-seule-
ment les pets, mais encore les rots,
devoient être libres. On peut voir
ces arguments dans la neuvieme
Epitre familiere de Ciceron à,Pœte
174, & l'on y verra entre une
infinité de bons conseils celui-ci
qu'ilfqutfaire &se conduire
:
en
tout Jelon que la nature l'exige.
D'après de si excellents préceptes,
il est donc inutile d'alléguer avec
emphase les loix de la pudeur & de
la civilité,qui emalgré les égards
qu'on dic qu'elles exigent, ne doi-
vent cependant pas l'emporter sur
la conservation de la fanté & celle
de la vie même.
Mais enfin, si quelqu'un est tel-
lement esclave de ce préjugé qu'il
n'en puisse point rompre la chaîne,
sans le dissuader de péter, lorsque
la nature l'exigera, nous allonslui
donner les moyens de dissimuler au
fnoins son pet.
Qu'il observe donc, à l'infrant
que le pet se manifestera, de l'ac-
compagner d'un vigoureux hem,
hem. Si Tes poumons ne font pas
assez forts, qu'il affecte un grand
éternument; alors il fera accueilli,
fêté même de toute la compagnie,
& on le comblera de bénédiétions.
S'il est assez mal adroit pour ne
pouvoir faire ni l'un ni 1autre, qu'il
;
crache bien fort; qu'il remue for-
tement sa chaise enfin, qu'il faÍfe
quelque bruit capable decouvrir
son
pet. Et s'il ne peutfaire tout
;
cela, qu'il ferre les fessesbienfort
il arrivera que, parlacompression
& le resserrement dugrand mus-
cle de l'anus, il convertira en fe-
melle ce qui devoit se manifester
en mâle : mais cette malheureuse
finesse fera payer bien cher à l'o-
dorat ce qu'elle épargnera à l'ouie; ,
on tombera dans le cas de l'énigme
fuivænre du Mercure galant de
Boursault.
Je fuis un invisible corps,
Qui de bas lieu tire mon être*
Et je n'ose faire connoître,
,
:
Ni qui je fuis, ni d'où je fors -

Quand on m'ôte la liberté,


Pourm'échapper, j'used'adresses
Et deviens femelle traîtresse,
De mâle que j'aurois été.
Mais je ne puis dissimuler a mon
,
tour, que toutes les ruses tournent
souvent au préjudice de celui qui
les employé
quemment qu'on
fait arrivefré-
& qu'il
ses flancs un ennemi
rentrer dans
qui les déchire
impitoyablement. D'où résulteront
tous les maux que nous avons dé-
taillés plus haut, Chapitre 3.
Ilpeut encore arriver quevou-
lant se retenir, on commet un plus
grand nombre d'incongruités, par-
ce qu'alors on ne sauroit fupporrer
la douleur des tranchées & des
coliques, & que les vents se présen-
tant en foule, on lâche une ca-
nonnade risiblement épouvantable.
C'estce qui arriva à (Ethon dont
parle Martial qui voulant saluer
,
Jupiter, & sebaissant profondé-
ment félon la coutume des anciens,
lâcha un pet qui fit trembler tout
le Capitole.
ÉPIGRAMME.
Multis dàm precibus jovem falutat
s
Stansfummosrefupinus usque in ungues
OEthon in Capitolis pepedit.
Riferunt Comités.Sedipse diyàm y
Offenfus Genitor, trinoéfiali
Affecit domi cænio clientem.
Pojl hocflagitium misellus (Ethon9
Càm vult in Capitolium ventre
Sellas ante pedit Patrioclianas
3
Et pedit deciefque viciefque.
Sed quamvisfihi caverit crepando
,
s
Comprejjfis natihuijovem & falutet
Turbatus tamen usque & usquepedit
Mox QEthon, deciefque vicie/que.,
MART. Lib. 12, Ep. 7%4
CHAPITR E V I.
Des Jignes des effets prochains

o N
des Pets, -1

en compte de trois fortes;


les apodictiques, les nécessaires,
& les probables.
Les figuesapodictiquessont ceux
dont la cause étant présente, an-r
nonce que l'effet ne tardera pas à
se nlanifèller. Ainsi un homme qui

,
aura mangé des pois & d'autres
légumes, des raisins des figues
nouvelles,quiaura bu du vin doux,
caressé sa femme ou sa maitresse,
peut s'attendre à un figne prochain
d'explosion.
Les nécessaires, font ceux où il
résulte un fecond effet du premier,
comme le tintamarre, la mauvaise
odeur,&c. ",

Ennn, les probables font ceux


qui ne se rencontrent pas toujours,
&n'accompagnentpoint ordinai-
1
rement toutes les espèces de pets,
comme la contraction, le bruit ou
l'aboyement du ventre, la toux,
& les petites ruses de ohaifes, d'é-
ternuement, ou de trépignement
de pieds, pour n'être pas reconnu
péteur,
Il est bon de prévenir les jeunes
gens& les vieillards,de s'accou-
tumer à ne point rougirlorsqu'ils
péteront; mais d'en rire les pre-
miers, pour égayer la conversation.
On n'a point encore décidé si
de péter en urinant est un effet
malin ou bénin; pour moi, je le
crois bénin, & me fonde sur l'a-
xiome qui me paroît assez vrai
quidit que ; ,
Mingere. cum bombis res ejl gratissima
lumbis.

En effet, piffer sans péter, c'efl:


1

aller à Dieppe sans voir la mer.


Cependant ilest ordinaire de
piffer avant que de péter, parce
que les vents aident à la première
en
opération comprimant la vef.
ik
6e,oc se manifestent ensuite.
CHAPITRE VII.
Des remedes & des moyens pour
provoquer les Pets. Prohléme.
Queflton clzymique. Esprit des
Petsj pour les taches de rouf-
Jèur.Conçlujîon. Hijloire du
Prince Pet-en-Pair & de la
4' ., "}
Reine des Amazones.
'C o M M E il est des privations de

rarement & difficilement ,


tous genres, & qu'un assez grand
nombre de personnes ne pétent que
qu'il
leur arrive par conséquent une in-
finité daçcidehts & de maladies,
je
j'ai pensé que devois écrire pour
eux, & mettre en un petit Chapitre
réservé les remèdes & les moyens
qui peuvent les exciter à rendre
les vents qui les tourmentent. Je

"-
dirai dope en deux mots & en leur
faveur,
I faveur, qu'il y a deux espèces de
remèdes pour provoquer les vents,
les internes & les externes.
Les remèdes internes, font l'anis,
le fénouil, les zédoaires, enfin tous
les carminatifs & les échauffants.
Les remèdes externes font les
clytferes & les suppositoires.

,
Qu'ils fàssent usage des uns &
des autres ils ferontcertainement
foulages.
Problème.

On demande s'ily a analogie


entre les fons; si on peut les ma-
rier, & enfaireun ensëmble d'une
musique pétifique ? On demande
aussi combien il y a de genres de
pets par rapport a la différence du
son?
Quant à la premiere question
musicien très-célèbre répond,
un
du succès de la musique deman-
dée, & promet incessammentun
concert dansce genre.
A l'égard de la feconde ques-
tion, on répond qu'il y a soixante
& deux fortes de fons parmi les
pets. Car, felon Cardan, le podex
peut produire & former quatre
modes simples de pets, l'aigu, Je
grave, Je
réfléchi & le libre. De

,
ces modes il s'en forme cinquante-
huit quiavecl'addition des quatre
premiers, donne dans la pronon-
ciation, soixante & deux fons, ou
espèces différentes de pets.
Les compte qui voudra.
QUE STIONCHVMIQUE•
Esprit de Pets, pour les taches de
touffeur&c.
On demande s'il est possible en
Chymie de distiller un pet, &
-

d'entirer la quintessence ?
On répond affirmativement.
Un Apothicaire vient de recon-
noître tout récemment, que le pet
étoit de la classe des esprits, è nur
,
y
recours à Ton alambic voici
comme il procéda.
,
mero fpirituum. Après avoir eu

Il fit venirune hybernoife de


son voisinage, quimangeoit en
un repas autant de viande que six
muletiers en mangeroient de Paris à
Montpellier. Cette femme ruinée
parson appétit & la chaleur deson
foie, gagnoit sa vie comme elle
pouvoit. Il lui servit des viandes
autant qu'elle en voulut & qu'elle
en put manger, avec forcelégu-
mes venteux. Il lui prescrivit de
ne point péter ni vesser sans Faver-
tir auparavant. Aux approches des

pour
,
vents, il prit un de ces larges ré-
cipients tels qu'on les employe
faire l'huile ,
de vitriol &
l'appliqua exactement à son anus,
l'excitant encore à péter par des

;
carminatifs agréables, &luifaisant
boire de l'eau d'anis enfin de
toutes lesliqueurs de sa boutique
,
capables derépondre à son inten-
tion. L'opération se fit à souhait,
,
c'est - à - dire très - copieusement.
Alors notre Apothicaire prit une
certaine substancehuileuse ou bal-
samique dont j'ai oublié le-nom
qu'il jettadans le récipient, & fit
,
condenser le tout au soleil par cir-
culation; ce qui produisit une quint"
essence merveilleuse. Il s'imagina
que quelques gouttes de ce résultat
;
pourroient enlever les taches de
rousseur de la peau ilen essaya
le lendemain sur le visage de Ma-
,
dame son épouse, qui perdit sur le
champ toutes ces taches & vit
avec plaisir son teintblanchir à
vue d'œil. Onespere que les Danres
feront usage de ce spécique, &
qu'elles feront la fortune de l'A-
pothicaire à qui on ne reprochera
plus qu'il ne connoissoit que la
carte des Pays-Bas.
Concluflon.

-
Pour ne JaifTerrien à desirer
fui4 VArt de péter, nousnous flat-
tons qu'on trouvera ici avec plaisir,
lalifte de quelques petsqui n'ont

voirtout ,
point été inférés dans le cours de
cet Ouvrage. On ne sauroit pré-
principalement dans
cettematiere peu battue & traitée
pour la premiere fois. Ce n'a donc
été qu'après des mémoires qu'on

ment ,
vient de nous envoyer tout récem-

,
que nous avons écrit ce
qui fuit. Nous commencerons par
les pets provinciaux pour faire
honneur à la Province.
Les Pets de Province.
Gens expérimentés nous assurent
que ces pets ne font pas" si falsifiés
que ceux de Paris, où l'onraffine
;
sur tout. On ne les fert pas avec
tant d'étalage mais ils font natu-
rels & ont un petit goût falin,
semblable à celui des huîtres ver-
tes. Ils réveillent agréablement
l'appétit.
1
Pets de ménage.
Nous apprenons d'après les re-
marques d'une grande ménagere de
Pétersbourg, que ces fortes de

,
leur primeur ;
pets font d'un goût excellent dans
& que quand ils
font chauds, on les croque avec
plaisir; mais que dès qu'ils font ras-
sis, ils perdent leur faveur, & ref-
(emblentau pillules qu'on ne prend
que pour le besoin.
Pets de Pucelle.
-

On écrit de Pisse des Amazo-


nes que les pets qu'on y fait font
d'un goût dilicieux &: fort recher-
chés. On dit qu'il n'y a que dans

:
ce Pays où l'on en trouve, mais
on n'en croit rien toutefois on
avoue qu'ils font extrêmement
rares. -
Pets de Mattres en fait d'armes.
Les lettres du camp près Cons-
tantinople, marquent que les pets
,
des Maîtres en fait d'armes font ter-
ribles & qu'il ne fait pas bon de
les sentir de trop près; car comme
ils font toujours plastronnés, op dit
qu'il ne faut les approcher que le
fleuret à la main.-
Pets de Demoiselle.
Ce font des.mêts exquis, Sur-
tout dans les grandes Villes,où
on les prend pour du croquet à la
fleur d'orange, f^oye^ pag. 45.
*
Pets de jeunes filles.
Quand ilsfont murs, ils ont un
petit goût de rêvas-y, qui flatte
les véritables connoisseurs.
Pets de Femmes mariées.'
On auroic bien un long mé-
moire à transcrire sur cespets
mais on se contentera de la con-
;
cîufion de l'Auteur, & l'on dira,
d'après lui, »qu'ils n'ont de goût
que pour les amants, &que les
"5maris n'en font pas d'ordinaire
55 grand cas. 55

Pets dè Bourgeoises. *
La bourgeoisiè de Rouen &
celle de Caën nous a envoyé une
longue adresse en forme de disser-
:
tation sur la nature des pets de
leurs femmes nous voudrions bien
satisfaire l'une & l'autre, en trans-
crivant cette dissertation tout de
son long; mais les bornes que nous
nous sommes prefcrires, nous le
défendent. Nous dirons en géné-
ral que le pet de bourgeoise est
d'un assez bon fumet, lorsqu'il cft
bien
bien dodu & proprement accom-
modé, & que, faute d'autres, on
peut très-biens'en contenter. ,

Pets de Payfaunes.
Pour répondre àcertains Mau-
vais plaisants qui ontperdu de ré-
putation les pets de paysannes, on
écrit des environs d'Orléans qu'ils
font très-beaux & très-bien faits:
quoiqu'accommodés à la villageoi-
:
se, qu'ils font encore de fort bon
goût & l'on assure lesvoyageurs
que
pour eux,
c'est un véritable morceau
& qu'ils pourront les
avaler en toute sûreté comme des
gobets à la courte-queue.
Pets de Bergeres,
Les Bergeres de la vallée de
,
Tempé en Thessalie nous don-
nent avis que leurs pets ontle vé-
ritable fumet du pet, c'est-à-dire,
qu'ils sentent le sauvageon, parce
qu'ils font produits dans unterrein
où il ne croît que des aromates,
comme le serpolèt, la marjolai-
ne, &c. & qu'elles entendent qu'on
distingue leurs pets de ceux des
autres bergeres qui prennent nais-
sance dans un terroir inculte. La
marque didtinctive qu'elles ensei-
gnent pour les reconnoître & n'y
être pas trompé, c'est de faire ce
que l'onfait aux lapins pour être
sûrs qu'ils font de garenne,flairer
au moule.
Pets de Vieilles.
1:'Le commerce de ces pets est si
désagréable, qu'on ne trouve point
de marchand pour les négocier.
On ne prétend pas pour cela em-
pêcher personne d'y mettre le nez;
le commerce est libre.
Pets de Boulangers.
Voici une petite note que nous
avons reçue à ce sujetd'un Maître
Boulanger du Havre.
»L'effort, dit-il, que l'ouvrier
33
&it en faisant sa pâte, le Ventre
»ferré contre le pétrin, rend lès
» pets diphtongues : ils ré tiennent
» quelquefoiscomme des hanne-
tons ,& on pourroit en
»une douzaine tout d'une tire «.
33
avaler
Cette remarque fortest des plus savan-
tes 1 Se de bonne digestion.
Vbyezpage46.
Pets de Potiers de Terres.
Quoiqu'ils soient faits au cour,
ils n'en font pas meilleurs; ils font
sales,puants, & tiennent aux doigts.
On ne peut les toucher,crainte de
s'emberner.

Pets de Tailleurs.

un : -',
Ilsfont de bonne taille & ont
goût de prunes mais les noyaux
-un
en font à craindre. 1
i"

Semblables
tournent à

On en trouve
crient toujours
-

tous
ils
fois cependant
du Nord, ce

f
-. Pets *de ","
Géographes.

hdes girouettes, ils


les vents. Quelque-

d'affefcp
leurgoûtestallezappétifant
Allemande : mais prenez-y garde
il y a bien de l'alliage. Si vous ne

,,
trouvez pas mieux, prçnçz-les au
poinçondeParis.

font doux
Pets de

,
»
Cocusy
,",

Il y en a de deux fortes. Les uns


3lfflbles, mous, &c.
,

s'arrêtent du cote
qui les rendpersides,

Pets de Laes.<

;ils
dfptes^
;

-J

raison &furieux
raifon& y ,
Ce font les pets des Cocus volon-
tairès : ilsne font pasmalfaisants.
Les autresfont brusques sans.
furieux il faut s'en
donner de garde. Ils ressemblent
au limaçon qui ne fort de sa co-
quille aue les cornes les premières.
Fanum habent in cornu.
LUDERENON LÆDERE.
-
H ISPTRIOICREE>i.
DU N
PET-EN-LAIR'
ETDE,LA REINE'y
DESAMAZONES,
Où l'on voit l'origine des Vuidan-
geurs.
Sujet de la Planche.

ÏLyavoit 3000

Ja Reine des Amazones ;


ansque le Roi
1*et-en-UAirétoit en guerre avec
ausujet
d'unFortque cette derniere lui

- s.
-
redemandoit. Les incursions qu'ils
fàisoient réciproquement sur leurs
terres, les chagrinoient beaucoup,
& ils en étoient fatigués. Enfin,
ils résolurent de vuider le différend
par les moyens que voici.
Il fut arrêté que la Reine en-
verroit une de ses sujettes, là plus
vaillante qu'elle cônnoîtroit, &que
Pet-en-l'Airchoifiroit de son coté
le champion le pluscourageux des

que celui des


;
liens pour se battre avec elle &
deux qui remporte-
roit la viaoire, donneroit la pos-
session du Fort à son maître ou à
sa maitresse. Les deux partisnom-
merent un expert commun pour
Juge du combat, & le jour fut
indiqué. La Députée arriva.
Mais comme les hommes font
-

des traîtres, qui prennent plaisir à


mortifier les femmes,Pet-en VAir
fit une injure sanglante à la Reine x
des Amazones, dans la personne
de l'Héroïne qu'elle avoit envoyée ;
-

pour fc battre enchamp-clos.


Premièrement, illui sir-refuser
l'entréede la ville ,,'& fïgnificr
d'attendre à, la porte.
Secondement, il lui envoya son,
premier Maître en fait d'armes;
qui il ordonna de paroître au car-
à
tel feulement avec son plastron,
& sans épée, suivi d'un de ses élè-
,
-

ves, armé d'un fleurer, & de lui

Troisïemement ,
montrer toujours le dos en tour-
nant autour d'elle^
il fit monter
sur le Fort contentieux, au bas
duquel devoit fèfaire le combat,
plusieursde Ces sujets, avec ordre
d'oter lescanons des crenaux, &
Reine, dès
de présenter à la Députée de la
paroîtroit, cha-
cun leur derrière,ce qui futexécu-
té de point en point.
Lors donc que l'Héroïne paruty
elle fut très-surprise de trouver les
portes fermées>& de ne voir pour
champions que deux hommes tels
queje ;
viens de ledire mais son
indignationaugmenta, Iorfqa'elîe ,
apperçut l'attitude & le jeu du
Maître en fait d'armés, & qu'elle
vit la nouvelle espèce de canons
qu'on lui présentoit, & qui tiroient
comme ils devoient, & tant qu'ils dents
pouvoient. Elle en grinça les
de rage & de désespoir. --
Mais comme là prudence des

que les hommes ,


femmes & leur présence d'esprit
les tire plus ordinairement d'affaire
il lui vint en
pensée un expédient qu'elle exécuta
le
sur champ. ',,"
Elle feignittout-à-coup de ne
plus être choquée de l'insulte de
Pet-en-l'Air; & adressant la pa-
role au Maître en fait d'armes, à
son élève, & à l'Expert, elleleur
r
parla abfi

,,.
55
Je vois
Pet-en-PAir,
,
bien mes
votre
amis,
maître,
que
veut
;

»se divertir & qu'il profite du

55
?5
plat de
tilTons-nous
j:
»carnaval pour me donner uji
son métier
aussi
mais
cessons
diver-
dès ce
"moment de nous regarder en
»ennemis, & perdons l'envie de
n'en
,
» nous battre puisqu'il paroîtqu'il
ell plus question. Voici un
»
»
:
autrecombat que je vous offre,
» ajouta-elle eferimons en pétant,
,,& que celui qui pétera le plus
n galamment & le plus joliment,
;
»foit reconnu le vainqueur de
»l'autre M. l'Expert jugera, &
file traité tiendra comme si en
»effet nous nous étions battus«.
- ; il
Le Maître en fait d'armes fit
d'abord. quelque difficulté, mais
comme l'Amazone étoitjolie, se
laissapersuader. On topa de part
& d'autre, & la
signée réciproquement.
convention fut
L'Expert se plaça entre les par-
ties. Chacun ayant pris son sérieux,
on fit silence. Alors le Maître en
faitd'armes mit bas poliment ses
!
culottes, & lâcha le premier pet.
peut-êtrepestiféré
pet le plus
!
mais quelpet ah, quel pet c'étoit
le effrayant&
Je plus qui
oncques eût ja-
mais été lâché &entendu. Son élève
; iSe ,
n'y put tenir comme ilduroit
,
encore, il fut obligé pour le
cesser
faire
d'appliquer son fleuret à
l'entrée du canal par où il conti-
nuoitde sortir.; & Monsieurl'Ex-
pert" pâlissant decolere, recula
dixpas, & alla se placer derriere
FAmazonejpour semettre à cou.
vert de l'infection. ,: ,:.',
,
L'Héroïne indignée ne ménagea
plus rien. Attends, dit-elle cada-
vre retiréde la fange du Cocyte,
jevaisl'apprendre. Elle ne put
achever; & prenant une flèche.
k
elle alloit la lancer sonadver-
saire, quand elle-même fitun pet
flûté, qui s'épancha gracieusement
sans odeur avec des fons d'une
mélodie enchanteresse.L'enthou-
*
siasme où entra alors l'Expert oc
le criaigu de joie qu'il poussa à la
naissance, de ce pet,tint le bras ,

&: la flèche de l'Amazone fufpen-


dus,& donna le tenis au Maître
en faitd'armes de prendre la fUÍte.
Aussi-tôt on entendit dans lesairs
:
:
Une voix qui dit difHncbmenc
; Lit
Reine des Amazones efl victorieuse

écrisAe
Il
,
sepes estunpet de Pucelle Expert;
afin qu'on s'ensouvienne.
traca- dansl'instant sur la terre
:
le chiffre i & dit, avec un grand
hélàs ; Voilà donc le premier !
L'assemblée se sépara & l'A-
mazone reprit le chemin de son
Pays. '.,
Pet-en-l'Air ne tarda point à ,
être informé de cette merveifleufe
aventure. Ilse repentit deson im-
pertinence;jmais iln'étoit plus tems.

;
L'Hérome àvoit rendu compte à la
Reine de cette insulte & vingt
Rois sesvoisins, qui avojentété
préfçnts au récit qu'elle enavoit
fait, en furent siindignés, qu'ils
se joignirent dès le lendemain aux
Amazones, & chasserent Pet-en-
PAirdeses Etats. Ils en revêtirent
j
la Reine & après avoir fait rem-
plir de poix les calibres insolens
qui avoient paru sur les créneaux,
ils lescondamnèrent à vuider toutes
les fosses de commodités de cette
partie du monde qu'habitent les
Amazones, & c'est de leurs enfans
que nous avons des Vuidangeurs
en France,
1*
LA SOCIETE
D E

FRANCS-PETEURS
S

LIBERTÉ efl notre Devifi.


A ,

MONSIEUR r *

LE COMTE
1

D E
VENT SEC ET BRUYANT,
SEIGNEUR DE PET-EN-VILLE,
ET AUTRES LIEUX.

MONSIEUR,
•V
Si je connoissois un homme *

plus Philosophe que vous plus 9


diflinguépar Vheureux talent de
péter en affirance" 9 même ayecfra-
,
cas
toutes
dans
les
tous les
circonfiances
lieux
je
& dans
ne vous
,
dédierois point aujourd'hui le ré-
sultat des opérations des Francs-

ne peuvent
;
Péteurs, leurs Statuts&Vorigine
de leur Société des hommes libres
choijîr pour Mécéne
qu'un partisan déclaré dela liberté ;
ceux qui agirent par des principes
incontcflablesnepeuventmettre leurs
œuvres que fous les auspices d'un
Sage.
-
Si les Francs Peteuxs avoient
cherché feulement un nom & de -

grands titres dont le vulgaire efi

trouvé cher vous ,


ébloui y ils les auroieht également
& vouseuffie^
tu la préférencesur beaucoup d'au-
très y ils vouloicnt destalens
mais
qui leur fussent chers dont l'exer-
,
cicefait leur occupation & leur gloi-
re. Quel autre que vous, MoN-
i
s EUR, pouvoit mieux être l'oh-
jet de leur hommage
si fort au - dejJus
? Vous êtes
des hommes les
plus célèbres dans cette partie., que
s'ilsn'avoient ambitionné de vous
faire leur Protecteur , ils vous au-
roientJOllicité de devenir leur Chef.
'Vos exploits étoientconnus avant
que la Société des Francs-Péteurs
fût établie ; ils faisoient du bruit
dans toute la Province; Que dis-
je ! le Royaume entier étoit injlruit
que vous pétieç souvent, £ que:
,
vous favie[ le faireavec grect.
Dans l'enfance unGouver-
neurvoulut vous mortifier sur la
liberté quevous avieïprifedepéter
en bonne compagniel vous ne rou-
gîtes point,& dès-lôrs vousajfu-
rates que vous n'avieç point fait
une actionfajette àsa cenjùre; il
infijla vous pétâtes encore.Dansr
,
votre jeuneJfi, utile à l'Etatpar

occupé si long tems ,


tesservicesmilitaires qui vous ont
- vous vous
êtes toujoursfaitconnoîtreparvo-
ire tiberté à péter, si à péter fou-
;
vent
par
on vous
excellence.
nommoit
Retiré
le Pétenr
maintenant
dans vos Terres, vous y exercer
sans contrainte l'art admirable des:
-
Francs Péteurs. Quels trionlplzes:

Préjugé l
n'aveç-vouspointremportés surle
y
Votre Curé d9un inci-
dent minutieuxcréa un procès en
bonne forme, parce quevousavie^
pété en sa préflnce, & qu'il crut
la gloire de son état intéressée
toute
;
dans une pareilleaventure ilplai-
da, ilperdit ilvint vousdeman-
,
der grâce vous pétates: avec une
vigueur si uneharmonie qui con-
le
fondirent de nouveau Suppliant y
& vous lui remites les dépens. Vous
aveî-plusipunefois arrété'le babil
ajfafjin de ces prétendus Lettrés qui
se disputoient à votre table avec
autant d'aigreur que d'indécence sur
des matieres qu'ilsregardoientcom-
me fort ,
essentielles &qu'ils-n'en—
tendoient point ; trois pets lâchés
au fort de la disputeJïupéfoient
-
les Scholiafies si déroutoient leurs
àrgumens.
- Vous aveç souvent,parl'effet
de Vharmoniepétifique, déridédes
: ,
Prudes, interdit des Coquettes,
mortifié des Précieuses apprivoisé
,
des Importans rappellé des En-
thoufiafles en tout genre à la Sphère
commune, fait rire des Myfan-
,
tropes, & pour tout dire égayé
desCagots,
Ces hauts
Cey h faits nous étant con-
o n-
-

.,
nus vousétieïadmiréparminous
pouvions-nous manquer de sollici-
ter votre fuffragt pour nos travaux
& pour nos louables entreprises :
je conçois que votre modeflie doit
souffrirde Pénumération deVhif-
toireque je viens de faire de vos
Juccès9mais elles font nécessaires
dans cette circonflance ; je vous en
eujje épargné le détailpar-toutait"
it
leurs, il saI/o jujlijier. à la face
de tout l' Univers le choix d'un
Patronque la Société des Francs-
Péteurs se donne aujourd'hui, il
falloit montrer que ,1 quoique vous
soyes grand, ce n'ejl point à ce
titre qu'elle vous offre ses voeux à
son entrée dans le monde- elle ne
veut pasqu'on la soupçonne d'a-
voirtombé dans un ridiculeficomr
mun à tant tfautres ; ce n'efl qu'au

Préjugé qu'elle s'attache;


titre de Philosophe & d'ennemi du
c'ejlle
Stoique Péteur que j'envisage en -'
son nom auiourebui je me flatte-
que vousme flzure{ gré de ma <&-
licatejfe.y & bon.
que vous trouverez
que je me dijedans toute Vharmo-
nie de nos bruyans accords+

MONSIEUR,

1
17

Il
Votre très-humble Serviteur P***
de la Société desPrancs-Péteurs.
l
PRÉFACE 1

-
PRÉ F A C'.E.
ILn'efl- presqueplus
;
1

du bon ton
de faire des Préfaces du moins
faut-il qu'elles foietit baroques &
singulieres. Autrefois on prévenoit
lePublic3 on follicitoit sa bien-
veillance, on lui exposoitlesrai-
sons & l'objetd'un travail dont on
le rendoit Varbitre:aujourd'hui on
leplaisante , parfoisnlémeon Vin*
jurie ;.on lui- ditqu'on ne Peftime
point,qu'on le redoutepeu-, &
qu'ilneméritepas qu'on let ména-
ge. Millefoliesplusingénieuses lest
unesque les autres forment le tissu
des jûvertijfemens ou 4vant-Pro-
pos: ces Discours préliminaires
ont-ils un rapport direct avec le
sujetprincipal; on s'en embarrasse
;
peu s'ilen tfl quejlion en passant,

., .&
riés JI ~t:,' en font
& déguisés ,1; l'
cela fujJir: deslieuxcommuns va-
tout lemé-
rite;& > proprement dit, c'tfl.un
y
dimtnuûfd'opusculeétranger pla-
à
cé la tête, d'unautre pçtilouvra-
ge,pourégayerJeLecteur.
Il efi vrai qu'on a réformé tces
immensesréflexions pédantefque-
ment arrangées à la
tête desLi-
vres dont les unes expliquaient
fas.titresfafiueuxdesouvrages,
leur méthode leurfckntifique Oh-
y
jet , &l'utilité que le Public devait
ncccjfaircmcnt en retirer.L'Auteur
imperceptiblement y rendoit compte
des dénominations glorieuses dont
on avoit allongéson nom propre;
détaïlloit fis recnerches, fis tra-

ces dans le Monde Savant : il


vaux, sur tout fis, correspondan-
an-
nonçait les jàurces" sans les citer
bien nettement> où il devoit avoir
;
puisé & ces sources souvent rie-
s
:
toientquele tabks de certainsbou-
quins poudreux & fort ignorés il
n'omettoitjamais deparlerdesvi-
ves sollicitationsque lui avoient
faitfis (lmis, ou des ordres qu'il
avoit reçus de Puijjànces rifpeéla-
blesil avançoit quesamodeflic x
il
avoitétéforcée,& croyoitpar-là
si mettre à l'abri de toutreproche
detémérité de toutfOupçon da-

; de
rnour-propre. Voilà les vieuxabus
dont on s'est corrigé abus qui
avoient dégoûté le Public tout
ce qu'on appelle Préfacer $' qui
Ont plus d'unefoisdéshonoré les
meilleurs Livres ou ils s'étoient in-
troduits. Mais la nouvelle méthode
j
si lejîe si galante d'annoncer les
?
écrits9etf-ellebien dans la nature
La tranquillité d'un Auteurquipa-
roît devant fis Lecteurs avec Taf-
furance de les captiver à-peu-près
,
comme un Athlete intrépidese mon-
tre sur Varèneavec la confiance de
sortir vainqueur9 ejl-elle, bien dans
là raison ? Il faut que lePublic
y
foit content puisque nos agréables
Ecrivainslui plaifint tous ksjours,
prendre
,
foiten faifantfemblantdel'insul-
ter, foit enle complimentant, &
raisonnantavec luiJàns lui riénap-
; Jicommunémentils ne
,
réujfijfojfntpas ils prendroient un
milieu entre le prolixe détailde nos
Anciensfeientifiques &le laconif
y
me brillantéde nos modernes.
-
Les Francs Péteurs donnent, au
PublicPônginedeleur Sociétéyses
fiatuts yses usàges, & leurs opéra- tif

tions, afin d'injiruire &d'être uti-


ily
les: ilsfavent combien a d'hom-
mes fournis encore au joug dupré-
jugé, quine pétent point librement*
:
Rien n'injlruit tant que l'exemple
les Francs Péteurs Je donnent en x
-
:
fPeaacle; ils rendent comptede leur
indépendance ils
en donnent les
rassorts, &mohtréht k chcmin à
ceux qui ont le desir dedeveûir li*

à
mi eux ni de fient garder ils ;
bres : ils n'ontpointât myjiercpar-
y
doivent éviter l'obscurité>£ Vob-
jet qu'ils si propeflttt étant attjfi

t
important, doit être manifejlésans
réfirvl & annoncésansinqu'té*
tude.
J7 n'y a point de charlatanerie
dans le titre qu'ils donnent à cet
Ouvrage. Ne point péter par rif-
peflpour le-préjugé, c'ifl êtreef-
elave ; péterlibrement & sans em-

:
barras, c'est avoir rompu l'escla-
vage ainji la
Société des Francs.
Féceurs pouroit prendre volontiers
pour devifl, l'Esclavage rompu.
Toute Société a eu une origine
plus ou moins. brillante >plus ou
moinsaccompagnée de prodiges
-
celledes- Francs Péteurs n'apour
;
elle que les liaisons raisonnables de
quelquesamis y qui savifoient de

âge : ,
penfer quoique encore dans' le bel
des lignes., des phénomènes
ne l'ont point annoncée ni accom..
pagnée; un beauJardin a été le
berceau de la Sociétt. On n'en dit
y
pas davantage mais encore faut-
y
il le dire. Il a quelques digref
fions qu'on trouvera peut-être trop
longues, si qui ontparu néçejfàir
;
res sur-tout danslepremier Li1!çels
Les Fondateursajjemblés à Vinf-
tantde la création de la Société^
avoienjt despropos à tenir& des
hijloires à compter:si ces récits ont
un rapportavec lefujet afle{ immé-
diatpourqu'on ne le perde point
devue, ces fortes de digreffioris
font-elles si condamnables ?
pecede chaque narration fimble
L'es-

faireéclore, ou tout au moins oc-


casionnerVidée d'un grade ou office
qui doitconvenir à chaque Inter-
locuteur, & qu'il efl cense remplir
par laftite. Ne feroit-ce point là
une especed'exposition ? Au refle
pourquoiles Frallcs-Péteurs nefe-
roient-ils pas usage fréquemment
des digressîons ? Tant d'Auteurs

coursj
ne doivent un Poéine,
souvent une
qu'aux épisodes multipliées
un Dis-
Tragédie,
&aux
digressîons ; ret usage leur réufft.
1

,~ Un' Corps politique nepeut se


avÕient
;
soutenir sans, loix Içs Francs-Pé-
btfoin :
elles se
teurs en
,
trouvent expojees difeutées & éta-
blies dans le fécond & le troijieme
Livres fous le nom deflatuts dans
9
l'un , & de moyens d'épreuves pour
les Prosélytes dans l'autre.Deux
différentesAJJemblées de la Société
font employées à les mettre en 'lIa-
leur & à les adopter autenthique-
ment: on metautantd'action qu'on
le 'peut dans ces sujets secs par
- -
eux mêmes. Pourroit on espérer
,
qu'avec uri peu de complaisance on
regardât ceci comme le nœud dela
?
pièce Lequatrième & dernier Livre
contient la deferiptionde la première
Assemblée juridique de la Société
1
dansun lieu dejliné & consacré à
- fil exercices, avec une initiation
éclatante: deplusieurs Candidats. Y
à
aurait-il trop de témérité suppo-

,,
ser icide l'intérêt ? cette der-
niereAssemblée qui termine M-
fin l'Ohvrage est toute employée
à célébrer les avantages & l'uti-
lité du peu Ne feroit - ce pas le
?
dénouement Les Francs Pé- -
teurs , dans les autres Livres,

jugé j
déclament beaucoup contre le pré-
pétent souvent, & si pro-
mettentde péter beaucoup & avec
y ils
assurance mais ne difintpoint
les raijfons qui les ont déterminés :
ils croyent enfin d'être obligés de
montrerlepet dans toute sa gloire
,sifln éclat, avec son utilité sifis
avantagtJ. Ils si fondentbeaucoup
sur l'indulgence du Publicqui pre-
i
nant le foindejuger leurs motifs,
trouveraen eux des dêfenseurs de
la liberté opprimée; dans leur con-
duite des modèles d'une indépen-
dance légitime & rayonnée; dans
leurs écrits des moyenspéremptoi-
res pourdétruire le préjugé, en
toute occajion le pet victorieux &
J
vengé -
des Francs Péteurs avides
de conquêtes & remplis du dejtr de
faire des heurçux.
On prévient ici deux réflexions
que le Publicferaindubitablement,
si onessaye d'y répondre•
LaSociété des Francs-Péceurs
n'efi*ellepoint une chimère ? N'ejl-
il point indécent d'offrir le pet & ,
une

,
Société
duPublic?
Quand

roit-ce un' crime


?
de Péteurs

de
aux yeux

la Société des Francs-


Péceursn'auroit point

Le mérite de l'invention ne
née
ferait-il plus connu de nos jours
Nefauroit~onplusprendre l'essorA
& nenous reste-t-ïlplus que lefe-
,,-

cret ajfef mince d'embellir à notre


faççn des objetsusés, en masquant
-
exeé,se-
l'avoirimagi-

leurvétujléfous des modes plusré-


?
centes Mais pour Jatisfaire les
cfprits exacts & fynzitriqueson
assure qu'une cotterie de gensfort
aimables & debonne,compagnie.,
prit le nom de Société de Francs-
Péteurs à Caën en Normandie,
lantj^zy
de
a
qu'il y encore, beau.
coup ceux qui la eompofoient,
quipeuvent aujouriphùi garantir
cette époquey& que l'un deux fit
imprimer dans la même Ville une
petite esquisse des réflexions sur le
pet, que Von trouve aujourd'hui
danscet Ouvrage" dont aucunAu-
teur étranger ne pourra à coup sûr
la
revendiquer propriété.
Pour répondre àlafécondeob-
,
jection
,
on établit comme une TC-
rité mathématique que lepet non-
seulement n'a rien d'odieux lors
qu'il efi bien connu, maisqu'il efi
utile & agréahle. Ne peut-on pas-
par conséquents'en occuper comme
?
de tout autreobjet Quandmême
onne le préfenttroit pas fous un
y
afpeB Ji favorable oneût pu en
le
traiter comme célébré Doyen Ir-
landois le
fait de la chaifepercée &
des latrines publiques : la matiere
estcependantbienplus grave,, &
pourlesgens délicats plus fingu-
litre. Le Public voit tous les jours
avec plaijir encore PArt de médi-
la
tersur chaisepercée., la Disserta-
tionsurl'ancien usage de la rue du
j
Bois dans lesMémoires de Aca- t
démiedeTroye (1) ; il
fluffremtme
uncertainpot-de?chambre cassé
il
mais à coupsûr applaudit à ces
;
-
——————<————————————! !——————————— "'0" ——

(1) Cet Ouvrage qui est devenu rrès-


rare, se trouvechezl'Éditeur de celui-ci.
deux premièresproductions, dont
Vuneappartenoit au
célébréDoc-
teur Swith y
dans un âge où il
avoit déja un grand nom & dont
J
la fécondé est le fruitdes loisirs d'un
aimable & savant Jurisconsulte de
la Ville de Troye. Quoique ces
exemples &cesautorités fussentdes
réponses fufiffantes à l'objection s
onpeut citer encore VagréablePhi-
losophe St. Evremond; il avoitune,

:
idée du pet, biendifférente de celle
qu'en a pris le vulgaire il en ju-
geoit à-peu-près comme les Francs-
:
Péteurs félon lui, c'étoit un sou-
pir. Ildisoit un jour à sa Maîtresse ,
devant laquelle il avoit fait un pet,
Mon cœur,outré de déplaiiîrs,
ii gros de ses soupirs,
Eroit
:'
Voyant votre humeur si farouche,
-
A n'oser
Sortit par
*

Que l'un deux se voyant réduit


Sortir par
unAutre
la bouche,
conduit.

LA SOCIÉTÉ
LA SOCIÉTÉ 1
1: DES
-FRANCSPÉTEURS. 1

LIVRE PREMIER.
Dans un
vastejardinde la ville
deC***, des jeunes gens assemblés
au nombre de douze, âgés d'en-
viron aoà 15,ans,, diflertoientfort
sur la puissance des préjugés, leur

;
tyrannie & sur la difficultéde les
vaincre ils établifïoient ceux qui
gênoientdavantage la liberté, &
dont il feroit plus à propos de se
départir. Dans le même instant un
de ces Dissertateurs donna congé
:
à un ventqui fit beaucoup de bruit,
& ajouta »Tout autre que moi
33 eût été interdit de cet impromptu,
33en eût rougi, & peut-être sefût-
»ilexcuséde la liberté qu'il pre-
»noit de se procurer un foulage-
» ment réel & honnête. Pour moi
53 je penseque l'on devroit péter
»aussitranquillement que l'on
» tousse,que l'on éternue; & que,
il pour peu que l'on mît d'art &de
"méthode à péter, non-seulement
33 il n'yaùroit point d'indécence ,
il mais qu'au contraire il y auroit
»beaucoup d'utilité. Rien de plus
>3 juste(reprit un fecond
Diffèrta-
33 teur), lahonte & leridicule at-
33 tachés à la (ortie brusque & ino-
33 pinéed'un vent, font les effets
3» d'un vrai préjugé;nousavons
» réfblu de les contredire
; :
& de les
» renverser, s'il est possible com-
» mençons parcelui-là il a des
, ;
"droits accrédités,-& cependant
,
»des moins légitimes uniflons-
,
freres ,
»nous, frappons frappons mes
renverfons l'idole con-
,
55
55
fondons ses sectateurs, formons
55 une
ligue établissons une société '-.

55
dont tout l'objet foit de rendre
»aux hommes la liberté dans l'u-
55 fage des pets «.
Ce bel enthousiasme fut suivi
d'acclamations; il eut son effet; le
zèle s'empara des cœurs, (Se au
mot de frere qui avoit été pronon-
cé dans le feu du débit, on ima-

,
gina de créer sur le champ un Or-
dre dont tous les sujets touçhés
d'un intérêt commun
droient de plus en plus amis, du
-

moins se perfuaderoientl'être, ce
devien-

,
quiferoit à peu-près égalpour
fond de la chose agiroient de
concert, se donneraient des loix,
le
établiroient des règles, des ftgçuts
& compoferoient
seroit enfin une socié-
té qui celledes Francs-Pé-*
fçurs. On si'euc point intention,
comme des Critiques l'ont préten-
du, de parodier les Francs-Ma-
çons, on les respectoit trop ; on
voulut tout simplement réunir des
hommes qui pétaffent librement,
Se les nommer Francs-Péteurs. Le
fut
premierPéteur
;aussi-tôt élu
Directeur de la Société celui qui
avoit saisi le projet avec plus de
troisieme,
zèle fut nommé Vice-gérent; un
voyant que tout se dis-
posoitfavorablement, demanda la
pdrmiffion de parler, & dit:?) mes
»Freres vous me mettez bien à
»
5)
l'aise,
plus
&
que
votre
toute
dessein
chose
me
au monde
» vous allez juger s'il doit m'inté-
;
flatte

» refier. Une femme de cette villey


»jeune, jolie , spirituelle, quis'est
r> fait un ton agréable-, au milieu
» d'une conversationbrillante, fit,
»il y a quelques jours, unpet,
mais de ces pets qui surprennent
>5 par
leur éclât & leur activité.
» Vous imaginezque tout le mon-
»de rit, mais labelle Péteuse, loin
»de ,
,
rire fut si déconcertée, si
»piquée d'avance des plaifahteries
» qu'elle croyoitessuyer qu'elle
»quitta brusquement la compa-
» gnie, sortit avec humeur, neme
»laisa pas le tems de lui don-
la
»ner main, & se jettadans sa
»voiture pour rentrer sur le champ
;
» chez élle je la suivis en silence,

de la
;;
»& j'eus beaucoup de peine à ob-
» tenir mon entrée j'essayai d'a-
bord consoler mais Yai-
»
» griffois l'humeur de plus en :
plus
)), il me vint dans l'idée d'applau-
rt dir à l'usage des pets, & de prou-
» ver combien il est ridicule deles
» proscrire : on m' écouta d'abord;
"Qn fit ensuite de cesmines qui
décèlent le rire au travers de la

; je
55
» morgue, & qui tiennent encore
» du sombre de la cosere m'ap-
»perçus que la bouderie étoitàses
35 ,
fins; en effet on éclata on se
j'é-
» tintles
; côtés,
» tois fou maisque si je
on me dit
» être bien aimable, il falloit trai-
que
vouîois
"ter sérieusement la matiere, &
"donner fous huit jours un Dit-
» cours sur
»avec plaisir,
le ;
pet
je
je
& Dans
reçus l'ordre
pris le parti
»d'être Auteur. le même
»accès on me donna du papier,

, :
55 on voulut du moins voir éclore
"le plan de l'Ouvrage je misJa
»main à l'œuvre & après une
heure de propos plus que de tra-
» vail, je vis avec surprise l'ef.
»quisse de l'éloge du pet. Quel-
» ques jours après je le présentai,
on le reçut avec une joie fingu-
»lierc, & on m'en fçut un gré
55
infini. Quel nouveau plaisir, mes
»Freres, pour cette femme char-
55 mante, de voir s'établir une So-
55 ciété uniquement occupée de la
vengeance du pet & des Péteurs,
»du foin d'étendre leurs droits
quelle farisfaaion elle
;de
55 pour
55 lire lesOuvrages que l'on fera
55
la
par fuitepour détruire le pré-
»jugé quis'oppose à lalibre sor-
!
"tie des pets Ah ! vous formez
99 une Compagnie dans laquelle
» tous les gens raisonnables pren-
» dront des intérêts bien réels.
Les Freres regardèrent comme
le plusfavora ble de tous les augu-
res le travail précoce de l'Apolo-
;
giste du pet on se promit un bon-
heur brillant & durable, &, par
sentiment de reconnoissance autant
que par juflice, on pria le frere
d'accepter la place de grand Ora-
teur de la Case des Francs-Péteursf
on ne voulut point se servir du mot
de Loge, & (il efl: bon de l'ob-
)
server ici, dans la crainte d'être
soupçonné d'imitation on voulut

,
éviter la confusîon jusques dans les
termes tant la prudence & la fa-
gesse présidoient à la naissance de
cette illustre Société. La joie s'ani-
moit entre les nouveaux Confrè-
res, lorsque l'un d'eux en suspen-
dit l'activité par desréflexions qu'il
ne put se dispenser de communi-
quer en ces mots; » J'ai tout f'at-
» tachementpour vous, mes Fre-
33 res,
.., dit - il, & le zèle le plus
-
»tardent pour l'établiffenient de
33 notre Société, mais je prévois

yy martyr ;
» que j'en deviendrai le premier
je fuis obligé de vivre
yy avec une ayeule & une mere qui
33 prendront au tragique la liberté

33 dre l'humanité;
33 de péter que nous voulons ren-
à elles feront
yy1er avec vous ,;
yy tous leurs efforts pour me brouil-
sans pouvoir y
»réussir à la vérité mais elles
»m'interdiront du moins leplai-
hr de vous voir, elles s'efforce-
;
33
»ront derépandre du noir sur
33 notre conduite ma grand'mere
»sur-tout rassemblera toutes ses
33 forcespour
33 sur nosprétentions ;
allarmer le beau texe
& pour que
33 vous ayez une

,;
idée de cette
yyme qu'il plaît auCiel de me
33 conferyer encore
33 qu'elleest née àV***
fem-

vous saurez
qu'elle y
33 a reçu sa premiere éducation vers
yyle milieudusiéclepaffé, qu'elle

-.
33 vint à Paris avecmamerealors
33
fort
", fort jeune, pour faire terminer
» un procès considérable, dans le
»tems que Moliere donnoit à la
v» Scène Francoise tout l'éclat dont
» elle brille aujourd'hui, & qu'il
33 jouissoit lui-même de sa réçuta-
»tion. Madame la Comtesse de
,» P ** * ( c'est le nom de mon
il ,
» ayeule ) parut enplaideusecomme,
» faut elle vit bonne compa-
» gnie, & alloit fréquemment au
» Spectacle où elle ne tarda pas à
» êtreremarquée par un maintien
33 nieres apprêtées
» cieuses
;
»singulierement grave, &desma-
on joualesPré-
ridicules, tout le monde
y
» courut,&Madame la Com-
w tesse deP*** se plaça aux pre-
33 mieres loges; dèsle fécond acte
» tous les yeux furent fixés sur ma
« respectableayeule, on applau-
»dit, ,on
;
claqua à plusieursre-
» prise, le mouvement fut toujours v
»dirigé vers le mêmecanton en
» applaudissant à la Piéçe, il fem-
» bloit qu'on en célebroit, le mo-
vdèlc, cetteaventure piqua au vif
yy Madame de P*** ellesortitfu-
,ce
yy riettfè du Spectacle, alla dé-
» charger sa bile chez une de ses
yyamies qui lui donnoit à fbuper
yyEh bien ! Madame, dit cette
:
»amie, que la haute dévotion &
»au ,
les nombreuses années retenoienc

l
..,
yy
M PRÉCIEUSES RIDICULES ??
logis que pensez vous des

»dites-vous de cette Pièce Elle


Que
efi
yy
,
miférabie, lui répliqua Ma-

yy unmauvais plaisant,
n dame de p*1t* & sonAuteur efi
on n'a ja-
yymais traité les femmes dans ce
yy goût la &sur-tout des femmes
yy de qualité : de quoi s'avise ce
,
yy Farceur de prendre sessujets dans
yy le beaumonde ? Ilne mettoit
» ordinairementsur la Scène que
yy des gens obscurs comme lui, on
yy
» aujourd-hui
;
le luipardonnoitmais il répand
unridiculeforcésur
yydesfemmes qu'à coupsûr il ne
&
yy connoît pOInt,
: qu'il
yy respecter celaest horrible cela;
devroit
yy criant. Ily a moins
est dans
n lice de po-
la Capitale que dans
3) les Provinces;
yy Mais vous
vousfâcheç tout
yy de bon, reprit notre dévote, je
Y., ne
Jais si vous aveç tant de
yyrai[ond'injurierVAuteur silà
M Pièce y comme vous vous Vima-
gineï d9abord, vous avancer. as-
si,légerement que les PRÉCIEU-
» SES RIDICULES font prises dans
yy laclasse des femmes de condition>
M on
m'a faitl'analyse de la Piècé
» & j'aientendu qu'il étoit feu—
yylement queflion de bourgeoises
yy renforcées,
, qui pour avoir des
yy manièresavoientacquis des mi-
yy nes & des grimaces, quipourpa-
yy roître savantes ne voyoient que
despédans, si. en avoientretenu
yy
yy lejargon&lepheebus ; si cela
yyefi, onn'a pas tant de tort eau-
yytoriferlacritique de ce ridicule
yy qui déplace les gens, & qui ga~

yy blic:
"gne de plus enplus dans le Pu-
si lesfemmes de qualitéen
,
»itotent atteintes, quelmal y
roit-il à lesjrapprocher duvrai,
au4
V
» &par une fineplaisanterie d'efi
vfayer de les remettre çlans le beau
V naturelquifiulpeut nousplaire?
p Toutle Corps de la NohldJe vous
p doit en vérité un remeveiment 9
pfis défauts vonp être misen fpec-
y
» tarie &livrés à tout le peuple le
??premierBateleuravec de la témé-r
p rité ou du talent,fera en droit de
p les mettre en action bien oumal,
vvous en a imposé ,
p£d'eji faire rire le Fuhlic. On
Madameysur

y? de bourgeoife§ ,
»l'espece des fimmes que Molière
pa si mqltraitéesy ce nefontpoint
simples on ne
ppeut les y rcconnoitre ydéfi le
ppàmieux ,
p ton des premieres femmes &des
élevées leur tçn efi outré,
lavérité mais le reçonnoît
y on
V
cependant, & je soutiens, aveç
»Vexpérience que j'aiacquise dans
Vle monde, que quand il auroit
V un peu
d'affectation dans le ton
p des femmes quitravaillentà$'çry
tiner l'ifprit, qui tJnt réellemlnt du
te figure, jefoutiens»
» goût av de
,
la
Vvous dis-je qu'il ejl. plus que
» dangereux de vouloir y mettre de
la y
réforme, qu'il ne peut avoir
»aucun avantage ; & des que si cette

,
» belle Comédie opere
r>mens ce feratantpis Oui tant
v>pis. On ne quitte un
changé-*
yextrême
que
»pour tomber dans un autre, &
"VOUS verreç ce qui résultera de
»cette entreprifl, de rapprocher les
"fèmines de votte beau naturel pré-
»tendu*«
» Ainsi
;
se termina cette conver-
« fation sérieuse vous jugez main-
»tenant si une femme qui, sans
,
» êtrepeut-être au fonds précieuse,
33 ni ridicule n'a pu même
» lérer qu'on frondât les manies
font
to-
.,

33 des femmes qui l'un & l'au-


» tre, trouvera bon que je faffe -

33 valoir nos prétentions, elle


quix
«ne laisse échapper aucun de les
» droits sur moi. M'étant engagé
» devant vous à protéger lepet Ôc ,.
à péterlibrement>pourrai-je
&
yy
yy ,
manquer à ce que je vous dois
dans mon domestique ou bien
braverai-je les orages les plus
»effrayans«
M

Direâeurrépondit
?

:
Après un moment de silence le
» Vous êtes
yy moins à plaindre, mon Frere
,
» quevous ne pen fez,& vous avez
"au contraire des avantages sur

yy sance
;
yy nous dont nous pourrions être
» jaloux vous pouvez, dès la nais-
de notre Compagnie, lui
yy faire plus de sacrifices qu'aucun

» consacrer ;
wx de nous, & à chaque instant vous
àsa gloire il n'estpoint

yy gnaler son zèle ,


»de nos freres qui ne voulût si..
& essuyer
yy présent les plus cruelles perfé-
dès-à-

» cutions. ( Tous les freres firent


ici un figne d'acquiescement.) Ainsi
»jepense que pour dissipervos in-
»quiétudes, il faut vous donner
yy un grade, qui sa
par nature vous
»inspire une noble hardiesse &
yy vous soutienne dans des momens
M de foiblesse
99 nomme Frere,
imprévue,
Foudroyant.
je vous
Par-
il mi les enclaves, c'est-à-diredans
»lePublic, vous ferez l'office d'O-
»rateur ; vous peindrez les avanm-
,
» ges & les charmes de notre So-
iy ciété, Vous la défendrez par état
» contre les mauvais pîaifans, con-
»tre la morgue des prudes, la pé-
»tulencedespetits-maîtres, lera-
»dorage des vieilles, nommément
contre l'humeur & la bile de vo-
99
»tre grand'me re & de toute votre
vfamille, s'il le faut. Dans l'inté-
99 rieur de la
; Cafi vous éprouverez
»les Candidats par l'ardeur de vo-
99 tre zèle &
l'imposant de vos fonc-
9> tions, vous leur apprendrez à nous
»connoître, à nous estimer : cet
»office éclatantvous est nécessai-
>9 re, il vous affermira infenfible-
»ment. Un Capitaine de Grena- -,

9> diers doit son intrépidité àTes fen-


»timens & à la nature, il est vrai
»maisquelquefois autantau poste
;
99 même qu'il occupe,& au coup-
"'œil qu'il jette sur les hommes

bération ,
«qu'il commande. « Tous les fre-
res applaudirent a cette fage déli-
& le frere accepta le grade
dpFoudroyant.
:
Unautre Associé tint
un langage
biendifférent ?3 Je ne pourrai,
yy mes Freres, vous offrir des triom-
33 phes, des viaoires remportées,

:
e>& m'en faire un mérite auprès
33 de vous je n'aurai point dansl'in-

;
»térieur de ma maison des préju-
33 gés à vaincre
le
mais je ferai fou-
»vent témoin dela joie que pro-
»curera le récit de vos progrès.
»Tout mon monde est Franc-Pé-
"leur d'avance, grâces a un cer-
33 tain Abbé, homme important par
le
33
sa
«rens
;
» revenu de ses, bénéfices & par
, ;
délicatesse mere, enfans, pa-
amis,domestiques, tout
«,

»pételibrement on traite même


yyde gens sans maintien,ceux qui ne
»savent pas lâcherun vent à pro-
33 pos,&von applaudit lorsqu'on le
» fait avec grâce. Je rougissois, il
y
»a dix ans ,, lorsque mon Oncle
»pétoit, sur-toutau milieu dure-
»pas ( l'indécence m'en paroulbit
;
e.) plus forte); car dans toutes les
»Maisons régulieres, Collèges ce
»autres de pareille espece, on a
"joint tant de gravité & de rigou-
yy
reuse observation aux aaes du
boire & du manger qu'on en a
yy
,
» fait, pour ainsidire, une céré-
yy monie religieuse : le plaisir si na-

;
1.

»turel attaché à ce besoin, se tour-


yyne en contrainte & en travail
"la fanré en souffre souvent, il en
»résultedumoins que les jeunes
»gens néssensuelss'échappentpour
en
»manger liberté, comme
,
les
"autres hommes, & que les gens
,
»soumis peu entreprenans ac-
"quierenr cet air embarrasse, mê-
,

»me mauÍfade dans les sociétés or- fâ-


» dinaires & jusques dans leur
yy mille, dont ils ne se défontque
»long-tems après qu'ils font fortis
»d'esclavage. J'étois dans l'espece
".de ces élèves dociles quinesavent.
»point prendre l'essor, & qui n'ima-
33 ginent de plaisir que
:
dans l'exé-
» cution de leurs devoirs rien ne
»m'étonna davantage que la liberté
"de notre joyeux Bénéficier, qui
»me régala dès le premier jour
rt d'une falve redoublée de pets
»qui rioit de toute son ame lorf-
& ,
&qu'il leur avoit donné jour Je fus
»assez bon d'abord de rougir pour
»lui; il il
étoussoit, pâmoit d'aise:
*

je fus accucilli dans le même


»
33 goût par toute la famille qu'il
»avoit mise sur le mêmeton; tant
» l'exemple de cesfortes de gens est

:; ,
'))puissant,! Je n'y pouvois tenir;
33 j'eusse voulu être encore chez mes
»premiersMaîtres mon embar-
."ras dura long-tems enfin je pris
-i.) mon parti, foit contagion foit

:
p envie de plaire, je lâchai un jour
33 un gros pet; tout le monde ap-
plaudit je fis bonne contenance:,
33 cela me réussit au mieux, & de-
-"puis ce tems, mes Freres j'ai
»senti l'avantage de péter, ôc je
;
« n'en laiflçéchapperaucuneoc-
» casson «. Le Directeur & les Frè-
res convinrent après ce récit, qu'il
etoit à-propos que le vainqueur de
ses propres préjugés contre le pet,
ayant d'ailleurs l'honneur d'appar-
tenir à gens qui le favorifoient si
autentiquemènt, fût élevé all grade --
;
d'Introducteur&
rémonies
de Maître des Cé-
ce qui fut agréé & ap-
prouvé avec acclamation. Toute la
Société se réunit pour engager l'un
: à
des autres Frères accepter l'Office
de Trésorier le Directeur lui dit
qu'étant homme de ménage, il fe-
rait plus propre que tout autre à
administrer les fonds de l'Ordre
& à mettre del'œconomie si né-
,
ceffaire à tous les états dans les dé-:

;
penses de la Société. EHecMvemenc
le Frere étoit marié depuis peu il
accepta l'emploi, & tous les Offi-
ciers furent dès-lors établis dans
leurs fondions. Les autres Associés
virent sans furent
jalousie l'élévation de
ceux-ci; ils très-contens &
très-honorés d'être du nombre dei
Fondateurs d'une Société si utile
& si estimable. ,

Cette pretniere teriue des Etats


; f
Francs- Péteurs, ut féconde en dé..
libérations &, contre l'usage de
bien des Sociétés, on ne s'assembla
point pour délibérer qu'on ne déli.
béreroit rien : tout ce qui fut pro-
posé avec attention &discerne-
ment eut son effet.Une féarice si
brillante remplit les cœurs de fk-
tisfaction ; & par une attraction sin-
guliere, tous les Freres pétererit,
recommencèrent encore & avec
,
tantd'éclat, qu'un grand nombre
de leurs amis répandus dans les
bosquets du Jardin qui servoit de
berceau à la Société, accoururent
au bruit, s'attrouperent, & virent
avec étonnementque l'on pétoitai-
*
sément, même avec des graces :
on répétoit sans crainte le même
-

concert; ils voulurent y participer.


Le zele s'empara d'eux; ils vain-
quirent tout-k-coup lepréjugé &,' :
étantinstruitsdece qui sétpit pas-
;
sé, ils demanderentà être Asso-
ciés ils étoientaunombre dç
fejze. Les Frères se retirerent un
peu,prirent les voix, ôc en adop-
;
tèrent dix les six autres fiirent
;
priés de permettre qu'on les éprou-
vat ri,
ils avoient même rougi
ils avouerent Jeur faute, cone
?
tiation.
sentirent que l'on différât Içur ini-
On convint qu'à la prochaine
Assemblée on rédigeroitdesSta-
tuts & Reglemens, dontonauroit
combiné les rapports, envisagé les
objets & prévu les conféquepcçs,
LIVRE SECOND.
LE rendez-vous de la féconde
Assemblée de la Société naissante
,
étoit donné dans une prairie que
l'Orne arrose & peu distante de
la Ville; tous les Freres s'y trou-
verent avec un zèle proportionné à
lagrandeur de l'objet qui les y at-
:
tirait point d'affaires domestiques,
point de plaisir même qui put en
retenir un seul : l'Aurore n'avoit
;
trouvé aucun d'eux dans les bras
du sommeil ils l'avoient tous de-
vancé; les six Profélites même qui
n'avoientpû être admis dans la pre-
:
miere Assemblée,s'étoient rendus
les premiers ils se tinrent toute-
;
fois assez éloignés
entendre mais
pour ne pouvoir
assèz
être apperçus desFreres.
prochespour
Oh ne peut exprimer la joiequi
s'empara de tous les cœurs lorsque
les Freres se virent réunis; ils en don-
nerent les marques les plus sensi-
bles, Sinceres embrassemens, pro-
pos agréables qui ne tenoientpoint
du compliment ni de l'adulation,
questions obligeantes & réponses
aimables , tout fut de la partie ;
:
mille pets partirent à la fois & se
nrent entendre au loin les Pro-
;
félitesprirent la liberté d'y repon-
dre les Freres pérerent encore ,

,
tantôt en duo & tantôt en solo.
Enfin le Directeur arrêtacetteai-
mable confusion & d,t
»Freres,nous sommes assem-
:
ici
» Mes

» blés pour
;
donner des Règlement
»à notre Société aucun Corps po-

:
litique n'a pu se soutenir ni ne
» pourra exister sans Loix les con-
"ventions que nous allonsétablir '-
» ôc adopter doivent nous lier pour
»toujours; si nousles suivons exac-
» tement, après les avoir recueselles
» feront notre fûreté & notre bon.
»heur, Voici le Codicille qui les
:
»renferme;jevais disserteren con-
»séquence pardonnez moiau- -
»jourd'huile dçcoufii du djfcaurs
»les transitions menacées fontim-
;
»possibles dans cette circonstance,
,
,
»Lorsquenotre Sociétéfera con.
»nue& goûtée il n'y aura point
»de grande Ville qui ne desire pof
»séder& yoirs'établir une Café
»dans son fein. On pçÜt le prévoir
(ans témérité ; l'avantage qui en
Vrésulteraest trop çonsidérable
55

»pour le Public: mais ilnç pourra


55y avoir absolument
»d'établie en chaque Ville ex-
il
»ceptédans celle-ci, où yen aura
,
qu'une Cqfi

55 trois, l'une au centre, & les deux

;
»autres répondantes a l'orient &à
»l'occident celle du centre fera
»toujourssupérieure à toutes lesau-
»très en généralcompolée
: chaque CaJè ne
»pourra être que de
"trente Sujets exclusivement.Les
-

»choses rares obtiennent toujours


:)
99la vénération & laconservent
wprefcjue
;
prcfque tous les établissemens qui
s'éloi-
»se font trop multipliés en

1
»gnant de leur source ont dégé-
»néré.Trente hommes dans cha-
55 que
Cité suffisent
pour- ramener à
»la liberté des Concitoyens de
"bonne foi.
55
Si l'on en admet un grand
"nombre dans le lieu où la Société
55a pris naissance, c'est qu'il faut
»avoir du renforttoujours prêt"
Mce ildoit être au centre.
»La premiere Cafe fera gou-
»*vernée par le Directeur général,
»dont le grade fera à vie &per-
»pétuel dans sa personne, les Chefs
55
des autres Cafés feront amovibles
»par trois ans.
55
L'espece de Gouvernement
Monarchique convient mieuxque
55

:
toutautre à un Ordre qui a l'esprit
"de conquête un Chef que l'on
»remplace après quelques années
»apresque toujours le déplaifirde
»voir ses plans réformésou dé-
:
»truits chacunestjalouxd'ymet-
wtre du sien, & rarement est-on
»content - de ce que les autres ont
fait
ii auparavant.
Il
» ne convient pas que
;
les Chefs
»particul iers soientperpétuels leur
»autorité balancerait celle du Di-
33rêveur général.
l,
>1 Chaque cass fera composée
w d'un Direéteur, d'un Vice-gérent
M ou Directeur en fécond, d'un
", Orateur, d'un Foudroyant, d'un
»Introducteur & d'un Trésorier:
»tous les Officiers composeront
M le Conseil, & y appelleront les
» cinq derniers Officiers sortans de
»charge, avec les plus anciens des
F
55 reres ; desortè qu'ils se trouve-
»ront toujours douze assemblés.
»Lorsqu'il fera question de déli-
»bérer sans ce nombre, il fera dé-
95 fendu de faire la plus petite opé-
»ration, fous peine de toute nullité
,,& de sémonce publique.
95Les grandes Assemblées ter-
» minent difficilement les :
affaires
.,.dès qu'on a remis librement à
"un certain nombre les droits du
» Gouvernement, on doit s'yfou-
mettre.
;
-

Tous les deux mois on tiendra


;
99
»la CaJè ordinaire tous les huit
33
jours le Conseil & le 15 Mars,
»lorsque les vents impétueux font
33
l'Assemblée générale c'est-là :
censés faire le plus de fracas, fera

33que les Officiers de chaque Cast


»feront l'extrait des délibérations
33du Conseil
,
33riers rendront leurs comptes
"réflexions & observations feront
33proposées parécrit & signées de
:
& que les Tréfo- -.
les

"leur auteur.
33
-
Les Francs Péteurs auront
d'abord des correspondances dans
53toutes les Villes du Royaume, &
33par la fuite dans les Pays étran-
33gers; & le nombre en fera pro-
,
33portionné à la grandeur des Vil-
33les à la quantité des habitans, &
33à leur caraâere.
„L'objet de SociétédesFrancs-
le
»Péteursest de détruire préjugé
1.
„quis'oppose à la forcie libre dû
»pet.Partout oùilyaura des hom-
„ mes, le
faut donc que
il
:
préjugé aura des autels
les Francs-Pé-
33
„teurs travaillent à le détruire, non-
„seulement dans le lieu qui a vu
naître la Société, mais encore

; :
55 dans tous les Pays où ils pour-
»ront pénétrer le zèle n'a point
»de bornes il faut que les Francs-
"Péteurs se donnent des Associés
"qui deviendront leurs Freres par
„la fuite.
:
55ou moins besoin
,
"Les Villes, même les quartiers
"de certaines Villes auront plus
d'ouvriers, en
»raison égale de leur attachement
"au préjugé.
„ Les Fondateurs de la Société
„se disperseront en différentes Vil-
„les du Royaume pour en connoÎ-
„tre le génie, pour se lier d'ami-
»tié avecceux qu'ils trouveront
-

33 plus disposés à sortir d'esclavage,


55& pour en faire desCorrefpondans.
ji à
Riendeplus propos que de, for-
„„Inrerprètes
mer, avant toute opération, des
& Introducteurs, mê-
"me des Aides-de-Camp, s'il est
„possible, parmi lesnaturels du
„ Pays que l'on veut conquérir. ,t
MII
y aura dans chaque Ville un
-,

„ Chef de correspondance, auq uel


»tous autres Associés rendront
,
» compte de leurs opérations & de
„leurs progrès dont il tiendra
„ajournal & qu'il fera parvenir tou-

yy
général.
rtes les semaines à l'un des pre-
wmiers Officiers, ou au Dire&eur
Les grands Corps ne se foutien-
s.)
»nent que.par un coup-d'œiljuste
:
»de la part du Chef sur les Mem-
„bres si ce coup-d'œil n'étoitpoint
»interrompu, il ferait infaillible;
il
mais faut se contenter de l'ac-
„tuelle possibilité. et ;:
Ici le Vice-gèrent prit la liberté
d'interrompre le Directeur, & em-
porte par son zèle,,lui demanda
quels' feroient les Reglemens pour
l'établissementdesCases étrangères
?
lors de leur création »Ce feroic
peut-être ici le lieu, ( ajouta-t-il )

"de nous prescrire les Loix & de
^ffatuer sur les cérémonies que
„l'on employera en pareil cas je
,prévois que les Statuts généraux-
:
feront toujours les mêmes pour
„toutes les Cafes; mais du moins
„faudra-t-il employer des forma-
„lités singulieres, députer des hom-
„mes chargés d'ordres secrets &
„revêtus de pouvoirs; peut-être fe-
à
„roit-il propos de faire un arran-
„Les gement en conséquence.
Conduaeurs subalternes
font communément des hommes
,, à obfervarions, assez peu mé-
&
„thodiques dans la façon de les
j, énoncer; mais ils font nécessai-
h

res & les Sociétés dont ils font


"membres n'en tirent pas un mé-
diocre parti. w
-.

„ ,
Le Directeur général répondit
Mon Frere dès que vous con-
-
:
,

venez
„„virontque les Statuts généraux fèr-
toutesles
à Cases, il est
„inutiledeprévoir des circonftan-
:
„ceséloignées & des besoins qui
"ne subsistent point encore d'ail-
fleurs vous savez que nos Statuts
„ deviendront publics, & qu'ils fe-
„ront fous les yeux de tout le
„monde. Est-il prudent d'annon-
cer
„"être déja
nous
) ?
( & ne le faifonsr- nous peut-
que trop le desir que
avons de nous étendre N'a-

„jugés
vons-nous pas déja assez de pré-
contre nous ? Lorsqueles

drons à
„„fectation;leurs
;,
"hommes voudront être libres ils
„nous appelleront nous nous
vœux mais
ren-
sans af-
nous les soumettrons>
mais sans empressement, & nous
,,
„n'aurons point contre nous le fafle
„odieux dela conquête. J'approuve
"cependant votre zèle, & je vous
"prie de me permettre de conti-
nuer Le Vice-gérent se tut, &
le Dircifteur continua ainsi:
„Les noms des Correspondans
„ feront écrits sur untableau magni-
fiquement décoré, & placé dans
P •
"la grande' Cafe ; on les lira àcha-
„ que Assemblée avec l'éloge en

„portées.

apostille que mériteront les Frères
„ étrangers
-

pour leurs victoires


,,Dès qu'il s'agit de conquêtes
"la belle gloire devientle grand
rem- -

mobile, & porte sa récompense.


en „ Chaque- Correspondant
, écrira
,,,tions, succès échecs fort la-
:
particulier ses notes observa-
ou
coniquement sur un petit quarré


,,
pondance ,
de papier, scellé à sa façon, qu'il
remettra au Chef de la Corref-
pour l'envoyer
"une commune enveloppe au Di-
fous

iredeurgénéral.
„ Cet article paroîtminutieux
„ ;
"mais les plus petits ressorts entrent
-

tion œconomique
:
dans le jeu des plus grandes ma-
„chines d'ailleurs cette précau-
3,

n'est point dé-


:

yy placée chez les Francs- Jeteur s


„ils ne font point assurés d'obtenir
;

sitot la franchise désports de let-


tres. ,",'
j2Un
rfous
,,
Un
le
le secret plus inviolable ,
Correspondant fera chargé,
"de rendre compte à la case du plus
,,'ou du moins d'activité de Son
„ Confrère. Le Chef, qui fera ob-

,
servé également par celui qui le
suivra, fera chaque semaine un
extraitabrégé mais lumineux,
des actions de ses Confrercs, &
,, le
tout avec ordre & prudence.
„ ,Les Supérieurs
ne peuvent ju-
conduire,
:
ger & si on ne leur rap-
„proche qui se passe dans
pas ce
l'éloignement un peu de politi-

que
,
dans les Chefs est nécessaire,
„,,& les Membres quoiqu'avec ré-
pugnance, doivent se prêter pour
„„lebien
commun à ces fortes d'opé-
rations.
„ „Les fonds pécuniaires des cafis
"se formerontdes contributions
„annuelles de chaque Frere & ,
„s'augmenteront par la générofitéx
desLibraires qui imprimeront le
y,
recueil de leursdiscours & ouVra-
„ ges', dans le même format
„ que
celuide quelquesAcadémies de
„ Province, sur-tout des plus
ciennes.
99
>
„On n'affectera
an-
point de mystere
„ dans la Société des Francs - Pé-
„ teurs;on rendraPublicsses Sta-
tuts, Règiemens & Usages;On
"travaillera à mettre au grand jour
toures les productions
„ seuls ressortsdu
„les
des
gouvernement
;
Freres

"de ce grand Corps politique feront


„ignorés; la manutention inté-
pée ; il
"rieure n'en fera point dévelop-
importe peu au Public qu'il
„se persuade, quoique dans le fond
„ce foit peut -être le principal de
„la chose.Voilà ce qu'il faut ca-
",eller abfblument.
„On s'assemblera tous les deux
mois à huit heures du matin en
»été,& à dix enhiver, pour tenir
»la Cafe. On fera undînéhonnête.,
,, mars frugal ; on passera le jour en-
»semble , mais on ne soupera
.»pointen Case :il
réçond n'y aura point de
„Freres du Ordre; les der-
Mniers reçus feront obligés de se
,
»prêteraux besoins delaSociété
»pendant le repas dès que les Trai-
wteurs auront mis les plats sur la
stable.
»Le repas est un des liensle plus :

„charmant; maisles soupers entre


99
:
„hommes font rarement sans dé-
bauche
"domestiques Talterent presque
;
il y fautde la liberté les

»toujours. Les Freres du fecond


"Ordre ont fait souvent desrava-
»ges par leurs prétentions & leur
indépendance" dans les Corps où
il
55
» est d'usage d'en- recevoir.
„On ne prendra point d'argent
wpour la réception d'en Franc-
»Péteur; on devroitpayerleshom-
»mes qui ont afïèz de courage pour
»devenir libres & pour s'engager
,
»par état à procurer la libertéaux
:
„autres on doit être bien éloigné
d'exiger une somme de quelque
Mprofélytequece foit.
99On ne recevra point
-','
de
>
Sujets
„qu'ilsn'ayent atteint vingt-quatfs
„ &
ans, à soixante ils ne pourront
„plus entrer dans la Société des
53 Franc-Péteurs. Il faut un âge rai-
55
fÓnnable pour traiter des matie-
„res sérieuses, & ceux qui com-

mencent à vieillir ne peuvent ré-

pondre de leurs opérations.
53
On exige de tout Récipien-
„daire une disposition marquée
55 pour l'éloquence, tout au moins
„de rélocution , & indifpenfable-
55 ment la connoissance de sa lan-
55 gue.
Tout Franc-Pétcurdoit agir &
:

fuite de
55

convaincre :
„parler, essayer de persuader, en-
il est
„Orateur;aussicelui qui doit ha-
55
de droit

„55ranguer
-
publiquement - dans la
Cajê est-il nommé grand Ora.
55 teur, parce qu'il est censé avoir
„des talens applaudis, & d'autant
„mieux connus de ses Freres,qu'ils
55
les possedenteux-mêmes quoi-
,
55
qu'en degré différent. Il faut dé,..
"tromper les hommes, sa ire valoir
» le pet, &
augmenter de jour en
»jour ses triomphes; il faut pour y
"féuffir de l'ardeur &des talens.
On
„ veut encore que tout Réci-
„piendaire ait un -état au moins
33 tune
33
le
,
„ honnête,de l'aisance dans sa for-
& une forte de crédit dans
Public.
Un
» ne
» feroitFranc-Péteur ;
de bas aloi
aucun fruitaujourd'hui
„s'il étoitindigent, on le traiteroit
„ d'escroc.
»L'ardeur de conquérir iroit de
"pair d'abord avec la fois des ri-
„ l'emporteroit
chesses, & ce fecond sentiment
bien-tôt.

„ Un Sujetproposé ne fera point
„ admis qu'il n'ait pour lui au moins
»lesdeuxtiers des suffrages& des
-
voix.
„ On l'éprouvera pendant un an

„entier,& après l'année d'épreuve
on le recevra avec les formalités &
„ cérémonies dont

»

ni
- on conviendra.
„ Les Francs Péteurs n'auront
signes ni marques deleur Con-
„fraternité; en Cafe assemblée ôc
réguliere feulement, ils porte-
-

„ront un ruban blanc au col, au


"bout duquel pendra la figure en
„ or de Zéphyre couronné de toutes
fortes de Heurs, avec cette devise:
A la
„Les
liberté.
diftinéHons extérieures en
,, habîts& en parures dans le pu-
Mblic occasionnent des risées entre

adoptés:
9^les différens Corps qui lesont
,, on a trop fouvcnt em-
ployé un tems précieux à justifier
"la bifarrerie desajustemens, lorf-
„qu'on auroit dû pen fer à être utile
"aux autres & à foi-même. Tous
ceux qui n'ont point donné dans
"ce travers ont bien mieux réussi ;
ornais dans l'intérieur des exer-
cices particuliers & propres àcha-

"que Société, un appareilfiguratif
frappe,intéresse, & très-souvent
M
,, fait naître la décence, comme na*
„curellement& sanseffort.
* Le Directeur ayantfini Texpofé
&l'analyse des Statuts, demanda
l'avis de tous les Freres : illeur fit
promettreune soumission sans ré*
serve à ces mêmes Stacijcs, qu'ils
agréèrent & acceptèrent sur - le-
champ. Ils firent un figne éclatant
d'acquiescement, suivi d'une pro-
rnefle qui avoit la force de ferment
entr'eux, & scellerent le tout d'une
déchargebrusque & bruyante de
pets des plus sonores. ,. v
Le Frere Orateur annonça qu'il
parlerait
bléede dans la prochaine Assem-
l'especedesépreuvesparoù
;
il croyoit que devoient passer les
CandidatsFrancs-Péteurs & qu'il
flexions ,
soumettroit ses projeté & sesré-
à la Société afinqu'elle
les admît ou Jçsréformât-
Le Vice-gérent & Trésorier fro-
poserent de faire un planfigure de
,
l'édifice où devoit être la Cafi prin-

;
cipale de ses dimensions,décora-
tions & ornemens deporter çe
plan chez un chacun desFreres;
d'agir promptement dèsqu'il feroiç
généralement approuvé, sansmè-?
;
me attendre une autre Assemblée ;
dè n'en faire aucune mention jus-
qu'à ce que tout fût exécuté, afin
de procurer aux Freres le plaisir
de la surprise &de la nouveauté.
Cette invention parut agréable ;
elle fut applaudie généralement, &
on nomma deux autresFreres pour
aider ôé feconder les deux Entre-
preneurs.
h
Le Directeur décida qu'il falloit
diSererrAfIëmbIéejufques fut trois
mois, afin que l'édifice au moins
ébauché. Ilfit approcher les six

;
Prôsélytesqui s'étoient toujours te-
nus à l'écart il les loua de leur
zèle, les encouragea à péter fou-
,
vent & librementdans leur do-
mestique, en public & sur-tout
devantles hommes les plusenti-

Francs Péteurs ;
chés du préjugé contraire aux
- il leur promit,
au nom de la Société, que s'ils pro-
duifoient des preuvesde leur zèle
& de leur fermeté,on les admet-
troit à la prochaine séance comme
fpeélateurs, & que leur totale ini-
tiation ne feroit ensuite différée que
jusqu'à un terme peu reèulé. Les
Candidats marquèrent leur joie &

,
leur reconnoissance àtoute la So-
ciété & cette feconde Assemblée
fut heureusement terminée.
LIVRE TROISIEME.
LA terre avoit déjà donne ses
fruits, lesArbres commençoient
à laisser échapper leurs premieres
feuilles le Dieu du jour n'étôit
,
plus si diligent à nouséclairer, &
s'emprëHbit bien plus vîte de rani-
mer une autrehémisphere, lorsque
se
lesFreres trouvèrent réunis dans
,
les bosquets,du jardin quiavoit vu
naître leur Société tous y appor-
terent du zèle, tous y montrèrent

opérations de la Compagnie ,
de la joie; les Prosélytes qui pour
la premiere fois participoient aux
: pouvoientêtretémoins de l'ordre

& de l'harmonie qui y régnoient,


qui

exprimoient chacun à leur façon


leur reconnoissance , & le plaisir
qu'ils goûtoient.
Le Directeurseulportoit dans
les yeux la langueur & la tristesse ;
On en fut ailarmé, on se demanda
d'abord d'où pouvoitvenirce chan-
gement, lesFreres se réunirent
ensuite, & environnèrent leur Chef

,
pour lui marquer leur inquiétude.
„Je
;, ment, )
fuis sensible à votre atten-
tion (leur répondit-il obligeant
;

& je luis hiché en même-


tems que vous vous soyez apper-
„çus de ce contre-rems, je voulois
,,m'ont
vous le dissimuler, mes yeux
:
:
j, mal servi mais permettez-
"filOi de ne point m'ouvrir avec
n'est

verez.
„ vous pour ce moment ce
,,pas par défaut deconfiance, c'est
;,pàr des rairons que vous approu-
Pour dissiper un peu le Direc-
teur,les Freres Vice-gèrent,Tré-
sorier, & autres Entrepreneurs de
l'édifice de la Cafe, voulurenrren-

;
dre compte de leurs opérations à
la Société ils annoncèrent que l'ou-
vrage étoit si avancé, qu'il feroit
prêt & perfectionné avant le teins
Jc;
fixé pour la tenue de la grande Ca-
comme ilsapperçurent que
cette nouvelle sembloit égayer le
Directeur, ils furent tentés deré-
-
voquer la convention qu'ils avoient
faiteux mêmes, ils voulurent dé-
crire le locaï de la Cafe avec (es
agrémens, le Directeur les arrêta,
les remercia avec beaucoup d'affec-
tion & leur ordonna de ne point
,
parler de leurs ouvrages, & de ne
les point laisser viifter même par

;
les Freres jusqu'à ce qu'ilsfussent
çonduirs à leur perfection il pria
ensuite l'Orateur d'entretenir la So-
ciété sur l'espece , la forme & la
durée des épreuves par où paffe-
roient dans lafuite les Candidate
Francs- P éteurs.
Après un court préambule, I&
quelques propos o bligeans, le grand
Orateur péta à plusieurs reprises,

tement,
tous les Freres lui répondirentexac-
& il entra en matiere.
wLes épreuves des Récipiendai-
»resdoiventêtre proportionnées à
"la grandeur & à l'élévation de
,, l'objet que se proposent les So-
"ciétés dans lesquelles ils veulent
,, à
entrer, au caraétere & l'étatdes
hommes auxquels ils s'affocienr.
93

sent de vaincre un préjugé


"par conséquent du courage &
,
,,Les Francs-Péteurs sepropo-
il faut

,,»mieres
même de l'héroïsme. Les
feront
pre<-
attaques ne pas sui-

,,
confiance ;
"vies de la victoire, il faut dela
,, ainsi tout Franc-Pér
teur Prosélyte doitêtre connu &
examiné pendant quelque-tems
"sur cette derniere disposition. Un
"esclave qui veut rompre ses chai-
,, nés qui a pété pl ufieurs fois en
»public sans rougir, fent déja qu'il
;
"appartient au Corps des Francs*
,, Péteurs il fera bien-tôt des ten,.
,,
»
„ tatives, &: il postulera.
L'esclave ( c'est ainsi qu'on doit
nommer tout ce qui n'est point
,,Franc - Péteur ) fera connois-
"sance avec le Frère lniroduaeur,
55 saisira le moment de le trouver,
Moc en entrant dans son apparte-

55ment, il s'annoncera par trois


,, ;l'
pets Introducteur y répondra

,, sespreuves : il
wpar trois autres s'il Je veut,on
,,s'endispensera parce qu'il a fait
converseraen-*
fuite, & il applaudira au zèle de
l'esclave ;il lui exposera les con-
,,
55
ditions requises & les formes des
,,
,,
épreuves, il ,
lui dira avec le plus
de gravité qu'il fera possible
,,
,,,, d'examen & d'expérience

;
,
qu'on exige de tout esclave qui
veut rompre ses fers un an révolu

55 qu'ondivise cette année en qua-


»treparties la premiere contient
&

,,les tentatives & les exercices du

,,
domestique;
55pet dans le particulier & dans le
,, la feconde, les opé-
rations publiques faites dans tous
les,lieux, ( toutefoisdécens ) sans
,,
55
Contrainte Se sans explication de
55fa conduite; le troisieme,dans
99 les maisons où la bonne com-
apagniç serassemble devantla-
» quelle onjustifiera avecvéhé-
,, ;mence la liberté que l'on aura
prise la quatrième enfin devant
,,
,,trois prudes, troisdévotesdepro-
,,,,session,
qualité,que l'oh essayerade
& trois bourgeoisesdé
» réduire au point de ne pouvoir
,,"Letracionsenfaveurdupet.
»plus obic-âercôntte les démonf-
Prosélyte se convaincra
,, dans, l'intérieurde son cabineft
»de l'utilité & des agrémens du
;
,, mois,
,,
pet pendant les trois premiers
il pétera librement St fou-
-

»vent devant sesparens, ses amis


,,& Tes convives dequelqueespece
-

»qu'ils puissentêtre ; on ne demati-


.Y;
,, tués pour
:
wdera pointd'atceftations sur les
particularités
nous
des Freresconsti-
en instruirepérté-
,, treront dans les maisons, & ne
» manqueront point de nous en
,, rendre un compte ëxa£h
« C'est pendant ce tems-là que
» tout Prosélyte doits'entretenir
»avec les Orateurspour prendre
yy chez eux des moyens de persua-
-

sion; dans les Eleves du premier


mordre on exigera uneconnois-
,, sance sûre de
;
Démosthène,
"Quintilien & de Cicéron dans
,, lesecond rang on tolérera des
de

,, imitations
nier
de
siecle,
l'éloquence du der-
mais,on refusera qui-
«
«conque n'a lû que les Oraisons,
- « discours & brochures du siecle
3-1
présent,
& ;
on ne fera pas grace
,, un Duc Pair ce n'efl pas que
«de nos jours il n'ait paru des
à

M Ouvrages très - ingénieux, nous


«voyons encore des discours élo-
« ;
quens qui ont le droit de nous

,, ,
« plaire mais ils ont été faits sur
«les grands modeles qu'on cite

J.)mèll)es,
toujours avecvénération & ra-
« rement peuvent-ilsen servireux-
,.J« Le fécond quartier d'épreuve
«qui suppose un exercice public,
J, mettra en évidence, la fermeté
,,plutôt que l'éloquence de l'Aspi-
,, rant; il ne fera point question de
periuader,
-
39
montrer courageux ;
ii persuader, mais feulement de se
,, en mar-
»chant on fera des pets, on leur
»donnera liberté dans les places
,, publiques, dans les cassés où les
» beaux esprits assemblés jugent en
33 dernier ressort du mérite des hom-
mes & de la valeur de leurs ou-
vrages. Il ne faudra ici pour cau-
;
,,tion que la voix publique qui ne
» setapoint équivoque la Cafe fera
33 instruite des progrès du Sujet par-
-

33 venu àla
feconde épreuve. On ne
,,
,, pourra également lui en imposer
sur les succès de la troisieme,
33

,, ; ;
c'est-à-dire, dès qu'on opérera en
a bonne compagnie les Francs-
Péteurs la connoissent & la com-
posent ils doivent tous être ri-
33
ches ou aisés, ils feront tous en
,,,,état
33
de juger des travaux, ou
d'être informés des amis qui
par
33 leur en rendront un bon compte ;
,, cette troisieme épreuve devient
,,,de plus en plus délicate, il y a
33 des
plaisanteries à essuyer, des ris
,
nndeséclats à laisser idrÓÍtemcnc
33 passer,& une apologie à établir
il faut que cette
;
apologie vienne
33

,,
33
sans

;
affectation
,
mais qu'elle foit
amenée poliment & qu'elle foit
véhémente on ne veut point de
» ces petites phrases saillantes, point
vde ce style maniéré,parce que
« tout Franc- Péteur doit être Ora-
» tçtir , il ne féroie aucune impres-
,,sion sur des hommes habitués à
33 dire & à entendre de jolies choses
33
dont ils ne font eux-mcmes qu'un
» médiocre cas, qui ne se perfua-
Y)dent ni ne s'intéressent récipro-
33 quementpar la marche ordinaire
,,de leurs-moyens Se de leurs prcu-
,,,, :
,,ves feroient-ils touchés si l'on
n'employoit que leur méthode
l'orsqu'on essayé de détruire les
33 erreurs
qu'ils ont adoptées) le dé-
,, fenseur du pet feroit-il entendu ?
,, Lelaisseroit-on parler, si sur un
»ton de pointes,de jeux de mots,
&"de petites antithèses, il vouloit
9)
fx en prouver les avantages ? Mille
,,épigrammes partiroient à la fois,
p & à
mettroient chaque
v raisonneur en défaut.,
instant le

»Un Orateur doit se faire en-


« tendre,parler clairement, on en
convient iiiais non pas dans le
,,langageque l'on nomme agréa-

33 des hommes qui ont vécu


33
:
yy bledans le monde, ni dans celui

faut persuader & souvent con-


s'il
«vaincre, les propos de la bonne
"compagnie ne suffisent point, la
,,maniere de les enchâsser .y ca
«encore plus étrangère, on en peut;
que produi-
,

33 juger par les effets


33
fent aujourd'hui les parleurs pu-
33
"les genres.
"On suppose
,'"
blics,oudéclamateurs en tous
qu'unCandidat
,,cinq
1

,
Franc-éteur ait pétélibrement
h fîxde plaisanteries,
fois qu'il ait cifuyé
33
qu'il
&
33 beaucoup
33 essaye (
tifier
comme
sa conduite
le
il )
doit de jufr
;on suppose qu'il
«s'exprime ainsi:Quoi,leplusle-
33 ,

,,ger e leplus aimable des léphirs


M vous allàrme,! Vousteneç encore
yyau Èreluge, vous condamneç le
yypet qui n'a d'autre défaut que ce-
yylui ayavoir été mal connu, d'au-
yy tre tache que son injujle captivité,

»
yy
d'autre
"triguer sans
d'une
consequence

erreur
que
déplaire
qui hleffi
;celled-in-
revene£
la raison,
33
de mes Critiques vous £
fere bien-

;
yy tôt les Partflàns de mon fyflé-

3-1 me

yy pour vous ,
fpeclacleplaifant aujourd'hui
je deviendrai demain
yyjpeclateursatisfait de votre heu-
33

j,
33
reuse
,,
indépendance.

qu'if ait l'usage du monde ,


Quel est l'auditeur, pour peu
qui
foit touché d'une pareille apos-
wtrophe, & qui foit converti sur
,, l'article du pet? Ne peut-il pas
sansprésomption se promettre
,,d'en imaginer autant &dé Fex-
yy

,,primer aussi-desbiendroits
? Lesincontesta-
grandes
,,vérités ont
,, bles sur les cœurs, mais elles ont
»un langage qui leur est propre,
33 ôc les moyens triomphans qui les
;
,, font valoir ne font pas si géné-
»ralement connus qu'on lescher-
"che & qu'on les employe,ces
,,,,l'Esprit-fort
moyens, l'homme du monde &
en, tout genre feront
»tirés de leur (phcce, forcés mal-
,,gré leur légéreté, insensiblement
yy
yy prévu ,
intéressés
&
perluadés
, bien-tôt
sans l'avoir
entraînés sans
,,qu'ils regrettent mêmel'opinion
,, chérie qu'on leur enleve.
»La quatrième épreuve fera sans
,,
*
doute la plus rigoureuse : le pré-
,, mier mois de ce dernier quartier
yy
se passera chez trois prudes diffé-
yy rentes ;
si le Prosélyte n'en con-
,,noit
fera
point particulierement, il
obligé de se ménagerdes
w
,, entrées & de faire des liaisons
yy dans ce genre, il pétera libre-
,, ment & de fang-froid, on mur-
,,
,, murera, on éclatera, & tout cela
estnécessaire, le Public feraim-
bu de complaintes répétées, & la
,,
yy
Case fera inflruite de ce qu'elle,
yya intérêt de savoir; même chose
se passèra vis-à-vis de trois pré-
,,tendues dévotes,
3)
femmes à gri-
faudra conveifer, rai-
-
wmaces, il
p sonner, après leur avoir donné de
-

,, ,
» l'humeur par une brusque
,,
dé-
charge de pets, on ne fera point
obligé de persuader ni de chan-
yy ger ces fortes d'efprirs, la con-
yy quête ne ferait point d'honneur
,,s'ils paroissoient rendus ce feroit
;
,,de mauvaisè foi. Enfin les bour-
wgeoifes de qualité dont le Réci-
'33 piendaire aura mortifié l'amour-
33 propre en pétant souvent & har-
33 diment devant elles, mettront le
33 dernier sceau à l'épreuve; & ren-
yy dront l'esclave aux yéux de la

33 mures,
;
33 Sociétédigne d'être délivré de
,, ses chaînes plus il y aura de mur-
plus les femmes impor-
tantesdesferont de démarchesau-
33 près Çommandans de Places
,, ,
yy& Châteaux, & ensuite chezles
Officiersde Police pour follici-
yy ter la vengeance d'un pareil at-
yy tentat commis en leur personne,
,,plus la conduite du nouveau
33 Franc- Pcteur paroîrrarégulière
,,& digne de la Société; c'est par
»le plus grand éclat que feront
33 lesfemmes dans leur courroux
»qu'elle jugera des talens du Su-
33 jet & qu'elle hâtera son initiation.
,, Onassemblera ensuite laCaje9
33 les Commissàires rapporteront
"tous les événemens de chaque
33 épreuve, on les vérifiera; & s'ils
«forment un tout, on ira au Scru-
33 tin ;érant complet, procédera
le nombre des voix néceffai-
«res on
33 peu de jours après à la Réception.
«Le dernier admis des Francs-
"Péteurs ira chez tous les Freres
« pour les engager à se trouver à
,, l'Assemblée indiquée à tel jour,
"afin de rendre libre tel ejelave
33 qu'on nommera. «
L'Orateur finissoit à peine que
avoir reçu l'ordre
par un long
:
deux des Prosélytes se leverent sans
l'un préluda
& ennuyeux compli-
s

ment,accompagnant chaque mot


*
d'unerévérence, &finit paraffurer
qu'avec tout lerespect qu'ildevoit
'à là Compagnie, il ne passeroit
point par des épreuves si longues
,
& si pénibles ; quesa santé sa si-
tuation & les affaires ne le lui per-
y
mettaient pas l'autre d'un ton dé-
cidé dit qu'il comptait être exempt
des épreuves, parce qu'ilsétoit tou-
à
;
jours regardé peu-prèscomme Fun
des Fondateurs qu'il avoitdéjà
travaillé utilementpour la Société,
v

&qu'il promettoit employertoutes


sesforces & Jes talens à fin ag-
grandissement & à sa gloire. Les
autres Candidats ne sortirent point
, de leur placé, se turent & ne s'uni-
rent point à ces deux premiers. Le
Direcleur sans leur répondre or-
donna sur-le-champ un Scrutin &
unConseil particulier, & tous les
Frères passerent dans un bosquet
voisin. Après une mûre délibéra-
tion lesFrères rentrerent précé-
:
dés de leur Chef qui s'énonça en
cestermes Vosinquiétùdes sur
33 les épreuves étaient déplacées,
»elles deviennent totalement inu-
33tiles,onn'en exige plus de vous,
,,& la société déclare que vous
1
»ne ferez à
jamais admis l'initia-
» tion ; pour vous, nos chers Can-
» didais, dont le zèle & la docilité
,
»nous font connus, vous ferezad-
»mis en Cafè & initiés dès la pre-
vmiere Assèmblée ; nous n'avons,
»jamais eu l'intention deprolon-
97 ger vos épreuves, celles que nous
33 exigerons par la fuite ne font pas
»pour vous fC. Cette décision fut
applaudie, & suivie d'une multi-
tude innom brable de pets dont le
fracas réjouit les Freres, & cou-
vrit de confusion les deux seuls cou-
pables qui se retirerent,l'un en fai-
sant une profonde révérence, ôc
l'autre en murmurant.
Dès qu'ils furent fortis le Direc-
:
teur reprit la parole, & dit » Mes
» Freres , l'événement vous expli-
P que le sujet; de la douleur- dont:
»j'ai paru pénétré; la conduite de
» ces deux
;
Sujets Favoit fait naître,
«j'en étoisinstruit ils viennent de
»se démasquer eux-mêmes : le pre-
»mier est un fade adulateur qui
33 complimente& qui loue sansces-
33Hë,afin qu'on lui rende la pareille;
"il est toujours occupé de préten-
»dues bienséances, de visites, de
« cérémonial, & d'une faussepo-
»litesse; il sacrifietout à cesridi-
« culesobjets, il nous a manqué
"cent fois & à ses devoirs de Franc-
« Péteur; il n'a jamais eu la force
"de nous défendre, si ce n'eftpar
» de doucereux propos, ila même
33
osé rire des plans que nous avons
»tracés avec ceux qui lui étoient
« supérieurs, & qui avoient la té-
M mérité d'en plaisanter. L'autre est
"un homme vain, plein de lui-
J.)MeAme, occupé de ses prétendus
33 talens, qui veut s'introduire parce
"qu'il se persuade être utile, Se
»qu'ilespere briller& dominer;
"sa vanité forme son assurance il :
v a parlé souvent dans le Public, &
;
» trop
mordre ,pour notre gloire Tes
wardemment énoncés étoient sans
& parconséquent sans
« fruit; il ne prouvoit rien & ne
»concl uoit point; il avoit ennuyé
moyens

»&n'avoit rien établi : ajoutez à


«cela, mes Freres, que lorsqu'il
"avoit dissèrté pour satisfaire au
« devoir, il s'attribuoit, en sinis-
e) fant, tous les succès de nos tra-
»vaux; quoiqu'encore Candidar,
»a l'en croire, il faisoit seul toute
notre gloire, & il ne manquoit
jamais d'avancer que lui seul par-
à
«viendrait terrasser le préjugé,
;
» & à rendre l'Univers Franc-Pé-
»teur il a indispôsé les efcjaves
»même par son orgueil, & s'est
, ,
»rendu indigne de nous. Votre
«zèle vos talens meconsolent,
«mes Freres de cet échec au ;
,, cet
» reste, ces hommes n'étoient.point
Ȉ- nous, ils ne pouvaient nous
»appartenir exemple nous
»instruira & vous sur-tout, mes
»chers Candidats, que la vanité,
yy
33 pareil des égards
yy & de la
,
foit qu'elle foit masquée fous l'ap-
de la politene
complaisance, foitqu'elle
»s'annonce par un cara&ere offi-
yy cieux à concre-tems, par un em-
»pressement de servir,est égale-
"mcnt nuisible à toutes les So-
yy ciétés.
yy
Nous touchons à ces jours que
J.) Phyver abrege &
obscurcit, paf-

yy de notre art
;
»fons-les dans l'exercice continuel
admirable
"dans les assemblées où chacun
pétons
»d'un air renfrogné semble re-
:
wprocher à la nature les rigueurs
»qu'elle nous fait éprouver pétons
33 en
public, pétons avec éclat juf-
»qu'à ce que nous puissions nous
"rassembler dans le lieu consacré
33 à nos illustresexercices «.
LIVRE QUATRIEME.
La faisonrigoureuse
avoitson

ment
idées
,,
cours, lesFreres se virent fréquem-
se communiquèrent leurs
travaillèrent toujours à la
gloire de la Société, ne laisserent
J

paffer aucune occasion de mani-


fester leur zèle, & péterent avec
unedistinctionsinguliere. Plus l'ins-
tant approchoit où ils devoient se •

réunir dans un lieu spécialement


marquoient d'ardeur ,
destiné à leurs travaux" & plus ils
d'attache-
ment à leurs devoirs, & de cou-
-
rage contre les ennemis de la So-
ciété. Le tems arriva enfin où Eole

;
déchaîne Ses sujets pour allarmer
les humains le Zéphire ne jouissoit
point de ses droits, si ce n'est par-
mi. les membres de la Société, &
c'etoit précisément l'instant où les
Fteres comptoient augmenter sa
gloire. Borée ayant Ton aétion sur
toute la Nature, Zéphire étoitcap-

:
tif, il est le Protecteur des Francs-
Péteurs le faire agir dans l'instant

:
où il semble être oublié, c'éroit le
serVir utilement les Aquilons frap-
poient les édifices les plus élevés 6c
les plus solides,chassoient devant
euxdescolomnes de fable & de
poussiere, ébranloient les arbres
que le tems arespectés, & allar-
moient les habitans du monde ;
n'yavoit plus de délai ni d'éloigné-
il

ment, les Francs-Péteurs volèrent


au lieu si desiré, que par soumis-
sion ils n'avoient pas même entre"
;
le Vice - girent, le Trésorier
vu

à laporte
!
,
& leurs Coadjuteurs les attendoient
!
quelle surprise! quelle
joie quelle reconnoissance lors-
qu'ils voyent que l'intelligence des
Entrepreneurs a paffé leurs espé-
rances.
:
Dans un Edifice d'un extérieur
-
ordinaire on trouve tout ce qu'il y
a de plus commode & de plus agréa"
blé; une antichambre assezvaste,
élégamment meublée, se présente
au fonds d'un vestibule bien éclai-
; :,
rë une premiereSalle très-gran-
de, se trouve après sur la porte du
côte de l'antichambre il y a en
forme d'attique un tableau qui re-
présente un esclave d'Alger ramant
à toutes forces, & courbé fous les
coups de ses maîtres , avec cette
bronzées:
inscription au-déssous en lettres
La Salle des Eslcaves.
Sur la même porte en dedans est
un autre tableau dont la feule &
unique figure est le PréJugé, ca-
ractérisé fous laforme d'une vieille
coquette en lunettes, assise auprès
d'une Bibliothèque de livres bleus;
la Salle est toute boisée à petits pan-
,
neaux détachés, séparés par des ba-
guettesdorées les espaces font gar-
nis de tableaux.
Dans l'un on voit un Courtisan
,chargé d'épaisses chaînes d'or, dont
,
il oublie le poids lorsque deux
coureurs , six grands laquais & ses
Ongens le soutiennent.
appercoit plus lofn fous un
toît de chaume, un homme enve-
loppé de parchemins poudreux qui
à
ferme la porte de sa cabanne une
belle & jeune personne, parce que
le coffre fort qu'elle lui présente
le
fènt encore le goudron dont pere
fut IODer-rems parfumé.
La ngure dominante d'un autre
quarré est un homme vêtu d'une
longue robe noire à larges plis,
surmontée d'une tunique émaillée
de fer doré, qui le tient si ferré &
si guindé,qu'il paroît marcher tout
d'une piece. Chaque maille de la
tunique porte le nom de Loi,

,
est une piece rapportée ,
à*Articles 'de la Coutume, d'Or-
donnance & toute la bordure qui
est for-

tilhomme campagnard ,
mée de petits lacets brillans que
l'on nomme Privileges; un gen-
un riche
bourgeois décemment vêtus, font
un peu enfoncés dans le tableau,
dont le lointain donne la vue d'une
ville de province: le premier per-
sonnage étend les larges manches
de sa robe, & semble écarter de
dessus (a ligne les deux autres, sans
les regarder.
On voitau-dessous dans un ta-
bleau séparé un homme d'une som-
bre figure, vêtu simplement, por-
,
tant un grand chapeau, au milieu
d'une des places de Paris qui pré-
fente d'une main les plans du parc
de S. James & d'un potager ordi-
naire de Londres, & quilaisse
tomber de l'autre main les plans
deVersailles & des Thuileries; il
porte sur sa poitrine les (Euvres de
Shakespeare, & foule aux pieds les
Tragédies de Corneille & de Ra-
,
cine. Les chaînes dont cet homme
est couvert font de fer mais fine-
ment travaillées ; sur chaque an-
neauon lit, quoiqu'avec peifll, le
mot de Patrie; ces chaînes le cou-
vrent de la tête aux pieds.
Un autre panneau séparé de ce-
lui-ci par une très-legere baguette,
porte pour feule figure un agréa-
ble François tout occupé à traduire
avec enthousiasme les Ouvrages
Anglois, même jusqu'aux Papiers
publics.
On voit plusieurs autres hifloires
d'esclaves fous différentes robes &
en différens états, qui remplirent
des deux côtés toute l'étendue de
cette Salle; au fonds est une grande
porte, & de chaque côté deux ta-
bleaux très-correéts pour le dFf-
fin & le coloris, qui représentent
deux esclaves en regard, s'efforçanc
de brifer leurs chaînes & de péné-

!
trer dans l'appartement intérieur.
Quel transport quel enthousias-
me dans tous les Freres,lorsqu'ils
virent ouvrir cette fécondé Salle
Je,
qui précédé immédiatement la Ca-

font des
qui l'embellissent;
&qu'ils purent applaudir aux
orneenstableaux ce
sur les deux por-
tes qui se répondent également,
4un dessin, d'un goût, d'unecar-
nation & d'un coloris admirables;,
ç'est le tableau du Directeur peint

bordure, ,;
en pastel par un des premiers éle-
ves de la Tour, embelli d'une riche
placé sur une cheminée
ornée de glaces de dorures, de
festons & d'emblèmes c'est une
tapisserie caractéristique aussi solide
que brillante, dont toutes les par- -
ties se lient & font un tout admi-
rable. Dans l'un de ces tableaux
en grand, on voit la Liberté peinte
blanc,,
avec ses attributs , elle est vêtue de
sceptre
elle tient d'une main un
de l'autre le prisme de
Newton & le compas de Descartes

rompu ;
rassemblés, près d'elle est un joug
l'autre tableau placé vis-à-
vis sur la porte de la Cass, repré-
sente Zéphire couronné de fleurs ;
un grouppe d'hommes libres à côté
de lui figure la Société naissante
& rassemblée qui luiTend homma-
ge; tout l'hiflorique de la tapisserie
est une fuite de cette premiere idée:
là c'etf Zéphirequi caresse Flore;
icic'estl'influence de Zéphire sur
nos jardins, nos bois, nos plaines;
lail calme les ardeurs du soleil, ici
¡

par sa douce haleine il rafraîchit le


fàng& les humeurs des mortels:
,
dans une piecede plus grande éten-
due Zéphire agite les tendres bran-
ches d'un tilleul & d'un jeune or-
meau , il excite des hommes qu'on
nomme Littérateurs à se reposer
fous les arbres & à rêver agréable-
ment; il remue doucement leurs
esprits, il dilate l'air qu'ils respirent;
la détente des ressortsse fait plus
facilement, les idées s'arrangent, il
en résulte un petit tout harmoni-
ou moins imposant : :
que, auquel on donneun titre plus
croit bonnement imposant l'Au-
l'Auteur se

teur se croit bonnement inspiré par


Apollon, le folâtre Zéphire s'ap-
plaudit de l'illusion qu'il vient de
former, & il triomphe de sa super-
cherie.
Dans un autre endroit il se charge
de ces petites brochures qui ont tant
;
de rapport dans leur essènce avec
lui il les montre d'abord avec
éclat, il les porte assez haut, il les
- meut en tourbillon, & il les laisse
tomberaussi-tôt pour jouer avec
d'autres feuilles plusnouvelles qui
auront le même fort.
Un fpe&acle imprévu & agréa-
ble déroutequelquefoisl'imagina-
tion, & la fixe même long-tems ;
les Freres donnèrent toute l'atten-
tention à ces ôrnemens bien enten-
dus; mais ils ne perdirent point de
vue la Café vers laquelle leurs vœux

duire promptement ;
se portoient si rapidement, ils en-
gagèrent le Directeur à les y intro-
le Chef s'y
prêta, se fit apporter la clef, &
accompagné des Officiers, sur-tout
deceux quiavoient si heureusement
executé le projet de la Société, il

tra lui-même ,
ouvrit la porte de la Case, fit pàf.
fer tous les Freres devant lui, en-
donna ordre aux
quatre Prosélytes de se tenir dans la
Salle des Ésclaves, &ferma la porte
bien exactement.
Il n'est plus question ici d'ameu-
blemens magnifiques, de peintu-
;
res, de décorations la belle sim-
plicité, les choses utiles aux exer-
cices de la Société,une configura-
tion & une distribution locale qui
;
conviennent, voila tout ce qu on
doitattendre c'est un Edifice ova-
le, vouré, afiez vaste pour contenir
soixante personnes placées sur deux
lignes dans les casextraordinaires,
au milieu desquels il reste un cfpace
âlïèz considérable pour éviter la
confusion, le parquet est d'un bois
dur, sec & bien joint, troisou-
vertures en entonnoir donnent du
jour hors le tems de rAnembiée,
s'il en est besoin,& seferment lors-
quelaCace est remplie. Douze gros-
les bougies, divisées dans tout l'e£
pace en parties égales, l'éclairent
suffisamment.
Il ya soixante fauteuils,tous uni-
formes, dont lefiege est travaillé à
jour, fous lequel est appliqué un
excellent timbre dans toute réten-
colimaçon.
due, qui se termine en vis ou en
Ceci est pour la reproduction du
son, pour ordonner& modifier les

ne peuvent
;
vibrations que les pets forment dans
leurs échappemens lestimbres qui
être tous uniformes,
font arrangés félon la dégradation
de tons musicaux, & ils font dis-
tribués conformément aux talens
-
de chaque Francs Péteurs Com-
,
me tous les hommes ne chantent
point du même ton, ils ne peuvent
;
aussi former un son uniforme en
pérant la Société des Francs- Pé-
leurs pourra parvenir un jour à
;
faire un concert, peut-être à join-
dre des paroles la musique Ita-
lienne aura chez eux à coup sûr la
préférence, par ses fons bruyans &
peu mariés enfenlble, elle con-
viendra mieux que toute autre :
d'ailleurs, la musique Italienne saisit
souvent dans la nature des objets
plusanalogues avec ceux des Francs-
Féteurs tels que le mouvement
,
;
d'une marmite pleine d'oignons &
de châtaignes il ne fera point ques-
tion de peindre les grandes passions,

que les
musique ,
ni les sentimens élevés, on imagine
and-François, en fait
feront au moins Corres-
pondans de l'Ordre des Francs-P é-
de

teurs.
Le siége du Directeur n'cil point
distingué des autres parle plus de
propreté ou d'élévation, parce que
le Chef n'cft que le premier entre
ses égaux.
Une grande table est placée de-
vant le Tréjorier, sur laquelle on
met les Regiltres, les Statuts, les
Livres de Correspondans & les
Cordons de l'Ordre, qu'un chacun
va prendre & recevoir, en entrant,
de la main du Directeur.
On donna quelques-instansaux
Freres afin d'examinerl'intérieur
le
de la Café; ensuite Directeur
prit sa place au fond de l'ovale, le
Vice-régent
Vice-gérent à sa droite l'Orateur
à
, ,
sagauche,leTrésorier11l'extré-
mitéde la ligne droite & les au-
tres Officiers de fuite après l' Ora-
teur ; tous les Freres se placèrent
indifféremment, Je Directeur don-
na l'exemple , péta
& tous les Freres limitèrent ;
brusquement,
011
n'imagine point l'effet que produi-
b
sent les timbres artistement pla-
cés : mais le fracas fut si considé-
rable que les Prosélytes quoique
éloignés, en furent saisis de frayeur,
d'autant mieux que l'opération fut
répétée jusqu'à trois fois. Le Direc-
teur dit ensuite : » Mes Freres
v nous sommesenfin parvenus au
»terme commun de nos desirs
» nous goûtons le bonheur d'être
,
» unis en Société, & nous jouis-
sons des effets des talens du
,
Entrepre-
» génie & du goût des
» neurs de ce charmant édifice :
w je ne vous engagerai point a la
confiance, & je n'essayerai point
» de ranimer votre zèle, je croi- :
»rois vous faire injure
» terois ici l'Orateur
; de
je follici-
nous com-
» muniquer le Discours qu'il nous
nécessairement
"dessine qui doit
,
» sérvir de préambule à nosexer-
» cices, sur-tout dans cette pre-
-
» mîere Séance, ; mais le tems nous
» presse,quatre Prosélytes qui nous
-

v font chers attendent avec em-


19 pressement que nous les admet-
-
p tions'; n'êtes vous point d'avis
» que le Frere Foudroyant pro-
» cede
» nous
à leur initiation,
alfemblions
&
,
que nous
demain sans
» différer, pour célébrer
,?
»tinétion la gloire du pet &la
»gloire de ses Partisans Cette
avec dif-

» Affembléc redoublée ne peut


» avoir lieu que dans cette occa-
» fioncf.
On applaudit unanimement à ce
,
projet, on péta avec une nouvelle
ardeur, & leFrere Foudroyant
sortit de la Cafè pour aller ve/s les
Candidats. Il se présenta vers le
Plus ancien d'eux, & sanslui par"
lourde & très-ample ,
1er il le couvrit d'une chaînetrès-
ils étoient
tous dans la Salle des Esclaves ; il
lui rapella l'étendue des obligations
qu'il alloit contrader de venger
le pet opprimé de le protéger par
,
ses aaions & par la véhémence de
ses discours; il luifie un récit suc-
cinct des victoires des Francs-Pé-
leurs , & un portrait de leur hé-
roïfnle il lui demanda enfin s'il
,
étoit en disposition de les imiter;
le Récipiendaire renditcompte de
sesintentions, & promit d'être un
digneFranc-Péteur. Alors les por-
tes de la feconde salle s'ouvrirent,
le Récipiendaire traversa ce fécond
appartement, le Frere Introduc-
,
; ,
teur étoit en sentinelle à la porte
de la Café lui prit la main
un pet des plus mâles en la lui
fit -

;
ferrant affectueusement à ce flonal
on ouvrit la Case sur le feuil de.
la porte on arrêta l'éfclavc , l'Ora-
teur lui parla en peu de mots avec
beaucoup de dignité, le Directeur
lui demanda enfuirc, à titre d'au-
torité, qu'il promet solemnellement
de remplir ses devoirs envers la So-
ciété, & lui ordonna de répéter mot
àmot la Formule suivante:
TENANT A GRAND HONNEUR
D'ENTRER DANS LA SOCIÉTÉ DES
FRANCS-PETEURS, JE PRO-
METS UNE CONSTANTE SOUMIS-
SION A SON DIRECTEUR

,
,
ET
UNE TENDRE AMITIÉ A TOUS LES
FRERES : ENNEMI DÉCLARÉ DU

,
PRÉJUGÉ JE LE COMBATTRAI EN
TOUS LIEUX) EN PETANT LIBRE-
MENT
QUEMENT.
SOUVENT ET MÉTHODI-

;
Cette Formule étant prononcée
à haute & intelligible voix
les Freres firent une brusque dé-
tous

,
chargequisurprit de nouveau
cipiendaire
le Ré-
& qui ne lui parut point

,
dans l'espece commune. On lui ôta
ses chaînes qu'on laissa a la porte
de la CAFE en dehors comme étant
les appanages du préjugé & la dé-
pouille d'un esclave.; le nouveau
;
Frerè se présenta au Directeur en
traversant toute la Case le Direc-
teur lui donna le Cordon de POr-
;
dre, reliant toujours assis & l'em-

,
il lui fit figne d'embrasser
brassa
également tous les Freres. Cette
cérémonie achevée l'Affranchifut
se placer à l'extrémité de la ligne
gauche, adopta un fauteuil, jétit
aussi tôt régalé d'une décharge
-
bruyante félon les dispositions pré-
fentes des Freres. On introduisit
également les autres Candidats dans
la même forme & le.même céré-

,
sible de prolonger la Séance ,
monial. Les heures s'étoient écou-
lées rapidement, il n'étoit pas pos-

Directeur se leva & fut suivi de


le

tous les Freres qui trouvèrent dans


Ja Salle du Zéphire ou de la Li-

res se mirent à
;
berté, le dîné (ervi avec autant de
propreté que de délicatesse les Fre-
table, & se placè-
le
rent après
, Directeur indictincte-
ment, le dernier admis étoit en face
du Directeur on tint table une
heure,&on décida,qu'onne pour-
;
roit jamais la tenir plus long-tems
bre, ;
on péta sans compte & sans nom-
& aucun ne sourit même à
ce tumulte tout ce qui est d'état
& de profession exige de la gravité.
Dés qu'on eut servi le fruit, quel-
ques Freres versificateurs eurent la
liberté de lire leurs Ouvrages, ceux
qu'on trouva bons furent applaudis
par des pets, sans y joindre aucune
:
de ces phrases miéleuses, si con-
nues dans certaines Sociétés lors-
qu'on ne fit point Chorus, lorsqu'il
n'échappaque des pets isolés ce
,
fut une allez mauvaise aventure
,
pour l'Auteur qui toutefois neput
:
s'en plaindre
puni
parce qu'il eût été
on décida que les discours
d'Eloquence ne feroient prononcés
que dans la Cass , que les bons
Poëmes oc Odes en l'honneur du

,
pet obtiendroient le même avan-
tage : mais que les petits Madrigaux
& Quatrains les Epîtres, les Stan- -
ces & Couplets n'auroicnt cours
-
qu'à table; 011 convint que les
Francs-Péteurs ne feroient des Vers
que dans l'intention de faire enfuite
de meilleure Prose : que si dans
le grand nombre il se trouvoit quel-

courageroit même , ,
qu'un de véritablement Poëte, on
l'applaudiroit, à la vérité on Fen-
mais que le
général ne se piqueroit point de
Poésie.
On s'amusa beaucoup, & cette
Séance fut terminée à la maniere
accoutumée c'est-à-dire en pétant
,
de toutesles façons, mais cepen-
dantavec beaucoup d'harmonie &
de^récîfion.Le dernier reçu des
Freres,Amateur distingué de Mu-
sique, même Compositeur, n'ayant
pu suivre les autres dans leurs acti-
ves opérations, avoit pu mieux ju-
ger que tout autre de l'analogiedes
fons, & sur-tout du calibre des tim-
bres. Il entrevit la poffibiIité de
marier les fons, & dans une pers-
pectiveéloignée il apperçut l'en-
semble d'une musique pétifique ;
:
il se flatta d'y travaillçr avec suc-
)
ces il demanda la permission ( qui
luifut aussi-tôt accordée de venir
seul dans la Cafe fàire des essais,
dont on ne manquera pointtpar la
fuite de rendre compte au Public
ainsi que des Ouvrages que pour-
,
:
ront composer les Membres de
cette agréable Société ce qui pour-
ra former un Recueil annuel des
plus intéressans, qui marchera bien
à la fuite des Recueils de tant d'Aca-
dinlies.

f
FIN.

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