Vous êtes sur la page 1sur 610

^r-^

^^J^
^ •J^
DICTIONNAIRE
DE LA

LANGUE VERTE
Il a été tiré de cet ouvrage :

25 exemplaires numérotés sur papier Whatmann.


50 — sur papier de Chine.

50 — sur papier du Japon.

A LA MÊME LIBRAIRIE

ALFRED DELVAU

LES HEURES PARISIENNES


Un beau volume grand in-16 sur papier vergé

illustré dk 25 ea.ux-fortes et du portrait de delvau

Prix : 12 francs

(Exemplaires Whatmann ou Japon, avec double suite, 25 fr.)

F. Âureau. — Imprimerie de Lagny.


a^ ALFRED DELVAU

Dictionnaire
DE LA

LANGUE VERTE
NOUVELLE ÉDITION
Conforme à la dernière revue par l'Auteur

AUGMENTÉE D'UN •'


)

SUPPLÉMENT
*^ PAR

Gustave FUSTIER

PARIS
G. MARPON ET E. FLAMMARION, ÉDITEURS
1 A 9, GALERIE DE l'oDÉON ET RUE RACINE, 26

1883
Tous droits réservés
PC
s 741

m 6
PRÉFACE

DE CETTE 'seconde ÉDITION

Après l'étude des insectes, ces infiniment petits de la


Création divine, il n'en est peut-être pas de plus
attrayante que l'étude des mots, ces infiniment petits

de la Création humaine, — aussi destructeurs les uns


que les autres, les uns du sol, les autres de l'âme. Le
Jour 011 l'homme est devenu savant, il est devenu
méchant : la bouche est un arc dont les syllabes sont

les flèches. C'est avec cela que nous nous entretuons


depuis l'invention de la parole et de sa sœur de lait

l'Écriture.

Qu'on se rassure Je ne veux pas remettre de béquet


!

a
II PREFACE

au paradoxe usé de Jean-Jacques, lequel, d'ailleurs,

quoique usé, peut marcher encore longtemps : je me


contente de constater en passant l'influence désas-

treuse d'un bienfait. Je regrette peut-être de savoir

écrire et de savoir parler, mais je ne regrette pas de


savoir lire et de savoir écouter : si mon esprit n'y a

rien gagné en ornements, il y a gagné en autre chose.


J'ai souffert de savoir, j'en souffrirai jusqu'au bout de
ma vie mortelle, mais je suis trop civilisé et trop Pari-

sien pour ne pas aimer les picotements de mes plaies.

Quand je rendrai mon âme au Créateur, — qui en sera


probablement ausi embarrassé que j'en ai été moi-
même, — je ne me serai pas beaucoup amusé, mais
j'aurai été violemment distrait en ayant été violemment
houspillé. Distraction passe rentes.

Bonne ou mauvaise, la parole, — ou l'écriture, car

toutes deux marchent de pair, — est une invention sur


laquelle il n'y a pas à revenir. Gela est, que cela soit!

Mais précisément parce que cela est, l'entomologie lit-

téraire est une science fort attrayante qui a consumé


au moins autant de vaillants cerveaux que l'autre ento-
mologie. Celle-ci compte parmi ses illustrations Réau-
mur, Linné, Bonnet, Latreille, Lamarque, Van Geer,
Duméril, etc., etc. Celle-là compte parmi les siennes,

— pour ne pas remonter trop haut : — Érasme, Guil-


PREFACE m

laume Budée, les Scaliger, les Vossius, Gasaubon,


Turnèbe, Saumaise, les Estienne, Du Gange, Estienne
Pasquier, P. Borel, le président Fauchet, Gilles Ménage,

Dom Rivet, Le Duchat, Bernard de la Monnoye, Lacurne


de Sainte-Palaye, Dupont de Nemours, et, en se rap-
prochant davantage de nous, Gabriel Peignot, Roque-
fort, Gharles Nodier, Francisque Michel, F. Genin,
Marty-Laveaux, Burgaud des Marets, Gharles d'Héri-
cault, le comte Jaubert, et d'autres encore. Ah ! les

entomologistes littéraires ne manquent pas en France !

Moi, je ne compte pas, bien entendu; je fais nombre


seulement, — comme les zéros. Je n'ai jamais mis ma
gloire à écrire un livre utile sur la matière, comme ont
fait la plupart de mes illustres devanciers : J'ai chassé
aux mots comme on chasse aux papillons, — pour
mon propre plaisir. Aux papillons et aux scarabées

aussi, aux chenilles aussi, aux anoplures aussi, — aux


anoplures surtout, dirai-je hardiment, sans vergogne
aucune. Pourquoi m'en défendre? Toutes les curiosités

sont permises, les yeux ont le droit de tout voir, les

oreilles de tout entendre : seules, les lèvres n'ont pas

toujours le droit de tout révéler, — ce qui est un mal.


J'ai laissé aux délicats d'en haut, aux aristocrates de la

philologie, le soin de trier, de classer et d'étiqueter

leurs trouvailles de choix. Ravageur littéraire, j'ai


IV PREFACE

obscurément, pendant sept ou huit ans, battu de mon


crochet tous les ruisseaux, promené ma lanterne sourde

dans les coins ténébreux, ramassant sans cesse et sans


fin, heureux d'un tesson comme Rousseau d'une per-

venche et enrichissant chaque jour mon musée d'un


nouveau débris, sans lui enlever un grain de sa pous-

sière, un atome de sa boue, une parcelle de sa rouille :

tel trouvé, tel conservé. En mouchant une expression

malpropre, on s'expose à lui arracher le nez, c'est-à-

dire le caractère, l'originalité.

Ce sont ces mots morveux que je me suis plu à colli-

ger pendant sept ou huit ans et à réunir en un corps

délivre dont je n'espérais jamais tirer parti que pour


moi seul, pour ma propre édification. Le hasard, — qui
est le Dieu des livres encore plus que des hommes, —
en a décidé autrement ; le Dictionnaire de la langue
VERTE a paru et l'empressement du public à en épuiser
la première édition jusqu'au dernier exemplaire m'a
prouvé qu'il y avait de par le monde d'autres curieux

que moi. Je m'en réjouis sans m'en enorgueillir, ayant


pour vice capital la modestie, et, quoique mon nom
soit désormais fatalement accolé au DicTiONNAraE de
LA LANGUE VERTE comuie cclui du Florentin Vespuce
au Nouveau-Monde, je ne fais aucune difficulté pour
déclarer que je n'ai pas eu l'honneur de découvrir cette
PREFACE

Amérique; il y a eu avant moi de hardis ravageurs


parisiens. Je n'ai pas à leur décerner de remercîments,

n'ayant pas jugé bon de me servir d'eux, ni à leur

adresser d'éloges, — n'en ayant déjà pas de trop pour


moi. Car enfin, il faut bien que je me décide à le répé-

ter : enfant du pavé de Paris, et d'une famille oii l'on

est faubourien de père en fils depuis cinq ou six généra-


tions, j'ai cueilli sur leur tige et ramassé sur leur fumier
natal tous les mots de mon Dictionnaire, tous les termes
bizarres , toutes les expressions pittoresques qui s'y

trouvent accumulées : il n'en est pas une seule que je

n'aie entendue de mes oreilles, cent fois au moins, dans


la rue Saint-Antoine ou dans la rue Neuve-Bréda, dans
un atelier de peintres ou dans un atelier d'ouvriers,
dans les brasseries littéraires ou dans les cabarets popu-
laciers, ici ou là, même ailleurs oii beaucoup de délicats

n'osent pas aller de peur de s'y crotter l'oreille et de s'y


salir l'esprit, et où je n'ai pas craint d'aller, moi, parce

que nous avons, nous autres moralistes, le double pri-


vilège de la salamandre et de l'hermine, et que nous

pouvons traverser toutes les flammes sans en être rous-


sis, toutes les fanges sans en être souillés.

Voilà ce qui constitue le mérite, j'oserai ajouter la


saveur du Dictionnaire de la Langue verte, dont je désire
qu'on dise — au lieu de le redouter — ce qu'on a dit
VI PREFACE

du Tableau de Paris de Sébastien Mercier, qu'il a été

pensé dans la rue et écrit sur une borne : cette ironie


serait son éloge et ma récompense, parce qu'elle prou-
verait qu'il est un fidèle tableau des mœurs ondoyantes
et diverses des Parisiens de l'an 1865-66. Et puis, qu'on
m'en sache gré ou non, j'ai la conviction d'avoir fait
quelque chose d'utile en remuant cette fange, en plon-
geant résolument dans les entrailles mêmes de cet
Océan de boue, d'où, si j'ai rapporté des madrépores
et des polypes monstrueux, j'ai dû rapporter aussi quel-
ques coraux et quelques perles.

II

Maintenant, pourquoi Dictionnaire de la Langue verte?


Ce n'est pas là, qu'on daigne me croire, un litre de
fantaisie choisi pour accrocher le regard du passant
et forcer son attention : je ne l'ai pris que parce que
je devais le prendre, parce que les mots de ce Diction-
naire appartiennent à la langue verte.

Je n'ai pas plus inventé cette appellation singu-


lière que je n'ai inventé les divisions de cant et de
PRÉFACE VII

slang, qui servent à distinguer les argots anglais, et

qui m'aideront à distinguer les argots parisiens. Le


cant (1), c'est l'argot particulier; le slang, c'est l'argot

général. Les voleurs parlent spécialement le premier;

tout le monde à Paris parle le second, — je dis tout le


monde; si bien qu'un étranger, un Russe par exemple,
ou un provincial, un Tourangeau, sachant à merveille
« la langue de Bossuet » et de Montesquieu, mais igno-

rant complètement la langue verte, ne comprendrait

pas un mot des conversations qu'il entendrait en tom-

bant à l'improviste dans un atelier de peintre ou dans


un cabaret d'ouvriers, dans le boudoir d'une lorette ou

dans le bureau de rédaction d'un journal. En France,


on parle peut-être français ; mais à Paris on parle

argot, et un argot qui varie d'un quartier à l'autre,

d'une rue à l'autre, d'un étage à l'autre. Autant de


professions, autant de jargons différents, incompré-

hensibles pour les profanes, c'est-à-dire pour les gens

qui ne font que traverser Pantin, la capitale des stu-

(1) L'argot pur, l'idiome des révoltés, la langue


des gens qui vi-
vent volontairement ou fatalement en marge de la société, a été
baptisé d'autant de noms différents qu'il y a de nations différentes :
cant en Angleterre (où, au xviie siècle, on l'appelait impertinem-
ment « français des colporteurs »,pecUars french), germania en Es-
pagne, gergo en hargoens en Hollande, calao en Portugal,
Italie,

rothwalsch ou rothwelsch (italien rouge) en Allemagne, et balaïbalan


en Asie.
VIII PREFACE

péfactions, parce que celle des étrangetés. L'argot des


gens de lettres ne ressemble pas plus à celui des ou-
vriers que celui des artistes ne ressemble à celui des
filles, ou celui des bourgeois à celui des faubouriens,
ou celui des voyous à celui des académiciens, — car
les académiciens aussi parlent argot au lieu de parler
français, ainsi que le prouveront les exemples semés
dans ce livre.

J'en conviens sans effort, c'est une langue sanglante


et impie, le cant, l'argot des voleurs et des assas-

sins; une langue triviale et cynique, brutale et impi-


toyable, atbée aussi, féroce aussi, le slang, l'argot des

faubouriens et des filles, des voyous et des soldats, des

artistes et des ouvriers. Toutes deux, je le sais, ren-

ferment une ménagerie de tropes audacieux, ricaneurs


et blasphémateurs, une cohue de mots sans racine dans
n'importe quelle autre langue, sans aucune étymo-
logie, même lointaine^ qui semblent crachés par quel-

que bouche impure en veine de néologismes et re-

cueillis par des oreilles badaudes ; mais toutes deux


aussi, quoi qu'on fasse et dise, sont pleines d'expres-

sions pittoresques, de métaphores heureuses, d'images

justes, de mots bien bâtis et bien portants qui entre-


ront un jour de droit dans le Dictionnaire de l'Aca-

démie comme ils sont entrés de fait dans la circula-


PREFACE IX

tion, et même dans littérature (1), où ils se sont si vite

acclimatés et oià, de voyous, sont devenus bourgeois.


Et je ne parle pas d'un vaudeville isolé comme les Deux
Papas très bien, où l'on « dévide le jar » aussi pro-

prement qu'à Poissy ;


je parle du Dictionnaire de
M. Littré et des œuvres dramatiques les plus impor-
tantes de ce temps, les Effrontés d'Emile Augier, la

Vie de Bohême d'Henry Murger, la Famille Benoiton de


Victorien Sardou, etc..
Pour qu'il en soit ainsi, pour que des écrivains de
valeur — au théâtre, dans le roman, dans la fantaisie
— se soient laissé raccrocher par ces expressions
hardies, forcées de faire le trottoir parce que sans
domicile légal, il faut qu'elles aient des séductions, des

irrésistibilités que n'ont pas les mots de la langue


officielle ; il faut qu'ils aient reconnu dans cette

langue du ruisseau la succulence, le nerf, le chien de

(1) Pourquoi les littérateurs français ne feraienMls pas ce que


n'ont pas craint de faire les littérateurs anglais, Ben Jonson, Flet-
cher, Beaumont dramaturges du cycle shakespearien, qui
et autres
parlaient si correctement « le grec de Saint-Gilles»? Grec de Saint-
Gilles ou langue verte, c'est tout un, et pendant que j'y suis, pour-
quoi donc oublierais-je Richard Brome, John Webster, Thomas
Moore et Bulwer qui ont bravement employé le slang : le premier
dans A jovial Crew, or the merrij Beggars, le second dans The
White Devil, or Vittoria Corombona, le troisième dans Tom Crib's
Mémorial ta congress, et le dernier dans son roman de Paul Clifford?
X PREFACE

la langue préférée de Montaigne et de Malherbe (1).

Qui sait d'ailleurs si cette langue parisienne, qui


charrie tant de paillettes d'or au milieu de tant d'im-
mondices, — Flore étrange oii tant de plantes char-

mantes s'épanouissent au milieu de tant de plantes vé-


néneuses, — n'est pas appelée un jour à transfuser son
sang rouge dans les veines de la vieille langue fran-
çaise, appauvrie, épuisée depuis un siècle, et qui

finira par disparaître comme le sanscrit? Les puristes


du sérail ont beau la déclarer fixée, immuable, éter-

nelle, cela ne l'empêche pas de se déliter, de s'effriter,

de se lézarder : si l'on n'y prend garde, elle s'effon-

drera, malgré les béquilles que lui mettent en guise


détais ses quarante architectes de l'Institut. Caveant
consules ! Veillez au maintien de la langue parisienne,
écrivains qui voulez qu'il y ait encore une langue
française !

(1) « Le parler que i'ayme, c'est un parler simple et naïf, tel sur
le papier qu'à la bouche; un parler succulent et nerveux, court et
serré ; non tant délicat et peigné, comme véhément et brusque ;

plustost difficile qu'ennuyeux; esloingné d'affectation; desreglé, des-


cousu hardy
chasque loppin y face son corps; non pedantesque,
et :

non non plaideresque, mais plustost soldatesque, comme


fratesque,
Suétone appelle celuy de Iulius César. » (Essais, liv. I", chap. xxv.)
« J'apprends tout mon françois des gens du port, » disait Mal-
herbe, —
qui mentait un peu.
PREFACE XI

III

On s'étonnera peut-être de voir réunis, confondus


dans une promiscuité fâcheuse, le cant et le slang,

l'argot des gredins et celui des honnêtes gens, les ado-

rahles mimologismes des enfants et les expectorations

repoussantes des faubouriens. C'était une nécessité


née de la confusion déplorable des classes sociales à
Paris, où le crime coudoie le travail, où le cynisme
heurte l'innocence, où le vice flâne en compagnie de
la vertu, où l'esprit emboîte le pas h la bêtise. Frères
ennemis, ces argots, mais frères, — comme les hommes
qui les parlent.
On pourrait s'étonner aussi, et tout aussi justement,

de voir attribuer à la langue populaire une foule de


mots sortis de la langue du bagne, de la prison et des

mauvais lieux. Au premier abord, cela choque autant


que cela surprend, oui ; mais en réfléchissant à la fa-

çon dont s'enrichissent les langues, on comprend et

l'on s'incline — attristé. Une expression tombe des


lèvres flétries d'un forçat, non pas au bagne, où il est

défendu aux honnêtes gens d'aller, mais dans un ca-


baret, dans une rue de Paris, où il est interdit aux
XII PREFACE

coquins de séjourner et où ils accourent tous comme


des frelons sur un gâteau de miel : dix paires d'oreilles

la ramassent et dix bouches la répètent — sans l'es-

suyer. Elle fait son chemin d'atelier en atelier, de fau-


bourg en faubourg, jusqu'au jour où, tombant à son
tour des lèvres d'un ivrogne (1), dans un café littéraire
ou dans une brasserie artistique, elle est alors re-

cueillie par quelque curieux aux écoutes, par quelque


flâneur aux aguets, qui la trouve accentuée, originale,

et la colporte çà et là, — tant et si bien que, finalement,


elle entre dans un article, puis dans un livre, puis dans
la circulation générale. Allez donc maintenant l'en

retirer, comme tachée de boue et de sang! Essayez


donc, au nom de la morale et du goût, de la démoné-
tiser par décret comme une pièce de trente sols ! Elle

n'est pas frappée à la Monnaie fondée par Richelieu,


elle ne porte pas l'effigie de l'un des Quarante, elle

n'est pas d'un métal très pur, tout cela est vrai; mais
elle sonne bien, argent ou cuivre, et cela suffit pour
qu'elle soit échangée comme monnaie courante de la
conversation.

(1) « Il faut voir de quels mots elle enrichit la langue ! »

dit Nicolas Boileau de la femme de Jérôme Boileau, son frère aîné,


laquelle, au dire de Brossette, « avoit un talent particulier pour in-
venter des noms ridicules et des injures populaires ».
PRÉFACE XIII

Il en est de même des mots à panaches et à images

improvisés par des néologues en haillons ou en blouse,


par Gavroche ou par Gabrion. L'esprit court les rues
et les ateliers ; l'œil du voyou ou du rapin, toujours

ouvert, comprend plus rapidement que l'œil du bour-


geois, toujours endormi ou toujours affairé : lorsqu'un

ridicule ou un vice insolent passe à la portée de cet im-

pitoyable rayon visuel, il est happé, — gare à la gouail-


lerie féroce qui va le fusiller! Ce que, dans mes déam-
bulations diurnes et nocturnes à Paris, j'ai entendu de

phrases énormes, pimentées, saisissantes, cruelles, ap-


pliquées en plein dos comme des coups de pied, ou en

plein visage comme des soufflets, h de pauvres diables

de l'un ou de l'autre sexe, affligés, celui-ci de cette infir-

mité, celle-là de ce ridicule, ce que j'ai entendu com-

poserait un gros livre — inimprimable. Ah ! je ne sais

pas ce que l'homme a fait à l'homme, mais il se venge

bien odieusement de lui — sur lui !

Il y moyens de contagion pour un mot, et


a mille

c'est précisément ce qui universalise l'argot. La rue


d'abord, où passe tout le monde ; le cabaret, si diver-

sement peuplé; le mauvais lieu, — une autre rue.


Quelque envie qu'aient les gens les plus chastes de

mettre un cadenas à leurs oreilles, ils entendent, — et


retiennent, — Dieu sait quels vocables excentriques.
XIV PREFACE

bouffons, audacieux, hauts en couleur. Les filles —


drôlesses et petites dames mêlées — ont un jargon
bariolé qui participe beaucoup de leurs relations aussi
multiples que fugaces. Toutes les professions masculines

avec lesquelles elles sont en contact permanent don-


nent à leur langage une teinte polyglotte très pronon-
cée, — polyglotte et cosmopolite, car elles gardent volon-
tiers de ces commerces incessants un certain nombre
de mots étrangers qu'elles francisent à leur manière.
Un étranger en apprend plus long qu'un Parisien, en
un mois de séjour dans un boudoir ou dans une anti-

chambre d'actrice, — et il emporte chez lui une singu-


lière opinion de la « langue de Bossuet ». Pauvre Bos-
suet! Pauvre langue !

lY

Puisque j'en suis au chapitre des étonnements, je

dois prémunir mes lecteurs contre celui qu'ils éprou-


veront certainement à rencontrer çà et là, dans ce Dic-
tionnaire de la Langue verte, des mots auxquels le Dic-

tionnaire de l'Académie a donné asile, — comme on


donne asile aux gueux et aux vagabonds. Ces mots sont
considérés par lui comme bas et populaciers, et il en
PREFACE XV

défend l'usage aux gens du bel air, aussi bégueules

que lui : à cause de cela, ils me revenaient de droit,


puisque je fais le Glossaire de la langue du peuple
parisien, le Gompen'dium du slang. La langue verte, au
rebours de la langue académique, se compose précisé-
ment des mots qui ne s'écrivent pas, mais qui se par-

lent à certains étages de la société.

Or, je suis de ceux qui prétendent que « toutes pa-

rolles se laissent dire et tout pain mangier », — avec


d'autant plus de raison que les expressions proscrites

comme indignes, condamnées comme shocking par le

Dictionnaire de l'Académie, sont du meilleur français


que je connaisse, d'un français plus étymologique, plus
rationnel, plus expressif, plus éloquent que celles aux-
quelles ladite Académie a accordé droit de cité, — le

français de Jean de Meung et de Guillaume de Lorris,


de François Villon et de François Rabelais, de Philippe
Desportes et de Bonaventure Des Périers, d'Henri
Estienne et de Clément Marot, de Michel Montaigne et
de Mathurin Régnier, d'Agrippa d'Aubigné et de Bran-
tôme, de Froissart et d'Amyot, etc. 11 paraît qu'il est de
bon goût, dans les hautes régions, de renier ses ancê-
tres et de mentir à ses origines les gens distingués se
;

croiraient déshonorés, — savants et gandins, — en


parlant la langue des petites gens, qui, cependant, sont
XVI PREFACE

les plus fidèles gardiens et les plus rigoureux observa-


teurs de la tradition. Oui, il faut que les gens distin-

gués en prennent leur parti : le peuple est le Conser-

vatoire du vrai langage (i).

Je comprends du reste qu'on regimbe à admettre

(1) M. B. Jouvin, un lettré dans la bonne acception du mot, et


dont la place est marquée depuis longtemps au Journal des Débats,
M. B. Jouvin sait cela aussi bien et mieux que moi. Pourquoi donc,
— il y a quelque temps, —
a-t-il, en plein Figaro, donné si vertement

sur les doigts à M. Peyrat, rédacteur en chef de l'Avenir national,


pour avoir écrit admonestation au lieu d'admonition, et a-t-il pris
occasion de cette prétendue « bévue » pour dire son fait au patois
et à l'argot, l'un et l'autre fort dangereux suivant lui, mais le —
premier « mille fois plus dangereux encore, parce que conquérant
sournois »?
Je n'ai pas à défendre M. Peyrat, assez grand et assez fort pour
se défendre tout seul, ni sa prétendue « bévue » qui se défend d'elle-
même. L'Académie veut qu'on dise admonition : c'est pour cela
qu'on doit dire admonestation. Les deux mots sont français; seule-
:

ment il y a cette différence entre eux que le premier est d'un fran-
çais moderne et le second d'un français ancien. Les vieux écrivains,
l'honneur de notre langue, écrivaient admonestation. De preuves, je
fais trop de cas de l'érudition de M. Jouvin pour lui en fournir
une seule.

La langue moderne, — celle que le rédacteur en chef du Figaro


écrit si bien, — que de patois étrangers
n'est pas faite d'autre chose
ou autochthones. Parlons-nous grec ou latin, anglais ou suédois,
allemand ou italien, celte ou thibétain? Sommes-nous une langue
mère ou une langue fille? Hélas! le français contemporain est une
langue fille, très fille même, —
si fille que les austères grammai-

riens de Port-Royal se refuseraient aujourd'hui à la comprendre,


et surtout, la comprissent-ils, à la parler. C'est une sorte de langue
de Corinthe où sont venues se fondre et s'amalgamer une foule
d'autres langues plus ou moins précieuses, du Nord et du Midi,
PREFACE XVII

cette vérité élémentaire, qui froisse les habitudes d'es-


prit prises — parce qu'imposées, — dans les collèges,

où l'on n'enseigne qu'un français de convention, soufflé


comme une baudruche, désossé comme un roastbeef,

c'est-à-dire privé depuis longtemps de toute racine éty-

mologique, grâce aux progrès croissants de la Réforme


orthographique (1). Moi aussi, au début de ma vie, en

d'oc et d'oil, d'Orient et d'Occident, or et cuivre, fer et argent, —


avec beaucoup de scories à la surface.
Mais ce n'est pas dans une Note que l'on peut traiter comme il
convient une question de cette importance; d'ailleurs je reconnais
volontiers que, pour m'acquitter de cette tâche, je n'ai pas les reins
assez fermes, et qu'il me serait impossible de marcher « front à
front » avec les philologues passés, présents, — et même futurs :

je ne vais « que de loing après ». Je n'ai prétendu ici que constater


l'introduction légitime des patois et l'intrusion naturelle de l'argot
dans le français moderne, qui n'a pas le droit de faire le dédaigneux,

car, en se dépouillant de tous ses mots d'emprunt, il courrait grand


risque de rester nu comme un petit Saint Jean.
(1) Et comme si ce n'était pas encore assez, comme si la langue
française actuelle n'était pas suffisamment éloignée de ses origines,
il se produit à Paris, tous les dix ou quinze ans, des cacographes

qui, sous prétexte d'en rendre l'étude plus accessible, veulent qu'on
l'écrive comme on
la prononce, c'est-à-dire en supprimant toutes
aphones. Je renonce aux plaisanteries qu'il me serait facile
les lettres
de faire en objectant précisément la prononciation, que modi- —
fient, dit Pascal, trois degrés d'élévation du pôle,
et les accents —
de pays; je me contente de demander comment on reconnaîtrait
nuptiœ si on l'écrivait noss, cor si keur, teinpus si tan, maïus si mê,
testa si tett, hostia si osti, mansio si mêzon, etc. Refaire en 1835 ce

que Marie a fait si inutilement en 1830, et Laurent Joubert si vai-


nement en 1579, quelle misère ! Et croire que cette orthographe
nouvelle, — ou plutôt cette absence de toute orthographe, rendrait —
plus facile l'étude de la langue française, quelle sottise !
XVIII PREFACE

entendant les vieux de mon faubourg natal employer


des phrases d'antan, je souriais de pitié, presque de
mépris, ne comprenant pas qu'on pût s'exprimer autre-
ment que M. de Gampistron en ses tragédies et M. de
Marmontel en ses Contes moraux. J'avais alors de sour-

des révoltes à propos de l'éloquence forcenée de mon


aïeul, qui ne pouvait ouvrir la bouche sans commettre
une hérésie, sans se rendre coupable du crime de lèse-

majesté classique. Il me semblait qu'il parlait là une

langue sauvage, une façon d'algonquin ou de topinam-


bou, qui n'avait jamais été parlée avant lui et ne de-
vait plus l'être après lui, et, pour un peu, à chaque
mot tombé de ses lèvres sibyllines, je me fusse signé

comme devant un blasphème. Hélas! ce vieux fau-


bourien était un académicien de la bonne roche, —
celle d'où jaillit ce français si clair, si pur, si viril, si

expressif, si sonore, si complet, si beau, dont il semble


qu'on ait tout à fait perdu le secret, aujourd'hui que,

langue verte à part, notre littérature est livrée à l'eu-

phuisme, au gongorisme, aux concetti, à la préciosité

et à je ne sais plus quelles autres bêtes qui la dévorent


en la souillant.

Comme expiation, ou plutôt comme réparation de


mon erreur, qui est encore celle de bien des honnêtes
gens, j'ai dû donner large place dans le présent livre à
PREFACE XIX

cette Idûague populacière, rejetée avec mépris hors de la

littérature et de la conversation. Elle eût été plus con-

venablement ailleurs, dans le Dictionnaire de l'Acadé-

mie par exemple, mais sans l'étiquette déshonorante et


ridicule que vous savez ; malheureusement, le Diction-

naire de l'Académie n'est hospitalier que pour les siens,

et s'il a consenti à entre-bâiller ses feuillets pour laisser

entrer, en rechignant, quelques-uns des mots du lan-


gage populaire, il les a bien vite refermés de peur d'en
laisser entrer un trop grand nombre, — qui eussent
été, pourtant, sa richesse et son orgueil. L'Académie

est myope : de l'or elle ne voit que la gangue.


Et, puisque je tiens l'Académie, je ne veux pas la

lâcher sans me justifier, non pas devant elle, mais devant


mes lecteurs, de l'irrévérence avec laquelle je n'ai pas

craint de la traiter en introduisant dans le Dictionnaire

de la Langue verte ce que je n'ai pas craint d'appeler


l'argot des académiciens. Ce n'est pas là une malignité
d'écrivain fantaisiste, mais une impérieuse nécessité
de classification. Si les académiciens parlaient comme
out le monde, je n'eusse jamais songé à leur consacrer
une seule ligne dans ce Dictionnaire impertinemment
édifié à côté du leur mais ces pontifes du beau langage,
;

s'imaginant sans doute qu'écrire c'est officier, ont de


tout temps employé pour s'exprimer des expressions
XX PREFACE

dont l'emphase prudhommesque et l'inintelligibilité

singulière semblent appartenir à ce qu'où pourrait pro-

prement appeler une langue bleue. Bleue ou verte, c'est

la même chose, puisque ce n'est pas la langue française

de nos aïeux; et, pour ma part, j'avoue ne voir aucune


différence entre les périphrases de Gommerson et celles

de l'abbé Delille, entre l'argot de la rue [et l'argot de

l'Institut. En quoi, je vous prie, brouter les pâturages de


l'erreur est-il plus singulier que le tube qui vomit la

fumée?Eu quoi la plaine liquide esi-e\le moins burlesque


que canonnier de la pièce humide? Et cet animal guerrier
qui inventa le trident? Et les larmes de V aurore? Et les

nourrissons f/w /*mf/e (1)? Au lieu de confectionner ces


tropes plus ridicules qu'ingénieux, MM. les Quarante
auraient bien dû, depuis longtemps, s'occuper du Dic-
tionnaire conçu par Charles Nodier et récemment entre-

(1) Si j'avaisquelque plaisir à remuer le bric-à-brac littéraire, je


pourrais multiplier à l'infini mes exemples académiques; mais
comme, au contraire, il s'exhale de toutes ces expressions une
odeur de rance, de moisi qui m'écœure l'esprit, je m'en tiens à ces
quelques citations.
Une dernière cependant qui me revient en mémoire ce sera le :

bouquet. Je n'aime pas beaucoup les réalistes, mais j'aime la vérité


et je dois dire que je préfère M. Champfleury écrivant « Je porte :

perruque et j'ai cinquante-huit ans » à Boileau écrivant :

« Mais aujourd'hui qu'enfin la vieillesse est venue


Sous mes faux cheveux blonds, déjà toute chenue
A jeté sur ma tête, avec ses doigts pesants,
Onze lustres complets surchargés de trois ans. »
PREFACE XXI

pris par M. Littré « L'académie du Dictionnaire (dit

l'auteur des Notioyis élémentaires de linguistique) ne


nous doit que la langue littéraire, et la langue littéraire

d'une nation, c'est tout bonnement la langue du peuple.


Il ne faut pas sortir de là. »

Toutes les fois que je l'ai pu, j'ai accroché aux mots
une étiquette constatant leur étymologie, leur origine,

leur millésime, et disant quels sont leurs pères ou leurs


parrains, afin d'éviter des tourments aux Saumaises
futurs, aux lexicographes distingués ou bas de poil qui
commenteront les livres parisiens du xix® siècle, —
spécialement de la seconde moitié du xix^ siècle. Nous
serions plus avancés que nous ne le sommes, nous en
saurions davantage sur notre langue, si l'on avait pris

soin, dès l'origine, de nous conserver les extraits de


baptême de certains mots, sinon de tous : cette his-

toire des mots serait l'histoire des idées, c'est-à-dire

l'histoire des mœurs, c'est-à-dire l'histoire de la nation

parisienne écrite jour par jour (1).

(1) Nous savons que bibliomanie est un mot de la façon de Guy


Patin, par conséquent du xvii« siècle, époque de cette passion fré-
nétique des livres qui poussait des Hollandais et des Anglais à
XXII PREFACE

Malheureusement, quant au millésime, malgré l'en-

vie que j'avais de parler, je suis souvent resté muet,


— on comprendra pourquoi.
Quant à la provenance, je l'ai indiquée presque tou-
jours, et fidèlement, j'ose l'affirmer. Aucun des mots
auxquels j'ai cru devoir accorder l'hospitalité n'est d'o-
rigine suspecte ni d'existence douteuse : ce sont des

vagabonds, mais ce ne sont pas des ombres. Chaque


fois qu'il m'a été impossible de savoir à quel argot
spécial appartenait une expression, je me suis abstenu

de la ranger dans telle ou telle catégorie, en supposant


qu'elle devait être d'un emploi moins restreint, d'une
circulation plus générale que les autres. Mes attribu-

tions ne sont pas arbitraires, pas plus que les nuances


que j'y ai introduites et qui n'échapperont pas aux lec-
teurs perspicaces. Si je dis argot du peuple et non argot
des bourgeois, c'est que l'expression est plus familière

au peuple qu'à la bourgeoisie et que je l'ai entendue


plus souvent dans la rue que dans la boutique. Lorsque

payer des prix fous des bouquins sans autre valeur que leur rareté.
Nous savons que contemptible appartient à Malherbe, épigramme à
Baïf, pudeur à Desportes, coq-ti-rdno à Marot, avidité k Ronsard,
féliciter à Balzac, généralissime au cardinal de Richelieu, débrulah-
ser à lamarquise de Rambouillet, burlesque à Sarrazin, désenseigner
à Montaigne, esprité à Saint-Simon, prosateur à Ménage, escobartin
à Pascal, offenseur à Corneille, impardonnable à Scgrais, bravoure à
Mazarin, arrangé au père Bouhours, s'acclimater à Raynal, d'autres
mots encore à d'autres écrivains; mais le reste?
PRÉFACE XXIIl

je mets après un mot argot des voyous au lieu d'argot

des voleurs, c'est que ce mot, quoique ayant appartenu


peut-être d'abord à la langue des prisons, est d'un

usage plus fréquent sur les lèvres des voyous que dans

la bouche des voleurs. De même pour Vargot des fau-


bouriens, qui n'est pas Vargot des ouvriers, quoique les

ouvriers habitent ordinairement les faubourgs de Paris.

De même pour l'argot des filles, qui n'est pas Vargot des

petites dames ou de Breda-Street, quoique les unes et

les autres exercent la même profession, — avec un


public différent. Certains argots confinent, comme cer-

tains métiers; ils marchent sur une lisière commune,


comme certaines agrégations d'individus; ils voisinent

pour ainsi dire, comme certaines positions sociales :

assurément ils finiront par s'étreindre, par se mêler, par

se confondre; le voyou finira par devenir voleur, la

petite dame par être fille, l'ouvrier par se faire faubou-

rien, etc., mais jusqu'à ce que la barrière soit franchie,

la délimitation effacée, chacun d'eux aura son accent,


sa couleur, auxquels on les pourra reconnaître. Yoilà

pourquoi j'ai parqué d'autorité ce mot dans cette caté-


gorie et non pas dans cette autre, qui a l'air d'être la

même, — comme le violet est le bleu ;


voilà pourquoi

j'ai cloué sur ce mot cette étiquette et non pas cette

autre, assuré que j"étais de ne pas me tromper, je le


XXIV PREFACE

maintiens et le maintiendrai jusqu'au feu, — exclusive.


Pour l'étymologie, c'est autre chose. Peut-être, à ce

propos, s'étonnera-t-on de la persistance que je mets à


redresser les erreurs et à corriger les bévues de quel-
ques-uns de mes devanciers, et, de ma part, à moi,
philologue de fraîche date et ignorant de naissance,
cela semblera outrecuidant. Je souscris d'avance à tous
les reproches qu'on me fera l'honneur de m'adresser,

~ même à ceux que je mérite moins. le

L'étymologie, — et je ne prends pas ce mot dans l'ae-

eeption restreinte et purement grammaticale que lui

donne Charles Nodier, qui en fait la norma, la ratio


scribendl, l'orthographe enfin de toutes les langues de
dernière formation, — l'étymologie telle que l'enten-
dent tant de savantes personnes ne doit pas être consi-
dérée autrement que comme un pur et simple exercice
d'imagination. Heureux les savants qui ont de l'esprit
et qui n'ont pas d'imagination : ils amusent et, acces-
soirement, instruisent. Ceux qui ont de l'imagination,
au contraire, en ont trop, et non seulement ils n'ins-

truisent pas, mais encore, — ce qui est plus grave et

raoinspardonnable, — ils n'amusentpersonne, pas même


eux. L'esprit, — on me passera cette fatuité de le dé-
finir, — est la raison elle-même , la raison enjouée,

folâtre même, mais la raison : c'est une boussole. L'i-


PREFACE XXV

magination, elle, n'est qu'une faculté superfétative, se-


condaire, qui joue le rôle de cinquième roue à un car-

rosse, et qui, si elle n'empêche pas l'esprit de marcher,

ne l'y aide du moins en aucune façon quand ;


elle va de
conserve avec lui, c'est bien, nul ne s'en plaint; mais
quand elle vole seule, elle perd aisément le nord et

s'égare en égarant les autres.

Je ne veux pas me prononcer au sujet de l'esprit ou


de l'imagination de mes devanciers, de peur de les
fâcher avec un compliment — ou de leur faire plaisir

avec une épigramme. Ce n'est pas le lieu d'ailleurs.

Mes devanciers ont agi à leur guise, d'après les inspi-

rations de leur génie particulier :



je ne les en blâme
ni ne les en loue. Je regrette seulement — pour eux —

que quelques-uns d'entre eux n'aient pas su éviter

recueil contre lequel sont venus échouer avant eux

tant d'autres étymologistes trop savants, — par

exemple Ménage, qui fait venir canaille de canalis


quand il avait canis sous la main. M. Marty-Laveaux le

disait très pertinemment : les savants comme Ménage


et quelques-ans de mes devanciers vont chercher trop

loin leurs étymologies (1), et c'est dans ces voyages

(1) « Singulière manie de chercher à mille lieues les origines des


choses et de faire couler des sources du Nil le ruisseau qui lave
votre rue !

(Victor Hugo, Préface du Dernier Jour d'un condamné.)


XXVI PREFACE

au long cours qu'ils rencontrent l'écueil en question. Il

est si simple de rester au coin de son feu, les coudes


sur la table, les pieds sur les chenets, comme un hon-
nête bourgeois sans prétention, qui trouve sans peine

parce qu'il cherche sans effort! L'effort, voilù ce qui a


gâté tant de savants livres !

L'étymologie, étant une maladie, a sa contagion ;

moi, parvulissime, j'ai fait comme les grands docteurs


de l'Université de Marburg — et d'ailleurs : je me suis

lancé à fond de train dans le champ des hypothèses, et

si je ne suis pas parvenu à me casser les reins, j'ai du


moins donné quelques entorses au bon sens et à la vé-

rité étymologique. C'est un jeu comme un autre, amu-


sant pour soi, fatigant pour autrui, dont cependant je

n'ai pas cru devoir abuser, ainsi qu'on s'en assurera


en feuilletant ce volume. Il peut se faire que, dans cette
course vagabonde à travers des origines probables, j'aie
quelquefois rencontré juste et que quelques-unes de
mes trouvailles involontaires méritent d'être prises en

considération : ces bonnes fortunes arrivent souvent

aux innocents, paraît-il. « Quand on ne sait que ce


qu'on a appris, on peut être un savant et un sot; il faut

de plus savoir ce qu'on a deviné. » J.-B. Say avait


raison, quoique économiste. En tout cas, heureux ou
non dans mes devinettes étymologiques, à mon su ou
PREFACE XXVII

à mon insu, je m'en tiens à ces premiers essais et


m'engage à ne plus jamais recommencer.

YI

Il me reste à parler de cette seconde édition, qui est

une véritable nouvelle édition, puisqu'elle a été re-

fondue d'un bout à l'autre et réimprimée en caractères


elzéviriens. Aucun des mots de la première ne manque
à celle-ci, qui est en outre enrichie d'environ deux
mille cinq cents expressions soit du cant, soit du slang,

soit de la langue populacière, toutes si dédaigneuse-


ment mises à la porte par le Dictionnaire de l'Aca-

démie, qui semble ne pas savoir qu'Horace a écrit il y a


dix-neuf cents ans :

ut silvœ foliis pronos mulantur in annos,


Prima cadunt ; ita verhorum vêtus interit œtas,
Et juvenum ritu florent modo nata vigentque.

Vous entendez, messieurs les Quarante? Il en est des


mots comme des feuilles des arbres à l'automne, ce
sont les premières venues qui sont les premières par-
XXVIII PREFACE

lies : de même périt le vieil âge des mots, et d'autres

mots, nés tout à l'heure, fleurissent et s'épanouissent


maintenant à la manière des jeunes gens. Ne balayez
pas les vieux, mais faites place aux jeunes, aux valides,
aux vigoureux!
Si le Dictionnaire de l'Académie est incorrigible, je

ne le suis pas, et quand j'ai des torts j'en conviens de

bonne grâce, quand j'ai péché je me frapppe de bonne

foi la poitrine — en me demandant pardon de mes im-

perfections et en me promettant bien d'en diminuer le

nombre, sans espérer de les extirper toutes. J'ai donc


émendé de mon mieux le texte de la première édition,
ainsi qu'en pourront juger les lecteurs; mais cette

émendation devait avoir des bornes, — et elle en a eu.


Malgré les prières de mon éditeur, qui, par excès de
délicatesse, voulait enlever à celui-ci ou à celui-là de

mes devanciers encore vivants tout prétexte à récrimi-


nation et h reproches de plagiat, môme aux moins
fondés, j'ai cru de mon devoir et de mon droit de con-

server intactes des définitions dont je répondais, que je

savais être miennes, malgré leur ressemblance avec

celles de mon voisin. Ressemblance forcée, fatale,

nécessaire même, tous les gens de bonne foi n'hésite-

ront pas à le reconnaître. Je ne voudrais pas avoir l'air

de m' abriter derrière la spirituelle et très juste défini-


PREFACE XXIX

tion de Charles Nodier : Les dictionnab^es sont des pla-


giats par ordre alphabétique ; mais enfin il est tout

simple qu'ayant à définir une expression bizarre — par


exemple appeler Azor, — le premier venu écrive

comme moi : « Siffler un acteur comme on siffle un


chien. » On n'a pas de brevet d'invention à prendre

pour cette phrase qui traîne sur toutes les lèvres. Ap-
peler Azor signifiant pour tout le monde siffler un ac-

teur, Azor étant pour tout le monde le synonyme de


Chien, comment s'y prendre en effet pour ne pas dire :

« Siffler un acteur comme on siffle un chien ? » Je ne

vois qu'un moyen, mais il est héroïque — de ridicule :

c'est d'imiter le fameux Marquise, vos beaux yeux me


font mourir d'amour,— D'amour, marquise, vos beaux
yeux me — Me font, marquise, vos beaux
font mourir,

yeux mourir d'amour, — Mourir vos beaux yeux me font


d'amour, marquise, — et ainsi de suite jusqu'au juge-

ment dernier. Oui, plus j'y réfléchis, plus je ne vois que


ce moyen : On m'excusera, je pense, de ne pas l'avoir
employé.
Je glisse — de peur d'appuyer.
On remarquera que dans cette nouvelle édition, plus

encore que dans la précédente je ,


me suis plu à réta-

blir l'orthographe réelle de vocables que les puristes

déclarent être « du patois de Pipelets » (Voy. Albert


XXX PREFACE

Hétrel, Code orthographique). J'en ai rais beaucoup, je

regrette de n'en avoir pas mis davantage, afin de con-

fondre les ennemis de la bonne langue, la vieille, et les

admirateurs du petit français que l'on parle à présent.

Les puristes du sérail veulent qu'on dise chirurgien,

chercher, brebis, etc. Je le veux comme eux. Mais ils ri-

canent lorsqu'ils entendent prononcer cercler, berbis,

serurgien, et leurs ricanements me font sourire : la

pelle se moque du fourgon, — la pelle a tort.

On m'a reproché d'avoir introduit dans la précédente

édition un certain nombre de mots anglais : je réponds

en en introduisant un plus grand nombre encore dans


cette nouvelle édition. L'anglomanie fait des progrès

chez nous, peuple simiesque; nous avons tous les mots


nécessaires pour représenter nos idées, mais, par

genre, nous habillons ces idées avec des mots de fa-


brique étrangère : au lieu de dire chien courant comme
leurs pères, — de rudes chasseurs, pourtant! — nos
sportsmen disent, les uns buck-hound, les autres boar-

hound. Buck-hound, c'est bien du pur anglais de l'autre

côté du détroit; mais, de ce côté-ci, c'est de la langue

verte.

Gela dit — avec tout le respect que je dois aux gens à


qui je le dis — j'arrive au finale de cette trop longue

improvisation. C'est la partie la plus douce de ma


PREFACE XXXI

tâche d'aujourd'hui, puisqu'il s'agit de remercier hau-


tement ceux de mes confrères qui ont bien voulu jouer
le rôle de tibicinateurs en faveur du Dictionnaire de la
Langue verte, et les personnes connues ou inconnues qui
ont bien voulu répondre à l'appel que je leur avais fait

en me signalant les omissions et les attributions erro-

nées de la première édition. Je remercie donc bien sin-


cèrement ici MM. Jules Noriac, Léo Lespès, Alphonse

Duchesne, A. Ranc, Balathier de Bragelonne^, Jules Gla-


relie, A. de Fonvielle, Gustave Bourdin, le docteur Sté-
phen Le Paulmier, Léon Renard, Henri Delaage, Eu-
gène Mathieu, Goffineau, Alexandre Pothey, Jules

Choux — et tous ceux que ma plume sans mémoire ou-


blie de citer. Jules Choux, un chansonnier parisien

d'un accent original et qui connaît encore mieux que


moi les dessous ténébreux de notre chère ville natale,

m'a apporté, à lui seul, une plantureuse moisson que


je n'ai eu que la peine d'engranger. Les soins que j'ai

apportés à cette seconde édition témoigneront mieux


que des paroles de toute ma gratitude pour les encou-
ragements que j'ai reçus de toutes parts : elle est

moins défectueuse que la première, et la prochaine


sera encore un peu plus digne d'intérêt que celle-ci, les

livres du genre du Dictionnaire de la Langue verte

devant forcément se corriger et se compléter dans des


XXXII PREFACE

éditions successives. Quand il en sera à sa dixième,


j'ose espérer que depuis longtemps on aura fait une
croix — sur ma tombe I

ALFRED DELVAU.
DICTIONNAIRE

LANGUE VERTE

Abadie, s. f. Foule, — dans Abalourdir, v. a. Rendre


l'argot des voleurs, qui l'appel- balourd, niais, empi'unté.
lent ainsi, avec mépris, parce
quils ont remarqué qu'elle se Abat-faim, s. m. Plat de ré-
compose de badauds, de gens sistance, — gigot ou roastbeef
qui ouvrent les yeux, la bouche plantureux.
et les oreilles d'ime façon déme- Abatis, s.m. pi. Le pied et
surée .
la main, — l'homme étant con-
Abajoues, s. f. pi. La face, sidéré par l'homme, son frère,
— dans l'argot du peuple. comme ime volaille.
Il n'est pas de mots que les
Avoir abatis canailles. Avoir
les
hommes n'aient inventés pour se les extrémités massives, grosses
prouver le mutuel mépris dans
mains et larges pieds, qui témoi-
lequel ils se tiennent. Un des
gnent éloquemment d'une origine
premiers de ce dictionnaire est
plébéienne.
une injure, puisque jusqu'ici une
abajoue signifiait soit le sac que Abaf-reluit, s. m. Abat-
certains animaux ont dans la jour à l'usage des vieillards. Ar-
Louche, soit la partie latérale got des voleurs.
d'une tète de veau ou d'un groin
de cochon. Nous sommes loin de Abattoir, s. m. Le cachot
1*05 sublime dédit. Mais nous en des condamnés à mort, à la Ro-
verrons bien d'autres. quette, —
d'où ils ne sortent que

1
. ,

ABE ABR

avoir fabrique ; on
pour être ah(dtus devant la porte s'imaginent
l'écrivait alors abaylarder, —
âe ce Newgate parisien.
avec la même signification, bien
Abattre (En) . Travailler entendu.
beaucoup, — dans l'argot des
Abéiiuer, v. a. Nourrir cpiel-
ouvriers et des gens de lettres.
qu'un, lui donner héquée,
la —
Abbaye, Four,s. dans
f. — dans l'argot du peuple, qui prend
l'argot des rôdeurs de nuit
qui, l'homme pour im oiseau.
il Y a une
quinzaine d'années, se
volontiers Abéqueuse, s. f. Nourrice ou
domiciliaient encore
dans les fours à plâtre des buttes maîtresse d'hôtel,
Chauniont, où ils chantaient ma- Abigfotir (S'), v. réfl. De-
tines avant l'arrivée des ouvriers hanter assidûment
bigot,
venir
chaufourniers.
les églises après avoir hanté non
Ahhuye ruffante. Four chaud, moins assidûment d'autres en-
— de riifurc, roussir. droits, — moins respectables.

Monte-à-re- Le mot a trois ou quatre cents


Abbaye «le
eret, L'échafaud,
s. f. dans — ans de noblesse.
l'argot des voleurs, qui se font Abioquer ou Abloquir, V.
trop facilement moines de cette n. Acheter, —
dans l'argot des
Abbaye que la Révolution a ou- voleurs, qui n'achètent cependant
blié de raser. presque jamais, excepté en bloc,
Abbaye «les s'offre-à-tous, à l'étalage des marchands.
s. f. Maison conventuelle où sont Abominer, v. a. Avoir de
enfermées volontairement de jo- l'aversion pour quelque chose et
ne pourraient jouer
lies filles qui de l'antipathie pour quelqu'un, -;-
le rôle de vestales que dans
ce que dit clairement l'étymologie
l'opéra de Spontini. de ce mot ah, hors de, et omen,
:

Cette expression, qui sort du


d!omentum, estomac.
Romancero, est toujours employée Expression du vieux français et
par le peuple.
des jeunes Parisiens.
Abcès, s. m. Homme au vi- Abonné au gui^non (Etre).
sage boursouflé, au nez à bube-
Etre poursuivi avec trop de régu-
lettes, sur lequel il semble qu'on des
larité par la déveine. Argot
n'oserait pas donner un coup de
poings _
de peur d'une éruption
faubouriens.
purulente. Abouler, V. a. Donner, re-
On a dit cela de Mirabeau, et mettre à quelqu'un. Argot des
on le dit tous les jours des gens voyous.
dont le visage ressemble comme Signifie encore Venir, Arri
le sien à une tumeur. ver sans délai, précipitamment,
Abélartliser, v. a. Mutiler comme une boule.
un hummc comme fut mutilé par Aboyeup, s. m. Crieur public
le chanoine Fulbert le savant ou particulier qui se tient dans
amant de la malheureuse Hé- les marchés ou à la porte des
loïse théâtres forains.
C'est un mot du xiii" siècb>
que quelques écrivains modernes Abracadabra, adv. Dune
ABR ABS

manière bizarre, décousue, folle, Abruti, s. m. Elève


assidu,
— dans l'argot du peuple, qui a acharné à l'étude, — dans
l'argot
conservé ce mot du moyen âge des Polytechniciens, dont la plu-
en oubliant à quelle superstition part sont encore trop jeunes pour
il se rattache. Les gens qui ne pas être un peu fous.
avaient foi alors dans les vertus
magiques de ce mot l'écrivaient Abs, s. m. Apocope d'Absinthe,

en triangle sur un morceau de créée y a quelques années par


il

papier carré, qu'ils pliaient de Guichardet, et aujourd'hui d'un


manière à cacher l'écriture puis, emploi général.
;

ayant piqué ce papier en croix, Les apocopes vont se multiplier


ils le suspendaient à leur cou en dans ce Dictionnaire. Ou en trou-
guise d'amulette, et le portaient vera à chaque page, presque à
pendant huit jours, au bout des- chaque ligne abs, achar, au-
:

tor, a)'isto, eff, délass-com, dé-


quels ils derrière eux,
le Jetaient
dans la rivière, sans oser l'ou- moc, poche, imper, rup, soc, li-
vrir. Le charme qu'on attachait à quid, bac, aff, Saint-Laz, etc.,
ce petit papier opérait alors, — etc., etc. Il semble, en effet, que
ou n'opérait pas. les générations modernes soient
Faire une chose ahracadahra. pressées de vivre qu'elles n'aient
Sans méthode, sans réflexion. ]Das le temps de prononcer les
mots entiers.
Abracadabrant « e adj ,

Etonnant, extraordinaire, mer- Absinthag^e, s. m. Action de

veilleux, épatant, —
dans l'ar- boire l'absinthe, ou de la faire.
got des gens de lettres, qui ont Absinthe (Faire son). Ver-
emprunté cette expression à ïubra- ser de l'eau sur l'absinthe, afin de
cadabra du Romantisme. la précipiter et de développer en
elle cette odeur qui grise tant de
« Satan vous verra.
De vos inains grossières,
cerveaux aujourd'hui.
Parmi des poussières, Signifie aussi Cr-acher en par-
Ecrivez, sorcières, lant. On a dit à propos d'un
Abracadabra ! » homme de lettres connu par son
bavardage et ses postillons « X... :

dit Victor Hugo dans la pièce des demande son absinthe, on la lui
Odes et Ballades intitulée le Sab- apporte, il parle art ou politique
bat.
Cet abracadabra
pendant un quart d'heure, et —
était en effet son absinthe est faite. »
assez singulier, et je comprends
qu'on en en faisant im
l'ait raillé Absinthe (Heure de 1'). Le
adjectif, —
sans se douter que moment de la journée où les Pa-
depuis longtemps le peuple en risiens boivent de l'absiuthe dans
avait fait mi adverbe. les cafés et chez les liquoristes.
C'est de quatre à six heures.
Abreuvoir, s. m. Cabaret, —
d'où l'on sort plus altéré qu'on Absinther (S'), v. réfl. S'a-
n'y est entré. donner à l'absinthe, faire sa bois-
D'où l'expression proverbiale : son favorite de ce poison.
Un bon cheval va bien tout seul
Absiutheur, s. m. Buveur
à l'abreuvoir, pour dire : Un d'absinthe.
ivrogne n'a pas besoin d'y être in-
vité pour aller au cabaret. Absinthîcr, s. m. Débitant
.

AGA AGG

d'absinthe, c'est-à-dire de poison. peuple, qui parle comme Cyrano


de Bergerac écrivait.
Absorber v. n. et a. Manger
ou boire abondamment.
Accaparer quelqu'un, v.
a. Ne pas l'importuner
le lâcher,
Absorption, s. f. Cérémonie d'amitiés et de flatteries plus ou
annuelle qui a lieu à l'Ecole po- moins intéressées.
lytechnique, et « qui a été ima-
ginée, dit Emile delà Bédollière, Accentuer ses g^estes, v.
pour dépayser les nouveaux, les a. Donner un soufflet ou uu coup
initier aux habitudes de l'Ecole, de poing, — ma-
ce qui est une
les accoutumer au tutoiement. » nière de se prononcer suivant les
Le nom a été donné à cette fête règles de l'accent tonique.
de réception, parce qu'elle pré- Accessoires, s. m. pi. Maté-
cède ordinairement Vabsorplion riel servant à meubler la scène ;
dans un restau-
réelle qui se fait
tous les objets dont l'usage est
rant du Palais- Royal, aux dé- nécessaire à l'action d'une pièce
pens des taupins admis. de théâtre, depuis la berline jus-
Acabit «le la bête, s. m. qu'à la croix de ma mère.
Bonne ou mauvaise qualité d'une Les acteurs emploient volon-
chose ou d'une personne. Argot tiers ce mot dans un sens péjo-
du peuple. ratif et comme point de compa-
Etre de bon acabit. Avoir un raison. Ainsi, du vin d'acces-
excellent caractère, ou jouir d'une soires, un poulet d'accessoires,
excellente santé. etc., sont du mauvais vin, un pou-
let artificiel, etc.
Acag-narder (S'), V. réfl. Se
plaire dans la solitude, vivre dans Accolade, s. f. C'était jadis
son coin, loin du monde et des un baiser que recevait sur la joue
plaisirs, comme un vieux chien gauche l'homme qu'on ordonnait
las d'aboyer à la lune et de cou- chevalier; c'est aujourd'hui un
rir après les nuages, —
ce gibier soufflet que peut recevoir tout le
que nous poursuivons tous sans monde sur n'importe quelle joue.
pouvoir même en jouir comme
Ixion Accommoder quelqu'un à
J'ai souligné à dessein coin et la sauce piquante, v. a. Se
chien : c'est la double étymolo- moquer de lui, et même se —
gie de ce verbe, que n'osent pas livrer sur sa personne à des voies
employer les gens du bel air, de fait désagréables.
quoiqu'il ait eu l'honneur de
monter dans les carrosses du roi
Accommoder quelqu'un
Henri IV. (V. les lettres de ce
au beurre noir, v. a. Lui po-
cher les yeux à coups de poing.
prince.) S'acagnarder vient eu
effet du latin canis, chien, ou du Accordéon, s. m. Chapeau
vieux français cagnard, lieu re-
— coin. Gibus, —
dans l'argot des fau-
tiré, solitaire, bouriens, par allusion au souf-
On (lit aussi s'acagnarder dans flet placé à l'intérieur de ce cha-
un fauteuil. peau.
Acalifourchonner (S'j, Se Se dit aussi d'un chapeau or-
mettre à califourchon sur n'im- dinaire sur lequel on s est assis
porte quoi, —
dans l'argot du par mégarde.
AGR AFF

Accoucher, v. n. Avouer, Acrée donc! Cette interjection,


— dans l'argot du peuple. qui signifie « Tais-toi » se jette !

Accoucher de quelque chose. à voix basse pour avertir qu'un


Divulguer un secret faire pa- ; nouvel arrivant est ou peut être
raître un livre prendre un parti.
;
suspect. On dit aussi Nioé donc!

4.ccoufflei* (S'). S'accroupir, Acteur-guitare, s. m. Ac-


s'asseoir sur les talons, dans — teur qui ne varie pas assez ses
l'argot du peuple, qui a em- effets et n'obtient d'applaudisse-
prunté ce mot aux patois du ments que dans certains rôles lar-
Centre, où l'on appelle cou ffies moyants, par exemple Bouffé et
des balles de coton, sièges impro- madame Rose Chéri. Argot des
visés. coulisses.
On dit aussi s'accrouer.
Actionnaire, s. m. Homme
Accroche-cœurs, s, m. pi. crédule et simple, qui s'imagine
Petites mèches de cheveux bou- que tout ce qu'on lui raconte est
clées que les femmes fixent sur arrivé, que toutes les offres qu'on
chaque tempe avec de la bando- lui a faites sont sincères, etc. Ar-
line, pour donner du piquant à got des gens de lettres.
leur pliysionomie.
Les faubouriens donnent le Addition, s. f. Ce que nos
même nom à leurs favoris, — pères appelaient la carte à payer,
selon eux irrésistibles sur le beau ce que les paj^sans appellent
le compte, et les savants en go-
sexe, comme les favoris tempo-
raux du beau sexe sont irrésis- guettes le quantum.
nous
tibles sur AdjectÎTer quelqu'un^ v.
Accrocher, v. a. Engager a. Lui adresser des injures, qui
quelque chose au mont-de-piété. ne peuvent être en eflet que des
Argot des faubouriens. adjectifs.

A Chaillot î Exclamation Adroit du coude, adj. m.


populaire, passée dans l'argot Qui a plus l'habitude de boire
des drôlesses de Breda-Street, et que celle de travailler. Argot du
par laquelle on se débarrasse de peuple.
quelqu'un qui gène. Aflf, s. f. pi. Apocope d'Af-
Achetoires, s. m. pi. Ar- faires, — dans l'argot des petites
gent, —
dans le même argot dames.
Maurice Alhoy trouvait le mot Affaire, s. f. Vol à com-
trivial. Il est au contraire char-
mettre. Argot des prisons.
mant et bien construit. Montaigne
pas écrit « Je n'ai pas de
n'a-t-il : Affaire (Avoir son). Avoir
gardoire » ? Garder, ganloire ; son compte, soit dans un duel,
acheter, achetoires. soit dans un souper, être pres- —
Acœurer, que tué ou presque gris. Argot
v. a. Accommoder,
arranger bon du peuple.
de cœur. Argot
des voleurs. Affaire Juteuse, s. f. D'un

Acrée ou Acrie, s. f. Mé-


bon rapport. Argot des Merca-
dets.
fiance, cousine germaine de l'a-
crimonie. Même argot. Affaires, s. f. pi. Se dit de
AFP AOO

l'indisposition menstruelle des Affup, s. m. Profit, — dans


îemmes. Argot des bourgeois. l'argot des voleurs.

— dans Le mot vient en ligne droite de


Affaler (S'). Tomber, ad furcm (même signification),
Fargot du peuple.
qui vient lui-même du fur (vo-
Affe, s. f. La vie, — dans leur de nuit) de Gicéron.
l'argot des voleurs, qui me font
Affurer, v. a. Tromper, faire
l'effet d'avoir à dessein confondu
un profit illicite.
avec affres, leur existence étant
un perpétuel effroi de la justice Affût (D'). Rusé, malin, ha-
et des gendarmes. bile. Argot du peuple.
Eau d'affe. Eau-de-vie.
On dit aussi llomync d'affût.

Affoler, V. a. Accabler de Affûter, Tromper quel-


V. a.
coups, blesser, endommager, — qu'un, le surprendre. Argot des
dans l'argot du peuple, fidèle à voleurs.
l'étymologie (à et fouler) et à la Affûter ses pincettes. Cou-
tradition « Vous nous affolerez
:
rir, ou seulement marcher. Ar-
de coups, monsieur, cela est sur, » got des faubouriens.
dit Rabelais.
Affutiaux, s. m. pi. Baga-
« Ce qui me console, telles, brimborions quelconques,
C'est que la pauvreté comme moi les — dans l'argot des ouvriers, qui
[affule, » ont emprunté cette expression au
dit Mathurin Régnier. patois des paysans.

Affourcher sur ses an- Affate, s. f. Faïence quel-


cres (S'), V. réfl. Prendre du
conque, — dans l'argot des vo-
repos; se leurs.
retirer du service. Ar-
got des marins. Agrater, v. n. Recevoir des
Affranchi, s. adj.
et Cor-
coups, être pris, —
étrenner de
n'importe quelle façon. Argot des
rompu, qui a cessé d'être hon- faubouriens.
nête. Argot des voleurs.

Affranchir, Ajfe maçonnique, s. m. Le


v. a. Initier un temps depuis lequel on est reçu,
homme aux mystères du métier — dans l'argot des francs-ma-
de voleur, faire d'un voyou un
çons.
grinche.
L'apprenti est naturellement
Affranciiir, v. a. Châtrer, moins âgé que le compagnon,
— dans l'argot du peuple. celui-ci eùt-il des chevetix blonds
. On dit aussi Couper. et lui des cheveux blancs.

Affranchisscur , s. m. AffohîUe, s. f. Outil, — dans


Homme l'argot des voleurs.
qui rend hongres les ani-
maux entiers. Ag^onir, v. n. Accabler d'in-
On dit aussi Coupeur. jures et de sottises. Argot des
l30urgeois et du peuple.
Affres, s. m. pi. Reproches.
— dans l'argot du peuple.
Ne serait-ce pas une corruption
à'ahonir, faire honte, un vieux
L'expression se trouve dans verbe français encore em])loyc en
Restif de la Bretonne. Normandie ainsi qu'agonir.
AIG ALA

On dit aussi Agoniser. dit Littré.Sans doute, mais il y


a eu jadis une monnaie dite ai-
Agoua, s. f. Eau, — dans ne sont pas
glefin, et les escrocs
l'argot des canotiers, qui parlent moins affamés d'argent que d'au-
«spagDol (agua) on ne sait pas tre chose
pourquoi.
Aiguille, s. f. Clé, — dans
Agrafer, Arrêter, con-
v. a. l'argot des voleurs.
signer. Argot des soldats et du
peuple.
Aile, s. f. Bras, dans l'ar- —
Se faire agrafer. Se laisser got des faubouriens, l'homme
étant considéré par eux comme
prendre.
une oie.
Agrrîpper^ v. a. Prendre à On dit aussi Aileron.
l'improviste, subitement. Argot
Aimant, s. m. Embarras, ma-
du peuple.
nières, L'ijute. Même argot.
Signifie aussi Filouter, dérober Faire de l'aimant. Faire des
adroitement. embarras, protester hypocrite-
Agripper (S'). Se prendre aux ment de son amitié pour quel-
cheveux avec quelqu'un. qu'un, afin de Vatlirer à soi.
Ahuri de Chaillot, s. m. Ainiev à crédit, v. a. Etre
Imbécile, homme un peu braque. l'amant de cœur d'ime femme
Argot des faubouriens. entretenue, —
dans l'argot de
(V. A Chaillot !) Breda-Street, où cependant,

Aï, s. m. Vin de Champagne, « Tout en chantant Schubert et Wcbre,


— dans l'argot des vaudevillistes On en vient à réaliser
L'application de l'algèbre
de la Restauration.
A l'amour, à l'âme, au bjiser. »
Aide-eargot, s. m. Aide de
cuisine, — dans l'argot des trou- On dit aussi A imer à l'œil.

piers, par corruption d'aide- Aimer quelqu'un comme


gargot. ses petits boyaux, v. a. L'ai-
Aïe-aïe, s. m. Omnibus, — mer extrêmement. Argot
peuple.
du
dans l'argot des faubouriens.
On dit aussi Aimer quelqu'un
Aiglefin, s. m. Chevalier comme la prunelle de ses yeux,
d'industrie, escroc du
petit monde, vivant
grand et du
aux dépens
A la clé. Façon de parler ex-
plétive des comédiens, qui enten-
de quiconque l'écoute. dent fréquemment leur chef d'or-
C'est à dessein que je donne chestre leur dire « 11 y a trois :

cette orthographe, qui est aussi dièzes ou trois bémols à la clé, »


véritable, —
c'est-à-dire aussi et qui ont retenu l'expression sans
problématique, — que l'orthogra- en comprendre le sens exact.
phe Le peuple
oflicielle, fl/;yre^/i. Ainsi : Il y a des femmes, ou des
prononce le mot "comme je l'écris :
côtelettes à la clé, signifie sim-
est-ce par euphonie, est-ce par plement : Il y a des femmes, —
tradition, je l'ignore, et les plus ou des côtelettes.
savants n'en savent pas plus que
moi là-dessus. « Aigre faim, Alarmiste, s. m. Chien de
laim très vive (homme affamé) >>, garde. Argot des voleurs.
ALL ALL

Alênes, s. f. pi. Outils de « Autrefois, chez le roi, on ap-


voleur, en général, —
sans doute pelait chaise d'affaires, la chaise
à cause de leur forme subulée. percée, et brevet d'affaires le pri-
vilège d'entrer dans le lieu ou le
Alentoir, adv. Aux envi- roi est sur sa chaise d'affaires. »
rons, alentour. Argot des vo-
leurs. Aller au carreau, v, n.
Aller pour se faire engager, —
Aligner, v. n. Mettre le
dans l'argot des musiciens de bar-
couvert, —dans l'argot des
rières, qui chaque dimanche ont
francs-maçons. l'habitude de se réunir sur le trot-
Alig'ner (S'). Se battre en toir de la rue du Petit-Carreau,
duel, — dans l'argot des trou- ou les chefs d'orchestre savent
piers. les rencontrer.

Aller (S'en). Vieillir, dans — Aller au persil. Sortir pen-


l'argot de Breda-Street, où l'on dant le jour, aller se promener,
s'en va aussi vite que les roses. — dans l'argot des filles libres,
qui, à leur costume de grisettes
Aller à la chasse aTec un d'opéra-comique, ajoutent l'indis-
fusil de toile, v. n. Mendier, pensable petit panier pour avoir
porter la besace. Argot du l'air d'acheter... rien du tout, le
peuple. persil se donnant pour rien chez
Aller à la cour des aides. les fruitières, mais en réalité pour

dit d'une femme qui trompe


se faire suivre par les flâneurs
Se
son mari en faveur d'un ou de amoureux.
plusieurs amants. On dit également Cueillir du
:

persil, et Persiller.
L'expression date de YHistoire
comique de Francien. Aller au pot. Prendre dans
les dominos restants. Argot des
Aller à l'arche, v. n. Al-
joueurs.
ler chercher de l'argent. Argot
des voyous.
On dit aussi Fouiller au pot.
Aller au safran, v. n. Man-
Aller à la retape,
Attendre quelqu'un sur une route
T. n.
ger son bien, —
dans l'argot des
bourgeois, qui disent cela depuis
pour l'assassiner. Argot des pri-
longtemps.
sons.
Aller au trot, v. n. Se dit —
Aller à l'astic. Astiquer son dans l'argot des faubouriens —
fourniment. Argot des soldats. d'une fille en toilette de combat
Aller à IVîort, v. a. Nier, — qui va « faire le boulevard ».
dans l'argot des voleurs, qui sem- Aller au Tice. Hanter les
blent avoir lu les Contes dEu- mauvais lieux, — dans l'argot
trapel. des bourgeois.
Aller à ses alTaîres. Ce que Aller aux pruneaux. Plai-
les Hébreux appellent hesich ra- santerie qu'on fait, à l'hôpital, à
glaw, les Anglais to shite, les Es- tout nouveau venu qui paraît un
pagnols caqar, les Flamands schy- peu naïf; elle consiste à l'engager
ten, les Itaiiens cacare, et les Grecs à aller demander son dessert dans
ime salle voisine, à tels ou tels
ALL ALL

malades qu'où désigne. Celui qui ou une seconde bouteille, dans —


a l'imprudence d'aller aux pru- l'argot des ouvriers, qui ont une
neaux est alors accueilli à coups manière à eux de marcher et de
de traversin, comme l'innocent qui faire marcher les gens.
va chez l'épicier chercher de l'huile
de cotrets est accueilli à coups de
Aller voir défiler les dra-
geons. Dîner par cœur, c.-à-d. ne
balai.
pas dîner du tout, —
dans l'argot
Aller de sa larme (Y). Ne du peuple, qui se rappelle le temps
pas craindre de se montrer ému, où, ne pouvant repaître son ven-
au théâtre ou dans la vie, à pro- tre, il allait repaître ses yeux,
pos d'un événement touchant, réel sous la République, des hussards
ou fictif. Argot des gens de let- de la guillotine, et, sous rEmpire_,
tres et des faubouriens. des dragons de l'Impératrice. Qui
admire, dîne !

Aller en rabattant. Vieil-


lir, sentir ses forces s'épuiser. Ar- Aller voir lloricaud. v. n.
got du peuple. Aller au Dispensaire, —
dans l'ar-
got des filles, qui disent cela de-
Aller faire faire (S'). Ex- puis une vingtaine d'années, par
pression iujurieuse —
de l'argot allusion au nom de M. Marécot,
des bourgeois —
par laquelle on sous-chef du bureau des mœurs,
se débarrasse de quelqu'un qui chargé de statuer sur le sort des
vous gène ou vous ennuie. Le se- visitées, après le rapport du mé-
cond verbe faire en remplace un decin visiteur, M. Denis.
autre, qui est tantôt paître, tantôt
Les femmes corrompues cor-
im autre plus énergique. rompent naturellement tout —
Aller où le roi va à pied. jusqu'aux noms des gens avec
Aller à ses affaires, —
dans l'argot qui elles sont en contact.
du peuple. Elles disent aussi Aller à saint
DENIS.
C'est précisément pour y avoir
été que Henri III fut blessé mor- Allez donc vous laver ! In-
tellement par Jacques Clément, terj. de l'argot des voyous, pour
qui le frappa sur sa chaise d'af- signifier Allez-vous-en donc
: !

faires. Vous me gênez !

Aller que d'une fesse (N'). On dit aussi Allez donc vous
Se dit —
dans le même argot — asseoir I
de quelqu'un qui n'est pas très Alliances, s. f. pi. Poucettes
bien portant, ou de quelque affaire aveclesquelles les gendarmes joi-
qui ne marche pas au souhait de gnent les mains des malfaiteurs
celui qui l'a entreprise. pour gêner leurs mouvements.
C'est l'ancienne expression, plus
noble N'aller que aune aile. Allonjsrer (S'). Payer se fen-
:

dre, —dans l'argot des faubou-


Aller son petit bonhomme
de chemin. Aller doucement
se conduire prudemment pom' — ;

Allumé (Etre). Etre sur la


pente de l'ivresse, soit parce qu'on
aller longtemps.
a bu plus que de raison, soit
Aller sur une jambe (Ne parce qu'on a trop regardé une
pas s'en). Boire un second verre jolie fille. Même argot.
10 ALT AMB

Allumer j v. n. Exciter un Amadou, s. m. « C'est de-


cheval à coups de fouet. Argot des quoy les argotiers se frottent pour
cochers. se faire devenir jaunes et pa-

Allumer, v. a. Provoquer
raistre malades, » —
c'est-à-dire
pour amadouer et tromper les
l'admiration jeter le trouble dans
;
bonnes âmes.
le cœur d'un homme, comme font
certaines femmes avec certains Amadou, s. et adj. Homme
regards. qui prend aisément feu afin —
dit aussi du boniment que
Se d'être aimé amatus. Argot du
,

font les saltimbanques et les mar- peuple.


chands forains pour exciter la
Amadouag^e, s. m. Mariage,
curiosité des badauds.
L'expression est vieille.
— dans l'argot des voleurs.

Allumer, v. a. et n. Voir,
Amadoué, s. m. Homme ma-
regarder, — dans l'argot des vo-
rié.

leurs. Amadouer (S'), v. réfl. Se


Allumer miston. Regarder
le Même argot.
grimer pour tromper.
quelqu'un sous le nez Amandes de pain d'épiée,
Allumer ses clairs. Regarder s. f. pi. Dents noires et rares.
avec attention. Argot des faubouriens.
Allumer son pétrole, v. a. L'expression a été employée par
S'enflammer l'imagination, dans — le duc de Grammont-Caderousse
qui, le soir de la 1" représentation
l'argot des petitesdames, qui sa-
vent combien l'homme est inflam- du Cotillon, au Vaudeville, avait
mable. cassé trois dents à un quidam.
On dit aussi Allumer son gaz, Amant de carton, s. m.
— ce qui, en effet, est ime ma- Amant sans conséquence, — dans
nière de prendre feu. l'argot des petites dames.
Allume r, s. m. Complice, Amant de cœur, s. m. Jeune
homme qui fait de fausses en- monsieur qui aime une jeune dame
chères, —dans l'argot des habi- aimée de plusieurs autres mes-
tués de l'Hôtel Drouot. sieurs, et qui, le sachant, ne s'en

Allumeuse, Marcheuse,
fâche pas, —
trouvant au con-
s. f.
traire très glorieux d'avoir pour
— dans l'argot des filles.
rien ce que ses rivaux achètent
Alpag^a, s. m. Habit, — dans très cher. C'est une variété du
l'argot des voleurs et des faubou- Greluchon au xviir siècle.
riens. On disait autrefois Ami de :

cœur.
Alpiou, s. m. Homme
qui
au jeu, —
par allusion au Amateur, s. m. Bourgeois,
triche
nom donné autrefois à la marque
— dans l'argot des troupiers.
gue l'on faisait à sa carte en jouant Amateur, s. m. Homme du
a la bassette. monde qui ne fait pas payer sa
Altè«iue, adv. Beau, brave, copie. Argot dos gens de lettres.

excellent, —
dans l'argot des vo- Ambassadeur, s. m. Cor-
leurs, qui ont emprunté ce mot donnier ,
— dans l'argot des
(allus) à Virgile. voyous.
AMO AN G 11

faire son cours d'esthétique, car


Se dit aussi pour Souteneur des
on y a des idées biscornues sur la
filles. l'amour.
beauté et sur
Ambes, s. f. pi. Les jambes,
Amunche, s. m. Ami,— dans
— dans l'argot des voleurs, qui
l'argot des voleurs.
serrent de près une étymologie
•.

aa-joj en grec, amho en latin,


d'où 4mu8atif, adj. Drôle, plai-
(Mes dans l'ancien langage fran- sant, arnusant, — dans l'argot
çais —
trois mots qui ont la même des fauLoiriens.
Signification, deux : les
jambes
Amuser à la moutarde
vont par paire. Se laisser distraire
(S'), V. réfl.
Ambier, v. n. Fuir, jouer des de son devoir ou de sa besogne
ambes. par des niaiseries, des frivolités.
Américain, s. m. Compère
— dans l'argot du peuple, qui
vol appelé
trouve sans doute que la \ie pour-
du./a/-d/n(>/' dans le condiments.
rait se passer de ces
charriage.
Voiture Ancien, s. m. Élève de pre-
Américaine, s. f.
— dans l'argot
découverte à quatre roues. Argot
mière promotion,
des Saint-Cyriens et des Poly-
des carrossiers.
techniciens.
Amicablement, adv. Avec
de bomie
Andalouserie, s. f. R-O-
nlaisir, affectueusement, mance mi-cavalière mi-sentimen-
^itié, —
dans l'argot du peuple,
tale, comme on en chante
dans
tort
dont les bourgeois auraient les cales-concerts, et où il est
personne
de rire. Je ne conseille à toujours question du « beau ciel
amicale-
de cesser de prononcer de l'Andalousie », des « beaux
ment; mais je trouve qu'en pro- veux des brunes Andalouses », et
nonçant amicablement, les ou- où le héros s'appelle toujours
éty-
^Tiers serrent de plus près 1 Pedro et l'hérome Paquita. Argot
mologie, qui est amicabihs, ami- des bourgeois.
cable. Amirabilem operam
dare,
dit Plante, qui me rend
un ser- Andouille, s. m. Homme
vice d'ami en venant ainsi a
la sans caractère, sans énergie,

rescousse. dans l'argot du peuple, qui em-
prunte volontiers ses comparai-
Amis comme codions, s.
sons à la charcuterie.
m. pi. Inséparables.
Ange gardien, s. m. Homme
Amiteux, adj. Amical, aima-
dont le métier —
découvert, ou
ble, doux, bon. tout au moins signalé pour la
pre-

Amocher, v. a. Blesser, meur- mière fois par Privât dAngle-


trir. Argot des faubouriens inont —consiste à reconduire les

S'amocher la gueule. Se meur- ivrognes à leur domicile pour leur


visage à coups éviter le désagrément d'être écra-
trir mutellement le
sés ou dévalisés — par d'autres.
de poing.
m. Anglais, S. m.
Créancier, —
Amour d'homme, s.
dans l'argot des filles et des bo-
Homme dont raffolent les femmes, hèmes, pour qui tout homme a
— dans l'argot de Breda-Street,
aller qui l'on doit est un ennemi.
où M. Taine devrait bien
12 ANG ANT

Le mot est du xvie siècle, très fondée à la réputation de goinfrerie


évidemment, puisqu'il se trouve de la capitale de l'Angoumois.
dans Marot mais, très évidem-
;

ment aussi, il a fait le plongeon Anguille, s. f. Ceinture, —


dans l'oubli pendant près de trois dans l'argot des voleurs.
cents ans, puisqu'il ne paraît être
en usage à Paris que depuis une Ang-uille, s. f. Fouet cà sabot,

trentaine d'années.
— dans l'argot des enfants.

Angolais, s. m. Entreteneur,
Année maçonnique, s. f.

— dans l'argot des petites dames,


Elle date du
monde,
commencement du
— du commencement con-
qui donnent ce nom à tout galant
venu, car l'âge réel du monde est
homme tombé dans leurs filets,
aussi difficile à connaître que celui
qu'il soit né sur les bords de la
d'une jfemme. Elle part en outre
Tamise ou sur les bords du Da-
nube. Elles ajoutent à leur ma-
du 1" mars.
nière des pages nombreTises à Anonchaîi, adj. Découragé,
notre livre des Victoires et Con- abattu par l'ennui ou le chagrin,
quêtes. — dans l'argot du peuple, fidèle
à la tradition du vieux langage.
Angolais (Avoir ses). Avoir
ses menses, — dans l'argot des Anse, s. f. Bras, dans l'ar- —
filles, qui font ainsi allusion à la got des faubouriens.
couleur de l'uniforme des soldats 0/f'rir son anse. Offrir son bras.
d'Albion.
Fai)'e le panier à deux anses.
Elles disent aussi : Les Anglais Se promener avec une femme à
ont débarqué. chaque bras.
Anjsrlaise, s. f. Écot, part de
chacun dans une affaire ou dans
Anses, s. f. pi. Oreilles, —
parce qu'elles sont de chaque côté
un diner. Argot des saltimbanques. de la tète comme les anses de
Faire une anglaise. Payer cha- chaque coté d'un pot.
cun son écot.
Angolaise,
Antif, s. m. Marche, — dans
s. f. Jeu de goua- l'argot des voleurs.
peurs qui consiste à jeter les sous Battre l'antif. Marcher, Signifie
de chacun et à garder pour soi les aussi Tromper, dissimuler.
faces un second prend les piles
;

qui restent et rejette, etc. Antiffe, s. f. Église, — dans


Jouer à l'anglaise. Jouer aux le même argot.
sous. On dit aussi Antifflc et An-
tonne.
Angriuce, s. f. Oie, — dans
I argot des voleurs. Antiffler, v. n. Se marier à
l'église.
Anjjoulême, s. f. La bouche,
— dans l'argot des voleurs, qui ^
Antipather, v. a. Avoir de
ont emprunté ce mot à l'argot du l'aversion, de l'antipathie pour
peuple, par corruption du verbe quelqu'un ou pour quelque chose.
français engouler, avaler, et non, Argot des lorettes et des bour-
comme le voudrait M. Francisque geoises.
Michel, par une allusion plus ou Le mot est de Gavarni.
moms ingénieuse et plus ou moins Antique, s. m. Élève qui sort
APP AQU 13

de l'Ecole. Argot des Polytechûi- promener, — dans l'argot des ma-


ciens, rins.

Antonisnie, s. m. Maladie Appas, s. m. pi. Gorge de


morale introduite dans nos mœurs femme, — dans l'argot des bour-
par Alexandre Dumas, vers 1831, geois.
époque de la première représen-
tation d'Antony, et qui consis-
Appeler Azor, v. a. Siffler
un acteur coumie on siffle un
tait à se poser en homme fatal, cliien.
en poitrinaire, en victime du Argot des comédiens.
sort, le tout avec de longs che-
Applique, s. f. Partie de dé-
veux et la face blême. Cette ma- cors qui se place à l'entrée des
ladie, combattue avec vigueur par coulisses, sur les portants. Même
le ridicule, ne fait presque plus
argot.
de ravages aujourd'hui. Cepen-
dant il y a encore des voltigeurs Apprenti, s. m. Premier grade
du Romantisme comme il y a eu de la maçonnerie symbolique.
des voltigeurs de la Charte.
Apprentif, s. m. Jeune gar-
Aiitoiiy,s.m.Un nom d'homme çon qui apprend un métier, —
qui est devenu im type, celui des dans l'argot du peuple, Adèle à
faux poitrinaires et des poètes in- l'étymologie {apprehendivus) et à
compris. la tradition « Aprentif jugleor
:

et escrivain marri, » dit le Roman


Apascliner (S'), v. réfl. S'ac- de Berte.
climater, — dans l'argot des vo-
leurs. Appuyer, v. a. et n. Abaisser

(V. Paclin.)
un décor, le faire descendre des
frises sur la scène. Argot des cou-
Apic, s. m. Ai], — dans le lisses. {"\''. Charger.)
même argot.
Appuyer sur la chante-
Aplomber, v. a. Étonner, relle, V. n. Toucher quelqu'un
étourdir par son aplomb. Même où le bat le blesse ;
prendre la
argot. cigale par l'aile ; insister mala-
droitement sur une chose doulou-
Apoplexie de templier, s.
reuse, souligner une recomman-
f. Coup de sang provoqué par une
dation. Argot du peuple.
ingestion exagérée de liquides ca-
piteux. Argot du peuple. Aquigfer, v. a. Prendre, —
dans l'argot des faubouriens.
Apothicaire sans sucre, s.
m. Ouvrier qui est mal outillé Cependant ils disent plus vo-
;

marchand qui est mal fourni des lontiers quiger, et quelquefois ils
choses qui concernent son com- étendent le sens de ce verbe selon

merce. la nécessité de leur conversation.

Apôtres, m.
pi. Les doigts
Aquig^er, v. a. Battre, bles-
de la main, —
s.
dans l'argot des ser, — dans l'argot des voleurs.
voleurs, qui font semblant d'igno-
rer que les disciples du Christ
Aquiger, v. a. Faire, — dans
le même argot.
étaient douze.
Aquiger les brèmes. Faire une
Appareiller, v. n. Sortir, se marqué aux cartes à jouer, pour
14 ARC ARI

les reconnaître et les filer au be- ployé ce mot dans le même sens,
soin. en l'écrivant ainsi arresoner; je ;

l'ai cherché en vain dans les dic-


Arabe, aJj.
s. et Homme
dm-,
inexorable, —
dans l'argot du peu- tionnaires. D'un autre côté, les
voleurs disent: Faire l'arçon, pour
ple, qui se sert de cette expression
signifier Faire le signal de recon-
:
depuis plus d'un siècle.
naissance ou d'avertissement, qui
Arbalète, s.f.Croix defemme, est, parait-il, le bruit d'un crache-
dite à la Jeannette. Argot des vo- ment et le dessin d'un C sur la
leurs. joue droite, près du menton, avec
Arbalète d'antonne. Croix d'é- le pouce de la main droite.
glise.
Ils disent dMSii Arbalète de chi-
Arcpincer ou Arquepin-
cer, V. a. Prendre, saisir quel-
que, arbalète de priante.
qu'im ou quelque chose. Argot
Arbif, s. m. Homme violent, des faubouriens.
en colère, qui se rebiffe. Même Arflent, s. m. Chandelle, —
argot.
dans l'argot des voleurs, qui ont
Arcasicn ou Arcasineur »
emprunté cette expression, avec
s. m. Voleur qui se sert de Varcat tant d'autres, à l'argot des Pré-
pour escroquer de l'argent aux cieuses.
personnes timides autant que sim-
ples. Ardents, s. m. pi. Les yeux,
On dit aussi A r case. — dans même argot.
le

Apcat, s. m. Escroquerie com- Arg-ent mignon, s. m. Ar-


mise au moyen de lettres de Jé- gent destiné à satisfaire des cu-
rusalem, {y. ce mot.) riosités ou des vanités, dans —
l'argot des bourgeoises, à qui le
Arche de l^oé, s. f. L'Aca-
démie française, —
dans l'argot
superflu est nécessaire, et qui,
plutôt que de s'en passer, le de-
des faubouriens, qui ne se doutent
manderaient à d'autres qu'à leur
pas qu'ils se permettent une im-
mari.
pertinence inventée par Claude Le
Petit, un poète brûlé en Grève Arg^ot, s. m. Imbécile, — dans
pour moins que cela, le langage des voleurs.
Arehipointu,s. m. Archevê- Arg^otier, s. m. Voleur, —
que, —
dans l'argot des voleurs, dont ïargot est la langue natu-
qui ont trouvé phusant de travestir relle.
ainsi le mot archi-épiscopus.
Arg^uche, s. m. Argot.
Archi-suppôt de l'arg^ot, Arguche, arguce, argutie. Nous
s. m. Docteur es filouteries. sommes bien près de l'étymologie
véritable de ce mot tant contro-
Architecte de l' Univers
— versé nous brûlons, comme di-
:
(L'). Dieu, dans l'argot des
sent les enfants.
francs-maçons, qui aiment l'archi-
tecture et qui en mettent partout. Arg:ueminc, s. f. Main, —
dans l'argot des voleurs.
Ar<;oiiucr, Parler à quel-
v. a.
qu'un, l'apostropher, le forcer à Aristo, s. des deux g. Apo-
répondre. Argot des voleurs. cope à' Aristocrate, qui, depuis
Pierre JSarrazin avait déjà em- 1818, signifie Bourgeois. Réac-
ARP ART 15

tionnaire, etc., — dans l'argot Arquer (S'). Se courber en


des faubouriens, qui ne se doutent vieillissant. Argot du peuple.
pas que ce mot signifie le 7neil-
Arracher du chiendent,
leur, Vexcellent, àp-.aTo;, V. u. Chercher pratique, ou plu-
Ils disent aristo pour
aristo- tôt victime, —
dans l'argot des
crate, comme sous la Fronde les voleurs, qui n'exercent ordinaire-
pamphlétaires disaient Maza pour ment que dans les lieux déserts.
Mazarin.
Arracher son copeau, v.
Arlequin, s. m. Plat à l'u-
a. Travailler courageusement
sage des pauvres, et qui, com- faire n'importe quelle besogne
posé de la desserte des tables des avec conscience. Argot des ou-
riches, offre une grande variété
vriers.
d'aliments réunis, depuis le mor-
ceau de nougat jusqu'à la tète de Arrêter les frais, v. a. In-
maquereau. C'est une sorte de terrompre un récit; laisser une
carte d'échantillons culinaires. affaire en train renoncer à pour-
;

suivre une entreprise au bout de


Armée roulante, s. f. La laquelle on ne voit que de l'ennui.
chaîne des forçats, supprimée — Argot du peuple.
depuis une trentaine d'années.
Arnache, s. m Agent de po-
.
Arroser ses g^alons, v. a.
— Offrir à boire à ses camarades
lice, dans l'argot des voleurs.
quand on est reçu sous-officier.
Arnache, s. f. Tromperie, tra- Argot des soldats.
hison. — dans l'argot des voyous.
Arroser un créancier, v.
A L' arnache.
toute manière.
En trompant de
a. Lui donner un acompte, —
dans l'argot des bohèmes, assez
Etre à l'arnache. Etre rusé, mauvais jardiniers.
tromper les autres et ne jamais se
laisser tromper par eux. Arroseur de Terdouze, s.
m. Jardinier, — dans l'argot des
Arnau, s. m. Mauvaise hu- voleurs
meur, — dans l'argot des voleurs
Arsenal, s. m. Arsenic, —
et des faubouriens.
dans le même argot.
C'est une contraction de Re-
nauder. Arsouille. s. m. Homme ca-

Amélie, n. de 1. Rouen, — naille par ses


mœurs, son langage. Argot du
vêtements , ses

dans l'argot des voleurs.


peuple.
Arnellerie, s. f. Rouennerie. Milord U
Arsouille. Tout hom-
me riche qui fait des excentricités
Arpa«^ar, n. de 1. Arpajon,
près Paris, — dans le même
crapuleuses.

argot. Arsouiller, v. a. et n. En-


Arpious, s. m.
Les pieds pi.
gueuler, — dans l'argot des fau-
de l'homme, considérés dans — bouriens.

l'argot des fauhoiu-iens comme — Arthur, s. m. Nom d'homme


griffes d'oiseau, à cause de leurs qui est devenu —
dans l'argot de
ongles que les gens malpropres Breda- Street —
celui de tous les
ne coupent pas souvent. hommes assez peu délicats pour
16 AS AST

se laisser aimer par des femmes dans l'argot des voleurs, qui font
entretenues. allusion à la couleur de cette dé-
coration.
Arthurine, s. f. Femme lé-
gère, —
la femelle naturelle de Asiuver, v. a. Abêtir quel-
l'Arthur. Argot du peuple. qu'un, — dans l'argot des vo-
leurs, pour qui les honnêtes gens
Articlier, s. m. Homme de
sont des sinves.
lettres parqué dans la spécialité
des articles de petits journaux. Asperge montée, s. f. Per-
Le mot a été créé par H. de sonne d'une grandeur démesurée,
Balzac. et, avec cela, maigre. Argot du
peuple.
Artie, s. m. Pain, dans l'ar- —
got des voleurs, d'aujourd'hui et Aspic, s. m. Avare, — dans
d'autrefois, ainsi qu'il résulte du l'argot des voleurs.
livre d'Olivier Chéreau, le Lan-
gage de l'argot réformé, publie Aspic, s. m. Mauvaise lan-
au xvi' siècle. gue, bavard indiscret. Argot du
peuple.
Artie de Meulan. Pain blanc.
Artie de Gros-Guillaume Pain . Asseoir (S'). Tomber.
noir. Envoyer quelqu'un s'asseoir. Le
Artie de Grimault. Pain chandi. renverser, le jeter à terre. Signifie
On dit aussi Arton et Lartie. aussi se débarrasser de lui, le
congédier.
Artilleur, s. m. Ivrogne,
homme qui boit beaucoup de c«- Assister, v. a. Porter le pa-
noiis. Argot des ouvriers. gne à un détenu, dans — l'argot
des voleurs et des filles.
Artilleur à genoux, s. m.
Infirmier militaire, dans l'argot — Associée, s. f. Femme légi-
du peuple, qui a entendu parler time. Argot des typographes.
des mousquetaires à genoux des
siècles précédents. Assommoir, s. m. Nom d'un
On dit aussi Artilleur de la cabaret de Belleville, qui est de-
pièce humide. venu celui de tous les cabarets de
bas étage, où le peuple boit des
Artiste, s. m. Médecin vété- liquides frelatés qui le tuent, —
rinaire, — dans l'argot des fau- sans remarquer l'éloquence si-
bouriens et des paysans. nistre de cette métaphore, que les
voleurs russes semblent lui avoir
Art royal, s.m. La Franc-
empruntée, en la retournant, pour
maçonnerie, — dans l'argot des
désigner un gourdin sous le nom
francs-maçons.
de vin de Champagne.
As de carreau, s. m. Le
Astèc, s. m. Avorton, homme
sac du troupier, à cause de sa
chétif, —dans l'argot du peuple.
forme.
On l'appelle aussi Azor, à — Adversaire méprisable, dans —
l'argot des gens de lettres.
cause de la peau de chien qui le
recouvre. C'est un souvenir du passage à
Paris, il y a quelques années, de
As «le carreau, s. m. Le ces petits monstres mexicains ex-
ruban de la Légion d'honneur, — hibés sous le nom d'atzecs.
ATO ATT 17

Astic, s. f. Epée, — dans l'ar- Atout, s. m. Coup plus ou


got des voleurs, qui ne se dou- moins grave que l'on reçoit en
tent pas qae ce mot vient de l'al- jouant, —
maladroitement des —
lemand stich, chose pointue, dont poings avec quelqu'un.
ou a fait estk, puis astic, et même — dans
Atout, s. m. Estomac,
asti.
l'argot des voleurs.
Astic, s. m. Tripoli, dans — Atout, s. m. Argent, mon-
l'argot des troupiers, qui s'en
servent, avec im mélange de sa-
naie, — dans l'argot des faubou-
riens.
von, d'eau-de-vie et de blanc
Signifie aussi Capacités, talents.
d'Espagne, pour nettoyer les cui-
vres de leur fourniment. A tout casser. Extrêmement,
D'où Aller à l'astic. dans l'argot du peuple.

Asticot, s. m. Vermicelle, — Attache, s. f. Boucle, — dans


dans l'argot des faubouriens. l'argot des voleurs.
AttacJiPs (l'huile. Boucles de
Asticoter, v. a. Harceler souliers en argent.
quelqu'un, le contrarier, le pi- Attaches d'Orient. Boucles en
quer par des injures ou seulement or.
fiar des épigrammes, ce qui est
e forcer à un mouvement vermi- Attaque (Être d'). Être so-
culaire désagréable. Argot du lide, montrer du sang-froid, du
peuple. courage, de la résolution dans
une^ affaire. Argot du peuple.
Astiquer (S'), v. réfl. Se cha- }' aller d'attaque. Commencer
mailler de paroles avant d'en venir une chose avec empressement,
aux voies de fait. avec enthousiasme.
On dit aussi Astiquer quelqu'un,
dans le sens d'Agacer, Attendrir (S"), v. réfl. Ar-
river à cette période de l'ivresse
Atelier, s. m. L'endroit où où l'on sent des flots de tendresse
l'on se réunit, — dans l'argot des monter du cœur aux lèsTes. Ar-
francs-maçons. got des faubouriens.
Atiger, v. a. Blesser quel- Attrape, s. f. Plaisanterie,
qu'un avec une arme quelconque. mensonge, — dans l'argot du peu-
Argot des prisons. ple, qui disait déjà cela du temps
Atouser, s. m. Encourager de Calvin.
quelqu'un, lui donner de Yatout. On dit aussi Graine d'attrape.
Même argot. Attraper, v. a. Engueuler,
Atout, s. m.
Courage, — — dans le même argot.
parce que souvent, au jeu de car- Se faire attraper. Recevoir,
tes, l'atout c'est du cœur.
sans l'avoir demandée, une bor-
dée d'injures poissardes.
Atout, s. m. Aplomb, acquis,
Attraper,
assurance, — dans l'argot du peu-
livre
v. a.
ou un confrère. Argot des
Éreinter un
ple, qui sait par expérience que
journalistes.
les gens de cœur marchent vo-
lontiers le front haut, comme dé- Attraper, v. a. Siffler. Ar-
fiant les lâches. got des coulisses.
18 AUT AVA

Se faire attraper. Recevoir des Auteur, s. m. Père ou mère,


pommes crues et des sifflets. — dans l'argot des faubouriens
et des vaudevillistes.
Attraper l'ognoii, v. a. Re-
eevoir un coup destiné à un au- Auteur beurrier , s. m.
tre payer pour ceux qui ont
; Écrivain dont les productions ne
ouilié leur bourse, argot des fau- se vendent pas en livres, aux lec-
louriens. teurs, mais à la livre, à la frui-
On dit a.\i?,?\. Attraper le haricot tière ou à l'épicier, qui en enve-
ou la fève, —
sans doute par al- loppent leurs produits.
lusion au haricot ou à la fève qui
se trouve dans le gâteau des Autoiuédon, s. m. Cocher,
rois, et qui met celui à qui elle — dans l'argot des académiciens
échoit dans la nécessité de payer et des vaudevillistes de l'école
sa royauté. Scribe, qui se souviennent de
l'écuyer d'Achille.
Attrape-science, s. m. Ap-
prenti, — dans l'argot des typo- Autor et d'acliar (D'). k]}Q-
graphes. C0\\&à.' Autorité et (H Acharnement,

Attriiner, v. a. Prendre,
qu'on emploie, —
dans l'argot
sir. Argot des voleurs.
Sai-
des faubouriens, —
pour signifier:
Vivement, sans répliquer en ,

Attriquer, v. a. Acheter des grande hâte.


effets volés.
Autre (L'). L'empereur Napo-
Attrîqueuse, s. f. Femme léon !«', dans l'argot des buona-
qui achète les objets volés. partistes d'autrefois.
Aubert, s. m. Argent, — Autre paire de manches
dans l'argot des voleurs, qui con- (("-'est une). C'est une autre af-
aaissent leur Villon, ou dont les faire.
ancêtres faisaient monnaie avec Expression populaire usitée dès
les mailles des haubert-t, comme le milieu du xviiic siècle.
les enfants avec les loques de
cuivre. Anverpin, s. m. Auvergnat,

Autel, s. m. La table devant


— dans l'argot des faubouriens,
laquelle est assis le vénérable.
qui donnent ce nom à tous les
charbonniers et à tous les com-
Argot des francs-maçons.
missionnaires.
Autel de plume, s. m. Le
lit, — dans l'argot du peuple, qui Avalé le

pépin
(Avoir). Etre
dit cela depuis longtemps, comme enceinte, par allusion à la
. le témoigne ce couplet d'une fameuse pomme dans laquelle on
Tieille chanson que nos grand'mè- prétend que notre mère Eve a
res chantaient, en s'accompagnant mordu.
de l'épinette, sur l'air de Le dé- Avaler des couleuTres,
mon vialicieux et fin :
V. a. Eprouver des déceptions;
« A D.imoii vous avez tout permis, essuyer des mortifications. Argot
Pour l'Iiyiucn qu'il vous avait promis; du peuple.
Mais, Iris, savcz-vous la coutume ?
Avcz-vùus pu l'eu croire à son serment? Avaler le luron, v. a. Com-
Ceux que l'on fait sur un autel do plume munier, — dans l'argot dos vo-
Sont aussiliJt emportés par le vent » leurs, qui
!
appellent la sainte
AVE AVO 10

hostie le luron, sans doute après placer atteindre, car — il vient


l'avoir appelée le Rond. bel et bien d'advenire.

ATaler sa cuiller, v, a. Avène, s. f. Avoine, — dans


Mourir, — dans l'argot des fau- l'argot des faubouriens, qui s'obs-
bouriens. tinent à parler plus correctemeut
On dit aussi Avaler sa four- le français que les gens du bel
chette, avaler sa gaffe, et avaler air : ' Avène ne viont-il pas
sa langue. d'avena.

Avaler son poussin, y. a. Aver^fot, s. m. Œuf, — dans


Recevoir une réprimande, être l'argot des voleurs.
congédié. Argot des peintres en
bâtiment.
Avertineux, adj. m. Hom-
me à vivre, d'un carac-
difficile
Avalé une chaise percée tère ombrageux à l'excès, —
(Avoir). Se dit, dans l'argot — dans l'argot du peuple, qui ne se
des faubouriens, à propos de — doute pas qvi avertineux vient
quiconque a l'haleine homicide. d'avertin, et qu'a vert in vient
d' avertere (a indiquant éloigne-
Avaloir, s. m., ou Ava-
loire, s. f. Le gosier, — dans
ment et vertere, tourner), « mal
qui détourne l'esprit. »
l'argot des faubouriens, dont les
pères ont chanté : Avesprir, v, n. Faire nuit,
« Lorsque la cruelle Alropos
— daus le même argot, où l'on
retrouve une multitude de vieilles
Aura tranché mon avaloire,
formules pittoresques et étymolo-
Qu'on dise une chanson à hoire ! »
giques. Avesprir! Vous voyez
Avantagées, m. La aussitôt se lever à l'horizon
gorge des femmes,
s.
— dans l'argot
pi.
l'Etoile de Vénus, Vesper est —
des bourgeois.
venu !

Avant-coarrier, s. m. Avocat bêcheur, s. m. Ou-


vrier qui médit de ses compa-
Mèche anglaise à percer. Argot
des voleurs. gnons, absents ou présents. Ar-
got des typographes.
Avant-scènes, s. f. pi. La C'est aussi le nom que les vo-
poitrine, lorsqu'elle fait un peu
saillieen avant du buste, dans — leurs donnent
la République.
au Procureur de
l'argot des petites dames.
Balzac a dit Avant-cœur. Avoine, s. f. Coups de fouet
Aveindre, v. a. Aller prendre donnés à mi cheval pour l'exciter.
un objet placé sur un meul^le Argot des charretiers.
quelconque, mais un peu élevé,
— dans l'argot du peuple, qui a Avoir à la bonne, v. a.
parfois l'honneur déparier comme
Avoir de l'amitié ou de l'amour
Montaigne. pour quelqu'un. Argot du peuple.
Je sais bien que Montaigne se Avoir celui, v. a. Avoir
souciait peu d'écrire correctement ; l'honneur de,... — dans l'argot
en tout cas, il avait raison, et le des bourgeois.
peuple aussi, d'employer ce verbe
— que ne peut pas dîi tout rem- Avoir de ce qui sonne.
20 AVO AVO

Etre riche, —
dans l'argot du ves, —dans l'argot des voleurs,
peuple. qui ontcertainement entendu
citer le proverbe juif « Si vous
L'expression se trouve dans
:

avez du beurre sur la tète, n'al-


Restif de la Bretonne.
lez pas au soleil il fond
: et
Avoir flans le nez, v. a. tache. »
Ne pas pouvoir sentir quelqu'un
Avoir du cliien dans le
ou quelque chose.
ventre, v. a. Etre hardi, en-
Avoir €lans le ventre. lître treprenant, téméraire, fou même,
capable de..., — dans l'argot des comme un chien enragé. Argot
gens de lettres. du peuple.
Avoir »le beaux cheveux, Avoir du pain sur la
V. Se dit ironiquement de
a. planche. Avoir des économies
quelqu'un qui est mal mis, ou de ou des rentes. Argot des bour-
quelque chose qui est mal fait. geois.
Argot des bourgeois. Avoir du sable dans les
Avoir lie la chance au yeux. Avoir envie de dormir.
bâtonnet, v. a. N'être pas On dit aussi Le marchand de
:

heureux en affaires ou en amour. sable a passé.


Argot des faubouriens. Avoir laissé le pot de
On dit aussi Pas de chance au chambre dans la commode.
bâtonnet !
Avoir l'haleine homicide. Argot
Avoir del'anfts dans une des voyous.
écope. Façon de parler ironi- Avoir la peau trop courte,
que, du mènie argot, où on l'em- V. a. Faire, en dormant, des sa-
ploie pour répondre à une de- crifices au dieu Crépitus, dans —
mande indiscrète ou à. un désir l'argot du peuple, qui croit que le
impossible à satisfaire. T'auras corps humain n'a pas une cou-
d'I'anis dans une écope équivaut verture de chair suffisante, et que
à Du vent! lorsque l'hiatus de la bouche se
Avoir des as dans son ferme, l'hiatus opposé doit s'ou-
Avoir du bonheur, de vrir, d'où l'action de crepilare.
jeu, V. n.
la chance dans ses entreprises. Avoir le bras lon^. Etre
Argot du peuple. en position de rendre des ser-
N'avoir plus d'as dans son jeu. vices importants, de protéger des
Avoir tout perdu, famille, affec- inférieurs et même des égaux.
tions, fortune, et en être réduit à
mourir. Avoir le compas dans
l'œil, V. a. 'Voir juste; calculer
Avoir des mots avec quel- exactement apprécier sainement.
;
qu'un, V. a. Se fâcher avec
lui. Avoir le casque, v. a.

Avoir des mots avec la Justice, Avoir un caprice pour un homme,


Etre traduit en police correction- — dans l'argot des filles.
nelle.
Avoir le front dans le
Avoir du beurre sur la cou. Etre chauve comme l'Oc-
tête, v. a. Avoir commis quel- casion, — dans l'argot des fau-
ques méfaits plus ou moins gra- bouriens.
AYO AVO 31

AToir le pouce rond, v. a. On dit aussi N'avoir pas in-


Etre adroit, — dans l'argot du venté la poudre.
peuple, qui a
constaté depuis
longtemps l'adresse avec laquelle AToir pas sa lang^ue dans
les voleurs mettent le pouce sur
sa poche (N'). Etre prompt à
la pièce d'argent qu'ils veulent la riposte ; savoir parler. Argot
voler. du peuple.
AToir les côtes en long^. Avoir sa claque (En).
Etre paresseux. Avoir assez bu ou assez mangé,
On Avoii- les côtes en
dit aussi c'est-à-dire trop man.i-é ou trop
long commeloups, qui en effet
les bu. Argot des faubouriens.
ne peuvent pas, à cause de cela,
Avoir sa côtelette, v. a.
se retourner facilement. Ne pas
Etre chaleureusement applaudi,
pouvoir se retourner, ne savoir
pas se retourner, c'est la grande
— dans l'argot des comédiens.
excuse des paresseux. Avoir son caillou. Com-
AtoIf l'estomac dans les mencer là se griser, — dans l'ar-

mollets. Avoir très grand'faim. got des faubouriens.


Argot du peuple. Avoir son pain cuit. Etre
On dit aussi Avoir l'estomac rentier, — dans l'argot du peuple.
dans les talons. Etre condamné à mort, — dans
ATOîr l'étrenne. Etre le
l'argot des voleurs.
premier à faire ou à recevoir une Avoir toujours des
chose. boyaux vides, v. a. Avoir
Atoîfl'oreille de la cour. toujours faim, — dans l'argot du
Etre écouté avec une faveur mar- peuple.
quée par les juges. Argot des
avocats. Avoir une araig^née dans
le plafond v. a. Etre fou, ma-
,

AToir mal au bréchet, v. niaque, distrait. Argot de Breda-


n. Souffrir de l'estomac. Argot Street.
da peuple.
Avoir une chambre à
AToir mal aux cheveux, louer. Etre un peu eufou, et
V. n. Avoir mal à la tête, par tout cas très excentrique, dans —
suite d'excès bachiques. Argot l'argot du peuple, qui suppose
des faubouriens. que la déraison peut être produite
Aroir mangue de l'oseille. chez l'homme par la vacuité de
l'un des compartiments du cer-
Etre d'un abord désagréable, ré-
veau, à moins qu'il ne veuille
barbatif; avoir la parole aigre,
faire allusion au dém<inagement
être grincheux. Argot du peuple.
du bon sens.
AToir mangue ses pieds. Signifie aussi Avoir une dent
Puer de la bouche, — dans l'ar- de moins.
got des faubouriens.
Avoir une crampe au py-
Aroir pas inventé le fil lore. Avoir grand appétit, —
à couper le beurre (N'). dans l'argot des faubouriens.
Etre simple d'esprit, — et même
niais. Avoir une écrevisse dans
22 AVO AZO

la tourte, v. a. Etre fou, non Avoir TU le loup. Se dit, —


à lier, mais à éviter. dans l'argot du peuple, de —
On dit aussi Avoir une écre- toute fille qui est devenue femme
visse dans le vol-au-vent, et Avoir sans passer par l'église et par la
une hirondelle dans le soliveau. mairie.

Avoir une table d'hôte Azor, 3. m. Nom de chien


dans l'estomac, V. a. Manger qiii devenu
est celui de tous les
goulûment et insatiablement. chiens, —
dans le même argot.
Babillard, s. m. Confesseur, Babouin ou Baboua, s. m.
— dans l'argot des voleurs. Petit bouton de fièvre ou de mal-
Ils donnent aussi ce nom à tout propreté, qui vient à la bouche,
Livre imprimé. sur les babines.
Le babouin était autrefois une
Babillarde, s. m. Montre. figure grotesque que les soldats
Babillarde, s. f. Lettre. charbonnaient sur les murs du
On dit aussi Babille. corps de garde et qu'ils faisaient
baiser, comme punition, à ceux de
Babillaudier, s. m. Li- leurs camarades qui avaient perdu
braire, vendeur de babillards. au jeu ou à n'importe quoi. On
Babiller, v. a. Lire.
comprend qu'à force de baiser
cette image, il devait en rester
Babines, s. f. pi. La bouche, quelque chose aux lèvres, d'où, —
— dans l'argotdu peuple, pour par suite d'un trope connu, le
qui sans doute l'homme n'est nom est passé de la cause à l'effet.
qu'un singe perfectionné.
S'en donner par les babines. Bac, s. m. Apocope de Bacca-

Manger abondamment et glouton- rat, — dans l'argot des petites


nement. dames.
S'en lécher les babines. Mani- Tailler un petit bac. Faire une
partie de baccarat.
fester le plaisir en parlant ou en
entendant parler de quelque chose Bacchanal, s. m. Vacarme,
d'agréable, —
bon dîner ou belle tapage plus souvent dans les
fait le
fille. cabarets, lieux consacrés à Bac-
Babou, s. f. Grimace, mines chus. Argot du peuple.
plaisantes comme en fait la nour- Baccon, s. m. Porc, — dans
rice pour amuser son nourrisson. l'argot des voleurs.
Faire la babou. Faire la gri-
mace. Bâchasse, s. f. Travaux for-

L'expression se trouve dans Ra-


cés. Même argot.

belais —
et sur les lèvres du peu- Bachelière, s. f. Femme da
ple. quartier latin, juste assez savant-e
24 BAD BAG

pour conduire un bachot en Seine se laisse mener par sa femme.


— et non en Sorbonne. Argot du peuple.
Bachot, s. m. Apocope de Badouiller, v. n. Courir les
Baccalauréat — dans l'argot des bals, faire la noce.
collégiens.
Badouillerie, s. f. "Vie liber-
Bachotier, s. m. Prépara- tine et tapageuse.
teur au baccalauréat. Baffre, s. f. Coup de poing sur
Bachotter, v. n. Parier pour la figure. Argot du peuple.
ou contre un joueur. Argot des Baffrer, v. n. Manger.
grecs. On disait jadis Bauffrer.
On dit aussi Faire les bach.es.
Baffrerîe, s. f. Action de
Bachot teur, Filou «char-
s.f. manger avec voracité repas co- ;

gé du deuxième dans une


rôle pieux.
partie jouée ordinairement au bil-
Bag^nolc, s. f. Taudis, bara-
lard. C'est lui qui arrange la par-
tie, qui tient les enjeux et va cner-
que, cambuse, —
dans l'argot des
faubouriens, pour qui c'est un pe-
cher de l'argent lorsque la dupe,
tit bagne.
après avoir vidé ses poches, a
perdu sur parole. » Bag^nole, s. f. Chapeau de
V. Béte et Emporteur. femme, de forme ridicule, dans —
l'argot du peuple, qui ne se doute
Bâcler, v. a. Fermer, — dans pas que les bagnoles, avant de
l'argot des voleurs, qui se servent mériter son mépris, avaient mé-
là d'un vieux mot de la langue rité l'admiration des dames de
des honnêtes gens. Paris en iii'i.
On dit aussi Boucler.
Bagou, m. Bavardage de
s.
Badig^eon, s.m. Maquillage femme esprit. Argot des
faux
du visage, — dans l'argot du
;

gens de lettres et du peuple.


peuple. Dans l'argot du peuple. Avoir
du bagou équivaut à N'avoir pas
Batlig'eonuer (Se), v. réfl.
sa langue dans sa poche.
Se maquiller pour paraître plus
jeune. Bag^oul, s. m. Nom, — dans
l'argot des voleurs.
Badig^oinces, s. f. pi. Les
lèvres, la bouche, — dans l'argot Bag^oulard, s. m. Bavard.
du peuple qui a eu l'honneur de
prêter ce mot à Rabelais. Basfouler, v. n. Se nommer,

Jouer des ôadigoinces. Manger


— c'est-à-dire bavarder.

ou boire. Bag^ue, s. f. Nom propre, —


dans le môme argot, par allusion
Badouîllard, s. m. Coureur à l'habitude qu'on a de faire gra-
de bals masqués, —
dans l'argot ver son nom à l'intérieur des an-
des étudiants du temps de Louis- neaux de mariage.
Philippe.
Le type a disparu, mais le mot Bag^ueuaude, s. f. Poche, —
est reste.
dans l'argot des marbriers de ci-
metière, qui y laissent quelquefois
Badouille, s. f. Homme qui flâner de l'argent.
BAI BAL 25

Bag^uenander, y. n. Flâner, ment tiède. Argot du peuple.


vagabonder, —
les mains dans
Bain qui m.
ciiaufTe,
s.
les poches. Argot du peuple.
Nuage qui menace de crever,
Bahut, s. m. Les meubles en quand il fait beau temps et que le
général. Argot des ouvriers. soleil est ardent.

Bahat, s. m. Collège, — dans Baiser le cul de la vieille,


l'argot des collégiens. v. a. Ne pas faire un seul point.
Se dit aussi de la maison du Argot des joueurs.
préparateur au baccalauréat, et,
Bajaf, s. m. Butor, gros
par extension, de toute maison homme qui, sous l'effort de la res-
où il est désagréable d'aller. piration, gonfle ses ja/l'es, ou ses
Bahut spécial. Saint-Cyr. abajoues, comme on voudra.
Bahuter, n. Faire du va-
v. Le peuple dit aussi Gms bajaf.
carme, — dans l'argot des Saint- Balade, s. f. Promenade, flâ-
Cyriens. nerie, djins l'argot des voyous.
Bahuteur, s. m. Tapageur. Faire une balade ou 5e payer
Se dit aussi d'un élève qui une balade. Se promener.
change souvent de pension.
Balader, v. a. Choisir, cher-
Baig^ne-dans-le-beurre, s. cher. Argot des voleurs.
m. Souteneur de filles, dans — Balader (Se), v. réfl. Mar-
l'argot des faubouriens, qui font
cher sans but flâner et, par
; ;
allusion aux scombéroïdes du trot-
extension, s'en aller de quelque
toir.
part, s'enfuir.
Baigneuse, s. f. La tète, — Baladeur, s. m. Flâneur.
dans l'argot des voleurs, qui se
lavent et à qui on lave plus sou- Baladeuse, s. f. Fille ou
vent la tète que le reste du corps. femme qui préfère l'oisiveté au
travail et se faire suivre que se
Baig^neuse, s. f. Chapeau de
femme, —dans le même argot,
faire respecter.

qui a conservé des reflets de l'ar- Balai, s. m. Agent de police,


got de la mode au xvm' siècle. — dans l'argot des petits mar-
Baigneuse ou bagnole, c'était tout chands ambulants.
un.
Balai de l'estomac (Le).
Baig^noire à bon Dieu, s. Les épinards, —
dans l'argot du
f. Calice, — dans l'argot des euple, qui connaît aussi bien que
voyous. Pes médecins la vertu détersive de
le
la Spinacia oleracea.
Bain de pied, s. m. Excédent
de café ou d'eau- de-vie retenu Balancement, s. m. Pv,envoi,
par la soucoupe ou dans le pla- congé, — dans l'argot des em-
teau qu'on place par précaution ployés.
sous chaque demi-tasse ou sous
chaque petit verre. Il y a des
Balancer, v, a. Donner congé
à quelqu'un renvoyer un em-

;
gens qui boivent cela.
ployé, un domestique, dans
Bain-llarie, s. m. Personne l'argot du peuple, qui ne se doute
d'un caractère ou d'un tempéra- pas qu'il emploie là, et presque
26 BAL BAL

dans son sens originel, un des de riens, de balivernes. Argot du


plus vieux mots de notre langue. peuple.
On dit aussi Envoyer à la ba- Balle, s. f. Secret, — dans
lançoire .
l'argot des voleurs.
Balancer la tinette. Vider
Balle, —
le baquet-latrine, —
dans l'argot
s.
l'argot des voyous.
f. Visage, dans
des troupiers.
Balle d'amour. Physionomie
Balancer quelqu'un, V. a. agréable, faite pour inspirer des
Le faire aller se moquer de
; lui. sentiments tendres.
Argot des faubouriens. Rude balle. Visage caractéris-
Balancer sa canne, tique.
y. a.
De vagabond devenir voleur, — Balle, s. f. Pièce d'un franc,
ce qui est une manière comme — dans l'argot des faubouriens.
une autre de franchir le Rubicon
qui sépare l'bonneur du vice. Balle, s. f. Occasion, affaire,
Signifie aussi Rompre son ban,
— dans l'argot du peuple.
s'évader. C'était bien ma balle. C'était
bien ce qui me convenait.
Balancer sa larg'ue, v. a. Manquer sa balle. Perdre une
Se débarrasser de sa maîtresse, occasion favorable.
— dans l'argot des voleurs.
Balle de coton, s. f. Coup
Balancei* ses alênes, v. a.
de poing.
Quitter le métier de voleur pour
celui d'honnête homme, à moins — Ballerine, s. f. Danseuse,
que ce ne soit pour celui d'assas- — dans l'argot des gandins et des
sin. journalistes de première année.
Balancer ses chasses, v. a.
Habituée de bals publics, — dans
l'argot des bourgeois.
Regarder çà et là, distraitement.
Argot des Voyous. Ballon, s. m. Partie du corps
humain dont la forme sphérique
Balançoire, s. f. Charge de a été le sujet de tant de plaisan-
bon ou de mauvais goût, dans — teries depuis le commencement
l'argot des coulisses et du peuple.
Envoyer à la balançoire. Se
du monde —
et de la bêtise. Ar-
got des faubouriens.
débarrasser de quelqu'un qui en-
Enlever le ballon à quelqu'un.
nuie ou qui gène.
Lui donner un coup de pied dans
Balançon, s. m. Marteau de cette partie du corps sur laquelle
fer, dans l'argot des voleurs. on a l'habitude de s'asseoir.

Balandrln, s. m. Paquet re- Balochard, s. m. Type d'un


couvert d'une toile petite balle personnage de carnaval, fameux
;

portative, dans l'argot du peuple, sous le règne de Louis-Philippe,


qui se souvient du balandras que et complètement oublié aujour-
portaient ses pères. d'hui. 11 portait un bourgeron
d'ouvrier, une ceinture rouge, un
Balauder, v. n. Mendier, — pantalon de cuirassier, et, sur la
dans l'argot des prisons. tète, un feutre défoncé.

Baliverneur, s. m. Diseur Balocher, v. n. Fréquenter


.

BAM BAN 27

les bals publics ; se trémousser. On dit aussi : Bambochineur.


Argot des faubouriens.
Banban, m. des deux g.
s.
Balocher, v. n. Tripoter, Boiteux, bancal, —
dans l'argot
faire des affaires illicites. Argot des bourgeois, qui emploient prin-
des voyous. cipalement cette onomatopée à
propos d'une femme.
Balocher, v.n. Remuer, pen-
dre, — dans l'argot du peuple, Banc, s. m. Lit de camp, —
qui dit cela à propos des choses. dans l'argot des forçats.
Balocheur, m. Ouvrier qui
s,
se dérange, qui déserte l'atelier
Bancal, adj. Qui a une jambe
plus courte que l'autre. Argot du
pour le cabaret et le bastringue.
peuple.
Balthazar, s. m. Repas co-
pieux, —dans l'argot des étu- Bancal,

s. m. Sabre de cava-

diants qui se souviennent du festin lerie, dans l'argot des trou-


biblique. piers.

Baluchon, Paquet, petit bal- Banco ! Exclamation de l'ar-

lot. Argot des ouvriers. got des joueurs de lansquenet qui


signifie Je tiens
: !

Bambino, s. m. Enfant, ga- Faire banco. Tenir les enjeux.


min, bambin, — dans l'argot du
peuple, qui parle italien sans le Bancroche, s. et adj. Qui a
savoir, et seulement pour donner les jambes torses.
à ce mot une désinence caressante.
On dit aussi Bambochino Bande d'air, s. f. Frise peinte
en bleu pour figurer le ciel. Ar-
Bambochade, s. f. Tableau got des coulisses.
sans prétentions, l'eprésentant des
scènes gaies, —
dans l'argot des Bander la caisse^ v. a. S'en
aller, s'enfuir.
artistes, qui ont conservé le sou-
venir de Pierre de Laer. Bannette, s. f. Tablier, —
Bamboche, Petite dé-
s. f.
dans l'argot des faubouriens, qui
bauche, de quelque nature qu'elle ont emprunté ce mot au patois
lorrain.
soit. Argot des faubouriens.
Être bamboche. Être en état d'i- Bannière (Être en). Etre en
vresse. chemise, dans le simple appareil
d'une dame ou d'un monsieur
Bamboche, s. f. Plaisanterie ;
qu'on arrache au sommeil.
chose de peu de valeur.
Dire des bamboches. S'amuser Banque, s. f. Paye, — dans
à dire des contes bleus aux hom- l'argot des typographes.
mes et des contes roses aux fem- Banque, s. f. Escroquerie, ou
mes.
seulement mensonge afin de trom-
Faire des bamboches. Faire des per, —
dans l'argot du peuple,
sottises plus ou moins graves, qui qui connaît son Robert Macaire
mènent en police correctionnelle par cœur.
ou à l'hôpital. Faire une banque. Imaginer un
Bambochenr, s. m. Fainéant; expédient— d'une honnêteté dou-
ivrogne ; débauché. teuse —
pour gagner de l'argent.
28 BAR BAR
Banque, s. f. Tout le monde Barag:ouiner, v. n. et a.
dessaltimJDanques, des bcmqidstes. Parler bas murmurer
; mar- ;
Truc de banque ! Mot de passe motter.
et de ralliement qui sert d'entrée
gratuite aux artistes forains dans Baraque, s. f. Maison où les
les baraques de leurs confrères. maîtres font attention au service,
On — dans l'argot des domestiques
les dispense de donner à la
quête ;

faite par les banquistes d'une Journal où l'on est sévère pour la
tre spécialité que
au-
la leur.
copie, — dans l'argot des aspi-
rants-journalistes.
Banquet, s. m. Dîner, — dans Baraques à
1 argot des francs-maçons. CaTaijçnac
Le n" 44, dans l'argot des
(Les).
Banquette, Menton,
dans l'argot des voyous.
s. f. — joueurs de loto, dont l'allusion
consacre ainsi le nombre des ba-
raques construites en 1848 au Jar-
Banquiste, s. m. Charlatan ; din du Luxembourg, sous la dic-
clievaher d'industrie faiseur. Ar-
; tature du général Cavaignac.
got du peuple.

Baptême, —
Barbe, s. f. Ivresse, ~ dans
s. m. La tête, 1 argot des typographes.
dans 1 argot des faubouriens, Avoir sa barbe. Etre ivre.
qui
se souviennent de leur On dit aussi Prendre une barbe.
ondoiement.
Se griser.
Baptiser le Tin, v. a Le
noyer d'eau, —
dans l'argot iro- ,
^-^rbeau, s. m. souteneur
nique des cabaretiers, qui renou- ae lilles, honmie-poisson qui
sait
vellent trop souvent, à notre nager entre deux eaux, l'eau du
pré-
judice, le miracle des Noces vice et celle du
de vol.
Cana, en changeant l'eau en vin.
Barbeaudier, s. m. Con-
Baquet, s. m. Blanchisseuse, cierge, —
dans l'argot des voleurs.
— dans 1 argot des fauliouriens. Barbeaudier de castu. Gardien
On dit aussi Baquet d hôpital.
:
insolent,
et on a raison,
1 —
car je ne connais Barberot, s. m. Barbier, —
pas de créatures plus « fortes dans argot des forçats.
en 1
gueu e que les lavandières
..
il ;
semble qu'il leur reste aux Barbichon, s. m. Capucin,
quelques eclaboussures des
lèvres
ordu-
— dans 1 argot des voyous.
res humaines avec lesquelles
elles Barbille, s. m. Souteneur de
sont en contact permanent.
mies, — apprenti bai-beau.
Baquet de science, m Barbillon,
liaquet ou le cordonnier
s. s. m. Jeune sou-
met sa teneur de filles.
poix et les autres ingrédients
de
son métier. Argot du
peuple. Barbillons de Beauce, s

Bara^ouinag-e,
m. pi. Legmnes, — dans l'argot
°
s. m. Lan- du peuple.
ë^|e incohérent, confus, incom-
préhensible, -
dans rârgot du Barbillons de Tarenne, s.
peuple, mil dit cela surtout
à pro-
m. pi. Navets, —
dans l'argot des
pos des langues étrangères. voleurs, qui savent que ce
légimie
On pousse, volontiers, dans les
dit aussi Baragouin. terres
sablonneuses.
BAR BAS

Le dictionnaire d'Olivier Ché- Barrique, s. f. Bouteille ou


reaii donne : Babillons de va- carafe, — dans l'argot des francs-
rane. maçons.
Ilarbiste, m. Élève du col- Ils disaient autrefois Gomor-
lège Sainte-Barbe.
s.
rhe, — du nom
d'une mesure
juive qui. indiquait la quantité de
Barbot, s. m. Canard, — dans manne à récolter.
l'argot des voyous.
Basane, s. f. Peau du corps
Barbote, s. f. Visite minu- humain, — dans l'argot des fau-
tieuse du prisonnier k son entrée bouriens .

en prison.
Tanner la basane. Battre quel-
On dit aussi Barbot. qu'un.
Barboter, v. a. Fouiller; vo-
ler. Argot des voleurs. Basane, s. f. Amadou, —
dans l'argot des voleurs.
Barboteur de campag^ne,
s. m. Voleur de nuit. Bas-bleu, s. m. Femme de
lettres, — dans l'argot des hom-
Barbotier, s. m. Guichetier mes de lettres, qui ont emprunté
chargé de la visite des prisonniers ce mot {blue stocking) à nos voi-
à leur entrée. sins d'Outre-Manche.
Barbue, s. f. Plume
à écrire, M. Alphonse Esquiros [Revue
— dans l'argot des voleurs. des Deux Mondes, avril 1860)
donne comme origine à cette ex-
Baron de la crasse, s. m. pression le club littéraire de lady
Homme gauche et ridicule en des Montagne, où venait assidûment
habits qu'il n'a pas l'habitude de
im certain M. Stilliugfleet, re-
porter, —dans l'argot du peuple, marquable par ses bas bleus.
qui se souvient de la comédie de
D'un autre côté, M. Barbey d'Aii-
Poisson.
revilly {Nain Jaune du 6 février
Baronifier, v. a. Créer quel- 1866) en attribue la paternité à
qu'un baron, — dans l'argot du Addison. Or, le club de lady Mon-
peuple, qui a vu mousser de près tague ne date que de 1780, et Ad-
la Savonnette Impériale. dison était mort en 1719. Auquel
entendre?
Barre, s. f. Aiguille, — dans
l'argot des voleurs. Bas-bleuisme, s. m. Mala-
die littéraire spéciale aux femmes
Barré, adj. et s. Simple d'es-
qui ont aimé et qui veulent le
prit, et même niais, —
dans l'ar- à tout le monde.
faire savoir
got du peuple, qui, sans doute,
Le mot a été créé récemment
veut faire allusion à une sorte de
par M. Barbey d'Aurevilly.
barrage intellectuel qui rend im-
propre à la conception. Bascule, s. f . Guillotine, —
dans l'argot des faubouriens.
Barrer, v. n. Abandonner
son travail. —dans l'argot des Basculer, v. a. Guillotiner.
marbriers de cimetière. Etre basculé. Etre exécuté.
Se bander. S'en aller.
Bas de buffet, s. m. Homme
Barrer, v. a. Réprimander, ou chose de peu d'importance.
— dans l'argot du peuple. Argot du peuple
30 BAS BAT

Vieux bas de buffet. Vieille prisons, où Ton joue volontiers


femme, vieille coquette ridicule du violon sur les barreaux.
qui a encore des prétentions à
l'attention galante des hommes.
Bastrin^ueuse, s. i. Habi-
tuée de bals publics.
Bas de plafond, s. m.
Homme d'une taille ridiculement Bataclan, s. m. Mobilier;
exiguë. outils, — dans l'argot des ou-
vriers.
On dit aussi Bas du cul.
Signifie aussi Bruit, vacarme.
Basourdir, v. a. Étourdir,
et,par extension naturelle, Tuer, Bataille de jésuites, s. f.

— dans l'argot des voleurs, qui Habitude vicieuse que prennent


les écoliers et que gardent sou-
ont dédaigné abasourdir comme
trop long. vent les hommes, dans l'argot—
Basourdir ses gaux picantis, du peuple, qui a lu le livre de
oa seulement ses gaux. Chercher Tissot.
ses poux — et les tuer.
la
On ajoute souvent après Faire
bataille des jésuites, cette
Bas percé, s. et adj . Homme phrase : Se mettre cinq contre
pauvre ou ruiné. Argot du peuple. un.
Basse, s. m. La terre par Bateaux, s. m. pi. Souliers
opposition au ciel. Argot des vo- qui prennent l'eau. Argot des
leurs . faubouriens.

Bassin, s. m. Homme en- Batelée, s. f. Une certaine


nuyeux, —
dans l'argot des filles quantité de gens réunis, quoique
et des faubouriens, qui n'aiment inconnus. Argot du peuple.
pas à être ennuyés, les premières Batelier, s. m. Battoir de
surtout. blanchisseuse, — dans l'argot
On dit aussi Bassinoire. des voleurs.
Bassinant, adj. Ennuyeux, Batb, s. m. Remarquablement
importun, bavard. beau, ou bon, ou agréable, —
Bassiner, v. a. Importuner.
dans l'argot de Breda- Street.
Bath aux pommes. Superlatif
Bassinoire, s. f. Grosse mon-
du précédent superlatif.
tre, — dans l'argot des bourgeois. Il me semble qu'on devrait
Bastiniag^e, Travail,
s. m. écrire Bat, ce mot venant évidem-
— dans l'argot des voleurs. ment de Batif. Le papier Bath
n'est pour rien là dedans.
Bastring^ue, s. m. Guin-
guette de barrière, où le populaire Batiau, s. m. Préparation au
va boire et danser les dimanches Salé, — dans l'argot des typo-
et les lundis.
graphes.
Aligner son batiau. S'arranger
Bastringue, s. m. Bruit, pour avoir une banque satisfai-
vacarme, —
comme on en fait sante.
dans les cabarets et dans les bals
des barrières. Batif, adj. Neuf, joli, — dans
l'argot des voyous.
Bastringue, s. m. Scie à Le féminin est batif'one ou ba-
scier les fers, — dans l'argot des tioc.
BAT BAT 31

Batou creux, s. m. Fusil,— Battoir, s. m. Main, dans —


dans l'argot des voleurs. l'argot du peuple, qui s'en sert
souvent pour applaudir, et plus
Bâton de cire, s. m. Jambe, souvent pour battre.
— dansle même argot.
Battre comtois, v. n. Faire
Bâton (le tremplin, s. m.
Jambe, — dans l'argot des saltim- l'imbécile, le provincial, dans —
l'argot des voleurs, pour qui, à
banques. ce qu'il parait, les habitants de
Batouse, s. f. Toile, dans — la Franche-Comté sont des gens
l'argot des voleurs simples et naïfs, faciles à tromper
Batouse toute battante. Toile par conséquent.
neuve. Battre entifle, v. u. Faire le
Batousier, s. m. Tisserand. niais. Même argot.

Battais^e, s. m. Tromperie ;
Battre «?ob, v. n. Dissimu-
mensonge ; menée astucieuse. Ar- ler, tromper. Môme argot.
got des ouvriers. Battre la caisse, v. n. Aller
Signifie aussi Accident arrivé à chercher de l'argent. Argot des
une chose, accroc à une robe, bri-
tambours de la garde nationale.
sure à un meuble, etc.
— Battre la couTcrte, v.
Battant, s. m. Le cœur, a. Dormir, — dans l'argot des
dans l'argot des voleurs. soldats.
Batterie, s. f. Menterie, — Battre l'antif, v. n. Mar-
dans le même
argot. cher, —dans l'argot des voleurs
Batterie douce. Plaisanterie ai- modernes.
mable. C'est le Battre l'estrade des
:

Batterie, s. f. Coups échan- voleurs d'autrefois.


gés, — dans l'argot des faubou- Signifie aussi Espionner.
riens .
Battre le briquet, v. a.
On dit aussi Batture.
Cogner les jambes l'une contre
Batterie, s. f. Applaudisse- l'autre en marchant. Argot du
ment particulier de la voix et peuple.
de la main pour saluer l'arrivée Battre la semelle, v. a. Va-
d'un frère. Argot des francs- gabonder, —
dans l'argot du peu-
maçons. ple, qui a peut-être lu VAventu-
rier Buscon.
Batterie de cuisine, s. f.

Les dents, la langue, le palais, Battre l'œil (S'en). Se mo-


le gosier. Argot des faubouriens. quer d'une chose, —
dans l'argot
Batteur, s. m. Menteur des faubouriens.
;

fourbe.
L'expression a une centaine
d'années, ce qui étonnera certai-
C'est plus spécialement le tiers
qui bat comtois pour lever lepante.
nement beaucoup de gens, à com-
mencer par ceux qui l'emploient.
Batteur d'antif, s. m. Indi- On dit aussi, dans le même ar-
cateur d'affaires, voleur qui ne got. S'en battre les fesses, — une
travaille que de la langue. Argot expression contemporaine de la
des prisons. précédente.

82 BAV BEB

Battre morasse, v. n. Crier Baver, v. n. Parler, dans l'ar-


au voleur pour empêcher le volé got des faubouriens.
d'en faire autant. Argot des pri-
sons.
Bayafer, v. a. Fusiller. —
dans l'argot des voleurs parisiens,
Battre sa flème, v. n. Flâ- qui ont emprunté cette expression
ner, — dans l'argot des voyous. aux voleurs du Midi, lesquels ap-
pellent un pistolet un hayafe ou
Battre son quarts v. n.
baillaf, comme l'écrit M. Fran-
Raccrocher les passants, le soir, cisque Michel,
à la porte des maisons mal fa-
mées, —
dans l'argot des filles et Bazar, s. m. Maison où les
de leurs souteneurs. maîtres sont exigeants, dans —
l'argot des domestiques paresseux;
Baiiee ou Bausse^ s. m. Pa-

tron, —dans l'argot des reven-
maison quelconque,
got des faubouriens
dans l'ar-
maison de
deuses du Temple. C'est le baes
flamand.
filles, — dans l'argot des trou-
;

piers.
Bauceresse Patronne.
.

Baussc fondu. Ouvrier qui s'est Bazar, s. m. Ensemble d'ef-


établi, a fait de mauvaises affaires fets mobiliers, — dans l'argot de
et est redevenu ouvrier. Breda-Street.

Baucher (Se), v. réfl. Se mo- Bazartler, v. a. Vendre, tra-


quer, dans l'argot des voleurs. fiquer.

Baude, s. f. Mal de Naples,


Bazarder son mooilier. S'en
— dans l'argot des voleurs pari- défaire, l'échanger contre
tre.
un au.
siens.

Bauflrouiller, v. n. Filer,
Beau, s. m. Le gandin du
— dans le même argot.
premier Empire, avec cette diffé-
rence que s'il portait un corset,
Se dit aussi pour Fouet. au moins avait-il quelque cou-
Baug^e, f. Coffre,
s. dans — rage dessous.
l'argot des voleurs, qui ne crai- Ex-beau. Elégant en ruines,
gnent pas d'emprunter des ter- d'âge et de fortune.
mes aux habitudes des sangliers,
qui sont aussi les leurs. Beau blond, s. m. Le soleil,

Bau^e« s. f. "Ventre, — dans — dans l'argot des voleurs, qui


le même argot.
ne se doutent pas qu'ils font là de
la mythologie grecque.
Baume «l'acier, s. m. Los
Bébé, s. m. Costume d'enfant
outils du chirurgien et du dentiste.
— dans l'argot du peuple, qui ne [baby], que les habituées des bals
publics ont adopté depuis quel-
se doute pas que l'ancienne phar-
macopée a eu, sous ce nom-là, un ques années.
remède composé de limaille d'a- Bébé (Mon). Petit terme de
cier et d'acide nitrique. tendresse employé depuis quel-
Bavard, ques années par les petites dames
s. m. Avocat.
envers leurs amants, qui en sont
Bavartie, s. f. La bouche,— tout fiers, —
comme s'il y avait
dans l'argot des voleurs. de quoi !
BEG BEN 33

Bébête, s. f. Bête quelconque, dont ou sr col/p- volontiers


— dans l'argot des enfants. prit.Argot de Breda-Street.
l'es-

Bec, s. m. Bouche, — dans Avoir un béguin pour une


l'argot des petites dames. femme. En être très amoureux.
Récasse, s. f. Femme ridi- Avoir un béguin pour un
-cule, — dans le même argot. homme. Le souhaiter pour amant
Bêcher, y. a. Médire , et
quand on est femme légère. —
même calomnier, dans l'argot — On
ner.
disait autrefois S'embéqui-
^
des faubouriens, qui ne craignent
pas de donner des coups de bec à Beigne, s. f. Soufflet ou
la réputation du prochain. coup de poing, —
dans l'argot
Bêcheur, m. Le Ministère
s.
du peuple, qui emploie ce mot de-
public, l'Avocat général. Argot puis des siècles.
des voleurs. On dit aussi Beugne.
Bécot, s. m. Bouche, — dans Bêlant, s. m. Mouton,
dans l'argot des voleurs, qui ne

l'argot des mères et des amou-
se sont pas mis en frais d'imagi-
reux.
Signifie aussi Baiser. nation pour ce mot.

Bécoter, v. a. Donner des Bélier, s. m. Cocu, dans —


baisers. l'argot des voyous, pour qui les
Se bi'voh'r. S'eml.irasser à cha- mfortunes domestiques n'ont rien
que instant. de sacré.
Bedon, s m. Ventre, . dans — Belle, s. f. Dernière partie, —
l'argot du peuple, qui sait son dans l'argot des joueurs.
Rabelais par cœur sans l'avoir lu.
Belle, s. f. Occasion favo-
Bédouin, s. m. Homme dur, rable; revanche. Argot du peu-
brutal, — dans le même argot. ple.
Bédouin, s. m. Garde na- Attendre sa belle. Guetter une
tional de la banlieue, dans — occasion.
l'argot des voyous irrespectueux. Etre servi de belle. Etre arrêté
Ils disent aussi Gadouaa, Mal- à faux.
ficelé, Museau, Offunné, Sau- Cette dernière expression est
vaye. plus spécialement de l'argot des
Beefsteali de la Chama- voleurs.
reuse, s. m. Saucisse plate, — Belle à la chandelle, s. m.
dans l'argot des faubouriens, qui Femme laide, qui n'a d'éclat
savent de quelles charcuteries in- qu'aux lumières. Argot du peu-
suffisantes se compose le déjeuner ple.
des ouvrières. Belle de nuit, s. Fille
Bèjsi^ue, s. f Avoine, dans
. — qui hante les cafés et les
f.

bals.
l'argot des voleurs, qui savent à Même argot.
ce qu'il parait l'italien {biava, Bênéf, s.m. Apocope de Bé-
biada). néficr, — dans l'argot des bohè-
Ils disent aussi Gremeche. mes et du peuple.
Bég^uin, Tète,
s. m. — dans Beni-Mouffctard. s. m. Ha-
l'argot des faubouriens. bitant du faubourg Saint-Mar-
Béguin, s. m. Caprice, chose ceau, — dans l'argot des ou-
34 BEQ BER

vriers qui ont été troupiers en — dans l'argot des faubouriens,


Algérie. qui n'ont pas précisément pour la
vieillesse le même respect que les
Bénir bas, v. a. Donner un Grecs.
ou des coups de pied au derrière
de quelqu'un, —
comme ferait Béquille, s. f. Potence, —
par exemple im père ijrutal à qui dans l'argot des voleurs, dont les
son tils aurait précédemment de- pères ont eu occasion de remar-
mandé, avec sa bénédiction, quel- quer de près l'analogie qui existe
ques Ijillets de mille francs pour entre ces deiLX choses.
courir le monde. Béqiiiller, v. a. et n. Man-
Bénir des pieds, V. a. Etre ger, — dans l'argot des faubou-
pendu, — dans l'argot impi- riens.
toyable du peuple, qui fait allu- Béquilleur, s. m. Bourreau,
sion aux derniers gigottements — probablement parce qu'il est le
d'im homme accroché volontaire- représentant de la Mort, qui va
ment à un arbre ou involontaire- pede claudo comme la Justice.
ment à une potence. Berbis, s. f. Brebis, — dans
Bénisseur, m. Père noble,
s. l'argot du peuple, fidèle à l'étjTno-
— dans l'argot des coulisses, où logie {vervex, vervecis) et à la
« le vertueux Moëssard » passe tradition :

pour l'actevu- qui savait le mieux


bénir. « Ne remist bucf ne vac, ne chapuns, ne
[geiinc,
Benoit on, s. m. Jeune
Cheval, porc, ne borbiz, ne de b!e plaine
homme du monde qui parle ar- [mine, »
got comme on dans la pièce
fait
dit un poème du xiii^ siècle.
de M. Victorien Sardou.
Benoitonne, s. f. Jeune fille Berceau, m. Entourage de
s.

bien élevée qui parle la langue tombe, — dans l'argot des mar-
briers de cimetière, qui croient
des filles.
que les morts ont besoin d'être
Benoitouner, V. a. Parler du
abrités soleil.
comme parleut les membres de la —
Famille Benoilon. Berdouille, s. f. Ventre,
Façon dans l'argot des faubouriens.
Benoitonnerie, s. f.

pittoresque de parler ou d'agir. Berg-e, s. f. Année, dans —


Beq, s. m. Ouvrage, — dans l'argot des voleurs.

l'argot des graveurs sur bois, qui Bergère, s. f. Maîtresse,
se partagent souvent à quatre ou dans l'argot des troupiers.
cinq un dessin fait sur quatre ou Berger en chambre, s. m.
cinq morceaux de bois assemblés. Industriel parisien, découvert par
Béquet, s. m. Petite pièce de Privât d'Anglemont, qui élève
cuir mise à uu soulier, dans — des chèvres dans sa mansarde, et
l'argotdes cordonniers; petit qui, à certaines heures de la jour-
morceau de bois à graver, — née, les mène promener pour les
dans l'argot des graveurs. préserver de la phthisie.
Béqueter, V. a. etn. Manger, Berlauder, v. n. Flâner,
— dans l'argot du peuple, qui aller de cabaret en cabaret. Ar-
n'oublie jamais sou bec. got des faubouriens.
m. Cette expression est certaine-
Béquillard, s. Vieillard,
BES BET 35

ment le résultat d'une métathèse : Bestiole, s. f. Petite bête, au


on a dit, on dit encore, berlan propre et au figuré, — dans l'ar-
pour brelan, herlandipr pour Lre- got du peuple, qui a parfois des
landier, —
et berluuder pour bre- qualificatifs caressants.
lander. Bêta, s. et adj. Innocent, et
Berline de commerce, s. f. même niais, — dans l'argot du
Commis marchand, — dans l'ar- peuple.
got des voleurs.
Bête, Filou chargé de
s. f.
Berlu, s. m. Aveugle, homme jouer le troisième
rôle dans la
qui a naturellement la berlue. partie de billard proposée au pro-
Même argot. vincial par Vemporteur.
Berlue, s> f. Couverture, — Bête-à-cornes, s. f. Four-
dans même argot.
le
chette, — dans l'argot des
Bernard, s. m. Un des nom- VOJ'OUS.
breux pseudonymes de messire Bête-à-pain, s. f. L'homme,
Luc, —
dans l'argot des bour- — dans l'argot du peuple.
geois qui ont quelques lettres.
Bête comme ses pieds. Se
Berniele-aansonnet ! C'est dit, — dans l'argot populaire, —
fini ; il plus rien ni per-
n'y a de tout individu extrêmement
sonne. Argot du peuple. béte.
Berri, s. m. Hotte, — dans Bête comme un chou. Ex-
l'argot des chifl'onniers. trêmement bête, — dans l'argot
Berribono, s. m. Homme fa- des bourgeois, qui calomnient
cile à duper, —
dans l'argot des cette crucifère.
voleurs. Bête épaulée, s. f. Fille qui,
Ils disent aussi Béricain,
le jour de ses noces, n'a pas le
Berry, s. m. Capote d'études, droit de porter le bouquet de
— dans l'argot des Polytechni- fleurs d'oranger, dans l'argot —
ciens. du peuple, cruel quand il n'est
Bertelo s. m. Pièce d'un pas grossier.
franc, — daus l'argot des vo- Bête noire, s. f. Chose ou
leurs. personne qui déplaît, que l'on
Bertrand, s. m. Compère de craint ou que l'on méprise. Ar-
filou ou de faiseur, — dans l'argot got des bourgeois.
du peuple, qui a gardé souve- le Etre la bête noire de quelqu'un.
nir de la légende de Robert- Ma- Etre pour quelqu'im un objet
caire. d'ennui ou d'eflYoi.
Besouille, s. f. Ceinture, — Bêtises, s. f. pi. Grivoiseries,
dans l'argot des voleurs, qui y — dans l'argot des bourgeoises,
serrent leurs bezzi, nom italien qui trouvent très spirituels les
des deniers. gens mal élevés qui en disent
Bessons, s. m. pi. Les deux devant elles.
seins, — des jumeaux en effet. Ar- Bettander, v. n. Mendier,
got du peuple. dans l'argot des filous.

Bestiasse» s. m. imbécile, Betterave, s. f. Nez d'ivro-


plus que béte, — dans l'argot du gne, — dans l'argot des faubou-
peuple. riens, par allusion à la ressem-
36 BIB BIB

blance de forme et de couleur Signifie aiissi Irrogne, — le vin


qu'il a avec la hrta vulgnris. étant le lait des vieillards.

Heurtant (Le). Café-concert Bibelot, s. m. Objet de fan-


de la rue Contrescarpe-Daupliine, taisie, qu'il est de mode, depuis
— dans l'argot des étudiants, qui une vingtaine d'années, de placer
en sont les hôtes assidus. en évidrnce sur une étagère. Les
Beujfler, v. n. Pleurer, — porcelaines de Saxe, de Chine, de
dans l'argot du peuple. Sèvres, les écailles, les laques, les
poignards, les bijoux voyants,
ISeurre, s. m. Argent mon- sont autant de bibelots.
nayé; ou moins licite.
profit plus
Par extension Objet de peu de
:

Argot des faubouriens. valeur.


Faire son beurre. Gagner beau-
Ce mot est mie corruption de
coiip d'argent, retirer beaiicoup
Binihelot, qui signifiait à l'origine
de profit dans une affaire quel-
jouet d'enfants, et formait un com-
conque. merce important, celui de la bim-
Y aller (Ifi son beurre. Ne pas beloterie. Aujourd'hui qu'il n'y a
craindre de faire des fi-ais, des plus d'enfants, ce commerce est
avances, dans une entreprise. marchands de
mort ; ce sont les
Beurre (C'est un). C'est excel- curiosités qui ont succédé aux
lent, en parlant des clioses, quelles biinhelotiers.
Même
qu'elles soient. argot.
Bibelot, s. m. Havresac,
Beurre «lemi-sel, s. m. portemanteau , — dans l'argot
Fille ou Femme qui n'est plus des soldats.
honnête, mais qui n'est pas en-
Bibelotter, v. a. Vendre ses
core complètement perdue. Argot
bibelots, et, par extension, ses
du peuple.
habits, ses meubles, etc. Argot
Beurrier, s. m. Banquier, — des filles et des bohèmes.
dans l'argot des voleurs. Par extension aussi Bibelotter :

Bézef, adv. Beaucoup, dans — une affaire dans le sens de Bras-


l'argot des faubouriens qui ont ser.
servi en Afrique et en ont rap- Bibelotter (Se), v. réfl.
porté quelques mots de la langue S'arranger pour le mieux, se mi-
sabir. joter. Argot des faubouriens.
Biard, s m. CAté, dans— Biberon, s. m. Ivrogne, —
l'argot des voleurs, qui voient les
dans l'argot du peuple, qui cepen-
choses de biais.
dant ne doit pas connaître le jeu
Bibard. s. m. Vieil ivrogne, de mots [Bibrrius) fait sur le nom
ou vieux débauché, — dans l'ar-
de Tibère, impérial buveur.
got du peuple, qui cependant ne
Bibî, s. m. Petit nom d'ami-
sait pas que boire vient de hi-
tié, —dans l'argot des faubou-
here.
riens petit nom d'amour, —
Bîbanlcr. v. n. Vieillir dans ;

dans l'argot des petites dames.


la fange, dans la misère.
Bibi, s. m. Chapeau de
Bibasse, s. f. Vieille femme. femme, qui a été à la mode il y a
Bibasscrie, S. f. Vieillesse. trente ans, et qui revient de mode
On dit aussi Bil>ar(hnii\ aujourd'hui.
Bibagsier, S. m. Vifil homme. Bibine, s. m. Cabaret de bar-
BIE BU 37

rière, — dans Tcirgot des chiffon- dans l'argot des petites dames.
niers. Bien mis, s. m. Bourgeois,
Bibon. s. m. Vieillard qu'on — daus l'argot du peuple,
ne respecte pas, parce qu'il ne se Bienséant, s. m. Le derrière
respecte pas lui-même. de l'honmie et de la femme, —
C'est une corruption péjorative daus l'argot des bourgeoises.
du mot burbon. Bicr, V. n. Aller, — daus l'ar-
Biche, s. f. Demoiselle de got des voleurs.
petite vertu, comme
Guyot variété de fille entretenue.
l'encre de
Bifin, s. m. Chiffonnier, —
dont le crochet sert à deux fins,
;

Le mot a été créé en 1857 par


à travailler et à se défendre.
Nestor Roque plan.
Bifurqué, S. m. Lycéen qui,
Bichette, s. f. Petit nom arrêté au point où l'étude des
d';unitié ou d'amour, — dans
sciences se sépare de l'étude des
l'argot des petites dames et de
lettres, prend le chemin qui mène,
leurs Arthurs.
en faisant une seconde fourche,
Bichon, s. m. Petit jeune d'un côté aux écoles militaires,
homme qui joue le rôle de Théo- de l'autre au baccalauréat es
dore Calvi auprès de n'importe sciences.
quels Vautrin. Big^ard, s. m. Trou, — dans
Bichonner, v. a. Arranger l'argot des voleurs.
avec coquetterie comme un: friser D'où Bigardée pour Trouée,
bichon. Argot des bourgeois. Percée.
Se bichonner. S'adoniser. Bij^e, s. m. Ignorant, dans —
Bidet, s. m. « Moyen très le mêine argot.
ingénieux, dit Vidocq, qui sert Big-eois ou Bigois, s. m. Im-
aux prisonniers à correspondre bécile, homme biye.
entre eux de toutes les parties du
Bigorne, s. m. L'argot des
bâtiment daus lequel ils sont en-
fermés; une corde passée à tra-
voleurs, — monstre bicomigcr eu
efi'et,corne littéraire d'un côté,
vers les barreaux de leur fenêtre,
corne philosophique de l'autre,
et qu'ils fout filer suivant le be-
([ui voit rouge et qui écrit noir,
soin en avant ou en arrière, porte
qui épouvante la conscience hu-
une lettre et rapporte la ré-
maine et réjouit la science philo-
ponse. »
Bidoche, s. f. Viande, — logique.
iSigorneau, s. m. Sergent
dans l'argot des faubouriens.
Portion de bidoche. Morceau de de ville, — dans l'argot du peu-
ple.
bœuf bouilli.
Bigotter, v. a. Prier Dieu,
Bitlonner à la cambuse, —
v. n. Boire au cabaret, — dans daus l'argot des faubouriens.
l'argot des marins. Bigrement, adv. Extrême-
Bien, m. Mari ou Femme,
s. ment, — dans l'argot des bour-
— daus l'argot du peuple, qui a geois, quin'osent pas employer
tout dit quand il a dit Mon bien. :
un superlatif plus énergique.
C'est plus énergique que ma moi- Bijou, s. m. Ornement parti-
tié. culier, — dans l'argot des francs-
Bien, adj. et s. Distingué, — macons.
38 BIL BIR

Bijou de loge. Celui qui se Billemon, s. m. Billet, —


porte au côté gauche. dans l'argot des voleurs.
Bijou de l'ordre. L'équerre at-
Billet de cinq, s. m. Billet
tacliée au cordon du Vénérable,
le niveau attaché au cordon du
de cinq cents francs, dans l'ar-—
got des bourgeois, qui saA'^ent
premier surveillant, et la perpen-
aussi bien que les Anglais que
diculaire attachée au cordon du
limes is money, et qui ne perdent
second surveillant.
pas le leur à prononcer des mots
Bijouterie, s. f. Frais avan- inutiles.
cés, argent déboursé. Argot des Ils disent de même : Billet de
ouvriers et des patrons. inille.

Bijoutier, ère, s. Marchand, Binelle, s. f. Faillite, —


marchande d'arlequins, dans — dans l'argot des voleurs.
l'argot des faubouriens, à qui ces Binelle- lof, Banqueroute.
détritus culinaires « reluisent Binellier, s. m. Banquerou-
dans le ventre ». tier.
Bijoutier sur le §^enou, s. Binette, s. f. Figure humaine,
m. Cordonnier.
On aussi
— dans l'argot des faubouriens,
dit Bijoutier en
:
qui me font bien l'effet d'avoir in-
cuir. Au XVII» siècle, on disait :
venté ce mot, tout moderne, sans
Orfèvre en cuir. songer un seul instant au perru-
Bilboquet, s. m. Femme quier Binet et à ses perruques,
grosse et courte, — dans l'argot comme voudrait le faire croire
du peuple. M. Francisque Michel, en s'ap-
Bilboquet, s. m. Homme qui puyant de l'autorité de M. Edouard
est le jouet des autres. Fournier, qui s'appuie lui-même
de celle de Saignes. Pourquoi
Bilboquet, s. m. Menues tant courir après des étymologies,
impressions, telles que prospectus, quand on a la ressource de la gé-
couvertures, tètes de lettres, etc.,
nération spontanée ?
— dans l'argot des typographes.
Binômes, s. m. pi. Cama-
Billaucer, v. n.
son Faire rades de chambre à l'Ecole d'ap-
temps, — dans l'argot des voleurs. plication de Fontainebleau, et com-
Billaneher, v. a. et n.
pagnons d'études à l'Ecole poly-
Payer, donner de la bille. Argot technique; amis, copains, frères
des faubouriens. d'adoption qui ne se ressemblent et
On dit aussi Bille7\ ne se valent souvent pas, mais qui
n'en sont pas moins, comme en al-
Billard de campag^ne,
m. Mauvais billard, — dans s.
l'ar-
gèbre, deux termes unis par —
got des bourgeois.
ou par +, et n'en forment pas
moins à eux deux mie quantité.
^
Bille, s. f. l'argent, dans — Bique-et-bouc, s. m. et f.
l'argot des voleurs, qui n'ont pas
l'air de se douter que nous avons
Créatures des deux genres, —
dans l'argot du peuple, ordinaire-
eu autrefois de la monnaie de
ment plus brutal pour ces créa-
àill07l.
tures-là.
Bille à châtaig^ne, s. f. Birbade, s. f. Vieille femme,
Figure grotesque, — dans l'argot — dans l'argot des faubouriens.
des faubouriens. Birbe, s. m. Vieillard.
BLA BLA 39

Birbe dah. Grand-père. Les étymologistes se sont lan-


Birbette, Archi-vieil-
s. m. cés tous avec ardeur à la pour-
lard, — dans l'argot des petites suite de ce chastre,— MM.Mar-
dames, qui ont dû connaître plus ty-Laveaux, Albert Monnier, etc.,

d'un birbante italien, anglais,


— tous sont rentrés bredouille.
et

russe ou suédois. Pourquoi remonter jusqu'à Mé-


nage? Un gamin s'est avisé un
Birlibibi, s. m. Jeu de dés et jour de la ressemblance qu'il y
de coquilles de noix. Argot des avait entre certaines paroles so-
voleurs.
nores, entre certaines promesses
Bisard, s. m. Soufflet de che- hyperboliques, et les vessies gon-
minée, — dans le mémo argot. flées de vent, et la blarjiie fut 1

Bisbille, s. f. Querelle, fâ- Avoir de la blague. Causer


cherie, — dans l'argot des bour- avec verve, avec esprit, comme
geois, qui cependant ne connais- Alexandre Dumas, Méry ou Na-
saient pas le mot italien bisbiglio dar.
(murmure). Avoir la blague du métier.
Etre en bisbille. Etre brouillés. Faire valoir ce qu'on sait parler
Biscaye, n. de. 1. Bicètre, — ;

avec habileté de ce qu'on fait.


dans l'argot des voleurs. Ne faire que des blagues. Gas-
Bisquant, adj. Ennuyeux, piller son talent d'écrivain dans
désagréable, — dans l'argot du les petits journaux, sans songer

peuple. à écrire le livre qui doit rester.


Bisquer, v. u. Enrager, — Pousser une blague. Pi,aconter
d'une façon plus ou moins amu-
dans l'argot des écoliers.
sante uns chose qui n'est pas ar-
Bissard, s. m. Pain bis, — rivée.
dans l'argot des voyous.
m. Blai^ue sous i?» aisselles !

Bitter cuirassé, s. Bit-


ter mélangé de curaçao, dans — Expression de l'argot des ou-
vriers, pour signifier qu'ils ces-
l'argot des petites dames, qui pro-
sent de plaisanter, qu'ils vont par-
noncent volontiers cuiraço.
ler sérieusement, et pour inviter
Bitumer, v. n. Raccrocher les interlocuteurs à en faire au-
les passants dans l'argot des
,
tant.
filles, habituées du trottoir. Elle a remplacé cette autre :
On dit aussi Faire le bitume. Blague dans le coin.
Biture, s. f. Réfection co- Blag^uer, v. n. Mentir d'une
pieuse, — dans l'argot des fau- agréable manière, ou tout simple-
bouriens. ment parler.
Biturer, V. n. Manger co- Blaguer quelqu'un. Se moquer
pieusement. de lui.

Bizet, s. m. Garde national Blag^ues à tabac, s. f. pi.


réfractaireau costume d'ordon- Seins plus dignes d'une sauva-
nance, et s'obstinant à faire en gesse de la Nouvelle-Calédonie
habit ou en paletot son devoir que d'une femme civilisée. Argot
de soldat-citoyen. des faubouriens.
Blais^uc, s. f. Gasconnade es- « Si encore il y avait im peu de
sentiellement parisienne, —
dans tabac dans tes blagues » ai-je
!

l'argot de tout le monde. entendu dire un jour par un fau-


40 BLA BLE

bourien à une fille qui Luvait au emprunté cette expression à l'al-


même saladier que lui. lemand hlascn (souffler).
Illag^neur, s. m. Gascon né Blaviu, s. m. Mouchoir, —
sur les bords de la Seine, dont dans le même argot.
le type extrême est le baron (h> BlaYinîste, s. m. Pick-pocket
Wormspire et le type adouci le qui a la spécialité des mouchoirs.
Mistigria de Balzac.
— Blé battu, s m. Argent. .

Blaireau, s. m. Conscrit, dans l'argot des paysans de la
dans l'argot des vieux troupiers. banlieue de Paris, pour qui blé en
lElaireau, s. m. Jeune homme grange représente en efi'et de l'ar-
de famille qui se croit des apti- gent.
tudes littéraires et qui, en atten- Avoir du blé en poche. Avoir
dant qu'il les manifeste, mange de l'argent dans sa bourse.
sa légitime en compagnie de bo- N'avoir pas de blé. N'avoir pas
hèmes littéraires. un sou.
Blaireauter, v. a. Peindre Bleu, s. m. Bonapartiste, —
avec trop de minutie, — dans dans l'argot du peuple, rendant
l'argot des artistes qui n'ont pu ainsi à ses adversaires qui l'ap-
encore digérer Meissonnier. pellent rouge la monnaie de leur
ISlanc, s. m. Légitimiste, — couleur.
dans l'argot du peuple, par allu- Les chouans appelaient Bleus
sion au drapeau fleurdelisé de nos les soldats de la République, qui
anciens rois. les appelaient Blancs.
ISIanc« s. m. Vin blanc, — Bleu, s. m. Conscrit, —
dans
dans le même argot. l'argot des troupiers cavalier

;

nouvellement arrivé, dans l'ar-


ISlanchisseur, s. m. Celui
got des élèves de Samur.
qui revise un manuscrit, qui le
polit, —dans l'argot des gens do BIeu< s. m. Manteau, dans —
lettres, par allusion à l'action du l'argot des voyous, qui ont voulu
menuisier qui, à coups de rabot, consacrer à leur façon la mémoire
fait d'une planche rugueuse une de Champion.
planche lisse. Bleu, s. m. Vin de barrière,
Signifie aussi Avocat. dans l'argot du peuple, qui a re-
Blanchisseuse de tuyaux marqué que ce Bourgogne apo-
de pipes, s. f. Fille ou femme cryphe tachait de bleu les nappes
de mauvaise vie, — dans l'argot des cabarets.
du peuple, On dit aussi Petit bleu.
Blanc-vilain« s. m. Distri- s. m. Marque d'un coup
Bleu,
buteur de boulettes municipales de poing sur la chair.
destinées aux chiens errants, — Faire des bleus. Donner des
dans l'argot des faubouriens, qui, coups.
d'un nom propre probablement, Bleu, adj. Surprenant, exces-
ont fait une qualification appli- sif, invraisemblable.
cable à une profession. C'est bleu. C'est incroyable.
Blanquette, s. f. Argente- £•71 i-tre bleu. Etre stupéfait
rie, —dans l'argot des voleurs. d'une chose, n'en pas revenir,
Blasé, ée, Enflé, ée,
adj. — .se congestionner en apprenant
dans l'argot des voleurs, qui ont une nouvelle.
BOB BOG 41

Etre bleu. Etre (Honnamment sion à la bobèche qui surmonte le


mauvais, —
dans l'argot des cou- chandelier,
lisses. ^f monter le bobèchon. S'illu-
On disait, autrefois : C'est vert! sionner sur quelqu'un ou sur quel-
Les couleurs changent, non les que chose se promettre monts et
;

mœurs. merveilles d'une affaire qui ac- —


Bloc, s. m. La salle do police.
couche d'une souris.
Argot des soldats. Bobelius, s. m. pi. Bottes,
Etre au bloc. Etre consigné. — dans l'argot des marchandes
Signifie aussi Prison. du Temple, qui ont l'air d'avoir
Blockhauss, m. Garni, — lu Rabelais.

dans l'argot des cliiflonniers, qui


s.
Bobine, s. f. Tète, visage, —
parlent allemand sans le savoir. dans l'argot du peuple, qui a con-
staté fréquemment les bobes ou
Blonde, s. f. Maîtresse, — grimaces que les passions fout
dans l'argot des ouvriers. faire à la ligure humaine, d'ail-
Bloquer, v. a. Mettre un sol- leurs terminée cylindriquement.
dat à la salle de police, ce qui — Bobino, s. m. Montre, — dans
est le boucler, vieille forme du l'argot des voleurs.
verbe blouquer. Ils disent aussi Bobuic.
Bloquer, v. a. Abandonner, Bobino. Le théâtre du Luxem-
— dans l'argot des voleurs. bourg. Argot des étudiants.
Bloquer, v. n. Jouer à la On dit aussi Bobinche et Bo-
bloquette, — dans l'argot des en- binski.
fants. Bobo, s. m. Mal, — dans l'ar-
Bloquette, s. f. Jeu de bil- got des enfants.
les, auquel on bloque. // n'y a pas de bobo. Il n'y a

Bloquir, v. a. Vendre des ob- pas de mal, —


dans l'argot des
jets volés, ordinairement en bloc. faubouriens, qui parlent ici au
(V. Abloquir.) figuré.

Blot, Bobosse, s. m. Vieux galau-



s. m. Prix d'une
chose,
dans l'argot des faubouriens.
tin, — dans l'argot des bourgeois.
C'est mua blot! Gela me con- Bobosse. Fille
s. f. ou femme
vient. affligée d'une gibbosité. Argot des
Blouse ([,a). Le peuple, — faubouriens.
dans l'argot dédaigneux des gan- Boc, s. m. Apocope de Bocard,

dins. — dans l'argot des troupiers.


Blouser (Se), v. véfl. Faire Bocal, s. m. Carreau de vitre,
un pas de clerc, une sottise se
dans l'argot des faubouriens.
tromper, —
dans l'argot du peu-
;
Bocal, s. m. Estomac.
ple, qui a voulu faire une allusion Se garnir le bocal. Manger.
à la blouse du billard. Bocal, m. Logement.
s.
Blousier, s. m. Voyou, por- Bocard, s. m. Mauvais lieu
teur de blouse, — dans l'argot des habité par des femmes de mau-
gens de lettres. vaise vie. Argot des soldats.
Bobêchou, s. m. La tète, — Bocari, n. de 1. Beaucaire,
dans l'argot du peuple, par allu- — dans l'argot des voleurs, qui
BOH BOI

cultivent l'anagramme par à peu à l'hôpital comme phthisique, ou


près. en prison comme escroc.
Ce mot et le précédent sont
Roche, s. m. Mauvais sujet,
—comme la misère et le
— dans l'argot des petites dames,
vieux,
vagabondage. Ce n'est pas à Saint-
qui le préfèrent au muche (V. ce
Simon seulement qu'ils remon-
dernier mot.)
tent, puisque avant le filleul de
ISock, s. m. Chope de bière, Louis XIV, madame de Sévigné
— dans l'argot des garçons de s'en était déjà servie. Mais ils
café. avaient disparu de la littérature :

Bocotter, Murmurer, c'est Balzac qui les a ressuscites,

marmotter
v. n.
entre ses dents ; re- et après Balzac, Henri Murger —
chigner, — dans l'argot du peuple. dont ils ont fait la réputation.

Bœuf, s. m. Second ouvrier, Boire du lait, v. a. Avoir

celui à qui l'on fait faire la be- un joli succès, — dans l'argot des
sogne la plus ennuyeuse. Argot comédiens, assez chats.
des cordonniers. Itoire une goutte, v. a. Etre
Bœuf, adj. Énorme, extraor- sifflé. — dansle même argot.
dinaire, — dans l'argot des fau-
Payer une goutte. Siffler.

bouriens. Bois pourri, s. m. Amadou,


Avoir un aplomb bœuf. Avoir dans l'argot des voyous.
beaucoup d'aplomb. Boisseau, s. m. Schako, —
Bog^ue, s. f. Montre, — dans dans l'argot des vieux troupiers.
l'argot des voleurs. Boisson, s. f. Le vin, dans —
Bogue en jonc. Montre en or. l'argot du peuple, pour qui c'est
Bogue en plaire. Montre en la seule chose potable.
argent. Se livrer à la boisson. Prendre
Bog^uiste, s. m. Horloger. des habitudes d'ivrognerie.

Bohème, s. f. Etat de chry-


Boissonner, v. n. Boire plus
salide, —
dans l'argot des ar- que de raison.
tistes et des gens de lettres ar- Boissonnier, s. m. Ivrogne.
rivés à l'état de papillons Pur- ;
Boîs-tortu, s. m. Vigne, —
gatoire pavé de créanciers, en dans l'argot des voleurs, qui ont
attendant le Paradis de la Ri- emprunté ce mot aux poètes du
chesse et de la Députation ves- ;
xvue siècle.
tibule des honneurs, de la gloire
et du
Botte, s. f. Théâtre de peu
ment
million, sous lequel s'endor-
—souvent pour toujours — d'importance, —
dans l'argot des
comédiens; bureaux de ministère,
une foule de jeunes gens trop pa-
resseux ou trop découragés pour
— dans l'argot de5 employés
enfoncer la porte du temple.
bureau de journal, —
dans l'argot
;

des gens de lettres.


Bohème, s. m. Paresseux qui Botte à cornes, s. f. Cha-
use ses manches, son temps et
son esprit sur les tables des cafés
peau, coiffure quelconque, — dans
l'argot des faultourieus.
littéraires et des parlottes artis-
tiques, en croyant à l'éternité de Botte au lait, s. f. La gorge,
la jeunesse, de la beauté et du — dans l'argot du peuple, qui se
crédit, et qui se réveille un matin souvient de sa nourrice.
BON BON 43

Boite à dominosi s. f. Cer- Bon cheTal de trompette,


cueil, — daas l'argot des faubou- s. m. Homme qui ne s'effraye
riens. pas aisément, — dans l'argot du
Boîte à surprises, s. f. La peuple.
tête d'un homme de lettres. Ar- Bon Dieu, s. m. Sabre, —
got des voleurs. dans l'argot des fantassins.
Boite au sel, s. f. La tète, Bondy-sous-Merde, n. d. 1.
siège de l'esprit. Argot des fau- Le village de Bondy, où est au-
bouriens. jourd'hui le dépotoir. Argot des
Avoir lin moustique dans la faubouriens.
boite au sel. Etre un peu fou, un Autrefois on disait Pantin-sur-
peu maniaque. Merde.
Boite aux cailloux, s. f. Bonhomme, s. m. Saint, —
Prison, Même argot. dans l'argot des voleurs et du
Boîte de Pandore, s. f.
peuple.
Boîte dans laquelle les voleurs Bonicard, s. m. "N'ieil hom-
renferment la cire à prendre les me, — dans l'argot des voleurs.
empreintes, —
et de laquelle sor- Bonicarde. "S'ieille femme.
tent tous les >nots qu'ils ont avec Boniface, s. m. Homme sim-
la justice. ple et même niais, — dans l'argot
. Boiter des chasses, v. n. du peuple, auprès de qui la bonté
Etre borgne ou être affecté de n'a jamais été une recommanda-
strabisme, —
dans l'argot des vo- tion.
leurs, qui se sont rencontrés ici Bonifacement, adv. Simple-
dans la même image avec l'écri- ment, à la bonne franquette.
vain qui a dit le premier, à pro-
pos d'Esope, quil louchait de
Boniment, s. m. Discours
par lequel vm charlatan annonce
l'épaule.
airs badauds sa marchandise,
Bolivar, s. m. Chapeau, — qu'il donne naturellement comme
dans l'argot du peuple, qui ignore bonne; Parade de pitre devant
peut-être que c'est le nom de une baraque de « phénomènes ».
l'émancipateur des colonies espa- Par analogie, manœuvres pour
gnoles, et qui le donne indistinc- tromper.
tement à tout couvre-chef, de
feutre ou de paille, rond ou pointu,
Bouir, V. n. Se taire, dans —
l'argot des marbriers de cimetière.
parce que c'est une habitude pour
lui depuis la Restauration. Bonir, v. a. Dire, parler,

Bombé,
— dans l'argot des voleurs.
adj . et s. Bossu.
Bonisseur, s. m. Celui qui
Bon, s. m. Homme sur lequel boniment. Argot
fait l'annonce, le
on peut compter, —
dans l'argot des saltimbanques.
du peuple, à qui l'adjectif ne suf-
fisait pas, paraît-il.
Bonjour (Vol au), s. m. Es-
pèce de vol que son nom désigne
Bonbonnière à filous, s. f. clairement. Le chevalier d'indus-
Omnibus, —
dans l'argot des trie dont c'est la spécialité monte
voyous, qui savent mieux que pei'- de bonne heure dans un hôtel
sonne avec quelle facilité on peut garni, où on laisse volontiers les
barboter dans ces voitures publi- clés sur les portes, frappe au ha-
ques. sard à l'une de celles-ci, entre s'il
,

44 BON BOR

n'entend pas de réponse, et, pro- dans les fêtes des environs de Pa-
fitant du sommeil du locataire, ris, tient des jeux de cartes où
'
fait main basse sur tout ce qui l'on ne gagne jamais.
est à sa portée, —
quitte à lui Bonnetier, s. m. Homme
dire, s'il se réveille : « Bonjour, vulgaire, ridicule, —
dans l'argot
Monsieur ; est-ce ici que deineure des gens de lettres, qui mépri-
M. *" ? » sent les commerçants autant que
Ilonjourier, s. m. Voleur au les commerçants 'les méprisent.
Bonjour. Bonnet jaune, s. m. Pièce
On dit aussi : Chevalier çirim-
— par allusion aux escaliei's de vingt francs, — dans l'argot
jjunt, des filles.
que ce malfaiteur doit grimper.
Bon nez, s. m. Homme lin,
Bonjour maître, quel luc- qui devine ce qu'on veut lui ca-
tier Teux-tu être? Jeu d'en- cher, au figuré, ou qui, au pro-
fants qui consiste à interroger pre, devine qu'un excellent dîner
sur l'état qu'on voudrait Lien em- se prépare dans une maison, où
brasser on perd toutes les fois
; il s'empresse d'aller — quoique
qu'on en indique un déjà indiqué non invité.
par le joueur. Je voudrais bien C'est Volf'acit sagacissime de
me rappeler ceux que je choisis- Mathurin Cordier.
sais alors de préférence, pro- — Bonniclion, s. m. Petit bon-
bablement celui de rentier...
net d'ouvrière, — dans l'argot du
Bon motif,
s. m. Mariage, peuple.
— dans l'argot des bourgeois.
Bono, adj. Bon, passable, —
Bouue, s. f. Chose amusante dans l'argot des fau])Ouriens qui
ou étonnante, bonae à noter. ont servi dans l'armée d'Afrique.
En dire de bonnes. Raconter
des histoires folichonnes. Bon pied « Cela compte, »
!

En faire de bonnes. Jouer des — dans l'argot des enfants, lors-


tours excessifs. qu'en jouant, une de leurs billes
rencontre un obstacle imprévu.
Bonne amie, s. f. Maîtresse, Mauvais pied! « Cela ne compte
— dans l'argot des ouvriers.
pas. »
Une expression charmante
presque aussi jolie que le sweel- Bon pour cadet ! Se dit

lieart des ouvriers anglais, et qu'on d'une lettre désagréable ou d'un


a tort de ridiculiser, journal ennuyeux que l'on met
dans sa poche pour servir de ca-
Bonne-grâee, s. f. Toilette eata charta. C'est l'histoire du
de tailleur. sonnet d'Oronte.
Bonnet (le nuit sans coiffe, Bonshommes, m. pi. Cro-
s. m. Homme mélancolique, — quis, — dans l'argot des
s.
écoliers.
dans l'argot du peuple. Ils disent Bonliovimes.
Bonnet (l'évê(|ue, s. m. Le Bonsliommes. s. m. pi. Nom
trahi de derrière d'une volaille. que, par mépris, les filles donnent
Argot des bourgeois. à leurs amants, et les gens de
Bonnet d'évêque, Pe- s. m. lettres à leurs rivaux.
tite loge du cintre. Argot des cou- Bordeaux, s. m. Cigare de
lisses.
cinq centimes.
Uonneteur, s. m. Filou qui. Ou dit aussi Petit Bordeaux.
BOS BOU 45

Bordée, s. f. Débauche de ca- Se donner une bosse de rire.

baret, —dans l'argot des ouvriers, Rire à ventre déboutonné.


qui se souviennent d'avoir été sol- Bossoirs, s. m. pi. La gorge
dats de marine. d'une femme, — dans l'argot des
Courir iirtp bordée. S'absenter marins.
de l'atelier sans permission. Botter, V. a. Plaire, agréer,
Tirer une bordée. Se débaucher.
— convenir, — dms l'argot du peu-
Bordel, s. m. Prosfibiilton. ple.
dans l'argot du peuple, qui parle Botter, V. a. Donner im coup
comme Joinville, comme Montai-
de pied au cul de quelqu'un.
gne, et comme beaucoup d'autres :

Bottes de neuf jours, s. f.

«Miex ne voulsist estrc mesel pi. Bottes percées, — dans l'ar-


Et ladres vivre en iinj bordel got des faubouriens, qui disent
Que mort avoir ne le trespas. » aussi Bottes en gaieté.
dit l'auteur du roman de Flor et Bottier, s. m. Homme qui se
Blanchefleur. plaît àdonner des coups de botte
Bordel, s. m. Petit fagot de aux gens qui ne lui plaisent pas.
deux sous, — dans l'argot des On dit d'un artiste eu ce genre
C'est un joli bottier.
:

charbonniers.
Bordelier, s. et adj. Homme Bouant, s. m. Cochon,— dans
l'argot des voyous, sans doute à
qui se plaît dans le libertinage.
cause de la houe qui sert de bauge
Le mot a plus de cinq cents ans
naturelle au porc.
de noblesse populaire, ainsi que
cela résulte de cette citation du Boubane, s. f. Perruque, —
Roman dp la Rose : dans l'argot des voleurs.
Bouc, s. m. Cocu, dans — le
« Li aultre en seront difaraé, même argot.
Ribaut ei bordelier clamé. »
Boucan, s. m. Vacarme ; rixe
Bor§rne, s. m. Le derrière de de cabaret, — dans l'argot du
l'homme et de la femme, dans — peuple.
l'argot des faubouriens. Faire du boucan. Faire du scan-
Borsrner, Regarder,
v. a. — dale, —ce que les Italiens appel-
dans l'argot des marbriers de ci- lent far bordello.
metièi'e, qui clignent un œil pour
Donner un boucan. Battre ou
mieux voir de l'autre. réprimander quelqu'un.
Borgpnesse. Femme bor- Boucanade, s. f. Corruption
gne, —
s. f.

dans l'argot du peuple. d'im témoin, —


dans l'argot des
voleurs, qui redoutent le boucan
Bor«^niat, s. m. Homme bor-
de l'audience.
gne.
Coquer la boucanade. Suborner
Boacot, s. m. Bossu. un témoin.
Au féminin, Boscotte.
Boucaner, v. n. Sentir mau-
Bosse, s. f. Excès de plaisir vais, sentir le bouc, dans l'ar- —
ou de débauche. got des ouvriers.
Se donner une bosse. Manger du
avec excès.
Boucaner, v. n. Faire
et boire
bruit, du boucan.
Se faire des bosses. S'amuser
énormément. Boucaneur, s. et adj. Qui se
.

46 BOU BOU

débauche et liante les mauvais Bouclé (Etre), v. pron. Être


lieux. emprisonné
Boucanière, s. f. Femme Boucler, v. a. Fermer, —
légère, qui vitvolontiers
plus même argot.
dans les lieux où l'on fait du bou- Boucler la lourde. Fermer la
can que daus ceux où Ton fait sou porte.
salut. Boucle zoze, s. m. Pain bis.
Boucartl, s. m. Boutique, — Même argot.
dans l'argot des voleurs. Bouder, v. a. Avoir peur, re-
On dit aussi Boutogue. culer, — dans l'argot du peuple.
Boucardier, s. m. Voleur Bouder aux dominos, v. n.
qui dévalise les boutiques. avoir des dents de moins, — dans
Boucher, s. m. Médecin, — l'argot des faubouriens.
daus l'argot des voleurs, très pe- Boudin, s. m. Verrou, — dans
tites maîtresses lorsqu'il s'agit de l'argot des voleurs.
la moindre opération chirurgicale.
Boudiner, v. n. Dessiner ou
Boucliers fie CaTai^nae, peindre les extrémités un peu mol-
S. m. pi. Nom donné par le peu- lement, sans accuser comme il faut
ple, en 1848, aux enrôlés volon- les lignes brisées qu'elles présen-
taires de la garde mobile, ses fils, tent, ce qui les fait ressembler
pour avoir trop cruellement fait plus à des boudins qu'à des jam-
leur devoir contre lui. Ils l'ont bes ou à des bras. Argot des ar-
conservé depuis cette époque, et le tistes.
conserveront probablement long-
Boudins, s. m. pi. Mains
temps encore.
trop grasses, aux doigts ronds,
C'est rme expression de la même
sans nodosités. Argot du peuple.
famille que les aumônie)-s de
M. de Senlis, —
vous savez, les Boue, s. m., ou Bouée, s. f.

grands chiens courants de l'évè- Trou, — daus le même argot.


que de Seulis, dont parle M™" de un mot emprunté au pa-
C'est
Sévigné dans une de ses lettres ? tois manceau.
Boucher un trou, v. a.
Boue jaune, s. f. Lor, —
Payer une dette, — dans l'argot dans lequel pataugent si gaie-
ment tant de consciences, heureu-
des bourgeois.
ses de se crotter.
Bouchou, s. m. Acabit, genre, L'expression est de Mirabeau.
— dans l'argot du peuple.
Ett^e d'un bon bouchon. Etre Boueux, s. m. Celui qui ra-
singulier, plaisant, cocasse. masse boue des rues de Paris
la
et la jette dans un tombereau.
Bouchon, s. m. Cabaret. —
On sait que les cabarets de cam- BoufTard, s. m. Fumeur,
pagne, quelques-uns aassi à
et
dans l'argot du peuple, qui a re-
Paris, sont ornés d'un rameau de marqué, "sans doute, qu'en fu-
verdure, —
boscus. mant on enfle ou bouffe les joues.
Bouchon, s. m. Bourse, — Bouffarde, s. f. Pipe.
dont les
dfins l'argot des voleurs, Bouffarder, V. n. Fumer.
ancêtres prononçaient hourçon. Bouffardière, s. f. Estami-
Bouclag:e, s. m. Liens, me- net, et, par extension. Cheminée.
nottes. Même argot. Argot des voleurs.
BOU BOU 47

Bouffe-la-BalIe, s. m. Gour- je ne sais pas pourquoi par


mand, goinfre, —
dans l'argot du exemple, puisque c'est une ono-
peuple. matopée. Bouig-bouig serait plus
Se dit aussi d'un Homme dont exact, alors.
le visage est un peu soufflé. Ensecreter un bouiboui. Atta-
Bouffer (Se). Se battre, — cher tous les fils qui doivent ser-
dans l'argot des faiiiouriens. vir à faire mouvoir une marion-
On dit aussi Se bouffer le nez. nette.

Bouffer, v, n. Manger, — Bouiboui, s. m. Petit théâtre,


dans l'argot du peuple, qui aime — dans l'argot des comédiens.
les mots qui font image. Endroit mal famé, dans l'argot —
Bouffeter, des bohèmes.
v. n. Causer,
ba-
varder. Argot des faubouriens. Bouif, s. et adj. Vaniteux,
Boujo-îe, s. f. Canne d'aveugle, homme qui fait sa tête, —
dans
l'argot des faubouriens.
parce qu'elle sert à Védairer.
Même argot. Bouif, s. m. Mauvais ou-
Boug^ie grasse, s. f. Chan- vrier, — dans l'argot des cordon-
niers
delle. Même argot.
.

Se dit, par extension, d'un


Boug^on, s. Bourru,
et adj. mauvais acteur, d'un mauvais
grondeur, —
dans l'argot du peu- peintre,d'un faux élégant, dim
ple, qui pourtant ne sait pas que faux bonhomme, etc.
les abeilles
s'appellent biigones,
par onomatopée sans doute. Bouillabaisse, s. f. Confu-
sion de choses ou de gens. Argot
On dit aussi Boiigonneur..
des coulisses et des gens de
Boiig-ouuer, v. a. et n. Gron- lettres.
der sans cesse et sans motif. Faire de la bouillabaisse. Ar-
Bougre, s. m. Homme ro- ranger confusément des choses ou
buste, de bons poings et de grand des idées.
cœur, —
dans l'argot du peuple, Bonillaute, s. f. Soupe, —
qui ne donne pas à ce mot le dans l'argot des soldats.
sens obscène qu'il a eu pendant
un long temps. Bouillie pour les chats, s.
Bon bougre. Bon camarade, f. Affaire avortée, chose mal
loyal ami. réussie. Argot des bourgeois.
Bougre à poils. Homme à qui Faire de la bouillie pour les
la peur est inconnue. chats. Travailler sans profit pour
Mauvais bougre. Homme diffi- soi ni pour persoune.
cile à vivre. Bouillon, s. m. Mauvaise
Bougrement, adv. Extrême- affaire, opération désastreuse.
ment. Même argot.
Bout, s. m. Prostibulwit, — Boire un bouillon. Perdre de
l'argent dans une affaire.
dans l'argot des voyous.
Bouiboui, s. m. Marionnette, Bouillon, s. m. Pluie, —
— dans l'argot des fabricants de dans l'argot du peuple.
Bouillon qui chauffe. Nuage
jouets, qui ont probablement em-
prunté ce mot au cri guttural de qui va crever.
Polichinelle. Bouillon aTeugle, s. m.
On écrit aussi Bouis-bouic, — Bouillon gras qui n'est pas assez
.

48 BOU BOU

gras, dont on ne voit pas les yeux. Boule de Siam, Tète s. f.

Même argot. ridicule, figure ayant


grotesque,
IBouillon de canard, s. m. quelque ressemblance avec le
Eau. disque de liois percé de deux trous
qui sert au jeu de quilles.
Bouillon d'onze heures,
s. m. Breuvage empoisonné. Boule de son, s. f. Pain, —
Prendre un bouillon d'onze dans l'argot des prisons.
heures. Se suicider. Boule de son, s. ï. Figure
ISouillonner, v. n. Perdre marquée de taches de rousseur,
do l'argent dans une affaire, boire — dans l'argot des faubouriens.
un bouillon.
Boulendos, s. m. Bossu, —
Bouillon pointu, s. m. La- dans l'argot des voyous.
vement. Ils disent aussi Bossemar.
Bouillon iiointu, s. m. Bouler, v. n. Aller, rouler,
Coup de baïonnette, — dans l'ar- — dans le même argot.
got des troupiers.
Bouler, v. a. Pousser quel-
Bouillons, s. m. pi. Livres
qu'un brusquement, le secouer
ou journaux invendus. Argot des
brutalement. Argot du peuple.
gens de lettres.
S'emploie aussi, au figuré, pour
Bouîs, s. m. Fouet, — dans gronder, faire d'énergiques re-
l'argot des voleurs. proches.
Bouiser, v. a. Donner le Boule roug^e, s. f. Fille ou
fouet ou du —
selon qu'il
fouet, femme galante qui habite le quar-
s'agit d'un enfant ou d'un cheval tierde la Boule-Rouge, dans le
Boulangée, s. Apocope de
f. faubourg Montmartre.
Boulangerie, — dans l'argot du Comme les mots ne manqueront
peuple. jamais aux hommes pour dési-
Faire dans la boulange. Etre gner les femmes, du moins —
ouvrier boulanger. une certaine classe de femmes, —
ce nom, qui succédait à celui de
Boulang^er des âmes, s.
lorelle et qui date de la même
m. Le diable, — dans l'argot des époque, a été lui-même remplacé
voleurs.
par une foule d'autres, tels que :

Boule, s. f. Foire, —dans le filles de marbre, prc-cate lanières,


même argot. casinettfs, musardines, etc.
Boule, s. f. Tète, — dans l'ar- Boules de loto, s. f. pi. Yeux
got du peuple. gros et saillants, —
dans l'argot
Bonne boule. Physionomie gro- du peuple, qui ne sait pas que
tesque. Junon les avait ainsi, et à qui
Perdre la boule. Ne plus savoir peut-être la chose est parfaitement
ceque l'on fait. indifférente.
Boule de IXeige, s. f. Nègre, Boulet à côtes, s. m. Melon,
— par une antiphrase empruntée — dans l'argot des faubouriens.
à nos voisins d'Outre-Manche, Ils disent aussi Boulet à queue.
qui disent de tout oncle Tom :

Snoiv-ball, — quand ils n'en di- Boulet jaune, s. m. Potiron,


sent pas : lily-white (blanc de — dans l'argot des voyous.
lis). Boulette, s. f. Bévue, erreur
BOU BOU 40

plus ou moins grave. Argot du de lettres. C'est une corruption ou


peuple. une ironie du mot anglais book.
Bouleiise, s. f. Actrice qui Bouquiner, v. n. Faire la
joue tous les rôles, et spéciale- chasse aux livres anciens ou mo-
ment ceux dont ses camarades, dernes.
les chefs d'emploi, ne veulent pas.
Argot des coulisses. Bourbe (La). Nom que le
peuple s'obstine à donner à l'hos-
Bouliner, v. a. Voler, ce — pice de la Maternité de Paris,
qui exige qu'on fasse des boulins malgré l'espèce d'infamie cruelle
(ou trous) aux murs d'une maison qui semble attachée à cette appel-
ou aux volets d'une boutique. lation.
Les escrocs des siècles passés
disaient bouler.
Bourbillons, s. m. pi. Fila-
ments d'encre épaisse qui restent
Bouling'uer, Déchirer,
v. a. dans le bec de la plume. Argot
— dans l'argot des voleurs. des écoliers.
Signifie aussi gouverner, con-
duire, —
dans 1 argot des vaga- Bourbon, s. m. Nez, — dans
bonds, qui savent si mal boulin- l'argot des faubouriens, qui ont
gwr eux-mêmes. voulu consacrer le souvenir du
nez de leurs derniers rois.
Boulinoire, s. f. Vilebre-
quin. Bourdaloue, s. m. Ruban
Bouloter, Assister un cama-
ou ganse tressée spéciale aux
rade, — dans l'argot des voleurs. chapeaux d'homme.

Boulots, s. m. pi. Haricots


Bourdon, s. m. Fille publi-
ronds, — dans l'argot des bour- que dans l'argot des voleurs.
geois. Bourdon, s. m. Mots ou-
Boulotter, V. n. Aller dou-
bliés, — dans l'argot des typo-
cement, faire de petites graphes.
affaires.
Argot du peuple. Bourg^eois, s. m. Expression
Boulotter l'existence, v. de mépris que croyaient avoir in-
a. La mener heureuse et douce. ventée les Romantiques pour dé-
signer un homme vulgaire, sans
BoulTari, s. m. Vacarme, esprit, sans délicatesse et sans
tmnulte excessif. goût, et qui se trouve tout au long
On écrit aussi Boulevari. dans l'Histoire comique de Fran-
Bouquet, s. m. Accident heu- cion : « Alors lui et ses compa-
reux ou malheureux. gnons ouvrirent la bouche quasi
C'est le bouquet! Cela complète tous ensemble pour m'appeler
mon malheur. bourgeois, car c'est l'injure que
Bouquet, s. m. Boni, prime ceste canaille donne à ceux qu'elle
de 25 pour cent accordée à estime niais. »
l'homme de peine qui a voulu Bourg^eois, s. m. Patron, —
s'abstenir; chopin de la première dans l'argot des ouvriers Maître,
affaire. Argot des voleurs. — dans l'argot des domestiques.
;

Bouquet, s. m. Cadeaa, — On dit dans le même sens, au


dans l'argot des voyous. féminin Bourgeoise.
:

Bouquin, s. m. Livre neuf Bouri^eois, s. m. Toute per-


ou vieux, — d.ins l'argot des gens sonne qui monte dans une voiture
50 BOU BOU

de place ou de remise, à quelque — tir,ne plus savoir ce que l'on fait.


classe de la société qu'elle appar- Faire tourner quelqu'un en
tienne. Le cocher ne connaît que bourrique. L'obséder de reproches
deux catégories de citoyens les ou d'exigences ridicules.

:

cochers et ceux qui les payent,


Bourrique à Robespierre,
et ceux qui les payent ne peuvent
s. f.Animal aussi fantastique que
être que des bourgeois.
la bête du Gévaudan, que le peu-
Bourg^eoisade, s. m. Action ple se plaît à mettre à toutes les
mesquine, plate, écœurante, — sauces, sans qu'on sache pour-
dans l'argot des gens de lettres et quoi. Quand il a dit Bête (ou :

des artistes. saoul, ou méchant) comme la


Hourg^eron, s. m. Petite
bourrique à Robespierre, c'est
blouse de toile bleue, dans l'ar- — qu'il n'a pas trouvé de superlatif

got des ouvriers dont, avec la péjoratif plus énergique.


cotte, cela compose le costume de Boursicot, s. m. Porte-
travail. monnaie et l'argent qu'il contient.

Bourg'uig^non, s. m. Le Même argot.


soleil, —
dans l'argot du peuple, Boursicoter, v. n. Econo-
qui croit que cet astre n'a été miser, mettre de l'argent de côté.
créé par Dieu que pour faire Signifie aussi Faire de petites
mûrir les vignes de la Côte-d'Or. opérations de Bourse.
Bourrasque, s. f. Coup de Boursicoteur, s. m. Agent
filet policier, — dans l'argot des d'aff'aires marron.
voleurs. On dit aussi Boursicotier.
Bourre-coquins, s. m. pi. Boursier, s. f. Homme qui
Haricots, — dans l'argot du fait des affaires à la Bourse.
peuple. Boursillonner, v. n. Con-
Bourre-de-soie, s. f. Fille tribuer pour une petite somme à
ou femme entretenue, — dans quelque dépense commune.
l'argot des voyous. Bouscaille^ s. i. Boue. —
Bourrée, s. f. Bousculade dans l'argot des voleurs.
brutale, — dans l'argot du peuple. Bouscailleur* s. m. Ba-
On dit aussi Bourrade. layeur.
Bourriehon, s. m. La tète, Bousiller, v. a. Faire vite et
— dans l'argot des faubouriens, mal, — dans l'argot du peuple,
qui prennent les imbéciles pour qui sait avec quel sans façon et
des huîtres. quelle rapidité les maçons bâtis-
Se monter le (jourrichon. Se sent les maisons des champs,
faire ^^ne idée fausse de la vie, avec du crachat et de la boue, ou
s'exagérer les bonheurs qu'on mieux de la bouse.
doit y rencontrer, et s'exposer Bousilleur, s. m. Ouvrier
ainsi, de cœur, à de
de gaieté qui fait de mauvais ou\Tage, —
cruels mécomptes
et à d'amers parce qu'il le fait trop vite et
désenchantements. sans soin.
Bourrique, s. f. Imbécile, — Bousilleuse, s. f. Femme
dans l'argot du peuple, qui ca- qui gaspille volontiers ses robes
lomnie l'àne. et l'argent qu'elle gagne, — sans
Tourner en Ooiimque. S'abru- rien faire.
BOU BOU 51

Bousin, s. m. Vacarme, scan- Rabelais appelait « le harnois de


dale, — dans l'argot du peuple. gueule ».
Faire du bousin. Faire du ta- Boustifailler^ v. u. Man-
page, du scandale ; se Lattre à ger.
coups de chaises, de tables et de
bouteilles.
Bout coupé, s. m. Cigare de
cinq centimes dont les deux extré-
Bousin, s. m. Maison mal mités sont coupées.
famée ; cabaret borgne. Même Bout de cul, s. m. Petit
argot.
M. Xisard, à propos de ce mot,
homme, — dans l'argot du peu-
ple.
éprouve le besoin de traverser la
Manche chercher bov:- Bontauche, s. f. Boutique,
et d'aller
sing, cabaret à matelots, (l'est, me
— dans l'argot des prisons.
semble-t-il, renverser l'ordre na- Ou dit aussi Boutorjue.

turel des choses, et faire descen- Bouteille, s. f. Nez, — dans


dre François 1°* de Henri II. Boic- l'argot des faubouriens.
sinçj n'est pas le père, mais bien Bouteille, s. f. Latrines, —
le fils de bousin, qui lui-même est dans l'argot des matelots.
né de la bousp ou de la boue.
Pour s'en assurer, il suffit de con- Bouteille à l'encre (C'est

sulter nos vieux écrivains, depuis


la). Se dit, —
dans l'argot des
Régnier jusqu'à Restif de la Bre-
bourgeois, —
de toute affaire em-
brouillée ou de toute personne aux
tonne.
allures ténébreuses.
Boasineur, s. et adj. Ami Bouteiller, v. n. Se dit des
du bruit et du scandale. globules d'air, — des
boideilles,
Bousin^ot, s. m. Etudiant — que forme la pluie dans les
romantique qui portait des gilets ruisseaux lorsqu'elle tombe avec
à la Robespierre et était affilié à ationdance
la Société des Saisons un type :
Bouterne, s. f. Boite carrée
héroïque, quoique im peu théâtral, d'assez grande dimension, garnie
qui a complètement disparu au- de bijoux d'or et d'argent mmié-
jourd'hui. rotés, parmi lesquels il y a l'iné-
Boasin^^otisme, s. m. Doc- vitable « pièce à choisir », qui est
trines et mœurs des bousingots. ordinairement ime montre avec
sa chaîne, « d'une valeur de
Bonssole, s. f. Tète, — dans GOO francs », que la marchande
l'argot da peuple, qui sait aussi reprend pour cette somme lors-
bien que personne que c'est laque qu'on la gagne. Mais on ne la
se trouve l'aiguille aimantée ap-
gagne jamais, parce que les
pelée la Raison.
chances da jeu de la bouterne,
Perdre la boussole. Devenir composé de huit dés, sont trop ha-
fou.
bilement distribuées pour cela :
Boussole de single, s. f. les dés sont pipés !

Fromage de Hollande, dans — Bouternière, s. f. Femme


l'argot des faubouriens qui dupe les simples avec la bou-
Ils disent aussi Boussole de re- terne.
froidi,
Boutique, s. f. Ce que les
Boustifaille, s. f. Vivres, petites filles laissent voir si vo-
nourriture, — en un mot ce que lontiers, — comme dans le ta-
. . .

52 BRA BRA

bleau de l'Innocence. Argot du trouve dans la Chanson de Ro-


peuple. land.
Montrer toute sa boutique. Re- Braise, s. f. Argent mon-
lever trop haut sa robe dans la nayé, —dans l'argot des filles.
rue, ou la décolleter trop bas dans Abouler de la braise. Donner
un salon. de l'argent à une fille pour être
Boutique, s. f. Bureau, — aimé d'elle, ou à un voleur pour
dans l'argot des employés Jour- ;
n'être pas tué par lui
nal, —
dans l'argot des gens de Braiser, V. n. Payer, dépen-
jûf tvpg ^ ser de la braise.
Esprit de boutique. Esprit de On dit aussi BraisiUer.
corps. Braiseurj s. et adj. Homme
Etre de la boutique. Etre de la
riche, ou seulement en train de
maison dépenser de l'argent.
Boutiquer, V. a. Faire à
Brancartl^ s. m. Lorette hors
coutre-cœur ; arranger mal une d'âge, qui conduit les jeunes drô-
chose. Argot du peuple. lesses dans les bons endroits, qui
Bouton, s. m. Passe-partout. les traîne sur la route du vice.
Argot des voleurs. Argot de Breda-Street.
Bouton, s. m. Louis d'or. Brancards, ?. m. pi. Les
Argot des maquignons. jambt'S, —
dans l'argot des fau-
bouriens, qui savent que c'est
Bovarisnie, s. m. Hystérie
avec elles qu'on traîne le corps.
littéraire,réalisme œgypanesque
dans le genre du roman de G. Branche^ s. f. Ami, compa-
Flaubert, madame Bovary L'ex- . gnon, — dans le même argot.
pression a été créée par Barbey Brandilleuse^ f. Son-
s.
d'Aurevilly, à propos de son nette, — dans l'argot des voyous.
étude sur V Antoine Quérard de
Branlantes^ s. f. pi. Dents
Ch. Bataille. des vieillards, — dans le même
Boxon, s. m. Mauvais lieu argot.
habité par de jolies filles, — dans
Branle-bas, s. m. Vacarme,
l'argot des faubouriens. bouleversement déménagement
;

Boyau roug'e, s. m. Bon Argot du peuple.


buveur, — dans l'argot du peu- Faire du branle-bas. Faire du
ple, qui a emprunté cette expres- tapage.
sion à la Bourgogne. Branler ilans le manche,
Brader^ Vendre
v. a. et n. V. n.Se dit d'une chose ou d'une
à vil prix. Argot des marchands personne qu'on est menacé de
de bric-à-brac. perdre,
Braillamle, s. f. Caleçon, Branque, s. m. Ane, —
braies. Argot des voleurs. dans l'argot des voleurs, dont les

m. Mauvais ancêtres, les gueux infirmes,


Braillarel, S.
étaient portés à l'hospice sur im
chanteur. Argot du peuple.
cacolet, qu'ils appelaient bran-
Brailler, v. n. Chanter. card.
Braire, v. n. Pleurer. Braque, s. m. Original,
C'est un vieux mot. On le homme à moitié fou, qui ct)urt de
BRE BRI 53

ci, de là, comme mx chien de pression : Battre la breloque,


chasse, —dans l'argot des bour- pour signifier d'abord, chez les
geois, qui n'aiment pas les excen- soldats « Annoncer à son de
:

triques, et veulent qu'à leur tambour l'heure des repas ; » puis,


exemple on marche à pas comp- au figuré, chez le peuple : « Dé-
tés etdim air compassé. raisonner comme nue pendule dé-
On dit aussi Grand braque, — traquée. »
même à propos d'mi homme de
Brèmes, s. f. pi. Cartes à
taille moyenne.
jouer, —
dans l'argot des voleurs
Bras, adj . m. Grand, — dans et des petites dames.
l'argot des voleurs, qui exagèrent Brème de jiaclin. Carte géogra-
la longueur de la brasse. phique.
Brasset, adj. m. Gros, — MaquiVer les brèmes. Se ser-

homme difficile à embrasser. vir, pour jouer, de cartes biseau-


Brave, s . m. Vieux soldat, — tées.
Brêmier, s. m. Fabricant de
dans l'argot du peuple.
cartes.
Brave, adj. Beau, bien vêtu,
— comme paré pour le combat. Bric-à-brac,
peu de valeur, —
m. Cîioses de
s.
ou d'une valeur
Brave comme un jour de Pâ-
ques. Richement habillé.
énorme, selon le monde où on em-
ploie ce mot : Vieilles ferrailles
Breda-street, s. m. Cy- ici, vieux Sèvres là.
thère parisienne, qui comprend
non seulement la rue Bréda, mais Bric-à-brac, s. m. Reven-
deur, petit marchand de débris,
tontes les rues avoisinantes, où
de b/ic-n-brar.
s'est agglomérée depuis une ving-
taine d'années une population fé- Bricabracolo^ie , s. f.
minine dont les mœurs laissent à Science, métier du bric-à-brac,
désirer, —mais ne laissent pas des bibelots de luxe.
longtemps désirer. Mœurs à part, Le mot est de Balzac.
langage spécial formé, comme
l'airain de Corinthe, de tous les
Bricard, s. m. Escalier, —
dans l'argot des voyous.
argots parisiens qui sont venus se
fondre et se transformer dans Bricole, s. f. Mauvaise af-
cette fournaise amoureuse. Nous faire, d'un produit
affaire mé-
en retrouverons çà et là des échan- diocre. Argot du peuple.
tillons intéressants. Bricoler, v. a. Faire une
Brédi-bréda, loc. adv. Pré- chose à la hâte et sans goût.
cipitamment, avec confusion, — Signifie aussi Faire des choses
dans l'argot du peuple. que pourraient réprouver la con-
On dit quelquefois Bi-édi-brêda science et la morale. Dans ce sens,
taribara. il a pour parrain Saint-Simon.

Bredoche, s. f. Liard, — Bricoleur, s. m. Homme


dans l'argot des voyous. bon à tout faire, les bons comme
Ils disent aussi brobèche et les mauvais métiers, les mau- —
troque. vais surtout.
Breloque, s. 1. Pendule, — On dit aussi Bricolier.
dans l'argot des faubouriens. Bricul, s. m. Officier de paix,
D'où est sans doute venue l'ex- — dans l'argot des voleurs.
54 BRI BRO

Bride, s. f. Chaîne de montre, instrument de délivrance aux in-


— dans le même argot. vestigations les plus minutieuses
Brider, v. a. Fermer, — des geôliers? C'est ce qu'il faut
dans le même argot. demander à M. le docteur Am-
Brider la lourde. Fermer la broise Tardieu, qui a fait une
porte. étude spéciale des maladies de la
gaine naturelle de cet étui.
Brides à Teaux, s. f. pi.
Raisons plus spécieuses que so- Brindezing'ues (Être dans
lides, dont se contentent les sots. les). Etre complètement ivre. Ar-
Argot du peuple. got des faubouriens.
Briffer, v. n. Manger, — Bring'ue, s.

f. Femme mai-
dans l'argot du peuple, qui se gre, déhanchée, dansle même
souvient de la vieille et Lonne argot.
langue. Ou dit aussi Grande bringue.
« le bon appétit! voyez Brio, s. m. Vivacité, verve,
comme il briffe! » dit Noël Du entrain, — dans l'argot des gens
Fail en ses Propos rustiques. de lettres, qui ont emprunté ce
Brig-ante, s. f. Perruque, — mot aux Italiens.
dans l'argot des voleurs. On met ce mot à toutes les

Brig'eants, s. m. pi. Che- sauces, — si bien que j'ai entendu

veux, — dans le même argot.


dire «: Ce vin a du brio » !

On Brigands,
dit aussi à — Brioche, s. f. Grosse bévue,
cause de la physiononaie rébarba- faute grossière, — dans l'argot
tive que vous donnent des che- des bourgeois.
veux ébouriffés.
Briolet, m. Petit vin su-
Bri^eton, Pain, s. m. — ret, — dans
s.
l'argot du peuple,
dans l'argot des faubouriens. que ce vin rend ebriolus tout
Brimade, s. f. Mauvaise comme si c'était du bourgogne.
plaisanterie, —
dans l'argot des Briquemoii, s. m. Briquet,
troupiers qui se plaisent à jouer — dans l'argot des voleurs.
des tours aux conscrits. Signifie aussi Sabre de cava-
Brimar, s. m. Briseur, — lerie.
dans l'argot des voleurs. Briser (Se la). Se retirer
Briui4>r, v. a. Faire subir à d'un lieu quelconque, qu'on s'y
un conscrit des épreuves désagréa- trouve mal ou bien. Argot des
bles, —
qu'il peut toujours s'épar- faubouriens.
gner en n'épargnant pas le vin à Briseur, s. m. Variété d'es-
ses camarades. crocs dont parle Vidocq.
Brindezinjs^ue, s. m. Etui Brisque, s. f. Année,— dans
en fer-blanc, d'un diamètre peu l'argot des voleurs.
considérable et de douze à quinze Brobuante, s. f. Bague, —
centimètres de longueur dans ,
le même argot.
dans
lequel les voleurs renferment une
lame d'acier purifié taillée en Brocante, Chose de peu
s. f .

scie, et cà trois compartiments, de valeur, — dans l'argot du


qui leur sert à coujicr les plus peuple.
forts barreaux de prison. Com- Brocanter, v. a. et n. Ache-
ment arrivent-ils à soustraire cet ter et vendre toutes sortes do
BRO BRU 55

choses, des tableaux et des fem- faire battre, — au propre et au


mes, son talent et sa conscience. figuré
Argot des gens de lettres. Brosser le Tentre (Se), v.
Broche, s. f. Billet à ordre réfl. Se passer de manger, se cou-
d'une petite somme. Argot des cher sans souper.
commerçants. Brouée, s. f. Coups donnés
Broches, s. f. pi. Dents. Ar- ou reçus, — dans l'argot des fau-
bouriens, qui parfois se décousent
got des voyous.
ainsi les brouailles.
Brochure, s, f. Pièce de
Brouillards (Être dans les).
théâtre imprimée, dans l'argot — ^

Être gris à n'y voir plus clair


des coulisses. Fùt-elle reliée par pour se conduire.
Cape, par Lortic, ou par Nié-
drée, c'est toujours « la bro-
Brouillé avec la monnaie,
chure ». s. et adj. Pauvre, ruiné, dans —
l'argot du peuple.
Brodancher, v. a. Écrire,
On disait autrefois Brouillé
— dans l'argot des voleurs. avec les espèces.
On dit aussi Broder.
Broussailles (Être dans les).
Brodancheur à la pla- Etre en état d'ivresse, à en per-
que, s. m. Notaire, — à cause dre sou chemin et à donner du
de son écusson. nez contre les haies, au lieu de
Brodeur, s. m. Écrivain pu- suivre le pavé du roi.
blic — ou particulier. Broute, s. m. Pain,— dans
Brodeuse, s. f. Individu ap- l'argot des faubouriens.
partenant aa troisième sexe. Même Ne serait-ce pas par hasard ime
argot. corruption du Biocl allemand ?
Broquille, s. f. Rien, chose Brouter, v. a. Manger.
de peu de valeur. Argot des ca- Broutcur sombre, s. m.

botins. Homme mélancolique, qui mange


Ne s'emploie ordinairement que tout seul.
dans cette phrase iYe pas dire :
Broyeur de noir en cham-
une broquille, pour Ne pas sa- :
bre, s. m. Ecrivain mélancoli-
voir un mot de son rôle. que personne qui se suicide à
Broquille, s. f. Minute, — ;

domicile.
qui est un rien de temps. Argot Brug^e, s. m. Serrurier, —
des voleurs dans l'argot des voleurs.
Broquille, s. f. Bagae, — Brug^erie, s. f. Serrurerie,
dans le même
argot. parce que ronge vite
cela se
Signifie aussi Boucle d'oreille. (ppuyi))), dirait M. Lorédan Lar-
Brossée, s. f. Coups donnés chey dans son ardeur d'étymolo-
ou reçus, — dans l'argot du peu- giste.
ple. Brûlag^e, s. m. Déconfiture
Brosser, v. a. Donner des générale de l'homme brûlé.
coups. L'expression appartient à Bal-
Signifie aussi Gagner \me partie zac.
de billard. Brûlant, adj. Délicat, sca-
Se faire brosser, v. réfl. Se breux, difficile.
56 BRU BUQ

Actualité brûlante. Actualité on Brûler les planches, v. a.


ne peut plus actuelle, pour ainsi Avoir l'habitude de la scène, jouer
dire. un rôle avec aplomb. Argot des
Brûlé (Etre). N'inspirer plus coulisses.
aucune confiance dans les en- Brûler sa chandelle par
droits où l'on était bien reçu, où les deux bouts, v. a. Faire
l'on avait crédit sur sa miné. Ar-
got des bohèmes et des escrocs.
des dépenses extravagantes, —
dans l'argot des bourgeois.
Brûlé (Etre). Etre déjoué par
Brûlot,
la police, —dans l'argot des vo-
l'eau-de-vie.
s. m. Petit punch à
leurs.
Brûlée^ s. f. Coups donnés
Brutal, s. m. Canon, — dans
ou reçus, — dans l'argot du peu-
l'argot
fois
du peuple, qui a quelque-
à se plaindre de cet ultima
ple.
ratio regum.
Foutre une brûlée. Battre les
ennemis, —
dans l'argot des trou- Brutus, s. m. La Bretagne,
piers. — dans l'argot des voleurs, qui
Recevoir une brûlée. Être battu ont probablement constaté l'état
par eux. sauvage, brut, des Bretons.
Brûle-gueule, s. m. Pipe
— Bu, adj. Ivre, — dans l'argot
très courte et très culottée, du peuple.
dans l'argot du peuple et des ar- Bûche, s. f. Bois à graver,
tistes.
— dans l'argot des graveurs.
Brûler, v. n. Approcher du —
but, être sur le point de découvrir
Mûche, s. f. Pièce à faire,
une chose, —
dans l'argot des
dans l'argot des tailleurs.
enfants et des grandes personnes, Bûche, s. f. Imbécile, — dans
qui devinent, les uns, qui savent, l'argot du peuple.
les autres, à quoi on s'expose en Bûche plombante, s. f.
s'approchant du feu. Allumette chimique, dans l'argot
Brûler, v. a. Dépasser une des voleurs.
voiture, —
dans l'argot des co- Bûcher, v. n. Travailler avec
chers, qui se plaisent à ce jeu
énergie, avec assiduité. Argot du
dangereux, malgré les conseils de peuple.
la prudence et les règlements de
la police. Bûcher, v. a. Frapper, bat-
Brûler à la rampe (Se).
tre, — dans le même
argot.
Se bûcher. Echanger des coups.
Jouer pour soi sans se préoccuper
de la pièce. Argot des coulisses. Bûcherie, s. f. Rixe popu-
laire,souvent sanglante, quoique
Brûler du sucre, v. a. Re-
cevoir des applaudissements, — à coups de pied et de poing seu-
lement.
dans le même argot.
Brûler la politesse^ Bûcheur, s. m. Piocheur.
v. a.
Disparaître sans avertir, — dans Bull-Park. Le jardin Bul-
l'argot des bourgeois. lier, — dans l'argot des étudiants.
Brûler le pégriot,
v. a. Buquer. v. n. Voler dans les
Faire disparaître les traces d'un boutiques sous prétexte d'y de-
vol. Argot des prisons. mander de la monnaie.
BUT BYR 57

Burelin, s. m. Bureau, — — qui tue ceux qui ont tué, et


dans l'argot des voyous. bute ceux qui ont buté.
Burettes, s. f. pi. Paire de Butre, s. 1. Plat, — dans l'ar-
pistolets, —dans l'argot des fau- got des voleurs.
bouriens. Buvailler, v. a. Boire peu,
Busard, Niais ; homme
s. f . ou à petits coups. Argot du peu-
incapable, paresseux, impropre ple.
à quoi que ce soit. Argot du peu- Buvailleur, s. m. Homme
ple. qui ne sait pas boire.
On dit aussi Buse et Bnson.
Buvette, s. f. Endroit du mur
Busting'ue, Garni où cou-
s. f.
du cimetière par où p;issent les
chent les bateleurs, les Savoyards, marbriers pour aller chercher des
les montreurs de curiosités. Argot liquides prohibés à la douane du
des voleurs. gd/fe en chef.
Bute, s. f. L'échafaud que doi- Byronien, adj. et s. Homme
vent gravir ceux qui ont buté fatal, stylemélancolique, — dans
quelqu'un. Même argot. l'argot des gens de lettres.
Buter, V. a. Assassiner, — Byronisme, s. m. Maladie
dans l'argot des voleurs, qui ont morale, à la m^de il
littéraire et
im salutaire effroi de la bute. y a quarante ans, aujourd'hui
Buteur, s. m. Le bourreau. presque disparue.
Ça (Être). Être parfait, comme Cabo, s. m. Chien, — dans
il faut que ce soit, —
dans l'argot l'argot du peuple, qui a contracté
du peuple. le vieux mot Clabaud.
On dit aussi Cube.
Cab, s. m. Apocope de Cabo- — dans
tin, — dans l'argot des faubou-
Cabocke, s. f. Tète,
l'argot du peuple, qui s'éloigne
riens.
bien du xscpaXr] grec et du caput
On dit aussi Cabot.
latin, mais ne s'éloigne pas du
Cab, s. m. Cabriolet d'impor- « D'autant
tout de la tradition :

tation anglaise, dont le cocher se qu'il n'avoit pas beaucoup de cer-


place derrière au lieu de se tenir velle en sa caboche, » disent les
devaat. Nuits de Straparole.
Cabaret borgne, s. m. Mau-
vais lieu, cabaret de mauvaise (( Biau sire laissiés me caboche,
char Dieu, c'est villenie »
mine. Par la !

Cabas, m. Vieux chapeau


s.
dans — disent les poésies d'Eustache Des-
d'homme ou de femme, champs.
l'argot des bourgeois.
On dit aussi Cabosse.
Cabasser, V. n. Bavarder, —
Cabochon, s. m. Coup reçu
dans l'argot du peuple. sur la tète, ou sur toute autre
Signifie aussi Tromper, et même
partie du corps.
Voler.
Cabotin, s. m. Mauvais ac-
Cabasseur, s. m. Faiseur de
teur, — le Raphi du Théâtre,
cancans. comme le Rapin est le Cabotin de
Signifie aussi Voleur.
la Peinture.
Cabermon, Cabaret,
s. f.
— Cabotinag^e, s m. Le stage
dans l'argot des voleurs. de comédien, qui doit commencer
Cabestan, s. m. Officier de par être sifflé sur les théâtres de
paix, — dans le même argot. toutes les villes de France, avant

Cabillot, s. m. Soldat, — dans d'être applaudi à Paris.

l'eirgot des marins. Cabotine, s. f. Drôlesse qui


60 GAG CAD

fait les planches au lieu de faire — dans l'argot ironique des fau-
le trottoir. bouriens.
Cabotiner, v. n. Aller de Donner un coup de cachemire
théâtre en théâtre et n'être engagé sur une table. L'essuyer.
nulle part. Cachemire d'osier, s. m.
Caboulot, s. m. Boutique de Hotte, — dans l'argot des chiffon-
niers.
liquoriste tenue par de belles filles
Ils disent aussi Cabriolet, et
bien habillées, qui n'ont pour uni-
deux sous du Carquois d'osier.
que profit que les
garçon. Cache-misère, s. m. Vête-
Le mot a une vingtaine d'an- ment ample, boutonné jusqu'au
nées. Au début, il a servi d'en- menton et dissimulant tant bien
seigne à un petit cabaret modeste que mal l'absence de la chemise.
du boulevard Montparnasse, puis Argot du peuple.
il a été jeté un jour, par fantaisie, Cachemite, s. f. Cachot, —
dans la circulation, appliqué à dans l'argot des voleurs.
toutes sortes de petits endroits à Cacher, v. a. et n. Manger,
jeunes filles et à jeuues gens, et dans l'argot des faubouriens.
il a fait son chemin.
Cachet de la R(*publique,
Cabrer (Se), v.réfl. Se fâcher, s.m. Coup de talon de botte sur
— dans l'argot des bourgeois. Argot des voyous.
la figure.

Cabriolet, s. m. Petit instru- Cachet fie H. le llaire, s.


ment fort ingénieux que les agents m. Tache breneuse à la chemise.
de police emploient pour mettre Argot du peuple.
les malfaiteurs qu'ils arrêtent Cachotterie, s. f. Mystère
hors d'état de se servir de leurs fait à propos de choses qui n'en
mains. valent pas la peine. Même argot.
Cabrion, s. m. Rapin, loustic, Cachottier, s. m. Homme
mauvais farceur, —
dans l'argot sournois, mystérieux, qui ne confie
des gens de lettres, qui se sou- rien à personne.
viennent du roman d'Eugène Sue Cadavre, s. m. Synonyme de
{Les Mystères de Paris). Corps. Même argot.
Caca, s. m. Évacuation al- Se mettre quelque chose dans le
vine, dans des enfants
l'argot cadavre. Manger.
Vilenie, —dans l'argot des
;

Cadavre, s. m. Secret qu'on


grandes personnes qui connais- a intérêt à cacher, faute ou —
sent le verbe Cacare. crime, faiblesse ou malhonnêteté.
Faire caca, Ire ad latrinas. Argot des gens de lettres.
Cacade, s. f. Reculade, fuite Savoir oit est le cadavre de quel-
honteuse, —
dans l'argot du peu-
qu'un. Connaître son secret, sa-
voir quel est son vice dominant,
ple, qui a eu l'honneur de prêter
ce mot à Voltaire. son faible.

Cache,
Cadenue, s. f. Chaîn^^ de
se cache.
s. f. Endroit où l'on
Argot des enfants.
cou, —
dans l'argot des voleurs,
dont les pères ont jadis fait par-
Jouer il cuclœ-cache. Jouer à se tie de la Grande Cadcnne qui
cacher. allait de Paris à Toulon ou à
Cachemire, s. m. Torchon, Brest.
GAG GAI 61

Cadet, s. m. Outil pour forcer Cag^e, Atelier de compo-


s. f.

les portes. Même argot. sition, — dans l'argot des typa-


Cadet, s. m. Les parties bas- graphes
Ils disent aussi Galerie.
ses de rhomme, « la cible aux
coups de pied ». Argot du peuple. Cai^^etou, s. m. Hanneton, —
Baiser Cadet. FaiVe des actions dans l'argot des voleurs, qui sa-
viles, mesquines, plates. vent qu'il est impossible de met-
Faubouriens et commères di- tre ce scarabée en cage, et qui
sent fréquemment, pour témoi- voudraient bien jouir "du même
gner leur mépris à quelqu'un ou privilège.
pour clore une discussion qui Cag-ne, s. f. et m. Personne
leur déplaît : « Tiens, baise Ca- paresseuse comme ime chienne,
det » ! — dans l'argot du peuple.
Cadet, s. m. Synonyme de C'est aussi nom ledonne qu'il
Quidam, ou de Particulier. au cheval, — pour les mêmes
Tu es un beau cadet ! Phrase raisons.
ironique qu'on adresse à celui qui Cagnotte, s. f. Rétribution
vient de faire preuve de mala- tacitement convenue qu'on place
dresse ou de bêtise. sous le chandelier de la demoi-
Cadet de haut appétit, s. selle de la maison. Argot des
m. Grand mangeur. joueurs du demi-monde.
Cadet de mes soucis (C'est Cagou, s. m. Volear solitaire,

le). Phrase de l'argot du peuple, — dans l'argot des voleurs.


qui signifie : Je ne m'inquiète Cahin-caha, adv. Avec peine,
pas de cela, je m'en moque. de mauvaise grâce, dans l'ar- —
Cadichon, s. m. Montre, — got du peuple, fidèle à l'étymo-
dans l'argot des voleurs. logie qua hinc, qua hac.
:

Cadran, s. m. Le derrière de Caillasse, s. f. Cailloux, —


l'homme, — dans l'argot des dans le même argot.
voyous. Caillé, s. m. Poisson, — dans
Ilsdisent aussi Cadran humain l'argot des voleurs.
ou Cadran solaire. Caille coiffée, s. f. Femme
Cafarde, s. f. La lune, — éveillée, im peu plus amoureuse
dans l'argot des voleurs, qui re- que son mari ne le voudrait, —
doutent les indiscrétions de cette dans l'argot du peuple, qui con-
planète qui assiste à leurs méfaits naît les mœurs du Coturnix.
derrière un voile de nuages.
Caillou, s. m. Figure gro-
Cag^e, s. f. Prison, — dans tesque, —
dans l'argot des voyous.
l'argot du peuple, qui a voulu Signifie aussi Nez.
constater ainsi qae l'homme tenait
Caisse d'épargne, s. f. La
à empêcher l'homme qui vole de
bouche, dans l'argot du peuple,
s'envoler.
qui a l'ironie amère, parce qu'il
Cage à c/ia^o«5. Couvent d'hom- sait que les trois quarts du sa-
mes. laire sont absorbés par ce gouffre
Cage à jacasses. Couvent de toujours ouvert.
femmes. ïl l'appelle aussi, en employant
Cage à poulets. Chambre sale, une image contraire, Madame la
étroite, impossible à habiter. Ruine.
62 CAL CAL

Caisson, s. m. Tète, — dans que ce verbe vient de chalarc et


l'argot des soldats. de /«Xocw.
Se faire sauter le caisson. Se Mais les grandes personnes,
brûler la cervelle. même celles qui ont fait leurs
Calabre, s. f. Teigne,— dans classes, veulent qu'on dise caner
l'argot des voleurs. et non caler, s'appuyaut sur la

Calain, s. m. Vigneron, — signilication bien connue du pre-

dans le même argot. mier verbe, qui n'est autre en


effet que Faire la cane, s'enfuir.
Calancher, V. n. Mourir, — Mais je persisterai dans mon or-
dans l'argot des vagabonds. thographe, dans mon étymologie
Calandriner le sable, V. et dans ma prononciation, parce
a. Traîner sa misère, dans l'ar- — qu'elles sont plus rationnelles et
got des voyous. ciu'en outre elles ont l'avantage
Calé, ée, adj. Riche, heu- de me rappeler les meilleures
reux, —dans l'argot du peuple, heures de mon enfance. En outre
aussi, à propos de cette expres-
à qui il semble qu'un homme calé
sion comme à propos de toutes
ne peut plus tomber ni mourir.
celles où les avis sont partagés,
Calebasse, Tète,
s. dans
f. — je pense exactement comme le
l'argot des faubouriens, qui ont chevalier De Cailly à propos de
trouvé une analogie quelconque chante-pleure :
entre l'os sublime et le fruit du
baobab, presque aussi vides l'un « Depuis deux jours on m'entretient

que l'autre. Pour savoir d'où vient chante-pleure :

Grande calebasse. Femme lon- Du cliagrin que j'en ai, je meure !

gue, maigre et mal habillée. Si je savais d'où ce mol vient,


Je l'y renverrais tout à l'heure... »
Calebasses, s. f. pi. Gorge
molle, qui promet plus qu'elle ne Calicot, S. m. Commis d'un
tient. magasin de nouveautés, dans —
Calé«^e, s. f. Femme entrete- l'argot du peuple.
nue, dans l'argot des voleurs, Le mot date de la Restauration,
qui prononcent calèche à la vieille de l'époque où les messieurs de
mode. l'aune et du rayon portaient des
Calep, éperons partout, aux talons, au
V. n. Appuyer sa main
droite sur sa main gauche en
menton et dans les yeux, et où
jouant aux billes, —
dans l'argot
ilsétaient si ridicules enfin avec
leurs allures militaires, qu'on
des enfants.
éprouva le besoin de les mettre
Caler, v. n. Céder, rabattre au théâtre pour les corriger.
de ses prétentions. ce qui est — Calicote, s. f. Maîtresse de
une façon de baisser les voiles. commis de nouveautés.
Argot du peuple.
Caliguler, v. a. Ennuyer, —
Caler, N'avoir pas de
v. n. dans l'argot des gens de lettres,
besogne, attendre de la copie, — qui ont gardé rancune au Cali-
dans l'argot des typographes. fjula d'Alexandre Dumas.
Caler l'école, v. a. N'y pas Calino, s. m. Nom d'unî
aller, la lâcher, —
dans l'argot sorte de Jocrisse introduit par
des écoliers qui ont appris assez Antoine Fauchery dans un vaude-
de latin et de grec pour supposer ville, et qui a été appliqué depuis
CAM GAM 63

à tous les gens assez simples d'es- listes ou dramaturges, pour arri-
prit, par exemple, pour s'imagi- ver à la fortune et à la réputation.
ner avoir 'STi hàtir la maison où C'est la courte-échelle appliquée
ils sont nés. à l'art et à la littérature, c'est-à-
Calinotade, s. f. Naïveté dire aux deux plus respectables
qui frise de près la niaiserie. choses qui soient au monde. —
les
Callot, s. m. Teigneux, — plus respectables et les moins res-
pectées, u Passe-moi la casse et
dans l'argot des voleurs.
je te passerai le séné. Dis que j'ai
Calme et inodore (Etre). du génie et je crierai partout que
Se conduire convenablement, — tu as du talent. »
dans l'argot du peuple.
Le mot est nouveau, dans ce
Caloquet, s. m. Chapeau. sens du moins, car les membres
Calorg'ne, s. m. Borgne, ou de la société de la casse et du séné,
seulement Bigle. souvent, ne sont que des associés
On dit aussi Caliborgne. et pas du tout des amis ils :

s'aident, mais ils se méprisent,


Calot, s. m. Dé à coudre,
C'est Henri Delatouche, l'ennemi,
dans l'argot des voleurs.
et, par conséquent, la victime de
Signifie aussi Coquille de noix. la camaraderie, qui est le par-
Calot, s. m. Grosse bille avec rain de ce mot, dont la place
laquelle on cale en jouant, — dans était naturellement marquée dans
l'argot des enfants. ce Dictionnaire, qui est une sorte
Calotin, s. m. Prêtre, — dans de Muséum des infirmités et des
l'argot du peuple. difformités de la littérature fran-
çaise.
Calots, s. m. pi. Yeux ronds
comme des billes, —
dans l'argot Camarde, s. f. La Mort,
des faubouriens. — dans l'argot des voleurs, qui
Boiter des calots. Loucher. trouvent sans doute qu'elle man-

Calotte (La). Le Clergé, — que de nez.


dans l'argot des bourgeois. Camaro, s. m. Camarade,
Le régiment de la calotte. La ami, — dans l'argot des faubou-
Société de Jésus, —
sous la Res- riens.
tauration. Aux xvu° et xviii' Camboler, v. n. Se laisser
siècles on avait donné ce nom à choir. Même argot.
une société bien différente, compo-
posée de beaux esprits satiriques. Cambriole, s. f. Chambre, —
Calotte, s. f. Soufflet, — dans l'argot des voleurs.
Cambriole du milord. Apparte-
dans l'argot du peuple.
ment somptueux.
Calotter, v. a. Souffleter. Rincer une cambriole. Dévali-
CalTJg^ne, s. f. La vigne, — ser une chambre.
dans l'argot des voleurs.
Cambrioleur, s. m. Homme
Ils disent aussi Clavigne.
qui dévalise les chambres, princi-
Calvin, s. m.
Raisin. palement les chambres de domes-
On dit aussi Clavin. tiques, en l'absence de leurs lo-
Camaraderie, s. f. Aide mu- cataires .

tuelle mais intéressée que se prê- Cambrioleur à la flan. Voleur


tent les gens de lettres, journa- de chambre au hasard.
64 CAM GAM

Cambrou» s. m. Domestique Camelotte, s. f. « Femme


mâle. Même argot. galante de dix-septième ordre, »
Cambrouse, s. f. Gourgan- — dans l'argot du peuple.
dine, — dans l'argot des faubou- Camelotte en pog^ne, s. f.
riens, qui se rencontrent sans le Vol dans la main. Argot des pri-
savoir avec les auteurs du Théd- sons.
tre-ltalien. Camelotter, v. n. Marchan-
Cambrousîep, s. m. Brocan- der ou vendre.
teur, — dans l'argot des reven- Signifie aussi Mendier, vaga-
deurs du Temple. bonder.
Cambrousse, s. f. Banlieue, Camoufle^ s. f. Chandelle, —
campagne, — dans l'argotdes dans l'argot des voleurs.
voleurs. La camoufle s'estourbe. La
Ils disent aussi Camplouse. chandelle s'éteint.

Cambuse, s. f. Cabaret, — Camouflement, s. m. Dé-


dans l'argot des faubouriens. guisement, —
parce que c'est à
Signifie aussi Logis quelconque, tromper que sert la camoufle de
taudis. l'instruction et de l'éducation.

Caïuellia, s. m. Femme en- Camoufler, v, pr. S'ins-


tretenue, —
par allusion à Marie truire, — se servir de la ca-
Duplessis, qui a servi de type à moufle, de la lumière intellec-
Alexandre Dumas fils pour sa tuelle et morale.
Dame aux Camélias. Camoufler (Se), v. réfl. Se
par conséquent un mot
C'est déguiser.
qui date de 1852. Les journalistes Camouflet, s. m. Chandelier.
qui l'ont employé l'ont écrit tous
— Camp des six bornes, s.
avec un seal /, comme Alexan- m. Endroit du cimetière où les
dre Dumas fils lui-même, du marbriers font leur sieste aux
reste, —sans prendre garde jours de grande chaleur.
qu'ainsi écrit ce mot devenait une Piquer une romaine au camp.
injure de bas étage au lieu d'être Dormir.
une impertinence distinguée un :

camellia est une fleur, mais le


Camper, v. n. Fuir, gagner
camélia est un xà[j.T]Xoç. les champs, — dans l'argot des
voyous.
Camelot, s. m. Marchand,
— dans des faubouriens,
l'argot
Camphre, s. m. Eau-de-vio
de qualité inférieure, âpre au go-
qui s'aperçoivent qu'on ne vend
sier et funeste à l'estomac, comme
plus aujourd'hui que de la came-
lotte.
on en boit dans les cabarets popu-
laciers.
Camelotte* s. f. Mauvaise
marchandise; besogne mal faite,
Camphrier, s. m. Marchand
— dans l'argot des ouvriers
de vin et d'eau-de-vie, — dans
Livre mal écrit, —
dans l'argot
;
l'argot des faubouriens
Se dit aussi pour Buveur d'eau-
des gens de lettres.
de-vie.
Les frères Cogniard, eu colla-
boration avec M. Bondois, ont ad- Campo, s. m. Congé, —dans
jectivé ce substantif ; ils ont dit : l'argot des écoliers et des em-
Un îfiariage camelotte. ployés, qui ne sont pas fâchés
GAN GAN 65

d'aller ad campos et de n'aller ni Canard, s. m. Chien barbet,


à leur école ni à leur bureau. — dans l'argot du peuple, qui
Avoir campo. Etre libre. sait que ces chiens-là vont à
l'eau
comme de simples palmipèdes,
Camus^ adj. Étonné, confus,
water-dogs.
comme quelqu'un qui viendrait
de i<se casser le nez », dans — Canard, s. m. Fausse note,
l'argot du peuple. — dans l'argot des musiciens.
On
Camuse^ s. f. Carpe, — dans dit aussi Couac.

l'argot des voleurs, qui alors n'ont Canarder, v. a. Fusiller,


pas vu les carpes des bassins de — dans l'argot des troupiers,
Fontainebleau. pour qui les hommes
ne comptent
Camuse (La). La Mort, — pas plus que des palmipèdes.

dans le même argot. Canarder, v. a. Tromper.


Canagpe, s. m. Agonie, — Canardier, s. m. Cdeur de
dans l'argot des voyous, qui ont journaux.
vu cane?' souvent devant la mort. Signifie aussi Journaliste.

Canapé, s. m. Lieu où Ba- Canard sans plumes,


thylle aurait reçu Anacréon, — m. Nerf de bœuf, — dans s.
l'argot
dans l'argot des voleurs, qui ont du peuple.
toutes les corruptions.
Canarie, s. m. Imbécile, se-
Canapé (Le). Nom que, sous rin, — dans le même argot.
la Restauration, on donnait aux
doctrinaires, « à cause que l'on
Canasson, s. m. Cheval,—
dans l'argot des faubouriens, qui
disait, nous apprend Littré, qu'ils
savent que cet animal se nourrit
formaient une coterie si peu nom-
de 5071 aussi bien que d'avoine
breuse qu'elle tenait sur un ca- :

cane-à-son.
napé ».

Canard^ s. m. Imprimé crié


Cancan, s. m. Médisance à

dans les rues, —


et par extension,
1 usage
femmes
des portières et des
Fausse nouvelle. Argot des jour- de chambre. Argot du
peuple.
nalistes.
Cancan, s. m. Fandango pa-
Canard, s. m. Journal sé-
risien, qui a été fort en honneur
rieux ou bouffon, politique ou lit-
téraire, —
dans l'argot des typo-
ily a trente ans, et qui a été rem-
placé par d'autres danses aussi
graphes, qui savent mieux que les
décolletées.
abonnés la valeur des blagues
qu'ils composent. Cancaner, v. n. Danser le

Canard, s. m. Mari fidèle et


cancan ;
— Faire des cancans.
soumis, — dans l'argot des bour- Cancanier, adj. et s. Ba-
geoises. vard, indiscret. Qui colporte de
faux bruits, des médisances.
Canard, s. m. Morceau de On
sucre trempé dans le café, que le
dit aussi Cancaneur,
bourgeois donne à sa femme ou à Cancre, s. m. Collégien qui
son enfant, —
s'ils ont été bien ne mord volontiers ni au latin ni
sages. aux mathématiques, et qui pré-
66 CAN GAN

fère le Jardin des plantes de laborateur de ne plus collaborer;


Buffon au Jardin des racines l'appeler à d'aiitres fonctions, tou-
grecques de Lancelot. tes celles qu'il voudra — mais
ailleurs.
Cancre, s. et adj. Avare,
homme qui n'aime point à prêter. Canon, s. m. Verre, — dans
Argot du peuple. l'argot des francs-maçons ; Petite
Signifie aussi Pauvre diable, mesure de liquide, —
'dans l'argot
homme qui ne peut arriver à rien, des marchands de vin.
soit par incapacité, soit par incon- Petit canon. La moitié d'un
duite. cinquiè)ne.
Canellc, n. de 1. Caen, — Grand canon. Cinquième.
dans l'argot des voleurs. Canonner, v. n. Fréquenter
Caner. v, n. Alvumdeponere, les cabarets.
— dans l'argot du peuple.
Canonner, v. n. Crepitare,
Caner, v. n. Avoir peur, — dans l'argot facétieux des fau-
s'enfuir, faire la cane ou le chien. bouriens, amis du bruit, d'où qu'il
sorte.
Caner, v. a. Ne pas faire,
par impuissance ou par paresse. Canonneur, s. m. Ivrogne,
Argot des gens de lettres. homme qui boit beaucoup de ca-
Caner son article. Ne pas en- nons.
voyer l'article qu'on s'était engagé
Canonnier de la pièce hu-
à écrire.
niidCj s. m. Infirmier, — dans
Caner, v. n. Mourir, — dans l'argot des soldats.
l'argot des voyous.
Canonnière, s. f. Le podex
Caner la pégrenne, v. a. de Juvénal, — dans l'argot des
Mourir de faim, — dans l'argot faubouriens.
des voleurs. Charger la canonnière. Man-
ger.
Caniche, m. Chien en gé-
s.
néral, — dans l'argot du peuple, Gargoiisses de la canonnière.
pour qui le caniche est le seul Navets, choux, haricots, etc.
chien qui existe, comme le dada Cant, s. m. Argot des vo-
est pour les enfants le seul che- leurs anglais, devenu celui des
val de la création. voleurs parisiens. Le mot est dé-
Caniche, s. m. Ballot à sormais francisé.
oreilles, — dans l'argot des vo- Cant, s. m. Afféterie de ma-
leurs . nières et de langage ; hypocrisie
Canne, s. f. Surveillance de à la mode. Expression désormais
la haute police, — dans le môme française.
argot. Le cant et le bashfulness, deux
jolies vices !

Canne, Congé, renvoi


s. f.

plus ou moins poli, dans l'ar- — Cantaloup,



s. m. Imbécile,
got des gens de lettres, dont quel- melon, dans l'argot des fau-
ques-uns ont une assez jolie col- bouriens.
lection de ces rotins. Cantique, s. m. Chanson à
Offrir une canne. Prier un ool- boire, — dans l'argot des francs-
GAP CAR 67

maçons, qui savent que chanter Capitainer, v. a. Agioter.


vient de cantare.
Capitonner (Se), v. réfl.
Canton, s. m. Prison, — dans Garnir le corsage de sa robe « d'a-
l'argot des voleurs. vantages » en coton, dans l'ar- —
got des petites dames qui, pour
Cantonade, s. f. Partie du
théâtre en dehors du décor, — séduire les hommes, ont recours
à l'Art quand la Nature est in-
dans l'argot des coulisses. suffisante.
Parler à la cantonade. Avoir
l'air de parler à quelqu'un qui a Capon, s. et adj. Mauvais
l'air de vous écouter, au pro- — camarade, rapporteur. Argot des
pre et au figuré. écoliers.
Ecrire à la cantonade. Écrire
pour n'être pas lu, dans l'ar- — Capon, s. m. Lâche, dans —
l'argot du peuple, trop coq gau-
got des gens de lettres.
lois pour aimer les chapons.
Cantonnier, s. m. Prison-
nier.
Caponner, v. n. Reculer,
avoir peur.
Canulant, adj. Ennuyeux, im-
portun, insupportable, — dans Caporal, s. m. Tabac de la

l'argot du peuple, qui a une régie.


sainte horreur des matassins, ar-
més comme l'on sait, qui pour-
Capou, s. m. Écrivain pu-

suivent M. de Pourceau gnac.


blic, — dans l'argot des voleurs.

Canule, Homme Caprice, s. m. Amant de


nuyeux, obsédant.
s. f. en-
cœur, —
dans l'argot de Breda-
Street, où l'on a l'imagination
Canuler, v. a. Ennuyer, ob- très capricante.
séder. Caprice sérieux. Entreteneur.
Capahutcr, v. a. Assassiner Capsule, s. f. Chapeau à
un complice pour s'approprier sa petits bords, à la mode depuis
part du vol. quelques années. Argot des fau-
Cape, s. f. Écriture, — dans bouriens.
l'argot des voleurs. Caquer, v. n. Alvum depo-
Capet, s. m. Chapeau, — nere, — dans l'argot du peuple.
dans l'argot des ouvriers.
Carabas, s. m. Vieille ber-
Capiue, s. f. Écritoire. line de comte ou de marquis,
carrosse d'un modèle suranné.
Capir, V. a. Écrire.
CarabaN, s. m. Riche pro-
Capitaine, s. m. Agioteur, priétaire déterres ou de maisons.
— dans l'argot des voleurs. On dit aussi Marquis de Cara-
Capitaine, s. m. Capitaliste, bas.
— dans le même argot.
Carabin, s. m. Étudiant en
Capitaine bêcheur, s. m. médecine, — dans l'argot du peu-
Capitaine rapporteur, — dans l'ar- ple.
got des soldats. Carabine. Maîtresse d'étudiant.
CAR CAR

Carabine, s. f. Fouet, — Avoir une mauvaise carcasse.


dans l'argot des soldats du train. Jouir d'une mauvaise santé.

Carabiné, ée, adj. De pre- Carcassier, s. m. Habile


mière force ou de qualité supé- dramaturge, — dans l'argot des
rieure. Argot du peuple. coulisses.
Plaisanterie carabinée. Diffi- On dit aussi Charpentier
cile à accepter, parce qu'excessive.
Carder, v. a. Égratigner le
Carabiner, v. n. Jouer timi- visage de quelqu'un à coups d'on-
dement, aventurer en hésitant son gles. Argot du peuple.
argent sur quelques cartes. Argot
des joueurs de lansquenet. Cardinal tle la mer, s. m.
Carambolage, Lutte
s. m.
Le homard, —
dans l'argot iro-
nique des gens de lettres, par al-
générale, — dans l'argot des fau- lusion à la bévue de Jules Janin.
bouriens.
Caramboler, v. a. Battre
Carilinale, s. f. Lune, —
plusieurs
dans l'argot des voleurs.
quelqu'un, et surtout
quelqu'uns à la fois faire coup ; Cardinales, s. f. pi. Les
double, au propre et au figuré. menses ;des femmes, — dans l'ar-
got des bourgeois.
Carant, s. m. Planche, mor-
ceau de bois carré, — dans l'argot Cardinaliser (Se), v. réfl.
des voleurs. Rougir, soit d'émotion, soit en
buvant.
Carante, s. f. Table.
L'expression appartient à Bal-
Carapatter (Se). Se sau- zac. Déjà Rabelais avait parlé
ver, jouer des pattes. Argot des des « escrevisses qu'on cardina-
faubouriens. lise à la cuite».

Caravanes, s. f. pi. Aven- Care, s. f. Cachette, — dans


tures d'ime femme,
galantes — l'argot des voleurs et des faubou-
dans l'argot du peuple, qui a en- riens .

tendu parler de la Fiancée du roi Ou dit aussi Planque.


de Garbe. Carer, v. a. Cacher, se met-
Carbeluche galicé, s. m. tre à l'abri.
Chapeau de soie, — dans l'argot Careur, s. m. Voleur dont la
des voleurs. spécialité à s'établir à
consiste
Carcag'no, s. m. Usurier, — portée du de caisse d'un
tiroir
dans l'argot des faubouriens. marchand, sous prétexte de piè-
ces anciennes à échanger, et à
Carcan, s. m. Vieux cheval profiter de la moindre distraction
bon pour l'équarrisseur. Argot des pour s'emparer du plus de pièces
maquignons. possible — anciennes ou nou-
Carcan à crinoline, s. m. velles.
Habitante de Breda-Street, — On dit aussi Voleur à la care.
dans l'argot des voyous. C'est le pincher anglais.

Carcasse, s. f. Le corps hu- Carg^e, s. f. Balle, — dans


main, — dans l'argot du peuple. l'argot des voleurs.
CAR CAR C9

Carg^uer ses Toiles, v. a. des passants. Argot des bour-


Agir prudemment, prendre ses geois.
invalides, —
dans l'argot des ma-
Carne s. f. Viande gâtée,
rins.
ou seulement de qualité infé-
Caribener, v. a. Voler à la rieure, —
dans l'argot du peuple,
care. qui a l'air de savoir que le géni-
On dit aussi Carer. tif de caro est carnis.

— Par analogie, Femme de mau-


Carline, s. f. La Mort, vaise vie et Cheval de mauvaise
dans l'argot des bagnes. allure.
La carline {carlina vulgaris)
est une plante qui, au dire d'Oli- Carog'ne, s. f. Fille ou femme
vier de Serres, prend son nom de mauvaise vie.
du roi Charlemagne, qui en fut Carotte, s. f. Prudence ha-
guéri de la peste. La vie étant
aussi une maladie contagieuse,
bile, —
dans l'argot des joueurs.
Jouer la carotte. Hasarder le
ne serait-ce pas parce que la moins possible, ne risquer que
mort nous en guérit, grands et de petits coups et de petites som-
petits, rois et manants, qu'on lui
mes.
a donné ce nom ? Ou bien est-ce
parce qu'elle nous apparaît hi- Carotte, s. f. Escroquerie lé-
deuse, comme Carlin avec son gère commise au moyen d'un men-
masque noir ? songe intéressant, —
dans l'argot
des étudiants, des soldats et des
Carliste, s. m. Légitimiste,
— dans l'argot du peuple, qui n'a
ouvriers.
Tirer une carotte. Conter une
pas l'air de se douter que Char-
histoire mensongère destinée à
les X est mort et que son héritier
vous attendrir et à délier les cor-
s'appelle Henri.
dons de votre bourse.
S'est dit aussi des partisans Carotte de longueur. Histoire
de Don Carlos, prétendant espa- habilement forgée.
gnol.
Carotte dans le plomb
Carmag^nole, s. m. Soldat Avoir une), v. a. Se dit d'un
de la République, dans l'argot — r

chanteur qui fait un couac ou


des ci-devant émigrés à Coblentz. chante faux, —
dans l'argot des
Carme, s. m. Argent, — dans coulisses; avoir l'haleine infecte,
— dans l'argot des faubouriens.
l'argot des voleurs.
Quelques étymologistes veu- Carotter, v. a. Se ser-sir de
lent qu'on écrive' et prononce carie, carottes pour obtenir de l'argent
— probablement par contraction de son père, de son patron, ou de
de carolus. toute personne charitable.
Carotter l'existence. Vivre mi-
Carme, s. m. Miche de pain,
— dans le même argot.
sérablement.
Carotter le service. Se dispen-
Carm.er, v. n. Payer, faire ser du service militaire, ou au-
des effets de poche. tre, en demandant des congés
indéfinis, sous des prétextes plus
Carnaval, s. m. Personne ou moins ingénieux.
vêtue d'une façon extravagante,
qui attire les r'egards et les rires Carotter, v. n. Jouer mes-
70 CAR CAS

q,uinement, ne pas oser risquer Cartaude, s. f. Imprimerie,


de grands coups ni de grosses — dans l'argot des voleurs.
sommes. Cartaude, s. m. Imprimé.
Carotteur, s. et adj. Celui
Cartauder, v. a. Imprimer.
qui carotte au jeu.
Carottîer, s. m. Homme qui
Cartaudier, s. m. Impri-
meur.
vit d'expédients, qui ment volon-
tiers pour obtenir de l'argent. Carte, s. f. Papiers d'identité
Carottier fini. Carottier rusé, qu'on délivre, à la Préfecture de
expert, dont les carottes réussis- police, aux femmes qui veulent
sent toujours. exercer le métier de filles.
Etre en carte. Etre fille pu-
Capouble, s. f. Fausse clé,"
blique.
— dans l'argot des voleurs.
Carton, s. m. Carte à jouer,
Caroubleur, S. m. Individu — dans l'argot de Breda-Street,
qui vole à l'aide de fausses clés. où fleurit le lansquenet.
On dit aussi Caroubleur refilé. Manier le carton. Jouer aux
Caronbleur à la flan. Voleur à cartes. — On dit aussi Graisser
le carton et Tripoter le carton.
l'aventure.
Maquiller le carton. Faire sau-
Carré (Être). Avoir une ter la coupe.
grande énergie, aller droit au but.
Argot du peuple.
Cartonnier, adj. Mal habile
dans son métier. Argot des ou-
Carreau de Titre, s. m. vriers .

Monocle, — dans l'argot des fau-


Caruelie, s. f. Prison, —
bouriens .

dans l'argot des voleurs.


C-arreaux brouillés, s. m.
pi. Maison malfamée, tapis franc,
Cas, s, m. La lie du corps hu-
— abbaye des s'off're-à-toiis.
main, les fèces humaines, dont la
chute (casus) est plus ou moins
Carrelure de Tentre, s. f. bruyante.
Réfection plantureuse, dans — Faire son cas. Alvum depo-
l'argot du peuple, qui éprouve nere.
souvent le besoin de raccommoder Montrer son cas. Se découvrir
son ventre déchiré par la faim. de manière à blesser la décence.
Carrément, adv. D'une ma- Casaquin, s. m. Le corps
nière énergique, carrée. humain, — dans l'argot du peu-
ple.
Carrer (Se), v. réfl. Se don-
ner des airs, faire l'entendu, — Sauter ou tomber sur le casU'
guin à quelqu'un. Battre quel-
dans le même argot.
qu'un, le rouer de coups.
On dit aussi Se recarrer.
Avoir quelque chose dans le
Carrer (Se), v. réfl. Se ca- casaquin. Etre inquiet, tourmenté
cher, — dans l'argot des faubou- par un projet ou par la maladie.
riens.
Cascade, s. f. Plaisanterie
€-*arrer de la débine (Se), manque de parole, — chute de
;

V. réfl. Se tirer de la misère. promesse.


CAS CAS 71

Cascades^ s. f. pi. Fantaisies bal où les mères de famille ne


bouffonnes, inégalités grotesques, conduiraient pas sans danger leurs
improvisations fantasques, dans — filles.
l'argot des coulisses. Le mol est d'Albéric Second,
qui l'a créé en 1861
Cascadeur, m. Acteur qui
s .

fait des interpolations dans un


— Casque, s. m. Chapeau, —
rôle, bien que cela soit sévè- dans l'argot des faubouriens,
rement défendu par un règlement pour qui c'est le mâle de cas-
de police spécial aux théâtres. Au quette.
dire de M. Joachini Duflot, Léonce, Casque- à-mèche. Bonnet de co-
Bâche et Schey sont les trois ar- ton.
tistes qui se sont le plus distin-
gués dans ce genre de plaisante- Casque, s. m. Effronterie,
ries, qui ont ceci d'amusant que aplomb, blague du charlatan.
les spectateurs croient qu'elles sont
Avoir du casque, c'est-à-dire
dans la pièce. parler avec la faconde de Man-
Par extension, sans Homme gin.
consistance, qui manque de parole
volontiers, qui ne prend pas ses Casque (Avoir son), v. a.
devoirs sociaux au sérieux. Etre complètement gris, ce qui —
amène naturellement une violente
Cascadeuse, s. f. Fille ou migraine, celle que les médecins
femme qui, — dans l'argot des appellent galea, parce qu'elle vous
faubouriens, —
laisse continuelle- coiffe comme avec un casque.
ment la clé sur la porte de son
cœur, où peuvent entrer indiffé- Casquer, v. n. Payer, dans —
remment le coiffeur et l'artiste, le l'argot des filles et des voleurs,
caprice et le protecteur. qui, comme Bélisaire, vous ten-
dent leur casque, avec prière —
Cascaret, m. Homme sans
s. armée —
de déposer votre of-
importance, de mine malheureuse frande dedans.
ou d'apparence chétive. Argot du Signifie aussi Donner aveu-
:

peuple glément dans un piège, de —


lïtalien cascare tomber
, dit ,
Cascaret, s. m. Écu
de trois
M. Francisque Michel.
livres, — dans l'argot des vo-
Ce verbe a enfin une troisième
leurs .

signification, qui participe plus de


Case,s. f. Maison, logement la seconde que de la première,
quelconque, —
dans l'argot du — celle qui est contenue dans
peuple, qui parle latin sans le sa- cette phrase fi'équemment em-
voir. ployée par le peuple J'ai casqué :

Le patron de la case. Le maître pour le roublard (je l'ai pris pour


de la maison, d'un établissement un malin).
quelconque le locataire dune
;
Casquette, s. f. Chapeau de
boutique, d'un logement.
femme, — dans l'argot des fau-
Casimir, s. m. Gilet,— dans bouriens.
le même argot.
Casquette (Être), v. n. Etre
Casinette, s. f. Habituée du sur la pente d'ime forte ivresse,
Casino de la rue Cadet, — un avoir son casque.
72 CAS CAS

Cassant^ s. m. Noyer, arbre, une haleine infecte, — dans l'ar-


— dans l'argot des voleurs bis- got des faubouriens.
cuit de mer, —
dans l'argot des
;

Casser du g^rain, v. a. Ne
matelots.
rien faire de ce qui vous est de-
C'assantes^ s. f. pi. Les mandé. Argot du peuple.
dents, — dans l'argot des voleurs.
Casser du sucre, v. a. Faire
Casse, s. f. Ce que l'on casse. des cancans, — dans l'argot des
Argot des garçons de café. cabotins.
Casse-con, s. m. Homme Casser la g^ueule à son
hardi jusqu'à l'audace, audacieux porteur d'eau, v. a. Avoir
jusqu'à l'imprudence, jusqu'à la ses menses, — dans l'argot des
folie. Argot du peuple. voyous.
Casse-cul,s. m. Chute qu'on Casser la hane, v. a. Cou-
en glissant. Argot du peuple.
fait per la bourse, — dans l'argot des
Les enfants jouent souvent au voleurs.
casse-cul.
Casser la marmite, v. a.
C'asse-grueule, s. m. Bal de Se ruiner ; s'enlever, par une folie,
barrière, — dans l'argot des tout moyen d'existence. Argot des
faubouriens, qui s'y battent fré- faubouriens.
quemment.
Casser le cou à un chat,
Casse-museau, s. m. Coup V. a. Manger une gibelotte, —
de poing, — dans le même
argot. — dans l'argot du peuple.
C'est le nom d'une sorte de
pâtisserie dans l'ouest de la Casser le cou à une né-
France. Rabelais dit casse-musel. gresse, V. a. Vider une bou-
teille.
Cassc-uoisette, s. m. Fi-
gure grotesque, où nez et lele Casser le nez (Se), v. réfl.
menton sont sur point d'ac-
le Avoir une déception plus ou moins
complir le mariage projeté depuis amère, depuis celle qu'on éprouve
leur naissance. à trouver fermée une porte qu'on
s'attendait à trouver ouverte, jus-
Casse-poitrine, s. m. Eau- qu'à celle qu'on ressent à trouver
de-vie poivrée, — dans l'argot du un amant chez une femme qu'on
peuple. avait le droit de croire seule.
Casse-poitrine, s. m. pi.
Casser le sucre àla rousse.
Individus voués aux vices abjects,
Dénoncer un camarade ou plutôt
qui maniistupro dediti sunt, dit
un complice. Argot des voleurs.
le docteur Tardieu.
Casserole, Mouchard,
Casser, v. n. Mourir. ~ dans — dans le même
s. f.
argot.
l'argot des voleurs.
Casserole, s. f. L'H6pital
Casser, v. a. Couper, — dans du Midi, —
dans l'argot des fau-
l'argot des voyous.
bouriens.
Casser (Se la), v. réfl. S'en Passer à la casserole. Se faire
soigner par le docteur Ricord ;
aller de quelque part s'enfuir.
être soumis à un traitement dé-
;

Casser du bec, v. n. Avoir puratif énergique.


CAS CAT 73

Casser sa canne, v. a. Dor- Plomber de la cassolette. Fe-


mir, et, par extension, mourir. tidum halitum emittere.
Casser sa cruche, v. a. Per- Cassolette, s. f. La matula
dre le droit de porter le bouquet de Plaute, et le « Pot qu'en cham-
de fleurs d'oranger, dans l'ar-— bre on demande » de Lancelot,
got du peuple, qui interprète à sa — dans l'argot du peuple, qui va
manière le tableau de Greuze. chercher ses antiphrases dans un
autre Jardin que celui des Raci-
Casser sa ficelle, v. a. S'é-
nes grecques.
vader du bagne ou d'une maison
centrale, —
dans l'argot des vo- Se dit aussi du Tombereau des
leurs .
boueux, quand il est plein d'im-
mondices et qu'il s'en va vers les
Casser sa pipe, v. a. Mou- champs voisins de Paris fumer
rir, — dans l'argot des faubou- les violettes et les fraises.
riens et des rapins.
Caste de charrue, s. m.
Casser son câble,

v. a. Quart d'un écu, — dans l'argot
Mourir. dans l'argot des gens des voleurs.
de lettres, qui ont emprunté l'ex-
pression à Commerson. Castille, s. f. Petite que-
C'est une allusion à la rupture relle, — dans l'argot des bour-
du câble geois, qui cependant n'ont pas lu
transatlantique.
l'Histoire de Francion.
Casser son sabot, v. a. Per- Chercher castille. Faire des re-
dre droit de porter un bouquet
le proches injustes ou exagérés.
de fleur d'oranger, —
dans l'argot
du peuple. Castor^ s. m. Chapeau
Casser une croûte, d'homme ou de femme, en feutre
v. a.
ou en soie, en tulle ou en paille,
Manger légèrement en attendant — dans l'argot du peuple, qui
un repas plus substantiel. Argot
n'emploie pas cette expression
des bourgeois.
précisément en bonne part.
Casseur, s. m. Fanfaron, qui

a l'air de vouloir tout casser, — Castroz^ s. m. Chapon,
dans l'argot du peuple. dans l'argot des voyous.
Ils disent aussi Castion.
Mettre son chapeau en casseur.
Sur le coin de loreille, d'un air
Castu, s. m.
Hôpital, — dans
de défi. l'argot des voleurs, qui savent
Casseur de portes, s. m. mieux que personne que les pre-
Voleur avec effraction, — dans miers établissements hospitaliers
l'argot des voyous. en France, notamment l'Hôpital
général à Paris, ont été de véri-
Cassine, s. f. Maison où le tables forteresses, castelli.
service est sévère, — dans l'argot
des domestiques paresseux ate- Castuc, s. f. Prison, un autre
travail est rude, — dans
;

lier où le hôpital, celui des vices, qui sont


l'argot des ouvriers gouapeurs. la maladie de l'àme.

Cassolette, s. f. Bouche, — Cat, s. m. Chat, —


dans l'ar-
dans l'argot des faubouriens. got des enfants, qui parlent mieux
74 GAU CEI

h vieux français que les grandes Faire la causette. Causer tout


personnes : bas.
Lou cat a fain Causotter, v. n. Se livrer à
Quant manjo pain, une causerie intime entre trois ou
quatre personnes.
dit un fabliau ancien.

Cataplasme au gran, s. ni.


CaTaleade, s. f. Aventure
Épinards, — dans l'argot des galante.
faubouriens. Avoir vu des cavalcades. Avoir
eu de nombreux amants.
Cataplasme de Venise ,
s. m. Soufflet, coup sur le visage, CaTale, s. f. Course préci-
— dans l'argot du peuple. pitée, fuite, — dans l'argot des
voyous
Cathau^ s. Fille qui n'a
f.
Se jiayer une cavale . Courir.
pas voulu coiffer sainte Catherine
et s'est mariée avec le général Cavale, s. f. Grande femme
Macadam. maigre, mal faite, déhanchée.
CatIioli<iue à gfros is^rains, CaTaler (Se), V. réfl. S'en-
s. m. Catholique peu pratiquant, fuir comme un cheval, — dans
— dans l'argot des bourgeois. l'argot des faubouriens.

Catin^ s. m. Un nom char- CaTalot, s. m. Pièce de me-


mant qui est devenu une injure, nue monnaie, — dans le même
— dans l'argot du peuple, qui a argot.
bien le droit de s'en servir après
Voltaire, Diderot, et madame de
Cave, s. m. Dupe, — dans le

Sévigné elle-même.
même argot.

Catiniser
Cavée, s. f. Église, — dans
(Se). De fille hon- l'argot des voleurs, qui redou-
nête devenir fille, tent les rhumatismes.
Cauchemarflânt, adj. En- Cayenne, s. m. Cimetière
nuyeux, importun, — dans l'ar- extra muras, —
dans l'argot du
got des faubouriens. peuple, pour qui il semble que ce
soit là une façon de lieu de dé-
Caueliemardcr^ v. a. En-
nuyer, obséder. portation.
Il dit aussi Champ de Navets,
Cause
sante à
{[irasse. Cause amu-
plaider et à entendre
— parce qu'il sait qu'avant
d'être utilisés pour les morts,
plaider, — dans l'argot des avo- ces endroits fmièbres ont été uti-
cats, héritiers des clercs de la lisés pour les vivants.
Basoche. Le chef-d'œuvre du
genre est l'affaire du sieur Gau- Cayenne, s. m. Atelier éloi-
don contre Ramponneau, M« A- gné (le Paris; fabrique située
rouet de Voltaire plaidant — la dans la banlieue. Argot des ou-
plume à la main. vriers.

Causette, s. f. Causerie fami- Ceinture dorée, s. f. Habi-


lière,à deux, —
dans l'argot du tante de Breda- Street, — dans
peuple, qui a eu l'honneur de l'argot des bourgeois, qui ont
prêter ce mot à George Sand. ressuscité une vieille appellation,
CEN CES 75

les filles ayant exhumé une de la police, et qui, à cause de


vieille mode. cela, changent volontiers de
centre.
Céladon^ s. m. Vieillard ga-
Centre à l'estorgue. Faux nom,
lant, —dans l'argot des bour- sobriquet.
geois, dont les grand'mères ont
lu VAstj'ée.
Centre d'altèque. Nom véri-
table.
On dit aussi Vieux céladon.
Centre de graTîté, m.
Cela me gêne! Se dit, — ISates, — dans l'argot des bour-
s.

dans l'argot des cabotins, de — geois, qui ont emprunté cette


tout ce qui nuit à leurs « effets ». expression-là aux Précieuses.
Ils le disent souvent aussi, —
touchante camaraderie des ! — Centrier,

s. m. Député mi-
effets de leurs interlocuteurs.
nistériel, dans l'argot du
peuple frondeur.
Célérifères, Omni-
s.

bus qiii eurent la vogue pendant


f. pi.
Cerbère, s. m. Concierge, —
dans l'argot du peuple.
quelque temps, vers le commen-
cement du règne de Louis-Phi- Cercher, v. a. Chercher, —
lippe, qui fut celui des Tricycles, dans l'argot du peuple, fidèle à
des Béarnaises, des Ecossaises et l'étymologie {circarej et à la tra-
autres Dames blanches. dition : « Mes sommiers estoient
Cendrillon, s. f. Jeune fille assez loin, et estoit trop tard
à laquelle ses parents préfèrent pour les cercher, » dit Philippe
ses sœurs et même des étran- de Commines.
gères personne à laquelle on ne
;

fait pas attention, —


dans l'argot
Li marinier qui par
Cercliant mainte terre sauvage.
mer nage,

du peuple, qui a voulu consacrer


Tout regarde il à une estoile,
le souvenir d'un des plus jolis
contes de Perrault. disent les auteurs du Roman de
Ce n'est pas à faire ! Je la Rose.
m'en garderais bien! Cercle, s. m. Argent mon-
Cette expression, familière
filles et aux voyous, est
aux
mise par
nayé, — dans l'argot des voleurs.

eux à toutes les sauces : c'est leur Cerclé, s. m. Tonneau, —


réponse à tout. 11 faudrait pou- dans le même argot.
voir la noter.
Cepf-Tolant, s. m. Femme
Cent coups (Être aux). Etre qui attire sous une allée ou dans
bouleversé ; ne savoir plus où un lieu désert les enfants entrain
donner de la tète. Argot des de jouer, pour leur arracher
bourgeois. leurs boucles d'oreilles et quel-
quefois l'oreille avec la boucle.
Cent coups (Faire les). Se
démener pour réussir dans une Cerneau, s. m. Jeune fille,

affaire mener une vie déréglée.


;
— dans l'argot des gens de let-

Centre, s. m. Nom, — dans


tres.

l'argot des voleurs, qui savent C'est le chat ! Expression


que le nom est en effet le point de l'argot du peuple, qui souligne
où convergent les investigations ironiquement un doute, une déné-
76 CHA CHA

gatiou. Ainsi, quelqu'un disant : avec violence ; renverser ; se dis-


Ce n'est pas moi qui ait fait cela. puter.
— Non! c'est le chat! lui répon-
Chahuteur,
dra-t-on. s. m. Mauvais
sujet.
Chabsnnais, s. m. Repro-
ches violents, quelquefois mêlés Chahuteuse, s. f. Habituée

de coups de poing, dans le — des bals publics ; dévergondée.


même argot.
Chaloupe, s. f. Femme à
Ficher un chabannais
une correction.
. Donner toilette tapageuse, dans l'ar- —
got des voyous.
Chacal, s. m. Zouave, — Chaloupe orageuse. Variété de
dans l'argot des chasseurs à pied, chahut et femme qui la danse
par allusion au cri que poussent
les zouzous en allant au feu.
Chalouper, v. n. Danser le
chahut.
Chafouin, s. Sour-
adj. et

dans l'argot du
Chamailler (Se), v. réfl. Se
nois, rusé,
peuple, qui a eu l'honneur de
disputer, — dans l'argot du
prêter cette expression à Saint-
peuple.
Simon, qui l'a employée à propos Chamailler des dents, v.
de Dubois. n. Manger.
Chaffourer (Se), v. réfl. Chamberder, v. a. Secouer
S'égratigner. sans précaution renverser bri-
;

Chafrioler (Se), v. réfl. Se


ser, —dans l'argot des ouvriers
;

caresser, se complaire, à la — qui ont servi dans l'infanterie de


marine.
façon des chais.
L'expression appartient à Bal- Chambre des comptes, s.
zac. f.La trulla de Juvénal, — dans
Chahut, s. m. Cordace las- l'argot des bourgeois.
cive fort en honneur dans les bals
Chambre des pairs, s. f.
publics à la fin de la Restaura-
tion, et remplacée depuis par le
Bagne à vie, — dans l'argot des
cancan, — qui a été lui-même
prisonniers.

remplacé par d'autres cordaces Chambre introuTable. La


de la même lascivité. chambre des députés en 18I5, au
Quelques écrivains font ce mot second retour de Louis XVIII.
du féminin.
Chambrelan, s. m. Ouvrier
Chahut, s. m. Bruit, va- en chambre locataire qui n'oc-
carme mêlé de coups, dans —
;

cupe qu'une seule charnbre, —


l'argot des faubouriens. dans l'argot du peuple.
Faire du chahut. Bousculer les On dit aussi Chamberlan, et ce
tables et les buveurs, au caba- mot, comme l'autre, est la pre-
ret tomber sur les sergents de
;
mière forme de Chambellan. Les
ville, dans la rue. gens du bel air ont donc tort de
Chahuter, v. n. Danser in-
rire des petites gens, qui par- —
décemment. lent mieux
qu'eux, puisqu'ils
parlent comme Villehardoin,
Chahuter, v. a. Secouer comme Joinville, comme Frois-
GHA G HA 77

sart, qui parlaient comme les heureux en affaires ou en amour,


Allemands {Kdmmerling ou Cha- — dans l'argot du peuple.
marlinc).
Chanceler, v. n. Etre gris à
Chambrillon, s. f. Petite ne plus pouvoir se tenir sur ses
servante, — dans le même argot. jambes, —
dans le même argot.
Chameau, s. m. Fille ou Chancre, s. m. Grand man-
femme qui a renoncé depuis geur, homme qui dévore tout, —
longtemps au respect des hom- dans le même argot.
mes.
Le mot a une cinquantaine
Chandelier, s. m. Le nez,
d'années de bouteille.
— dans l'argot des faubouriens.

Chameau, s. m. Compagnon Chandelle, s. f. Mucosité


rusé, qui tire toujours à lui la qui forme stalactite au-dessous du
couverture, et s'arrange toujours nez, — dans le même argot.
de façon à ne jamais payer son Chandelle, s. f. Soldat en
écot dans un repas ni de sa per- faction. Même argot.
sonne dans une bagarre. Etre entre quatre chandelles.
Champag^ne, s. m. Vin de Etre conduit au poste entre
Champagne. quatre fusiliers.
On dit de même : Beaune, Chandelle brûle (La). Se
Suits, Chamhertin, etc., pour vin dit, — dans l'argot des bourgeois,
de Beaune, de Nuits, etc. — pour presser quelqu'un, l'aver-
Champ d'oig^nons, s. m. tir qu'il est temps de rentrer au

Cimetière, —
dans l'argot des logis.
faubouriens, qui savent que les Chang^er de composteur.
morts empruntent aiLX vivants un Passer à un autre exercice,
terrain utilisé pour l'alimentation manger après avoir causé, rire
de ceux-ci. après avoir pleuré, etc. Argot
Champe, s. m. Apocope de des typographes et des ouvriers.
Champagne, — dans l'argot de Chang^er ses olires d'eau,
Breda-Street. V. n. Meiere, — dans l'argot des
fauiouriens.
Chamfleurisme , s . m .

Ecole littéraire dont Champfleury Changeur, s. m. Le Babin


est le chef. C'est le réalisme. chez lequel les voleurs vont,
moyennant trente sous par jour,
Champfleuriste, s. et adj.
se métamorphoser en curés, en
Disciple de Champfleury.
militaires, en médecins, en ban-
Champoreau, s. m. Café à quiers, selon leurs besoins du mo-
la mode arabe, concassé et fait à ment.
froid, — dans l'argot des faubou-
Chanoine, s. m. Pv.entier, —
riens qui ont été troupiers en
dans l'argot des voleurs.
Afrique.
Au féminin, Chanoinesse.
Pour beaucoup aussi, c'est du
café chaud avec du rhum ou de Chanoine de Monte-à-re*
l'absinthe. gret. Condamné à mort.
Chançard, s. m. Homme Chantag^e, s. m. Industrie
78 GHA GHA

qui consiste à soutirer de l'argent Chapardeur, s. m. Marau-


à des personnes riclies et vi- deur.
cieuses, en les menaçant de di-
Chapeau en bataille, s.
vulguer leurs turpitudes oii seu- ;
m. Dont les cornes tombent sur
lement à des artistes dramatiques chaque oreille. Argot des officiers
qui jouent plus ou moins bien, d'état-major.
en les menaçant de les é?-em<er Chapeau en colonne. Placé
dans le journal dont on dispose. dans le sens contraire, c'est-à-dire
Chauté (Être). Etre dénoncé, dans la ligne du nez.
— dans l'argot des voleurs. Chapelle, s. f. Cabaret, bu-
Chanteau, s. m. Morceau de vette quelconque, —
dans l'argot
pain ou d'autre chose, — dans
des ouvriers, dévots à Bacchus.
Faire ou Fêter des chapelles.
l'argot du peuple.
Faire des stations chez tous les
Chanter, v. a. Parler, — marchands de vin.
dans l'argot du peuple, qui n'em- Chapi, s. m. Chapeau, —
ploie ce verbe qu'eu mauvaise dans l'argot des faubouriens,
part. dont les ancêtres ont dit chapel
Faire chanter. Faire pleurer. et chapin.

Chanter (Faire). Faire don- Chapiteau, s. m. La tète,


ner de l'argent à un homme riche — sommet de la colonne-homme.
qui possède un vice secret que Même argot.
l'on connaît, ou à un artiste dra-
matique qui à être loué
Chapon, s. m. Morceau de
dans un
tient
feuilleton. pain frotté d'ail, — dans l'argot
L'expression est vieille comme du peuple, qui en assaisonne
le vice qu'elle représente.
toutes les salades.
On dit aussi Chapon de Gas-
Chantei* le chaut du dé- cogne.
part, V. a. Quitter une réunion, Chapon de liimousin,
une compagnie d'amis, dans — m. Châtaigne.
s.

l'argot des bohèmes.


Chapska, s. m. Chapeau.
Chanter pouille, v. n. Argot des faubouriens.
Chercher querelle, dire des in- C'est uu souvenir donné à la
jures.Argot du peuple. coiffure des lanciers polonais, —
de la garde nationale de Paris.
Chanteur, s. m. Homme
sans moralité qui prend en main Chapuiser, v. n. Tailler,
la cause de la morale quand elle couper, —dans l'argot du peuple,
est outragée par des gens riches. qui emploie là un des vieux mots
de notre langue.
Chanteur de la chapelle
iSixtine, s. m. Homme qui, par
Charabia, s. m. Patois de
vice de conformation ou par suite l'Auvergne.
d'accident, pourrait être engagé Se dit aussi pour Auvergnat.
on Orient en qualité de cajn- Charcuter, v. a. Couper un
agassi. membre; opérer.
Chaparder, v. a. Marauder, Charcutier, s. m. Chirur-
— dans l'argot des troupiers. gien.
GHA GHA

Chardon du Parnasse, s. ficile à vivre, — dans l'argot des


m. Mauvais écrivain, — dans faubouriens.
l'argot des Académiciens, dont Signifie aussi Homme roué, cor-
quelques-uns pourraient entrer rompu.
dans la tribu des Cinarées.
Charpenter le bourri-
Chardonneret, s. m. Gen- chon (Se), v, réfl. S'enflammer
darme, —
dans l'argot des fau- à propos de n'importe qui ou de
bouriens, qui font allusion au li- n'importe quoi, —
dans l'argot
seré jaune du costume de la ma- des ouvriers.
réchaussée.
Charpentier, s. m. Celui
Charg-é (Être). Etre en état qui agence une pièce, qui en fait
d'ivresse, dans l'argot des ou- la carcasse, —
dans l'argot des
vriers. dramaturges, qui se considèrent,
avec quelque raison, comme des
Chargée (Etre). Avoir levé
ouvriers de bâtiment.
un homme au bal, ou sur le trot-
toir, — dans l'argot des petites Charriage, s. m. Vol pour
dames lequel il faut deux compères, le
jardinier et V Américain, et qui
Charg'er, v. a. et n. Enlever consiste à dépouiller un imbécile
un décor. Argot des coulisses.
de son argent en l'excitant à
C'est la manœuvre contraire à
voler un tas de fausses pièces d'or
Appuyer.
entassées au pied d'un arbre,
Charlemag^ne, s. m. Sabre- dans une plaine de Grenelle quel-
poignard, — dans l'argot des conque.
troupiers. S'appelle aussi Vol à l'Améri-
caine.
Chariot. L'exécuteur des
hautes oravres, — dans l'argot du Charrieur, s. m. Voleur qui
peuple. a la spécialité du charriage.
Le mot est antérieur à 1789. Charrieur, cambrousier. Voleur
Soubrettes de Chariot. Les va- qui exploite les foires et les fêtes
lets du bourreau, chargés de faire publiques.
la toilette du condamné à mort. Charrieur de ville. Celui qui
Les Anglais disent de même vole à l'aide de procédés chimi-
Ketch ou Jack Ketch, quoique — ques.
Charrieur à la mécanique.
Monsieur de Londres s'appelle
Calcraft.
Autre variété de voleur.

Charmante, s. f. La gale, — Charron, s. m. Voleur.


(îcins l'argot des voleurs. Chartron, s. m. Position des
acteurs vers la fin d'une pièce.
Charnier les puces, v. a.
Se mettre en état d'ivresse, — Faire ou Former le cliartron.

dans l'argot du peuple. Ranger les en ligne


acteurs
courbe devant la rampe, au mo-
Char numéroté, s. m. ment du couplet final.
Fiacre, petite voiture de place ou
— Chas ou Chasse, s. m. Œil,
de remise,
académiciens.
dans l'argot des
— dans l'argot des voleurs, soit
parce que les yeux sont les trous
Charogne, s. f. Homme dif- du visage, ou parce qu'ils en sont
80 G HA CHA

les châssis, ou enfin parsce qu'il a. Boire le vin blanc ou le petit

ont parfois, et même souvent, la verre du matin, —


dans l'argot
chassie. des ouvriers
Ce mot, qui ne se trouve pour- On dit aussi Chasser l'humi-
tant dans aucim dictionnaire res- dité.
pectable, est plus étymologique Châssis, s. m. pi. Les yeux.
qu'on ne serait tenté de le sup- Argot des faubouriens,
poser au premier abord. Je m'ap-
puie, pour le dire, de l'autorité Chassue, s. f. Aiguille, —
de Ménage, qui fait venir chassie dans l'argot des voleurs, qui sa-
de l'espagnol cegajoso, transformé vent que toute aiguille a un
par le patois français en cha- chas.
ceuol, qui voit mal, "qui a la vue
faible. Et, dans le même sens, Chassure, s. f. Loliurn, —
nos vieux auteurs n'ont-ils pas
dans le même argot.
employé le mot chacius ? Chat, s. m. Geôlier, — dans
Châsses d'occase. Yeux bigles, le même argot.
ou louches. Chat fourré. Juge ;
greffier.

Chasse, s. f. Réprimande, ob-


— dans
Chat, s. m. Lapin, — dans
iurgalion, reproches, l'argot du peuple, qui s'obstine à
l'argot des ouvriers. croire que les chats coûtent moins
Foutre une chasse. Faire de cher que les lapins et que ceux-
violents reproches. ci n'entrent que par exception
Chasse-coquin, s. m. Be- dans la confection des gibelottes.
deau, — dans l'argot du peuple. Chat, s. m. Enrouement subit
qui empêche les chanteurs de bien
Chasse-cousin, s. m. Mau-
chanter, et même leur fait faire
vais vin, —
dans l'argot des
des couacs.
bourgeois, qui emploient volon-
tiers ce remède héroïque, quand Chat (Etre). Avoir des allures
ils « traitent » des parents im- caressantes, félines, dans l'ar- —
portuns, pour se débarrasser à got du peuple, qui dit cela en
jamais d'eux. bonne comme en mauvaise part.
Chasse-noble, s. m. Gen- Châtaigne, s. f. Soufflet ap-
darme, — dans l'argot des vo- pliqué sur la joue, dans l'ar- —
leurs, qui rappellent sans
se got des ouvriers, qui ont em-
doute que leurs ancêtres étaient prunté cette expression à des Lyon-
des grands seigneurs, des gens de nais.
haute volée.
Chataud, de, adj. et s.
Chasser, v. n. Fuir, — dans Gourmand, gourmande, dans —
l'argot des faubouriens. l'argot du peuple. « J'étais cha-
taude et fainéante, » dit la jolie
Chasser au plat, v. n.
Faire le parasite, — dans l'argot Manon de Rétif de la Bretonne.
du peuple. Château-branlant, s. m.
Chose ou personnequi remue
Chasser des reluits, y. n.
toujours, et qu'à cause de cela on
Pleurer. Argot des voleurs.
a peur de voir tomber. Argot du
Chasser le brouillard, v. peuple.
GHA. CHA 81

Chateaubriand, s. m. Beefs- cette expression dans un sens con-


teak ou côtelette cuits entre deux traire à celui que je viens d'in-
autres d'après la recette donnée diquer,— dans le sens d'Homme
par lauteur de René. qui s'occupe des soins incom-
bant à la femme de ménage. C'est
Chatte, s. f. Autrefois écu le mari de la temme qui porte les
de six livres, aujourd'hui pièce de
cinq francs, —
dans l'argot des
culottes.

filles. Chauffer, v. n. Aller bien,


rondement, avec énergie.
Chuttement, adv. Douce-
ment, càlinement. Chauffer le four, v. a. Se
L'expression est de Balzac. griser.
A
voir chauffé le four. Etre en
Chaud, adj. et s. Rusé, habile,
— dans l'argot du peuple, assez
état d'ivresse.

cautus. Chauffer une femme, v. a.


Etre chaud. Se défier. Lui une cour sur le sens
faire
// l'a chaud. C'est un malin qui de laquelle elle n'a pas à se mé-
entend bien ses intérêts. prendre.
Nos pères disaient Coucher
Chaud, adj. Cher, d'un prix
en joue une femme.
:

élevé.

Chaud chaud
I ! Exclama-
Chauffer une pièce, v. a.
Lui un succès, la prôner
faire
tion du même argot, signifiant :
d'avance dans les journaux ou
Vite 1 dépèchez-vous !

l'applaudir à outrance le jour de


Chaud de la pince, s. m. la représentation.
Homme de complexion amou- Chauffer une place, V. a.
reuse.
La convoiter, la solliciter ardem-
Chaudron, s. f. Mauvais ment.
piano qui rend des sons discor- Nos pères disaient Coucher en
dants, —
dans l'argot des bour- joue un emploi.
:

geois.
Taper sur le chaudron. Jouer Chauffeur, s. m. Homme de
du piano, — dans l'argot du peu-
complexion amoureuse.
Se dit aussi de tout homme qui
ple.
amène la gaieté avec lui.
Chaudronner, v. a. Aimer
à acheter et à revendre toutes
Chauffeur, s. et adj. Hâ-
bleur, blagueur.
sortes de choses, comme si on y
était forcé. Chaumîr, v. a. Perdre, —
Chaudronnier, m. Ache- s.
— dans l'argot des voleurs.

teur et revendeur de marchan- Chausser, v. a. Convenir,


dises d'occasion, —
de la tribu — dans l'argot des bourgeois,
des Rémonencq parisiens. qui n'osent pas dire botter.
Chauffe la couche, s. m. Chausser le cothurne, v.
Homme qui aime ses aises et reste a. Ecrire ou jouer des tragédies,
volontiers au lit, —
dans l'argot — dans l'argot des académiciens,
du peuple. qui parlent presque aussi mal
J'ai entendu employer aussi que les faubouriens la noble lan-
82 CHE CHE

gue dont ils sont les gardiens, L'expression ne viendrait-elle


comme les capi-agassi sont ceux pas de l'allemand schlingen, ava-
d'im sérail ler, ouvrir trop la bouche?

Chaussettes de deux pa- Chemin de fer, s. m. Va-


roisses, s. f. pi. Chaussettes dé- riété de baccarat, où l'on perd—
pareillées. plus vite son argent.
Chaussettes polonaises, s. Chemise de conseiller, s.
f. pi. Morceaux de papier dont les f. Linge volé, — dans l'argot
soldats s'enveloppent les pieds. des voleurs, qui ont voulu, dit
Chausson, s. m. Femme ou M. Francisque Michel, donner à
fille qu'une vie déréglée a ava- entendre que le linge saisi servait
chie, éculée. à faire des chemises à leurs ju-
ges.
Putain comme chausson. Ex-
trêmement débauchée. Aurélien Chêne, s. m. Homme victime,
SchoU a spirituellement remplacé — dans Targot du bagne.
cette expression populaire, im- Faire suer le chêne. Tuer un
possible à citer, par cette autre, homme.
qui n'écorche pas la bouche et Che'ne affrancld. Homme af-
qui rend la même pensée Légère :
franchi, voleur.
comme chausson. Les voleurs anglais ont même
le
Chausson, s. m. Pâtisserie mot : oak, disent-ils d'un homme
grossière garnie de marmelade de riche. To rub a man down with
pommes de raisiné. Les enfants
et an oaken ajoutent-ils en
towel,
en raffolent parce qu'il y a beau- parlant d'un homme
qu'ils ont tué
coup à manger et que cela ne en le frottant avec une serviette
coûte qu'un sou. de chêne, — un bâton.
Chausson, s. m. Boxe popu- Chenillon, s. m. Fille laide
laire où le pied joue le rôle prin- ou mal mise, — dans l'argot des
cipal, chaussé ou non. bourgeois.
Chaussonner, v. a. Donner Chenu, adj Bon, exquis, par-
— dans
.

des coups de pied. fait, l'argot des ouvriers.


ChauTîn, s. et adj . Homme Chenumcnt, adv. Très bien.
qui aime son pays au détriment
Vadé l'a employé.
des autres nations.
Le mot et le type ont été créés Chenu reluit, adv. Bonjour,
par Gharlet. — dans l'argot des voleurs.
Chauvinisme, s. m. Amour Chenu sorgue. Bonsoir.
exagéré de la France. Cherche ! Rien, — dans l'ar-

Chelingruer, v. n. Puer, — got des gamins et des faubouriens.


dans l'argot des faubouriens. Avoir dix à cherche. Avoir dix
Chelinguer des arpions. Puer points lorsque son adversaire n'en
des pieds. a pas un seul.
On dit plus élégamment : Che- Chercher la petite bête,
linguer des arps. V. a. Vouloir connaître le dessous
Chrlinguer du bec. Fetidum d'une chose, les raisons cachées
emittere "halitiun. d'uue affaire, — comme les en-
CHE CHE 83

fants les ressorts duue montre. dans l'argot des voleurs, qui sa-
Argot du peuple. vent que dans cet état, les plus
AA'oir trop dans
d'ingéniosité gueux se croient toujours heureux
l'esprit et dans s'amuser
le style, ut )-iches.
aux bagatelles de la phrase au Chevelu, s. m. Romantique,
lieu de s'occuper des voltiges sé-
rieuses de la pensée. Argot des
— dans l'argot des bourgeois de
1830.
gens de lettres.
Cheveu, s. m. Embarras su-
Chercher midi à quatorze bit, obstaclequelconque, plus ou
heures, v. a. Hésiter à faire
une chose, ou s'y prendre mala-
moins grave, —
dans l'argot du
droitement pour la faire, dans — peu^ile.
Je regrette de ne pouvoir don-
l'argot du peuple, ennemi des
ner une étymologie un peu noble
lambins.
à ce mot et le faire descendre soit
Signifie aussi Se casser la
:
des Croisades, soit du fameux
tète pour trouver une chose sim- cheveu rouge de Nisus auquel
ple.
les Destins avaient attaché le sa-
Chetar ou «letar, s. m. Pri- lut des Mégariens mais la vérité;

son. Argot des voleurs. est qu'il sort tout simplement et


tout trivialement de la non moins
CheTal de retour, s. m. fameuse soupe de l'Auvergnat
Vieux forçat, récidiviste. imaginé par je ne sais quel far-
Cheval de trompette, ceur parisien.
s. m.
Homme Trouver un cheveu à la vie.
aguerri à la vie, comme
un cheval de cavalerie à la guerre. La prendre en dégoût et songer
Argot du peuple. au suicide.
Voilà le cheveu ! C'est une va-
Etre bon cheval de trompette.
riante de Voilà le hic I
Ne s'étoimer, ne s'effrayer de
:

rien. Cheveu, s. m. Caprice, —


dans l'argot de Breda-Street, où
Chevalier du crochet, s.
l'amour tient en effet à peu de
m. Chiffonnier.
chose.
Chevalier du lansquenet, Avoir un
cheveu pour un
s. m. Hommequi fait volontiers homme. Etre de lui.
folle
le pont, à n'importe quel jeu de Assurément ce cheveu sort du
cartes, —
dans l'argot des bour- béguin, que nous connaissons déjà.
geois, qui ne sont pas fâchés de
mettre au rancart certaines au- Chevillard, s. m. Boucher
tres expressions sœurs aînées de
sans importance, —
dans l'argot
celle-ci, comme Chevalier d'in- des gros bouchers, qui n'achètent
dustrie, etc. pas à la cheville, eux !

Chevalier du lustre, m. Chèvre, s. f. Mauvaise hu-


Applaudisseur gagné. Argot de
s.
meur, —dans l'argot des ou-
théâtre. vriers, et spécialement des typo-
On dit aussi Romain, graphes.
Avoir la chèvre. Être en co-
Chevalier du mètre, s. m. lère.
Commis de nouveautés.
Gober la chèvre. Etre victime
Chevance, s. f. Ivresse, — de la mauvaise humeur de quel-
84 CHI CHI

qu'un. Signifie aussi se laisser Discours chic. Discours élo-


berner. quent, — c'est-à-dire rigolo.
Aux xvn' et xviii«
même
siècles on
Pren- Chican, s. m. Marteau, —
disait,
dre
dans
la chèvre.
le sens,
— dans l'argot des voleurs.
Chicard, adj. et s. Superla-
CheTronné, s. et adj. Ré- de Chic.
cidiviste, — dans l'argot des pri-
tif
Ce mot a lui-même d'autres su-
sons.
perlatifs, qui sont Chicandard et
Cherrotin (Etre). Avoir un Chicocandard.
caractère épineux, difficile à ma-
Chicard, s. m. Type de car-
nier, qui amène souvent des chè-
naval, qui a été imaginé par un
vres.
honorable commerçaat en cuirs,
Chiasse^ s. f. Diarrhée, — M. Levesque, et qui est mainte-
— dans l'argot du peuple. nant dans la circulation générale
comme synonyme de Farceur, de
Chiasse^ s. f. Chose de peu Roger-Bontemps, de Mauvais su-
de valeur; marchandise avariée. jet.
Même argot.
Chiasse du genre humain. Chicardeau, adj. m. Poli,
Homme méprisable. aimable, — dans l'argot des fau-
Chiasse, s. f. Maîtresse, — bouriens.

dans l'argot des laubouriens, dis- Chicarder, v. n. Danser à la


respectueux de la femme en gé- façon de Chicard, « homme de gé-
néral et en particulier. nie qui a modifié complètement
la chorégraphie française », af-
Chic, s. m. Habileté de main, M. Taxile Delord.
ou plutôt de patte, — dans l'argot firme

des artistes qui ont emprunté ce Chiche, s. m. Économe, et


mot au xvii* siècle. même Avare, — dans l'argot des
Faire de chic. Dessiner ou pein- bourgeois.
dre sans modèle, d'imagination, On dit aussi Chichard. —No-
de souvenir. tre vieux français avait cldce.

Chic, s. m. Goût, façon pitto- Chiche Exclamation de défi


!

resque de s'habiller ou d'arranger ou de menace, —


dans l'argot des
les choses, —
dans l'argot des pe- enfants et des ouvriers.
tites dames et des gandins.
Chicherie, s. f. Lésinerie.
Avoir du chic. Etre arrangé
avec une originalité de bon ou — Notre vieux français avait chi-
de mauvais —
goût. ceté.

Avoir le c/nc. Posséder une ha- Chicorée, s. f. Verte répri-


bileté particulière pour faire une mande, reproches amers qui sou-
chose. vent se changent même en coups.
Chic (Être). Etre bien, être Tout le monde connaît le goût de
bon genre, — dans le même la cichorium — endivia ou non
argot. endivia.

Monsieur Chic. Personne dis- Chicorée, s. f. Femme ma-


tinguée —
par sa générosité en- niérée, chipie.
vers le sexe. Faire sa chicorée. Se donner
CHT CHI ?5

des airs de grande dame, et n'être Ce n'est pas tant chien. Cela
souvent qu'une petite dame. n'est pas trop désagréable.
Chicot, s. m. Petit morceau Chien de cour, s. m. Maî-
de dent, de pain, ou d'autre chose, tre d'études, — dans l'argot des
— dans l'argot du peuple. collégiens.

Chicotep (Se;, v. réfl. Se dis- Chiendent, s. m. Difficulté,


puter, se battre pour des riens. obstacle, anicroche, dans l'ar-—
Même argot. got du peuple, qui avec quelle
sait
Ce verbe est vieux on le : facilité le httndsgrass pousse
trouve dans les Fabliairs de Bar- dans le champ de la félicité hu-
bazan. maine.
Voilà le chiendent. Voilà le
Chié, part, passé. Ressem- hic.
blant.
C'est lui tout chié. Il a le même Chien de réj^inient, s. m.
visage et surtout le même carac- Caporal ou brigadier, dans l'ar- —
tère. got des soldats.

Chien, s. m. Entrain, verve, Chien du commissaire, s.

originalité, —
dans l'argot des m. Agent attaché au service du
gens de lettres et des artistes ; ba- commissaire celui qui, il y a
;

gou, impertinence, désinvolture quelques années encore, allait


immorale, — dans l'argot des pe- par les rues sonnant sa clochette
titesdames. pour inviter les boutiquiers au ba-
layage.
Chien, s. m. Caprice de
cœur, —
dans l'argot des petites Chienlit, s. m. Homme vêtu
dames. ridiculement, grotesquemeut, —
Avoir un chien pour un homme. — dans l'argot du peuple, qui
Etre folle de lui.
n'a pas été chercher midi à qua-
torze heures pour forger ce mot,
Chien, m. Morceau de su-
s. que M. Charles Nisard suppose,
cre trempé dans l'eau-de-vie, que pour les besoins de sa cause [Pa-
le bourgeois donne à sa femme — radoxes philologiques), venir de
ou à sa bonne —
quand il est con- si loin.
tent d'elle. Remonter jusqu'au xve siècle

Chien, m. Compagnon, — pour trouver — dans chéaulz,


s.
dans l'argot des ouvriers affiliés
enfants, et lice, chienne —une
étjTBologie que tous les petits po-
au Compagnonnage.
lissons portent imprimée en capi-
Chien, s. et adj. Tracassier, tales de onze sur le bas de leur
méticuleux, avare, exigeant, — chemise, c'est avoir une furieuse
dans l'argot du peuple, qui se démangeaison de voyager et de
plaît à calomnier « l'ami de fairevoyager ses lecteurs, sans se
l'homme ». C'est l'expression an- soucier "de leur fatigue. Le verbe
glaise : Dog-ôolt. cacare —
en français date du —
Vieux chien. Vieux farceur, — xiiie siècle, et le mot qui en est
sly dog, disent nos voisins. naturellement qui nous
sorti, celui
occupe, n'a commencé à appa-
Chien, adj. Mauvais, — en raître dans la littérature que vers
parlant des choses et des gens. le milieu du xviii^ siècle; mais
86 cm CHI

il formé du jour où
existait tout Chiez* dans le nassetin
le verbe lui-même l'avait été, et aux apostrophes, v. n. De-
l'on peut dire qu'il est né tout venir riche, —
dans l'argot des
d'une pièce. Il est regrettable que typographes, qui n'ont pas de
M. Charles Nisard ait fait une si fréquentes occasions de commettre
précieuse et si inutile dépense cette incongruité rabelaisienne.
d'ingéniosité à ce propos mais ;

aussi, son point de départ était Chier tlaus ses bas, v. n.


par trop faux « La manière Donner des preuves d'insanité
de prononcer ce mot, chez les
:

d'esprit, —
dans l'argot du peu-
gamins de Paris, est chiaulit. Les ple.
gamins ont raison. » M. Nisard Chier de g'rosses crottes
a tort, qu'il me permette de le lui (Ne pas), V. a. Avoir mal dîné,
dire les gamins de Paris ont
:
ou n avoir pas dîné du tout.
toujours prononcé chie-en-lit.
Cette première hypothèse prou- Chier de petites crottes,
vée erronée, le reste s'écroule. Il V. a.Gagner peu d'argent, vivre
est vrai que les morceaux en sont dans la misère.
bons.
Chier îles carottes, v. a.
Chienlit (A la) Exclamation ! Se dit de toute personne gui non
injurieuse dont les voyous et les potest excernere, ou difflcillime
faubouriens poursuivent les mas- excernit, ou excernit sanguinem.
ques, dans les jours du carnaval,
— que ces masques soient élé-
Chier des châsses. Pleurer.
gants ou grotesques, propres ou
Argot des voyous.
malpropres. Chier des yeux. Avoir les
Ciiioiiner, v. n. Se dit — yeux chassieux. Argot du peuple.
dans l'onorgique argot du peuple Chier du poivre,
— femmes qui courent après
des
Manquer à une promesse,
v.
àun
n.

les honmics, renversant ainsi les rendez-vous disparaître au mo-


;
chastes habitudes de leur sexe.
ment où il faudrait le plus rester.
Chieniierie, s. f. Vilenie.
Chier sur la besogne. Tra-
liardcrie mauvais tour,
;
— dans même re-
vailler mollement, et
le même argot.
noncer au travail.
Cliicr daus la malle ou Chier sur l'œil, v. n. Se
dans le panier de (luel-
moquer tout à fait de quelqu'un.
qu'un, Lui jouer un tour
V. n.
qu'il ne pardonnera jamais, — Chier sur quelqu'un ou
dans le même argot. sur quelque chose. Témoi-
Le peuple dit quelciuefois, pour gner un grand mépris pour elle
mieux exprimer le dégoût que lui ou pour lui l'abandonner, y re-
;

cause la canaillerie de quelqu'un : noncer. Brantôme a employé cette


// a chic dans mon j^anier jus- expression à propos de la renon-
qu'à l'anse. ciationdu ministre protestant Da-
L'expression, qu'on pourrait vid.
croire moderne, sort de la satire
Chieur il'encre. Écrivain,
M^nippce, où on lit « Gettuy-là :
journaliste.
a fait caca en nos paniers il a :

ses desseins à part. » Chifî'arde, s. f. Assignation


GHI GHI 87

à comparoir, — dans l'argot des Chigner des yeux, v. n.


voleurs. Pleurer, — dans le même argot.
Chiffarile, s. f. Pipe, — dans Chimique, s. f. Allumette
l'argot des faubouriens. chimique, — dans l'argot du peu-
ple.
Chiffe j s. sans
f. Homme
énergie, chiffon pour le courage, Chinchilla, adj. Barbe ou
— dans l'argot du peuple. cheveux noirs et blancs, poivre
On dit aussi Mou comme une et sel.
chiffe, mais c'est un pléonasme.
Chiner, v. n. Brocanter, ache-
Chifferton ou Cbiffretoii, ter tout ce qu'il y a d'achetable
s. m. Chiffonnier, — dans l'argot — et surtout de revendable à —
des faubouriens. l'hôtel Drouot.
Chiffon, s. f. Petite fille — Chineur, s. m. Marchand de
et aussigrande fille à minois — peaux de lapins, — dans l'argot
ou à vêtements chifl'onnés. Vol- des chiffomiiers. Signifie aussi
taire a employé cette expression Auvergnat, Homme qui court les
à propos de la descendante de ventes et achète aussi bien un
Corneille. Raphaël qu'un lot de fonte.
Chiffon de pain, s. m. Chinfreniau, m. Orne-
Morceau de pain coupé, — dans ment de tête ou de cou, dans
s.

Targot du peuple. l'argot du peuple.
Chiffon roug^e, s, m. La Signifie aussi Coup à la tète
langue, —
dans l'argot des vo- ou au visage, —
au chanfrein.
leurs, qui sont parfois des néo-
Chinois, m. Original qui-
s.
logues plus ingénieux que les
gens de lettres.
dam quelconque, —
dans l'argot
;

des faubouriens.
Balancer le chiffon rouge. Par-
ler.
On dit aussi Chinois de para-
Les voleurs anglais disent de vent.
même Red rag. Chinois, m.
Petite orange
s.
Chiffonner, V. a. Contrarier, verte, confite dans
l'eau-de-vie,
ennuyer, — dans l'argot des bour- qui est, à ce qu'il parait, le pro-
geois". duit d'un oranger particulier, le
citnis vidgains chinensis, le bi-
Chiffonnier, s. m. Homme garadier chinois.
qui se plaît dans le désordre.
Chinoiserie, s. f. Farce,
Chiffonnier, s. m. Voleur bon ou de mau-
de mouchoirs, —
qui sont des
plaisanterie de
vais goût.
chiffons pour ces gens-là.
Chiper, v. a. Dérober, —
Chiffonnier de la double dans l'argot des enfants; voler,
colline, s. m. Mauvais poète,
— dans l'argot des gens de let-
— dans l'argot des grandes per-
sonnes. Peccadille ici, délit là.
tres.
Génin donne à ce mot une ori-
Chiffornion, s. m. Foulard gine commune au mot chiffon,
loque chiffons,
;
— dans l'argot
;

ou chiffe : le verbe anglais to


des voyous. chip, qui signifie couper parmor-
cm cm
ceaux. Je le veux bien; mais il Signifie aussi : Mauvaise hu-
serait si simple de ne rien em- meur, — de l'esprit étant
l'état
pnmter aux Anglais en se con- la conséquence de l'état du corps.
tentant de l'étymologie latine ac- Avoir une chique. Etre saoul.
cipere, dont on a lait le vieiix Acoir sa chique. Etre de mau-
verbe français acciper! Acciper, vaise humeur.
par syncope, a fait cipe?'; eiperà,
comme — Chique, S. f. Morceau de
son tour a fait chipe?',
tabac cordelé que les marins et
cercher a fait chercher.
les ouvriers qui ne peuvent pas
Cliîpette, s. f. Rien ou peu fumer placent dans un coin de
de chose, —
dans l'argot du peu- leur bouche pour se procurer un
ple, plaisir —
dégoûtant.
Poser sa chique. Se taire, et,
Chipe<te, Lesbienne,
s. f. — par extension, Mourir.
dans l'argot des voleurs, qui ne On dit aussi, pour imposer si-
connaissent pas le grec, mais lence à quelquun : Pose ta
dont les ancêtres ont connu le chique et fais le mort.
rouchi.
Chiqué (Etre). Etre fait,
Chîpeur, s. m. Enfant qui peint ou dessiné avec goût, avec
emprunte les ou les tar-
billes
esprit, avec chic.
tines de ses camarades; homme
qui vole les porte-monnaie et les Chique de pain, s. f. Mor-
mouchoirs de ses concitoyens. ceau de pain.

Chipie, s. f. Fille ou femme Chiquenieut, adv. Avec


qui fait dédaigneuse, qui
la chic.
prend de grands airs à propos de
— Chiquer, v. a. Dessiner ou
petites choses, dans l'argot du
peindre avec plus d'adresse que
peuple, ennemi-né des grimaces.
de correction, avec plus de chic
Cliipoter, v. n. Faire des que de science véritable.
façons; s'arrêter à des riens. Ce
Chiquer, V . a. B:ttre,
mot appartient à la langue ro-
mane.
donner des coups, — dans l'ar-
got des faubouriens, qui déchi-
Signifie aussi : Manger du bout quettent volontiers leurs adver-
des dents.
saires, surtout lorsqu'ils ont une
Chipoteuse, s. f. Femme ca- chique.
pricieuse; variété de Chipie. Se chiquer. Echanger des
coups de poing et des coups de
Chipotier, ère, s. m. et f.
pied.
Celui, Celle qui ne fait que chi-
poter. Chiquer, s. m. Manger.
^
Chique, Église,
s. f. dans — Chiquette, s. f. Petit mor-
l'argot des voleurs, qui, s'ils ne ceau.
savent pas le français, savent
sans doute l'anglais (C'/iZircA), ou Chiquette à chiquette,
le flamand {Kerke), ou l'alle- adv. Par petits morceaux.
mand [Kirch). C'est évidemment le même mot
que chicot, qui a lui-même pour
Chique, s. f. Griserie, — racine le vieux mot français
dans l'argot des faubouriens. chice.
CHO CHO 89

Chiqueurj s. m. Maugeur, Chopiner, v. n. Hanter les


glouton. cabarets, — dans l'argot dédai-
gneux des bourgeois, qui, eux,
Chiqueur, s. m. Artiste qui
hantent les cafés.
faitde chic au lieu de faire d'a- Chopiner théologalement, dit
près nature. Rabelais.
Chirurg^îen en Tîeux, s. Chose. Nom qu'on donne à
m. Savetier, qui répare les vieux celui ou celle qu'on ne connaît
cuirs, —
dans l'argot des fau- pas.
bouriens. On dit aussi Machin. Ulysse,
Choca> s. m. Substance ali- au moins, se faisait appeler Per-
mentaire inventée il y a une sonne dans l'antre de Polyphème!
quinzaine d'années. Elle est Chose, adj. Singulier, origi-
composée de chocolat et de café. nal, bizarre, — dans l'argot du
Chocaillouj s. Ivrognesse,
f.
peuple, à qui le mot propre
chiffonnière, — dans l'argot des manque quelquefois.
bourgeois. Avoir l'air chose. Etre embar-
rassé, confus, humilié.
ChocuosoflT, s. et adj. Bril- Etre tout chose. Etre interdit,
lant, élégant, beau, parfait, — ému, attendri.
dans l'argot des faubouriens et
des rapins. Chou-blanc, s. m. Insuccès,

Choléra, m. Viande mal-


— le chou blanc dans la
étant,
s. classe des Brassicées, ce que la
saine, ou seulement de qualité rose noire est dans la famille des
inférieure, —
dans l'argot des Rosacées le désespoir des cher-
:

bouchers, qui disent cela depuis cheurs d'inconnu.


trente ans.
Faire chou-blanc. Échouer
Cholette, s. f. Chopine de dans une entreprise manquer au ;

liquide, — dans l'argot des vo- rendez-vous d'amour revenir de ;

leurs. la chasse le carnier vide, etc.


Double cholette. Litre. Chouchouter, v. a. Choyer,
Choper, v. a. Attraper en caresser, traiter de petit chou.
courant, — dans l'argot des éco- L'expression est de Balzac.
liers.
Choucrouter, v. n. Manger
Signifie aussi Prendre.
de la sauer-kraut, dans lâr- —
got des faubouriens.
Choper, v. a. Prendre, vo-
ler, —dans l'argot des voleurs. Signifie aussi parler allemand.

Se faire choper. Se faire ar- Choucpouteup, s. m. Alle-


rêter. mand, mangeur de sauer-kraut.
Chopin, s. m. Objet volé On dit aussi Choucroutemann.
;

coup ; affaire. Chouette, adj. Superlatif de


Bon Chopin. Vol heureux et Beau, de Bon et de Bien, — dans
considérable. l'argot des ouvriers.
Mauvais chopin. Vol de peu On dit aussi Chouettard et
d'importance, qui ne vaut pas Chouettaud, — sans augmenta-
qu'on risque la prison. tion de prix.
90 GHR Gia

Chouette (Etre). Etre pris, Christino, s. m. Partisan


— dans l'argot des voleurs, qui de la relue Christine, adversaire
opèrent de nuit comme les chats- des carlistes.
huants, et, le jour, s'exposent Christmas, s. f. Fête de
comme eux k avoir sur le dos
tous les oiseaux de proie poli-
Noël, — dans l'argot des gens
de lettres, anglomanes comme les
ciers, leurs ennemis naturels.
gandins
Chouette (Faire uue). Jouer
Chroniqueur, s. m. Journa-
au billard seul contre deux au-
listede la petite presse, n'ayant
tres personnes.
aucun rapport avec Joinville ni
Chouettement, adv. Parfai- avec Froissart.
tement. Chronomètre, s. m. Mon-
Chouffliqueup, s. m. Mau- tre en général. Argot des bour-
vais ouvrier, Savetier, dans — geois.
l'argot des typographes, qui, à
Chrysalide, s. f. Vieille
leur insu, se servent là de l'ex-
pression allemande schuhflicker.
coquette, —
dans l'argot des fau-
bouriens, qui ont parfois l'analo-
Choumaque, s. m. Cordon- gie heureuse, quoique imperti-
nier, —
dans l'argot du peuple, nente.
qui ne se doute guère qu'il pro-
nonce presque bien le mot alle-
Chtibe§, s. f. pi. Bottes, —
dans l'argot des voyous.
mand Schumacher
On dit aussi Choufflite ; mais Chuter, v. n. Tomber, —
ce mot n'est qu'une corruption du dans l'argot du peuple.
précédent. Signifie aussi, et alors ce verbe

Chouriuep, V. a. Tuer, — est



actif, Empêcher de réussir,
dans l'argot des coulisses.
dans l'argot des ouvriers qui ont
lu les Mystères de Paris d'Eu- Cible à coups de pied, s.
gène Sue, et qui, à cause de cela, f. Le derrière. Argot du peuple.
n'ont que de fort incomplètes et
de fort inexactes notions de l'ar- Ci-dcTant, s. m. Vieillard,
got des voleurs. — qui a été jeune.
V. Suriner. Ci-dcTant, s. m. Noble.
Chouriiieup, s. m. Assassin, Cidre élégant, m. Vin
— par allusion au personnage de Champagne.
s.
L'expi'ession est
des Mystères de Paris qui porte
d'Henry Murger.
ce nom, lequel avait, à ce qu'il
paraît, grand plaisir à tuer. Cierge, s. m. Sergent de
L'étymologie voudrait que l'on ville en grande tenue, dans —
dit Surineur; mais l'euphonie l'argot des marbriers de cime-
veut que l'on prononce Chouri- tière.
neur.
Cigale, s. f. Cigare, — dans
Chrétien, s. m. Homme, cà l'argot du peuple, qui frise l'éty-
q^uelque religion qu'il appar- mologie de plus près que les
tienne. Argot du peuple. bourgeois, puisque cigare vient
Viaiide de chrétien Chair hu-
. de l'espagnol cigarro, qui vient
lui-même, à tort ou à raison, de
cm CLA 91

cigara, cigaie, par une vague Cirur^ien, s. m. Médecin,


analogie de forme. chirurgien, —
dans l'argot du
peuple, qui parle comme Am-
Cigrale. f. Chanteuse des
s.
broise Paré écrivait. C'est le
rues, qui se trouve souvent dé-
yîiso'jpY'.y.ô; des anciens.
pourvue lorsque « la bise est ve-
nue » Citoyen offlcieux, s. m.
Cigrale, s. f. Pièce d'or, — Laquais, — dans l'argot révolu-
tionuaire, qu'on emploie encore
dans l'argot des voleur?, qui ai- aujourd'hui.
ment à l'entendre sonner dans
leur poche. CiTade, f. Avoine,
s. —
Ils disent aussi Ci'juf, par dans des maquignons et
l'argot
apocope, et Ciguë, par corrup- des voleurs, qui emploient un
tion. mot de la vieille langue fran-
çaise. Civade vient de cive, gui
Cigogne, s. f. Le Palais de

justice, — dans l'argot des vo- Â'enait de cœpa, oignon, d'où
cxpatum civet, plat à l'oignon;
leurs.
et l'étymologie n'a rien de forcé,
Dab de la Cigogne. Le procu-
reur général.
aimé venant bien ^amatum.
Les Espagnols disent cebada
Ciment, s. m. Moutarde, — pour Orge.
dans l'argot des francs-maçons.
CiTard, s. m. Herbage.
Cimetière parisien, s. m.
Le cimetière de la commune CiTe, s. f. Herbe.
d'hTj", devenue le XV^ arrondis-
— Clabauder, v. n. Crier à
sement, dans l'argot des mar-
propos de tout, et surtout à pro-
briers, qui savent qu'on enterre
là, maintenant, une grande par-
pos de rien, —
comme un chien.
Argot des bourgeois.
tie des Macchabées de la rive
Signifie aussi Répéter un bruit,
gauche.
une nouvelle; faire des cancans,
Cinq-centimados , s. m. — et alors il est verbe actif.
Cigare d'un sou, —
dans l'argot
Clairté, s. f. Lumière, net-
des faubouriens, qui ont voulu —
teté, beauté, dans l'argot du
parodier à leur façon les trabucos,
peuple, fidèle à l'étymologie {cla-
les cazadores, etc.
ritas) et à la tradition :

Cinq sous, s. m. Cigare de


« Parquoy s'ensuit qu'en toute claireté
vingt-cinq centimes.
Son nom reluyt et sa vertu pullule, »
Cinquième, s. m. Verre de
dit Clément Marot.
la contenance d'un cinquième de
litre, —
dans l'argot des mar- Claïupin, s. m. Fainéant,
chands de vin. traîne-guétres, homme qui a be-
Les faubouriens, amis de l'eu- soin d'être fortifié par un clamp,
phonie, disent volontiers cintième. — le clamp de l'énergie et de la

muni- volonté.
Cipal, s. m. Garde
cipal, —
dans l'argot des voj'ous, Clampiner, v. n. Marcher
amis des aphérèses. paresseusement, flâner

Cireux, adj. et s. Qui a de la Clapier, s. m. Maison mal


chassie, de la c/;-e aux yeux. famée, où l'on élève du gibier do-
92 G LA GLO

mestique h l'usage des anitateurs Cliché, s. m. Phrase tout'î


parisiens. faite, métaphore banale, plaisan-
L'expression se trouve dans terie usée, — dans l'argot des
beaucoup d'écrivains des xv° et gens de lettres.
vvi'^ siècles.
Clique, s. f. Diarrhée. Argot
Claque, s. f. Soufflet, — dans du peuple.
l'argot du peuple, qui aime les
Clique, s. f. Bande, coterie,
onomatopées. compagnie de gens peu esti-
Figure à claques. Visage mo- mables. Même argot.
queur qui donne des démangeai- Mauvaise Pléonasme
clique.
sons à la main de celui qui le
regarde.
fréquemment employé, clique —
ne pouvant jamais se prendre en
Claqué, s. m. Homme mort. bonne part.
La boite aux claqués. La Cliquot, s. m. Vin de Cham-
Morgue.
Lp jardin des claqués. Le ci-
pagne, —
dans l'argot des gens
de lettres, qui veulent faire une
metière des hospices. réclame à la maison de commerce
Claque-faim, s. m. Homme de la veuve Cliquot.
sans ressources, qui meurt de Cloporte, s, m. Concierge,
faim.
Le peuple ditdans le
aussi,
— soit parce qu'il habite une
— loge sombre et humide, comme
même sens. Claque-soif, par ïoniscus rnurarius ; soit parce
compassion, l'homme qui meurt qu'il apour fonctions de clore la
de soif étant pour lui plus à porte de la maison.
plaindre que celui qui meurt de
faim. Cloque, s. f. Phlyctène bé-
Claquer, Donner des nigne qui se forme à 1 épiderme,
soufflets.
v. a.
— dans l'argot du peuple, ami
des onomatopées.
Claquer, v. a. Vendre une Les bourgeois, eux, disent
chose, s'en débarrasser, dans — cloche : c'est un peu plus fran-
le même argot. çais, mais cela ne rend pas aussi
Claquer ses meubles. Vendre exactement le bruit que font les
son mobilier. ampoules lorsqu'on les crève.

Claquer, v. n. Manger, — Clos-cul, s. m. Le dernier-


dans l'argot des voyous, qui font né d'une famille ou d'une couvée.
allusion au bruit de la mâchoire On dit aussi Cidot.
pendant la mastication.
Clou, m. Le mont-de-piété,
Claiiucr, V. n. Mourir, — — où
s.
va souvent accrocher
l'on
dans l'argot des faubouriens. ses habits ou ses bijoux quand on
Clarinette de cinq pieds, a un besoin immédiat d'argent.
s. f. Fusil, — dans l'argot des
Coller au clou. Engager sa
montre ou ses vêtements chez un
soldats.
commissionnaire au mont-de-
Cla-vin, s. m. Clou, — dans piété.
l'argot des voleurs, plus fidèles à Grand clou. Le mont-de piété
l'étymologie [clavus) qu'à l'hon- de la rue des Blancs-Manteaux,
nêteté. dont tous les autres monts-de-
coc GOG 93

piété ne sont que les succursales. Cocardier, s. m. Homme fa-

Clou, s. m. Prison, — dan


natique de son métier, — dans
l'argot des troupiers.
l'argot des voleurs.
Cocasserie, s. f. Saugre-
Clou, s. m. La Salle de po-
nuïté dite ou écrite, jouée ou
lice, —dans l'argot des soldats, peinte, —
dans l'argot des ar-
qui se font souvent accrocher par tistes et des gens de lettres.
l'adjudant.
Coller au clou. Mettre un sol- Coche, s. f . Femme adipeuse,
dat à la salle de police. massive, rougeaude, dans l'ar- —
got du peuple, qui veut que la
Clouer le bec, v. a. Impo- femme, pour mériter ce nom,
ser silence à un importun, ou à ressemble à une femme et non à
un mauvais raisonneur, dans — une scrofa.
l'argot du peuple.
On Cochonaille, s. f. Charcu-
dit aussi River le bec.
terie, — dans l'argot des ou-
Clous, s. m. pi. Outils, — vriers, — qui ne redoutent pas
dans l'argot des graveurs sur les trichines.
bois, qui confondent sous ce nom On dit aussi Cochonnerie.
les échoppes, les hurins et les
Cochonner, v. a. Travailler
gouges.
sans soin, malproprement, —
Clous de g^irofle, s. m. pi. dans l'argot des bourgeois.
Dents noires, avariées, esgri-
gnées comme celles de Scarron.
Cochonnerie, s. f. Besogne
mal faite marchandise de qua-
Co, s. m. Coq. — dans l'ar- lité
;

inférieure ; nourriture avariée


got des paysans et des enfants. ou mal préparée. Argot du peu-
ple
Cobleutz. Nom que les cabo-
tins et flâneurs à leur suite
les Cochonnerie , s. f. Vilain
donaaient, il y a quelques an- tour, trahison, manque d'amitié.
nées encore, à la partie des boule-
Tards comprise entre le Chàteau- Cochonnerie, s. f. Ce que
d'Eau et les Funambules, où ils
Cicéron appelle turpitudo verbo-
noctambulaient lorsqu'on les avait rum. Argot des bourgeois.
exilés du Café des Mousquetaires. Coco, s. m. Boisson rafraîchis-
Cocang^es, s. f . pi. Coquilles
sante composée d'un peu de bois
de noix avec lesquelles certains de réglisse et de beaucoup d'eau.
fripons fout des dupes Cela ne coûtait autrefois qu'un
liard le verre et les verres étaient
Coeangpeur, s. m. Voleur grands aujourd'hui cela coi'ite
;

qui a la spécialité des Cocanges et deux centimes, et les verres sont


de la Roubignole. plus petits. progrès !

Cocarde, s. f. La tète, — Coco, s. m. Tète, — dans l'ar-


dans l'argot du peuple. got des faubouriens, qui prennent
Taper sur la cocarde. Se dit l'homme pour un cocos nucifera.
d'un vin trop généreux qui pro- Coco déplumé. Tète sans che-
digue l'ivresse. veux.
A voir sa cocarde. Etre en état Redresser le coco. Porter la
d'ivresse. tète haute.
94 GOG GOG

Monter le coco. Exciter le dé- ne travaille pas, qui n'a pas de


sir, solliciter l'imagination. rentes, et qui cependant trouve le

Coco, s. m. Gorge, gosier, — moyen de bien vivre aux dé- —


pens des imbéciles riches qui
dans le même argot.
tiennent à se ruiner.
Se passer par le coco. Avaler,
Le mot date de quelques an-
boire, manger. nées à peine. Nos pères disaient :
Coco, s. m. Homme
singulier, Poidette.
original, —
dans le môme argot. Cocotterie, s. f. Le monde
Joli coco. Se dit ironiquement
galant, la basse-cour élégante où
et commereproche de quelqu'un
gloussent les cocottes.
qui se fait attendre, ou qui fait
une farce désagréable. Cocottes, s. f. pi. Poules,
Drôle de coco. Homme qui ne canards, dindons, etc., dans —
fait rien comme personne. l'argot des enfants.

Coco, s. m. Eau-de-vie, — Se dit aussi des Poules en pa-


pier avec lesquelles ils jouent.
dans le même argot.
Cocottes,
Coco, s. m. Cheval, — dans
s. f.
d'un goût douteux dont les chan-
pi. Fioritures

l'argot du peuple. teurs ornent les mélodies qu'ils


a graissé la patte à coco. Se
Il interprètent. Argot des coulisses.
dit ironiquement d'un homme qui
s'est mal tiré d'une affaire, qui a
Cœup d'artichaut, s. m.
mal rempli une commission. Homme à l'amitié banale fem-

;

me à l'amour vénal , dans


Coco, s. m. Œuf, — dans l'argot du peuple.
l'argot des enfants, pour qui les On dit // ou Elle a un cœur
:

poules sont des cocottes. d'artichaut, il y en a une feuille


Cocodès, s. m. Imbécile pour tout le inonde.
riche qui emploie ses loisirs à se Coffre, s. m. La poitrine, —
ruiner pour des drôlesses qui se dans l'argot du peuple, qui a
moquent de lui. l'honneur de se rencontrer pour
pourrait croire ce mot de la
On ce mot avec Saint-Simon.
même date que cocotte : il n'en Avoir le coffre bon. Se bien por-
est rien, —
car voilà une ving- ter physiquement.
taine d'années que l'acteur Os-
mont mis en Coffrer, v. a. Emprisonner,
l'a circulation.

— dans l'argot du peuple, qui
Cocodette, s. f. Drôlesse, s'est rencontré pour ce mot avec
la femelle du cocodès, comme — Voltaire.
la chatte est la femelle de la sou- Se faire coffrer. Se faire arrêter.
ris.
Cog;nade, s. f. Gendarmerie,
Coco épileptique, s. m. — dans l'argot des voleurs, qui
Vin de Champagne, — dans l'ar- ont de fréquentes occasions de se
got des gens de lettre qui ont lu cogner avec les représentants de
la Vie de Bolième. la' loi.

Cocos, s. m.
Souliers, pi. — Cog'ne, s. m. Gendarme.
dans l'argot des enfants. La cogne. La gendarmerie.
Cocotte, s. f. Demoiselle qui Co^^ne, s. m. Apocope de Co-
COL COL 95

gnac, — dans l'argot des faubou- qui sait que ces mariages-là du-
riens. rent souvent plus longtemps que
les autres.
Cogner (Se), v. réfl. Échan-
ger des coups de pied et des Collant, adj. Ennuyeux, —
coups de poing, dans le même — dans l'argot des petites dames, qui
argot. n'aiment pas les gens qui ont l'air
Se dit aussi pour Prendre les :
de les trop aimer.
armes, descendre dans la rue et Colle, s. f. Examen prépara-
faire une émeute toireà un examen véritable, —
Coiffer, v. a. Donner un souf- dans l'argot des Polytechniciens.
flet, ime calotte.
Etre tangent à une colle. Etre
menacé d'un simulacre d'examen.
Coiffer, v. a. Trahir son
mari, — dans l'argot des bour- Colle, s. f . Mensonge, — dans
geoises. l'argot des faubouriens.

Coiffer Se prendre d'a- Collé (Être). Ne plus savoir


(Se).
mitié ou d'amour pour quelqu'un ciuoirépondre être interdit,
;

ou pour quelque chose. dans — dans l'argot du peuple.
l'argot du peuple, qui a eu l'hon- Collègue, s. m. La prison, —
neur de prêter ce mot à. La Fon- dans l'argot des voleurs, qui y
taine. font en effet leur éducation et en
Coiffer sainte Catherine, sortent plus forts qu'ils n'y sont
V. a. Rester vieille fille, — dans entrés.
Collèges de Pantin. Prisons de
l'argot des bourgeois.
Paris.
Coire, s. f. Ferme, métairie, Les Anglais ont la même ex-
— dans l'argot des voleurs. pression City collège, disent-ils
:

à propos de Newgate.
Colas, s. m. Cou, — dans le
même argot. CoUég^ien, s. m. Prisonnier.
On dit aussi le colin.
Coller, v. a. Donner, — dans
Colas, m.
Imbécile, ou seu-
s. l'argot des faubouriens, qui col-
lement homme timide, dans — lent souvent des soufflets sans se
l'argot du peuple, qui aime les douter que le verbe colaphizo
gens dégourdis. (•/.oÀà—co) signifie exactement la
Grand colas. Nigaud, qui a même chose.
laissé échapper une bonne for- Se coller. Se donner quelque
tune. chose.
Colback, s. m. Conscrit, — Coller, V. a. Mettre, placer,
dans l'argot des vieux troupiers, envoyer, — dans l'argot du peu-
pleins de mépris pour les débu- ple.
tants .

Coller (Se), v. réfl. Se placer


Col cassé, s. m. Gandin, — quelque part et n'en pas bouger.
homme à la mode de 1865. Ar-
got des faubouriens. Coller (Se), v. réfl. Se lier
trop facilement ; faire commerce
Collag^e, s. m. Union morga- d'amitié avec des gens qui n'y
nique, —
dans l'argot du peuple, sont pas disposés.
96 GOM COM

Coller (Se faire). Se faire re- Aller à comberge. Aller à con-


fuser aux examens, —
daus l'argot fesse.
des étudiants. Comblance, s. f. Abondance,
Coller sous bande, v. a. excès, chose comble, — dans le
Châtier un impertinent ; river son même argot.
clou k un farceur tromper un ;
Par comblance. Par surcroît.
trompeur sortir victorieux d'un
;
Combre, s. m. Chapeau, —
pugilat de paroles. dans l'argot des voleurs, qui ont
Coller un pain, v. a. Appli- trouvé plaisant de comparer cette
quer un soufflet ou un coup de coiffure à un concombre, et plus
poing sur la figure de quelqu'mi. plaisant encore de supprimer la
Argot des faubouriens. première syllabe de ce dernier
mot.
Colleur, s. m. Menteur. Ils disent aussi Cambriot.

Colleur, s. m. Examinateur, Conibrie, Pièce d'un


— dans l'argot des Polytechni- franc, — dans
s.
le
f.

même argot.
ciens.
Conibrieu, s. m. Chapeau, —
Colleur, s. m. Homme qui se
dans l'argot des faubouriens.
lie trop facilement ;
importun ba- Ils disent aussi Cambrieu,,
vard qui, une fois qu'il vous tient,
plus conformément à l'étymologie,
ne vous lâche plus. qui est certainement cambré.
Colloyuer (Se), v. réfl. Se Combrousier, s. m. Paysan,
placer, s'asseoir, —
dans l'argot — dans l'argot des voleurs.
du peuple.
— Combustible (Du) ! Se dit,
Coloquinte, s. f. Tète, comme Chaud Chaud ! ! — dans
dans l'argot des faubouriens, qui l'argot du peuple, — pour ex-
ont trouvé dans certains individus citer quelqu'un à faire quelque
grotesques une ressemblance avec chose.
le cHcumis colocynthis,
Corne, s. m. Apocope de Com-
Coltin, Force, énergie,
s. f. merce, — dans l'argot des voyous.
— dans l'argot du peuple, qui tire
Comète, s. f. Vagabond, —
du cou dans presque tous ses tra-
vaux. dans l'argot des faubouriens.

Coltiner, Traîner une Commander à cuire, v. n.


v. n.
charrette avec un licol, comme Envoj'er à l'échafaud, — dans
font les Auvergnats ou leurs fem- l'argot des prisons.
mes, qui remplacent avec tant Commandite, s. f. Ouvriers
d'avantage les iètes de somme. travaillant pour le compte d'un
Coltineur, s. m. Homme tâcheron, — dans l'argot des ty-
pographes.
qui traîne une charrette avec un
licol. Comme il faut, s. m. Les
règles de l'élégance et de la dis-
ConiberjEi^cante, s. f. Confes-
sion, —
dans l'argot des voleurs.
tinction, le suprême bon ton, —
dans l'argot des bourgeois, à pro-
Comber^o, s. m. Confes- pos des gens et des choses. C'est
sionnal. la .Cani dos Anglais.
GOM GON 97

On prononce comifù. a. Vomir, —


dans l'argot des
marins et du peuple.
Comme il faut, adj. Selon
Les Anglais ont une expression
lecode du bon goût et du bon ton,
analogue To cast up one's ac-
:
du bien dire et du bien élevé. counts (rendre ses comptes), di-
L'homme comme il faut des sent-ils.
bourgeoises est le monsieur bien
des petites dames. Comte de Caruche, s. m.
Commissaire, s. m. Pot de
Porte-clés, —
dans l'argot des
voleurs, qui se plaisent cà occu-
faïence noire de la contenance per leurs loisirs forcés en s'impro-
d'un litre. Argot des faul)ouriens visant les Borel d'Hauterive de
et des cabotins. leur prison.
C'est l'acteur Laurent qui a re-
cueilli ce mot dans un cabaret de Comte de €iig;ot-fin, s. m.
barrière et l'a importé dans les Beau mangeur, —
dans l'argot
coulisses. du peuple, qui ne pas de craint
créer des types comme Molière et
On dit aussi Jésuite.
d'anoblir des vilains comme Na-
Commode, s. f. Cheminée, poléon.
— dans l'argot des voleurs, qui y
Comte du canton, s. m.
serrent les objets dont ils veulent
se débarrasser comme trop com-
Geôlier, — dans l'argot des vo-
leurs.
promettants.
Commune comme une Condé, s. m. Permission de
moule, adj. Se dit — dans l'ar-
tenir des jeux de hasard, dans —
got des Précieuses bourgeoises — l'argot des voleurs, qui obtien-
nent cette permission d'un des
de toute femme, du peuple ou
condcs suivants :
d'ailleurs, qui ne leur convient
pas. Grand condé. Préfet.
Petit condé. Maire.
Communiste, s. m. Répu- Demi-condé. Adjoint.
blicain, —
dans l'argot des bour-
_
Condé franc ou affranchi. Fonc-
geois, qui, en 1848, donnaient ce tionnaire qui se laisse corrompre.
nom à tout ce qui n'était pas eux. Plus particulièrement Faveur
Compas, s. m. Les Jambes,
obtenue d'un geôlier ou d'un di-
— dans l'argot des ouvriers. recteur.

Ouvrir le compas. Marcher. Cône, s. f. La mort. — dans


Allonger le compas. Précipiter le même argot.
sa marche.
Conférencier, s. m. Orateur
Compère - cochon s. m. , en chambre, qui parle de tout
Homme plus familier qu'il n'en a sans être payé pour cela.
le droit, — dans l'argot des bour- Mot nouveau, profession nou-
geois. velle.

Compte (Avoir son), v. a. Confirmer, v. a. Donner wwq


Etre gris pour avoir trop bu, ou paire de soufflets.
blessé à mort pour s'être battu en
Confrère de la liune, s.
duel.
m. Galant homme qui a eu le
Compter sei chemises, v. tort d'épouser une femme galante,
98 CON CON

— dans l'argot du peuple, trop Conobrer, v. a. Connaître,


irrévérencieux envers le croissant — dans l'argot des voleurs.
de la chaste Diane. Ce verbe ne viendrait-il pas de
eognoscere, connaître, ou de co-
Coniller, v. n. User de sub- gnobilis, facile à connaître ?
terfuges pour échapper à un en-
nui ou à un danger, se cacher, Conquête, sub. fém. Maî-
disparaître, —
comme un lapin tresse d'une hem'e ou d'un mois,
(cuniculus, conil) dans son trou. — dans l'argot des bourgeois
Argot du peuple. Alexandres pacifiques.
Conir, v. n. Mourir. Conscience, s. f. Travail spé-
cial, fait à la journée au lieu de
Conjung^o, s. m. Mariage, l'être aux pièces. Argot des typo-
dans l'argot du peuple, qui a voulu graphes.
faire allusion au premier mot du
Etre en conscience, ou à la con-
discours du prêtre aux mariés :
science. Travailler à la journée.
Conjiingo (je joins).

Connaissance, Conscrit^ s. m. Élève de pre-


tresse, —
s.
dans l'argot des ou-
f. Maî-
mière année, — dans l'argot des
Polytechniciens, dont beaucoup
vriers, qui veulent connaître ime
se destinent à l'armée.
fille avant de la prendre pour
C'est aussi l'élève de seconde
femme.
promotion à Saint-Gyr.
Connaître le journal.
Etre au courant d'une chose sa- Conservatoire, s. m. Grand
voir à quoi s'en tenir sur quel-
;
mont-de-piété, — dans l'argot du
peuple.
qu'un. Argot des bourgeois.
Signifie aussi Savoir de quoi se Consolation, s. f. Eau-de-
compose le dîner auquel on est vie, — dans l'argot du peuple,
invité. qui se console à peu de frais.
Connaître le numéro, v. Débit de consolation. Liquo-
a. Avoir de l'habileté, de l'expé- riste, cabaret.
rience, —dans l'argot du peuple,
Consoler son café. Mettre
qui ne se doiite pas que l'expres-
de l'eau-de-vie dedans. Habitude
sion a appartenu à l'argot des
chevaliers d'industrie. « Les es-
normande, — très parisienne.

crocs disent d'une personne qu'ils Consomme, s. f. Apocope de


n'ont pu duper Celui-là sait le
: consommation, — dans l'argot des
numéro, il n'y a lien à faire. » faubouriens.
(Les Numéros parisiens, 1788.)
Connaître le numéro de quel- Constante, f. Nom que
s.

qu'un. Savoir ce qu'il cache ; les Polytechniciens donnent à 1 é-


lève externe, parce que l'externe
connaître ses habitudes, son ca-
sort de l'école comme il y est en-
ractère, etc.
tré il n'a pas d'avancement
: il ;

Connu! Exclamation de l'ar- n'est pas choyé, il joue au milieu


got du peuple, qui l'emploie pour de ses camarades le rôle de la
interrompre les importuns, les constante dans les calculs il :

bavards —
et même les éloquents. passe par toutes les transforma-
Signifie aussi : C'est usé ! Je tions sans que sa nature en su-
ne crois plus à ces choses-là ! bisse aucune variation.
COP COQ 99

Contre, s. m. Consommation Copie, s. f. Travail plus ou


personnelle, au calé, que l'on moins littéraire, bon à livrer à
joue avec une autre personne l'imprimeur, —
dans l'ar^'ot des
contre sa consommation. gens de lettres, qui écrivent co-
piosissi7nè dans l'intérêt de leur
Contremarque du Père copicv.
lia Chaise, s. f. Médaille de
Faire de la copie. Écrire un
Sainte-Hélène, —
dans l'argot
article pour un journal ou pour
des voyous, cruels pour les bons
une revue.
vieux qui portent cette distinction.
Caner sa copie. Ne pas écrii e
Ils disent aussi mihlaUle en clio- l'article promis.
co/at, —
à cause de sa couleur Pisser de la copie. Écrire beau-
brune. coup trop, sur tous les sujets.
Contrôle, s. m. Flétrissure, Pisseur de copie. Ecrivain qui
marque de fer rouge sur l'épaule a une facilité déplorable et qui
des forçats, — dans l'argot des en abuse pour inonder les jour-
prisons.' naux ou revues de Paris, des dé-
partements et de l'étranger, de sa
Contrôler, v. a. Donner un prose ou de ses vers.
coup de talon de botte sur la li-
gure de quelqu'un. Argot des fau-
Coq, s. m. Cuisinier, dans —
l'argot des ouvriers qui ont servi
bouriens.
dans la marine, et qui ne savent
On dit aussi we</re le contrôle.
pas parler si bien latin, coquus.
ConTalescence, s. f. Sur-
— Coquard, s. m. Œil, — dans
veillance de la haute police, l'argot des bouchers.
dans l'argot des voleurs.
Etre en convalescence. Etre Coquard, s. m. Œuf, —
dans l'argot des enfants.
sous la surveillance de la police.
Copain, s. m. Compagnon Coquardeau, s. m. Galant
d'études, — dans l'argot des éco- que

les femmes dupent facilement,
dans l'argot du peuple.
liers.
Le mot n'est pas aussi moderne
On écrivait et on disait autre-
qu'on serait tenté de le croire,
fois conipaing, mot très expressif car il sort du Blason des fausses
que je regrette beaucoup pour
amours :
ma part, puisqu'il signifiait l'ami
le frère choisi, celui avec qui, aux « Se ung coquardeau
heures de misère, on partat:eait Qui soit nouviau
son pain, —
cum pane. C'est l'an- Tombe
CeA
en leurs maiiis,
uu oyseau
cien nominatif de comparjnon. Pris au gluau

Cope, s. f. Apocope de copie,


Ne p'us ne moins. »

— dans l'argot des typographes. Coquarder, v. n. Alvum de-


Avoir de la cope. Avoir un ma- ponere. Argot des faubouriens.
nuscrit à composer. (V. Coquard et Pondre un œuf.)
Copeau, s. m. La langue, Coquer, v. a. Dénoncer, —
— dans l'argot des souteneurs de dans l'argot des voleurs, qui ont
filles. emprunté à l'argot lyonnais ce mot
Lever son copeau. Parler, ba- qui signifie embrasser, comme fit
varder. Judas îscariote pour Jésus.
100 COR COR

Coquer^ v. a. Donner, — dans Corneau, s. m. Bœuf, — dans


l'argot des voleurs.
le même argot. ,

Corneaude. Vache.
Coquer la camouffle. Présenter
la chandelle. Corner, v. a. Publier une
Coquer la loffitud'-. Donner
chose avec éclat; répéter une nou-
l'absolution. velle, fausse ou vraie, dans —
Coquer le poivre. Empoisonner. l'argot du peuple.
Coquer le taf. Faire peur. Corner une chose aux oreilles
Coqueur, s. m. Dénoncia- de quelqu'un. La lui répéter de
teur. façon à lui être désagréable.
Coqueur de bille, s. m. Corner, v. n. Puer, — dans
Bailleur de fonds. l'argot des faubouriens, qui font
t'oquillard, S. m. Pèlerin, probablement allusion à l'odeur
— dans l'argot des faubouriens. insupportable qu'exhale la corne
Coquille, s. f. Lettre mise à brûlée.
la place d'une autre, — dans l'ar-
Cornet, s. m. Estomac, —
got des typographes. dans le même argot.
Coquillou, s. m. Pou, — dans Se mettre quelque chose dans
des faubouriens, qui se le cornet. Manger.
l'argot
rappellent sans doute qu'on don- .N'avoir rien dans le cornet.
nait autrefois ce nom à un capu-
Être à jeun.
chon qui se relevait sur la tète. Cornet d'épîccs, s. m. Ca-
Corbeau, Frère de la
s. f. pucin, — dans l'argot des vo-
Doctrine chrétienne, dans l'ar- — leurs.
got des faubouriens, qui ont été
Corniche, s. f. Chapeau. Ar-
frappés de l'analogie d'allures
got des faubouriens.
qu'il y a entre ces honnêtes insti-
tuteurs de l'enfance et l'oiseau du Cornichon, s. m. Veau. Ar-
prophète Elle. got des voleurs.
Corbeau, s. m. Employé des Cornichon, et adj. Nigaud,
pompes funèbres, — dans le même homme
s.
qui respecte les
simple,
argot. femmes, —
dans l'argot de Breda-
Corbuche, Ulcère,
s. f.
— Street parfois imbécile,
;
dans —
dans l'argot des voleurs. l'argot du peuple, qui juge un peu
Corbuche-lof. Ulcère factice. comine les lilles, ses filles.

Corder. V. n. Fraterniser, vi- Cornière, Étable.


vre avec quelqu'un toto corde, — s. f .

dans l'argot du peuple. Cornificetur, s. m. Galant


homme qui a épousé une femme
Cordon bleu, s. m Cuisi-
galante et qui le regrette tous les
nière émérite. Argot des bour- jours.
geois.
Corser, v. a. Multiplier les
Cornard, s. m. Galant hom- péripéties, —
dans l'argct des
me qui a épousé une femme ga- gens de lettres ; augmenter la
lante, —
dans l'argot du peuple, force d'un liauide, dans l'argot —
impitoyable pour les malheurs des marchands de vin.
ridicules et pour les martyrs gro-
tesques. Corser (Se). Se compliquer,
GOT GOT 101

devenir grave. Argot des gens de Cote Cr, s. f. Objet de peu de


lettres. valeur innocemment détourné, en
vertu d'un usage immémorial, par
Corvette, s. f. L'Éphestion
les clercs inventoriant une suc-
des Alexandres populaciers, — cession. Ce bibelot, ne figurant à
— dans l'argot des voleurs. aucune cote de l'acte, passe à la
Cossu, adj. Riche, — dans cote G, qui me fait l'eff^et d'être
l'argot du peuple, qui dit celaà un jeu de mot? (cote j'ai).
propos des gens et des choses.
Côtelard, s. m. Melon à cô-
Costel, s. m. Souteneur de tes, — dans l'argot des faubou-
filles, — dans l'argot des voyous riens.

Costières, s. f. pi. Rainures Côtelette de perruquier,


s. f. Morceau de fromage de Brie,
pratiquées dans le plancher d'un
théâtre pour y faire glisser les
— dans l'argot du peuple, qui
portants; celles qui avancent sur sait que les garçons perruquiers
la scène se ferment au moyen des n'ont pas un salaire assez fort
trappillons pour déjeuner à la fourchette
On dit des objets perdus ou comme les gandins.
volés au théâtre qu'ils sont tom-
On dit aussi Côtelette de vache.
Les ouvriers anglais ont une
bés dans les costières.
expression du même genre A :

Côte, s. f. Passe difficile de welsh rabbit (un lapin du pays


la vie, —
dans l'argot des bohè- de Galles), disent-ils à propos
mes, qui s'essoufflent à gravir le d'une tartine de fromage fondu.
Double-Mont.
Côtelettes, s. f. pi. favoris
Etre à la côte. N'avoir pas d'ar-
larges par le bas et minces par
gent.
Frère de la côte. Compagnon
le haut, —
dans le même argot.

de misère. Coterie, s. f. Compagnon, —


dans l'argot des maçons.
Côte-de-bœuf, s. f. Sabre
d'infanterie, — dans l'argot du Cotillon,

m. Fille ou fem-
s
l'argot du peuple.
peuple. me, dans
Aimer le cotillon. litre de com-
Côté-cour, s. m. Le côté plexion amoureuse.
droit de la scène, où l'on suppose Faire danser le cotillon. Battre
que se trouverait la cour dune sa femme.
maison, —dans l'argot des cou-
Coton, s. m. Douceur, — dans
lisses.
le même argot.
Côté-jardin. Le côté gauche de Elever un enfant dans du co-
la scène, qui est censé représenter
ton. Le gâter de caresses.
un jardin.
Cette double appellation vien-
Coton, s. m. Coups échangés,

drait-elle de ce que le premier


— dans l'argot des faubouriens,
théâtre français, l'Hôtel de Bour- dont la main dégaine volontiers.
Il y a eu ou il y aura du coton.
gogne, se trouvant entre une cour
et un jardin, on donna ordinaire-
On s'est battu ou l'on se battra.
ment aux coulisses le nom de Coton, s. m. Travail pénible,
leur voisinage? C'est possible et difficulté, souci, — dans le même
même probable. argot.
103 COU COU

Il y a du coton. On aura de la Coucou, s. m. Cocu, — par


peine à se tirer d'affaire. antiphrase.
Faire coucou. Tromper un hom-
Cotret de fille, s. m. Petit me avec sa femme.
fagot taillé pour allumer le feu, On dit aussi Faire cornette.
— par allusion aux brins de bois
avec lesquels une fille s'empresse Coucou, s. m. Montre, — dans
d'imiter le feu dans sa cheminée l'argot des voleurs, qui confon-
pour faire semblant de réchauffer dent à dessein avec les horloges
le noble étranger qui a eu l'impru- de la Forêt-Noire.
dence d'accepter son hospitalité Ils disent mieux Bogue.
rapide.
Coude, s. m. Permission, —
Cotrets, s. m. pi. Jambes, dans des voyous.
l'arg.jt
— dans l'argot des faubouriens. Prendre sa permissioji sous son
On dit aussi fumerons. coude. Se passer de permission.

Cotte, Pantalon de toile Couenne, s. et adj. Imbécile,


homme sans énergie, —
s. f.
bleue, —
dans l'argot des ou- niais,
vriers, qui ne le mettent que pour dans l'argot des faubouriens, qui
travailler, par- dessus un autre pensent comme Emile Augier
pantalon. (dans la Cigûe), que « les sots
sont toujours gras ».
Couac, s. m. Prêtre, —dans
l'argot des voyous, fils des faubou- Couenne, s. f. Chair, — dans
riens, qui, en croyant dire une l'argot du peuple.
plaisanterie et faire une allusion Gratter la couenne àquelquun.
au cri du corbeau, prononcent Le fiatter, lui faire des compli-
sérieusement quaker. ments exagérés.

Coucher, s. m. Homme qui Couenne de lard, s. f.

s'attarde volontairement dans une Brosse, — dans le même argot.


maison où il ne devrait même Couennes, s. f. pi. Joues
jamais mettre les pieds. pendantes.
Coucher à la corde, v. n. Coule, s. f. Les dégâts, les
Passer la nuit dans un de ces petits vols que commettent les
cabarets comme il en existait en- employés, les domestiques d'une
core, il y a quelques années, aux maison, et spécialement les gar-
alentours des halles, assis et les çons de café, parce que c'est
bras appuyés sur une corde tendue avec cela souvent qu'on coule une
à hauteur de ceinture. maison.
Coucher bredouiille (Se). On dit aussi Coulage.
Se coucher sans avoir diné. Etre à la coule. Veiller sur les
domestiques, avoir l'œil sur les
Coucher dans le lit aux garçons de café, pour empêcher la
pois Terts, v. n. Coucher dans dilapidation.
les champs, à la iielle étoile.
Coule (Etre à la). Être d'un
Coucher en chapon (Se), aimable caractère, d'un commerce
V. réil. Se coucher repu de viande agréable, doux, coulant, dans —
et de vin, — dans l'argot du peu- l'argot du peuple.
ple. Signifie aussi Savoir tirer son
:
cou cou 103

épingle du jeu être dupeur plu-


;
Coup d'arrosoir, s. m. Verre
tôtque dupé préférer le rôle de
;
de vin bu sur le comptoir du ca-
malin à celui de niais, celui de baretier. Argot des faubouriens.
marteau à celui d'enclume.
Coup de bouteille, s. m.
Couler (En). En conter aux Rougeur du visage, coup de sang
gens crédules, — dans le même occasionné par l'ivrognerie, —
argot. dans l'argot du peuple.
Couler douce (Se la), v.réfl. Coup de canif, s. m. Infi-
Vivre sans rien faire, sans souci délité conjugale, — dans l'argot
d'aucune sorte, ~
dans l'argot du des bourgeois.
peuple, qui ne serait pas fâché de Donner un coup de canif dans
vivre de cette facon-là, pour chan- le contrat. Tromper sa femme ou
ger. son mari.
Couleur, s. f. Menterie, Coup de casserole, s. m.
conte en l'air, —
dans l'argot du Dénonciation, — dans l'argot des
peuple, qui s'est probablement voleurs.
aperçu que, chaque fois que quel-
Coup de chasselas, s. m.
qu'un
qu'il
ment,
n'ait
il rougit, à moins

l'habitude du men-
Demi-ébriété, — dans l'argot du
peuple.
songe.
Avoir un coup de chasselas.
Monter une couleur. Mentir.
Etre en état d'ivresse.
Au XVII» siècle on disait : Sous
couleur de, ]}(i\i.v Sous prétexte de. Coup de chien, s. m. Traî-
Or, tout prétexte étant un men- trise, procédé déloyal et inattendu,
songe, il est naturel que tout — dans le même argot.
mensonge soit devenu une cou-
leur .
Coup lie feu, s. m. Moment
de presse.
Couleur, s. f. Opinion poli-
Même argot. Coup de feu de société, s.
tique.

Couleuvre, Femme
m. Dernier degré de l'ivresse, —
en-
s. f.
dans l'argot des typographes.
ceinte, —
dans l'argot des voyous,
qui, probablement, font allusion Coup de fourchette, s. m.
aux ligues serpentines de la taille Déjeuner. Argot des bourgeois.
d'une femme en cette « position Donner un coup de fourchette.
intéressante ». Manger.
Couliant, s. m. Lait, — dans Coup de fourcliette, s. m.
l'argot des voleurs. Vol à l'aide de deux doigts seule-
Couloir, s. m. Le gosier, — ment.
dans l'argot des faubouriens, qui
en lavent les parois à grands
Coup de fourchette, s. m.
Coup donné dans les deux yeux
coups de vin et d'eau-de-vie, sans
avec les deux doigts qui suivent
redouter l'himiidité.
le pouce de la main droite. Argot
CheUnguer du couloir. Feti- des faubouriens.
dum halitum emiltere.
Coupaillou,
Coup de gaz, s. m. Coup de
s. m. Coupeur \in. Argot des faubouriens.
maladroit, inexpérimenté. Argot
des tailleurs. Coup de pied de Jument,
104 COU COU

s. m. Maladie désagréable, — C'est une façon comme une au-


dans l'argot du peuple. tre d'essuyer l'injure reçue. Même
argot.
Coup ile pied de Vénus,
s. m. « Trait empoisonné lancé Coup de trente-trois cen-
par de Cythérée au nom de
le fils timètres, s. m. Coup de pied.
sa mère », —
dans l'argot des Argot calambourique des faubou-
bourgeois, qui connaissent leur riens.
mythologie. Coup de Tag:ue, s. m. Vol
Coup de pistolet, s. m. Opé- improvisé.
ration isolée et sans suite, mais Coup du lapin, s. m. Coup
destinée cependant à faire un peu féroce que se donnent de temps
de bruit. en temps les ouvriers dans leurs
Coup de pistolet dans l'eau. Af- battures. Il consiste à saisir son
faire ratée. adversaire, d'une main par les
testicules, de l'autre par la gorge,
Coup de poings de la fin, et à tirer dans les deux sens :

s. m. Mot ironique ou cruel, qu'on


celui qui est saisi et tiré ainsi n'a
lance à la fin d'une conversation pas même le temps de recom-
ou d'im article. Argot des gens mander son àme à Dieu. (V. la
de lettres. Gazette des Tribunaux, ma.i 1864.)
Coup de Rageuse, s. m. Coup du lapin, s. m. Coup
Traîtrise, acte déloyal, trahison, plus féroce encore, que la nature
— dans l'argot des ouvriers, chez vous donne vers la cinquantième
qui le souvenir de la défection de année, à l'époque de l'âge criti-
Marmont est toujours vivant. C'est que.
pour eux ce qu'est le coup de Jar- Recevoir le coup du lapin. Yieii-
nac pour les lettrés. lir subitement du soir au lende-

Coup de rifle, s. m. Ivresse, main ; se réveiller avec des rides


— dans l'argot des typographes. et des cheveux blancs.
Signifie aussi au figuré Coup de
Coup de soleil, s. m. Demi- grâce.
ébriété, —dans l'argot des fau-
bouriens, que le vin allume et Coup du médecin, s. m. Le
dont il éclaire le visage. verre de vin que l'on boit immé-
diatement après le potage, dans —
Coup de tampon, s. m. l'argot des bourgeois, qui disent
Coup de poing. Argot du peuple. quelquefois « Encore un écu de
:

six francs retiré de la poche du


Coup de torchon, s. m. dans ce cas,
Baiser, —dans l'argot des fau-
médecin »
! Mais,
quelque convive prudent ne man-
bouriens, qui, sans doute, veulent
que jamais d'ajouter « Oui... : et
parler de ceux qu'on donne aux
jetédans la poche du dentiste ! »
femmes maquillées, dont alors les
lèvres essuient le visage. Coup dur, s. m. Obstacle im-
prévu; désagrément inattendu,—
Coup de torchon (Se don- dans l'argot du peuple.
ner un), V. réfl. Se battre en duel
ou à coups de poing, comme des Coupe, s. f. Misère, — dans
gentilshommes ou comme des gou- l'argot des voleurs, qui y tombent
jats. souvent par leur faute {culpa).
cou cou 105

Coupe-choux, s. m. Sabre vraie une chose fausse. Argot du


de garde national, —
dans l'ar- peuple.
got du peuple, qui suppose cette
arme inoffensive et tout au plus
Couper la g^ueule à quin-
bonne à servir de sécateur.
ze pas, v. a. Avoir une ha-
leine impossible à affronter, même
Coupe-cul (A), adv. Sans à une distance de quinze pas, —
revanche, — dans l'argot des fau- dans l'argot des faubouriens,
bouriens. impitoyables pour les infirmités
qu'ils n'ont point.
Coupe-ficelle, s. m. Artifi-
cier, — dans l'argot des artil- Couper la queue à son
leurs. chien, v. a. Faire quelque ex-

Coupelard, s. m. Couteau, — centricité bruyante et publique,


de façon à attirer sur soi l'atten-
dans l'argot des prisons. tion 'des badauds parisiens, —
Couper, V. a. Passer devant stratagème renouvelé des Grecs.
une voiture, — dans l'argot des
Couper le trottoir, v. n.
cochers, qui se plaisent à se bles-
Forcer quelqu'un qui vient sur
ser ainsi entre eux.
vous à descendre sur la chaussée,
Couper (La), v. a. Étonner en marchant comme s'il n'y avait
quelqu'un désagréablement en lui personne; ou bien, de derrière
enlevant sa maîtresse, son emploi, passer devant lui sans crier gare.
n'importe quoi, au moment où il
s'y attendait le moins.
Couper le sifflet à quel-
Le mot date de la maréchale qu'un, v. a. Le faire taire en
parlant plus fort que lui, ou en
Lefebvre.
lui prouvant clairement qu'il a
On dit volontiers Cela te la :
tort, qu'il se trompe.
coupe !
Signifie aussi Tuer.
Couper (Se), v. réfl. Faire
un lapsus linguœ compromettant Couper les TÎTres. Suppri-
dans la conversation commencer mer tout envoi d'argent ou de
un récit scabreux à la troisième
;
pension, —
dans l'argot des étu-
personne et le continuer,
diants, qui n'en meurent pour
sans s'en
apercevoir, à la première. cela ni de faim ni de soif.

Couper cul, v. n. Abandon- Coupe - sifflet, s. m. Cou-


ner le jeu, — dans l'argot des teau.
joueurs. Couplet de facture, s. m.
Couper dans le pont, v. Composé uniquement en vue de
n. Donner dans le panneau, l'effet, avec des rimes riches et
croire à ce qu'on raconte, par — redoublées. Argot des coulisses.
allusion au pont que font les
grecs en pliant les cartes à un
Coups de manche, s. m.
endroit déterminé, de façon à Mendiant qui va à domicile por-
guider la main û.Vi pigeon dans la ter des lettres-circulaires dans
portion du jeu où elle doit couper lesquelles il se dépeint comme
sans le vouloir. zouave pontifical, ancien exilé,
artiste sans commandes, homme
Couper dedans, v. n. Se de lettres sans éditeurs, —
selon
laisser tromper, accepter pour le quartier et la victime choisis.
103 COU COU

Courailler v. n. Faire le li- du peuple, qui fait allusion aux


bertin, — dans l'argot des bour- deux lignes de feu dont sont or-
geois. nées les tempes du législateur
des Hébreux.
Courant, s. m. Truc, secret,
affairemystérieuse, — daus l'ar- Cousine, s. f. L'Ephestion
got du peuple. des Alexandres de bas étage, —
Connaître le courant. Savoir dans l'argot du peuple.
de quoi il s'agit. Cousine de vendangée, s.
Montrerle courant. Initier f. Fille ou femme qui fait volon-
quelqu'un à quelque chose. tiers débauche au cabaret, —
Courante, s. Fliixus ven-
f. dans le même argot.
tris, — dans l'argot des bour- Cousse de castu, s. m. In-
geois. firmier d'hôpital, — dans l'argot
Courbe, s. f. Épaule, —dans des voleurs.
l'argot des voleurs. J'ai vu
écrit conce de castus
Courbe de moxne. Épaule de dans vieux dictionnaire d'Oli-
le

mouton. vier Chéreau, avec cette défini-


tion, conforme du reste à la pré-
Coureur, s. m. Libertin, — cédente « Geluy qui porte les
:

dans l'argot des bourgeois. salletés de l'hospital à la rivière. »


Coureuse, s. f. Fille ou Cousse ne signifie rien, tandis
femme qui a plus souci de son que conce est une antiphrase iro-
plaisir que de sa réputation et nique et signifie parfumé (de
qui hante plus les bals que les l'italien concio)
églises.
Coûter les yeux de la
Coureuse, s. f. Plume à tête, V. n. Extrêmement cher,
écrire, — dans l'argot des vo- — dans l'argot des bourgeois.
leurs.
Coûter une peur et une
Courir, v. n. Libertiner, — envie de courir, v. n. Abso-
dans l'argot des bourgeois. lument rien, — ce que coûtent les
On dit aussi Courir la gueuse objets volés. Argot des faubou-
et Courir le guilledou. riens.
Courir (Se la). S'en aller do Couturassc, Coutu-
linéique part, s'enfuir, dans — rière, —
s. f.
dans l'argot des voyous.
l'argot des faubouriens.
Coursier, s. m. Cheval, — Couturière,
insecte des jardins,
s. f.
dans l'ai*- —
Courtilière,

dans l'argot des académiciens.


got des enfants, qui ne sont pas
Coursier de fer. Locomotive.
très forts en entomologie.
Courtang^e, s. f. La Gour-
— Couvercle, s. m. Chapeau,
tille, dans l'argot des voyous. — dans l'argot des faubouriens,
Courtaud de boutanche, qui prennent l'homme pour un
s. m. Commis de magasin, — pot.
dans l'argot des voleurs.
Couvert de conseiller, s.
Cousin de llo'ise, s. m. Ga- m. Couvert d'argent démarqué,
lant homme ;qui a épousé une — daus l'argot des voleurs.
femme galante, — dans l'argot On dit de même Lin/je de con-
CRA CRA 107

*eiUer pour linge volé et démar- Craché, adj. Ressemblant,


lué. — dans l'argot du peuple, à qui
CouTre-amour, s. m. Cha- La Fontaine et Voltaire ont fait
d'homme, l'honneur d'emprunter cette ex-
peau quelque forme
q^u'il affecte, —
dans l'argot facé- pectoration.
On dit C'est lui tout craché
:
tieux des bourgeois, qui vou-
draient faire croire que leur tète
ou C'est son portrait tout craché.
est le siège des passions. Cracher, v. n. Parler, —
CouTreup, m. Celui qui dans l'argot des ouvriers.
s.
ouvre et ferme les portes, — dans Cracher au bassinet, v. n.

.

l'argot des francs-maçons. Etre forcé de payer, dans


l'argot du peuple.
CouTPÎp la Joue, v. a. Don-
ner un soufflet, — dans l'argot Cracher blanc, v. n. Avoir
des bourgeois. soif, pour s'être enivré trop la
CouTFÎp le temple, v. a.
veille, —
dans l'argot du peuple,
Fermer les portes, —
dans l'ar-
qui employait cette expression du
temps de Rabelais.
got des francs-maçons.
Faire couvrir le temple à un On dit aussi Cracher du coton
et Cracher des pièces de dix sous.
frère. Le faire sortir.

Couyon, s. m. Lâche; pares- Cracher ses doublures


seux, —
dans l'argot du peuple, V. a. Rendre

ses poumons par
qui mouille l'y d'une façon parti- fragments, comme font les
culière. poitrinaires.

Couyonnade, s. m. Farce, Cracher son âme, v. a.


mauvais tour. Mourir, —
dans l'argot des in-
Signifie aussi Niaiserie, chose firmiers, qui ne se doutent guère
de peu d'importance. qu'ils emploient là une des plus
énergiques expressions latines :
Couyonner, v. n. Manquer Vomere animam, dit Lucrèce.
de courage. Chrifsanthus animatn ebulliit, dit
Signifie aussi Se moquer. un des convives du festin de Tri-
Couyonner quelqu'un, v. malcion.
a. Le faire aller, se moquer de Cracher sur quelque
lui.
chose, V. n. En faire mépris,
Signifie aussi Importuner, aga-
cer, — prohris lacessere.
— dans l'argot du peuple, qui
emploie plus ordinairement cette
Crabosser, un expression avec la négative Il
chapeau, un carton,
v. n.
—Bossuer
dans l'ar- ne crache pas sur la vendange,
:

got des bourgeois. c'est-à-dire il aime le vin.


Du temps de R,abelais on di- Crachoir, s. m. Action de
sait Cabosser.
bavarder. — dans le même ar-
Cpac-cpîc-cpoc, s. m. Ono- got.
matopée à l'usage du peuple, Tenir le crachoir. Parler,
lorsqu'il veut rendre le bruit Abuser du crachoir. Abuser de
d'une chose qui se déchire pièce la facilité qu'on a à parler et de
par pièce, ou qu'il broie avec ses l'indulgence des gens devant qui
dents. l'on parle.
108 CRA CRA

Cramper, v. n. Courir, — Crapoussin, s. m. Homme


dans l'argot des faubouriens. de petite taille et de peu d'appa-
Ils disent aussi Tirer sa crampe. rence, — dans le même argot.

Cramper (Se), v. réfl. Se Crapulados, s. m. Cigare


cramponner, au propre et au fi- de cinq centimes, — dans le
guré, —
dans le même argot. même argot.

Crampon, s. m. Homme Craque, s. f. Menterie, —


ennuyeux qui ne lâche pas sa vic- dans l'argot des enfants et des
time qu'on tuerait sur place,
et — faubouriens, qui ont vu jouer
si le ne punissait pas le
Code sans doute le Monsieur de Crac
meurtre, même dans le cas de lé- dans son petit castel, de Colin
gitime défense. d'Harleville.

Crâne, s. m. Homme auda- Craquelin, s. m. Homme


cieux, —
dans l'argot du peuple. chétif, —
dans l'argot des ma-
Faire son crâne. Faire le fan- rins, qui d'un coup de poing fe-
faron. raient craquer les os à de plus
solides.
Crâne* adj. superlatif de
Beau, de Fort, d'Eminent, de Craquer, v. n. Mentir, gas-
Bon. conner à la parisienne.
Avoir un crâne talent. Avoir
beaucoup de talent. Craqueur, s. m. Menteur,
Gascon, — de Paris.
Crânem.ent, adv. Beaucoup,
supérieurement, fortement. Crasse, s. f. Lésinerie, indé-
Avoir crânement de talent. En licatesse, — dans l'argot du
peuple, pour qui il semble que
avoir beaucoup.
les sentiments bas soient l'ordure
Crâneur, s. m. Homme au- naturelle des âmes non baptisées
dacieux, ou plutôt fanfaron d'au- par l'éducation.
dace.
Faire son crâneur. Parler ou Crasse, s. f. Pauvreté ; ab-
marcher avec aplomb, comme jection, — dans le même argot.
un homme qui ne craint rien. Tomber dans la crasse. Déchoir
de rang, de fortune de million- ;

Crapaud, s. m. Mucosité naire devenir gueux, et d'hon-


sèche du nez, — dans l'argot des nête homme coquin.
voyous. Crasse, s. f. Origine plé-
Crapaud, s. m. Cadenas, — béienne; condition sociale infé-
dans l'argot des voleurs, qui ont rieure, —
dans l'argot dédai-
trouvé là une image juste. gneux des bourgeoises, qui ne se
doutent pas que Saint-Simon a
Crapaud, s. f . Petit fauteuil même chose d'elles-mêmes
bas, — dans l'argot des tapis-
dit la
en parlant de la parenté des du-
siers.
chesses d'Elbeuf et de Lesdi-
Crapaud, s. m. Bourse, — guières.
dans l'argot des soldats. Crasse du collège, s. f.

Crapaud, s. m. Apprenti, Manières gauches, empruntées,


petit garçon, — dans l'argot des mêlées de pédantisme, dans —
faubouriens l'argot des gens de lettres.
GRE CRI 109

Crasseux, adj. et s. Avare. Crétiniser (Se), v. réfl.


Faire toujours la même chose,
CraTate de cbanvre, s. f. —
Corde, — dans l'argot du peuple.
avoir les mêmes habitudes,
dans lemême argot.
Cravate de couleur, s. f.
Arc-en-ciel, — dans l'argot des Creux, s. m. Voix, — dans
faubouriens. l'argot du peuple.
Créateur, fs. m. Peintre, — Bon creux. Belle Yoix, claire,
sonore.
dans l'argot des voleurs, qui ont
parfois le sens admiratif. Fichu creux. Voix brisée, dé-
faillante, qui « sent le sapin ».
Créature, s. f. Sjnonynie
péjoratif de Fille, — dans l'ar- Creux, s.

m. Maison, logis
got des bourgeoises. quelconque, dans l'argot des
Credo, s. m. Potence, — voyous.
Les voyous anglais disent de
dans l'argot des voleurs, qu'ils
aient voulu faire soit une ana-
même Ken, apocope de Kennel
(trou, terrier.)
gramme de Corde, soit une allu-
sion à la confession du condamné CreTaison, s. f. Agonie, —
à mort, qui récite scq Credo dans l'argot du peuple.
avant de réciter son mea culpa. Faire sa crevaison. Mourir.
Credo, s. m. Aveu, — dans Crevant, adj. Ennuj'eux, —
l'argot des ouvriers, qui ne sont dans l'argot des petites dames.
pas tenus de savoir le latin. Crevard, s. m. Enfant mort-
Faire son credo. Avouer fran-
chement ses torts.
né, — dans l'argot des voyous.

Crème, s. f. Superlatif de
Crevé, s. m. Homme mai-
Bon, de Beau, de Fort, — dans
gre, pâle,
d'ànie, —
ruiné
dans l'argot des
de corps et
ou-
l'argot des bourgeois.
vriers.
La crème des hommes. Le
meilleur des hommes. Crever, v. a. Battre, — à
Crémerie, s. f. Endroit où tuer, souvent. Argot des faubou-
l'on mange de tout, excepté de la riens.
crème. Argot des petites dames Crever, v. a. Congédier,
et des bohèmes. renvoyer, — dans l'argot des ty-
Crêper le chig^non (Se) pographes.
Se gourmer, échanger des coups, Crever (Se), v. réfl. Manger
s'arracher mutuellement les che-
— avec excès, à en mourir, — dans
veux, dans l'argot du peuple. l'argot du peuple.
Crépine, s. f. Bourse, — Crever l'œil au diable, v.
dans l'argot des voleurs, qui sa- a. Réussir malgré les envieux,
vent que les premières bourses faire du bien malgré les ingrats,
ont été des aumônières et que — dans le même argot.
saint Crépin est le patron du
cuir. Crevette, s. f. Petite dame
de Breda-Street.
Crétin, s. m. Rival littéraire
ou artistique, — dans l'argot des
Mot de création tout à
cente.
fait ré-

peintres et des gens de lettres.


Ils disent aussi goitreux. Criailler, v. n. Crier tou-
110 CRI GRO

jours, quereller de paroles, — donne la signification de Lard.


dans l'argot du peuple. Auquel entendre?
Cribler, V. n. Crier, — dans Crig^nolier, s. m. Boucher.

l'argot des voleurs. Crin, s. m. Personne désa-


Cribler à la chienlit ou au gréable d'aspect et de langage,
charron. Crier au voleur. dans l'argot du peuple.
Criblera la grive. Avertir un Etre comme un crin. Etre de
camarade, en train de travailler, mauvaise humeur.
de l'arrivée de la police ou d'im- Crin-Crin, s. m. Yiolon de
portuns quelconques. barrière, — dans l'argot des
Cribleur de lance, s. m. bourgeois.
Porteur d'eau. Crins, s. m. pi. Cheveux,
Cribleur de malades, s.
— dans l'argot du peuple, qui
n'est pas aussi irrespectueux
m. Celui qui, dans une prison, est
chargé d'appeler les détenus au qu'on pourrait le croire au pre-
parloir. mier abord, puisque La Fon-
taine a dit :

Cric, s. m., ou Crique, s. f.


« Fille se coiffe volonliers
Eau-de-vie de qualité inférieure,
— dans l'argot des faubouriens.
D'amoureux à longue crinière. »

Criquet, s. m. Hqmme de
Cric-Croc ! A ta, ou A votre compte pas
santé ! —
dans l'argot du peuple
petite taille, qui ne
plus qu'un grillon, — dans l'ar-
et des voleurs.
got du peuple, qui s'incline vo-
Crier à la g^arde, v. n. Se lontiers devant la Force et mé-
plaindre mal à propos,— comme prise volontiers la Faiblesse.
les gens qui font déranger un
— Cris de merluche, s. m.
poste à propos de rien.
du peuple.
Argot pi. Cris épouvantables, — comme
ceux que poussait Mélusine, la
Crier au vinaigre, v. n. pauvre belle serpente dont Jean
Appeler au secours. d'Arras nous a conservé la tou-
chante histoire.
Crier aux petits pâtés, v. On Crier comme une
— dans le même argot
n. Se dit,
dit aussi
merlusine.
— d'une femme en mal d'enfant,
qui se plaint d'abord comme Cristalliser, v. n. Flâner,
Gargamelle, faisant le même se reposer, —
dans l'argot des
vœu impie qu'elle, et, après, re- Polytechniciens.
merciant Dieu et son Grandgou-
sier.
Crocher (Se), v. réfl. Se
battre à coups de poing et de
Crigne, Viande,
s. f. dans — pied, comme les crocheteurs ,

l'argot des voleurs et des filles. dans l'argot des bourgeois.
Ne serait-ce pas une contrac-
tion de carogne, mot dérivé du
Crocher une porte, v. a.

latin caro?
La crocheter, — dans l'argot du
peuple.
D'un autre côté, je trouve crie
et criolle dans le dictionnaire Crocodile, s. m. Homme de
d'Olivier Chéreau, et Bouchet lui mauvaise foi ou d'un commerce
CRO CRO 111

désagréable, — dans le même Croquer le marmot. At-


argot. tendre en vain, — dans l'argot du
peuple.
Signifie aussi Créancier.

Crocs, s. m. pi. Dents, — Croquet, s. m. Homme d'hu-


dans l'argot des faubouriens, qui meur cassante, — dans le même
assimilent volontiers l'homme au argot.
chien. Être comme un croquet. Se fâ-
cher sous le moindre prétexte.
Croire le premier mou-
tardier du pape (Se). Se Crosse, s. f. Avocat général,
donner des airs d'importance,
— ministère publie, — dans l'argot
faire le suffisant, l'entendu, des voleurs.
dans l'argot du qui a peuple,
Ils disent aussi Grosseur.
ouï parler du cas que les papes,
notamment Clément VII, fai- Crosser, v. n. Sonner, —
saient de leurs fabricants de dans le même argot.
moutarde, justement enorgueillis. Douze plombes crossent : il est
Cromper, v. a. Sauver midi ou minuit.
quelqu'im, — dans l'argot des Crosser quelqu'un, V. a.
prisons. Médire de violence,
lui avec
Cromper sa sor bonne. Sauver user ses crocs contre sa réputa-
sa tête de la guillotine. tion, —
ou jouer avec elle comme
les enfants avec la pierre qu'ils
Crompire, s. f. Pomme de chassent devant eux avec
terre, — dans l'argot du peuple. crosse.
la

qui a emprunté ce mot à la Bel-


gique. Crosseur, s. m. Sonneur de
cloches.
Croque-au-sel (A la), adv.
Aussi simplement que possible, Crotte, s. f. Misère, abjection,
— au propre et au figuré. — dans l'argot du peuple.
Croque-mort, m. Em- Tomber dans la crotte. Se rui-
ployé des
s.
pompes funèbres, — ner, se déshonorer, — se salir
dans l'argot sinistre du peuple. l'âme et la conscience.
Vivre dans la crotte. Mener
Croqueneaux, s. m. pi.
une vie crapuleuse.
Souliers, — dans l'argot des
On n'est jamais sali que pa-
faubouriens, qui les l'ont croquer
quand ils sont neufs. la crotte. On ne reçoit d'injures
que des gens grossiers.
Croqueneaux verneaux. Sou-
liers vernis. Crotte d'ermite, s. f. Poire

Croquer, v.
cuite, — dans l'argot des voleurs.
n. Crier, faire
du bruit en marchant, — dans Croupionner, v. n. Faire
l'argot des enfants et des ou- des de crinoline,
effets — dans
vriers. l'argot des faubouriens.

Croquer, v. a. Dessiner à Croupir dans le battant,


la hâte, — dans l'argot des ar- V. n. Se dit d'une indigestion
tistes. qui se prépare, par suite d'une
112 GUI GUI

trop grande absorption de li- Cuir de poule, s. m. Gants


quide ou de solide. de femme légers, —
dans l'argot
des ouvriers gantiers, qui pour-
Croûte^ s. f. Tableau mal tant savent bien que les gants sont
peint et mal dessiné, — dans
faits de peau de chevreau ou d'a-
l'argot des artistes, qui doivent gneau.
employer ce mot depuis long-
temps, car on le trouve dans les Cuire dans son Jus, v. n.
Mémoires secrets de Bachaumont. Avoir très chaud, jusculentus, —
dans l'argot du peuple.
Croûton, s. m. Peintre mé-
diocre, qui arrivera peut-être à Cuisine, s. f. La préfecture
l'Institut, mais jamais à la célé- de police, —
dans l'argot des vo-
brité. leurs, qui y sont amenés sur les
dénonciations des cuisiniers ou co-
Croùtonuer, v. n. Peindre queurs.
détestablement
Cuisine, s. f. Tout ce qui con-
Cruche, s. et adj. Imbécile, cerne l'ordonnance matérielle d'un
dans l'argot du peuple.
Il dit aussi Cruchon.
journal, — dans l'argot des gens
de lettres.
Crucifix: à ressort, s. m. Connaître la cuisine d'un jour-
Poignard ou pistolet, — dans nal. Savoir comment il se fait,
l'argot des voleurs. par qui il est rédigé et quels en
sont les bailleurs de fonds réels.
Cucurbitacé, s. m. Imbé-
Faire la cuisine d'un journal.
cile, — dans l'argot des vaudevil- Etre chargé de sa composition,
listes, qui prennent des mitaines
c'est-à-dire de la distribution des
d'érudits pour appeler les gens
matières qui doivent entrer dedans,
melons, ayant lu la satire XIV de
en surveiller la mise en page, la
Juvénal et le chapitre xxxix du
correction des épreuves, etc.
Satyricon de Pétrone.
Cuir, s. m. Peau, — Cuisine à l'alcool (Faire
dans
sa). Boire souvent de l'eau-de-
l'argotdu peuple.
Tanner le cuir. Battre.
vie, — dans l'argot du peuple.
Cuisinier, s. m. Dénoncia-
Cuir,
de deux
m. Liaison brutale
s.
mots, emploi exagéré
teur, — dans l'argot des prisons.

— (V. Coqueur Mouton.)


et
des t, dans l'argot des bour-
Signifie aussi Agent de police.
geois, qui se moquent du peuple
a cause de cela, sans se douter Cuisinier, s. m. Avocat, —
que cela a fait longtemps partie dans l'argot des voleurs, qui ont
du langage macaronique. eu de fréquentes occasions de con-
Cuirassier, s. m. Faiseur stater l'habileté avec laquelle leurs
de cuirs, boumie qui parle mal. défenseurs savent arranger leur
vie avariée, de façon à la rendre
Cuir de brouette, s. m. Bois, présentable à leurs juges.
— dans l'argot du peuple.
Cuit (Etre), v. p. Être con-
Avoir le dessous des arpions
doublé en cuir de brouette. Avoir
damné, — dans le même argot.
le dessous des pieds aussi dur que Cuite, s. f. Ivresse, dans
du bois. l'argot du peuple.
CUL CUP 115

Avoir sa cuite ou une cuite. Etre expression, font certainement une


saoul allusion scatologique, car l'ivro-
gne ne sait pas toujours ce qu'il
CuîTre, s. m. Monnaie, — lait...
dans le même argot.
On dit aussi Prendre une cu-
CuiTres, s. m. pi. Les iustru- lotte.
ments de cuivre, sax-horn, clai-
rons, etc., — dans l'argot des
Culotté, ad;. Bronzé, aguerri,
rompu au mal et à la misère,
troupiers
— comme une pipe qui a beau-
Cul à fauteuil, s. m. Aca- coup servi.
démicien, —
dans l'argot incongru
Culotté (Etre). Etre complè-
des faubouriens.
Ils disent aussi Enfant de la
tement gris, — pour s'être donné
une culotte.
fou-chette, 'al choisi, et Qiia-
.

rantier. Culotter, V. n. Noircir, —


dans l'argot du peuple, qm em-
Culbute, s. f. Pantalon, — ploie ce verbe spécialement à pro-
dans l'argot des voleurs. pos des pipes fumées.
Culbute, s. f. Faillite, — Culotter (Se). Se griser.
dans l'argot des bourgeois.
On dit aussi Se culotter le nez.
Faire la culbute. Faire banque-
route. Culotter (Se). Avoir, par
suite d'excès de tous genres, le
Cul de plomb,

s. m. Bu- visage d'un rouge brique, —
reaucrate, dans l'argot des comme cuit au feu des passions.
bourgeois.
Culotter (Se). S'aguerrir,
Cul de plomb, s. m. Em- s'accoutumer au mal, à la fatigue,
ployé sans capacité ou sans am- à la misère, aux outrages des
bition, destiné à mourir simple
hommes et de la destinée.
expéditionnaire, —
dans l'argot
Signifie aussi Vieillir, devenir
des bureaucrates, qui se révent
tous le titre de chef de division hors de service.
comme bâton de maréchal. Culotteur de pipex, s. m.
Cul g'oudronné, Pilier d'estaminet, rentier sus-
s. m. Ma- —
telot, — dans l'argot du peuple. pect, vaurien,
bourgeois.
dans l'argot des

Culotte, s. f. Nombre consi-


dérable de points, au jeu de do- Cul rouge, s. m. Soldat du
minos, —
dans l'argot des bour- centre, —
dans l'argot des faubou-
riens, qui font allusion au panta-
geois.
lon garance.
Attraper une culotte. Se trou-
ver à la fin d'une partie, à la tète Cul terreux, s m. Paysan,
d'un grand nombre de dominos — dans l'argot des faubouriens ;
qu'on n'a pu placer. Jardinier de cimetière, dans —
l'argot des marbriers.
Culotte (Avoir une). Être
complètement ivre, — dans l'argot Cupidou, s. m. Chiffonnier,
des faubouriens, qui, par cette — dans l'argot des f lubourieus,
114 GUR GYM

qui font allusion a son carquois der pour eux leurs petits se-
d'osier. crets.
On dit mieux Vieux Cupi- Cymbale, s. f. Lune, —
dans
don. le même argot. Sans doute par
Cupieux, s. m. Le juge d'ins- une ressemblance de forme et de
truction, —dans l'argot des vo- couleur entre cet astre et les gongs
leurs, qui, en effet, n'aiment pas de notre musique militaire.
à être interrogés et veulent gar- On l'appelle aussi Moucharde.
i

Dab, s, m. Roi, et, plus par- Dadais^ s. m. Imbécile, hom-


ticulièrement Père, dans l'ar- — me qui fait l'enfant, — dans l'ar-
got des voleurs. got du peuple, qui ne se doute
Les Anglais ont le même mot pas que le mot a trois cents ans
pour signifier un homme con- de noblesse.
sommé dans le vice A dahc, : mm Daim, s. m. Monsieur bien
disent-ils.
mis, et d"un porte-monnaie mieux
Dab, s. m. Maître, dans l'ar- mis encore, qui se fait gloire et
got des domestiques Patron, ;
— plaisir d'être le mâle de la biche,
dans l'argot des faubouriens. — dans l'argot des faubouriens,
dont la ménagerie s'augmente
Oabesse. s. f. Reine.
tous les jours d'une bète curieuse.
Dabicule, s. m. Fils du pa- Daim huppé. Daim tout à fait
tron. riche.
Signifie aussi Imbécile, nigaud.
Dabot, s. m. Préfet de police.
Dalle, Pièce de six francs,
s. f.
Dabuche, s. f. Mère, nour- •- dans l'argot des voleurs, dont
rice.
1 existence est pavée de ces écus-là.
Dache, s. m. Diable,
^ dans — Dalle, s. f. Gosier, gorge,
l'argot des voleurs, qui pourtant
ne croient ni à Dieu ni à, diable. — dans l'argot des faubouriens.
Envoyer à dache. Envoyer pro- S'arroser OM. Se rincer la dalle.
Boire.
mener, envoyer au diable.
Les ouvriers emploient aussi On dit aussi la Dalle du cou.
cette expression. Dame aux camélias, s. f.
Aspasie moderne, qui aime par
Dada, s. m. Cheval, — dans accident quelque Périclès, mais
1 argot des enfants.
plus fréquemment
Fantaisie, manie, dans l'ar-— monseigneur
Million, dont les « témoignages
got des grandes personnes,
plus d'affection sont tous frappés à la.
enfants que les enfants.
Monnaie ».
116 DAN DAR

L'expression sort du roman Danser, v. n. Exhaler une


d'Alexandre Dumas fils, qui l'a- insupportable odeur, dans l'ar- —
vait lui-même empruntée aux got des faubouriens
amants de Marie Duplessis. Danser du bec. Avoir une ha-
leine douteuse.
Dame du lac, s. f. Femme Danser des arpions. Avoir de&
entretenue, ou qui, désirant l'être,
chaussettes sales.
va tous les jours au Bois de Bou-
logne, autour du lac principal, où Danser, v. n. Perdre de l'ar-
abondent les promeneurs élégants gent payer ce qu'on ne doit jpas.
et riches. —
Argot des gens de
;

On dit aussi, à propos d une


lettres. somme perdue, volée, ou donnée :
La danser de tant.
Damer le pion à quel- Faire danser quelqu'un. Se faire
qu'un. Le supplanter, lui jouer
offrir quelque chose par lui.
un tour quelconque pour se venger
de lui, lui répondre vertement. D.inser (Faire). Battre, don-
Argot des bourgeois. ner des coups.
Faire danser ses écus. Dépenser
Damer une fille, v. a. La joyeusement sa fortune.
séduire, —
ce qui, du rang de de-
moiselle, la fait passer à celui de Danser (La), v. n. Perdre
dame, de petite dame. son emploi, et, par extension, la

Dandiller, v. n. Sonner, — vie


Signifie aussi : Etre battu.
dans l'argot des faubouriens.
Danser devant le buflTet,
Dandillou, s. m. Cloche. V. n. N'avoir pas de quoi manger,

Dandinette, s. f. Correction.
— dans l'argot du peuple.
— dans l'argot du peuple, qui Danseur, s. m. Dindon, —
corrige ses enfants en les faisant dans l'argot des voyous.
danser. Dardant, s. m. L'amour, —
Danse, s. f. Coups donnés ou dans l'argot des voleurs, qui ai-
reçus, — dans le même argot. ment la femme avec excès.
Danse soignée. Batterie achar- Dardelle, s. f. Gros sou, —
née. dans l'argot des gamins, qui s'en
servent pour jouer au bouchon.
Danse, s. f. Combat. — dans
l'argot des troupiers. Dare-dare, interj. A la hâte,

Danse du panier, s. f. Bé-


— dans l'argot du peuple, qui a
eu l'honneur de prêter cette ex-
néfice illicite de la cuisinière. Ar-
pression à Diderot, qui s'en est
got du peuple.
servi dans son Neveu de Rameau.
Ou dit aussi Faire danser l'anse
du Quand une cuisinière,
panier.
Dariole, s. f. Soufflet, coup
revenue du marché, a vidé les de poing, — dans le même argot.
provisions que contenait tout à Daron, s. m. Père, — dans
l'heure son panier, elle prend ce- l'argot des voleurs, qui ont em-
lui-ci par l'anse et le secoue joyeu- prunté ce mot au vieux langage
sement pour faire sauter l'argent des honnêtes gens,
épargné par elle à son profit, et Daron de la j-aille ou de la
non à celui de sa maltresse. rousse. Préfet de police.
DEB DEB 117

Daronne» s. f. Mère. Débarbouiller, v. a. Éclair-


Daromie du Dardaid. Vénus, cirune chose, une situation, —
mère de l'Amour, dans l'argot du peuple.
Baronne du grand Aure, La Se débarbouiller. Se retirer
Sainte Vierge, mère de Dieu. tant bien que mal d'une affaire
délicate, d'un péril quelconque.
Darthenay, s. m. Nom d'hom- Se dit aussi du temps lorsque
me qui est devenu celui de beau- de couvert il devient serein.
coup d'hommes de lettres trop in-
dulgents, enthousiastes de tout le Débardeur, s. m. Type du
monde, par bonté d'àme sans carnaval parisien, inventé il y a
doute, une bouté d'âme devenue une trentaine d'années, et dont il
de la banalité. Un critique n'est ne reste plus rien aujourd'hui que
pas une sœur de charité, il n'a ce léger fusain :

pas pour mission de panser des


« Qu'est-ce qu'un débardeur? Un jeune
plaies, mais d'en faire.
[front qu'incline
C'est Théodore de Banville, je Sous un chapeau coquet l'allure mascu-
crois, qui a le premier substantivé [liue.
ce nom propre. Un un pantalon.
corset dans
Un masque de velours aux prunelles ar-
Dauffe, s. f. Pince de voleur, [dentes,
dont l'extrémité est en queue de Sous des plis transparents des formes irri-

dauphin. [tantes.
Un ange doublé d'un démon. »

Dauphin ou Dos fin, s. m. Débinag^e,


Souteneur de filles homme-pois- s. m. Médisance,
;

son ad usum Delphine, ou toute


et mêmecalomnie, — dans l'argot
autre sainte de même farine des faubouriens.
ou
de même charbon. Débine, s. f. État de gêne,
DaTone, s. f. Prune, — dans misère, -- dans le même argot.
J'ai entendu dire Dibène (pour
l'argot des voleurs.
malaise, dépérissement) sur les
Dé, adv. Oui, —
dans l'argot bords de la Meuse, où l'on parle
des marbriers de cimetière. le wallon, c'est-à-dire le vieiLx

Débâcler, v. a. Ouvrir, — français.


Tomber dans la débine. Deve-
dans l'argot des voleurs.
nir pauvre.
Débag^ouler, v. a. Parler,
— dans l'argot du peuple.
Débiner, v. a. Médire, et —
même calomnier.
Déballag^e, s. m. Déshabillé En wallon, on dit Dibiner,

:

de l'homme ou de la femme, pour être mal à l'aise, en lan-


dans l'argot des faubouriens. gueur.
Etre volé au déballage. S'a- Se débiner. S'injurier mutuelle-
percevoir avec une surprise mê- ment.
lée de mauvaise humeur, que la
Débiner (Se). S'en aller,
femme qu'on s'était imaginée s'enfuir.
idéalement belle, d'après les exa-
En wallon, on dit Biner pour
gérations de sa crinoline et les
Fuir.
exubérances de son corsage, n'a
aucun rapport, mêmeéloigné, avec Débiner le truc, v. a. "\"en-
la Vénus de Milo. dre le secret d'une affaire, révéler
118 DEC DEC

les ficelles d'un tour. Argot des Décamper, v. n. S'en aller,


saltimbanques. s'enfuir, — dans l'argot du peuple.
Décamper sans tambour ni
Débonder, v. n. Alviim de-
ponere, — dans l'argot du peuple. trompette. S'en aller discrètement,
ou honteusement, selon qu'on est
Déborder, v. n. Rejeter hors bien élevé ou qu'on a été incon-
de l'estomac le liquide ou lanour- venant.
riture ingérés en excès, — dans le On dit aussi Décampiller.
même argot.
Décanailler (Se), v. a. Sor-
Se faire déborder, Se faire vo-
tir de l'obscurité, de la misère,
mir. de l'abjection, — dans le même
Déboucler, v. a. Mettre im argot.
prisonnier en liberté, dans— Décaniller, v. n. Déguerpir,
l'argot des voleurs.
partir comme un chien, — dans
Débourrer, v. a. Déniaiser le même argot.
quelqu'un, — dans l'argot du On demandepourquoi, ayant
peuple. sous le main une étymologie si
Se débourrer. S'émanciper, se simple et si rationnelle (canis).
dégourdir. M. Francisque Michel a été jus-
qu'en Picardie chercher une che-
Débouscailler, v. a. Décrot- nille.
ter, — dans l'argot des voyous.
Décarcasser (Se), v. réfl.
Débousnailleur, s. m. Dé- Se démener, s'agiter bruyamment,
crotteur. — dans le même argot.

Déboutonner (Se). Parler Décarrade, s. f. Sortie, dé-


franchement, dire ce qu'on a sur part, fuite, — dans l'argot des vo-
le cœur ou dans le ventre. Argot leurs.
des bourgeois.
Décarrer, v. n. S'en aller de
Débrider, Ouvrir,
v. n. — quelque part, s'enfuir, dans —
dans l'argot des voleurs. l'argot des voleurs et du peuple.

Débrider, v. n. Manger avec Décarrer de belle. Sortir


appétit, — dans l'argot du peuple, de prison sans avoir passé en ju-
qiu assimile l'homme au cheval. gement. Argot des voleurs.
Débridoir, s. m. Clef. Décartonner (Se), v. réfl.
Vieillir, ou être atteint de mala-
Débuter, Viser un but
v. n.
die mortelle, — dans l'argot des
quelconque et s'en approcher le
faubouriens.
plus possible, afin de savoir qui
jouera le premier aux billes, à la Décati, adj. et s. Qui n'a plus
marelle, etc. Argot des enfants. ni jeunesse, ni beauté, qui sont
le cati, le lustre de l'homme et
Décadener, v. a. Déchaîner, de la femme.
débarrasser de ses liens, dans —
l'argot des voleurs. Décatir (Se), V. réfl. Vieillir,
enlaidir, se faner.
Décalitre, s. m. Chapeau
rond, en forme de boisseau, — Décavé, s. m. Homme ruiné,
dans l'argot des faubouriens. soit par le jeu, soit par les fem-
DEC DEC 119

mes, — dans l'argot de Breda- Déclancher (Se), v. réfl. Se


Street. démettre \' épaule, —
dans l'argot
des faubouriens, qui assimilent
Déchanter, v. n. Revenir
l'homme au mouton.
d'une erreur; perdre une illusion;
rabattre de ses prétentions, — Déclouer, v. a. Dégager des
— dans l'argot du peuple, fidèle effets du mont-de-piété, du clou.
sans le savoir à rétj-mologie {dé-
cantarc) Décoller, v. n. S'en aller de
quelque part; quitter une place,
Dèche, Pauvreté, déchet
s. f. — dans l'argot des ouvriers.
de fortune ou de position, dans — Décoller le billard. Mou-
le même argot.
rir.
Ce mot, des plus employés, est
tout à fait moderne Privât d'An-
. On dit aussi Dévisser son bil-
glemont en attribue l'invention à lard.
un pauvre cabotin de Cirque, qui,
chargé de dire à Napoléon, dans Décompte, s. m. Blessure
une pièce de Ferdinand Laloue :
mortelle, —
dans l'argot des trou-
« Quel échec, mon empereur » piers, qui savent qu'en la tou-
!

se troubla et ne sut pas dire au-


chaut il faut quitter le service et
la vie.
tre chose, dans son émotion, que :

« Quelle dèche, mon empereur » !


Déconfiture, s. f. Faillite,
Eti'e en dèche. Etre en perte — dans l'argot des bourgeois.
d'une somme quelconque. Etre en déconfiture. Avoir dé-
Décheux, adj. et s. Homme posé son bilan.
pau\Te, misérable. Décors, s. m. pi.Cordons,
Déchirée (N'être pas trop). tabliers, bijoux. — dans l'argot
Se dit —dans l'argot du peuple des francs-maçons.
— d'une femme qui est encore
Découdre (En), v. n. Se bat-
jeune, jolie et appétissante.
tre en duel ou à coups de poing,
On dit aussi N'être pas trop
égratignée.
— dans l'argot du peuple et des
troupiers.
Déchirer (Ne pas
Se faire se) .
Découvrir la peau de
des compliments; se vanter. Lui faire dire
quelqu'un, v. a.
Déchirer de la toile. Faire ce qu'il aurait voulu cacher, —
un feu de peloton, — dans l'argot dans l'argot du peuple.
des troupiers.
Décrasser un homme, y.
Déchirer la cartouche, v. a. Lui enlever sa timidité, sa pu-
a. Manger, —
dans l'argot des deur, sa dignité, sa conscience,
soldats et des ouvriers qui se sou- — dans l'argot des faubouriens,
viennent de leurs sept ans. qui ont des idées particulières sur
la propreté.
Déchirer son habit, v. a.
Mourir, — dans l'argot des tail- Pour les filles, Décrasser un
leurs. homme, c'est le ruiner, et pour les
voleurs, c'est le voler, c'est-à- —
Déchirer son tablier, v.
dire exactement la même chose.
a. Mourir, — dans l'argot des
domestiques Décrocher, V. a. Dégager un
120 DEF DEG

objet du mont-de-piété, — dans Deffardeur, s. m. Voleur, —


l'argot des ouvriers. dans l'argot des voyous.
On dit aussi Doubleur.
Décrocher, v. a. Tuer d'un
coup de fusil, — dans l'argot des Défigrer, v, a. Réchauffer,
troupiers. — dans le même argot.
Ils disent aussi Descendre. Défller la parade, v. n.

Décrocher ses tableaux, Mourir, — dans l'argot des trou-


piers, qui, blessés en pleine poi-
V. a. Opérer des fouilles dans ses
trine par un éclat d'obus, trou-
propres narines et en extraire les
vent encore le temps de faire le
mucosités sèches qui peuvent s'y
salut militaire à leur chef comme
trouver. Argot des rapins.
pour lui dire: Ave, Cœsar, mori-
Décrocher un enfant, v. turi te saiutant.
a. Faire avorter une femme, — Défleurir la pîcouse, v.
dans l'argot du peuple. a. Voler le linge étendu dans les
Se faire décrocher. Employer prés ou sur les haifes. Argot des
des médicaments abortifs. prisons.

Décrochez-moi ça, s. m. Défourailler, v. n. Courir,


Chapeau de femme, — dans l'ar- — dans l'argot des voyous.
got des revendeuses du Temple.
Défrimousscr, v. a. Défi-
Décrochez-moi ça, s. m. gurer quelqu'un, — dans le
Boutique de fripier, — dans l'ar- même argot.
got du peuple. Défriser, v. a. Désappointer,
Aciieter une chose au décrochez- contrarier quelqu'un, — dans
moi ça. L'acheter d'occasion, au l'argot du peuple.
Temple ou chez les revendeurs.
Défrusquer, V. a. Dépouil-
Décrotter un g^igot, V. a. ler quelqu'un de ses vêtements,
N'en rien laisser que l'os, — — dans l'argot des faubouriens.
dans l'argot des ouvriers, qui ont On dit aussi Défrusquiner.
bon appétit une fois ta table. Se défrusquer Se déshabiller.
.

Dédurailler, v. a. Oter les Dég^aine, s. f. Allures du


fers d'un forçat ou les liens d'un corps, fourreau de l'âme, dans —
prisonnier. l'argot du peuple, qui n'emploie
ordinairement ce mot qu'en mau-
Défargucr, v. n. Pâlir, — vaise part.
dans l'argot des voleurs, pour
Avoir une belle dégaine. Se dit
qui faryuer c'est rougir.
ironiquement des gens qui n'ont
Défarg^ueur, s. m. Témoin pas de tenue, ou des choses qui
à décharge, assez maître de lui sont mal faites.
pour mentir sans rougir.
Dég^auchir, v. n. Voler.
Défendre sa queue, v. a.
Dég^elée, s. f. Coups donnés
Se défendre quand on est atta-
qué, —
daus l'argot du peuple,
ou reçus, — dans l'argot des
faubouriens.
qui prend l'homme pour \m
chien. Dégeler* v. n. Se déniaiser,
DEG DEJ 151

se remettre de son émotion, — Se dégourdir. Se débourrer,


dans le même argot. se débarrasser de ses allures
Signifie aussi Mourir. gauches, de la timidité naturelle
à la jeunesse.
Dé^in^audé» adj. s. Qui a
Signifie aussi S'amuser.
mauvaise grâce, au propre et au
figuré, —
dans l'argot du peuple. Dég^outé (N'être pas). Pren-
Dég^in^ander (Se), v. réfl. dre le meilleur morceau, choisir
Se donner des allures excentri- la plus jolie femme, — dans le

ques et de mauvais goût. même argot.

Dé^obillade, Résultat S>é{^rai88er (Se). Maigrir,


d'une mdigestion, —
s. f.

dans l'argot — dans l'argot du peuple.


du peuple. Dégraisser un homme, v.

Dé«^obillor, v. a. et n. a. Leruiner, —
dans Tnrgot des
Avoir une indigestion. petites dames, qui trouvent alors
qu'i/ «'(/ a pas gras dans ses
JOég^oiumade, s. f. Vieil- poches.
lesse, décrépitude naturelle ou
précoce, — dans l'argot du peu- I>é«^rmg^olade, s. f. Ruine,
débâcle de fortune, dans l'ar- —
ple.
got des bourgeois, témoins des
Dég'ommer, v. a. Destituer, croulemeuts fréquents des parve-
casser d'un grade, dans l'ar-— nus d'aujourd'hui.
got des troupiers.
Se défjonwiev. S'entre-tuer. Dégrossir, V. a. Découper des
viandes, — dans l'argot des
Oég^ommer (Se), v. réfl. francs-maçons.
Vieillir, perdre de ses cheveux,
de son élégance, de sa fraîcheur, Dég^ueulas, adj. Dégoûtant,
— au propre et au figuré. — dans l'argot des faubouriens,
qui disent cela à propos des gens
Dégottage, s. m. Action de et des choses.
surpasser quelqu'un en force ou
en talent, en esprit ou en beauté. Dégrueuler, v. a. etn. Avoir
Argot des fauLouriens. une indigestion, — dans l'argot
Signifie aussi Recherche cou- du peuple.
ronnée de succès. m. Résultat
Dég-ueulis, s.
Oég-otter, v. a. Surpasser, d'une indigestion.
faire mieux ou pis étonner, par
;
Dég^ui, s. m. Déguisement,
sa force ou par son esprit, des
gens malingres ou niais.
— dans l'argot des voleurs.

^
Signifie aussi Trouver ce que Déguiser en cerf (Se), v.
l'on cherche. réfl.Se retirer avec plus ou moins
Dég^ouliner^ V. n. Couler,
d'empressement, —
dans l'argot
tomber goutte à goutte des yeux des faubouriens.
et surtout de la bouche, — dans Déjelé, adj. Individu mal
le même argot. fait, laid, maigre, dégingandé,
Dé^ourdirs v. a. Émanciper — dans l'argot des ouvriers.
l'esprit ou les sens de quelqu'un, N'être pas trop déjeté. Etre
— dans le même argot. bien conservé.
1S2 DEM DEM

Oéjeunep «le perroquet, Se démantibuler Se séparer,


.

s. m.Biscuit trempé dans du vin, se briser, —


au propre et au
qui permet d'attendre un repas figuré.
plus substantiel. Argot des bour-
Démaquiller, v. a. Défaire
geois.
une chose faite ou convenue, —
De la bourrache Excla- î dans l'argot des voleurs.
mation de l'argot des faubouriens,
dont il n'est pas difficile de devi-
Démarg^er, v. a. S'en aller,
ner le sens quand on connaît les
disparaître, s'enfuir, — dans le

propriétés sudoriflques de la hor-


même argot.
rago o/'ficinalis.
On disait autrefois Demurger.
C'est une expression elliptique Démarrer, v. n. S'en aller ;
très raffinée Ah ! de la bour-
: quitterime place pour une autre,
rache! c'est-à-dire : « Tu me fais — dans l'argot du peuple, qui a
suer! » emprunté ce mot au vocabulaire
Délasfs Com, des marins.
s. m. pi.
Théâtre des Délassements-Co- Déménag'er, v. n. Perdre la
miques, — dans l'argot des pe- raison, bons sens, le sang-
le
tites dames des petits mes-
et
sieurs qui sont, du moins qui
froid, —dans le même argot.
Signifie aussi Etre vieux, être
étaient les habitués ordinaires de sur le point de partir pour l'autre
cette petite salle de spectacle, monde.
supprimée depuis quelques mois.
Déménag^er à la ficelle,
Délicat et blond, adj. Se V. n. A du
propriétaire, la
l'insu
dit, ironiquement,
d'un gandin, nuit, avec ou sans cordes, par la
d'un homme douillet, quelles que
soient la couleur de ses cheveux
fenêtre ou par la porte, dans —
l'argot des bohèmes, pour qui le
et la vigueur de son corps. L'ex-
dieu Terme est le diable.
pression date d'un siècle. On dit aussi Déménager à la
Délicoquentieuseiuent cloclie de ôois.
,
adv. Merveilleusement, — dans Déménag^er avant le
l'argot des coulisses.
terme. Faire im lapsus Unguœ,
Délig'e, s. f. Diligence, — « mettre la charrue devant les
dans l'argot des voyous, qui ne bœufs ». Argot du peuple.
parlent pas toujours diligentis-
simè. Déménag^er par la che-
minée , V. n. Brûler ses
Démnneher (Se). Se re- meubles lorsqu'on a reçu congé,
muer beaucoup, se donner beau- — dans le même argot."
coup de mal, souvent inutilement.
Argot du peuple.
Demi-aune, s. f. Bras, —
dans l'argot des faubouriens.
Démantibuler, v. a. Briser, Tendre la demi-aune, Men- —
disjoindre.Même argot. dier.

C!_'est_ démandibuler qu'il fau- Demi-cachemire , s. m.


drait dire ; la première applica- Fille ou femme
qui est encore
tion de ce verbe a dû être faite à dans les limbes de la richesse et
propos de la mâchoire, qui se de la galanterie, et qui attend
désarticule facilement. quoique protection secourable
DEM DEP 123

pour briller au premier rang des observation, — dans l'argot des


drôles ses. voleurs.
Au XVII !« siècle, on appelait Dénicheur de fauvettes,
ça Demi-castor. Les mots chan-
gent, mais les vices restent.
s. m. Coureur de filles, — dans
l'argot du peuple.
Demi-mondaine, sub. fém. Denis,
Femme du demi-monde, — dans —
n. d. 1.
dans l'argot des farouches ré-
Saint-Denis,
l'argot des gens de lettres.
volutionnaires, qui, par horreur
Demi-monde, s. m. Sphères des saints et des nobles, décapi-
galantes de la société parisienne, tent la plupart des noms histo-
— dans l'argot de M. Alexandre riques, font, par exemple, de
Dumas fils, qui a fait une pièce Bernardin de Saint-Pierre un
là-dessus. Pierre Bernardin, et qui, pour
être conséquents avec eux-mêmes,
1>emi-Tertu, s. f. Demoiselle
devraient dire Nis au lieu de
qiii est devenue dame de son Saint-Denis
Fropre chef, sans passer par
église ni par la mairie la :
Dent (Avoir de la). Etre en-
chrysalide d'une fille. core beau cavalier ou jolie
I>émoc, s. m. Apocope de
femme, —
dans l'argot de Breda-
Street.
Démocrate, — dans l'argot du
Les petites dames de ce pays
peuple.
cythéréen qui veulent donner à
Dibnoc-soc . Démocrate-socia- rêver aux hommes disent aussi :

liste. Seize ans, toutes ses dents et pas


Demoiselle du Pont j\euf, de corset.
s. f. Femme banale, dans le Mal de dents. Mal d'amour.
cœur de laquelle tout le Paris , N'avoir plus mal aux dents.
galant a le droit de circuler. Être mort.
Démolir, v. a. Critiquer Déparler, v. n. Cesser de
àprement et injustement, dans — parler, — - dans l'argot du peuple.
l'argot des gens de lettres, qui
Ne pas déparier. Bavarder fort
oublient trop qu'il faut quelque-
et longtemps.
fois dix ans pour bâtir un livre.

— Déparler, Ne pas sa-


v. n.
Démolir, v. a. Tuer, dans
voir ce que l'on parler d'une
dit,
l'argot des faubouriens, qui ou-
chose que l'on ne connaît pas.
blient trop qu'il faut vingt ans
Argot des faubouriens.
pour construire un homme.
Démonétiser, v. a. Atta-
Département du bas-
rein, s. m. La partie du corps
quer réputation de quelqu'un
la
et le ruiner, —
dans l'argot du
sur laquelle on s'assied, et qui
depuis des siècles a le privilège
peuple.
de servir d'aliment à ce qu'on est
Se démonétiser. Se discréditer, convenu d'appeler « la vieille
s'amoindrir, se ruiner morale- gaieté gauloise ».
ment.
L'expression appartient à l'ar-
Démorg^anor , v. Se
n. got des ouvriers, loustics de leur
ranger à un avis, se rendre à une nature.
124 DEP DES

Dépendeur d'audouilles ,
mille vierges, —
dans l'argot du
S. m.Homme d'une taille exagé- peuple, qui n'aime pas les Gas-
rée, — dans Fargot du peuple. cons.

Dépenser sa salive, v. a. De quoi, s. m. Fortune, ai-


Parler, — dans
le môme argot. sance, — dans le même argot.
On dit aussi Perdre sa salive, Avoir de quoi. Etre assuré
dans le sens de Parler inutile-
: contre la soif, la faim et les
ment. autres fléaux qui sont le lot ordi-
naire des pauvres gens.
Dépiauter* v. a. Enlever la
On dit aussi Avoir du de quoi.
pefn<, l'écorce, — dans le même
argot Der, s. m. Apocope de der-
Se dépiauter. S'écorclier. nier, — dans l'argot des enfants.
Signifie aussi Se déshabiller.
Déraling^uer, v. n. Mourir,
Déplanquer* Y. a. Retirer — dans l'argot des marins d'eau
des objets d'une cachette ou du salée et d'eau douce.
Îi/an, —
dans l'argot des vo- Dernier de Paul île
eurs. Kock, s. m. Galant homme
Déplumé, m. Homme qui a eu le tort d'épouser une
s.
chauve, dans l'argot des faubou- femme galante, —
dans l'argot
riens. des bourgeoises qui n'osent pas
dire Cocu, titre d'un Roman de
Déplumer (Se), v. réll. Paul de Kock en vogue il y a
Perdre ses cheveux. trente ans.
Déponer, v. n. Levai'e ven- Déroyaliser, v. a. Détrôner
tris onus, —
dans l'argot du un roi, enlever à un pays la
peuple, pour qui le derrière est forme monarchique et la rempla-
le ponant du corps. cer par la forme républicaine.
L'expression date de la pre-
Déposer une pêche, v. a.
mière Révolution et a pour père
Levure venlris omis, — dans l'ar-
le conventionnel Peysard.
got des ouvriers.
Ils disent aussi Déposer un Derrière le poêle chez
kilo. Cosson. Phrase de l'argot des
typographes, qui la mettent à
Dépotoir, s. m. Confession-
nal, — dans
l'argot des voleurs,
toutes sauces, et l'emploient sur-
tout lorsqu'il ne leur plaît pas de
qui ont de rares occasions d'y dé-
répondre à une question. N'im-
charger leur conscience, pourtant
porte ce qu'on leur demande,
bien remplie d'impuretés.
ils vous renvoient toujours là.
Dépotoir, s. m. « Pot qu'en L'expression sort de l'imprime-
chambre on demande », —dans rie Cosson, et du patron est des-
l'argot des faubouriens. cendue aux ouvriers.
Signifie aussi Gofi're-fort.
Désatiller, V. a. Châtrer,
Dépotoir, s. m Prostihulum,
. — dans l'argot des voleurs.
— dans l'argot des voyous.
Descendre, v. a. Tuer,
Dépueeleur de nourrices. abattre d'un coup de fusil, —
s. m. Fat ridicule, cousin ger- dans l'argot des soldats et des
main de l'amoureux des onze chasseurs.
DES DET 1-25

nescenilre la gparde, Y. n. Dessaler (Se), v. Boire le


—dans l'argot du peuple.
Mourir, vin blanc du matin, dans —
l'argot des faubouriens, qui dor-
Descente de lit, s. f. Liou ment volontiers salé, comme Gar-
que l'esclavage a abruti et qui gantua.
se laisse donner des coups de cra-
vache par son dompteur sans Destrier, s. m. Cheval. —
protester par des coups de griffes. dans l'argot académiciens,
des
qui ont horreur du mot propre.
I>ésenbonnetdecotonn»r , Ils disent aussi Palefroi, —
V. a. Débourgeoiser, donner de dans les grandes circonstances.
l'élégance à quelqu'un ou à quel-
que chose. Détacher, v. a. Donner, —
Le mot est de Balzac. dans l'argot du peuple.
Détacher un soufflet. Souffleter
Désenflaquer (Se). Se dé-
quelqu'un.
sem...nuyer, — dans l'argot des
Détacher un coup de pied.
faubouriens.
Donner im coup de pied.
Bésenflaquer ( Se . Se
tirer de peine, et aussi de prison,
)
Détacher le bouchon, v.
— dans l'argot des voleurs.
a.
de
Couper
montre,
la bourse,
— dans
ou chaîne
la
l'argot des
Désenfrusquiner (Se). Se voleurs.
déshabiller, — dans l'argot des
Détaffer, v. a. Aguerrir
faubouriens.
quelqu'un, l'assurer contre le
Désentiflag^e, s. m. Rup- taf, — dans l'argot des voj'ous.
ture, divorce, — dans l'argot des Détail, s. m. Chose grave
voleurs.
que en riant,
l'on traite — dans
Désentîfler (Se), v. réfl. Se l'argot du peuple.
quitter, divorcer. C'est un détail! signifie : Cela

Desgrieux, m. Chevalier
s.
n'est rien ! — Même
lorsque c'est
quelque chose d'important, d'ex-
d'industrie et souteneur de Ma- cessivement important , fortime
rions, —
dans l'argot des gens de perdue ou coups reçus.
avec raison, ne peu-
lettres, qui,
vent pardonner à l'abbé Prévost Détaler, v. n. S'enfuir, s'en
d'avoir poétisé le vice et le vol. aller sans bruit, dans le — même
argot.
Déshabiller, v. a. Donner
des coups, battre quelqu'un à lui Détaroquer, v. a. Démar-
en déchirer ses vêtements, — quer du linge, — dans l'argot
dans l'argot des faiibouriens. des voleurs, qui ont bien le droit
de faire ce que certains vaude-
Désossé, adj. et s. Homme villistes font de certaines pièces.
extrêmement maigre, — dans
l'argot du peuple. Dételer, v. n. Renoncer aux
jeux de l'amour et du h isard, —
Dessalée, s. f. Fille ou dans l'argot des bourgeois, qui
femme de mauvaise vie. connaissent le Solve senescentem
Cette expression,
qui a plus d'Horace, mais qui ont de la
d'un siècle, signifie aussi femme peine à y obéir.
rusée, roublarde. On dit aussi Enrayer.
12G DEV DIA

Détoce ou Défosse, s. f. cours, bavardage interminable,


Détresse, guignon, — dans l'ar- — dans l'argot des voleurs.
got des prisons. Dévidage à Vestorgue. Accusa-
tion.
Détourne (Vol à la), s. m.
Vol dans l'intérieur des magasins Dévider, V. a. et n. Parler,
ou à la devanture des boutiques. et, naturellement, bavarder.
Dévider à Vestorgue. Mentir.
On dit aussi Grinchissage à la
Dévider le Jar Parler argot.
.

détourne.
On dit aussi Entraver le jar.
Détourueur, euse, s. Indi- Dévideur, s. m. Bavard.
vidu qui pratique le grinchissage
à la détourne Dévierger, v. a. Séduire
une jeune fille et la rendre mère,
Deux cocottes

(Les). Le — dans l'argot du peuple.
numéro 22, dans l'argot des
joueurs de loto. Dévisager, v. a. Égratigner
le visage, le meurtrir de coups,
Deux d'amour, s. m. Le — dans le même argot.
numéro 2, — dans le même ar- Signifie aussi Regarder quel-
got. qu'un avec attention.
Deux sœurs, s. f. pi. Les Dévisser son billard, v. a.
nates de Martial, — dans l'argot Mourir, — dans l'argot des fau-
des faubouriens. bouriens.
Deux sous du garçon, s. Dévisseur, s. m. adj. Mé-
m. pi. Le pourboire que chaque disant, déhineur, —
dans l'argot
consommateur est forcé sous — des gens de lettres et des faubou-
peine d'être « mal servi » de — riens.
donner aux garçons de café, qui
s'achètent des établissements avec
Devoir une dette, v. a.
Avoir promis un rendez-vous
le produit capitalisé de cet im-
pôt direct.
d'amour, —
dans l'argot des filles,
qui sont brouillées avec la gram-
Devant de gilet, s. m. maire comme avec la vertu, et
Gorge de femme, — dans l'argot qui redoutent moins un pléonasme
des faubouriens. qu'un agent de police.
Déveine, s. f. « Malheur Dévorant, s. m. Compagnon
constant dans une série d'opéra- du Tour de France, — dans l'ar-
tions constantes. » got des ouvriers.
Etre en déveine. Perdre cons- Diable, s. m. Agent provo-
tamment au jeu. cateur, —dans l'argot des vo-
leurs, qui sont tentés devant lui
Dévergondée, s. f. Fille ou
du péché de colère.
femme qui a toute vergogne bue,
— dans l'argot des bourgeoises, Diable, s. m. L'attelabe, —
qui quelquefois donnent ce nom à dans l'argot des enfants, qui ont
une pauvre fille dont le seul été frappes de la couleur noire
crime est de n'avoir qu'un de cet insecte et de ses deux man-
amant. dibules cornées.

Dévidage, s. m. long dis- Diable (A la), adv. Avec


DIA DIX 127

précipitation, sans soin, sans Dictionnaire Verdier, s.


précaution, — dans l'argot du m. Lexique fantastique, dans —
peuple. l'argot des tvpographes, qui
y
font allusion chaque fois qu'un de
Diable au Tert (Au). Très
loin, — dans le même argot. leurs compagnons parle mal ou
orthographie défectueusement.
Un grand nombre de savantes
personnes veulent que cette ex- Dieu bat ses matelas. Se
pression populaire vienne du dit, — dans l'argot du peuple, —
château de T aiuert, sur l'empla- lorsqu'il tombe de la neige.
cement duquel fut jadis hàti le
couvent des Chartreux, lui-
Dieu Terme
(Le). Les 8
même depuis longtem[.s remplacé janvier, 8 avril, 8 juillet et S oc-
par le bal de la Grande Char- tobre de chaque année, dans —
treuse je le veux bien, n'ayant
:
l'argot des bohèmes,
pas assez d'autorité pour vouloir Digrue-Dig^ue, s. f. Attaque
le contraire, pour prétendre sur- d'épilepsie, — dans l'argot des
tout être seul de mon avis contre voyous
tant de monde. Cependant je dois
dire d'abord que je ne comprends Dijonnier, s. m. Moutar-
guère comment les Parisiens da dier, — dans l'argot des faubou-
XIV' siècle pouvaient trouver si riens.
grande la distance qu'il y avait Dilîg^ence de Rome, s. f.
alors et qu'il y a encore aujour-
La langue, — dans l'argot du
d'hui entre la Seine et le carre-
peuple, qui sait qu'on va partout
four de l'Observatoire ensuite, ;
quand on sait demander son che-
j'ai entendu souvent, en province,
min.
des gens qui n'étaient jamais ve-
nus à Paris, employer cette ex- Dimanche, adv. Jamais, —
pression, que l'on dit être exclu- dans le même argot.
sivement parisienne. On dit aussi Dimanche après
la grand'messe.
Diable bat sa femme et
marie sa fille (Le). Il pleut et Dimanche* s. m. Endroit
fait soleil tout à la fois, — même d'un navire ou d'une maison
argot. qu'on a oublié de nettoyer, —
Diable en prendrait les dans l'argot des marins.
armes (Le) Expression de
!
Dimasine, s. f. Chemisette,
l'argot du peuple, qui l'emploie — dans l'argot des voleurs.
pour renforcer une menace, pour
donner plus de poids à un ulti- Dinde, s. f. Femme sotte,
matum. maladroite, sans aucun des char-
Se dit aussi à propos d'un mants défauts de son sexe, —
grand vacarme « où l'on n'enten- dans l'argot du peuple, qui a, du
drait jias Dieu tonner ». Quand reste, l'honneur de se rencontrer
on n'entend pas Dieu tonner, c'est avec Shakespeare Goose (oie), :

qu'en effet le « diable en a pris dit celui-ci en deux ou trois en-


les armes ». droits de ses comédies.

Diamant^ s. m. "\"oix de la Dindon , s. m. Imbécile


plus belle eau, — dans l'argot dupe.
des coulisses. Etre le dindon de la farce.
128 DIX DON

Être la victime choisie, payer neuf (9), —


dans l'argot calem-
pour les autre. bourique du peuple.
Oindonner, v. a. Tromper, Doctes pucelles (Les). Les
duper. neuf Muses, —
dans l'argot des
Académiciens, qui devraient pour-
Dindornier, s. m. Infir-
mier, — dans l'argot des vo-
tant se rappeler le

leurs. ...cast i quam nemo rogavil

l>îuer en ville, v. a. Man- de Martial. Si les Muses avaient


ger un petit pain en marchant à des amants moins platoniques,
travers les rues, —
dans l'argot tout le monde y gagnerait, et —
parfois navrant des bohèmes. surtout la littérature française.

Dtuer par cœur, v. n. Ne Dodo, s. m. Lit, — dans l'ar-


pas dîner du tout, — dans l'argot got des e fants et des filles.

du peuple. Faire dodo. Dormir.

Ding^uer, n. N'être pas


v. Dog^-cart, s. m. Sorte de voi-
d'aplomb, —
dans l'argot des ture de maître de fabrication an-
coulisses, —
où l'on emploie ce glaise et maintenant à la mode
verbe à propos des décors et des parisienne. —
Argot des gandins
machinistes. et des carrossiers.

Ding^uer, v. n. Flâner, se Domino-culotte, s.m. Le


promener, — dans l'argot des domino restant dans la main du
faubouriens. joueur.
Envoyer quelqu'un dinguer. Le Dominos, s. m. pi. Les
congédier brusquement, s'en dé- dents, dans l'argot du peuple, qui
barrasser en le mettant à la emploie là, sans s'en douter, une
porte. expression du slang anglais.
Dire, v. n. Plaire, agréer, Avoir le jeu complet. Avoir
convenir, — dans l'argot du toutes ses dents.
peuple. Jouer des dominos. Manger.
Cela ne me dit pas. Je n'ai pas Dondon, s. f. Femme char-
d'appétit, de goût pour cela. gée d'embonpoint ; servante de
Dire la sienne, v. a. Ra- cabaret, — dans le même argot.
conter son histoire ou chanter sa Dondon, s. f. Maîtresse, —
romance après que les autres ont dans l'argot dédaigneux des bour-
chanté ou raconté. Même argot. geoises.
Discussion avec des pa-
vés (Avoir une). Tomber sur les
Donner, v. a. Dénoncer, —
dans l'argot des voleurs.
pavés et s'y égratigner le visage, Etre donné. Etre dénoncé.
soit en état d'ivresse, soit par
accident, —
dans l'argot des ou- Donner (S'en), v. réfl. Pren-
vriers, qui ont de ces discussions- dre d'un plaisir avec excès, —
là presque tous les lundis, en re- dans l'argot da peuple.
venant de la barrière.
Donner (Se la), v. S'en al-
Dix-huit, m. Soulier
s. res- ler, s'enfuir, — dans l'argot el-
semelé.j c'est-à-dire deux fois liptique des faubouriens.
DON DON 129

Oonner à la bourbonnaise Ils disent aussi Donner une


(La). Regarder quelqu'un d'un chicorée.
mauvais œil, —
dans l'argot des Donner du balai. Chasser
voleurs.
quelqu'un, remercier un em-
Donner cinq et quatre, v. ployé, congédier un domestique,
a. Donner deux soufflets, l'un de — dans l'argot des bourgeois.
la paume de main, où les
la Donner du bon temps (Se).
cinq doigts assemblés frappent Se divertir, « cueillir le jour » et
ensemble l'autre du revers de la
;

main, le pouce demeurant alors


la nuit, —
dans le même
argot.

sans action. Argot du peuple.


Donner du cambouis. Se
moquer de quelqu'un, lui jouer
On dit aussi Donner dix-huit.
un tour, le duper, daus l'argot—
Donner dans l'œil, v. n. du peuple, qui emploie cette ex-
Plaire, —
dans l'argot des petites pression depuis trois cents ans :
dames, qui l'emploient aussi bien « Ah ! très orde vieille truande !

à propos des gens que des choses vous me baillez du cambouys » !

dont elles ont envie. s'écrie Diable dans la


le Farce
Les faubouriens disent Taper :
du meunier.
dans l'œil. C'est plus expressif, Donner du fil à retordre.
— parce que c'est plus brutal. Embarrasser quelqu'un lui ,

Molière a employé Donner rendre une affaire épineuse, une


dans la vue avec la même signi- question difficile à résoudre
fication. J'ai trouvé dans le Tem-
Donner du rent.
Brimer,
pérament,
1755 :
tragédie-parade
Il m'a donné dans l'œil,
de — dans l'argot des Saint-Cyriens.
employé dans le même sens. Donner du Tinai«^re. Tour-
ner très — dans l'argot des
vite,
Donner de coups de pied enfants, lorsqu'ils jouent à la
(Ne pas Faire son propre
se). corde.
éloge, se dire des choses aima- Donner la mig^raine à
bles, s'avantager dans un récit. une tête de bois, v. a. Etre
Argot du peuple. excessivement ennuyeux, —
dans
l'argot des gens de lettres.
Donner de
g^rosse la
L'expression appartient à Hip-
caisse. Faire des réclames à un
livre ou à un médicament, — polj-te Babou.

dans l'argot des journaux. Donner son bout, v, a


Congédier un ouvrier dans l'argot
Donner de l'air (Se), v, a. des tailleurs.
S'en aller de quelque part, non On dit aussi don7ier sou bout
parce qu'on y étouffe, mais parce de ficelle.
qu'on s'y ennuie, ou parce qu'il
est l'heare de se retirer.
Donner un coup de pied
jusque... Aller jusqu'à tel en-
Donner de la salade. droit designé, — dans l'argot du
Battre, secouer quelqu'un, dans — peuple.
l'argot des faubouriens, qui ne se Donner un coup de poins
doutent pas que cette expression dont on ne Toit que la fu-
est une corruption de Donner la mée, V. a. L'appliquer sur le
salle, c'est-à-dire fouetter un éco- visage avec une grande violence.
lier en public. — même argot.
130 DOR DOU

J'ai entendu la phrase, et j'ai Dorsay, s. m. Petite ja-


frémi pour celui à qui elle s'adres- quette élégante, —
dans l'argot
sait « Je te donnerai un coup de
: des tailleurs et des gandins.
poing au nez, que tu n'en verras
que la fumée! » disait un ro- Dort-dans-l'aug^e, s. m. Pa-
buste Auvergnat à un ouvrier resseux, homme qui s'endort sur
d'apparence médiocre. la besogne, —
dans l'argot du
peuple.
Donner un pont à fau-
cher, V. a. Tendre un piège, — Dort-en-chiant, s. m. Hom-
dans l'argot des voleurs. me mou, paresseux, lambin.

Donner un redoublement Dos d'azur, s. m. Soute-


de fièfre, v. a. Révéler un neur de filles.
nouveau méfait à la charge d'un (F, Dmip in)
accusé, — dans le même argot. On dit aussi Dos vert.

Donneur d'afFaii-es, s. m. Dossière, f. Fille pu-


s.
Celui qui indique les vols à faire. blique, — dans l'argot des vo-
leurs, qui n'ont certainement pas
Donnez-la ! Méfiez-vous, — voulu dire, comme le prétend un
dans le même argot. étymologiste, « femme sur la-
Dont auquel, quelle tout le monde peut s'as-
adj. A qui
rien n'est comparable, — dans seoir ». Quelle étj-mologie alors?
Ah! voilà! Difficile diclu. Une
l'argot du peuple.
dossière, c'est une femme qui joue
Il y a plus d'un siècle déjà que souvent le rôle de supin.
ce barbarisme court les rues.

Donzelle, Dossière de satte, s. f.

fère la compagnie des


s. f. FiJle qui pré-
hommes à
Chaise, fauteuil, — dans le même
celle des femmes, — dans le
argot.
même argot. Doublag-e, s. m. Vol, — dans
Signifie aussi Maîtresse. l'argot des voyous, qui appellent
Gomme les mots déchoient La !
les voleurs Doubleurs, probable-
donzelle du Moyen-Age était la ment parce qu'ilstémoignent une
demoiselle de la maison, do- — grande duplicité.
minicella, ou domhia; la don-
Double, s. m. Sergent-major,
zelle du xix° siècle est une de-
moiselle de maison.
— dans l'argot des soldats, qui
l'appellent ainsi probablement à
Dor, s. m. Or, — dans l'argot cause de ses deux galons dorés.
des enfants. Doubler, v. a. Voler.
Dorancher, v. a. Dorer, — Doubler un cap, v. a. Pas-
dans l'argot des voleurs. ser heureusement une échéance,
Dormir en chien de un 1" ou un 15, sans avoir im
fusil, V, n. C'est, — dans l'ar- billet protesté, —
dans l'argot des
got du peuple, ~ prendre en commerçants, qui connaissent les
dormant une posture qui donne écueils de la Fortune.
au corps la forme d'une S ou du Henry Murger, dans sa Vie de
morceau de fer qu'on abat sur le Bohème, appelle ce i" et ce i 5 de
bassinet de certames armes à feu chaque mois le Cap des Tempêtes,
lorsqu'on veut tirer. à cause des créanciers qui font
DOU DRO 131

rage à ce moment-là pour être naie, — dans l'argot des voleurs


payés. et des faubouriens.
Double six, s. m. Nègre, — Douilles, s. f. pi. Cheveux,
dans l'argot des voleurs. — dans le même argot.
Douilles savonnées. Cheveux
Double six, s. m. Les deux blancs.
dents au milieu de la mâchoire
supérieure. Argot des faubou- Douillet, s. m. Crin, cri-
riens . nière.

Doubleur, s. m. Voleur. Douillure, s. f. Chevelure.

nuit.
Doubleur de sorgue. Voleur de Doussin, s. m. Plomb, —
dans l'argot des voleurs.
Doublure, s. f. Acteur se- Doux, s. m. Crème de men-
condaire, chargé de remplacer,
de doubler son chef d'emploi ma-
the, anisette, vespétro, etc., —
dans l'argot des bourgeoises.
lade ou absent. Argot des cou-
lisses. Doux larcin, s. m. Baiser,

Doublure de la
— dans l'argot des académiciens,
pièce, s.
qui traitent l'Amoar d' « aimable
f. « Ce qu'il y a sous le corsage voleur de cœurs
d'ime robe de femme », dans — ».

l'argot des bourgeois, qui, quoi- Dragée, s. f. Balle, — dans


que très Orgon, sont parfois de l'argot des troupiers.
la famille de Tartufe. Recevoir icne dragée. Etre at-
teint d'une balle.
Douce, s. Étoffe de soie ou
f.

de satin, — dans l'argot des vo-


On dit aussi Gober la dragée.

leurs. Dra§^ue, s. f. Attirail d'esca-

Douce, s. f. Fièvre, — dans


moteur, tréteaux de charlatan,
dans l'argot des faubouriens, qui
le même argot.
savent avec quelle facilité les ba-
Douce (A la), adv. Douce- dauds se laissent nettoyer les po-
ment, — dans l'argot du peuple. ches.
On dit quelquefois A la douce, :
Drag'ueur, s. m. Charlatan,
comme les marchands de cerises. escamoteur, saltimbanque.
Doucette, s. f. Lime, — dans Drapeau, s. m. Serviette, —
l'argot des voleurs. dans l'argot des francs-maçons.
Douceurs, s. f. pi. Choses Grand drapeau. Nappe.
de diverse nature qu'on porte aux
— Drapeaux, s. m. pi. Cou-
malades ou aux prisonniers,
aux uns des oranges, aux autres
ches, langes de nouveau-né, —
dans l'argot du peuple, qui em-
du tabac.
ploie ce mot depuis quelques
Douillard, s. m. Homme siècles.
riche, fourni de douille.
Dring^ue, s. f. Ventris fluxus,
Se quiconque a une
dit aussi de — dans l'argot des faubouriens.
chevelure absalonienne.
Drog'ue, s. f. Chose de mau-
Douille, s. f. Argent, mon- vaise qualité, étoffe inférieure.
132 DRO DUR

camelote, —
dans l'argot des prennent sur leurs maris, avec
bourgeois, qui se rappellent le leur fortune.
droguet de leurs pères.
Drôlichon, ne, adj. Amu-
llrog^ue, s. f. Femme aca- sant, drôle, — dans l'argot du
riâtre, et, déplus, laide, — dans peuple.
l'argot du peuple, qui a de la
peine à avaler ces créatures-là.
Duc de $Huiclie, s. m. Gui-
Se dit aussi d'un Homme diffi-
chetier, — dans l'argot des fau-
bouriens.
cile à vivre.

I>rog-ue, s. f. Jeu de cartes,


Dulcinée, s. f. Maîtresse,
— dans l'argot des troupiers,
— dans l'argot des bourgeois, qui
cependant se garderaient bien de
qui condamnent le perdant à por-
se battre pour la leur, même
ter sur le nez un petit morceau
contre des moulins.
de bois fendu.
Faire une drogue. Jouer cette Dumanet, s. m. Soldat cré-
partie de cartes. dule à l'excès, —
dans l'argot du
peuple, qui a conservé le souve-
Drog^ucr, v. n. Attendre,
faire le pied de grue, — dans
nir de ce type de vaudeville, né
le jour de la prise d'Alger.
l'argot du peuple.

Orog^uer, V. n. Demander, Dur, s. m. Eau-de-vie, —


— dans l'argot des voleurs, qui dans l'argot des faubouriens.
On dit aussi Raide.
savent qu'on attend toujours, et
quelquefois longtemps, une ré-
ponse.
Dur, s. m. Fer, — dans l'ar-
got des voleurs.
Droguerie, s. f. Demande. Ils disent aussi Burin.

I>rog^ueur de la haute, s. Dur à aTaler, adj. Se dit —


m. Escroc habile, qui sait battre dans l'argot du peuple d'une —
monnaie avec des histoires. histoire invraisemblable à la-
quelle on se refuse à croire, ou
Drôle (Pas ou Peu), adj. Ex- d'un accident dont on a de la
pression de l'argot du peuple, qui peine à prendre son parti.
l'emploie à propos de tout et de On dit aussi, dans le même
rien, d'un événement qui l'afflige
sens Dur à digérer.
:

ou d'une histoire qui l'ennuie,


d'une bretelle qui se rompt ou Dur-à-cuire, s. m. Homme
d'une tuile qui tombe sur la tète insensible à la douleur, physique
d'un passant, etc., etc. ou morale.
Drôlesse, s. f. Habitante de Duraille, s. f. Pierre, — dans
Breda-Street, ou de toute autre l'argot des voleurs.
Cythère, —
dans l'argot des bour- Ils disent aussi Dure.

geois, qui ont la bonté de les Dure-à-briqucmon. Pierre à bri-


trouver drôles quand elles ne sont quet.
que dévergondées. Ils disent aussi Dure à rifle.

Duraille sur mince. Diamant


Drôlessc, Maîtresse,
s. f.
concubine, —
dans l'implacable
sur papier.
argot des bourgeoises, jalouses Dur-à-la-détente, adj . et s.
de l'empire que ces créatures Homme avare, qui ne lâche pas
DUR DUV 133

volontiers les ressorts de la bien- Duriner, v. a. Ferrer, —


faisance ou du crédit, —
dans dans l'argot des voleurs.
l'argot du peuple, pour qui ces
sortes de gens sont de « singuliers Du vent ! de la mousse !

pistolets ». Phrase de l'argot des faubouriens,


qui l'emploient fréquemment en
On dit aussi Dur à la desserre. réponse à quelque cnose qui leur
Oupe, s. f. La terre, — dans déplaît ou ne leur va pas.
l'argot des voleurs et
du peuple. Ils disent aussi, soit: De l'anis!
Coucher sur la dure. Coucher soit ; Des navets! soit ; Des nè-
à la belle étoile.
fles ! soit : Du flan I

Qu'on ne croie pas l'expression


Durême, s. m. Fromage moderne, car elle a des chevrons

:

blanc, dans l'argot des voleurs. « Si on la loue en toutes sortes


de langues, elle n'aura que du
Durillon, s. m. Gibbosité hu- —
maine, — dans l'argot des fau-
vent en diverses façons, »
La Serre,
dit
historiographe de
bouriens, que les bossus feront
France, dans un livre adressé à
toujours rire.
mademoiselle D'Arsy, fille d'hon-
Ils disent aussi Loupe. neur de la reine (16 <8).
iEau bénite de caTc, s. f. Eaux sont basses (Les).
Vin, —dans l'argot du peuple, N'avoir plus ou presque plus d'ar-
qui sait que tous les cabaretiers gent, —
dans l'argot desbourgeois.
font concurrence à saint Jean-
Baptiste.
Ébasir^ v. a. Assassiner, —
dans l'argot des prisons.
Eau de boudin, s. f. Chose
Ébaubi, adj. et s. Étonné,
illusoire.
Tournei' en eau de boudin. Se
émerveillé, — dans l'argot du
peuple.
dit d'une promesse qu'on ne tient
pas, d'un héritage qui échappe, Éberlué, adj. Surpris, émer-
d'un projet qui avorte. veillé, aveuglé par l'étonnement.
Ne pas plutôt 05 de
serait-ce Ébouffer (S'), v. réfl. Rire
boudin ? Car a la rigueur,
eniiin, aux éclats
on peut trouver de Yeau dans un
boudin, tandis qu'on n'y trouvera Ecacberj v. a. Écraser.
jamais d'os. On disait et on écrivait autrefois
Esquacher.
Eau-fortierj s. m. Graveur
à l'eau forte, — dans l'argot des Ecarbouiller, v. a. Écraser,
artistes. aplatir, réduire en miettes, en es-
carbilles, ou plutôt ^nescarres.
C'est un peu plus français On dit aussi Ecrabouiller, et
qa'aqua-fortiste, — parce que Escrabouiller.
moins latin mais ni l'un ni l'autre
;

de ces mots ne sont d'une par- Écarter du fusil, v. n. En-


faite correction. Je sais bien qu'on
voyer, en parlant, une pluie de
a le droit de dire Eau-fortier, salive au visage de son interlocu-
quand Voltaire teur.
s'est permis d'é-
crire Force-vivier (Lettre à Mai-
On disait autrefois Écarter la
dragée.
ran, mars 1741) à propos des phy-
siciens partisans des forces vi- Échalas, s. m. pi. Jambes,
ves '.. . sertout quand elles sont maigres.
136 EGL ECO

— dans l'argot des fauiouriens. sante ou pièce d'argent toute bat-


Avoir avalé un échalas. Etre tante neuve.
d'une maigreur remarquable.
Éclairer, v. n. Montrer qu'on
Échappé d'Hérode, s. m. a de l'argent pour parier, pour
Homme innocent, c'est-à-dire jouer ou pour faire des galante-
niais, — dans l'argot ironique du ries, —
dans l'argot de Breda-
peuple. Street.

Écharpiller, v. a. Briser Éclipser (S'), v. réfl. S'en


une chose en mille morceaux. aller, s'enfuir, — dans l'argot
Se faire écharpiller. Se faire des bourgeois frottés d'astrono-
accabler de coups. mie.
Échasses, s. f. pi. Jambes Éclopé, s. et adj. Qui marche
-nés, et même maigres. Argot difficilement, —
dans l'argot du
iu peuple. peuple, fidèle à la tradition.
Échassier, s. m. Homme long « Il n'i a borgne n'esclopê. »
et maigre.
Échauboulure^ s. f. Petite dit le Roman
du Renard.
élevure rouge qui vient sur la Se dit aussi pour Blessé.
peau à la suite d'une brûlure
Écluser, v. n. Meiere, —
Echaudé Trompé par
(Être). dans l'argot des ouvriers facé-
un marchand, volé par un res- tieux .

taurateur, carotté par un neveu. Ils disent aussi Lâcher les


écluses.
Échauder^ v. a. Surfaire un
prix, exagérer le quantum d'une Économie de bouts de
note, —
dans l'argot des bour- chandelle, s. f. Economie mal
geois, qui, depuis le temps qu'il entendue, qu'il est ridicule parce
y a des marchands et des restau- qu'inutile de faire. Argot des
rateurs, doivent avoir l'eau froide bourgeois.
en horreur.
Écoper, v. n. Boire, — dans
Écho ! dans l'argot
Bis ! — l'argot des typographes.
des goguettiers, qui se plaisent à
Écoper, V. n. Recevoir des
faire répéter les couplets des au-
tres, afin quon leur fasse bisser
coups, — dans l'argot des gamins.
lés leurs. Écorche-cul (A), loc. adv.
Échos, m. En glissant, en se traînant sur le
de ville Jet
s. Les bruits
de théâtre,
pi.
dans — derrière, — dans l'argot du peu-
ple.
l'argot des petits journalistes.
Signifie aussi A contre-cœur.
Echoter^ v. n. Rédiger des
^chos.
Écorcher, v. a. Surfaire un
prix, exagérer le quantum d'une
Echotier, s. m. Faiseur ou addition, de façon à faire crier les
oUecteur d'échos. consommateurs et à les empêcher
de revenir.
^
Éclairer, v. n. Payer, —dans
l'argot du peuple, qui sait quand Écorné, adj. et s. Voleur sur
ille faut montrer pièce d'or 7-elui- la sellette.
ECR ECU 137

Ecorner, v. a. Médire de Boire un canon de vin sur le


quelqu'un, attaquer sa réputation, comptoir du cabarefier, dans —
— dans l'argot du peuple. l'argot des faubouriens qui ont
un fier pressoir dans l'estomac.
Écorner, v. a. Injurier, faire
les cornes, — dans l'argot des Ecrevisse, s. f. Cardinal, —
voleurs. dans l'argot des voleurs, qui ont
l'honneur de se rencontrer avec
Écorner les boucards, y. Jules Janin, lequel a employé le
a. Forcer les boutiques, dans — même trope à propos du Homard,
le même argot. « ce cardmal de la mer ». Cardi-
Écossais, s. et adj. Hospita-
naux sans doute, ces crustacés
lier, —dans l'argot des gens de décapodes, — mais seulement
lettres, qui ont conservé bon sou-
lorsqu'ils ont
subi la doulou-
venir des montagnards de la reuse épreuve du court-bouillon.
Dame Blanche. Ecrire à un «luif, v. n. Se
Hospitalité écossaise. Hospita- servir de papier, non pour faire
lité gratuite, désintéressée, ai- une lettre, mais comme aniterge,
mable. — dans l'argot des débiteurs, en
haine de leurs créanciers.
Écosseur, s. m. Secrétaire,
homme chargé d'ouvrir les dé- Ecrivasser, v. n. Écrire,
pèches, — dans l'argot des em- faire des livres, —
dans l'argot
ployés. des gens de lettres, qui n'em-
ploient cette expression que péjo-
Écot, s. m. Part de chacun rativement.
dans im repas. Argot du peuple,
Etj-e à son écot. Payer ce qu'on EcriTassier, s. m. Mauvais
consomme écrivain.
Etre à l'écot de quelqu'un. Dî- Le mot a été employé pour la
ner à ses dépens. première fois en littérature par
Gilbert.
Écoute s'il pleut, s. m. Fa-
daise, conte à dormir debout, — Qui
Écriveur, ense,
se plaît à écrire, et,
s. et adj.

dans le même argot. à cause


de cela, écrit à tort et à travers.
Écrache, s. m. Passeport, — Argot du peuple.
dans l'argot des voleurs. Madame de Sévigné, qui était
Ecrache-tarte Faux passeport.
.
une écriveuse d'esprit, a employé
le mot écriveux.
Écracher> v. a. Exhiber son
passeport. Écuelle, s. f. Assiette, —
dans l'argot du peuple, fidèle à
Écrasant, adj. Étonnant, la tradition.
inouï, accablant, —
dans l'argot
des littérateurs, qui emploient ce Et doibt, por grâce deservir,
(t

Devant le compaignon sei^vir,


mot à propos des gens aussi bien Qui doibt mengier en s'escuele. »
qu'à propos des choses.
dit le Roman de la Rose.
Écraser des tomates, v. a.
Avoir ses menses, — dans l'argot Écume de terre, s. f. Étain,
des petites dames. — dans l'argot des voleurs.
Écraser un g^rain, t. a. Écumoire, s. f. Visage mar-
138 EFF EMA

que de petite vérole, — dans l'ar- pour lui prouver qu'on est plus
got des faubouriens. fort que lui

Écurer son chaudron, v. Effets de poche, s. m. pi.


a. Aller à confesse, —
dans l'ar- Etalage de pièces d'or et de billets
got du peuple, pour qui c'est un de banque.
moyen de nettoyer sa conscience Faire des effets de poche.
de tout le vert-de-gris qu'y ont Payer.
déposé les passions mauvaises.
Effondrer, v. a. Enfoncer,
Édredon de trois pieds^ — dans l'argot des voyous.
s. m. Botte de paille.
Effondrilles, s. f. pi. Les
Ef, s. m. Apocope d'effet, — scories du pot-au-feu, — dans
dans l'argot de Breda-Street. l'argot des ménagères.
Faire de l'ef. Briller; Faire
des embarras
Ég^ayer, v. n. Siffler, dans —
l'argot des coulisses.
EflTacer, V. a. Boire ou man- Se faire égayer. Se faire en-
ger, — dans l'argot des faubou- voyer des trognons de pommes.
riens
É^lisier, s. m. Bigot, homme
.

Effacer un morceau de fro-


mage. qui hante trop les églises. .Argot
des faubouriens.
Effaroucher, v. a. Voler,
— dans l'argot des voleurs, qui
Ég^raffig^ner, v. a. Égrati-
gner, —dans l'argot du peuple.
sont si adroits qu'en effet la chose
qu'ils dérobent a l'air de s'enfuir, Éja^rug^eoir, s. m. Chaire à
effarouchée, de la poche du volé prêcher, —
dans l'argot des vo-
dans la leur. leurs, par allusion à sa forme et
Effet, s. m. Impression pro- à celle du bonnet du prédicateur,
duite sur le public par une pièce qui ressemble assez à un pilon.
ou par un acteur. Argot des cou- Ég^ueuler, v. a. Écorner un
lisses.
vase, l'ébrécher, — dans l'argot
Se dit en général de l'ouvrage du peuple.
ou du rôle, et, en particulier,
d'un mot, d'un geste, d'une into- Égyptien, s. m. Mauvais ac-
nation. teur, — dans l'argot des cou-
Avoir un effet. Avoir à dire un lisses.
mot qui doit impressionner les
spectateurs, les faire rire ou
Elbeuf,s. m. Habit, dans —
l'argotdu peuple, qui emploie
pleurer.
fréquemment la métonymie.
Couper un effet. Distraire les
spectateurs en parlant avant son Élixir de hussard, s. m.
tour, détourner leur attention à Eau-de-vie inférieure.
son profit et au préjudice du ca-
marade qui est en train de jouer. Éloquent (Être). Faire sentir
ses paroles, — dans l'argot facé-
Effets de biceps, s. m. pi. tieux des bourgeois, qui croient
Vanité de boucher ou de débar- seulement pour eux à la vcitn de
deur, —
dans l'argot du peuple. l'Eau de Botot.
Faire des effets de biceps.
Battre quelqu'un, uniquement Emanciper (S'), v. réfl. Se
EMB EMB 139

permettre des familiarités dépla- Faire ses embarras. Eclabous-


cées envers les femmes, dans — ser ses rivales du haut de son
l'argot des bourgeoises, à qui coupé, —
dans l'argot des petites
leur devoir impose l'obligation de dames.
s'en fâcher.
Embauder, v. a. Prendre de
Emballer, v. a. Arrèt-er, — force, — dans l'argot des vo-
dans l'argot des voleurs et des leurs.
filles.
Embéguiner (S'), v. réfl.
Emballer, v. n. Se dit, — S'éprendre d'amitiépour un
dans l'argot des maquignons, — homme ou d'amour pour une
d'un cheval qui prend le mors femme, — dans l'argot du
aux dents, sans se soucier des peuple.
voyageurs qu'il traîne après lui.
Emberlificoter, v. a. Em-
Emballer (Se faire). Se barrasser, gêner, obséder, entor-
faire mettre
à Saint-Lazare, — tiller.
dans l'argot des flUes. S'emberlificoter. Se troubler
dans ses réponses, s'embarrasser
Emballes, pi. Manières,
s. f.
dans un discours, comme dans
embarras, — dans le même
ar-
un piège.
got.
Faire des emballes. Faire des Emberllficoteur, s. m.
embarras. Homme rusé, qui sait entortiller
son monde.
Emballeur, s. m. Agent de
police. Emberlucoquer (S'), v. réfl.
S'enticher d'une
chose ou de
Embaluchouner, v. a. Em- quelqu'un, s'attacher à une opi-
paqueter, faire un baluchon. nion sans réfléchir, aveuglément,
Embarbotter (S"). S'embar- comme si on avait la berlue.

rasser dans un discours, bre- L'expression se trouve dans


douiller. Argot du peuple. Rabelais sous cette forme. Hau-
teroche a dit Embrelicoquer, et
On dit 3i\issi S'embarboidller.
Chateaubriand Emberloquer.
Embarder, v. n. Tergiver-
ser,digressionner, dans l'ar- — Embêtement,
riété, ennui, —
s. m. Contra-
dans l'argot des
got des ouvriers qui ont servi
bourgeois, qui ne veulent pas em-
dans l'infanterie de marine, et se
ployer le substantif poli des gens
rappellent combien de faux coups
Bien élevés et n'osent pas em-
de barre donnés au gouvernail
ployer le substantif énergique des
peuvent retarder le navire.
faubouriens.
Embarquer sans biscuit
Embêter,
(S'j, V. réfl. Oublier l'essentiel,
v. a. Obséder quel-
ne prendre auciine précaution, — qu'un, le taquiner.
dans l'argot des bourgeois, d'or- S'embêter. S'ennuyer.
dinaire prudents comme Ulysse. S'embêter comme une croûte de
pain derrièi'e une malle. S'en-
Embarras, s. m. pi. Grands nuyer extrêmement.
airs,manières arrogantes, dédai-
gneuses, —
dans l'argot du Emblème, s. m. Tromperie,
peuple. — dans l'argot des voleurs.
140 EMB EMM

Emblémep, v. n. Tromper. Gentilhomme, et Voltaire s'est


Emblèmes (Des) Se dit, — servidu second dans sa Lettre à
dans
!

l'argot des faubouriens, — d'Argental.


Maintenant, Voltaire et Mo-
pour moquer de quelqu'xm qui
se
lière écartés, comment
le peuple
se vante, qui ment, ou qui ennuie. —
dit-il, lui, puisque c'est le
Embobiner, V. a. Circonve- Dictionnaire du peuple que je
nir, enjôler, dans l'argot du fais ici? Le peuple prononce Em-
peuple. brouillamini. Cela me suffit.
On disait autrefois, et on dit Euibrouillamini du diable.
quelquefois encore aujourd'hui, Confusion extrême, embarras
Em/jobeiiner. dont on ne peut sortir.

Embouché (Bien ou mal), Embrouiller (S'), v. réfl.

adj. Homme poli ou grossier, — Commencer à ressentir les at-


dans l'argot des bourgeois. teintes de l'ivresse, — dans l'ar-
got des ouvriers.
Embrener (S'). Se couvrir
Ils disent aussi S'evibrouillar-
les doigts ou les vêtements d'or-
dures, — dans l'argot du peuple.
der.

Par extension, S'engluer. Embu, s. m. Tache à un ta-


Embrocher, v. a. Passer
bleau; ton terne, crasseux, —
baïonnette au
dans l'argot des artistes.
son épée ou sa
travers du corps, —
dans l'argot Émécher (S'), v. réfl. Se
des troupiers. griser, être sur la pente de l'i-
Se faire embrocher. Se faire vresse, — dans l'argot des fau-
tuer. bouriens.

Embrouillamini, s. m. Émérillonner (S'). S'égayer


Confusion de choses ou de mots, en buvant et s'empourprer la face
— embrouillement. en s'allumant les yeux. Argot du
Voilà un des mots de notre peuple.
langue qui ont le plus perdu en Emmancher une affaire.
grandissant et se sont le plus L'entamer, la commencer.
corrompus en vieillissant. L'au-
teur du Code orthographique, — Emmastoquer (S'), v. réfl.

fort bon livre d'ailleurs, pré- — Se bien nourrir, —


dans l'argot
tend qu'il ne faut pas dire em- du peuple, pour qui c'est une
brouillamini, parce que ce mot façon de devenir mastoc.
n'est pas français, mais bien
— Enimerilement, s. m. Pro-
brouillamini, qui n'est pas
plus français, j'ai le regret de le
fond ennui, — dans le même
argot.
déclarer a M. Hétrel et à l'Aca-
démie, son autorité. On a com- Emmerder, V. a. Ennuyer,
mencé par dire Bol d'Arménie, et obséder quelqu'un.
d'Arménie était un re-
le l)ol
Les bourgeois disent Emmiel-
mède de cheval fort compliqué, ler.
fortembrouillé ; de Bol d'Arménie
ou a fait Brouillamini, puis Em- Emmitonncr «luelqu'un.
brouillamini : Molière a employé Le circonvenir, l'endormir par
le premier dans son Bourgeois des promesses.
EMP EMP 141

Emmitoufler (S'), v. réfl. qni appartient à Gil Ferez? Je


Se couvrir de trop de vêtements, 1 ignore. Des acteurs sont réunis
— dans le même argot. au foyer de leur théâtre ou dans
On dit aussi S'empaletoquer et VLB. coin de leur café de prédilec-
S'emmitonner, tion, causant entre eux de leurs

Émotion inséparable, s.
petites affaires ; im importun sur-
vient qui trouble lintimité, qui
f. Cliché de l'argot des gens de
arrête l'expansion, qui glace le
lettres et de théâtre, qui sous-
entendent toujours d'un premier :
plaisir, — probablement comme
début.
un étranger tombant au milieu
d'enfants en train de danser une
Émoustillé, adj. Aiguillonné, ronde : c'est Vempccheur de dan-
égayé, éveillé, —
dans 1 argot du ser en rond.
peuple, qui connaît l'effet du vin
doux, du moût {mustum). Empêtrer (S'), v. réfl. S'em-
barrasser dans une affaire, sans
Émoustiiler (S'), v. réfl. Se savoir comment en sortir. Argot
remuer, changer de place. des bourgeois.
ÉmouTer (S'), v. réfl. Se re- Empifi'rer
muer, s'agiter, s'empresser, — ger gloutonnement, comme
(S'), v. réfl. Mcin-
un
dans l'argot du peuple, fidèle à animal plutôt que comme un
l'étjTiiologie (emovere), homme, —
dans l'argot du
Empaifes, s. m. pi. Draps peuple, qui emploie ce verbe de-
de lit, — dans l'argot des vo- puis longtemps.
leurs .

Ils disent aussi Embarras, — Empiffrerie,


tonnerie .
s. f. Glou-
parce qu'en effet il leur est assez
difficile de les emporter. Empioler, v. a. Enfermer,
Empaillé, s. m. Imbécile, mettre en piole, — dans l'argot
homme sans valeur, — dans des voleurs.
l'argot des faubouriens.
Ils disent souvent aussi : Il est
Emplâtre, s. m. Homme
sans énergie, pusillanime, qui
à empailler! reste collé en place, sans pouvoir
Empaumer, v. a. Circonve- se décider à bouger. Argot du
nir Tromper
; dans l'argot
, — peuple.
du peuple, qui a eu l'honneur de Emplâtre, s. m. Empreinte,
prêter ce verbe à Corneille. — dans l'argot des voleurs, qui
Empare, s. f. Carrefour, pa- se garderaient bien d'en prendre
vimentum, — dans l'argot des avec du plâtre (comme l'insinue
voleurs. M. Francisque Michel) et qui se
Quelques Gilles Ménage de servent au contraire de subs-
Clairvaux veulent que ce mot, tances molles, ou se malaxant
au pluriel, signifie aussi Draps entre les doigts, collant enfin
délit. Dont acte. (Èv-Xiaiw) comme la cire, la
gomme-résine, etc.
Empêcheur de danser en
rond, s. m. Gêneur, — dans Emplâtrer, v. a. Gêner
l'argot des coulisses. comme avec un emplâtre, —
A quel propos cette expression, dans l'argot du peuple.
142 EMP ENG

S'emplùtrer de quelqu'un. S'en Emprunter un pain sur


embarrasser en s en chargeant. la fournée, V. a. Avoir un en-
Eiupoig^ner, v.
fant d'une femme avant de l'avoir

vertement un livre,
a. Critiquer
— dans l'ar- épousée, —
dans l'argot du
peuple, à qui ses boulangères
got des gens de lettres Siffler un
acteur ou une pièce, — dans
;
font volontiers crédit.
l'ar-
got des coulisses. Emu (Etre). Être gris à ne
plus pouvoir parler ni marcher,
Empoig^ner (Se faire). Se
— comme un homme à qui l'émo-
faire arrêter par un agent de po-
tion enlèverait l'usage de la pa-
lice.
role et des jambes.
Eiuporta^e à la côtelette, On dit aussi Être légèrement
s. m. Variété de vol, dont Vi- ému.
docq donne les détails. (V. Les
Voleurs, page 108.) , EnaToir plein le dos.
Etre excessivement ennuyé de
Emporter le chat, v. a. quelque chose ou par quelqu'un.
Se mêler d'une chose que l'on ne Argot du peuple.
connaît pas, et recevoir pour sa
peine une injure, —
ou pis en- Eubohémer (S'), v. réfl.
core. Argot du peuple. Perdre sa jeunesse, son esprit et
son argent dans les parlottes ar-
Emporter ses cliques et tistiques et littéraires.
ses claques, v. a. Emporter
ses outils. Eniconnetdeeotonner (S'),
Signifie aussi Mourir. V. réfl. Prendre des allures bour-
geoises, mesquines, vulgaires.
Emporteur, s. m. Filou qui Argot du peuple.
a pour spécialité de raccrocher
des provinciaux sous un prétexte Encag'cr, v. a. Emprison-
quelconque, et de les amener ner, — dans l'argot du peuple.
dans im estaminet borgne, où ils Il dit aussi Encoffrer.
sont plumés par le bacholteur et
la bête. (Voir, à propos de ce Encaisser un soufflet, v.
mot, le volume de Vidocq.) a. Le recevoir — sur la joue.
Même argot,
Empoté, s. et adj. Pares-
seux, maladroit, —
dans l'argot Encarrade, s. f. Entrée, —
du peuple, qui trouve volontiers dans l'argot des voleurs.
bête comme des pots tous les
gens qui n'ont pas ses biceps et
Encarrer, v. n. Entrer.

ses reins infatigables. Encasquer, V. n. Entrer


Empousteur, m. Variété quelque part ou dans quelque
s.
de voleur dont Vidocq décrit les chose, — dans le môme argot.
allures à la page 115 de son vo- Enceintrer, v. a. Mettre une
lume. femme dans mie « position ialé-
Emproseur, s. m. Lesbien, ressante ».
— dans l'argot des voleurs. Le peuple, qui emploie ce
verbe aujourd'hui, a dit autrefois
Emprunté adj. Gauche Enccinturcr.
— dans l'argot
, ,

maladroit, timide,
des bourgeois. Encensoir, s. m. Fressure
END ENF 143

d'animal, — dans l'argot des vo- Endormi, s. m. Juge, —


leurs, qui ont probablement voulu dans l'argot des voyous.
faire allusion au plexus de graisse
qui enveloppe cette partie. Endormir, v. a. Étourdir,
Ils l'appelaient autrefois Pire.
tuer, — dans l'argot des prisons.

Encharibotté, adj. Ennuyé, Endormir sur le rôti (S'),


chagriné, embarrassé, dans — V. réfl. Se relâcher de son acti-
vité ou de sa surveillance; se
l'argot du peuple.
11 a dit autrefois Encharbotté contenter d'un premier avantage
ou d'un premier succès, sans pro-
Enchifernéj adj. Enrhumé fiter de ce qui peut venir après.
du cerveau. Cette expression, qui s'emploie
Enchifrené vaudrait peut-être plus fréquemment avec la néga-
mieux, mais le peuple est auto- tive, est de l'argot des bourgeois.
risé à dire comme on disait au Le peuple, lui, dit S'endormir
:

xvu= siècle. sur le fricot.


Encoliflucheter (S'), V. réfl.
Rester sur le rôti. Agir pru-
S'ennuyer, être tout je ne sais demment, au contraire, en n'al-
comment. lant pas plus loin dans une af-
faire sur l'issue de laquelle on a
On dit aussi S'encornifistiôuler
des doutes.
Encore un tire-bouchon !

Se dit, — dans l'argot des cou- Endos, s. m. L'échiné du dos,


lisses, —
lorsqu'un entr'acte se — dans l'argot des voyous.
prolonge outre mesure.
Endosses, s. f. Épaules, —
Encotillonner (S'). Se lais- dans l'argot des voleurs.
ser mener par sa femme ou par
les femmes. Argot du peuple.
Endouceur, adv. Douce-
ment, prudemment, avec précau-
Encroûter (S'_), S'acagnar- tion, —
dans l'argot du peuple.
der dans une habitude ou dans
Endrojs^uer, v. n. Chercher
un emploi.
à faire fortune, — dans l'argot
Endêver. v. n. Enrager, être des voleurs.
dépité.
Faire endêver quelqu'un. Le
Enfant de chœur, s. m.
taquiner, l'importuner de coups
Pain de sucre, — dans l'argot
des faubouriens.
d'épingle.
Caillières prétend que le mot Enfant de la balle, s. m.
est « du dernier bourgeois ». Celui qui a été élevé dans la
C'est possible, mais en attendant profession paternelle, comédien
Rabelais et J.-J. Rousseau s'en parce que sa mère a appartenu
sont servis. au théâtre, épicier parce que son
père a été marchand de denrées
Endimanché, adj. Gauche-
ment et ridiculement habillé, — coloniales, etc. Argot du peuple.

dans l'argot des bourgeois, impi- Enfant de la fourchette,


toyables pour le peuple, d'où ils s. m. Académicien, — dans l'ar-
sont sortis. got des voyous.

Endimancher (S'), v. réfl. Enfant de troupe, s. m.


Mettre son habit ou sa redingote. Fils de comédien, enfant né sur
144 ENP ENJ

les planches, dans l'argot des Enfanter, v. a. Prendre»


coulisses. saisir, empoigner, voler avec la
main, qui est le moule du gant.
Enfiler (S'), v. réfl. S'endet-
Même
ter, — dans l'argot des faubou-
argot.
Signifie aussi Traiter quelqu'un
riens.
comme il mérite de l'être.
Signifie aussi Se laisser en-
traîner à jouer gros jeu. Eng^anter (S'), v. réfl. S'a-

Enflaquer, v. a. Em...
mouracher, — dans le même
argot.
nuyer, — dans le même argot.
Eng^oncé, adj. Vêtu sans
Enflaquer, v. a. Mettre, goût ni grâce, — dans l'argot des
revêtir, endosser, — dans l'argot
bourgeois.
des voleurs.
Signifie aussi Qui a l'air d'a-
Signifie aussi Arrêter, empri- voir le cou dans les épaules.
sonner.
Eug^ouler, v. a. Manger
Enflé, s. m. Imbécile, homme
— goulûment, — dans l'argot du
dont on se moque, dans l'ar- peuple.
got des faubouriens.
Il dit aussi Engoulifrer.
Ohé ! l'enflé ! est une injure à la
mode. Eng^railler, v. a. Prendre,
— dans l'argot des voleurs.
Enflée, Vessie,
s. f. — dans Engrailler Vomie. Dévaliser
l'argot des voleurs. un poulailler.
Enfler^ v. n. Boire, — dans Eni^ueulementj s. m. In-
du peuple.
l'argot jure de parole, —
dans l'argot
Enfoncé, adj. Ruiné, blessé du peuple. Injure de plume, —
dans l'argot des gens de lettres.
mortellement, perdu sans rémis-
sion. Eng^ueuler, v. n. Avaler,
Signifie aussi Avoir perdu la manger, — dans l'argot du
partie, quand on joue. peuple.
On disait autrefois Engouler.
Enfoncer, v. a. Tromper,
faire tort duper.
; Eng^ueuler, v. a. Injurier
Signifie aussi Surpasser. grossièrement ;
provoquer, cher-
cher querelle.
Enfonceur^ s. m. Mercadet
gros ou petit, agent suspect d'af- Se faire engueuler. Se faire
attraper.
faires véreuses.

Eufonceur de portes ou- En^ueuleur^ s. m. Écrivain


Tertes, qui trempe sa plume dans la
s. m. Faux brave, qui ne
se battrait même pas contre des
boue et qui en éclabousse les
livres dont il n'aime pas les au-
moulins, de peur de recevoir un
teurs.
coup d'aile.

Enfrimer, Enjôler, v. a. Caresser, en-


v. a. Regarder
quelqu'un au visage, dans l'ar- — dormir la résistance par des dis-
cours flatteurs.
got des voleurs.
Les faubouriens disent Enfri- Enjôleur, s. m. Homme qui
mousser. trompeles hommes par des pro-
ENQ ENT 145

messes d'argent et les femmes par Enrosser, v. a. Dissimuler


des promesses de mariage. les vices rédhibitoires d'un che-

EnleTer, v. a. Débiter mi
val, d'une rosse, — dans l'argot
des maquignons.
rôle, ou passage d'un rôle, avec
feu, A'erve ou aplomb, dans — Entablement, s. m. Épaules,
l'argot des coulisses. — dans l'argot des fautiouriens
Enlerer (S'),

v. réfl. Souf- Entailler. Tuer, — dans
frirde la faim, dans l'argot l'argot des prisons.
des voleurs.
Entauler, v. n. Entrer dans
EnlcTcr le cul, v. a. Donner la taule, ou Même ar-
ailleurs.
un coup de pied à quelqu'un. Ar- got.
got du peuple.
Entauler à la planque. Entrer
On dit aussi Enlever le ballon. dans sa cachette.
EnleTCP quelque chose, v, Entendre de corne, v. n.
a. Donner un coup de pied au Entendre autre chose que ce
derrière de quelqu'im, dans — qu'on dit, — dans l'argot des
l'argot des bourgeois, qui n'osent bourgeois.
pas employer la précédente ex-
pression. Entendre que du Tent (N'y)
N'y rien entendre, — dans l'argot
Enleveur, s. m. Acteur qui du peuple.
joue ses rôles avec beaucoup d'a-
plomb. Enterrement, s. m. Morceau
de viande quelconque fourré dans
Enluminer (S'), v. réfl. un morceau de pain fendu, —
Commencer à ressentir les effets comme, par exemple, une tranche
de rivresse, qui colore le visage de gras-double revenu dans la
d'un fard intense. poêle et que la marchande vous
donne tout apprêté, tout enterré
Enluminure, s. f. Demi- dans une miche de pain de mar-
ivresse.
chand de vin.
Ennuyer (S'), v. réfl. Être
Enticher Se prendre
sur le point de mourir, dans — d'afi"ection pour
(S'}.
quelqu'un au
l'argot des bourgeois, que cela
point de gâter de caresses et
le
chagrine beaucoup.
d'amitiés. Argot des bourgeois.
Enquiller, v. a. Cacher, — Se dit aussi à propos des cho-
dans l'argot des voleurs. ses.
Enquiller une thune de came-
lotte. Cacher entre ses cuisses
Entiffer, v. n. Entrer, —
une pièce d'étoffe.
dans l'argot des faubouriens.
Entiffer, v. a. Enjôler, ru-
Enquiller, Entrer quel-
v. n.
ser, — dans l'argot des voleurs.
part comme une boule au jeu de
quilles, — dans l'argot du peu-
Ils disent aussi Entifler.

ple. Entonner, v. n. Boire, —


dans l'argot du peuple.
Enquillense, s. f. Femme
qui porte un tablier pour dissimu- Entonnoir, s. m. La bouche,
ler ce qu'elle vole. — dans l'argot des faubouriens,

10
145 ENT ENT

imitateurs involontaires des Beg- Entrecôte de brodeuse.


gars anglais, qui disent de même Morceau de fromage de Brie,
gan, aphérèse de began (commen- — dans l'argot du peuple, qui
cer, entonner). saitque les brodeuses, comme les
autres ouvrières, ne gagnent pas
Entortiller, v. a. Circonve-
assez d'argent pour déjeuner à la
nir, — dans l'argot des mar-
fourchette comme les filles entre-
chands. Captiver, allumer, — tenues.
dans l'argot des petites dames.
Ennuyer, —dans l'argot du Entrefilet, s. m. Petit ar-
peuple. ticleplacé dans le corps du jour-
nal, entre deux autres. Argot
Entortiller (S'), v. réfl.
des gens de lettres.
S'embarrasser, s'empêtrer dans
ses réponses. Entrefesson, s. m. Le péri-

En-tout-cas, s. m. Parapluie née, — dans l'argot du peuple,


à deux fins, trop grand pour le
qui parle comme écrivait Am-
soleil,trop petit pour la pluie, — broise Paré.
dans l'argot des bourgeoises, qui Entrelardé, s. et adj. Hom-
font toujours les choses à moitié. me qui n'est ni gras ni maigre.
Entrainement, s. m. Mé- Entrelarder, v. a. Mêler,
thode anglaise, devenue pari-
sienne, qui s'applique aux hom-
farcir, — au propre et au figuré.

mes aussi bien qu'aux chevaux, Entrer aux Quinze-


et qui consiste à faire maigrir, ou Ving^ts. Dormir, — dans l'argot
plutôt à dégraisser les uns et les des faubouriens, qui ont cette fa-
autres pour leur donner une plus cétie à leur disposition chaque
grande légèreté et une plus grande fois qu'ils éprouvent le besoin de
vigueur. fermer les yeux.
Entraîner, v. Sou-
a. et n.
Entrer dans la confrérie
mettre un cheval, un jockey ou
de Saint-l»ri8, v. n. Se ma-
un rameur à un régime particu-
lier, de façon qu'ils pèsent moins
rier, — dans l'argot du peuple,
qui s'y laisse prendre plus vo-
et courent et rament mieux.
lontiers que personne.
EntraTag^e, s. m. Concep-
mauvais coup. Entreteneur, s. m. Galant
tion d'un Vol, d'un
homme qui a un faible pour les
EntraTer, v. a. Comprendre, femmes galantes, et dépense pour
entendre, —
dans l'argot des vo- elles ce que bien certainement il
leurs, qui emploient là un des ne déitenserait pas pour des ro-
plus vieux mots de la langue des sières.
honnêtes gens, car ils disent aussi
Enterrer comme Rutebeuf et l'au-
Entretenir (Se faire). Préfé-
teur à'Ogicr Danois.
le
rer l'oisiveté au travail, le Cham-
Entraver bigorne ou arguche. pagne à l'eau filtrée, les truffes
Comprendre et parler l'argot.
aux pommes de terre, l'admira-
tion des libertins à l'estime des
Signifie aussi Embarrasser la
police. honnêtes gens.
Entraver nibergue ou nicnle. L'expression est vieille comme
N'y entendre rien. l'immoralité qu'elle peint.
ENV EPA 147

Entripaillé, adj. Gros, gras, Éole, s. m. Ventris flatus, —


ventripotent. dans l'argot des faubouriens, heu-
reux que le fils de Jupiter leur
Entripaillep (S'), v, réfl. fournisse mi prétexte à une équi-
Manger de façon à devenir pansu. voque.
Entroler^ v. a. Emporter, — Epais, s. m. Le cinq et le
dans l'argot des voleurs. six, —
dans l'argot des joueurs
Envelopper^ V. a. Arrêter de dominos.
les contours d'un dessin, d'une
— Eparg^ner le Poitou, v. a.
dans l'argot des ar-
peinture,
tistes.
Prendre des précautions, dans —
l'argot des voleurs.
Envoyer, v. a. et n. Injurier, Epatag^e, s. m. Action d'é-
se moquer, critiquer, —
dans
blouir, de renverser quelqu'un les
l'argot du peuple.
quatre pattes en l'air par la stu-
C'est bien envoyé! Se dit d'une
péfaction ou l'admiration. Argot
repartie piquante, ou d'une im-
des faubouriens.
pertinence réussie.
On dit aussi Épatement.
Envoyer à la balançoire, Epatamment, adv. D'une fa-
V. a. Se débarrasser sans façon
çon épatante.
de quelqu'un ou de quelque cho'se.
Argot des faubouriens. L'expression appartient à M.
Roger Delorme. {Tintamarre du
Envoyer à Fours, V. a. 28 janvier 1866).
Prier impoliment quelqu'un de se
taire ou de s'en aller. Même ar- Epatant, adj. Étonnant, ex-
traordinaire.

Envoyer faire lan laire, Epate, s. f. Apocope d'Épa-


V. a. Se débarrasser de quelqu'un, tage.
— dans l'argot des bourgeois, qui Faire de l'épate. Faire des em-
n'osent pas employer un plus barras, en conter, en imposer aux
gros mot. simples.
Ils disent aussi Envoyer prome-
ner.
Epatement, s. m. Étonne-
ment.
Envoyer paître, v. a. Prier Epater, v. a. Étonner, émer-
brusquement quelqu'un de s'en
par des actions extrava-
veiller,
aller ou de se taire.
gantes ou par des paroles pom-
Envies, s. f. pi. Les 7'edu- peuses.
viœ de la racine des ongles, — Épater quelqu'un. L'intimider.
dans l'argot du peuple, qui donne Signifie aussi Le remettre à sa
des signitications puériles à ces place.
taches insignifiantes.
Se dit aussi des nsevi materni
Epateur, s. m. Homme qui
fait des embarras, qui raconte des
que les enfants apportent en nais-
choses invraisemblables que les
sant sur certaines parties du
imbéciles s'empressent d'accepter
corps et auxquelles on attribue de
la ressemblance avec certains ob-
comme vraies.
jets convoités par la mère durant Epateuse, s. f. Drôlesse qui
sa grossesse. fait des effets de crinoline exagé-
148 EPI EPO

rés sur le boulerard, pour faire pli du péritoine flotte sur les in-
croire aux passants, — ce qui testins.
n'existe pas. Signifie aussi Chemise.

Épicemar, s. m. Épicier, — Éplucher, v. a. Examiner


dans l'argot des faubouriens. avec soin, méticuleusement,
soupçonneusement, la conduite
Épicéphale, s. m. Chapeau,
de quelqu'un ou une affaire quel-
— dans l'argot des étudiants, à conque.
qui le grec est naturellement fa-
milier (£7:1, sur, et -/.s-^âXrî, tète) Epongée, s. f. Maîtresse, —
dans l'argot des voyous, qui ré-
l^picer,V. a. Médire, railler, vèlent ainsi d'un mot tout un dé-
et même calomnier, —
dans l'ar- tail de mœurs. Autrefois (il n'y a
got des faubouriens, à qui le pas longtemps) les filles et leurs
poivre ne coûte rien quand il s'a- souteneurs hantaient certains ca-
git d'assaisonner une réputation. barets borgnes connus de la po-
lice. Ces messieurs consommaient,
Épicerie, Bourgeoisisme,
s.f.
— dans romantiques.
l'argot des on inscrivait sur l'ardoise, ces
dames payaient, et le cabaretier
Le mot est de Théophile Gau- acquittait la note d'un coup d'é-
tier.
po7ige.
Épice-Tinette,

s. m. Épi-
dans l'argot des voleurs.
Épongée, s. f. Ivrogne, —
cier,
dans l'argot du peuple.
Épicier, s. etadj. Homme
vul-
Épongée à sottises, s. f. Im-
gaire, sans goût, sans esprit, sans
rien du tout, —
dans l'argot des bécile, qui accepte tout ce qu'on
lui dit comme paroles d'Evangile.
gens de lettres et des artistes,
pleins de dédain pour les métiers L'expression sort du Théâtre
où l'on gagne facilement sa vie. Italien de Ghérardi.

Épicier j s. m. Élève qui passe Éponge d'or, s. f. Avoué,


à côté de la classe de latin pour
— dans l'argot des prisons.
suivre la classe de français, qui Époques (Avoir son ou ses).
lui sera plus utile dans *le Com- Se dit, — dans l'argot des bour
merce, auquel sa famille le des- geois, — des 7}ienses des femmes.
tine.
f
Épouffer, V. a. et n. Saisir
Éping^le à son col (Avoir la victime à l'improviste, — dans
ime). Avoir un verre de vin, payé l'argot des voleurs.
d'avance par im camarade, à
boire sur le comptoir voisin de Épouse, s. f. Maîtresse, —
l'atelier. Argot des ouvriers. dans l'argot des étudiants, qui se
Avoir un faction- marient souvent pour rire avant
On dit aussi
de se marier pour de bon.
naire à relever.
— Épouser la camarde, v. a.
Épiploon, s. m. Cravate,
dans l'argot des étudiants, frais
Mourir, —
dans l'argot des vo-
leurs, qui préféreraient souvent
émoulus du grec. Pour ceux, en une autre fiancée.
effet, qui ne sont pas encore gan-
dins, la cravate flotte sur le cou Épouser la foucandière,
[Itzi et nXstv) comme le grand re- V. a. Se débarrasser des objets
ES ESC 149

volés en les jetant çà et là, quand Esbig^ner (S'), v.


— dans l'argotS'en
réfl.
on est poursuivi. aller, s'enfuir, des
« Epouser est ici une altération faubouriens, à qui Désaugiers a
d'époiifer, qui faisait autrefois emprimté cette expression.
fiartie du langage populaire avec
e sens de glisser,de se dérober. >> Esbloquant, adj. Étonnant,
C'est M. Francisque Michel qui ébouriffant, —
dans l'argot des
dit cela, et il a raison.
soldats, qui songent au bloc plus
souvent qu'ils ne le voudraient,
, Epouser la tcutc, v. a. et le mettent naturellement à
Etre exécuté, —
dans l'argot des toutes sauces.'
malfaiteurs, dont beaucoup sont
fiancés dès leur naissance avec la Esbroufifant, adj. Inouï, in-
guillotine. croyable, — dans l'argot du peu-
ple.
Équipe, Les ouvriers
s. f.
qui composent une commandite, Esbrouffe, s. f. Embarras,
— dans l'argot des typographes. manières, vantardises.
Faire de Vesbrouffe. Faire
Ereinter, v. a. Dire du mal plus de bruit que de besogne.
d'un auteur ou de son livre, —
dans l'argot des journalistes sif- Esbrouffer, v. a. En impo-
fler un acteur ou un chanteur,
;

— ser ; faire des embarras, des ma-


dans l'argot des coulisses. nières, intimider par un étalage
de luxe ou d'esprit.
Ereinteur, s. m. Homme-
merle qui sait siffler au lieu de
Signifie aussi Réprimander.
savoir parler, et remplace le style Esbrouffeur, s. et adj. Gas-
par l'injure, la bonne foi de l'é- con de Paris, qui vante sa no-
crivain digne de ce nom par la blesse apocryphe, ses millions
partialité du condottiere digne de improbables, ses maîtresses ima-
la police correctionnelle. ginaires, pour escroquer du crédit
chez les fournisseurs et de l'ad-
Eréné, adj. et s. Éreinté,
fourbu, — dans l'argot du peuple. miration chez les imbéciles.
Ce mot, du meilleur français et EsbrouflTeuse, s. f. Drôlesse
toujours employé, manque au qui éclabousse d'autres drùlesses,
Dictionnaire de M. Littré. ses rivales, par son luxe insolent,
par ses toilettes tapageuses, par
Er§rot8, s. m. pi. Les pieds,
le nombre et la qualité de ses
ou les talons.
amants.
Etre sur ses ergots. Tenir sou
quant-à-soi ; avoir une certaine Escafi^nons, s. m. Souliers,
raideur d'attitude frisant de très — dans l'argot du peuple, qui
près l'impertinence. parle comme écrivait ou à peu
Monter sur ses ergots. Se près, il y a 450 ans, Eustache
fâcher.
Deschamps, d'inventeur de la
Es, s. m. Apocope
d'Escroc, — Ballade :
dans l'argot des voyous, qui se
plaisent à lutter de concision et î Do bons harnois, de bons cliauçons
d'inintelligibilité avec les voleurs. [velus.
D'escafllons, de sollers d'abbaïe. »
Ils disent aussi Ct'oc, par aphé-
rèse. Les écoliers du temps.jadis di-
150 ESC ESC

saient Escaffer poui' Donner un Escarpe-Zézigue. Suicide.


coup de pied « quelque part ».
Escarper, v. a. Tuer, échar-
Sentir l'escafignon. Puer des j}er un homme.
pieds.
On disait autrefois Escaper.
Escanner, y. n. Fuir, — Escarper un zigue à la capu'
dans l'argot des voleurs. hut. Assassiner un camarade pour
A l'escanne ! Fuyons !
lui voler sa part de butin.

Escare, s. m. Empêcliement, Escarpiner (S'). S'échapper,


— dans le même argot. s'enfuir en courant légèrement,—
Escarer, V. a. etn. Empêcher. dans l'argot des faubouriens, qui
ne savent pas qu'ils emploient un
Escareur, s. m. Homme qui mot du XVI' siècle.
trouve des obstacles à tout.
Escarpins de Ijimousin,
Escargot, s. m. Homme s.m. pi. Sabots, —
dans l'argot
mal fait, mal habillé, — dans du peuple, qui sait que les Lémo-
l'argot du peuj)le. vices n'ont jamais porté d'autre
Signifie aussi Vagabond, hom- chaussure, si l'on en excepte tou-
me qui se traîne sur les chemins, tefois des souliers pachydermi-
rampant pour obtenir du pain, ques qui ont plus de clous que
et quelquefoismontrant les cornes l'année n'a de semaines.
pour obtenir de l'argent. On dit aussi Escarpins en cuir
de brouette.
Escarpe, s. m. Voleur qui
va jusqu'à l'assassinat pour en Escarpolette, s. f. Charge
arriver à ses fins. Argot des pri- de bon ou de mauvais goût, in-
sons. terpolation bête ou spirituelle, —
C'était pour MM. les éty-
ici, dans l'argot des comédiens.
mologistes, une magnifique occa-
Esclots, s.m. pi. Sabots, —
sion d'exercer leur verve... sin-
dans l'argot du peuple, qui se
gulière. Eh bien, non! tous ont
servait déjà de cette expression
gardé de Conrart le silence pru-
du temps de Rabelais.
dent. Me permettra-t-on, à défaut
de la leur, de risquer ma petite Escobar. Nom d'homme qui
étymologie? Je ne dirai pas Es- : est devenucelui de tous les hom-
carpe, parce que le voleur qui mes dont la conduite est tortueuse
tient absolument à voler, escalade et dont les paroles semblent lou-
la iniiruille qui sépare le délit ches.
du crime et la prison de l'écha- —
Escoffier, v. a. Tuer, dans
faud mais seulement parce qu'il
;

emploie un instrument tranchant, l'argot du peuple, qui a emprunté


aigu, —
scarp en allimand. ce mot au provençal escofir.
Pourquoi pas? escarôot vient Escogriffe, s. m. Homme de
bien de scarahœiis, en vertu grande taille et de mine suspecte,
d'une épenthèse fréquente dans — dans même argot.
le
notre langue.
On dit aussi Grand escogrif/e
Amoins cependant ç^viescarpe — pour avoir l'occasion do fane
ne vienne du couteau à'escalpe im pléonasme.
(du scalp) des sauvages... (V. Les
Natchez). Escors, s. m. Marge, distance
ESQ ESS 151

réservée, — dans l'argot des ga- Esquinter, v. a. Fracturer,


mius. briser, perdre, alimcr, tuer.
Bon escors! Se dit pour rame- Signifie aussi Tromper, enfon-
ner sa bille d'un trou dans le cer quelqu'un.
droit chemin.
Esquinter, v. a. Éreinter,
M. Littré donne escart, écart. — dans
battre, l'argot du peuple.
Cela a l'air trop vraisemlilable
S'esquinter, v. pron. Se fati-
pour être vrai. Les gamins de-
guer à travailler, à marcher, à
vraient peut-être dire escart, mais
ils disent escors [ex-corrigere, di-
jouer, à —n'importe quoi de fa-
tigant.
riger).
On dit aussi S'esquinter le tem-
Escousse, s. f. Élan, — dans pérament.
l'argot des écoliers.
Prendre son escoiisse. Reculer Essayer le tremplin. Jouer
de quelques pas en arrière pour dans un lever de rideau être le ;

sauter plus loin en avant. premier à chanter dans un con-


cert. Argot des comédiens et des
Espalier, s. m. Figurante, chanteurs de cafés-concerts.
— dans l'argot des coulisses. On dit aussi Balayer les plan-
:

Espalier, Galérien,
s. m. — ches.

dans l'ancien argot des voleurs. Essayiste, s. m. Auteur d'ou-


vrages littéraires où Vhumour
Espèce, s. f. Femme entrete-
nue, — dans l'argot méprisant
remplace la prétention, et l'esprit
le pédantisme, comme dans
des bourgeoises, héritières des
Steele, Addison, Charles Lamb,
rancunes des duchesses contre les
jolies filles qui leur enlèvent leurs
Macauley, et quelques autres, —
la monnaie de Michel Montaigne.
fils et leurs maris.
Argot des gens de lettres.
Espérances, s. f. pi. Héri- Le mot, en circulation chez
tage paternel ou maternel que nous depuis fort peu de temps,
toute jeune fille bien élevée doit est cependant très français. Nous
apporter comme surcroit de dot à avions Essai : les Anglais ont
son époux, qui ne craint pas de fait essayist.
voir mettre les souliers d'un
mort dans la corbeille de ma- Essence de chaussette, s.

riage. f. Sueur des pieds, — dans l'ar-


Avoir des espérances. Avoir got des faubouriens.
des grands - parents riches que Essuyer les plâtres, v. a.
l'on compte voir mourir bientôt,
Habiter une maison récemment
— façon bourgeoise de « tuer le
construite, dont les plâtres n'ont
mandarin ! »
pas encore eu le temps de sécher.
Esprité, adj. Qui a de l'es- Se dit aussi, ironiquement, des
prit, — dansl'argot des gens de Gandins qui embrassent des filles
ne se doutent pas que
lettres, qui trop maquillées.
Saint-Simon a employé le pre-
mier ce mot, picard du reste,
Essuyeuse de plâtres, s.
f. Lorette,
petite dame, parce
c'est-à-dire très français.
que ce type parisien, essentielle-
Esquinte, s. m. Abîme, — ment nomade, plante sa tente où
dans l'argot des voleurs. le hasard le lui permet, mais sur-
159 EST ETA

tout dans les maisons nouvelle- Le vieux français avait estur-


ment construites, où l'on consent billon, tourbillon, et le latin ex-
à l'admettre à prix réduits, et turbatio. L'homme que l'on tue
même souvent pour rien. C'est au moment où il s'y attend le
ainsi qu'on fait essayer les ponts moins doit être en efl'et estourbil-
aux soldats. lonné.
Signifie aussi Mourir.
Estaffler, s, m. Sergent de
ville, mouchard, dans l'argot — Estourbir (S'). Disparaître,
du peuple, fidèle à la tradition. s'enfuir, — dans l'argot des fau-
Estaffion, s. m. Chat, — bouriens.
Par extension Mourir.
dans l'argot des voleurs.
Ils disent aussi Griffard. Estrang^ouillade, s. f. Ac-
tion d'étrangler, strangulare, —
Estaffion, s. m. Taloche, dans l'argot du peuple.
coup de poing léger, — dans
l'argot du peuple. Estrang'ouiller, v. a. et n.
Etrangler quelqu'un, étouffer.
Estampiller, v. a. Marquer
du fer rouge, — dans l'argot des Estropier un anchois, v.
prisons. a. Manger un morceau pour se
mettre en appétit; faire un dé-
Estoc, s. m. Esprit, finesse, jeuner préparatoire. Argot des
malice, —
dans l'argot des vo- ouvriers.
leurs, qui emploient là une ex-
pression de la langue des hon- Estuquer, v. a. et n. Don-
nêtes gens. ner ou recevoir des coups, —
dans l'argot du peuple.
Estomac* s. m. La gorge de
la femme, — dans l'argot du Etal, s. m. La gorge de la
peuple, qui parle comme écrivait femme, —
dans l'argot des fau-
Marot : bouriens, qui appellent la chair
de la viande.
« Quant je voy Barbe en habit bien
[(luisant, Etaler, v. a. Jeter par terre,
Qui l'estomac blanc et poli dcscoeuvre. » — dans l'argot du peuple.
Estomaqué, adj. Étonné, stu- S'étaler. Se laisser tomber.
péfait, —
dans l'argot du peuple. Etaler sa marchandise ,
Ou dit aussi Stomuqué. V. a. Se décolleter trop, dans —
Estome, s. m. Apocope diEs- l'argot des faubouriens, qui disent
tomac, — dans l'argot des fau- cela à propos des marchandes
bouriens. d'amour.
Estorg'ue, Fausseté, mé-
s. f. Et allez donc ! Phrase ex-
chanceté, — dans l'argot des vo- clamative, une selle à tous che-
leurs. vaux : on l'emploie volontiers
Centre à Vestorgue. Faux nom. pour renforcer ce qu'on vient de
Chasse à Vestorgue. Œil lou- dire, comme coup cie fouet de la
che, — storto. fin.

Estourbir, Tuer, v. a. — Etalon, s. m. Homme de


dans l'argot des faubouriens et valante humeur, - dans l'argot
des voleurs. lu peuple.
ETO ETR 153

Étamine* s. f. Chagrin, mi- disparaître, — dans l'argot des


sère, — dans l'argot du peuple, faubouriens.
qui sait que l'homme doit passer
par là pour devenir meilleur.
Etouffer une bouteille, v.
Passer par l'étami7ie. Souffrir a. La boire, la faire disparaître
du froid, de la faim et de la soif. jusqu'à la dernière goutte, —
dans l'argot du peuple.
Eteindre son g^az, y. a.
Se coucher, — dans l'argot du
ne
Etouffeur, s. m.
pas lancer ses livres ou
sait
Libraire qui
peuple.
qui ne veut pas lancer les livres
Le mot est de Gavarni.
édités par les autres libraires.
Se dit aussi pour Mourir.
Étouffoir, s. m. Table d'hôte
Éternuer dans du son. v. où l'on joue l'écarté, — dans l'ar-
—dans l'argot
n. Etre guillotiné,
got des voleurs, qui savent que
des bagnes.
dans ces endroits-là on ferme
On dit aussi Étermier dans le tout avec soin, portes et fe-
sac. nêtres, de peur de surprise poli-
cière.
Éternuer un nom. Se dit,
— dans l'argot du peuple, — Etourdir, v. n. Solliciter, —
d'un nom difficile à prononcer, à dans le même argot.
cause des nonibreuses consonnes
sifflantes qui le composent, par Etourdisseur, s. m. Solli-
exemple les noms polonais. citeur.

Et mèche î Formule de l'ar- Etrangler une dette, y.


got des faubouriens, employée or- a. L'acquitter, pour s'en débar-
dinairement pour exagérer un rasser lorsqu'elle est trop criarde,
récit « Combien cette montre
:
— dans l'argot des bohèmes.
a-t-elle coûté ? soixante francs ?
— Soixante francs, et mèche » !
Etre
(En), v. n. Faire par-
tiede la corporation des non-con-
c'est-à-dire beaucoup plus de
formistes.
soixante francs.

Etoile, s. f. Cantatrice en re-


Etre (En), v. n. Euphémisme
de l'argot du peuple, qui est une
nom, comédienne hors ligne,
premier rôle d'un théâtre, — dans allusion aux Insurgés de Romilly.
(Voir ce mot.)
l'argot des coulisses, où il y a
tant de nébuleuses. Etre (L'). Etre trompé par sa
Etoile de l'Iionneurj s f .
femme, — dans l'argot des bour-
La croix de la Légion d honneur, geois, qui se plaisent à équivo-
— dans des vaudevil-
l'argot quer sur ce verbe elliptique.
listes, plus académiciens, qu'ils Etre à couteaux tirés
ne s'en doutent. aTec quelqu'un. Etre brouillé
Etoile, s. f. Bougie allumée avec lui, ne plus le saluer ni lui
ou non, —
dans l'argot des francs- parler, —
dans l'argot des bour-
macons. geois.

Étoile flamboyante. Le sym- Etre à feu. Être en colère,


bole de la divinité. — dans l'argot des faubouriens.

Etouffer, v. a. Cacher, faire Etre à fond de cale. N'a-


153 ETR ETR

voir plus d'argent, — dans l'ar- Être à plusieurs airs, v.


got des ouvriers. n. Faire ses embarras faire ses
— dans
;

Être à jeun. Être vide, — coups à la sourdine, l'ar-


got des ouvriers.
dans l'argot des faubouriens, qui
disent cela à propos des choses Etre à pot et à feu aTcc
aussi bien qu'à propos des gens, quelqu'un. Avoir un commerce
au sujet d'un sac aussi bien qu'au d'amitié, vivre familièrement avec
sujet d'un cerveau. lui.
Avoir la sacoche à jeun. N'a-
voir pas le sou. Être arg^enté, v. n. Avoir
dans lapoche quelques francs
Être à la bonne, v. n. Ins- disposés à danser le menuet sur
pirer de la sympathie, de l'inté- le comptoir du marchand de vin.
rêt, de l'amour, —
dans l'argot Eti's desargenté. N'avoir plus
du peuple, qui a conservé là, en un sou pour boire.
la modifiant un peu, une vieille
expression française. Etre à sec. N'avoir plus
Les gens de "lettres modernes d'argent, — dans l'argot du
ont employé cette expression à peuple.
propos de M. Sainte-Beuve, et ils C'est la même expression que
ont cru l'avoir inventée pour lui. Les eaux sont basses.
« Vous ne poviez venir à heure
plus opportune, nostre maistre
Etre à tu et à toi aTec
quelqu'un. Vivre familière-
est en ses bonnes, » dit Rabelais.
ment avec quelqu'un, être son
Etre à la campagne, v. n. ami, ou seulement son compagnon
Être à Saint-Lazare, — dans
l'ar- de débauche.
got des filles, qui rougissent d'al-
ler en prison et ne rougissent pas
Être aux écoutes, v. n.
Faire le guet surprendre une
d'autre chose plus grave.
conversation, —
;

dans l'argot du
, Être à la chancellerie. peuple.
Être pris de façon à ne pouvoir
se défendre,

° dans l'argot des
L'expression sort de la langue
romane.
lutteurs français et anglais.
Être avec une femme, v.
Être à la fête, v. n. Être Vivre maritalement avec elle,
de bonne humeur, —
dans l'argot
n.
— dans l'argot des ouvriers.
du peuple.
Etre arec un homme, v.
Etre à la manque^ v. n.
Tromper quelqu'un, le trahir, — n. Vivre en concubinage avec
— dans l'argot des grisettes.
lui,

dans l'argot des voyous.


Être bien, v. n. Être en état

à
Être à la paille
l'agonie, —
(En). Être
dans l'argot des
d'ivresse, — dans l'argot du
peuple.
faubouriens, qui font allusion à
la paille que l'on étale dans la Etre bien de son pays.
rue devant la maison où il y a Avoir de la naïveté, s'étonner de
un malade. tout et de rien, se fâcher au lieu
de rire. Argot du peuple.
Être à l'ombre, v. n. Être
en prison, — dans l'argot du Être bien portant. Être
peuple. libre, — dans l'argot des voleurs.
ETR ETR 155

Être bon là. Demander plus Être dans les vignes. Etre
qu'il n'estpermis. Manifester des complètement xwxq, — dans l'ar-
exigences ou des prétentions, — got du peuple .

dans l'argot du peuple, qui n'em- Il dit aussi Etre dedans.


ploie cette expression qu'ironi-
quement, par antiphrase.
Être dans ses petits sou-
liers. Etre embarrassé, gêné par
Être bref. Être à court d'ar- ime observation, par une ques-
gent. tion, en souffrir et en faire la

Être chargé à cul. Etre


grimace, —
comme quelqu'un
qui serait trop étroitement
pressé, scatologiquement parlant,
— dans l'argot des commission-
chaussé.

naires. . Être dans tous ses états.


Etre très préoccupé d'une chose ;
Être complet. Être ivre-
se donner beaucoup de mal, se
mort, — dans l'argot des bour- remuer extrêmement à propos de
geois.
n'importe quoi et de n'importe
Signifie aussi, dans un sens qui, —
et souvent ne pas faire
ironique, Être parfait, — en plus de besogne que la mouche
vices. du coche.
Être cousu
d'or. Avoir Être dans un état Toisin.
beaucoup d'argent, —
dans l'ar-
,

Être ivre, — dans l'argot des


got du peuple, qui a rh}T)erbole typographes, qui pratiquent vo-
facile. lontiers l'ellipse et la sj-ncope.

Être crotté. N'avoir pas Être de ché, ou d'ché.


le sou, — dans l'argot des ou-
.

Être complètement saoul, — dans


vTiers tailleurs. Ils le disent l'argot des voleurs.
aussi d'un travail pour lequel il
manque la quantité d'étoffe vou- . Être de la bonne, V. n.
lue, ou qui nécessite une écono- Être heureux, avoir toutes les
mie extraordinaire chances, —
dans l'argot des vo-
lem's.
Être dans de beaux draps.
Se dit ironiquement de quelqu'un Être de la fête. Être heu-
s'est attiréune fâcheuse af- reux, ou hors de danger après
S[ui
avoir été compromis, menacé.
aire, ou qui est ruiné. Argot du
peuple. Argot du peuple.

Être dans le sixième des- Etre de la haute. Apparte-


sous. Etre ruiné, ou mort, — nir à l'aristocratie du mal, —
forme explétive de Troisième des- dans le même argot. Faire partie
sous, qui est la dernière cave de l'aristocratie du vice, dans —
pratiquée sous les planches de l'argot des filles.
l'Opéra pour en receler les ma- Être de la paroisse de la
chines. IVigaudaie. Etre un peu trop
Être dans les papiers de simple d'esprit, — dans l'argot du
quelqu'un. Avoir sa confiance, peuple.
son affection. Être de la paroisse de
On dit aussi Être dans les pe- Saint -«fean-le-Rond Etre .

tits papiers de quelqu'un. ivre,— dans l'argot des ouvriers.


156 ETR ETR

irrévérencieux sans le savoir en- Façon de parler ironique qu'on


vers d'Alembert. emploie à propos d'une mala-
dresse commise.
. Être de la procession.
Etre du métier. Etre le bœuf, v. a. Etre
On dit aussi E'n être. victime de quelque mauvaise
farce, de quelque mauvais coup,
Ktre démâté.

Etre vieux, — dans l'argot du peuple, qui
impotent, dans l'argot des a voulu faire allusion au dieu
marins. Apis que l'on abat tous les jours
Etre dessous. Etre ivre, — dans les échaudoirs sans qu'il
dans l'argot du peuple. proteste, même par un coup de
corne.
Etre du bâtiment, v. n.
Etrenner, v. n. Recevoir un
Faire partie de la rédaction d'un
journal; Etre feuilletoniste ou
soufflet, un coup quelconque. Ar-
vaudevilliste, —
dans l'argot des
got des faubouriens.
gens de lettres, qui forment une Etre paf, v. n. Être en état
corporation dont l'union ne fait d'ivresse.
pas précisément la force.
Etre près de ses pièces.
Être d'un bon suif. Être N'avoir pas d'argent ou en avoir
ridicule, mal mis, ou contrefait, peu. Argot du peuple.
— dans l'argot du peuple.
Etre pris dans la balan-
On dit aussi Etre d'un bon cine. Se trouver dans une posi-
tonneau. tion gênante.
Etre du quatorzième bé- L'expression est de l'argot des
nédicité. Faire partie du régi- marins.
ment, —
ou plutôt de l'armée Etre sur la planche, v. n.
des imbéciles.
Comparaître en police correction-
Etre encore (L'). Avoir en- nelle ou devant la Cour d'assises.
core le droit de recevoir un bou- Argot des voleurs.
quet de roses blanches, le jour
Etre sur le sable, v. n.
de l'Assomption, sans être ex-
posée à considérer le présent
N'avoir pas de maîtresse, —
dans l'argot des souteneurs, que
comme une épigramme. cela expose à ci'ever de faim.
Etre en délicatesse aTec Etre trop petit. N'avoir
quelqu'un. Etre presque pas l'adresse ou le courage né-
brouillé avec lui l'accueillir
;
cessaires pour une chose. Argot
avec froideur, — dans l'argot des
du peuple.
bourgeois.
Tu es trop petit! est une ex-
Etre en fine pégraine, v. pression souveraine de mépris
n. Etre à toute extrémité, — dans la bouche des faubouriens.
dans l'argot des prisons.
Etre vent dessus vent de-
Etre en train, v. n. Com- dans. Etre en état d'ivresse, —
mencer à se griser, — dans l'ar- dans l'argot des ouvriers qui ont
got des ouvriers. servi dans l'infanterie de marine.

Etre fort au bâtonnet. Étriller, v. a. Donner des


ETU EXT 157

coups, —
dans l'argot du peuple. entre deux choses pourtant si dif-
Signifie aussi Volei", surfaire férentes comme destination.
un prix, surcharger une addi-
tion. Eustache, s. m. Couteau, —
dans l'argot du peuple.
Étron, s. m. Ste7xus, —
dans le même argot. Éranouir (S'). S'en aller de
Signifie aussi mou, Homme quelque part, — dans l'argot des
sans consistance, sans valeur. faubouriens.
L'expression est ignoble, mais Évaporer, v. a. Voler quel-
elle a de nobles parrains. Rabe- que chose adroitement. dans le —
lais n'a-t-il pas dit, au chapitre même argot.
des Meurs et conditions de Pa-
nurge : « 11 fit une tartre bour- Eventail à bourrique, s.
bonnoise, composée de force de m. Bâton, — dans le même ar-
ailz,... d'estroncs tous chaulx, et
la destrempit en sanie de bosses
Evêque de campasfne, s.
. chancreuses ? »
m. Pendu, —
dans l'argot du
Étronner, v. n. Cacare, — peuple, qui veut dire que ces
dans l'argot des faubouriens. sortes de suicidés bénissent avec
les pieds.
Et ta sœur î Expression fré-
quemment employée par les fau- Excellent (Être). Puer de
bouriens, à tout propos et même Vaisselle, — dans l'argot des
sans propos, comme réponse à bourgeois, qui font des calem-
une importunité, à une demande bours par à peu près, et, pour
extravagante, ou pour se débar- faire celui-ci, sont forcés de pro-
rasser d'un fâcheux. noncer essellent.
On dit quelquefois aussi Et ta :

sœur, est-elle heureuse? C'est le


Exécuter quelqu'un, v. a.
Lui interdire l'entrée de la Bourse,
refrain d'une chanson très popu-
laire, — malheureusement.
parce qu'insolvable, —
dans l'ar-
got des coulissiers.
Étudiant de la grève, s.

m. Maçon, — dans l'argot du Expédier,
dans l'argot du peuple.
Y. a. Tuer,
peuple.'

Étudiante, s. f . Grisette, — Expert, s. m. Officier de


dans l'argot des ouvriers. loge, — dans l'argot des francs-
Etudiante pur sang. Fille des- maçons.
tinée à embellir l'existence de Express, s. m. Train direct,
plusieurs générations d'étudiants. ordinairement composé de pre-
Étui, s. m. La peau du corps, mières et de deuxièmes classes.
— dans l'argot du peuple, qui a Extra, s. m. Garçon de sup-
l'honneur de se rencontrer avec
Shakespeare (case).
plément, —dans r argot des
cafés et des restaurants.
Se dit aussi pour Vêtements.
Extra, s. m. Dîner fin, —
Étui à lorg^nette, s. m. dans l'argot des bourgeois qui
Cercueil, —
dans l'argot des traitent.
voyous, qui ont parfaitement
saisi l'anologie de forme existant Extra, s. m. Petite débauche
153 EXT EXT

supplémentaire, — dans l'argot tiate, un demi-setier à un dé-


du peuple. jeuner composé de pommes de
Faire tin extra. Faire une pe- terres frites, etc.
tite noce, une petite débauche de
table. Extra, s. m. Convive, — dans
Signifie aussi, seulement. Ajou- l'argot des tables d'hôte mili-
ter un plat à un repas trop Spar- taires.
Face, s. f. Pièce de cinq cen- — dans l'argot du peuple, qui
times, — dans l'argot des faubou- n'emploie jamais cette expression
riens, qui peuvent ainsi contem- qu'en mauvaise part.
pler àpeu de frais la figure du
monarque régnant. Facturier* s. m. Vaudevil-
liste qui a la spécialité des cou-
Face ! Exclamation de l'argot plets de facture.
des ouvriers, qui la font entendre
lorsqu'au cabaret ou au café Fadag^e, s. m. Partage, —
quelque chose tombe et se casse. dans l'argot des voleurs.

Face de carême, s. f. Mine Fadard, adj. et s. Bon, beau,


fatiguée, pâlie par l'étude ou les agréable, — dans l'argot des fau-
veilles malsaines. Argot du bouriens.
peuple.
Fadasse, s. f. Femme trop
Face du Grand Turc, s. f. blonde, —dans l'argot du peuple,
Un des nombreux pseudonymes qui ne sait pas que ses grand'-
de messire Luc, — dans le même mères les Gauloises avaient les
argot. cheveux flaves.

Faces, s. f. pi. Joues, — dans Fade, s. m. Quote-part de


l'argot des bourgeois. chacun dans une dépense géné-
écot que l'on paye dans un
Faciès, s. m. "Visage, dans — rale ;

pique-nique.
l'argot du peuple, qui parle sans
s'en douter comme Ciceron. Mot de l'argot des voleurs qui
a passé dans l'argot des ouvriers.
Factionnaire, s. m. Insurgé Mais, avant d'appartenir au cant,
de Romilly. (V. ce mot.) appartenait à notre vieille
il
Poser un. factionnaire. Alvum langue « Saciés bien que se je
:
deponere.
eu muir, faide vos en sera de-
Factoton, s. m. Valet, mandée », dit Aucassin au vi-
homme à tout faire {factotum), comte de Beaucaire, qui lui a en-
IGO FAF PAT

levé Nicolette. Or faide ici si-


gnifie compte et ne peut venir que
— dans l'argot des revendeuses
du Temple.
de fœdus, accord particulier, rè-
glement, compte. Fag:ot, s. m. Forçat, —
Homme qui est
lié à im autre
Fade, s. m. Fat,
dans — homme en liberté, par une com-
:

l'argot du peuple, qui trouve que plicité de sentiments mauvais au ;


ce mot exprime bien le dégoût bagne, par des manicles.
que lui causent les gens amou-
Fagot à perte de vue. Con-
reux de leur personne.
Les deux mots ont d'ailleurs la
damné aux travaux forcés à per-
pétuité
même étymologie, fatuus, insi-
.

pide. Fagot affranchi. Forçat libéré.

Fadcr, v. n. et a. Partager Fajscot, s. m. Vieillard, —


des objets volés. dans l'argot des marbriers de ci-
metière, qui savent mieux que
Fadeurs, s. m. pi. Menson- personne ce qu'on fait du bois
ges ordinaires de la conversation,
mort.
— dans l'argot du peuple, payé
pour être sceptique. Fagpot, s. m. Élève de l'École
11 n'emploie ordinairement cette des eaux et forêts, dans l'ar- —
expression que pour se moquer, got des Polytechniciens.
et à propos de n'importe quoi. On
Fag'oté, adj. Habillé, ar-
lui raconte que le roi d'Arau-
canie est monté sur son trône.
rangé, — dans l'argot des bour-
geois, qui n'emploient jamais ce
«Des fadeurs!» dit-il. On lui
assure que la France va avoir la
mot qu en mauvaise part.
guerre avec l'Angleterre à propos Fagoter, v. a. Travailler
de Madagascar « Des fadeurs » ; ! sans soin, sans goût, maladroite-
On lui apprend une mauvaise ment, —dans l'argot des ou-
nouvelle : « Des fadeurs » Une ! vriers.
bonne : « Des fadeurs » etc. !

Fag^oter (Se), v. réfl. S'ha-


Faffe ou Fafiot, s. m. Pa- billerextravagamment, grotes-
pier, blanc ou imprimé, — dans quement.
l'artrotdes voleurs. A signifié autrefois Se mo-
Fafiot garaté. Billet de ban- quer.
que, autrefois signé Garât et
aujourd'hui Soleil. Faj>fot8, s. m. pi. Contes à
Fafiot mâle. Billet de mille
dormir debout, niaiseries, dans —
francs l'argot du peuple.
Débiter des fagots. Dire des
Fafiot femelle. Billet de cinq
cents francs. fc^daises, des sottises.
Fafiot lof. Faux certificat ou Faible, s. m. Penchant, ten-
faux passeport. dresse particulière et souvent in-
Fafiot sec. Bon certificat ou juste, —
dans l'argot des bour-
bon passeport. geois.
Fattoteur, s. m. Marchand Prendre quelqu'un par son
de papiers; Banquier. faible. Caresser sa marotte, flatter
Signifie aussi Ecrivain. son vice dominant.
Fattots, s. m. pi. Souliers, Faillouse, s. f. Le jeu de la
FAI FAI IGl

bloquette, — dans l'argot des éco- Fai}'e le foulard. Voler des


liers. mouchoirs de poche.
Faine, s, f. Pièce de cinq Faire des poivrots ou des ga-
centimes, — dans l'argot des ou- ves. Voler des gens ivres.
vriers, qui, pour trouver cette Faire une maison entière. En
analogie, ont dû se reposer suO assassiner tous les habitants sans
tegmine fagi. exception et y voler tout ce qui
s'y trouve.
Fainin, s. m. Liard, — qui
est une petite faîne. Faire (Le), v. a. Réussir, —
dans l'argot du peuple, qui em-
Faire, s. m. Façon
d'écrire ploie ordinairement ce verbe avec
ou de peindre, —
dan's l'argot des la négative, quand il veut défier
gens de lettres et des artistes. ou se moquer. Ainsi Tu ne peux :

Faire, v. a. Dépecer un ani- pas le faire, signifie Tu ne me :

mal, — dans l'argot des bou- supplanteras pas, —


tu ne peux
chers, qui font un veau comme lias lutter de force et d'esprit avec

les vaudevillistes im ours. moi, — tu ne te feras jamais ai-


mer de ma femme, —
tu ne de-
Faire, V. a. Visiter tel quar- viendras jamais riche, ni beau,
tier commerçant, telle ville com- — (^tc, etc. Comme quelques au-
merçante, pour y offrir des mar- tres du même argot, ce verbe,
chandises, —
dans l'argot des essentiellement parisien, est une
commis voyageurs et des petits selle à tous chevaux.
marchands.
Faire (Se), v. réfl. S'habi-
Faire, Cacare,
v. n. dans — tuer, — dans l'argot des bour-
l'argot à moitié chaste des bour- geois.
geois. Se faire à quelque chose. Y
Faii-e dans ses bas. Se conduire prendre goût.
en enfant, ou comme un vieillard Se faire à quelqu'un. Perdre
en eufance; ne plus savoir ce de la répugnance qu'on avait eue
qu'on fait. d abord à le voir.
Faire, v. n. Jouer, — dans Faire (Se). Se bonifier, —
l'argot des bohèmes. dans l'argot des marchands de
Faire son absinthe. Jouer son vin.
absinthe contre quelqu'un, afin de
Faire accrocher (Se). Se
la boire sans la payer. faire mettre à la salle de police,
On fait de même son diner, son — dans l'argot des soldats.
café, le billard, et le reste.
Faire à la raideur (La)
Faire, v. n. Travailler, être Se montrer
ceci ou cela, —
dans l'argot des daigneux, —
raide, exigeant, dé-
dans l'argot des pe-
bourgeois. tites dames.
Faire dans l'épicerie . Etre épi- Elles disent de même La faire :

cier. à la dignité, ou à la bonhomie,


Faire dans la banque. Travail- ou à la méchanceté, etc.
ler chez un banquier.
Faire aller, a. Se mo-
v.
Faire,
Tuer, —
v. a. Voler, et
dans l'argot des prisons.
même quer de quelqu'un, le berner, —
dans l'argot du peuple.

11
1^ FAI FAI

Faire à l'oseille (La), v. Faire celui qui... Faire


a. Jouer un tour désagréable à semblant de faire une chose, —
quelqu'un, —
dans l'argot des dans l'argot du peuple.
vaudevillistes.
L'expression sort d'une petite
Faire Charleinag^ne. Se
gargote de cabotins de la rue de
retirer du jeu après
y avoir ga-
gné, vouloir donner de re-
sans
Malte, derrière le boulevard du
Temple, et n'a que cinq ou six
vanche, —
dans l'argot des
joueurs, qui savent ou ne savent
ans. La maîtresse de cette gargote
servait souvent à ses habitués des
pas leur histoire de France.
« Charlemagne (dit Génin en
œufs à l'oseille, où il y avait
ses Récréations philosophiques)
souvent plus d'oseille que d'œufs.
garda jusqu'à la lin toutes ses
Un jour elle servit une omelette
— sans œufs. —
« Ah cette fois,
!
conquêtes, et quitta le jeu de la
vie sans avoir rien rendu du
tu nous la fais trop à l'oseille, »
fruit de ses victoires; le joueur
s'écria un cabotin. Le mot circula
qui se retire les mains pleines
dans l'établissement, puis dans le
qiiartier;il est aujourd'hui dans
fait comme Charlemagne il fait :

la circulation générale.
Charlemagne. »
SJ non è l'ero... Je ne de-
Faire au luéine, v. a. mande pas mieux d'en croire Gé-
Tromper, prendre sa revanche de nin, mais jusqu'ici il m'avait
quelque chose, — dans l'argot semblé que Charlemagne n'avait
du peuple. pas autant fait C/iarlemae/ne que
Il dit aussi Refaire au rmhne. le dit le spirituel et regrettable

Faire baiser (Se). Se faire érudit, et qu'il y avait, vers les


arrêter ou engueuler, — dans le dernières pages de son histoire,
même argot. une certaine défaite de Ronce-
On dit aussi Se faire chopcr. veaux qui en avait été le Wa-
terloo. Et puis... Mais le cheva-
Faire balai neuf, v. n. lier Du Gailly avait raison !

Montrer un zèle exagéré qui ne


pourra pas se soutenir, — dans Faire corps neuf, v. a.
le même argot. A hum deponere, — et le remplir
ensuite de nouveaux aliments.
Faire brûler lloscou.
Faire un punch monstre, dans — Faire coucou. Jouer à se
l'argot des soldats, qui connais- cacher, — dans l'argot des en-
sent tous, par ouï-dire, les belles fants.
flammes qui s'échappaient, le
29 septembre I812, de l'antique Faire couler un enfant,
cité des czars, brûlée par Ros- V. a. Prendre un médicament
topchin. abortif, —
dans l'argot des filles.

Faire cabriolet. Se traîner Faire cuire sa toile, v. a.


sur le cul, comme les chiens Employer les tons rissolés, les
lorsqu'ils veulent se torcher. Ar- grattages, les ponçages, dans —
got du peuple. l'argot des critiques d'art, qui
n'ont pas encore digéré la pein-
Faire cascatler la Tertu, ture de Decamps.
v. a. Obtenir d'une femme l'a-
veu de son amour en abuser,
et Faire cuire son homard,
— dans l'argot de Breda-Strcet. V, a. Rougir d'émotiuu ou
FAI FAI 163

d'autre chose, — dans l'argot des Faire des affaires (Se), v.


faubouriens. réfl.S'attirer des désagréments,
On dit aussi Faire cuire son des querelles, des embarras.
l'cre visse.
Faire des choux et des
Faire danser un homme rares, v. a. Faire n'importe
sur la pelle à feu. Exiger quoi d'une chose, s'en soucier
sans cesse de l'argent de lui, le médiocrement, — dans l'argot
ruiner, — dans l'argot des pe- des bourgeois.
tites dames.
On aussi Faire danser sur
Faire des cordes, v. a.
dit
la poêle à frire.
Difficilliniè excernere, dans —
l'argot du peuple, qui emploie là
Faire de cent sous quatre une expression déjà vieille Tu :

francs, v. a.Dépenser folle- funem cacas? dit à son camarade


ment son argent, —
dans l'argot un personnage d'une comédie
des bourgeois, qui ajoutent quel- grecque traduite en latin.
quefois Et de quatre francs rien.
:
Faire des crêpes, v. a.
Faire de la musique. Se S'amuser comme il est de tradi-
livrer à des conversations intem- tion de le faire au Mardi-Gras, —
pestives sur les coups. Argot des dans l'argot des artistes, gouail-
joaeurs. leurs de leur nature.
Se dit volontiers pour retenir
Faire fie la poussière, v. quelqu'un « Restez donc; nous
a. Faire des embarras, dans — :

ferons des crêpes. »


l'argot des petites dames, qui
recommandent toujours à leurs Faire des gaufres. S'em-
cochers d'aller gi-and train quand brasser entre grêlés, — dans l'ar-
il couper une rivale sur
s'agit de got du peuple.
le boulevard, ou dans l'avenue
des Champs-Klysées, ou dans les
Faire des grâces, v. a.

allées du bois de Boulogne.


Minauder ridiculement.
Signifie aussi S'étendre pares-
Faire de l'eau, v. a. Meie- seusement au lieu de travailler.
re, — dans l'argot des bourgeois.
Faire des siennes, v. a.
Ils disent aussi Epancher de
Faire des folies ou des sottises,
Pencher de l'eau et Lâcher
l'eau.
de l'eau.
— dans l'argot des bourgeois.

Faire de l'or. Gagner beau- Faire des yeux de hareng,


coup d'argent. V. a. Crever les yeux à quel-
Le peuple, lui, dit Chier de qu'un, — dans l'argot des vo-
l'or.
leurs.

Faire des affaires, v. a.


Faire «le Tîeux os (Ne pas),
V. a. Ne pas demeurer longtemps
Faire beaucoup de bruit pour
rien, exagérer l'importance des dans un emploi, dans un loge-
gens et la gravité des choses, — ment, etc.
Signifie aussi N'être pas destiné
dans l'argot du peuple, qui se
gausse volontiers des Prud- à mourir de vieillessCj par suite
homnies. de maladie héréditaire ou de
santé débile.
On dit aussi Faire des affaires
de rien Faire du lard, V. a. Dor-
1C4 FAI FAI

mir ; se prélasser au lit, dans — On dit aussi Faire l'âne pour


l'argot du peuple, à qui les exi- avoir du son.
gences du travail ne permettront Faire la g^rande soûlasse,
jamais d'engraisser.
Aller faire du lard. Aller se
V. a. Assassiner, — dans l'argot
des voleurs.
coucher.
Faire la gérasse matinée,
Faire du papier marbré, V. a. Rester longtemps au lit à
V. a. Avoir la mauvaise habi-
tude de se réchauffer les pieds
dormir ou à rêvasser, dans —
avec un gueux, —
dans Fargot
l'argot des bourgeois, à qui leurs
moyens permettent ce luxe de
du peuple, qui a eu maintes fois prélat.
l'occasion de constater les incon-
vénients variqueux de cette habi- Faire la manche, v. a.
tude, famihère aux marchandes Faire la quête, — dans l'argot
en plein vent, aux portières, et des saltimbanques.
généralement à toutes les femmes
trop pauvres poar pouvoir em-
Faire la place poitr les
ployer im autre mode de chauf- pavés à ressorts. Faire sem-
blant de chercher de l'ouvrage et
fage que celui-là.
prier le bon Dieu de ne pas en
Faire éclater le péritoine trouver, —dans l'argot des ou-
(S'en). Manger ou boire avec vriers, ennemis-nés des paresseux.
excès, — dans l'argot des étu-
diants. Faire .la pluie et le beau
temps. Etre maître quelque
le
Faire ensemble, v. n. part; avoir une grande influence
Jouer ou manger ensemble, — dans une compagnie, dans un ate-
dans l'argot des écoliers, qui prê- lier. Argot des bourgeois.
tent quelquefois cette expression
aux grandes personnes. Faire la retape, v. a. Al-
promener sur le trottoir
Faire feu, v. a. Boire, — ler se
des rues ou des boulevards, en
dans l'argot des francs-maçons, toilette tapageuse et voyante,
qui ont des canons pour verres. bien retapée en un mot, pour y
faire la chasse à l'homme. Argot
Faire «Vacques délogée, v. des filles et de leurs souteneurs.
n. Partir précipitamment sans
payer son terme ou sans prendre Faire l'article, v. a. Van-
congé de la compagnie, dans — ter sa marchandise, —
dans l'ar-
l'argot du peuple. got des marchands. Parler de ses
Faire la balle élastique. titres littéraires, —
dans l'argot
Manquer de vivres, dans l'ar-— des gens de lettres. Faire éta-
lage de ses vices, —dans l'argot
got des voleurs, que cela doit
faire bondir. des petites dames.

Faire la barbe, v. a. Se
Faire la souris, v. n. En-
moquer de quelqu'un, lever délicatement et sans bruit
lui jouer
un vilain tour, —
dans l'argot du son argent à un homme au mo-
ment où il doit y penser le moins.
peuple.
— dans l'argot des petites da-
Faire la bête, v. a. Faire mes qui ne craignent pas d'ajou-
des façons. ter le vol au vice.
FAI FAI lti5

Faire la tortue. Jeûner, — Faire le lézard, v. n. S'é-


dans l'argot des voleurs et des tendre au soleil et y dormir ou y
faubouriens, qui font allusion à rèvei-, —
dans l'argot des bo-
l'abstinence volontaire ou forcée à hèmes et du peuple.
laquelle l'intéressant testudo est
astreint pendant des mois entiers.
Faire le mouchoir, v. a.
Voler une idée de drame, de
Faire la Tîe, v. n. Se dé- vaudeville ou de roman, dans —
baucher, courir les gueuses ou l'argot des gens de lettres.
avoir de nombreux amants, selon
— Faire le petit, verbe a.
le sexe, dans l'argot des bour-
geois, qui pensent peut-être que
Meiere ;
— dans l'argot des pen-
sionnaires .
c'est plutôt défaire sa vie.
Elles disent aussi Faire le pe-
Faire
le bon fourrier, v. tittour.
n. dans un repas, servir
C'est,
ou découper de façon à ne pas
Faire le plong^eon, v. a.
s'oublier soi-même/ Se confesser in extrejnis, dans —
l'argot du peuple, qui a horreur
Faire le mauvais fourrier. Ser-
de l'eau.
vir ou découper de façon à con-
C'est le mot de Condorcet par-
tenter tout le monde excepté soi-
lant des derniers moments d'A-
même.
lembert : « Sans moi, dit-il, il
Faire le boulevard, v. n. faisait le plongeon. »
Se promener, en toilette provo-
cante et en crinoline exagérée, Faire l'œil de carpe.
sur les boulevards élégants, — Rouler les yeux de façon à n'en

dans l'argot de Breda-Street, qui montrer que le blanc, dans
est l'écurie d'où sortent chaque l'argot des petites dames, qui
soir, vers quatre heures, de si jo- croient ainsi donner fort à pen-
lis pur-sang, miss Arabella, mïss ser aux hommes.
Love, etc. Faire mal. Faire pitié, —
On dit aussi Faire la rue ou dans l'argot des faubouriens et
Faire le trottoir. des filles, qui disent cela avec le
Faire le cul de poule, v.
plus grand mépris possible. Ah!
n. Faire la moue en avançant les
tu me fais mal! est d'une élo-
lèvres et en les pressant, '— dans quence à nulle autre pareille on :

l'argot du peuple. a tout dit quand on a dit cela.

Faire l'écureuil. Faire une Faire mourir (S'en). Dési-


besogne inutile, marcher sans rer ardemment une chose, —
avancer, — dans le même argot. dans l'argot du peuple.
S'emploie d'ordinaire comme
Faire l'égard. Détourner à formule de refus à une demande
son profit partie d'un vol. indiscrète ou exagérée Ah ! tut'ea
On disait autrefois Ecarter, — ferais mourir! C'est le refrain
:

ce qui est faire son eicart. d'une chanson récente qui a fait
son tour de Paris comme le dra-
Faire le gprand, v, a. Al-
vum deponere, —
dans l'argot
peau rouge, et qui est en train
de faire son tour du monde comme
des pensionnaires.
le drapeau tricolore.
Elles disent aussi Faire le
qrandtour. Faire nonne. Prêter la main
166 FAI FAT

à un vol, — dans l'argot des pri- faubouriens. C'est une allusion


sons. aux à l'arbalète des fêtes pu-
tirs
bliques, où, quand on met dans
Faire passer le g^oût du mille, on voit sortir et saluer
paia. Tuer quelqu'un, dans — le
une tète de Turc quelconque.
l'argot du peuple.
On dit aussi Perdre le goût du Faire sa Sophie, v. n. Se
pain, pour Mourir. scandaliser à propos d'mie con-
versation un peu libre, montrer
Faire patrouille. Se dé- plus de sagesse qu'il ne convient.
baucher de compagnie, courir les
On dit aussi Faire sa poire,
rues après minuit arec des liber-
Faire sa merde, et Faire son
tins et des ivrognes.
étroite.
Faire peau neuve. S'habil-
Faire sauter la coupe.
ler à neuf.
Battre les cartes de façon à tou-
Faire péter le cylindre jours amener le roi,

'dans l'ar-
CS'en). Se dit, dans l'argot des got des grecs.
faubouriens, de toute chose faite
Faire sauter le système
avec excès, comme de manger,
(Se), V. réfl. Se brûler la cervelle,
de boire, etc., et qui pourrait
faire éclater un homme, — c'est- — dans l'argot des faubouriens.
à-dire le tuer. Faire ses choux ^ras de
On dit aussi S'en faire j)éter la quelque chose. En faire ses
sous-ventriére. délices, s'en arranger, — dans
l'argot des bourgeois.
Faire petite chapelle, v.
n. Se chauffer comme ont la per- Faire ses frais, v. a. Em-
nicieuse habitude de le faire les mener un homme du Casino, —
femmes du peuple, qui s'exposent dans l'argot des petites dames, à
ainsi à des maladies variqueuses. qui leur toilette de combat coûte-
rait bien cher si elles étaient for-
Faire pieds neufsj v. a.
Accoucher d'un enfant. — dans
cées de la payer.

l'argot du peuple, qui se sou- Faire ses frais, v. a. Réus-


vient, sans l'avoir lu, du livre I""", sir à plaire à une j olie femme un
chap. VI, de Gargantua. peu légère, —
dans l'argot des
libertins, qui sèmeraient en vain
Faire pleurer son aTeu- leur esprit et leur amabilité s'ils
ffle. Meiere, — dans l'argot des
ne semaient en même temps quel-
faubouriens.
ques gouttes de « boue jaune »
Faire ramasser (Se). Se
Faire ses orges, v. a. Faire
faire arrêter, — dans l'argot des
des profits illicites, — dans l'ar-
voleurs et des filles.
got du peuple.
Faire sa balle, V. a. Suivre
Faire ses petits paquets,
les instructions
(jnelqu'un, —
ou les conseils de
dans l'argot des
V. a. Etre à l'agonie, —
dans l'ar-
got des infirmiers, qui ont remar-
prisons.
qué que les malades ramassent
Faire saluer le polichi- leurs draps, les ramènent vers
nelle. Réussir, faire mieux que eux instinctivement, à mesure
les autres, —
dans l'argot des que le froid de la mort les gagne.
FAI FAI 167

Faire 8on Cambronne. Faire une belle jambe.


Cacare, — dans l'argot dédai- Ne servir à rien, —
dans l'argot
gneux des duchesses du faubourg du peuple, qui emploie cette ex-
Saint-Germain, qui disent cela pression ironiquement et à propos
depuis l'apparition des Misérahles de n'importe quoi.
de Victor Hugo. La « Belle Heaulmière » de
François Villon disait dans le
Faire son deuil d'une même sens : J'en suis bien plus
chose. La considérer comme grasse!
perdue, s'en passer, — dans l'ar-
got du peuple. Faire une comimîssion, v.
a. Levare vent ris onus, — dans
Faire son inichaud, v. a. l'argot des bourgeoises.
Dormir, — dans le même argot.
Faire une coquille de
Faire son temps, v. a. Bergerac, v. a. Se dit, — dans
Rester en prison ou au bagne l'argot des tailleurs, —
quand un
pendant un nombre détei-miné de ouvrier a fait mie pièce dont les
mois ou d'années, à l'expiration pointes de collet ou de revers, au
duquel on est libre. lieu de se courber en dessous, re-
— Se dit aussi du Service mi - lèvent le nez en l'air et poignar-
litaire auquel on est astreint pen- dent le ciel.
dant sept ans lorsqu'on est tombé C'est une plaisanterie de Gas-
à la conscription. con, maintenant parisiennée.

Faire suer, v. a. Tuer, — Faire une entrée de bal-


dans l'argot des escarpes, qui let, V. a. Entrer quelque part
d'im coup de surin, procurent sans saluer, —
dans l'argot des
immédiatement à un homme des bourgeois, amis des bienséances.
sueurs de sang.
— Faire une femme, v. n.
Faire suer un chêne. Tuer amoureuse
Nouer une intrigue
un homme. avec elle, — dans l'argot des
Faire tomber le roug^e. étudiants.
Avoir l'inconvénient de la bouche, Faire une fin, v. n. Se
— dans l'argot des comédiens, à marier, —dans l'argot des vi-
qui l'émotion inséparable donne
veurs, qui finissent par où les
souvent cette infirmité passagère.
gens rangés commencent, et qui
Faire un cornet. Organi- ont lieu de s'en repentir.
ser une souscription en faveur Faire une moulure, v. a
d'un camarade malade ou pauvre.
Argot des artistes.
Levare vent ris onus, — dans l'ar-
got des menuisiers.
On fait un cornet de papier
dans lequel chacun dépose son Faire une tête (Se). Se
offrande sans qu'on puisse juger grimer d'une manière caractéris-
de son importance ou de sa mo- tique, suivant le type du person-
dicité. nage à représenter. Argot de»
coulisses.
Faire un dieu de son Got, Lesueur et Paulin Ménier
Tcntre, v. a. Ne songer qu'à
bien manger et à bien boire, — excellent dans cet art difficile.

dans l'argot des bourgeois. Faire un hom.nie, v. n. Se


168 FAI FAN

faire emmener du bal par un Falourde, s. f. Le double-


noble inconnu, coiffeur ou ban- six, —
dans l'argot des joueurs
quier. Argot des petites dames. de dominos.
On l'appelle aussi le Bateau à
Faire un pli (Ne pas). Al- charbon et Y Ami.
ler tout seul, — dans l'argot du
peuple. Falourde en§^ourdie» s. f.
Cadavre, — dans l'argot des
Faire un tassement, y. a. voyous.
Boire un verre de cognac ou de
madère au milieu d'im repas, — Fameux, s. m. Homme so-
dans l'argot des bohèmes. lide de bras et de cœur, — dans
On dit aussi Faire un trou. l'argot du peuple.

Faire un trou à la lune. Fameux, euse, adj . Exces-


Faire faillite, enlever la caisse de sif, énorme, dans le sens péjora-
son patron et se réfugier en Bel- tif.

gique. Argot du peuple. Un fameux paillard. Un pail-


lard consommé.
Faisander (Se), v. réfl. Une fameuse bévue. Une bévue
Vieillir, — dans l'argot des fau- colossale.
bouriens, qui ne se aucun
font Quelquefois aussi ce mot est
scrupule d'assimiler l'homme au employé dans le sens d'Excel-
gibier. lent, en parlant des choses et des
Ils disent aussi S'avarier. gens, et il n'est pas rare alors de
l'entendre prononcer ainsi P, li, :

Faisant, s. m. Camarade, fameux! C'est le necplus


copain, —dans l'argot du col-
a. plia,
ultra de l'admiration populaire.
lège, où l'on éprouve le besoin
d'avoir un second soi-même, un Fanal, s. m. La gorge, —
confident des premières joies et dans l'argot des faubouriens.
des premières douleurs, un ami S'éclairer le fanal. Boire un
qui fasse vos thèmes et de qui l'on verre de vin ou d'eau-de-vie.
fasse les billes et les confitures. Ou dit aussi Fanon, afin qu'au-
cune injure ne soit épargnée à
Faiseur, s. m. Type
essen-
l'homme par l'homme.
tiellement parisien, à double face
comme Janus, moitié escroc et Fanandel, s. m. Frère, ami,
moitié brasseur d'affaires, Merca- compagnon, — dans l'argot des
det en haut et Robert Macaire en prisons.
bas, justiciable de la police cor- Grands fanandels. Association
rectionnelle ici et gibier de Gli- de malfaiteurs de la haute pègre,
chy là, —
coquin quand il échoue, formée en d8l6, « à la suite
et seulement audacieux quand il d'une paix qui mettait tant d'exis-
réussit. tences en question », d'après Ho-
noré de Balzac.
Faiseur tl'œil, s. m. Love-
lace qui jette l'hameçon de son Fanfau, s. f. Jeune fille,
regard amorcé d'amour sur dans l'argot du peuple, qui a
toutes les femmes qu'il suppose parfois la parole caressante, s'il a
appelées à y mordre. la main rude.
L'expression est de Nestor Ro- Se dit aussi d'Un enfant quel-
queplan. conque.
FAN FAR 1C9

Fanfan Benoiton, s. m. bie, fantaisie, dans l'argot du


Petit garçon de manières et d'un peuple.
langage au-dessus de son âge, — —
dans l'argot des gens de lettres, Faraud, s. m. Monsieur,
dans l'argot des voleurs et du
par allusion au petit personnage
peuple, qui ont remarqué que les
de la comédie de M. Victorien
Sardou (1865-1866). C'est le pen-
messieurs avaient assez ordinai-
dant de Foinjou. rement l'air /?'(v-o<.
A signifié aussi, à l'origine,
Fanfarer, v. n. et a. Faire souteneur de filles, comme le
des réclames à une pièce ou à un prouvent ces vers cités par
livre, à une danseuse ou à un M. Francisque Michel
chien savant, —
dans l'argot des
:

gens de lettres. « Monsieur, faut vous déclarer


femme
Fanfe, s. f. Tabatière, — Que
Qui
c'est un.!
fit son homme
effrontée
assassiner
dans l'argot des voleurs. Par son farauil.. . »
On dit aussi Foitfe.

Fanfouiner, v. n. Priser, — Faire son faraud. Se donner


des airs de gandin quand on est
dans l'argot des voyous. simple garçon tailleur, ou s'endi-
Fanfouineur^ s. m. Pfi- mancher eiii bourgeois quand on

seur. est ouvrier.

Fantaisie, s. f. Caprice Faraudec, s. f. Mademoi-


amoureux, — dans l'argot de selle, — dans l'argot des voleurs.
Breda-Street, où l'on est très
fantaisiste. Faraudène, s. f. Madame.
Les voleurs disaient autrefois fa-
Fantaisitiine, m. École
s. raude.
littéraire antagoniste du Réa-
lisme. C'est le dévergondage à la Farce, Amusant, gro-
adj.
quinzième puissance, c'est l'extra- tesque, — dans du peuple.l'argot
vagance chauffée à une douzaine Chose faree. Chose amusante.
d'atmosphères. La littérature Homme farce. Homme gro-
d'autrefois a connu cette infirmité tesque.
de l'esprit, cette maladie de l'i- Etre farce. Avoir le caractère
niagination, mais à l'état d'excep- joyeux; être ridicule.
tion; la littérature d'aujourd'hui
Farce, s. f. Plaisanterie en
a moins de santé, mais il faut
espérer qu'elle n'en mourra pas.
paroles ou en action, — dans
l'argot du peuple, qui a été sou-
Fantaisiste, s. et adj. Écri- vent la vicfme de farces sé-
vain pyrotechuicien, plus fier de rieuses de la part de farceurs si-
parler aux yeux que de s'adres- nistres.
ser à l'esprit, plus amoureux des
fulgurants effets de style que bon
Farces, s. f. pi. Actions plus
ou moins répréhensibies, justi-
observateur des règles du bien
ciables de la Morale ou de la Po-
dire, et, comme tel, destiné à
lice correctionnelle.
durer autant qu'un feu d'arti-
Faire des farces. Faire des
fice : fusées tombées, fusées
mortes dupes tromper des actionnaires
;
!
par des dividendes fallacieux.
Fantasia, s. f. Caprice, lu- Avoir fait ses farces. Avoir ea
170 FAR FAU

beaucoup de maîtresses ou un — dans l'argot des voleurs, qui


grand noml^re d'amants. doivent avoir emprunté cette ex-
pression aux marins.
Farceur, s. m. Homme d'une
moralité équivoque, qui jongle Farguement, s. m. Charge-
avec les choses les plus sacrées ment.
et se joue des sentiments les plus
respectables débiteur qui restera
;
Farguer, v. a. Charger.
SigniOe aussi Rougir.
toujours volontairement insol-
vable amant qui exploitera tou- Fargueur, s. m. Chargeur.
;

jours la crédulité et la bourse —


— de ses maîtresses, etc., etc. Faribole, s. f. Farce, plai-
— dans
santerie, gaminerie, l'ar-
Farceuse, s. f. Femme ou got du peuple.
fillequi ne prend au sérieux rien Signifie aussi Chose sans im-
ou personne, pas plus l'amour portance, objet de pea de valeur.
que la vertu, pas plus les hommes On disait autrefois et on dit en-
que les femmes, et qui se dit, core quelquefois Falibourde.
comme Louis XV : « Après moi
le déluge » ! Farineux, adj Excellent
.

Fard, s. m. Mensonge, bro-


parfait, — dans l'argot des fau-
bouriens, pour qui il n'y a rien
derie ajoutée à un récit, — dans
au-dessus du pain.
l'argot du peuple.
Sans fard. De bonne foi. Farrag'o, s. m. Manuscrit
plein de ratures; livre plein de
Fard, s. m. Rougeur natu-
choses disparates, —
dans l'argot
relle du visage. des gens de lettres qui connais-
Avoir un coup de fard. Rougir sent le latin.
subitement, sous le coup d'une
émotion ou de l'ébriété. Ffissolette, s. f. Mouchoir
de poche, —
dans l'argot des
Farder (Se), v. réfl. Se gri- voleurs, qui ont fait ce mot aux
ser, — par allusion aux rougeurs Italiens.
que amène sur le vi-
l'ivresse
sage en congestionnant le cer- Fatig^ue, s. f. Le travail du
veau. bagne.
Far-Far, adv. Vite, promp- Fatig'uer, v. n. et act. Sa-
tement, — dans l'argot des vo- lirun livre à force de le consul-
leurs. ter, — dans l'argot des relieurs.
Farfouiller, v. n. Chercher Faubourg; souffrant, s. m.
quelque chose avec la main, re- Le quartier Saint-Marcel, —
muer tout pour le trouver. Argot dans l'argot du peuple, qui dit
du peuple juste, comme on peut s'en assu-
rer en parcourant les statis-
Farfouille iir, adj. et s.
tiques officielles. La rue Mouffe-
Homme qui se plaît, comme Tar-
tard, les rues qui avoisincnt la
tufe, à s'approcher plus qu'il ne
convient des robes des femmes,
montagne Sainte-Geneviève et la
place Maubert, nids à misérables,
afin de s'assurer que l'étoffe en
sont le quartier Saint;- Gilles de
est moelleuse.
Paris. On les assainit tous les
Fargrue^ s. f. Charge, poids, jours en y ouvrant des voies non-
FAU FAV 171

velles en y démolissant de
et On dit aussi Cueillir le persil,
vieillesmaisons; mais les habi- Aller au persil, et Persiller.
tudes de misère et de vices, quand Faucheur, s. m. Le bour-
et comiment les démolira-t-on?
J'ai voulu laisser subsister
reau, — dans l'argot des prisons
où l'allégorie du Temps est une
cette définition, non, comme l'abbé
sinistre réalité.
Vertot, parce que mon siège
était fait et qu'il m'en covitait de Faucheux, s. m. Homme à
le défaire, mais parce que cette jambes longues et grêles comme
définition m'a semblé la meil- les pattes du Phalangium, —
leure. J'en demande pardon aux dans l'argot du peuple, qui ne
gens qui prétendent que quar- le laisse passer devant lui aucune
tier Saint-Marcel n'est appelé infirmité grave ou légère, sans
faubourg souffrant cpie parce la saluer d'une injure ou tout au
que les premières fabriques d'al- moins d'une épigramme.
lumettes soufrées ont été instal-
lées là avant d'être reculées ex-
Fauchure, s. f. Coupure.
tra-muros. Fausse-couche, s. f. Homme
Homme raté, sans courage, sans vertu,
Faubourien, s. m.
mal élevé, grossier, — dans l'ar-
sans talent, sans quoi que ce soit,
— dans l'argot du peuple.
got des bourgeois, qui voudraient
bien être un peu plus respectés Fauter, v. n. Commettre ime
du peuple qu'ils ne le sont. faute, — dans le même argot.
Fauchants, s. m. pi. Ci- Faux-bond, s. m. Manque
seaux, — dans l'argot des vo- de parole, — dans l'argot des
leurs. bourgeois.
Ils disent aussi Faucheux. Faire faux-bond à l'échéance.
Fauché (Être). Etre guillo- N'être pas en mesure de payer.
tiné au bagne. Faux-eol, s. m. La mousse
Fauche-ardent, s. m. Mou- d'une chope de bière, — dans
cbettes, — dans l'argot des vo- l'argot des faubouriens.

leurs. Faveurs, s. f. pi. La preuve


Faucher, Couper,
v. a. — matérielle qu'une femme donne

de son amour à un homme,
dans le même argot, où on em-
ploie ce verbe au propre et an fi-
dans l'argot des bourgeois, qui
guré.
ne se contenteraient pas, comme
les galants d'autrefois, de ru-
Faucher le colas. Couper le
bans, de boucles et de nœuds
cou.
d'épée.
Faucher dans le pont. Donner eu d'une
Avoir les faveurs
aveuglément dans un piège. amant.
femme. Avoir été son
Faucher le grand pré. Etre au
bagne. Favori d'Apollon, s. m.
Poète estimable, — dans l'argot
Faucher le persil, v. a. des académiciens.
Se promener, en toilette « esbrouf- Ils disent aussi Favori des
fante », sur les trottoirs les plus Muses.
et les mieux fréquentés. Argot
des filles et de leurs souteneurs. Favori de llars, s. m.
173 FEI FEM

Guerrier heureux en batailles, — Fêler(Se), v. réfl. Donner des


dans le même argot. preuves de folie, faire des excen-
On dit aussi Favori de Bellone. tricités, —
dans l'argot des fau-
bouriens, qui prennent la boîte
Farori d'Esculape, s. m.
Médecin heureux en malades, — osseuse pour une faïence.
On dit aussi Avoir la tête fêlée.
dans le même argot.
Fayots, s. m. pi. Légumes Felouse, s. f. Prairie, —
dans l'argot des voleurs, qui ont
en général, haricots, lentilles, ou
fèves, fayols, —
dans l'argot des
seulement démarqué la première
lettre du mot généralement em-
ouvriers qui ont servi dans l'in-
ployé.
fanterie de marine.
Le cap Fayot. Moment de la Femelle s . f. Femme

, ,

traversée où l'équipage, ayant épouse, dans l'argot des ou-


épuisé les provisions fraîches, est vriers, qui se considèrent comme
bien forcé d'entamer les légumes des mâles et non comme des
secs. C'est ce qu'on appelle alors hommes.
Naviguer sous le cap Fayot. L'expression, —
toujours em-
Fécalités, s. f. pi. Laideurs ployée péjorativement, a des —
sociales, ordures morales, — chevrons, puisqu'on la retrouve
dans l'argot des gens de lettres. dans Clément Marot, qui, s' adres-
sant à sa maîtresse, la petite lin-
Le mot a été employé pour la
gère du Palais, dit :
première fois par Charles Ba-
taille. (tIncontinent, desloyalle femelle,

Fée, s. f. Maîtresse, — dans Que j'auray faic.t et escril ton libelle.


Entre les mains le mettiay d'une femme
l'argot des ouvriers, qui ne savent Qui appellée est Pienommée, ou Fanie,
pas dire si vrai en disant si poé- Et qui ne sert qu'à dire par le monde
tiquement. Le bien ou mal de ceux où il abonde. »

Fée-bosse, s. f. Femme Femme de Breda-SItreet,


vieille, laide, acariâtre. On dit
s. f. Femme de moeurs qui n'ont
aussi Fée Carabosse, pas même la ressource d'être
Fei gênant, s. et adj. Fai- équivoques. Elle a fait élection de
néant, —
dans l'argot du peuple, domicile sur les hauteurs du fau-
bourg Montmartre, entre Notre-
qui parle plus correctement qu'on
ne serait tenté à première vue, Dame-de-Lorette et la place Vin-
timille, d'où elle descend chaque
de le supposer, feignant venant
jour, vers quatre heures, en toi-
du verbe feindre, racine de fai-
lette de combat, pour aller « faire
néantise, qu'on écrivait autrefois
faintise.
le boulevard » Le quartier
.

Breda est le faubourg de Co-


Signifie aussi Poltron, lâche, et
c'est alors une suprême injure, — logne de Paris, comme le fau-
bourg de Cologne est le quar-
Yignavus de Cicéron. Barba-
tier Breda de Bruxelles.
risme si l'on veut, mais barba-
risme nécessaire, car fainéant ne Femme de la troisième
rendrait pas du tout la même idée, catég'orie, s. f. Fille de mau-
parce qu'il n'a pas la même vaise vie, — dans l'argot des
énergie et ne contient pas autant faubouriens, qui ont saisi avec
de mépris. empressement, il y a quelques
FEN FER 173

années, les analogies que leur de la générosité, dépenser beau-


offraient les divisions officielles de coup d'argent, s'ouvrir, dans —
la viande de boucherie. l'argot des faubouriens.
Signifie aussi Se dévouer.
Femme du quartier, s. f.
Se fendre à s'écorcher. Pousser
Grisette qui a la spécialité de
l'étudiant et qui se garderait à l'excès la prodigalité.
Lien de frayer avec les bourgeois Fendre l'arche, v. a. Im-
ou les militaires, de peur de dé-
plaire à Paul de Kock.
portimer, ennuyer, — dans le
même argot.
On dit aussi Femme de fendre Tu me fends
côté (sous-entendu) de la Seine.
l'arche! est une
des exclamations que les étran-
Femme du rég^iment, s. f. gers sont exposés à entendre le
La grosse caisse, — dans l'argot plus fréquemment en allant aux
des soldats. Gobelins.

Femme entretenue, s. f. Fendre l'ergot. S'enfuir, —


Fille ou femme qui croit que la dans l'argot du peuple, fidèle aux
vertu est un « meuljle inutile » vieilles traditions.
et qui préfère acheter les siens à On dit aussi, mais moins,
tant par amant. Bander l'ergot.
Les Belges disent Une entrete-
nue. Fenêtrîère, s. f. Fille qui
fait le trottoir par sa fenêtre.
Fendant, s. m. Homme
qui

marche d'un air conquérant, le Fenouse, s. f. Prairie,
chapeau sur le coin de l'oreille, dans l'argot des voleurs.
les moustaches relevées en crocs,
Fer chaud, s. m. Le pyro-
la main gauche sur la hanche,
et de la droite manœuvrant une
sis, —
dans l'argot du peuple,
qui, ne connaissant pas le nom
canne, — qui n'effraie persomie.
grec à donner à cette affection,
Il y a longtemps que le peuple
emploie une expression fort sim-
emploie cette expression, comme
ple et très caractéristique de la
le prouve ce passage de la Ma-
douleur cruelle qu'elle occasionne
cette de Mathurin Régnier :
à l'estomac.
« N'estant passe-volant, soldat ny capi-
Ferlampier, s. m. Homme
Depuis les plus chétifs jusques aux plus
[taiiic,
à tout faire, excepté le bien, —
[fendants, dans l'argot des voleurs, qui ont
Qu'elle n'ait desconfits et mis dessus les emprunté là un des vieux mots
[dents. » du vocabulaire des honnêtes
gens, en le dénaturant un peu.
Faire son fendant. Se donner
des allures de matamore. Ferlampier, s. m. Pauvre
On dit aussi Fendart. diable, misérable, — dans l'argot
Fendeur de naseaux, du peuple.
s. m.
Faux brave, qui fait plus de Ferling^ante, s. f. Verrerie,
bruit que de besogne. faïencerie, — dans l'argot des
On dit aussi, et plus élégam- voleurs.
ment, Casse-gueule.
Ferme, s. f. Décor de fond,
Fendre (Se), v. réfl. Montrer dans la composition duquel entre
174 FES FET

une charpente légère qui permet maternelle, Faire promptement


d'y établir des portes praticables. une chose.
Argot des machinistes Fesser la messe. La dire
promptement.
Fermer, Attacher
V. a. et n.
solidement, rendre ferme, — Fesser le cliampag-ne, v.
dans l'argot des coulisses, où n. Boire des bouteilles de vin de
l'on emploie ce verbe à propos de Champagne, — dans l'argot des
décors. viveurs.
Du temps de Rabelais on di-
Ferré à g^lace (Etre). Savoir sait Fouetter un verre.
parfaitement son métier ou sa
leçon, —
dans l'argot des bour- Fesses, s. f. pi. Grosses joues,

geois. — dans l'argot des faubouriens.

Fers, s. m. pi. Le forceps, — Fessier, s. m. Les nates, —


dans l'argot du peuple, qui ne dans l'argot du peuple, qui a
connaît pas le nom latin de l'ins- l'honneur de parler comme Ma-
trument inventé par Palfyn. thurin Régnier :

Fertange ou Fertille, s. f. (i Dieu sçait comme on le veid et der-

Paille, — dans l'argot des vo-


Le nez sur le carreaux et
[rière et devant,
le derrière au
leurs. [vent, »

Fertilliers, s. m. pi. Blés,


grand satirique.
— les graminées fertiles par ex-
a dit le

cellence. Fessa, adj. Qui a de grosses


Fesse, s. f. Femme,
moitié, — fesses.

dans l'argot des faubouriens. Festillante, s. f. Queue


Fessée, s. f. Correction pater-
d'animal, —
par exemple du
chien, qui fait fête à son maître
nelle ou maternelle comme celle en remuant la sienne.
dont Jean- Jacques Rousseau avait Le mot est de l'argot des vo-
conservé un si agréable souvenir. leiu's

Fesse - Mathieu, s. m. Festiner, v. n. Boire et


Avare, usurier, — dans l'argot manger à ventre déboutonné, —
du peuple. dans l'argot du peuple.
Fesser, v. a. et n. Fouetter Festonner, v. n. Etre en
avec des verges ou avec la main état d'ivresse et décrire en mar-
les parties charnues que l'homme chant des zigzags dont s'amusent
a le plus sensibles et sur les- les gamins, et dont rougissent les
quelles il ne manque jamais de hommes au nom de la Raison et
tomber quand il glisse. de la Dignité humaine outragées.
Le verbe est vieux. On trouve
dans les Chansons de Gautier Festoyer, v. n. Dîner copieu-
Garguille :
sement en joyeuse compagnie.
Fête (lu boudin, s. f. Le
(c Fessez, fessez, ce disl la mère,
La peau du cul revient toujours. »
25 décembre, fête de Noël, —
dans l'argot du peuple, qui ce
Signifie aussi, par analogie au jour-là fait réveillon à grands
peu de durée de cette correction renforts do chaixuterie.
FIG PIC 1:5

Feuille de chou, s. f. Jour- Ficelles, s. f. pi. « Les pro-


nal sans autorité,
littéraire — cédés épuisés et les conventions
dans l'argot des gens de lettres. classiques, » — dans l'argot des
On dit aussi Carré de jiapier. gens de lettres.

Feuille de chou, s. f. Ficellier, s. m. Homme rusé,


Guêtre de cuir, — dans l'argot retors, qui vit d'expédients.
des troupiers.
Fichaise, s. f. Chose de peu
Feuilles de chou, s. f. pi. d'importance, —
dans l'argot des
Les oreilles, — dans l'argot aes bourgeois, qui n'osent pas dire
bouchers. Foutaine.
On dit aussi Esgourdes et Ma- Fichant, adj. Ennuyeux, dé-
(/uantes.
sagréable, —
en parlant des
Fiasco, s. m.Insuccès, — choses et des gens.
dans l'argot des coulisses et des
petitsjournaux.
Fiche de consolation, s.
,
f Compensation
. , dédommage-
Faire fiasco. Échouer dans une
ment.
entreprise amoureuse ; avoir sa
pièce sifflée; faire un mauvais Ficher, v. n. Faire, convenir,
article. importer.
Se dit aussi pour Manquer de Une remarque en passant : On
parole. écrit Ficher, mais on prononce
Fiche, à l'infinitif.
Ficeler, v. a. et n. Faire
avec soin, — dans l'argot du Ficher, v. a. Donner,
peuple. Signifie aussi Appliquer, en-
Signifie aussi S'habiller cor- voyer, jeter.
rectement, « se tirer à quatre
épingles ».
Ficher (Se), v. réfl. S'habil-
ler de telle ou telle façon.
Ficelle, Secret de métier,
s. f. Se en débardeur.
ficher Se
procédé particulier pour arriver costumer en débardeur.
à tel ou tel résultat, — dans
Ficher (Se), v. réû. Se mo-
l'argot des artistes et des ou-
quer.
vriers.
Se ficher du monde. N'avoir
Ficelle, adj. et s. Malin, aucune retenue, aucune pudeur.
rusé, habile à se tirer d'affaire, — Je t'en fiche! Se dit comme
dans l'argot du peuple, qui a pour défier quelqu'un de faire
gardé le souvenir de la chanson telle ou telle chose.
de Cadet-Rousselle :
Ficher (Se), v. réfl. Se
« Cadet Rousselle a trois garçons, mettre dans l'esprit.
L'un est voleur, l'autre est fripon,
Le troisième est un peu ficelle... »
Ficher le camp, v. a. S'en
aller, s'enfuir.
Cheval ficelle. Cheval qui « em- Le peuple dit Foutre le
balle » volontiers son monde, — camp.
:

dans l'argot des maquignons.


Ficher son billet (En)
Ficelles, s. f. pi. Ruses, ima- Donner mieux que sa parole,
ginations pour tromper, dans — faire croire qu'on y engagerait
l'argot du peuple. môme sa signature.
176 FIE FIG

Là vcissics un fier abateis;


Le peuple dit En foutre son «
n'a el monde paien ne sarasin,
Il
billet. S'il les veist, cui pitié n'en prisist, »

Fichtre î Exclamatiou de dit un poème du moyen âge.


l'argot des bourgeois, qui rem- Signifie aussi Habile, malin.
place Fo !<<?-?/ et marque l'éton-
nement, quand elle ne marque Fier-à-bras, s. m. Fanfaron,
pas la colère. bravache, qui menace de tout
casser, —
et qui est souvent
Fichu, adj. Perdu, en par- obligé de se la casser.
lant des choses; à l'agonie, en
parlant des gens. Même argot.
Fièrement, adv. Beaucoup,
étonnamment.
Madame de Sévigné a donné
des lettres de noblesse à cette Fiérot, adj . et s. Homme im
expression trop bourgeoise, en ^ peu fier.
parlant quelque part de « l'es- —
Fieu, m. Enfant, dans
prit ficliu de mademoiselle Du
s.
l'argot des nourrices.
Plessis ! »
Fièvre cérébrale, s. f.
Fichu,
chi-mauvais,
adj.

en parlant des
Détestable, ar-
Condamnation à mort, — dans
l'argot des assassins, à qui cela
choses et des gens.
doit donner en eft'et le transport
Fichu livre. Livre mal écrit. au cerveau, et même le delirium
Fichu raisonnement. Raison- tremens.
nement faux.
Fichue connaissance. Triste Fifi, s. m. Vidangeur, — dans
l'argot ironique du peuple, qui
amant ou désagréable maîtresse.
tire aussi bien sur ses propres
Fichu, adj . Capable de. troupes que sur les autres, le
Bourgeois et le Monsieur.
Fichu, adj. Habillé.
Fifi-lolo, s. m. Homme qui
Être mal fichu. Être habillé
fait bète ou l'enfant,
la — dans
sans soin, sans grâce.
l'argot des faubouriens.
On dit aussi Etre fichu comme
un paquet de sottises ou comme Fifine. Réduplication cares-
un paquet de linge sale. sante de Joséphine.
Signifie quelquefois Etre mal
Fifrelin, s. m. Monnaie
fait, mal bâti, et même malade.
imaginaire fabriquée par le peu-
Fienfer, v. n. Cacare, — ple et valant pour lui cent fois
dans l'argot du peuple, toujours moins que rien.
rabelaisien. Fig^aro, s. m. Coiffeur, —
Fier, adj. Gris, un peu raide,
dans l'argot des bourgeois qui
— ont gardé bon souvenir du Bar-
dans l'argot des faubouriens.
bier de Séville, le premier coup
Fier, adj. Étonnant, inouï, de pioche de la Révolution.
— dans l'argot du peuple, qui
Figer (Se), v. réfl. Avoir
prend ce mot plutôt dans le sens
virgilien {Savus Hector; le re-
froid, — dans l'argot du peuple.

doutable Hector) que dans le sens Fig^uartl, s. m. Le podex, —


cicéronien [SujierOus). dans l'argot des voyous.
FIG FIL 1^7

Fig^nolade, s. f. Roulade à à raison do vingt sous par soirée


perte de vue, vocalise infiniment quand on est homme et pauvre, et
prolongée, —
dans l'argot des pour rien quand on est femme et
coulisses. jolie.

Fig^noler, v. a. Achever avec Figurer, v. n. Être exposé


soin, finir avec amour, dans — au poteau d'infamie, — dans l'ar-
l'argot des ouvriers et des ar- got des voleurs, qui paraissent là
tistes. comme des figurants sur un
Certain étjTnologiste veut que théâtre.
ce mot signifie « Exécuter avec
:
Fil, s. m. Adresse, habileté,
fions. » C'est possible, mais j'ai — dans l'argot du peuple, qui
entendu souvent prononcer Fi- assimile l'homme à un couteau et
nioler : or, la première personne l'estime en proportion de son
du verbe finire n'est-elle pas acuité.
finio? Avoir le fil. Savoir comment
Fissuration, s. f. Les figu-
s'y prendre pour conduire une
rants, — dans l'argot des cou-
affaire.
Connaître le Connaître le
fil.
lisses.
truc.
Fig-ure, s. f. Tète de mouton, On aussi d'ime personne
dit
bonne pour le pot-au-feu, dans — médisante ou d'un beau parleur :

l'argot des faubouriens. C'est une langue qui a le fil.


Demi-figure. Moitié de tète de Filasse, s. f. Cheveux trop
mouton achetée chez le tripier.
blonds, — dans l'argot des fau-
Figure (Ma), pron. pers. bouriens.
Moi, — dans le même argot. Saint-Simon a employé cette
expression à propos des cheveux
Fig^ure de campag^ne, s. de la princesse d'Harcourt, et,
f. Celle qu'on ne montre, ou — avant Saint-Simon, le poète Ru-
plutôt qu'on ne découvre, qu'à — tebeuf :
la campagne, au coin d'une haie
bien fournie, ou à l'ombre d'un Au deable soit tel filiice,
Fet li vallés, comme la vosire! s
hêtre touffu, lorsqu'on se croit
bien seul dans la nature. Argot Filasse, s. Matelas, et
f.
du peuple. même lit, — dans l'argot des fau-
(V. Pleine lune et Visage.) bouriens.
Se fourrer dans la filasse. Se
Fig^ure de prospérité, Vi- mettre au lit.
sage qui annonce la santé.
Fil en aiguille (De), adv.
Figure de Tille, s. f. Le De propos en propos, — dans l'ar-
visage qu'on peut montrer décou- got du peuple, qui a eu l'honneur
vert, en plein jour, quoiqu'il y— de prêter cette expression à Ma-
en ait beaucoup qui ne devraient thurin Régnier :

jamais être vus que masqués


d'une feuille de figuier, à cause de « Enfin, comme en caquets ce vieux sexe
[fourmille,
leur trop grande ressemblance De propos en propos et de fil en esquille,
avec le visage de campagne. Se laissant emporter au flus de ses dis-
[cours,
Figurer, v. n. Paraître Je pense qu'il falloil que le mal eusl son
comme comparse sur un théâtre, [cours, »

12
178 FIL FIL

dit le vieux poète en sa Macette. duire avec art, — dans l'argot


des vaudevillistes.
Fil-en-quatre, s. in. Eau- On ditde même Filer une in-
de-vie très forte, dans l'argot — trifjue, une reconnaissance, etc.
du peuple.
On dit aussi Fil-en-trois.. , Filer un mauTais coton.
Être malade et sur le point de
Filer, Suivre un mal-
v. a. mourir, —
dans l'argot du peuple.
faiteur, dans— l'argot des Signifie aussi Faire de mau-
agents de police. Suivre un dé- vaises affaires; mener une vie
biteur, —
dans l'argot des gardes déréglée.
du commerce.
Filer un sinve, v. a. Smvre
Filer, V. a. Voler, — dans quelqu'un, — dans l'argot des
l'argot des voyous. voleurs.
Filer une pelure. Voler un On dit aussi Faire la filature.
paletot.
Filet coupé (Avoir le). Être
Filer, v. n. S'en aller, s'en- extrêmement bavard, dans —
fuir, — dans l'argot des faubou- l'argot du peuple, qui, en enten-
riens. dant certams avocats, souhaite-
Levare venir is rait qu'on ne leur eût pas incisé
Filer, v. n.
mem-
omis, — dans le même argot. le repli triangulaire de la
brane muqueuse de la bouche.
Filer doux. Ne pas protester, On dit de même : // n'a pas le
— même lorsqu'il y a lieu ; filet.
souffrir ce qu'on ne peut empê-
Filet de Tinaigre, s. m.
cher. Argot des bourgeois. —
Voix aigre et fausse, dans
« Comme son lict est faict que ne vous
: l'argot des coulisses.
[couchez-vous,
Monsieur, n'est-il pas temps? El moi, Fileur, s. m., ou Fileuse,
[Je filer dous, » s. Chevalier dont l'industrie
f.
consiste à suivre les fioueurs et
dit Mathurin Régnier en sa sa- les emporteurs, et à prélever un
tire XI'. impôt de trois francs par chaque
louis escroqué à un sinve.
Filer le parfait amour, v.
n. S'abandonner aux douceurs de Fille, s. l. Servante, — dans
l'amour platonique, dans l'ar- — l'argot des bourgeois.
got da peuple, quia des tendres-
ses particulières pour Estelle et Fille, s. f. Femme folle de
Némoria. son corps, — dans l'argot du
peuple.
Filer son câble par le Fille d'amour. Femme qui
bout. S'enfuir, et, par extension. exerce par goiit et qui n'appar-
Mourir, —
dans l'argot des ou- tient pas à la maison où elle
vriers qui ont servi dans l'infan- 6X6rC6
terie de marine. Fille en carte. Femme qui,
avec l'autorisation de la préfec-
Filer son nœud, v. a. S'en
ture de police, exerce chez elle
aller, s'enfuir, — dans le môme
ou dans une maison.
argot.
Fille ù parties. Variété de la
Filer une scène. La con- précédente.
FIL FIN 179

soumise. Fille en carte,


Fille
Fille insoumise. Femme qui
bes grêles, — dans l'argot des
ouvriers.
exerce en fraude, sans s'assujettir
aux règlements et aux obliga- Fils de l'autre. Nom donné
tions de police, une contre- — par les bonapartistes, sous la
Restauration, au duc do Reichs-
bandière galante.
tadt, fils de Napoléon, dont il était
Fille, Femme qui vit ma-
s. f. détendu de parler.
ritalement avec un homme, — Fils de putain! Injure du
dans l'argot des bourgeoises,
vocabulaire populaire que les
implacables pour les fautes mères adressent souvent naïve-
qu'elles n'ont pas le droit de com-
ment à leurs propres lils.
mettre.

Fille de maison, s. Pen-


Finance, s. f. Argent —
f. dans l'argot du peuiilc.
sionnaire du prostibulum.
Financer, v. n. Payer.
Fille «le marbre, s. f. Pe-
tite dame qui a un caillou à la Finasser, v. u. Ruseï", uiai-
place du cœur, —
dans l'argot ser.
des_ gens de lettres, qui em- Finasserie, s. f. Finesse
ploient cette expression eu sou- grossière, procédé de mauvaise
venir de la pièce de Théodore foi
Barrière et de Lambert Thiboust,
jouée au Vaudeville il v a une di- Finasseur, s. m. Homme
zaine d'années. méticuleux, qui épilogue sur des
riens.
Fille de tourucur, s. f. On dit aussi Finassier.
Femme de mauvaise vie, dans —
l'argot du peuple, qui a voulu Finagseuse, s. f. Femme
jouer sur le mot toupie. rusée, qui sait faire jouer les fils
du pantin-homme.
_
Flloehe, Bourse,
s. f. dans — Finaud,
Targot des voleurs, qui devraient adj. et s. Homme
bien changer d'expression, au- trop malin et pas assez loyal.
jourd'hui qu'on a remplacé les
Fine-lame,
— dansHomme
s. f.
bourses en filet, à glands et à
habile à l'escrime, l'argot
anneaux, par des porte-monnaie
des salles d'armes.
en cuir.
Avoir sa filoche à jeun. N'avoir Fine-mouche, s. f. Femme
pas un sou en poché. rusée, experte homme « malin

Filou, s. et adj. Malin, rusé.


— dans ;

l'argot des bourgeois.


»,

— dans l'argot du peuple, qui, Finesses cousues de fil


quoi qu'en dise M. Francisque blanc, s. f. pi. Finessps gros-
Michel, continue à employer ce sières, farces qui sont facilement
mot avec le même sens qu'au devinées, trahisons qui sont faci-
xvu' siècle. lement éventées.

dans
Filsangre, s. f. Filoselle, — Fini, adj. Qui atteint le plus
haut degré en bien ou en mal.
1 argot des voleurs.
Troupier fini. Soldat parfait.
Fils-de-fer, s. m, pi. Jam- Coquin fini. Drôle fieflfé.
180 FIQ FLA

Finir en queue de pois- cher, — dans l'argot des voleurs.


son, V. u. Finir désagréable- Firts, s. m.
Nates, — dans
ment, fàclieusement, tristement,
platement, bêtement, dans — l'argot des faubouriens.

l'argot du peuple, qui cependant Fiston, s. m. Fils, enfant.


ne connaît pas le desinat in pis- Signifie aussi Ami.
ccm d'Horace. Flac, s. m. Sac, —dans l'ar-
Finir en queue de rat, v. got des voleurs, qui ont voulu
n. finir fâcheusement, tristement, rendre la flaccidité de cette enve-
bêtement, —
dans l'argot des ou- loppe.
vriers qui ont servi dans l'infan- Flac d'al. Sacoche cà argent.
terie de marine. Ils disent aussi Flaciil.

Fiole, s. f. Bouteille de vin, Flacons, s. m. pi. Souliers,


— dans l'argot du peuple, qui ne — dans l'argot des faubouriens,
sait pas être si près de la véri- qui en font des réservoirs à es-
table étymologie : (p'.âÀr) (vase à sences.
boire). Flafla, s. m. Étalage pom-
Fioler, v. a. Boire, vider une peux, en paroles ou en actions,
ou plusieurs fioles de vin. — dans l'argot du peuple, très
Fioler le rogome. Boire de onomatopéique. Car je ne pense
l'eau-de-vie pas qu'il faille voir autre chose
qu'une onomatopée dans ce mot,
Fioleur, s. m. Ivrogne. qui est une imitation, soit d'une
m. Dernière main batterie de tambour bien connue,
Fion, s.
-- dans l'ar- soit du froussement de l'éclair.
mise cà un ouvrage,

got des ouvriers et des artistes.


Comme Parisien, ayant emboîté
le pas aux lapins de mon quar-
Coup de fion. Soins de pro-
tier, lorsque j'étais enfant, je
preté, et même de coquetterie.
pencherais volontiers pour la pre-
Fiouner, v. a. et n. Donner mière hypothèse; comme élymolo-
le dernier coup de lime ou de giste, j'inclinerais à croire que la
rabot mettre la dernière main à
; seconde vaut mieux, —
d'autant
une chose ; avoir du lion. plus que les Anglais emploient le
Fionneur, s. m. Ouvrier qui
même mot dans le même sens.
Flash (éclair), disent-ils; flash-
s'habille en monsieur, qui fait le
flash (embarras, manières).
bourgeois.
Faire du fla-fla. Faire des em-
Fioritures, s. f. pi. Choses barras.
ajoutées à un récit pour l'embellir
et souvent pour le dénaturer, — Flageoler,
— dans
V. n. Trembloter,
l'argot du peuple, qui
dans l'argot des gens de lettres,
emploie ce verbe à prono? des
qui ont emprunté cette expres-
jambes des ivrognes et des pol-
sion aux chanteurs et en font le
trons, et fait sans doute allusion
même abus que ces derniers.
aux trémolos ordinaires du flageo-
Fiotte, s. f. Petite fille, — let des aveugles.
dans l'argot caressant du peuple. m. Jam-
Flageolets, s. pi.
Ou dit aussi Fillotte.
bes, — dans le même argot.
Fiquer, v. a. Enfoncer, fi- On dit aussi FliUcs.
FLA FLA 181

Flambant, s. m. Artilleur à Flamsik, s. m. Flamand, —


cheval, — dans l'argot des trou- dans l'argot des voleurs, qui ne
piers. s'éloignent pas trop du vlaemsch
des honnêtes gens.
Flambant, Propre,
adj. et s.
net, beau, superbe, —
daus l'ar- Flan (A la), adj. Au hasard,
got du peuple, qui a eu longtemps à l'aventure. Même argot.
les yeux éblouis par les magni-
ficences des costumes des gentils-
Flan (Du) ! Expression de
l'argot des fauljouriens, qu'ils
hommes et des nobles dames, les- emploient à propos de rien,
quels
comme formule de refus ou pour
« ... Riches en draps de soye, alloient se débarrasser d'un ennuyeux.
Faisant flamber toute la voye. n Ce flan-lh. est de la même fa-
Flambant neuf (Etre tout). mille que les navets, les emblè-
Porter des vêtements neufs. 7nes, et autres zut consacrés par

Toute flambante neuve. Pièce un long usage.


Cette expression a signifié quel-
de monnaie nouvellement frappée.
quefois, au contraire : « C'est du
Flambart, s. m. Canotier de nanan ! » comme le prouve cet
la Seine. extrait d'une chanson publiée par
Par extension Joyeux compa- le National de 1835 :

gnon, loustic.
c J' dout' qu'à grinchir on s'enrichisse ;

Flambe, s. f. Épée_, dans — J'aime mieux gouaper : c'est du flan. »

l'argot des voleurs, qui connais- Flanche, s. f. La roulette et


sent l'archange Michel, ce Préfet le trente-et-im, — dans l'argot
de Police de la capitale du ciel. des voleurs.
Petite flambe. Couteau. Grande flanche. Grand jeu.
Flambé (Être). Etre ruiné ou Flanche, s. m. Affaire, —
atteint de maladie mortelle, — dans le même argot.
dans l'argot des faubouriens. S'emploie ordinairement avec
Se propos d'ime af-
dit aussi à l'adjectif comparatif mauvais.
faire dont on ne peut plus rien « C'est un mauvais flanche »
espérer. pour :C'est une mauvaise affaire.
Flamber^e, s. f. Épée, — Flanche, s. m. Truc, secret,
dans l'argot du peuple, qui a con- ruse, — dans l'argot des faubou-
servé bon souvenir du fameux riens.
bran d'acier de Renaud de Mon- Flancher, v. n. Jouer fran-
tauban.
chement.
Mettre flamberge au vent. Dé-
gainer. Flancher, v. n. Se moquer,
Se Montrer « la figure
dit aussi
— dans l'argot des voyous.
de campagne », et pour Jeter au Flanchet, s. m. Part, lot, —
vent l'aniterge dont on vient de dans l'argot des voleurs.
se servir.
Flandrin, s. m. Imbécile ;
Flamme, s. f. Amour, — grand dadais, —
daus l'argot du
dans l'argot des académiciens. peuple, qui constate ainsi, à son
Peindre sa flamme. Déclarer insu, la haute taillej des Fla-
son amour, mands.
183 FLE FLE

Les Anglais disent dans le prit et de corps, —


dans l'argot
même sens Lanky fcllow. des faubouriens, qui, sans s'en
douter, emploient là un des plus
Flanelli;, ad.j. et s. Flâneur
amom-eux, — dans l'argot des
vieux mots de notre langue.
Qu'est-ce en eflet que la firme, si
filles, qui préfèrent les gens sé-
ce n'est une exagération du flegme,
rieux. sa conséquence même, comme la
C'est de la flanelle! disent- rêverie celle d'un tempérament
elles en voyant entrer un ou plu- lymphatique? Or, dès le xiu*
sieurs de ces platoniciens et en siècle, flegme s'écrivait flemme.
quittant aussitôt le salon. Avoir la fléme. Etre plus en
Faire flanelle. Aller de prosti- train de flâner que de travailler.
Lulum en prostibulum, comme un iour de fléme. Où l'on déserte
amateur d'atelier en atelier, pour l'atelier pour le cabaret.
lorgner les modèles.
Fleur élu mal, s. f Femme .

Flanocîier, v. n. Flâner ti-


à propos de laquelle on peut dire
midement, sans en avoir le droit,
ce que, dans une de ses épi-
à une heure qui devrait être con- grammes, Martial
sacrée ail travail. Argot des — dit d'une
nommée Bassa, chez laquelle on
ouvriers.
ne voyait jamais venir d hommes :

On dit aussi Flanotter.


Flanquer, v. a. Lancer un Hic ubivir non est, ut sit aduUerium.
coup, jeter, —
dans l'argot des
Fleur du mal est une expres-
bourgeois, qui n'osent pas em-
sion toute moderne; elle appar-
plover le verbe énergique des
tient à l'argot des gens de lettres
faubouriens.
depuis l'apparition du volume de
Se flanquer. Se jeter, s'en- poésies de Charles Baudelaire.
voyer.
On disait autrefois Flaqiier Fleur de mari, s. f. Ce que
pour Lancer, jeter avec force im pleurait ?ur la montagne la fille
liquide. de Jephté, —
dans l'argot des vo-
Flaquader, V. n. Cacare, — leurs, qui ont rarement autant de
délicatesse.
dans l'argot des faubouriens.
On dit aussi Aller à flaquada. Fleui- des pois, s. f. Le
Flaquadîn, s. m. Poltron, plus brillant causeur d'une com-
homme mou, irrésolu, sur lequel pagnie, —dans l'argot des gens
on ne peut compter, parce que la de lettres. Le plus vaillant com-
peur produit sur lui un effet pagnon d'un atelier, dans —
physiqiie désagréable. l'argot des ouvriers. La plus belle
fille d'un bal, —
dans l'argot des
Flaqucr, v. n. depo-Ahmrn gandins
nere, — dans l'argot des voyous.
Se dit aussi pour Accoucher, Fleurer, v.
a. et n. Respi-
mettre un enfant au monde. ]-er, sentir, —
dans l'argot du
peuple, qui trouve que flairer
Flaquct, s. m. Gousset de n'emporte pas assez avec soi
montre, poche de gilet, — dans l'idée d'odeurs, do parfums. C'é-
l'argot des voleurs.
tait aussi l'opinion de Matlmrin
Flême, s. f. Lassitude d'es- Régnier, qui a dit :
FLO FLO 183

a Je sentis ù son nez, à ses lèvres dc- Flottant, s. m. Poisson, —


[doses, dans l'argot des voleurs.
Qu'il fleuroit bien plus fort mais non pas
[mieux que rosjs. » Flotte, s. f. Argent paternel
ou avunculaire, — dans l'argot
Fleurettes, s. m. pi. Ga- des étudiants.
lanteries, — dans l'argot des Recevoir sa flotte . Toucher sa
bourgeois. pension.
Conter fleurettes. Faire la
cour à une femme. Flotte, s. f. Grande quantité
Conteur de fleurettes. Liber- de monde, —
dans l'argot du
peuple, fidèle à l'étymologie
tin.
(Jluctus, flot, chose abondante) et
Fleurs blanches, s. f. pi. à la tradition :

Blennorrhée spéciale aux femmes,


— dans le même argot, qui n'est
« As noces vint bien atornéc,
El des autres i ol grant flote,
pas la bonne langue. Et Reuart lor chante une note, »
C'est Flueurs (de fluerc, couler)
qu'on devrait dire, à ce qu'il me dit le Roman du Renard.
semble du moins, contraire- — Etre de la flotte. Etre de la
ment à l'opinion de M. Littré. compagnie.
Flotter, V. n. Se baigner,
Fleurs rouffes, s. f. pi. Les
menstrues féminines, — dans
nager.
l'argot du peuple. Flotteur, s. m. Nageur,
Flibuster, v. a. Filouter, Flou, s. m. Variété de mor-
— dans le même argot. bidesse, de douceur de touche, de

Flibustier,
coloris vaporeux, dans l'argot —
s. m. Escroc. des artistes.
Flig^adier, s. m. Pièce de J'aurais volontiers été tenté de
cinq centimes, — dans l'argot des croire ce mot moderne et qu'il
n'était qu'une onomatopée de
voleurs
l'œil et de l'oreille, si je n'avais
Fliuiarot, s. m. Couteau, — pas lu dans François Villon :

dans l'argot des bouchers. f Item je donne ;i Jean Lelou.


Ho:\ime de bien et bon marchant,
Fliquatlard, s. m. Sergent
de ville, — dans l'argot des fau- T'our co qu'il est
Un beau petit
linget et flou,
chicnnet couchant. »
bouriens.
Flou, c'est /?o, et flo c'est faible.
Flonflons, s. m. pi. Chan- Faire flou. Dessiner ou peindre
sons, — dans l'argot du peuple. sans arrêter suffisamment les
Faiseur de flonflons. Vaude- contours, en laissant flutter au-
villiste. tour des objets une sorte de
brume agréable.
Flopée, s. f. Foule, — dans Se dit aussi à propos de la
l'argot des faubouriens, qui di-
sculpture car Le Puget ne crai-
;
sent cela à propos des choses
gnait pas de faire flou.
comme à propos des gens.
Floucbipe, s. m. Filou, ma-
Flopée, s. Coups de poing
f. caire, — dans l'argot des fau-
et coup de pieds nombreux. bouriens .
184 FLU FOI

On dit 3i\issi Monsieur de F loii- l'argot du peuple, Tulou mé*


chipe. diocre.
Avoir toujours au
Floue, s. f. Foule, dans — Abuser des
la flûte
détersifs.
cul.

l'argot des voleurs, qui peuvent


s'y fluer et y flouer à leur aise. Flûtencul, s. m. Pharma-
Flouer» v. a. et n. Jouer, — cien.

dans le même argot. Flûter, V. a. et n. Boire


Flouer grand flouant. Jouer beaucoup.
gros jeu, risquer sa liberté^ou sa Flûter, V. n. Parler inutile-
vie. ment.
Flouer, v. a. Tricher au jeu; Le peuple n'emploie ordinaire-
voler, —dans l'argot du peuple. ment ce verbe que dans cette
phrase, qui est une formule de
Flouerie, s. f. Tricherie ; es- refus : C est comme si tu flûtais!
croquerie, vol pour ainsi dire
légal. Flûter (Se faire). Se faire

Signifie aussi Duperie, dans le administrer un détersif dans le

sens figuré. gros intestin.

Floueur, s. m. Tricheur; es- Flûtes, s. f. pi. Jambes.


croc voleur. Jouer des flûtes. Courir, se
;

sauver.
Floume, s. f. Femme, — Astiquer ses flûtes. Danser.
dans l'argot des voleurs et des
troupiers. Flûteur, s. m. Ivrogne.
Flume, s. m. Résultat, ex- Fogner, Alvum deponere, —
pectoré ou non, de la pituite, — dans l'argot des ouvriers, qui
dans l'argot du peuple, qui parlent comme écrivait Bonaven-
parle comme écrivait le poète ture Des Périers.
Eustache Deschamps :
Foin, ss m. SiTionj-me d'ar-
« Dieux scet que ma vieillesse endure gent, —
dans l'argot du peuple.
De froit et reume jour et nuict, Avoir du foin au râtelier. Avoir
De fleuQie, de toux et d'ordure. » de la fortune.
Mettre du foin dans ses bottes.
Fleume ou flume, c'est tout un. Amasser de l'argent, faire des
Avoir des ftumes. Etre d'un économies.
tempérament pituiteux. On dit
On dit aussi Avoir du foin dans
de même Avoir la poitrine ses bottes.
grasse.

Flut'! Expression de l'argot


Foire, s. f . Diarrhée, — dans
l'argot du peuple, fidèle à l'éty-
de Breda-Street, où l'on dédaigne
mologie [foria] et à la tradition :

d'employer le zut traditionnel,


comme trop populaire. « Renart fait coaie pute beste :

Quant il li fu desus la leste,


Flûte, s. f. Bouteille de vin, Drece la .|ueùe et aler lessc
— dans l'argot des ouvriers. Tôt contreval une grant lesse
De foire clore a cul ovcri,
Flûte» L'instrument avec
s. f. Tout le vilain en a covert, n
lequel les matassins poursuivent
M. de Pourceaugnac, dans — dit le Roman du Renard.
FON FOR 185

Foire dVmpoigne, s. f. Les bourgeois disent, eux :

Vol. Foncer à l'appointemeut.


Aller à la foire d'empoigne. Foncer, v. n. Courir, s'a-
Voler. battre, se précipiter, dans l'ar- —
On disait autrefois : Passer à got des écoliers.
Vile des Gripes.
Foncer (Se). Commencer à
Foirer, v. n. Avoir peur, — se griser, — dans l'argot des
dans l'argot des faubouriens. ouvriers.
Par extension, Mourir.
On dit aussi Avoir la foire. Fondant, s. m. Beurre, —
dans l'argot des voyous.
Foireux, s. et adj. Poltron,
homme dont le cœur est débilité Fond d'estomac, s. m. Po-
et l'esprit dévoyé. tage épais, — dans l'argot du
Foireux comme un geai. Ex- peuple.
trêmement poltron. Fondement, s. m. Lepodex,
On dit aussi Foirard. — dans l'argot des bourgeois,
Folichon, s.etadi. Honame qui parlent comme écrivait Am-
amusant, chose agréable, dans — broise Paré.
l'argot du peuple, qui dit cela Fondre, v. n. Maigrir.
depuis plus d'un siècle.
Etre folichon. Commencer à se Fondre la cloche. Terminer
griser. une affaire, en arriver à ce qu'elle
a d'essentiel, de difficile.
Signifie aussi Dire des gau-
:

drioles aux dames. Signifie aussi Vendre une chose


et s'en partager l'argent entre
Foliclionnade, s. f. Amu- plusieurs.
sement plus ou moins décent;
farce plus ou moins drôle. Fondrière, s. f. Poche, —
On dit aussi Folichonnerie. dans l'argot des voleurs, qui ne
craignent pas d'y descendre avec
Folichonne, s. f. Femme la main.
qui n'est pas assez bégueule bas-
tringueuse
;
Fonds (Être en). Avoir de
l'argent dans son porte-monnaie.
On dit aussi Folichonnette.
Les fonds sont bas. N'avoir
Folichonner, v. n. Folâtrer presque plus d'argent être dans ;

avec plus ou moins de décence. la gène.


Signifie aussi Courir les bals et
les cabarets.
Fonfe, s. f. Tabatière, —
dans le même argot.
Foncé, adj. Riche, en fonds. On dit aussi Fonfiére.

Foncer, v. n. Donner de Forcir, v. n. Engraisser, de-


l'argent, fournir des fonds. venir fort et grand, dans l'ar- —
got des bourgeois, qui disent cela
« S'il plaist, est beau, il suffit.
s'il
S'il est prodigue de ses biens,
surtout à propos des enfants.
Que pour déduit
Il fonce et
le plaisir et
qu'il n'espargne rien, »
Formes, s. f. pi. Les parties
saillantes du corps de la femme.
trouve-t-on dans G. Coquillard, Dessiner ses formes. Se serrer
poète du xy' siècle. dans son corset et de la taille, de
186 FOR FOU

façon à accuser davantage les re- Fortin, s. m. Poivre, — dans


liefs naturels. l'argot des voleurs.

Fort, adv. Étonnant, inouï, Fortinicre, s, f. Poivrière.


incroyahle, dans l'argot du peuple,
qui dit cela à propos de tout ce
Fort pour... Avoir du (Être).
goût pour une chose avoir ten-
qui lui semble amer ou difficile à ;

avaler.
dance à faire une chose. Argot
des bourgeois.
On dit aussi Fort de café, fort
de moka et fort de chicorée. Fortuné, adj. Riche, à son
C'est plus fort que de jouer au aise, —
dans l'argot du peuple,
bouchon. C'est extrêmement éton- qui est trop persuadé que l'argent
nant. fait le bonheur « barbarisme :

L'expression ne date pas d'hier :


très commun dans la langue et
« Vous m'avouerez que cela est qui provient d'une erreur très
fort, locution de la Cour, » dit commune dans la morale »,
de Caiilières (1690). comme le fait très judicieuse-
Dans un sens ironique Cela :
ment observer Charles Nodier.
n'est pas fort I pour Cela n'est :

pas très spirituel, très gai, très Fortune du pot (A la), adv.
aimable, ou très honnête. Au hasard, au petit bonheur, —
perdrix aux choux ou choux sans
Forte, s. f. Chose inouïe, in- perdrix.
croyahle.
Èa dire de fortes. Raconter des Fosse aux lions, s. f. Loge
histoires invraisemblables, men- d'avant-scène, à l'Opéra, où se
tir. tenaient, il y a une vingtaine
En faire de fortes. Se rendre d'années, les élégants du jour,
coupable d'actions délictueuses. les lions.
On dit aussi La loge infernale
Fort-en-gïieule, adj. et s.
Insolent, bavard; homme qui Fossile, m. Académicien,
s.
ciie plus qu'il uagit. — dans l'argot des Romanti-
On connaît l'apostrophe de ques, qui prenaient Népomu-
madame Pernelle à la soubrette cène Lemercier pour un Mega-
de sa bru : therium et Andrieux iiour un
Ichthxjosaurus.
« ... Vous êtes, ma mie, une fille sui-
[vaalû Fouailler, V. n. Manquer
Un peu trop forte en gueule et fort
[pcrtiiicnlc.
im-
'<
d'énergie, de courage, — dans
l'argot du peuple.

Fort -en-mie, s. m. Homme Fouailler, v. n. Échapper,


très gras, —
dans l'argot des éclater, manquer, — en parlant
faubouriens, qui prennent les os des choses.
pour la croûte du corps. Signifie aussi Faire faillite.
Les voyous anglais ont la
même expression Crummy. :
Fouailleur, s. m. Homme
irrésolu et même lâche.
Fopt-en-tlième, s. m. Jeune
homme qui obtient de brillants Foucatle, s. f. Luljie, envie
succès au collège. Argot des gens su!)ite, fougue d'un dî ornent,
de lettres. coup de tète.
FOU FOU 187

Travailler par foucades. Irré- Foulage, s. m. Besogne


îHilièrement. pressée, — dans l'argot des ou-
On prétend qu'il faut dire fou- vriers.
ciade, et même fougasse. Je le // y a du foulage. Les travaux
crois aussi, mais le peuple dit arrivent en foule.
foucade, —
comme récrivait Fouler la rate (Ne pas se).
Agrippa d'Aubigné. En prendre à son aise, ne pas se
Fouette-cul, s. m. Magister, donner beaucoup de mal.
maître d'école. On dit aussi absolument : Ne
pas se fouler.
Fouetteux de cïiats, s. m.
Homme-femme, sans énergie, Fouletitude, s. f. Grande
sans virilité morale. quantité de gens ou de choses.

Fonille-au-pot, s. m. Hom- Four, s. m. L'amphithéâtre,


me qui s'occupe plus qu'il ne le — dans l'argot des coulisses.
devrait des soins du ménage, qui
fait la cuisine au lieu de la lais-
Four, s. m. « Fausse poche
dans laquelle les enquilleuses ca-
ser faire par sa femme.
chent les produits de lem's vols. »
Signifie aussi Marmiton, cuisi-
nier. Four, s. m. Insuccès, chute
Fonille-merde, s. m. L'es-
complète, — dans l'argot des
carbot.
coulisses et des petits journaux.
Se des gens qui « tra-
dit aussi M. Littré dit à ce propos :

vaillent sur le tard », et surtout « Rochefort, dans ses Souvenirs


la nuit, comme les goldfinders. d'un Vaudevilliste, à l'article
Théaulon, attribue l'origine de
Fouiller (Se). Chercher inu- cette expression à ce que cet au-
tilement, —
dans l'argot des fau- teur comique avait voulu faire
bouriens, qui n'emploient ce éclore des poulets dans des fours,
verbe que dans cette phrase :
à la manière des anciens Egyp-
Tu peux te fouiller. C'est-à- tiens, et qiie son père, s'étant
dire Tout ce que
: tu diras et fe- chargé de surveiller l'opération,
ras sera inutile. n'avait réussi qu'à avoir les
Fouillouse, s. f. Poche, — œufs durs. Cette origine n'est
dans l'argot des voleurs. pas exacte, puisque l'expression,
dans le sens ancien, est anté-
Le mot est contemporain de
rieure à Théaulon, 11 est pos-
François Villon.
sible qu'elle ait été remise à la
Fouincp, V. n. S'occuper de mode depuis quelques années et
ce qui ne vous regarde pas, — avec un sens nouveau, qui peut
dans l'argot du peuple. avoir été déterminé par le four
Signifie aussi S'enfuir. de Théaulon; mais c'est ailleurs
qu'il faut en chercher l'explica-
Fouineur ou Fouinard, s. tion les comédiens refusant de
:

m. Homme qui se mêle des af- Jouer et renvoyant les spectateurs


faires des autres, et rapporte (quand la recette ne couvrait pas
chez lui ce qui se passe chez ses les frais], c'est là le sens primi-
voisins. tif, faisaient four, c'est-à-dire
Signifie aussi Malin, et même rendaient la salle aussi noire
Lâche qu'un four. »
188 FOU FOU

Four banal, s. m. Omnibus, la réalisation ferait grand plaisir


— dans l'argot des voleurs. à une foule de spirituels fai-
néants.
Fourbi, s. m. Piège; ma-
lice, —
dans l'argot du peuple, Fouriériste. Partisan de
qui ne sait pourtant pas que le Fourier — et du travail at-
fourby (le Trompé) était un des trayant.
214 jeux de Gargantua. .

Connaître le fourbi. Etre ma- Fourligner, v. a. Voler, dé-


tourner « tirer hors de la ligne
lin.
droite ».
Connaître son fourbi. Etre
aguerri contre les malices des Fourline ou Fourlineur,
hommes et des choses. s. m. Meurtrier, —
dans l'argot
Fourchette, des prisons.
s. f. Baïonnette,
— dans l'argot des soldats. Signifie aussi Voleur.
Travailler à la fourchette. Se
Fourline, s. f. Association
battre à l'arme blanche.
de meurtriers, ou seulement de
Fourchette, s. f. Mangeur, voleurs.
— dans l'argot du peuple. Fourlourtl, s. m. Malade,
Belle fourchette ou Joli coup
de fourchette. Beau mangeur,
— dans l'argot des prisons.

homme de grand appétit. Fourloureur, s. m. Assas-


Fourchette d*Adam, sin.
s. f.
Les doigts. Fourmilion, s. m. Marché,
Fourchu, s. m. Bœuf, — qni fourmille
argot.
de monde. Même
dans l'argot des voleurs.
Fourmilion à gayets. Marché
Fourgat, s. m. Receleur, — aux chevaux.
dans même argot.
le
Fournée, s. f. Promotions
Fourgonner, v. a. et n.Re- périodiques à des grades ou à
muer le feu avec la pelle ou la des distinctions honorifiques. Ar-
pincette, comme les ouvriers des got des troupiers.
forges avec le fourgon. Argot — Le mot a deux cents ans de
des bourgeois.
noblesse Saint-Simon parle quel-
:

On n'emploie guère ce verbe 3ue part de « l'étrange fournée »


que dans un sens péjoratif.
e ducs et de pairs de 1663.
Signifie aussi Remuer les ti-
roirs d'une commode ou d'ime Fournier, s. m. Garçon
armoire pour y chercher quelque chargé de verser le café aux
chose. consommateurs. Argot des limo-
nadiers .
Fourguer, v. a. Vendre à un
receleur des objets volés. Fournil, s. m. Lit, — dans
l'argot des faubouriens, par allu-
Fouriérisme, s. m. Utopie sion à la chaleur qu'on y trouve
politique, philosophique et so-
ordinairement.
ciale imaginée par Fourier, la-
quelle classe les hommes d'après Fournion, s. m. Insecte, de
leurs attractions passionnelles, — fournil ou d'ailleurs, — dans l'ar-
un rêve assurément, mais dont got des voyous.
FOU FOU 189

Fourniture, s. f. Les fines Foutîmasser, v. n. Ne rien


herbes d'une salade, cerfeuil, es- faire qui vaille.
tragon, pimprenelle, civette, ci-
boulette et cresson alénois. Argot
Foutimasseur, s. m. Hom-
des ménagères.
me qui fait semblant de travailler.
— Foutre (Se). Se moquer, —
Fourobe, s. f. Fouille,
dans l'argot du peuple, qui ne
dans l'argot des bagnes. mâche pas ses mots, et, d'ailleurs,
Fourober, V. a. Fouiller les
n'attache pas à celui-ci d'autre
effets des forçats. sens que les bourgeois au verbe
se ficher. D'ailleurs aussi, n'est-
Fourrager, v. a. et n. il pas autorisé à dire ce que le
Chiffonner de la main la robe bibliophile Jacob n'a pas craint
d'une femme, —
sa doublure d'écrire dans Vertu et tempéra-
surtout. Argot des bourgeoises. ment, — im roman fort curieux
et fort intéressant sur les mœurs
Fourrageur, adj. et s. Hom- de la Restauration, où on lit :
me qui aime à chiffonner les « Quand im lâche nous trahirait,
robes des femmes. nous nous en foutons ! »

Fourrer dans le g^ilet Foutre du peuple (Se). Se


(S'en). Boire à tire-larigot. Argot moquer du public, braver l'opi-
du peuple. nion du monde.

Fourrer le doîg^t dans Foutre la paix. Laisser


l'œil (Se). S'illusionner, se faire tranquille.
une fausse idée des choses, des
hommes et des femmes. Argot
Foutre le camp. Déguer-
pir, s'enfuir au plus vite.
des faubouriens.
Superlativement, ils disent
Signifie aussi Disparaître, —
en parlant des choses. « Le tor-
aussi Se fourrer le doigt dans chon blanc a foutu le camp! »
i'œil jusqu'au coude. Les fau-
s'écrie le concierge de la com-
bouriens qui tiennent à se rap- tesse Dorand dans le roman cité
procher de la bonne compagnie plus haut.
par le langage disent, eux Se :

mettre le doigt dans l'œil. Foutre son billet (En>.


Donner sa parole qu'une chose
Fourrer son nez, v. a. Se sera faite, qu'on y tient
parce
mêler de ce qui ne vous regarde beaucoup. Quand un ouvrier a
pas, —dans l'argot des bour- dit à quelqu'un Je t'en fous 7)ion
:

geois. billet l c'est comme s'il avait juré


On dit aussi Fourrer son nez par le Styx,
partout.
Foutre un coup de pied à
Fourrer tout dans son quelqu'un. Lui faire un em-
ventre. Manger sa fortune. prunt, —le taper d'une somme
quelconque.
Foutaise, s. f. Chose de peu On dit aussi Z,i<j foutre
un coup
d'importance, morceau de peu de
— de pied dans les jambes, mais —
valeur, dans l'argot du peuple. seulement lorsqu'il s'agit d'un
Dire des foutaises. Dire des emprunt plus important. Une
niaiseries. nuance !
190 FRA FRE

Foutrîquet, s. m. Homme On dit aussi fralin.


de petite taille. Frangin-Dab. Oncle.
A signifié, il y a soixaute-dix
Frang^ine, s. m. Sœur.
ans, Fat, imbécile, intrigant. Frangine-Dabuche. Tante.
On dit aussi Foutriot.
Franquette (A la). Fran-
Foutu, adj. Mauvais, détes-
chement, tout uniment, loyale-
table, exécrable. ment, dans l'argot du peuple.
Foutue besogne. Triste besogne. On dit aussi A la bonne fran-
Foutue canaille. Canaille par- quette.
faite.
Frasque, s. f. Folie aimable,
Foutu, adj. Mal haliillé.
coup de tète, — dans l'argot des
Foutu comme quatre sous. Ha- bourgeois.
billé sans goût et même grotes- Faire des frasques. P'aire des
quement. folies, des escapades.

Foutu (Être). Être ruiné, ou Frayer, v. n. Convenir, s'ac-


sur le point de mourir. corder, vivre ensemble. Argot du

Fouyou, s. m. Gamin, — dans peuple.

l'argot des coulisses, où l'on a Fredaine, s. f. Intrigue


gardé le souvenir de la pièce des amoureuse, — dans l'argot des
Variétés [le Maître d'Ecole) où bourgeois.
jouait un enfant de ce nom. Faire ses fredaines. Aimer « le
cotillon ».
Fracturer (Se la). S'en aller
de quelque part, s'enfuir, dans — Frelocîie, s. f. Filet à
l'argot des faubouriens. prendre les papillons, — dans
Frais (Etre). Etre dans une l'argot des écoliers.
situation fâcheuse, à ne pas sa- Freluquet, m. Jeune
s.
voir comment s'en tirer. Argot homme, gandin, —
dans l'argot
du peuple. du peuple, probablement par al-
Franc, S. m. Complice, — lusion au parler frelu d'autre-
fois.
dans l'argot des voleurs.
Franc bourgeois. Escroc du Fréquenter (Se). Avoir
grand monde. avec s«i-mème dos relations habi-
Franc de maison. Receleur
— tuelles, — condamnées par le
d'objets volés et même de vo- livre de Tissot.
leurs.

Franc du collier, adj.


Frère, s. m. Initié, — dans
l'argot des francs-maçons.
Homme ouvert, loyal, comme on
Faux frère. Franc-maçon qui
n'en fait plus assez. Argot du franc-maçonnerie
joue de la
peuple.
comme d'un instrument.

Francillon, Français,
s. m. Frère, s. m. Philosoçhe, —
dans l'argot des voleurs.
dans l'argot des encyclopédistes.
Les Belges nous appellent
On sait que Diderot 'était, en re-
Fransquillons.
ligion philosophique, frère Pla-
Frang^in, s. m. Frère, dans ton, Frédéric II, roi de Prusse»
l'argot des voleurs. frère Luc, etc.
FRI FRI 191

Frère, s. m. Citoyen, dans — perdu, déshonoré, à l'agonie. Ar-


l'argot des JacoLins de la pre- got des faubouriens.
mière révolution. Ils disent aussi Etre cuit.

Frère et ami, s. m. Cama- Fricassé (On t'en) Ce n'est !

rade, —
dans l'argot des démo- pas pourtoi Terme de refus iro-
!

crates de 1848. nique.

Frère de lit, s. m. Homme Fricassée, s. f. Coups don-


à qui l'on succédé dans le
a nés ou reçus.
cœur d'une femme, épouse ou Fricasser, v. a. Dépenser.
maîtresse. Argot du peuple.
Fricasser ses meubles. Les
Sœur de lit. Femme qui a suc-
vendre.
cédé à une autre femme dans le
cœur d'un homme amant ou ,
Fricasseur, s. m. Dépen-
mari. sier, ivrogne, libertin.
Frérot, s. m. Frère, — dans
Fric-frac, s. m. Effraction
l'argot du peuple, qui parle
de meuble ou de porte, dans —
comme écrivait Bonaventure Des
l'argot des voleurs.
Périers.
Faire fric-frac. Voler avec ef-
Frérot de la caque, s. m. fraction.
Filou, — dans l'argot des pri-
Frichti, s. m. Ragoût aux
sons. pommes de terre, — dans l'argot

Fressure, s. f. Le cœur et ses des ouvriers, qui prononcent à


dépendances, siège des désirs, — leur manière le frûstiick alle-

dans l'argot du peuple, qui parle mand.


comme écrivait La Fontaine :
Fricot, s. m. Ragoût; mets
11 Telle censure quelconque, —
dans l'argot du
Ne fut si sûre peuple, qui dit cela depuis plus
Qu'elle espéroit ;
d'un siècle. Le mot se trouve
De ma fressure daus Restif de La Bretonne.
Dame Luxure
Jà s'emparoit, » Fricoter, v. a. et n. Dépen-
ser de l'argent, le boire ou le
Frétillante, s. f. Plume, — manger; faire la noce; se réga-
dans l'argot des voleurs. ler.

Frétillon, s. f. Grisette, Fricoter, v, n. Se mêler d'af-


honne fille, amoureuse garantie faires véreuses; pécher en eau
bon teint par feu Béranger. Ar- trouble.
got des bourgeois.
Fricoteur, s. m. Homme
Fretin, Poivre,
s. m. — dans qui aime les bons repas.
l'argot des voleurs. Signifie aussi Agent d'affaires
On dit aussi Fortin. véreuses.
Friauche, Le bataillon des fricoteurs.
s. m. Condamné à
« S'est dit, pendant la retraite
mort qui s'est pourvu en cassa-
tion. Même argot.
de Moscou, dune agrégation de
soldats de toutes armes qui, s'é-
Fricassé (Être). Être ruiné. cartant de l'armée, se cantonnaient
192 FRI FRI

pour vivre de pillage et frico- C'est pour ma frimousse. C'est


au lieu de se battre. » (Lit-
taient pour moi.
tré.) L'expression a des chevexLx
blancs :
Frigpousse, s. m.
Cuisine, ou
plutôt chose cuisinée, dans — "... De tartes et de talraouses,
l'argot des faubouriens. On se barbouille les frimeuses. »
Signiiie spécialement Ragoût de
a écrit l'auteur de la Henriade
pommes de terre. travestie.
Frig^ousser, V. a. et n. Cui-
Frimousser, v. n. Tricher
siner; préparer un ragoût quel-
au jeu en se donnant les figures
conque.
à chaque coup, dans l'argot—
Frileux, adj. et s. Poltron, des voleurs.
homme qui a froid aux yeux et
Frimousseur, m.
au cœur, — dans
s. Tri-
l'argot du peu-
cheur.
ple.
S'emploie surtout avec la néga- Fripe, s. f. Action de manger
tive. ou de cuisiner, — dans l'argot
du peuple.
Frimas* s. m. pi. Le froid,
Signifie aussi Dépense, écot de
la neige, l'hiver, — dans l'argot
chacun.
des académiciens.
Friper, v. a. et n. Manger.
Frime, s. f. Mensonge, hy-
pocrisie ; fausse alerte, dans — L'expression se trouve dans
Saint- Amant, un goinfre fameux :
l'argot des faubouriens.
C'est pour la frime. C'est pour Les dieux du liquide élément,
rire. Conviés chez un de leur troupe,
Le mot a quelques siècles de Sur le point de friper la soupe,

bouteille :
Seront saisis d'étonncment. >

« Renart qui scet de toutes frumes S'emploie aussi, au figuré, dans


Luy esracha quatre des plumes ! » le sens de Dissiper.

dit le Roman du Renard. Fripe-sauce, s. m. Cuisi-


nier, marmiton.
Frime, s. f. Apocope de Fri- Signifie aussi Goinfre.
mousse, — dans l'argot des vo-
yous et des voleurs. Fripouille, s. f. Homme
Tomber en frime. Se rencon- malhonnête et même canaille.
trer 7iez à nez avec quelqu'un. On dit aussi Frapouille.

«Sans paffs', sans lime et plein de crotte, Friquet, s. m. Mouchard, —


Aussi rupin qu'un plongeur, dans l'argot des voleurs.
Un jour un gouapeur en ribole
Tombe en frime avec un voleur. • Frire, v. a.et n. Faire ;
Manger, — dans l'argot du peu-
{National de 1835.) ple, dont la cuisine se fait en
plein vent, sur le fourneau porta-
Frimer, v. a. Envisager et tif des friturières.
dévisager.
N'avoir rien à frire. N'avoir
Frimousse, s. f. Visage, — pasim sou pour manger ou boire.
dans l'argot des faubouriens. L'expression est vieille, car elle
FRl FRO 193

se trouve en latin et en français Friturîer, ère, s. Marchand,


dans Mathuriu Cordier « Il'n'a : Marchande de pommes de terre
que frire il n'a de quoy se frap-
:
frites ou de gras-double à la
per aux dez. Xullam habet rem poêle.
familiarem. Est pauperio Codro, »
(qui est le « pauvre comme Job» FrîToliste, s. m. Littérateur
de Juvénal). léger, écrivain de journal de
modes, — dans l'argot des gens
Frire des œufs à quel- de lettres.
qu'un. Lui préparer uae mau- Ce mot a été créé par Mercier.
vaise affaire s'apprêter
; à lui
jouer un méchant tour. Froidaux yeux, s. m.
entendu souvent
Manque de courage, — dans l'ar-
J'ai Prends :

garde, Jean, on te frit des œufs.


got du peuple.
Avoir froid aux yeux. Avoir
Frisé, s. m. Juif, — dans l'ar- peur.
got des voleurs. N'avoir pas froid aux yeux.
Etre résolu à tout.
Friser conime un paquet
de chandelles. Xe pas friser Froidureux, adj. Sujet à
du tout, —
en parlant des che- avoir froid.
veux. Argot du peuple.
Frollau, s. m. Traîlre, médi-
Frises, s. f. pi. Bandes de sant, — dans l'argot des voleurs.
toiles pendantes qui figurent le On dit aussi Froller sur la
haut des décors en scène. Argot balle.
des machi.'istes.
Fromages (Faire des). Se
Frisons, s. m. pi. Boucles de dit — dans l'argot des petites
cheveux frisés à la chien, que les filles — d'un jeu particulier qui
femmes à la au- mode portent consiste à imprimer un mouve-
jourd'hui sur les tempes. Ces ment de rotation à leur robe et à
cheveux-là au moins leur appar- se baisser rapidement de façon à
tiennent, tandis que les frisons former par terre « une 'belle
en soie qu'elles portent en chi- cloche ».
gnon ne leur ont jamais appar- Frome, s. m. Apocope de
tenu.
Fromage, — dans l'argot des
Frisquet, s. m. Froid vif. voyous.
// fait frisquet. Il fait froid.
Froutiu, s. m. Valet habile,
Frisquette, adject. subs. fripon, '
spirituel, — dans l'argot
Fille jeune, fraîche et avenante. des gens de lettres.
_
Le vieux français avait l'adjec- Froteska, s. f. Correction,
tif /"//i^'i^e.
frottée, —
dans l'argot du peu-
Frit, adj. Perdu, compromis, ple, qui a saisi cette occasion de
arrêté, atteint d'une maladie donner un nom de plus à la danse
mortelle. qu'il a inventée pour son plaisir
et pour sa défense.
Frites, pi. Pommes de
terre frites.
s. f.
Frotin, s. m. Billard, — dans
l'argot des faubouriens.
Friturer, v. a. Manger; Coup de frotin. Partie de bil-
cuisiner. lard.

1.3
194 FRU FUI

Frotte (La). La gale, qu'on — font ainsiune allusion philoso-


guérit en frottant énergiquemeut phique au fameux pommier du
le corps. Paradis de nos pères.
Frottée, s.f. Coups donnes Fruit sec, s. m. Jeune
ou reçus, — dans l'argot du peu- homme qui sort bredouille du
ple. collège ou d'une école spéciale.
Se dit aussi, par extension,
Frotter, v. a. Battre, donner d'un mauvais écrivain ou d'un
des coups. artiste médiocre.
On dit aussi Frottei^ les reins « Cette appellation, — dit Le-
et Frotter le dos.
goarant, —
vient de l'Ecole poly-
Froufrou, s. m. Bruissement technique, où un jeune homme
d'une robe de soie, dans l'ar- — de Tours qui travaillait peu fut
got des amoureux, à qui cette interpellé par ses camarades pour
onomatopée fait toujours bondir savoir quelles étaient ses inten-
le cœur. tions s il n'était pas classé. Il
Au xvn° siècle , c'était une répondit : Je ferai comme mon
autre onomatopée, frifilis, mais père le commerce des fruits secs.
qui ne valait pas celle-ci, n'en — Et en effet ce fut son lot. »
déplaise à saint François de Les fruits secs de la vie. Les
Sales. gens qui, malgré leurs efforts
Froufrou, s. m. Embarras, ambitieux, n'arrivent à rien, —
manières; effet de crinoline, — qu'au cimetière.
dans l'argot du peuple. Frusque, s. f. Habit ou re-
Faire du froufrou. Faire de dingote, — dans l'argot des mar-
« l'épate ». chandes du Temple.
Froufrou, s. m. Onomatopée Frusques, pi. Vêtements
s. f.
par laquelle les voleurs désignent en général, — dans l'argot des
un Passe-partout, faubouriens.
Frusques houlinées. Habits en
Frousse, s. m. Peur, frisson-
nement, — dans l'argot du peuple. mauvais état.

Fructidoriser, y. a. Agir
Frusquin (Saint), s. m. "Vê-
tements économies serrées dans
comme Directoire le 18 fructi-
le
;

une armoire, à même le linge et


dor (4 septembre 1797), c'est-à-
les habits.
dire transporter des députés, sup-
L'expression n'est pas d'hier :
primer la liberté de la presse, etc.,
enfin faire une Terreur pour son « J'étois parfois trop bctc
compte personnel, comme Barras, D'aiinor ce libertin,
Laréveiilère-Lépeaux et Rewbell Qui venait Icte-à-tèle
pour le leur. Manger mon saint frusquin, »

Frujçes, s. Bénéfices
f. pi. dit Vadé.
plus ou moins licites sur la
— Frusquiner (Se), V. réfl.
vente, dans l'argot des com-
S'habiller.
mis de nouveautés.
Frusquineur, s. m. Tail-
Fruit, s. m. Enfant nouveau-
né, — dans l'argot des faubou-
leur.

riens, qui, tout en gouaillaut, Fuir, V, n. Mourir, s'en aller,


FUM FUT 195

— comme le vin d'un tonneau terré dans sa propriété. Argot


défoncé. des bourgeois.
Voltaire a employé cette ex-
Fumé, adj. Pris, perdu, ruiné,
pression.
mort.
Fumer ses terres. Épouser,
Fumelle, Femme.
s. f.
noble et pauvre, une de vi-fille
Les faubouriens parlent comme lain, riche, — laquelle,
selon
écrivait Jean Marot :
l'expression de Montesquieu, « est
comme une espèce de fumier qui
< Le masle n'a la fumelle en mépris, »
engraisse une terre montagneuse
et aride ».
dit père du valet de chambre
le
de François le'. Funérailiiste, s. m. Parti-
Fumer^ v. n. Enrager, s'im-
san d'Auguste Vacquerie, dans —
l'argot des gens de lettres, qui
patienter, s'ennuyer.
consacrent ainsi le souvenir des
On dit aussi Fumer sans pipe tempêtes excitées il y a trois ans
et sans tabac. par les Funérailles de l'honneur.
Fumerie, s. f. Science du On dit aussi Vacqueriste, —
fumeur ; action de fumer. comme on a dit Hugolàlre en 1830,
Gluckiste et Piccinide un demi-
Fumeron, s. m. Fumeur siècle auparavant.
acharné, — dans l'argot des bour-
geoises, que la fumée de la pipe Fuseaiis, s. m. pi. Jambes
incommode et qui ne pardonnent
grêles, —dans l'argot du peuple,
qui parle coname a écrit Voltaire.
qu'à celle du cigare.
Se dit aussi pour Gamin qui Fusée, s. f. Jet de vin qui
s'essaye à fumer. sort de la bouche d'un homme
qui en a trop bu.
Fumerons adj. et s. Hypo-
crite, cafard, — dans l'argot des
Lâcher une fusée. Vomir.
ouvriers. Fuser, s. m. Levare ventris

Fumerons, s, m. pi. Jambes,


onus, — dans l'argot des trou-
— dans l'argot des faubouriens,
piers.

qui disent cela surtout quand Fusil, s. m. F.stûmac, —


elles sont maigres. dans l'argot des faubouriens.
Se coller quelque chose dans le
Fumer sa pipe. Se dit, — fusil. Manger ou Boire.
dans l'argot des infirmiers, — Ecarter du fusil. Cracher une
« d'un symptôme qui se présente pluie de salive en parlant à quel-
quelquefois dans les apoplexies :
qu'un.
le malade, dont im côté de la
Fusiller, v. n. Donner un
face est paralysé, a ce côté gonflé
passivement à chaque expiration
mauvais dîner, —
dans l'argot
;
des troupiers.
mouvement qui a quelque res-
semblance avec celui d'un fu-
Futé, adj. et s. Malin, 'rusé,
habile, — dans l'argot du peuple,
qui emploie souvent ce mot en
Fumer ses terres. Être en- bonne part.

-i:^<»?CF^Cf?t:i^
4i;abatiue s. f. Plaisanterie, pauvreté de son style. Argot des
— dans l'argot du peuple, héri- gens de lettres.
tier des anciens gaheurs, dont il
a lu les prouesses dans les ro-
Gâcheuse, s. f. Femme ou
mans de chevalerie de la Biblio- fille du moude, de la galanterie,

thèque Bleue.
qui ne connaît le prix de rien —
excepté celui de ses charmes.
Donner de la gahatine. Se
moquer de quelqu'un, le faire Ciâchis, s, m. Embarras poli-
aller. tique ou financier.
Il y aura du gâchis. On fera
Crabeg^ie, suhst. f. Fraude,
tromperie. des barricades, on se battra.
Est-ce un souvenir de la ga- Ciadin, s. m. Bouchon, —
belle, ou une conséquence du dans l'argot des voyous.
verbe se gaher? Flancher au gadin. Jouer au
Crabelou, s. m. Employé de bouchon.
l'octroi, le Ga6e/i/i?)' de nos pères. Ciadin, s. m. Vieux chapeau
Ciâcher, v. n. Se dit à propos qui tombe en loques. Argot des
du mauvais temps, de la boue et faubouriens.
de la neige qui rendent les rues Ciadouan, s. m. Garde na-
impraticables. tional de la banlieue —, dans
Cependant, au lieu de II gâche, l'argot des voyous.
on dit plus fréquemment : Il fait
gâcheux. Oadoue, s. f Immondices des
.

rues de Paris, qui servent à faire


Cîâcher «lu g^ros, v. a. Le- pousser les fraises et les violettes
vure ventris onus. des jardiniers de la banlieue.
D'où l'on a fait Gadouard,
Gâcheur, adj. et s. Écrivain pour Conducteur des voitures de
médiocre, qui gâche les plus
boue.
beaux sujets d'articles ou de
livres par son inhabileté ou la Ciadoue, s. f . Fille ou femme
193 GAI GAL

de mauvaise vie, —
dans l'argot Quelques Bescherelle de Poissy
des faubouriens, sans pitié pour veulent qu'on écrive garje et
les ordures morales. d'autres gayet.

CJaflFe, s. f. Les représentants Ciaillarde, s. f. Fille ou


de l'autorité en général, dans — femme à qui les gros mots ne
l'argot des voleurs, qui redoutent font pas peur et qui se plaît
prohahlement leur gaflach (épée, mieux dans la compagnie des
dard). hommes que dans la société des
Etre en gaffe. Monter une fac- femmes. Argot des bourgeois.
tion ; faire sentinelle ou faire le
Ciala, s. m. Repas copieux,
guet.
fête bourgeoise.
CiafFe, s. m. Représentant de
l'autorité en particulier.
Cialanterie* s. f. Le mal
Gnffe à gail. Garde municipal
de Naples, depuis— si longtemps
acclimaté à Paris.
à cheval; gendarme.
Gaffe de sorgue. Gardien de Cialapiat, s. m. Fainéant,
marché; patrouille grise. voyou, —
dans l'argot du peuple.
On dit aussi Gaffeur. On dit aussi Galapiau, Gala-
:

pian, Galopiau, qui sont autant


Ciaffe, s. m. Gardien de ci-
metière, — dans l'argot des mar- de formes du mot Galopin.
briers. Oalbe, s. m. Physionomie,
Êiaffe, s. f. Bouche, langue,
bon air, élégance, — dans l'argot
— dans l'argot des ouvriers.
des petites dames.
Etre truffé de galbe. Etre à la
Coup de gaffe. Criaillerie.
dernière mode, ridicule ou non,
CiafTcr, v. a. et n. Surveiller. — dans l'argot des gandins.
Ils disent aussi Etre pourri de
Gag^a, s. m. Gâteau, — dans
chic,
l'argot des enfants, qui, de même
que M. Jourdain de la
faisait Galbeux, adj. Qui a du chic,
prose sans le savoir, emploient à une désinvolture souverainement
leur insu l'allitération, l'aphé- impertinente, —
ou souveraine-
rèse et l'apocope. ment ridicule.
€iiag^ner des mille et des Gale, s. f. Homme difficile .i

cents, V. a. Gagner beaucoup vivre, ou agaçant comme un


d'argent, — dans l'argot des acarus, — dans l'argot du peuple.
bourgeois. On dit aussi Teigne.

Cîag-uîe, s. f. Bonne com- Cialerie, s. f. La foule d'une


mère d'autant d'emboniioint que place publique ou les habitués
de gaieté. Argot du peuple. d'un café, d'un cabaret.
Parler pour la galerie. Faire
Gai (Être). Avoir un commen- —
cement d'ivresse, — dans l'argot des effets oratoires; parler,
non pour convaincre, mais pour
des bourgeois.
On dit aussi Être en gaieté.
être applaudi, et encore,— ap-
plaudi, non de ceux à qui l'on
CJail, s. m. Cheval,— dans parle, mais de ceux à qui on ne
l'argot des souteneurs de filles et devrait pas parler. Que de gens,
des maquienons. de lettres ou d'autre chose, ont
GAL GAL 199

été et sont tous les jours victimes mouillée, homme qui a le trac.
de leur préoccupation de la ga- Galoche, S. f. Jeu du bou-
lerie ?
chon, dans l'argot des ga*
Galette , Imbécile
s. f. mins.
homme sans capacité, sans épais- Galons d'imbécile, s. m.
seur morale. Argot du peuple.
pi. Grade subalterne obtenu à
Galette, s, f. Matelas d'hôtel l'ancienneté, —
dans l'argot des
garni. troupiers

Galette, adj. Complet, géné- Galop, s. m. Réprimande, —


ral, entier, dans l'argot des Saint- dans l'argot des ouvriers.
Cyriens. On dit aussi Galopade,
Sortie-cjalftte. Sortie générale. Galopé, adj Fait à la hâte,
.

Promenade - galette . Grande sans soin, sans goût.


promenade.
Galoper, V. n. Se dépêcher.
Galfatrc, s. m. Goinfre, — Signifie aussi Aller çà et là.
dans l'argot du peuple. Activement, ce verb'e s'entend
Signifie aussi Abruti, idiot. dans le sens de Poursuivre, cou-
Galifard, s. m. Cordonnier, rir après quelqu'un.
— dans l'argot des revendeuses Galoper une femme. Lui
du Temple. faire une cour pressante.
Galifarde, s. f. Fille de Galopin, s. m. Apprenti, —
boutique. dans l'argot des ouvriers. Mau-
Galiniafpée, s. Ragoût, vais sujet, — dans l'argot des
ou plutôt Arlequin, dans
f.
— bourgeois. Impertinent, dans —
l'argot du peuple. l'argot des petites dames.
S'emploie aussi au figuré. Galoubet, s. m. Voix, —
Galiote, s. f. « Complot dans l'argot des coulisses.
Avoir du galoubet. Avoir une
entre deux joueurs qui s'enten-
belle voix.
dent pour faire perdre ceux qui
parient contre un de leurs com-
Donner du galoubet. Chanter.
pères. » Galuche, s. m. Galon, —
On dit aussi Gaije, dans l'argot des voleurs.
Galipot, s. m. Stercus hu- Galncher, v. a. Galonner.
main, — dans
l'argot des ou-
Galuchet, s. m. Valet, —
vriers qui ont servi dans l'infan- dans l'argot des voyous.
terie de marine.
A proprement parler, le Ga- Galurin, s. m. Chapeau.
lipot est un mastic composé de Ce mot ne viendrait-il pas, par
résine et de matières grasses.
hasard, du latin galea, casque,
ou plutôt de galerum, chapeau?
Galipoter, v. n. Cacare.
Galvaudag^e, s. m. Désor-
Galli-bâton, s. m. Va- dre, gaspillage de fortune et
carme ; rixe, — dans l'argot des d'existence. Argot des bourgeois.
faubouriens.
Galvauder, v. a. Gâcher,
Galli-trac, s. m. Poule- gâter, dissiper.
200 GAM GAN

C;alTauder (Se). Vivre dans nêtement sur un lit de misères


le désordre ; ou seulement Hanter et de souffrances de toutes sortes.
les endroits populaciers. Ce mot, né à Paris et spécial
aux Parisiens des faubourgs, a
CialTaudeux, s. m. Fainéant, commencé à s'introduire dans
bambocheur. Argot du peuple. notre langue sous la Restaura-
Crambillard « adj. et s. tion, et peut-être même un peu
Homme alerte, qu'on rencontre auparavant, —
bien que Victor
toujours marchant. Hugo prétende l'avoir employé le
premier dans Claude Gueux,
Oanibiller, v. n. Danser, c'est-à-dire en 1834.
remuer les jambes.
Il est simple qu'on dise
tout Ciamin, s. m. HQmme trop
gambiller, la première forme de impertinent, —
dans l'argot des
jambe ayant été gambe. petites dames, qui ne pardonnent
les impertinences qu'aux hommes
Si souslevas ton train
qui en ont les moyens
Et ton peliçon crniin,

Ta cemissc de blan lin, Ciaminer, v. n. Faire le

Tant que ta gambete vit, »


gamin ondes gamineries.

dit le roman ^'Aiicassin et Nico-


Ciaminerie, s. f. Plaisante-
lette,
rie que font volontiers les gran-
des personnes à qui l'âge n'a pas
Ccambilles, s. f. pi. Jambes. apporté la sagesse et le tact.
Faire des gamineries. Écrire
Ccambilleur, s. m. Danseiu', ou faire des choses indignes d'un
— dans l'argot des voleurs qui, homme qui se respecte un peu.
comme de simples vaudevillistes,
prenn?nt le bien des autres où ils Cramme» s. f. Correction pa-
letrouvent. ternelle, — dans l'argot du peuple.
Gambilleu?' de towtouse, Dan- Faire chanter une gamtne.
seur de corde. — Châtier assez rudement pour
faire crier.
Ciambriade^ s. f. La danse, On dit aussi Monter une
et principalement le Cancan. gamme.
CSamet, s m. Raisin des en- Ganache, s. f. Homme qui
virons de Paris avec lequel on ne sait rien faire ni rien dire ;
fait de la piquette. Argot du mâchoire.
peuple.
Dans l'argot des gens de let-
Ciamin, s. m. Enfant qui tres, le mot est synonyme de
croit comme du chiendent entre Classique, d'académicien.
les pavés du sol parisien, et qui
I Montesquieu toujours rabacbe,
est destiné à peupler les ateliers Corneille est un vieux barbon ;
ou les prisons, selon qu'il tourne Voltaire est une ganaclie
bien ou mal une fois arrivé à la Et Racine un polisson! »
Patte d'Oie de la vie, à l'âge où
les passions le sollicitent le plus dit une épigramme de la Res-
et où il se demande s'il ne vaut tauration.
pas mieux vivre mollement sur Père Ganache. Rôle de Cas-
un lit de fange, avec le bagne en sandre, —
dans l'argot des cou-
persnective, que de vivre hon- lisses. On dit aussi Père Dindon.
GAN GAR 201

fiance, s. f. Clique, bande, moins généreusement, — dans


— dans l'argot des voleurs, l'argot des filles.
Ganter 5 1/2. N'être pas géné-
fiandin, s. m. Oisif riche reux.
qui passe son temps à se ruiner Ganter 8 1/2.
pour des drôlesses, et qui n'y — large et pleine.
Avoir la main
passe pas beaucoup de temps,
ces demoiselles ayant un appétit Ciant Jaune, s. m. Homme
d'enfer. distingué, —
en 1840, où les gants
Le mot n'a qu'une dizaine d'an- jaunes étaient le suprême bon ton
nées. Je ne sais plus qui l'a créé. comme en 1865 les gants de peau
Peut-être est-il né tout seul, par de chien.
allusion aux gants luxueux que Le Gant jaune est le frère aîné
ces messieurs donnent à ces demoi- du Gandin.
selles, ou au boulevard de Gand
(des Italiens) sur lequel ils pro-
Ciants, s. m. pi. Les deux
mènent leur oisiveté.
sous du garçon des filles, — avec
cette différence que les sous du
Gandin, s. m. Coup monté premier sont en cuivre et les sous
ou à monter, — dans l'argot des des secondes en argent, et même
voleurs. en or. Ce sont nos anciennes
Hisser un gandin à quelqu'un. épingles, la drinkgeld des Fla-
Tromper. mands, leparaguantes des Espa-
gnols et la buona manda des Ita-
Ciandin, s. m. Amorce, pa-
roles fallaces, — dans l'argot
liens.

des marchandes du Temple. Ciants de... (Avoir les). Avoir


Montrr un gandin. Raccrocher tout le mérite d'ime découverte,
uae pratique, forcer un passant tout l'honneur d'une aSaire, etc.
à entrer pour acheter. Se donner les gants de... Se
vanter d'une chose qu'on n'a pas
Qaudin d'altèque, S. m.
faite, s'attribuer l'honneur d'une
Décoration honorifique quelcon-
que, —
dans l'argot des voleurs.
invention, le mérite d'une fine
repartie, —
en un mot, et il est
dandine, s. f. La femelle du de Génin, « s'offrir à soi-même
gandin. — un triste mâle et une un pourboire » gagné par un
triste femelle. autre.

Oandinerie, s. f. Actions, Garce, s. f. Fille ou femme


habitudes de gandin. qui recherche volontiers la com-

Ciannaliser, v. Emtiau-
pagnie des hommes, surtout —
a. quand ils sont riches.
mer un corps par l'injection, dans Un mot charmant de notre vieux
la carotide mise à nu, d'une solu-
langage, que l'usage a défloré et
tion alumineuse. C'est le procédé
de M. Gaunal, tant ridiculisé, — couvert de boue. II n'y a plus
aujourd'hui que les paysans qui
à tort.
osent dire d'une jeune fille chaste :
Etre gannalisé. Etre embaumé. « C'estune belle garce. »
Cranter, v. a. et n. Convenir, S'emploie fréquemment avec
agréer, — dans l'argot des bour- de, à. propos des choses.
geois.
Garçon, s. m. Voleur, —
Cianter, v. n. Payer plus ou dans l'argot des prisons.
203 GAR GAR

Brave garçon. Bon voleur. Ciarder une poire pour la


Garçon de campagne. Voleur soif. Faire des économies épar- ;

de grand chemin. gner, jeune, pour l'heure où l'on


sera vieux.
Ciarçon d'accessoires, s.
m. Employé chargé de la garde Ciardien, s. m. Variété de
du magasin où sont renfermés les Sentinelle ou de Factionnaire
accessoires. Argot des coulisses. (V. Insurgé de Rotnilly).
On dit aussi Accessoiriste Gare-l'eau, s. m. « Pot
ftjarçonner, v. Se plaire
n. qu'en chambre on demande », —
avec les petits garçons quand on dans l'argot des voleurs.
hommes Ils disent aussi fiefOi<-<oi/i.
est petite fille, et avec les
quand on est femme. Argot des Garg^antua, s. m. Grand
bourgeois. mangeur, dans l'argot du peuple.
Garçonnière, adj. et s. Fille Garg^ariser (Se). Boire un
qui oublie son sexe en jouant canon de vin ou un petit verre
avec des garçons qui profitent de d'eau-de-vie.
cet oubli.
Gargarisme, s. m. Verre de
Ciarde -manger, s. m. Wa- vin ou d'eau-de-vie.
ter-Closet, — dans l'argot du
Gargoiue, s. f. Gorge, go-
peuple, moins décent que l'argot
anglais, qui ne fait allusion qu'à sier, yapyapsojy
l'estomac en disant Victualling-
:
Se rincer la gargoine. Boire.
Office. G argot, s. m. Petit restau-
Ciarde-national, s. m. Pa- rant où l'on mange à bon marché
quet de couenne, —
dans l'argot et mal.
des faubouriens, irrévérencieux On dit aussi Gargote
envers l'institution inventée par Gargotage, s. m. Mauvais
Lafayette. ragoût; chose mal apprêtée, —
au propre et au figuré.
ftariler, v. n. Être près du
bouchon ou de l'une des pièces
On dit aussi Gargoterie
tombées. Argot des gamins, Gargoter, V. a. et n. Cuisi-
ner à hâte et malproprement.
la
Ciardcr à carreau (Se).
On trouve « Gargoter la mar-
S'arranger de façon à n'être pas Caquets de
mite » dans les l'ac-
surpris par une réclamation, par
couchée.
un désaveu, par une attaque, etc. Signifie aussi Hanter les gar-
Argot du peuple.
gotes.
Signifie aussi Ne pas dépenser
tout son argent. Gargoter, v. a. et n. Tra-
vailler sans goût, à la hâte.
On dit de même Avoir une
garde à carreau. Gargotîer, s. m. Mauvais
traiteur, au propre mauvais ou-
Ciiarder un chien de sa ;

chienne vrier au figuré.


à quelqu'un. Se
proposer de hù jouer un tour ou Gargouillade, s. f. Borbo-
de lui rendre un mauvais office. rygmos.
On dit aussi Garder une dent, Se dit aussi de Fioritures de
et, absolument, la garder. mauvais goût.
GAT GAU 203

Cîargouîlîep, v. n. Avoir marché, — dans l'argot du peu-


des borborygmes. ple, qui, le connaissait, cite-
s'il

On dit aussi Trifouiller. rait volontiers le mot de Talley-


rand : « Pas de zèle Pas àe
Ciargue, s. f. bouche, — zèle! »
!

dans l'argot des voleurs.


C'est l'apocope de Gargoine. Gâter la taille (Se). « De-
Ciarnaffej s. f. Ferme, — venir enceinte. »

dans le même argot. Gâte-sauce, s. m. Garçon


pâtissier.
Ctarnaffier, s. m. Fermier,
paysan. Gâteux, s. m. Journaliste
sans esprit, sans style et sans
Ciariii, s. m. Chambre d'hô- honnêteté, — dans l'argot des
tel meublé à l'usage des ouvriers gens de lettres, qui n'y vont pas
et des gens pauvres. de plume morte avec leurs con-
Champfleury a été généreux en frères.
accordant à ces nids à pvmaises,
outre le lit en bois peint, « une Gan, S. m. Pou, — dans Tar-
commode en noyer, un secrétaire get des voleurs.
en acajou, une pendule en cuivre, Basourdir des gaiix. Tuer des
des vases de porcelaine peinte poux.
avec des bouquets de fleurs arti- On a écrit autrefois Goth ; Goth
ficielles sous verre». Le véritable a été pris souvent pour Alle-
garni ne s'appelle ainsi que par mand; les Allemands passent
antiphrase, — parce qu'il est dé- pour des gens qui « se peignent
garni des meul3les les plus né- avec les quatre doigts et le
cessaires et n'a que le lit, et quel- pouce » concluez.
:

quefois la commode, mais jamais Gau picanti, s. m. Le x>edi-


d'acajou, jamais de pendule, ja-
culus vestimenli.
mais de vases de porcelaine !

Les faubouriens disent Gaymo. GauiUneur, s. m. Peintre-


décorateur.
Garnison, s. f. Pediculi,
— dans l'argot du peuple. Gaudissard, s. m. Commis
— dans l'argot
Naturellement c'est une garni- voyageur, loustic,
son ie grenadiers, du' peuple.
Le type appartient à Balzac,
Gà.9, s. m. Garçon, enfant qui en'a fait un roman mais le
mâle, —dans l'argot' du peuple, mot appartient à la langue du
;

qui trouve plus doux de pronon- xvi« siècle, puisque Montaigne


cer ainsi que de Aire gars. a employé Gaudisserie pour si-
Beau gcîs. Homme solide. gnifier Bouffonnerie, plaisanterie.
Mauvais gâs. Vaurien, homme
Gaudriole, s. Parole_ leste
f.
suspect.
dont unefemme le droit de
a
Gâteau feuilleté, s. m. rougir, —
dans l'argot des bour-
Bottes qui se délitent, — dans geois, qui aiment à faire rougir
l'argot des faubouriens. les dames par leurs équivoques.

Gâte-métier, s. m. Ouvrier Gaudrioler, v. n. Rire et


quimet trop de cœur à l'ouvrage ;
plaisanter aux dépens du goût et
marchand qui vend trop bon quelquefois de la pudeur.
S04 GAV GEN

Ciaudrioleur, s. et adj Ciaver (Se), v. réfl. Manger,


Bourgeois farceur, qd a de l'es- — dans l'argot du peuple, qui
prit aux dépens de Piron, qu'il a prend l'homme pour un pigeon
lu sans le citer, et de la morale,
Ciaviot, s. m. Gorge, gosier.
qu'il blesse sans l'avertir.
Serrer le gaviot à quelqu'un.
Ciaulé, s. m. Cidre, dans — L'étrangler, l'étouffer.
l'argot des voleurs et des paysans. Autrefois on disait Gavion.

Gaulois, adj. et s. Homme GaTot, s. m. Rival du Dévo-


gaillard eu action, et surtout en rant, —
dans l'argot du compa-
paroles, — dans l'argot du peu- gnonnage.
ple, qui a conservé « l'esprit
gaulois » de nos pères, lesquels
CiaTrocIic, s. m. Voyou, —
étaient passablement orduriers.
dans l'argot des gens de lettres,
qui ont lu les Misérables de 'Vic-
Ciaupe, s. f. Fille d'une con- tor Hugo.
duite lamentable.
Ciaz, s. m. Les yeux, que la
Ciauperie, s. f. Actions, con- passion allume si vite, dans —
duite, digues d'une gaupe. l'argot des faubouriens

Oavarniste, s. et adj. «Très Allumer son gaz. Regarder


animal désormais
littéraire,
avec attention.
joli
classé et enregistré » par Hippo- Gaz, s. m. Ventrh fîatus.
lyte Babou. On dit aussi Fuite de gaz.
C'est une variété de gens de Lâcher S07i gaz. Crepitare.
lettres à la mode aujourd'hui,
Avoir une fuite de gaz dans
comme les petits chiens havanais l'estomac. Fetidimi halitum emit-
et les bottines à talons d'or ce ;
tere.
sont tous ceux qui se passionnent
pour la paillette, cour le mot, Gazer, v. a. et n. Ne pas
pour le détail, dédaignant de se dire les choses crûment, — dans
préoccuper d'harmonie et d'unité, l'argot des bourgeois.
de logique et de style. Les vrais
artistes, c'est-à-dire les vérita- Gazon, s. m. Perruque plus
bles lettrés, cherchent à créer ou moins habilement préparée,
des figures; les gavarnistes, eux, destinée à orner les crânes affli-

« se contentent de pures silhouet- gés de calvitie.


tes découpées ». Les vrais ar- Gazouiller, Y. n. Parler, —
tistes poursuivent le mouvement dans l'argot des faubouriens.
'd'un esprit ou d'une âme les ga- :
Signifie aussi Répondre.
varnistes n'ont besoin que d'une
attitude, d'une certaine cambrure, Geig^neur, s. et adj. Homme
d'un certain torticolis, d'une pose. qui aime à se plaindre sans avoir
Les premiers courent après les de sérieux motifs de plainte, —
idées, après le style ; « les autres dans l'argot du peuple, ennemi
après une petite phrase drôle, un de ces hommes-femmes-Ià.
simple coq-à-l'àne, en un mot ».
Geindre, v. n. Se plaindre,
CiaTé, s. m. Ivrogne, — dans Gendarme, s. m. Hareng
l'argot des voleurs.
saur, — dans l'argot des charcu-
Ils disent aussi Gaviolé, tiers.
GEX GER 205

Gendarme, s. m. Femme que l'ennuyeux, plus que le ra-


délurée et de grande taille, — seur : c'est — le gêneur.
dans l'argot du peuple.
Génisse, s. f. Femme trop
Gendarme, s. m. Fer à re- libre.
passer, —dans l'argot des mé-
Genou, s. m. Crâne affligé de
nagères, qui ont constaté que la
calvitie.
plupart de ces utiles instruments
sortaient de la maison de la veuve .Avoir son genou dans le cou.
Gendarme. Etre chauve.
Branleuse de gendarme. Re- Genre, s. m. Manières ; em-
passeuse. barras pose, ;

dans l'argot du
Gendarmer peuple.
(Se), V. réfl.
S'offenser.
Que ça de genre ! est son excla-
Signifie aussi Regimber, résis-
mation favorite a propos de cho-
ses ou de gens qui « l'épatent ».
ter.

Gendarmes, s. m. pi. Moi-


Gentleman, s. m. Plomme
sissures que le contact de l'air d'une correction de langage et de
développe à la surface du vin, — manières à nulle autre pareille,
— dans l'argot des gandins.
dont cela arrête ainsi le travail
de bonification.
On dit aussi Parfait Gentle-
7nan, mais c'est un pléonasme,
Gendelettre, s. m. Homme puisqu'un Gentleman qui ne se-
de lettres, —dans l'argot des rait pas parfait ne serait pas
bourgeois, qui font de ce mot ce gentleman.
que le peuple a fait du mot pré-
cédent, primitivement écrit gens Gerbement, s. m. Juge-
d'armes. ment, condamnation, — dans
l'argot des voleurs.
Gêne, s. f.Pauvreté, — dans
Gerber, v. a. Condamner.
l'argot du peuple, dont c'est le
vice principal. Gerber à vioc. Condamner aux
travaux forcés à perpétuité.
Gêné dans ses entour- Gerber à la passe ou à conir.
nures. Ennuyé, agacé par quel- Condamner à mort.
qu'im ou par quelque chose, — Gerberie, s. f. Tribunal,
dans l'argot des faubouriens, qui
aiment les vêtements larges et Cour d'assises.
les « bons enfants » Gerbier, s. m. Avocat d'of-
Général llacadam, s. m. fice. — dans l'argot des voleurs,
Le public, qui est le Salomon de qui, certainement à leur insu,
toutes les filles. donnent à leur défenseur, mé-
On disait le général Pavé, diocre porte-toge, le parlement
avant l'introduction en France du très célèbre avocat au parlement
système d'empierrement des rues de Paris.
dû à l'ingénieur anglais Mac- Signifie aussi Juge.
Adam. Gérontocratie, s. f. Puis-
Gêneur, s. et adj. Type es- sance des préjugés, de la routine
sentiellement parisien, comme — et des idées caduques, « sous la-
la punaise. C est plus que l'im- quelle tout se flétrit en France ».
portun, plus que l'mdiscret, plus — où les Gérontes sont encore
206 GIB GIG

plus nombreux que les Scapins. renfort de jupons et de crino-


L'expression est d'Honoré de lines.
Balzac. Ce mot, — de l'argot des fau-
— bouriens, — s'explique par la po-
Cierce, s. f. Maîtresse, sition que les soldats donnaient
dans l'argot des voyous, pour qui, autrefois à leur cartouchière.
sans doute, c'est la vermine.
Gibier de Cayenne, s. m.
«ésier, s, m. Gorge, gosier, Voleur, ou meurtrier, — dans
dans l'argot du peuple. •:

_
l'argot du peuple.
A voir mal au gésier. Avoir une
laryngite ou une bronchite. Giboyer, s. m. Journaliste
d'estaminet, hommes de lettres à
Ciesgeur, s. m. Homme qui

dans l'argot des
des embarras,
l'ait dans l'ar- — tout faire,
gens de lettres, qui consacrent
got des faubouriens. ainsi lesouvenir de la comédie
Signifie aussi Grimacier, ex- d'Emile Augier. Encore un nom
centrique. d'homme devenu un type.
Je n'ai pas besoin de dire que
l'étymologie de ce mot est geste, Giffe ou Giffle, s. f. Soufflet,
et que c'est par euphonie qu'on
— dans l'argot du peuple, qui se
prononce ainsi que je l'écris. rappelle sans doute que ce mot
le
signifiait autrefois joue.
Ciesseuse, s. f. Femme mi-
naudière, qui fait sa sucrée — et Giffler, v. a. Souffleter quel-
même « sa Sophie ». qu'un.

ce», s. m. Bon sens, jugeotte. Gi^olette, s. f. Jeune fille

Avoir du g. -g. N'être pas un qui a jeté sa pudeur et son bon-


imbécile. net par-dessus les moulins, et
qui fait consister son bonheur à
G. O. €1. Phrase ironique aller jouer des gigues dans les
qu'emploient fréquemment les bals publics, —surtout les bais
faubouriens, qui dédaigneiit d'en de barrière.
dire plus long, affectant de n'en Je crois avoir été un des pre-
pas savoir davantage. miers, sinon le premier, à em-
Avec ou sans g.d. g.? disent- ployer ce mot, fort en usage
ils souvent, à propos des moin- dans le peuple depuis une quin-
dres choses. l\ est inutile d'ajou- zaine d'années. J'en ai dit ail-
ter que ce sans g. d. g est l'a- leurs {Les Cythères parisiennes) :
bréviation de sans garantie du « La gigolette est une adoles-
gouvernement. cente, une muliéricule. Elle tient
le milieu entre la grisette et la
Ciibasse, s. f. pi. Gorge qui
a peut-être promis, mais qui ne
gandine, — moitié ouvrière et
moitié fille. Ignorante comme
tient pas.
une carpe, elle n'est pas fâchée
Gibelotte de g^outtière« s. de pouvoir babiller tout à son
f. Chat de toils, — dans l'argot aise avec le gigolo, tout aussi
du peuple. ignorant qu'elle, sans redouter
ses sourires et ses leçons. »
Ciiberne, s. f. La partie du
corps dont les femmes augmen- Gif^olo, s. m. Mâle de la gi-
tent encore le volume à grand golette. C'est uu adolescent, un
GIL GIR 207

petit homme. Il tient le milieu Ci in* s. m. Genièvre, —dans


entre Chérubin et don Juan, — l'argot des faubouriens, qui s'au-
moitié nigaud et moitié grelu- glomanisent par moquerie comme
chon. Type tout à fait moderne, lesgandins par genre.
que je laisse à d'autres observa-
teurs le soin d'observer plus en
Ciing^in, s. m. Jugement,
raison, Jugeotte.
détail.
On dit aussi Gingeole, et cela
Clignoter, v. n. Remuer les ^i- se comprend mieux, la gin- —
gues; danser. geole étant ou ayant été 1 en-
droit d'un navire où l'on plaçait
Ciigots, s. m. pi. Cuisses de
l'homme, —
dans 1 argot des fau-
la boussole.

bouriens, toujours contempteurs Giiig'in, s. m. L'endroit « con-


de l'humanité. sacré par la jurisprudence du Pa-
lais-Royal », où le coup de pied
€ii{°^ue, s. f. Femme maigre des anciens tréteaux est toujours
et d'une taille élevée.
en bonne ui'.
On dit aussi Grande gigue.
4iiiug^iner, v. n. Faire des
iÀiguert v. n. Danser. de crinoline en marchant.
effets
Crig^ues, s. f. pi. Jambes, — Ciirafe* s. f. Escalier en spi-
dans l'argot du peuple, qui s'en
sert pour danser la gigue ou la
rale, —
dans l'argot des écoles de
natation.
faire danser aux gens qui l'en-
nuient. €ririe8, s. f. pi. Fausse mo-
On disait autrefois Gigoteaux. destie, refus des lèvres et non du

Cciletj s. m. Estomac poi-


cœur, —dans l'argot du peuple,
;
qui a horreur de l'hypocrisie.
trine.
Faire des giries. Faire sem-
S'emplir le gilet. Boire ou man- blant de pleurer quand on n'en a
ger.
pas envie refuser ce qu'on meurt
Avoir le gilet doublé de flanelle. ;

d'envie d'accepter.
Avoir mangé une soupe plantu-
Faiseuse de giries. Fausse
reuse.
Gilet à la mode. Belle gorge
Agnès, fausse prude, —
et vraie

de femme, où le lard abonde.


femme
Oilles» s. m. Nom d'homme Giroflée à cinq feuilles,
devenu celui de tous les hommes
s. f. Soufflet, —
dans l'argot des
faubouriens, qui savent très bien
dont l'esprit et le cœur ne se sont
le nombre des feuilles du chei-
pas développés autant que les
ranthus, et encore mieux celui
jambes.
des doigts de leur main droite.
Faire Gilles. S'en aller; s'en-
On dit aussi giroflée à plusieurs
fuir.
feuilles, — autre ravenelle qui
CîiLinont, s. m. Gilet, — dans pousse sur les visages.
l'argot des voleurs.
Ciirofléter, v. a. Souffleter.
Ou dit aussi Georget.
Verbe créé par Balzac.
€rilquin, m. Coup
poing, —
s.
dans l'argot des artistes
de
Girolle, adv. Soit, — dans
l'argot des voleurs.
et des canotiers.
On dit aussi Coup de Gilquin. Giron, s. m. La partie du
208 GLA GLI

corps comprise entre la ceinture Glaçon, s. m. Homme d'un


et lesgenoux d'une femme assise, abord un peu raide, dans l'ar- —
— dans l'argot du peuple, qui a got du peuple, que la distinction
conservé précieusement ce mot, effarouche.
en souvenir de ce qu'il repré- Glaire, s. m. Couteau à dé-
sente pour lui, fils reconnaissant, couper, — dans l'argot des francs-
Ciironde, adj. f. Se dit de maçons.
toute fille ou femme agréable, Glas, s. m. Homme ennu-
plaisante à voir ou à avoir. Argot
yeux, qui répète toujours la même
des voleurs. chose, —comme la cloche qui
On dit aussi Girofle. sonne la mort de quelqu'un. Argot
Ciirondine, adj. Femme plus du peuple.
jeune et plus gentille que celle Les ouvriers anglais ont une
qui n'est que gironde. expression du même genre :
croaker, disent-ils.
Crirouette« s. f Homme sans .
Glautlc, s. m. Innocent, et
conscience et sans moralité, mais
non sans habileté et sans esprit,
même niais.

qui tourne à tous les vents so-


Evidemment le Glande d'ici
ciaux et politiques royaliste :
estun Claude, comme Colas est
avec les Bourbons, républicain
un Nicolas, et il/jc/jé peut être un
Michel.
avec la République, napoléonien
avec l'Empire, mouton avec les GlaTiot, s. m. Mucosité ex-
gens qui bêlent, dogue avec les pectorée, — dans l'argot des fau-
gens qui mordent, roquet avec bouriens.
les gens qui aboient, enclume
Glaviotter, v. n. Cracher
avec le peuple et marteau avec
fréquemment et malproprement.
le Pouvoir. Argot du peuple.
Signifie aussi Débiner.
Gtter, v. n. Habiter, demeu-
Glariotteur, s. m. Homme
rer.
qui crache fréquemment et abon-
GiTcrner, v. n. Passer la damment.
nuit à vagabonder, dans l'ar-— Glier, S. m. Le Diable, —
got des cochers de fiacre.
dans l'argot des voleurs.
Ciiverneur, s. m. Vaga- C'est une sj-ncope de Sanglier
bond, rôdeur de nuit. probablement.
Le Glier t'enrôle en son pas-
Glacis, s. m. 'Verre, dans — clin I Le Diable t'emporte en
l'argot des voleurs, qui parlent
enfer (son pays) 1

anglais iglass) sans le savoir.


Signifie aussi Enfer.
Un
glacis de lance. Un verre
d'eau. Glissade, s. f. Chute plus
déshonorante que dangereuse
Glacis* s, m. Ton léger et pour la jeune fille qui la fait

:

transparent, — dans l'argot des elle ne casse que son sabot,


artistes. mais il vaudrait mieux qu'elle se
Se poser un glacis. Boire, — fût cassé la jambe. Argot du
ce qui amène la transpiration sur peuple.
le visage et le fait reluire en le Faire des glissades. Changer
colorant. souvent d'amants.
GNI GOB 209

Cilissant, s. m. Savon, — qui dit cela spécialement à pro-


dans l'argot des voleurs. pos du vin.

Glisser, v. n. Mourir, — Gnog^note, s. f. Marchandise


dans l'argot des faubouriens. sans valeur; chose sans impor-
tance .

Glissoire, s. f. Ruisseau gelé Balzac a employé aussi ce mot


sur lequel les gamins s'amusent à propos des personnes, et —
à glisser. dans un sens péjoratif, naturelle-
Cilobe, s. m. Tète, dans — ment.
l'argot des faubouriens, qui la Guollais, s. m. Batignollais,
laissent souvent osciller sur son — dans l'argot des voyous.
axe.
Gnolle, adj. des 2 g. Pares-
Cilobes arrondis (Les). La seux niais, — dans l'argot des
gorge, —
dans l'argot des Acadé-
;

faubouriens.
miciens. Quelques-uns ajoutent Quelques lexicographes du ruis-
quelquefois par la n'ain des
:
seau veulent que l'on écrive et
Grâces. prononce gniole.
Gloria, s. m. Tasse de café GnoUes-Ceauxj n. d. 1. Ba-
noir avec un petit verre d'eau-de- tignoUes-Monceaux.
vie. Argot des limonadiers. Gnolles-Chy. BatignoUes-
Glouglouter, v. n. Boire, Clichy.
faire des glouglous en buvant. Gnon, s. m. Meurtrissure
Argot des faubouriens. que se fait une toupie ou un sa-
Glousser, v. n. Parler. bot, — dans l'argot des enfants ;

et, par extension, Blessure que


Gluant, s. m. Enfant à la se font les hommes en se battant.
mamelle que le lait qu'il tette et S'emploie aussi au figuré.
qu'il baver sur lui rend
laisse
Gnouf-g^nouf (Les). Diner
tout poisseux et désagréable à
mensuel dos artistes et auteurs
toucher pour quiconque n'est ni
du Palais-Royal, créé à la suite
son père ni sa mère.
du Punch Grassot, vers la fin de
Gluau, s. m. Expectoration 1858. Il a lieu, le premier lundi
abondante. de chaque mois, chez Laumô-
Lâcher son gluau. Cracher nier-Brébant.
malproprement. Les gnouf-gnouf se divisent en
deux catégories, les gnouf-gnouf
Guansrnan, adj. des 2 g. de Coblentz (ceux qui sont gra-
Mou, paresseux, sans courage. ves) et les gnouf-guouf de Po-
Gniaf, s. m Ouvrier, — dans logne (ceux qui sont gais)
l'argot des cordonniers. Savetier, Go (De, ou Tout de), adv. Li-
— dans l'argot des ouvriers. brement, sans façon, sans obs-
GniaflTer, v. a. Travailler
tacle, —
dans l'argot du peuple.
mal faire ".ne chose sans soin, Gobelotter, v. a. Aller de
;

sans goût, — comme un savetier. cabaret en cabaret.

Gniff, s. et adj. Clair, dé- Signifie aussi Buvotter, boire à


pouillé, — dansl' argot du peuple, petits coups.

14
210 GOB GOD

Gobelotteur, s. m. Arai des viande quelconque, — dans l'ar-


franches lippées et des plantu- got des bouchers, qui emploient
reuses réfections. ce mot à propos de la viande
non encore détaillée.
Cîobe-nïouclierie, s. f. La
franc-maçonnerie, dans l'argot— Gobet, s. m. Polisson; ou-
des voleurs. vrier qui se débauche, — dans
l'argot du peuple.
Gobc-ittouclies, s. m. Imbé-
cile, homme qui bée au vent au
Mauvais gobet. Méchant drôle.
lieu de regarder à ses côtés, où Gobichonuade, s. f. Ri-
se trouve parfois un pick-pocket. paille.
Argot du peuple.
Gobiclionner, v. n. Courir
Clober, v. a. Croire légère- les cabarets ; faire le lundi totite
ment aux choses qu'on dit, ava- la semaine.
ler les mensonges avec autant
de confiance que si c'étaient des Gobîchonneur, s. m. Ami
vérités. des franches lippées.

Gober, v. a. Avoir de la Gobin, s. m. Bossu.


sympathie pour quelqu'un, res- Godailler, v. n. Courir les
sentir de l'enthousiasme pour cer- cabarets.
taines idées. Argot des faubou-
Ce verbe est un souvenir de
riens.
l'occupation de Paris par les An-
Eprouver un sentiment subit de amateurs de good aie.
tendresse pour un compagnon, — glais,

dans l'argot des petites dames. Godaillcur, s. m. Ivrogne,


pilier de cabaret.
Gober (La). Être ruiné pour
avoir trop cru aux Mercadets. Godan, s. m. Rubrique, men-
Par extension, Mourir. songe, supercherie, — dans l'ar-
got des fauliouriens.
Gober (Se). Avoir de la fa-
Connaître le godan. Savoir de
tuité, s'écouter parler et se re-
quoiil s'agit ne pas se
; laisser
garder dans une glace en par- prendre à un mensonge.
lant.
Tomber dans le godan. Se
Goberger (Se), v. réfl. Se laisser duper ; tomber dans un
complaire dans un endroit, dans piège.
un bon lit, dans un bon fauteuil,
auprès d'un bon feu ou d'une
Godanccr, v. n. Croire à un
mensonge; tomber dans un
bonne
On
table.
sait qu'on appelle goberges
piège, — dans un godan.
les ais du fond sanglé d'un lit. Goddam, s. m. Anglais, —
Gober son bœuf, v. a. Etre
dans l'argot du peuple, qui
a
furieux d'une chose ou contre trouvé moyen de désigner toute
quelqu'un, —
dans l'argot des ou- une nation par son juron favori.
vriers. Godelureau, s. m. Jeime
Gobe-son, s. m. Calice, — homme qui fait l'agréable
des « dames » et les réjouit,
auprès

dans l'argot des voleurs.
dans l'argot des bourgeois qui
Gobct, s. m. Morceau do n'aiment pas les Lovelaces.
GOG GOI 211

On écrivait au xvi» siècle gau- se sont-ils pas baissés pour ra-


delereau, — ce qu'explique l'éty- masser une expression qui traîne
mologie gauderc. depuis longtemps dans la langue
du peuple, et qui leur eût expli-
Godet, s. m. Verre à boire,
qué merveille la crédulité des
— dans l'argot du peuple.

gens à qui l'on promet qu'ils au-


Godiche, adj. et s. Niais, ou ront tout à gogo ?
seulement timide. Ce mot « du moven âge » date
On dit aussi Godichon. de 1830-1835.
Godiller, v. n. Se réjouir, Gog^o (A), adv. A profusion,
être content. ':n abondance.
Godinette, s. f. Grisette, Gog^otte, adj. Faible, mou,
maîtresse. sans caractère malpropre mau-; ;

Baiser en godinette. « Baiser vais; désagréable. Argot des fau-


sur la bouciie en pinçant les bouriens.
joues de la personne, »' sans — Avoir la vue gogotte. Avoir de
doute comme baisent les grisettes mauvais yeux, n'y pas voir clair,
des romans de Paul de Kock. ou ne pas voir de loin.
Goffe, adj. Homme mal bâti, Etre gogotte. Etre un peu
niais; faire l'enfant.
ou maladroit, grossier de corps
ou d'esprit. Goguenot, s. m. Vase de fer-
Gog^aille, s. f. Repas joyeux Manc, —
dans l'argot des trou-
et plantureux. piers d'Afrique, qui s'en servent
comme casserole et comme go-
Gos^o,s. m. Homme
crédule, belet.
destiné à prendre des actions
dans toutes les entreprises indus- Gog'uenot, s. m. Baquet-la-

trielles, même et surtout dans les trine, — dans l'argot des prisons
plus véreuses, —
chemins de fer et des casernes.

de Paris à la lune, mines de café On dit aussi Goguenenaux.


au de charbon de bois, de
lait,
Gog^uette, s. f. Société chan-
cassonade, enfin de toutes les
créations les plus fantastiques
tante, —
dans l'argot du peuple,
qui lui aussi a son Caveau.
sorties du cerveau de ilercadet
ou de Robert Macaire. Gog-uette, s. f. Chanson
A
propos de ce mot encore, les joyeuse.
étjTBOlogistes bien intentionnés Etre en goguette. Etre de
sont partis à fond de train vers bonne humeur, grâce à des liba-
le passé et se sont égarés en tions réitérées.
route, —
parce qu'ils tournaient
le dos au poteau indicateur de la
Goguettier, s. m. Chanteur
bonne voie. L'un veut que gogo de goguettes membre d'une so-
;

ciété chantante.
vienne de gogue, expression du
moyen âge qui signifie raillerie; Goï, s. m. Chrétien, — dans
l'autre trouve gogo dans François l'argot des voleurs.
Villon et n'hésite pas un seul ins-
tant à lui donner le sens qu'il a Goinfrade, s. f. Repas co-
aujourd'hui. Pourquoi, au lieu pieux, — dans l'argot da peuple.
d'aller si loin si inutilement, ne On dit aussi Goinfrerie,
212 GOR GOT

Goinfre, s. m. Chantre, — Gosse, s. f. Bourde, mente-


dans l'argot des voleurs. rie, attrape, — dans l'argot des
écoliers etdu peuple.
Cioiiifrer (Se), v. réfl. Boire Voilà encore un mot fort inté-
et manger avec excès, comme— ressant, à propos duquel la verve
fout les gens qui ne mangent pas des étymologistes eût pu se don-
tous les jours. ner carrière. On ne sait pas d'où
m. Aménité de il vient, et, dans le doute, on le
Goitreux, s.
fait descendre du verbe français
l'argot des gens de lettres, qui se
croient autorisés à l'adresser à se gausser, venu lui-même du
leurs rivaux, —
qu'ils appellent verbe latin gamh're. On aurait pu
aussi crétins, pour varier leurs le faire descendre de moins haut,

injures. me semble-t-il. Outre que Noël


Du Fail a écrit gosseur et gos-
Golgother, v. n. Poser en seuse, ce qui signifie bien quelque
martyr; se donner des airs de chose, jamais les Parisiens, in-
victime; un Cal-
faire croire à venteurs du mot, n'ont prononcé
vaire, à unGolgotha imaginaire. gausse. C'est une onomatopée pu-
Ce verbe appartient à Alexandre rement et simplement, le bruit —
Pothey, graveur et chansonnier d'une gousse ou d'une cosse.
— sur bois. Conter des gosses. Mentir.
Gomberg^er, v. a. Compter, Monter une gosse. Faire une
— dans l'argot des prisons. farce

Gouee, s. m. Homme quel- Gosse, s. m. Apprenti, —


conque du bois dont on fait les dans l'argot des typographes.
dupes, —
dans l'argot des vo- Ils disent aussi Attrape-science
leurs, qui ont remarqué que les et Môme.
bourgeois se parfumaient [concio). Gosse, m. Enfant, petit
s.

Goncier, s. et ad. Homme garçon, — dans l'argot du peuple.


rusé, malin, qui enfonce le gonce.
Gosselin, s. m. Nouveau-né,
Gonzesse, s. f. Femme en — dans l'argot des voleurs.
général, et, en particulier. Maî-
Gosseliue. Petite fille.
tresse, concubine.

Goret, s. m. Premier ou-


Gossemard, s. m. Gamin, —
vrier, —
dans l'argot des cordon-
dans l'argot des faubouriens.
On dit aussi Gousseniard.
niers.
Goret, s. m. Homme mal- Gosseur, adj. et s. Menteur.
propre, petit cochon, — dans
Goteur, s. m. Débauché, li-
l'argot du peuple, qui a appelé
grande gorc.
bertin, — dans l'argot des vo-
la reine Isabeau/a leurs,
Gor^e, s. f. Étui, — dans
Gothique, adv. Vieux, su-
l'argot des voleurs. ranné, — dans l'argot du peuple.
Gorguiat, s, m. Homme mal- Gotiion, Cuisinière mal-
propre, cochon, dans l'argot — propre .
s. f.

des faubouriens, qui emploient


Signifie aussi Coureuse, — daus
cette expression au propre et au
l'argot des bourgeois.
figuré.
GOU GOU 213

Cioualante, s. f Chanson, .
— voyou, — avec cette différence
dans l'argot des voleurs. que le premier est le père du
Cioualer, V. a. etn. Chanter.
second, comme la lorette est la
mère de la boule-rouge.
On dit aussi Galouser.
Cioualeur, Oouine, s. f. Coureuse, —
s. m. Chanteur dans l'argot du peuple, qui a un
des mes.
arsenal d'injures à sa disposition
Goualfuse. Chanteuse.
pour foudroyer les drôlesses, ses
Gouape, s. f.Vagabondage filles.
fainéantise, — dans l'argot du
;

A qui a-t-il emprunté ce car-


peuple. reau? A ses ennemis les Anglais,
Ciouape, s. f. Filou, dans — probablement. Il y a eu une lady
Gowin, maîtresse de je ne sais
l'argot des faubouriens. Faiseur
— plus quel Charles I^r. H y a aussi
de poufs, dans l'argot des ca-
la queen, qu'on respecte si fort
baretiers.
de l'autre côté du détroit et si
On dit aussi Gouapeur. Cepen-
dant gouape a quelque chose de
peu de ce côté-ci Choisissez !

plus méprisant. Cioujat, s. m. Homme mal


Ciouaper, v. a. Flâner, cher-
élevé, — dans l'argot des bour-
geoises.
cher aventure.
Cioiijon, s. m. Homme fa-
Goug^e, s. f.

qui vend l'amour au lieu de le


Fille ou femme cile à duper, —
dans l'argot des
filles, qui ont pour hameçon leurs
donner, —dans l'argot du peu-
sourires et lears regards ainsi ;
ple, qui a déshonoré là un des
que dans l'argot des faiseurs,
plus vieux et des plus charmants hameçon
qui ont pour des divi-
mots de notre langue. Gouge, dendes invraisemblables.
comme garce, n'avait pas à l'ori-
gine la signification honteuse qu'il Goujonner, v. a. Tromper,
a aujourd'hui cela voulait dire
; duper quelqu'un.
jeune fille ou jeune femme. « En On disait a.uivefois Faire avaler
son aage virile espousa Garga- le goujon.
melle, fille duroy des Parpaillos,
belle gouge, » dit Rabelais. Goule, s. f. La gorge, le go-
sier, — dans l'argot du peuple,
Ciong^notte, s. f. « Femme qui parle latin sans le savoir
ou fille qui abuse des personnes (gula).
de son sexe, —
d'oîi le verbe gou-
Goulée, Bouchée de
gnotter, » dit Francisque Mi- s. f.

chel. viande ou cuillerée de soupe.


On dit aussi Gusse. Gouliaffe, s. m. Gourmand,
Ciouille (A la). A la volée, ou plutôt goinfre.
— dans l'argot des enfants, Le mot est vieux, puisqu'on le
quand ils jouent à jeter des trouve dans la langue romane.
billes. On dit aussi Gouillafre, ou
Envoyer à gouille. Ren-
la gouillaffe.
voyer quelqu'un qui importune,
— dans l'argot des faubouriens.
sier,
Goulot,

s. m. Bouche, go-
dans l'argot des faubou-
Cionillou, s. m. Gamin, riens.
914 GOU GOU

TvouUloter du goulot. Feti- diSours'anfS, s. f. pi. Lentilles


dura halitum habere. ou haricots, —
dans l'argot des
Cioulu, s. m. Poêle, — dans
prisons et dos ateliers, où les
hommes sont nourris comme des
l'argot des voleurs.
bestiaux.
Se dit aussi pour Puits.
Gourganes des prés. Celles qui
Cioupiner, v. a. Voler, — constituent la nourriture des for-
dans le ujème argot. çats.
Goupiner les poivriers. Déva- Proprement, la gourgane est
liser les ivrognes endormis sur la une petite fève de marais fort
voie publique. douce.
CJouplneurj s. m. Voleur. ftourgoussage, s. m. Mur-
Goui>linc4 s. f. Litre, — dans mure de mécontentement ou de
colère, — dans l'argot des typo-
le même argot.
graphes.
Ciour, s. m. Pot à eau ou à
vin, — dans le même argot.
Gourg^ousser»
murer.
v. n. Mur-
Dans langue des honnêtes
la
gens, le gour est un creux plein CWourme, f. La fougue de
s.
d'eau dans un rocher, au pied la jeunesse, —
dans l'argot du
d'un arbre, etc. peuple, qui sait que cet impétigo
finit toujours par disparaître avec

par
Càoiirtl,
le froid,
de,

adj.
dans
Engourdi
l'argot du les années, —
malheureuse-
peuple.
ment !

Jeter sa gourme. Vivre folle-


CJourilement, adv. Beau- ment, en casse-cou, sans souci des
coup, — dans l'argot des voyous. périls, des maladies et de la

Gourdin, m. Gros bâton,


s.
mort.
— dans du peuple, qui
l'argot ftourrer, v. a. Tromper, du-
pour le manœuvrer ne doit pas per, —
dans l'argot des voleurs,
pas avoir les mains gourdes. qui se sont approprié là un verbe
Cliourfliiicr, V. a. Bàtonner du langage des honnêtes gens.
quelqu'un. (Goure, drogue falsifiée goureur, :

qui falsifie les drogues.)


Ciourg-aude, s. f. Apocope de
Gourgandine, — dans l'argot des CSourreur, s. m. Trompeur.
faubouriens.
Cîouspiii, s. m. Voyou, jeune
fàourg^andine, s. f. Fille ou apprenti voleur, —
dans l'argot
femme qui court plus que ses des faubouriens, qui se servent
jambes et la morale le lui jier- de cette expression depuis long-
mcttent, et qui, en courant ainsi, temps.
s'expose à faire une infinité de
Ciouspiner, v. n. Vagabon-
glissades. Argot du peuple.
der au lieu de travailler.
CSourgaudiuer, v. n. Me- Gousse (La). donné au Nom
ner une vie libertine.
iianquet mensuel des artistes du
Ciourg'aner, v. u. Manger de Vaudeville. Il a lieu, le premier
la prison, — dans l'argot des fau- jeudi de chaque mois, chez Lau-
bouriens. monier-Brébant.
GRA GRA 215

Ciousset, s. m. Aisselle, — ou d'une cour à l'autre, — dans


dans l'argot du i)euple. l'argot des prisons.
Sentir du gousset. Puer.
« MaayàXr], axila, aisselle, sale Ciraillonneur, s. m. Hom-
[odeur, •
me qui crache à chaque instant.
dit M. RomainCornut, expur-
gateur de Lancelot et continua-
Clirailloitneuse, s. f. Fem-
teur de Port-Royal.
me qui vient laver son linge au
bateau sans être du métier. —
Cioûter, V. n. Plaire, faire dans l'argot des blanchisseuses.
plaisir.
Cirain^ s. m. Pièce de cin-
Goutte, adv. Peu ou point. quante centimes, — dans l'argot
N'y voir goutte. N'y pas voir des voleurs.
du tout.
On Ciirain (Avoir un), v. a. Etre
dit aussi. N'jj entendre
goutte. un peu fou, ou seulement ma-
niaque, —
dans l'argot du peu-
Cioiitte, s. f. Petit verre ple.
d'eau-de-vie, —
dans l'argot des
Ciraine d'attrape, s. f.
ouvriers et des soldats.
Mensonge, moquerie, tromperie.
Marchand de goutte. Liquo-
riste. Ciraiue de chou colossal,
s. f. Amorce pour duper les sim-
Ciouverne, s. f. Règle de ples.
conduite ; façon d'agir.
C'est un souvenir des réclames
CàouTernemeiit, s. m. Épée faites il y a vingt ans par un in-
d'ordonnance, — dans l'argot des dustriel possesseur d'une variété
Polytechniciens, qui distinguent de hrassica oleracea fantastique,
entre les armes que leur fournit « servant à la fois à la nourri-
le gouvernement et celles qu'ils ture des hommes et des bestiaux,
se choisissent eux-mêmes. (V. Spi- et donnant un ombrage agréable
ckel) pendant l'été »

Grabuge, m. TrouHe, va-


s. Ciraîue d'épîiiards, s. f.

.

carme, dans l'argot du peuple. Epaulettes des officiers supé-


Graffig'ner, v. a. et n.
rieurs, — dans l'argot des trou-
légume
piers, dont ce
Saisir, prendre, — dans l'argot deratum permanent.
est le desi-

des faubouriens.
Porter la graine d'épinnrds.
Signifie aussi Égratigner.
Avoir des epaulettes d'officier su-
Graffin, s. m. Chiffonnier. périeur.

Ciraiilon, s. f. Servante mal- Graisse, s. m. Variété de vo-


propre, cuisinière peu appétis- leur dont Vidocq donne le signa-
sante. Argot du peuple. lement et l'industrie (p. l'è^)'.

On dit aussi Marie-Graillon. Graisse, s. f. Argent, —


Grailloniier, dans l'argot du peuple, qui sait
v. n. Cracher
fréquemment. que c'est avec cela qu'on enduit
les consciences pour les empêcher
Ciraillonner, v. n. S'entre- de crier lorsqu'elles tournent sur
tenir à haute voix, d'une fenêtre leurs gonds.
216 GRA GRA

Ciraisser, v. a. Gratter, — Petite fille. Demi-bouteille.


dans l'argot des voleurs. Grand lumig^non, s. m. Le
Ciraisser la patte, v. a. soleil, — dans l'argot des voyous.
Acheter la de quel-
discrétion
qu'un, principalement des infé-
Grand ressort, s. m. La
rieurs,employés, concierges ou
volonté, le cœur, —
dans 1 argot
valets.
du peuple, qui sait quels rouages
On dit aussi graisser le mar- f ont mouvoir la machine-homme.
teau, — mais plus spécialement Casser le grand ressort. Per-
dre l'énergie, le courage néces-
eu parlant des concierges.
saire pour se tirer des périls
Ciraisser les bottes, v. a. d'une situation, des ennuis d'une
Donner des coups à quelqu'un, — affaire, pour rompre une liaison
dans l'argot des faubouriens. mauvaise, etc., etc.
Signifie aussi Faire des compli-
ments à quelqu'un, combler
Grand tour, s. m. Résultat
d'aise en flattant sa vanité.
le
de la digestion, —
dans l'argot
des enfants et des grandes per-
Graisser ses bottes, v. a. sonnes timides.
Recevoir l'Extrême-Onction, être
en état de faire le grand voyage Grand trottoir (Le). Le
d'où l'on ne revient jamais. répertoire classique, — dans
l'argot des coulisses.
Cirainmaire Benoiton, s. f.
La grammaire de la langue Grand Turc, s. m. Person-
verte, —dans l'argot des jour- nage imagii;aire qui intervient
fréquemment dans l'argot des
nalistes, qui ont voulu ainsi fixer
le passage, dans la bourgeois.
littérature
française, de la pièce de M. Vic-
S'en soucier comme du Grand
torien Sardou, la Famille Benoi-
Turc. Ne pas s'en soucier du
tout.
ton (1865-66).
Travailler pour le Grand Turc.
On dit aussi le Dictionnaire Be-
noiton. Travailler sans profit.
Ce Grand Turc est un peu pa-
<îirand arroseur, s. m. rent du roi de Piusse, auquel il
Dieu, —
dans l'argot du peuple, est fait allusion si souvent.
qui devrait pourtant savoir (de-
puis le temps!) comment se for- Grappin, s. m. Main, —
ment les nuages et la pluie. dans l'argot du peuple.
Poser le grappin sur quelqu'un.
fàrand eourt-bouillou, s. L'arrêter.
m. La mer. Poser le grappin sur quelque
On dit aussi la Grande tasse, chose. La prendre.
— où tant de gens qui n'avaient
pas soif ont bu leur dernier coup. Grappiner, V. a. et n. Ar-
Grande boutique, s. f. La
rêter, — dans l'argot des fau-
préfecture de police, dans — bouriens.
Signifie aussi Cueillir.
l'argot des voleurs, qui vou-
draient bien dévaliser celle-là de Gras, adj. Gaillard, grivois,
ses sommiers judiciaires. et même obscène, — dans l'argot
Grande fille, s. f. Bouteille,
des bourgeois.
— dans l'argot des ouvriers. Parler gras. Dire des choses
GRA GRA 217

destinées à effaroucher les oreil- Ciratou, s. m. Rasoir, — dans


les. l'argot des voleurs.

Ciras, s. m. Profit, — dans Ciratouille, s. f. Gale, —


l'argot des faubouriens. dans le même argot.
Il y a gras. Il y a de l'argent Ciratouse, s. f. Dentelle, —
à gagner. dans le même argot.
// n'y a pas gras. Il n'y a rien
à faire là dedans. Ciratte, s. f. Dîme illicite
prélevée sur une étoffe, dans —
CiraB, s. m. Réprimande, cor- l'argot des couturières, qui en
rection, —
dans l'argot des voyous, prélèvent tant et si fréquemment
C'est le suif des faubouriens. qu'elles arrivent à s'habiller de
soie toute l'année sans dépenser
Gras à lard, s. et adj.
Homme chargé d'embonpoint, — un sou pour cela. C'est un vol
non pimi, mais très punissable.
dans l'argot du peuple. Les tailleurs ont le même mot
Gras-double, s. m. Plomb pour désigner la même chose, —
volé et roulé, — par allusion à car eux aussi ont la conscience
la ressemblance qu'il otfre ainsi large.
avec les tripes qu'on voit à la
devanture des marchands d'a-
Ciratte (La). La gale, —
bats.
dans l'argot des faubouriens.
Les voleurs anglais, eux, di- Ciratte-cul, s. m. Femme
sent moos, trouvant sans doute qui a été jolie comme une rose et
au plomb une ressemblance avec n'a rien conservé de sa fraîcheur
la mousse. et de son parfum, — dans l'argot
du peuple, qui ne sait pas que
Ciras-double, s. m. Gorge
trop plantureuse, dans l'argot— « Si la jeunesse est une fleur,
des faubouriens. Le souvenir en est l'oJeur. »

L'analogie pour être assez


exacte, n'est pas trop révéren- Cirattée, s. f. Coups donnés
cieuse en tout cas elle est consa-
;
ou reçus.
crée par une comédie de Desfor- Se 'donner une grattée. Se
ges, connue de tout le monde, le battre à coups de poing.
Sourd ou l'Auberge pleine: « Je Ciratte-papier, s. m. Em-
ne voudrais pas payer madame ployé, clerc d'huissier, com-
Legras— double » dit Danière en
!

parlant de l'aubergiste, femme


mi'^, etc., — tous les scribes en-
fin.
aux robustes appas.
Castigat ridendo mores, le Ciratter, v. n. et a. Prélever
théâtre C'est pour cela que les un morceau plus ou moins consi-
!

plaisanteries obscènes nous vien- dérable sur une pièce d'étoffe, —


nent de lui. de façon à pouvoir trouver un
gilet dans une redingote et un
Ciras-doublier, s. m. Plom- tablier dans une robe.
bier, — dans l'argot des vo-
Grattoir, s. m. Rasoir, —
leurs.
dans l'argot du peuple.
Ciratis, s. m. Crédit, — dans Si? passer au grattoir. Se ra-
l'argot des marchands devin. ser.
218 GRE GRE

Clraveup sur cuir, s. m. lettres quiont lu le Colporteur


Cordonnier, —
dans l'argot des de Chêvrier, et connaissent un
faubouriens, qui prennent le peu les mœurs parisiennes du
tranchet pour un burin. xviiie siècle.

€irec, s. m. Filou, homme direluclionner, v. n. Se


qui triche au jeu, —
dans l'argot conduire en greluchon, comme
des ennemis des Hellènes. se conduisent beaucoup de jeu-
Le mot a une centaine d'an- nes gens à qui leur famille a
nées de bouteille. coupé les vivres et qui font de
petits articles de petite littérature
CirecQuerîe, s. f. Tricherie, dans de petits journaux.
artou science des grecs.
Le mot a été créé par Robert- C^rcnadier, s. m. Pediculus,
Houdin. — dans l'argot des enfants, dont
les mères assurent que c'est « la
CJpéer (Se), v. réfl. S'habil- santé », et qui tous pourraient
ler, —
dans l'argot des ouvriers servir de modèles au fameux ta-
qui ont servi dans l'infanterie de bleau de Murillo.
marine.
Cireuafe, s. f. Grange, —
Cireffer, v. n. Mourir de dans l'argot des voleurs.
faim, —
dans l'argot des voyous.
Cirenier à coups de poin«^,
Greffier, s. m. Chat, — dans s. m. Femme d'ivrogne, dans —
l'argot des faubouriens, qui n'ai- l'argot du peuple.
ment pas les gens à robe noire, et
emploient à dessein ce mot à CJrenier à coups de sabre,
double compartiment où l'on sent s. m. Fille à soldats.
la griffe. Cirenîer à lentilles, s. m.
Cirêle. s. f. Petite vérole, — Homme dont le visage est mar-
dans l'argot du peuple. qué de la petite vérole.
On dit'd'un homoie dont le vi-
sage porte des traces de virus
Grenieràsel, s. m. La tête,
siège de l'esprit.
variolique // a cjrélé sur lui.
:

Crêle, C<reuouillard, s. m. Buveur


s. m. Patron, maître,
— dans l'argot des tailleiirs.
d'eau.

La grêle d'en haut. Dieu. Cirenouillc, s. f. Prêt de la

Gre'lesse. Patronne. compagnie, — dans l'argot des


troupiers
Cirelot, s. m. La voix hu- Manger la grenouille. Dissiper
maine, —
dans l'argot des fau- le prêt de la compagnie.
bouriens.
S'emploie aussi, dans l'argot
Faire entendre son grelot. Par- du peuple, pour signifier : Dépen-
ler. ser l'argent d'une société, en dis-
Cirelu, s. m. Blé, dans — siper la caisse.
l'argot des voleurs, qui font sans
Cirenouille, s. f. Femme,
doute allusion à la gracilité de
cette graminée.
— dans des faubouriens,
l'argot
qui emploient cette expression
Cireluchon, s. m. Amant de injurieuse, probablement a cause
cœur, — dans l'argot des gens de du ramage assourdissant que font
GRI GRI 219

les femmes en échangeant des Cirig^notter, v. n. Faire de


caquets. maigres profits, et surtout des
profits illicites.
fcrenouiller, y. n. Boire de
l'eau. Ciirijgfou, s. m. Avare, hom-
Cirenouillère, s. f. établis-
me qui vit sordidement,
sement de Lains. « Ce grigou, d'iia air renfrogné
Lui dit : Alalgié ton joli nez... »
€rpèTe, s, Cessation de
f.

travail, —
dans l'argot des ou- a écrit l'abbé de Lattaiguant.
vriers, qui avaient, il y a quel-
Ciril, s. m. Charpente légère
ques années encore, l'habitude de
et à jour qui s'étend au-dessus de
se réunir sur la place de l'Hùtel-
la scène et où s'accrochent les
de-Ville.
frises. Argot des coulisses.
Faire grève. Cesser de travail-
ler et se réunir pour se concerter Crriller une (En), v. a. Fu-
sur les moyens d'augmenter le mer une pipe ou une cigarette,
salaire — dans l'argot des artistes et des
On dit aussi Se mettre en grève. lorettes.

Griblajs^e, s. m. Plainte, Cirllleuse de blanc, s. f.


cri, reproche, — dans l'argot des Repasseuse, —
dans l'argot des
voleurs. faubouriens, qui savent, par ex-
Ils disent aussi Goiirpline. périence personnelle, que les
blanchisseuses roussissent sou-
€iribou3lIagre>s. m. Ecriture
vent les chemises en les repas-
mal formée dessin confus, in-
;
sant avec un fer trop chaud.
cohérent. Argot du peuple.
On dit aussi GrihouilUs. Ciriiue, s. m. Rôle de vieux,

, Gribouiller, v. a. et n.
— dans l'argot des coulisses.
Écrire, dessiner incorrectement, Cirimoire, s. m. Le Code
illisihlement. pénal, — dans l'argot des vo-
leurs.
Ciribouillette, s. f. Objet
Grimoire mouchiqice. Les som-
quelconque lancé au milieu d'en-
fants, — dans l'argot des éco-
miers judiciaires.
liers, qui se bousculent alors pour Cirinclie, s. m. Voleur.
s'en emparer. Gela constitue uu On dit aussi Grinchisseur.
jeu.
Grincheux, s. et adj. Hom-
Jeter
lette. La
une chose à la gribouil-
lancer un peu au ha-
me difficile à vivre, — dans l'ar-

sard, — dans l'argot du peuple.


got
lettres.
du peuple et des gens de

Cirie, adj. Froid, — dans


Grinchir, v. a. Voler quel-
l'argot des voleurs.
que chose.
Grielle. Froide.
On dit aussi Grincher.
Griffer, v. a. Saisir, pren- Grinchir à la cire. Voler des
dre, dérober, — dans l'argot du couverts d'argent par un procédé
peuple. que décrit Vidocq (p. 205).
On dit aussi Agriffer. Grinchissage, s. m. Vol.
Gri^non, s. m. Morceau, de (V. Vidocq, p. 205-220, pour les
pain spécialement. nombreuses variétés de grinchis-
220 GRI GRO

sage : à la limonade, à la des- Griiierie, s. f. Ivresse légère,


serte, au voisin, aux deux lour- — dans l'argot des bourgeois.
des, etc.;
CIrig Jusqu'à la troisième
Cirînchisseur à la chi- capucine (Etre), Etre en com-
cane, s. m. Voleur adroit, qui plet état d'ivresse, à en déboider,
travaille sans compère. — dans l'argot des troupiers, gui
savent que la troisième capucine
Gringalet, s. m. Gamin,
homme d'apparence chétive, — est près de la bouche du fusil.

dans l'argot des faubouriens, Cirisotter (Se), v. réfl. Se


griser légèrement, honnêtement,
Ciring:uenautle8, s. f. pi.
Ordures des environs du pode.r,
pour ainsi dire, dans l'argot —
— dans l'argot du peuple qui
des bourgeois, ennemis des excès
parce qu'amis de la vie.
sent souvent le faguenat à cause
de cela. CJpîTe, s. f. La garde, — dans
l'argot des voleurs, qui se rap-
€irippe, Caprice, mau-
s. f.
pellent peut-être que les soldats
vaise humeur contre quelqu'un,
— dans l'argot des bourgeois.
s'appelaient autrefois des grivois.
Corps de grives. Corps de
Avoir en grippe. Ne pas pou-
garde.
voir sentir quelqu'un ou quelque
Harnais de grive. Uniforme.
chose.
Prendre en grippe. Avoir de Cîriyiep, s. m. Soldat.
l'aversion pour quelqu'un ou
quelque chose. CiriTois, s. m. Libertin, —
dans l'argot du peuple.
<RPippep, V. a. Chiper, et
même voler, — dans l'argot du CJriToîse,
femme
s,
qui se plait dans le com-
f. Fille oii

peuple.
merce des hommes riches.
Crrippe-tlésus, s. m. Gen-
darme, —
dans l'argot des vo- Cirog-nard, s. m. Homme
leurs. chagrin, mécontent, qui gronde
sans cesse.
Cirippc-sous, s. m. Usurier, L'expression (qui vient de gnin-
avare, — dans l'argot du peuple. dire, grogner) ne date pas de
l'empire, comme on serait tenté
fàris, adj. Cher, précieux, — de le croire elle se trouve dans
:

dans l'argot des voleurs.


le Dictionnaire de Richelet, édi-
Grise. Chère, aimable.
tion de 1709.
Cirisaille, s. f. Sœur de cha- On dit aussi grognon.
rité, —
dans l'argot des faubou-
Cirogpne, s. f. Mauvaise hu-
riens qui savent qu'on appelle
ces saintes filles ù.ès sœurs grises.
meur, chagrin.

Cirise, S. f. Chose extraordi- Groi»pner, v, n. Se plaindre ;

naire et désagréable, —
dans l'ar-
gronder sans raison.
got du peuple. fiiroller, v. n. Murmurer
En
voir de grises. Peiner, pâtir. d'une façon désagréable, gronder
En
faire voir de grises. Jouer faire un' bruit semblable à celui
des tours désagréables à quel- que fait en criant le freux, on
qu'un. plutôt la grolle, une corneille.
GRO GRU 221

Signifie aussi Remuer des ti- amis du pain blanc et des dis-
roirs, ouvrir et fermer des portes, cours amènes.
— et alors c'est un verbe actif. Cirouchy, s. m. Retardataire,
Ciromiau, s. m. Enfant, ga- flâneur, — dans l'argot du
min, — dans l'argot des faubou- peuple.
riens. Cirouchy, s. m. Article qui
C;r.-.Or.-.de Fp.'., s. m. arrive trop tard à l'imprimerie,
Le sénat maçonnique. — dans l'argot des journalistes.
Trad.-. p.*. les prof.*. Grand L'expression est d'H. de Bal-
Orient de France. zac.

— Ou dit aussi Rappel de ^Vater-


C>ro8, adv. Beaucoup, loo.
dans l'argot du peuple.
Couclif'r gros. Dire quelque Grouiller, v. u. Remuer,
chose d'énorme. s'agiter, — dans l'argotdu
peuple.
Gagner gros. Avoir de grands
bénéfices. Grouillis-Grouillot, s. m.
Il]/ a à parier. Il y a de
g)'os Foule de gens ou d'animaux, —
nombreuses chances pour que.... par allusion à leurs mouvements
Tout en gros. Seulement. A'ermiculaires.
Ce mot fait image et mérite
Gros lég-umes, s. m. pi. Les
malgré sa trivia-
officiers supérieurs, — dans l'ar-
d'être conservé,
lité.
got des troupiers.

Ciros lot, s. m. Mal de Naples.


Grouin, s. m. Visage, —
dans l'argot des faubouriens, qui
Ciros numéro, s. m. Pros- n'ont pas le moindre respect pour
tibulum. le « miroir de l'âme ».

CSros papa, s. m. Homme Groumer, v. n. Gronder,


bon enfant, rond de caractère murmurer, — dans
l'argot des
comme de ventre, ayant ou non ouvriers qui ont servi dans l'in-
des enfants fanterie de marine.
On dit aussi Gros père.
Grue, s. f. Femme entrete-
CSro88e caTalerie, Cu- s. f. nue, que la Nature a douée d'au-
reurs d'égout, —
dans l'argot des tant de bêtise que de beauté, et
qui abuse de celle-ci pour faire
faubouriens, qui font allusion aux
grosses bottes de ces ouvriers tro- accepter celle-là.
glodi^es. C'est un Diot heureux que les
gens de lettres ont trouvé là pour
(rosse caTalerie, s. f. Fi- répondre à l'insolence des filles
gurantes du corps de ballet qu'où envers les honnêtes femmes
ne fait jamais donner, dans — Bécasses! disaient-elles. Grues!
l'argot des gandins, à qui cette
leur répond-on.
grosse cavalerie fait toujours don-
Mais ce mot, dans ce sens pé-
ner.
joratif, n'est pas né d'hier, il y a
Grossier comme du pain longtemps que le peuple l'emploie
d'orge, adj. Extrêmement bru- pour désigner un niais, \m. sot,
tal, dans l'argot des bourgeois, un prétentieux.
222 GUE GUE
Ciruerie, s. f. Bêtise rare, dans l'argot des marbriers de ci-
— comme en sort tant de tant
il metière, qui s'y réfugient au mo-
de jolies bouches. ment des averses.
ftruger, v. a. Manger le bien Guette, s. f. Gardien, —dans
de quelqu'un, — dans l'argot du l'argot du peuple, qui à dit cela
peuple. propos des chiens.
Les gens de lettres écrivent Bonne qurtte. Chien qui aboie
grue-ger, par allusion aux mœurs quand il faut, pour avertir son
des grues, —
ces Ruine-maison! maître.
Etre de (juette. Aboyer aux
CJrug'eur, s. m.
Parasite,
faux ami qui voleurs, ou aux étrangers.
vous aide à vous
ruiner, comme si on avait besoin Gueulard, s. m. Gourmand.
d'être aidé dans cette agréable Signifie aussi Homme qui parle
besogne. trop haut, ou qui gronde tou-
jours à propos de rien.
Cruano, s. m. Fèces, non pas
des pbéuicoptères des mers du
Sud, mais de l'homme, — Ciueulapil, s. m. Poêle, —
dans dans l'argot des voleurs.
l'argot des faubouriens, qui ai- Signifie aussi Bissac.
ment les facéties grasses et re-
maent volontiers la lie de l'es- Gueulartle, s. f. Poche, —
prit pour en dégager les par- dans le même argot.
fums nauséabonds au nez des Gueulardise^ s. f. Gour-
autres et même à leur propre
nez.
mandise, — dans l'argot du
peuple.
Ciuelte, s. f. Bénéfice {geld) Ciueule, s. f. Visage.
qu'on abandonne aux commis Bonne gueule. Visage sympa-
d'un magasin qui sont pars^enus thique.
à vendre un objet jugé invendable. Casser la gueule à quelqu'un.
Grâce à la faconde des gaudis- Lui donner des coups de poine
sards modernes, il est rare qu'un en pleine figure.
rossignol reste sur les rayons, et Gueule en jKintou/lc. Visage
°
leur guelte s'en accroît d'autant. emmitouflé.
Ciuenillon, s. m. Fille ou Gueule, s. f. Appétit énorme.
femme mal habillée, dans Tar- — Etre porté sur sa gueule. Ai-
got des bourgeoises, qui ne tolè- mer les bons repas et les plan-
rent pas les infractions à la mode. tureuses ripailles.
Donner un bon coup de gueule.
Ciuenon, s. f. Femme laide Manger avec appétit.
ou corrompue, dans l'argot du
peuple. Gueule, s. f. Bouche.
C'est la, trot des Anglais. Bonne gueule. Bouche fraîche,
On dit aussi Guenippe\ et Guc- sauie, garnie de toutes ses dents.
miche.
Gueule de bois, s.f. Ivresse,
Ciuérets, s. m. pi. Les blés — dans l'argot des faubouriens,
murs, —
dans l'argot des Acadé- qui ont voulu exprimer son ré-
miciens. sultat le plus ordinaire.
Se sculpter une queule de hois.
Ciuérite, s. f. Chapelle, — Commencer à se griser.
GUE GUI 223

Ciueule d'empeig^ne, s. f. — pour employer l'abominable


Homme qui a une voix de sten- expression que j'ai entendue un
tor ou qui mange très chaud ou jour sortir, comme un crapaud
très épicé. visqueux, de la bouche de l'une
Avoir une gueule d'empeigne. d'elles.
Avoir le palais assuré contre l'ir- Courir lesgueuses. Fréquenter
ritation que causerait à tout autre le monde interlope de Breda-
l'absorption de certains liquides Street.
frelatés. En 1808 on disait : Courir la
On dit aussi Avoir la gueule gueuse.
ferrée.
Ciueuserie, s. f. Action vile,
Ciueulée, s. f. Repas. honteuse, comme les coquins en
ChercJier la gueulée. Piquer peuvent seuls commettre.
l'assiette.
Signifie aussi une grosse bou- Gueux, s. m. pot de Petit
chée. terre qu'on emplit cendres de
rouges et que les marchandes en
Ciiieulées, s. f. pi. Paroles
plein vent et les bonnes femmes
fescennines, et même ordurières,
pauvres placent sous leurs pieds
Ciueule enfarinée (Avoir pour se chauffer.
la). Etre par quelque
alléché
chose, par une promesse de dî-
Ciueux, s. m. Coquin, dans —
du peuple, qui, d'un seul
l'argot
ner ou d'amour, et se créer par
mot, prouve ainsi éloquemment
avance une indigestion et une fé- naturel de
que le Vice est le fils
licité sans pareilles.
la Misère.
Ciueule fine, s. f. Gourmet. Gueux d'argent ! Expres-
Ciueuler, v, n. Crier, gron- sion du même argot, qui équi-
der. vaut à Vargentum sceleratum
Signifie aussi Parler. (c'est-à-dire causa omnium sce-
lerum) de l'argot des convives
&ueuleton« s. m. Repas de Trimalcion, dans Pétrone.
plantureux, ou seulement Repas.
C'est un cri que poussent depuis
Fin gueuleton. Ripaille où tout
longtemps les misérables et qui
est en abondance, le vin et la
retentira longtemps encore à tra-
viande.
vers les âges.
Càucalctonncrj v. n. Faire
(•iuibe^, s. f. pi. Jambes, —
un gueuleton.
dans l'argot des voyous.
Ciueusailler, v. n. Vaga-
— Ciuibolles, s. f. pi. Jambes,
bonder, mendier,
des bourgeois.
dans l'argot — dans l'argot des faubouriens,
Joue)- des guibolles. Courir,
Ciueusaille, s. f. La ca- s'enfuir.
naille.
CJuichemar, s. m. Guiche-
Ciueusard, s. m. Polisson. tier, — dans l'argot des voyous.
Ciueuse, s. f. Drùlesse qui ex- Ciuîg'ne, s. f. Mauvaise
ploite le plus pur, le plus exquis chance, —
dans l'argot des co-
des sentiments himiains, l'amour, chers qui ne veulent pas dire
et « s'en fait des tapis de pieds », guignon.
224 GUI GY

Porter la guign.'^. Porter mal- Ciuinalj s. m. Juif, — dans


heur. l'argot des voleurs.
Grand-guinal. Le Mont-de-
Ciuig^ne à g^auche, s. m. Piété
Homme qui louche, — dans l'ar-
got des faubouriens. Ciuinche, s. f. Grisette de bas
étage, habituée de bastringues
Ciuîgruer, V. a. Viser, con- mal famés
voiter, attendre, dans l'argot du
peuple. Ciuinche, a. f. Bal de bar-
rière, — dans l'argot des voyous,
Ciuig'iion, s. m. Pseudonyme qui appellent de ce nom la Belle
moderne du vieux Fatum. Moissonneuse, Aux Deux Mou-
Avoir du guignon. Jouer de lins, le Vieux chêne, rue Mouffe-
malheur, ne réussir à rien de ce tard, le Salon de la Victoire, à
qu'on entreprend. Grenelle, etc.

Ciuig'nonnant, adj. Désa- (Huîncher, v. n. Danser.


gréable. diuincher (Se). S'habiller à
C'est guignonnant ! C'est une
!'
la hâte, — et mal.
fatalité
On — à tort — gui- Iiiuincheur, s. m. Habitué
dit aussi
des bastringues.
gnolant.

Ciuig'nonné (Etre). Etre


Ciiiindal, s. m. Verre, —
dans l'argot des bouchers.
poursuivi par la déveine au jeu, Siffler le guindal. Boire.
par l'insuccès dans ce qu'on en-
treprend Ciuingfois (De), adv. De tra-
Ciuimbarde,
.

s. f. Voiture
vers, —
d.tns l'argot du peuple.

mal suspendue, comme les cou- Ciuîng^uette, s. f. Grisette, —


cous d'il a quarante ans,
y — parce que hantant les bals de
dans l'argot des faubouriens, qui barrière.
emploient aussi cette expression à
propos de n'importe quelle voi-
Ciuitare, s. f. Rengaine ;

plainte banale, blague sentimen-


ture.
L'expression se trouve dans
tale, —dans l'argot des artistes
et des gens de lettres, recon-
Restif de la Bretonne, qui l'em-
naissants à leur manière envers
ploie à propos d'une « grande
voiture à quatre roues chargée de
les beaux vers des Orientales de
marchandises ». Victor Hugo.
Se dit aussi en parlant d'une Ciy, adv. Oui, dans l'argot des
vieille guitare. voleurs.
Habillé de soie, s. m. Habiner, V. a. Mordre.
Porc, — clans l'argot des faubou- Habit noir, s. m. Bourgeois,
riens et des paysans des environs
de Paris.
— dans l'argot des souteneurs de
filles,gens du peuple, et, à cause
Habiller, v. a. Médire de de cela, ennemis de l'habit.
quelqu'un, —dans l'argot du Etre habit noir. Etre par trop
peuple. simple, par trop naïf, comme —
Habiller de taffetas à 40 sous. les bourgeois le sont d'ordinaire
Mettre sur le dos de quelqu'un aux yeux des voyous, qui ont une
des sottises ou des méchancetés morale différente de la leur.
compromettantes pour sa réputa-
Habitong^ue, s. f. Habitude,
tion.
— dans l'argot des voleurs.
Habiller, v. a. Préparer un
Hacher de la paille^
animal pour l'étal, — dans l'ar- Parler allemand, —
v. a.
dans l'argot
got des Éouchers.
des ouvriers.
Habiller de sapin (S') v. Haleine cruelle,
réfl.Mourir, —
par allusiou au C'est-à-dire fétide,
s.
— dans l'argot f.

Lois dont se composent ordinaire- des gens de lettres, qui ne veu-


ment les cercueils. —
Argot du lent pas dire haleine homicide.
peuple. Ils disent aussi Haleine à la
Les gueux de Londres appel- Domitien.
lent le cercueil a irooden coat
(un habit de bois ou une redin-
Haleïuer, v. a. Respirer
gote en sapin.)
l'haleine de quelqu'un, — dans
l'argot du peuple.
Habin, Chien, —
dans l'argot Signifie aussi, au figuré. Flai-
des voleurs, qui ont emprunté ce rer, chercher à deviner ce qu'une
mot au vieux langage des hon- personne pense.
nêtes gens. Halle aux draps, s. f. Le
On dit 3.ussi Happin et Hubin. lit, — dans l'argot des faubou-
llabin ergamé. Chien enragé. riens.

15
226 HAR HAR

Aller à la halle aux dmps. Se Homme doué de plus d'appétit


coucher. que de courage, yulo. —
On dit aussi dans le même
Hallebarde, s. f. Femme sens N'avoir de courage qiià la
:

trop grande et mal habillée. soupe.


On disait autrefois, et plus jus-
tement, Hallcbréda, qui était ime Harengère, s. f. Femme du
corruption de HaWrené (dépe- peuple quelconque, « un peu trop
nailléj. forte en gueule », dans l'argot —
des bourgeoises, qui se souvien-
Ualot, s. m. Soufflet, —dans nent des plaisanteries salées dont
l'argot des voleurs. les accablaient jadis les Dames
de la Halle, aujourd'hui muse-
Haloter, v. n. et a. Souffleter.
lées par ordonnance de police.
Signifie aussi Souffler.
Haria, s. m. Embarras ;
Hanneton, s. m. Manie chose ennuyeuse à faire ou à dire,
quelconque, idée fixe, dans — — dans l'argot du peuple.
Targot de Breda-Street, où les J'ai suivi pour ce mot l'ortho-
hannetons-hommes viennent d'eux- graphe de Balzac, mais je crois
mêmes s'attacher le fil à la patte. que c'est à tort et qu'il doit s'écrire
Avoir un hanneton dans le pla- sans H, venant probablement de
fond. Etre fou de quelqu'un ou l'italien aria, air, — d'où aricttu,
de quelque chose. ariette, air depeu d'importance.
Les voyous anglais ont une A moins cependant que Haria ne
expression analogue To hâve a : vienne ïUHarioIus, sorcier.
bee in his bonnet (avoir une Haricander, v. n. Cha-
abeille dans son chapeau), disent-
mailler quelqu'un sur des vé-
ils.
tilles être de mauvaise compo-
;

Uannetonuer, v. n. Se con- sition.


duire comme un enfant; avoir Haricots, s. m. pi. Maison
des distractions. d'arrêt de la garde nationale, où
il est de tradition fausse — —
Marauder, v. n. Crier après que l'ordinaire de cette prison
quelqu'un, le poursuivre d'iu-
iures os de moqueries, dans — pour rire se compose de légu-
mes, comme celui des prisons
l'argot du peuple.
sérieuses.
J'ai respecté l'orthographe de
On dit aussi Y Hôtel des Haricots.
ce verbe, que j'ai entendu sou- Aug. Villemot prétend que cette
vent après l'avoir lu dans les Ma- expression est une corruption
tinres du sriijneur de Cholières. a peut-être
d'Hôtel Darricaud. 11
Mais, à dire vrai, on devrait
raison.
l'écrire Haroder, puisqu'il vient
de Haro. Et, à ce propos, qui se Haridelle, s. f. Femme
douterait que ce dernier mot, si maigre et grande.
connu, est composé de l'exclama- On dit aussi, mais en moins
tion Ha ! et du nom de Raoul, mauvaise part, Haquence.
premier duc de Normandie?...
Harnaché, adj. Mal habillé.
Hardes, S. f. pi. Vêtements.
Harpe, s. f. Barreaux de fer
garnissent les fenêtres des
Hardi à la soupe, aij. qui
HAU HER

prisons, — dans l'argot des vo- de chaque classe de la société,


leurs. bourgeois, lorettes, et même —
Pi?icer de la harpe. Se mettre ouvriers.
à la fenêtre. Cette expression, très employée
par le peuple et par le monde in-
Harpie, s. f. Femme aca-
terlope, appartient à l'argot des
riâtre comme la femme de So- voleurs, qui se sont divisés eu
crate, —
dans l'argot des bour- deux grandes catégories. Haute
geois, qui ont souvent le malheur et basse pèg re.
d'épouser une Xantippe.
Hàute«1tielierie, s. f. << Les
Harpiguer (Se), v. réfl. Se plus élégantes et les plus connues
quereller, se battre, — dans d'entre les coureuses parisiennes,
l'argot du peuple. reines d'un jour qui ne font que
Hasard! Expression de l'ar- paraître et disparaître sur le
got des typographes, qui s'en Doulevard, leur champ de ba-
servent ironiquement à propos taille. »

de choses qu'on répète trop sou- Haut-mal, s. m. L'épilepsie,


vent devant eux. — dans l'argot du peuple.
Souvent ils se contentent de
dire H !
Hautocher, v. n. Monter, —
dans l'argot des voleurs.
Hasard de la fourchette
(Au). Expression proverbiale de Haut-et-bas, s. m. pL
largot du peuple, qui, après Chances diverses de bonheur et
l'avoir longtemps employée au (le malheur, de perte et de gain,

propre, l'emploie maintenant au de tristesse et de joie, dans —


figuré. l'argot du peuple, qui connaît le

C'est l'équivalent de Au petit jeu de bascule de la vie.


bonheur. Avoir des hauts et des bas.
N'avoir pas de position solide,
Hasarder le paquet. Ten-
de commerce à l'abri de la ruine.
ter une chose, fortune ou danger,
Les Anglais ont la même ex-
après avoir longtemps hésité.
pression the iips am doxvns, di-
:
"^-^
Haiis, s. m. Nom que les sent-ils à propos de ces vicissi'
commis de nouveautés donnent à tudes de l'existence.
toute personne qui entre dans le
Herbe à g^rimper, s. f.
magasin, y marchande plusieurs
choses, et s'en va sans rien ache-
Belle gorge ou belles épaules, —
éperons du cœur, compulsoires
ter.
d amour.
Haussier, s. m. Spéculateur
Herbe sainte,
s. f. L'ab-
qui joue plus souvent à la hausse
qu'à la baisse, —
dans l'argot des
sinthe, — cause de la dési-
à
nence, et par antiphrase.
boursiers.
Haut-de-Tire, s, m. Bas,
Herbes de laSaint-dean,
Moyens extraordinaires
— dans l'argot des voleurs, pour
s. f. pi.
employés pour unefaire réussir
qui ce mot a signifié originaire- donnés à
affaire, soins excessifs
ment Haut-de-chausses.
Ils disent aassi Tirants.
une chose, —
dans l'argot du
peuple, qui a une Flore à lui,
Haute, s. f. La fraction riche comme il a sa Faune.
238 HIR HOM
Herse, s. f. C'est, — dans l'ar- Les voleurs anglais disent d®
got des coulisses, —
un appareil même : gallows Lird.
d'éclairage disposé en bande trans-
versale, pour donner de la lu- Hirondelles d'hiver, s. f.

mière dans les parties de la pi. Les marchands de marrons,


et aussi les petits ramoneurs,
scène qui n'en recevraient pas
suffisamment de la rampe ou des parce que c'est au milieu de
réflecteurs des portants. l'automne, aux approches de
l'hiver, que les premiers viennent
lliater, v. n. Bâiller, s'en- s'installer dans les boutiques des
tr'ouvrir comme hiatus. marchands de vin, et que les
L'expression appartient à J. Ja- seconds font leur apparition dans
nin, qui l'a employée à propos les rues de Paris.
des guenilles indécentes de Cno-
druc Duclos.
Hirondelles du pont
d'Arcole, s. f. pi. Petits vaga-
Ilibou, s. m. Homme d'im bonds qui, il y a quelques années,
commerce difficile et désagréa- avaient imaginé d'élire domicile
ble, — dans l'argot des bourgeois, sous les arches, ou plutôt dans
incapables de comprendre les les arches du pont d'Arcole, où
susceptibilités sauvages d'Alceste, non seulement ils couchaient, mais
qui préférait la nuit avec son si- apportaient le produit de leurs
lence solennel au jour avec ses déprédations de la journée.
bruits discordants, et le désert Histoire, s. f. Bagatelle,
avec les loups à la ville avec les
hommes.
chose de rien, fadaise, — dans
l'argot du peuple, qui donne ce
Hic, s. m. Difficulté, obsta- nom à tout ce qui n'en a pas pour
lui.
cle, ennui quelconque. Hic jacet
lepus. Histoire, s. f. Visage de
Voilà hic. Voilà le difficile
le carnpayiie que découvrent si vo-
de l'affaire, son côté scabreux, lontiers et si innocemment les
ou périculoseux, ou seulement petits garçons et les petites filles.
désagréable.
Histoires, s. f. pi. Discus-
Hirondelle, s. f. Ouvrier sion à propos de quelque chose,
récemment débarqué de province, — et surtout à propos de rien.
— dans l'argot des tailleurs. Faire des histoires. Se fâcher
sans motif raisonnable exagérer ;

Hiroudelle, s. f. Commis un événement de peu d'impor-


voyageur, — dans l'argot des tance.
faubouriens.
Hog^ner, v. n. Murmurer,
Hirondelle, s. f. Cocher de se plaindre, pleurer.
remise, — dans l'argot des co-
chers de place. Homard, s. m. Soldat de la
ligne, —
dans l'argot des faubou-
Hirondelle de Cirève, s. f. riens, qui, sans connaître l'an-
Gendarme, —
dans l'argot des glais, imitent cependant les mal-
voleurs, souviennent du
qui se faiteurs de Londres appelant les
temps où 1 on exécutait en (Irève. soldats de leur pays toasters, à
On disait autrefois, avant Guil- cause de la couleur rouge de leur
lotin, Hiroudelle de potence. uniforme.
HOM HOR 229

Signifie aussi Suisse, domes- vaient inventer le man of straw,


tique en grande livrée. — rhomme de
et paille fut.

Ilomélie, s. f. Discours en- Homme de paille, s. m.


nuyeux, — dans l'argot du Bonhomme, pauvre homme et
peuple, qui se soucie peu des homme pauvre, dans l'argot —
Pères de l'Eglise, et bâille aussi du peuple, qui emploie cette ex-
volontiers devant un sermon pro- pression depuis quelque trois
fane que Gil Blas devant les ser- cents ans, comme le témoigne
mons religieux de l'archevêque cette épigramme du Seigneur des
de Grenade. Accords :

Homicide, s. m. L'hiver, — <fJean q li esloit homme Je pai'.le,


dans l'argot des vagabonds, pour N'ayant que mettre sous la dent,
qui cette saison est en effet meur- Prit une vieille et de l'argent :

trière. Maintenant il vit et travaille. »

Hommasse, adj. Femme que Homme de peine, s. m.


son embonpoint exagéré rappro-
Voleur qui a déjà subi une ou
che trop de l'homme, dans — plusieurs condamnations.
l'argot du peuple.
Hommelette, s. f. Homme
Homme, s. m. « Nom que qui n'a rien des qualités et des
les filles donnent à leur amant de
prédilection. »
vices de l'homme, dans l'argot —
du peuple, ami « des lurons »,
C'est aussi que les
le nom
femmes du peuple donnent à leur Honnête, adj. Plus que suf-
mari. fisant, — dans l'argot des bour-
geois.
Homme à femmes, s. m. —
Homme de galante humeur, — Hôpital, s. m. Prison,
dans l'argot du peuple. dans l'argot des voleurs, dont la
conscience est souvent malade.
Homme à caaque, s. m.
Horion, s. m. Coup donné
Saltimbanque, dentiste en plein
vent, pédicure de place publi-
ou reçu, — dans l'argot du
peuplé".
que, etc.
Horlog^er, s. m. Le Mont-de-
Homime au sac, s. m. Per- —
sonne riche, généreuse, dans — Piété,
vriers,
dans l'argot des ou-
qui y portent volontiers
l'argot des petites dames qui
leur montre lorsqu'elle retarde
voudraient que l'Humanité ne fût
de 20 francs.
composée que de ces hommes-là.
Horreur d'homme, s. f.
Hom.me de lettres, s. m. Homme qui fait rougir et que l'on
Faussaire, — dans l'argot des n'ose pas chasser, dans l'ar- —
voleurs. got des bourgeoises, qui com-
Homme de paille, s. m. mencent à se shockiner comme les
Gérant responsable, machine à ladies anglaises.
signatures, —
dans l'argot des Horreurs, s. f. pi. Ce que
bourgeois. Cicéron appelle turpitudo verbo-
Les Anglais, qui ont
inventé rum, —
dans l'argot des bour-
les sociétés en commandite, de- geois.
230 HUI HUl

Dire des horrew^s. Tenir des Pomper les huiles. Boire avec
propos plus que grivois. excès.
Dire des horreurs de quel-
qu'un. L'accuser de choses mons-
Huile, s. f. Soupçon, — dans
trueuses, invraisemblables, — l'argot des voyous.

par exemple d'avoir volé les tours Huile blonde, s. f. Bière,


Notre-Dame. — dans l'argot des étudiants, ha-
Faire des horreurs. Agir trop bitués des brasseries.
librement.
Huile de bras, s. f. Vi-
Ho8to, s. m. Prison, — dans gueur physique, volonté de bien
î'argot des ouvriers. faire, qui remplace avantageuse-
ment l'huile pour graisser les
Hôtel (le la modestie, s. ressorts de notre machine. Argot
m. Hôtel garni, mauvaise au- du peuple.
î)erge, —dans l'argot des faubou-
On dit aussi Hidle de poignet.
nens, qui savent que les loca-
taires de ces maisons-là n'ont pas Huile de Cotret, s. f. Coups
le droit de faire les fiers. de bâton, —
dans l'argot des ou-
Ils disent aussi Et)e logé à vriers, qui, dans les jours gras,
l'enseigne des Haricots. se plaisent à envoyer les nigauds
chez les épiciers pour demander
nôtel du rat qui pète, s.
un litre de cette huile-là.
ai. Cabaret populacier, dans — La plaisanterie et l'expression
l'argot des marbriers de cime-
sortent du roman de Cervantes.
tière.

filotteriau, s. m. Chiffon-
Huile de mains, s. f. L'ar-
nier, —
dans l'argot des faubou-
gent, qui vous glisse toujours
entre les doigts, —
dans l'argot
riens.
du peuple, plagiaire involontaire
noupe dentelée, s. f. Lien des voyous anglais : OU ofpalms
de fraternité, — dans l'argot des disent ces derniers.
francs-maçons.
Huit, s. m. Entrechat, —
Hourvari^ s. m. Vacarme, dans l'argot des troupiers.
dispute bruyante, —
dans l'argot Battre un huit. S'en aller gra-
du peuple, qui a emprunté ce cieusement en pirouettant sur les
mot a l'argot des chasseurs. talons.

Houspillerj v. a. Maltrai- Huit écus, s. m. La mé-


ter quelqu'un par paroles ou par sange, —
dans l'argot des pay-
action. sans des environs de Paris, qui
ont voulu faire allusion au chant
Iluchcr, V. a. Appeler quel-
de cet oiseau.
qu'un, crier après lui.
Huttre, s. f. Mucosité expec-
flug^reiueut,
coup, victorieusement,
adv.

Beau-
dans
torée, —dans l'argot des faubou-
riens, qui prennent les produits
l'argot des faubouriens.
des cryptes muqueuses des bron-
Huile, s. Tin,
f. dans — ches pour des mollusques acé-
i'argot du peuple, qui oint ses phales.
membres avec cette onctueuse li- Faire des huîtres. Cracher
queur. beaucoup et malproprement.
HUM HYD 231

Huitrej s. f. Imbécile, — et de tendresse, qui se rencontre


dans l'argot du peuple, qui jette à foison chez les écrivains anglais,
volontiers ses coquilles à la tète et qu'on remarque depuis une
des gens. quarantaine d'années chez quel-
Le parti des huîtres. Nom ques-uns des écrivains français,
qu'on a donné, sous Louis-Phi- Charles Nodier, Gérard de Ner-
lippe, aux députés du centre, val, etc.
gens satisfaits, —
et attachés à
Huppé, adj. Bien habillé, —
leurs bancs.
dans l'argot du peuple.
nuit-ressorts, s. m. Voi- Monsieur huppé. Personne de
ture à la mode, coupé de petite distinction.
dame.
Se dit aussi pour la Petite
Huré, adi. Riche, — dans
l'argot des voleurs.
dame elle-même.
Hurluberlu, s. m. Homme
Uuitrifier (S'). S'embour- fantasque, excentrique, étourdi,
geoiser, se parquer dans une vie
et même un peu fou. Argot du
casanière. Argot des gens de peuple.
lettres.

Humecter Huron, s. m. Homme rude


re, — dans
réfl. Boi-
(S'), v.
des ouvriers,
l'argot
d'aspect et de langage, — dans
l'argot des bourgeois, qui n'ai-
qui avalent assez de poussières
ment pas Alceste.
malsaines pour avoir le droit de
se mouiller un peu le palais. Hus-mus! Grand merci, —
dans l'argot des voleurs
Humide empire (L'). La
mer, — dans l'argot des acadé- Hussard à quatre roues,
miciens. s. m. Soldat du train, — dans
Ils disent de même Les plaines l'argot des troupiers.
humides. Hussard de la g^uillo-
La première expression peut
s'appliquer aussi justement à
tine, s. m. Gendarme, — dans
l'argot des prisons.
l'Egout collecteur, et la seconde
aux
On dit aussi Hussard de la
prairies suffisamment irri-
veuve.
guées.

Humoriste, s. m. Écrivain Hydre de l'anarchie (L').

de l'école de Swift et de Sterne


Le socialisme, —
dans l'argot des
bourgeois, qui ont peur de leur
en Angleterre, et de Jean-Paul
ombre.
Richter et Henri Heine en Alle-
magne, —
dans l'argot des gens Hydropique, adj. et s. Fille
de lettres, qui ont emprunté le ou femme enceinte, — dans l'ar-
mot [humour ist) et la littérature got facétieux du peuple.
qu'il représente.
Hyménée, s. m. Mariage, —
Humour, s. m. Mélange dans l'argot des académiciens.
d'esprit et de sentiment, de Serrer les liens ou les nœuds de
gaieté et de mélancolie, d'ironie l'hyménée. Se marier.
Icij^o, adv. Ici, —
dans Tai'- la pluie sur les étoffes —
sur les
got des voleurs. étoffes de satin principalement.
Ils disent aussi Icicaille.
Il est midi! Exclamation
Idée, Petite quantité de
s. f. de l'argot des faubouriens, pour
quelque chose, solide ou liquide, avertir quelqu'un qui parle d'a-
— daus l'argot du peuple. voir à se méfier des gens devant
Cette expressiou est de la lesquels il parle.
même famille que scrupule, lar- On dit aussi // est midi et demi.
me, soupçon et goutte.
Illico, adv. Sur-le-champ,
Idées, s. f. pi. Soupçons ja-

— tout de suite, dans l'argot du
loux, dans l'argot des bour-
peuple.
geoises.
Se forger des idées. Concevoir Illico, s. m. Potion improvi-
des soupçons sur la fidélité d'une sée, —dans l'argot des pharma-
femme. ciens, qui composent ordinaire-

Idiot, s. m. Aménité de l'ar- ment ce garus de teinture de


cannelle, de sucre et d'alcool.
got des gens de lettres, qui l'a-
dressent volontiers aux confrères Il n'y a pas de bon Oieu î
qiii leur déplaisent.
Phrase elliptique de l'argot du
Idiotisme, s. m. Bêtise com- peuple, qui ne sent pas le fagot
plète; ânerie renversante. autant qu'on pourrait le croire au
premier abord; elle signifie sim-
Il a plu sur sa mercerie. plement, dans la bouche de
Se dit —
dans l'argot des gens l'homme le plus en colère :

de lettres et des rapins — d'une « Malgré tout, je ferai ce que je


femme autrefoisavantagée
très veux faire, rien ne m'arrêtera. »
par la Nature, et maintenant
tout à fait désavantagée par la Il pleut! Terme de refus
Vie. ironique, —
dans l'argot des ga-
On connaît l'effet désastreux de mins et des ouvriers.
235 IMB INC

Il pleut! Exclamation de Nous ne sommes pas loin de


l'argot des typographes, pour an- Vebriaciis de Plante.
noncer la présence d'un étranger
dans l'atelier. —
Exclamation Immeuble, s. m. Maison, —
de l'argot des francs-macons, dans l'argot des bourgeois.
pour s'avertir mutuellement de
l'intrusion d'un pi^o fane dans une Immortel, s. m. Académi-
réunion. cien, — dans l'argot ironique des
gens de qui savent très
lettres,
Il tombera une roue de bie nque l'Institut est un Léthé.
Totre Toiture ! Phrase souvent Les quarante immortels. Les
employée — dans l'argot du peu- quarante membres de l'Acadé-
ple — à propos des gens trop mie à tort dite Française.
^ais, ou d'ime gaieté intempes-
tive. Impair, s. m. Insuccès, fias-
Il y a des bossus. Se dit — co, — dans l'argot des artistes.
dans l'argot des coulisses, — ImpaTide, adj. Impassible,
d'une pièce que l'on siffle à ou- que rien ou personne n'émeut.
trance. J'ai employé cette expression
Joachim Duflot
fait dater cette il y a quatre ou cinq ans, quel-
expression des Aventures de ques-uns de mes confrères l'ont
Mayeux, vaudeville d'Edouard employée aussi, —
et maintenant
Brisebarre. On sifflait à croire elle est dans la circulation.
que tous les merles de Meudon
s'étaient donné rendez-vous là.
Impayable, adj. Qui est
L'auteur, qui, de la coulisse, en- d'une haute bouff"onnerie, d'un ca-
tendait ce bruit douloureux pour ractère extrêmement plaisant, —
son amour-propre, s'en tira
dans l'argot du peuple, qui em-
comme tous les auteurs sifiâés, en ploie ce mot à propos des choses
disant « C'est une cabale mon-
:
et des gens.
tée. Il y a dans la salle une dou-
Impayable, adj. Étonnant à
zaine de bossus qui se sont donné force d'exigences, ennuyeux à
rendez-vous pour siffler ma force de caprices. Argot de Bre-
pièce. » A
partir de ce jour-là, da-Street.
quoi qu'on joue, drame ou vaude-
ville, lorsqu'on le siffle, c'est Impère, s. f. Apocope d'//?i-
qu'il y a des bossus dans la pcriatc, — dans l'argot des fau-
salle. bouriens.
Imagée, s. f. Lithographie, Impossible, adj. Extrava-
gravure, dessin. dans l'argot — gant, invraisemblable à l'orée
des enfants et du peuple, ce d'être excentrique. Argot des
grand enfant. gens de lettres.

îmbiber (S'), v. réfl. Boire, Impure, s. f. Femme entrete-


— ilans l'argot des faubouriens. nue, — dans l'argot des
vieux ga-
lautins, qui ont conservé les tra-
Imbriaque, s. f. Écervelé,
du
excentrique, maniaque, — dans
ditions Directoire.

l'argotdu peuple. Incommode, s. m. Réver-


A signifié autrefois Homme bère, —
dans l'argot des malfai-
pris de vin. teurs, ennemis-nés des lumières.
INE ING 235

Incongruité, s. f. Ventris pudiques, qui est devenu celui


crepitus, ou Ructus, — dans l'ar- des gouailleurs parisiens.
got des bourgeois, qui oublient Infante, s. f. Maîtresse, —
que leurs pères éructaient et dans l'argot des troupiers.
même crépitaient à table sans la Les infantes étant les filles puî-
moindre vergogne. nées des rois d'Espagne et de
Faire une incongruité. Crepi- Portugal, sont supposées belles,
tare, vel eructare. et l'on sait que tous les amants
Dire une incongruité. Dire une jouent volontiers de l'hj-perbole à
gaillardise un peu trop poivrée, propos de leurs maîtresses ils :

— turpitudo verborum. disent « mon infante » comme ils


disent « ma reine ». Une cou-
Inconobré, s. et adj. Incon-
— ronne leur coûte moins à donner
nu, étranger, dans l'argot des
avec les lèvres qu'une robe de
voleurs. mains.
soie avec les
Inconséquence, s. |. Infidé-
Infect, adj. Détestable, mal
lité galante, —
dans l'argot de
écrit, —
dans l'argot des gens de
Breda-Street, où le manque de disent cela à propos
lettres qui
probité en amour est naturelle- livres de ceux
ou des
des articles
ment considéré comme péché vé- de leurs confrères qu'ils n'aiment
niel.
pas, à tort ou à raison.
Inconséquente, adj. Femme Infect, adj. Peu généreux,
ijui changesouvent d'amants,
dans l'argot des petites dames,
soit parce qu'elle a la papillonne
pour qui ne pas regarder à la
de Fourier, soit parce qu'ils n'ont dépense c'est sentir bon, et n'a-
pas la fortune de M. de Roths-
voir pas d'argent c'est puer.
child.
Inférieur, adj. Qui est m-
IncouTénient, s. m. Infir-
différent ; qui semble peu impor-
mité, — dans l'argot du peuple.
tant. Argot des faubouriens.
Avoir l'inconvénient de la bou-
Cela niest inférieur. Cela
che. Mériter cette épigramme de
m'est égal.
ïabourot à Punaisin :

Infirme, s. et adj. Imbécile,


a Tu t'csbaliis pourquoy Ion cliien — dans l'argot du peuple et des
Les estrons de sa langue touche :
gens de lettres.
Se peut-il pas faire aussi bien Jouer comme un infirme. Jouer
Qu'il lesche ta lèvre et ta bouche ? »
très mal.

Avoir l'inconrénient des pieds. Ing^énue, s. f. Jeune fille in-

Suer outrageusement des pieds. nocente et persécutée par les sé-


ducteurs auxquels elle résiste ver-
Incroyable, s. m. Le gandin tueusement —
tant que dure son
du Directoire. rôle : la toile baissée, c'est diffé-
On pronourait Incoïable. rent. Argot des coulisses.
Cet emploi commence à dispa-
Indécrottable, adj. Incorri-
raître des théâtres et des pièces,
gible, — dans l'argot des bour-
comme trop invraisemblable et
geois.
par conséquent ridicule. Les ac-
Inexpressible, s. m. Panta- trices aiment mieux jouer les
lon, — dans l'argot des Anglaises travestis.
2;3G INS INV

lag^liche, s. m. Anglais, — Insurgée de Romilly, s. m.


dans l'argot des faubouriens, qui Résultat probant de toute bonne
prononcent à peu près bien ce digestion.
mot, mais l'écriraient probable- Cette expression date de 1848.
ment très mal. Les insurgés de Romilly, dit le
Ils disent aussi Inglichemann Corsaire, traversent tous les ma-
(englishmanuj. tins un bois voisin du canal qu'ils
creusent près de Conflans (Mar-
Ing^riste, s. m. Peintre qui
ne). Non contents d'user du bé-
fait gris comme M.
Ingres et
néfice que leur accorde le proprié-
exagère la sécheresse et la froi-
deur de couleur de ce maître. taire du bois, pour abréger leur
Argot des artistes et des gens de chemin, ils aiment à s'égarer
lettres.
dans des allées sinueuses tracées
pour la méditation, et ils y dé-
Ingurg'iter, V. a. et n. Boire, posent des marques nombreuses
ou manger, avaler, — dans l'ar- de leur passage. Donc, le maître
got du peuple. du bois, se promenant un jour et
Ce verbe, que n'oseraient pas découvrant à chaque pas ces faits
employer gens du bel air, est
les inusités, ne put s'empêcher de
un des mieux formés et des plus s'écrier : « Dieux que û^ insur-
!

expressifs que je connaisse in- : gés! » Le mot fut entendu, re-


gurgitare. —
qui évoque naturel- cueilli; il est resté et il restera,
lement le souvenir du fameux in au moins à Romilly. Il remplit
gurgite vasto, cet abîme goulu d'ailleurs une fonction utile dans
où disparurent les Lyciens, les fi- la langue; il remplace avanta-
dèles compagnons d'Enée. geusement le mot de sentinelle,
On dit aussi S'ingurgiter quel- qui attendait impatiemment, de-
que chose. puis des siècles, qu'on le relevât.

Ing^urg-itcr son bilan. Interlope, s. Qui ap-


et adj.
Mourir. —
dans l'argot des com- partient au monde de la galan-
merçants. terie, — où les smugglcrs des
deux sexes fraudent sans cesse la
In naturalibus. En che- Morale, la Pudeiu- et même la
mise, ou nu. Préfecture de police.
Inodores, s. m. pi. "Water- Le monde interlope, La Bohè-
closets, — dans l'argot des bour- me galante.
geois.
Interloquer, v. a. Con-
Inquiétudes, s. f. pi. Dé- fondre, stupéfier, humilier. Argot
mangeaisons^ — dans l'argot des du peuple.
faubouriens.
Intime, s. m. Applaudisseur
Avoir des inquiétudes dans le gagé, — dans l'argot des cou-
mollet. Avoir une crampe. lisses.

Insinuant, s. m. Apothi- Invalide, s. m. Ancienne


caire, —
dans l'argot des voleurs, pièce de (juatre sous, — daus
qui ont voulu détrôner M. Fleu- l'argot du peuple.
rant.
InTalo, s. m. Apocope d'//i-
Insoipé, adj. et s. Insolent, ralide, — dans l'argot dos fau-
— dans le même argot. bouriens.
IRO IVR 237

Invite, s. f. Apocope d'Invi- Isolag^e, s. m. Abandon, —


tation, — dans l'argot des joueurs dans l'argot des voleurs.
de whist.
Isoler, V. a. Abandonner.
Invite, s. f. Apocope d'Invi-
tation.Argot des faubouriens.
Faire une invite à l'as. Solli-
Itrer, v. a. Avoir, — dans le

citer quelqu'un de vous offrir


même argot.

quelque chose. C'est un verbe irrégulier. Ainsi :

Ire-tu pieté ce luisant? (As-tu bu


Irlande (En) Obliquement,
!
aujourd'hui?)
à droite ou à gauche, dans—
l'argot des gamins, qui emploient Ivoire, s. m. Les dents, —
cette expression en jouant au dans l'argot des faubouriens.
bouchon ou aux billes.
Faire tin effet d'ivoire. Rire de
Iroquois, s. m.
Imbécile, — façon à montrer qu'on a la bouche
dans l'argot du peuple, qui ne bie°n meublée.
respecte pas assez les héros de Les voyous anglais disent de
Cooper. même :Ta flash one's ivory.
S'habiller en iroquois. D'une
manière bizarre, extravagante. Ivrog^ner (S'), v. réfl. Avoir
Parler comme un iroquois. Fort des habitudes d'ivrognerie, —
mal. dans l'argot des bourgeois.
Jabot, s. m. Estomac, — «laçasse^ s. f. Femme ba-
dans l'argot des faubouriens, qui varde.
savent pourtant bien que l'homme Se dit aussi d'un Homme ba-
n'est pas un granivore. vard ou indiscret.
S'arroser le jabot. Boire.
•lacasser, v. n. Bavarder.
Faire son jabot. Manger. •facasseur^ s. m. Bavard,
On dit aussi Remplir son jabot. indiscret.
L'expression est vieille tiacobin« s. m. Révolution-
a De ce vin champenois dont
:

j'emplis
naire, —
dans l'argot des bour-
geois, qui singent les aristocrates.
[mon jabot
On ne me voil jamais sabler que le •lacque, s. m. Pièce d'un sou,
[goulot j) ! — dans l'argot des voleurs.
dit le grand prêtre Impias de la •lacque, s. m. Geai, dans —
tragédie-parade le Tempérament l'argot du peuple.
(1755). «facqueline, s. f. Grisette,
«labot, s. m. Gorge de fem- — dans l'argot des bourgeois;
me. Concubine, —
dans l'argot des
Chouette jabot. Poitrine plan- bourgeoises.
tureuse. « Notre Jacqueline le fouille,
Eiuporl; la lïren.iuille,
«labofag'e, s. m. Bavardage, Laisse là mo;i nigaud. »
— dans l'argot du peuple.
dit une vieille chanson.
Caboter, v. n. Parler, ba- Jlacqueline, s. f. Sabre de
varder.
L'expression se trouve
cavalerie, — dans l'argot des
dains soldats.
Restif de la Bretonne :
•lacques ISonhomme. Le
« Lise était sotte,
Maintenant elle jal ot e;
'

peuple, —
dans l'argot des fau-
bouriens, dont les pères firent la
Voyez comme l'esprit
Jacquerie.
Dans un jeune cœur s'introduit. y>
C'est le John Bull anglais, le
dtaboteur, s. m. Bavard. Frère Jonathan américain, etc.
2i0 JAM JAR

«lacquot, S. m. Niais, ba- « Aussi fut rélias le bon

vard importun, — dans l'argot Fort incommodé d'un jambon, »

du peuple. dit-il dans son Vii-gile travesti.


On dit aussi Grand Jacquot.
dapper, v. n. Crier.
Jacter, v. n. Parler, — dans
l'argot des voleurs, qui ont em- dap, s. m. Argot des voleurs,
prunté ce verbe à la vieille lan- — qui n'est pas autre chose qu'un
gue des honnêtes gens (Jactare, jargon.
vanter, prôner). Dévider le jar. Parler argot.
Le peuple disait autrefois d'un
•laffe, s. f. Soufflet, dans — homme très fin, très rusé Il en- :

l'argot du peuple, qui s'assimile tend le jar. Et souvent il ajou-


vobjntiers les mots des ouvriers tait : Il a mené les oies, — le
provinciaux transplantés à Paris, jars étant le mâle de l'oie.
et qui a certainement emprunté
celui-ci au patois normand. dardinag^e, s. m. Débinage,
médisance, — dans l'argot des
daffes, s. f. pi. Les joues. voyous.
•laffier, s. m. Jardin, — dardiner, v. a. etn. Débi-
dans l'argot des voleurs. ner.
•faffin, s. m. Jardinier.
dardiner, v. n. Parler, —
daffle, s. f. Soupe, potage, dans le même argot.
— dans le même argot. dardinier, s. m. Complice
•Salo, s. m. Chaudronnier, — de V Américain dans le vol au
dans le même argot. charriage. C'est lui qui est char-
gé de flairer dans la foule l'hom-
dambe de vin, s. f. Ivresse, me simple à dépouiller.
— dans l'argot du peuple.
Faire jambe de vin. Boire à darg^olle, n. d. 1. La Nor-
tire-larigot. mandie, —
dans l'argot des vo-
leurs.
«ïambes de coq, s. f. pi.
Jambes maigres, — dans l'argot darg^ollier, s. m. Normand.
du peuple.
Jambes en coton
darg^onner, v. n. Babiller,

comme
Flageollantes.

le sont d'ordinaire celles


bavarder, — dans l'argot du peu-
ple.
des ivrognes, des poltrons et des
convalescents. darg^ouiller, v. n. Parler
Jambes en manches de veste. confusément.
Jambes arquées, disgracieuses. On dit aussi Gargouiller.

«ïambes en l'air, s. f. Po- darjs^iier, v. n. Parler ar-


tence, — dans l'argot des voleurs. got, dévider le ./«;•.

«lambons, s. m. pi. Les darnafTe, s. Jarretière, —


cuisses, —
dans l'argot des fau- dans l'argot des voleurs.
f.

bouriens, qui prennent l'homme Jeu de lajarna/fe. Escroque-


pour un goret, et qui ont quel- rie dont Vidocq donne le procédé,
quefois raison. pages 233-:<4 de sou ouvrage.
Scarron n'a pas été moins irré-
vérencieux : darret, s. m . Bon marcheur
JAV JEA 241

— dans l'argot du peuple, qui syllabe la syllabe va ou av, ad


emploie souvent la métonymie. libitum, de façon à rendre le mot
prononcé pour
Ja.Ha.nte, s. f. Prière, — dans profanes.
inintelligible les

l'argot des volem's.


Les voleurs ont aussi leur java-
Jaser, v. n. Prier. nais, qui consiste à donner des
terminaisons on ar et en oc, en
Jaser, v. n. Parler indiscrè- al ou en em, de façon à défigurer
tement, de manière à compro- les mots, soit français, soit d'ar-
mettre des tiers ou soi-même, en les agrandissant.
— dans l'argot du peuple.
got,
Quant aux bouchers, étaliersou
«laspin, adv. Oui, — dans patrons, leur javcmais consiste à
l'argot des voleurs. remplacer toutes les premières
lettres consonnes d'un mot, par
Jaspinetuent, s. m. Aboie- un L à reporter la première
ment, — dans le même argot.
et
consonne à la fin du mot, auquel
Jaspiner, v. a, et n. Parler, on coud une syllabe javanaise.
bavarder. Ainsi, pour dire Papier ils diront
Jaspinev bigornp. Entendre et Lapiepem, ou Lapiejjoc.
parler le cant parisien. Pour les mots qui commencent
En wallon, Jaspiner c'est ga- par une voyelle, on les fait précé-
zouiller, faire un petit bruit doux der et suivre par un l, sans ou-
et agréable comme les oiseaux. blier de coudre à la fin une syl-

«laune, s. m. Eau-de-vie. — labe javanaise quelconque. Par


exemple avis se dit Laviloc ou
dans l'argot des cbiffonniers. mieux Lavilour Quelquefois .

«faune, s. m. Été, la saison, aussi ils varient pour mieux


mûrissante, — dans l'argot des dérouter les curieux ils disent

;

voleurs. nabadutac pour tabac, quand


ils ne disent pas néfoin du tré
Jaune d'œuf (Avec un). pour tréfoin, en employant les
Phrase suffixe que le peuple em- syllabes explétives na et né qui
ploie ironiquement avec le verbe sont du pur javanais, comme av
imer.
.•1
et fa.
Ainsi Je t'aime avec un jaune
d'cew/^ signifie : « Je ne t'aime pas JaTard, s. m. Lin que l'on
du tout. » met en javelles, — dans l'argot
des voleurs.
Jaunet, s. m. Pièce d'or de
vingt francs, —
dans l'argot des JaTotte, s. f. Homme bavard,
faubouriens. indiscret, — dans l'argot du
Ils disent aussi /oMniau. peuple.
Au xviie siècle, on disait
Rouget. Jean, s. m. Imbécile; mari
que sa femme trompe sans qu'il
Jaunier, s. m. Débitant ou s'en aperçoive.
buveur d'eau-de-vie.
On disait autrefois Janin.
«laTanais, s. m. Langue de
convention parlée dans le monde Jean-Bête, s. m. Imbécile.
des coulisses et des filles, qui C'est le cas ou jamais de citer
consiste à ajouter après chaque les vers de madame Deshouiières :

16
242 JKA JET

« Jean? Que dire sur Jean? C'est un L'expression est de Gustave Ma-
[terrible nom thieu.
Que jamais n'accompognc une épilhèle
[lionnèle :
JFe ne sais qui, s. f. Femme
Jean Des Vignes, Jean
[vais-je?
Lorgne... Où
Trouvez bon
de mœurs plus que légères, —
dans l'argot méprisant des bour-
Qu'en si beau chemin je m'arrête. »
geoises.
•Vean de la suie, s. m. Sa- •le ne sais quoi, s. m. Qua-
voyard, ramoneur, — dans l'argot à définir ; l'inconnue
lité difficile
du peuple. d'un sentiment ou d'un caractère
«fean de la vigne, s. m. qu'on chercherait en vain à dé-
Crucifix, — dans l'argot des vo- gager. Argot des gens de lettres.
leurs. «lérûme, s. m. Canne, bâton,
•Veanfesse s. Malhonnête
f.
— dans l'argot du peuple.
homme, bon à fouetter, dans — «lésuite, s. m. Dindon, —
l'argot des bourgeois. dans l'argot des voleurs, qui
tieanfoutre, s. m. Homme doivent employer cette expression
sans délicatesse, sans honnêteté, depuis l'introduction en France,
sans courage, sans rien de ce iiui par les missionnaires, de ce pré-
constitue un homme, dans — cieux gallinacé, c'est-à-dire de-
l'argot du peuple, dont cette ex-
puis 1570.
pression résume tout le mépris. •lésus, s. m. Innocent, —
Jean Guêtre. Le peuple des dans l'argot souvent ironique du
paysans. peuple.
D'où le grippe-Jésus de l'argot
L'expression est de Pierre Du-
encore plus ironique des voleurs,
pont.
puisqu'ils appellent ainsi les gen-
«STean-cVean, s. m. Conscrit, darmes .

— dans l'argot des vieux trou-


•Fésus, s. m. « Enfant dressé
piers, pour qui tout soldat novice
est un imbécile qui ne peut se
au vol et à la débauche, » —
dans l'argot des voleurs.
dégourdir qu'au feu.

drean-«Iean, s. et adj. Hom- •let, s. m. Canne, jonc, —


dans le même argot.
me par trop simple, qui se laisse
mener par le bout du nez. Argot «leter, v. n. Suppurer, — dans
du peuple. l'argot du peuple.
Jeanlorg^nej s. m. Inno- •Veter des perles devant
cent, etmême niais. les pourceaux, v. a. Dire ou
faire de belles choses que l'on
Jeanneton, s. f. Fille de
moyenne vertu, —
dans l'argot
n'apprécie point à leur juste va-
leur, —
dans l'argot des bour-
des bourgeois, qui connaissent
geois.
leur La Fontaine :

C'est le margaritas antè porcos


« Car il défend les jcannetons, des Anciens.
Clio^e très nécessaire ù Rome. »
«leter du cœur sur du
<Iean-Raisin. Le peuple des carreau. Rendre fort incivile-
vignerons. meut son déjeuner ou son dîner,
JEU JOB 343

lorsqu'on l'a pris trop vite ou velours, en barbe fourchue, en


trop abondant. cheveux en broussailles, avec le
feutre mou campé sur l'oreille.
Jeter le moachoir, v. a.
Distinguer une femme et lui Jeune Ilomme, s. m. Dou-
l'aire agréer ses hommages et son ble moos de bière, dans l'ar- —
cœur, — dans l'argot des vieux got des brasseurs parisiens.
gaiantins.
Jeune Homme (Avoir son),
«leter sa langue aux V. a. Être complètement i\Te, de
eliieng, v. a. Renoncer à devi- façon à se laisser mater et conduire
ner une chose, à la comprendre, pa'r im enfant. Argot des faubou-
— dans l'argot des bourgeois. riens.
On dit aussi Jeter sa langue On dit aussi : Avoir son petit
aux chats. jeune homme.
Jeter son bonnet par- Jeune seig^neur, s. m.
dessus les moulins. Dire Gandin. —
du moins d'après ma-
adieu à la pudeur, à l'innocence, dame Eugénie Foa, à qui je laisse
et, par suite, au respect des hon- toute la responsabilité de ce néolo-
nêtes gens, et se lancer à cœur gisme, que je n'ai jamais entendu,
perdu dans la voie scabreuse des mais qu'elle déclare, à la date du
aventures amoureuses. Argot du 1" mars 1840, être « le titre de
peuple. bon goût remplaçant ceux de
petits-maîtres, beaûx-fils, musca-
Jeter son lest, v. a. Se dé- dins, etc., » Greffier fidèle, j'en-
barrasser involontairement du dé-
registre tout.
jeuner ou du dîner dont on s'était
lesté mal à propos. Jeunesse, s. f Jeune . fille, —
dans l'argot du peuple.
Jeter un froid, v. a. Com-
mettre une incongruité parlée, Jeunet* ette, adj. Qui est un
dire une inconvenance, faire une peu trop jeune, et par conséquent
proposition ridicule qui arrête la trop na'if.
gaieté et met tout le monde sur S'emploie aussi à propos d'un
ses gardes. vin trop nouveau et que sa ver-
deur rend désagréable au palais.
Jeton, s. m. Pièce d'argent,
— dans l'argot des faubouriens. Jeux sang^lants de Mars
Jeune, s. m. Petit enfant ou
(Los). La guerre, — dans l'argot
petit animal, — dans l'argot du
des académiciens.

peuple. Jig^ler, V. a. et n. Sauter en


s'éparpillant. Ne s'emploie qu'à
Jeune, adj. Na'if, et même un propos des liquides, vin, boue ou
peu sot.
sang.
Quand un ouvrier dit de quel-
qii'im : trop jeune! cela si-
Il est Jing:lard, s. m. Petit vin
gnifie Il est incapable de faire
: suret, ou le vin au litre en gé-
telle ou telle chose, —
il est trop néral, — dans
l'argot du peuple,
bête pour cela. qui ne veut plus dire ginguet, et
encore moins guinguet, une éty-
Jeune-France, s. m. Va- mologie cependant.
riété de Romantique, d'étudiant
— ou de commis en pourpoint de Job, s. m. Innocent, imbé-
244 JOC JON

cile, dupe, —
dans l'argot des l'honneur de prêter ce mot à Mo-
faubouriens, qui parlent comme lière.
écrivaient Noël Du Fail en ses
P?'opos rustiques et d'Aubigné
Jocrissiade, s. f. Naïveté,
en sa Confession de Sa7icy.
— ou plutôt Niaiserie.

m. Tromperie, men- Joint, s. m. Biais pour se


Job, s.

tirer d'affaire, dans l'argot des
songe.
Monter un job. Monter un bourgeois, qui découpent mieux
qu'ilsne parlent.
coup.
Monter le job. Tromper, jouer Connaître le joint. Savoir de
une farce. quelle façon sortir d'embarras ;

connaître* le point capital d'une


Jobard, s. m. et adj. Hom- affaire.
me par trop crédule, dont chacun
se moque, les femmes parce qu'il Jojo, adj. Joli, — dans l'ar-

est trop respectueux avec elles,


got des voyous.
les hommes parce qu'il est trop
Jojo, adj. et s. Innocent, et
confiant avec eux.
C'est un mot de vieille souche,
même Niais, — dans l'argot du
peuple.
qu'on supposerait cependant né
d'hier, —à voir le « silence pru-
Faire son jojo. Faire l'enfant,
la bête.
dent » que le Dictionnaire de
l'Académie garde à son endroit. Joli, adj. et s. Chose fâcheuse,
désagréable.
Jobarder, V. a. Tromper, se
Voilà du joli! Nous voici dans
moquer duper. ;
une position critique.
Se faire jobarder. Faire rire à
ses dépens. Joli g^arçon, s. m. Se dit
ironiquement et en manière do
Jobarderie, Confiance s. f.
reproche de quelqu'un dont on a
par trop excessive en la probité
à se plaindre.
des hommes et la fidélité des
femmes. Jonc, s. m. Or, dans l'ar-—
got des voleurs, qui appellent
Joberie, s. f. Niaiserie, sim-
ainsi ce métal, non, comme b^
plicité de cœur et d'esprit.
veut M. Francisque Michel, par
Jobisme, s. m. Pauvreté corruption de jaune, mais bien
complète, pareille à celle de Job. parce que c'est le nom d'une
L'expression appartient à H. de bague en or connue de tout le
Balzac. monde, et qui ne se porte qu'en
souvenir de l'anneau de paille des
Jocko, s. m. Pain long, — gens mariés par condamnation de
dans l'argot des bourgeois, qui l'Officialité.
consacrent ainsi le souvenir du
singe Jocko, un lion il y a trente Joncher, V. a. Dorer.

ans. Jones, s. m. de prison,


pi. Lit
On dit aussi Pain jocko ou à à cause de la paille qui eu com-
la Jocko. pose les matelas.
Jocrisse, s. m. Mari qui se Etre sur les joncs. Etre arrêté
laisse mener par sa femme, — ou condamné pour un temps plus
dans l'argot du peuple, qui a eu ou moins long —
toujours trop
JOU JOU 245

long! — à « pourrir sur la paille Ce verbe s'emploie dans un


humide des cachots » celui de faire, pour
autre sens,
marquer l'étonnement. Comment
«lordonne, s. m. Homme se joue-t-il donc? Tout à
qui aime à commander, — dans
Cl' la

l'heure j'avais de l'argent et


1 argot du peuple.
maintenant je n'en ai plus!
On dit aussi Monsieur Jor-
donne, et, de même, Madame ou Jouer à courir, v. n. Se
Mademoiselle Jordonne, quand il défier à la course, — dans l'argot
s'agit d'une femme qui se donne des enfants.
des « airs de princesse ».
Jouer à la main chaude,
«lorne, s. m. Jour, — dans v. n. Etre guillotiné, dans —
l'argot des voleurs, qui d'ordi- l'argot des voleurs, qui font al-
naire ne travaillent pas a giorno. lusion à l'attitude du supplicié,
agenouillé devant la machine, la
Joseph, m. Homme par
s.
tête basse, les mains liées der-
trop chaste, —
dans l'argot des rière le dos.
petites dames, qui ressemblent
par trop à madame Putiphar. Jouer à la ronfle, y. n.
Faire son Joseph. Repousser Ronfler en dormant, —dans
les avances d'une femme, comme l'argot des faubouriens.
le fils de Jacob celles de la
femme de Pharaon. Jouer comme un fiacre,
V. n. Jouer très mal, dans —
Joséphine, s. f. Mijaurée, l'argot du peuple, qui sait que
bégueule, —
dans l'argot des les voitures imaginées, au xviie
faubouriens, qui ont voulu don- siècle,par Sauvage, sont les plus
ner une compagne à Joseph. détestables véhicules du monde.
Faire sa Joséphine. Repousser On dit aussi Jouer comme une
avec indignation les propositions huître.
galantes d'un homme.
Jouer de la harpe. S'as-
Jouasser, v. n. Jouer mal ou surer, comme
Tartuffe, et dans le
sans application, pour passer le même but que lui, auprès d'une
temps plutôt que pour gagner femme, que l'étoffe de sa robe est
une partie. moelleuse.
On dit aussi Joicailler.

•Vonasson, s. m. Joueur mal-


Jouer de quelqu'un, v. n.

habile ou distrait, redouté des


Le mener comme on veut, en

véritables joueurs, —
qui lui pré-
tirer soit de l'argent, soit des
complaisances de toutes sortes, —
féreraient volontiers un Grec.
dans l'argot de Breda-Street, où
On dit aussi Jouaillon. l'on joue de l'homme comme
Jouer (Se). S'arranger, s'or- Liszt du piano, Paganini du
ganiser, —
dans l'argot du violon, Théophile Gautier de la
peuple, qui emploie cette expres- prose, Théodore de Banville du
sion à propos d'une foule de cnoses vers, etc., etc.
étrangères à la musique et au jeu. Jouer des jambes, v. a.
Ainsi, à propos d'un portefeuille
à secret, au lieu de dire Com- ;
S'enfuir, — dans l'argot des fau-
bouriens.
ment cela s'ouvre-t-il? il dira :

Comment cela se joue-t-il? Jouer devant les ban-


246 JOU JUD

quettes. Jouer devant une salle soulevées par Clément Thomas,


où les spectateurs ne sont pas employant cette expression en
nombreux, ainsi que cela arrive pleme Assemblée nationale.
fréquemnaent l'été. Argot des
«loujouter, v. n. Jouer,
coulisses.
faire joujou, —
dans l'argot des
•louer du cœur, v. a. Re- faubouriens, qui emploient ce
jeter les vins ou
viandes in-
les verbe au propre et au figuré.
gérés en excès ou mal
à propos,
— dans l'argot du peuple, à qui Jour de la ^aint-«Iean-
les concetti ne déplaisent pas. Baptiste (Le). Le jour de
Nos aïeux disaient Tirer aux l'exécution, — dans l'argot des
chevrotins. prisons. C'est une
allusion —
comprise mêmedes plus igno-
«louer du napoléon, v. a. rants et des plus païens à la —
Payer; dépenser sans compter, décollation du Précurseur, dont
— dans l'argot des bohèmes, à la belle etcruelle Hérodiade ne
qui ce jeu-là est interdit. pouvait digérer les mercuriales.
«louer du piano, v. a. Se Les voleurs anglais ont aussi
dit —dans l'argot des maqui- leur allusion à ce jour fatal,
gQons — d'im cheval qui frappe qu'ils appellent le Jour du torti-
colis ("wry-neck day)
inégalement des pieds en courant.
«louer du pouce, v. a. Dé-
«ïournoyer, v. n. Ne rien
penser de l'argent, — dans l'ar-
faire
got
de la journée, flâner. Ar-
du peuple.
got du peuple.
Signifie aussi Compter de l'ar- •iubécien, ienne, adj. et s.
gent. Grimacier, grimacière, qui fait
des façons, des giries.
«louer du violon, v. a.
Scier ses fers, — dans l'argot des •lubilation, s. f. Contente-
voleurs. ment extrême, — dans l'argot du
On dit aussi Jouer de la harpe. peuple.
tïouer du violon, v. n. Se Visage de jubilation. Qui té-
dit — dans l'argot des écrivains moigne d'un très bon estomac.
fantaisistes —
à propos des mou- •f ubiler, v. n. Se réjouir.
vements de systole et de diastole
du cœur humain en proie à l'A- •fudas, s. Traître; hom-
m.
mour, ce divin Paganmi. me dont il faut se méfier, dans —
l'argot du peuple, chez qui est
douer la fllle
l'air, de toujours vivante la tradition de
V. a. S'en aller de quelque part;
l'infamie d'Iscariote.
s'enfuir, —
dans l'argot des fau-
Baiser de Judas. Baiser qui
bouriens.
manque de sincérité.
•loujou, s. m. Jouet, — dans Barbe de Judas. Barhe rouge.
l'argot des enfants. Bran de Judas. Taches de
Faire joujou. S'amuser,— au rousseur.
propre et au figuré. Le point de Judas. Le nom-
bre 13.
«loujou, s. m. La croix d'hon-
neur, — dans l'argot du peuple. dludas, s. m. Petite ouver-
On se rappelle les tempêtes ture au plancher d'une chambre
JUI JUS 247

située au-dessus d'une boutique, marcher « pendant plus de mille


et qui trahit ainsi la présence ans ».

d'un étranger dans celle-ci.


Juiffer, v. a. Tromper en
Les judas parisiens sont les
vendant avoir un bénéfice usu-
cousins - germains des espions ;

raire dans une affaire.


belges et suisses.
Juilletiser, v. a. Faire une
Jutlasser, v. n. Embrasser
pour tromper —
comme Judas révolution, détrôner un roi, —
dans l'argot du peuple, gui a
Iscariote fit au Christ.
aussi simplement : gardé le souvenir des « glorieuses
Signifie
journées » de 1830.
Tromper, trahir.
•f udasserie, Fausse dé- •Iules, s. m. « Pot qu'en
s.
monstration d'amitié; tour, per-
f.
chambre on demande, » — dans
fidie trahison. l'argot des faubouriens révolu-
;
tionnaires, qui ont éprouvé le be-
Judée, n. de 1. Préfecture de soin de décharger la mémoire de
police, —
dans l'argot des vo- saint Thomas des ordures dont
leurs, qui ont appris à leurs dé- on la couvrait depuis si long-
pens le chemin de la rue de Jéru- temps.
salem .
Aller chez Jules. C'est ce que
Ils disent aussi Petite Judée. les Anglais appellent Ta pay a
visit to mistress Jones.
«lug'e de paix, s. m. Tour-
niquet de marchand de vin, qui Jumelles, s. f. pi. Partie du
condamne à payer une tournée corps qui constitue la Vénus Cal-
celui qui perd en amenant le lipyge, — dans l'argot des vo-
plus petit nombre. Argot des ou- leurs, héritiers des Précieuses,
vriers. lesquelles appelaient cette partie
•lu^e de paix, s. m. Bâton, Les deux sœurs.
— parce qu'il est destiné à mettre
Jus, s. m. Grâce, élégance,
le holà.
Cette expression fait partie de
bon goût, — dans l'argot des
faubouriens, pour qui certaines
l'argot des voleurs et de celui des
qualités extérieures, naturelles
faubouriens.
ou acquises, sont la sauce de cer-
«lug^eotte, s. f. Jugemeut, taines qualités l'âme.
logique, raison, bon sens, dans — Avoir du jus. Avoir du chic,
l'argot du peuple, pour qui cela de la tournure.
remplace la judiciaire. Etre d'un bon jus. Etre ha-
billé d'une façon grotesque, ou _

ilu^uler, V. a. Importimer, avoir un visag'e qui prête à rire


ennuyer, égorger d'obsessions.
Jus, s. m. Profit, bénéfice que
Juif, s. m. Prêteur à la pe-
tite semaine, — dans l'argot des
rend une affaire.

étudiants. Jus de bâton, s. m. Coups


Juif errant, s. m. Grand de bâton.
marcheur, homme qui va par Jus d'échalas, s. m. Vin.
monts et par vaux, comme
Aashvérus, que Jésus « la — Jus de réglisset s. m. Nè-
bonté même » a condamné à— gre ou mulâtre.
MS JUS JUT
•Jusqu'à plus soif, adv. A régnant. Argot des journalistes
l'excès, extrêmement, — dans libéraux.
l'argot des faubouriens, qui di- On dit aussi Centrier.
sent cela à propos de tout.
«luste-iuilieu, s. m. L'en-
dTuste, s. f. La Cour d'assises, droit consacré par la jurispru-
— dans l'argot des voleurs, qui dence du Palais-Royal comme
s'étrangleraient sans doute à pro- cible aux coups de pied classi-
noncer le mot tout entier, qui ques et aux plaisanteries popu-
est Justice. laires.

•Vuste milieu, s. m. Député «f uteux« eiise, adj. qui donne


conservateur quand même, ami de grands bénéfices, qui read un
quand même du gouvernement grand profit qui a du jus enfin.
Kif-kif, adv. Ric-à-ric, — Koksnoff, adj. Élégant, beau,
dans l'argot des faubouriens qui brillant, chocnoso/f, —
dans l'ar-
ont servi dans l'armée d'Afrique. got des bohèmes et des rapins.
Kinserlîck, s. m. Autri- Kolbac, s. m. Coiffure géné-
chien, — dans l'argot des trou- ralement quelconque, — dans
piers, qui ont entendu parler des l'argot des faubouriens.
Impériaux (die Kaiserlichen)
battus }iar leurs pères, les sol-
Krapser, v. a. Tuer, — dans
l'argot des faubouriens qui ont
dats de la Grande Armée.
fait la guerre d'Orient.
On dit aussi et mieux Kaiser-
lick . Signifie aussi Mourir.

Klebjer, v. n. Manger, — Kyrielle, s, f. Suite ou pro-

dans l'argot des marbriers de cession de gens famille nom-



;

cimetière, qui parlent russe breuse, dans l'argot du peuple.


{kleà, pain) sans le savoir. Avoir des kyrielb's d'enfants.
Ils disent aussi Tortorer. En avoir beaucoup.
lia, s. m. Mot d'ordre, si- Mourir, - dans l'argot des fau-
gnal invitation à se mettre à bouriens.
;

l'unisson, —dans l'argot des


liâcher (Se), v. réfl. Ou-
gens de lettres.
Donner le la. Indiquer par blier les lois de la civilité puérile
et honnête, ventris flatum emit-
son exemple, par sa conduite, ce
que les autres doivent faire, dire, tere, — dans l'argot des bour-
geois.
écrire.
On dit aussi En lâcher un ou
lià-bas, adv. de 1. Saint- une, — selon le sexe de l'incon-
Lazare, — dans l'argot des filles, gruité.
qui n'aiment à parler qu'allusive-
ment de ce Paraclet forcé. liâclier le coude de quel-
qu'un, V. a. Cesser de l'impor-
Ijaboratoire, Cuisine,
s.
dans l'argot des restaurateurs,
m. tuner, — dans l'argot des faubou-
riens.
chimistes ingénieiuc qui savent
C'est plutôt une exclamation
transformer les viandes et les
qu'un verbe Ah ! tu vas me
:

vins de façon à dérouter les con-


lâcher le coude ! dit-on à quel-
naisseurs.'
qu'un qui ennuie, pour s'en dé-
liacets, s. m. pi. Poucettes, barrasser.
— dans l'argot des voleurs.
liâcher son écureuil, v. a.
Les 7narchands de lacets. Les
gendarmes.
Meiere, — dans l'argot des
voyous
liâche, s. et adj. Paresseux,
— dans l'argot du peuple. Liâcber un cran, v. a. Se
déboutonner un peu quand on a
On dit aussi Saint Lâche.
bien dîno, —
dans l'argot des
liâcher, V. a. Quitter. bourgeois.
Lâcher d'un cran. Abandonner
liâcher une naïade^ v. a.
subitement.
Meiere, —
dans l'argot facétieux
liâcher la rampe, v. a. des ounlers.
252 LAI LAI

Ils disent aussi Lâcher les Ijaine, s. f. Ouvrage, — dans


écluses. l'argot des tailleurs.

l<âclier une tubéreuse. Liainé, s. m. Mouton, — dans


(V. Se lâcher). l'argot des voleurs.

liâcheur, s. et adj. Homme liaîsHer aller (Se), v. réfl.


qui abandonne volontiers une N'avoir plus d'énergie, s'habiller
femme, —
dans l'argot de Breda- sans goût et même sans soin se ;

Street, où le rôle d'Ariane n'est négliger. Argot du peuple.


pas apprécié à sa juste valeur. Ltaisser aller le chat au
Ijâcheur, s. m. Homme qui froinag^e. Perdre tout droit à
laisse sescamarades « en plan » porter le bouquet de fleurs d'o-
au cabaret, ou ne les reconduit ranger traditionnel.
pas chez eux lorsqu'ils sont ivres, L'expression est vieille, —
dans l'argot des ouvriers, que comme l'imprudence des jeunes
filles. Il y a même à ce propos,
cette désertion humilie et indi-
gne. un passage charmant d'une lettre
écrite par Voiture à une abbesse
Beau lâcheur. Homme qui fait qui lui avait fait présent d'un
de cette désertion une habitude. chat :« Je ne le nourris (le chat)

liâcheur, s. et adj. Confrère que de fromages et de biscuits ;


qui vous défend mal quand on peut-être, madame, qu'il n'était
vous accuse devant lui, et qui, pas si bien traité chez vous car ;

même, joint ses propres railleries je pense que les dames de **' ne
laissent pas aller le chat aux
à celles dont on vous accable.
Argot des gens de lettres. fromages et que l'austérité du
couvent ne permet pas qu'on leur
Lâcheur ici est synonyme de
fasse si bonne chère. »
Liche.
liaisser de ses plumes, v.
liafariçer, v. a. Se débar- a. Perdre de l'argentdans une
rasser de son mari en l'empoison- mauvais
affaire; ne sortir d'un
nant ou de toute autre façon, — pas qu'en finançant.
dans l'argot du peuple', plus
cruel que la justice, puisqu'il fait liaisser fuir son tonneau.
survivre le châtiment au cou- Mourir, —
dans l'argot des mar-
pable. chands de vin.

liaffo, s. f. Potage, soupe, — liaisser pisser le mérinos,


dans l'argot des voleurs. V. n. Ne pas se hâter ; attendre
patiemment le résultat d'une af-
làago, adv. Là, — dans le faire, d'une brouille, etc. Argot
même argot. des faubouriens.
Labcifjo. Là-bas. liaisser ses bottes quel-
I^nideron, s. m. Fille ou
que part, V. a. Y mourir, —
dans l'argot du peuple.
femme fort laide, —
dans l'argot
des bourgeois, dont l'esthétique Liaisser tomber son pain
laisse beaucoup à désirer. dans la sauce. S'arranger de
On dit aussi Vilain laideron, — manière à avoir un bénéfice cer-
quand on veut se mettre un pléo- tain sur une affaire montrer de;

nasme sur la conscience. l'habileté en toute chose.


LA. LAX 253

liait, s. m. Encre, — dans Etre couché sous la lame. Etre


l'argot des voleurs. mort.
Lait à broder. Encre à écrire.
Lait de cartaudier. Encre d'im- liamine, n. d. v. Le Mans,
primerie .
— dans l'argot des voleurs.

liait de Tieillard, m. liampe, s. f. Verre à boire,


Vin. —
dans l'argot du peuple,
s.
— dans l'argot des francs-ma-
3ui dit cela pour avoir le droit çons.
e téter jusqu'à cent ans. Ils disent aussi Canon.

liaïuB, m. Discours quel- liampée, s. f. Grand coup


conque, —
s.
dans l'argot des Poly- de vin, — dans l'argot du peu-
techniciens, chez qui" ce mot est ple.
de tradition depuis 1S04, époque Ijamper, v. a. et n. Boire
de la création du cours de com- abondamment.
position française, parce que le On disait, il y a deux siècles :

sujet du premier morceau ora- Mettre de l'huile dans la lampe,


toire à traiter par les élèves avait pour emplir un verre de vin.
été l'époux de Jocaste.
Piquer mm Laï«5. Prononcer im liampie, s. f. Repas, — dans
discours. l'argot des voleurs.
Les Saint-Cyriens, eux, disent liampion, s. m. Chapeau,
Brouta (du nom d'un professeur
de l'Ecole), broutasser et broutas-
— dans l'argot des voyous.
seur. liampions, s. m. pi. YeiLX,

Lambert. Nom qu'on donne,


— dans l'argot des faubouriens.
depuis l'été de 1864, à toute per- a Si i'ute vois fair' l'œil en tii'lire
sonne dont on ignore le nom vé- A ton perrnquier flu bon ton,
ritable. Calvpso, j'suis fâché d'te l'dire,
Foi d'homme! j'te crève un lampion! »
Appeler Lambert. Se moquer
de quelqu'un dans la rue. dit une chanson qui court les
liambin, adj. Paresseux,
s. et rues.
flâneur, —
dans l'argot du peuple. Lampions fumeux. Yeux chas-
Il emploie ce mot depuis très sieux.
longtemps, trois siècles à peu
près, si l'on en croit le Diction-
Ijance, s. f. Pluie, — dans
l'argot des faubouriens, qui ont
naire historique de M. L.-J. Lar- emprunté ce mot à l'argot des vo-
cher, qui le fait venir de Lambin, leurs.
philosophe français, < lent dans A qui qu'il appartienne, il fait
son travail et ' lourd dans son image.
style »
'Signifie aussi Poltron. liance, s. f. Balai, — dans le
même argot
Liambiner, v. n. Hésiter à
faire une chose, à prendre un fiance de saint Crépin, s.
parti ; flâner. f. Alêne, —
dans l'argot du
peuple, qui sait que saint Crépin
liame, s. f. Tombeau, — dans est le patron des cordonniers.
l'argot des romantiques, qui
avaient ressuscité les mots des fiancé, s. m. Effet de jambes,
vieux poètes du xvi« siècle. dans l'argot des bastringueuses
254 LAN LAN

liancé, adj. Sur la pente de leurs, qui ont conservé le souve-


l'ivresse, — dans l'argot des nir du Landit de Saint-Denis.
bourgeois.
liandière, s. f. Boutique de
liancer,V. n. Meiere, — marchand forain.
dans l'argot des voleurs.
liang^uard, e, adj. et s. Ba-
liancer (Se), v. réfl. De ti- vard, bavarde, mauvaise langue,
mide devenir audacieux auprès — dans l'argot du peuple.
des femmes. Argot des bourgeois. Le mot sort des poésies de Clé-
ment Marot.
Lianceur, s. m. Libraire qui
sait vendre, les livres qu'il édite, liang^ue des Dieux (La).
— dans l'argot des gens de La poésie, —
dans l'argot des
lettres académiciens, dont cependant les
Bon Éditeur intelli-
lanceur. vers n'ont rien de divin.
gent, habile, qui vendrait même liangue Tcpte, Argot
des rossignols, —
par exemple des joueurs, des amateurs de ta-
s. f.

Dentu, Faure, Lévy, etc. pis vert. 11 y a, dans les Nuits


Le contraire de lanceur c'est de la Seine, drame de Marc Four-
,

Ètouffeur, —
un type curieux, nier, un professeur de langue
quoiqu'il ne soit pas rare. verte qui enseigne et pratique les
tricheries ordinaires des grecs.
I^anceuse, s. f. Lorette Le sens du mot s'est étendu : on
vieillie sous le harnois, qui sert
de chaperon — et de proxénète — sait quel il est aujourd'hui.
Langue verte Langue qui se!

aux jeunes filles inexpérimen-


forme, qui est en train de mû-
tées,dont la vocation galante est
rir, parbleu!
cependant suffisamment déclarée.
liansque, s. m. Apocope de
I^ancier
Balayeur. —
du
dans
préfet,
l'argot
s. m.
des
Lansquenet, — dans l'argot de
Breda-Street.
faubouriens.
Faire un petit lansque. Jouer
lianciers, s. m. pi.Qua- une partie de lansquenet.
ilrilleà la mode il y a une di- liansquailler, v. n. Meiere,
zaine d'années. — dans l'argot des voleurs.
Danser les lanciers. Danser ce On dit aussi Lascailler.
quadrille.
Ijandernau, Ville de
liansquîne, s. f. Eau plu-
Bretagne située entre
n. d. 1.

la Made- viale, — dans le même argot.


leine et la porte Saint-Martin, — liansquiner, v. n. Pleuvoir.
dans l'argot des gens de lettres, Lansquiner des chasses. Pleu-
qui ne se doutent peut-être pas
rer.
que l'expression est octogénaire.
y a du bruit dans Lunder-
Il I^anterner, v. n. Tempori-
nau. Il y a un événement quel- ser; hésiter; marchander et n'a-
conque dans le monde des lettres cheter rien. Argot du peuple.
ou des arts. lianterner, v. a. Ennuyer
Itanilier, s. m. Employé de quelqu'un, le faire attendre plus
l'octroi, —
dans l'argot des vo- que de raison, se moquer de lui.
LAP LAR 255

lianternes de cabriolet, liapin ferré, s. m. Gen-


s. m. pi. Yeux gros et saillants. darme à cheval, — dans l'argot
des voleurs.
lianternier, s. m. Homme Ils l'appellent aussi Liège.
irrésolu, sur lequel il ne faut pas
compter. liarbin, s. m. Domestique,
liantimèche» s. m. Imbé-
— dans l'argot des faubouriens,
qui ont emprunté ce mot à l'ar-
cile ;
jocrisse, — dans l'argot des
got des voleurs.
faubouriens.
Ltarbinerie, s. f. Domesti-
liantiponnagfe, s. m. Dis- cité, valetaille.
cours importun, hésitation à faire
ou dire une chose, — dans l'argot liard, s. m. La partie adi-
du peuple. Seuse de la chair, dans l'argot —
u peuple, qui prend l'homme
liantîponner, V. n. Passer pour un porc.
son temps à bavarder, à muser.
Sauver son lard. Se sauver
I^anturlu, s. m. Écervelé, quand on est menacé
extravagant, hurluberlu. Les ouvriers anglais ont la
On disait autrefois L'Enturlé. même expression : To save his
lia Paiférinette, s. f.
bacon, disent-ils.
Princesse de la Bohème galante, liarder, v. a. Percer d'un
de bal et de trottoir, dans l'ar- — coup d'épée ou d'un coup de sa-
got des gens de lettres, qui ont bre, —
dans l'argot des trou-
consacré ainsi le souvenir de La piers.
Palférine de H. de Balzac. Se faire larder. Recevoir un
liapin, s. m. Apprenti com- coup d'épée.
pagnon, — dans l'argot des ou- liardoire, s. f. Épée ou
vriers. sabre.
liapin, m. Homme solide
s. Liarg^e, adj. Généreux, qui ne
de cœur d'épaules,
et dans — regarde pas à la dépense, —
l'argot du peuple. dans l'argot du peuple, qui parle
Fameux lapin. Robuste compa- comme écrivait Clément Marot :

gnon, à qui rien ne fait peur, ni


les coups de fusil quand il est « Ils sçaveul bien
soldat, ni la misère quand il est Que voslre père est homme large ;

ou-vTier. A souper l'auront, à la charge


Pour dix buveurs niaistres passez. »
liapin, s. m. Camarade de
lit, —
dans l'argot des écoliers, (Traduction du Col tque d'Erasme).

qui aiment à coucher seuls


liarg^e des épaules. Avare.
On sait quel était le lapin d'En-
Cette expression se trouve dans
colpe, dans le Satyricon de Pé-
le Dictionnaire de Leroux, édi-
trone.
tion de 1786, qui n'est pas la pre-
liapin (En), adv. Être placé mière édition.
sur le siège de devant, avec le
— liargue, s. f. Femme, maî-
cocher, dans l'argot du peuple.
tresse, — dans l'argot des vo-
liapin de g^outtière, s. m. leurs et des souteneurs.
Chat. Larquepé. Femme publique.
256 LAU LAV

liar^^uottier, s. m. Liber- liarabe, s. m. Place de par-


tin, ami des largues. terre à prix réduit, — dans l'ar-
On dit aussi Larcottier. got des voyous.

Itarme, s. f. Très petite Ijarag^e, s. m. Vente au ra-


quantité, —
dans l'argot des bour- bais d'objets ayant déjà eu un
geois, qui prennent une larme premier propriétaire, dans —
d'eau-de-vie dans une larme de l'argot des filles et des bohèmes,
café et se trouvent gris. qui ont l'habitude de laver préci-
sément les choses les plus
Lartif, liartille, ou
ou neuves et les plus propres, afin
liarton, s. m. Pain, dans — de s'en faire de l'argent comp-
l'argot des voleurs qui ne veu-
tant.
lent pas dire artie.
Larton brut. Pain bis. I^aTasse, s. f. Mauvais bouil-
Larton savonné. Pain blanc. lon, trop lavé d'eau, où la viande
Lartille à plafond. Pâté, à — a été trop épargnée. Argot des
cause de sa croûte. bourgeois.
Se dit aussi du mauvais café
liartonnier, ière, s. Bou-
langer, boulangère. LiaTement, s. m. Homme
liascar, s. m. Nom que — ennuyeux, tracassier, canulant,
— dans l'argot du peuple, qui
dans l'argot des troupiers et du n'aime pas les détersifs.
peuple —
on donne à tout homme
de mauvaises mœurs, à tout ré- Liaver, v. a. Vendre à perte
fractaire, à tout insurgé contre la les objetsqu'on avait achetés pour
loi, la morale et les choses éta- les garder.
blies. Pourquoi laver au lieu de
C'est une allusion aux mœur s vendre? M. J. Duflot prétend
des matelots indiens, malais ou que cela vient de l'habitude qu'a-
autres, qui naviguent sur des bâ- vait Théaulon de remettre à son
timents européens, hollandais blanchisseur, afin qu'il battit
principalement, et qui, tirés de la monnaie avec, les nombreux bil-
classe des parias, ne passent pas lets auxquels il avait droit chaque
pour de parfaits lionnètes gens. jour. (L'Institution Porcher ne
fonctionnait pas encore.) « Un
Liatif, s. m. Linge blanchi, jour, dit M. Duflot, le vaudevil-
— dans l'argot des voleurs. liste avait à sa table quelques
liatine, s. f. maîtresse d'étu- amis, parmi lesquels Charles No-
diant. dier et quelques notabilités poli-
tiques, quand le blanchisseur en-
« Je suis latine
Gaîment je dîne
tra pour prendre les billets. —
« C'est mon blani hisseur, mes-
Sur le budget de mon étudiant ! «
» sieurs, dit-il. Bernier, ajouta-t-
dit une chanson moderne. » il en se tournant vers lui, vouj
» trouverez mon linge dans ma
liatte, s. f. Sabre de cavale- » chambre à coucher ; sur la che-
rie, — dans l'argot des troupiers. » minée, il y a un petit paquet
Se ficher un coup de latte. Se » que vous laverez aussi. » Le
battre en duel. petit paquet que Bernier trouva
Ijaumir, v. a. Perdre, — sur la cheminée contenait les bil-
dans l'argot des voleurs. lets de spectacle, et Bernier fut
LEG LES 207

obligé de comprendre que laver liég^umes, s. m. pi. Oignons,


voulait dire vendre. Depuis ce œils de perdrix, durillons des
jour, il ne manquait jamais de pieds, — dans l'argot des faubou-
dire, eu entrant chez ïhéaulon : riens.
« C'est le blanchisseur de Mon- J'en entendu un s'écrier
ai :

» sieur Monsieur a-t-il quelque


:
« Oui, quand
il poussera des lé-
» chose à laver? » gumes entre les doigts de pied
de Louis XIV »
liaTer la tête, v. a. Faire !

de violents reproches, et même On dit aussi Champignons.


dire des injures, —
dans l'argot
liégumiste, s. m. Homme
du peuple, qui ne fait que tra- qui, par respect pour les bêtes,
duire le verbe obdurjare de Cicé-
se nourrit exclusivement de lé-
ron.
gumes, — comme un vertueux
liaTctte, s. f. Langue, — brahmine. Il y a une Société des
dans l'argot des faubouriens, qui légumistes.
le disent aussi bien à propos des
liendore, s. m. Paresseux,
hommes que des chiens. nonchalant, endormi, —
dans
I^avoir, s. m. Le confession- l'argot du peuple.
nal, —
dims l'argot des voyous, liéon, n. d'h. Le président
qui ne vont pas souvent y des- des assises, —
dans l'argot des
souiller leur conscience, même voleurs, renards qui se sentent
lorsqu'elle est le plus chargée en présence du lion.
d'impuretés.

Liazag^nc, Lettre, — dans Lermon, s. m. Étain, —


s. f.
dansle même argot.
l'argot des voleurs.
r<eriuoner v. a. Étamer.
liazzi-loff, s. m. Maladie
qui ne se guérit qu'à l'hôpital du liem. Désinence javanaise, —
Midi et à Lourcine. Même argot. mais d'im javanais spécial aux
saltimbanques, et quelquefois
lièchecul, s. m. Flatteur ou- aussi aux voleurs.
tré, flagorneur, — dans l'argot Parler en lem. Ajouter cette
du peuple.
syllabe à tous mots pour les
les
Liécher un tableau, v. a. rendre inintelligibles au vulgaire.
Le peindre trop minutieusement, On dit aussi Parler en luch —
à la hollandaise, —
dans l'argot et alors on remplace /e?« par /z<c/(.
des artistes.
I<e8bien, s. m. Ce que les
liéeheur, s. et adj. Qui aime voleurs anglais appellent un gen-
à embrasser, qui se plaît à rece- tleman of the hack-door. Ar- —
voir et à donner des baisers, — got des gens de lettres.
dans l'argot du peuple, qui n'est
liesbienne, s. f. Fleur du
pas précisément de la tribu des
Arnalécites.
mal, —
et non du mâle.

liég^itinie, s. f. Épouse, — liesgiTant, s. m. Avocat


d'office, —
dans l'argot des vo-
dans l'argot des bourgeois.
leurs, qui ont grand besoin d'être
liégre, s. f. Foire, marché, blanchis.
— dans l'argot des voleurs. Les Gilles Ménage de Poissy et

17
^8 LET LEV

de Sainte-Pélagie prétendent qu'i. journal, — dans


l'argot des gens
faut dire Lessiveur. de qui
lettres, ont emprunté
Liessive, s. f. Plaidoirie, — cette expression à Paul-Louis
Courier.
tout avocat ayant pour mission de
blancliir ses clients, fussont-ils lievag^e, s. m. Escroquerie,
nègres comme Laceuaire, ce — dans l'argot des faubouriens.
Toussaint-Louverture de la Cour Séduction menée à bonne fin, —
d'assises. dans l'argot des petites dames.
LiessiTe, s. f. Perte, — dans Galanteries couronnées de suc-
cès, —
dans l'argot des gandins.
l'argot des joueurs.
liCTé (Etre). Être suivi par
IjessîTe, s. f. Vente à perte,
de meubles, de vêtements ou de
un garde du commerce, dans —
livres, —
dans l'argot des bo-
l'argot des débiteurs.

hèmes et des lorettes. liève -pieds, s. m. Échelle,


Faire sa lessive. Se débarras- escalier, — dans l'argot des vo-
ser, au proiit des bouquinistes, leurs.
des livres envoyés par les édi-
teurs ou par les auteurs, dans — I^ever, v. a. Capter la con-

l'argot des bibliographes, qui fiance, dans l'argot des fau-
bouriens.
n'en enlèvent pas assez souvent
les ex-dono. Signifie aussi Voler.
Se faire lever de tant. Se
liessîTe de Ciascon, s. f.
laisser gagner ou emprmiter
Propreté douteuse qui ne résiste une somme de... »
pas à l'examen, —
dans l'argot
Cl

des bourgeois, heureux d'avoir liCTCP la jambe, v. a. Dan-


du linge. ser le chahut d'une façon supé-
Faire la lessive du Gascon. rieure. Argot des gandins.
Retourner sa chemise quand elle
est sale d'un côté, —
ce que font
tite
licver de rideau,
pièce sans
s.
importance, de
m. Pe-
beaucoup de bohèmes.
l'ancien ou du nouveau réper-
On connaît ce mot d'un vaude- toire, qui se joue la première de-
villiste propret à propos d'un
Faut- vant les banquettes, au milieu du
autre vaudevilliste goret : «
bruit que font les spectateurs à
il que cet homme ait du linge
mesure qu'ils arrivent. Argot des
sale, pourpouvoir en mettre
coulisses.
ainsi tous les jours » !

liever la lettre, v. a. Etre


liessiver. Défendre un pré-
venu en police correctionnelle,
compositeur d'imprimerie, dans —
l'argot des typographes.
im accusé en Cour d'assises.
liessiver (Se faire). Perdre Lie ver le bras, v. a. N'être
au jeu. pas content, —
dans le même ar-
got.
liettre «le «lérusaleiu, s.

Escroquerie par lettre, dont Ijever le coude, v. a. Boire,


f.
Vidocq donne le détail aiLX pages
— dans l'argot du peuple.
2ll-2c3 de son livre.
IjCTer le pied, v. a. Fuir
I^ettre mouU'e, s. f. Le eu emportant la caisse.
LEZ LIM 259

Lever une femme, v. a. liiardeup, s. etadj. Homme


« Jeter mouchoir » à une
le qui couperait un liard en quatre
femme qu'on a remarquée au pour moins dépenser, dans —
bal, au théâtre ou sur le trottoir. l'argot du peuple, qui n'est point
Argot des gandins, des gens de avare, n'étant pas riche.
lettres et des commis.
I^ichade, s. f. Embrassade,
Lever une femme au crachoir.
La séduire à force d'esprit ou de
— dans l'argot des faubouriens.
Lètises parlées. Liichancc, s. f. Repas plus
ou moins plantureux.
liever un homme, v. a. At-
Lirhance soignée. Gueuleton.
tirer son attention et se faire
suivre ou emmener par lui. Ar- On dit aussi Lichade.
got des petites dames. L<icber, v. a. et n. Manger
Lever un homme au souper. et boire à s'en lécher les lèvres.
S'arranger de façon à se faire in-
viter à souper pa'r lui. Liîchelte, s. f. Petite quantité
de quelque chose.
lieveup, s. m. Pick-pocket. Se dit aussi pour Goutte d'eau-
Ijcveup, s. m. Lovelace de de-vie, petit verre.
bal ou de trottoir. Liicheur, euse, s. Homme,
I<éTier, s. m. Pierre à laver,
femme, qui aime à manger et à
— dans l'argot du peuple, qui boire.
On dit aussi Livhard.
s'obstine à ne pas vouloir dii'e
évier, liie (le froment, s. f. Les
Rymologiquement, le peuple a fumées humaines, dans l'argot —
tort, levier ne signifiant rien, et du peuple.
évier signifiant quelque chose
(eau, aqua, en vieux français eve). I^ig^nard, s. m. Soldat de la
Mais, nistoriqirement, il'a raison ligne, — dans l'argot des fau-
— comme les gens qui disent et bouriens.
écrivent bravement lierre et lo- Liîg'notte, s. f. Corde, lien, —
riot sans se douter qu'ils tombent dans l'argot des voleurs, qui ré-
dans la même faute, excusés d'y pugnent sans doute à employer
tomber qu'ils sont par l'usage. On lignette, un mot de la langue
devrait dire oriot {oriolus), ierre dés honnêtes gens.
[hedera), et dire aussi, par con- Ils disent aussi Ligotte.
séquent, évier ;mB\s l'usage ayant
consacré la coalescence de l'ar- liifçotter, v. a. Lier, — dans
ticle, son mariage avec le subs- le même argot.
tantif, on dit et ou dira toujours Liilang'e, n. d. 1. Lille, —
lierre et loriot. Laissez donc le dans le même argot.
peuple dire levier : il n'est pas
plus ridicule que vous. LiîUois, s. m. Fil à coudre.

liézard, s. m. Mauvais com- liimace, s. Fille à


f. sol-
pagnon, — dans l'argot des vo- dats, — dans l'argot des faubou-
leurs. riens.

liéziner, v. a. Tromper au Liimace, s. f. Chemise, —


jeu; hésiter avant de l'aire xm dans l'argot des voleurs et des
coup. Même ar.£:ot. vendeurs du Temple.
260 LINT LIO

Ijimacière, s. f. Lingère. et garnis de dentelles — de coton.


Liiniaiide, s. f. Homnw plat, l<inge lavé fAvoir son). S'a-
— dans Targot des voleurs et des vouer vaincu être pris, — dans
;

faubouriens. l'argot des voleurs, qui, une fois


en prison, n'ont plus à s'occuper
lyîiuer, y. n. « Aller lente-
ment en affaire, » — dans l'ar-
de leur blanchisseuse.
got du peuple. liiug^re, s. m. Couteau, —
dans l'argot des voleurs, qui sa-
liime sourde, Sournois,
s. f.
— dans l'argot des voleurs.
vent que Lanc/res est la patrie de
la coutellerie!
Liimog^cre, s. m. Cham- Ling) iot. Petit couteau ; canif;
brière, — dans le même argot. bistouri.

L^iniouaile, s. f. Eau, — Liing^rer, y. a. Frapper à


dans l'argot des faubouriens coups de couteau.
Tombe)' dans la limonade. Se
Liiug^rerie, s. f. Coutellerie.
laisser choir dans l'eau.
Liinspré, s. m. Prince, —
Liimouade, s. f. État de li-
dans l'argot des voleurs, qui cul-
monadier. tivent l'anagramme comme le
Ltiinonade, s. f. Assiette, grand Condé les œillets.
— dans l'argot des voleurs. liioii, s. m. Homme
qui, à
f^iiuousin, s. ni. Maçon, — tort ou à raison, —
à tort plus
dans l'argot du peuple, qui sait souvent qu'à raison, —
a attiré
que les castors qui ont bâti Paris et fixé sur pendant une mi-
lui,

et qui sont en train de le démo- nute, pendant une heure, pendant


lir appartiennent à l'antique tribu un jour, rarement pendant plus
des Lémovices. d'un mois, l'attention capricieuse
de la foule, soit parce qu'il a
L<iinousiue, s. f. Blouse de publié un pamphlet scandaleux,
charretier. soit parce qu'il a commis une

Liiuousiue, s. f. Plomb, — éclatante gredinerie, soit pour


dans l'argot des voleurs. ceci, soit pour cela, et même
pour autre chose ; homme enfin
îjiiuouHiner, v. a. et n. Bâ- qui, comme Alcibiade, a coupé la
tir des maisons. queue à son chien, ou, comme Al-
phonse Karr, s'est fait dévorer
IjiiuotiHiiieur, s. m. Voleur par lui, ou, comme Empédocle,
de plomb sur les toits.
liing'e, s. m. Chemise, — Du plat Je sa faiid:ile a soufilelô l'his
[loire.
dans l'argot du peuple. Jupon
blanc de dessous, dans l'argot Etre le lion du Jour. Etre le
des filles. point de mire de toiis les regards
Avoir du linge. Porter une et de toutes les curiosités.
chemise blanche. Le mot nous vient d'Angle-
terre.
Faire des effets de linge Re- .

trousser adroitement sa robe, de Liion, s. m. Le frère aine 'du


façon à montrer trois ou quatre g;mdin, le dandy d'il y a vingt-
jupons éblouissants de blancheur cinq ans, le successeur du fa-
LIR LIY 261

shionable —
qui l'était du beau garder en l'air au lieu de regar-
— qui rétait de Yélégant qui — der par terre, —
comme l'astro-
l'était de Vincroyahk —qui l'était logue de la fable.
dn muscadin —
qui l'était du pe-

tit-maitre, — etc.
Lisette, s.
dans l'argot des voleurs.
f. Gilet long,

liionceau, s. m. Apprenti
lion, — garçon qui tailleur Iiitho^rraphier

(Se). Tom-
cherche à se faire passer pour le ber par terre, dans l'argot des
comte d'Orsay ou pour Brummel, faubouriens, qui savent que
et qui réussit rarement, le goût lorsqu'on tombe, on a le visage
étant une fleur rare comme l'hé- désagréablement impressionné
roïsme .
par la picrrr.

Eiionne, la Femme à Litrer, v. a. Avoir, posséder,


mode —
s. f.

il y a trente ans. C'était


— dans l'argot des voleurs. V.
« un petit être coquet, joli, qui Itrer.
maniait parfaitement le pistolet liitron, s. m. Litre douteux
et la cravache, montait à cheval servi dans un pot qui n'a pas tou-
comme un lancier, prisait fort la jours la contenance légale. Argot
cigarette et ne dédaignait pas le du peuple.
Champagne frappé. » Aujour-
d'hui, mariée ou demoiselle, Littérature jaune, s. f. Le
grande dame ou petite dame, la Réalisme, —une maladie icté-
lionne s'appelle de son vrai rique désagréable qui a sévi avec
nom — qui est drôlesse. assez d'intensité dans les rangs
littéraires il y a une dizaine d'an-
Eiionnerie, s. f. Haute et
nées, et dont a été particulière-
basse fashion.
ment atteint Champfleury, au-
Liippe, s. f. Moue, grimace, jourd'hui presque guéri.
— dans l'argot du peuple. L'expression, fort juste, appar-
Faire sa lippe. Bouder. tient à Hippolyte Babou.

Ijippée, s. f. Simple bou- Littératurier, s. m. Mau-


chée; repas insuflisant. vais écrivain, — dans l'argot des
Franche lippée Repas copieux.. gens de lettres.

Liipper, V. n. Courir de ca- Livre rouge, s. m. Les re-


baret en cabaret, y manger, — gistres du Dispensaire, — dans
et surtout y boire. l'argot des filles.

liiquide, s. f. Apocope de LiTraison de bois dcTant


Liquidation, — dans l'argot des sa porte (Avoir une), v. a. Se
coulissiers. dit, —
dans l'argot des faubou-
Liquide, s. m. Vin, dans — riens, —
d'une femme lùchement
avantagée par la Nature.
l'argot du peuple, qui fait sem-
blant d'ignorer qu'il existe d'au- Livre d'architecture, s.
tres corps aqueux. m. Registre qui contient les pro-
, Avoir absorbé trop de liquide. cès-verbaux d'une loge, — dans
Être ivre. l'argot des francs-maçons.

Lire aux astres, v. n. Mu- Livre des rois, s. m. Jeu de


ser, faire le gobe-mouches, re- cartes. Argot des faubouriens.
263 LOG LON

Liocandier, s. m. Variété de — dans l'argot des francs-ma-


voleur au bonjour. çons.
Loge irrégulière. Assemblée de
liocatis, s. m. Cheval de
— maçons qui ne sont pas réguliers
louage, dans l'argot des com-
et a'vec lesquels on ue doit pas
mis de nouveautés, à qui leurs fraterniser.
moyens défendent les pur-sang.
IiOg:c infernale, s. f. Petite
Ijoche, s. f. Paresseux, gras,

mou, —
dans l'argot du peuple,
loge d'avant-scène, où
tent, par tradition,
se
les gandins,
met-
qui emploie ce mot au propre et
au figuré, par allusion à la li-
— imitateurs serviles des lions.
Se dit aussi des Premières
mace, grise ou rouge, qu'on voit chaises du premier rang, aux con-
se traîner, visqueuse, par les
certs en plein vent comme ceux
sentiers.
des Champs-Elysées.
Loche, s. f. Oreille dans
l'argot des voleurs.
EiO«;'er aux quatre Tents,
V. n. Demeurer dans une maison
Ijocher, V. a. et n. Ecouter. mal close, où le vent entre comme
chez lui.
liocher, v. n. Branler, être
prêt de tomber, — dans l'argot liOg^er rue du Croissant,
du peuple. v. n. Avoir pour femme une
drôlesse qui donne dans le contrat
liocomotive, s. f. Fumeur autant de coups de canif qu'il y
acharné, —
dans l'argot des a de jours dans l'année.
bourgeois, qui, sans s'en douter,
emploient là une expression de lioir, s. m. Homme pares-
l'argot des voleurs anglais Stea- : seux, dormeur, ami de ses aises,
mer. — dans l'argot du peuple, qui
sait que cette sorte de gens,
lioffard ou lioff, s. et adj.
comme mus nitcla, mange les
Innocent, niais, pleurard, dans — le
meilleurs fruits des espaliers et
l'argot des comédiens, qui ne se
de la vie d'où le vieux veibe
:

doutent pas qu'ils ont emprunté loirer, pour Dérober, voler.


ce mot à l'argot des forçats, qui
l'ont emprunté eux-mêmes à l'ar- liolo, s. m. Lait, — dans l'ar-
got des marins. got des enfants.
Le lof est le côté d'un navire
Lolotte, s. f. Fille ou femme
qui se trouve frappé par le veut,
qui aime pour vivre au lieu de
qui le fait crier. Le loffard, au
vivre pour aimer. Argot des fau-
bagne, est le forçat frappé par
bouriens.
une condamnatioiî à perpétuité,
et qui gémit comme un enfant liombard, s. m. Commission-
sur son sort. naire au Mont-de-Piété, dans —
l'argot des ouvriers qui ont tra-
lioiTat, s. m. Aspirant com-
pagnon, — dans l'argot des ou- vaillé avec les Belges car c'est
en effet le nom qu'on donne, à
;

vriers.
Bruxelles, au Grand-Mout-de-
lioffitudcj s. f. Niaiserie, Piété, et ce nom a sa valeur his-
bêtise. torique.

liOge, s. f. Lieu de réimion, liondrès, s. m. Cigare de


LOQ LOU 263

vingt-cinq centimes, de la Ha- — dans l'argot des écoliers, qui


vane, —
ou d'ailleurs. avec soin.
les recueillent
Jouer aux loques. Jouer avec
l<ong:champ, s. m. Proces- des boutons comme avec des bil-
sion plus ou moins considérable
de gens, —
dans l'argot du peu-
les, à la bloquette, à la pigo-
che, etc.
ple, qui consacre ainsi le souve-
nir d'une mode dont on ne parlera liorcefé, s. f. La prison de
plus dans quelques années. la Force, — dans
l'argot des vo-
leurs, qui, pour ce mot, se sont
JLong^champj s. m. Prome- contentés de changer la place des
nade favorite, — dans l'ai'got
lettres et de mettre un é au lieu
des Poljtechniciens. C'est ime
d'un a.
cour oblongue, bordée d'une file
La Lorcefé des largues. Saint-
de cabinets dont nous laissons
Lazare, qui est la prison, la
deviner la destination, et où les
maison de Force où l'on renferme
élèves Aiennent fimier et causer
les femmes.
pendant les heures d'étude.
lioret, m. Monsieur peu
liong du mur (Le). Avec
s.

son argent, — iims l'argot du


délicat et peu difficile, qui vit vo-
lontiers des miettes de la teible
peuple.
amoureuse de la lorette.
Pour bien comprendre cette ex-
Le mot appartient à Nestor Ro-
pression pittoresque si fréquem-
queplan.
ment employée, je veux citer la
réponse que' me fit un jour un JLorette, s . f. Fille ou femme
coiffeur : qui ne vit pas pour aimer, mais
« Combien gagnez-vous chez au contraire, aime pour vivre.
votre patron? —
Trois francs par Le mot a une vingtaine d'an-
jour. —Alors vous êtes nourri ? nées (1840), et il appartient à
— Nourri et blanchi, oui... le Nestor Roqueplan, qui, par mi
long du mur ! » hypallage audacieux, a ainsi bap-
— du nom de leur
tisé ces drôlesses
làonge, s. f.

l'argot des voleurs, qui tirent vo-


Année, dans
quartier de préililection, le —
quartier Notre-Dame-de-Lorette
lontiers dessus lorsqu'ils sont en
prison. YàOTgne, s. m. Borgne, —
dans l'argot des voleurs.
liongé, adj. Agé.
Ils disent aussi Lorgne-bé.
liOngiH, s. et adj. Homme liorg^ue, s. m. As, — dans le
nonchalant, lent à faire ce qu'il
entreprend. Argot du peuple.
même argot.

On dit aussi Saint Longin. Loubion, s. m. Bonnet


Longie. Nonchalante, pares- d'homme ou de femme, — dans le
seuse. même argot.
On dit aussi Sainte Longie. lionbionnier, s. m. Bonne-
liepin, s. m. Morceau. tier.
Signifie aussi Postillon, cra-
liouche, s. f. Cuiller à po-
chat, expectoration abondante.
tage, — dans l'argot du peuple.
lioques, s. f. pi. Boutons de Un mot provincial acclimaté
gnétre ou de pantalon, en cuivre. maintenant à Paris.
â64 LOU LOU

liouche,' adj. Douteux, équi- non —seront toujours les bien-


voque. aimés, mais qui ignore les âpres

liouchée, s. f. Cuillerée, — joies des grands dédaigneux, ja-


loux de plaire seulement à un
(Jans l'angot des voleurs.
petit nombre d'amis ou de lec-
lioucher (Faire). Donner teurs de choix.
envie; exciter la convoitise, — Odi profaniim vulgus, et arceo.
dans l'argot du peuple, où l'on liouisette, s. f. Premier nom
emploie souvent cette expression doimé à la guillotine, « en l'hon-
ironique pour refuser quelque neur » du docteur Louis, secré-
chose. taire perpétuel de l'Académie de
lioucher de la jainbe^ v. chirurgie et inventeur, du moins
n. Boiter. importateur de cet instrument de
Loucher de Vépaule. Etre mort.
bossu. On l'a appelée aussi Louison.
Loucher de la bouche. Avoir le lioulon, s. m. Petit chien-
sourire faux. loup, — dans l'argot du peuple .

liouches, s. pi. Les


f. lioulou. Terme d'amitié, ca-
mains, — dans l'argot des vo- resse de femme à amant ou d'a-
leurs, qui ne savent pas prendre mant à maîtresse.
franchement, honnêtement, et en On dit aussi Gros loulou.
en demandant la permission.
Ijonp, s. m. Homme
qui se
liouchon, s. m. Individu af- plaît dans la solitude et qui n'en
fligéde strabisme, — dans l'ar- sort que lorsqu'il ne peut pas
got du peuple. faire autrement. Argot du peuple.
Malgré le vx soli! de l'Ecri-
lioufiat, s. m. Voj^ou, hom- ture et l'opinion de Diderot « Il
me crapuleux, — dans l'argot
n'y a que le méchant qui vit
:

des faubouriens. seul, » les loups-hommes sont


liouis d'or, s. m. Insurgé plus honorables que les hommes-
de Romilly, —
dans l'argot facé- moutons la: forêt vaut mieux
tieux des faubouriens, qui enten- que l'abattoir.
dent dire depuis si longtemps et
qui répètent eux-mêmes si volon-
Ijoup, s. m. Créancier, —
dans l'argot des typographes.
marcher dedans c'est si-
tiers qvLè
Faire un loup. Faire une dette,
gne d'argent. — et ne pas la payer.
On dit aussi Pièce de vingt
francs ^Ijoup, s. m. Absence de
texte, solution de continuité dans
liOuis d'op (N'être pas.) Ne la copie. Même
argot.
pouvoir plaire à tout le monde,
soit par son visage quand on est
Ijoup, s. m. Pièce manquée
femme, soit par son caractère ou mal faite, — dans l'argot des
tailleurs.
quand on est homme, soit par
son talent quand on est artiste ou On dit aussi Bete ou Loup qui
écrivain. peut marcher tout seul,
C'est une phrase souvent em- liOup-cerifier, s. m. Bour-
ployée, de l'argot du peuple, sier, —dans l'argot des gens de
qui sait que les Louis XV ou — lettres.
LOV 265
LOU

lioupe, s. f. Paresse, flâne- guette du boulevard extérieur,



dans l'argot des ouvriers, près de la barrière des Aman-
rie,
diers. Cette guinguette était flan-
qui ont emprunté ce mot à l'argot
quée, d'un côté par un pâtissier
des voleurs.
Ici encore M. Francisque Mi- nommé Laflème, et, de l'autre,
par un marchand de vin nomme
chel, chaussant trop vite ses lu-
Feignant...
nettes de savant, s'en est aile
jusqu'en Hollande, et même plus Lioupel, s m. Avare ;
hom-

.

loin, chercher une étymologie qiie me tout à fait pauvre, dans


la nourrice de Romulus lui eût l'argot des voleurs.
volontiers fournie. « Loupeur,
dit-il, vient du hollandais looppr r.ouper, v.n. Flâner, vaga-
(coureur), loop (course), loopen bonder .

(courir). L'allemand d.laufev... Lioupeur, s. m. Flâneur, va-


le danois lœber...; enfin le sué- gabond, ouvrier qui se dérange..
dois possède lopare... Tous ces
L.oupeu8e« s. f. Fille ou
mots doivent avoir pour racine
femme de mauvaise vie qui,
l'anglo-saxon lleùpan (islandais
llaupa), courir. » n'aimant pas le travail honnête
et doux de l'atelier,
préfère le
L'ardeur philologique de l'esti-

mable M. Francisque Michel l'a rude et honteux travail de la dé-


cette fois encore égaré, à ce que bauche.
je crois. Il est bon de pousser de lioupiat, s. m. Fainéant,
temps en temps sa pointe dans la loupeur, — dans l'argot des fau-
Scandinavie, mais il vaut mieux bouriens.
rester au coin de son feu, les
Lioupion, s. m. Chapeau
pieds sur les landiers, et, rumi-
nant ses souvenirs de toutes d'homme, rond. Même argot.

sortes, parmi lesquels les souve-


soit
L<ourde, s. f. Porte, — dans
nirs de classe, se rappeler :

l'argot des voleurs.


les pois lupins dont se régalaient
les philosophes anciens, les pre- liourdier, s. m. Portier.
miers et plus illustres flâ-
les
— l<ouTeteau, s. m. Fils d'af-
la sagesse ne s'acqué-
neurs,
rant vraiment que dans le far
filié, — dans l'argot des francs-
macons.
niente et le fai- niente ne s'acqué-
On dit aussi Louveton et Louf-
rant que dans la pauvreté soit ;

tot.
les Lupanarii, OÙ 1 on ne fait rien
de bon, du moins; soit les lupilU, liOUTre, s. m. Maison quel-
qu'employaient les comédiens en conque en pierre de taille,

guise de monnaie, soit le houblon dans l'argot des bourgeois, pour
{humulus lupulus) qui grimpe et qui la colonnade de Perrault est
s'étend au soleil comme un lé- le nec plus ultra de l'art
archi-
zard soit enfin, et surtout, le loup
; tectonique. „ ,., r .

classique {lupus), qui passe son Ils disent aussi Petit Louvre,
temps à rôder cà et là pour avoir — pour ne pas scandaliser dans
leurs tombes François P', Henri
II
sa nourriture.
et Charles IX.
lioupe (Camp de la), s._ m.
C'était _— liovelace, s. m. Libertin,
Réunion de vagabonds. —
c'est peut-être encore — une guin- grand séducteur, dans l'argot
266 LUN LUS

des bourgeois, qui éternisent accès de mauvaise humeur, de


ainsi le souvenir du principal misanthropie.
héros du roman de Richardson
{Clarisse Harlowe). ILnne, s. f. Visage large, épa-
noui, rayonnant de satisfaction et
l<ucarne, s. f. Monocle, — de santé.
dans l'argot des faubouriens. On dit aussi Pleine lune.
Crever sa lucarne. Casser le
I^utte, s. f. Le second visage
verre de son lorgnon.
que rhomme a à sa disposition,
liucrèce, s. f. Femme chaste, et qu'il ne découvre jamais en
en apparence du moins, dans — public, —à moins d'avoir toute
l'argot du peuple, qui a entendu honte bue.
parler de l'héroïsme de la femme On dit aussi Pleine lune.
de Collatin, et qui n'y croit que liune à donze quartiers,
sous bénéfice d'inventaire.
Faire la Lucrèce. Contrefaire
s. f. Roue, — dans l'argot des vo-
leurs.
la prude et l'honnête femme.
l<unette, s. f. Le cercle delà
liuisant, s. m. Soleil, ou frulla, — dans l'argot du peuple.
Jour, — dans l'argot des voleurs.
On dit aussi Luisard. Ijunettes, s. f. pi. Les nales,
Ijuisante, s. f. La Lune.
— qui sont en effet de petites lu-
nes.
On dit aussi Luisarde.
liUflue, s. m. Faux certificat,
liuucli, s. m. Collation légère faux passeport, loques de papier,
entre le déjeuner et le dîner, — — dans l'argot des voleurs.
dans l'argot des gandins, qui ré-
Porte-luque. Portefeuille.
pudient ainsi notre ancien goûter.
Luque signifie aussi Image,
Le mot et la mode sont an- dessin.
glais ; seulement le lunch anglais
a cet avantage sur le lunch pari- liurelure (A), loc. adv. Au
sien, qu'il est une réfection co- hasard, sans
dessein, sans ré-
pieuse, — un troisième déjeuner, flexion surtout, —
dans l'argot du
ou un premier dîner, destiné — peuple.
à ravitailler les estomacs épui-
sés par les luttes des hustings.
l<uroii, s. m. Homme hardi,
déluré.
liuncher, v. n. Manger des Joyeux luron. Bon compagnon.
gâteaux arrosés de bordeaux
chez un pâtissier eu renom. I^usquin, s. m. Charbon, —
dans l'argot des voleurs.
liundîcpate, adj. et s. Feuil- Lusquine. Cendre.
letonniste du lundi, — dans l'ar-
liustre, s. m. La claque, —
got des gens de lettres.
Le mot appartient à M. Pierre dans l'argot des coulisses.
Yéron. Chevaliers du lustre. Gens
payés pour applaudir les pièces
liune, s. f. Caprice; mau- et les acteurs, qui se placent or-
vaise humeur, —
dans l'argot du dinairement au parterre au des-
peuple. sous du lustre.
Etre dans ses lunes. Avoir un On dit aussi Romains.
LYG LYO 267

liustre, s. m. Juge, — dans leurs humanités et parmi les-


l'argot des voleurs. quels se trouve, de temps en
temps, un Aristote de la force de
L<ustrer, v. a. etn. Juger. Lacenaire qui leur enseigne sa
Logique du meurtre et sa Philo-
liustucru, s. m. Imbécile; sophie de^la guillotine.
évaporé, extravagant, — dans
l'argot du peuple. liyounaise, s. f. Soierie, —
dans l'argot des fardiouriens, qui
liycée, s. m. Prison, — dans pratiquent volontiers l'hypallage
l'argot des voleurs, qui y font et la métonymie.
Mac, s. m. Apocope de Ma- Macaron, s. m. Hmssier, —
(juereau, — dans l'argot des fau- dans l'argot des voyous. Traître,
bouriens. dans l'argot des voleurs.

llacache* adj. Mauvais, dé-


Macaroner, v. a. et n. Agir
testable, — dans l'argot des ou- en traître.
vriers qui ont été troupiers en Macchabée, s. m. Cadavre,
Algérie. dans l'argot du peuple, qui fait
On emploie ordinairement ce allusion, sans s'en douter, aux
mot avec lono : sept martyrs chrétiens
Macache-hono. Ce n'est pas Mauvais Macchabée. Mort de
bon, cela ne vaut rien. dernière classe, ou individu trop
Signifie aussi Zut! gros et trop grand qu'on est forcé
Macadam, s. m. Boue de tasser, —dans l'argot des
épaisse et jaune due à l'ingénieur
employés des pompes funèbres.
anglais Mac Adam. Mac-Farlane, s. m. Paletot
Macadam, s. f. Boisson su- sans manche, —
dans l'argot des
crée qui resseroble un peu comme gandins et des tailleurs.
couleur à la boue des boulevards Mâcher de haut, v. a.
macadamisés. Manger sans appétit, — dans
l'argot des bourgeois.
Macadamiser, v. a. Empier-
rer les voies publiques d'après le Mâcher les morceaux, v.
système de Mac Adam. a.Préparer un travail, faire le
plus difficile d'une besogne qu'un
Macaire, s. m. Escroc; agent
autre achèvera. Argot du peuple.
d'affaires véreusessaltimbanque,
;

— dans l'argot du peuple, qui a Mâcher les mots, v. a.


conservé le souvenir du type Choisir les expressions les plus
créé par Daumier au Charivari chastes, les moms
blessantes.
et par Frédérick-Lemaître au Ne pas mâcher mots à quel-
les
théâtre. qu'un. Lui dire crûment ce qu'on
On dit aussi RoOert-Macaire. a à lui dire.
270 MAC MAG
Machin, s. m. Nom qu'on llaçon de théorie,
donne à une personne ou à une
s. m.
Franc-maçon.
chose sur laquelle on ne peut
mettre une étiquette exacte. lladame, s. f. Dame, —
On dit aussi Chose. dans l'argot des petites filles.
Jouer à la Madanie. Contre-
llacliîRe, s. f. Chose quel- faire les mines, les allures des
conque dont on ne peut trouver grandes personnes,
le nom, —
dans l'argot des bour-
madame. Nom que
geois, qui ne les filles
connaissent pas
de maison donnent à leur maî-
exactement la propriété des
termes. Ainsi il n'est pas rare
tresse, —
à ïaùbeyse.
d'entendre l'un d'eux dire à un lladame la Ressource, s.
artiste, en parlant de son tableau f. Marchande la toilette
: cà
; reven-
« Votre petite machine est très deuse.
jolie. »
Grande machine. Grande lladame Tiremonde, s. f.

ou statue de grande dimension.


toile
Sage-femme, — dans l'argot des
faubouriens.
llâchoire, s. f. Imbécile, — Les voyous disent Madame Tire-
dans l'argot du peuple, qui sait pousse.
avec quelle arme Samson as- Au xvi' siècle, on disait Ma-
somma tant de Philistins. dame du guichet et Portière du
Signifie aussi Suranné, Clas- petit guichet.
sique, —
dans l'argot des roman- ISademoiselIe Manette,
tiques, —ainsi que cela résulte f. Malle.
s.

d'un passage des Jeune France


de Théophile Gautier, qu'il faut Madrice, s. f. Finesse, habi-
citer pour l'édification des races leté, madrerie, — dans l'argot des
futures « L'on arrivait par la
:
voleurs
filière d'épithètes qui suivent
ci-devant, faux toupet, aile de
:
Madrin, adj. et s. Habile,
fin, madré.
pigeon, perruque, étrusque, mâ-
choire, ganache, au dernier de- Mafflu, adj. et s. Qui a ime
gré de la décrépitude, à l'épi- face largo, épanouie, —
dans
thète la plus infamante, académi- l'argot du peuple.
cxen et membre de l'Institut. » G/'osse mafflue. Grosse com-
mère.
llâchicot, s. m. Mauvais
joueur, — dans l'argot des fau-
On dit aussi grosse maffrée et
bouriens.
grosse mafflée.
Ils disent aussi Mâchoire. Haineuse, s. f. « Femme
qui se déprave avec des individus
Slâclionner, v. n. Parler à de son sexe, » dit M. Francisque
Yoix basse, murmurer, maugréer. Michel, qui va bien loin chercher

Hachurer,
Fétymologie de ce mot, dans —
v. a. Barbouiller, lequel il veut voir une allusion
noircir. malveillante à une communauté
llaçon de pratique, religieuse, tandis qu'il l'a sous la
s. m.
Ouvrier en bâtiments, — dans
main, cette étymologie.
l'argot des francs-macons. Magot, s. m. Économies, ar-
MAJ MAL 271

gent caché, — dans l'argot du Major de table d'hôte, s.

peuple. m. Escroc à moustaches grises et


Manger son magot. Dépenser même blanches, à cheveux ras,
l'argent amassé. à rtdingote boutonnée, à col car-
can, à linge douteux, qui sert de
Mag^ot, s. m. Homme laid protecteur aux tripots de la ban-
comme un singe ou ^otesque lieue-
comme une figurine chinoise en
pierre oUaire. Malade, adj. et s. Prisonnier,
— dans l'argot des voleurs, qui
Maig^re comme «n cent ont perdu la santé de l'àme.
de clous, adj. Extrêmement Etre malade. Etre compromis.
maigre.
On dit aussi Maiijre comme un Malade du ponce, adj.
coucou, et Mai'jre comme un ha- Paresseux, — dans l'argot du
reng-sauret. peuple.
On dit aussi A voir le pouce dé-
Maigpre (Du)! interj. Silence!
mis pour son argent.
— dans l'argot des voleurs.
Malade du pouce, adj.
Mains de beurre, s. f. pi. Avare, homme qui n'aime pas à
Mains maladroites, qui laissent compter de l'argent aux au- —
glisser ce qu'elles tiennent. Argot tres. Argot des faubouriens.
du peuple.
Maladie, s. f. Emprisonne-
liaison de société, s. f.
ment. Argot des voleurs.
Abbaye des S'offre-à-tous, — dans
l'argot des bourgeois. Mal-à-g^auche, s. et adj.
Maladroit, — dans l'argot facé-
liaison de Slolière (La). tieux et calembourique des fau-
Le Théâtre-Français, — dans bouriens.
l'argot des sociétaires de ce
théâtre, qui n'y exercent pas pré- Malandreux, s. et adj. In-
cisément l'hospitalité à la façon firme ; malade, mal à son aise,

écossaise.
— dans l'argot du peuple.
Sous le premier Empire, c'était On disait autrefois Landreux.
le Temple du goût, et, sous la Mal blanchi, s. et adj. Nè-
Restauration, le Temple de Tha-
lie.
gre, — dans l'argot des faubou-
riens .

Maisonnée, s. f. Les per- Malechance, s. f. Fatalité,


sonnes, grandes et petites, qui
— mauvaise chance, — dans l'argot
composent une famille, dans du peuple.
l'argot du peuple.
Mal choisi, s. m. Académi-
Maîtresse de piano, s. f.
cien, — dans
l'argot des faubou-
Dame ou laide qui Aient
d'âge riens, qui ont parfois raison.
chaque matin chez les petites
dames leur faire les cors, ou les Maldine, s. f. Pension bour-
cartes, ou leur correspondance geoise, — dans l'argot des voyous.
amoureuse.
Mal-donne, s. f. Fausse dis-
Major, s. m. Chirurgien, — tribution de cartes, — dans l'ar-
dans l'argot des soldats. got des joueurs.
S72 MAL MAN

llâle, s. m. Homme, — dans francs, — dans l'argot des vo-


l'argot des faubouriemies, qui leurs.
préfèrent les charretiers aux gan- Maltouze, s. f. Contrebande,
dins. — dans l'argot des voleurs, les
Beau mâle. Homme robuste, maltùliers modernes [malle tôl-
plein de santé. ière, enlever injustement).
Vilain mâle. Homme d'une ap- Pastiquer la maltouze. Faire la
parence maladive, ou de petite contrebande.
taille.
Maltouzier, s. m. Contre-
Signifie aussi Mari.
bandier.
Mal embouché, adj. et s.
Manche, —
Insolent, grossier, — dans l'argot s.
dans l'argot des joueurs.
f. Partie,

du peuple. Manche à (sous-entendu : Man-


Mal ficelé, s. m. Garde na- che). Se dit quand chacun des
tional de la banlieue, dans — joueurs a gagné une partie
qu'il reste à faire la belle.
et

l'argot des faubouriens.

Malfrat, m. Manche, s. f. Quête; au-

homme qui
s.
mal fait, ou
Vaurien,
gamin mône, — dans l'argot des saltim-

qui mal fera, —


dans l'argot des
banques.
Faire la manche. Quêter, men-
paysans de la banlieue de Paris.
dier.
M. Francisque Michel donne
Malvas, en prenant soin d'ajouter Manche (Avoir dans sa). Dis-
que ce mot est « provençal » et poser de quelqu'un comme de
qu'il est populaire à Bordeaux. soi-même, —
dans l'argot du
M. F. Michel a beaucoup plus peuple.
vécu avec les livres qu'avec les Manchon, s. m. Chevelure
hommes. D'ailleurs, les livres
aussi me donnent raison, puisque
absalonienne, —
dans l'argot des
faubouriens.
je lis dans l'un d'eux que le
peuple parisien disait jadis un Avoir des vo's dans son man-
chon. Avoir çà et là des places
Malfé [malefadus) à propos d'un
malfaiteur, et donnait le même
chauves sur la tète.
nom au Diable. Manchot, s. m. Homme ma-
Maliiig^rer, v. n. Souffrir, ladroit comme s'il avait un bras
— dans l'argot des voleurs. de moins.
N'être pas manchot. Etre très
Maling^reux, s. et adj. Souf- adroit, — au propre et au figuré.
freteux, — dans l'argot du
Mandarin, s. m. Person-
peuple.
nage imaginaire qui sert de tète
Malitorne, s. f. Femme dis- de Turc à tous les criminels ti-
gracieuse, laide, mal faite, — mides, —
dans l'argot des gens
7nalc tornata. de lettres.
Il a été inventé par Jean- Jac-
Maltais, s. m. Cabaretier,
— ques Rousseau ou par Diderot
dans l'argot des troupiers qui
comme cas de conscience. Vous
ont été en Algérie.
êtes assis tranquillement dans
Maltaise, s. f. Pièce de vingt votre fauteuil, au coin de votre
MAN MAN 273

l'eu,à Paris, cherchant, sans les llandolet, s. m. Pistolet, —


trouver, les moyens de devenir dans l'argot des voleurs.
aussi riche que M. de Rothschild
et aussi heureux qu'un roi, parce
Mandrin, s. m. Bandit,
qae vous supposez avec raison
homme capable de tout, à quel-
que rang de la société qu'il ap-
que l'argent fait le bonheur, at-
partii^nne, sur quelque échelon
tendu que vous avez une maitressc
qu'il se soit posé.
très belle, qui a chaque jour de
nouveaux caprices ruineux, et Cette expression de l'argot —
que vous seriez très heureux de
du peuple —
est dans la circula-
tion depuis longtemps.
la voir heureuse en satisfaisant
tous ses caprices à coups de bil-
On dit aussi Cartouche, ces —
lets de banque. Eh bien, il y a, à
deux coquins faisant la paire.
deux mille lieues de vous, un Mang^eaille, s. f. Nourriture.
mandarin, un homme que vous
ne connaissez pas, qui est plus Mung^eoire, Restaurant,
s. f.

riche que M. de Rothschild sans : cabaret, — dans l'argot des fau-


bouger, sans même faire un bouriens.
geste, rien qu'avec la Volonté,
vous pouvez tuer cet homme et
Mander, v. a. Subir, avoir,

devenir son héritier, —


sans qu'on
faire, — dans l'argot du peuple.
sache jamais que vous êtes son Manger de la misère. Etre be-
meurtrier. sogneux, misérable.
Voilà le cas de conscience que Manger de la prison. Etre pri-
beaucoup de gens ont résohi eu sonnier.
chargeant Volonté à mitraille, Manger de la guerre. Assister
sans pour cela en être plus riche, à une bataille.
mais non sans en être moins
déshonorés. Je ne devais pas ou- Mangrer dans 1.1 main, v.
bler de le signaler dans ce Dic- n. Prendre des familiarités ex-
cessives, abuser des bontés de
tionnaire, qui est aussi bien une
histoire des idées modernes que
quelqu'un.
des mots contemporains. D'ail- Manger de ce pain-là (Ne
leurs, il a passé dans la littéra- pas) Se refuser à faire une chose
.

ture et dans la conversation, que l'on croit malhonnête, mal-


puisqu'on dit Tuer le mandarin. gré le qu'on en pourrait
profit
A ce titre déjà, je lui devais une retirer ; répugner à certams mé-
mention honorable. tiers, comme ceux de domestique,
de souteneur, etc.
Mandibules, s. f. pi. Le bas
du visage, — dans 1 argot du Mang'er de la merde.
peuple Souff'rirde toutes les misères et
Jouer des mandibules. Manger. de toutes les humiliations con-
On dit aussi Jouer des badi- nues en être réduit, comme l'es-
;

goinces. carbot, à se nourrir des immon-


dices trouvées sur la voie pu-
llandole, s. f. Soufflet, — blique, des détritus abandonnés
dans l'argot des marbriers de là par les hommes et dédaignés
cimetière. même des chiens.
Jeter une mandole. Donner un Cette expression de l'argot —
soufflet. des faubouriens est horrible, —
18
274 MAN MAN
non parce qu'elle est triviale, Mang^er du pain rongée,
mais parce qu'elle est vraie. Je V. a. Vivre d'assassinats impu-
l'ai entendue, cette phrase im- nis, — dans l'argot du peuple.
pure, sortir vingt fois de bouches
honnêtes exaspérées par l'excès
lEang^er du pavé, v. a.
Chercher de l'ouvrage et n'en ja-
de la pauvreté. J'ai hésité d'a-
bord à lui donner asile dans mon
mais trouver, —
dans l'argot des
Dictionnaire, mais je n'hésite
coiffeurs. Trimer, —
dans l'argot
plus il faut que tout ce qui se
:
du peuple.
dit se sache. Manger du sucre, v. a.
Recevoir des applaudissements,
Hlaiiger lîe la Y.ache en" — dans l'argot des comédiens.
rag^ée, Pàtir beaucoup;
v. a.
souffrir du
de la soif et de
froid, SSang^er la chandelle (Ne
la faim n'avoir ni sou ni maille, pas). N'avoir rien contre soi qu'on

;

ni feu ni lieu vivre enfin dans la


; puisse reprocher, dans l'argot
misère en attendant la richesse, du peuple, qui emploie cette ex-
dans le chagrin en attendant le pression à propos des gens qu'il
bonheur. ne connaît pas assez pour en ré-
Cette expression est de l'argot pondre. Ainsi, quand il dit : C'est
du peuple et de celui des bo- un bon enfant, il ne mange pas
hèmes, qui en sont réduits beau- la chandelle, cela signifie Je :

coup trop souvent, pour se nour- n'en sais ni bien ni mal, ce n'est
rir, à se tailler des beefsteaks in- ni mon ami ni mon ennemi.
vraisemblables dans les flancs
imaginaires de C3tte bête apocalyp-
Slanger la laine sur le
tique.
dos de quelqu'un, v. a. Le
tromper, et même le voler, sans
Sfang^er des pissenlits qu'il proteste ou s'en aperçoive.
par la racine, v. a. Etre Même argot.
mort.
niang^er le blanc des yeux
Mangfci* du bœuf, v. a. (Se). Se dit de deux personnes
Etre pauvre, — dans l'argot des qui se regardent avec colère,
ouvriers, qui savent combien comme prêtes à se jeter l'une
Yordinairt finit par être fade et sur l'autre et à se dévorer.
misérable.'
Mang^er le bon Oieu, v.
Mang^er du fromag'e. Etre a. Communier, — dans l'argot
mécontent avoir de la peine à se
;
des faubouriens.
débarbouiller de ses soucis.
On connaît l'épigramme faite
Manger le gibier, v. a. Ne
rien exiger des hommes, ou ue
en 1814 contre Cambacérès, duc pas rapporter mtésTulement l'ar-
de Parme :
gent qu'ils ont donné, dans —
« Le duc de Parme déménage ; l'argot des souteneurs, qui disent
Plus d'hôtel, plus de courtisan! cela à propos des filles, leurs
Monseigneur mange du fromage,
maîtresses.
Mais ce n'est plus du parmesan... •

Manger le morceau, v. a.
M angrer du mérinos, v. a. Faire des révélations, nommer
Jouer au billard, — dans l'argot ses complices, —
dans l'argot des
des habitués d'estaminet. voleurs.
Ils disent aussi Manger du drap. On dit aussi Casser le morceau.
MAN MAN 275

llang^er le morceau, v. a. Cette expression, —


de l'argot
Trahir un secret; ébruiter trop du peuple, a signifié aussi Se don- :

tôt une affaire, —


dans l'argot ner du bon temps dans sa jeu-
du peuple. nesse et vivre misérablement dans
sa vieillesse.
Ifang^er le mot d'ordre,
V. a. Neplus se le rappeler, — Slang^er sur l'org^ue, v. n.
dans l'argot des troupiers. Dénoncer un complice pour se
sauver soi-même ou atténuer son
Mander le nez (Se). Se propre crime —
battre avec acharnement, dans — voleurs.
dans l'argot des
l'argot des faubouriens, qui On dit aussi Manger sur quel-
jouent parfois des dents d'une qu'un.
manière cruelle.
Par bonheur, ils jouent plus Manger une soupe aux
souvent de langue, et, dans
la herbes. Coucher dans les
leurs « engueulements », qui — champs. — Argot des faubouriens.
rappellent beaucoup ceux des
héros d'Homère, —
s'il leur ar-
Slang^er un lapin, v. a. En-
rive de dire, en manière de dé- terrer un camarade, dans l'ar-—
but « Je vais te manger le nez »
: !
got des typographes, qui, comme
ils se contentent de se moucher. tous les ouvriers, s'arrêtent vo-
lontiers chez le marchand de vin
Slang^er le pain hardi, v. en revenant du cimetière.
a. Etre domestique, —
dans l'ar-
got du peuple, qui veut marquer llangpeur, s. m. Dissipateur,
que ces sortes de gens mangent le viveur, — dans l'argot du peu-
pain de leurs maîtres, sans se ple.
soucier autrement de le gagner.
llang'eur de blanc, s. m.
Mano^er le poulet, v. a. Souteneur de filles, — dans l'ar-
Partager un bénéfice illicite, — got des faubouriens.
dans l'argot des ouvriers, qui
disent cela à propos des ententes Hauteur de bon Dieu, s.
trop cordiales qui existent parfois m. Bigot, homme qui hante plus
entre les entrepreneurs et les ar- volontiers l'église que le cabaret.
chitectes, grands déjeuneurs.
Argot du peuple.

llang^er les sens (Se). S'im- Slangreur de choucroute,


patienter, se mettre en colère, — s. m. Allemand ou Alsacien.
uans l'argot des bourgeois. Mangpeur de g^alette, s. m.
Mander sou beefsteak, v. Homme qui trahit ses camarades
a. Se taire, —
dans l'argot des pour de l'argent.
faubouriens, qui ne devraient pour-
Mang^eur de pommes, s. m.
tant pas ignorer qu'il y a des
Normand.
gens qui parlent la bouche pleine.
Mangpeuse de viande
llang^er son pain blanc crue, s. Fille publique.
f.
le premier, v. a. De deux L'expression est vieille : elle
choses faire d'abord la plus ai-
se trouve dans Restif de la Bre-
sée; s'amuser avant de travail-
tonne.
ler, au lieu de s'amuser après
avoir travaillé. llanicle, s. f. Se dit de tou-
276 MAN MAN
tes les choses gênantes, embarras- Manneau, pron. pers. Moi,
santes, comme le sont en eflet les — dans l'argot des voleurs.
manicles des prisonniers. On dit aussi Mézingaud et Mè-
Ce mot vient de maniae, me zière.
nottes. Les forçats, qui ne sont pas
tenus desavoir le latin, donnent ce Mannequin, s. m. Imbécile,
nom aux fers qu'ils trament aux homme de paille, — dans l'argot
pieds; en outre, au lieu de l'em- du peuple.
ployer au pluriel, comme l'exi- Mannequin, s. m. "Voiture
gerait l'étymologie, ils s'en ser- spécialement Ta-
quelconque, et
vent au singulier c'est ainsi que
:

de la langue du bagne il est


pecul, — dans l'argot du peuple.

passé dans celle de l'atelier. Mannequin du trinibal-


Frère de la manicle. Filou. leur fies refroidis, s. m.
Corbillard, — dans l'argot des
Manière, s, f. Façon de se voleurs.
conduire avec les hommes, — Mannezing^ue,
dans l'argot des drôlesses habiles, s. m. Caba-
qui ont ainsi, comme les grands ret ; marchand de vin, dans —
l'argot des faubouriens, qui n'em-
artistes,leur première, leur se-
ploient ce mot que depuis une
conde, leur troisième manière. Le
trentaine d'années.
cynisme en paroles et en actions
peut être la première manière On dit aussi Minzinguin et

d'une courtisane, et la pudicité,


Mannezinguin.
voire l'honnêteté, sa troisième Voilà un mot bien moderne, et
manière, —
la plus remarquable cependant les renseignements qui
et la plus dangereuse. le concernent sont plus diffi-
Manières, Embarras,
s. f. pi.
ciles à obtenir que s'il s'agissait
importance exagérée; mines im- d'un mot plus ancien. J'ai bien
pertinentes; simagrées, dans — envie de hasarder ma petite éty-
mologie : Mannsingen, homme
l'argot des faubouriens.
chez lequel on chante, le vin étant
Manig^ance, s. f. Intrigue, le tire-bouchon de la gaieté que
fourberie, — dans l'argot du contient le cerveau humain.
peuple.
Mannezing^ueur, s. m. Ha-
Manig^ancer, Méditer v. a. bitué de cabaret.
une fourberie préparer une farce, —
;

un coup, une affaire. Manon, s. f. Gourgandine,


dans l'argot du peuple.
Manique, s. f. Métier. Signifie aussi Maîtresse, —
Connaître la maniquc. Connaî- dans l'argot des bourgeois.
tre à fond une affaire Manque (A la), adv. A
Sentir la manique. Sentir le gauche, — dans l'argot des fau-
cuir ou toute odeur d'atelier. bouriens.
ManiTelle, s. f. Chose qui Signifie aussi Endommagé et

revient toujours fastidieusement


Malade.
;

travail monotone, ennuyeux. Manteau d'arlequin, s. m.


C'est toujours la nu'me mani- Draperie qui entoure le rideau
velle. C'est toujours la même d'avant-scène, — dans l'argot des
chanson. coulisses.
MAQ MA.Q 277

« On l'a nommée ainsi, dit en français avec sa prononciation


M. parce que du temps
J. Duflot, originelle et son sens natif (grand,
de la comédieitalienne les rideaux fort) par quelque helléniste en
de théâtre ne tombaient pas bonne humeur? Est-ce une con-
comme des rideaux d'alcôve en traction anagrammatisée ou une
glissant sur des tringles or, ; métathèse du vieux français mar-
comme Arlequin, au dénoûment ron (matou, màlej ? Est-ce enfin
de la pièce, était toujours le der- purement et simplement une al-
nier comédien qui saluait le pu- lusion aux habitudes qu'ont eues
blic de sa batte, le rideau, qui se de tout temps les souteneurs de
fermait sur lui, semblait lui faire filles de se réunir par bandes
un manteau. » dans des cabarets ad hoc, par
exemple les tapis-francs de la
llaqua, Entremetteuse,
S. f.
Cité et d'ailleurs, comme les ma-
— dans l'argot du peuple, qui
quereaux par troupes, par bancs,
emploie ce mot depuis quelques
dans les mers du Nord? Je l'i-
cents ans.
On a écrit Maca au xvi' siè-
gnore, —et c'est précisément
pour cela que je voudrais le sa-
cle.
voir; aussi attendrai-je avec im-
Slaquecée, s. f. Abbesse de tience et ouvrirai-je avec curio-
l'abbaye des S'offre-à-tous, — sité la prochaine édition des
dans l'argot des voleurs. Etudes de philologie de M. Fran-
cisque Michel.
llaquereau, s. m. Soute-
Au xviii<= siècle, on disait Croc
neur de filles, ou plutôt Soutenu de billard, tout simplement
de filles, —
dans l'argot du peu- Ci'oc, —
et
par aphérèse.
ple.
Il est regrettable que M. Fran- llaquereautag^e, s. m. Ex-
cisque Michel n'ait pas cru devoir ploitation de la femme qui ex-
éclairer de ses lumières philolo- ploite elle-même les hommes ;

giques les ténèbres opaques de maquignonnage.


ce mot, aussi intéressant que On prononce Macrotage.
tant d'autres auxquels il a consa-
Blaquereauter, v. a. et n.
cré des pages entières de com-
Vivre aux dépens des femmes
mentaires. Pour un homme de
qui ne vivent elles-mêmes qu'aux
son érudition, l'étymologie eût
dépens des hommes.
été facile à trouver sans doute,
et les ignorants comme moi n'en
On prononce Macroiev.
Maqiiereauler une affaire. In-
seraient pas réduits à la conjec-
triguer pour la faire réussir.
turer.
Il y a longtemps qu'on emploie llaquereautin, s. m. Ap-
cette expression; les documents prenti débauché, jeune maque-
littéraires dans lesquels on la ren- reau.
contre sont nombreux et anciens On prononce Macrotin.
déjà; mais quel auteur, prosateur
llaquerellag^e» s. m. Proxé-
ou poète, l'a employée le premier
nétisme.
et pourquoi l'a-t-il employée? Est-
ce une corruption du mœchus llaquerelle, s, f. Femme
d'Horace ( « homme qui vit avec qui trafique des filles.
les courtisanes, » mœcha, fille) ? Au xvme siècle on disait Ma-
Est-ce le ijlx/.cô; grec, conservé qua.
278 MAQ MAR
Slaqui, S. f. Rouge, fard, — siuette, boule-rouge, petite dame
dans l'argot des voleurs. enfin, — dans l'argot des faubou-
C'est probablement une apo- riens.
cope du vieux mot Maquignon-
Maquiller, v. a. Faire, agir,
nage.
machiner, — dans l'argot des
Alaquig^non, s. m. Homme voleurs et des faubouriens.
qiii fait tout les métiers, excepté Signifie aussi Tromper, tricher,
celui d'honnête homme, — dans user de supercherie.
l'argot du peuple. Maquiller les brânes. Jouer
llIaquignonna;;e, s. m. Pro- aux cartes.
xénétisme ; tromperie sur la qua- Signifie aussi Tricher à l'é-

lité et la quantité d'une mar- carté.


chandise abus de confiance. Maquiller son truc. Faire sa
;
manœuvre.
Slaquig^nouner, v. a. Faire Maquiller une camôriolle. Dé-
des affaires véreuses. valiser une chambre.
Maquillaj«^e, s. m. Applica-
Maquiller un suage. Se char-
tion de blanc de céruse et de ger d'un assassinat.
rouge végétal sur le visage, — llaquiller (Se), v. réfl. Se
dans l'argot des acteurs et des couvrir le visage de carmin et
filles, qui ont besoin, les uns et de blanc de perles, —
dans l'ar-
les autres, de tromper le public, got des petites dames, dont la
qui, de son côté, ne demande beauté est l'miique gagne -pain,
qu'à être trompé. et qui cherchent naturellement à
Blanc de céruse et rouge vé- dissimuler les outrages que les
gétal, — jene dis pas assez et ;
années —et la débauche peu- —
pendant que j'y suis, je vais eu vent y faire.
dire davantage afin d'apprendre
à nos petits-neveux, friands de Mar. Désinence fort à la mode
ces détails, comme nous de ceux vers 1830, —comme les Osages.
qui concernent les courtisanes de On retranchait la dernière syl-
l'Antiquité, quels sont les engins labe des mots et on y substituait
de maqidllage des ces trois lettres, qui donnaient im
courtisanes
modernes Blanc de céruse ou
:
« cachet » au langage des cens
blanc de baleine d'esprit de ce temps-là. On disait
rouge végétal ;

ou rouge liquide; poudre d'iris Boulangemar pour Boulanger,


et poudre de riz cire vierge fon-
Epicemar cour Epicier, etc. C'é-
;

due et pommade de concombre; tait une mis à la


sorte de javanais
encre de Chine et crayon de ni- portée de tout monde. Il en est
le

trate, —
sans compter les fausses resté malheureusement quelques
éclaboussures sur notre langue.
nattes et les fausses dents. Le vi-
(Lire les Boétiens de Louis Des-
sage a des rides, il faut les bou-
cher; l'âge et les veilles l'ont uoyers).
jauni, il faut le roser la bouche niaraille, s. f. Le peuple,
est trop grande, il faut la rape-
;

le monde, —
dans l'argot des vo-
tisser ; les yeux sont trop petits, leurs.
il faut les agrandir. les miracles
du maquillage Marauder, v. u. Raccrocher
!

des pratiques en route, dans —


lla<juillée, s. f. Lorette, ca- l'argot des cochers de voitures de
MAR MAR 279

place, qui frustrent ainsi leur ad- sommeil, ou seulement le repos,

ministration. — dans l'argot des sous-officiers.


On dit aussi Aller à la ma- Marcher, v. n. Etre de la
raude et Faire la maraude.
même opinion ;consentir, — dans
l'argot des typographes.
Maraudeur, s. m. Cocher
en quête d'un « bourgeois ». Marcher dedans. Rencon-
On dit aussi Hirondelle. trer sous son pied un insurgé de
llarbre, s. m. Table sur la- Romilly, — dans l'argot des
imprimeries de bourgeois.
quelle, dans les
journaux, les typographes posent Marcher au pas. Obéir,
les paquets des'tinés à être mis en filer doux, — dans le même ar-
page. got.
Avoir un article sur le marbre.
Avoir un article composé, sur le Faire marcher quelqu'un au
point de passer, —
dans l'argot pas. Agir de rigueur envers lui.
des gens de lettres
Marcher sur la chré-
IMarcandier, s. m. Mar- tienté, V. n. N'avoir pas de
chand, —
dans l'argot des vo- souliers ou avoir des souliers

dans le même argot.
leurs, qui emploient là une ex- usés,
pression de la vieille langue des Marcher sur le pied, v.
honnêtes gens. n. Chercher querelle à quelqu'un,
Marcassin, s. m. Petit gar-
— une querelle d'Allemand;
çon malpropre et grognon, — saisir le moindre prétexte pour
se fâcher.
dans l'argot du peuple.
Marchand d'eau chaude, N'aimer pas qu'on vous marche
sur le pied. Etre très chatouil-
s. m. Cafetier.
leux, très susceptible.
Marchand de cerises, s.
m. Mauvais cavalier. Marches du palais, s. f.

pi. Rides du front, — dans l'ar-


Marchand de femmes, s. got du peuple.
m. Négociateur en mariages.
Marcheuse, s. f. Rat d'une
Marchand de sommeil, s. grande que sa mère,
beauté
m. Logeur en garni, — dans fausse ou vraie, dit H. de Balzac,
l'argot des faubouriens. a vendue le jour où elle n'a pu
Marchand de soupe, s. m. devenir ni premier, ni deuxième,
Maître de pension, — dans l'ar- ni troisième sujet de la danse, et
got des écoliers où elle a préféré l'état de cory-
phée à tout autre, par la grande
Marchand d'hommes, s. raison qu'après l'emploi de sa jeu-
m. Agent de remplacement mili- nesse elle n'en pouvait pas pren-
taire, — dans l'argot du peuple. dre d'autres. C'est un débris de
la fille d'Opéra du xviu' siècle.
Marche-à-terre, s. m. Fan-
tassin, — dans l'argot de la ca-
Marcheuse, s. f. Fenmie en
bonnet et en tablier blanc, dont
valerie.
les fonctions « sont d'appeler les
Marche de flanc, s. f. Le passants à voix basse et de les
280 MAR MAR
engager à monter dans la maison emploie ce mot au propre et au
qu'elle représente ». figuré.

Marco, s. f. Petite dame, — llarg^oulette, s. f. La bou-


dans l'argot des gens de lettres, che, considérée comme avaloir.
qui disent cela depuis la pièce de Rincer la margoulette à quel-
leurs confrères Lambert Thiboust qu'un. Lui payer à boire.
et Barrière, Les Filles de marbre,
Slargouliu, s. m. Débitant,
dont l'héroïne principale s'appelle
Marco
— dans l'argot des commis-
voyageurs.
Hardi, s'il fait chaud !

Les calendes grecques du peu- llarg^uerites, s. f. pi. Poils


ple, qui y renvoie volontiers blancs de la bai'be, —
dans l'ar-
quand il veut se moquer ou se got du peuple, qui a parfois des
débarrasser d'un importun. images aussi poétiques que jus-
tes.
Ce mardi-là et le Dimanche
après la grandmesse font partie 11 dit aussi Marguerites de ci-
tnetière.
de la fameuse Semaine des qua-
tre jeudis .
llarîagpe à la détrempe,
llarg'auder, v. n. Dénigrer s. m. Union morganatique, —
quelqu'un; décrier une chose. dans l'argot des ouvriers.
Argot des bourgeois. « Nos bons amis nos ennemis »
Est-ce que ce verbe ne vien- ont une expression de la même
drait pas de la jacasserie conti-
famille ; Wife in icater colours
nuelle de la pie, dite margot, qui (femme à l'aquarelle, en dé-
joue le rôle de commère parmi trempe), disent-ils à propos
les oiseaux? Mais alors il fau-
d'une concubine.
drait écrire margoter, ou tout au Marianne, s. f. La Répu-
moius margoder. blique, —
dans l'argot des démo-
llar^ot, s. f. Pie, — dans
crates avancés.
Avoir la Marianne dans l'œil.
du peuple.
l'argot
Clignoter des yeux sous l'in-

Haricot, s. f. ou fem-
Fille fluence de l'ivresse.
me qui a jeté son bonnet et sa Marie-bon-bec, s. f. Fem-
pudeur par-dessus les moulins. me bavarde, « un peu trop forte
On dit aussi Margoton. en gueule, » —
dans l'argot du
llarg^ot, s. f. Maîtresse, peuple.
concubine, — dans l'argot des Marie-couche-toi-là, s. f.
bourgeois. Femme facile, — trop facile.
Vivre avec destnargots. Vivre
avec des filles; passer le meilleur
Marier «lustine. Précipiter
de son temps à filer le plus im-
un dénouement, arriver vite au
parfait amour aux pieds d'Om- but, —
dans l'argot des coulisses.
Cette expression date de la pre-
phales d'occasion, sans avoir
du fils d'Alcmcne,
l'excuse — qui mière représentation d'un vaude-
ville des Variétés, Thibaut et
du moins était un hercule.
Justine, joué sous la direction de
niarg^ouillis, s. m. Gâchis, Brunet. La pièce était gaie en
— dans l'argot du peuple, qui commençant, mais, vers la fin,
MAR MAR 281

des longueurs. Le public s'impa- Les partisans de cette dernière


tiente, il est sur le point de sif- s'appelaient Clarinettes.
fler. L'auteur ne mariait Justine Marlou, s. m. Souteneur de
qu'à la dernière scène, encore filles, — dans l'argot des fau-
bien éloignée. « Il faut marier bouriens .

Justine tout de suite, » s'écria le Pourquoi, à propos de ce mot


régisseur, pour sauver la pièce. tout moderne, M. Francisque
Et l'on cria des coulisses aux Michel a-t-il éprouvé le besoin de
acteurs en scène « Mariez Jus-
:
recourir au Glossaire de Du
tine tout de suite » Et l'on maria Cange et de calomnier le respec-
!

Justine, et la pièce fut sauvée, — table corps des marguilliers?


et l'argot théâtral s'enrichit d'une Puisqu'il lui fallait absolument
expression. une étymologie, que ne l'a-t-il
Marie-salope, s. f. Femme demandée plutôt à un Diction-
de mauvaise vie. naire anglais Mar (gâter) love
!

l'amour) les souteneurs, en effet,


:

Marie-salope* s. f. Bateau souillent le sentiment le plus


dragueur, —
dans l'argot des ma- divin en battant monnaie avec lui.
riniers de la Seine. Cette étjTnologie n'est peut-être
pas très bonne, mais elle est au
Mari malheureux, s. m. moins aussi vraisemblable que
« Le dernier de M.
Paul de celle de M. Francisque Michel.
Kock, » — dans l'argot pudibond
des bourgeois. Marlou, s. et adj. Malin,
rusé, expert aux choses de la vie.
Mariu d'eau douce, s. m.
Canotier de la Seine, — dans Marlouserie, s. f. Profes-
l'argot du peuple. sion de Marlou.
Se dit aussipour Habileté,
Mariolle, s. m. Homme
adroit, rusé, plus habile que dé- Marlousier, s. m. Apprenti
licat, et même unpeu voleur, — marlou.
dans l'argot des souteneurs.
Marmaille, s. f. Troupe,
J'ai
Tant
entendu cette phrase :
nichée d'enfants, —
dans l'argot
« qu'ily aura des pantes, du peuple.
Iw marioiles boulotteront. » On dit aussi Marmaillerie.
Mariolle, s. et adj. Malin,
ingénieux, rusé, — dans l'argot
Marmite, s. f. Maîtresse, —
dans l'argot des souteneurs, qui
des faubouriens.
n'éprouvent aucune répugnance
Marionnette, s. f. Soldat, à se faire nourrir par les filles.
— dans l'argot des voleurs. Marmite de cuivr-e. Femme qui
_

gagne —
et rapporte beaucoup.
Marionnettes, s. f. pi. Par- Marmite de fer. Femme" qui
tisans, mâles ou femelles, d'une rapporte un peu moins.
bastringueuse du nom de Maria, Marmite de terre. Femme qui
qui florissait en l'an de grâce ne rapporte pas assez, car elle ne
1839 à la Grande Chaumière et à rapporte rien.
la Chartreuse, et à qui une autre
joueuse de flûte du nom de Clara Marmiteux, s. et adj. Pi-
disputait le sceptre du cancan et teux, ennuyé, malade, — dans
le prix de chahutage l'argot du peuple.
252 MAR MAR
Alarmiton de M. Do- dans l'argot des revendeuses du
mang^e, s. m. Vidangeur, — Temple.
dans l'argot des faubouriens, qui
ne se doutent guère qu'il ne font Marner, v. n. Travailler
que répéter une expression du avec ardeur, — dans l'argot des
xvi° siècle « Marmiton
: de la faubouriens.
gadouarde, » lit-on dans les Marotte, S. f. Caprice, entê-
Après-disnêes
Cholières.
du seigneur de tement, manie, — dans l'argot
des bourgeois.
Cela ne vaut pas, comme déli-
catesse ironique, ]e goldfinder des Marottier, s. m. Bimbe-
Anglais. lottier,camelotteur, — dans l'ar-
got des voleurs.
Ifarinonner, v. a. Parler
entre les dents d'un air fâché ; Marquant, s. m. Maître,
murmurer, gronder, — dans l'ar- chef, — dans le même argot.
got du peuple. Marque, s. f. Femme, —
On dit aussi Marmotte^-. dans le même argot.

llarmot, s. m. Enfant, et, Ma)-que de ce. Femme légitime


par extension. Homme chétif. d'un voleur.
Croquer le marmot. Attendre Marque franche. Concubine.
en vain.
Marmotte, s. f. Boîte ou carton
Marqué, s. m. Mois, —
dans le même argot.
d'échantillons, — dans l'argot des Quart de marqué. Semaine.
commis voyageurs.
Marqué (Etre). S'être battu
Ifarmotte, s. f. Madras que et avoir l'œil poché. Argot des
lesfemmes du peuple se mettent faubouriens.
sur la tète pour dormir.
Marqué à la fesse, adj. et
Marmottier, s. Sa- m. s Homme méticuleux, maniaque,
voyard, — dans l'argot des fau-
.

ennuyeux, — dans l'argot des


bouriens. typographes.
Alarmouse, s. f. Barbe, — Marqué au It. adj. Borgne,
dans l'argot des voleurs. ou bossu, ou bigle, ou boiteux, ou
bavard, —
dans l'argot du
Marmouscr, v. n. Bruire, peuple.
comme l'eau qui bout, — dans
Marquer (Ne plus), v. n.
l'argot du peuple,
Vieillir, — dans l'argot des fau-
Alarmouset, s. m. Gamin, bouriens.
homme de mine chétive.
Marifuer avec une four-
Marmouset, s. m. Pot-au- chette, V. a. Exagérer le
feu, —
dans l'argot des voleurs, compte d'un débiteur, en mar-

par allusion au marmouxemcnt quant 4 quand il a dépensé 1,
du bouillon. ainsi qu'il arrive de faire à beau-
Le marmouset ri/fode. Le pot coup do cafetiers, de restaura-
bout. teurs, de tailleurs, pour se rat-
traper sur une bonne paye, dis-
Marner, v. a. Voler, — traite, des pertes qu'ils ont subies
MAR MAR S83

avec une mauvaise, plus distraite taine et à Molière, et citer la


encore fable de Bertrand Raton,
et
comme l'a fait M. Francisque
Marquer le coup, v. a. Michel avec une vraisemblance
Trinquer dans l'argot des ou- plus apparente que réelle. Au
vriers. premier abord, on songe à ces
Marquer le coup, v. a. marrons que le singe fait tirer du
Toucher légèrement son adver- feu par le chat mais en y réflé-
;

saire, — dans l'argot des profes- chissant, ou ne tarde pas à com-


seurs d'escrime, boxe, etc. (rendre qu'il faut chercher ail-
feurs l'origine de cette expres-
Marquer son linge, v. a. sion. Le verbe marronner, que
Embrener sa chemise ou sa cu- M. Francisque Michel ne cite
lotte. Argot du peuple. pas, quoiqu'il soit fréquemment
Marquis d'Arg^encourt, s. et depuis longtemps employé
m. Homme qui rendrait des par le peuple, ce verbe est-il an-
mais ne pourrait térieur ou postérieur à celui qui
points à Job,
lui rendre que cela, —
n'ayant nous occupe en ce moment ? Voilà
ce qu'il aurait fallu rechercher et
absolument rien autre.
Marquis dire, car s'il est antérieur, comme
On dit aussi de la
tout le fait supposer, nul doute
hourse plate.
qu'il ait donné naissance à Etre
Marquise, s. f. Maîtresse, marron. En outre, voilà long-
— dans l'argot des faubouriens. temps, me semble-t-il, qu'on ap-
pelle nègre marron un nègrô
Marquise, s. f. Le saladier
fugitif, — qu'on reprend tou-
de vin blanc sucré des bourgeois,
— comme le saladier de vin blanc jours.
clure.
Que le lecteur daigne con-

est la marquise des ouvriers.

Marraine, Témoin fe- Marronner, v. a. Maugréer,


melle, —
s. f.

dans l'argot des vo- être de mauvaise humeur, —


leurs. dans l'argot du peuple.
Faire marronner quelqu'un. Le
Marron, s. m. Rapport, faire attendre j)lus que la poli-
procès-verbal des chefs de ronde, tesse et la raison ne le permet-
— dans l'argot des soldats. tent.
Signifie aussi Faire enrager
Marron, s. m.
Livre im- ;

primé clandestinement, dans — taquiner.


l'argot des typographes. Marronner une alTaire,
V. a. Manquer un vol par mala-
Marron (Être). Être la vic- dresse, — dans l'argot des vo-
time de quelque chose, être la leurs.
dupe de quelqu'un, — dans l'ar-
got des faubouriens. Marron sculpté, s. m.
,Etre servi ou paumé marron. Tète grotesque, personnage ridi-
Etre pris sur le fait encore nanti cule, —
dans l'argot du peuple,
des objets soustraits, dans — qui fait allusion à ces fantaisies
l'argot des voleurs. découpées dans des marrons
Je ne crois pas qu'il faille, à d'Inde, à la mode il y a une
propos de cette expression, re- vingtaine d'années.
monter à Régnier, à La Fon- On dit aussi Pom?«e de canne.
284 MAS MAT
llarseillaise, s. f. Pipe confusion où l'auteur a souvent
courte, dont le fourneau est à grand'peine à se reconnaître. Ar-
angle droit avec le tuyau. got des typographes.
Marsouin, s. m. Homme Mastic, s. m. Homme, —
laid et mal fait. dans l'argot des voleurs.
Martyr, s. m. Le caporal, — Mastic, s. m. Le pain ou la
dans l'argot des soldats, qui ont viande, — dans l'argot des francs-
constaté que ce simple gradé se maçons.
donnait plus de mal que les
autres gradés ses supérieurs et Mastiquer, v. n. Manger,
pour une paye moins haute. — dans l'argot du peuple en gé-
néral, et en particulier des francs-
Masque, s. f. Fille ou femme maçons, qui se livrent à la 7nas-
\m peu coquine, dans l'argot — ticâtion comme de simples pro-
du peuple, qui ne dit pas cela en fanes.
trop mauvaise part.
Mastoc, s. et adj. Homme
Masque, s. m. Vilaine fi- gras, gros, épais, lourd, — dans
gure, homme fort laid. l'argot du peuple.
Massacre, s. m. Ouvrier qui Mastroquet, s. m. Marchand
travaille mal, qui gâte l'ouvrage,
— de vin, — dans l'argot des fau-
dans l'argot des bourgeois. bouriens.
Signifie aussi Gaspillage de Ne serait-ce pas une corrup-
choses ou d'argent. tion de mastoquet, homme 77i(ts-

Masse, s. f. Grande quantité toc, le marchand de vin étant


de gens ou de choses, dans — ordinairement d'une forte corpu-
lence ?
l'argotdu peuple.
En masse. En grand nombre, Matador, s. m. Homme
en grande quantité. riche, de fait ou d'apparence, —
Massé, s. m. Coup de queue dans l'argot du peuple.
donné perpendiculairement à une Faire le matador. Faire des
bille, —
dans l'argot des joueurs enibaiTUs.
de billard. Matagot, s. m. Homme bi-

Masser, Travailler,
v. n. — zarre, original, amusant par
son esprit ou par sa laideur de
dans l'argot des ouvriers.
singe.
Masser, v. a. et n. Payer,
donner l'argent de sa Matassin, s. m. Personnage
masse.
ridicule, eu parole ou en action,
Argot des faubouriens.
— dans l'argot des gens de
Masseur, s. et adj. Homme lettres qui se souviennent de
laborieux. leur Molière.
Mastic, s. m. Homme, — Matelasser (Se), v. réfl.
dans l'argot des canotiers. Garnir corsage de sa robe
le
d'assez de coton pour tromper
Mastic, s. m. Sens interverti,

les yeux des myopes.
lignes ou mots déplacés dans le
trajet de la galée au marbre, et Matelot, s. m. Copain, —
occasionnant par cela même une dans l'argot des ouvriers qui ou
MAU MEC 285

servi dans l'infanterie de ma- Mauvaise troupe, s. f.


rine. Garnement, vagabond, fainéant,
Matériaux, s. m. pi. Les
— dans l'argot du peuple.
Quelquefois la même expression
aliments en général, dans l'ar- — est employée dans un sens ami-
got des francs-macons, pour qui cal, comnie, par exemple, pour
manger c'est travailler.
convier quelqu'un au départ :

Ils disent aussi Parfians. Allons, en route, mauvaise


m. Dés troupe ! lui dit-on.
llathurins^ s. pi.
à.jouer, — dans l'argot des vo- Mauviette, s. et adj. En-
leurs. fant, et même grande personne
Mathurins plats. Dominos. d'un tempérament délicat, d'une
llatigrnon, s. m. Messager, apparence chétive.
— dans le même argot. Mauviette, s. f. Décoration
Mâtin, s. m. Homme
rusé, à la boutonnière, — dans l'argot
expert en toutes sortes de choses, des faubouriens.
— dans l'argot du peuple. Ils disent aussi Trompe-l'œil.
Mâtine. Gaillarde qui n'a pas Mayeux, s. m. Bossu, —
peur des hommes. dans l'argot du peuple, qui se
souvient du type créé par le cari-
Mâtin ! Exclamation qui sert
caturiste Traviès, vers 1830.
à marquer ladmiration la plus
violente ou la douleur la plus
Se dit, par extension, de tout
vive.
Homme laid au physique et au
moral.
On dit aussi Sacré mâtin!
Mazag^ran, s. m. Café froid
Matois, s. m. Homme rusé, à l'eau de Seltz, —
dans l'argot
et même im peu fourbe. des garçons de café.
On dit ausst fin matois, — mal- Se dit aussi de tout café, chaud
gré le pléonasme. ou froid, servi dans une chope,
Matoitie, s. f. Intrigante, — sans eau-de-vie, au lieu de l'être
ou seulement Femme habile à dans une tasse.
vendre sa marchandise. Mazaro, s. m. Prison, —
On dit aussi Fine matoise. dans l'argot des troupiers.
Matou, s. m. Homme ai- Mazette, s. f. Conscrit, —
mant les femmes. dans l'argot des troupiers. Homme
Bon matou. Libertin. de petite taille, —
dans l'argot du
peuple.
Matraque, s. m. Bâton,
canne, —dans l'argot des fau- Mécaniser, v. a. "Vexer
bouriens qui ont servi dans quelqu'un, le tourmenter, se mo-
l'armée d'Afrique. quer de lui, et même en médire
Ils ont entendu des Arabes,
un peu, —
dans l'argot des fau-
bouriens.
s' essayant au français, dire ma :
M Francisque Michel « trouve
traque, pour ma trique, et ils ont
.

le germe de cette locution dans


pris cela pour du sabir.
un passage des Vies des dames
Mauvais coucheur, s. m. illustres de Brantôme », et ce
Homme difficile à vivre. germe, c'est msequaniqueté...LQ
285 MED MED

malheur est que jamais « locu- llédaille de saint Hu- \


tion » ne fut plus moderne. bert, s. f. Pièce de cinq francs,
Quant à son « germe, » le pre- — dans l'argot des marbriers de
mier mécanicien venu le trouve- cimetière, qui savent que ces mé-
rait en conduisant sa machine. dailles-là préservent de la rage
de dents.
Mécauiseur, s. m. Railleur,
médisant. llédaille en chocolat, s. f.
Médaille de Sainte-Hélène, —
llèche« s, f. Possibilité, dans l'argot des faubouriens, par
de faire une chose. allusion à sa couleur de bronze
Il y a mèche. Il y a moyen. noir.
Il n'y a pas mèche. Cela n'est On dit aussi Médaille de com'
pas possible. missionnaire et Contre-marque
On dit aussi elliptiquement : du Père-Lachaise.
Mèche !
Médaillon, s. m. La partie
llèche« s. f. Intrigue, se- du corps où M. Paul de Kock
cret. fait se fendre la culotte de ses
Découvrir la mèche. Tenir les héros, ou sur laquelle il les fait
fils d'une intrigue, connaître à volontiers tomber.
temps un dessein fâcheux. C'est un mot de l'argot des
voleurs, qui donnent ainsi un
llèche, s. f. Travail, ou- pendant au portrait de l'argot des
vrage à faire, dans l'argot des faubouriens.
typographes. Médaillon de /lac. Impasse,
cul-de-sac.
Chercher tnèche. Chercher de
l'ouvrage.
Médecin, s. m. Avocat, —
dans l'argot des voleurs, qui ont
llèche, s. f. Moitié, demi, — besoin d'être guéris de l'accusa-
dans l'argot des voleurs. tion, souvent mortelle, qui pèse
Etre de mèche. Partager un sur eux.
butin avec celui qui l'a fait. Médecine, s. f. Plaidoirie.
Signifie aussi Demi-heure
D'où, sans doute, l'expression des Médecine, s. f. Conseil.
faubouriens Et mèche.
:
Médecine flambante. Bon con-
avis salutaire.
lléchi, s. m. Malheur, — seil,

dans le même argot. Médecine, s. f. Personne en-


C'est assurément le meschief de nuyeuse, obsédante, dont ou
notre vieille langue. avale à contre-cœur les discours.
Argot du peuple.
lléchillon, s. m. Quart
d'heure
llédianimique , adj. Qui
appartient au médium.
Médaille, s. f. Pièce de cinq Facultés médianimiques. Celles
francs en argent, —
dans l'argot que possèdent les médiums et
des artistes et des faubouriens. qui leur permettent d'entreren
Le mot sort de la Vie de Bo- commimication avec les Esprits,
hème, d'Henry Murger. — à ce qu'ils disent.
Médaille d'or. Pièce de vingt L'expression a été forgée par
francs. Delaage.
M EL MEN 287

Médiam, s. m. Individu qui Membre de la cararane,


évoque les Esprits, — les lémures, s . m ou femme de mœurs
. Fille
auxquelles les modernes croient douteuses, —
dans l'argot du
avec la même foi aveugle que les peuple, qui emploie une péri-
anciens phrase pour dire cameliis.
Le mot est nouveau, si la chose
est vieille.
Menée, s. f. Douzaine, —
dans l'argot des voleurs.
llegr, s. m. Maître, roi, —
dans l'argot des voleurs, qui, Mener large (N'en pas).
quoique affranchis, sont volon- Avoir peur, se faire humble et
tiers les esclaves de quiconque
petit, —
dans l'argot des faubou-
est plus fort, plus rusé, plus co- riens.
quin qu'eux Mener les poules pisser.
Meg des megs. Dieu. Se — dans l'argot du peuple,
dit,
Meg de la rousse. Le préfet de — d'un homme qui s'amuse aux
police. menus soins du ménage et porte
Les Bescherelles de la haute le jupon au lieu de porter la cu-
pègre prétendent qu'il faut écrire lotte.
et prononcer mec et non meg. L'expression date du xvie siècle.
Uêlé, s. m. Mélange
d'eau-
Dans un ballet de la cour de Gas-
de-vie et de cassis, ou d'anisette ton d'Orléans, on voit Jocrisse qui
et d'absinthe, —
dans l'argot des mène les poules pisser. Jocrisse
est ici le type du genre.
faubouriens.
llelet, te, adj. Petit, petite, Mener par le bout du
— dans l'argot des voleurs. nez, V. a. Faire ce qu'on veut
d'une femme, quand on est
lléli-Uélo, s. m. Confusion, homme, d'im homme quand on
mélange chaotique, dans l'ar- — est femme.
got du peuple, qui emploie cette Se laisser ynenerpar le bout du
expression au propre et au figuré. nez. Etre d'une faiblesse extrême,
llelon, s. et adj. Imbécile, faire la volonté des autres et non
nigaud. la sienne propre.
Cette injure, —
quoique le
Mener pisser, v. a. Forcer
melon soit une chose exquise, — un homme à se battre en duel.
a trois mille ans de bouteille, et
Argot des troupiers
son parfum est le même aujour-
d'hui que du temps d'Homère :
On ne le mène pas pisser ! Une
phrase de l'argot du peuple, qui
« Thersite, se moquant des Grecs,
l'emploie pour indiquer le carac-
dit M. Francisque Michel, les
tère d'un nomme qui ne fait que
appelle -'e^^ovs;. »
ce qu'il veut, et non ce que les
Il y a longtemps, en effet, que
autres veulent.
l'homme, « ce Dieu tombé », ne
se souvient plus des cieux, puis- Elle se trouve dans Restif de
qu'ily a longtemps que la moitié La Bretonne.
de l'humanité méprise et conspue Menesse, s. f. Femme en gé-
l'autre moitié.
néral, et, en particulier, femelle
Melon, s. m. Élève de pre- des voyous et des voleurs, un —
mière année, — dans l'argot des monde peu lettré, et qui cepen-
Saint-Cyriens. dant a des mots d'une étj-mologie
288 MEN MER

savante, comme celm-ci, par Encore un nom d'homme de-


exemple. La menesse est ordmai- venu un type applicable à beau-
rement une petite fille de quinze coup d'hommes.
à seize ans (la puberté vient de Menottes, s. f. pi. Mains, —
bonne heure chez les créatures dans l'argot des enfants, des
destinées à vivre vite et à mourir mères et des amoureux.
ieunes), —
une jeune femelle dé- On disait mainettes au temps
licate et frêle, grêle et menue, jadis, comme le prouvent ces vers
uivuci;, ou minus, adverbe latin de Coquillart :

qui donne minuce en vieux fran-


« Tousjours un tas de petit» ris,
çais, et de minuce à menesse, je ne Un tas de petites sornettes,
vois qu'un pas. Les mots se cor- Tant de petits cliarivaris,
rompent vite dans un milieu cor- Tant de petites façonnettes,
rompu. Petits gants, petites mainettes.
Si cette étymologie que je — Petite bouche à barbeter.. . »

donne non comme bonne, mais Menteuse, La langue,


comme mienne —
ne convenait —
s. f.

dans l'argot des voleurs, dont


pas, j'en ai une autre à la dispo- M. de Talleyrand s'est fait le pla-
des gens difficiles c'est
sition giaire prolixe en disant « La pa-
:
:

menis, petite lune, de \x-/^^t\, —car role a été donnée à l'homme pour
l'on sait que la lune joue un déguiser sa pensée. »
grand rôle, comme terme de com- Les voleurs anglais ont la
paraison, dans les conversations même expression; ils appellent la
cyniques. A
moins que ce mot, langue prating cheat (la trom-
essentiellement parisien, ne nous peuse qui bavarde, ou la bavarde
vienne d'outre-Rhin : les Alle- qui ment}.
mands disent mensch pour Femme m.
libre, coureuse, maîtresse... Menton de galoche, s.

La menesse des voleurs anglais Long, pointu et recourbé comme


celui de Polichinelle. Argot du
s'appelle tloxy.
peup'e.
llenesses, s. f. pi. Filles de
Menuisière, s. f. Redingote
maison, dans l'argot des soldats.
longue, très longue, trop longue,
llenestre, s. f. Soupe, po- comme les affectionnent les ou-
tage, — dans l'argot des voleurs vriers, pour prouver qu'ils ne
et des honnêtes gens. ménagent pas plus le drap (jue
les bourgeois. Argot des rapins.
« Mon docteur de menestre en sa min ;

[altérée,
Méquard» s. m. Comman-
Avoit deux fois autant de mains
[Briarée,
que
»
dant, 7tiec, — dans l'argot des
voleurs.
dit Mathurin Régnier, en sa sa- Méquer, V. a. Commander.
tire du Souper ridicule.
Mer, s. f. Le fond du théâtre,
« L'ingrat époux lui fit tàter
le décor. Argot des
quel que soit
D'une menestre empoisonnée, »
coulisses. ^
Aller voir la mer. Remonter
dit Scarron, en sa satire contre plan.
Baron. la scène jusqu'au dernier

Mer à boire (C'est la). Se


Meng^in, s. m. Charlatan po-
dit - dans l'argot du peuple —
litique et littéraire.
MER MER
de toute chose ennuyeuse ou dif- prendre pour lui parler et le faire
ficileà faire et dans l'argot
;
— agir.
des bourgeois —
de toute affaire
Mère-abbesse, s. f. Grosse
qui traîne en longueur et ne peut
femme qui tient un pensionnat
aboutir.
Ce n'est pas la tner à boire. Se
de demoiselles —
indignes d'orner
leur corsage du bouquet de fleurs
dit,au contraire, de toute chose
d'oranger traditionnel.
facileà faire, de toute entreprise
L'expression se trouve dans
qu'on peut aisément mener à
Restif de la Bretonne.
bonne fin.

llercadet, m. Xom d'un Mère au bleu, s. f. La guil-


s.

personnage de Balzac qui est de- lotine, — dans l'argot des vo-
venu celui de tous les brasseurs leurs, qui veulent faire croire aux
autres que c'est le chemin du ciel,
d'affaires véreuses, de tous les
sans le croire eux-mêmes.
pécheurs de goujons en eau
trouble. Mère d'occasion, s. f Cha- .

peron que se choisit une actrice


Mercandier, s. m. Boucher
jeune qui veut se faire respecter
qui ne trafique que sur les vian-
des de qualité inférieure
— des gens pauvres. C'est ordi-
nairement une vieille drôlesse
Mercenaire de l'immobi- chevronnée par le vice,
lité, s. m. Modèle, — dans l'ar-
« Dont le menton fleurit et dont le nez
got des rapins.
[troguonne, »
llerdaillon^ s. m. Homme et dont la principale fonction con-
sans conséquence, méprisable,
siste à conclure les marchés avec
poltron. Argot du peuple.
les nobles étrangers attirés au-
On dit aussi Merdeux. tour de sa fille —
adoptive —
llerdaille, s. f. Troupe im- comme les papillons autour d'une
portune de petits enfants. lampe.

SIerde Exclamation énergi-


! Mérinos, s. m. Personne qui
que dont Gambronne ne s'est servi a l'haleine forte, —
dans l'argot
qu'une fois, le 18 juin 18 15, et des faubouriens, qui se plaisent
dont le peuple se sert tous les aux calembours.
jours, — dix fois plutôt qu'une. Merlan, —
Ah merde
! alors ! Exclamation
s. m. Coiffeur,
dans l'argot du peuple, qui em-
qui n'échappe que dans les situa-
ploie cette expression depuis l'in-
tions critiques, fatales, comme,
vention de la poudre à poudrer,
par exemple, lorsqu'on perd au
parce qu'alors les perruquiers
jeu, lorsqu'on casse sa pipe, etc.
étaient toujours enfarinés comme
Merde, s. f. Homme sans prêts à mettre en la poêle à frire.
consistance, sur lequel il n'y a pas Le Journal de Barbier en fait
moyen de compter dans les cir- mention, ce qui lui donne plus
constances graves. d'un siècle de circulation.
Merdeux (Bâton), s. m. Méruche, s. f. Poêle, —dans
Homme d'un caractère inégal, l'argot des voleurs.
fantasque, ombrageux, désagréa- Méruchée. Poêlée.
ble, qu'on ne sait par quel bout Méruchon. Poêlon.

19
290 MET MET

Mess, s. f. Table où mangent Métier, s. m. Habileté d'exé


en commun les ofticiers d'un cation, adresse de main, — dans
même régiment. l'argot des artistes.
Encore un mot d'importation Avoir un métier d'enfer. Etre
anglaise, à ce qu'il paraît : The d'une grande habileté.
Mess, dit le Dictionnaire de
Mettre à l'ombre, v. a.
Spiers; to mess, ajoute-t-il. C'est Mettre en prison, — dans l'argot
plutôt un mot que nous reprenons
à nos voisins, gui pour le forger
du peuple. Tuer, — dans l'argot
des voleurs.
ont dû se servir, soit de notre
âïense {mensa), qui a la même Mettre à même. Tromper,
signification, soit de notre Messe dans l'argot des faubouriens.
(missa), où le prêtre sacrifie sous
a Voyez quel emblème!
les espèces du pain et du vin.
Sa nièc' d'Angoulcme
Messe flu diable, s. f. In- Nous met tous à même »

!

terrogatoire, dans l'argot des


voleurs qui sont volontiers
dit une chanson de 1832.
,

athées. Mettre à pied^ v. a. Sus-


Messière, Vic-
s. m. et f. pendre un employé de ses fonc-
time, —dans le même argot. tions pendant plus ou moins de
Messière franc. Bourgeois. temps. Argot des bourgeois.
Messière de la haute. Homme Mettre à quelqu'un (Le),
comme il faut. v. a. Le tromper; lui conterdes
Ne serait-ce pas le Messire du bourdes qu'il accepte pour des
vieux temps ? vérités, — dans l'argot des fau-
bouriens.
Messire îjiic, s. m. Ana-
gramme facile à deviner, — dans Mettre à table (Se). Être
l'argot des érudits amis de la sca- disposé à dénoncer ses complices ;
tologie. être sur le point de faire des ré-

Métal, s. m. Argent, —dans


vélations, —
dans l'argot des vo-
leurs qui veulent manger le mor-
l'argot du peuple, qui, sans s'en
ceau.
doutpr, se sert de la même ex-
pressioa qu'Horace Metallis po-
: Mettre à toutes les sauces
tior libertas (La liberté vaut tout (Se), V. réfl. Faire tous les mé-
l'or du monde). tiers pour gagner sa vie, — dans
l'argot du peuple.
Métaux, s. m. pi. L'argent,
or,argent ou cuivre, dans l'ar- — Mettre avec quelqu'un
got des francs-maçons. (Se), V. réfl. Vivre maritalement,

Méthode ClicTé, s. f. Ma-


— dans l'argot des ouvriers et des
grisettes.
nière de jouer au billard con-
traire à l'usage y jouer avec une
: Mettre bien (Se), v. réfl. Ne
cuiller,avec les doigts, avec deux rien se refuser, —
dans l'argot
queues, etc. Argot des bohèmes. du peuple, qui dit cela à propos
S'applique aussi au Bilboquet, de tout, excepté à propos de vê-
quand on le prend par la boule tements Ainsi, en voyant q^uel-
.

et qu'on veut faire entrer le qu'un boire beaucoup, il lui dira :


manche dedans. « Tu te mets bien, toi » !
MET MET 291

Mettre dans de beaux (Se). Se placer les uns derrière


draps, V. a. Engager quelqu'un les autres, —
dans l'argot du
dans une affaire scabreuse, dans peuple.
un mauvais pas, dans un danger On disait autrefois d'un homme,
quelconque. qu'il se mettait en rang d'ognons
On dit aussi : Être dans de quand il se plaçait dans celui où
beaux draps. il y avait des gens de plus grande

condition que lui.


Mettre dans la pommade*
V. a. Gagner quelqu'un au jeu. Mettre la main à la pâle.
Argot des faubouriens. Aider à un vol et participer à ses
Signifie aussi Tromper, jouer bénéfices.
im tour.
Mettre la puce à l'oreille,
Mettre dans le miîle, v. V. a. Inquiéter quelqu'un par une
a. Réussir dans ime entreprise. fausse nouvelle.
Se dit aussi pour Donner un:
C'est Valicui curam etangorem
coup de pied au derrière de quel- animi creare des Latins.
qu'un.
Mettre la table pour les
Mettre dans sou sac. Re- asticots. Mourir, — dans l'ar-
cevoir des injures ou des coups
got des voyous.
saus y répondre encaisser des
;

soufflets ou des sottises sans en Mettre la tête à la fenê-


donner reçu. tre, V. a. Etre guillotiné, — dans
l'argot des voleurs.
Mettre dedans, v. a. Met-
tre en prison. Mettre le chien au cran
Signifie aussi Tromper. du repos. Dormir, — dans
l'argot des soldats.
Mettre de l'eau dans son
Tin, v. a. S'humilier après avoir Mettre le moine, v. a.
été arrogant ; reconnaître ses Passer un nœud coulant au pouce
torts. du pied d'un soldat pendant son
Mettre du beurre dans sommeil, et tirer de temps en
ses épinards, v. a. Introduire temps la corde par petites secous-
ses les contorsions douloureuses
un peu de gaieté dans sa vie ;
:

qu'il fait, sans se réveiller, sont


avoir des chances heureuses.
très drôles, au dire des troupiers
Mettre en bring^ue, v. n. farceurs.
Mettre en morceaux, briser. Au xvi* siècle on disait Bailler
le ynoine.
Mettre en pâte, Ren- v. a.
verser un ou plusieurs paquets en
Mettre les petits plats
les transportant ou en imposant,
— dans l'argot des typographes.
dans les g^rands, v. a. Se
mettre en frais pour bien rece-
On dit aussi Tomber en pâte.

voir ses invités, dans l'argol
Mettre en quatre (Se), v. des bourgeois.
réfl. Montrer du zèle pour quel-
qu'un ou pour quelque chose, — Mettre les pieds daus le
plat. Ne conserver aucun ména-
dans l'argot des bourgeois.
gement, ne prendre aucune pré-
Mettre en rang d'og^nons caution, ni garder aucune mesure
293 MEZ MIC

en parlant ou en agissant. Argot Ils disent aussi Mézigue, Mé-


du peuple. zère, et Ma
fiole.

llettre sous presse, v. a. Mib ou Mibre, s. m. Tour


Mettre en gage. de force quelconque, chose où l'on
llettre sur les dents,
excelle, —
dans l'argot des ga-
mins.
Épuiser, fatiguer, éreinter quel- C'est mon mib ! C'est mon
qu'un. triomphe !

Mettre sur les fonts du Signifie aussi Défi. C'est ton


baptême (Se). Se mettre dans mib, c'est-à-dire : Tu ne feras ja-
une position difficile, embarras- mais cela.
sante, compromettante. Argot Miche, s. f. Dentelle, — dans
des voleurs. l'argot des voleurs.
Mettre tous ses œufs dans Miche, s. f. Gros morceau de
le même panier. Confier pain, — dans l'argot du peuple.
toute sa fortune à un seul ban- Se dit aussi pour Pain entier.
quier aventurer tout ce qu'on a
;

dans une entreprise. Argot des « El moins ei.cor i! fait du bien


bourgeois. Aux pauvres gens, tant il est chiche;
Si il a raangé de leur miche, s
Meublant, s. m. Entrete- {Les Touches du seigneur des Ac-
{cords)
neur, galant homme qui met une
femme galante dans ses meubles. Miche, s. m. Homme quelcon-
L'expression est toute récente. que, jeune ou vieux, laid ou beau,
Mculard, s. m. Veau, — disposé à acheter ce qui ne de-
vrait jamais se vendre, dans —
dans l'argot des voleurs.
l'argot des filles, qui emploient
Meules de moulin, s. f. depuis longtemps cette expres-
plur. Les dents, principalement sion, contemporaine de michon
les molaires, qui broient le pain, (argent) et de miche (pain).
— dans l'argot du peuple, qui,
« On .ippelle miche. .

emploie sans s'en douter une ex- Quiconque va de nuit et se glisse en ca-
pression tout à fait biblique. [chette
Les ouvriers anglais disent Chez des fdles d'amour, Barbe, Rose ou
grinders (les broyeuses). [Fanchette, »

Meunier, s. m. Receleur de dit un poème de Médard de


plomb volé. Saint-Just (1764).
Miche de carton. Amant de
Meurt-de-faim, s. m. Misé- passage, qui n'offre que des gants
rable, pauvre diable, — dans de filoselle.
l'argot du peuple. Miche sérieux. Protecteur, ou
On dit aussi Meurt -la- faim et amant généreux qui oflre une
CrcvL'-la-faim. boîte entière de gants.

Meurt-de-faim, s. m. Petit Miche, s. m. Client, dans —


çain d'un sou. — dans l'argot des l'argot des photographes honuue ;


laubouriens. ou femme qui achète, qui paie,
Mézig^o, pron. pers. Moi, — dans plusieurs autres argots.
dans l'argot des voleurs. Michcton, s, m. Petit miche
MU MIN 593

homme à qui les marchandes la sourdine, préparer lentement,


d'amour font im rabais. — dans l'argot du peuple, qui
emploie ce verbe au figuré.
llic-mac, s. m. Fourberie,
tromperie cachée, intrigue, — Mikel, s, m. Dupe, — dans
dans l'argot du peuple. l'argot des saltimbanques.

Uidi î Exclamation du même Mille-lang^ues, s. m. Per-


argot, employée pour signifier : sonne bavarde, iudiscrète, — dans
Trop tard! l'argot du peuple.
// est midi! C'est-à-dire Je ne
crois pas un mot de ce que vous
Millerie, s. f. Loterie, —
dites ; « Je ne coupe pas dans ce dans l'argot des voleurs.
pont-là! * Milliasses, s. f. pi. Fort
Mie de pain, s. f. Pou, — grand nombre. Argot du peuple.
dans l'argot des voleurs, qui sa- Milord, s. m. Homme riche,
vent combien ime miette de pain en apparence du moins, — dans
égarée sous la chemise cause de l'argot du peuple, qui emploie
démangeaisons à la peau. cette expression depuis l'occupa-

llîe de pain, Chose de tion de Paris par les Anglais.


s. f.

peu de valeur, — dans l'argot des Milord, s. m. Entreteneur,


typographes. — dans l'argot des petites dames.
Ils disent cela à propos des Leurs mères, plus prosaïques
gens qui ne leur con\iennent pas. et moins vaniteuses, disaient Mi-
lord pot-au-feu, comme en té-
Bliel! de l'argot
Interjection
des bourgeois, amis de l'euphé-
moigne ce couplet de Désaugiers :
misme. « Lorsque nous aimons,
Nous finançons
lliel un). Phrase de
(C'est
Afin de plaire.
l'argot des faubouriens, qui disent D'où vieit qu'en tout lieu
cela à propos de tout, et surtout On dit « Un milord pot-au-feu.
: »

mal à propos. Une chose leur


paraît bonne ou belle C'est un Milord, s. m. Cabriolet à
miel. Ils entrent dans un endroit
:

quatre roues, — dans l'argot des


qui pue C'est :un miel. On se cochers.
bat devant eux à coups de poing Mimi, s. f. Maîtresse, —
ou de couteau, et le sang coule :
dans l'argot des artistes et des
C'est un miel, etc., etc. bohèmes, qui ont emprunté cette
Miette (Une). Un peu, — expression à Henry Murger, qui
l'avait empruntée à Alfred de
dans l'argot du peuple.
Musset.
Mijaurée, s. f. Femme dé- Minable, adj. et s. Pauvre,
daigneuse et plus bégueule qu'il
misérable mesquin de mauvaise
con-vient, — dans l'argot des
7nine, — ;

dans l'argot du peuple.


;

bourgeois.
Faire la mijaurée. Faire des Mince, s. m. De peu de va-
manières et des façons pour ac- leur, morale ou physique, dans —
cepter une chose. l'argot des faubouriens, qui disent
On dit aussi Minaudière. cela à propos des gens et des choses.

Mijoter, V. a. Entreprendre à Mince, s. m. Papier à let-


J94 MIR MIS

ires, — dans l'argot des voleurs. Mirliton, s. f. La voix hu-

Minces, s. m. pi. Billets de


maine, — dans l'argot des fau-
bouriens.
banque, — dans l'argot des fau-
Jouer du mirliton. Parler, cau-
bouriens, qui, originairement,
ser.
ont donné ce nom aux assignats.

Miuet, m. — Mirobolamment, adv. Mer-


s. Chat, dans veilleusement.
l'argot des enfants.
Cet adverbe appartient à H. de
Ils disent aussi Minon. Balzac.
lliiiois, s. m. Nez, — dans Mirobolant, adj. Inouï, mer-
l'argot des voleurs.
veilleux, féerique.
Miuotauriser, v. a. Trom-
Miroir à putains, s, m.
per un homme avec sa femme, Beau garçon, — dans l'argot du
comme Paris avec la femme de peuple, qui dit cela depuis long-
Ménélas. Argot des gens de let- temps, comme le témoignent ces
tres.
vers de Scarron :

L'expression sort de la Physio-


logie aiemariage d'E. de Balzac. ff Dis-lui qu'un miroir à putain,
Pour dompter le Pays Latin
Minuit, s. m. Nègre, — dans Est un fort mauvais personnage. »
l'argot des voleurs.
Mise à pied, Priva-
Mioclie, s. m. Enfant. dans — tion de fonctions et
s. f.
d'appointe-
l'argotdu peuple, pour qui im ments. Argot des bourgeois.
nouveau-né est ime miette
d'homme, et dont le corps pétri Mirquin, s. m. Bonnet dans
de lait, presque sans os et sans l'argot des voleurs.
muscles, ressemble à de la mie Mirzales, s. f. pi. Boucles
de pain.
d'oreilles, — dans le même ar-
Miradou, Miroir,
s. m. — got.
dans l'argot des voleurs. Mise (Faire sa). Payer le
Mirecourt, s. m. Nom droit de circulation sur « le pont
d'homme qui est devenu celui de d'Avignon », — dans l'argot des
tous les pamphlétaires de plus filles.

de passion que de talent. Mise-bas, s. f Vêtements des .

Théodore de Banville est le pre- maîtres qui reviennent de droit aux


mier qui, en littérature, ait fait domestiques, —
qui se croiraient
de ce nom propre un substantif lésés et réclameraient si l'on por-
courant. Il restera, il doit res- tait trop longtemps ces vêtements.
ter.
Mise-bas, Accouchement, —
Dlire-laid, s. m. Miroir. — dans l'argot du peuple.
dans l'argot du peuple.
Mise-bas, s. Grève, chô-
Mirettes, s. f. pi. Yeux, — mage volontaire, —
f.

dans l'argot
dans l'argot des voyous. des typographes.
MirISflore, s. m. Le gandin Misérable, s. m. Verre d'eau-
de la Restauration, qui est tou- de-vie d'un sou, — dans l'argot
jours le Lion pour le peuple. des ouvriers.
MIS MOB 295

quan- Mistoufle, s. f. Farce ; mé-


llisère, s. f. Petite
chanceté; trahison, — dans 1 ar-
tité chose de peu d'importance :
petite
:

somme, —
dans l'argot des got des typographes.
Jjourgeois. Mistron. s. m. Le jeu de
Misérer, v. n. Souffrir de la mistigri, — dans l'argot de Bre-

misère, — dans l'argot du peu- da- Street.


Mistronneur, eiise, s, et
ple.
Taquine- pi. adj. Amateur de mistron.
Misères, s. f. .

— dans
ries, petites méchancetés,—
dans llitan, s. m . Milieu,
l'argot des bourgeois. l'argot du peuple.
Faire des 7nisères. Taquiner Mite, s. f. Chassie des yeux.
quelqu'un en lui contant des
Qui a yeux
choses qui le contrarient, qiii 1 m- Miteux, adj. les

quiètent. chassieux.
Dire des misères. Agacer quel- Miton-mitaine, s. m. Re-
qu'un, lui jouer un tour plus ou mède inoffeusif expédient mutile,
,

moins désagréable. secours inefficace.


llisloqiie, s. f. Thécàtre,
— On dit aussi Onguent miton- :

mitaine.
dans l'argot des voleurs.
Jouer la Mitonner, v. a. Préparer de
Jouer la misloque .

comédie. longue main.


llisloquier, ère, s. Acteur, Mitraille, s. f. Monnaie,
actrice. gros sous, —
dans l'argot des
faubouriens, qui disent cela de-
llississipi (Au), adv. Très puis longtemps.
loin, —
dans l'argot du peuple,
— dans
pour qui l'Amérique est un pays Mitre, s. f. Cachot,
aussi éloigné de lui que la lune. l'argot des voleurs.
C'est l'équivaleot de : Au Mitron, s. m. Ouvrier bou-
diable au vert (ou Vauvert). langer, — dans l'argot du peu-
Misti, s. m. Apocope de Misti- ^ \p petit mitron. Le Dauphin,
gri^ _
dans l'argot des brelan-
fils de Louis XVI,
AuOoulan- -
dières de brasseries. Pari-
ger, comme l'appelaient les
Slistigri, s. m. Valet de trè- siens en 1792.
fle, —
dans l'argot des joueurs.
Mobile, s. La garde na-
f.
Se dit aussi d'un Jeu de cartes tionale mobile formée en 1848
où l'on a gagné quand on a
fait
avec les fils du peuple et aux —
brelan avec le valet de trèfle es- dépens du peuple.
corté de deux autres valets. C'est aussi le nom que
portait,

Mi8tig:ri8, s. m. Apprenti,
-- en 1830, la légion des Volontaires
dans l'argot des peintres en bâti- de la Charte.
ment. Mobile, s. m. Soldat de la
Balzac a-t-il emprunté son ra- garde nationale mobile.
pin de ce nom aux peintres
en
Mobilier, S. m. Les dents,
bâtiment, ou ceux-ci à l'auteur — dans l'argot des voleurs, heri-
de la Comédie humaine?
296 MOT MOL

tiers des Précieuses qui disaient: ou imprimée trop noire. Le friav,


\ ameublement de la bouche. c'estun moine blanc, c'est-à-dire
une feuille qui est imprimée trop
lloblo, s. m. Garde-mobile,
— dans l'argot des faubouriens.
pâle.

Moineau, s. m. Se dit par


Slocassins,
— dans l'argot des
s. m. pi. Sou- ironie — dans l'argot du peuple,
liers,
qui ont lu les romans américains
ouvriers — d'un homme dont on a à se
plaindre, ou qui se vante mal à
de Cooper, de Gabriel Ferry et
propos.
de Gustave Aymard.
On ajoute un qualificatif pour
Modèle, s. m. Homme ou renforcer l'ironie Tu es un joli :

femme qui pose dans les ateliers. moineau !

Argot des ai'tistes. C'est le pendant de : Tu es un


Modèle d'ensemble. Qui pose joli coco !
pour l'Académie, pour tout le
corps, au lieu de ne poser que
Moine-lai. s. m. Invalide
pour la tête, ou pour n'importe tombé en enfance, comme on en
voit quelques-uns dans la Salle
quelle partie spéciale du corps.
de la Victoire, —
l'infirmerie de
llodcrne, s. m. Fashionable, l'Hôtel des vieux braves.
— dans l'argot des faubomiens.
Mois de mourrice, s. m.
Modiste, s. m. Ecrivain lé- pi. Les années qu'oublie volon-
ger, petit journaliste d'esprit — tairement de compter une femme
et de talent même, quelquefois qu'on interroge sur son âge.
— qui travaille au goût des au- Se dit aussi de toute personne
tres et non au sien propre, qui qui se trompe dans un calcul et
sacrifie à la Mode au lieu de sa- oublie quelques fractions impor-
crifier à la Muse, et qui attife ses tantes.
phrases de fanfrelucnes, de pas- Moisir^ v. n. Rester long-
sementeries et de pompons, pour temps à la même place, ou en
déguiser la maigreur et le dénù-
meut de ses idées.
possession du même emploi, —
dans l'argot du peuple, qui em-
C'est le Gavarniste d'Hippo-
ploie surtout ce verbe avec la né
lyte Babou. gative.
Moine, s. m. Bouteille de Moitié, s. f. Épouse, — dans
grès que l'on remplit d'eau chaude l'argot des bourgeois, qui ne di-
et que l'on place au pied du lit. sent pas cela avec le même res-
Argot des bourgeois. pect qne les Anglais disant the
Moine, m. Partie oetter ha If.
s. d'une
épreuve qui ne prend pas l'encre Molanehe, s. f. Laine, —
et vient blanche au lieu d'être dans l'argot des voleurs.
imprimée. Argot des typogra-
phes. Molard, s. m. Mucosité
On dit aussi Loup. expectorée, — dans l'argot des
Les typographes anglais ont le faubouriens.
même mot ils en ont même
;
Molarder. v. n. Graillonner,
deux pour un monk and friar.
:
expectorer abondamment.
Le monk c'est
, notre moine,
c'est-à-dire une feuille maculée Molière, s. m. Décor de sa-
MOM MON 297

Ion simple dans leqnel peuvent tresse, — dans l'argot des vo-
se jouer presque toutes les comé- leurs, pour qui elle ressemble
dies de feu Poquelin. Argot des plus à une enfant qu'à une
coulisses. femme.
Tous les théâtres, notamment Ils disent aussi Mô>7ieresse.
ceux de province, ont un certain llôme d'altèque, s. m. Ado-
lescent, — dans le même argot.
nonibre de décors de magasin,
d'un emploi fréquent et commun :

le molière, le rustique, le salon llomerie, s. f. Hypocrisie


riche, la place publique, la forêt, fausse dévotion, — dans l'argot
;

la prison, le palais et le gotlii- du peuple.


que (intérieur). Avec cela on peut
llomie , s. f. Homme ou
tout représenter, les tragédies
femme sans énergie, qui n'aime
de Racine et les vaudevilles de
pas à se remuer.
M. Clair^ille.
llomière, s. f. Sage-femme,
llollassej s. f. Femme lym- — dans l'argot des voleurs.
phatique, dolente, sans énergie,
disent aussi Momcuse
— dans l'argot du peuple.
Ils
Madame Tire-môme.
et

Mollusque^ s. m. Homme à llomig^nard, Petit garçon,


l'esprit aux idées arrié-
étroit, — plus petit encore que le môme.
rées qui se renferme dans la
,
On dit au féminin Momignarde.
tradition comme l'escargot dans
sa coquille. llôoiir, V. n. Accoucher.

llolosse, s. m. Gros chien, Monaco, s. m. Sou


de cui-
— dans l'argot des bourgeois, vre, — l'argot du peuple,
dans
qui ne sont pas fâchés de prouver qui consacre ainsi le souvenir d'un
de temps en temps qu'ils ont roitelet, Honoré V, prince de Mo-
quelque teinture d'Histoire an- naco, mort de dépit en 1841, dit
cienne. A. Villemot, de n'avoir pu faire
passer pour deux sous en Europe
llomaque, s. m. Enfant, — ses monacos , qui ne valaient
dans l'argot des voleurs. qu'un sou.
llôme s. m. Petitgarçon Monant, s. m. Ami, — dans
voyou apprenti,
;
— dans l'argot
;

l'argot des voleurs.


des ouvriers. Monante. Amie.
On pourrait croire cette expres-
Monarque, s. f. Pièce de
sion moderne on se tromperait,
;

car voici ce que je lis dans l'O-


cinq francs, — dans l'argot du
peuple.
live, poème de Du Bellay adressé
Monarques, Les rois d'un jeu
à Ronsard, à propos des en-
de cartes.
vieux :

Monde renrersé, s. f. La
« La Nature et les Dieux sont
Les architectes des homes
guillotine, — dans l'argot des
faubouriens.
Ces deux (ô Ronsard) nous ont
Bâtis des mêmes atomes. Monfier, v. a. Embrasser, —
Or cessent donques les mô.nes dans l'argot des voleurs.
Démordre ks écriz miens... »
Monnaie, s. f. Argent, —
llôme, S. f. Jeune fille ; maî- dans l'argot du peuple.
298 MON MON
Plus que ça de monnaie ! llonsieur Diniauelie, s. m.
Quelle chance ! Créancier, —
dans l'argot des bo-
hèmes, qui jouent souvent la
lion œil! Exclamation iro-
scène de Don Juan.
nique et dédaigneuse de l'argot
des faubouriens, qui l'emploient llonsieur Dufour est
soit comme formule de refus, dans la salle. Phrase par la-
soit comme marque d'incrédu- quelle un acteur avertit un de
lité. ses camarades qu'il joue mal et
va se faire siffler.
Monseig^neur, s. m. Pince Quelquefois on dit : Le vicomte
de voleur, qui sert à crocheter Du Four est dans la salle.
les portes.
Les voleurs anglais disent de llonsieur Hardi, s. m. Le
même Bcss ou betlrj. vent, — dans l'argot du peuple.
llonseig^neurîserj v. a. llonsieur Personne. Per-
Crocheter ime porte. sonne, nul.

Hlonsienr, s. m. Bourgeois, llonsieur Pig^eon. Type du


homme bien mis, — dans l'argot garde national de la Restaura-
du peuple. tion .

Faire le Monsieur. Trancher


du maître dépenser de l'argent
llonsieur Raidillon, s. m.
;

avoir une maîtresse.


;
Homme fier.
On dit aussi : Monsieur Pointu.
monsieur, s. m. Entreteneur,
— dans l'argot de Breda-Street. Monsieur "Vautour, s. m.
On dit aussi Monsieur Chose. Propriétaire, —
dans l'argot des
Monsieur bien. Homme distin-
bohèmes, qui disent cela depuis
gué, — qui ne regarde pas à
l'opéra comique intitulé : Maison
à vendre, dans lequel on chante :
l'argent.
« La maison de M. Vautour
llonsieur, s. m. Verre d'eau-
de-vie de quatre sous, — dans Est celle où vous voyez un âne. »

l'argot des ouvriers. Monsieur Veto. Louis XVI,


llonsieur Itambou, s. m. — dans l'argot des révolution-
Canne, — dans l'argot des soute- naires de l79;^ par allusion au
neurs, qui en procurent la con- veto du 19 juin sur les décrets
naissance aux épaules des filles concernant le camp sous Paris et
réfractaires à leurs demandes la déportation des ecclésiasti-
d'argent. ques. On connaît la chanson :

Monsieur fie Paris, s. m. « M. Vélo s'était promis


L'exécuteur des hautes œuvres, De faire égorger tout Paris,
— dans l'argot des bourgeois. Mais son coup a manqué,
Grâce à nos canonnieis,
llonsieur ILebon. Bon com- Dansons la carmagnole,
pagnon, qui paye volontiers pour Vive le son
les autres. Argot du peuple. Du canon » !

llonsieur de Pètesec, s. Monstre, m. Les paroles


s.
m. Homme un peu roide, un peu qu'un musicien adapte à, un air
orgueilleux. trouvé par lui, en attendant les
MON MON 293

paroles plus poétiques du libret- ques farceurs qui font pour vous,
tiste. homme, ce que d'autres farceurs
font pour Martin, ours, au Jar-
Monstre, adj. Étonnant, co- din des Plantes, —
sans réfléchir
lossal, — dans l'argot du peuple, que, furieux d'être ainsi joué,
vous pouvez leur casser les reins
Monstrico, s. m. Personne
d'un coup de griffe.
laidecomme un petit monstre,
Le mot appartient à H. de
On dit aussi Monter à l'échelle.

Balzac. Monter en graine, v. n.

Mont, m.
Établissement du
s.
Vieillir, — dans
l'argot des bour-

Mont-de-Piété, —
dans l'argot
geois,
propos des
qui disent cela surtout à
filles destinées à coif-
des fauliouriens.
fer sainte Catherine.
Le grand Mont. Le Mont-de-
Piété de la rue des Blancs-Man- Monter la tète (Se), v. réf.
teaux. Se donner un courage factice,
Le petit Mont. Le commission- soit en buvant, soit en se répétant
naire au Mont-de-Piété. les outrages qu'on a suhis et
Monta;°pnard, s . m. Cheval dont on veut tirer raison. Ar- —
got du peuple.
de renfort destiné à être mis en
flèche aux omnibus pour les mon- Monter le coup (Se), v.
tées difficiles. réf. Se faire des illusions a pro-
pos de quelqu'un ou de quelque
Montagnard, s. m. Bei- chose s'attendre à une félicité
gnet au centre duquel est un peu
;

improbable ou à une fortune im-


de confitures de groseilles.
possible.
L'expression date de 1848 :

elle a été inventée ainsi que cette Monter le coup à quel-


sorte de beignet, par les Associa- qu'un, V. a. Le tromper lui ;

tions de cuisiniers. promettre une chose qu'il désire


et qu'on ne sait pas pouvoir lui
Montant, s. 'm. Forte saveur;
donner mentir.;

reliefbien accusé. On dit aussi Monter des cou-


Se propos des choses et
dit à
leurs et monter le Job.
des personnes. Une phrase a du
montant quand elle est énergi- Monter quelqu'un, v. a.
que. Une femme a dû montant L'exciter par des paroles à faire
quand elle a du cynisme. une chose qu'il ne ferait pas de
lui-même.
Montant, s. m. Pantalon,— aussi exciter contre
Signifie
dans l'argot des voleurs.
quelqu'un.
Montante, s. f. Echelle. — Monter sur la table, v. n.
le même argot.
dans
Lever masque,
le —
dans l'argot
Monter, v. n. S'emporter, se des voleurs, qui ne font cela que
mettre en colère, dans — l'argot par bravade, comme Lacenaire
du peuple. s' accusant lui-même d'un criine
Faire monter quelqu'un. L'exas- pour entraîner dans sa chute un
pérer, l'agacer. complice.

Monter à l'arbre, v. n. Monter sur ses ergots,


Etre le jouet innocent de quel- V. n. S'emporter, faire de vio-
m:r MOR
lents reproches à quelqu'un, — Morasse , s. f . Dernière
dans l'argot du peuple. épreuve d'un journal, — dans
On dit aussi Monter sur ses l'argot des typographes, qui sa-
grands chevaux. vent mieux que personne être
moracii, c'est-à-dire en retard,
Monteur de coups, s. m. 7nora7'i.
Homme qui vit de mensonges et
d'expédients; chevalier d'indus- Morceau d'architecture
trie escroc
; s. m.Discours lu ou parlé, — ,

Honteuse de coups:* s. f. dans l'argot des francs-maçons.


Drôlesse qui joue du sentiment Morceau de gruyère, s. m
avec plus ou moins d'habileté et Figure marquée de la petite vé-
s'en fait plus ou moins de reve- role, —
dans l'argot des faubou-
nus. aux trous
riens, qui font allusion
llontmorency, s. f. Cerises du fromage de Gruyère.
de Montmorency, —
dans l'argot Morceau de roi , s. m.
du peuple, qui dit de même Mon- Belle fille, jeune et appétissante,
treuilpour pèche, Fontainebleau
pour raisin de treille, Valence
— dans l'argot des bourgeois,
parmi lesquels on trouverait sans
pour orange. peine quélaues Lebel, si on en
Montrer la couture de avait besoin pour quelque Parc-
ses bas. Rompre son engage- aux-Cerfs
ment, — dans l'argot des cabo- Morceau de salé, s. m.
tins. Femme chargée d'embonpoint,
Montrer les talons, v. a. — dans l'argot du peuple.
S'en aller, s'enfuir, —
dans l'ar- Se dit aussi de quelqu'un mal-
got du peuple. propre d'habits ou de discours.

Montrer son nez, v. a. Morceau honteux, s. m.


Faire une courte apparition quel- Le dernier morceau d'un plat,
que part, —
dans l'argot des em- — dans l'argot des bourgeois,
ployés qui, après avoir montré qui n'osent pas y toucher, mal-
leur nez à leur ministère, ne crai- gré les sollicitations de leur ap-
gnent pas de lui montrer aussi- pétit ,
parce que la « civilité
tôt les talons. puérile et honnête » le leur dé-
fend.
Moquer comme de l'an
quarante (S'en). Complète- Mordante, s. f. Scie, lime,
ment, comme d'une année qui — dans l'argot des voleurs.
n'arrivera jamais. Argot des bour- Mordre (Ne pas), v. n. Etre
geois. sans force, sans esprit, sans
Le peuple dit : S'en foutre beauté, —
dans l'argot des fau-
comme de l'an 40. bouriens et des filles.
Moraee, s. f. Inquiétude, On dit aussi, en employant la
danger, remords, —
dans l'argot
même
chant.
ironie : N'être pas mé-
des voleurs, qui ont cependant
très rarement des « puces à la Mordre (Se faire). Se faire
muette ». reprendre, réprimander, humi-
Battre moraee. Crier à l'assas- lier, battre, — dans l'argot du
sin. peuple.
MOR MOR 301

llorfe, s. f. Repas, — dans d'Espagne. Les libéraux, eux,


l'argot des voleurs, qui ont em- portaient lebolivàr.
prunté ce mot et ses dérivés à la
langue des honnêtes gens.
llornante, s. f. Bergerie, —
vieille
dans l'argot des voleurs.
llorflailler, v. n. Manger,
llorne, mou-
— dans le même
argot, plagiaire
ton.
s. f. Brebis,

de la bonne langue : « La, la, On dit aussi Morné, ou plutôt


la, c'est morfiaillé, cela » dit !
mort-né, qui est la véritable or-
Rabelais au Propos des ôeuvews.
thographe, parce que c'est la vé-
On dit aussi Morfer, Morfier et ritable étjTiiologie du mot.
Morfillcr.
llornée^ s. f. Bouchée.
llorfiaute, s. f. Assiette.
On dit aussi Limonade, Mornier, s. m. Berger.
llorfiller le dardaut (Se). llornifle, s. f. Soufflet, coup
Se faire du mauvais sang, se de poing, — dans l'argot du
manger le cœur. peuple.
llorgfaue, s. f. Sel. — dans Momifie, s. f. Monnaie, —
le même argot.- dans l'argot des voleurs, qui se
Flouant de la morgane. Es- la disputent à coups de poing.
croquerie commise au moyen Momifie tarte. Fausse mon-
d'un paquet de sel et d'un mal naie.
de dents supposé.
llornifleur tarte, s. m.
Morg^aner, v. a. Mordre, — Faux-monnayeur.
dans le même
argot.

Signifie aussi Nuire, comme le llorphée, s. m. Sommeil,
prouvent ces deux vers de la pa- dans l'argot des académiciens et

rodie du Vieux Vagabond de des bourgeois.


Béranger, par MM. Jules Choux Se jeter dans les bras de Mor-
et Charles Martin :
phée. Se coucher.
Etre dans les bras de Morphée.
« Comme un coquillon qui morgane Dormir.
Que n'aplatissiez-vous l'gonsier?...»
Morpion, s. m. Gamin, en-

Morîcaud, s. m. Charbon, fant désagréable, irritant, dans —
dans le même argot. l'argot du peuple.
Signifie aussi Broc de mar- On dit aussi, par respect hu-
chand de vin, — qu'un long main, morbaque; mais la pre-
usage a noirci. mière expression vaut mieux,
Iloricaud, s. et adj. Nègre, parce que plus franche. Elle se
mulâtre, — dans l'argot des fau- trouve avec son sens entomolo-
bouriens. gique dans les Touches du sei-
Moricaudc. Négresse. gneur des Accords, qui dit à
Barbasson :

llorillo, s. m. Chapeau à
petits bords que portaient les
« Tu as ta barbe si rude,
Et lescheveux si épais,
royalistes au temps de la guerre
Qu'il semble avuir deux forêts
entre Bolivar et Morillo, c'est-à- Où loge une multitude
dire entre les Républiques de De morpions et de poux,
l'Amérique du Sud et le roi Au lieu de cerfs et de loups. »
302 MOT MOU

Mort, s. m. Partner imagi- Mot de la fin. — La nou-


naire à qui l'ondes réserve velle à la main, souvent cruelle
cartes comme s'il était vivant, — pour quelqu'un, par laquelle un
dans l'argot des joueurs de whist chroniqueur doit terminer sa
et de mistigri. chronique.
Faire un mort. Jouer le whist
à trois personnes, en découvrant
Mot de valeur, s, m. Mot
le jeu de la quatrième ab- — ou phrase d'un rôle, qu'un ac-
teur lance avec finesse ou avec
sente.
énergie, selon les cas, et qui pro-
Prendre mort. Changer les
le
duit un grand effet sur le public.
cartes qu'on vous a données, et Argot des coulisses.
qu'on trouve mauvaises, contre
La Croix de mon père ou de
celles réservées au partner ima-
7na mère, —
Je ne mange pas de
ginaire.
ce pain-là, —
J'ai l'habit d'un la-
Alorue, s. f. Femme sale, dé- quais, et vous en avez l'âme, etc.,
goûtante, — dans l'argot des fau- etc., sont des mots de valeur.
bouriens.
Motif) s. m. Sujet de paysage,
Se dit aussi, comme injure, — dans l'argot des artistes.
d'une Femme laide et d'une
gourgandine. Mots, s. m. Injures; re-
pi.

aSorveux, s. m. Gamin;
proches, —dans l'argot des ou-
homme sans conséquence, — vriers et des grisettes.
Avoir des mots avec quelqu'un.
dans l'argot du peuple, qui dai-
Se fâcher avec lui.
gne quelquefois moucher ces ad-
versaires-là comme les autres. Mots gri'^s> s. m. pi. Gail-

Morviau, s. m. Le nez, — lardises, — dans l'argot des


bourgeois, langage
dont le est
dans l'argot des faubouriens. taché de ces mots-là.
Se dit aussi pour les Mucosités
qui sortent du nez. Motteux, s. m. Ouvrier eu
mottes à brûler, — dans l'argot
Slot, s. m. Trait spirituel, re- des faubouriens.
partie plaisante, — dans l'argot Signifie aussi Marchand de
des gens de lettres. mottes.
Faire des mots. Emailler la
Mouchaillei*, v. u. Regar-
conversation de plaisanteries et
der, observer sans en avoir l'air,
de concetti. — dans l'argot des voyous.
Mot de Cambroune (Le). Mouchard, s. m. Agent de
Ce
et
pas « La garde meurt
n'est
ne serend pas » mais tout
police, —dans l'argot du peuple
!
qui a eu l'honneur de prêter ce
simplement « Merde !» La phrase mot à Molière.
propre n'eût peut-être pas été
Se dit aussi de tout individu
entendue au milieu du bruit du
qui a l'air d'espionner, de tout
canon, dans cette mêlée san-
ouvrier qui rapporte, etc.
glante de Waterloo; tandis que
le mot énergique que tout le Mouchard, s. m. Portrait
monde connaît était la seule ré- peint, parce qu'il a de vous l'air
ponse possible en un pareil mo- regarder, où que vous vous met-
ment. tiez.
MOU MOU 303

Slouchard à becs, s. m. rie indispensable en être à ses


Réverbère, — daus l'argot des débuts dans la vie.
;

voyous. Ne pas se moucher sur sa


manche. Etre hardi, résolu, ex-
Moucharde, s. f. La lune,
périent, « malin ».
qui de ses gros yeux ronds, a
Cette expression est la révéla-
l'air d'assister au détroussement
tion d'un trait de mœurs certai-
ou au meurtre d'un homtue sur
une route. nement ouldié, et peut-être même
ignoré de ceux qui l'emploient :

lloucharder, v. a. et n. Es- elle apprend qu'autrefois on


pionner la conduite de quelqu'un. mettait son mouchoir sur sa
manche gauche pom* se moucher
Mouche, s. f. Agent de po-
de la main droite.
lice, — en général et en particu-
lier. Moucheron, s. m. Gamin,
Mouche, s, f. Mousseline, — enfant, apprenti, — daus l'argot
des faubouriens.
dans l'argot des voleurs.
Mouche, adj. des 2 g. Mau- Mouches d'hiver, s. f. pi.
Flocons déneige.
vais, laid, désagréable, ennuyeux
// tombe des mouclies d'/iiver.
comme une mouche. Ai'got des
fauljouriens. Il neige.

Moucher, v. a. Attraper, Mouchettes, s. f. pi. Mou-


donner une correction, un souf- choir, —
dans l'argot des faubou-
flet, —
dans le même argot. riens, qui s'en servent pour les
Se faire moucher. Se faire chandelles.
battre. Mouchettes (Des) ! Exclama-
On dit aussi Se faire moucher tion de la même fa-
de refus,
le quinquet. mille que Des navets! Du flan!
Moucher, v. a. Tuer, — etc.
dans l'argot du peuple.
Mouchique, adj. Extrême-
Moucher du pied (Ne pas ment muche, — dans l'argot de
se). Avoir le geste prompt et le Breda-Street.
soufflet facile.
Mouchique, adj. Laid, mau-
Signifie aussi Avoir
lures de bourgeois, et
des
même
al-
de
vais, —
dans l'argot des voleurs,
qui, pour forger ce mot, n'ont
grand seigneur. pas dû songer aux /nujiks russes
On dit dans le même sens : Ne de 1815, comme l'insinue M. Fran-
pas se moucher du coude. cisque Michel, mais ont eu cer-
Moucher la «handelle, v. tainement en vue leurs enne-
a. Etre décidé à mourir sans mis naturels, les mouchards
postérité. Etre mouchique à la section.
On dit aussi Effacer. Etre mal noté chez le commis-
saire de police de son quartier.
Moucher sa chandelle.
Mourir. Mouchoir, s. m. Aniterge, —
Moucher sur sa mauche
— dans l'argot des bourgeois.
(Se), V. réfl. N'avoir pas encore Mouchoir, s. m. La main,
l'expérience nécessaire,la roue- — dans l'argot des faubouriens,
304 MOU MOU

qui ont l'habitude de s'en servir et attire des soufflets. — dans


pour moucher les autres et se l'argot du peuple.
moucher eux-mêmes. Se dit aussi pour la main, qui
Ils s'en servent aussi comme distribue si généreusement les
Auiterge. soufflets.

Alouchoir d'Adam, s. m. Moule à g'aufres, s. m. Fi-


Les doigts. gure marquée de trous de pe-
tite vérole, —
par allusion cruelle
llouchoir de poche, s. m. aux dessins capricieux des deux
Pistolet de poche, avec lequel on plaques de fer qui servent à faire
peut moucher les importuns de la pâtisserie légère et croquante
nuit à quinze pas. Argot des fau- qui nous vient des Flandres et
bouriens .
qu'affectionnent les enfants.

lloudre, Jouer de
v. a. et n. Moule aux guillemets, s.
l'orgue de Barbarie ou de la se- m. C'est YHuile de cottrets des
rinette. troupiers.
On dit aussi Moudre un air.
Moule de g^^nt, s. m. Souf-
Mouffflef, s. m. Enfant, ga- flet, — dans l'argot des faubou-
min, apprenti, — dans l'argot du riens.
peuple, qui a dit autrefois mouf-
flard, dérivé du verbe mouffler
Moule du bonnet, s. m. La
(enfler le visage), inusité au- tète, — l'argot du peuple,
dans
jourd'hui.
qui parle comme écrivait Rabe-
lais.
Mouillante, Soupe,
s. f. —
dans l'argot des voyous.
Moulin, s, m. Maison du
receleur de plomb volé, qu'on ap-
Mouillé (Être), v. pron. Etre pelle le meunier.
signalé comme suspect — dans
Moulin à café, s. m. Or-
l'argot des agents de police.
gue de Barbarie, qui semble —
Mouillé Etre ivre,
(Être). — en effet moudre des airs. Argot
dans l'argot des faubouriens. du peuple.

Mouiller Moulin à merde, s. m. La


avec excès.
(Se), v. réfl. Boire
bouche, —
dans l'argot du peuple.
L'expression est horriblement
Mouisse, s. f. Soupe écono- triviale, j'aurais mauvaise grâce
mique, potage à la Rumfort, — à le dissimuler, mais le peuple
dans l'argot des voleurs et des est excusé de l'employer par cer-
troupiers. taine note du l«r volume de la
Régence, d'Alexandre Dumas.
Moule à blag^ues, s. m. La
bouche, — dans l'argot des fau- Moulin à Tcnt, s. m. Le
bouriens. podex, — dans l'argot facétieux
et scatologique des faubouriens.
Moule à boutons, s. m.
Pièce de vingt francs, — dans Moulina^e, s. m. Bavar-
l'argot des vojous. dage, — dans l'argot des vo-
leurs.
Moule à claques, s. m. Fi-
gure impertinente qui provoque Mouliner, v. n. Bavarder.
MOU MOU 305

llouloir, s. m. La bouche, Mousser (Se faire). Se van-


— dans l'argot des voleurs. ter, parler sans cesse de ses ta-
lents ou de ses qualités. Argot
llounin, S. m. Petit gar-
du peuple.
çon, apprenti, — dans l'argot des
faubouriens. Mousserie, s. f. Water-clo-
sels, — dans l'argot des voyous.
Uouscaille^ s. f. Le résultat
de la digestion, — dans l'argot Mousseux,

adj Redondant,
.

dans l'argot des


des voleurs. hyperbolique,
gens de lettres et des comédiens.
Sloascailler, v. a. Alvum
deponere. Moussu, s. m. Le sein de la
femme, d'où soit le lait, dans —
Mousquetaire g^ria, s. m. l'argot des voleurs.
Pou, — dans l'argot du peuple,
Moussue, s. f. ChcLtaigne, —
qui aime les facéties
dans le même argot.
Sloussante, s. f. Bière de
mars, — dans l'argot des fau- Moustachu, s. et adj. Hom-
me à moustaches, — dans l'argot
bouriens.
des bourgeois.
Alousse, s. m. Apprenti
— Moutard, s. m. Gamin, en-
commis,
licots.
dans l'argot des ca-
fant, apprenti, — dans l'argot
du peuple, qui, n'en déplaise à
llousse, s. f. Le résultat de P. J. Leroux et à M. Fran-
la fonction du plexus mésenté- cisque Michel, n'a eu qu'à regar-
rique, —dans l'argot des mar- der la chemise du premier polis-
briers de cimetière. son venu pour trouver cette ex-
llousseline, s. f. Fers dont pression.
ou charge un prisonnier, dans — Moutarde, s. f. Le stercus
l'argot des marbriers de cime- humain.
tière.
Moutardier, s. m. Le po-
Mousseline, s. f. Pain blanc, dex.
léger, agréable au toucher comme On disait autrefois Baril à la
au goût, — dans l'argot des fau- moutarde, et Réservoir à mou-
bouriens. tarde.

Mousser, v. n. Alvum depo- Moutardier, s. m. Goldfin-


nere. der.
On dit aussi Parfumeur^
Mousser, v. n. S'emporter,
être en rage, de dépit ou de co- Moutardier du pape, s.
lère, — dans r argot des faubou- m. Hommequi s'en fait ac-
riens. croire, imbécile vaniteux.
Mousser, v. n. Avoir du Mouton, s. m. Matelas, —
succès, —
dans l'argot des gens dans l'argot des faubouriens, qui
de lettres et des comédiens disent cela à cause de la lame
Faire mousser. Préparer le dont il se compose ordinairement.
succès d'un auteur ou d'une Mettre son mouton au clou.
pièce par des éloges exagérés et Porter son matelas au Mont-de-
souvent répétés. Piété.

20
306 MUE MUR
Mouton, s . m. Dénonciateui", Donner une muette. Faire un
Toleiir qui obtientquelque adou- exercice.
eissement à sa peine en trahis-
Muffle, s. m. Visage
laid ou
sant les confidences de ses com-
grotesque, bestial qu'hu-
plus
pagnons de prison.
main, — dans
l'argot du peuple,
Moutonnaille, s. f. La qui se sert de cette expression
foule, —dans l'argot du peuple, depuis trois cents ans.
qui sait par expérience person- Il trouve plus euphonique de
nelle quelle est la contagion de prononcer Muffe.
l'exemple. Muffle, s. et adj. Imbécile,
Moutonner, v. a et n. Mou- goujat, brutal.
charder et dénoncer. M. Francisque Michel à qui les
longs voyages ne font pas peur,
MouTer (Se), v. réfl. Se re- s'en va jusqu'à Cologne chercher
muer, — dans l'argot du peuple. une étymologie probable à cette
Moyen-ag^iste, s. et adj. expression, et il en rapporte muf
Amateur des choses et admira- et mouf, —
afin qu'on puisse
choisir. Je choisis muffle, tout
teur des idées du moyen âge.
Le mot est de H. de Balzac. naturellement, autorisé que j'y
suis par un trope connu de tous
Moyens, s. m. pi. Richesse, les philologues, la synecdoque,
— dans l'argot des Bourgeois. par lequel on transporte à l'indi-
Avoir des moyens. Etre à son vidu tout entier le nom donné à
aise. une partie de l'individu.
Signifie aussi Aptitude, dispo-
silions intellectuelles, capacités.
Muffle, s. m. Ouvrier, — dans
l'argot dos filles, qui n'aiment pas
Muclte, s. m. Jeune homme la blouse.
poli,doux, aimable réservé, ,

dans l'argot des petites dames
Mufflerîe, s. f. Sottise, niai-
serie ; brutalité.
qui le trouvent trop collant.
On dit aussi Muffletonnerie.
Muche, adj. Excellent, déli-
cieux, parfaft, —
l'argot dans Muffleton,
jeune imbécile.
s. m. Petitmuffle,
des faubouriens, qui disent cela à
Je n'ai pas besoin d'ajouter
propos des choses, à propos de la
comme à propos d'une qu'on prononce Mu/feton.
Patti
soupe à l'oignon. Mulet, s. m. Ouvrier qui
MueM'C. s. 'f. La
conscience, aide le metteur en page, — dans
— dans l'argot des voleurs, qui l'argot des typographes.

ent arraché la langue à la leur. Murette, s. f. La giroflée des


Avoir une puce à la muette. murailles, —
dans l'argot des
Avoir un remords entendre — paysans des environs de Paris.

;

par hasard le cri de sa con-


!
Murgérîsme, s. m. Littéra-
science.
ture mal
portante, marmiteuse,
Muette,s. f. Exercice muet, pleurarde; afl'ectatiou de sensibi-
pendant lequel on ne lité; exagération du style et de
c'est-à-dire
fait pas résonner les fusils, par la manière d'Henry Murger, —
taqmnerie oa par fantaisie. Ar- dont les imitateurs n'imitent na-
got des Saint-Cyriens. turellement que les défauts.
MUS MUT £07

llurgériste, s. et adj. Qui Muselé, s. m. Imbécile,


appartient à l'école de Murger, homme qui n'est bon à rien qu'à
qui en a les défauts sans en avoir bavarder, —
dans l'argot du
les qualités. peuple.
Sluron, s. m. Sel, — dans Musette, s. f. Voix.
l'argot des voleurs. Couper la musette de quel-
qu'un. Le forcer à se taire.
Maronner, v. a. Saler.
Musette^ s. f. Sac à avoine,
lluronnier, s. m. Saunier. — dans l'argot des charretiers,
Bluronnièrej s. f. Salière. qui le pendent au museau de
leurs chevaux.
niusard, s. et adj. Flâneur, Ils disent aussi Pochef.
gobe-mouches, — dans l'argot
Musicien^
du peuple. s. m. Diction-
Nous avons, en vieux langage,
naire, — dans l'argot des vo-
leurs.
3/w5flrd/e pour Sottise.
Musiciens, s. m. pi. Les
Musarder, v. n. Flâner. haricots, qui provoquent le cre-
On dit aussi Muser. pitus ventris, —
dans l'argot du
peuple.
Musardine, s. f. Habituée
des Concerts-Musard, — où n'al- Musique^ s. f. Ce qui reste
laitpas précisément la fine fleur au fond de l'auge, — dans l'argot
de l'aristocratie féminine. des maçons.
Le mot a été créé par Albéric Par 'extension. Résidu d'un
Second en 1838. verre, d'un vase quelconque.

Muscadin, s. m. Fat, dandy Musique, s. f. Lot d'objets


plus ou moins authentique, — achetés à l'Hôtel Drouot, —dans
dans l'argot du peuple, qui a l'argot des Rémonencqs.
conservé le souvenir des gandins
Musique, s. f. Morceaux de
d'il y a soixante-dix ans.
drap cousus les uns après les
Museau, s. m. Entonnoir en autres. Argot des tailleurs.
carton, au petit bout duquel est Musiquer^
adaptée la loupe, —
dans l'argot musique d'amateur,
V. n. Faire de la
— dans l'ar-
des graveurs sur bois, qui s'en got du peuple.
coiffent le front.
Musser, v. n. Sentir, flairer.
Museau, s. m. Garde natio-
nal de la banlieue, — dans l'ar- Mutuelle, s. f. L'École mu-
got des fauliouriens tuelle.
i\'a î Exclamation boudeuse de curieuse, rare, —
dans l'argot des
Targot des enfants, qui l'em- grandes personnes.
ploient au lieu de Là. ! C'est du nanan! C'est un el-
zévir, ou un manuscrit de Rabe-
I\abab, s. m. Homme immen- lais, ou une anecdote scandaleuse,
sément riche, qu'il soit ou non— ou n'importe quoi.
gouverneur dans l'Inde. Argot
des bourgeois Xarré, s. m. Racontage en-
nuyeux, bavardage insipide.
I\abot, s. et adj. Homme de
petite taille, nain, — dans l'argot
Faire des narrés. Faire des
cancans.
du peuple.
On Nabot in.
dit aussi ]\'aBe4 s. m. Nez. dans—
Nabote. Naine. l'argot des faubouriens, qui ne se
Je n'ai jamais entendu dire Na- doutent pas qu'ils parlent latin
botine. comme Ovide-iYason, et français
comme Brantôme.
A'aeeoir, Poisson,
s. m. — Xaser» V. a. et n. Avoir quel'
dans 1 argot des voleurs.
qu'un dans le nez.
I\ag^eoire8« s. f. pi. Favoris,
— dans l'argot des faubouriens. ^'ature
comme la
(Être).
nature, —
Être vrai
dans l'argot
IVag^eoires^ s. f. Les bras,
pi. du peuple, qui dit cela à propos
— dans l'argot des voyous qui des gens et des choses.
voient des poissons partout.
Les voyous anglais ont la même
Xature (Faire), v. n. Peindre
expression Fin. :
avec exactitude, —
dans l'argot
des artistes, qui savent que l'Art
]\anan, s. m. Friandise, gâ- consiste précisément à ne pas faire
teau, — dans l'argot des enfants, nature.
qui disent cela de tout ce
excite leur convoitise.
qui
IVautonier, s. m. Pilote, —
dans l'argot des académiciens. ^
IVanan, s. m. Chose exquise, Ils disent aussi Nocher.
310 NEG NEZ

IVavarin, s. m. Navet, — des voleurs ouvrier,


; — dans
dans l'argot des voleurs. l'argot du peuple.
I\aTarin4 s. m. Ragoût de IVég^resse, s. f Toile . cirée, —
mouton, de pommes de terre et dans l'argot des voyous.
de navets, —
dans l'argot des res-
IVéffresse, s. f. Litre ou bou-
taurants du boulevard. C'est un
nom nouveau donné à un mets
teille de vin, — dans l'argot des
faubouriens.
connu depuis longtemps.
Etouffer ou Eventrer une né-
IVaTetj s. m. Flatuosité so- gresse. Boire une bouteille.
nore, —
dans l'argot du peuple, On dit aussi Étemuer sur une
qui l'attribue le plus souvent au négresse
Brassica napus, quoiqu'elle ait
souvent une autre cause. ^égrenHCi s. f. Punaise.

IVaTcts, ]\égpiot, s. m. Coffret, d'é-


s. m. pi. Jambes ou
bras trop ronds, bène ou d'autre bois.
sans muscula-
ture apparente, — dans l'argot
On dit aussi Moricaud.
des artistes. I\éuets, s. m. pi. Seins, —
]\avet8 dans l'argot des grisettes.
(Des) Exclamation
I

de l'argot des faubouriens, qui Quelques-uns écrivent nénais ;


l'emploient toutes les fois qu'ils mais ce mot n'est pas plus fran-
ont à dire catégoriquement non. çais que l'autre.

il'ayer, v. a. Noj'er, — rVénets d'homme, s. m. pi.


l'argot du peuple, qui
dans
parle
Les biceps, — dans l'argot des
filles.
comme écrivait Rabelais : « Za-
las ! mes amis, mes frères, je IVeps., s. m. pi. d'une Nom
naye ! » s'écrie le couard Pa- certaine catégorie de voleurs is-
nurge durant la tempête. raélites qui, dit Yidocq, savent
vendre très cher une croix d'or-
IVazaretbj s. m. Nez, — dre, garnie de pierreries fausses.
dans l'argot des voleurs.
Ils disent aussi Nazicot. IVet comme torchette, adj.
Se dit —
dans l'argot du peuple,
IVèfles (Des) Non, ! — dans — des choses ou des gens exces-
l'argot des faubouriens. sivement propres.
Ou dit plus élégamment : Ah!
]\ettoycp, V. a. Voler ; rui-
des nèfles !
ner, gagner au jeu; dépenser;
r¥é«^ociaut, s. m. Bourgeois, battre, et même tuer, dans —
homme à son aise, dans l'argot — l'argot des faubouriens.
des matelots, qui ne connaissent Se faire nettoyer. Perdre au
pas de position sociale plus en- jeu se laisser voler, battre ou
;

viable. tuer.

IVég^ociant au petit cro- Mettoyer un plat* v. a.


chet, s. m. Chiffoimier, dans — Manger ce qu'il contient, — dans
l'argot des faubouriens. l'argot du peuple.
On dit aussi Torcher un plat.
mègrc blanc, s. m. Rem-
plaçant militaire, — dans .l'argot l\ez, s. m. Mauvaise humeur.
NEZ NID 311

Faire soji ne:. Avoir l'air gris, — parce qu'on ne boit pas
raide, ennuyé, mécontent. impunément ce mélange.

A'ez (Avoir dans le), v. a. Dé- Xez qui a coûté cher, s.


tester une chose ou quelqu'un. m. Nez d"ivrogne, érubescent,
C'est le Ne pouvoir sentir da plein de bubelettes, qui n'a pu
l'argot des bourgeois. arriver à cet état qu'après de
longues années d'un culte assidu
Xex, s. m. Finesse, habileté,
à Bacchus.
adresse.
Avoir du nez. Flairer bon- les
On dit aussi Nez qui a coûté
cher ù mettre en couleur.
nes affaires, deviner les bonnes
occasions. IVez touruc à la frian-
Manquer de nez. N'être pas ha- dise, s. m. Nez retroussé, révé-
bile en affaires. lateur d'une complexion amou-
reuse, —
dans l'argot des bour-
IVez (Ce n'est pas pour ton) !
geois, qui préfèrent Roxelane à
Ce n'est pas pour toi !
la Vénus de Médicis.
On dit aussi : Ce n'est pas
pour ton foutu nez !
Xiais, s. m. Voleur qui a des
scrupules; prisonnier qui a des
On trouve cette expression
remords de sa faute ou de son
dans Mathurin Régnier {Satyre
crime.
XIIJ) :

Xib ou Xibergue, adv.


« Ils croyent qu'on leur doit pour rien
[la courtoisie,
Rien, zéro, — dans l'argot des
Mais c'est pour leur beau nez, » voleurs.
Niô de braise! Pas d'argent.
dit la courtisane à une
vieille
plus jeune qu'elle veut mettre en Xicliée,s. f. Réunion d'en-
garde contre les faiblesses de son fants de la même famille, —
cœur. dans l'argot du peuple.

IVez creax (Avoir le), v. a. Xicher, V. n. Demeurer, ha-


Avoir le pressentiment d'une biter quelque part.
chose, d'un événement flairer ;
Se lâcher. Se placer.
une bonne occasion, une bonne :Vichet, s. m. Œuf de plâtre
affaire.
qu'on met dans un nid pour que
Signifie aussi Arriver quelque
les poules y viennent pondre.
part juste à l'heure du dîner.
On dit aussi Avoir bon nez. A'ichonnctte, s. f. Drôlesse
à la mode, coiffée à la chien. Ar-
\ex dans lequel il pleut,
got de gens de lettres.
s. m. Nez trop retroussé, dont
les narines, au lieu d'être per- ]\ichon8, s. m. pi. Seins, —
cées horizontalement, l'ont été dans l'argot des enfants.
perpendiculairement.
C'est le Xez en as de treuffle
Xicodème, s. m. Niais, im-

de Rabelais. bécile. Argot du peuple.

I\'ez>de-chien, s. m. Mé- Xîcolas-j'- t'embrouille !


lange de bière et d'eau-de-vie, — Exclamation de défi, dans —
dans l'argot des faubouriens. Targot des écoliers.
Avoir le nez-de-ehien. Etre !\id à punaises, s. m.
312 NIQ NOG

Charabre d'hôtel garni, — dans Sans aucune complicité, — dans


l'argot du peuple. le même argot.

I\id d'hirondelle, s. m. I\i8co! interj. Rien, zéro,


Chapeau d'homme, rond et à néant, — dans l'argot des fau-
bords imperceptibles, tel enfin bouriens.
que les élégants le portent au- Ils disent aussi A7.r, — pour
jourd'hui. parodier le yicht des Allemands.
Nisco braisicoto ! Pas d'argent.
IVière, s. m. Individu quel-
conque, — dans l'argot des vo- ]\isette, s. f. Olive, — dans
leurs. l'argot des voleurs.
Bon nière. Bon vivant, bon en- ]\isettler, s. m. Olivier.
fant.
Mon nière bobcchon. Moi. IVîTet, s. m. Chanvre, —
dans le même argot.
rVigpaudînos, s. m. Imbécile,
nigaud, — dans l'argot du peu- I\ÎTette, s. f. Chenevière.
ple, qui se souvient du Pied de
Ai TU ni connu,j' t'em-
Mouton de Martain-ville.
brouille Exclamation de l'ar-
!

IVig^uedouille, s. m. Imbé- got du peuple, qui signifie :

cile, nigaud, —
dans l'argot des Cherchez, il n'y a plus rien.
faubouriens.
Aoble étrangère, s. f.
C'est une des formes du vieux Pièce de cinq francs en argent,
mot français niau, —
le nidasius — dans l'argot des gens de
de la bas'se latinité, —
dont nous lettres, qui ont lu la Vie de
avons fait niais. Gniolle qu'on — Bohème.
devrait écrire niolle, mais que j'ai
écrit comme on le prononce à — \oc, s. et adj. Imbécile par-
la même racine. fait.

IV, i, ni, c'est fini! Formule Xoce,s. f. Débauche de caba-

qu'on emploie —
dans l'argot des ret, —
dans l'argot du peuple.
grisettes et du peuple pour — Faire la noce. S'amuser, dé-
faire mieux comprendre l'irrévo- penser son argent avec des ca-
cabilité d'une rupture, l'irrémé- marades ou avec des drôlesses.
diabilité d'un dénouement, en N'être pas ci la noce. Etre dans
amour, en amitié ou en affaires. une position critique; s'ennuyer.
Ainî. Diminutif caressant I\oce de bâtons de chai-
d'Eugénie'' ses, s. f. Débauche plantureuse
On dit aussi Niniche. de cabaret, —
dans l'argot des
faubouriens, qui, une fois en
I\iole, s. m. Chapeau d'oc- train de s'amuser, cassent volon-
casion, —
dans l'argot des mar- tiers les tables et les bancs du
chandes du Temple. « bazar ».

i\ioleur, s. m. Chapelier. I\'ocer. V. n. S'amuser plus


ou moins crapuleusement.
IVîorte, s. f. Viande, — dans
Aoceur, s. et adj. Ouvrier
l'argot des voleurs.
qui se dérange ; homme qui se
Aique de mèche (Etre). débauche avec les femmes.
NON NOU 313

i\oceuse, s. f. Drtlesse de ;\onnear, s. m. Compère du


n'importe quel quartier, qui fuit tireur (V. ce mot) ; variété de
toutes les occasions de travail et voleur.
recherche tous les prétextes à Manger sur ses nonneurs. Dé-
plaisir. noncer ses complices.
I\octambuIe, s . et adj :\ordi8te, s. et adj. Partisan
Bohème, qui va des cafés qui fer- du gouvernement fédéral, et, en
ment à minuit et demi dans ceux même temps, de l'abolition de
qui ferment à une heure, et de l'esclavage et de la liberté hu-
ceux-là dans les endroits où l'on maine, sans distinction de cou-
soupe. leur d'épiderme.
Cette expression, qui date de
IVoctambuIer, v. n. Se pro- la dernière guerre d'Amérique,
mener la nuit, dans les rues, en que vient de clore le meurtre du
causant d'amour et d'art avec
président Lincoln, est désormais
quelques compagnons.
dans la circulation générale.
^'œud d'épée, s. m. Couen- Xo8 voisins. Les Anglais,
nes de lard rassemblées en im
dans
petit paquet, —
dans l'argot des
l'argot des
des bourgeois.
journalistes et

charcutiers.
A'os voisins viennent. Se
IVoîr, s. m. Café noir, —dans dit,dans l'argot des bourgeoises,
l'argot des voyous.
Ils disent aussi Nègre pour un
— lorsque leurs menses font leur
apparition.
gloria, et Négresse pour une demi-
tasse. Aotaire, s. m. Comptoir du
marchand de vin, dans l'ar- —
IVombril, s. m. Midi, le got des faubouriens, qui y font
centre du jour, — dans l'argot des beaucoup de transactions, hon-
voleurs, qui emploient, sans s'en nêtes ou malhonnêtes, et un cer-
douter, une expression familière tain nombre de mariages à la
aux Latins : Aa umbilicum jam détrempe.
diesest.{l\ est déjà midi), écri-
vait Plante il y a plus de deux Xounou, s. f. Nourrice, —
mille ans. dans l'argot des enfants.

A'om d'un ! Juron innocent i\ourrice, s. f. Femme que


ou semblant de juron de la même la nature a avantagée, — dans
famille que Nom d'iù ! Nom de
:
l'argot du peuple.
ça I Nom de deux ! Nom d'un nom ! î\ourrip le poupard, v. a.
Nom d'une pipe Nom d'un chieni
!
Préparer un vol, le mijoter, pour
Nom d'un petit bonltomme! Nom ainsi dire, avant de l'exécuter.
d'un tonnerre i
Quelques grammairiens du
IVoune, s. f. Encombrement bagne prétendent qu'il faut dire :

volontaire, — dans l'argot des Nounnr le poupon.


voleurs.
Nourrir un qnine à la lo-
Faire nonne. Simuler à huit terie. Se bercer de chimères,
ou neuf un petit rassemblement vivre d'illusioDS folles. Argot des
afin d'arrêter les badauds, et, les
bourgeois.
badauds arrêtés, de fouiller dans
leurs poches. IVourrisseur, s. m. Voleur
314 NOU NYM
qui indique une affaire, qui la tons et que cela peut se citer dans
prépare à ses complices. la conversation.

]\ourrisseur, s. m. Res- ilToyaux, s. m. pi. Pièces de


taurateur, cabaretier, — dans monnaie, —
dans l'argot des fau-
l'argot des bohèmes. bouriens.
]\ourri880ii des Muses, s. L'expression est plus que cen-
m. Poète, —
dans l'argot des
tenaire, comme
deux vers de Vadé
le prouvent ces
académiciens, qui ont été allaités :

par des Naïades. « L'sacré violon qu'avait joué faux


Voulut me d'mamler des noyaux. »
IVousailles, pr. pers. Nous,
-- dans l'argot des voleurs. I\uméro (Être d'un bon). Être
Ou dit aussi Nosigues. grotesque, ou ennuyeux, — dans
l'argot des artistes.
]\ouTeau, s. m. Élève récem-
ment arrivé au collège, dans — IVuméro cent, s. m. "Water-
l'argot des collégiens; soldat ré- closet, —dans l'argot des bour-
cemment arrivé au régiment, — geois, qui ont la plaisanterie odo-
dans l'argot des troupiers; ou- rante.
vrier récemment embauché, — IVumérote tes os ! C'est la
dans l'argot du peuple; prison-
phrase par laquelle les faubou-
nier récemment écroué, dans — riens commencent une rixe. Ils
l'argot des voleurs.
ajoutent souvent Je cuis te dé-
:

ÎVouveauté, s. f. Livre qui molirt


vient de paraître, —
dans l'argot IVuméro un, adj. Très bien,
des libraires, qui souvent réédi-
ditent sous cette rubrique de
très beau, très grand, dans —
l'argot du peuple.
vieux romans et de vieilles his-
toires. I\ymplie, s.f. Fille de pros-

IVouTcUe à la main, s. f.
tibulum , — dans l'argot des
bourgeois.
Phrase plus ou moins spirituelle,
où il doit toujours y avoir un ]\>mphe de Ciuinéc, s. f.
mot, et que le public blasé lit de Négresse, — dans l'argot des
préférence à n'importe quel bon faubouriens.
article, —parce que cela se re- l\ymphe potag'ère, s. f.
tient facilement comme les cen- Cuisinière.
Obélisqual , adj. Écrasant trouver à boire et à manger sans
d'étonnement ruisselant d'i-
, « bourse délier.
nouïsme », —
dans l'argot des Faire ou ouvrir un œil à quel-
romantiques, amis des superlatifs qu'un. Lui faire crédit.
étranges. Crever un œil. Se voir refuser
Objet, s. m. Maltresse, — la continuation d'un crédit.
dans l'argot des ouvriers. Fermer l'œil. Cesser de don-
ner à crédit.
Occase, s, f. Apocope d'Oc- Quoique M. Charles Nisard
casion, — dans l'argot des faubou- s'en aille chercher jusqu'au
riens. 1" siècle de notre ère un mot

Occasion, s. f. Chandelier, grec « forgé par saint Paul »


— dans l'argot des voleurs. (chap. VII de l'Épître aux Ephé-
siens, et chap. iii de l'Epitre
Occasion, (D'). De peu de aux Colossiens), j'oserai croire
valeur, d'un prix très réduit, — que l'expression A l'œil que —
dans l'argot du peuple, qui dit ne rend pas du tout d'ailleurs
cela à propos des choses. rô-fOaXy-ooojXc'ia de l'Apôtre des

Ocréas, s. m.
Souliers.pi.
Gentils —est tout à fait mo-
— dans l'argot des Saint-Cyriens, derne. Elle peut avoir des ra-
cines dans le passé, mais elle
qui se souviennent de leur Virgile
est née, sous sa forme actuelle,
et de leur Horace. Ocreatus in
iln'y a pas quarante ans. Les
nive dormis, a dit ce dernier,
consommateurs ont commencé
qui n'était pas fait pour dormir
par faire de l'œil aux dames de
tout botté sous la neige, comme
comptoir, qui ont fini par leur
un soldat, car on sait qu'à la ba-
faii-e l'œil : une galanterie vaut
taille de Philippes il prit la fuite
bien un dîner, madame Grégoire
en jetant son bouclier aux orties.
le snvait.
Œil, s. m. Crédit, — dans
l'argot des bohèmes. Œil, s. m. Bon effet produit
Avoir l'œil quelque fart. Y par une chose, bonne façon
316 (EIL OGR

d'être d'une robe, d'un tableau, Regard langoureux , voluptueux,


d'un paysage, etc. — dans l'argot des petites dames.
Œil, s. m. Le podex, — dans Officier, s. m. Garçon d'of-
l'argot des faubouriens facétieux. fice, —dans l'argot des' limona-
Crever- l'œil à quelqu'un. Lui diers.
donner un coup de pied au der-
Officier de loj^e, s. m.
rière.
Frère chargé d'un office, — dans
<Eil (Avoir 1'). Faire bonne l'argot des francs-maçons.
garde autour d'une personne ou
Officier de topo, s. m.
d'une chose.
On Ouvrir Homme qui triche au jeu de la
dit aussi l'œil.
bassette, — dans l'argot des
Œil (Faire de 1'). Donner à joueurs.
penser des choses fort agréables On dit aussi Officier de tango.
aux hommes, —
dans l'argot des
Og^non, s. m. Grosse mon-
petites dames; regarder langou-
reusement ou libertinement les
tre, de forme renflée comme un
femmes, —
dans l'argot des gan-
bulbe, —dans l'argot du peuple,
ami des mots-images.
dins.
On remarquera que, contraire-
Œil amépicain (Avoir 1'). ment à l'orthographe officielle,
Voir très clair là où les autres j'ai écrit ognon et non oignon.
voient trouble, —
dans l'argot du Pour deux raisons : la première,
peuple, qui a peut-être voulu parce que le peuple prononce
faire allusion aux romans de ainsi ; la seconde, parce qu'il a
Gooper et rappeler les excellents raison, ognon venant du latin
yeux de Bas-de-Cuir, qui aurait ïinio. J'ai même souvent entendu
vu l'herbe pousser. prononcer union.

Œil bordé d'anchois, s. Og^non (Il y a de 1'). On va


m. Aux paupières rouges et dé- se fâcher, on est sur le point de se
cillées, — dans l'argot des fau- battre, — par conséquent de
bouriens. pleurer. Argot des faubouriens.

Œil de bœuf, s. m. Pièce Og^nons (Aux) ! Exclamation


de cinq francs. de l'argot des faubouriens, qui
l'emploient comme superlatif de
Œil de Tcppe, s. m. Lor- bien, de bon, et de beau.
gnon. On dit aussi Aux petites ognons!
et même A ux petites oignes t
€El\\ en coulisse, s. m. Re-
gard tendre et provocateur, — Cette expression et celle-ci:
Aux petits oiseaux I sont les des-
ce que Sénèque appelle en son
langage sévère oculorum fluxus.
cendantes de cette autre Aux :

pommes I qu'explique à merveille


Faire les yeux en coulisse. Re-
une historiette de Tallemant des
garder amoureusement quel-
Réaux.
qu'un.
Og^re, s. m. Agent de rem-
Œil en tirelire, s. m. Re-
placement militaire, dans l'ar- —
gard chargé d'amour, provoca-
got des voleurs.
teur, à demi clos.
Signifie aussi Usurier, escomp-
Œil marécageux, s. m. teur.
OIS OLL 317

O^re, s. m. Marchand de taré ou suspect : « Quel triste

chiffoûs, — dans l'argot des oiseau » Ou


! , à propos d'un
chiffonniers. homme ou ennuyeux « Le
laid :

vilain oiseau » Ou, à propos


!

Ogi-esse, Maîtresse de s. f. d'un homme excentrique « Drôle :

tapis-franc, de maison borgne, d'oiseau »



!

dans l'argot des voleurs, qui Les Anglais disent de même :

ont sans doute voulu faire allu- Quecr bird.


sion à l'effroyable quantité de
chair fraîche qui se consomme
Oiseaux (Aux) ! Exclamation
de l'argot des faubouriens, qui
là dedans.
l'emploient comme le superlatif
Ogresse, s. f. Marchande à de Bien, de beau, de bon. Une
la toilette, proxénète, dans — femme est aux oiseaux quand
l'argot des ses victimes.
filles, elle réunit la sagesse à la beauté.
Un mobilier est aux oiseaux
Oh la
! laExclamation
! !
quand il réunit l'élégance et la
ironique méprisante de l'argot
et
solidité au bon marché, etc, etc.
des faubouriens, qui la mettent à On dit aussi petits oi- Aux
toutes sauces. seaux I

Oie du frère Philippe, Oiseau de cag^e, s. m. Pri-


s. Jeune fille ou jeune femme,
f. sonnier.
— dans l'argot des gens de let- Les ouvriers anglais ont la
tres, qui ont lu les Contes de La même expression : Jail bird.
Fontaine.
L'expression tend à s'introduire Olim^ s. m. Suranné, acadé-
dans la circulation générale à :
micien, —
dans l'argot des ro-
ce titre, j'ai dû lui donner place mantiques, qui cherchaient et
ici. Pourquoi le peuple, qui a à
trouvaient les injures les plus
sa disposition, à propos de la corsées pour en contaminer la
« plus belle moitié du genre hu- gloire de leurs adversaires natu-
main », tant d'expressions bru- rels, les classiques.
tales et cyniques, n'emploierait-il Celle-ci appartient à Théophile
pas cette galante périphrase? Le Gautier, qui, heureusement pour
Îieuple anglais dit bien depuis lui et pour nous, a fait Emaux et
ongtemps, à propos des demoi- Camées.
de
selles de petite vertu, les Oies OliTet, s. m. Ognon, — dans
l'évêque de Winchester {The tis- l'argot des voleurs.
hoop of Winchesters geese).
Olivier de savetier, s. m.
Oiseau, s. m. Auge à plâtre. Navet, —
dans l'argot des fau-
— dans l'argot des maçons. bouriens, qui font sans doute
allusion à l'huile qu'on extrait de
Oiseau s. m. Original
,
la navette, un Brassica napus
homme difficile à vivre, — dans
;

aussi, mais oleifera.


l'argotdu peuple, qui n'emploie
presque toujours ce mot que dans Olla podrida, S. f. Repré-
un sens péjoratif ou ironique. sentation à bénéfice, où l'on fait
Ainsi il dira à propos d'un , entrer de tout, du chant et de
homme qu'on lui vante et qu'il la danse, du drame et du vaude-
n'aime pas « Oui, un bel oi-
: ville, de l'opéra-comique et de la
seau » Ou, à propos d'un homme
! tragédie. Argot des coulisses.
318 OxMN ORA
Ombre (A 1'). En prison, — Corbillard, — dans l'argot des
dans l'argot du peuple. voleurs.
S'emploie aussi quelquefois dans
un sens plus sinistre, celui de :
Oncle, s. m. Guichetier, —
Au cimetière, et, dans ce cas, dans le même argot.
mettre quelqu'un à l'ombre, c'est Oncle, s. m. Usurier, —
le tuer. dans l'argot des flis de famille,
Ombres chinoises, qui ont voulu marier leur tarde à
s. f. pi.
Revue de l'année, jouée à la fa-
quelqu'un.
çon de Séraphin, par les élèves Ongulé croche, s. m. Avare
âe l'Ecole polytechnique, le jeudi et mêmevoleur, dans l'argot du
qui précède Noël, et dans la- peuple, qui suppose avec raison
quelle on n'épargne pas plus le que ce qui est bon à garder pour
sel aux professeurs, et même au l'un est bon à prendre pour
général commandant l'Ecole l'autre.
qu'Aristophane ne l'épargnait à Avoir les ongles croches. Avoir
Socrate dans ses Nuées. des dispositions pour la trompe-
Omelette, s. f. Mystification rie — et même pour la filouterie.
militaire qui consiste à retourner Ongulés en deuil, s. m. pi.
sens dessus dessous le lit d'un Ongles noirs, malpropres.
camarade endormi.
Omelette du sac. Autre plai- Onguent s. m. Argent, ,

santerie de même farine qui con- dans 1 argot des voleurs, qui sa-
siste à mettre en désordre tous vent que l'on guérit tout, ou
les objets rangés dans un havre- presque tout, avec cela.
sac, — ce qui est une façon On paTc Phrase de l'argot
!

comme l'autre de casser les œiifs des "bohèmes, signifiant « Il ne :

et de les brouiller.
faut pas passer dans cette rue,
Omnibus, s. m. Résidu
des dans ce quartier, à cause des
liquides répandus sur le comp- créanciers qu'on pourrait y ren-
toir d'un marchand de vin, et contrer. »
servi par ce dernier aux pra- Opineur hésitant, s. m.
tiques peu difficiles, amies des
arlequins.
Juré, — dans
l'argot des voyous,
piliers de Cour d'assises.
Omnibus, s. m. Verre de vin Orangée à cochons, s. f.
de la contenance d'un demi-setier, Pomme de terre, dans l'argot —
la mesure ordinaire de tout bu- des voleurs qui apprennent
,
veur. ainsi aux gens honnêtes et igno-
Omnibus, s. m. Garçon sup- rants qu'avant Parmentier le
plémentaire pour les jours de savoureux tubercule dont nous
fête, dans l'argot des garçons de sommes si friands aujourd'hui,
café. pauvres et riches, était abandonné
comme nourriture aux
descen-
Omnibus, s. m. Femme ba- dants du compagnon de saint
nale, — dans l'argot du peuple, Antoine.
pour qui cette Dona Sol du ruis- Le peuple dit Orange de Li-
seau lucct omnibus. mousin.
Omnibus de coni, s. m. Orang^er^ s. m. La gorge, —
ORG OS 319

dans l'argot de Breda-Street. Orgues, s. f. pi. Affaires, —


M. Prudhomme, dans un accès dans le même argot.
de galanterie, s'étant oublié jus-
Orientaliste, s. m, Homme
qu'à comparer le buste d'une
belle femme au classique « jar-
parlant le pur argot, — qui est
du sanscrit et du chinois pour les
din des Hespérides », et les fruits
gens qui n'ont appris que les
du jardin des Hespérides étant
langues occidentales.
des pommes d'or, c'est-à-dire des
oranges, on devait forcément en Original, s. m. Homme qui
arriver à prendre toute poitrine ne fait rien comme personne.
féminine pour im oranger. Argot des bourgeois.
On dit aussi Original sans
Oranger de saTetier, s.

m. Le basilic, — dans l'argot


copie.

des faubouriens, qui connaissent Orléans, s. m. Vinaigre.


l'odeur exquise de Yocymum,
Orniclion, s. m. Poulet.
bien faite pour neutraliser celle
des cuirs amoncelés dans les Ornie, s. f. Poule, — dans
échoppes de cordonnier. l'argot des voleurs, pour qui
On le dit aussi du réséda. cette volaille est l'oiseau par ex-
cellence (opv'.ç), au propre et au
Oranges 8ur la cheminée ligure, à manger et à plumer.
(Avoir des). Avoir une gorge
convenablement garnie, dans l'ar- Ornie de balle, s. f. Dinde,
got de Breda-Street. — « à cause de la balle d'avoine
dans laquelle elle est forcée dé
Ordinaire, s. m. Soupe et
bœuf, — dans l'argot des ou-
chercher sa nourriture, ie grain
étant réservé aux autres habi-
vriers.
tants de la basse-cour. »
Ordinaires, s. f. pi. Les
menses de la femme, — dans Ornière, s. f. Poulailler.

l'argot des bourgeois. Ornion, s. m. Chapon.


Or-dur, s, m. Cuivre, — Orphelin, s. m. Orfèvre, —
dans l'argot des faubouriens, qui dans l'argot des voleurs.
aiment à équivoquer. Ça, de
l'or? disent-ils-, de l'ordure (or-
Orphelin de muraille, s.

dur) oui!
m. Résultat solide de la diges-
tion, — dans l'argot des faubou-
Oreillard, s. m. Baudet, — riens.
dans le même argot.
Orphelins, s. m. pi. Bande
Organeau, s. m. Anneau de de camarades, ou plutôt de com-
fer placé au milieu de la chaîne plices, —
dans l'argot des vo-
qui joint entre eux les forçats leurs.
suspects.
Orpliie, s. f. Oiseau chanteur
Orgue. Pronom personnel de {Orphicus). Même argot.
l'argot des voleurs.
Mon orgue, moi. Os, s. m. Argent, or ou mon-
Ton orgue, toi. naie, — dans l'argot des faubou-
Son orgue, lui. riens.
Leur orgue, eux. Avoir l'os. Être riche.
320 OUR OUR

Osselets, s. m. Les dents, promène de théâtre en théâtre ou


— dans l'argot des voleurs. de journal en journal.
Ce mot est assez curieux pour
Ostrog^oth, s. m. Importun que je m'inquiète de son origine.
niais, — dans l'argot du peuple.
;

Mais me voilà fort embarrassé,


pris que je suis entre l'explication
Ouater, V. a. et n. Dessiner
de M. Joachim Duflot et celle
ou peindre avec trop de morbi- que me fournit Tallemant des
desse et de flou, dans l'argot — Réaux. « Joubert (avocat), qui a
des artistes, gui prétendent qu'en
eu de la réputation et qui en effet
peignant ou en dessinant ainsi,
plaidoit bien pour le fond quand
on ne peut faire que des bons-
on lui avait donné le temps de
hommes en coton. lécher son oia's, diaoit de grandes
Ouiche ! adv. Oui, — dans sottises quand il se mettoit sur le
l'argot du peuple, qui emploie ce bien dire. » Ainsi parle l'auteur
mot ironiquement. des Historiettes. « Tout le monde,
C'est le ouais des paysans. dit M. Joachim Duflot, se sou-
vient de cette farce désopilante
Oui, en plume! Expression appelée l'Oui-s et le Pacha, que
de l'argot des typograpnes qui le théâtre des Variétés joua cmq
équivaut à cette autre plus cents fois au moins. Le père
claire « Tu tlagues »
: ! Brunet représentait le pacha
blasé qui veut qu'on l'amuse
Ouij Cîaribaldi Expres- !
;

sion de dénégation méprisante,


Odry jouait le montreur de bêtes,
qui a succédé, dans l'argot du
répétant à tout propos Prenez :

mon ours! « Mon ours danse la


peuple, depuis les événements
gavotte, prenez mon ours! Il
d'Italie, à cette autre si connue :
pince de la guitare, prenez ttion
Oui! mon œil!
om^s I » Ces trois mots obtinrent
On dit aussi Oui! les lanciers! une telle vogue au théâtre, que
Ourler les directeurs, à l'aspect d'un au-
le beq, v. a. Termi-
ner sa besogne, dans l'argot — teur qui tenait
disaient de loin
un manuscrit, lui
—Vous voulez
des graveurs sur bois. :

m' amuser, vous m'apportez votre


Ours, s. m. Vaudeville, drame ours. —
C'est une pièce char-
ou comédie qui brille par l'ab- mante faite pour votre théâtre. —
sence d'intérêt, de style, d'esprit C'est bien ce que je pensais :

et d'imagination, et qu'un direc- prenez mon ours! Depuis ce


teur de théâtre bien avisé ne joue temps. Voiirs est un vaudeville
que lorsqu'il ne peut pas faire au- ou un mélodrame qui a vieilli
trement, —
comme autrefois, aux dans les cartons. »
cirques de Rome on ne faisait Qui a raison des deux? Le lec-
combattre les ours que lorsqu'il teur voudra bien prononcer. »
n'y avait ni lions, ni tigres, ni
éléphants. Ours, s. m. Ouvrier impri-
On le d'un mauvais
dit aussi meur, — dans l'argot des typo-
article ou d'un livre médiocre. graphes.
Marchands d'ours, ou mieux Ours, s. m. La salle de po-
Meneur d'ours. Auteur drama- lice, — dans l'argot des soldats.
tique ou homme
de lettres qui a
la spécialité des ours et qui les Ourson, s. m. Bonnet de
OUT OUV SSl

grenadier, —
dans l'argot des point de remède, qui est outu
est
gardes nationaux. outu (quelques docteurs disent
Outil de besoin, quelle adjoucta une F). »
s. m.
Souteneur de carton, — dans OuTraçe, s. m. L'engrais hu-
l'argot des filles.
main, à l'état liquide, dans —
Outils, s. m. pi. Ustensiles
l argot des faubouriens.
de table, en général, — dans Tomber dans l'ouvrage. Se
l'argot des francs-maçons. laisser choir dans la fosse com-
Outu, adj. Ruiné, perdu, at- mune d'une maison,
teint de maladie mortelle, — Ouvragée, s. m. Vol, — dans
dans l'argot des bourgeois, dési- argot des prisons.
1
reux de ménager la chèvre de la
décence et le chou de la vérité. OuTpiep, s. m. Voleur.
Il y a longtemps qu'ils par- OuYPir sa tabatière,
lent ainsi, frisant la gaillardise v. a.
Crepitare sournoisement, sans
et défrisant l'orthographe. On bruit, mais non sans inconvé-
trouve dans les Contes d'Eutra-
pel : « Et bien, dit-elle, soit
nient, —
dans l'argot du peuple,
Ce ! qui, en parlant de cet inconvé-
qui est faict est faict, il n'y a
nient, ajoute : Drôle de prise !

JL •*'"

21
Pacant, s. m. Paysan, — Paff«r (Se), v. réfl. Boire
dans l'argot des voleurs. avec excès.
On dit aussi Pâlot.
Pafs, s. m. pi. Chaussures,
Pachalesquement , adr . neuves ou d'occasion.
Voluptueusement, —
dans l'argot
Page blanche^
des romantiques. s. f. Homme
Cet adverbe oriental appar- distingué, ouvrier supérieur à
tient à Théophile Dondey, plus
son état, — dans l'argot des ty-
inconnu sous le pseudonyme de pographes.
Philotée Û'Neddy. Etre page blanche en tout. Ne
Packet, s. m. Paquebot, — se mêler jamais des affaires des
autres être bon camarade et bon
;
dans l'argot des anglomanes et
ouvrier.
des créoles.
Paclin ou Pasqueliu, s.
Paçne, s. m. Provisions que
m. Pays natal, — dans l'argot le malade ou
du dehors
prisonnier reçoit
le
qu'on lui porte or-
et
des voleurs.
dinairement dans un panier. Ar-
Pasquelin du Raijouia. L'enfer,
got des voleurs.
pays du diable.
Paie (Bonne), s. f. Homme
Paclinag^e, ou Pasqueli- qui fait honneur à sa parole ou à
ua§^e, s. m. Voyage. sa signature, —
dans l'argot des
Pacliner, v. u. Voyager. bourgeois.
Mauvaise paie. Débiteur de
Paclineur, s. m. Voya-
mauvaise foi.
geur.
Il faut prononcer ixiye, à la
Padoue, s. f. Cordonnet vieille mode.
rouge avec lequel les confiseurs
attachent les sacs de bonbons. Païen, s . m. Débauché
homme sans
ni loi, ne crai-
foi
Paf, adj. Gris, ivre, — dans gnant ni Dieu ni diable, dans —
l'argot des faubouriens. l'argot du peuple, qui emploie là
324 PAI PAT

une expression des premiers Paille au cul (Avoir la).


temps de notre langue. Etre réformé, congédié, mis hors
de service, par allusion au bou-
Paillasse» s. f. Corps hu- chon de paille qu'on met aux
main, — dans l'argot des faubou- chevaux à vendre.
riens.
Se faire crever la paillasse. Se Paille de fer, s. f. Baïon-
faire tueren duel, où à coups — nette, — dans l'argot des trou-
piers.
de pied dans le ventre.
On dit aussi Paillasse aux lé- Signifie aussi Fleuret, Épée.
gumes.
Pailletée, s. f. Drôlesse du
Paillasse, s. f. Femme ou boulevard dans
, l'argot des
fillede mauvaise vie. voyous, qui sont souvent les pre-
On dit aussi Paillasse de corps miers à fixer dans la langue une
de garde, et Paillasse à soldats. mode ou un ridicule. Pour les
curieux de 1886, cette expression
Paillasse, s. m. Homme po- voudra dire qu'en iStîQ les
litique qui change d'opinions femmes du monde interlope por-
aussi souvent que de chemises, taient des paillettes d'or partout,
sans que gouvernement qu'il
le sur leurs voilettes, dans leurs
quitte soit, pour cela, plus sale cheveux, sur leurs corsages, etc.
que le gouvernement qu'il met. Elle a été employée pour la pre-
On dit aussi Pitre et Saltim- mière fois en littérature par
banque. M. Jules Claretie.
Paillasson, s. m. Libertin, J'ai entendu aussi un voyou
— dans l'argot du peuple. s'écrier,en voyant passer dans le
Signifie aussi Souteneur de faubourg Montmartre une de ces
effrontées drôlesses qui ne savent
filles.Mais le premier sens est le
plus usité, et depuis plus long- comment dépenser l'or qu'elles
temps, comme en témoigne ce ne gagnent pas Ohél la Dant-
:

passage d'une chanson qui avait, zick !

sous la Restauration, la vogue Paillot, s. m. Paillasson à


qu'a aujourd'hui la chanson de essuyer les pieds, — dans l'argot
l'Assommoir : du peuple.
« Chaque soir sur le boulevard Pain, s. m. Coussin de cuir,
Ma
Mais
petit'feinm'fait >on triniar.
si sus l'paillasson,
ell' s'port'
— dans l'argot des graveurs, qui
lacent dessus la pièce à graver,
J'iui coup' la respiration : E
Je suis poisson » !
ois ou acier.

Paille, Dentelle,
s. f. —dans Pain (Et du)! Exclamation
l'argot des voleurs. ironique de l'argot du peuple,
qui la coud à beaucoup de phra-
Paille (C'est une)! Ce n'est ses, quand ii veut refuser à des
rien! Argot du peuple. importims ou se moquer de gens
L'expression est très ironique, prétentierLX. Ainsi « As-tu cent
:

et signifie toujours, dans la sous à me prêter? Cent sous! —


bouche de celui qui l'emploie, Et du pain? » Ou bien à propos
que ce rien est un obstacle sé- d'un gandin qui passe, stick à la
rieux. bouche, pince-nez sur l'œil :
PAL PAN 825

« Plus que ça de col! Et du Palmé, s. et adj. Homme


pain? » etc. bète comme une oie, — daus l'ar-
got du peuple.
Pain bénit (C'est). Ce n'est
que justice, c'est bien fait. Palper, v. a. et n. Toucher
de l'argent, — dans l'argot des
Paire de cymbales, s. f.
employés.
Pièce de dix francs, dans — Palpitant, P. m. Le cœur, —
l'argot facétieux des faubouriens
dans l'argot des voleurs.
Palabre, s. m. Discours en-
nuj'eux, prudhommesque, dans — Paltoquet,
trus, b ilourd, —
S. m. Drôle, in-
dans l'argot
l'argot du peuple, qui a em-
des bourgeois.
prunté ce mot aux marins, qui
l'avaient emprunté à la langue Pâmeup, s. m. Poisson, —
espagnole, où, en effet, palabra dans l'argot des voleurs, qui ont
signifie parole. remarqué que les poissons, une
fois hors de leur élément natal,
Palais du Four, s. m. Mo- font les yeux blancs.
nument par Charles Mon-
élevé
sek't, dans le Figaro, en l'hon- Pâmure, s. f. Soufflet vio-
neur des victimes malheureuses pâmer de douleur la
lent, à faire
de la littérature et de l'art, des personne qui le reçoit, dans —
artistes et des gens de lettres qui, l'argot des faubouriens et des
en croj'ant faire une œuvre digue paysans de la banlieue de Paris.
d'admiration, n'ont fait qu'une Panacher, v. a. Mélanger,
œuvre digne de risée. mêler, —
daus l'argot du peuple,
Pale, s. m. As et deux, — qui emploie ce verbe au propre
dans l'argot des joueurs de do- et au figuré, à propos des choses
minos. et à propos des gens.
Asinet. As tout seul. Panade, s. et adj. Chose
Paletot, s. m. Cercueil, — molle, de peu de valeur; femme
laide. Argot des faubouriens.
dans l'argot des marbriers de ci-
metière. Panais (Être en). Etre en
Palette, Guitare, — chemise, sans aucun pantalon.
dans l'argot des
s. f.
musiciens am- Panama, s. m. Gandin, —
bulants . dans l'argot du peuple, qui dit
cela par allusion à la mode des
Pâlichon, s. m. Double chapeaux de Panama, prise au
blanc, — dans l'argot des joueurs
sérieux par les élégants.
de dominos. La mode est passée, mais le
Ils disent aussi Blanchinet.
mot est resté.
Pallas, m.
Discours, ba-
s. Panama, s. m. Écorce d'arbre
vardage, —
dans l'argot des ty- exotique qui sert à dégraisser les
pographes et des voleurs. étoffes
Faire pallas. Faire beaucoup m.
Panier à salade, s.
d'embarras à propos de peu de au service des
Voiture affectée
chose.
prisonniers, — dans l'argot du
Pallasseur, s. m. Faiseur peuple.
de discours, bavard. On dit aussi Souricière,
326 PAN PAN
Panier à salade, s. m. Pe- Panoufle» s. f. Vieille fem-
tite voiture en osier à l'usage des me ou vieille chose sans valeur,
petites dames, à la mode comme — dans l'argot du peuple, qui
elles et destinée à passer comme fait allusion au lambeau de peau
elles. qu'on mettait encore il y a quel-
ques années aux sabots pour
Panier au pain, s. m. amortir le contact du bois.
L'estomac.
Signifie aussi Perruque.
Les ouvriers anglais ont la
même expression bread basket, : Panser de la main, v. a.
disent-ils. Battre, donner des coups, — dans
le même argot.
Panier aux crottes, s. m.
Le podex et ses environs. — dans Pantalonner une pipe, v.
l'argot du peuple. a. La fumer jusqu'à ce qu'elle ait
Remuer le panier aux acquis cette belle couleur bistrée
crottes.
Danser. chère aux fumeurs.
Je n'ai pas besoin d'ajouter que
Panier aux ordures, s. même verbe que culotter,
c'est le
m. Le lit, — dans l'argot des fau- mais un peu plus décent, pas —
bouriens. beaucoup.
Panier percé, s. m. Pro- Pantalon roug^e, s. m.
digue, dépensier, — dans l'argot Soldat de la ligne, dans — l'ar-
des bourgeois. got des ouvriers.
Panna, s. m. Chose de peu On dit aussi Pantalon garance.
de valeur, bonne à jeter aux or- Pantalons^ s. m. pi. Petits
dures. rideaux destinés à dérober au
public la vue des coulisses, qui,
Panncj s. f. Misère, gêne
momentanée, —
dans l'argot des
sans cette précaution, s'aperce-
vraient par les portes ou les fe-
bohèmes et des ouvriers, qui sa-
nêtres du fond et nuiraient à l'il-
vent mieux que personne combien
lusion de la mise en scène.
il est dur de manquer de pain.
Panne, Pantalzar, s. m. Pantalon,

lignes, —
s. f.

dans l'argot des comé-


Rôle de deux
— dans l'argot des faubouriens.
diens, qui ont plus de vanité que Pante, s. m. Le monsieur
de talent, et pour qui un petit inconnu qui tombe dans les piè-
rôle est un pauvre rblQ. ges des filles et des voleurs, —
Se dit aussi d'un Rôle qui, volontairement avec les premières,
quoique assez long, ne fait pas contre son gré avec les seconds.
suffisamment valoir le talent d'un Pante argoté. Imbécile parfait.
acteur ou la beauté d'une actrice. Pante urnau. Dupe qui s'a-
perçoit qu'on la trompe et qui re-
Pannéj s. m. Homme qui
n'a pas im sou vaillant, dans — naûde.
Pante désargoté. Homme dif-
l'argot des filles, qui n'aiment pas
ficile à tromper.
ces garçons-là.
Quelques-uns des auteurs qui
Panner, v. a. Gagner au ont écrit sur la matière disent
jeu, — dans l'argot des faubou- pantre. M. Francisque Michel,
riens. lui, dit pantre, et, fidèle à ses ha-
PAN PAP 327

bitudes, s'en va chercher un état Pantume, s. f. Fille ou


civil à ce mot jusqu'au fond du femme de mauvaise vie, — dans
moyen âge. Pourquoi pante ne l'argot des voleurs.
viendrait-il pas de pantin (liomme Quelques lexicographes de
dont on fait ce qu'on veut), ou Clairvaux disent Pantume.
de Pantin (Paris)? 11 est si na-
turel aux malfaiteurs des deux
Papa, s. m. Père, dans —
l'argot des enfants, dont ce mot
sexes de considérer les Parisiens
est le premier bégaiement.
comme leur proie !Si cette double
étymologie ne suffisait pas, j'en Bon-papa. Grand-père.
aiune autre en réserve Ponte, :
Papa (A la), adv. Avec bon-
Le ponte estjoueur qui joue
le homie, tranquillement, dans —
contre le banquier, et qui, à cause l'argot du peuple, qui emploie
décela, s'expose à 7)«?/er souvent. cette expression avec une nuance
Pourquoi pas? Dollar vient bien d'ironie.
de thaïe )' !
PapaToiner, v. a. Assassiner
Pantin, n. de v. Paris, — aussi froidement que fit Papa-
dans l'argot des faubouriens. voine des deux petits enfants dont
On dit aussi Pampeluche et il paya la vie de sa tète.
Pantruche, « Pantin, dit Gérard L'expression, qui a eu cours il
de Nerval, c'est le Paris obscur. y aune trentaine d'années, a été
Pantruche, c'est le Paris ca- employée en littérature par le
naille. » chansonnier Louis Festeau.
Dans de Pantin. Très
le g lit
bien, à la dernière mode.
Pape, s. m. Imbécile, — dans
l'argot des faubouriens.
Pantin, s. m. Homme sans
Pape Colas, m. Homme
caractère, —
dans l'argot du
qui aime à prendre ses aises, à
s.

peuple qui sait que nous sommes


cousus (le fils à l'aide desquels on
se prélasser, —
dans l'argot du
peuple.
nous fait mouvoir contre notre
gré. Papelard, s. m. Papier, —
dans l'argot des voleurs, qui ont
Pantinois, s. m. Parisien. voulu coudre une désinence de
Pantoufle. Mot que le peuple fantaisie au papel espagnol.
ajoute ordinairement à Et cœtera, Papier Joseph, s. m. Bil-
comme pour mieux marquer letde banque, — dans l'argot du
son dédain d'une énumération peuple.
fastidieuse.
On dit aussi Papier de soie.
Sert aussi de terme de compa-
raison péjorative. Papier public, s. m. Jour-
Bête comme ma pantoufle. nal, —
dans l'argot des paysans
Très béte. de la banlieue.
Raisonner comme une pan-
Papillon, s. m. Blanchis-
toufle.Très mal.
seur, —
dans l'argot des voleurs,
Pantoufle, s. m. Ou\Tier qui ont transporté à la profession
tailleur, — dans l'argot des fau- l'épithète qui conviendrait à l'ob-
bouriens, qui ont remarqué que jet de la profession, les serviettes
ces ouvriers sortent volontiers séchant au soleil et battues par
en pantoufles. le vent dans les prés ressemblant
323 PAQ I^AR

a«sez, de loin, à de grands lé- Paquets, s. m. pi. Médisance.


pidoptères blancs. ragots.
^'
Papillonae, s. f. Amour du Faire des paquets.
Médire et
cliangenient, ou plutôt Change- même calomnier.
ment d'amour, —dans l'argot des
louriéristes.
Paradis, s. m. Amphithéâtre
On dit aussi Alternante. des quatrièmes,
coulisses.
- dans l'argot
° des
Papillonner, v. a. et n
Dévaliser les blanchisseuses. Paradis , s. m. La fosse
commune, -dans l'argot ironique
Papillonner, v. n. Aller de des marbriers de cimetière.
de belle en belle, comme le
pa-
pillon de fleur en fleur,
dans — Paradouze, s. f. Paradis,
1 argot du peuple.
Il y a près de deux
— dans 1 argot calembourique
siècles que du peuple, qui dit cela depuis
le mot est en circulation. On longtemps, comme en témoignent
connaît le mot de madame Des- ces vers extraits du Roman du
houheres à propos de mademoi- Rena7't :
selle dUssel, tille de
Vauban- « Li sainz Esperiz
« Elle papillonne toujours et , De seue ame s'enliemete
la
nen ne la corrige. » Fourier n'a Tant qu'en ppradouse la mete
inventé ni le nom ni la chose. Deux lieues outie Paradiz, '

Papillotes, Où nus n'est povro ne maudis. »


s. f. pi. Billets
de banque, —
dans lesquels les Par-à-lanee, s. m. para-
gens aussi riches que galants en-
veloppent les dragées qu'ils of-
pluie, — dans l'argot des voleurs
et des faubouriens.
Irent aux petites dames.
On dit aussi En-tous-cas. Cette
Papotage, s. m. Causerie dernière expression, dit Vidocq
familière bavardage d'enfants
;

ou d amoureux. Argot des gens


— et cela va scandaliser
beau-
coup de bourgeoises qui l'em-
ployaient de confiance, lui crovant
Papoter, v. n. Babiller une origine honnête, cette 'der- —
comme font les amoureux et les nière expression a été trouvée
enfants, en disant des riens. par un détenu de Bicêtre, le
Paquemon, m. nommé Coco.
— dans l'argot desPaquet
s. ou
imllot,
On dit aussi Paquecin.
voleurs. Paraphe, s. m. Soufflet, —
dans l'argot du peuple, qui se
Paqnet, s. m. compte, — pi ait à déposer son seing sur
la
dans l'argot du peuple. joue de ses adversaires.
Avoir son paquet. Être com-
Détacher un jmrapke. Donner
plètement ivre.
un soufflet.
Recevoir son paquet. Être con-
gédie par un patron, ou
aban- Paré (Être). Avoir subi la
donne par un médecin, ou extré- « fatale toilette » et être prêt
me-onctionné par un prêtre.
Faire son paquet. Faire
pour la guillotine, dans far- —
son got des prisons.
testament.
Les bouchers emploient la
Risquer le paquet. S'aventurer,
oser dire ou faire quelque
même expression lorsqu'ils vien-
chose. nent de faire un mouton.
PAR PAR 329

Pareil au même (Du). La doit être convenu à l'avance :


même chose ou le même indivi- paroles, gestes et ras. Dans un
vidu, — dans l'argot des faubou- vaudeville dont je tairai le titre,
riens. Bouffé devait descendre dans un
Parer la coque, v. a.
puits. Dès le premier jour, il
s'inquiéta 'de quel côté il des-
Echapper par la fuite à un châ-
timent mérité parer habilement cenarait dans ce puits, et cette
;

aux inconA'énients d'une situa- question donna lieu à une dis-


tion, — dans l'argot des ou- cussion fort longue. L'heure ac-
cordée passa, et la répétition fut
vriers qui ont servi dans l'infan-
terie de marine.
remise au lendemain. Le lende-
main, Bouffé crut s'apercevoir
Parfait amour, s. m. Li- que la margelle du puits n'était
aueur de dames, — dans l'argot pas assez large. Grande discus-
es faubouriens. sion à propos de la margelle. —
On dit aussi Crème de cocu. « On ne peut se risquer à entrer
dans ce puits avec une margelle
Parfait amour de chiffon- Qu'on fasse une
aussi étroite.
nier. Eau-de-vie d'une qualité
autre margelle et je descen-
an-dessous de l'inférieure.
drai. » Le jour suivant, on
Parisien, s. m. Homme dé- essaie la nouvelle margelle :
luré, inventif, loustic, — dans elle est d'une largeur ridicule,
l'argot des troupiers. elle rend le puits trop étroit, on

Parisien, s. m. Niais, no-


ne peut s'y mouvoir. —
« Gar-
dez la margelle si vous voulez,
vice, — dans l'argot des marins. mais élargissez le puits. » On
Parisien, s. m. Vieux cheval défait, on puis on démo-
refait,
invendable, — dans l'argot des lit, puis on recommence, puis
maquignons. chaque jour une heure se passe
Parler boutique,
à parler du puits, —
c'est-à-dire
v. n. Ne d'ime chose qui ne mérite pas
s'entretenir que des choses de tant de salive. Bouffé sera mort
l'état qu'on exerce, de l'emploi depuis longtemps qu'on parlera
qu'on remplit, contrairement aux encore du puits.
règles de la civilité, qui veulent
qu'on s'occupe peu de soi quand Parler en bas-relief, V. n.
on cause avec les autres. Argot A voix basse, entre ses dents.
du peuple. Argot des artistes.
Parler chrétien, Parler landsman, v. n.
Parler nettement, clairement, de
v. n.
Parler la langue allemande, —
façon que personne ne s'y trompe. dans l'argot des ouvriers.
Parler du puits. Perdre Parler papier, V. n. Ecrire,
son temps, — dans l'argot des — dans l'argot des troupiers.
coulisses.
Parler ze-zc, v. n. Bléser,
Voici, d'après M. Joachim substituer une consonne faible à
Duflot, l'origine de cette expres-
une consonne forte, ou l's au g,
sion. Bouffé est un artiste très
ou le ; à l's. Argot du peuple.
consciencieux, mais surtout très
méthodique ; il ne se laisse pas Parloir des singes, s. m.
guider par l'inspiration, tout Parloir où les prisonniers sont
PAR PAR
séparés des visiteurs par un dou- Parrain, s. m. Avocat d'of-
ble grillage. Argot des voleurs. fice, — dans l'argot des voleurs.
Parlotte, Témoin.
Signifie aussi
s. f. Lieu où l'on
fait des commérages, que ce — Parrain farçjucur. Témoin à
soit la Chambre des Députés ou charge.
le Café Bouvet, tel foyer de Parrain d'altèque. Témoin à
théâtre ou telle loge de dan- décharge.
seuse.
Plus spécialement l'Endroit où
Partag^euse, s. f. Femme
entretenue qui a l'habitude de
se réunissent les avocats.
prendre la moitié de la fortune
Parlottep, v. n. Bavarder. des hommes, —
quand elle ne la
leur prend pas tout entière. Ar-
Parlolterie, s. f. Abon- got des gens de lettres.
dance de paroles avec une pénu-
L'expression date de 1848, et
rie d'idées.
elle appartient à Gavarni.
L'expression est d'Honoré de
Balzac. Partaçeux, s. m. Républi-
cain, —
dans l'argot des paysans
Parlotteur, s. m. Bavard. de la banlieue.
Pariuesardj s. m. Pauvre Parti ( Être) . Etre gris,
diable à l'habit râpé comme par- parce qu'alors la raison s'en va
mesan, — dans l'argot facétieux avec les bouchons des bouteilles
des faubouriens. vidées. Argot des bourgeois.
Paroissien, s. m. Individu On dit aussi Etre parti pour
suspect, dans l'argot du peuple. la gloire.
Drôle de paroissien. Homme Particulier, s. m. Bour-
singulier, original, qui ne vit pas geois, — dans l'argot des trou-
comme tout le monde. piers.
Paroissien de saint Pier- Particulier, s. m. Indi-
re aux bœufs,

s, m. Imbécile, vidu quelconque, — dans l'argot
dans l'argot du peuple, qui du peuple, qui prend ordinaire-
sait que ce saint est le patron des ment ce mot en mauvaise part.
grosses bêles.
Particulière, s. f. Maî-
Paron, s. m. Palier de mai-
— tresse, bonne amie, — dans l'ar-
son, carré, dans l'argot facé- got des troupiers.
tieux des voleurs.
D'après Laveaux, cette expres-
Paroxiste^ s. m. Ecrivain sion remonterait aux bergers
qui, comme Alexandre Dumas, duLignon, c'est-à-dire au xvii=
Eugène Sue, Paul Féval et Pon- siècle. « Onà chaque instant
lit
son du Terrail, recule les limites dans VAstrêe : Particulariser une
de l'invraisemblance et de l'ex- dame, en faire sa particulière
travagance dans le roman. dame, pour lui adresser des
Le mot est de Charles Mou- hommages. Ces locutions ont
selet. sans doute été transmises par le
Secrétaire des Amants à nos sol-
Parque (La). La Mort, — dats, qui n'ont fait que les abré-
dans l'argot des académiciens. ger. »
PAS PAS 331

Partie, s. f. Aimable dé- dans l'argot du peuple, qui con-


bauche de vin ou de femmes. naît sou Béranger.
Partie carrée. Partie de plai-
sir cà quatre, deux liommes et
Pas g'rand'ciiose, s. m.
deux femmes. Fainéant ; homme sans moralité
et sans courage, vaurien.
Partie fine. Rendez-vous amou-
reux dans uu cabinet particu- Pas g^ranfl'chose, s. f.
lier. Drôlesse, bastringueuse, vau-
Être en partie fine. Être avec rienne.
une dame n'importe où
Pas méchant, adj. Laid,
Partie, s. f. Pièce montée où pauvre, sans la moindre valeur,
chacun paie son rôle, — dans — dans l'argot des faubouriens
l'argot des acteurs amateurs. et des filles, qui emploient cette
C'est une sorte de pique-nique expression à propos des gens
théâtral. comme à propos des choses.
Monter une partie. Monter Ainsi, un chapeau qui n'est pas
une pièce destinée à être jouée méchant est un chapeau ridicule
sur un théâtre de campagne. — parce qu'il est passé de mode ;

un livre qui n'est pas méchant


Partie de traTersin

(Faire est un livre ennuyeux, parce —
une). Dormir à deux, dans qu'il ne parle pas assez de Co-
l'argot des faubouriens. cottes et de Cocodès, etc.
Les Anglais ont une expres-
sion analogue To read a cur- Passade, s. f. Feu de paille
:

tain lecture (faire un cours de amoureux, — dans l'argot des


rideaux), disent-ils. bourgeois.

Parties charnues (Les). Passade, s. f. Action de pas-


Les nates, — dans l'argot des ser sur la tète d'un autre nageur
bourgeois. eu le faisant plonger ainsi mal-
gré lui. Argot des écoles de na-
Partir du pied droit. tation.
Bien commencer une affaire, Donner une passade. Forcer
l'engager gaiement et résolu- quelqu'un à plonger en lui pas-
ment. Argot du peuple. sant sur la tète.
Quand ou veut décider quel-
qu'im on dit « Allons, partons
: Passade, s. f. Jeu de scène
du pied droit ! » C'est un ressou- qui fait changer de place les ac-
venir des superstitions païennes. teurs, — dans l'argot des cou-
Quand Encolpe et Ascylte se lisses.
disposent à entrer dans la salle Régler une passade. Indiquer
du banquet, un des nombreux le moment où les personnages
esclaves de Trimalcion leur doivent se ranger dans un nou-
crie: De.vtropede! Dextro pede vel ordre, —
le nmnéro un se
trouvant à la gauche du public.
Pascailler, n. Prendre v.
le tour de quelqu'un, lui enlever Passe, s. f. Guillotine, —
un avantage, le supplanter. Ar- dans l'argot des voleurs.
got des voleurs. Etre gerbe à. la passe. Etre
Pas de condamné à mort.
ça,
liisette ! For-
mule de refus ou de négation, — Passe, s. f. Situation bonne
332 PAS PAS

ou mauvaise, — dans l'argot du Papiers d'identité qu'on délivre


peuple. aux forçats à leur sortie du ba-
gne.
Passe, s. f. « Echange de
deux fantaisies », dont l'une Passer, v. n. Mourir, —
intéressée. Argot des filles. dans l'argot des bourgeois.
Maison de passe. Prostibulum Passer au bleu, v. a. Sup-
d'un numéro moins gros que les primer, vendre, effacer manger ;

autres. M. Béraud en parle à son bien. Argot des faubouriens.


propos de la fille à parties : « Si
Ondisait, il y a cinquante
elle se fait suivre, dit-il, par sa
ans Passer ou Aller au safran.
:
tournure élégante ou par un
Nous changeons de couleurs,
coup d'oeil furtif, on la voit sui- mais nous ne changeons pas de
vant son chemin, les yeux Lais-
mœurs.
sés, le maintien modeste rien ne ;

décèle sa
vie déréglée. Elle Passer au dixième, v. n.
s'arrête à la porte d'une maison Devenir fou, — dans l'argot des
ordinairement de belle appa- officiers d'artillerie.
rence là elle attend son mon-
;

sieur, elle s'explique ouvertement


Passer fie belle (Se). Ne
pas recevoir sa part d'une affaire,
avec lui, et, entre dans ses
s'il
vues, il est introduit dans un
— dans l'argot des voleurs.
appartement élégant ou même Passer devant la j°^lace,
riche, où l'on ne rencontre ordi- v. n. Payer, — dans l'argot des
nairement que la dame de la faubouriens, qui savent que,
maison. » même dans leurs cafés popula-
Faire une passe. Amener un ciers, le comptoir est ordinaire-
noble inconnu dans cette maison ment orné d'une glace devant
« de belle apparence ». laquelle ou est forcé de station-
ner quelques instants.
.Passé au bain de rég^lisse
(Etre). Appartenir à la race nè- Passer devant la mairie,
gre, —
dans l'argot des faubou- V. n. Se marier sans l'assistance
riens. du maire et du curé, dans —
l'argot da peuple.
Passe-carreau, s. m. Ou-
tilde bois sur lequel on repasse Passer la jambe, v. a.
les coutures des manches. Ar- Donner un croc-en-jambe.
got des tailleurs.
Passer la jambe à Tho-
Passe-cric, s. m. Passe- mas, V. n. Vider le baquet-la-
port, — dans l'argot des voleurs. trine de la chambrée, dans —
l'argot des soldats et des prison-
Passe-lacet, s. m. Fille
d'Opéra, ou d'ailleurs, — dans
niers.

l'argot des libertins d'autrefois, Passer la main sur le dos


qui est encore celui des libertins de quelqu'un, v. a. Le flatter,
d'aujourd'hui. lui dire des choses qu'on sait
devoir lui être agréables. Argot
Passe-lance, s. m. Bateau, du peuple.
— tlans l'argot des voleurs.
On dit aussi Passer la main
SNisseport jaune, s. m. sur le ventre.
PAS PAT 333

Passer l'arme à g^auche, Pastiqucr, v. a. Passer, —


V. a. Mourir, — dans l'argot des dans l'argot des voleurs
troupiers et du peuple. Pastiquer la maltouze. Faire
la contrebande.
On dit aussi Défiler la parade.
Passer la rampe (Xc Patafioler, v. a. Confondre,

point). Se dif. — dans l'argot des — dans l'argot du peuple.


coulisses — de toute pièce ou de Ce verbe ne s'emploie ordinai-
rement que comme malédiction
tout comédien, littéraire l'une,
consciencieux l'autre, qui ne bénigne, à la troisième per-
plaisent point au public, qui ne sonne de lindicatif « Que le : —
le passionnent pas.
bon Dieu vous patafiole ! »

Passé-single, s. m. Roué, Patag^ueule, s. m. Homme


roublard, — dans l'argot des
compassé, qui fait sa tête et sui'-
tout sa (jueule, —
dans l'argot
voleurs.
des sculpteurs sur bois.
Passeur, s. m. Individu Patapouf, s. m. Homme, et
qui passe les examens de bache-
quelquefois Enfant bouffi, épais,
lier à la place des jeunes gens
lourdaud.
riches qui dédaignent de les pas-
— On dit aussi Gros Patapouf,
ser eux-mêmes, parce qu'ils mais c'est un pléonasme inutile.
en sont incapables.
Pataquès, s. m. Faute de
Pas si cher! Exclamation français grossière, liaison dange-
de l'argot des voleurs, pour qui reuse, —dans l'argot des bour-
c'est un signal signifiant « Par- :
geois, qui voudraient bien passer
lez plus bas, » ou « Taisez- :
pour des puristes.
vous. »
Patarasses, s. f. pi. Tam-
Passifleur, s. m. Cordonnier, pons que les forçats glissent entre
— dans le même argot. leur anneau de fer et leur chair,
Passifs, s. m. pi. Souliers afin d'amortir la pesanteur de la
d'occasion, — dans l'argot des manicle sur les chevilles et le
voleurs et des faubouriens. cou-de-pied.
On appelait autrefois pâtu-
Le mot des sou-
est expressif :
rasse, dans le langage des marins
liers qui ont longtemps servi ont
naturellement pàti, souffert, — normands, les outils du calfat.
passas, passions, passif. Patard, s.Pièce dem.
On dit aussi Passifles. monnaie, gros sou, dans l'ar- —
got des faubouriens, qui ne se
Pas tant de beurre pour doutent pas qu'ils emploient là
faireun quarteron Phrase ! une expression du temps de
populaire par laquelle on coupe François Villon :

court aux explications longues a Item à maistre Jehan Cotard


mais peu probantes, aux raisons Auquel doy encore ung patard. ..
nombreuses mais insuffisantes. A cesle heure je m'en advise. »
(£e Grand-Testament.)
Elle appartient à Cyrano de
Bergerac, qui l'a mise dans la Pataud, s. etadj. Lourdaud,
bouche de Mathieu Gareau, du grossier, niais, — dans l'argot
Pédant joué. du peuple.
334 PAT PAT

Patauger, v. n. Ne pas sa- aussi moelleuse que celle du des-


voir ce qu'on fait ni ce qu'on dit. sus. Argot du peuple.
Pâte, s. m. Apocope de pa- Patineur, adj. et s. Homme
tron, — dans l'argot des gra- qui aime à patiner les femmes.
veurs sur bois.
Pâtiras, s. m. Souffre-dou-
Pâté, s. m. Tache
d'encre leur de l'atelier.
sur le papier, —
dans l'argot des Les gens distingués disent Pa-
écoliers, qui sont de bien sales tito, comme à Florence.
pâtissiers.
On dit aussi Barbeau. Patoche, s. f. Férule, —
dans l'argot des enfants, dont les
Pâté, s. m. Mélange des ca- mains en conservent longtemps
ractères d'une ou plusieurs pages le souvenir.
qui ont été renversées, dans — Patochea, s. f. pi. Mains.
l'argot des typographes.

Pâté d'ermite, s. m. Noix, Patouiller, v. a. Manier,


— dans du peuple, qui
l'argot
peloter. Argot du peuple.
sait que anachorètes passaient
les Patouiller, v. n. Barboter,
leur vie à mourir de faim. patauger.
Pâtée, s. f. Nourriture, — On dit aussi Patrouiller. Ce
dans l'argot des faubouriens. verbe est dans Rabelais.
Prendre sa pâtée. Déjeuner ou Patouilleur, s. m. Peloteur.
dîner
Patraque, s. f. Vieille mon-
Pâtée, s. f. Correction vi- tre qui marche mal
goureuse et môme brutale
Recevoir icne pâtée. Etre battu. Patraque, s. f. Patrouille de
gardes nationaux, — dans l'argot
Pâte ferme, Article
s. f. des faubouriens.
sans alinéas, — dans l'argot des
Patraque, adj. Malade ou
journalistes.
d'une santé faible, — dans l'ar-
Patente, Casquette,
s. f. — got des bourgeois.
dans l'argot des faubouriens, qui
ont traduit à leur façon \e patent
Patres (Ad), adv. Au diable,
qui se trouve sur tous les pro-
— dans l'argot du peuple, qui se
soucie peu de ses u pères »
duits anglais, chapeaux, man- .

teaux, etc.
Envoyer ad patres. Tuer.
Aller ad patres. Mourir.


Patience,
ou plutôt
s. f.Jeu de cartes,
Patrie, s. f. Commode, —
série de jeux de
dans l'argot des bohèmes, qui
cartes, car il y a une trentaine de serrent leurs bardes dans les
jeux de patience la Loi salique,
grands journaux comme la Patrie,
:

la Blocade, la Nivernaise, la
le Siècle, etc., leurs seuls meubles
Gerbe, le Crapaud, la Poussette,
souvent.
la belle Lucie, etc, etc.
Patron-minette (Dès), adv.
Patiner, v. a. et n. Prome- Dès l'aube, — dans l'argot du
ner indiscrètement les mains sur
peuple.
la robe d'une femme pour s'assu-
rer que l'étoffe de dessous en est Patron-minette, s. f. Asso-
PAT PAU 335

dation de malfaiteurs, célèbre il Pattes de mouclie, s. f.

y a une trentaine d'années, à pi. Lettre de femiae ou grimoire


Paris, comme la Camorra à îs-a- d'avocat. Argot du peuple .

ples.
Patiner fSe). Se sauver,
Patrouille (Etre en). Cou- Jouer des pattes, — dans l'argot
rir les cabarets, ne pas rentrer des faubouriens.
Argot du
coucher
peuple
chez soi.
Pattu, adj. Épais, lourd, —
dans l'argot du peuple.
Patrouiller, Pe-
loter.
v. a. et n.
Pâturer, v. n. Manger, —
dans l'argot des ouvriers.
Patrouiller, Faire pa-
v. n. On dit aussi Prendre sa pâture.
trouille, — dans l'argot des bour-
geois, soldats-citoyens. Paturons, s. m. pi. Les
Patte, s. f. Main, — dans
pieds, —
dans l'argot des fauboa-
riensj qui disent cela au moins
l'argot des faubouriens. depuis Vadé :

Patte, S. f. Grande habileté « A cet ensemble on peut connoître


de itiain, — dans l'argot des ar- L'élégant et le petit-maîlre
tistes. Du Pont-aux-Chou.x, des l'orcherons,
Où l'on roule ses paturons. »
Avoir de la patte. Faire des
tours de force de dessin ou de Jouer des paturons. Se sauver.
couleur.
Paturot, s. m. Bonnetier,
Patte-d'oie, s. f. Les trois homme —
dans l'argot
crédule,
rides du coin de l'œil, qui tra- des gens de lettres, qui consacrent
hissent ou l'âge ou une fatigue ainsi le souvenir du roman de
précoce. Argot du peuple. Louis Reybaud.
Patte-fl'oie, s. f. Carrefour, Paume, s. f. Perte, échec
— dans l'argot du peuple et des quelconque, — dans l'argot des
paysans des environs de Paris. faubouriens.
Faire une paume. Faire ua
Patte-mouillée, s. f. Vieux
pas de clerc.
chiffon imprégné d'eau,qui, à
l'aide d'un carreau chaud, sert à Paumer, v. a. Perdre, —
enlever les marques du lustre sur dans l'argot des voleurs.
le drap. Paumer la sor bonne. Devenir
Expression de l'argot des tail- fou, perdre la tète.
leurs.
— Paumer, v. a. Empoigner,
Pattes, s. f. pi. Jambes, prendre —
avec la paume de la
dans l'argot des faubouriens. main.
Fournir des pattes. S'en aller, S'emploie au propre et au figu-
s'enfuir.
ré. ^
On dit aussi Se parjer une paire Etre paumé Etre arrêté. .

de pattes, et Se tirer les pattes.


Etre paumé marron. Etre pris
Pattes, s. f. pi. Pieds, — en flagrant délit de tricherie, de
dans l'argot des bourgeois. vol ou de meurtre.

Pattes (A), adv, Pédestre- Pau-vrard, e, adj. et s. Ex-


ment. cessivement pauvre.
336 PAY PEA

Pa-vé, s. m. Bonne intention Payer la ffoutte (Faire),


malheureuse comme celle de Siffler, — dans l'argot des cou-
l'ours de La Fontaine. lisses.

Réckane-pavé. Eloge ridicule à Payer une course


force d'hyperboles, qu'un ami,
— Courir, — dans l'argot des fau-
(Se).

ou un ennemi, —
fait insérer à bouriens.
votre adresse dans un journal.
— Payot, s, m. Forçat chargé
Païé, adj. Insensible, d'une certaine comptabilité.
dans l'argot du peuple.
Âvoh- le gosier pavé. Manger Pays, s. m. Compagnon, —
très chaud ou boire les liqueurs dans l'argot des ouvriers.
les plus fortes sans sourciller. Pays, s. m. Compatriote, —
l»aTé luosaÏQue, s. m, Le dans l'argot des soldats.
sol de la salie des réunions, — Pays-Bas, s. m. pL Les pos-
dans l'argot des francs-maçons. sessions de messire Luc, mé- —
l'avillon, s. et adj. Fou, tropole et colonies.
— dans l'argot des faubouriens. Pays Bréda. Le quartier
PaTillonner, v. n. Avoir Bréda, —
une des Cytlières pari-
siennes. Argot des gens de let-
des idées flottantes ; déraisonner.
tres.
On dit aussi Etre pavillon.
Pavois, En état Pays des marmottes (Le).
d'ivresse.
adj. et s.
La terre, — dans l'argot du
peuple.
Etre pavois. Etre gris, dérai-
S'cn'allei^ dans le pays des
sonner à faire croire que l'on est
gris.
marmottes. Mourir.
On dit aussi le Royaume des
Pavoiser S'endiman-
(Se). taupes.
cher. Argot des marins.
S'endimancher, pour les fau-
Payse, s. f. Maîtresse, —
dans l'argot des soldats, qui
bouriens, a un double sens il :

sont volontiers du même pays


signifie d'abord mettre ses habits
propres; ensuite s'amu- que la bonne d'enfants qu'ils cour-
les plus
tisent.
ser, c'est-à-dire boire, comme ils
en ont l'habitude à la fin de .
Pays latin. Le quartier des
chaque semaine. Ecoles, gemcs latinum.
Payer (Se), v. réfl. S'offrir,
On dit aussi le Quartier latin.
se donner, se procurer, dans — Peau, s. f. Fille ou femme
l'argot des petites dames et des de très mauvaise vie, — dans
faubouriens. l'argot des faubouriens.
Se payer un homme. Avoir im C'est le jeu de mots latin :

caprice pour lui. pellex et pellis.


Se payer une bosse de plaisir. On dit aussi Peau de chien.
S'amuser beaucoup.;
Peau d'âne, s. f. Tambour,
Payer bouteille. Offrir à — dans l'argot des troupiers, qui
boire chez le marchand de vin. ne savent pas que cet instrument
Argot des ouvriers. de percussion est plus souvent
PEG PEI 337

recouvert d'une peau de chèvre pas trop de quoi, une nuance —


ou de veau. importante
Faire chanter ou ronfler la Caner la pégraine. Mourir de
peau d'âne. Battre le rappel, — faim.
dans l'argot du peuple, à qui cette
Pégrainer, v. n. Vivre mi-
chanson cause toujours des fris-
sérablement.
sons de plaisir.
Pèg^re, s. m. Voleur.
Pêche à quinze sous, s. f.
Ce mot est fils du précédent,
Lorette de premier choix, dans — comme le vice est fils ds la mi-
l'argot des gens de lettres, qui
sère — et surtout de la fainéan-
consacrent ainsi le souvenir du
Demi-Monde d'Alexandre Du-
tise {pifjintia, — piger).
Pègre à marteau. Voleur de
mas fils.
ou d'objets de peu de
petits objets
Pêcher une friture dans valeur.
le Styx. Etre mort, dans — Pègre, s. m. Le monde des
l'argot des faubouriens qui ont lu
voleurs.
M. de Chompré, Haute pègre. Voleurs de haute
Aller pêcher une friture dans futaie, bien mis et reçus presque
le Styx. Mourir.
partout.
Pécune, Argent,
s. f. dans — Basse pègre. Petits voleurs en
blouse, qui n'exercent que sur
l'argot du peuple, fidèle à l'éty-
mologie {peciuiia) et à la tradi- une petite échelle et qui ne sont
tion : « Repoignet-om nostre reçus nulle part —
qu'aux Ma-
trésor el champ, et nostre pe- delonnettes ou à la Roquette.
cime allucct-om el sachet. » Pégrer, v. n. Voler.
{Sermons de saint Bernard.) Signifie aussi Etre misérable,
Pédé. s. m. Apocope de Pé- souffrir.
déraste, — dans l'argot
des Pégriot, s. m. Apprenti vo-
voyous, imitateurs inconscients leur, ou qui vole des objets de
de ces grammairiens toalousains
peu de valeur.
du vi° siècle, qui disaient tantôt
pie pour pletius, tantôt ur pour Peigne, s. m. Clé, — dans
nominatur. l'argot des voleurs.

Pédéro, s, f. Non confor- Peigne-cul, s. m. Fainéant,


miste, —dans l'argot des fau- traîne-braies, — dans l'argot du
bouriens. peuple.
Ils disent quelquefois aussi, Peigne des Allemands, s.
facétieusement, Don Pédéro. m. Les cinq doigts.
Pégoce, s. m. Pou, — dans Peignée, s. f. Coups échan-
l'argot des voleurs. gés, —
dans l'argot des faubou-
Ils disent aussi Puce d'hôpital. riens, qui se prennent souvent
Pég^raine, s. f. Faim, dans — aux cheveux.
On dit aussi Coup de peigne.
vagabonds et des vo-
l'argot des
Se foutre une peignée. Se bat-
leurs.
tre.
A proprement parler, cela si-
non qu'on n'a rien du tout
gnifie, Peigner (Se), v. réfl. Se
à manger, mais bien qu'on n'a battre.

22
333 PEL PEP

C'est le verbe to pheese des se livrant de la main, sur sa per-


Anglais. sonne, aux mêmes investigations
On dit aussi Se repasser une que Tartufe sur la personne d'El-
peignée. mire.
Par extension, Amadouer par
Peinard, s. m. Vieillard; promesses quelqu'un dont on at-
homme souffreteux, usé par l'âge
ou les chagrins, — dans l'argot
tend quelque chose.
du peuple. Peloter (Se), v. réfl. Se dis-
Peindre en pleine pâte, puter et même se battre, — dans
l'argot du peuple.
V. a. Peindre à pleines couleurs,
— dans l'argot des artistes.
On dit aussi Peloter avec quel-
q'uun.
Peintre, s. m. Balayeur, — Peloter sa bûche, v. a.
dans l'argot des troupiers.
Travailler avec soin, avec goût,
Peinturlure, s. f. Mauvaise avec amour du métier. Argot des
peinture, — dans l'argot du tailleurs.
peuple.
Peloteur, ad. et s. Homme
Peinturlurer, v. a. n.
et qui aime à flatter les femmes —
Barbouiller une toile sous pré- de la main
texte de peindre.
Pelure, s. f. Habit ou redin-
Peinturlurer (Se). Se ma- gote, — dans l'argot des faubou-
quiller. riens.

Peînturlurcur, s. m. Bar-
Pendantes, s. f. pi. Boucles

bouilleur, mauvais peintre. d'oreilles, — dans l'argot des vo-


leurs.
Pékin, s. m. Bourgeois, — —
dans l'argot Pendre au nez. Se dit
des
ont le plus profond mépris pour
troupiers, qui
dans l'argot du peuple à pro- —
tout ce qui ne porte pas 1 uni-
pos de tout accident, heureux ou
forme. malheureux, coups ou million,
dont on est menacé.
On écrit aussi Péquin.
On a dit autrefois Pendre aux
Pélago, n. de 1. La prison de oreilles. (V. le Tempérament,
Sainte-Pélagie, — dans l'argot 1755.)
des voleurs. Pendu ^lacé, s. m. Réver-
Pelard, s. m. Foin, — dans bère. Argot des voleurs.
le même argot.
Pendule à plumes, s. f.

Pelarde, s. f. Faulx. Coq, — dans l'argot des gens de


lettres, qui ont lu la Vie de
Pelé, s. m. Sentier battu. Bohème.
Pelote, s. f. Gain plus ou Pente (Avoir une), v. a. Être
moins licite, — dans l'argot du gris ou commencer à se griser, —
peuple. dans l'argot des faubouriens.
Faire sa pelote. Amasser de
l'argent. Pépée, s. f. Poupée, — dans
l'argot des enfants.
Peloter, v. a. Manquer de
respect à une femme honnête eu Pépète, s. f. Pièce d'un sou,
PER PER 339

— dans l'argot des ouvriers ;^ de savoir ce que l'on fait, par dis-
cinquante centimes, dans l'ar-— traction naturelle ou par suite
got des voleurs d'un franc,
;
— d'ime préoccupation grave.
dans l'argot des filles.
Perdre son bâton. Mourir,
Pépie (Avoir la). Avoir soif, — dans l'argot des faubouriens,
— maladie des oiseaux, état nor- qui disent cela probablement par
mal des ivrognes. allusion au bâton, ressource uni-
Mourir de la pépie. Avoir ex- que des aveugles pour marcher
trêmement soif. droit

Pépin, s. m. Vieux
para- Perdre un quart, v. a.
pluie, — dans l'argot des faubou- Aller au convoi d'un camarade,

riens. dans l'argot des tailleurs, qui,
On dit aussi Rifflard. pendant qu'ils y sont, perdent
tien toute la journée.
Pépin, s. m. Enfant — dans
l'argot des fantaisistes qui ont lu Perdu (L'avoir) . N'avoir plus
Shakespeare {Conte d'Hiver). le droit de porter à son corsage
De l'enfant-pépin sort en effet le bouquet de fleurs d'oranger
riiomme-arbre. symbolique. Argot des bourgeois.
On dit de même, en parlant
Percer d'un autre (En).
d'une jeune fille vierge Elle l'a :

Raconter une autre histoire ;


encore. Je n'ai pas besoiu d'a-
faire une plaisanterie d'un meil-
jouter que, dans l'un comme dans
leur tonneau.
l'autre cas, il s'agit de Pucelage.
Percher, v. n. Habiter, lo-
.Perdu son bâton
ger au hasard, —
dans l'argot
Etre de mauvaise humeur,
(Avoir).

des bohèmes, qui changent sou-
dans l'argot des coulisses
vent de bâton, et qui devraient
bien changer plus souvent de L'expression date d'Arnal et
chemise. du Sergent Mathieu, sa pièce de
début au théâtre du Vaudeville.
Perdre le s;oût du pain. Il s'était choisi, pour jouer son
Mourir, — dans l'argot du rôle, un bâton avec lequel
il avait
peuple. répété et auquel il paraissait te-
Faire po-dre à qiœlqiCiin le nir beaucoup. Malheureusement,
goût du pain. Le tuer. lejùiir de la première représenta-
tion,au moment où il allait en-
Perdre le nord, v. a. Se
trer eu scène, impossible de re-
troubler s'égarer ; dire des sot-
;
trouver le bâton magique Arnal
tises ou des folies, —
dans l'ar-
est furieux et surtout troublé
!

; il
got du peuple, qui n'a pas in-
entre en scène, il joue, mais sans
venté pour rien le mot boussole.
Autrefois on disait Perdre la
verve, — et l'on siffle !

tramontane, ce qui était exacte- Père aux écus, s. m. Hom-


ment la même chose, tramontane me riche, — dans l'argot du
étant une corruption de trans- peuple.
rnontane [transmontanus, ultra-
Père Fauteuil, s. m. Le ci-
montain, au delà des monts, d'où
nous vient la lumière) metière du Père
Lachaise, —
dans l'argot facétieux des mar-
Perdre ses bas. Ne plus briers.
340 PER PER

Père Frappart.s. m. Mar- Perpète, s. f. Apocope de


teau, — dans l'argot du peuple. Perpétuité, — dans l'argot des

Père la Tuile (Le). Dieu, — forçats.

dans l'argot des faubouriens, qui Perroquet, s. m. Homme


ne sont pas plus irrévérencieux qui ne sait que ce qu'il a appris
que les peintres qui l'appellent le par cœur. Argot du peuple.
Père Eternel.
Perroquet, s. m. Verre
Père la Violette (Le). L'em- d'absinthe, —
dans l'argot des
pereur Napoléon I", — dans troupiers et des rapins, qui font
l'argot des bonapartistes, qui di- ainsi allusion à la couleur de
saient cela sous la Restauration, cette boisson, que l'on devrait
à l'époque où mademoiselle Mars prononcer à l'allemande poison. :

était forcée d'arracher une guir- Étouffer un perroquet. Boire


lande do violettes qu'elle avait un verre d'absinthe.
fait coudre à sa robe dans une L'expression a été employée
pièce nouvelle. pour première fois en littéra-
la
ture par Charles Monselet.
Péritorse^ s. m. Paletot ou
redingote, — dans l'argot des Perroquet de saTetier,

s.

étudiants, qui, frais émoulus du m. Le merle, dans l'argot des


collège, n'ont pas de peine à par- faubouriens.
ler grec. On le dit quelquefois aussi de
la Pie.
Perler, v. a. Travailler avec
soin, avec minutie, —
dans l'argot Perruque, s. f. Cheveux en

des bourgeois. broussailles, mal peignés,
dans l'argot des bourgeois, en-
Perler sa conversation. N'em-
nemis des coiftures romantiques.
ployer, en parlant, que des ex-
pressions choisies — et préten- Perruque, s. f. Détourne-
tieuses. ment de matériaux appartenant
Perlotte, s. f. Bouton- à riitat, — dans l'argot des in-
nière, — dans l'argot des tail- valides,
garde.
souvent commis à leur
leurs, qui perlent ordinairement
cette partie des vêtements. Faire une perruque. Vendre
ces matériaux.
Permission de dix lieu-
res, s. f. Pardessus de femme,
Perruque, adj. et s. Vieux,
à capuchon, taillé sur le patron
suranné, classique, dans l'ar- —
got des romantiques, qui avaient
du manteau des zouaves, et fort
en horreur tout le siècle de
à la mode l'année dernière.
Louis XIV.
Pérou (Ce n'est pas le). Le parti des perruques. L'EcoIe
Expression de l'argot du peu- classique, —
qu'on appelle aussi
ple, qui l'emploie ironiquement l'École du Bon Sens.
à propos d'une chose qui ne lui
paraît pas difficile à faire, ou
Perruquemar, s. m. Coif-

qu'on lui vante trop.


feur, — dans l'argot des fau-
bouriens.
Se dit aussi à propos d'une
affaire qui ne paraît pas destinée Perruquer (Se). Porter di>
à rapporter de gros bénéfices. faux cheveux pour faire croire
PER PET 341

qu'on en a beaucoup. Argot du terrains vagues — où pousse le


peuple. persil ?
Du temps de Tabouret, on Persillense, s. f. Femme
disait une perruqucc en parlant publique.
d'une Coquette à la mode qui aussi du Jeune homme
Se dit
ajoutait de faux cheveux à ses
cheveux naturels, — comme fai-
qu' joue le rôle de Giton auprès
des Encolpes de bas étage.
saient les coquettes du temps de
Martial, comme font les co- Pertiiis aux lég^umes, s.
quettes de notre temps. D'où m. La gorge, — dans l'argot
vient cette épigramme du sci- des ouvriers qui ont servi dans
goeur des Accords : l'infanterie de marine.
a Janneton orJinairement D'où Faire tour-mort et
:

Achepte ses cheveux, et jure demi-clef sur le pertuis aux légu-


Qu'ils sont à elle eiiticreuicnl : mes, pour: Etrangler quelqu'un.
Est-elle à vostrc aJvis perjuie ? »
Pescillerd'esbrouffe. Pren-
Vous devinez la réponse : Non, dre de force, d'autorité — dans
elle n'est point « perjure » parce l'argot des voleurs.
que ce que nous achetons est
nôtre. Pèse ou Pèze, s. f. Résul-
tat d'une collecte faite entre
Persiennes, s. f. pi. Lu- voleurs libres au profit d'un
nettes, — dans l'argot des voleur prisonnier ; résultat pe-
voyous. sant.
Persil dans les pieds, Pessîg'uer, v. a. Ouvrir,
(Avoir du). Se dit d'une femme
qui a les pieds sales — soulever, — dans l'argot des vo-
à force leurs.
d'avoir marché.
Pessiyuer une lourde. Ouvrir
Persiller, v. n. Raccrocher, une porte.
— dans l'argot des souteneurs
Pet, s. m. Incongruité so-
de filles.
nore, jadis honorée des Romains
On dit aussi A lier au persil et sous le nom de Deus Crepitus,
Travailler dans le persil. ou dieu frère de Stercutius, le
M. Francisque Michel, qui se dieu merderet.
donne tant de peine pour retrou- Glorieux comme un pet. Ex-
ver les parchemins de mots trêmement vaniteux.
souvent modernes qu'il ne craint Lâcher quelqu'un comme un
pas, malgré cela, de faire mon- pet. L'abandonner, le quitter
ter dans les carrosses du roi, précipitamment.
reste muet à propos de celui-ci,
pourtant digne de sa sollicitude.
Pet, s. m. Embarras, ma-
nières.
Il ne donne que l'esciller, pren-
Faire le jjet. Faire l'iusolent
dre. En l'absence de tout ren- ;

s'impatienter, gronder.
seignement officiel, me sera-t-il
Il n'y a pas de pet. Il n'y a
permis d'insinuer que le verbe
Persiller pourrait bien venir de
rien à faire là dedans ou ; : Il
n'y a pas de mal, de danger.
l'habitude qu'ont les filles d'exer-
cer leur déplorable industrie Pétarade, s. f. Longue
dans les lieux déserts, dans les suite de sacrifices au dieu Gré-
342 PET PET

pitus, —
dans l'argot des fau- entreprendre une chose au-des-
Éouriens., amis des joyeusetés sus de ses forces ou de ses
scatologiques, et grands ama- moyens avoir un train de mai-
;

teurs de ventriloqide. son exagéré, ruineux.


C'est ce que Henry Monuier,
Pétard, s. m. Derrière de
par un eupiiémisnie très clair,
rii-omme ou de la femme.
appelle Sauter plus haut que les
Se dit aussi pour Coup de
jambes.
pied appliqué au derrière.
Péter son lof, v. n. Mou-
Pétard,
clandre.
s. m. Bruit, es-
rir, — dans l'argot des marins,
pour qui c'estchanger de lof,
« N'bals pas IViuarl, c'est-à-dire naviguer sur un autre
Crains pétard,
l'
bord.
J'suis BcrIranJ l'pocIiarJ! »
Ils disent aussi Virer de bord
dit une clianson populaire. Péter sur le niastic, v.
Pétards, s. m. pi. Hari- n. Renoncer à travailler en- ;

cots. voyer promener quelqu'un. Argot


des faubouriens.
Pétase, s. m. Chapeau ridi-
cule, —
dans l'argot des roman- Pète-sec, s. m. Patron sé-
tiques, qui connaissent leur latin vère, chef rigide, qui gronde
[pelasus). toujours et ne rit jamais.
Employé pour la première fois Péteur, adj. et s. Homme
en littérature par Bonnardot qui se plaît à faire de fréquents
{Perruque et Noblesse, 1837).
sacrifices au dieu Crépitus.
Pétaudière, s. f. Endroit
Péteux, s. m. Messire Luc,
tumultueux, où l'on crie telle-
l'éternelle cible aux coups de
ment qu'il impossible de
est
s'entendre, —
dans l'argot des
pied.

bourgeois, qui connaissent de Péteux, s. m. Homme hon-


réputation la cour du roi Pé- teux, timide, sans énergie.
taud.
Petit, s. m. Enfant, — dans
Pet à vingt ougles, s. m. l'argotdu peuple, qui ne fait
Enfant nouveau-né, — dans l'ar- aucune différence entre la portée
got du peuple. d'ime chienne et celle d'une
Faire un pet à vingt ongles. femme.
Accoucher. Petit blanc, s. m. Vin
Péter, V. n. Se plaindre à la blanc.
justice. Argot des voleurs. Petit bonhomme d'un
Péter dans la main, y. n. sou, s. m. Soldat du centre.
Etre plus familier qu'il ne con- Petit Bordeaux, s. m.
vient. Argot du peuple. Cigare de cinq centimes, de la
Signifie aussi Manquer de pa- manufacture de Tonneins. Argot
role, faire défaut au moment du peuple.
nécessaire.
Petit Bordeaux, s. m.
Péter plus haut que le Petit verre de vin de Bor-
cul, V. n. Faire le glorieux ;
deaux.
PET PET 343

Petit caïuaratle, s. m. Petit luauteau bleu, S.


Confrère malveillant, déLineur, m. Homme bienfaisant, dans —
— dans l'argot des gens de let- l'argot du peuple, qui a ainsi
tres, qiii ont cmiiruuté cette consacré le souvenir des soupes
expression aux acteurs. économiques de M. Champion.
Pour la rendre plus ironique, Petit monde, s. m. Les
on dit : Bon petit camarade. membres de la famille, femme
et enfants.
Petit Caporal, n. d'h.
Napoléon, —
dans l'argot des Se dit aussi à propos d'une
vieux troupiers. Maîtresse.
Ils disent encore : l'Autre, le Petit monde, s. m. Len-
Petit Tondu et le Père la Vio- tille, — dans l'argot des voleurs.
lette.
Petit nom, s. m. Prénom,
Petit cochon, s. m. Dame nom patronymique, — dans l'ar-
qu'on n'a pu rentrer assez vite et got du peuple, et spécialement
qui se trouve bloquée dans le celui des petites dames.
camp de l'adversaire. Argot des C'est le short name des biches
joueurs do jacquet.
anglaises.
Engraisser des petits cochons.
Avoir plusieurs dames bloquées. Petit-nommep, v. a. Appe-
ler quoiqu'un par sou petit nom.
Petite bière (Ce n'est pas
de la) Expression de l'argot du Petit père noir, s. m.
!

peuple, qui l'emploie le plus Broc de vin rouge, dans — l'ar-

souvent avec ironie, en parlant got des laubouriens.


de choses d'importance ou qu'on Petit père noir de quatre ans.
veut faire passer pour impor- Broc de quatre litres.
tantes.
Petits pains (Faire des).
Petite chatte, s. f. Drô- Faire l'aimable, le gentil, afin de
lesse qui joue avec le cœur des se rabibocher. Argot des cou-
hommes comme une véritable lisses.
chatte avec une véritable souris,
— dans Petit Tondu (Le). L'empe-
de M. Henri de
l'argot
Kock, romancier, élève et suc-
reur Napoléon I", — dans l'ar-
got des invalides.
cesseur de son père.
Pétons, s. m. pi. Pieds, —
Petite dame, s. f. Fille ou
des
dans l'argot des enfants,
femme, grande ou petite, qui,
depuis plus ou moins de temps,
mères et des amoureux.
a jeté son bonnet par-dpssus les Pétra, s. m. Paysan, homme
moulins et sa pudeur par-des.sus grossier, — dans l'argot des
son bonnet, et qui fait métier et bourgeois.
marchandise de l'amour.
Pétrin, s. m. Embarras, po-
Petite fllle, s. f. Bou- sition fausse; misère, dans —
teille. Argot des faubouriens. l'argot du peuple, qui geint a.\ori.
Petit lait, s. m. Chose de Etre dans le pétrin jusqu'au
peu d'importance vin faible, ;
— cou. Etre dans une misère ex-
dans l'argot des bourgeois. trême.
344 PHI PIA

Pétrousquin, s. m. La par- leurs louis comme les gentils-


tiedu corps sur laquelle on hommes .

tombe le plus souvent, dans — Philistin, s. m. Bourgeois,


l'argot des faubouriens.
On dit aussi Petzouille.
— dans l'argot des romantiques.
Privât d'Anglemont [Paris- Philistin, s. m. Vieil ou-
Anecdote) donne à ce mot la si- vrier abruti, — dans l'argot des
gnification de Bourgeois, public. tailleurs.
11 s'est trompé.
Philosophe, s. m. Misé-
Peuple, s. m. Public, —dans rable, — dans l'argot du peuple.
le même argot.
Se foutre du
j)euple. Insulter à
Philosophes, s. m. pi. Sou-
l'opinion reçue, accréditée.
liers d'occasion, — dans l'argot
des ouvriers.
Un faubourien dit volontiers à
un autre, lorsqu'il est molesté Philosophes de neuf-
par lui ou lorsqu'il en reçoit une Jours. Souliers percés.
blague un peu trop forte Est-ce :

que tu te fous du peuple! Philosophie, s. f. Misère.

Peuple, s. et adj. Commun, Phraseur, s. m. Beau di-


vulgaire, trivial, —
dans l'argot seur de phrases, c'est-à-dire ba-

des bourgeoises, qui s'imaginent vard, dans l'argot du peuple.
peut-être être sorties de la Piaflfe, s. f. Orgueil, vantar-
cuisse de Jupiter ou d'un Mont- dise, esbrouffe.
morency.
Etre peuple. Dire ou faire des
Piailler, V. a. Crier.

choses de mauvais goût. Piailleur, s. m. Homme qui


Pharaniineux, adj. Eton- aime à gronder, à crier après les
nant, prodigieux, inouï, — dans gens.
l'argot du peuple. Ou dit aussi Piaillard.

Pharaon, s. m. Roi de n'im- Piane-piane, adv. Douce-


porte quel pays, —
dans l'argot ment, piano piano, — dans l'ar-
gouailleur des gens de lettres. got des bourgeois.

Phare, s. m. Lampe, — dans Pianoter, v. n. Toucher du



l'argot des typographes. piano, médiocrement oti, non,
dans l'argot du peuple, ennemi
Phénomène, s. m. Parent de cet instrument de bourgeois.
qui vient pleurer sur une tombe,
ou seulement la visiter, — dans Pianoteur, adj. et s. Ama-
l'argot cruel et philosophique des teur qui connaît le piano pour en
marbriers de cimetière. avoir entendu parler et qui tape
dessus comme s'il était sourd et —
Philanthrope, s. m. Filou, ses voisins aussi.
— dans l'argot des voyous. Au féminin Pianoteuse.
Philippe, s. m. Pièce de Piau, s. f. Mensonge, his-
cent sous en argent à l'effigie de toire, blatjue, — dans l'argot des
Louis-Philippe, de Charles X ou typographes.
de Napoléon, —
dans l'argot des
faubouriens, qui ont voulu avoir Piaule ou Piolle, s. f. La
PIC PIE 3i5

maison, le logis, — dans l'argot qui travaille en effet comme un


des qui peut-être ont
voleurs, cheval.
voulu faire allusion aux nom- Le slang anglais a le même
breux enfants qui y piaillent mot dans le même sens [peck).
comme autant de moineaux af- Gagner son picotin. Travailler
famés. avec courage.
La piaule a rair rupin. L'ap-
partement est bon à dévaliser. Picoure, s. f. Haie, dans —
l'argot des voleurs, qui, en leur
Piausscr, v. n. Mentir, bla- qualité de vagabonds, ont eu de
guer, —
dans l'argot des typo- fréquentes occasions de constater
graphes. que les oiseaux y viennent pi-
corer.
Piaasser (Se), v. réfl. Revê-
Dêflottfr la picoure. Voler le
tir un vêtement nouveau, une
nouvelle peau, —
dans l'argot linge qui sèche sur les haies.
La picoure est fleurie. Le linge
des voyous.
Quelques-uns, puristes du ruis- sèche sur les haies.
seau, disent Peausscr. On dit aussi Picouse.
Piausseur, m. Menteur, Picton, s. m. Vin bleu, su-

blagueur.
s.
ret, —dans l'argot du peuple,
qui se pique la langue et le nez
Piautpe, s. m. Mauvais gar- en en buvant, surtout comme il
nement, — dans l'argot du peuple. en boit. « Il en boit comme un
Envoyer au piautre. Envoyer Poitevin, » dirait un étymolo-
au diable. giste en s'appuyant sur les habi-
Vieille expression se trouvant tudes d'ivrognerie qu'on prête
dans Rétif de la Bretonne. aux Pictones.
Pic (A), adv. A
point nommé, Pictonuer, v. n. Boire
à propos, heureusement. ferme et longtemps.
Venir ou Tomber à pic. Arri- On dit aussi PicteretPictancer.
ver au moment le plus opportun.
Pièce, s. m. Lentille, —dans
Picaillons, s. m.Pièces
pi. l'argot des voleurs.
de monnaie, — dans l'argot des Ils disent aussi Entière et
faubouriens. Petit Monde.

Pichenet, s. m. Petit vin de Pièce à tiroirs, s. f.


barrière agréable, — dans l'argot Drames à changements à vue,
des ouvriers. vaudeville à travestis. Argot des
coulisses.
Pichet, s. m. Litre de vin.

Pick-pocket, s. m. Voleur,
Pièce d'architecture, s. f.

— dans l'argot des anglomanes


Discours en prose ou pièce de
vers, —
dans l'argot des francs-
et des gens de lettres.
maçons.
Picorage, s. m. Travail sur
les grandes routes, — dans l'ar-
Pièce de bœuf, s. f. Drame,
comédie ou vaudeville où l'on a
got des voleurs.
le plus de succès. Argot des cou-
Picotin, s. m. Déjeuner ou lisses.
souper, — dans l'argot du peuple, On dit aussi Rôle de bœuf.
346 PIE PIE

l*ièce de bœuf, s. f. « Grand Pieds à dormir debout,


article de pathos sur les choses du s. m. pi. Pieds plats et spatules.
moment qui ouvre les colonnes de — dans l'argot du peuple.
Paris. » Argot des journalistes.
Pieds de moucbe, s. m. pi.
On dit aussi Pièce de résis-
Notes d'un livre, ordinairement
tance.
imprimées en caractères minus-
l*ièce de dix sous, s. f. Le cules, —
dans l'argot des typo-
derrière du corps humain, — dans graphes.
l'argot des troupiers. Et, à ce propos, qu'on me per-
On dit aussi Double six. mette de rappeler le quiproquo
dont les bibliophiles ont été vic-
Pièce d'été, Vaudeville
s. f.
times. On avait attribué à Jamet
ou drame médiocre, —
dans l'ar- l'aîné, bibliographe, un livre en
got des comédiens, qui ne jouent 6 vol. in-8o, intitulé Les Pieds :

leurs bonnes pièces que l'hiver. de mouche, ou les Nouvelles


Pièce d'estomac, s. f. Noces de Rabelais (V. la France
Amant, —dans l'argot des filles. littéraire de 1769). Or, savez-
vous, lecteur, ce que c'était que
L'expression a plus d'un siècle.
ces nouvelles noces de maître Al-
Pied bleu, s. m. Conscrit, cofribas Nasier? C'étaient les
dans l'argot des troupiers. notes — en argot de typographes,
pieds de mouche — qui trou- se
Pied de banc, s. m. Ser-
gent,— dans le même argot. vent dans l'édition de Rabelais de
1732, eu 6 vol. pet. in-So. Faute
Pied de cockoiij s. m. Pis- d'impression au premier abord,
tolet. et plus tard ànerie dont eiit ri
François Rabelais à ventre dé-
Pied de nez, s. m. Polisson- boutonné.
nerie des gamins de Paris, que
connaissaient déjà les gamins de Pieds de Pliiloctète, s. m.
Pompéi. pi. Pieds fâcheusement suda-
Fah'e des pieds de nez à quel- teurs, —
dans l'argot des gens de
lettres, qui font allusion à l'em-
qu'un. Se moquer de lui.
poisonnement de l'ile de Lemnos
Avoir un pied de nez. Ne pas par l'exécuteur testamentaire
trouver ce qu'on cherche rece- ;
d'Hercule.
voir de la confusion d'une chose
Avoir avalé le pied de Philoc-
ou d'une personne.
téte. Avoir une haleine digne du
Pied de nez, s. m. Pièce pied du fils de Pœan.
d'un sou, — dans l'argot des
Pie-g:riècl»e, s. f. Femme
voyous.
criarde et querelleuse, dans —
Pied-plat, s. m. Homme du l'argot du peuple, qui a souvent
peuple goujat,
;

dans l'argot le malheur de tomber, comme
des bourgeois, qui s'imaginent Trimalcion, sur ime Fortunata
peut-être avoir le fameux cou-de- pica pulvinaris.
pied à propos duquel lady Stan-
nope fit ci Lamartine ces pro-
Pierre à afTiiter, s. f. Le
phéties de grandeurs que devait
pain, — dans l'argot des bou-
chers.
réaliser en partie la révolution
de Février. Pierre à décatir, s. f.
PIE PIG 347

sens diamétralement opposé au


Farce des tailleurs à l'usage de
précédent.
tout noi.veau. C'est leur hiale de
cottrets. Pieu, s. m. Lit, couchette,—
Pierre brute, s. f. Pain,— dans l'argot des faubouriens.
dans l'argot des francs-maçons. Aller au pieu. Aller se cou-
Ils disent aussi Manne. cher.
Se coller dans le pieu. Se cou-
Pierre de touche, s. f.

Confrontation, — dans l'argot des cher.


pour pieu.
voleurs.
Être en route le

S'endormir.
Pierreuse, s. f. Fille ou dame,
femme qui, dit F. Béraud, même Pieuvre, s. f. Petite

dans sa sphère de turpitudes, est femme entretenue, — dans l'ar-


tombée au plus bas degré de l'ab- got des gens de lettres, qui disent
nom lui vient de ce cela depuis l'apparition des Tra-
iection. Son
dans les lieux dé- vailleurs de la mer, où V. Hugo
qu'elle exerce
derrière des monceaux de décrit si magistralement le com-
serts,
démolition, etc. bat de Giliatt contre un poulpe

Pierrot, s. m. Vin blanc, — monstrueux.


L'analogie est heureuse : ja-
dans l'argot des faubouriens. mais les drôlesses n'ont été plus
Asphyxier le pierrot. Boire un éuergiquement caractérisées.
canon de vin blanc
Pieuvrisme, s. m. Métier
Pierrot, s. m. Collerette à
de tille, corruption galante, com-
larges plis, du genre de celle que merce d'amour.
Debureau a rendue classique.
Pif, s. m. Nez, dans l'ar- —
Pierrot, s. m. Couche de got du peuple.
savon appliquée à l'aide du blai- N'en déplaise à M. Francisque
reau sur la figure de quelqu'un, Michel, qui veut faire ce mot
— dans l'argot des coiffeurs, qui compatriote de Barbey d'Aure-
emploient ce moyen pour débar- villy, je le crois très parisien.
bouiller un peu leurs pratiques disait autrefois se pi/fer de
On
malpropres, auxquelles ils veu- vin, ou seulement se piffer :

lent éviter le masque de crasse


se gave! »
que laisserait le passage du ra- « On rit, on se piffe, on
soir.
chante Vadé en ses Porcherons.
Le pierrot n'est en usage que
Se piffer de vin, c'est s'empour-
dans les faubourgs, où la pro-
prer le visage et spécialement le
preté est une sainte que l'on ne —
le pif alors
nez, !

fête pas souvent.


Ou dit aussi Piton.
Pierrot! Terme mépris,
de
les ou- PiflFarcl, s. et adj. Homme
fréquemment employé par
d'un nez remarquable, soit par
vriers, et qui sert de prologue
à beaucoup de rixes, celui —
qui son volume, soit par sa couleur.
est traité de pierrot voulant Pige, s. f. Année, — dans
prouver qu'il a la pince d'un l'argot des voleurs.
aigle.
Les femmes légères emploient
, . ^
Pige, s. Défi, — dans l'argot
aussi cemot, —
mais dans un des enfants.
348 PIG PIL

Faire la pige. Se défier à jouer, Piger, V. a. et n . Considé-


à courir, etc. rer, contempler, admirer.

Pige, s. f. Le nombre de Piges-tu que c'est beau? C'est-


lignes que tout compositeur de
à-dire : Vois-tu comme c'est beau?
journal doit faire dans une Pîget, s. m. Château, — dans
heure. l'argot des voleurs.
Prendre sa pige. Prendre la
longueur d'une page, d'une co- Pignoclier, v. n. Manger
lonne .
avec dégoût, trier les morceaux
qu'on a sur son assiette. Argot
Pigeon, s. m. Homme qui se du peuple.
laisse volontiers duper par les On disait autrefois Epinocher.
hommes au jeu et par les femmes
en amour. Pignoclier, v. a. Peindre
Avoir son pigeon. Avoir fait ou dessiner avec un soin méti-
im amant, —dans Targot des pe- culeux, —
dans l'argot des ar-
tites dames. tistes, ennemis de l'art chinois.
Phcf}i''r un pigeon. Voler ou Pignouf ou pignoufle, s.
ruiner un homme assez candide m. Paysan, —
dans l'argot des
Eour croire à l'honnêteté des
ommes et à celle des femmes.
voyous. Voyou, dans l'argot —
des paysans de la banlieue de
On dit aussi Pigeonneau.
Le mot est vieux, — comme
Paris. Apprenti, dans l'argot —
des ouvriers cordonniers. Homme
le
d'une
vice.
fille
[Testament
Sarrazin
mourante,
d'amour
mal élevé, — dans l'argot de
Bréda-Street.
17G8) dit, à propos des amants de
son héroïne. Rose Belvue :
Pîgoche, s. f. Morceau de
De mes pigeonneaux cuivre, et ordinairement Ecrou
fomluisant l'inexpérience, avec lequel les enfants font sauter
Je sus, dans le feu des désirs, un sou placé par terre, en le
Gagner par nies supcrcherios frappant sur les bords.
Montres, bijoux et pierreries.
Monuments de leurs repentirs. » Jouer à la pigoche. Faire sau-
ter un sou à de très grandes dis-
Pigeon, S. m. Acompte sur
ime pièce à moitié faite, — dans
tances. C'est l'enfant qui le fait
sauter le plus loin qui a gagné.
l'argot des vaudevillistes.
Pile, s. f. Correction méritée
Pigeonnep, v. a. Tromper. ou non, — dans l'argot des fau-
Piger, V. n. Mesurer, — dans bouriens.
l'argot des enfants lorsqu'ils dé- Pile ! Exclamation du même
butent. argot, lorsque quelque chose
On dit aussi Faire la pige. tombe et se casse.
Piger, V. a. Prendre; appré- Piler, v. a. Pousser plus ou
hender au collet, — dans l'argot moins brutalement, plutôt —
du peuple.
Se faire piger. Se faire arrêter,
plus que moins, dans l'argot —
des gamins.
se faire battre.
Signifie aussi Battre.
Signifie aussi S'emparer de...
Piger une chaise. Piger un em- Piler du poivre. Avoir des
ploi. ampoules et marcher sur la
PIN PIX 349

pointe des pieds, par suite d'une Pinceau, s. m. Plume à


trop longue marche, dans — écrire, — dans l'argot des francs-
l'argot du peuple. maçons.
S'emploie aussi pour signifier Pinceau* s. m. La main ou
Médire de quelqu'un en sou ab- le pied, —
dans l'argot des fau-
sence, et S'ennuyer à attendre. bouriens, qui ont entendu parler
Faire piler du poivre à quel- du peintre Ducornet.
qu'un. Le jeter plusieurs fois par Détacher un coup de pinceau.
terre, en le maniant avec aussi Donner un soufflet.
peu de précaution qu'un pilon. —
Pinceau, s. m. Balai,
Piler le poirre. Monter une dans l'argot des troupiers.
faction, — dans l'argot des trou-
Pince-cul, s. m. Bastringue
piers.
de la dernière catégorie. Argot
Pilier, s. m. Homme qui ne du peuple.
bouge pas plus d'un endroit que Pince-Jlur, s. m. Adjudant,
si on 1 y avait piaulé. Argot du
peuple.
— dans l'argot des soldats, qui
ont la mémoire des punitions su-
Pilier de cabaret. Ivrogne. bies.
Pilier d'estaminet. Culotteur
de pipes. Pincer, v. n. Etre vif, —
Pilier deCour d'assises. Qui a dans l'argot du peuple.
été souvent condamné. Cela pince dur. 11 fait très
froid.
Pilier de boatanche, s.
m. Commis, —
dans l'argot des Pincer, v. a. Voler, filouter,
voleurs. — dans l'argot des faubouriens.
Pilier depaclin. Commis-voya- Pincer, v. a. Prendre sur le
geur. fait, arrêter.
Pilier du creux. Patron, maî- Pincer au demi-ccrele. Arrêter
tre du logis. quelqu'un, débiteur ou ennemi,
Pilons, s. m. pi. Les doigts, que l'on guettait depuis long-
et spécialement le pouce, —
dans temps.
le même argot. Pincer, v. a. Exécuter.
Piloter, V. Conduire,
a.
Pincer le cancan. Le danser.
guider, —dans l'argot du peuple. Pincer de la guitare. En jouer.
Pincer la chansonnette. Chan-
Pimbêche, s. f . Femme dé- ter,
daigneuse, — dans l'argot des Pincer de la g^uitare, v.
bourgeois.
n. Etre prisonnier, — par allu-
Pimpelotter S'amuser,
(Se). sion à l'habitude qu'ont les dé-
rigoler, gobichonner, dans — tenus d'étendre les mains sur les
l'argot des faubouriens. barreaux de leur prison ou sur le
treillage en fer du parloir grillé.
Pimpions, s. m. pi. Pièces On dit aussi, Pincer de la
de monnaie, — dans 1 argot des harpe.
voleurs.
Pincer un coup de sirop,
Pinçants, s. m. pi. Ciseaux, V. a. Boire à s'en griser un peu,
— dans le même argot. — dans l'argot des faubouriens
350 PIO PIO

Pince-8an8-rire, s. m. gne quelconque, — dans l'argot


Homme caustique, qui blesse les des ouvriers.
gens sans avoir l'air d'y toucher, Se mettre à la pioche. Travail-
ou qui dit les choses les plus ler.
bouffonnes sans se dérider.
On dit aussi Monsieur Pince- Pioche, s. f. Étude, appren-
sans l'ire. tissage de la science des mathé-

JPinee-sans-rire, s. m. Agent
matiques, —dans l'argot des Po-

de police, —
dans l'argot des vo-
lytechniciens.
Temps de pioche. Les quinze
leurs.
jours qui précèdent les interroga-
Viucettes, s. f. pi. Mou- tions générales et pendant les-
chettes, —
dans l'argot des quels les élèves repassent soi-
francs-maçons. gneusement l'analyse, la géomé-
Ils disent aussi Pinces. mécanique.
trie et la

Pincettes, s. f. pi. Les Pioche (Etre). Être bête


jambes, —surtout lorsqu'elles comme une pioche, — dans l'ar-
'sont longues et maigres. Argot got du peuple.
des faulJouriens.
Piocher, v. a. et n. Étudier
Piucliard, e, adj. De mau- avec ardeur, se préparer sérieu-
vais goût, un peu canaille, — sement à passer ses examens, —
dans l'argot des gens de lettres. dans l'argot des étudiants.
Se dit surtout à propos de la Piocher S'ui examen. Se prépa-
Voix de certaines filles liabituées rer à le bien passer.
à parler haut dans les soupers de
garçons. Piocher, v. n. Avoir re-
cours au tas, —
dans l'argot des
Pinchard, s. m. Siège pliant, joueurs de dominos, dont la main
— dans l'argot des artistes. fouille ce tas.
Piugre, s. et adj. Avare; On dit aussi Aller à la pioche.
homme qui pousse l'économie
Piocher, v. a. Battre, don-
jusqu'au vice. Argot du peuple.
ner des coups à quelqu'un, —
Signifie aussi Voleur.
dans l'argot des faubouriens.
Pingrerie, s. f. Ladrerie. Se piocher. Se battre.
Pinter, v. n. Boire abondam- Piocheur, s. m. Étudiant
ment. qui se préoccupe plus de ses exa-
Pinxit, s. m. Peintre, — mens que de la Closerie des Li-
las, et des cours de racole que
dans l'argot des artistes, qui font
des demoiselles des bastringues
ainsi allusion au verbe latin
qu'ils ajoutent toujours à leur
du quartier.

nom au bas de leurs toiles. Pion, s. m. Maître d'études,

Pioche, s. f. Le n» 7, — dans — dans l'argot des collégiens, qui


le font marcher raide, cet âge
l'argot des joueurs de loto.
étant sans pitié.
Pioche, s. f. Fourchette, — Pion (Être). Avoir bu, être
dans l'argot des francs-maçons.
ivre mort, — dans l'argot des
Pioche, s. f. Travail, beso- typographes.
PIQ PIQ 351

Pionce, s. f. Sommeil, — clans ploie cette, expression à propos


l'argot des faubom-iens. des gens et des choses.
On dit aussi K'ctre pas piqué
Pioneer, v. n. Dormir.
des hannetons.
Pionceur, adj. et s. Homme Pique-en-terre, s. f. Vo-
qui aime à dormir. laille, quelconque
vivante, —
Piou, s. m. Soldat du centre. daus l'argot des faubouriens.
On dit aussi Pioupiou.
Piquelard, s. m. Charcu-
Pipe, s. f. Tête, visage. tier.
Le mot sort du Théâtre italien
« Ils dis'nt en la voyant picier :
de Ghérardi {les Deux Arle-
Sa pipe enfin commen.e à s'culotter ! »
quins).
dit une chanson qui court les
Pique-poux, s. m. Tailleur,
rues. — dans l'argot des faubouriens,
Pipé, s. m. Château, — dans qui ont voulu faire une allusion
l'argot des voleurs. au mouvement de l'aiguille sur
l'étoffe.
Pipelet, s. m. Concierge, On dit aussi Pique-puces et
— dans l'argot du peuple, qui pique-prunes. Pourquoi ne dit-
emploie cette expression, qui est on pas plutôt Pique-pouce ?
une injure, depuis la publication
des Mystères de Paris d'Eugène Piquer, V. a. Faire quelque
Sue. chose, —
dans l'argot des Poly-
Chapeau-Pipelet. Chapeau de techniciens.
forme très évasée par le haut, Piquer l'étrangère. S'occuper
comme en porte, dans le roman d'une chose étrangère à la con-
d'Eugène Sue, la victime de versation.
Cabrion.
Piquer en Tictime, v. n.
Piper, V. n. Fumer la pipe Plonger dansl'eau, les bras
ou le cigare. contre le corps, au lieu de plon-
ger les mains en avant au-dessus
Pipi, s. m. Résultat du verbe
meiere, — dans l'argot des en-
de la tête.

fants. Piquer le nez, (Se), v. réfl.


Faire pipi. Meiere. Boire avec excès, à en devenir
Pipit, s. m. L'alouette, — ivre, —
dans l'argot du peuple.
daus l'argot des paysans de la Piquer sa plaque, v. a.
banlieue de Paris. Dormir, — dans l'argot des tail-

Piquante, s. f. Epingle, — leurs.


Signifie aussi, par extension,
dans l'argot des voleurs.
Mourir.
Pique, s. f. Petite querelle
Piquer son chien. Dor-
d'amis, petite

brouille d'amants,
dans l'argot des bourgeois.
mir, — dans l'argot des faubou-
riens.
Piqué des Ters (N'être On dit aussi Piquer un chien.
Sas). Etre bien conservé, avoir D'où vient cette expression ?
e l'élégance, de la grâce, — S'il faut en croire M. J. Duflot,
dans l'argot du peuple, qui em- elle viendrait de l'argot des co-
352 PIS PIS

médiens et sortirait de l'Aveugle l'argot du peuple, ennemi des


de Montmorency, une pièce ou- flegmatiques.
bliée. Dans cette pièce, l'acteur
qui jouait le rôle de l'aveugle,
Pisser (Envoyer). Congédier
brutalement un ennuyeux.
tenant à ne pas s'endormir, avait
armé l'extrémité de son bâton On dit aussi Envoyer chier.

d'une pointe de fer qui, par Pisser à l'angolaise, v. n.


suite du mouvement d'appesan- Disparaître sournoisement au mo-
tissement de sa main, en cas de ment décisif.
sommeil, devait piquer son ca-
niche placé entre ses jambes, et Pisser contre le soleil, v.
chaque fois que son chien gro- n. Faire des efforts inutiles, se
gnait, c'est qu'il âwait }}iqué son tourmenter vainement.
chien, c'est-à-dire qu'il s'était On connaît l'enfance de Gar-
laissé aller au sommeil. gantua, lequel « mangeoit sa
fouace sans pain, crachoit au
Piquer un cinabre, v. n. bassin, petoit de gresse, pissoit
Rougir subitement, du front aux contre le soleil, » etc.
oreilles et des oreilles aux mains.
Argot des artistes. Pisser <lcs lames de ra-
soir en travers (Faire). En-
Piquer un soleil, v. n. nuyer extrêmement quelqu'un,
Rougir subitement, — dans l'ar- — dans l'argot des faubouriens,
got des ouvriers. qui n'ont pas d'expression plus
énergique pour témoigner l'aga-
Pironîen, adj. et s. Homme cement que leur causent cer-
enclin ci la gaieté comme les
taines importunités.
Byroniens à la tristesse disciple ;
On dit aussi Faire chier des
de Lord Piron, le poète gaillard. baïonnettes.
Argot des gens de lettres.
Pisser des os, v. a. Accou-
Pironîsme, s. m. La gaie cher, — dans l'argot du peuple.
science — où excellait Piron. On dit aussi d'une femme qui
met au monde un enfant qiïElle
Pis, s. m. La gorge de la pisse sa côtelette.
femme, —
dans l'argot malséant
du peuple : Pisse-trois-^outtes, s. m.
« Les femmes, ^ihis mortes que vives,
Homme qui s'arrête à tous les
rambuteaux.
De crainte <le 5c voir cajitives.
Et de q
On dit parfois : Pisse-trois-
lelque chose défia,
gouttcs dans quatre pots de
De la màiu se battent le pis. »
chambre, pour désigner un
dit Scarron dans son Virgile tra- homme qui produit moins de
vesti. besogne qu'on ne doit raisonna-
blement en attendre de lui.
Pissat, s. m. Résultat du
verbe Meiere. Pisseuse, s. f. Petite fille.
Pissat fie vache, s. m. Pissote, s. f. Endroit où l'on
conjugue le verbe Meiere.
Mauvaise bière.
Lepetit café situé à côté du
Pisse-froid, s. m. Homme théâtre du Palais-Royal n'est pas
lymphatique, tranquille, qui ne désigné autrement que sous ce
se livre pas volontiers, dans — nom par les artistes.
PIT PLA 3j3

Pissoter, v. n. Avoir une in- à tout Farceur de société, à tout


eontinence d'urine. homme qui amuse les autres —
sans être payé pour cela.
Pistole, s. f. Cellule à part,
— dans l'argot des prisons, où Pitre du comme, s. m.
l'on n'obtient cette faveur que Commis-voyageur, — dans l'ar-
moyennant argent. got des voleurs.
Être à la pistole. Avoir une Quand ils veulent être plus
chambre à part. clairs, ils disent Pitre du com- :

merce.
Pistolet, s.m. Homme qui
ne fait rien comme personne; Pitrou, s. m. Pistolet, fusil,
original. — dans le même argot.
On dit aussi Drôle de pistolet.
Pituiter, v. n. Médire, faire
Pistolet, s. m. Demi-bou- des indiscrétions, bavarder. Ar-
teille de Champagne. got des faubouriens.

Piston, s. m. Interne ou ex- PiTert, s. m. Scie faite d'un


terne qu'affectionne, que protège ressort de montre, — dans l'argot
le médecin en chef d'un hôpital. des voleurs.
Argot des étudiants en méde- Pivoiner, v. n. Rougir, —
cine.
dans l'argot du peuple.
Piston, s. m. Préparateur du
cours de physique, — dans l'ar-
Pivois, ou Pive,
— dans l'argot des voleurs, qui
s. m. Vin,
got des lycéens.
l'appellent ainsi peut-être parce
Piston, adj. et s. Remuant, qui! est rouge comme une pi-
tracassier, ennuyeux, — dans voine, ou parce qu'il est poivré
l'argot des aspirants de marine. comrre l'eau-de vie qu'ils boi-
vent dans leurs cabarets infects.
Pistonner, v. a. et n. Diri-
En tout cas, avant de leur ap-
ger, protéger, aider. partenir, ce mot a appartenu au
Pistonner, v. a. Ennuyer, peuple, qui le réclamera im de
tracasser, tourmehter. ces jours.

Pitancher, v. n. Boire, — Pivois maquillé. Vin frelaté.


Pivois de Blanchimont. Vin
dans l'argot du peuple, qui dit blanc.
cela depuis longtemps, comme On dit aussi Pivois savonné.
le prouvent ces vers de Vadé :
Pivois citron. Vinaigre.
Le beau sexe lave sa gueule
(
Et pitanche tout aussi sec PiTot, s. m. Plume, — dans
Que si c'étoil du Roaielsec. » le même argot.
On dit aussi Pictancer. Placarde, s. f. La place où
Piton, s. m. Nez d'un fort se font les exécutions, — dans le

volume et coloré par ^i^Tognerie. même argot.


Avant 1830, c'était la place de
Argot des faubouriens.
Grève sous Louis-Philippe, c'a
;

Pitre, s. m. Paillasse de sal- été la barrière Saint-Jacques ;

timbanque ; bouffon de place pu- depuis une douzaine d'années,


blique. c'est devant la prison de la Ro-
Par extension on donne ce nom quette.

23
554 PLA PLA

On dit aussi Placarde au quart Plan, s. m. Arrêts, — dans


d'œil. l'argot des soldats.
Etre au plan. Etre consigné.
Place, s. f. Chambre meu-
blée ou non, —
dans l'argot des Plan, s. m. Moyen, imagina-
ouvriers qui ont été travailler en tion, —
dans l'argot des
ficelle,
Belgique. faubouriens.
A Bruxelles, en effet, une Tirer un plan. Imaginer quel-
chambre seule est une j)lace ; que chose pour sortir d'enibar-
deiLX chambres sont un quartier. ras.
(V. ce mot.) // nhj a pas plan. Il n'y a pas

Homme qui
moyen de faire telle chose.
Placier, s. m.
fait la place de Paris ; courtier Planche (Faire sa). Témoi-
en marchandises. Argot des mar- gner du dédain, /iafre sa Sophie,
chands. — dans l'argot des faubouriens.
m. Crâne, Sans planche. Avec franchise,
Plafond, s. cer-
veau, — dans l'argot des fau- rondement.
bouriens. Planclie à tracer, s. f.
Se crever le plafond. Se brûler Table, — dans l'argot des francs-
la cervelle. maçons.
Plamousse, s. f . Soufflet, — lîs disent aussi Plate-forme et
Atelier.
dans l'argot du peuple, qui a dit
jadis Mouse pour Visage. Planche à tracer, s. f.

Plan, s. m. Le Mont-de- Feuille de papier blanc, dans —


Piété, — dans l'argot des faubou- le même argot.
Signifie aussi Lettre, missive
riens.
comme quelconque.
Etre en plan. Rester
otage chez un restaurateur, pen- Planche au pain, s. f. Le
dant qu'un ami est à la recherche banc des accusés, — dans l'ar-
de l'argent nécessaire à l'acquit got des prisons.
de la note. Etre mis sur la planche au
Laisser en plan. Abandonner, pain. Passer en Cour d'assises.
quitter brusquement quelqu'un,
l'oublierj après lui avoir promis Planché (Etre). Etre con-

de revenir. damné, — dans l'argot des vo-


leurs.
Laisser tout en plan. Inter-
rompre toutes ses occupations Plancher, v. n. Se moquer,
pour s'occuper d'autre chose. rire, — dans l'argot des voleurs
Plan, s. m. Prison, — dans
et des
On
faubouriens.
dit aussi Flancher.
l'argot des voleurs.
Etre auplan. Etre en prison. Plancher des vaches, s.
Tomber au plan. Se faire ar- m. La terre, — dans l'argot du
rêter. peuple, à qui Rabelais a em-
Quoi tu voudrais que je grinchisse
prunté cette expression pour la
«
Sans traquer de tomber au plan ? » mettre sur les lèvres de ce pol-
tron de Panurge.
dit une chanson publiée par le
National de 1835. Planches, s. f. pi. La scène,
PLA PLE 355

le théâtre en général, — dans vient pas, — dans l'argot des


l'argot des acteurs. faubouriens.
Balayer les planches. Jouer
dans un lever de rideau ; com- Plaquer, v. a. et n. Alian-
mencer le spectacle.
donner, laisser là.

Brûler les planches. Cabotincr. Plat d'épiuards, s. m.


Signifie aussi Débiter son rôle Paysage peint, daus l'argot —
avec un entrain excessif. du peuple et des bourgeois, dé-
Planches, s. f. pi. L'établi,
daigneux des choses d'art pres-
— dans l'argot des tailleurs. que au même degré.
Avoir fait les planches. Avoir Ils devraient varier leurs épi-
été ouvrier avant d'être patron. grammes. Je vais leur en indi-
quer une, que j'ai entendue sor-
Plançonner, v. a. Bre- tir de la bouche d'un enfant que
douiller, — dans l'argot des l'on interrogeait devant un Co-
coulisses, où conservé le
l'on a rot « Ça, dit-il, c'est de la sa-
:

souvenir du brave Plançon, ac- lade ! »


teur de la Gaité.
— Plateau, s. m. Plat, —
Planque, s. f. Cachette, dans l'argot des francs-maçons.
dans l'argot des voleurs.
Etre en planque. Etre prison- Platée, s. f. Grande quan-
nier. tité de choses
de gens, ou —
Signifie aussi Etre en obser- dans l'argot du peuple, qui em-
vation. ploie depuis longtemps cette ex-
pression qu'on trouve dans le
Planquer, v. a. Cacher.
roman à^Aucassin :
Signifie aussi Emprisonner.
Se je vois u gaul ramé,
Planquer, V. a. et n. Met- Jà me nicngeront li lé,
tre quelquechose de côté, — Li lion et sungler
dans l'argot des typographes. Dont il i a planté. »

Planquer, v. a. et n. En- Platine, s. f. Faconde, élo-


gager quelque chose au Mont- quence gasconne, — dans le
de-Piété, —
mettre au plan. même argot.
Argot des faubouriens. Avoir une fière platine. Parler
longtemps Mentir avec assu-
Planter là quelqu'un, v.
rance.
;

a. Le quitter brusquement, soit


parce qu'il vous ennuie, soit Plâtre, s. m. Argent mon-
parce qu'on est pressé. nayé, — dans l'argot des voleurs.
C'est l'ancienne expression
Planter là quelqu'un imur rever-
:
Platue, s. f. Galette, —
dir, mais ecourtée et plus ellip- dans le même argot.
tique .
Plein (Etre). Etre ivre — à
Planter le harpon, v. a.
ne plus pouvoir avaler une
goutte, sous peine de répandre
Lancer une idée, avancer ime
proposition, — dans l'argot des
tout ce qu'on a précédemment
ingéré. Argot du peuple.
marins.
On dit aussi explétivement
Planter son poireau, v. Pleincomme un œuf et Plein
a. Attendre quelqu'un qui ne comme un boudin.
3c6 PLE PLO

Plein de soupe^ s. m. n. Pleurer. Argot des faubou-


Homme dont le visage annouce riens et des voleurs. ;yj
la santé.
On dit aussiGros plein de Plier ses chemises, v. n.
soupe, — pour avoir l'occasion Mourir, — dans l'argot du peu-
ple.
de faire un pléonasme.
Pleine lune, s. f. Un des
Plis (Des) Exclamation fau-
!

nombreux pseudonymes de mes- bourienne de la même famille


sire Luc. que Des navets ! Du flan ! etc.
On dit aussi Demi-lune, Plomb, s. m. Gorge, gosier,

Pleurant, s. m. Ognon, — — dans l'argot des faubouriens.


dans l'argot des voleurs. L'expression est juste, surtout
prise ironiquement, le plomb
Pleurer en fllou. Hypo- (pour Cuvette en plomb)* étant
critement, sans larmes, — dans habitué, comme la gorge, à
l'argot du peuple. recevoir des liquides de toutes
sortes, et la gorge, comme le
Pleurnicher, v. a. Pleurer plomb, s'habituant parfois à ren-
mal à propos ou sans sincérité. voyer de mauvaises odeurs.
Jeter dans le plomb. Avaler.
Pleurnicherie, s. f. Plainte
hypocrite, larmes de crocodile. Plomb, s, m. Hydrogène
sulfuré qui se dégage des fosses
Pleurnicheur, s. et adj. —
Homme d'aisaace, dans l'argot du
qui pleure mal, qui joue
peuple.
la douleur.
Pleurnicheuse. Femme qui tire Plomb, s. m. Sagette em-
son mouchoir à propos de rien. poisonnée décochée par le « divin
archerot ».
Pleutre, m. Pauvre
homme méprisable.
s. sire,
Plombe, s. f. Heure, —
S'emploie aussi adjectivement dans l'argot des voleurs.
dans le même sens. Mèche. Demi- heure.
Mcchillon. Quart d'heure.
Pleuvoir à verse. Aller Plomber,
mal, très mal, en parlant des— v. n.
insupportable odeur,
Exhaler une
dans —
choses ou des gens. Argot des
l'argot des faubouriens, qui se
faubouriens.
souviennent des plombs du vieux
S'emploie surtout à la troi- Paris, plus funestes que ceux de
sième personne de l'indicatif pré-
Venise.
sent Il pleut à verse.
:
Ploynber de la gargoine. Feti-
PleuYoir comme du chien, dum halitum emitterè.
V. n. A verse. Plomber, v. a. Donner à
Les Anglais ont à peu près la quelqu'un des raisons de se
même e.xpression To rain cals : plaindre du « divin archerot ».
and dogs (Pleuvoir des chats et
des chiens), disent-ils. C'est l'é-
Plomber, v. n. Etre lourd,
quivalent de // tombe des halle- pesant — comme du plomb.
:

cardes. Plonçeur, ad. et s. Honmie


PleuToir des
misérable, déguenillé, — dans
chasfses, v. l'argot des voleurs.
POC POG 357

Ployant, s. m. Portefeuille, des frais de voyage et d'érudition


— dans le même argot. bien mal employés L'autre, qui !

Orùle davantage, veut qu'un


Plume, s. f. Monseigneur,
pochard soit un homme « qui en
— dans le même argot.
a plein son sac ou sa poche ». Si
Plame de Beaace, s. f. La cette étymologie n'est pas la
paille, — dans le même argot. bonne, elle a du moins le mérite
de n'être pas tirée par les che-
Plniner an homme, Y. a. veux. Mais, jusqu'à preuve du
Le dépouiller au jeu de l'amour contraire, je croirai que l'ivrogne
ou du hasard. ayant l'habitude de se battre, de
Plumet, s. m. Ivresse, — se pocher, on a dû donner tout
dans l'argot des ouvriers. naturellement le nom iepochards
Avoir son plumet. Etre gris. aux ivrognes
On dit aussi Avoir son pana-
che.
Pocharder (Se), v. réfl.
S'ivrogner, vivre crapuleuse-
Pins-fine, Le stercus
s. f. ment.
humain séché et pulvérisé.
L'expression est vieille — Pocharderie,
gnerie.
s. f. Ivro-
comme toutes les plaisanteries
fécales. Poche, s. f. Ivrognesse, —
dans l'argot des faubouriens, qui
« Et dit-on que de la plus fine
Son brun visage fut lavé?. . n
de cochon a déjià fait coche.
{^Cabinet satyrique,) On dit aussi Poche, au mascu-
lin, à propos d'un ivrogne.
Plus souTent ! Jamais !

Terme de dénégation de refus. Poche-œil, s. m. Coup de


Argot du peuple.
et
poing appliqué sur l'œil, — dans
l'argot du peuple.
Plus souvent, s. m. Sacri- On dit aussi Pochon.
fice au Dieu Grepitus. Pocher, v. a. Meurtrir,
Pochard, s. m. Homme qui donner des coups.
a l'habitude de s'enivrer. Se pocher. Se battre, surtout
Malgré tout mon respect pour à la suite d'une débauche de
l'autorité de parole de mes
la
devanciers et mon
admiration Poêle à châtaigfnes, s. f.
pour leur ingéniosité, à propos de Visage marqué de petite vérole,
ce mot encore je suis forcé de les — par allusion aux trous de la
prendre à partie et de leur cher- poêle dans laquelle on fait rôtir
cher une querelle non d'Alle- — les marrons.
mand, mais de Français. L'un,
fidèle à son habitude de sortir de
Poétriau, s. m. Mauvais
Paris pour trouver l'acte de nais-
poète, rapin du Parnasse.
sance d'une expression toute pari-
Le mot est d'H. de Balzac, à
qui ilrépugnait sans doute de
sienne, prend le coche et s'en va
en Normandie tout le long de la
dire poélereau, —
comme tout le
Seine, où il pèche un poisson
monde.
dans les entrailles duquel il Po»ne, s. f. Apocope de
trouve, non pas un anneau d'or, Poignet, — dans largot du
mais l'origine du mot pochard : peuple.
358 POI POl

Avoir de la pogne. Etre très Autrefois on disait Fair^e la


fort —même un peu brutal.
et barbe.

Pog^ne-maîn (A), adv. Lour- Poils (Être à). Être nu.


demeut, brutalement, à la main Monter à poils. Monter un
pleine. cheval sans selle.
Pognon, s. m. Argent, Point, s. m. Pièce d'un
monnaie qu'on remue à poignée, franc, — dans l'argot des mar-
— dans l'argot des faubouriens. chands d'habits.
Poignard, Retouche
s. m. Point de côté, s. m. En-
à un vêtement terminé, dans — nemi des non-conformistes, —
l'argot des tailleurs et des coutu- dans l'argot des voleurs, qui
rières. savent combien un point de côté
est gênant.
Poignarder le ciel, v. a.
Se dit — dans l'argot du peuple Point-de-côté, s.m. Tiers gê-
— de tout ce qui se redresse : neur, —
celui qui, par exemple,
cheveux, nez, pointe de cravate, vous empêche, par sa présence,
etc., etc. de lever une femme ou de l'emme-
ner après l'avoir levée.
Poil, s. m. Paresse, envie de Signifie aussi Créancier.
flâner, — dans le même argot.
Avoir- un poil dans la main, Point de «Vudas, s. m. Le
ou tout simplement le poil. N'a- nombre treize, — dans l'argot
voir pas envie de travailler. du peuple.
Nos pères d'un
disaient
Pointe, s. f. Demi-ivresse,
homme : « 11 est né avec
fainéant — dans l'argot des. faubouriens.
un poil dans la main, et on a
Avoir sa pointe. Etre gris.
oublié de le lui couper. »
Avoir une petite jjointe. Avoir
Poil, s. m.Pvéprimande, objur- bu un verre de trop.
gation, —
dans l'argot des ouvriers
Point gamma. Époque des
paresseux.
examens de fin d'année, dans —
Poil, s. m. Courage, — dans l'argot des Polytechniciens, pour
l'argot du
peuple, (fui, sans qui c'est le temps de Véquinoxe,
croire, comme
les Anciens, aux c'est-à-dire celui où le travail de
gens qui naissent avec des poils nuit est égal à celui du jour.
sur le cœur (V. Pline, Histoire
naturelle), a raison de supposer Point M, s. m. Expression
que les gens velus de corps sont en usage à l'Ecole polytechnique,
plus portés à l'énergie que ceux et qui sert à indiquer la limite
à corps glabre. D'où les deux dans laquelle on accepte, soit dos
expressions Avoir dii^ poil, c'est-
:
faits, soit des idées. Ainsi,
à-dire du courage, et Être ii poils, quand un élève demande à un
c'est-à-dire résolu. autre: Aimes-tu la tragédie?
«
— Euh répond
! l'autre, je
Poil Surpasser,
(Faire le). l'aime jusqu'au ;jo//j< M. »
faire mieux ou plus vite, dans —
le même argot. Point <|, s. m. Le derrière
Signifie aussi Jouer un tour, hmuain, — dans l'argot des Po-
Supplanter. lytechniciens.
POI POI 359

Pointu, s. et adj. Homme qui de chaque année, sans doute —


ne plaisante pas volontiers, en commémoration de la Passion
désagréable à vivre, dans — de Jésus-Christ.
l'argot du peuple.
Poisson frayeur, s. m.
Pointu, s. m. Evêque, — Souteneur de filles, —
dans l'ar-
dans l'argot des voyous. got des marbriers de cimetière,
Pointu, s. m. Clystère, — qui ont observé que ces sortes
de gens fra^jaient volontiers, eux
dans l'argot des bourgeois.
pas fiers !

Poique, s. m. Auteur, fai-


Poitou, adv. Point, non,
seur de pièces ou
Argot des voleurs.
de romans.
nullement, — dans l'argot des
voleurs.
Poison, s. f. Femme désa- Poitou, s. m. Le public,
gréable, ou de mauvaises mœurs,
— dans le même argot.
dans l'argot du peuple, qui
trouve cette ;jo^îo amère à boire Poitrinaire, adj . Femme
et dure à avaler. qui a beaucoup de gorge. Argot
du peuple.
Poissarde, s. f. Femme
grossière, —dans l'argot des Poivre, s. m. Poisson de
bourgeoises, qui n'aiment pas les mer, parce que salé, — dans le
gens « un peu trop forts en même argot, parfois facétieux.
gueule ».
Poivre, adj. Complètement
Poisse, s. m. Voleur, — ivre, —dans l'argot des faubou-
dans l'argot des voyous. riens, habitués à boire des vins
frelatés et des eaux-de-vie poi-
Poisser, v. a. Voler.
vrées.
Poisse)' des philippes. Dérober Etre poivre. Etre abomina-
des pièces de cinq francs.
blement gris.
Poisser (Se), v. réfl. S'eni-
Poivre et sel (Etre). Avoir
vrer, — dans l'argot des fau-
les cheveux moitié blancs et
bouriens.
moitié bruns, —
dans l'argot du
Poisson, s. m. Grand verre peuple.
d'eau-de-vie, — dans l'argot du Se dit aussi de la Barbe.
peuple.
Poivrement, s. m. Paye-
Vieux mot certainement dérivé ment, compte, — dans l'argot
de pochon, petit pot, dont on a des voleurs.
fait peu à peu poichon, pjosson,
puis poisson. Poivrer, v, a. Payer.

Poisson, s. m. Entremetteur, Poivrer, v. a. Charger une


souteneur, maquereau. note, une addition, — dans l'ar-
got des consommateurs
Poisson d'avril, s. m. C'est poivré I C'est cher !

Mauvaise farce, attrape presque


toujours de mauvais
goût, Poivrer quelqu'un, v. a.
comme il est encore de tradition Lui faire regretter amèrement
d'en faire, chez le peuple le plus la découverte de l'Amérique par
spirituel de la terre, le l" avril Christophe Colomb et l'expéditic,
360 POL POL

de Naples par Charles VIII. Polisson, s. m. Gamin.


Argot du peuple.
Polisson, s. m. Impertinent,
PoîTreur, s. m. Payeur, — — dans l'argot des bourgeois.
dans l'argot des voleurs.
Polisson, s. m. Libertin, —
Poivrier, s. m. Ivrogne, — dans l'argot des bourgeoises.
dans le même argot.
C'est aussi le nom qu'on donne
Polisson, s. m. Amas de
jupons pour avantager les han-
aux voleurs qui dévalisent les
ches.
ivrognes.
Le mot est de madame de
PoiTrière, s. f. Fille ou Genlis.
femme galante punie par où elle Aujourd'hui on dit mieux Tow-
a péché et exposée à punir d'au- nure.
tres personnes par la même occa-
Polissonner, v. n. Faire le
sion. Argot du peuple.
libertin, — dans l'argot des bour-
« Va, poivrière de Sainl-Côine, geois.
Je me fiche de ton Jérôme. »
Politesse, f. Offre d'un
s.
dit un poème de Vadé. verre de vin sur comptoir,
le —
Poivrot, Ivrogne,
s. m. dans l'argot du peuple, qui en-
— dans l'argot des fauhouriens. tend la civilité à sa manière.
Une politesse en vaut une
Policliiaelle, s. m. Hom- autre. Un canon doit succéder à
me amusant, excentrique, — dans un autre canon.
l'argot des bourgeois.
Polka, s. m. Petit jeune
Polichinelle, s. m. Enfant, homme qui suit trop religieuse-
— dans l'argot des faubouriens et ment modes, parce qu'eu 1843-
les
des petites dames. 44, époque de l'apparition de cette
Avoir un polichinelle dans le gigue anglaise croisée de valse
tiroir. Etre enceinte. allemande, il était de bon goût
de s'habiller à la polka, de chan-
Polichinelle* s. m. L'hos- ter à la polka, de marcher à la
tie, —dans l'argot des voyous. polka, de dormir à la polka, etc.
Avaler le ijolichinelle. Com- A Paris, les ridicules poussent
munier ; recevoir l'extrème-onc- comme sur leur sol naturel; ils
tion. ont pour fumier la bêtise.
Polichinelle, s. m. Grand Polka, s. f. Photographie à
verre d'eau-de-vie, — dans l'ar- deux personnages dans un cos-
got des chiffonniers, qui aiment tume non autorisé par la Mo-
à se payer une bosse. rale. Argot des modèles.
Agacer un polichinelle sur le
zinc. Boire un verre d'eau-de-vie Polka (A la). Très bien, —
sur le comptoir du cabaretier. à la mode du jour.

Poli comme une porte de Polka, s. f. Correction, danse,

prison, Brutal,
adj. dans — — dans l'argot des faubouriens.
Fai)c danser la polka à quel-
l'argot ironique du peuple, qui
sait avec quel sans-façon les gui-
qu'un. Le battre.
chetiers vous rejettent la porte Polonais, s. m. Ivrogne, —
au nez. dans l'argot du peuple.
POxM POM 361

L'expression, quoique inju- Pommiidin, s. m. Coiffeur.


rieuse pour une nation héroïque, Signifie aussi Ivrogne.
mérite d'être conservée, d'abord Ponuuadin, s. m. Gandin,
parce qu'elle est passée dans le imbécile musqué, — dans l'argot
sang de la langue parisienne, du peuple.
qui s'en guérira difficilement ; en- L'expression a été employée
suite parce qu'elle est, à ce qu'il
pour première fois en littéra-
la
me semble, une date, une indica- ture par M. Fortuné Calmels.
tion historique et topographique.
Ne sort-elle pas, en effet, de l'an- Pomme, s. f. Tète, — dans
cienne rue des Errancis, de- — l'argot des faubouriens.

Suis lue du Rocher, au haut — Pomme de canne . Figure gro-


e laquelle était le fameux ca- tesque, physionomie bouffonne.
baret-guinguette dit de la Petite Pommé, ée. Excessif, exor-
Pologne, et ce cabaret n'avait-il bitant, remarquable.
pas été fondé vers l'époque du Bêtise pommée. Grande ou
démembrement de la Pologne ? grosse bêtise.
C'est pommé! C'est réussi à
Polonais, s. m. Épou vantail
souhait.
dont on menace les perturbateurs
dans les maisons suspectes, mais L'expression ne date pas d'au-
tolérées. Quand la dame du lieu,
jourd'hui, piiisque je trouve dans
à bout de prières, parle de faire le Tempérament {nhô) :

descendre le Polonais, le tapage a Admirez le pouvoir de ce Dieu fou


s'apaise comme par enchante- [pommé :

Je l'adore et je meurs si je ne suis


ment. « Et le plus souvent, dit
[.limé. »
l'auteur anonj-me moderne au-
quel j'emprunte cette expression, Pomme-à-Tcrs, s. m. Fro-
le Polonais n'est autre qu'un mage de Hollande, — dans l'ar-
pauvre diable sans feu ni lieu, got des voleurs.
recueilli par charité et logé dans
Pomme d'Adam, s. f. Le
les combles de la maison. »
cartilage thyroïde, — que le
Polytechnicien, s. m. Élève peuple regarde comme la marque
de l'Ecole polytechnique, — dans de la pomme que le premier
l'argot des bourgeois. homme mangea dans le Paradis
à l'instigation de la première
Polytechnique, s. m. Poly-
femme, et dont un ou deux quar-
technicien, — dans l'argot du
tiers lui restèrent dans la gorge.
peuple.
— Pommeler (Se), v. réfl. Gri-
Pomaquer, v. a. Perdre, sonner.
dans l'argot des voleurs.
Etre pomaqué. Etre arrêté. Pommes (Aux) ! Exclamation
de l'argot des fautiouriens, qui
Pommader, v. a. Battre l'emploient comme superlatif de
quelqu'im, — dans l'argot des Bien, de Bon et de Beau.
faujjouviens, qui peignent ainsi On dit aussi Bath aiu: pom-
les gens. mes! pour renchérir encore sur
l'excellence d'une chose.
Pommader, v. a. Amadouer,
Cette expression est l'aïeule des
peloter.
petits ognons et autres petits oi-
Pommader (Se). Se saouler. seaux en circulation à Paris.
362 POM PON

Pommier, s. m. La gorge. mètre à coulisse, la prétendue


Pommiers en fleurs. Seins de pompe à gaz.
jeune fille.
Pommier stérile. Poitrine mai-
Pompette, adj. Gris, — dans
gre et plate.
l'argot du peuple.
C'est aux poètes poudrés du L'expression a des chevrons,
car on la trouve dans la première
xviii" siècle que nous devons cette
édition du Grand Dictionnaire de
expression faubourienne. Ils ont
Pierre Richelet.
comparé les seins à des pommes,
rappelant à ce propos, en les in- Pompier, s. m. Ivrogne, —
terprétant à leur façon, le Juge- dans l'argot des faubouriens.
ment de Paris sur lé mont Ida et
la séduction d'Adam par EA'e Pompier, s. m. Mouchoir, —
dans le Paradis terrestre. Il était dans l'argot des voyous.
tout naturel que les pommt'is Pompier, s. m. Scie chantée
ainsi semées par eux pi'oduisissent à certaines fêtes de l'Ecole poly-
un pommier. Œuf implique for- technique.
cément l'idée de poule. Pompier d'honneur. Scie mu-
Pompadour, adj. Suranné, sicale, spécialement chantée le
rococo, — dans l'argot des gens jour des élections du bureau de
,

de lettres. bienfaisance de l'École, au com-


Dans l'argot des artistes, c'est mencement du mois de mai.
le synonyme de Prétentieux. Pompier, s. m. Ouvrier
Pompadour, adj. Du der-
chargé de faire les poignards, —
nier galant, — dans l'argot des
dans l'argot des tailleurs.
Pompière. Ouvrière qui a la
bourgeois.
même spécialité pour les petites
Pompage, s. m. Action de pièces.
boire, c'est-à-dire de se griser, — — dans
dans l'argot du peuple. Pompon, s. m. Tète.
l'argot des faubouriens.
Pompe, s. f, Retouche, — Dévisser le pompon à quel-
dans l'argot des tailleurs. qu'un. Lui casser la tète d'un
Petite pompe. Retouche des coup de poing ou d'un coup de
pantalons et des'gilets. pied.
Grande pompe. Retouche des C'est la même expression que
habits et des redingotes. Dévisser le trognon.
Pomper, v. a. et n. Boire Pompon, s. m. Supériorité,
continuellement, —
dans l'argot mérite, primauté.
du peuple. A moi le pompon ! A moi la
C'est le to guzzle anglais. gloire d'avoir fait ce que les

Pomper. Travailler dur, — autres n'ont pu faire.


Avoir le pompon de la fidélité.
dans l'argot des typographes.
Être le modèle des maris ou des
Pomper le gaz, v. a. Être femmes.
le jouet d'une mj'stification, — Pomponner (Se) v. réfl.
dans l'argot des calicots, qui se
S'attifer, s'endimancher.
plaisent a faire monter tout nou-
veau sur le comptoir et à lui faire Ponant, s. m. Un des nom-
manœuvrer des deux mains un breux pseudonymes de messire
PON POP ?63

Luc, —
dans l'argot du peuple. Ponifle, s. f. Femme ,

Ce sont les marins qui ont ima- dans l'argot des voyous.
giné le vent du ponant, ponet^ si- Ponifler, V. a. Aimer.
gnifiant vesser dans le vieux lan-
gage. « La vieille ponoit, » dit Ponsardiser, v. a. Ennuyer
Rabelais. les gens, — dans l'argot des gens
de lettres, qui ont gardé rancune
Ponaute, s. f. Fille publique,
à l'auteur de Lucrèce et d'Agnès
— dans l'argot des voleurs. de Méranie.
Poncif, s. m. « Formule de
Pont, s. m. Congé que s'ac-
style, de sentiment, d'idée ou
corde l'employé pour joindre deux
d'image, qui, fanée par l'abus,
autres congés qui lui ont été ac-
court les rues avec mi faux air
cordés par ses chefs ou par le
hardi et coquet. »
calendrier.
L'expression, ainsi définie par
Faire le Ne pas venir au
pont.
Xavier Aubryet, est de l'argot des samedi ou le lundi,
bureau le
peintres et des gens de lettres.
lorsqu'il y a fête ou congé le ven-
Faire poncif. Travailler, pein-
dredi ou le mardi.
dre, écrire sans originalité.
Pont d'ATîgnon, s. m. Fille
Pondeuse, adj. et s. Femme — dans l'argot des gens
féconde, — dans l'argot du peu- publique,
de lettres.
ple.
Pondre sur ses œufs. v. n. Pontep, V. n. Payer, — dans
S'enrichir encore, quand on est l'argot des bohèmes.
déjà suffisamment riche. Pontes pour l'af, s. f. pi.
Pondre un œuf, v. a. Dé- « Galerie des étouffoirs, fripons
poser discrètement, le long d'un réunis, » — dit Vidocq.
mur ou d'une haie, le stercus Ponteur, m. Entreteneur,
humain, —
dans l'argot du peu-
miche.
s.

ple, ami de toutes les plaisante-


ries qui roulent sur les environs Pontife, s. m. Patron, maître,

du périnée. — dans l'argot des cordonniers.


On connaît cette anecdote :
Fille de
Une bonne femme était accroupie, Pontonnière, s. f.

gravement occupée à remplir le mauvaises mœurs qui exerce sous


plus impérieux de tous les de- les ponts.

voirs, car omnes cacant, etiarn Popote, s. f. Cuisine, dans —


reges ;
passecuré, elle le recon-
le l'argot des troupiers, qui ont
naît, et, confuse, veut se relever trouvé là une onomatopée heu-
pour lui faire sa révérence mais ;
reuse : le clapotement du bouil-
le saint homme, l'en empêchant lon dans le pot-au-feu, des
de la voix et de la main, lui dit sauces dans les casseroles, etc.
en souriant « Restez, ma mie,
:
Signifie aussi Table d'hôte.
j'aime mieux voir la poule que
l'œuf. » Popote, Médiocre,
adj.

dans l'argot des gens de lettres et
Ponifle, f. Fille publique,
s. des artistes.
— dans l'argot des voleurs.
Ils disent aussi Magnuce et Popoter, V. n. Faire sa cui-
Ponisse. sine.
364 POR POR

Populo, s. m. Le peuple, — rante, — dans l'argot des cou-


dans l'argot des bourgeois, qui lisses.
disent cela avec le même dédain
que les Anglais themob. Porte-manteau, s. m. Épau-
les, — dans l'argot des faubou-
Populo, m.
Marmaille,
s. riens.
grand nombre d'enfants, dans — Porte-pipe,
l'argot des ouvriers. s. m. Bouche,
— dans le même argot.
Popc-épic, s. m. Le Saint-
Sacrement, — dans l'argot des Porter (En). Être trompé

voleurs. par sa femme, dans l'argot
du peuple, qui fait allusion aux
Poreau, s. m. Poireau, — cornes dont la tradition orne de-
dans l'argot du peuple, qui parle puis si longtemps le front des
beaucoup mieux que ceux qui maris malheureux.
se moquent de lui, poreau venant En faire jjoi'ter. Tromper son
à'allmmporrum, comme légume, mari.
ou de r.opoi, comme excroissance
verruqueuse de la main. Porter à la peau, v. n.
Provoquer à l'un des sept péchés
Portanche* s. m. Portier, — capitaux, — dans l'argot de
dans l'argot des voleurs. Breda-Street.
Portant, s. m. Armature en
Ou dit aussi Pousser à la peau.
bois qui forme l'entrée des cou- Porter la folle enchère,
lisses et sur laquelle se placent V. n. Payer pour les autres, —
les appliques. dans l'argot des bourgeois.
Porte-chance, s. m. Le Porter le bég^uin, v. a.
stercus humain, —
dans l'argot Celui des deux époux, nouvelle-
du peuple, chez qui il est de ment mariés, qui perd le pre-
tradition, depuis un temps im- mier les couleurs de la santé, —
mémorial, que marcher là dedans dans l'argot du peuple, un peu
est un signe d'argent et porte trop indiscret.
bonheur.
Porter le deuil de sa
Portefeuille, s. m. Lit, — blanchisseuse, v. n. Avoir
dans l'argot des faubouriens, qui une chemise sale, — dans le
font allusion aux différentes épais- même argot.
seurs formées parles couvertures
et les draps. Porter sa malle, v. a. Etre
S'insérer dans le portefeuiUe. bossu. Argot des faubouriens.
Se coucher. On dit aussi Porter son parjuet.
Portc-luque, s. m. Porte-
Porter une chose en pa-
feuille, — dans l'argot des vo-
radis (Ne
de mourir,
pas). La payer avant

dans l'argot du
leurs.
Ils disent aussi Porle-mince. peuple, qui dit cela surtout à
propos des mauvais tours qu'on
Porte-lype, s. m. Poète, — lui a joués et dont il compte bien
dans l'argot ironique des gens de tirer vengeance un jour ou
lettres. l'autre.

Porte-maillot, s. m. Figu- Porté sur sa bouche (Être),


POS POT 365

Ne songer qu'à boire et à manger


Poser un grluau, v. a. Pré-
plutôt qu'à travailler,
dans — parer une arrestation,
1 argot des bourgeois. trouver
un individu que l'on cherchait,
Le peuple —
sans connaître le savoir ou il loge et où
gulxparens d'Horace
porté
— dit : Etre quente, pour n'avoir plus
il fré-

qu'à le
SH7' sa gueule.
grappiner à la première occa-
Porte-trèOe, s. m. Pantalon,
lion. Argot des voyous
et des vo-
— dans 1 argot des voleurs. leurs.
Se faire poser un gluau.
Portier, Se
s. m. Homme qui faire mettre en prison.
se plaît à médire, — dans l'argot
des artistes. Posséder son embou-
chure. Savoir bien jouer de
Portrait, s. m. Visage, — ^t .T
la
^.^"^ fl^ite traversière.
dans 1 argot du peuple. Argot des faubouriens.
Dégrader le yortrait. Frapper
au visage. Poste-aux-clioux, s. f. Le
Pose, s.
canot aux provisions, — dans
f. Afifectation de 1 argot des marins.
sentiments qu'on n'a pas, vi- —
ces ou vertus étalage de choses Postérieur, s. m. Le der-

;

qu on ne possède pas, rière, -- dans l'argot des bour-


mai-
tresses ou châteaux. Lacenaire geois.
a
bien imaginé la pose au meurtre
!
Postiche, s. m. Histoire
Pose, Tour, s.
dans l'ar-
f. — douteuse, — discours ennuyeux
got du peuple, qui a emprunté
ce
blagiie, - dans l'argot des tvpo^
-^
mot aux joueurs de dominos qui graphes.
pospat le leur à tour de rùle.
Postiche, s. f. Rassemble-
A inoi la pose! dit parfois un
ouvrier, qui vient de recevoir
un
ment sur
dans
Ja voie publique,
argot des voleurs.

1
coup de pied, en lançant un coup
de poing à son adversaire. Postiffe, s. f. Travail sur les
places publiques, —dans
Poser, l'argot
V.
Afficher des n. des saltimbanques.
sentiments ou des vices qu'on
n'a
pas se vanter de succès et
;
de ri-
Postillon, s. m. La pre-
chesses imaginaires. mière dame mise en circulation
Signifie aussi Tirer avantage — dans l'argot des joueurs de
de qualités morales ou jacquet.
physiques
qu on a ou qu'on croi^ avoir.
Postillon, s. m. Éclabous-
Poser pour le torse. 'Passer sure de salive ou de nourriture
pour
un garçon bâti comme l'Anti- gue lancent en parlant les gens
notis. a qui il manque des dents
Poser pour la finesse. Se ou
croire ceux qui ont la malhonnête ha-
trèsfin, très malin. bitude de parler en mangeant.
Poser, V. a, Mettre en évi-
« Ces postillons sont d'une maladresse
! »

Se poser. Paire parler Postillonner, v. n. Envoyer


Poser
de soi. aes postillons au nez des gens
qui n'aiment pas à voyager.

(Faire). Faire attendre,
mystifier, se moqaer
des gens. Pot, s. m. Trou fait au pied
3CC POT POT

mur ou au pied d'un arbre incapable de voir les taches de li-


d'un
pour bloquer les billes. Argot bertmage que certaines femmes
ont sur leur vie.
des gamins.

Pot, s. m. Cabriolet, — dans Pot-bouillassep (Se). Se


marier dela main gauche ou de
l'argot des voleurs.
Ils disent aussi Cuiller ù pot et
la main droite, dans l'argot—
Potiron roulant. des troupiers.

a»otache, s. m. Camarade Pot-bouille, s. f. Cuisine, —


ridicule et bète comme un pot, ou plutôt chose cuisinée. Argot
— dans l'argot des lycéens. des ouvriers.
Au
figuré. Faire sa petite pot-
On dit aussi Pot-à-chien.
bouille. Arranger ses petites af-
Potag^e aTCug^le, s. m. Po- faires dans l'intérêt de sou propre
tage qui devrait être gras, avoir bien-être.
des yeux de graisse, et qui est
maigre. Argot du peuple. Potence, s. f. Homme ou
femme d'une grande rouerie, qui
Potagrep, s. m.
ProstUjulum, ne vaut pas la corde qu'on dé-
— dans l'argot des voyous, pour penserait à les pendre.
qui, sans doute, les femmes sont On dit aussi Roué comme une
vraiment les choux sous lesquels potence.
poussent les enfants.
Poteaux, s. m. pi. Jambes
Potard, s. m. Pharmacien, solides, — dans l'argot des fau-
— dans l'argot des faubouriens. bouriens .

Plus spécialement Pharmacien


militaire.
On se souvient de la définition,
par Gavarni, d'une danseuse
Potasser, v. n. S'impatien- maigre de partout et ayant la ré-
ter, bouillir de colère ou d'ennui, putation de ruiner ses amants :

— dans le même argot. « Deux poteaux qui montrent la


route de Clichy. »
Potasser, v. n. Travailler
beaucoup, — dans l'argot des Potet, s. et adj. Maniaque,
Saint-Cyriens. radoteur, vieil imbécile.
On dit aussi Vieux potet, —
Potasseur, s. m. Élève très
bien coté à sou cours et très mal même à un jeime homme.
Ne serait-ce pas une sj-ncope
quant aux aptitudes militaires. une allusion à la
di' empoté ? ou
Pot-au-feu, s. m. L'endroit vieille toupie qui sert de potet
le plus charnu du corps humain, aux enfants?
— dans l'argot des faubouriens, Potin, s. m. Bavardage de
qui l'ont pris depuis longtemps
femmes, cancan de portières, —
pour cible de leurs plaisanteries dans l'argot du peuple, qui a _
et de leurs coups de pied.
emprunté ce mot au patois nor-
Pot-au-feu, s. et adj. Com- mand.
mun, vulgaire, bourgeois, — Faire des potins. Cancaner.
dans l'argot des petites dames. Se faire du potin. Se faire du
Etre pot-au-feu. Etre mesquin. mauvais sang, s'impatienter a
Devenir pot-au-feu. Se ranger, propos de médisance ou d'autre
épouser un imbécile ou un myope chose.
POU POU 367

Poliner, v. n. Bavarder, férente, et on aurait tort de les


faire des cancans, des potins. confondre.
Pou afTamé^ s. m. Ambi- Pouffiasliourg^, n. d. v.
tieux à qui l'on a donné un em- Asnières, —
dans l'argot des
ploi lucratif et qui veut s'y enri- faubouriens, qui savent que ce
chir en peu de temps. village est le rendez-vous de la
Haute-Bicherie parisienne.
Pouce
(Avoir du). Avoir de
On dit aussi plus élégamment :
lavigueur; être fièrement campé,
crânement exécuté, —
dans l'ar-
Gadoàville.
got des artistes. Pouffiasse, s. f. Fille ou
femme de mauvaise vie.
Poudre de Perlinpinpin,
s. f. Remède sans efficacité; graine Pouffiasser, v. n. Mener
d'attrape, — dans l'argot du une conduite déréglée quand —
peuple. on est femme. Fréquenter avec
Poudre d'escaiupette> s.
les drôlesses —
quand on est
homme.
f. Fuite.
Pi'endrela poudre descam- Pouic î Rien ! non ! — dans
pettc. S'enfuir. l'argot des voleurs.
C'est ce qu'on appelait autre-
fois Faire esca7npatiios.
Pouillard, s. m. Dernier
perdreau d'une couvée ou dernier
Poudre faible^ s. f. Eau levraut d'une portée. Argot des
— dans l'argot des francs-ma- chasseurs.
çons.
On Pouilleux, adj et s. Homme
blanche.
disait autrefois Huile
pauvre, — dans l'argot mépri-
Poudre sant des bourgeois.
forte. Vin.
On disait autrefois Huile rouge.
Signifie aussi Econome — et

Poudre fulminante. Eau-de-


même avare
vie. Poulailler, s. m. Abbaye
Poudre noire. Café noir li- des S'offre-à-tous, — dans l'ar-
quide. got des faubouriens.
Poudrer, v. a. et n. Se mo- Poulailler, s. m. Partie du
quer, — daus l'argot
des ga- théâtre la plus voisine du pla-
mins, qui font le geste bien connu fond, ordinairement désignée sous
par lequel ils ont l'air de pou- le nom d'Amphithéâtre.
drer la tète de la personne dont
ils se moquent. Poulaînte, s. f. Vol par
On dit aussi Poudrer à blanc. échange.
Pouf, s. m. Dette qu'on ne Poule laitée, s. f. Homme
paye pas crédit qu'on demande
;
sans énergie, —
dans l'argot du
et auquel on ne fait pas honneur. peuple.
Argot du peuple. H dit aussi Poule mouillée.
Signifie aussi Banqueroute.
Poules, s. f. pi. La popula-
Quoique pouf ait l'air de venir
tion d'une abbaye des S'offre-à-
de pu/f, comme la malhonnêteté
tous.
vient du mensonge, ce sont des
mots d'une signification bien dif- Poulet, s. m. Billet doux, ou
363 POU POU

lettre raide, — dans l'argot du Poupée, s. f. Concubine, —


peuple, qui se sert du même mot dans l'argot du peuple, qui sait
que Shakespeare {capon) que ces sortes de femmes se
prennent et se reprennent par les
Poulet de carême, s, m. hommes comme les poupées par
Hareng saur. les enfants.
Les gueux de Londres appellent C'est la mammet des ouvriers
le hareng-saur Yarmouth capon anglais.
(chapon de Yarmouth). On dit aussi, — quand il y a
m. lieu : Poupée à t^essorts.
Poulet d'hospice, s.

Homme maigre. Poupée, s. f. Soldat, — dans


l'argot des voleurs.
Poulet d'Inde, s. m. Cheval-
Poupouille, s. f. Cuisine,
Poulet d'Inde, s. m. Imbé- popote, — dans l'argot des fau-
cile, maladroit.
bouriens .

Poulette, Grisette, femme


s. f.
Poupoule, s. f. Chère amie,
légère qui se laisse prendre au
coricoco des séducteurs bien ac-
— dans l'argot des bourgeois.
crètés Pour, adv. Peut-être, — dans
Lever une poulette. « Jeter le l'argot des voleurs.
mouchoir » à une femme, dans Pour-compte, s. m. Vête-
un bal ou ailleurs. ment manqué dont le client ne
Pouleup, m.
Souscripteur
s. veut pas, — dans l'argot des
de poules, parieur de courses. tailleurs.
Armoire aux Pour-coynpte.
Poupard, s. m. Affaire pré-
C'est le carton aux ours chez les
parée de longue main, — dans vaudevillistes.
l'argot des voleurs.
Pour de vrai, adv. Vérita-
Poupard, s.
— dans
m. Nourrisson
l'argot du
blement, sérieusement, dans —
bien portant, l'argot du peuple.
peuple.
Femme pour de vrai. Femme
Gros poupard. Se dit d'un hom-
légitime.
me aux joues roses, sans barbe, Ami pour de vrai. Ami sur.
ressemblant cà un nourrisson de On dit aussi Pour de bon.
belle venue.
On dit aussi jsor^jaon. Pourri, adj. et s, Homme
On a dit autrefois poupin, vénal, corrompu, ambitieiLX, qui
comme en témoigne cette épi- a laissé pénétrer dans sa cons-
gramme du seigneur des Ac- cience le ver du scepticisme et
cords :
dans son cœur le taret do l'é-
goïsme.
« Estant popin et niignard,
Tu vous estre veu gaillard; Pourri de chic, adj. A la
Mais un homme si popin dernière mode et de la première
Sent proprement son badin. »
élégance, —
dans l'argot des
gandins et des petites dames.
Poupée, Morceau de
s. f.

linge dont on enveloppe un doigt Pourriturisme, s. m. Etat


blessé. des esprits et des consciences à
On dit aussi Catfiaic. Paris, ville où l'on s'effémine
POU POU 369

trop facilement, —
dans l'argot de toute besogne ridicule et sans
du caricaturiste Lorenz, qui atl'ec- profit.
tionne la désinence isme. On dit mieux : Une belle pous-
sée de bateaux !
Pousse, s. f . Les gendarmes,
— dans l'argot des voleurs. Pousse-moulin, s. f. Eau
Pousse (Ce qui se), s. m. Ar- courante, — dans l'argot des
gent, or ou monnaie, — dans voleurs.
l'argot du peuple.
Pousser, v. n. Surenchérir,
Substantif bizarre, — mais — dans l'argot des habitués de
substantif. J'ai entendu dire :
l'Hôtel des ventes.
« Donne-moi donc de ce qui se
Pousser, v. a. et n. Parler,
pouise. *
— dans l'argot des faubouriens.
Pousse-au-Tice, s. f. Can- On dit aussi Poa^se;- son glaire.
tharide, et généralement tous les
aphrodisiaques. Argot des vo- Pousser de l'air (Se). S'en
leurs. aller de quelque part.
On dit aussi Se pousser un
Pousse-café, s. f. Petit courant d'air^
verre d'eau-de-vie ou de rhum
pris après le café, dans l'argot — Pousser du col (Se), v.
des bourgeois. réfl. Etre content de soi, et ma-
nifester extérieurement sa satis-
Pousse -cailloux,
Fantassin, — dans l'argot
s. m.
des
faction, —
dans l'argot des fau-
bouriens, qui ont remarqué que
faubouriens. les gens fats remontaient volon-
Pousse-cul, s. m. Sergent tiers le col de leur chemise.
de ville, —
dans l'argot du peu- Une chanson populaire mo- —
ple, qui sait que ces agents de derne — consacre cette expres-
l'autorité ne prennent pas tou- sion; je me reprocherais de ne
jours des mitaines pour faire pas la citer ici :

circuler la foule.
« Tiens Paul s'est poussé du col
! !

Les aïeux, de celui-ci disaient, Est-il fiiT, parc' qu'il pioraène


en parlant d'un des aïeux de Sarah, dont la douce haleiiie
celui-là: Chien courant du bour- Fait tomber les raouch's au vol. »

reau. Signifie aussi S'enfuir.


Poussée, s. f. Bourrade ; Pousser le bois, v. a.
coups de coude dans la foule. Jouer aux échecs ou aux dames,
Par extension, Reproches, ré- — dans l'argot du peuple, qui a
primande. eu l'honneur de prêter ce verbe
Poussée, s. f. Besogne pres- au neveu de Rameau.
sée, surcroit de travail, dans — Pousser dans le battant
l'argot des ouvriers. (Se). Boire ou manger, mais
surtout boire.
Poussée de bateaux, s. f
Se dit ironiquement — dans l'ar- Pousser le boum du
got du peuple d'une chose— cygne. Mourir, —
!

dans l'argot
vantée d'avance et trouvée infé- des faubouriens, qui disent cela
rieure à sa réputation, ainsi que à propos des garçons de café et
24
370 POU PRE

de leur fatigant boum t pas de Pouvoir Yoir quelqu'un


crème, messieurs ? en peinture (Ne). Le haïr, le
Pousser sa pointe, v. ac.
détester extrêmement, — dans
l'argot des bourgeois.
S'avancer dans une affaire quel-
conque, — mais surtout dans Prandion, s. m. Repas co-
une entreprise amoureuse. pieux, — dans l'argot des artis-
tes,dont quelques-uns, je pense,
« Que de projets ma tète avorte tour à
[tour !
savent que cette expression est
Poussons toujours ma pointe et celle de lemot latin [prandium] francisé
[l'amour » par quelque écrivain fantaisiste.
C'est un provincialisme, main-
dit une comédie-parade du xviiie
tenant naturalisé parisien.
siècle {le Rapatriage).

Pousser son rond, v. a.


Prandionner, v. n. Faire
Alvum deponere, — dans l'argot un repas plantureux.
des maçons. Prat, s. f. Fille de mauvaise

Pousser un bateau, v. a.
vie, — dans l'argot du peuple.
Avancer une chose fausse, in- Praticable, s. m. Partie de
venter une histoire,,, mentir. Ar- décors accessible aux acteurs,
got des faubouriens montagnes, rochers, etc. Argot
On dit aussi Monter un bateau. des coulisses.
Pousser une js^ausse, v. a. Pratique, s. f. Petit instru-
Faire un mensonge, — dans ment plat, composé de deux
l'argot du peuple. lames d'ivoire jointes, à l'aide
On dit aussi Pousser ime his- duquel les saltimbanques imitent
toire. la voix stridente de Polichinelle.

Poussier, s. m. Monnaie, — Pratique, s. f. Libertin ;


dans l'argot des voleurs. homme d'une probité douteuse:
Poussier, s. m. Lit d'au- débiteur qui ne paye pas ses
berge ou d'hôtel garni de bas dettes ; soldat qui passe son
étage, —
dans l'argot des fau- temps à la salle de police, etc.
bouriens. Quand un homme a dit d'un
autre homme « C'est uuû pra-
:

Poussier de motte, s. m. tique » c'est qu'il n'a pas trouvé


!

Tabac à priser. de terme de mépris plus fort.


On dit aussi simplement Pous-
sier. Pré , s. m. Bagne, — dans
l'argot des voleurs.
Poussif, ad. Qui n'a plus de
souffle, qui n'en peut plus, — On dit aussi le Grand prê.
Aller au pré. Etre condamné
dans l'argot du peuple, qui, tra-
vaillant comme un cheval, en a aux travaux forcés.
naturellement les infirmités. On dit aussi Aller faucher au
pré.
. Pouvoir exécutif, s. m.
Pré-Catelanière, s. f.
Énorme canne en spirale que
Petite dame, drôlesse, habituée
portaient les Incroyables sous le
Directoire.
de bals publics, du pré Gate-—
lan et de Mabille.
L'expression est encore em-
ployée de temps en temps. PrÊchi-prêcha, s. m. Ser-
PRE PRE 371

monneur ennuyeux, — dans l'ar- Paris. Augmenter l'effet d'un


got du peuple. mot par une pantomime préala-
Préflestiné, s. m. Galant
ble, — dans l'argot des comé-
diens de la banlieue et de la
homme qui a épousé une femme province.
trop galante.
Prendre la, tang^ente.
Préfectanche, s. f. Pré-
S'échapper de —
fecture de police, — dans Targot l'argot des Polytechniciens.
l'École, dans
des voyous.
Prendre le collier de
Premièpe, s. f. Manière el-
misère, Se mettre au tra-
v. a.
liptique de désigner la première
représentation d'ime pièce de
vail, —
dans l'argot du peuple,
qui prend et reprend ce collier-là
théâtre, — dans l'argot des co- depuis longtemps.
médiens et des gens de lettres.
Quitter le collier de misère.
Premières, s. f. pi. Wa- Avoir fini sa journée et sa beso-
gons de première classe. gne et s'en retourner chez soi.
On dit de même Secondes et Prendre ses
Troisiètnes pour les voitures de
invalides,
V. n.Se retirer du commerce,
2' et de 3° classe.
— dans l'argot des bourgeois.
Premier numéro, adj. Ex-
Prendre ses jambes à son
cellent, parfait, nionéro un.
cou. Courir.
Premier-Paris, s. m. Ar-
Prendre son
ticle de tète d'un journal politi-
café aux
dépens de quelqu'un. Se
que, où l'on voit, d'après Al-
moquer de lui par parole ou par
fihonse Karr, « une série de
action.
ongues phrases, de grands mots
qui, semblables aux corps maté- Prendre un billet de
riels, sont sonores à proportion parterre, V. a. Tomber sur
qu'ils sont creux ». le dos, — dans l'argot facétieux
du peuple.
Prendre au souffleur.
Jouer sou rôle le sachant mal, en Prendre un pinson* v. a.
s'aidant du souffleur. Argot des Se laisser pincer le doigt entre
coulisses. deux pierres.
On dit aussi Prendi'e du souf- Présomptif, s. m. Enfant
fleur.
— qui est toujours l'héritier pré-
Prendre de bec (Se), v. somptif de quelqu'un.
pron. Se dire des injures, — dans Presse,
l'argot des bourgeois.
s. f. Nécessité à
faire ou dire une chose ; empres-
Prendre des mitaines, v. sement.
a. Prendre des précautions pour Il n'y a pas de presse. Il n'est
dire ou faire une chose, dans — pas nécessaire de faire cela, —
l'argot du peuple, qui emploie du moins pour le moment. Cela
cette expressiou avec ironie. ne presse pas.
On dit aussi Prendre des
gants.
Presser à carreau froid,
V. a. Faire ce qu'un autre ne
Prendre des temps de pourrait pas faire, dans l'ar- —
372 PRI PRO

got des tailleurs, qui savent .Prison de ^aint-Crépin


qu'où ne peut venir à bout d'une (Etre dans la). Etre dans des
pièce qu'avec un carreau très souliers trop étroits.
chaud.
Prix doux, s. m. Prix mo-
Prêt, s. m. Paie, — dans déré, — dans l'argot des bour-
l'argot des soldats. geois.

Prêter ciu«jt sous à quel- Produisante, s. f. La


qu'un. Lui donner un soufflet, terre, — dans l'argot des voleurs,
c'est-à-dire les cinq doigts sur le reconnaissants envers la vieille
visage, —
dans l'argot des fau- Cybèle.
bouriens.
Profane, s. m. Étranger,
Prêter loche. Prêter l'o- — dans l'argot des francs-ma-
reille, écouter, — dans l'argot çons, qui ont leurs mystères
des voleurs. comme autrefois les païens, avec
cette différence que la révélation
Preu, s. et adj. Premier, n'en est pas punie de mort et
— dans l'argot des enfants et
qu'on s'y occupe de tout autre
des ouvriers.
chose que des farces spéciales
Prévôt, s, m. Chef de cham- aux mystères de \s. Bonne Déesse,
brée, — dans l'argot des prisons. ou à ceux d'Isis, ou à ceux de
Priante, Eglise, s. f. — dans Bacchus, ou à ceux de Mithra.
l'argot des voleurs. Profond, s. m. Fossé, trou,

Prince, s. m. Galeux, — — dans l'argot des paysans des


environs de Paris.
dans l'argot facétieux et ellip-
tique des faubouriens. Ils disent Profonde, s. f. Poche de
Prince, mais ils sous-entendent pantalon, — dans l'argot des
de Galles. voyous et des voleurs.
Princesse. Galeuse.
Profonde, s. f. Gave. —
Prince du sang^, s. m. dans l'argot des voyous.
Meurtrier, —
dans l'argot sinis-
Promener quelqu'un. Se
trement facétieux du peuple.
moquer de lui, — dans l'argot
Prince russe, s. m. Entre- du peuple.
teneur, — dans l'argot de Breda- —
Street, semble que la géné-
où il Promont, s. m. Procès,
rosité, comme
la lumière, vienne dans l'argot des voleurs.
exclusivement du Nord. Promontoire nasal, s. m.
Princesse île l'asphalte, Le nez, — dans l'argot des ro-
s. f. Petite dame, — dans l'ar- mantiques, qui avaient, eux
got des gens de lettres. aussi, l'horreur du mot propre,
Ou dit aussi Princesse du trot- tout comme les classiques, leurs
toir. ennemis.
Prise, s. f. Mauvaise odeur Théophile Gautier a le premier
respirée à coup,
tout — dans employé cette expression, qu'em-
l'argot du peuple. ploient depuis longtemps les mé-
decins zagorites -.0 [xr.w'-^w.
:

Prise de bec, s. f. Engueu-


lement. Propre, adj. Antiphrase de
PRO PRU 373

l'argot du peuple, qui l'emploie de fréquents sacrifices au dieu


au figuré. Crépitus.
Etre propre, pour lui, est l'é-
quivalent de Etre dans de beaux
:
Prudhomme s. m. Imliéoile
solennel dont le type a été in-
draps.
venté par Henry Monnier. On se
Propre-à-rien, s. m. Lâche rappelle et l'on cite souvent en
cauciille, misérable digne de la riant, dans la conversation, cette
roue, —dans l'argot du peuple, phrase supercoquentieuse, digne
qui ne connaît pas, après feignant, du bourgeois sur les lèvres du-
d'injure plus sanglante à jeter à quel elle est éclose « Si cela :

la tête d'un homme, fùt-il le plus peut faire votre bonheur, soyez-
honnête et le plus brave des le. » Soyez-le pour soyez heureuo:!
hommes. L'ellipse est un peu forte.

Prote à tablier, s. m. Un chroniqueur parisien, M. Ju-


les Maillot, plus inconnu sous le
Prote qui lève la lettre comme
les autres ouvriers, dans l'ar- — nom de Jules Richard, s'est rendu
coupable d'une phrase de la môme
got des typographes.
famille :« Il ne faut pas traiter
Protecteur, s. m. Galant sérieusement les choses qui ne le
homme qui entretient une femme sont pas, » a-t-il dit très sérieu-
galante. sement dans le Figaro du 7 dé-
On dit aussi Milord protecteur cembre 1865.
Les actrices disent Bienfai-
Prune, s. f. Balle ou boulet,
teur.
— dans l'argot des soldats, qui
Protéger, v. a. Entretenir ne se battent vraiment que pour
une femme. des prunes.
Le mot a des chevrons. Un
Proue, s. f. L'arrière du
navire-homme, — dans l'argot
jour, Sully, accourant pour pré-
venir Henri IV des manœuvres
des marins.
de l'ennemi, le trouve en train
Filer le cable de proue. Alvum de secouer vm beau prunier de
deponere. damas blanc « Pardieu Sire!
: !

Proute, s. f. Plainte, gron- lui cria-t-il du plus loin qu'il


derie, — dans l'argot des vo- l'aperçut, nous venons de voir
leurs. passer des gens qui semldent
avoir dessein de vous préparer
Prouter, v. n . Porter plainte, une collection de bien autres
gronder. prunes que celles-ci, et un peu
Prouter, v. a. etn. Appeler,
plus dures à digérer. »
héler, — dans l'argot du peuple, On dit aussi Pruneau.
Gober la prune. Recevoir une
qui crie souvent Prout ! prout !
:

Se dit aussi —
dans le même
blessure mortelle.
argot — des sacrifices faits au Prune, s. f. Griserie, —
dieu Crépitus. C'est une onoma- dans l'argot du peuple, qui em-
topée. ploie cette expression depuis la
création de l'établissement de la
Prouteur, s. et adj. Plai-
Mère Moreaux, c'est-à-dire de-
gnant, grondeur.
puis 1798.
Prouteur, s. et adj. Qui fait Avoir sa prune . Etre saoul.
374 PUG PUN

Prunean, s. m. Chique de qu'elles n'ont pas étrenné, qu'on


tabac, — dans l'argot des faubou- ne leur a encore rien acheté de la
riens. journée.
Pruneau, s.m. Alvi dejectio. Puce traTailleuse, s. f.
Poser mi pruneau. Levare Lesbienne, — dans l'argot des
ventris onus. faubouriens.
Pruneaux, s. m. pi. Yeux. Puer au nez,
v. n. Dé-
Boucher ses pruneaux. Dormir. plaire, ennuyer, —
dans l'argot
du peuple, qui dit cela à propos
Prune de Ifiionsieur, s. f.
Archevêque, —
dans l'argot des
des choses et des gens qui sou-
vent puent le moins.
voleurs, qui savent que ces pré-
lats sont habillés de violet. Puer bon, v. n. Sentir bon.

Prunes de propbétie, s. f. Puff, s. m.


Gharlatanerie.
pi. Fumées d'un animal, — dans Vient du verbe anglais to pu/f,
l'argot des chasseurs. bouiîer, boursoufler, faire mous-
ser.
Prussien, s. m. Un des
trop nombreux pseudonymes de Puffiste, s. et adj. Charlatan,
Messire Luc, —
dans l'argot des inventeur de pommades impos-
troupiers, dont les pères ont «u, sibles, d'élixirs invraisemblables;
sous la République et sous l'Em- montreur de phénomènes, c'est-à-
pire, de fréquentes occasions d'ap- dire, par exemple, d'un cheval k
pliquer leurs baïonnettes dans les toison de brebis, d'un veau à
reins des soldats prussiens. deux tètes, d'une IVIalibran noire,
On connaît la chanson : de frères spirites, etc.
« Le g-ém'ral Kléber, Les Français vont assez bien
A la barrièr' d'Enfer, dans cette voie mais ils ne sont
;

Rencontra un Prussien pas encore allés aussi loin que


Qui lui montra le sien. »
les Anglais, et surtout les Amé-
C'est à tort qu'im étymologiste ricains,parmi lesquels il faut
va chercher à ce mot, jusque chez citer M.Barnum, le prince de la
les Zingaris, une étymologie — blague [prince of humbug).
toute moderne.
Puissant, adj . Gros, fort, —
Puant, adj.Fat,
s. et dans — dans l'argot du peiiple, qui ne
l'argot du peuple, qui fait peut- s'éloigne pas autant du sens la-
être allusion aux odeurs de musc tin Ipotcns) que seraient tentés de
et de patchouli qu'exhalent les le croire les bourgeois moqueurs.
vêtements des élégants. m.
Puits (le science, s.

Puceau, adj. et s. Naïf, in- Homme profond par son savoir


nocent; peu dégourdi, — plus sot — ou par ses apparences de sa-
qu'il ne convient. voir.

Pucelag^e (Avoir encore son). Punaise, s. f. Fille oufenime


Etre un peu neuf dans une af- de mauvaises mœurs,— dans l'ar-

faire ; n'avoir pas encore la roue- got des gens de lettres.


dans un métier.
rie nécessaire Encore une punaise dans le
Les marchandes emploient la beurre i Encore une drôlesse qui
même expression pour dire du trottoir passe sur les planches
PUR PUT 375

d'un petit théâtre pour y faire le Roi. Le type existe à côté des
des hommes plus respectables — plus nobles et des plus généreux,
comme argent. comme le bouledogue à côté du
Cette expression sort du caniche, comme le loup à côté du
théâtre du Petit Lazari. On lion. J'aurais regrette d'oublier
jouait ime pièce à poudre (une ce mot et ce type modernes. —
pièce à poudre à Lazari !), la
soubrette entre en scène, va droit
Purée, Cidre,
s. f. — dans
l'argot des voleurs.
à une armoire, l'ouvre et recule
en s'écriant « Madame la mar-
: Purée de marrons, s. f.
quise encore une punaise dans
!
Meurtrissures du visage, dans —
le beurre » L'auteur de la pièce,
!
l'argot des faubouriens
qui n'avait pas écrit cette phrase, Faire de la purée de marrons.
fut très étonné; mais le public, Appliquer un vigoureux coup de
habitué aux choses abracada- poing en pleine tigure.
brantes, ne fut pas étonné du
tout. C'était une interpolation Purg^ation, s. f. Plaidoyer,
soufflée dans la coulisse par Pel-
— dans l'argot des voleurs.
letier, un acteur affectionné des Pur-sang, s. m. Vin rouge
titis. naturel, sans addition d'eau ni
Punaise, s. f. Fleur de /«Y,— d'alcool, — dans l'argot des ca-
dans l'argot des voyous, qui ne baretiers.
sont pas précisément légitimistes. Pur-sang, s. m. Cheval de
Punaise, s. f. Femme har-
race, — dans l'argot du Jockey-
Club.
gneuse, acariâtre, puante de mé-
chanceté, —
dans l'argot du Pur-sang, s. f. Fille entre-
peuple, qui ne se doute pas qu'il tenue et qui mérite de l'être, à
se sert là de l'expression même cause de sa beauté et de ses —
employée par le prince des poètes vices. Argot des viveurs.
latins Cimex, dit Horace.
:
Put! Interj. qui sert à mar-
l*auaisière, Café bor- s. f. quer, soit le doute, soit le mépris,
gne, caboulol spécialement hanté — plus souvent encore le mépris
par des gigolettes et leurs gi- que le doute.
golos. Putain, s. f. Femme qui
Punaisin, adj. et s. Homme vend l'amour —
ou qui le donne
dont corps ou les vêtements trop facilement. Argot du peuple.
le
sont nidoreux. L'expression est vieille —
Tabouret a donné ce nom à
comme? la légèreté du sexe fémi-
nin. Il n'est peut-être pas un
une de ses victimes.
seul poète français un ancien —
Pur, s. m. Homme sévère et — qui ne s'en soit servi.
injuste, Prudhomme politique ou Putain comme chausson. Ex-
philosophique intraitable, qui trêmement débauchée.
n'admet pour honnêtes que ceux On aussi eu parlant d'un
dit
qui partagent ses opinions, pour Homme dont l'amitié est banale :

philosophes que ceux qui avec C'est une putain.


Strauss nient la divinité de Jésus, Avoir la main imtain. Donner
pour républicains que ceux qui des poignées de main à tout le
avec Alibaud ont un peu tiré sur monde, même à des inconnus.
876 PUT PUT

Putassier, s. et adj. Libertin. Putiphariser, v. a. Es-


sayer de séduire un jouvenceau,
Puliuerj v. D. Courir les
— dans l'argot de Breda-Street.
gueuses.
Le mot date de 1830 et de Pé-
r Pulinerie, s. f. Liberti- trus Borel.
nage, — eu parlant des femmes. Champfleury, à qui l'on doit
Amitié banale, — en parlant des quelques néologismes malheu-
hommes. reux, a écrit jyutipharde)'.
Quand il fera chaud, adv. devant tout autre type grotesque
Jamais, — dans l'argot du peu- ou terrible du trouoir, il se —
ple. découvrait en disant « Je te :

On dit aussi Quand les poules salue, quarante-cinq I »


auront des dents. Maintenant, pourquoi 45, et
non pas 25 ou 105, ou n'importe
Quant à soi, s. m. Réserve quel autre chiffre? Je n'en sais
exagérée, fierté, suffisance.
rien, et, de leur propre aveu, les
Quantum, s. m. Argent, artistes en question n'en savent
somme quelconque, caisse. rien eux-mêmes.

Quarante-cinq, s. m. Cré- Quarante-cinq ! Exclama-


tin bien réussi, arsouille complet, tion onomatopéique de l'argot
canaille idéale, libertin de pre- des faubouriens, qui l'emploient
mier ordre. chaque fois qu'on casse de la
vaisselle, des bouteilles ou des
Être quarante-cinq. Réunir
verres.
toutes les qualités qui consti-
tuent un imriécile ou tous les
On dit aussi quarante-cinq à
quinze I
vices qui parangonnent un co-
quin. Quart d'à S'eut de changée,
L' expression date de 1833: elle s. m. Personne intéressée pour
a été inventée par quatre ar- un quart dans une charge d'a-
tistes et mise à la mode par eux. gent de change. Argot des bour-
Toutes les fois qu'un de ces ar- siers.
tistes passait devant une de ces Il y a aussi des cinquièt7ies, des
bonnes têtes de bourgeois qui sixièmes et même des dixièmes
annoncent le contentement de soi d'agent de change.
et l'absence complète de toute
intelligence, —
ou devant un de Quart d'auteur, s. m. Col-
Daumier dont laborateur pour un quart dans
ces ivrognes à la
il semble que les vêtements eux-
une pièce de théâtre. Argot des
coulisses.
mêmes se soient livrés à la bois-
son, tant ils sont fangeux, — ou Quart-d'œil, s. m. Commis-
378 QUA QUE

saire de police, —
dans l'argot Quelpoique, adv. Rien, —
des faubouriens. dans l'argot des voleurs.
Se dit aussi de l'haLit noir de
ce fonctiounaire. Quelque part. Adverbe de
lieux, — dans l'argot des bour-
Quartier, s. m. Logement geois.
de trois ou quatre pièces, dans — Quelque part, adv. L'en-
l'argot des ouvriers qui ont été
droit du corps destiné à recevoir
travailler en Belgique.
des coups de pied, dans l'ar- —
Quasiiuodo, s. m. Homme got du peuple.
fort laid, plus que contre-
laid, Avoir quelqu'un quelque part.
fait, —dans l'argot du peuple, En être importuné, en avoir —
qui a lu Notre-Dame de Paris. plein le dos.
Quatorzième éereTîsse* Quelqii'un, s. m. Personnage,
s. f. Figurante, —
dans l'argot homme d'importance ou se don-
des coulisses. nant de l'importance.
L'expression est récente. Elle Se croire un quelqu'un. S'ima-
sort du théâtre des Folies-Mari- giner qu'on a de la valeur, de
gny, aux Champs-Elysées, où l'importance.
l'on a joué je ne sais quelle re- Faire son quelqu'un. Prendre
vue-féerie où paraissaient beau- des airs suffisants. Faire ses em-
coup de femmes chargées de re- barras.
présenter, celles-ci des légumes,
et celles-là des poissons, crus- — Quémander, v. a. et n.
tacés ou non. Vous avez com- Mendier, au propre et au figuréj
pris ? — dans l'argot du peuple, qui
pourtant n'a pas lu les Aventures
Quatre-coins, s. m. Mou- du baron de Fœneste.
choir,— dans l'argot des voleurs.

Quatre sous
Quémandeur, s. m. Men-
(De). Étalon à diant.
l'aideduquel le peuple apprécie
la valeur des choses qui n'eu — Quenottes, s. f. pi. Dents,
ont pas pour lui. — dans l'argot des enfants.
Fichu ou Foutu comme quatre Ils les appellent aussi Lou-
sous. Mal habillé. loutes.

Quatre-sous, s. m. Cigare Quenottier, s. m. Dentiste,


de vingt centimes. — dans l'argot des faubouriens.
Quatre-Ting^t-diXj s. m. Queue, s. f. Infidélité faite à
Truc, secret du métier, dans — une femme par son amant, ou à
l'argot des marchands forains. im homme par sa maîtresse.
Vendre le quatre-vingt-dix. Ré- Faire une queue à sa femme.
véler le secret. La tromper en faveur d'ime
autre femme.
Quatre-z-yeux, s. m.
Homme qui porte des lunettes, Queue, s. f. Escroquerie, farce
— dans l'argot du peuple. de mauvais goût, carotte. Argot
des soldats.
Quatuor, s. m.
Le quatre,
— dans l'argot des joueurs de do-
Faire la queue. Tromper.
minos. Queue, s. f. Reliquat de
QUE QUI 379

compte, — dans l'argot des dé- que chose « Je la trouve bonne. »


:

biteurs. Aussitôt un loustic ajoute d'eyi-


Faire une queue. Redevoir fant, puis un autre ticide, puis
quelque chose sur une note, qui d'autres de Normandie, t-on — —
arrive ainsi à ne jamais être taine — ton ton mariné — — e/i

payée, parce que, de report en re- trompette —


tition au Sénat —
port, cette queue s'allonge, s'al-
— eur de sanglier par la —
longe, s'allonge, et finit par de- patte — hologie berne — en —
venir elle-même une note formi- Suisse — esse —
vous que je
dable. vois, etc., etc., etc. Lesquelles
coquesigruïtés, prises isolément,
Queue de poireau, s. f. donnent Bonne d'enfant,
: in- —
Ruban de Saint-Maurice et La- fanticide, —
cidre de Norman-
zare, —
lequel est vert. Argot die, — dit- on, —
ton taine ton ton,
des faubouriens. — thon mariné, —
nez en trom-
Queue de rat^ s. f. Bougie pette, — pétition au Sénat, —
roulée eu corde, — dans l'argot
hure de sanglier, etc.
des bourgeois. Qui a du onze corps-beau?
Queue de Question qui ne demande pas
rat, s. f. Taba-
de réponse, pour annoncer l'en-
tière en écorce d'arbre s'ouvrant
trée d'an prêtre dans l'atelier.
au moyen dune longue et étroite
lanière.
Même argot.

Queue de renard, s. f. Té-


Quibus, s. m. Argent, —
moignages accusateurs d'un di- dans l'argot du peuple.
ner mal digéré. Argot du peuple. Qu'est-ce qui tous de-
Queue d'un chat (Pas la).
mande l'heure qu'il est?
Solitude complète.
Phrase du même argot, souvent
employée pour répoudre à une
Queue-Ieu-leu (A la), adv. importunité.
L'im après l'autre, en s'entre-eui-
vant comme les loups.
Quig^uon, s. m. Gros mor-
ceau de pain.
Queue roug^e, s. f. Jocrisse, Quiller, v. a. et n. Lancer
homme chargé des rôles de
niais, — dans l'argot des cou-
des pierres, soit pour attraper
quelqu'un qui s'enfuit, soit pour
lisses.
abattre des noix, des pommes, etc.
Signifie aussi Homme
qui se Argot des gamins.
fait le boufi'ou des autres, sans
être payé par eux. Quiller à l'oie, v. a. En-
voyer un bâton dans les jambes
Queues, s. f. pi. Phrases de' quelqu'un, —
par allusion à
soudées ensemble à la queue-leu- un jeu cruel qui était encore en
leu, —
dans l'argot des typogra- honneur chez nous il y a une
phes, dont c'est le javanais. vingtaine d'aimées. Argot du
Un échantillon de ce système peuple.
de coquesigruïtés, que l'on pour-
croire moderne
Quilles, s. f. pi. Jambes,
rait
plus que centenaire,
et qui est
sera peut-
— dans l'argot des faubouriens.
être plus clair que ma définition. Quimper, v. n. Tomber, —
Quelqu'un dit, à propos de quel- dans l'argot des voleurs.
380 QUI QUO

4|uimper la lance, v. a. jeunes et bien faites, ou de celles


Meie7-e. qui se croient ainsi.

Quinquets^ S. m. pi. Les Quînze-Ting^t, s. m. Aveu-


yeux, — dans l'argot des faubou- gle, — dans l'argot du peuple.
riens .
Qui qui, s. m. Abatis de
Belle paire de quinquets. Yeux toutes sortes de choses, tètes de
émerillonnés. chats, os de lapins, cous d'oies,
Allumer ses quinquets. Regar- etc., — dans l'argot des chiffon-
der avec attention. niers, qui vendent cela aux gar-
Éteindre les quinquets. Crever gotiers, lesquels « en font de fa-
les yeux. meux potages ».

<|uinte-et-quatorze« s. m. Qui-Ta-là, s. m. Passeport,

Mal au traitement duquel est af- — dans l'argot des faubouriens.


fecté l'hôpital du Midi. Qui-Ta-fite, s. f. Ventris
Avoir quinte-et-quatorze. N'a- fluxus, — dans l'argot des bour-
voir pas su écarter la dame de
cœur, — ou plutôt la dame de
pique. Quoniam bon train, adv.
Rapidement, avec empressement,
Quintette, s. m. Le cinq, — — dans l'argot du peuple.
dans l'argot des joueurs de do-
minos . Quoquante, s. f. Armoire,
— dans l'argot des voleurs.
Quinze ans, toutes ses
Quoquard, s. m. Arbre, —
dents et pas de corset !
dans le même argot.
Phrase souvent ironique de l'ar-
got des faubouriens, qui l'em- Quoqueret, s. m. Rideau, —
ploient à propos des femmes dans le même argot.
cSËfcs^^p^'âS^

Rabâchag^e, s. m. Bavar- gent, et le plus souvent, des


dage, —dans l'argot du peuple. restes de soupe.
Redites inutiles, Aieux clichés, — Rabiau, m. Temps
dans l'argot des gens de lettres. s qui
reste à faire, -
dans l'argot des
Rabâcher, v. n. Ne ".pas sa- troupiers.
voir ce qu'on dit; se répéter On dit aussi SurcrrAt de puni-
comme font d'ordinaire les vieil- tion.
lards.
Rabiauter, v. n. Boire ce
Rabâcheur, s. m. Bavard, qui reste dans le bidon.
homme qui dit toujours la même Je ne sais pas d'où vient ra-
chose, qui raconte toujours la biau, mais rabiauter vient cer-
même histoire mauvais
; écrivain. tainement de rebibere (boire de
nouveau).
Rabat-Joie, s. m. Homme
mélancolique ou grondeur, — Rabibochage, s. m. Boni,

dans l'argot du peuple. dédommagement, consolation,
On dit aussi Père Rabat-joie. dans l'argot des enfants, qui
font entre eux ce que M. Béna-
Rabiage, s. m. Rente, — zet pour les décavés de
fait
dans l'argot des voleurs, Bade à celui qui a perdu toutes
:

ses billes à la bloquette ils en


Rabiauj s. m. Résidu; reste
de portion, —
dans l'argot des
rendent une douzaine pour qu'il
puisse en aller gagner d'autres
faubouriens, qui ont emprunté ce
mot à l'argot des marins. — à d'autres.
On dit aussi Rabiautage. Rabibocher, v. a. Récon-
Rabiau, s. m. Malade qui,
cilier des gens fâchés, dans —
l'argot des bourgeois.
dans certains hôpitaux, rend cer-
Se rabibocher. Se réconcilier.
tains services à ses camarades de
salle, comme de faire leurs lits, Râblé, adj. Homme solide
de brosser leurs effets, etc. On des épaules et des reins, — dans
lui donne quelquefois de l'ar- l'argot du peuple.
382 RAG RAD

Raboter le sifflet (Se). Bilboquet arracha jadis devant


Boire im verre d'eau-de-vie ou « Monsieur et madame le maire
de vin. de Meaux ».

Rabouillère, s. f. Maison Raclée, s. f. Coups donnés ou

de apparence, comme il y
triste reçus, — dans l'argot du peuple.
en a tant encore dans le fau- Racler, v. a. Prendre perdre.
;
bourg Marceau, nids à rats et On dit aussi Rafler.
à pimaises, trous à lapins plutôt
que demeures humaines. Racler le boyau, v. a.
Jouer du violon, — dans l'argot
Rabouin, s. m. Le Diable,
des musiciens.
— dans l'argot dess voleurs.
Raclette, s. f. Agent de la
Rabouter, v. n. Revenir,
— police secrète, — dans l'argot des
abouler de nouveau, dans voleurs.
l'argot des faubouriens.
Racontaine, s. f. Récit fa-
Rabrouer* v. a. Gronder, milier, cancan.
brutaliser, parler rudement, — Racontars, s. m. pi. Bruits
dans l'argot du peuple.
de salons et de clubs, échos, —
On dit aussi Rembarrer dans l'argot des journalistes.
Racaille, Individu C'est Aurélien Scholl qui a
s. f. ou
Collection d'individus crapuleux, employé le premier cette expres-
— populi fex. sion je lui en laisse la respon-
:

sabilité.
C'est le tag-rag des Anglais.
Rade ou Radeau, s. m. Ti-
Raccord, s. m. Répétition
roir de comptoir où sont les ra-
partielle d'une pièce, — dans dis, — dans l'argot des voleurs.
l'argot des coulisses.
Signifie aussi Boutique.
Raccourci, s. m. Chemin Rade, s. m. Apocope de Radis,
de traverse, —
dans l'argot des — dans l'argot des voyous.
paysans des environs de Paris.
Radeau de la Méduse, s.
Raccourcir, V. a. Guillo- m. extrême,
Misère dans —
tiner, — dans l'argot des vo- l'argot des bohèmes, qui souf-
leurs. frent parfois de la faim et de la
On disait autrefois Raccourcir soif autant que les naufragés cé-
d'un jned, —
ce qui est une lon- lèbres peints par Géricault.
gueur de tète. Etre sur le radeau de la Mé-
On dit aussi Rogner, duse. N'avoir pas d'argent.
Raccrocher, v. a. Se pro- Radin, s. m. Gousset de
mener sur le trottoir en robe montre ou de gilet, — dans
décolletée et en bas bien tirés, — l'argot des voleurs.
dans l'argot du peuple. Friser le radin. Le débarrasser
de sa montre.
Raccroclieusc, s. f. Fille
Radis, s. m. Pièce de mon-
de mauvaises mœurs.
naie, argent quelconque, dans —
Racines de pi.buis, s. f. l'argot des faubouriens.
Dents jaunes, avariées, esgri- N'avoir pas ?//i radis. Etre
gnées, —
comme celles que tout à fait pauvre.
RAF RAG 333

Radouber (Se), v, réfl. Ré- au vocabulaire des marins, qui


parer sa fortune ou sa santé, — appellent ainsi tout Bâtiment
dans le langage des ouvriers qui léger.
ont servi dans l'infanterie de
marine. Rafistoler, v. a. Raccom-
On dit aussi Passer au grand moder.
radoub. Rafistoler (Se), v. réfl.
Radurer, v. a. Repasser S'habiller à neuf, ou seulement
sur la meule, — dans l'argot Mettre ses habits du dimanche.
des voleurs. Ra-fia, s. m. pi. Notes fré-
Radureur, s. m. Repasseur quemment exécutées s le tam-
de couteaux. bour.

— Rafle, s. f. Arrestation d'une


Rafale, s. f. Misère, bande de gens main basse faite
;
dans l'argot du peuple, en proie sur une certaine quantité de
aux bourrasques continuelles de choses. Argot du peuple.
la vie.
Rafler, v. a. Prendre, saisir,
Rafale, adj. et s. Misérable,
chiper.
pauvrement vêtu ou de triste
mine. Rafratchir (Se), v. réfl. Se
Ne faudrait -il pas dire plutôt battre au sabre, dans l'argot —
affalé ? Je crois que oui. Les des troupiers.
marins, voulant peiudre le même On dit aussi Se rafrakhir d'un
état d'ennui, d'embarras, de mi- coup de sabre.
sère, disent au figuré Etre affalé
— Rag^e de dents, s. f. Grosse
sur la cote,
*omme,
ce qui est, en
être à la côte.
faim, — dans l'argot du peuple.
Rag^ot, s. m. Cancan, médi-
Rafaler, v. a. Abaisser, — sans
humilierj — dans l'argot des vo-
sance,
aux grognements des sangliers
doute par allusion
leurs qui savent mieux que per-
de deux à trois ans, moins inof-
sstXBBe combien la misère ou des
fensifs que ceux des marcassins.
vêtements pauvres peuvent rava-
ler un homme. Rag^oter» v. n. Murmurer,
gronder sourdement.
Rafaler (Se), v. réfl. De- On dit aussi Rayonner.
venir pauvre porter des vête-
ments usés, — ;

dans l'argot du Rag^oût, s. m. Assaisonne-


peuple. ment d'un plaisir quelconque.
S'emploie souvent en mauvaise
Raffurer, v. a. Regagner, part
— dans l'argot des voleurs.
:

« J'aurois un beau lésion pour juger


Raffut, s. m. Tapage, — [d'une urine,

dans l'argot du peuple. Et, meprenant au nez, loucher dans un


[un bassin
Rafiau, s. m. Domestique Des ragousts qu'un malaJe offre à son
[médecin, «
d'hôpital, infirmier.
dit Mathurin Régnier en sa sa-
Rafiot, s. m. Chose de peu tire la Poésie toujours pauvre.
d'importance camelote.
;

Cette expression est empruntée Ragoût, s. m. Relief, accen-


384 RAI RA^I

tuation de couleur, hardiesse de police en général, — dans l'argot


brosse, —
dans l'argot des ar- des voleurs.
tistes .
Raille, s. m. Mouchard.
Ragoût, s. m. Soupçon. — Raisiné, s. m. Sang, — dans
dans l'argot des voleurs.
Fai?'e des ragoiUs. Éveiller des
le même argot.

soupçons. Raisiné (Faire du), v. a.


Rag:o iktant, te,
adj. Plai-
Saigner du
nez, dans l'argot—
sant, agréable, —
dans l'argot du
du peuple, qui n'a pas emprunté
cette expression aux voleurs.
peuple, qui emploie cette expres-
sion à propos des gens comme à Rajouter, v. a. Ajouter, —
propos des choses. dans l'argot des bourgeois, qui
Vieillard ragoûtant. Qui est parlent souvent le français des
propre, — et surtout sans infir- réalistes, émaillé de pléonasmes
mités.
Râleur, s. m. Faux ama-
Femme ragoiUante. Qui excite teur de livres qui bouscule les
l'appétit des amoureux. boites sans rien acheter. Argot
Rag^oûter, v. a. Remettre en des bouquinistes.
appétit, réveiller le désir. Râleuse, s, et adj. Femme
Raide, s. m. Eau-de-vie, — qui marchande
acheter, —
tout
dans l'argot des bou-
sans rieu
dans l'argot des faubouriens.
On dit aussi Rude. tiquiers.

Raide, adj. Invraisemblable, Râleuse, s. f. Courtière,


à
difficile croire, —
c'est-à-dire
femme chargée d'arrêter les pas-
sants pour leiu' proposer de la
à avaler.
Se dit à propos d'un Mot sca-
marchandise. Argot des mar-
breux, d'une anecdote croustil-
chandes du Temple.
leuse. Rama, s. m. G-elot que les
La i7'ouver raide. Être étonné artistes trouvaieni drôle, vers
ou offensé de quelque chose. 1838, d'attacher à tous leurs
mots, pour parodier les Diora-
Raide, adj. Complètement mas, les Panoramas et autres
gris, — parce que l'homme qui Géoramas alors eu vogue. C'é-
est dans cet état abject fait tous javanais.
tait leur
ses eftbrts pour que cela ne s'a- Parler en raina. Ajouter rama
perçoive pas, en se raidissant, en à toutes les phrases.
essayant de marcher droit et avec
dignité. Ramasser, v. a. Arrêter,
On dit aussi Raide comme la conduire en prison, — dans l'ar-
Justice. got des faubouriens.
Se faire i-a/yiasser. Se faire
Raide comme balle, adv. arrêter.
Rapidement.
Ramasser (Se), v. réfl. Se
Raidir, v. n. Mourir. relever lorsqu'on est tombé.
On dit aussi Raidir l'ergot, ou
Ramasser ses outils.
les ergots.
Mourir, — dans l'argot des ou-
Raille, s. f. Les agents de vriers.
RAM RAP 385

Bamastiquer, v. a. Ra- montant et en descendant dans


masser, — dans l'argot des vo- la cheminée qu'il nettoie.
leurs.
Rampe, s. f. Le cordon des
Ramastiqueur, s. m. Va- lumières qui éclairent la scène,
riété de filous décrite par Vidocq — dans l'argot des coulisses.
(p. 46). Se dit aussi pour Théâtre,
scène, coulisses.
Rambuteau, Colonne s. m.
Princesse de la rampe. Ac-
ad usum lotii des promeneurs,
trice.
établie le long de nos boule-
vards sous l'édilité du comte de Se brûler à la rampe. Jouer
Rambuteau. pour soi, —
s'approcher trop
près du public, sans s'occuper des
Rame, s. f. Plume, — dans autres acteurs en scène.
l'argot des voleurs.
Rampeau ! Coup nul, —
Rameneur, s. m. Homme dans l'argot des enfants, lors-
affligéde calvitie, qui essaye de qu'ils jouent aux billes ou à la
la dissimuler en ramenant habi- balle.
lement ses derniers cheveux sur Les vieux joueurs de boule
le devant de sa tète et & em- — emploient la même expression à
pruntant ainsi un qui vaut dix ». propos du second coup d'une par-
tie en deux coups de boule.
Rameneuse, s. f. Petite
dame dont la spécialité est de ËCamponer, v. n. Boire,
faire espalier à la porte des s"enivrer.
cafés du boulevard, vers l'heure L'expression date évidemment
de la fermeture, afin d'y nouer du fameux Ramponneau, le ca-
connaissance avec quelque galant baretier de la Courtille.
homme. Ran;^, m.
s. Armature de
Rainicher, v. a. Réconcilier bois qui supporte toujours les
des gens fâchés, —
dans l'argot casses, et quelquefois les ouvriers
du peuple. typographes.
Seramicher. Se dit des amants Rapatrier (Se). Se récon-
qui se reprennent après s'être cilier, — dans l'argot du peuple.
quittés.

Ramolli, s. et adj. Imbécile,


Râpe, s. f. Le dos, — dans
ou simplement Ennuyeux, — l'argot des voleurs.

dans l'argot des faubouriens. Rapiat, s. m. Auvergnat,


Savoyard. Même argot.
Ramona, s. m. Petit Sa-
voyard, qui, aux premiers jours Rapiat, s. et adj. Cupide,
d'automne, s'en vient crier par avare, un peu voleur même, —
les rues des villes, bar ouille de dans l'argot du peuple.
suie, raclette à la ceinture et sac Rapin, s, m. Mauvais pein-
au dos. tre, — dans l'argot des bour-
geois.
Ramoner, v. n. Murmurer,
marmotter, parler entre ses Rapiot, s. m. Pièce mise à
dents, —
par allusion au bruit un habit ou à un soulier, —
désagréable que fait le ramon en dans l'argot des faubouriens.

25
386 RAT RAT

Rapioter, v. a. Rapiécer. que les maîtres du logis soient

Rapioter, v. a.
Fouiller, — couchés, et, lorsqu'il est assuré
de l'impunité, ouvre la porte à
dans l'argot des voleurs.
ses complices du dehors.
Rapiquer, v. n. Revenir On dit aussi Raton.
quelque part, retourner à quel- Courir le rat. Voler la nuit
que chose. Argot des faubou- dans une auberge ou dans un
riens. hôtel garni.
On dit aussi et mieux Rappli-
quer, Rat, s. m. Caprice, — dans
l'argot du peuple, qui dit cela
Rapporteur, s. m. Elève aussi bien à propos des serrures
qui dénonce ses camarades au qui ne vont pas que des gens qui
maître. Argot des écoliers. font mauvaise mine
Raser, v. a. Ennuyer, être Autrefois, Avoir des 7'ats c'é-
importun, — comme le sont
tait « avoir l'esprit folâtre, bouf-
fon, étourdi, escarbillard, farceur
ordinairement les barbiers, gens
qui se croient obligés, et polisson ».
pour dis-
traire leurs pratiques sur la Rat, s. et adj. Avare homme
;
sellette, de
leur raconter des intéressé.
fariboles,des cancans, des anas
aussi vieux que Matliusalem. Rat, s. m. Bougie cordelée
Argot du peuple et des gens de d'un mètre ou deux de longueur,
lettres. mais repliée de façon à tenir dans
On disait il y a cent ans FaÎ7'e la poche.
la barbe.
Rat, s. m. Retardataire, —
RasibuB, prép. Tout près, dans l'argot des Polytechniciens.
tout contre, au ras, — dans l'ar- Rats de ponts. Celui qui, après
got du peuple. son examen de sortie, est exclu
par son rang des Ponts-et-Chaus-
Rasoir, s. m. Homme en- sées.
nuyeux.
Rasoir anglais. Le plus en- Rat de soupe. Celui qui arrive
nuyeux, —les rasoirs qui vien-
trop tard au réfectoire.
nent de Londres ayant la répiita- Rat, s. m. Petite fille de sept
tion d'être les plus coupants du à quatorze ans, élève de la danse,
monde. qm est à la première danseuse
On dit aussi Raseur. ce que le saute-ruisseau est au
notaire, et qui devient bien plus
Rasoir Exclamation de la
!

facilement célèbre comme courti-


même famille que Des navets !
sane que comme rivale de Fanny
Rasoir national, s. m. La Essler.
guillotine, — dans l'argot des Le mot date de la Restaura-
révolutionnaires de 1793. tion,quoique quelques personnes
Passer sous le rasoir national. — mal informées —
lui aient
Etre exécuté. donné comme date 1812 et comme
Rat, s. m. Petit voleur qui père Nestor Roqueplan.
entre dans une boutique un peu Rata, s. m. Ragoût de pom-
avant sa fermeture, se cache mes de terre et de lard, dans —
sous le comptoir en attendant l'argot des troupiers.
RAT REA 387

Ratafiat de grenouille* moquer de quelqu'un, — dans


s. m. L'eau, — dans l'argot du l'argot du peuple.
peuple. On n'emploie guère ce verbe
On dit aussi Anisette de bar- qu'à la première et à la troi-
billon et Bourgogne de cheval. sième personne de l'indicatif
présent.
Ratapoil, s. et adj. Partisan
quand même du i" Empire et Raton, s. m. Petit voleur.
admirateur aveugle de l'empereur Rattrapagre, m. Fin
s. de
Napoléon. la copie donnée à un typographe.
Ratatouille, s. f. Mauvais 11 est tenu de composer (on dit

ragoût, plat manqué. rattraper) jusqu'au nom de son


camarade écrit sur la copie sui-
Ratatouille, s. f. Coups vante.
donnés ou reçus.
Ravage» s. m. Débris mé-
Rat de cave, s. m. Employé talliques volés.
de la régie, — dans l'argot des
marchands de vin. RaTageur, s. m. Dragueur
à la main, qui exploite les bords
Rat de prison, s. m. Avo- de la Seine au-dessous de Paris
cat, — dans l'argot des voleurs. avec l'espérance d'y faire des
trouvailles heureuses.
Rater, v. a. Echouer dans
Les ruisseaux de Paris avaient
une entreprise, manquer une af-
faire, —
amoureuse ou autre.
aussi, il y a une vingtaine d'an-
nées, leurs ravageurs, pauvres
Argot du peuple.
diables à l'aflFiit de toutes les
Rater une femme. Ne pouvoir ferrailles que charriait la pluie.
réussir à s'en faire aimer après
l'avoir couchée en joue. Ravauder, V. a. Raccom-
moder du linge, des vêtements,
Ratiehon, s. m.
Abbé, — l'argot du peuple.
prêtre, — dans l'argot des voyous
dans
et des voleurs. Ravauder, v. n. Etre lent
Serpillière de ratiehon. Soutane à faire quelque chose ; s'amuser
de prêtre. au lieu de travailler.
On dit aussi Rasé ou Rasi. Ravignole, s. f. Récidive,
Ratiehon, s. m. Peigne, — — dans l'argot des voleurs.
dans l'argot des faubouriens. Ravigote (A la), adv. D'une
façon piquante. Argot du peuple.
Ratichonner, v. a. Pei-
gner, Ravigoter» v, a. Soulager,
refaire, remettre en bon état ré-
Ratichonnière, s. f. Eglise. ;

jouir.
Ratisser, v. a. Prendre,
— Rayon de miel, s. m. Den-
chiper,
bouriens.
dans l'argot des fau-
telle, — dans l'argot des vo-
leurs.
Se faire ratisser. Se laisser
duper, ou voler, ou gagner au Razzia, s. f. Rafle, — dans
jeu. l'argot du peuple.
Ratisser (En), v. a. Se Réac3 adj. et s. Bourgeois,
888 REB REB

réactionnaire, —
dans l'argot fait, —
qui se rebèque en un
des faubouriens. mot. Argot des bourgeois.
Le mot date de 1848. On dit aussi Mademoiselle
Réôecca. (Rien de la Bible!)
Réalisme, s. m. Ecole lit-

téraire qui n'a rien de commun ReKéquer (Se), V. réfl. Se


que le nom avec la célèbre doc- révolter, répondre avec fierté,
trine des philosophes scolasti- avec colère, —
dans l'argot du
ques du moyen âge, dont le et peuple, à qui Saint-Simon et
Code grauiiiiatical ne renferme Diderot ont fait l'honneur d'em-
qu'un seul article « Ecrire
: in- pnmter ce verbe expressif.
correctement, » — sous prétexte
Rebéqueter, v. n. Répéter,
que l'on ne parle pas correcte-
ment, le Livre étant le miroir
— dans l'argot des faubouriens.
de la Société., L'abbé Ohàtel de Rebififer (Se), V. réfl. Regim-
cette petite Église que je — ber, protester plus ou moins éner-
n'ose pas appeler française — giquement, — dans l'argot du
est un écrivain d'un incontesta- peuple
ble talent. M. Ghampfleury, qui
Rebiffer (Se), V. réfl. Se
n'a pas manqué d'abbés Auzou,
d'un talent inférieur, mais peut-
présenter avec avantage, —
dans l'argot des troupiers, tous
être d'une plus grande sincérité.
en peinture, plus ou moins cocardiers.
Se dit aussi,
d'une Ecole du même genre et Rebonnetag'e, s. f. Récon-
du raéme Code, qui oblige ses ciliation, — dans l'argot des fau-
adeptes à faire laid, et dont le bouriens.
Grand-Prètre est Gustave Cour-
bet, un coloriste remarquable,
Rebonneter, v. a. Aduler,
un « maître peintre », daus la flatter, — dans l'argot des vo-
vieille acception du mot, mais leurs.
dessinateur médiocre et par trop Rebonneter pour l'af. Flatter
dédaigneux des lois de la per- ironiquement.
spective. Rebonneter (Se), v. réfl.

Réaliste, s. et adj. Ecri- Devenir meilleur, — dans l'argot


vain qui a plus de souci de la des faubouriens, qui emploient
vérité que de la syntaxe, et qui, ce verbe à propos des choses et
à force de faire vrai, finit par ne des gens.
plus écrire en français. Pein- — Rebonneteur, s. m. Con-
tre qui peint ce qu'il voit et
fesseur, — dans l'argot des vo-
oublie que s'il y a des mari- leurs.
tornes dans les cuisines et des
bouses de vache sur les chemins, Rebouis, adj. Mort, refroidJ,
il y a aussi des duchesses dans — dans le même argot.
les salons et des fleurs le long Rebouiser, y. a. Tuer, —
des haies. dans le même
argot.
Rebâtir, V. a. Tuer, — dans A signifié autrefois, dans le
l'argot des voleurs. langage des iionnètes gens. Dé-
niaiser quelqu'un, jouer im tour,
Réliecea, s. f. Fille ou faire une fourberie.
femme qui ne répond qu'avec ai-
greur aux observations qu'on lui Rebouiser, v. a. Rcmar-
REC REG 3S9

Suer, distinguer,
— dans l'argot pour mettre les vêtements du di-
es faubouriens. manche. Argot des ouvriers.
Le verbe désormais con-
est
sacré pour eux par la chanson
Réchauffante, s. f. Per-
de ÏAssommoir (o lepida cantio t)
ruque, — dans l'argot des vo-
leurs.
OÙ l'on dit :

Réchauffé, s. m. Chose tar-


• Faut pas blaguer, le treppe est batte ;
dive, résolution
intempestive,
Dans c'iaudion i' s' trouv' des rupins.
bonne venue après
inspiration
Si queuq's gonziers train'ent la savate,
coup. Argot du peuple.
J'en ai r'bouisé qu'on d's escarpins... »
Signifie aussi Vieux vaudeville,
Bebouiser, a. Réparer,v. vieille plaisanterie, etc.
ravauder. Argot du peuple. Réchauffer, V. a. Ennuyer,
Rebouiseur^ s. m. Savetier, — dans l'argot des voleurs.
— dans l'argot des revendeurs. Rêche, s. m. Sou, — dans
Rebours, s. m. Déménage- l'argot des faubouriens, qui trou-
ment clandestin, — dans l'argot vent le billon rude.
des voyous. (V. Vidocq, p. 55). Rêchu, adj et s. Homme dé-
Rebouter, Remettre un
v. a. sagréable, grincheur, — dans
membre, réduire une fracture. l'argot du peuple.
Argot du peuple. Réclame, s. f. Éloge pom-
Rebouteur, peux et ridicule que les jour-
s. m. Chirur-

gien sans diplôme.
naux décernent moyennant
cinq francs la ligne à toute —
Recaler, v. a. Rectifier, cor- œuvre ou à tout médicament qui
riger. Argot des artistes. est le moins digne d'être loué.

Recaler S'ha-
(Se), v. réfl. Reconduire, v. a. Siffler,
biller à neuf, ou reprendre des — dans l'argot des coulisses.
forces quand on a été malade, — Reconduire quelqu'un. Le
dans l'argot du peuple. renvoyer à coups de pied ou à
Recarrer fSe), v. réfl. Faire coups de poing, —
dans l'argot
le paon, le suffisant. des faubouriens
On dit aussi Faire la conduite.
Recevoir la pelle au cul,
V. a. Etre renvoyé de quelque Reconobrer, v. a. Recon-
part ou d'un emploi. naître, — dans l'argot des vo-
leurs.
( Mon rival, j'en suis convaincu.
Va recevoir la pelle au cul » !
f Recoquer (Se), v. réfl. S'ha-
biller à neuf, reprendre de nou-
dit une chanson du temps de velles forces, revenir à la santé.
l'Empire. Argot du peuple.
Recevoir son décompte. Recorder, V. a. Prévenir
Mourir, — dans l'argot des trou- quelqu'un de ce qui doit lui arri-
piers. ver, —
dans l'argot des voleurs.
Rechangper (Se), v. réfl. Recta, adv. Net, sans rien
Changer de linge ou d'habit; laisser ni devoir, — dans l'argot
quitter les vêtements de travail du peuple.
390 RE F REG

Pmjer recta. Payer jusqu'au nourriture que prend le condamné


dernier sou. à mort avant son exécution.
C'est l'adverhe latin détourné Refaiter, v. n. M;mger.
de son sens.
Refiler, v. a. Rendre, resti-
Récurer (Se), v. réfl. Se pur- tuer, — dans l'argot des voyous.
ger.
Se faire récurer. Se faire trai- Refiler, v. a. Suivre, recher-

ter à l'hôpital du Midi. cher, — dans l'argot des vo-


leurs.
Rédam, s. f. Grâce, — dans
Refouler, v. n. Hésiter, re-
l'argot des voleurs, qui cependant
ne croient pas à leur rédemption. noncer à faire une chose, — dans
l'argot des ouvriers.
Redoublement de fièTre, Refouler au travail. Fêter la
s. m. Révélation d'un nouveau fait Saint-Lundi.
à charge, — dans le même argot.
Réfractaire, s. m. Bohème,
Redresse, s. f. Institution homme de talent qui regimbe à
toute parisienne, composée de suivre les modes morales de son
bohèmes qui ne veulent pas de- temps.
mander au travail les moyens L'expression n'est pas de Jules
d'existence qu'il ne leur refuserait Vallès, —
comme on serait excu-
pas, et préfèrent s'adresser pour sable de le croire, d'après l'inté-
cela au Hasard, —
ce dieu des ressant ouvrage qui porte ce
paresseux et des fripons. mot pour titre, —
attendu que
Chevalier de la Redresse. In- voilà une quinzaine d'années qu'on
dustriel qui carotte le vivre et le appelle Camp des réfractaires
couvert à tout gobe-mouches dis- un petit café borgne de la rue
posé à écouter ses histoires. Vaviû, hanté par des rapins lit-
téraires et artistiques. De même,
Refaire, v. a. Tromper, du- le garni situé à quelques pas de
per, et même voler, —
dans l'ar- là est appelé par ses notes i'^ô-
got des faubouriens. tel des réfractaires, les cham-
bres ressemblant, parait-il, à des
Refaire (Se), v. réfl. Re-
casemates.
prendre des forces, recouvrer la
santé, — dans l'argot du peuple. Refroidi, s. m. Noyé,
Signifie aussi Regagner au jeu pendu, cadavre, — dans l'argot
après s'y être ruiné. des voleurs.
Refait au même (Être). Refroidir, V. a. Tuer.
Etre joué par quelqu'un à qui
précédemment joué
Rég^alade, S. f. Petite ri-
l'on avait
quelque méchant tour. paille, — dans l'argot du peuple.
A la régalade. Boire en ren-
Refaite, s. f. Repas, — versant la tète en arrière et eu
dans l'argot des voleurs. élevant la bouteille de façon que
Refaite du mattois. Déjeuner. les lèvres ne touchent pas celle-ci.
Refaite de jorne. Dîner. Régaler, V. a. et n. Donner
Refaite de sorgue. Souper. à dîner, payer à boire.
Refaite de côni. Extrême-onc-
tion, ou, plus cyniquement, la Rég-aler son suisse, v. a.
REG REM 391

C'est, quand on joue à deux, Reg^out, s. m. Inquiétude»


à un jeu quelconque, une con- crainte, remords, — dans le
sommation, ne perdre ni gagner, même argot.
être chacun pour son écot. Faire du regout. Etre arrêté.

Reg^ardant, adj. Econome, Rég^uisé(Être). Etre battu,


avare, — dans l'argot des do- ou ruiné, ou volé, ou condamné
mestiques, habitués à considérer par la Faculté ou par le Jury.
le bien de leurs maîtres comme Argot des faubouriens et des
le leur ;
peu généreux, dans — voyous.
l'argot des petites dames, qui
Réjouissance, s. f. Os de
veulent bien faire payer l'amour,
bœuf arbitrairement glissés dans
mais ne veulent pas qu'on le par
la viande pesée les bou-
marchande.
chers.
Régrence, adj. Galant, liber-
Relevante, Moutarde,
tin, audacieux, —
en parlant — dans
s. f.

l'argot des voleurs.


des choses et des gens.
Etre régence. Se donner des Relever, n. Sortir d'un
v.
airs de roiié. état de gêne, —
dans l'argot des
Souper régence. Souper où les faubouriens, à qui il coûte sans
femmes légères sont spéciale- doute de dire Se relever de la
ment admises. misère. ^
On dit aussi Être à la relève.
Rég'iment des boules de
S»iain« s. m. La confrérie ab- Relicher (Se). S'embrasser
jecte dont le docteur Tardieu tendrement.
a décrit les mœurs et les mala- On dit aussi Se relicher le
dies dans une brochure que tout morviau.
le monde a lue, —
quoiqu'elle
Reluire dans le ventre,
n'eût été écrite que pour an petit
V. n. Exciter la convoitise ou
nombre de personnes. Argot des —
l'envie, dans l'argot du peu-
faubouriens.
ple.
Reg^ing^lade, s. f. Jeu d'en-
fants qui consiste à chasser celui
Reluit, s. m. Œil, — dans
Targot des voleurs.
qui glisse le premier en lui Signifie aussi Jour.
tombant sur le dos les deux bras
en avant. Reluquer, v. a. Considérer,
Rep^ing^ler, v. n. Jouer à
regarder avec attention, dans —
l'argot du peuple.
la reginglade. Signifie aussi Faire les yeux
Régulé comme un papier doux.
de musique, adj. Ponctuel, Rembiner, v. a. Rétracter
rangé, régulier dans ses habi-
tudes. Argot des bourgeois.
une calomnie, un débinage, —
dans l'argot des voyous.
pendant de Sage comme
C'est le
une image. Rembrocagfe de parrain,
— s.m. Confrontation, — dans l'ar-
Région, s. m. Dette, dans got des voleurs.
l'argot des voleurs.
Rembroqaer, v. a. Recon-
Reg^oncer, v. a. Devoir. naître.
REM REN

Signifie aussi Regarder. Remonter nur sa bête, v.


n. Rétablir ses affaires, sa for-
Remède d'amour, s. m. tune, son bonheur, — dans l'ar-
Figure grotesque ou repous-
sante, — dans l'argot du peu-
got du peuple.

ple, qui ne sait pas que Mira- Remoucher, a. Aperce-


v.
Deau a été adoré de Sophie. voir, remarquer, admirer, —
dans l'argot des faubouriens.
Remercier, v. a. Renvoyer Les Italiens disent rimor-
un domestique, donner son chiare, donner des regards pour
conpé à un ouvrier, — dans allécher.
l'argot des bourgeois.
Remouchicoter, v. n.
Remercier son boucher, Chercher des aventures galantes
V. a. Mourir, — dans l'argot des — ou des prétextes à rixe.
faubouriens.
On dit aussi Remercier son
Rempiéter, v. a. Mettre
boulanger. des talons et des bouts aux bas,
— dans l'argot des ménagères.
Remettez donc le couTer-
cle ! disent les voyous à quel- Remplir le battant (Se).
qu'un qui a l'haleine fétide, Manger, — dans l'argot des
pour l'empêcher de parler da- faubouriens.
vantage. Remplissag^e, s. m. Prose
inutile, destinée à allonger un
Remettre quelqu'un à sa
place. Répliquer vertement
article, un volume, — dans l'ar-
got des gens de lettres.
à quelqu'un qui vous manque de
respect, lui faire comprendre son Remplumer (Se), v. réfl.
impertinence. Argot des bour- Engraisser, s'enrichir, — dans
geois . l'argot des faubouriens.

Remiser son fiacre. Se Renaché, s. m. Fromage,


taire, — dans l'argot des faubou- — dans l'argot des voleurs.
riens.
Renâcler, v. n. Bouder au
Signifie aussi par extension travail, ne pas se sentir en dis-
Mourir. position de faire une chose. Ar-
Remisier, got des faubouriens.
s. m. Variété
Signifie aussi Crier après quel-
d'Agent de change homme qui ;
qu'un, gronder, murmurer.
touche une remise sur les affaires
«u'il procure à un agent de Renard, s. m. Aspirant
cnange. comjDagnon, — dans l'argot des
ouvriers.
Rémoneucq, s. m. Reven-
deur, auvergnat, chineur, — Renard, s. m. Pourboire,
dans l'argot des gens de lettres, — dans l'argot des marbriers
qui se souviennent de la Comédie de cimetière, forcés d'employer
humaine de Balzac. toutes les ruses de leur imagi-
nation pour en obtenir un des
Remonter sa pendule, v.
familles inconsolables, mais
a. Battre de temps en temps sa
femme, — dans l'argot des ou-
« dures à la détente ».

yriers. Renard, s. m. Résultat


REN REN 393

d'une indigestion, — dans l'ar- Rendre son cordon. Mou-


got du peuple. rir, —dans l'argot des rapins,
Piquer un l'enard. Vomir. qui disent cela à propos des con-
Du temps Rabelais et
de cierges.
d'Agrippa d'Aubigné on disait
Écorcher le renard. Rendre son lirret. Mou-
Les Anglais ont une expres- rir, — dans l'argot des domes-
sion analogue to shoot the cat
:
tiques.
(décharger le chat).
Rendre son permis de
Renarder, v. u. Rendre le chasse. Mourir, — dans l'ar-
Tin bu ou nourriture ingérée
la got du peuple, qui dit cela à
avec excès ou dans de mauvaises propos des médecins, de qui
dispositions d'estomac. l'homme malade est le gibier
naturel.
Renaré, adj. et s. Malin,
homme habile. Rendre une fève pour un
pois, V. a. Riposter à un coup
Renaud, s. m. Reproche, langue ou à un coup de
esclandre, — dans l'argot des
de
poing par un autre coup de lan-
voleurs.
gue plus aigu ou par un autre
Signifie aussi Danger, péril. coup de poing plus violent. Ar-
Renauder, v. n. Se refuser got du peuple.
à faire quelque chose, être de Signifie aussi Rendre le bien
mauvaise humeur. Argot du pour le mal agir avec généro-
;

peuple. sité envers des gens qui ont


C est le verbe amauder de la montré de la parcimonie.
langue romane.
Renauder signifie aussi Se Rendre visite à BI. Ru
plaindre. Bois. Aller « où le Roi va à
pied », — dans l'argot des fau-
Rencart (Au). A l'écart, de bouriens.
côté.
Renfoncement, s. m. Coup
Rendève, s. m. Apocope
de Rendez-vous, — dans l'argot
de poing.
des faubouriens. Renfrusquiuer (Se), v.
réfl. S'habiller à neuf avec des
Rendoublé, ée, adj. Plein, —
pleine, — dans l'argot des vo-
vêtements d'occasion,
l'argot des ouvriers.
dans
leurs .
Rendre sa bûcke, v. a.
Reng^aine, s. f. Phrases
Livrer une pièce au patron, — toutes faites à l'usage des ap-
prentis journalistes ou vaude-
dans l'argot des tailleurs.
Au figuré. Mourir, rendre — villistes, — telles que « l'étoile
de l'honneur, la croix de ma
son âme au Grêle d'en haut.
mère, l'épée de mon père, le
Rendre sa caune au mi- nom de mes aïeux », etc., etc.
nistre. Mourir, —
dans l'argot
Reng'aîner son compli-
ment, V. a. Se taire, — dans
des troupiers, qui disent cela à
propos des tambours-majors.
l'argot du peuple.
Rendre sa clef. Mourir, Signifie aussi, par extension.
— dans l'argot des bohèmes. Mourir.
394 REN REN

Reni^racier, v. n. Renon- Rentoiler (Se). Revenir à


cer au métier, redevenir honnête la santé cpiand on aété malade ;

homme, — dans l'argot des vo- devenir riche quand on a été


lem'S, gens peu rengraciables. pauvre. Argot des rapins.
Rengraciez ! Taisez - vous !
Rentrer bredouille. Ren-
faites silence 1
trer sans avoir levé personne, —
Reniflantes, s f. pi. Bottes dans l'argot des petites dames,
éculées et percées, — dans l'ar- dont la chasse n'est pas toujours
heureuse, bien que Paris soit un
got des voyous.
pays fort giboyeux.
Renifler, v. n. Reculer, se
refuser à faire une chose, — Rentrer bredouille. Ren-
dans l'argot des faubouriens, qui trer ivre-mort. Argot des fau-
ont eu occasion d'observer les bouriens.
chevaux peureux. Rentrer de la toile, v.
Renifler, n. Prendre du repos par suite
sentir.
v. a. Respirer,
d'infirmités ou de vieillesse, —
dans l'argot des ouvriers qui
Signifie aussi, au figuré, Pres-
ont servi dans l'infanterie de
sentir, deviner, avoir soupçon
marine
de...

Renifler, Rentrer ses pouces. Mou-


v. a. et n. Boire.
faudrait n'avoir pas été en-
Il
rir, —
dans l'argot des étudiants
en médecine, qui ont eu de fré-
fant pour ne pas se rappeler le
quentes occasions de remarquer
maternel :
que lorsque la mort arrive, la
« Renifle, Pierrot, main du moribond se ferme tou-
Y a du beurre au pot. » jours de la même manière, le
pouce se plaçant en dedans des
Renifler, v. n. Faire un
effetrétrograde, dans l'argot — autres doigts."
des joueurs de billard. Renversant, adj. Étonnant,
Renifler la poussière du
extraordinaire, —dans l'argot
du peuple et des gandins.
ruisseau, v. a. Tomber dans le
ruisseau, — dans l'argot des Renverser, v. n. Rejeter ce
VOJ'OUS. qu'on a bu ou mangé avec excès
011 mal à propos.
Reuquiller, v. n. Rentrer.
Renverser la marmite^
Renquiller (Se), v. réfl. V. a. Cesser de donner à dîner,
Réussir ; engraisser s'enrichir, ; — dans l'argot des bourgeois.
— dans l'argot des typographes.
Renverser sa marmite.
Renseig^nement, s. m. Mourir, — dans l'argot des ou-
Verre de vin ou d'eau-de-vie, — vriers.
dans l'argot des canotiers.
Prendre un renseignement. Renverser son casque.
S'arrêter au cabaret. Mourir, — dans l'argot des fau-
boui'ions, qui disent cela à propos
Rentier à la soupe à des saltimbanques, probablement
l'oj^non, s. m. Ouvrier, — depuis la mort du fameux mar-
dans l'argot des faubouriens. chand de crayons Mengin.
REP RES 395

Répandre (Se), v. réfl. on cesse de faire partie de la


S'étaler dans le ruisseau ; tom- garde nationale.
ber, soit par accident, soit parce
Reporter son ouTragfe.
qu'on est ivre.
Assister, quand on
médecin, est
L'expression est âgée de plus
à l'enterrement d'une personne
d'un siècle. Elle signifie aussi
Mourir.
qu'on a t..., —
pardon qu'on !

n'a pas pu guérir. Argot des


Repasse, s. f. Mauvais café, faubouriens.
— dans l'argot des ouvriers.
Repoussant, s. m. Fusil,
On dit aussi Cafetiau.
— dans l'argot des voleurs.
Repasser, v. a. Céder quel- Repousser du tiroir, v. q.
que chose à quelqu'un, donner, Avoir l'haleine cousine germaine
— dans l'argot du peuple. du lac Stymphale. Argot des
Repasser une taloche. Donner faubouriens.
un soufflet. On dit aussi Repousser du cor-
Repanmer, v. a. Reprendre, ridor.
arrêter de nouveau. Reprendre du poil de la
Repésig^ner, v. a. Arrêter bête, V. a. Continuer le lende-

de nouveau, — dans l'argot des main les


Argot du peuple.
débauches de la veille.
voleurs.

Répéter, v. n. Aimer, — Reprendre son pivot, v.


dans l'argot des cabotins. a. Retrouver son aplomb, son
On dit aussi Aller à la répéti-
sang-froid, —
dans l'argot du
peuple, qui se sert de cette ex-
tion.
pression depuis longtemps, car
Replier, v. a. Rattraper, on la trouve dans les Œuvres
retrouver, — dans l'argot des diverses de Cyrano de Bergerac.
faubouriens.
Requin de terre, s. m.
Repiquer, v. n. Reprendre Huissier, —
dans l'argot des
courage, se tirer d'embarras. faubouriens, qui ont voulu faire
Signifie aussi Revenir à la allusion à la voracité de ce fonc-
charge, retourner à ime chose. tionnaire, pour qui tout est bon,
Repiquer sur le rôti. En de- meubles et bijoux, le portrait de
mander une nouvelle tranche. votre première maîtresse aussi
bien que le berceau de votre der-
Réplique, s. f. Les der- nier né.
niers motsd'une tirade, d'un On l'appelle aussi Macaron.
couplet quelconque, dans l'ar- —
got des coulisses. Requinquer (Se), v. réfl.

Envoyer la réplique. Pronon- S'habiller à neuf, ou seulement


cer ces derniers mots de façon à
s'endimancher, — dans l'argot du
peuple.
appeler l'attention de l'acteur qui
doit reprendre le dialogue. Resserrer son linj«;e, v.

Reporter son fusil à la


a. Mourir, — dans l'argot des
faubouriens.
mairie, v.
a. Commencer à
vieillir, —
dans l'argot du peu- Restant de nos écus (Le).
ple, qui sait qu'à cinquante ans Se dit à propos des Gens qui
396 RET REV

surviennent quelque part quand qu'un, lui enlever son emploi, les
on ne les attendait pas Argot du . moyens de gagner sa vie. Argot
peuple. du peuple.
Reste (Donner son). Ache- Retourne, s. f. Atout, —
ver un homme en le tuant de dans l'arKot des joueurs.
n'importe quelle façon. Chevalier de la Retourne.

Reste (Ne pas demander


Joueur passionné —
jusqu'à en
être grec.
son). C'est, quand on a été battu,
Fuir sans exiger d'explications Retourner (S'en). Vieillir,
— et surtout sans demander le — dans l'argot de Breda-Street
supplément de coups de pied ou
de poing auxquels on pourrait
Retourner sa veste, v. a.
Faire faillite, et, par extension,
avoir droit.
Mourir, —
dans l'argot des fau-
Rester en finpure. Rester bouriens.
coi, ne savoir que dire On dit aussi Rendre son tablier
Signifie aussi Rester seul, être et Retourner son paletot.
abandonné de ses compagnons.
Revendre, v. a. Répéter ce
Rester en plan, v. n. qu'on a appris de quelqu'un,
Rester comme otage quelque commettre une indiscrétion. Argot
part, lorsqu'on n'a pas d'argent des voleurs.
pour payer sa consommation. —
Revenir, V. n. Se dit dans
Restituer sa doublure. l'argot des bourgeois de tout —
Mourir, — dans l'argot des fau- ce qui plaît, choses ou gens.
bouriens.
Revenir de Pontoise, v.
Resucée* s. f. Chose qu'on a n. Avoir l'air étonné, ahuri;
déjà goûtée, lue, entendue, ou dire des sottises, —
dans l'argot
vue plusieurs fois. du peuple.
On dit aussi C'est de la troi- Faiï^e ou dire une chose comme
sième ou de la quatrième resucée. en revenant de Pontoise. La dire
ou la faire mal ,
gauchement,
Résurrection (La), n. de 1. niaisement.
La prison de Saint-Lazare, —
dans l'argot des faubouriens. Revenir sur l'eau, v. n.
Rétablir ses affaires, sortir d'un
Retape* s. Raccrochage,
f. mauvais pas, occuper de nouveau
— dans l'argot des filles et de l'attention publique.
leurs souteneurs.
Aller à la retape. Raccrocher.
Revers de la médaille,
On dit aussi Faire la retape. s. m. La partie du corps sur la-
quelle on tombe le plus souvent
Retapé, adj. Vêtu propre- lorsqu'on a l'habitude de marcher
ment, — dans l'argot du peuple. sur les talons.
C'est une expression de l'argot
Retiration (Être en). Avoir
lus de quarante ans, vieillir, — du peuple parisien, qui appai tient
également à l'argot du peuple
S ans l'argot des typographes.
napolitain // revescio délia me-
:

Retirer le pain de la daglia, disent les fils de Maza-


bouche, V. a. Ruiner quel- niello.
RIG RID 397

Wteyidage, s. m. Opération S'emploie ordinairement en


qui consiste à se partager, entre mauvaise part et avec la néga-
brocanteurs, les lots achetés trop tive.
cher à l'hôtel Drouot, mais achetés Ce n'est pas riche! Ce n'est pas
far eux pour les enlever aux honnête, ce n'est pas bien.
ourgeois. C'est, me semble-t-il, le lucu-
lentiis des Latins hœreditas la-
:
Reviewer, s. m. Écrivain de
revues. —dans l'argot des gens
culenta, riche succession dit
Plante ; luculentus scriptor, ex-
,

de lettres, qui ont emprunté cette


cellent écrivain, dit Cicéron.
expression à l'Angleterre.
Revoir la carte,
Riche en ivoire, adj. Qui
Rendre sou déjeuner
v.
ou son
a.
a de belles dents, —dans l'argot
dîner, — ce qui est une façon
des faubouriens.
Montrer son ivoire. Montrer
désagréable de s'assurer de 'ce
ses dents.
qu'on a mangé. Argot du peuple.
Les ouvriers anglais ont la
Rhume, s. m. Maladie sœur même expression Flash 1ns :

du Quiute-et-quatorze. ivory
On disait autrefois Rhume ec-
Riche en peinture, adj. et
clésiastique.
s. Homme glorieux, plus riche en
Ribambelle, s. f. Troupe paroles qu'en réalité. Argot du
nombreuse de choses ou de gens. peuple.
On dit de même d'un Fanfaron
Ribote, s. f. Griserie, petite
qu'il est bj-ave en peinture.
débauche
Etre en ribote. Etre ivre. Richelieu, adj. Galant, ma-
Riboter, v. n. Hanter les ca-
gnifique, entreprenant, dans —
l'argot des bourgeois, dont les
barets.
grand'mères ont conservé bon
Ribouis, s. m. Savetier, — souvenir du vainqueur de Mahon.
dans l'argot des faubouriens, Richement, adv. Extrême-
M. Francisque Michel a raison :
ment.
on devrait dire Rebouis, ce mot
venant de l'opération par laquelle Richonner, v. n. Rire, —
le cordonnier communique du dans l'argot des voleurs.
lustre à une semelle en donnant
bouis. Le lebouis donne un
Rideau rouge, s. m. Ca-
le
second bouis, ou second lustre,
baret, —
dans l'argot du peuple,
qui se rappelle toujours les mai-
aux chaussures avariées par
sons à boire du vieux temps, re-
l'usage.
connaissables à leurs rideaux de
Ric-à-Rie, adv. Chichement, percale de couleur vourpre.
morceau par morceau, dans — Les ouvriers anglais disent de
l'argot du peuple. même Red-lattice, parce que chez
Payer ric-à-ric. Par acompte. eux c'est le treillage extérieur du
Autrefois cela signifiait, au cabaret qui est peint en rouge.
contraire, Payer rigoureusement,
Riileaux de Perse, s. m.
jusqu'au dernier sou.
pi. Rideaux déchirés, percés de
Riche, adv. Bon, agréable, trous, —
dans l'argot des bour-
amusant. geois plaisantins.
398 RIF RIG

On dit de même Mouchoir de Où dit aussi Riffauder.


Perse, chemise de Perse, etc
Rifler, v. a. Prendre, saisir,
Rien, s. m. Garde-chiourme, chiper, — dans l'argot du peuple.
argousiû, — dans l'argot des for- Signifie aussi Passer tout près,
çats. effleurer.

Rien. Mot de l'argot des fau- Rifolard, adj. Amusant, ri-


bouriens, qui l'emploient comme golo.
selle à tous chevaux, pour donner
Rig^olatle, s. f. Amusement,
plus de force et de couleur à leurs
réjouissance, plaisanterie.
discours.
Ainsi, ils disent : Il n'a rien Coup de rigolade. Chanson.
l'air rfÊ'...pour: lia extrêmement
l'air de... Il n'est rien paf, pom': Rig^olbochade, s. f. Drô-
très rien
gris. Ce ncst lerie dite ou faite, écrite ou
Il est
mauvais, pour On ne saurait :
peinte, — dans l'argot des fau-
imaginer clioseplus détestable, etc. bouriens.
Ici encore se pose l'éternelle
Une autre négation, sœur de
question Quel est le premier né
valant comme elle
:
celle-ci, et
de l'œuf ou de la poule ? Est-ce
une affirmation, c'est n'être jias.
mademoiselle Marguerite la Hu-
Ainsi : Tu n'es pas blagueur !

guenote plus généralement ou-
signifie : « Gomme tu es men-
bliée aujourd'hui sous le nom de
teur ! »
Rigolhoche —
qui a donné nais-
Rien, m. Un
peu, très peu,
s. sance à ce substantif, ou est-ce
— dans l'argot du peuple. ce substantif qu'on a décerné
En un rien de temps. En très comme un brevet à cette aimable
peu de temps. bastringueuse? J'inclinerais vo-
Rien de rien. Moins que rien. lontiers à admettre cette dernière
Rif
ou Rifle, s. m. Feu, — hypothèse. La foule se laisse par-
dans l'argot des voleurs. fois imposer certains noms, mais
elle a pour habitude d'en inventer.
Riffaudante, s. m. Flamme. Quant aux Mémoires de made-
RifFaudate, s. m. Incendie. moiselle Marguerite, où elle pré-
tend que c'est elle qui a crée le
Riffauder, V. a. Incendier, mot en question, il me suffit que
brûler. ce soient des Mémoires pour cpie
Riffaudeur, s. m. Gliaufl'eur. je ne leur accorde pas la moindre
créance.
Rifflard, n. m. Bourgeois. —
Rig-olboche (Être). Être ex-
dans le même argot. centrique, asnusant, drôle.
Rifflard, s. m. Parapluie, — Rig:olboeher, V. n. S'amu-
dans l'argot du peuple.
ser, soit en buvant, soit en dan-
Le mot date de Picard et de sa
sant.
Petite Ville, comédie dans la-
quelle il y a im personnage Risrole, s. f. Bonne chère, —
nommé Rifflard, qui ne marche dans l'argot des voleurs.
qu'escorté d'un parapluie.
Rig^oler, v. n. S'amuser, se
Rifler, v. a. et n. Brûler, — réjouir, boire, danser, rire, —
dans l'argot des voleurs. dans l'argot du peuple.
RIN RIQ 399

Un vieux mot de notre vieille Rincer la dalle, V. a. Of-


langue, que beaucoup de per- frir à boire à quelqu'im, dans —
sonnes, j'en suis sur, s'imaginent l'argot des faubouriens.
né d'hier. Un hier qui a six cents Se faire rincer la dalle. Ac-
ans! Les gens du monde croi- cepter à boire sans oifrir la réci-
raient parler argot en employant proque.
ce mot employé par Jean' de On dit aussi Rincer la dent, ou
Meung, par Rabelais, par l'au- le bec, ou le fusil, ou le tube, ou
teur de la Farce de Maistve Pa- la gargoine, ou la corne.
thelin et par d'autres écrivains
qui font autorité. Rincette, s. f. Petit verre
d'eau-de-vie pris comme supplé-
Rigolette, Habituée de
s. f. ment au gloria, — dans l'argot
bals publics, amie de la danse et des liourgeois.
de la gaieté.
Riole, s. f. Rivière, ruisseau,
Rig^oleur, adj. et s. Ami de — • dans l'argot des voleurs.
la joie et de la bouteille.
Riole, s. f. Joie, divertisse-
Rîg^olo, s. et adj. Bon enfant, ment, débauche, — dans l'argot
homme gai. du peuple.
Etre en riole. Etre en train de
Rigolo-jyain-de-seigle ou pain-
s'amuser, être gris.
de-sucre. Extrêmement amusant. Se mettre en riole. Se griser.
On dit aussi d'une chose : En wallon, Etre en riolle ou
C'est rigolo, pour signifier c'est :
7-iotte, c'est Se quereller.
plaisant, c'est drôle.
Ripatonner, v. a. Raccom-
Rig^ri. s. m. Ladre, méticu- moder quelque chose quel- ou
leiix, —
dans l'argot du peuple. qu'un, —
dans l'argot des Poly-
techniciens, qui ont ainsi consacré
Rig^ae, s. f. Apocope de
Rigueur, — dans l'argot des
la mémoire d'un concierge de
l'Ecole, M. Ripaton, tailleur.
voyous.
Rincée, Ripatons, s. m. pi. Sou-
ou reçus, —
s. f.

dans
Coups donnés
l'argot du
liers, — dans l'argot des fau-
bouriens .
peuple."

Rincer, Riper, v. a. Embrasser ten-


V, a. Battre, donner
drement.
des coups.
Signifie aussi Gagner quelqu'un Ripeur, s. m. Libertin.
au jeu. Ripopée» s. f. Mauvais -sàn,
Rincer, v. a. Dévaliser, net- — dans l'argot du peuple.
toyer, — dans l'argot des voleurs. Se dit aussi à propos de Toute
chose médiocre ou mal faite.
Rincer (Se), v. réfl. Se Ce mot a été autrefois mascu-
purger, — dans l'argot des fau- lin, et tantôt substantif et tantôt
bouriens. adjectif: Du ripopé, du café ri'
On dit aussi Se rincer le fusil. popé.
Rincer (Se faire). Recevoir la Riquiqui, S. m. Eau-de-vie
pluie ; se laisser voler perdre au ;
de qualité inférieure, — dans
jeu. l'argot des ouvriers.
400 ROB ROG

Riquiquî^ adj. et S. Chose très beau, très amusant, dans —


mal faite ou de qualité inférieure, l'argot des voleurs, qui em-
— dans l'argot des ouvrières. ploient ce superlatif à propos
Avoir l'air inquiqui. Etre ri- des choses et des gens.
diculement habillée, ou n'être pas Robin, s. m. Taureau com-
habillée à la dernière mode. munal, — dans l'argot des pay-
Je ne suis pas bien sur que ce sans de Paris.
mot ainsi employé ne soit pas
Robinson, s. m. Parapluie,
une contrefaçon de Rococo. — dans l'argot du peuple, qui a
Rire aux angles. Sourire gardé bon souvenir du naufragé
doucpment en dormant, — dans de Daniel de Foë.
l'argot du peuple. On dit aussi Pépin.
Rire comme un cul. Rire Rocambolade, s. f. Farce
sans desserrer les dents. littéraire dans le goût des Ex-
ploits de Rocatnbole de Ponson
Rire Jaune, v. n. Rire à du Terrail.
contre-cœur, quand on voudrait
ou pleurer de douleur ou écumer Rocambole, s. f. Chose sans
valeur, promesse en l'air qu'on
sait devoir n'être pas tenue, gas-
Risette, s. f. Sourire, — connade.
dans l'argot des bourgeois.
Faire des risettes. Faire des Rocantln, s. m. Vieillard
libertin.
avances aimables.
Risquer le paquet, v. a.
Rochet, s. m. Evèque, —
dans l'argot des voleurs.
Se hasarder à faire une chose
délicate, aventureuse, dans — Rococo, adj. Suranné, ar-
l'argot du peuple. riéré, démodé, grotesque à cause
de cela, —
comme si le goût
Rivancher, v. a. Aimer, d'autrefois ne valait pas bien
— dans l'argot des voleurs. goût d'aujourd'hui!
le

River son clou à quel- Se prend aussi en bonne part.


qu'un, V. a. Lui dire vertement Pendule rococo. Pendule
son fait,lui tenir tète dans une Louis XV ou faite sur le modèle
lutte de paroles ou de gestes. de cette époque.
Argot des bourgeois. Tentures rococo. Étoffes en
vieille perse à ramages.
Rivette, s. f. Fille publique,
— Rœderer, m. Vin de
s.
dans l'argot des voleurs.
Champagne, —
dans l'argot des
Riz-pain-sel, s. m. Four- gens de lettres qui tiennent à
nisseur militaire, — dans l'argot faire une réclame à la maison
des troupiers. de commerce dont les produits
portent cette signature.
Robert-llacaire, s. f.

Danse en honneur dans les


fort Rosneur, s. m. Fourrier, —
bals publics il y a vingt-cinq ou dans 1 argot des troupiers.
trente ans. C'était une variété
Rog^nonner, v. n. Bougon-
du Chahut.
ner, — dans l'argot des Dour-
Robigrnol, adj. Très bien, geois.
ROM RON 401

Rog^nures de fer-blanc. — un type turbulent et original


(V. Troupe de fer-blanc.) il y a trente ans, complètement
effacé aujourdhui, et d'ailleurs
Rogpome, m. Eau-de-vie,
s.
— dans du peuple.
l'argot
aussi ditficile à rencontrer que
la race des carlins. C'était le gi-
Voix de Rogome. Voix éraillée belin qui tenait pour les Empe-
par l'ivroguerie. reurs contre les guelfes classi-
Rog^omier, m. Buveur ques qui tenaient pour les Papes,
d'eau- de-vie.
s.
— le cocher de la faction verte
qui luttait d'empoignade, dans
Rog^omiste, s. m. Liquo- le Cirque-Odéon, avec les cochers
riste de la faction bleue, le parti-—
Romajs^nol, ou Roma- san de la Rose-Rouge qui faisait
g^non, s. m. Trésor caché, — si volontiers le coup de poing et
le coup de langue avec les parti-
dans l'argot des voleurs.
sans de la Rose-Blanche.
Romain, s. m. Soldat d'in-
fanterie. Romantisme, s. m. École
dont Chateaubriand fut le saint
Romain, s. m. Applaudisse- Jean Victor Hugo le Christ.
et
ment gagé, —
dans l'argot des C'était une
réaction violente
coulisses, sans doute par allu- contre les règles de composition
sion aux claqueurs de Néron. et de style établies et consacrées
par l'exemple des auteurs clas-
Romancier, s. m. Chan-
siques de l'antiquité et du
teur qui a la spécialité des ro-
xviii» siècle : un S\> littéraire
mances et autres « choses du
— dont quelques fanatiques même
cœur », dans l'argot des
ne craignirent pas de faire un y3!
cafés-concerts.
L'Ecole Romantique s'en est
Fort-romancier. Premier chan-
allée où vont les vieilles lunes,
teur de romances d'un café-con-
après avoir brillé et même éclairé
cert.
pendant une vingtaine d'années;
For te -romancière. Grosse fem- ses pontifes sont morts, leurs
me qui chante avec efforts, et livres oubliés il ne nous reste
:

très mal, de petites choses sen- qu'un poète, l'Oint du Roman-


timentales, très faciles à chanter. tisme, le Porte-tiare Victor Hugo,
Romanichel, s. m. Bohé- — mais celui-là en vaut dix, et

mien, — dans l'argot des vo- il suffit à notre gloire.

leurs. Ronchonner, y. n. Etre


On dit aussi Romamitchel, Ro- grognon, maussade; bougonner,
manitchel, Romonichel et Romit- — dans l'argot du peuple.
nichel. t>uivant le colonel Har-
riot, « Romnichal est le nom que Rond, s. m. Sou, pièce de
portent les hommes de cette race monnaie, — dans l'argot des
en Angleterre, en Espagne et en voyous.
Bohême, et Romne-chal, Roma- On dit aussi Rotin.
niche. est celui par lequel on dé-
signe les femmes ».
Rond, adj. Ivre, — dans l'ar-
got des faubouriens.
Romantique, s. et adj. Sol- Rond comme une futaille. hTe-
dat de l'armée du Romantisme, mort.
26
402 RON ROT

On dit aassi Rond comme une qu'un bien petit bruit. Argot des
pomme. gens de lettres.

Ronde Bosse,adj. Hardi, Roquet, s. m. Homme de


frisant rimmoralité, petite à cause de cela,
taille, et,
audacieux,
— dans l'argot des gens de let- hargneux. Argot du peuple.
tres, qui consacrent ainsi le sou- Rose des vents, s. f. Le
venir de V Aristide F7wssard de podex, — dans l'argot facétieux
Léon Gûzlan. des faubouriens.
Rondelet, s. m. Sein, — Rossard, adj. et s. Mauvais
dans l'argot des voleurs. compagnon.
On dit aussi Rondin.
Rosse, adj des deux g. Homme
,

Rondin, s. m. Insurgé de sans consistance, femme sans pu-


Romillij, — dans l'argot d u deur.
peuple. // n'est rien rosse I Se dit pour :

Est-il canaille
Rondin, s. m. Bâton, gour- !

din. Rossée, s. f. Coups donnés


Rondine, s. f. Bague, — ou reçus.
dans l'argot des voleurs. Rosser, v. a. Frapper, battre,
étriller à coups de poing ou de
Rondiuer, V. a. Boutonner,
— dans le même argot, bâton,

Rondiner, v. n. Dépenser
Rossig^nante, s. f. Flûte, —
dans l'argot des voleurs.
de l'argent, des ronds, — dans
l'argot des voyous. Rossignol, s. f. Fausse clé,
On dit aussi Se dérondiner. — dans le même argot.

Rontliner* V. a. Battre à Rossîj^nol, s, m. Livre qui


coups de bâton, — dans l'argot ne se vend pas, dans l'argot —
du peuple. des libraires.
Marchandise qui n'est pas de
Rondiner des yeux» v. n.
bonne défaite, —
dans l'argot des
Faire les gros yeux. boutiquiers.
Rondin jaune, s. m. Pièce
Rossignol d'Arcadie, m.
d'or, — dans l'argot des voleurs. Ane, —
dans l'argot des acadé-
s.

Rondin jaune servi. Or volé,


miciens, à qui le mot propre ré-
caché par son voleur. pugne tant.
Ronfler du bourrelet* V. Ils disent aussi « Le patient
n. Crepitare, ou alvum depo' animal qui..,, » etc.
nere, —dans l'argot du peuple.
Rotin, s, m. Pièce de cinq
On dit aussi Faire ronfler le centimes, sou, —
dans l'argot des
bourrelet
ouvriers. C'est sans doute une.
Ronronner, v. n. Faire le contrefaçon ironique du radis —
joli-cœur auprès d'une femme, — à cause 'de l'éructation.
dans l'argot des ouvriers.
Rôtir le balai, V. a. Mener
Ronronner, v. n. Écrire de une vie obscure et misérable, —
petits articles qui ne produisent dans l'argot du peuple.
ROU ROU 403

Avoir rôti le balai. Se dit Ronchie, s. f. Fille ou.


d'une fille qui a eu de nom- femme de mauvaise vie.
breuses aventures galantes, par
allusion aux chevaucliées sabna-
Roucoucou, s. m. Lapin
tiques des sorcières. mort-né, —
dans l'argot des
chiffonniers et de leurs gargo-
Rototo, s. m. Coups de bâ- tiers.
ton, de rotin, —
dans l'argot des
faubouriens. Roue, s. f. Juge d'instruc-
Coller du rototo. Battre quel- tion, — dans l'argot des vo-
qu'im. leurs .

Rototo : Exclamation de refus Roue de derrière, s. f.

ou de mépris Pièce de cinq francs en argent,


— — dans l'argot des cochers, qui
Rouatre, s. m. Lard, emploient cette expression de-
dans l'argot des voleurs. puis longtemps, puisqu'on la
Roubig^nole, s. f. Petite trouve dans les Œuvres badines
boule de liège dont se servent cer- du comte de Caylus.
tains voleurs pour faire des Les Anglais ont la même ex-
dupes. (Voy. Cocangeur.) pression : A
Itind-coach-ivheel,
disent-ils à propos d'une pièce de
Roubig'noleur, s. m. Vo- cinq shillings (une couronne).
leur qui a de la Roubignole et des
Cocanges, et, par extension, Roue de devant^ s. f.
Homme madré. Argot des fau- Pièce de deux francs.
bouriens. Les Anglais disent A fore-
Roublard, adj. Laid, dé- coach-wheel pour une demi-cou-
fectueux, pauvre, — dans l'argot ronne.
des voleurs. Rouffion, m. Dernier
s.

Roublard, adj. et s. Rusé, employé du magasin, — dans


adroit, qui a vécu, qui a de l'ex- l'argot des calicots.
périence, — dans l'argot des fau- On dit Mousse.
bouriens. RouMe, s. f. Coup de poing
Si ce mot vient de quelque
part, c'est du xv^ siècle et de
ou coup de pied, — dans l'argot
des voleurs.
ribleux, qui signifiait Homme de
mauvaise vie, vagabond, cou- Roug^e, s. m. Républicain,
reur d'aventures. — dans l'argot des bourgeois.
RoublardeHe, s. f. Ruse, Roug^et, s. m. Homme à
astuce, expérience de l'homme barbe rouge ou à cheveux d'un
qui a vécu et qui remplace l'ar- blond ardent.
gent qu'il n'a pas par l'ingénio-
sité qu'il aura jusqu'au bout de Roug^et, s. m. Cuivi'e volé.
son rouleau.
Rougets, m. pi. Les s.
Signifie aussi Pauvreté, gène,
misère.
menses des femmes, dans —
l'argot du peuple, à qui le Sei-
Rouchij s. m. Homme sans gneur de Cholières n'a pas craint
morale et sans honnêteté, voyou, d'emprunter cette expression
— dans l'argot du peuple. pour un de ses Contes.,
404 ROU ROU

Rouillarde, s. f. Bouteille, Rouler dans la farine,


— dans l'argot des voleurs. V. a. Tromper, jouer un tour,
user de finesse envers des gens
Rouiller (Se), V. réfl. Vieil-
trop simples.
lir, — dans l'argot du peuple.
Roulance, Rouler sa viande dans le
pieds,
s. f. Bruit de
ou de marteaux, ou de
toreiion, v. a. Se coucher, —
dans l'argot des faubouriens.
composteurs, que fout entendre
les typographes pour accueillir Rouleur, s. m. Vagabond,
quelqu'un à son entrée dans homme suspect.
1 atelier.
Donner une roulance. Faire ce Rouleur, s. m. Chiffon-
bruit, qui est tantôt une moque- nier.
rie, tantôt une marque de sym- EZouleur, s. m. Compagnon
pathie. du tour de France chargé de
Roulant, s. m. Fiacre, — présenter les ouvriers aux maî-
dans l'argot des voyous. tres et de consacrer leur engage-
Roulant vif. Chemin de fer. ment.

Roulants, s. m. pi. Pois, Houleuse, s. f. Femme de


— dans l'argot des voleurs. mauvaise vie qui roule de quar-
tier en quartier à la recherche de
Roulée, f. Coupss.donnés l'homme philosophai. Argot du
ou reçus, —
dans l'argot des peuple.
faubouriens Ereintement —
.

dans l'argot des gens de lettres.


,

Roulotin, s. m. Roulier, —
dans l'argot des voleurs.
Rouler, V. a. Battre quel-
qu'un. Roulotte, s. f. Voiture.
Tromper, agir
Grinchirunr roulotte en salade.
Signifie aussi
Voler sur une voiture.
malignement.
Rouler, v. n. Aller bien Rouloftier, s. m. Voleur
comme santé ou comme com- qui a pour spécialité de dévaliser
merce. les voitures.

Ne s'emploie guère qu'à la Roulure, s. f. Fille de la


troisième personne de l'indicatif dernière catégorie, — dans l'ar-
présent: cela roule. C'est l'équi- got des faubouriens.
Valent de: Cela boulotte.
Roumichipoteuse, s. f.
Rouler, v. a. Se moquer, Mijaurée, chipie.
lutter d'esprit et d'impertinences,
— dans 1 argot des gens de let- Roupané, adj. et s. Décavé
tres. aux ou à tout autre jeu
billes

Se faire rouler. Avoir le des- exigeant ime mise. Argot des


sous dans une affaire, dans ime gamins.
discussion. Roupie, s. f. Punaise, —
dans l'argot des voyous.
Rouler, V. n. Vagabonder,
voyager, — dans l'argot du peu- Roupie, s. f. Mucosité de
ple. couleur ambrée qui sort du nez
On dit aussi Rouler sa bosse. des priseurs, et tombe tantôt sur
ROU RUD 405

leur chemise, tantôt dans leur pitus, sans plus de façon qu'un
potage. Argot des faubouriens. baudet.

Roupie de sina^e, s. f. Roustir, v. a. Tromper,


Rien, — dans l'argot des vo- duper, — dans l'argot des vo-
leurs . leurs.
Signifie aussi Dévaliser.
Roupiller^ v. n. Dormir,
— dans l'argot des faubouriens, Roustisseur, s. m. Voleur.
qui emploient ce verbe depuis
plus d'un siècle.
Roustisseuse, s. f. Fille ou
Sijrnifle aussi Avoir continuel-
femme de mauvaise vie, dans —
l'argot des faubouriens.
lement une roupie au nez.
Roupilleur, s. m. Grand Roustissure, s. f. Escro-
dormeur — ou grand priseur. querie.

Roupie u, s. m. Élève on Roustissure, s. f. Blague


médecine qui s'essaye au métier peu heureuse, rôle de peu d'im-
dans les hôpitaux, sans être in- portance, —
dans l'argot des
terne ni externe. C'est lui qui comédiens, qui sans doute ont
pose les cataplasmes et les vési- voulu faire allusion au mot ita-
catoires. Argot des étudiants. lien rostita, rôtie, maigre chose.
On l'appelle aussi Bénévole. Royaume des taupes, s.
Rouscailler, v. a. Aimer, m. La terre, — dans l'argot du
— dans l'argot des voleurs. peuple.
Partir pour le royaume des
Rouscailler big^orne, v. taupes. Mourir.
n. Parler argot.
Ru, s. m. Ruisseau, — dans
Rouscailleur, s. m. Liber- l'argot du peuple des paysans
et
tin. des environs de Paris.
Rousse, s. f. La police, — Ou dit aussi Rio.
L'expression coule de source :
dans l'argot des voyous.
pîW.
Rousse, s. m. Agent de po-
sergent de ville.
« Or bouvez fort tant que rù peut courir,
lice ;
Ne leffiisez, cliassant ct-ste douleur,
On dit aussi Roussin.
Sans empirer un povre seaurir, s
Rousse à l'arnache. Agent de dit François Villon à sa maî-
police de sûreté, qui reçoit une
tresse.
gratification proportionné'e à l'u-
tilité des renseignements qu'il Ruban de queue, s. m
donne ou à l'importance des cap- Long chemin, route qui n'en fini
tures qu'il fait faire. pas.

Roussin, s. m. Baudet, — Rubis sur pieu, loc. adv.


dans l'argot du peuple. Argent comptant, dans l'argot—
Se dit aussi d'un Cheval qui des faubouriens.
fait en marchant de fréquents
sacrifices au dieu Crépitus.
Rude, s. f. Chose difficile à
croire, événement subit, désa-
Roussiner, v. n. Faire de gréable, — dans l'argot du peu-
fréquents sacrifices au dieu Cré- ple.
406 RUO RUT
Rude, adj. Courageux. Jeunesse ruolzée. C'est notre
Jeunesse dorée, et elle vaut
Ruilcineut, Extrême-
adv.
moins, quoiqu'elle soit aussi cor-
ment, remarquablement.
rompue.
Rue, s. L'espace réservé
f.
Rup, Grand,
adj. noble,
entre deux portants et figurant
un chemin entre deux costières.
élevé, beau, riche, élégant, —
dans l'argot des faubouriens et
Argot des coulisses.
des filles.
Rue au pain, s. f. La gorge, M. Francisque Michel fait
— dans l'argot du peuple. venir ce mot du bohémien
an-
glais rup
de l'indoustan rupa,
et
Rue barrée, s. f. Rue où argent, —
d'où roupie. Pendant
demeure un créancier, dans — qu'il y était, pourquoi n'a-t-il pas
l'argot des débiteurs. fait descendre ce mot d'un rocher
On dit aussi Rue où Von pave. [rupcs) ou d'une falaise [nqjina)
A en croire Léo Lespès, cette quelconque?
dernière expression serait due au On dit aussi Rupart.
duc d'Abrantès, fils de la du-
chesse d'Abrantès, et viveur cé- Rupin, s. et adj. Homme
lèbre. riche fashionable, mis à la der-
;

Rue (lu bec dépavée, s. f.


nière mode, —
ou plutôt à la
prochaine mode. C'est le super-
Bouche à laquelle des dents
manquent, — dans l'argot des
latif de Rup.
faubouriens. « Le rupin mémo a 1' trac de la famine,
Nous la bravons tous les jours, Dieu
Ruine-maison, s. m. Hom-
me prodigue, extravagant, — [nierci ! »

dans l'argot du peuple. dit chanson trop connue


la de
Ruisselant d'iuouïsnie M. Dumoulin.
,

adj. Extraordinairement inouï. On dit aussi Rupine.


L'expression appartient à M. Rupine, s. f. Drôlesse, fille
Philoxène Boyer, —
à qui ou à grands tralalas de toilette et de
fera bien de ne pas la voler. manières.
Ruolzé, adj. Ce qui brille Rustique, s. m. Greffier, —
sans avoir de valeur intrinsèque, dans l'argot des voleurs.
ce qui a une élégance ou une ri-
chesse de surface, —
par allusion Rustique, s. m. Décor re-
au procédé de dorure et d'argen- présentant un intérieur villa-
ture découvert par Ruolz. geois. Argot des coulisses.
Existence ruolzée. Vie factice,
Rustu, s. m. Greffe.
composée de fêtes bruyantes, de
soupers galants, d'amis d'em- Rutière, Fille publique
s. f.

prunt et de femmes d'occasion, d'une catégorie à part décrite par


mais dont le bonheur est absent. Vidocq (p. 73).
Sable blanc, s. m. Sel, — faire des reproches, battre. Ar-
dans l'argot des francs-maçons. got du peuple.
Sable jaune. Poivre. Signilie aussi Travailler sans
soin, faire de la mauvaise be-
JS»abler, v. a. Tuer avec une
feau remplie de sable, — dans sogne.
argot des voleurs. L'expression a des chevrons :

jiablon, s. m. Cassonade, — « De ton


épé' (ranchanle
dans l'argot des faubouriens. Perce mon tenire cœur,
Saboule ton anianle,
j^aboche, s. f. Mauvais ou- Ou rends-lui son honneur, »
vrier, personne maladroite, —
dans l'argot du peuple. dit Vadé dans sa chanson des
Gardes françaises.
iSabocher, v. a. Travailler
Saboiiler, v. a. Décrotter,
sans soin, avec trop de liàte.
— dans l'argot des voyous.
iSabot, s. m. Mauvais bil-
lard.
!iabouleur> s. m. Décrot-
teur.
Signifie aussi Mauvais violon.
Stabot, s. m. Homme qui
Sabre^ s. m. Bâton, — dans
l'argot des voleurs.
aime à dormir.
— Sabre (Avoir un). Être gris,
iSabot, s. m. Toupie plate,
dans l'argot des gamins.
— dans l'argot des faubouriens.

Sabrenas, S. m. Savetier,
.Sabot, s. m. Canot, barque, dans l'argot du peuple.
— dans l'argot des voleurs.
Signifie aussi Mauvais ouvrier,
Aller au sabot. S'embarquer. bousilleur.
Saboter, v. a. Bousiller, tra-
Sabrenasser, v. n. et a.
vailler sans soin, à la hâte. Ar-
Travailler sans goût, bousiller
got des ouvriers. l'ouvrage.
Sàbouler, v. a. Gronder, On dit aussi Sabrenauder.
408 SAC SAC

iSabrer, v. a. Faire une chose Sac-à-papier! Juron bour-


à la hâte, et, à cause de cela, la geois, qui marque l'ennui qu'on
mal faire. éprouve, l'embarras dans lequel
on se trouve.
jiabreur, s. m. Matamore,
homme qui ne parle que de tuer. Sacard, adj. et s. Homme à
son aise, ayant le sac.
Sabreur, s. m.
Bousilleur,
ouvrier qui travaille trop vite Sac au lard, s. m. Chemise,
pour travailler avec soin.
— dans l'argot des faubouriens,
qui se sont rencontrés dans la
Slabri, s. m. Bois, forêt, — même expression avec les vo-
dans l'argot des voleurs. leurs anglais : flesh-bag, disent
ceux-ci.
fiabrieu, s. m. Voleur de
bois. Sac-à-Tîn, s. m. Ivrogne, —
Sac, s. m. Argent, — dans
dans l'argot du peuple.
C'est le guzzler anglais.
l'argot des faubouriens, qui
prennent le contenant pour le Sac plein (Avoir le). Etre
contenu. complètement ivre.
Avoir le sac. Etre riche, ou Se dit aussi à propos d'une
seulement avoir de l'argent. Femme enceinte.
Homme au sac. Homme qui Sacqué (Etre). Avoir de
vient d'hériter. l'argent.
Sac, s. m. Renvoi, congé, — Saquer, v. a. Congédier,
dans l'argot des ouvriers.
Avoir son sac. Etre renvoyé
renvoyer, — dans l'argot des ou-
vriers.
d'un atelier.
Donner son sac. Remercier un
On dit aussi Donner le sac.
Sacquer un bœuf. Remercier
patron.
un ouvrier, —
dans l'argot des
Sac (Avoir dans son). Possé- tailleurs.
der, être pourvu ou doué. Argot
Sacré ciiien, s. m. Eau-de-
du ppuple.
vie de mauvaise qualité, qui em-
N'avoir rien dans son sac. porte le gosier. Argot du peuple.
N'avoir pas de ressources d'es- On dit aussi Sacré chien tout
prit; être sans imagination, sans pur.
talent.
Avoir une mauvaise pierre dans Sacré chien^ s. m. Feu sa-
son sac. Ne pas jouir d'une bonne cré, — dans l'argot des rapins et
santé, être atteint de mélancolie des cabotins.
ou de maladie grave. Avoir le sacré chien. Jouer
d'inspiration et avec succès.
Sac (Être ou n'être pas dans
Peindre avec emportement.
le). Etre laide on jolie. Argot des
faubouriens. Sacrement, s. m. Le ma-
Cette expression devrait se riage. —
dans l'argot du peuple.
chanter, comme cette autre, de Offrir le sacrement. Se pro-
la même famille : poser comme mari, courtiser une
lille pour le bon motif.
I Eir n'est pas mal
Pour fouir' dans 1' canal, s Sacrer, v. n. et a. Affirmer.
SAI SAI -'.09

jiacristain, s. m. Mari de ner de l'argent, qu'on en —


l'abbessedu couvent des S'offre- doive ou non.
à-tous, —
dans l'argot des filles. Se saigner à blanc. S'épuiser
pour fournir airx dépenses d'un
Sacristi! Juron de l'argot enfant ou d'uine maîtresse.
du peuple.
Il dit aussi C/iri5<i/ Saint-Crépin^ s. m. Outils
Les bourgeois, eux, disent de cordonnier, et, par extension,
Sapristi! —
ce qui les éloigne un de toute autre profession.
peu de l'étymologie (sacrarium). m. Éco-
Jiaiut-Crépin, s.
Safran, s. m. Jaunisse
con- nomies, pcculium, — dans l'ar-
jugale, — dans l'argot des bour- got du peuple.
geois.
Accommoder au safran . Trom- Saint de carême, s. m.
per son marien faveur d'un Homme qui se fâche, hypocrite.
autre homme, ou sa femme en Saint Denaille,
- n. de 1.
faveur d'une autre. Saint-Denis, — dans l'argot des
On dit aussi Voue?' au jaune. voleurs.
§)asr« comme une ima^e, Saint-Difficile, m En-
adj. Extrêmement sage, c'est- — fant, et même
grande personne
s.

à-dire ne parlant pas. Argot du faisant la dégoûtée à propos de la


peuple. nourriture —
ou à propos d'autre
Sascouin, s. m. Homme mal- chose. Argot des bourgeois et du
Sropre, grossier, —
dans l'argot peuple.
u peuple, qui calomnie les cal- Sainte Espérance, s. f. La
litriches. veille de la Sainte Touche.
Vilain sagouin. Pléonasme que
les femmes du peuple adressent Suinte llousseline, s. f.
volontiers à un homme qui leur Une sainte de la création de Vic-
débite des gaudrioles et des plai- torien Sardou {La Famille Be-
santeries grasses, dont elles ne noiton), et qu'invoquent aujour-
se fâchent pas le moins du d'hui, par genre, les mères de
monde. famille qui suivent les modes de
la morale comme elles suivent
Saigner, v. a. Blesser quel-
les modes... Mode. Voici
de la
qu'un volontairement, le tuer
donc l'oraison que murmurent à
même, — dans l'argot des pri-
cette heure de jolies lèvres pari-
sons. Ah Mousseline ,
siennes « : !

iSaig^ner, V. a.Emprunter de blanche Mousseline, des mères


l'argent, — dans 1 argot du ingrates qui te devaient leurs
peuple. maris t'ont reniée pour leurs en-
On dit aussi Faire ou Prati- fants Sainte Mousseline, vierge
!

quer une siagnée. de la toilette, sauve nos filles qui


Saigner à blanc. Abuser de la se noient dans des flots de den-
bonté des gens à qui on em- telles ! ))

prunte. AmenI
On dit aussi Faire une sai'jnée
Sainte-iVitouche, s. f . Fille
blanche.
ou femme qui « fait sa sucrée »
Saig^uer (Se), v. réfl. Don- ou sa Sophie », — dans l'argot du
410 SAI SAL

peuple, qui sait à quoi s'en tenir Saint-Lazare, prison de femmes,


sur les « giries » des bégueules. — dans l'argot des voyous.
Les ouvriers anglais disent de
même to sham abram (jouer
:
Saint-JLundi, s. f. Jour
l'innocence patriarcale, feindre la choisi chaque semaine par le
pudeur révoltée). peuple pour aller ripailler aux
barrières et dépenser en quelques
Cette expression s'est employée
heures le plus clair de ï-on gain,
jadis en parlant d'un Homme
celui que la ménagère attend tou-
timide, mou, irrésolu, ea amour
jours en vain pour faire « bouillir
comme en autre chose :
la marmite ».
ferme de roignons.
« 11 estoit Fêter la Saint-Lundi. Se griser
Non comme ces pelits mignons — et môme se soûler.
Qui font la Saincte Nitouclie, »
Saint-llarceaux, s. m. Vin
dit Mathurin Régnier. de Champagne, dans l'argot—
Sainte-Touche, s. f. La fin
des gens de lettres qui veulent
du mois, —
dans l'argot des faire une réclame à la maison de

employés. La fin de la quinzaine, commerce de M. de Saint-Mar-


— dans l'argot des ouvriers. ceaux, riche viticulteur d'Eper-
nay.
Saint-Jean, s. m. Signal, —
dans l'argot des voleurs. Saint Père, s. m. Tabac à
Faire le Saint-Jean. Lever fumer, —
dans l'argot des mar-
l'index et le médium pour aver- briers de cimetière
tir un complice. Saint Sacrement (Et tout
le).C'est Vet cœlera de l'argot du
iSaint-tlean, m.
vêtements, affaires, dans l'ar-
s.

Outils,
peuple Il comprend tout
: et —
got des typographes.
une foule d'autres choses.
Emporter son Saint-Jean S'en .
Saisissement, s. m. Les
aller d'une imprimerie en em- liens dont l'exécuteur lie les bras
portant composteur, pinces, etc. et les jambes du condamné à
Saint «Ican-Baptiste, s. m. mort. Le saisissement est une
Cabaretier, —
dans l'argot du pièce essentielle de la toilette.
peuple, qui fait allusion à l'eau Saison,s. f. Laps de temps
baptismale que l'on ajoute au vin plus ou moins long, mais ordi-
pour le rendre digne d'être bu nairement de 21 jours, que l'on
par des chrétiens. passe dans les villes d'eaux par
Saint «Vean Bouche-d'or, ordonnance de médecin.
S. m. Bavard qui,pour le plai- Faire une saiso)t. Rester une
sir de parler, ne craint pas de vingtaine de jours à Vichy ou
commettre des indiscrétions. toute autre station thermale, et
y prendre des bains minéraux.
Saint «iean le Rond, s. m.
Un nombreux pseudonymes Salade, s. f. Raiponce à une
des
de mcssire Luc. question, —
dans l'argot des vo-
leurs, facétieux à leurs heures.
Saint Liâche, s. m. Le pa-
tron des paresseux.
Salade de Gascon, s. f.
Corde, ficelle, — dans l'argot du
EîSaiut-liaze. Apocope de peuple.
SAL SAL 411

A signifié autrefois, plus spé- action vile, entachée de plus


cialement, Corde de pendu. d'improbité que de boue, dans —
l'argot des bourgeois, qui em-
Staladier, s, m. Bol de vin ploient ce mot dans le même
sucré, — dans l'argot des ou- sens que les Anglais leur slut-
vriers. tery.
ISalamalecs, s. m. pi. Poli- Faire des saletés. Faire des
tesse exagérée, — dans l'argot du tours de coquin, d'escroc.
peuple, qui ne pratique pas pré- Salières, s. f. pi. Cavités de
cisément la Civilité puérile et
honnête.
la clavicule, — dans l'argot du
peuple.
!§)alaud, adj. et s. Enfant Montrer ses salières. Se dit
malpropre; homme ordurier. d'une Femme maigre qui se dé-
fSalbrenaud, s. m. Mauvais colleté trop.
cordonnier savetier,
;
— dans Salig^aud, e, s. et adj. Per-
l'argot des voleurs sonne malpropre au propre, et
^ale, adj. Laid, mauvais,
malhonnête au figuré, dans —
l'argot du peuple, qui emploie ce
malhonnête. Argot du peuple.
mot dans le même sens que les
Sale intérêt. Intérêt sordide.
Anglais leur slut.
Sale monsieur. Individu d'une
moralité équivoque ou d"un ca- SaliTerne,s. f. Écuelle, ga-
ractère insociable. melle, —
dans l'argot des vo-
Sale pdtissier.ïiomme qui n'est leurs,qui y laissent volontiers
ni sale ni pâtissier, mais dont, tomber leur salive pour dégoûter
en revanche, la réputation aurait les camarades.
grand besoin d'une lessive. Ils disaient autrefois Crolle.
On dit aussi Sale bête.
Salle à mang^er, s. f. La
Salé, s.m. Travail payé d'a- bouche, — dans l'argot des fau-
vance, — dans l'argot des typo- bouriens.
graphes. N'avoir plus de chaises dans sa
Morceau de salé. Acompte. salle à manger. N'avoir plus de
Se dit aussi, par une analogie dents.
facile à saisir, d'un Enfant venu
Salonaier, s. m. Critique
avant le mariage.
d'art, chargé du compte rendu
Les ouvriers anglais disent :
du Salon. Argot des journalistes.
lo irork for the clead horse (tra-
Le mot est de création récente.
A'ailler pour le cheval mort).
Salope, s. f. Fille ou femme
Saler, v. a. Adresser de "vio-
lents reproches à quelqu'un, — du genre de celles que Sliakes-
peare traite de drabs dans Win-
dans l'argot du peuple.
ter's Taie, et que, comme on le
JSaler, v. a. Faire payer trop voit, peuple parisien
le traite
cher. presque aussi mal.
Saler une note. En exagérer
Saloperie, s. f. Ordure, —
les prix.
au propre et au figuré, spucritia
On dit aussi Répandre la salière
et obscenitas.
dessus.
Dire des saloperies. Employer
Saleté, s. f. Mauvais tour, un langage ordurier.
413 SAN SAP

Faire des saloperies. Se con- Se sangsurer. Se ruiner pour


duire en goujat. élever un enfant ou pour entre-
tenir une drôlesse.
Saloperie, s. f. Vilain tour,
lésinerie, crasse. Sans-beurre, s. m. Chiffon-
fialopiauil, s. m. Homme nier, — dans l'argot des faubou-
riens.
malpropre d'esprit et de cos-
tume, en actions et en paroles. Sans-bout, s. m. Cerceau,
Au leminin, Salopiaude — dans l'argot des voleurs.
JSaltimbe, s. m. Apocope de Sans canne (Etre). En rup-
Saltirnbanque, — dans 1 argot ture de ban, — dans le même
des faubouriens. argot.
S^aliier le public. Mourir, Sans-chasses, s. m. Aveugle.
— dans l'argot des comédiens,
ces gladiateurs de l'Art. C'est Sans-cœur, s. m. Usurier, —
un ressouvenir de VAve, Cssar, dans l'argot des fils de famille.
mo7'ituri te salutant.
Sans-culotte, s. m. Répu-
iSang^ de poisson, s. m. blicain, —
dans l'argot des bour-
Huile, — dans l'argot des fau- geois, pour qui Terreur est insé-
bouriens. parable de République.
Sang-lé, adj. A court d'ar- Sans-culotterie, s. f. Doc-
gent. trine des sans-culottes.
Le mot est de Camille Desmou-
San^i'ler, v. a. Réprimander lins.
"Vertement, et même Battre.
On dit diViiSi Sans-culottisme,
ISang^ler, Permolere
v. a.
— Sans dos, s. m. Tabouret,
uxorem quamlibet aliam,
l'argot du peuple.
dans — dans l'argot des faubouriens.
On dit aussi Sauter. Sans-feuille, s. f. Potence,
Sanglier fSe), v. réfl. Se
— dans l'argot des voleurs.
priver de quelque chose au profit Sans-^êne, s. m. Homme
de quelqu'un, par exemple, se indiscret, mal élevé, — dans
ruiner pour élever un enfant ou l'argot des bourgeois.
pour entretenir une maîtresse.
Sans-le-sou, m.
fiang^lier, s. m. Prêtre, — ou Homme de
s.
lettres,
Artiste,
— dans
dans l'argot des voleurs. l'argot des petites dames.
Sang-sue, s. f. Maîtresse qui Sap, s. m. Apocope de Sapin,
ruine son
lités,
amant par ses prodiga-
neveu qui tire à boulets
cercueil, — dans l'argot des
voyous.
rouges sur la cassette avuncu-
Taper dans le sap. Etre mort
laire. Argot du peuple.
et enterré, — dormir du dernier
Saniiçsurer, v. a Faire de somme.
nombreuses saignées à la bourse M. Louis Festeau, quia chanté
de quelqu'un, —
dans l'argot des tout, a naturellement consacré
ouvriers, pour qui les parasites quelques loisirs de sa muse au
sont des sangsues. Hap :
SAR SAU 413

< Avant d'être mis dans le sap, du tarif. Argot des typographes.
Vous voulez, orne de lunettes,
On dit aussi Faux frère.
Me déialqu r de pied en cap. >

Sapajou, S. m. Galantin,
Satisfait, s. m Député con-
— ami quand même du
servateur,
suborneur en cheveux gris,
dans l'argot des harengères, qui
gouvernement du moment et —
des gouvernements à venir. Argot
sont plus » fortes en gueule »
des journalistes.
qu'en histoire naturelle.

Sapeur, s. m. Homme qui


Satou, s. m. Bois débité, —
ne respecte rien, —
dans l'argot dans l'argot des voleurs.
Signifie aussi Bâton.
des bourgeoises, qui n'aiment pas
les gens barbus. Satousier, s. m. Menuisier.
D'où la fameuse chanson à la
mode: Sauce, s. f. ou Correction

«Ri- n n'est sa...a.,.cré pour un sapeur!»


simplement Réprimande, dans —
l'argot du peuple.
Sapin, s. m. Fiacre, dans Gare à la sauce ! Prenez garde
l'argot du peuple, qui sait que à ce qui va arriver de fâcheux.
ces voitures-là ne sont pas cons- Gober la sauce. Etre puni
truites en chêne. pour les autres recevoir la cor-
;

rection, la réprimande méritée


Sapin, s. m. Cercueil de par d'autres.
pauvre.
Sentir le sapin. Etre atteint Saucé (Être). Recevoir la
d'une maladie mortelle. pluie.
On dit aussi Êt7'e rincé et Êti-e
Sapin, s. m. Plancher; gre- trempé.
nier, — dans l'argot des voleurs.
Sapin de muron. Grenier à sel. Saucer, v. a. Réprimander.
Sapin des cornants. La terre, On disait autrefois Faire la
— plancher des vaches. sauce à quelqu'un.

Sapinière, s. f. La fosse Saucisse municipale, s. f.

commvme, exclusivement réser- Viande empoisonnée que l'on jette


vée aux cercueils de sapin. Argot dans les rues pour détruire les
des faubouriens. chiens errants non muselés.

Saquet, S. m. Secousse, — Saute-mouton, s. m. Jeu


dans l'argot du peuple. d'enfants qui consiste à sauter les
Le vieux français avait Sag'wer, ims par-dessus les autres.
tirer l'épée. On dit aussi Faire un saute-
mouton ou Jouer à saute-mouton.
SardineH, s. Galonsf. pi.
de laine ou d'or aux manches de Sauter (Faire). Dérober,
l'uniforme, —
dans l'argot des chiper —
et même Voler. Argot
soldats. des faubouriens.
Sardines blanches. Galons de D'où Faire sauter la coupe.
gendarme, ou d'infirmier mili-
Sauter, v. n. Cacher le pro-
taire .
duit d'un vol à ses complices, —
Sarrasin, s. m. Ouvrier
qui dans l'argot des prisons.
consent à travailler au-dessous Sauter à la capahut. Assas-
414 SAU SAV

siner un complice pour lui enle- sans consistance, sans parole,


ver son fade. sur lequel on ne peut pas
compter.
Sauter à la perche, v. n.
Ne pas savoir où manger, — Sauteuse, s. f. Drôlesse.
dans l'argot des faubouriens, par
Sauvage, s. m. Garde na-
allusion aux efforts souvent vains
des singes de bateleurs pour at-
tional de la banlieue, — dans
l'argot des faubouriens.
teindre les friandises placées à
l'extrémité d'un bâton. Sauver bien (Se). Bien
{iauterelle, S. f. Puce, — courir, — dans l'argot des ma-
quignons, qui disent cela à pro-
dans l'argot des voleurs.
pos des chevaux qu'ils essayent.
Sauterelle, s. f. Petite
dame, —
dans l'argot des ^ens Sauver la caisse, v. a. Se
de lettres qui ont emprunté ce sauver avec dont on
la caisse
mot à N. Roqueplan. est le gardien, par allusion —
C'est un des plus heureux au mot d'Odry dans les Saltim-
qu'on ait inventés jusqu'ici pour banques.
désigner ces femmes maigres qui Sauver la mise à quel-
s'abattent chaque jour, par nuées, qu'un. Lui éviter une humilia-
sur les boulevards, dont elles tion, un ennui lui prêter à temps
;

sont la plaie. de l'argent. Argot du peuple.


Sauterie, s. f. Danse, — Sauvette, s. f. Jeu d'en-
dans l'argot du peuple. fants qui consiste à se sauver et
Saute-ruisseau,, s. m. Pe- ne pas se laisser attraper.
tit trottin de l'a-
clerc. C'est le On dit aussi Sauvinette.
voué, comme le trottin est le
Sauvette, s. f. Mannette
saute-ruisseau de la modiste.
d'osier, — dans l'argot des chif-
Sauter le pas, v. a. Se dé- fonniers.
cider à faire une chose, sans se
Savate, s. f. Boxe française,
préoccuper de ses conséquences.
Argot du peuple.
— « avec cette difi'érence", dit
Th. Gautier, que la savate se
Sauter le pas, V. a. Faire travaille avec les pieds et la boxe
faillite, et, par extension. Mou- avec les poings. »
rir, — dans l'argot des bourgeois. (V. Chausson).
Signifie aussi Faire banque-
route à la vertu, —
en parlant Savate, s. f. CoiTection mi-
litaire,qui consiste à fouetter le
d'une jeune fille qui se laisse
séduire. soldat coupable à tours de bras
et de souliers. Le Conseil de
On dit aussi La sauter.
guerre, on le devine, n'a rien à
Sauteur^ s. m. Filou. voir là dedans c'est une petite
:

Sauteur, s. m. Homme
po- justice de famille et de caserne.
litique qui change d'opinion Savate, s. f. Ouvrage mal
toutes les fois que cela peut lui
profiter personnellement. Argot
fait ; abîmée, gâchée,
chose —
dans l'argot du peuple.
du peuple.
Se dit aussi de tout Homme Savater, v. a. Travailler
SCH SGI 415

sans soin, faire une chose à la rière, parce qu'à la chute du


Mte. Rein, — dans l'argot facétieux
On dit aussi Saveter. du peuple.
Savetier, s. m. Mauvais ou- Schlag^ue, s. f. Correction
vrier ; homme
qui fait une chose brutale qu'un père donne volon-
sans goût, sans soin, à la hâte. tiers à son enfant, un mari à sa
femme, etc.
SaToir ce que quelqu'un
a dans le Tentpe. Découvrir Schlag^uer, v. a. Corriger,
ses sentiments, ses projets ; con- battre.
naître le faihle et le fort de son Encore un mot allemand, —
caractère. schlagen.
SaToîp de quoi il re- Schloflfer, v. n. Dormir, se
tourne. Connaître l'état finan- coucher, —
dans l'argot des fau-
cier d'une maison,
situation la bouriens, qui ont appris cette
morale d'une famille être au ;
expression dans la fréquentation
courant des affaires politiques et d'ouvriers alsaciens ou allemands
littéraires et savoir quel journal {schlafen).
ce gros homme va fonder et Ils disent aussi Faire schloff.
quel ambassadeur on va envoyer
Schnick, s. m. Eau-de-vie
en Prusse.
de qualité inférieure, — dans
SaToir lire. Connaître tou- l'argot du peuple.
tes les ruses du métier, dans — On dit aussi Schnaps.
l'argot des voleurs.
Schniquer^ v. n. Se griser
SaTon, s. m. Réprimande, d'eau-de-vie.
— dans l'argot des domestiques
Schuiqueur, s. m. Buveur
malpropres
d'eau-de-vie.
Foutre un savon. Gronder,
objurguer quelqu'un. Sciant, adj. Ennuyeux, —
dans l'argot des faubouriens.
Savonner^ v. a Répriman-
der — et même Battre. Scie, s. f. Ennui, contre-
temps fàcheiLX.
Savoyard, s. m. Homme
mal élevé, brutal, — dans l'ar- Scie, s. f. Femme légitime.
got des bourgeois, injurieux en- Porter sa scie. Se promener
vers les Allobroges. avec sa femme au bras.

SaToyarile, s. f. Malle, — Scie, s. f. Mystification, plai-


dans l'argot des voleurs. santerie agaçante, dans l'argot —
des artistes."
Scène de l'absinthe Le chef-d'œuvre du genre,
(Faire la). Jouer son verre d'ab- c'est :

sinthe avec un camarade, ou lui


en offrir un. Argot des coulisses. « Il était quatre jeunes gens du quartier.
Eh eh eh eli
On dit de même, à propos de Ils étaient
!

tous les jix malades,


! ! !

toutes les consommations ; Faire Ade ade !ade ade ! ! !

ou jouer la scène du cigare, du On !es mit tous sept dans un lit,


café, de la canette, etc. Hi hi lii hi
! ! ! !

Ils demandèrent du bouillon,


Schaffouse, s. m. Le der- On ! on 1 on ! on l .
416 SEC SEN

Qui n'était ni salé ni bon, Séché (Etre). N'être plus


On ! on
C'est l'ortlinau' de la maison,
! on ! on !
gris, — dans l'argot des faubou-
riens.
On ! on on
on ! ! I

Ça cuniiiience à vous embêter, Sécher, v. n. Etre fruit sec,


Eh
Eli eh eh eh
! !

bien je vais recommencer,


! 1
— dans l'argot des Polytechni-
Eh eh eh eh »
! ! 1 !
ciens.

Sécot, s. et adj. Homme


Et l'on recommence en
qu'à ce que l'importun que
effet jus-
l'on
maigre et sec, — dans l'argot du
peuple.
scie ainsi comprenne et s'en
aille. Secouer, v. a. Gronder quel-
Faire ou Monter une scie. Ima- qu'un, et même le battre, —
dans
giner une mystification contre le même argot.
quelqu'un. On dit aussi Secouer les puces.

Scier, v. a. Importuner, ob- Secouer la commode, v.


séder sans relâche. a. Jouer de l'orgue de Barbarie,
On dit aussi Scier le dos. — dans l'argot des faubouriens.
Scier du bois, v. a. Jouer Secret de polichinelle, s.
du violon ou de la contrebasse, m. Secret connu de tout le monde,
— dans l'argot des faubouriens. — dans l'argot du peuple.
Scieur de bois, s. m. Vio- Seigfneur et maître, s. m.
lonniste ou contrebassiste. Mari, —
dans l'argot des bour-
Scion, s. m. Baguette et
geois; protecteur, dans l'argot—
même Bâton, — dans l'argot du de Breda-Street.
peuple. Semaine des quatre jeu-
dis, s. f. Semaine fantastique,
Scîonner, v. a. Battre quel-
dans laquelle les mauvais débi-
qu'un, le bâtonner.
teurs promettent de payer leurs
Scionner, v. a. Tuer, — dettes, les femmes coquettes d'être
dans l'argot des voleurs. gens avares d'être gé-
fidèles, les
néreux, etc. C'est la Venue des
Sciouneur, s. m. Meurtrier. Coqicecigrues de Rabelais.
Scribouilla^e, s. m. Mau- On dit aussi La semaine det
:

vais style, — style à la Scribe. quatir jeudis, trois jours après


Argot des gens de lettres. jamais.

Sculpsit, s. m. Sculpteur, — Semaines, s. f. pi. Sous de


dans l'argot des artistes. poche distribués le samedi et le
dimanche, —
dans l'argot des
Sculpture ronflante, s. f.
collégiens.
Sculp;ure tourmentée, colorée,
entre la sagesse et l'exagération. Semer quelqu^un, v. a.
S'en débarrasser, — dans l'argot
Sec, s. m. Élève qui a passé des faubouriens.
des examens de fin d'année dé- Signifie aussi : Le renverser, le
plorables. Argot des Polytechni- jeter à terre d'un coup de poing
ciens.
ou d'un coup de pied.
On dit aussi, mais moins :

Fruit sec. Sens devant dimanche.


SER SER 417

adv. De travers, sens dessus Sérieux, adj. Excellent, con-


dessous, — dans l'argot du peu- venable, —
dans l'argot des gens
ple. de lettres et des petites dames.
Homme sérieux. Qui ne refuse
§>eutinelle, s. f. Insurgé cle
rien aux femmes qui ne refusent
Romilly. rien aux hommes riches. —
Foser une sentinelle. Alvum de- Souper sériewc. Où rien ne
ponere. manque de ce qui doit en faire
Sentir, v. a. Aimer, dans — l'attrait : vins exquis, chère non-
femmes charmantes,
l'argotdu peuple, qui emploie Eareille,
surtout ce verbe avec la négative. ommes d'esprit, etc.
Le peuple emploie aussi cet
Ne pas pouvoir sentir quel- adjectif dans l'acception de Co-
qu'un. Avoir répugnance à le ren-
pieux un heefsteak sérieux,
: un
contrer, à lui parler, le haïr enfin.
dessert sérieux, etc.
On dit aussi Avoir dans le nez.
Serin, s. m. Gendarme de la
Sentir le coude à §^auehe. banlieue, — dans l'argot des
V. n. Avoir confiance en soi et voyous
dans l'amitié de ses camarades ; S'est dit aussi, à une certaine
se sentir appuyé, soutenu, encou- époque du règne de Louis-Phi-
ragé, etc. lippe, de quelques compagnies
Sentir le lapin. Suer abon- de gardes nationaux qui avaient
damment et désagréablement des des parements jaunes, des passe-
poils jaunes, des torsades jaunes,
aisselles.
tout jaune, au point qu'en les
Sentir mauTais, v. n. De- passant un jour en revue dans la
venir grave, sérieux se gâter, ;
— cour des Tuileries, le maréchal
en parlant des choses. Lobau s'écria « Fermez donc les
:

Cela sent rnauvais est une grilles, tous ces serins vont s'en-
phrase de la même famille que voler » !

Le torchon brûle.
Imbécile, ou
Serin, s. et adj.
Sept, s. m. Crochet, — dans seulement Homme naïf, — dans
l'argot des chiffonniers. l'argot des faubouriens.

Séquelle, s. f. Grand nombre Seriner, v. a. Répéter à sa-

de gens ou de choses, dans — tiétéune chose à quelqu'un, afin


l'argot du peuple, qui n'emploie de la lui loger dans la mémoire.
ce mot que péjorativement. Serinette, s. f. Homme qui
Signifie aussi Gens ou choses faitchanter d'autres hommes, —
qui l'ont suite à quelqu'un ou à dans l'argot des voleurs.
quelque chose.
Toute la séquelle. Tous les Sering'ue, s. f. Voix fausse,
membres de la famille, et sur- aigre, criarde, — dans l'argot du
tout les enfants. peuple.
Chanter comme une seringue.
Ser. s. m. Signal donné en Chanter très mal.
crachant, —
dans l'argot des
Serpent, s. m. Ceinture de
voleurs. {V. Serpent.)
cuir, — dans l'argot des trou-
Sergolle, s. f. Ceinture, — piers qui y serrent leur ar-
dans le même argot. gent.
418 SER SEV

On dit aussi Anguille. dénoncer, — dans l'argot des


Serpent, s. m. Crachat, — voleurs.
Servir de belle. Dénoncer à
dans l'argot des voleurs. faux.
iSerpentin, s. m. Matelas, Servir, v. a. Arrêter, pren-
— dans le même argot. dre, — dans l'argot des faubou-
riens.
Serpettes, s. f. pi. Les
jambes, — dans l'argot des trou-
Vidocq, lorsqu'il était chef de
la police de sûreté, avait l'habi-
piers.
tude de dire tranquillement au
Serpillière, s. f. Soutane, malfaiteur pris dans une souri-
— dans l'argot des faubouriens. cière, ou ailleurs : « Monsieur,
On dit aussi Serpillière à rati- vous êtes servi !... »
chon.
Serviteur, s. m. Amant,
Serrante, Serrure,
s. f. — heureux ou non, dans — l'argot
dans l'argot des voleurs. du peuple, qui a bien fait de
conserver cette expression char-
Serré, adj. Pauvre ; sans ar- mante, pleine de délicatesse et
gent, momentanément ou par de décence, mais qui aurait
habitude, — dans l'argot des mieux fait encore de conserver
bourgeois. le sentiment qu'elle représentait.
Signifie aussi Avare. Le sentiment respectueux et
touchant contenu dans ce mot de
Serrer, V. a. Mettre en pri-
son, — dans l'argot des faubou-
serviteur [atiiasius) a disparu
en effet des mœurs parisiennes,
riens. — j'entends des mœurs du peu-
Serrer la vis. Achever une ple, qu'il ennoblissait, car c'é-
affaire, presser un travail. Ar- tait un sentiment chevaleresque,
got du peuple. digne d'une nation civilisée. On
n'est plus le serviteur des fem-
Serrer le nœud. Se ma- mes, aujourd'hui, qu'on en fait
rier, — dans l'argot des bour- des servantes —
de cuisine ou
geois et des vaudevillistes. de mauvais lieux Quand on !

Serrer les pouces à quel- aura tout à fuit démoli le fau-


qu'un, V. a. Le presser vive- bourg Marceau, cette adorable
expression sera expropriée, et
ment de questions pour lui faire
ne sachant plus où se loger à
avouer la vérité. Argot du peu- —
ple.
Paris, elle disparaîtra comme
tant d'autres, si regrettables 1

Sert, s. m. Signe fait par un


compère, — dans l'argot des sal-
Sésière,
elle, —
pr. pers. Soi, lui,
dans l'argot des voleurs.
timbanques.
On dit aussi Sésigiie et Sésin-
ScrTîette, s. f. Portefeuille, gard.
— dans l'argot des avocats.
Seu, s. m. Second, dans —
Serviette, Aniterge en
s. f. l'argot des enfants, qui prati-
papier, — dans l'argot des bour- quent l'apocope comme des hom-
geois. mes.
Servir, v. a et n. Trahir, Sévère, s. f. Chose éton-
SI F SIN 419

nante événement inattendu,


;
— S'affûter le sifflet. Boire.
dans l'argot des faubouriens. On dit aussi Se rincer le sifflet.
Couper le sifflet à quelqu'un.
Sexe, s. m. Les femmes en Le forcer à se taire, soit en lui
général, — dans l'argot du peu-
coupant le cou, ce qui est un
ple, qui, sans tomber à leurs
moyen extrême, soit en lui prou-
pieds, comme le recommande vant éloquemment qu'il a tort de
M. Legouvé, sait qu'il leur doit parler, ce qui vaut mieux.
une mère, la seule créature di-
gne de ses respects. Siçne d'arg^ent, s. m. Le
Ami du sexe. Homme de com- stercus humain, dans lequel—
plexion amoureuse. il est bon de marcher, parait-il,
Shocking^ î Exclamation qui, parce que cela porte bcnheur.
de la langue des pudiques An- Siener des orteils (Se),
glaises, a passé dans l'argot iro- V. réil. Se pendre ou être pendu,
nique des gouailleurs parisiens.
Ce qui est choquant de l'autre
— dans l'argot du peuple, qui
fait allusion aux derniers tressail-
côté du détroit cesse de l'être de lements des suicidés ou des con-
ce côté-ci. damnés .

Shockiuer
scandaliser.
(Se), v. réfl. Se Silence, s. m. Audiencier, —
dans l'argot des voyous, habi-
Sibijoite, s. f. Cigarette, — tués de police correctionnelle ou
dans l'argot des marbriers de de cour d'assises.
cimetière, parfois trop fantaisis-
tes.
Sime« s. f Patrouille, . — dans
l'argot des voleurs.
Orpheline. Cigarette presque
fumée. Simon, s. m. Propriétaire,
Siffle, s. f. Voix, — dans
— dans l'argot des ouvriers vi-
veurs.
l'argot des voleurs.
Aller chez Sinion. Aller « où
Siffler, Boire ou
V. a. et n.
manger, mais surtout boire, — le roiva à pied », dans l'ar- —
got des bom'geoises.
dans l'argot du peuple, qui em-
ploie ce verbe depuis plus d'un Simple, s. et adj. Niais, —
siècle, comme le prouvent ces dans l'argot du peuple, qui a un
vers d'une chanson du commen- faible pour les roublards.
cement du xvii' siècle :
Les Anglais ont la même ex-
« Lorsque je tiens une lampe
pression : Fiat, terrain plat, —
Pleine de vin, le long de la journe'e, nigaud.
Je siffle autant que trois. »
Single, s. m. Patron, — dans
Siffler, V. a. Dépenser. l'argot des charpentiers, qui, les
Avoir tout sifflé. Etre ruiné. jours de paye, exigent de lui tme
autre monnaie que celle de son
Siffler la linotte, v. a. nom.
Appeler sa maîtresse avec un cri
ou un air convenus faire le Single, s. m. Ouvrier compo-
pied de grue.
;

siteur, — dans l'argot des im-


primeurs.
Sifflet, s. m. Gorge, gosier,
— entonnoir à air et à vin. Singe bottéj s. m. Homme
420 SIX SOC

amusant, gros farceur, — dans delles dont se compose un paquet


l'argot des bourgeoises. d'une livre.
Brûler des six. N'employer
^ing^eries, s. f. Grimaces, que ces chandelles-là.
mines hypocrites, comédie de la
douleur, —
dans l'argot du Six-francs, s. m. Outil de
peuple, qui n'aime pas les gens bois sur lequel on repasse les ha-
simiesques. bits, —
dans l'argot des tailleurs.

Sing^ulier pistolet, s. m. Six-qiiatre-deux (A la),


Homme bizarre, original, qui ne adv. Sans soin, sans grâce, à la
fait rien comme tout le monde, hâte, —
dans l'argot des bour-
vart quand il faudrait rester, geois.
et reste quand il faudrait partir.
Smala, s. f. Famille, mé-
SiiiTc, s. m. Homme simple, nage, — dans l'argot des trou-
imbécile, bon à duper, — dans piers qui ont fait les campagnes
l'argot des voleurs. d'Afrique.
Quelques lexicographes de la Se dit depuis la prise de ia
rue affirment qu'on écrit et pro- smala d'Abd-el-Kader par le ma-
nonce sinvre. réchal Bugeaud.
Affi^anchir un sinve. Faire d'un Snob, m.
Fat, ridicule,
s.
paresseux un voleur, ou d'un vaniteux, — dans
l'argot des
débauché un escarpe. gens de qui ont em-
lettres,
prunté cette expression au Livre
SiuTinerie, s. f. Niaiserie.
des Snobs de Thackeray, comme
Sirop, Vin,
s. m.
dans — si nous n'avions pas déj<àle même
mot sous une douzaine de formes.
l'argot des faubouriens, qui ont
l'honneur de se rencontrer avec Snobisme, s. m. Fatuité, va-
Rabelais « Après s'être bien
;
nité.
antidote l'haleine de sirop vigno-
lat, » dit l'immortel Alcofribas Snoboye, adj. Parfait, excel-
Nasier. lent, chocnosof, — dans l'argot
Avoir un coup de sirop de trop. des faubouriens.
Etre ivre. Société du floig^tdans l'œil,
Siroterj v. a. Boire plus que s. f. Association pour rire, for-

de raison. mée par Nadar, dans laquelle on


Signifie aussi Boire à petits enrégimente à leur insu les gens
coups. qui <i se fourrent le doigt dans
l'œil ».
Siroter, v. n. et a. Nettoyer
à fond la tète de quelqu'un, la Société du faux col, s. f.
bien peigner, friser et pommader. Société de secours mutuels que
Argot des coiffeurs. forment entre eux les comédiens
pour se débarrasser des raseurs,
Siroter le bonheur, v. a. des importuns, des gêneurs.
Etre dans la lune de miel. Argot
Le signe de détresse que font
des faubouriens.
entre eux les membres de la So-
Sirotcur, s. m. Ivrogne. ciété du faux col consiste à pas-
ser le doigt sur le col de la che-
Six, s. f. Une des six chan- mise.
SOI SOL 4'2l

Cette société s'appelle aussi la scène par les chevaliers du lustre.


Société du rachat des captifs. Argot des coulisses.

Sodsi, s. m. Mélange de sirop Soir, s. m. Journal du soir,


de groseille et d'eau de seltz — dans l'argot des gandins.
(soda-wate?'). Cette ellipse est à la mode de-
puis quelque temps dans les cafés
Sœur, s. f. Maîtresse, — dans des boulevards
l'argot des soldats et des voyous,
aui, sans s'en douter, se servent
Soîssonnais, s. m. pi. Ha-
n même mot que les Romains, ricots, — dans l'argot des voleurs,
dans le même sens, 5o;w. Les qui savent que Soissons est la
Romains avaient de plus le mâle patrie de ce farineux.
de la sœur, qui était le frater.
On dit aussi Nos sœurs du Solfiât du pape, s. m.
peuple, pour désigner certaines
:

Mauvais soldat, — dans l'argot


du peuple.
victimes cloîtrées, qui ne se plai-
gnent pas de l'être. Au xvi siè- Soldats, s. m. pi. De l'ar-
cle,on disait : Nos cousines. gent, —
dans l'argot des faubou-
Sœur se trouve, avec cette der- riens, qui savent que l'argent est
nière acception, dans le Diction- le nerf de la guerre.
naire de Leroux. Dans Ips Joyeuses Commères
de Windsor, Shakespeare fait
Sœur, s. f. Fille ou femme,
— dans l'argot des francs-maçons. dire par Falstaft à Ford Money
is a good soldier, Sir, and ivill
:

Sœurs blanches, s. f. pi. on (L'argent est un bon soldat


Les dents, — dans l'argot des il pousse en avant).
;

voleurs.
Solde, s. m. Restant d'étoffe;
Soiffard, s. m. Ivrogne, — coupon, — dans l'argot des mar-
dans l'argot des faubouriens. chands.
On dit aussi Soi/feur.
Solde, s. m. Chose de mé-
Soiffer, v. n. Boire outre diocre valeur, —
dans l'argot des
mesure, —
sous prétexte de soif. gens de lettres.
Cigare de solde. Mauvais ci-
Soigfné, s. m. Chose de qua- gare.
lité supérieure, vin ou chapeau, Diner de solde. Exécrable dî-
tabac ou salade, etc. ner.
Saig^née, s. f. Chose éton- Solférino, adj. et s. Couleur
nante, difficile à croire événe- ; rouge violacée, fort à la mode de-
ment extraordinaire. puis la guerre d'Italie.
Signifie aussi elliptiquement.
Correction violente, pile donnée — Solir, V. a. Vendre, — dans
avec soin. l'argot des voleurs.
Solir sur le verbe. Acheter à
Soig'ner, v. a. Battre quel- crédit, —
c'est-à-dire sur parole.
qu'un avec un soin dont il n'est
nullement reconnaissant Solitaire, s. m. Spectateur
qui ne paye sa place que moitié
Soig'ner ses entrées. Se prix, mais à la condition d'entrer
faire applaudir à son entrée en au théâtre dans les rangs de la
422 SOR SOR

Claque, sans être forcé d'applau- Sorcière, s. f. Femme mal


dir comme elle. Argot des cou- mise ou d'une figure ravagée, —
lisses. dans l'argot des bourgeoises.
Elles disent aussi Vieille sor-
Solliceup, s. m. Marchand,
— dans l'argot des voleurs,
cière .

Solliceiir à la jiogne. Mar- Sorgue, s. f. Nuit, — dans


chand ambulant. l'argot des voleurs.
Solliceur de lacets. Gendarme. Les Maurice La Châtre de
Solliceur de loffitudes. Homme Poissy prétendent qu'il faut écrire
de lettres. Sorgne.

Sonde, s. f. Médecin, — dans Sorguer, v. n. Passer la


le môme argot. nuit.

Sondeur, adj. et s. Sour- Sorgueur, s. m. Voleur de


nois, prudent, malin, — dans nuit.
l'argot des faubouriens. Sorte, s. f. Mauvaise raison,
Aller en sondeur. S'informer
avant d'entreprendre une chose,
faux prétexte, balançoire, —
dans l'argot des typographes
écouter une conversation avant
de s'y mêler. Sortie, s. f. Discours incon-
Père sondeur. Bonhomme rusé, venant; emportement plus ou
dont personne ne se méfie, et moins violent. Argot du peuple.
qui se joue de tout le monde. Sortir, v. a. Transporter un
Sonnette de bois, s. f. Son-
mobilier extra-ynuros, dans —
l'argot des déménageurs.
nette d'hôtel garni que l'on
bourre de chiffons pour l'empê- Le rentrer. Le ramener à
Paris.
cher desonner lorsqu'on veut
s'en aller clandestinement.
On dit de même Sortie pour
D'où l'expression Déménager à
un déménagement extra-muros,
la sonnette de dois. et Rentrée -^oMï le contraire.

Sonnette de nuit, Sortir, v. n. Avoir des ab-


Houpette de blanche que les
soie
s. f.
sences d'esprit, être distrait, —
petites dames portent au capu- dans l'argot du peuple.
chon de leurs caracos (1865). On dit mieux Etre sorti, pour
n'être pas à la conversation, ne
Sonnettes, s. f. pi. Pièces pas savoir ce qu'on dit autour de
d'or ou d'argent, d'une musique soi.
supérieure à celle de Rossini — Sortir,
pour les oreilles des v. n. Etre insuppor-
dames.
petites
table, — dans l'argot des fau-
bouriens.
Sonnettes, s. f. pi. Gringue-
naudes de boue qui pendent aux Ce verbe ne s'emploie guère
poils des chiens. Argot des chas- qu'à la troisième personne de
seurs. l'indicatif présent // ;«e sort, : —
c'est-à-dire, je ne peux pas le
Sorbonne, s. f. La tête, — voir sans en être blessé, offusqué.
parce qu'elle « médite, raisonne Quelques-uns, pour être plus
et conseille le crime ».
Argot des expressifs, disent : // me sort par
voleurs. le cul.
sou sou i23

Sortir d'une boite, v. n. propre, fille à soldats. C'est la


Etre vêtu avec une propreté mé- jnalkin des voyous anglais.
ticuleuse, —
dans l'argot des
Souillot, s. m. Ivrogne, dé-
bourgeois, qui ont des notions de
blanchisseuse sur l'élégance.
bauché, arsouille, — dans l'argot
Avoir de des faubouriens.
Ils disent aussi l'air
sortir d'une boite. Soulager, v. a. Alléger la
poche de son voisin de la montre
Sortir les pieds derant^
ou de la bourse qu'elle contenait.
V. n. Etre emporté mort, « cloué
sous la lame », dans l'argot — Soulag^er (Se), v. réfl. Meiere.
du peuple, qui sait de quelle fa- Argot du peuple.
çon un cercueil sort d'une maison. Se dit aussi à propos de la
Sot-l'y-laisse, s. m. Le crou- fonction du plexus mésentérique.
pion d'une volaille, — dans l'ar-
Soulard, adj et s. hTOgne.
got des bourgeois.
Soudrillard, s. et adj. Li-
Soûler Se goinfrer de
(Se).

bertin, — dans l'argot des vo-


vin ou d'eau-de-vie à en perdre
la raison.
leurs.
Le vieux français avait Sou- Sonleur, s. f. Frayeur subite
drille (soldat, ou plutôt soudard). et violente, qui remue le cœur et

Soufflant, s. m. Pistolet, — sotUe l'esprit au point que, pen-


dant qu'elle dure, on ne sait plus
dans le même argot.
ce que l'on fait.
Souffler, v. Prendre, s'em-
a. Faire une soulew à quelqu'un.
parer de quelque chose, dans — Lui faire peur.
fargot du peuple.
SonleYer, v. a. Dérobef
Souffler la maîtresse de quel-
qiCun.. La lui enlever, — et,
adroitement, — dans l'argot des
faubouriens.
dans ce cas-là, souffler, c'est
jouer... un mauvais tour. Souliers à musique, s. m.
pi. Qui craquent lorsqu'on les
Souffler des
pois, v. n.
porte pour la première fois.
Agiter ses lèvres en dormant
pour expirer l'air par petits coups Souliers-Seize, s. m. pi.
secs. Souliers très étroits (13 et 3), —
Les étudiants en médecine di- dans l'argot ridiculement facé-
sent : Fumer sa pipe. tieux des bourgeois.
Dans l'argot du peuple, Souf-
Souliers se liTrant à la
fler des pois, c'est Faire l'impor-
boisson, s. m. pi. Souliers usés,
tant.
prenant l'eau, — dans l'argot des
Souffler son copeau, v. a. faubouriens.
Travailler, — dans l'argot des
Soulographe, s. m. Ivrogne
ouvriers.
abject. Argot des typographes
Soufflet, s. m. Le podex. Soulog^aphîe, s. m. Ivro-
Souffleur de boudin, s. gnerie dégoûtante.
m. Homme à visage rubicond.
Soulographier (Se), v. réfl.
Souillon, s. f. Femme mal- S'enivrer crapuleusement.
434 SOU SOU

Soupçon, s. m. Très petite Soupirer, v, n. Crepitum


quantité, — dans l'argot du reddei^e
peuple.
On dit aussi Idée.
Souquer, v. a. Battre ou
seulement Rudoyer. Argot du
!§»oupe au lait, s. f. Homme peuple.
qui s'emporte d'un rien.
Souricière, s. f. Cabaret
S»oupe de perroquet, s. f. suspect où se réunissent les vo-
Pain trempé dans du vin. leurs et où ils se font arrêter par
les agents de police, au courant
Soupe -et -le -bœuf (La).
de leurs habitudes.
Bonheur conjugal, — c'est-à-dire
Tendre une souricière . Surveil-
ordinaire.
C'est une expression de la même ler les abords d'un de ces mau-
vais lieux-là.
famille que Pot-au-feu.

Soupente, s. f. Le ventre, — Souricière, s. f. Crinoline,



dans l'argot des faubouriens. ou Tournure exagérée, dans
Le mot a été recueilli par Tra- l'argot des petites dames, qui sa-
viès. vent combien les hommes se
laissent prendre à cela.
Soupe-sept-heures, s. m.
Homme qui a des habitudes de Souricières, s. f. pi. Ce
repas régulières, —
dans l'argot sont, d'après Vidocq, de vastes
du peuple, qui, en conservant pièces souterraines dont ou peut
cette expression, a conservé aussi voir les fenêtres garnies d'énormes
la coutume qu'elle consacre. barreaux de fer sur le quai de
l'Horloge, et dans lesquelles les
Soupeur, s. et adj. Viveur, prévenus extraits des difl'érentes
— dans l'argot des gens de let- prisons de Paris sont déposés
tres. pour attendre le moment de pa-
Soupeuse, s. f. femme ga- raître devant le juge d'instruc-
lante qui a pour spécialité de tion.
lever les hoynmes au souper, — Souris, s. f. Baiser sur l'œil,
c'est-à-dire de faire espalier avec
d'autres à la porte des cafés du
— dans l'argot des faubouriens,
qui savent que ce baiser fait
boulevard, vers les onze heures
moins de bruit que les autres.
du soir, aiîn d'être priée à souper
par les gens qui n aiment pas à Sous, s. m. pi. Argent, for-
rentrer seuls chez eux. La sou- tune, — dans l'argot des ou-
peuse a une prime par chaque vriers.
tète de bétail qu'elle amène au Avoir des sous. Etre riche.
restaurant.
Sous de poche, s. m. pi.
Soupier, adj. et s. Grand Monnaie à dépenser, — dans l'ar-
mangeur de soupe. Argot du got des collégiens et des grandes
peuple. personnes qui n'aiment pas à sor-
tir sans argent.
Soupir, s. m. Crepilus ven-
tris, — dans l'argot des bour- Sous le lit (Être). N'être pas
geois. au courant d'un métier ou au
Soupir de Bacchus. Éructa- fait d'une chose; se tromper.
tion. Argot des faubouriens.
sou SPO 425

Sous-lieutenant, s. m. Ré- a. Tirer de l'argent de quelqu'un


sultat moulé d'une évacuation al- en employant la douceur.
yine, — dans l'argot des roya-
Speck, m. Lard. —
listes ennemis de la première s. dans
l'argotdes voleurs, qui ont em-
Révolution.
prunté ce mot à la langue alle-
« Je m'accroupis en gémissant mande.
Au coin d'une boutique.
Je rais bas lui sous-lieult-nant Speech, s. m. Discours; ba-
D'une figure clique s !
vardage, —
dans l'argot du
peuple et des gens de lettres.
dit une chanson du comte Bar-
ruel de Beauvert, publiée dans Sper, s. m. Carreau dont on
lesNouveaux Actes des Apôtres. vient de se servir, mais qui pos-
On disait aussi Un représentant. sède encore assez de chaleur
Avant de s'entre-tuer, les hom- pour être de nouveau utilisé.
mes que divisent les opinions po- Expression de l'argot des tail-
litiques s'entre-souillent d'épi- leurs.
grammes ordurières. Sphinx, s. m. Mets imagi-
itous-Off, s, m. Apocope de naire comme le monstre auquel
Sous-Officier, — dans l'argot des fut forcé de répondre Œdipe, et
troupiers. qu'on demande facétieusement
dans certains restaurants qui pré-
Sous presse (Etre). Etre oc- tendent avoir de tout. Alphonse
cupée, — dans l'argot de Breda- Karr, ou Méry, eut un jour la
Street. curiosité d'en exiger; « Nous —
Soussouille, s. et adj. Dé- venons de donner la dernière por-
bauché, ivrogne, arsouille, — tion, » lui répondit tranquille-
dans l'argot des faubouriens, ment le garçon. Léon Gozlan fut
plus heureux —
ou plus malheu-
Soutados, s. m. Pièce de reux il en demanda
: et on lui —
cinq centimes. en servit.
Stottte au pain, s. f. L'es- Spickel, s. f. Épée de fan-
tomac, —
dans l'argot des ou- taisie, — dans l'argot des Poly-
vriers qui ont servi dans l'infan- techniciens, qui l'achètent ordi-
terie de marine. nairement chez lemarchand qui
Les ouvriers anglais ont la porte ce nom, et dont le magasin
même expression ; Bread-hasket est rue Saint- Honoré, ou rue
(panier au pain), disent-ils. Richelieu.
Sontellas, s. m. Cigare d'un Spirite, s. et adj. Homme
sou, —
dans l'argot des voyons, qui ne croit peut-être pas à Dieu
qui ont voulu se moquer des pa- mais qui croit aux esprits afin —
natellas. de prouver l'insanité du sien.
Soutenante, s. f. Canne, — Spiritisme, s. m. Dada à
dans l'argot des voleurs. l'usage des gens sérieux qui
tiennent à passer pour grotes-
fSouteneur, s. m. Homme ques. Ils évoquent Voltaire et ils
qui vit aux dépens des filles, — le font parler comme Eugène de
dans l'argot du peuple. Mirecourt.
Soutirer au caramel, v. Sport, s. m. Science de la
426 STO SUE

haute vie et des nobles amuse- anglaise qui est passée dans
ments, courses, paris, etc., — l'argot des canotiers parisiens.
dans l'argot des anglomanes. Elle signifie, on le sait : « Ar-
rêtez n!

Sîportif, ive, adj. Qui a


rapport aux choses du sport. Stoper, V. u. Arrêter, faire
Mot barbare, qui a fait récem- escale.
ment son apparition dans les C'est le verbe anglais To stop.
journaux. Stroc, s. m. Chopine, — dans
Siportsman, s. m. Homme l'argot des voleurs.
de cheval, habitué des courses. Dcmi-stroc. Demi-setier.
Sportsmanie, s. f. La ma- On a dit aussi St)'on.
nie des courses, — dans l'argot Stuc, s. m. Part d'un vol, —
des bourgeois. dans l'argot des voleurs, qui doi-
vent s'estimer heureux de ne plus
îitalle, s. f. Chaise ou fau-
teuil, — dans l'argot des francs-
vivre au xviu* siècle, à une
époque ou un arrêt de la Cour
maçons.
du Parlement (22 juillet 1722)
Sterling', adi. Pur, de bon condamnait à être rompu vif un
aloi; riche, —
dans l'argot du sieur Gochois, pour avoir recelé
peuple, qui n'a pas le moins du des vols, en avoir eu le stuc, et
monde « emprunté ce superlatif acheté le stuc des autres.
au système monétaire anglais », J'ai vu écrit Lestuc sur la
par l'excellente raison
ce que garde du Langage de l'argot ré-
« superlatif » a, en anglais, la formé, avec mention du sens
même signification qu'en français :
dans lequel stuc est employé.
Sterling wit (esprit de bon âloi),
sterling mcrit (mérite remar- Stucquer, V. a. et n. Ren-
quable), disent nos voisins. M. Ch. seigner, styler, — dans l'argot
Nisard s'est trompé. des faubouriens. .
Etre stucqué. Etre instruit.
Stick, s. m.
Petite canne, —
dans l'argot des « young gentle- Styler quelqu'un, V. a.
men », qui mettent cela dans Lui faire la leçon, lui apprendre
leur bouche comme un sucre ce qu'il doit dire ou faire. Argot
d'orge, au lieu d'appuyer leurs du peuple.
mains dessus comme sur un Suajfc, s. m. Assassinat, —
bâton dans l'argot des voleurs.
Ce mot entrera sans peine dans Signifie aussi Chauffage.
la prochaine é litiondu Diction-
naire de l'Académie, plus hospi-
Suag^eur, s. m. Chauffeur.
talier pour les mots anglais que Sublime coup de l'étrier*
pour les mots français. Même ob- s. m. Le viatique, qu'on donne
servation à propos âe derby, turf, aux mourants avant leur départ
studhooh, handicap, sleeple-chase, pour legrand voyage, dans —
match, etc. l'argot de lord Pilgrim, aliàs
StockUsli, s. m. Anglais, — Arsène Houssaye, (jui a employé
dans l'argot des faubouriens. cette expression, d'un goût con-
testable, à propos des derniers
Stop ! Expression de la langue moments de Proudlion.
suc SUE 4*7

JSublimer, v. n. Travailler Sucre ! Exclamation de l'ar-


avec excès, la nuit spécialement, got des bourgeoises, à qui — na-
— dans l'argot des Polytechni- turellement — répugne celle de
ciens. Cambronne.
Sublimer (Se). Se corrompre Sucrée, s. f. Bégueule, —
davantage, mais avec art, dans — dans l'argot du peuple.
l'argot des petites dames, qui ont Faire sa sucrée. Se choquer des
ime façon à elles de s'élever {sii- discours les plus innocents comme
blimare), s'ils étaient égrillards, et des
actions les plus simples comme
Subtiliser, v. a. Dérober si elles étaient indécentes.
quelque chose, une tabatière ou
un foulard, — dans l'argot des
L'expression est vieille, —
faubouriens.
comme Perret d'A-
l'hypocrisie.
blancourt, 'dans sa traduction de
Succès d'estime, s. m. Lucien, dit : « Et cette petite
Succès douteux, et pour ainsi sucrée de Sapho... »
dire nul, — dans l'argot des cou-
Sudiste, s. et adj. Partisan
lisses.
des Etatsde l'Union qui ont
Suce-larbin, s. m. Bureau brisé cette union pour se consti-
de placement pour les domes- tuer en République à part, dite
tiques, — dans l'argot des vo- République du Sud, laquelle avait
leurs. fondé son indépendance au nom
Sucer la fine côtelette, v. de l'esclavage.
a. Déjeuner à la fourchette, On dit aussi Confédéré, Es-
— dans l'argot des faubouriens. clavagiste, Sécessionniste et Sé-
paratiste.
Sucer la pom.me (Se), v.

réfl.S'embrasser se bécotter.
;
Suée, s. f. Réprimande,
On dit aussi Se sucer le tro- dans l'argot du peuple.
gnon. Signifie aussi Peur.

Sucer un Terre, v. a. Le Suée de monde, s. f Foule,


boire. grand nombre de personnes.
Suceur, s. m. Parasite, Suer (Faire). Assassiner, —
homme qui boit et mange aux dans l'argot des voleurs.
dépens des autres. Argot des cou- Faire suer le chêne. Tuer un
lisses. homme.
Suçon, s. m. Pince faite à Suer (Faire). Ennuyer outra-
même drap pour obtenir un
le geusement par ce qu'on fait ou
bombage, —
dans l'argot des par ce qu'on dit faire lever les
;

tailleurs. épaules de pitié ou de dédain.


Argot du peuple.
Suçon, s. m. Baiser-ven-
touse,' — dans l'argot des gri- Suer son arguent (Faire).
settes. Lui faire rapporter gros; se
livrer à l'usure. Argot des bour-
Suçon,s. m. Sucre d'orge,
— dans l'argot des petites da-
geois.

mes, habituées des Délass Com Suer Thémis (Faire). Étu-


et du théâtre Déjazet. dier le Code, de manière à pou-
498 SUI SUR

voir éluder la loi, dans l'ar- — s. m. Rubans très minces et très


got des faubouriens, qui disent longs que les petites dames lais-
cela à propos des gens d'affaires, sent flotter sur leur dos.
des avocats marrons.
Suivre le soleil, v. a.
Sueur «le cantonaier, s. f. Aller travailler à la journée chez
Chose rare parce que chère, ou les particuliers, — dans l'argot
chère parce que rare, les can- — des tailleurs, qui ont rarement
tonniers étant connus générale- des expressions aussi imagées et
ment comme des gens qui en aussi poétiques.
prennent à leur aise.
Sulfate de cuivre, s. m.
Suif, s. m. Réprimande de Absinthe de cabaret, — dans
maître à valet,ou de patron à l'argot des bohèmes, qui n'en
ouvrier. Argot des faubouriens. sont que plus coupables puis-
Gober son suif. Recevoir les qu'ils boivent obstinément un
reproches auxquels ou s'atten- liquide dont ils connaissent les
dait. désastreux effets.
entendu demander par un
J'ai
Suif, s. m. Graisse, la partie
ivrogne un verre de sulfate de
adipeuse du corps humain.
cuivre et j'ai vu le garçon lui
Etre tout en suif. Etre fort
apporter un verre d'absintKe. Em-
gras.
poisonneurs et empoisonnés rient
Suif, s. m. Argent, beurre. de leur poison. C'est parfait !

Suiffard, adj. et s. Homme Sultan (Le). Le public, —


mis avec élégance, avec chic. dans l'argot des coulisses.
L'expression est juste surtout
Suiffard, s. m. Richard. à propos des actrices, ces oda- —
Suifi'é;, adj. Soigné, remar- lisques dont les tiroirs regorgent
quable, très beau. de mouchoirs.
Femme suiffée. Très jolie ou Superlificoquentieux, a.
très bien mise.
Merveilleux, étonnant, inouï, —
Suiffée^ s. f. Coups donnés dans l'argot des faubouriens.
ou reçus. On dit aussi Superlificoquen-
tiel.
Suisse, s. m. Invité, con-
vive, — dans l'argot des trou- Surbine, s.
— dans l'argot des voleurs.
f. Surveillance,
piers.
Faire suisse. Boire ou manger Surette, s. f. Pomme, —
seul. dans le même argot.
Suissesse, s. f. Verre d'ab- Surgferber, v. a. Condam-
sinthe, — daus l'argot des bohè- ner en appel, — dans le même
mes. argot.
Suiveur, s. m. Galantin de Surin, s. m. Couteau, —
n'importe quel âge, homme qui dans le môme argot.
suit les femmes dans la rue. Surin muet. Canne plombée ;

Mot créé par Nestor Roque- casse-tète.


plan.
Suriner, v. a. Assassiner
Suivez-moi , j eune liomiue. quelqu'un avec un surin.
SUR SYS 4S9

Surineur, s. m. Spécialiste tuellement d'un péril quelcon-


du genre de Lacenaire. que, comme par exemple de
l'arrivée subite^u patron, etc.
Surjuin, m. Insurgé de
s.

juin 1848, —
dans l'argot des Symbole, s*, m. Crédit chez
campagnards de la banlieue de le marchand I-c vin, — dans
Paris, pour qui un mot nouveau l'argot des typo'graphes, qd veu-
n'est facile à retenir qu'autant lent sans doute faire allusion à
qu'il est court et sonore. l'œil du fameux triangle maçon-
nique.
Surmouleur, s. m. Ecri-
Avoir le symbole. Avoir un
vain qui, volontairement ou à son
compte ouvert chez le cabare-
insu, pastiche d'autres écrivains,
tier.
et emploie tout sou talent à exa-
gérer les mauvais côtés du talent Symbole, s. m. La tète, —
des autres. Argot des gens de dans l'argot des voyous.
lettres. Se dit aussi pour Chapeau.
I§>ur-rincette« s. f. Supplé-
Système^ s. m. L ensemble
ment à la rincette, — dans l'ar-
des fonctions du corps humain,
et, plus spécialement, le système
got des bourgeois.
nerveux. Argoi du peuple.
Sur seize ! Exclamation de Agacer le système. Ennuyer.
l'argot des calicots, qui l'em- Taper sur le système. Agacer
ploient pour se prévenir mu- les nerfs, exaspérer.
Tabac, s. m. Vieil étudiant, Salon ou de la boutique du mar-
— culotté comme une pipe qui a chand. Argot des artistes et des
beaucoup sern. gens de lettres.
On dit de même Livre-radis.
Tabac, s. m. Ennui, misère,
— dans l'argot des faubouriens. Tableantinj s. m. Tableau
Etre dans le tabac. Etre dans sans valeur.
une position critique.
Foutre du tabac à quelqu'un.
Tablette, s. f. Brique, —
Le battre —
de façon
*
à Im faire
dans l'argot des voleurs.
éternuer du sang. Tablier de cuir, s. m. Ca-
FouiTer dans le tabac. Mettre briolet, — dans l'argot des fau-
dans l'embarras. bouriens.
Manufacture de tabac. Ca-
Tablier lève (Le). Se dit
serne.
— dans l'argot des bourgeois —
Tabac de démoc, s. m. Ta- d'une fille qui ne peut plus dis-
bac fait avec les détritus de ci- simuler sa grossesse. Intumescit
gares ramassés par les tovous alvus.
jeunes et \'ieux, dont c'est la Faire lever le tablier. Engros-
spécialité. ser une fille ou une femme.
Tabar, s. m. Manteau, — Tache d'huile, s. f. Ac-
dans l'argot des voleurs. croc à une robe, déchirure d'ha-
Ils disaient autrefois Volant. bit, — dans l'argot du peuple.
Tabatière, s. f. Le podex, Tache d'huile, s. f. Mau-
— dans l'argot du peuple. vais tour, —
crasse impardon-
Ouvrir sa tabatière. Faire un nable, ineffaçable, faite par un
sacrifice muet, mais odore, au ami à son ami.
dieu Crépitus.
prise !
D'où : Quelle
Taf, s. m. Peur, — dans
l'argot des voleurs.
Tableau radis ,- s. m. Avoir le taf. Avoir peur.
Toile qui revient, invendue, du Coller le taf. Faire peur.
TAL TAN

On dit aussi Tafferie. Talbin, s. m. Huissier, —


11 a pas à douter que ce
n'y dans le même argot.
mot ne vienne d'une expression
proverbiale ainsi rapportée par
Talbiner, v. a. Assigner
devant le tribunal.
Oudin « Les fesses luy font taf
:

taf, ou le cul lui fait tif taf, Taloche, s. f. Soufflet ou


c'est-à-dire a grand peur,
tremble de peur. »
: // il
coup de poing, — dans l'argot
du peuple, qui a eu l'honneur de
On dit aussi Taffetas. prêter ce mot à Molière.
Avoir le taffetas du vert. Etre
frileux, avoir peur du froid. Talocher, v. a. Donner des
Taifer, V. n. Avoir peur, — soufflets.

dans l'argot des faubouriens. Talochon, s. m. Petite ta-


loche.
Taffeur^ Poltron.s. m.
Le Royal-Taffeur. Régiment Talonner, v. a. i Presser,
aux cadres élastiques, où l'on tourmenter ;
poursuivre.
incorpore à leur insu tous les
gens qui ont donné des preuves Talon rongée, s. m. Aris-
tocrate.
de couardise.
Être talon rouge. Avoir la
Tailler des baTettes, v. a. suprême impertinence.
Bavarder comme font les com-
mères à la veillée, dans l'ar- — Talons courts (Avoir les).
got du peuple, qui sait que les Se dit de toute Femme ou Fille
femmes déchirent plus de répu- qui ne sait pas défendre assez
tations à coups de langue qu'elles vigoureusement son honneur, et
ne cousent de robes à coups d'ai- qui succombe trop aisément.
guille.
Tambouille, s. f. Ragoût,
Tailler des croupières, v. fricot, — dans l'argot des fau-
a. Donner de l'inquiétude à son bouriens.
ennemi, le harceler sans cesse. Faire sa tambouille , Faire sa
Tailler les morceaux à cuisine.
quelqu'un, v. a. Limiter ce Tambour, s. m. Chien, —
qu'il doit manger ou dépenser ; dans l'argot des voleurs.
lui prescrire ce qu'il doit faire. Roulement de tambour. Aboie-
Tailleuse, s. f. Nom géné- ment.
rique de la corporation des tail- Tampon, s. m. Poing, —
leurs. dans l'argot du peuple.
Taire son bec, v. a. Se
Tamponner Se
taire, — dans l'argot du peu- battre à coups de poing.
(Se), v. réfl.

ple.
On dit aussi Se foutre des coups
Talbin, s. m. Billet de com- de tampon.
plaisance, — dans l'argot des
Tang^ente, s. m. Épée, —
voleurs.
dans l'argot des Polytechniciens.
Talbin d'altèque. Billet de
Ils l'appellent aussi : La tan-
banque. gente au point Q.
Talbin d'encarade. Billet d'en-
rée dans un théâtre Tannant, adj. Ennuyeux»
TAP TAP 4Ti

assommant, — dans l'argot des et « ci'ever de jalousie » les


faubouriens. femmes
Tanner, v. n. Ennuyer. Tapamort, s. m. Tambour,
Tanner le cuir, v. a. Bat-
— dans l'argot des voyous.
tre quelqu'un ;i coups redou- Tapancp, s. Maîtresse ou
f.
blés.
Au xvir siècle on disait :
femme légitime, — dans l'argot
des typographes.
Faire péter le maroquin.
La tapance du meg. La femme
Tante, s. f. Individu du du patron.
troisième sexe, dans — l'argot
Tape, s. f. Coup de la main,
des faubouriens.
cà plat ou fermée. Argot du
On dit aussi Tapette.
peuple.
Tante (Ma). Commissionnaire
Tapé,
au Mont-de-Piété, dans l'argot adj. Réussi émou-
des petites dames et des bohèmes,
vant, éloquent, —
c'est-à-dire
;

bourré de grosses phrases sono-


qui croient avoir inventé là une
res et d'hyperboles de mauvais
expression bien ingénieuse, et qui
goiit, comme le peuple les aime
se sont contentés de contrefaire
dans les discours de ses orateurs,
une expression belge car au :
dans les livres de ses romauciers
xii* siècle, dans le pays wallon,
et dans les pièces de ses drama-
on appelait un usurier ynon oncle.
turges.
On dit aussi Casino.
Tapé clans le nœud. Excessive-
Tantinet, adv. Un peu, — ment beau, ou extrêmement re-
dans l'argot du peuple, qui em- marquable.
ploie ce mot depuis quelques
siècles. Tape-à-1'œîl, s. m. Homme
On dit aussi Tantet. qui a une pétéchie sur l'œil ;

chien blanc qui a du poil noir sur


Tant que terre, adv. En les yeux.
abondance, beaucoup.
Tapecul, s. m. Voiture mal
Tap ou Tapiny s. m. Poteau suspendue qui secoue voya-
du pilori, — dans l'argot des vo-
geurs.
les

leurs.
Faire le tapin. Etre exposé. Tape-cul, s. m. Planche en
On dit aussi Faire le singe. équilibre sur laquelle on se ba-
lance à deux. Argot des gamins.
Tapag'e, s. m. Amour, —
dans l'argot des typographes. Tapedur, s. m. Serrurier, —
dans l'argot des voleurs.
Tapageur, eusc, adj. Écla-
tant, voyant, criard, dans — Tapée, s. f. Foule, grande
l'argot des gens de lettres et des réunion de personnes, — dans
artistes. l'argot des faubouriens.
Couleurs tapageuses. Couleurs
trop vives, qui tireut l'œil et
Taper, v. a. Frapper ; bat-
tre.
l'agacent.
Toilette tapageuse. Toilette Taper^ v. a. et n. Permolere
d'un luxe de mauvais goût, faite uxorem, quamlibet aliam, —
pour faire retourner les hommes dans l'argot des typographes.

28
434 TAP TAP

Taper, v. a. Demander de Tapis, s. m. Conversation»


l'argent, — dans l'argot des ou- causerie, — dans l'argot des
vriers. bourgeois.
Taper son patron de vingt Etre sur le tapis. Etre l'objet
francs. Lui demander une avance d'une causerie, le sujet d'une
d'un louis. conversation
Amuser le tapis. Distraire
Taper, v. n. Prendre sans
d'une préoccupation sérieuse par
choisir, — dans l'argot des fau- une causerie agréable.
bouriens.
Taper clans le tas. Prendre au Tapis, s. m. Cabaret, au-
hasard dans une collection de berge, hôtel, —
dans l'argot des
choses ou de femmes. voleurs, qui se servent là d'un
Taper sur les vivres. Se jeter vieux mot de la langue romane,
avec avidité sur les plats d'une tapinet (lieu secret), dont on a
table manger gloutonnement.
-,
fait tapinois.
Taper sur le liquide. S'em- Ils disent aussi Tapis franc,
presser de boire. c'est-à-dire Cabaret d'affranchis.
Tapis de grives. Cantine de
Taper dans le tas. Avoir caserne.
de la rondeur dans les allures, Tapis de malades. Cantine de
de la franchise dans le carac-
prison
tère.
Tapis de refaite. Table d'hôte.
Taper «lans I'okîI, v. a.
Séduire, —
en parlant des choses Tapis bleu, s. m. Paradis,
et des femmes.
— dans l'argot des faubouriens,
qui voient par avance le dedans
Taper de l'œil, v. a. Dor- du ciel semblable au dehors.
mir.
L'expression est plus vieille Tapis brûle (Le). Expres-
qu'on ne serait tenté de le croire, sion de l'argot des joueurs, pour
car on la trouve dans les Œuvres exciter quelqu'un à se mettre au
du comte de Caylus (Histoire de jeu.
Guillaume Cocher).
Tapis de pied, s. m. Cour-
Taper sur la boule, v. n. tisan, —
dans l'argot énergique
Griser, étourdir. du peuple, qui sait que les gens
qui veulent parvenir essuient
Tapette, s. f. Verve, entrain,
sans murmurer, de la part des
platine.
gens parvenus, toutes les humi-
Avoir une fière tapette. Etre mortifica-
liations et toutes les
grand parleur, —ou plutôt grand tions.
bavard.
Il dit aussi Lèche-tout.
Tapette, s. f. Individu fai-
sant partie du troisième sexe. Tapisserie, s. f. Femmes
laides ou vieilles qu'on n'invite
Tapiii, s. m. Tambour, — pas à danser, — dans l'argot des
dans l'argot des troupiers. bourgeois.
Le mot a au moins cent ans de Faire tapisserie. Regarder
bouteille. faire, ou écouter parler les
autres.
Tapîqucr, V. n. Habiter,
— dans l'argot des voleurs. Tapisserie (Avoir de la).
TAR TAR 435

Avoir beaucoup de figures en Convive qui se fait attendre, —


main, —
dans l'argot des dans l'argot du peuple.
joueurs.
Taroque, s. f. Marque du
Tapissier, s. m. Cabaretier. liuge, — dans l'argot des vo-
leurs.
Tapis Tert, s. m. Tripot,
— dans l'argot des voleurs et des
Taroquer, v. a. Marquer.
bourgeois. Tartare, s. m. Apprenti
Jardiner sur le iapis vert. médiocre ouvrier, — dans l'argot
;

Jouer dans un tripot. des tailleurs.


On dit aussi Chasseur.
Tapon, s. m. Amas de
choses, — et spécialement d'é- Tartare, s. m. Fausse nou-
toffes, de chiffons. Argot du peu- velle, canard politique, — dans
ple. l'argot des journalistes et des
Mettre sa cravate en tapon. boursiers.
La chiffonner, la mettre sans Se dit depuis la dernière
goût, comme si c'était un chif- guerre de Crimée. Un peu
fon. avant que le résultat de la ba-
L'expression sort évidemment taille de l'Aima fût connu, le
du vocabulaire des marins, qui bruit courut et —
ce furent
appellent Tapon une pièce de évidemment des spéculateurs qui
liège avec laquelle on bouche le firent courir —
qu'un cavalier
l'âme des canons pour empêcher tartare était arrivé k franc étrier
l'eau d'y entrer. au camp d'Omer-Pacha, annon-
çant la victoire des armées alliées
Tapoter du piano. Tou- contre les Russes. On le crut
cher médiocrement du piano. fonds montèrent. Quel-
ici, et les
Argot des bourgeois. ques jours après, la nouvelle
apocryphe devenait officielle.
Tapoteur de piano, s. m.
Pianiste médiocre. Tarte, adj. Qualité bonne ou
Tapoteuse de piano. Fem-
mauvaise d'une chose, — dans
l'argot des voleurs.
me qui fait des gammes.
Tarte boubonnaige, s. f.
Tappe, s. f. La marque Résultat du verbe akum depo-
qu'on appliquait avant 1830 sur
l'épaule des condamnés aux tra-
nere, — dans l'argot du peuple,
qui a la plaisanterie fécale.
vaux forcés. Il a pour excuse l'exemple de

Taquer, v. a. Hausser, — Rabelais {Pantagruel, liv. II,


dans l'argot des voleurs. chap. xvi).

Tarauder, Faire un
v. n. Tartine, s. f. Article bon ou
bruit agaçant en remuant mal à mauvais, mais surtout mauvais.
propos des meubles, en secouant Argot des journalistes.
des tiroirs, elc. Argot du peuple. Signifie aussi Long discours,
homélie ennuyeuse.
Tarauder, v. a. Battre, Dé/jiter des tartines. Parler
donner des coups, — dans l'ar- longtemps.
got des faubouriens.
Tartiner, v. n. et a. Écrire
Tard-à-la-soupe, s. m. des articles.
436 TAT TAU

Tartiner une brochure. La ré- TatlUonner, V. n. S'occuper


n'ont, nas
e choses qui n'ont
de pas frimnnr-
d'impor-
diger.
tance faire la mouche du co-
;

Tartines, s. f. pi. Souliers


che.
éculés, pantoufles, — dans l'ar-
got des voyous. Tatouille, s. f. Coups don-
nés ou reçus, — dans l'argot des
Tartir, V. n. Levare ventris faubouriens.
omis, —
dans l'argot des vo-
leurs. Tatouiller, V. a. Battre,
donner des coups.
Tas de pierres, s. m. Pri-
son, — dans l'argot des faubou- Taude, s. f. Apocope de Tau-
riens. dion, — dans l'argot des voyous.
On dit aussi Boîte aux cail-
loux.
Taudion, s. m. Endroit
quelconque logement malpro-
Tata, s. f. Tante, — dans pre, taudis.
;

Argot des faubou-


l'argot des enfants. riens.
C'est aussi le mot qu'ils répè-
tent le plus souvent pour appeler
Taule, s. m. Le bourreau,
leur père. On le retrouve jusque
— d'après Victor Hugo, à qui
épigrammes de Martial. j'en laisse la responsabilité.
dans les

Tata, Femme plus ba- Taule ou Tôle, s. f. Mai-


varde
s.
que ne
f.
le permet son son, — dans l'argot des voleurs
sexe ; belle diseuse de riens ; pré- et des voyous.
cieuse ; mijaurée. C'est la piaule, moins les en-
Faire sa tata. Se donner de fants.
l'importance être une commère
; Taupag^e, s. m. Égoïsme,
écoutée. existence cachée, — dans le
Tâte-poule, s. m. Innocent, même argot.
et même Imbécile. Taupe, s. f. Fille de mau-
Se dit aussi d'un Homme qui vaises mœurs, —
dans l'argot
s'amuse aux menus soins du mé- peu chrétien des bourgeoises.
nage.
Tauper, v. a, et n. Battre,
Tâter, v. a. et n. Peloter. accabler de coups, dans l'ar- —
got des ouvriers.
Tâteur, s. m. Peloteur.
On dit aussi Tauper dessus.
Tâtez-y, s. m. Croix à la —
Jeannette, ou petit cœur d'or qui
Tauper, v. n. Travailler,
pend sur la gorge des demoiselles dans l'argot des faubouriens.
et même des dames. Taupier, s. m. Egoïste.
Tatillon, s. et adj. Homme Taupin, s. m. Candidat à
méticuleux à l'excès, s'occupant l'Ecole polytechnique, peut- —
de riens comme s'ils étaient im- être parce qu'on a remarqué que
portants et négligeant les choses la plupart des jeunes gens qui se
importantes pour des riens. Ar- destinent à cette école, travail-
got du peuple. leurs plus acharnés que les au-
On dit aussi Tatillonneur. tres, avaient de bonne heure la
L'expression a une centaine vue aussi faible que celle des
d'années de bouteille. taupes.
TEM TEN 437

Taii/jin carré. Taupiu de Temps de demoiselle, s.


2e année. m. Quand il ne fait ni pluie ni
Taupin cube. Taupin de soleil, ni poussière ni vent.
3' année.
Temps salé, s, m. Temps
Taupin vaut Marotte. Se chaud, qui fait boire.
dit ironiquement —
dans l'argot
Tendre la perche,
du peuple — de deux personnes
Venir en aide à quelqu'un qui
v. a.

qui ont les mêmes vices ou la


se trouble dans une conversation
même laideur physique. ou dans un discours.
On dit aussi Taupin vaut Tau-
pine. Tendron, s. m. Grisette,
jeune fille à laquelle il est permis
Teigpne, s. ou femme
f. Fille de manquer de respect, dans —
acariâtre, hargneuse, dont on ne l'argot des bourgeois.
peut pas se débarrasser.
On dit aussi Gale. Tenir (Eu) . Avoir de l'amour
Teinté (Etre). Commencer
pour quelqu'un, —
dans l'argot
aes bourgeois.
à être gris, — dans l'argot des
ouvriers. Tenir à 40 sous avec son
croque-mort (Se). Se débattre
Teinturier, s. m. Homme dans l'agonie, ne pas vouloir
de lettres qui met en français un mourir.
travail littéraire fait par un illet-
Cette expression, aussi cy-
tré, et lui donne du style, de la
nique que sinistre, est du pur
poésie, de la couleur.
argot de voyou. Si je ne l'avais
Il y a aussi les teinturiers
entendue de mes oreilles, je
politiques, c'est-à-dire des gens l'aurais crue inventée.
supérieurs que les hommes d'E-
tat inférieurs s'attachent par Tenir à quatre (Se). Se
tous les moyens pour profiter de contenir tout en enrageant, ne
leurs lumières et s'assimiler leurs pas oser éclater. Argot du peu-
talents. ple.
Voltaire a employé ce mot, On dit aussi Etre ù genoux de-
très clair, très significatif. Pour- vant sa patience
quoi n'est-il dans aucun diction- Tenir bien sur ses an-
naire? cres, V. n. Etre en bonne
Temple, s. m.
Salle de réu- santé, — dans l'argot des ma-
nion, — dans l'argot des francs- rins.
maçons. Tenir la chandelle, v. a.
Temple, s. m. Manteau, — Etre témoin
en
du bonheur des
autres, sans avoir sa part
dans l'argot des faubouriens. ;

servir, sans le savoir, ou le sa-


Temps de bûche, s. m. chant, une intrigue quelconque.
Epoque qui précède les examens, Argot du peuple.
— dans 1 argot des étudiants.
Tenir la corde, v. a. Etre
Temps de chien. Mauvais le succès, le héros du jour, —
temps, pluie ou neige, temps — dans l'argot des gens de lettres,
à ne pas mettre un chien dehors. qui ont emprunté cette expres-
Argot du peuple. sion aux sportsmen.
TES TET

Teuir sur les fonts. Dé- Nib de douilles sur le tesson.


poser comme témoin contre un Pas de cheveux sur la tète.
accusé, — dans l'argot des vo-
Tétais, s. m. pi. Seins, —
leurs.
dans l'argot des enfants, qui con-
(V. Parrain.)
servent longtemps aux lèvres,
Tenue, s. f. Assemblée, avec les premières gouttes de
réunion, —
dans l'argot des lait bues, les premiers mots bé-
francs-maçons. gayés.
Ils dise'nt aussi Convcnt, — Ils disent Tètes.
mais surtout à çropos de réu-
nions d'un caractère particulier, Têtard, s. et adj. Entête, —
plus solennel que les tenues. dans l'argot des faubouriens.
Tenue d'obligation. Jour fixé Tétasses, s. f. pi. Seins de
pour les assemblés de la loge. fâcheuse apparence, dans l'ar-—
Tenue extraordinaire Réunion .
got irrévérencieux du peuple, qui
pour une fête d'adoption, pour dit cela depuis longtemps comme
une réception d'urgence, etc. en témoigne cette épigramme de
Tcrnaux, s. m. Cachemire Tabourot :

français, —
dans l'argot des lo- «c Jeannette à la c:ran(i' tétasse
qui ne savent pas que ce
rette°s, Aux bains \ouliil une fois
nom de choses est un nom Enanlier pour deux la flace :
d'homme, celui d'un industriel On luy fit payer pour Irois. »
qui le premier en France entre- On dit aussi Calebasses.
prit de fabriquer des châles avec
la laine d'un troupeau de chè-
Tétassière, s. f. Femme
vres du Thibet amenées en dont la gorge n'a aucun rapport
1818 à ses frais. avec celle de la Vénus deMilo.
L'expression se trouve aussi
Terreau, s. m. Tabac k dans Tabourot,
Eriser, —
dans l'argot des mar-
ricrs de cimetière. Tête, s. f. Air, physionomie.
Se flanquer du terreau dans le Avoir une tète. Avoir de la
tube. Priser. physionomie, de l'originalité dans
le visage.
Terrer, v. a. Tuer, dans —
l'argot des voleurs, pour qui Tête, s. f. Air rogue, orgueil-
c'est une façon de mettre en leux, prétentieux, de mauvaise
terre les gens qui les gênent. humeur.
Le patois normand a Terragc Faire sa tête. Faire le dédai-
pour lïuterremcnt. gneux; se donner des airs de
grand seigneur ou de graude
Terrien, s. m. Habitant du dame.
continent, — dans l'argot des
marins. Tête carrée, S. f. Alle-
On dit aussi Terrien. mand ou Alsacien.
TéHière, pron. pers. Toi, — On dit aussi Tète de choucroute.
dans l'argot des voleurs. Tête d'acajou, s. f. Nègre.
On dit aussi Tésigue Tésigo et
Tésiiiguvd.
Tête de buis, s. f. Crâne
complètement chauve.
Tesson, s. m. La tète, —
dans l'argot des voyous. Tête de holz, s. f. Aile-
TET TIC 439

mand, — dans l'argot des mar- Tettes, s. f. pi. Seins, —


briers de cimetière,qui croient dans l'argot des enfants.
que les braves Teutons ont la Ce sont autant les mamillœ que
tête dure comme du fjois. les papillée.

Tête de Turc, s. f. Homme Têtue, s. f. Epingle, — dans


connu par ses mœurs timides et l'argot des voleurs.
par son courage de lièvre, sur
Théâtre roujs^e, s. m. La
lequel on s'exerce à l'épigramme,
à l'ironie, à l'impertinence, — guillotine, — dans l'argot des ré-
volutionnaires un peu trop avan-
et même à l'injure, assuré — cés.
qu'on est qu'il ne protestera pas, « Demain, relâche au Théâtre
ne réclamera pas, ne regimbera rouge, » écrivait à Lebon Duhaut-
pas, et ne vous cassera pas les
Pas, un de ses émissaires.
reins d'un coup de canne ou la
tète d'un coup de pistolet. Thé de la mère Ciibou, s.

C'est une expression de l'argot m. Mélange insensé de choses et


des gens de lettres, qui l'ont em- de mots discours
; incohérent ;
pruntée aux saltimbanques. pièce invraisemblable. Argot des
coulisses.
Tetep, V, n. Vider une bou- Thémis, s. f. La Justice, —
teille,dans l'argot du peuple, dans l'argot des Académiciens.
qui prétend que le vin est « le
lait des vieillards ». Oui, des Thêta X, s. m. Élève de
vieillards et — surtout des seconde année, dans l'argot —
adultes. des Polytechniciens.
On l'appelle aussi Ancien.
Têtes de clous, s. f. pi. Ca-
Thomain, m.
s. Mauvais
ractères déformés par un long
usage. Argot des typographes.
rôle, — dans l'argot des cou-
lisses, où l'on a trouvé sans doute
Tétines, s. f. pi. Gorge panne bien usée.
avachie, sumen— plutôt qu'uber. Thomas, s. m. « Pot qu'en
Argot des faubouriens. chambre on demande », dans —
Nous sommes loin du l'argot du peuple.
Passer la jambe à Thomas.
« Tctin, qui fait honte ;i la rose,
Tétin, plus beau que nulle cliose, s
Vider le goguenot.
La veuve Thomas. La chaise
de Clément Marot. percée.

Xetonnière, s. f Femme ou . Thune, Pièce de cinq francs,


fille que Nature a richement
la — dans l'argot des voleurs.
avantagée, —
dans l'argot du On dit aussi Thune de cinq
peuple, fidèle à sa langue nourri- balles.
cière.
Tic, s. m. Manie, toquade, —
Tétons, s. m. pi. La gorge dans l'argot du peuple.
de la femme. L'expression a des cheveux
Tétons de salin blanc tout blancs.
neufs. Virgo puldiro pectore. Tiche, s. f. Bénéfices plus ou
C'est un vers de Marot resté moins réguliers, — dans l'argot
dans la circulation. des commis de nouveautés.
440 TIM TIR

Ticket, s. m.
Billet de che- qu'elle signifie aujourd'hui un

:

min de fer, dans l'argot des homme timbré était un sage,


gandins, auglomanes par genre. un homme ayant bonne tête.
Pourquoi alors ne disent-ils
pas aussi single ticket (billet Timbre-poste, s, m. Car-
simple) et retum ticket (billet
touche, — dans l'argot des chas-
seurs.
d'aller et de retour)?
Est-ce parce que chaque car-
Tiers et le quart (Le). touche revient à vingt centimes
Celui-ci et celui-là, les premiers environ, ou parce qu'elle sert à
venus, — unusquisquc. Argot marquer le gibier ?
des bourgeois.
Médire du tiers et du quart. Tinette, s. f. Hotte en bois

Médire de son prochain. qui sert aux vidangeurs pour


monter les matières solides d'une
Tig^nasse, s. f. Chevelure fosse.
abondante, épaisse, bien ou mal Chevalier de la tinette. Vidan-
peignée, —dans l'argot du peu- geur.
ple, pour qui ces chevelures-là
sont autant de nids à teigne. Tinette, s. f. Bouche à l'ha-
leine déplorable, sœur de celle à
A signifié au début Perruque.
On dit aussi Tignon. propos de laquelle Martial dit
(Lib. I, ep. 51) :

Tig'nc, s. f. Foule, — dans


« Os et labra libi lingit, Manuella,
l'argot des voleurs.
[cute/tus,
S'ébattre dans la ligne. Cher- I\il mirvm inerdassilibetesse cani. »
cher à voler dans la foule.
Signifie aussi Réunion. Cé- Tintouin, s. m. Souci, tra-
nacle. cas d'esprit; embarras d'argent
Quelques Vaugelas de la Ro- ou d'affaire, —
dans l'argot du
quette veulent qu'on écrive Tinc. peuple, qui a eu l'honneur de
prêter ce mot à Rabelais.
Tigre, s. m. Groom, petit
gamin en livrée, — dans l'argot Tintouiner (Se), v. réfl. Se
des fashionables. mettre martel en tète ; se cha-
griner à propos de rien ou de
Tigre, s. m. Bat, qui com- quelque chose.
mence à de la foule et de-
sortir
vient troisième, puis second, puis Tirage, s. m. Difficulté,
premier sujet de la danse. Argot obstacle, rémora.
aes coulisses. // y aura du tirage dans cette
affaire. On ne la mènera pas à
Timballe (La). Dîner men- bonne fin sans peine.
suel des artistes du théâtre de
rOpéra-Comique. Il a lieu le Tirantes, s. f. pi. Jarre-
troisième jeudi de chaque mois. tières, — dans l'argot des vo-
leurs.
Timbré, adj. et s. Fou, ma-
niaque, excentrique, —dans Tirants, s. m, pi. Bas, —
l'argot des bourgeois. dans le même argot.
Grand timbré. Extravagant Tirants radoucis. Bas de soie.
aimable, fou plaisant. Tirants de trimilet. Bas de fil.
_A l'origine, cette expression Tirants de filsangue. Bas de
signifiait juste le contraire de ce filoselle.
TIR TIR 4 41

Tiré à quatre éipinglea lement le portrait, — dans l'ar-


(Etre). Etre vêtu avec un soin et got du peuple.
une recherche remarquables, —
Tirer (Se la), y, réfl. Fuir.
dans l'argot des bourgeois, pour
qui « avoir l'air de sortir d'une Tirer à boulets roug^es
boite » est le dernier mot du sur quelqu'un, v. n. Le pour-
dandj'sme. suivre inexorablement, lui en-
voyer des monceaux de papier
Tire-boçue, Voleurs. m. timbré, —
dans l'argot des bour-
qui a la spécialité des montres. geois, qui deviennent corsaires
Tire-jus, s. m. Mouchoir de
avec les flibusliers.

poche. — dans l'argot des fau-


lets
On dit aussi
rouges.
Poursuivre à bou-
bouriens.

On dit aussi Tire-moelle. Tirer à la li«fnc, v. n.


Ecrire des phrases inutiles, abuser
Tirejuter (Se). Se moucher. du dialogue pour allonger im ar-
ticle ou un roman payé à tant la
Tirelarîffot (A), adv. Abon- —
damment, beaucoup, dans — ligne,
lettres,
dans l'argot "des gens de
qui n'y tireront jamais
l'argot du peuple, qui a eu l'hon-
avec autant d'art, d'esprit et d'a-
neur de prêter cette expression à
Rabelais.
plomb qu'Alexandre Dumas, le
roi du genre.
Si j'étymolo gisais un j)eu ?
Larigot était jadis pris, tantôt Tirer aux grenadiers, y.
pour gosier, tantôt pour une
le n. Emprunter de
l'argent à quel-
petite flûte. C'était d'autant plus qu'un en inventant ime histoire
une flûte que souvent on em- quelconque, —
dans l'argot du
ployait ce mot au figuré dans un peuple.
sens excessivement gaillard. (V.
Tirer de long^ueur (Se).
Saint- Amant). Donc, Boire à
Se dit — dans des fau-
l'argot
bouriens —
tire-larigot, c'était, c'est encore.
d'une chose qui tarde
Boire de grands verres de vin d'une aflaire qui a de la
à venir,
hauts comme de petites flûtes. peine à aboutir, d'une histoire
On a étendu le sens de cette qui n'en finit pas.
expression on ne boit pas seu-
:

lement à tire-larigot, on chante, Tirer d'épaisseur (Se), v.


on joue, on frappe à tire-larigot. réfl.Se tirer d'un mauvais pas,
— dans l'argot des ouvriers.
Tire-liard, s. m. Avare. Signifie aussi Diminuer, en —
Tirelire, s. f. Le podex, — parlant d'une besogne commen-
dans l'argot ironique des ou- cée.

vriers. ) Tirer des pieds (Se), V.

Tirelire, s. f. La tête, — où réfl. S'en aller, s'enfuir.


se mettent les économies de Tirer la droite, v. a. Traî-
l'Etude et de l'Expérience. Argot ner la jambe droite par habitude
des faubouriens. de la manicle qu'elle a portée
Tire-molard, s. m. Mou- au bagne, —
dans l'argot des
choir, — dans l'argot des voyous.
agents de police, qui se servent
de ce diagnostic pour reconnaître
Tirer, v. a. Peindre, spécia- im ancien forçat.
443 TIR TOI

Tirer la laug^ue, v, a. Etre Tireur, s. m. Piclc-pockeet.


extrêmement pauvre, — dans
Tireuse de vinaig^re, s. f.
l'argot du peuple.
Femme de mauvaises mœurs
On
d'un pied.
dit aussi Tirer la langue drôlesse, — dans l'argot du
;

peuple.
Tirer le cauon, v. a. Con- Tiroir de l'œil, m. Celui
juguer le verbe pedere. — dans qui contient le produit de la
s.

le même argot. gratte, — dans Targot des tail-


On dit aussi Tirer le canon d'a- leurs.
larme.
Tisanîer, s. m. Infirmier
Tirer le chausson, v. a. d'hôpital, chargé de distribuer la
S'enfuir, — dans l'argot des fau- tisane aux malades.
bouriens.
Titi, s. m. Gamin, voyou, —
Signifie aussi Se battre. dans l'argot des gens de lettres.
Tirer le diable par la Toc, s. m. Cuivre, — dans
queue, v. a. Mener une vie be- l'argot des faubouriens.
sogneuse d'où les billets de Signifie aussi Bijoux faux.
banque sont absents, remplacés
qu'ils sont par des billets im- Toc, adj. et s. Laid; mauvais
payés. Argot des bohèmes. — en parlant des gens et des
On dit aussi Tirer la ficelle ou choses. Argot des petites dames
la corde. et des bohèmes.
C'est toc. Ce n'est pas spiri-
Tirer les pattes (Se), v. tuel.
réfl. S'ennuyer, —
dans l'argot Femme toc. Qui n'est pas
des typographes, à qui il répugne belle.
probablement de dire s'étirer les
Tocandine, s. f. Femme en-
Iras.
tretenue ; drôlesse à la mode, —
Tirer sa coupe. S'en aller, toquée.
s'enfuir, — dans l'argot des fau- Le mot date de 1856-57.
bouriens.
Tocard, s. m. Vieux galan-
Tirer sa longue, v. a. Mar- tin.
cher avec difficulté, par fatigue

dans l'argot
Tocarde, s. f. Vieille co-
ou par vieillesse,
quette.
des faubouriens.
Tirer ses guêtres,
Tocasse, adj. Méchant, —
v. a.
dans l'argot des voleurs.
S'en aller de quelque part; s'en-
fuir, —
dans l'argot du peuple. Tocasserie, s. f . Méchanceté.
On disait autrefois Tirer ses Femme laide,
Tocasson, s. f.
g règnes.
ridicule et prétentieuse, — dans
Tirer son plan. Faire son l'argot de Breda- Street.
temps de prison ou de bagne, — On dit aussi Tocassonne.
dans l'argot des voleurs.
Toile d'eniballas;e, s. f.

Tirer une dent, v. Es-a. Linceul, —


dans l'argot des fau-
croquer de l'argent à quelqu'un bouriens, qui font allusion à la
en lui contant une histoire. serpillière de l'hôpital.
TOM TOM 443

Toiles se touchent (Les). enterrent chaque soir avec plai-


Se dit —
dans l'argot du peuple sir, et s'en relèvent chaque matin
— lorsqu'on n'a pas d'argent en avec ennui.
poche.
Tomber, v. a. Faire tomber ;
Toilette, s. f. Morceau de terrasser, —
dans l'argot des
serge verte dans lequel les cor- amis du pugilat.
donniers enveloppent les souliers
qu'ils portent à leurs pratiques :
Tomber, v. a. Écraser sous
le poids de son éloquence ou de
morceau de percaline noire dans —
ses injures, dans l'argot des
lequel les tailleurs enveloppent
gens de lettres.
les vêtements qu'ils portent à
leurs clients. Tomber à pic, v. n. Arri-
Toilette, s. f. Coupe des che-
ver à propos, —
dans l'argot du
peuple, qui emploie cette expres-
veux et de la barbe des condam-
nés à mort, —
dans l'argot des
sion aussi bien à propos des gens
que des choses.
prisons.
On dit aussi Fatale toilette. Tomber dans le bœuf, v.
Toiser, v.
n. Devenir pauvre, misérable, —
a. Juger des qua- dans l'argot des ouvriers.
lités ou des vices de quelqu'un,
— dans l'argot du peuple, pour Tomber de la poêle dans
qui un homme un homme
toisé est la braise, v. n. N'éviter un
jugé et souvent condamné. petit ennui que pour tomber dans
un plus grand n'avoir pas de
;

Toison, s.Chevelure opu-


f.
chance. Argot du peuple.
lente, absalonienne, dans l'ar- — C'est VIncidit in Scyllam, eu-
got du peuple, qui parle comme piens vitare Charybdim des let-
écrivait Rabelais « Comme tom-
:
trés.
ba la rousée sus la toison de Gé-
déon, » dit Panurge effrayé des Tomber dessus, v. n. Mal-
paroles dégelées qui planent au- traiter en paroles ou en action.
dessus de sa tète. (Liv. IV, ch. Tomber en fig^ure. Se
LV.) trouver face à face avec un indi-
Signifie aussi Pudenda midie- vidu qu'on cherche à éviter, en-
ris. nemi ou créancier.
Toiture, Chapeau, coif-
s. f. Tomber malade, v. n.
fure quelconque, —
dans l'argot Etre arrêté. Argot des voleurs.
des faubouriens.
Tomber pile, v. n. Choir
Tolède (De). Excellent, de sur le dos. Argot du peuple.
premier choix, —
dans l'argot
des gens de lettres, qui disent Tomber sous la coupe de
cela à propos de tout, en souve- quelqu'un, v. n. Etre à sa
nir ironique des fameuses lames merci ; vivre sous sa dépendance.
de Tolède des Romantiques. Tomber sur le dos et se
ToUard, s. m. Bureau, — casser le nez. Se dit d'un
dans l'argot des voleurs. homme à qui rien ne réussit.

Tombeau, s. m. Le lit, — Tomber sur le dos et se


dans l'argot des ouvriers, qui s'y faire une bosse au ventre.
444 TON TOQ

Se dit d'une jeune fille qui, Tonner, v. n. Crepitare, —


comme Eve, mordu dans la fa-
a dans l'argot facétieux des petits
tale pomme, et. comme elle, en a bourgeois.
eu une indigestion de neuf mois.
Touissime, pronom pers. in-
Tomber sur uu coup de venté par Nadar, qui ne peut se
poing^. Recevoir un coup de décider à vostrissimer les gens
poinç sur le visage et mettre les qu'il connaît.
avaries qui en résultent sur le
compte d'une chute. Tonton, s. m. Oncle, — dans
l'argot des enfants.
Tomber une bouteille. La
vider, la boire. Toper, V, n. Consentir à
quelque chose, — dans l'argot du
Tombeur, Lutteur;
s. m. peuple.
homme qui tombe ses rivaux.
Toper, V. n. Questionner un
Tombeur, s. m. Acteur plus compaËfnon qu'on rencontre, —
que médiocre, et, à cause de dans l'argot des ouvriers qui font
cela, habitué à compromettre le leur tour de France.
succès des pièces dans lesquelles
il joue. Argot des coulisses.
Topo, s. m. Plan topogra-
phique, dans l'argot des officiers
Tombeur, s. m. Éreiuteur, d'état-major.
journaliste hargneux. Se aussi
dit pour Officier
Tondeur d'œufs, s. m. d'état-major.
Homme méticuleux, tracassier, Toquade, s. f. Manie, dada.
insupportable par ses minuties,
par sa recherche continuelle de Toquade, s. f. Inclination,
la petite bête. Argot du peuple. caprice, — dans l'argot de
Breda-Street.
Tondre, v. a. Tailler les che-
veux, les raser. dans l'argot — Toquadeuse, s. f. Drôlesse
du peuple, qui prend les hommes qui s'amuse à la moutarde du
pour des chiens et les industriels sentiment au lieu de songer aux
à sellette du Pont-Neuf pour des protecteurs sérieux.
Figaro s
C'est ainsi que les vieux gro-
Toquante, s. f. Montre, —
gnards, par une sorte d'irrévé-
dans l'argot des faubouriens,
à qui Vadé a empruuté cette
rence amicale, appelaient Napo-
expression :
léon le Petit Tondu..
La Fontaine a employé cette « Il semaine
avait la
expression dans un de ses Contes : Deux du linge blinc,
fois
Et, comme un capitaine,
< Incontinent, de la main du monarque
Il se sent tondre •
La toqiuinle d'argent. »

Au pourquoi rougirait-on
fait, Les voleurs disaient autrefois
de Tondre, puisque l'on ne
dii'e Toque, une onomatopée tic- —
rougit pas de dire Tonsure? toc.

Tonneau, s. m. Degré; qua- Toqué, adj. et s. Fou plus


lité d'une chose ou d'une personne. ou moins supportable mania- ;

Et?-e d'un bon tonneau. Etre que plus ou moins aimable ori- ;

ridicule. ginal. Argot du peuple.


TOR TOR 445

Le patois normand a Toquard de-vie, — dans l'argot des fau-


pour Têtu. bouriens .

Toquemann, s. m. Excen- Torçnole, s. f. Soufflet ou


trique, extravagant, toqué, — coup de poing, — dans l'argot
dans l'argot des petites dames. du peuple.
Toquer (Se), v. réfl. S'en- Torpiaude, s. f. Femme
thousiasmer pour quelqu'un ou de mauvaise vie, dans l'argot—
pour quelque chose s'éprendre ; des paysans de la banlieue.
subitement d'amour pour un
homme ou pour une femme. Torpille, s. f. Femme ga-
lante, Circé parisienne qui ravit
Torche-cul, s. m. Jour- les hommes et les change en
nal, —
dans l'argot du peuple, bétes.
qui ne prise la politique et la Le mot est de H. de Bab.ac,
littérature que comme aniter- qui l'a donné à une de ses hé-
ges. roïnes, la courtisane Esther.
Torpille d'occasion. Fille de
Torcher (Se), v. réfl. Se trottoir.
battre.
Torse, s. m. Estomac, —
Torcher (Se). Se servir d'une dans l'argot des faubouriens.
aniterge. Se rebomber le torse. Man-
Torcher de la toile, v. a.
ger copieusement.
Se hâter de faire une chose, Se velouter le torse. Boire uu
allerrapidement vers un but, — canon de vin ou d'eau-de-vie.
dans l'argot des ouvriers qui Torse, s. m. Tournure,
ont servi dans l'infanterie de
marine.
élégance, — dans l'argot des
artistes et des gens de lettres.
Torcher le cul «le.. (Se). .
Poser pour le torse. Marcher
Faire peu de cas, mépriser pro- en rejetant la poitrine en avant
fondément, —
dans l'argot du pour montrer aux hommes,
peuple, qui, pour une hyperbole quand on est femme, combien
un peu forte, dit cela à propos on est avantagée, ou pour mon-
des gens comme à propos des trer aux femmes, quand on est
choses. homme, quel gaillard solide on
est.
Torcher le nez (S'en). Se
passer d'une chose. Torseur, s. m. Homme qui
fait des de torse.
efl'ets
Torchon brûle (Le). Se Expression créée par N. Ro-
dit de deux amants qui se bou- queplan.
dent, ou de deux amis qui sont
sur le point de se fâcher. Tortillard, s. m. Fil de
fer, — dans l'argot des vo-
Tordre le cou à une leurs.
bouteille. La boire, — dans
Tortillard, s. m. Boiteux,
du peuple.
l'argot
— dans l'argot des faubou-
Tordre le cou à un la- riens.
pin. Le manger.
Tortiller, v. a. et n. Man-
Tord-boyaux^ s. m. Eau- der.
446 TOU TOU

Tortiller, v. n. Faire des Touché, adj. Réussi, élo-


façons, hésiter, — dans l'argot quent, —
dans l'argot des fau-
du peuple, qui n'emploie ja- bouriens et des gens de lettres.
mais ce verbe qu'avec la néga- Article touché. Bion écrit.
tive. Parole touchée. Impertinence
Il n'y à pas à tortiller. Il faut
bien dite.
se décider tout de suite. Toucher les frises. Ob-
On dit aussi II n'y a pas à tor- tenir un grand succès, s'élever
tiller des fesses ou du cul.
à une grande hauteur tragique
Tortiller, v. n. Avouer, — ou comique. Argot dos coulis-
dans l'argot des voleurs. ses.

Tortiller de l'œil, n. V, Toucher son prêt, v. a.


Mourir, — dans l'argot des fau- Etre l'amant en titre d'une
bouriens. fille, —
dans l'argot des soute-
Ils disent aussi Tourner de neurs, qui ne craignent pas de
l'œil et Etre tortillé. faire leur soupe avec cette mar-
mite.
Tortillctte, s. f. Bastrin- On dit aussi Aller aux épi-
gueuse, qui se déhanche
fille nards.
exagérément en dansant.
Se dit aussi d'une Petite dame Touillaud, adj. et s. Gail-
qui tortille de la crinoline en lard, — et même paillard. Argot
marchant, pour allumer les hom- du peuple.
mes qui la suivent.
Touiller, v. a. et n. Re-
Tortillon, s. m. Petite ser- muer, agiter un liqu'de, dans —
vante, fillette. dans l'argot du peuple.
C'est une expression provin-
Tortorer, a. et v. n.
Manger, — dans
l'argot des
ciale.

marbriers de cimetière. Toupet, s. m. Aplomb,


effronterie.
Tortu (Le), s. m. Le vin,
— dans l'argot des voleurs,
Payer de toupet. Ne
craindre de faire une chose.
pas
qui, fils de la terre pour la plu-
part, savent que la vigne est Toupet, s. m. La tète.
une plante sarmenteuse, cou-
tournée, torte, et qui ont voulu Se foutre dans le toupet. S'i-

donner son nom à son produit. maginer, s'entêter à croire.

Touche, Physionomie,
s. f. Toupie, s. f. Fille ou fem-
façon d'être, dans
allure, — me de mauvaise vie, qui tourne
dans —
l'argot du peuple, qui emploie au gré du premier venu,
ordinairement ce mot en mau- l'argot du peuple, cruel pour les
vaise part. drôlesses, ses filles.

Bonne touche. Tète grotesque. Les voyous anglais emploient


Avoir une sacrée touche. Etre la même expression (gig) à pro-
habillé ridiculement ou pauvre- pos des mêmes créatures.
ment.
Toupie, s. f. La lètc, —
Touche, s. f. Coup de poing dans l'argot des faubouriens.
ou coup de couteau. Avoir du vice dans la toupie.
TOU TOU 447

Être très malin, savoir se tirer bien de la science étymologique


d'affaire. dépensée mal à propos Pour- !

quoi ? Tout simplement parce


Toupiller, v. n. Aller et
que le mot tourlourou est mo-
venir, tourner comme une tou-
derne.
pie.
Tourmente, s. f. Colique,

dans
Beaumarchais
le Barbier de Séville.
l'a employé — dans l'argot des voleurs.

On dit aussi Toiipier. Tournant, s. m. Moulin,


Toupin, s. m. Boisseau, — — dans le même argot.

dans l'argot des voleurs. Tournante, s. f. Clé, —


dans le même argot.
Toupinier, s, m. Boisse-
lier. Tourné, adj. Mou, — dans
le même argot.
Tour, s. m. Farce ; trom- Tournée. Molle.
perie.
Faï7-e voir le tour. Tromper. Tourne-à-gaueUe, s. - m.
Connaître le tour. Etre ha- Homme sur le caractère duquel
bile, malin, ne pas se laisser on ne peut compter, girouette.
tromper. Argot du peuple.
Tour de Babel, s. f. Cham- Tourne-autour, s. m. Ton-
bre des Députés, — dans l'argot nelier, — dans le même argot.
des faubouriens. Tournée, Rasade of-
s. f.

Tour de bête (Au), adv. ferte sur le comptoir du mar-


A l'aucienueté, dans l'argot des chand de vin, —
dans l'argot du
troupiers. peuple.
Passer capitaine à son tour de Offrir une tournée. Payer à
bête. Etre nommé à ce grade, boire.
non à cause des capacités mili- Tournée, s. f. Coups reçus
taires qu'on a montrées, mais ou donnés.
seulement parce qu'on a vieilli Payer une tournée. Battre.
sous l'uniforme.
Tourner autour du pot,
Tour flu bâton, s. m. V. N'oser parler franchement
n.
Profit illicite sur une affaire ; d'une chose ; hésiter avant de
ressources secrètes. Argot des demander une grâce, un ser-
bourgeois. vice.
Tourlourer, v. a. Tuer, Tourner de l'œil. Se pâ-
assassiner, — dans l'argot des mer, s'évanouir de plaisir.
voleurs
Tourner de l'œil. S'endor-
Tourlourou, s. m. Soldat mir.
du cin're, — dans l'argot du Signifie aussi, par extension,
peuple. Mourir.
M. Francisque Michel pousse
une pointe jusqu'au xiv° siècle Tourner en eau de bou-
et en rapporte les papiers de fa- din, V. n. Se dit d'une chose
mille de ce mot turlereau, tu-
: sur laquelle on comptait et qui
relure, tureloure, dit-il. Voilà vous échappe, d'une entreprue
448 TOU TRA

qui avorte, d'une promesse qu'on Toutou, s. m. Chien, — dans


ne tient pas. l'argot des enfants, qui disent
Faire tourner quelqu'un en eau cela à propos d'un terre-neuve
de boudin. Se moquer de lui, le aussi bien qu'à propos d'un King's
berner par des p'romesses illu- Charles.
soires. Les enfants ont bien le droit
d'employer un mot que madame
Tourner la vis, v. a. Tor-
Deshoulières a consacré :

dre le cou à quelqu'un.


€ Bonjour, le plus gras des toutous,
Tourniquet, s. m. Chirur-
gien, — dans l'argot des ma- Si par hasard
Je vous
monamit'é vous
l'otTre tenJre et constante
trule,
:
rins.
C'est tout ce que je puis pour vous, t
Tourniquet, s. m. Moulin,
— dans l'argot des voleurs. Trac, S. m. Peur, — dans
l'argot du peuple.
Tourtouse, s. f. Corde,
lien, — dans le même argot. A coir le trac. Avoir peur.
Le trac, autrefois, c'étaient les
et
C'était autrefois
une chose
une expression
officielles le
équipages de guerre; traça, dit —
strançjulatorius qu'em-
,
Du Cange. « Compagnons, j'en-
funis
tends le trac de nos ennemis, »
ployait M. dé Paris pour lancer
les criminels dans l'éternité.
— dit Gargantua.
Tracquer, v. n. Avoir peur.
Tourtouser, v. a. Lier,
garrotter. Tracqueur, s. m. Poltron.
Tourtousier, s. m. Cor- Tradition, f. Effet non in-
s.
dier.
diqué dans la pièce écrite ou im-
Tousser, v. n. Ce verbe — primée, mais qui, trouvé par un
de l'argot des faubouriens ne — acteur, se transmet à ceux qui
s'emploie qu'cà un seul temps et jouent le rôle après lui.

dans les deux acceptions sui- Se ilit aussi pour Addition à un


vantes : « C'est de l'or comme je rôle.
tousse, » — c'est-à-dire : Ce n'est Les traditions —
à la Comédie
pas de Elle n'est pas belle,
l'or. « française, —
sont des conventions
non !c'est que je tousse » ! auxquelles il ne saurait être dé-
c'est-à-dire Elle est très belle.
: rogé sans blesser le goiit... des
vieux amateurs de l'orchestre.
Tout de ce, adv. Très bien,
tout de gù, — dans l'argot des Train, s. m. Vacarme, rixe
voleurs. de cabaret, — dans l'argot du
peuple.
Toutes fois et quantes, Emeute,
adv. Toutes les fois, dans — Signifie
aura du
aussi
ti'ain daiis Paris.
Il y
On
l'argot du peuple. barricades et l'on se
fera des
Une vieille et très française battra.
expression, presque latine (loties
Originairement le mot signifiait
quoties), dont se moquent les
Proslibulwn, et, par une méto-
gens qui s'imaginent bien parler.
nymie fréquente dans l'Histoire
Toutime, adj. Tout, — dans des mots, la cause est devenue
l'argot des voleurs. l'effet. De môme pour Bousin.
TRA TRA 449

Train (Du) ! Vite ! — dans avaient aussi leur machœropho-


l'argot des petites dames. rus. .

Mais, eurêka me voilà sans le


Train (Être en). Commencer !

à se griser, — dans l'argot des


vouloir sur la piste de maque-
reau. Qu'en pensent messieurs les
bourgeois.
étymologistes?. ..
Traîne, s. f. Queue de robe Train-train,
exagérée mise à la mode, en ces
s. m. Train or-
dinaire de la vie habitudes.
derniers temps, par les traînées, ;

Suivre son petit train-train.


qui s'ingénient à gaspiller les
Ne pas interrompre ses habi-
étoffes.
tudes.
Traînée, s. f. Fille de mau- On dit aussi tran-tran.
vaise vie, — dans l'argot du
Trait, s. m. Caprice amou-
peuple.
reux, — dans l'argot des filles et
Traîne-g^uêtres, s. m. Va- de leurs souteneurs.
gabond; Mneur. Avoir untrait pour un miche.
Ne rien exiger de lui que son
Traîne-paillasse, s. m. amour, se passer de gants.
Fourrier, — dans l'argot des
troupiers Traiter, v. a. et n. Donner à
On dit Gratte-papier et
aussi dîner régaler,
;
— dans l'argot
Rogneur de portions. des bourgeois.

. Traîner la sarate, v. a. Traiter du haut en bas.


Etre misérable, n'avoir rien à se Parler à quelqu'un avec colère,
mettre sous la dent ni aux pieds, — et même avec mépris.
— dans l'argot des bourgeois, qui
Traits, s. m. pi.
ne manquent ni de bottes, ni de Infidélité
pain.
conjugale, —
dans l'argot des
bourgeoises.
C'est le to shuffte along des
Faire des traits à sa femme.
Anglais
La tromper en faveur d'une autre,
Traîner le clieTal mort, la trahir.
V. a.Avoir du travail payé

dans l'argot des ou-
Tralala, s. m. Embarras,
d'avance,
vriers.
cérémonies; luxe de toilette, —
dans l'argot du peuple.
On dit aussi Faire du chien.
Se mettre sur son tratala ou
Traîner sa savate quel- sur son grand tralala. S'habiller
que part. V. a. Aller quelque coquettement, superbement.
part, se promener, — dans l'ar-
Tranche-ardent,
got du peuple.
s. m.
On dit aussi Traîner ses guê-
Mouchettes, —
dans l'argot des
voleurs, qui ont emprunté cette
tres.
expression aux Précieuses.
Traîneur de sabre, s. m. Tranquille comme Bap-
Soldat fanfaron qui croit faire
tiste, adj. Extrêmement sage,
beaucoup d'effet en faisant beau-
coup de bruit et qui ne réussit
calme, tranquille, — dans l'argot
du peuple.
qu'auprès des Mlles, amies des
soudards. Type aussi vieux que Trapillon, s. m. Bande de
le monde, puisque les Anciens bois qui bouche les coulisseaux

29
450 TRA TRE

ou rainures dans lesquelles glis- vaux forcés à perpétuité, — dans


sent les décors, lorsqu'on enlève l'argot des voleurs.
ces décors. Argot des machi- On dit aussi A perte de vue.
nistes.
Travesti, m. Rôle d'hom-
s.
Travail, s. m. Chose difficile me joué par une femme, amou- —
à faire, —
dans l'argot des sal- reux ou page. Argot des cou-
timbanques. lisses.
Beau travail. Tour extraordi-
naire ou nouveau.
Traviata, s. f. Fille perdue,
— dans l'argot des élégants qui
Travail, s. m. Action de n'osent pas dire cocotte.
manger, — dans l'argot des Introduit pour la première fois
francs-maçons. en littérature par l'Evénement
Travailler, V. n. Voler.
(numéro du V octobre 1866).

Travailler, au
Tra viole (De), adv. De tra-

persil.
v. n. Aile?-
vers, — dans l'argot du peuple.
Trèfle ou Tref, s. m. Tabac,
Travailler le cadavre, v.
— dans l'argot des voleurs et des
a. Battre quelqu'un, au propre,
ou en médire, au figuré, dans — faubouriens.
On dit aussi Tréfoin.
l'argot des faubouriens.
Longuette de tref. Tabac eu
On dit aussi travailler les
carotte.
côtes.
Ona dit aussi Tri fois, — d'où
, Travailler le succès, v. a. Tnfoissière pour Tabatière.
dans un
Être chef de claque
théâtre. Argot des coulisses. Trèfle, s. m. Le podejc, —
dans l'argot des faubouriens.
Travailler pour le roi de Vise-au-trèfle. Apothicaire.
Prusse, V. n. Faire un travail
mal payé, ou pas payé du tout, Treizième arrondisse-
— dans l'argot du peuple, à qui ment, s. m. Mairie anacréon-
dont le divin Eros est
sans doute on a l'ait croire que tique,
les successeurs du grand Frédéric l'unique magistrat, sans autre —
payaient leurs soldats à coups de écharpe qu'une feuille de vigne.
knout. L'expression, qui date du jour
On dit aussi Travailler pour la où Paris a été divisé en douze
gloire et Travailler gratis pro arrondissements, ne devrait plus
Deo. être en vigueur, aujourd'hui qu'il

M. Oo- y a vingt arrondissements lé-


Travailler pour gaux mais il en coûte tant de
;
mange, v. n. Manger.
changer une habitude, et vingt et
Travailler quelqu'un, v. unième arrondissement est si
a. L'obséder d'une chose, insister long à prononcer, que nos fils
afin d'obtenir ce qu'on lui de- diront encore longtemps comme
mande; revenir souvent à la ont dit nos pères.
charge auprès de lui. Tremblant, s. m. Lit de
Travailleuse, Giton, s. f .
— sangle, — dans l'argot des fau-
dans l'argot des voleurs. bouriens.

Traverse (En), adv. Tra- Tremblement, s. m. Ba-


TRE TRI 451

taille, — dans l'argot des trou- s.m. Le troisième dessous des


piers. gens amis de l'hyperbole.
Tremblement (Et tout le), Trépig^née, s. f. Coups don-
adv. Au complet, — dans l'argot nés ou reçus.
du peuple.
Trépigner, v. a. Accabler
Trempe, s. f. Vigoureuse et de coups.
Lrutale correction.
Treppe, s. m. Peuple foule,
On dit aussi Trempée. — dans l'argot des voleurs.
;

Trempé (Être) Être mouillé S'esbattre dans le treppe. Se


par la pluie. mêler à la foule.
J'ai bien envie de faire des-
Tremper, v. a. Battre.
cendre ce mot du grec Tps-w
Tremper, v. n. Souper, (tourner, s'agiter en désordre
manger, — dans l'argot des ou- comme fait la foule)
vriers.
Triangle, s. m. Chapeau, —
Tremper son pied dans dans l'argot des francs-maçons.
Fencre, v. a. Être consigné,
dans l'argot des vieux troupiers. Triangle, s. m. La bouche,
Tremper une soupe à
— dans l'argot des rapins, qui se
rappellent leurs principes de des-
quelqu'un, Le maltraiter
v. a.
sin, s'ils oublient ceux de la bien-
rudement, par paroles ou par ac-
séance,
tion. Argot du peuple.
Clapoter du triangle. Avoir
Trempette, s. f. Biscuit ou l'haleine homicide.
morceau de pain trempé dans un
doigt de vin. Triau, s. m. Ennui, trimage,

Faire la trempette. Déjeuner


— dans l'argot des ouvriers.
d'un morceau de pain trempé dans Triboulet, s. m. Homme
un verre de vin. grotesque, servant de jouet aux
Trempette, s. f. Pluie, — autres, —
en souvenir du fou
dans l'argot des faubouriens. de Louis'XII et de François I".

Tremplin, s. m. La scène, — Tribouiller, v. n. Tres-


dans l'argot des coulisses. saillir, sauter d'aise, remuer de
joie. Argot du peuple.
Trente-et-un, m. Der-
s.
nière élégance, suprême bon ton, Trichard, adj. et s. Tri-
— dans l'argot du peuple. cheur.
Se mettre sur son trente-et-un. Tricher, v. a. Moucher la
Se vêtir de son plus bel habit ou chandelle, — dans l'argot des
de sa plus belle robe, l'habit — bourgeois.
à manger cli{ rôti et la robe à
flaflas.
Trichine, s. f. Petite dame,
naturellement mêlée à toutes les
On dit aussi Se mettre sur son
cochonneries sociales, et qui peut
trente-six et sur son quarante-
empoisonner les imprudents qui
deux.
la consomment, la trouvant ap-
Trente • sixième dessous, pétissante.
452 TRI TRI

Trichiner (Se). Déjeuner dans l'attente. Argot des faubou-


avec de la charcuterie. riens.
L'expression est de cette an- Trimer (Faire), v. a. Se
née (1866), qui datera dans jes moquer des gens en les faisant
fastes de la peur par l'invention poser, — dans l'argot de Breda-
des trichines que certains méde-
cins allemands —
ou iroquois — Street.

affirment être par milliers dans Trimmer, v. n. Ecrire com-


la viande de porc. Les jambons me Léo Lespès, dans l'argot—
sont en discrédit !
des gens de lettres, jaloux du
succès inouï de Timothée Trimm,
Tricoter, v. a. Battre. chroniqueur du Petit Journal.
On dit aussi Tricoter les côtes. Quelques-uns disent aussi
Timothéetrimmer.
Tricoter, V. n. Danser.
Trimoires, s. f. pi. Les
Tricoter des jambes, v.
jambes, — dans l'argot des vo-
n. Courir.
leurs.
Trifouiller, v. n. Re- Tringle adv.
! Rien, non,
muer,
tout.
chercher en bousculant
zéro — dans l'argot des voyous.

— Tringlos, s. m. Soldat du
Triniar, s. m. Chemin, train, — dans l'argot des trou-
dans l'argot des voleurs, qui y piers.
triment souvent en attendant
leurs victimes. Tripasse, s. f. Vieille femme,
Grand trimar. Grande route. — dans l'argot du peuple, qui
On dit aussi Grande tire. emploie cette expression de-
puis longtemps, comme on peut
Triniar (Faire son). Rac- en juger par les vers suivants :

crocher, — dans l'argot des filles.


« Si elle estoit dure et poupine,
Tri manie, s. f. Rue. Voulentiers je la regardasse ;

Mais elle semble une tiipassc


On dit aussi Trime. Pour quelque varlet de cuysine. »

Trimanler, v. n. Voyager. Tripes, s. f. pi. Gorge mal


Trimballer, v. n. Se pro- faite, — ou trop fournie.
mener, — dans l'argot des fau- Tripes, s. f. pi. Les en-
bouriens. trailles de l'homme.
Trimballer, v. a. Prome- a Quand Renaud de la guerre vint,
ner quelqu'un, traîner quelque Tenant ses tripes dans ses mains,
chose.
dit une vieille chanson popu-
Triîuballeur, s. m. Homme laire.
qui fait aller son monde.
Tripière, adj et s. . Fille ou
Trim.balieur, s. m. Cocher, femme trop avantagée.
— dans l'argot des voleurs.
Tripoli,
Trimballeiir des refroidis. Co-
s. m. Eau-de-vie,
cher des pompes funèbres.
— dans l'argot des faubouriens,
qui s'imaginent peut-être qu'ils
Trimer, v. a. Aller ou ve- se nettoient la poitrine avec
nir inutilement ; se morfondre cela.
TRO TRO 453

Coup de tripoli. Verre d'eau- pré et embubeletté, comme le


de-vie. sont presque tous les visages
d'ivrognes.
Tripotée, s. f. Coups don-
nés ou reçus, — dans l'argot du
Le mot a des che\Tons :
peuple. « Il faut être Jean Logne
Pour n'ai:iicr pns le vin ;
Tripotée, s. f. Grande quan- Pour moi, dès le malin
tité de choses. J'enlumine ma trogne
De ce jus divin ! b
Tripoter, v. n. Hanter les
tripots, — dans l'argot des fau- a chanté le goinfre Saint-Amand.
bouriens. Trojs^non, s. m. Tête, —
dans l'argot des faubouriens,
Tripoter, v. a. et n. Tou- moins polis que les gueux an-
cher à tort et à travers, aux glais, qui eux disent Costard
choses et aux gens; farfouiller. (grosse pomme).
Tripoter une femme. S'assu- Dévisser le trognon. Tordre le
rer, comme Tartufe, que l'étoffe
cou à quelqu'un.
de sa robe —
de dessous est —
moelleuse. Trog'non, s. f. Petite fille,
Tripoter la couleur, v. a.
le cœur d'une femme, dans —
Peindre, — dans l'argot des ar-
l'argot du peuple.
tistes. Trois-Etoiles. Nom qu'on
Tripoter le carton. Jouer donne —
dans l'argot des gens
aux cartes.
de lettres —
aux personnes que
l'on ne veut pas nommer.
TriquagfCj s. m. Triage des On dit aussi Monsieur ou Ma-
matières, — dans l'argot des dame Trois-Étoiles.
chiffonniers.
Troisième dessous, s. m.
Trique, s. f. Canne, bâton, La dernière cave pratiquée sous
gourdin, — dans l'argot du les planches d'un théâtre pour re-
peuple. cevoir la rampe, les trucs, les
On disait autrefois Tricot machines, etc.
;
du tricot, pour signi-
d'où la loi Tomber dans le troisième des-

fierl'Argument brutal, le syllo- sous. Se


d'une pièce sifflée,
dit
gisme du poignet, non prévu par dont la chute est irrémédiable.
Aristote. Troisième dessous, s. m.
Triquer, v. a. Trier les chif- Le monde des coquins, « la der-
fons. nière sape, inferi ». de la société,
« la fosse des ténèbres, la grande
Triquer, v. a. Donner des caverne du mal », dit Victor
coups de canne ou de bâton. Hugo, qui la peint à grands
Triqueur, coups de brosse, comme Dante
s. m. Maître
son Enfer.
chiffonnier, qui trie ce que lui
« Cette cave est au-dessous de
apportent les autres.
toutes et est l'ennemie de toutes.
Trogne, s. f. Visage, — C'est la haine sans exception. Elle
dans l'argot du peuple, qui le dit a pour but l'effondrement de tout,
surtout de toute tuterosa faciès. — de tout, y compris les sapes
Belle trogne. Visage empour- supérieures, qu'elle exècre. Elle
454 TRO TRO

ne mine pas seulement, dans son guand il achète et trolleur quand


fourmillement hideux, l'ordre so- il revend.
elle mine la philoso-
cial actuel :

phie, elle mine la science, elle


Trombille, s. f. Bête, —
mine le droit, elle mine la pen- dans l'argot des voleurs.
sée humaine, elle mine la civili- Trombine, s. f. Tète, visage,
sation, elle mine le progrès. Elle
est ténèhre et elle sent le chaos.
— dans l'argot des faubouriens.

Sa voûte est faite d'ignorance. Tromboler les s^onzesses,


Elle s'appelle tout simplement V. a. Aimer les filles, dans —
vol, prostitution, meurtre et as- l'argot des maquignons.
sassinat. Détruisez la cave-igno-
rance, vous détruirez la taupe-
Trompe, s. f. Nez, — dans
l'argot des faubouriens, qui pren-
crime. »
nent l'homme pour un probosci-
Troisième rêne, s. f. La dien.
crinièredu cheval, — dans l'ar-
Trompe - chasses, s. m.
got des maquignons.
Peinture, tableau quelconque, —
Troisième sexe, s. m. Celui dans l'argot des voleurs.
qui déshonore les deux autres.
« Il suffira de rapporter ce mot
Trompe-l'œil, s. m. Acces-
soire d'un tableau, tel que clou,
magnifique du directeur d'une
déchirure, etc., si bien peint,
maison centrale à feu lord Dur-
qu'on le croirait naturel. Argot
ham, qui visita toutes les prisons
des artistes.
pendant son séjour à Paris. Le
directeur, après avoir montré Trompette, s. f. Visage, —
toute la prison, désigne du doigt dans l'argot des faubouriens.
un local en faisant un geste de —
dégoût « Je ne mène pas là
:
Trompette, s. f. Le nez,
Votre Seigneurie, dit-il, car c'est à cause du bruit qu'il fait lors-

le quartier des tantes. — Hao !


qu'on se mouche.
fit lord Durham, et qu'est-ce? Trompette, s. f. Cigare, —
— C'est le troisième sexe, mi- parce qu'on le tient continuelle-
lord, )) (H. de Balzac.) ment à la bouche, comme si on
voulait jouer un air quelconque.
Trois-six, s. m. Eau-de-vie
de qualité inférieure, âpre au go- Trompetter, v. a. Divul-
sier, —
dans l'argot des bourgeois. guer, publier une chose qui de-

Trois-sous, s. m. Walcr-
vait être tenue secrète, dans —
l'argot du peuple.
closets.
On dit aussi Un qidnze-cen- Tronche, s. f. Visage; tète,
timcs. — dans l'argot des voleurs.

Troller, v. n. Remuer; aller Troncher, v. a. Embrasser.


çà et là, trimer. Argot du peuple.
Tronchinette, f. Figure
s.
Tpollfp,V. a. Porter, dans de jeune physionomie agréa-
fille,
l'argot des voleurs. ble petite tcle. Argot des voyous.
;

TroUeiir, s. m. Marchand Trône, s. m.


Ce qu'on appe-
de peaux de lapin, — chineur lait autrefois « chaise d'affaires».
TRO TRO 455

et,longtemps auparavant, trulla. lubre, logis incommode, — dans


Argot des bourgeois. l'argot du peuple.
Être sur son trône. Alvum de- Trou, s. m. Logis, habitation,
ponere. — dans l'argot des bourgeois,
Trottant, s. m. Rat, — dans qui disent souvent cela, par
fausse modestie, d'une fort jolie
l'argot des voleurs.
maison de campagne.
Ou dit aussi Trotteur.

Trottante, Souris.
Trou, s. m. Emploi, position
s. f.
sociale.
Trotte, s. f. Course, —dans Faire son trou. Réussir dans la
Targot du peuple. vie ; asseoir sa réputation, sa for-
Sacrée trotte. Course fort tune, son bonheur.
longue, que l'on ne peut faire
qu'en beaucoup de temps.
Trou, s. m, Entr'acte d'un
long déjeuner ou d'un long dîner
Trottin, s. m. Cheval, — pendant lequel on sert le cognac
parce qu'il trotte. Argot des vo- ou le madère.
leurs.
Faire un trou. Boire un verre
Trottin de modiste, s. m. de cognac ou de madère au mi-
Jeune garçon ou jeune fille, do- lieu d'un repas, afin de pouvoir
mestique ou apprentie, gui va le continuer avec plus d'appétit.
porter les chapeaux et faire les
Trou aux pommes de
commissions des modistes. Argot
du peuple. terre, s. m. La bouche, dans —
l'argot des faubouriens.
Il y a longtemps que ce mot si- C'est la même expression que
gnifie petit domestique, car Scar- Po-
celle des ouvriers anglais :

ron a dit :
tatoe trap.
« Eiisuile il appelle un trottin, Troubade, s. m. Apocope de
Fait amener son guillediu
Troubadour.
Oiné d'une belle fontange. »
Troubadour, s. m. Soldat
Trottines feuilletées, s. f. de l'infanterie, —
dans l'argot du
pi. Bottes ou souliers dont la se- peuple.
melle est en mauvais état. Argot Est-ce à cause de la clarinette
des voyous. de cinq pieds?
Trottins, s. m. pi. Les pieds, Trou de balle, s. m. Le
— dans le même argot. podex, — dans l'argot des fau-
Trottoir, s. m. Répertoire, bouriens.
— dans l'argot des coulisses. On dit aussi Trou du souffleur
Grand trottoir. Répertoire clas- et Trou de bise.
sique.
Trou du cul, s. m. Imbé-
Petit trottoir. Répertoire cou-
cile, homme incapable, — dans
rant, drames et vaudevilles.
l'argot du peuple.
Grand aussi de
trottoir se dit
la Haute Bicherie, et Petit trot- Trouée s. f. Dentelle, — dans
toir du fretin des drôlesses. l'argot des voleurs.

Trou, s. m. Chambre insa- Troufigrnon, s. m. Le podex


456 TRO TRU
— dans l'argot du peuple, qui Troussequin* s. m. La par-
employait déjà celte expression tie du corps qui sert de cible aux
du temps de Béroalde de Ver- coups de pied, — • dans l'argot des
ville. faubouriens.
Trouillarde. s. f. Femme On dit aussi Pétrousquin, mais
de mauvaise vie, — dans l'argot ce dernier mot est moins étymo-
logique que l'autre, qui est pro-
des faubouriens.
prement le Morceau de bois cintré
Trouille, s. f. Domestique qui s'élève sur l'arçon de derrière
malpropre ; femme du peuple d'une selle.
rougeaude et avachie.
Trousser, v. a. Expédier
Trouillotter, v. n. Exhaler promptement une chose ou une
une mauvaise odeur, personne, —
dans l'argot du
Trouillotter du goulot.. Avoir peuple.
l'haleine homicide.
TrouTé, adj. Neuf, original,
Troupe d'arg'ent,
Troupe de second ordre, —
s. f. réussi, — dans l'argot des gens
dans de lettres.
l'argot des coulisses.
C'est trouvé. C'est ingénieux.
Troupe de carton* s. f.
TrouTer des puces. Ren-
contrer une dispute — et même
Troupe plus que médiocre.
Troupe de fer-blanc, s. f. des coups. Argot du peuple.
Troupe composée d'acteurs mé- C'est la conséquence de cette
diocres. Rédacteurs très ordi- autre expression Chercher des
naires, —
dans l'argot des jour- poux à quelqu'un.
nalistes.
On dit aussi Troupe d'été, parce Trouver mauTaise (La) Se .

qu'à ce moment de l'année les


dit — dansl'argot des faubou-

Parisiens riches étant en voyage


riens et des petites dames —
d'une histoire désagréable, d'un
ou à la campagne, il est inutile
acte déplaisant, d'un événement
de se mettre eu frais pour ceux
qui restent à Paris.
ennuyeux. Un faubourien se
casse le bras : Je la trouve
Troupe d'or, s. f. Excel- mauvaise! dit-il. On enlève son
lente troupe, — dans l'argot des amant à une petite dame : Je la
comédiens. Les meilleurs rédac- trouve mauvaise I dit-elle.
teurs, —
dans l'argot des journa-
Troyen, s. m. Le trois, —
listes.
dans l'argot des joueurs de do-
On dit aussi Troupe d'hiver,
minos.
parce que c'est ordinairemeut
dans cette saison —
la meilleure Truc, s. m. tromperie; ma-
de l'année théâtrale et journalis- lice, — dans l'argot du peuple.
tique —que les directeurs de Avoir du truc. Avoir un carac-
théâtres et de journaux renforcent tère ingénieux.
leur troupe et donnent leurs
Connaître le truc. Connaître le
pièces et leurs articles à succès.
secret d'une chose.
Troussé (Être). Mourir subi- Le truc était, au commence-
tement, ou en peu de jours, sans ment du xYin" siècle, un billard
avoir eu le temps d'être malade. particulier, plus long que les
Argot du peuple. autres, et pour y jouer propre-
TRU TUE 457

ment il fallait en connaître le vaudeville Louis XV, dans —


secret l'argot des gens de lettres et des
gens de théâtre.
Truc, V. f. Ficelle, secret du
"métier, — dans l'argot des sal- Truquer, v. n. Tromper ;
timbanques. ruser, — pans l'argot des vo-
Débiner le truc. Révéler le leurs .

secret d'un tour. Signifie aussi Mendier.


Truc, m. Machine destinée
s. Truqueur, s. m. Homme
à produire un changement à vue, qui passe sa courir de
vie à
— dans l'argot des coulisses. foire en foire, de
village en
Signifie aussi Entente des dé- village, n'ayant cour toute in-
tails et de la mise en scène. dustrie qu'un petit jeu de ha-
sard.
Truche, s. f. Manière de vo-
ler, — dans l'argot des prisons. Truqueur, s. m. Trom-
Trucheur^ s. m. Voleur.
peur homme qui vit de trucs.
;

Trucsin, s. m. Prostibulum,
Tube, s. m. Le gosier, —
— dans l'argot des voleurs.
dans l'argot des faubouriens.
Se rincer le tube. Boire.
Truculent, adj. énorme Se coller quelque chose dans le
farouche, sauvage, —
dans l'ar-
;

tube. Manger.
got des romantiques, cette fois Signifie aussi Voix.
néologistes {M'ucidentiis).
Le mot a étéemployé pour la Tube, s. m. Nez, — dans
première fois par Théophile Gau- l'argot des marbriers de cime-
tière.
tier.
Se flanquer du terreau dans le
Truelle, s. f. Cuiller, — tube. Priser.
dans l'argot des francs -maçons.
Ils disent aussi Pelle
Tubéreuse, s. f. Ventris
Manier la truelle.
.

Manger. flatus malè olens, — dans l'ar-


got des faubouriens.
TruiTard, s. m. Soldat, — Lâcher une tubéreuse. Ventris
dans l'argot des faubouriens. flatum emittere.
Truffe, s. f. Nez d'ivrogne, Tudor, s. m. Chapeau de
— dans l'argot des faubouriens, femme ressemblant au chapeau
qui trouvent que ces nez-là res- andalou, avec une garniture de
semblent beaucoup au tuber ci- plumes de paon tout autour. Il
barium. Ils ont raison. est à la mode au moment où
j'écris : il n'y sera plus peut-être
Truffé, adj. et s. Imbécile,
homme bourré de sottises — quand ce livre paraîtra.

comme un dindon de truffes. Tué (Etre). Être mis hors du


Truffe de saTetier, s. f.
ieu par ses adversaires, au —
billard à trois.
Marron.
Tuer les mouches au vol,
Truffes (Aux) ! C'est le :
n. Avoir l'haleine aussi
V.
Aux ognons! des gandins.
cruelle que Domitien, — dans
Trumeau, s. m. Comédie ou l'argot des faubouriens.
458 TUI TUR

On dit aussi Tuer les mouches du. caractère ou de la qualité.


à quinze pas, et,pour rajeunir Argot du peuple.
un peu cette vieille formule, Faire
mouche à tout coup. Tuilep (Se), v. réfl. S'eni-
vrer succomber sous l'ivresse
;

Tuer le temps. Le passer comme sous une averse de tuiles,


d'une façon quelconque, mais — ou boire à en avoir bientôt le
plus en' se divertissant qu'en visage érubescent, c'est-à-dire
travaillant: carpere diem. couleur de tuile neuve.
On dit volontiers, en manière
de proverbe // vaut mieux tuer Tuileur, s. m. Frère exami-
:

le temps que d'être tué par lui.


nateur, dans— l'argot des
francs-maçons.
Tuer le Ter, v. a. Étouffer
ses remords, —
dans l'argot des Tulipe orageuse, s. f. Va-
voleurs, qui ne commettent pas riété de cancan ou de chahut.
souvent de ces meurtres-là, le Tu me la tûmes ! Tu m'en-
vol étant leur élément naturel. nuies ! —
dans l'argot des
Les Anglais ont la même voyous, qui ont retenu, pour se
expression, ainsi qu'il résulte de l'approprier, ce refrain d'une
ce passage de Much Ado about chanson des rues célèbre il y a
nothing, où Shakespeare appelle quinze ans.
la Conscience le Seigneur Ver
(Don Wo)i7i). Tune, n. de 1. Bicètre, —
l'ancien refuge naturel des sxijets
Tuer le Ter, V. a. Boire du Roi de Thunes. Argot des
un verre de vin blanc en se le- voleurs.
vant, — dans l'argot des ou-
Tune, s. f. Argent, mon-
qui c'est une tradi-
vriers, chez
tion sacrée.
naie, — dans le même argot.
On dit aussi Tuer un colima- Tuneçon, s. m. Prison ;

çon. violon.

Tuile, s. f. Accident, événe- Tuner, v. n. Mendier.


ment désagréable, visite inatten- Tuneur, s. m. Mendiant,
due, qui tombe dans votre exis- vagabond.
tence comme une tuile sur votre
tète. Argot du peuple. Turbin, s. m. Travail be- ;

sogne en général, dans l'argot —


Tuile, s. f. Assiette, — dans des faubouriens et des voleurs.
l'argot des francs-maçons. Aller au turbin. Aller travail-
Ils disent aussi Platine. ler.

Tuile, s. f. Chapeau, — On dit aussi Turbinement et


dans l'argot des voyous, qui Turbinage.
prennent la tète poiu' le toit du
corps humain.
Turbiner, v. n. Travailler.
Les voyous anglais ont le Turbineur, s. m. Travail-
même mot : Tile. leur.

Tuileau, s. m. Casquette. Turc, s. m. Tourangeau, —


dans l'argot des voleurs.
Tuiler, v. n. Mesurer quel-
qu'un ou quelque chose ;
juger Turc, s. m. Homme idéale.
TUR TYR 459

ment fort, — dans l'argot du Turquie, n. de 1. Touraine,

peuple, qui emploie ce mot aussi


— dans l'argot des voleurs.
bien à propos de la robusticité du Tutoyer, v. a. S'emparer
corps que de l'adresse des sans façon, familièrement, d'une
mains. chose. Argot du peuple.
Les Anglais, eux, ont le Tar-
tare, l'homme qui excelle dans
Tu Tas mele payer,
Ag^laé î Expression de l'argot
ime spécialité quelconque, à la
des filles et des faubouriens, qui
boxe ou au billard. He is quite a
Tartar at hilliards, disent-ils en
l'emploient à propos de tout et —
surtout à propos de rien. Quel-
leur argot à propos d'un rival de
qu'un annonce une nouvelle ou
Berger. To catch a Tartar (pren- Tu vas me le
dit un mot drôle :

dre un Tartare), c'est, pour eux,


payer, Aglaé l II pleut ou il
s'attaquer à une personne de
neige : Tu vas me le payer,
force ou de capacité supérieure.
Aglaé... On tombe ou l'on voit
Turcân, n. de 1. Tours. tomber quelqu'un Tu vas me le :

payer. .. Etc.
Tarco, s. m. Tirailleur in-
Tuyau, s. m. Gorge, gosier,
digène dans l'armée d'Afrique,
— aujourd'hui aussi connu et
— dans l'argot des faubouriens.
Se jeter quelque chose dans le
aussi apprécié des bonnes d'en-
tuyau. Manger ou boire.
fants et des lorettes que jadis le
Le tuyau est bouché. Quand
zouave.
on est enrhumé.
Turf, s. m. Champ de Se dit aussi pour Oreille.
course, — dans l'argot des
Tuyau de poêle, s. iTi.
sportsmen. qui semble, en
Chapeau rond,
Par extension, Arène quel- effet, plus destiné à coiffer des
conque. cheminées que des hommes.
Le turf littéraire. La littéra- Ce sont les romantiques, Théo-
ture les journaux.
; phile Gauthier en tète, qui l'ont
ainsi baptisé.
Turfiste, s. m. Habitué des
courses, propriétaire de chevaux Tuyaux, s. m. pi. Les jam-
coureurs, parieur. bes, — dans l'argot des faubou-
riens
Turin, s. m. Pot de terre, — .

Ramoner ses tuyaux. Se laver


dans l'argot des voleurs. les pieds.

Turlupiner, v. a. Agacer, Tuyaux de poêle, s. m. pi.

ennuyer quelqu'im, se moquer Bottes usées par le bout.


de lui, — dans l'argot du peuple. Typo, s. m. Apocope de
Turlurette, s. f. Grisette Typographe, —
dans l'argot des
fille ou femme amie de la joie — compositeurs d'imprimerie.
et des hommes. Tyran, s. m. Roi, — dans
l'argot du peuple, qui ne peut
Turlufaine, s. f. Fantaisie,
s'en passer, quoiqu'il fasse ime
caprice, lubie.
révolution tous les vingt ans
Turne^ s. f. Chambre mal- pour détrôner celui qui règne.
propre, logis de pauvre, — dans Sous le règne du tyran. Sous
l'argot des faubouriens. le règne de Louis-Philippe.
Ultra, s. m. Royaliste, — dégagé sur le boulevard, lor-
dans l'argot (J^s libéraux. Libé- gnant les femmes qui font espa-
ral, —dans l'argot des royalis- lier à la porte des cafés. Trois
tes. Bonapartiste, —
dans' l'ar- urges ! diront celles-ci en l'aper-
got des conservateurs. cevant. Trois urges, c'est-à-dire :

« Ce monsieur n'est pas géné-


Ultramontainj s. m. et
reux, il gante dans les numéros
adj. Catholique plus papiste que
le cape, —dans l'argot des vol- bas. » Si, au contraire, elles
tairiens. Cagot, —
dans l'argot disent Six urges ! ou huit urges l
:

ou dix urges ! oh alors, c'est un


des abonnés du Siècle,
!

banquier mexicain qui passe là,


Un de plus, s. m. Galant elles le savent, il leur en a donné
homme qui a eu le malheur d'é- des preuves la veille ou l' avant-
pouser une femme galante, — veille. L'échelle n'a que dix
dans l'argot pudibond des bour- échelons le premier urge s'em-
:

geois, qui n'osent pas dire Cocu. ploie à propos des pignoufs ; le
Unité salutaire, s. f. dixième urge seulement à pro-
Unité qui, dans classement, à
le pos des grands seigneurs.
r cole polytechnique, sert à
maintenir un rang, au lieu d'a- Usager, s. et adj. Homme
voir un zéro. poli, bien élevé, ayant Viisage du
monde, — dans l'argot du
VJrge, s. m. Mot de l'argot
peuple.
des petites dames, qui s'en ser-
vent entre elles pour coter un Utilité, s. f. Acteur qui
homme devant lui-même sans joue tout ce qui se présente, les
qu'il s'en doute. premiers rôles comme les com-
Ainsi un gandin passe d'un air parses. Argot des coulisses.
Vache, s. f. Fille ou femme
Va-de-la-lance, s. m. Ami
de mauvaises mœurs, dans — de la gaudriole, en paroles et en
action, —
dans l'argot des fau-
l'argot du peuple.
bouriens.
Où dit souvent Prendre la
vache et le veau, pour Épouser Va donc! Expression signi-
une femme enceinte des œuvres fiant : « Va te promener! tu
d'un autre, — uxorem gravidam m'ennuies! »
nubere. On dit aussi Va donc te laver l

ou Va donc te chier!
"Vache, s. f. Homme sans
courage, avachi. Vadrouille, s. f. Drôlesse,
fille ou femme de peu.
Vache à lait, s. f. Dupe
qu'on ne se lasse pas de duper ;
Vague, s. m. Flânerie, Vaga-
père trop faible qui ne se lasse bondage.
pas de payer les dettes de son On dit aussi Coup de vague.
fils ; maîtresse trop dévouée qui
ne se lasse pas de fournir aux Vag'ue (Du) ! Rien ! Néant !

dépenses de son amant. Terme de refus.


Vague, s m. Promenade in-
Vacher, s. m. Homme mal — dans
élevé, — dans l'argot des bour-
téressée,
et de leurs souteneurs.
l'argot des filles

geois.
Envoyer une femme au vague.
Vacherie, s. f. Nonchalance, Lui faire faire le trottoir.
avachissement
Vaguer, v. n. Sortir sans sa-
Vade, s. Foule; rassem-
f. voir avec qui on rentrera; dans —
blement, — dans l'argot des vo- l'argot des petites dames.
leurs. On dit aussi A lier au vague.
Va-de-la-gueule, s. m. Valoir son pesant d'or.
Gourmand, — dans l'argot du Se dit, —
dans l'argot du peuple,
peuple. — de toute bêtise un peu forte,
464 VAS VEG

de tout mensonge un peu vio- dans l'argot des romantiques.


lent.
Vase nocturne, s. m. Vase
Vaisselle de poche,

s. f. étrusque. — dans l'argot des
Argent, monnaie, dans l'argot bourgeois.
des faubouriens.
Va t'asseoir sur le bou-
Valade, s. f. Poche, — dans chon ! Expression ironique qu'on

l'argot des voleurs. emploie, —


dans l'argot des fau-
Sonder les valades. Fouiller bouriens, —
envers les gens que
les poches dans la foule. l'on veut congédier ou dont on
Le patois normand a le même veut se moquer.
mot pour signifier Blouse. On dit aussi Va l'asseoir sur
ma veste et ne casse pas ma jnpe.
Valoir cher (Ne pas). Être
d'un caractère désagréable, — Va-te-laTer, s.
— dans le
m. Soufflet
dans l'argot des faubouriens. aller et retour, même
argot.
Valser, v. n. S'enfuir, ou
seulement s'en aller. VaudeTillière, s. f. Cabo-
Faire valser quelqu'un. Le tine, femme qui se fait engager
mettre brutalement à la porte. sur un théâtre de vaudeville
quelconque, non pour jouer, mais
Valtreuse, Valise, s. f. — pour être vue et appréciée à sa
dans l'argot des voleurs. juste valeur —
comme fille égril-
Vallreusier, s. m. Voleur larde —
par les habitués de l'or-
chestre, fins appréciateurs de l'art
de valises.
dramatique, surtout en cabinet
Vaner. v. n. S'en aller, — part culier.
dans l'argot des voyous. Le mot a été créé par Jules
Noriac.
Vannage, s. m. Piège,
amorce, — dans l'argot des vo- Veau, s. m. Jeune fille qui a

leurs .
des dispositionspour le rôle de
Faire icn vannage. Allécher par fille. Argot des faubouriens.
un petit profit l'homme qu'on se Veau, adj. Paresseux, non-
réserve de dépouiller. chalant, — dans l'argot du
Vantepne, s. f. Lanterne,— peuple.
dans le même argot. Il ne faut pas croire l'expres-
j

Vanterne sans loches. Lanterne sion nouvelle. Gai H socordes et


sourde. stultos vitidi nomine designare
soliti sunt, dit Arnoult de Féron
Vapereau, s. m. Livre fort dans son Histoire de France. Et
épais, —
beaucoup plus fait pour Régnier, dans sa satire à Mot-
servir de tabouret que pour être tin, dit de même
consulté, —
dans l'argot des gens
« Ce inallieur est
:

venu do quelques jeu-


de lettres oubliés par l'auteur du
[nes veaux
Dictionnaire des Contemporains. Qui metlcut à l'encan l'honneur dans les
On dit aussi et même mieux [bordeaux. »
Bottin.
Vécu, adj Arrivé, véridique,
.

Vase étrusque, s. m. « Pot — dans l'argot des gens de let-


qu'en chambre on demande, » — tres.
VEL YEN 465

Roman vécu. Roman qui est pestif des 5 dans la conversation.


l'histoire réelle de quelqu'un. Argot des bourgeois.
Vécu (Avoir) Avoir jo]reuse-
. Vendang'euse d'amour, s.
ment dépensé sa vie à boire, à f. Dr61esse —
bacchante mo-
manger, à aimer, etc., dans — derne —
qu'on rencontre souvent
l'argot des bourgeois. ivre dans les Vignes de Cythère.
créé l'expression il y a
J'ai
Vedette, s. f. Nom imprimé quelques années elle est aujour-
:
en caractères très gros, sur une
affiche de théâtre, dans l'argot — d'hui dans la circulation.

des coulisses. Vendeur de chair hu-


Etre en vedette. Avoir son nom maine, s. m. Agent de rempla-
en tète d'une affiche comme ac- cement militaire, — dans l'argot
teur plus important que les du peuple.
autres.
Vendeur de fumée, s. m.
Veiller au grain, v. n. Homme qui fait de grandes pro-
Surveiller ses domestiques quand messes et qui n'en tient aucune.
on est maître, ses ouvriers quand Se dit aussi de tout Rêveur, de
on est patron, afin qu'il n'y ait tout poète, de tout abstracteur de
pas de détourne m ents et de 'gas- quintessence.
pillage. Argot des bourgeois.
Vendre, v. a. Trahir quel-
Veinard, s. et adj. Homme qu'un .

heureux en affaires ou en amour, Vendre la mèche. Dévoiler un


— dans l'argot des favibouriens. secret, ébruiter une affaire.

Veinarde, adj. et s. Drôlesse Vendre ses gruignes, v. a.


qui a du succès en hommes sé- Loucher, guigner del'œil.
rieux Argot de Breda-Street.
.
Vendre son piano, v. a.
Veine, s. f. Chance heu- Jouer de façon à faire pleurer les
reuse, bonheur imprévu, — dans spectateurs,* —
dans l'argot des
l'argot du peuple. coulisses, où Bouffé (rôle de
Pauvre Jacques) a laissé des
Vêler, V. n. Accoucher. souvenirs et des traditions.
Par
Vélo, s. m. Postillon, — dans réelle,
dans la
extension,
on dit d'une Femme qui
v'e
l'argot des voleurs.
pleure hypocritement Elle vend :

Véloze, s. f. Poste aux che- son piano.


vaux. Vendu, s. m. Remplaçant
^
Velours, s. m. Tapis, — dans militaire, — dans l'argot du "

l'argot des joueurs de cartes. peuple, qui attache à ce mot un


Eclairer le velours. Déposer sens extrêmement méprisant.
son enjeu sur le tapis. Vénérable, m.
s. Premier
Je n'ai pas besoin d'ajouter officierdignitaire d'une loge —
que ce velours est en cuir ou en dans l'argot des francs-maçons.
drap, en n'importe quoi ex- — Vénérable, s. m. Un des
cepté en velours.
nombreux pseudonymes de mes-
Velours, s. m. Liaison dan- sire Luc, —
dans l'argot du
gereuse, abus fréquent et intem- peuple.

30
466 VEN VER

Venette, s. f. Peur. Crejntator et même emittens


Avoir une fière venette. Avoir ventris flaturn
iine grande peur. Ventrouiller, v. n. Ventris
Docteur Venette. Poltron fieffé. flatum emittere.
Venir au rapport. Se dit
Ventru,
— dans l'argot des bourgeois — centre, satisfait,
s. m.

dans l'argot
Député du
de tout ce qui provoque l'éructa-
des journalistes libéraux du règne
tion. de Louis-Philippe.
Vent, s. m. Ventris flatus
Ver coquin, s. m. Caprice,
malè olens.
Moulin à vents. Podex.
fantaisie, hanneton, — dans l'ar-
got du peuple, qui parle comme
écrivait Régnier
"Vent (Du) ! Terme de refus :

de l'argot des faubouriens « . . . . Mon vice est d'être libre,


On dit aussi Du vent ! De la D'estiracr peu de gens, suivre mon tw
[coquin,
mousse t
Et mettre au même taux le noble et le
Vent dessus, Tcnt deilans ifaqnin, »

(Etre). Etre en état d'ivresse,


— vieuxIMathurin.
a dit le
dans l'argot des marins.
Véreux, se, adj. Homme
Vcnterne, s. f Fenêtre par
.

où passe le vent, —
dans l'argot
d'une probité douteuse ; chose
d'une honnêteté problématique.
des voleurs.
Doubles venternes. Lunettes. Vergne, s. f. Ville, — dans
l'argot des voleurs.
Venternîer, s. m. Voleur Deux plombes crossent à la
qui s'introduit dans les maisons vergne. Deux heures sonnent à la
par la fenêtre au lieu d'y entrer ville.
par la porte
Vermichcls, s. m. pi. Les
Ven«pe bénît, s. m. Be- veines du corps, — dans le même
deau, diantre, sacristain, —dans argot.
l'argot du peuple, qui suppose à
nour- Vermillon, s. m. Anglais,
tort que les gens d'église se
rissent exclusivement de pain dans même argot.
le

bénit. Vermine, s. f. Avocat, —


Ventre de ma mère (C'est dans le même argot.
le).Expression du môme argot Vermine, s. f. La populace,
signifiant: Je ne retournerai plus — dans l'argot des bourgeois.
dans cet endroit, je ne me mêlerai —
plus de cette affaire
Vermois, s. m. Sang,
dans l'argot des voleurs.
ventre d'osier, s. m.
Ivrogne.
Vermoise, adj. De couleur
rouge.
Ventrée, s. f. Réfection co-
Vérole, s, f. Syphilis, —
pieuse. dans l'argot du peuple, qui parle
Se foutre une ventrée. Se don- comme écrivait Marot :

ner une indigestion.


« Il mourut l'an cinq cens et vingt
Ventriloque, s. et adj. De la verolle qui lui vint.
VER VES 46T

Ondit aussi Grosse vérole, pour dans l'argot des paysans des en-
la distinguer de l'autre la — virons de Paris, qui trouvent une
Petite vérole, ressemblance entre ce filet à cer-
ceaux et cette jupe à cage.
Véroleuse, s. f. Fille ou
femme de mauvaise vie, qui s'ex- Vespasiennes, s. f. pi. Wa-
pose à donner ce qu'elle est ex- ter closets montés sur essieux,
posée à recevoir. qui circulaient dans Paris vers
les premières années du règne
Verre de montre^ s. m. Le
de Louis-Philippe. Ce nom leur
derrière de l'homme, dans — avait été donné en souvenir de
l'argot des faubouriens.
l'empereur romain qui spéculait
Casser le verre de sa montre.
sur toutes les gadoues de son
Tomber sur le derrière. empire.
Ver rongreur, s. m. Voiture Encore une chose que M. Louis
de remise ou de place à l'heure, Festeau n'a pas failli à chanter :

— dans l'argot des petites dames. (I La Vespasienne


Parisienne
Verseur, s. m. Garçon
A l'observateur arrêti
chargé de verser le café aux con- Offre asile et commodité . »
sommateurs.
Vessard, s. m. Poltron,
Versiffo, n. de
— dans l'argot
1. Versailles,
des voleurs.
homme sans énergie, — dans
l'argot des faubouriens.
Versionnaîre, s. m. Huma- Vesse, s. f. Peur.
niste qui, pour vivre, compose en Avoir la vesse. Avoir peur.
version latine pour les candidats
bacheliers dont la bourse est Vesser du bec, v. n. Avoir
mieux garnie que la cervelle. l'haleine « pire que 'cade », —
On dit aussi Passeur. dans l'argot des faubouriens, plus
cj-niques que V Aventurier Buscon.
Vert, s. m. Froid, — dans C'est plus grave, c'est-à-dire plus
l'argot des voleurs. désagréable qu3 le levé j^editum
// fait vert. Il fait froid. reproché par Catulle à Libon
dans une de ses épigrammes In
Verte, s. f. Verre d'absinthe,
— dans l'argot des absintheurs.
Cœsaris cinœdos
Heure où la verte règne dans Vessie, s. f. Fille ou femm«
la nature. Cinq heures du soir. de mauvaises mœurs.
Vertîgo, s. m. Lubie, ca- Vestale, s. f. Desservante du
price, —
dans l'argot du peuple, Dieu des Jardins.
à qui les gens fantasques sem- On disait autrefois Vestale de
blent justement atteints de ver- marais.
tige.
Veste, Échec honteux,
s. f.
Vertu, s. f. Femme ver- Waterloo de ou
la vie bourgeoise
tueuse, — ou affichant un grand littéraire auquel on ne s'attentlait
rigorisme de conduite. pas, — dans l'argot des gens de
VerTer, v. n. Pleurer, — lettres et des
M. Joachim Duflot
comédiens.
fait dater
dans l'argot des voleurs.
cette expression de la pièce des
VerTcux, s. m. Crinoline, — Etoiles, jouée au Vaudeville,
468 VEU VIG

dans laquelle l'acteur Lagrange, du peuple, qui emploie ce mot


en berger, faisait asseoir made- depuis des siècles, comme le
moiselle Cico sur sa veste pour prouvent ces vers de Gauthier de
préserver cette aimable nymphe Coinsi :
de la rosée du soir, ce qui faisait « Mais tant iert plains de vaine gloire
rire le public et forçait le berger Tout iers fiers, cointes et vcules,
à reprendre sa veste. Mais il y a Qu'il sembloit bien qu'en ses esleules
une autre origine c'est la Pro- : Eust (rové tout le pais. »
mise, opéra-comique de Clapis- une antiphrase,
C'est sans doute
son, dans lequel Meillet chan-
de volo, vouloir, avoir volonté :

tait, au iT acte, un air (l'air de


volo, volvis, volui.
la veste) peu goûté du public ;

d'où cette expression attribuée Veuve (La). La guillotine,—


à Gil-Pérez le soir de la pre- dans l'argot des voleurs, qui se
mière représentation Meillet a : marient quelquefois avec elle
remporté sa veste. sans le vouloir.
Ramasser ou remporter une Epouser la veuve. Etre guillo-
veste. Echouer dans une entre-
prise, petite ou grande. Se — tiné.

faire siffler en chantant faux ou Veuve Poignet (La) . L'o-


en jouant mal. Ecrire un — nanisme, — dans l'argot du
mauvais article ou un livre ri- peuple.
Epouser la veuve Poignet. Se
dicule.
On dit Remporter son
aussi livrer à l'onanisme.
armoire, depuis le 13 septembre Vézouiller, v. n. Puer, —
1865, jour de la première repré-
dans l'argot des faubouriens.
sentation à la salle Herz des pré-
Vézouiller du bec. Avoir une
tendus phénomènes spirites des
haleine à la Paixhans.
frères Davenport.
Viande, s. f. La chair, —
Vestiges, s. m. pi. Légumes,
— dans dans l'argot du peuple.
l'argot des voleurs.
Montrer sa viande. Se décolle-
VésuTienne, s. f. Femme ga- ter excessivement, comme font les
lante. demoiselles du demi-monde dans
L'expression date de 1848, et la rue et les dames du grand
elle n'a pas survécu à la Répu- monde aux Italiens.
blique, qui l'avait vue naître. Les Ce n'est pas d'aujourd'hui que
vésuviennes ont défilé devant le l'on emploie cette expression
Gouvernement Provisoire; mais froissante pour l'orgueil humain.
elles n'auraient pas défilé devant Tabourot, parlant du choix d'une
l'Histoire si un chansonnier de maîtresse, disait, il y a trois cents
l'époque, Albert Montémont, ne ans :

les eut chantées sur son petit tur-


« Une claire brune face
lututu gaillard :

Qui ne soil maigre ny grasse-,


< Je suis Vésu\ienne, Et d'un gaillard embonpoint,
A moi le pompon !
Ne put ny ne picqne point :

Que chacun me vienne Voilà la douce viande


Friper le jupon? » Qu'en mes amours je demanJe.»

Vice, S. m. Imagination in-


Veule, Mou, ;

paresseux, lâche,
adj. des 2

g.
dans l'argot géniosité; astuce, — dans l'argot
VIE VIE 469

du peuple, cpii sait que l'intelli- Vieille, s. f. Eau-de-vie qui


gence est un don .souvent fatal. devrait avoir cent sept ans e^
Avoir du vice. Etre très malin, qui n'a que quelques mois.
— c'est-à-dire sceptiçjue en
Vieille (Ma), s. f. Expression
amour, en amitié, en politique et
de tendresse banale employée
en morale.
On dit aussi Avoir du vice :
entre hommes, —
je me trompe,
entre cabotins.
dans la toupie.

Vicelot, m. Vieille culotte de peau,


faut peu grave.
s. Petit vice, dé-
s. f. Général en retraite, — dans
l'argot des troupiers.
Victoire, s. f. Chemise, —
dans l'argot des chiffonniers, qui Vieille médaille, s. f.

ont voulu consacrer ainsi le sou- femme, usée par le frotte-


Vieille
venir d'une marchande du fau- ment de la vie. Argot des fau-
bourg chez laquelle ils se four- bouriens.
nissaient. Vierge de comptoir, s. f.

Victoria, Voiture dé-


s. f.
Demoiselle de cabouîot, — dans
couverte à quatre l'oues, dans — l'argot ironique du peuple, qui
l'argot des cochers. ne se doute pas qu'il a emprunté
C'est une façon de milord. ce mot à John Bull Bar-maids,:

disent les Anglais à propos des


Vidangée, s. f. Accouche- mêmes Hébés.
ment, — dans l'argot des voleurs.
Largue en vidange. Femme en Vieux, s. m. Amant en che-
couches. veux blancs ou gris, et même
Vider (Se), v. réfl. Mourir,
sans cheveux, —
dans l'argot
des petites dames.
— dans l'argot des faubouriens.
Avoir S071 vieux. Etre entre-
Vider un homme, v. a. tenue.
Le ruiner, — dans l'argot des
Vieux (Se faire). S'ennuyer,
petites dames. attendre plus qu'il ne faudrait;
Vider le plancher, v. a. resterlongtemps quelque part.
S'en aller de quelque part, — Argot du peuple.
dans l'argot du peuple. Vieux comme les rues,
Vie (Faire la). S'amuser plus adj. Extrêmement vieux.
que la morale et la santé ne le On dit aussi Vieux comme Ma-
permettent; se débaucher, les thieu-salé, —
par corruption de
femmes avec les hommes, les Mathusalem, xm patriarche.
hommes avec les femmes. Vieux jeu, s. m. Méthode
Vie de chien, s. f. Conduite classique, procédé d'autrefois
déréglée, crapuleuse. pour faire des chansons, des vau-
Faire ou Mener une vie de devilles, des romans. Argot des
chien. Vivre dans le désordre et gens de lettres.
le vagabondage. Les Anglais ont Vieux meuble, s. m. Vieil-
la même expression,dans le même
lard, personne impotente, bonne
sens : ta lead a dog's life. On dit
à mettre au rencart de la vie.
aussi Faire une vie de polichi-
nelle. Vieux style, s. m. Se dit de
470 VIN VIS

toute chose démodée, de tout pro- Jouer du vingt-deux, Donner


cédé tombé en désuétude, de des coups de poignard.
toute idée arriérée, etc.
Vioc, s. m. Vieux, — dans
Vieux tison, s. m. Galantin, le même argot.
vieillard amoureux.
Viocque, Vie débauchée,
Villoisi, s. m.
Village, — — dans le
s,
même
f.

argot.
dans l'argot des voleurs.
Violon, s. m. Partie d'un
Vinaigre (Du) Exclamation !
corps de garde réservée aux gens
de l'argot des enfants, garçons et arrêtés pendant la nuit et desti-
petites flUes, lorsqu'ils sautent à nés à être, soit relâchés le lende-
la corde, afin d'en accélérer le main, soit conduits à la Préfec-
mouvement. ture de police.
Grand vinaigre ! Le superlatif L'expression a un siècle de
de la vitesse. bouteille
Vinaig^re des quarante Sentir le violon. Être sans ar-
voleurs, s. m. Acide acétique gent. Argot des voleurs.
cristallisé, — dans l'argot des
Virgule, s. f. Barbiche, —
bourgeois.
dans l'argot du peuple.
Historiquement, ce devrait être
Signifie aussi Cicatrice.
Vinaigre des quatre voleurs.
Vin chrétien, s. m. Vin Virgule, s. f. Trace que les
coupé de beaucoup trop d'eau, faubouriens se plaisent à laisser
— dans l'argot du peuple, assez de leur passage dans certains
lieux
païen pour vouloir boire du vin
pur. Visage cousu, s. m. Homme
Vin d'une oreille, s. m. très maigre. — dans l'argot du
Bon vin. peuple.
Vin de deux oreilles. Mauvais Visage de bois, s. m. Porte
vin. fermée.
Vingt - cinq - franco - jou- Visage de bois flotté, s.
rien, s. m. Représentant du m. Mauvaise mine, figure pâle,
peuple, —parce que payé vingt- allongée.
cinq francs par jour. L'expression a des ancêtres :

Le mot date de 1848 et de


Théophile Gautier. « Je ne suis pas un casse-mottes,
Un visage do bois flotté :

Vingt-cinq francs par Je suis un Dieu bien fagolté, »


tête (A), adv. Extrêmement,
remarquablement, —
dans l'argot a dit d'Assoucy.
des faubouriens.
Rigoler à vingt-cinq francs Visage de cuir bouilli, s.

par tête. S'amuser beaucoup. m. Figure grotesque.


S'emmerder à vingt -cinq francs Visage sans nez, s. m.
par tète. S'ennuyer considérable- Messire Luc.
ment.
On dit aussi tout simplement
Vingt-deux, s. m. Poignard, Visage, ainsi que le constatent
— dans l'argot des voleurs. ces vers de Voiture à une dame :
VIT VOI 471

Ce visage gracieux de cuir verni que ces soldats


Qui peut faire pâlir le nôtre, portaient sur leur dos à la façon
Contre moi n'ayant point d'appas, des vitriers leur sellette. *Ce
Vous m'en avez fait voir un autre
qui ajoutait encore à la ressem-
Duquel je ne me gardois pas. »
blance et justifiait le surnom,
Viscope, s. f. Visière, — c'étaient le manteau roulé et le
dans l'argot des voyous. piquet de tente qui formaient la
base du sac des chasseurs, comme
Visiteur, s. m. Frère qui le mastic et la règle plate la base
se présente à une loge qui n'est
de la sellette des vitriers.
pas la sienne, —
dans l'argot
des francs-maçons. Vitrine, s. f. Lorgnon, lu-
Vitelotte, s. f. Le nez, — nettes, — dans même argot.
le

du moins le nez de certains bu- %'iTre d'amour et d'eau


veurs, qui en effet la
affecte fraîche, v. n. Se dit ironique-
forme de cette variété de pomme ment —
dans l'argot de Breda-
de terre. Argot du peuple. Street — de l'amour pur, désin-

Vitres, s. m. pi. Yeux, — téressé, sincère, celui

dans l'argot des faubouriens, « Qu'on ne voit que dans les romans
Et dans les nids de tourleiellcs... t>
qui ne savent pas se rencontrer
si juste avec les gueux anglais, ViYre de l'air du temps.
lesquels disent aussi Glaziers. N'avoir pas de quoi vivre. Argot
Carreaux de vitres. Lunettes. du peuple.
Vitriers,
seurs de Vincennes,
s. m. pi.

Les chas-
dan a l'ar-
Voile, s. m. Nappe, — dans
l'argot des francs-maçons.
got du peuple, qui a emprunté
Ils disent aussi Grand dra-
cette expression aux zouaves,
peau.
heureux de rendre à leurs rivaux
la monnaie de leurs chacals. Voir, V. a. Permolere uxorem
On croit généralement que quamlibet aliain, dans l'argot —
cette appellation ironique date des bourgeois.
de 1851, époque à laquelle les
chasseurs de Vincennes dégar-
Voir, V. n. Se dit de l'Indis-

nirent à coups de fusil une no- position mensuelle des femmes,


table quantité de fenêtres pari-
— dans l'argot des bourgeoises.
siennes. On croit aussi qu'à cette Voir (Se). Concuhare.
occasion leur fut appliqué le
couplet suivant, encadré dans Voir à la chandelle. Se
ime de leurs sonneries de clai- dit d'une chose que l'on croit ou
que l'on dit bonne, mais qu'on
ron:
n'ose pas déclarer telle trop
a Encore un carreau d' cassé ! haut de peur de se tromper.
V'Ià r vitrier qui passs. Cette expression de l'argot
Encore un carreau d' cassé !
du peuple, M. J. Duflot la fait
V là r vitrier passé ! »
venir de l'argot des comédiens.
On se trompe généralement. « Avant règne du gaz, dit-il,
le
L'expression date de 1840, épo- avant même
que l'huile à quiii-
que de la formation des chas- quet fût en usage, la rampe du
seurs de Vincennes au camp de tnéàtre était éclairée par une
Saint-Omer, et elle venait du sac rangée de chandelles. Quand on
472 VOI VOL

répétait une pièce, les comédiens delles, V. a. Avoir un éblouis-


de ce temps-là n'osaient pas affir- sement occasionné par un coup
mer que c'était un chef-d'œuvre sur la tète ou par une émotion
qu'ils allaient jouer aussi ; subite. Argot du peuple.
créèrent-ils cette phrase qu'ils Faire voir trente-six chandelles.
nous ont transmise Il faudra : Appliquer un vigoureux coup de
voir cela à la chandelle. » poing en plein visage.
Voirie, s. f. Fille ou femme Voir Tenir quelqu'un
de mauvaise vie, — dans l'argot avec ses g^ros Se sabots.
des faubouriens. dit —
dans le même argot —
de quelqu'un qui est deviné avant
Voir la farce (En). Satis- d'avoir parlé ou agi, par son
faire sa curiosité ou son caprice. inhabileté ou sa gaucherie.
Argot du peuple.
Voite, s. f. Apocope de
Voir la feuille à l'en- Voiture, — dans l'argot des
ers, v. a. Le couplet suivant, voyous.
tiréd'une très vieille chanson re-
produite par Restif de la Bre- Voiture à talons (La).
tonne dans sa LXXII-CLXXVII» Les jambes, avec lesquelles on se
Contemporaine, expliquera cette passe de voiture. Argot du peu-
expression mieux que je ne le ple.
pourrais faire : Voix d'en bas, s. f. Le pe-
Sitôt, par un doux baJinage. ditum de Catulle, ou plutôt son
Il la jeta sur le gazon. levé peditum, —
dans l'argot fa-
— Ne fais pas, dit-il, la sauvage, cétieux des faubouriens, qui
Jouis de la belle saison.
ignorent que M. Savinien La-
Pour toi, le tendre amour m'engage
pointe a publié sous ce titre un
Et pour toi je porte ses fers;
Ne faut-il pas, dans le jeune âge,
recueil de poésies fort esti-
Voir un peu la feuille à l'envers ? » mables.
Volaille, s. f. Femme ou
chante le berger Colinet à la
bergère Lisette, chapitre des
fille débauchée, — dans l'argot
Jolies Crieuses.
du peuple, qui sait que la plu-
part des drôlesses sont bêtes
. Voir que du feu (N'y). comme des oies.
Être trompé par un beau par-
Volaille, s. f. Homme sans
leur être ébloui par des pro-
;
consistance ; aimable sceptique
messes brillantes.
qui ne croit qu'à lui. Argot des
Voir le coup de temps. gens de lettres.
Deviner à temps les intentions
Volailler, v. n. Argot des
malveillantes de quelqu'un, de
gens de lettres.
façon à être prêt a la riposte,
soit qu'il s'agisse d'un coup de Volailler, v. n. Courir les
poing ou d'une question embar- gueuses.
rassante.
Volailler, v. n. N'avoir pas
VoirISophie, v. a. Avoir de stabilité dans ses affections, se
ses menses, —
dans l'argot des faire l'ami du premier venu.
ouvrières.
Vole-au-Tent, s. f. Plume,
Voir trente-six chan- — dans l'argot des voleurs.
VOY VOY 473

Volé (Etre). Mystifié, trom- Se connaître sur le voyage.


pé, déçu, — dans l'argot du Pendant la tournée départe-
peuple.' mentale.
Volée, s. f. Coups donnés ou Voyageur, s. m. Insecte
reçus. parasite, — dans l'argot des fau-
t'est le Banging des ouvriers Êouriens.
anglais.
Voyageur, s. m. Amateur,

Voltigeante, s.
dans l'argot des voyous.
f. La boue, — dans l'argot des saltimban-
ques, qui donnent ce nom à ce-
Voltig^eur de la Charte* lui des spectateurs qui consent à

s. m. Homme qui croit encore leur servir de compère dans un


à la Charte-Vérité comme les tour de force ou d'adresse.
Juifs croient au Messie. Argot
Voyages, s. m. pi. Épreuves
des journalistes.
de réception, — dans l'argot des
Voltig^eur de Ijouis XIV, francs-maçons.
s. m. Émigré, retour de Oand Voyou, s. m. Gamin de
ou de Coblentz. Paris, enfant perdu de la voie
Se dit depuis 1815. publique ; produit incestueux
Voltig^eur de 89, s. m. de la boue et du caillou fumier ;

Prudhomme politique qui a tou- sur lequel pousse l'héroïsme ;


jours à la bouche les « immor- hôpital ambulant de toutes les
tels principes » de la première maladies morales de l'humanité ;
Révolution. laid comme Quasimodo, cruel
comme Domitien, spirituel comme
Voué au blanc Se(Être).
Voltaire, cynique comme Dio-
dit — dans l'argot des faubou-
gène, brave comme Jean Bart,
riens — d'im apprenti gui n'ai-
athée comme Lalande, — un
me pas à travailler et qui préfère monstre, en un mot.
polissonner avec les voyous et les
filles du faubourg.
Type vieux comme — les
rues. Mads le mot est moderne,
Vousaille, pron. pers. Vous, quoiqu'on ait voulu le faire re-
— dans l'argot des voleurs. monter jusqu'à Saint - Simon,
qui traite de voyous les petits
Vous- n'avez -rien» s. m. bourgeois de son temps.
Employé de l'octroi, dans —
l'argot des faubouriens, par al- Voyoucrate, s, m. Démo-
lusion à sa phrase habituelle: crate qui exagère la Démocratie,
« Vous n'avez rien à déclarer ? » et dont l'Idéal, au lieu de plonger
dans l'éther de l'abbé de Saint-
Voûte azurée, s. f. Le
Pierre, barbote dans la fange du
ciel, — dans l'argot des acadé-
sans-culottisme.
miciens, qui ont des lunettes
bleues. Voyoucratie, s. f. Gouverne-
ment de la blouse sale tjTannie ;

Voûted'acier, s. f. Partie du ruisseau démocratie qui fe-


;

du cérémonial maçonnique. rait regretter aux républicains


Voyage (Le). Le tour de sincères despotisme de nos
« le
France, —
dans l'argot des sal- rois » —qui du moins était un
timbanques. despotisme aimable.
474 VOY VRI

Voyoufe, s. f. Petite drôlesse ques années: il est maintenant


qui s'accouple avec le voyou avant dans la circulation.
l'âge de Ja nubilité, ~ afin de
Voyoutisine,
n'en pas laisser perdre la graine. s. m. État cra-
Fleur fanée qui ne se nouera
puleux, abject, — la satire
jamais en fruit, — fille qui ne
boueuse de l'humanité.
sera jamais que fille. Vrille, s. m. Lesbienne, —
J'ai créé le mot il y a quel- dans l'argot des souteneurs.
"Wagon, s. m. Verre de vin IvVaterloo, s. m. Echec subi;
d'une contenance plus grande défaite éprouvée, en amour, en
que ÏO)nniOui: art, en littérature, —
par allu-
sion à la néfaste journée du
IVag^on, s. m. Femme de
mauvaise vie, — de troisième
18 juin 1815.
classe. Watriponner, v. n. Écrire
Il y a aussi des wagons de dans les petits journaux ; en
première, réservés aux gandins fonder.
riches.
Expression créée par Firmin
lïVater-closet, s, m. En- Maillard Hist. anecdot. de la
droit où, moyennant 15 centimes, Presse, p. 130), et qui est ime
tout le monàe a le droit d'aller allusion à la fécondité journalis-
— mais à pied, comme le roi. tique de feu Antonio Watripon.
X, s. m. Poljiechnicien, — Tête à X. Tète organisée pour
dans l'argot des collégiens. le calcul; cerveau à qui le
Fort en X. Elève qui a des Thêta X est familier.
dispositions poiir lee mathéma- X, s. m. Secret, — dans l'ar-
tiques. got des gens de lettres.
Yankee, adj. et s. Améri- des). Rouges, avec des cils
cain vu par ses mauvais côtés. blancs.
Dans la bouclie d'un Anglais
c'est un terme de mépris.
Yeux sur le plat, s. m. pi.
Se des yeux blancs que font
dit
Y avoir passé. Se dit — certaines femmes grimacières, et
dans l'argot du peuple — d'une 3ui ressemblent assez, en effet, à
jeune fille qui n'est plus digne eux œufs dont on ne verrait que
de porter à son corsage le bou- l'albumine.
quet de fleurs d'oranger emblé- Youtre, s. m. Israélite, —
matique. dans l'argot des faubouriens, qui
prononcent presque bien, sans
Yeux au beurre noir, s.
s'en douter, le mot allemand lude.
m. pi. Yeux
pochés par suite
d'une chute ou d'une rixe, — Jardin des youtres. Cimetière
—par antiphrase sans
juif,
dans l'argot des faubouriens.
doute, car il y a plus de pierres
Yeux de lapin blanc (Avoir que de verdure.
Ze-ze, s. des 2 g. Hùiame ou ancal, — dans l"a;-o')'. l)i v-
femme qui blèse, qui parle Ze-ze. leurs.
Argot du peuple.
Zinc, s. m. Maladie véné-
Zéphir, s. m. Soldat indis- rienne, — dans l'argot des fau-
cipliné ou J)on pour les compa- bouriens.
discipline. Argot des
gnies de
troupiers.
Zinc, s. m. Chic, — dans le
même argot,
Zéro, s. m. Homme sans va- Avoir du zinc. Avoir une bril-
leur, sans énergie, sans consis- lante désinvolture.
tance, sans rien. Argot du
peuple. Zinc, s. m. Voix métallique
On dit aussi Zéro en chiffre. et solide, — dans l'argot des
coulisses.
Zif, s. m. « Marchandise sup- Avoir du zinc. Avoir une voix
posée dont certains industriels sonore.
font intervenir le nom dans leurs
opérations. »
Ou dit aussi Éty^e zingué.

Zig ou Ziçue, s. m. Ami,


Zingo, s. m. Bon Zigue, —
— dans l'argot des marchands de
camarade de bouteille, dans
vin.
l'argot des faubouriens, qui font
allusion aux zigzags du lundi Zoïle, s. m. Écrivain envieux,
soir. et môme un peu calomniateur,—
Bonzigue. Homme joyeux, — dans l'argot des académiciens et
mauvais mari peut-être, mauvais des apprentis écrivains, qui éter-
fils ou mauvais père, mais bon nisent ainsi, sans s'assurer si
ami de cabaret et de débauche. elle est méritée, la mauvaise ré-
C'est un zigue. Phrase consa- putation dont jouit, depuis deux
crée par laquelle un ouvrier ré- mille ans, le contempteur de
pond d'im autre ouvrier comme Y Odyssée et de Y Iliade.
de lui-même.
ZouaTe, s. m. Pardessus de
Zig-Zag, s. m. Boiteux, femme, à capuchon, taillé sur le

31
483 ZUT ZUT

patron du manteau des zouaves. Depuis l'année dernière on dit :

On dit aussi Une Permission Ah! zut alors si ta sœw est ma-
lade l C'est pins long, mais c'est
de dix heures.
plus canaille ~ et, à cause de
Zouzou, s. m. Zouave dans cela, préférable.
l'argot des faubouriens.
Zut au ber... ger! Excla-
Zut î Exclamation qui est mation de l'argot des gamins,
par laquelle se défient à
une formule de refus ou de ils
courir, à jouer, etc.
congé.
SUPPLEMENT (1)

Alinéaliste, s. m. Ecrivain celle-ci Public leclger


: (registre
qui a l'amour exagéré de l'alinéa, public), disent-ils.
comme Emile de Girardin et
Timothée Trimm. Angolais, s. m. Nom que les
Mot créé récemment par Gus- commis de nouveautés donnent à
tave Bourdin. des paquets irréprochables, bien
carrés, bien réguliers, bien serrés,
Aller à Buug^ival. Faire un
auxquels on ne touche jamais —
article sans intérêt aucun pour le
parce qu'il n'y a rien dedans que
public, faute de savoir quel ar-
de la paille où du foin.
ticle faire. Argot des gens de
lettres.
Aplatissenr de pièces de
Aller chez le dentiste. six liards, s. m. Homme trop
Aller « où le roi va à pied », — vétilleux, trop amoureux des
dans l'argot des ouvriers. riens. Argot des faubouriens.

Almanach des ving^t-cinq Aristarque, s. m. Critique


mille adresses, s. m. Fille ou d'art ou de littérature, — dans
femme de mœurs trop légères et l'argot des académiciens et des
dont le cœur, avait de la
s'il bourgeois, qui sont ainsi par-
mémoire, aurait à retenir plus de venus à ridiculiser à jamais le
noms —mêlés —
que n'en con- nom de l'estimable grammairien
tient la fameuse liste de Don de Samothrace.
Juan. Argot des faubouriens.
Les voyous anglais ont une ex- Armoire à poils, s. f. Le
pression qui se rapproche de sac, — dans l'argot des troupiers,

(1) Il entendu que ce supplément ne contient pas tous les mots


est bien
omis dans Dictionnaire de la Langue verte, mais bien seulement quel-
le
ques-uns, ceux que je me suis rappelés ou que l'on a eu l'obligeance de m"en-
voyer pendant l'impression. Pour qu'une telle œuvre fiit complet*», il faudr. i
encore quatre ou cinq volumes de l'épaisseur de celui-ci. Aussi mon éditeur
et moi serons-nous reconnaissants aux collectionneurs de curiosités philolc-
giques de nous signaler les omissions importantes dont nous nous serors
rendus involontairement coupables.
BEL BOU

qui y serrent tous leurs effets avec Bicher, v. n. Prendre,


une foule d'autres choses. ynordre, —
dans l'argot des pé-
cheurs à la ligne.
Asseoir sur le bouchon Ne s'emploie ordinairement que
(S'). Par terre, — dans l'argot des dans cette phrase « Cela biche- :

faubouriens t-il 9 » pour « Le poisson est-il


:

Attig^er, v. a. Prendre, pîn- abondant ? »

cer, —dans l'argot des typo- Bismark, s. m. Bon vin de


graphes .
la récolte de cette année, — dans
Etre attigê. Etre malade (être l'argot des vignerons du Maçon-
pris par la maladie; être ruiné. ;
nais et des cabaretiers de Paris.
(V. Atigev.)
Bismarker, v. n. Marquer
Avaler ses bagfuettes. deux fois, agir avec duplicité, —
Mourir, — dans l'argot des tam- dans largot des joueurs.
bours. Le mot est de ce matin (mai
Avoir fumé une pipe 1866) :c'est une allusion dont

neuve. Etre gris, — dans l'argot M. de Bismarck fait les frais.


des faubouriens. Bistours, s. m. pi. Ecarts

Avoir pas sa lang^uedans faits par la bille ou par le palet,


sa poche (N'). Avoir la re- aux jeux du triangle ou de la
partieprompte et l'esprit éveillé. marelle. Argot des gamins.
Argot du peuple. Ne s'emploie guère que dans
cette phrase Pas de bistours!
;

Avoir un coup de mar- c'est-à-dire les écarts ne sont pas


teau. Etre un peu fou, un peu permis, le coup ne comptera pas.
maniaque. Vient du vieux verbe Bis-
tourner.
Avoir un rat dans la
trompe. Etre agacé, ennuyé, Blésiuarder, v. n. Flâner,
exaspéré. gouaper, —
dans l'argot des cou-
lisses, où la tradition fait venir
Avoir une trichine dans cette expression d'un rôle de
le jambonneau. Etre un peu Grasset (Blésinard) dans la
fou, un peu maniaque. Vénus à la fraise.
L'expression est toute récente,
et, sous sa forme plaisante, elle Bobottier, adj. et s. Qui
constate la peur sérieuse dont se plaint à propos de rien, qui
nous avons été galopes au com- prend un bobo pour un mal
mencement de cette année à grave. Argot du peuple.
propos des vers microscopiques Boulevard du crime, s.
dont est, paraît-il, infectée la m. Le boulevard du Temple.
chair du compagnon de saint
Dénomination fausse désor-
Antoine. mais, les théâtres de drames qui
Barnum, s. m. Montreur de la justifiaient étant aujourd'hui
curiosités humaines, de singes démolis avec le boulevard qu'ils
savants et de Malibrans noires. ont animé pendant un siècle.

Belct, s. m. Cheval destiné à Boulevardier, s. m. Ga-


être abattu, — dans l'argot des zettier, nouvelliste, qui hante
maquignons. plus les cafés des boulevards
CHA GOM 485

que les salons du faubourg Saint- quel cas il a gagné. Argot des
Germain. joueurs
joueurs de whist.
Mot créé récemment par Louis
Veuillot {Odeurs de Pa>-is).
. Chasser les mouches.
Etre à l'agonie, —
dans l'argot
Boulerardière, s. f. Drô- des infirmii-rs, qui ont remarqué
lesse qui fait espalier le soir à la les gestes Incessants par lesquels
porte des cafés du boulevard. les moribonds semblent vouloir
éloigner d'eux des insectes invi-
Branlante, s. f. Montre,
— dans l'argot des faiibouriens.
sibles et peut-être voltigeant en
effet autour d'eiLx, leur proie
a Mon coulant, ma branlante,
tout à l'heure.
Tout est au barniquet »!
Chercher des poux à la
dit la chanson connue de Vadé. tête de quelqu'un. Lui cher-
cher noise sous des prétextes fu-
Brèchetelles, s. f. pi. à propos de rien.
tiles et le battre
Gaufres allemandes (bretzel) Argot du peuple.
acclimatées depuis longtemps à On dit aussi tout simplement
Paris, dans les brasseries. C'est Chercher des poux. C'est l'équi-
ime pâtisserie cassante, salée, valent de Chercher une querelle
qu'on mange en buvant de la d'Allemand.
bière.
Chic-et-contre î Exclama-
Brisac, s. m. Enfant sans tion de l'argot des saltimban-
soin, qui souille ses vêtements, ques, signifiant : « Fais sem-
qui arrache tous ses boutons, blant ! » et qu'ils s'adressent
qui casse tous ses cordons de rapidement entre eux au nez
souliers. Argot du peuple. même du public qu'ils veulent
duper.
Brutifier, v. a. Abrutir par
des reproches. Chie-debout, s. m. Chas-
Se brutifier. S'abrutir. seur de Vincennes, — dans l'ar-
got du peuple.
Bruyances^ s. f. pi. Bruit On sait que pantalons de
les
de réclames. ces soldats sont —
ou étaient au
Ch. Monselet a inventé ce début — ouverts par derrière.
mot [Monde illustré du 3 mars
1866). Ciboule, s. f. Tète, — dans
l'argot des faubouriens.
Casser du sucre. Dénon-
cer un complice, — dans l'argot Cliquettes, s. f. pi. Les
des voleurs. yeux, — dans l'argot des bou-
chers.
Casser son crachoir .

Mourir, — dans l'argot des fau- Colombin, s. m. Stercus


bouriens. humain, — dans l'argot des ca-
botins et des musiciens de
Casser son œuf. Faire une
fausse couche, — dans l'argot du
théâtre.

peuple. Cornac, ou Comaco. Com-


Chanter^ v. n. Parler sur le
me ça, — dans l'argot des bou-
chers.
point de huit, demander à son
partner s'il a les honneurs, au- Compter des payses. Dor-
GRE DIG

mir, —
dans l'argot des musi- Croumier, s. m. Agent
ciens de théâtre. marron, courtier qui a
d'affaires
autant à démêler avec la justice
Confiture, s. f. Stercus hu-
main, — dans l'argot des fau-
qu'avec les clients. Argot des
marchands de chevaux.
bouriens.
Confiturier, s, m. Vidan- Dans son ménagée. Phrase
geur. de l'argot des coulisses pour
signifier une Suite quelconque,
Connasse, s. f. Nom que une rallonge de plus ou moins
— d'après un étymologiste à qui
— d'importance, —
au propre et
j'en la responsahilité
laisse
au figuré. C'est une allusion à
les femmes inscrites à la police une pièce à succès, la Fille de
donnent à toutes celles qui ne le qui fut
l'air, suivie d'une autre
sont pas. pièce : ta Fille de Vair dans son
Côtelette polonaise, s. f. ménage. Partant de là, le Ma-
Mucosité sèche qu'on retire du riage de Figaro, c'est le Barbier
nez, —
dans l'argot des ra- de Séville « dans son ménage » ;
pins. la Mère coupable est le Mariage
de Figaro « dans son ménage »,
Coton^ s. m. Pain, — dans
etc., etc.
l'argot des faubouriens.
Signifie aussi Le manger, Wéchîrer son faux-col.
comme
ainsi
Huile signifie
qu'en témoigne ce
Le boire,
refrain
Mourir, —
dans l'argot des pe-
tites dames, qai disent cela à
d'une chanson populaire : propos des gandins, leurs petits
« Un coup d' pictoii, nommes.
Moi,
Il
j'

faut que
m'en fiche
j' liclie
!

Recoller (Se). Vieillir, —


Un coup d' piclon ;
dans l'argot des faubouriens.
Moi j'aim' mieux l'iiuil' que 1 '
coton ! » Signifie aussi, par extension,

Couiner^ v. n. Pleurer, — Mourir.


dans l'argot du peuple. Démarqneur de lingue, s.
Signifie aussi Hésiter, Caner. m. Vaudevilliste, — dans l'argot
Coup du colonel, s. m. des gens de lettres.
L'as de cœur et le dix de car- Déposer ses bouts de
reau, —
dans l'argot des joueurs manche. Mourir, — dans l'ar-
d'écarté.
got des employés.
Couper sa mèche. Mourir,
— dans l'argot des cochers.

Dérailler^ V. n. Mourir,
dans l'argot des mécaniciens.
Ils disent aussi Casser son
fouet. Ils disent aussi Avaler son
coke.
Cracher son embouchure.
Mourir, — daus l'argot des mu-

Dcteintlre, v. n. Mourir,
dans l'argot des gandins, qui
siciens.
disent cela à propos des maquil-
Crever à S'arrêter à un
nombre convenu de lignes, — lées, leurs femelles.

dans l'argot des typographes et Dig^onneur, adj. et s.


des journalistes. Homme difficile à vivre, bougon-
FIL KIL 487

neur, — dans l'argot des trou- Fileur de plato, s. m.


piers. Amoureux.
Donner son dernier bon Fin de la soupe (La). La
àtirer. Mourir, dans— l'ar- guillotine, — dans l'argot des
got des geus de lettres. voleurs.

Emprunter un qui Taut Fou, adj. Considérable, extra-


dix. Etant chauve, ramener les vagant, comme quantité.
derniers cheveux de derrière la Un monde fou. Beaucoup de
tète sur le devant —
et faire monde.
des arcs de triomphe avec eux. Un prix fou. Un prix exor-
bitant.
Enquiquiner, V. a. En-
nuyer, importuner, —
dans l'ar- Ciaribaldi, s. m. Bon vin
got des faubouriens. de Màcon, —
dans l'argot des
S'enquiquiner. S'ennuyer. vignerons et des cabaretiers.
Envoyer des coups de Ciaribaldi, s. m. Chemise,
pied aux mouches. Jeter S07i ou plutôt corsage de laine rouge
bonnet par-dessus les moulins, que les femmes portaient à l'é-
— dans l'argot des coulisses. poque de la guerre d'Italie.
Épointer son foret. Mou- Ciaspard, m. Homme ha-
rir, — dans l'argot des faubou- bile, malin, —
s.
dans l'argot du
riens. peujîle.

Et le pouce ! Formule de Gouffier, v. a. et n. Man-


l'argot du peuple, qui l'emploie ger, — dans l'argot des a'o-
ordinairement (comme les fau- leurs
bouriens Et mèche t) pour ren-
forcer une réponse, pour exagé- Grimer (Se). Se soûler, —
rer un récit. —
« A cette ba- dans l'argot des faubouriens.
taille, dix mille hommes ont été
— Dix firog au bœuf, s. m. Bouil-
tués. mille hommes et le
lon gras.
pouce » c'est-à-dire
! beaucoup
plus de dix mille. Habiller en sauvag^e (S'}.

— Vendre jusqu'à sa chemise.


Etre exproprié. Mourir,
dans l'argot des faubouriens, nomme de bois, s. m. Ou-
ennemis des propriétaires. vrier qui aide le metteur en
pages. Argot des typographes.
Faire feu. Mettre plus
d'emphase à la lin d'une tirade •Voli-cœur, s. m. Galantin,
qu'au commencement, en accen- cocodès. Argot du peuple.
tuer davantage les consonnes Faire le joli-cœur. Débiter des
sonores. Argot des coulisses. sornettes aimables aux femmes ;
faire des « effets de torse » au-
Fermer son parapluie. près d'elles.
Mourir, — dans l'argot des bour-
geois. Kilo, s. m. Chignon fort
lourd, composé de faux cheveux,
Filer le plato. Filer le par-
et tombant sur les épaules. Argot
fait amour, l'amour platonique, des petites dames.
— dans l'argot des coulisses.
MAR PET

liamballe, s. m. Panier de bite, s. m. Médecin, — dans


fraises artificielles servant de l'argot des faubouriens.
chapeau aux petites daines ac-
Mata, s. m. Homme qui fait
tuelles.
l'important, —
le matador, sans
liaTer les yeux (Se). Boire doute. Argot des typographes.
un verre de vin blanc le matin
en se levant, —
dans l'argot du Proprement,
en pages, ou
c'est le Metteur

peuple, pour qui c'est une ma- le Contremaître


d'un atelier.
nière d'y voir plus clair.

liuminariste, s. m. Lam-
Ministre, s. m. Mulet, —
piste, gazier, — dans l'argot des
dans l'argot des troupiers
frique .
d'A-
coulisses.

llatlaine CanîTet. Nom que


Monsieur de l'Affur. Celui
— dans leur argot —
les calicots
qui gagne,
trichant, —
honnêtement ou en
plutôt en trichant
donnent à toute pratique désa- qu'honnêtement. Argot des qrecs.
gréable, qui fait développer une
[V. Affurer).
foule de pièces d'étoffe et s'en va
sans rien acheter. Monsieur de la paume.
Mag^asiii de fesses, s. m.
Celui qui perd, —
dans le même
Pi-ostibulum, — dans l'argot du
argot.
Ils appellent aussi Monsieur
peuple. Lebon ou Monsieur Lesimple ce-
Le peuple anglais n'a pas lui qui est destiné par eux — —
d'autre expression pour désigner à perdre. Le pigeon, quoi !

le même lieu : Buttockinq shop,


^
dit-il. IVuit blanche, s. f. Nuit
sans sommeil, passée à travailler
Slaman teton, s. f. Nour- dans sa chambre ou à faire le
rice, — dans l'argot des enfants. pied de grue dans la rue.
llaïuoursj s. f. pi. Cajole- Paisan, s. m. Lourdaud,
ries, tendresses plus ou moins paysan, —
dans l'argot du peu-
intéressées, — dans l'argot des ple, qui, rigoureusement, a tort
bourgeois. de prononcer ainsi en deux syl-
C'est une aphérèse de mon labes au lieu de trois, le mot ve-
amour, comme messire de mon nant de l'italien paese (pays,
sire patrie), mais qui est autorisé à le
Dire des mamours. Tenir des faire par un long usage consacré
propos galants, dire des gentil- par plusieurs vieux écrivains.
lesses.
« Le paysan bat ses gerbes amassées,
Faire des tnamours. Cajoler Et aux caveaux des bouillants muis
poiir séduire. (roulant,
Et des fruitiers son automne croulant,
Mappemonde, v. f. Poitrine Se vangc lors des peines advancées. »

de femme, — dans l'argot du dit Etienne de la Boëtie en un


peuple, qui allusion aux
fait de ses sonnets.
deux hémisphères « d'albâtre »,
que la nature a placés là. Petits-pieds, s. m. Perdreau,
— dans des chasseurs et
l'argot
Marchand de mort su- des marchands de gibier.
RET ROU 4?9

Prendre un pain sur la n'ajoute pas aussitôt pour le


:

fournée. Aimer prématurément mettre dans la poche du dentiste,


sa femme, obtenir d'elle un en- — voulant faire entendre que,
fant avant le mariage. s'il est bon pour l'estomac, ce
premier verre de vin est mauvais
Qui se porte bien. Phrase pour les dents.
superlative de l'argot du peuple,
qui l'emploie ironiquement à Risquer un Terjus. Boire
propos de ce qui est réussi désa- un canon de vin ou une goutte
gréablement. Ainsi il dira : d'eau-de-vie, — dans l'argot des
Coup de poing qui se porte faubouriens.
bien, pour Coup de poing bien
Rose foireuse, s. f. La
appliqué.
Mal de tête qui se porte bien,
fleur de l'églantier, — dans l'ar-
got du peuple.
pour Migraine douloureuse.
Nez qui se porte bien, pour Rosière du diable, s. f.
Nez d'un grand développement, Drôlesse, habitante des Cythères
etc., etc., etc., parisiennes.

Retirer un écu de six


L'expression —
aujourd'hui
francs de la poche du mé-
dans la circulation —
appartient
à Félicien Rops et à moi, à Rops
decin Boire un coup de vin
.

par droit d'invention, et à moi


frais immédiatement après le po-
par droit de conquête.
tage. Argot des bourgeois.
Quand, à table, un convive a Roussin, s. m. Vieille presse,
dit, sous forme de Bénédicité, en fonctionnant mal, —
dans l'argot
portant son verre à ses lèvres : des imprimeurs, qui consacrent
Retirons un écu de six francs ainsi le nom d'un des premiers
de la poche du médecin! il est fabricants de presses lithogra-
bien rare qu'un autre convive phiques .
C'est en la première édition du
1866 que parut
Dictionnaire Langue verte. A son apparition,
de la
l'ouvrage de Delvaufit quelque tapage et eut un grand
succès de curiosité'.
M. Larcher qui sous ce titre : Excentricité du langage
FRANÇAIS, avait déjà fait paraître un recueil d'expres-
sions argotiques, accusa Delvau de plagiat. Un procès
faillit intervenir entre les deux auteurs. Le litige fut
porté devatit la Société des Gens de Lettres qui recon^
mit bien-fondé de certaines réclamations de M. Lar-
le

cher et obligea son rival à modifier la seconde édition


de son Dictionnaire.
Cette seconde édition parut en iS6j avec une préface
différente de celle qui se trouvait dans la première;
toutefois on n'y trouve aucune trace du dissentiment
qui s'éleva entre les deux écrivains. C'est cette seconde
édition, très rare aujourd'hui, et qu'ilfaut payer,
quand on la rencontre dans les ventes, quarante et cin-
quante francs, que viennent de rééditer MM. Marpon
et Flammarion.
Avant d'entreprendre cette troisiètne édition ils ont
été amenés à se demander s'il fallait réimprimer tel
quel le Dictionnaire ou s'il ne conviendrait pas de le
refondre en ajoutant les nouveaux termes dont s'est
accru en ces dernières années le langage populaire et
trivial. On sait les progrès faits par la langue verte et
quelle place elle a prise aussi bien au salon qu'à l'ate-
lier. Des centaines d'expressions inconnues en iSG"]

sont aujourd'hui couramment employées Devait-on les


.

intercaler dans l'œuvre de Delvau ? Les éditeurs ne


l'ont pas pensé et ils ont, avec raison, croyons-nous,
préféré respecter le texte primitif .

Toutefois, désireux de mettre l'ouvrage à la hauteur


des révolutions du jour, comme dit M. Larcher, ils ont
tenu à y ajouter un supplément Sachant que nous pré-
.

parons depuis de longues années un travail sur le bas


langage que nous nous proposons d'intituler Les Orphe-
lins DE LA LANGUE, îls Ont bien voulu nous deinander
de nous charger de ce supplément Ne pouvant donner
.

à notre travail qu'une importance secondaire, nous nous


sommes attachés à choisir parmi ces irréguliers du
langage, ceux-là seulement qui ne figurent dans aucun
dictionnaire d'argot.
Les romans de l'école naturaliste nous ont fourni,
ainsi que certains articles de journaux, de nombreux
renseignements que nous avons utilisés en prenant tou-
jours soin d'indiquer la source où nous les puisions.

Gustave Fustier.

M^
Abattoir. — Cercle de jeu. Affranchir. Terme dejoueur :

On y immole en effet force jn- On dit qu'une carte est affranchie


geons. lorsqu'elle n'est plus exposée à
être prise. J'ai fait prendre mon
Abbesse. Maîtresse d'une
roi pour affranchir ma dame. —
maison de tolérance. On dit plus
Mettre au courant des ruses des
communément : Madame. grecs. Il y a des professeurs d'af-
franchissement.
Aboulée. Accouchée.
Aboulement : accouchement. Afistoler. Arranger.
Abrutir sur (S'). Faire traî- Agaceur. Boute-en-train, —
ner un ouvrage en longueur, dit argot de sport.
Rigaud. J'y ajouterai le sens de :

étudier longuement, avec soin. Aller se faire lanlaire.


Je me suis abruti sur mes math. Se débarrasser d'un importun.
L'envoyer promener. «... Votre
Abreuvoir à mouches. cœur ? 'il n'y a que les gens qui
Plaie saignante. n'ont que çà qui le proposent...
Ça ne suffit pas... Vous pouvez
Acacias (Faire ses). Se pro-
aller vous faire lanlaire...!»
mener par chic,par genre, dans
(Huysmans : Les sœurs Vatard.)
l'allée dite des Acacias qui va de
la Porte-Maillot à la Concorde. Aller chez Faldès. Par-
On fait ses Acacias comme on tager.
fait son tour du Lac.
Aller en Belgique. Fuir.
Adjuger une banque à On sait que les caissiers infidèles
un opérateur. Argot de cercle. prennent volontiers le chemin de
Voler ou tricher au jeu. la gare du Nord.
(V. Revers.)
Allumeur. Voleur. Les al-
Affaire cachée sous la lumeurs ont pour mission de
peau (Avoir une). Etre en état racoler les ouvriers les samedis
de grossesse. de paj^e et de les emmener chez
494 ANG ARR
le marchand de vin. Là, ils leur Anglais à prunes. Voya-
offrent libéralement à boire jus- geur à prunes. Voyageurs
qu'à ce que les malheureux ren- peu riches qui se contentent d'une
trent chez eux complètement ou deux reines-Claude pour le
ivres. Alors commence le rôle dessert. Ils savent que les fruits,
des meneuses et des travailleurs. à Paris, se tarifent au poids de
V. ces mots. —
Grec dont les l'or sur la carte des restaurateurs.
fonctions consistent à mettre une Ils prennent quelques prunes et
partie en train. « Maintenant les c'est tout. Ce ne sont pas des
deux allumeurs qui se trouvent voyageurs à faire de la dépense
mêlés à la partie reçoivent égale- et à grossir des notes. On les
ment une subvention. » [Gil reçoit dans les hôtels avec plaisir,

Blas, 29 mars 1882.) * pis-aller ;
— mais on salue les
autres avec respect. Il faut voir
Alphonsisiue. Le métier (?)
avec quel dédain les garçons di-
de l'Alphonse. « L'Alphonsisme
sent de ceux qu'ils servent Oh.! :
brutal ne disparaîtra qu'avec la
ce ne sont que des voyageurs à
prostitution. » {La Bataille,
prunes I
mai 1882.)
Amazone. Grec de race fe- Ang^uille. Mouchoir roulé en
melle. « Le grec de la classe façon de fouet et dont se servent
moyenne, autrement dit le grec les enfants au jeu de l'anguille.
nomade, ... travaille rarement
seul il s'adjoint des compères
Araig'née. Vélocipède à deux
;
roues dont l'une, celle de devant,
appelés comtois et des auxiliaires
est très grande, et l'autre, celle de
féminins appelés amazones. {Le
derrière, d'un diamètre très petit.
Baccarat, 1881.)
Ambulante Femme qui .
Araig^née de trottoir. Bou-
vend des objets quelconques tiquier en plein vent, camelot. « 11

sur la voie publique, se pros (lepromeneur) a fait aux araignées


titue et vole en même temps de trottoir une rente qui, suivant
{Réceil, 1882.) la position, varie de 10 sous à
10 francs par jour. » {Esta-
Américain. Breuvage qui fette, a 881.)

tient le milieu entre le grog e


le punch. « Garçon! un améri Archicube. Ancien élève de
cain! » (Véron, 'Paris vicieux) l'Ecole normale. « Monsieur, vous
êtes mon archicube et je vous dois
Auj^e-gardien. « Au corsage le respect. J'explique, pour les
entr'ouvert entre les revers de profanes, ce terme rébarbatif;
velours, un ange-gardien de bro- vous êtes entré à l'Ecole plus de
derie. Un comble, n'est-ce cas, trois ans avant moi. »
cet ange-gardien ? C'est tout sim-
plement une guimpe de mousse- Arrangeur. Argot de cercle.
line, l'ancien cache corset de nos Individu qui, lorsqu'un chef de
mères. » {Gaulois, 1882.) partie ne sait pas séquencer les
cartes, les arrange et touche 10,
Angolais. Terme de sport. On 15 ou 20 0/0 pour sa... collabo-
dit qu'un cheval a de l'anglais
ration.
lorsque sa conformation se raç-
procne de celle du cheval anglais Arrosage. Action de boire,
de pur sang. de s'a) roser le gosiei*.
AVA AVO 495

Artilleur de la pièce hu- « Ce Z... est im avale-tout-cru


mide. Qui urine. qui fait métier de dénigrer les
uns et les autres » (Gazette des
Artiste. Dans le 'jargon des Tribunaux, septembre 1873
ouvriers : camarade, compagnon. citée par Litlré. )

Asseoir(S') sur quel- Avoine (Donner de 1'). Battre,


qu'un. Le faire taire. Asseyez- rouer de coups. De la langue
vous dessus dit-on en parlant des charretiers, l'expression est
d'un gamin qui crie et gène ainsi passée dans celle des souteneurs
les personnes avec lesquelles il
et des gens sans aveu. « Alphonse
se trouve. —
S'asseoir sur quelque ne recule pas à lui donner de l'a-
chose, n'en pas faire cas. « Tous voine (à sa maîtresse), c'est-à-
tes discours, tout's tes promesses dire à lui administrer une volée »
d'autrefois, tu t'asseois dessus » !
(Voltaire, 1882).
(L'esclave Ivre, n» 1).
Avoir un coup de mar-
Assesseur. Joueur complai- teau. Ne pas jouir de la pléni-
sant qui, placé au haccarat à tude de ses facultés.
côté du tailleur, paye et encaisse
Avoir la cuisse graie. Etre
pour le compte de celui-ci.
de mœurs faciles. « Très gentille
Asticot (Etre en). Etre dans avec son petit nez en l'air; je
le costume d'Adam et Eve, avant parie qu'elle a la cuisse gaie,
le péché.— « Madame est mo- hein! » (Vie Parisienne, l'r oc-
dèle? Ah! très bien. Et madame tobre 1881).
pose?... — Tout! Voulez-vous de la
Avoir de la g^lu,
me voir en asticot? {Almanach
poix aux mains. Voler. On
des Parisiennes, 1882). Au
xvi* siècle,
dit aussi poisser.
Astiquer. Fourbir, nettoj^er, poissard signifiait voleur.
se pomponner.
Avoir une belle presse.
« C'est qu'on est un peu beau, mou vieux Etre complimenté par tous les
Quand on s'usiique. >
journaux. « Madame est eu train
[Le Caïd, opéra-bouffon, Act. I. de lire ses journaux. Madame,
. .

se. X.) à ce qu'il parait, n'a jamais eu


une si belle presse! » (De Gon-
Astiquer (S'). Se masturber. court, La Faustin.)
Atouts (Le plus d'). Sorte de Avoir un fédéré dans la
jeu de filous qui se joue dans les casemate. Argot du peuple.
cafés de bas étage. Etre enceinte.
Avale-tout. Femme
qni ne
Avoir des petits pois à
recule devant aucune extrémité. écosser ensemble. Avoir des
ATale-tout-cru . Fier à bras démêlés avec quelqu'un.
Badin^^ateux. Terme de Ballonianie. Manie de mon-
mépris employé par les adver- tereu ballon. On sait que Sarah
saires du régime impérial pour Bernhardt a mis à la mode ce
désigner un partisan de ce régime. divertissement qui fait fureur
« Solde de vestes. On prend aujourd'hui. « La ballonianie est
mesure blouses blanches pour
; un sport à la mode qui menace
braillards, gueulards, badinga- de faire une sérieuse concurrence
teux... » {Temps, 1881.) au polo, au yachting et à tous, les
sports chics en général. » [Evé-
Bâfrer. Manger. « C'était nement, 1882.)
une sorte de vivandière qui bâ-
frait comme un roulier et buvait Ballon. Art de tournoyer en
comme quatre. » (Huysmans, .1 dansant. — Verre de bière.
vau-l'eauj.
Baloustiquer. Lever, soule-
Bag^noUe, mauvaise voiture. ver, arracher. Argot de malfai-
Bag^uette est cassée (La). teurs.
Cette expression a remplacé le
Bar. Lieu public où l'on donne
Zut au bei-ger. (V. Delvau).
à boire au comptoir. Anglica-
Bajoter. Bavarder, jacasser. nisme. « Il n'y a pas (à New-
York) de cafés comme en France,
Bal. Peloton de punition. mais les bars, les buvettes sont
Argot militaire. partout. » (Simonin Revue des
,

Femme mau- Deux-Mondes, i" janvier 1875.)


Baleine. de
vaise vie.
Baraque. Sorte de jeu en
Balle (Faire). Etre à jeun. vogue ily a quelque temps, et
« Les forçats ne sont pas dégoû- dans lequel les filous avaient la
tés et quelques taches dans un partie belle. « Le jeu de la bara-
quart de pain ne sont pas pour que se compose d'une planchette
faire reculer un fagot de bon de cuivre casée à l'angle d'un
appétit et qui fait balle. » billard et percée de 2b petites
(A. Humbert, Mon bagne.) cuvettes numérotées de i à 25.
BAR BAV 497

Vous faites une poule à 2, à 5 ou mâchoire du cheval. Se ra- —


à 20 francs et, si vous avez la fraichir les barres: boire.
chance, pardon l'adresse ! de
pousser votre bille dans la cu- Bâtir. Terme de couturière ;

vette cotée le plus haut, c'est vous coudre peu solidement avec du fil
qui touchez les enjeux. Le bara- blanc, du coton à bâtir, une toi-
queur ne prélève que lo o/o sur lette quelconque, de façon à se
le montant de cnaque poule. rendre compte,- à l'essayage, des
C'est pour rien Toutefois, ce
!
retouches à opérer. « Deuxième
petit impôt me parait plus dur séance essayage des toilettes
;

que zéro de la roulette.


le » bâties. » {Gaidois, 1881.)
{Paris-Journal, 188-?.)
Bâtons de chaise (Noce de).
Baraqueur. Orgie.
Joueur de ba-
raque . Bâton de réglisse. Gardien
Barbe. Répétition. « Une
de la paix. — Prêtre.

barbe, c'est une répétition de Bâton rompu. « Quels —


bachot donnée à un aspirant au gens appelez-vous vieilles cannes ?
diplôme. Il s'assied, ou le rase, il — Les repris de justice. Et —
paye, c'est une barbe » (Riche-
! bâtons rompus? —
Les surveillés
pin). de la haute police en rupture de
ban. » (Barron, Paris-Étrange,)
Barbe (Faire sa). Argot théâ-
tral. Gagner de l'argent. « Sa Battre le beurre. Mener
barbe faite, comme en on dit une conduite déréglée. Argot des
argot théitral, c'est-à-dire son voyous. —
« Et ta sœur? Ma —
argent gagné, notre chanteuse sœur ? elle bat l'beurre > !

s'empresse de quitter le salon. » Battre à la parisienne.


{Gaulois, 3 octobre l88i.) Voler ou tricher au jeu.
Barbe (Femme à). Argot Battre son plein. Etre dans
militaire. « Terme sous lequel tout l'éclat de son talent ou de sa
on désigne une beauté sur le beauté. « Jamais l'artiste de la
retour généralement unique dans Renaissance ne fut plus jolie qu'à
chaque ville de garnison, qu'une présent ; elle bat son plein. »
étrange et irrésistible passion [Événement, 1882.)
pour le biscuit militaire laisse
sans défense contre les assauts du
Baume de porte-en-terre.
Poison.
soldat. (Ginisty,
» Manuel du
Parfait réserviste.) Bavaroise. Infusion de thé
et de sirop de Capillaire. — Bava-
Barboter. Parler sans savoir roise au chocolat, tasse de cho-
ce que l'on dit. colat à la crème ; bavaroise aux
choux, mélange d'absinthe et
Barbotin. Vol, produit d'xm d'orgeat bavaroise de cocher,
;

vol. (Richepin.) verre de vin.


Barbottag^e. Vol. « Le droit Baver des clig^nots. Pleu-
au barbottage est absolu. » (A. rer.
Humbert, Mon bagne.)
Baveux. Qui ne sait ce qu'il
Barre. Bouche ; allusion à la dit ;
qui bafouille.

32
49» BIF BLO

Bazar. Lycée, pension. « Les jeune homme en train de rédiger


jeunes citoyens de l'avenir, vulgo sur papier pelure d'oignon quelque
les potaches, ont réintégré avant correspondance étrangère ou pro-
hier leurs prisons respectives. Ils vinciale, mais bifteekifère. »
se sont acheminés vers le bazar. » {Figaro, 1S82.)
(Événement, 18S1.)
Big^orne. Appellation inju-
Bég^ueulisme. Le mot est rieuse servant, en Bretagne, à
de F. Sarcey qui l'a employé désigner un républicain. « A sa
pour la première fois dans un de vue, quelques propos furent
ses feuilletons, eu 1869. « C'est, échangés les républicains furent
;

dit-il, dans la vie ordinaire, l'art traités de bigornes. » {France,


de s'offenser pour le compte des 1881. V. Ragoût et Fricot.)
vertus qu'on n'a pas ; en littéra-
Bigrorniau. Auvergnat.
ture, l'art de jouir avec des goûts
qu'on ne sent point ; en politique, Bijou. Nom donné, par anti-
en religion et en morale, 1 art phrase, chez les restaurateurs de
d'aôecter des opinions dont on ne Paris, à toutes les dessertes des
croit pas un mot. » plats et des assiettes ; c'est le
profit des laveurs de vaisselle. »
Bibelot. Argot d'imprimerie.
{Journal des Débats, 1876, cité
Travaux de peu d'importance ;

factures, prospectus, tètes de let- par Littré.)

tre, etc. Billard angolais (Jouer au).


Bibeloteur. Collectionneur Pratiquer l'onanisme.
;

amateur de bibelots. Bille de billard. Cràue


Bibelotîer. Ouvrier impri- dénudé et, par extension, vieil-

meur, spécialement chargé des lard. « Ah ! mince alors 1 si les


billes de billard se mettent à
bibelots.
moucharder la jeunesse !... »
Biboire. Petit récipient en (Meilhac et Halévy, Lolotte.)
caoutchouc ou en cuir bouilli, en
forme de bateau et dont on se Billet direct pour Cha-
sert en voyage ou à la chasse
renton. Absinthe pure. « L'au-
tre jour, le patron m'a payé un
pour boire.
Les écoliers disent coupe- billet direct pour Charenton. »
gueule. {Gil Blas, 1882.)

^ Bidard. Heureux, veinard. Bince. Couteau. (Richepin.)


Êt7'e bidard, avoir de la chance,
réussir dans ce que l'on entre-
Biscop. Casquette.

prend. Biscuit de Savoie. Institut.


Allusion à la coupole du monu-
Bidet. « Ils n'y vont pas de
main-morte ! Cocu, au heu de ment.
mari trompé ; bidet, au lieu de Blafarde. La mort.
demi-bain... » (Chapron, Evéne-
ment, 1882.)
Blockaus. Chapeau de haute
forme.
Bière. Boite aux dominos.
Blonde, brune. Verre do
Bifteekifère. Qui rapporte bière de couleur brune ou Monde.
de l'argent ;
qui fait vivre. « Un « Les garçons (de café] libérés
BON BOU 499

avant leurs confrères dépouillent ploient les enfants dans la plu-


rapidement la veste et le tablier part de leurs jeux pour signifier
blanc, se mettent en civil comme à leur adversaire que le coup
ils disent, et s'en vont boire des qu'il vient de jouer compte et ne
bocks dans les brasseries attar- saurait être annulé. (V. Mau-
dées. Seulement, ils ne sont pas vaise).
assez naïfs pour donner en s'en
allant le pourboire d'usage ; ils
Bonne fortanche. Nécro-
demanderaient quand
plutôt,
mancienne. « Femme qui dit la
quart d'heure de Rabe-
bonne aventure dans des voitures
vient le
de foire et fait passer le client
lais, une remise sur le prix des
bï-unes et des blondes qu'ils ont
dans le fond de l'établissement
absorbées. » [Figaro, 1882).
pour le grand jeu. » [RéveiL
1882.)
Bobonne. Terme d'amitié Bon premier. Argot de
que donne un mari à sa femme. courses. Un cheval arrive bon
Bœuf. Joli, agréable. C'est
premier quand il a fourni la
rien bœufl dit le peuple. course bien avant ses concurrents.
Il est bon dernier quand il arrive
Boissonneur. Pilier de caba- non seulement le dernier, mais
ret. « Que sa sœur lâchât un encore avec un retard considé-
boissonneur comme Anatole, rien rable sur les autres chevaux.
de plus naturel. » (Huysmanj,
Les Sœurs Vatard.)
Bookmakeuse. Bookmaker
femelle. « La bookmakeuse se
Boite. Argot militaire. Salle
rend anx courses en petite char-
de police. Coucher à la boite, rette anglaise ; elle conduit elle-
boulotter de la boite : être sou- même, et s«s commis, d'autres
vent puni ; avoir une tète à boite : femmes de même tournure, occu-
être affligé d'une maladresse qui
pent le siège de derrière. »
attire sur vous les préférences [Figaro, 12 juin 1881.)
de l'instructeur. — Grosse boite, Bordel. Outils, instruments,
prison. objet quelconque.
Boite à Tiolon. Cercueil,
allusion déforme. Bordel ambulant. Fiacre.
Il y avait autrefois, dit Michel,
Bonde. Maison centrale. « Il des voitures de place disposées de
a filé deux ou trois berges aux manière à servir de lieu de ren-
bondes. » (A. Humbert, Mon dez-vous. Bien que les sapins
bagne.) d'aujourd'hui ne soient pas cons-
truits en vue de cette destination
Bon-Dieu. « On m'avait spéciale, il ne s'y passe pas moins
réservé la copie d'un petit état
quelquefois de drôles de choses.
récapitulatif des corvées du jour,
dont j'avais à faire une douzaine Bosser. Rire, s'amuser.
d'exemplaires. J'en avais pour
trois quarts d'heure environ...
Bouche -trou. lÉcolier qui
Cela s'appelait des bon-dieu. Je se tient prêt à remplacer un de
n'ai jamais pu savoir pourquoi. »
ses camarades qu'une cause quel-
(A. Humbert, Mon bagne.) conque empêche de prendre part
aux concours qui ont lieu entre
Bonne î Exclamation qu'em- les lycées.
500 BOU BRA

Boucher la lumière. Don- Boulotte. Grosse petite

ner un coup de pied dans le femme, bien en chair.


derrière. i C'est cun'boulotte, une chic artisse
Q i vous a d'ia rcponse, mon vieux ! »
Bouchon. Bouteille de vin
[L'entracte à Montparnasse).
cacheté. (Richepin.)
Boum. Exclamation lancée
Boudiné. La dernière incar-
par les garçons de café pour
nation du gommeux. Le mot est
avertir qu'ils" ont entendu la com-
de Richepin. « Voici que les ex-
mande qui leur est faite.
lions, les anciens dandys, les feus « esprits qui furent peut-
Des
crevés, les ci-devant gommeux être hardis, ne sont pas sortis,
prétendent au nom élégant de pendant des années, du cercle
houdinés. Ce vocable leur paraît tracé par la serviette dii garçon.
rendre d'une l'acon imagée 1 e- Il leur fallait le boum du ver-
il re-
troitesse de leur costume
seur, même au moment où gron-
;

pond... à cet ensemble de tenue dait le boum de l'artillerie de


qui leur donne l'air de boudins Montmartre. » (J. Vallès, Ta-
montés sur pattes. »(SîècZe, 1883.) bleau de Paris.)
Bougie. Argent. Boum (Faire) Copuler. « .11
.

Al- n'ignorait certainement pas com-


Bouillon-gras. A'itriol.
une ment se pratique cette agréable
lusion à madame
Gras,
digne femme qui
et
chose que les petites ouvrières
excellente
appellent faire boum » (Huys- !

faisait un usage abusif du vitriol.


:

mans, Sœurs Vatard.)


Bouillon de Tcau. Littéra- Bourde. Mensonge, faute
ture douceâtre l'ennemi du na-
; grossière. « On te dit... que t'es
turalisme « Il n'aimait
:
les m venu coller des bourdes aux pau-
romans de cape et d'épée, les m vres bougres. » (L'Esclave ivre,
romans d'aventures; d'un autre n» 1.)
côté il abominait le bouillon
de
Bourrer une (En). Fumer
veau des Cherbuliez et des Feuil- « déjeuner,
Après
let. » (Huysmans, A vau-l'eau.) une pipe.
Cherbuliez revient à son cabi-
Bouillonneuse. Femme qui,
M.
net, et, — détail naturaliste, —
dans certains restaurants, est spé- alhune une pipe en bourre une,
;

cialement préposée à la confection dirait Zola. » [Evénement, 1882.)


des potages. Bout. Congé, renvoi.

Boule de c... Argot mili- Bout-de-cigare. Homme de


taire. Idiot. Argot militaire.
petite taille.

Bouleau. Bûche. (V. Del- Boutonner. Terme de salle


vau : Buchcrie.) d'armes; toucher à coups de
fleuret.
Boulevarder. Fréquenter les
boulevards. « y a des gens àqm
Il Braconner. Argot de cercle.
la science vient en boulevardant.
»
Tricher, voler au jeu.
(Cherbuliez, Revue des Deux Maintien élégant,
Mondes, 15 janvier 1876, cite
Branche.
« Au total, assez
distinction.
par Littré.)
BRO BRU 501

grand air, beaucoup de branche Brûlant. Foyer, feu. (Riche"


etquelcfues prétentions. (Vie Pa- pin.)
risienne, 1882.)
Brûlée (Enchère). Enchère
Bridaukil. Chaîne d'or. précipitée, hâtée dans des inten-
tions plus ou moins frauduleuses.
Briffe. Pain. (Richepin.)
« Le second des moyens employés
Brinde. Femme grande et pour frauder la ville et voler les
déhanchée. « Tenez, là à gauche, expéditeurs consistait dans les
regardez cette grande brinde qui adjudications précipitées, faites à
s'étale, avec son nez si retroussé bas prix, soit à un complice, soit
qu'on lui voit la cervelle. » (Gha- à un acquéreur qui avait donné
vette.) une gratification... Ces enchères
brûlées, suivant l'expression con-
Brisure. Escroquerie.
sacrée, soulevaient peu de récla-
Broda^e. Ecriture. mations, car on se serait aliéné
les crieurs dont l'influeuco sur le
Brodé. Melon. Ce mot est marché était prépondérante... »
usitédans l'Orléanais pour dési- [Gazette des TriOunaux, mai
gner le melon à côtes rugueuses. 1876, cité par Littré.)
Broder sur les prêts. Ar- Brution. Élève du Prytanée
got de cercle. (V. Brodeur.)
militaire de la Flèche. (V. l'ar-

Brodeur. Préteur d'un cercle ticle sid'vant.)

qui vous donne 10.000 francs et


vous en réclame 12,000 à l'aide Brutium. Le Prji^anée mili-
d'un bon, en vous soutenant ef- taire de la. Flèche. « Tout le
frontément qu'il vous a prêté monde connaît le Prytanée mili-
12,000 francs et non 10,000 francs. taire de la Flèche la règle y est
;

Vous êtes encore son obligé. grave et la discipline aussi sévère


qu'au régiment même. Les clas-
Brouillard (Faire du). Fu- siques d'il y a c'nquante ans ima-
mer. « Il n'était pas de semaine ginèrent que c'était là une éduca-
que quelques-ims ne se lissent tion à la Brutus, d'où le terme
prendre et ne payassent chère- Brutium pour caractériser l'é-
ment le court plaisir qu'ils cole, d'où celui de Brûlions pour
avaient goûté à faire du brouil- cpialifier les privilégiés soumis à
lard. » (A. Humbert, Mon cette éducation. » [Le Siècle,
bagne.) 1880.)
Cabe. Elève de troisième an- argot de journalisme. » XIX«
née à. l'Ecole normale. Siècle, 1881.)

,
Cabot . Argot militaire Cafard. Argot militaire. In-
Elève-cabot, élève caporal. Cahot secte qi;i travaille la tète d'un
pris absolument dans le sens de officier et le rend intolérable
caporal est inusité. (Ginisty, pour ses hommes. Par extension,
Manuel du réserviste, l'officier lui-même, atteint de
cette infirmité. (Ginisty, Manuel
Cabrade. Action de se cabrer. de réserviste.)
« Trottant doux, galopant sans
lancer de ruade, Aux voltes ne Ca.ge. Tète. Ne plus avoir de
mêlant jamais une cabrade. mouron sur la cage, être chauve.
Bref, xm cheval savant...
Cag^ne. Mauvais chien. « Dans
(Théo-Critt, Nos farces à San- la bonté des chiens, il y a des
mur) .
bizarreries inouïes ; les disgra-
ciés sont quelquefois les intelli-
Cabriolet. Petite boîte ser-
gents et, dans la même portée, il
vant à classer des fiches.
y a trois cagnes pour un bon
Cache-poussière. Pardessus chien. » (Carteron, Premières
d'étoffe légère pour garantir les chasses ) .

vêtements. « Cache - poussière Cag^ner. Faire la cagno re-


;

d'alpaga gris de souris, gants


culer devant une besogne difficile
montants...» (Le Gaulois, 1882.)
ou dangereuse. (Littré.)

Cadre. « Le personnel du Caïman. Maître, surveillant.


service de la police de sûreté. — Argot des élèves de l'Ecole nor-
Lettre supposée, écrit apocryphe. male. « Je rentrai si en retard,
« J'estime qu'aucun de vous, que le père Estièvant, le portier,
quand vous en aurez pris connais- qui me vendait du chocolat, fut
sance, ne s'imaginera que c'est obligé de me marquer tout comme
une lettre supposée, un cadre, un autre sur sa liste. Je pensais
comme nous disons dans notre avoir une excuse et Je l'expoïai
CAL GAP 503

au caïman.,. > {Gaulois, 18S0.) « Tu peux r'toumer à ton potage!

Ah! ii.onsieur fait sa Calypso!


Caisse noire. Fonds secrets En v'ia z'un niuf!... »
mis à la disposition du Ministre {L'enlr'acle à Montparnasse.)
de l'Intérieur et du Préfet de
police. « Croyez-vous que l'argent
Cambriole. Boutique. (Riche-
pin.)
de la caisse noire ne pourrait
pas être plus utilement emplové? Cambrouser. Servir comme
{Figaro, 1882.) domestique. (Richepin.)

Calebasse. Secret. Vendre la Camerlache . Camarade


calebasse, révéler le secret. (Lit- (Richepin.)
tré.)
Camouflé (Etre). Avoir reçu
les derniers sacrements. « Dès
Calic. Commis de magasin
qu'il fut, suivant la pittoresque
de nouveautés. Abr. de Calicot.
expression, camouflé, c'est-à-dire
dès qu'il eut reçu le sacrement de
Câlin. Tonnelet d'étain dont
marchands de coco.
se servent les l'Extréme-Onctîûn... >• (Humbert,
Le tonnelet lui caresse, lui câline
Mon bagne.)
le dos. (Richepin.) Campêche. Vin. « Pourvu
qu'on ait du campêche à douze
Calot. Argot des commis de sous le litre... » {Figaro, 1882.)
nouveautés : acheteur difficile,
ennuyeux à servir. « Dans notre Caniche. « Les gamins des
argot, nous appelons la femme boulevards extérieurs appellent
qui nous énerve, uq culot. » (P. les gens plus ou moins myopes
Giffard.) V. Delvau. Suppl. Ma- qui portent un monocle un bon- :

dame Canivet.) homme qui se met un caniche


sous l'œil. » {Figaro, 1882.)
Calotte Assiette creuse
.
Canne (Vieille). « Quels gens
Sorte de pâtisserie où il entre des
confitures. « Vous vous imaginez appelez-vous vieilles cannes ? —
Les repris de justice. » (Barron,
peut-être qu'il question de
est
Paris -Etrange.)
quelques petites friandises dont
on nous donnait de nombreuses Cauularium Argot des
.

indigestions durant notre jeunesse élèves de l'Ecole normale. Sorte


et qui portaient ce nom si joli, si d'investiture, épreuves [que subis-
gracieux, si adorable de petites sent à l'Ecole les nouveaux '

calottes ; il y avait là dedans des venus.


confitures. » {Gazette des Tribu-
naux.) — Pot de confiture ayant Canuleur. (V. Delvau, Ca-
la forme d'une grande calotte sans nule.)
anse ni oreilles. (Littré.) Caoutchouc. CIomti. Gym-
« Les calottes dont nous nous naste. Travail extraordinaire
«
entretenons sont des pots de con- de M. S..., l'homme-serpent,
fitures. » {Gazette des Tribu- premier caoutchouc. » {Indépen-
naux, avril 1874.) dance belge.)
Calypso (Faire sa). Faire des Cap (Doubler le). Faire un
manières, des embarras. C'est la détour pour éviter un créancier.
variante savante de faire sa tête. (V. Delvau, Rue barrée.)
50 i CAS GAV

Capital. Vertu, virginité de Casser son lacet. Aban-


lafemme. Le mot a été créé p;ir donner sa maîtresse, rompre
M. Alexandre Dumas. « Géné- toutes relations avec elle. « Alors,
ralement, c'est une femme dont c'est dit, nous cassons notre
le s'est perdu d>'puis de
capital lacet ? » (Huysmans, Les Sœurs
longues années. » (Théo-Critt, Vatard.)
Nos farces à Saumia\) Casser (A tout). Considéra-
Caponner. Argot des écoles. ble, fantastique, inouï. « Le pu-
Rapporter au maître les fautes blic voit la quatrième page de
de ses condisciples. son journal occupée par la ré-
clame à tout casser du grand
Car. Compartiment d'une A'oi-
bazar. » (Giffard, Les grands
ture de tramway. (Littré.) « Le
bazars.)
mari, qui, parait-il, était légère-
ment échauffé, sauta dans un Casserole. Prostituée. « La
car du tramway. » {Gazette des casserole en argent est celle qui
Tribunaux, 1875.) constitue à son amant de cœur
un revenu quotidien de vingt à
Carabinier de la Faculté. cinquante francs. » {Réveil, juin
Pharmacien.
1882.)
Carfouiller. Fouiller jus- Cassure (Jouer une). Argot
qu'au fond, dans tous les sens. théâtral. C'est jouer le rôle ridi-
« 11 délibéra longtemps avec lui- cule d'un jiersonnage très vieux,
même pour savoir... s'il lui car- par exemple le rôle de Vidame
fouillerait le cœur avec son épée dans Paillasse.
ou s'il se bornerait à lui crever
les yeux. » {Figaro, 1882.)
Castapianne. Blennhorhée.
Argot militaire.
Carottag^e. (V. Delvau, Ca- Catapultueux, euse. Joli,
rotte). merveilleux, étonnant. « 11 était
Ciiroublai^e. Sorte de vol. avec une de ces femmes catapul-
(V. Delvau, Carouhleur). tueuses qai font tourner la tête à
tous ces imbéciles d'hommes. »
Carpe (Faire la). S'évanouir, {Frondeur, 1880.) Le mot a été
se pâmer. employé pour la première fois par
Carré. Elève de seconde an- les auteurs de la Femme à papa,
née à l'Ecole normale. pièce jouée au Théâtre des Va-
riétés.
Cartouchière à portée .

Réservoir de cartes que les grecs Catin. Poupée, dans le lan-


placent sous leur gilet et où ils gage des petites filles.
trouvent classées et numérotées Cato Maîtresse. « Alors
toutes les portées possibles. comme il souteneur) n'a plus
(le
d'argent, il en demande à sa
Caser. Abrév. de caserne-
cato qui devient rapidement sa
ment. Argot des élèves de l'Ecole
marmite. » {Voltaire, 1881.)
Polytechnique.
Cavalerie (Grosse). Cureurs
Casque ur. Argot des coulis-
d'égout. Allusion à leurs bottes.
ses. Le public payant, par oppo-
sition aux billets de faveur et au Cavalier seul. Danse plus
service de presse. ou moins échevelée qu'on exécute
GER CHA 505

seul, dans un quadrille, en face nom. » {Rappel, 1874, V. Littré.)


des trois autres personnes qui Chabrol. Mélange de bouillon
complètent la figure. « Peu à de vin.
et
peu, elle se laissa aller à exécu-
ter un étourdissant cavalier seul. » Chairez! Hardi! Courage!
{Vie Parisienne, 1881.) Cette interjection se trouve dans
l'ouvrage d'Alph. Humbert inti-
Central. Bureau télégra- tulé Mon bagne.
:

phique de la place de la Bourse, Chaleur! Exclamation qui


à Paris. Argot des employés du marquer
sert à la surprise, le
ministère des Postes. Eù'e nommé
mépris,
au Central. —Elève de l'Ecole faire telle
l'intention
ou
de ne pas
telle chose. S'em-
centrale un central, des centraux.
;
ploie toujours ironiquement, elle
« Les élèves de l'Ecole centrale
est synonyme de Maladie ! ou de
se sont livrés hier à une fantaisie
ça ne sérail pas à faire! «Dans le
que la police a eu le bon goût de Casino susdit, on jouerait le bac-
ne pas gêner... Les centraux se carat et les dames seraient ad-
sont réunis sur la place de la
mises! Oh! chaleur! » (Le
Bastille, et, se formant en mo- Joueur, 1881.)
nôme... » {Rappel, 1881.)
Chambaril. Bruit, tapage.
Centriot. Surnom, sobriquet. « Il est de tradition à l'Ecole (Po-
« Il a surtout le génie des cen- lytechnique) que, à la rentrée, les
triots (surnoms). C'est lui qui a anciens démolissent les meubles
donné à un pâle gringalet, mau- des nouveaux, jettent leurs oreil-
vaise langue et joueur de mé- lers et leurs matelas par les fe-
chants tours... le joli surnom de nêtres et dispersent leurs affaires.
Fleur de teigne. » (Humbert, Mon C'est ce qu'on appelle faire le
bagne.) chambard. » {Temps, 1831.)
Cerise. Ouvrier maçon des Chambardement. Renver-
environs de Paris (Littré.) « Mes- sement, bris.
sieurs, ce n'est pas là une appel- « Gamljettn, vil objet de mou resscn-
lation insultante; nous appelons [limnt,
marchands de cerises, les ou- Ministres ennemis de tout climibar ie-
vriers de la banlieue de Paris, [ment.
Sénateurs que je hais...
ceux qui nous environnent. » (Na-
daud. Journal officiel.) Evénement 1881.

Cerisier. Petits chevaux de Chambarder. Faire du


louage, ainsi nommés parce qu'ils
bruit, du chambard. « Vous
portent ordinairement les cerises
aurez la complaisance cette an-
née de ne pas chambarder tout
de Montmorency aux marchés de
Paris, « Sterny sur un cerisier,
dans l'Ecole (Polytechnique)
Sterny en compagnie d'une grosse comme vous en avez l'habitude. » .

dame à âne. » (Soulié, Le Lion (A7X« Siècle, 1881.)


amoureicx). On dit familièrement en Bre-
tagne chambarder ])Qnr remuer, :
« Les Cerisiers de Montmorency
bousculer quelqu'un ou quelque
sont les petits chevaux pacifiques
chose. (V. Delvau, Chamber-
qu'on loue pour se promener dans
der.)
les environs; autrefois, ils trans-
portaient des cerises; de là leur Chambrée. ; On sait que la
506 CHA G HA

chambrée est rappartement, le Chapelle. Coterie.


dortoir où les soldats vivent eu
commun. » {Evénement 1881.) Charger. Verser du via,
remplir un verre de liquide.
Chambrer. Perdre, voler. « Charge-moi vite une gobette de
Argot des grecs. champoreau. » Traduction Sers- :

moi un verre de café additionné


Champ. Argot de sport.
d'eau-de-vie. {Réveil, 1882.)
L'ensemble des chevaux qui se
présentent pour figurer dans la Charretée (En
. avoir une.)
même épreuve. Parier pour un Etre complètement ivre.
cheval contre le champ, c'est pa-
rier pour un cheval contre tous Charrier. Chercher à savoir.
ses concurrents. (Littré.)
Charrieur, adj. Curieux. —
Champs. Champs-Elysées. Subst. Individu qui se tient aux
Argot des filles, des souteneurs abords de certains cercles pour le
et de toutela population inter- compte desquels il racole les
lope qui, la nuit venue, fait élec- joueurs. « Ces nobles personnes
tion de domicile aux Champs- ont toujours deux ou trois çjrecs
Elysées. à leur solde. Elles ont aussi des
charrieurs et des eharricuses qui
Chand, chande. Marchand, sont chargés de rabattre les pi-
marchande. geons. » {Henri IV, 1881.)
Chandelle (Faire une). Lan- Chartreuse de vidang^eur.
cer une halle en hauteur de telle Demi-setier de vin rouge.
sorte qu'elle puisse facilement re-
tomber dans les mains des Chasselas. Vin. « Je pren-
joueurs. Argot des enfants. Allu- drais bien quelque chose de chaud.
sion à la chandelle romaine, Est-ce qu'il y a du chasselas sur
sorte de fusée. le feu, madame Antoine? »

Chantlelle (Faire fondre


(Huysmans, Sœurs Vatanl.)
une). Boire une bouteille de vin. Chasseur. Domestique, petit
« La chiffonnière faisait alors un groom qui, dans les cafés et res-
bout de toilette avant d'aller faire taurants bien tenus, est à la dis-
fondre une chandelle dans le position des consommateurs, pour
sous-sol du père Graindesomme. » faire leurs commissions.
{Réveil, 1882.)
Château. Abrév. de Chateau-
Chanoine. Récidiviste des briand (V. Delvau.)
maisons centrales.
Chaton. Petit chat. Individu
Chapeau. Homme de paille, charmant. (Richepin.)
remplaçant sans titre sérieux.
« Ce ne sont pas des chapeaux Chatouillante au roupil-
que j'ai laissés à mon siège d'ad- lon. Vol au poivrier.
minihtrateur (de compagnie finan- Chatte. Pédéraste. Argot des
cière) mais bien des titulaires
voleurs.
réels. {Journal officiel belge,
»
mars 1874, cité par Littré.) Cet Chauffer un élève. Lui ap-
emploi vient de l'habitude, dans pliquer des moyens d'instruction
les bals, de marquer sa place en qui hâtent ses connaissances aux
y laissant son chapeau. dépens du développement total.
cm CIG 507

(Littré.) « Il ne réussit qu'après trouva une quantité étonnante de


avoir été chauffé dans une mai- chiffonnage dans les trois hottes. »
son spéciale, par un professeur {Clairon, 1881)
qui lui mâchait ses devoirs. »
(Pellerin, Le roman d'un blasé.) Chiffonner une femme.
S'amuser avec elle aux bagatelles
Cheval de corbillard de la porte.
(Faire son). Faire le malin, poser.
Chig^nard. Celui qui chigne,
Chevalier du bidet. Soute- qui grogne constamment (Littré.)
neur.
Cliinag^e. Action dé faire la
Cheveu. Argot des coulisses. chine. — Plaisanterie.
Mot dit pour un autre quand la
langue vous fourche « Majesté, Chine. Sorte de vol.
votre sire est biun bonne
:

» — Chiner.
Travail difficile, ennuyeux.
!

— pin.)
Travailler.
— Plaisanter.
(Riche-

Voilà le cheveu; voilà la diffi-


culté Chiottes. Cabinets d'aisances.

Cheveux (Se faire des). S'in- Chipoter. Être regardant,


quiéter, se tourmenter. liarder. « Il doit également ne ja-
mais chipoter sur le prix des con-
Chibis! Attention!
sommations. » {Frondeur, 1880.)
Chien (Coiffure à la). Se dit
d'une coiffure de femme dans la- Chique (Coller sa). Baisser la
quelle les cheveux sont ébouriffés tète.
et en désordre sur le front. « A Chouan. Cœur. Déhdcler son
force de voyager en wagon avec
chouan, ouvrir son cœur, sa pensée
des filles bizarrement accoutrées,
à quelqu'un. « Moi, j'suis pas un
les cheveux sur les yeux, à la
craquelin; j'vous débâcle mon
chien... » (A. Daudet, Fromont
chouan. » {Réveil 1882.)
jeune.)

Chien (Faire le). Dans l'ar- Chouter. Caresser. (Riche-


pin.)
got des cordons bleus, c'est
suivre Madame au marché avec Ciel (Etre au septième). Etre
un panier dont, en pareil cas, on enchanté! ' Lui, monsieur, qui
ne peut faire danser l'anse. « Une avait beaucoup joui de la vie,
cuisinière à une de ses amies : dans le temps, était au septième
Du moment qu'on ne fait pas le ciel de ces deuils... » {Vie élc'
chien, la maison me va! » {Fi- gante, ls82.)
garo, 1882.)
Cigalier. Qui fait parti d'une
Chier. Mot élégant qu'em- société littéraire composée de Mé-
ploient les enfants qui, jouant aux ridionaux connue sous le nom de
billes, manquent leur coup. J'ai la Cigale. « Nous avons eu
chié, je n'ai pas attrapé la bille. M. Lepère qui a chanté le quar-
tier latin; nous avons M. Devès
Chier dans la vanette.
qui est cigalier. » {Union, 1882.)
Argot militaire. Etre sans gêne.
Cig^aritos. Cigarette recou-
ChilTonnag^e. Le contenu de verte dune feuille de tabac et
la hotte du chiffonnier. « On ayant l'aspect des cigares. (Littré.)
503 COG GON
Cinq à sept. Argot des gens Cocossotte. (V. Coco vieille.)
mondains. Réceptions, visites,
entre intimes. Elles ont lieu avant Cocoter. Faire la cocote, la
le dîner, de cinq à sept heures du
fille galante.
soir. « Madame du Deffand qui Colin. Emploi d'amoureux co-
fut une des fondatrices de ce que mique dans les anciens opéras-
nous appelons de nos jours des comiques. On en a fait dans le
cinq à sept. » {Gaulois, l«82.) monde un qualificatif : c'est un
Cinticme. Casquette à ponts. colin.
(Richepin,)
Coller une douce (Se). Se
Cirag-e. Eloge réclame élo-
; masturber. Rigaud dit : Se coller
gieuse, compte-rendu sur le mode un rassis.
dithyrambique.
Colletiner. Argot des chif-
Cirer. Faire un éloge outré fonniers. Porter la hotte. « Dites
de quelqu'un ou de quelque chose. donc, m'ame Ligotière, v'ia long-
Citrouille. Argot militaire.
temps que vous coUetinez toute
seule! » {Réveil, 1882.)
Cavalier-dragon.
Claque. Claque-dent. Res- Colon (Petit). Argot mili-
taurant de bas-étage. taire. Abréviation de lieutenant-
colonel.
Claque-patin. Individu dont
la savate claque contre le talon. Coltineur, euse. Fainéant,
(Richepin.) mauvais ouvrier. « C'est sûrement
pas pour des coltineuses de votre
Clef (Perdre sa). Avoir la co- espèce qu'on ferait des sacrifices ! »
lique. (Huj'smans, Sœurs Vatarcl.)
Cleptomanie. « On imagina Comique habillé. Argot
le mot de cleptomanie, ou manie de coulisses. Jouer avec succès
du vol, pour désigner l'état de les comiques habillés, c'est-à-dire
ces voleuses maladives.» (Giffard, les comiques en habit de ville,
Les Grands bazars.) n'est pas un mince mérite car il
est plus difficile d'y réussir que
Clig^uot. Œil. Baver des cli-
gnots. Pleurer.
dans les comiques vêtus de cos-
tumes bouffons où l'accoutrement
Clique. Argot militaire. Le est au moins de moitié dans le
soldat qui joue du clairon. — succès.
-Musique militaire.
Commencer une femme.
Cliquette. Oreille La lancer dans le monde galant
après en avoir obtenu tout ce qu'on
Cocasse. Drôle, amusant.
pouvait désirer. « Il connaît les
Coco Yieille. « Nom donné petites amies des comtes et des
à leurs aînées par le clan des princes. Il sait toujours qui a
jeunes femmes de l'aristocratie commencé une femme. » {Figaro,
qui marchent en avant des élé- 1«82.)
gances. Les aînées ont répliqué
en infligeant aux jeunes femmes
Con. Idiot, imbécile.
le nom de cocossottes. » {Fi- Condé. Influence. « Ils
garo, 1881.) avaient accaparé les meilleurs
GON COR no9

postes, ceux qui procurent le plus Argot militaire. Ne pas croire à


ae condé (influence) . » (Hunibert, cette chose.
Mon bagne.)
Coquemart. Chaudron. (Ri-
Condice. Cage de forçat. chepin.)
« C'est le plus chouette argotier
de la condice. (C'est lui qui parle Coquillard. Œil. S'en tam-
le mieux argot de toute la cage.) » ponner le coquillard, s'en battre
(Hunibert, Mon bagne.) l'œil, s'en moquer.
Conduite. Argot théâtral. Le Corbillard de loucher-
régisseur fait la conduite de la bem. « Et voici, pour corser tous
pièce dans la coulisse, la bro- ces parfums et leur donner la
chure à la main, c'est-à-dire note aiguë, voici passer au galop
qu'il en a le texte en main et le corbillard de loucherbem,
sous les yeux afin de veiller aux l'immonde voiture qui vient ra-
entrées des acteurs et de conduire masser dans les boucheries la
la pièce. viande gâtée. » (Richepin.)
Confortable. Verre de bière. Corde (Avoir ou n'avoir pas
Connaître dans les coins la). Trouver ou non la note sai-
(La). C'est la variante de l'expres- sissante et pathétique pour expri-
sion citée par Delvau Connaître
:
mer le sentiment et la passion.
le numéro, Corio. Fontaine. Argot des
Conscrar. Élève de première élèves de l'Ecole Polji-echnique.
année à l'Ecole Polytechnique. C'est le général Coriolis qui fit
« C'est la première chose que les installer des fontaines dans les
anciens apprennent aux couscrars cours de l'Ecole.
lorsqu'ils arrivent à l'école. »
[GilBlas, 1882. V. Delvau, Cons- Corne. SjTionyme de croissant,
crit.)
petit pain.

Conscrit. Normalien de pre- Corps de pompe. L'ensem-


mière année. ble des professeurs de l'Ecole de
Saint-Cyr. « Ceux qui savent
Consolation. Jeu de hasard quelques bribes de dessin, pochent
à l'usage des filous. « Au lieu du en quatre traits la caricature du
rendez-vous, on jouait la consola-
corps de pompe. » (Maizeroy,
tion, partie qui consiste à diviser
Souvenirs d'un Saint-Cyrien.)
un tapis vert eu cases, au moyen
de lignes tracées à la craie, à nu- Correcteur. Argot des éta-
méroter chaque compartiment blissements pénitentiaires. Détenu
depuis un jusqu'au chiffre maxi- qui est chargé d'exercer une sur-
mum que peuvent produire un veillance sur ses camarades.
certain nombre de dés et à payer
enfin à chaque individu le mon-
Correspondance. Argot des
ouvriers. On donne ce nom à
tant de la mise qui se trouve
dans la case que désigne la
une sorte de collation prise chez
somme des points amenés par le le marchand de vin. Elle se
compose généralement d'une demi-
coup de dés. » {La Loi, 1882.)
douzaine d'huîtres, d'un verre de
Conter quelque chose au chablis et d'un petit pain. On
perruquier des zouaves. déguste le tout en attendant un
510 COU cou

omnibus pour lequel on a un Couleur. Argot du turf. Les


billet de correspondance. couleurs, couleur de l'ensemble
du costume porté par le jockey
Cosaque. Bonbon entouré d'une écurie. Chaque écurie de
d'un papier doré ou argenté. course à ses couleurs particulières.
« Vous connaissez ces charmants
petits riens de papier doré ou Coup (Valoir le). Mériter
argenté, frangés aux deux bouts attention, Valoir la peine.
et qui renferment dans leurs
flancs bariolés, des bonbons, des Coup de cachet . « Un
coiffures en papier, des surprises jeune premier suivant le cœur de
diverses. On les appelle des M. Zola... a sournoisement in-
cosaques. » {Gaulois, 1882.) troduit un couteau entre les
J'ai vu également donner à ces épaules de son rival... en impri-
objets le nom de papillottes. mant à son arme, s'il en faut
croire l'acte d'accusation, im
Costume (Faire un). Argot mouvement de rotation des! lue à
théâtral. Applaudir un acteur dès donner au coup une force inévi-
son entrée en scène et avant tablement mortelle. C'est ce que
même qu'il ait pu prononcer une M. Huysmans appelle le coup de
parole. cachet. » (L. Chapron.)
Cote. Terme de course. Ta-
bleau sur lequel les bookmakers Coupe-flle
. Carte délivrée
indiquent les alternatives de par Préfecture de police aux
la

hausse et de baisse qui ont lieu membres du corps diplomatique,


sur les chevaux qui prennent aux ministres, aux personnages
part à des courses. « Les paris à de distinction et qui sert à couper
les files de voitures, à circuler
la cote sont les seuls autorisés,
depuis que les paris mutuels, où à stationner dans des endroits
reconnus jeux de hasard ont som- où le public ne peut ni circuler ni
stationner.
bré par-devant la police correc-
tionnelle. » {Carnet des courses.)
« Tu no verras pas, conluisaiU
Côtier. Cheval de
renfort. Leur bois peint, tout frais reluiiaut,
Un groom en croupe,
Homme qui le conduit. « Plus
Avec un coupe-file, au bois
curieux encore sont les côtier s, Des gens qui faisaient aulrcfois
c'est-à-dire les chevaux de ren- Filer la Coupe! »
fort pour les montées. » {Esta- {Clairon, 1882.'»
fette, 1882.)
Coupe-gueule. V. Biboire.
Couche (En avoir une). Sous
entendu, de bêtise. Etre inintelli- Couper dans le ceinturon.
gent. Même signification que Couper
dans le vont.
(V. Delvau.)
Couche (A quelle heure
qu'on t'). Expression que le peu-
« Une ambitieuse qui est
vieille

ple adresse aux importuns, aux simple marchande des quatre sai-
fâcheux quand il désire s'en sons, et que j'ai coupé dans son
débarrasser. ceinturon. »
{Gazette des Trubunau.r, 1881.)
Coude (Ne pas se moucher
du). Se faire valoir. Expression Couper les effets. Argot
ironique. théâtral. Desservir le jeu de son
CRE GYL 511

interlocuteur pour l'empêcher Crétinisé (Etre). Etre


remarqué du public.
d'être ébaubi, stupéfait d'admiration.
Couper la verte, l'alfa. « — C'est la plus belle créature
Argot militaire. Boire de l'ab- de notre temps. —
J'en suis cré-
tinisé » {Vie Parisienne, 1882.)
siDthe. !

Courrier de la Préfec- Crevant. Très drôle, à crever


ture. Voiture cellulaire. de rire.

Couverture. Argot de Croix de Dieu. Alphabet.


Bourse. Garanties. « Il achetait « Je connaissais la croix de Dieu.
du 3 0/0 français à terme et le La croix de Dieu, vous le savez
faisait reporter indéfiniment d'une n'est rien moins que l'alphabet
liquidation à l'autre les titres
;
avec une belle croix au commen-
turcs devaient servir de couver- cement. » (B. Pifteau.)
ture. » {Gazette des Tribunaux, Crotal. Sergent à l'Ecole
1882.) Polytechnique. « L'on s'installe
Cramponner (Se). Etre par demi-section présidée par un
saisi d'étonnement, d'admiration. crotal.Le crotal c'est le sergent. »
Cramponne-toi, Gugus, est une (Gz7 Blas, juin 1882.)
phrase ironique que le peuple Crottard. Trottoir.
emploie souvent en s'adressant à
quelqu'un pour l'avertir qu'il va
Croquaillon. Mauvais cro-
quis. « d'après les ren-
C'est...
voir ou entendre quelque chose
seignements des tiers que j'ai
d'extraordinaire.
exécuté ce croquis ou plutôt ce
Cran (Se serrer d'un). Se croquaillon. » {Gazette des Tri-
priver de. Se serrer le ventre, ne bunaux, 1876
pas manger à sa faim.
Cuire (Se faire). Se faire arrê-
Crapaud serpenteux. Sorte ter.
de fusée qui part en décrivant
des spirales.
Cul
levé. Partie d'écarté à
trois où deux des joueurs s'en-
Cravache (Être à la). Argot tendent pour dépouiller le troi-
de turf être à distance de cra-
;
sième.
vache. « Au dernier tournant, Cul de plomb. Femme qui
Gladius et Revigmj apparaissaient tient soir,sans bouger,
se le
de front au puits, Gladius
;
dans un établissement public et
était à la cravache. » (Journal
attend le client.
Officiel, 1872.)
Crayon. Commis boursier,
Culasses mobiles (Revue
des). Argot militaire. Inspection
employé d'agent
change. de
médicale qui a lieu tous les mois.
« Habile, finaud, un des malins
crayons de la coulisse, Luzy
Culbutant. Pantalon. (Riche-
pin.)
n'avait pas le grand flair de
Blancheron. » (De Concourt, La Culotte rouge (Donner dans
Faustin.) la). Choisir ses amants dans
l'élément militaire.
Crémer. Incinérer.
« Garibaldi, héros suprême Cure dents (Venir en). V.
Avant de mourir, a parlé ! Pastille de Vichy.
Il a dit Je veux qu'on me crème 1
:

Puis le liéros s'en est allé!.... » Cylindre. Chapeau haute


(Clairon, 1882.) forme.
Danse. Puanteur. (V. Del- Déboulonné (N'avoir rien).
vau, Danser. N'avoir pas l'esprit inventif; ne
pas être ingénieux.
Dariole. Pâtisserie commune.
Darioleur, pâtissier. Déboucleur fie lourdes.
Voleur qui a la spécialité de
David. Casquette de soie. Du fracturer les portes.
nom du bon faiseur. « Parlant
argot, portant les rouflaquettes Débourrer. Jargon des ma-
bien cirées, la blouse de fil tirée quignons. Chuval débourré, che-
aux épaules, le David crânement val qui a perdu l'embonpoint
posé sur le front... » (Humbert, factice qu'on lui avait donné pour
Mon baijne.) le vendre. « Au bout de quelque
temps, les fraudes se découvrent,
Débecqueter. Vomir.
r embonpoint factice s'affaisse
Débectant. Ennuyeux, désa- les côtes ireparaissent, et la bête
gréable. « Mentor qui connaissait est ce qu'on appelle débourrée... »
tout le fourbi, dit alors à Télé- {Siècle, 1867. Cité par Littré.)
maque C'est débectant, mais au
:

fond, ça ne fait rien... » (A. Le- Débrouille. Argot des en-


roy, tes mistouf's de Tclcma- fants. Débarras. S'emploie sur-
que .
tout dans le jeu de billes. Quand,
)
devant une bille visée se trouve
Déblayer. Argot théâtral. un obstacle quelconque, un caillou,
Réciter avec volubilité le com- du sable, l'enfant qui vise s'écrie:

mencement d'une tirade pour débrouille 1 et aussitôt il ôte


arriver aux passages saillants l'objet qui le gênait à moins que
que l'on débite avec plus de len- son camarade n'ait crié avant lui :
teur, en les soulignant plus parti- sans débrouille !
culièrement, de façon à provoquer
les applaudissements à ce qu'on Débrouiller un rôle. Avant
appelle les bons endroits. de pénétrer dans l'étude détaillée
de son rôle, l'acteur le débrouille.
Débouler. Accoucher. c'est-à-dire qu'il se rend compte
DÈM DES 513

du caractère de son personnage, demi -monde, voire même du quart


des .«entimeats qu'il exprime, des de monde. L'expression ne date
situations dans lesquelles il se pas d'hier, car une lettre du
trouve mêlé, etc. 5 avril 1/84 de la Correspondance
secrète en fait mention.
nécarrement. Évasion. (V.
Delvau : Décarrade.) Demi-poil. Demi-vertu.
« Allez donc établir une distinc-
Uécembrisade. Mot formé tion quelcouque entre une mar-
à l'imitation de septembrisade
quise célébrée par les reporters
et qui se dit de la tuerie qui eut
de salon et une fille de demi-
lieu à Paris lors du coup d'Etat
poil. » [L. Chapron.)
de décembre is5l. « Je ne veux
pas entendre ces interruptions de Dépoter. Accoucher. « Une
mauvais goût qui nous eutraîne- tante qui, sans être sage-femme,
raieut à parler, après les septem- était experte en ce genre d'ou-
brisales, des décembrisades. » vrage, dépota l'enfant. » (Huys-
(Journal officiel, lis 76, cité par mans .1:vau-l'eau.)
Littré.)
Député. Billet de faveur que
Mécoller (Se). Manquer, ne donnent les directions théâtrales.
pas réussir, ne pas avoir lieu. « Sait on comment on appelle
« Voilà que le banquet du 13 se
aux contrôlesdes théâtres, les
décolle! » [Ralaille, 1882.) billets les porteurs de
gratis,
billets de faveur ? On les appelle
nécravater ses propos.
Tenir une conversation libre, or- des députés Les bordereaux des
!

recettes portent tant de billets à


:
durière. « Ces étrangers cravatés
tant, et tant de députés. » {Illus-
de blanc qui décravatent leurs
propos. » {J. Claretie.)
tration, mai 1882.)

Déculotter. B'aire faillite.


Dérailler. Divaguer.
Déflaque. Excrément, (Ri- Derby. Course qui se fait à
chepin.) Epsom. dans le mois de mai ; la
plus illustre et la plus considé-
Déçling^uer. Détériorer. rable des réunions hippiques de
l'Angleterre, ainsi dite d'après
Déjs^umiiier. Mourir. Dé-
lord Dert>y qui l'a fondée c'est ;
gommé, mort. Quart dps dé-
une poule pour pouliches et pou-
gommés, commissaire des morts.
lains de trois ans. En France,
I>é<|^rinj°^oler «le la man- prix qui se court à Chantilly sur
sarde. Sentir mauvais de la une piste de ï,400 mètres, le di-
bouche. manche qui suit l'Ascension.
(Littré
Déçueulatoire. Repoussant, )

dégoûtant, qui donne envie de Dérober. Argot de turf. Un


dégueuler. cheval se dérobe quand il s'écarte
de la piste.
I>é$fueulade, dés^ueulag^e,
dég'ueulis. Vomissement. Desct^udre. Expression théâ-
Déjoséphier. Déniaiser. trale en usage dans les répéti-
tions, (^est aller dans la direc-
Demi-castor. Femme du tion de la rampe. — Terme de
33
514 DIF DUC
turf; guand un cheval appelé Discrétion. Pari. « Des pa-
à courir acquiert une plus-value, ris gagnés ou perdus qui, le plus
on dit qu'il descend, parce qu'en souvent, prennent la forme com-
effet la proportion dans laquelle promettante et le titre étrange de
on pariait contre lui tombe. discrétion. » {Indépendance belqe,
Ainsi, un cheval qui hier était 1868.) ^ '

coté à 7 contre —
l, et qui est
aujourd'hui à 5 contre —
l est un
Disqualifié. Argot de turf.
cheval qui descend (Littré.) Cheval disqualifié, cheval mis
hors concours par suite d'une
Détaché. Argot de sport. infraction au règlement commise
Qui est en avant des autres par son propriétaire ou par son
chevaux. Tel cheval est arrivé jockey (Littré.)
second, mais il était complète-
ment détaché du reste du champ, Disting^ué. Verre de bière.
c'est-à-dire qu'à l'exception du
vainqueur, tous ses rivaux étaient
Dominer. Argot
théâtral.
C'est se trouver, pour
le public,
loin derrière lui.
derrière son interlocuteur, c'est-
nétailler le couplet. à-dire au-dessus de lui, car la
Lancer le trait final d'une chan- scène va toujours en pente, in-
son en nuancer les différentes
; clinée du fond à la rampe.
phrases. Madame Judic excelle à
détailler.
Domino. (V. Retaper le do-
mino.)
Détailler un rôle. Argot
théâtral. En mettre en lumière Donner (La). Penser, croire,
toutes les parties avec une préci- juger. Argot des voyous.
sion telle qu'il soit hien en relief Donner du chasse à la
et que rien ne reste dans l'ombre rousse. Faire le guet.
ou inaperçu. Un rôle ne peut être
détaillé qu'après avoir été fouillé. « Tu donneras du chasse à la rousse, au
[moment
Dévalidé. « L'expression est
Où patron fera son petit boniment. »
le
de l'invention du XIX' Siècle, et (De Gaston, le Foyou et le Gamin.)
elle dit bien ce qu'elle veut dire.
« Validé dans la séance du l S no- Donner du flan, de la
vembre, M. de Soubeyran a été {galette. Argot des grecs. Jouer
déclaré non validé dans la séance honnêtement.
du 19, c'est-à-dire, en propres Dorsay. Sorte de voiture an-
termes dévalidé. » {Figaro 1«81). glaise. — Vêtement.
Dévisser (Se). S'en aller. Dring^ue. Vêtement, redin-
Devonshire. Chapeau de gote.
femme. {V. Gainsborough.) Duc. Grande voiture se rap-
, Difficulté. Argot de sport. prochant de la Victoria. Le duc
Être en difficulté, se dit d'un est à deux places avec un siège
cheval qui a de la peine à garder par derrière et un par devant
son avance. « Au dernier tournant pour deux domestiques sur
Gladius était en difficulté pour chaque. —Petit chapeau roud,
conserver son rang à côté de de la forme du melon et que por-
Bivouac qui prenait le dessus. » tent les souteneurs qui ont des
[Journal officiel.) prétentions à l'élégance.
Eaux gérasses (Être dans lieu de partir par paquets. On
les).Occuper une haute situation appelle cela le service des égre-
dans une administration. nés et le service des égrenés se
fait après le service des classés.
Écaillé. Souteneur. Allusion {Clairon.)
aux écailles du poisson.
Electeur. Client, dans —
École préparatoire. Pri- l'argotdes commis voyageurs.
son. Quand la tournée a donné de bons
Ecurie. Argot de turf. En- résultats, l'électeur a bien voté ;
si les commandes ont été rares, il
semble des chevaux de course
d'un propriétaire oa de plusieurs a mal voté.
propriétaires associés.
Emboîter. Insulter. —
Se
Eduquer. Elever, instruire, faire emboîter argot théâtral,
donner de l'éducation. « Nous être sifflé.
sommes trop bien édu^ués pour
refuser de boire un petit verre à Emboucaner (S'). S'ennuyer.
votre intention. (De Montépin.)
;>
Argot des voyous.

Egailler les cartes. Les Embusqué. Arg. militaire.


étaler. — Argot des cercles. Soldat dispensé, en raison de
fonctions du ser\4ce
spéciales ,

Egrlisîer. Homme d'église, commun. Pas plan de carotter


<
cagot. Terme de mépris. la revTie, tous lesembusqués, sol-
dats de cantine, garçons du mess,
Eg^reué. « Quand on (un
secrétaires du major,'tout le monde
journal^ est installé, c'est d'une
est là. {Monde comique, n» 195.)
ï)
simplicité extrême... Pour le
Clairon, il a fallu, durant ces Emècheur de parties.
premiers jours écrire les bandes Certains fondateurs de cercles ou
à la main, affranchir et les
les maisons de jeux réunissent un
porter au bureau central d'où capital qui leur sert à spéculer
elles partent individuellement au sur les petits pontes quils ga-
516 ENV ÈTA

gnent presque toujours. En argot Épaule (Changer son fusil


de joueurs, on nomme ceux qui se d').Changer de manière de voir;
livrent à des opérations de ce d'opinions politiques.
genre des voraces ou des émè-
cheurs de parties. Eprouvé. Condamné qui,
ayant déjà subi la moitié de sa
Emmilliarder , Emmil- peine s'est, par une bonne con-
lionner (S'). S'enrichir. « Les duite, recommandé à l'adminis-
patrons y ont été traités (dans tration.
une réunion publique politique) de
lâches, les bourgeois et les capi- Esbig^ner dans sa boite
talistes de bandits... de crapules à puces (S'). Rentrer chez soi.
qui donnent de l'instruction au « Si c'est comme ça qu'on vous
peuple pour éviter de lui donner reçoit dans le monde chic, des
de 1 argent, et pour pouvoir s'en- mâches J'aime mieux m'esbigner
!

richir, s'emmillionner et s'em- dans ma boite à puces. » (Mahalin,


milliarder tout à leur aise aux La Patte de fer.)
dépens des ouvriers. » {Consti- Esbloquer. Étonner, stupé-
tutionnel, 1882).
fier.
Empierg'eonner. S'empê- Escaver. Empêcher.
trer. (Richepin.)
Ecrabouiller. Ecraser, ré-
Emplucher. Piller. duire en morceaux, en miettes.
Encadrer quelqu'un Escouade (Parapluie de 1').
(Fairej.Se dit d'une personne qui Argot militaire. Envoyer cher-
présente quelque particularité cher le parapluie de l'escouade :
prêtant à rire. moyen poli de se débarrasser
Entlormeur. Homme en- d'un importun. (Ginisty, Manuel
nuyeux. du parfait réserviste.)
Enfller. Prendre en flagrant Estaphe. Poule. Jargon des
délit. voleurs.

Enflfré. Non-conformiste. Estomac (Avoir beaucoup d').


Argot des cercles. Jouer gros
Eng^a^er.
Prendre
Argot de turf. jeu. —
Avoir une grosse fortune;
inscription pour faire présenter des garanties sérieuses
participer à une course publique au point de vue commercial. C'est
un cheval dont on est proprié- une variante de Avoir les reins
:

taire. solides. « Blancheron, un cou-


Eng^ueuler le lissier et un des plus fiers esto-
trottoir.
Porter des chaussures éculées, macs de la Bourse. » (De Uon-
Îercées. « Des souliers éculés avec court, La Faust in.)
es semelles... qui engueulent le
trottoir. » ( Vie Parisienne, 1882.)
Etag^ère. Femme qui dans
les restaurants parisiens est pré-
Entrée. Argot de turf. Somme posée au service des desserts qui
versée par le propriétaire qui en- sont en général exposés sur une
gage un cheval pour une course. étagère.

Enviander. Copuler. On dit Etanche (Avoir le goulot en).


aussi, tremper sa mouillette. Avoir le gosier altéré. « Charge-
ETR EXT 517

moi vite une gobette de champo- Etre chez soi. Argot des
reau; j'ai le gosier en étanche! » couturiers. Se sentir à l'aise,
{Réveil, 1882.) n'être pas gêné dans son costume.
« Le langage de convention re-
Éteindre son gaz. Mourir.
commence entre l'essayeuse et sa
Étouffag^e. Vol. Etouffer, cliente « Sent-elle son corsage ?
:

voler. Etouffeur, grec, voleur — Oui, elle y est chez elle. »


Argot des joaeurs. (V. Delvau, {Gaulois, nov. 1881.)
Etouffoir.)

Être au sac. Avoir de l'ar-


Évacuer du couloir. Sen-
gent. « Les deux amis se tombent
tir mauvais de la bouche.
dans les abatis l'un de l'autre,
et Hégésippe qui était au sac Exécution. V. Delvau Exé-
propose à Philoclès de venir cuter quelqu'un.
prendre un petit quelque cbose
sur le pouce. » {Les mistouf's de Extravag^ant. Verre de bière
Télérnaque ) . d'ime capacité plus qu'ordinaire.
Fabriquer. Faire, dans le gérant ou d'un président de
sens général. Qu'est-ce que tu cercle véreux.
fabriques là ?
Fédéré dans la casemate
Facile à la détente. Oéné- (Avoir un). Etre enceinte.
reux.
Féministe. Partisan de l'af-
« Mon mari, dit une marq liso, franctiisseraent des femmes. Le
Hier s'est généreusement mot est de mademoiselle Huber-
Fendu d'une parure exquise. tine Auclert. « Je ne doute pas
— C'est fort aimable, assurément,
que la liberté d'adresser dans les
Ditune comtesse charmante,
Mon époux, malheureusement mairies quelques mots aux nou-
Est moins facile à la détente. » veaux mariés... est octroyé aux
(Marcellus, Le langage d'aujourd'hui.) femmes comme aux hommes, aux
féministes comme aux libres pen-
Faire bouillir le pot. seurs ...»
Faire subsister le ménage du n
autre Femme au petit pot. Con-
cubine. Argot des cliiffonniers.
Faire son cbeval de cor-
billard. Faire le malin. Poser, Fer à repasser. Soulier.

Faiseuse d'angles. Nour- Ferblantier. Commissaire


rice qui, de propos délibéré, laisse de la marine. Ainsi nommé à
mourir les enfants qu'on lui cause de ses galons d'argent.
confie.
Fermer son plomb. Se
Fallophage. Argot des sa- taire.
vants. (V. Avale-tout.)
Ferré (Être). Argot des écoles :

Fantasboche . Fantassin. connaître parfaitement les ma-


tières qui figurent au programme
Fauconnier, ou mieux «rcc d'un examen ; être instruit.
Fauconnier. Grec qui taille
des banques pour le compte d'un Feuilles (Bonnes). Les pas-
FOR FRI 519

sages les plus remarquables Fouille. Poêle. Delvau donne


d'un livre, d'une brochure. fouillouse et Littré fouilleuse.
Feuille soumise. Journal Fouilleuse. Argot de police.
officieux, à la dévotion du Gou- Femme chargée de fouiller dans
vernement. les prisons soit les détenues soit
les visiteuses qui les viennent
Feuilleté. Percé, troué. Se-
melle feuilletée, soulier percé.
voir. Le soir, la Fouilleuse du
Dépôt explore les poches et les
Fig'uole. Joli. (Richepin.) "V. vêtements delà femme... » {Ga-
Delvau, F'ujnolcr. zette des Tribunaux, 1875.)

Fig'uraut de la morg^ue. Foule (Faire). Avoir du suc-


Cadavre. cès; attirer la foule.

Fille (Petite). Demi-bouteille Fourchette (Lancer un coup


de vin. de). Porter à l'adversaire avec
Fiole. Souper de lequel on se bat un coup dans
la fiole de
les deux yeux à la fois en y en-
quelqu'un, en être fatigué, im-
portuné. fonçant, d'un mouvement rapide,
l'index et le doigt majeur écartés.
Fioler. Dévisager.
Fourneau. Vagabond, dans
Flâneuse. Espèce de chaise l'argot des saltimbanques.
longue.
Foutoir. Petite maison ou
Flaquin. Recherché dans sa petite chambre réservée et dis-
mise. crète. Se dit aussi d'un lieu pu-
Flauper. Battre. blic ou d'une maison privée qui
admettent une grande licence.
Fleur de macadam. Fille
galante qui bat le trottoir. « En- Frais (Mettre aul. Emprison-
core eùt-elle (madame de Met- ner.On dit aussi Mettre à l'ombre.
ternich) éclipsé cette fleur de
macadam par la crànerie de sa Franc. Argot militaire. Bon,
désinvolture. » {Evénement, 1880.) agréable. Pas d'exercice, de-
main! c'est franc! (Ginisty, Ma-
Flûte. Verre de bière. nuel du parfait réserviste.)
Foies blancs (Avoir les). Fricot Terme d'injure qu'a-
Etre timide; manquer de cou- dressent les républicains bretons
rage, d'audace. à ceux de leurs compatriotes qui
Foirer. Avoir la foire. ne professent pas des opinions ré-
publicaines. « A sa vue. quelques
Foiron. Derrière. propos furent échangés ; les ré-

Forfait. Argot de turf. In- publicains furent traités de bi-


demnité que paye le propriétaire gornes : ils ripostèrent par les
qui, ayant engagé un cheval, dé- mots de ragoût et de fricot...»
clare avant la course ne pas vou- {France, 1881.)
loir ou ne pas pouvoir faire cou-
rir.
Fricotter. Argot militaire.
Trouver le moyen de couper d'une
Fortifes. Les fortifications. manière suivie aux obligations les
(Richepin.) plus dures du service. Les fricot-
520 FUG FUS

teurs patentés de tout régiment Fumeuse. Siège où l'on


sont : les tailleurs, les cordon- s'assied pour fumer commodé-
niers, les secrétaires, les ordon- ment. — Chandelier.
nances, etc.
Manuel du parfait ré- Fusil. Chasseur. « Ils fies
(Ginisty,
reporters) n'appellent pas un
serviste).
chat, un chai; ils ne disent pas
Frotteur. Argot de Police. d'un chasseur, un chasseur, ils
« Maniaques qui suivent la foule disent un fusil. J'ai lu, cette se-
pour se frotter à elle; pour maine, à propos d'une battue
toucher d'une main frémissante chez une demi-mondaine fort cé-
les femmes de toutes catégories lèbre, cette phrase étonnante :
?ui se pressent autour d'eux. » Invités, douze fusils des deux
iGfiffard, Les Grands bazars.) sexes. » (Claretie.)

Fruche. Objet disqualifié. Ar- Fumister. Mentir.


got des commis de nouveautés.
Fumisterie. Mauvaise plai-
Fug^ue. Fuite, départ pré- sauterie.
cipité.
Fusil à deux coups. Pan-
Fumeron. Repasseuse. talon.
Gaffer. Commettre des fautes, Ciambier. Pipe en terre. Du
des sottises. nom du fabricant.
Clafiller. Écouter attentive- Gantière. « En lanp:age pa-
ment ;
prêter attention à. . . Ar- risien, ce mot un pavillon qui
est
got des rôdeurs. couvre certain commerce où il ne
Gagner. Argot théâtral. Ga- se débite pas que de la peau de

gner à droite ou à gauche, c'est chien ou de la peau de che-


faire quelques pas dans un sens
vreau. » (Voltaire.)
ou dans l'autre. GargarouBse. Gosier. (Ri-
Ciainsboroug'h. Chapeau de chepin.)
femme. Mode de 1882. « Dans GaTe. Estomac. (Richepin.)
toutes les galeries, on voyait
émerger les bustes des plus jolies Gentilhomme sous-marin.
filles de Paris,
véritable foire Souteneur.
aux chapeaux,
gains;ioroughs,
Gig. Sorte de cabriolet. (Lit-
polichinelles, devonshires, etc.
tré.) Encore un mot d'importation
{Vie Parisienne, 1882.)
anglaise! « Miss Rovel venait
Cialette. Petit pain rond et d'arriver au sommet de la col-
Îilatqu'on sert dans certains res- line dans un gig qu'elle condui-
aurants. sait elle-même. » (Cherbuliez.)

Cialupe. Femme, fille de Glu. Le mot ne date que de


mauvaise vie. quelques semaines et a été inspiré
a Les galup's qu'a des ducatons par la pièce de M. Richepin. La
Nous rincent la dent. > Glu, jouée au théâtre de l'Am-
(Richepin.) bigu. La Glu, c'est l'ancienne co-
cote, la belle petite ou la ten-
Cialupier. Qui entretient des
di^esse d'hier. « Depuis quelques
galupes. (Richepin.)
jours, on appelle ces dames des
Gambette. Jambe. Jouer des Glus. Le mot fera-t-il fortune?
gambettes, fuir. Une jeune glu... tme vieille glu...
522 GRA GUI

Parmi les glus à la mode... Cela vidus qui composent la jeunesse


a le défaut de faire pour l'oreille élégante. Gratiner, faire partie
un peu calembourg avec les
grues. du gratin.
Bis in idem. Cela a l'avantage,
par contre, de définir en désignant Orenadine. Sirop de gre-
et surtout de ne pas poétiser le nade qu'on sert dans les cafés.
sujet. » [Monde illustré, 1883.)
Cirimace. Petite boîte en
Gniasse (Mon). Je, moi, me. usage dans les administrations
(Richepin.) publiques et qui renferme des
pains à cacheter. Le dessus de la
Ciniole. V. Delvau. Gnon.
boite sert de pelote à épingles.
€}ourde. Niais, imbécile.
Cirippart. Chat (Richepin.)
«rand singe. Président de
la Republique. Ciros cul. Chiffonnier aisé.

Cîras. Latrines (Richepin.) ftpublep. Grogner (Richepin.)


Crpate. Le bénéfice accorde Çruinder les portes. Argot
aux commis de nouveautés sur la théâtral. En attacher les deux
vente de certains articles. battants à l'aide de cordes dites
fils de façon à pouvoir aisément
Crratin. L'ensemble des indi- manœuvrer les décors.
les stations balnéaires, en Bre-
Harnacbé. Terme de joueurs.
tagne surtout, on désigne sous le
Préparé d'avance, falsifié. Roit-
lette harnachée, roulette
pipée, nom d'hirondelle le voyageur, le
touriste qui vient se promener,
macliiDée clandestinement.
« Cette affaire de roulette har-
prendre des bains de mer ou faire
nachée a fait grand bruit il y a
une saison. Comme l'hirondelle,
le voyageur vient aux approches
quelques années à Pans... »
{Henri i F, 1881.) du beau temps et disparaît avec
la belle saison.

Henriquinquîste. Parti- Housette. Botte.


san du comte de Chambord,
d'Henri V terme de mépris. Humbug^. Charlatanisme.
;

« Sellers est la personnificatiou du


humbug. » (Revue des Deux
Hirondeau. Les tailleurs
Mondes, 15 mars 1875, cité par
qui changent fréquemment de — Anglicanisme.
Littré.)
maisons, reçoivent la qualification
d'hirondeau. {Henri IV 1882.) Hurf. Beau, joli. On écrit
aussi urph.
Hirondelle. Bateau qui, sur
au transport -des
sert
Hurlubier. Vagabond, idiot,
la Seine,
voyageurs. (V. Mouche.) Dans — fou.
Isrnorantin. Frère des Eco- intentionistes a retrouvé son suc-
les de la Doctrine chrétienne.
cès. » [Liberté, 1883.)
On dit aussi : Ignommus.
Interwierer. Encore un mot
Influencé (Être). Être légè- d importation anglaise qui joue
rement ivre. chez nous le double rôle de verbe
et de substantif. Il signifie selon
Insecte. Gamin.
le cas, interroger, questionner ou
rejiorter, courriériste. Ex. « Fé-
Inséparables. Cigares qui
:

licieL... est passée de vie à tré-


se vendent quinzecentimes les
deux les débitants n'en délivrent pas, sans accompagnement de
;

pas moins de deux à la fois. chroniqueur. Aucun reporter


n'est allé interwiever la regrat-
tière d'en bas, ou la repasseuse
Intentionisme.
peinture incohérente autant qu'hu-
École de du cinquième. » (L. Ghapron.; —
« Je vous dérange, mademoiselle,
moristique.
mille excuses! Blowitz, inter-
wiever... le grand interwiever
Intentîonîste. Individu à Blowitz... C'est ma spécialité de
idées artistiques incohérentes et tirer les vers du nez aux per-
incomprises et qui, mimi d'une sonnalités en vue. « (P. Fer-
toile, d'un pinceau et de
couleurs rier.)
a souvent plus d'intentions que
de talent. « Au dernier acte
de Inviteuse. Fille qui sert dans
la Cigale, l'exposition des
peintres les brasseries.

— 2n?::££i(îiQ2^:^r";j^-
«lacques (Faire le). Argot deux chevaux d'une même écurie,
Manœuvrer et, plus
militaire. sont engagés dans une course,
manœuvrer en dé-
spécialement, l'un d'eux est réservé à faire le
composant. S'aj)pliquer de préfé- jeu de son camarade, c'est-à-dire
rence aux exercices de l'Ecole du à fatiguer les concurrents, jus-
soldat. (Ginisty, Manuel du par- qu'au moment où son camarade
fait réserviste.) d'écurie peut prendre place et
terminer victorieusement la
«léromiste . Partisan du course. (Littré.)
prince Jérôme Napoléon. « Et en
effet la dégringolade des intran- «Jouer le mot. Argot théâ-
sigeants, collectivistes et anar- tral.Souligner chaque mot à
chistes est tout aussi marquée effetau point d'atténuer le carac-
que celle des ultramontains et tère général du personnage qu'on
des jéromistes. » {Henri IV, 1881.) représente.

«Jeu. Argot de turf. Un che- «Jouer à l'aTant-scène.


val fait lejeu, quand, dès le dé- Argot théâtral. Dire son rôle le
part, il prend la tète du train, plus près possible de la rampe de
forçant ainsi ses concurrents à façon à se mettre en plus in-
développer, dès le début, leur time communication avec le
maximum de vitesse. — Quand public.

»^ï=*sagft=^
Kroumir. Depuis l'expédi- Désigne aussi le chiffonnier
tion de Tunisie, ce mot est em- tomhé dansla misère la plus pro-
ployé par le peuple comme syno- fonde .

nyme de sale individu.

,r^--^;Xe)^ ^V/V)^
'^ -CsiJiil'iy^'^ ^'
Ijad. Garçon d'écurie. « Au- moi, petite... crois tu que. .. ? —
tour du favori un cercle s'est Dame vous savez, monsieur,
!

formé pendant que les lads sel- avec mamz'elle, faut pas lan-
lent le cheval sous la surveil- terner. . . — Ben oui mais voilà
! !

lance de l'entraîneur. » ( Vie Pa- à présent c'est que j'ianterne !... »


risienne, 1882.) [Almanachdes Parisiennes, 1882.)

liampion roug^e. Poste de liaoutli. Cheval. Argot des


Police. Allusion au réverbère à régiments d'Afrique.
vitres rouges qui indiquent, à
Paris, les postes et les commis-
liaqueuse. Belle petite,
femme à la mode qui fait le tour
sariats de police.
du lac, au bois de Boulogne.
lianciner. Ennuyer, Lanci-
I^arg^e (Envoyer quelqu'un
nant, ennuyeux.
au). L'envoyer promener. « Hier,
Ijan<>^uilleur. « Joseph, je comptais presque sur lui... Ah!
deux fois par semaine, exerce au bien ouiche! il m'a envoyé au
marché de la Villette, la profes- large. » [Vie Parisienne, 1882).
sion peu connue de languilleur. Laver ! (Va te)Expression
Le languilleur est l'homme au- injurieuse, sjTionyme de Vous :

quel on amène, avant de les tuer, m'ennuyez !

les cochons vivants. Il les em-


poigne par le cou et les serre jus- liaw-tennis. Sorte de jeu
qu'à ce qu'ils tirent la langue. d'importation anglaise. « Il se
Il la saisit et y cherche une produit chez nos voisins... une
tache qui, si elle existe, prouve épidémie en quelque sorte na-
que la bète n'est pas saine et doit tionale, l'épidémie de ce jeu
être refusée par les bouchers. » spécial de balle et de raquette
[Paris-Journal, 1882.) appelé le lawn-tennis. » (J. Cla-
retie.)
lianterner. N'être plus acte
aux choses de l'amour. « —
Dis- Lièchebudget. Ministre;
523 LIS LUN

fonctionnaire du gouvernement. jésuite M. Rochefort, un agent


;

(V. Le Réveil du Pèi-e Duchéne, de Gambetta; M. Langlois, un


1882.) meneur Listard. » Le mot est de
M. G. Duval. (V. V Evénement
liég^itimard. Partisan du du s mars I8ii2.)
comte de Chambord, de la mo-
narchie légitime. —
Qui se rap- l<iTresque. Qui se rapporte
porte à la monarchie. au livre. « Il n'était pas toujours
juste dans ses antipathies et ses
« De Chambord, le vingt-neuf septembre, mdignations livresques... » (P.
Les égitimards ont fêté
I

Par un petit banquet en chambre L. Jacob, Préface du Catalogue


L'anniversaire peu vanté. » de la bibliothèque de P. de Saint-
(L'Esclave Ivre, n" 4.) Victor.)

liésée. Femme. « La fran- liocatis. Mauvaise voiture de


gine Je n'y ai seulement pas
1
louage.
parlé Elle ferait bien mieux de
!
liong^ueur. Terme de turf.
s'occuper de ses lésées (femmes)! »
Longueur de tète, mesure de dis-
(A. Humbert, Mon bagne.)
tance employée, dit Littré, dans
liéguva.e. Fonctionnaire. Gi^os le langage des courses. Un che-

légume. Fonctionnaire puissant et val arrivé premier de deux lon-


haut placé. gueurs est un cheval qui a atteint
le poteau gagnant en dépassant
liCTcr. Trouver. « Il avait le deuxième cheval de deux lon-
appris par un de ces industriels gueurs de tête de cheval.
de son luonde qui ont la spécia-
lité de lever les chopins (de dé- liouflon. Fils de franc-maçon.
nicher des affaires)... » (Humbert,
Mon bagne.) Loup. Dans l'argot théâtral,
défaut qui produit un vide dans
liicher le morviau (Se). l'enchaînement des scènes. « Les
S'embrasser. auteurs ont fort bien senti qu'il y
avait là un loup comme on dit
liichoter un rig^olboche.
en style de coulisse, et ils ont
Argot du peuple. Faire un bon essayé de le faire disparaître... »
dîner. « On va trimballer sa
(A. Daudet.)
blonde, mon vieux nous irons ;

lichoter un rigolboche à la place liuis. Jour. Delvau donne


Pinel. » (Huysmans, Sœurs Va- luisant.
fard.)
liundiste. V. Delvau : Lun-
Ijico. Immédiatement abrév. dicrate. « Ce fut cette fois un
d'illico. succès éclatant. J'ai voulu lire les
appréciations des lundistes d'a-
Itigne. Bande d'individus.
lors, j'y ai trouvé ce que j'atten-
Liig^ot. Grande
ficelle dont se dais. » (P. Perret.)
servent les agents de police et
qui entoure le poignet droit, puis
Liune. Pièce de vingt sous.
le corps, à la ceinture
Argot du bagne. « On arrivait à
supprimer tout risque en ache-
Liistard. Partisan du scrutin tant à la fois le servant et l'ar-
de liste. Argot politique. « Le gousin. L'un ne coûtait pas plus
journal Paris crut reconnaître un cher que l'autre. C'était affaire
LUN LUR 529

(le quelques lunes. » (Humbert, prochées que l'adversaire ne peut


Mon bagne.) manquer de caramboler.
liurette (Belle). Longtemps.
liunettes (Donner une paire « 11 y a belle lurette que l'Eu-
de). Argot des joueurs de billard. rope nous envie notre magistra-
Livrer deux billes tellement rap- ture. » ( Frondeur, 1881.)

34
Maboul. Niais, un peu fou. Manteau. Argot théâtral
« Suivant l'expression d'Eugène Rôle où l'acteur porte un man-
Tourte, elle était un peu ma- teau. (Littré.) « 11 avait, comme
boule, rêvassant près de son bon artiste, une scène de composition,
ami à des amours câlins... » une autorité de manière qui,
(Huysmans, Les sœws Vatard.) jointes à une excellente diction,
faisaient de son jeu dans les
Mahomet. Petit sac de cuir
rôles proprement appelés les
que portent suspendu
les forçats
manteaux un sujet d études des
sur la poitrine, entre la peau et plus attrayants. » [Revue britan-
la chemise et qui leur sert à en- nique.)
fermer leurs écoijomies. » (V.
Humbert, Mon bagne.) Maqaig^non à bidoche.
Maig^richon. Un peu maigre. Variété de souteneur.

Main (Acheter à la). Acheter Marchand de cira^^e. Com-


comptant. « Il joignait à ce com- mandant d'un navire. Argot du
merce connu... les prêts usuraires bagne. « Est-ce que le marchand
à la petite semaine et la vente au de cirage (elles appelaient ainsi
bazar avec de gros béuéfices, d'ob- le commandant) nous faisait
jets fabriqués en salle et qu'il peur? » (Humbert, Mon bagne.)
achetait à la main, bien au- Marchanil de puces. Argot
dessous de leur valeur. » (Hum- militaire. Individu qui a dans les
bert, Mon bagne.)
régiments la fourniture des lits.
Mang^eur. Dénonciateur, es-
pion. Argot des prisons. « Ce
Marché des pieds hu-
sont les révélateurs qu'on ap-
mides. La petite Bourse
qui
pendant longtemps tenue en
s'est
pelle les mangeurs, la musique. »
plein air les spéculateurs étaient
;
(J. Vallès.)
ainsi exposés à toutes les intem-
Manier (Se). Se masturber.— péries, et, quand il pleuvait, pa-
Se sauver, fuir. taugeaient dans les flaques d'eau.
MAT MED 531

« Le marché des pieds humides soldat du surnom de Dumanet. »


qu'on est venu plaisanter, est {Figaro, 1882.)
bien plus loyal qu'on ne le pense.
Là, pas d'affaires à terme ar- ;
Mathurin. Nom que les
gent contre titres; titres contre marins, par plaisanterie, donnent
argent. » {Le Mercure, journal, aux navires en bois. « Est-ce que
18s2.) vous voudriez rétablir ces vieux
mathurins, comme nous les ap-
llariag^e de garnison. pelons, pour remplacer les ba-
Liaison qu'un militaire en gar- teaux à vapeur? » c Amiral Sais-
nison contracte avec une femme set, Journal officiel, janvier
et qui n'a pas d'autre durée que 1872.)
celle du séjour dans la garnison.
Matriculer (Se faire). Se
Hlarie-Je-m'embête (Faire faire punir. Argot militaire.
sa). Faire des façons; se faire
prier. « Ah çà voyons! quand
! Mauvaise! Exclamatiou
tu resteras là'à faire' ta Marie-je- qu'emploient les enfants dans la
m'em été Ça n'avancera à rien
! ! plupart de leurs jeux pour signi-
Venez-vous oui ou non? (Huj'S- fier à leur adversaire que le coup
mans. Sœurs Vatard.) qu'ils viennent de jouer ne
compte pas. (V. Bonne.)
llarie-mang^e - mon -prêt.
Ariiot militaire. Maîtresse du Mec. Souteneur.
soldat.
« C'est tout d'inême chouette pour una
Marque. Femme qui a deux pierreuse
cordes à son arc : La prostitution un mec comme celui-là?
D.iv^iii-
(De Gramont, La Femme à Polyle.)
et le vol.

Slarque-mal. Individu con- Mec à la redresse. Tout


trefait. — Variété de souteneur. individu qui en impose par ses
qualités ou ses vices. < Seules,
llassepain. Individu sur le- quelques individualités hors pair,
quel on fait, dans certaines mai- des mecs à la redresse, parvien-
sons, des... expériences, in anima nent à se faire dans l'opinion une
vili. — Argot militaire : Valet haute place. » (Humbert, Mon
d'un jeu de cartes. bagne.)

llatatane. Argot militaire. Aujourd'hui le mot mec a pris


Salle de police. une très grande extension. II
s'emploie pour désigner avec mé-
Matérielle. « Et alors, quel- pris, un individu quelconque.
<jues malheureux pontes... se
sont livrés au terrible travail qui Médaillard. Qui a été mé-
consiste à gagner avec des cartes daillé eux expositions de pein-
Il pain quotidien, ce que les ture. « Des peiutres qui ont fa foi
joueurs appellent la matérielle. » restent fidèles au passé... ils lais-
(Belot, La Bouche de madame X.) sent leurs chefs de file devenir des
légionnaires et des médaillards.
Mathurin. Matelot. « Je (J. Claretie.)
veux parler du simple matelot à
qui l'on donne le nom de ma- Médiocrocratie. Mot har-
thurin, de même qu'on gratifie le monieux forgé par M. Magnard
533 MET MIN

le n" du Figaro du 10 fé- dant à des suggestions funestes


daus
« Vous êtes le pro- elle mit en brasserie, c'est
se
vrier I8ji2.
même pensée, l'affir- l'expression consacrée. » (F. Sar-
duit de la
mation du graud véhicule de la cey, A7Xe Siècle ISal.)
politique moderne, la médiocro- Mettre du linge sur ses
cratie » salsiGs. Mettre des gants.
Méçottiep. Industriel qui
Mettre du pain dans le
ramasse les bouts de cigares, les sac de quelqu'un. Lui faire
mé>)Ots. « 1-à, sont réunis pêle- son affaire ; le battre, le tuer
mêle des bifflns... le mégottier
avec son pistolet à la saind- Mettre une pouce. Frap-
homme. » [Réveil, 1882.) per, battre. « De quoi, de quoi, il
va me fusiller mes indiennes
Slélassou. Niais, imbécile. (me voler mes vêtements). Vas-tu
« Faut-il que vous soyez mélas- laisser ca ? où je te mets une
son pour vous être ainsi fourré la pouce. » (Humbert, Mon bagne.)
gueule dans le beurre ! » (Huys-
Meubler. Réparer des ans
mans. Sœurs Vatard.)
l'irréparable outrage, se mettre
Ménage à la colle. V. de faux mollets, de faux appas.
Delvau Mariage à la détrempe.
: « — Je suis devenue si maigre
« Les commissaires iront-ils vé- que ie n'ose mettre une robe
rifier le désintéressement _
de
décolletée. —
On met un corsage
60,000 ménages à la colle qui se carré. —
Impossible aussi, car il
cachent dans les faubourgs? » [Té- faut encore meubler le carré et
légraphe, 18îS2.) avoir des bras. » [Le Voltaire,
Le mendigot 1882.)
lleudig^ot. «
n'est pas tout à fait le mendiant
Mic-mac. Difficulté, compli-
Le mendigot une sous-variété
est
cation , chose inintelligible
de trimadcur. 11 va mendier dans « C'est uu mic-mac où personne
les châteaux ou dans les maisons ne comprend rien. » (Zola, Pot-
aisées et renseigne les Monteurs Bouille.)
de coups. » [Clairon, 1882.)
Mignoter. Cajoler, embras-
Meneuse. Femme qui attire ser, faire « Elle migno-
mignon.
les passants dans une rue écartée tait Céline, sa préférée, dont la
pour le livrer à des travailleurs lignasse jaune de chrome 1 inté-
qui le volent toujours et l'assas- ressait. » (Huysmans, Sœurs Va-
sinent quelquefois. tard.)

lléquillon. Variété de sou- Mille (Mettre dans le.) Réus-


teneur. sir pleinement.

Alerde de pie. Pièce de Mille-pattes. Fantassin.


cinquante centimes. Argot du
Mince ! Exclamation qui ré-
bagne. « Un biaviu! Tu me le pond à zut ou à ah non alors
! : ! ! !

redemanderas demain pour une « Ah mince alors si les billes


!

merde de pie. » (Humbert, Mon de billard se mettent à mouchar-


bagne.) der la jeunesse. » (Meilhac et
Mettre en brasserie (Se). Halévy, Lolotlc.)
Servir dans une brasserie. « Cé- A
aussi le sens de beaucoup.
MON MOU 533

Mince de chic. T'ne des Monter le baluchon (Se).


nombreuses variantes qui servent (V. Delvau.) Se monter le coup.
à désigner un verre de bière.
Monter un chopin. Argot
Mitaine. Voleuse, détourneuse des voleurs. Préparer un mau-
à la mitaine. Femme portant des vais coup, un vol.
souliers très plats, sans talons Mort. Malade. Argot des
et qui, un magasin, fait
dans élèves de l'Ecole de Saint-Cyr.
tomber des objets qu'elle ramasse Se faire porter élève-mort.
avec le pied déchaussé et cache
dans son soulier. Cette sorte de Mouche. On désigne ainsi à
voleuse ne s'attaque, en général, Paris les bateaux à vapeur qui
qu'aux dentelles de prix. font sur la Seine un service de
transport à l'usage des voyageurs.
Mitrailleuse (Etouffer une). « Malgré... les chiens et les che-
Boire un verre de vin. vaux qu'on baigne... les bateaux
qu'on décharge, les mouches qui
Modèle (Vieux). Grand-pa- passent en fouettant l'eau de leurs
rent. « 11 avait éloigné tous les ailes et en la troublant de leur
vieux modèles, comme nous fumée, la Seine largement en-
disons au couvent, pour désigner graissée par les détritus de la
les grands-parents. » [Vie Pari- gi'ande ville abonde en pois-
sienne, 1S82.) sons. » (Bernadille.) On désigne
aussi ces bateaux sous le nom
Moc- aux -Beaux. Quartier
de la place Maubert. — On dit
àliirondelles.

aussi Mocauhocheteau. « Les Mouche à miel. Argot des


mèques de la Mocaubocheteau, écoles. Se dit des aspirants à
v'ià des mèques sérieux, des l'école centrale.
gonsiers qui crachent noir comme
de l'encre... y> (Humbert, Mon Mouf. Abréviation de Mouf-
bagne.)
fetard. La rue Mouf, la rue
Mouffetard. « Le garçon du mar-
Moëlonneuse. Femme qui chand de vin d'à côté secouait
se prostitue dans les chantiers. un panier à salade et quelques
gouttes d'eau atteignirent le front
Môme bastaud. Individu de la jeune fille qui se retourna
aux mœurs inavouables et qui se et s'écria avec une voix de
prête à toutes les exigences. rogomme et le plus pur accent
« — Et de la môme? — De la mouf-mouf : Ah mince... tu I

môme bastaud, oui, tant que tu pourrais donc pas secouer tes
voudras... les autres, de la peau. pissenlits d'équerre , espèce
— Chouette alors. » (Humbert, ed'mastroc empaillé » {Clairon, !

Mon bagne.) 1882.)

Monôme. Promenade qu'exé- Mouflon . Mouchoir ; Mou-


cutent à Paris et à l'époque des fionner, se moucher.
examens, les candidats aux di-
Mouiller. Argot théâtral.
verses écoles du gouvernement.
Le monôme consiste à marcher
Jouer bien. —
Mouiller à ou
dans ; toucher des droits d'au-
l'un derrière l'autre, en file in-
teur.
dienne. Le monôme le plus
connu est celui de l'X. Mouiller les pieds (Se.)
534 MOU MUS
Aller à Nouméa. « Interrogé, il . lluifée (En avoir une vraie.)
s'écria Vous me ferez faucher
: Etre gris, en état d'ivresse.
le pré, mais je ne veux pas que
les camarades se mouillent les
If useler. Imposer silence
pieds. » [Evénement, 1882.)
— Se museler, se taire.

Moukala. Fusil. Argot des Musique. Dénonciateur. « Il


régiments d'Afrique. est tropmusicien » {Gil Blas,
!

llouscailleur. Vidangeur
1882.) « Bon enfant au surplus,
du sang, et pas musique (inca-
«_ Là sont réunis pèle-méle des
capable d'une dénonciation). »
hiffins.,. des mouscailleurs. »
{Réveil, 1882.)
(Humbert, Mon bagne.)

MouTement (Être dans le.)


Musique (Faire, jouer de la.)
Suivre goûts, la mode
Dénoncer.
les du
jour.
IVaTarin. « L'étalier connaît ^'in^le. Fille publique. « Les
les clients, leur mesureégards
les souteneurs... se réjouissent de
et vend aux pauvres le navarin, voir les jours diminuer et par
c'est-à-dire les rognures, les conséquent les nuits augmenter,
balayures de l'étal, à raison de double avantage pour les fils de
dix sous la livre. » {L'Esclave Neptune et leurs ningles. » (£"5-
ivre, n* 3.) tafette, 1882.)
iVavet. Imbécile, niais. M. L.
Vemliot dans ses Libre-Penseurs Xocer en père Penard.
a plusieurs fois employé ce mot.
S'amuser tout seul. Faire un
bon dîner ou une orgie seul.
]\ég^ociant en Tiande L'expression est usitée surtout
chaude. Souteneur. dans le quartier Saint- Antoine.
]%'ég'ociante . Femme qui Xoire - fontaine . Encrier.
exploite de petites boutiques de Argot des élèves de l'École de
parfumerie et de ganterie et qui Saint-CjT.
demande à la partie masculiue
de sa clientèle s'il faut rendre la X'oune. Argot du bagne. Re-
monnaie celeur qui suit le voleur à la tire
et reçoit la camelotte à mesure
\'et. Dans le langage des ou-
vriers, atelier net, atelier que
que son associé opère. (V. Hum-
des ouvriers mettent en interdit
bert, Mon bagne.)
et où ils défendent à leurs IVourrisseur Voleur qui
.

camarades d'aller travailler.


dévalise appartements dont
les
i\ettoyer un bocai-t. Piller les maîtres sont en voyage. La
une maison. banlieue de Paris est pendant
l'hiverinfestée de nourrisseurs
Apitoyer les lucarnes. qui déménagent les villas.
Dessiller les yeux. « Mentor,
vous me nettoyez les lucarnes, A'ouTcau jeu. Nouveau mo-
s'écria Idoménée. » {Les mistoufs dèle, nouvelle façon. « Nous
de Télémaque.) sommes en présence du pion
Xid à poussière. Nombril. nouveau jeu. » (Chapron.)
Occuper son numéro. Ar- toute provenance âgés de trois
got théâtral. C'est se tenir inva- ans au-dessus. L'omnium se
et
riablement pendant les répétitions court au Bois de Boulogne, à la
et les représentations à la place réunion d'automne.
que régisseur indique à chaque
le
acteur, au moment où il règle la
Orateur. Argot des francs-
maçons. L'un des officiers d'une
mise en scène.
loge. 11 y joue un rôle analogue
CKil sur le plat. Œil en à celui du ministère public dans
coulisse regard tendre et provo-
; les tribunaux.
cateur. « Regardez-la donc faire
ses yeux sur le plat aux imbé-
Oreillard. Surnom injurieux
ciles qui entourent sa voiture.
donné au fils de Napoléon III.
« Ici on le voyait fourrant Napo-
Que trouvent-ils donc d'extraor-
léon III dans les lieux ; là,
dinaire à cette poupée ?.., » (E.
déguisé en Zoulou, escoffiant le
Chavette.)
petit Oreillard. » {Les mistoufs
Offrir une
a§^onie d'eau de Télémaque.)
douce Se noyer. « Elle
(S').
Os à moelle. Lorgnette.
songea bien à se jeter dans la
Seine, mais elle se fit cette Othellisme. Jalousie. Nous
réflexion qu'elle souffrait déjà croyons que ce mot a été forgé
pour ce monstre d'homme et par M. P. Véron.
qu'il était bien inutile de souffrir Ouste ! Synonyme de zut !

davantage en s'offrant une agonie « Dis lui : Ouste pour l'Alle-


d'eau douce. » (Huysmans, magne ! » (De Concourt, La
Sœu7's Vatard.) Faust in.)
Oiseau des
tles llar- Outil. Maladroit, gauche.
quises. Absinthe. Rapproche- Arg. du peuple. Fais donc at-
ment de couleur. tention outil est une de ces
I

Omnium. Argot du turf. phrases qu'on entend Journelle-


Course réservée aux chevaux de ment dans la rue et à 1 atelier.
Page d'Alphand. Egoutier, dans le langage des écrivains,
au service des travaux de la c'est ne pas atteindre le bas de la
ville de Paris dont M. Alphand feuille de papier sur laquelle on
est le directeur. écrit.

Pagnoter. Coucher. Pagnoter Pantouflard. M. de Courcy,


avec une grognasse. Coucher dans le Correspondant (n° du
et faire la noce avec une femme. 15 avril 1878; a inséré un pi-
quant article sur les pantou-
Paire de pincettes. Jam- flards, nom donné à des Pari-
bes longues et grêles. siens âgés et peu propres au
Palet. Argent. service actif qui, pendant le siège
de 1870, formèrent sous le nom de
Paletot court. Une des der- garde urbaine, un corps veillant
nières incarnations du gom- au maintien de la police inté-
meux. «Les poisseux essayèrent rieure. « Voilà pourtant où j'ai
de prévaloir mais ils n'étaient
,
passé déguisé en guerrier (dit en
en somme que des gommeux montrant le bois de Boulogne, un
déguisés; ils n'eurent aucun suc- personnage d'un livre de M. Gla-
cès. A présent, nous avons les retie). Oui, en janvier 1S71, le
paletots courts. » [La Comédie sac au dos et trois livres de boue
77ioderne, iourual, 18^2.) à chaque semelle. Je pouvais
Panaché. Plat de haricots figurer parmi les pantouflards ;
verts et de flageolets mélangés. j'avais cinquante ans moins deux
« Dans l'estomac de la victime mois mais, ma foi non je n'ai
; !

on a trouvé des haricots verts et jamais aimé jouer les doublures. »


des flageolets. Si le plat se com- (J. Claretie, La ilaison vide.)

posait de ces deux légumes, un


panaché comme on dit... »
Panurg^iste. Qui suit les

[Figaro, i832.)
errements de la foule. Qui fait
comme tout le monde. Imitateur
Pantalon. Faire pantalon servile.
538 PAS PAY

Le mot est de P. Véron. Passer à la sorgue. Dor-


mir. (V. Delvau : Sorgue.)
Paquet . Injure employée
surtout dans la classe ouvrière et Pastilles de Vichy (Venir
v]ui est synonyme d'imbécile. en'. Venir à une soirée sans
« Tout à coup deux... braves avoir été invité au diner qui a
gens, porteurs de deux belles précédé. « Sont vt nus en pastilles
casquettes neuves, les abordent de Vichy la vicomtesse de Bri-
:

et l'un d'eux, sur un air connu, ment, la comtesse de Durfort... »


en fixant Joseph: Oh! rectarde- [Clairon, 1882.) Autrefois on
moi donc ce paquet » {Gazette !
disait: Venir en cure-dents.
des Tribunaux, 1882.)
Patatrop (Faire un). Pour-
Paquet (Faire le.) Argot de suivre. Faire un patatrop à
grecs. Ranger
les cartes en les quelqu'un, lui donner la chasse,
battant de façon à se donner les courir après lui. Argot de mal-
bonnes. faiteurs. Patatrop imite assez
Parfaite égalité. Sorte de bien le bruit d'une course rapide.
jeu de hasard. Patelin. Compatriote. « En
Parler sur quelqu'un. qualité de patelins, nous avions
Argot théâtral. L'acteur qui été assez bien accueillis... »
n'attend pas que son partenaire (Humbert, Mon bagne.) —
Signi-
ait terminé sa phrase pour com- fie aussi pays, lieu de naissance,

mencer la sienne, parle sur lui. dans l'argot militaire.


C'est souvent un sujet de dispu- Patenté. Souteneur.
tes fort vives entre comédiens.
Patinag-e. Attouchement iur
Particulière. Femme légi-
décent. (V. Delvau, Patiner.)
time. Argot du peuple. Trimbal-
ler sa })articulicre, promener Patoche. Coup de férule
son épouse. qu'appliquent les maîtres de pen-
Partir pour la gloire. sion sur les mains des écoliers.
.

Être en état d'ivresse. Patron. Colonel. Argot mili-


Passer quelque chose taire .
sous le nez (Se). Manger.
Boire.
Payer un moos, la goutte
(Se faire). Argot théâtral. Jouer
Passer sur le bane. Ex- un rôle à emboîtage.
pression qu'emploient les forçats
quand ils vont, pour une infrac- Payer. Argot des lycées.
tion au règlement, recevoir des S'exonérer, au moyen d'une
coups de corde. « Combien j'ai vu exemption, d'un satisfecit, d'une
d'hommes passer sur le banc et punition encourue. Payer ses
s'en relever, atteints pour jamais arrêts, sa retenue. Sortie payante,
dans les sources de la vie, sortie de faveur accordée à l'élève
parce qu'ils avaient, en présence qui remet en paiement une ou
d'un argousin, imprudemment plusieurs exemptions que son
tomber de leur poche, un
laissé travail, sa bonne conduite lui ont
mince cahier ou seulement quel- fait obtenir. « Depuis longtemps,
ques feuilles de papier à ciga- la France a protesté contre les
rette I » (Humbert, Mon bagne.) sorties dites payantes ou de fa-
PEI PER 539

veur et contre les punitions Peinturophobie. Aversion


actuellement en vigueur . » pour les tableaux, la peinture.
{France, 1881.) « La peinturophobie succéda
bientôt à la pemturophagie. »
Pays des fourrures (Le.)
{Temps, 1882.)
L'ensemble des spéculateurs à la
Bourse de Paris. « li (le Krach) Pénitence (Être en.) « Un
a jeté l'alarme parmi les loquets autre coin amusant est celui des
de loutre et dans le Pays des femmes en pénicence. On appelle
fourrures. On appelle ainsi : Être en pénitence, à Monte-Carlo,
d'un côté, les femmes qui jouent, ne pas jouer. Elles sont en péni-
les timbalières, comme je les ai tence pour la journée, la semaine
appelées de l'autre, des gens du
; ou la fin du mois, parce qu'elles
monde qui se groupent, couverts ont perdu ce qu'elles avaient à
de paletots fourrés d'astrakhan jouer et que leurs maris ou leurs
ou de loutre, dans un coin de la fils ne veulent plus desserrer les
Bourse. » (J. Claretie, Le Temps, cordons de leurs bourses. C'est
18s2.) un véritable enfer que de voir
jouer et de ne pas jouer. » {Revue
Pchutt. '« Le chic est "mort,
politique et littéraire, 1882.)
vive le jchttt. »
? On ne
Qu'est-ce que le pchutt Perdre la carte. Perdre la
le saitpas exactement, et c'est tète.
ce mystère qui en fait tout le
mérite. Le pchutt, c'est le chic,
Perdre sa clef. Avoir la
colique.
ou à peu près. Il j avait trop
longtemps qu'on disait « M. de : Performances. Argot de
un tel a du chic. » On a imaginé turf. Manière de courir d'un
de dire « M. de un tel a da
:
cheval, de se camporter pendant
pchutt. » (Gaulois, janvier 1»8?,) la course.

Peau ? (De la). Non rien ! ! Permanence . Argot de


joueurs. Série de numéros qui
Peau de bouc. Sein. Argot sortent à la roulette ou au trente
des régiments d'Afrique qui
et quarante. « Il (le marqueur)
donnent aussi le nom de peau de
a d'abord ses abonnés à qui il
bouc aux petites outres goudron-
vend les pennanences vingt
nées qui leur servent de bidons.
francs par semaine. » {Revue
Pêche. Tète, physionomie. politique et littéraire, 1S82.)
Pêche (Poser une). Alvum Permission (Se faire signer
deponere. une). Argot militaire. Présenter
Peintnromanie . Amour une feuille de papier à cigarette
immodéré pour les tableaux, les et se faire donner le tabac.
expositions de peinture. « La (Ginisty, Manuel du parfait
pemturomanie a, paraî!-il, mordu réserviste.)
les Anglais encore plus violem- Permission de 34 heures
ment que nous... Au Palais de (Avoir une). Argot militaire.
l'Industrie, à Paris, sont arrivées
Prendre la garde.
7,000 .toiles. A
l'exposition de
Burlington-House qui est le salon Perpignan. Nom que les
de Londres, on en a envoyé charretiers donnent au manche de
9,000. » {Figaro, 18S2.) leur fouet. Les meilleurs man-
540 PIE PIN

ches de foiiet se fabriquent, pa- Pied. Part. Ce à quoi on a


en cette ville.
raît-il, droit. « Mon
pied! on je casse!
Pet -en -l'air. Petit veston
Ma part ou je te dénonce. »
court.
(Humbert, Mon bagne.)
« Contre l'habit léger et clnir Pied de cochon.
Farce,
La loutre a perdu la bataille :
tromperie. Jouer un pied de co-
Nous arborons le pet-en-l'air, chou à quelqu'un, lui faire une
El les feuiiiies ne vont quVn tnille. » plaisanterie d'un goi"it douteux.
PiICHEPIN.
Pieds (Où mets-tu tes). Lo-
Pétard. Argot des artistes et cution militaire voulant dire : De
des gens de lettres. Succès quoi temèles-tu?
bruyant. « Pourquoi ce qui n'a-
vait pas réussi jusqu'alors, a-t-il Pig-er, Lutter. Se mesurer
été cette fois, un événement de avec quelqu'un. « Je ne vois
librairie ? ce qu on appelle, en guère que le Président de la Ré-
argot artistique, un pétard. » publique qui pourra piger avec
{Gazette des Tribunaux, 1882.) lui, et encore! » [Figaro, 1882.)
— Battre.
Pétard. Sou.
Pig'nocher. Peindre minu-
A droite, un comptoir en étain
tieusement. Argot des artistes.
Qu'on sslique c aqiie matin.
C'est là qu'on verse
— Manger du bout des dents.
Le rhum, les cognacs et les marcs
Pij»^nouf. Élève reçu à l'École
A qui veut mettre tro s pétards
Dans ie co merce.
i
normale mais qui n'a'pas encore
{Gaulois, 1882.) subi l'éoreuve du canularium
(V. ce niot.)
Peuple (Faire un). Argot des
voyous. Faire partie de la figura- Piffut. Argot des lycées. Lieux
tion dans un théâtre quelconque. d'aisances. Piguter, aller aux
lieux d'aisances.
Peuplier. Gros fragment de
tabac. Pillerot. Voleur.
Phalang'e. Main. Pinçard. Bon cavalier. Ar-
Ilsvous ont des laçons élrant^es, got des élèves de l'école de Sau-
Pires que les élaux de fer, mur.
De vous écr.iser les phalanges.
« Il s'en va de la queue au cràie de la
En vous disant « Bonjour, mun cher!
: »
[bête,
{Frondeur, déc. 1879.)
Panlôt penche à tribord, tantôt penche
Philistin. Ouvrier tailleur. à bâbord.
S'il est vraiment pinçarJ, il entre dans
« Les ouvriers aux pièces, les
le port.
plus gais, ont la qualification de Mais s'il est maladroit, hélas! pique sa
philistins. » [Henri IV, 1882.) tête. »
(Nos farces à Saumur.)
Philosophe. Argot des ly-
céens. Elève de la classe de phi- Pincé (Etre). Etre séduit; se
losophie. laisser entraîner dans une intrigue
Pièce {([Tasse. Argot amoureuse.
mili-
taire. Cuisinier. « Par les attraits de la Fleurette

Polydora s'est fait pincer, o


Pièce de sept. Individu (Mahcellus, Le langage d'aujour-
corpulent. d'hui.)
PIS PLA 541

Ping^ouin. Terme injurieux. quelqu'un. Le mépriser, n'en


Synonyme d'imbécile, de propre pas faire cas. « J'en demande
à rien. pardon à M. le maire et à mes
collègues du conseil Je les cou-
Pingre. Avare. vre de mon mépris et je leur
:

Ping^perie. Caractère de pisse dessus. » {Moniteur univei'-


pingre. Acte de pingre. sel, 1883.)

Piocher les larmes. Argot Pistolet à la ssiind homme.


des membres du barreau. Prépa- Petit crochet avec lequel le mé-
rer son plaidoyer de façon à at-
gottier exerce son industrie
tendrir le jury, à lui "tirer des Pister. Suivre les voyageurs
larmes. à la piste lors de
leur "arrivée
« Ce jeune avocat., avait cons- dans une leur offrir uu
ville et
ciencieusement pioché les larmes hôtel qu'on leur vante.
dans le silence du cabinet. »
{Evénement, 188i.) Pivoter. Argot militaire. Ma-
nœuvrer dur et beaucoup.
Pipe à Thomas. Jeu de ha-
sard et de filon. Le marchand a Placé. Argot de turf. Un che-
onze chances de gain contre une val est placé quand il n'est dis-
de perle. tancé par le gagnant que de
quelques longueurs.
Piquer une muette. Faire « Si votre patriotisme vous
silence. Argot
de Saint -Gyr. pousse à prendre un cheval gau-
« Aujourd'hui, il sera piqué une lois gagnant, gardez-vous à car-
muette au réfectoire.» (Maizeroy, reau en prenant en même temps
Souveni)'s d'un Saint-Cyrien.) les goddems placés. » {Voltaire,
juin, isss.j
Piquer une romance.
Dormir. Argot militaire. Plafond d'air. Argot théâ-
tral. Bandes de
toiles peintes qui
Piquer une sèche. Argot garnissent la partie supérieure
des lycéens et des élèves des de la scène dans les théâtres.
Ecoles. Avoir im zéro, c'est-à-
dire la note très mal, pour une
Plaider la ficelle. Argot
des avocats. Plaider à côté de
des part es d'un examen. « Il est
la question. {Gaulois, février
constant que tout pipo qui est
18a2.)
sorti sans piquer une sèche, de
ses examens généraux, se ci oit Planehe (Faire la). Se pros-
parfaitement apte à régenter tituer.
l'Etat. » {Gaulois, mars I881.
Plancher. Avoir peur.
V. Delvau : Sec.)
« L'homme (condamné à mort)
Piquer le tasseau (Se). allaitd'un pas ferme et résolu...
V. Delvau Se piquer le nez. ou échangeait quelques paroles à
:

voix basse Il
: —
va bien Je ! —
Pisser dans un violon. ne l'aurais pas cru. Il ne —
Perdre son temps à vouloir faire planchera pas! » (M. du Camp,
quelque chose. Donner un coup Paris, ses organes.) Ou dit plus
d'épée dans l'eau. communément flancher.
Pisser dessus. Pisser sur Planter. Coïre.
542 POI POM

Planter un chou. Tromper Polichinelle. Chapeau de


indignement.
« Mon ci-devant femme, mode de 1882. « Dans
m'a planté un chou colossal. » toutes les galeries, on voyait
{Réveil, 1882.) émerger les bustes des plus jolies
filles de Paris, véritable foire
Plaquer sa Tîande sous aux chapeaux, gainsboroughs, po-
rédredon. Se coucher. « A. lichinelles... » {Vie Parisienne,
onze heures et demie on a levé
1882.) Ce journal décrit ainsi le
la séance. Le fait est qu'il était Polichinelle : « En paille ma-
rien temps d'aller plaquer sa nille, le fond très élevé tout en-
Aiande sous l'édredon. » {Henri rubanné de moire bleu mourant,
IV, 1882.) cuisse de nymphe et jaune paille.
Plein. Argot des joueurs de Devant, trois plumes d'autruche
roulette. L'un des casiers sur les- fixées par un nœud de moire tra-
quels se trouvent inscrits les nu- versé d'une flèche de rubis roses ;

méros correspondants à ceux de une bride rose et une bride


la roulette. Faire un plein, c'est bleue. »
placer sa mise en plein sur un
Polka. « Polka ne veut pas
numéro, au lieu de la disposer seulement dire danse c'est sous :
soit à cheval, soit d'une façon
ce nom que les photographes et
transversale.
les dessinateurs désignent cer-
PleuToir. Etre abondant. tains sujets décolletés. » {Evéne-
ment, 1882.)
Pochetée. Inintelligence. En —
avoir une pochetée, avoir la
Polonais. Souteneur. Sorte
de fer à repasser. Argot des
compréhension difficile.
blanchisseuses.
Poil de la bête (Reprendre Pompe. Etude. Cours. Argot
du). Reconquérir son influence
des Elèves de l'Ecole de Sau-
perdue. « Il leur faut aux con-
mur.
servateurs reconquérir l'influence
dont ils se sont laissé déposséder. « La Pompe! A ce grand mot voire in-
tellect se tend
C'est à eux de reprendre, comme
Et cherche à deviner... La Pompe, c'est
on dit vulgairement, du poil de l'élude,
la bête aux prochaines élec- La Pompe, c'est la longue et funeste ha-
tions... » {Constitutionnel, 1882.) bitude
De puiser cliaque jour cliez messieurs les
Poireauter, Attendre quel- auteurs
qu'un dans la rue. Le suc et l'élixir de leurs doctes labeurs. »
(A'os farces à Saumur.)
Poisseux. Gandin ; fashio-
nable. Le successeur du petit- Pompier. Membre de l'Ins-
crevé. « Ils se réunissent six ou titut de France. « Des ieunes
sept viveurs ou poisseux au café. » gens riaient en apercevant là-bas
{Siècle, 1882.) Poisseuse, com- le profil de q lelque professeur
pagne du poisseux. « Dans un de l'Institut. Au feu au feu l !

boudoir de la rue des Martyrs, Voilà un pompier. » (J. Cla-


une jeune poisseuse, étendue sur retie. Le Million.)
une chaise longue, lit... » {Hen-
ri IV, 1882.)
Pompier (Faire). Cette ex-
pression s'applique à toutes les
Poivrotter (Se). Se griser. compositions littéraires et artis-
POS POU 543

tiques où le convenu, le lieu com- est bonapartiste, la famille i


mun et la formule sont substitués papa; c'est pas à la pose du
à l'inspiration originale et à tout. » ( Vie Parisienne, 1882.)
l'étude de la nature. C'est ainsi
qu'on peut être nouveau et mo- Postière. Employée des
postes. Les postières travaillent
derne dans l'interprétation d'un
sujet emprunté à. VIliade et qu'on régulièrement de neuf heures du
peut, au contraire, faire pompier
matin à cinq heures du soir. »
en représentant une scène de la (Figaro, 18s2.)
vie réelle qui s'est passée hier. Poteau. Chef de bande, dans
(V. Le Gil Blas du mois de no- l'argot des voleurs.
vembre 1880.)
Potot. Non-conformiste, dans
Pompier. Mauvais soldat. l'argotdu bagne.
Pont (Faire le). Cette expres- Pouce î Exclamation que
sion est surtout usitée chez les poussent les enfants dans leurs
employés d'administration. Quand jeux en tenant le bras levé et les
un jour non férié se trouve entre doigts fermés, moins le pouce.
deux jours de fête et qu'on ne Les gamins indiquent ainsi avec
vient pas à son bureau le jour de cette sorte de drapeau parlemen-
travail, on fait le pont. taire qu'ils cessent momentané-
ment de jouer et qu'on n'a au-
Popote. Qui ne connaît pas cune prise sur eux. Ils disent
les usages, les belles manières. aussi trèfle, par corruption de
C'est une variante de pot-au-feu. t7'éve.
« Il faudra porter... la colombe
diamantée, sous peine de devenir Poulaine. Cabinets d'ai-
terriblement bourgeoise et po- sance. Argot du bagne. « On
pote. » [Figaro, juin, 1882.) s'entassait à la poulaine (lieux
d'aisance) où une pompe, installée
Porte-bonheur. Bracelet. tout exprès, fournissait en grande
abondance l'eau nécessaire à ces
Porte-crème. Vidangeur. ablutions. » (Humbert, Mon
Porte-robe. Avocat. «J. Fa- bagne.)
vre finissait sa brillante plaidoi- Poulet de Carême. Gre-
rie, quand nous entendîmes un nouille.
jeune porte-robe...» (Chapron,
les Coins de Paris.) Pour chiquer ! Allons donc I

Plaisanterie ! Argot du bagne.


Porte-veine. Porc.
Pouser la g^oualante.
Porter un toast à Zola. Chanter. (V. Delvau, Goualer.)
Meiere. « Faisant face au mur, Pousser dans le cornet,
il se mit à accomplir ce besoin
l'escarcelle, le fusil (S'en).
naturel qu'on appelle un toast à Boire, manger. (V. Delvau :
Zola. » (A. Scholl.) S'en jmusser dans le battant.)
Porteur de camoufle. Poui^ser une blag^ue..
Souteneur. Fumer une pipe. Argot de
l'École polytechnique.
Pose (Etre à la). Afficher de
grandes manières, des préten- Poussière (Faire de la).
tions de grand seigneur. « Elle Faire des embarras.
544 PRE PUR

Pouvoir siffler. Ne pas Prime. Premier. Argot des


obtenir ce que Foii demande ; se enfants.
passer de quelque chose. Princesse. Nom que donnent
Précieuse de la rampe. les employés de l'Etat à l'admi-
Comédienne; dans le jargon des nistration à laquelle ils appar-
précieux du jour. tiennent.

Préfectauce. Préfecture de Prochaine (La). La pro-


police. « Sans doute, tant qu'il y chaine Commune. Argot des par-
aura une préfectance et un préfet tisans de la Révolution sociale
de police, on cognera.. » (J. Val-
. qui désignent ainsi la revanche à
lès; Delvau donne P réfec tanche.
. laquelle ils aspirent depuis 1871.

Premier, ère. De qualité su- Prolo. Prolétaire, ouvrier.


périeure « Puis ils inaugurèrent « M. Jules Ferry qui est un
l'argot, parlèrent nègre et pro- ricliebourgeois, confie aux gen-
posèrent aux diueurs une dou- darmes la garde de sa caisse et
zaine, une chablis première, au la surveillance des prolos. »
lieu de dire : une douzaine {Journal de l'Instruction publi-
d'huîtres, du vin de Chablis, que, 18JS2.)
première qualité. » (G. Clau-
Public. Dans le langage des
din.)
bureaux, un public est la pre-
Prendre. Terme de turf. mière personne venue qui se pré-
Parier. Prendre uu cheval à 6 sente dans ces bureaux pour y
contre i en admettant que le pari traiter une affaire. « L'individu
soit de 10 louis, siguitie si le :
qui se présente au Mont-de-
cheval perd, je vous donnerai Piété, pour emprunter, s'appelle
10 louis, s'il gagne vous me don- un puljlic. n (Max. du Camp,
nerez 60 louis. Paris, ses organes.)

Preudre quelque chose à Puits (Parler du). Argot de


la biag^ue. S'eu moquer; la théâtre. Perdre son temps à
tourner en ridicule. « C est dans parler d'une chose qu'on ne peut
le pauvre peuple qu'on l'a prise réussir à terminer. V. l'origine
(une pièce de théâtre; tout d'a- de celte locution dans le Secret
bord à la blague. » (F. Sar- des coulisses de J Dutlot.
.

cey.)
Punaise de caserne. Fille
Prendre ses draps. Prendre qui fréquente les soldats.
le chemin de la salie de police.
Pur. Elégant, dandy. « Vous
Argot des élèves de l'Ecole Saint- ignorez complètement que de ne
Cyr. « Le bazof court le long des
pas mettre de pardessus constitue
lits secouant de la phrase sacra-
actuellemeni ce que nous appe-
m'utelle Prenez vos draps, les
lons être pur, ou, si vous ,aimez
:

malheureux qui n'ont pas eu le mieux, le chic anglais. » Événe-


temps de rapporter leurs ma- ment, 1832.;
telas. » (Maizeroy, Souvenirs
d'un Saint-Cyricn.) Purée de Coriulhc. Vie.
Quatre à six. Réception. de Barberine, elle présentait au
Argot des geiïs du monde. « Il marin le verre de thé à la
croyait même parfois qu'Olga russe... » (F. Coppée.)
avait deviné son désir, et, lors-
qu'à ces quatre à six de madame Quitourne. Fenêtre.

35
Rabatteuse . voiture
Petite n'étaitpas l'habitude de nous en-
qui va chercher des voyageurs chaîner sitôt. » (Humbert, Mon
dans les communes avoisinant bagne.)
Paris.
Ramoner (Se faire). Se
Rabiau. Bénéfice. « Les pour- confesser.
boires cachés;... les rabiaus sur
le fourrage... » (Huysmans.
Rancké. Pièce de deux
francs.
Sœurs Vatard.)
Radis noir. Gardien de la
»asant. Homme ennuyeux.
paix. Rassembler (Se faire). Ar-
got militaire. Se faire répriman-
Rafraîchir (Se faire). Se
der, punir.
faire couper les cheveux, la
barbe. « L'autre soir, j'étais Ratier. Ouvrier tailleur.
entré chez un coiffeur du boule- « Certains ouvriers (tailleurs) qui
vard, avec l'intention de me faire travaillent la journée chez leurs
rafraîchir... » {Gil Blas, 1881.) patrons, emportent le soir, à La
sortie de 1 atelier, du travail
Rancart. Objet de peu de
qu'ils accomplissent la nuit. Ces
valeur. « La plupart des vo-
ouvriers sont des ratiers. »
lumes entassés dans les caisses {Henri IV, 1882.)
étaient des rancarts de librairie,
des rossignols sans valeur; des Ravine. Plaie. Cicatrice.
romans mort-nés... » (Huysmans, « Est-elle bête de suivre un
A vau-l'eau.) Mettre au rancart^ homme qui la bat C'est moi qui
!

abandonner, jeterdans un coin. le ficherais en plan ! Et elles-


C'est le synonyme de mettre au mêmes arrivaient avec un pocbon
cabinet, d'Alceste. ou des ravines sur le visage... »
(Huysmans, Sœurs Vatard.)
Rama (Mettre au). Enchaî-
ner. Argot de bagne. « Le soir, Récent (Avoir l'air). Marcher
après la soupe, on nous mit au droit, avoir de pouvoir se
l'air
rama; nous étions étonnés. Ce tenir sur ses jambes, quand on a
REN REP 5'j7

trop fêté Bacchus. « Allons Rin- Reniquer. Etre de mauvaise


guet, faut être sérieux ; v'ià qu| humeur, rager. Argot de bar-
t'approche de ta turne ; faut qu' rières.
t'aies l'air récent. » ( Monde plai-
Renifler. Aspirer. Prendre
sant, 1880.)
l'eau. «La plus jeune avait...
Iléfec. Réfectoire. Argot de des bottines qui reniflaient l'eau. *
Polytechnique. (Concourt, La Fauilin.)
Relanceur de pleins. Va-
RenouTelIcment. Argot de
riété de grec. « Plus nombreux Dans
ces établisse-
café-concert.
encore ceux qui n'ont jamais
ments, le prix de la place oc-
soupçonné l'existence du relan- donne à une « con-
cupée droit
ceur 'de pleins. » {Henri IV, 1881.)
sommation » gratuite. Si vous
Relever le chandelier. désirez prendre de nouvelles
Argot de souteneurs. Vivre de la consommations vous les payez
prostitution d'une fille. suivant des cafés ordi-
le tarif
naires. Ce sont ces nouvelles
ReleTeur de fumeuse. consommations qui prennent le
Souteneur.
nom de renouvellement. « Au —
Remiser le fiacre à quel- dedans, la salle était comble...
qu'un. Remettre ce quelqu'un à les garçons ne savaient où don-
sa place lui faire sentir son im-
; ner de la tête ; les renouvellements
pertinence. pleuvaient. Les bocks et les
flacons vides s'amoncelaient sur
Remuer la casserole.
les comptoirs... » {Gaulois, 1882.)
Faire partie de la préfecture de
police. Argot des voleurs. Répéter en robe de
Renâcle. Police de sûreté. chambre, dans ses bottes.
Argot théâtral. Répéter à mi-
Renaissance. « Voici la com- voix, sans gestes, sans attitude,
position de ton paletot : 200/0 de sans physionomie, uniquement
graisse, 15 0/0 de coton, 15 0/0 de pour montrer que l'on possède les
renaissance. On a donné ce joli phrases et la mise en scène de
nom à de vieux chiffons piles tri- son rôle. Cette expression, d'un
turés. Restent environ 50 0/0 de usage fréquent en province est
laine commune. » {Figaro, i8S2.) peu usitée à Paris.
Renard. « On appelle re- Reposoir. Hôtel garni. Ar-
nard un livre rare et curieux dé-
got des voyous. « Les garnis sont
terré par un amateur dans l'éta-
le plus bel ornement de la rue.
lage d'un brocanteur qui en Ils ont aussi leurs noms repo- :

ignorait le prix. » (Judicis, Le


soirs ou assommoirs! {Henri IV,
Collectionneur.)
1882.)
Rendu. « Petit ou gros, cher Repousser du goulot. V.
ou bon marché, l'objet qui dé- Delvau : Repousser du tiroir.
plaît au public rentre dans le
grand bazar, et le caissier qui a Reptile. Journaliste officieux,
reçu l'argent rend cet argent... aux gages d'im gouvernement.
Dans le sous-sol on appelle ces « Les reptiles, cependant, veil-
objets les rendus. » (Giffard, Les laient. La popularité si rapide-
grands bazars.) ment conquise par M. le comte
548 RID ROU

deB... leur donnait la migraine. » « La coiffure est noble. Malheu-


{Bien public, 1882.) reusement, elle se termine par
une sorte de sacoche en velours
Républicophile . Partisan
noir qui rappelle tout à fait les
dévoué du gouvernement répu- ridicules de nos grand'mères. »
blicain. « Le tribunal des
{Vie Parisienne, 1882.)
conflits, maintenant la compé-
tence des premiers juges, a in- Rig^ade. Soulier.
sinué qu'un maire, même répu-
blicophile... » {Paîjs, 1882.)
Rigolade (Être à la). S'a-
muser. « Le vieux ronchonnait
Respccrter ses fleurs. Gar- contre les jeunes gens qui sont
der sa virginité. « Ma sœur ne trop à la rigolade, et pas assez à
peut pas respecter ses fleurs jus- l'étude. » (Réveil du Père Lu-
qu'à la fin du monde... » (Huys- chêne, 1881.)
mans, Sœicrs Yatard.)
Rincer l'œil (Se). Regarder
Requinquag^e. Mise, accou- complaisamment quelque chose
trement ne son-
ridicule. « Elle ou quelqu'un. « De[iuis notre ar-
geait pas le moins du monde à rivée, vous n'avez cessé de vous
lui reprocher son requinqua ge qui rincer l'œil de toutes ces créa-
n'avait rien à voir avec la der- tures éhontées... » (Chavette.)
nière mode. » Barot. {Le fort de
Rincleux. Avare. Terme d'a-
la halle.)
telier.
Ressorts. Parties génitales Rire du ventre. Argot
de la femme. théâtral. Remuer le ventre et les
Retaper le domino (Se côtes pour simuler le rire qui,
faire). Se faire arranger la den- théâtralement parlant, ne doit être
ture. On dit aussi Se faire re- produit que par la gorge.
paver la rue du bec. Roi de la mer. Un des
Revers (Faire un). Argot de nombreux surnoms du soute-
grecs. Perdre volontairement en neurs.
taillant une banque et céder la Rond de cuir. Vieil em-
place à un compère auquel on a ployé. Fonctionnaire inintelligent.
le soin de donner des séquences. S'endormir sur son rond de cuir,
Revolver à deux coups. ne pas faire son chemin
Arg. des voyous. Le membre Roudier. Surveillant. Il fait
viril.
des rondes. Argot du bagne.
Riche (Être bien). Se griser. Rong^eur. Voilure de place
prise à l'heure.
Ricivimento. Réception. Soi-
rée. « L'ambassadeur de S. M. Rosse. Mauvais cheval.
Catholique donnait, vendredi soir,
Rossîg^uoliser. Vendre des
un grand ricivimento, dans son
objets défraîchis, sans valeur, des
nouvel hôtel... » {Clairon, 1882.)
rossignols.
Ridicule. Nom donné, sous Rouflaquette. Souteneur de
le Directoire, au petit sac que les bas étage.
femmes portaient avec elles. On
disait primitivement réticule. Rougiste. Partisan de la lit-
ROU RUP 549

térature, des idées de Stendhal, Roupiou. Dans les hôpitaux


l'auteur de Rouge et noir. « C'est de Paris, étudiant en médecine
uu Stendtialiste aussi, ou mieux qui remplace bénévolement un
un Rougiste que Richepin. » (L. externe dans son service.
Chapron.)
Roupillon. V. Delv. Rou-
Roulante Fille pul)li(}ue. On pilleur.
dit plus communément rouleuse.
Roustons. Le scrotum.
Roule-en-cul. Injure qui fait
partie du vocabulaire de MM. les Routière . Prostituée qui
souteneurs. exerce son métier sur les grandes
routes.
Roulier. V. Delv. Roulot-
tier. Ruban de feu. Chemin de
fer.
Roupion. Commis de nou-
veautés. Il tient le milieu entre le Rupinskoff. Y. Delvau :

commis vendeur et le bistot. Rupin.


^abre sur le Tentre (Avoir got de grecs. Lancer à son parte-
un coup de). Etre la maîtresse naire les cartes aussi haut que
d'un officier. V. Zola, Pot-Bouille. possible afin de pouvoir jeter un
coup d'œil en dessous, ce qui per-
Sac (En avoir son). Ne plus
met de les voir et de jouer en
pouvoir supporter quelqu'un ou
conséquence.
quelque chose. « Entre nous, le
mari d'Emma !j'en ai mon sac ! » Sarrasin. Nom, chez les ou-
(Cadol, La colonie étrangère. ) vriers typographes, de ceux qui
Sachet. refusent d'être de la société qu'ils
Bas, chaussette.
ont formée (Littré.)
lialbinet. Argot de l'École
Polytechnique. « Salbinet crie Satisfaire (Se). Aller à la
un tambour, en ouvrant la porte
!

selle. —Copulare. « Sa faim


d'une salle où travaillent une charnelle lui permettait d'accepter
dizaine d'élèves. Cela veut dire :
les rebuts de l'amour. Il y avait
Le capitaine prie le sergent de la même des soirs où, sans le sou,
salle de passer au cabinet du et par conséquent sans espoir de
chef de service pour' y entendre se satisfaire... » (Huysmans, A
une communication du comman- vau-l'eau.)
dant de l'école et la transmettre à Saumurien. Élève de l'É-
sescamarades. cole de Saumur. Tout Saumu-
«
Salé. Mordant, violent. « Le rien qui se respecte ne lit que le
lendemain, M. Cassemajou écri- Figaro, Y Union et la Gazette de
vait à M. Ventéjoul une lettre un France. » [Nos farces à Saumur.)
peu salée. » (Armand Silvestre.)
Sauvette. Argent.
Saler (Se Contracter
faire).
Schapps. Eau-de-vie.
une maladie vénérienne.
Salir le nez (Se). Se griser.
Savonner. Argot de chan-
teurs. Faire des ports de voix.
Sautarclle (Faire une). Ar- « Mademoiselle S... a de l'habi-
SEP SOI 551

leté qxioiqu'elle ait savonné cer- les politiciens pour désigner xm


tains traits. )) {Liberté, 18S2.) pouvoir de sept ans qu'on vou-
lait attribuer au Maréchal de
Sécher. Boire. « Sa plus Mac-Mahon, sans dire que la
grande privation était de ne plus
France fût constituée en répu-
pouvoir sécher une douzaine de
blique ou en monarchie. On
bocks chaque soir. » {Figaro,
trouve déjà ce mot employé
1882.)
en 1823 (V. les Tablettes uni-
!

Sieconer le petit homme. verselles du 26 décembre de cette


Polluer. même année.)
§»ecou88e (N'en pas f... une). Sergent de crotin. Sous-
Argot militaire. Paresser, ne rien officier à l'Ecole de Saumur.
faire. On dit plus communément : « Quant aux malheureux sous-
I\"en pas f... un coup. baptisés du nom poé-
officiers,
tique de sergents de crotin... »
Secouer ses puces. Dan- {Nos farces à Saumur.)
ser. « Elle s'était trémoussée dans
un ballet de la Porte-Saint- Shampooing^- Mot anglo-
Martin maintenant,
; elle secouait indien. Friction faite avec un cer-
ses puces, comme disait élé-
elle tain liquide savonneux et des-
gamment, dans tous les bas- tinée à nettoyer la chevelure.
tringues voisins. »{Gaulois, 1881.)
Shooter. Qui fait partie d'une
Semaine. Expression em- société de tir auxpigeons.
pruntée au service des caporaux Shooting, tir aux pigeons. Encore
et des sous-officiers. Ex. C'est à : l'anglomanie. « Aucun des shoo-
moi que tu contes cela ? je ne ters qui fréquentent le Gun Club
suis pas de semaine. —
Moyen n'a quitté Paris. » {Bien Public,
expéditif de faire rompre un fâ- 1882.) —
« Mon devoir de chro-
cheux. (Ginisty, Manuel du par- niqueur m'oblige à signaler les
fait réserviste.) épreuves internationales qui tien-
nent d'avoir lieu dans les deux
Semainier. Nom que l'on
grands centres de shooting
donne au sociétaire de la Comé-
d"Outre-Manche. » {Union, 1882.)
die-Française qui est chargé pen-
dant toute une semaine de la sur- Sibigeoise. Cigarette. «Par-
veillance de la scène. mi eux, pas une pipe; c'est trop
— commun! La sibigeoise, (ciga-
Semperlot. Tabac. « Eh! rette) à la bonne heure. » (Himi-
Rocambole, par ici Un cornet
!
bert, Mon bagne.)
de semperlot. » (Humbert, Mon
bagne.) Silos. Pimition infligée aux
soldats des compagiùes de disci-
Sénateur. On appelle ainsi
pline.
les malheureux qui, dans les
garnis du dernier degré, ont des Slaze. Ivrogne.
planches particulières au lieu de
coucher à la corde. Ce sont les
Snobisme. Admiration
niaise et basse des choses fu-
richards de l'hôtel. La planche
tiles.
coûte un sou par jour. {Voltaire,
1882.) Soce. Société.

Septennat. Mot formé par Soirée blanche. Soirée où.


552 SOU SYL

il n'y a que des intimes, où se iSous-dern. Argot des éco-


trouve banni l'apparat des liers. Avant-dernier.
grandes réceptions. « Chaque
hiver, elle donnait plusieurs Starter. Argot de courses.
grandes fêtes... ;entre temps, Celui qui donne aux jockeys le
elle conviait ses intimes à des signal du départ.
soirées blanches. » (H. Tessier,
Madame Vidocq.) Strapontin . Petit matelas
en galette, étroit et plat.
Sioixante-six. Variété de
souteneur. Stro^^off. Beau, agréable. Ce
mot, lancé par l'acteur Montbars
gommier de caserne. Fille
à la première représentation de
à soldats. la Reine des Halles, en 1881, n'a
fionnette. Auxiliaire, femme pas été adopté par le public. —
de service, chargée, à la prison Souvenir des splendeurs de la
de Saint-Lazare, de se tenir à la mise en scène de Michel Sù'ogoff',
disposition des employées et des au théâtre du Chàtelet.
sœurs et de répondre à leur appel.
Les sonnettes vont chercher dans
Sublimeur. Bon écolier.

les cours, dans les préaux, dans Surfine. Femme qui s'intro-
les bâtiments et amènent dans duit chez les personnes âgées et
les bureaux les détenues dont on les vole sous prétexte de quêter
a besoin pour un service quel- en faveur des pauvres.
conque.
Syllabe (Faire un sort à
Sophie de carton. Virgi- chaque). Se travailler fortement
nie de rencontre.
pour donner une intention parti-
fiouper de. Avoir assez de culière à chaque mot, voir même
quelque chose. Argot militaire. à chaque syllabe, ce qui donne
au débit une allure tendue et
Sourde. Prison. fastidieuse.

iâÊF"^%
Tala. Elève de l'Ecole nor- après quelques représentations,
male ayant des principes religieux se joue plus vite, les acteurs
et pratiquant. possédant mieux leurs rôles.
Talentueux. Qui a du ta- Tâteur. Fausse clef.
lent. Musicien abracadabrant,
<i

talentueux... » {Frondeur, 1879.) Taupincr. Assassiner.

Tamponner le coquillard Faire le télég^raphe. « A


(Se.) Se moquer de. cette énumération il faut ajouter
le truc du télégraphe qui s'em-
Tamponner. Rudoyer. « Ah !

ploie pour tous ies jeux de car-


tu me tamponnes, s'écriè-t-il, je te
tes. Faire le télégraphe, envoyer
reconnaîtrai à la prochaine. »
le duss ou le sert (V. Delvau,
{Figaro, 1880.)
Sert), c'est faire connaître au
Tape-cul. Argot militaire complice qui tient cartes, le
les
Manœuvre sans étriers. jeu de la victime derrière
la-
quelle on se tient à cet effet en
Taper (Se). Se voir refuser paraissant prendre un grand in-
quelque chose ; s'en passer. Se — térêt à sa partie. » {Henri IV,
masturber. 1881.)
Tapeuse . Prostituée qui,
Temps froid. Argot théâ-
sans faire payer ses ser\ices,
tral. Silence trop prolongé, soit
emprunte aux clients des sommes
par manque de mémoire de l'ac-
plus ou moins élevées qu'elle ne
teur, soit pour toute autre cause,
rend bien entendu jamais. {Ré-
une entrée manquée par exem-
veil.)
ple, qui coupe l'illusion du spec-
Taquiner les dents d'élé- tateur et refroidit son attention.
phant. Jouer du piano.
Tendresse . Prostituée élé-
Tasséeée. Dans l'argot du gante. « Il était accompagné de
théâtre se dit d'une pièce qui, Jenny D..., une tendresse fort
554 TIM TOM
jolie, avec laquelle il vient de sont les girondines ou les aristo-
convoler. » (Gi/ Blas, 1882.) crates de la prime et du report.

Tenir. Argot théâtral. Tenir


Comme elles suivent le mouve-
ment, on leur a trouvé un nom ;
l'affiche, se dit d'un auteur qui a
on les appelle des timbalières. »
du succès et dont les pièces repa-
(J. Claretie.)
raissent souvent sur l'affiche.
« Voici maintenant dix-sept ans Tipe (Donner un.) Indiquer
bien comptés (M. V, Sar-
qu'il un cheval comme devant gagner
dou) tient l'affiche, comme on une course.
dit dans le familier langage des (( La femme
qui donne des
coulisses. » {Revue des Deux Mon- tipes, c'est-à-dire quiindique des
des, i" mars 1877.) gagnants sur de prétendus ren-
seignements que lui fournissent
Ténor. Argot de journaliste. les entraîneurs galants. » {Figaro,
Ecrivain qui rédige habituelle-
1881.)
ment l'article de tète du journal.
V. Tuyau.
Terrasse. La partie du trot-
Tire - bouchonner. Argot
toir envahie par les tables et les
de couturière. Faire des plis se
chaises de MM. les cafetiers.
;

chiffonner. « Le surah a l'incon-


Tête à l'huile. Chef de la vénient de tire -bouchonner » .

figuration dans un théâtre. {Gaulois, 1881.)

Tête de patère. Variété de


Tirer au cul. Paresser,
souteneur. Tirer au flanc. Chercher à
Tête de pipe. Idiot. La va-
ne pas faire son service. On dit
aussi Tirer au renard.
riante est : moule à chenets. :

Tirer des flûtes (Se). Se


Tierce. Argot de bagne.
sauver, s'esquiver. « Quand vient
Bande d'individus.
l'moment d'payer, y en a deux
Tinibalière . Femme qui ou trois qui se tirent des flûtes... »
joue à la Bourse. On sait qu'en {Monde Hlaisant, 1880.) V. Del-
1881 les jeux de Bourse prirent vau Se tirer des pieds.
:

à Paris et à Lyon une extension


considérable On
. s'arrachait
Tirer (Se la). Pratiquer l'o-
nanisme.
notamment les titres d'une so-
ciété, dite y Union générale que Tireur à cinq. Joueur de
dirigeait M. Bontoux. Celui-ci a baccarat qui, n'ayant que des
un homonyme, fabricant de tim- cartes dont la totalité des points
bales milanaises en renom d'où ; s'élève à 5, demande une carte de
le jeu de mots par à peu près. façon à arriver le plus près de
« Les vieilles femmes entassées 8 ou de 9
autour de l'ouverture de la grille
(de la Bourse) comme les mou- Toile. Maison.
ches dans un angle de muraille, << Les Dimanches tu grincliiras
nous les appelions les tricoteuses. Dans les toiles, bogues et ployants. »
Les habituées des confiseurs,
celles qui spéculent entre l'éclair
Tomber dans le malheur.
et le baba et vident leur bourse
Venir au bagne.
comme un verre de malaga, ce Tompin. « Le mot n'est point
TOR TRA 555

très facile à définir... Pourtant Tortiller la tIs. Etrangler.


je dirai qu'entre le chic et le faux « Je l'avais prévenu que s'il fai-
chic et plus près peut-être du chic sait un mouvement, j'allais lui
que du faux chic, il y a une la vis. »
tortiller {Gazette des
sorte d'entre-deux, une manière Tribunaux, 1864.)
de chic imparfait gui est précisé- Tortoragfe. Nourriture.
ment le genre tompin. » {Figaro,
1S82.) Toupie. Dame d'un jeu de
cartes.
Topo. Circulaire; proposition,
motion. Argot des élèves de l'E- Tour (La). La Préfecture de
cole polytechnique. Police.

Toquet de loutre. On don- Tour de clef (Se donner un).


nait ce nom, en 1881, aux fem- Se reposer, se refaire, se mettre
mes du monde qui spéculaient à au vert. « Apollinaris est venu
la Bourse. « Quant au club des passer cinq ou six semaines à
Toquets de loutre, sous les man- Aix-les-Bams, histoire de se re-
teaux de renard bleu, il n'avait donner un tour de clef. » (Raoul
pas meilleur aspect. Faisaient Nest Les mains dans mes
,

pocltes.)
partie des toquets de loutre une
quantité de femmes du monde, Tournante. On appelle ainsi
notées, cotées, aux panneaux de dans ou dans les
les bouillons
voiture armoriés et dont quelques- brasseries desservies par des fem-
unes, pour être plus à portée des mes, celle qui remplace une ser-
opérations de Bourse, avaient vante momentanément absente.
loué des chambres garnies ou
non, et là, attendaient les cours Tournée pastorale. Tour-
et donnaient des ordres. La baisse
née qui a lieu en bande, le soir,
a passé sur les toquets de lou- après un bon dîner, dans des
trecomme ime rafale... » maisons hospitalières. La tournée
Et maintenant pourquoi toquet pastorale implique ordinairement
de loutre ? Parce que c'était alors la flanelle.
la mode
d'être coiffée d'une sorte Tout-à-l'œâl. Député. « L'or-
de toquo garnie de loutre. dre du jour appelant la discussion
du projet de loi relative à la
Torchée. Coups. Rixe.
tant fameuse église du Sacré-
Torcher.Faire vite et mal. — Cœur, le renvoi a été demandé par
Manger. Torcher les plats. Avoir un tout-à-l'œil quelconque pour
appétit. attendre la présence du citoyen
X.. occupé ce jour-là au Palais
.

Torchon. Argot de cabotins. de Justice. » {Gaulois, 1882.)


La toile, le rideau.
Train blanc. « Vous les
Tortiller le carton. Jouer avez entendues dire qu'elles
aux cartes. « Parfois deux socié- avaient raté le train blanc... Le
tés font alliance pour tortiller le train blanc est un train supplé-
carton. C'est l'expression consa- mentaire à l'usage des joueurs,
crée par les joueurs de besigue, subventionné par feu madame
de piquet à quatre, ou de rams. » Blanc et qui a gardé son nom. »
{Réveil, 1882.) V. Delvau Car- : {Revue politique et littéraire,
ton. 1882.)
556 TRO TUY

Train jaune. « Elles (les Trôlier. Individu , commis-


femmes de mœurs faciles) com- sionnaire qui va offrir de porte en
mencent à persiller dans les porte aux marchands de meubles
trains de chemins de fer; il y en le travail de l'ouvrier qui est à
a même qui ne font qu'exploiter son compte. Dans l'argot du fau-
les trains jaunes qui emmènent bourg Saint-Antoine on appelle
chaque samedi de Paris, pour les cet ouvrier un choutier.
ramener le lundi, les commer- Tronc d'arbre. Nervure de
çants dont les femmes sont aux
la feuille de tabac que l'on
tains de mer. » {Figaro, 1882.)
trouve dans le scaferlati non trié.
Tranche (En avoir une). Etre (V. Peuplier.)
inintelligent. Truc (Faire le). Argot des
Transversale. Argot de filles. Raccoler.
joueurs. On joue la transversale, Truqueur. Individu du troi-
quand, à la roulette, on place son sième sexe qui vitde son... in-
enjeu transversalement, c'est-à- dustrie.
dire sur la ligne qui sépare
deux numéros entre eux.
Tuiler. Regarder quelqu'un
d'un œil soupçonneux.
Travailleur. Voleur.
Turban (Valeur à). Valeur
Trèfle ! Argot des enfants. turque. « Les valeurs à turban
(V. Pouce.) résistent difficilement. » {Presse,
1882.)
Trembleuse. Sonnette élec-
trique. Tutoyer. Dérober on dit aussi
;

effaroucher.
Tricoteuse. V. Timbalière.
Tutu. Derrière. « Prenez
Trimardeur . Voleur de garde, je m'en vais vous donner
grand chemin. (V. Delvau :
sur votre tutu... » (Evénement,
Trimar.) 1882.)

Trimballeur de rouchies. Tuyau. Argot de sport. Ren-


Souteneur. seignement. « De plus, sportwo-
man passionnée et renseignée ad-
Tripoter. Spéculer.
mirablement. Elle possède, comme
Et moi, mou cher, j'ai tripolé on dit, les meilleurs tuyaux. »
Sur l'emprunt turc ; {Gazette de Cythère, journal
(Marcellus, le Langage d'aujourd'hui.) 1882.) —
En argot financier, avoir
Trois-quart. Lièvre. un tuyau signifie avoir reçu con-
fidence d'un mouvement préparé
Trois-pont. Casquette en par les banquiers, maîtres du
soie assez haute à l'usage de
; parquet. « Rachetons, avait dit
MM. les voyous. « Je les (les Léontin. — Pas encore, avait ré-
Alphonses) rencontre encore qui pondu le fils Marleroi. Ça n'est
rôdent en bande, les cheveux ef- pas fini. La panique gagne les
filés, en corne de bœuf, sur les départements. J'ai un tuyau.
tempes obscurcies par le trois- Nous pouvons racheter plus bas
pont. )) (Huysmans, Une go- encore. » (Cadol, La colonie
guette.) étrangère.)
Un, deux, trois, etc.. Argot trois, qui marche. C'est le deu-
théâtral. Acte premier, deuxième, xième, le troisième acte que l'on
troisième, etc.. d'une pièce. « A joue.
partir du quatre, mademoiselle
Sarah Beruhardt est supérieure à
Urbaine. Fiacre; voiture de
place appartenant à la Compa-
elle-même. » [Evénemeiit, 1882.)
gnie dite l'Urbaine. « Une Ur-
« Il suffit d'obtenir un engage-
baine accoste, une tète de femme
ment de M. Montrouge et de ve-
paraît à la portière. » {Vie Pari-
nir annoncer à la fin du deux
sienne, 1882.)
que le diner est servi. » [Evéne-
ment, 1881.) C'est le deux, le Ursule. Vieille fille.
Vachard. Paresseux, fai- joueurs ont commencé par être
néant ;
qui s'étend paresseuse- d'honnêtes joueurs; ils ont été
ment comme une vacne au lieu pigeons avant d'être vautours. »
de travailler. [Hetiri IV, 1881.)

"Vache. Qui se vend à la po- Végétarien. Qui ne mange


lice, mouchard. que des légumes. Il existe de par
le monde une société végéta-
Vacher. Paresser.
vienne.
Va comme je te pousse! Velours (Jouer sur le). Jouer
Expression équivalente à celle-
avec de l'argent qu'on a em-
ci : Au petit bonheur
au ha- !
prunté. « Pensant qu'on est plus
sard. « Je ne parle pas du Dieu
heureux avec l'argent des autres
des armées qui, invoqué par les
qu'avec le sien, il désirait, sui-
deux partis en présence, ne sait
vant l'expression consacrée, joue-'
auquel prêter l'oreille et bénit
sur le velours. » (Belot, Une
dans le tas, à la va comme je te
joueuse.)
pousse. » (Evénement, 1882.)
Valser du bec. Avoir l'ha-
Vendôme. Sorte de jeu de
cartes. « Ou jouait le vendôme.
leine fétide.
C'est le jeu des prisons et leurs
Vandale. Poche vide. hôtes n'en connaissent pas d'au-
tres... Des initiés m'ont affirmé
Va t'en Toir si... il, elle que le vendôme se rapproche sen-
ou on Tient, «ïean ! Expres- siblement du baccara des cer-
sion ironique synonyme de Ne :
cles. » (Humbert, Mon bagne.)
comptez pas sur une chose. « Il
faudrait au moins tomber sur une Vent du nord. Éventail.
femme aimable, sur une bonne Argot des camelots. « Demandez
fille; oui! va t'en voir si elles les éventails, le petit vent du
viennent, Jean » (Huysmans, A
! nord... deux sous. » {Clairon,
vau-l'eau,) 1882.)

Vautour. Grec. Tous les Vent dans les Toiles.


VI G VLA 559

(Avoir du). Etreen état d'ivresse. « Ça ne va pas, mais ça ne va


pas du tout aujourd'hui... pour
Ventre d'osier. Homme l'amoar de Dieu, Mesdames et
maigre. On dit aussi sac d'os.
Messieurs, un peu de vigousse,
"Verseuse. « Il fréquente les donc ! » (De Concourt,
. . . La
établissements ditscafés à femmes, Faust in.)
où les garçons sont remplacés par Vieillisseuse. « J'ai fait la
des demoiselles appelées ver- connaissance d'une vieille femme
seuses. » [Frondeur, 1880.) qui exerce aujourd'hui la profes-
Veste (Retourner sa). Chan- sion de vieillisseuse... nos boule-
ger d'idée, notamment d'opinions vards, vous le savez, sont sillon-
politiques. nés de petites marchandes d'a-
mour que leur extrême jeunesse
«Il fut un temps où, surchargés d'amendes
expose souvent aux indiscrétions
Nous condamnions
L'autorité qui supprimait nos grandes de la police... A l'aide de cer-
Réunions, tains onguents, elle (la vieillis-
Mais nous avons retourné notre veste seuse) parvient à donner aux
Sur notre fou traits trop tendres des gamines
L'article se|)t, le budpret et le reste l'expression d'un visage de 18 à
M'ont rendu fou. s
25 ans. » [Figaro.)
(Clovis Hugues.)

VésuTC (Faire son) Faire des


.
Vinasse. Vin.
manières, des embarras, poser. Vingt-liuit jours. Soldat
faisant la période d'exercice exi-
Vésuver. Donner largement,
libéralement. « Tu as un nour-
gée de ceux qui font partie de la
réserve de l'armée active parce
risseur qui te vésuve des jaunets
quand tu lui dis : Mon Prince. » que cette période dure vingt-huit
jours. On dit aussi réservoir.
(Huysmans, Sœurs Vutard.)
Viatique. « Littré appelle Visqueux. Souteneur de bas-
viatique l'argent qu'on donne aux étage.
religieux pour leurs dépenses de Vitrine (Etre dans la). Etre
voyage. Enlevez les religieux, bien habillé ; avoir des vêtements
expulsez-les, remplacez-les par qui sortent de chez le bon fai-
des joueurs et vous aurez la véri- seur. « Je vous trouve l'air un
table signification du mot en lan- peu rococo ; vous n'êtes pas dans
gage monégasque. » (Revue poli- la vitrine. » [Vie Parisienne,
tique et littéraire, 1882.) juin 1882.)
Viatique vert. Absinthe. Vitrine (Faire). Se parer, se
« Le commandant Monistrol se faire beau, s'endimancher.
versant, au moment d'expirer,
le viatique vert. » (Th. de Ban- Vlan. « Au temps où le
ville.) Grand- Seize s'emplissait chaque
soir, au café Anglais, d'une so-
Vider. Assommer, tuer. « On
ciété qu'on ne remplacera pas, car
la mère Teston
dut s'interposer ;
les gens d'esprit d'alors ont été
perdant toute mesure, ne parlait
remplacés par des imbéciles, on
de rien moins que de le vider.
avait trouvé mieux que pchutt.
(Huysmans, Sœurs Vatard.) homme
On disait de quelqu'un,
Vig^oasse. Vigueur, entrain. ou femme, qui se distinguait par
560 VOY VRI

une attitude, par un parti pris, amusant (à la roulette de Monaco)


un laisser-aller, une originalité Voyante. Elle indique les
c'est la
tranchée : Il a du v'ian ! Elle a numéros qui vont sortir et se
du v'Ian., C'était net, cassant, ab- loue moyennant 20 francs par
solu. » Èvéneynent, 1883. — Ce heure. » (Revue j)olitique et litté-
terme, abandonné depuis long- raire, 1882.)
temps vient de reprendre faveur.
— « Soirée dansante très réussie, Voyageur sec . Voyageur
très animée et très v lan bier, chez qui ne fait aucune dépense dans
la comtesse de L. » [Gil Blas, l'hôtel où il est descendu.
1883.)
Voyageuse. Femme galante
Volaille. Terme de mépris qui travaille ( ?) sur les paquebots
à l'adresse d'une femme quel- et les lignes de chemin de fer.
conque.
Voyante. « Un autre type Vrignole. Viande.
AVaterloo (Avoir son). » Il connus et classés à la Préfecture
(W. Ad. Belot) lui restait à étu- etque malgré la vigilance la plus
dier pour la dernière partie de excessive, il y avait bien peu de

son drame le grec en liberté. Il cercles, même parmi les plus


s'adressa pour cela à un ancien grands, qui n'eussent eu leurWa-
inspecteur du service des jeux... terloo. Un cercle qui a son Wa-
Cet inspecteur lui apprit, entre terloo en langage technique est
autres révélations étonnantes qu'il un cercle où l'on prend un grec
y avait, à Paris seulement, plus la main dans le sac. » {Fijaro,
de deux mille grecs, parfaitement 1883.)

36
WAg-xAg. Sorte de siège. « Elle Zingfuot. Hangar, préau. Jar-
et lui sont assis sur un zig-zag, gon de l'Ecole de Saint-Cyr.
dans un coin du salon. {Vie Pa-
risienne, 1881.)

F. Aureau. — Imprimerie de Lagny,


V4'.
'ëm

PC Del van, Alfred


37A1 Dictionnaire de la langue
verte
1883

X PLEASE DO NOT REMOVE


CARDS OR SLIPS FROM THIS POCKET

Vous aimerez peut-être aussi