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Trois livres des charmes,

sorcelages, ou
enchantemens. Esquels
toutes les especes, & causes
des charmes sont [...]

Source gallica.bnf.fr / Paris


Vairo, Leonardo (1523-163). Auteur du texte. Trois livres des
charmes, sorcelages, ou enchantemens. Esquels toutes les
especes, & causes des charmes sont methodiquement descrites,
& doctement expliquees selon l'opinion tant des philosophes que
des theologiens ; avec les vrais contrepoisons pour rabattre les
impostures & illusions des daemons : & par mesme moyen les
vaines bourdes qu'on met en avant touchant les causes de la
puissance des sorceleries y sont clairement refutées. Faicts en
latin par Leonard Vair, espagnol, docteur en theologie, & mis en
françois par Julian Baudon, angevin. Avec une ample table des
principales matieres. 1583.

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ÜCcrr

SB^Sfr

m&m

;Mïmm
~Tp~ •' :f*-,
««DÉ3ÉÂ
1
DURU 12 G O
if1)89
Avec privilege dy rov,
E PIS <T'.R Ë.
duec Sathan capitalennemj du
genre humain Lors que ce leureß
K
<vne.loùrde&màlheureufefaute.

de faire hommage à celuy


3qui
remphfi tous les iours le monde j

dimpofiuresy&
neprendplaifir

qu'àfaire trebufiher les hommes


pour des rendre coupables de la
mort çef torture etern elle ! Sftant
donc(par la grace de "Dieu) venu
a bout de ce,
traittê malgré les
,
maladies quifefint par l'ejpace
de quelques mois gloutemerit re
peues tant de mon corps que de
mon ayatparplufieurs
efirit,

foispefe fepenfieàqui ie voue



rois ce mien petit labeur ; ïay en
fin pris refilution qu'il riy auoit
perfinne a qui il duiß mieux
qua "vous . carfiit que ie confia
ExtraiEl .àu priuilege dn Roy.
*4 DES /CHARMES
;
C H A P« I I.

Harmen'eftantrecho
Definition fequ'vne dommageable
du charmf.
&pernicieufe qualité qui
prouient de haine ou da
mour., & fe fait tantpar le
r-Tr»=r."3i--'r,.,r.T^riT-n
-
OV ENCHANT. LTV.'r. It
difforme habitude par tout le corps.
ce qui aduient par ce qu'au temps
,

de la conception & durant la portée, .

la femme au oit les yeux & la phantafîc


fichez fur quelques formes difformes
;
& monftrueufès. Oed là là calife
; pourquoy on void plus de diflemblàn
!
ces es hommes qu'es autres animaux.
;
carlalegereté dcspenfées &lavifteffe
! dei'ame ioinóteauec la variété del'el
!
prit, impriment des charadercs di
OV ENCHANT. LJ[V. I. 1?,:
lent tout div.0: coup U cfec alegre;fer.;^^ vnc
couflcdepuis la terré iufquaii tieiy
ame.
vifitansles coinsdum'onde,lePonat,.

lc Leuant^le Midy & le Septentrion,;


inuitent refprit à la contemplation;
eèuxy ;Donques.puifqu'ainfi^eftvque ....
quand Tefprit éft ioyeutf les yeux- ent
3
föubriant fen; refio.uiffent
;
:ßl;;effi
trifte ils fe 'mönftrent hebétez.&:lan
guifTans &mefmes larmoient quand
là.fafcherie eft trop grande : puifqu'ils
fenflent par le courroux, font fi -.,çs au.
temps que le fprit eft en çon te m pl.' tiô,;
de pour dire en brief5puifqu'ilsrefpon
dent à toutes Jes perturbations de Tef
prit & demonftrent afiez par la diuer
fîté de telles mutations qu'ils ont quel
que aliance naturelle auëcluy, il eft
tout mariifefte que fi le.Charme fe.fait
par rimagin^tion:, qui eft ( ;
comme
..

nous auons prouuê ) vne vertu del'ef


prit, il poUrraauffieftre fai&par les '' "

yeux qui font miniftres & coufins d'i


Ori iette par ces.yeux
certainsc'cft°™7cs
:celuy.
raions qui font portez comme fléchés yeux'en(oi
de
au tueur ceux quon veUr chantier, cc!cm*.

aufqüels on empoifonne tout le corps:


&Z en telle forte on infe&e d'vne v eni
J
ov enchant, liv. I. 43 1

met auprès Sc fait toucher à çeluy qui


l'a meurtry.Et ne lifons nouspas qu'an
ciennement il y. auoit en l'Hellefpont
certains hommes apppllez Ophioge
nes qui guariffoient les morfures de
Terpens par leurfeul touchement, Se Ophîpgc
quemettans la main fur la partie offé
fée ils en tiroient tout fur l'heure le ye- chaiïcnt
nin ? Netrouuons nous pas qu'en A- toutvcnin>
frique les Pfylles auoient naturclleméç
dans leurs corps vn fi puilfant venin

qu'il eftoit mefme pernitieux aux plus
venimeux Terpens, iufques aies faire
mourir de leur feplç odeur? ne dit-on
pas au® que Ja nation des Marfêsa
yne telle vertu ? Pourquoy donc ne
faut-il croire q quelques homes ont
cede force que de charmer & nuire
beaucoup auecleur touchement f. veil /
mefmesqu'Ouideafferme qu'on attire L'^monr
à foy l'amour des femmes en nefàifant saaien
que toucher lçurs robbes. Et fil eft: ^rlct0Qr
tout approuué Sc manifeftequedecc T

quife procrée tant es entrailles de la.


terre qu'en la fur-face d'icclle3comme
des minéraux, pierres herbes, plantes
ßc animaux3fortent tant çieftrangesSe
miraculeux effets pourquoy eft- ce
p
çrén
A
U

Àriftote,

i
r
»rxyrxr9%urjiKrr».rrrVTîTT~ »'f
I
OV EN CHAN T. LIV. I. 6l
ils tachent le plus qu'ils peuuent de fai
re leur charme à l'heure que domine
le figne ou le'Planete propre & conue
nable à leur deiTeing, _& pour cefte eau
fe la manière de charmer fe reigle felon
la difpofition des lignes des Planè
tes . Us commencent donc leur, adio
foubs laftre qui prédominé à ce qu'ils
veulent enforceler ; ce qu'ils peuuent
bien aifement, executer, à raifon que
chaque indiuidù &-particulier a vne
propre & particuliereinfluxiön des 'ç—Chaque in
floillès, que les forciers par vn inftinft p^uîictc
naturel connoilfent & la peuuent aug- inàuencc.
menter & diminuer foubs la domina
tion de telles eftoilcs. Ils difent en ou
; tre qu'entre lès aftres il y en a d'aucuns
!
qui font bons &beriings3&d autresin
fortunes aiffeurent qu'ils ont la
,
puiffancc de chpifir à leur gré des e-
Aftrcstons
jftoiles felon là qualité du charme qu'ils &raauùais.
veulent faire. Et d autant que l'hom
me eft cópofé de deux natures àfça
: uoir de l'ame & du corpses ne fontau
> cune difficulté de dire que les aftres 5£
I puiffances celeftes agifTent par vn cer
!
tain, complot &'deftinée fur l'y ne
I Vautre nature : qui fait que ïi les en-
i
--- -a
)
ÖV ENCHANT« LIV.Ï.
d'vu mefmc principe, àïcauoir de lap
petit cocupKcible^touterois ceft le pre
mier 8c principal moutieniet de l'appé
tit,^ cft eftiméle fondemét de joutes
actions & de ces fix qualitéz. car qu£cf
cet appétit eft d'accord 6c en vniôjcelà
eft appelle amour3leql engëdréla'ioye

fi la chofe aimee eft prefente, &: ie dèfir


fi elle eft abfente. Orilne fautpasoti
blierqu'on peutcofiderër l'amour ert Doublé én
deux fortes, ou corne no? aimós quèlq dc1>;imour'
chofe de lui defiros tout bien &profpe
rité pour l'amour d'elle & no9 pouraù
trecaufe,&: cela eft appelle abfolumet
amour^que quelqùes-vns ont nornê a
mourdamitié:ou
bie come cet amour
eft vtile &plaifante à l'aimât ou à quel
que autre & no à la'chofe aimée ceq
y
d'aucûs appcllét amour de cÔcupifcé-'"
ce. c'eftàcaufede cefte derniere forte
d'amour q le charme fe fait, &: prend
racine&origine delà cognoiftance dé ;

'

l'obieób duquel on nous a parlé ou qui-


feft prefenté à nos yeux.car perfóne né
peut aimervrie chofe qui luieft du; tout'
iiicônuë,veu q l'effet dam ou r,:felól'ö
piniô d'Ariftote & d'Ariftophanë, çft>
vne c6io6lion & coupljemét par lequel •
«w ttxxvwr—rm TLrrxr^r':
DES CHARMES

chofes prenct leur cfpece


de la forme qui eft en el
[/sJp les5 aufli les aótions hu
maines empruntent leur
efTcnce de leur obie&,cóme la veuë de
la couIcurj&Fouic du fon.Or come ain
fi foit que le Charme ait deux obieófcs,
il Eiut confefTer par mefme moyen
qu'il a deux efpeces, à fçauoir amour
éù haine. Car tout ainfi qu'es chofes
naturelles la premiere bonte qui eft en
elles vient de la forme qui leur donne
cfpece : aulïi la bonte ou malignité
des aótions humaines prend fonelpe
ce &: difference de la chofe conue
nable qui fe prefente à l'vne des
deux.& d'autant que le propre de la
me raifonnable 1
c'eft de dreffer&:

ordonner j de là vient que |fi l'a


ction qui en procédé faddreflç
£2 Ides charmes
rage & beftife 3 d'autant quelle eftfore
cfc'artée du fentier de,r*ûfon & d'hon
nefteté. Nous refpondons à cela, que
les efpeces des a&ions humaines pre
sent leur difference des çhofes qu'on
conçoit & .en grau c en Ton efprit, & no
pas de la nature & propriété qui eft en
telles choies. Puitquè donc que Fa
inour efmcut plufieurs à vfer de char
*ne, &" que,cet amour leur femble bon
Salutaire & le conçoiuent comme
chofe bonne, fuiuant cefte conception
tel amour eft iugé bonhomme en tou^
tes autres chofes il Ce trouuevn bien
apparent qui ne l?eft pe s à la vérité :&
çn cefte forte amour eft vne efpece
çliftindc du charme. Il ne faut pas icy
laiffer pafler qu'il y a deux principes
d'exercer a&ion à fçauoir l'art Se la
nature. Or les deux efpeces du char
déclaréesvienne?
mcquenousauons
ifon&
Vo\ovHè de l'art qui a p our eau fes ßc motifs de
•cauftsj de fona&iofi, la raifon 8c volonté.Tefti

'a?t* nie donc que le charme qui (ç faiçde

nature eft'vne tierce* efpeçe d'iceluy


beaucoup diuerfed amour &;de haine,
pourcè queplufîeurs font procréezd v
jie nature telle qu'ils charment tout ce
M
!

t: iü.'ï
!;:!

' t'

<< i

lerrard.

arv-»rr«war,r.TC'"«sT "S***
I
Jü^
ÖV ENCHANT, ÜjLIVJ.
les & entrailles des amoureux, que .

fait l'amour, Come eft auteur Apulée.

Vesremedes & contrefoiJons qui ajfol-


hliffmt& cbdjfentle Chctrme.-[

Chaï». XIIII.

V i s que nous auons re


-A SJw ^ou^s& determinefeloil
lérfM l'opinio des Philofophes

H
ÎI4 ÛÉScharmes

vfoient en difant quelque prière, in


ç

iioquans ladeefleNemefis vengereflo


des forfaits, à laquelle pour cefterai
fon on érigea à Rome dans le Capita
le vn fimulacre, d'autres penfoient que
la peau du front de l'Hyene charmoit
le Charme.daucuns deceuoient la ma
lice des charmeurs en clochant deuat
cuxdel'vne & l'autre jambe, d'autres
fe feruoient de bois de palme limé •

auec les dents,onbiv n de l'herbe nom -


méeSatyrion & vulgairement couil
lon de préftre. Diofcoridc rapporte
que laiyflc eftant J)enduau plancher
d'vne maifon eft vn falutaire remede
,
contre le Charme & fert tant aux bc

fies qu'aux hommes. Ariftoté tient
que la rue y eft fouueraine. Dcmocri
ucrahie c5-
trcic char- teAbderite vfoitfouuent pour fegar
der du Charme de la pierre Catochl
tis en la portant ou la montrant, Se
auec icelle il dcfcouuroit les fecrets de
nature, principalement en la difputc
qu'il eut contre les Mages.de Perle.
Quelques graues auteurs content en
tre les contre-charmes ? cracherfur
le piffat qu'on vient de rendre, ou
bien furie foulier du pied droit deuanç
' II6 DES charmes •
.
occafion expreffe L.Manlius futcree
Dictateur. Nous lifons dans quelques
.
auteurs dignes de foy que quand quel
ques matrones Romaines furent con
damnées de forcelagCjil y eut le Dicta
teur qui ficha le clou, afin que to9ceux
qui eftoient hors de foy ôcinfenféz,re
uinifentenleur bon fens, de laquelle
' cerenîonieCn.Quintilius vfa póur ap
paiferledifcord quieftoitvn iourfur
,

ueriu entre les bourgeois de Rome. le


lailfeà partlesremedes dont vfent les'
detcliao" chafleurs,
com m e quandils fendet par
fsurs. le milieu vn arbriffeau de chefne,&fót
pafferçout au trauers d'iceluy tant les
chiensque leschafïeurs; cequ'eftant
faid-il leur eft ad uis qu'il ont rompit
toute forte de Charme1. S. Auguftirili
ure 7. chap iz, de fa cité de Dieu par- -,
lant des vilennies que les anciens-
payens faifoiënt au pe're Bacchus, dit: '
Il falloit qu'vne mere de famille la plus
acfanaas"honncfte&
moins ébruitée qui ruft5;
'.. i attachaft deuant tous vne couronne
âu membre honteux dé Bacchûs.coin-'
^ me fi c'en ft efté là le moyen d appaifer
Bacchus & luy gratifier pöur auoir bor
ne vinée. comme fi on euftchafîetoiît
Fin du premier îiure,
1*0 DES CHARMES
m

M m
I
OV ENCßANT. Liv; II. 11$
Ve la diuifion des-caufes & du Charme.

> Chap. 11.

Vant que de pafler plus


UV
iy% -
' DES CHARMÉS
diftaiice eritr'-eüx; pareillement lîm&*
,

gination Ruminant & penfant en tela


obie&snepeutfe tromper aucunemet^
ainfî que fou (lient Philop one en fon li
ure des mentales conceptions du Phi
lofpphe. Mais d'autant que quand les
fens exterieurs contéplent &farreflen£
fur les commuasßc efloignez obie&s,
.
ils font le plus fouuent dcccuzj àufïi k .

force imaginatiue fabufe fur les mef


mes quand ils Ce prefentent à elle com
me en deïpit qu'elle en ait, ainfî que
tefmoigne le Philo'fophe. car comme
ainfî foit qu'elle prenne fa fource du
mouuement des fens, &: que chacun
deux eft lors le plus efloigné de fon
principe', pareillement lemouuement
d'icélle reçoit vne plus petite & debi
le force de fon premier principe. Et
tout ainfî queies fens font fouuent tro
pez en quelque figure comme fi les
,
chofès quarréës font regardées de loin
elles fembleront rondes, & on penfers
que maintes chofes qui fe meuuent nô
bougentjComme le ciel &: les eftoilleSj
&les chofes fort grandes paroiflroflt
tien petites, et tout ainfî que quand
bous voyons vn chable ou autres eor
ï54 d.e's- charmes.
opinion de luy &; qu'ilfoupçonnaft
3
qu'ili'auoit 'defrobbé', feulement pour
ce que fa confcience luy mettoit dé
liant les yeux qu'il lauoit veuc tout -

feul.de forte cjue toutefois &: quantes


qu'il loyoït faire plainte de telle chofev
ou parler de quelque forte de larrecin^
il craignoit qu'il( nentendiftdeluyjtek
lemeni: qu?adiouftanc fóy &confen
tement à cefte faulfe imagination (tant
cftoit-il de bonnes & vergongneu-y
fes meurs & doiie' d'vne-fingulicre
^modeftie ) fon corps & principale^
rnent fon vifage deuenoit fi change
qu'il eftoit couuert d'vne merueilleu
fe rougeur. Pour cefte caufé Platon
.difoit.cn f-cs'liures des loix, que naturç
àuoit baillé àl?homme desaffeólions

pour çftretiré &,trainé d'elles comme


Il c'eftoient des nerfs & cordages, et
que tout ainfi que ces* afféótions font
contraires entr-elles, aufli elles nous 1

tirent cndiucrïes & contraires parts«


Sencque parlant de cefte faulfe ima
gination dit5 que nous fommesplus
iouuenten peine & malades-par opi
nion qu'à la vérité : & que plus de
chofe$ nous efpouuentent que d'a\i
T40 DXS chaumes
toutefois on a dóné (fauffemét & fans
' T aucune legitime caufe).confèntement:

-
aprcsles auoirreceuzenrimaginatiô,
^infï que Themiftie, Simplice
Grammatique & Ariftote çonfeffent 3lean

en leurs liures del'Amö. Pour cefte


\ raifonAlexadreAphrodiféedifoitqù'il
arriucfouuent aux hommes defuyurç.
: J
leur imagination: à caufe que leurcC

prit;-&r intellect eft voilé & enfeuely de


quelqueperturbée affe&ion
quand vne maladie leur furuient ou,lcomme

qu'ils fommeiHent, Et pour retourner1


-
à nos brifées apropos interrompu cy
poorquo^ deflus, il eft tout certain que l'imagé
.

nous^efté ftati°n ne nous a efté donnée pourau


donnée, tre caufe fînon pour garder les images
' '• des diofes qui font conniies par les
fens, &pour les enuoyer à l'intelle^
quand il en eft de befoin.Elle n'efmeuc
aufïî le corps pour autre caufe finon
foubs Tefpece du bien qu du mal, dç
l'honnefte ou deshonnefte, qui eft le
inoyé par lequel l'elprit eft incité à dc
firei* ou fpir quelque chofe.Or fur tóu-^
tes çhofes il ne faut omettre que trois
çhofes nous font lignifiées foubsle
non) d'irriaginaçiQiV} à fçauoir ççftç
\
L
/
\
öv enchant, liv. it, 16j
connoifTance Cc cönfidere.
i pntant
que la chofe future a vne certaine puif
fànce en la caufe dont ;elle doitproce
der ; laquelle caufe ou elle eft certaine
& immobile 5 ou certaine mais. iauec
çelàfubiete àmouuementVou du tout
incertaine & indéterminée. Ges cho- '

fes eftant ainfi brieüément déduites


i'en tire trois cönclufiöns; la premiere,
que les Damions connoiflfent infaillir QuecVft
blémentces, çhofes, futures qui ont v-
fcun°t
ne certaine & immoble caufe : comme Dzmons.
l'heuredeî'eclipfe,laconion&iori des
Planetes autres chofes quiaccom
5
pagnent le mouuemcnt des corps fq
perieurs. enquoy .non feulement les
caules font certaines3immobile.S;&ne
ceflaires. mais aufTi il n'y a aucuncm?
r
pefchement qui y puiflè faruenir«
d'autant que les hommes connoiflerit ;

bien telles chöfes elles peuuent eftre ;


j
beaucoup plus parfaitement connues
aux Darmons . La feçondeçonclufion
eft,quelès Da^mons.peuucntbien.fçar
uoir mais non pas auec. toute certitu
de, les chofes qui ont vnc caufe cer
taine &: mobile : certairie'( di-ie) ppur7
ce que nature.n.e vife direktemefrc qu'à
.
«1

sï|
OV EN CHANT. LI V. II.' I7I
rieures, & en cefte maniéré (d'autant
qu'il n'y a queDieti qui puifle mouuoir
intérieurement 11 öftre volonté,le mou*
uement de laquelle luy eft immédiate
ment fubiéói de obeïfïant) Dieu feul de
l'homme délibérant de voulant faire - •

quelque chofe peuucnt connoiftre le


defleing arrefté en l'efprit. feconde-met reprit eft
telles deliberations font confédérées j£™sp^[cs
entant quelles ferapportét Se font co- teneurs. '
formes aux fîgnes de indices du corps,
lequel elles alterent é changent en di
uerfes fortes felon les mouuemes & de
fîrs exterieurs de refprit:&: en cefte for
te non feulemet les Dœmos rnaisaufli
les médecins bien experimétez ont ac
couftumédeconied:urer3&conoiftre

principalemét les alfedlions des mala


des, cöme Galen a totiché en fon traité
deguarirles maladies delefprinBn ce
fté façon la fubtile induftrie deLeptine
Mathématicien, ou (felon que veulent -,
quelques vns}d'EriftrateMedecin)def- d'vnmedc-.
,

couurit l'abominable amour dont An-ci»,


tioq eftoit efpris à l'endroit de fa mara
ftreStratonice,fàns toutefois le vouloir
reueler à perfone tätilaimöit.l'honcur'
defô pere Seleuq.car ce médecin eftât

i
ÖV ENCHANT. 11 V. II* 175»
lequel n'attribue à la femence tout ce
qui naifl auec l'enfant, il n'y a feule
ment que quelques fuperftitieux igna
res des bones difciplines,lefquels pour
fe faire valoir &: acquérir le bruit d'e
ftredoótes& fubtils ont forgé en leur
-
cerueauvne vaine &: nouuelle dodlrji- N

ne j & ainfi ils ont attribué à l'imagina


tion tant & de fî grandes chofes quit
,
tans là les vrayes caufes .& principes
détourés chofcs. De telle forte eft ce
qu'ils ont mis en auant de la refTem
blancc 6c difference des enfans; la cau
fe dequoy ne doit eftre à la vérité rap
portée à autre chofe qu'à la femence,
Et cobien qfî onpredgardeàla vertu ;
de la femence,on trouuera que l'enfant
doitpluftoft reffemblerau pere qu'à la
mere, d'autant que ceft luy qui baille ,Le"aflç.
la forme &elie fournift de matière;'m^&îafe
toutefois la feminine vertu d'engen- mciicla ma
drer feiointauec la force & puiffance
des menftrues. Se nourriffant l'enfant
par l'efpace de neuf mois, elle amaffe
autant de force & fermeté comme au
premier embraflemét l'homme la fUr
paffoit&gaignoit en force deTemen-.' : ••:
ce. Et perfonne. ne fe doit esbahirß
OV ENCHANT. Il V.tII."ïpl
quelle ils prennent leur origine, & ne
pourront du tout rien faire: ce qui eft
manifefte en ce qu'ils nontrien qui les
puiffe conduire^&rque fi toft qu'ils font
poulfez en l'air ils font elpars&:di£
5
fouis j cpmme il fe faiót couftumiere
ment au corps de quelque animai qui
meurt fubitemet. En outre * l'embryô aLcfruiA
ne doit pas eftreeftimêvn autre corps qui eft con
.

que celuy de la mere, car il eft fuftentè eîuinfiap

& nourry de mefme lang 6c mefmes pçilè pre-'


3
efprits luy font communiquez par les
veines & arteres. et d'autant que ce- îincamcns
fte maffe de chair eft plus tendre que dcfoncr*
tous les autres membres de la mere, pccc*

elle peut aifement fouffrir de eft fort


propre &: idoine à féntir les mouue
mens des efprits , & principalement
lors que la vertu formatiue luy pro
crée &ageance les parties & les mem
bres,- auquel temps f'il fe faiâ: és efprits
de la mere quelques mouuemens a li
eu ne mét forts & véhemesil n'y a point
de doute qu'ils ne penctrct iufqu'à l'en
fant.de là viét que les enfans font plus
fouuent tachez des marques d'vnefu
bite peur & niouuement qu'ilsne
3
rapportent les fïgnes des chofes du
/
ÎSfS !
DES CHARMES
-
qu'Ariftote dit que tout mouuemëtfë
fait ou de quelque accidet5cômequad
vn maçon eft mufîcié nous difons que
Trois fortes le mußten baftift : ou felon quelque
^ciK°fc"5
Part^e3 pomme quand nous difonsque
&nflpte. lliomme remué vnliure3car il n'yaque
' la main à le remuer : ou felon le tout,
comme quand vne pierre tombe , Or
.
cft il que les efpeces concerne peu^/
uét en aucune de ces trois fortes mou
iioir quelque chofe exterieure ny fe
rnouuoir elles-mefmes exterieuremêt:
non en la premiere forte>car les efpeces
demeurent toufiours en l'imagination,
laquelle ne peut de fon naturel fortir
hors de l'imaginant fans fe deftruire
ruiner foi - mefme: non en la fécondé,
car d'autat que telles efpeces font tres
fimples elles né peuuent îiuoir des par
ties: rionenlatroiftefme> car comme
nous auons défia dit,leur a&ion eft im
manente & non pafTante dVn fubiedfc
.en l'autre.Se pofons le cas qu elles aient
a&ion partante ü elles.eftoient
:vne , eft
pouffees dehors qui ce qui les
çonduiroit ? ne fefuanouiroient elles
pas tou|: auffî toft ? car l'Orne fe fçrt
:
\
I i

504 DES CHARMES


il efl içy refute que Ici .vette iette le
.
,
Ch<tme9

& let vraye caufe &Ydifon efl rendue


de tout ce qu'on dit aduenir par
les rayons desy eux
Chap. IX.
I quelqu'vn. confïdere de
t pres la nature & office des
yeux il trouuera que nature
ne leur a pas baillé la puif
fancedecharmer, mais feulement de
voir. Pierre d'Appone donnant affez à
connoiftre^que l'œil a efté forme pour
voir,le definiftâinfî: L'œil inftrument
_
dci'tci],tl0U pour voir eft d'vnecôplexionàqueufe
& rond3colloqué en la plushaut&par
tiedudeuant delatefte 3 conftituede
fept tuniques ou coëffesjtrois defquel
les font humides; meu par fix mufcles,
&: fouftenu par vn ou deuj£ ou trois, et
l'office des yeux(qui eft la Yeuë)eft de
1 finieque c'eftvne perception dequ'el
que couleur qui fe faid par le moyen
roffîccdef

yeux. dew
la lumière &paffe parla prunelle.Et

Ariftote en fon liure de la generation


des Animaux dit qla Veiie eft le mou
uement de lœil.fuiuant quoy Diapha
ne de Alex. Aphrodifée difçnt cecy:La
N
Ó VrEN CHÀNT.L IV. 11#20$
veuë fe faiót entant que le fens reçoit
les couleurs & fe rend aucunemét fem
blable à icelles. Eten vn autre endroit
Ariftote dit que la veue a efté procréée Ariftote;
pour monftrer vne infinité de differen
ces qui font entre les chofes.De toutes
ces parolles &: encor de ce que le mefc
me Ariftote dit en Ton hiftoire des A
.

' nimaux & és liures de l'Âme & de cc


qu'afferment tous autres Philofophes,
nous colligons que les yeux ne p'euuét
charmer ny enforcele^mais bien voir.
& combien que Dcmocritc,Empcdo
cle & Platon foient differens d'Ariftv
touchant la maniéré & façon de voir,
fi n'onr-ils iamais dit que la veuë ait e .

fté baillée à l'homme pour autre fin


q pour,regarder : que fi quelcuii nyojt
cela il feroit digne dauoir les yeux cre
uez & arrachez. tellement que nature
foigneufë d'vne fî precieufe Scmcfti
mablea&ion des yeux ii'en a pas baillé
vnfeul maisdeux à chafqueanimal^
5
tant pour paruenir à vne plus parfaite '

conoiffance de ce que nous regardos,


qu'afinquefvn des deux nous défail
lant nous ne fufïions du tout priuez
d'vrï fi neceffaire & excellent don* Et
OV E N C H À NT. L IV. II. 213
lumière qu'on vueille: entendreilrie
fe peut faire;aucunement qu'ils facent
ou dardent quelque charme^ car la na
ture de toute couleur eft telle que d'ef
mouuoir realemét &r de fait lë diapha
11e 3 la lumière aiant ietté fes rayons far
elle 5 d autant que cpmme ainfî foit que
le voir eft vne certaine paflîon3commè
dit le Philofophe Se que la couleur
,
eft toufîours diftante du fens il faut Vaflr0*ftvne
,
neceflairemét qu'il y ait vn entre-deux
â trauers lequel la couleur agtffe fur le
fens:& cet entre-deux c'eft le diaphane
mefme: car ainfî qu'enfeigne le mefme
Ariftote il faut que l'agent & le patient logent
foient cnfemble,&par-tat le diaphane [•o^eufem-
eft efmeu feparé parla couleur, là- ble.
quelle multiplie ij3irituellement fon
efpece fur cet entre-deux illuminé :or :

le diaphane efmouuant les yeux leur


porte l'efpece de la couleur éc ainfî la
'ftionde voir eft accomplie. alors fî de
-la part de l'obiet il fortoit quelque in
commodité ou offenfe il n yauröit
3
'que lesyeuxqui en réceuffent domma
ge,comme nous votons qu'il fe fait
"quand on 'leiir prefente qüelque cx
cellent fcfeliiifant öbict qui2corrompt
i
''I
.(!'
«

if
OV î NC H AN T.L, IV, IT. 11Ç
verroit point fi laveuë eftoit comple
te & parf .i<5te par eflancement & (or
1

tie de la lumière ce principalement


pour-ce que les rayons ne font pas
d'vne telle grandeur qu'ils fe puiflent
tellement dilater qu'ils çnuironnent;
& comprennent en vn moment, de
temps tant &: de fi grandes differences
des chofes : car puis que toute a&ion
^ ^ ^
& paffion fe fai& par vn mutuel attou-
pa(S0^
chement les rayons, vifuels ne pour^ fatâ parvn
5
roient atteindre aux chofes vifibles ^t°iut>chc"
qui feroient fort reculées, comme au
ciel& auxaftres. Outre cela cettefa
çon de fentiment repugneroit à fous
les autres fens lefqucls exercent leur
a&ion en reçeuant &: çompre -
nant les efpeces des cîiofçs. & non >
"
pas en pouflfanc Se dardant hors de
foy quelque chofe.. que fi cela fe
faifoit ainfij'a&ion de la y eue ferojt
débilitée à c^ufe dyne fi grande fail
lie de rayons car d autant, que jachaleur
;
vertu du fentiment fe contregarde &ar<!c
& çonferuc en la çhaleur .fi tant de cnUincnt*
,
rayons fortoient toufiours. à la fou-^ :ro
le hors des yeux lap'qiflTgnçc devoir
3
!
-*
... .

'i
OV ÎNCHA'NT. L'I V.11. 137
beaucoup de lieux) prouiennent de l'a
élion des damons & mefchancetê des
forciers: & toutes les autoritez par lef- commefc
quelles on demonftre & pröuue que le <ioiacnt.cn*
charmé fort des yeux, doiuent eftre^1,1^^
entendues en ceftefaçô.Il arriue quel- quiapptou
quefois que les hommes & en fans qui
font d'vne nature imbecilie & à trauers mies. J
lefquels vnc infe&ion & mauuais air
pénétré aifément fontcorrompuzô£
5
offenfez par la veuë & quelque exha
laifon. car des corps fordides & pour
ris &: qui font mal difpofez il a de cou*
flume de fortir vne vapetir puante &C
defagreable ny plus ny moins qd'vn
marefeage bourbeux & tellesvapeurs
3
approchent de la nature du venin : ce
qui arriue quand quelcun ayant la pe
fte ou la ladrerie ou quelque autre ma
ladie contagieufe gafte les autres: mais
cela ne fe doit pas nommer charme
mais contagion. Or tels efprits &: ha
leines pourries corrompues n'obeïf- charme
fent pas à la vertu du corps, Se n'offen- àiffstc de
fent pas pluftoft vn certain homme conta3lon*
quvn chacun qui fe rencontre fans en
faire choix ny diferetion j car fi l'halei
ne obeïffoit à la vertu du corps,& que
i
J

Iii
C?V ENCHÄNT.LIV.I I. 249
fçait aflez eftre froides : ce n'eft
auflî par la chair ny par le fang d^aur^
9
tant qu'ils ont vne chaleur temperee:
ny par le cerueau qui elpand & de
part par tout le corps les efpritsani- ^
jnaux3& en faueur de qui on a opinioncedent?«
quelectafdeHiommeaefté procréé, cfprits an*
à la foulde & (uitte duquel tous les fens roa-x'
ont efté baillez pour luy feruir de va^
lets & miniftres prompts à executor fà
Volonté:,nous
nepouuons dire aufïi
quecefoitpar le cœur, qui eft (felon
Ariftote 8c tous les medecins)Ia fource
^commencemét du fang 8c de la vie, iccuçur
que fi le cœur eft caufe de la vie, com
mént pourra-ii caufer le trefpas dar-vie.
der aucun charme ? eft-il aucunement
pofliblequ'vne mefrne chofe eftant
toufiours en vn mefme eftat, puilfe de
fa nature eftre caufe de contraires cfL
fe&s ? Vrayement fi nous venons à con
templer attentiuement le corps ouura
ge de nature rnous feronscontraints

4e la iuger admirable &; diuine; entant


principalementqu'elleabafty &:façö
nétät&:defidiuers inftrumespour la
garde &fanté des animaux^ non pas
pour leur ruine & defU"u£tion? carl'oft
O V. E N,C H A N T. L ï V. I T*
compofition foie de chofes chaudes &
humides, lefquelles commcnçans à);'
croiftre5 tous les membres del'enfant
& toutes Tes parties fe façonnet & par
font, 6c lors qu'elles font parfaites tout
ce qui eft fuperllu eft ietté dehors : on
void lors vne fî grande abondance
d'excremens qui fortent de ce petit
corps3que
les nourrices manient &fa

çonnent fa chair ny plus ny moins qud


de la cirej tellement que cet aage fem
bleeftre pluspropre pour charmer que
pas vne des autres toutefois nyles
nourrices ny tous ceux qui manient
les enfançons ne font aucunement in
fectez par leur attouchement fi intem-
peré. que fi cela n'aduient alors qu'ils .

font fi tendres il ne pourra aufli ce fai


3
re quand itaferont en la fleur de leurs
ans. Que fi nous voulons elplucher &:
rechercher de pres la nature des excre
mens, nous verrons que l'homme ne
peut pas mefme exercer aucune adion ,
charmerelfe, lors qu'il eft en vieillefTc. AccMcnsHc
car encor qu'en,tel aage les yeux foict vlcll,eflc*
toufiours.couuerts &: dégouttent de.
larmes, les narines diftillent fans ceffe,
vne humeur moifie^vne abondance de
OV ENCHANT.LÏV. II. 261
font& fréquentent. Quant eft de ce Pou.Jjluoy (
qu'on dit quvne aiguille ou lame de touchée
fer ayant efté frottée par vn bout de la d'aimant va
pierre d'aimant, &cftantmifefur
pareil poids d'vne balance elle tour- temrion.
,
nera toufiours vers le feptentrion du
cofté qu'elle aura efté touchée de cefte
pierre qui eft fort frequente és parties
Septentrionales; cela n'a aufiï aucune
force pour prouuer que le charme fe
fait par l'attouchcmétîcar cet exemple
& comparaifon prife de l'aimant n'a eu
foy aucune fimilitude ny conuenance
auec la nature de l'homme 3comme
nous auons dit de pluficurs autres cho^
fes. or quan<d nous ne nierons pas que
le fer ne foie attiré par l'aimant
3autre
ment nommé la pierre d'Hercule ; foit commé
pourçequele fer eft comme efpris d'vn l'aimant
defir de feioindre & coupler aucc telle mclcf"cr*
pierre3ainfique veut AlexadrcAphro^
diféq foit pource que le femblable ap
pete & attire à foy fon femblable, felon
"Democrite & Diogene Apolloniate,
foit que cela vienne du decours des
aftres qui fadreife vers les parties Sep
tentrionales ; foit qu'il procédé d'vne>
vertu diuinc qui l'efmeut à ce faire.ainß
'
K iij :
I
P* scharmes
jl fe peut faire que quelquçs-vns ont
efté incitez à affermer celà
5pourcç
quVne fois feulement ils ont veu ou
bier> ouy dire que par cas fortuit le
fang decoulojt. d'vri corps mort en
la prefence de laflaffînateur : ce que
pour- certain iyeft pas bien attribué à
£el aflaflinateur d'autant que ce qui
3
fe fait par cas fortuit ne depend pas
d'vne feule mais de plufieurs cauîes:
&: telle çaufe eftant incertaine, il faut
(du, tout fe donner garde de luy attri

buer tel effet or entrautres çhofes
.
i\ fe peut faire que la çharongne d'vn;
homme çftant remuée &: feçouffe,1e
fang qui eft retiré és veines forte en
abondance parpe que la bouchedes
3
veines fouure parle mouuemept : ce
qui narriuera pas pluftoft en la pre
fence du meurtrier que deuant quel
que autre que ce foit. Celà ne fait auflî
,

rien pour prouuer le charme du tou


chement quand on dit qu yneçhorde
eomme 5
vnc chordc de Jut ou» d'autre inftrument fait re
fait refonner jpUGr & retentir çelles qui feronten
*utrp' pareil ton & accord qu'elles :d'autant
que les choreics qui font tendues §£
Ovtes chofes defquel
T4 les la connoiffance &con
Sp tcmplation appartiét aux
ÖS homes, pour eftre mieux
comprifes de l'intelleft
les chofes humain3il faut en abflraire &feformer

fc connoif- aucerueau quelques fimulacres & efH

muUcres.1'
gics,qu on nommeordinairementaf
fe&ionsdel'ame ou fcntimens&pen
fees de l'efprit. mais d'autant que telles
penfées font fort occultes & comme
cachées au plus fecret & retiré lieu qui
foit en rhomme3nous vfons de voix&:
parolles come de certains fignes pour
donner à entendre & exprimer telles
penfées, & lcs communiquer auec les
autres, d'autant auffi que telles voix ne
voï nou^a Pcuucnt eftre de longuedurée3nytou
cfté baillée, tesvnies, ny pareillement prefcntes'&
entéduës d'vn chacun (car fi toft qu'el
les font poufTées hors la bouche elles fe
J
; my

V=4

t
I

ffl ,!;„V,
ÓV ENCHANT. L IV. i r.
tout certain que pour le peçhé Dieu
n'ofte ny n'abolift point la nature, & ncm'u
mais feulement la grace,commeil eft nature a
aifé à connoiftre és Anges qui Ce font pcché.dW"
rebellez & apoftatez de lüy : de Façon

que les noms eftoient de nature Se '
qu'alors en cefte confufîon il les euft
aboliz il fëmbleroit qu'il 'euft aboly
,
& deftruiâ: là nature. Si doneques les
noms font formez & façonnez par art*
comme nous auons prouuê , Se ne
font feulement que marques de noZ
intentions,nous ne pouuons faire rien '

autre chofe par.iceux que d'exprimer


Se donner à connoiftre aux autres ce
que nous auons conçeu en noftre ef
prit; d'où il f'enfuit que nous deuons
nous déporter de leur attribuer vne
.

vertu de charmer , de tuer Se caufet


vne infinité d'autres calamitez. Cat '

tout ce que nous'pouuons exprimer-Ce qoeno»


parparolle&luy donner vn nom, ou p°mC°rs££
c'eft Dieu, ou îles perfe&ions Se pu if- paroiies.
fançes qui luy appartiennent,ou les
Anges,ou les deux, ou le temps,ou les
elemens,
ou les parties du monde, ou
les animaux,ou les plantes,ou ce qui fe
concrée és entrailles de la terre ou
" "
S
,
'
.
I

I
OV ÎNCHAH T. L I v. 1lf283
feulement quelque chofe ou de la
,
faire tout enfemblc: que (i les parol
lcs faddrefTent en çefte façon d'vn
hqmme àvn autre elles peùuentfai
3
re que l'heritage ou ioyaux de l'vn fe
-tranfportept en. la puiftance & pofTef
fion de l'autre; quand on di&, voilà
qui eft à toy & cela à moy & autres
femblables j ce qui fe faift ou par con
trat ou parvne fimple aflîgnationde
la chofe' laquelle paffe tout inconti
nent en lacheuançe& domaine d'vn
autre , pout-ce que le maiftre auoit
«délibéré premièrement de difpofer
ainfî de Ton bien, & puis après il l'a
exprimé ratifié par parolles. Que
ii les parolles faddreffent à Dieu & ,

qu'elles foientbien & deuement pro


férées par lepreftre elles changent le
pain & le vin au corps & aii lang dp tiatiori.
noftreSauueur Içsvs ChrisTj &:
font tous les autres Sacremens: car <

le? parolles eftant ioin&es auec le-


>

lement elles paracheuent Se ac


compliffent le Sacrement. Dieu fit
d'vn rien tout ce monde & toutes ef
peces contenues en iceluyjil ne fift feu
lement que dire & toutes chofes furet
OVEN CHANT. LI V. IT. 28?
médecins qui nous font amis voyans.
qu'ils n'ont pas le loifir de nous acco tri-;
pagner toufiours en quelque''maladie
qui nous tient en langueur, p ont de
couftumede nouslaiflèr quelque re-.
ceptê ou breuuage3 afin que nouspuif
(ions nous fepuir de médecins ànous
mcfmes fi la neccflite' le requeroit:auflI
noftre Seigneur Iesvs eftant preft vV

de retourner au ciel Vers fon pere,nous.


laifla par Tes, Apoftres cefte parole di
uine3c'eft à dire ce fouuerain &cordial
pharmaquede FEuangile qui eft fort 'Effiwcedc
aiféâaualler & abandonné à vn chacu, 1Euansilc*
& auec cela d'vne merueilleufe effica- /
ce &: Tante : que fi quelcun le prend di
gnement & comme il faut 5 il eft tout
aufïi toft purgé de toutes maladies fpi
rituelles qui Tuy minoierit &: effaçoiét
au-parauant toute la beauté de Ton a
me. et Jinefuffiftpas defentir & gou- '

fter feulement cefte medecine mais il


,
la faut faire defeendre par toutes fes
entrailles, afin queftatreceuëau cœur
fa force il efficace fefpande par tous
les fensV&que finablement elle com
mence à efbrâler 6c troubler tout l'ho
me,^ faifant haïr& detefterfapre
' ÖV EN CHAN T. LI V. I T.
ue & ouuriere de grandes chofes , &:
à laquelle toutes chofes obei(Tent>com
me dit fainâ: Âmbroife en ces termes: Tout«
S'il y auoit vne-fi grande vertu en k
parolle de noftre Seigneur Iesvs que parolic de
ce qui rteftoit pas venoit à prendre Dlcu*
effencc combien a plus forte raifons.AmbroîG
3
aura-elle vne plus grande efficace à
faire eftre ce qui eftoit défia & le tranf
muer en vne autre fubftance? or les pa
rolles ne font pas cela par leur vertit
propre mais par celle qui leur eft in
3
fufediuinement. Que fi les mots ne 1

font feulement pris qu'auec vne inten


tion de fignifîer quelque chofe
5nous
difons que cela elt comun à tous mots,
à toutes oraifons &: enütiatiós (comme
nous auons prouué)& nepeuuent faire
autre chofe que d'exprimer noftre en
treprife & conception. Et que veut dire
cela qu'on adreffe quelques fois despa
rolles 3c applique l'on des chara&ercs
aux chofes fans entendement?y cónoif
fcnt& entendent elles quelque chofe?
n'eft-ilpasplusclerquele midy quefe
fontlà des pads & cpuetiösfaitesauec
les Di£môs.?&: qucla trop grade credu^ fontrôuen
.
lité des hommes les a inuentez par
;
296 DESCHARMES

perfe&ion & accompliffement des


#

ccuuresde Dieu eft (îgnifîç: ôrpeu a


pres il adiouftç, que ce n eft pas fans
caufequ'entre les lofianges qu'on ad
dreffeà Dieu,cefte-cyy eft rnife; Tu as
fait &: difpofc toutes chofes en nom
bre5poids & mefure. LemeCmefainâ:
perfonnage dit: Il ne faut pas mefprifcr
la raifon & efgard qu'on a aux nobres,
qui font beaucoup àprifer de reuerer
en plufîeurs lieux de la fain&e eferitu
re5 6c
leur vertu y reluift fi on yregar
Nombre de de bienpres.Lcs Iuifs demonftrent
feptenaire. a/fczquc jp nombre de fept a enCoy
vne grande religion & myftere, d'au«
tant qu'ils luy portoient grand hon
neur réuerence à caufe du iour du
Sabbath, auquel fe repofa le Createur5
comme efçrit S. Hierofmc fur Efàye,
Aulfi en noftre religion Chreftienne il
fe trouue d'admirables myfteres en
clos au nombre defept, lequel eft loüé
& recommandé par Macrobe fefta-?
tcurd'Aule Gelle en la maniéréquo
5
fait S. Auguftin, car le nombrefepte^
;
na^re
cftant répété par feptfois,confti
qufnquagc-
^ajrc. tue le quinquagénaire il ne fen faut
feulement qii'vn : or ce nombre quin
OV ENCHANT.LIV.II. içg
manifcfte que lame nefeplaiftny ne
fefmeutpar les nombres entant qu'ils
font nombres ny à raifon qu'elle eft v

compofée d'iceux.car Platon ne l?apas


définie par le nombre comme voulant
entendre qu'elle en fuft meflée & ra
maffée, mais pour ce qu'elle eft com
poiee de la plus grande perfection des -.
.

chofes.Et non feulement l'ame humai-' ,

ne prend delectation es nombres ac


cordez,mais aufli les cheuaux de char
ge & les juments aggrauées de quelque
pefant faix font foulagees' & reçreées Lesbdksfa
au milieu de leur trauailpar quelque d'ouyvdcs
chanfon ou par le fon d'vn flageol. de fous,
i'experience ordinaire demonftre que
les mulets prennét plaifir d'ouïr le car
rilloi} des fonnettes; c'eft pourquoy les
muletiers &: condudeurs de bagage
ont accouftumé de leur attacher au
col diuerfes fortes de clochettes, pour
leur faire porter pluspatiemmentlcur
fardeaü.: Quant eft de plufleurs exem
ples qu'on trouuepar eferit touchant Force aé'Ia
les effets delà mufique cfti-inu%l!c-
3i'cn
me vue partie cftre vraye &: l'autre
'fabuleufe Car il feft peu faire
.
1

/
ovenchant.liv.it. 3t3
trois fautes, à fçauoir en Ja matière,
en la forme & en la manière . on
faut en la matière,ou quand on de
mande ce qui n eft *iufte ny raifon
nable (comme font les prières amou
reuCes ou celles qui i'c difenr pour
procurer la ruine de fon prochain)
ou bien quand on met fon efpoir fur
les charaóteres &: figures des lettres
& non au fèns & fignifiance de l'o
raifon. Surquoy faind lean Chryfo- jcarr
ftomc dit telles parolles : Quelques chryfofto
vns portent alentour de leur col vnc mc*

partie d'vn Euangile;mais ne lift-on


pas tous les iours l'Euangile en l'E
glife pour eftre entendu d'vn chacun? ' <
~

que fil'Euangile prefehée aux oreil


.

les de quelcun ne luy profite de rien;


comment le pourra-elle fâuuer eftant
pendue autour de fon col? Puis après
il adioufte: Où eft la vertu del'Euan
gile? eft ce es figures des lettres ou
en l'intelligence du fens ? fi c eft es
figures c'eft bien fait à toy de te
5
l'attacher au col, mais fi c'eft en l'in
telligence il vaut bien mieux fela
5
mettre au cueur . On faut pareille-•
ment en la forme quand on y mefls
il faut remarquer que
DES .CHARMES
en (a place,U en cefte maniéré ils nous
mettent deuant les yeux quelques
pourtraits qui rapportent à la forme
.
d'vne befte brute au lieu de celle dvn
homme. Le troifiefme c'eft quand ils
».
empefehent la force de la pointe des
yeux 5 comme il arriua à vn certain
qui auoit fort mauuaife veuë3lequel
penfoit que fon idole & pouctrait mar
choit toufiours au deuant de luy de
quel codé qu'il fe tournait : ce qui pro
cêdoit de ce que fa veuë fe reflechilfoit:
&: rebondiffoit contre luy eftant(î
3
debile & mince qu'elle ne pouuoit
poufler nydiuifer l'air auffi (comme
.
tefmoigne Alex. Aphrodifée ) les ra
yons de nos yeux eftans poulfez par
vn air eipois & maffif nepeuuent paf
fer au trauers ils fereflechiffent.
3mais
On fait auiourd'huy grande mention
des abufemens &. enchanteries des
Helfinges comme eft autheurOlaus
Impofture ,defquels
&iiiqfio des Je Grand le prince & le plus
j
Helfingcs.
gran(j trompeur fe nommoitVitolfe3

lequel de fon temps prjuoit en telle


forte de l'vfage &: office de voir ceux
qu'il vouloir qu'ils ne pouuoienten
aucune forte ictter leur veuë ny dit.
3
OV ENCHANT. LIV»TI'
L'vneôcl'autremaniéré eft fort facile,
aux Dsemons; car pour exercer l'aólio
du fentimentj la prefence delachofe
comprenableparles fens eftrequifejor
les Damions peuuent faire que telle
chofe foit reprefentée aux fés5 veuque
le moyen ne leur en eft aucunement
caché. La fécondé leur eft aufliaifée à
executer; d'autant qu'ils peuuent alte
rer l'organe du fentimentiufques àvne
mal-faine & corrompuë difpofition5&:

par ainft l'induire &c deftourner d'vix


îainiugement en vne fraude ôdllufion;
ny plus ny moins que quand le palais,
des febricitans eft mal difpofé &.de£
goufté3il adecouftumedeiugerlevin

&les viandes eftreamercsencor qu'el


les foient du plus fauou'régouft qu'on
fçauroit demander. Car il n'y a rien qui
puilfe empefeher que les Damions ne
jfçachent bien que par vne intemperée
difpofition cauîee par vne humeur def
naturelle, maintes chofes extraordi
naires 8r efmerueillables ne nous puif
fent apparoiftre deuant les yeux ou au
tres fens. La fixiefme manière eft quad
les Damons font des changemens és
chofes dcfquelles le fimulacre a efté re
33° DESCHARMES

cèu en l'imagination deshommes3 ny


Aiift.tou-
plus ny moins que fe font les appari
chant ies dons des fonges defquels Arift.en Ton
knSes* Hure du dormir. & delà veille rendla
raifon3difant5 QuandS'animal dortôc
qu'il defcend vne grande abondance
defang fur le principe du fennment,il
defcendpareillemét quelques impref
fions &: pourtrai&s qui fe concreent
desmouuemens des chofes fenfibles,
.

&delàfefontles apparitions &:vifio s


ny plus ny moins que fi la phantafie e
-
floit changée &: altérée par les chofes
extérieures; & il peut arriuer qu'il fe fe^
ra vne telle efmotion ^agitation d'hu"
meurs auec vn tel abaiflement& dimi*
nution d'efprits que telles vifions ap
paroiftrontmefmesàceuxqui veillée,
or comme cela fe puiffe faire nous le
pouuons comprendre aifémét en ceux
qui font malades de phrenefie. Ettout
, v
ainfi que cela a de couftume defe faire
par vne efmotion d'humeurs ;
auffî no®
ne doutons aucunement qu'il ne fe
puiffe faire par la puiffance des Dx
mons,à laquelle toute matière corpo
relle obeïft. et il eft tout manifefte que
c efi&u par ce moyen ou par quelque
OV ENCHANT. LI V.II. 33t
autre ànousincomprenable queceftc c-me
efträge metamorphofearriua à Nabu- buchodo
chodonofor par le commandemét de J,e
Dieu,ainfi qu il eft cfcrit en Daniel 4. nc.
chap, car fi toft que cefte voix fut ente
due du ciel377* pctfturer<t6 dufoin commefi
tueßon vn bœuf & dcuiçndrcu infenfé,fu
rieux & enragé,zout incontinent la puif
fance de Ton imagination fut telle qu'il
luy futaduis qu'il eftoit tranfmuê en
befte-jde forte que deuenant vagabond
par les forefts & deferts il viuoit de
fourrage comme vn boeuf. Et elften«
cefte forte d'illufion diabolique queie
penfe qu'il faut entendre ce que Solin
afferme de la nation des Neures qui a-SoIinîo' c*
N
dorét le Dieu Mars3&
au lieu delïmu
lacres fot homage aux efpées &: autres
inftrumës belliqucs.Iceux,ce dit-il, au
temps d'efté font metamorphofçz en
loups,& puis après ccfte faifó accóplie
ils retournet(ainfi qu'il leur femble) en
leur premiere forme, on peut entendre
le mefme de ce paffage de Pline liure 8. Hirt.Je pîi-
chap.22. où il rapporte .qu Euanthe au-
changem&
theur fameux entre les Grecs eferit J/nArca
Arcadie on choifîft au^rt vn tilcn*
home de la famille d'Antcus3lequelon
,qu'en
OV E N CH A N T. L I Vé tl* 333'
ques vnguens ou de la prononciation
de certains mots; toutefois Ouide par
lant de Circe laquelle par fesenchan- Ceremonie
temens changea le Roy Picusenloy- (lcClrcc•

feau qui porte Ton nom en Latin & fe


nomme Piuert en François 5 ditque
pour faire Ton forcelage elle fe tourna
deux fois vers l'Occidét Se deux autres
fois vers l'Orient, Se que puis après elle
frappa par trois fois ce icune Roy d'v
ne verge, Se prononça trois carmes
charmez. Quant eft de moy toutesfois
Se qualités queie pren garde à l'indu
ftrie 8c agilité des hommes qui font
d'vn naturel beaucoup inferieur à ce
luy des Darmons, ie nem'cfbahisen
aucune forte fi eux qui font (impies en
tendemens Se fubftances peuuent faire
toutes ceschofesfufdictes.cariay fou
uenance d'auoir veu vri certain encha
tcur lequel auec vnevifte fubtilité des enchatcur.'
mains faifoit maintes chofes qui rauif
foientles hommes en grande admira
tion; Se entr'-autres chofes il bailloit vn
Voire de vin à boire-à fon laquais
5puis
après il faifoit femblant de percer le
front de ce laquais auec vn foret qu'on
lu y voioit entrer dans la telle iufques
OY ENCHANT. LI V. II*
homme blcfle aflîs auprès de fciferiime
laquelle medecinoit la playe dé fori,
mary qui eftoit au mefme endroit au
quel le loup auoit efté frappe, tout fur
l'heure le chalfeur fe tranfporta versie
Lieutenant criminel de la ville, lequel
ayant entendu tout le "fait commande
qu'on mift prifonnier cet homme bief
fé auquel par gehennes Se tortures il
3
fitconfefTer par force la vérité du fait$
c'eft à fçauoir qu'il auoit pris la forme
d'vn loup après feftre graifféd'vn cer^
tain oignement compofé par l'art des
Damons, de cefte hiftoire il y en a en ,

cor auiourd'huy vn monumët deferit


en parchemin5& eft attaché auprèsde
la p orte de l'Eglife des Iacobins de ce
lte mefme ville.Par ce mefme moyen il
feft peu faire ce qu'Homere dit du va
riable Prothée3 lcql il introduit fe chä-^
géant miraculeufement en la figure de & aart°ej,c
toutes ^hofes3deucnättätoftfeu,tätoft
L'.efte fauuage3tfiroft vn fleuue liquide:
ce qu'Ouide dit pareillement d'Achelois
quad il liura le duel à Hercule,&rde Pe
riclymene auql Neptune auoit baillé
cefte vertu q de predre de toutes fortes
de figures. On en peut dire tout autant
\
1 1

/
OV ENCHÀNT. LIV1; II. :347
île mouuement
(dit-il) de la partie eft ^ m0uue,

tout de mefme que celuy du tout, ainfi jVia p°r


&
qu'Ariftote confeffe; or cft-il que les tiecft met
Damons amafTent & transportent de mc*

diuerfes parties du monde certaines '

femences dont ils fe feruent pour ve


nir à bout de quelques effets qu'ils ont
proie&ez&determinez; ilfenfuitdóc
qu'ils peuuent porter d'vn lieu en autre
tels eiïe&s qui font ou corps entiersou
parties de quelque corps, Or d'au
tant qu'il y. a vne grande controuer
fe entre les Doótéurs touchant ce- ~

fie chofe ; car quelques Iurifconful


tes nient que les Da:mons puiflent Controucr
faire tels tranfportemens : d'entre
lefquels eft lean François Ponzinibe &iuriCcoiir
& plufieurs autres qui penfcnt que fu,tes-
l'imagination des forciers peut bien
Opinion c?e
eftre efmeuc &: agitée par les Dx-Pcmzuiibc.
nions, non point en imprimant; vne
nouuelle forme fur les organes de
leurs corps mais changeant les for
,
mes qui font receuës localement
és organes des fentimens pres la for
ce apprehenfîue,afïn que de là telles •

apparitios& vifîons fe facent és fonges...


V
1
nel aux uiï
ciens.
XI
%
358 DES CHARMES
délies de I e\s v s Chris t. Quant au
$I regard des mauuais Anges
: r~nous'ap
prenons de fainâ: Maxime Euefquedc
,
'

.
Taurine, de fainótHierofme, d'Arno
bius, deDamafé&de fainót Lin, que
Simon le Magicien fut enleué en l'air;
voicyles mots de ces Sain&s perfon
nages: Ainfi que SimonMagus fe difoit
ipftrele Chris x5&que commeeftaht
le fils de Dieu il fe vantoit impudcm
*
inent de pouuoir monter vers Ion pere
en volant, & qu'il eut commencé à vo
ler feflant efleué par arts de magie^tout
Eflcucmcnt
à l'heure fainft Pierre fe mettant à deux
P« l'ait de genoux commença de faire priere à
Simp mag... pjeuqu'i[ fyy pleùft rendre confusfes
aduerfaires. Par cefte falte priere fain#
Pierre furmontal'impoftufe magique,
car comme fil leu ft tenu enchainé&
garotte il le fît tomber du haut.de l'air,
& le faifant choquer corltre vn caillou
il luy froifTalescuifTes.ee qui arriua en
Opprobre &contumeIie de fon impu
dente imppfture $ tellement que celuy
lequel peu auparauant auoiç voulu vo
ler tout incontinent ne peut mar
cher &: pour auoir pris des plumes
,
perdit l'yfage de la plante des pieds.
(I
\
v
:/.• •/
er

te ciclcom
méneement

Aiiftott.
374 ' des charmes
la Vertu du Soleil &c de là Lune ou par
.
les aftres tant errans que fixes Le fir
.
LcGielcft mament(cedifoit Ariftote)eft lecueur
InonJe toutlvniuers : & au douzicfmedes
demeure
&UJa
chofes Diuines 5 Sur toutes les chofes
de? Dieux, qu'on peut voirie firmament eft le plus
diuin7& au premier liure du Ciel : Le
Ciel eft le lieu &la demeure desDieux.
fi donc le firmament eft la plus noble
partiedetoutlevmonde fi c'en eftle
,
cucur, fi c'eft quelque chofe diuine fi
v

c'eft la demeure des Dieux; n'eft il pas


yray que tout ainfi que le cœur eft la
fontaine de la vertu qui eft en chaque
N animal, par laquelle il eft conferuéen
fon entier, en,Ton ordre & en la liaifon
du meflange qui eft en luy & ilpeut
3
jrepouflerliniuredes maladies qui l'af
faillentaufîi il faut eftimeç que ce fir
mam ét & les corps celeftes & les eftoir
les qui font en eux conferuent l'intégri
té & liaifon de tout ce qui eft contenu
çn cefte large eftenduë du ciel 3&rc-.
pou (Tent comme ennemy tout ce qui
pft contraire à l'e'mbonpoint & beauté
de tout cet vniuers Se de fes parties,
c'eft à dire des chofes qui y font con-?
tenues ? que fi cela fe faifoit autre-?
li
o v en chant, v.u. 38r
exerce fes aótions felon les forces de fa
nature(laquelle nature n'efl:.point don
née du ciel,mais feulement gouuernée
par vne certaine commune qualité) vn Entrc(jucl,
chacun peut eftreiuge que le ciel ne les choies
peut rien départir de propre aux ima
feulement «ouucl
ges & lames,mais
engrauer
fur la matière ceftc commune vertu
qu'en tout temps il engraue fur toutes
chofes. car qui eft celuy qui foitïc
moins du monde abreuuc des princi
pes de Philofophie qui ne fçache bien
que l'aftion & paflion ne fe trouue feu
lement qués chofes qui appartiennent
à vn mefme genre? or eft-il que les
chofes naturelles & artificielles ne font
feulemét diftinguées par leurs proches
genres,mais par tous.car les chofes na
turelles ont en foy intérieurement
principe de mouuemcnt Se dere- ' ^

vn
posjduquel principe.intcrieur les cho
fes artificielles font deftituées.pour ce
lle raifon les corps naturels ne peuuét
exercer aucune a&ion fur les artifï
ciels3entant qu'ils le font, car le ciel ne
Commeley

peut agir ny alterer en aucune forte fur


Vne robbe entant que le tailleur luy a fur lesini
donné vne telle ou telle forme & faço, ficicIs«^
uciies.
r \
OVEN CHANT.. LIV., I ié
ianceou difcretion & qui plus eft i'ai
entëdu d'hommes dignes de foy qu'ils
>

one veu vn laurier frappé du tonnerre.


Au reftcfiles chofès venirneufçseftanc
frappées du foudre perdent leur venin,
& que celles qui ne le font pas deuien-.
nêntempoifonnées cela fe peutfaire
5
àcaufé que le foudre eft vn efprit & fe
che exhalaifon caufànt vn meflange
enfoufré &: amer qui fait que ce qui e
ft:oit fans venin dénient venimeux &:
,
les autres chofes venimeufes defpouil
lent &: perd et leur poifon qui eft eftein
te & dechafTéepar cefte exhalaifon. Or
la raifon pourquoy les rameaux des ar
bres fefleuent en haut eftans touchez £/jlommo
du foudre, & que l'homme dreffefa fa- frappé du
versie cie!,peut eftre telle d autant ^"ché
ce :
Cac
que par l'exhalaifon du foudreles ra- l'cfchmc.
meaux deuiennent plus fees tk legers
qu'ils n'eftoient, &: par ainfi eftans pan
chez d'vne part ils ferigent puis après
en telle forte qu'il femble qu'ils fe dref
fentpourfoppofcrau foudreîmaisl'ho
me dreffe le vifige pource. que eftant
rendu comme tout eftönné 'óc efpou- ' :

uentépar le foudre il eft couché à la


renuerfe comme voulant le combatte .
406 ' DES charmes
alors les efprits des hommes aueugîez,
& que ceux de ce temps là eftoient i->
gnorans de la connoiffance du vray
> Dieu ; de là eft venu que les Damons
eftoient reputez & reuerez comme
Dieux pour ce qu'à leur phântafîe &
.
arbitra ils faifoient toutes ces çhofes
fufdjtes felon que les hommes les en
prioient: &: entr'autres chofes ils vou
lurent qu'on leur conftituaft & ordon-,
naft des preftres pour procurer & ex
pier les foudres, comme il eft contenu
Prçftres, es loix des Dix-hommes.,lefqucls pre
ftres, comme nous auós dit, M, Caton
appelle fulgurateurs. Mais nous qui
v famines venus au monde envneaage
bien plus heureufe &débonnaire, que
non pas ceux-là pource que nous con
templqnstoùslesioursDieu enfesceu
ures & l'adorons,- &ne fommes plus a
bufezny deceuzparlespreftiges&im
,
póftures des Darmons que fçaurions
,
nous eommettre de plus fale&J desho
nefte que de nóus foüiller en telles ref
ueries& bourdes? qu'y a-il de plus fol
quedepèrdre & quitter la fótaine de
vérité pour fuyurc & famufer à foüiller
les ruiffeaux de vaines fables & deçe

; ' /
rtS'

I I'

mons.

' Héritiers
<k la vertu
Dd iiij
XL...
rtîT I

licuiicr Ce
I
peut faire.

Bcrofe.

<

) I
)
OV ENCHANT. LIV.
III^ 42.9
& de la terre ne fe peut pas exercer par
les Damons comme par les caufes de
nature en tous endroits généralement
mais feulement en certaines parties,
comme nous auons dit du tranfporte
mentdVn endroit delà terredVn lieu
enlautre:'&
la raifon c'eft que Dieu ne
Tourvncic-
foufFre en aucune forte qu'vn element mcmn'cft
foit tout entièrement demis defonlieu de**Placé#»
de peur que l'ordre du monde ne fuft
deftruite. Quant eft de ce que foubs le
nom d'vne hiftoire on trouue eferit das
Philoftrate touchant les miracles d'A
polloineThyanée, onpourroitiuger
auec Paul Orofe que cela eft forti des
faintes cfcritiircs qui ont efté corrom
pues & deprauéespar les peuples ido
lâtres; comme aufli vne bonne partie
des fables des Poëtes & deseferits de Lcsamheurs
plufieursEthniques en font venuz.n ot
ils pas defguifé le vray deluge de Noé fcruùtc.
enccluy de Deucalion ßc Pyrrha? ne
prennent ils pas la cheute du ciel de
Phaëton pour cefte iournée miraculeu
fe qui fut alogée de tat d'heures du tëps
delofué ? autant en cft-il
delà guerre
desGeans qui entaffoient môtagne fur
snôtagne pour liurer le côbat à Iupiter3
Pafîâcc ât

'il ': l

-' «TT-TÏT",-* ï
/
436 y : DESCHARMES

T)e quelle qualité eft le Charmefelon


l'opinion des Théologiens.

Chap. II.
iHacvn fçait bien quelle
jeft la commune & generale
'affeâio & qualité quiacó
î^gg^pagne le charme comme
t
ainfifoitqu au grad detriment de tous
; elle a de cotiftumc d'apporter àtoutes
-
chofes vne fi grade quatité de calami
tez &maladiespcftiferées3defortequ'il
chJmTeft 1^a ^aut reputer venimeuie &:mortelle,
raouelle. mais il eft mal-aiféd'é conoiftrela
.fort
particuliere&fpecifique propriété^ rai
îon que les Damons ne de'couurent
- ' ; gucres à perfonne quelles font les par
ticulières thofes & moyens dont ils fe
feruent pour verfer maintes funeftes
encombres & miferes à l'appétit des
charmeurs,au fll on a fait non îeulemét
vne mais plufieurs preuues que les mé
decins mefines n'ont peu iamaisfonder
par aucune cóie&ure quelle eft la fpe
ics mccîccTs ciale affe£HÓ&' propre qualité du char
ne pcuucnt tantfenfautquefaconnoiflance
guarirles foitdiiiulguéeà tous . car fi les méde
-cttfbrcclcz.
cins pouuoient foiiiller de venir à la cô
438 DES .CHARMES
du. premier liure touchant cefte aflPe-r:
.

éïion & qualité, il le faut entedre com


me fi lp vertu de charmer eftoit natu?
reüe aux hommes 5 ce que nous dédui
rons cy après & demonftrçrons com
bien il eft abhorrent,^ reculé rai
fpii. ' •' .de
•' :-

Ri s T o T E en plufieurs en
pi droits dit qu'il
y a genera^
Peux çcres lement de deux fortes de
de caulcï. caufes l'vne efficiente &
3
l'autre inftrumentale. la nature de cha
cune des deux fe trouue au charme.
De-rechefla caufe efficiete eft double^
l'vne efloignée & recuiée,& c eft l'hom
!
me ( combien que vulgairement on
la proche &immediate;
»
.
penfequ?ilfoit
caufe) & l'autre proche qui eft le Da?
mon.OrJa
caufe qui fert d'inftrumét en
cela ce font les chöfes dont IesDsemö<^
fans que l'œil humainfen aperçoiue*
OV ENCHANT.I IV# 11 ij 44I
"ceuë3tantoft
par vne cnuic & arrogan-Pourquoy
ce,quelquefoisparauarice, &bié fou- ["„t
uent pour vnepaillardife & appétit lu- lonncz°à
xurieux qui les embrafe. de forte que clmmer'
par le moyen de ce charme ou ils font
mourir les enforcelez, ou ils les acca
blent de diuerfes fortes de maladies,ou
degrieuescalamitez& infupportables
pertes. Et tout ainfî quelesRhetori
ciens afferment que la plus grande per
fection qui foit en l'art Oratoire, c efl:
de le pallier &defguifer fi bien qu'il ne
femble aucunement eftre art; auflila
fouueraineaftuce des Damons giften
ce que leurs preftiges & tromperies ne
foient aucunement connues, ou bien
qu'on ne vienne à defcouurir que la âcs
D^ayCcss
puilfance de charmer & enforceler
procédé d'eux^ains pluftoft que les ho
mes croyent qu'ils ont naturellement
en eux cefte vertu que defentre-ruiner
&: deftruire. Il n'eft ja befoin de beau •
coup de parolles pour expliquer quelle
caufe & intention incite les Darmons à
xflancer & machiner le charme con
tre le genre htimain : car d'autant qu'ils
ont e'fté deiettez du celefte & éternel
domicile & (à caufe de leurümbitieufe
'4'42 descharmes,
pUblcs^ -
arrogance')précipitezèn vuhorrible
# chaos plein de hurlemens &grince
mens de dens,& que le Seigneurmifc
,

ricordieux aconftitué de reftaurerSc


regarnir leurs places en y mettant Tes
efleuz bien-aimez qui onfefté engen
drez fur terre ; ils font en partie embra~
fez d'vne haiijc pleine deblafphemes
qu'ils vomiffent contre Dieu,en partie
aufïi pouffez d'vne enuie &defpit qu'ils
ont de voir l'homme appelle pour eftrc
1
efleué en vnc telle dignité 5tellement
que ne pouuans efchellerla forterefTe
de Dieu ils conuertifTent toute la rage
de leur fureur contre les hommes, &£
îVayans pouuoirde nuire au chef ils
oppreflent &: defchirentîes membres,
fuyuant ce qu'on lift en l'A pocalypfe
Apoc.ii. chap. 12. Va terra grmmfluiadefcendit
Viabalm ad vos huben s iram magnam^Mat
heurfur vom habitms de h mer & de L ter
re , car le Didble efl defeendu vers vom Ayas
grand courroux. Et partant afin de celer
&: tenir cachée la volonté &: defir
qu'ils ont de nous nuire ilstafehent
3
toufïours de nous deceuoir foubs vn
mafque &: faux-femblant d'vne hon
ncftetc 8cdroi£turc. car comme airifî
Nous ne
pouuons
.nom
4^2 >de's charmes
; ,.
tous Chreftiens qui fuiuent la vraye*
La tîiort^cft £0y Catholique tiennent que lescala .

dupecHé" ni irez efqu elles l'home eft auiourd'huy


fe
plbngé ëmefmesque la mort corpo
relle n'eflprocedée que pour le merite
\ &falairedupeché,&nonpas delaloy
;

de nature fuiuant laquelle Dieu n a or


donné aucune mort à l'homme, car
ainfî qu il fe mift à punir le pcché il dift
à Adam (ouquel nous eftions tous lors
entez comme dans vue racine ) Terra es
' '
in toram ibis^ es terre & tu retourne
Tu

il eft forty
- ras en terre. ce pechc
Or de

vne fi grande affc&ion & defir de tou


,

tes chofes futiles & dommageables,


qui font en vne telle quantité que plu
.fleurs efprits êftans fonduz enfembje
feroiét bien empefehez. à les n ombrer*
lent Hu pc- c'eft delà qu'ont découlé tant de fou
c*s
cuifaiitSjtant de perturbations,faf»
clierieSjCrainteSj défiances, folles ref-.
.ioiiilfances3difcordes,prôces,guerres^

embûfches, courroux,inimitie25trom
peries flatteries larcins, pilleriesy
3 ,
trahiforis, arrogance, enuie5meurtresV
cruautez, luxure, defbordements ,im
pudences,hercfles.,parjurements
}faux
tefm'oignages, iugemens iniques^ fx
ÖV ENCHANT, LIV' lit." 4^5
nablèment toutes fortes de maux qui
^attaquent à la nature humaine &ne
lalaiffentrepofer vnc feule minute de
temps. Que fi l'homme n'euft point
peché,maisfefuftrengé foubs lobeïf
îancedcDieu, vn chacun euft eu im
munité de toutes miferes & vn certain
.

temps luy euft efté afligne pourviure


fur terre, lequel çftant paracheué fi toft
qu'on euft eugoufté au bois de vie, la
nature humaine fe fuft confirmée &£
,

cqnfolidée,& finablement après auoir


vefeu plufieurs fiecles nous euflions
tous efté doüezdvne immortalité a
pres auoir efté enleuez au ciel. Or
quels euflfent efté engendrez les en
fans & de quelle condition fi noz pre
miers percs n'eu dent commis aucun
maljfainót Auguftin au treiziefmede qup!seUf
îaCité de Dieu chapitre troifiefme,cn fem efté les
fait vnc queftion qu'il ne reiTouIt ny
ne paracheuepoint^commeaufïi fait-il n'euft pe
du baptefme des petits enfans : mais cllé*
quelques autres font d'opinion que les
enfançons fufTent fortiz de la matrice
•non pas auec toute.telle ne fî lon
gue imbécillité qu'ils font maintenait,
mais qu'ils deuiendroient en peu de
'4$Ö, .:V:Ö.ES charmés.
roes cri.cc noftré corps (lequel àcanfedtf
pechénous eft commun auec les beftes, ;

entant qu'il eft mortel &: qüè nous expé


rimentons cftrc plus foible &:dcbile que
plufkurs d'entre elles ) quelle bonté de
Dieu, quelle grande pi ouidence &: ini
raitable dextérité y apparoiftelle ? tons
,
les orgahes' des fens & autres membres
îVy (ont ibpas difpofel d'vne telle ordo-

nance, &l'a!figure &: proportion n cftel
.
le pas (i bien compafteo qu'on iugeroic
tout incontinent que toutes ces- chofes
D'fFe cncfe ont efté fai&ês& acommodée's pour le ;

entre îçsho-miniftere&fandion de lame raifonna


bC" kle? car l'homme n'a pas efté faitpachac
Ac
ny Tenant Cayçu'è.fichée contre, terre en
la maniéré des autres animaux irraifon- •

la forme de fon corps quiefk


f

nobles,mais

come érigée vers le ciel laduertift aftez;


qtv'il nreft pas deftinêa ce mondefubiec
2 corruption & changement ymais à la
gloire, du-Royaume celefte. qui fera
faftS; milieu /ans bout,; Et tandisque
'v'^homme^metic icy bas fà -vie. auec les
bëftp^latiea^uelLc-.fu.btUité. apprend-il
ß&cfpqiTe la .douce liqueur de.fagcflTeïcó
mel^abbrcuuß i Ldp toutçsfortcs de ver
t^2^:<ö4 wan5?fQürhy tie ce-Iles'armes,il
47^ DES GH ARM ES
îpuccsfqis cant à caufe de l'inclinatioiy
; : K

que l'homme a vers le péché que pour


Mufion & tromperie du diable ilpeut
3
exécuter &: yenir à bout de maintes
çhofes atiec l'aide des Da;mons3lcfquel
Ies yn chacun penie cftre perpétrées &:
exercées par quelque forcelerie qui eft
en luy: d'autant que la caufe en eft igno
rée &C inconnue à tous. Quant eft de ce
qucpourimpugqer & irnptouuec cecy
LesPfylles
fontmoüiit on metenauant les Piylles & plufîeurs
jcs fçrpcns. autres,, lefqucls(ainfi que tefmojgnePli
ne) auoientuatùrellement en leurs corps
vn tel venin qu'il ofFenfoit mefmeç les
fèrpensj Se de ce qu'on dit aufli de plufi
V curs autres proprietezqui acompaignçc
ordinairement les hommes î nous ref
pondons la deflus que telles affe&ions &C
yertuz ne fpnt poinç naturellement en
tées es homes, mais ou qu'elles leur font
communiquées par la vertu diuine ou
,
acquifes par quelque humaine induftrie,
ou bien exercées auec le fccpurs des
Damons. Quant eft aufïi de ce qu'on
D'où vient
la venu qu'a afferme 8c, eft tel à la vérité que le Iloy
PrSnlcs de France a cefte vertu hereditaire que
sfcioiiclles.. de guarir tous ceux
qu'il touche eftans
'
malades des efcroiielles. il ne le fàuç
A

474 Jf;'.D£'S CHARMES:''

proposdouteux
&fophiftiques; &quc :

Ij !
. celufcft totalement priuederaifon,le
It II
I
>(
't
quel tant póuri'obfciirité iquil remarque?
es ehofes douteufes que pour rinfuffifàn*
ce 6c reboufehement de Ton cfprit ne ;

doute feulement des eliofés claires


aperces,mais
eft ofé iufqu'à laque de les /
vouloir confiner & reietter, O r de peur
d'e(Ire entaché d'vn dej ces vices,mon,
çlpritell: demeure long tenips en ce (le
perplexité & doute? fi ie deuoismettre
icy en auanç les cautions' ^' afleiuances
dont fe {eruent ceux qui charment : en
fin l'ardent deilr que iay" dé bien faire a
furmónté &; délibéré de ne tenir compte
de tout- le (bupçon que Tes enuieux
mefdifhns pourroiét conceuoir de moy>
& m'a inçité de les reciter lè mieux qu'il
nie (croît pofïîble. Or pource quc,com?
S' mci'ay maintesfois dit,1 les D armons82
les hommes font concurrents &: con
viennent erifèmblé pour faire le chàr
.mc-Vi'ay bfté d aduis de ramenteuoir lés
ii !i il cautions des vns & des autresj&premie
rement ie dêfpefcherây en peu dé paroi
les celles des Damons &:delàie vieii
dray a celles des hommes.

h'
-
& déterminent deux à leur fantafie fi
484 DES CHARM E S
' '

ióultcnc encore d'autres fuperftitions


que fçauetbie ceux qu i fèfont vouëzau


(cruice de ces ennemis des hórnes. Que
fî les enfans & toute la pofterité de telles
gens ont en eux cede me fine puifïàncc
d'enforceler, cela prouient de ce qu'ils
ontcouuertcmentoü expreflement do
nc çonfent ementau ferment & alliance
que leurs anceftres orit faite auec les
•' Diables; ou bien de ce que les meres one
foubs cette intention dédié & cor»(àcré
aux Dçmos leus enfans dés ce qu'ils fonc
non feulement naiz mais auffi conceuz,
Que <1 quelques enfans viennent a nai
ftre d'vn poilu &: deteftable accouple
ment de la mere auec Con /ils, les Da
mons ne (e fondent gweres 8c comme
point d'y entremettre d'autres cercmo
»
nies. Er c'eft: de-là que par le minifterc
de ces Daemons quelques forciers one
D'oà vïen-efté veuzauoir deux prunelles en chafc
qucsq^lér C1L1C ^ d'autres le pourtraitd'vn

charmeurs cheual en Fvn & double pruncU


omésycuï. jccni'aVitre,5 ainfi que'Plincrapporte

deseferitsde Didymej ce qui fç faifoic


pour cltre vne marque &: chara&ere de
,
l'alliante faite auec eux: car ( comme
-
nous auons défia dit ) les Demons peu*
OV ENCHANT.LIV. III, 48?
ucntcngrauerS£ éiïigier fur la chair du
tendrclec embryon tels ou femblables li
neaments &: fignes. O pour demonftrcr
qu'ils exécutent les.pa£Hons &: promcf
fes qu'il ont folcnnelleméut faites aucc
ces Dsemons,toucesfois &: quantes qu'ils jet^charf
veulent charmer ou perpétrer quelque meurs.
femblablc mefchancc(é,il leurconuient
tó inuoquer couuertçment 011 cxprcifé
rnent en prononcent les mots qu'ils
leur ont autrefois dï&ez,' ou les portant
fuperfhticufemét en vn cfcriceau,ou bien
en pliant quelques nœuds en deux ou
trois doubles Se les desfaifan't par après,
a iec quelque ceremonie 3 oucrachant
defpitcufemcnt contre le ciel, ou faifanc
quelv]tie autre {èmblable choie felotï
qu'eft la foy & pa& on des promdTcs có-?
tra&ees aucc les Damons ..Par telles
cautions &, conditions ( & d'autres
que nous nauons déduites pour eui
ter prolixité ) bn peut auoir& exercer
vne plu5 grande ou moindre puifïancc
felon quell la grandeur ou petiteflèdç la
confiance & afleurance qu'on met fuc
elles. Mus les premiers Philofbphesqui
ne fç-n luient rien de toutes ces rufes;
impollurcs des Damons & n'en ten
' Hh lij
OY ENCHANT. L IV. III. 495
Scigncur.l faur encor fçauoir q de l'hu
1

meur melacolique il fengédre certaines


fumées qui montent iufqu à la phantafic Effed de
Se au cerueau doù il aduienc qu'à caufe ^

,
que l'intelled eftperuertiSt: troublées iiqUC.
melanchoïiqucs.-( foit qu'ils Vcillenc où
dorment ) ruminent &: forgent en leur
efprit maintes chimeres Se autres pour
traits pleins de crainte Se d'horreur des
quels ils feffraient tout autant que fils
eftoient certains que quelque grieue ca
lamité les menafle ou leur eft défia arri
vée. 11 ne faur pas audi ignorer que ioye Je?n"UMl
n'eft autre cho(èqu'vneaffe&ioti&: alte
ration qui furuient à tqutl'animal pour
quelque bien qu'il a logé &rcceu en fa.
phantafie.oriicebien conceu eftprefenc
Se poffedé on appelle cela (implement
j
ioye&frui&d'vn tel bien, que ('il eftab
fènt,onle nommeappetitjCeftà
dire,vn
mouuementderefprit pour pourfuiure v
le bien donton neioiiiftpas.Deuxcho
fes font confiderees en la ioyc,c'eft à fça
uoir,la reception du bien prétendu &: la
caufèd'iceluy:carfî
on confidere lame
entant qu'elle reçoit Se appréhendé ce
bien,elle n'eft feulement qu'abfblu merit
Se fîmplement en ioye,'que G on la confî
49& DES CHARMES
'
dcre entant quelle regarde Ja caufèdoâ
procédé la ioye, alors l'amour eft con
ioindl auec la ioyc.De ceft amour il naift
vn certain defir par lequel nous fbuhai
tons que tout bien arriue à la chofeai*
mee,laquelle
fi noiis tafehoris de couer
tir en noftrevfàge&: profit, l'amour que
.nous luy portons eft fale &deshonneftc.
Or il nous faut dire tout autant delà tri
ftefTe Se de la haine, comme nous auons
fai£fcde laioye^& de l'amour, d'autanc
Dent fortes 51uc nous appelions cela (implementtri
de triftede. ftefle,quâd noftre efprit ne Te po rte point.
)

bien,& a crainte a caufe de Tobicâ: de


v
quelque mal qu'il a receu: car noustom
bons tous en crainte pour quelqiic mal'.
Si ce mal eft prefenc &: qu'il nous rour
' mente, nous l'appelions trifteflè; que f'il
.eft à venir &: qu'il nous talonne, nous le
Q^cc'cft nommons crainte ou frayeur. De forte
«jucmftefle.
qUccrajnten<eß autre chofe finonvhe

trifteflè que nous auons du mal qui eft


preft à venir. Mais nous appelions haine
quand nous regardons la caufe à laquel
' Icnousvoulonsmahcarondefiniftordi
Definition nairement haine en ccftc forte 5 que c eft
de haine.
yn certain fouhaic,par lequel nousdev

rons
5.00 / DE S CHA RM'B.S

fçnclins à mal fàirç,&les


.

ayans cnËaiiiez
-ils les précipitée en vn abyfme de pechez
•& perdition.A quoy ces mots de rEfcri
m": turc conujennenc bien:2><?oreeim lampa*
;; ;;
desproçedunt quajî txdx ignU accenfie-, Il fort
des flambeaux delà bouchede Satan commeß
c efio'fent des torches de feu allumées. Par cc
moyen l'appétit charnel eftant embrafè
il chatoiiillera &; follicitera de telle fa
çon la volonte! de l'homme, qu'il la fera
enfin condèfcendre à fon defineequi
.f'efFeQuëra d'autant pluftofl: fi auec
ces vicieufes affe&ions qui prouien
nent de la chair on y conioinâ: toute
jforte de luxe diflolu &: fi on y mefle
,
Tyurongnerie auec des viandes qui in-*
citent Vl'a&c Venerien. Car la volu
pté & defir.de ^paillarder qui prent vi
ErceUren'gueur Abondance &c fuperfluitédes
jpaillardifc. humeurs fe renforce &: prend; vn
,
grand acçroifîbment des delices où on
le plonge &: de l'indulgence qu'on
donne à fa gueule &: appétit defordon
né. Or pour autant que'naturefefforcc
toufiours de pouffer hors toutcc qui efi:
Nature fuperflu & nuifimt au corps v cela eft
c^aiTe toute;CàUfe quapres tant: d excès &;dilTolu
fupcrflmt
' jions elle chatoiiille &: fait : drefler les
v
O VEN CHANT. I, IV. III. $0l
parties honteufes, à fin que par icelies
ellepuiffe vuider & pouffer au dehors
tout ce quelle cognoift luy porter nui
sance. C'eft par celle forte tentation
chatouillement que les pauures hurnains
plongez en ignorance penfent eftreco^
me forcez à fuyure l'amour , d'autanç
qu'ils Tentent en eux vri fi grand braficc
Se vne telle fureur &rage peftiferee que
leur efprit en eft totalement efblouy Se
induit à fc précipiter en toutes fortes de -

paillardifes & lafehes mefchancetez, Ec


la grandeur de.cefte tentation eft pro- _
cedée.fiauant <S£ en vne telle fureur
faleté, qu'ilfeft trouué &ife trouue en
cor auiourd'huy des hérétiques qui fou- Hérétiques
(tiennent opiniaftrement que le liberal
arbitre de l'homme eft du tout enfeueli iatcn
qUC
& effacé par l'enormc grandeur & puif-> Ja

fance decefteconcupifcencc charnelleMcraUibi*


Ce quetoutesfoisfaind Paul nous ad-'tre.
uertift eftre faux quand il à'ivSidelis Deid
qui non patictur vos tentrnfupraid quod po^
qui ne .foujfrmi aucune*
teßit.Dietfefifidele

ment que vom foy extentexpiai que voflre fj„,


j&o««o/r^f/'or/e.QuanddönclesD£emos

entreprenetd'inciterquelquvnà haine^ /
ils luy por'traiçnc enlaphatafie toutes oc*
.
V
.
OV ENCHANT. LlV. III. $0$
fur ce propos ie ne puis me contenir
queie ne rametoyue icy l'exemple d'vne
morcelle & irréconciliable haine qu'vtïe
femme portoit à fon maryeftant à ce in
duite par l'art &illufio des Darmons.En
vne ville nömée Sepin,'qut eft diftäte de
Naples enuiron de vingt lieues, il y a vii
aflez fameux bourgeois appelle laques
Verard qui m'eftbienfortamy. Orm'c
fïac vn iour tra^pone vers ces quarciers^là
pour viGc:r Vn mien benefice nômé S". ' -
Marie,i'y fus honorablement receu pàr
lean Baptifte Mu de quiéft parent dccc
Verard & mon Procureur es affaires qui
:
m'y furuienét ordinairemet: l'vn &:1 aû*
tre me raconta q la femme du dit laques
Verard éxerçpit yne telle:haine & non
ouïe racurie cotre Itiya que depuis lepre-
mier iour q folennellemec le mariage fut
côtra&é entr'eux en la ficc de l'Eglife,ils
muioier peu en aucune façon habiter ny
mefnageren vne mefmc maifön3tatfen.
faut qu'ils fe fuffét embrairez:q fi qlquci
"fois Verard vouloir ('approcher, & cou
cher auec (aféme,elle deuenoiefi trafpór
tee de fureur,&bouffie de rage qu'elle ai- d'habiter
moit mieux fe précipiter parvne des fene aUcCfon
-ftres c|d'ëdurer qu'il facouplaftauec elle. mary*
-: rV .
Iiiiij:
504 DES CHARM.ES
ainii qqc ieleurdifois
que bie mal-ayfé
jnentiepouuois adioufter.foyà vnlî e
ftrange cas, toqç incontinent ilsfeirenç
venir la femme, le mary f'eftanc premiè
rement caché, en vne' arrierç-chambre
du logis.de peul: .que Ça pretence ne don
nait cmpefchcment d'entrer à fa femme:
elle eftant entrée iß commence à l'inter
roguer pour quelle occaiion elle haïf
foie tant fqn efpoiix^ alors elle fe print à
.plpurerfort amerement & commença
à-deplorer Ton miferable defaftre me
,
sefpondant qu'elle n'en pouuoit rendre
aucune raifon ny nefçauoit d'où proce?
«doit cede haine attendu que mefmes
,
quand Ton mary eftoit abfent d'elle/elle
ibrufloit d'vn fi ardent & efperdu defir dé
juyquelle ne le pouuoit exprimer par pa
rólles, mais qfi toll qu'elle vènoit en der
liberation de le voir &fapprqchoit pour
parler à luy,tout incotinent Ton mary luy
àpparqifToic en fan imagination fi diffor
me ôf. contrefait & luy fembloic auoir
toute la face & autres parties du corps
çouuerte de {i effroyables inoftres, quel
le eufl plufloft pris en patience îa plus
cruelle mort qu'on fçauroir excogiter
que de fe joindre auec luyjm affermât 011
îrc-plus qu acefte hcurc-là toutefpn ame
ov ENCHANT, LIV. III, : 505
èc toutes fes forces
1
(piritucllesf'adret

foienccontre Tonmàry comme fi ceuft


efte l'obiet qui ne luy vouloir que tout
mal & procuroitpar tous moyens deii*
faire miîerablement mourir, & que tou*
tesfois fi toft qu'il fefloignoit elle entroic
çn dialeur& defirclcluy. Or pour expe
rimenter fi ce; qu'elle me difoiti eftoic.
vray, ic fis tant aueç les femmes qui ;l'ac
compagnoient qu'elles confentirent de
la lier cftroitc ment fur vn lit par les pieds
& par les bras en la forme d'vne croix,
afin que le marv netrouijafl: avicunerefir
•fiance qui luy peuft empefeher l'accès
auccclle. (ce qui à faire cela cc
fut que ie me deffiois,m'induit
que çefle femme
faignoit d'eftrc ainfi enragée ôc enueni«
mee de haine contre fon mari pour cou
vrir &{, cçler quelque difforriie1imperfe
ction qu'elle euft çs parties fecretes. ) La
femme,fia grand defir qu'elle.au,oit de
hanter Con m^ri felaifïa volontiers, lier
& garoçter a fes compagnes, lçs priait
d'introduire ion mary &duydonncr libre
accez en ià couche TSi toft qu'il futentrç
on ne vit iapia 15 furie fi hideufeny infrij
..mainc que deuint cefte pauure fçn^me,
elle çftoit plus ftrouçiie &ç:enragée
$06/ VIS CHARMES
qu'aucune befte fauuäge, elle efeumoie
&bâuoità gros flots;, elle fremifloit&'
grïnçoit des desaroüi Hoir Iesïcux d'vnco
fié&d'autre, rouefon corpsfembloic
cftrc rempli &: tourmenté de diables &£
;
ces femmes qui éftoient aflifes là auprès
rapportèrent qu'aians touche & tafle Ton
ventre & (bniftomac, elles les trouuerec
c5me remplis de cha blés &'grofles cor
des rccdqüillécs &; que toute fa peaue
5
-
itoic comme defehirée & frangée de ver
ges. Géfte miférablciie cefîà iamais d'en
trer plûs'auant en furio3iufqu a ce que(on
imry laflé-de-lui ter &defefforcer d'auok
compagnie d\Hlé'forti tdé
la chambre
prenant-grande companion de fa. pauure
efpoufé.Firiablemet trois ans eftans delîa
expirezdepuis leur mariage ,-ilfc trouua
vne vieillefort experimeiiteecn forccle
riés qufdefnoiia deffit le charme que
elle aùôit elle-mefme fait le îour desef
poufaiiléls poürcé qù elle auoit porté à
:cônt"re-cuéûr je mariage: quifeftôitac
' cordé entré cefte femme Û laques Ve

rard, lequel iouit puis après à fön aife de


foriefpoufè, viuet cncór auiourd'huy
toüs déux en grade paix Si amour coniü
galc. Voilà come lésDasmôs peuuec eftre

I
LUU?
5$Ö DIS charmes •
'

hommes de leurs liens ßc les guarantifl;


qu'ils n'en foient móleftez aucunement.
À quoy ayans efgard noftre Sauueur, en
abordant fes difciples il les aduertiflainfi:
Veille^ priemde pour que vom rientriez^
en tentatton.&ù le Prophete fappuyansdu
tout fur le fecours de Dieu, dit : Mesyeux
regardent toufionrs vers le Seigneur ; pour ce
que fera luy qui dep efir era mes pieds deslaqs
ou ils font entrant^. & ainfi cjue 1
esvS
ypuloit demoftrer l'admirable efficacc&:
puifïance de l'oraifon il vfa de ces mots;
,
Cefie forte de diables ne fe chaffe point hors
des perfonnesfi ceriejî auecieujne &pnere.
.Dequoy on peut facilement colliger que
la principale vertu de chaffer les Demos
a eftc attribuée à l'oraifon :car c'eft par
elle que rious foromes vnis auec Dieu, ôC
que nous nedeuenons qu'vn efpritauec
luyjlaquelle excellente de ineftimable co
ion£hô de fame humaine auec l'intellcâ:
diuin,eO:plus,redoutée & haie de$Dae
mons que non pas le feu & la plus intole
rable géhenne de tout l'enfer. Or pour
'autant que noftre Seigneur a conioirót
' le ieufne anéc l'oraifon pour faire éua
noüirles Daemons nous ne les fèpare
,
rons point auffi d'enfemblc,, ains nous
mtZXJZJSJL

T IN.
E on ARD Vair Prieur
de fain&e Sophie,de

Bencuent eftantenla
fleurde fonaage,à fçà
uóir de trente ans &" Ce
portant, fort bien , fuc
'.
l ' furpris d ellranges fympcomes
aumilieu
d'vn banquet que les moynes deladi&e
.

Vaïrempoi- Abbaye lùy auoiét preparé pour fa bien


ban^ucr! Vn
venue. La langue luy enfla&groflude
telle,forte quêtant fen faut qu'il peuft:
parler diftin&ement qua grand peine
pouuoitil beguaier j fon vifage& tout le
refte du corps cftoit ars&cfpiis d'vn grâd
feu ; il fç coplaignoit d'vne griefue dou
leurfc piquure qu'il fentoit au vêtricùlej
il elloit tourmenté d'vne foif infatiablcj
il le icuoit &remuoitca&la fans pou-'
,
fifOM•jmussmä^^jen^safrrmrr érAi*zr*S3eJZ*E±*GXZï
jq.6 DELA POISON BAILLEE
à fçauoir rant par vne qualiré elemen
s taire que par leur forme fpecifîquc.Les
,
/
veiiins qui agifTenc par l'exces de leurs
qualitez varient leurs a&ions felon la di
iierfirédes qualitez,- pource quel'vn efi:
' chaüd, l'autre froid^'autre fee J'autre hu
mide ceux qui font exceflifs en chaleur
.
tiiendliomme en l'efchaufFant, rongeât
8c bruflanrjcar ils embraiTent fubirement
tous les membres iriterieurSjexcitent vne
dU 4efiriefiircmcnraltérée 5c qui nefe
venin
chaud. peut'eftancher, font flamboier les veux,
Caufent vne continuelle fafcheri&:&in-;
<
quietude:töutcslefqueIlescirconftanccs
ènfuiuirent les premiers morceaux dont
tafta Vair Sc partant nous auons tous
,
Y vnanimement iuge qu'il auoitauallé de
la poïfon chaude corrofïue.La cinqui
' cfmeprçuue eft,qu'on liiy fiftprendre des
breuùages &remedes couenables à com
battre les,poifonschaudës & corroiîues,
qui allegeiet toutauflitoftfon mal^com-1

hiedc l'huile commune^


:decelled'a
mandes douces 6c autres apres Iä
chofes,

prifëdcfquelles ilfenfuiuit vn yomifle


focht qui le guaranty de tous ces fym
p to mes; il cjl donc non feulement vrai
iembkble mais totalem éc veritable qu'il
Remecïö
föuucrain
contre la
poifor».
FIN.
j
*—i»
c
/
/
TA BLE., ' r
ouncgatioth 280.281 fi elle a vertu de char

.

Vérité fafcheufex&diflï- mer. '25


cileatrouucr.120.exe- laVcuëeftvne a&iôde
plcsd'aqcuns philofo- meiirante,&non paf
phes. 121.124 (ànte d'vn fubieófc en
Vermines cornent chaf- l'autre;
fees des chaps,ou bien Veuc eft l'office & le
multipliées. 482 mouuement de l'œil.
Vers du corps faire mou- 204. & comment elle
rir par charmes. 52 fe faidl felon les Philo
Vers luifans , & qu'on fophcs.205 &enquoy
voiddcnuit.223. auec elleconfifte. 206
raifondece. ibid. à la Veuc deux chofes re
vers féfeennins d'où & quifes. 209.210'
pourquoy ainfîdits. la Veuë a les couleurs
.

413.414 pour fon obieót. 90


Vertus naturcUemet en- la Veuë comment fe fait
teesennoz efprits. fclon Platon.217.&fe
443 lonAriftote. 220
.la
Vertus animales de trois Veuë quelle eft es te
l fortes, & leur puilîàn- nebres. 220.221
ce. 15 Veuc pourquoy -mifeen
:
Velpafia guari(Toit tou- la defiriitió du charme,
tes maladies par fon at- 33
touchemër, & de (à fa- laVeuënepeut charmer, .

liue. 101 214


Veftemcs de IefusChrift Viciflïtudes enuoyees de
guariffoient les mala- Dieu. 294
.
dies. 286 Vieillards naturellcméc/
Veuë ou eft vne triftezSc froids. -494
.voir. , *

213 Vieilles propres


•paffiori.. à char
Veùëroine des fens. 24. mer. 28
V^.-rAW.t-T?r,
r^èëi y*

m'M-'*®

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